m *m m m im k>5 ^ COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE OES PROGRES DES SCIENCES ET DE.LEURS APPLICA TIONS A UX ARTS ET A LINDUS1R1E. Fondce pap M. B.-R. DE 1IOXFORT. Redigee pap II. l'abbe AIOIGHO. TOME HUITIEME. PARIS A, TRAMBLAY, DIRECTEUR. 18, RUE DE L'AKIEME-COMEDIE. — Lcs droits de traduction aont reserve?. ■ f '" Ce volume est la propriele exclusive He M. Tramblay, Tons les exemplaires non revt-tus tie sa signature seront reputes contrefaits et poursuivis comme iels. \ PARIS. — IMr .-IliERIE DE W. REJIQUET EX Cie, RUE GARANCIERE, •*.. TABLE ALPIIABfiTIQUE PAR ftTOHl!§ D'AVJTJEtJItS. -+-*>*►£>£• « 3«H5-<3-*-<»- Abbadie (d'). Fluctuations des billies des niveaux, p. 14, 007. Abdulhalim-Pacha, p. 534. Abria, p. 248. Abor. Nou.vel appareil eleclriquefulgurant; p. 227. Adorno. Moyens de conjurer lis accidents sur les cnernins defer, p, Sir. Aguado (le comte). Photographic, p. 676. Aigui. Mine de mercure, p, 3g3. Attry, p. 32, 1S9, 374. Aiix. Greie le 26 decembre, p. 58. Ai-lary (1'abbe). Uldile des pigeons, p. 3i3. Alvaro Reynoso. Etheriikalion, p. 407, 410, 445. Ampere, p. 540. Ampler. Planimetre polaire, p. 32, 21 3. A^dr\l. Commission, p. 65 1. Andre Jean (M. et Mme). Nouvelle race de versa soie, p. 383. Akgei.i. Encie indelebile, p. 683. Antoine. Mjedaille d'argent, p. 58g. Ae.ago (Francois). Lunette equatoriale, p. 85, 277. Archer. Transport des images photographiquessur gutta-percha, p. 60. — Cli- ches sur gu I ta-percha, 200. Ariuand. Oi'ufs d'epiornis, p. 182. Arnaud. Portraits photographiques, p. 675. Acer. Impression u^tuielle on physiotypie desplanles, p. 682. Auzoux. Anatomic comparce, p. 28. Avrii.. Medadle d'or, p. 423. Ayrault. Grande niedaille d'or, p. 423. K.ieihet. Determination de la latitude par les azimuts extremes de deux eloiles cksompolaires, p. 107. — Comele de Encke, p. 2S. — Membre du cotiseil re cosmos. ftuperieur de l'Ecole poly technique, p. 87. — Lectures surles sciences, p, 206, a34, 261, 26a. B.ully. Candidal, p. njS, 684. 1' v 1. \r, i>. Ozone. j>. 6, ia3; odeur iles alcools de garance ; camphre de Bor- neo, p. 491. Bajtcalari (le R. P.). Sur les forces moleculaires, p. 5or.- Bareswu.. Photolithographic, p. 17 3. Barlow. Aluminium, p. 3i4. Barse. Protestation et soumissioii, p. 123. B.vrih. Medaille d'or; p. 645. Basiaco (le R. P.). Chaiae floltante ou nouveau moleur hydraulique, p. 487. Bastun (Ernest). Reproduction desdessins, p. 11. J'm dement. Laines d'Algerie, p. 1.5.3. Eaudens. Typhus, [>. 6o5. — Typhus de Crimee, p. 60S. Racdrimoht, p. 179. Batjdrimoht (Ernest), p. 179, — Soufre mou, p. 472. Bavdrt, Medaille d'argent, p. 4»4. Bivouiir. Compteur a gaz, p. i.\G, Bavard. l'ossiles de I'Auierique du Slid, p. 509. Baxter. CoUrants electriques chez le; animaux, p. '93, Bayle-Molii.i.ard, p. 17b. Bazin (Charles). Cecidomye du froment, p. 477. Beau. Recompense de 1 5oo fr. appareil spleno-hepalique. p. i63. Bkacmont. Machine catorigene, p. 432. — Appareil generateur de la chaleur par frottenieut, p. 455. — Protestation, p. 472. Beauvais (Camillej, p. 535. Beauveau (le prince Marc de). Vice-president de !a Societe d'acclimatation, p. 25/1. Bechade. Education des sangsues, medaille d'or, p. 210. Bechahf. Chlorines et bromures organiques, p. 123. — Sucre de Tail, p. 377.- — Pouvoir rotatoire du suere de fecule, p. 509. Becht. Maladie de la vigne, p. 385. Becqlerel. Rapport, p. 1. — Helioplastie, p. 3o. — Traite d'electricite et de magnetisme, p. 73,90. — Situation forestiere de la France, p. 127. — Gal-- vanoplastie, p. a34, 262, 872. — Rapport, p. 38o. — Causes de l'electri- K cite atmospherique, p. .',o5. — Rapport, p. 38o. — Causes de l'electricile at- mospherique, p. 4o5. — Rapports, p. 475, 565. — Traite d'electricite et de magnetisme, p. 41 3. BEcoutREL (Alfred). Fievre typho'ide deslievre^, p. 129. Becqlerei. (Edmond). Traite d'electricite et de magnetisme, p. 73. — Dega- gement de lelectricite par frottemeut, p. ni, 307. — Degagements d'elec- tricite : force electro-motrice, p. 65i. — Trail 6 d'electricite et de magne- tisme, p. 61 3. Beechey. Caodidat, p. 28;. Begat. Candidal, p. 198. Bell. Medicaments dilues, p. 5o4. Bellemire (Alexandre). Interrupteur kilometrique, p. 77. Belloc. Nouveau sysleme de chassis, p. 679. Behbam, Specimens du fond de la mer, p. 365. Beiin (Allied). Fabrication economir|ue du pain, p. 5ir. B1r\bd. Recompense de x5oo fr., voies lacrymales, p. i63. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. v Berigny. Observations ozonometriques, p. 620. Bernard, p. 19S, 377, 5o8, 55g. — Commission, p. 65i. Berthfi.ot. Propylene, p. 128. — Alcool acrilique, p. 140. — Preparation de l'acide formique, p. 259, 5o8. — Mannite, p. 620. Berthoi.let, p. 209. Bertrand. Candidat, 179. — Elu membre de l'Academie, p. 475. Gyros- cope, p. 69S. Bertrand de Lom. Pouzzolane, p. 366. Bertsch. Portraits pholugraphiques, p. 675. Berzelius, p. 76. Bettignies. Porcelaine tendre, medaille de platine, p. 270. BlCHAT, p. 289. Bineau. Role des nitrates dans la vegetation, p. io5, 672. Binet. President, p. 3o, 77, i3i, 235. — Mort, p. 5o5. Binet (Jacques), p. 86. Biot, p. 32, 4 1. — Candidat a l'Academie francaise, p. 87. — Cbaleur la- tente de la vapeur d'eau, p. 128, i83, 2o5. — Yard-etalon anglais, p. 236. — Nouvelle edition du Commercium epistolicum, p. 372, 377. gin mem- bie de l'Academie francaise, p. 400. Birt. Ondes atmosphcriques, p. 45, 5o. Bishop, p. 72. Blanchard. Sucre du foie des arachnoides, p. 1. Beanchet, p. 672. Blanqoart-Evrard. Tirage des positifs, p. 199. Blatin, p. 589. Blondot. Constitution de l'alcool et des ethers, p. 5 11. Blot (Julien). Photographic sur collodion albumine, p. 3g8. Bobierre. Travaux relatifs aus engrais, p. 383. — Traite du noir animal, P. 475. BOECK, p. 645. Boileau. Prix de mecanique, p. i35. Bois-KeymonDj p. 335. BorviN. Pisciculture, p. 178. Boland. Petrin, p. 464, Bomart. Inspecteur general des ponts et chaussees, p. 86. Bonaparte (le Prince Charles). Zoologie, p. 2, 287. — Especes nouvelles d'oi- seaux, p. 476. — Reclamation. Nouveau genre Moquinus, p. 495. Ordre des gallinacees, p. 509. Bond. Photographies des corps celestes, p. 369. Bond (William Crouch). Eioiles de l'Equateur, p. 192. Bonelli. Nouveau systeme de tissage p. 3 1 3. — Suppression des fils reconverts de soie dans les electro-aimants , p. 5og. — Bobines electro-magnetiques sans fils recouvertsde soie, p. 58o. Boniface. Huile touinaute, p. 636. Bonifacio Sotos Ocuamjo. Projet de langue universelle, p. 5i2. Bonnet. Elu eorrespondant, p. 59. — Mesure de lair respire par le compteur agaz, p. 489. Bonnet (Ossian). Candidat, p. 258. BONPLAND, p. 394, Bonzanini. Maladie dela vigne, p. 3S5. BORDIN, p. I J2. vi COSMOS. Borlinetto. Experiences sur le collodion, p. 672. Boairi di s.\ i>t-Arnuult. Mcdaille d'argent, p. 589. r, p. 534. Bol-bee (Neree). Cholera, p. 100. P.oLCHir., d'Amiens, p. 473. Foi'CBiT. KmliilYeiiemcnl des enfanls, p. 179. Bodokt, Prix. Analyse des eaux potables, p. i58. BoriLiitT. Galvanoplastie renforcee. Mcdaille d'argent, p. 296. Bo 1 . Sangsues, p. 1 . fioi iii rt. Recompense de 1 5oo IV. Eaux de Vichy, p. 164. Bourdaloue. Nivellement de l'isthme de Suez, p. 452. I \ [Isidore). Traitement du cholera, p. 566. Bourguignon. At aru.s de la gale chez le cheval, p. 124. BorssiNGAUi.T, p. 80. — Role des nitrates dans la vegetation, p. 106. — Mi- nes de platiuc de la Nouvelle-Gienade, p. 557. Boutigky. Nouvean generateur de vapeur, p. 36 r. — Rotation des corps a l'etal >j hiruulal, p. ',o'j, 644; Boutron. Prix. Analyse des eaux potables, p. i58. Bonvu n. Maladie des appareils locomoteurs et strabisme, p. 129. >>-. Vaisseaux de la cornec, p. 646. Bravais, p. 262, 365. Preyai.. Medaillede platiue, p. 271. Bregi-et. Telegraphe contioleur, p. 114. Breton (freres). Nouvelle pile, p. 180. — Pile medieale, p. 426. Breton de Champ. Geometrie des anciens, p. 233. Emploi des lentilles simples comme objectifs, p. 320. — Appareils d'optique, p. 258. Theorie mathe- matique des lentilles, p. 471. — Surfaces focales, p. 554. Brewster, p. 23o, 439. — Reclamation, p. 549. Bmot, p. 672. Brows Skqoard. Lesions de la moelle epiniere, p. 101. — Prix de physiologic experimentale, p. i54. Brougham, p. 287. Brin. Filtre plongenr, medaille d'argent, p. 292. Brins. Traitement de la teigne, p. i3o. Brukner. Lunette cqiiatoriale, p. 86. . I Fa de), p. 5oi. Brtas (le marquis de). Manuel du drainage, p. 475. Bcch (Leopold de), p. 02. ' : Vernia incombustible, p. 683. Tr-.Y. Emploi de la saumure, p. 19S. p. 672. me, p. 65o. Cahocrs. Alrool acrilique, p. 129, 67a. C.-.ill\bd, p. 1 76. CAT.\nD.T6les perforees, medaille d'argent, p. 329. I is. Marronscd'da^e, ti«dai>ied'araeu>, p. 63o. Caleon. Rap; ort sar le iioiveau geucralcur de M. Boutigny, p. 36i. Ca&akza (dr). Fixage au chlorure acide de plaline, p. 174. — Fixage des epreuves au chlorure de plaline, p. 23o. — Photographie sur papier cire, p. 344. IT, p. 222. Cauiui'.re, p. i-t;. — Anncaux colores, p. 168. — Couleurs des lames minces et papiers irises, p. 403. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. vn Carret. Bandage inanioviI)le, p. roo. Carrington. Sources d'eneurs clans Ies observations astronomiques, p. rSo. Carville. Four aerotherme, p. 271. Castorani. Ophtalmoscope, p. 612. — Strabisme et photophobie, p. 5G9, Caucuy. Fonclions continues a parametre variable, p. 407. — Discuurs pro- nonce sur la tombe de Ml Binet, p. 53g. Caubuint (de), ]>. 281. CAVE(madame). Methode d'enseignement du dessin, medaille d'argent, p. 3a3. Cazeaux. Recompense de 1000 fr., chloro-anemie, p. i63. Chacornac. Nouvelle planete, p. 76, 84.— Lunelle equatoriale, p. 86.— Prix d'astronomie, p. i35. — Nouvelle planete, p. ifi. — Planete lajtitia p. 281, 507. Chamartin. Prime de 100 fr. el medaille d'argent, p. 5go. Chamto-v^ois. Alrool de belteravos, medaille d'or, p. 212, 5o8. Cbancol'rtois (de). Mission scienlifique du Prince imperial, p. 672. Cuasi.es. Rapport verbal sur la machine a calcul suedoise, p. 476. Reponse a M. Vincent, p. 649. Chatillon. Gravure electrique. p. 1. Chatin. Eludes d'anatomie, p; r24. — Analomie compan'e de-. vrgetaux, p. 1S1. — Racines des onhidees, p. 196. — Analomie eomparee des vegetadx* p. 472. — Role de l'eau dans la vegetation, p. 491. Cbacveau. Glycogenie, p. 568. — Question Rlycngeniqiie, p. 700. Chazalon candidal, p. 198, 258. Chevallier. Danger de l'inbalation du sulfure de cailvine, p. r. Chevallier (Charles). Reclamation, p. 34S. — Phosphore amarphe, p. 26r. Chevreul, p. 26/,, 285, ago. — Son embarras dans la discussion an sujet de Leblanc, p. 340. — Analyse chimique, p. 511, 619. Chiozza. Essence artificielle de cannelle, p. i3r. Chopinard, p. 618. Clair. Iudicateur de pression, medaille d'argent, p. 293. Claude (fieres) Orgues perfectionnees, medaille d'argent, p. 327. Clement. Chassis, p. 427. Cloez, p. 6. Cloqcet, elu membrede l'Academie, p. 58. —Observations cliniques, p.'auS, 262.— Commission, p. 65r. Clot-Bey, p. 534. Cochaux. Bateaux sous-marins, p. 432. Col. Monileur des stations, p. 397. Collinet. Maladie de la wgne, p. 3S5. Combes, p. 1 83, 408. Coquerel. Os d'epiornis, p. 182. Cordier. Candidal, p. 28. — Medaille, p. 5Sg. Cop.iolis, p. 86. Corvisart. Recompense de 1 5oo fr. Recherches sur la theiapeutiqne de le pepsine, p. 164,672. Coste, candidat, p. 28. — Poissons des batik du bo s de Boulogne, p: 18 3. Couedic (du). Grande medaille dor, p. 423. Coulmer-Gravier. Bolide du 3 fevrier, p. 141 234. Creii.. Meteorologie, p. 32, 45. Crook.es. Reeherches photographique; , spec/mm iam&ct, p. <,o. — Photosra- phie de la lune, p. 370. — Collodion preserve, p. G22. VIII COSMOS. Crosley. Compteura gaz, p. 946. Crcveilhier. Ulcere de l'estomac, p. tot. — Ulcere de l'estomac, p. 2 36. — Candidat, p. 288. Daglih, p. 248. Dallas, p. 676 Dareste. Recompense de r 000 fr., circonvolutions cerebrales, p. 16a. DARuriDEAC Candidat, p. 472- Daubeny. Kin president de la societe britannique, p. 281. Daussy. Elu niembre de l'Academie, p. 58.— Candidat, p. 198. Davanne. Pboto-litbographie, p. 173. Decamp. Jus d'oignon contrc les cbaren^ons, p. 3 10. Deiss. Sulfure de carbone, r3o. Delafond. Arams de la gale cbez le cheval, p. 124. Delamarre. Procedes de peinture a 1'buile, medaille d'argent, p. 1$5. Delai-orte. Boucsa lele. busquee, p. 5 36. De la Rue. Anneaux co-lores, p. 168. Delattre. Mention honorable, p. 424. Delaunay. Elu niembre de l'Academie, p. 58. Delaunay. Ceruse, medaille d'or, p. 266, 672. Delesse, p. 687. Delesskrt, p. 209. Deleitil. Eclairage eleclrique, p. 3o. Delezenne. Klu correspondant, p. 5g. Delorenzi (Pasquale). Chemiu de fer bydraulique, p. 20. Delort. Manutention civile, p. 465. Demay. Mention honorable, p. 14°. Demidoef (le comte). Souscriptiou pour les inondes, p. 685. Denis. Candidat, p. 198. Denis de Commerson. Eludes ibimiques, p. 619. Descartes, p. 5/to. DEsrBKTZ, p. 45. — Art de decouvrir les sources, p. 102, 222, 432. — Con- ductibiliie eleclrique de l'eau, p. 433. — E"lu vice-president, p. 6o3, 686. Detocche. Sonnerie nouvelle, medaille d'argent, p. 294. Deville (Charles Sainte-Claike). Pioduit d'emanations de la Sicile, p. 16. Deville (Henry Sainte-Claire). Silicium et carbone cristallises, p. 80. — Cristaux de silirium, p. i83. — Aluminium, p. 3i3, 608. — Action de l'a«'ide iodhydrique sur I'aigent , p. 577. Devincenzi. Gravure electrique, p. 1. Diard. Nouvelle canne a sucre, p. 384. Dias Pegado. Observations meieorologiques, p. 260, Didion. Resistance de Fair, p. 6o5. Dien. Bolide du 3 fevrier, p. 12 3. Dietz. Medaille d'argent, p. 424. Dize, p. 338. Doat. Pile nouvelle, p. 494, 4g6. — Amelioration de sa pile, p. 553. Donati. Seconde comete de i855, p. 192. Donne, p. (172. Docdeaoville (due de). Medaille, p. 589. Dove. Meteorologie, p. 45, 459. Doyere. Conservation des grains, p. 1. — Conservation des bles, p, 284» 490. Dubois. Nouvelle encre, p. 4o3. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. IX Dubois (Alphee). Medaille d'or, p. 255. Duboscq (Jules). Appareil photo-electrique, medaille d'or, p. 268, 277. Dubrulle. Lampede miueur, medaille d'argent, p. 293. Dubbunfaut. Sucre de lait, p. i83. — Pouvoir rotatoire du glucose mame- lonne p. 375. — Pouvoir rotatoire du surre manielonne, p. 432. — Me- moire sur l'inuline, p. 47 3, 5°8- — Sucre interverti, p. 5og. — Chaleur et travail mecanique produits dans la fermentation vineuse, p. 5;4. Di'chatel (le comte). Grande medaille d'or, p. 423. Duchartre. Respiration des plantes, p. 84, 194. — Rapport des planles avec l'huniidite de l'air, p. 233. — Absorption de l'eau par les plantes, p. 472. — Candidat, p. 5o6. Duchenne. Eludes sur les muscles, p. 566. Ducros. Vaisseau aerien, p. 227. DnnouiTS. Communications mathematiques, p. 472- Dufay, p. in. Dufour (Gustave). Anatomie du lion, p. 264. Dufour. Observations de la scintillation, p. 377. Dubamel, p. 86, 233. — Action de l'arcbet, p. 56S. — Mouvements vibra- toires nes du frotlement, p. 692. f Dolong, p. 86. Dumas, p. 80. — Communications, p. i3o. — Puits artesien dePassy, p. 169, i83 207. — Discours a la Societe d'encouragement, p. 208, 23/i, 338. Dcmeril, p. 264. DuMERiL(Auguste). Reptiles nouveaux, p. 476. — Physiologie analjlique, p. 602. — Commission, p. 65i. Dcmery. Prix, appareil Carnivore, p. 159. Dumon. Compteur a gaz, p. 244. Duncan, p. 676. Dunkin, p. 189. Duns (Charles), p. 207. — Discours a la Societe d'encouragement, p. 3'24. Durand. Coupe-raciues, p. 442. Durocber. Produciion artifinielle des mineraux, p. 491. Dussatice. Peinturesur encaustique, medaille de platine, p. 270. Dusourd. Conservation des viandes ernes, p. 63 1. Duvernoy, deces ier mars iS55, p. 58. Ehrenberg. Voleurs decouverts par le microscope, p. 253. Ehrmann. Candidat, p. 19R. Elias Loomis. Astronomie pratique, p. 172. Elie de Beaumont, p. 96, 101, 169, 602. Elliot. Stereoscope, p. 625. Eyre. Traitement du cholera, p. 685. Fabre. Nouvelle pompe a air, p. 606. Fabre (chef de bataillon). Sirocco, inondations, Gulf-SU'eam, p. 617. Fairbairn, p. 10 1. Faraday, p. 221, 285. — Actions et affections magnetiques, p. 3o3- Favier, p. 454. Faye. Astronomie, p. i5, 645. Fenton (Roger), p. 43i, Fermat, p. 54o. Fermond, p. 124- Fery. Culture du riz, p. 384. x COSMOS. iri. Galvaooplastie, p. 262. Figiilk. ipjilicalions dc la science u 1'imlustrio 6t au.v. ails, p. 53?. Fh.iiol, p. 248, fi7»- •• . -. — Candidal auprk liiennal, p. 565, 606. I 1 mis. ( " Fortes. Coloration des llainines par le chlore et les chlorures, p. 218. Forget. Candidat, p. 198. I £A, p. 685. Forth: r, p. < ~ '>. r, p. 68, 129. — Emploi des appareils d'induction, pi i32. — Gy- pe, p. G02. Foucault el Col. Monileur des stations, p. 397, 45S, 507, 5G5. Fodrcault. Cholera, p. 100. Fo-s.-. 1 ■■'■■■■■ iqplastie, p. 119. Francis. Bateaux et chariots en metal caunele, p. 197. Franc*. Formation des chaines de montagnes, p. 2o5. Froment. Ninejlement de l'isthme de Suez, p. 453. Gabolde. Nivc'.lement de l'islhme de Suez, p. 453. G -i he. Manuscrits, p. 648. Galle, p. ^1H). n (de). Chenes truffiers, p, 3i2. — Degenerescence de la garance, p. .',92. Gasparini. Maladie de la vigne, p. 385. Gaudi.v. Cite fossilifere de Pikermi, p. 19. Gauss. Decede le 2 J fevrier i855, p. 58. — Medaille, p. 5ir. — Heliotrope, p. 660. Gaotier. Galvanoplastie, p. tax. Gay, p. 125. — Histoire botanique du Chili, p. 4g3. — Urlicees, p. 473. — Candidat, p. 5oG. — £lu meaibre de l'Academie, p. 539, 602. Gay. Prix de madame la marquise de Laplace, p. i54. Gay-Lussac, p. in. Geoffuay (Stephana). Nouvcau procede de photographie sur papier, p. 34. i. XII COSMOS. Herschfix(JoIiii). Ondes atmospneriques, p; 5o. — E1u assoeie etranger, p. 58. Herschei.t, (William), p. 69. Heuze. Maladie de la vigne, p. 385. Hill. Fixation des couleurs dans les images photographiques, p. 62 . HlffDj p. 71. Hoffmann. Alcool acrilique, p. 129. — Tilaue, p. i83. Houdin. Nouvelle sonnerie, med. d'arg., p. 294. Huard (le baron d'). Machine a mouler les pieces ceramiqties, p. -3. Hubbard. RcTorme mouctaire, p. 645. Hudson, p. 20. Hulett. National gaz meter, p. a5o. HUMBERT DE MoLARD, p. 173. Humboldt (dc). Lumiere zodiacale, p. 54. — Lettre a M, Jobard, p. 3;r. p. 46S. Humphrey, p. 170, 6^5. Hunt, p. 1 1. Isambert. Chromate de potasse, p. 509. Isnard Dksjabdiks. Gravures en couleur, med. d'arg., p. 296. Jacobi. Galvanoplaslie, p. 119. Jacquart. Anatomie des serpents pythons, p. 619. Jamin, p. 176. — Nouvel appareil d'interferences, p. 264. — Nouveau re- fracteur interferentiel, p. 277. — Objeclif, p. 675. Jenkins. Mort a 169 ans, p. 265. Jobard. Excentriciles, p. 370. — Explosion de generateur a vapeur, p. 567. Marque de fabrique, p. 647. Jobert de Lamballe. Proprietes du tissu des cicatrices, p. 264. — Autoplastic p. 2S6. — Candidal, p. 288. — glu membre de l'Academie, p. 337, Commission, p. 65 1. Jochim (Karl). Caracteres galvanoplastiques, p. 564. Johnson, p. 54g. Jomard, p. 365. Jones (Georges). Lumiere zodiacale, p. 54. Joule, p. 224, 45g. Julien (Stanislas). Porcelaine de Chine, p. 264. — Porcelaine chinoise , p. 290. Kaemtz. Meteorologie, p. 46. Kane. Med. d'or, p. 665. Keller, Candidal, p. 258. Kellermann. Arbres a cire, p. 3ir. KiErERT. Mi'teorologie, p. 45. Kind. Puits artesien de Passy, p, 169. Klegg. Compteur a gaz. p. 246. Korilski. Annoncede beau temps, p. 618, 683. Koumaroff. Gaz extrait du bois, p. 563. — Galvanoplastie a Saint-Peters- bourg, p. 564. Kreil. Metcorologie, p. 46. — Observations meteorologiques, p. 89. Kremers. Solubilite des sels, p. 3a. Kuhlman. Role des nitrates dans la vegetation, p. io5. — Formations, trans- formations, epigenies, metamorphoses par voie humide, p. ao5. Produc- tion arlificielle d'argent chloture, p. 386. Kunemann. Nouvelle pompe a air, p. 606. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XIII Laborde (1'abbe). Perfeciiounemenls de I'appareil de Ruhmkorff, p. 56*, 630. Lacassagne. Eclairage electrique, p. 3i. — Nouvelle pile; production d'alumi- jiiiim ; electricite ;'i ben marehe, p. 11S. Lachaume. Enrenage des chevaux, p: 6SS. Lachave. Decalque des ecrilures, p. 74. Laennec, p. 54o. Lagarde-Montlezdw (baron). Medaille, p. -^89. Laigniez. Medaille de bronze, p. 5go. Lamarre-Picquot. Remede des congestions apoplecliqties, p. 009. Lame. Discours prononce sur la lombe deM. Binet, p. 53g. Lamoht. Mission scienlifique, p. 674. Lanet (de Limencey). Lucimelre, p. 174. Lakglois. Nouveau rouge ; nouvelle theorie des couleurs, p. 649. Lamer. M^nuiserie mecanique ; medaille d'argent, p. 33o. Lanne. Coulelleiie; medaille d'argent, p. 292. Largentiere. Detonation, p. 179- Lariviere. Medaille d'or, p. 2C6. Larret. Bandage inamovible, p. 100. Lartigue. Vents et tempeles de la Mediterranee, p. 6S4. Lassagne. Nouveau geoerateur d'eleclricile, p. 253. Laugier. Reclamation, p. "5, 1S1. —Observations magoetiques, p. 2o3. Lavai.le. Grande medaille d'or, p. 423- Lawes, p. io5. Leblanc (Nicolas). Ses droits a un bommage national, p. 333. Lecanu. Traite degeologie, p. 491. Lechevalier. Direction des aerostats, p. 56S. Leclerc, p. 234. — Action des infusions vegetales sur le sang, p. 4o3. — Trai- tement du cholera asiatique, p. 5og. Lecocq de BoisBEAUDRAN. Methodes d'enseigneraent du dessin; medaille d'ar- gent, p. 328. Lecoq. Annales de l'Auvergne, p. 475. Lecot. Parole enseignee aux sourds-muets, p. 685. Lefevre-Chabert. Maladie de la vigne, p. 385. Legrand. Chaleur latente de la vapeur d'eau, p. 128. Lehmann. Recompense de 1 5oo fr. Traite de chimie physiologique, p. 162. Lejeune-Dirichlet, p. 287. Lelokg (John), p. 536. Lemercier. Photo-lithographie, p. 173,679. Lemery. Terrains jurassiques des Pyrenees, p. 435. Lemire, p. 176. Lenger. Absinthe contre les charencons, p. 3io. Lenoir. Galvanoplastie, p. 119, 234, 262, 372, 386. Lepage. Marion d'Inde, p. 393. Lepine, p. 176. Le Play. Prix deslatistique, p. i36. Leprestre. Dromee, p. 537. Le Prieor. Collections botauiques, p. 287. Lerebocrs. Pboto-lithographie, p. 173. Leroy (Gamille). Maladie de la vigue, p. 385. Lesobre. Boulangerie, p. 463. XIV COSMOS. LESsars (Ferdinand do). Isthme de Suez, p. 64ft, Lestiboudois. Candidal, p. 5o6. Le Sueur. Npuveau telcgraplie action s;>!aire. p. 65x, 656. Leteli.ier. Action des vapours d'essqnc* do leu bonlhine, p. 146. Leihuu.ukr-Pinei.. Indicateur magnetique ; medaille d'argent, p. 293. — I "- dicateur magnetique, p. 568. Le Verrier. Ouragan du 14 novombre i854, p- 3. — Astronomie, p. i5, 4.0. _ Ouragan de novembre {§$4, P- 47- — Nouvelle planete, p. 76. — Lu- nelle equatoriale, p. 85. — Tren'le-JM'ieme planete, p. 86. — Ol ■ toires d' Alger, p. 97- — NwveHe planete, p. t(H, — ReponseaM. iau- gier, p. 142, 181, — Observations magnetiques, p. 2o3. — Planete LaUitia, p. a8x. Nouvelle planete, p. 372. — Annates de l'Observatoire de Paris, p 373, Grande-lunette parallaotique dc TObservatoire de Paris, p. 44'J- Enregistralisn photographique dos observations magnetiques, p. 475. — Elements d'Hannonia, remaxques critiques, p. 492. — Planete Haimouia, Pi ■l,)9. Transmission lelegraphique des observations meteorologiqu.es, p; 6o3, <>5o. — Commandeur de la Legion d'honneur, p. 672. Levis (le marquis de), p. 5 34. Liais. Ouragan du unovembre i854, p. 4, 47, 99- — Observations magneti- ques, p. 127, 181. Liebig. Cholera, p. 100. — Role des nitrates dans la vegetation, p. 100. Hegar'd. Usage du chlorot'orme dans les accourhements, p. 395. — Rapport sur une methode de guerison du cancer, p. 568. Lieussou. Candidat, p. 198. Ligiuc (de), p. 462. Linant-Piey. Nivellement de l'istbme de Suez, p. 453. L10UV11...E. Professeur a l'Ecole polylechnique, p. 86. — Calcul integral, p. 566. Theorie des nombros, p. 649. Liouville (Ernest). Nouvelles etoiles variables, p. 3(16. Loiset. Medaille d'argent, p. 4^3. Longet. Sulfocyannre de potassium dans la salive, p. 262. — Candwat , p. 2S8. Lottin. Cbatd'Angora, p. 537. Luca (de). Nitrate de potasse produit par I'ozone, p. 5. — Propylene, p. laS. — Alcool acrilique, p. 14°. Lcgeol. Stereoscopie, p. 202, 675. Luther. Prix d'astror.omie, p. i35. Lutterback, p. 476- Luynes (le due de), p. 63. — Fondation d'un grand prix, p. 678. Maccaud. Chercbe-fuite, p. 4*5, 442. Magehdie. Decode, le 7 oclobre i855, p. 5S. Magnus, p. 45g. Magrini. Pile a acide chlorhydrique, p. 56o. Mabmoud-Effendi. Constantes magnetiques de Paris et de ses environs, p. Sxi. Maisonneuve. Disarticulation de la machoire iuferieure, p. 4o3. — Ablahoa totale de la machoire inferieure, p. 5oc). Malaguti. rllu correspondant, p. 5a. MALArERT. Maladie dc lavigne, p. 385. Malgaigme. Candidat, p. 288. — .Guerison du paraphimosis, p. 43i. Malus, p. 8C. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XV Mannoury d'Ectot. Reclamation, p. 34o. Marchalde Calvi. Empoisounement par les vapeurs d'essence de terebenth:ne^ p. U5. Mares. Maladie de la vigne, graticte inedaiTle d'or, p. 4i3. Margras (Mme). Lorgnettes a pliants, p. 443. Marielle. Repertoire de I'Kcole poiytechnique, p. i/,6. Marios. Gravure pbotographjkjue, p. 118. — Chassis, p. 3i8, 427. Marshall Hall. Elu correspondant, p. 58. Martens (Charles). Temperature des oiseaux palmipedes, p. 022. Martin. Fabrication de pelucbes; mcdaille d'or, p. 267. Mascher. Stereoscopic, p. Ct. Massard. Traite de l'angine de poitriue, p. 4?2- Masson. Photographic, p. 11, n5. — Gravure photograpbique, p. i5o, a63- Mathieu. Observations maguetiques, p. 2o5. Mathieu. Accroissement en diametre des vegelaux cotyledons, p. 6x7. Matteucci p. 274. — Stir les phenomenes physiques et chimiques de la con- traction musculaire, p. 467, 619. Maumene. Conservation du jus de bettcraves, p. 419. Maury, p. 260. — Caudidat, p. 287. — Tableau des pluies, calmes, brouil- lards, etc., de l'ocean Allantique, p. 365. Mauvais, p. 77. Maxwell-Lyte. Nouvelle nielhode d'impression, p. 200. — Acide phosphori- que en photographic, p. 681. Mayer. Machine calorigene, p. 432. — Appareil gentrateur de la cbaleur par frottement, p. 455. — Protestation, 472. Mayland. Pboto-lithograpbie, p. 173. Mazzoli (Joseph). Orgue, p. 5g. Menabrea. Lois generates des pbenomenes dont l'aualyse depend d'equations lineaires aux diiTcrcnlicllcs parlielles, p. 404. Meniere. Influence de la consangidnite, p. 5gt. Mersey (de). Nouvelles de M. Bonpland, p. 394. Meyer, p. 233. Meynier. Montages des metiers a lisser; nicdaille d'or, p. 368. Miller, p. 233. Millet. Pisciculture pratique, p. 176. Millot-Brule. Multiplication imlcGnie du bourgeon, p. 684. Mills Brown. Calcul des longitudes en mer, p. 262. Milne-Edwards. Laines d'Algerie, p. i43. Milne-Edwards (Cls). Influence du phosphate de chaux des aliments stir la for- mation du cal, p. 077. Miroy. Procede de nioulage ; medaille d'argent, p. 296. Missa. Pisciculture, p. 176. Mohl. Cuticule, p. 49°- Moigno. Etude du mouvement apparent du soleil, p. 21. — Ondes atmosphe- aiques, p. 5o. — Lumiere zodiacale, p. 55. — Galvanoplaslie, p. ng. — Compteur a gaz Dumon, p. 244. • — Philosophic des sciences, p. 272. — Nouvelle theoriede la scintillation, p. 297. — Appareil therruo-generateurde MM. Beaumont et Mayer ; n'ponse a M. Morin, p. 457. — Cecidomye du fromeut, p. 477. — Etoile nouvelle periodlque, p. 484. — Cuivrage elec- trique des coques de navire, p. 520. — Proposition a la Societe de photogra- phic, p. 676. — Enrenage des chevaux de vuitiire, p. 68S. XVI COSMOS. Moncel (du), p. 76. — Relai rheotomique, p. 4o3. — Traite des applica- tions de l'electricite, p. 65 r. tWonge, p. 209. Montagne, p. 287. — Vegetans microscopiques, p. 476. — Description des mousses d'Europe, p. 56S. Montau. Vues photograph iques, p. 676. Monteagle. Rcl'orme monelaire, p. 645. Montgolfiek (Laurent tit1). Bateau geant, p. 424. Montigny. Oscillations elliptiques du pendule, p. i3. — Nouvelle theorie dc la scintillation, p. 2', 2, 297. Moquin-Tandon. Mollusques, p. 236. Morioe. Nouvellcs proprietes du charbon de hois, p. 16. Morin, p. 80. — Nouveau systeme de tissage, p. 3 12. — Assainissement des lieux hiimides et insalubres, p. 444, 340. — Kapport sue la machine calori- gene, p. /»32. — Rapport, p. 455. Moritz. Organes locomoteurs, p. 472. Modrier-Mege. Nouveau procede de panification, p. 619. Moysin. Kateau mecanique, p. 4°3. — Charrue, p. 509. Muller. Broches nines par engrenages; medaille d'argent, p. 294. Muller (Jean), p. 683. MUNGO, p. I I. Murchison. Terrains fossiles de l'Angleterre, p. 432. Nairn (James). Prime de 100 fr. el medaille d'argent, p. 590. Natoleon (le prince). Voyage scieulifique, p. 672. Naudin. Hybridite anormale, p. 567. Neuburger. Lampc moderaleur; medaille d'argent, p. 328. Newton. Negalifssur gutta-percha, p. 61. — Procede d'impression, p. 23r. — Procede de lirage des positifs, p. 483. Nicholson, p. 242. Nickles. Phosphore amorphe, p. 371. — Separation du phosphore ordinaire et du phosphore amorphe, p. 419. Niepce. Kemede contre le goitre, p. 489. NiErcE de Saint-Victor. Photochromie, p. G3, 507, 679. Noble. Ozone, p. 621. Nollet. Desinfection des eaux stagnantes, p. 683. NORMAND, p. 176. "i Nourrigat. Industrie seiicole, p. 535. Odilon-Barrot, p. 534. OErsted, p. 220. OEuf (Martin). Conservation des poissons, p. 536. Orfila. Action du phosphore rouge daus l'economie animale, p. i3o. — Phos- phore amorphe, p. 261. Osanh. Fluorescence, p. 446. Ostrogradzki. Candidat, p. 198. — Membre correspondant, p. 236. — Re- merciements a l'Academie, p. 553. Otto Strxjve, p. 32. Oudry. Cuivrage eleclfique des coques de navire, p. 520. — Gahanoplastie, p. 618.— Colleclion galvanoplastique, p. 649. — Cuivrage electrique des ob- jcts en fer et en fonte, p. 663. Olviere. Uranoscope, p. 21. Overstone. Reforme monetaire, p. 645. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XVII Ozanam. Brome contre les affections pseudo-membraneuses, p. 569,615. Palagi. Experiences eleciro-dynamiques, p. 32. Palmerston. Reforme monetaire, p. 645. Palu. Ceruse; medaille d'or, p. 266. Panisetti fl'abbe). Oscillations elliptiques du pendule, p. i3. — Oscillations du pendule immobile, p. 5o3. — Oscillations diurnes du pendule, p. 5 7 S. Pape. Perihelie de Leda, p. 566. PAriN. Medaille d'argent, p. 5Sg. Parameli.e. (I'abbe). Art de decouvnr ies sources, p. 102. Parquin. Araire ; medaille d'argent, p. 329. Parry, p. 287. Passy (Anloine), p. 254. Pasteur. Sucre de lait, glucose, p. i83. — Lactose, p. 376, 5o8. — Caudi- datauprix triennal, p. 5fio. Patera. Traitementdes minerals d'argent nickelliferes et cobaltiferes, p. 285. Payen, p. 236. — Azote des planles, p. 685. Pean de Saint-Gilles. Action de la chaleur sur ('hydrate et l'acetate feiriques, p. 75. Peclet, p. III. Pek.i-Bey, p. 534. Peligot. Uranium pur, p. 102. Pelouze, p. 75. — Dosage de 1'azote, p. io3, 169. — Rapport sur les pro- cedes de dosage des nitrates de M. G. Ville, p. 406. — Saponification, p. 6rg. — Rouge d'Andriuople, p. 685. — Saponification par les oxydes anhydres, p. 696. Pennikofer. Cholera, p. 100. Percy. Alliage de cuivre et d'aluminium, p. 3i4. Perier. Stereoscopie, p. 12. Perin. Scie a ruban ; medaille d'or, p. 269. Perreaux. Machine a diviser, p. 473. Perron. Freins, p. 4o3. Petiaux. Assainissemenls des lieux humides et insalubres, p. 444. Petit, p. 24s. — Calcul de la trajecloire d'un bolide, p. 489.? Petit-Jean, p. 672. Petit-Tbouars (du). Elu membie de l'academie, p. 58. Peytier. Candidat, p. 197. Phillips. Resistance des poulres, p. i83, 281. Phipson. Memoire sur l'inuliue p. 473. — Fecule et ses succedanes, p. 489. Piallat. Bobines electro-maguetiques, p. 590. Piazzi Sx.ytu. Lunette equatoriale portative, p. 191. — Mission scientifique, p. 674. Piddington. Nouvel igname, p. 535. Pierrat. Restauraiion des euiaux, medaille d'argent, p. 327. Pierre (Isidore). Role des nitrates dans la vegetation, p. io5. — Feuilles d'ar- brescommeengrais, p. 179. — Principesazotes dela belterave, p. 4 32. Pigalle. Teinture des peaux, p. 442. Piobert, p. 408, 432. Piobry. Organographisme, p. 237. — Caudidat, p. 288. — Organographie, p. 617. PiRONn. Observations cliniques, p. 2o5. Pitiscus. Table des sinus naturels, p. 365. XVili COSMOS. Plateau. Figures d'equilihre (Tune masse liquide sans pesanteur, p. 349, 383> 527. PoGGENDORFF, 45q. Poggiai.e. Action des carbonates alcalins sur ie sucre, p. ia3. PoGGio.i.Rhmnatismesaigusgueris, p. 432. — Traitement du cholera p. 568. Poinsot, p. 65o, Poiseuille. Candidal, p. 288. Poitevin. Gravure electrique, p. 2.— Helioplastie, p. 7, 3o. — Pboto-lilho- graphie, p. 173, 677, 679. Poi.li. Maladie de la vigne, p. 385. Pollock (Henry). Collodion conserve, p. 232. Ponci-let, p. 101, 207. Pons mid, p. 5o8. Pom aid v (le baron de), p. 254. Porro. Mirometre parallele, p. 19, 335. — Objectifs anallaliqtie et stenallati- que, p. 347. — Pieds de voyage, p. 34«. — Pare astronomique du boule- vard d'Eofer, p. 356.— Lunette gigantesque, p. 357.— Images photographi- quesdescorps celestes, p.36g. — Oscillations diurnesdu pendule,p. 578,678. Pothier. Dangers de 1'inhalation du sull'urede carboue, p. I. Pouillet, p. 206, 262, 467. — Clialeur solaire, p. 556. — Radiations so- laires, p. 6o3. — Actinographe, p. 628. Poulet. Trefilage d'argenl ; medaille d'argent, p. 292. Power. Signaux electriques, p. 40S. Pretsch, 679. Prunelle, p. 198. PuCHERAN, p. 495, Puiseux. Candidal., p. 4o3. — Sur les variations de la pesanteur, p. 469. Quadri. Vaisseaux de la cornee, p. 646. Quetf.let, p. i5. — Ondes atmospheriques, p. 45, 534. Quillet. Medaille. p. 58g. Qcinet. Transport sur gutla-percha des negatifs sur collodion, p. 61. Qdirint. Eclairage electrique, p. 3o. Raillard (l'abbe).Impossibilile de 1'etat vesiculate de la vapeur, p. 643. Rambosson. Enseigneinent de la parole aux sourds-muels, p. 621. Ramon de la Sagra. Nouvel acide vegetal, p. 5i 1. Rayer, Emploide la saumure, p. 198, — Commission, p. 65i, 685. Reade. Pholographie sur gutta-percha, p. 61. Reaumur, p. 164- Regnault. Remerciements a l'aeademie, p. 28. — p. 44,76i 77» *5x, 222. Regnault. Appareils lelegraphiques de surete, p. 271, 461, 467. Reiset, p. 467. Relandin. Chambre obscure a soufflet, p. 174. — Pieds de voyage, p. 348. — Chassis, p. 680. — pied porlatif, p. 681. Remy (Joseph). Souscription pour sa famille, p. 255. Remokdi. Guano etoiseauxqui le deposent, p. 435. Rennie, p. 45g. Rmoux. Action du phosphore rouge dans l'eco.nomie animale, p. i3o. {Fojcz Rigout.) Richard, p. 254. Ricbe. Tungstene, p. i3i. Richelot (Henri), p. 58g. TABLE DES NOMS D AUTEURS. XIX Riffaui.t. Inspecleur des eludes del'Ecole poly technique, p. 86. Rigout. I'hosphore amorphe, p. 261. Riluet. Influence de la consanguiaite, p. 091. Rive (de la), p. 276. ■ — Traite de ri.-lectricite, p. 3;'j. — Conduclibilile elec- trique, 4i7- Robert (Henry). Appareils uranographiques, p. 442. 649. Robert de Sevres. Epreuves photographiques, p. 344. Robert Grant. Histoire de I'aslrononue physique; medaille d'or, p. 3: + . Rochefoucauld (de la), medaille, p. 58g. Roger (Sebastien). Magnanerie, p. 444- Rogers. Observations sur la vision binoculaire, p. 229. Rolland. Petrin, p. 463. Rollet. Eleve dessangsues, p. 294. Ronalds. Eclairageelectrique, p. 3i. — Appareil enregislreur, p. 378. — Ea- rographe photographique, p. 541. — Thermographe, p. 548. Rosenhain, p. i5i. Rossr. Surfaces annulaires, p. 55 4. Rouget. Appareil d'adaplalion de l'ceil, 558, 686. PiOdsseau. Chenes truffiers, p. 3i2. Rousseau (Emile). Photographic, p. 11, n5. — Gravure photographique, p. i5o. Rousseau (Louis). Helioplastie, p. 3o. — Photographies d'histoire naturelle, p. 6o3. — Mission scientifique du prince imperial, p. 672. Rozet. Preservatif contre tes inoodalions, p. 687. — Terrains arraches aux torrents des Alpes, p. 569, 632. Ruhmkorff. Appareil d'induction, p. i32. — Appareil deduction: medaille d'or, p. 269. SabinEj p. 28 r. Saigey. Magnifique bolide, p. 228, 65o. Sajou. Dessins de tapisserie; medaille d'argent, p. 2g5. Salleron. Anemometrographe, p. 4o2, 436. Salvetat. Porcelaine de Chine, p. 264. Samuel Haugbton. Marees d'Irlaiide, p. 554- Sarrus, p. i5i. SAULCY(de). Mission scientifique du Prince imperial, p. 672. Sauve. Medaille de bronze, p. 589. Scheutz. Machine a calcul, p. 476. Schimfer. Description des mousses d'Europe, p. 568. Scblagintweit, p. 89. Schlesing. Dosage des nitrates, p. 104. Schmitt. Medaille d'argent, p. 424. Schneider. Bismuth pendant sa solidification, p. 166. , Scboenbein. Ozone, p. 5. — Observations nouvelles sur I'ozone, p. 43g- Schultz. Fecondation artificielle des ceufs de poissou, p. 181. — Fecondation arlificielle des Iamproies, p. 288. Scoutetten. Sources de I'ozone atmospherique, p. 554. Secchi (le R. P.). Micrometre parallele , p. 18. — Vue photographique d'une tache de la lune, p. 553. — Description des instruments geodesiques, p. 554. — Cratere Copernic, p. 579. Secretan. Lucimetre, p. 174. Sedgwick. Paleontologie, p. 101. xx COSMOS. Sedim.ot. Method* de clieiloplaslie, p. 124. — Rhinoplaslie, p. /,o3, — An- toplastie, p. 553. Segcier. Decalque des eciitures, p. 74. Seguin, p. 223. — Sos droils an piix triennal, p. 5o;. Segcin. Experiences d'electricite, p. 576. Selves (le marquis de). Mouton de Caramante, p. 536. Senarmoht (de). Candidal a la vice-presidenrc, p. 2S. — Double refraction , p. 96, tag. — C.ristaux de Siiicium , p. i&3. — Nonvel appareil d'inler- ferences, p, 26;, 5o8, 619. Ser res (Marcel de). Caractere et ancienuete de la periode quaiernaire. p, 17. 21S. — Embryogeuie, p. 602. — Commission, p. C5r. Serret (Paul). Courbes a double courbure, p. 554. Shee, p. 338. Sheet-shanks, p, 189. Sicard. Sorgho sucre, p. 684: Siemens. Machine a vapeur regeneree, p. 397, 45g. Siluermank. Proportions du corps humain, p. 307. Sii.beeman (jeune). Nouvelle pompea air, p. Co6, 610. Simonneau. Four a chaux ; medaille d'or, p. 210. Soleil, p. 277. Sorel. Prix. Flotteur d'alarme, p. I60. ! Socquierras (le conite de). Arum d*Egypte; p. 536. Sodza (de), p. 6S2. Spili.er. (Collodion preserve, p. 622. Stahl. "Voyage sciciitilique du prince Napoleon, 672. Steinheil. Heliotrope, p. 65 1, 660. Stephenson. Chcmiu de fer et telegraphes electriques, p. 309. Stokes, p. 90. Strauts Durckbeim. Liqiiide conservateur, p. 473. Sturm. Decede le j 8 decenibre i855, p. 58. — Fonctions elliptiques, p. 566. Styrbey, p. 534. Sussex (de). Aluminium, p. 565. Sutton. Tirage deposilifs, p. 199. — Photographie sur papier, p. 923. Taicue. Medaille de bronze, p. 589. Talbot. Gravure photographique, p. ir, 58g. Tardieu. Recompense de 1 000 fr., hygiene publique, p. i65. — Emploi de la saumure, p. 198. Targioni. Maladie de la vigne, p. 385. TAurKKOT. Photographie, p. 34. — Chereheur photographique, p. 148. — Anemomelre, p. 321, 341, 353. — Construction du baromelre, p. 649. Tcbihatchef. Climat de l'Asic-Mineure, p. 475. Temminck, p. -IgS. Tero.uem. Table des sinus naturels, p. 365. Tessan (de). Vapeurs vesiculates, p. 642. Tessier. Mouions de la Caramanie, p. 102. Tessier du Mothay. Distillation des savons alca'.ins, p. 426. Testud de 1'eauregard, p. ii. — Photochromie, p. 63, 117. Texier. Atterrissements des fleuves de la Mediterranee, p. 65o. Tbenard, p. 75, i35, 209, 234. — Rapports, p. 261, 34o, 534. Tbenard (Paul). Composes du mangauese, p. 206. Tberese. Medaille de bronze, p. 5go. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXI Tbevesin. Gravnrcs heliograptiiques, p. 676. Thieout. Tube lvspiratoire, p. 160. Thiers, Eelairage electrique, p. 3i. — Nouvelle pile; produclion d 'alumi- nium ; electricite a bon inarche, p. 225. — Nouveau generateur d'electricite, j). 253. Thome. Medaille de bronze, p. 589. Thomson. Action des corps c-iamagnetiques, p. 169, 221. Tho:iel. Pain de glands, p. 3g5. Thoron (Jules). Machine electrique en papier, p. 489. Thuyssuzian. Moutons de Sang-Hai', p. 422. Tiffereau. Transmutation des metaux, p. 261. Tissot. Incruslations colorees, p. 443. Tozetti. Maladie de la vigne, p. 385. Trecol. Biforines, p. 144. — Origine et developpement de la cuticule, p. 447. — Cuticule des vegetaux, p. 490. — Candidal, p. 5o6. Tremeschini. Telcgraphe-controleur, p. 114. Treviranus, p. 233. Tkoubvt. Coulure de la vigne, p. 282. Trumat. Ablation totale desa machoire inferieure, p. 5oo. Torret,. Sorgho sucre, p. 535. Tyer. Signaux electriques, p. 40S. Tyndall. Action rcciproque des corps diamagnetiques, p. 167. — Magnetisme et diamagnetisme, p. 33 1. Ubaldini. Ozone, p. 5. Unger p. 233. Urlgay (vicomle de 1'), p. 534. Vachojv. Trieur des bles, medaille d'or, p. 211. Vaillant. Ouragan du 14 novembre i85.',, p. 3. — Observatoires de l'Algerie, P- 37. — Interrupteur kilometrique, p. 77. — Rapport stir la culture du colon en Algerie, p. 4o5. Vat.ade, medaille d'argent, p. 390. Valenciennes. Helioplastie, p. 3o, 6o3. — Nouvelle panthere, p. 671. '' ' Vallee. Medaille d'argent, p. 589, 618. — Du Rhone et du lac de Geneve, p. 670. Valmer (le vicomte de). Aquarium au Museum d'histoire nalurelle, p. 536, 589. Valseree (Jacques). Pain intermediaire entre le pain de ire et ae qualite, p. 3og. Valz. Elements de la 4oe petite planete, p. 432. — Elements d'harmonia, p. 472- — Replique a M. Le Verrier, p. 553, 566. — Elements de la 4iepe- tite planete, p. 618. Van-Monckoven. Fixation descouleurs du spectre, p. 62. — Traite de pholo- graphie, p. 476, 678. Varley. Telegiaphie electrique, p. n3. Vacde-Green. Plutographie catholique, p. 63. Velpeau. Cholera, p. 100. — Bandage iuamovible, p. 100, tag. — Commis- sion, p. 65i. Veritk, p. 77. — Horlogerie de Beauvais, p. 563. Verreaux. Serpentaire, p. 537. Vicat. Prix de stalislique, p. i3g. — Mortiers silicates, p. 489, 683. Vieillard. Produils ceramiques, medaille d'or, p. 266. XXII COSMOS. VictER de vicomte). Photograph* sur papiei sec, p. 3;5. "Vignieres. Appareil de surete pour les chumius de for, p. 4',s. "Villarceau. Elements il' Ampliitrite, p. 56y. y-iT.T.K (fianrges), p. 59. — Dosage de l'azote des nitrates, p. io3. — Dosage des nitrates, p. 406. Villiers (de). p. 454. Vincent. Theorie des paralleles, p. 619. Vogt. Mission scientifique du prince Napoleon, p. 673. VOLLASTON, p. III. "YoLncELLi. Condensatcurselectriques, p. 206. Vougy (de). Transmission electrique des observations meteorologiques, p. 6o3L Wagner. Infnsoires, p. 649. "Walter, p. 124. — Elude de l'ceil, p. 65i. Walter Crum. Modification allotropique de l'hydralc d'alumine, p. ;5. Wanner. Chaleur animale dans l'homme, p. 32 1. Watt, p. 221. W'atteville. Mention honorable, p. i53. "Wedel, candidat, p. 5o6. Wertbeim, p. 263. Wheatstone. Stereoscopie, p. 12, 70, 23o, 459. — Stereoscope, p. 5l^g. — Reponsea Sir David Brewster, p. 625. Wilkes. Candidal, p. 287. William-Formez. Cafe arliuciel, p. 179. William-Stcrgeon, p. 95. Willis, p. 459. Wills. Rayonnemeut, p. 40. Wilman. Eleve des sangsues, p. 443. With, Cherche-fuite, p. 425. Wobler. Silicium et carbonne cristallises, p. 80. "Woods. Equivalents des espaces inter-mofecnlaires, p, 499. "Woolf. Observations d' ozone, p. 556. — Capillarite a de hautes temperatures., p. 557. Wrangel. Elu correspondant de l'lnstitut, p. 287* Wrotteslet. Discours, p. 64. Yvon-Villarceau. Bolide du 3 fevrier, p. n3. Zalews&i, p. 683. Zammipjer. Mouvcinent vibratoire de l'air dans les tuyaux, p. 263. Zantedeschi. Experiences sur le collodion, p. 572. Ziegler. Icononietre, p. 146, -OOO-O-O- © p- 554- Manon d'lude, p. 3g5. , , Malhiroatiques. Table des sinus naturels, p. 365. -Lois des phenomenes dont i'analyse depend d'equations aux differeatielles partielles, p. 404. — Foactions continues a paramelre variable, p. 407- — Tbcorie des {entitles p. 471. — Combes a double courbure, p. 554. —Surfa- ces annolaires, p. 554. — Surfaces focales, p. 554. - Foactions el- liptiques, p. 566. — Theorie des parallels, p. 663. — Vitalile des tendons, p. 236. — Contracture des tendons, p. l89- Action des infusions \egetales sur le sang, p. 4o3. — OEil, p. 65 1. — Question glycogenique, p. 700. Phvsiologie analytique, p. 60a. physiulogie experimeiitale, p. i54. Physiotvpie des planles d'Aulriche, p. 682. Physique Point d'ebulhtion des solutions salines, p. 3a. — Chaleur latente de lavapeur d'eau, p. 128.— Figures d'equilibre d'une masse hqu.de sans pesanleur, p. 3i9, 527. — Sur les variations de la pesanteur, p. 4G9. — Chaleur solaire, p. 556. — Construction du harometre, p. 649. Physique du globe. Produits d'emanations de la Sicilc, p, 16.— Oscillations el- liptiques du pendule, p. 11. Pigeons. Leur utilile, p. 3i3. Pintade a joues hleues, p. 536. Pisciculture pratique, p. 176. Planimelre polai.e, p. 32, 2i3. Poissons des bassius du buis de Boulogne, p. iS3. Pompe a air, p. 606, 610. Porcelaine de Chine, p. 254. Porcelaine leudrc, p. 270. Pouz/olane, p. 366. Prix deeemes par lacademie des sciences, p. i35. Prix, proposes par l'acade.nie des sciences, p. 184. Prix triennal, p. 393. Prix proposes par I'academic de Cologne, p. 533. Prix proposes par I'academie de Bruxelles, p. 533. Propylene, p. 128. Puitsartesien de Passy, p. 169, 394. Reforme numeraire en Angleterre, p. 645. Reseau meleorologique de France, p. 607. Respiration des plantes, p. i94. Resiauration desemaux, p. 327. Rotation des corps a l'etat spheroidal, p. 4<>4. Rouge d'Andrinople, p. 685. Sangsues, p. 295. — Leur education, p. 210. Saponification pour les oxydes auhydres, p. 696. Saumure, p. i98. Scie a ruban, p. 269. TABLE DES MATIERES. XXX2 Scintillation, p. 242, 377. Seance generate de la Societe d'encouragement, p. 207. Seismometre du Vesuve, p. 673. Serpenlaire, 537. Si ln-ni in, p. 1 83. Silicium cristallise, p. 81. Societe d'encouragement pour Hndustrie nationale. Seance generale du 20 fevrier, p. 207. — Industries recompensees ; medailles d'or, p. 310, 266. Medailles d'argent, p. 292. Medailles de platine, p. 270. — Seance pnblique annuelle, p. 324. — Prix extraordinaires, p. 383. — Medailles de bronze, p. 442. Societe imperiale et cenlrale d'agriculture. Recompenses decernees, p. 423. — Compte rendu, p. 566. Societe d'acclimatation. Situation financiere, p. 2 54, 534. Societe royalede Londres, p. 54. — Seance annuelle du 3o novembre, p. 64. — Iustallee a Burlington -House , p. 646. — Assemblee generale, p. 673. Societe protectrice desanimaux. Seance publique, p. 089, 688. Societe des arts de Bruxelles. Exposition, p. 676. Societe des naturalistes scandinaves, p. 645. Solidification du bismuth, p. 166. Solubilite des sels, p. 32. Sonnerie nouvelle, p. 294. Sorgho sucre, p. 535, 684. Soufre mou, p. 472. Spectrum camera, p. 90. Stereoscope, p. 12, 625, 549. — Observations sur la vision binoculaire, p. 229. Strabisme, p. 129, 569. Sucre de lait, p. 377. Sulfocyanure de potassium dans lasalive, p. 262.. Sulfure de carbone et ses emplois, p. i3o. Tasajo, p. 3g4. Teinturedes peaux, p. 442. Telegraphe aerien solaire, p. 65r, 656. Telegraphie electrique, tour de force, p. n3. Telegraphe-contio'eur, p. n4, Telegraphes eleclriques, p. 3io. — Trausmission telegraphique des observations meleorologiques, 6o3. — Nouveaux cables sous-marins, p. 673. Temperature des palmipedes, p. 322. Therapeutique ; Medicaments dilues, p. 5o4- Thouarecs, p. 21S. Titane, p. iS3. Toles perforees, p. 329. Transmutation des metaux,p. 261. Trefilage de l'argcnt, p. 292. Ti ieur des bles, p. 211. Trull'es, p. 3i2. Tuberespiratoire, p. 160. Tungstene, p. i3 1 . ..."."_ \£ Typhus de Crimee, p. 66S. xxxii COSMOS. Uranium pur, p. 102. Uranoscope, ax. Vaisseau aerien, p. Q27. Yegetaux microscopiques, p. 4"6. Veruis incombustible, p. 683. Zea— maialis, p. 47^. Zoologie. Sangsues, p. 1. — Nouvelle espece du genre cheval, p. 2. — Histoire generate des regnes organiques, p. 3. — Moutons de la Caramanie, p. 102. — Circonvoliitions cerebrales, p. 162. — Fecondation des ceufsde poisson, p. 181. OEuf d'epiornis, p. X82.— Fecondation artificielle des lamproies/ p. 288. — Temperature des palmipedes, p. 322. — Nouvelle race devers a soie, 38 3. Zoologie. Moutons deSang-Hai', p. 422. — Especes nouvelles d'oiseaux, p. 476- Reptiles nouveaux. p. 476. Zoologie. Nouveau genre moqulnut, p. 4g5. — Nouvelle pan there ifelistul- • liana, p. 671. ERRATUM. « Dans l'analyse ilu Memoire de M. Plateau il s'est glisse plusieurs fautcs d'impres- « sion graves, alterant le sens de certains passages. M. Plateau nous prie deles indi- « quer ici. » Livr. 13, p. 351, ligne 15, au lieu de : 5 centimetres, Uses: 7 centimetres. Ibid., memo page, ligne 24, au lieu de : tout a fait pleines, Uses: tout a fait planes. Livr. 14, p. 388, ligne 5, au lieu de : se reduisent necessairement a mes figures d'e- quilibrc. Uses: sc reduisent necessairement a cclle de mes figures d'equilibre. Ibid., p. 389, ligne 39, au lieu de : 35,7, Uses : 35mm, 7. Ibid. p. 392, ligne 20, au lieu de : dans le cylindre, memo avant qu'elles aient com- mence, Uses I dans le cylindre meme, avint qu'elles aient commence. Livr. 19, p. 528, ligne 18, au lieu de : aux phenomenes, elles ne sauraient empe- cher la production de celle--ci. Uses : au phenomene, elle ne saurait eropecher la pro- duction de celui-ci. Ibid., meme page, ligne 31, au lieu de : et a descendre, Uses : ct descendre. Ibid., p. 529, ligne 27, an lieu de : qui composcnt ia partie continue. Uses : qui coin- posent la partie discontinue. Ibid., p. 530, ligne 21, aulieu de : au milieu de l'axe des deux faces, Uses: au mi- lieu de l'une des deux faces. Ibid., meme page, ligne 24, au lieu de : la lentille perce. Uses: la lcntille se perce. Ibid., p. 531, ligne 16, au lieu de: sera plus grand, parconsequent, pour une meme charge, la longueur de la partie doitcroitre, Uses : sera d'aulant plus considerable que le diaraetre de Porifice sera plus grand, par consequent; pour une meme charge, laloD- gueor dela partie continue doit croitre. Ibid, meme page, ligne 32, au lieu de : en versant, Uses : en recevanl. T. Till. 4 JANVIER 1856. CIN'QUIBME ANNEE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. MM. Chevallier fils etPothier ont conclu, de recherches faitcs avec le plus grand soin, que l'inhalation des vapeurs de sulfate de carbone est reellement dangereuse et engendre des maladies toutes spd- ciales. — M.. Bouniceau croit avoir enfin demontre jusqu'a l'evidence , sur des sangsues nourries cependant dans des circonstances assez anormales, au sein de ses s'unulacres d'etangs, qu'elles prennent tout leur d6veloppement et arrivent meme a se reproduire dans un espace de temps qui ne depasse pas dix-huit mois. — M. Blanchard, aide au Museum d'histoire naturelle, s'est as- sure par des experiences positives que le foie des arachno'ides se- crete du sucre comme le foie des animaux d'ordre superieur, mis en experience par M. Bernard. II a de plus constate qu'en faisant en- trer dans le regime deces insectes une substance colorante, comme la garance ou 1'indigo, on arrive a colorer leur sang, naturellement blanc. Apres un certain temps d'assimilation de la garance, le foie lui-meme de l'insecte devient rouge ; c'est le dernier organ e qui perd sa coloration adventice, et c'est probablement meme par !e foie que s'opere 1' Elimination de la couleur injectee. — M. Doyere , par six annees d'etudes et d'observations faites dansun grand nombre de centres de grande culture, croit etre par- venu a faire sortir la question si capitale de la conservation des grains du domaine de rempirisme, pour la faire passer dans le domaine de la science positive. Un des principaux resultats de ses recherches serait que les ravages produits par les insectes sont beaucoup moins desastreux que ceux produits par la fermentation. Nous publierons dans notre prochaine livraison une analyse exacte de ce grand travail. — M. Becquerel a fait, au nom de la Commission nominee par l'Academie, un rapport entierement favorable sur les procedes de gravure electrique de M. Devincenzi. La Commission a fait dessiner sur zinc par un artiste tres-habile, M.^Chatillon, une copie du por- l 2 COSMOS. trait du Perugin par Raphael, et dans les conditions les plus propres a mettre en evidence les cotes faible et fort du nouveau procexte. M. Devincenzi a transform^ en six minutes cette plaque de zinc en un cliche" typographique dont le tirage a ete confix a M. Plon, l'un de nos plus habiles et de nos plus celebres imprimeurs. Le cliche a donne huit cents epreuves parfaitement conformes au dessin , reproduisant ses traits, les plus delicats et jusqu'aux reperes exces- sivement fins menagds par l'artiste. On aurait pu avec une planche soumise plus longtemps a Taction du courant tirer plus de trois mille exemplaires, la resistance du zinc s'dtant montr^e au moins (Sgale a celle du metal des caracteres. Le succes est done complet; TAcademie a donne a cette excel- lente methode son approbation la plus solennelle, et decide que le memoire qui contenait sa description serait imprime dans les volumes des savants etrangers. Ce qui nous charme le plus, e'est que le pro- cede" de M. Devincenzi soit apparu precisement au moment ou la decouverte de M. Poitevin lui donne une importance beaucoup plus grande, en permettant de se passer de la main de l'artiste pour tra- cer le dessin qu'il s'agit de transformer en planche graved. Nous desirons ardemment qu'on fasse bientot l'essai du transport sur zinc recouvert d'une couche de gelatine bichromatee d'un dessin un peu compliqud, par l'intermediaire de Taction de la lumiere. — M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire a annonce a TAcad^mie que, par la generosite de Sa Majeste 1'ImpeVatrice, la collection du Jardin-des-Plantes s'etait enrichie de deux individus de la race Equine, qui semblent constituer deux especes nouvelles, differentes de l'hemyone. C'etait autrefois comme un premier principe en his- toire naturelle que dans chaque genre le nombre des especes etait d'autant plus petit que Tanimal eHait plus grand. L'evidence des faits a force d'admettre d'abord dans le genre equus six especes differentes; les naturalistes anglais modernes ont porte" ce nombre a quatorze; mais e'est sans doute exagere. Les deux charmants animaux donnes par 1'ImpeVatrice son t ages seulement l'un d'un an, 1'autre de deux ans. On ne peut done encore etre fixe sur la place a leur donner dans le genre auquel ils appar- tiennent ; mais il est certain des aujourd'hui que leur tete est moins grosse et leurs oreilles moins longues que celles de l'hemyone, dont ils different aussi entierement par leur robe. On les croit origi- nates de l'Asie mineure. S. A. le prince Charles Bonaparte est loin de penser qu'il s'agisse reellement de deux nouvelles especes du genre cheval; le COSMOS. ;j deux nouveaux quadrupedes sont a ses yeux des espcces du genre ougroupe ane, et il pense que leur lieu dVrigine est i'Afrique. A cette occasion, le prince proteste centre la qualification d'anesauvaoe onagre, attribute, nu Jardin-des-Plantes, a un quadrupedequi diff'ere essentiellement de l'onagre de Pallas, et qui n'est certainement pas unanesauvage. M. Geoffroy-Saint-Hilaire defend cette qualification contre laquelle divers naturalistes europeens se sont aussi insureds- il affirme que, quoique differente peut-etre de l'onagre de Pallas l'espece d'ane dont il s'agit vit reellement en Abyssinie, d'oii elle provient , a l'etat sauvage et par troupes nombreuses ; il peut se faire neanmoins qu'elle soit le produit de la domestication. — M. Geoffroy Saint-Hilaire vient de publier a la librairie de M. Victor Masson etde presenter a l'Academie le second volume de son Histoire generate des regnes organiques. Nous publierons dans une de nos plus prochaines livraisons une analyse rapide de cet important volume. — M. Le Verrier, empeche' jusqu'ici par la discussion relative aux Observatoires de l'Algerie , communique a 1'Academie les re- sultats de l'immense enquete scientifique a laquelle a donne nais- sance la terrible tempete qui eclata dans la mer Noire le 14 no- vembre 1854, et causa la peite de tant de navires. C'est cer- tainement la plus belle et la plus utile etude de ce genre dont les annales dela meteorologie puissent conserver le souvenir ; et elle a eteentreprise a la pollicitation de Son Excellence le marechal Vail- lant, ministre de la guerre. Vous avez beau dire, eerivait en subs- tance le marechal a M. Le Verrier, il est impossible que, si on l'in- terroge avec soin, la science puisse rester muette sur les causes et les caracteres principaux d'un phenomene si remarquable par son in- tensity et son e'lendue, qui s'est fait sentir simultanement a Paris et a Balaklava. M. Le Verrier n'etait pas homme a laisser a terre- le gant jete par une si noble main; il se mit done immddiatement a l'ocuvreavec cette ardeur, cette energie, cette perseverance, qui ne s'effraient de rien , et ne s'arretent que lorsqu'elles ont alteint le but. II ecrivit deux cents lettres que les ministres tie la guerre, de. la marine, des affaires etrangeres se chargerent de faire parvenir a leur adresse , et par lesquelles il sollicitait, en Europe, en Afrique, en Asie, en Amerique, de tous les hommes competents ou en position d'observer, les donnees meteorologiques qu'ils pouvaient avoir recueillies dans les journees des 12, 13, 14, 15 et 16 no- vembre. Rien n'indiquait alors que le phenomene qu'il s'agissait d'etudier eut pu remplir une plus longue pririode de temps; ce ri'est U COSMOS. que plus tard qu'on a senti 1'importance d'observations faites avant le 12 etapres le 16 novembre. L'^s reponses out afflue de toutes parts , de la France, de 1' Alge- rie, de l'Autriehe, de la Russie , des colonies franchises; les obser- vations regues ont etc tres-savamment et tres-activement discutees par ML Liais , qui les a d'abord traduites graphiquement sur des cartes geographiques, en reprt^sentant par des courbes les pressions atmospheriques , la direction et l'intensite des vents , les tempera- tures, etc. , etc. ; une derniere carte unique represente aux yeux ce qu'on pourrait appeler la synthase du phenomene ou.de l'ouragan. C'est sur cette synthese dont , avec une justice et un desinteresse- mentqu'ila pris pour base de sa conduilu administrative, il rap- porte tout l'honneur a son zele collaborateur, que M. Le Verrier appellel'attention de l'Academie ; nous ne pouvons qu'indiquer au- jourd'hui tres-sommairement ses elements essentiels par l'enonce d'un certain nombre de propositions dont la verite ne peut pasetre revoquee en doute. 1° La tempete ou l'ouragan a eu pour cause la presence et le transport dans 1'atmosphere d'une onde atmospberique ayant ses reliefs et ses creux , ses cretes ou ses reliefs correspondant aux ('lovations maxima du barometre ; ses profondeurs ou ses creux correspondant aux abaissements minima de la colonne barome- trique. Dans une localite" quelconque , le calme de l'atmospbere repond aux cretes de l'onde ; la tempete aux creux, suivant la loi bien connue. 2° La grande onde atmospherique , le 14 novembre, s'etendait sur l'Europe entiere, depuis Gibraltar jusqu'a Balaklava , c'est- a-dire sur un liuitieme environ de lacirconfeience du globe. 3° Cette onde etait animee d'un mouvement progressif conlinu de l'ouest a 1'est; la depression, maximum, observee a Paris le 10, a atteint Vienne le 12, en deux jours et demi, et Balaklava le 14. 4° La marche ou la propagation de l'onde a ete visiblement em- pechet' et ralentie dans sa march e progressive paV les grandesAlpes de la Suisse et du Piemont ; mais, apres etfe enfin parvenue a sur- montcr l'obstacle, elle a repris sa marche avec une vitesse plus grande. 5" La direction de propagation de l'onde n'a aucun rapport avec la direction des vents regnants dans les diverses localites, en tant au moins que cette direction est indiquce par les girouettes ; il en serait peut-etre autrement si les observateurs avaient lu la direc- C0SJ10S. 5 tion da vent sur les nuages , et surtout sur les nuages des regions superieures de 1' atmosphere. 6° La marche de l'onde a etc evidemment assez lente pour qu'a- pves avoir constate le passage de sa depression minimum, cause de la tempete, le 10 a Paris, le 12 a Vienne, on eut pu signaler deux jours a l'avance son arrivee dans la mer Noire : avertis, les navires auraient pu se mettre surleurs gardes. 7° L' absence des observations d'Amerique ne permet pas de prononcer encore sur l'origine ou le point de depart precis du phe- nomene ; il n'y a pas eu lieu des lors de discuter le role joue par la temperature dans sa production ; c'est a elle cependant, tres-pro- bablement, qu'il faudra demander 1'explication derniere , la cause determinante de la production de cette immense onde .atmosphe- rique ; les differences de temperature observees a Gibraltar, a Paris, a Vienne, a, Balaklava , sunt d'ailleurs assez grandes pour qu'on puisse leur attribuer une influence preponderante. Nous n'irons pas plus loin, le texte de la note de M. Le Verrier devant nJcessairement etre publie en entier dans le Cosmos. — M. de Luca, chimiste bien connu de nos lecteurs, a commu- nique a l'Academie dans sa derniere seance le recit de quelques experiences pleines d'interet et d'avenir. « En faisant passer tres-lentement de lair ozonise humide pen- dant trois mois environ, principalement pendant la nuit, sur du po- tassium et sur de la potasse pure, j'ai obtenu de l'azotate de potasse, separable des solutions alcalines par cristallisation. Le volume total de l'air employe etait de 7 a 8000 litres. L'air avant de s'ozoniser dans un grand flacon contenant du phosphore sous une couche d'eau, passait sur du coton canle et dans un appareil d'une forme particu- liere a. potasse et a. acide sulfurique. II se debarrassait ainsi des ma- tures en suspension et des substances azotees. Nous avons verifie, M. Ubaldini et moi, la sensibilite de cet air ozonise, et nous avons constate qu'il pouvait mettre en liberte/aci- lement l'iode contenu dans 1/100 000 de milligramme d'iodure de potassium. Ces resultats confirmentceux que M. Schoenbein a obtenus par un autre procede. Des experiences anterieures que je me propose de repeter, m'ont montr6 que la potasse pure sur laquelle j'ai fait passer pendant l'ete et pendant le jour une certaine quantite d'air, ne contenait pas d'a- zotates; qu'au contraire, dans l'hiver et pendant la nuit, l'air pouvait produire des azotates avec la potasse ; que_ l'air agite et reno 6 COSMOS. tous les jours pendant plusieurs mois en presence des alcalis, pou- vait egalement produire des azotates. Mais il y a dans l'execution de ces^experiences tant de difficulty ot tant de causes d'erreurs, que ie ne les annonce que comme essais a verifier et a ctudier. Je mettrai a profit les conseils que M. Balard a bien voulu me donner pour examiner lmfluence de l'agitation d'une solution de potasse dans un volume d'air limite et non renouvele" relativement a la for- mation des azotates. La grande importance des matieres poreuses dans la production des azotates se trouve demontree par les belles recherches de M. Cloez; mais les corps pnreux agiraient-ils sur les alcalis par la production de 1* ozone1! Et l'air lui-meme chauffe au dela de 100 de- grees, on meme a cette temperature, produirait-il les mimes effets sous Vinfluence des corps poreux ! Est-il indifferent d'experimenter en etc ou en hiver, pendant le jour ou pendant la nuit, dans l'obs- curite ou en presence de la lumiere, a une temperature constante ou a une temperature variable? Ce sont la des questions difficiles qu'on ne peut rdsoudre que par une etude prolonged et soutenue. Elles demandent le concours de plusieurs chimistes et la haute pro- tection de 1'Academie. M. Goldschmidt nous ecrit en date du 26 decembre : « J'ai lu avec interet la notice que vous avez inseree dans votre estimable journal, le Cosmos, sur la particularity de la planete Ata- lante. II est surtout remarquable que, par la position de son nocud ascendant et de sa grande inelinaison, elle puisse monter jusqu a 60 deg> es de decimaison nord ; circonstance qui n'a lieu que pour la planete Euphrosyne seulement. „ La nouvelle comete passait le 8 decembre , vers 10 heures25 minutes, devant deux petites etoiles de onzieme grandeur, sans que leur lumiere serablat affaiblie. Le meme phenomene avait lieu le 5 decembre , avec une etoile de sixieme grandeur ; mais il me semblait toutelbis que la partie condense de la comete, qui consis- tait en deux petits points lumineux , passait un peu au sud de l'etoile. PHOTOGRAPHIE. HELIOPLASTIE PAR M. POITEVIN. I. Nouveaux procedes de gravure pholographique . Le probleme que M. Poitevin s'est propose de resoudre, et qu'il aresolu.nous le croyons, avec un succes complet, peut s'enoncer comme il suit : produire par Taction de la lumiere et sans l'inter- vention de la morsure aux acides ou du travail au burin, des reliefs et des creux pouvant etre transformed en planches pour l'itnpression soit en taille-douce, soit a. la presse ordinaire ; en rouleaux pour l'impression des eloffes; en matrices pour le gaufrage des cartons; en moules pour la ceramique, etc., etc. Nous le laisserons parler lui-meme : " Je coule sur une surface plane quelconque, sur une plaque de verre, par exemple, une couche uniforme d'une dissolution de gela- tine ; Tepaisseur de la couche doit varier suivant la hauteur des re- liefs ou la profondeur des creux que je me propose d'obtemr; je laisse secher spontanement ou j'accelere la dessiccation dans une etuve ; lorsque la couche est seche, je la plonge dans une dissolution concentree de bichromate de potasse ou de tout autre bichromate, qui ne donne pas avec la gelatine une combinaison insoluble dans l'eau. Apres une immersion de quelques minutes dans ce liquide, je passe rapidement la planche dans l'eau et je laisse secher de nouveau au sein de Tobscurite. On peut preparer cette meme couche, soit en plongeant la plaque gelatine^ dans la dissolution de bichromate de potasse avant la dessiccation de la gelatine, aussitot qu'elle a pris assez de consistance en se refroidis- sant; soit, lorsque la couche ne doit avoir qu'uue faible ^paisseur, en melant d'abord les deux dissolutions de gelatine et de bichromate de potasse, et versant ensuite le melange sur la surface de la plaque. La couche de gelatine chromatee obtenue par l'une de ces trois manipulations et sech^e est, soit exposee a Taction de la lumiere transmise a, travers le positif ou le n^gatif transparent qu'd s'agit de reproduire, soit placee au foyer de la chambre obscure, si on ne veut pas opdrer au contact et qu'il s'agisse d'operer d'apres nature. Le temps de Texposition varie, bien entendu, avec l'epaisseur de la couche de gelatine et avec Tintensite de la lumiere qui doit pro- duire l'impression. Apres Texposition je plonge la plaque dans Teau; toutes les par- ties qui n'ont pas subi Taction de la lumiere s'impregnent d'eau, 8 COSMOS. se gonflent et produiscnt dos reliefs sensiblcs a la surface de la plaque; tandis que les parties frappdes par la lumiere s'humectent a peine, nese soulevent pas et constituent relativement des creux. Les reliefs, par la nieme, correspondent aux noirs du dessin et les creux aux blancs. Je prends sur la couche ineme de gelatine sou- levee et deprini'V une contre-epreuve de la gravure qu'elle forme, en la moulant suit avec du piatre, suit avec toute autre inatiere plastique; soit enfin a l'aide d'un depot electro-galvanique, apres l'avoir prea'ablement rcndue conductrice de l'electricite par les procedes connus. Supposons- qu'il s'agisse, par example , de mouler en piatre. Aussitot qjie les parties non impressionnees par la lumiere ont pris dans l'ean leur maximum de gonflement ou un relief suffisaiit, je verse a la surface de la gelatine une dissolution de proto-sulfate de iVr; je lave pour enlever le sel de fer en execs , j'entoure le des- sin de petites regies, et je le couvre de piatre a mouler , gache bien serre ; je laisse prendre et je detache ensuite du modele. On peut obtenir ainsi d'un meme modele un grand nombre de bons moules, en aryant soin apres chaque moulage de nettoyer la surface gdla- tinee avec une brosse douce et de l'eau, de la traiter de nouveau par la dissolution de proto-sulfate de fer, et de la laver a grande eau. L'emploi de la solution de fer n'est pas absolument indispen- sable, mais il a le grand avantage de donner de la consistance au piatre dont les filets delies pourraient sans cela se briser, lors de la separation du moule et du modele. Je transforme ensuite les moules de platres en planches metalli- ques soit par les procedes ordinaires du clichage, soit par les pro- cedes de la galvanoplastie. Par la mt'thode que je viens de decrire un dessin difect ou posi- tif , pbotographique ou autre, donne sur gelatine une gravure dont les reliefs correspondent aux noirs du dessin, et un moule en piatre ou une planche en cuivre dont les noirs sont represented par des creux; cette planche, des lors, peut fouinir des cpreuves sem- blables au dessin, par l'impression en taille-douce. Au contraire, un dessin inverse ou negatif, pbotographique ou autre, donne sur gelatine une gravure dont les reliefs correspondent aux noirs du negatif et par consequent au blancs du positif ou de l'objet ; le moule en piatre ou la planche en cuivre donnera des lors les noirs en reliefs; et cette planche, tirde par l'impression typo- graphique ordinaire , k la condition de nettoyer ou de creuser les 'lanes trop large?, donnera des epreuves fideles de l'objet. » COSMOS. 9 Les decouvertes dont M. Poitevin veut s'assurer la priorite et la propi ic'to, par ce premier brevet pris le 26 aout 1855, sont : 1° la production de reliefs et de creux sur une couche s'uffisamment epaisse de gelatine impregnee d'un bichromate quelconque ]e bi- chromate de potasse, par exemple, en utilisant, pour la produc- tion de ces inegalites de surface , la propria qu'a la gelatine non impressionnee de se gonfler en s'impregnant d'eau, tandis que la gelatine bichromate et impressionnee par la lumiere ne se "onfie pasou segonfle tres-peu ; 2" la transformation de ces gravures sur gelatine en planches de pla!re, de cuivre ou d'autres nuHaux ; 3" le moulage galvanoplastique direct de ces gravures sur gelatine.' II. Noiweaux procedes d impression photographique au.v e/icres grasses et aux dijferentes couleurs, Hquides ou so/ides, etc. Ce second brevet a ete pris aussi le 26 aout ; il a ete mis en lec- ture au ministere de l'agriculture et du commerce le 27 novembre. En voici l'analyse : c'est toujours l'auteur qui paiie : » Pour reproduce photographiquement a i'encre grasse, sur pa- pier, sur pierre lithographique, sur verre, sur metal ou sur bois, la contre-epreuve d'un dessin photographique ou autre, j 'applique sur la surface qui doit recevoir le dessin une ou plusieurs couches d'un melange a volumes egaux d'une dissolution concentree d'albumine ou de ses succedanees, fibrine, gomme arabique, gelatine, etc., et d'une dissolution concentree'd'un chromate ou bichromate a base alcaline, terreuse ou metallique, indifferemment, excepte toutefois ceux dont la base precipiterait la matiere organique de la premiere dissolution ; j'emploie ordinairement une dissolution concentree de bichromate de potasse. Apres dessiccation de cette couche, qui peut etre deposes en plusieurs fois, ou meme auparavant, si l'im- pression ne deyait pas se faire par contact, je soumets la surface sensibilisde a Taction de la lumiere, en la placant derriere le nega- tif ou au foyer de la chambre obscure ; le temps de l'exposition doit etre regie sur l'intensite de la lumiere. Apres l'exposition, j 'appli- que sur la surface, soit au tampon, soit au rouleau, soit a la presse, une couche d'encre grasse noire ou de couleur ; puis je lave a grande eau ou a l'eponge, ou bien je passe un rouleau sur la surface encree mouillee d'eau: I'encre grasse se detache de toutes les parties qui n'ont pas re9u Taction de la lumiere. Si l'ecran a traverslequel on a impressionne la surface sensible est un negatif photographique ou autre, on obtient une reproduction positive; et si Ton a opere sur pierre lithographique, on pourra, en encrant, tirer immediate- 10 COSMOS. merit des epreuves, comme si on avait trace le dessin au crayon gras ou a la plume trempee dans l'encre grasse. Si l'dcran avait ete un dessin positif quelcopquf», le dessin obtenu sur la pierre eut iHi; inverse on negatif, puisque l'encre grasse n'adhere pas sur les partiesimpressionn^es par la lumiere. - Tour appliquer photographiquement les differentes couleurs soit liquides, soit solides, je fais un melange intime de la couleur avec une dissolution concentrde des memes corps organiques, albumine, fibrine, gelatine, gomme arabique, etc., additionnde d'un volume egal de bichromate; je recouvre d'une couche uniforme de ce me- lange la surface du papier ou du corps qui doit recevoir la colora- tion. Apivs dessiccation de cette couche, j'impressionne par la lu- miere directe ou diffuse, a traversun negatif du dessin a reproduire; je lave ensuite a l'eau et a l'eponge ; la couleur reste adherente seulement sur les parties frnppees par la lumiere, et en quantity proporlionnelle a l'intensite de la lumiere qui les a impressionnees. On peut ainsi appliquer simultanement ou successivement plusieurs couleurs. » Les decouvertes dont M. Poitevin se reserve la propriete par ce second brevet, sont : 1° L'application des encres grasses ou corps gras a des surfaces recouvertes d'albumine, de gomme, de gelatine, etc., additionnees d'un chromate ou bichromate quelconque, par Taction de la lumiere transmise a travers un dessin, ou emise par un objet dclaire, dans le but d'obtenir, apres lavage a l'eau sur les parties impressionnees et devenues insolubles dans l'eau, une couche adherente d'encre grasse ou de corps gras, en meme temps que les parties non im- pressionnees restent nues. 2° L'application sur le papier, les e^toffes, les poteries , le verre, etc., des differentes couleurs liquides ou solides, medangees a 1' albumine, la gomme, la gelatine, etc., bichromatees , dans le but de fixer ces couleurs par Faction de la lumiere. Les inventions que nous venous de decrire sont parfaitement originales; elles n'ont aucun rapport avec les procedes de gravure de i\] . Talbot, qui n'employait la gelatine bichromatee que comme vernis. En consultant toutes les sources qui sont a notre disposi- tion, nous n'avons vu signaler nulle part les proprieHes de la gela- tine ou des autrcs matieres organiques chromat^es, telles qu'elles sont formulees et utdisees par M. Poitevin. Nous ne comprenons done pas qu'on ait pu presenter les procedes de M. Poitevin comme une mine que tous pouvaient exploiter. Nous ajoutons que cette COSMOS. 11 mine est eminemment feconde, ou que ces inventions deja essaydes avec succes sont riches d'un tres-brillant avenir. P. S. Nous avions pris, a la seance de la Societe franchise de photographie, des notes assez Vendues pour pouvoir decrire tres- suffisamment les procedes de tirage des positifs, dephoto-lithogra- phie, de gravure photographique, d'impression photographique des etoffes, de MM. Emile Rousseau et Musson, procedes fondes aussi sur l'emploi de matieres organiques additionnees de bichromate, et specialement de bichromate d'ammoniaque. Mais quand le pres- tige cause par lamination de M. Emile Rousseau s'est evanoui; quand nous nous sommes trouve' seul avec nous-meme, nos con- naissances acquises et nos livres ; quand surtout les decouvertes de M. Poitevin nous ont ete revelees en detail, le sentiment de sur- prise a fait place a des scrupulesque nous n'essayerons pas d'etouf- fer aujourd'hui. Le tirage des positifs ressemble par trop aux pro- cedes chromatypes de MM. Mungo Ponton, Hunt, Testud de Beau- regard ; la methode de photo-lithographie est une modification, une complication de la methode de M. Poitevin; la gravure photogra- phique rappelle trop celle de M. Talbot; le mode d'impression'des etoffes a enfin beaucoup d'analogie avec celui deM. Smith de Blak- ford, decrit dans le Cosmos, tome IV, page 92. F. Moigno. NOUVEAU PROCEDE DE REPRODUCTION DES DESSINS. M. Chevreul a presente , au nom de M. Ernest Bastien, la des- cription d'un procede au moyen duquel chaque artiste peut obtenir lui-meme, et autant de fois qu'il le veut, la reproduction d'un des- sin. M. Bastien etend sur une plaque de verre une mince couche de blanc de plomb sur laquelle il trace avec une pointe ou un burin le dessin qu'il veut reproduce; la pointe enlevant le blanc de plomb et mettant ainsi le verre a nu partout oil elle passe, chaque trait res- sort en noir s'il a eu soin de placer un morceau d'etoffe de cette cou- leur sous la plaque de verre. Le dessin acheve, il pose la plaque de verre a plat dans un tamis de laiton ou de crin qu'il plonge dans un bain compose de sulfure de potassium dissousdans l'eau : ce reactif noircit le blanc de plomb en quelques secondes, et il obtient ainsi un veritable cliche dont on peut tirer des epreuves par les procedes ordinaires de la photographie. Pour fixer le cliche et lui permettre de resisterau tirage d'un grand nombre d'epreuves, M. Bastien le recouvre d'un vernis dur et transparent. 12 COSMOS. LE STEREOSCOPE ET LA SOCIETE FRANCAISE DE PHOTOGRAPHIE. Nous avons 6t6 grandement surpris de trouver dans le bulletin de la Societe franchise de la photographie une appreciation du ste- reoscope qui nous semble tout a fait incroyable et injuste : " Dans la pyramide stercsoscopique , dit M. Perier, nous ne voyons guere qu'un objet d'elrennes pour Ips enfants, grands et petits. Ce n'est plus la de la perspective, ou du relief, mais une facon de jeu de qui I les perspective au milipu duquel votre ceil se promene comme la boule, franchissant des espaces chimeriques. Pour aller aussi prestement a travers des intervalles aussi demesurement agrandis. il semble que le spectatcur ait les prunelles de sept lieues dont /'ogre avnit les bottes. Et la, sincereinent, le stereoscope n'est-il pas anotre art ce que la boite a cyliudre est a la musiquel Quel regal d'avoir a tirer sa tabatiere de sa poche, a presenter des bon- bons, a poser le tout sur un verre a boire, pour entendre les memes ariettes chantees avec une voix de sauterelle ? » Nous avouons ne rien comprendre a cette diatribe, sinon que Fauteur a voulu s'amuser et montrer quelque esprit. II ne sait cer- tainement pas encore ce que c' est que le stereoscope ; il n'apasvu, dans le grand appareil de Wheatstone qui n'est pas une pyramide, les magnifiques paysages des Fenton, des Maxwell -Lyte, etc., sans cela il parlerait un tout autre langage. Dans de bonnes conditions, en effet, le stereoscope, loin d'etre un diminutif de la photographie, am joujou photographique, est la photographie a sa plus haute puis- sance, la nature et Fart dans sa plus brillante association. Et puis nous le demandons, quand le stereoscope cree de si heureux debou- ches a la photographie, donne du travail a tant d'artistes et d'ou- vriers, l'amoindrir si durement dans le journal d'une Societe qui s'est donn6 mission de promouvoir les interets de la photographie, est-ce un bon exemple et une bonne action? F. Moigno. VARIETES. OSCILLATIONS ELLIPTIQUES DU PENDULE EN REPOS. M Montigny, de Namur, nous adresse , sur cette question im- portante, une nouvellelettre que nous nous empressons de pubher: i. Vous avez bien voulu, sans que j'en eusse la pretention, accor- der les l.onneurs de la publicite aux questions de ma dermere lettre ; je me proposals de vous en ecrire de nouveau pour vous soumettre le projet d'un appareil tres-simple, destine a mettre en ev.dence les oscillations elliptiques, excessivement petites, du fil a plomb, pen- dant vinot-quatre heures. C'eut M une reponse a votre question (p. 593 du Cosmos) : Comment les mettre en evidence? Mais votre derniere livraison nous a appris que M. l'abbe Pamisetti a observe" directcment ces oscillations et qu'il est en train de preciser ses cal- culs. Ccttt annonce a eveille en moi un sentiment de dehcatesse qui ne me per met point, pour le moment et jusqu'a ce que M. Pamisetti ait fait connaitre ses moyens d' observation, d'entrer dans des de- tails sur l'anpareil projete. Toutefois , je OTdis devoir vous dire qu'il se reduit a un pendnle de dimension ordinaire (un metre de longueur au .plus) , dont les petits defacements, effectues dans n'importe quel azimuth , pourront etre observes a tout instant du jour. L'appareil sera place au fond d'un puits, ou mieux a 1 extre- mite d'une galerie ou d'un appartement ordinaire. L'observateur, place a 1' autre bout de celui-ci ou au sommet du puits, mesurera des deviations lineaires, qui auront la meme amplitude que s d les eut estimees directemeul sur un fil a plomb de longueur egale au doable de la distance verticale ou horizontale du pendule lui-meme a l'observateur. Quant aux causes presumable* de la variabilite en question, vous me permettrez, monsieur, d'etre plus explicite, attendu que je me suis deja occupe de ce phenomene important. Mes premieres idees sur les oscillations diurnes du fil a plomb , qui remontent a une quinzaine d'anndes, ont eu pour point de de- part les effets des variations que subissent, d'une part, les attrac- tions lunaire et solaire sur la petite masse du fil a plomb suspendu a la surface de la terre, et, de l'autre, la force centrifuge du meme point pesant, laquelle a pour cause le mouvement de translation de la terre autour du soleil. A ce point de vue, la variabilite du fil a plomb serait une consequence de la combinaison du mouvement diume de la terre autour de son axe avec celui du a sa revolution annuelle : le premier ayant pour efiet de faire constamment varier 44 COSMOS. la distance du point considere a la lime et au soleil , et le second donnant lieu a un effet de force centrifuge partielle sur ce point, force dont l'lntensite" est aussi ur.e fonclion de la distance absolue du point au soleil, laquelle varie par suite de la rotation diurne de la terre. II est aise d'inf'erer de la que ces effets combines tendent a faire ddcrire, pendant vingt-quatre heures, une ellipse a la petite masse du pendule, et que le grand axe de cette courbe , dirigc de Test a l'ouest, varie periodiquement en grandeur et en direction; mais ces causes d'instabilite du fil a plomb etant excessivement faibles (la plus grande des trois , la variation de l'attraction lunaire, est pour ainsi dire inappreciable comparativement a Tintensite de la pesanteur), je conclus, avec le secours du calcul, que les oscillations d'un ill a plomb, dues a Taction directe des causes citees, se dero- beraient aux observations. J'abandonnai done un systeme d'expe- riences projete- dans un premier moment , que la privation d'un local convenable eut rendu peu fructueux , et je donnai une autre destination a un petit micrometre qui avait et6" construit dans le but d'observations diurnes. Mais si Taction directe des causes signalees doit etre insensible, il n'en est probablement pas ainsi de leurs effets sur la masse interne du globe, que tout nous fait considerer comme etant a I '(Hat de fusion ignee. Jerevins ainsi a Tidee, deja emise anterieurement, des marees auxquelles cette masse fluide serait souinise. Les obser- vations de fluctuations des niveaux a. bulle d'air, dont M. d'Abbadie fit part a TInstitut de France, en mai 1852, tendraient a. favoriser cette action souterraine. M. d'Abbadie le laissa entrevoir dans la note oil ses observations sont rapportees. Cependant, il attribue un cas de mouvement tres-prononce que prouverent les bulles des niveaux a la flexion du sol qui les supportait, flexion occasionnee par un accroissement de poids considerable du au debordement d'une riviere voisine de la locality oil les niveaux etaient observes. Ces experiences de M. d'Abbadie m'engagerent a presenter a l'Academie de Belgique une note oil je fis valoir la realite de chan- gements tres-petits et periodiques que doit subir la direction de la pesanteur ; mais j'admis aussi dans cette note que Taction directe des deux astres les plus influents sur notre planete est insuffisante pour produire des variations du fil a plomb appreciables. C'est dans leurs actions sur les marees de la masse interne qu'il faut trouver la cause de fluctuations appreciables, soit par suite de la flexion de la croutesolide du globe sous la pression de la masse interne, soit COSMOS. 15 par suite de emplacements periodiques qu'^prouverait la direction d'attraction partielle de la masse liquide sous-jacente au lieu d'ob- servation , qui serait soumise a des modifications de forme conti- nuelles. II y a toute probability que ces deux causes, quoique dis- tinctes en principe, ne le seront point dans leurs resultats. Dans le Rapport sur cette note, qui est insere au tome XIX des Bulletins de I ' Academie , on a juge, et avec raison pour le cas particulier de l'inondation, signal^ par M. d'Abbadie, d'attribuer les fluctuations des niveaux a la flexion du sol resultant du poids de l'eau. Mais, pour la generalite des cas, il y a toute presomption pour moi que les actions de la lime et du soleil , auxquelles se joint la troisieme citde plus haut , sont les causes des variations de directions de la pesattteur par rapport a des coordonnees prises a la surface du sol. Les observations de M. Pamisetti mettront le fait au grand jour. Je pense que l'etendue des variations du fil a plornb sera beaucoup moindre que ne le feraient croire les fluctua- tions des niveaux observers par M. d'Abbadie , qui , comme on le sait, et il le dit lui-meme , ne sont pas a l'abn d'influences etran- geres. Permettez-moi , monsieur, de rapprocher de tout ceci un autre fait. Le travail de reduction des observations de Bradley, eflectue par M. LeVerrier, a montre" que les differences d'ascension droite entre les etoiles eloignees de douze heures presentent des varia- tions periodiques de mois en mois dans le cours d'une annee. MM. LeVerrier et Faye inclinaient vers une inegalite periodique dans la marche de l'horloge, comme cause de la variation signalee. Si les observations de M. Pamisetti sur la variabilite du fil a plomb sont bien concluantes , ne faudra-t-il pas accorder une large part dans le phenomene que les observations de Bradley revues ont mis au jour, a une variation diurne de position de la lunette meridienne par rapport au plan meridien ? Ce serait en revenir a une des causes invoquees par M. LeVerrier, dans la communication du resultat de son travail de revision , a. laquelle il attachait moins d'importance qu'a la variation de la pendule. Veuillez , monsieur, rejeter sur mon gout pour tout ce qui se rattache au progres des sciences, la longueur d'une lettre qui me force a vous offrir dans ce coin l'expression nouvelle de mes sen- timents les plus distingues. C. MoNTIGNY. P. S. Je vous remercie pour mon pays et pour M. Quetelet , s'il me le permet, de ce que vous avez dit dans le Cosmos, au sujet 16 COSMOS. de la discussion que le projet des observations meteorologiques en Algerie a provoquee a l'lnstitut. Vous avez toute raison. » SCR QUELQUES PRODl'ITS d'eMANATIONS DE LA SICILE PAR M. CHARLES SAINTE-CLAIRE DEVILLK. L'auteur a visite suecessivement le massif de l'Etna , les iles Eoliennes , et dans une derniore toumee il a traverse la Sicile sui- vant deux de sea diametres, tie Catane a Girgenti, et deGirgenti a Pal :ine. Les trois principales des iles Eoliennes, Lipari, Vulcano, Stromboli, lui ont offent clua-une un interet particulier. II s'est avance dans le cratere de Stromboli aussi loin qu'on peut Is faire sans temeritc. Da point qu'il a atteint, ses regards plongtaient presque verticalement au-dessus de la cheminee oil Spallanzani a vu alternativement monter et descendre la lave en fusion, et il dis- tinguait, a un petit noinbre de metres, la bouche d'oii s'elance, toutes les dix minutes environ, une colonne de vapeur entrainant avec elle, a une grande hauteur, des pierres incandescentes qui re- tombent en partie dans la bouche elle-meme, en partie sur sa pente exteneure. Vulcano a presente an savant voyageurun double int<§ret : comme stratigraphie, c'est, dit-il, un des crateres de soulevement les plus parfaits qu'on puisse voir ; au point de vue chimique, c'est la plus belle solfatare qui existe. Autour du centre du lac de Naftia, pies de Patagonia, lac de Palici des anciens, s'elancent plusieurs jets de gaz dont quatre pos- sedent un assez grand volume et s'elevent de quelques decimetres au-dessus de la surface. Outre ces jets principaux, le lac est en grande partie recouvert d'une infinite de buMes de gaz qui s'en de- gagent constamment. La masse de ce gaz se compose d'azote. II y a de plus une certaine quantite d'acide carbonique, d'hydrogene carbone et d'oxygene. Les Salses ou uolcans de boue, de Macaluba, pres de Gifgenti, offrent des phenomenes comparables, en quelques points, a ceux du lac de Naftia. De plus, l'eau boueuse de ces petits volcans a une salure tres-marquee. NOUVELLES PROPRIETES DU CHARBON DE BOIS PAR M. MORIDE DE NANTES. Si Ton prend un charbon de bois incandescent et qu'on le plonge COSMOS. 17 directemeiit, ou apres l'avoir 6'teint au moyen de Veau froide, dans une solution acide de sulfate de cuivre, le metal se depose progres- sivement sur le charbon jusqu'a. Ten couvrir entierement. Dans les liqueurs neutresou alcalines, la reaction s'effectue moinsbien. Dans la liqueur Bareswil , par exemple , le cuivre depose sur le charbon revet unecouleur irisee de la plus grande beaute. » J'ai fait la remarque qu'on decompose moins facilement les sels meta'lliques a ncides organiques que ceux qui contiennent des acides mineraux. » Les solutions d'argent dans l'acide nitrique, le chlorure d'ar- gent dissous dansl'ammoniaque, sont facilement decomposes parle charbon de bois fraichement calcine. L'argent alors ne tarde pas a recouvrir le charbon sous uncharmant aspect. II semble meme cris- tallise quelquefois. •• Le charbon debois incandescent, plonge dans une solution de Fowler, modifiee par l'acide sulfuiique, produit un ether tres- agreable, queje me propose d'etudier. « Lezinc, le fer, leplatine, le plomb , lemercure , peuvent etre precipitins par le charbon , mais ils se dissolvent aussitot dans les liqueurs acides , ce qui n'est pas pour l'argent, etcequi n'arrive pour le cuivre que vingt-quatre heures apres l'operation. « Le coke, le charbon de lignite, le charbon de matieres animates, le charbon d'os, ne produisent aucun de ceseffets. » CARACTERE ET ANCIENNETE nE LA PERIODE QUATERNAIRE PAR M. MARCEL DE SERRE. Les formations quaternaires ont 6te precipitees les dernieres; depuis lors, il ne s'est plus rien depose pendant les temps geolo- giques. Ces formations ont et^ disseminees par des eaux courantes ou en mouvement, et non par des eaux calmes et tranquilles. Elles ofTrent deux principaux systemes de materiaux; les plus anciens sont distinctpment stratifies, quoique les stratus qui les composent soient souvent peu reguliers; les plus regents sont des terrains meubles dosagreges, plus ou moins irregulierement disperses et re- pandus sur des espaces d'une etendue considerable. Cette periode a £te contemporaine de l'^poque glaciaire et de l'apparition des volcans a crateres semblables a ceux de l'epoque actuelle. La flore de cette periode a ete presque semblable a la flore ac- 18 COSMOS. tuelle. Quant a la faune quaterne, uniquement bornee aux mammi- feres monodelphes de l'ancien continent, comme aujourd'hui, elle a etc de plus en plus caracterisee dans le nouveau inonde et l'Australie par de nombreux didelphiens qui vivent encore dans ces deux continents. Parmi les mammileres nionodelphes de l'epoque quaternaire, on trouve principalement les chevaux, lesboeufs, les cerfs, et en moindre nombre le chien, la chevre et le mouton. Cette faune est composee d'un grand nombre d'especes perdues et de races semblables a celles qui vivent encore, aussi bien chez les mammiferes que chez les oiseaux et les reptiles. Les didelphiens paraissent ne pas avoir depasse en Europe l'e- poque miocene, et n'avoir plus reparu depuis lors dans aucune region de l'ancien continent. La faune quaternaire est plus riche et plus varied que celle des terrains pliocenes qui l'ont immediatement precedee. C'est surtout la faune des depots diluviens qui offre le plus grand nombre d'es- peces. La periode quaternaire, tres-distincte de celles qui l'ont precedee, a done une grande importance. La plus r^cente des temps geologiques, elle est une sorte de transition entre ces temps et les ageshistoriques. MICROMETRE PARALLELS DU R. P. SECCHI. — Le P. Secchi , dans une letlre a M. Elie de Beaumont, demt un nouveau systeme de micrometres pour les lunettes astronomiques. Ce systeme est fonde sur le deplacement des images produit par la refraction dans les lames a vues planes et paralleles. Dans une pre- miere experience, le P. Secchi a pris une regie de cristal ordinaire, assez pure eta faces sensiblement paralleles, d'une epaisseur de 3 millimetres et d'une largeur de 12 millimetres. II a place cette regie sur le chemin des rayons refractes en dedans de la lunette. Celle-ci etant dirigee sur un objet quelconque, on obtient imme- diatement deux images, l'une desquelles est produite paries rayons qui out traverse- la lame, et l'autre, par l'autre portion qui ne l'a pas traversee. En inclinant plus ou moins la lame, on peut faire se superposer completement les images, les faire se toucher alterna- tivement par un bord ou par l'autre. Cesdeplacementsqui, lin£aire- ment, sont tres-petits, demandent des angles d'inclinaison de la lame a^sez grands et qui dependent de I'epaisseur de la lame, de son indice de refraction et de la longueur focale de la lunette. On COSMOS. 19 voit done la possibility de creer avec la plus grande facilite un mi- crometre sur ce principe, en adoptant un moyen quelconque de mesurer les variations d'inclinaison de la lame. Les premiers essais qu'a faits le P. Secchi or.t reussi au dela de ses espeVances pour prouver la bonte du principe. II annonce, en terminant, qu'il a ddcouvert dans le troisieme satellite de Jupiter des taches qui montrent que le temps de la rotation de ce satellite est different de celui de sa revolution autour de sa planete. Nous sommes desoles d'avoir a le constater, mais il y a bien longtemps que M. Porro a utilise le ph^nomene du transport ou du deplacement de 1'image par la refraction a travers des lames paral- lels, a la construction d'un micrometre astronomique. Cette note du R. P. Secchi aurait du etre publiee depuis long- temps , et elle vient bien tard apres les reclamations de M. Porro, appuyees du temoignage de M. d'Abbadie. Le savant directeur du College romain voudra bien nous pardonner ce retard tout a fait involontaire et le rapprochement que nous avons ete force de faire. GITE FOSSILIFERE DE PIKERMI PAR M. GATJDRY. Quelques naturalistes de Paris, d'apres l'aspect de la gangue des os deja envoy£s de Pikermi, ont ete portes a croire que ces fossiles appartenaient au systeme des breches osseuses medi terra - neennes. La deeouverte que M. Gaudry vient de faire de la conti- nuity de la couche a ossements, prouve ce qu'il avait deja annonce a l'Academie en 1854, savoir : que les ossements de Pikermi, mal- gre leur affluence vraiment extraordinaire sur un meme point, mal- gre leurs brisures et 1'isolement de leurs differentes parties, n'ont ete nullement rassembles dans une grotte ou une crevasse quelcon- que. La bande a ossements, debarrass£e des roches qui la surmon- tent, presenteune profusion etrange d'ossements fossiles; e'est une sorte de cimetiere oil la nature a rassemble les specimens des etres divers dont les montagnes de l'Helladeetaient peuplees pendant une partie des ages tertiaires. On y trouve reunis, pele-mele, de tres- rares debris de singes, de carnassiers, de rongeurs , un assez grand nombre de pachydeimes , une quantite extraonlinaire de solipedes et de ruminants. M. Gaudry a deja recueilli plus d'un millier d'e- chantillons; il ne dqute pas d'en rencontrer un bit'n plus grand nom- bre, et il espere que ises recherches ayant prouve la continuite de la 20 COSMOS. bom he fossilifere, les naturalistes venant apres lui et suivant la con- tinuity de cette couche y decouvriront des couches presque inepui- sables. CHEMIN DE FER HYDRAUMQFE. — Nous avons trouve dans la Rivista sclentifica de Turin de sep- tembre !e recit d'une experience qui n'est pas sans quelque interet : - Samedi dernier nous avons assiste aux exp6riences faites sur une locomotive en presence de plusieurs perscnnages dn nombre desquds Btait le tres-honorable M. Hudson, rriihfstre plenipoten- tiaire de S. M. Britanique. Cette locomotive, inventee par M. Pas- quale Delorenzi, est mise pii mouvement par un cours d'eau. L'in- vention de M. Delorenzi se distingue par une admirable simplicity, car sa machine n'est pas autre chose qu'une roue hydraulique mise en jeu par un courant d'eau renferme dans un canal sur les bords duquel se trouvent, outre les deux rails pour lesconvois, deux gui- des lateraux a dents sur lesquels s'appuient les roues qui suppor- tent la roue hydraulique. « Derriere la machine sont attaches les wagons du convoi, et ce qu'ilya de remarquable, c'est la maniere dont la machine est gui- dee par le courant dans la montee aussi bien que dans la descente. Les experiences ont £te faites avec un heureux succes sur des pentes de 5, 10 et 25 pour 100 ; mais limitons la pente normale a 10 pour 100 ; s'il y a moyen d'employer cette locomotive pour le passage du Mont-Cenis, on aura resolu l'un des problemes les plus difficiles de la mecanique. » Des experiences auxquelles nous avons assiste on ne pourrait sans le'gerete juger de l'applicabilite de l'invention ; toutefois, nous sommes sur qu'il y a sur le Mont-Cenis des reservoirs d'eau dix fois plus grands qu'il n'est necessaire. Le creusement du canal entrai- nera une depense considerable, mais la construction de la machine est peu couteuse, de meme que sa manutention. Reste a savoir si la machine aura une force sufflsante pour remorquer le convoi avec line vitesse convenable; mais nous pensons que cette difficulte, si elle existe, pourrait etre vaincue en partageant le convoi en deux ou trois autres, a chacun desquels on adapterait une machine. Ce chemin de fer hydraulique n'est qu'une pale copie de la belle invention de M. Girard, qu'on nous dit devoir etre bientot realisee en Piemont. URANOSCOPE DE I. OUVIERE- ETUDE DU MOUVEMENT APPARENT DU SOLEIL. (Suite et fin. — Voyez p. 417, 459, 529 et 585 du t. va.) 3° Si au lieu de considerer seulement la hauteur du soleil dans ses passages au meridien nous comp irons les temps qui s'ecoulent entre deux passages successifs, nous con»taterons sous une autre forme le mouvement propre du soleil. Si , un jour donne , le soleil a passe au meridien en meme temps qu'une cloile fixe , le lendemain il arrivera au meridien quelques minutes plus tard ; et ce retard est essentiellement variable (il est minimum en juillet, et de 4 minutes a peu pres; il est maximum en Janvier, et sa duree peut etre alors de pres de 15 minutes). Considerons sur la sphere celeste les deux cercles horaires du soleil et d'une etoile, ou les deux grands cercles qui passent par l'axe du monde et par le soleil d'une part ; par l'axe du monde et par l'etoile d'autre part. Si, a un jour donne, ces deux cercles horaires passaient ensemble au meridien, le lendemain, lorsque le jour side- ral sera revolu, le cercle horaire du soleil sera en retard vers l'orient de quelques minutes, et les deux cercles feront entre eux angle d'une fraction de degre ou de presque 1 degre; le surlendemain, le retard et Tangle des deux cercles horaires seront devenus plus grands; ces petits mouvements accumules finiront par amener les deux cer- cles horaires a 90°, puis a 180°, 270° l'un de l'autre, etil s'ecoulera un quart de jour, un demi-jour, trois quarts de jour entre le pas- sage anticipe de l'etoile et le passage retarde du soleil a*u meridien. Le cercle horaire de l'etoile et celui du soleil viendront coincider de nouveau ; ils passeront au meridien au meme instant; mais, dans l'intervalle entre les deux coincidences , l'etoile aura passe au me- ridien une fois de plus que le soleil. Si nous nous rappelons que la distance d'un astrequelconque au meridien, mesuree soit en temps, soit en degres ou fractions de degre du cercle de l'equateur, est ce que nous avons appele" l'ascension droite de cet astre , nous aurons constate , par cette nouvelle serie d'observations , que l'ascension droite du soleil varie incessamment et periodiquement , comme sa declinaison. Concevons un globe de meme rayon que l'uranoscope, sur lequel nous ;iyons trace l'equateur divise en degres, en minutes ; prenons pour point de depart sur ce globe un cercle horaire quelconque, celui , par exemple, dans lequel Sirius et le soleil se rencontrent pour passer ensemble au meridien. Sur ce cercle horaire , a partir 22 COSMOS. du point zero ou il rencontre l'equateur, portons un arc egal a la declinaison du soleil, au-dessus de l'equateur, si la declinaison ob- served a l'uranoscope est boreale , au-dessous si elle est australe ; nous aurons une premiere position du soleil. Le lendemain , apres avoir mesure le retard du soleil sur Sirius et transforme ce retard en arc et fractions d'arc, pour obtenir l'ascension droite du soleil, menons le cercle horaire ou grand cercle correspondant a cette as- cension droite, et portons sur ce cercle un arc egal a la declinaison observee a midi, nous aurons une seconde position du soleil; en continuant ainsi chaque jour de l'annee, nous aurons trace sur la sphere la route du soleil, ou la courbe annuelle qu'il semble de- crire dans le ciel en vertu de son mouvement apparent. Or , en exa- minant de pres cette serie de positions, on voit tout d'abord : 1° qu'elles ne torment pas une ligne sinueuse ou en zigzags, mais une ligne parfaitement continue et plane , c'est-a-dire situee tout entiere dans un meme plan ; 2" que le plan de cette courbe passe par le centre de la sphere ; et nous en conclurons que la trace du so- leil sur la voute celeste dans sa revolution annuelle autour de la terre est un grand cercle, divise en deux parties egales par I'e'qua- teur, qu'il rencontre en deux points, et dont une moitie est si- tuee au nord de l'equateur, l'autre moitie au midi; 3° que le plan de cette courbe forme actuellement avec le plan de l'equateur un angle de 23" 27'. Ajoutons que les distances inogales entre les pieds des cercles horaires ou leurs points d'intersection avec l'equateur mettent en evidence d'une inaniere tres-nette le fait deja constate dans l'observation des passages au meridien que le soleil va plus vite dans certains points de sa course, moinsvite dans d'au- tres. Le grand cercle que nous venons de construire etd'etudier n'est pas encore la courbe veritable ou l'orbite que le soleil semble d£- crire annuellement autour de la terre; elle n'est, que l'ensemble des points ou le rayon visuel, mene du centre de la terre au soleil, va percer la surface spherique du globe ou d'une voute celeste ideale. Pour se faire une idee de l'orbite reelle du soleil et la tracer sur un plan , i! faudrait un autre element que l'uranoscope seul ne donne pas, la distance du soleil a la terre. Les dimensions du soleil etant en elles- memes invariables, Tangle qu'il soustend vu de la terre ou Tangle que forment les deux rayons visuels menes aux deux extremites de Tun de ses diametres du diametre horizontal , par exemple , augmentera s'il se rapproche, et diminuera s'il s'eloigne de la terre. Si en outre des ascensions droites et des declinaisons nous mesu- cosmos. 23 rions chaque jour cet angle ou ce diametre apparent du soleil, nous verrions que ce diametre varie perpetuellement dans le courant de l'ann^e; qu'il est plus grand dans les points ou sa vitesse est plus grande, plus petit dans les points oiisa vitesse est moindre. Admet- tons que de la grandeur observee du diametre de la terre on ait deduit pour chaque jour sa distance a la terre, et que sur les rayons correspondants du grand cercle dont il a ete tout a l'heure question, rayons prolongesquandilseranecessaire, ou porte, apartirducentre, des longueurs proportionnelles a ces distances, on obtiendra une se- rie de points dont l'ensemble ou le lieu geometrique sera une courbe parfaitement semblable a l'orbite solaire. Une etude attentive, mais facile prouve que cette courbe est une ellipse allongee dans la direction de la ligne qui unit les positions du premier juillet et du premier Janvier, et qu'un des foyers de cette ellipse, le plus voisin du sommet, dont le soleil se rapproche au premier Jan- vier, est occupe par la terre. Voila done qu'a l'aide de 1'ura- noscope nous sommes parvenus , sinon a etablir rigoureusement, du moins a entrevoir la position et la nature de la courbe que le soleil semble decrire autour de la terre en vertudu mouvement pro- pre apparent, dont sa comparaison avec les etoiles l'a montre anime\ Le plan de l'orbite ou de l'ellipse dans laquelle il se deplace, a recu le nom de plan de l'ecliptique, parce que la possibility des Eclipses depend des positions relatives du soleil, de la terre et de la lune par rapport a ce plan. Des que Ton admet, comme l'uranoscope le suppose, que le plan de l'equateur celeste est fixe, et par cela meme que Ton a figure sur le cercle meridien les deux points de l'orbite du soleil ou l'astre est a sa plus grande distance de l'equateur, le plan de l'ecliptique, qui passe incessamment par le soleil et le centre de la terre, doit etre ne'eessairement considers comme mobile; et voila pourquoi il n'a pas pu etre represents dans l'appareil comme l'equateur et le me- ridien. Mais dans sa rotation , le plan de l'ecliptique ne cesse pas de faire avec le plan de l'equateur un angle de 23° 27'; et des lors la perpendiculaire menee a ce plan par le centre de la terre , qu'on appelle axe de l'ecliptique, fait elle-meme constamment avec la per- pendiculaire au plan de l'equateur, e'est-a-direavee l'axe du monde ou la ligne des poles, un angle de 23" 21' . Aujour oil le soleil atteint le solstice d'ete, ou se trouve dans la direction de la pointe superieure cancer, le plan de l'ecliptique passe, a midi, par les poinles capri- corne en bas, cancer en haut ; et l'axe de l'ecliptique est le pro- longement de la pointe interieure situee au-dessous de l'axe du 26 COSMOS. monde, du cote du nord. Le jour oil le soled atteint le solstice d'hiver, le plan de l'ecliptique passe, a midi. par la pointe cancer en bas, capricornh en haut, l'axe de l'dcliptique est le prolonge- ment de la pointe interieure situee au-dessous de l'axe du monde. Les solstices que nous venons de rappeler , qui sont la limite de l'excursion boreale et de l'excursion australe du soleil, les points ou, apres avoir atteint sa plus grande declinaison, ou sa plus grande dis- tance a l'equateur, il sembles'arreter [sol slat) pendant quelques jours pourserapprocher de nouveau de l'equateur, sont deux points remar- quables de l'orbite solaire, ou, niieux, de l'intersection de la sphere etoilee par le plan de l'ecliptique. II en est deux autres qui doivent aussi fixer l'attention : ce sont ceux oil cette meine intersection de l'ecliptique et de la sphere etoilee rencontre le plan de l'equateur, et que Ton a appeles points equinoxiaux, parce que le soleil alors se trouvant dans l'equateur, le jour est egal a la nuit, comme nous le dirons plus tard, pour tous les points de la terre. L'un de ces pointe s'appelle equinoxe du printemps, l'autre equinoxe d'automne. Ainsi done les solstices sont les intersections de l'orbite solaire ou ecliptique avec le plan du meridien du lieu, les equinoxes sont les intersections de cette meme orbite avec le plan de l'equateur celeste. Comme les deux plans de l'equateur et du meridien sont deux plans perpendi- culaires entre eux ; leurs lignes d'intersections par un troisieme plan qui passe par leur centre commun seront deux lignes perpendicu- laires entre elles ; la ligne des deux solstices est done perpendicu- laire a la ligne des deux equinoxes, et par'consequent les points equi- noxiaux passent chaque jour au meridien, toujours dans le plan de 1'equatenr, six heures avant et six heures apres les points solsticiaux . On trouve l'instaut exact de l'equinoxe en observant la declinai- son du soleil le jour oil tile cesse d'etre boreale et le lendemain ou elle a commence a etre australe, ou reciproquement. Supposons pour fixer les idees, avec Francois Arago , que le 20 mars on ait trouve, pour le soleil a midi, une declinaison australe de 5', le 21 une declinaison boreale de 15' et qu'entre ces deux passages au meridien il se soit ecoule en temps sideral 24 heures 4 minutes ; il en resultera qu'en 24 heures 4 minutes le soleil a par- couru en declinaison 15' +5' ou20 minutes, e'est-a-dire 1 200 se- condes d'arc. On peut admettre sans erreur sensible que le mouve- ment du soleil en declinaison pendant la duree d'an jour est sen- siblement uniforme ; done si le soleil a mis 24 heures 4 minutes a parcourir 20 minutes, il aura mis le quart de ce temps ou 6 heures 1 minute a p;ircourir les 5 minutes dont le 20 mars, a midi, il etait COSMOS. 25 eloigne de l'equateur , et 1 heure 1 minute est le temps qu'il faut ajouter a l'lieure side>ale du midi 20 mars pour avoir l'instant pre- cis du passage du soleil par le plan de l'equateur, ou l'instant de l'equinoxe. Quand cet instant est trouve, on peut sans peine deter- miner sur l'equateur la place de l'equinoxe ou la position du cercle horaire qui lui correspond. Concevons eu effet qu'on prenne hi dif- ference entre les deux ascensions droites du soled au 20 et au 21 mars ou la longueur de l'arc, que le soleil, en vertu de son mou- vement propre, a parcouru dans le sens de hequateur , cette diffe- rence aura ete parcourue en 24 heures 4 minutes , et par une simple proportion, on determinera la fraction de cet arc parcourue pendant le temps qui s'est ecoule entre le: passage au meridien le 20 et l'instant precis de l'equinoxe ; cette fraction ajoutee a i'ascen- sion droite du 20 donnera l'ascension droite du soleil au- moment de l'equinoxe ou sa position sur l'equateur. Disons en passant que ces calculs, repetes pendant plusieuis annees ,. apprennent que la position de l'equinoxe n'est pas fixe sur le plan de l'equateur ; qu'elle n'est pas, par exemple,, toujours a la meme distance angu- laire du cercle horaire de Sirius , qu'elle s'avance tous les ans de 50 secondes 3 dixiemes, par un mouvement dirige de l'orient a l'occident et qu'ou appelle la precession des equinoxes. Ce displa- cement est une autre forme ou une nouvelle manifestation du mou- vement de rotation conique de l'axe du monde autour de l'axe de 1'ecliptique en 25 870 ans; et en effet 25 S70 ibis 50", 3 font 1 301 251 secondes ou 360 degres. Jusqu'ici nous avons determine la position des astres par leur declinuison ou leur distance a l'equateur mesuree en arc de meri- dien ; par leur ascension droite, ou la distance comptee en arc de l'equateur de leur cercle horaire a un autre cercle horaire fixe, celui de Sirius, par exemple, ou de l'equinoxe du printemps. Puisque nous connaissons niaintenant le plan de 1'ecliptique, ce plan pourra remplacer l'equateur pour fixer dans le ciel le lieu des astres. Sup- posons qua partir d'un astre quelconque, on mene un arc de grand cercle perpendiculaire a 1'ecliptique, la distance de l'etoile a 1'eclip- tique mesuree par cet arc sera, relativement a 1'ecliptique, ce qu'e- tait la declinnison par rapport a l'equateur ; on lui a donne le nom de latitude astronomique ; elle est en effet, pour le pole de 1'eclip- tique , ce que la latitude terrestre est pour le pole de l'equateur ou du monde. De meme la distance a l'equinoxe du printemps du point d'intersection du cercle de latitude avec 1'ecliptique, distance mesuree par l'arc de l'eelipti'jues'appelle la longitude astronomique. 26 COSMOS. En resume, la longitude et la latitude astronomiques d'un astre sont identiquement , par rapport au cercle de l'ecliptique , ce que lei ascensions droites et les dcclinaisons sont relativemont a l'oqua- teur. Ces deux systemes de coordonn^es stellaires sont lies dviderfl- ment entre eux, et il est tres-facile de passer des unesaux autres, de deduire les unes des autres, soit par une construction graphique ex^cutee sur le globe ou se sont deja traces l'equateur et l'eclip- tique, soit a l'aide des formules t res- simples de la trigonometric. De meme que nous avons appele jour sideral l'intervalle de temps qui s'^coule entre deux passages successifs dune etoile au meri- dien, ou entre deux coincidences du cercle horaire aboutissant a cette e"toile avec le meme meridien ; on appelle jour solaire vrai l'in- tervalle de temps compris entre deux passages consecutifs du soleil au meridien. Le jour solaire, comme nous l'avons deja dit, est tou- jours plus long que le jour sideral, et plus long d'une quantite p£- riodiquement variable. On le partage aussi en 24 heures, les heures en 60 minutes, les minutes en 60 secondes ; settlement, les heures, les minutes et les secondes d'une horloge reglee sur le soleil sont un peu plus longues que les heures, les minutes et les secondes d'une horloge reglee sur les etoiles. L'intervalle de temps que le soleil emploie a revenir au meme equinoxe ou au meme solstice , c'est-a-dire a faire en vertu de son mouvement propre une revolution apparente, complete, a etc appele- annee tropique. L'annee tropique ne se compose pas d'un nombre exact de jours sideraux ou solaires, elle est egale a 366 jours sid6- raux 24 centiemes, ou 365 jours solaires, plus environ un quart de jour. En divisant les 360° du cercle entier de l'ecliptique par les 365 jours 1/4, on obtient pour quotient 0°, 59' 8", 3, qui expiime ce que Ion designe sous le nom de nioyen mouvement propre augu- laire du soleil, ou la vitesse moyenne du soleil dans son mouve- ment annuel. Rappelons encore que le soleil ne parcourt pas le grand cercle de l'ecliptique d'un mouvement uniforme ; le point de son orbite dans lequel son mouvement propre est le plus considerable s'appelle le perigee, le soleil est alors le plus pres possible de la terre, au sommet du grand axe de l'ellipse qu'il parcourt, le plus voisin du foyer occupe par la terre. Le soleil arrive au perigee en biver, vers le lcr Janvier, et il est assez singulier au premier aspect que nous eprouvions le plus grand froid quand nous sommes le plus pres du foyer qui nous echauffe. Le point dans lequel ce mouve- ment propre angulaire du soleil est le moindre s'appelle Y apogee, le soleil est alors au maximum de sa distance a la terre , au sommet COSMOS. 27 du grand axe de l'ellipse le plus eloigne du foyer occupe par la terre. Le soleil arrive a. l'apogee vers le lor juillet ; et c'est pour nous , par le meme contrasie singulier, le temps des plus grandes chaleurs. Les deux points apogee et perigee sont diametralement opposi'-s , aux extremites d'un diametre, ou mieux du grand axe de l'el- lipse. Admettons pour un moment l'existence dans le plan de l'equateur d'un soleil qui se mouvrait avec ur.e vitesse constante egale a la Vi- tesse angulaire moyenne du soleil r£el, 0°, 59' 8", 3 ; le soleil fictif s'avancerait chaque jour vers l'orient de quantites ogales relative- ment auxcercles horaires des etoiles,etmarquerait consequemment, par ses passages successifs au meridien, des jours solaires moyens plus longs que les jours sideraux , mais parfaitement egaux entre eux. Le jour solaire moyen exprime en temps sideral est 24 h 3' 56", 555 ; le jour sid£ral exprime' en temps moyen est 23h 56' 4", 095. Les etoilespassent au meridien chaque jour, en temps moyen, 3' 55", 907 plus tot que la veille. On peut donner a ce soleil fictif un point de depart arbitraire ; mais des que ce point de depart sera connu, de la marche constante du soleil fictif, et de la marche variable, mais connue aussi, du so- leil, on pourra determiner, par le calcul, jour par jour, la position relative des deux cercles horaires de ces deux soleils, et la difference entre le jour solaire moyen et le jour solaire vrai. Du passage au meridien du soleil reel, on pourra done conclure le passage au me- ridien du soleil fictif; et regler par consequent une montre sur ce soleil fictif dont la marche ideale est parfaitement reguliere, et qu'une bonne horloge pourra suivre sans qu'on ait besoin de depla- cer chaque jour les aiguilles, comme cela aurait lieu si on s'obstinait a lui faire suivre le soleil reel. Comme de fait , cependant , c'est le soleil reel qui, par sa presence au-dessus de l'horizon , regie les travaux de l'homme, il est tres-important, si les horloges publiques sont reglees sur le soleil fictif, que les midis de ce soleil different tres-peu des midis du soleil reel. II fallait done placer le soleil fictif equatorial, de maniere que les midis marques par ce soleil fictif ne differassent jamais notablement des midis marques par le soleil reel ; on satisfait a cette condition en faisant partir le soleil fictif du peri- gee en meme temps que le soleil vrai. De cette maniere, le retard ou l'avance du midi moyen sur le midi vrai ne depassera guere un quart-d'heure dans ses plus grands ecarts; et si Ton compare les temps que le soleil vrai et le soleil moyen emploient a faire leurs revolutions diurnes, on trouvera qu'une montre reglee sur le temps 28 COSMOS. moyen ne sera jamais en avance ou en retard sur le temps vrai que de 30 secondes environ . Dans le calendrier annuel du Bureau des longitudes , on trouve dans une colonne inlitulee temps moyen au midi vrai, l'heure que doit niarquer une montre reglee sur le soleil moyen equatorial ou sur le temps moyen, au moment du passage du soleil reel au me- ridien ; passage que l'on observe sans peine a l'uranoscope. On de- signe sous le noni $ equation du temps, la difference en plus ou moins entre le temps moyen et le temps vrai, ce qu'il faut ajouter cha(]ue jour au temps vrai ou en retrancher pour obtenir le temps moyen. Si l'on veut avoir 1'equation du teraips pour tous les jours de l'annee, on n'a quTa prendre pour chacun de ces jours la quantite dont le temps moyen au midi vrai donne par 1'Annuaire du Bureau des longitudes differe de douze heures. La table de 1'equation du temps une fois faite, permet de regler trfes-facilement une montre ou une horlogesur le temps moyen. En effet, si l'heure marquee par la montre au moment du passage du soleil reel au meridien differe de douze heures d'une quantite egale a 1'equation du temps, elle est bien reglee; elle avance ou retarde si l'heure quelle marque differe de douze heures d'une quantite plus petite ou plus grande. Liqua- tion du temps pour un jour donne varie d'une annee a l'autie, et elle a besoin d'etre calculee a l'avance par les astronomes ; on a pu cependant dresser une sorte de table perpetuelle d' equation du temps telle qua un jour quelconque l'erreur ne soit que de quel- qucs secondes , cette table devra etre ecrite sur l'une des faces du grand piedestal des uranoscopes. Jusqu'en 1816, les horloges de Paris etaient reglees sur le temps vrai, ou sur les passages du soleil vrai au meridien; il tallait done chaque jour ou au moins chaque semaine donner le coup de pouce, soit au pendule, soit aux aiguilles. Maintenant elles sont reglees sur le temps moyen ; le jour moyen a remplace le jour vrai. Nous avons dit la duree de ce jour moyen , mais nous ne lui avons pas encore assigne d'origine ou de point de depart. L'origine du jour sidoral est fixde en chaque lieu par le passage au meridien du lieu du point equinoxial du printemps : on a fait une convention analogue pour le jour solaire moyen. Le midi moyen a lieu quand un point de 1 e- quateur celeste dont l'ascension droite serait toujours egale a. la longitude moyenne du soleil passe au meridien. F. Moigno. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Taris. — Imprimerie de W. P.emqdet et Cie, rue Garaucitre, 5. T. VIII. 11 JANVIER 1856. CINQUIBME ANNBE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Heureux de calmer les terreurs que son dernier article de la Revue des Deux Monties a inspirees, relativement au sort futur des cometes periodiques, dont plusieurs deja se seraient dissipetes dans l'espace sous Taction dissolvante de la chaleur solaire, M. Babinet nous prie d'annoncer que la comete de Encke a ete vue a Santiago (Chili), au mois d'aout dernier. Voila done un astre sauve" au nioins encore une fois, et auquel son passage au perihelie n'a pas ete fatal; qui n'a pas ete enleve au monde solaire par l'attraction trop ener- gique du grand ogre des cieux de Jupiter, ou la resistance de Tether. — Nous annoncons avec bonheur que M. le docteur Auzoux commence le dimanche 13 Janvier, a une heure, son cours annuel d'anatomie compared, dans son amphitheatre, rueAntoine-Dubois,2, pres TEcole-de-Medecine. Nous ne saurions trop engager ceux de nos lecteurs qui d^sirent acquerir des notions generates, simples, vraies, fecondes, sur la branche la plus importante de Thistoire na- lurelle, de mettre a profit la science et la genereuse initiative du savant specialiste, en suivant fidelement son cours interessant et instructif au plus haut degre. Chaque jeudi, a la meme heure, M. Auzoux repete ses lemons du dimanche; il met en Evidence, par des experiences chimiques et physiologiques, les conditions qui fa- vorisent, empechent ou modifient les fonctions par lesquelles la vie s'entretient; il develop ne les considerations hygieniques et physio- logiques propres a Thomme, au cheval et a tous les animaux domes- tiques. — L'Academie des sciences a procede dans sa derniere seance a la nomination de son vice-president pour 1856, de son president pour 1857. Au premier tour de scrutin, M. Isidore Geoffroy Saint- Hilaire a obtenu 29 voix contre 20 donnees aM.de Senarmont, 1 a M. Coste, 1 a M. Cordier, et a ete proclame vice-president. M. Regnault, president, dont les fonctions expiraient, a remercic- TAcademie de Thonneur quelle lui a fait, de la haute bienveillance qu'elle lui a tdmoignee ; il lui rend compte, conformement aux r'c glements, del'etatde ses publications, memoiresdesmembres, me- 2 30 COSMOS. moires des savants etrangers, supplements aux comptes rendus, ou memoires des prix. Cinq volumes sont en cours d'impression ; mais il n'en a ete public aucun en 1855. M. Regnault enumere aussi les pertes faites par l'Academie dans l'annee ecoulee, les vides qu'elle a rem|)lis, les places enfin qui sont encore vacantes. II ap- pelle ensuite M. Geoffroy-Saint-Hilaire au fauteuil de vice-presi- dent, cede le fauteuil de president a. M. Binet, et va reprendre sa place aupres de M. Le Verrier. — Dans cette meme seance, M. Becquerel a presents et expose en quelques mots, a l'Academie, les belles m^thodes helioplastiques de M. Poitevin , dont le Cosmos a eu les glorieuses premices. M. Valenciennes offrait en meme temps trois ^preuves d'histuire naturelle , obtenues sur pierre par M. Poitevin , avec les cliches ne^atifs de M. Louis Rousseau, aide d'histoire naturelle au Jardin- des-Plantes. Quoique ce ne soient encore que des essais, ces trois reproductions dun crane humain, d'un polypier, d'un lezard, sont admirablemcnt reussies ; elles laissent bien loin deniere elles tout ce qui a ete tente en ce genre par les procedes anciens de gravure et de lithographie photographique. Une de ces reproductions a et6 faite devant nousle ler Janvier, et nous avons ete vivement frappe de la simplicity et de l'efficacite du procede. Tout fait done esperer que bientot l'helioplastie sera devenue une grande industrie. — MM. Deleuil , a l'occasion de la Note de M. Quirini, nous rappellent , ce que nous n'avons pas oublie et ce que nous avons plus d' une fois appris a nos lecteurs, qu'ils se sont grandement occupt's de 1'une ties questions le plus a l'ordre du jour, l'eclairage electiique, et qu'ils sont auteursd'abord d'une pilede Bunsen mo- difier, simple, peu cofiteuse, adoptee dans un grand nonibre d'ota- blissements scientifiques et industriels, puis d'un appareil fixateur de la lumiere electrique , d'un mecanisme tres-reduit et dune marche assez regubere. Mais le but principal de cette lettre est de faire connaitre que, des le 10 novembre 1849, MM. Deleuil etu- diaient la solution du probleme non moins important de la divi- sion de la lumiere eMeotrique , ou du fonctionnement simultane de plusieurs appareils place's dans un meme circuit et donnant un •Vlairage egal. La premiere de leurs experiences couronnee de queljue succes date, disent-ils, de septembre 1850; ils operaient avec 80 elements; trois appareils, disposes comme ceux de \]. Qiiirani , donnerent, pendant 5 minutes seulement, une lumiere sensibifemeiit la meme pour chacun. Le 2 octobre, ils modifierent i- cuinbinaison ; au lieu d'une pile de 80 elements, ils em- COSMOS. 31 ployerent trois piles de 20 elements chacune, et formerent le cir- cuit dans 1'ordre suivant : pole positif de la premiere pile, pole positif du premier appareil, pole negatif du premier appareil, pole negatif de la seconde pile, pole positif de la seconde pile, pole po- sitif du second appareil , pole negatif du second appareil , pole negatif de la troisieme pile, pole positif de la troi^ieme pile, pole positif du troisieme appareil, pole negatif du troisieme appareil, pole negatif de la premiere pile; les appareils donnerent, pendant un peu plus de 5 minutes seulement, une lumiere egale. Le 10 et le 31 octobre, un nouvel essai semblable fait avec deux appareils et deux piles de 30 elements, donna un resultat satisfaisant pen- dant 15 minutes. Le 10 decembre, enfin, avec quatre appareils et quatre piles de 20 elements, i!s eclairerent aussi pendant un quart d'heure. Nous avons repondu loyalement a l'appel fait a notre impartialit6 par ces honorables constructeurs, mais, nous l'avouerons, leur reeit n'est guere encourageant. et si M. Quirini n'avait pas mieux reussi, ce serait a desesperer de la solution d'un beau probleme. M. Ronalds, avant M. Deleuil, avait appele notre attention sur l'immense avantnge qui resulterait de la substitution d'un appareil multiple, d'uneespece de candelabre electrique, au simple fixateur qui absorbe a lui seul cinquante elements de Bunsen. Les charbons bru- leraient moins vite et dureraient plus longtemps; une des branches du candelabre pourrait s'eteindre sans qu'on sen apercut, et les autres pourraient continuer a fonctionner a la condition touiefois que, par un mecanisme additionnel, la branche qui s'eHeindrait fermat le circuit interrompu. 11 importe en effet de bien remarquer que le grand obstacle a l'emploi de la lumiere electjique n'est pas la depense relativement minime, nousl'avons deja prouve" plusieurs fois; mais le defaut de continuity, mais la necessite absolue de l'ccil et de la main d'un surveillant qui n'abandonne jamais a lui-meme l'appareil unique, dont les charbons peuvent se briser a tout instant, et s'usent si rapi- dement. M. Lacassagne de Lyon, en collaboration de M. Thiers, nous a annonce de son cote et a annonce' avec grand eclat a la France entiere, qua l'aide d'un appareil que nous pourrions decrire des aujourd'hui et qui donnerait : 1° des courants electriques tou- jours reguliers et invariables; 2° la facihte de pouvoir moderer en toutes proportions et diviser a son gre l'lnteii^ite d'un courant electrique unique; 3° de mesurer l'intensitS du courant employe 32 COSMOS. a un travail quelconque , il croit avoir rendu possible et pratique l'eniploi de la lumiere electrique. Ce serait une belle chose que ]e regulateur electro-magneHique de M. Lacassagne, mais pour croire a ses merveilleuses proprietes , nous avons besoin de le voir operer sous nos yeux. — Nous avons recu et nous publierons dans nos plus prochaines, iivraisons : 1° le resume des recherches de M. Kremers de Bonn, sur la solubilite des sels dans 1'eau et et les points d'ebullition des solutions salines saturees ; 2° la figure et la description du plani- metre polaire de M. Amsler de SchafThouse ; 3° une lettre de M. Creil de Vienne, sur la m^teorologie ; 4° l'expose de nouvelles experiences electro-dynamiques de M. Palagi. — Quelques semaines avant la violente sortie de M.Biot, M. Airy, lastronome royal d'Angleterre, louait grandeinent le zele des sa- vants russes et la bonne direction qu'ils ont impriinee a leurs tra- vaux; il communiquait en nieme temps quelques extraits d'une lettre de M. Otto Struve, qui prouve que, malgre les preoccupa- tions et les angoisses de la guerre, la science en Russie n'a rien perdu de son importance : » Lorsque je vous ai ecrit pour la derniere fois, je vous disais que le t^legraphe electrique etait tout a fait dans l'enfance en Russie. Mais, depuis, la guerre lui a fait faire des progres rapides. En ce moment , nous avons deja en Russie pies de 6 000 miles , 8 000 ki- lometres ou meme plus de fils galvaniques; ils atteignent d'un cote Varsovie et Cracovie, de l'autre Kcenigsberg, ou ils se relient aux conducteurs etrangers. II ne sera guere possible de se servir de ces fils pour des entreprises scientifiques avant la fin de la guerre; car ils suffisent a peine a l'echange des d^peches officielles. Une seule iigne assez courte, celle de Saint-Petersbourg- aCronstadt, a servi a transmettre regulierement le temps exact de Pulkova au port de Cronstadt, pour comparer la marche des chronometres de notre ma- rine. C'est une petite partie des devoirs que me donne a, remplir ma nouvellc dignite d'astronome consultant de 1'Amiraute, ajoutee a. celle d'astronome consultant de I'^tatmajor general de 1'empire qui m'a ete conferee en 1848. Par ces nouvelles charges, la partie geo- graphique de ma sphere d'action s'est grandeinent accrue, et par consequent j'ai beaucoup moins de temps a consacrer aux recherches astronomiques purement scientifiques. » C'est un fait reellement remarquable que la guerre, jusqu'ici, n'ait pas exerce la plus petite influence sur les entreprises scienti- fiques qui exigent le concours du "gouvernement. Au contraire, COSMOS. 33 l'tmergie excise par l'etat de guerre, dans une des directions prin- cipals des entreprises scientifiques subventionndes, seinble s'etre etendue dans beaucoup de directions ; ce fait sera mis en evidence par une enumeration rapide des principals entreprises geographi- ques, a 1 'organisation ou a la direction desquelles j'ai pris part cette annee. Nous avons vu partir d'abord d'ici, sous la direction de M. Schwartz, un noinbreux detachement charge d'explorer la Si- be>ie Est; un autre a ete envoye aux steppes deKirghis; un troi- sieme, sous la direction personnels de M. Dollen, arecu mission de fixer les positions geographiques exactes de points situes dans ou pres les monts Oural, de maniere a obtenir une base pour la cons- truction d'une carte topographique exacte des vastes districts de mines de cette partie de ia Russie. Une quatrieme expedition, mu- uie de quarante chronometres, doit unir d'abord Moscou avec Sara- tow, puis Saratow avec Astracan ; enfin les grandes operations tri- gonometriques dans le sud de la Russie et dans les provinces trans- caucasiennes ont ete poussees en avant sans interruption aucune. " Les parallaxes des etoiles fixes ont absorbe une grande partie du temps que j'ai pu consacrer l'annee derniere aux observations astronomiques ; je crois avoir fait de grands progres dans ces recher- ches. Maintenant que la inethode d'observation est entierement ar- retee, jesuis parfaitement biir que, s'il existe une difference de pa- rallaxe d'un dixieme entre une couple d'<§toiles situees a moms de 5' l'une de l'autre, quatre observations faites aux epoques maxima et minima suflfiront complement a reveler son existence et a res- serrer sa valeur entre des limites tres-rapproch^es. Je n'ai pas en- core calcule exactement d'autres parallaxes que celle de a de la Lyre et la 61e du Cygne, dont je vous ai fait connaitre les principal re- sultats; mais une revue rapide de mes observations m'a montre que /* de Cassiopee a une parallaxe de plus de 3 dixiemes de seconde, ■n de Cassiopee une parallaxe de plus de 2 dixiemes, et la Chevre une parallaxe comprise entre 1 et 2 dixiemes. Pour tous ces cas, les re- sultats obtenus paries angles de position s'accordent d'une maniere remarquable avec ceux fournis par les distances. Les observations d'autres etoiles, nommement de a du Taureau, « de l'Aigle, a d' An- dromede, et a de Cassiopee, sont sur le point d'etre terminees ; mais pour mieux me defendre contre toute preoccupation d'esprit dans mes observations subs^quentes, je n'ai pas encore fait ie plus petit pas dans la reduction des observations. » PHOTOGRAPHIE. NOUVEAC PROCEDE DE PHOTOGRAPHIE SUR PAPIER PAR M. STEPHANE GEOFFRAT. M. Stephane Geoffray nous ecrivait en date du 22 decembre : « Cher monsieur, je vous adresse a la hate un procede auquel j'attache une certaine importance, 1° parce qu'il est d'un grand interet pratique, puisqu'il fournit un papier qui, a tous les avan- tages arrciens des meilleures preparations, joint une rapidite egale a peu de chose pres a celle du collodion ; 2° parce qu'il est la demonstration d'une theorie qu'il est pressant de connaitre, theo- rie que j'ai a cocur d'avoir expliquee le premier, apres surtout que M. Taupenot avoue ne l'avoir pas encore trouvee. Je vous ai entretenu, il y a un an, d'un papier auquel j'esp£rais donner une sensibilite assez grande pour faire descendre le collodion de la haute estime qui le soutient. Je n'ai pas atteint le but de mes es^ais a cet endroit, seulement je puis des aujourd'hui vous adresser un procede complet pour obtenir des epreuves sur papier sec, riva- lisant de rapidite avec celle des epreuves sur verre au collodion al- bumine de M. Taupenot. Ce procede nest en definitive que la generalisation de la methode Taupenot , generalisation deduite de la connaissanee des causes du phenomene observe par le savant professeur. Ces causes, d'ailleurs, sont demontrees par les indica- tions ci-dessous et il y aura la, si je ne m'abuse, un enseignement serieux pour tous les photographies, car ils y trouveront Implica- tion enfin bien definie des phonornenes de la reduction sous Taction des agents reveliteurs. Voici le procede dont il s'agit : Votre papier choisi, enduisez-le, par une methode quelconque, d'un encollage iodure, bromure ou chlorure ; les feuilles, s^chees ou non suivant l'enduit employe, passez-les au nitrate d'argent comme h l'ordinaire, dans un bain d'aceto-nitrate d'argent; lavez les pa- piers sensibili.-es , et quand ils out et£ completement debarrass^s de l'aceto -nitrate d'argent qu'ils avaient pu garder apres la forma- tion de l'iodure d'argent, vous les passez dans un bain d'albumine ou de gelatine ioduree, vous suspendez et faites seeher a l'abri de la poussiere, vous conservez (au sec) vos papiers ainsi prepares jusqu'au jour oil vous arreUz voire plan de campagne. Alors vous sensibilisez de nouveau les feuilles a l'aceto-nitrate d'argent ; vous les lavez a cinq ou six eaux ; vous les suspendez pour les faire sp- eller, pui.s, quand elles sont presque seches, vous ies collez par les COSMOS. 35 bords, avec soin, sur une planche de verre ou de carton verni et £pais, ou de bois verni, et vous les laissez se tendre. Elles sont preies alors a etre placets dans la chambre noire. L'exposition a la lunriere ne doit pas durer a l'ombre plus de 15 a 25 minutes, et au soleil plus de 5 a 10 minutes avec un ob- jectif de 65 centimetres de foyer. Je revele l'image a 1'acide gallique , comme a l'ordinaire ; je renforce les noirs comme a l'ordinaire avec quelques gouttes d'ac^to- nitrate d'argent ; je fixe a l'hyposulfite de soude. Ce procede, employe avec intelligence, n'est pas beaucor.p plus complique que les precedes ordinaires, surtout pour ceux qui ont pris l'habitude d'ameliorer eux-memes leurs papiers d'apres les indications que j'ai publiees. C'est ainsi que mes enduits ameliorateurs iodurds a 2 ou 1 pour 100, suivant les circonstances, forment la premiere couche dont j'ai besoin.L'enduit a l'iodure d'amidon me donne une couche par- faite sans addition d'iodure, je n'ai done qu'une nouvelle operation, la sensibilisation neutre dans le nitrate d'argent. J'ai dit que le premier enduit pouvait etre iodure ou bromur6 ou chlorure , par consequent la couche que j'appelle couche de dessous peut etre un chlorure d'argent qui ne se laisse pas con- tinuer par 1'acide gallique , ou un bromure d'argent qui se laisse continuer tres-peu, ou un iodure d'argent qui est continue beaucoup plus facilement par les agents employes jusqu'aujourd'hui. De plus, suivant que la couche de dessous est non pas la plus continuable, mais directement la plus sensible a la lumiere (pen im- porte que les agents revelateurs puissent l'atteindre ou agir sur elle), le papier sera plus rapide. C'est ainsi que le chlorure d'argent employe dans la couche de dessous donne les papiers les plus ra- pides, bien qu'il ne se laisse pas continuer. En effet, il faut bien se rappeler que Taction des agents revelateurs est necessaire seule- ment dans une des couches, et elle se produira sur la couche de dessus, qui devra toujours etre sensibilis^e par un iodure d'argent. On pourra observer encore que, si l'enduit de la couche de dessus est opaque, s'il ne se laisse pas traverser de suite par les rayons lumineux, le papier ou le verre, meme collodione, n'aura pas plus de sensibilite qu'un papier ou un verre enduit d'une couche epaisse d'iodure d'argent comme dans les procedes connus. Done la couche de dessus doit etre un corps translucide permet- tant aux rayons chimiques de le traverser d'emblee , pour ope>er en meme temps sur la couche de dessous et dans la couche de des- 35 COSMOS. sus. C'est dans ce phcnomene de la simultaneity des deux reduc- tion's par la lumiere dans la couche de dessus et dans la couche de dessous qu'est tout le secret de la rapidite" des verres au col- lodion albumine\ Voili pourquoi j'ai r^ussi sur papier comme sur verre avec la coucbe de dessous a ramidon ou a tout, autre en- duit , comme avec le collodion ; avec un chlorure d'argent dans, la couche de dessous, comme avec un iodure d'argent. Assurement , je me suis rendu bien compte de l'existence d'une ima«re sur la couche de dessous, quand meme elle 6tait latente, car aprfes avoir dissous avec beaucoup de soin l'albumine qui for- niait la couche de dessus d'une de mes feuilles, et avoir mis a nu la couche de dessous sur laquelle je n'apercevais, meme a la loupe, aucune image, entraitant la feuille par la m&hode de renforcement connue, je suis parvenu a y reduire du nitrate d'argent en assez grande quantite pour avoir une esquisse complete de l'image que i'avais obtenue dans la couche de dessus. En resume, dans le procede Taupenot comme dans le mien, la rapidite du resultat tient a la reaction cataljtique de l'image fhrmce sur la couche de dessous, qui vient en aide a la lumiere, pour operer la reduction dans la couche de dessus. La reduction operee sur la couche de dessous est a la couche de dessus pour reduire son iodure d'argent sous l'influence des rayons chimiq'ues ce que dans les precedes ordinaires l'image a peine ap- parue est au nitrate d'argent, ajoute dans le bain d'acide galhque, sous l'influence decet agent revelateur. _ N'a-t-on pas observe, mille fois d'ailleurs, qu une image fixee et bien lavee , quelle ait pour origine du chlorure d argent , ou du bromure, ou de l'iodure d'argent, pouvait etre renforcee apres passage dans un bain iodure par du nitrate d'argent, et cela par 1' intervention de la lumiere. DISCUSSION SUR LES OBSERVATOIRES DE L'ALGERIE. OPINION DEM. LE MARECHAL VAIIXANT. C'est avec une satisfaction bien vive que nous avons retrouv^e dans les Comptes rendus une redaction complete, aussi sage qu'elegante de l'improvisation de Son Excellence M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre. C'est un beau modele de bon sens, de dignite" , de moderation , de science vraie et utile, que tous nos lecteurs admiieront comme nous : " L'Academie comprendra l'embarras que j'eprouve en venant prendre part a une discussion aussi savante et en abordant une ques- tion d'un ordre aussi elev£; mais puisque la demande qui a <§te" l'occasion du rapport que nous avons entendu est emanee du minis- ter de la guerre, il doit nous etre permis d'expliquer ce que nous voulions obtenir de l'Academie, et de dire si Ton a satisfait a notre d£sir. u Que voulions-nous done? Notre lettre du 21 avril 1853 le dit clairement : nous voulions constituer en Algerie un service d'ob- servations meteorologiques simple et peu couteux ; nous voulions, pour que ces observations eussent une valeur vraiment serieuse, qu'elles fussent recueillies d'une maniere uniforme sur tous les points; de la, disions-nous, la necessite d'une instruction...; et nous demandions cette instruction a l'Academie. « Le rapport qui nous a £te lu , bien loin de nous fournir des donne'es propres a. nous guider, pose en principe que tout ce qui sera fait par des observateurs b^nevoles, quels que soient leur zele et leur Constance, sera sans valeur! Mieux vaut, dit la commission, ne pas observer du tout que d' avoir des erreurs de quelques centiemes de degre, mieux vaut s'abstenir entierement que d'avoir des obser- vations faites seulement de jour, et toutes les trois heures ! .1 Telles sont les conclusions du premier rapport, et nous regret- tons de le dire, ce rapport decourageant ne serait pour nous qu'une lettre morte, car le personnel et les fonds dont nous pouvons dis- poser ne permettraient pas, d'ici a longtemps, d'entreprendre des observations meteorologiques de l'espece de celles que nous impose la commission. « Mais est-il done vrai qu'il faille des l'abord, et lorsqu'il s'agit d'un pays tout a fait neuf pour nous, conquis d'hier et pacific d'au- jourd'hui seulement , qu'il faille , dis-je , des observations poussees a un degre de precision qu'elles n'ont pas meme dans notre 38 COSMOS. vieille Europe; et que, si elles n'atteignent pas cette precision, elles soient sans utility au point de vue de la colonisation, des cul- tures a introdure, et de 1'hygiene tant de l'armee que des habitants indigenes et autrest Nous le croyons nulle'meht, et a l'appui de notre opinion il nous suffira de citer quelques faits. Cette annee, la recolte du coton a ete tres-satisfaisante dans Tune des trois pro- vinces de l'Algerie, mediocre dans une autre, et tout a fait mau- vaise dans la troisieme. Ces differences, qui se traduisent toujours par de }' argent, et qui amenent soit la prosperity, soit laruine des colons cultivateurs, sait-on ce qui les a produites en 1855 et ce qui peut les produire encore'? Ce n'est ni le mode de culture, ni les soins donne's a la plante, ni la nature meme du sol : c'est tout sim- plement l'epoque a laquelle les pluies sont arrivees dans les pro- vince* d'Alger, d'Oran ou de Constantine. Le coton, parvenu a un point de sa croissance, ne doit plus etre mouille par l'eau du ciel : s'il plrut alors, tout est perdu. Eh bien, de quel interet n'est-il pas pour le colon de savoir par avance et sans avoir a faire par lui- meme des experiences qui peuvent entrainer sa ruine, si dans telle ou telle locality il faut semer plus tot ou plus part, si ses cultures seront exposees a etre bailees par le vent du desert, ou noye'es par les flots d'une pluie intempestivel Qui peut le diriger a cet egard, sinon les releves d'observations , meme incompletes , pourvu qu'elles embrassent un assez grand nombre d'annees? « Pour nous en tenir a la culture du coton en AlgeVie, disons que cetie question , de l'epoque a laquelle arrivent ordinairement les grandes jduies, a une telle importance, que toutes nos recherches ont pour obj^-t de nous procurer des especes dont la culture se com- plete dans le moins de temps possible ; et nous nous estimons tres- heureux d'avoir rec,u tout recemment de l'un, de nos officiers de marine les plus distingues une espece qui exige moins de trois mois pour accomplir toute sa vegetation, depuis le moment oil Ton confie la graine a la terre jusqu'a celui oil les capsules sont parfaitement mures. Cette espece , sur laquelle nous croyons pouvoir fonder de grandes esperances, sera essayee, non pas au hasard, mais la oil les pluies arrivent plus tot qu'ailleurs. II y a done beaucoup d'in- teVet a connaitre par avance ces localites; et comment les con naitre si Ton n'a pas des observations? « Qnand nous avons parle des trois provinces de l'Alge>ie, nous n'avons pas voulu dire qu'il n'y avait que trois regions metrolo- giquf-s : non, le probleme serait par trop simple, reduit a ces termes. Le climat et le sol de l'Algerie, ainsi que le dit la lettre du COSMOS. 39 21 avril, pre"sentent les temperatures les plus diverses et a des distances tres-rapprochees. Quelques lieues suffisent pour donner des differences que rien n'aurait fait soupconner. Dans le voisinage de l'un de nos etablissements militaires, les legumes les plus rus- tiques pe"rissent encore de froid dans les premiers jours de pun, et ceux qui ont resiste sont grille's et meurent de chaleur dans les derniers jours de ce meme mois ! " Sans doute nous ne pretentions pas que le cultivateur ne doive marcher que le burometre et le thermometre a la main ; mais nous croyons qu'il peut etre avantageusement renseigne' par des series d' observations, et que, fussent-elles faites a batons rompus, comme le dit un peu dedaigneusement le rapport, elles pourraient encore avoir une utilite reelle. " Au point de vue de 1'hygiene de notre armee, ces observations ont bien un autre merit e. Combien nous a coute l'ignorance oil nous etions de toutes choses dans les premieres annees de l'occupation ! Que de progres ont ete fails a mesure que 1'observation est venue reveler les causes d'insalubrite de chaque localite, causes qui tien- nent non-seulement aux transitions de temperatures , mais au re- tour des pluies, a leur abondance, a la promptitude avec laquelle elles saturent le sol et raniment la vegetation! " Les operations militaires ne sauraient non plus negliger ce qu'indiquent les series d'observations meteorologiques. Dans telle partie de l'ancienne regence d' Alger, si Ton se met en campagne a une epoque donnee, on a pour soi toute chance de beau temps; dans telle autre province, on est assure de tomber, a cette epoque, dans une serie de jours de pluies et d'orages. Comment le savoir d'avance, et avec quelle certitude, sinon par des observations an- terieurest mais point est besoin, on l'avouera, que ces observations soient faites d'heure en heure, de jour et de nuit, et que leurs re- sultats soient precis jusqu'a la dixieme decimale. « La grenouille da pere Bugeaud, aussi bien que sa Casquette, egaye encore aujourd' hui les bivouacs de nos soldats en Afrique. Ce grand homme de guerre , qui a taut fait pour 1'Algerie, ense et aratro, consultait sa Rainette avant de mettre ses troupes en marche pour une expedition. Un barometre, alors meme qu'il ne serait pas parfait, ne vaut-il done pas une grenouille? « Nous nous rappelons que, il y a un peu plus d'un an, cette tempete terrible qui se dechaina sur les flottes alliees , dans la mer Noire, nous fut annoncee d'Autriche, par le telegraphe elcctrique, longtemps avant de se (aire sentir a Paris. Tl nous parut alors que. f,0 COSMOS. grace a la telegraphie et a un ensemble d'observations barometri- ques, on pourrait peut-etre annoncer plusieurs heures , plusieurs jours d'avance, dans une locality les grandes perturbations atmos- pheriques qui se produisent a 1 000 ou 1 500 lieues de la. De quel avanta^e ne serait pas un tel avertissement pour nos caboteurs et nos peeheurs, qui presque toujours ne pe>issent que parce qu'ils ont aux , nous sommes encore dans une ignorance presque ab- solue On ne sait pas ce que e'est qu'un nuage ; ni a quel etat sont les particules aqueuses qui le composent, ni comment elles se tiennent agn'-gees — •• On a cru, depuis un certain temps, avancer beaucoup dans cette voie de progres, en etablissant, dans un grand nombre de localities, des observatoires que Ton appelle specialement meteorologiqucs, oil Ton constate regulierement jour et nuit, a des heures marquees, les indications locales du barometre, du thermometre, de l'hygro- metre, places dans des conditions permanentes d'expoHtion. Cette idee a ete d'abord realised sur toute la surface de la Russie, dans des conditions de multiplicity proportionnees a 1'eHendue de ce vaste empire. On y a cree pour cela un corps, une veritable armee de meteorographes, ayant son general, ses officiers, ses soldats; ces derniers n'ayant qu'a remplir, aux heures marquees , les cadres d' observation qu'on leur envoie, sans avoir a faire aucune depense d'iutelligence. Tous ces eHats sont ensuite imprimes, et constituent de gros volumes in-4° remplis de chiffres, dont la publication doit sans doute etre fort coiiteuse. Des institutions analogues ont ete sollicitees ou etablies dans plusieurs autres parties de l'Europe, avec des proportions moins gigantesques. ... LVpreuve que Ton a faite en Russie de ces etablissements specialement meteorolngiques est complete. Leur directeur general est un savant tres-distingu^; ses aides principaux sont des hommes tres-intelligents ; lui et eux COSMOS. SS out du se mettre en possession des mdthodes et des proc^des d'ob- servation , recemment perfectionnes ; la generosite de l'empereur de Russie n'a rien refuse de ce qui pouvait assurer le surces de ces etablissements. Pourtant ni In, ni ailleurs, on n'a tire aucun fruit keel de lews couteuses publications. lis n'ont fieri produit pour V avancement de la science mcteoro/ogique, telle que je l'ai plus haut definie ; et j'ajoute que, non par la faute des hommes, mais par le manque d'un but special, et par la nature de leur orga- nisation, its ne pouvaient rien prodiJre, sinon des masses de faits disjoints, matdriellement accumules, sans aucune destination d'u- tilite prevue, soit pour la theorie, soit pour les applications. La premiere partie de cette assertion n'est que l'euonc^ d'un fait. La seconde exprime une provision facile a justifier « A defaut de succes dans les lois generates, on s'est rejete sur 1'esperance des applications pratiques. Tout cela s'est encore trotwe autant d'iUunons, etfajoute qiiil n en pouvait etre autre- ment. Les observatoires meteorologiques permanents, tels qu'on les a jusqu'a present etablis et reglementes, tels aussi qu'on a pro- pose de les instituer en Algerie, non-seulement sont impropres a eclairer les questions fondamentales de la meteorologie scienti- fique, mais le sont encore plus a fournir des donnees qui puissent diriger la physiologie vegetale dans ses etudes, et l'agriculture pratique dans ses applications — « Dans tout ce que M. Regnault a dit de la sterility des institutions meteorologiques actuelles, et des causes qui la rendent inevitable, je me trouve complement d'accord avec lui ; et nous pouvons du moins alleguer, en faveur de notre opinion , quelle ne s'est pas formee dans notre esprit, sans nous etre occupe" longtemps et a. des points de vue divers , du sujet sur lequel elle porte. Nous te- nons toutefois a faire remarquer quelle s'applique uniquement a ce qui est et non a ce qui pourrait etre.... Nous pretendons qu'on s'y est mal pris. Cela ne veut pas dire qu'on ne pourrait r£us-ir en s'y prenant mieux. Notre pensee commune est toute contraire. Mais ce mieux ne s'obtiendra pas en introduisant chez nous ce qui a ete et ce qui a du etre sterile. Le vice capital de ces systemes d'observations fixement reglementes..., c'est le manque inevitable d'un but defini. On commence par creer les observatoires et on les organise sans savoir ce qu'on en pourra en tirer, ni meme ce qu on leur demandera. Et comment pouniezvous le savoir? Comment pourriez-vous deviner a priori et signaler d'avance les donnees caractcristiques des lois generates qu'il faudra d'abord tacher de Mi COSMOS. recueillir dans ce chaos de plnmomenes naturels dont les causes determinantes , les variations , les correspondances vous stmt presque ontierement inconnues ? " L'on nous a accuses, M. Regnault et moi.de faire opposition aux progres de la science mcteorologique, en exprimant une opi- nion unfavorable ;i Introduction , en Algerie et en France, de ces imitations deja adoptees ailleurs. C'est un argument habituel aux faiseurs de projets, dont on desapprouve directement ou indirec- tement les speculations. Mais il y a sur cela une distinction a faire. Lorsqu'un particulier met en avant une id£e dont il croit la reali- sation utile, et qu'il la met a execution , par lui-meme, sans recla- imer 1'assistance des pouvoirs publics pour la rendre obligatoire, il n'y a aucune raison de le contrarier. Le succes ne peut qu'etre tres-profitable pour la science ; l'insucces ne compromet que l'au- teur. Mais, si celui-ci veut engager le gouvernement a realiser son projet par des mesures administratives, chacun a le droit et le de- voir d'en dire son sentiment . favorable ou defavorable, quand l'oc- casiori s'en presente. On ne nuit pas a la science, on la sert , en detcurnant dehautes influences, de favoriser le developpement d'un plan que Ton prevoit devoir etre sterile, ou que Ton croit ne pas promettre des fruits d'une valeur proportionnee aux frais qu'il aura coutes. » — C'est peut-etre parce que nous ne connaissons pas le dessous des cartes que ce dernier passage est pour nous tout a fait inintel- ligible; nous ne pouvons pas meme soup9onner quel peut etre ce pretendu faiseur de projets que MM. Biot et Regnault ont si mal- mene; nous n'essaierons pas de le deviner ; pas plus que nous n'essaierons de faire ressortir la faiblesse generale de cette argu- mentation souvent en contradiction avec elle-meine. Mais ce que nous ne pouvons pas laisser sans protestation nouvelle , ce sont ces assertions : « Les etahlissements meteorologiques en Russie et ailleurs n'ont rien produit pour l'avanceinent de la science meteo- rologique on n'a tire* aucun fruit reel de leurs couteuses publica- tions.... lis ne pouvaient rien produire. » M. Biot a ete plus loin, il s'est cru dispense de prouver son assertion, sous pretexte qu'elle n'est que l'enonce du fait. Dans l'impossibilite ou nous etions de pouvoir re"unir immedia- tement les documents n^cessaires a prouver que les resultats de la campagne mcteorologique de Russie n'avaient pas ete nuls comme on le pretendait , qu'il etait absolument faux qu'on n'en eut rien tire , nous nous sommes adresse , par l'intermediaire de notre ami COSMOS. A 5 M. Haidinger, a M. Creil , le savant directeur de l'lnstitut m£teo- rolofique de Vienne. De son cote, dans le meme sentiment que nous , et profondement afflige" du violent anatheme lance contre des travaux dignes d'estime et de reconnaissance, M. Despretz avait prie' M. Von Etting's Hausen d'obtenir de M. Creil les memes renseignements. Le temps a manque pour qu'ils fussent suffisam- ment complets, ils jetteront cependant quelque jour sur une ques- tion par trop ignored en France. Voici la reponse de M. Hai- dinger : - M. Dove a largement puise dans les catalogues des observa- tions de Russie; sans elles, les deux grands memoires sur les changements non periodiques de la distribution des temperatures [iiber die nicht periodischen JEnderungen der Tcmperatur-Ver- iheilung) et l'histoire des tempetes des dix dernieres annees [die W itterungs-Geschichte der letzten zehn Jahren, 1840-1850), me- moires qui reposent sur les observations faites dans 1 180 loca- lites, seraient restes tres-incomplets pour les latitudes eMevees. Les observations russes ont aussi grandement servi a la redaction d'un autre ouvrage de M. Dove, edite aux frais de l'Association britan- nique et qui a valu a son auteur la medaille Copley de la Societe royale de Londres, » Distribution de la chaleur sur la surface de la terre, mise en evidence pour les lignes isothermes , thermiques isanomales, et les courbes de temperature. M. Dove a depuis pu- blic, avec M. Kiepert, un autre ouvrage, « Distribution de la cha- leur dans l'hemisphere nord a partir du 40e degre de latitude, » qui n'aurait pas pu etre redige sans le secours des observations russes ; or, cet ouvrage a contribue plus que tout autre a faire connaitre les veritables circonstances atmospheriques de ces regions , il a donne sa veritable signification a 1'hypothese generalement admise de deux poles de froid, etc. Dans son memoire <• Sur la distribution de la pluie dans la zone tempe>ee [Annates de Poggendorjf, 94), M. Dove comprend 21 stations russes ; et les observations qu'il leur emprunte mettent admirablement en relief la liaison du pheno- mene si important de la pluie avec la direction et la force des vents, avec la configuration orographique du pays. » — Dans toutes les recherches sur la meteorologie et la climatologie fondees sur des observations, et que doivent representer les pheno- menes sur une grande etendue de terrain, on a toujours consulte les publications russes, et elles ont ete d'un tres-grand secours. MM. Birt et M. QutHelet, dans leurs memoires sur les ondes at- mospheriques, en ont tire" un tres-heureux parti. Si le temps ne .U* cosmos. nous manquait pas, nous montrerions avec bonheur que ces obser- vations si ddcrides ont contribute a decouvrir, quoi qu'on en dise, un grand nombre de lois generates. C'est ainsi que M. Dove a cons- tate le fait de l'existence d'une variation annuelle de la somme des temperatures moyennes a la surface du globe, ay ant sa periode de maximum pendant la declinaison nord du soled, son minimum du- rant la declinaison sud; la diminution de la pression atmospherique en Asie pendant 1'ete" ; la transformation des vents alises en mous- sons ; le changement de direction du plus grand (Void sur la rose des vents ; l'absence des pluies sous-tropicales a la liniite nord des mous- sons; les faibles variations annuelles des phenomenes periodiques des tropiques d'A^ie faisant contraste avec les grandes variations periodiques des tropiques d'Amerique, etc., etc. Les observations du grand empire d'Auhiche n'ont pas ete plus epargnees dans la discussion ; M. Haidinger, dans sanote, en dit quelques mots, que nous citerons : « D'line date ties posterieure a celles de Russie, elles ne sont pas entries aussi generalement dans les ouvrages des savants. Le premier volume n'est entre leurs mains que depuis a peu pres deux ans. M. Dove, toutefois, les emploie souvent dans ses interessantes recherches sur les progres des tem- peratures anonnales, et en particulier des froids extremes. Nos observations conduiront infailliblement a mettre en evidence l'in- fluence des Alpes sur un grand nombre de phenomenes meHdorolo- giques. Elles ont deja montre que les temperatures extremes sont beaucoup plus eloignees des moyennes dans les plaines et les lieux bas que sur les montagnes ; qu'une difference de hauteur de 1400 a 1600 metres diminue de 9 a 10 degres Reaumur la difference des temperatures extremes, les couches superieures de l'air etant moins froides que les couches inferieures. M. Kreil a recu dernierement de M. Kaemtz, mdteorologiste celebre de l'Allemagne, une lettre ,dans laquelle il lui fait part de diverses recherches dans lesquelles il a laigement profite des observations d'Autriche, et auxquelles n'auraient pas suffi les observations trop morcelees, trop isolees, recueillies jusqu'ici. II a decouvert deja, en partant des donnees de Vienne, de Prague, de Kremsmunster, de Cracovie, de Gratz, don- nees tres-concordantes et trfes-precises, qu'une portion de i'atmo- sphere coule pendant fete vers les regions meridionales, et revient vers le nord pendant l'hiver. » Nous n'entrerons pas dans pi us de details ; ce que nous venons de dire huffit surabondamment a prouver que les assertions emises de- vant l'Academie sont des assertions gratuites. F. Moigno. METEOROLOGIE. GRANDE ONDE ATMOSPHERIQUE DE NOVEMBRE 1854. Voici d'abord en quels termes M. Le Verrier rend compte du travail de M. Liais: " La simultaneity de coups de vent a Test et a l'ouest de l'Eu- ropeavait, au premier abord, fait croire a. la continuity du pheno- mene; mais a niesure que les renseignements sont arrives on n'a pas tarde a reconnaitre que les coups de vent de la France et de la Crimee etaient distincts Pun de l'autre. Dans le centre de l'Europe, a Vienne entre autres , l'atmosphere etait calme le 14 novembre, bien que dans la capitale de l'Autriche le vent rut encore assez fort dans la nuit du 13 au 14. La tempete qui commencait le 14 a Paris, et parvint a son maxiinum en France et en Angleterre pendant les journees du 15 et du 16 novembre, ne se reliait done pas d'une maniere continue a celle qui sevit en Crimee dans la matinee du 14. En recourant a 1'ensenible des documents, on voit que les deux tourmentes ne sont pas re&tees stationnaires ; mais qu'elles ont eu un mouvement de translation de l'ouest a Test. Ainsi la tempete qui a souffle le 14 sur la mer Noire, s'etait fait sentir, faiblement il est vrai, en France vers le 11, plus fortement en Autriche du 12 au 13, dans la Transylvanie le 13, et avait enfin, croissant toujours en intensite, atteint la Crimee. De la, nous voyons ce phenomene se transporter dans le Caucase. II ne taut pas, toutefois, confondre la marche de la tempete avec celle du vent. La direction du vent a ete determined dans les sta- tions meteorologiques, tantot a l'aide des girouettes et tantot par la marche des images. Les directions ainsi obtenues ont ete presque toujours differentes; mais ni les unes, ni les autres, ne semblent avoir de relations directes ou du moins que Ton puisse reconnaitre a l'aide des documents recus, avec le sens de la marche de la tem- pete. On sait qu'en un meme lieu le barometre oscille continuellement; ces mouvements tenant au deplacement de masses d'air, il en re- suliequ'il doit existerdans l'atmosphere des especes d'ondes ou des vagues caracterisees par un maximum barometrique, et jouissant necessairement d'un mouvement de translation. Les observations ont continue I'existence de ces ondes et montre qu'elles ont gene- raleinent d'immenses longueurs ; or, M. Liais a pu reconnaitre et suivre plusieurs ondes de cette espece qui, en novembre 1854, ont Z»8 COSMOS. traverse l'Europe de 1'ouest a Test. Des releves graphiques execu- tes sur des cartes montrent clairement la marche du phenomene. En general, les vagues atmospheriques ne marchent pas isolees, l'intervalle entre deux vagues consecutives forme necessairementun creux ou depression ; c'est une de ces depressions qui a passe" sur la mer Noire le 14 novembre 1854 au moment du coup de vent. Assez faible d'abord, elle avait traverse l'Espagne et la Fiance du 10 au 11 novembre; le 12, elle etait parvenue dans les provinces danu- biennes et le 13, lors du premier coup de vent mentionne" dans le rapport du commandant du Ptuton, elle commenr;ait a atteindre la Crimee. Sur tout son parcours elle ne cessa pas de s'accroitre , et fut accompagnee et suivie imm^diatement de coups de vent. La va^ue qui precedait cette depression etait petite et passait le 12 dans le Caucase. La vague qui la suivait 6tait au contraire tres-forte et se trouvait a la meme date sur les cotes occidentales de France. C'est cette derniere vague que les renseignements recueillis ont permis de suivre avec exactitude. Le 12 novembre, a midi, la crete de l'onde passait sur la cote orientale d'Angleterre, quelle coupait vers le 55e parallele ; puis elle se dirigeait vers le sud-ouest. Vers le 6e degre de longitude, elle se repliait au sud pour couper la Manche de Bristol et la pointe de Cornouailles, traversait la Manche et la Bretagne, et pas- sait a l'embouchure de la Loire, d'ou elle se dirigeait en ligne droite vers Narbonne. Elle traversait ensuite la Mediterranee et arrivait sur les cotes d'Algerie qu'elle coupait par un degre* de longitude ouest. Sur toute cette ligne, la pression barometrique , reduite au niveau de la mer, approchait de 770 millimetres et depassait meme cette limite en quelques points. Le 12 , a. minuit , l'onde se developpait sur les cotes de la Hol- lande et de la Belgique en passant a l'est du Zuidersee, se dirigeait sur Lille, passait un peu a Test de Paris et de Lyon, et entrait dans la Mediterranee, pies de l'embouchure du Rhone. Le 13 , a midi , en vingt-quatre heures, l'onde, au centre, s'est avancee depuis les cotes de la Bretagne jusqu'a Berlin et Dresde ; mais au sud elle n'a traverse que la valine du Rhone et est venue s'arreter sur la chaine des Alpes. Le 13, a minuit, l'onde est encore sur la chaine des Alpes ; elle a cependant franchi la portion qui separe la France de 1'Italie, et elle entre dans la Mediterranee, vers le fond du golfe de Genes. Au nord, elle a depasse l'embouchure de l'Oder. Le 14 , a midi , l'onde passe un peu a 1'ouest de Saint-Peters- COSMOS. U9 bourg, et court direcfement vers Dantzick, La elle se replie vers le sud et va droit aux cotes de Dalmatie, en formant seulement une sinuosite" qui la porte un peu a l'ouest et la rapproche de Vienne. Elle traverse la mer Adriatique, coupe la cote dltalie vers le 13e degre de longitude, et rentre dans la Mediterranee vers le milieu du golfe de Tarente. A partir du 14 novembre, la portion de l'onde au centre de l'Eu- rope marche moins vite que ses extremites ; sa forme rappelle alors celle d'une hyperbole. Le 15, a midi, la branch e sud de cette courbe ondule autour des monts Crapacks, atteint Cronstadt et se dirige de la vers le Bos- phore. Le 16, a midi, elle a deja franchi la mer Noire ; nous la voyons dans l'Oural , pres de Catherinenbourg, d'ou elle se dirige a l'est- sud-ouest, vers Kalouga. Nous perdons sa trace ; mais elle a du se replier au sud-est, car nous la retrouvons aupres de Tiflis. Si nous effectuons une section dans les ondes suivant le 45e paral- lele, latitude de la Crimee, nous voyons qu'elles s'affaiblissent en traversant le centre de l'Europe , et s'accro.'ssent de nouveau en s'approchant de la mer Noire. Ainsi, le 12, le maximum s'elevait a 771 millimetres sur les cotes occidentals de France ; le 13, sur les Alpes, il n'est plus que de 767 millimetres; le 14, le maximum est descendu a 762 ; le 15, il remonte a 764 et parait encore aug- menter le 16, en approchant du Caucase. Une autre coupe vers le 49° parallele montre egalement que l'onde s'affaiblissait dans le centre de TEurope. La region centrale de l'Europe etait plus froide que les portions ouest et est. Sous un meme parallele, la difference entre l'ouest et le centre atteignait meme 15 degres. Le vent faible accompagnait l'onde atmospherique ou la crete de la vague, le vent fort et les grains, la depression. Probablement Taction sur les vapeurs, produite par le refroidissement du a la di- minution de pression , n'est pas tout a fait etrangere a. ce pheno- mena On peut aussi attribuer aux vapeurs une action sur l'accrois- sement d'intensite que la depression a £prouvee en passant sur la mer Noire. La difference de temperature entre le continent et 1 'Ocean a du aussi exercer une influence. De nouveaux documents, embrassant une plus grande duree de temps, seront necessaires pour ddmeler 1'influence particuliere a chacune de ces causes. II nous faudrait les observations de l'Amdrique du Nord pour savoir 50 COSMOS. si l'onde a pris naissance sur 1' Ocean ou sur les cote? de l'Europe, ou bien si elle existait &6fi sur le nouveau continent. L'onde a toujours manifesto line tendance tres-marquoe a se re- plier et a s'arreter sur les montagnes et les elevations du sol. C'est ainsi qu'elle a employe" pres de vingt-quatre hemes a franHiir les Alpes. II y aurait un vif inteVet a tracer un grand nombre d'ondes atmospheriques. Leurs relations avec les asperites du sol peuvent faire croire qu'elles ont dans ohaque localite des formes predomi- nanles. II en est sans doute de meme des lignes de transport des maxima et des minima. Peut-etre aussi existe-t-il urn- c^rtaine pe- riodicite dans la direction des ondes suivant la saison. Cela semble- rait deja resulter de quelques recherches de M. Quetelet sur les nndes de juin. En resume' : les tempetes du mois de novembre 1854 ont ete pro- duces par des vagues atmospheriques qui ont traverse l'Europe de 1'ouest a Test. La vague du 14 novembre couvrait toute la longurur de l'Eu- rope; elle a traverse^ l'Europe en quatre jours environ. La direction du m^teore etsa vitesse n'ont point de relation g^nerale ddfinie avec la direction et la vitesse du vent. Dans la region oceupee par le sommet de la vague , l'atmosphere etait assez calme ; les tempetes correspondaient aux depressions. La depression posterieure a cau^e la tempete des 14, 15 et 16 novembre, a Paris. La depression an- terieure, faible le 10, a Gibraltar; assez faible le 11, a Malte ; plus forte le 12 , a Vienne ; plus forte encore le 12 et le 13, a Vienne, Corfou et Cronstadt, s'abat enfin le 14 sur la mer Noire.... On se demande, en voyant cette transmission reguliere de la tempete de novembre, si la presence d'un telegraphe electrique entre Vienne et laCrimee n'eut pas pu servir a prevenir nos armees et nos fiottes. En apprenant a Vienne que la tempete avait sevi a telle heure sur les cotes de France , a telle beure a Paris , a telle heurea Munich, et toujours en augmentant d'intensite, nepouvait-on pas prevoir qu'elle allait atteindre ia mer Noire '. » Quand MM. Le Verrier et Liais ont entrepris cette etude gran- diose, ils ignoraient ce qui avait ete fait dans la meme direction, sur unevaste echelle, pendant de longues annees, en Angleterre, grace a l'initiative et a la gcnerosite de 1' Association britannique pour 1'avancement des sciences. M. Liais a fait seulement allusion a un travail remarquablede M. Quetelet ; il ne savait pas que les vagues de novembre avaient 6t£ serieusement etudiees par MM. Herschel et Birt depuis 1842 jusqu'en 1848, et que leur periodicity ne peut COSMOS. 51 guere etre r£voqu6e en doute. II est a mille lieues de notre pensee de faire au savant directeur de I'Observatoire et a son collaborateur, si instruit et si zele, un reproche quelconque : ilsne sont entres dans 1'arene de la met^orologie que depuis trois ans a peine , et les sources oil ils auraient pu puiser les documents relatifs a cette grande et belle question ne sont pas a leur disposition. Nous ne les posse- dons nous-meme que depuis quelques semaines, grace a la noble et genereuse amitie de l'illustre colonel Sabine, un des grands maitres de la metdorologie, qui a bien voulu obtenir du conseil de l'Asso- ciation britannique pour l'avancement des sciences, pour nous, humble membre etranger, la collection complete de ses rapports annuels, formant aujourd'hui 22 volumes in-8°, un veritable arse- nal scientifique. Au lieu de reproches, nous serions plutot tente de dire qu'il est heureux que MM. Le Verrier et Liais n'aient pas connu la campagne de leurs devanciers, parce qu'on a toujours plus d'ar- deur et de courage quand on croit marcher a la conquete de terres inconnues. Aujourd'hui , pour rendre hommage a la verite , et pour payer aussi une dette de reconnaissance, nous ne ferons qu'esquisser rapi- dement l'histoire anglaise des vagues atmospheriques, en concen- trant en quelques lignes les recherches de MM. Herschel et Birt. La question fut d'abord nettement posee par sir John Herschel dans un rapport fait a Cork en 1843, au nom du Comite charge l'annee precedente de reduire les observations me4eorologiques, rapport qui n'occupe pas moins de 44 pages. II s'agissait de discu- ter pratiquement, pour en deduire, s'il etait possible, des lois gene- rales, les observations faites de 1835 a 1838, dans quatre grands groupes meteorologiques : le groupe europeen, le groupe asiatique, le groupe de l'Afrique du Sud, le groupe de l'Aine>ique du Nord. Le mode choisi de representation des phenomenesfut le mode gra- phique, et alors, comme en 1835, on comprit qu'on ne pouvait unir par des courbes continues, pouvant conduire a des resultats definis et nets, que les fluctuations barometriques considerees comme ties-pro- pres a mettre en evidence la propagation de vagues atmospheriques sur une grande etendue de terrain. On s'efforcait de discerner avec soin une vague atmosphtfrique particuliere et de suivie sa marche sur toute la surface d'un ou de plu^ieurs groupes, avec sa direction, son etendue, sa hauteur et sa vitesse. Cmquante-trois traces de ce genre, executes avec une delicatesseetun soin extreme par M. Birt , a l'echelle d'un pouce pour chaque heure de temps, d'un pouce pour 55 milhemes de pouce de hauteur barometrique, etaient joints 52 COSMOS. au rapport. Nous signalerons quelques-unes seulement des vagues atmospheriques inises ainsi en evidence. En septembre 1836, une onde atmospherique parfaitement bien . caracterisee et definie passa sur les Ues-Britanniques et l'ouest de l'Europe ; la Crete de l'onde avait sensiblement la direction N.-N.-E. et S.-S.-O. ; elle marchait du O.-N.-O. a l'E.-S.-E. La demi-lar- geur de l'onde, qui mit 26 heures a passer, couvrait tout l'espace s'etendant , dans une direction perpendiculaire a celle de la crete, d'Oxford a un point situe pres de Halle, dans le Wurtemberg, c'est- a-dire un espace de 180 lieues a peu pres; la vitesse de propaga- tion de la vague etait de 7 lieues a l'heure, sa profondeur baroine- trique de 2 dixiemes de pouce. L'etude d'une vague de decembre 1837, qui s'eHendait de Mar- kree, en Irlande, a Kremsmunster, Autriche, marchant du nord au sud, ou peut-etredu nord-ouest au sud-est, avecune vitesse moyenne de 9 lieues a l'heure, aurait presente beaucoup d'interet si les ob- servations francaises n'avaient pas manque totalement. « Esperons, disait sir John Herschel a cette occasion , qu'il arrivera enfin un jour oil le noble esprit d'association scientifique amenera nos plus proches voisins du continent a ne plus permettre que le nom de la France soit remplace par un blanc ou un vide desolant sur tout monument qu'il s'agit delever en l'honneur de la plus utile des sciences. » En 1844, M. Birt, officiellement associe a sir John Herschel, fait son premier rapport sur les ondes atmospheriques; nous regrettons de ne pouvoir analyser, au moins, la longue et si excellente lettre par laquelle le grand astronome transmet a son successeur les ins- tructions qui doivent le guider, et que celui-ci a suivies fidelement. II lui recommande de reduire avec soin toutes les observations au niveau de la mer ; de construire des modeles qui montrentau moins approximativement les pentes des ondes, la direction des cretes et des creux, des maxima et des minima; de faire dans l'onde plu- sieurs coupes dans differents sens, pour en deduire sa largeur et sa hauteur ; d'indiquer par des couleurs convenablement choisies et ap- pliquees aux coupes la difference de depression a la plus haute et a la plus liasse station ; les lieux de piession egale ; la succession des elevations aux depressions, et reciproquement, etc., etc. ; mais nous avons hate d'arnver aux ondes periodiques de novembre. La premiere de ces ondes a ete encore signalee par sir John Hers- chel, et etudiee dans tons ses details par M. Birt; elle commence a semontrer le 11 novembre 1842 a Dublin, on suit parfaitement COSMOS. 53 sa marche dans la direction du S.-S.-O. , jusqu'a Geneve et Munich, elle n'a pas encore acheve de traverser l'Europe le 25 novembre. Le second rapport de M. Birt est insere dans le volume de 1845 ; il retrouve en novembre 1843 et novembre 1844, la grande onde de 1842. La crete principale qui en 1842 avait passS sur Londres le 18, passe le 14 en 1843 et le 27 octobre en 1844. Toutes les ob- servations se reunissent pour prouver que le passage des cretes est accompagne d'un calme presque absolu; que le passage des creux ou des depressions amene la tempete : le mouvement mol^culaire qui constitue le vent, est toujours dirige vers le point de pression mi- nimum , suivant la belle loi mise en evidence par le colonel Sabine ; de sorte que le vent souffle vers ce point de toutes les directions de l'espace ; la hauteur barometrique de l'onde est de 9 dixiemes depouce environ, sa largeur observee de plus de 600 lieues , sa vi- tesse de 10 lieues a I'heure. Dans un post-scriptum du 27 novembre 1845, M. Birt ajoute : La grande onde atmospherique, comme je l'avais espere, a reparu cette annee avec ses caracteres distinctifs essentiels; la courbe ba- rometrique ressemble beaucoup plus a celle de 1842 qua celles de 1843 et 1844; la crete est tres-facile a reconnaitre, son point cul- minant a passe sur Londres le 14 novembre a midi; le mouvement atmospherique a ete observe dans pres de 30 stations des Royau- mes-Unis. Le rapport de 1846, ou mieux, une courte note de M. Birt, ajoute tres-peu a ce que nous venons de dire. Nousy remarquerons seulement ce passage ties- important et ties-curieux : « Les courbes d'observations faites dans le mois de novembre a Dublin, de 1829 a 1835, par le capitaine Larcom, montrenfcer sur le tableau lui-meme, Mmes Vaude copient du moins les gravures le plus justement celebres, et elles les co- pient avec tant d'art qu' elles nous forcent presque a regretter d'avoir dit, dans un de nos recents articles, que la photographie rendait tres-imparfaitement les demi-teintes et les clairs-obscurs qui sont trop fonces. SOGI'ETE ROYALE DE LOKlDRES. Nous avons recu hier seulement le discours prononce par lord Wrottesley, president de la Societe royale de Londres, dans la Si 'antv publique annuelle du 30 novenibre dernier. Le noble lord regrette que les evenements accomplis l'aient mis dans la neces- site tie traiter un sujet auquel, dit-il, on ne peut toucher qu'avec des precautions infinies ; il s'agit des relations de la science avec les autobites siPRKMEs de l'etat. Nous ne pouvons que 1'analyser tros-rapidement. On a souvent plus que doutd, dit le savant lord, si les opinions des homines eminents de la science, quoique expri- naees, de la maniere la plus formelle etanres le plus mur examen, peuvent, dans la constitution actuelle des choses, exercer une in- fluence suffisante sur les deliberations du gouvernement et du par- Jement , lorsqu'ils sont appeles a prendre des decisions qui supposent ou qui exigent, meme indispensablement, des connaissances scien- tifiques. La science n'est pas suffisamment representee dans la legislature ; personne, dans laChambre des lords ou des communes, n'a pour mission officielle de veiller sur ses interets. II estvrai que l'Association britannique pour l'avancement des sciences a consti- tute dans son sein un comite parlementaire, compost de sept membres de laChambre des lords et de six membresdelaChambre des communes, en le priant de se considerer comme comite perma- nent charge de veiller sur les interets de la science, d'avoir l'ceil ouvert sur les diverses mesures soumises au parlement et qui tou- chent a ses interets ; mais ce n'est pas la une representation offi- cielle qui puisse s'imposer, en quelque sorte, et obliger a compter avec elle. Ce comite, cependant, dans diverses circonstances, a exerce une influence salutaire : il a contribue a amener la nouvelle reforme qui permet d'envoyer par la poste , d'Angleterre en France, et de France en Angleterre, avec une taxe minime, les brochures et les livres imprimes ; il a vivement pressed le gouver- nement de faire, dans la distribution des fonds votes chaque annee parle parlement pour la remuneration de services rendus, une plus large part aux hommes de science et de lettres ; de ne pas exiger qu'une pauvretel absolue fut un titre indispensable a l'obtention dune gratification ou d'une pension ; il a pressela creation, pres le ministere du commerce et des travaux publics, d'un bureau spdeial charge de recueillir, de reduire, de publier les observations me"- teorologiques et hydrographiques faites par la marine royale et la marine marchande, sur le plan propose par le lieutenant Maury ; il COSMOS. 65 a sollicite le gouvernement d'approprier, au centre de la metro- pole, un vaste edifice qui reunirait dans son sein les principales so- ci£tes seientifiques ; il a dtudie avec un soin extreme la question des moyens a prendre par le gouvernement et le parlement pour ameliorer, en Angleterre, la position de la science et de ceux qui la cultivent. C'est quelque chose, sans doute, mais c'est peu en coniparaison de ce qui lui reste a faire. On s'est demande s'il n'y aurait pas, dans la constitution des So- cidt£s seientifiques en Angleterre, quelque vice radical qui contri- buerait a les priver de l'autorite et de l'influence qu'elles devraient exercer. En France et ailleurs, il existe des Instituts ou corps ana- logues, reconnus par le gouvernement comme partie de l'orgatu'sa- tion civile, dont les membres recoivent des honoraires de l'Etat, dont toutes les publications sont faites aux frais de l'Etat. Si elle etait ainsi constitute, la Societe royale de Londres ne serait-elle pas plus puissante? Faut-il desirer quelle le soif? Lord Wrottesley se prononce ouvertement pour la negative; il necraint pas de dire que cette transformation aurait des consequences fatales et eloignerait la Society royale du but quelle veut atteindre ; il croit, cependant, qu'd est dans sa constitution certains abus qui font que le gouver- nement ne prend pas ses recommandations en assez grande consi- deration. On a propose, pour lui donner plus de credit, d'augmenter considerablement le nombre des dignitaires de son conseil, d'ap- peler a en faire partie tous ceux des membres qui out recu une education generale elevee, qui sont a la fois hommes du monde et de grande influence ; mais on perdrait peut-etre plus qu'on ne ga- gnerait en enlevant au conseil le caractere purement scientifique qui, depuis tant d'annees, fait son prestige. On a eu la pensee aussi de faire revivre, sous une autre forme, 1'ancien Bureau des longi- tudes, d'en faire un comitenombreux, compose en partie d'hommes places officiellement dans des postes eleves, en partie de savants emi- nents, qui feraient dans le domaine entier de la science ce que le Bureau des longitudes faisait pour la navigation et l'astronomie. Ce n'est encore qu'un projet vague, puisse-t-il reussir! Lord Wrottesley raconte ensuite avec quelques details l'episode du retrait du credit de 25 000 francs que le gouvernement mettait chaque anneea la disposition du conseil de la Societe royale, pour encouragements aux recherches seientifiques. La Societe a cru de- voir publier dans ses comptes rendus la liste complete des savants entre lesquels les fondsdont elle disposait ont ete partages, et des travaux qu'il leur a ete donne de mener a bonne fin a 1'aide de ces 66 COSMOS. allocations, accorddes apres deliberation d'une commission com- posed de quarante membres ayant tous dans la science un nom jus- tement celebre. 11 aete demontre* ainsijusqu'a fevidence que jamais credit n'avait ete mieux employe dans l'inte'ret du pays et de l'hu- inanite- tout entiere. Ce prtkiieux document a produit son effet : le gouvernement a declare non-seulement que les 25 000 francs seraient immediatement rendus , mais qu'ils feraient partie du budget de l'Etat et seraient regulierement soumis au vote du par- lement. « Je ne puis, ajoute lord Wrottesley, me dispenser derap- peler, a cette occasion, le zele avec lequel lord John Russell (qui, le premier, ouvrit a la Society ce credit de 25 000 francs), et lord Brougham, ont defendu les interets de la science ; ils comptent au premier rang des promoteurs infatigables du progres intellectuel , tous deux ont ajoute grandement aux titres qu'ils avaient deja aux honneurs par lesquels une posterity impartiale reconnaitra certai- nement leurs eminents services. » Lord Wrottesley rend encore hommage a son Altesse royale le Prince Albert qui , a l'occasion de la pose de la premiere pierre de l'lnstitut de Birmingham et du Centre de l'Angleterre, a parle des avantagesdel'etudedes sciences de maniere a produire une impression profonde sur rimmense audi- toire qui l'ecoutait. II loue lord Ashburton d'avoir fait ressortir avec tant d' eloquence les inconvenients enormes de l'absence de toute Education physique chez les classes ouvrieres. II regrette de ne pouvoir annoncer que le gouvernement, comme on en avait l'esperance, n'ait pas mis encore Burlington-House a la disposition des principales Soci^t^s .savantes, pour y installer leurs bureaux , leurs bibliotheques, pour y tenir leurs seances. Ce rapprochement, cette reunion de toutes les corporations savantes sous un toitcommun, genereusement offert par l'Etat, aura sans doute de grands avantages, mais il peut presenter aussi de graves inconvenients, et lord Wrottesley invite la Societe royale a bien tout peser avant de consentir a abandonner Sommerset-House, ou, depuis dessiecles, elle a re9u une noble hospitalite. La comite parlementaire de 1'Association britannique, dans un rapport recent, discutait deux questions de grande importance, relatives, la premiere a l'extension des connaissances scientifiques, la seconde aux recompenses et aux encouragements a donner a ceux qui ont fait faire a la science de veritables progres. La pre- miere question se reduit essentiellement a savoir s'il n'est pas temps, pour le gouvernement, de venir en aide, par une allocation de fonds, al'enseignement populaire des sciences physiques et na- COSMOS. 67 turelles, et aux etablissements d' education premiere et secondaire ; pour les universites, d'etendre considerablement l'enseignement de ces memes sciences, de le rendre plus general et plus obligatoire. Cette premiere question doit etre resolue par l'affirmative ; mais laseconde souffre plus de difficultes. Faut-il que le gouvernement fasse frapper des medailles, destinees aux auteurs de recherches d'utilit^ generale ou qui supposent une grande habilete? Lord Wrottesley repond sans hesiter : Oui ! Faut-il, en outre, donner des decorations, instituer des ordres de me>ite, imiter en cela l'exemple de la France et de beaucoup de pays'? Le noble presi- dent conclut franchement par la negative : les decorations seraient impopulaires; elles froisseraient l'opinion publique; elles seraient peu appreciees et souvent, peut-etre, refusers par les savants eux- memes, qui peuvent croire avec raison que le gouvernement n'est pas un juge bien competent quand il s'agit de peser le merite rela- tif ou la valeur des titres des candidats. Ce qu'on peut faire et ce qu'on doit faire, c'est d'augmenter les honoraires des professeurs et de mettre les university en position de donner un plus grand nombre de prix au succes soientifique. Lord Wrottesley semble reprocherau comite" parleinentaire d'a- voir passe" sous silence un abus serieux et qu'il faut absolument reformer : -< C'est, dit-il, comme un principe admis et mis journel- lement en pratique dans ces contr^es, de ne pas rdtribuer les tra- vaux, meme tres-longs et tres-penibles, accomplis par des homines de science au profit de la communaute ou de la nation. Je pourrais citer plusieurs exemples de recherches tres-difficiles, harassantes, fatigantes a la fois pour l'espritet pour le corps, capablesd'epuiser i'energie des facultes intellectuelles et physiques les plus robustes, qui ont ete faites gratuitement par des homines tres-eminents dans les diverses branches de la science, avec un zele et un devouement dignes des plus grands eloges, mais que le gouvernement ne devait pas accepter sans retribution ou sans honoraires dignes de sa muni- ficence. M. Sheepshanks, parexemple, que la mort vient de frapper, et qui laisse dans les annales de la Societe royale les plus doux et les plus glorieux souvenirs, combien d'annees n'a-t-il pas consacrees a la reconstitution des etalons de niesures nationales detruits par i'incendie des anciennes chambres du parlement, sans que de si longues et de si absorbantes etudes aient recu du gouvernement une compensation quelconque! Sir Robert Peel, il est vrai, avait offert de consacrer annuellement 12 500 francs a cette restauration abso- lument necessaire ; mais cette offre etait par trop mesquine ; 68 COSMOS. MM. Baily et Sheepshanks aimerent mieux servir gratuitement l'Etat que d'accepter une remuneration tout a fait hors de propor- tion avec l'immense travail qu'il s'agissait d'accomplir, et l'Etat ]es a laisse faire sans remords ! » Apres avoir ainsi epanche son cocur, lord Wrottesley arrive a la distribution desmedailles deeernees par le Conseil. Nous traduisons litteralement les courtes notices historiques qui remplissent les dernieres pages de son discours, quoiqu'elles ne nous apprennent rien d'absolument neuf;la premiere, d'ailleurs, est un hommage solennel rendu a la France, dans lapersonne d'un de ses jeunes sa- vants les plus riches d'avenir : " La medaille de Copley a (He decernee a M. Foucault, de Paris. » M. Foucault, pendant ces dix ou douze dernieres annees, s'est occupe de recherches variees et remarquables. Ses premiers travaux eurent pourobjetla photographie. En 1844, il publia, avec M. Fizeau, des recherches sur l'intensite comparative, chimique et optique, de trois des sources de lumiere les plus brillantes, le soleil, l'arc volta'ique et la chaux rendue incandescente par un jet en- fiamme d'oxygene et d'hydrogene. Ces recherches ont conduit a des resultats numeriques qui demontrent d'une maniere tres-frap- pantel'inferiorite de la lumiere Drummond : pendant que la lampe electrique, avec des electrodes en charbon, donne une lumiere dont l'intensite est a peu pres les 2/3 de la lumiere du soleil, l'intensite de la lumiere de la lampe oxy-hydrogene n'est qu'un56ede celle de l'arc volta'ique. Peu de temps apres, M. Foucault, en collaboration encore avec M. Fizeau, entreprit une se"rie d'importantes recherches sur les interferences de la lumiere produites par des rayons dont les diffe- rences de marche sont considerables. Dans les experiences ordi- naires, tous les indices d'interference cessaient des que la difference de marche devenait egale a un petit nombre d'ondulations; quoique des interferences d'ordre eleve eussent ^te observees dans la lu- miere d'une lampe a alcool sale\ etaussi dans certains phenomenes particuliers au spectre solaire. On n'avait pas fait encore usage du prisme dans 1'etude des interferences, si ce n'est peut-etre pour analyser les teintes produites par la lumiere polarisee, et les theo- riciens eux-memes doutaient que la lumiere emise par les corps lu- mineux terrestres fut assez r(5guliere pour rendre les interferences possibles dans le cas de grandes differences de marche. Or , en soumettant a l'analyse prismatique une bande etroite de lumiere COSMOS. 69 interfe rente, MM. Foucault et Fizeau sont arrives a mettre on evi- dence des interferences parfaitement distinctes produites par des retards qui, dans un cas, atteignirent jusqu'a 7 394 ondulations, ce qui prouvait invinsiblement la regularite presque absolue des on- dulations lumineuses. Une methode tout a fait semblable permit aux deux jeunes auteurs d'etudier dans des conditions tout a fait excellentes les modifications de la lumiere polarisee. En septembre 1847, MM. Foucault et Fizeau lurent a l'Acade- mie un expose de leurs recherches sur l'interference des rayons calorifiques. En se servant de thermometres a esprit-de-vin extre- meinent petits et sensibles a l'exces, ils ont pu decouvrir des inten- sites calorifiques alternatives, tour a tour maxima et minima, cor- respoiulantes aux intensites lumineuses dans les franges produites paries miroirs de Fresnel. Ils decouvrirent, par le meme moyen, des alternatives de temperature, correspondant et co'incidant avec les alternatives de lumiere dans le spectre discontinu des interfe- rences; de plus, ces alternatives de temperature n'etaient pas con- finees dans les regions visibles du spectre ; on les retrouvait dans les regions des rayons de chaleur invisible decouverts par sir Wil- liam Herschel, et situes au dela du rouge extreme. Les auteurs prouverent aussi la diffraction de la chaleur en montrant que la chaleur en un point situeun peu en dehors de l'ombre geometrique d'un corps opaque a bords rectiiignes etait plus grande qua la dis- tance de 1'ombre ou l'influencedu corps est insensible. Le 6 mai 1850, M. Foucault communiqua a l'Academie les re- sultats de ses experiences si grandement ingenieuses et si frap- pantes relatives a la vitesse de la lumiere. La reflection et la refraction de la lumiere ont ete depuis long- temps expliqu^es dans les deux theories de remission et des ondulations. Les deux theories s'accordent a admettre que la vitesse de la lumiere au sein d'un milieu refringent est diffe- rente dela vitesse dans l'air; mais, suivant la theorie de remis- sion, elle serait plus grande dans le rapport de l'indice de refrac- tion a l'unite; tandis que, suivant la theorie de remission, elle se- rait plus petite dans le rapport de l'unite a l'indice de refraction. Les progres de l'optique ont ete tels que la theorie de remission a ete a peu pres abandonnee, tandis que la theorie des ondulations a ete de plus en plus confirmee par les nouveaux ph^nomenes. L'effet de l'interposition d'une plaque mince transparente sur le trajet de l'un des deux rayons interferents, que Ton jugeait etre une experience decisive, e.i/jcrimentum crucis, etait tout a fait en fa- 70 COSMOS. veur de la theorie des ondulations. Mais, cette demonstration n'e*- tait au fond qu'une deduction logique du fait optique ; le temps de la traverse de la lumiere n'intervenait pas mec-aniquement dans 1' experience. M. Arago avait propose de se servir du miroir tournant de M. Wheatstone, pour decider la question d'une maniere tout a fait analogue a celle suivie par M. Wheatstone pour mesurer' la vitesse de l'electricite : l'illustre savant avait demontrd en outre par un calcul numerique qu'avec une vitesse de rotation successivement grande du miroir, le resultat serait sensible a l'observation. Mais l'experience proposee par M. Arago, quoique son execution ne fut pas par elle-meme impossible, aurait pr£sente dans l'observation des inconvenients trcs-graves, parce que le resultat dependait de l'aspect d'une image momentanee , apparaissant accidentellement a un instant inconnu, et en un point inconnu du champ de vision; elle n'a jamais ete taite. La vitesse de la lumiere a 6te mesuree directement, pour la premiere fois, par M. Fizeau; mais, dans ce cas, le temps observe" etait celui que la lumiere employait a par- courir dansl'air quelques kilometres. Par une disposition tres-inge- nieuse et par l'introduction d'un miroir concave, qui lui permit de produire une image fixe d'une image animee d'un mouvement de rota- tion rapide, M. Foucault parvinta resoudre de fait la question posee par M. Arago, quoique d'une maniere tout a fait differente de celle proposee par l'illustre astronome; il prouva ainsi, pour la premiere fois, par une experience directe , que la lumiere se propage plus rapidement dans l'air que dans l'eau. Le 3 fevrier 1851, M. Foucault communiqua a l'Academie une expciience qui a excite l'attention publique plus que ne l'a fait peut-etre aucunedes grandesexperiences destemps modernes, c'est l'experience a jamais celebredu pendule. Les phenomenes de l'astro- nomie ont depuis longtemps prouvtf la realite de la rotation de la terre ; mais pour nous qui vivons a sa surface, cette rotation n'est pas sensible. Une seule experience jusqu'ici avait mis en evidence l'effet de la rotation de notre globe, c'est la deviation vers l'Est des corpsqui tombent d'une grande hauteur. Mais cette experience ne pouvait etre repeHee que dans des localites toutesparticulieres, et la devia- tion produite etant tres-petite, un grand nombre de causes pertu- batrices pouvaient la masquer. M. Foucault est venu, et il a montre qu'un pendule suspendu de maniere a osciller tour a tour dans tous les plans verticaux et abandonne" a lui-meme , devient en quelque sorte, par le fait meme de son mouvement, une sorte de corps ce- leste. Tandis que le plan de son mouvement tend a rester parallele COSMOS. 71 lui-meme et conserverait r£ellement le parallclisme, si on le sup- posait suspendu au-dessus de l'un dps poles, laterre tourne sur elle- meme au-dessous de lui ; par la meme, ce plan du mouvement est amine" d'un mouvement apparent de rotation dont la direction, dans notre hemisphere, est celle des aiguilles de nos horloges, de gauche a droite, et dont la vitesse, de vingt-quatre heures au pole, nulle a 1'equateur, varie del'£quateur au pole proportionnellementau sinus de la latitude , en changeant de sens dans le passage de l'hemi- sphere nord a. l'hemisphere sud. Essayee d'abord avec un succes complet parM. Foucault, cette experience a ete rep£t£e depuis par un grand nombre de physiciens. Plus recemment encore, M. Foucault a invente un autre instru- ment appelc par lui Gyroscope, dpstine aussi a demontrer experi- mentalement la rotation de la terre. L'action de cet instrument depend de la fixite du plan de rotation d'un disque auquel on im- prime un mouvement de rotation rapide autour de son axe; il est tres-petit, on peut le mettre en experience sur une table, mais sa construction exige une grande delicatesse dans l'ajustement des pieces. Pourvu qu'on le fasse tourner autour d'un axe equatorial, afin de le mettre a l'abri du mouvement de precession, 1'instrument de M. Foucault est construit de maniere a montrer non-seu!ement le mouvement de rotation de la terre, mais a donner expe'rimen- talement le plan du meridien et la latitude du lieu. « Monsieur Foucault, je vous presente cette m^daille en temoi- gnage denotre admiration pourl'intelligence, l'ingeniositeetle talent que vous avez deployes dans vos si remarquables recherches ex- perimentales. >- Votre Conseil a d^cerne une des medailles royales pour cette annee a. M. John Russell Hind, surintendant du Nautical alma- nack, pour ses recherches et ses decouvertes en astronomie; et sa decision, j'eu suis sur, sera accueillie avec la plus chaleureuse una- nimite par la Soci£te. » M. Hind commenga ses travaux astronomiques comme aide de l'astronome royal, et fut nomme a cet emploi en novembre 1840. II remplit ces fonctions pendant quatre anne"es et se distingua par sa ponctualite, son attention et son zele; il fit plus, il consacra ses heures de loisir a lire avec le plus grand soin les ouvrages d'astro- nomie th^orique et pratique ; il se familiarisa ainsi avec les diverses meHhodes d'observation et de reduction, avec les procedes de calcul des orbites des cometes et des <5toiles doubles. Son premier essai de calcul reel furent les ephi?merides de la comete de Bremicker 72 COSMOS. pour IS-iO, etM. Airy le fit impnmer clans les Observations de Greenwich pour cette annee. En 1844, a la deinande de M. George Bishop, membre de cette Societe, si bien connu par son devoucment a la science et la munificence avec laquelle il en- courage ses progrfce, l'astronome royal lui dcsigna M. Hind comme eminemment capable de dinger pratiquement son Observatoire privc de Regent's Park. Ce sont les observations faites pour M. Bishop auxquelles le Conseil decerne sa recompense, et je vais enumerer les principals. M. Hind n'a pas decouvert moins de dix nouvelles pi alleles et calcule les elements de leurs orbites, d'abord avec ses propres ob- servations, puis avec relies des autres astrcnomes. II a grandement perfectionne nos connaissances relatives aux mouvements des au- tres membres du groupe planetaire par une discussion savante de toutes les donndes de quelque valeur. II a aussi decouvert trois nouvelles cometes, et coopere grande- ment a procurer des observations multipliers de ces astres et de ceux decouvertes par d'autres , par le calcul rapide, la publication proinpte des approximations successives de leurs orbites : grace a lui or, a pu suivre, sur de longues et importantes portions de leur course, plusieurs cometes qui sans lui eussent dte perdues; nous citerons comme exemple tout a fait extraordinaire et unique, celui de la comete de 1847, qui a pu etre observee a son perihelie et a midi, dans la proximite immediate du soleil, par suite de l'exac- titude de la position calculeepar M. Hind. Avec les moyens efficaces et toutqmissants que M. Bishop met- tait a sa disposition, cet observateur assidu a pu decouvrir encore deux nelmleuses elliptiques, une etoile variable tres-remarquable dans Opbiocus, laquelle, lorsqu'elle fat vue pour la premiere fois, en IS48, etait de quatrieme grandeur, et n'est plus maintenant que de douzieme grandeur. II a aussi signale la variability d'autres dtoiles, en y comprenantles changements singuliers de S du Can- cer, dont il a public les ephemerides. II a renforce les preuves de 1 'existence d'une connexion physique entre les astres constituants des etoiies doubles ; et avec M. Bishop, il a fait et public, au grand avantage des astronomes en general, des cartes exactes de toutes les etoiies comprises dans une large portion des regions dclipliques du ciel, depuis la premiere jusqu'a la douzieme grandeur inclusive- ment. Ces cartes ne peuvent pas manquer d'etre d'une grande uti- lite pour les recherches et la ddcouverte a. venir des planetes et des asteio'ide6. F. Moigno. [La suite au prochain numero .) ACADfiMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 14 JANVIER 185G. M. le barton d'Huard soumet au jugement de l'Academie une nouvelle machine de son invention, qui a pour but de mouler m£- caniquement diverses pieces ceramiques , des assiettes, des tas- ses, etc. ; la machine fonctionne dans les ateliers de M. Perrot, rue de Sevres, a Vaugirard, et ce probleme assez difficile semble avoir recu une solution satisfaisante. — M. Becquerel presente a l'Academie , en son neon et en celui de son fils , M. Edmund Becquerel, le troisieme et dernier volume du Traite d' clectricite et de magnetisme, et. des applica- tions de ces sciences a la chimie, a la physiologie et aux arts, dontla publication a commence dans les premiers mois de l'annee derniere, et donne de cet ouvrage le resume suivant : « L'electricite e^t devenue anjourd'hui, en raison de son impor- tance scientifique, de ses nombreuses applications et de ses rapports intimes avec la chimie, une des parties les plus cultures de la phy- sique. L'agent dont elle expose les proprietes sepresentant a nous, tantot comrae chaleur, tantot comme lumiere, tantot comme force chimique, comme puissance magnetique , et tantot enfin comme force intervenant dans les phenomenes physiologiques, doit natu- rellement attirer l'attention de toutes les personnes qui cultivent les sciences physiques sous le point de vue theorique, et de leurs appli- cations. Les rapports qui lient les forces electriques aux affinity sont tellementbien etablis aujourd'hui, que Ton peut deja, dans un grand nombre de cas, remplacer celles-ci par les premieres. L etude de ces rapports constitue une science nouvelle, Mectro-chimie, a l'ex- position de laquelle nous avons consacre" un volume entier, le deuxieme; le traitement electro-chimique des minerais d'argent, de cuivre et de plomb en fait partie. Cette question a ete traitee avec des developpements suffisants pour que les personnes qui voudront appliquer ce procede a l'industrie ne soient pas arretees par des dif- ficulty de details. Nous nous bornons a dire que les experiences ont ete fades sur une grandejechelle, avec plus de 5 000 kilog. de minerais venus des differents points du globe. Le troisieme volume comprend le magnetisme terrestre , l'electro-magnetisme et ses applications a la telegraphie, aux horloges et aux machines de tous genres qui peuvent etre mises en mouvement par les forces electro- magnetiques. 74 COSMOS. Dans le magnetisme, en outre des notions generates sur la cons- titution des aimants et sur la distribution du magnetisme, nous avons traite les differentes questions relatives a Taction du magnetisme, sur tous les corps, et quiont etc etudiees dans cesdernieresannees. Le livre relatif au magnetisme terrestre contient la description des differentes boussoles et des magn^tometres qui servent aux observations des composantes de la force terrestre. Nous avons 6ga- lement donne le resume des travaux executes jusqu'ici, dans diffe- rents lieux du globe, ainsi que le trace des principales cartes ma- gnetiques. L'electro-magnetisme a re9u des developpements suffisants pour que Ton puisse bien comprendre les differents effets des courants par induction, ainsi que le jeu des appareilsqui sont fondes sur le degagement de Telectricite induite. Quant audouzieme livre, qui est le dernier de l'ouvrage, il est consaciv uniquement aux principales applications de l'electro-ma- gnetisme, c'est-a-dire a la telegraphie et a l'horlogerie electriques et a tous les appareils fondes sur Taction des electro-aimants, ainsi qu aux electro-moteurs. L'etendue meme de l'ouvrage ne permettait pas que Ton put decrire tous les instruments quiont ete imagines, on s'est done borne a la description des principaux appareils en usage dans la plupart des applications faites jusqu'ici de l'electro-magnetisme. — M. Becquerel appelle aussi Tattention sur un Memoire fort in- teressant de son fils, M. Edmond Becquerel, sur le degagement de Telectricite par frottement, dans lequel, en etudiant avec un soin tout nouveau Taction des coussins et des amalgames dont on les enduit, le savant physicien serait parvenu a resoudre des questions longtemps controversees et a etablir des resultats nouveaux. — M. Seguier lit un rapport sur un nouveau mode de transport ou de decalque des ecritures nouvelles et anciennes. Le procede est aussi simple qu'efficace, et il a parfaitement reussi sous les yeux de la commission. M. Seguier a ecrit quelques lignes et les a laisse secher ; M. Lachave, Tinventeur, en a opere immediatement le decabjue sur un papier buvard, qu'il a emporte chez lui, et le len- demain il a apporte a M. Seguier des facsimile parfaits, sur pa- pier ordinaire et sur parchemin, qu'il est reellement impossible de distinguer desoriginaux. Le nouvel art, dit le rapporteur, est vrai- ment merveilleux, et son auteur le destine a un usage tres-inno- cent et tres-utile, la multiplication des autographes precieux, que Ton peut ainsi reproduire sans les endommager en aucune maniere ; COSMOS. 75 mais il a le grand malheur devenir en aideauxfaussaires, qui n'ont deja, hiilas! que trop de moyens d'assurer le succes de leur cou- pable industrie. A ce titre , il ne peut pas obtenir l'approbation de l'Academie. Celle-ci, au conttaire, doit s'abstenir et se bornera constater l'habilete de M. 'Lachave. Ces conclusions n'ont pas meine 6t6 mises aux voix, tant elles etaient simples et natu- relles. — M. Pean de Saint-Gilles a presente a l'Academie deux Me- moires relatifs a Taction de la chaleur sur l'hydrate et l'acetate ferriques, et ces deux Memoires, que nous allons analyser, sont aujourd'hui l'objet d'un rapport tres-favorable, redige par M. The- nard et lu par M. Pelouze. M. Walter Crum, en avril 1853, a signale l'existence d'une remarquable modification allotropique de l'hydrate d'alumine, extrait de l'acetate de fer dedouble sous l'in- fluence d'une temperature voisine de 100 degres et prolongee pen- dant vingt-quatre heures. La propriete la plus singuliere de cet hydrate etait qn'il fut devenu soluble dans l'eau, tandis que l'hy- drate ordinaire est insoluble. Cette decouverte de M. Walter Crum a £te le point de depart des recherches de M. Pean de Saint- Gilles. Ayant place une dissolution d'acetate ferrique pur dans un bain-marie chauffe a la temperature de l'ebullition, il a vu, apres quatre ou cinq heures, la liqueur devenir comme opalir!e et pa- raitre trouble par reflexion , tandis que vue par transparence contre la lumiere elle offrait l'aspect d'une dissolution limpide; sa nuance, de couleur de sang veineux, etait devenue rouge-brique. Apres vingt-cinq a trente heures d' elevation de temperature, la li- queur fut refroidie et examinee; elle etait toujours opaque par reflexion, transparente par transmission ; elle avait perdu la sa- veur metaliique des sels de fer pour prendre celle du vinaigre ; elle ne presentait plus les caracteres communs des sels ferriques; le sulfocyanure de potassium n'exaltait pas sa teinte ; le cyanoferrure determinant, comme pour les sels de poiasse, un precipite brun- ocreux, qui prenait plus tard une nuance verdatre ; une trace d'a- cide sulfurique ou d'un sel alcalin precipitait tout le fer sous forme d'un depot rouge brun, insoluble a froid dans les acides les plus concentres, insoluble a la temperature de l'ebullition dans l'acide nitrique, mais soluble a cette temperature dans l'acide chlorhy- drique. En versant dans l'acetate modifie un acide autre que les acides nitrique, chlorhydrique, aeatiqtie, on obtenait un precipite rouge brique, grenii, tres-divise, qui est bien de l'hydrate ferrique, 76 COSMOS. mais modifie a son tour et totalement different de l'hydrate fer- rique ordinaire. Ce n'cst qu'avec beaucoup de peine que M. P^an de Saint-Gilles est parvenu a l'obtenir pur ou entierement debar- rasse d'acide acetique; il l'a obtenu ensuite tres-simplement, en chauffant l'hydrate ordinaire dans l'eau bouillante, et il lui a re- connu les proprieties suivantes : L'hydrate modifie est devenu insoluble a froid dans les acides les plus concentres; l'acide nitrique bouillant est meme a peu pres sans action sur lui ; arrose avec un melange de cyanoferrure de po- tassium et d'acide acetique, il ne se transforme plus, comme l'hy- drate ordinaire, en bleu deprusse; il ne presente plus, lorsqu'on le cbauffe au rouge sombre, le phenomene ifincandescence etudie par MM. Berzelius et Regnault sur l'hydrate ferrique ordinaire ; cet hy- drate sous l'influence de la chaleur, a done passe de l'activite a la passivite ; il secomporte comme l'oxydepassif calcine, aveclequelil se con fond d'ailleurs entierement par sa couleur rouge brique ; sa composition est Fe 2 O 5, HO, il contient 89,9 pour cent d'oxyde ferrique Fe- 0\ Ajoutons enfin que tout semble forcer a admettre que, dans la liqueur opaque par reflexion, transparente par trans- mission, dont il a etc question plus haut, l'acide est reellement se- pare de la base, quoiqu'elle conserve les principaux caracteres des dissolutions, une parfaite tludite, la faculte de congeler sans alte- ration etde filtrer aisement sur le papier debarrasse par un lavage a l'eau acidulee de sels calcaires dont il est presque toujours im- preyne. Quoique le travail du jeunechimiste soit encore incomplet, la commission demande pour lui l'approbation de l'Academie et 1'insertion dans les volumes des Savants eti-angers. M. Pean de Saint-Gilles, ajoute l'illustre rapporteur, jouit d'une grande for- tune, et cependant il travaille avec la meme ardeur que s'il avait une carriere a conquerir ; les joies et les fetes du monde ne sont rien pour lui en comparaison d'une analyse bien faite ou de re- cherches menees . ti'es-peniblement s'il le faut, a bonne fin. C'est un bel et noble exemple, que l'Academie ne saurait trop encou- rager. Les conclusions du rapport sont adoptees. — M. Le Verrier annonce la decouverte faite le samedi soir a neuf heures etdemie, par M. Chacornac, d'une nouvelle petite pla- nete tres-belle, de neuvieme a dixieme grandeur, situee au moment de son apparition dans la constelbition de l'Ecrevisse, pres et au sud-est d'une nebuleuse appelee l'etable, prcesepe. C'est la trente- septieme des petites plane tea, la cinquieme decouverte par M. Cha- cornac. Le succes du jeune astronome, ajoute M. Le Verrier, ne COSMOS. 77 peut s'expliquer que par une habilete grande, une ardeur infati- gable, une assiduite qui ne se dement jamais, et telles sont en effet les qualitescminentes qui distinguent M. Chaeornac. Tout semblait indiquer qu'on ne decouvrirait plus dans le ciel de petites planetes d'un eclat apparent aussi considerable, on se resignait a ne plus si- gnaler que des astres de onzieme ou douzieme grandeur, la bonne rencontre de M. Chaeornac ranime les esperances, et les astro- nomes vont redoubler d'activite\ — M. Le Verrier tenait beaucoup a presenter en me me temps a l'Acade'mie un travail 'e MM. Goujon et Mauvais sur l'inclinaison et la declinaison de 1'aignille aimantee eh 1855, travail attendu avec grande impatience; mais la stance etait tellement charged que le president, M. Binet, n'a pas cru pouvoir laisser la parole plus longtemps au savant directeur de l'Observatoire, qui remplissait cependant un devoir de sa charge. Nous serons sans doute de:lom- mages dans la prochaine seance. — M. le marechal Vaillant aurait ete heureux de presenter lui- meme un appareil ingenieux et eminemment utile, imagine par M. Alexandre Bellemare, commis principal au ministere de la guerre; mais par un exces de modestie, l'illustre marechal a pense que la nouvelle invention de son subordonne acquerrait une valeur nou- velle, si elle parvenait a l'Academie per l'intermediaire et 1'organe de son dernier president M. Regnault, ingenieur en chef des mi- nes. C'est done M. Regnault qui, en trop peu de mots, a fait con- naitre YJnterrtipteur kilometiique dont nous allons indiquer suffi- samment le but et le mecanisme. Son but eloigne est de rendre im- possibles les rencontres sur les chemins de fer, son but prochain est de faire en torte singault, Morin avait ete chargee d'etudier la question ; M. Morin lit aujour- d'hui son rapport, et conclut par la negative, c'est-a-dire qu'il lui semble tout a fait impossible d'admettre la cause indiquee. M. Morin s'appuie surtout pour etablir cette conclusion : 1° sur ce que l'ope- ration de fermentation par laquelle en Allemagne on transforme le foin ordinaire en foin brun ne determine pas d'incendie ; 2° sur ce qu'en mettant meme le feu aux foins comprim^s , ils ne brulent qua la surface et tres-lentement ; 3° sur ce qu'en diverses circonstances des balles de foin comprimees ont ete mouillees sans qu'il en soit resulte de fermentation ou d'alleration a l'interieur. Ce qu'il y a de plus probable , c'est que le feu aura ete mis au navire pour que la fraude abominable de l'introduction du sable et des pierres ne lut pas decouverte au lieu du debarquement. — M. Dumas se trouvait hier dans une position assez embarras- sante. Deux chimistes habiles, dont les noms sont desormais inse- parables , MM. Voider et Sainte-ClaireDevilh', lui ont annonce le COSMOS. 81 meme jour , pour en transmettre la nouvelle a l'Academie, qu'ils avaient reussi a preparer en grand le silicium pur et a l'obtcnir sous des formes analogues a celles du graphite et du diamant. M. De- villeavait remis sa note a M. Dumas le vendredi matin; la lettre de M. Vohler lui parvenait le vendredi au soir; il s'agissait done de recherches faites a Paris et a Gcettingue d'une maniere tout a fait independante par les deux nobles rivaux. Seulement, il faut bien le dire, puisque e'est la verite, le chimiste francais est alle beaucoup plus loin, son succes est plus complet. Nous inse'rons au- jourd'hui textuellement son travail ; nous insererons la lettre de M. Vohler, que nous n'avons pas encore, dans notre procliaine livraison. « J'ai eu l'honneur, danslecourant derann£ederniere,'demontrer a l'Academie du silicium cristallise en pyramides a six faces cour- bes, dont les formes ressemblaient beaucoup a celles du diamant. Les analogies chimiques qui ont fait ranger le bore et le silicium a cote du charbon m'avaient fait penser que le silicium pouvait avoir son diamant comme il a son graphite. L'analogie cristalloo-ra- phique sur laquelle on base dans notre science les rapprochements les plus incontestables, donnerait ainsi raison a la classification des metalloides, le plus generalement adoptee. Mais la mesure des cristaux a faces courbes extant impossible, j'ai du, a cette epoque, ajourner la solution de ce probleme de chimie generale. De nouvelles experiences me permettent aujourd'hui de sou- rnettre a l'examen de l'Academie des cristaux de silicium parfaite- ment complets et definis par desmesures precises. Ces cristaux de silicium en aiguilles longues de six a sept milli- metres sont tantot des prismes hexagonaux surmontes d'une pyra- mide tres-aigue a faces courbes et non mesurables, tantot des rhomboedres enfile's en chapelet suivant leur axe de figure et dans une situation parallele. Les prismes sont stries perpendiculairement a leur longueur, de sorte que la flamme d'une bougie vue par re- flexion est accompagnee lateralement de spectres de diffraction qui ne lapisem; en rien a 1'exactitude des mesures. Quant aux rhomboe- dres, leurs angles aux aretes culminantes sont d'environ 69° 30 avec une incertitude de 25 a 30 minutes ; en effet, quoique les faces soient tres-refiechissantes, elles sont faiblement striees pa- rallelenient aux aretes culminantes et les spectres de refraction allongeant dans le sens vertical les images reflechies nuisent a l'exactitude des coincidences. Ces observations, que je dois a l'aide 82 COSMOS. bienveillant de M. do Senarmont, out etc faites sur des cristaux d'une tenuite telle que je n'aurais jamais songe a les placer sur le goniometre. Plustard, ayant obtenu quel'ques rhomboiidres un peu plus volumineux, j'ai pu mesurer un angle de 69° 10' et meme son' supplement, ce qui m'indique que le rhomboedrea de la tendance a se completer dans cliacun des grains qui forment le chapelet dont j'ai parle" plus haut. Le silicium rhomboedrique ressemble par sa couleur an fer oli- giste de l'ile d'Elbe avec toutes ses irisations ; il raie fortement le verre, et ses aiguilles ont assez de rigidite pour percer l'epiderme des doigts lorsqu'on les snisit par leurs poihtes. Ces cristaux sont d'une purete absolue comme j'ai pu le constater par plusieurs ana- lyses qui m'ont toutes donne le meme resultat. Le silicium fond a une temperature peu eMevee, intermediaire entre le point de fusion de Tor et celui de la fonte, et alors ii prend avec la plus grande facilite la forme analogue au diamant a faces courbes. Cette forme est-elle identique aux rhomboedres que je viens de decrire ou en est-elle differente? C'est ce que les proprietes physiques de ce corps mepermettront sans doute de resoudre lors- que j'aurai a ma disposition une assez grande quantite de matieres pour pouvoir les determiner avec precision. Pour preparer le silicium rhomboedrique, j'introduis de 1' alumi- nium place sur des nacelles dans un tube de porcelaine que traverse un courant d'hydrogene impregne de vapeurs de chlorure de sili- cium. Le chlorure est contenu dans un flacon tubule- que Ton chauffe lt>gerement en approchant avec precaution un charbon incandes- cent. On porte le tube au rouge cerise clair et Ton continue 1 'expe- rience jusqu'a ce qu'en regardant dans l'appareil par l'extremite beante de l'allonge qui le termine, on ne voit plus se former de va- peurs £paisses de chlorure d' aluminium. On retire alors des nacelles les aiguilles de silicium que Ton purifie des impuretes qui peuvent y adherer, en les traitant successivement par l'eau regale , l'acide fiuorique bouillant et le bisulfate de soude fondu. — On trouve aussi, lorsque l'operation n'est pas complete, de petits globules de siliciure d' aluminium dans lesquels il y a de 40 a 50 0[0 de silicium (ce qui correspond a l'alliage Si Al2). Voila. ce qui se passe dans cette operation : le chlorure de sili- cium est decompose par l'aluminium qui s'empare du silicium dis- place. D'oii resulte une veritable dissolution; chaque molecule de chlorure qui survient enopere la concentration, et lorsque la satu- ration du bain metallique est depass^e, le silicium plus tfger vient COSMOS. 83 xiristalliser a la surface, comme le ferait du camphre a la surface d'une solution alcooliqup. On comprend (]u'un pared procede est susceptible en se gene- ralisant de s'appliqucr a la preparation de tous les corps simples pouvant former des combinaisons volatiles et decomposables par une matiere capable elle-meme de dissoudre le corps simple que 1'on veut obtenir. Ainsi le bore est soluble dans l'aluminium et peut etre prepare de la meme maniere que le silicium, mais je ne puis encore rien affirmer sur cette matiere que Ton n'obtient pure qu'avec des cliffi-= cultes inou'ies. Je n'ai pas encore analyst de petits cristaux obtenus par le procede que je viens de decnre au moyen du chlorure de bore. Le cbarbon ne se combine pas a l'aluminium ; aussi lorsqu'on de- compose le chlorure de carbone (1) par ce mental, on obtient simple- merit du noir de fumee. — Le chlorure de carbone est decompose' egalement par le sodium et on n'obtient encore que du noir de fu- mee, lors meme qu'on a fortement calcine le produit de la reaction : c'est qu'en effet le sodium ne dissout pas non plus le charbon. Mais si on trade le fer (et mieux la fonte de fer), qui a la pro- priete" de dissoudre le charbon par le meme chlorure de carbone on obtient une substance cristallisCe , brillante et tres-fortement irisee qui est une forme speciale de charbon, bien differente par son aspect du graphite de la fonte ; et cela se concoit puisque les cir- constances dans lesquelles ces matieres se produisent n'ont entre elles aucune ressemblance. Le charbon cristallis£ est en petites lames ordinairement irre°u- lieres , mais beaucoup sont manifestement hexagonales ; leur e"c!at est completement metallique. Plusieurs presentent des stries ou plutot des froncements paralleles qui s'^panouissent a droite et a gauche d'une nervurerectiligne, ala maniere desbarbes d'une plume, et cette disposition annonce generalement un groupement de cris- taux. On sait que le graphite naturel est hexagonal. J'ai fait sur le titane et le zirconium, des experiences analogues quej'aurairhonneurdesoumettrebientotarAcademie.LadifficuUe' de produire le zirconium parfaitement exempt de titane et d'alumi- nium, et la crainte de d^crire ses propri^tes d'apres des echantil- lons impurs m'empechent seules d'en parler aujourd'hui. (1) J'obtiens re chlorure de carbone par l'aclion Ju chlore sur la vapeur de sulfure de carbone an rouge, et Taction dela potasse sur le produit, pour en separcrle chlo- rure de soufre. 8a COSMOS. Lorsqu'on remplace, dans la preparation du siliciuin rhomboe- drique, le chlorure de siliciuin par le fluorure, on obtient en meme temps que le silicium une matiere cristallisee en cubes, transpa- rente et f'ortement relringonte. Des cristaux de cette matiere, ap- pliques en forme de geodes sur des moroeaux d'aluminiuin intacts, ressemblent, a s'y meprendre, a de la chaux fluatee. Ces cristaux sont inattaquables par l'acide fluorique, par l'acide nilro41uorique qui peut servir a les debarrasser du siliciuin qui y adhere souvent, par l'acide sulfurique meme bouillant, qui n'en degage que des traces d'acide fluorique. Enfin, ilsne se volatilisent qu'au rougevif. Cette substance nouvelle est du iluorure d'aluminium parfaitement exempt de silicium et de toute autre matiere etrangere, comme me l'ont prouve un grand nombre d'analyses hates par plusieurs me- thodes differentes. Elle contient 33,3 OpO d'aluminium, et la theo- rieindique 32,2 0(0 pour le fluorure d'aluminium APFK Toutes ces proprietes sont contraires a celles qu'on auraitpu supposer par analogic De plus, il sulffit de verrer, sur de l'alumine calcinee, de l'acide fluorique pur en exces, de secher fortement le melange et de l'introduire dans un tube de charbon (1) ou de platine qu'on fait traverser par un courant d'hydrogene et qu'on chauffe au rouge blanc, pour voir se sublimer du fluorure d'aluminium, qui vient se depose* en cristaux cubiques ou tremies de plusieurs centimetres de longueur, sur les parties ironies du tube. Ainsi le fluorure d'alu- minium est une des plus belles malieres eristallisees de la chimie, et peut-etre le plus inattaquable a la plupart des reactifs. » M. Duchartre lit un Memoire sur la respiration des plantes. Nous ranalyserons dans notre proehain numero. P. S. ML Chacornac a compare sa planete a une etoile de 8,m' grandeur observee le 13 a la lunette ineridienne, et dont 1* as- cension droite est 8h 35™ 19s,99, la decl.naison -f- 17° 23' 53"5. Les differences en ascension droite etaient, le 12, a 10h 18m 22s, de -f 4'" 35s, 7 ; le 13, a 10h 43"' 4% de + 3m 45%3. Les diffe- rences en declinaison etaient, le 12, a 121' 52"" 43s, de — 2' 11 ,9; le 13, a 10h 21'" 6s, de — 2' 37", 6. Quel malheur que M. Cha- cornac n'ait pas a sa disposition une machine equatoriale parfaite, avec laqnelle il puisse mesurer a la fois l'ascension droite et la de- elinaison ! F. Moigno. (i; On tromera la dtscrip lion de ces nouveu,iix vases Jans un des nrochains cahieis des AnnaUs de chimie et dr physique. A TKAM1W.A V, t.roprietaire-ge'rant. 1'aris. — lmpriinerie de VV. Remquet et Cie, rue Garandire, 5. T. Vllt. 23 JANVIER 18(36- CTNQIMBME ANNBE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. L' lndependance beige du 15 Janvier annor^ait que dans une des soirees de M. Le Venier a l'Observatoire imperial, soiree quelle qualifiait du nom de raout de savans, il avait et<§ grande- ment question de la lunette equatoriale de quatorze pouces, trente- huit centimetres, pour l'achat de laquelle M. Arago avait obtenu de lachambre des deputes une somme de cent mille francs, et dont l'illustre physicien aurait dit qu'elle nous ferait voir la lune comme nous voyons Paris de Montmartre. Francois Arago n'a jamais tenu le langage qu'on lui prete, mais il est certain que dans la seance de l'Academie des sciences du 2 septembre 1844, il a dit de la fameuse lunette : « Appliquee avec un grosr-issement de mille fois a l'observation de la lune, elle a fait voir que tout n'est pas dit, tant s'en faut, touchant la constitution physique de notre satellite. « II ajoutait : « Les astronomes de Paris attendent avec impatience le moment oil le grand objectif sera etabli sur un tuyau pouvant sui- vre lemouvement diurne a 1'aide de rouagesconvenables. •• C'etait, disions-nous, en septembre 1844, c'est-a-dire il y a onze ans et demi; si alors l'impatience des astronomes etait grande, que doit- elle done etre apres ces onze longues annees? Or, la feuille beige assurait que dans la conversation dont elle se faisait l'echo lointain etindiscret, on avait dit en termes formels que la lunette tant de"- siree allait etre enfin installee dans le dome construit pour elle. Heureux de cette bonne nouvelle et plein d'esperance de voir bien- tot ce qu'on n'a pas encore vu dans la lune, nous nous etions em- presse de feliciter M. Le Verrier d'un triomphe aussi difficile a remporter que ceux qui couronnerent les douze travaux d'Hercule. Qu'on juffe de notre desappointement quand, pour toute reponse, le savant directeur nous a dit qu'il ne savait meme pas a quelle epoque, dans un vague avenir, se ferait I'installation declaree si prochaine. Pour lui, comme pour nous, comme pour le monde en- tier, le trente-huit centimetres franc^iis semble etre passe a l'etat de mythe. II est certain que l'objectif est sorti de l'atelier depuis pres de vingt ans ; que la lunette est montee dans son tube depuis g6 COSMOS. quatorze ans, qu'il ne lui manquait alors qu'un pied, que ce pied a ete commande a un artiste francais £m:nemment habile, M. Banner, il y ablentot dix ans ; qu'il est presque entierement achevd et monte dans un atelier de la rue de Vaugirard ; qua quelques milliers de francs pres, le prix considerable de sa construction a ete acquittee par l'Etat; tout cela, nous le repetons, est certain. Mais quel jour, quel mois, que disons-nous, en quelle annee prendra-t-il posses- sion de la place qui Vatlend ? Dieu le sait ! Xjn voeu qUe nous avons formule dans notre derniere livraison est deia exauce ; M. Le Verrier nous a annonce qu'il a signe" avec M. Secrelan, successeur de M. Lerebours, un traits pour Installa- tion a l'Observatoire imperial, dans le pavilion reserve a M. Cha- cornac, au prix de 30 000 francs, d'une bonne lunette equatoriale dont l'objectif aura neuf pouces (24 centimetres) de diametre, avec laquelle on pourra voir sans peine les plus petites planetes, et de- terminer a la fois leur ascension droite et leur declinaison. La derniere petite planete, la trente-huitieme et non pas la trente-septieme, commenous l'avons dit par distraction, a reale des postes,: » A dater du "I er Janvier 1855, les facility et reductions de taxes ci-apres exprimees, seront accordees aux imprimis de toute nature expddies de France et d'Algexie a destination tant du royaume-uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, que des colonies et pays d'ou- tre-mer auxquels l'Angleterre sert d'intermediaire, ou qui sont desservis par des p;iquebots britanniques. Les taxes applicables aux journaux, ouvrages pfriodiques, bulletins de Bourse et prix cou- rants, devront etre acquittees en totalite par les envoveurs avant le depart des objets, au lieu d'etre payees en partie par les envoyeurs avant le depart, et en partie par les destinataires a l'arriv£e. Les livres broches ou relies, les brochures, papiers de musique, catalo- gues, prospectus, annonces et avis divers imprimds, graves, litho- graphies ou autographies, qui n'ont pu jusqu'a present etre adres- ses de l'un des deux pays dansl'autre, par la voie dela poste, qu'en supportant la taxe applicable aux lettres du meme poids, seront admis au beni^nYe d'une taxe mod^ree. La taxe a percevoir pour l'affranclnVsement ju>qu'a destination de chaque pays portant une adresse particuliere, et contenant soit un ou plusieurs journaux et autres objets ci-dessus mentionnes, qui sera expedie" de la France oude 1'AlgeVie a destination du royaume-uni de la Grande-Breta- gne et d'Irlande ou de l'ile de Malte, sera r&luite au taux unifoi me de huit centimes par 40 grammes ou fraction de 40 grammes, poids brut. Ladite taxe d'affranchissement sera egalement appli- cable aux objets de meme nature expedies de la France et de 1' Al- gesic par la voie des paquebots francais ou par la voie des paque- bots-po^te britanniques naviguant dans la Mediterranee a destina- tion detous des ports delaTurquie, de la Syrie et de l'Egypte.oula France entretient des etablissements de poste (Constantinople, Gal- lipoli, les Dardanelles, Metelin, Smyrne, Rhodes, Messine, Alexan- drette, Lattaquie, Tripoli de Syrie, Beyrouth, Jaffa et Alexandrie); soit de la Crimee et de la presqu'ile de Kmburn. Le benefice de la moderation de la taxe, dont les journaux ont seuls joui jusqu'a present, sera etendu aux autres imprimes en feuilles, broches ou relies, c'est-a-dire aux ouvrages periodiques, livres, papiers de musique, catalogues, prospectus, annonces et avis divers, imprimes, graves, lithographies ou autographies, qui seront expedies de la France et de l'Algerie pour les colonies et autres pays d'outre-mer, tant par la voie de l'Angleterre que par la voie de I'isthme de Suez. Pour chaque paquet simple, et par paquet simple onentend celui COSMOS. 89 dont le poids n'excede pas 40 grammes, on paye : a destination de la Grande-Bretagne, de l'ile de Malte, de la Turquie et de la Crimee jusqu'a Kinburn, des Etats-Unis de l'Amerique du Nord, voie d'Angleterre par paquebots ameVicains, 8 centimes ; a destina- tion des Antilles franchises et anglaises, voie d'Angleterre, 12 ou 13 centimes ; a destination de Gibraltar, des Agones, des Ca- naries, etc., etdelacote occidentale de l'Amerique du Sud, voie d'Angleterre, 12 centimes ; a destination de la Republique de l'Equateur, du Perou, de la Bolivie, du Chili, des cotes occiden- tals de l'Amerique du Sud, de la Californie, des iles Sandwich, voie d'Ansrleterre, 22 centimes: a. destination d'Aden, des lndes, voie de Suez, 12 centimes. Pour les paquets au-dessus de 40 grammes, il faudra ajouter de •40 grammes en 40 grammes un port simple en sus. Pour jouir des moderations de port indiquees ci-dessus, les im- primes doivent etres affranchis, mis sous bande et ne contenir au- cune ecriture, chiffre ou signe quelconque a la main, si ce n'est 1'adresse du destinataire et l'indication de la voie par laquelle l'en- •voyeur voudra que ces imprimis soient dirige"s. Les imprimes qui ne reuniiaient pas ces conditions seront considdres comme lettres et tiait^s en consequence. Les Merits et ouvrages scientifiques pourront done de"sormais circuler avec une facdite extreme, et les communications entre les savants avec echanges de leurs m^moires, jnurnaux, volumes m'eme n'entraineront plus que des depenses modiques a la charge de l'en- voyeur, sans frais aucuns supportes par le destinataire. » II y a quelques semaines a peine, la poste nous demandait : 1° 12 fr. 50 cent, pour une petite brochure que MM. Schlagintweit nous adressaient des lndes, apres l'avoir cependant couverte de timbres anglais; 2° 25 fr. 70 cent, pour quelques feuilles d'obser- vations mdteorologiques de l'empire d'Autriche, que nous avions demandces a M. Kreil ; 3° 5 fr. 20 cent, pour une livraismi des comptes rendus de la Societe Royale de Londres ; il faut en con- venir, un pared regime etait desesperant, et nous appelions de tous nos vceux la bienheureuse reforme. PHOTOGRAPHIE. RECHERCHES PHOTOGRAPHIQLES SLR LE SPECTRE SOLAIRE ; CHAMBRE OBSCURE A SPECTRE ET QUELQUES-UNES DE SES APPLICATIONS, Nous avons rendu compte dans le temps de queiques experiences faites sur le spectre solaire par M. Crookes ; le savant photographe et physicien etait arrive a des ivsultats si nouveaux et si inatten- dus , qu'il prit alors la resolution de proceder a un examen plus approfondi et plus complet de Taction photogenique des spectres provenant des differentes sources de lumiere, esperant arriver a mieux remonter ainsi aux veVitables causes des phenomenes, et a constituer la photographie a l'etat de science. II a indique , dans la derniere seance de la Societe pbotogra- phique de Londres , la maniere dont il a opere et quelques-uns des resultats auxquels il est parvenu. Nous allons analyser fidelement cette nouvelle communication. Les recherches de MM. Becquerel, Stokes et autres out montre que les verres les plus transparents et les plus limpides sont abso- lument opaques pour les rayons de haute refrangibilite , et que le cristal de roche est pour ces rayons la seule substance vraiment diaphane. II etait des lors necessaire, pour mettre en evidence les effets chimiques de toutes les lumieres de substituer le cristal de roche au verre, afin que l'intensitl d'aucun des rayons ne fut di- minuee par son passage a travers un milieu partiellement, sinon tolementta opaque. La figure ci-jointe, a l'echelle d'un dixieme, donnera une idee de l'appareil ayec lequel M. Crookes obtient un spectre a peu pros fixe ; il designe cet appareil sous le nom de spectrum camera , chambre obscure du spectre. COSMOS. 91 La fente dont les images multiples et superposes forment le spectre est placee horizontalement , et peut etre rendue plus large ou plus ^troite au moyen d'une vis a pas tres-fins ; elle est installee en A a l'extremit^ du tube en laiton AB fixe par des vis sur une base en bois CDE; le tube et la base tournent ensemble autour d'un axe F et peuvent etre fixes sous tous les angles, de maniere a suivre le soleil dans ses variations de hauteur ; on les arrete a la hauteur voulue , au moyen d'un £crou serrd contre l'arc GHK. Une chambre obscure LMN ouverte a ses deux extremity tourne de meme autour de l'axe F, mais par un mouvement ind^pendant de celui du chassis CDE ; on peut aussi la placer a toutes les hau- teurs angulaires, et la fixer contre Tare PQR. Vers l'extremite MN de la chambre, se trouve une rainure pour la glace depolie et le chassis a plaque. Une lentille est fixee a l'extremite B du tube en laiton , et les deux prismes en quartz sont fix£s dans une monture en bois avec leurs angles refringents en bas ; cette monture peut aussi tourner, et independamment, autour de l'axe commun F ; elle peut cependant etre fixee a la base CDE et tourner alors d'un mou- vement angulaire commun avec le tube et la chambre obscure. Le tout est fixe sur un support horizontal mobile ST. Les deux cristaux de roche ont 6t6 admirablement construits par 1'habile artiste M. Darker ; leur angle est de 55 degres, leurs faces refringentes ont 1 pouce 1 dixieme de hauteur sur 1 pouce 8 dixiemes de largeur; ils ont £tc tallies de telle sorte dans le cristal primitif que lorsqu'ils sont amenes a la position du minimum de devia- tion les rayons les traversent dans une direction parallele a l'axe optique du cristal ; on est ainsi a l'abri de l'influence perturbatrice de la double refraction. II est necessaire d'employer deux prismes l'un derriere 1'autre , afin que le spectre ait une bonne longueur qu'un seul prisme ne donnerait pas, a cause du faible pouvoir dispersif. La lentille, plan convexe, est aussi en cristal de roche , ou elle a 1 pouce de diametre , 12 pouces en foyer, et elle est dis- posed de telle sorte que les axes de la lentille et du cristal coin- cident. Pour ajuster l'appareil, on fait d'abord que les rayons du soleil passent le long de l'axe du tube AB et tombent sur les prismes, apres avoir traverse- la fente et la lentille ; on tourne alors la mon- ture des deux prismes autour de F, jusqu'a ce que les rayons r£- fract^s soient devils le moins possible de leur direction primitive ; on fixe alors fortement la monture des prismes sur la base CDE ; la fente alors, la lentille et les prismes conserveront invariablement 92 COSMOS. leur position relative, a quelque hauteur que le tube soit amene. Lorsqu'il s'agit de soumettre une substance a Taction du spectre solaire, on tourne 1'appareil en azimut , en faisant mouvoir le sup- port horizontal ST ; on clove ou Ton abaisse le tube AB jusqu'a ce que les rayons dusoleil le penetrent suivant son axe, ce qui a lieu lorsque l'ombre de A recouvro exactement un espace marque a 1'avance sur la face antcrieure de CD; on eleve ou Ton abaisse a son tour la chambre obscure MNC jusqu'a ce que le spectre se pro- jette au centre de Tehran depoli MN, assez large pour recevoir non- seulement le spectre visible, mais toute Tdtendue considerable sur laquelle s'etale le spectre invisible. On enfunce ou Ton retire la portion glissante MNO jusqu'a ce que les raies fixes de la portion du spectre dont on veut etudier Taction soient parfaitement au foyer : on comprend que les raies des diverges portions aient leur foyer en divers points, puisque leurs refrangibilites sont differentes; on recouvre d'une enveloppe opaque la portion CDE du corps de Tappareil pour enlever tout acces a la lumiere exterieure, on subs- titue le chassis porte-plaque a la glace depolie, la substance qu'il s'agit d'etudier est alors exposed a Tinfiuence des rayons solaires. Le spectre n'etant en rdalite que le r6sultat de la juxtaposition des images multiples de la fente, on comprend que le mouvement du soleil ne peut pas deplacer les raies fixes qui restent toujours au foyer, qu'il ne peut alterer que leur intensite. S'il fallait que la substance restat exposee pendant plusieurs heures a Taction du spectre, on maintiendrait le soleil dans l'axe du tube en faisant tourner de temps en temps et doucement le support ST, puis en elevant ou en abaissant le tube AB, que les prismes et la chambre obscure accompagnent dans son mouvement ; en operant ces petits displacements toutesles deuxoutrois minutes, on obtiendra la fixite' necessaire. Cet appareil a permis a M. Crookes d'etendre ses recherches bien au dela de ce qu'il aurait pu atteindre avec ses premiers, moyens. II a consacre a ces observations tous ses moments de loisir depuis plus de deux ans, mais il ne les trouve pas encore assez com- pletes pour qu'il puisse etre sur en les publiant de ne donner que des resultats certains ; il se contente aujourd'hui de signaler quel- ques fa its curieux. I. M. Crookes, charg^ d'enregistrer photographiquement les ob- servations meHeorologiques de TObservatoire d'Oxford, avait long- temps etudic la meilleure composition a. donner au bain dans lequel il iodurait ses feuilles de papier cire\ Des experiences nombreuses. COSMOS. 93 faites avec sa chambre-spectre l'avaient convaincu que l'iodure d'argent obtenu par double decomposition, au moyen du nitrate d'argent et de l'iodure de potassium pur, £tait le bain qui donnait la meilleure surface sensible ; et cependant quand il se servit de ce bain dans ses operations quotidiennes de photographic meteorolo- gique, il fut tout surpris de ne pas obtenir les resultats sur lesquels il avait compte. La cause dece desappointement fut facile a trouver; les experiences qui l'avaient conduit a adopter l'iodure d'argent avaient ete faites a la lumiere .solaire, et dans son laboratoire il operait a la lumiere du gaz ; ne pouvait-il pas, ne devait-il pas exister une tres-grande difference entre ces deux lumieres ? Une comparaison directe prouva que la difference existait et qu'elle etait considerable. Dans le spectre solaire les rayons situes vers la raie G et au dela, c'est-a-dire les rayons indigo ou d'une rc'frangibilite plus elevee, sont si intenses et si nombreux, qu'en comparaison les rayons situes entre F et G, c'est-a-dire les rayons bleus ou verts, ceux qui affec- tent plus vivement le bromure d'argent que l'iodure d'argent, sont comme sans action ; pour cette lumiere done l'iodure d'argent est preferable. Au contraire, dans la lumiere du gaz la grande masse ou faisceau des rayons photog^niques se trouve entre les limites du spectre visibles, et par la meme Taction de cette lumiere est beau- coup plus energique sur le bromure que sur l'iodure d'argent. La pratique a continue pleinement cette donnce de l'experience, car en ajoutant un peu de bromure de potassium au bain iodurant, M. Crookes a vu ses impressions s'ameliorer notablement. II faut pour obtenir le meilleur resultat possible que les deux sels soient dans une certaine proportion : si l'iodure de potassium est en exces, le sel d'argent resultant manquera de sensibilite ; pour rendre l'i- mage visible il faudra developper beaucoup plus longtemps ; si e'est au contraire le bromure qui domine, l'image manquera de vigueur, elle sera rouge et transparente ; lorsqu'on a atteint la proportion convenable, le papier est extremement sensible, l'image presente un aspect noir tres-vigoureux sans aucune tendance au rouge. II. L'emploi de la chambre-spectre l'a beaucoup servi dans une autre circonstance, alors qu'il s'agissait de choisir le verre a fixer dans le volet de son laboratoire photographique pour l'eclairer. II fallait a la fois et obtenir une lumiere abondante et farmer tout acces aux rayons chimiques ou photogemiques. On se Start assez ordinairement dans ce but d'un calicot jaune, mais e'est la plus mauvaise matiere qu'on puisse imaginer ; une seule epaisseur laisse 94 COSMOS. passer de la lumiere blanche ; ce n'est qu'en multipliant les £pais- seurs qu'on peut arreter les rayons chimiques, mais ces epaisseurs multiples diminuent en uierae temps l'intensitc de la lumiere jaune transmise. En examinant au spectre un grand nombre de plaques de verre de differentes nuances, M. Crookes en a trouve plusieurs qui repondent parfaitement a son but. Parmi les verres il a fait choix d'une couleur orangee sombre qui donne les meilleurs re"sultats. Ce verre est absolument opaque pour les rayons situ^s apres la raie E de Fraunhofer, depuis le vert jusqu'au violet et au dela ; il transuiet avec une grande facilite les rayons visibles d'une reTran- gibilite moindre. II a fixe au volet de son laboratoire un morceau de ce verre d'environ un pied carre' , et , quoique le matin les rayons directs du soleil , apres avoir traverse" la vitre, tombent sur le bain et quelquefois meme sur la glace collodionnee qu'on sen- sibilize , ils ne les impressionnent nullement , et ne peuvent par consequent causer aucun echec. Ainsi, tandis qu'au point de vue de la security ou de 1'arret des rayons photogeniques , cette plaque de verre fait l'effet d'au moins quatre ou cinq epaisseurs de calicot jaune , elle procure une lumiere incomparablement plus intense et un travail beaucoup plus agreable : quand le soleil brille, le labo- ratoire est e^claire dans tous les coins et recoins comme il le serait par la lumiere diffuse. III. Dans plusieurs occasions, en regardant avec soin les images photographiques du spectre prises dans le cours de la journ£e , M. Crookes fut frappe du bien plus grand nombre de rayons de re- frangibilite croissante qu'il obtenait a mesure que le soleil s'dlevait. La longueur du spectre, al'extr&nite la plus refrangible, paraissait exactement proportionnelle a la hauteur du soleil au-dessus de l'ho- rizon. Ce fait semblait mettre en evidence une action absorbante exercee par l'atmosphere solaire sur les rayons de plus grande re- frangibilite\ II a suffi d'une observation tres-courte pour se convaincre que c'estbien ce qui a lieu, car, meme une demi-heure apres midi, la seule vue de la plaque prouve que des rayons qui traversaient sans peine Tatmosphere lorsque le soleil etaitau meridien , sont mainte- nant arretes au passage. De meme qua toutes les saisons le spectre de midi contient des rayons de r^frangibilite plus eMevees que les spectres des autres heures delajournee, de meme le spectre de midi au solstice d'ete contient plus de rayons refrangibles et des rayons de plus grande refrangibilite" que les spectres de midi des autres saisons de l'annee. COSMOS. 95 Cette assertion est pleinement confirmee par les faits , c'est-a-dire par la comparaison directe des spectres de midi obtenus dans la chambre-spectre. En partant da printemps et produisant des series d'images de spectres , on voit qu'a mesure que la lumiere du soleil tombe moins obliquement a travers l'atmosphere, de nouveaux rayons apparaissent sans cesse , jusqu'a ce que le soleil , le jour du solstice d'ete, arrive au meridien; on obtient alors des raies que Ton n'aurait jamais pu decouvrir a toute autre epoque, quelque longue qu'eut ete l'exposition a la lumiere. Ces faits amenent a formuler diverses questions tres-dignes d'in- teret. En operant avec un soleil vertical ou au zeniih , et par un ciel tout a fait sans image, arriverait-on a augmenter encore la lon- gueur du spectre? Atteindrait-on dans cette direction la limite des rayons refrangibles solaires? On bien n'est-il pas plus probable qu'il emane du soleil des torrents de rayons qui n'atteignent jamais la terre, qui sont dt^truits, arretes, convertis en d'autres modes de force, des qu'ils rencontrent les couches superieures de l'atmosphere; ou dont l'energie vibratoire nous est transmise aves des longueurs d'onde plusgiandes, une refrangibilite diminuee, sous forme decha- leur et de lumiere. ( Bulletin de la Societe pliotographique de Londres , livraisoti du lundi 21 Janvier. ) PHOTOGRAPHIES MICROSCOPIQUES. Dernierement , a Manchester (Angleterre) , on a expose* des photographies micro scopiques qui ont ete fort admirers. L'une d'elles, de la grosseur d'une tete d'^pingle, a ete examinee a l'aide d'un microscope qui grossissait cent fois. On trouva quelle repre- sentait un groupe de sept portraits de la famille de l'artiste , dont la ressemblance etait frappante. On a expose en meme temps une autre photographie microscopique de dimensions encore plus exi- gues.representant une inscription murale erig£e a la memoire de William Sturgeon , auteur de differentes decouvertes electriques, par ses amis de Manchester, dans l'eglise Kerkby Lourdales. Cette petite inscription ne couvrait que la dix-neuf centieme partie d'un pouce carre superficiel, et contenait six cent quatre- vingt lettres, dont chacune etait distinctement visible au mi- croscope. ACADfillE DES SCIENCES. SEANCE DU 21 JANVIER 1856. II nous est absolument impossible d'entendre une phrase, un ti- tre, un nom, un mot, de la correspondance depouillde a voix tres- basse par M. Elie de Beaumont. La portion la plus brillante autre- fois, la plus interessante des stances de l'Acadeniie est done r£- duite presquo absolument ii rien, elle ne consiste plus que dans une nomenclature rapidc et insaisissable ; nese sentant plus domi- r\4s par 1'eclat d'une voix forte et assuree, les bruits des conversa- tions particulicres prennent sans cesse plus d'intensite\ — ■ M. de Senarmont lit un tres-savant et tres-important me- inoire plus theorique qu'experimentale, jusqu'a nouvel ordre du moins, sur les phenomenes de la double refraction qu'd a voulu analyser d'une maniere toute particuliere. Jusqu'ici on n'avait en quelque sorte etudie ce phenomene que par morceaux, en mesurant ou calculant quelques directions parti- culicres de la marche des rayons doublement rcfractes ; la methode suivie par M. de Senarmont permettra de l'etudier dans son en- semble et dans toute sa continuity. Elle consiste essentiellement dans l'observation de ce qu'on appelle les iris ou les arcs colores de la reflexion totale; elle prend pour point de depart cette expe- rience de Newton : Si Ton tient un prisme pres d'une fenetre dans une position convenablp, on verra sa surface inferieure divisee en deux parties, dont l'une est beaucoup plus brillante que l'autre; sur Tune, les rayons out subi la reflexion partielle ordinaire; sur '■'autre, les rayons ont subi la reflexion totale. Les deux portions ■s-jnt s^parees par une bande courbe a la fois et coloree ; elle est courbe parce que les rayons situ£s hors de la section principale su- bissent une plus grande deviation ; elle est coloree, parce que la reflexion totale commence sous differents angles pour les rayons de diverses couleurs. - Cette bande est precisement l'iris ou arc de la reflexion totale. Considerons maintenant deux milieux, l'un sim- plement refringent, l'autre doublement reTringent, et superposons le second au premier; placons dans le premier milieu un point lumi- neux qui envoie ses rayons a la surface de separation des deux milieux. Les rayons qui tombent presque normale merit sur la sur- face de separation, penetreront dans le premier milieu en se rdfrac- tant; mais a mesure que l'incidence sera plus oblique, que Tangle d'incidence approchera plus de Tangle limite, la refraction tendra a se changer, etse changera enfin en reflexion totale ; Tceil convena- COSMOS. 97 blement place verra alors apparaitre des arcs colores ou des iris analogues a ceux de Newton ; et si, comme nous l'avons suppose", le second milieu est doubleuient refringent, il y aura deux angles limites et par suite deux iris. Dans son memoire, dont nous reproduirons intdgralement les cconclusions, M. de Senannont discute la position et les formes de ces iris qui sont en general Tun circulaire, V autre ecliptique, et considere tour a tour le cas ou le cristal est a un ou deux axes, en tenant compte des diverses directions du rayon incident, par rap- port aux deux ou trois axes principaux de la surface de l'onde. Nous avons ditque cette belle elude est plutot theorique qu'experimen- tale, parce qu'il est tres-difficile de trouver des substances qui rempiissent toutes les conditions necessaires a l'apparition des iris ; elles doivent avoir un indice de refraction assez faible et etre en meme temps doublement refringentes dans un degre assez elevd; en prenant cependant pour second milieu le sulfure de carbone, M. de Senannont a deja obtenu quelques bons resultats. Nous n'entrerons pas aujourd'bui dans plus de details, parce qu'il s'agit d'un sujet tres-delicat, qu'il serait temeraire d'aborder avec des notes prises au vol. — M. Le Verrier annonce d'abord a 1'Acadcmie que, par une decision toute recente des Ministres de l'instruction publique et de la guerre, l'Observatoire meteorologique d'Alger vaetre enfin de'fi.- nitivement constitue, et constitue par lui M. Le Verrier. L'etd der- nier, ne se souvenant plu.; de la consultation adressee a l'Acade- mie au sujet de la fondation d'Observatoires meteorologiques en Algerie ; n'entendant pas parler de la commission chargde de donner cette consultation ; a mille lieues, de penser qu'elle feraitprochaine- ment son rapport, M. Le Verrier avait expose dans une lettre a M. le Ministre de la guerre la necessite de la creation a Alger d'un centre d'observations meteorologiques et magnetiques. Bien certain qu'une r^ponse satisfaisante serait faite a sa demande de creation, il avait fait construire a l'avance les instruments indispensables, ba- rometre, thermometre, hygrometre, magnetometre, etc.; toutetait done pret lorsque la decision ministerielle lui est enfin parvenue ces jours derniers. M. le Ministre de l'instruction publique prend sur le budget de son d^partement la somme suffisante a payer les instru- ments meteorologiques, le Ministre de la guerre donne les instru- ments magnetiques. Tres-heureusement les futurs employes de l'Observatoire d'Alger se trouvaient a Paris dans l'automne de 1855, et ils ont pu faire a yb C0SM06. l'Observatoire imperial une sorte d'apprentissage serieux. lis ont appris a manier parfaitement les instruments meHeorologiques et a faire toutes les observations astronomiques qu'entraine la determi- nation des composantes du magnetisme terrestre ; il ne leur reste plus qu'a. entrer enfonctions; M. Le Verrier declare a 1'avance qu'on peut et qu'on doit avoir confiance dans leur habilete et leur zele. — L'infatigable directeur de l'Observatoire annonce ensuite une nouvelle plusimportanteencore.cellede larestauration complete des etudes magnetiques a l'Observatoire de Paris. D^sormais on obser- vera regulierement la deklinaison, l'inclinaison, l'intensite du ma- gnetisme terrestre, et on les observera dans toutes les particula- rites de leur manifestation. Pour na parler ici que de la declinai- son, elle subit quatre especes de variations : 1° la variation secu- laire, en vertu de laquelle l'aiguille, apres s'etre £cartee de plus en plus vers l'ouest, revient, comme elle le fait actuellement , vers le nord, deviera ensuite de plus en plus vers Test pour revenir encore au nord; 2° la variation annuelle, qui est la quantity dont l'aiguille avance annuellement vers Vest ou vers l'ouest, suivant que sa d£- clinaison estoccidentale ou orientale, ou dont elle revient vers le nord; 3° la variation diurne toujours tres-petite, mais incontes- table et reguliere, qui consiste dans des ecarts periodiques a droite et a gauche de la position normale, maxima et minima; 4° les va- riations accidentelles, passageres, irre"gulieres, comme celles qu'a- menent les ruptures d'^quilibre de l'electricite" atmospheVique, les aurores boreales, etc., etc. Les observations des deux premieres sortes de variations se fontde temps en temps, d'annee en annee, avec des instruments speciaux ; mais pour les variations diurnes et accidentelles, il faut absolument, dans Ntat actuel de la science, des appareils enregistreurs, et les plus excellents sont ceux qui en- registrent a l'aide de la photographie ; ils fonctionnent deja a l'Ob- servatoire et dela maniere la plus satisfaisante, comme M. Le Ver- rier leprouvera dans l'unedes prochaines seances de l'Acade'mie. Mais pour pouvoir entreprendre la serie reguliere des nombreuses observations dont nous venons de parler, il y avait avant tout une grande operation a realiser, une veritable campagne magnetique a faire ; il fallait arriver a connaitre si les enormes quantites de fer qui sont entrees dans la construction primitive de l'Observatoire, ou qui y ont ete amenees depuis , par la construction, par exemple, de la grande coupole de la future lunette ^quatoriale, ne sont pas une cause telle de perturbation qu'il soit difficile, sinon impossible, COSMOS. 99 de determiner les composantes et les variations de la force magne- tique ; il importait surtout de savoir si les declinaisons et les incli- naisons observees dans les pavilions extremes de Test et de l'ouest comprenaient entre elles la declinaison et l'inclinaison veritables, de telle sorte qu'il fut possible de trou'ver entre ces deux pavilions, soumis a des influences oppos6es, une sorte de point neutre ou zero, oix les observations donneraient les composantes veritables ; il fallait enfin, en placjmt tout au pire, en supposant que les in- fluences contraires ne se neutralisent nulle part, dans les cabinets ou sur la terrasse, arriver a connaitre exactement ce qu'on pourrait appeler la correction magnetique de 1'Observatoire imperial ; la quantite" dont il faut augmenter ou diminuer les mesures prises dans chacun des cabinets pour avoir les declinaisons, les inclinai- sons et les variations veritables. Or, voila le grand travail, la brillante campagne que MM. Goujon et Liais viennent d'exdcuter sous les ordres de M. Le Verrier. II ne leur a pas 6te difficile d'abord de s'assurer que les aiguilles ai- mantees des appareils etaient fortement influencees par les masses de fer accumulees dans l'edifice de 1'Observatoire. S'avanc,ant alors progressivement vers le nord ou le sud, ils sont enfin arrives aux limites de la zone ou l'influefice du fer de 1'Observatoire et du fer de Paris deviennent complement insensibles, oil les composantes observees sont celles de la nature. Ces limites ddterminees, MM. Goujon et Liais se sont transported successivement en diverses stations des environs de Paris ; ils y ont installe une tente que le marechal Vaillant avait mise a la disposition de M. Le Verrier ; ils ont relie les diverses stations par une triangulation rigoureuse avec 1'Observatoire, de maniere a connaitre exactement la difference de longitude entre la meridienne du lieu et la meridienne de l'axe du cercle meridien de Gambry. De ces observations multiples, faites dans diverses directions, qui se controlaient les unes les autres, et apres elimination des influences exerce'es par la temperature, ils sont arrives aux resultats suivants : Le sept septembre 1855 a 2h 30' apres-midi, la boussole des variations diurnes marquant 35°, la declinaison vraie , tout a fait independante des perturbations exercees par le fer de 1'Observa- toire et le fer de Paris, etait de 19° 57' 45". Or, a cette meme heure, la declinaison etait : l°dans l'ancien pavilion ouest de la ter- rasse de 20° 0' 6" avec un excesde2' 2" sur la declinaison vraie ; 2° dansle pavilion central, de 20° 4' 24" avecunexces de 6' 39"; 3° dans le pavilion nouveau ou fonctionnent les instruments actuels, 10Q COSMOS. de 20° 5' 57" avec un exces de S' 9"; 4° enfin dans le pavilion ouest, de20°6/ 22" avec un exces de8' 37". Ces nombres doivent inspirer une confiance absolue parce qu'ils sont le resultat d'obser- vations et de mesures souvent repetees, et faites ou prises avec le plus grand soin. lis prouvent : 1° que la declinaison vraie n'est pas comprise entre les declinaisons observers dans les divers pavilions de la terrasse de l'Observatoire ; 2° que pour deduire des observa- tions faites dans le pavilion des instruments actuels la declinaison veritable, il faut du nombre de l'observation faite au moment oil la boussole des variations marquera 35". 00, retrancber 8' 9"; 3° que les observations faites anciennement dans le pavilion ouest, en sup- posant toutefois que les influences du fer de l'Observatoire ou de Paris fussent alors ce qu'elles sont aujourd'hui, sont trop fortes de6'39". M. Velpeau presente a l'Academie, au nom d'un savant m£- decin de Munich, M.Pennikofer, si nous avons bien entendu lenom, deux ouvrages, dont l'un sur le cholera est vivement recommande" par M. Liebig a l'attention de l'Academie. L'auteur aurait surtout eludie" les rapports de la terrible maladie avec la constitution geV lo°iquedeslieux, comme l'ont deja fait avant luiMM. Fourcault, Neree Boubee, etc., et il serait arrive a constater sinon quelques lois generates d'une grande importance, du moins des faits cons- tants et d'un grand interet. M. Velpeau presente en outre, au nom de M. Carret, deCham- bery, un opuscule renfermant la description d'un nouveau mode de bandage inamovible pour le traitement des fractures de lajambe. La premiere idee des bandages inamovibles appartient ineontesta- blement a Larrey, qui en fit un excellent emploi dans pes cam- pagnes de l'Empire. Ce procede fut perfection!^ plus tard par M. Seutm, celebre chirurgien beige, qui eut le premier l'idee de substituer l'amidon au platre comme matiere solidifiantc ; le ban- dage devint ainsi plus simple et plus solide, En 1837, M. Velpeau, generalisant la methode de MM. Larrey etSeutin, perfectionnant quelque peu le bandage amidonne de ce dernier, osase poser alm- njeme ce probleme : une fracture de jambe etant donnee, la reduire et la maintenir, de telle sorte que le malade puisse se lever et mar- cher le lendemain; il se flatta de l'avoir resolu. Sans vouloir sanc- tionner ses pretentions quelque peu exagerees, l'Academie, a la- quelle il n'appartenait pas alors, loua son zele et sa hardiesse. De- puis cette ^poque, les bandages inamovibles sont entr&s dans la pratique journaliere, et n'ont pas cesse d'etre perfectionnes. On a COSMOS. 101 substitue" tour a tour a l'amidon, la dextrine de M. Velpeau, le gypse ou platre amylace de M. Lafargue, c'est-a-dire le platre mele" a poids £gal a l'empois ordinaire ; la pate de papier de M. Lau- gier ; plus tard on a eu recours a la gutta-percha, etc. Mais M. Car- ret a eu une idee beaucoup plus simple et plus heureuse : il prend pour faire son bandage inamovible une feuille de carton un peuepais et spongieux ; il le ramollit dans l'eau et le nioule sur le membre fracture ; le carton en sechant et se retirant comprime la jambe, ramene, meme, s'ils ne l'etaient pas , les os a leur veritable place, regularise le contact des extremites fracturees, et les maintient; la guerison alors s'operecomme par enchantement. C*est evidemment lebandage inamovible reduit a sa forme la plus exeellente, et enmeme temps la plus economique, la plus facile a realiser partout. Si les es- perances concuesparM. Carret se realisent , silesautreschirurgiens emploient sa niethode avec les memes avantages et les meme succes que lui, un grand progres sera accompli. Comme la brochure de M. Carret est imprimee, elle ne peut pas etre l'objet d'un rapport, mais il importe grandement que le bandage en carton soit essaye dans nos hupitaux. — M.Elie de Beaumont presente au nomde M.Sedgwick, celebre geologue et professeur de Cambridge, deux volumes intitules : Des- cription et classification des terrains paleozoiques tie la Grande- Bretagne ; cet ouvrage est accompagne de cartes geologiques exe- cutees avec le plus grand soin. — M. Cruveilhier lit un memoire sur une maladie grave et trop peu connue qu'il d^signe sous le nom d'ulcere simple de l'estomac, tres-different de l'ulcere canc^reux. L'existence de cette maladie ne peut pas etre revoquee en doute ; l'ulcere simple peut se cica- triser ; mais, meme apres la cicatrisation, on voit souvent se pro- duire des accidents graves, dont les principaux sont l'hemorragie et la perforation de l'estomac. Le savant praticien ne craint pas meme d'affirmer que dans le plus grand nombre des cas les vomis- sements noirs, les hemorragies et les perforations que Ton attribue a l'ulcere cancereux, sont les resultats de l'ulcere simple. Dans un second memoire, l'auteur exposera les caracteres anatomiques aux- quels, au lit du malade, on peut diagnostiquer un ulcere simple, ses symptomes, sa marche, les moyens de le guerir. — M. Poncelet presente au nom du celebre ingenieur de Man- chester, M. Fairbairn, present a. la seance, un volume d'un grand interet intitule : Renseignements usuels pour les ingenieurs . — M. Brown Sequard lit une suite a ses recherches sur les le- 102 COSMOS. sions de la moelle epiniere, les ph^nomenes ou les accidents aux- quels elles donnent naissance. — M. Tessier, de l'Academie des inscriptions et belles-lettres, lit une note fort interessantesur les moutons de la Caramanie, leur regime alimentaire, leurs qualites precieuses, la rapidite avec la- quelle ils se sont propages dans la Cappadoce, la Perse et presque tout l'Orient.Ce qu'il y a de plus remarquable chez cette espece de la race ovine, c'est sa queue tresgrosse et tres-lourde, qui pese quelquefois jusqua 6 et 10 kilogrammes. Herodote parlait deja de moutons qu'on Etait oblige d'atteler a de petits chars sur lesquels reposait leur queue, que, sanscetjartifice, ilsn'auraient pas pu por- ter. On voit beaucoup de ces animaux au cap de Bonne-Esperance, et l'onpeut dire que le mouton-grosse -queue tend a remplacer les autres especes ; M. Tessier croit qu'ils reussiraient tres-bien dans la Sologne et le Berry. Sans etre aussi fine que celle du mouton ordi- naire ou du mouton merinos, sa laine sert a beaucoup d'usages. — M. Peligot est parvenu a produire l'uranium pur et fondu avec des caracteres metalliques, en substituant le sodium au po- tassium dans le traitement du protochlorure d'aluminium. Ce metal, quoique dur, est facilement raye par l'acier ; il est assez malleable ; sa couleur se rapproche de celle du nickel et du fer ; il se ternit assez promptement a l'air ; chauffe" au rouge, il s'oxyde avec une vive incandescence ; sa densite" est 18,4, c'est le plus lourd des corps connus apres le platine et l'or ; ce qui explique son Equivalent si eleve. — M. Despretz presente au nom de M. l'abbe Paramelle, le si celebre ingenieur hygroscope, son livre intitule : l'art de decouvrir les sources, in-8°. M. Despretz prie l'Academie de remarquer que M. l'abbe Paramelle ne decouvre pas les sources par des moyens empyriques ou mysterieux, maispar une veritable theorie physique, fondee sur les faits les mieux etablis de la geognosie, et qui dans chaque application suppose l'observation la plus attentive de la constitution et de la disposition des terrains. Cette theorie faitcon- naitre a peu pres toutes les sources cacbies, la ligne que chacune d'elles parcourt, sa profondeur et son volume; elle aete experimen- tee pendant vingt-cinq ans dans quarante departements et plus de quarante mille localit^s ; elle n'est pas infailhble, mais on peut affir- mer qu'appliquee par son auteur, elle a constamment reussi douze fois sur treize. Nous reviendrons sur cette question. I VARICES. DE QUELQUES PR0CEDES NOUVEAUX POUR DOSER L AZOTE DES NITRATES*, QUEL EST LE ROLE DES NITRATES DANS LECONOMIE DES PLANTES ; PAR M. GEORGES VILLE. Nous venons bien tard analyser le nouveau Memoire pr£sente a I'Academie des sciences , par M. Georges Ville , dans la seance du 3 de'cembre dernier. Les questions qu'il traite, et que le titre de cet article 6nonce suffisamment , sont cependant dminemment interes- santes et tout a fait a l'ordre du jour ; elles ont d'ailleurs toutes nos sympathies , comme nous l'avons deja prouve dans plusieurs circonstances. Nous avons fait notre la cause du jeune et savant chi- miste qui pose et resout ces questions, parce que dans notre conviction profonde cette cause est celle de la verite, de la justice et du talent. Le retard dont nous nous accusons aura cependant son bon cote; il nous permet de constater que M. Ville a fait de grands progres, non-seulement au sein de son magmfique laboratoire de Grenelle, mais encore a I'Academie et dans l'opinion publique. Quelques-unes de ses assertions sont encore enveloppees d'ur.e certaine obscurite ; mais qu'onsoit sans inquietude, la lumierese ferabientot! Quelques mois encore, et le dernier mot sur l'absorption de l'azote par les plantes sera dit : la grande controverse aura fini , force sera de se rendre a l'evidence des faits. I. La premiere partie du Memoire que nous avons a. faire con- naitre est purement chimique ; il s'agit de nouvelles methodes de dosage de l'azote , applicables a tous les cas de chimie vegetale. M. Ville en propose trois, fondees sur la reaction suivante introduite dans la science par M. Pelouze : Si 1'on fait bouillir une dissolution acide de protochlorure de fer avec du nitrate de potasse, il se produit du perchlorure de fer, et tout l'azote de l'acide nitrique se degage a l'etat de bi-oxyde d'azote; on a en effet AzO5 -f 6FeCl -j- 3C1H = AzO2 + 3Fe2Cl3 -f 3HO. 1" procede. Le bioxyde d'azote ne de la reaction de M. Pe- louze, meld a un exces d'hydrogene, et que Ton fait passer sur de la mousse de platine a une temperature voisine du rouge, se change en ammoniaque ; en dosant 1'ammoniaque, on aura done dose 1 a- zote et le nitrate. Ce premier procede est excellent, lorsqu'il s'agit de doser des quantites de nitrate de potasse tres-petites, de 5 cen- tigrammes au plus, ou renfermant moins de 8 milligrammes d'azote. 104 COSMOS. Dans ces limites , l'dcart entre les nombres de l'experience et les nombres de la theorie ne depasse pas ou n'atteint pas *2 dix-mil- liemes de gramme, et, ce qui est tout a fait essentiel , la presence d'unematiereorganiquequelconque, le tannin, l'acideoxalique,etc, n'altere en rien la certitude de ses indications. Au dela de ces limites, au contraire, on eprouve des pertes qui augmentent avec la quantite de nitrate soumise a l'analyse. 2e precede. Le bioxyde d'azote ne" de la reaction de M. Pelouze, melc a un exces d'hydrogene sulfure, et que Ton fait passer sur de la chaux sodee a une temperature voisine du rouge, se change en ammoniaque ; en dosant cette ammoniaque, on dose par consequent l'azote et le nitrate. La transformation du bioxyde en ammoniaque s'opere avec une nettete- remarquable ; le procede reussit alors meme que la quantite de nitrate est considerable, de 7 ou 8 decigrammes ; le succes du dosage n'est pas entrave par la presence des matieres organiques, les differences entre les nombres de la theorie et de l'experience n'ont jamais depasse 7 dix-milliemes de gramme. Lors- qu'il s'agit de quantites de nitrate tres-iaibles, M. Ville donne la preference au premier procede , a l'hydrogene et a la mousse de platine, parce que le meme tube sert a peu pies indefiniment. 3° procede. Le bioxyde d'azote ne de la reaction de M. Pelouze, et que Ton fait passer dans un tube rempli. de cuivre metallique a la temperature du rouge naissant, se change en azote gazeux : en dosant l'azote, on a dose le nitrate. Ce dernier procede, aussi exact et aussi simple que les precedents , est moins commode et moins expeditif, parce que pour chasser le gaz qui adhere a la surface du cuivre il faut faire passer pendant tres-longtemps dans le tube un courant d'acide carbonique ; il faut meme, pour plus de surete, que le courant d'acide carbonique soit entretenu pendant tout le temps de la reaction du nitrate sur le protochlorure de fer. Au reste, dans les deux premiers precedes, il faut aussi ne chauffer, pour operer la reaction du nitrate sur le protochlorure, qu'apres avoir chasse" l'air au moyen d'un courant d'hydrogene. M. Ville a l'habitude d'entre- tenir le courant pendant toute la duree de la reaction ; dans ce but, il a imagine et fait construire une lampe philosophique de forme nouvelle et tres-efficace, que nous regrettons de ne pouvoir d^crire. II rend hommage, en finissant, ii M. Pelouze et a M. Schlesing: il reconnait que leurs Memoires sur l'essai du salpetre et le dosage des nitrates l'ont beaucoup aide dans ses recherches. II. Quel est le role des nitrates dans l'economie des plantes? Depuis quelques ann£es , on se preoccupe beaucoup du role que COSMOS. 105 les nitrates jouent dans l'economie des plantes ; on se demande s'ils ont une influence favorable sur la vegetation ; si les bons effets qu'on a retires de leur emploi en agriculture sont dus a l'azote de l'acide ou a l'alcali de la base ; en un mot, si les nitrates agissent comme un engrais azote ou comme un amendement alcalin. Enumerons d'abord rapidement les idees emises on les faits cons- tates par MM. Liebig, Kuhlman, Gilbert et Lawes, Isidore Pierre et Bineau : M. Liebig pense que la formation spontanea des nitrates est un phenomene sans importance pour la vegetation Si ces nitrates ont donne comme engrais de bons resultats , rien ne prouve qu'il faille les attribuer a l'acide plutot qua la base. M. Kuhlman attribue aux nitrates et a la nitrification un role con- siderable : meles aux matieres organiques en voie de decomposition, ils se decomposent eux-memes , leur azote passe de 1'eHat d'acide nitrique a I'etat d'ammoniaque ; une partie de cette ammoniaque est assimilee par les plantes, l'autre tend a se degager dans l'air ; mais, parvenue aux couches superficielles du sol , sous l'influence de sa porosite, et de l'oxygene de l'air, celle-ci se transforme de nouveau en acide nitrique que les eaux de pluie ramenent dans les couches mfe- rieures, ou la decomposition recommence. Dans une terre a culture reguliere, il y aurait done, suivant M. Kuhlman, un double travail : a la surface ; production permanente de nitrate ; dans les couches inferieures, transformation des nitrates en ammoniaque ; mais dans aucun cas les nitrates ne seraient assimiles par les plantes ou ne edderaient directement leur azote aux plantes. MM. Gilbert et Lawes, en Angleterre ; M. Isidore Pierre, en France, out constate de leur cote les bons effets des nitrates sur les prairies, mais sans se preoccuper de l'origine des nitrates ou de leur mode d'action. M. Bineau, de Lyon , a demontre : 1° que l'eau de pluie et de presque tous les cours d'eau de la vallee du Rhone contientdes nitrates ; 2° que les conferves qui naissent spontanement dans l'eau de pluie en font disparaitre une partie de ces nitrates; 3° que lorsqu'un cours d'eau se jette dans un marais ou un lac envahi par des plantes aquatiques, on trouve notablement plus de nitrate dans l'eau du cours d'eau que dans l'eau du marais ou du lac. M. Bineau a en outre formule et applique un procede de dosage des nitrates, fonde sur la coloration qu'un volume invariable d'eau produit , lorsqu'on y ajoute un exces d'acide sulfurique et qu'on verse dans le melange quelques gouttes d'une dissolution de sulfate de fer ; mais il a com- 106 COSMOS. pletement garde le silence sur la maniere dont l'acide nitrique est absorbe" par les plantes. Cette enumeration prouve que les nitrates ajoutes au solactivent la vegetation, mais qu'on n'est pas d'accord sur la cause et le me- canisme de cette influence ; qu'au fond meme on ne la connait pas. Ce premier fait a ete confirme par les experiences recentes de M. Boussmgault, dont nous avons donne une idee complete. II est un second fait que personne ne songe a r^voquer en doute : e'est qu'il est des plantes, la betterave, la bourrache, le tabac, etc., dont laseveoule tissu contiennent des nitrates, et en particulier du nitrate de potasse, en assez grande proportion. Ces nitrates vien- nent-ils tout formes du sol, entraines par les liquides que les racines absorbent? Au contraire, se forment-ils dans le vegetal lui-meme? Sont-ils, en quelquesorte, le produit de son activite oude la faculte qu'il possede de determiner par sa vitalite la combinaison des elements de ce sel introduits separement dans son organisme I Per- sonne ne sait encore laquelle de ces deux opinions est l'expression du fait de la nature. Cela pose, les deux questions que M. Ville s'est propose de re- soudre sont celles-ci : Les nitrates agissent-ils bur la vegetation, et comment agissent-ils? Quelle est la veritable origine ou le mode de formation des nitrates au sein de certaines plantes! Quoique ses re- cherehes dans cette direction soient tres-nombreuses et tres-com- pletes, il n'en a guere donne qu'un aper9u vague. Le 13 aout 1855, trois mois avant la communication de M. Boussingault, M. Ville deposaita l'Academie un paquet cachete, renfennant le r£cit abrege de deux experiences ayant eu pour but de mettre en Evidence, Tune l'efficacite des nitrates, l'autre leur mode d' action. Voici la premiere : le 20 mars, on a prepare huit pots remplis d'un sol artificiel, prepare avec des proportions determinees et con- nues, de briques calcinees, de sable blanc calcine, de sulfate de cbaux, de phosphate de chaux monobasique, de phosphate de ma- gnesie cristallise, de phosphate de potasse, de chlorure de sodium, de silicate de potasse, de silicate de soude, de sous-carbonate de fer hydrate. On a divis^ ces huit pots en quatre series de deux chacune, les pots de chaque sdrie £tant d^signes par les lettres AA', BB', CC, DD', EE'. Dans les pots AA' on n'a rien ajoute aux melanges indiques plus haut; dans les pots BB' on a ajoute 48,015 de semence de lupin, qui contenait 0^,238 d'azote ; dans les pots CC on a ajoute Is, 72 de nitrate de potasse, contenant aussi 06,238 d'azote; dans les pots DD'on a ajoute 0^,908 de sel am- COSMOS. 107 moniac, contenant 0^,238 d' azote; enfin, dans les pots EE', on a aioute 0*5,68 de nitrate d'ammoniaque, contenant encore 0s,238 d'azote. Le 20 mars, on a seme dans chaque pot 20 grains d'un gros ble jaulard blanc. Des le commencement de l'experience, les pots qui contenaient le nitrate de potasse ont pris un avantage marque sur tous les autres. Entre les pots ou il n'y avait que du sable et les pots ou il y avait du nitrate, la comparaison n'etait pas pos- sible. Aujourd'hui 14 aout, lesbles sont en epis, et les pots CC\ qui contenaient le nitrate de potasse, presentent une vegetation beaucoup plus belle que toutes les autres, qui ont recu, neanmoins, la meme quantite d'azote. Voici la seconde experience : » le25 juin, j'ai mis dans une petite terrine : fragments de brique calcinee, 400 grammes ; sable cal- cine, 600 grammes; cendres de cresson, 3 grammes; puis, dans cette terrine, j'ai seme 50 grainesde cresson, contenant 0^,004 d'a- zote, etj'airepandu a la surface du sable 0&,2 de nitrate de po- tasse. Ce pot a done recu, en azote, par la semence, 0&.004 ; par le nitrate, 0^,027; en tout, 0s,031. Les graines ont bien germ£; la vegetation a suivi son cours ordinaire ; les plantes etaient ties-belles. J'ai fait la recolte le 20 juillet; elle pesait, verte, 10 grammes ; sech^e a l'etuve et brulee par la chaux sodee, elle a donne 0s,028 d'azote. Le sable du pot a et^ lave avec le plus grand soin ; le liquide, concentre et essaye, n'a pas donne le plus faible indice de nitrate. » M. Ville conclut de cette experience que le nitrate de potasse a £te decompose par les plantes, et que l'azote de ce nitrate, chan- geant d'etat, est entre dans la composition intime du tissu de ces plantes. ASTRONOMIE. Determination de la latitude par les azimuts extremes de deux etoiles circompolaires. PAR M. BABINET. « Toutes les etoiles qui n'atteignent pas le zenith d'un lieu pre- sentent dans leur azimut un maximum oriental et un maximum occidental susceptibles d'etre observes avec la plus grande precision , et qui constituent le moyen le plus exact de determiner une lati- tude quand on suppose connue la distance polaire de l'etoile dont 108 COSMOS. on observe les excursions extremes en azimut. On est alorsa l'abri des incertitudes de la refraction , de celles des pointed par des fils horizontaux qui , a cause de la dispersion et de l'absorption de l'atmosphere, causent de graves incertitudes; enfin la mesure du double azimut etant faite par le meme points a droite et a gauche, sur un meme point lumineux pris a la meme hauteur, l'erreur per- sonnelle disparait, comme dans le pointe du barometre a siphon ou les erreurs de pointe en haut et en bas de la colonne mercurielle sont dgales et se compensent. J'ajouterai encore que les erreurs d'axe, tant pour l'axe horizontal et ses tourillons, que pour l'axe vertical et ses inclinaisons variables, sont ou nulles dans ce cas, ou facilement rectifiables ; il faut seulement admettre que les deux ob- servations azimuts extremes soient faites toiites deux de jour ou de nuit, ce qui est rendu de plus en plus indispensable par les nou- velles etudes faites en Angleterre et en Amerique ou les equations dejour et de nuit viennent d'etre simultanement indiquees. « Je m'etais, depuis longtemps, arrets a ce procede pour avoir la latitude d'un lieu, et j'en avais entretenu divers savants prati- ciens; mais, depuis quel jues annees, M. Sawitch a mis en pratique cette methode non indiquee dans l'ouvrage de Baily et en a tire" le parti le plus avantageux possible. « Quant a ce qui est de la methode qui fait l'objet de la pr^sente note, nous dirons que si Ton choisit une etoile dont la distance po- laire <2 soit moindre que le complement de la latitude, elle presen- ter de part et d'autre du meridien deux azimuts extremes ,-j- A et A, separ^s par une distance azimutale egale a 2 A. Cette dis- tance etant mesuree, et independamment de la refraction, on a sin S = cos ~k sin A X gtant la latitude (1). II ne s'agit point ici d'une determination qui puisse pretendre a une excessive precision. On veut une determination geographique ou de voyage qui comporte une exactitude suffisante, et qui puisse s'obtenir en peu de minutes, sans barometre, sans thermometre, sans tables de refraction et sans connaissance prealable du meridien. » Pour cela on observer deux etoiles choisies de maniere que pour la latitude oil Ton se trouve, elles arrivent presque en meme temps l'une a son excursion extreme en azimut du cote de l'orient, et l'autre a son amplitude azimutale maximum du cote de l'occi- dent ; et on mesurera sur le cercle horizontal de l'instrument la dis- (1) Si Von imagine un triangle splu'rique ayant pour sommets le zenith Z, le pole P et I'ctoile E; le cole ZP sera le complement de la latitude, ou 90° — >., le cote COSMOS. 109 tance azimuthale qui se"pare ces deux excursions extremes des deux dtoiles de part et d'autre du meridien. Cette observation seule, cet arc seul mesure , joint aux distances polaires * et *' des deux Voiles donnera la latitude X du lieu. En eflet, si Ton nomme A et A' les excursions maxima en azimut des deux etoiles choisies, on aura sin $ = cos X sin A, sin S' = cos X sin A'. et si l'on nomme q 1'arc mesure sur le limbe horizontal entre les deux azimutsdont 1'amplitude est A et A', on aura de plus A+A' = yy ehminant A et A' entre ces trois equations, on en tire la valeur de U Comme cet dement est toujours connu tres-approximativement a l'avance, on pourra, sans faire de calculs difficiles, trouver ce qu'une variation hypothetique, de cinq minutes, par exemple dans la valeur de X, produit sur la somme A + A' des deux azimuts, et voyant de combien la valeur q obtenue pour cette somme diflere dela valeur trouvee par une des hypotheses precedentes, on ealcu- lera la correction a faire a la latitude X pour que la somme A -f- A' soit preasement <%ale a q. Quand le calcul est prepare convenable- ment, une ou deux minutes suffisent pour <§tablir cette correction par une proportionalite (1). PE sera la distance polaire 8 de l'etoile, Tangle en Z sera I'azimut A de l'etoile et s. 1 ou appelle E 1 angle a l'etoile, on aura, par Imposition des sinus sin E : sin (90° — >.) : \ sjn A : sin 8 j. • ■ . sin ^ . d ou, sin A = sin E. cos X Pour avoir A maximum, il faut que sin E soit a son maximum, ce qui do.me fc = 90°. Alors pour 1 azimut extreme A on a sin 8 ■= cos X sin A, comme il a etc admis dans le texte ; de plus dans le triangle rectangle ZPE on aura 1 angle horaire p de l'etoile par la formule cos p = tang 8 tang X, landis que la distance zenithale z, au moment de 1'amplitude maximum en azimut sera donnee par > sin X = cos z cos 8. (I) Soil X, la latitude presumee trop petite, et X + ; une autre latitude W&uihSe plus grande que celle du lieu ou l'on obsei.e. Je calcule A, et A', , puis L e« A', pour les latitudes X et X -f g : ce qui me dom.e ' ' l Ai+A', ~q{ , A2+A'2 = ^2, Amsi une varation e dans la latitude introduit une variation <}1 — qt dans la somme des azimuts. Si nontenant l'observatiou donne cette somme e-ale i * on trouvera 1 addition I. I faire I la p|us peu,e latitude X pour avoir la vraie°lati- tude par la proportion \\0 COSMOS. « J'ai employe pour cette determination avec M. Emile Brunner, qui a mis a ma disposition un petit theodolite de voyage , et qui a faitlui-meme les lectures et les reclifications d'instruments, les deux couples d'etoilessuivants : $ de Cassiopee passant a son azimut extreme occidental vers 'J1' 26m du soir o de la Grande-Ourse, qui est a son azimut extreme oriental vers. 9 53 — et puis i deCassiopee dont l'azimut extreme est vers 10h 21m du soir. /* de la Grande-Ourse, dont l'excursiou axtreme a lieu vers 10 38 — u Le tout vers l'epoque du commencement de Janvier et vers 49de• On a opere ici le frottement dans l'air ; il eut eHe" preferable d'agir dans un autre gaz; mais la disposition de l'appareil n'a pas permis de faire Inexperience. " On savaitdeja d'apres les recherches faites par mon pere sur le d^gagement de l'electricite de frottement, que plusieurs causes augmentent la tendance negative des corps : 1° l'etat de division des parties; 2° un frottement plus grand; 3° un accroissement de temperature ; 4° une surface d^polie ou couverte d'asperites, ou bien une constitution fibreuse. On peut ajouter a ces conclusions que l'influence de 1'tkat physique moleculaire est tel que les corps doux au toucher, comme le deuto-sulfure d'etain, le talc et la plombagine, donnent des effets energiques. " II y a une demiere observation qui est interessante au point de vue de la physique moleculaire et qui resulte non-seulement de ces experiences, mais encore des recherches deja publiees dans le Me'- moire cite plus haut : e'est qu'en general les substances, comme le zinc, 1'etain ou leurs combinaisons, qui sont oxydables et qui don- nent, lors des actions chimiques, des effets electriques energiques, »ont aussi celles qui dans le frottement prc^sentent les effets les plus marques, puisque dans ce cas elles agissent par une action toute speciale et en dehors des reactions chimiques qui pourraient s'operer sur elles. » A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. runs. — Imprimeiie de W. Remquet et Cie, rue Garauuiere, 5. T. VIII. 8 FEVRIER 1856. CINQUIEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Varley, ingenieur residant de la compagnie de telegraphie electrique de Lothbury a Londres, nous adresse la lettre suivante qui intdressera vivement nos lecteurs : " Le jour de l'envoi du discours de Sa Majeste la Reine est pour les compagnie de telegraphie electrique un jour de bataille ; les em- ployes et les directeurs font tous les efforts imaginables pour trans- mettre ce document si important avec la plus grande vitesse et la plus grande exactitude possibles. Cette lutte solennelle est en meme temps une occasion excellente pour comparer la valeur des instruments et l'habilete de ceux qui les manient. On s'est servi aujourd'hui de mon telegraphe impri- mant sur le circuit a la fois sous-marin et souterrain qui unit Lon- dres a Amsterdam, dans le but d'eprouver si les avantages que je lui attnbue sont aussi reels que je l'affirme et que vous le croyez. Voici le nSsuItat merveilleux qu'il a atteint : Le conducteur etait forme : 1° du cable sous-marin, dont la lon- gueur est de 200 kilometres, 25 lieues ; 2° d'un fil souterrain long de 40 kilometres, 10 iieues ; 3° d'un fil isole" sur des poteaux ou aerien long de 185 kilometres, 46 lieues 1/4; l'ensemble formait done un conducteur unique et mixte de 428 kilometres, 107 lieues de longueur. Or, le discours comprenant 701 mots a ete" transmis et imprime" en 20 minutes et demie, avec une vitesse par consequent de34 mots et un cinquieme par minute; e'est la plus grande vitesse qu'on ait jamais obtenue avec un telegraphe imprimant, et elle a et^ obtenue quoique le conducteur fut en grande partie sous-marin. Deux mots seulement ont du etre corriges apres la transmission achevee ; le temps des ^changes de signaux que ces corrections ont exige"' es compris dans les 20 minutes et demie ; et ils n'ont pas peu contribue" a diminuer la vitesse de transmission. L'employe qui a accompli ce tour de force est une demoiselle de dix-huit ans. Chaque jour on se sert de mon telegraphe et de l'appareil trans- lateur que j'ai etabli a Amsterdam, pour corresponds directement 5 ilk COSMOS. et d'un seu! bond de Londres avec Hambourg et Berlin, et meme avec Dantzig et Memel; vous savez que ce qu'il y a de plus remar- quable dans cette correspondance directe, c'est qua Londres les depeches sont recues et transmises par mon systeme a double cou- Tant, par mon teMegraplie a la fois a aiguilles et a impression chi- miq:3, tandis qu'a Hambourg, Berlin, Dantzig et Memel les depeches sont transmises et rec,ues par le telegraphe a simple eourant, systeme Morse. » — M. Govi nous adresse, sur un nouveau telegraphe de M. Tre- meschini, des renseignements que nous nous empressons de publier. Le Telegraphique controleur de M. Tremeschini est extreme- ment simple et d'un maniement tres-facile. II donne a volonte" soit les signaux fugitifs sur un cadran alphabetique a aiguilles (systeme Wheatstone), soit les impressions permanentes a sec sur une bande de papier qui se deroule (systeme Morse), soit les deux genres de signaux en meme temps. L'accouplement des deux especes dedica- tions, fugitives et permanentes, permet de controler la lecture faite par les employes sur le cadran alphabetique. Le Controleur Tremes- chini offre en outre l'avantage d'indiquer a la lecture des depeches les fautes qui pourraient s'y etre glissees, et cela a l'aide de points de repere que l'instrument marque spontanement de treize en treize signux transmis. La force Slectrique necessaire pour mettre en mouvement le nouvel appareil ne depasse pas celle qu'exige le telegraphe a cadran ordinaire, on £chappe ainsi a la necessity des relais ou des piles locales exigees par le systeme de Morse. L'alphab.-t employe par M. Tremeschini est beaucoup plus facile a apprendre et a lire que l'alphabet de Morse, et les signes qui le represented se marquent d'une maniere beaucoup plus distincte que dans les appareils de ce dernier physicien. Enfin le prix de revient d'un Controleur-Tremeschini n'atteint pas le tiers du prix d'un appareil de Wheatstone, ses dimensions en outre peuvent etre aisement reduites de fac,on a le rendre aussi petit et aussi sensible que Ton veut, susceptible par consequent d'etre transports et de servir aux besoins des armees en marche, des astronomes et des ingenieurs en campagne. Les appareils actuels de Morse et a cadran peuvent etre trans- formes en telegraphes du nouveau systeme avec une faible depense. Nous apprenons que M. Breguet a achete I'appareil de M. Tre- meschini et compte l'employer sur les nouvelles lignes des com- pagnies des chemins de fer qu'il sera appele a organiser. PHOTOGRAPHIE. PROCEDES DE REPRODUCTION, SAKS SELS D* ARGENT , UES IMAGES PHOTOGRAPH IQUES SUR PAPIER SUR PIERRE, SCK METAL, PAR MM. EMILE ROl'SSEAU ET MASSON. Le Bulletin de la Societe francaise de photogniphie publie enfin la communication faite , dans la seance du 18 Janvier , par MM. Emile Rousseau et Masson, de procedes nouveaux de photo- graphie , de photolithographie , de gravure photographique, d'im- presMon photographique des tissus, sans emploi de sels d'argent, d'or ou de platine; nous allons l'analyser aussi exact ement , aussi rapidement que possible, nos lecteurs verront par cette analyse que nous ne nous etions pas trompe dans notre premiere appreciation. 1° Procedes de tirage des positifs sans sels d'argent. — > Ces procedes ont pour base 1'action qu'exerce la lumiere sur les sels a acide de chrome, au contact de certaines substances orga- niques, et sur des actions chimiques subsequentes, destinees a fixer l'image et a lui donner les colorations diverses et l'intensite" desira- bles, en substituant d'autres sels au bichromate lui-meme. Le bichromate adopte de preference est le bichromate d'ammoniaque. On l'emploie a l'etat de solution saturee et froide, dans l'eau dis- tillee. La substance organique qui doit servir de support a la couche sensible peut etre ou de la gelatine blanche dissoute a chaud dans l'eau, dans la proportion de 10 pour 100 d'eau, oude la gomme ara- bique dissoute dans l'eau froide dans la proportion de 15 pour 100. Voici la maniere d'operer : Onenduit le papier d'une couche de dis- solution de gomme seule, soit en placantle liquide dans une cuvette et faisant glister la feuille de papier a sa surface, soit au pinceau. Cette couche seche, on enduit de nouveau le papier d'un melange de deux parties en volume de solution saturee de bichromate et d'une partie de gomme, auxquelles on ajoute, par chaque 10 ou 15 gr. du melange, cinq ou six gouttes d'une solution de 10 grammes de sucre de lait dans 100 gr. d'eau. Cette seconde couche sechee, on en applique une troisieme tout a fait semblable a la seconde; la preparation du papier fuite, bien entendu au sein de l'obscurite\ est alors achevee; il conserve longtemps ses proprietes , pourvu qu'il soit bien a l'abri de la lumiere et d'une trop forte chaleur. Lorsqu'on veut l'emp'.oyer il convient de souffler legerement dessus, afin de le rendre quelque peu humide. On le place sous le negatif dans le chassis, comme pour les papiers prepares a l'argent, et Ton expose a la lumiere pendant un temps plus ou moins long. Lorsque l'expo- 116 COSMOS. sition a cte jugee suffisante, on retire le papier qui porte a sa sur- face l'image fortement prononcee en couleur brun rouge ; on le place dans un bassin plein d'eau ou sous le robinet d'une fontaine, on lave jusqu'a. ce que l'eau ne soit plus teintde en jaune, et jusqu'a ce que les parties blanches soient parfaitement nettes. L'effet de l'eau est d'enlever la portion de l'enduit qui n'a pas subi l'influence de la lumiere, en laissant la portion impressionnee; apres vingt minutes ou une demi-heure, ilne reste plus que l'image, de couleur jaune rougeatre, tres-affaiblie et alterable; il s'agit avant tout de la fixer. On la place au fond d'une cuvette, et Ton verse a sa surface une solution de 2 grammes d'acide gallique et de 2 gram- mes d'acide pyrogallique dans 100 grammes d'eau, additionn^e de 5 grammes d'acide acetique concentre, ou de 10 grammes d'acide ordinaire ; on continue a verser tant que la teinte continue a foncer, ce qui a lieu pendant une minute au plus ; on s'arrcte alors et Ton plonge l'epreuve de nouveau dans l'eau, ou on la lave jusqu'a ce qu'elle soit depouillee de l'acide enexces. Elle est fixee, maissans vigueur, il fautla renforcer. Pour lui donner le ton noir des dessins ordinaires, on la place de nouveau au fond d'une cuvette, et on verse rapidement a sa surface une dissolution bien neutre de nitrate de cuivre, 10 de sel pour 100 d'eau; puis, on lave une fois ou deux. Cette premiere operation a principalement pour but d'enlever ce qui pourrait rester d'acide gallique sur les blancs ; quand elle est ter- minal on recouvre entierement l'epreuve d'une solution, a 20 pour 100, de citrate de peroxyde de fer ; on la voit se renforcer a vue d'oeil ; lorsqu'on la juge arrived au point voulu, on verse avec beaucoup de precaution une dissolution faible de protosulfate de fer a 5 pour 100, qui acheve de donner de la vigueur aux noirs, en lais- sant les blancs intacts, prouve que le citrate de fer reste toujours un peu en exces, relativement au sulfate. Si Ton n'avait pas encore atteint toute l'intensite desiree, on laverait l'epreuve avec un tres- erand soin , on la repasserait au melange des acides galliques et pyrogalliques et Ton terminerait par un dernier lavage. Si Ton voulait avoir des epreuves d'une teinte bleu l^gere, au lieu de faire agir les acides gallique et pyrogallique on verserait a la surface de l'image une solution tres-faible de sel de fer, on la lave- rait et on larecouvrirait d'une solution egalement faible de prussiate jaune depotasse ; il se formerait du bleu de Prusse qui colorerait l'i- mage en bleu. Si Ton substitue le sel de cuivre au sel de fer, on aura un marron tres-fonce ; en substituant au sel de fer de l'ace'tate de plomb, on obtient du jaune ; si a ce jaune on ajoute un sel de cosmos. 117 fer, on obtient avec le prussiate de potasse une couleur verte. MM. Rousseau et Masson insistent beaucoup sur ce point que, pour obtenir de tres-belles teintes, il faut que la couche de ma- tiere organique ait une epaisseur suffisante. M .Testud de Beauregard qui employait aussi un bichromate , le bichromate de potasse, a obtenu bien longtemps avant M. Rous- seau, sans sels d'argent, des positifs noirs ou colores de nuances diverses, tres-beaux, parfaitement fixes. 2° Procedes de photolithographic. — On enduit la pierre li- thographique d'une couche de dissolution moins concentree de gelatine ou de gomme; on applique successivement deux couches de melange de bichromate d'ammoniaque et de gelatine dans les proportions indiquees pour le papier ; ces couches etant bien seches , on recouvre la pierre avec le neg;atif ou cliche , et Ton expose a la lumiere ; apres un temps plus ou moins long, on lave rapidement la pierre en faisant tomber un filet d'eau sur l'une de ses extremites , jusqu'a ce que tout le bichromate non impres- sionne soit enleve" , ce qui a lieu en quelques minutes ; on etend a la surface de la pierre la solution des acides gallique et pyrogalli- que avec trois ou quatre gouttes seulement d'acide acetique pour ne pas degager d'acide carbonique ; on lave de nouveau deux ou trois fois, puis on etend un e dissolution filtree de savon blanc ; on la laisse en contact deux ou trois minutes; elle est decomposed sous Taction des acides fixes dans le dessin, et il se forme un acide gras qui reste sur les traits de 1 'image ; pour renforcer cette action et augmenter le relief on peut, apres lavage, etendre une solution soit de nitrate de cuivre, soit d'acetate de plomb ; on lave encore, on fait passer de nouveau de l'eau de savon ; on lave une derniere fois a fond, jusqu'a enlevement complet de la couche de matiere organi- que deposee sur les blancs. L'image alors, dit M. Rousseau, forme un relief considerable, dur et solide, mais denature grasse; on laisse secher pour que l'humidite soit chassee de l'interieur du dessin, puis on encre etl'on tire les epreuves parlamethode ordinaire. En resume, dit M. Rousseau : « Nous nous sommes servis de l'alteration que la lumiere fait eprouver au melange de bichromate et de matiere organique, exclusivement pour obtenir le trace de l'image-, apres quoi nous lui substituons un veritable savon me'tal- lique qui, par la nature grasse, forme le premier encrage de la pierre. » Or, nous le demandons , n'est-ce pas la le principe de la methode que M. Poitevin a fait breveter ? M. Poitevin seulement s'est bien garde de recount- a l'intermediaire du savon metallique U8 COSMOS. qui, M. Rousseau en convient lui-meme dans une note, pent etre nuisible dans fa pratique : a quoi bori le savon quand le bichro- mate gelatine , frappc" par la Iumiere, est lininediatemeivt apte a recevoir la couched'encre grasse appliquee par le rouleau, et qu'on peut obtenir une pierre tout a fait comparable aux pierrcs lithogra- phiques sur lesquelles on a trace le dessin au crayon gras ? 3° Gravnre photographtque sur metaux, ■ — M. Marion nous. adresse la lettre suivante, relative a la sensibilisation de ses pa- piers : » Prnetre de 1'idee generalcment admise que la photographie doit trouver dans le papier l'agent le plus favorable a son develop- pement et a ses perfectionnements , nos efforts sont diriges dans le sens d'une amelioration sentie et desiree. .. Notre papier negatif fin, extra-prompt, aussi p.ur que possible,, compacte et homogene, permeable aux substances ch uniques dans Routes les parties de sa texture, reunit a un haut degrd les conditions essentielles, qui entre nos mains sont encore augmentees par les preparations ulterieures d'une ioduration albuminee. n II nous a valu deja de nombreux eloges ; mais c'est a regret que nous devons dire que quelques praticiens n'ont obtenu avec ce papier que de mediocrcs resultats. .. Nous ne pouvons attribuer ces insucces qu'a un manque de precautions, et pour le prevenir, nous nous faisons un devoir de donner la formule de sensibilisation. « Dans an bain d'acetonitrate d'argent, de 7 grammes de nitrate d'argent et 10 grammes d'acide acetique pour 100 grammes d'eau distillec, on fait flotter la feuille sur le cote oppose a celui oil il est ecrit ctwers, e'est-a-dire le cote le plus brillant sur le liquids, et au bout d'une minute on immerge completeinent au moyen d'une barbe de plume. Apres cinq minutes on retire , on lave et on eponge. .. Une chose ties importante a observer c'est de ne pas employer un bain qui aurait ete decolore avec du noir animal ; ce corps ayant la propriote de dissoudre l'albumine, on doit decolnrer au moyen de kaolin bien epure. » II faut expo^er a la chambre noire de maniere que ce soit le cote le plus brillant qui receive la Iumiere. •• Le temps de pose doit etre relativement 'res-court. Le reste des operations se fait comme d'habitude. « Nous avons 1'avantage de vous adresser quelques feuillos dudifc papier pour que vous puissiez le faire cssayer et juger de ses im- portantes qualites. » GALVANOPLASTIE, MOUIAGE ELECTRIQrE DES RONDES BOSSES, PAR M. LENOIR. La galvanoplastie, cet art merveilleux, dont la gloire revient sinnn en totalite, au moins en tresgrande partie a M. Jacobi, de Saint-Petersbourg, a deja donne des resultats immenses, et ses produits remplissent le monde. Elle a etc appliqu^e sur une tres- vaste echelle; on l'a vue tout recemment dans les ateliers de M. Foyatier reproduire les enormes bas-reliefs du pi^destal de la statue de Jeanne d'Arc. II restait cependant un grand progres a realiser, une grande difficulte a vaincre. La galvanoplastie n'a donne jusqu'ici, immediatement ou d'un seul coup, que la gravure en taille-douce ou des bas-reliefs; or, les baa-reliefs ne sont qu'une partie, une moitie au plus de la sculpture; au bas-relief il faut ajouter la ronde bosse, la statue. Pour obtenir jusqu'ici par la galvanoplastie une ronde bosse ou statuette de petites dimensions, on la divisait en deux moities : on prenait le creux de chacune des moities en platre, en gutta-percha, en caoutchouc, en gelatine, en stearine ou acide stearique , etc.; on metallisait chaque creux en 1j revetant a I'intericur de plomba- gine ou d'une autre poudie conductrice, on plongeait chaque moitie separement dans le bain de sulfate de cuivre en communication avec la pile, on obtenait leur reproduction en cuivre et on les reunissait par une soudure forte ou faible. On avait bien essaye quelquefois de reunir les deux creux avant de les plonger dans le bain, pour obtenir d'une seule piece la ronde bosse ou la statuette, en ayant soin de percer aux extremites inferieures et supeVieures et sur d'au- tres points du moule complet, des trous pour donner acces a la solu- tion qui, sous l'infiuence du courant, devait deposer le cuivre; mais le depot ne se formait que tres-imparfaitement, tres-inegalement, sur certains points et non dans tout l'ensemble ; on ne r£ussissait que par hasatd ; et ce qui prouve, jusqu'a I'evidence, que le diffi- cile probleme n'etait pas resolu, c'est que Ton ne trouve nulle part dans le commerce et dans les collections d'amateurs des rondes- bosses, des statuettes ou des statues obtenues de toutes pieces par la galvanoplastie, comme on les obtient par l'operation de la fonte. II y aurait cependant d'immenses avantages a substituer le tra- vail de l'electricite au travail du feu. Les statues, en effet, produit de la fusion, a l'exceptioi\ de quelques bronzes ftorentins obtenus avec un art infini de moules perdus en cire, sont extremement mas- 20 COSMOS. sives et Iourdes; elles absorbent des quantities de metal cinq et dix fois trop grandes; les statues en galvanoplastie n'auraient pour limite a leur legeret^ que les exigences de la solidite, avec une eco- nomie et des qualites incomparables. En outre, la statue fondue ne reproduit jamais exactement les dimensions et les proportions du modele ; la fonte, en se refroidissant, subit un retrait qu'il est pres- qu'impossible de prevoir a l'avance et de prevenir, un retrait trbs- inegal , considerable sur certains points, presque insensible sur d'autres ; dans la reproduction galvanoplastiqne il n'y a absolument aucun retrait ; les proportions et les dimensions du modele so'nt i dentiquement reproduites. Dans la fusion enfin, les parois du moule en terre ont a subir Taction violente et la pression d'un torrent de lave metallique qui les fait quelquefois eclater avec explosion , qui s'ouvre souvent un passage a travers leur epaisseur ou leurs jointures, qui alters enfin presque infailliblement leurs surfaces et rend necessaire un travail de ciselure ties-long, tres-dispendieux qui enleve a l'ocuvre d'art son originalite et sa perfection : le depot galvanoplastique se fait molecule par molecule, sous 1 in- fluence d'une action douce et forte comme toutes les actions de la nature, qui ne detruit rien, qui produit des surfaces parfaitement lisses, des joints oil il ne reste presque plus rien a creuser, etc. , etc. Ce que nous venous de dire suffit surabondamment a prouver qu'il y avait un tres-grand interet a chercher et a decouvrir le moyen d'assurer le dtqpot parfaitement general et uniforme du cuivre dans tous les coins et recoins du moule d'une statue, ou d'une autre ronde bosse quelconque , quelles que soient d'ailleurs ses dimen- sions ; e'est ce qu'a fait un de nos galvanoplastes fran^ais les plus ingenieux, M. Lenoir; et ce qui nous a le plus surpris, e'est la sim- plicity extreme de sa solution definitive du beau probleme que nous venons de poser. Par un premier brevet pris le 20 juillet 1854, M. Lenoir s'etait assure la propriete du moyen suivant : Dans une plaque de cuivre ou dans un bloc decharbon conducteur, on coupe une silhouette ou une esquisse reduite grossiere de l'objet a reproduire ; on introduit cette silhouette ou cette esquisse clans l'interieur du moule, en la faisant communiquer, comme la surface metallisee du moule, avec le pole negatif de la pile, et Ton fait plonger le tout dans le bain de sulfate. De cette maniere, ce n'est plus seulement le liquide qui con- duit et propage en tout sens le courant electrique ; ce courant est conduit aussi et dirige par la silhouette et par l'esquisse; celle-ci le rapproche en meme temps de chacun des points de la surface con- cosmos. 121 ductrice, et determine la precipitation du cuivre dans les creux les plus profonds et les plus recules. Cette methode reussissait di'ja. tres-bien, M. Lenoir reproduisit de cette maniere une statue d'e- corche qui fit grande sensation dans le monde artistique et gal- vanoplastique ; mais ce n'etait encore qu' une solution ebauchee et incomplete. Deux mois apres, dans une addition a son brevet, M. Lenoir formulait une methode incomparablement plus heureuse et plus efficace. A la silhouette ou a l'esquisse en metal ou en char- bon massif, il substitue une carcasse legere simplement formee de fils de cuivre, de platine, d'or, d'argent ou de toute autre substance conductrice de 1'electricite. Cette carcasse est installed dans le moule comme la silhouette ; le moule ainsi estsillonne, sur tous les points, de fils soit rectilignes, soit curvilignes, qui suivent ou dessinent ses contours d'une maniere approximative, et sont pour lui comme un systeme de nerfs; tous ces fils sont r^unis en faisceau a l'une de leurs extremites, et le faisceau communique comme l'esquisse, comme la surface interieure du moule, avec le pole negatif de la pile; le tout est plonge dans le bain. Mieux encore que l'esquisse, la carcasse des fils conduit le courant electrique jusqu'aux dernieres ramifications du moule. Ces fils sont en meme temps de veritables electrodes qui rendent beaucoup plus active la decomposition de la solution saline. Tandis que les bains ordinaires sont comme en- tierement passifs et ne manifestent aucun degagement gazeux , les bains de M. Lenoir sont tres-actifs, et des bulles de gaz viennent a chaque instant eclater a la surface. Le depot metallique s'ef- fectue en meme temps avec une regularite et une uniformite par- faites ; il s'accroit d'instant en instant, de sorte que Ton pourrait presque calculer a l'avance le temps apres lequel la ronde bosse aura l'epaisseur voulue. Le moule est ordinairement divise en deux parties, mais les deux moities de la ronde bosse sont parfaitement soudees et separees par une arete vive en cuivre , semblable aux aretes qui separent les diverses zones d'une statue moulee enpla- tre, et qui lui donnentun caractere artistique tres-recherche. Nos lecteurs apprendront avec plaisir que bien plus heureux que tant d'inventeurs, M. Lenoir aura pu voir en moins de deux annees sa decouverte arriver a 1'etat de grande industrie. On acheve en ce moment d'organiser rue Popincourt, sous la direction de M. Gautier, g^rant dune soci^te serieuse et puissante, de vastes ateliers oil Ton produit deja, mais oil Ton produira bientot en quantity considera- bles des rondes bosses de tout genre , statuettes , statues , culs de lampes, etc. etc. Nous y avons vu 1'electricite inouler avec un 122 COSMOS. succes qui ne laisse absolument rien a desirer, une reduction de la V£nus accroupie du Louvre , haute d'un metre , une Bacchante de Claudion, des statuettes du roi de Prusse, des groupes charmants de personnages ou d'animaux. Tous les hommes compeHents qui ont vu ces reproductions sont unanimes a les considerer comme de ve>itables tours de force, presque comme des impossibility vaincues contre toute esperance, et vaincues par un procSde eminemment simple et logique qu'on ne saurait trop admirer, Introduction au sein du moule d'une carcasse ou systeme nerveux en fils de platine. Nous disons fils de platine, car c'est le metal dont il faudra faire usage jusqu'a nouvel ordre , malgre sa cherte" , parce qu'il est le plus efficace et le plus indestructible de tous. La figure ci-jointe donnera une idee tres-nette du procede si in- gemeux, si simple et si excellent de M. Lenoir. II repnkente la cuve galvanoplastique remplie de la solution saturee de sulfate de cuivre ; le liquide communique avec le pole positif en avant du dessin ; les deux moules avec le pole n^gatif en arriere ; les deux moules en gutta-percha de la statuette et du buste ont a leur interieur la car- casse ou squelette de fils de platine , qui viennent se re\mir en un faisceau unique en communication avec une lame conductrice qui, partant du pole negatif de la pile, est isol^e au-dessus de la cuve. F. Moigno. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 4 FEVRIBR 1856. M. Barse, chimiste, qui avait soumis a l'Academie le m^moire sur le depot au moyen de la pile du silicium et de l'aluminium a la surface des metaux, qui a ete l'objet du rapport si seVere de M. Balard, ecrit a l'Academie, non pour maintenir ses assertions et les rdsultats de ses analyses, mais pour protester de sa bonne foi. II accepteles conclusions du rapport , il admet qu'il y a eu d6- pot, non de silicium, mais d'argent emprunte aux electrodes ; et il prie instamment l'Academie de croire qu'il ne s'est pas fait sciem- ment l'instrument d'une speculation coupable , qu'il n'a nullement vouluvenir en aide a la fraude. M. Balard prie l'Academie d'ac- cueillir favorablement la reclamation qui lui est adressee, et de lui donner place dans ses comptes rendus. Esperons que cet acte de soumission spontanee mettra fin a cette triste comedie, et que nous n'entendrons plus parler de l'argyrolithe. C'est le cas , cette fois encore, de dire que l'astuce s'est prise dans ses propres filets; elle est bien mal tombee en qualifiant de ddpot de silicium l'argenture de ses couverts, puisqu'il estdemontre aujourd'hui, jusqu'al'evidence, que loin d'etre un metal brillant, le silicium est une substance tres- analogue au carbone. — M. Yvon-Villarceau, en I'absence de M. Le Verrier, trans- met une note de M. Dien sur le magnifique bolide qui est apparu tout a coup sur 1'horizon de Paris, le dimanche 3 fevrier, vers huit heures du soir. En rapprochant de l'observation de M. Dien celles qui nous ont ete' communiquees par plusieurs temoins tres-dignes de foi, nous trouvons que le nouveau meteore a presente les parti- cularit^s suivantes : il s'est montre- a Test sous forme d'une sphere allongee, d'un volume tres-appreciable, d'une blancheur eblouis- sante ; il marchait de Vest vers le nord, non d'un mouvement par- faitement continu, mais d'un mouvement saccade" ; il a laisse der- riere lui une longue trainee lumineuse, blanche d'abord, puis rouge pourpre et enfin bleuatre, qui a persists plusieurs secondes apres 1'evanouissement du bolide. — M. B^champ , de Strasbourg, decrit un nouveau procede de preparation de diverses chlorures et bromures organiques, au moyen du chlorure et du bromure de phosphore. — M. Poggiale transmet le resultat de ses recherches relatives a Taction des carbonates alcalins sur le sucre qui disparait dans l'6conomie animale. Quelques chimistes pensent que le concours 12a COSMOS. des carbonates alcalins est nfoessaire pour la combustion de sucre ou sa tranformation en eau et en acide carbonique avec production de chaleur animale ; ils expliquent le passage du sucre dans les urines, chez les diabetiques, par un deTaut d'alcalinite du sang. D'experiences nombreuses faites sur des animaux , M. Poggiale conclut que la combustion du sucre n'est pas favoris^e par la pre- sence d'une proportion meme considerable de carbonates alcalins ; que le sang des animaux nourris a la viande, avec ou sans bicar- bonate de sonde, contient sensiblement la meme quantite de sucre. II a dtabli en outre que le glucose, en dehors de 1'organisme, sou- mis a Taction des carbonates alcalins, n'eprouve aucune alteration au-dessous de 90 degres entigrades, ce qui explique tres-clairement sa non-influence dans 1' economic, et renverse l'opinion qui voit dans l'emploi de ces sels le remede specifique contre le diabete. — M. Fermond continue ses etudes sur le nombre des parties de divers organes des plantes. — M. Chatin adresse plusieurs livraisons de ses etudes d'ana- tomie comparee des v^g6taux. — MM. Bourguignon et Delafond poursuivent sans cesse leurs recherches sur les affections cutandes des animaux domestiques transmissibles a l'homme. Leur memoire sur la gale des moutons leur a deja valu un encouragement de l'Academie des sciences. Dans leurs premieres etudes de la gale des chevaux, ils d£couvri- rent un acarus, mais qui differait essentiellement de l'acarus de l'homme, qui ne se creusait pas de sillons, et qui, par consequent, n'aurait pas pu determiner chez l'homme l'eruption de la gale. Depuis, ils ont decouvert chez les chevaux galeux un autre acarus tout a fait semblable ou mieux identique avec l'acarus humain, et qui peut par consequent transmettre la gale du cheval a l'homme. — M. Sedillot adresse une note sur une nouvelle methode de chleiloplastie , qui consiste , lorsqu'il s'agit de reparer une des levres rongee par un cancer ou tout autre accident , a emprunter un lam- beau de chair a la levre restee saine; il envoie le portrait, pris au daguerreotype, d'un homme sur lequel il a pratique une operation de ce genre avec le plus grand succes. — M. le docteur Germain de Saint-Pierre adresse un nouveau volume de sa belle histoire des anomalies d'organisation dans le regne animal. — M. Waller croit avoir demontre par denouvelles experiences qui! decrit la verite de sa theorie qui attribue la cause de l'impul- COSMOS. 125 sion du sang, non a Taction du cceur, mais a Taction de la cellule puliuonaire. — M. Gay, botaniste, voyageur bien connu, surtout par son exploitation et son long sejour dans le Chili, se met sur les rangs pour la place vacante dans la section de botanique. — M. Laugier, apropos de la communication faite dansl'avant- dernieie seance des observations de la declinaison etde Tinclinaison magnetiques de MM. Goujon etLiais, rappelle un travail de meme genre execute par lui et M. Charles Mathieu en septembre 1854, et dont les resultats ont e'te inseres dans TAnnuaire du Bureau des longitudes pour 1855 et 1856 ; il s'etonne que M. Le Verriern'ait pas au moins fait allusion a ces determinations qui ont acquis un caractere presque officiel. Nous n'avions pas voulu nous passer sous silence la campagne magnetique de M. Laugier, et nous Tavions resumee dans les lignes suivantes, dont le defaut d'espace nous a fait ajourner la publication : Dans Ydnnuaire du Bureau des longitudes pour 1856 nous trou- vons que la declinaison de l'aiguille aimantee a Paris, mesuree en 1854 par MM. Laugier et Charles Mathieu dans le grand jardin de la Maternite, en un point situe a 130 metres environ au nord de la face septentrionale de TOb^ervatoire imperial, le 2 septembre vers lh 10m apres-midi, a la temperature de 22°,6, etaitde 20° 10'8. Ces messieurs avaient en outre fait quatre observations en quatre points de l'enceinte continue, au nord, a Test, au sud et a Touest du meridien magnetique passant par St-Germain-TAuxerrois, et ils avaient trouve les nombres suivants : Montmartre, terre-plein du bastion n°39, ler septembre lh10m temp.22°,7, decl.20° 3'5; pres St-Gervais, terre-plein du bastion n°24, 29aout lh15m, temp. 24°, 6, deci. 20° 2', 0 ; Maison-Blanche, terre-plein du bastion n°88, 31 aout lh10"\ temp. 25°, 4, decl.20°9M; Vaugirard, terre-plein du bastion n° 71, 27 aout lh 20m, temp. 20°,6., decl. 20° 11', 7. La moyenne, 20° 6 ',3, des de'clinaisons de Montmartre et de la Maison-Blanche, stations diametralement opposees au nord et au sud, est sensible- ment egale a la moyenne 20° 6 ',8, des de'clinaisons de Vaugirard et des pres St-Gervais, stations a Touest et a Test du meridien magne- tique; la moyenne 20° 4', 5 des quatre de'clinaisons differe de6'3 de la declinaison observee immediatement dans le jardin de la Maternite. Cette difference, due probablement a Tinfluence pertur- batrice des fers de TObservatoire et de Paris, s'accorde assez bien avec la correction de 6' 39" signalee comme ne"cessaire par M. Le Verrier. 126 COSMOS. Entrant aujourd'hui dans de longs developpements sur la m6- thoJe suivie par lui, M. Laugier demontre son exactitude par la comparaison des resultats obtenus, en groupant de diverses manieres les nombres des observations. II montre comment, en rapportant un lieu quelconque a deux lignes de coordonnees qui soient, l'une le iiieridien magnetique passant par Saint-Germain-l'Auxerrois, l'au- tre uneligne perpendiculaire a ce me>idien, on peut, en partant des quatre observations, determiner la declinaison en ce point pour sep- tembre 1S54 ; comment, en ajoutant aces donnees la variation annuelledela declinaison deduite des observations des sept der- nieres annees, on peut pour un lieu quelconque choisi dans l'en- ceinte continue , calculer au moyen d'une formule empirique sa declinaison pour un jour donne. Appliquant ce proct$de" au pa- vilion central de la terrasse de l'Observatoire imp6rial , il en d6- duit pour la valeur de la declinaison un nombre qui differe de plu- sieurs minutes du nombre observe par MM. Goujon et Liais ; ce qui l'amene a exprimer des doutes se>ieux sur l'exactitude des deter- minations irtserees aux Comptes rendus. Suivant M. Laugier, cette inexactitude ressort meme de la comparaison des nombres relatifs aux diverses stations occupees tour a tour par MM. Goujon et Liais ; nombres qui s'accordent beaucoup moins entre eux que ceux de MM. Laugier et Charles Mathieu. Les disaccords entre ces nombres sont meme assez grands pour que M. Laugier ait pense a en chercher la cause dans une imper- fection reelle des instruments. II rappelle , a cette occasion , qu'il a ete constate par M. Arago qu'il est certaines aiguilles aimantdes niysteVieuses dont les indications presentent des erreurs constantes de 8 , de 12 , et meme de 15 minutes , sans qu'on puisse d^couvrir la raison de ces anomalies. En resume, M. Laugier se croit autorise" arejeter les conclusions formulees en ces termes par M. LeVerrier : « L'influence des grandes masses de fer de l'Observatoire est tres- sensible ; la declinaison rdelle n'est pas renfermee entre les d£clinai- sons extremes observers dans les divers pavilions de la terrasse; les mesures prises dans le pavilion central doivent etre diminuees de 6' 39" pour la declinaison, et augmentees de 5' 3" pour l'inclinai- son. - M. Laugier affirme, au contraire, que, pourvu que Ton se place a une distance suffisante des batiments, c'est-a-dire pourvu que Ton observe dans les pavilions de la terrasse, l'influence des masses de fer de l'Observatoire est inappreciable ou si petite, qu'on n'ar- rivera peut-etre jamais a constater son existence. Nous aimons a croire qu'en faisant sa reclamation et formulant COSMOS. 127 ses doutes , M. Laugier a obe a sa conscience et est reste dans les limites de son droit : convaincu que MM. Goujon et Liais, dont il ndmet l'entiere probite scientifique , ont cependant suivi de fait les principes et la methode qu'il a employes le premier ; il a cru since- rehient qu'il lui etait permis de protester contre le silence de M. Le Vert ier. Nous n'en regrettons pas moins cette critique faite en ter- mes assez sees, parce qu'il est impossible qu'elle ne devienne pas le signal d'unepol&nique irritanteet personnelle. Absent pour quel- ques jours, M. Le Verrier n'assistait pas a la seance; M. Laugier n'aurait-il pas pu attend re son retour? — Nous profiterons de cette occasion pour completer ce que nous avons dit, dans notre derniere livraison, des observations de MM. Goujon et Liais. Des observations faite* dans les quatre stations exterieures , il resulte qu'a Paris, le 7 septembre 1855, a 2 heures 30 minutes du soir, la declinaison vraie elaitde 19° 57' 45", 1'inclinaison magne- tique vraie de 66° 30' 6". Les d^clinaisons et les inclinaisons ob- servers sur divers points de 1'enceinte de l'Observatoire etaient : Pavilion ouest Declin. 20" 0' 6''; Inclin. 66° 30' 6" Pavilion central 20 4 24 66 24 3 Nouveau pavilion niagnetique 20 5 53 66 29 3 Pavilion est 20 C 22 66 29 >» Station plaice a 20 metres de la face sud de l'Observatoire 20 18 27 66 IS » Ces derniers nombies prouvent jusqu'a l'evidence l'infiuence des masses de fer du baliment a 20 metres : or, les pavilions ne sont pas beaucoup plus loin du batiment. — M. Becquerel pere lit une suite a un memoire sur la situation de la propriete forestiere en France , presents par lui a 1' Academie il y a trois ans. Le 'out de cette nouvelle discussion est de chercher, al'aide de documents fournis par l'administration, si les conclusions du memoire de 1852 doivent etre ou non modifi^es ; voici en quel- ques mots les resultats auxquels elle a conduit : 1° C'est sous l'ere consulaire de 1801 a 1804, que la consomma- tion du boi.-, a ete !a plus considerable a Paris; sous l'ere imperiale elle a ete fortement en baisse, avec des alternatives de hausse et de baisse ; elle s'est relevee sous la restauration avec de semblables alternatives pour redescendre de 1826 a 1834 ; de 1834 a 1837 il v a eu hausse, et la baisse est devenue de plus en plus considerable jusqu'en 1848; enfin. depuis cette ^poque jusqu'en 1855, le mou- vement de hausse est devenu de plus en plds sensible, a tel point 128 COSMOS. que la consommation est revenue ce qu'elle etait sous l'ere consu- lage : il est vrai que la population est aujourd'hui double de ce qu elle etait alors. Le hois blanc et les menus bois participent a ce mouvement de hausse; le bo.s 1,1,-mc snrtout atteir.t le chiffre des annees les plus favonsees aepuis 1815; la consommation des menus bois quoiqu'en hausse n a pas encore atteint le chiffre qu'elle pre^entait avant 1852, sans doute a cause de l'emploi de la houille dans le chauffage des classes pcu aise'es. 2° La consommation du charbon de bois continue a croitre pro- portionnellement a la population, consequence inevitable de ce que ce combustible n'a pas encore ete remplacc sensiblement par la houille dans les usages domestiques. 3° La consommation de la houille, surtout depuis 1852, tant dans 1 Industrie qse dans le chauffage des particuliers, suit mainte- nant vine loi beaucoup plus rapid?, cequ'il faiitattribuercertainement aux grands developpements de 1'industrie, car la consommation du bois allant en augmentant, onnesaurait admettre que l'emploi de la houille dans les foyers domestiques ait augmente sensiblement. La consommation toujours croissante du charbon de bois et des menus bois et les prix eleves de ces deux combustibles portent na- turellement les particuliers a couper leur bois a douze ou quinze ans, au lieu de cbx-huit ou vingt. Cet etat de choses, s'il dure, amenera, a n en pas douter, le d^perissement des forets en France. En effet , les coupes multiplies alterent de plus en plus les sou- ches, font disparaitre les brindilles qui, en se decomposant, fournis- sent avec les feuilles l'humus indispensable a la vegetation; les reserves etant plus jeunes croissent moins en hauteur que dans les taillis, plus agees elles deviennent trapues; il en rosulte que si ces coupes anticipees continuent a prendre de l'extension , elles feront disparaitreceschenes se"culaires si recherches pour les besoinsde la marine et de 1'industrie. — M. Biot pre"sente a l'Academie, au nom de M. Legrand, pro- fesseur d'astronomie a la faculte de Montpellier, une table des cha- leurs latentesdela vapeur d'eau aux diverses temperatures calculees d'apres les experiences et les observations de M. Regnault. M. Balard annonce qu'en continuant leurs recherches sur le propylene MM. Berthelot et de Luca ont obtenu un grand nombre de combinaisons nouvelles pleines d'interet. Le m^moire des deux habiles chimistes est trop important, pour que nous n'en donnions pas une longue analyse. Nous nous con- COSMOS. 129 tenterons pour aujourd'hui de signaler la decouverte tres-remar- quable qu'ils ont faite d'un nouveau carbure d'hydrogene parfaite- ment defini CCH\ appele par eux allyle et qui resulte directement de Taction du sodium sur le propylene iode. L'allyle est un liquide tres-volatil, doue d'une odeur propre, etheree et peneHrante, ana- logue a celle du raifort; il brule avec une flamme tres-£clairante. C'est une mine eminemment feconde que le propylene iode, et il nous semble, d'apres les regies de la vieille probite scientifique, qu'on aurait du laisser a ses honorables inventeurs le droit et le temps de T exploiter eux-memes ; c'est presque a regret que nous enregistrons aujourd'hui le succes que doivent a l'emploi de ce iiieme compose deux autres chimistes celebres. < — M. Pelouze annonce la decouverte extremement importante d'un nouvel alcool , 1'alcool acrilique, faite par MM. Cahours et Hoffmann. Un grand nombre de reactions avaient deja fait entre- voir l'existence du nouvel alcool, que Ton obtient en traitant le pro- pylene iode par de l'oxalate d'argent ; il est volatile comme l'alcoo' du vin, a sensiblement la meme odeur et brule avec une flamme beaucoup plus belle et plus intense. II est forme de 6 atomes de carbone, 6 atomes d'hydrogene et 2 atomes d'oxygene ; traite con- venablement par des acides, il donne naissance a Tether correspon- dant et a toute la serie des combinaisons analogues a celles que Ton obtient avec 1'alcool ordinaire. — M. de Senarmont presente la note de M. Foucault, que nous reproduisons integralement, et dit en quelques mots comment, en faisant communiquer metalliquement les interrupteurs de deux appareils d'induction de M. Rhumkorff, le savant physicien est parvenu a doubler la tension du flux electrique. — Le proprietaire d'un vaste pare des environs de Paris, qui en quelques annees avait vu mourir plus de 60 lievres d'une maladie mysterieuse et inconnue, a appele" en consultation M. Alfred Bec- querel, medecin de l'hopital Lariboissiere. Les lievres malades se laissaient prendre a la main, semblaient incapables de mouvements rapides, maigrissaient a vue d'ceil, sans qu'on put decouvrir exte- rieurement aucune lesion grave. L'autopsie et l'examen attentif des organes int^rieurs ont fait decouvrir a M. Becquerel que les lievres malades etaient atteints d'une veritable fievre typho'ide, parfaite- ment caracterisee. — M. Velpeau presente, au nom de M. Bouvier, un volume de recherches sur un certain nombre de maladies des appareils locomo- teurs et sur le strabisme. La premiere maladie etudiee par M. Bou- 130 COSMOS. vier est ]a maladie de Pott, dont le siege, suivant lui, n'est pas dans les tubercules des vertebres, comme on le croit communement, et dont le meilleur traitement n'est pas l'application de cauteres larges et profonds. M. Bouvier traite ensuite des luxations congeni- tales de la cuisse, qu'il est, dit-il, absolumeut impossible de guerir, en raison de 1 'absence de cavite dans l'os recepteur et de tete dans l'os qui devrait s'emboiter dans le premier. M. Bouvier fait enfin 1'histoire du strabisme et s'attache a prouver que, quoiqu'elle ait aujourd'hui beaucoup moins de vogue en apparence, ou que Ton en parle beaucoup moins, elle n'est nullement abandoning ation est peu couteuse. M. Deiss propose de traiter de la meme maniere les os pour les debarrasser de toute ma- tiere grasse ; il croit encore qu'on arrivera par le moyen du sulfure a pouvoir traiter directement les graines ol£agineuses pour en ex- traire l'huile avec une £conomie considerable. Interroge par M. Thenard , M. Dumas dit que M. Deiss peut livrer le sulfure de carbone a 2 francs les 100 kilogrammes; nous reviendrons sur cette importante communication. M. Dumas communique encore de longues recherches de MM. Or- fila et Riboux, relatives a Taction du phosphore rouge dans 1'econo- mie animate. Ces messieurs ont a leur tour constate l'innocuitu pres- que absolue de cette modification singuliere d'une substance si active et si v£n£neuse a l'&at ordinaire de phosphore blanc. A la COSMOS. 131 dosememe de 100 grammes, le phosphore amorphe ne cause aucun accident, il est entic-rement elimine par les excrements et sans pi'-ne- trer dans aucun organe essentiel, comme le ferait une terre. 11 pa- rait que cette propriety inattendue permettra de simplifier eonside- rablement un grand nombre de procedes de la mddecine legale. M. Dumas, enfin, au nom de M. Riche, preparateur de chimie a. la faculte des sciences, pr^senteun travail complet sur le tungstene. M. Riche a reussi recemment a preparer le chlorine de tungstene pur, etcechlorurene ressemble en aucune maniere a ce qu'ondesi- gnait sous ce nom. Le preHendu chlorure des auteurs, remarquable par sa couleur rutilante, est en reViite un oxychlorure ; le veritable chlorure est couleur gris d'acier. Au moyen de ce chlorure et par d'autres procedfe encore, M. Riche a obtenu enfin le tungstene pur et a 1'eHat metallique; il n'a pu le fondre qu'avec la grande pile de 600 elements que M. Dfspretz a fait construire, et avec laquelle le savant professeur a obtenu tant de resultats importants. Un fait assez extraordinaire, c'est que ladensite du tungstene de M. Riche, soit en poudre, soit en culot, ne s'est trouvee egale qu'a 13 1/2, au lieu de 17 1/2; ainsi, lo tungstene, dont on avait fait, apres le pla- tine et Tor, le plus dense de tous les corps, n'aurait en realite que la densite du mercure. Une erreuren moins dans revaluation d'une densite se comprend, mais une erreur en plus si considerable est tout a fait inexplicable. — M. Chiozza annonce aussi a l'Academie par l'organe de M. Balard qu'il est parvenu a preparer artificiellement l'essence de cannelle. Son procede consiste a traiter par l'acide chlorhydri- que un melange d'acide acetique et d'huile essentielle d'amandes ameres. — Le president , M. Binet, au moment de lever la seance, ex- prime son regret de voir que les presentations si nombreuses de memoires et d'ouvrages faites par les membres au nom de tant d'auteurs differents l'aient empeche de pouvoir accorder la parole a quelques-uns des nombreux candidats qui se presentent pour rem- plirles quatre places vacantes au sein de l'Academie. II est cependant, dit il, dans les usages de l'illustre corps d'ac- corder des tours de lecture de faveur a ceux qui aspirent a obtenir ses suffrages. M. Thenard trouve tres-juste que les candidats soient admis a lire des memoires; il croit neanmoins devoir faire observer que ce n'est pas sur les litres presentes ainsi a la derniere heure, mais sur l'ensemble des travaux et des decouvertes de la vie entiere, que 132 COSMOS. 1'Academie doit former son jugement. On a du se preparer delongue main a faire partie de l'une des sections de l'illustre corps ; rejection suppose une certaine celebrite, et la celebrite ne peuL pas s'obtenir par une lecture faite tardivement. SI d'ailleurs on voulait accorder la parole aux douze candidats de la section de medecine, aux six candidats de la section de botanique, aux huit candidats de la sec- tion de inathematiques, etc., etc., force serait de renvoyer les Elec- tions a un temps tres-recule, ce qu'on ne peut faire sans une sorte d'injustice. Des qu'une place est vacante dans son sein, apres l'ex- piration des delais fixee par les reglements , c'est un devoir pour l'Acadeinie que d'appeler a la remplir un des savants qui out me- rite de lui appartenir. A plus forte raison ne doit-elle pas, ne peut- elle pas laisser vides quatre fauteuils a la fois. M. Thenard conjure done les sections de faire leurs presentations dans le plus court delai possible, sans attendre, ce qui serait ridicule, que chaquecan- didat ait hi un nouveau memoire. Les paroles de l'illustre chimiste, accueillies avec une immense faveur, donnent lieu a une discussion vive, sur l'ordre de presenta- tion par les diverses sections. La section de medecine veut presenter un correspondent avant un membre titulaire, ce que M. ThEnard repousse avec vivacite ; la section de botanique se croit en droit de ne faire sa presentation qu apres la section de medecine en raison du renvoi a six mois prononce" par l'Acadeinie ; la section de matbema- tiques ne pourra etre invitee a se completer qu'apres que le medecin et le botaniste auront pris possession de leurs fauteuils; mystere inexplicable, la section de geologie et de mineralogie garde un profond silence : ce serait cependant a elle a prendre les devants, puisque le vide a remplir dans son sein date du 19 decembre 1853, epoque de la nomination de M. Elie de Beaumont a. la place de secretaire perpetuel. Deux ans, c'est bien long! Qu'en pense M. Thenard? NOTE SUR l'emPLOI DES APPAREILS D'lNDUCTION ET SUR LES EFFETS DES MACHINES MULTIPLES , PAR M. LEON FOUCAOLT. Les machines d'induction, telles que les construit aujourd'hui l'habile artiste M. Ruhmkorff, passent, parmi les homines de science, pour avoir atteint le plus haut degre de puissance qu'elles comportent ; loraqu'on veut leur donner des dimensions plus consi- derables, l'effet ne croit pas proportionnellement, et les organes d'interruptionducourant inducteur se detruisent avec une rapidite COSMOS. 133 qui oblige a revenir au modele consacre par l'usage. Cependant, ces sortes d'appareils remplaceraient sans doute avec avantage l'an- cienne machine electrique, si Ton parvenait a leur faire produire des effets plus puissants. Les ^tincelles qu'onobtient actuellement des machines inductives nes'elancent guere au dela de 8 a 10 millimetres, et deja pourtant elles accusent dans le conrant d'induction une forte tension, dont le developpement depend de 1'intensite du courant inducteur et de la longueur du fil induit ; mais ce qui favorise surtout cette haute tension, c'est la cessation plus ou moins brusque du courant induc- teur. Or, il n'y a pas de moyen connu d'interrompre instantanement un courant qui circule avec intensite dans un long conducteur me- tallique. La separation, quelque rapide qu'elle soit, des pieces con- tigues ilestinees aux contacts, n'a jamais lieu sans production d'une etincelle plus ou moins visible qui montre que tout eourant qu'on voudrait arreter court, est effectivement prolonge pendant quelques instants par un extra-courant dirige" dans le meme sens. Ces etin- celles d'extra-courant sont plus vives, plus durables et plus nuisibles a mesure que le courant interrompu parcourt un plus long circuit, et comme celui-ci se developpe necessairement avec les dimensions des appareils, il arrive qu'en cherchant a les accroitre on finit par perdre dun cote ce que Ton gagne de l'autre. Tel est en realitd ['obstacle qui, malgre l'heureuse adjonction du condensateur de M. Fizeau, est venu s'opposer a ce que Ton donnat une plus grande extension au phenomene r^vele par l'admirable decouverte de M. Faraday. Cependant, en assimilant les appareils d'induction aux diverses sources connuesd'electricite dynamique, qui toutessont susceptibles d'etre reunies en series et de donner des effets de tension propor- tionnels au nombre des elements electro-moteurs, j'arrivai a con- clure qu'il en serait de meme entre plusieurs machines inductives, pourvu qu'elles fussent assujetties a fonctionner d'une maniere concordante. Si, eneffet, cette condition dtait realised, chaque machine ayant ses organes propres, tous les courants inducteurs se distribueraient isolement et toutes les etincelles d'extra-courant, eclatant par hypo- these au meme instant, auraient meme dur£e que si chaque ma- chine fonctionnait seule ; l'influence inductive s'exercerait done simultanement dans tous les appareils sans qu'il y eut reaction croissante et nuisible provenant de 1' ensemble des extra-courants. Toute la difficulte se trouve ainsi ramenee a etablir entre plu- 134 COSMOS. sieurs machines une solidarite qui mamtienne entre les phases des couranUinducteurs une concordance parfaite. Quand on opere avec deux machines, ce r6sultats'obtient d une maniere assez simple, en alimentant les deux courants inducteurs par une meme pile et en i'aisant communiquer metalliquement les interrupteurs dlectro- magnetiques. Pour fixer les idees, je suppose que le courant fourni par le pole positif de la pile penetre en se bifurquant dans les bobines induc- trices; au sortir de celles-ci, les deux rameaux rencontrent les in- terrupteurs, traversent les points de rupture et se r<5unissent au dela pour rentrer dans la pile par le pole negatif. Dans ces circons- tances, les deux machines marchent a la fois, mais d'une maniere independante et sans augmentation notable du r^sultat final. Si alors on etablit une communication entre les deux courants partiels par mi fil metallique insere de part et d'autre en quelque point du fil inducteur situe entre la bobine et la piece vibrante, 1'accord s'dta- blit et le systeme fonctionne avec la puissance d'une machine double ; a la condition toutefois que Ton etablira les communica- tions de telle sorte que les tensions positive et negative s'accu- nmlent aux extrdmites externes et libres des deux fils induits, tandis que les extremites internes reunies persistent a l'etat nature!. Cet accord resulte evidemment de ce que celui des deux mar- teaux interrupteurs qui, par une cause quelconque, tendrait a pren- dre l'avance, determine par son jeu les memes periodes d'aimanta- tion dans les deux machines, et que par suite il oblige l'autre marteau a le suivre d'assez pres pour que leurs mouvements semblent affec- ter un synchronisme parfait, et qu'il y ait partage de l'etincelle entre les deux points de surface. On reconnait qu' effectivement les tensions ont gagn^, car les ^tincelles du courant induit sont bruyantes, sinueuses et lonsiues de 16 a 18 millimetres. Si Ton voulait etendre a plusieurs appareils Texperience qui m'a reussi pour deux, il y aurait encore a compter avec certain es diffi- cultes que l'avenir apprendra sans doute a resoudre. Si l'habile constructeur, de qui Ton tient le bel appareil, gene- ralement designe sous son nom, croit pouvoir realiser un isolement plus parfait, on arrivera sans doute a reculer de plus en plus la limite qui paraissait s'opposer a l'extension progressive des phe- nomfenes d'induction. &CAD1-BIIE DES SCIENCES. si;*NCE DC 28 JANVIER 1856. PRIX DECERNES SCIENCES MATHEMATQVES I. Prix d Astronomie, fnnde par Lalande. Depuis la cloture du dernier concours, quafee nouvelles petites planetes ont ete decouvertes pendant l'annee 1855, ce qui porte a trente-sept le nombre des planetes qu'on observe entre Mars et Jupiter. La premiere de ces nouvelles planetes, Circe, a ete decouverte le 6 avril 1855 par M. Chacornac, l'un des astronomes de I'Obser- vatoire de Paris. La seconde, Leucoth^e , a ete trouvee le 19 avril 1855 par M. Luther, astronome de I'observatoire de Bilk, pres de Dussel- dorf. Enfin la troisieme et la quatrieme , Atalante et Fides, ont ete vues le meme jour, 5 octobre 1855 : Atalante, par M. Hermann Goldschmidt, peintre d'histoire, a Paris; Fides par M. Luther. L'Academie partage le prix d'astronomie, fonde" par Lalande, entre MM. Luther, Chacornac et Goldschmidt. II. Prix Monthyon de mecanique. La commission d£cerne le prix de mecanique de la presente an- nee a M. Boileau, professeur a I'Ecole d'application de Metz, pour l'ensemble de ses recherches experimentales sur 1'hydraulique, science qui, tr.algre de nombreux, de perseverants et remarquables travaux entrepris a diverses epoques en Italie, en France, en Alle- magne et aux Etats-Unis d'Amerique, n'est point encore arrivee, dans ses differentes parties, a un degre do perfection et de certi- tude qui permette d'en faire une application precise aux cas si va- ries, si distincts del'art de l'ingenieur. La commission croit devoir aussi mentionner les appareils deli- cats imagines par ce savant professeur pour ses etudes sur l'ecou- lement de l'eau dans les canaux decouverts et par-dessus les bar- rages, ainsi que ses recherches experimentales sur le sciage des bois, egalement soumises au jugement de l'Acadeinie des sciences, i^t qui sont devenues, pour l'auteur, le point de d.'-part d'une com- binaison nouvelle de scieries a doubles fraises circulairps, destinies au debit rapide des plus fortes pieces, ainsi que de plusieurs autres 136 COSMOS. machines a scier transversalement les bois ou les pierres, machines qui, malheureusement nayant pas 6t4 executees, n'ont pu, jus- qu'ici, recevoirla sanction de l'experience. III. Prix Monthyon de statistiqw. 1° Le prix de statistique donne sur les funds de faunae 1854, est decerne a l'ouvrage portant pour titre : hx Ouvriers europeens, par M. Le Play, ing&iieur en chef dtes mines et professeur de metal- lurgie a I'Eeole imperiale des mines de Paris. Autorise par le geuveruenaertf francos , M. Le Play, depuisun certain nombre d'annees, a inspects les mines importantes qui sont poss^dees dans les monts Oural, par M. le comte Demidoff, corres- pondamt de l'Academie. Pour remplir cetie mission, il a fallu que M. Le Play traversal a plusieurs reprises le continent de l'Europe. II a combine ses itineraires de maniere a parcourir les principaux Etats de cette partie du monde. En 1851, membre de la Commis- sion franchise envoyde pour faire partie du jury de l'Exposition uni- verselle a Londres, il a visite" les provinces les plus importantes de la Grande-Bretagne, et prolonge dans cette ile les recherches qu'il avait commencees sur le continent. Ces voyages d'exploration ont commence des 1836 ; c'est une oeuvre entreprise depuis vingt annees qu'il soumet a l'examen de l'Academie. L'auteur etait guide dans son travail par le desir de connaitre les causes dun grand contrasts qu'il signale. Suivant lui, deux regions extremes de l'Europe presentent le spectacle le plus different. Les populations du nord et de l'orient vivent, pour la plupart, satisfaites de leur sort et dans un etat de quietude qui iiappe tous les obser- vateurs; cedes de l'occident, poussees par la necessite ou excitdes par une sorte devertige, ne cessent de s'agiter pour modifier leurs habitudes et leurs institutions. Les monographies recueillies par l'auteur fournissent des resultats precis sur le bien-etre relatif des diverses populations; elles donnent, suivant l'auteur, l'exphcation du contraste qu'il s'elforce d'etablir. L'auteur constate trois conditions d'existence chez les popula- tions europcennes. A l'orient, c'est le regime qu'il appelle des engagements j'orccs. Ce regime impose le travail a l'ouvrier d'a- pres des conditions fixees par la loi et par la fortune. En ineme temps il soumet le patron a l'obligalion de pourvoir en toute even- tual; f loins de l'ouvrier et de sa iamille ; il attribue a ce dernier une veritable hypotheque legale sur les produits du travail. COSMOS. 137 Au nord, au centre, le regime des engagements volontaires prend en grand partie la place des engagements forces ; mais il faut encore que des institutions protectrices concilient la liberte necessaire aux indivirlualites les plus distinguees, avec la protec- tion dont ne sauraient se passer les classes placets, sous le rapport de la morality, de 1'intelligence et de l'energie, a un niveau moins eleve. Ici les traditions et les moeurs suppi^ent a la loi, qui n'est plus imperative, pour assurer le meilleur sort des ouvriers. Le troisieme et dernier regime est celui des engagements mo- mentanes. Dans ce regime , les biens et les maux semblent me- langes chez les diverses nations et clans les diverses provinces d'une meme nation, suivant les progres des arts et de l'industrie. Aux yeux de l'auteur, ce nouvel ordre de choses semble envahir toutes les regions industrielles de l'occident, en meme temps qu'un progres incontestable se manifeste a sa suite dans toutes les branches de l'activite hmnaine. Afin de comparer le sort des ouvriers dans les diverses parties de l'Europe, il ne fait pas seulement entrer en ligne de compte les sa- laires en argent; il y joint toutes les recettes en nature, de quelque sources qu'elles arrivent a la famille. C'est pr£cis£ment cette va- ried de recettes que l'auteur s'est effbrce de rechercher et d'ap- prdcier. L'auteur consacre la premiere partie de son ouvrage ;\ l'expose de samethode appliqu^e a l'observation du sort des ouvriers. II les subdivide en sept classes : Les ouvriers domestiques, les journaliers, les tacherons, les ou- vriers tenanciers, les ouvriers chefs de metiers, les ouvriers pro- prietaires et lesproprielaires-ouvriers. II caracterise ces sept sub- divions : d'abord chez les peuplesnomades, a l'orient de l'Europe, et dont il n'a pas parle- pr£c£demment ; puis, chez les peuples se- dentaires oil subsistent les trois systemes : 1° d'engagements forces, 2° d'engagements volontaires permanents, 3° d'engagements a courts termes et de travail sans engagement. L'auteur resume ainsi la methode d' exposition qu'il a suivie : « Etablir pour chaque famille soumise a l'observation un budget annuel compose* de deux parties dont le cadre reste invariable pour toutes les localites et pour toutes les categories d'ouvriers. Faire pre^der ce budget d'une introduction dans laquelle soient definies dans un ordre constant toutes les conditions d' existence de la famille. Donner ensuite des documents et des notes qui compren- nent les details importants de technologie et d'dconomie domes- 138 COSMOS. tique. Eiifni , pour eclairer cet ensemble , y joindre les conside- rations ^enerales qui n'auraient pas pu prendre place dans le cadre meme de Introduction sans en d^truire l'harmonie. » Une seconde partie , sous le nom peut-etre trop ambitieux A'atlas, contienttrente-six budgets spSciaux et complets. Le premier est puise chez un peuple a moitie nomade, celui des Baskirs 6tabli sur le versant asiatique de l'Oural : il n'appartient pas a l'Etirope. Quatre budgets sont tires de la Russie 1° mSridionale, 2° cen- trale, 2° septentrionale, 4° occidentale : les deux premiers pour les families agricoles , les deux suivants pour des families indus- trielles. Les Etats scandinaves sont represented par deux tableaux, un pour la Suede , un pour la Norwege, et tous deux empruntes aux travaux des mines. Sous le titre d'Europe centrale, l'auteur compreud meme la Tur- quie d'Europe, representee par un ouvrier bulgare. Vient ensuite pour la Hongrie un paysan a corvee, puis un fon- deur de metaux. Les Etats propres d'Autriche fournissent les budgets de trois industriels empruntes a la Carinthie, a la Carniole, a Vienne. Dans le Hanovre, les celebres mines du Hartz sont representees par un ouvrier. Viennent ensuite les regions limitrophes de la France; elles fournissent , pour la Prusse rhenane , deux ouvriers en metaux. plus un tisserand. La Suisse donne deux horlogers, choix motive" par la celebrity de l'industrie propre aux pays de Neufchatel et de Geneve. Le midi de 1' Europe est represents seulement par deux agncul- teurs espagnols , l'un de la Vieille-Castille , l'autre de la Galice, et ce dernier emigrant periodique. L'Angleterre donne matiere a quatre budgets : deux empruntds a Sheffield, dont la coutellerie si parfaite n'est pas plus remarquable que 1' organisation de ses classes ouvrieres; un budget de la coutel- lerie par fabrication collective a Londres ; un autre du fondeur de fer a la houille, dans le comte de Derby. Enfin , la France a fourni douze budgets emprunt&s soit aux villes, soit aux campagnes de l'Auvergne, du Nivernais, du Maine, de la Mayenne, de la Bretagne et du d^partement de la Seine. Les observations speciales dont chaque budget est accompagne en font connaitre le veritable esprit et les consequences. COSMOS. 139 La collection des trente-six budgets que nous venons d'enumerer suffit amplement pour montrer l'esprit des recherches de l'auteur ; elle donne la mesure du travail auquel il s'est livre" ; il est nouveau par son point de vue , par son ensemble, par son esprit mathema- tique a l'egard des faits constates : par l'esprit de moderation avec lequel les idees propres a l'auteur sont presentees, soit a titre d'ex- plications, soit a tilre de consequences. 2° Le prix pour 1855 est decern^ aux recherches statistiques sur les substances calcaires a chaux hydraulique et a ciment naturel, de M. Vicat. L'Academie a deja recompense" par un prix special la belle d£- couverte de M. Vicat sur les chaux hydrauliques et les ciments imturels. Les recherches statistiques aujourd'hui soumises a 1'examen de l'Academie ont eu pour objet de completer les services rendus aux constructions hydrauliques dans les diverses parties de notre terri- toire, en indiquant les ressources mineralogiques dont nos cons- tructeurs peuvent tirer parti. I Partout le savant ingenieur a trouve les substances propres a des constructions eminemment solides ; partout, grace a son livre, on les connait, on sait s'en servir. Elles sont entrees dans le commerce journalier comme element indispensable de cette foule d'edifices qui s'elevent avec tant de rapidite. Si les sciences physiques n'habi- tuaient pas les yeux a de continuels miracles, ne serait-on pas etonne de la revolution que la publication statistique de M. Vicat a fait subir a l'art de batir ? C'est a l'architecture comme application , a la chimie pour les principes, qu'appartient desormais cette collection de faits si inge- nieusement reconnus par l'auteur. II serait superflu de faire ici de nouveau l'eloge des belles recher- ches de M. Vicat. II n'est pas un traite" de chimie qui ne les expose dans leurs parties essentielles. Nous ne pourrions rien ajouter d'es- sentiel au rapport si lumineux de l'lllustre secretaire perpetuel dont l'Academie regrette encore la perte prematuree. Votre commission ne peut que renvoyer a ce rapport les personnes qui voudront savoir de quelles immenses economies une decouverte scientifique peutdo- ter un pays tout entier En accordant le prix a M. Vicat, votre commission acquitte la dette que lui avait leguee la commission chargee de 1'examen du concours de 1839. « Lorsque la tache de M. Vica^ sera remplie, disait-eile dans son rapport de 1840, il pourra faire valoir ses droits no cosmos. aux recompenses de l'Academie : nous pensons que ces droits doi- vent etre reserves. » L'ouvrao-e alors ne s'etendait qu'u quarante-deux d^partements. II en embrasse aujourd'hui soixante-seize ; et Ton doit le regarder comme termini'" , car ce sont inaintenant tous les homines que M. Vicat a instruits qui competent journellement ce catalogue des richesses calcairesde la France. II n'est pas douteux que l'industrie particuliere n'en ait multiplied de tous cotes les proJuits destines a Futilite" publique. L'Academie accorde en outre des mentions honorables, 1" au ma- miscrit de 1522 pages in-folio que M. V. P. Demay a re^dige sous le titre de : Histoire de la ville de Belleville et de ses accroissements, on examen des divers rapports de la banlieue de Paris avec la capitate. A peine trente-cinq ans se sont £coules, et ces collines, qui n'of- fraient que des habitations isolees au milieu d'une campagne veri- table , sont couronnees aujourd'hui par une ville de quarante-six mille ames : Belleville est , par rapport a la population , sa vingt- cinquieme cite de France. La statistique qui ferait penetrer profon- d&nent dans les sources de l'accroissement si rapide de cette com- mune expliquerait en raeme temps beaucoup de faits economiques dont l'ceil ne saisit que l'apercu general dans le developpement de la population de Paris. Chaque annee qui s'ecoule fait regretter l'oubli dans lequel tombent les renseignements numeriques sur les changements insensibles comme sur les ameliorations rapides de la capitale. [La suite au prochain numero,) P. S. M. de Luca nous a demontre, par plusieurs publications etrangeres et par plusieurs lettres, que M. Berthelot et lui etaient en possession dep\iis plus d'un an, de l'alcool acrilique, extrait du propylene , de Tether correspondant et autres derives ; ces chimistes si consciencieux ne voulaient publier cette partie de leurs recher- ches qu'apres avoir complete l'£tude de l'allyle ou carbure d'hy- drogene qui est le point de depart de toute cette serie de produits nouveaux. Pourquoi faut-il que MM. Cahours et Hoffmann se soient tant presses ! A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. Taris.,— Imprimerie tie W. Remqitet et Cie, rue Garanciere, 5. T. Vllf. Io piivRIEP. YSt6. CINQUIKME ANNKE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. — Voici la communication precise faite par M. Coulvier- Gravier sur le meteore qui a fait son apparition a Paris et dans d'autres villes des departements , dans la soiree du dimanche 3 fevrier : Ce bolide, ou globe filant, a paru a huit heures dix minutes ; il etait de premiere grandeur, de couleur rouge d'abord , puis blan'c et finalement bleuatre en approchant de l'horizon. II prit naissan'ce a xi d'Orion , et, se dirigeant vers l'est-nord-est , il vint s'eteindre a delta du Lion , apres une course de 70 degress et une duree de 4 minutes. Accompagne d'une trainee de meme teinte , mais non persistante, sa marche paraissait indecise , et il s'est brise a moiti6 ■ de sa course , en abandonnant des fragments qui augmentaient 1'^clat de sa trainee. Un.'pareil phenomene, ajoute l'auteur de la communication n'a nen d'extraordinaire , et ne se distingue des etoiles filante's en general que par ses dimensions. — On lit dans la Patrie du 10 fevrier : <• On nous communique l'extrait d'une lettre de M. Le Verriera M. le Ministre de Instruction publique , pour lui annoncer la de- couverte d'une nouvelle planete. Outre la petite planete trouvee le 12 Janvier dernier, M. Cha- cornac vient d'en decouvrir encore une nouvelle. Cet astre, situe presentement dans la constellation du Lion brille comme une etoile de huitieme a neuvieme grandeur • il est done visible dans une lunette d'une mediocre dimension La planete trouvee le 12 Janvier portera le nom de Leda (Nous nga et.ons trop empresse d'annoncer qu'elle avail ete appelde En communiquant a l'Academie, lundi dernier, la nouvelle de ce \k1 COSMOS. cornac a etd trouvee a l'Observatoire de Paris. I! ajoute qu'il est plus convaincu que jamais du nombre considerable de petiles pla- netes situees entre Mars et Jupiter; avant 1860, dit-il, on en aura certainement decouvert pres de cent. » — Dans la derniere sdance de l'Academie , M. Le Verrier a victorieusement repondu aux doutes que M. Laugier avait souleves relativement aux determinations de la declinaison et de l'inclinaison magndtique, faites par MM. Goujon et Mauvais. Aquoi se rcduisent en realite les objections de M. Laugier? A la negation de l'influence de l'attraction locale dans les divers pavilions de la terrasse de l'Ob- servatoire; or, dit M. Le Verrier, cette influence est un fait incon- testable ; et j'offre a chacun , h M. Laugier lui-meme , de la veri- fier par de nouvelles observations. En transportant tour a tour la boussole des variations de Gambey du pavilion de l'ouest au pavil- ion central , du pavilion central au pavilion actuel des instruments- enregistreurs, du pavilion des instruments enregistreurs au pavilion de Test, on voit cette influence croitre de plus en plus en suivant une marche parfaitement rdguliere. Ce qu'il y a de plus extraor- dinaire, c'est que cette influence a eHe" constatee en 1850 par M. Laugier lui-meme, qui a dit, en termes formels, que des obser- vations de declinaison faites par lui avec MM. Mauvais et Brunner dans le pavilion central et le pavilion de l'est presentaient une dis- cordance constante. M. Laugier ajoutait, il est vrai, qu'il eut la pru- dence de ne pas s'arreter a cette discordance constante ; mais, dans cette prdtendue prudence, M. Le Verrier voit avec raison une veri- table imprudence. Ce n'est pas avec des observations directes faites a la meme epoque, dans le meme lieu, avec les memes instruments, que M. Laugier combat les conclusions de M. Le Verrier ; il leur oppose des nombres deMuits par interpolation, ou mieux par extrapolation, d' observations faites en d'autres lieux, en d'autres temps, avec d'autres instruments , d'observations qui ne sont pas corrigees des variations annuelles, diurnes ou accidentelles ; d'observations grou- pies et employees par une mdthode vraiment arbitrage qui peut conduire a tel r&sultat qu'on voudra, et qui, appliquee meme a des series regulieres d'observations faites dans le meme lieu , avec les memes instruments, donne des nombres calculus tres-differents des nombres r£eis. M. Le Verrier, en terminant, prend M. Laugier lui-meme pour juge du differend qu'il a soulevd; il offre de mettre a sa disposition les appareils et les registres de l'Observatoire, et se declare pret a COSMOS. 1H3 recommencer un nouvelle campagne magneHique , si M. Lauiale et cen- trale d'agriculture , a £te insere en entier dans I' Echo agricole , numeros des jeudi 7 et dimanche 10 fevrier. Nous ne pouvons en donner ici qu'une trcs-courte analyse : Une Commission institute par M. le Ministre de la guerre, pour examiner les questions qui se rattachent a l'amelioration des races bovine et ovine de 1'AlgeVie , avait charge M. Baudement de lui presenter un travail d'ensemble sur l'etat actuel de la production des laines dans notre colonie, et lui avait confie un lainier contenant 1408 echantillons recueillis surpresque tous les points du territoire algerien. M. Baudement a examine ces nombreux echantillons un a un ; il les a compares entre eux, il les a coordonnes systfrnatique- ment; il est arrive" ainsi a se faire une idee generate de leur valeur relative et de leurs caracteres dans les diverses parties de notre conquete. Les laines d'Algerie apparliennent a la classe des laines communes : elles sont longues, dures, seches, macheuses, maigres, peu tass^es, mais fortes, peu chargees de suint , d'assez bonne nature et trahissant un certain degre" de finesse qui se developpe et devient plus sensible a, la fabrication. Elles se rangent sous quatre categories : l°les laines longues, excellentes pour le peigne ; 2° les laines courtes et rappelant le type merinos ; 3° les laines inferieures plus ou moins longues ; 4° les laines moyennes , ayant encore un peu du type merinos. La province d'Oran est la mo*ins bien par- tagee ; puis vient la province d'Alger ; la province de Constantine renferme les meilleures laines des divers types. Rien ne seralt plus facile , dit M. Baudement, que d'ameliorer nos laines d'Afrique ; de simples modifications dans l'elevage aujourd'hui tout a fait bar- bare produiraient seules d'excellents effets ; le croisement par les beliers des races fines, ceux fle Craz, de Saxe ou de la plaine d- Aries ameneraient rapidement la population ovine a l'etat oil la peuvent desirer notre industrie et nos consommateurs : de faibles depenses, avec un peu de perseverance, suffiraient a fuire atteindre- ce but. L'Algerie possede au moins 10 millions de moutons qui produi- U4 COSMOS. sent annuellement 15 millions cle kilogrammes de laine, surlesquels la consommation indigene prend 2 millions. II reste done 14 mil- lions de kilogrammes de laine disponible, mais d'une laine com- mune; si cette laine , amclioree, devenait comparable a la laine des colonies anglaises, on aurait realist un grand progres. Les ce- reales et les laines : voila les deux produits qui doivent servir de pivot a toute I'agriculture algerienne , dans l'interet de la France comme dans celui de l'Algerie, dans l'interet du colon comme dans l'interet de I'indigene. Les brebis algeriennes sont generalement laitieres ; tout leur lait estdonne* aux agneaux pendant les quinze ou vingt premiers jours de leur existence ; passe ce temps, il est employe a la nourriture de la famille et ne fait defaut que trois semaines ou un mois avant la mise-bas ; ces brebis sont en outre tres-fecondes et donnent deux ou trois agneaux par an : ce sont la des qualites precituses qu'il faudra bien se garder de laisser alterer dans les croisements et les ameliorations. M. Trecul fait al'Acaderaie une communication sur des petits organes fort singuliers qui furenl decouverts en 1836 par Turpin , et appeles par lui biforines ; depuis cette epoque, leur existence a etd niee par tous les botanistes. Us existent chez diverses plantes de la famille des aro'i lees, et seraient composes , suivant Turpin , de deux vesicules dont l'une contiendrait l'autre : l'exterieure serait allongee en forme de navette et terminee a chaque extremite par une petite ouverture ; la vesi- cule interieure formerait comme un canal intestinal iusiforme qui aboutirait aux deux ouvertures de la pricedenta. Cette cellule in- terne serait remplie par une multitude de cristaux aciculaires dis- poses en un faisceau, et qui, lorsqu'on place la biforine dans l'eau pour 1* examiner au microscope, sont lances dans le liquide par des jets continus ou intermittents des plus remarquables. Tous ces fait?, recuses depuis 1836 , sont aujourd'hui continues par M. Trecul, excepte cependant l'existence de la membrane in- terne qui, suivant lui, n'existe pas. Les aiguilles cristallines sont entourees par une substance mucilagineuse souventassez dense, par exemple dans le caladium crassipes , ou cette sorte de mucilage, ne s'appliquant pas intimement sur les cristaux restants quand ceux-ci sont chasses hors de l'organe, forme des ondulations irrd- gulieres qui ont fait que Turpin crut voir une membrane ; mais un examen attentif demontre qu'il n'y en a pas, et que ce mucilage se delaie dans l'eau et sort en partie sous la forme de llocons avec les COSMOS. 145 aiguilles cristallines. Cette Amission , artificielle dans cette expe_ rience, s'effectue naturellement clans les plantes, car on trouve frd- quemment ties biforines vides de cristaux. M. Tr£cul en a meme vu une fois dont les granules suspendus dans ce mucilage etaient de- venus verts com me les grains de chlorophylle du tissu cellulaire en- vironnant, ce qui prouve que les aiguilles cristallines etaient sorties deptiis longtemps deja. Les observations de M. Trecul ont porte non-seulement sur les plantes observees par Turpin , mais aussi sur des espeees que ce dernier n'avait pas examinees. C'est sur le Pistia spathulata que M. Trecul a trouve flottant en abondance a la surface des eaux un peu tranquilles de la Louisiane et du Texas, qu'il a fait ses pre. mieres observations sur les biforines. Ayant repris leur etude dans ces derniers temps, il les vit dans les Pistia Stratiotes, Leprieuria, lingitceformis ,• dans les Caladium crassipes et bicolor, le Dieffen- bachia Seguini, le Philodendron crinites, etc. M. Trecul pense done que les biforines doivent etre mises au rang des organes elementaires des veg^taux. — M. Marchal de Calvi, dans un memoire communique a 1' Aca- demie le 10 de'eembre 1855, sur l'empoisonnement par les vapeurs d'essence de terebenthine , avait cm pouvoir formuler les conclu- sions suivantes : 1° la ceruse est fixe dans la peinture dont elle forme la base et n'est pour rien dans les accidents qui peuvent re- sulter du sejour dans un appartement fraichement peint ; 2° les accidents sont dus aux vapeurs de terebenthine ; 3° le danger est le meme dans un appartement fraichement peint. quel que suit le compose, blanc de plomb ou blanc de z'nc qui forme la base de la peinture; 4° il y a danger d'empoisonnement par la terebenthine tant que la peinture n'est pas parfaitement seche, et le plus sur est de n'habiter un appartement que lorsque toute odeur d'essence a disparu ; 5° l'empoisonnement par la terebenthine rentre dans la meme categorie que l'empoisonnement par les Emanations des fleurs ; G° les emanations des fleurs agissent de deux manieres sur reconomie, idiosyncratiquement ou toxiquement ; 7° le mode d'ac- tion des vapeurs de terebenthine consiste principalement dans une hyposthenisation plus ou moins profonde ; 8° le traitement stimulant energiquement administre, est celui qui convient contre cet empoi- sonnement. II ne faut pas negliger d'executer Taction peristaltique de l'intestin par les moyens approprids. L'observation qui servait de point de depart a M. Marchal de Calvi, a une importance tres-grande. Ur.e jeune femme qui hubitait U6 COSMOS. depuis plusieurs jours un appartement fraichement peint, devint tout a coup gravement malade. Le premier symptome consista dans des coliques; plus tard la malade etait comme an^antie, le visage d'une paleur mortelle, le tour des yeux cyanose\ le globe enfonce, les levres a peine mobiles, l'haleine froide, la voix dteinte, les membres froids et sans resolution, le pouls presque insensible, sans frequence, la vue affaiblie, troubled ; intelligence etait intacte et la malade se sentait mourir. L'usage £nergique des stimulants a 1'interieur et a l'exterieur la ranima, et apres quelques retours, aussitot reprimes, de la crise hyposthenique, elle se retablit, mais seulement au bout d'un mois. M. le docteur Letellier conteste la vdrite" des conclusions de M. Marchal de Calvi ; il est convaincu que les vapeurs d'essence de ter^benthine ne sont nullement deleteres ; elles agissent seulement sur le cerveau a la maniere des alcooliques. C'est se jeter dans un execs contraire : si M. Marchal de Calvi exagere, M. Letellier exa- gere peut-etre plus encore. II est certainement des personnesqui ne peuvent pas respirer l'essence de tore'benthine en forte proport ion sans eprouver des accidents graves; nous connaissons des coloristes qui sont torches, contre leur interet, de renoncer a peindre les verres de la lanterne magique on de la fantasmagorie, parce que l'essence de terdbenthine est absolument necessaire dans ce precede" de peinture. Ce qui prouve, au reste, une action reelle exercee par l'essence de terebenthine sur l'organisme, c'est l'odeur forte de violette que prend 1'urine des personnes qui l'ontlongtemps respiree. — Nous annonijons avec bonheur l'apparition d'un excellent vo- lume que M. Marielle , archiviste de l'Ecole polytechnique, vient de publier a la librairie de Mallet-Bnchelier, quai des Augustins, 55, sous ce titre : Repertoire de l'Ecole imperiale polytechnique, ou renseignements sur les eleces qui nnt fait partie de I' Institution depuis l' epoque de so. creation en 1794, jttsquen 1853 inclusive- nieiit , avec plusieurs tableaux et resumes statistiques. Le marechal Vaillant a dit de ce travail, qu'il presentait un grand interet, non-seulement pour les anciens eleves , mais en- core pour le public et pour l'Ecole polytechnique elle-meme ; nous ajoutons que c'est un reeueil indispensable a tous ceux que rhistoire de la science intcresse et occupe, car les noms des iMeves de l'Ecole sont, a quelques rares exceptions pres , les noms de ceux qui, en France, ont efficacement contribute aux progres de la science et de la grande industrie ; avec ce reper- toire sans cesse sous les yeux, on n'aura plus a craindre d'estropier COSMOS. U7 les noms ou de commettre des erreurs de dates. M. Marielle, c'est lui qui nous le raconte, chef d'escadron honoraire, a passe qua- rante-quatre annees de sa carriere, d'octobre 1804 a dexembre 1848, a l'Ecole poly technique. « Cette institution, a laquelle je n'ai pas eu, dit-il, l'honneur d'appartenir comme eleve, a ete pour moi une seconde famille; je me suis d^voue de toutes mes facultes a son service, et ne m'en suis sejwe qu'avec peine, encore ai-je cm la servir en demandant a me retirer ; les annexes accumulees sur ma tete avaient du faire plus que la blanchir, je devais craindre qu'une plus longue occupation de mon eniploi ne devint prepdiciable a son service; personne ne me parlant de retraite, je n'ai pas hdsite" a prendre l'initiative. J'ai aime' et j'aime d'autantplus l'Ecole poly- technique que constamment j'ai ele" traite avec bienveillance ; fonc- tionnaires, supe'rieurs, membres du corps enseignant, eleves, j'ai eu a me louer de tous ; j'ai emporte" , en quittant l'lnstitution, des souvenirs exempts de toute amertume, et qui out eu une heureuse influence sur la fin de ma carriere. J'esperais a ma sortie de l'E- cole pouvoir garder facilement la memoire de toutes les personnes que j'ai pu connaitre ou qui ont passe- sous mes yeux pendant une aussi longue periode ; mais a peine deux amines ecoulees je m'a- perc^is que les noms que je voulais retrouver m'echappaient et que la confusion se mettait dans mes souvenirs... Je coneys alors l'idee d'etablir un controle general des eleves, a partir de la creation de l'Ecole jusqu'en 1850 inclusivement, » Telle estl'origine simple et naive du Repertoire, dont le plan a e'te' successivement modifie" et augmente. II comprend : 1° le resume- numerique des entries et des sorties des Aleves, de 1794 a 1853 ; le nombre des entries a ete de 7 904, celui des sorties de 7 588; 2° le tableau presentant l'effectif pour chaque annee scolaire; 3° le controle general par ordre alpha- betique des eleves qui ont fait partie de l'lnstitution pendant la pe- riode de 1794 a. 1853 inclusivement, indiquant les noms, surnoms et prdnoms, l'age a l'dpoque de 1'admission, les annees d'admission et de sortie, le service dans lequel l'&eve est entre, ou les autres genres de sortie, enfin la position actuelle ou derniere connue de chacun ; 4° les listes particulieres d'admission pour chaque annee ; 5° les listes particulieres de classement par ann£e dans chaque ser- vice, avec une recapitulation; 6° les listes des eleves n'ayant pas rejoint, ou ayant renonce" au benefice de leur admission, des eleves admissibles non classes pour diverses causes, des eleves demission- naires ou retire's pour divers motifs. PHOTOGRAPHIE. CHERCHEt.TR PH0T0GRAPI1IQUE DE M. TAUPENOT. Cet instrument a pour but d'indiquer au photographe qui veut reproduire un monument ou un paysage le point precis ou il doit eHablir ss chambre noire ; c'est !e meine but que M. Zi^gler avait voulu atleindre par son iconometre; voici en quels termes M. Tau- penot duct it ses avantages et sa construction : « Je 1'appellerai un chercheur, parce que son role est analogue a celui des chercheurs dans les telescopes et lunettes astrono- miques. II evite les tatonnements longs et penibles necessaires pour trouver la position exacte a donner a la chambre noire , quand on veut comprendre dans le paysage une £tendue consi- derable de terrain , d'horizon et de ciel. Avant d'imaginer ce petit tube chercheur , dont l'emploi est aussi simple que celui d'un lorgnon , il m'est arrive de d^placer jusqu'a sept ou huit fois ma chambre noire, sans trouver une position satisfaisante. Parfois aussi , arrive sur les lieux pour prendre un monument ou un paysage qui m'avaient semble devoir faire une belle vue , je reconnaissais a mon grand desappointement qu'il n'y avait pas assez de reculement pour embrasser le monument , ou que le champ de l'objectif ne comportait toute l'etendue du paysage qu'a la condition d'une distance si grande , que ce paysage ne formait plus qu'une bande trop etroite. Tous les photographes ont 6prouve ces desappointements, et Ton a meme, je crois, deja ima- ging de petits instruments pour 6tudier, par avance, les vues que Ton veut faire, l'objectif le plus convenable pour chacune, et deter- miner le point oil l'on devra placer la chambre noire. Mais je ne crois pas qu'on ait encore rien indique d'aussi simple que mon tube chercheur, que chaque photographe pourra se construire lui-meme sans aucune depense, qui ne tient pas de place dans la poche et qu'on peut avoir sur soi dans ses prome- nades, pour reconnaitre tres-rapidement si un paysage ou un mo- nument pourront etre pris avec l'objectif ou l'un des objectifs que Ton possede. On peut construire ce tube avec un bouchon de liege, comme je l'ai fait pour la premiere fois, ou en carton, comme le modele que je vais mettre dans ma lettre, ou enfin en metal, soit cuivre, soit fer-blanc. Si on le fait en liege, on lui donnera la forme cylindrique, c'est- COSMOS. 1/i9 a-dire qu'on percera , par exemple , un gros bouchnn de liege dc 3 a 4 centimetres de diametre d'un trou evase circulaireinent d'un cote , et ayant de l'autre un orifice rectangulaire dont les cotes auront entre eux le meme rapport que les cotes de la glace depolie de la chambre noire. Ainsi, comme dans ma glace, les cotes sont entre eux comme 23 est a 18 : j'ai donne a l'orifice rectangulaire 30 millimetres sur 23,5. car 23/18 = 30/23,5 Plac/mt ensuite la chambre noire devant une facade, on remarque leslimites de la portion qui est representee sur la glace depolie; on regarde cette meme portion en s'appliquant l'ouverture evasde du tube sur l'ceil meme. On trouvera , surtout pour un objectif double, que le champ de visum ainsi limite n'embrasse pas tout ce qui est compris sur la glace depolie. On rognera un peu le bouchon du cote de l'ouverture evasee, et on regardera de nouveau, toujours en s'appliquant le tube exactement sur l'ceil. Le champ se trouvera agrandi par la diminution de la longueur du tube ; s'd ne Test pas suffisamtnenl pour comprendre tout ce qui entre sur la glace de- polie, on rognera encore le tube, et ainsi de suite, jusqu'a ce que le tube limite exactement , quand on le met sur l'ceil , cette portion de facade qui se tiouve sur la glace et qui constitue le champ de l'objectif. Pour un objectif simple , il faudra un plus long bouchon ou une ouverture rectangulaire plus petite. Mais il ne faut pas trop dimi- nuer cette ouverture , et il vaut mieux limiter le champ de plus en plus, a. mesure que le foyer de l'objectif devient plus long en allon- geant le tube. Si Ton a plusieurs objeclifs, il sera plus simple de faire cons- truire par un ferblantier, ou de faire soi-meme en carton, deux tubes embuitant Fun dans l'autre pour faire tirage comme une petite lorgnette. Les opticiens pourront facilement construire de petites lorgnettes sans verre d'apres ce que je vais expliquer, et ces petites lorgnettes, faites en certain nombre , pourraient ne pas couter plus que le tube fait par un ferblantier. Chaque opticien ajusterait d'ailleurs ses lorgnettes pour limiter exactement, par des tirages successifs, des images fournies par les differents objectifs qu'il construit. Au lieu de verre, l'extremite de la lorgnette tournee vers les objets portera un disque de cuivre perce d'une ouverture rectan- gulaire ayant ses cotes proportionnels a. ceux de la glace depolie. L'autre extrt'mite aura une ouverture ronde qu'on appliquera exactement sur l'ceil. Le tirage permettant de limiter plus ou 150 COSMOS. moins le champ , on marquera les points oil il faudra arreter le tube emboite poar avoir l'etendue qu'embrasse chacun des objectifs que l'on possede. Exemple pour deux objectifs Lerebours, 1'un de 25 centimetres, I'autre de 45 centimetres de foyer, et pour une chambre noire oil la glace depolie a 18 centimetres sur 23 : Diamelre de la lorgnette <5 millimetres. Dimensions de l'ouvcrture rectaugulaire touinee vers les objets 34 sur 27 Longueur du premier lube portant cute ouverture 32 Longueur du second tube qui s'applique sur Poeil 40 Chacme photographe pourra facilement se construire un pared systeme en carton , s'il ne veut point faire la depense d'une lor- gnette achet^e chez un opticien. Dans ce cas, au lieu de faire les tubes ronds, il sera plus simple de les faire prismatiques. [Bulletin de la Societc francaise de pho- tographic, livraison de Janvier.) PROCEDE DE GRAVURE FHOTOGRAPHIQUE DE MM. EMILE ROUSSEAU ET MASSON. Nota. Nos lecteurs auront remarque que , par distraction , le metteur en pages du Cosmos avait mis sous le titre qui precede , dans la derniere livraison, la lettre de M. Marion relative a un tout autre objet. Ce ne sont encore que des essais; nousn'indiquerons que le pro- c£de de f^ravure sur acier. Sur une plaque d'acier planee pour la gravure, on etend d'abord une couche de gelatine, puis lorsqu'elle est seche, deux couches de la solution de bichromate et de gelatine ; apres l'exposition a la lumiere , on enleve par un lavage le bichro- mate non attaque ; on passe rapidement la solution d'acide gallique, et on lave rapidement encore ; on laisse secher, on horde la plaque avec de la cire molle pour quelle puisse retenir une couche de li- quide; on verse a sa surface une solution assez faible de nitrate de cuivre, legerement acide cette fois ; au bout de quelques instants, le dessin se recouvre d'une couche de cuivre tres-uniforme, le reste de la plaque se maintenant a nu ; des que cette couche de cuivre a acquis assez d'^paisseur et quelle tend a devenir moins nette, on enleve la solution de cuivre, on lave et on depouille la plaque; le dessin est alors reproduit en creux sur l'acier. ACADEM1E DES SCIENCES. SEANCE PUBLIQUE DU 28 JANVIER 1856. Nous n'avions rien dit encore de la stance publique de fAcade"- mie des sciences , parce qu'elle n'avait rien offert d'extraordinaire. L'assemblee etait tres-nombreuse, les tribunes, les amphitheatres, l'hemycicle, etaient combles ; les bancs de l'lnstitut entitlement remplis ; et plusieurs de nos celebrites litteraires ou politiques avaient repondu a 1'appel de la science ; MM. Guizot, entre autres, et Villemain se sont montres tres-atten til's et tres-sympathiques. M. Regnault, president, s'est borne a declarer la seance ouverte ou fermee. M. Elie de Beaumont a lu quelques-uns des nouveaux programmes de prix , et proclame les prix dt§cemes. Nous avons vu avec un profond regret que cette annee encore l'Acad£mie n'a de- cerne aucun grand prix des sciences math&natiques. Cinq pro- grammes sont a la fois au concours, mais ces programmes , qu'on nous permette de le dire encore une fois , sont tellement en dehors des preoccupations actuelles de la science, si peu en rapport avec les recherches que poursuivent dans les divers centres du mouvement scientifique, les mathematiciens exerces et justement celebres, qu'il est impossible qu'ils trouvent de l'echo. II est grand temps que la section de geometrie renonce a la fatale habitude qu'elle a prise de vouloir commander des recherches dans telle ou telle direction; il est temps qu'elle s'applique au contraire a discerner quelles sont autour d'elle les voies dans lesquelles le genie d'invention ou de discussion est comme entraine par le vent qui souffle dans les hautes regions de la science. Le croirait-on , depuis 1836 , c'est-a-dire depuis 20 ans, l'Aca- demie n'a decerne que trois fois son grand prix de mathematiques ! en 1840 , a M. Hansen , pour ses recherches sur les perturbations planetaires ; en 1842, a M. Sarrus, pour sa determination des equa- tions de conditions de maximum et de minimum des integrates multiples; en 1846, a M. Rosenhain pour les perfectionnements apportes a la theorie des fonctions abeliennes. Ne s'associer que trois fois, en vingt ans, au mouvement des idees, n'est-ce pas lui rester etranger ? Pour nous , ce fait est de la part de l'Academie comme une douloureuse abdication; et il est temps, o-rand temps qu'elle reprennele sceptre tombe de ses mains. Pour mieux faire toucher du doigt l'abus que nous constatons, pour mieux caracteriser l'esprit qui preside a la redaction des pro- grammes academiques , nous citerons le fait suivant emprunte au compte rendu de la seance publique : 452 COSMOS M. Bordin a logus'i une rente de trois mille francs pour la fonda- tion d'un prix annuo! a la meilloure composition sur des sujets ayant pour but : l'interet public, le bien de l'humanite, los progres de la science et l'honneur national. Or, quel est, pour fan nee 1853, le sujet que 1'Academie ajuge" le plus propre a proniouvoir l'interet public, le bien de L'HUMA- NITE , LES PROGRES DKs SCIENCES ET L'HONNEUR NATIONAL, le VOk'i '. •> Un thermometre a mereure etant isole duns une masse d'air at- mospherique, limitee ou illinntee, agitee ou tranquille, dans des circonstaiicestellesqu'ii indique une temperature fixe, on demande de determiner les corrections qu'il faut appliquer a ses indications apparentes, dans les conditions d'exposition ou il se trouve pour en conclure la temperature propre des particules gazeuses dont il est environne. .. Voila tres-certainement un programme presque im- po-sible a remplir , et qui de fait ne sera pas rempli, surtout avant le V'r octobre, terme de rigueur fixe" par le programme. II en sera par consequent du prix Bordin com me des grands prix de mathc- niatiques, il ne sera pas decerne. De bien grandes decouvertes ont ete faites aussi en physique de- puis vingt ans, sans que notre Academie ait pu s'y interesser et les couronner.Sous ce rapport, son abdication est plus absolue encore. Elle a decerne cette annee beaucoup moins de prix de medecine et de chirurgie, la somme consacree par elle a ces recompenses ne s'tMeve qu'a 13 000 fr. II est vrai que nous ne connaissons pas toutes ses largesses, car elle a vote en comite" secret un grand nom- bre d'encouragements de 500 francs , en decidant formellement que le public ne serait pas admis a la confidence de ses humbles aumones, comme si elles etaient honteuses pour elle ou pour ceux qui les recoivent. Nous ne craignons pas de dire que c'est \k une mauvaise mesure; 1'Academie n'est pas un theatre , et Ton ne doit pas y trouver de coulisses ; d'autant plus que le secret est toujours mal garde ; c'est ainsi que nous avons appris que M. le docteur Hilfes.heim, dont les recherches et les experiences sur les causes du mouvement du cceur meritaient une glorieuse recompense apres l'accueil si favorable qu'ellesavaient recu, a obtenu un encourage- ment de 500 francs. Apies la proclamation des prix, M. Flourens alul'eloge histori- que de Leopold deBuch, associe etranger, geologue illustre; lors- que nous l'avons relue, cette belle esrjuisse tracee demain de maitre nous a vivement interesse ; nous l'avons beaucoup plus admiree que lorsque nous l'entendimes en seance publique, et nous en reprodui- COSMOS. 153 rons les passages les plus saillants dans une de nos prochaines livraisons. PRIX DECERETES. PRIX DES SCIENCES MATHEMATIQUES. III. Prix et encouragements Monthyon da statistique. (Suite.) 2. Au manuscrit que M. le docteur Giraudet designe sous un double tit re : Slalislique de la ville de Tours, on Recherches his- toriques et statistiqucs sur le mouvement de sa population depuis l6S2jusqu'a 1847. L'ouvrage ne repond point au titre general : on se fait une autre ic!6e de la statistique d'une ville , et surtout d'une ville telle que Tours, dont la position topographique et la haute antiquite reveil- lent tant de souvenirs. L'ouvrage est mieux designe sous le titre de Recherches historiques sur la population. L'execution des recherches numeriques et la mise en oeuvre des nombres recueillis n'ont pas paru exemptes de graves objections. II serait difficile d'accorder a l'auteur les consequences qu'il veut faire sortir de ses chiffres ; s'il depose un jour ce travail dans quel- que bibliotheque ou dans les archives, il fera bien d'y reunir les elements de ses recherches primitives. Ces documents primitifs in- teresseront surtout les economises futurs et les historiens. On sent mieux , de jour en jour, comment il est impossible de fonder des sciences reelles sur des resumes qui revetent les observations des opinions des auteurs, etne laissent plus apercevoir lesfaits origin aux. 3. Au Precis historiquc et statistique des -voies navi gables de la France, de M. Ernest Grangez ouvrage vraiment utile. Presque tous les renseignements que peut desirer un administra- teur, un commercant , un industriel, sur les canaux et les rivieres de notre pays, ont ete reunis avec soin dans ce volume. C'est une compilation aussi exacte qu'on puisse le desirer d'une foule de do- cuments administratifs. 4. Au Rapport a S. E. le ministre de I ' interitiur , sur T admi- nistration des bureaux de bienfaisance et sur la situation du pau- perisme en France, par M. de Watteville. Les 1 162 tableaux reunis par l'auteur font connaitre, pour tous les departements de la France , la situation financiere des bureaux de bienfaisance, et le nombre des indigents secourus ou plutot inscrits sur les registres de ces bureaux. Mais il y a bien loin de cet indice \5U COSMOS. ]a connaissance veritable cle la situation du paupe'risme en France, Pour peu qu'on ait etudie les diverses parties de notre pays , on s'apenjoit coinbien les tableaux ofRciels envoyes par chaque prefec- ture, et rounis par 1'auteur, sont peu propres a fournir des ide"es exactes qu'ils sont censes indiquer. Telle partie du territoire qui pretend ne pas tolerer de mendiants, en contient tres -certainement encore; telle autre partie qui a laiss^ porter un septieme de sa po- pulation sur la liste du bureau [de bienfaisance , fait savoir en meme temps qu'il n'est rien donne a la plupart des personnes qua- lifiers du noin d'indigents. L'auteur a cru approcher plus pros de la veVite que ses prddecesseurs en regardant le nombre des pauvres com me une quatrieme proportionnelle a la population dela France, aux indigents des communes qui possedent des bureaux de bien- faisance et a la population des communes qui n'ont pas cle bureaux. On peut concevoir une opinion peu favorable a cette proportion, lorsqu'on arrive a lire le fait le plus saillant que l'auteur ait mis en lumiere : c'est que dans les neuf ou dix mille bureaux les registres contiennent 1 329 659 indigents , et que la moyenne des secours accordes n'est que de 10 fr. 42 cent, par tete. II n'y a done pas un secours reel dans la plupart des bureaux, et 1' administration superieure doit voir dans ce fait certain un sujet serieux de recherches nouvelles , et plus approfondies que ne Test une reunion de simples bordereaux de situation annuelle. Ne fit-elle ressortir que ce seul fait certain , la collection statistique de M. de Watteville meriterait d'etre signalee. IV. Prix fonde par madame la marquise de Laplace. Le president remet les cinq volumes de la Mecanique celeste, Y Exposition du systeme du monde , et le Traite des probabilites , a M. Gay (Jean-Baptiste) , sorti le premier de l'Ecole polytech- nique le 20 septembre 1855, et entre a l'Ecole imperiale des ponts et chaussees. SCIENCES PHYSIQUES. I. Prix Monthyon de physiologie experimentale. Deja , dans l'antiquite- , les physiologistes et les medecins avaient soup^onn^ que les divers phemomenes qui ont leur siege dans le systeme nerveux, et particulierement la sensibility et le mouvement, devaient avoir des organes de transmission ana- tomiquement distincts. C'est a la physiologie moderne , qui a pousse si loin 1 'analyse experimentale dans les fonctions des nerfs, COSMOS. 155 que revientla gloire d'avoir fait cette grande decouverte, et d'avoir £tabli par des preuves inebranlables, que les racines ante>ieures de la moelle epiniere sont des nerfs moteurs, et que les racines poste- rieures sont des nerfs sensitifs. Ce qui veut dire, en d'autres ter- mes, que lorsqu'un mouvement volontaire s'accomplit dans un membre, par exemple, l'infiuence motrice qui se propage du centre encephalique a la moelle epiniere, ne peut etre transmise aux mus- cles que par les racines rachidiennes ant6rieures ; et que quand une impression sensitive se propage dans un sens inverse, c'est-a-dire de la penpherie du corps vers le centre nerveux, elle ne peut etre transmise a la moelle epiniere, et de la a l'enc^phale, que par les racines rachidiennes posterieures. Mais si tous les physiologistes sont d'accord aujourd'hui sur la maniere dont sont localisees les fonctions motrices et sensitives clans les nerfs rachidiens, il n'en est pas de meme quand il s'agit de la moelle epiniere. Le sentiment et le mouvement se propagent-ils par des conducteurs distincts dans la moelle dpiniere? Et, dans ce cas, quelles sont les parties qui transmettent 1'infiuence motrice, quelles sont celles qui transmettent les impressions sensitives ? Ces questions importantes ont ete abordees par les experimentateurs les plus habiles, et elles cHaient restees inddcises. Les uns, voulant que la substance blanche de la moelle fut impropre a transmettre le sentiment et le mouvement, admettaient que. la substance grise centrale etait seule douee de cette double propri^te, ou qu'elle la partageait avec la substance blanche ; les autres, au contraire, sou- tenant que la substance blanche de la moelle etait seule conduc- trice, croyaient avoir etabli que les faisceaux posterieurs qui sont en rapport avec les racines rachidiennes posterieures dtaientles con- ducteurs exclusifs des impressions sensitives, tandis que les fais- ceaux antero-lateraux qui sont en contiguity avec les racines rachi- diennes ante"rieures etaient les organes [de transmission du mouve- ment. Et, il faut le dire, cette derniere opinion est celle qui avait ete le plus gen^ralement adoptee, au moins en France. M. Brown-S£quard a repris, dans ces derniers temps, cette ques- tion difficile de la transmission des impressions sensitives et mo- trices dans la moelle dpiniere, et, pour mieux limiter son sujet, cet experimentateur a divise" le probleme en deux, pour ne s'occuper d'abord que de la determination des parties de la moelle qui sont chargees de conduire les impressions sensitives des racines poste- rieures au centre encephalique. C'est done exclusivement a la trans- mission des impressions sensitives de la moelle Epiniere que se rap- 166 COSMOS. portent les recherches actuelles de M. Brown -Sequard, ainsi que les experiences que ce savant physiologiste a repetees devant la commission. La premiere proposition que M. Brovvn-Sdquard veut dtablir, c'est que les faisceaux posterieurs de la moelle epiniere ne sont pas, connne on l'avait dit, les agents exclusifs de transmission des im- pressions sensitives. Pour le prouver, M. Brown-Sequard a fait deux experiences principals. La premiere experience consiste a couper en travers les deux faisceaux posterieurs de la moelle epiniere, au niveau de la region dorsale, sur un animal vivant. Lorsqu'apres cette section on pince les membres posterieurs, 1' animal le sent parfaitement, et manifeste aussitot par des cris la douleur qu'il eprouve. Ce resultat montre evjdemment que les faisceaux posterieurs de la moelle ne sont pas exclusivement charges de la transmission de la sensibility, puisque 1 impression sensitive ou douloureuse, faite dans les membres pos- terieurs, a ete transmise a l'encephale, apres la section complete des faisceaux, au-dessus de l'origine des nerfs des membres poste- rieurs, et cons£quemment faite dans un point interm^diairement place entre le nerf pince d'oii part, la douleur, ei l'encephale ou elle arrive pour etre percue. Mais un autre phenomene des pius interessants, qui a dte decou- vert par M. Brown-Sequard , c'est que si dans cette experience on pince ou on irrite les faisceaux posterieurs de la moelle dans l'en- droit ou iis ont et4 coupes , on voit non-seulement que les deux bouts du faisceau divise sont sensibles , mais on remarque ordinai- rement que le bout inferieur ou caudal est plus sensible que le bout superieur ou cephalique, qui cependant est seul reste en continuity directe avec l'encephale. II n'est pas besoin de dire que ce fait nouveau est encore en op- position avec la theorie de la transmission exclusive de la sensibi- lity par les faisceaux posterieurs. D'apres cette theorie , en effet , il aurait du se passer, apres la section des faisceaux posterieurs, ce qui a lieu apres la section des racines posterieures rachidiennes; a savoir, que le bout qui reste en continuite directe avec le centre encephalique demeure seul sensible, tandis que le bout peripherique devient completement insensible. La deuxieipe experience de M. Brown-Sequard est en quelque sorte la contre-epreuve de la premiere. Nous venons de voir precedemment que les faisceaux posterieurs de la moelle ont ete coupes afin de montrer que, sans leur inter- COSMOS. 157 vention, les impressions sensitives peuvent parvenir a l'encephale par les autres parties de la moelle epiniere restees intactes. On peut prouver de plus qu'avec les faisceaux posterieurs seuls, quand les autres parties de la moelle epiniere ont ete coupees, la trans- mission des impressions sensitives ne peut plus s'operer. Cette experience a ete realisee par M. Brown-Sequard : il a coupe sur un animal vivant, au niveau de la dixieme vertebre dorsale environ, toute la moelle epiniere, excepte les faisceaux posterieurs, qui furent laisses intacts. Aussitot apres cette section , les membres posterieurs furent complete-Dent paralyses, et les pincements pro- duits sur eux ne furent plus pergus par l'animal ; c'est-a-dire que la transmission des impressions sensitives n'eut plus lieu, malgre que les faisceaux posterieurs eussent ete respectes. Ces deux experiences s'enchainent done logiquement pour prou- ver que les faisceaux posterieurs ne sont pas les organes de trans- mission des impressions sensitives dans la moelle epiniere. Les experiences ont etc reproduites sous les yeux de la commission par M. Brown-Sequard avec beaucoup d'habilete sur des animaux chez lesquels la moelle epiniere n'avait ete mise a nu que dans une tres- petite etendue, de maniere a ne pas les affaiblir par l'hemorragie et a, obtenir des resultats plus concluants. M. Brown-Sequard examine ensuite dans son memoire quel est le role de la substance grise, ainsi que celui des cordons anterieurs et lateraux de la moelle epiniere relativement a la transmission des impressions sensitives. II a fait des experiences tres-nombreuses, il a agi sur les cordons anterieurs et lateraux de la meme facon que sur les cordons posterieurs, il est arrive a des resultats tout a fait analogues. M. Brown-Sequard a vu, en effet, qu'apres la section des cordons posterieurs, des cordons lateraux et des cordons ante- rieurs de la moelle, les impressions sensitives peuvent encore etre percues, tandis que lorsqu'on cletruit la substance grise, cette trans- mission cesse aussitot d'avoir lieu quand meme on laisse la plus grande partie des faisceaux medullaires intacte, autant que possi- ble. Par toutes ces recherches tres-nombreuses, M. Brown-Sequard a ete amene a conclure qu'aucune des parties blanches de la moelle Epiniere ne possede la fonction de transmettre les impressions sensi- tives au centre de perception, mais que e'est par la substance grise medullaire, et surtout par sa partie centrale, que cette transmis- sion s'opere. Ces resultats sont d'un haut interet pour la pbysiologie des centres nerveux, en ce qu'ils apprennent que des parties insen- sibles comme la substance grise de la moelle peuvent transmettre 153 COSMOS. jes impressions sensitives, tandis que des parties tres-sensibles comme les cordons posterieurs ne les transmettent pas. Dans la deuxieme partie de son m^moire, M. Brown-Sequard a cherche a determiner experimentalement comment les fibres sensi- tives des racines rachidiennes posterieures, qui apportent les im- pressions sensitives de la peripheric penetrent dans la moelle epi- niere pour arriver jusqu'a la substance grise. Ici M. Brown-Sequard, s'appuyarit, d'une part, sur l'anatomie microscopique de la moelle, et, d autre part, sur des experiences physiologiques ingenieusement institutes, a ete conduit a emettre, sur cette propagation de la sensibility a la substance grise centrale de la moelle, des vues nou- velles qu'il expose dans son m^moire, et qui prouvent que ce pheno- mene parait plus complique qu'on n'aurait ete porte a le supposer au premier abord. En resum^ les experiences de M. Brown-Sequard ont eclair^ une des questions les plus importantes et les plus difficiles de la pbysiologie de la moelle epiniere, celle qui est relative a la trans- mission des impressions sensitives dans cette portion de l'axe ceiebro-spinal. Si quelques faits etaient deja connus sur ce point, M. Brown-Sequard en a ajoute" beaucoup de nouveaux; il a varie ses experiences, et en a coordonne les resultats de faijon a resoudre d'une maniere tres-satisfaisante la question qu'il s'etait propose de traiter. En consequence, la commission, a Tunanimite, lui decerne le prix de physiologie experimental pour 1'annee 1855. II. Prix Mouthy on relatifs aux arts insalubres. 1° Prix de 2 000 fr. a MM. Boutron et Boudet. Ces habiles chimistes se sont propose de determiner rapidement la proportion des sels de cbaux et de magnesie qui se trouvent dans les eaux potables, et celles dont l'industrie peut tirer parti. Cette determination se fait au moyen d'une solution titree ou normale de savon, qui precipite completement les sels calcaires et magnesiens, avec cette circonstance que la liqueur completement precipitee prd- sente une limpidite parfaite avec la propriete de mousser, sans tenir pour cela un exces d'eau de savon. Des lors, il est aise d'eva- luer le precipite par le volume de l'eau de savon normale employe a le produire. Le prix est donne au procede tel qu'on vient de le definir ; 1'Academie ne recompense pas la methode appeiee par les auteurs hydroti metric, c'est-a-dire le moyen de mesurer la ualeur des eaux de source et de riviere. Car evidemment la methode qui meriterait COSMOS. 159 la qualification d'//ydrotimc(rie supposerait queles bonnes qualites des eaux ne proviendraient que de l'absence des sels a base, de chaux et de magnesie, et leurs inconvenients de la presence de ces niemes sels, consequence que la Commission ne peut admettre. 2° Prix de 2 500 fr. a I 'appareil Jumivore de Dumery. L'appareil fumivore sur lequel M. Dumery a appelc l'attention de l'Academie des le mois de mars, dans un memoire lu le 23 avril, a ete l'objet d' experiences suivies pendant longtemps et avec beau- coup de soin dans les ateliers des chemins de fer de l'Est, a la Vil- lette, oil il a ete installe par l'auteur, a la place de l'ancien foyer de 1'une des deux chaudieres qui fournissent alternativement la vapeur a la machine motrice. M. DumeVy, au lieu de jeter la houille nouvelle par la porte du foyer sur le combustible incandescent et en tres-grande partie car- bonise qui reste sur la grille, ainsi que cela se pratique dans les foyers ordinaires, la fait arriver par-dessous ce combustible en poussant la charge, au moyen de refouloirs mus a la main, dans des especes de cornets recourbes, dont les parois sont a claire voie, vers l'extremite* voisine de la grille. Les dispositions sp£ciales au moyen desquelles M. Dumery opere le chargement sont autres que celles que ses devanciers ont mises en ccuvre, et atteignent parfaitement le but qu'il s'est pro- pose. Dans les experiences faites aux ateliers de la Villette, on a brule sur la grille du foyer Dumery, prdsentant une surface de 62 decimetres carres, depuis 60 jusqu'a 120 kilogrammes de houille de Saarbrikken (houille tout-venant), sans donner lieu, dans aucun cas, a la moindre trace de fumee ; la vaporisation a ete de 5'',34 a 61,,27 d'eau par kilogramme de houille. En faisant usage de gail- lette de Saarbriicken sans menu, on a pu pousser la combustion jusqu'a 150 kilogrammes par heure. La vaporisation a ete de 6'', 55 par kilogramme de houille, et la fumee absolument nulle. Une ehaudiere entitlement semblable a. celle dont le foyer avait et^ remplace par celui de M. Dumery, a etc l'objet d'essais com- paratifs faits avec des charbons pns au meme tas. La grille de cette ehaudiere a une surface de 68 decimetres carres. On a brule sur cette grille depuis 56 jusqu'a 107 kilogrammes de houille tout- venant par heure, avec production de beaucoup de fumee danstous les cas ; on n'a pu pousser la combustion au dela de 107 kilogram- mes par heure. La vaporisation a ete inferieure a 5 litres d'eau par kilogramme de houille, sauf une seule experience, celle oil la com- 160 COSMOS. bustion a ete la plus lente (56 kil. par heure), ct oil Ton a obtenu 5U,23 d'eau vaporisoe par kilogramme de houille ; en faisant usage de gaillette de Saarbiiicken, on n'a pu pousser la combustion au dela de 112 kilogrammes par heure, et la vaporisation est rested inferieure a 5 litres d'eau par kilogramme de houille. Sans rien prejuger sur l'efficacite des autres appareils destines a prevenir ou a bruler la fumee, ayant acquis la certitude que ce but est parfaitement atteint, sansaccroissement de depense de combus- tible, par l'appareil de M. Dumery, 1'Academie accorde a M. Du- mery un prix de la valeur de 2 500 francs. 3" Prix tie 2 000 Jr. au jlolteur d'alarme de M. Sorel, L'Academie decerne un prix de 2 000 fr. a M. Sorel pour la combinaison d'un flotteur et du sifflet dont sont munies les chau- dieres des machines locomotives, qui constitue les appareils connus sous le nom de/lotteurs d'alarme, dont l'application a tdutes les chaudieres a vapeur etablies a demeure est pres-crite par l'ordon- nance reglementaire du 22 mai 1843. Cette combinaison a ete ima- ginee et presentee a 1'Academie, en 1837, par M. Sorel, qui, des cette epoque, 1'avait appliquee a plusieurs chaudieres a vapeur. 4° Encouragement de 500 Jr. au tube respiratoire de M. Thibout. L'appareil de sauvetage de M. Thibout, au moyen duquel on peut penetrer et sojourner sous une petite profondeur d'eau ou dans des lieux remplis de gaz mephitique, pour porter secours a des noyes ou asphyxies, consiste en une petite boite metallique divi- see en trois compartiments par deux cloisons perches chacune d'une ouverture circulaire, sur laquelle s'applique une soupape formee d'une petite sphere en liege. La paroi du compartiment interme- diaire entre les deux cloisons est percee d'un orifice avec tubulure a laquelle s'adapte un tuyau flexible et court, termine par une em- bouchure que l'ope>ateur introduit dans sa bouche ou applique sur sa bouche. Les compartiments extremes de la petite boite sont munis aussi de tubulures auxquelles s'adaptent des tuyaux flexibles entoile impermeable, maintenus ouverts par un ressortinterieur en helice, et qui se prolongent jusqu'au dehors de 1'eau ou de l'exca- vation infestee de gaz irrespirables oil Ton veut penetrer. L'opeYa- teur applique sur son nez une pince qui ferme 1' ouverture des na- rines, de facon que, ne respirant que par la bouche, il aspire l'air atmo?pherique exterieur qui arrive par le tuyau branche sur un des cosmos. 161 compartiments extremes, tandis que 1'air expire s'elcoule par le tuyau branche sur l'autre compartiment. Cet appareil si simple n'a rien de nouveau. On a fait usage de- puis bien longtemps de tubes respiratoires pour descendre sous l'eau, ou sojourner dans des cuves ou des excavations remplies de gaz acide carbonique. Mais il est au moins certain qu'il a dte jusqu'ici bien peu em- ploy^, malgr6 lesrecommandatioiis dont il a ete l'objet a diverses reprises de la part des physiciens et de l'administration des mines ; cependant, son usage aurait pu prevenir de nombreux accidents. II est done a desirer qu'il se vulgarise, que les hommes charges de porter secours aux noyes et asphyxies en soient generalement pourvus et s'habituent a s'en servir. C'est surtout en vue d'attirer de nouveau l'attention sur le service qu'il peut rendre, que la Com- mission propose a l'Academie d'accorder a M. Thibout, simple ou- vrier qui neconnaissait pas les essais anterieurement faits, a titre de recompense et d'encoui agement, une somme de 500 francs. III. PRIX MONTHYON DE MEDECINE ET DE CHIRTJRGIE. La Commission n'a pas cru devoir proposer de prix pour cette annee. 1° Recompense de 1 500 fr. a M. Hannover pour l'ensemble de sesrecherches surl'anatomie,laphysiologie etla pathologiede 1'ceil. Deja, en 18-10, M. Hannover a publie ses premieres recherches sur la structure de la retine. Par une m^thode d'inve^tigation exacte et en harmonie avec la delicatesse extreme de l'objet de son observation, M. Hannover a rectifie diverses opinions erronees qui avaient ete finises sur la structure microscopique de la retine; et les resultats nouveaux qu'il a fait connaitre sont Teste's dans la science, etsont devenus le point de depart de travaux qui ont 6t6 entrepris depuis sur le meme sujet par des anatomistes egalement tres-habiles. Plus recemment, M. Hannover a publie un ouvrage renfermant un grand nombre de faits et d'observations propres a eclairer l'ana- tomie , la physiologie et la pathologie de I'ceil. II y a un chapitre entier relatif a la decouverte de la structure du corps vitre. L'au- teur a fait ses recherches sur les yeux de l'homme et sur ceux de divers animaux vertebres , au moyen de lacide chromique etendu, qui a la propriete de coaguler la membrane de l'humeur vitree. A l'aide de ce reactif , M. Hannover a prepare des pieces qu'il a mises sous les yeux des membres de la Commission, et qui prou- 162 COSMOS. vent que chez les mammiferes le corps vitre est constitue par des couches concentriques , s'emboitant les unes dans les autres. Chez l'homme la disposition est un peu differente , en ce que ces cloisonne- ments du corps vitre, au lieu d'etre sous forme de couches concen- triques, constituent des cones dont les bases sonttourn£es en dehors, etdont lessoinmets, diriges en dedans, rayonnent tous vers la par- tie centrale qui est occupee par le canal hyalo'idien. 2° Recompense de 1 500 fr. a M. Lehmann pour son Traite de chimie physiologique. Le Traite de chimie physiologique de M. Lehmann se distingue de tous ceux qui l'ont precede" , par ce rapprochement que l'auteur a constamment cherche a dtablir entre les analyses chimiques et les conditions physiologiques exactes dans lesquelles elles eHaient ef- fectuees. M. Lehmann a repris tous les travaux de ses devanciers a ce point de vue , et il y a ajoute- un grand nombre de decouvertes et d'observations nouvelles, particulierement sur l'urine, sur le sang et sur les divers fluides digestifs, etc. De sorte que M. Lehmann a non-seulement rendu un grand service a ceux qui cultivent la phy- siologie et la medecine , en rassemblant m^thodiquement dans son ouvrage toutes nos connaissances sur la chimie physiologique, en les coordonnant avec clarte" et d'apres une saine critique ; mais l'au- teur a encore enrichi la science et contribue" a ses progres par des decouvertes qui lui sont propres. 3° Recompense de 1000 fr. a M. Dareste, pour son travail sur les circonvolutions cerebrales. Les conclusions principales du travail de M. Dareste sont : 1° que les circonvolutions cerebrales ne semblent avoir que peu d'importance au point de vue zoologique , car dans chaque famille naturelle on peut trouver des especes ayant des cerveaux a circon- volutions et d'autres especes ayant des cerveaux sans circonvolu- tions ; 2° que les circonvolutions cerebrales ne paraissent pas non plus avoir une grande signification au point de vue physiologique. car on ne signale pas de differences bien marquees entre les actes des especes a cerveaux lisses et ceux des especes a cerveaux plissds. En outre, M. Dareste pense pouvoir etablir que, dans chaque famille naturelle des mammiferes, l'6tat des circonvolutions est en rapport avec la taille des especes animales ; il dit que les cerveaux lisses se rencontrent toujours dans les petites especes , et qu'a me- sure que la taille augmente, on voit s'accroitre le nombre et la com- plication des circonvolutions. COSMOS. 163 4° Recompense de 1 500 fr. a M. Beau , pour ses eludes analy- tiques de physiologie et de pathologie sur l'appareil spleno-hepa- tique. M. Beau a pris pour point de depart physiologique de son travail les experiences bien connues sur 1'absorption des substances alimentaires par la veine-porte, qui prouvent que les matieres ab- sorbees doivent necessairement traverser le foie. Pendant l'etat de sante, le passage de ces substances solubles aliirsentaires ou autres, a travels le foie , se fait sans etre accompagne d'aucune sensation speciale. Mais, dans certains etats morbides, M. Beau pense que le foie peut acquerir une susceptibilite speciale (hepatalgie) , et qu'alors ce passage de substances dans le foie peut etre accompagne de dou- leurs vives survenant dans la region du foie , au moment de la di- gestion. Ces douleurs pourraient simuler alors la colique hepatique, determined par la presence de calculs dans les voies biliaires; mais la cause en serait cependant ici , comme on le voit, tres-differente. M. Beau appuie son opinion par un certain nombre d'observations cliniques qui se trouvent a la fin de son memoire. 5° Recompense de 1 500 fr. a M. Beraud, pour ses recherches d'anatomie et de pathologie sur les voies lacrymales. Au point de vue anatomique , M. Beraud signale d'abord deux ordres de glandes siegeant dans le sac lacrymal. II decrit ensuite tres-exacteme-nt les valvules du conduit lacrymo-nasal ; la plus im- portante est une valvule situee a l'orifice inferieur du canal lacrymo- nasal, et dont la connaissance est importante relativement a l'ope- ration du catheterisme du canal nasal par les narines. S'appuyant sur ses dissections d'anatomie normale et patholo- gique , l'auteur croit pouvoir etablir qu'il faut admettre quatre especes de tumeurs lacrymales differentes par leurs symptomes, et reclamant chacune un traitement egalement different. L'auteur s'est surtout eleve contre l'emploi de la canule dans le traitement des fistules lacrymales. 6° Recompense de 1 000 fr. a M. Cazeaux , pour son memoire sur la chloro-anemie des femmes enceintes. Les troubles de la circulation qu'on observe dans la grossesse etaient generalement rapportes a un etat de plethore. M. Cazeaux a etabli, dans un travail sur la chloro-anemie des femmes enceintes, que ces troubles de la circulation pouvaient aussi etre dus a un etat du sang en quelque sorte oppose a celuide la plethore, c'est-a- dire a la chloro-anemie. Ce dernier etat est accompagne de bruits de souffle dans les carotides, et par divers troubles fonctionnels du 16a COSMOS. systeme nerveux et de l'appareil digestif, tout a fait analogues a ceux qu'on observe chez les femmes chlorotiques. M. Cazeaux e>t meme arrive a cette conclusion , que la chloro- aneanie serait la cause la plus frequente des troubles fonctionnels qu'on avait attribues jusqu'ici a la plethore. L'auteur appuie son opinion sur l'examen chimique qui a montr£ la diminution des glo- bules du sang, et sur les heureux effets qu'on retire dans ces cas d'un traitement tonique. 7° Recompense de 1 500 fr. a M. Bouquet , pour son memoire sur 1'analyse des eaux du bassin hydrologique de Vichy. « Le memoire de M. Bouquet , disait M. de Senarmont dans un rapport recent, est une veritable histoire chimique du bassin hydro- logique de Vichy, appuyee sur tous les documents qu'on est au- jourd'hui en droit de demander a la science. « Ce memoire renferme par consequent des etudes longues et consciencieuses sur l'un des agents les plus actifs de la therapeu- tique. L' experience medicale trouvera d'utiles enseignements dans cet ensemble d'analyses comparatives qui montrent partout , et presque en egale proportion, les principes supposes des propriety caracteribtiques de queli)ues sources, qui font connaitre la dose d'ar- senic propre a chacune d'elles, y determinent la quantite de stron- tiane, et paraissent retrancher plusieurs principes energiques a la liste de leurs principes mineralisateurs. » 8° Recompense de 1 500 fr. a M. Corvisart, pour ses recherches sur la therapeutique de la pepsine. M. Corvisart croit avoir etabli qu'on peut traiter avec succes cer- taines affections de l'estomac, dans lesquelles la digestion est trou- bled ou suspendue, par i'emploi de la pepsine preparee artificielle- ment avec la caillette du veau ou du mouton. Si cette idee de favoriser la digestion chez l'homme u l'aide du sue gastrique naturel ou artiflciel des animaux n'est pas absolument neuve , M. Corvisart l'a cependant reellement introduite dans la medecine pratique, et il a le merite d'avoir fait des experiences et d'avoir recueilli des laits pour prouver l'efficacite de ce mode de traitement, dont la realisation avait d'ailleurs ete preparee par les belles experiences de Reaumur et Spailanzani sur les digestions artificielles. D'autres recherches importantes avaient ete faites dans ces derniers temps sur la digestion stomacale , et avaient permis d'isoler la pepsine, qui , ainsi qu'on le sait , est un des principes actifs essentie's du sue gastrique. COSMOS. 165 9° Recompense de 1 000 fr. a M. Tardieu pour son ouvnige sur l'hygiene publique et la salubrite. L'hygiene publique posse.de aujourd'hui une quantite considera- ble de mate: iaux qui restent disscmines dans les recueils periodiques. Un ouvrage qui resumerait ces travaux et les coordonnerait d'apres une critique juste et intelligente rendrait un service incontestable aux medecins, et contribuerait a r^pandre les connaissanccs hygie- niques si importantes pour la medecine prophylactique. Cot ouvrage a ete execute5, avec une connaissanca approfondie du sujet et une grande clarte d'exposilion par M. Tardieu; il renferme en outre un certain nombre d' observations importantes propres a l'auteur. 10° Recompense de 1 000 fr. a. M. Foissac pour son Traite de meteorologie dans ses rapports avec la science do 1'honime^ el priucipalement avec la medecine et 1' hygiene publique. Les influences meteorologiques et climateriques diverses exercent une action incontestable sur l'homme , soit a l'etat de sante , scit a l'etat de maladie; mais les observations dans cette partie de la science medicale sont tres-difficiles a faire, et celles que Ton possede aujourd'hui a ce sujet sont le plus souvent incompletes ou defec- tueuses. Cependant un ouvrage qui rassemblerait tous les faits con- nus, en cherchant a les apprecier et a les coordonner autant que le permet l'etat, actuel de la science, aurait deja rendu un veritable service a la medecine; les medecins y trouveraient reunis des ma- teriaux qui pourraient leur etre utiles pour de nouvelles obser- vations, et le gout pour ces sortes d'etudes se repaharait ainsi davantage Parmi les ouvrages faits dans ce but , la Commission a distingue le Traite de M. de Foissac. VARIETES, SIR LA MANIERE D'ETRE DU BISMUTH PENDANT SA SOLIDIFICATION , PAR M. SCHNEIDER. Lorsque le bismuth passe de l'etat fluide a l'etat solide, il arrive Sduvent que sa masse se trouve brisee ou fendue par Taction du li- quide inferieur, lequel s'est solidifie sous forme de globules, qui montent a la surface. On apporte ce phenomene en preuve du fait quele bismuth, au moment de sa solidification, eprouve une dila- tation considerable; mais c'est a tort, ditM. Schneider, puisque ce phenomene ne se produit pas avec le bismuth pur, qu'il n'y a rup- ture de la masse et ascension de globules qu'avec le bismuth impur. Les globules d'ailleurs ainsi elimines sont formes, eux, de metal presque pur. Citons quelques-unes des experiences inteVessantes de M. Schneider. 1° On lui avait vendu comme pure une masse de bismuth, la- quelle cependant , dans l'acte de sa solidification, fit sortir des spheres metalliques; il 1'analysa et trouva qu'elle contenait deux et demi pour cent de matieres etrangeres ; du soufre, un peu de cuivre et des traces de fer. En faisant fondre et solidifier plusieurs fois de suite 64 grammes de ce bismuth, il recueillit 32 grammes ou 50 pour cent de globules metalliques. II prit ces 32 grammes, les fit fondre et solidifier, et il n'y eut plus de globules dmis ; une uouvelle analyse montra que le metal des globules ne contenait pas plus de huit centiemes d'impuretes ; qu'il ne renfermait plus ni sou- fre, ni cuivre, ni fer. 2° A 100 grammes de bismuth absolument pur il ajouta, par la fu>ion, 3 grammes de soufre, 1 gramme de cuivre, 25 centigrammes d'argent, 1 gramme de nickel, et 1 gramme 25 d'arsenic ; ce sont les substances qui accompagnent le bismuth du commerce; la soli- dification de cette masse degagea 25 pour cent de globules sphe- riques; ses globules fondus a leur tour et solidifies, ne donnerent pas de nouveaux globules; ils contenaient 99,78 pour cent de bis- muth pur, 0,11 pour cent d'argent et une trace seulement de soufre . 3° A 50 grammes de bismuth pur on ajouta 2 grammes de plomb, la solidification ne produisit pas de globules ; on ajouta 1 gramme de soufre, la solidification elimina 20 pour cent de bis- muth presque absolument pur, avec des traces seulement de soufre et de plomb. 4° Un melange de 80 pour cent de bismuth pur et de 20 pour COSMOS. 167 cent de sulfure de bismuth fit sortir, en se solidifiant, de gros glo- bules contenant 99,69 pour cent de bismuth, sans traces de soufre. 5° Fondu seul, du bismuth pur ne donna pas de globules ; addi- tionne" de 5 pour cent de trisulfure de bismuth, il donna des glo- bules exempts de soufre. Ces experiences prouvent jusqu'a l'evidence que le phenomene des globules n'apparait qu'avec le bismuth impur ; qu'il a lieu sur- tout avec le bismuth melange de soufre; l'addition de metaux pe- sants d'argent, de plomb, etc., ne determinant pas remission des globules ; les globules d'ailleurs sont du bismuth presquechimique- ment pur, et la fusion suivie de solidification fournit un moyen de purifier le bismuth impur ; la quantite de metal pur eliminee est en general de 2 et demi pour cent du me'tal fondu. On exagererait la ported des experiences de M. Schneider si on en concluait que le bismuth ne se dilate pas dans l'acte de la solidi- fication ; cette dilatation ne semble pas devoir etre revoquee en doute apres l'experience suivante : on remplit de bismuth pur fondu une bouteille de fer, et Ton ferine le goulot avec un bouchon en fer fortement visse ; au moment de la solidification la bouteille est bri- s^e, et le long de la dechirure on voit un chapelet de globules bril- lants; commele coefficient de dilatation du bismuth est plus grand que celui du fer, on ne peut pas attribuer la rupture a la contraction du fer, et elle ne peut etre que l'effet de la dilatation qui accom- pagne la solidification du bismuth. [Annates de Poggendorff d£- cembre 1855, et Philosophical Magazine, Janvier 1856.) st;r l action reciproque des corps diamagnetiques , PAR M. THOMSON. M. Tyndall a pose a M. Thomson la question suivante : En supposant qu'un cylindre de bismuth soit place au sein d'une helice , a travers laquelle passe un courant electrique d'intensite suffisante, pouvez-vous dire avec certitude quelle sera Taction de chacune des extremity du cylindre sur un morceau de bismuth ex- t(§rieur? Or, voici la reponse de M. Thomson : Je dis avec certitude que le bismuth exterieur sera repousse par les deux extre"mites de la barre, pourvu que l'helice soit indefiniment longue, ou assezlongue pour qu'elle n'exerce pas une action magnetique directe sensible dans le lieu oil Ton place le morceau de bismuth. Mais il ajoute : La repulsion sera si faible qu'il est extremement probable qu'elle ne pourra jamais etre mise en evidence par l'experience. [Ibidem.) 168 COSMOS. MOYENS d'oBTENIR DES ANNEAUX COLORES DE GRANDE INTENSITK, PAR M. CARRERE. Ces procedes out 6i6 communiques a l'Academie des sciences dans la seance du 10 decembre, (C. R., t. xli, p. 1845.) Lorsqu'on fait tomber a la surface de l'eauune goutte d'une dissolution de bi- tume de Judee dans un melange de benzine et d'huile de naphte , on voit cette goutte s'etendre regulierement en lame mince a la sur- face del'eau, et produire ainsi des couleurs tres-vives. La couleur donnee par la lame change a chaque instant pendant une pu deux minutes, parce que l'ovaporation d'une partie de la benzine et de l'huile de naphte fait varier incessamment l'epaisseur de la couche; maisbientot la lame se solidifie par ^oxygenation de l'air. En pro- duisant cette couche dans une cuve munie a son fond d'un robinet, et au-dessus d'un tabouret portant une feuille de papier, on pourra faire deposer surle papier la lame sulide, avec les anneaux. colo- nels. Pour obtenir ainsi une coloration reguliere, il convient d'aug- menter la cohesion de la lame par Paddition a la dissolution du bitume d'une certaine quantity de caoutchouc. Lorsqu'il aprosente sa note, M. Carrere pouvait ignorer que ce procede avait ete decouvert il y a longtemps par M. De la Rue, le celebre manufacturier de Bunhill-Rmv, a Lnndres, qui on a fait le point de depart d'une belle Industrie. Les beaux papiers et cartons irises que chacun a pu admirer a l'Exposilion universelle etaient ob- tenuspar une methode anologue, mais gramlement perfectionnee. Ce que nous comprenons moins, e'est que les editeurs du Philo- sophical magazine, en tradrisant la note de M. Carrere, n'aient pas reclame la priorite de cette decouverte pour leur habile com patriote. Ajoutonsque M. Carrere dit avoir obtenu aussi avec un gran eclat le phenomene des anneaux colon's, en exposant a l'air d l'encre ordinaire chaude et fiaichement filtree, dans laquelle lesucr etait le premier principe collant. Ce second precede peut aider dansl'etude des phenomenes des anneaux colores : en efiet, comme l'epaisseur de la lame mince qui se forme a la surface de l'encre n'auicain de M. Humphrey a in- sert dans sa livraison de novembre dernier le petit article sui- vant, signe Ariel (c'est le pseudonyme d'un de ses correspon- dants les plus actifs) : «La Societe francaise de photographie et les lournaux photographiqu.es de Paris. Comment se fait-il que nous ne trouvions aucune mention, dans les pages du Cosmos et de la Lumiere, de l'existence et des travaux de la Societe fran9aise de photographie de Paris? Est-ce que cette Societe" tiendrait ses reu- nions portes closes, ou lui garderait-on rancune de ce quelle n'a pas voulu choisir pour un de ses organes un des journaux prdexistants? Nous avons bien su qu'un des membres de la Societe ( M. Durieu | a engage dans le temps une assez vive controverse avec un de ces journaux (la Lumiere) ; d'un autre cote, puisque la Societe rend compte avec soin de ses travaux dans son Bulletin, l'etat actuel des choses, le silence des journaux, ne nous fait rien perdre ; cepen- dant, comme ce silence accuse de fait un dissentiment dont nous ne connaissons ni la nature ni les raisons, et qu'un pared dissentiment est toujours chose facheuse, on nous pardonnera d'exprimer le desir de le voir cesser, de former le voeu que tous se reunissent pour faire progresser l'ait et lui imprimer une impulsion forte , persis- tante et d'ensemble. » M. Humphrey repond a. Ariel : « Nous sommes desole, nous aussi, de l'etat de choses que vous signalez, des sentiments dans lesquels semblent etre a l'egard de la Societe photographique les journaux de photographie. Nous ne savons a quoi attribuer ce dis- sentiment, mais nous esperons qu'il cessera bientot, que la glace sera enfin rompue entre ces habiles auxiliaires et propagatenrs de notre bel art ; que nous verrons bientot renaitre cette harmonie si necessaire pour faire faire a la photographie des progres rapides et l'amenerason dernier perfectionnement. » Que M. Humphrey et Ariel se rassurent : le Cosmos est tout devoue a la Societe franchise de photographie ; elle a fait a son r^dacteur l'honneur de le compter au nombre de ses membres honoraires; il assiste regulierement a ses seances, et, s'il n'en rend pas compte longuement, completement, comme il le pourrait sans peine, c'est uniquement par respect pour le noble corps, afin de ne pas faire perdre a ses bulletins mensuels de la nouveaute , de l'in- teretqu'ils doivent presenter a leur apparition. PISCICULTURE PRATIQUE, MKTHODES ET SUCCES DE M. C. MILLET. Le rapport que nous reproduisons presque en entier, est signe" de MM. Missa, iri:-pecteur de la navigation et des ports de l'arrondis- sement de Choisy-le-Roi ; Lemire, directeur de la fabrique de pro- duits chimiques; Carre-re, docteur medecin ; Lcpine, chef d'instita- tion ; Jamin, graveur sur cristaux; Caillaud, adjoint; et Normand aine, inaire de la commune de Choisy-le-Roi, rapporteur. II a etd Iu a la Sociote d'acclimatation dans l'une de sesdernieres seances. « LagareBoivin, situee sur le territoire dela commune de Choisy- !e Roi (Seine), est creusee parallelement au cours de la Seine sur la rive droite de ce fleuve, ou elle forme un grand rectangle de 400 metres de long sur 60 metres de large; elle communique avcc la Seine par un petit canal de 7 metres de large ; de sot te que ses eaux subissent toutes les variations de niveau que celles de la Seine peuvt-nt subir, et que les poissons peuvent alterner avec la gare et ie fleuve. Dans ses nombreuses explorations sur la Seine , M. Millet, ins- pecteur des forets, qui s'occupe, depuis longtemps d ej a , du re- peuplement des cours d'eau, a eu l'heureuse idee de venir organiser, dans cetle gare de Choisy, une application pratique de pisciculture, destinee au rempoissonnement de tout cours d'eau, place dans les conditions oil se trouve la Seine. Ses premiers travaux dans notre localite remontent au mois d'a- Tril 1852, ils ont ete continues sans aucune interruption depuis cette epoque jusqu'a ce jour, pendant tout le temps favorable a la ponte et a l'elevage des poissons. Le succes est complet, et les resultats oblenus ont une impor- tance bien significative. Pendant les anne^s 1853 et 1854, la reproduction du poisson a ete nulle ou presque nulle dans nos con- trees, en raison des influences atmospheriques qui ont ete tout a fait eontraires a la ponte et a l'eclosion des ceufs; neanmoins, grace aux iravaux de M. Millet, les jeunes poissons et 1'al^vin qui provien- nent des annees 1853 et 1854 se presentent, aujourd'hui, en tres- grande quantite, et jamais la gare et meine les portions de la Seine limitropbos n'ont offert un peuplement aussi complet et aussi satis- faisant. Ce peuplement se compose non-seulement des bonnes especes «|ui vivent habituellement dans la Seine, mais aussi d'especes in- cosmos. 177 connues jusqu'a ce jour dans la region de Choisy et dans tousles cantons circonvoisins. Du mois d'avril au mois de juillet 1852, M. Millet n opere sur la perche ordinaire, la breme, la carpe, la tanche et autres poissons existant dans la localite. De plus, il a commence a introduire, 1° une tres-belle espece d'eerevisse a pattes rouges, 2° la perche gousonniere ; 3° l'alose, a l'aide de cent mille ceufs an moins; et 4° le poisson rouge ou cyprin dore, a l'aide de trente mille oeufs en- viron, fecondes a Versailles et a Saint-Cloud, etc. Dans les annees 1853, 1854 et 1855, a partir du mois de fevrier, il a ope>e de nouveau sur les especes precedentes et de plus sur le saumon, la lote et le brochet. On voit et on peut pecher, dans la gare et dans quelques por- tions de la Seine , les jeunes poissons et Falevin de toutes ccs es- peces, al'exception du saumon et de l'alose qui sont des poissons migrateurs ou voyageurs qui ont disparu , mais qui reviendront sans doute tot ou tard a leur lieu d'origine. L'acclimatation du cyprin dore de Chine estrdsolue. Cette espece, ayant dans le premier age les caracteres de la carpe, n'avait pas fixd d'abord l'attention des promeneurs ou des pecheuis; mais cette annce, le poisson rouge s'est montre avec toute la richesse et l'cle- gance de sa robe et de ses formes. On remarque meme sur les su- jets qui ont aujourd'hui de 13 a 20 centimetres de longueur, une vivacite de coloris que ne presentent jamais les poissons de cette espece, livres au commerce. Apres s'etre tenue sous les grands ba- teaux et dans les herbes de la gare, cette belle espece a commence a se repandre dans la Seine a une distance de plusieurs kilometres. Ces importants resultats ont £te obtenus a l'aide de moyens qui sont d'une grande simplicity et d'une pratique a la portee de tout le monde. Pour favoriser et assurer la reproduction des especes exislantes dans la localite, M. Millet procede soit par fe'condation artificielle , soit par frayere artificielle ; il donne la preference a ce dernier mode. Pour le barbeau et le goujon, il suffit d'approprier des tas ou monticules de graviers laves par \ine eau vive ; pour le brochet, la perche, la breme, la carpe, la tanche et autres, il suffit de dispo- ser, en plan incline" dans l'eau dormante, des cages a claire-voie, ou des claies garnies de brindilles, par exemple, de balais de bou- leau. Nous avons vu ces frayeres artificielles couvertes de plusieurs millions d'ceufs en voie d'eclosion, et, depuis leur installation dans la gare, au mois d'avril 1852, ellesont produit, en trois annees, des 17S COSMOS. quantity innombrables de jeunes poissons, qui apparaissent par les beaux jours, suit entre deux eaux, soit a la surface de l'eau. Pour introduire des espfeces nouvelles ou etrangeres a la locality, M. Millet a recours a la fecondation artificielle ; c'est ce qu'il a fait pour le saumon, l'alose, le cyprin dore, etc., especes pour lesquelles ll n'avait pas pu organiser, sur leslieux memes, des frayeres artifi- cielles. Les ceufs de saumon et d'alose ont etc transported dans des boites de bois ou dans les tamis de fecondation entre des linges hu- mides, et ceux du cyprin dore sur des brindilles enveloppees d'un linge huinide dans un panier d'osier ou dans un tamis double. Quand les ceufs sont deposes sur les frayeres, on peut, si cette precaution est neeessaire, les mettre a l'abri de leurs ennemis en enveloppant la frayere, soit par un clayonnage, soit par un grillage ou un filet. On peut aussi enlever les objets qui supportent les ceufs et les deposer dans des tamis flottants ou des caisses fiot- tantes. Les ceufs de saumons sont deposes sur le fond de l'appareil avec ou sans cailloux. Les tamis flottants en canevas prepare, ou en toile metallique galvanisee, nous ont paru reunir d'excellentes conditions ; ils sont en effet peu coiiteux, tres-solides et d'un usage facile et commode. Des tamis de 30 a 35 centimetres de diametre et dont le prix est de 2 fr. 25 a 2 fr. 50 c. ont fonctionne pendant trois ans a partir du mois d'avril 1852, une grande partie del'annee, sans avoir subi aucune alteration notable. Leur forme et leur legerete permettent de les transporter facilement , de les manier et de les placer en lieu convenable au sein de l'eau ; ils reunissent enfin de grands avantages en servant a la fois pour la recolte, la fecondation, le transport et l'eclosion des ceufs, et pour le transport et la conser- vation des jeunes poissons, ju^qu'au moment de la dissemination. M. Millet a ete dignement seconde" dans cette grande ceuvre par MM. Boivin, proprietaires de la gare, qui ont mis tous leurs pois- sons a sa disposition , et par le service de la navigation et celui de la surveillance de la gare , dont les employes ont fait preuve d'un zele tres-louable. » A l'appui de cette communication, M. Millet a mis sous les yeux de laSociete d'acdimatation des boites et des bocaux qui presentent, pour Unites les especes indiqueesci-dessus, une serie de jeunes sujets de divers ages, etune serie de sujets adultesconstituant, desapre"sent, des produits marchands, et pouvant etre livresa la consommation ; ces boites et bocaux fermes, caehetes et scelles par les autorites lo- cales temoins de lapeche, ont ete ouverts publiquement, sur l'invi- tation de M. le President, par le secretaire general. ACADEffliE DES SCIENCES. SEANCE DU 19 FEVK1ER 185G. La Societe francaise d'hydrologie adresse le premier volume de ses Mem oi res. — M. Isidore Pierre fait parvenir la suite de ses recherches sur 1'emploi commeengrais de divers produits ve'getaux, ou, ce qui re- vient au meme, sur leur richesse en azote ; il a etudie" cette fois les feuilles d'ormeau, de vignes et autres arbres. — M. le docteur Bouchut adresse un Mcmoire sur une maladie assez commune chpz les enfants; il s'agit de l'enchifrenement ou de l'embarras des fosses nasales qui s'oppose grandement a l'acte de la succion du lait et peut souvent meme causer l'asphyxie. M. Bouchut a invente et applique avec succes un petit appareil qu'il suffit de faire penetrer dans les narines pour rendre la respi- ration facile. — Croirait-on qu'un certain M. William Formez, si nous avons bien entendu son nom, ait ose recoinmander a l'Academie un cafe artificiel, prepare par lui avec du Lie torrefie, de l'absinthe et beau- coup d'autres drogues, en le declarant comparable au moka pour son arome et ses autres proprietes excitantesou toniques? — M. Largentiere , capitaine de vaisseau, raconte que le 8 fe- vrier, vers neuf heures et demie du soir , les habitants d'une com- mune pres de Pau ont entendu distinctement une serie de detona- tions suivies d'un roulement semblable a celui du tonnerre , sans apparition de bolide au-dessus de l'horizon. — M. Baudrimont, profes^eur de chimie a la Faculty des sciences de Bordeaux, adresse un exemplaire de son rapport a 1' Adminis- tration sur la verification des engrais dans le departement de la Gironde. — M. Ernest Baudrimont a voulu essayer sur un jeune diabe- tique si V administration a l'interieur de la levure de biere ne de- terminerait pas la transformation au sein meme de 1'organisme, du sucre en alcool ; il croit a la possibility de cette transformation. Cette experience est-elle bienjaisonnable, et ne peut-elle pas de- terminer des accidents graves ? — M. le Ministre de la guerre adresse le septieme volume du Recueil des travaux des medecins et clrirurgiens militaires. — M. Bertrand se presente comme candidat a la place vacante dans la section de geometrie, par la mort de M. Sturm ; il rappelle 180 COSMOS. en quelques mots ses litres a la bicnveillance de l'Academie et les appuie d une nouvelle methode d'intdgration. — MM. Breton freres soumettent a 1'examen de l'illustre corps une nouvelle pile destined aux applications theVapeutiques. Voici la note presentee par ces habiles constructeurs : La nouvelle pile est formee de deux mixtures ou mdlanges se*- pares, de poudres ainalgamees ensemble dans une dissolution qui les maintient toujours humides. Le premier melange est une poudre de cuivre for man t l'un des poles ; le second melange est une poudre nu'-tallique de zinc, formant l'autre pole, Ces deux melanges sont renlermcs dans an vase portant a son centre une cloison en carton , ou terre poreuse qui permet aux deux poudres ainsi isolees de communiquer ensemble par endos- mose, de sorte que cette pile est toujours en etat defonctionner; elle digage constamment du fluide electrique, et en assez grande abon- dance , vu le nombre des elements qui sont multiplies a 1'infini. Cette nouvelle preparation a l'avantage de pouvoir s'appliquer sur toutes les parties du corps, et sur de petites ou larges surfaces. Aussi la facilite de son emploi la rend-elle susceptible d'une foule d'applications utiles : c'est ainsi que, par elle, la galvanisation, de- venue permanente , peut etre localised, gcneralisee et riosde, a la volonte du mcdecin, selon l'age, le sexe et la force du malade. On remarquera que clans cette mixture rien n'est plus facile que de suivre la marche des courants, positif ou negatif , car ils sont parfaitement distincts; et le galvanometre, cet accusateur fidele de tout courant galvanique, prouvera toujours que cette pile ou mix- ture est constamment en etat de production electrique. La mixture galvanique a ete principalement composee en vuede supplier aux intervalles ndcessaires entre chaque application du fluide electrique, faite a 1'aide d'appareils electro-modicaux, eff'ets plus energiques, et Ion comprendra facilement que par la perma- nence de son action elle devienne en quelque sorte le complement indispensable de tout traitement electrique. Chose remarquable encore dans cette mixture , c'est que l'elec- tricite degagee par elle sur le corps humain agit dans ce cas comme dans la galvanoplastie, c'est-a-dire, que c'est au pole positif que se passe Taction chimique et therapeutique, car a ce pole il se produit toujours une legere eruption cutaneeet coloration de la peau. Aussi doit-on, dans son application , avoir soin de mettre un intervalle de 2 centimetres environ entre chaque mixture , de maniere que les deux poles soient bien separds, et d'y appliquer un linge mouille, COSMOS. l»l qui etablit sur le corps et par endosmose la communication des deux poles, eommedans les piles ordinaires. Cettenouvelle mixture galvaniqueest deja employee avec succes par plusieurs medecins et aussi dans plusieurs hopitaux de Paris, entre autres a l'Hotel-Dieu et a l'Hopital-des-Enfants. — M. Schultz a pu appliquer dans des conditions tres-heureuses les procedt's de la fecondation artificielte et suivre avec le plus grand soin les progres du developpement des coufs de poissons. II a adresse un resume de ces observations. — M. Cliatin continu ses etudes d'anatomie compare des vege'- taux et en particulier des plantes parasites. — M. Laugier, en outre de la reponse imprimee dans les der- niers comptes rend us, demande de nouveau la parole pour commu- niquer les resultats de l'application de la method? au calcul des declinaisons pour les quatre stations exterieures, Montrouge, plaine Sainte-Denis, Vincennes, Saint-Cloud, danslesquellesMM. Goujon et Liais ont fait des observations directes. Du rapprochement des valeurs calculees et des valeurs observees, M. Laugier conclut de nouveau 1° que sa methode est exacte, 2° qu'il s'est nexessaire- ment glisse des erreurs dans le travail de MM. Goujon et Liais, 3° qu'il ea impossible d'admettre avec M. Le Verrier que les ob- servations de declinaisons magnetiques ancienneset nouvelles faites dans le pavilion central de la terrasse de l'Observatoire aient be- soin de subir la correction de 6', 39", necessity par l'influence locale, 4° que cette influence est plus que douteuse et qu'elle ne pourra etre demontrdereelle que par de nouvelles series d'observations. M. Lau- gier, en debutant, s'est plaint de ce que la discussion eu.t de- ggnere de la part de M. Le Verrier en personnaliles, que Ton doit, dit-il, toujours ecarter au sein d'une assemblee qu'on respecte. M. Le Verrier repond qu'd serait inutile de prolonger le deliat, d'autant plus que les discussions n'aboutissent jamais; qu'il est presque sans exemple que celle des parties qui est convaincue d'er- reur certaine et evidente, convienne de ses torts et accepte une retractation. Le caractere le plus saillant auquel chacun peut reconnaitre quel est celui des deux adversaires qui est dans le faux est la maniere de poser ou d'tSluder la question ; celui qui s'appuie sur la v^rite cherche avant tout a simplifier , il oppose des faits a des faits, des theories a des theories, des nombres a des nombres ; celui, au contraire, qui defend une mauvaise cause, cherche a tout embrouiller; il oppose des theories a des faits , des calculs a 182 COSMON priori ou a posteriori a des observations directes. II est dans le debat un fait qui domine tout, le fait des influences locales dans le pavilion central de l'Observatoire, de la ndcessite d'une correc- tion a faire aux mesures de declinaison et d'inclinaison magneti- ques. Ce fait a ete mis en evidence par des observations directes incontestables , il suffit de transporter tour a tour une boussole magneHique du pavilion de Test au pavilion de l'ouest , en pas- sant par toutes les stations intermediates , pour voir l'influence locale se manifester et augmenter de plus en plus a mesure que Ton approche de la nouvelle coupole. M. Le Verrier somme avant tout M. Laugier de se prononcer par ecrit sur la realite de ce fait, qu'il est n'est pas permis de revnquer en doute, comme il le fait, par une methode de calcul et des nombres obtenus par interpola- tion ou par extrapolation. Admet-il, oui ou non, que les observa- tions qui ont mis ce fait en Evidence sont bonnes ou ne peuvent etre entachees d'aucune erreur? Accepte-t-il ou repousse-t-il la proposition qu'on lui fait de verifier ce fait par lui-meme? S'il se retranche a cet egard dans un silence absolu, la discussion sera ne- cessairement close. Lorsque la realite de l'infiuence locale sera ad- mise, le moment sera venu de rechercher avec soin 1° si les valeurs — 6'39" pour la declinaison de -j- 6'3" pour l'inclinaison, que MM. Le Verrier, Goujon et Liais lui assignent sont suffisamment exactes; 2° en quoi consiste le vice de l'argumentation et de la methode qui ont conduit M. Laugier a nier cette influence locale et la valeur qui lui est attribuee. A la question si nettement pos£e, M. Laugier n'a rien repondu, et la discussion, par consequent, doit etre considdree comme finie ; elle le sera dans tous les cas pour nous, car nous ne reviendrons pas sur cette penible controverse, dans laquelle la science n'a plus rien a gagner. — M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire presente a l'Academie un nouvel ceuf d'epiornis, ou de l'oiseau geant de Madagascar, qui lui a etd confix par M. Armand, de Nantes, capitaine au long cours. D'apres les divers echantillons apportes jusqu'ici en Europe , M. Geoffroy Saint-Hilaire avait pense que la surface des ceufs d'epiornis etait naturellement rugueuse ou couverte d'asperites; le nouvel ceuf est au contraire tout a fait lisse, et si on le nettoyait avec soin, il reprendrait le poli et l'eclat des ceufs de poule et d'au- truche. Cet ceuf est vraiment enorme; ce n'est cependant pas le plus gros que Ton ait rencontre\ M. Geoffroy, a cette occasion, rappelle qu'un jeune chirurgien de marine, M. Coquerel, etait par- COSMOS. 183 venu a reunir un certain nombre d'os de l'oiseau merveilleux , et qu'il se proposait d'en faire l'objet d'un memoire lu devant l'Aca- demie, lorsque les exigences du service l'ont appele en Crimee. — M. Coste depose sur le bureau trois bocaux pleins de jeunes poissons peches quelques jours auparavant, en presence de temoins, dans les lacs ou bassins du bois de Boulogne. Ces jeunes eleves sont, comme on le sait, le resultat de la fecondation artificielle ; or, ils ont parfaitement prospere : leur developpement a ete- aussi heu- reux et aussi rapide que s'ils etaient nes naturellement dans les eaux habitees par les poissons de leur espece. On admire surtout une truite qui pese deja plus d'un kilogramme, et de jeunes sau- mons pleins de vie. L'experience, en un mot, ne laisse rien a desirer, et Ton doit en conclure que la piscifacture est arrivee aujourd'hui a l'etat d'industrie reelle ; ce fait est mieux demontre encore par la communication que M. Millet a faite recemment a la Societe d'accli- matation, et que nous donnons plus haut. — M. Dumas communique sur le puits arte'sien du bois de Boulogne les details dont nous avons fait un article special. — M. Dumas pre"sente en outre un beau travail de M. Hoffman sur le titane. Le savant chimiste est parvenu a preparer par un pro- cede nouveau un chlorure de titane qui differe considerablement du compose auquel on avait donne ce nom. L'analyse de ce chlorure et des diverses combinaisons auxquelles il pent donner lieu a con- duit M. Hoffman a augmenter d'un tiers le poids atomique du ti- tane. L'acide titanique alors ne serait plus Ti 0'\ comme on l'ad- mettait jusqu'ici , mais Ti O3, de meme que l'acide silicique est Si O3. Le titane repremlrait ainsi sa place a cote" du silicium, et serait, comme lui, non un m^tal, maisun metallo'i'de. — M. Biot communique, au nom de M. Pasteur, une longue lettre sur le glucose, son pouvoir rotatoire, ses analogues, etc. Nous l'analyserons dans notre prochaine livraison, en meme temps que la note de M. Dubrunfaut, sur le sucre de lait, qui a ete l'occa- sion de la lettre de M. Pasteur. — M. de Senarmont a recu de M. Sainte-Claire Deville de nou- veaux cristaux de silicium, qui lui ont permis de fixer definitive- ment le systeme mineralogique auquel ils appartiennent. Seni- blable au diamant, dont il se rapproche par d'autres caracteres encore, ainsi que nous 1' avons deja dit, le silicium cristallise dans le systeme cubique. — M. Combes lit un rapport concluant a l'insertion dans le Recueil des savants Strangers d'un memoire de M. Phillips, relatif a la resistance des poutres sous Taction d'une masse en mouvement. ACADEMIE DES SCIENCES. PRIX PROPOSES. I. Grand prix de mathematiques . — Medaille dor de 3 000 fr. 1° Prix de 1856. — « Perfectionner dans quel que point essen- tiel la theorie mathematique des Marees. « (Terme de rigueur, lermail856.) 2° Prix de 1854. — « Reprendrel'examen comparatif des theo- ries relatives aux phenomenes capillaires; discuter les principes mathematiques et physiques sur lesquels on les a fondees; signaler les mollifications qu'ils peuvent exiger pour s'adapter aux circons- tances reelles dans lesquelles ces phenomenes s'accomplissent , et comparer les resultats du calcul a des experiences precises l'aites entre toutes les limites d'espace mesurables, dans des conditions telles que les effets obtenus par chacune d'elles soient constants. *. (ler av.il 1856.) 3° Prix de 1853. — « Trouver, pour un exposant entier quel- conque, n, les solutions en nombres entiers et inegaux de l'equa- tion x" 4- j" = z", ou prouver qu'elle n'en a pas, quand n est > 2. » (ler avril 1856.) 4° Prix de 1852. — « Trouver Tintegrale de l'equation connue du mouvement de la chaleur, pour le cas d'un ellipso'ide homogene, dont la surface a un pouvoir rayonnant constant, et qui, apres avoir ete primitivement echauffe d'une maniere quelconque , se refroidit dans un milieu d'une temperature donn^e. » (ler octobre 1857.) 5° Prix de 1851. — « Trouver les integrales des equations de l'equilibre interieur d'un corps solide elastique et homogene, dont toutes les dimensions sont finies, parexemple, d'un parallelipipede ou d'un cylindre droit ; en supposant connues les pressions ou trac- tions ine^ales exercees aux differents points de sa surface. » [VT avril 1857.) 6° Prix de 1847. — « Etablir les dquations des mouvements ge- neraux de l'atmosphere terrestre , en ayant dgard a la rotation de la terre , a Taction calorifique du soleil , et aux forces attractive du soleil et de la lune. » (ler Janvier 1857.) II. Prix extraordinaire de 6 000 jr. sur I' application de la vapeur a la marine militaire, propose pour 1857. La navigation par la vapeur ne comptera que l'annde prochaine un demi-siecle d'existence. II a fallu qu'une partie notable de ce COSMOS. 185 temps sYcoulat avant que les bateaux a vapeur quittassent les rivieres et les fleuves, pour s'essayer sur la mer ; il a fallu d'autres annees avant que le commerce osat const rui re des navires a vapeur qui traversassent l'Atlantique. A son tour est venue la marine militaire, plus difficile en ses conditions et plus circonspecte en ses precautions, parce qu'elle a des dangers plus divers et plus redoutables a courir. Arrivee plus tard, mais demandant aux sciences dessecours plus profonds et plus methodiques, elle a fait des progres plus rapides, fondes sur des experiences rigoureuses. II faut se garder de croire qu'il ne reste plus rien a decouvrir et rien a perfectionner. La depense de combustible a bords des batiments de guerre n'offre jusqu'a ce jour que des economies insignifiantes ; une revo- lution est a produire sous ce point de viie. Cette revolution serait surtout favorable a la France, oil le combustible est plus dispen- dieux que chez nos emules les plus eminents. A la vue des locomotives de terre si puissantes et si peu pe- santes, on est frappe" du poids enorme des mecanismes a vapeur a bord de nos vaisseaux ; la nous attendons encore et nous appelons un grand changement. D'autres parties, que nous n'avons pas la pretention d'enumerer, sont susceptibles des perfectionnements les plus remarquables; sur- tout en ce qui concerne l'architecture navale. Une guerre glorieuse vient de produire des faits nouveaux ; elle a revele des besoins de navigation et de combat que Ton soupcon- nait k peine : c'est aux loisirs de la paix a resoudre les problemes poses par les exigences de la guerre. Nous preparerons ainsi les succes d'une guerre future, si la civilisation et l'humanite n'en reculent pas de plus en plus le terme. Au commencement de la lutte actuelle, les vaisseaux les mieux munis des plus fortes bouches a feu ne luttaient qu'avec ine"galite contre des forts de granit a triple etage de feux incendiaires. Une idee fournie par le chef de l'Etat a fait construire des batteries flottantes a feu rasant, bardies, ponteYs en fer ; les forteresses de terre se sont trouvees inferieures a ces nouveaux navires a vapeur. On a cesse* de regarder comme imprenables des places heVissees de canons, derriere lesquelles s'abritaient des marines entieres. Cette persuasion, toute nouvelle, compte peut-etre parmi les motifs aux- quels nous allons devoir la cessation des combats. L'Acade'mie desire surtout recompenser des inventions , des per 186 COSMOS. fections constates, ^prouvds par l'experience. Kile laisse aux con- currents une latitude illimitee ; elle ira chercher un grand prog-res en quelque lieu qu'il se montre, s'il porte avec lui sa demonstration au moins pratique, et s'il se peut theorique. •- (Terme de rigueur, ler novembre 1857.) — [Rapport de M. le baron Charles Dnpi/i.) III. Prix Bordin. Feu M. Bordin, ancien notaire , ayant legue a l'Academie une rente de 3 000 fr., pour la fondation d'un prix annuel « a la meil- leure composition sur des sujets ayant pour but : l'interet public, le bien de l'humanite, les progres de la science et rhonneur na- tional. ■• L'Academie propose les sujets de prix suivants : 1° Pour 1856 , cette question mathematique : « Un thermometre a mercure etant isole dans une masse d'air atmospherique, limitee ou illimitee, agitee ou tranquille , dans des circonstances telles qu'il accuse actuellement une temperature fixe, on demande de determiner les corrections qu'il faut appliquer a ses indications apparentes, dans les conditions d'exposition oil il se trouve, pour en conclure la temperature propre des particules ga- zeuses dont il est environne. » (Terme de rigueur, ler octobre 1856.) 2° Pour 1857, la question du metamorphisme des roches. Les auteurs devront faire l'historique des essais tentes depuis la fin du siecle dernier, pour expliquer par un depot sedimentaire suivi d'une alteration plus ou moins grande, l'etat dans lequel se pre- sentent a l'observation un grand nombre de roches. lis devront returner les theories physiques et chimiques propo- sees pour Implication des faits de ce genre et faire connaitre celles qu'ils adoptent. L'Academie leur saura gre surtout des experiences qu'ils auront executees pour verifier et pour etendre la theorie des phenomenes metamorphiques. (Terme de rigueur, ler octobre 1857.) IV. Grand prix des sciences physiques, medaille dor de 3 000 fr. 1° Prix de 1857. — - « Etudier le mode de formation etde struc- ture des spores et des autres organes qui concourent a la reproduc- tion des champignons, leur role physiologique, la germination des spores et particuherement pour les champignons parasites, leur mode de p£n6tration et de developpoment dans les autres corps organises vivants. » La grande classe des champignons comprend des vegetaux lies intimement entreeux par leur mode de vegetation, par la presence COSMOS. 187 du mycelium , et par les phenomenes physiologiques de leur nutri- tion, mais differant beaucoup par leursorganes reproducteurs. L'Academie desire qu'on etudie avec soin le mode de formation, le developpement et la structure intime des spores dans quelques especes des principaux groupes de champignons, soit exospores, soit endospores Piusieurs groupes de champignons presentent sur le meme indi- vidu des spores dout le mode d'origine n'est pas le meme, et qui souvent different sensiblement les unes des autres, quoique parais- sant avoir la meme destination definitive. II serait essentiel de de- terminer avec precision les differences que peuvent presenter ces deux sortes de spores, soit dans leur structure, soit dans leur mode de germination et de developpement posterieur. La dcScouverte dans les lichens et dans piusieurs families de cham- pignons de corpuscules (spermaties) se developpant en grande abon- dance, souvent dans des organes speciaux (spermogonies), et ne pa- raissant pas servir directement a la propagation de la plante, porte beaucoup de naturalistes a admettre dans ces cryptogames l'exis- tence d'organes fecondateurs. Ces organes se retrouvent-ils dans tous les groupes naturels de champignons d'une maniere constante 1 Enfiii , la germination des spores, maintenant observee dans un assez grand nombre de cas, a rarement eHe" suivie jusqu'a la forma- tion d'uu mycelium parfait et pret a fructifier. Comment s'operela propagation des champignons parasites, de families diverses, si fre- quents sur les vegetaux vivants, et qui se montrent aussi quelque- fois sur les animaux. Comment s'opere la penetration des germes reproducteurs de ces champignons, ou des organes qui en provien- nent, dans l'interieur du tissu des plantes annuelles, vivaces ou meme ligneuses, chez lesquels plus tard on les voit apparaitre sous l'epiderme des feuilles ou dans divers organes de la fleurs ou du fruit ? Comment se conservent et se disseminent plus tard les corps reproducteurs des champignons parasites sur la surface externe des feuilles ? En resume, la question mise au concours, quoique toutes ses parties soient liees intimement entre elles , peut se scinder en trois questions secondaires : 1° Formation, developpement et structure comparee des spores et des spermaties dans les divers groupes de champignons ; 2° Nature des spermaties et role physiologique de ces corps dans la reproduction des champignons, determine par des experiences positives ; 188 COSMOS. 3° Germination des spores et propagation des champignons pa- rasites, soit a l'interieur, soit a l'exterieur des vegetaux et animaux vivants. L'Academie pourra accorder le prix a l'auteur d'un memoire qui repondrait d'une maniere satisfaisante a une de ces trois questions. (Tenne de rigueur, 31 decenibre 1857.) 2° Prix de 1854. — « Etudier d'une maniere rigoureuse et me'- thodique les metamorphoses et la reproduction des infusoires pro- prement dits (Polygastriques de M. Ehrenberg). ■ L'Academie desirerait obtenir la solution de quelques-unes des questions encore pendantes au sujet des generations heteromorph.es ou generations alternantes dans la classe des infusoires proprement dits. Elle voudrait connaitre aussi d'une maniere plus precise les affinites naturelles de ces etres, dont les uns paraissent appartenir au regne vegetal, tandis que les autres sont bien evidemment des animaux, et semblent se rattacher en parlie a 1'embranchement des zoophytes, et en partie au groupe des molluscoides. Les observations et les experiences devront etre suivies de fac,on a ne laisser aucune incertitude sur la filiation des individus que Ton considdrerait comme e"tant produits les uns par les autres, ou sur 1 identite des individus dont les variations ne seraient attributes qu'a des metamorphoses. Les resultats obtenus devront etre appli- cants a plusieurs groupes importantsde la division des infusoires polygastriques, et les faits sur lesquels ces resultats reposent, de- vront etre, autant que possible, represented a l'aide de figures. (ler Janvier 1856.) 3° Prix de 1850. — 1° « Etudier les lois de la distribution des corps organises fossiles dans les differents terrains sedimentaires , suivant leur ordre de superposition.. " 2° Discuter la question de leur apparition ou de leur dispari- tion successive ou simultanee. « 3° Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'etat actuel du regne organique et ses etats anterieurs. » (lcr Janvier 1856.) 4° Prix de 1847. — « Etablir, par l'etude du deVeloppement de l'embryon dans deux especes, prises, l'une dans 1'embranchement des vertebres, et l'autre, soit dans 1'embranchement des mollusques, soit dans celui des articulds, des bases pour l'embryologie compa- re. » (ler avril 1856.) ASTRONOIIE. Nouvelles sources derreurs dans les observations astronomiques. En faisant de nombreuses observations d'etoiles voisines des po- les M. Carrington, directeur de l'observatoire de Redhill, a decou- vert une source d'erreurs dont aucun astronome n'a fait encore men- tion. II a constats que les observations d'etoiles polaires faites le jour avaientbesoin d'une correction apportee a leurs deux elements , l'ascension droite et la distance au pole nord, avant de devenir corn- parables aux observations faites la nuit ; d'ou il conclut que, pour lui du moms, une difference, en azimut, ou une latitude deduite d ob- servations d'une etoile faites alternativement au-dessus ou au-des- sous du pole, et qui n'aura pas ete corrigee, sera certainement er- ronee. Pour 1' etoile polaire elle-meme l'erreur est de plus d'une seconde, pour 8 de la Petite Ourse et la 51e de Cephe, elle est de 9 dixiemes de seconde. Cette erreur singuliere peut etre attnbuee soit a une variation diurne dans la position de l'instrument et a une imperfection dans les tables de refraction , soit a quelque cireons- tance optique ou meteorique non encore analysee. M. Carrington penche en faveur de cette seconde source , d'autant plus probable, que la correction devient plus grande lorsque l'etoile est plus bril- lante ; ce serait done une erreur personnelle a ajouter a tant d'autres. En voici encore de nouvelles signalees par 1' astronome royal M. Airy, dans une lettre que nous traduisons litteralement : « Mon estimable ami M. Sheepshanks , dans le cours de ses com- paraisons trigonometriques des etalons a traits, a decouvert que si l'on place au foyer de deux microscopes armes de micrometres les lignes de repere d'une mesure de longueur, et qu'il s'agisse de faire coincider les fils mobiles du micrometre avec les images de ces li- gnes, les differents observateurs amenent les fils micrometriques dans differentes positions : de plus, la difference n'est pas la meme pour les diverses mesures ; de sorte que dans les comparisons mi- crometriques de deux etalons a traits il existe une erreur person- nelle propre de chaque observateur. Quoique l'origine de cette er- reur soit tres-obscure, la circonstance, particuliere a ce cas, qu'on se sert de microscopes differents pour les deux extremites, laisse le champ ouvert a une explication ; je ne suis cependant pas en mesure de prouver que cette circonstance explique suffisamment le desaccord observe. M. Dunkin a appele recemment mon attention sur un second cas 190 COSMOS. d erreur personnelle qui me parait beaucoup plus difficile a expli- quer ; ici les deux traits etaient observes avecle ineme microscope, et il s'agissait de mesurer l'intervalle entre deux divisions adjacentes d'un cercle divise pour la correction ordinaire de lecture. M. Dunkin constata d'abord cette difference d'estime en operant sur le cercle horizontal de l'altazimut : comme dans ce cas la lumiere qui eclaire les divisions est tenue a la main, on pouvait attribuer la difference a une difference de position de la lampe. Je priai en consequence M. Dunkin de deduire ces differences d'estime de la discussion des observations faites au cercle des passages oil les illuminateurs sont fixes, et ou. les pouvoirs amplifiants des microscopes sont si grands qu'on peut compter avec certitude sur les resultats donnes par l'in- strument. Lesestimes de M. Dunkin ont et6 compares a celles de MM. Henry, Henderson, Ellis, Todd et Creswick, tous habiles et experimentes. La comparaison des lectures n'a laisse aucun doute sur la r^alite" de l'erreur personnelle et sur sa variabilite d'un obser- vateur a l'autre. De tables dress£es avec le plus grand soin pour les trois annees 1853, 1854, 1855, il resulte que dans chacune de ces trois annees les corrections de 100 secondes tiouvees par M. Henri excedent d'un huitieme de seconde celles trouvees par M. Dunkin; que la correction de M. Ellis etait d'abord sensible- ment la meme que celle de M. Dunkin, mais que dans la derniere annee le nombre de M. Ellis s'est beaucoup rapproche' de celui de M. Henry. » Theorie des refractions astronomiques , par sir John Lubbock. En 1840, M. Lubbock calcula les refractions astronomiques en partant d'une hypothese sur la constitution de l'atmosphere, diffe- rente de celle adoptee par les geometres anterieurs. Cette constitu- tion est exprimee par la table suivante : res. TempSratu cur en metres. Prcfsion en m 0 760 1609 637 3218 508 4S27 412 6436 322 SOW 264 10091 71 24135 11 35961 « Ire centigrade. Density. 10° 1,00000 1,67 0,84611 7,25 0,71?94 16,15 0,59798 21,65 0,49903 31 0,41403 83,80 0,14499 146,50 0,03573 282,90 » Cette table d'ailleurs a e'tecalculeed'apres la theorie que M.Lub- bock a adoptee sur la chaleur specifique de la vapeur d'eau et des COSMOS. 191 autres vapeurs ou gaz. Voici maintenant la table des refractions qu'il a calculee et a laquelle il s'arrete definitivement. On suppose que la temperature est de 10 degres, et que la pression atmosphe- rique est de 760. Distance zenitbalc apparent?. Refraction. Distance zenitbalc apparente. Refraclio. 10° 10" ,28 65° 124",35 20 21,21 70 158,81 30 33,65 75 214,20 40 48,38 80 319,37 45 58,23 85 591,81 50 69,36 86 704,46 55 83,06 87 862,27 60 100,62 88 1 094,71 Groomblidge, qui a fait un grand nombre d'observations dans le but special de determiner la valeur de la refraction pres de l'horizon, estime que la refraction horizontale ou a 90° du zenith pour une pression de 760 millimetres et une temperature de 10°, est 2 075", 4; or ce nombre est exactement celui que M. Lubbock a deduit de ses formules. De cet accord et d'une comparaison raisonnee de sa table avec celle de Bessel de la connaissance des temps, primi- tive, ou modifiee par M. Caillet en 1851, le savant geometre anglais conclut, avec une grande confiance , que ses refractions sont aussi parfaitement d'accord avec l'observation. JSiouvelle lunette equatorale portative, par M. Piazzi Smyth. M. Piazzi Smyth avait envoye a l'Exposition universelle un petit modele de lunette equatoriale portative qui meritait de fixer mieux l'attention. Les instruments de ce genre ont un grand de- faut : le centre de gravite de la lunette ne coincide pas avec le cen- tre de gravite de I'arc des latitudes. Aussi, lorsqu'on transporte a grande distance, de Londres, parexemple, au cap de Bonne-Espd- rance, une lunette parallactique construite pour la latitude de Lon- dres, et que Ton incline son axe polaire pour le faire pointer sur le pole du monde beaucoup plus bas, le centre de gravite de la lunette est reporte si loin au dela du centre de gravite du support que l'equi- libre devient tout a fait instable, ou que meme l'instrument ne peut plus rester debout. Dans le moJele de M. Piazzi Smyth , le centre de gravite" du telescope, de l'axe polaire, etc. , en un mot de l'instru- ment entier, coincide exactement avec le centre de l'arc pour l'ajus- tement de la latitude, et quelque part qu'on le pointe, il est tou- jours parfaitement en equilibre. 192 COSMOS. Sur la seconde comete de 1855, par M. Donati. M. Donati, de Florence, appliquant une methode recemment formulae par M. Mosotti, est parvenu a calculer les Elements ellip- tiques suivants de la seconde comete de 1855 : Passage an perihelie, 1S35, mat : 30,232563. Temps moyen de Florence. Longitude du noeud ascendant 260° 15' 7",3 Equinoxe. Lon-ilude du perihelie 237 30 1,9 moyea Inclinaison 23 7 8,4 de 1855 : 0. Distance de perihelie 0,5678239 Excenlricite 6,9909006 Demi-grand axe 62,40204 Temps de la revolution 492,93 ans. Mouvement retrograde. Ces nombres representent suffisamment bien les quatre observa- tions qui ont servi de base au calcul. M. Donati a ensuite cherche dans les catalogues de Delambre si, parmi les cometes apparues 493 ans auparavant ou, en 1362, il y en avait une qui eut parcouru une orbite a peu pros semblable a celle dont nous venons de donner les elements; or, il n'a pas vu sans surprise, que l'orbite d'une comete de 1362, calculde par Burckardt, avait des rapports de similitude tellement frappants avec celle de 1855, qu'il admet comme tres-probable que les deux cometes sont un seul et meme astre qui reparaitrait apres 493 ans. Etoiles de VEquateur, par M., Bond. — M. William Crouch Bond , directeur de l'Observatoire de Cambridge (Etats-Unis), vient de publier un catalogue de 5 500 etoiles comprises entre l'equateur et 20 minutes de declinaison | nord, observers dans les ann^es 1852 etl853. Toutesles observa- tions'd' ascensions droites ont ete faites avec l'enregistreur electrique invente par M.Bond lui-meme, et dont les avantages sont, dit-il, incontestables : il est beaucoup plus exact dans les resultats obte- nus ; incomparablement plus commode, il epargne a l'observateur beaucoup de travail et de fatigue ; il abrcge enfin , dans une pro- portion considerable, le temps necessaire a chaque observation. On opere done ainsi a la fois, mieux, plus aiscment, plus promptement, et par suite plus abondamment. VARIETES. COURANTS ELECTRIQTJES CHEZ LES AN1MAUX VIVANTS, PAR M. BAXTER. L'auteur croit avoir d^montre rigoureusement par l'experience les propositions suivantes : 1° Lorsqu'on met l'une des extremity du fil d'un galvanometre en contact avec la surface muqueuse de l'intestin, l'autre extremite en contact avec le chyle, l'aiguille est deviee par un courant qui va du chyle positif a la muqueuse nega- live; cette deviation se produit pendant l'acte de l'absorption lac- t£e; 2° Lorsqu'un tissu musculaire et le sang veineux de ce meme tissu sont amenes a faire partie d'un meme circuit ; il y a un cou- rant f'aible allant du sang positif an tissu negatif; 3° En mettant de meme en communication le tissu nerveux et le sang veineux, il se produit un courant allant du sang positif au tissu nerveux nega- tif. [Philos. Magaz., Janvier 1S56.) Les dditeurs de ce recueil n'ont pas grande confiance dans les experiences de M. Baxter, ils croient qu'elles n'ajoutent rien d'im- portant a ce que MM. Matteucci et Du Bois Raymond nous ont appris sur l'electricitd au sein de forganisme animal. MAREES DIURNES LUNAIRES ET SOLAIRES SUR LES COTES DE l'irlande, PAR M. HACGHTON. On a commence, dans l'automne de 1850, sous la direction de la Commission des Sciences de l'Academie royale de Dubiin, des observations de marees, dans dix stations, sur les cotes d'Irlande. Ces observations ont consiste : 1° a mesurer le niveau des eaux hautes et basses ; 2° a determiner de quinze minutes en quinze mi- nutes le niveau de marees completes choisies au nombre de quatre dans chaque lunaison, deux marees hautes et deux marees basses. Le but qu'on se proposait etait de jeter quelque lumiere sur diffe- rentes questions relatives aux lois des marees ; de mettre en evi- dence les effets separes du soleil et de la lune, probleme qui n'a pas encore ete resolu par l'observation directe; d'etudier comple- tement les lois de la maree semi-diurne, principalement dans le canal d'Irlande; et enrin de determiner la hauteur moyenne vraie de la mer sur les cotes d'Irlande. La redaction et la discussion des observations de marees ont ete confiees a M. Haughton ; M. Lloyd s'est charge de require et de discuter les observations meteorologiques faites simultanement. M. Haughton prend pour l'expression la plus generate de la 19i COSMOS. hauteur de la maree diurne la valeur theorique donnde par l'e- quation suivante : D = S smite cos (s — i,) -f- M sin 2!* cos ("' — '"') dans laquelle D est la hauteur exprimde en pieds des hautes ou basses eaux de la marde diurne qui suit le passage de la lune au meridien ; S et M les coefficients en pieds des mardes diurnes so- laires et lunaires ; a et p les declinaisons du soleil et de la lune a la periode qui precede les hautes et basses eaux d'un intervalle qu'il faut determiner pour chacun des astres, et que Ton appelle l'ao-e de la marde diurne solaire ou lunaire ; s et m les angles horaires du soleil et de la lune, al'ouest du mdridien, au momentdes hautes et basses eaux ; U et im enfin les temps qui s'ecoulent entre les passages au meridien du soleil ou de la lune et le moment des plus hautes eaux diurnes solaires ou lunaires. Des huit quantites que renferment le second membre del'dquation, deuxseulement, >y etm, sont donnees par l'observation astronomique directe ; les six autres ontbesoin d'etre ddterminees par des observations de mardes, et, quand on les a trouvees, on calcule une premiere valeur de D, que Ton compare ensuite a la valeur observed directement; ce n'est qu'autant que ces deux valeurs s'accordent qu'on peut avoir con- fiance dans la theorie. Nous ne suivrons pas M. Haughton dans sa longue discussion. Pour donner seulement une idee des pheno- menes, nous citerons les nombres obtenus par lui pour le port de Bunown ; Latitude, 53° 24' N ; longitude, 10° 2' 0 : 1° intervalle qui s'ecoule entre le passage de la lune au mdridien et le moment des hautes eaux diurnes, 0h 31™ ; 2° intervalle correspondant pour le soleil, 2h 52m ; 3° age de la marde lunaire pour les hautes eaux, 4h9m; pour les basses eaux, 4h9m; 4° coefficient lunaire, 0,646 pieds; 5° coefficient solaire, 0,342; 6° rapport du coefficient so- laire au coefficient lunaire, 0,529. [Philos. magazine, Janvier 185G.) RESPIRATION DES PLANTES , PAR M. DUCHARTRE. Ces recherches ont ete faites dans lebut d'dtudier plusieurs ques- tions d'un haut interet que souleve l'histoire physiologique de la respiration vdgetale. Elks ont porte sur un grand nombre d'especes parmi lesquelles l'auteur en a choisi quarante qui appartiennent aux differentes categories des plantes herbacdes annuelles, bisannuelles COSMOS. 195 et vivaces, terrestres et aquatiques a feuilles minces et charnues, ainsi qu'acelles des vegetaux ligneux, sous-arbrisseaux, arbrisseaux et arbres , soit feuilles, soit resineux ou coniferes. L'auteur a opere : 1° en variant l'intensite lumineuse, et pour cela on mettait les plantes simultanement, les unes au soleil , d'autres a une ombre complete, d'autres enfin, de meme espece, et semblables aux pre- mieres, clerriere des ecrans d'opacites differentes ; 2° en tenant compte des temperatures dans ces differentes circonstances; 3° en relevant pour chaque espece l'etendue de la surface des feuilles, la repartition, le nombre et la grandeur de leurs stoinates; 4° dans quelques cas particuliers en operant comparativement sur des feuilles, les unes jeunes, les autres adultes ; 5° en essayant la ri- chesse en oxygene des gaz degages, etc. Voici ses conclusions : 1° Le degagement dun gaz fortement oxygene par les feuilles s'opere, pendant le jour, non-seulement a la lumiere directe du so- leil , mais encore derriere des ecrans verticaux formes avec des tissus plus ou moins serres, meme a l'ombre portee par des murs et sous un feuillage touffu. 2° La quantite de gaz degage est proportionnelle a l'intensite de la lumiere, elle devient ainsi peu considerable a l'ombre. 3° Le gaz degage dans cette derniere circonstance est souvent assez riche en oxgyene pour rallumer et faire bruler avec une flamme vive une allumette simplement rouge de feu a son extremite. 4° Les plantes qui croissent habituellement a l'ombre paraissent etre moins sensibles que les autres a la privation de la lumiere di- recte. 5° Les coniferes se trouvent a peu pres clans le meme cas. 6° II n'existe pas de relation fixe entre le nombre ni la grandeur des stomates et les quantites de gaz degage au soleil par les plantes de ces differentes categories. T Dans certains cas, comme pour les arbres dont les feuilles ont un tissu sec et coriace, il y a rapport inverse entre le nombre con- siderable des stomates et la faiblesse du degagement gazeux ; 8° Outre les stomates, on doit des lors regarder comme intervenant dans l'accomplissement des phenomenes respiratoires , les cellules de 1'epiderme. Cette derniere conclusion est directement appuyee sur ce fait, qu'on voitsortir de ces cellules, sous l'eau, une quantite tres-appr^ciable et souvent meme considerable de gaz, a la face superieure de feuilles qui ne sont poui vues de stomates qu'a leur face inferieure. 9° Divers physiologistes ont admis que les feuilles jeunes ne dega- 196 COSMOS. gent pas du tout d'oxygene a la lumiere ou n'en pioduisent qu'une tres-petite quantite. Les experiences de l'auteur lui semblent au contraire etablir que si cette idee est applicable aux leuilles formees, meme a l'etat adulte, d'un tissu mince ou herbace, elle ne Test pas a celles qui deviennent seches et coriaces a l'etat de developpement coinplet; que celles-ci degagent dans leur jeunesse une assez forte proportion de gaz a la lumiere solaire, que par consequent elles de- composent une quantite proportioiniellement considerable d'acide carbonique; fait qui, du resle, semble pouvoir expliquer la consoli- dation rapide de leur tissu dont il serait difficile de se rendre compte autrement. 10° Contrairement a ce qui a ete professe par plusieurs physiolo- gistes, les feuilles des plantes aquatiques q-ui flottent a la surface de I'eau, degagent a la lumiere un gaz fortement oxygene , non-seu- lement par leur face superieure pourvue do stomates et en contact avec l'air, mais encore par leur face inferieure qui est habituelle- ment en rapport avec l'eau et qui se montre generalement privee de ces petits appareils. STRUCTURE DES RACINES DES ORCHIDEES , PAR M. CHATIN. M. Chatin conclut ainsi : » En resume^ les racines aeriennes des orchidias sont remarqua- bles par les points suivants et tout a fait caractei istiques de cette classe d'organes : presence d'une enveloppe spongieuse; matiere verte dans le parenchyme externe et parfois jusi|ue dans la moelle : systeme ligneux fonnant un etui et nonun cylindre ; existence d'une moelle. Comme les racines terrestres les racines aeriennes manquant d'ailleurs de stomates se dirigent vers l'axe de la terre, etc. « Des experiences que je poursuis et pour lesquelles le temps et un element important donneront la mesure de ceitaines proprietes importantes des racines, et notamment de 1'enveloppe spongieuse dont le pouvoir d'imbibition , d'absorption et de condensation, par rapport aux vapeurs et aux gaz parait el re de premiere valeur pour 1'alimpntation de la plante. Qu'il me suffise d'indiquer ici que 1'en- veloppe spongieuse contient toujours des compost's niireux ainsi que des composes ammoniacaux, et que le pouvoir d'absorber les liquides est tres-different chez les racines aeriennes et chez les ra- cines terrestres. » A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Taris. — Imprimerie de W. Remquet ct Cie, rue Garancii re, 5. t. vnr. 29 fevrier 1856. cinquieme annee. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. L'Empereur, accompagne du ministre de la guerre, d'un aide de camp et d'un officier d'ordonnance, s'est rendu, le 2 fevrier, sur les bords de la Seine, prfes de l'Ecole militaire, pour etre temoin des experiences faites en vue de demontrer les quality d'un chariot militaire, en metal cannele, que M. [Francis, de New- York , avait construit pour le presenter a Sa Majeste. M. Francis commenca par donner des renseignements sur sort mode de construction et sur les proceeds employes pour donner une grande force a un metal tres-mince et tres-leger, et en fournit la preuve en frappant la caisse de toutes ses forces, a coups redou- bles et au meme point, avecun gros marteau a long manche. II fit ensuite lancer le chariot, avec tout son train, dans l'eau, ouil flotta comme un bateau ; les homines qui y etaient embarques , au nom- bre de seize , se porterent en masse sur les cotes sans pouvoir, malgre" tous leurs efforts, faire arriver les bords au niveau de l'eau, Le chariot fut apres cela dirige sur le courant de la riviere, afin de montrer qu'une forte charge pourrait, par ce moyen, etre transporter d'une rive a l'autre sans qu'il fut besoin d'oter les roues; de sorte qu'un train de ces chariots pourrait continuer a suivre sa route sans retard. Ensuite, le train ayant ete detache , on fit manceuvrer la caisse separement, comme un bateau, a rames. L'Empereur se fit donner par M. Francis des renseignements detailles sur ses bateaux metalliques, qui ont acquis une grande celebrite, et dont des modeles etaient sur les lieux. Apres un exa- men circonstancie, qui dura plus d'une heure, Sa Majeste temoigna l'interet qu'elle prenait a ces inventions, comme constituant une amelioration importante pour le service de l'armee et de la marine. En meme temps, dit le Moniteur, M. Francis informa Sa Ma- jeste de nouvelles officielles recues de l'armee des Etats-Unis , ren- dant compte d'une expedition de 500 lieues sur de tres-mauvaises routes , expedition pendant laquelle ses chariots avaient traverse^ des rivieres, flottant avec leurs charges d'une rive a l'autre, sans qu'aucun cours d'eau eut pu en arreter la marche. (Patrie, 22 fevrier.) 8 198 COSMOS. — L'Academie des sciences avait a nommer, dans la seance d'hier, deux candidats pour la place de g^ographe vacante au Bu- reau des Longitudes; les candidats elaient , en premiere ligne, M. Daussy; en deuxieme ligne ex cequo, MM. Bt^gat et Peytier; en troisieme ligne ex cequo, MM. Chazallon etLieussou. M. Daussy a r£uni 46 suffrages pour la place de premier candidat, et M. Pey- tier 36 pour celle de second candidat. L'Academie a procede ensuite a l'election d'un membre corres- pondant dans la section de m£decine et de chirurgie, en remplace- ment de M. Prunelle. M. C. Bernard avait pr^sente" la liste des candidats, au nom de la section, dans l'ordre suivant : M. Guyon, en Al°-6rie ; M. Bally, a Villeneuve (Yonne) ; M. Denis, de Com- mercy, a Toul ; M. Ehrmann, a Strasbourg; M. Gintrac, a Bor- deaux ; M. Forget, a Strasbourg. M. Guyon l'a emporte' sur ses concurrents : il a obtenu 35 suffrages. Dansle dernier comite secret de l'Academie, la section de geo- meHrie a presente une liste de candidats a la place de correspondant vacante dans la section de geomeHrie, nous avons appris avec bonheur que le candidat presents' en premiere ligne etait M. Ostrogradzki 7 c£lebre g£ometre de Saint-Petersbourg ; son election est assuree. MM. Rayer, Bussy et Tardieu, membres du comite" consul- tatif d'hygiene publique, ont 6te charges de rdpondre a une demande faite par M. le preset de la Dordogne, relative a l'emploi de la sau- mure, que quelques chimistes regardaient comme tres-dangereux ; le rapport des savants m&lecins est tres-interessant, mais nous ne pouvons en publier que les conclusions heureusement rassurantes. « L'emploi de la saumure, a titre de condiment ou d'assaisonne- ment dans /' alimentation de I'komme, n'a eu jusqu'ici aucun effet nuisible, et rien n'autorise a penser que ce proceed e^onomique, avantageux pour les classes pauvres, doive etre proscrit. II n'en est pas de meme de l'abus qui a pu etre fait de cette subs- tance dans 1'alimentation et le traitement des maladies de certains animaux, notamment des pores et des chevaux. Des faits authen- tiques et des experiences rfoentes demontrent qne le melange de la saumure , en quantity notable , aux aliments , peut determiner un veritable empoisonnement. Dans tous les cas, la saumure conserved depuis un temps trop long et vieille au contact surtout de viandes ranees ne devrait etre employee qu'avec beaucoup de circonspection , et apies quelle aurait et£ purified par le battage de toute Rcume qui se serait for- mee a sa surface. » PHOTOGRAPHIE, TIRAGE DES POSITIFS PAR M. SUTTUN. M. Sutton a decrit, il y a quelques mois, un proc^de de tirade des positifs dans lequel il avait la plus grande confiance, et qu'il ap- plique maintenant en grand dans l'elablissement qu'il a fonde" avec M. Blanquart-Evrard , a Jersey, baie de Saint-Brelade ; nous allons le rappeler en quelques mots, c'est M. Sutton lui-meme qui parle : " Dans la premiere preparation du papier , je n'emploie ni sel ni aucune autre substance de ce genre, mais simplement du lait coa- gule par de la presure. Je sensibilise par immersion dans un bain contenant seulement 3 pour 100 d'argent, bain qui reste d'une force uniforme jusqu'a la derniere goutte et ne s'altere pas par l'usage. J'expose a la lumiere ordinaire jusqu'a ce que les marges prennent une teinte l^gere, variable avec les differents negatifs, mais facile a determiner par un simple essai : le temps d'exposition varie d'une demi-minute a un quart-d'heure. Je d<§veloppe avecl'acidegallique seul, cette operation dure environ cinq minutes; le dessin se revele et prend du ton graduellement ; on arrete au moment voulu en lavant a l'eau ; tout ce qui est venu restera sur l'dpreuve definitive , rien ne devant etre perdu dans les bains posterieurement employes. Je colore dans un bain d'hyposulfite d'or, ne contenant pas d'acide ; on peut obtenir toutes les teintes entre le brun et le violet. Je fixe dans un bain nouvellement prepare d'hyposulfite de soude, et je lave a la maniere ordinaire. » En repondant a quelques demandes ou objections formulas par un correspondant du Journal de la Societe photo graphique de Lon- dres, M. Sutton enumere de la maniere suivante les avantages du nouveau procede de developpement chimique : « 1° On n'obtient pas seulement ainsi, dit il , les conditions que doit remplir la surface chimique du papier; les pores du papier sont alors remplis eux-memes de matiere noircie par la lumiere, ce qu'il est impossible d'obtenir quand l'impression se fait par les rayons du soleil ; 2° la matiere noircie de l'£preuve deVeloppee devient de plus en plus noire avecle temps, en meme temps que les blancs devien- nent plus brillants en subissant eux-memes un leger blanchiment ; les images ainsi developpees s'ameliorent done avec l'age ; sir Wil- liam Newton et M. Blanquart-Evrard , les seuls photographies emi- nents qui emploient depuis longtemps l'impression par developpe- ment chimique , sont a cet egard du meme avis que moi ; 3° la 200 COSMOS. meHhode d'impression par ddveloppement rdussit dans toutes les saisons, et par tous les temps ; j'ai constat/' recemment par mes propres yeux qu'avec un seul chassis a pression on avait expose" et developpe 250 epreuves dans l'espace d'une heure cinquante mi- nutes, que sur ces 250 Epreuves, treize settlement on ete rejetees com me impropres a la vente. Ce proc^de , on le voit , est done dminemment pratique et approprie aux besoins d'un vaste etablis- sement. » CLICHES SUR GUTTA-PERCHA , PAR M. ARCHER. Tout le monde redoutait que les negatifs transports sur gutta- percha ne pussent pas servir a donner des impressions au soleil pen- dant les jours chauds de l'ete; M, Archer repond peremptoirement a cette objection par la lettre suivante : » J'ai transports sur guttapercha tous les negatifs que j'ai pris l'ete dernier, et je m'en suis servi durant toute la saison, pour ob- tenir des po?itifs pendant les jours les plus chauds de juilletetd'aout. Je n'opere pas de preference au soleil, mais j'ai fait l'experience suivante : j'ai place cote a. cote des negatifs en verre et en gutta- percha sous un soleil assez ardent pour determiner l'adhesion du papier albumine au negatif vernis sur verre, et cependant le cliche en gutta-percha supportait parfaitement cette temperature. » NOUVELLE METHODE D'lMPRESSION DB M. MAXWELL LYTE. Cette m^thode repose essentiellement sur la propriete que pos- sede l'eau regale de detruire le sulfure d'argent et tous les composes sulfures semblables, en convertissant le metal en un chlorureque Ton peutnoircir ensuite en faisant agir sur lui une combinaison d'acide gallique et de potasse qui l'amene a 1'etat metallique noir. Prenez du papier positif ordinaire ; le papier Saxe est peut-etre le plus convenable , parce qu'il donne les images les plus delicates et les mieux definies ; discernez le recto du papier, placez lafeuille avec la face recto en bas sur une solution de chlorure d'ammonium a. 5 pour 100 ; lorsqu'elle a ete bien pSnetree , on l'enleve et on la sus- pend pour la faire secher ; on place la meme face de la feuille sur un bain de nitrate d'argent a 20 pour 100; et apres l'avoir laisse cinq minutes en contact avec le bain, on la suspend de nouveau et on la laisse sScher. Imprimez l'^preuve a la maniere ordinaire; mais en ayant soin de lui laisser prendre un aspect plus sombre qu'il n'est necessaire, parce COSMOS. 201 que le traitement qu'on lui fait subir ensuite tend plutot a 1'afFai- blir. L'epreuve, retiree du chassis, est placed d'abord dans un bain d'eau pure, pour la debarrasser autant que possible du nitrate libre; puis dans un bain quelque peu sale pour convertir tout le nitrate restant en chlorure d'argent ; et enfin dans un bain d'hyposulfite de soudeneuf a 25 pour 100, auquel on ajoute 0,5 pour 100 de car- bonate de soude; on la laisse dans ce dernier bain jusqu'ace qu'elle soit fixee, ce qui a lieu , en general , apres un quart-d'heure ou une demi-heure. On la lave apres dans plusieurs eaux pour enlever toute trace d' hyposulfite ; elle est alors d'unevilaine couleur rou°-e d' au- tant plus intense que la solution d'hyposulfite est plus fraiche ; si son tonetait meilleur, c'est que l'hyposulfite aurait deja vieilli , et par la meme il resterait dans l'epreuve un peu de sulfu re d'argent; si on l'y laissait , il amenerait sa destruction avec le temps , on le fera disparaitre en operant comme il suit : l'e'preuve, bienlavee et encore humide , est placee dansun bain d'eau regale, 8 ou 10 par- ties, eau pure , 100 parties , ou , ce qui revient au meme , eau, 10 parties, acide chlorhydrique, 4 parties, acide nitrique, 1 partie; on voit alors l'image s'efTacer rapidement , et apres un temps assez coui t , elle a a peu pres completement disparu ; l'argent Tioir qui formait le dessin aura ete converti en chlorure, pendant que le soufre, s'il en e'tait reste , est en meme temps converti en acide suj- furique qui se dissout dans le liquide; on transporte ensure l'epreuve dans un bain d'eau auquel on ajoute un morceau de carbonate de soude ou quelques gouttes d'ammoniaque pour enlever toute trace d'acide; et enfin dans un bain compose d'eau , 250", dissolution saturee d'acide gallique , deux ou trois gouttes ou 0CC, 5; solution de potasse, quelques gouttes ou0flC, 5, meles au moment meme de s'en servir. L'epreuve dans ce melange noircit , on voit reparaitre les plus menus details , et elle n'a plus besoin que d'etre lavee \4- gerement dans l'eau pure lorsqu'elle a atteint son maximum d'in- tensite\ II importe de prendre en consideration les remarques suivantes. Le papier traite par cette methode ne doit etre colle ni avec de la gelatine, ni avec de l'albumine, nLavec aucune autre preparation animale, mais avec la preparation vegeHale dont se servent les fabricants de papiers du continent. Le bain d'acide gallique ab- sorbs l'oxygene de l'air tres-rapidement, devient rouge et attaque dfes lors ou depouille le papier : voila pourquoi les ingredients ne doivent etre melanges qu'au moment de s'en servir ; la quantite qu'on en use a. chaque fois est si petite qu'il n'en rcsultera pas 202 COSMOS. une grande depense ; il n'y a pas non plus perte de temps , parce que ce procede" est aussi rapide que tous les autres. On pourrait, dit M. Lyte, l'appliquer sans aucun doute au traitement des po- sitifs obtenus par la m&hode negative ou par developpement ; mais, ajoute-t-il, cette derniere m&hode a un inconvenient assez grave, celui de ne pas permettre de surveiller les progres de l'im- pression pour s'arreter au point precis , condition absolument nd- cessaire a remplir si Ton veut produire des positifs parfaits. Le nouveau procede enleve au papier sa colle, il faut done le re- coller ou, cequi est mieux, l'enduire d'encaustique. La composition suivante convient beaucoup pour cet objet : prenez un peu de cire blanche, dissolvez-la dans la tereben thine pour former un melange de la consistance de pommade, et ajoutez ace melange une quantite d'alcool £gale en volume a la moitie' du volume de la ter^benthine employee. Fixez alors l'epreuve sur un cadre a e"tendre le papier a dessin, ou etendez-la fixement sur une feuille de papier, versez a la surface de la pate de cire et frottez-la aussi rapidement que possible avec un morceau de flanelle tres-propre. II reste a la surface du des- sin assez de cire pour lui donner un tres-bel eclat , et la rendre en meme temps impermeable a 1' air et a l'humidite; on la coupe alors et on la monte. Enfin, comme chaque feuille de papier sensibilis^e enleve au bain une certaine quantite de nitrate d'argent, il faut ajouter apres chaque feuille entiere ou apres le nombre de petites feuilles e'quiva- lant a une feuille entiere, que Ton a sensibilisees, 1,77 gramme de nitrate d'argent en cristaux, en versant en meme temps assez d'eau pour ramener le liquide au volume primitif. —Nous extrayons d'une lettre de M. l'amiral Lugeol ce passage : « Dernierement , en faisant le portrait st^reoscopique d'un de mes amis , j'eus l'id^e de prendre ies deux images ou epreuves l'une apres 1'autre , et de faire faire le regard de mon ami pour chacune d'elles sur un point different. Ainsi , pendant la premiere epreuve , il regardait l'objectif de la chambre obscure, et, pendant la seconde, il regardait adroite un objet fixe" a 45° a peu pres. Ces deux epreuves etant mises dans le stereoscope, si on le place pour les regarder vis-a-vis d'une croisee et que , sans cesser de les regarder , on se tourne a droite , puis a gauche , on voit les yeux du portrait suivre ce mouvement comme s'ils 6"taient animes. Peut-etre en faisant prendre a la tete deux positions voisines obtiendrait-on pour elle un effet analogue, cela donnerait une espece de vie au tableau qui re~semble trop a une statue de cire. » ACADgffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 25 FEVR1ER 1856. M. Laugier avait resume- dans la note suivante ce qu'il appelle toute sa pens^e sur les erreurs locales des divers points de la ter- rasse de l'Observatoire : « Lorsque M. Arago fit construire le pa- vilion central, leseul ou il ait observe ou fait observer, il put choia'r la position la plus favorable a cet etablissement ; il installa ce pa-, villon a l'extrdmit£ sud la plus ^loignde du batiment, dans le pro- longement de la ligne me>idienne, sur une partie du sol convenahle- ment pr£par£e , et aussi distante que possible des deux murs, que bornent le jardin a Test et a l'ouest. Bien des annees apres, afin de fournir aux voyageurs qui venaient a l'Observatoire s'exercer au maniement des instruments magnetiquesun emplacement commode, M. Arago fit construire les pavilions de Test et de l'ouest. La dis- position meme des lieux commandait le choix de l'emplacemc-nt ; le pavilion de l'ouest fut etabli a l'extremite" ouest de la terrasse , au-dessus des salles voutees dans lesquelleson abritait les arbustes du jardin et les instruments de jardinage. II est possible qu'une certaine quantity de fer soit entree dans la construction des voutes , car on en a trouve" dans la voute du batiment qui supporte le grand toit tournant de la tour de Test. L' autre pavilion se trouve a l'ex- tremite' est de la terrasse, dans 1' angle forme' paries murailles qui la bornent au sud et a Test. Ce qui me fait croire qu'il faut recher- cher les petites differences constantes ailleurs que dans l'influence des fers du grand batiment , c'est que les observations d'intensite' que j'ai faites en divers points de la terrasse n'ont pas indiqu6 de variations sensibles. Enfin, me basant sur l'identite entre les deux d£clinaisons trouvees par MM. Goujon et Liais, en deux points situ£s a 150 metres et a 100 metres du chemin de fer de Sceaux , je me demande, tout en tenant compte de ce que ces deux cas peu- vent offrir de dissemblable , si le batiment de l'Observatoire doit causer des variations assez notables dans les declinaisons des diffe- rents pavilions qui n'en sont pas tres-inegalement eloigned, lorsque le chemin de fer n'en a cause aucune pour un changement de dis- tance beaucoup plus grand. C'est pour ces motifs que je pense que les erreurs observees dans les differents pavilions sont dues a la presence de quelque barreau de fer place sous leurs fondations; mais je crois en meme temps que le pavilion central, situ£ plus favorablement, en est tout a fait exempt. » 204 COSMOS. Cette note donnait la re"plique trop belle a M. Le Verrier pour qu'il nerevint pas surla discussion. Nous y revenons aussi un ins- tant, malgre" l'engagement que nous avons pris, parce quelle fait connaitre diverses particularity inte>essantes relatives a la position de l'Observatoire imperial, nous serons, au reste, tres-court : 1° Le fait capital que la dtklinaison va sans cesse en augmen- tant depuis le pavilion de l'ouest jusqu'au pavilion de Test, en pas- sant par le pavilion central et le pavilion actuel des instruments enregistreurs, prouve invinciblement qu'on ne peut pas attribuerles variations observees a, des attractions locales, a Taction de mor- ceaux de fer doux existant au sein des voiites ou du sol. 2" II est faux qu'il y ait des caves au-dessous des pavilions de Test ou de l'ouest; il y a au contraire une cave assez rapprochee du pavilion central ; ce serait done plutot sur l'aiguille de ce pavilion que de- vraient s'exercer les perturbations locales. 3° A l'est, au contraire, des pavilions, on trouve en deca, d'abord, ducote du nord, la grande coupole de la future lunette dquatoriale, dans laquelle il entre une masse de fer doux ou forge" de 22 000 kilogrammes, formee de barreaux oriented semblablement, pouvant tous s'aimanter et s'ai- mantant dans le meme sens , dans un sens tel que leurs poles nords soient les plus voisins des pavilions et contribuent a aug- menter la declinaison ; on trouve ensuite, au dela, du cote du sud, une (Mise en construction dont le plafond ou les voiites sont formes depoutres en fer formant une masse totale de 72 000 kilogrammes, composers aussi de barres de fer similairement orientdes, dont les poles nords concourent encore pour influencer dans le meme sens les aiguilles des boussoles. Ces deux masses de fer sont, l'une a 70 metres, l'autre a 110 metres du pavilion central ; leur masse totale est de 94 000 kilogrammes, leurs actions s'accordent; com- ment des lors n'exerceraient-elles pas une attraction locale, et que peuvent etre en comparaison les actions des morceaux de fer hy- pothehques des voiites? 3° II est impossible de comparer Taction des rails de chemin de fer a Taction des masses dont il vient d'etre question ; on pouvait, on devait meme, avant T experience, s'at- tendre a voir le chemin defer n'exercer aucune action perturbatrke ; car d'abord, en prenant a droite et a gaucbe de la station 100 me- tres de rails, on aurait au plus un poids de 7 000 kilogrammes ; car les rails etant poses bout a bout, le pole nord de Tun neutralise le pole sud de Tautre, avec lequel il est presque en contact; car Tac- tion qui d'un cote" s'exerce sur l'aiguille dans un certain sens, s'exerce en sens contraire de Tautre cote. Ce ne sont plus des COSMOS. 205 masses isolees, devastes centres d'attractions concordantes ! Mais c'est trop mille fois. En l'absence de M. Laugier, M. Mathieu persiste a douter de l'existence d'erreurs constantes passers ou pr£sentes dans ]es obser- vations magnetiques du pavilion central ; il declare en tout cas que l'existence deces erreurs ne pourra etre regarded comme demontree qu'apres de nouvelles series d'expeViences. M. Biot demande instamment que la discussion finisse, parce qu'elle ne peut, dit-il , rien apprendre a l'Academie, qui doit con- sacrer son temps non a des debats de personnes ou de Locahtes qui ne se videront jamais , mais a des travaux qui puissent faire avancer la science. — M. Cloquet analyse en quelques mots un volume d' observa- tions cliniques recueillies par M. de Pirondi a l'hopital general de Marseille. II s'agit surtout d' observations de maladies sypbilitiques ; de metastases blennorbagiques ; d'un nouveau mode de traitement de l'orchite aigue par le chloroforme , de l'adenite par application de la teinture d'iode, apres denudation de la tumeur par un vesica- toire , d'infections sypbilitiques generates determinees par des chancres superficiels et non endures, etc., etc. — M. Kuhlmann lit un memoire extremement important sur les formations, les transformations, les metamorphoses ou epigenies par voie humide sousl'influence de l'hydrogene naissant. L'experience qui lui sert de point de depart est tres-curieuse ; il introduit dans un ballon du nitrate d'argent ; il bouche le ballon avec un tampon forme d'un corps poreux, l'aimante, la pierre ponce, etc., et le ren- verse dans un vase renfermant de l'acide chloihydrique ; Taction chimique s'exerce a. travers le tampon, et apres quelques jours on voit se former a 1' orifice du ballon du chlorure d'argent ; la decom- position gagne ensuite de proche en proche, et bientot le ballon est sillonne en tous sens de ramifications formees de chlorure d'argent, l'argent corne* des anciens chimistes. Nous analyserons avec le plus grand soin le memoire de M. Kuhlmann, qui rendra beaucoup plus facile l'explication d'un grand nombre de faits mineralogiques. Le savant chimiste mettait en meme temps sous lesyeux de l'Academie un grand nombre d'echantillons des transformations lentes ainsi operees par lui : du carbonate de cuivre change en sulfure, du car- bonate de plomb change en plomb naturel ou en sulfure de plomb, etc., etc., avec conservation parfaite de la forme cristalline par une sorte de cementation. — M. Franck, qui faisait, il nous semble, son debut a l'Acade- 206 COSMOS. mie des sciences, a, dans une longue lecture, ou mieux dans une sorte de le^on un peu timide , aborde un sujet entierement nouveau, que sa nouveaute meme et la faible voix de l'auteur nous ont em- peche" de saisir complement. II s'agissait, si nous ne nous trom- pons, d'expliquer la formation des chaines de montagnes qui s'ali- gnent tantot parallelement, tantot perpendiculairement a un grand cercle du globe terrestre, ou mieux d'etablir les relations qui lient ces alignements et leurs directions avec les longueurs des arcs de ces grands cercles tantot plus longs, tantot plus courts que Tare correspondant du grand cercle moyen. — M. Paul Thenard lit une note extremement importante et que nous publierons en entier sur les composees de manganese, la trans- formation reciproque des manganates en hypermanganates et des hypermanganates en manganates ; les proprietes tour a tour oxy- dantes et r^duisantes ou desoxydantes du bioxyde de manganese et de la potasse , suivant les conditions dans lesquelles la reaction a lieu. M. Paul Thenard annonce aussi qu'il est enfin parvenu a preparer le veritable acide hypermanganique pur et anhydre. C'est un liquide vert olive tres-fonce, limpide, volatil, le plus oxydant de tous les corps connus, eminemment instable, de'tonant avec une facilite et une rapidite" extremes, produisant des explosions qui peu- vent faire courir de grands dangers. — M. Pouillet a presents, au nom de M. Volpicelli, un me"- moire mathematique relatif a Taction d'une serie de condensateurs electriques disposes de maniere a pouvoir mettre en evidence des charges electriques comprises entre certaines limites peu etendues. — M. Babinet a presente, suivant l'usage, le second volume de ses charmantes etudes ou lectures sur les sciences d' observation et leurs applications pratiques, publiees a la librairie Mallet-Bache- lier. Les titres seuls des articles qui composent cette nouvelle livrai- son, articles qui ont paru dans la Revue des Dcux-Mondes, ou qui ont ete lus dans les seances publiques de l'Academie, sont de na- ture a piquer vivement la curiosity. Ce sont : les tables tournantes et les manifestations pretendues surnaturelles ; les tables tour- nantes au point de vue de la mecanique et de la physiologie ; I'elec- tricite ouvriere; la Siberie et les climats du Nord; les tremblements de terre et la constitution interieure du globe ; le bulletin de I' astro- nomic et des sciences pour 1853 et 1854; I'arrosement du globe; la meteorologie en 1854 et ses progres futurs. SOCIETE D'ENCOURAGEMENT. pour l'industrie nationale. SEANCE GENERALE DU 20 FEVRIER. « Le mercredi, 20 fevrier, au milieu tl'une affluence considerable, la Societe d'encouragement pour l'industrie nationale a tenu l'une des deux seances generates qu'elle devait tenir dans le cours de I'ann^e 1855. M. Dumas, senateur, president de la Societe, occu- pait le fauteuil. M. le baron Charles Dupin a d'abord fait un expose rapide des travaux accomplis par la Societe dans le cours de l'annee 1854 ; nous n'avons pas le texte de ce compte rendu. M. le general Poncelet a presents un rapport sur la comptabilite" de la Societe. Inutile de dire que, comme toujours , la situation est des plus prosperes, que les recettes depassent les depenses, et que les premieres s'accroissent chaque ann£e. M. le baron Charles Dupin a fait ensuite l'appel des diverses personnes qui ont me>ite" des medailles ; leur nombre s'eleve cette ann£e au chiffre enorme de cinquante-neuf. En premiere ligne se sont presentes les contre-maitres. La So- ciete d^cerne chaque ann£e vingt-cinq medailles de bronze aux contre-maitres ou ouvriers qui, par leur meVite, leur assiduite, leur bonne conduite, lui ont paru les plus dignes de cette recompense. Une pareille medaille est pour un homme un bien beau titre ; aussi etait-ce plaisir de voir avec quelle chaleur l'assemblee applaudis- sait les laur^ats du travail lorsqu'ils venaient recevoir leur medaille et leur diplome des mains de M. Dumas, qui trouvait pour tous un mot gracieux et flatteur. M. Dumas a ensuite donne successivement la parole aux rap- porteurs des diverses commissions qui avaient propose" des me- dailles et des recompenses. Apres la lecture de chaque rapport, les industriels Jrecompens6s sont venus recevoir leur medaille de ses mains. Apres que les medailles ont et6 d^cernees, M. le baron Charles Dupin , dans un remarquable discours , a dtabli la part qu'ont prise, dans le nombre des recompenses decern^es a 1' Exposition universelle, les membres de la SocieHe d'encouragement : « En ne considerant, a-t-il dit, que les grandes medailles d'hon- neur, les nations qui en ont obtenu plus d'une sont : l'Ecosse, 2j ,les Etats-Unis, 2 ; la Belgique, 5 ; l'Angleterre, 11. Eh bien ! parmi 208 cosmos. les memes recompenses de"cernees a des Francais , 11 precise- ment appartiennent a des membres de la Societe. - Le discours de M. le baron Charles Dupin, que nous ne pouvons reproduire ici, a ete aplusieurs reprises chaleureusement applaudi. Apres lui, M. Dumas s'est leve et s'est exprime en ces termes : « Au moment ou une epreuve nouvelle vient de ratifier le juge- ment porte en 1S51 par la premiere Exposition universelle sur les travaux de 1'industrie francaise, il est permis a la Societe d'encou- ragement de contempler avec satisfaction la part qui lui revient dans les succes qui les ont couronnes. « Vos laur^ats ont tous reparu avec £clat devant le tribunal des nations reunies. Votre influence y a ete signalee par les represen- tantsde lAngleterre, de lAllemagne, de la Belgique et des Etats du Midi, avec la reconnaissance la plus vive. Vos statuts, etudies avec interet par les etrangers, vont susciter dans d'autres pays des creations conoues a l'image de votre institution prise pour modele. " Poursuivez votre tache avec une ardeur nouvelle, devant ces sympathies et cette universelle approbation, recompense meritee des soins et du devouement eclaire de votre conseil, du desinteres- sement et du patriotisme de tous les membres de cette Assemblee. " Depuis l'invention de Jacquard, quel est le progres dans la science des machines auquel votre nom ne se trouve attache? N'a- vez-vous pas les premiers tendu la main a Leblanc et pris part avec notre illustre compatriote a la creation de cette grande Industrie de la soude factice, la mere et Tame de toutes les industries chimiques? Les arts ceramiques et l'art du verrier ne vous doivent-ils pas la la grande impulsion qui les a Aleves si haut dans notre pays? Si l'electricite, si la lumiere, sont devenues des forces industrielles, dociles et maniables, vos encouragements n'y ont-ils pas contribuel N'avez-vous pas introduit dans la grande Industrie des tissus et dans la fabrication du papier des perfectionnements inconnus? N'avez-vous pas les premiers signale cette influence heureuse et salutaire que les arts du dessin exercent sur toutes les productions industrielles? « Oui, Messieurs, vous pouvez, en jetant un regard sur le passe, dire de cette Exposition universelle, qui laissera tant de souvenirs, que vous y aviez une grande place, que votre nom et vos oeuvres s'y retrouvaient a chaque pas. " II £tait juste, il 6tait necessaire de consigner dans vos annales cette consecration e*clatante de la veYite" des vues de vos fondateurs, de la sagesse et des lumieres de vos devanciers. Que les ombres COSMOS. 209 des Delessert, des^Chaptal, des Monge, des Berthollet qui planent sur cette assemblee en soient &nues et honorees; que la vieillesse de notre respectable maitre, M. Thenard, en receive un timoignage nouveau de respect et de veneration ! " C'est leur genie qui vous a ouvert la route, et qui vous guide toujours, ce sont ses fruits que vous recoltez aujourd'hui avec une pieuse reconnaissance. « Pourquoi ma voix n'a-t-elle pas la puissance de celle de ces grands hommes dont vous etes fiers de garder les traditions? Je vous dirais qu'apres avoir marque si haut votre passage a travers l'in- dustrie des machines, les applications de la chimie, le maniement des forces physiques, l'alliance de l'industrie et des beaux-arts, il vous reste une grande mission a. poursuivre. « L'industrie agricole naissante reclame toutes vos sollicitudes ; elle offre un inepuisable champ d'activite" a toutes vos lumieres. " La mecanique y prend sa place ; la. chimie y a marque" la sienne ; toutes les industries lui demandent des secours ; elle tient dans ses mains l'avenir des nations et le progres des generations futures. « Quel moment plus favorable pour vous occuper des interets de l'industrie agricole , que celui oil la Providence a permis qu'aux lecons infiigees par des saisons inclementes , vint succeder l'espoir d'une paix glorieuse et durable! « Messieurs , sachons mettre a profit ces loisirs pleins d'une grandeur nouvelle que la sagesse et l'heroisme de l'Empereur pre- parent a la France. Guidons vers l'agriculture ces bras que la guerre ne reclame plus et qui lui seront rendus, accoutumes a braver toutes les fatigues, a vaincre tous les obstacles. Ouvrons une large carriere a ces intelligences eprouvees qui ont appris a la fois a obeir, a commander, a poursuivre le but sans decouragement a. travers toutes les miseres, a l'atteindre hero'iquement a l'heure marquee par les destinees. " Oh, nous avons vu reunir autour du drapeau de la France ces anaes fortes et ces bras vigoureux que les travaux de l'agriculture aiment a mettre a profit. Oui , vous manqueriez a votre passe, a votre mission, si vous ne tentiez pas de les diriger bientot dans les voies nouvelles ou la science agricole peut leur promettre les triom- phes de la paix. Mais eclaires par votre histoire, excites par l'exemple de vos predecesseurs, vous saurez remplir cette mission qui se revele et repondra a la fois aux esperances de la patrie, aux desseins de la science, et a l'impulsion d'un souverain qui n'a voulu 210 COSMOS. la guerre que pour assurer mieux d&ormais a la patrie ies gran- deurs de lapaix. » Lorsque M. Dumas a rappele le nom v£ne>e" de M. The'nard, il a pu voir une fois de plus, combien ses paroles trouvaient e"choy combient elles rencontraient de sympathies dans ce public d'e'lite qui l'entourait. Quand, appelant les travaux a venir vers l'agricul- ture, il a indique cette voie nouvelle a ractivite" humaine, et a laisse^ entrevoir les fruits qu'on y devait recolter, l'enthousiasme g£ne>al est venu lui r£pondre, lui dire qu'il e'tait compris, et lui promettre que ses conseils seraient entendus et suivis. (A. Girard. Patrie du 22 feVrier.) Nos lecteurs liront certainement avec un vif inte'ret les analysea des Rapports sur les industries couronnees par la Sociele- d' encou- ragement , et nous sommes heureux de pouvoir en commencer des aujourd'hui la publication , dont le Cosmos aura les pr^mices. Commencons par les mddailles d'or : M^DAILLES D'OR. 1° Education des sangsues par MM. Bechade, A une e'poque qui n'est pas eloigned de nous, la sangsue me"dicale e'tait devenue extremement rare et chere , de telle sorte que les classes ouvrieresnepouvaient plus recourir a ce mode de medication souvent indispensable. Voulant remember a cet inconvenient grave , la Societe d'encou- ragement ouvrit, en 1839, un concours pour l'eleve et la propaga- tion des sangsues. Elle a eHe" heureuse d'apprendreque, meme avant son appel , des 1835, MM. Bdchade s'etaient livr^s a l'eleve des sangsues , et qu'a la suite d'eHudes nombreuses ils sont parvenus a livrer au commerce des quantities considerables de ces precieuses annelides. Leurs travaux ont eu, en outre, pour r£sultat de faire naitre dans le ddpartement de la Gironde une nouvelle et grande in- dustrie , et de donner une plus grande valeur au sol , puisque des marais, loue"s autrefois 300 fr., ont donne successivement 600, 700, 1 000 fr. de revenu. La reproduction des sangsues s'exerce au- jourd'hui sur 5 000 hectares de terre et opere sur un capital de 40 millions ; la France desormais cesse d'etre sur ce point important tributaire de l'&ranger. 2° Four a chaux a cuisson continue de M. Simonneau. Le four a chaux de M. Simonneau, se distingue de ceux qui l'ont precede, l°par la distance plus grande qui separe les grilles de Tori- COSMOS. 211 fice des conduits Miotichant danslefaur; ^ par la facility quedonne 1'ensembledes dispositions pour cuire la chaux soit avec du bois , des ajoncs , de la tourbe , soit avec de la houille , de l'anthracite, etc. ; 3° par une grille en plan incline* composed de plusieurs barreaux de* fer s£pares de 3 centimetres, et servant pendant le defournement a donner acces dans le foyer aux cendres et a la poussiere de chaux qui ne s'dchappent plus dans l'air et n'incommodent plus les ou- vriers. Ce four, en outre , permet au chauffeur, suivant l'urgence , de changer de combustible, d'activer ou de ralentir le feu , de sus- pendre le travail merae pendant quelques mois, sans qu* on soit oblige de laisser refroidirou d'allumer de nouveau; de donner enfin une chaux tres-blanche, bien decarbonated, en laissant des cendres tres-fines exemptes de machefer ou de laitier. Par suite d'experiences nombreuses entreprises depuis un demi- siecle sur des sols tres-divers et sous des climats tres-differents , la chaux est aujourd'hui considered comme un amendement tres-effi- cace, d'abord pour dtablir dans le sol une repartition convenable de l'eau, de la silice et du calcaire; puis pour d^sagr^ger les plantes et les herbes des sols humides et marecageux, et faire perir par sa caus- ticite un grand nombre d'insectes nuisibles. Par la meme le probleme de la cuisson £conomique de la chaux etait une question de haute utilite agricole; or ce probleme M. Simonneau, a force de perseve- rance , l'a tres-heureusement r^solu; l'emploi de son four permet de diminuer d'un tiers le prix de la chaux produite dans les conditions les plus excellentes. (Rapport de M. Jacquelain.) 3° Trieur des bles de M. Vachon. La construction du trieur repose sur cette id£e con^ue d'abord par M. Vachon que des trous d'un diametre convenable perc£s dans une tole de 3 millimetres environ d'epaisseur et ferm^s en dessous de maniere a former des especes d'alv^oles, offrent un logementaux graines rondes et aux graviers sans retenir les grains de ble que Ton veut nettoyer. Les premiers trieurs ne suppleaient a aucun des en- gins employes dans les constructions rurales pour le nettoyage des grains, ils les compietaient seulement et d'une maniere peut-etre trop couteuse. Les habiles constructeurs ont depuis comble cette lacune, apres bien des essais ils ont r£ussi enfin a creer un appareil tres- simple, exigeant peu de force, et qui accomplit simultan^ment, parfaitement les quatre operations n^cessaires a une juration com- plete des bids. 1° II ventile, c'est-a-dire chasse du grain la pous- siere, les balles, et en gdn^ral tousles corps les plus legers ; 2° il 212 COSMOS. emotte, c'est-a-dire purge le ble des graines, graviers, terre, etc., en un mot de tous les corps les plus lourds; 3° il crible, c'est-a-dire separe du bon ble" les bids maigres , la folle avoine , la majeure partie de l'ivraie, et presque tous les corps Grangers plus petits; 4° enfin il trie* c'est-a-dire purge les bles des graines rondes ou a peu pres, des terres, etc., de merne grosseux que le bid. (Rapport de M.Moll.) 4° Fabrication de falcool de bstterave de M. Champonnois. Le but que s'est propose" M. Champonnois a dtd de rendre la fabrication de l'alcool praticable dans les etablissements agricoles, et de lui donner le caractere d'une Industrie annexe propre a creer des travaux pour l'hiver , a faciliter la variete des assolements , a augmenter l'alimentation du betail , et par consequent les engrais. Sou procedd est tres-simple. Les betteraves sont d'abord lavees dans un debourbeur invente aussi par M. Champonnois ; du debourbeur elles passent dans le coupe-racine a roue verticale , qui les divise en rubans minces et etroits; la pulpe sortie du coupe-racine est transported dans les macerateurs ou cuviers en bois, ou Ton fait ar- river par jet continu de l'eau bouillante ; le jus obtenu dans le ma- cerateur est conduit par un tuyau dans la cuve a fermentation, dans laquelle on a delaye a l'avance et pour une seule fois pendant toute la durde de la saison une quantite suffisante de levure de biere ; le jus fermente, son effervescence dure environ vingt-quatre heures, et quand elle est arretde on distille le jus fermente dans un alambic a colonne et a double chaudiere. Le resultat de la distillation est d'une part l'alcool , de l'autre les vinasses qui descendent dans la chaudiere inferieure de l'alambic et qui desormais remplacerontl'eau pour la maceration de nouvelles pulpes. Les avantages principaux du nouveau procddt; sont 1° de dispenser de l'emploi des presses hydrauliques ; 2° de diminuer dans une proportion considerable la quantite d'eau necessaire a la maceration par 1' utilisation continue des vinasses j 3° de conserver la totalite de la pulpe, et de lui rendre les principes solubles autres que le sucre qu'elle contenait, de maniere a en faire un excellente nourriture pour les animaux ; 4° d'assurer des fermentations par- faitement regulieres ; 5° de donner un rendement beaucoup plus 6\e\e que celui qu'on attribue generalement aux procedes ordi- naires de fabrication par la rape et les presses ; (J° de diminuer enfin de pres de moitid le prix de revient de l'alcool fabriqu£. VARICES. DESCRIPTION ET THEORIE DtT PLANIMETRE POLAIRE TVVENTE PAR J. AMSLER, DE SCHAFFODSE, EN SUISSE. Le nouveau plani metre est destine a mesurer par un procede rapide et purement m^canique 1'aire d'une figure geometrique quel- conque , dessinee sur papier. La figure ci-jointe fait voir une forme particuliere de l'appareil de grandeur reduite. Les differences principales entre les instruments construits pour le meme but et en usage (voir le Bulletin d encouragement de l'annee 1841, et le journal polytechnique de MM. Dingier, t. cxvi), sont les suivantes : 1° Les instruments connus ne servent qu'a mesurer des figures de petites dimensions, c'est-a-dire dont la longueur ne depasse pas 20 a 25 centimetres, et dont la largeur est moindre que 10 a 15 centimetres; le nouvel instrument, au contraire, peut servir a me- surer d'un seul coup les figures dont les dimensions atteignent au besoin 60 centimetres et plus. 2° Les anciens instruments sont peu transportables, vu leurs grandes dimensions et leur poids, pour le transport ils doivent etre demont^s; au contraire, le nouvel instru- ment peut trouver place dans un £tui de mathematique ordinaire, sans se demonter aucunement. 3° Les instruments en usage deman- dent a. etre manids avec beaucoup de soin et de precaution, parce qu'ils sont tres-compliques et par consequent tres-faciles a deranger; le nouveau planimetre est exempt de ces inconvenients. En raison de sa construction simple, le nouvel instrument peut en outre etre livre a tres-bon inarche, et chacun peut facilement se le procurer, tandis que les anciens instruments ne se trouvent qu'en peu de mains a. cause de leur prix eleve' (neuf fois le prix du planimetre polaire). Donnons d'abord la description materielle de 1'instrument. 2? est le canon dans lequel passe l'aiguille qui sert de centre de mouve- ment ; Ft le style auquel on fait suivre le coutour ou la figure a mesurer; D, une poulie ou galet portant les divisions dont on fait la lecture ; fAF, une regie pouvant s'allonger plus ou moins et sur laquelle sont inscrits les nombres constants que Ton ajoute au r£sultat du calcul, dans le cas ou le centre E est exteneur a la figure qu'il s'agit d'eValuer. Pour mesmrer Faire d'une ccarrbe plane dessinee sur un papier, on place 1'instrument sur le papier de maniere qu'on puisse circonscrire avec le style Fie contour en tier de la figure. Apres avoir l^gerement enfonce la pointe E dans le papier, on place la pointe F sur un 214 COSMOS. point du contour choisi a volonte", et on note les nombres marques par le compteur D et par le vernier G; on suit le contour de la figure avec la pointe F, en marchant toujours dans la meme direction jus- qu'ace qu'on revienne au point de depart; pendant tout ce temps la partie saillante en forme de V de la poulie D a roule sur le pa- pier ; on note de nouveau la position du compteur et du vernier, et on soustrait les deux nombres trouvSs l'un de l'autre ; quand la pointe E se trouve en dehors de la figure, la difference trouvee in- dique imm^diatement l'aire cherchee. L' unite des aires, a laquelle ce nombre se rapporte, depend de la position de la regie A dans sa coulisse H; elle y est retenue invariable pendant l'operation , par la pression d'un ressort et par le frottement ; une echelle appliquee a sa surface supeneure indique la position a choisir pour avoir une unite voulue ^instrument dessine" donne les millimetres carres, les lignes carrees anglaises , les hectares reduits a I'echelle 1 : 1000). Quand la pointe E se trouve comprise dans la figure, on doit ajouter a la difference trouvee un nombre constant, grav6 sur la regie A a cotede la division de l'&helle a laquelle il se rapporte. COSMOS. 215 Voici la theorie de l'appareil. — Concevons que les droites CF, CE repr£sentent les axes geom^triques des deux regies A et B qui composent le planimetre, que le point F d^signe le centre du style F, E la pointe d'aiguille autour de laquelle l'appareil tourne, ou plutot leurs projections sur leplan de la figure a mesurer. Si le style Fcirconscrit la peripherie entiere de la figure Z, dont il s'agit de trouver la surface, le point C decrit, soit un arc de cercle Y, soit un cercle entier, suivant que le centre E est place exterieurement ou interieurement a la courbe Z. II faut traiter separ^ment ces deux cas : 1° Supposons en premier lieu que le point E se trouve en dehors de la surface Z. Dans ce cas, apres que le point Faura decrit la peripherie entiere, la droite CF aura repris sa position primitive. Pendant son mouvement, cette droite aura rencontre" chaque point compris dans la courbe Z un nombre impair de fois ; au contraire, elle aura rencontre un point quelconque exterieur un nombre pair de fois, oil ne l'aura pas rencontre du tout. 2° Designons par CF, LK deux positions tres-rapprochees, par- courues successivement par la droite mobile CF. La droite CFpar- vient a la position LK par un mouvement en meme temps de trans- lation et de rotation ; nous le remplacons par deux mouvements simples : en supposant que la droite 6\Fparvienne d'abord par un deplacement parallele dans la position LS , puis, par une rotation autour du point L, dans la position LK. L'element superficiel CLK F peut etre considere comme la somme d'un parallelogramme CLSFet d'un secteur LSK (en prenant toutefois cette somme dans le sens al- gebrique). Designons le parallelogramme par/> et le secteur parget regardons comme positive la surface/?, si par rapport a la tangente au point C elle se trouve de cote oppose" au point E, et si en outre le point L (qui est rencontre en second lieu par la droite mobile) se trouve a main droite, vu du point E ; le secteur s sera regarde comme positif, si la droite LS arrive a. la seconde position LK, par une rotation de gauche a droite. 3° D'apres cela il est evident que 'si chaque element superficiel form£ par deux positions consecutives de la droite mobile CFet par les arcs intercepted des courbes Yet Z est decompose" de la maniere indiquee dans un parallelogramme p et dans un secteur 5, la surface renfermee par la courbe Z sera egale a la somme lp -j-S s, etendue a tous les elements ; car on voit sans peine que les ele- ments superposes l'un surl'autre (voyez n° 1) sont alternativement positifs et negatifs, que par consequent ils se detruisent en dehors 216 COSMOS. de la surface Z , et restent simples pour l'enceinte et de meme signe. En designant par S l'aire de la surface Z. ou aure done : S=22.p + S.s (A.) 4° II est evident que dans le cas dont nous nous occupons, on aura 2 s — o, ou que la droite FC, le rayon constant de tous les secteurs, aura fait ties rotations egales dans le sens positif et negatif, apres etre revenu a sa position primitive et que par consequent li- quation du numero precedent devient Z = zp. IB) 5° Concevons a present qua la droite CF soit jointe une poulie dont l'axe soit parallele a CF et dont le contour soit en contact avec le papier. Si la droite CF kit le mouvement que nouslui avons suppose, la poulie aura un mouvement de roulement ou de glisse- ment suivant quelle est d£placde dans une direction perpendicu- laire ou parallele a son axe ; si la poulie est conduite dans une di- rection quelconque et que son axe reste parallele a une droite fixe, Tare ddveloppe" de la poulie est egal a la distance perpendiculaire des positions initiales et finales occupies par l'axe de la poulie. Or, si le mouvement continu de la droite CF est remplace par deux mouvements , l'un de translation parallele , l'autre de rotation , comme nous avons dit dans le numero 2, Tare developpe" par la poulie D pendant le passage de la droite CF a la position LS est egale a h, h designant la distance perpendiculaire des droites FC et LS. Ensuite si la droite LS passe a. la position LK, la poulie deve- loppe un arc = p, on aura aussi ru~Zp, ce qui reduit l'equation (B) a la suivante : S=ru, (D) e'est-a-dire que T aire de la surface Z est egale a un rectangle qui a pour base le rayon constant r = FC et qui a pour hauteur Care developpe u. 7° Examinons maintenant le second cas ou la pointe E est sup- posed comprise dans la surface Z. Dans ce cas la droite CFfait un tour entier avant d'arriver a la position de depart, au lieu que dans le cas traite, elle fait des rotations egales en sens positif et negatif. En outre, dans le cas actuel , la somme des elements ddsignes dans le numero S par °Lp -J- 2s, ne donne pas la sur- face entiere enceinte par la courbe Z, mais seulement la difference entre cette surface et la surface du cercle decrit autour du centre E par le rayon CE. Les resultats obtenus pre"- cedemment doivent done etre modifies de la maniere suivante : En de"signant par R la longueur du rayon CE, l'equation (A) doit etre remplacde par la suivante : £ = /?2TC-f-2/>-f-2j. (E) Le terme 2s est = /-'-*, done cette equation devient : s=s.b*k-\-^-^2P. (F) L'equation du numero 5 a encore lieu, mais, au lieu de s'evanouir, le terme 2Py sera = 2^, et l'equation (C) devient : a z= Xk -|- 2pic d'ou Ton tire : ou ru=^D-|-2rpTT. (G) En eliminant le terme 2p des equations (F) et (G), on trouve : ^ = (fl2+/J*—2fP)17+ra (H) Le terme (/?a -J- i* — 2r?) w est constant, et represente la sur- face d'un cercle facile a construire. On a done : 218 COSMOS. $z=ru-\- const (J) c'est-a-dire, que'dans ce second cas laire cherchee de la surface Z est egale a un rectangle qui a pour base le rayon constant z, et pour hauteur I'arc developpe u , plus une constante qui depend des dimensions de I'appareil. On reconnait facilement que les Equations D et J contiennent la theorie entiere du nouvel appareil. Du reste, il est evident que le cercle Y peut etre remplace" par une courbe quelconque , mais ceci n'est pas d'un emploi pratique. On pourrait penser que les in6galit£s du papier, sur lequel la poulie D roule , doivent alterer l'exactitude de I'appareil, mais 1' experience fait voir que la qualite" du papier n'exerce presque aucune influence ; les differences des indications changent suivant la grandeur des figures mesure'es, d'un cinq centieme ou d'un mil- lieme, ce qui est une exactitude qui surpasse de beaucoup les besoins ordinaires , qui ne sont que d'un centieme ou un trois centieme. TYPE THOUAREC. — M. Serres annonce que M. Guyon, m^decin en chef de l'ar- m£e d' Alger, appele pres d'un malade de la tribu des Thouarecs, voisine de celle des Berberes, sur le littoral d'Afrique, a eHe" assez heureux pour voir a decouvert son visage et sa tete, de maniere a pouvoir apprecier la couleur de la face et les formes du crane. Les hommes de cette tribu marchent toujours la tete entierement voilee, de sorte que Ton n'avait encore obtenu jusqu'ici aucunes donnees a l'aide desquelles on put leur assigner leur place dans la grande fa- mille humaine. Quoique la couleur foncee du visage et la disposition des dents rapprochent les Thouarecs des Negres, le developpement des parties lat^rales du crane, tres-bomb^es, force de les rapporter au type caucasique et probablement meme a la race sdniitique. COLORATION DES FLAMMES PAR LE CHLORE ET LES CHLORURES , PAR M. FORBES. Jusqu'ici, dans les trait^s de chimie, on assignait comme carac- tere le plus distinctif du bore la propria qu'il a de communiquer une teinte verdatre aux flammes du corps en combustion. Or, M. Forbes a constate par de nombreuses expediences que le chlore jouitde lamemepropriad, et qu'il importerait, par consequent, de trouver un autre moyen plus concluant de reconnaitre la presence du bore. (Philosophical magazine, Janvier 1856.) PHILOSOPHIE DES SCIENCES. CONSEQUENCES DE LA NEGATION DE LA POSSIBILITE DU MOUVEMENT PERPETUEL, PAR M. WILLIAM GROVE. Nous nous empressons de transmettre a nos lecteurs l'analyse d'une leconfaite le25 Janvier a l'lnstitution royale de Londres, par M. W. R. Grove, sur une des questions les plus dedicates, les plus importantes et les plus pratiques de la philosophie des sciences. Le savant physicien commence par d£finir nettement le but qu'il s'est propose" : « On trouve eparses, dit-il, dans les ecrUs des philosophes physi- ciens des allusions au mouvement perpetuel ; on les voit ci et la re- courir au genre suivant d'arguments : Ce ph^nomene ne peut pas se produire, cette theorie doit etre fausse, parce que le phenomene et la theorie impliquent l'idee du mouvement perpetuel . Ainsi quand il a voulu combattre la theorie electrique du contact telle quelle fut primitivement formulee, le docteur Roget a surtout fait valoir l'objection que si le simple contact de melaux dissemblables, sans aucun changement chimique ou moleculaire , pouvait produire de l'electricite , comme cette electricite a son tour peut produire le mouvement , nous arriverions necessairement au mouvement per- petuel. Mais qu'entend-on par cette expression, mouvement perpetuel, en la prenant dans l'acception commune? Dans un sens r£el tout mouvement ou mieux toute force est perpeHuelle. Par exemple le poids souleve d'une horloge represente la force derivee des muscles du bras qui a fait tourner la manivelle; la force des muscles a leur tourderivede Taction chimique de la nourriture, et ainsi indefiniment. Amesure que le poids descend, il communique le mouvement aux rouages de l'horlogeet au pendule; les rouages degagent de la force sous forme de chaleur de frottement ; le pendule transmet le mou- vement a l'air en contact avec lui ; cet air le transmet a la caisse de 1'horloge, et la caisse a l'air de la chambre, comme le manifested, d'une maniere tres-simple , les battements percus par l'oreille qui ne sont en realite que des coups frappes sur l'organe de l'oui'e. Quoiqu'en dernier ressort elle finisse par echapper a nos sens ou par etre perdue pour eux , rien ne prouve que la force soit reelle- ment perdue de fait ou en elle-meme. Le poids dans ce mode d'ac- tion atteint tranquillement le sol, et ne produit aucun eflet en arri- vant au terme de sa course. Si au lieu de l'employer a communiquer 220 COSMOS. la force aux rouages de l'horloge, on laisse le poids deseendre brus- quement et subitement , en coupant la corde qui le tient suspendu, il frappe le plancher d'un coup qui ebranle la maison , et lui trans- met presque instantandment la quantite de force qui aurait etc" gra- duellement dispersed , quoique non definitivement eteinte en une semaine par les rouages et le pendule de l'horloge. Toutefois, l'idde de la perpeHuite de la force, n'est-ce pasce que Ton entend communement par l'expression de mouvement perpe- tuel? On se sert de cette dernicre expression pour significr un mo- teur tel que sa force initiate soit restaurce ou lui soit restitute par le mouvement meme qu'il a produit : tel serait, par exemple , une nodose qui marcherait par la seule action de ses rouages et de son pendule ; line pompe qui apres chaque coup de piston serait mise de nouveau en action par le seul poids de l'eau qu'elle aurait elevee. Une autre notion nee de la confusion entre les forces statiques ou dynamiques, etait que Ton pouvait obtenir du mouvement sans force de translation, comme sous l'influence d'un aimant perma- nent. Tous les philosophes senses sont d'avis que de semblables ef- fets sont impossibles; le travail realise" par une force donnee, meme en admettant qu'il ne soit contrarie" par rien de semblable au frotte- ment ou a la resistance de l'air, etc., ne peut jamais qu'etre egal a la force initiale, et sa limite theorique est de faire equilibre a cette force. Le poids souleve a Tune des extr£mit£s d'un levier ne peut jamais, sans nouvelle application de force exterieure, soulever le poids qui, place a l'autre extrdmite, a determine sa propre Ova- tion. Une force ne peut produire de mouvement que lorsque la re- sistance qui lui est opposed est moins puissante qu'elle-meme ; si la force et la resistance sont dgales, elles se font Equilibre ; des lors, s'il y a mouvement produit, la resistance etant necessairement moindre que la force initiale ou que la force qui a determine le mou- vement, ne peut pas reproduire cette force; sans cela, en effet, la force plus faible l'emporterait sur la force plus forte. » L'objet de la lecon de M. Grove n'est pas de prouver que le mouvement perpdtuel, dans le sens que nous venous de definir, est impossible, mais bien, en admettant cette impossibility comme une v£rite reconnue, de mettre en dvidence certaines consequences que Ton a deja deduites ou que Ton pourra deduire de la negation dn mouvement perpctuel, de montrer comment cette negation peut de- venir un aide essentiel et precieux dans les rechercliesscientifiques. Apres qu'Oersted eut fait la decouverte de l'electro-magnetisme, des physiciens de grande autorite affirmerent que puisqu'un courant COSMOS. 221 d'electricite, circulant dans unfil roule en helice autour d'une barre de fer, produit le magndtisme, et que la reaction est egale a Tac- tion, mais agit en sens contraire, un aimant place au sein d'un fil en helice devait engendrer dans le fil un courant electrique. S'il leur 6tait venu dans l'esprit qu'admettre qu'un aimant permanent peut produire ainsi de l'electricite et par suite necessairement du mou- vement, ce serait de fait admettre le mouvement perpetuel, ils au- raient probablement fait d'avance la decouverte de Faraday, ils auraient trouve que tout ce qui est requis pour qu'il en soit ainsi, c'est que Ton mette 1' aimant en mouvement par rapport au fil ; c'est de cette maniere seulement qu'on pouvait demander a l'aimant de produire a, son tour de l'electricite sans tomber dans l'absurdite du mouvement perpetuel. Dans un autre cas ties-different, dans le cas de la dilatation de l'eau pendant l'acte de sa solidification, l'eau en se congelant fait naitre non-seulement de la chaleur, c'est-a-dire une force expansive com- muniquee aux autres corps par un corps qui se refroidit, mais une autre force encore resultant de la dilatation inverse produite dans le corps lui-meme ; en partant de cet argument que dans ce cas il y aurait de la force nee de rien , M. J. Thomson decouvrit que cette impossibility n'existerait plus si le point de congelation de l'eau etait abaisse\ ousisa congelation avait lieu a une temperature plus basse lorsqu'on lui fait supporter une certaine pression ; or, l'expenence faite par son frere a prouve que c'est ce qui a lieu effec- tivement. Dans les effets de dilatation et de contraction par la chaleur et par le froid, en tant qu'appliques a produire des effets mecaniques, et par consequent dans la theorie de la machine a vapeur, le suiet que nous traitons prend un interet pratique beaucoup plus o-rand. Watt avait suppose qu'un poids donne d'eau exigeait la meme quantite de chaleur totale (en appelant chaleur totale la somme des chaleurs latente et sensible) pour se maintenira l'etat de vapeur quelle que fut la pression a laquelle elle etait soumise, et par con- sequent quelles que fussent les variations de sa force expansive. On a admis longtemps que cette loi de Watt avait ete demontree expe- rimentalement par Clement Desormes. S'il en eut ete' ainsi, la vapeur 6oulevant un piston avec le poids qu'il porte produiraitun effet me- canique ; et comme cependant il y aurait dans la vapeur dilate'e au- tant de chaleur que dans la vapeur comprimee, le travail aurait ete realise' sans depense de la force initiale; de plus, en admettant qu'il n'y a pas eu de perte accidentelle, que la chaleur de l'eau dans le 222 COSMOS. condenseur est la representation exacte de la chaleur primitive, nous arriverions au mouvement perpetuel. Southern admetlaitque la chaleur latente etait constante, et que la temperature de la va- peur sous la pression croissait proportionnellement a la chaleur sen- sible. M. Desprez, en 1832, fit quelques experiences qui le condui- sirent a cette conclusion que 1'accroissement de chaleur totale de la vapeur comprimee n'etait pas proportionnelle a la chaleur sensible, mais que cependant elle croissait avec cette chaleur sensible ; ce r£- sultat a ete verifie' et confirml avecun grand soin par M. Regnault, dans des recherches recentes et admirablement conduites. Ce qui semble avoir occasionne l'erreur de Watt et des experiences de Clement Desormes, c'est l'idde impliquee dansl'expression de cha- leur latente, suivant laquelle, en supposant que le phenomene de la disparition de la chaleur sensible est du a l'absorption d'une substance materielle, cette substance, le calorique, etait crue res- tauree lorsque la vapeur venait a etre condensee par l'eau, meme quoique l'eau ne fut pas soumise a la pression ; or, pour estimer la chaleur totale de la vapeur sous la pression, cette vapeur aurait du etre condensee pendant qu'elle etait soumise a la pression sous la- quelle elle est engendree, comme cela a eu lieu dans les experiences de MM. Despretz et Regnault. La theorie de Carnot, suivant laquelle le travail mecanique est produit par le transport de la chaleur, sans qu'il y ait de depense ou de perte definitive dans la production dece travail, etait fondle sur des considerations semblables : il est vrai que le mouvement mecanique peut etre produit par le passage de la chaleur d'une tem- perature plus eievee a une temperature plus basse, sans perte defi- nitive, ou, pratiquement parlant, avec une perte infiniment petite ; »ais ce mouvement ne serait pas, comme Carnot semblait le croire, un travail mecanique effectif, a moins d'une supposition qu'il n'a pas faite et dont nous allons actuellement faire mention. Pour fixer les idles, concevons un poids qui repose sur un piston qui em- prisonne 1'airaunecertaine temperature, 50° par exemple, dans un vase ou corps de pompe qui ne conduise pas la chaleur; une partie de cette temperature sera due a la pression exercee, puisque la compression produit de la chaleur dans 1'air pendant que la dilata- tion produit du froid. Si maintenant cet air est echaufle et porte a 70°, le piston avec le poids attache montera; et la temperature, par suite de la dilatation de l'air, s'abaissera quelque peu, a 59° par exemple (on peut admettre que la chaleur nee du frottement du piston fait compensation a la puissance perdue par le frottement) ; COSMOS. 223 si maintenant un corps froid vient a enlever 20° a la temperature de 1'air confine, le piston descendra, et par la compression qu'il exerce restaurera le degre perdu dans la dilatation ; puis lorsque le piston sera revenu a sa premiere position, 1'air aura repris sa temperature premiere de 50 degres. Rdpdtons cette experience et obtenons en- core que le piston soit souleve" ; mais lorsque ce piston est a son maximum d'elevation et que Ton vient a appliquer le corps froid, concevons que le poids qu'il porte se detache pour faire tourner une roue ou produire un autre effet mdcanique, le piston descendant n'atteindra pas son point primitif de depart sans que 1'air ait perdu plusde sa chaleur ; par suite de l'enlevement du poids, il ne reste plus assez de force pour restaurer le degre perdu dans la dilatation ; sa temperature ne sera done que de 49°, ou differera de 50 degres par une petite fraction. S'il en etait autrement, comme le poids en tombant peut etre amene" a produire de la chaleur de frottement, nous aurions plus de chaleur qu'il n'y en avait primitivement, e'est- a-dire que nous aurions de la chaleur creee de rien, ou, en d'autres termes, lemouvement perpetuel. Partout ou de la force est produite par une machine thermale, nous devons constater une perte de chaleur , si nous supposons qu'un nombre de degres de chaleur a une basse temperature repre- sented la meme quantite de force que le meme nombre de degres a une temperature plus eievee, si , par exemple , nous supposons qu'un corps se refroidissant de 120 a 100 degres , donne la meme force qu'un corps se refroidissant de 20 degres a zero; cette supposi- tion est tacitement admise par Carnot ; mais elle n'est probable- ment pas exacte, car les resultats oblenus avec de la vapeur a haute pression et d'autres faits conduisent a une conclusion contraire. Si done les 20 degres de l'echelle des basses temperatures ne represen- ted pas une force equivalente a celle qui correspond aux 20 de- gres de l'echelle des hautes temperatures, nous devrons gagner dans le condenseur le meme nombre de degres perdus dans leVyer, et obtenir cependant un travail derive ou effectif. On fait souvent confusion entre le travail accompli qui retourne a la machine , et le travail derive ou effectif qui ne doit pas retourner a la machine,'et que 1 on a utilise en dehors de la machine. Cette confusion embarrasse beaucoup les lecteurs de traites sur les machines a vapeur ou des sujets analogues , et cause une grande obscurite de pensee et de- pression. . M. Seguin , en 1839, a combattu la these de Carnot qui veut que l'on puisse obtenir un travail effectif par le simple transport de la 224 COSMOS. chaleur. A l'aide de calculs appuyes de donnees certaines comme la loi de Mariotte suivant laquelle la force elastique des gaz et des vapeurs croit proportionnellement a la pression , et en admettant que pour la vapeur entre 100 et 150 degrees chaque elevation de temperature d'un degre est produite par une unite thermique, il est arrive a determiner l'equivalent de travail mecanique correspon- dent a un abaissement donno de temperature; la conclusion est qu'a la pression ordinaire la perte d'un degre de chaleur subie par un gramme d'eau produit une force capable d'elever a un metre de hauteur un poids de 500 grammes; cet equivalent mecanique de la chaleur est un peu plus grand que celui que M. Joule a deduit d' experiences plus recentes. M. Seguin cependant, apres les sa- vantes et consciencieuses recherches de M. Regnault, a du sentir la n^cessite de modifier la valeur de son equivalent puisqu'il semble r^sulter de ces experiences, qu'entre certaines limites il ne faut que 3 dixiemes de degre de chaleur totale pour elever d'un degre" la temperature de la vapeur comprimee ; augmente dans le rapport de 10 a 3, l'equivalent de mecanique de la chaleur deviendrait 1 666 grammes au lieu de 500. D'autres auteurs out assigne a cet equi- valent des valeurs plus ou moins discordantes; de sorte que, sans vouloir formuler une opinion sur les resultats de leurs recherches, nous sommes en droit d'affirmer qu'a l'heure qu'il est la question n'est pas encore rdsolue, M. Regnault lui n'a pas encore enonce" la loi suivant laquelle la proportion de chaleur varie relativement a la pression ; on a lieu de croiie qu'il continue ses recherches sur ce suiet, auquel se rattachent des questions qu'il faudra resoudre par des experiences sur les effets mecaniques des fluides elastiques, ex- periences qui conduiront, il fautl'esperer, a la determination exacte de l'equivalent mecanique de la chaleur. F. Moigno. [La suite au procltain nume'rt?,) A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remquet et Cie, rue Garanciere, 5. T. VIII. 7 MARS 1856. CINQUIEME ANNBE. COSMOS- NODVELLES ET FAITS DIVERS. Nous trouvons dans le Moniteur judiciaire de Lyon, du ler mars, qui nous parvient sous bande, un article que nous osons a. peine reproduire, tant il est etrange dans la forme et extraordi- naire au fond. A en croire la feuille provincial, MM. Thiers et Lacassagne auraient decouvert une nouvelle pile, et cette pile, en fonctionnant, engendrerait en quantite de l'aluminium, metal pre- cieux qui, aujourd'hui encore, se vend 1 franc le gramme, aussi cher que le platine ; d'ou il resulterait, non-seulement que l'electricite ne coiiterait plus rien, mais qu'on s'enrichirait a la produire pour l'uti- liser comme agent de chauffage, d'eclairage, de force mecani- que, etc. A l'annonce d'un fait si extraordinaire, il est permis de demeu- rer incredule, ou du moins de douter. Nous nous bornerons done pour aujourd'hui, et en attendant les explications que MM. Lacas- sagne et Thiers voudront bien nous adresser, a reproduire quelques passages de la pompeuse annonce lyonnaise : « Les nouvelles experiences sur l'dlectricite , promises par MM. Lacassagne et R. Thiers, ont eu lieu lundi soir, dans le palais de 1' Alcazar, en presence d'une societe d'elite, composed de savants, de gens du monde et des personnes qui, depuis quelques mois, sont venues encourager les efforts pers£verants des inventeurs, soit par leur concours aux depenses, soit parce qui, mieux encore, active la solution des grands problemes, leur foi dans l'avenir d'une nou- velle question. Les inventeurs ont divise leurs experiences en deux series nous avons vu accomplir celles formant le programme de la pre- miere. MM. Lacassagne et Thiers ont cr£e" un instrument de physique nouveau, qu'ils nomment regulateur-electrometrique, et au moyen duquel ils sont parvenus a vaincre les principales difficultes qui s'opposent a l'extension de l'emploide 1' electricity. Cet instrument permet : 0 226 COSMOS. 1° De dormer des courants electriques toujours reguliers et in- variables, quelles que soient du reste l'inconstance de la pile em- ployee et les influences meteorologiques. 2° Celui de pouvoir moderer en toute proportion l'intensite du courant electrique de la pile mise en activity ; 3° Celui de pouvoir se rendre compte de l'intensite dynamique employee a un travail quelconque. Les experimentateurs ont compris qu* ayant de telles ressources a leur disposition, ils pouvaient done, et deja, les utiliser a rendre la lumiere electrique applicable a l'eelairage des vastes espaces, des ports de mer, des phares, des navires en mer, des avenues, des canaux, des rivieres, des chemins de fer, etc. C'etait beaucoup deja que d'arriver a un pareil resultat; mas pour le rendre pratique, dans un siecle oil tout se balance par le profit qu'onpeut en retirer, il fallait arriver a la question economi- que; ils ont done cherche a. resoudre cette difficulte, et e'est ce qu'ils ont fait et de'montre' dans cette premiere seance. L' experience a eu pour but de faire comprendre aux moins expe- rimentes en chiinie et en physique, la production economique de l'electricite^ etvoici comment cette preuve a ete faite : On a charge" devant nous un element d'une nouvelle pile, de 1'invention de MM. Lacassagne et Thiers, et nous avons constate' que cet element, d'une petite dimension, possedait une puissance electrique ties-forte ; un electro-aimant place" dans le circuit de la pile ayant ete" aimante aussi fortement qu'a pu le faire une pile de Bunsen, de grande dimension. Mais, ce qui nous a le plus surpris, e'est que cette nouvelle pile produisait en meme temps ce nouveau m^tal si precieux par ses proprietes ; nous voulons parler de l'alu- minium , metal blanc , presque aussi tenace que le fer , leger comme le verre, sonore, ductile, inoxydable par les principaux acides. Le metal, l'electricite, ont £t£ produits sous nos yeux, au moyen d'une depense insignifiante, comparativement aux avantages que l'industrie doit retirer de cette decouverte ! » Le Progres iiidustriel de Saint- Etienne annonce de son cote" les reVultats obtenus par les inventeurs lyonnais , en ajoutant quel- ques mots de plus sur la production de l'aluminium par la pile : « Le diaphragme de la nouvelle pile ayant et^ brisd , dit-il , nous avons constate" la presence d'un beau culot d'aluminium et de pe- tites grenailles du meme metal. » La nouvelle pile est done une pile a diaphragme ou a cloison en terre glaise ou en alumine ; e'est COSMOS. 227 TnT de/?te ?T? argi,eUSe qUe Se formerait 1'aluminium par la de.oxjdat.on de 1'alumine sous Influence du courant ; il suffi ai[ dun pem nombre d'heures pour voir apparaitre ains de beaux culotsd aluminium! aux -Ce n'est pas seulement de Lyon que nous arrive le merveil- Jox en fiut d electric^ : un inventeur bien connu de nos lee eu M. Ador, nous annoncait il y a quelques jours quil est en posset rquiUan Zl taPPa^ 'leCtrlqUe " reSSemb,ant e" ™ ' Ateut ce qui a mtut jusquici, assez puissant, sous un volume tres- petit, pour degager en decomposant 1'eau un metre cube de saz nir minute, doue en outre de la feculte extraordinaire d amene ]eZ product a un etat de tension eJectrique ou de figuration qui en LI une sorte de tonnerre en boule, de telle sorte qu'il puisse lancer de, projecti.es ou produire un effet mecanique quelconque do„n/ M. Ador nous assurait que des essais de son appareil faitsaVin- cennes par ordre de l'Empereur, sous les yeux d'une common nommee par M. le Ministre de la guerre, avaient deja ZTdes resultats de quelque importance, qu'on avait Element vU des projectiles lances electriquement , que si Ion n avait pas donnl suite aces premieres experiences, e'est qu'il avait refus^ de faire connaitre son secret. M. Ador, dans sa conviction intime ro avoir resolu complement en principe le grand probleme de la con- version de electricity en force mecanique, pai ^intermediate du gaz rendu fulgurant ou peut-etre detonant. Sans aller si loin cm'il nous donne seulement un appareil d'un volume tres-reduit et qui decompose 1 eau assez rapidement pour donner par minute un me?re cube de gaz melanges ; ce serait deja magnifique - Voici encore M. Gillard qui, par Taction dune pile de son inven ion affirme avoir transforme directement, et par une seul" operation, le chlorure de sodium en soude. -R.en de ce qui a ete propose jusqu'ici par des centaines d 'in- venteurs n a pu modifier nos convictions souvent exprim/es reJati vement a 1 impossibility de la direction des aerostats'et de "a nav -" gation aenenne ; mais ces convictions ne nous empechent pas d admettre que 1 on puisse grandement perfectionner la construction des ballon, et fa.re faire de grands progres a Tart de Clever dans es a.rs. Aussi, nous applaudissons de grand coeur aux efforts oue tente en ce moment un inventeur serieux, passionne, persevJn M Ducros, pour arnver a construire enfin un aerostat dans des onditions toutes nouvelles, et qui font disparaitre linconvenien capital des montgolfieres, la suspension de la nacelle au bain 228 COSMOS. Voici, en quelques mots, la pens^e de M. Ducros et la description deson ballon multiple: « Mon but, dit-il, a £te" d'emprunter a l'oiseau, au bateau, au poisson, a la voiture, des analogies qui permettent de constituer un ensemble qui remplisse les conditions d'un levier dynamique, avec point d'appui, force et resistance. » Divisant la quantite de gaz ndcessaire a la ponderation du sys- teme , il fait quatre ballons cylindriques, lesquels, reunis deux a deux par des essieux, deviennentles roues du v< hicule a^rien ; ]>uis, imitant la roue du bateau, qui, sans les palettes, n'aurait aucun effet, il place sur les jantes des ballons-roues des ;iubes qui , b'ou- vrant et se fermant a la partie inferieure par des excentriques, uti- lisent la resistance de Fair, comme le fait l'oiseau par le battement de ses ailes. La vitesse de rotation etant plus grande que celle du courant d'air contre lequel on lutte, cela permet de le traverser comme au bateau a vapeur de remonter un fteuve. Une fleche co- niqjue est a l'avant pour fendre l'air, un gouvernail a quatre pans est a l'arriere pour aider au changement de direction. Le moleur est une machine a chloroforme, avec foyer enveloppo d'une toile metallique, pour eviter l'incenilie ; l'appareil monte ou descend suns perte de gaz ou de lest, par'le plan incline qui s'obtient en de- placant le centre de gravite. Le point d'appui est done l'air par la le"gerete spikifique du gaz ; la force, les moteurs connus en mecanique, et la resistance e'est encore l'air qui la donne par le travail des aubes. Dans ce syjSierne, les ballons, par leur mobilisation, se trouvent le complement de la force motrice, et la resistance de l'air celui de la force directrice. — M. Coulvier-Gravier a communique a la seance de ce jour de l'Academie des sciences la note suivanle : M. Saigey, me remplacant le 29 fevrier dernier dans nos obser- vations d'etoiles filantes, a vu a 101' 21'" temps moyen, un globe de premiere grandeur commencanta 5° sud deB. Lcvriir; lini pective comme avec le stereoscope ordinaire. 2° Comme nous Tavons dit, les images laterales ou composantaB paraissent a la meme distance et de la meme grandeur que Pramge resultante. S'appuyant sur ce fait et sur quelques autres analogues, l'auteur considere comme une loi de la vision que lorsque nos fdvx sont attentivement fixes sur un certain objet, les autres objets que 230 COSMOS. nous voyons en meme temps nous paraissent situe's aussi a la meme distance. Ainsi, si Ton fixe une lumiere et que Ton place un crayon, par exemple, entre la lumiere et soi, on verra deux images du cra- yon qui paraitront a. la meme distance que la lumiere , a la condi- tion cependant que Ton cache avec un ecran la main qui supporte le crayon ; c'est-a-dire, qu'il faut soustraire a la vue tout ce qui pourrait nous indiquer la veritable position de l'objet. 3° L'auteur decrit un appareil stereoscopique base sur le meme principe que les premieres experiences dont il a ete ici question : une disposition convenable d'ecrans empeche que Ton ne voie les images laterales. 4° Dans la vision binoculaire ordinaire, on ajuste les yeux pour la distance de l'objet que Ton regarde , et en meme temps on fait converger les axes optiques a la meme distance. Dans les illusions que nous venons de rapporter , il faut ajuster l'ceil pour la distance reelle a laquelle se trouvent les objets, en meme temps que les axes optiques doivent se croiser a la distance ou la figure r^sultante pa- rait se trouver. II en resulte un effort plus ou moins grand, qui rend difficile pour quelques personnes la perception nette de ces phe- nomenes. 5° Dans les stereoscopes de Brewster et de Wheatstone , le meme effort n'est pas n^cessaire, en g£ne>al ; cependant M. Rogers fait voir que, pour certaines positions, les rayons n'arrivent pas a l'oeil avec le degre* de divergence qu'ils pre"senteraient s'ils prove- naient directement de la place apparente de l'objet. [American Journal of Sc. and Arts, juillet 1855.) FIXAGE DES EPREUVES AC CHLORURE DE PLAT1NE, PAR M. E. DE CARANZA. II faut , dans le chassis de reproduction , laisser l'epreuve posi- tive s'impressionner jusqu'a ce que les blancs aient pris une teinte violac6e, et que dans les plus grands noirs le chlorure d'argent soit passe a l'etat m^tallique ; on la retire alors du chassis et on la plonge dans le bain suivant : eau distillde, 2000 grammes, chlorure de platine a l'etat presque sirupeux, 1 centimetre cube, acide chlorhy- drique, 30 grammes; apres quelques secondes d'immersion , les parties metallises deviennent noires et les demi-teintes s'dclair- cissent; on la retire quand elle a acquis l'effet qu'elle doit avoir apres toute l'ope>ation ; on la plonge alors dans une cuvette pleine d'eau, on la lave six ou huit fois en renouvelant sans cesse l'eau; on peut ajcuter a la cinquieme eau une petite quantite de craie et laisser l'epreuve dans cette eau environ deux minutes, en l'agitant COSMOS. 231 continuellement; on lave unederniere fois a l'eau pure. Les opera- tions qui precedent doivent avoir et£faites a la lumiere diffuse, pour ne pas teinter l'^preuve; on la plonge dans un bain d'hyposulfite, 100 grammes, eau distillee, 600 grammes ; les demi-teintes prennent une couleur ros^e tres-harmonieuse, etc.; on lave a l'eau pure et 1' operation est terminee. La fixity des £preuves ainsi fixees est tres- grande ; le chlorure de platine, beaucoup moins cher, ne donne pas, comme le chlorure d'or, un aspect bleuatre. PROCEDE DE PHOTOGRAPHIE SUR PAPIER CIRE. Prenez : eau, 300 grammes ; iodure de potassium, 6,5 ; bromure de potassium, 2gr.; cire pure, 2gr.; assezd'iode libre pour donner au melange une teinte verte et opaque ; on peut substituer le bro- mure d'ammonium au bromure de potassium , avec avantage sous le rapport de la sensibility. Le papier prepare" avec ce liquide ej excite dans un bain a 2 gr. de nitrate d'argent contenantl.8 d'acidn acetique par 30 gr. d'eau, donne d'excellents negatifs. On developpG avec une solution saturee d'acide gallique mel£ a un volume egal d'eau qui a servi au lavage du papier excite" ; lorsque l'image a entierement paru, on ajoute au melange 0,9 gr. d'ac^to- nitrate pour accroitre son intensity. Cette note est signed du pseudonyme Aliquis. PROCEDE D'lMPRESSION DE SIR W. J. NEWTON. A chaque goutte de petit-lait camphre , ajoutez deux gouttes d'huile de girofle, remuez bien et ajoutez 0,065 gr. de bromure de calcium, 0,065 d'iodure de potassium, 1,8 de solution saturee d'acide gallique, et 1,3 de sucre blanc, remuez bien le tout et filtrez avant de vous en servir. Avec une brosse ou pinceau, revetez dece melange une des faces du papier , eHendez a plat pour s^cher , et repetez l'operation sur l'autrecote; quand le papier est bien sec, excitez avec 1,62 d'aceto- nitrate d'argent, ^pongez et exposez a la lumiere dans le chassis a impression, pendant un temps qui varie de dix secondes a une mi- nute ; d^veloppez avec l'acide gallique et 1'aceHo-nitrate d'argent , plongez dans le bain d'hyposulfite pendant une heure, puis dans de l'eau alunee pendant le meme temps, et enfin dans plusieurs bains successifs d'eau pure. Comme le lait ne donnait pas assez de corps au papier, M. Newton lui a substitu^, comme nous l'avonsdeja indique en passant, de la gelatine pure faite avec une poussiere fine d'ivoire, ou ce qui est preferable , avec du parchemin : voici comment on opere : 2S2 COSMOS. Fai tes fondre la gelatine et ajoutez quantite egale d'eau camphre>, puis deux gouttes d'huile de clous de girofle par chaque 30 gram- mes de liquide ; remuez bien le tout jusqu'a. ce qu'il prenne l'appa- rence du lait ou petit-lait; ajoutez 0,065 de bromure de calcium,. 0,065 d'iodure de potassium, 1,3 de sucre blanc, et remuez bien; froltez le papier sur ses deux faces comme il a 6te dit plus haut, en ay ant soin de filtrer chaque fois le melange avant de s'en servir; apres avoir doucement eleve- la temperature du melange applique sur papier, excitez comme il a £te dit plus haut. II y a avantage a se servir d'eau d'alun assez forte, que Ton ob- tient en faisant dissoudre une cuillere a soupe de poudre d'alun dans un litre et demi d'eau ; elle a pour effet non-seulement d'en- lever tout l'hyposulfi'te , mais de renforcer le ton et de contribuer a fixer. • PROCEDE DE COLLODION CONSERVE, PAR M. HENRY POLLOCK. 1° Ajoutez au collodion ordinaire de la glycerine dans la propor- tion de six gouttes pour 30 grammes d'eau ; 2" preparez un bain de nitrate d'argent a. la maniere ordinaire, excepte qu'au lieu d'eau distillee vous emploierez un melange d'eau distillee et de glycerine dans la proportion d'une partie de glycerine pour cinq parties d'eau ;. 3° faites un second bain different seulement du premier en ce qu'il ne renferme que 0,4 grammes de nitrate pour 30 grammes d'eau; 4° etendez sur la plaque la couche de collodion ; plongez-la d'abord dans le premier bain a la maniere ordinaire , puis dans le second bain pendant une minute; laissezda egoutter comme de coutume, et vous aurez une plaque conserved aussi sensible apres une semaine que si elle sortait du bain ; 5° avant de developper, humectez la plaque avec de l'eau distillde et procedez a l'ordinaire , en ayant soin d'ajouter deux gouttes d'une solution de 3 grammes de nitrate d'argent dans 30 grammes d'eau, ou au dixieme , a la solution qui sert habituellement a developper l'image avant de la verser sur la plaque. Un inconvenient de ce precede, e'estque la glycerine de- compose lentement la solution de nitrate d'argent, qu'il faudra par consequent renouveler le bain assez souvent; on parera a cette dif- nculte" en se servant d'une cuvette horizontal peu profonde, et nc contenant qu'une petite quantite" de liquide. II importe que la glyedrine soit tres-pure ; celle qui a si biem r£usi.i a M. Pollock provenait de l'usine de M. Wilson et resultait/ de la decomposition des corps gras par la vapeur surchauffee et a' haute pression. acad£mie des sciences. SEANCE DU 4 MARS 1856. M. Breton de Champ adresse une nouvelle note relative a la geome'trie desanciens. — M. Duchartre communique des reeherches tres-importantes sur les rapports des plantes avec l'humidite repandue dans l'air. En voici 1'analyse fidele faite par l'auteur. I. Rapports des feuilles avec la vapeur invisible de /W.'MM. Mil- ler, Duhamel, Meyer et autres, attribuent aux feuilles la faculte d'absorber la vapeur invisible de l'air, MM. de Guettard, Trevi- ranus et Unger revoquent en doute l'existence de cette faculte. Les experiences de M. Duchartre on t ete faites : 1° sur onze especes terrestres, a feuilhs non charnues; 2° sur dix especes terrestres a feuilles plus ou moins charnues, ou plantes grasses ; 3° sur quatre plantes epiphytes ; il deduit de ces nombreuses observations les conclusions suivantes : 1° Les feuilles, soit minces et seches ou herbacees, soit epaisses et charnues, appar tenant a des plantes terrestres ou a des plantes epiphytes, sont privees de la faculte d'absorber, pour s'en nourrir, la vapour aqueuse repandue dans l'air, meme quand cette vapeur s'y trouve en grande abondance. 2° Les plantes grasses, non arrosees et sans le contact de l'eau, sont remarquables par la regularity avec laquelle elles diminuent de poids dans une atmosphere confinee, tres-humide, et, sous ce rapport, elles ne presentent que de legeres differences avec ce qui a lieu chez elles a l'air libre. Leur diminution de poids, constante et reguliere, mais lente, n'empechepas que leur vegetation ne se continue pendant longtemps et qu'elles ne developpent des produc- tions nouvelles. Mais c'est uniquement aux depens de certaines de leurs parties qu'elles vegetent ainsi, et l'on peut dire que, chez elles, l'activite vitale ne fait que se deplacer. Generalement leurs feuilles ou parties inferieures s'^puisent et meurent a mesure que leurs sommites croissent et s'allongent. 3° Les plantes tres-glauques et celles que couvre une couche (Sparse de poils ne different en rien de la generalite, malgre l'etat particulier de leur surface. 4° Les feuilles des plantes epiphytes, auxquelles on attribue beaucoup d'importance pour la nutrition de ces vegetaux, loin de puiser de l'humidite' dans l'air, comme on le suppose generalement, 234 COSMOS. se font plutot remarquer par la regularity souvent meme par la rapidity avec lesquelles elles perdent de leur poids, bien que places dans une atmosphere extremement humide. II. Rapports des ratines aeriennes avec la vapeur tie lair. L'opinion universellement repandue est que les racines aeriennes de ces vegetaux pui?ent dans 1' atmosphere la vapeur aqueuse qui s'y trouve repandue et qui deviendrait ainsi l'un des materiaux les plus essentiels a leur nutrition. M . Unger, celebre botaniste allemand, croit avoir demontre' expe>imentalement la rdalite" d'une absorption d'humidite" en vapeur operee par les racines aeViennes. M. Duchar- tre rapporte en detail les experiences faites par lui dans des condi- tions varices a dessein, et dont les sujets ont 616 huit Orchidias, deux Bromeliacdes et une Commelynee [S pironema) . II ajoute deux experiences faites sur deux Aroidees pourvues a la fois de racines terrestres et de racines aeriennes. II tire de ces nombreuses expe- riences la conclusion, en desaccord complet avec l'opinion re9ue, que les racines adriennes des plantes Epiphytes sont ddpourvues de la faculte" d'aspirer de la vapeur aqueuse dans l'air au milieu du- quel elles se trouvent. II enonce done comme general ce fait impor- tant que l'humidite invisible repandue dans l'atmosphere, quelque forte qu'en soit la proportion, ne contribue en rien a la nutrition de ces plantes ; que des lors elle ne peut avoir pour elles d'autre avan- tage que d'affaiblir leur transpiration, a moins que, par l'effet d'un changement d'etat, elle n'entre avec elles dans des relations d'un ordre different et, dans tous les cas, imm&liates. — M/Leclerc, de Tours, communique des experiences ayant pour objet Taction de certaines substances, principalement de l'ex- trait du sucre de Belladone sur fe systeme nerveux des plantes. — M. Coulvier-Gravier transmet l'observation d'un bolide de premiere grandeur ; nous l'avons donn^e aux faits divers. — M. le docteur Herpin adresse un nouveau memoire sur la question^ importante de la conservation des bles au sein des sdos souterrains. M. Becquerel , au nom d'une commission composed de MM. Dumas, Babinet et lui, lit un rapport tres-favorable sur les nouveaux proeddes de galvanoplastie des rondes-bosses de M. Le- noir. La commission conclut a ce que l'Academie approuve le procede et vote des remerciments a l'inventeur. Comme elle n'avait pas hesite a qualifier de progres trfes-important le procede de M. Lenoir, M. Th&iard a demande en outre l'insertion du memoire descriptif de M. Lenoir dans le Recueil des savants (Strangers, ce COSMOS. 235 qui est la plus haute distinction dont l'Acad^mie dispose. Cette proposition toute bienveillante et a laquelle la commission se serait empressee de se rallier si M. Lenoir avait effectivement depose" un memoire descriptif, a souleve une vive discussion. M. Pouillet, qui croyait a tort qu'avant M. Lenoir on avait produit de toutes pieces des rondes-bosses galvanoplastiques, qui n' avait pas compris qu'il s'agissait non de grandes pieces de sculpture destinies a etre expo- ses en plein air, mais d'ceuvres d'art de cabinet ou de salon, a oppose" a la demande d'insertion dans les savants etrangers le peu de dur£e de certains depots galvanoplastiques, des bas-reliefs, par exemple, du pi^destal de la statue de Guttemberg, par David, bas- reliefs qui apres une annee d' exposition a l'air etaient presque totalement transformed en carbonate de cuivre et profondement altered. Cette objection n' avait rien a faire avec le rapport de la commission ; MM. Becquerel et Babinet se sont cependant em- presses de repondre que les galvanoplastes actuels, et M. Lenoir en particulier, obtiennent leurs depots de cuivre dans des conditions bien meilleures de durete et de density qui les rendent comparables aux produits de la fonte. En apprenant qu'il n'y avait pas eu de la part de M. Lenoir depot d'un memoire descriptif, que le rapport avait 6te r£dige sur des indications verbales sollicitees par le savant rapporteur M. Becquerel, M. Thenard a cru devoir le feliciter so- lennellement de l'empressement et du zele avec lesquels il a rempli la mission que l'Academie lui avait confiee ; c'est un bel exemple, dit-il, alors surtout que tant de nos honorables confreres font atten- dre si longtemps ou ne font pas les rapports sur les memoires par- faitement redig&s renvoyds a leur examen. M. Regnault s'oppose aussi a l'insertion dans le Recueil des savants etrangers, parce qu'il ne lui est pas demontre que personne avant M. Lenoir n'a fait des rondes-bosses d'une seule piece; M. Babinet lui repond que la commission n'a fait son rapport qu'a- pres avoir acquis la ferme conviction de la nouveautd des r^sultats obtenus. M. Despretz regrette aussi qu'on ait souleve" la question de l'alterabilite" des depots electriques qui n'enleve rien de son ori- ginalite et deson importance auprocede de M. Lenoir. Pour mettre un terme a cette discussion, qui menacait de se prolonger ind^fini- ment, le president, M. Binet, decide que la commission demandera a M. Lenoir une description de sa mdthode, et quelle soumettra de nouveau ses conclusions modifiees dans le sens indique" par M. Thenard, a la prochaine seance de l'Academie. M. Becquerel est de tous les rnembres de l'Academie celui qui 256 COSMOS. iemoigne le plus de sympathie et de bienveillance aux auteurs qui sollicitent pour leurs ccuvres l'approbation de l'Academie des sciences 5 presque toujours il procede imm ou dont la capacite est connue a l'avance ; de sorte que, pour connaitre le volume total du gaz consomm6 , il suffit de savoir combien de fois ces espaces ont vers6 leur contenu dans les tuyaux de conduite qui aboutissent aux bees. Pour obtenir ce nombre d'espaces tour a tour remplis et vid^s , qui est l'expression mathematique du volume de gaz consomme, on a fait tout simplement de l'ensemble des cavils un tambour cylindrique tournant autour de son axe, se rempbssant et se vidant a chaque tour entier, et Ton a charg^ce tambour, mis COSMOS. 245 en relation par une transmission facile de mouvement avec un compteur arithm^tique, d'enregistrer le nombre de ses revolutions, par unites, dixaines, centaines, etc., sur des cadrans accessibles au regard. Le nombre des cavites ou compartiments du tambour est ordinairement de quatre; les parois de ces compartiments sont de veritables ailes de moulin , des portions d'heUices ou des surfaces planes legerement inclinees sur 1'axe, ami que le gaz, en penetrant dans le compartiment, presse contre les ailes et entretienne le mou- vement de rotation du tambour sans Intervention d'aucune force ^trangere. Pour que les compartiments ou cavites puissent se remplir et se vider tour a tour, et jauger ainsi le volume de gaz qui traverse l'appareil , on a fait plonger le tambour dans l'eau par sa moitie" inferieure, jusqu'au-dessus du sommet d'une ouverture circulaire d'un petit diametre menagee dans l'un des fonds, et dont le centre est surl'axe de rotation. Chaque compartiment, en outre, commu- nique avec les deux fonds du compteurpar deux fentes etroites, allonij gees dans le sens du rayon, a bords presque paralleles aux plans des fonds, et qui debouchent dans des moities diffeVentes des deux fonds, l'une dans la moitie" inferieure et au-dessus du niveau de 1 eau, l'autre dans la moitie superieure et au-dessous du niveau de l'eau, afin que le gaz ne puisse jamais passer directement d'un fond dans l'autre ; qu'il ne sorte du compartiment ou il a perietre" qu'apres 1'avoir entierement rempli et exerce" sa pression motrice contre les parois inclinees pour faire tourner le tambour. On comprendra maintenant sans peine le mecanisme du comp- teur. Le gaz, amene" par un tuyau courbe en syphon droit, arrive a lmteneur d'une calotte spherique appliquee sur le premier fond ; il s'introduit dans les compartiments superieurs du tambour par les fentes qui se trouvent au-dessus du niveau de l'eau ; sous la pres- sion du gaz, le tambour prend un mouvement lent de rotation, et les compartiments se remplissent a mesure que leur cavite" sort de 1 eau ; lis sont pleins, lorsque la cavite" a surgi tout entiere, et ils commenceront a se vider dans le second fond par la fente opposee, lorsque le mouvement de rotation ramenera la cavite dans l'eau, de l'autre cote de l'axe du tambour. Le volume du gaz debite par l'ap- pareil est par la meme proportionnel au nombre des tours ; il est egal a ce nombre de tours multiple par la somme des capacites des quatre compartiments. Mais qu'on le remarque bien, la capacite des compartiments est 246 COSMOS. deHermintte par le niveau de l'eau dans leur interieur, elle est plus grande si le niveau s'abaisse, elle est plus petite si le niveau s'eleve; et Ton ne pourra prendre pour mesure ou expression du volume du gaz de'bite' par le compteur le nombre indique" par les aiguilles des cadrans, qu'autant que le niveau de l'eau sera reste rigoureusement invariable, ce qu'il dtait quand l'appareil a ete regle\ C'est seule- ment quand l'eau est a son niveau normal que la capacite du com- partiment est connue et qu'elle est ce quelle doit etre; elle devient inconnue, trop grande ou trop petite, aussitot que le niveau s'est abaisse ou e1eve\ Si le niveau s'est abaisse" et que la capacite soit devenue trop grande, la quantity de gaz accused par les chiffres des cadrans est trop faible ; en payant le nombre de litres indique- par ces chiffres, le consommateur ne payera pas tout ce qu'il doit, il y auraperte pour la compagnie. Si au contraire le niveau s'est e'leve, et que la capacity soit devenue trop petite , la quantite de gaz ac- cusee par les chiffres des cadrans est trop forte ; en payant le nom- bre de litres exprime par ces chiffres, le consommateur aura paye plus qu'il ne devait, il aura subi un prejudice ou une perte. Ces prejudices ou ces pertes ne se compensent pas dans la pratique, nousle prouverons tout a l'heure ; les pertes definitives sont subies paries consommateurs, et elles sont loin d'etre insignifiantes ainsi que nous l'avons rappele en commenc^mt ; accumulees a la fin de l'ann^e, elles constituent au contraire une somrae veritablement enorme. Le compteur a gaz tel que nous venons de l'esquisser, et tel qu'il est reprdsente" dans le dessin ci-joint avec le perfertionnement capital, imagine par M. Dumon, et que nous allons bientot decrire, le compteur a gaz fonctionnant parl'intermediairede l'eau a ete in- vents des 1816 par M. Klegg; il a ete ameliore successivement par M. Crosley en Angleterre, par MM. Bauduin, Martin, Barthelemy, etc., en France. C'est sans comparaison le plus simple et le plus efficace de tous les appareils du meme genre ; son exactitude est tres-grande ; construit et regie avec tout le soin necessaire, il accuse, a moins d'un centieme pies, le volume de gaz depense par un gazometre jauge. Tout porte done a croire qu'il ne sera jamais abandonne1, qu'il entrera de plus en plus au contraire dans les habi- tudes de la consommation. Mais, re'pe'tons-le encore, pour qu'il fonctionneparfaitement, pour que ses indications soient vraies, pour qu'il sauvegarde les interets rivaux ou opposes des compagnies et des consommateurs, apres qu'il a e'te' e'prouve', ve'rifie, poinc.onne' par l'administration municipale, COSMOS. 247 il faut une seule chose : maintenir le niveau normal, ne pas per- mettre qu'il s'abaisse au detriment des compagnies , qu'il s'eleve au detriment du consommateur. Pour atteindre, s'il est possible, ce but d'une maniere absolue, force serait de recourir a deux appareils accessoires , presque aussi compliques que le compteur lui-meme. II faudrait : 1° ne permettre au gaz1 d'arriver; au compteur qu a travers un manometre regu- lateur, qui le fasse ecouler sous une pression rigoureusement constante, car les variations de pression du courant de gaz amenent n&essairement des denivellations de l'eau dans le tambour. II fau- drait 2° mettre 1'interieur du compteur en communication avec une sorte de fontaine intermittente ou vase a £cou!ement intermittent, qui lui rende automatiquement, exactement, et a chaque instant, la petite quantity d'eau qu'il perd par l'evaporation ou par toute autre cause. II est certain que, thttoriquement parlant, on obtiendrait ainsi un niveau invariable ; mais pratiquement ne perdrait-on pas bien au dela ce que Ton aurait cru g;igner ? Le progres ne serait-il 248 COSMOS. pas plus apparent que reel ? Au lieu d'un appaareilon en aurait d'a- bord trois, ce qui entrainerait une augmentation considerable de depense premiere et dei'rais d'entretien. En outre, les manometres regulateurs et les appareils a £coulement intermittent sont com- plexes, volumineux, dtllicats dans leur action. N'exigeraient-ils pas a leur tour une surveillance et un controle difficiles ; ne pourraient- ils pas faire naitre d'autres genres de fraude et amener de nouvelles contestations 1 C'est de belle theorie peut-etre, mais ce n'est certai- nement pas de bonne pratique. Au lieu de compliquer il faut tendre a simplifier sans cesse, alors surtout qu'il s'agit d'un besoin de cbaque jour. Nous avons du. signaler ces utopies brillantes , mais nous aurions tort de nous y arreter, restons dans les limites du possible et de la realite" ; disons done ce qu'on avait fait avant M. Dumon pour empecher le niveau de descendre au prejudice de la compagnie, de monter au prejudice du consommateur ; et par quel moyen excessivement simple, parfaitement efficace, M. Du- mon est arrive a son tour a resoudre cet important probleme. Mais avant tout rappelons des faits incontestables qu'a notre o-rand etonnement nous avons vus nies tout r^cemment par des hommes qni pretendent cependant faire autorite dans l'industrie de l'^claira^e au gaz. lis ont os^ affirmer (est-ce par legeretd, par pas- sion ou de mauvaise foil nous n'essaierons pas de le deviner) qu'il n'y a pas un seul compteur qui, une fois regie, e'est-a-dire regie une fois pour toutes, ne soit de la plus rigoureuse exactitude. A cette assertion etrange, nous opposerons le jugement d'arbitres eminem- ment habiles i t consciencieux , qui avaient fait serment de recher- cher et de dire la verite\ Les compteurs a gaz ont etc" , il y a quel- ques mois, l'objet de deux enquetes serieuses ordonnees paries tri- bunaux et confiees a des commissions dont faisaient partie des hommes dont nous admirons le savoir et qui sont dignes de toute confiance :MM. Filhol,professeurde chimiealaFaculte des.sciences de Toulouse ; Daguin, professeur de physique a la meme Faculte ; Petit , directeur de l'Observatoire de Toulouse; Abria, doyen de la Faculte des sciences de Bordeaux, etc., etc. Or, dans leurs. rapports modeles ces savants assermentes affinnent la verite des faits sui- vants: 1° dans certains compteurs acceptes , autorises, poinconnes par l'administration municipale, on a pu introduire deux litres d'eau en outre de la quantity que donnele niveau normal sans intercepter le passage du gaz lorsqu'on reglait sous la pression de l'usine; tandis que si, apres avoir regie sous la pression atmospherique, on ouvrait le robinet laleral sous la pression de l'usine, on ne pouvait faire sortir COSMOS. 249 qu'environ un demi-litre d'eau : un semblable compteur, evidem- ment, quoique regimen appaTence, donnerait des indications fausses. 2° Dans les compteurs ordinaires, si , apres avoir regk le niveau sous la pression atmosphe>ique, on le regie de nouveau pendant qu'il fonctionne sous la pression de 1'usine, ses indications cessent d'etre exacles, il accuse moins de gaz qu'il n'en a passe dans l'ap- pareil. 3° Dans d'autres compteurs autorises, l'abonne peut a 1'aide d'un syphon ou autrement enlever une partie de l'eau sans que la diminution de niveau dans 1'interieur soit accusee par le r^gulateur. 4° Dans tous les compteurs en usage il y a trois sortes de niveaux : le niveau normal,, que l'eau atteint quand elle commence a couler par l'orifice du regulateur ; le niveau-limite superieur, que l'eau atteint quand elle sort par le' second orifice perce* dans la paroi ; le niveau-limite inferieur enfln, que l'eau atteint au moment oa la soupape conique du flotteur de gauche ferme l'orifice d'introduction du gaz. 5° Le niveau r£e! peut etre assez distant du niveau normal , assez pres des niveaux-limites superieur et inferieur, sans que rien dans la marche de 1'appareil ou dans l'eclat de la lumiere in- dique qu'on est arrive au point oil commence le prejudice notable cause soit a la compagnie , soit a l'abonne\ 6° Les erreurs des compteurs au detriment des abonnes, lorsque le niveau depasse le niveau normal, peuvent atteindre un chiffre considerable, de 4 a 20 pour cent ; les erreurs en sens inverse au detriment des compa- gnies, lorsque le niveau est inferieur an niveau normal, existent en general, mais sont beaucoup moins fortes, de 2 a 8 pour cent au plus. Voila la verite, evidente a priori, demontree par des expe- riences nombreuses et solennelles. Qu'en conclure, sinon que dans l'etat actuel des choses, la construction et les indications du comp- teur sont a 1'avantage des compagnies, au desavantage des consotn- mateurs | Lesinterets des compagnies sont presque sauvegardes par le jeu du grand flotteur de gauche ; sa tige porte une soupape conique, qui des que l'eau a atteint le niveau limite-inferieur penetre dans la cavite ou siege situe au-dessous d'elle et ferine l'acces augaz. Ainsi done, presque aussilot qu'elle pourrait subir une perte et fournir du gaz qui ne lui serait pas paye, la compagnie/"presente dans son compteur, frappe un grand coup, elle supprime le gaz qui serait briile' a ses ddpens ; le moyen est violent sans doute, mais il est efficace et e'est ce qu'il fallait chercher avant tout. On a essaye de placer sur la tige dece flotteur une seconde soupape conique, en sens inverse de la premiere, laquelle relevi'e, quand le niveau de l'eau a 250 COSMOS. depasse le niveau normal, penetre a son tour dans le siege qu'on lui a prepare, et ferme aussi le tuyau d'adduction du gaz ; mais cette seconde soupape fonctionnne beaucoup moins efficacement que la premiere ; elle sauvegarde a un bien plus faible degre" les inte>ets du consommateur ; ils peuvent encore perdre 20 pour cent , tandis que la perte de la compagnie monte au plus a 8 pour cent. Pour le consommateur il n'est qu'une seule ressource, une seule garantie possible ; c'est de connaitre a chaque instant le niveau r£el de l'eau dans son compteur ; de voir d'un seul coup d'ceil si le ni- veau reel depasse le niveau normal; de constater en fin, par un moyen facile et infaillible, que le niveau normal est retabli, lorsqu'il a laisse' £chapper une quantite" d'eau suffisante par l'orifice du r£- gulateur. Un indicateur de niveau parfaitement libre dans ses mou- vements, dont les indications parfaitement exactes sautent aux yeux et apparaissent au dehors du meeanisme place" sous le sceau de l'administration, voila tout ce qui manquait au compteur ordi- naire pour en faire un appareil excellent qui r^ponde a toutes les exigences , qui previenne toutes les discussions , qui concilie tous les interets. Et, qu'on le remarque bien, la compagnie ne peut rien desirer elle-meme au dela de ce qui suffit au consommateur. Pour elle comme pour lui il ne faut rien de plus, rien de moins qu'un indicateur precis du niveau reel , que la possibility de pouvoir constater a chaque instant si le niveau reel est oui ou non le ni- veau normal, de pouvoir r£tablir le niveau normal des qu'il a cesse" d'exister ; puisque, de l'avis de tous, au niveau normal, les nombres du compteur sont l'expression exacte d'un nombre de metres cubes ou de litres de gaz fournis par le gazometre. Ce n'est pas d'aujourd'hui que Ton a compris futility disons mieux, la necessite* de l'addition au compteur d'un indicateur de niveau. Vers 1851, un constructeur anglais eut l'idee de fixer au point le plus bas du fiotteur spherique de gauche, un fil de cuivre qui descendait d'abord sous un angle d'environ 45°, se relevait en- suite vertiealement, sortait librement par la paroi supeneure du compteur, se courbait encore deux fois a angle droit, et portait enfin a son extr£mit6 supe>ieure un index horizontal, destine a mon- trer, par ses affieurements avec les divisions d'une £chelle mobile, le niveau actuel de l'eau dans le compteur, apres que l'appareil avait £te convenablement regle\ M. Hulett avait tant de confiance dans son compteur modific qu'il lui donna le nomde compteur national, National Gaz Meter. 11 s'attendait a le voir detroner les compteurs de Clegg et de Cros- COSMOS. 251 ley; mais le succes ne repondit pas a son attente, il eut au contraire •a subir un Ecbec douloureux ; le compteur prEtondu national est aujourd'hui compl&ement oubliE, ou mis au banc de la nation. Les raisons de cet Echec sont faciles a concevoir. Si le fil de cuivre sort trop librement par la paroi du compteur, il donne en meme temps passage aux Emanations nausEabondes et dEleteres des portions impures du gaz dissoutes 'dans 1'eau de l'appareil ; ces emanations penetrent dans le mEcanisme ou dans les rouages du compteur arith- mEtique, qui cesse alors de bien fonctionner. Si le fil mEtallique au contraire frotte contre la paroi, il ne transmet plus fidelement les abaissements ou les Elevations de l'eau ; il devient meme un obstacle au jeu du flotteur ; les soupapes nese ferment plus en temps oppor- tun, et les compagnies perdent leur garantie ; c'est plus qu'il n'en faut pour que le malencontreux indicateur soit a jamais repoussE. Ce qui nous etonne et ce qui en meme temps nous indigne, c'est qu'un journal special, le journal de l'Eclairage au gaz, ait ose affir- mer a ses lecteurs que l'indicateur de niveau si efficace , invents par M. Dumon, et qu'il nous reste a dEcrire, ou mieux a indiquer, car il se dEcrit luimeme en se montrant, ne differe en rien du mau- vais indicateur anglais. Le flotteur a soupape, sauvegarde des intErets des compagnies, reste parfaitement intact , et celles-ci par consequent ne peuvent elever aucune reclamation. Mais au flotteur des compagnies on a ajoute le flotteur sauvegarde des intErets du consommateur. Ce second flotteur est protege par une enveloppe cylindrique en metal, terminer en cone, et qui descend presque au fond du comp- teur, pourfermer tout acces au gaz que les soubresauts de l'appareil ou l'abaissement du niveau pourraient amener sous la base portee par l'eau. Une tige mEtallique implantee sur cette base monte verti- calement, traverse une ouverture relativement large pratiquee dans la paroi supErieure du compteur, et sort portant un bouton sphE- rique, dont le grand cercle horizontal formant saillie sert d'index. La tige, avec son bouton, est recouverte par une cloche en verre qui s'oppose a toute Emanation a l'exteneur de l'appareil, et qui porte soit une division ou trait unique (car, ce qu'il suffit d'indiquer, c'est le niveau normal), soit une sErie de divisions ou de traits parta- geant en parties Egales l'intervalle entre les niveaux d'eau limites supErieur et inferieur. La cloche , enfin , est mastiquEe dans une douille en mEtal, et cette douille est fixEe par soudure ou par un pas de vis a la boite du compteur. C'e5t bien simple, Evidemment, et, pour imaginer cette disposi- 252 COSMOS. tion si rudimentaire, il n'eHait pas besoin du genie d'Archimede ; mais c'est evidemment efficace et bon. C'est nouveau aussi, puisque jamais indicateur semblable du niveau r£el n'avait ete adjoint au compteur a gaz. II )' a la parfaitement matiere a un brevet d'inven- tion que toutes les chicanes et toutes les coleres n'ebranleront pas ; il v a aussi le point de depart d'une exploitation immense, puisque le nombre des compteurs a gaz ira se multipliant sans cesse en pro- portion presque geomelrique ; et voila pourquoi nous trouvons tout naturel qu'on se soit prepare a cette exploitation sans limites par la formation d'une Soci^te robuste, par l'appel d'un capital consi- derable. Quoi de plus simple, de plus el^mentaire que de faire monter i'lmile dans une lampe par simple deplacement ou par l'abaissement d'un piston fixe soit a une chaine que Ton remonte, soit a des res- sorts qu'on tend? Quoi de plus simple, de plus elementaire, nous dirions presque de plus niais, que de faire monter ou descendre l'encre dans le tube lateral d'un encrier par l'abaissement ou le soulevement alternatif au sein du reservoir principal d'une masse inerte ( La lampe-moderateur cependant a detrone la lampe-Carcel, si in^enieuse et si savante; elle a valu a son auteurle prix de me- canique de l'Acad<§mie des sciences et la grande me'daille d'or de l'Exposition universelle. L'encrier syphoide a rempli le monde et conquis a son auteur une fortune brillante. Les capitaux mis en jeu par ces deux modestes inventions, la lampe-moderateur et l'en- crier syphoide, depassent dans une proportion enorme les quelques millions dont on fait un crime a la compagnie des compteurs a gaz. Citons un dernier exemple : munir la lame d'un couteau d'un rebord qui la supporte, qui la maintienne horizontale, qui l'empeche de salir la nappe, c'est encore simple au dela de ce qu'on peut dire, et la centieme partie des benefices que ce naif appendice a fait ga- gner suffirait pour constituer une fortune princiere. Ce qui nous a charme, nous, dans l'heureuse idee de M.Dumon, c'est son ingenuite ; c'est que , sans rien changer au compteur existant, sans augmenter son prix, elle le complete admirablement, quelle lui ouvreen quelque sorte les entrailles, qu'elle lui enleve ses mysteres, quelle defende aux mauvais calculs de se cacher dans son sein pour eclater en proces incessants , qu'elle moralise en un mot une transaction quelque peu perfide, en conciliant les interets les plus opposes. F. Moigno. A. TRAMBLAY, ■proprictaire-gerant. laris. — lmpriinerie de W. Rehqcet et Ge, rue Garaucifcre, 5. t. vur. 14 mars 1856. CINQUIBME ANNBE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Trois journaux de Lyon nous apportent trois descriptions diffe- sTneS it TrZ PCU If^"" dG la n°UVe,Ie Pile de MM. L^as- oTJ ThierS: T6 ,d°nni5e PaP le S*l«*PMic du dimanche 2 mars nous a semb e plus rationnelle. Nous nous hasardons a la iep oJuire avec quelques modifications , en raison de 1 mteret au'a excite notre premiere annonce : qU * •< Le nouveau generates d'flectricite est une pile seche, qui fonc- tionne sans eau „i acides; ces liquides sont remplaces par des sels anhydres qu on fait passer a Fetat de fusion ignee , et pendant 2J2TM VOire,.Pr°dUi,;f' d'Une P-t I'elec'tri.te'n/ces- saire pour 1 eclairage, de l'autre laluminium. II se compose de deux creusets concentnques scares nar „n cyhndre en ter ; on charge le cy.indre exterieu? avec dull ZZ Imteneuravecunsel dalumine; un cylindre ou parallelipipede de charbon plonge dans le creuset interieu, I/appareil «? dfauK alor* au rouge cense; on voit les deux sels entrer en fusion et aus- sitotqnon unit les deux conducted soudes, fun au fer W l au charbon, d se developpe une action electrique d'une emtr quable puissance. Ainsi, un electro-aimant place dans le circuTdu courant a ete aimante aussi fortement quWait pu le Z une pi e de Bunsen de grande dimension. Or, les experiment "rsne ai^ent fonctionner qu'un seul element et meme d'assez petite d. mension. Leur pile a une propriete qu, mente d'etre signage Ion :r r r : ?n agdir ave- une s^ne d'^ments de ^^ ^^^^ -Ledoctenr Ehrenberg, de Berlin, qui ddcouvre les voleurs 10 254 COSMOS. au moyen du microscope, et qui, d'ailleurs, n'en est pas en ce genre a son coup d'essai, vient de rendre a la societe" un nouveau service. Des barils contenant des especes avaient etc* l'objet d'une sous- traction importante sur un des chemins de fer prussiens : un des barils avait etc vide en route , et , a l'arrive'e , on s'apercut qu'au lieu d'especes il ne renfermait que du sable. M. Ehrenberg ayant ete" consulte ordonna qu'on lui apportat du sable de toutes les sta- tions situees sur la ligne du chemin de fer. II constata alors avec le microscope l'analogie , out mieux , l'identite du sable trouve dans le baril avec le sable de l'une des stations. Cette constatation une fois 6tablie, on se livra a des investigations d'un autre ordre et bien- tot on decouvrit le coupable, dit le Times, parmi les employe's de la station que I'ingeuieux docteur avait signage a l'attention de la justice. — La Society d'acclimatation a renouvele" son bureau , qui se trouve ainsi compose : president , M. Isidore Geoffroy Saint-Hi- laire; vice-presidents, MM. le prince Marc de Beauveau, Antoine Passy, le baron de Pontalba et Richard ( du Cantal) ; secretaire ge^ neral, M. le comte d'Epremesnil ; secretaires, MM. Anguste Du- meril, E. Dupin, Guerin Menneville, le baron de Montgaudry ; membres du Conseil , MM. de Quatrefages, Ruffier, le baron Se- guier, le comte de Sinety. 11 r&sulte du rapport sur la situation financiere que la somme dont la Sociele peut disposer cette annee pour des essais d'acclimata- tion est d'environ 11 500 francs. Elle deceinera des recompenses a ceux qui , en France ou a 1' Stranger, dans son sein ou en dehors d'elle, auront accompli des- progres importants dans l'ordre de ses travaux, et se rapportant k< l'une des trois categories suivantes : 1° introduction d'especes, races- ou varietes utiles d'animaux et de vegetaux ; 2° acclimatation, do- mestical ion, propagation, amelioration d'especes, races ou varietes utiles d'animaux et de vegetaux ; acclimatation, domestication, pro- pagation, amelioration d'especes, races ou varietes, soit susceptibles d'emplois utiles, soit meme seulement accessoires ou d'ornement; 3°emploi agricole, industriel, medicinal ou autre d'animaux ou ve- getaux recemmeftt introduits, acclimates ou propag£s, ou de leurs- produits. La recompense, suivant l'importance des resultats obte- nus, sera une medaille d'or ou hors classe, une medaille d'argent ou de premiere classe ; une medaille de bronze ou de seconde classe ; mention honorable. Le Conseil pourra en outre accorder des in- COSMOS. -255 demnites pecuniaires. La SocieUe a fait graver par M. Alphee Du- bois, grand prix de Rome, une medaille grand module dont la va- leur intrinseque en or repre"sente 300 francs, dont le dessin tres- riche, tres-elegant , a valu a son auteur les eloges des hommes les plus compe'tents. Nous felicitons grandement la SocieUe- de ce quelle a pris sous sa protection la veuve et les enfants de Joseph Remy , « ce sagare et perseverant pecheur des Vosges, dit M. Isidore Geoffroy Saint - Hilaire dans son rapport sur les recompenses , createur en France d'une Industrie dont chaque jour fait mieux comprendre ['impor- tance, qui nous a appris a semer le poisson dans les rivieres, comme on seme le ble dans nos champs, par lequel s'est ouverte une ere nouvelle pour une branche feconde de l'economie rurale le mo- deste bienfaiteur de son pays. » En tete de la souscription quelle a ouverte pour la famille Remy, la Societe" s'est inscrite pour 500 fr. — Dans un £tat numerique des brevets d'invention, de perfec- tionnement et d'importation delivres depuis le lcr juillet 1791 jus- qu'au 9 octobre 1844, et du 9 octobre 1844 au ler Janvier 185-1 , nous trouvons les renseignements suivants pleins d'interet : 1° En cinquante-quatre ans, sous l'empire des anciennes lois, il a et^ deli- vre" 17 290 brevets ou certificats d'addition ; en moins de dix ans sous l'empire de la loi nouvelle, il en a ete delivre 24 297. II faut, sans doute, attribuer au progres de l'industrie une part considerable de cette augmentation dans le nombre des brevets delivres; mais il est Evident, en meme temps, qu'une partie encore plus forte est due a la faculte" donn^e aux brevets d'acquitter la taxe par annuites de 100 fr. 2° Sur 2 735 brevets pris en 1844-1845, il ne reste en 1854 que 248 brevets en regie! 1 235 brevets ont paye une seule annuity ; 583, deux annuites; 355, trois; 133, quatre; 64, cinq ; 53, six; 32, sept; 38, huit annuites; 2 485 sont tombes sous le coup de la decheance! 3° Sur 2 088 brevets pris en 1845, 1 899 sont tombe's sous le coup de la decheance ! 189 seulement sont en regie; 1011 n'ont paye qu'une seule annuite; 539, deux; 148, trois; 75, quatre; 56, cinq ; 34, six ; 36, sept. Le sort re- serve aux brevets d'invention est, on le voit, des plus lamentables. PHOTOGRAPHIE. ACTION DU SOUFRE SUR LES EPREUVES POSITIVES. M. Hardwick considere la substance noircie qui forme Timage sur le papier photographique comme un compose d'argent, comme un sous-oxyde combing a ume matiere organique ; il se reserve de montrer, pardenombreuses series d'experiences, la verit6 de cette assertion. En l'acceptant comme un fait etabli, Taction du sulfure peut s'expliquer de la maniere suivante : le soufre s'unit a l'argent en vertu de son affinite plus grande et elimine la matiere organique du compose; cette matiere organique, raise en hberte, absorbe l'oxygene ou subit quel que autre modification, laissant l'argent combine- avec le soufre sous forme de sulfure d'argent jaune ; Y6- preuve a patse, parce que la quantity d'argent n'est plus sufnsante, lersqu'elle existe a l'etat de simple sulfure, pour dormer a Te>euve i'opacite necessaire. Pour prouver qu'en effet les photographies pas- sers ou jaunes sont colorees par le simple sulfure d'argent, 1'auteur a fait 1' experience suivante : il a pris six epreuves, il les a coupees en deux, et six des moities out etc plongees dans Thydrosulfate d'ammoniaque jusqu'a ce qu'elles eussent entitlement pali ou passu au jaune ; les six autres moities ont ete traitees d'abord par de l'eau de chlore jusqu'a ce que toute trace d'image eut disparu, puis par l'hydrogene sulfure pour conveitir le chlorure d'argent Wane en sulfure d'argent, et developper une seconde fois l'image. Monties de nouveau sur un carton , les deux moities de chacune des epreuves sont apparues exactement semblables, toutes deux avaient la leinte jaune caracteristique du sulfure d'argent dans un grand etat de division. La seconde partie du mimoire a pour objet la permanence com- parative des photographies obtenues par diverses methodes ; nous nous bornons a Tenumeration rapide des principaux resultats ob- tenus. Les Epreuves, developpces ou provenant de negatifs chimi- quement transformed en positifs, sont, regie gen6rale , supeneures a celles imprimis par une exposition directea la lumiere; mais la bonte' de l'epreuve depend beaucoup de la maniere dont le negatif a etc obtenu et dont le developpement a dte conduit. Les impres- sions qui deviennent tres-rouges dans le bain Bxateur d'hyposulfite de soude, parce qu'on a arrete trop tot Taction de l'agent revela- teur, sont souvent sulfurees et detruites plus vite qu'une impression vigoureuse obtenue directement au soleil. COSMOS. 257 La nature de la couche sensible exerce aussi une tres-orande in- fluence; les epreuves developpees sur de l'iodure d'argent insistent plus que toutes les autres a la sulfuration ; elles ne palissent jamais entierement, mais perdent seulement de leur intensite ; on pourrait prouver directement que la quantite d'argent deposee dans le cas d'une image developpee sur iodure d'argent est beaucoup plus grande que si Ton avait employe du chlorure ou du bromure. II est vrai que les images developpees sur iodure d'argent sont lourdes et comme encr^es ; mais on peut eviter cet inconvenient en ajoutant a l'iode une matiere organique qui ait la propnete de rouo-ir quelque peu la surface reduite, comme le serum de lait ou la ca- seine de sir William Newton. La resistance des epreuves develop- pe'es sur iodure d'argent ressort tres-bien de Texperience suivante : une plaque de daguerreotype polie a ete suspendue avec plusieurs moities d'epreuves dans un large flacon contenant de l'air melange de traces d'hydrogene sulfure. Apres peu de jours, la plaque d'ar- gent etait devenue terne et jaune ; les epreuves obtenues directe- ment au soleil avaient pris du ton et des ombres plus fortes; les epreuves developpees sur iodure n'avaient eprouve" aucun chano-e- raent. Les epreuves positives preparers parle procede de M. Newton, qui emploie un bromure soluble, et par celui de M. Sutton, qui ajoute du serum de lait renfermant de la caseine, s'alterent' plus vite sous Taction de l'hydrosulfate d'ammoniaque que les epreuves developpees sur iodure purd'argent; a moins qu'on n'ait pousse tres- loin Taction de Tacide gallique ou de Tagent revelateur, elles pas- sent aussi rapidement que les epreuves obtenues directement par Texposition au soleil. Rien ne prouve que les epreuves sur papier albumin** echappent plus que les autres a Taction deletere du soufre. La propnete qua Talbumine de proteger l'image contre l'oxydation semble perdue, lorsque par Taction du sulfure l'union entre Targent et la matiere organique est detruite. L'or, employe comme agent renforcant le ton, exerce incontes- tablement une action protectrice ; cependant l'emploi de ce metal ne suffit pas a rendre une image obtenue directement au soleil egale en permanence a Timage developpee sur iodure. Les ombres pro- fondesdu dessin sont, eneffet, souvent protegees; mais il n'en est pas ainsi des ombres legeres ; aussi, apres Taction du soufre ou sul- fure, ces images presentent des ombres noires, avec des demi- teintes jaunes. {Journal de la Societe photographtqite de f.ond/es.) ACADSffllE DES SCIENCES. SEANCE DL 10 MARS 1856. M. le secretaire perpdluel annonce que le concours annuel des animaux de boucherie se tiendra le mercredi 19 mars a Poissy, et que Son Excellence M. le Ministre de 1'agriculture et du commerce met des billets a la disposition des membres qui voudront prendre part a cette solennite agricole. — M. Ossian Bonnet prie l'Academie de l'inscrire au nombre des candidats a la place vacante dans la section de geomdtrie, et adresse l'analyse de ses travaux. — MM. Chazalon et Keller, ingenieurs hydrographes, adressent une semblable demande pour la place vacante au sein du Bureau des longitudes, et l'appuyent de leurs titres de candidature. — M. Breton adresse une suite a ses recberches sur la construc- tion des appareils d'optique. Voici l'analyse de sa note qu'il a bien voulu r^diger Ini-meme pour le Cosmos: La question trait^e dans ce travail ne doit pas etre confondue avec le probleme de la destruction des aberrations de sphericite\ leqnel fournit les moyens de faire en sorte que tous les rayons C"manes d'un meme point de l'objet et qui ont traverse" l'appareil , convergent finalement vers un meme point focal. Or, de ce que cette condition est remplie, il ne s'ensuit pas que ce point focal se trouve plac6 , dans l'image, a la distance convenable de l'axe central. Quand cette deuxieme condition, qui est entierement distincte de la premiere, n'est pas remplie, l'image presente des deformations qui se manifestent notamment en ce que des lignes que 1'on sait etre droites paraissent courbes. C'est la un defaut que Ton doit chercher a eviter dans la construction des objectifs du daguerreotype. Mais il y a plus : le meme deTaut peut exister dans les images qui se forment au foyer des telescopes, et en general des instruments des- tines a augmenter la puissance de la vision; et si alors il n'est point sensible a la vue, parce que Ton a soin de restreindre le champ par des diaphragmes, il n'en affecte pas moins, d'une manieie dont il importe de pouvoir se rendre un compte exact, les determinations que Ton conclut de mesures prises sur les images elles-memes. Le memoire de M. Breton (de Champ) a pour objet 1° d'etablir des formules qui permettent de calculer ces aberrations de forme, afin que Ton puisse y avoir egard dans les questions que soulevent certaines applications, telles que la mesure des distances par la sta- dia en topographie; 2° de mettie en evidence les relations spg- COSMOS. 259 ciales qu'il faut etablir entre les elements constitutifs d'un appareil projete" , pour obtenir des images qui soient parfaitement fideles dans toute la partie du champ oil la nettete est suffisante. L'auteur de ce travail se propose de dormer prochainement des applications de ses formules a divers appareils , afin d'en montrer l'utilite et l'usage pratique. Nous attendrons, pour les faire connaitre, qu'il ait donne suite a ce projet. — Un chimiste, dont le nom nous 4chappe, annonce qu'il avait eu la meme idee que M. Berthelot pour la preparation de l'acide formique ; nous profiterons de cette occasion pour faire connaitre le procede du savant preparateur de chimie au College de France. M. Berthelot a rdussi aproduire l'acide formique, que Ton n'ob- tenait jusqu'ici qu'avec beaucoup de difficultes, tres-simplement et en proportions considerables, en prenant pour point de depart l'acide oxalique. Ce dernier acide soumis a Taction de la chaleur se de- compose en acide carbonique, oxyde de carbone et eau. Cl H2 Q8 — Q* Ql _|_ C2 Q2 _j_ H2 Q2 Au moment de la decomposition , l'eau et l'oxyde de carbone se trouvent en contact a l'dtat naissant ; or, il suffit de faire inter- venir la glycerine pour combiner ces deux corps et obtenir imme- diatement l'acide formique C2 HQ O4. Voici comment on opere : Dans une cornue de deux litres , on introduit un kilogramme de glycerine sirupeuse, un kilogramme d'acide oxalique du commerce et 100 grammes d'eau ; a une temperature qui ne doit guere de- passer 100 degres. Bientot une vive effervescence se declare et il se degage de l'acide carbonique pur. Au bout de 12 a 13 heures environ, tout l'acide oxalique est decompose, la moitie de son car- bone et de son oxygene s'est degagee sous forme de gaz acide carbonique ; une petite quantite d'eau chargee d'acide formique a distilled, et il reste dans la cornue de la glycerine tenant en dissolu- tion presque tout l'acide formique. On verse dans la cornue un demi-litre d'eau et Ton distille ; on remplace a mesure l'eau qui s'e- vapore, et on continue l'operation jusqu'a ce que Ton ait recueilli 6 a 7 litres de liquide distille. L'acide formique s'est volatilise- avec l'eau, et la glycerine reste seule dans la cornue ; elle peut servir a decomposer un second kilogramme d'acide oxalique, puis un troi- sieme, etc. Trois kilogrammes d'acide oxalique du commerce out fourni par ce procede lk,050 d'acide formique , au lieu de lk,090 indiquds par la theorie ; la difference, on le voit, est aussi petite qu'elle peut l'etre en raison des impuretes de l'acide oxalique em- 260 COSMOS. ploy£, et le procede peut etre proclame' souverainement efficace ; il peut etre execute sans aucun embarras sur des quantites quel- conques, et n'exige presque aucune surveillance ; l'essentiel est de ne pas brusquer la decomposition de l'acide oxalique, car si la tem- perature ctait tres-elevee, l'oxyde decarbone etl'eauunis un instant se separeraient de nouveau. L'acide formique ainsi prepare" est tres-pur et complotement exempt d'acide oxalique : sature par les carbonates de chaux, de baryte et de plomb, il fournit des la pre- miere cristallisation des formiates purs de chaux, de baryte ou de plomb. — M. Dias Pegado adresse de nouveaux tableaux des observa- tions meteorologiques qu'il fait a Lisbonne avec un talent et une perseverance grandement dignes de louanges. Le savant meteoro- logue a la bonte de nous envoyer aussi ses publications, et nous re- grettons vivement de ne pouvoir les resumer periodiquement et avec soin. Professeur de physique et directeur de l'observatoire meteorologique de l'^cole Polyteclmique de Lisbonne, il a eu l'hon- neur de prendre part, comme commissaire de son gouvernement, a la celebre conference de Bruxelles , r£unie a la demande de M. le lieutenant Maury. De retour a Lisbonne, il s'est mis a l'ceuvre, et fhlele aux instructions qu'il avait contribue a rediger , il a organise" des observations regulieres , perfectionne les instruments enregis- trants, revu et discute les observations faites en mer par les offieiers de la marine royale ou marchande, etc., etc. Dans la derniere edition de ses Sailing's Directions, M. Maury a dit de lui , et c'est un grand honneur : « M. le docteur Pegado est en Portugal a. la tete du bureau des vents et courants ; il a deploye dans cette creation autant de zele que d'energie, il a fait construire avec beau- coup de sagacite et de travail des instruments etalons et compare a ces instruments les barometres, thermometres, etc., installes sur les navires qui naviguent sous le pavilion portugais. •> Le nom de M. Pegado compte deja au nombre des noms qui ont le mieux merite de la meteorologie ; il donne chaque jour dans le Diario do Governo, la temperature, la pression atmospherique , le degre d'humidite, de trois en trois heures; la direction et la force du vent, la quantity d'ozone pre*sente dans l'air, l'£tat du ciel, la forme des nuages, la quantity de pluie , etc., etc. Ses tableaux mensuels ou ses resume's du mois, numeriques ou graphiques, sont accompagnes de notes tres-conciseset tres-nettes dans lesquelles il signale toutes les particularity dignes d'attention. En outre de ce qu'il commu- nique au journal officiel, il publie dans la Gazette medicate un r£- COSMOS. 2G1 sume mensuel , redige" sur un autre plan ; et dans le Journal du Commerce, un tableau hebdomadal re. Nous le repetons encore , pourquoi faut-il que le defaut d'espace et de temps nous mette dans l'impossibilite de mieux prouver a M. Pegado la sympathie que ses travaux nous inspirent ; il serait bien aimable s'il nous adres- sait quelquefois des notes substanlielles sur les phenomenes d'intut 1 1 general qu'il aura observes avec un soin particulier. — M. Thenard a la parole pour rendre compte, au nom de com- missions dont il faisait partie, de l'examen des travaux qu'elles de- vaient juger. II a soin en commencant d'appeler l'attention sur l'empressement qu'il met a deposer les rapports qu'il est charge" de faire ; en agissant ainsi il croit remplir un des devoirs les plus saert's de l'Acad£mie des sciences, et il desire ardemment que ses confreres suivent 1'exemple qu'il leur donne depuis 46 ans. Le premier travail examine dtait un second memoire de M. Tif- fenau, sur la transmutation des nie^taux en general, et en particulier sur la transformation de l'argent en or, sous l'infiuence de la lu- miere, dans des conditions determiners. La commission declare a l'unanimite qu'il n'y a pas lieu a faire de rapport , c'est-a-dire qu'elle ne croit pas aux assertions, aux promesses et aux esperances du nouvel adepte du grand ceuvre. La seconde communication etait celle de MM. Chevallier, Orfila, Rigout, etc., relative a 1'innocuite" du phosphore amorphe. La commission est heureuse d'apprendre que l'on pourra subslituer au phosphore ordinaire si veneneux , un succ^dane" qui diminue dans une proportion considerable les dangers que fait courir 1 'usage des allumettes chimiques , usage que, sans ce progres, il aurait fallu proscrire ou restreindre tot ou tard. Le phosphore amorphe a d'a- bord l'avantage d'etre inerte et inoffensif, il peut aussi etre applique sur la boite, loin du bois des allumettes, auxquelles on n'applique que la pate de chlorate de potasse et de soufre, et qui ne prennent plus feu par le froltement contre un corps solide, mais seulement au contact du phosphore amorphe. De cette maniere, le danger dis- paraiteffectivement en partie. Des allumettes de ce genre apportees a l'Exposition universelle par un fabricant su^dois ont £te accueil- lies avec une sorte d'enthousiasme, parce que tout le monde com- prenait l'immense service qu'elles pouvaient rendre a la societe. La question du phosphore amorphe est done, ajoutait M. Thenard, eminemment digne de fixer l'attention de l'Acadgmie ; mais les observations soumises a son jugement ne sont pas encore assez nombreuses et assez explicites pour qu'elles puissent devenir l'objet 262 COSMOS. d'un rapport ; leurs auteurs seront en consequence pri£s de les completer et de les multiplier. M. Becquerel a ete invito a relire les conclusions de son rap- port sur les proced»5s galvanoplastiques de M. Lenoir; mais deux rivaux , MM. Feuguiere et Guetton , avaient adresse" des reclama- tions de priority qui, pour etre reduites aleur juste valeur, exigent un nouvel examen ; le savant physicien a done demande de ne sou- mettre son rapport definitif que dans une prochaine seance. Ce delai contristera certainement l'excellent M. Lenoir, d'autant plus que Tune au moins de ces reclamations,, celle de M. Guetton, commu- niquee a la seance, est redig^e en termes tres-vifs et tres-peu aca- d&niques ; mais l'opposition ne doit pas plus TerTrayer qu'elle ne nous effraie nous-memes. Nous aussi nous avons £te r^duits a en- tendre beaucoup de protestations , mais elles n'ont servi qua nous confirmer de plus en plus dans nos convictions. Nous affirmons avec plus d' assurance encore que la methode de M. Lenoir, l'ad- jonction d' electrodes insolubles communiquant au pole positif, sans contact aucun avec la surface metallisee du moule , est entiere- ment originale et neuve , elle constitue d'ailleurs un tres-grand progres : il est absolument certain qu'avant M. Lenoir personne n'avait fait d'une seule piece une veritable ronde-bosse. M. Pouil let se trompe certainement quand, venant en aide a M. Guetton, il affirme que ce fabricant lui a montre- de veritables statues moulees galvanoplastiquement d'un seul bloc. Au reste , MM. Becquerel et Babinet poursuivront leur enquele avec autant de fermete que d'im- partialite" et de justice ; et le resultat de leurs recherches sera le triomphe complet de M. Lenoir. — M. Bravais lit un rapport sur une note de M. Mills Brown , de l'Etat de New-Yorck, relative a une nouvelle meHhode de calcul pour obtenir les longitudes en mer, au moyen des distances lunai res. Nous avons cm entendre que la nouvelle methode presentera des avantages reels a la condition du calcul prealable de certaines tables; ces tables existent sans doute et le rapporteur prie l'Academie d'invi- ter le Bureau des longitudes et le Conseil de l'amiraute a se les pro- curer. — M. Jules Cloquet lit les conclusions d'un memoire adresse par M. le docteur Longet. Le savant physiologiste croit avoir de- montre que le sulfocyanure de potassium est un principe consti- tuant normal et constant de la salive de l'homme et des animaux ; que ce sel , qui ne se rencontre dans aucun des autres liquides de l'organisme, peuL toujours etre mis en evidence dans la salive, COSMOS. 263 .nuelles que soient les glandes qui l'aient secretee, quels quesoient l'age lesexe, l'etat de sante de l'individu soumis a ['observation , en faisant reagir sur elle, aprfes qu'elle aete epaissie par un com- jnencement d'evaporation , le perchlorure de fer qui lui commu- nique une couleur rouge de sang. A cette annonce vraiment extraor- dinaire, M. Thenard ne peut se defendre de manifester quelque incredulite. M. Zamminer, professeur a l'Universite de Giessen , avait adresse\ dans la stance du 26 novembre dernier, un memoire sur le mouvement vibratoire de l'air au sein des tuyaux , travail dans lequel il critiquait certaines formules de M. Wertheim et certaines -experiences de M. Masson. M. Wertheim, par l'organede M. Des- pretz, refute les objections dont sa throne avait ete l'objet, et nous savons que, de son cote" , M. Masson n'accepte pas la lecon que M. Zamminer voulait lui dormer. En attendant ces r^ponses , nous reproduirons les conclusions du travail du savant physicien alle- mand, publie de nouveau dans la derniere livraison des Annales de Poggendorff . 1° Les formules par lesquelles M. Wertheim calcule les longueurs d'ondulation effectives des tuyaux cylindriques ou- verts ou fennel , a plein orifice ou avec retrecissemeni de 1'ouver- ture, ne sont pas d' accord avec l'experience. 2°L'ondulation com- prise entre deux ventres, sans interposition de noeud, affirmee par M. Masson , n'existe pas; la methode suivie par le pjpysicien fran- cais l'a empeche de decouvrir le dernier noeud situe" pres de l'em- bouchure. 3° Un tuyau conique ouvert par les deux bouts, donne le meme son fondamental que le tuyau cylindrique dememe longueur; le noeud du tuyau conique correspondant au son fondamental ne se trouve pas a la moitie de la longueur comme dans le tuyau cylin- drique , mais plus pres de l'orifice et a une distance qu'on calcule par une formule assez simple. 4° Quand un tuyau conique donne le ton n de la serie harmomque , tous les ventres de vibration sont a egale distance l'un de l'autre ; il n'en est pas de meme des noeuds ; leurs distances variables surpassent les demi-ondulations des tons correspondantsd'une quantite d'autant plus grande que la conicite est plus forte et quel'on est plus pres du petit orifice du tuyau. 5° Le ton d'un tuyau conique bouche a une extremite , est plus haut ou plus bas que le ton du tuyau cylindrique bouche de meme longueur, sui- vant que 1'extremUe ferm^e est le petit ou le grand orifice du cone; la theorie avait amene a conclure qu'un tuyau conique ferine a la pointe donne le meme ton qu'un tuyau cylindrique ouvert par les deux bouts et de longueur egale ; ce resultat, comme tous 264 COSMOS. ceux qui precedent, sont pleineraent confirme's par l'expe'rience. — M. Dumeril communique une etude nnatomiquo lake en Algeriesurun lion mort, par M. Gustave Dufour, jeune chirurgien militaire de grande esperance ; cette dtude se recommande par la description fidele des organes de la reproduction , et d'une lesion traumatique singuliere determinee par la presence d'une balle. — M. de Senarmont presente de la part de M. Jamin , profes- seur de physique a I'ecole Poly technique , la description d'un nouvel appareil d'interferences et les resultats des premieres expe- riences faites avec cet appareil. Le but que M. Jamin s'est propose' dans ce travail est la solution d'un probleme tres-important et tres- difficile, formula d'abord par Arago. II s'agissait d'amener, sans de trop longs tatonnements, a des conditions d'interferences utiles, deux rayons lumineux partis d'une meme source , mais qui avant d'etre reunis de nouveau out ete separes l'un ce l'autre par une distance de plusieurs centimetres. Fresnel , Arago et M. Babinet out essaye tour a tour de resoudre ce probleme , mais sans aucun succes. u II y avait la, disions-nous dans notre Repertoire d'opti- que moderne, tome Ier, page 154, comme un mystere a approfon- dir, comme un secret cached a decouvrir. - Ce mystere et ce secret desormais n'existent plus , et tout le monde admirera par quel moyen simple et ingenieux M. Jamin a tranche le nceud gordien ; nous donnons plus loin sa note. Disons toutefois que l'un des moyens proposes par M. Babinet s'est montre entre les mains de M. Jamin theoriquement efficace ; on arrivait a faire interferer les rayons d'abord s^pares, puis reunis, mais avec beaucoup de diffi- cultes et pour quelques instants seulement ; la moindre agitation faisait disparaitre les franges d'interference que Ton avait eu tant de peine a obtenir. — M. Chevreul presente un traite- de la fabrication de la porce- laine , traduit du chinois par M. Stanislas Julien , annote par M. Salvetat , et public par la maison Mallet-Bachelier. Nous ren- drons compte tres-prochainement de ce beau et precieux volume. — M. Jobert de Lamballe lit un bon et beau m^moire sur les proprietes du tissu des cicatrices, et I'application de l'antoplastie aux brides. La sensibilite du tissu des cicatrices n'est pas aneantie comme on l'affirmecommunement ; elle n'est que dissimulee ou la- tente ; et ce qui le prouve invinciblement, c'est qu'on la restitue toute entiere en implantant dans le centre de ce tissu un lambeau em- prunte aux parties voisines, et dont on ne d^tachele pedoncule qui lorsque la soudure est complete. Jusqu'ici on n'operait les brides COSMOS. 265 de cicatrisation pour guerir les difformites qu'elles causent que par un allongement tres-douloureux et inefncace; ou par une extirpa- tion barbare. Partant du fait qui precede. M. Jobert a eu l'idee in- finiment heureusede revivifier ces brides, de leur rendre leur sensi- bility, leur contractilite par l'application de l'autoplastie. C'est une nouvelleet importante conquete de la ehimie moderne. Le grand chirurgien donne tous les details d'une observation de ce genre cou- ronne du plus etonnant succes, et qui nous reproduirons bientot. — L'ouvrage de M. Flourens qui a deja eu plusieurs editions, ayant appele" l'attention sur un centenaire anglais qui a vecu cent soixante-neuf ans, M. Babinet, qui avait chez lui une gra- vure representant ce personnage, nomme Jenkins, a mis cette espece de portrait sous les yeux del'Academie. Audire des physiologistes et des sculpteurs, ses traits sont ceux d'un homme de 60 a 70 ans bien conserved Mais comme evidemment le dessin n'a pas ete fait avant que Jenkins ne fut centenaire, car rien d'ailleurs ne recom- inandait un simple batelier a l'attention publique, on peut chercher dans l'ensemble de ces traits quels sont les systemes d'organes pre- dominants qui assurent une grande longevite. Jenkins parait avoir conserve ses facultes morales jusqu'aun age tres-avance, et ila ete' appel£ comme i6moin jure pour des faits qui avaient 140 ans de date. II ^tait bon marcheur et grand nageur; nous avons remarque" sa coiffure pittoresque , son chapeau qui recouvrait la nuque et une partie des egaules semble tout a fait hygienique, et nous nedoutons pas qu'il ne fasse type pour les chapeliers futurs, il serait plus pre- cieux que celui de Fortunatus qui, comme on sait, ne porta pas bonheur a son maitre. Les idees de M. Flourens relatives a la possi- bilite de la plus longue dur^e de la vie humaine , semblent rendues probables par la duree extraordinaire de la vie de Jenkins. Les con- clusions morales de l'ouvrage de l'illustre secretaire de l'Academie des sciences ne sont pas la partie la moins importante de son bel ouvrage, dont nous attendons la quatrieme edition. La longevite de Jenkins est citee en plusieurs endroits de cet ouvrage et prete a cet homme , qui, depuis le deluge, est celui qui a atteint l'age le plus avance, une partie de son interet. L'aspect de la gra- vure nous a paru appartenir au portrait d'un homme musculeux plutot que nerveux, quoique le cerveau semble avoir un develop- pement complet. SOCIETY D'ENCOURAGEMENT, MEDAILLES d'oR DECERNEES. (Suite.) 5° Ardoisieres d Angers. M. Lariviere, gdrant des ardoisieres r^unies d' Angers, a apport£ de grands perfectionnements dans le mode d'exploitation de ces importantes carrieres et dans 1'tHablissement de leurs produits qui rivalisent avec ceux de Stranger ; il a fait adopter dans les cons- tructions les ardoises de grandes dimensions, ce qui est un progres considerable. Elles servent aujourd'hui d'appuis de croisde, de balcon, de couvertures des murs, de dalles, d'incrustations', de caisses a eau, de bordures , de moulures, de chambranles, de che- min^es, de marches pour les escaliers, etc., etc. Ce qui a dte deja fait est un sur garant de ce qui pourra encore etre obtenu plus tard, Les grandes ardoises d'Angers ont vivement excite l'attention a ^Exposition universale, et ce succesest du a l'initiative de M. La- riviere, qui, le premier en France , a fait a la m^canique une large part dans le travail des schistes par Introduction des raboteuses, des grands tours horizontaux et verticaux, des chassis trainants de sciage, des scies circulaires, des polissoirs en fonte, etc., mus par la vapeur. (Rapport de M. Gourlier.) 6° Fabrique de produits ceramiques de M. Fie.illa.rd. La ville de Bordeaux possede un des grands centres de la fabri- cation ceramique francaise. La manufacture de Bacalan, dont les debuts out ete tres-diificiles, occupe aujourd'hui, parmi nos fabn- ques, une place importante. A la faience fine, aux gres, elle a joint laporcelaine dure. D'importantes ameliorations dans l'emploi du combustible, dans les moyens du faconnage , dans les appareils de broyageet de dessiccation des pates, 1'appropriation des fours a faience a. la cuisson de la porcelaine dure au moyen d'un combus- tible mineral, la substitution de la force inintelligente de la vapeur a la force intelligente de l'homme, la moralisation des ouvriers qui resulte de ces derniers progres , tels sont les titres de M. Vieillard, administrates de la manufacture de Bordeaux, a la m^daille d'or que la Societe" d'encouragement lui decerne. ( Rapport de M. Sal- vetat. ) 7° Fabrication de ceruse de MM. Delaunay et Palu. MM. Salvetat, Barreswill et Chevallier avaient ete charges de COSMOS. 267 l'examen d'un nouveau procede de fabrication de la ceruse dans un etablissement fondeen 1830 par M. Palu, etablissement qui est dings' rar MM. Delaunay et Bruzon. lis ont constat^ : 1° que Ton fabrique dans ceite usine de tres- grandes quantity de ceruse , de minium, de mine orange deblanc de zinc, de blanc dit de Saint-Cyr, de ceruse broyeo a l'huile, de blanc de zinc a l'huile, etc. ; 2° que les procedes de broyement , de ventilation , d'incorporation de la ceruse du blanc de zinc a l'huile sont nouveaux et salubres ; 3° que toutes les precautions ont dte prises pour assainir les ateliers et y entretenir une salubrity com- plete ; 4° que la sante" des ouvriers est confiee a un medecin et est constamment surveillee. (Rapport de M. Chevallier.) 8° Fabrication de peluches, par M. Martin. Les peluches franchises, si recherchees sur les marches etrangers, n'ont atteint cette position avantageuse que depuis une vingtaine d'annees. C'est aux effets perseverants de quelques industriels que le pays doit ses resultats, source de bien-etre pour une partie des populations de la Lorraine allemande, de Tarare et de ses environs. La maison J. B. Martin et Petrus Martin s'est placed a. la tete de cette industrie. Kile emploie plus de2 000 ouvriers, transforme an- nuellement 50 000 kilogrammes de soie, 65 000 kilogrammes de coton et produit pour plus de 6 millions de peluches. M. J. B. Martin est I'auteur d'inventions du premier ordre. Au moyen d'un metier a tisser deux pieces de peluches , il a abaisse le prix du tissage de 2 francs 50 centimes a 0 francs 70 centimes le metre ; en meme temps le prix du travail de la journee s'est eleve de 2 francs 50 centimes a 4 francs 20 centimes. Cetie contradiction apparente s'explique d'elle-meme. Un ouvrier par le nouveau sys- teme peut tisser 6 metres par jour, tandis que le metier ordinaire limite son travail a 1 metre dans le meme espace de temps, tout en exigeant plus de soins et autant de fatigue. L'emploi du nouveau metier anecessite des modifications dans la plupart desautres ma- chines ; M. Martin les a realisees avec le meme bonheur. Nous re- grettons d'etre oblige de passer sous silence son ingenieuse trieuse mecanique, qui permet a un aveugle de verifier en un jour la regu- larity et l'uniformite' de titres de 30 000 cannettes. Le temps nous manque aussi pour parler de la machine a eplu- cher, qui delivre les ouvriers du travail penible et dangereux pour les yeux, qui consistait a enlever, un a un, au moyen de pinces les inegalites du duvet et les impuretes laissees par la teinture. 268 COSMOS. Toutes ces machines fonctionnent dans les ateliers de MM. Mar- tin ; plusieurs d'entre elles appai tiennent aujourdhui au domaine public et sont rtfpan dues en France et a l'etranger. Les services hors ligne, rendus a 1'industrie par M. J. B. Martin, le rendent bien digne de la premiere de vos recompenses ; en con- sequence la Societe decerne a cet habile industnel la medaille d'or. (Rapport de M. Alcan.) 9° Mode de montage des metiers a tisser, parM. Meynier. Certains effets varies qui caraeterisent la broderie a la main et la tapisserie, ne pouvaient jusqu'a present etre obtenus par le tis- sage des faconn^s a basses lisses. Sans des complications de mon- tages etune depense considerable qui rendaient ces resultats indus- triellement impossibles, M. Prosper Meynier a qui l'art du tissage devaitdeja de notables perfectionnements, est parvenu, par unmoyen aussi simple qu'ingenieux et economique, a faire disparaitre cette inferiority relative du metier a la Jacquard, et a en augmenter les ressources dans la production de la soierie et des eHoffes pour meubles. La chambre du commerce et les principaux manufacturiers de Lyon ont proclaime" l'importance de ce nouveau procede qui egale au moins tout ce qui a ete fait de plus considerable et de plus pra- tique dans 1'application et 1'exploitation de lamecanique Jacquard. L'Exposition universelle de 1855 a demontre que votre comite des arts mecaniques avait ete seulement juste en declarant que l'in- vention de M. Meynier ferait epoque dans les progres du tissage par les avantages immediats qu'elle presente et par la voie quelle ouvre a l'art si difficile du montage. Des innovations de cette va- leur contribueront a maintenir notre superiorite dans le tissage des etotfes faconnees, ajoutait le rapport de votre comite. (Rapport de M. Alcan.) 10° Appareil plioto-electrhjne de M. Jules Duboscq. L'appareil photo -electrique, invente et construit par M. Jules Duboscq, a deja rendu de grands services a l'etude de la physique, et sert journellement aux demonstrations dans les cours publics des sciences physiques et naturelles ; aussi est-il en usage dans les cabinets de physique , non-seulement en France , mais encore a l'etranger. Cet appareil, dans sa derniere forme, peut en outre etre utile- ment employe dans les circonsiancea oil il est necessaire d'une lu- COSMOS. 269 miere d'un eclat qui ne le code en rien a !a lumiere du soleil ; on peut citer, entre autrcs , l'eclairage pour !es constructions pendant la nu.it, les phares, lessignaux a bord desnavires, etc. Sans doute, il est a regretter que l'emploi de la lumiere electrique comme eclai- rage ait etc trop borne jusqu'ici ; mais il faut s'en prendre au ge- nerateur de lY'lectricite" , a la pile dont la depense est encore trop forte et qui maintient eleve le prix de revient de la lumiere obtenue. (Rapport de M. Becquerel.) 11° Appareil d'induction de M. Rhumkorff. L'appareil d'induction de M. Rhumkorlf a , dep.uis pres de cinq ans, attire l'attention des physiciens et ties ingenieurs, qui ont pu, avec son secours , r^aliser un grand nombre d'experiences du plus haut interet. II a pour but la production d'un courant electrique par induction, dans des circonstances telles que la tension de l'e- lectricite est suffi>ante pour permettn: a des etincelles d'eclater en l'air entre des conducteurs tenus a distance. Cet instrument n'offre pas un interet purement sptaulatif, si Ton considere les services qu'il a deja rendus et ceux qu'il peut rendre a Tart des mines; a la s^curitc et a la facility que presente son em- ploi pour provoquer l'explosiou de la poudre, vient se joindre l'a- vantage de pouvoir oporer simultanement l'inflammation en des points dilferents. Nous sommes heureux a cette occasion de pouvoir feliciter M. Rhumkorff dos soins et de la perseverance qu'il apporte a la pratique de son art, car ce n'est qu'en modifiant et perfectionnant sans cesse ses premiers essais qu'il est parvenu a construire l'appa- reil d'induction , a la construction duquel il a apporte toutes les connaissances d'une personne versee dans l'etude de relectricite" , tous les soins d'un construe teur habile, et qui doit etre considere comme un instrument des plus precieux , non-seulement pour le physicien, mais encore pour l'ingenieur. (Rapport de M. Bec- querel.) 12" Scie a ruban de M. Peiin, M. Perin a reussi le premier a fabriquer des scies a lame sans tin qui ne se rompent pas, ou qui nese rompent qu'apres avoir fait une tres-grande quantite de travail ; il a rendu en outre les repara- tions de ces lames tres-faciles et tres-peu couteuses ; il n'a obtenu cet heureux resultat normal a la fois et pratique qu'au prix d'efforts perseverants et tres-intelligents. Ses scieries a ruban peuvent suivre 270 COSMOS. des courbes qui n'ont pas 5 millimetres de rayon ; elles operent sur des pieces de plus petites dimensions, et sur des masses d'une grande epaisseur; on les a vues debiter des courbes tres-regulieres dans des blocs de 50 centimetres de hauteur. Elles peuvent etre appliquees avec de grands avantages aux ouvrages les plus delicats de l'ebenisterie et de la marqueterie, comme aux travaux les plus lourds des ateliers de modeles pour la construction des machines. Elles ont grandement attire l'attention a l'Exposition universelle. (Rapport de M. Calla.) MEDAILLES DE PLAT1NE. 1° Peinture sur encaustiqne , par M. Dussauce. D'apres les t^moignages les plus honorables et les plus compe- tents, M. Dussauce s'est occupe depuis longues annees et avec fruit des applications de l'art a l'industrie; il a notamment apport6 au procede de la peinture a l'encaustique, principalement pour les com- positions murales et monumentales, des ameliorations importantes en ce qui concerne la beauts, la solidite des fonds et des couleurs, ainsi que la commodite et la salubrite" de leur emploi ; il a leve ainsi les causes d'eloignement que plusieurs artistes avaient conchies a ce sujet, et permis d'esperer de voir a l'avenir ce procede (reconnu favorable par 1 'experience de tant de siecles) employe concurrem- ment au moins avec celui de la peinture a l'huile, commode et facile sans doute, mais qui a resists d'une maniere bien moins satisfai- sante a des experiences incomparablement moins prolongees Les travaux de M. Dussauce ont ete hautement apprecics et re- compenses par le Jury de l'Exposition universelle. En consequence , vos commissions des Beaux-Arts appliques et des recompenses, ainsi que le Conseil, ont ete" d'avis de decerner a M. Dussauce votre medaille de platine. (Rapport de M. Gourlier.) 2° Porcelaine tetulre de M. de Bettignies. La porcelaine tendre appliquee a. la confection des objets d'art est une poterie tres-difficile a faire. M. Brongniart, si bon juge en pareille matiere, a dit qu'il fallait plus de genie pour cre'ercette po- terie que pour decouvrir la porcelaine dure. M. de Bettignies est le seul des fahricants francais qui, de nos jours, ait cherche par de per- severants efforts a reproduire le vieux Sevres qu'il a pris pour type. Les pieces qu'il livre a la decoration se distinguent par des dimen- sions considerables et par des qualites qui vont s'ameliorant tous les jours. (Rapport de M, Salvetat.) COSMOS. 271 3° Machine a confectionner les sacs de M. Breval. Bien que l'industrie des sacs en papier semble ne pouvoir se pro- duce qu'avec une certaine modestie et ne devoir etre recompense qu'avec reserve et parcimonie, la Societe cependant n'a pas hesite a decerner a l'auteur de cette machine l'une de ses plus hautes dis- tinctions. C'est que dans ses decisions, la Societe d'encouragement ne consulte que le merite de l'objet qui lui est soumis, et dans le cas present, elle le proclame avec une pleine et entiere satisfaction La machine de M. Breval a le double merite de realiser une tres-no- table amelioration dans le produit fabrique en meme temps qu'un abatement dans le prix de revient, et, ce qui est plus rare encore, d ennchir la mecanique d'organes entitlement nouveaux. 4° Jppareils telegraphiques de surete de M. Regnault . Les nouveaux appareils telegraphiques imagines par M Re- gnault ont pour but : 1° De transmettre d'une station de chemin de fer a la station voisine un signal indiquant qu'un train vient de quitter la station et s engage sur la voie dans une direction donnee, signal qui reste per- manent et visible a tous, aux deux stations de depart et d'arrivee jusqu a ce qu'il soit efface par le chef de la station d'arrivee au mo- ment ou le train annonce va la quitter pour continuer sa route 2° De transmettre des demandes de secours , de points etablis sur la hgne a des intervalles de 4 kilometres l'un de l'autre a la station de depot la plus voisine,. Les combinaisons qu'il imagine reunissent les conditions de facilite et d'exactitude dans la transmission, et de simphcite dans les signes transmis, auxquelles doivent satisfaire les systemes telegraphiques d'un usage courant sur les chemins de fer (Kappport de M. Combe.) 5° Four aerothenne de M. Caiville. Depuis 1849, M. Carville s'est applique a la solution du pro- bleme de la cuisson economique du pain dans les fours a air chaud ou le combibUble et les produits de la combustion ne se trouvent jamais en contact direct avec la sole du four soit avant, soit apres 1 enfournement des pains. Obtenir une cuisson reguliere et uniforme dans une moufle qui re9oit les pains, et cela en employant les com- bustibles les plus economiques, et en attenant beaucoup les pertes de chaleur, tel est le but que s'est propose M. Carville et auquel il 8 est voue avec une perseverance d.gne d'eloges. Apres de nom- oreux essais, i! est ;,rnve a etablir des fours qui depuis quelques annees out fonctionue avec succes. (Rapport do M. Leblanc.) PHILOSOPHIE DES SCIENCES, CONSEQUENCE DE LA NEGATION DE LA POSSIBILlTE DU MOUVEMENT PERPETUEL, PAR M. AVILLIAM GROVE. Leron faite a [Institution royale de Londres. le 25 Janvier 1855. {Suite et fin. — foycz p. 224.) Une des plus grandes difficultes qui se sont presences a l'esprit de M. Grove, relativement a la theorie de Carnot, est nee de l'ana- logie et du rapprochement avec les theories recues de l'electricite^ On peut citer plusieurs cas dans l^squels on ne suppose pas qu'il y ait de l'electricite perdue, et oil cependant il y a production d'un certain effort mecanique. Si, par exeinple, une balle ou pendule electrique oscille entre deux conducteurs electrises , l'un positive- ment, 1' autre negativement, aucune de rios theories electriques ne nous conduit a penser qu'il y aura quelque difference dans la quan- tity actuelle d' electricity transported ou mise en jeu, si le pendule vient a etre attache a un levier qui imprime le mouvement a une roue ou produise un autre effet mecanique. En preparant sa lecon, M. Grove a eu l'idee d'une experience, qu'il n'a encore realisee qu'avec des appareils imparfaits, qui devra par consequent etre repetee; mais qui telle quelle est semble venir a l'appui des conclusions deduites de l'impossibilite du mouvement perpdtuel, et prouver que partout oil l'electricite produit un travail mecanique effectif ou qui ne revient pas a la machine, il y a perte de pouvoir electrique. Cette experience se fait de la maniere suivante : Une grande bouteille de Leyde est en communication par son armature interieure avec un electrometre de Cuthbertson ; entre 1'electometre et l'armature exterieure de la bouteille on installe une paire de boules dechargeantes ; entre la grande bouteille de Leyde et le conducteur principal de la machine electrique on installe une autre petite bouteille de Leyde, qu'on peut appeler bouteille unite, parce quelle sert a jauger en quelque sorte l'electricite dont se charge la grande bouteille. Cela pose, on fixe la balance de Telec- tometre par un fil rigide interpose entre les boutons attirants, et Ton charge la grande bouteille de Leyde par une serie de decharges dela bouteille unite. Apres un certain nombre de decharges, 22 dans 1' expedience faite en public , la grande bouteille se decharge a son tour a travers l'intervalle qui separe les deux boules dechar- geantes. Cette decharge, a la distance etablie, peut etre consider^e comme une expression du pouvoir electrique recu par la grande bouteille de la bouteille unite. COSMOS. 273 On repete ensuite 1'expeVience apres avoir retire" le fil rigide entre les boutons attirants ; par la meme le trebuchement de la balance et l'elevation du poids sont determines par l'attraction electrique des deux boutons mobiles, de sorte que dans cette disposition un cer- tain travail mecanique intervient ; or apres que la grande bou- teille, par le meme nombre de d^charges de la petite , avait recu la meme quantity d'electricite que dans la premiere experience, la ba- lance trebuchait, l'un des boutons mobiles allait trouver l'autre, mais il n'y avait plus de ddcharge de la grande bouteille a travers l'intervalle qui separait les deux boules dechargeantes en rapport avecles armatures, ce qui prouve qu'il y avait quelque electricite perdue ou convertie dans le travail me'canique qui avait faittrebu- cher la balance et elever le poids. Dans un autre mode d'interpretation de ce fait, on pourrait dire que l'electricite a 6t6 masquee, qu'ellea ete amenee a un etat ana- logue acelui de la chaleur latente, mais quelle reparaitra ou sera restituee, si Ton ramene les deux boutons a leur position d'^qui- libre, sans decharge, a l'aide d'une force exterieure. Cette experience a reussi dansun si grand nombre decas, elle est si conforme a la theorie, que, malgre" les imperfections del'appareil, M. Grove la regarde comme tres-concluante. II est d'ailleurs tres- difficile de comprendre comment, si les decharges et les autres effets electriques etaient les memes dans les deux cas , si l'dlevation du poids, qui est un travail exterieur et tel que le poids en retombant peut engendrer de l'electricite ou une nouvelle force, avait lieu sans perte, nous ne tomberions pas dans I'impossibilite de la force pro- duite de rien, ou du mouvement perpetuel. L' experience que nous venons de decrire est neuve , et peut inettre sur la voie d' experiences semblables qu'on pourra varier a I'innni. Ainsi, deux balles que Ton amenera a diverger sous l'infiuence de ^l'electricite , ne transmettront pas a l'eiectrometre la meme quantiteM'electricite que si pendant qu'on les electrise on les em- peche de diverger; cette experience peut etre faite avec la ba- lance de Coulomb. Les experiences electriques dece genre ont, si on les compare aux experiences semblables faites sur la chaleur, un avantage assez con- siderable , c'est que quoiqu'on ne puisse pas isoler parfaitement l'electricite, on l'isole ceperulant beaucoup mieux qu'on ne peut le fairepour la chaleur. On peut appliquer a d' autres forces les memes raisonnements que nous venons de faire en ce qui concerne la chaleur et l'electri- 274 COSMOS. cite\ et, dans son essai sur la correlation des forces physiques, M. Grove a considers plusieurs cas semblables. Dans la suite de sa lecrm, il discute diverses objections qu'on peut opposer a cette maniere d'envisager les faits, deux entre autres, formidables en apparence, et que M. Matteucci a publiees il yaquelques annees dans un memoire imprime dans les Archives des sciences physiques, vol. iv, p. 360. M. Matteucci, physicien celebre, cite ce fait qu'une pile vol- taique, employee a decomposer l'eau dans un voltametre, en meme temps que le courant quelle produit circule autour d'un electro-ai- mant et le rend actif, donne, dans le voltametre, un equivalent de gaz ou de substance decomposed pour chaque equivalent de decom- position chimique au sein des auges, absolument comme si le cou- rant n'agissait pas sur l'electro-aimant. En reponse a cette objec- tion, on peut dire que dans les circonstances oil l'experience est faite d'ordinaire, la pile est composed de plusieurs elements, et que par consequent il y a au sein des augos beaucoup plus de force engendree qu'il n'y en a de mise en evidence par leseffets produits dans le voltametre. De plus, alors meme que l'electro-aimant n'est pas interpose dans le circuit, ce circuit n'en est pas moins sur tout son parcours le siege d'une force magn^tique; les fils par exemple qui unissentses poles attirent la poussiere de fer, font devier les aiguilles aimantees, etc. Une petite portion de la force est absor- bed par le noyau metallique de l'electro-aimant alors qu'il devient aimant ; mais cette absorption de force cesse lorsque lefer est cons- titute a l'etat d'aimant ; ce fait aete mis en evidence par des obser- vations re"centes de M. Latimer Clarke, repetees, confirmees et etendues par M. Faraday. On peut comparer l'electro-aimant a un poids soulevepar une poulie, poids qui epuise de la force pendant qu'on le eoulcve, mais qui une fois souleve restitue ou rend libre la force qu'il avait absorbce, et que Ton peut employer a d'autres usages. Si on faisait usage d'une pile a un seul element, juste assez puis- sante pour decomposer l'eau, mais rien de plus, cette pile certaine- ment cesserait de decomposer l'eau, si on l'obligeait a aimanter.un electro-aimant : s'll en etait autrement, si la decomposition de l'eau dans le voltametre etait 1'expression ou l'^quivalent de la force en- tiere engendree dans les auges, et quele courant produisiten outre la force magnetique de l'aimant, cette derniere force serait engen- dree de rien, et le moiivement perpetuel serait realised Dans un autre cas cite" par M. Matteucci, il arrivait qu'un morceau de zinc dissous dans 1'acide sulfurique donnait un peu COSMOS. 275 moins de chaleur lorsqu'il etait seul que lorsqu'il etait attache a un fil de platine et qu'il se dissolvait dans la meme quantite d'acide. L'objection se formule ainsi. Puisqu'i! y a plus d'electricite produite dans le second cas que dans le premier, il devrait y avoir moins de chaleur engendree. Voici la reponse : Suivant les theories revues, la chaleur est le produit du courant electrique, et comme par suite de Timpureteduzinc, T electricite est engendree dans le premier casmo- leculairement, par 1'effet de ce qu'on appelle une action locale, sans cependant que cette electricite circule dans une direction gene>ale ou commune, il doit y avoir a la fois plus de chaleur et d'electricite* dans le second cas que dans le premier , parce que la chaleur et "'electricite dues a la combinaison volta'ique du zinc et du platine viennent s'ajouter a celle qui nait a la surface du zinc ; le zinc aussi, dans le second cas, doit se dissoudre plus rapidement; or c'est ce qui a lieu en effet. M. Matteucci cite plusieurs exemples de ce genre d'anomalies, et on pourrait en imaginer beaucoup d'autres. Quoiqu'il soit difficile, sinon peut-etre impossible de restreindre Taction dune certaine force donnee a la production d'une autre force et a la production de cette seule force, cependant si la tota- lite d'une force, de Taction chimique, par exemple, est supposee employee a produire son equivalent entier d'une autre force, de la chaleur, par exemple, des lors comme cette chaleur est capable de reproduire a son tour Taction chimique et de la reproduire en quantite egale a la force initiale ou a Taction chimique, ou en quan- tite qui n'en differe qu'infiniment peu ; si cette chaleur pouvait en- gendrer en meme temps et independamment une autre force, le magnetisme, par exemple, nous pourrions, en ajoutant cette nou- velle force convertie a son tour en chaleur, a la chaleur produite immddiatement, obtenir plus que Taction chimique primitive, en creant de la force ou en realisant le mouvement perp^tuel. L'impossibilite du mouvement perpetuel devient ainsi un moyen precieux d'epreuve ou de controle , qui nous permet de discerner dans chaque experience jusqu'a quelle approximation nous avons obtenu d'une force naturelle donnee la quantite totale de puissance quelle etait en elle-meme capable de produire ; elle sert aussi, lorsqu'un nouveau phenomene naturel est decouvert, a nous mettre a meme de nous assurer jusqu'a quel point ce phenomene peut etre mis en rapport avec les phenomenes connus auparavant. Ainsi lors- que Moser eut decouvert que des metaux dissemblables impri- anent mutuellement leur image tres-deliee sur les inegalites de icurs surfaces ; que, par exemple, un coin de cuivre plac6 sur une 276 COSMOS. plaque d'argent polie, meme au sein de l'obscurite, laisse apres un temps assez court sur la plaque d'argent une impression du dessin qu'elle porte ; M. Grove comprit immediatement que puisque cette experience manifestait l'existence d'une radiation physique entre les deux metaux, on pouvait y trouver la raison des phenoinenes produits au contact dans les experiences de Volta, sans etre reduit a admettre la production d'une force sans consomption ou sans changement de la matiere qui la fait naitre. Cette reflexion con- duisit M. Grove a examiner de plus pros les effets resultant du rap- prochement intime, sans contact metallique, des deux disques de zinc et de cuivre ; et il trouvaque les disques ainsi rapproches, puis rapidement separes , affectaient l'electrophore absolument comme s'ils avaient £te amends au contact. Sans conduire a une opinion sur Ja nature des radiations qui sont en jeu dans les phenoinenes de M. Moser, cette experience ecarte les difficultes que les experiences de Volta faisaient naitre contre la th^orie chimique de l'electricite. PS. Cet article etait sous presse, lorsque nous avons re9u de M. Matteucci la lettre suivante : « Pise, 4 mars 1856. Je vois par un article tres-savant et tres- instructif que vous avez commence sur une lecon de M. Grove, que vous serez peut-etre entraine a parler d'une petite note que j'ai pu- bliee, il y a 16 ans, dans les archives de M. De la Rive ; or , per- mettez-moi de vous rappeler, comme je le fais a M. Grove, qu'ily avait seize ans on connaissait a peine les recherches de MM. Seguin et Joule; on n'avait encore aucune idee nette de la theorie dyna- mique de la chaleur. Les experiences d^crites dans ma note sont exactes, mais malheureusement elles ont eternal interpreters. J'au- rais desire que M. Grove ne parlat pas de cette interpretation; et je vous exprime le meme desir; vous verrez dans peu de temps que mes veritables opinions ne sont pas celles qu'on pourrait m'at- tribuer d' apres cette note. Quoique nous manquions encore d'ex- periences qui prouvent qu'il en est de l'electricite comme de la cha- leur et de la force vive ; cependant alors meme que la quantite de zinc dissoute dans la pile resterait la meme , malgre l'aimantation duferdoux cela ne prouverait rien contre la theorie, ainsi que je l'avais cru, parce que cette aimantation n'est pas un travad : ce quil importe de savoir, c'est si dans les experiences oil le courant est employe a. produire du mouvement, il y a diminution de la cha- leur, ou plus de zinc dissous dans la pile; la tht-orie veut qu'il en soit ainsi, 1' experience confirmera sans doute ses previsions. » F. Moigno. OPTIQUL NOUVEAU REFRACTEUR INTERFERENTlEr, DE M. JAMIN. Le refracteur interferentiel, construit pour Arago, par MM. So- leil etDuboscq, a l'inconvenient de ne pas assez separer les rayons interferents, et de donner des franges par trop mobiles; s'il dtait possible de faire interferer deux rayons tres-ecartes, de leur faire produire des franges tres-dilatees, et de les rendre parfaitement fixes , on obtiendrait un instrument qui pourrait rendre a la phy- sique de tres-grands services. Je crois avoir resolu ce probleme avec beaucoup de simplicity. L'instrument que je vais decrire est une application du pheno- mene connu sous le nom d'anneaux des lames epaisses. Je prends une glace parallele dont l'epnisseur est quelconque, et qui doit etre tres-pure; je la coupe en deux parties ; je fixe la premiere sur un support, et je recois sur elle uu feisteau de rayons paralleles. L'un de ces rayons considere en particulier se decompose en une serie de pinceaux reflechis , le premier a la premiere surface , le second a laseconde, le troisieme apres trois reflexions interieures, etc., ils sor.t tous paralleles, ils ontdes intensites qui decroissent avecle nombre de reflexions, de fac;on que Ton peut ne considerer que les deux premiers. Ces deux rayons sont ecartes l'un de l'autre , dune quantite qui croit proportionnellement a l'epaisseur de la lame, qui sera ou aussi petite ou aussi grande qu'on le voudra. Ces deux rayons se propagent dans fair : on les recoit a une distance quel- conque sur la seconde moitie de la surface coupee en deux, et que Ton dirige parallelement a la premiere : alors chacun des deux fai- sceaux se reflechit a la premiere et a la seconde surface de la glace ; le rayon primitif s'est partage en quatre rayons. Mais il est evi- dent que deux de ces rayons se sont superposes ; ce sont 1° celui qui a ete reflechi aux surfaces anterieure de la premiere lame et posterieure de la seconde ; 2° celui qui a ete reflechi aux faces pos- terieure de la premiere glace, et anterieure de la seconde. Ces rayons ne se superposent pas seulement en direction, ils sont de plus egaux en intensite , ils ont parcourules memes epaisseurs d'air •et de verre, ils sont concordants. II y a done deux rayons qui ont ete reflechis par la premiere glace, qui sont paralleles et distants l'un de l'autre d'une quantite quelconque, et qui par leur reflexion sur une seconde lame se superposent exactement et redeviennent concordants. Si les deux lames, au lieu d'etre exactement paralleles, s'inclinent 278 COSMOS. Tune sur l'autre d'une quantite croissante, les deux rayons inter- ferents ne se superposent plus exactement. Quand on suitavec de- tail la marche des rayons, on reconnait que Ton doit, en recevant dans l'ceil 1' ensemble des rayons r^flechis sur la seconde lame, voir des franges paralleles, alternativement brillantes et obscures. L' experience aussi bien que la th^orie montrent que les franges peuvent etre horizontales, ou verticales, ou inclines, avoir unelar- geur variable a volonte, etre tres series ou dilate"es, et donner, si on le veut, des teintes plates. II n'est pas n£cessaire de limiter le faisceau incident, on peut rece- voir sur la premiere glace la lumiere des nu£es, regarder a l'ceil nu le faisceau r^fldchi par la seconde lame, et Ton voit l'image qu'elle donne sillonn£e de bandes d'interfeVence , absolument comrne on voit les anneaux colores dans toute l'e'tendue du champ de reflexion des lentilles de Newton. C'est done la un phe"nomene d'interferences dont la production n'exige ni fente e'troite bien orientee, ni loupe pour apercevoir les franges, ni aucune des precautions minutieuses que ndcessite l'emploi des autres appareils. Ces franges sont d'ail- leurs aussi dilatees qu'on le veut, et d'une fixite" extraordinaire, due a la parfaite solidarity des deux surfaces r^fiechissantes dans chaque lame ; elles r^sultent de la superposition des rayons separes, dans l'intervalle compris entre les deux miroirs, d'une quantite" qui de- pend de l'epaisseur des lames, et qui peut augmenter indefiniment. Voici maintenant les applications que Ton peut faire de cet ap- pareil. On peut faire tomber sur la premiere glace un faisceau de lumiere parallele convenablement diaphragms" qui se dedoublera en deux faisceaux refiechis a la premiere et a la seconde surface ; on fera passer chacun d'eux dans deux tubes paralleles de longueur quelconque ; ils se superposeront apres la reflexion sur la seconde lame et donneront des franges : si on fait varier la nature ou l'elat physique des milieux rdfringents contenus dans les tubes , on d£- placera les franges ; cet appareil remplacera done le refractometre interferentiel d'Arago, si habilement construit par M. Soleil ; et comme il donne des franges tres-larges ou des teintes plates, abso- lument fixes , il offrira sur le premier des avantages notables. Mais ce qui distingue sptScialement cet instrument, c'est l'emploi qu'on en peut faire avec une facility extreme dans des recherches tres-imporlantes. On peut placer sur le trajet des rayons interferents entre les deux miroirs une lame rectiligne quelconque au sein d'un milieu liquide ou gazeux, de telle sorte que l'un des rayons interfe- rents rase la lame, tandis que l'autre en soit eloigne" ; et si une mo- COSMOS. 279 dification physique ou chimique s'est produite au voisinage de la lame, elle sera revere par un defacement des franges au contact de l'ombre projetee par le corps opaque. Je vais citer sommairement quelques exemples qui seront deVe- loppc% dans des memoires sp^ciaux. I. On place sur le trajet des faisceaux une auge a faces paral- lels, pleine d'eau, on y plonge des lames solubles; au moment de leur immersion, il y a une diminution dans la vitesse de la lumiere qui raseleurs bords, puiselles deviennent neutres, a moins qu'elles ne soient attaquees chimiquement par l'eau ; c'est ainsi que l'on voit se dissoudre dans ce liquide le zinc, le plomb et le fer quand l'eau est ae><*e. Dans d'autres dissolutions, certains corps augmentent certains autres diminuent la vitesse de la lumiere a leur contact ; ainsi dans le sulfate de zinc la vitesse de la lumiere est augmented au contact des metaux qu'on y plonge. Ces actions sont ties- variables, et dependent de la nature des corps immerges et de celle des dissolutions. II y a la un moyen de reconnaitre les actions chimiques les plus faibles. II. Quand on fait passer un courant electrique dans une dissolu- tion quelconque, l'electrolysation change la densite et la vitesse de la lumiere au contact des Electrodes ; dans le sulfate de cuivre, par exemple, ]& densite augmente au pole positif et diminue au'pole negatif. L'appareil offre un moyen de reconnaitre les changements dans la nature des liquides pendant la decomposition electrique. III. La moindre augmentation de temperature est accused par une modification des franges ; par exemple, un courant de l'appa- reil de Rhumkorff, arme par un seul element de Bunsen, augmente presque instantanement la temperature de l'eau qu'il traverse, si cette eau est pure ; l'augmentation est nulle, si cette eau est rendue conductrice. IV. Quand on plonge clans du sulfate de fer les deux armatures d'un electro-aimant, reunies presque jusqu'au contact et qu'on fait passer le courant, il y a a l'instant meme un changement dans la nchesse de la solution de fer ; le sulfate est attire" par les poles et s'y condense, et l'eau en est repoussee ; cette modificaton est accu- see par la transformation des franges. V. On place dans une solution saline saturee un cristal deja forme du meme sel; il attire le sel a une distance notable et con- centre la solution ; mais au contact meme la solution s'appauvrit , et les molecules se reunissent au cristal. II y a la un moyen de suivre le phenomene de la cristallisation. 380 COSMOS. La figure ci-jointe donnera une idee tie la disposition adoptee par M. Jamin. AB, ED sont les deux plaques epaisses , ou miroirs de sir David Brewster, installees parallelement comiue dans l'analy- seur de M. Delesenne. Le rayon incident arrive en SI, se divise en deux faisceaux ; le premier faisceau SICDEF se reflechit en I, ar- rive en C, penetre en se refractant dans la seconde lame, se refle- chit en 0 a la seconde surface, vient en E, et sort en se refractant suivant EF. Le second faisceau SIABEF penetre dans la premiere lame, se reflechit a la seconde surface en A, vient en B, sort en se refractant, arrive en E, se reflechit a la premiere surface de la se conde lame, et sort suivant EF reuni au premier faisceau ; on re- garde dans cette direction. TT sont les deux tubes interposes sur le trajet des rayons. A. TRAMBLAY, proprictai e-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remqket et Cie, rue OUBUrtttra, 5. T. VIII. 21 MARS 1856. CINQUIBME ANNBE. COSMOS- IOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Le Verrier a annonce" a l'Academie que , d' accord avec M.Chacornac, il avait donne a la trente-neuvieme petite planete le nom de Lcetitia. — MM. Charles Daubeny, president elu, colonel Sabine, secre- taire general, Philipps, secretaire general adjoint, nous annoncent que l'Association britannique pour l'avanceinent des sciences tiendra sa vingt-sixieme reunion a Cheltenham, et que les stances com- menceront lemercredi, 6 aout. Place, dit la circulaire , au centre d'un district interessant , a un haut degre, par la beaute pittoresque de ses sites , par la richesse et la variete" de ses produits naturels, Cheltenham , en combinaison avec Glocester et Cirencester , offre d'amples ressources d'organisation pour les reunions des sections, et promet aux membres de 1' Association ainsi qu'aux nobles visi- teurs une confortable hospitality. — Une circulaire deM.de Caumont, president, nous apprend que le congres des delegues desSocietes savantes des departements ouvrira sa session de 1856 , lundi prochain , 24 mars , a 2 heures, dans les salons de la Soci^te d'encouragement, rue Bonaparte, 44. On continuera d'examiner quels sont les travaux dont les Soci^tes academiques des provinces doivent s'occuper, et quel est le meilleur plan asuivrepour la realisation de ces travaux. On prendra con- naissance des memoires qui seront pr^sentes dans les differentes branches de l'agriculture , des sciences naturelles et des sciences historiques. Messieurs les delegues seront invites a donner des ren- seignements sur les travaux personnels des homines studieux et a faire connaitre toutes les publications en cours d'execution dans la circonscription academique dont ils sont les repr^sentants au congres. Parmi les questions soumises au congres nous signalerons les suivantes : Quels progres les sciences physiques et naturelles ont- elles faits en 1855 1 Quels ont ele en 1855 les progres de l'agri- culture et des interets qui s'y rattachent? La mecanique agricole a-t-elle produit a l'Exposition universelle un grand nombre de nou- 11 282 COSMOS. veaux instruments utiles? Quelle a ete l'influence de l'Expositiorr universelle sur le progres de l'industrie et des arts? Quels sont les meilleurs systemes de boulangerie mecanique; quels efforts faut-il faire pour introduire ces systemes dans le but de simplifier le tra- vail et d'obtenir les aliments de premiere necessite" a bon marche?... Contrairement a certains prejug&s populaires, M. Gomart dt5mon- trera que la culture des plantes industrielles, colza betteraves, etc., aaugmente la production du ble partout ou elles out etc introduces. On traitera des nouveaux procedes de gravure et d'impression, et des services qu'ils peuvent rendre ppur la multiplication des figures a bon marche dans les publications scientifiques ; tissiero- graphie, helioplastie, impressions photographiques, ere. Des communications importantes seront faites par M. Payen et plusieurs autres membr.s de l'lnstitut de France. — M. Trouba.t de Thoissey, Aisne , apporte a la Sociele- d'en- couragement, avec une conviction entiere , un moyen qu'il declare absolument efficace d'empDcher la coulure des vignes, et qui aurait pour 25 de nos de^partements une importance immense. Dans l'opi- nion de la plupart des agronomes , la coulure de la vigne serait produite par les irregularites de la temperature pendant la floraison ; ils affirment qu'une matinee suivie d'une soiree tres-humide, que des jours trop chauds ou trop froids, trop sees ou trop pluvieux, aa moment de la fecondation, sont les causes normales de la destruction du fruit de la vigne. Suivant M. Troubat ce serait une grande er- reur ; les causes de la coulure exerceraient leur action, non pendant la floraison, mais pendant les quinze ou vingts jours qui la pre- cedent. Sous l'influence des froids de lanuit, du jour, des pluies, tres-ordinaires a cette epoque de Tann^e, les jeunes bourgeons restent stationnaires, les grappes a peine d^veloppees sont languissantes, faibles , racornies , elles arrivent a la floraison dans ces conditions mauvaises; les organes sexuels mal developpes, a leur tour, s'affais- sent avant d'avoir eu la force de se feconder, et la coulure a lieu presque infailliblement. Si 9a et la quelques grappes echappent a la sterilite generale et nouent , le raisin reste a l'etat de verjus et tombe. Si la floraison devenue tardive ne se produit qu'apres la cessation des temperatures anormales et froides, la coulure est encore presque inevitable. La seve, trop longtemps contraries, emprisonnee, s'e- chappe alors avec une si grande activite quelle ne suit plus que les lignes verticales; com me le p^doncule de la grappe s'est crispe pendant les froids, et forme un angle aigu avec le rameau qui la COSMOS. 283 porte, la sdve dans son elan ne peut pas entrer dans la grappe, qui reste privee de nourriture, les pistils et les diamines avortent ou languissent sans pouvoir opdrer la fecondation. Cette explication ou cette appreciation des causes de la coulure est eminemment raisonnable ; a ce mal desormais bien connu dans ses causes voici le remede : Dans les annexes exceptionnelles et dans toutes les autres, pour empecher la coulure, aussitot apres que les grappessont bien appa- rentes , douze jours au moins avant la floraison , il faut faire la section de l'extrdmite des bourgeons fructiferes. Cette operation est necessaire et elle suffit, car la sdve alors est repercutee ou ren- voy£e dans les grappes ; elle les nourrit abondamment, determine leur floraison dans des conditions meilleures , et leur fait franchir sans encombre la crise qui les aurait comme aneanties. M. Troubat ajoute, qu'avec son procede entre dans la praticjue r£guliere et normale , on assurera non-seulement une production plusreguliere, mais des recoltes beaucoup plus abondantes. N'ayant plus a redouter la disette, le propridtaire taillera sa vigneavec plus de sagesse et d'economie ; il ne laissera aux coursons que les bou- tons a fruit absolument necessaires ; les sarmentssur lesquels devra porter la taille de l'annee suivante seront plus vigoureux, plus aoutes, plus aptes a la fructification ; les boutons principaux seront moins disposes a rester endormis. La decouverte de M. Troubat date de 1816 et elle a ete pleine- ment confirmee par toutes les experiences comparatives qu'il a faites depuis cette epoque. — Un probleme presque aussi important que celui de la preser- vation des vignes, occupe en ce moment l'attention publique; il s'agit de la conservation des bles dans les silos. Ce probleme a ete serieusement etudie par M. le docteur Herpin, et nos lecteurs nous sauront gre, d' analyser avec quelque Vendue sa solution conscien- cieuse que les comptes rendus de l'Academie des sciences ont horri- blement mutililee. Les silos sont des reservoirs souterrains qui renferment les bl£s a. l'abri de la lumiere et de l'air, dans une atmosphere aussi desoxy- g^nee que possible, a une temperature relativement ba?se, dans des conditions propres a empecher la fermentation et la reaction des ^ldments du grain , a suspendre ou a detruire la vie des insectes destructeurs. Ce moyen de conservation reussittres-bien enEspagne et en AlgeVie, il echoue presque toujours en France. A quoi tient cette difference? Personne avant M. Herpin n'avait affirme avec 28& COSMOS. autnnt de conviction qu'elle tienta la nature meme et a la quality dcnos bids, a leur composition chimique, ou mieux a la trop grande proportion d'eau qu'ils contiennent naturellement et qu'ils conser- vent meme apres qu'ils ont dtd sdchds a l'air et au soleil. En effet, tandis que lea bids d'Espagne et d'Afrique contiennent de 8 a 10 pour cent d'eau naturelle, les bids de France commercialement sees en contiennent 15 ou 20 pour cent, etplus encore. Ce n'est qu'autant que par une dessiccation artificielle , par etu- vage, par absorption, ou autrement, on leur a enlevd cette humiditd essentielle que Ton peut songer a conserver les bles francais clans des silos. Sdchds a l'air et au soleil , renfermds dans des flacons hermetiquement bouchds, et quoique soustraits a. l'humiditd extd- rieure, nos bids ne tardent pas a moisir et a se gater. Renfermds au contraire dans les memes flacons avec une quantite suffisante de substances absorbantes ou avides d'eau, l'argile calcinee, la chaux vive, le platrecuit, le chlorure de calcium, etc., substances que Ton a soin de renouveler quand elles sont devenuos humides , ces bles se conservent tres-longtemps, sans traces aucunes de moisissure , de mauvais gout, d'altdration ; les charencons, l'alucite, les autres in- sectes, ne trouvant plus dans l'air absolument desseche , et dans le grain l'humiditd ndcessaire a leur existence ou a leur ddveloppe- ment, perissent ou avortent. On s'est done trompe" jusqu'ici en songeant uniqueinent aux moyens de soustraire le bid renferme dans les silos souterrains a Taction de l'humiditd extdrieure, sans se preoccuper avant tout de le soustraire a 1' influence deletere de sa propre humiditd. M. Doyere a beaucoup comptd sur ses grands rdservoirs en tole, noyds dans une maconnerie en betons; pour M. Herpin, ces rdci- pients de mille hectolitres et plus sont d'abord une chimere, une impossibilitd en raison des mille causes de destruction qui conspi- rent contre leur existence; et, en les supposant possibles, ilsseraient en outre completement irrationnels. Car, de meme que le grain se gate dans un vaisseau permeable a l'air par l'eflet de l'humiditd exterieure ; il se gate dans un vaisseau impermeable par l'effet de son humidite propre qui n'a pas d'issue, a moins qu'on ne lui ait enleve son exces d'eau, et qu'on ne le maintienne pendant sa prd- sence au sein du silo dans un dtat de siccite intime. On obtien- dra ce rdsultat : 1° En dessdehant fortement les parois interieures du silo jusqu'a une dpaisseur considdrable, de 60 centimetres a un metre, en garnissant son fond d'une couche de platre cuit et pulve*- rise, de chaux ou d'argile calcaire de 2 a 3 decimetres d'dpais- COSMOS. 285 seur, recouverte par un faux fonds en bois; 2° en mena°-eant a sa partie superieure on dans son col un espace d'un metre de hauteur, de 50 a 60 centimetres de diametre occupe par une ca°-e a claire-voie remplie des memes substances absorbantes ou d'autres plus avides encore, le chlorure de chaux, par exemple, au com- mencement du moms. — Dans une lettre datee du 24 decembre dernier, et que nous regrettons vivement de n'avoir pas analysee plus tot, notre noble ami M. Haidinger s'etonnait que M. Patera, professeur adjoint a l'Ecole des mines de Prysibram , et homme de science avant tout, se trouvat designe sur le catalogue des recompenses de l'Exposi- tion universelle comme simple employe" des mines d'argent et recut une mddaille de collaborateur de seconde classe , qui semblait le ranger parmi les simples ouvriers. Que M. Haidinger serassure, la qualification de collaborateur n'a rien de deshonorant, alors surtout qu'elle se trouve associe'e aux noms des Chevreul, des Faraday, des Airy et de tant d'autres illustrations scientifiques. Ce qui nous e'tonne, nous, c'est qu'alors qu'on devait a M. Patera un procedd de transformation sur une grande echelle et avec une economie enorme du minerai d'urane des mines de Joachim's Thall (honore'es d'une medaille de premiere classe) en jaune d'urane, dont le com- merce, l'industrie et les arts tirent deja un immense parti , on ne lui ait accorded qu'une medaille de bronze. Tout lui appartient cepen- dant dans la nouvelle fabrication , direction et organisation des ,tra- vaux, procede" chimique, succes, etc. Au reste, M. Patera a noblement pris sa revanche, il a de nou- veau illustre' son nom , en de"couvrant une methode entierement nouvelle de traitement des minerals d'argent nickelliferes et cobal- tiferes de Joachim's Thall ; nos lecteurs compdtents noiis saurontgre de leur faire connaitre cette methode. On commence par griller le minerai au sein d'une atmosphere de vapeur d'eau; on traite le r6sidu a chaud dans des cuves de bois par l'acide sulfurique etendu d'eau, avec addition d'acide nitrique; la presque totalite de l'ar- gent , du nickel et du cobalt se trouve dissoute ; on pr^cipite l'ar- gent par le chlorure de sodium; on reduit le chlorure a l'etat d'ar- gent metal'ique par le fer et la fusion. L'argent ainsi obtenu est tres- pur. En outre du nickel et du cobalt , ces solutions , apres la sepa- ration de l'argent, contiennent un peu de fer, du cuivre et de l'ar- senic. Pour faire disparaitre 1'arsenic , on ajoute du perchlorure de fer et on neutralise ensuite par du carbonate de chaux; l'arseniate, l'oxyde de fer en exces, sont pr^cipites, et la solution ne contient plus 286 COSMOS. in arsenic ni fer. On prdcipite le cobalt a l'aide d'une solution de sous-chlorate de chaux ; puis le nickel a Te4at d'hydrate par de la chaux vive. Cethydrateest st5ch£, chauft'e" au rouge, finementbroye, amene a l'dtat de pate ^paisseparun melange de sirop et de farine; on etend la pate sur la table et on lad^coupe en morceaux cubiques; on chauffe tres-fortement , et Ton obtient des cubes de nickel a l'etat metallique, tres-brillants. M. Charles de Hauer a analyse ces cubes ety atrouv£, sur 100 parties : nickel, 86,4, cobalt, 12, fer, 0,22, soufre, 0,1, silice, 1,4; soupcons de cuivre, pas une trace d'arsenic. — Nous tenons notre promesseen enregistrant la belle operation d autoplastic appliquee aux tissus cicatriciels , par M. [Jobert de Lamballe. « II s'agit d'une jeune fille qui, a la suite d'une brulure, eut une inclinaison vicieuse de la tete et du cou , produite par une forte et large bride. Le cote droit de la figure, du cou, de la poitrine et le bras droit avaient etc* le sie"ge d'une brulure profonde. La suppura- tion dura dix-huit mois et fut extremement abondante. Le 6 mars 1855, elle entra a THotel-Dieu, dans mon service. Sur la partie laterale gauche du cou existait une bride saillante, de la forme d'un triangle s'e4endant de la partie inferieure du visage a la partie sup£- rieure du thorax. Elle etait rougeatre, tout a fait insensible , son epiderme £tait mince, rugueux, luisant. Elle etait fortement ten- due, tres-epaisse, et forcait la tete et le cou a s'inclir.er sur la poi- trine et l'^paule. La face etait asymetrique. La longueur du tissu cicatriciel, y compris la bride , depuis la pommette jusqu'a la poi- trine, etait de 19 centimetres. Le 20 avril, je pratiquai 1'operation d'apres mon procede. Le 28 mai, je fis la section du pedicule, et le 24 juin la malade quitta Phopital. Avant Toperation, la tete etait tout a fait inclinee sur Tepaule et portee un peu en avant; Tangle de la machoire n'etait distant de ia partie moyenne de la clavicule que de 8 centimetres. Le 15 sep- tembre, j'examinai la malade : la tete etait droite et l'inclinaison facile. La distance de Tangle de la machoire gauche a la partie moyenne de la clavicule, dans l'inclinaison un peu forcee, etait de 17 cent. Le seul mouvement de rotation a droite etait encore limite. Tout le tissu cicatriciel avait prisde la souplesse ; la sensibilite y etait tres-developpee. Le lambeau etait de niveau avec les tissus eirconvoisins; un soulevement a peine sensible s'observait a Ven- droit oil le pedicule avait ete coupe. Le lambeau avait 4 centime- tres et demi dans son diametre vertical et 3 dans le transversal. II •rtait eloigne Je 5 centimetres et demi du lieu oil il avait ete pris. •• ACADtilME DES SCIENCES. SEANCE DD 17 MARS 1856. La seance a et6 fort courte et n'a presents' presque aucun interetr, nous n'avons rien remarque dans la correspondance depouillee par M. Flourens qui merite d'etre signale. Lord Brougham et M. Lejeune Dirichlet, associe Stranger , assis- taienta la seance et recevaient des felicitations empressees. — L'Academie avait a nommer un correspondant dans la section. de geographie et de navigation a la place du celebre capitaine Parry. La section avait cru ne devoir inscrire sur la liste des candidats que des noms etrangers, parce que sa derniere liste ne contenait que des noms francais. Elle avait pr£sente en premiere ligne l'amiral Ferd. de Wrangel, a Saint-Petersbourg; en seconde ligne, le capitaine Ch. Wilkes, a Washington ; en troisieme ligne, l'amiral Fred. Lutke, a Saint-Petersbourg ; en quatrieme ligne , le capitaine F. W. Bee- chey, a Saint-Petersbourg ; en cinquieme ligne enfin, le lieutenant F. Maury, a Saint-Petersbourg. Au premier tour de scrutin, l'ami- ral de Wrangel obtient 32 suffrages, beaucoup plus que la majorite absolue , etest, en consequence , proclame' meinbre correspondant de l'Academie des sciences. Cette nomination et celle de M. Os- trogradski, faite dans l'avant-derniere seance, sont un bienfait anti- cipe de la paix ; l'Academie semble s'etre empressee de profiter de ]a treve pour temoigner a la Russie savante ses vives sympathies ; qu'elle nous permette de l'inviter a se montrer plus gen£reuse encore, en joignant aux noms de MM. Ostrogradski et de Wrangel celui de M. Jacobi, de Saint-Petersbourg, qui remplirait avec gloire la place devenue vacante daus la section de physique, par la mort de M. Mel- loni. La section de geographie et de navigation nous pardonnera, nous l'esperons, de lui faire remarquer qu'il n'y a plus a Londres de ca- pitaine Beechey, que l'illustre marin qu'elle laisse au rang des capi- taines est rear-admiral ou contre-amiral depuis plus de deux ans, — M. Montagne a appele l'attention sur la collection de botani- que generale, et en particulier sur les belles collections de plantes cryptogamiques reunies a la Guyane fra^aise par M. le Prieur., pendant le long sejour qu'il a fait dans les contrees tropicales. — Le prince Charles Bonaparte presente, au nom de M. Gray, un des directeurs du british Museum, une nouvelle livraison du ca- talogue des si precieuses collections de ce magnifique etablissement Le nouveau catalogue est celui des animaux de l'ordre des chelo- 288 COSMOS. niens ; le prince Bonaparte Le cite conime un modele de ce genre de travail, et semble regretter vivement que les professeurs etdirecteurs de notre Museum d'histoirenaturelle ne s'empressent pas d'imiter le bel exemplequeleur donnentleurs confreres d'au dela delaManche. — M. Dunu'ril, au nom de M. Schultz de Hale, presente un tra- vail important sur les lamproies et les animaux du meme genre, intermediaires entre les annelides et les poissons, que le savant na- turaliste allemand aurait reussi a propager par les methodes de la fecondation artificielle. — La stance a 6t6 si courte, parceque l'Academie devait se for- mer en comite secret pour discuter les titres des candidats a la place devenue vacante dans la section de medecine et de chirurgie, par la mort de M. Magendie. Nous connaissions depuis longtemps la liste de presentation, et si nous ne l'avons pas pubiice plus tot, c'etait pour n'etre pas indiscret en soulevant un voile qui devait rester impenetrable ; mais puisqu'elle a eclate au dehors , qu'elle n'est un secret pour personne, et que meme elle n'est plus en quelque sorte qu'un souvenir historique , nous ne la cacherons pas a nos lecteurs. Aulieu d'une liste la section en avaitdressee deux : la pre- miere de m6decins; en premiere ligne ex cequo et par ordre alpha- betique, MM. Cruveilhieret Longet ; en deuxicme ligne ex cequo et par ordre alphab^tique , MM. Piorry et Poiseuille ; la seconde de chirurgiens: en premiere ligne ex cequo et par ordre alphabetique, MM. Jules Guerin et Jobert deLamballe ; en seconde ligne ex cequo et par ordre alphabetique, MM. Laugier et Malgaigne. Ce classe- ment, il faut bien en convenir, avait quelque chose d'anormal et d'etrange. Comment comprendre, en eftet, que la section qui doit se connaitre elle-meme et sentir ses besoins, n'ait pas nettement de- clare ce qu'il fallait lui adjoindre, un medecin ou un chirurgien ^quelle soit rested indecise sur ce point capital dont elle etait seule juge ? Elle ne devait done presenter qu'une seule liste. Ce qui a blesse en- core, e'est son parti pris de ne pas se prononcer sur le merite des candidats, de cacher ses embarras ou ses tiraillements sous la mal- beureuse presentation binaire ou ex cequo. Comment l'Academie choisira-t-elle si la section n'a pas pu choisir'? Est-il honorable pour elle d'abdiquer si maladroitement , et d'abandonner l'election au hasard, aux affections personnelles, al'mtrigue? Ces objections ont £te" formulas en termes tres-vifs dans le comite- secret, par les plus grandes autorites de l'Academie ; la section s'est mal deTendue, sa liste a £te repoussee, sa presentation ajournee. Force lui sera done de ddliberer encore et de revenir avec un choix mieux arrete. Quel COSMOS. 289 sera ce choix ? Que sortira-t-il de la discussion des titres et de l'urne electorate? Personne ne le sait. Quatre des candidats sont seVieux presque au meme titre, MM. Jobert, Longet, Cruveilhier et Guerin ; les chances sont pour MM. Jobert et Longet; lis arri- veront certainement tous deux a un scrutin de ballotage ; la candi- dature de M. Longet a ete habilement prepared, savamment con- duite, et les plus grandes probability sont pour lui ; il faudrait bien peu de chose cependant pour assurer le triomphe de M. Jobert de Lamballe. Tout le monde convient que M. Cruveilhier est un can- didat eminemment academique qui ferait honneur al'Institut; tout le monde rend hommage au merite Eminent, au talent hors ligne de M. Jules Guerin, et s'il n'obtient pas tot ou tard la majorite des voix, ce sera bien certainement par des considerations extra-scienti- fiques, dontil serait bien temps de deblayer le terrain ; son dernier memoire que nous n'avons pas assez fait connaitre est encore une ceuvre de maitre, analysons-le rapidement : — Bichat ne voyait dans les tendons que des especes de cordes fibreuses intermediates aux muscles et aux os ; transmettant aux seconds les mouvements des premiers , ils forment , dans cette fonction , un role absolument passif. Cette opinion du fondateur de l'anatomie generate sua' le caractere purement passif des tendons n'a jamais ete contestee par personne ; elle est fausse cependant ; et depuis dix ans, l'analyse histologique, les faits pathologiques , 1'observation et 1'expeVience physiologiques ont prouve aM. Guerin que les tendons ne sont pas purement passifs, qu'ils se contractent, mais autrement que les muscles. En 1835 deja, il constatait 1 'iden- tity de tissu entre les tendons et les muscles amends a l'^tat fibreux par certaines circonttances anormales; et de l'identite de tissu il concluait l'identite de fonction. En 1840, il ddraontrait que les ten- dons sont susceptibles de se retracter spccialement et a l'exclusion du muscle, c'est-a-dire de se raccourcir et de se maintenir raccour- cis. Plus tard enfin , dans des cas oil la portion charnue du muscle avait ete isolee artificiellement ou spontane"ment de la portion fibreuse du tendon , il a pu s'assurer, par 1'observation directe, de la contractilite propre des tendons et de la nature de cette con- tractilite" ; c'est ainsi qu'il est arrive a formuler definitivement les propositions suivantes : 1° Les tendons considers jusqu'ici comme des cordes inertes, jouissent de la propriety de se contracter ; 2° Cette proprieHe consiste dans un mode d'activite sp^ciale, 290 COSMOS. espece direction et de turgescencc et accompagnee de raccourcis- sement de l'axe tendineux ; 3° Les circonstances qui mettent en jeu la contraction tendineuse, permettent de la considerer comme tout a fait differente de la con- traction volontaire et de la designer sous le nom de contraction de resistance. La verite de ces propositions a dep recu une confirmation ecla- tante, car M. Flourens annonce qu'il a reconnu la sensibility des tendons, qu'il a pu preciser le mode de cette sensibility, et deter- miner les procedes d'excitation a l'aide desquels on l'oblige a se manifester. — Nous empruntons au compte rendu de la derniere seance la communication de M. Chevreul, relative aubel ouvrage de M. Sta- nislas Julien sur la porcelaine des Chinois : « En presentant a 1' Aeaddmie des sciences le travail de notre confrere, suivant le desir qu'il m'en a exprimtS, je ne puis me dis- penser d'en donner une idtte succincte, en l'examinant trop rapide- ment, malheureusement , sous le triple rapport de Vhistoire de la porcelaine, des procedes de fabrication et de la comparaison de ces procedes avec ceux qui sont d usage en Europe. » 1° Sous le rapport de Vhistoire de la porcelaine. — On avait fait remonter l'art de fabriquer la porcelaine a une antiquite1 exa- geree. II est demontre" aujourd'hui que les porcelaines les plus an- ciennes ont e^e- fabriquees en Chine a une epoque comprise entre 185 ans avant J£sus-Christ et 87 de l'ere chretienne. Quant a des vases de porcelaine trouves dans des tombeaux de l'antique Egypte, ils n'ont pas l'anciennete qu'on leur avait attribute, et M. Stanislas Julien n'a pas peu contnbue" a detruire cette erreur. « L'auteur chinois passe en revue, d'apres l'ordre des temps et des lieux de fabrication, les di verses porcelaines qui ont le plus de renom a la Chine. Une carte de cet empire indique l'emplacement des manufactures anciennes et modernes et ajoute beaucoup a l'in- te>et du texte. On en doitl'idee au savant traducteur. » 2° Sous le rapport de la fabrication. — Les process de fa- brication sont decrits avec clarte et methode , et 14 planches de figures au trait, reproduites d'apres l'ouvrage original, aident en- core a la description. Enfin les notes tres-precises de M. Salvetat dissipent les doutes que le texte pourrait laisser au lecteur. " L'interet du livre franeais n'est pas borne' a l'expose de fabri- cation de la porcelaine chinoise ; car M. Stanislas Julien, en an- nexant a sa traduction du chinois une traduction de X Art de fabri- COSMOS. 291 quer la porcelaine japonaise , due a M. Hoffmann, interprete de S. M. le roi des Pays-Bas, a fait tout ce qui dependaitde lui pour rendre son livre utile a tous les lecteurs. « 3° Sous le rapport de la fabrication des porcelaines chinoise et japonaise avec celle de la porcelaine d 'Europe en general et de Sevres particulierement. — M. Stanislas Julien a pense- que, pour satisfaire aux d^sirs des lecteurs de sa traduction , il fallait leur donner le moyen de comparer les precedes suivis a la Chine et au Japon avec ceux qui le sont en Europe, et c'est a M. Salvetat qu'il a confie cette tache. II est impossible de montrer avec plus de clartd que ne l'a fait l'habile chimiste de Sevres, en quoi consistent les analogies et les differences des deux fabrications. « La pate chinoise, comme la pate d'Europe, est composed d'un melange variable de kaolin, c'est-a-dire d'une matiere infusible au feu du four de porcelaine et d'une matiere qui y est fusible. " Quant a la couverte ou glacure , elle consiste en une matiere fusible; voila l'analogie. " Voici la difference : « La matiere fusible melee a la pate est a la Chine du petrosilex ; ■" A Sevres, elle est composeetie la matiere sableuse provenant du lavage du kaolin et de craie. « La couverte de porcelaine de Chine est du petrosilex mele" de chaux, et assez g£ne>alement de cendres de fougere. «■ La couverte de la porcelaine de Sevres est du petrosilex pur. » La porcelaine de Chine resiste moins au feu que la porcelaine de Sevres. « Les Chinois n'appliquent pas , comme on le fait au Japon et ite de ce qu'il avait avance , la Societe lui decerne une medaille d'argent. (Rapport de M. Che- vallier.) 3° Fibre plongeur de MM. Fonvielte et Brun. — Un filtre reunissant les conditions d'un filtrage parfait, rapide, commode, et surtout a. bas prix, aurait une haute importance pour l'industrie et l'^conomie publique; le filtre plongeur de MM. Fonvielle et Brun promet de remplir toutes ces qualites. II se compose essentiellement de deux reservoirs de capacity differentes places l'un au-dessus de l'autre. Le reservoir supe>ieur contient l'eau a filtrer, et, pres de son fond, le premier appareil de filtrage appele cylindre degrossis- seur, renfermant des couches superposes de laine, de gravier, de charbon concasse ; le reservoir inferieur renferme l'eau filtree et le second appareil de filtrage appele finisseur, form(5 de deux cylindres concentriques se'par^s par une enveloppe de laine de premiere qua- COSMOS. 293 litebien lavee. Avec une pression comparativement faible, le filtre plongeur, compare aux filtres a reservoir unique, donne une plus grande quantite d'eau parfaitement limpide et sans odeur, dans la- quelle la loupe ne montre aucun corps flottant. M. Fonvielle assure qu'il a vu ses appareils fonctionner pendant deux on trois mois sans etre renouveles; mais ce renouvellement doit se faire, en moyenne, tous les dix jours. Dans les lavoirs publics de Marseille, on se sert de ce filtre pour clarifier, avec le plus grand succes, les eaux de la Durance, qui contiennent quelquefois de grandes quantites de ma- tieres argileuses tres-difficiles a separer de l'eau. Les frais de filtrage, pour 5 000 metres cubes, sont d'environ 50 francs, ou d'un centime par metre cube ; il ne parait pas qu'avec les autres filtres on puisse descendre si bas. (Rapport de M. Silbermann.) 4° Latnpe du mineur, de M. Dubrulle. — M. Dubrulle, de Va- lenciennes, est inventeur d'une lampe de siirete pour les mines, qui presente cette particularity, que le tamis en toile metallique qui en- toure la flamme ne peut etre enleve sans eteindre prealablement la lampe. Par ce dispositif, on evite le danger auquel expose trop sou- vent l'imprudence des ouvriers, qui, pour y voir plus clair, decou- vrent la flamme de leur lampe. Le systeme de M. Dubrulle parait propre a rendre d'utiles ser- vices, non-seulement dans les mines de houille a grisou, mais encore dans les distilleries, les usines a gaz, et generalement tous les eta- blissements dans lesquels il peut se former des melanges detonants de certains gaz ou vapeurs avec l'air atmospherique. (Rapport de M. Callon.) 5° Indicaleur magnetique de M. Lethuillier-Pinel. — M. Le- thuillier-Pinel , de Rouen , est inventeur d'un apparell nouveau pour l'indication de la hauteur de l'eau dans les chaudieres a va- peur. , Cetappareil, qu'il nomme indicateur magnetique, se compose d'un fiotteur, surmonte d'un aimant qui se meut dans une gaine placee sur le dome de la chaudiere. Les mouvements de l'aimant sont rendus sensibles par ceux d'une petite masse d'acier mobile le long d'une echelle graduee. L'appareil est complete" par un sifflet d'alarme mis en jeu par le fiotteur. L'indicateur de M. Lethuillier- Pinel commence a se repandre, et les industriels qui l'emploient n'ont qu'a se louer de la regularity et de la nettete de ses indications. (Rapport deM. Callon.) 5° Indicateur de pression de M. Clair. — La Society decerne a M. Clair une medaille d' argent pour les dispositions ingenieuses 294 COSMOS. qu'il a introduces dans les appareils indicateurs de la pression dans les machines mues par l'action de la vapeur ou d'autres fluides elas- tiques. Les nouveaux indicateurs de M. Clair permettent d'obtenir a volonte, soit une courbe fermee qui accuse les pressions successives du fluide moteur dans une periode de mouvement de la machine, soit une courbe continue qui accuse les pressions dans un grand nombre de periodes successives du mouvement. A ceteflet, le mou- vement circulaire alternatif imprime a une poulie par le piston de la machine a laquelle l'indicateur est applique\ est transform^ au moyen d'une combinaison d'engrenages en un mouvement circu- laire continu qui entraine la bande de papier sans fin sur laquelle le style fixe" au petit piston de l'indicateur laissesa trace. (Rapport de M. Combe.) 7° Mode de transmission du mouvement uux broches par en- grenages de M. Muller. — Avec une perseverance remarquable, M. Muller, constructeur de machines a Thann , est parvenu a substituer la commande des engrenages a la transmission des bro- ches par cordes et courroies employees dans les metiers a filer. La grande vitesse imprim£e a ces broches, la n^cessite' de 1' arret instantane" d'une seule d'entre elles, constituaient les obstacles principaux d'un probleme dont la solution fut maintes fois tent£e. M. Muller a surmonte ces obstacles; les metiers, modifies par lui , sont plus simples dans leurs transmissions de mouvement , plus lagers a conduire, ils reclament moins de force motrice, moins de reparations et donnent des resultats plus uniformes que les ma- chines auxquelles ils se substituent progressivement. (Rapport de M. Alkan.) 8° Eleve des sangsues. M. Rollet. — La commission de la So- ciete envoyee a l'exposition de Bordeaux , a visite" un marais, £ta- bli par M. Rollet, dans son domaine de Montsalut, et elle a constate l'efficacite' des efforts faitsparce medecin pour obtenir une grande quantity de sangsues sur un petit espace, tout en surveillant avec attention les annelides qui sont souvent la proie d'un grand nom- bre d'animaux qui leur font la guerre. (Rapport de M. Chevallier.) 9° Sonnerie nouvelle. MM. Detouche et Houdin. — MM. Dd- touche et Houdin ont prdsente une nouvelle sonnerie d'horloge publique a repetition d'heure , dans la construction de laquelle ils ont fait preuve de bon gout, de savoir et d'habilete. La Societe" d'encouragement, en accordant une medaille d'argent a MM. Detouche et Houdin , rend hommage a leur talent comme artistes, a leur merite comme constructeurs, et a la louable inten- COSMOS. 295 tion qu'ils ont eue de se rendre utiles aux populations laborieuses , en leur faisant percevoir l'heure pendant la nuit, distinctement, intelligiblement, en depit des obstacles ou meme de l'obscurite. (Rapport de M. Sylvestre.) 10° Dessins de tapisserie de M. Sajou. — Continuateur des beaux travaux de M. Rouget de Lisle, sur l'art de la tapisserie, M. Sajou s'est efforce, depuis 16 ans , de doter la France de la fabrication des dessins de divers ouvrages de dames, et notamment des dessins de tapisseries connues sous le nom de Points de Berlin, et il y a reussi. En parcourant ses ateliers , la commission des beaux-arts a constate qu'ils avaient pris un tres grand developpement depuis sa derniere visite, en 1843, et qu'ils occupaient de 250 a 300 per- sonnes; que M. Sajou avait r^pondu a l'attente de la Soci^te" d'en- couragement en publiant plus d'un million de modeles de toutes sortes ; qu'il a puissamment contribue" a repandre partout le bon gout francais ; qu'il a initie" et accoutume de jeunes filles a l'amour du travail et a diverses industries qui peuvent les faire vivre hono- rablement en sortant de ses ateliers. (Rapport de M. Michelin.) 11° Procedes de peinture a Ihuile de M. Delamare. — M. De- lamare, artiste peintre, a des longtemps soumis a l'lnstitut des toiles absorbantes qui ont £te l'objet d'opinions favorables de la part de ses membres les plus comp£tents, MM. Horace Vernet et Chevreul. Le nouveau systeme de peinture, disait le rapport du 17 de- cembre 1853 joint a la commodite de prendre sans cesse dans la pate la possibility d'employer les glacis, de superposer les tons les plus opposes sans qu'ils se melangent ensemble, enfin de faire usage de toutes les ressources de la peinture a l'huile siccative sans cependant detruire la simultaneity de dessiccation qui alieucomme si le tableau etait fait du premier coup, il permet de reprendre tou- tes les parties d'un tableau, de les harmoniser, de les refondre, de les changer meme sans ombre ; de telle sorte que le peintre d'un portrait a l'immense avantage de le continuer a volonte" , dans les meilleures conditions. Ce systeme avait l'inconvenient de changer les habitudes des artistes, il n'a done pas <§te adoptd. M. Delamare a alors invents un second procede" qui permet : 1° De faire secher immediatement une peinture faite avec les couleurs ordinaires ; 2° de retoucher immediatement et sans embu toute peinture ainsi sechee ; de vernir un tableau sans danger pour sa solidite, aussitot apres la derniere retouche. C'est evidemment 296 COSMOS. un progres considerable. (Rapport de MM. Gourlier et Salvetat.) 12° Procede de Moulage de MM. Miroy. — MM Miroy freres, fabricants de bronzes d'art a Paris, ont sounds a l'examen de la Societe" leur fabrication d'objets d'art en zinc moule. Cesobjets, qu'ils executent sur une grande echelle, sontobtenus par moulage, soit en sable, soit dans des moules metalliques ; ceux- ci ordinairement de bronze ou de fonte de fer ont etc remplaces chez MM. Miroy par des creux de zinc , ce qui apporte une ^conomie notable dans leur fabrication , et permet de livrer le zinc moule a 50 pour cent au moins au-dessous du prix des memes objets fabri- quus en bronze. Prenant en consideration les perfectionnements que MM. Miroy freres ont apportes dans leur industrie, et l'intelligence parfaite qui a preside a l'organisation de leurs ateliers de fonderie , de ciselure, debronzage, etc., la Societe d'encouragement leur decerne une mddaille d'argent. (Rapport de M. Levol.) 13° Gnwnres en couleur de M. Isnard Desjardins, — La gravure en couleur pratiquee depuis peu par M. Isnard Desjardins presente mamtenant une collection de fac-simile assez exacts pour qu'un artiste lui-meme s'y meprenne a premiere vue. Desormais, la jouissance des aquarelles et des peintures a l'huile, au lieu d'etre borneecomme maintenant a quelques personnes privil^giees, pourra s'etendre a tous. L'artiste obtiendra pour ses ceuvres le genre de popularite qu'accordaient exclusivement la lithographie ou la gra- vure en noir. Les proc6des de M. Desjardins sont simples; quoique encore du domaine des arts, ils seront bientot acquis a l'jndustrie. (Rapport de M. Salvetat.) 14° Galvanoplastie renj'orcee de M. Bouilhet. — Les proc^des imagines par M. Bouilhet, ingenieur civil , permettent de donner a une piece d'orfevrerie produite par la galvanoplastie toute 1'appa- rence et la solidite d'une piece venue de fonte ; ils suppriment I'em- ploi des matrices en acier toujours couteuses, ils economisent la main-d'oeuvre, ils produi.sent a peu de frais des ceuvres dont l'exe- cution par la fonte et la ciselure eutcoiite des sommes considerables et dont chaque epreuve presente dans ses moindres details la finesse du premier modele. (Rapport de M. Salvetat.) [La suite an procltain numero,) OPTIQUE METEOROLOGIQUE. NOUVELLE THEORIE DE LA SCINTILLATION , PAR M. MONTIGNY. RAPPOKT DE M. PLATEAU. (Suite et fin. — Voyez p. 243.) IT. Theorie nouvelle de la scintillation. En supposant quel'on emploieune lunette de 10 centimetres d'ou- verture, dirigi'e vers une etoile elevee de 10° au-dessus de l'horizon, M. Montigny fait voir qu'a 1 000m de distance de la lunette, les fais- ceaux disperses ^manes de l'etoile dont il s'agit et correspon- dants aux differentes couleurs , sont assez separes pour qu'un phe"- nomene resultant du passage d'une onde aerienne dans l'un de ces faisceaux se produise sans que les autres faisceaux soient au meme instant traverses par la meme onde, et consequemment sans qu'ils e*prouvent des effets de meme genre. Or, il doit arriver frequem- ment qu'une onde aerienne se presente de telle maniere sur le trajet de l'un des faisceaux, que ce dernier subisse, a la surface exterieure ou int£rieure de cette onde, suivant quecelle-ci est moins dense ou plus dense que l'air environnant, une reflexion totale qui le devie et l'empeche de parvenir a. la lunette ou a 1'ceil ; des lors l'un des faisceaux colores faisant deTaut, l'ensemble des autres produira ne- cessairement la teintecompleiuentaire, en supposant, bien entendu, que Ton observe a 1'ceil nu ou avec une lunette insuffisante pour laisser distinguer l'etalement de l'etoile en un petit spectre , ces re- flexions totales , operees en grand nombre dans un court intervalle de temps sur les diffe>ents faisceaux colores , devront done faire varier continuellement la teinte de l'etoile. Mais les effets ne se borneront point a des changements de teintes : les ondes aeriennes qui passeront dans la tranche de lumiere a une distance de l'observateur assez peu considerable pour que les fai- sceaux colores soient sensiblement reunis en un seul, et qui se trou- veront dans les conditions de la reflexion totale, ameneront la dis- parition de l'etoile, ou tout au moins un affaiblissement de son eclat, sans modification de couleur. Telle est, en substance , la theorie proposed par M. Montigny. Elle a, comme on le voit , cela de commun avec celle d'Arago, qu'elle attribue la scintillation au passage incessant d'ondes aerien- nes de differentes densitds sur le trajet de la lumiere eman^e de l'e- toile, et aux disparitions alternatives que ces ondes font eprouver a chacune des couleurs qui composent cette lumiere ou a leur en- semble ; seulement Arago explique la disparition dont il s'agit par 298 COSMOS. des interferences, et M. Montigny en cherche la cause dans des reflexions totales. Experiences a lappui de la theorie. On ne saurait nier la possibility de ces reflexions aux surfaces li- mites de portions d'air d'ine'gales densites : e'est a elle, en effet, que sont dus les phdnomenes du mirage. M. Montigny a e*say6 de les mettre en Evidence d'une autre maniere : il a produit artificielle- ment des courants d'air chaud dans l'inte>ieur du cone lumineux t'mane d'un microscope solaire ; il a vu alors les bords exterieurs de ce courant se dessiner, sur l'e'cran qui recevait la lumiere, avec plus d'eclat que les parties voisines, et surtout que les parties in- terieures adjacentes, et il montre que cet accroissement d'eclat ne peut etre du aux rayons qui, traversant le courant tres-pres de ces memes bords, sont devie's exterieurement par deux refractions suc- cessives. Enfin, il rappelle qu'en observant a l'aide d'une lunette des objets terrestres eloigned, il a vu quelquefois certaines parties de ces objets disparaitre momentane'ment sous l'influence des ondes aeriennes, et qu'il a explique alors le ph^nomene par ce meme prin- cipe des reflexions totales (1). III. Consequences de la theorie et comparaison avec les faits. 1° Les teintes correspondantes aux rayons les plus refrangibles occupant generalement, dans un spectre produit par dispersion, une etendue plus grande que lesautres, on doit admettreque, dans la tranche de lumiere dont il a ete question, l'ensemble des fai- sceaux les plus refrangibles tient plus de place que celui des autres faisceaux , et qu'ainsi il y a plus de chances pour que les premiers soient devitis par des reflexions totales ; en outre, par la raison meme que ces faisceaux sont plus refrangibles , les limites d'angle d'inci- dence entre lesquelles ils doivent eprouver ces reflexions sont moins restreintes ; par consequent, dans le spectre d'une etoile obtenu en armant la lunette d'un prisme, les teintes violette et bleue doivent etre celles qui disparaissent le plus frequemment , ce qui a lieu en effet, com me on l'a vu. C'est par la meme raison que, dans l'expe- rience de Nicholson modified par M. Montigny, les autres teintes out predomine. D'apres Arago, lorsqu'unvingtiemeseulement de l'une des cou- (1) Voir le rapport sur le travail dans lequel est consignee cette observation, Cosmos, t. IV, p. 418. COSMOS. 299 leurs qui composent la lumiere blanche disparait, le melange restant offre deja d'une maniere sensible la teinte comple'mentaire ; il suffit done, pour qu'une etoile se colore dans la scintillation, qu'une pe- tite partie de l'un des faisceaux de la tranche lumineuse soit de'viee par la reflexion totale. 2° Si, comme l'a fait egalement Nicholson, 1'oculaire de la lu- nette est pousse hors du foyer , de maniere a transformer l'image de l'etoile scintillante en un disque d'un certain diametre, l'appari- tion de chaque couleur n'a pas lieu instantan^ment sur toute l'eten- due du disque , mais se produit a des intervalles de temps distincts sur les diverses parties de celui-ci. M. Montigny explique ce ph£- nomene en remarquant que lorsqu'une partie seulement de l'un des faisceaux colores de la tranche de lumiere est de'vie'e par reflexion, les rayons devils ne font de meme defaut que dans une partie du disque en question , laquelle doit consequemment se revetir alors de la teinte comple'mentaire, tandis que le reste du disque aura une teinte differente. 3° Ceux des rayons qui echappent aux reflexions totales subis- sent necessairement, en traversant les ondes aeriennes, des effets de refraction qui les devient de petites quantites, d'oii il suit que les images des etoiles doivent souvent eprouver , pendant qu'elles scintillent, de petits mouvements de vacillation. M. Montigny cite, a l'appui de cette consequence de sa theorie, des passages tires de plusieurs auteurs , et le fait est d'ailleurs mis hors de doute par les trepidations transversales qui se manifestent dans le spectre d'une etoile scintillante obtenu a l'aide d'une lunette munie d'un prisme. 4° Cependant il est un cas qui doit se presenter frequemment, et dans lequel la scintillation laissera immobile l'image de l'etoile : e'est lorsque l'onde aerienne est telle, que les deux portions de sa surface par lesquelles penetrent et sortent ceux des rayons lumi- neux qui echappent a la reflexion tolale ne font entre elles qu'un petit angle, car il est clair qu'alors les rayons ne seront devies an- gulairement que d'une quantite insensible; or, l'observation prouve, en effet, que la scintillation n'est pas toujours accompagnee d'une vacillation de l'astre. 5° La tranche lumineuse formee de tous les faisceaux colores etant d'autant plus etaiee que la lumiere penetre plus obliquement dans l'atmosphere, et le nombre des ondes aeriennes qui traversent la tranche augmentant avec cet etalement, il en resulte que les etoiles doivent scintiller d'autant plus qu'elles sont plus rappro- 300 COSMOS. ch£es del'horizon, or cette consequence parait confirmee par l'ob- servation. 6° On sait que les planetes, a l'exception de Mercure et de Ve- nus, ne scintillent pas ou scintillent a peine. M. Montigny en trouve , comme Arago, la raison dans le diametre apparent de ces astres, en cc sens qu'il doit y avoir generalement discordance entre les scintillations de points du disque d'une planete assez cloignes les uns des autres pour que les rayons emanes de ces points tra- versent des parties d'air sensiblement differentes. 7° Les tres-petites dtoiles, celles de septieme grandeur, n'ayant qu'un £clat tres-faible , on comprend que lorsque leur lumie-e est encore diminuee par une reflexion totale operee sur une partie des faisceaux colored qui la composent, elle n'est plus capable de pro- duire sur la ratine l'impression d'une couleur distincte, et qu'ainsi Ton ne doit point voir varier la teinte de ces petites etoiles ; or, c'est aussi ce que l'observation avait constate. 8° Le premier des scintillometres d' Arago semble dtablir une dependance necessaire entre la scintillation et les interferences; cependant M. Montigny explique d'une maniere naturelle les r£ap- paritions du point lumineux au centre de l'image, en remarquant que lorsqu'une onde aerienne, en penetrant dans la tranche lumi- neuse, devie par reflexion totale une partie des rayons qui auraient atteint le bord du diaphragme , ces rayons ainsi dcartes de la lu- nette ne peuvent plus aller e"teindre par interference ceux qui pe- netrant directement dans l'objectif. IV. Objections. L'auteur a invoqu6 le phenomene du mirage; or, ce phe"nomene, dans sa forme la plus simple, consiste essentiellement en une du- plication apparente de l'objet, dont une image est vue directement, et dont l'autre est vue par la reflexion totale sur une couche d'air moins dense ; la meme chose ne devrait-elle done pas avoir lieu pour les etoiles? Si l'un des faisceaux colored ou leur ensemble peut etre devie par la reflexion totale de maniere a ne plus parve- nir a l'oeil ou a la lunette , ne doit-il pas arriver quelquefois qu'un faisceau ou un ensemble de faisceaux qui n'etait point dingo vers l'ceil ou vers la lunette, y soit envoye par une reflexion totale, et fasse voir ainsi une seconde image de l'astre? Ou bien encore ne peut-il pas se faire que des rayons deviespar une premiere reflexion totale soient ramen^s vers l'observateur par une seconde reflexion de cette espece ? Cette objection se r^duit a bien peu de chose quand COSMOS. 301 on refiechit que, a cause de la petitesse du diametre angulaire des £toiles, la formation d'une seconde image par reflexion exigerait que la surface sur laquelle s'opere cette reflexion fut exactement plane, condition a laquelle la surface d'une onde aerienne ne satis- ferait evidemment que par un hasard presque impossible ; il est clair que ces surfaces doivent etre tres-irregulieres, et des lors la lumiere qu'elles peuvent refiechir en totalite doit etre irreguliere- ment disseminee, et rendue ainsi incapable d'apporter a l'oeil une image perceptible du point lumineux. V . Conclusions . On voit que la theorie de M. Montigny rend compte aussi bien que celle d'Arago des caracteres generaux de la scintillation et des faits de detail ; seulement il nous seinble que l'objection ci-dessus meriteraitun examen plus attentif ; dans le cas ou, par une reflexion operee assez pres de l'observateur , l'ensemble des faisceaux colo- res provenant d'une etoile tres-brillante serait ramene vers lui , ne devrait-il pas voir au moins, a une certaine distance de 1'etoile, une trace d'images deformed, une lueur passagere? C'est a des observations ulterieures a decider entre les deux theories, et nous proposerons ici une methode qui nous parait propie aatteindrece but. Dans la theorie de M. Montigny, lors- qu'il s'agit d'une Etoile situ^e pres du zenith, la refraction et la dis- persion dans l'atmosphere 4tant insensibles , tous les faisceaux co- lores qui composent la tranche de lumiere sont reunis en un seul et forment consequemment de la lumiere blanche ; d'apres cela, les reflexions totales operees par les ondes aeriennes ne peuvent pro- duire, a l'egard d'une semblable etoile, que des changements d'6- clat, sans changements de teinte; dans la theorie d'Arago, au contraire, il n'y a aucune raison pour qu'il en soit ainsi; il suffira done, pour comparer les valeurs des deux theories, de faire une s^rie d'observations sur les etoiles scintillantes peu eloignees du zenith. Qu'il nous soit permis d'ajouter que l'objection principale de M. Plateau, celle qu'il tire du mirage, ne nous semble pas fondee. La duplicite" ou la multiplicite des images dans le mirage suppose un certain etat stable de l'atmosphere, une superposition prolongee de couches bien limitees et bien definies. Or, cette stabilite et cette superposition ne se rencontrent pas du tout dans les ondes aeriennes auxquelles M. Montigny attribue la scintillation et qui se succedent au nombre de 60 a 70 par seconde. Tout ce qu'on pouvait deman- der a ces ondes , c'^tait de produire des multiplications d'images 302 COSMOS. par deplacement, ou de faire danser les etoiles, ce qui a lieu effec- tivement. Les etoiles dansantes, phenomene assez rare et peu etu- die jusqu'ici, trouve evidemment son explication facile dans la theorie de M. Montigny, et en est en meme temps une sorte de de- monstration. M. Montigny a done pu nous dire avec toute raison dans sa lettre du 16 novembre : •• Je suis tranquille de ce cote\ Les effets de mirage partiel donneraient lieu a, des reflexions telle- ment irregulieres et qui s'effectueraient avec une rapidite si exces- sive que l'ceil de l'observateur ne pourrait pas percevoir la sensation incomplete et fugitive des rayons qui , dans des cas tres-rares, se trouveraient reflechis dans la direction de l'ceil du spectateur. » Quant a l'epreuve definitive que M. Plateau propose de faire su- bir aux deux theories, a la comparaison de la scintillation des etoiles voisines de l'horizon ou du zenith , e'est pour nous et depuis long- temps un fait accompli ; la scintillation va evidemment en dimi- nuant. non-seulement quant au nombre des pulsations, mais quant a la succession des couleurs , a mesure que l'astre approche du zenith. Nous maintenons done plus que jamais que ce beau pheno- mene a pour raison essentielle la dispersion des rayons de l'astre par l'atmosphere rendue sensible par le passage d'ondes aeriennes ; et non l'interference dedeux rayons contigus par l'interposition sur le trajet de l'un d'eux d'une onde aerienne ou d'une vapeur plus dense ou moins dense. Nous ferons mieux comprendre encore notre pensee en disant : 1° Enlevez la dispersion de l'atmosphere , en laissant les interferences telles que les a comprises Arago , et vous n'aurez certainement pas la scintillation ; et la preuve que nous donnons de cette assertion, e'est M. Arago lui-meme qui nous la fournit : en agitant l'air ou en interposant un milieu sur le trajet d'un des rayons separes par son reTractometre interferentiel, nous avons toujours observe des deplacements des lignes d'interference, mais jamais de coloration ; 2° au contraire, admettez la dispersion qu'il est impossible de nier, qu'Arago admettait meme au sein des espa- ces stellaires et jusqu'a un certain point dans le vide ; des lors le passage, dans certaines conditions que M. Montigny a determinees, en avant de ce rideau de lumiere dispersee produit necessairement la scintillation, sans qu'il soit nullement necessaire de faire inter- venir les interferences. Pour nous done la question est definitive- ment jugee, et tout ce que nous demandons a M. Montigny, e'est de disposer une belle et grande experience de scintillation artifi- cielle produite par dispersion et par ondes aeriennes ; nous sommes certain qu'il ne nous la fera pas longtemps attendre. F. Moigno. MAGNETISfflE. SUR CERTAINES ACTIONS ET AFFECTIONS MAGNETIQUES PAR M. FARADAV. Leconfaite a I Institution royale le 22Jevrier. Tous les corps susceptibles de l'induction magnetique sont affec- ts lorsqu'on les place dans le champ magnetique ordinaire, entre les poles d'un aimant ; les corps paramagnetiqu.es tendent a passer comme masse dela place dans laquelle la force magnetique est plus faible, a la place oil cette force est plus intense ; les corps diama- gnetiques de la place oil la force est plus intense a la place oil elle est plus faible. S'ils out une forme allongee, les corps paramagneti- ques se placent parallelement aux lignes de force, les corps diama- gn£tiques perpendiculairement a ces memes lignes. Si ces corps sont a la fois de forme spherique , amorphes et entierement de- pourvus de charge magnetique permanente, ils n'ont aucune ten- dance a se placer dans une direction particuliere. Mais il est des corps magneHiques ou diamagnetiques , a structure interne cristalline, qui, alors meme qu'ils sont tailles en sphere, pourvu que cette sphere soit prise dans un cristal unique, se placent encore dans une direction determined, et auxquels, en consequence, on a donne le nom de magne-cristaux ou cristaux-aimants; le nombre de ces corps va contlnuellement en augmentant ; le carbonate de chaux, le bis- muth, la tourmaline, etc., sont de ce genre. Les corps magnetiques qui se dirigent en raison de leur forme allongee sont grandement influences au point de vue de la force avec laquelle ils se dirigent par les milieux environnants ; cette influence des milieux est assez grande , non-seulement pour faire passer la force directive de son maximum a zero , par tous les degres intermediates, mais encore pour amener le corps a se diriger exactement dans un milieu, equa- torialement dans un autre milieu. II n'en est pas ainsi pour les cristaux-aimants ; ils se dirigent dans le meme sens et avec la meme force, quel que soit le milieu dans lequel ilsplongent; pour eux l'in- fluence du milieu est completement nulle. Ainsi si un cristal de bismuth , taille en forme de sphere ou de cylindre vertical, et sus- pendu , se place de telle sorte que son axe magneto-cristallin soit horizontal , et qu'on fasse varier le milieu dans lequel il plonge , depuis le sulfate de cuivre jusqu'au phosphore, en passant par l'air, Teau , l'alcool , l'huile , etc., il faudra toujours, pour le deplacer et maintenir son axe dans une position donnee , la meme quantile de ZOU COSMOS. force de torsion , en supposant que la force de l'aimant soit restee constante ; et alors meme que Ton a substitue' un milieu tres-diama- gnetique a un milieu tres-paramagnetique. Dans les cas dont il s'agit, la mesure ou la determination de la puissance de direction du corps se trouve debarrassee d'un grand nombre de causes per- turbatrices auxquelles on dchappe difficilement dans les autres cas ; et l'experienco prouve que cette puissance dependant uniquement de la structure interieure et des conditions propres de la substance est toujours la meme a la meme temperature. Une consequence de la structure magneto-cristalline est que le meme corps est plus paramagnetique ou plus diamagne'tique dans une direction que dans l'autre ; et il en resulte, par consequent, que , quoiqu'un semblable cristal n'eprouve pas de modification ou d'alteration dans la force de direction ou d'orientation quand on vient a changer le milieu environnant; cette force de direction prise en elle-meme, comme force d'attraction ou force de repulsion, peut varier, e'est-a-dire etre plus ou moins intense ; il peut meme arri- ver qu'un semblable corps soit attire" dans une direction et re- pousse dans l'autre , sans changement dans sa nature ou dans sa forme, dans le milieu environnant ou dans la force de l'aimant, mais par un changement dans la direction de structure, ou dans la position de son plan de clivage. Cette experience rEussit tres-bien avec un cristal de ferro-cyanate rouge de potasse recouvert avec soin d'une couche de cire , et suspendu au bras d'une balance de torsion , en meme temps qu'il plonge dans une solution de proto- sulfate de fer occupant le champ magnetique et composed de deux volumes et demi de solution saturee a IS0 c. et d'un volume d'eau. Lorsque l'axe magneto-cristallin est parallele aux lignes de force, le cristal est attire par le pole magnetique ; le cristal est au contraire repousse lorsque l'axe est perpendiculaire aux lignes de force ; ce cristal au sein de la solution saturee agit done tour a tour comme un corps magnetique et diamagnetique. On n'a encore ddcouvert aucun cristal aimant qui soit ainsi tour a tour magnetique ou dia- magnetique au sein du vide ou de 1'acide carbonique , Equivalent magnetique du vide. Le spath calcaire se rapproche beaucoup de ce genre de corps ; sa force dirigeante varie beaucoup d'une posi- tion a l'autre ; mais il est toujours un peu diamagne'tique ; s'il contient des traces de fer, il devient au contraire un peu paramagne- tique , mais en montrant toujours une grande inegalite de force di - rectrice dans les deux positions ; cette maniere d'etre du spath calcaire pur ou avec des traces de fer, suffit a montrer qu'il n'y a COSMOS. 305 pas de raison de supposer qu'on ne puisse pas trouver un cristal qui, dans le vide ou l'espace ze>o, soit paramagnetique dans une direc- tion et diamagnetique dans l'autre. Tout porte a croire que les rapports magnetiques g^neraux des cristaux-aimants sont les memes que ceux des memes corps a l'etat amorphe ; et que les circonstances qui influent sur le magnetisme du corps cristallise influent de la meme maniere sur le corps amor- phe. En etudiant par consequent Taction des divers agents naturels sur le magnetisme du cristal-aimant, on arrivera a connaitre Taction de ces memes agents sur le magnetisme du corps lui-meme. On peut ainsi determiner l'effet de la chaleur sur le magnetisme du bismuth, de la tourmaline, etc., en mesurant la force de direction de cristaux de ces corps ; et avec d'autant plus d'avantages qu'on peut se servir de petits cristaux globulaires , tout a. fait a l'abri de l'influence des milieux dans lesquels on les fait plonger pour elever leur tempdrature , et qu'ii n'est plus necessaire de deplacer. On a suspendu de cette maniere des cristaux de bismuth, de tourmaline, de carbonate de fer et autres, dans des bains d'huile ou d'eau, dont on elevait ou abaissait progressivement la temperature , en obser- vant pour chaque temperature la force de torsion necessaire pour deplacer le cristal. Pour un cristal de bismuth , la force de torsion egale a 200 a — 6 degres n'etait plus que de 70 a 150 degres ; et la diminution de force sur tous les points de l'echelle etait sensiblement la meme pour une augmentation d'un meme nombre de degres. Un morceau de bismuth amorphe comprime dans une direction mani- festait a tres-peu pros les memes variations dans sa force de direc- tion pour les memes variations de temperature, et ce fait conduit a penser que le pouvoir magnetique du bismuth , consider en lui- meme comrae corps diamagnetique, eprouve par le changement de temperature les memes variations que le bismuth cristallise. Pour un cristal de tourmaline, la force de torsion qui etait egale a 540 a — 32°, n'etait plus que de 270 a 150 degres ; la perte de force etait progressive et plus grande a de basses temperatures qua des temperatures eievees ; de — 32° a — 17 degres, la perte n'etait que de 50, tandis que de 133 a 150° elle n'etait que de 20. Le carbonate de fer eprouvait des changements semblables ; a — 32° la force etait 1140, a 150 degres elle n'etait plus que de 415; a des temperatures basses la perte de force pour 30 degres etait de 120, elle n'etait que de 34 a des temperatures eievees. Dans toutes ces experiences et dans beaucoup d' autres , faites soit avec des corps paramagnetiques, soit avec des corps diamagne- 306 COSMOS. tiques, les forces de direction des cristaux-aimants diminuaient avec l'elevation de temperature ; et il devenait des lors probable que la force magnetique des corps dans leur etat ordinaire changeait dans le meme sens. Mais quand on voulut etendre ces resultats au fer, au nickel et au cobalt, qu'on employait sous forme de petits pris- mes associ^s a des cubes de cuivre pour leur donner plus de poids, on arrivait a des conclusions differentes. Pour le fer a la temperature de zero ou de 150 degres, ou a une temperature intermediate quel- conque , la force de torsion etait toujours de 300 , propre du mor- ceau sur lequel on experimental dans les circonstances oil il etait plac^. On sait qu'a des temperatures plus elevdes, son pouvoir ma- gnetique diminue et qu'a la chaleur rouge elle est presque insensi- ble. Pour un morceau de nickel, la force de direction qui a 35 de- gree etait de 300 , n' etait plus que de 290 a 140 degres ; il avait done perdu le 30e de sa force ; on sait qua la temperature de l'huile bouillante il perd presque toute sa force magnetique et n'agit plus sur l'aiguille aimantee. Le cobalt, d'un autre cote, exige une tem- perature beaucoup plus elevee pour perdre son caractere magneti- que, une temperature tres-voisine de celle de la fusion du cuivre ; a des temperatures plus basses, le passage de 21 a 150 degres deter- mine une augmentation de la force magnetique de 293 a 333. II est evident, par consequent, qu'il est une certaine temperature, ouune rangee de temperatures au-dessus de 150 degres pour laquelle la force magnetique du cobalt devient maximum ; et qu'une variation de temperature au-dessus ou au-dessous de ce point amene une diminution deforce. II en est probablement ainsi du fer, et sa force magnetique maximum a lieu entre — 18 et 150 degres. Si la force magnetique du nickel a aussi un maximum, ce maximum doit avoir lieu a des temperatures au-dessous de — 17°. II resulte de ce qui precede que les trois metaux ranges suivant la temperature de plus en plus elevee a laquelle ils atteignent leur maximum de force magnetique, se placent dans l'ordre suivant : nickel , fer, cobalt ; e'est aussi l'ordre dans lequel ils perdent a des temperatures de plus en plus elevees leur force de direction magne- tique elevee et caracteristique. F. Moigno. ANTHROPOLOGIE. PROPORTIONS PHYSIQUES OU NATURELLES DU CORPS HUMAIN EXPRI- MEES EN MESURES METRIQUES ET RAPPORTEES A LA TAILLE DE lm,60; PAR M. J.-T. SILBERMANN. « Recherchant a rapporter l'unite metrique a la stature dc 1'homme, j'ai du tout d'abord m'occuper de laloi physique qui re^it )a proportion des diverses articulations generates du type de la charpente de 1'homme. J'ai penst* que mon premier devoir etait de donner ces proportions, afin que les artistes puissent les exami- ner; me reservant de donner dans un prochain travail 1'expose de la loi qui les regit, ainsi que la raison physique de la taille de lm,60 qui offre un tres-haut interet. » Toutes les mesures sont exprim^es en parties metriques ct partent, pour 1'homme debout, du plan horizontal qui le supporte. Le sommet de la tete 1™ 60 ^Naissance des cheveux 1 35 Centre de la pupil le 1 g0 Bas du nez j 45 Fente de la bouche 1,4333 Naissance du menton 1 4166 Bas du menton 1 40 Centre de Tarticulation aux epaules et bord de la clavicule du cou 1,3333 Bouts des seins 1 20 Nombril (le centre) 1 Extremite inferieure de la tuberosite des os du bassin et du pubis 0 80 Centre d'articulation du genou 0 4444 Centre d'articulation de la jambe et du pied 0,0444 Plante des pieds sur le sol 0 BRAS. Longueur du bras, la main comprise. . . . 0,666 Du centre d'articulation a l'epaule, jusqu'a celui du coude , 0 2666 Du centre d'articulation du coude, jusqu'a celui du poignet 0,2666 Longueur de la main 0 1333 SUBDIVISION DE LA MAIN. Doigt du milieu. Du centre de rotation du poignet a celui de Distance entre les deux centres des pupilles 0,0a I.argeur du nez aux narines 0,023 Distance entre ces deux cenires 0,2666 Distance entre les deux 0,24 Centre d'articulation du femur 0,8888 Distance entre les deux centres 0,1777 308 COSMOS. l'extremite du metacarpe milieu 0m,066< Du precedent a la premiere phalange 0,0333 De la premiere phalange a la seconde 0,0166 De la deuxieme phalange a la naissanve de l'ougle O,00SS Longueur dc I'ongle 0,0088 Horizontalement, du centre d'articulalion de la jambe jusqu'au buut du pied 0,1333 Idem jusqu'au bout du talon 0,0444 Longueur du pied 0,1777 « Les proportions de hauteurs donnees plus haut satisfont par- faitement aux observations artistiques ; ainsi , l'homme ayant les bras tendus horizontalement et sur une meme ligne droite, sa taille est comprise entre l'extremite de ses deux doigts du milieu : En effet, chaque bras a pour longueur 0m,666; ainsi les deux lm,333 La distance comprise entre les deux centres de rotation des epaules est de 0,266 La taille de l'homme est egaleau total 1,600 » Les ouvrages artistiques rapportent aussi que l'homme etant couclie par terre, les bras tendus sur sa tete, les extremites des pieds et des mains touchent la circonference d'un cercle dont le nombril est le centre ; En effet, des pieds jusqu'au centre de rotation des epaules il y a lm,333 Si Ton ajoute la longueur du bras, qui est de 0,666 On a la somme de 2 pour diametre du cercle dont la moitie" ou le rayon est 1, hauteur du nombril au-dessus du sol. » Nous ne pouvons qu'applaudir a ces recherches eminemment in- teressantes. Nous avons trouve" cependant un peu trop petite la taille de lm, 60 qu'il a prise pour point de depart; nous aurions prefdre ]m,64, taille de l'homme moyen tel qu'il a tHd deTini par M. Quetelet, et que nous le concevons. Dans une suite a. son pre- mier m&noire, M. Silbermann essaye de justifier son choix, mais nous n'avons pas bien saisi son argumentation, a moins, toutefois, qu'elle se reduise a ce fait, que lm,60 est la taille moyenne de l'homme a vingt ans, comme lm,64 est Ja taille moyenne de l'homme apres toute croissance achevde. F. Moigno. A. TRAMBLAY, propric'taire-gerant. Paris, — linprimerie de W. Reuqcei et Cie, rue Garauciere, 5. T. VJII. 28 MARS 1856. CINQUIBME ANNEB. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Jacques Valserre nousapprend que le conseil municipal vient d'entreprendre, a la boulangerie des hospices, des essais pour la fabrication d'un pain qui doittenir'le milieu entre la premiere etla seconde qualite aujourd'hui en usage dans la capitale. N'esperant rien du concours de la meunerie, le conseil a etabli dans l'un des bati- ments de la manutention une paire de meules mues par la vapeur, qui donnent le ble destine a la fabrication du pain intermediate. On a choisi quatre sortes de bles dont l'usage est plus habituel dans la capitale, et provenantdePicardie, de Brie, de Beauce etdelaSeine; chaqueblea ete moulu separement ; on en a extrait 76,30 pour cent de farine , et 23,70 d'issues; chaque furine a ete panifiee a part; les pains obtenus, ranges dans l'ordre de blancheur et de saveur, seclassentdansl'ordresuivant: T.°Pain deble dela ferine Ste- Anne, aux portes de Paris , superieur en nuance et d'un gout parfait; 2° pain de ble de Beauce, nuance jaune, saveur exquise; 3° pain de blede Brie, un peu moins jaune, saveur excellente ; 4° pain de ble de Picardie, inferieur aux autres pour la nuance et le gout. Les quatre sortes de pains ont un arome appetissant ; elles deviennent plus savoureuses en devenant rassises, et sont encore mangles avec plaisir apres quatre jours, ce qui n'a certes pas lieu pour le pain de premiere qualite. La commission a fait en outre un cinquiemepain avec les quatre farines melees en proportions egales; il etait d'une nuance moyenne et tres-superieur quant au gout. En resume, dit M. Valserre , le probleme est resolu theoriquement ; le pain inter- mediaire est mille fois preferable a celui que les boulangers ven- dent sous le nom de pain de premiere qualite, et il ne reste plus qu'a obtenir du peuple et de la bourgeoisie de Paris qu'ils consen- ted a reconnaitre ces precieux avantages. C'estune grande erreur que d'exiger la blancheur au detriment du gout, de la saveur, des qualites nutritives, de la conservation, et il est temp-; d'en faire bonne justice. — De l'adresse inaugurale de sir Robert Stephenson a la Societe 12 310 COSMOS. desingenieurs, nous extrayons le passage suivant : « Le royaume- uni de la Grande-Bretagne possede aujourd'hui 4 242 lieues de chemins de fer; c'est plus que la longueur reunie des cinq fleuves principaux de I'Europe; poses bout a bout, les rails de ces voies ferries feraient aisement le tour du globe. Le parcours annuel des trains est 32 millions de lieues ; le nombre des voyageurs transporter en 1854 a ete de 111 millions a la distance moyenne de 4 lieues. Le ttMegraphe electrique n'etait, il y a sept ans, qu'une faible frac- tion de ce qu'il est devenu ; il s'etend aujourd'hui sur 4 mille lieues, par 9 mille lieues de fils. Les chemins de fer, avecles tele- graphes electriques, occupent 130 mille employes qui, avec leurs families, representent 500 mille ames, ou le cinquantieme de la population de l'Angleterre ; leurs recettes annuelles representent aujourd'hui 500 millions de francs, somme presque egale ala moitie des revenus de l'Etat. S'ils venaient a suspendre leurs services, les transports qu'ils realisent couteraient au moins un milliard 500 millions; on peut done estimer a pres d'un milliard l'eeonomie qu'ils procurent annuellement au pays : ce n'est pas la seule, puisque, pour le public, le temps vaut de l'argent; sur chaque voyage de 4 lieues, les chemins de fer font gagner une heure a 111 millions de voyageurs par annee ou 38 mille ans de vies d'hommes travail Ian t huit heures par jour, ce qui , en calculant a 3 fr. 75 c. la journee de ces ouvriers, constitue un benefice de 50 millions de francs. — Depuis des sieclesles populations allemandes du Luxembourg ont l'habitude de faire benir chaque annee, le jour de l'Assomp- tion, une botte d'herbes aromatiques, composee d'absinthe, d'ar- moise, de sauge, de rue, de fleurs de sureau, de camomille, etc., pour etre transformers au besoin en fumigations et en tisane* Ces bottes, accumulees d'annee en annee dans lesgreniers, aromatisent fortement l'air, et de fait on n'y voit ni charancon ni artison. M. le docteur Lenger, qui connaissait ce fait, ayant vu ^on grenier en- vabi par une innombrable quantite de rharan^ons, eut 1'idee de faire pendre aux solives une grosse botte d'absinthe verle, et de placer quelques branches de cette planle dans le tas de lile : six heures s'etaient a peine ecoul^es que deja il voyait sortir et grim- per le long des murs, qui en devinrent tout noirs, les milliers d'in- sectes qui auraient devore^ tout son ble. L'absinthe, que chacun peut cultiver sans frais clans un coin de son jardin et placer ensuite dans le grenier, dans les armoires a linges ou a habits, etc. , chasse les artisons et les autres insectes aussi bien que les charancons. M. Decamp, de Cambrai, a aussi constate que les insectes n'atta- COSMOS. 3j| quent pas le ble depose sur im plancher que l'on a frotle avec du jus d'oignon, ou meme sur lequel on a fait sdcher de la graine d'oignon. — Le Genie Industrie!, dans sa derniere livraison , consacreur* long article a l'exposd des moyens par lesquels M. Adorno, inge- nieur mexicain, eroit pouvoir conjurer les accidents sur les chemins- de fer. Aujourd'hui, c'est le mecanicien seul qui est charge" d'arreter la locomotive; il est averti du danger par les divers signaux formes sur la route; mais ces Hgnaux peuvent etre ou omis , ou ne pas etre apercus. M. Adorno propose de munir chaque locomotive d'un nou- vel organe fort simple, appele par lui bride , et qui a pour fonction d'interrompre la communication de la vapeur avec les cylindres en ouvrant en meme temps issue a la vapeur. Pour faire agir la bride, on place, pros de chaque station et dans les endroits dangereux, despi- lotes on indicateurs mecaniques qui, une fois eleves au-dessus de leur position normale , agissent doucement et sans secousse sur la bride, la mettent en mouvement, et celle-ci a son tour intercepte la vapeur. On peut faire elever les pilotes mecaniques par le convoi meme qui doit etre garanti de l'approche d'un autre convoi, ou par tout autre moyen. — M. Kellermann a rdcemment appele l'attention sur les arbres a cire dont il demande l'introduction en France. En outre de la faculte qu'ils ont de produire de la cire , ces arbres absorbent l'air impur, assainissent les con trees marec'ageuses au sein desquelles ils sont plantes, et repandent au temps des chaleurs une odeur aromatique fort agreable ; leur racines ont des proprietes mddecinales et leurs feuilles preservent les etoffes des ravages de^ mites. Deux especes, le mrrica cerifera , de la Caroline , et le myrica pensjrlvanica, de la Pensylvanie , devraient surtout etre cultivees ; elles fournissent une cire que l'on a reussi a blanchir sans alteration et a transformer en bougies comparables aux bougies de cire ordi- naire. Introduit sans peine en Algerie, le myrica ceriferia tend ay devenir l'objet d'une grande culture ; il se multiplie avec une facilite extreme par graines ou par boutures prises soit sur les l>ranches. soit par les racines. En Amerique , les ciriers sont tres-abondants et couvrent la majeure partie des marais. M. Kellermann considere comme tres-urgente et tres-avantageuse la substitution, en France, des haies de myrica pensyhmnica aux haies d'epines dans les en- droife humides et marecageux; le myrica cerifera remplacerait avec benefices les saules dans les prairies , aux bords des ruisseaux 312 COSMOS. et rivieres ; on obtiendrait de cette maniere, dit- il, une amelioration reelle dans la salubrite de l'air, 1' extinction de foyers pestilentiels, eten meme temps une recolte abondante de cire vegetale sans pres- que aucun frais de culture. — A l'Exposition universelle de 1855 , figuraient des truffes re- coltees par M. Rousseau , d' Apt , dans un semis de chenes dit truf- fiers, fait en vuede cette production. Cette plantation contenait des chenes verts et des chenes bl;mcs ; en nombre a peu pres cgal ; et sur 15 kilogrammes de truffes obtenues la huitieme annee, pas une seule n'avait ete trouvee au pied d'un chene blanc. De cette experience curieuse , M. Rousseau semblait conclure premierement que les truffes sont un parasite propre du chene vert; secondement, rju'on pourrait arriver de cette maniere a les produire a volonte , a trans- former en terrains truffiers des terrains oil ce tubercule n'avait ja- mais paru. M. de Gasparin a reduit ces pretentions et ces espe- rances a leur juste valeur, en constatant d'abord que sur un grand nombre de points on trouve au pied des chenes blancs des truiles aussi belles et meme plus (belles que celles qui naissenL au pied des chenes verts; et de plus qu'en demandant les truffes a des se- mis semblables a celui de M. Rousseau on les payerait un prUs enorme ; mieux vaut certainement mille fois tirer un autre parti des terrains ou l'agronome aptesien a voulu senior des truffes en plan- tant des chenes de mauvaise venue etde mauvais rapport. — Le Salut public de Lyon rend compte avec de tres-grands eloges et un vif enthousiasme d'une experience dans laquelle M. Marin a fait ressortir les avantages de son nouveau systeme de tissage applicable a toutes les etoffes et a toutes les largeurs, sans exception. M.Marin, dit le journal lyonnais, a realise l'amelioration la plus inq)ortante , la plus complete dont le metier Jacquait est susceptible. Cette ameboration, qui consiste dans la substitution du papier pailleau carton, assure au fabricant une economie constatee de 15 pour 100 sur le lisage, de 15 pour 100 sur le repiquage. Loin d'apporter aucune perturbation dans les metiers usit^s , le systeirie Martin permet d'employer jusqu'au dernier, jusqu'a ce qu'ils soient extiemement hors de service, tous les vieux dessins, propriete des fabricanls, ce qui constitue pour le commerce lyonnais un avantage inappreciable dont le benefice peuthardiment etre evalue a plusieurs millions ; le nouveau systeme sera adopte avec d'autant moins d'he- sitation par le chef d'atelier qu'il n'exige de lui aucun changement, si ce n'est celui de la garniture de la mecanique, et cpie son appli- cation entraine des frais insignifiants. Dans son experience pubhque, COSMOS. 313 et pour mieuxprouver la verite des avantages qui viennent d'etre enumeres, M. Marin s'est servi d'une vieille mecanique de 200 cor- des dont il a fait un metier a 600 cordes capables de reproduce un dessin dans lequel 5000 bandes de papier-paille remplacaient 5000 cartons anciens, avec une diminution enorme de poids et une facilite incomparable de transport ; le papier-paille possede encore une propriete precieuse, celle d'etre a l'epreuve de toute espece de va- riations hygrometriques et autres, ce qui permettra de conserver desormais les dessins en magasins. Ce qui nous £tonne quelque peu dans cet article, c'est qu'il n'y soit fait aucune mention, ni d'un perfectionnement semblable rea- lise a Paris, qui comprend aussi la substitution du papier au carton ; ni surtout du progres bien autrement radical et important realise" par le metier electrique de M. Bonelli qui supprime a la fois les cartons , le lissage, le repiquage, etc. Bien des intelligences, nous le savons, et c'est grand dommage, se refusent encore a croirea l'efficacite de la solution donnee par M. Bonelli a l'un des plus im- portants problemes des temps modernes; cette efficacite est cepen- dant incontestable et le metier electrique sera certainement adopts tot ou tard universellement. — Dans laderniere seance de laSocieted'acclimatation.M.Geof- froy Saint-Hilaire a donne" lecture d'un memoire de M. l'abbe Al- lary sur l'utilite des pigeons domestiques , dont le but est de combattre le prejuge errone qui repre"sente les pigeons comme funestes aux semences. La Brie et la Beauce sont les regions qui donnent les plus belles rccoltes et ce sont cedes aussi oiTl'on nourrit le plus de pigeons. D'une part , suivant M. Allary, les pi- geons ne ramassent que les grains qui sans eux seraient perdus ; ce sont des glaneurs tres-actifs, mais tres-honnetes ; la preuve c'est que les jabots de huit pigeons , tuds vers 1 epoque de la re"coltet renfermaient au plus un huitieme de ble mangeable. D'autre part] lacolombine est un engrais d'une tres-grande puissance, et la chair des pigeons est un aliment precieux a une Epoque ou la viande est rare et chere ; leur 61evage presente done de tres-grands avantages sans inconvenients r^els. II y a certainement de l'exageration dans les assertions de M. l'abbe Allary et les plaintes emises contra les pigeons sont jusqua un certain point legitimes, mais il y a exagera- tion aussi dans l'arret de proscription generale quel'on semble sol- liciter de toutes parts contra ces charmants et utiles volatiles. — Nous apprenons par X Athenaeum anglais que M. Henry Sainte-Claire-Deville a fait expres le voyage de Londres pour 314 COSMOS. prendre part a la lecon que le Reverend M. Barlow faisait a l'lnsti- tution royale, le 14 mars dernier, sur l'aluminium ; le chimiste francais, pour rehausser 1'eclat et accroitre l'intdret de cette bril- lante soirdescientifique, avait apporte" non-seulement ses plus beaux ^chantillons du nouveau et precieux melal , mais les matieres pre- mieres et les appareils nfoessaires aux experiences qu'on devait faire en presence du noble auditoire. Nous avonssous les yeux le compte rendu de la le^on de M. Barlow, mais il ne renferme rien qui ne soit connu de nos lecteurs , a l'exception toutefois d'un fait qui n'est pas sans importance. Le docteur Percy a obtenu avec l'alu- miniuin et d'autres metaux des alliages qui promettent des 'appli- cations utiles. L'un, entre autres, forme" de 95 de cuivre et 5 d'alu- minium, a une belle couleur d'or , se lamine bien et recoit, quand on le plonge dans l'acide nitrique sous certaines conditions , une tres- bonne treinpe. En parlant des applications possibles de l'aluminium, le savant professeur ou le r^dacteur de l'article disent : « Son grand pouvoir eonducteur de la chaleur et la resistance qu'il oppose aux agents de corrosion indiquent qu'il est peut-etre le plus excellent des metaux connus pour la fabrication des vases culinaires. » lis oubliaient en parlant ainsi que l'aluminium est tres-facilement atta- que" par les cellules. — La Soci^te royale astronomique de Londres a tenu en feVrier dernier sa seance publique annuelle. Nous analyserons bientot le compte rendu de cette solennite qui a offert un tres-grand inteVet par le tribut d'hommages payes aux membres morts dans l'anne>, par le resume des travaux accomplis en 1855 dans les divers Observatoires du royaume-uni, etc. Nous nous nous contenterons d'annoncer pour aujourd'hui que le Conseil a decerne" la medaille d'or pour 1855 a M. Robert Grant, pour son Histoire de I'astro- nomie physique, ouvrage, d'un merite eminent, place" au rang des ouvrages classiques d'astronomie les plus estimds. C est la pre- miere fois depuis sa f'ondation que la Society astronomique decernait sa medaille a un travail iitteraire. La SocieUe" a aussi renouvele son bureau, qui se trouve compose pour 1856 de la maniere suivante : president, M. Johnson, directeur de l'Observatoire de Radcliffe, a Oxford; -vice-presidents, MM. Airy, astronome royal, de Morgan, Rev. Robert Main, Rev. Baden Powell ; tresorier, M. Georges Bishop; secretaires, MM. Warren de la Rue, amiral Manners; secretaire pour I ' etranger , M. Hind; membres du Conseil, MM. Carington, Fisher, Glaisher, Grant, Lee, Pritchard, Rutter- ford, Simms, amiral Smyth, Whitbread. PHOTOGRAPHIE. SUR LES PROPRIETES PHOTOGRAPHIQUES DU CITRATE d'aRGENT, PAR M. HARDWICH. On obtient le citrate d'argent par l'addition a une solution de nitrate d'argent d'un citrate soluble quelconque ; il se precipite sous forme de flocons blancs insolubles dans l'eau , composes de trois Equivalents d'oxyde d'argent unis a un equivalent d'acide nitrique. Chauffe a 100 degres dans un courant d'hydrogene, le citrate perd une partie de son oxygene et se presente sous forme de compose" bran sombre qui est un sous-citrate d'argent ou une combinaison de l'a- cide citricpae avec le sous-oxyde d'argent. M. Hardwich, ayant un jour prepare au citrate d'argent une feuille de papier a filtrer de Suede , l'exposa a la lumiere , constata que sa teinte passait gra- duellement au rouge-brique et s'assura que cette teinte s'alterait fort peu dans Taction de la fixation. II ajouta plus tard un chlorure soluble a la dissolution de citrate et vit que la sensibihte etait gran- dement augmented, que la teinte rouge-brique etait renforcee et de- venait pourpre. Ces premieres experiences firent penser a M. Hard- wich que le citrate d'argent pouvait devenir le point de depart d'un procede nouveau d'impression des positifs ; l'essentiel etait de trouver une formule convenable ; voici celle a laquelle , apres de nombreux essais, il s'est arrete : acide citrique pur, 6s, 5; chlorure d'ammonium, 6,5 ; gelatine, 0,65; eau , 300 grammes. On ajoute la gelatine pour retenir la couche sensible a la surface du papier, mais elle n'a aucune influence sur la teinte. On dissout l'acide ci- trique dans une petite quantity d'eau et on le neutralise complete- ment avec le carbonate de soude ; la quantite de soude ordinaire necessaire a la neutralisation de 66,5 d'acide citrique est d'environ 14s,8; on ajoute l'alcali avec precaution , en remuant continuelle- ment, jusqu'a ce que les dernieres portions ne produisent plus d'effervescence ; on s'arrete aussitot que le papier de tournesol rougi prEalablement par un acide commence a virer au bleu. Le papier qui, suivant M. Hardwich , donne dans le nouveau proc£d6 les meilleurs positifs, est le papier Saxe. On le fait flotter a la sur- face du bain de citrate pendant une minute et demie. On sensibilise sur un bain de nitrate d'argent au dixieme ou de 3 grammes de nitrate pour 30 grammes d'eau. La sensibility a la lumiere du papier ainsi prepare" est un peu moins grande que celle du papier albumine prepare" a l'ammonio-nitrate fortement sale , mais plus grande que celle du papier prepare a l'ammonio-nitrate avec une petite propor- 316 COSMOS. tion desel. Lorsqu'on sort l'^preuvedu chassis, sa teinte est brune ou pourpre, elle devient rouge-brique quand on la fixe. On la re- hausse de ton par un sel d'or , suivant le procede" de M. Sutton, apres qu'elle a rte prealablement lavee d'abord dans l'eau pure , puis dans l'eau salee pour enlever tout le nitrate d'argent. Lorsqu'elle sort du bain de sel d'or, elle a pris une teinte riche violetqiourpre ou pourpre-fonc^; et a moins que l'on n'ait pousse trop loin Taction du sel d'or, cette teinte, dans le bain fixateur d'hyposulfite de soude, tend a. passer au brun chocolat. Si Ton voulait ^viter cette derniere teinte, il faudrait substituer a l'eau salee une solution tres-dilude d'ammoniaque , pour enlever jusqu'aux dernieres traces de nitrate d'argent avant de la rehausser de ton; l'ammoniaque exerce sur l'epreuve une action fixatrice , la teinte alors est moins sujette a. s'alte>er dans le bain d'hyposulfite. L'dpreuve, quand elle est finie, est claire etvigoureuse avec beaucoup de profondeur et de transpa- rence dans les ombres. 11 ne faudra pas s'en tenir pharisa'iquement a la formuleprec£- dente ; elle devra etre modifiee suivant 1'activite' plus ou moins grande du bain d'or ; dans les temps sombres et avec des negatifs faibles, il faudra augmenter la proportion de chlorure d'ammonium, sans quoi les ombres ne seraient pas assez fortes ; si au contraire la lumiere est vive et le negatif tres-vigoureux, on etendra plus ou moins d'eau le bain de chlorure. La substitution de l'ammonio-nitrate d'argent au nitrate pur donne au papier une sensibilite beaucoup plus grande , et procure des epreuves beaucoup mieux r^ussies. Voici comment on peut alors proceder : on ajoute au bain de citrate et de chlorure d'am- monium la moitie de son poids d'eau; et Ton sensibilise en 6ten- dant au pinceau une solution de 4 grammes d'ammonio-nitrate d'argent dans 30 grammes d'eau ; 1'impression ainsi obtenue sera plus forte et l'on n' aura pas a redouter la teinte bleue desagreable qui se prouuit si souvent quand on n'emploie pas de citrate. M. Hardwich prefere de beaucoup a l'ammonio-nitrate une disso- lution d'oxyde d'argent dans du nitrate d'ammoniaque qu'on pre- pare de la maniere suivante : dissolvez 4 grammes de nitrate d'ar- gent dans l'eau ; ajoutez de l'eau de chaux aussi longtemps qu'il n'y a plus de precipite' ; faites fondre dans de l'eau distillee 2 gram- mes ou 2^,5 de cristaux de nitrate d'ammoniaque depouille autant que possible de chlorure d'ammonium; ajoutez a cette dissolution assez d'eau pour former 30 grammes; elle dissoudra comple'tenient et instantanement l'oxyde d'argent rouge-oliveatre precipite par COSMOS. 317 l'eau de chaux; cette eau peut etre remplacee avec avantage par de 1'eau de baryte oude potasse pure a l'alcool. Voici comment, en se servant toujours du citrate, on peut obtenir des positifs par leproced^dit negatif. Prenez acide citrique, 3s, 25; chlorure d'ammonium, 3s, 25 ; gelatine, 0,65; eau, 300 grammes; neutralisez l'acide citrique avec du carbonate de soude, comme plus haut ; faites flotter la feuille de papier Saxe ou Rive a la surface de ce bain pendant une minute et demie; sensibili?ez a 1'abri de la lumiere avec de Taceto-nitrate d'argent, forme" de nitrate d'argent, 2 grammes, eau, 30 grammes, acide acetiqne cristallise, 1 gramme. Le temps d'exposition a la lumiere , toujours tres-court ( deux ou trois mmutes par un jour sombre) est regie par la teinte que prennent les marges de l'epreuve. Quand on sort le negatif du chassis, on y apercoit l'esquisse de l'image entiere, mais tres- l^gere et confuse. L'immersion dans le bain d'acide gallique , 2 grammes dans une once d'eau, developpe rapidement l'image; en deuxou trois minutes elle a completement apparu; si le temps etait chaud', on etendrait le bain d'acide gallique de la moitie de son vo- lume d'eau. II est tres-important debien regler le temps de Texpo- sition a la lumiere : l'epreuve trop peu exposee se developpe lente- ment , devient noire de jais si Ton continue Taction de l'acide gallique, mais elle n'a pas de demi-tons; l'epreuve trop exposee, an contraire, se developpe avec une rapidity extraordinaire, il faut 1'enlever tres-promptement du bain pour sauver laclarte des blancs; lavee elle apparait rouge et pale , sans profondeur dans les ombres. Le temps de l'exposition ne doit done etreni trop long ni trop court; les details qui ne seraient en aucune maniere visibles a la sortie du chassis , seront tres-difficilement developpes par l'acide gal- lique. II faut aussi arreter Taction du bain revelateur un peu avant que l'image ait l'intensite" definitive qu'on veut lui donner, en lais- sant au bain de sel d'or employe comme ci-dessus a Tamener a point; sans cela elle deviendrait trop foncee. Si avant de plonger dansle bain renfor9ant, on abien enleve l'acide gallique par lavage, si ce bain a etc bien conserve a Tabri de la lumiere, et rendu acide par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, les blancs de l'epreuve resteront tres-purs. II faut , sans perte de temps , faire passer l'e- preuve du bain renforcant dans le bain fixateur , car il pourrait se produire a la surface de l'image une decomposition qui la feraitvirer au jaune. La comparaison des epreuves obtenues par l'exposition directe a la lumiere avec celles que donne l'emploi du bain revelateur est un 3iS COSMOS. peu a l'avantage des premieres , mais la difference est trcs-ltfgere ; la couleur est a peu pies la uieme dans toutes deux ; elle est un peu plus sombre cependant dans les images developp^es ordinairement violet-pourpre, quelquefois brun-chocolat sombre. M. Hardwich se garde d'accorder a son nouveau proceed d'im- pression au citrate d'argent une superiorite reelle au point de vue de la permanence des images; pour^viter 1'alteration il faudra en- lever toute trace d'hyposulfite comme a l'ordinaire par un lavage parfait. Le principal avantage du citrate d'argent est : 1° de per- mettre a l'operateur d'obtenir des ombres chaudes et brunes sur toute espece de papier, et de se mettre a l'abri du virage au bleu qui se produit si souvent quand le bain d'or est tres-actif ; 2° de remplacer avec avantage le serum de lait pour obtenir, par des temps sombres, de belles epreuves ddveloppeesdans l'acide gallique. [Journal de la Societe photographique de Londres.) RESTAURATION DES EPREUVES ALTEREES OU PALIES, PAR M. HARDWICH. M. Hardwich, apres avoir pris une epreuve sur papier ordinaire, et 1' avoir ramence au jaune par l'hydrosulfate d'ammoniaque, la traite pardel'eaude chlore jusqu'a ce que 1'image jaune soit devenue invisible a son tour; il la lave ensuite a l'eau pure et la plonge dans une dissolution d'acide pyrogallique rendue alcaline par la potasse; 1'image reparait aussitot, etacquiert une intensite conside- rable; mais elle manque quelque peu de demi-tons. Ce procede de restauration ne reussit parfaitement qu'autant que le developpe- ment de Timage a e^e primitivement pousse tres-loin, qu'elle a et^ sur-imprimee ou imprime'e avec exces. Les photographes, qui ont des epreuves sur papier ordinaire altere'es par sulfuration , pourront essayer le moyen qui precede , s'ils tiennent beaucoup a leurs epreuves et qu'elles ne puissent etre remplacees; ils ne rdussiront qu'autant que tous les traits de 1'image seront restes visibles a l'etat de sulfure jaune d'argent; ce n'est pas toujours ce qui a eu lieu , l'hyposulfite de soude est souvent reste* dans le papier en quantite suffisante pour dissoudre entierement les demi-tons et ra- mener le papier au blancsans traces de jaune visible. CHASSIS MARION. Nous recevons de M. Marion la lettre suivante, que nous nous empressons d'ins^rer, parce que la reclamation qu'elle renferme nous semble tout a fait juste : COSMOS. 319 - Depuis que vous avez eu la bonte de parler de mon chassis dans le Cosmos, j'y ai apporte des perfectionnements, ainsi que vous pouvez le voir par le modele que j'ai eu l'honneur de vous adresser. « Si vous croyez l'objet digne d'une mention nouvelle, je vous serai oblige" de la faire ; cela me rendrait d'autant plus service, qu'elle pourrait retablir a sa juste valeur une invention d^preciee par la Societe franchise de Photographie, sous pr6texle de simili- tude de mon chassis avec celui de M. Clement. " En bonne conscience, je vous demande, monsieur, s'il est pos- sible d'admettre qu'un chassis dans son ensemble ne ressemble pas a un autre chassis; c'est toujours un cadre plus ou moins ouvrage\ muni d'une porte et d'un volet, que M. Clement n'a pas invents plus que moi. « S'il y a quelque analogie dans un des details du chassis Ma- rion avec celui de M. Clement, cela ne peut etre que dans l'ouver- ture pratiquee a l'extremite superieure, et encore cette ouverture dans mon chassis est-elle utilisee d'une facon differente parun objet different. C'est du moins ce que je pense ; car j'affirme ne pas con- naitre le chassis de M. Clement autrement que par ce que 1'on m'en a dit. « A la meme epoque oil la SocieHe de Photographie a fait des rapports sur les chassis Clement et Renaudin, un de mes corres- pondants, membre aussi de la SocieHe" de Photographie, demanda un rapport surle mien, qu'il employait dans ses operations, et au- quel il avait reconnu des avantages. On n'a pas plus tenu compte de cette demande que de celle que j'avais faite moi-meme. " Pensez-vous que la Societe de photographie remplisse conve- nablement sa mission en donnant exclusivement sa protection a une invention parce qu'elle est nee la premiere? S'il en etait ainsi, le but de son institution qui est le progres ne serait-il pas manque? Nous regrettons que le defaut d'espace nous empeche de faire des aujourd'hui une etude comparee des deux chassis de MM. Cle- ment et Marion. ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DO 24 MARS 185(>. Cette seance, plus courte encore que la pr&eilente , n'a offert aucun int(5ret ; nous n'avons rien pu saisir, absolument rien, de la correspondance depouillee parM. Elie de Beaumont, et l'Academie s'est formee immediatement aptes en comite" secret pour la presen- tation des candidate a la place vacante dans la section de mddecine. La section, apres une nouvelle et vive discussion , a maintenu sa liste telle que nous l'avons publiee ; elie s'est seulement accordee a donner le pas a la liste des me\lecins sur la liste des chirurgiens ; c'est-a-dire que la majorite a ete d'avis de demander a l'Academie l'adjonction d'un medecin de preference a un chlrurgien ; elie au°-- menteainsi, autant qu'il depend d'elle, les chances de MM. Cruveil- hier et Longet , en diminuant cedes de MM. Guerin et Jobert de Lamballe. L'Academie se rendra-t-elle a l'invitation de la section, nommera-t-elle M. Longet? se prononcera-t-elle en faveur de M. Jo- bert ? ou bien, ce qui s'est vu plus d'une fois , resistant aux deux parties extremes, fera-t-elle triompher la candidature de M. Cruveil- hier ! L'expose des litres a ete fait par M. Andral avec beaucoup d'impartialite et de bienveillance ; M. Jobert de Lamballe a trouve de nombreux et chauds defenseurs, la cause de M. Cruveilhier a etc solidement plaidee; M, Longet a ete un peu oublie ; eomme les plus grandes chances de succes sont pour lui, il avait moins besoin par la meme d'etre defendu avec chaleur. Dans l'etat actuel des choses rien ne peut faire prevoir le resultat de la lutte. — M. Breton (deChamp) commence 1'application a divers instru- ments d'optique, des principes nouveaux qu'il a consigned dans ses precedentes communications. II a choisi pour premier exemple la recherche des formes les plus avantageuses sous lesquelles une len- tille simple peut etre employee comme objectif de chambre obscure ou comme beside. On sait que des recherches ont ete faites sur ce meme sujet, par Wollaston d'abord et ensuite par notre excellent opticien, M. Cauchoix. L'un et l'autre ont suivi, a defaut de theorie, la voie experimentale. Les resultats qu'ils ont obtenus demontrent avec evidence que sous certaines formes une lentille simple de lon- gueur focale donnee, employee comme objectif de chambre obscure, produit des images incomparablement plus etendues et plus belles qu'on ne les obtient avec une lentille biconvexe de meme longueur focale. On a done ici des experiences toutes faites qui serviront a verifier les resultats du calcul. Le probleme qu'il s'agit de resoudre est complexe. II faut : COSMOS. 321 1° faire converger en un meme point focal les rayons composant chaque pinceau ou faisceau oblique a 1'axe de la lentille ; 2° faire en sorte que la surface focale soit plane ou du moms n'ait qu'une cour- bure insensible dans l'etendue utile du champ ; 3° assurer la cor- rection ou la fidelite de l'image. M. Breton (de Champ) ne s'occupe aujourd'hui que de la premiere de ces trois conditions. Appelant /la longueur focale de la lentille, suppose tres-mince ; <\, Ac, les distances a la lentille de l'objet dont on veut former l'image et du diaphragme destine a limiter l'amplitudedespinceaux incidents; r\,r^ les rayons de courbure des surfaces anterieure et posterieure; n, m, les indices de rectification de l'air et du verre pour de la lumiere homogene, il prouve que ces diverses quantity sont liees entre elles parl'equation : A _nt -j-n 1 in 1 n \ ///"■—" 1 »i 1\«»— « I Ac «i r, m — n'f — «i — a y \ tn ' ri it ' ]/ m ' Vx Ac devant etre ruel, il faut que les deux facteurs sous le radical soient de meme signe. Or, on verifie sans peine que cela ne peut jamais avoir lieu quand la lentille est biconvexe, quel que soit d'ailleurs le rapport des rayons de courbure des deux surfaces. Quand la lentille est plan-convexe, la face plane doit etre tourn^e vers les objets. Sous la forme de menisque, elle donne toujours des valeurs reelles pour Ac, quand la face convexe est tourne"e vers les objets. On peut tourner la face concave vers l'image, quand le pre- mier facteur sous le radical est negatif. — M. Taupenot, professeur de physique au prytande militaire de la Fleche, a profite de ses vacances de Paques pour venir sou- mettre au jugement de l'Academie son an&nometre enregistreur. Etabli sur la grosse tour du prytanee, cet appareil, ingenieux et simple dans sa construction, ecrit ses indications de direction et d'intensite du vent dans la salle du cabinet de physique, d'une ma- niere continue, meme pendant les plus grandes raffales. M. Taupe- not installait aujourd'hui son modeb dans la salle d'attente; il l'a fait fonctionner a la main, et le decrira lundi prochain. Nous l'etu- dierons, et nous en rendrons compte. — M. le docteur Wanner adresse, pour le concours des prix Monthyon de medecine et de chirurgie, un memoire sur le degre constant de la chaleur animale considere dans l'homme comme loi de sante, sur les effets morbides produits par les variations de cette chaleur, et les applications a en deduire pour la the>apeutique. Dans la theorie de M. Wanner, autant que nous avons pu la 322 COSMOS. comprendre, la chaleur animale aurait pour cause, non une action chimique ou la combustion operee au sein de 1'organisme, mais le frottement qui a lieu entre les molecules du sang en mouvement et les tissus ; sans ce frottement, dit-il, le phenomene de la calefaction animale serait geometriquement impossible. Si le sang est riche en globules et en fibrine, le frottement est intense, la chaleur animale atteint son chiffre normal 37°. Si le sang contient plus de serum que de fibrine et de globules, le frottement est tres-peu intense, le calorique diminue; la nature cherche alors, comme chez les ane- miques, a compenser la trop grande fluidity du sang par l'augmen- tation de la vitesse de circulation. Cette explication de la chaleur animale une fois donnal, et specialement aux fievres ty- pho'ides, il en deduit un mode de traitement qui, dans la pratique, lui a donne\ dit-il, les plus excellents resultats. II enleve l'exces de calorique de 1'organisme 1° par des passes incessantes d'eau froide sur la peau ; 2° par l'administration a l'mterieur de la glace par pe- tites portions, de maniere que le malade en absorbe sans interrup- tion et aussi longtemps qu'il faudra pour obtenir l'effet desire ; 3° par des lavements d'eau froide toutes les trois heures. Ce traitement lui a paru infaillible au d^but de toutes les maladies inflammatoires ; il se croit assure de triompher ainsi de toute fievre typho'ide dont la date ne d^passe pas sept jours ; la guerison a toujours lieu en huit ou dix jours, sans que le malade eprouve aucun delire, sans que la figure prenne un air h6b£te, et c'est a peine s'il y a convalescence. ° Puisque nous en sommes a la chaleur animale, analysons une note interessante sur la temperature moyenne des oiseaux palmi- pedes, presentee a l'Academie, par M. Charles Martens, dans la derniere seance : m Lorsque je me preparais a partir pour la Norwege, le Feroe et leSpitzberg, je savais que j'y trouverais un grand nombre d'oiseaux palmipedes qui viennent y nicher pendant l'^te. Je r^solus d'^tudier leur temperature. M. Walferdin voulut bien me confier un thermo- metre construit specialement pour cet objet. Sa cuvette cylindn- que, son tube, d'un diametre 6gal a celui de la cuvette, permettent d'introduire facilement l'instrument dans le rectum jusqu'au centre du corps de l'animal. L'Schelle thermomdtrique n'est que de 20 de- COSMOS. 323 gr&s, de 26°,55 a 45°,57. Cet intervalle est divise" en 255 parties d'egale capacite, dont chacune correspond a 0°,075 centigrade. Avec une loupe , on estime aisement 1/5 de degre. Je pouvais done lire sur mon thermometre 0°,015 ou 1/100 de degre" environ. « Muni de cet instrument, plus parfait qu'aucun de ceux qui avaient 6t& employes auparavant pour mesurer les chaleurs anima- tes, j'ai pris la temperature d'un grand nombre de palmipedes. « J'ai examine cent dix canard et canes au nord, au centre et au midi de la France, dans toutes les saisons et dans les circonstances les plus diverses ; les uns habitant des cours de ferine sans eau, les autres des moulins places sur le bord des rivieres. La temperature moyenne de ces cent dix oiseaux a et6 de 42°, 089. « La temperature moyenne de cinquante males a ete41°,915; celle de soixante femelles, 42°, 264. « Dans lejeune age, e'est-a-dire avant quatre mois, la chaleur est moindre qu'a un an et au-dessus . J'ai trouve pour les canards une difference de 0°,36 ; pour les oies, 0°,40. « Une nourriture insuffisante abaisse d'une maniere permanente la temperature du corps. Ainsi la difference entre des oiseaux bien nourris de grains et d'autres places exactement dans les memes cir- constances, mais reduits a ce qu'ils trouvaient dans la riviere et sur le sol, dtait de 0°,80. L'abstinence complete amene une diminution dela chaleur. Apres quarante-huit heures de diete il y a une reac- tion, qui s'est prolongee pendant quatre heures sur mes canards. « M. Martens a donne dans un tableau la temperature des especes qu'il a observers. On est frappe\ en parcourant ce tableau, de l'uni- formite de temperature des palmipedes ; cependant lesplongeurs pa- raissent avoir une chaleur moindre que les longipennes, qui, a leur tour, ontune temperature inferieure a celle des lamellirostres. SOCIETE D'ENCOURAGEMENT, Seance publique anuuelle. DISCOURS PRONONCB PAR M. LE BARON CHARLES DUPIN. [Extrait.) « It y a deja cinquante-cinq ans, lorsque Tabime de nos revolu- tions se fermait une premiere fois , la France inaugurait une ere nouvelle consacree a la renaissance de la paix interieure , a. la cul- ture affranchie d'entraves de tous les arts utiles a la vie, sous Taction fecondante de la lumiere libre aussi des sciences. La Societe d'en- couragement naissait alors, comme l'exprime son nom, pour encou- rager tous les efforts diriges vers 1' utility publique, pour rnontrer dans les industries essentielles les besoins a satisfaire, indiquer la voie des progres , ouvrir des concours entre les savants, les artistes et les manufacturers , et recompenser dignement les succes ob- tenus. Le xixe siecle inaugura sa premiere annee par l'exposition uni- verselle de l'industrie d'un grand peuple. Alors commencait pour la Socidte d'encouragement un noble role, qu'elle a continue pendant cinquante ans. Ses membres les plus distingues dans le progres des manufactures figuraient parmi les exposants et mentaient les recompenses de l'ordre le plus eleve ; d'autres membres, illustres par l'alliance de la science et des arts, siegeaient au jury natio- nal , que l'un des Ieurs prosidait. Tantot e'etait. Berthollet, tantot e'etait Monge , et l'Europe applaudis^ait a de tels cboix. Dixfois le meme spectacle, dix fois les memes services, dix fois les memes recompenses out honore la Socidte d'encouragement. A Londres encore les manufacturers, les artistes les plus distin- gue^ de la Societd d'encouragement obtinrent leur large part des recompenses du premier ordre ; et parmi les membres du jury choisis pour representer la Fiance , le plus grand nombre appartenait a la Societe d'encouragement. En 1853 la France cleve a l'industrie un palais immense , il de- vient pour l'univers le temple de la paix et de la concorde. La Societe d'encouragement ne pouvait manquer de recevoir sa large part dans la composition du jury international charge de choisir les exposants destines aux recompenses. Sur cent-soixante jures fran^ais , on en a pris parmi vous cin- quante-cinq. Parmi ces cinquante-cinq , on a choisi la majorite" des presidents et des vice-presidents francais des classes et des groupes. C'est encore dans votre bureau, dans vos comites, qu'on a cherche COSMOS. 325 les homines honores de telles distinctions par les choix de la Com- mission imperiale. Ce que je voudrais signaler ici , c'est la part eminente obtenue par votre Societe dans tous les.ordres de recompenses... En me hornant aux grandes medailles d'honneur, je dirai sim- plement qu'on les a donnees a nos collegues dont les noras suivent : 1. AM. Cail, le constructeur eminent des grandes machines, ou locomotives ou stationnaires, le cooperateur des appareils con- sacre's au raffinage du sucre par Taction de la chaleur et de la dis- tillation, appareils imagines et perfectionnes de concert avec feu Derosne, un autre de nos collegues. 2. AM. Cavaille-Coll, pour la perfection apportee aux grandes orgues qu'il a construites avec des jeux ingenieusement varies dans leurs formes, dans leurs effets, et pour les ameliorations que lui doit la facile transmission du vent, quel qu'en soit le volume; il produit ainsi les tons les plus graves non moins aisement que les plus aigus. 3. A M. Charriere fils , jeune artiste qui marche sur les traces de son celebre pere ; il maintient l'^tablissement hereditaire a la tete des ateliers les plus recommandables pour linvention si variee, pour la perfection, et les prix comparativement moderes des ins- truments de chirurgie. 4. A M. Christofle , pour le vaste developpement qu'il a fait prendre a la galvanoplastie perfectionnee dans ses precedes, pour l'application industrielle de la dorure et de l'argenture electro-chi- mique; enfin pour la beauts des ouvrages d'art, dont la plus riche expression se trouve dans le service de table execute pour l'Em- pereur avec autant de gout que de magnificence. 5. A M. Dubrunfaut, le savant chimiste manufacturer, pour l'ensemble des progres que lui doit la fabrication du sucre de bet- terave. Cette fabrication, d'abord inferieure a tous egarcls au sucre des colonies, a conquis par degres l'egalite' des prix et la complete puret£. Aujourd'hui Ton dispute seulement sur l'inferiorite de taxa- tion qu'obtient, pour ne pas etre expulsee du marche national, la production trop peu progressive du sucre de nos colonies. 6. A M. Farcot, dont les machines a vapeur a grande detente se distinguent a la fois par l'ex^cution si precise et l'ingemeuse dis- position des parties qui transmettent les mouvements , et surtout par une economie de combustible qu'en France on n'avait pas en- core atteinte dans un degr£ si remarquable. 7. AM. Godard de Baccarat, pour l'incomparable beaute de cette 326 COSMOS. cristallerie qui n'a de rivale chcz aucune autre nation : purete par- faite de la matiere unie a l'ele^ance des formes , a la precision des tallies, a laregularite des coulees : grandiose des produits les plus considerables, rare delicatesse des produits >!e petite dimension, toutes les ecludles de la perfection sont parcourues avec un meme succes dans les produits de Baccarat. 8. AMM.Gros, Odier, Roman et comp., de Wesserling, qu'il ne taut pas seulement citer pour la grandeur de Ieur etablissement, l'importance des m^canismes, la puissance des inoteurs, et pour la collection si riche de leurs tissus compris sous le nom marchand de //antes nouveautes . II faut les louer, avant tout, pour les soins pa- ternels qu'ils consacrent au hien-etre, a la moralite, au bonheur de leurs ouvriers. La Societe d'encouragement compte de tels associes depuis l'origine de son institution. 9. A M. Guimet, pour l'invention de cet outremer artificiel, un des miracles de la chimie ; pour cette invention que la Societe d'en- couragement a devancee, a faitnaitre, par la proposition d'un grand prix que M. Guimet a remporte. Grace a cette decouverte, 1'outre- rner qui coutait , comme l'or, 3 000 fr. le kilogr. , l'outremer ne couteplus aujourd'hui que 6 fr. Par ce bas prix, non-seulement les beaux-arts, mais beaucoup d'industries courantes peuvent faire emploi d'une couleur aussi puissante que pure. 10. A M. Guinon, le teinturier le plus renomme" des soieries lyonnaises : on donne des medailles, et des plus importantes, a MM. les commanditaires de soieries admirables a la fois pour le tissage et les couleurs ; on donne a M. Guinon une grande medaille pour ses perfectionnements personnels et pour ses inventions pro- pres. Celle-ci me parait la plus glorieuse. 11. A MM. Kcechlin freres, a cette famille qui, depuis un siecle, marche au premier rang dans Mulhouse, avance toujours, et con- tinue, par les progres de Tindustrie des toiles peintes, a transformer miraculeusement un petit bourg de quelques centaines d'ames. Ce petit bourg , le voici devenu la grande cite" qu'enrichissent aujour- d'hui pres de quarante mille habitants ingenieux , infatigables , et tous enfants de leurs oeuvres ! Dans le tableau des grandes medailles d'honneur d^cerne'es par lejury international, nous trouvons : Pour les Etats-Unis, 2; pour l'Ecosse , 2; pour l'Autriche , 2 ; pour la Prusse , 4; pour la Bel- gique, 5 ; pour l'Angleterre , 11 ; pour les simples membres de la Societe d'encouragement, 11! Pour les huit cents industriels qui composent la Soci^t^ d'encouragement , quel beau titre de gloire COSMOS. 327 que celui d'avoir egaie, quant au nombre des recompenses de premier ordre , les deux mille exposants envoyes par la grande Angleterre pour repr£senter sa superiorite manufacturiere! Vous seriez vous-memes surpris , messieurs, si je vous signalais le grand nombre d'industriels recompenses en 1855, par le jury de l'Exposition universelle , pour des inventions et des perfectionne- ments que vous aviez pressentis , sollicitds , juges et recompenses, com me l'outremer, depuis votre creation. Tels sont vos bienfaits. En un demi-siecle , vous avez depense pres d'un million de francs , sur vos propres fonds , pour fdconder les germes de l'industrie et de la richesse sur le sol de la patrie. Vous avez une large part dans les conquetes qui placent aujour- d'hui si haut les arts francais ; c'est votre recompense a tous, et l'estime sentie de vos concitoyens les plus eclaires la rend plus pre- cieuse encore. Vous continuerez dans cette carriere, qui donne aux chefs d In- dustrie la richesse honored par Intelligence, aux ouvriers le bien- etre honore par la bonte de la conduite ; Et si, dans quelques annees, en quelque lieu que ce soit,on nous fait un nouveau defi de concours universel, vous aurez prepare- les moyens d"obtenir pour la France des victoires nouvelles qui seront, comme nos victoires anterieures, utiles en meme temps a. toutes les nations. » Ce discours que nous n'avons pu, a notre grand regret, reproduire en entier, a ete couvert d'applaudissements. INDUSTRIES RECOMPENSEES. MEDAILLES d'aRGENT. 15° Restaurntion des emaux de M. Pierrat. — M. Pierrat a fait de l'etude des emaux et des terres cuites toute la preoccupation de savie; aussi a-t-il acquis comme reparateur de ces objets une juste reputation. La restauration des emaux ne peut se faire qua froid; il faut raccorder avec des couleurs minerales ou vegetales les tons obtenus primitivement avec des couleurs vitrifiees. M. Pierrat fait cessortes de raccords avec une telle perfection que les yeux les plus exerces pourraient s'y meprendre. M. Pierrat possede en outre pour la restauration des faiences des compositions de terres et de vernis fort analogues aux recettes de B. dePalissy. (Rapport de M. Salvetat.) 16° Orgues perfect ionnes de MM. Claude freres . — MM. Claude freres ont appele l'attention de la Societe d'encouragement sur 328 COSMOS. les perfectionnements qu'ils ont apportes dans la construction des orgues d'eglise et d'appartement. Le comite des arts mecaniques a £te unanime a reconnaitre que ces perfectionnements constituaient vine ties-notable simplifi- cation du mecanisme ordinaire des orgues ; et qu'en meme temps, loin de porter obstacle aux autres ameliorations qu'a recues et que recoit constamment la facture de ces instruments, le r.ouveau. meca- nisme s'y adaptait parfaitement et meme les rendait plus faciles. Les perfectionnements realises par MM. Claude ont 1'avantage d'apporter une certaine economie dans la depense de la construc- tion, de diminuer dans une grande proportion les chances d'avaries , de derangements , d'alterations diverses qui menacent sans cesse les mouvements plus compliques des orgues ordinaires. 17° Lampe moderateur de M. Neuburger. — La lampe mode"- rateur , par suite de l'agencement meme des pieces qui la compo- sent, ne peut donner qu'une duree d'eclairage tres-limitee ; on est oblige de la remonter quelquefois a plusieurs reprises dans le cours d'une soiree; eta cet inconvenient s'en vient ajouter un autre non moins grave, c'est celui de n'etre averti du moment oil il convient de retendre le ressort que quand la lumiere a deja perdu beaucoup de son eclat, quand la meche est plus ou moins considerablement charbonnee. M. Neuburger est parvenu a parer a ces inconvenients d'une ma- niere aussi simple qu'ingenieuse. Deplus, le nouveau filtre metal- lique qu'il a adopts a sa lampe ne permet plus a l'huile de monter a la meche qu'apres s'etre d^pouillee de ses impuretes ; et ce filtre est tellement dispose que l'huile qui remplit le tube d'ascension ne peut plus redescendre ; il n'est plus necessaire , par consequent , pour rallumer la lampe, d'attendre, comme par le passe, que l'huile ait en le temps de monter jusqu'au niveau du bee. Ces modifications constituent un perfectionnement tres-important. ( Rapport de M. Sylvestre.) 18° Methodes clenseignement du dessin de M. Lecoq de Bois- heaudran et de Mmc Cave. — L'exercice et la culture de la memoire appliquee a l'etude et a la pratique du dessin et de la peinture ont toujouis ete si non de"veloppds , du moins apprecies et recommande's par les grands maitres. Des 1831 , M. Jobard a parfaitement indi— que et la marche a. suivre pour developper cette culture, et ies avan- tages quelle peut procurer. M. de Boisbeaudran ainsi queMmeCave\ sans avoir eu connaissance (nous en sommes persuade) ni de l'ecrit deM. Jobard, ni destravaux respectifs auxquels chacun s'est livr^^ COSMOS. ont I'un et Tautre, donne" des developpements parfaitemeirt combi- nes a cctte methode, et en ont obtenu des r&ultats remarquables en ce sens surtout que 1 un et lautre ne considered la JfaSTS- comme "ixihaire, pu.ssant sans doute, mais qui ne doit pas den- ser de etude contmuelle de la nature ainsi que de modeles vanl et bien choisis qui doit etre considered principalement comme un moven de perfectionner la faculte denervation et d'en rendre £ impressions plus sures et plus durables. Les litres les plus ££ gues de notre epoque ont reconnu, comme il leur appartenait de le aire les avantages qui pourraient resulter de cette methode pour 1 dtude et le progres de l'art proprement d,t P Votre commission a ete unanime pour reconnaitre que ces avan- tages ne pourraient manquer d'avoir Element lieu en ce qui con- cemel application a 1 enseignement , a la pratique des arts indus- Vos commissions des Beaux-Arts appliquds , ainsi que des re- compenses et le Conseil ont etedavis de vous proposer de decerner votre medmlle d argent : 1- a M. Lecoq de Boisbeaudran, pour les applications remarquables qu'il a faites principalement a l'enseigne- ment du dessin industriel; 2° a M- Cave, comme marque de'sym- pathie pour tout ce qui interesse l'enseignement des jeunes per- sonnes. (Rapport de M. Gourlier.) F 19° Tales perforees de M. Calard. _ La Societe d'encourage- mentadecernd, en 1845, une medaille de bronze a MM. Calard pere et fils, fabncants de toles perforees pour les cribles et les rapes Depuis cette epoque, M. Calard fils a apporte dans cette fabrica- tion des developpements et des ameliorations considerables. En 1845, les toles perforees ne trouvaient leur application que dans la meunerie et dans 1 agriculture ; aujourd'hui . sous les combinaisons tres-vanees que leur a appliquees M. Calard fils, elles trouvent leur emploi dans une foule d'industries. M. Calard les a meme appliquees a la decoration sous la forme de voheres dek.osques, d'ornements gracieux de tous genres. (Rap- port de M. Calla.) x L 20° Araire de M. Parkin. _ L'araire de M. Parquin, de Vil- lepans.s (Seine-et-Marne) se recommande par desqualites de details et par des quahtes d'ensemble dont voici le resume : Le corps de charrue proprement dit est rationnellement contourne La surface travaillante, composed du soc ditamericain, de l'avant- corps et du versoir, est dispone de telle sorte qu'une re-le etant 330 COSMOS. placed en certains endroits determines mathematiquement, elle por- terait partout de l'avant a l'arriere. Toutes les pieces de ce corps de charrue sont bien assorties, bien ajustees, faciles a assembler ou a demonter ; quand l'une d'elles est usee, elle se remplace sans qu'on ait besoin d'avoir recours a un ou- vrier special. M. Parquin est un des premiers constructeurs franc.ais qui aient adopts d'une maniere absolue l'^trier americain, et ]e petit corps de charrue dit rasette, qui est tres-precieux dans les deTrichements, ou il prepare admirablement la voie et evite les engorgements. L'araire perfectionne, construit avec le plus grand soin, peut faire tous les genres de labour, meme les deTrichements, avec une economie facile d'uncheval d'attelage, sans augmentation de fatigue pour le charretier, grace a la longueur des mancherons qui forment veritablement leviers entreses mains ; l'araire a deja rendu de nota- bles services dans le departementde Seme-e't-Marrie , oil il s'est r£- pandu rapidement ; il a, en partie, remplace l'informe charrue de Brie, quiexigeait une grande force de tirage : plusieurs agriculteurs de renom l'ont adopte sur divers autres points de la France. ( Rap- port de M. JourJier.) 21° Menuiserie mecanique de M. Lanier. — M. Lanier a orga- nist un dtablissement dans lequel il execute, a l'aide de machines- outils, une partie notable du travail de la menuiserie des batiments divils. Des scieries vertical es alternatives et des scieries circulates y sont employees a d^biter les bois aux dimensions voulues ; des machines a fraiser animees d'un mouvement rapide executent les rainures, leslanguettes, les moulures et les profits si varies de la menuiserie. De petites scies circulates forment les tenons et les onglets ; des machines a percer et a bedaner produisent les mortaises; et une machine a vapeur de la force de seize chevaux donnele mouvement a toutes ces machines-outils dont les produits sont d'une execution beaucoup plus nette et plus reguliere que ceux qu'on obtientdu tra- vail manuel, En introduisant ainsi dans le travail de la menuiserie des bati- ments les proc^des a la fois plus parfaits et moins couteux qu'a- vaient dejaadoptes quelques branches de l'industrie du travail du bois, M. Lanier a realise un progres tres-inte'ressant et s'est rendu digne de recevoir de la Societe d'encouragement la meMaille d'argent. (Rapport deM. Calla.) MAGNETISME ET DIAMAGNETISME. SIR LA DISPOSITION DE LA FORCE DANS LES CORPS PARAMAGNETIQUES ET DUMAGNETIQUES , PAR M. TYNDALL. (Le^on faite a l'lnstilution de Loodres . le ler fevrier 1856.) Apres avoir rappele le caractere distinctif et remarquable de la force magnetique , caractere qui consiste en ce qu'elle est essentiellement double ou bipolaire , et qui la separe entierement de la gravitation , M. Tyndall annonce que son but , dans cette lecon , est de recher- cher si la force diamagnetique qui se manifeste par la repulsion que les poles des aimants exercent sur certains corps est elle-meme une force polaire de meme genre que la force magnetique, ou une force non polaire de meme genre que la pesanteur. Lorsqu'un cylindre de fer doux est place au sein d'une helice parcourue par un courant electrique, Tantitheseou caractere oppose de ses deux poles deve- nus actifs est rendu manifeste par leur action sur l'aiguille magne- tique ; et Ton demande ce qui arriverait si Ton substituait un cylindre de bismuth au cylindre de fer, pour le soumettre au meme examen. La raison de l'incertitude oil Ton pourrait etre sur le resultat de cet examen est que l'excitation diamagnetique est si faible qu'elle serait entierement masquee par Taction preponderante de TheJicedans la- quelle le cylindre serait renferme; et le probleme a resoudre consiste a exciter le corps diamagnetique de telle ^orte que l'on puisse observer sa seule et pure action sur l'aiguille magnetique, sans qu'elle soit melange^ de Taction du corps dont on se sert pour exciter le diama- gnetisme. Voici comment on peut atteindre ce but : Une helice ver- tical de fil de cuivre H, recouvert de soie ou de colon, est dressee sur une table ; on la fait traverser par un courant electrique; et Ton constate que le sommet de 1'helice attire l'aiguille magnetique, que sa base la repousse, tandis que la portion centrale est neutre et ne manifeste ni attraction ni repul- sion : en arriere et en avant de l'h^lice , on place deux barreaux ai- mantes S N, S' N' a poles opposes en regard , formant un systeme astatique , unis ensemble par une barre rigide suspendue a un fil fixe' en a, demaniereque les deux barreaux soient tous deux dans un plan horizontal et que les deux poles N S' soient situds en regard du centre ou de la portion neutre de 1'helice; et que , par conse- quent, le courant qui traverse 1'helice n'affecte en aucune maniere 332 COSMOS. les aimants. On obtient done ainsi une helice active qui n'exerce elle-meme aucune action sur les aimants, et Ton peut des lors exa- miner Taction d'un corps place au sein de l'hdlice et excite par elle, sans que cette action soit troublee par celle des aimants. L'helice de M. Tyndall avait 30 centimetres de hauteur; et un cylindre de fer doux de 15 centimetres de longueur suspendu a un cordon passant par une poulie pouvait monter ou descendre dans son sein. Lorsque le cylindre etait assez abaissd pour que son extremite* infeneure reposat sur la table , T extremite super ieure se trouvait entre les poles N et S', attirant l'un, repoussant l'autre, et impri- mant par consequent au systeme astatique un mouvement dans une v certaine direction. Lorsqu'on elevait le cylindre de telle sorte que son extremite superieure fut au niveau du sommet de l'helice et son extremite inferieure au niveau des poles N etS', le systeme etait d6vie dans le sens oppose a celui du premier mouvement. Pour rendre les deviations visibles en meme temps a tout l'audi- toire , M. Tyndall avait attache* au systeme des aimants un miroir m; un rayon de lumiere tombant sur le miroir eHait reflechi et projete sous forme de disque sur l'un des murs du thratre; comme la distance de 1'image au miroir etait tres-grande et que son depla- cement angulaire etait double de celui du miroir, un leger mouve- ment des aimants suffisait a produire un deplacement de 1'image de plusieurs metres. M. le professeur Weber a fait construire sur les principes que nous venons d'exposer par M. Leyser de Leipzig un tres-bel appareil dont M. Tyndall s'est servi pour mettre en evi- dence la polarite du diamagnetisme. II est evident que l'adjonction d'une seconde helice, placee entre les poles S, N' et ayant a son interieur un second cylindre semblable au premier, devait exalter Taction exercee sur le systeme astatique des aimants. En r6sum6, pour donner de l'intensite a une action faible par elle-meme, on a d'abord neutralise Taction exercee par la terre sur les aimants en les disposant astatiquement ; secondement , en faisant usage de deux cylindres, en les faisant agir simultanement sur les quatre poles des aimants , on a rendu la force de deviation quatre fois plus grande que si Ton n'avait mis en jeu qu'un seul pole ; enfin l'appareil etait enferme dans une caisse convenable qui defendait les aimants des courants atmospheriques ; et les deviations etaient lues a travers une plaque de verre fixee dans la caisse, a Taide d'une lunette et d'une echelle divis^e , installers a une distance considerable de Tins- trument. On a d'abord soumis a Tt'preuve une paire de cylindre de bis- COSMOS. 333 muth; on faisait passer un courant a travers l'helice , on s'assurait que les aimants se balan^aient tres-librement , et l'on pla^ait les cylindres au sein des helices de telle sorte que leurs centres fussent en face des poles des aimants : tout £tant alors en repos , on cons- tatait que le nombre indique' sur Techelle par le fil central du micrometre place au foyer de la lunette etait 592. On faisait mou- voir ensuite les cylindres de telle sorte que deux de leurs extremi- tes fussent amenees a agir simultanement sur les poles magnetiques; le systeme des aimants se mouvait aussitot, et apres quelques os- cillations que Ton arretait au moyen d'un etouffoir en cuivre , on voyait qu'il s'arretait quand le fil marquait 612; la deviation avait done eu lieu d'un nombre plus petit a un nombre plus grand : on deplacait les cylindres et Ton amenait les deux autres extremites a. agir a leur tour sur les aimants ; il en resultait une nouvelle deviation, et la position finale d'equilibre correspondait au nombre 520 ; le mouvement avait eu lieu d'un nombre plus grand a un nombre plus petit. L'action polaire des cylindres de bismuth sur les aimants etait done rendue manifeste; une couple d'extremites les faisait d^vier dans une certaine direction, tandis que l'autre couple les fai- sait devier dans la direction opposee. Lorsqu'on substituait au cylindre de bismuth de minces cylin- dres de fer, de pierre d'aimant , de sulfate de fer, de carbonate de fer , de protochlorure de fer , de ferrocyanate rouge de po- tasse et autres corps magnetiques, on constatait que la deviation produite par des cylindres de ces diverses substances £tait toujours de sens oppose a celle produite par les cylindres de bismuth ; et que par consequent la disposition de la force dans les corps diamagne- tiques etait precisement antithetique ou contraire a la disposition de la force dans les corps magnetiques. Mais on pourrait objecter et Ton a deja objecte de fait contre la conclusion tiree de ces experiences, que la deviation produite par les cylindres de bismuth etait due uniquement aux courants d'in- duction excites dans leur masse par leur deplacement au sein de l'helice. En reponse a cette objection , M. Tyndall fait d'abord re- marquer que la deviation est permanente , et que par consequent elle ne peut etre attribute a des courants induits dont la duree est essentiellement temporaire ou momentanee. II la refute ensuite plus directement en rep^tant les experiences avec d'autres metaux, avec des corps meilleurs conduct curs que le bismuth. En effet, si la de- viation est due a des eouraiits d'induction, plus le corps induit sera boa conduct'. ur, plus la deviation sera grande. II a tubstitue des 334 COSMOS. cylindres d'antimoine aux cylindres de bismuth; l'antimoine est meilleur conducteur et il est en meme temps moins diamagnetique. Si done Taction doit etre attribute a des courants induits, elle devra etre plus grande dans le cas de l'antimoine que dans le cas de bis- muth ; tandis que si elle a pour cause la polarite diamagnetique, Taction du bismuth devra surpasser celle de l'antimoine. Or, T ex- perience a montre que e'est ce dernier cas qui a lieu, et que par con- sequent Taction doit etre rapportee au diamagndtisme des corps et non a leur pouvoir conducteur. M. Tyndall a ensuite operd sur des cylindres de cuivre, e'est-a-dire sur un corps qui conduit Telectricite cinquante fois mieux que le bismuth, mais dont le pouvoir diama- gnetique est presque nul ; si la deviation etait due a Tinduction , on aurait du la trouver cette fois enormement accrue, et cependant les deux cylindres de cuivre ne produisaient aucun effet. Les adversaires de la polarite diamagnetique ont aussi propose, de recouvrir les cylindres de bismuth d'une substance isolante, de maniere a rendre impossible la formation des courants induits, et d'operer avec les cylindres ainsi revetus. La proposition a ete ac- cepted : on la realisait tres-simplement en reduisant le bismuth en poudre qu'on exposait pendant un certain temps a l'air pour quVlle s'oxydat, ce qui suffisait a la rendre parfaitement isolante ; on rem- plissait de cette poudre des cylindres en verre, et on les substituait aux cylindres en metaux; or, Ton constatait que leur action etait a peine differente des cylindres massifs. II reste a formuler une reponse plus concluante encore et qui a et& admise comme telle par les physiciens qui niaient le caractere an- tithitique ou oppose du magnetisme et du diamagneHisme. M. Tyndall a substitute aux cylindres en mdtal des prismes faits avec le meme verre pesant qui a fait decouvrir a M. Faraday Texis- tence du diamagnetisme; et tout le monde apu voir que leur action £tait de meme nature que celle des cylindres de bismuth. II a £tendu eiifi.ii ses recherches a d'autres substances isolantes, au phosphoie, au soufre, au nitrate de potasse, au spath calcaire, au marbre statuaire, etc., et toujoursle resultata ete le meme; chacune de ces sub.-tances s'est montree bipolaire; la disposition de la force etait de meme sens que dans le bismuth, inverse de ce qu'elle est dans le fer. Lorsqu'on tient debout une barre de fer, on sait que son extremile inferieure est un pole nord, que son extremity su- perieuie est un pole sud, par suite de Tinduction deHerminee par laterre. Dans une statue de marbre, au contraire, les pieds son* des poles sud, la tete est un pole nord, et il en est de meme, sans COSMOS. 335 aucun doute , du corps de l'homme debout, veritable diaimant avec les poles en sens inverse de ce qu'ils seraient dansune masse de substance magnetique de meme forme et de meme position. La lecon s'est terminee par une experience d'une portee pratique, ou qui, en outre qu'elleconfirme la theorieformulee par M. Tyndall, peut conduire a. une Evaluation approximative des pouvoirs conduc- teurs differents des inEtaux pour l'electricite. Le savant professeur prend un cube de bismuth ou de cuivre, et il le suspend entre les deux poles d'un electro-aimant a un fil tordu un grand nombre de fois. Ce cube est en meme temps lie par un fil court de cuivre, a une petite pyramide quadrangulaire dont la base est horizontale, dont les faces sont formees de quatre petits morceaux de miroir triangulaire ; un rayon de lumiere vient tomber sur ces miroirs qui suivent ce cube dans son mouvement; les images projetees par les faces se succedent les unes les autres; elles forment un cercle de 10 metres de diametre, et ce cercle lumineux devient con- tinu aussitot que la vitesse est suffisamment grande. Pendant que le cube tourne on rend 1' Electro-aim ant actif , les courants d'induc- tion naissent dans le cube, leur intensite est d'autant plus forte que la conductibilitE electrique est plus grande ; et on peut l'apprecier approximativement par le temps que met le cube avec le miroir auquel il est lie a revenir a l'etat de repos. Avec le cube de bis- muth ce temps Etait d'une vingtaine de secondes ou meme plus; le cube de cuivre, au contraire , etait presque subitement arrete des que Ton etablissait le circuit. Nos lecteurs auront remarque , sans doute , la methode par laquelle M. Tyndall , au moyen d'un rayon de lumiere reflechi et recu par un Ecran, rend visible a tout l'auditoire, les tres-petites deviations diamagnetiques. Cette methode aEtE appliquee, pour la premiere fois peut-etre, par M. du Bois-Reymond, dans ce meme amphitheatre de l'lnstitution royale, pour mettre en Evidence les tres-faiblesmouvements imprimes a l'aiguilled'un galvanometre par les courants nes des contractions musculaires; mais l'idee n'estpas nouvelle. Dans le troisieme volume du Cosmos, livraison du 24 avril 1853, p. 523, sous le titre : Rotation de la terre mise en evidence par la fixite du plan d? oscillation du pendicle ,• nouvel appareil et nouveau mode d observation, nous avons donne la description d'un appareil par lequel M. Porro, en se servant d'un pendule qui n'avait qu'un metre de longueur, se faisait fort de mesurer rigoureusement et de montrer aux yeux les composantes de petites dEviations dues a la rotation de la terre, ou de faire tourner la terre. II dit expres- 336 COSMOS. seraent : « Au lieud'observerlephenomene al'oculaire de la lunette, on peutle projeter au moyen de la lumiere solaire ou de la lumiere electrique sur un tableau pour le faire voir en meme temps a un grand nombre de personnes dans les cours publics. Pour cela l'ocu- laire de la lunette est remplace" parun objectif de microscope solaire, et la lumiere est introduite dans le collimateur au moyen d'un re- flecteur. » II y a bien des annees que nous parlous a tout le monde de cette m^thode de projection. M. Tyndall se rappellera sans doute qua. Liverpool , nous avons vivement presse" M. Foucault, le jour oil il devait repeter ses brillantes experiences dans l'immense salle Saint-Georges, d'adapter au tore tournant de son gyroscope un petit miroir sur lequel on ferait tomber un rayon intense de lu- miere et qui irait dessiner sur un dcran ou sur les voutes le mouve- ment de rotation de la terre : c'etait en septembre 1854. M. Fou- cault ne se rendit pas a notre priere ; nous en fumes desole , et nous exprimames tout notre chagrin a un grand nombre de personnes parmi lesquelles nous citerons MM. Stckes, Tyndall, Bernard de Bordeaux, Jules Duboscq, etc. F. Moigno. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remquet et Ge, rue Garanciere, 5. T. VIII. 4 AVRIL 1856. CINQUIEME ANNKE. COSMOS- ACADEME DES SCIENCES. SEANCE DU 31 LIARS 1856. La seance a ete remplie tout entiere, 1° par un rapport fait par M. Dumas, au nom de la section de chimie tout entiere, sur les droits a la reconnaissance nationale de Nicolas Le Blanc, inven- teur du precede de fabrication de la soude extraite du sel marin ; 2° par l'election a la place vacante dans la section de medecine; c'est a peine si M. Flourens a pu disposer d'un petit quart-d'heure pour depouiller la correspondance. Parlons d'abord de l'election quia excite une animation et une Amotion extraordinaires ; jamais, il est vrai, la lutte n'avait ete plus vigoureusement engagee. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants etait de 57, la ma- jority de 29 , M. Jobert de Lamballe a obtenu 23 suffrages , M. Longet 18, M. Cruveilhier 13, M. Baudens 1, M. Laugier 1, M. Poiseuille 1 ; la majorite etait loin de se dessiner. Au second tour de scrutin , merae nombre de votants , meme majorite : M. Jobert de Lamballe 28 voix, M. Longet 23, M. Cru- veilhier 5; un vote bizarre portait les noms des trois candidats dans l'ordre suivant : Cruveilhier, Longet, Jobert de Lamballe; il a du etre annule. Le troisieme scrutin devait etre un scrutin de ballottage entre MM. Jobert de Lamballe et Longet : le nombre des votants etait encore de 57 ; il ne s'est trouve dans 1'urne que 56 votes ; le vote de M. Le Verrier, absent de sa place, n'avait pas ete recueilli; il a ete admis a le deposer avant le depouillement, mais sur une obser- vation de M. Cordier le scrutin a etc annule. Au quatrieme tour, enfin, sur 57 votants constituant une majo- rite de 29 voix, M. Jobert de Lamballe a obtenu 29 voix, contre 28 donnees a M. Longet, il a ete proclam6 elu ; son Election sera soumise a l'approbation de Sa Majeste" l'Empereur. Si l'Academie, malgre le vceu formellement et maladroitement exprime par la ma- jorite de la section, n'avait pas donne la preference a unchirurgien, si le scrutin de ballottage s'etait etabli entre deux m£decins, MM. Cru- veilhier etLorget, lequel des deux auraitete* elu? Enetudiantbien. les 13 338 COSMOS. dispositions de l'assembl^e, nous avons cru remarquer que la chance avait tourne\ que M. Cruveilhier avait gagne" beaucoup de terrain, que les voix donnees a M. Jobert de Lamballe se seraient portees sur lui et non sur M. Longet. Quoi qu'il en soit, M. Jobert de Lamballe, qui, par sa position et son habilete\ se trouve un des principaux repr£sentants de la grande chirurgie franchise, un des successeurs des Boyer, desDupuytren, des Dubois, desRoux, m6- ritait a ce titre l'honnenr et le bonheur qui couronnent ses travaux. — Le rapport de M. Dumas est trop interessant pour que nous ne l'inserions pas presque integralement lorsqu'il aura 6te imprim6; nous nous contenterons pour aujourd'hui de preparer les voies, en analysant une tres-bonne notice historique sur Le Blanc, qui a paru dans la derniere livraison du Genie industriel, de MM. Ar- mingaud : Nicolas Le Blanc naquit a Issoudun en 1743 ; il fit ses etudes m£dicales a Paris, et fut attache^ vers 1780, a la maison du due d'Orleans comme chirurgien. II fit en 1785 ses premieres commu- nications a l'Academie des Sciences par uneserie de m&noires sur lacristallisation, qui le placerent au rang des chimistes distingue^ de l'epoque. II commen9a en 1784 ses recherches sur les moyens d'obtenir la soude avec £conomie ; cet important probleme avait deja ie des ph^nomenes. Les recherches entreprises ont conduit d'abord a un anemometre etalon a graduation directe, ensuitea une girouette perfectionnee, puis a un anemometre a transmission, et enfin a l'anemometre en- registreur ou anemom^trographe tel qu'on l'a vu a l'Academie des Sciences aux seances du 24 et du 31 mars. Voici d'une maniere succincte leprincipe de chacun des appareils enumeres ci-dessus : ]° Anemometre etalon. II peut etre employ^, comme les anemo- metres deja connus , pour mesurer la vitesse des courants de gaz et meme des courants d'eau ; mais son role special est surtout de ser- 35a COSMOS. vir a graduer les trois autres instruments, et d'y etre adapts a poste fixe, pour controler leurs indications d'une maniere pennanente. De la Ie nom qui lui a £te donne\ Sa construction est simple : il ne se compose que d'une lame mobile autour d'un axe horizontal auquel est fixe un levier courbe agissant a la maniere d'un excentrique pour remonter un poids quand la lame tourne sous 1 'influence du vent. De la courbure du levier, ddterminee par le calcul et veVifiee par des experiences di- rectes tres-precises , il resulte que les deviations angulaires de la lame sont proportionnelles aux vitesses. Celles-ci sont inscrites sur un Iimbe de sorte que quelques secondes suffisent pour une ob- servation sans qu'on ait besoin derecourira uneformule ou de con- suiter des tables. 2° Girouette perfectionnee . C'est la girouette ordinaire qui est d'abord rendue plus mobile par un nouveau systeme de suspension consistant a remplacer la pointe du pivot et Ie cone de la chape par deux surfaces spheriques tangentes interieurement , et qui en- suite est arms' d'un indicateur presque idcntique a l'etalon prece- dent, donnant aussi les vitesses par observations directes. Le premier perfectionnement ne peut etre vraiment utile que dans les observatoires. Pour les edifices ou les vaisseaux, le second est suffisant. 3° Anemometre a transmission. II se compose d'une girouette de forme particuliere. Placee a telle hauteur que Ton veut, et d'un indicateur install^ directement au-dessous a la portee de l'observa- teur, un simple fil de fer suffit a transmettre directement , c'est-a- dire sans le secours de l'^lectricite , les variations de la direction et de la vitesse du vent. La girouette est un cercle mobile a la fois autour d'un axe vertical et autour d'un axe horizontal. Le premier mouvement depend de l'orientation du vent , le second , de son in- tensity. Un contre-poids qui favorise d'abord ce dernier en equilibrant les resistances que le vent doit surmonter, rend 1' instrument sen- sible meme aux plus faibles brises. Le contre-poids par l'effet de la rotation du cercle, venant ensuite agir dans le meme sens que ces resistances , les indications se continuent meme dans les violentes tempetes. Par cette disposition l'instrument presente ces deux qualites qu'on ne trouve pas habituellement ensemble; 1° d'etre sensible pour de tres-petites fractions de la quantity a mesurer; 2° de parcourir toute l'echelle des mesures de cette quantity. II peut aller en effet jusqu'aux vitesses de 30 metres et plus ; le COSMOS. 355 double mouvement transmis par le fil est decompose en bas a l'aide d'un flotteur traverse par une clef de maniere a separer comptete- ment le mouvement azimuthal de celui du a l'intensite. 4° Jnemometrographe. C'est l'instrumeut precedent oil l'indica- teur est remplace par un systeme de cylindres mus par un mouve- ment d'horlogerie qui commande en meme temps un excentrique destine a faire enfoncer periodiquement le flotteur. Les directions s'enregistrent horizontalement par pointages, les intensity vertica- lement et d'une maniere continue. L'emploi du levier courbe per- met d'ailleurs d'avoir des ordonnees rigoureusement proportionnelles aux vitesses. Nous terminerons cet extrait par l'expose" des conclusions rela- tives a la partie descriptive du memoire. 1° L'anemometreetalon, par sa simplicity et sa graduation di- recte , pourra etre un instrument pratique susceptible de diverses applications. 2° La girouette perfectionn^e, si elle est adoptee pour les edifices et les vaisseaux, rendra les observations de l'intensite du vent aussi frequentes et aussi faciles que celles de sa direction. II en resultera sans doute quelques progres pour la science, qui y gagnera des don- nees plus nombreuses et plus sures sur les vents r^guliers et irregu- liers des contrees lointaines. Peut-etre y aura-t-il egalement quelque utilite, dans la navigation, a ce que le premier venu puisse juger constamment, et par un simple coup d'ceil , de la vitesse du vent, pour se rendre compte de son action sur les voiles et mieux appr6- cierl'effet de leur orientation. 3° L'anemometre a transmission sera utile aux observateurs iso- les qui, ne disposant pas de grandes ressources, ont du se contenter jusqu'ici de la simple girouette. Son mecanisme exte>ieur pouvant etre place aussi haut qu'on le veut pendant que 1'indicateur reste a port6e, les observations sont plus certaines , et aussi faciles de nuit que de jour. Elles sont en outre plus completes, puisqu'on peut noter la vitesse estimee exactement en metres, element evidem- ment necessaire, et pour lequel la girouette ordinaire ne fournitau- eune donnee. 4° L'anemometrographe sera plus utile encore aux personnes qui pourront se le procurer (1). En effet, il est d'un mecanisme assez simple pour etre pem sus- (1) Tousles instruments Jc M. Taupenot seront construits par M. Deleuil, opticien, rue du Pon'-de-Lodi. 9. 356 COSMOS. ceptible de se deranger, tout en fonctionnant dune maniere conti- nue, meme par les plus violentes tempetes. II est muni d'un etalon a poste fixe servant a en verifier la marche aussi souvent qu'on le veut, de maniere a s'assurer que les indica- tions obtenues sont rigoureusement comparables entre elles et avec les autres appareils munis d'etalons iden tiques . II trace lui-meme les eourbes, et avec des ordonnees proportion- nelles aux vitesses, ce qui est bien propre a en faciliter l'etude et 1 interpretation. Si on fait marcher le cylindre an peu vite, ou, mieux encore, si on adjoint un second cylindre a celui qui donne la courbe diurne, on peut se"parer completement toutes les Kagtes atmosphe>iques, et, a l'aide de deux leviers horizontaux a temps d'arret, etudier aussi leurs oscillations dans le sens vertical. On pourra, par suite, voir si les raffales sont soumises a des lois penodiques; si les vents d'ori- gines differentes se propagent par des undulations analogues, e'est-a-dire etudier le vent dans sa constitution intime , ce qui, a notre connaissanoe, du moins, n'a pas encore ete fait jusqu'ici. Enfin, cet enregistreur, construit en petites dimensions, et sans la portion qui se rapporte au pointage des azimuts, pourra servir dans toutes les industries qui emploient des courants d'air, dans l'aerage des mines, des hopitaux, etc.; pour controler la maniere dont se fait le service. II donnera en effet, heure par heure, et minute par minute, les variations de la vitesse de l'air dans les conduits, de faeon que toute negligence, toute insuffisance , sera infailliblement constat^e. II y a longtemps qu'on se preoccupe de trouver des instruments capables d'enregistrer par eux-memes les variations de direction et d'intensite" des courants atmospheriques. On a imagine" dans ce but un grand nombred'appareils; lesanemometrographesde Wew- hell, d'Ossler, de M. Du Moncel, ont vivement excite f attention publique ; ils figuraient a l'Exposition universale ; mais, en raison de leurs prix tres-eleves, ils ne pourraient etre adoptes que par les Observatoires de premier ordre, et rien ne prouve encore que leurs indications soient parfaitement comparables. Les appareils de M. Taupenot meritent done le plus favorable accueil. F. Moigno. ASTRONOMIE. PARC ASTRONOMIQUE DTJ BOULEVARD d'eNFER. Parc astronomique, c'est un nom trop ambitieux peut-etre pour un modeste jardin, mais nous 1'excusons sans peine en raison des nouveautes et des richesses astronomiques accumulees dans un si petit espace. M. Porro est bien certainement , quoi qu'on en dise, un homme de genie , les lecteurs du Cosmos ne sauraient en douler, car ils ont vu souvent le nom de l'ancien officier supdrieur du genie pi^montais se rattacher a des inventions dminemment inge- nieuses, utiles et fecondes. Par les instruments qu'il a deja crees et par ceux qu'il creera en- core, M. Porro a fait ouferaune revolution complete dans deux denos plus belles sciences appliquees, 1'astronomie et la ge*od£sie ; si d'une part il n'avait pas les defauts de ses qualitds , si de l'autre il ne par- tageait pas le sort de tous les grands inventeurs ; c'est-a-dire que s'il e"tait aussi liant et souple qu'il est savant et habile; que si ses ressources pecuniaires etaient au niveau de sa f^condite- d'invention, il r^aliserail de veritables prodiges. Que les amis sinceres du progres veuillent bien visiter, comme nous, les ateliers de l'lnstitut techno- matique, boulevard d'Enfer, n° 10 , qu'ils fassent leur pelerinage au parc astronomique, puisque parc astronomique il y a, et ils seront bientot convaincus que nos assertions n'ont rien d'exagere. Ils se trouveront en face d'une veritable creation ; creation , nous nous servons a dessein de ce mot , parce que c'est avec rien ou presque rien , a travers des luttes incessantesavec l'adversite\ des epreuves cruelles , des angoisses inexprimables que le courageux artiste est parvenu a dresser sur leurs pieds trois instruments complets en- core sans doute , mais deja grandioses et uniques en leur genre. La gravure ci-jointe donnera une premiere idee de cette exposi- tion d'unnouveau genre : A B est une immense lunette de 52 centimetres (19 pouces) d'ou- vertnre , 15 metres (16 pieds) de longueur. CD pavilion avec dome tournant renfermant une lunette parallactique ou equatoriale de 44 decimetres ( 17 pieds ) de longueur. E cabinet ou se dresse la lunette zenithale de 2 metres. F G lunette d'essai de 4 metres ; H chercheur de cometes. Entrons maintenant dans quelques details sur les trois principaux instruments. 1° Lunette gigantesqne. Le flint est de la fabrication de Guinand pere ou fils ; le crown glass a (He' fourni par M. Maes , de Clichy. 358 COSMOS. La taille des verres d'optique n'a pas pu jusqu'a ce jour etre effec- tuee m£caniquement , et cependant le degre* de precision auquel on arrive par le travail a la main est insuffisant ; M. Porro a done invents et fait construire une machine tres-simple au moyen de laquelle on peut tailler, sans bassins , une surface sphe'rique d'un rayon donne", puis faire varier ce rayon par degr^s insensibles avec une rare per- fection. Ce moyen , joint a l'emploi de son polyoptometre , pour les explorations qui doivent pr^ceder la taille , et a une application nouvelle de la methode de Frisiani, en ce qui concerne la verification du travail a tous les degres d'avancement , a permis d'arriver du premier jet , sans consulter le ciel, si pres de la perfection, qu'il est reste" bien peu de chose a faire pour atteindre la nettete' desirable. Du premier jet done, cette lunette a montre" les plus petites etoiles avec une rondeur satisfaisante et a dedouble nettement et large- ment, dans l'essai par la mdthode de Frisiani, deux e'toiles artifi- cielles de deux dixiemes de seconde de diametre , separe'es par un COSMOS. 359 intervalle de moins d'une seconde. Le temps constamment contraire n'a point encore permis de faire sur le ciel des comparisons effi- caces, mais il ne parait pas douteux que, dans un meilleur climat , en Algerie, par exemple, cet instrument ne supporte utilement des grossissements de 1 500 a 2 000 fois. Or, qui pourrait prevoir les merveilles qu'on doit esperer de ddcouvrir dans le ciel avec de tels grossissements que les immenses telescopes a miroirde Hers- chell et de lord Rosse n'ont jamais utilement supported \ Le montage d'une aussi grande lunette eut presente des difficultes ties-graves , si on avait suivi les systemes en usage , et il eut et^ impossible, d'apres les idees recues , d'en faire un instrument mesu- rant. M. Porroa vaincu toutes ces difficultes en faisant pivoter au- tour de l'oculaire immobile toute la lunette equilibree par deux contre-poids : cette construction, a la fois simple et hardie, permet de placer confortablement l'astronome sur un fauteuil pareillement immobile , d'oii il peut observer commod^ment vers tous les points du ciel. Les mouvements naturels de l'instrument , ainsi que les moyens de mesurer sont alt-azimutaux ; mais , par un artifice bien simple, l'axe optique de la lunette peut, a volonte , suivre aussi le mouve- ment diurne comme un equatorial, et donner, avec une precision suffisante , sur deux cercles supplementaires , les coordonne"es stel- laires ; l'astronome n'a pas besoin de quitter son fauteuil pour lire tous les cercles, les niveaux, etc. Elle peut aussi, a tout instant , etre amenee rigoureusement dans le plan du meridien et fonc- tionner a la maniere d'une lunette meridienne, immense et com- plete, d'une grande precision. Malgre les lourdes masses et la grande longueur du tube de cet instrument, les mesuresazimuta'.es, naturellement independantes de la refraction , sont ici absolues , c'est-a-dire qu'elles sont indepen- dantes de l'excentricite, de la flexion, etc., grace aux moyens aussi nouveaux que precis par lesquels la ligne de visee de la lunette est mise optiquement en rapport immediat avec les lignes fixes, la me- ridienne et la verticale. II en est de nieine des apozeniths , a la re- fraction pres; les astronomes savent , d'ailleurs , et Sawich a de- montre" que les mesures azimutales, seules independantes de la refraction , peuvent entrer avantageusement et pour une tres-grande part dans l'etude du ciel. En un mot, cen'est pas seulement par les dimensions et la puis- sance optique que cet instrument est bien superieur a tout ce qui a etc fait jusqu'a ce jour , c'est encore par les moyens entierement 360 COSMOS. nouveaux de mesure, dont la precision surpasse celle de tous les instruments connus. II est a d^sirer que cet instrument soit promp- tement acheve et passe bien vite dans les mains de quelque habile astronome qui en tire , pour la science et la gloire du siecle , tout le parti qu'on peut en tirer ; la moderation du prix (160 000 fr.) , comparativement a. celui de la lunette de Poulkova (90 000 fr.) , le met a la portee non-seulement des gouvernements , mais aussi d'un bon nombre de riches amateurs. 2° Lunette equatoriale. Etablie dans le pavilion au sud CD, cette lunette est egale en dimensions et en puissance a celle qu'on a appel^e longtemps le colosse de Dcrpat, mais elle presente quel- ques particularity remarquables , et tout d'abord son elegante sim- plicity. Les rotations de cet instrument sont spheriques , et la transmis- sion du mouvement diurne se fait par l'adherence de deux surfaces spheriques. II n'y a pas de contre-poids d'allege, mais l'huile lubri- ficatrice qui est introduite avec pression en tient lieu avec avantage: le mouvement d'horlogerie y est remplace par un petit moteur hy- draulique d'une construction particuliere , les dispositions en sont commodes et convenables. Toutes ces combinaisons sont telles qu'elles eludent les deTauts de l'usure, que meme ces mecanismes se perfectionneraient d'eux- memes par le frottement, s'ils n'etaient deja parfaits. 3° Lunette zenithale. La lunette zenithale , Etablie dans le cabi- net E, vient d'etre achetde par un astronome des plus distingues , mais elle sera bientotremplacee par une autre pareille : elle a 18 de- cimetres de longueur et 1 decimetre d'ouverture ; elle est construite d'apres le principecathyalique de M. Porro. Cet instrument donne a tout instant , sans inversion et sans ni- veau , le lieu absolu du zenith; il permet , en con sequence, de determiner avec la plus grande precision et dans un temps tres- court la latitude et le temps. M. Porro appelle cette lunette direct-zenith-tube par opposition au rejlex-zenilh-tube de M. Any qui donue le zenith par reflexion sur un bain tie mercure, et que l'instrument francais remplacera avec de ties -grands avantages. F. Moigno. NODVEAU GENERATEDR DE VAPEUR. DE M. BOUTIGNT, d'eVREUX. II y a longtemps que nous suivons de pres , pour en rendre compte a nos lecteurs, les essais eminemment interessants du nou- veau geneVateur a vapeur de M. Boutigny, d'Evreux. Notre opi- nion sur la bonte de cet appareil est completement formee ; nous le croyons riche d'avenir9 et c'est avec bonbeur que nous voyons le jugement favorable que nous en avions porte- completement con- tinue par l'approbation que vient de lui donner la Societe d'encou- ragement par l'org^pe de M. Gallon. Le rapport de l'habile ino-e- nieur des mines est redige avec une moderation tout a fait remar- quable et nous serons sur, en le reproduisant, de bien faire ressortir les avantages du nouveau systeme , sans avoir a craindre qu'on nous accuse d'exageration ; voila pourquoi nous substituons cette appreciation officielle a notre propre redaction. " Le but que l'auteur s'est propose dans ce g^nerateur est d'ob- tenir, sous un petit volume, une puissance d'evaporation relative- ment considerable, c.V*t-a-dire l'equivalent d'u/te grande surface de chauffe de chaudiere ordinaire. A cet effet, la chaudiere, compusee d'un cylindre vertical ferme par un couvercle boulonne, sur lequel soiit adapted tous les organes ordinaires d'une chaudiere ( prise de vapeur, tuyau d'alimentation, soupapes, etc.], est munie , a l'interieur, d'un certain nombre de diaphragmes metalliques H superposes, perces de trous a travers lesquels l'eau d'alimentation tombe en pluie d'un diaphragme sur I autre, et qui sont suffisamment represented par la figure ci-jointe. 362 COSMOS. Ces diaphragmes , chauffes en partie par le contact et surtout par le rayonnement du corps de la chaudiere, produisent une vapo- risation rapide qui se complete immediatement au contact de chaque goutte d'eau avec le fond de la chaudiere. La chaudiere est done toujours a peu pres vide d'eau; ses parois atteignent une temperature eievee, qui se transmet aux diaphrag- mes, et de ceux-ci a l'eau , comme il vient d'etre explique. Apres avoir rappele* trois experiences faites avec cette chau- diere par M. Boutigny et le comite , M. Callon s'exprime ainsi : * Pendant les travaux du Jury international, il a ete fait sur les appareils admis k] l'Exposition de 1855 un grand nombre d'ex- p^riences. La chaudiere qui nous occupe est un des appareils expe- rimented , et notre collegue M. Tresca, sous la direction duquel l'expe'rience a ete faite, a bien voulu nous en faire connaitre le re'sultat, qui a valu a M. Boutigny une meMaille de deuxieme classe. Les faits obtenus par ces diverses experiences se r£sument dans les colonnes verticales du tableau suivant : 1. Premiere experience de M. Boutigny. 2. Experience du Comite de la Societe* d'encouragement. 3. Deuxieme experience de M. Boutigny, faite le lendemain avec le fourneau encore chaud, et en poussant moins vivement le feu. 4. Experience du Jury de l'Exposition. 1. 2. 3. 4. Surface de chauffe de la chaudiere. . 0™, 55 0m,55 0m,55 0m,55 Nombre des diaphragmes 5 7 7 10 -.h on' *nh Qft' oh as' Duree de l'experience 9 h. 5h,30' 10h,30' Charbon consomme par heure 9 k. 8k,9 5k,66 Sk,27 Eau vaporisee par heure 39 k. 42 k. 39,85 54,5 D° par kil.de charbon 4k,33 4,7 6,9 10,4 D° par metre carre de surface de chauffe et par heure 71 k. 70 k. 77 k. 101,0 Charbon consomme d° 16k,4 16 k. 18k,3 9k,6 Pressionmoyenneobservee lOatm. 7»l,l 7n,25 7ll,28 « L'examen de ce tableau donne lieu a plusieurs observations. On voit d'abord que, dans les deux premieres experiences, on a pousse lefeu trop vivement, eu egard a l'etendue de la surface de chauffe, et que les produits de la combustion n'ont pu etre suffisamment depouilies de leur chaleur ; de sorte que la chaudiere , si elle a pro- duit une assez grande quantite de vapeur par metre carre de surface de chauffe, a eu, au contraire, un rendement assez faible/w/- kilog. de houille consommee; en d'autres termes , qu'elle a donne des resultats economiques mediocres, comme le ferait, du reste, toute chaudiere soumise a de semblables conditions. Au contraire , lors- COSMOS. 363 qu'on a pousse' le feu lentement , c'est-a-dire de maniere a ne pas biuler plus de 9 a 10 kilog. par metre carrd de surface de chauffe, qu'on a opere* avec un fourneau deja chaud, et surtout quand on a, par l'augmentation du nombre des diaphragmes, realist l'dquivalent d'une augmentation de surface de chauffe , on a fonc- tionne d'une maniere tres-satifaisante. » En resume, il parait etabli que, si la chaudiere de M. Boutigny ne doit pas etre regardee, en principe, comme un appareil suscep- tible de donner des r^sultats superieurs au point de vue de l'eco- nomie du combustible, elle peut, du moins r^aliser, sous un petit volume et sans d^savantage, un pouvoir de vaporisation dgal|a celui d'une chaudiere ordinaire ayant une surface de chauffe au moins trois fois plus grande. C'est la un point de vue inteVessant, spdcialement pour beaucoup d'industries parisiennes , qui s'exercent le plus souvent dans des ateliers oil la place n'est rien moins qu'en exces. Sous ce rapport, la chaudiere de M. Boutigny forme, pour ainsi dire, le complement de ces machines a petit volume et a grande vitesse qui s'emploient beaucoup depuis quelques annees , parce qu'elles r^pondent a un veritable besoin, celui de menager l'espace. Avec une chaudiere de M. Boutigny et une machine telle qu'en -etablissent M. Flaud et d'autres constructeurs , on peut obtenir, sous un volume tres-res- treint et a un prix tres-r^duit (consideration qui a bien aussi sa va- leur), la fraction de cheval ou les quelques chevaux de force qui suffisent a la plupart des ateliers parisiens. Tel est , selon votre comite, le veritable role auquel parait appele" le g£ne>ateur dont nous vous entretenons, si toutefois il ne presente pas a l'emploi quelque inconvenient , comme , par exemple , celui d'une usure rapide du corps de la chaudiere , ce que Texperience seule fera connaitre. Une observation se place ici naturellement : N'existe-t-il pas deja d'autres dispositifs de chaudieres qui , sous un volume res- treint , presentent une grande surface de chauffe 1 A la question ainsi posee, les chaudieres tubulaires a foyer interieur sont une so- lution qui s'offre de suite a l'esprit. Mais les chaudieres de cette espece ont surtout sur de faibles dimensions et dans des mains peu soigneuses , des inconvenients tres-notables au point de vue de l'entretien et des nettoyages. La chaudiere de M. Boutigny est, au contraire, d'un nettoyage ties-facile. Enenlevant le couvercle et les diaphragmes , on peut atteindre facilement tout l'interieur du cy- lindre. D'ailleurs , chose remarquable et qui montre bien le role 366 cosmos. utile que jouents les diaphragmes comme agent de vaporisation , c'est sur ces diaphragmes, et surtout sur celui du haut, que se font les depots terreux, tandisque le cylindre reste parfaitement propre. Rien n'est done plus facile que d'op^rer un nettoyage , puisqu'il suffit d'oter le couvercle, d'enlever le diaphragme, que Ton nettoiera a loisir, d'en mettre un de rechange et de reformer. Cel'a peut se faire, au besoin , meme les jours oil la chaudiere fonctionne ; car, comme ell'e ne renferme presque pas d'eau , on peut , une fois le couvercle raj uste, remettre en marche en quelques instants. II est un autre point de vue sous lequel Tappareil doit etre consi- der^, c'est celui de la surety. Des parois exposees directement au feu , sans etre, sur l'autre face , en contact avec de l'eau , sont un systeme en opposition directe avec un principe qui est regarde comme fondamental dans 1'eHablissement des chaudieres a vapeur ordinaires. Toutefois l'interposition des diaphragmes entre la paroi qui peut accidentellement rougir et le point par lequel se fait l'ali- mentation parait de nature a prevenir des formations trop brusques de vapeur. Cefait. d'ailleurs , vint-il a se produire , comme la chau- diere ne contient presque pas d'eau, qu'elle ne sera gerie>alement appliquee que pour de petites forces, et aura, par consequent, de faibles dimensions , on seTa, a ce qu'il semble , garanti contre les effets d^sastreux de projection dus a la formation considerable de vapeur qui suit la rupture d'une chaudiere ordinaire Comme conclusion des considerations qui precedent, votre comite estime que si le generateur qui vous est soumis ne parait pas devoir presenter, au point de vue de la consommation du combustible , des avai>tages particuliers, que s'il demande a etre manoeuvre avec in- telligence , que si enfin l'on peut craindre que le corps de la chau- diere n'ait une duree limited , il a, sous le rapport du prix de pre- mier etablissement , du peu de place qu'il occupe , et des facility qu'il presente pour le nettoyage et pour une mise en service tres- rapide , des avantages notables sur lesquels il est interessant d'ap- peler l'attention des industriels. » Nous donnerons dans notre prochaine livraison la figure de la machine complete qui a servi aux experiences dont les resultats sont consignees dans ce rappport; et le dessin d'une chaudiere a boui'leurs construite dans le meme systeme. F. Moigno. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Iii:i>iimtrie de W. Remquet et Cie, rue Garanciire, 5. T. VIII. 11 AVRIL 1856. CINQUIEME ANNEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. le ministre dela marine a mis a la disposition de l'Academie une serie de specimens du fond de la mer, avec l'indication des parages, un tableau des coquilles microscopiques trouvees dans la mer, et une notice explicative. Cette serie fera partie d'une collec- tion offerte au gouvernement fran9ais par le cabinet de Wa- singhton , et qui a ete apportee par M. Benham, capitaine du genie dans l'arm^e federale des Etats-Unis. Les specimens, sur les- quels M. le ministre appelle l'attention de l'Academie, ont ete renvoy£s ainsi que les documents qui les accompagnent a l'examen d'une commission composee de MM. Elie de Beaumont, Duperrey, de Quatrefages et Bravais. — M. lieutenant Maury a fait offrir a l'Academie des sciences par l'entremise de M. Jomard, un tableau representant par des courbes les proportions de pluies , calmes , brouillards et tem- petes , dans les hemispheres nord et sud , sous les paralleles cor- respondants de 1' ocean Atlantique. Les courbes ont ete trac6"es au moyen de 107 277 observations faites dans la region nord , et 158 025 observations faites dans la region sud. Elles montrent que, dans l'hemisphere sud, les calmes sont plus rares, l'atmosphere plus variable, les pluies plus abondantes, les brouillards plus nombreux , le tonnerre plus frequent , surtout entre l'dquateur etle cinquante-cinquieme parallele. — M. Bravais, dans un rapport lu rdcemment a l'Academie , exprimait le de&ir d'avoir une table des sinus naturels de dix en dix secondes, et proposait meme de la faire calculer. M. Terquem, le plus erudit sans contredit de tous les mathematiciens des temps modernes, ecrit que cette table existe, quelle a 6t6 calcuiee par Pitiscus , et publiee sous ce titre Thesaurus mathematicus . . . sive canon slnuum... etc. II rappelle, en outre, que parmi les grandes tables deposees a l'Observatoire imperial , on trouve une table des sinus naturels pour chaque seconde decimale, avec vingt-cinq deci- mals et sept ou huit colonnes dc difference. « II est bien a regret- ter, ajoute-t-il , que nos astronomes aient quitte la division deci- 14 366 COSiMOS. male du cercle et du jour; s'ils y avaient persists, cette division aurait fini par etre generalement adoptee ; on peut y revenir. Dans la grande carte de France elle est employee, c'est un excellent exemple a suivre. » Les pouzzolanes communes , dejections volcaniques incohe'- rentes , employees a la preparation des mortiers pour les besoins de la maconnerie ordinaire , sont fort rdpandues , comme on le sait , dans plusieurs de nos departements. Mais il restait a d^couvrir en France la pouzzolane vraie, la pouzzolane de la geologie, douee de toutes les affinites chimiques qui la font rechercher pour les grandes constructions. M. Bertrand de Loin apprend a l'Aca- demie que cette precieuse decouverte est aujourd'hui un fait accom- pli. II a trouve dans les communes de Mazairat et de Saint-Eble pres Langeac(Haute-Loire), dans la region dite Coupet , si riche en ossements et en corindons , un gisement de pouzzolane a l'e- tat argilo'iJe , happant fortement a la langue , renfermant encore une notable quantite de grains ou fragments non decomposes, et de matieres de projection qui sont le cachet de leur origine. M. Ber- trand demande pour la seconde fois a l'Acade'mie, qu'elle lui fasse obtenir les ressources pecuniaires necessaires a l'exploration de ce gite precieux , s'engageant a livrer a l'Ecole imperiale des mines, ou au Museum d'histoire naturelle , tous les fossiles provenant des fouilles qu'il poursuivra sous ses auspices. — M. Ernest Liouville signale a l'attention des astronomes deux nouvelles etoiles variables. La premiere porte le n° 4040 dans le catalogue de Groombridge'; au 1" Janvier 1856, son ascension droite etait 23h 12m 41s, sa distance au polenord, 17° 5' 40". Elle variede la cinquieme a la dixieme grandeur; sa p^riode probable est d' environ 115 jours. La seconde porte le n° 1706 du catalo- gue de l'Association britannique ; au 1" Janvier 1856, sttn ascen- sion droite 6tait 5h 20m 36s, sa distance au pole nord, 15° SMI". Elle est marquee cinquieme grandeur, maisM. Liouville l'avuedes- cendre tres-pres de la septieme , et ne peut encore assigner aucune valeur au temps de la periode. — Voici deux positions approchees de la nouvelle planete, obte- nues par M, Goldschmidt lui-meme : 1856 31 mars 10h Sn 2 avril Ascension droite* 13h 13m 30s 13 22 32,86 Declinaisoi — 0,2' + 0,6, PHOTOGRAPHIE. COLLODION SUE PAPIER TAR M. STEPHANE GEOFFRAT. (Letlre a la direction du Cosmos.) « On se preoccupe beaucoup depuis quelque temps du transport des cliches au collodion. Vos lecteurs connaissent les applications a cet effet de la gutta-percha, par MM. Archer, Reade et Miller. M. Long a donne aussi une m&hode qui a ses avantages; mais tous ces procexl.es sont dans la pratique pleins de difficultcs, etdemandent des soins assez compliques pour mener rarement une epreuve a salut. Pourquoi ne pas chercher d'une maniere plus active les moyens qui permettraient d'obtenir directement sur papier une couche de collodion conservant toutes les chances de certitude et de beaute* du collodion sur verre ? On a propose, je le sais bien, quelques process qui permettent d'obtenir directement sur papier des epreuves au collodion tres- belles deja; mais ces epreuves n'ont pas encore, par leurs demi- teintes, toutes les delicatesses de leurs scours sur verre ; le papier y laisse voir son influence ; il r£agit par sa propre composition sur le collodion de maniere a troubler sa sensibilisation ; d'une part, il peut modifier la rapidity, d'autre part, il peut oter de la franchise a ['im- pressionability et empecher la venue des teintes faibles. De plus, le papier par sa texture et sa porosite" derange toujours, malgre les enduits conseilles jusqu'a present, l'economie de la couche sensible. C'est pourquoi, ni le papier anglais fortement encolle aux resines, ni le papier albumine" que j'avais conseille\ ne me donnent des re- sultats faciles et suffisants ; le papier decire de M. Festeau, dont l'emploi a et6 sous ce rapport un veritable progres, est incapable aussi de remplacer le verre, car il n'en a pas non plus, a un dtgre suffisant, les deux quality importantes pour le cas, Yinertlo et X impenetrabilite . Cependant, apres avoir essaye sur verre la dissolution de gutta- percha de MM. Archer et Reade, l'idee m'est venue d'en faire l'application aux papiers pour collodion. J'eus plein succes des mes premieres experiences ; en effet, les sels sensibilisateurs ne penetrent pas la couche de gutta-percha et j'eus de suite des epreuves d'une limpidite et d'une douceur egales a celles des epreuves sur verre les mieux venues. Depuis je ne fais plus de collodion que sur papier et mes epreuves conservent toutes les valeurs du modele. 368 COSMOS. Je vous donne ci-dessous ma maniere d'operer. Si je ne l'ai pas publiee plus tot, c'est que je m'attendais chaque semaine a la voir dans votre Revue ; car la communication de M. Archer a du mettre un grand nombre d'amateurs sur la meme voie. Je choisis des papiers tres-glacds; l'inconv<5nient qui resulte pour les autres proctkles du trouage des papiers de ce genre, n'est pas a redouter ici ; peu importe aussi la nature de leur pate et la qualite de leur texture, pourvu que leur planimetrie soit satisfaisante (1). J'ai rempli une eprouvette aussi profonde que mes feuilles sont longues, d'une dissolution de gutta-percha a la benzine ; j'enroule mes feuilles une a une sur leur largeur, et je les plonge successive- mentdans l'eprouvette. Quand celle-ci.est pleine et que les bulles d'air qui se montrent sont toutes arrivees a la surface du bain, je retire les feuilles pour les suspendre par un angle et les laisser secher. On pourrait employer pour le bain de gutta-percha une cuvette plate, maisla surface y donnerait trop d'evaporation, et le bain perdrait vite l'exces de benzine qui lui est necessaire pour une par- faite limpidity. Pour preparer la dissolution de gutta-percha, j'introduis dans une bouteille ordinaire 50 grammes environ de gutta-percha du commerce que j'ai couple en petits fragments ; j'ajoute de la ben- zine jusqu'aux trois quarts du contenant, et je bouche sans forcer avec du liege, parce que la dissolution doit se faire au bain-marie. La gutta-percha dissoute, la liqueur prend une teinte jaune; je la . laisse reposer au fraid pendant quinze jours et bien davantage s'il le faut, jusqu'a limpidite parfaite. Je decante ensuite un enduit tres- clair et a peu pres incolore qui me servira pour remplir l'eprouvette dont j'ai parle. Quand je veux sensibiliser mon papier enduit comme il a £te dit, je prends la feuille de verre de mon chassis, je lui passe avec un pinceau une couche de glycerine, je fais adherer sur ce gras la feuille de papier en evitant toute bulle d'air, puis j'etends a l'ordi- naire la couche de collodion, j'enleve la feuille et la plonge dans un bain d'argent a 6 pour cent. J'ai soin de laisser la surface collodion- nee en dessus pour lui eviter tout contact avec le fond de la cuvette qui la strierait. L'iodure d'argent forme, je releve la feuille, je la laisse egoutter (1) En elTet, la gutla-percha ne garnulit pas seulement la couche sensible contre ]cs composants Ju papier , mais encore elle garanlit le lissu du papier contre les li ;uidts qui ordiuairement font gonfler les grains et dcraugent la texluic. COSMOS. 369 une minute, je la lave a deux eaux, de maniere a la dEbarrasser de tout nitrate d'argent. Je la replace ensuite sur le verre qui conserve encore dela glycerine, auquel d'ailleurs on pourrait en restituer. Lafeuille est alorsprete pour l'impression. Bien entendu, si on doit attendre longtemps l'exposition, ilsera bon de faire couler sur la surface collodionnee un melange de gly- cerine et de nitrate d'argent prepare" dans les proportions suivantes : Ean distillee lOOS"- Nitrate d'argent 1 Glycerine 15 On sait que la glycerine est egalement soluble dans 1'eau et l'al- cool, voire meme en certaines proportions dans Tether ; c'est la ce qui peut rendre son application au collodion tres-preoieuse. Je fais venir l'image comme sur verre. Le fixage opere, j'enleve la feuille de dessus la glace qui la sup- portait, je la lave avecsoin, je la seche completement, et je la cire s'il y a lieu. Je recommande cette m^thode a ceux surtout pour qui le polis- sage et le transport des glaces, la cherte de leur emploi et la diffi- cult^ de leur conservation sont des soucis. J'ajoute que le papier enduit de gutta-percha est aussi d'un ex- cellent|usage avec l'albumine. L'albumine sur ces papiers fournit des epreuves qui ne le cedent en rien aux Epreuves sur verre et elle est d'une preparation toujours sure ettres-facile. » SEANCE DE LA SOCIETE PHOTOGRAPHIQUE. (Suite et fin.) La troisieme note de M. Porro est une proposition que nous re- produisons presque textuellement : « M. Bond, astronorne amEricain, a le premier realise* le vceu des astronomes qui demandaient a la photographie des images des corps celestes : en possession d'un Equatorial de Fraunhoffer de 38 centimetres de diametre et de 7 metres et demi de foyer, pared a. celui de Poulkova, M. Bond a fait disposer a la place de l'ocu- laire un chassis photographique, et a obtenu en douze minutes, sur albumine, une assez belle image de la lune de4 centimetres enviroa de diametre. En 1851 , j'ai pu obtenir avec un objectif stenallatique, et moyennant la bienveillante cooperation de MM. Vallat et Thomp- 370 COSMOS. son, plusieurs images de l'dclipse du8 juillet, sur lesquelles le soleil a un diametre de 83 millimetres. M. le baron Gros a obtenu de la meme Eclipse des images d'une netted parfaite, mais beaucoup trop petites pour etre d'une utilite reelle a la science. II serait du plus grand int^ret pour l'astronomie de pouvoir obte- nir ainsi des vues photograph iques des principaux corps celestes, et tout d'abord du soleil, dont l'observation est si penible. Depuis que le fait a ddmontre" que la paisible lumiere de la lune suffit pour produire une bonne image sur la tardive albumine, il n'y a pas a desespe'rer que la fulgurante lumiere de Sirius, que les lu- mieres si vives de Jupiter, de Saturhe et de Venus , ne puissent impressionner les preparations si rapides au collodion que Ton ein- ploie aujourd'hui; peut-etre verra-t-on un jour des images pho- tographiques completes des regions celestes les plus peuple"es d'etoiles ; alors la recherche des planetes nouvelles ne sera plus qu'un jeu ! Le o-rand refracteur achromatique re'cemment 6'rige' a l'lnstitut technomatique admet un pinceau lumineux de 52 centimetres de diametre : ce refracteur permettrait-il de faire un pas vers cette so- lution si desirable ? C'est la une question qui ne peut trouver une reponse que dans cette enceinte, oil sont reunis, dans un commun accord pour le pro- gres, les grands maitres de l'art. C'est done a vous, messieurs, et c'est au nom de la Socie'te' tech- nomatique dont je suis aujourd'hui l'organe aupres de vous, que j'ai l'honneur de soumettre cette question palpitante d'un si vif interet. La Soci^te technomatique s'empressera de mettre a votre disposition ce grand instrument unique au monde pour les experiences qu'il pourrait entrer dans vos vues de tenter. » Une commission de cinq ou six membres a dte chargee d'exami- ner la proposition de M. Porro, et d'arreter, si elle le juge opportun, un programme d'expe>iences. M. Crookes, le celebre photographe de 1'Observatoire d'Oxford, a re'cemment obtenu des images photographiques de la lune en quatre secondes, sur collodion , avec la lunette de 8 pouces d'ou- verture de M. Hartnup, a Liverpool. Pourquoi M. Crookes ne viendrait-il pas experimenter a Paris ? ACADfiMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 7 AVR1L 1856. Nous avons cru entendre que M. de Humboldt, dont la sante est excellente, annon9ait dans une lettre la prochaine fondation d'un observatoire a Peckin. Ce qui prouve beaucoup mieux que la lettre academique la frai- cheur d'esprit de l'illustre octoge'naire , c'est la r£ponse qu'il fait , en date du 2 avril 1856, a une interrogation originale et par trop indiscrete de M. Jobard. « Vous m'ecrivez, mon cher monsieur, comme toujours , une lettre spirituelle et des plus aimables ; mais ce n'est pas moi qui suis en eHat de rdpondre sur la simple possi- bility de differents genres d'electricite' minerale, vegetate, animate, cerebrate, douee ou non de libre arbitre, « J'ai toujours la faiblesse d'avoir une sainte horreur de la spiri- tualisation du bois de sapin , et du mysticisme des psychographes. « Vous augmentez ma frayeur par le fantome de cet etre de raison ephemere, pourvu d'intelligence par l'effet de la concentration des pensees rayonnant du cerveau des personnes qui entourent l'instru- ment. Vous savez que Geoffroy Saint-Hilaire disait avoir sue, en Egypt e , de Xoxyde de pensees. « Vous direz que mon mcreclulite" est un simple effet de ma pa- resse; je me soumets volontiers a ce blame; mais, persuade" que le regret que j'^prouverais de vous croire engage dans cette route te*ne- breuse ne diminuera pas l'amitie" que vous m'avez vouee depuis si longtemps, je compte sur votre indulgence. » M. Jobard aurait bien du attendre cette reponse de Postdam avant de remplir de longues colonnes de journal d'excentricites semblables a celles du gueridon assez impertinent pour se vanter d'etre la re- sultante des ames des malins qui 1' entourent et qui discutent avec lui pendant quatre heures, et a celles-ci « Si, aulieu dene consid^rer l'electricite que comme un agent aveugle qui suit le chemin materiel qu'on lui trace, vous lui accordez de l'eclec- tisme quand il procede des regnes mineral et vegetal , de l'instinct quand il procede du re'gne animal, et de Intelligence 'quand il part du cerveau de l'homme, vous aurez la clef des ceuvres qui ont ete jus- qu'ici lettres closes... De quel droit attribuerions-nous a notre cer- veau seul le monopole de 1' intelligence? Une boule de feu (le ton- nerreenboule) ne peut-elle pas en contenir autant qu'une boule de chair! - — M. Nickles , professeur de chimie a la faculty de Nancy, 372 COSMOS. adresse une note sur le phosphore amorphe ; nous croyons qu'il s'agit d'un moyen de s^parer entierement le phosphore amorphe du phosphore ordinaire , c'est-a-dire le phosphore non veneneux du phosphore veneneux, en partant de la difference de density. — Un des directeurs ou professeurs de la ferme-ecole de la Saulcaye adresse un memoire sur les observations meteorologiques faites dans cet etablissement ; 1' attention de l'observateur se serait surtout portce sur les quantites d'ammoniaque, d'acide nitrique et d' ozone presentes dans l'atmosphere et entrain^es par les eaux de pluie. — M. Biot lit une longue notice sur une nouvelle edition du Commercium epistolicum ou recueil de lettres de Lebnitz, de Newton, etc., public, sous sa direction, par M. Lefort, le gendre de son gendre ou son petit-gendre, a la librairie Mallet-Bachelier. Nous croyons que cette notice, qui ne doit pas etre inse>6eaux comptes rendus de l'Academie, est un article destine au journal des savants; elle contient une histoire complete de toutes les Editions de ce livre celebre, depuis la premiere, en 1712, jusqu'a. celle de M. Lefort, en 1856, et se termine par un chaleureux hommage rendu aux sciences pures, une protestation eloquente contre cette fin de non recevoir eui bono qu'on leur oppose, etc., etc. — M. Becquerel soumet de nouveau a l'Academie les conclu- sions de son rapport sur les procedes de galvanoplastie de M. Le- noir ; la commission a examine , avec le plus grand soin , les recla- mations qui lui ont ete renvoyees ; et elle n'y a rien trouve qui fut denatures infirmer les droits de priorite de M. Lenoir, a ra- baisser le me>ite du progres important qu'il a rdalisd ; elle persiste dans son avis que les perfectionnements considerables, apportes par M. Lenoir a la galvanoplastie des rondes-bosses, et le memoire dans lequel il decrit sa decouverte, meritent l'approbation de l'Academie. Ces conclusions sont adoptees a l'unanimitd. Nous donnons plus loin le rapport de M. Becquerel. — M. LeVerrier annonce la decouverte faite par M.Goldschmidt, peintre d'histoire, le 31 mars, d'une nouvelle petite planete, la qua- itrieme de l'astronome amateur, la quarantieme du groupe ; comme les deux precedents, le nouvel astre est de la neuvieme ou de la neu- vieme grandeur et demie; aussi a-t-il pu etre observe immediatement aux instruments de l'Observatoire imperial. M. Le Verrier faisait remarquer a l'Academie , avec une certaine satisfaction , que des neuf dernieres planetes , sept ont 6te decouvertes a Paris , quatre parM. Chacornac, trois par M. Goldschmidt. COSMOS. 373 — M. Le Verrier presente ensuite a l'Acad£mie le tome premier des Annales de l'Observatoire imperial de Paris ; c'est un magni- fique volume in-4° de 400 pages , imprime\ avec un soin et un luxe extraordinaires , a l'imprimerie de M. Mallet-Bachelier, si habile- ment dirige'e par M. Bailleul. Voici en quels termes M. Le Verrier expose la raison d'etre et le but de ce volume : « Sa Majeste l'empereur Napoleon III a voulu, sur la proposition du ministre de l'instruction publique, M. H. Fortoul , et confor- m^ment aux conclusions d'une commission presidee par M. le ma- rshal Vaillant, reorganiser l'Observatoire de Paris. « D'apres les termes du de^cret imperial, le directetirde l'Obser- vatoire doit : preparer et soumettre a 1' approbation du ministre le plan qu'il se propose de suivre dans la direction des observations; signaler les ameliorations dont l'£tablissement est susceptible ; pu- blier, chaque annee, les observations faites dans l'anneVprecedente, ainsi que la reduction de ces observations et leur comparaison avec la theorie; pourvoir a l'instruction des fonctionnaires. « Pour me conformer aux deux premieres prescriptions, j'ai , en decembre 1854, adresse au ministre de l'instruction publique un me- moire intitule- Rapport, sur l'Observatoire imperial de Paris, et projet cV organisation ; Rapport qui se trouvera plus loin, et qui sert de prdambule au present recueil. Les propositions qui y sont conti- nues ont ele" approuv^es par le gouvernement , et elles seront rtffees a execution a mesure que les ressources de l'etablissement le per- mettront. « La fondation des Annales de I ' Observatoire imperial de Paris est destinee a pourvoir d'une maniere convenable a la publication des observations de toute nature , et a celle des travaux de calcul qui sont indispensables pour faire acquerir aux rdsultats une valeur scientifique r6elle. La discussion des observations , et leur compa- raison avec la theorie, ne peuvent etre correctes et fructueuses qu'autant que Ton part de donn^es certaines , et qu'on dispose de tables dont la preparation est longue et difficile. Ce travail pre- liminaire est en cours d'exe"cution, et ses principaux r^sultats, des- tines a servir debases a nos operations ulterieures, paraitront d'a- bord dans les Annales. Aussitot apres, nous commencerons la pu- blication annuelle et r^guliere des observations. Je venais de r^unir et de coordonner des mat£riaux assez nombreux sur les theo- ries du systeme plane4aire lorsque la direction de l'Observatoire me fut confine. Comme je m'etais efforce de donner a ma redaction la suite et la r^gularite n£cessaires pour en relier toutes les parties 37a COSMOS." entre elles, elle se trouva susceptible , moyennant quelques addi- tions, de concourir utilement a l'instruction des fonctionnaires. Les additions ont dte faites, et il en est requite' un travail comprenant , outre des memoires sur plusieurs points de la science, un certain nombre de chapitres didactiques destines a rdsumer d'une maniere concise 1'ensemble des formules et des theories auxquelles l'astro- nomie a frdquemment recours. Je publierai successivement dans les Annates et sous le titre commun Recherches astronomiques , les diverses parties de ce travail, espeVant qu'il pourra etre de quelque utilite par les exposes methodiques qu'il pr^sente, par les discussions et les recherches scientifiques qu'il contient. » Voici , un peu plus en detail , le contenu du premier volume des Annates : I. Rapport sur la reorganisation de l'Observatoire imperial de Paris ; observations astronomiques ; reduction et comparaison des observations avec[la theorie; relations entre l'Observatoire et les services publics; physique et physique du globe ; du personnel et des depenses ; conclusions ; note sur les instruments m6tdorologiques. II. Recherches astronomiques , par M. Le Verrier : principals formules relatives aux fonctions circulaires , aux developpements des fonctions, aux methodes d' interpolation et a la resolution des equations. — Des coordonn^es astronomiques. — Mouvement des corps celestes autour du soleil , premiere approximation ; mouve- ment apparent relativement a la terre. — Mouvement des corps celestes autour du soleil ; seconde approximation ; rndthode de la variation des constantes arbitraires. — Developpement de la fonc- tion qui sert de base au calcul des perturbations du mouvement des planetes. — Fonctions auxiliaires servant au developpement de la fonction perturbatrice.— Table numenque pour le calcul des coeffi- cients du developpement de la fonction perturbatrice ; sur le deve- loppement des fonctions en series. — Developpement de la fonction perturbatrice relative a Taction de Jupiter sur Pallas ; inegahte , a longue periode, du mouvement de cette derniere planete. Nous ne ferons aujourd'hui, a la lecture de M. Le Verrier, qu'un seul emprunt, l'hommage solennel rendu par lui a l'illustre directeur de l'Observatoire de Greenwich, M. Airy : « La route a suivre pour la reduction des observations astrono- miques a ete brillamment ouverte, il y a vingt ans, par l'astronome royal actuel d'Angleterre, M. Airy, qui a eu le bonheur de ren- contrer, dans la redaction scientifique du Nautical Almanack , un puissant auxiliaire. Le Nautical, contenant des ephemerides de COSMOS. 375 toutes les planetes calculus jour par jour, et avec une approxima- tion portee jusqu'aux centiemes de seconde de temps, ce qui est indispensable aux besoins de l'astronomie , M. Airy s'est dispense' de calculer des e'phdmerides ; et il a procdde" imme'diatement a la comparaison de ses observations aux positions fournies par le Nau- tical Almanack. Dix-sept gros volumes in-folio, comprenant la re- duction d'un nombre immense d'observations et leur comparaison, des catalogues d'etoiles, des tables de reduction, des discussions th^oriques et pratiques, des descriptions d'instruments, ont ete" pu- blics par M. Airy depuis 1836 jusqu'en 1852, annde dont le volume vient de paraitre. Outre cet immense labeur, M. Airy aentreprisde reduire les observations de ses pr£d£cesseurs, depuis Bradley . Toutes les observations plan^taires , depuis 1750 jusqu'en 1830, ont 6t6 calculees parses soins, et comparees directement aux tables, le Nautical public dans cet intervalle etant insuffisant : le resultat de ces travaux a paru dans un volume in-folio de plus de 700 pages. Les observations lunaires ont e^e" l'objet d'une entreprise encore plus vaste, dont les conclusions sont comprises dans deux volumes n-folio contenant ensemble plus de 1 500 pages ! « Magnifique ensemble de travaux que tout astronome doit avoir sans cesse devant les yeux comme un admirable modele ! que notre pays doit connaitre, afin de mieux appr^cier les conditions aux- quelles il pourra a son tour entrer honorablement dans la carriere ! Car, nous avons le regret de le dire , rien n'a encore £te fait , en France, pour la reduction des observations. On les a publiees jus- qu'ici, a. 1'eHat brut et sans reduction aucune, laissant meme a d'autres le soin d'en d^duire les ascensions droites et les declinai- sons ! Tout est done a entreprendre aujourd'hui, et dans des condi- tions plus difficiles que celles oil se trouvait l'Observatoire de Greenwich en 1836. Nous ne disposons pas, comme lui, d'£ph£- merides construites a l'avance. La Connaissance des temps, qui devrait les contenir, n'est plus depuis longtemps un ouvrage scienti- fique. Les positions des planetes n'y sont donn^es qua la minute du temps, fait qui, 6tant constats, dispense de toute autre discus- sion a ce sujet. » Ce dernier aveu est bien douloureux et bien humiliant pour la France ; mais comment le taire? — M. Dubrunfaut fit connaitre, en 1845, la singuliere pro- prieie que possede le glucose mamelonne" , dissous dans l'eau , d'of- frir deux pouvoirs rotatoires differents pour la meme temperature : 1'un, le plus grand, s' observe au moment ou la dissolution vient 376 COSMOS. d'etre faite a froid ; l'autre se manifeste quelques heures apreS. II reconnut plus tard que la rotation du glucose mamelonne" est double de celle du glucose modi fie par la dissolution. Dans la seance du 4 fdvrier dernier, M. Dubrunfaut a annonce a l'Academie que le Sucre de lait offre, 'comme leglucose.une rotation plus grande au mo- ment de sa dissolution ; que la premiere rotation etant8, la seconde n'est plus que 5. Les deux rotations ne sont plus , comme pour le glucose, dans un rapport simple, mais les differences sont de meme ordre et de meme sens , de sorte qu'on pourrait considerer le sucre de lait comme une combinaison qui admettrait dans ses elements le glucose avec sa constitution caracteristique. A cette occasion, M. Dubrunfaut signalait les principales propriety encore mal defi- nies du sucre de lait : il se dissout dans l'eau avec elevation de tem- perature; lorsque celle-ci en est saturee par son contact prolonge avec un exces de sucre, sa densite est 1,055, et elle contient alors 0,1455 de son poids de sucre; elle ne commence a deposer des cristaux, par l'evaporation spontanee a l'air sec , que lorsque sa densite e4ant 1,063, elle contient 0,2164 de sucre modifie par la dissolution. Le sucre de lait est tres-peu hygrometrique; s£che a 100 degres, il renferme : carbone, 39,70; eau, 60,07 ; et sa cons- titution est exprimt'e par la formule Cl2Hl2012 ; s^che a 150 degr£s, il deviendrait C12HuOu ; et anhydre, suivant Berzelius,C12H903. II peut se combiner avec les bases au sein des dissolvants, et sortir de la combinaison avec toutes ses proprietes ; c'est ainsi qu'il donne naissance a un sucrate soluble de chaux renfermant un equivalent de base. Si on le chauffe a 100 degres en presence de quelques gouttes d'acide sulfurique, sa rotation s'eleve de 10 a 13 ; il se trans- forme en sucre fermentescible qui peut donner 0,37 de son poids d'alcool ; il laisse pour residu une substance active qui tourne le plan de polarisation a droite, tandis que le sucre de lait le tournait a gauche. Traite directement par la levure de biere, le sucre de lait donne une quantite appreciable d'acide carbonique sans produc- tion d'alcool. Sous l'influence de l'acide nitrique il donne de l'acide mucique; pendant la reaction son pouvoir rotataire augmente d'abord, revient ensuite a 0 , reparait, et s'evanouit pour ne plus se reproduire. Lorsque la note de M. Dubrunfaut parut, M. Pasteur, qui da- puis longtemps etudiait le sucre de lait, s'empressa, par une lettre ecrite a M. Biot, de prendre date pour quelques faits nouveaux. La plupart des chimistes pensaient que le sucre de lait , traite par les acides, se transformait en sucre de fecule ou d'amidon. M. Pasteur COSMOS. 377 combat cette erreur, et propose de donner le nom de lactose au sucre de lait modifie" par les acides, et qui est tres-different du glu- cose. Le lactose cristallise beaucoup plus facilement que le glucose, maisse dispose comme ce dernier en mamelons forme de petits prismes droits. Le lactose cristallise, traite par 1'acide nitrique, donne deux fois plus d'acide mucique que le sucre de lait ; son action sur la lu- miere polarisee, comme celle du sucre de lait, est beaucoup plus grande lorsqu'il vient d'etre dissous que quelques heures plus tard; elle ne change pas par la fermentation , qui par consequent ne d6- double pas le lactose. En communiquant cette note , M. Biot avait protests contre le nom de glucose, employe a designer tous les sucres solides autres que le sucre de canne, sucres qui different beaucoup entre eux, suivant le procedc de transformation de la fecule, et suivant la dur^e de Taction qu'on leur fait subir. Pour trois glucoses examines par M. Biot, les pouvoirs rotatoires 6taient 51°,43 , 61°,34 , et 100°, 57 ; ce dernier etant plus fort que celui du sucre de canne. Dans la seance de ce jour, M. Biot a presents une note de M. Be- champ danslaquelle l'habile chimiste de Strasbourg croit pouvoir 6tablir la cause du fait singulier decouvert par M. Dubrunfaut, de 1" augmentation du pouvoir rotatoire au moment de la dissolution. Autant que nous avons pu le comprendre , cette cause serait la d^shydratation du sucre de lait par son contact avec 1'eau , ce qui parait assez extraordinaire. Le fait est qu'en deshydratant le sucre de lait par d'autres procedes que la dissolution, il est parvenu a, lui donner l'exc£dant de pouvoir rotatoire qu'il acquiert en se dissol- vant dans l'eau. Nous reviendrons sur ce sujet quand la note de M. Bechamp aura £te imprim^e. — M. Dufour, professeur de mathematiques au college de Mor- gues, pres Lausanne, adresse, par l'interm^diaire de M. Bravais, les r£sultats de ses recherches sur la scintillation. Les principales e"toiles observeespar lui sont la Chevre, Riga, Arctarus, Aldebaran, Ophi- nius, etc.; il aurait trouve que les (Hoiles rouges scintillent plus que les blanches, et que l'intensitc de la scintillation serait proportion- nelle a l'epaisseur de la couche d'air interposee. Autant que nous avons pu en juger par une premiere audition, ces recherches vien- draient en confirmation de la theorie de M. Montigny. — M. Bernard communique des experiences relatives a l'irt- fluence du phosphate de chaux contenu dans les aliments sur la for- mation du cal. Ce n'est pas sans emotion que Ton voit apparaitre sur la scene academique le fils d'un homme qui s'est deja fait un 378 COSMOS. nom illustre dans les sciences; aussi quand M. Bernard a annc-nce* que l'auteur des nouvelles experiences etait M. Alphonse Milne- Edwards, nous avons vu se manifester de toutes parts de vives sym- pathies; lesujet choisi, par le jeune eleve en medecine, est d'ail- leurs eminemment interessant; nos lecteurs en jugeront eux-memes par le resume que nous sommes heureux de leur offrir, et dont le Cosmos a les pr^mices : Dans ces derniers temps, quelques chirurgiens ont essaye- de l'emploi du phosphate de chaux administre' a l'interieur pour hater le travail de consolidation des os , dans les cas de fractures , et souvent, a l'aide de ce traitement , M. Gosselin , chirurgien de l'ho- pital Cochin, a obtenu de tres-bons resultats. Mais les experiences f aites sur les malades ne pouvaient etre suffisamment comparatives; et on ne pouvait juger qu'approximativement de l'etat du cal ; aussi, pour mieux edairer ce point de physiologie pathologique, l'auteur a-t-il entrepris des recherches sur des animaux. On a fractur6 un os, l'humerus par exemple , chez deux animaux de meme taille et autant que possible de meme age ; on ne changea rien au regime de l'un d'eux , tandis qu'on donna journellement a l'autre une certaine quantity de phosphate de chaux, mele" aux aliments; et, au bout d'un temps determine, on les tua pour exa- miner l'etat du cal. Ces experiences furent faites tantot sur des lapins , tantot sur deschiens, et, dans tous les cas , le travail de consolidation etait notablement plus avance chez l'animal auquel on donnait du phos- phate de chaux, que chez celui dont on n'avait pas modifiele re- gime. L'auteur conclut de ces experiences , que l'abondance du phos- phate de chaux contenu dans les aliments, et, par consequent, porte dans le torrent de la circulation , tend a favoriser le travail d' ossification du cal; et a l'appui de cette opinion il rapporte plu- sieurs observations, recueillies a l'hopital Cochin, dans le service de M. Gosselin. Dans ces observations, la consolidation de la fracture de l'humerus s'est effectuee du vingt-septieme au trentieme jour chez les malades soumis a cette medication ; or, on sait que dans les cas ordinaires les fractures du bras ne se consolident que du trente- cinquieme au quarantieme jour. — M. Despretzpresente au nom de M. Ronalds, ancien directeur de l'Observatoire meteorologique de Kew, son petit traite descriptif complet des appareils enregistreurs de la pression de l'humidite, de la temperature , de l'eiectricite, atmospheriques et du magne- COSMOS. 379 tisme terrestre. Nous avons deja signale dans le Cosmos l'appari- tion de la premiere partie de cet opuscule, nous donnerons bientot une idde complete de l'ensemble, en reproduisant avec figures la descrip- tion de quelques-uns de ces beaux appareils qui fonctionnentavec une r£gularite parfaite, et donnent, avec l'aide de la photographie, des r^sultats que Ton aurait crus impossibles a. obtenir il y a quelques ann£es. Nos lecteurs savent d'ailleurs qu'ils peuvent se procurer, dans les bureaux du Cosmos, le texte et les plancbes du beau tra- vail de M. Ronalds. — En presentant a l'Academie le second volume de l'edition an- glaise de son grand traite d'electricite, M. de la Rive, membre correspondant, donne de vive voix l'analyse de cet ouvrage, et si- gnale les theories ou les experiences qui lui semblent plus dignes d'attention. Les trois volumes du traite" de l'electricite contiendront un re"sum£ exact des memoires publies au nombre de plus de mille sur cette branche des sciences physiques. Le savant et illustre professeur de Geneve a tout ramene" a une hypothese capitale, la polarite electrique des atomes de tous les corps. C'est la grande ide"e d'Ampere avec cette exception qu' Ampere entourait les atomes, essentiellement doues d'electricite positive ou negative, d'une atmosphere d'electricite contraire dont ils pouvaient etre depouill^s accidentellement, de maniere a se trouver tour a tour dans deux £tats, l'dtat passif ou ordinaire de l'atome entoure" de son atmosphere, l'etat naissant ou actif de l'atome sans son atmo- sphere. Le premier dans notre Traite d'electricite , en publiant un me"moire inddit d'Ampere, nous avons expose" completement sa pense"e. M. de la Rive, a notre grand regret, repousse encore les atmospheres; il explique les differences d'etat des corps par une sorte de de'sagre'gation moleculaire. Mais c'est d£ja beaucoup que d' avoir admis que l'electricite" est prdexistante a toutes les actions par lesquelles on la degage ; et en re"tractant l'opinion qu'il a sou- tenue pendant plus de trente ans , M. de la Rive a fait a la fois un grand acte de loyaute" et de courage scientifiques. Nous triomphions d'autant plus de le voir revenir, en partie du moins, a la the'orie d'Ampere que nous avons ete" longtemps presque seul a la defendre. M. de la Rive, en terminant, a decrit deux experiences postdrieures a l'apparition de son second volume et qui semblent d&nontrer que dans les corps solides, comme dans les corps liquides, l'electricite' se propage de molecule a molecule absolument comme Grothus et Ampere le comprenaient, par une se>ie de ddcharges ou de decomposi- tions et recompositions des dlectricitels des atomes. F. Moigno. GALVAKOPLASTIE, BAPPORT SUR L'N PERFECTIONNEMENT APPORTE PAR M. LENOIR A LA REPRODUCTION' DE3 RONDES-BOSSES PAR LA GALVANOPLASTIE. COMM1SSAIRES ! -KM. DCMAS , BABINET , ET BECQUEREL, RAPPORTEUR. « La galvanoplastie ou l'art de reproduire des reliefs et des creux en m6tal, au raoyen de l'electricite\ a fait de grands progres depuis sa decouverte. On est parvenu aujourd'hui a donner une tres-grande durete* en meme temps que plus d'homogeneite" au cuivre depose et a le rendre plus resistant a. Taction des agents atmospheriques ; les nioules ont et^ perfectionn^s en prenant pour matiere plastique la gutta-percha; enfin les artistes 6tant devenus plus habiles ont pu reproduire des bronzes d'art et des objets d'orfevrerie en ronde- bosse soutenant la comparaison avec les memes sujets obtenus par lafonte et la ciselure, mais ils n'ont pu toutefois y parvenir qu'en employant la soudure pour reunir les diverses parties d'une ronde- bosse prise separement, ou, a ddfaut de soudure, des procedes non encore publies, et dont on ne peut appr^cier la valeur. Parmi les personnes qui exercent cet art avec succes, on doit distinguer M. Lenoir, qui a apport4 une notable amdlioration, en operant des depots mitalliques partout de meme epaisseur sur des moules d'objets en ronde-bosse de maniere a reproduire immedia- tement des statuettes sans soudures. Quelques-unes de ses reproduc- tions, ainsi que le m&noire descriptif du procede qu'il a presente a l'Academie, ont ete renvoyees a l'examen d'une commission com- posed de MM. Dumas, Babinet et moi, laquelle m'a charge du rap- port que je vais avoir l'honneur de lui communiquer. M. Lenoir a atteintle but qu'il s'est propose- en moulant les ob- jets en deux parties avec de la gutta-percha, reunissant ces parties comme il sera dit ci-apres. La gutta-percha n'est pas employee pure, comme on le fait ordinairement, elle est composee d'un melange de cinq cents parties de cette substance, de deux cents parties de sain-doux et de cent cinquante de resine. Ce melange prdsente plus de ductibilite et d'elasticite que la gutta-percha. On commence par couler du platre autour de la moitie' de la sta- tuette a couler; quand le platre est pris, on pratique ca et la. a quelques distance de la piece, et a la partie de la surface du platre qui doit servir de jonction avec celle du moule de la seconde partie, de petites excavations ou points de repaire. Cette operation faite, on ramollit de la gutta-percha preparee comme il a 6te dit, dans une &uve seche chauffee vers 100°, puis on l'applique sur la partie COSMOS. 381 de 1'objet non recouverte de platre, en lamoulant par la pression seule de la main, quisuffit, d'apres M. Lenoir, pour reproduire les lineaments les plus distincts du modele. Quand 1'objet est ainsi recouvert, moitie en platre, moitie" en gutta-percha, on brise le platre et on l'enleve. La moitie mise a nu est recouverte de gutta-percha de la meme maniere que l'autre. La solidification faite, on r^unit parfaitement les deux moules a l'aide des points de repere qui sont en relief sur l'un des moules et en creux sur l'autre; mais, avant, on metallise avec de la plombagine la surface sur laquelle doit etre depose le metal. On fixe a un point de cette surface le plus inferieur un fil de cuivre , qui est mis en communication avec le pole negatif de l'appareil voltai'que , un fil de platine devant servir d'&ectrode positive, est dispose dans l'in- te>ieur du moule de maniere a suivre autant que possible , et a la meme distance, les principaux contours, afin de donner partout la meme dpaisseur au depot. Ce fil est recouvert de gutta-percha dans les parties oil Ton craint qu'elles ne touchent le moule. La piece est mise ensuite dans une dissolution saturee de sulfate de cuivre. Le depot metallique effectue, on detache le moule, et on enleve avec soin les bavures qui en general ont peu d'etendue. On a alors la reproduction parfaite des pieces. M. Lenoir, commeon le voit, n'emploie pas d electrode soluble; mais il supple a cet inconvenient en pratiquant de part en part dans le moule plusieurs ouvertures, les unes en haut, les autres en bas, afin d'etablir pendant le depot une circulation de la disso- lution. Le liquide, en se de'composant , devenant moins dense , s'e- leve et s'ecoule par les ouvertures superieures ; tandis que le liquide inferieur du bain s'eleve aussi pour remplacer le precedent. Le de- gagement de gaz sur le fil de platine contribue au mouvement as- cendant du liquide. L'acide sulfurique reste en totality dans le bain, ce qui n'est pas sans inconvenient pour l'etat mol^culaire du precipite metallique, car cet etat peut etre modifie, suivant que la dissolution de sulfate est plus ou moins acide; on peut y parer cependant en mettant au fond du bain du bi-oxyde de cuivre obtenu par la calcination de rognures de ce mdtal, dont on a toujours une certaine quantite dans les preparations, lequel bi-oxyde se combine peu a peu avec l'exces d'acide. Cette maniere de proceder exige l'emploi de piles situees en de- hors des cuves ; aussi ne peut-on pas se servir d'appareils simples, qui ont iti employe's dans differents etablissements. La depense en 382 COSMOS. ^lectricite est done plus forte que par les procedes ordinaires ; mais aussi on evite les soudures qui sont des causes de destruction quand les objets sont exposes aux influences atmospheriques , la main- d'oeuvre qu'exige la reunion des parties reproduites sEparEment, et la deformation inevitable dans la reunion des deux coquilles, qu'on ne peut souder qu'en les forcant. Le procede a done un avantage rEel sur tous ceux qui ont Ete employes jusqu'ici , lorsqu'il s'agit de rondes-bosses. A la veritE, M. Lenoir n'a reproduit encore que des petits et des moyens bronzes, mais il est probable que rien ne s'opposera a ce qu'il applique son procede aux grands bronzes. D'un autre cote* on sait que pendant ces dernieres annees, comme on a pu le voir a l'Exposition universelle, l'orfevrerie a tire un parti tres-avantageux de l'emploi des procedes galvanoplastiques pour la reproduction des pieces d' argent. Les dispositions employees par M. Lenoir permettront bien certainement d'etendre les applications Electro-chimiques au dEpot des mEtaux prEcieux. On employera alors de preference a 1'intErieur, comme le fait M. Lenoir, une Elec- trode soluble d'or ou d'argent, au lieu d'une Electrode en platine. Les details, dans lesquels la commission vient d'entrer, prouve- ront a l'Academie l'utilite du perfectionnement que M. Lenoir a apporte a la reproduction des objets par la galvanoplastie en ronde-bosse. Aussi n'hEsite-t-elle pas a l'inviter a donner son ap- probation au mEmoire qu'il lui a prEsentE. •> C'est sur une observation de M. Flourens, que, dans les conclu- sions du rapport, et apres qu'elles avaient EtE votEes a. l'unanimite par 1'AcadEmie, M. Becquerel a remplacE approbation au procede par approbation au memoire. L'AcadEmie, a dit M. Flourens, n'approuve pas et n'a jamais approuvE de procEdEs. C'est une grande et dangereuse erreur contre laquelle nous nous empressons de protester. L'AcadEmie des sciences, nous le prouverons, a, au contraire, constamment approuvE , couronnE, provoquE par des programmes de prix 1' invention de procEdEs nouveaux, scientifi- ques et industriels. M. Bocquillon, un des grands maitres de la galvanoplastie, a qui M. Lenoir montrait devant nous un de ses admirables moules de ronde-bosse, s'est empressE de dEclarer avec une loyaute qui l'honore, qu'il n'aurait jamais ose demander a la galvanoplastie la reproduction d'une seule piece d'une semblable statuette. II est done vrai que M. Lenoir a fait faire a ce bel art un progres im- mense. F. Moigno. SOCIETE ^ENCOURAGEMENT, PRIX EXTRAORDINAIRES. 1° M. Bobicrre pour ses travaux relatifs aux engrais. — L'agriculteur a longtemps hesite' a avoir recours aux engrais com- merciaux pour supplier a l'insuffisance des fumures ordinaires ; de trop nombreuses falsifications le raettaient dans une juste defiance contre l'emploi de substances qui cependant, a l'etat de purete, produisent des effets merveilleux. C'est , par exemple , une des belles d^couvertes de ce siecle que d'avoir trouve que quatre hecto- litres de noir animal seulement, employes pour chaque hectare d'un sol nouvellement defriche\ mettent immediatement en toute ferti- lite un terrain sterile sans cette application. Mais si le noir animal contient une forte proportion de matieres etrangeres, son efficacite est aneantie, alors les travaux et les sueurs du defricheur de landes sont perdus. Grace aux efforts perseverants de M. Bobierre, aujourd'hui ve- rificateur en chef des engrais de la Loire-Inferieure, departement dans lequel est concentre" le commerce du noir animal, la fraude a etc* vaincue; des mesures efficaces, qui reposent sur un appel constant a son zele et a son devouement , sont prises pour que l'agriculture ne puisse plus jamais acheter que des engrais d'une composition chimique connue. La Socie'te d'encouragement pour l'industrie nationale, en de- cernant a M. Bobierre une medaille d'or, a voulu hautement r£- compenser une heureuse application des ressources de la chimie a l'agriculture, la premiere des industries ; et mettre en lumiere les heureux efforts d'un savant qui a arbore, au milieu de la Bretagne, le drapeau de la science, pour assurer et proteger la loyaute com- merciale. 2° M. et Mme Andre Jean pour leur nouvelle race de ver a soie, — La Soci^te de'cerne a M. et Mme Andre Jean une medaille de la valeur de 3 000 francs pour une methode propre a la conserva- tion et a l'amelioration progressive des vers a soie, au moyen d'une election convenable des cocons r£serv£s pour la production de la graine. Les essais faits cette anne'e, sous la surveillance d'une commis- sion du conseil de la SocieHe, ont demontre l'excellence de la graine de vers a cocons blancs que possedent M. et Mme Andre Jean apres dix-sept educations successives. La beaute de cocons jaunes, obte- nus apres deux generations par M. et Mme Andr^ Jean de graines 384 COSMOS. qui ont e'te mises a leur disposition depuis trois annees seulement, tend a confirmer l'opinion favorable que s'est formee le conseil de la Societe sur 1'effi.cacitd des proccdfe de ces habiles dducateurs. 3° A M. Diard, pour l introduction , dans l'ile de la Reunion, clime nouvelle canne a sucre; a M. Fery, pour la culture du riz. — La Societe avait ouvertun concours pour la culture en grand, en France ou dans ses colonies, de plantes (Hrangeres , ou meme de plantes indigenes jusqu'alors negligees. Elle a pense que deux personnes etaient entrees dans ses vues, l'une par Introduction a l'ile de la Reunion d'une nouvelle variete" de Cannes a sucre; 1'autre, par la culture du riz dans les landes de Bordeaux. L'introduction d'une nouvelle vari^te" de cannes a sucre dans Tile de la Reunion a ete un veritable bienfait pour la colonie; l'ancienne variete cultivee etait affectee d'une maladie qui , en diminuant la quantity du jus , en alterait encore la qualite ; en sorte que les habitants se voyaient menaces de perdre la principale source de leurs revenus et de leur bien-etre. — La canne rose et verte que M. Diard a apportee dans l'ile est exempte de la maladie ; elle a pu remplacer l'ancienne vari6te ; on s'est empresse de la propager. Le gouvernement de la Reunion a obtenu un credit de 70 000 francs pour en faire venir des plants des Indes hollandaises ; l'industrie et la fortune de la colonie furent sauvees. Le second concurrent est M. Fery, associe et agent d'une Com- pagnie formee de proprietaries de landes irrigables , a quelque distance de la Teste et de Busch, dans les landes de Bordeaux. La culture du riz a ete essayed dans ces landes, elle a reussi, et aujour- d'hui plusieurs centainesd' hectares sont mis en rizieres et donnent des produits abondants. Stimules par l'exemple, d'autres proprie- taries de landes les preparent pour la culture du riz , et tout fait esperer que cette culture s'^tendra et viendra arracher a une ste- rilite presque complete des terrains qui n'attendaient pour produire, d'une part, que leur affranchissement des droits d' usage et de par- cours, etd' autre part, que l'application de l'intelligence. M. Fery a ete place- a cote de M. Diard dans le concours; le prix de trois mille francs a ete partage' entre les deux concur- rents. 4° Aux meilleurs travaux relatifs a Vhistoire et a In guerison de la maladie de la vigne. — Le Conseil de la SocieHe' d'encoura- gement pour l'industrie nationale, emu du peril couru par l'une de nosplus belles industries, l'industrie viticole, a propose des prix COSMOS. 385 pour une valeur de dix mille francs. Ces prix etaient destines a r^compenser les praticiens et les savants qui , par des observa- tions bien faites , des experiences authentiques , des recherches convenablement dingoes , auraient jets' quelque lumiere sur l'o- rigine et la marche de la maladie de la vigne , sur sa nature in- time , sur les effets obtenus par l'emploi de divers moyens preven- tifs ou curatifs applique's a la combattre. M. le ministre de l'agri- culture et du commerce a bien voulu aj outer une somme de sept mille francs aux prix promis par le programme de la Societe a l'inventeur du moyen preventif et de traitement le plus efficace pour la maladie de la vigne. II a ete envoys' au concours 116 memoires, et plusieurs d'entre eux ont jet6 la plus vive lumiere sur les diverses questions que sou- levent l'etude et la guerison de la maladie de la vigne. S'il n'est pas possible de dire qu'un remede absolument efficace ait ete trouve, on peut affirmer que Ton n'est pas eloignd de la solution d'un pro- bleme si important pour l'agriculture fran9aise. La Societe do-nne des encouragements de 1 000 francs chacun a : 1° A M. Gontier, pour l'application de la fleur de soufre. 2° A MM. Targioni, Tozetti et B^chi, pour leur Memoire sur la nature de la maladie, et leur travail d'analyse chimique sur le raisin. Huit encouragements de 500 fr. chacun : 1° A M. Gasparini, pour la description de l'oidium Tuckeri et l'histoire de son developpement. 2° A MM. Polli et Bonzanini, pour la bonne direction de leurs experiences sur divers proce"des curatifs. 3° A M. Camille Leroy, pour son Histoire de la marche de la maladie. 4° A M. Guerin-Menneville, pour ses planches ou sont dessines l'oidium dans ses diverses Evolutions et les vignes attaquees a di- verses Epoques de l'invasion du mal. 5° A M. Heuz6\ pour ses efforts a repandre l'emploi de la fleur de soufre, et a faire et a diriger des experiences sur une grande Echelle. 6° A M. Guillot, pour ses experiences sur l'emploi de la vapeur d'eau bouillante. 7° A MM. Malapert et Collinet, pour leurs nombreuses expe- riences sur divers moyens curatifs. 8° A M. Lefevre-Chabert, pour son enquete sur la marche et les diverses phases de la maladie.. PHYSIQUE APPLIQUEE. SUR LA PRODUCTION ARTIFICIELLE ET PAR LA VOIE HUMIDE d'aR- GBNT CHLORURE , ET SUR DIVERSES EPIGENIES PAR REDUCTION d'oxydes OU de SELS METALLIQUES NATURELS. ■ Apres avoir rempli complement un ballon d'une dissolution de nitrate d'argent, on ferme l'orifice du col avec un tampon d'un corps poreux, tel que de l'amianthe, de la pierre-ponce, de l'£- ponge, du platine, de la laine, etc.; on renverse le ballon dans un bain d'acide chlorhydrique en dvitant toute rentrde d'air, de telle maniere que le corps poreux se trouve baigne* d'un cote, par la dis- solution d'argent, et de l'autre, par l'acide chlorhydrique. Bientot les deux liquides se mettent en contact immddiat a. travers le bouchon poreux, et il se forme a la surface superieure de ce bou- chon une petite couche de chlorure d'argent precipite\ a travers la- quelle la reaction se continue lentement, en donnant naissance a une arborisation de chlorure d'argent corne\ qui dtend ses rameaux ma- melonnes dans la dissolution de sel d'argent. Ce chlorure, blanc d'abord, devient, sous l'inftuence de la lumiere, d'un brun violace\ II pr^sente la demi-transparence, la cassure conchoule et vitreuse, la consistance molle, et la fusibility de l'argent chlorure naturel, comme il en a la composition. Cette formation artificielle, par voie humide, d'une matiere a as- pect vitreux, n'est pas sans inte>et pour la gdologie. Elle donnela clef de la formation d'un grand nombre de mineraux, qui ont les memes propriety physiques, et paraissent de meme avoir 6te fondus. Comme le chlorure d'argent natif se trouve souvent associe avec de l'argent mdtallique, il parait tres-vraisemblable que la forma- tion du m£tal requite, dans ce cas, de [la reduction d'une partiede chlorure, et quelle a tous les caracteres d'une dpigenie. On sait, depuis longtemps, avec quelle facilite le chlorure d'argent cede son chlore al'hydrogene naissant. Des 1846, M. Kuhlman avait observe" le phenomene curieux d'une epig£nie par reduction, sinon totale, du moins partielle, d'un oxyde m^tallique. En faisant passer du gaz ammoniac par un tube contenant du bi-oxyde de manganese cristallise\ chaune a 300 de- gree environ, il avait obtenu du protoxyde de manganese conser- vant la forme cristalline qu'affectait le bi-oxyde soumis a l'exp£- rience. II a reconnu depuis, que, sous l'influence del'hydrogene naissant, COSMOS. 387 on peut ramener a l'etat metallique tous les sels de plomb et de cuivre; et quele me'tal qui prend la place de ces sels, bien que plus ou moins poreux, selon la nature et le nombre des corps depla- cds, affecte toujours la forme des cristaux qui lui ont donne nais- sance. C'est ainsi qu'en mettant des cristaux d'oxydule de cuivre, de carbonate et de phosphate de cuivre, de carbonate de plomb, d'oxy- chlorure artificiel de plomb, en contact avec du zinc et de l'acide sulfurique eHendu d'eau, il y a, en peu de temps, transformation des oxydes ou des sels en masses metalliques a formes cristal- lines. II sufflt, pour que ces phenomenes de reduction se produisent, que le mineral a reduire soit en contact immediat, par un point quelconque, avec le zinc immerge" dans l'acide sulfurique faible. La reduction se propage peu a peu, et de proche en proche, sur toute la surface et dans toute l'e"paisseur de la masse cristalline. Les vues de M. Kuhlman s'dtant dirigees vers la reduction des minerals metalliques par les combinaisons de l'hydrogene avec les metallo'ides, l'acide sulfhydrique, qui noircit si promptement les sels de plomb, de cuivre et d'argent, a du d'abord fixer son atten- tion. Bientot, il lui a et£permis de produire des epigenies varices, par le seul contact a froid de cet acide avec divers oxydes ou sels metalliques naturels. En faisant passer un courant d'hydrogene sul- fure a traversune allonge en verre, dans laquelle les minerals cris- tallises se trouvent deposes, la reaction est immediate et souvent tres-rapide ; il y ameme, dans quelques circonstances, elevation de temperature; l'oxygene des oxydes est deplace" a l'etat d'eau, et, s'il s'agit d'un sel metallique, l'acide est mis en liberte, et expulse si le sel decompose est un carbonate. C'est ainsi, qu'avec des cristaux d'oxyde ou de carbonate de cuivre, il produit du sulfure de cuivre ; avec le carbonate de plomb natif, avec l'oxy-chlorure de plomb fondu, il produit du sulfure de plomb ayant le remarquable £clat metallique qui caracte>ise les galenes. Dans toutes ces circonstances, les reactifs, parunesorte de cementation, penetrent dans toute lepaisseur de la masse mine- rale, et les sulfures conservent les formes cristallines des oxydes ou des sels metalliques qui ont servi a les former. PHYSIQUE SUR LES FIGURES D'EQUILIBRE d'uNE MASSE LIQUIDE SANS PESANTEUR , PAR M.-J. PLATEAU. (Suite. — Voyez page 352. ) En second lieu , on sait que les geometres ont trouve en fonction des rayons de courbure principaux R et R', et d'autres quantitds , les equations des surfaces capillaires, Equations qui, lorsqu'ony intro- duit la condition que la pesanteur soit nulle , se reduisent n^cessai- rement a mes figures d'equilibre. On sait aussi que, pour interpreter ces memes equations des surfaces capillaires, il faut les mettre sous la forme differentielle , en y remplacant R et R' par leurs valeurs g^nerales, mais qu'elles ne peuvent etre integrees que par approxi- mation. De cette impossibilite d'une interpretation rigoureuse, et de la petitesse des surfaces qui rend bien difficile l'application des mesures exactes, il est resulte que la thdorie de l'actioii capillaire, en ce qui concerne la forme des surfaces, est demeure'e jusqu'ici presque sans autre verification experimental que cede qui est don- nee par le simple aspect des phenomenes. Or, quand Taction de la pesanteur est neutralised, et que, par suite, on n'a plus a considerer que les diffeYents cas de l'equation simple — -f-™ = C, alors, R R comme on l'a vu par les exemples que j'ai cites , plusieurs surfaces se trouvent nettement definies sans qu'il soit necessaire de changer la forme de T equation ; en outre, mise sous la forme differentielle, cette equation s'integre dans plusieurs autres circonstances encore, et fait ainsi connaitre rigoureusement de nouvelles surfaces ; enfin, d'une autre part, les surfaces peuvent se developper sous de grandes dimensions, et, consequemment, il devient facile de leur appliquer des mesures. Qn voit done que mes procede's permettent d'obte- nir une suite nombreuse de verifications inattendues^et precises de la theorie de Taction capillaire. En troisieme lieu , plusieurs geometres se sont occupes des sur- faces dont la courbure moyenne est constante ; et il se trouve que l'equation de mes figures d'equilibre coincide avec celle de ces sur- faces. Ainsi , les surfaces qui jouissent de la propriete que la cour- bure moyenne y soit la meme en tous les points , sont aussi cedes des figures d'equilibre qui conviendraient a une masse liquide sans pesanteur et a Tetat de repos ; elles ne sont done plus simplement du domaine des mathematiques pures , et elles deviennent physi- COSMOS. 389 quement realisables , du moins par portions , au moyen de mes procedes. Enfin , en quatrieme lieu , mes resultats offrent de nombreuses applications: ils conduisent, par exemple , a la theorie complete de certains phenomenes dont on n'avait point apercu la liaison avec Taction capillaire , et qui etaient demeures inexpliquds , ou sans explication satisfaisante. J'ai developpe- , dans le memoire actuel , une application importante de ce genre , et je me propose de faire connaitre les autres dans les series suivantes de mon travail. L'ex- pose sommaire de l'applicatian dont il s'agit forme la derniere par- tie de cette analyse. Je passe maintenant a l'examen de faits particuliers , parmi les- quels je me bornerai ici a rapporter les plus remarquables. Preincrement , lorsqu'on a forme un polyedre liquide (voir plus haut) si, appliquant vers le milieu de 1'une des faces de ce polyedre le bee de la petite seringue , on enleve graduellement de l'huile, on voit toutes les faces de la figure se creuser siniultanement, sans que le liquide se detache des fils de la charpente ; et si Ton continue l'operation , la figure finit par se reduire a un assemblage de lames liquides minces, regulierement disposees, et dont chacune part de l'un des fils solides ; cet assemblage pre^ente parfois , en son milieu , une lame additionnelle. Le cube liquide , par exemple , donne lieu ainsi a un systeme de douze lames planes partant des douze aretes so- lides et allant toutes s'attacher a une lamelle rectangulaire placee au milieu. Secondement , j'ai dit que pour la formation du cylindre liquide, on peut remplacer les disques par de simples anneaux en fil de fer. Dans ce cas , les bases de la figure sont necessairement aussi des surfaces liquides ; mais ces surfaces ne sont point planes. Chacune d'elles constitue une calotte sphe"rique convexe. Je fais voir que ce resultat est d'accord avec la theorie , et en outre je demontre e"galement par la theorie , que le rayon des spheres auxquelles appartiennent les calottes dont il s'agit est double de celui du cylindre. D'apres cela on peut, connaissant le rayon du cylindre produit, trouver , par le calcul , la hauteur de ces m ernes calottes, puis mesurer directement cette hauteur dans la figure, au moyen d'un cathetomctre , ce qui donnera une verification nu- m^rique de la theorie. J'ai entrepris cette verification pour un cy- lindre de 35,7 de rayon ; la hauteur des calottes determined par le calcul etait ,'apres avoir subi une petite correction provenant de ce que dans le calcul on suppose infiniment minces les fils qui ferment 390 COSMOS. les anneaux, egale a 9,41 , et la mesure au cathetometre m'a donne en moyenne , dans une premiere experience , 9,50, et , dans une seconde, 9,61. Les hearts, deja bien petits entre ces valeurs et la valeur tbiorique , auraient sans aucun doute disparu si , dans ces experiences , j'avais mis plus de soin encore a eviter l'influence des causes perturbatrices. Troisiemement , j'ai dit que j'avais forme" des cylindres de 7 cen- timetres de diametre et d'environ 14 centimetres de longueur. Les dimensions de mon vase ne me permettaient point de depasser cette lono-ueur ; mais comme je d^sirais produire des cylindres pour les- quels le rapport entre la longueur et le diametre fut plus conside- rable , j'ai employ^ des disques plus petits , et j'ai observe alors les faits suivants. Le cylindre liquide conserve indefiniment sa forme , si le rapport entre sa longueur et son diametre n'est pas supeHeur a une certaine limite comprise entre les nombres 3, et 3,6. On peut encore; au moyen d'une petite manoeuvre particuliere , former un cylindre pour lequel le rapport soit egal a 3,6 ; mais ce cylindre ne persiste point: on le voit , apres quelques instants, s'etrangler dans une partie de sa longueur et se rentier dans lautre partie ; l'etrangle- ment et le renflement se prononcent de plus en plus , et enfin , la masse se separe en deux portions. Au dela du rapport 3,6 , il de- vient impossible d'obtenir par les memes procedes la forme cylin- drique , il y a toujours , avant que cette forme soit atteinte , alte- ration spontanee de la figure liquide. Maintenant , comme le cylindre est necessairement une figure d'equilibre , quel que soit le rapport entre sa longueur et son dia- metre , il faut conclure des faits ci-dessus que , lorsque ce rapport, depasse une certaine limite comprise entre les nombres 3 et 3,6 , l'equilibre du cylindre est instable. Je suis parvenu par d'autres moyens a realiser des cylindres li- quides , ayant une longueur tres-considerable relativement a leur diametre , et j'ai reconnu qu'un semblable cylindre , abandonne a lui-meme , se transforme spontanement en une serie de spheres iso- lees, egales en diametre, egalement espacees, ayant leur centre range sur la droite qui formait l'axe du cylindre , et dans les inter- vals desquelles se trouvent des spherules de differents diametres , disposees aussi suivant l'axe de la figure. Voici en quoi consiste essentiellement un des moyens dont il s'a- git. Sur la surface d'une plaque de verre a glace horizontale , on pose d'abord un globule de mercure , puis deuxfils de cuivre ayant COSMOS. 391 un diametre 5 a 6 fois moindre que celui du globule , et ranges sui- vant la meme ligne droite, mais de maniere que le globule se trouve entre leurs extremity's en regard ; enfin deux bandes droites du meme verre , comprenant entre elles le globule et les fils , bandes que Ton rapproche jusqu'a ce qu'elles viennent toucher ces der- niers. Le globule , comprint ainsi lateralement entre ces bandes , s'allonge des deux cote's vers les extremes en regard des fils , et ou les fait adherer a celles-ci qui doivent etre amalgame'es ; enfin on fait glisser les fils en sens opposes , de maniere a les eloigner l'un de l'autre , et , avec des precautions convenables , on parvient a etirer la petite masse de mercure jusqu'a la convertir en un fil li- quide , ayant partout la meme epaisseur que les fils solides aux- quelsil est attache. Si cette epaisseur est suffisamment petite, si elle n'est , par exemple , que de 1 ou de 2 millimetres , le fil liquide est a fort peupres, exactement cylindrique. Ce cylindre liquide, qui peut avoir une longueur centuple de son diametre , conserve sa forme tant qu'il demeure emprisonne entre les bandes de verre; mais lorsqu'on enleve verticalement ces deux bandes a la fois, le cylindre liquide , libre de ses entraves , se transforme aussitot en une s^rie nombreuse de spheres, dans plusieurs des intervalles des- quelleson trouve de tres-petites spherules disposdes sur la plaque. La transformation de ces cylindres de mercure s'effectue beaucoup trop rapidement pour que Ton puisse voir la maniere dont se pro- duisent les spherules entre les spheres ; mais , lors de la separation en deux masses des cylindres d'huile dont j'ai parle plus haut , il se produit aussi des spherules, et les phenomenes s'accomplissent avec assez de lenteur pour etre aisement observes. Ce qui se passe alors , joint aux resultats de la transformation des cylindres de mer- cure , me permet de decrire ainsi qu'il suit la marche totale de la transformation d'un cylindre liquide assez long par son rapport a son diametre pour fournir plusieurs spheres. Le cylindre commence par se rentier graduellement sur des por- tions de sa longueur situees a egale distance les unes des autres , tandis qu'il s'amincit dans les portions intermediates, et la lon- gueur des renflements ainsi formes est egale ou a fort peu pres a celle des etranglements ; ces modifications continuent a se pronon- cer deplus en plus en s'effectuant avec une vitesse acceieree , jus- qu'a ce que les milieux des etranglements soient devenus tres- minces ; alors , a partir de chacun de ces milieux , le liquide se retire rapidement dans les deux sens , mais en laissant encore les masses reunies deux a deux par un filet sensiblement cylindrique , 392 COSMOS. puis celui-ci eprouve les memes modifications que le cylindre, seule- ment, il ne s'y forme en general que deux etranglements qui com- prennent par consequent , entre eux, un renflement ; chacun de ces petits etranglements se convertit a son tour en un filet plus delie" qui se brise en deux points et donne naissance a une spheVule iso- lee tres-petite , tandis que le renflement ci-dessus se transforme en une spherule plus grande ; enfin , apres la rupture de ces derniers filets , les grosses masses prennent completement la forme sphe- rique. Tous ces phenomenes s'accomplissent d'une maniere sym£- trique par rapport a l'axe , de sorte que , pendant leur duree , la figure ne cesse pas d'etre de revolution. Une suite d'expe>iences, dont la description occuperait trop de place dans cette analyse, me conduisent a reconnaitre que la trans- formation des cylindres liquides est soumise a des lois determinees. J'enoncerai ici les deux principales ; mais auparavant j'indiquerai un terme particulier que j'aurai souvent a employer dans tout ce qui doit suivre. Je nomme divisions d'un cylindre liquide les portions de ce cy- lindre dont chacune doit fournir une sphere, soit que Ton considere par la pensee ces portions dans le cylindre, meme avant qu'elles aient commence a se dessiner , soit qu'on les prenne pendant la transformation, c'esta-dire pendant que chacune d' el les se modifie pour arriver a la forme spherique. La longueur d'une division me- sure, par consequent, la distance constante, qui, pendant la trans- formation, se trouve comprise entre les milieux de deux etrangle- ments voisins. Cela pos£, voici les deux lois dont il s'agit : 1° Deux cylindres differents en diametre, mais formes du meme liquide, se divisent d'une maniere semblable ; c'est-a-dire que les longueurs respectives des divisions sont entre elles comme les dia- metres de ces cylindres. En d'autres termes, la nature du liquide ne changeant pas, la longueur des divisions d'un cylindre est propor- tionnelle au diametre de celui-ci ; 2° Si le liquide est du mercure, le temps compris entre l'origine de la transformation et l'instant de la rupture des filets est exacte- mentou sensiblement proportionnel au diametre du cylindre. Cette loi s' applique aussi tres-probablement a tout autre liquide fort peu visqueux, tel que l'eau. [La suite au proehain numero.) A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. I'aris. — lmpi'imerie de W. Remqdet et Cie, rue Garancii.re, 5. T. VIII. 1*7 AVRIL 1856. CINQU1EME ANNKE. COSMOS- NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Les cinq Academies de l'lnstitut , reunies en stance generate, sous la pr^sidence de M. Berenger (de la Drome), ont arrete de la maniere suivante le mode d'apres lequel l'lnstitut procedera au ju1 gement du concours pour le prix triennal de la valeur annuelle de 10 000 fr., qu'il a eHe" charge, par le d£cret du 14 avril 1855, de decerner, au nom de l'Empereur, dans la stance publique du 15 aotit prochain, a l'ouvrage ou a la decouverte qui , dans les cinq annees prec^dentes, aura le plus contribue a honorer ou a servir le pays: « Chaque Academie nommera une commission qui lui proposera, par un rapport special, la decouverte ou l'ouvrage qu'elle jugerait digne du prix. « Les cinq rapports seront represented au bureau de l'lnstitut par une commission de trois membres pris dans le sein de l'Aca- demie. « Les cinq commissions, reunies au bureau, formeront une com- mission central e. « La commission centrale fera un rapport general sur les cinq ouvrages ou decouvertes d£sign£s dans les rapports particuliers de chaque Academie, et proposera a l'lnstitut de decerner le prix d'une valeur annuel de 10 000 fr., a celles de ces decouvertes ou a celui de ces ouvrages qu'elle en jugera digne. « L'lnstitut, apres avoir entendule rapport de la commission cen- trale, prononcera son jugement et decernera le prix. « Les membres de l'lnstitut ne sont point appelds a concourir pour ce prix. » '> Nous discuterons tres-prochainement cette grave question duprix triennal. — On a decouvert tout recemment en Corse , au sein dAjaccio meme, derriere la caserne, dans une propriete appartenant a M. Aigui, une mine de mercure. Malheureusement , les ouvriers occupy a deblayer le terrain ont , dans leur ignorance, jete a a 15 394 COSMOS. mer une quantite de ce meHal , que Ton peut eValuer a environ 1 300 kilogrammes, et qui etait mele a la terre d'un jardin dont on voulait abaisser le sol. — Les travaux du puits art^sien de Passy se poursuivent sans fincombre ; on a atteint les bancs de craie grise, et l'operation est beaucoup plus facile ; la profondeur actuelle du puits est de 360 me- tres , et il ne reste plus que 190 metres a percer pour que sa profondeur soit 4ga\e a celle du puits de Grenelle. — Dans la derniere stance de la Sociote de g^ographie M. De Mersey a lu une lettre de M. Bonpland dans laquelle l'jllustre voya- geur et botaniste donne des details interessants sur ses gfand'es <%)* "tu;es, et laisse esperer qu'il visitera bientot la France .".. Les deux oP4rau;ons qui me retiennent, dit-il , ftant en bonne voie, rien ne m'arrfctera plus ici , j'irai revoir mon ancienne habitation de la rue du Mont-Thabor et la Malmaison. Mais ce voyage aura un but po- sitif; il sera de eourte dure'e, et je reviendrai au milieu de mes plan- tations de l'Uraguay. J'offrirai au gouvernement mes collections botaniques et mineralogiques , et mes manuscrits, pour les deposer au Museum. » Le lecture de cette lettre de l'infatigable naturaliste, qui a conserve^, a quatre-vingt-trois ans, toute l'ardeur et l'activit£ de la jeunesse, a £te ecoutee avec un vif inle>et, — Sur les pentes occidental des Owtffeg ^ns le Guatemala, £" I'0""- ** f0r8U ^es de chiklke, arbre dont l'ecorce a toutes * propriety du quinquina : on l'emploie en poudre dans les fievres intermittentes, par doses tres-faibles. _. La Science publie, dans le resume d'une des dernieres legons de M. Boussingault, quelques details curieux sur la preparation des- conserves de viandes de l'Ame>ique mcridionale, appolees tasafo.- On d£coupe tres-adroitement les quartiers de boeuf a l'aide d'un couteau bien affile, en lanieres minces et longues de 2 a 3 metres ;- on saupoudre ces lanieres de farine grenue de maU, qui absorbers sues epanches a la superficie de la viande ; puis on les expose a l'air et au soleil , suspendues a des traverses horizon tales de bambous ; chaque soir, si on craint la pluie, le tasajo est rentre" a couvert. Le- matin, on l'expose de nouveau a l'air, jusqu'a dessiccation presque complete, e'est-a-dire jusqu'a ce qu'il ne retienne plus que 7 ou 8 cen- tiemes d'eau. 100 de viande fraiche donnent environ 26 de tasajo d'une couleur foncee, mais sans odeur desagreable. Les lanieres- conservent assez de flexibility pour etre roulees en carottes. Oi le* conserve sans peine dans un lieu sec. Lorsqu'on veut manger du tasajn, on le coupe en morceaux, on le laisse tremper dans l'eau, COSMOS. 395 qu'il absorbe par degnSs en se gonflant; on chauffe peu a peu, et Ton obtient un bouillon d'excellente quality ; le bouilli, analogue a celui que donne la chair fraiche, est seulement un peu moins tendre. Peut-etre qu' en France on pourrait remplacer l'air chaud et sec des tropiques par l'atmosphere d'une etuve , et preparer ce genre de conserve. — M. Liegard, de Caen, se loue beaucoup de l'usage du chlo- roforme dans les accouchements accompagn^s de douleurs tres-vives des reins , d'agitations presque convulsives, dans l'eclampsie puer- peVale, et les operations obstetricales en general. Cet agent est, a ses yeux, tout a fait innocent dans ces circonstances ; mais il ne 1'em- ploie qu'a une dose faible, suffisante cependant pour amener l'in- sensibilite. II est toujours facile, dit-il, de voir le point ou Ton doit s'arreter, en observant les deux preceptes suivants : 1° la femme a cesse" sescris et ses plaintes; son pouls, moins frequent, est re"gulier; sa respiration, large, facile, est egale : arretez-vous; 2° l'uterus continue ses contractions avec regularity et energie : Boyez sans crainte , continuez l'anesthesie; la vie organique est intacte; vous n'avez pas depasse" 1' Etherisation des lobes cere- braux. — M. Lepage, pharmacien a Gisors, s'est pris d'un bel amour pour le marron d'Inde, qu'il croit tres-riche d'avenir. II en a fait d'abord une etude chimique consciencieuse, et l'a trouve" compose, sur 100 parties : d'eau, 45; tissu vestal, 8,50; fecule, 17,50; huile douce saponifiable, 6,50; glucose ou sucre analogue, 6,75; substance particuliere d'une saveur a peine douceatre, 3,70; sapo- nine ou principe amer, 4,45 ; matieres proteiques, albumine et ca- S&ne, 3,35; gomme, 2,70; acide organique et substances minE- rales, 1 ,55. II le considere ensuite au point de vue du parti qu'on peut en tirer dans la fabrication de la dextrine, du glucose, de l'acide oxa- lique, des colles et apprets, de 1'alcool, du residu lactique, de la fa- brication d'un pain melange de froment, de la nourriture des ani- maux, etc., etc. II y a quelques mois, nous avons mange avec plaisir de la pure*e de marrons d'Inde faite avec une fe*cule entiere- ment depouillEe de tout principe amer par un nombre suffisant de lavages : dans plusieurs families de Bourgogne, on prefere cette pu- r^e a celle de lentilles ou de chataignes. — D'un autre cotE, voiciM. Thorel, pharmacien a Avallon, qui invente le pain de glands. Cent parties de glands ecorces donnent, d'apres Braconnot : amidon, 36,94; matiere animale combinee au tannin, 15,82; sucre incristallisable, 7; matiere extractive, 5 ; li- 396 COSMOS. crneux, 1,90; huile, 3,27; sels, 90 ; eau, 31,80- Ainsi done, le gland ,' qui ne coute que le temps de le ramasser, contient 37 parties de fec'ule, 8 a 10 parties de matiere animate, et 7 parties de sucre II merite'evidemment de fixer l'attention. M. Thorel avoue qu'd n'a pas reussi a priver les glands du tannin qui les rend si amers ; mais il affirme qui! lui a enleve toute saveur disagreeable, et en a fait un pain un peu rouge, mais agreable an gout et tres-nourrissant. On prend -4 kilogrammes de larine de bon bl6 ; 4 kilogrammes de glands d^cortiques "carbonate de soude, 200 grammes ; un grand verre de vinaigre; 15 grammes de sel de cuisine ou a peu pres. On forme d'abord line pate avec la farine et le levain seul ; on fait bouilhr les glands avec le vinaigre et le carbonate de soude ; on les ecrase, en- core chau Is et egouttes , avec un rouleau ou un cylindre ; on les delaye dans un peu d'eau cbaude, on les verse sur la pate, que Von bat bien, et que l'on met, en hiver, dans un endroit tres-chaud, parce qu'il lui faut, pour lever, plus de temps qu'au pain ordinaire. M. Thorel calcule que le pain ainsi confectionne revient a 20 ou 25 centimes le kilogramme. — On lit dans Y Invention : » Si nous sommes bien informes, le gouvernement, qui va presenter au Conseil d'Etat le projet de loi sur les brevets d'invention, adopte le principe de la consolidation des brevets apres leur delivrance par 1' administration, mais sans aucun controle de sa part. « Voici ce qu'aurait lieu : le nouveau projet de loi, pour ne pas trop heurter de front les prejuges, ou, si Ton veut, des convictions, tenant compte d'ailleurs des difficultes reelles que rencontrerait la creation d'un haut Jury charge d' examiner prealablement toutes les demandesde brevets, le nouveau projet, disons-nous, recon- uait a tous le droit de prendre des brevets sans examen aucun ; mais il accorde aussi a tous la faculty de faire consolider ces titles en les soumettant a 1' examen d'un Jury special. Cette consolida- tion unefoisobtenue.les titulaires n'auraient plus a redouter les proces ,ou mieux la serie de proces) qui out ruine jusqu'ici les meilleures exploitations de brevets. » Dans ce meme projet la duree des brevets est ported a vingt ans; la taxe est de 20 fr. pour la premiere annee ; de 40 fr. pour la deuxieme ; de 60 fr. pour la troisieme, et ainsi de suite jusqu'a. la vingtieme. II est a craindre que ce projet ne soit pas discute dans cette session et ne soit ajourne" a la session prochaine. La revue Franco-Italienne donne sur le succes des machines a COSMOS. 397 vapeur re^neree, systeme Siemens, des derails que nous nous em- pressons de publier : " La Gazette de Genes annonce d'apres une depeche telerra- phique qu'une machine a vapeur regeneree, systeme Siemens, vient d'etre experimented a Stettin (Prusse) avec beaucoup de succes. La machine qui a servi aux experiences est d'une force de trente-sept chevaux effectifs ; elle consomme 33 kilogrammes par heure, c'est- a-dire un quart du combustible defense" dans les machines ordi- naires; elle fonctionne depuis queiques semaines jour et nuit , sans interruption , et elle a gagne" constamment en vitesse. Une autre machine a ete installee a Goteshed, dans les etablissements de M. Newl, et a donne" les resultats les plus satisfaisants. Une Societe navale, etablie a Stettin, apres avoir assists aux ex- periences du systeme Siemens, a decide en assemblee generale de donner a la Societe- continental la commande d'un bateau avec une machine a vapeur regene>de. La construction de cette machine a ete confiee a MM. Friichtenichs et Broek, de Stettin. En outre, M. Eggels, de Berlin, un des premiers constructeurs de Prusse, qui etait present aux essais faits a Stettin, a demands 1'autorisation de construire une machine de dix chevaux pour ses ateliers. Ajoutons enfin que les operations de la Societe continentale pren- nent une extension considerable, et que l'etablissement de Seraino- a re9U diverses commandes de machines a vapeur regeneree. » — MM. Col et Foucault ont, rdcemment, invente un m^canisme fort simple, qui, place dans chaque compartiment des wagons, aver- tit par un timbre, trois ou quatre cents metres avant, chaque arret de la locomotive, et fait apparaitre dans une petite lucarne, ou sur un cadran a aiguilles, le nom de la station. Leur disposition meca- nique consiste en une roue a dents, en nombre egal a celui des sta- tions , munie d'un levier horizontal qui re5oit son mouvement d'un buteur plac£ sur la voie. Les inventeurs se servent du meme sys- teme, mais avec addition d'une sonnerie, pour prevenir les mecani- ciens, a une distance sufhsante, de l'approche d'une rampe, d'une tranchee courbe, pour les prevenir en temps utile que la circulation ayant cesse d'etre libre par suite d'un accident ou de toute autre cause, ds doivent s'arreter par tous les moyeris dont ils dis- posent. PHOTOGRAPHIE. PROCEDE PERFECTIONNE DE PHOTOGRAPHIE SUR COLLODION ALBUMINE TAR M. JDLIEN BLOT. On sait avec quel d£sinteressement M. Taupenot s'est empresse" de publier son excellent proceJe de photographie sur collodion al- bumine\ quia tout aussitot excite vivcment l' attention en France, en Ahgleterre, en Allemagne. en Amenque meme. Un de nos corres- pondents de Falaise, M. Julien Blot, se hata de l'appliquer, mais il fut souvent ou presque toujours arrets par un inconvenient assez grave, le soulevement granule de ia couche de collodion albumine lors de la derniere sensibilisation. M. Taupenot avait prevu cet in- convenient, il avait meme appris a s'en garantir, mais il a semble" a M. Blot quen suivant ses instructions on ne reussit a consolider la couche sensible qu'en sacrifiant beaucoup du moelleux de l'image. II a done longtemps cherche un autre moyen plus efficace d'attein- drele meme but; il la enfin trouve, et par une lettre, en date du 14 avril dernier, il nous invite a le faire connaitre a nos lecteurs afin qu'ils puissent l'appliquer des le debut de la prochaine cam- pagne. Le procede de M. Taupenot modifie reussit a coup sur, nous dit M. Blot, il a de plus l'avantage d'une sensibilite plus grande, d'exio-er un temps de pose moins considerable. Nous le laisserons maintenant parler lui-meme : « Je mesers indistinctement de differents collodions, la date de leur sensibilisation ou plutot de leur ioduration n'est pas pour moi une objection. I! faut, tout en employant un collodion plus epais que ne le fait, je le suppose, M. Taupenot, donner a ce collodion une fluidity d'autant plus grande que Ton aura a operer sur un plus grand format. « Dans une capsule en porcelaine , je verse 60 grammes d'eau de pluie, dans laquelle je fais dissoudre a chaud 12 grammes de dextrine rouge, et 1 gramme 2 decigrammes d'iodure de potassium; apres refroidissement de cette double solution, je decante le liquide dans un autre vase dans lequel j'ai prealablement vers^ deux blancs d'eeufs, marquant environ 70 centimetres cubes a l'eprouvette. Je bats le tout a neige epaisse et je laisse egoutter l'albumine a l'abri de la poussiere. C'est cette albumine que j'etends sur la couche de collodion apres l'avoir lav6e en sortant du bain d'argent. Je place ma glace collodionnee horizontalement sur une fourchette en cuivre dont les branches sont courbees de maniere qu'il n'y ait que les COSMOS. 399 extr^mit^s dela glace qui portent dessus. Je verse sur la partiede la glace la plus rapprochee de ma main gauche qui tient la four- chette une quantity suffisante de 1 albumine ci-dessus pour couvrir toute la partie supcrieure de la couche de collodion , j'oblique la glace a gauche, puis a droite, afin de couvrir d'albumine toute la surface collodionnee et je jette l'excedant d'albumine en donnant a la glace une position presque verticale sur deux angles opposes. Je laisse 6*goutter la glace quelques instants , apres quoi je la seche avec une lampe a. alcool en la promenant sous la glace et commen- $ant ladessiccation par sa partie superieure. J'ai soin, afin de donner a la couche sensible une £paisseur egale, d'egoutter l'albumine par Tangle oppose a celui par lequel j'ai egoutte le collodion ; ce moyen m'a parfaitement reussi. Lorsque la couche d'albumine est seche, je continue de promener sous la glace la lampe a alcool autant de temps environ , et meme plus s'il le faut, que j'en ai mis pour sa dessiccation complete. C'est un moyen infaillible pour empecher les soulevements, et qui m'a permis l'emploi d'un collodion d'une epais- seur raisonnable. Je dirai que le role de la dextrine dans ce mode de preparation est de permettre la cuisson de l'albumine sans altorer en rien les proprietes iconographiques de cette substance; quelle donne la possibility de ramener a son etat normal par le refroidisse- ment, ou en projetant son haleine dessus, la couche d'albumine fen- dill£e par la chaleur. La dextrine donne encore a l'albumine une autre proprieteimportante dont je vais parler plus bas. — La glace eHant refroidie, je la sensibilise en dernier lieu dans le bain d'aceto- azotate d'argent, je la lave et jela seche a la lampe a alcool, ce qui me permet de la transporter imme'diatement sans craindre les effets de la poussiere sur la couche sensible. Telle est la derniere propriete de la dextrine dans ce proce\ie. La glace ainsi preparee donne des 6preuves qui ne different en rien des images obtenues sur collodion simple, deplus, elle se conserve sensible, sans alteration, pendant une huitaine de jours en hiver. — Le mode de dessiccation ci-dessus ne peut s'appliquer a l'emploi de l'albumine fermentee au miel. — Je ne donne pas ce procede a l'etat de l'etude; je puis d autant plusengarantir la reussite que plusieurs photographes 1'expeVimen- tent avec succes depuis que je leur ai communique" les modifications que j'ai apposes a ce proc6de. — Tel est , monsieur le r^dacteur, le mode de preparation que je fais subir au procede de M. Taupenot et que je me fais un devoir de vous communiquer en vous priant de l'insdrer dans votre prochain numero. » ACADfimiE DES SCIENCES. SEANCE DU 14 AVRIL 1856. Au debut tres-anime de la seance, M. Biot , nomme jeudi dernier membre de lAcadeinie francaise, re^oit les felicitations empressees dun tres- grand noinbre de ses confreres. C'est un brillant honneur en effet pour VAcademie des sciences que de voir son doyen appele a l'age de quatre-vingt-trois ans a remplir un des quarante fauteuils du cenacle des lettres. Hatons-nous de prouver a ceux qui s'obstinent a l'ignorer, que M. Biot est en rdalite un e'crivain eminent, en reproduisant la derniere des pages sortie de sa plume, ce qui est presque choisir au hasard: " Depuis cinquante ans , les sciences physiques et chimiques ont rempli le monde de leurs merveilles. La navigation a la vapeur, la telcgraphie electrique, l'eclairage au gaz et celui qu'on obtient par la lumiere eblouissante de l'electricit6, les rayons solaires devenus des instruments de dessin , d'impression , de gravure; cent autres miracles huinains que j'oublie ontfrappe lespeuples d'une immense et universelle admiration. Alors la foule irreflechie , ignorante des causes , n'a plus vu des sciences que leurs resultats , et comme le sauvage , elle aurait volontiers trouve bon que Ton coupat l'arbre pour avoir le fruit. Allez done lui parler d'etudes anterieures, des theories chimiques , physiques , qui , longtemps elaborees dans le sib nee du cabinet , ont donne naissance a ces prodiges ! Vantez-lui aussi les math&natiques , ces racines generatrices de toutes les sciences positives. Elle ne s'arretera pas a vous dcouter. A quoi bon les theoriciens? Lagrange, Laplace , ont-ils cree des usines ou des industries? Voila ce qu'il faut! Elle ne veut que jouir. Pour elle le resultat est tout, elle ignore les antecedents et les dedaigne. Gar- dons-nous, tous tant que nous sommes qui cultivons les sciences, de nous laisser troubler a. ce bruit des exigences populaires. Poursui- vons, avec une invariable perseverance, notre travail d'exploration, sans les ecouter. Continuous a etudier la nature dans ses secrets intimes, a decouvrir , mesurer , calculer les forces quelle met en ceuvre , nullement pr^occupes des applications profitables qu'on en pourra faire. Elles viendront toujours a leur temps , comme conse- quences. Surtout, que nos lei^ons et notre exemple dirigent et entre- tiennent constamment la jeunesse studieuse dans ces vues elevees. C'est la condition de son developpement et de tout progres a venir. Car si, pour le motif dtroit, de la preparer de bonne heure aux ap- plications pratiques, on la jetaitprdmaturement dans le mecanisme COSMOS. &01 des faits materiels sans l'avoir d'abord instruite des lois abstraites qui les regissent et des theories generates qui les rassemblent, lui otant meme le gout ainsi que la volonte de s'en instruire, on arrete- rait pour toujours l'essor de son intelligence, et Ton verrait bientot s'eHeindre en ellece feu, cette vivacite" de perception, d imagination , qui est une des quality les plus brillantes et les plus distinctives de l'esprit francais. Quod Deus averted! » A defaut de moyens de defense plus directs, la reimpression d'ouvrages purement abstraits , tels que la Mecanique analytique de Lagrange, etle livre que nous annoncons, si elle est favorable- ment accueillie du public, pourra etre regardee comme une protes- tation pacifique contre ces tendances a notre abaissement intellec- tual, et ce sera aussi l'un des meilleurs antidotes que Ton puisse leur opposer. » Cette belle page est extraite de l'article Sur le Commercium epistolicum , insere dans le Journal des savants, auquel nous fai- sions allusion dans notre derniere livraison , et dont M. Biot a bien voulu nous remettre un exemplaire ; nous en extrayons les passages qui peuvent le mieux faire comprendre le but de cette reimpres- sion. Maintenant qu'il est reconnu que le Commercium epistolicum a et^ inspire" , dirige par Newton , moralement responsable de tout ce qu'il contient, ce livre prend un interet tout nouveau. « II nous montre Newton exposant, analysant lui-meme ses d^couvertes ma- thematiques, les comparant , avec passion sans doute , mais aussi avec l'adresse la plus raffinee, a celles de Leibnitz, et nous decou- vrant ses pensees secretes tant sur les nouveaux calculs que sur leurs applications. » Dans son supplement, M. Lefort a fait ce que Leibnitz se proposait de faire lui-meme lorsqu'd ecrivait a Cham- berlayn, le 25 aout 1714 : « Quand je serai de retour a Hanover, je pourrai publier aussi un Commercium epistolicum qui pourra ser- vir a l'histoire litte>aire. Je serai dispose de ne pas moins publier les lettres qu'on peut alleguer contre moi que celles qui me favori- sent, etj'en laisserailejugement an public. » Newton n'avait laisse" publier que les lettres defavorables a Leibnitz et peut-etre avec des coupures qui en alteraient le veritable sens ; M. Lefort, avec beau- coup de recherches, de travail , de patience , de jugement, a reuni tous les documents qui, de pres ou de loin, se rattachaient a cette grave question, de sorte, dit M. Biot, » que tous les detaUs de cette oeuvre de parti sont maintenant eclaires d'une vive lumiere; jus- tice est enfin rendue a Leibnitz, et plus surement pent-elre qu'il ne se la serait faite lui-meme avee tout son genie aniuie par la passion *»02 COSMOS. et preoccupy continuellement de mille travaux divers. » M. Biot ajoute et nous terminons par la : « Les faits etant ainsi rdtablis des deux parts dans leur exacte verite , il n'y a plus aujourd'hui a chercher si Leibnitz a pris le calcul differentiel a Newton, comme Font pretendu les commissaires secrets de la Socidte" royale , ou si Newton aurait pris le calcul des fluxions a Leibnitz comme on le lui a retorque" en Allemagne; deux imputations qu'ils out fini par se jeter eux-memes l'un a l'autre, quand leur animosite" surexcite'e les eut amends au dernier degre d'aveuglement et d'injustice. II est parfaitement evident aujourd'hui qu'ils ont ete conduits tous deux a leur decouverte par des voies differentes qui n'avaient de commun que le but. Mais Newton, selon son usage, a tenu la sienne soigneu- sement cachee pour se re'server l'avantage exclusif des applications dont il a donne" de si beaux exemples dans son livre des Principes; et c'est peut-etre par ce sentiment de personnalitd autant que par la nature de son esprit, qu'il ne s'est jamais attache a la convertir en une mdthode generale, qui eut ete" au service de tous. Leibnitz, au contraire , des qu'il a decouvert le calcul differentiel, d'autant plus dtendu qu'd ne se fonde que sur l'idee abstracte de la generation des quantites , en rend l'emploi facile et sur par l'adjonction d'un algorithme admirable, qui ramene ses operations les plus complexes a s'effectuer par une sorte de mecanisme simple, rd- gulier, uniforme. II en publie ouvertement tous les secrets dont lui-meme et ses nombreux disciples font sortir en peu d'anndes les applications les plus brillantes. Ou sont les disciples de Newton qui aient tire de pareilles decouvertes du calcul des fluxions? La difference est complete dans la nature des deux inventions , comme dans laconduitedes deuxinventeurs. Maintenant on se demandera comment ils ont pu arriver tous deux , presqueen meme temps, a deux ddcouvertes analytiques qui offrenttant d' analogic C'est que ni pour l'un , ni pour l'autre , elles n'ont dte une proles sine matre creata. Depuis pres d'un demi-siecle, on marchait incessam- ment vers les nouveaux calculs... » — M. Salleron prdsente un andmometrographe ou appareil enre- gistreur de la direction et de la vitesse du vent , dans lequel il a tire* un excellent parti des roues a ailes de M. Piazzy Schmidt , des demi-spheres concavo-convexes du docteur Robinson ; du mode de transmission et d'inscription electrique de MM. Wheatstone , Bain et Pouget ; nous donnerons dans notre prochaine livraison la des- cription et les figures de ce charmant appareil construit d'abord pour l'Observatoire de Co'inibre en Portugal. COSMOS. 403 — M, Le Clerc, de Tours, dans la seance dti 5 mars , avait si- gnale quelques faits interessants relatifs a Taction de diverses infu- sions ve"getales sur le sang veineux fraichement sorti de la veine. II avait constate" que dans une foule d'infusions , de noyer , par exemple, de belladone, de stramonium , etc., le sang veineux pre- nait la couleur rouge , indice certain de la presence dans l'iniusion d'un principe alcaloi'de pour lequel le sang devenait une sorte de reactif. Dans la belladone surtout le sang conservait invariablement une teinte rouge tres-prononcee. M. Clauzure , d'Angouleme, a ecrit a l'Academie qu'il a le premier institute ce mode de recherches, et qu'il en avait communique les principaux resultats , des Tannee derniere, a M. Le Clerc, qu'il croit incapable d'avoir publie ces re- sultats en son propre nom ; nous n'avons pas compris la r^ponse que faisait aujourd'hui M. Le Clerc a la reclamation de son collegue. — M. Carrere adresse une suite a ses experiences sur la produc- tion des couleursdes lames minces et sur la preparation des papiers irises que nous avons analysees en rappelant que M. de la Rue pra- tiquait depuis longtemps en grand cette charmanteindustrie. Lefait saillant de la note presentee dans cette seance est que le bitume de Judee est de toutes les substances resinoides celle qui donne le maximum d'eclat. — M. Perron ecrit qu'il a modifie avantageusement le systeme de freins pour les chemins de fer invente par M. Laignel. — M. Moysein presente pour le concours des prix Monthyon son rateau mecanique pour l'extirpation du chiendent. — M. Sedillot decrit une methode par laquelle, apres l'operation de la rhinoplastie , il peut augmenter a volonte la hauteur de la levre. — M. Du Moncel decrit un nouveau systeme de relai rheoto- mique qui a l'avantage de pouvoir reporter Taction et la transmis- sion electrique dans plusieurs directions a la fois. — M. Dubois voudrait, sans publier a l'avance son secret, que l'Academie examinat une nouvelle encre de son invention qui , dit- il , ne s'altere jamais et resiste a Taction de tous les reactifs chi- miques. — M. Maisonneuve , dont M. Flourens exalte Thabilete , decrit deux operations de disarticulation de la machoire inferieure execu- tees par lui avec un plein succes dans le but d'extirper ou de guerir les tumeurs profondes de la bouche et de la langue. — M. Puyseux demande a etre porte sur la liste des candidats a liOU COSMOS. la place vacanle dans la section de g6om&rie , et adresse un nou- veau memoire d'analyse mathematique. — M. Boutigny, d'Evreux, a etudie avec un grand soin le fait curieux de la rotation des corps a l'etat spheroidal autour d'un point fixe; il a constate que le mouvement de rotation dont ces corps sont animes s'effectue de droite a gauche, dans le plus grand nombre des cas , hors de toute influence pertutbatrice ; et il a eii des lors la pensee d'expliquer de cette maniere le mouvement de rotation de la terre et des planetes autour du soleil. Voila deja bien lono-temps qu'a notre grand regret M. Boutigny s'efforce de fonder, sur les conditions et les propriety de l'etat spheroidal, tout un systeme de cosmogonie ou cosmogenie primordiale. Au reste , sa nouvelle note est renvoyee a. une commission qui fera repeter les experiences devant elle et s'assurera que la rotation des gouttes spheroidales s'effectue toujours de droite a gauche, ce qui serait en realite tres-curieux . M. Gueyton soumet au jugement de l'Academie ses procedes de reproduction par la galvanoplastie des gravures en taille douce pour lesquels il a renonce a. prendre un brevet d'invention. — Un auteur allemand envoie pour le concours du grand prix des sciences physiques la traduction d'un travail considerable sur la distribution geographique des corps organises fossiles. — M. Menabrea, colonel du genie militaire au service du Piemont , adresse un grand memoire mathematique intitule : « Lois generales de divers ordres de phenomenes dont l'analyse depend d'equations lineaires aux differentielles partielles telles que ceux des vibra- tions et de la propagation de la chaleur, etc.» Son but est d'embras- ser dans une meme analyse toutes les theories qui peuvent dependre d'equations lindaires differentielles d'un ordre quelconque, pour ar- river a. des formules generales dont celles qui se rapportent aux vibrations et a la chaleur ne sont que des cas particuliers. II exa- mine en premier lieu un systeme de points materiels distribues d'une maniere quelconque , et reagissant les uns sur les autres. Dans le probleme des vibrations ces reactions sont des tensions ou des con- tractions mutuelles ; dans le probleme de la chaleur, ce sont des echanges de temperature. Si au lieu de points materiels distribues d'une maniere quelconque on considere un carps continu, les equa- tions aux differences deviennent des equations aux difTerentielles partielles; le passage d'un cas a 1' autre se fait d'une maniere tres- simple, et Ton obtient des expressions generales qui embrassent la question dans toute son etendue et donnent la solution de tous les COSMOS. 405 problemes analogues. S'il s'agit de vibrations on reduira les equa- tions au second ordre; on les reduira au premier s'il s'agit de la chaleur. Com me application particuliere , M. Menabrea a choisi le prohletne de la distribution de la chaleur dans une sphere composee d'un noyau spheriquc homogene, et recouvert d'une couche sphe- rique egalement homogene, mais de matieie dtfferente ; ce probleme a etc aussi traite par Poisson, M. Menabrea croit que sa solution est plus g&ierale a la fois et plus simple. — M. lemarechal Vaillant fait hommage du rapport adresse par lui a Sa Majeste l'Empereur sur la culture du coton en Algerie dans l'annee 1855. Voici les faits principaux constates par ce document officiel : Loin de se ralentir, comme avait pu le faire craindre le rencherissement des ce>eales qui a eu pour effet d'entrainer une grande partie des efforts des planteurs du cote de ces cultures, la production coton- niere dans la campagne de 1855 s'est encore etendue , ce qui te- moigne hautement de sa puissante vitalite et de sa force d'expan- sion ; la progression a £te surtout sensible chez les indigenes. L'Exposition universelle a prouve a tout le monde que les cotons algeriens rivalisent avec les meilleures especes connues , un avenir prochain montrera quel' Algerie peut egalement lutter pour l'abon- dance des produits. Sa Majeste l'Empereur a fonde , sur sa cassette , un prix de 20 000 fr. qui doit etre delivre chaqueannee, pendant cinq ans, au planteur ayant recolte , sur une large etendue , les produits les plus beaux etles plus considerables. La province d'Oran aseulefourni des concurrents. Le prix a etd decerne a MM. Masquelier ills et Com- pagnie, et Dupre Saint-Maur, colons a Saint-Denis du Sig , qui ont cultive 105 hectares de coton , qui l'emportaient sur leurs rivaux par la superiorite des cultures et la vigoureuse impulsion que leur exemple est de nature a imprimer aux plantations dans cette pro- vince. On a essaye" sur divers points les cotonniers vivaces, mais tres- peu ont re=>iste aux intemperies de l'hiver, et comme il a fallu rem- placer a grands frais les manquants par des semis nouveaux , les frais de culture ont le plus souvent depasse" ceux d'une plantation de cotons annuels. — M. Becquerel pere lit un memoire faisant suite a. ses Re- cherches sur les causes de I' electricile almospherique . II a cons- tate, depuis lougtemps deja, les effets electriques produits dans les tissus des vegetaux et au contact de ces memes veeetaux avec le &06 cosmos. sol, contact qui communique toujours au sol une tension d'eiectricite positive. II fut frappe l'ann^e derniere, en repetant ces experiences, des anomalies qui se manifestaient quand il opeYait au sein, surles bords , ou a une certaine distance de la riviere ; ce qui l'amena a etudier les effets dlectriques auxquels peuvent donner naissance les cours d'eau au contact du sol. Ces effets sont tres-complexes; ils varient en direction et en intensite, suivant la nature des substances dont se compose le sol, ou qui se trouvent en dissolution dans I'eau. Quand les eaux sont alcalines, elles prennent l'electricite positive; elles prennent, au contraire , l'electricite negative si elles sont acides; et il peut arriver, par consequent, quand on observe ce qui se produit au contact d'un liquide et d'une terre , qu'on ne recueille quelquefois aucune electricity, ou que l'electricite recueillie passe du positif au negatif, et reciproquement. En gendral , cependant , le contact d'une nappe d'eau et du sol donne naissance a un courant electrique qui, dans certaines locality, peut devenir assez intense pour faire fonctionner un telegraphe a aiguilles sur une distance de quelques kilometres. Des lors, quand l'eau s'evapore, soit d'un cours d'eau, soit de la terre, elle doit necessairement emporter avec elle de l'electricite libre, qui se repand dans l'atmosphere. Cette eiectricite est beau- coup plus abondante lorsque la riviere ou le sol contiennent des matieres organiques en decomposition; dans ce dernier cas, la va- peur, qu'elle vienne d'un cours d'eau ou du sol, est toujours eiec- trisee positivement; dans le premier cas, les deux vapeurs de l'eau de la nappe et du sol sont eiectrisees en sens contraire. Voila done, dit M. Becquerel , deux nouvelles et puissantes sources d'eiectricite atmospherique ; la seconde nous amene a com- prendre pourquoi les orages sont plus nombreux en ete , epoque de l'annee ou la decomposition des matieres organiques et l'evaporation sont a leur maximum ; pourquoi ils sont presque quotidiens sous les tropiqaes, lorsque le soleil est tres-voisin du zenith et darde ses rayons avec plus d'intensite. M. Becquerel ajoute que ce n'est qu'en creant des observatoires permanents, et multipliant les experiences au bord des fleuves, des cours d'eau, de la mer, et dans les pays sujets a des inondations, qu'on pourra juger de l'importance reelle des sources d'eiectricite sur lesquelles il vient d'appeler l'attention. — M. Pelouze lit un rapport sur le memoire de M. Georges Ville, relatif ii Taction des nitrates sur la vegetation , et a de nouveaux modes de dosage de l'azote des nitrates. Nous avons analyse , en COSMOS. urn son temps, avec le plus grand soin, le memoire du jeune et savant chimiste; nous nous bornerons done a dire aujourd'hui que, de l'avis unanime de la commission , la nouvelle methode d'analyse des ni- trates est tres-generale , tres-exacte , d'une application facile et prompte, appelee a rendre de tres-grands services dans une foule de recherches importantes, et quelle merite, en consequence, que l'Academie remercie M. Georges Ville de sa communication. Si la commission n'a pas demande l'inserlion du memoire dans le Recueil des Savants etrangers, e'est, sans doute, d'abord, parce que le prin- cipe de la methode, comme M. Ville l'avait fait lui-meme remar- quer, appartient a M. Pelouze ; et parce qu'un ingenieur attache a la Manufacture des tabacs, M. Schlessing, avait deja resolu le meme probleme par des moyens analogues, ce qui n'empeche pas que le procede de M. Ville ne soit plus general , plus rapide et plus sur. Pour l'eprouver, M. Pelouze avait prepare dans son laboratoire un grand nombre de melanges complexes, et doses avec le plus grand soin; ces melanges ont ete analyses par M. Ville dans son labora- toire de Grenelle, et les nombres qu'il a rapportes ont toujours ete parfaitement conformes a ceux dont M. Pelouze avait seul le secret. Nous avons appris que M. Ville soumettrait bientot a l'Academie un nouveau mode de dosage du phosphore , aussi simple que parfaitement efficace; et qu'il a grandement etendu ses recherches experimentales sur Taction des nitrates dans la vegetation. Ce qui lui importait avant tout , pour que les resultats si remarquables et si nouveaux qu'il a obtenus ne pussent etre l'objet d'aucun doute, d'aucune objection, e'etait qu'on fat force" d'avoir confiance dans ses analyses. L'approbation de l'Academie le rassure pleinement a cet egard, et lui donnera de nouvelles forces. — M. Pelouze encore, au nom de M. Alvaro Reynoso, commu- nique des Etudes pleines d'importance et d'interet sur reth^rifica- tion ; nous en donnons plus loin l'analyse etendue. Elles peuvent de- venir le point de depart d'une Industrie nouvelle, si Ton parvient a construire des vases convenables ; jamais l'alcool n'a ete trans- form^ si simplement en ether. Le jeune et savant chimiste recoit de tous des compliments sinceres. — M. Cauchy lit un memoire d'analye sur les fonctions conti- nues a parametre variable. LES ACCIDENTS DE CHEMINS DE FER ET I/ELECTRICITY SYSTEME DE SIGNAVX ELECTRIQUES DE M. TVER. M. Power, representant a Paris de la Compagnie anglo-francaise des signaux electriques, a bien voulu nous inviter a assister, le 27 mars dernier, a de nouveaux essais des appareils electriques si simples et si efficaces par lesquels M. Tyer propose de conjurer les accidents des chemins defer. L'administration du chemin de fer de l'Est avait mis a la disposition de MM. Power et Tyer une locomo- tive convenablement disposee , sur laquelle nous sommes montes a deux heures precises avec le general Piobert , M. Combes , M. Guillebot de Nerville, tous trois membres de la commission d'enquete nominee par M. le ministre des travaux publics , et M. Perdonnet, membre du conseil d'administration du chemin de fer de l'Est. Avunt d'enumerer les experiences executees sous nos yeux avec un succes complet, nous rappellerons quelques principes et quelques faits sur lesquels nous tenons a appeler de nouveau 1' at- tention. Principes. — 1. Quand il s'agit de resoudre le probleme capital eta, l'ordredu jour dela securite sur les chemins de fer, il faut se garder de deux exces egalement dangereux ; le premier, de tout a'.jandonner a la vigilance humaine qui a ses defaillances et ses temps d'arret ; le second, de se coufier exclusivement a un controle purement mecanique. La sagesse consiste a ne demander a la science et a l'art que ce qu'ils peuvent et doivent donner ; a laisser a l'homme son initiative et sa responsabilite, en mettant seulement asa disposition un moyen rapide et efficace d'exercer son controle. 2. L'electricite, qui se meut avec une vitesse inhniment supe- rieurea celle des chemins de fer, peut seule, en devancantlesconvois par ses bonds immenses, indiquer a chaque instant leur position et la rapidity de leur marche ; seule, quelque rapprochees que soient deux stations, elle peut signaler a temps la presence d'une locomotive dans l'intervall§ qui les separe; par elle seule on peut avertir la locomotive qui suit, de la presence sur la voie du convoi qui pre- cede et prevenir les collisions. 3. Sur les chemins de fer a simple ou a double voie, parcou- rus par un grand nombre de locomotives , il ne suffit certaine- ment pas que les chefs de gare se signalent l'un a, l'autre le de- part, la situation, l'approche des trains ; il faut absolument que ces chefs puissent transmettre des signaux aux convois en marche; et, COSMOS. 409 r^ciproquement, que les convois en marche puissent faire parvenir des signaux aux chefs de gare. 4. La possibility d'une communication incessante entre les con- vois en marche et les stations depasse peut-etre les limites d'une utilite pratique; il suffit, en tout cas, que les convois en marche recnivent ou envoient des signaux sur certains points du parcours convenablement choisis et connus a l'avance. 5. C'est au mecanicien ou conducteur de la locomotive que doi- vent parvenir directement, imm&liatement les avis qui doivent diri- ger sa marche ; il est toutefois utile que le mecanicien notifie au chef du train les avis qu'il vient de recevoir. 6. Ce n'est pas par des intervalles de temps comptes sur les horloges, mais par des distances mesurees sur la voie qu'il faut r6- gler la succession des locomotives : il importe assez peu de savoir que la seconde est partie de la gare tant de temps apres la premiere; mais il est absolument essentiel que la distance entre les deux loco- motives soit constamment superieure a un minimum donne. 7. La raison et l'experience s'accordent a prouver que, pour etre parfaitement efficace, le signal de danger doit affecter a la fois £ga- lement les deux organes de 1'ouie et de la vue. Faits. — 1° L'invent.ion de M. Tyer, qui a pris ses brevets en Angieterrele 22 Janvier 1852, en France et en Belgique le 12 aout 1852, est tres-certainement anterieure aux diverses inventions du meme genre. 2° Elle est la seule qui jusqu'ici ait rer;u la sanction de 1' expe- rience en grand-prolongee; elle est appliquee depuis plus de trois ans en Angleterra sur le chemin de fer du South Eastern , de Londres a Douvres ; trois cent soixante trains passant chaque jour sur un meme point de cette voie, la plus trafiquante du monde, ont £te signales a la station d' arrived, de telle sorte qu'aucun acci- dent n'est survenu, qu'aucun retard ne s'est produit. 3° Les appareils de M. Tyer sont de simples appareils a une aiguille pour les signaux envoy^s des stations aux locomotives en marche, et des locomotives en marche aux stations; a deux ou quatre aiguilles pour les correspondances entre les stations d'ar- riere et d'avant. Les aiguilles indicatrices ne sont pas des aiguilles aimant^es, dont diverses influences atmospheriques ou autres pourraient 'd^truire ou alterer l'aimantation ; ce sont tout simple- ment des aiguilles de fer doux, aimant^es par induction au moyen d'electro-aimants ou aimants temporaires , dirigees par des ai- mants permanents. M. Tyer peut se passer enticement de piles 410 COSMOS. transports sur les locomotives , et n'employer que les piles fixes des stations. Les courants electriques dont il fait usage sont des courants dtablis au moment du besoin , de sorte qu'il n'y a pas de perte de force ou de consommation inutile du zinc de la pile. II lui suffit d'un seul fil pour faire agir meme les quatre index de l'appa- reil a quatre aiguilles des stations, ou pour faire le service des lignes montantes et descendantes. L'aiguille de l'indicateur place" sous les yeux du mecaniiien reste fix£e apres sa deviation ; elle ne peut etre deplacee par lui , mais seulement par une impulsion partie de la station ; de meme le signal re<;u a une station ne peut etre derange" par le prepose de cette station; toutes les aiguilles, en un mot, restent fixees jusqu'a ce qu'un nouveau signal soit envoye ; et, de plus, le transmetteur d'un signal est assure de la maniere la plus positive que son signal est arrive' a son adresse. Les signaux, aux stations ou dans les gue- rites des gardes de la ligne , peuvent etre repetes aussi souvent qu'on le desire; tous sont donnas en termes positifs : voie libre, voieoccupee, train, etc., de sorte qu'aucun malentendu n'est pos- sible; la manipulation des appareils est enfin si facile, que les per- sonnes les plus inexperimentees peuvent les faire manceuvrer apres une etude de quelques instants. Ce sont la , evidemment, autant de conditions excellentes rem- plies par les appareils, autant de garanties certaines d'une effica- cite complete. 4° Les additions faites par M. Tyer a la voie et a la locomotive sont aussi d'une simplicity merveilleuse. Parlons d'abord de la voie. La ligne du chemin de fer est divisSe en un certain nombre de stations ou les signaux sont recus , et d'oii partent les si- gnaux; ces stations sont plus ou moins nombreuses, plus ou moins rapprochees, suivant f importance du trafic ou le nombre des locomotives a la fois en mouvement; leur distance sera rare- ment moindre d'un kilometre : en les supposant espacees de kilo- metre en kilometre, lesconvois, marchant avec une vitesse de huit lieues a l'heure, recevront un signal toutes les deux minutes, ce qui suffit surabondamment pour procurer une security absolue, ou rendre toute collision impossible entre deux trains qui se suivent, a la seule condition que jamais le conducteur du convoi ou le me- canicien ne depassera une des stations de signaux s'il n'y recoit l'avis que le train qui le precede sur la meme ligne a passe la sta- tion de signal la plus prochaine ou que la voie est libre. L'addition materielle faite a la voie consiste uniquement dans COSMOS. 411 Installation , exteneurement et parallelement aux rails , d'une ou deux barres melalliques de 6 metres de longueur, isoleWdu sol ou installees sur des traverses de bois vernies, en communication avec la station et le fil conducteur de la voie, par un fil de cuivre recouvert de gutta-percha. De chaque cote" et en dessous de la locomotive est fixe un arc ou bande metallique convexe en dehors, bande a la maniere d'un res- sort, a une hauteur telle qu'elle ne puisse passer au-dessus des barres metalliques de la voie sans appuyer contre elles, sans etablir un con- tact metallique sur la totality ou sur une partie au moins de la lon- gueur, de maniere a fermer necessairemcnt le circuit entre la locomotive et les stations d'avant et d'arriere. L'experience, mille fois repetee en Angleterre et en France, a demontre qu'a quelque Vitesse que fut lance le convoi, le contact entre l'arc metallique de la locomotive et la bande metallique de la voie s'dtablissait tou- jours , que le courant circulait, que le signal etait donne et transmis. Experiences. — Arrivons enfin au recit des experiences dont nous avons ete temoin et dont pas une seule n'a echoue : elles ont eu lieu entre la gare de La Villette et celle de Bondy en passant par la station de Noisy. I. Stations ordinaires. — Communication etablie entre la loco- motive et la station en avant, et reciproquement entre la station en avant et la locomotive. 1*« experience. — Une premiere barre metallique est etablie a 2 kilometres de Noisy sur la voie montante ■ a son passage sur la barre 1'aiguille est devide et marque sur le cadran voie libre ; ce signal vient de Noisy ; a Noisy en meme temps le timbre sonne an- noncant notre presence sur la barre et l'approche de notre train ; la voie etant libre nous continuons notre route sans ralentir. Si l'ai- guille avait marque voie occupee, c'est-a-dire, si Noisy nous avait envoye" voie occupee, nous aurions serre un peu les freins et mar- che' avec prudence. 2e experience. La seconde barre est etablie a 1 kilometre de la premiere, a 1 kilometre de Noisy, nous recevons encore le signal voie libre , le timbre sonne encore a Noisy ; nous continuons notre route et nous entrons dans la gare de Noisy; si nousavionsde nou- veau recu le signal voie occupee, nous nous serions arretes. II. Stations principals. — Communication etablie entre la loco- motive el les deux stations en avant et en arriere. 3e experience. De Bondy a Noisy. — Entre Bondy et Noisy, 412 COSMOS. sur la voie descendante , on a etabli deux barres mefalliques. Au moment ou nous arrivons sur ces barres , lc le timbre de Bondy, station en arriere, retentit, annoncele passage du convoi sur la barre et que la voie est libre ; 2° le timbre de Noisy, station en avant, re- tentit , annongant l'arrivee du train et que la voie est occupee ; 3° l'appareil a aiguille de la locomotive regoit de Noisy le signal voie libre comme il aurait pu recevoir le signal voie occupee. Bondy peut laisser partir une seconde locomotive qui, sur la bane, rece- vrait de Noisy le signal voie occupee, dans le cas ou la premiere ne serait pas entree dans la gare de Noisy. III. Postes telegraphique . — Signaler aux deux stations en avant et en arriere un accident survenu. 4e experience. Entre Noisy et la Villette nous sommes descen- dus pour voir fonctionner un appareil a deux aiguilles a l'aide du- quel le chef du poste, le me'canicien ou le conducteur du train peu- vent : 1° faire sonner les timbres des deux stations en avant et en arriere ; 2° faire [marquer aux aiguilles des cadrans de ces stations le signal danger, de maniere a arreter les convois; et tout cela par le fil ordinaire de la ligne, en faisant tourner simplement une clef. En repetant plusieurs fois le signal d'apres une convention pre- miere, on peut signaler la nature de l'accident, et demander du se- cours a l'une ou a l'autre station. IV. Stations a signaux. — Communication entre une station et les deux stations en avant et en arriere pour signaler un acci- dent survenu. 5e experience. Dans le bureau telegraphique de la Villette se trouvait installe un appareil a quatre aiguilles dispose de la maniere suivante: le cadran est partage en deux parties par une barre verti- cal; la partie a. droite est en communication avec Paris, la partie a gauche en communication avec Noisy, les deux aiguilles d'en haut indiquent les signaux regus ; les deux aiguilles d'en bas les signaux envoy^s : ces signaux sont voie libre et danger. Nous pouvions done faire sonner d'abord les timbres de Paris et de Noisy pour rendre les employes attentifs ; ces employes pouvaientdeleur cote faire sonner nos deux alarmes pour nous avertir que leur attention etait excited. Alorstournant une clef et agissantsur 1' aiguille du cadran en relation avec Noisy , nous l'avons amenee sur danger; aussitot l'aiguille cor- respondante de Noisy a marqu6 danger, et e'est le signal que Noisy transmettra jusqu'a nouvel ordre aux locomotives descendantes, COSMOS. 413 lesquelles s'arreteront. En operant de la meme maniere sur Vaignille en relation avec Paris, nous arreterions de meme les locomotives ascendantes jusqu'.i ce que le danger ait disparu, que le eonvoi, par exemple, qui a deraille ait etc remis sur la voie. II importe de remar- quer encore une fois que l'aiguille amenee sur un cadran pour indi- quer un signal voie libre ou voie occupee, ne peut etre deplace'e que par la volonte et Taction de celui qui a envoye le signal , et nullement par la volonte de celui qui l'a recu ; ou en d'autres termes, que chaque employe' ne pout faire mouvoir sur son cadran que les aiguilles destinees a transmettre un signal, et non pas celles par lesquelles il recoit un signal , de sorte qu'il a forcement sous les yeux l'etat reel et actuel de la voie entre sa station et les deux stations voisines en avant et en arriere. V. Stations sentinelles . — Service de V entree des grandes gares; signaux transmis dune station sentineUe a une ou plusieurs locomotives en route. 6e experience , de Noisy a la Villette. La Villette est comme la station sentineUe de la gare de Paris. Une premiere barre est ins- talled devant le poteau du disque a ailes pres des fortifications ; notre locomotive en passant sur cette barre recoit le signal voie libre tandis qu'elle sonne son passage sur la barre dans le poste de la Villette. Aussitot le chef de ce poste met a voie occupee l'aiguille de l'appareil en communication avec la barre des fortifications , et par consequent la locomotive qui suivra la notre recevra en arrivant sur cette barre le signal voie occupee, qui nous met a 1'abri de son at- teinte. Un kilometre apres nous rencontrons un second signal voie libre, en meme temps que nous signalons encore notre passage au chef du poste, qui met alors a voie libre l'aiguille en rapport avec la barre des fortifications. 7e experience. Un peu en avant de la Villette, pres du disque rouge qui domine le canal , notre locomotive en passant sur une nouvelle barre annonce son arrivee a la Villette et recoit en meme temps un signal d'un nouveau genre , le signal d'arret imme- diat ; son sifflet d'alarme, ouvert par un electro-aimant en rapport avec la station de la Villette, commence a se faire entendre, et con- tinue a retentir, en donnant issue a la vapeur, de maniere meme a vider la chaudiere et a arreter la locomotive par epuisement , si le mecanicien ne faisait pas son devoir. En general , en meme temps qu'on parle a. son oreille on parle aussi aux yeux du mecanicien en faisant marquer a l'aiguille de son cadran voie libre ou voie oc- h\.k COSMOS. cupce. Au lieu du sifflet on pourrait a la rigueur se contenter d'un timbre. Conclusion. — Si Ton abien suivi cette sdrie d'experiences, on se sera fait une idee nette de l'ensemble et du detail des signaux par lesquels M. Tyer regie la marche des convois. 1. Dans les circonstances ordinaires, sur les parties de la voie qui ne sont pas encombrees, il lui a suffi de placer, en avant de chaque station, deux barres, Tune a deux kilometres, l'autre aun kilometre de la station, surlesquelles la locomotive signale son passage et re- coit deux signaux; 2. La. oil le nombre des convois est plus grand, la locomotive signale en outre son passage sur la barre a la station en arriere pour avertir qu'on peut laisser partir une seconde locomotive ; 3. Si apres le passage d'un train il survient quelque accident au convoi, si le chef du poste te1e"graphique le plus voisin ne le voit pas arriver, a l'aide d'un appareil a deux aiguilles, il signale le danger aux deux stations en avant et en arriere; 4. Sur les points ou l'encombrement est plus grand encore, la station n'est plus seulement un poste telegraphique, mais devient une station de signal , munie d'un appareil a quatre aiguilles au moyen duquel on regie parfaitement la marche des convois entre la station en avant et la station en arriere, c'est-a-dire sur la por- tion dela voie comprenant trois stations; 5. Enfin , la oil l'encombrement est au maximum ou pres de la gare de Paris, la station devient une station sentinelle, d'oii part, envoye par un nouvel appareil, le signal de danger ou d'arret im- m6"diat par l'introduction de la vapeur dans le sifflet d'alarme ou le retentissement d'un timbre. En resume , le systeme Tyer est une application parfaitement rationnelle et efficace de tous les principes que nous avons formulas et qui doivent servir de base oh de regie a la solution duprobleme d'une securite absolue sur les voies de fer ; tous les cas sont prevus, tous les besoins sont satisfaits, tous les dangers sont conjures; c'est bien certainement le meilleur de tous les systemes proposes jusqu'a ce jour, et nous avons peine a croire qu'on puisse faire beaucoup mieux; de sorte qu'il ne nous reste plus qu'un voeu a former, c'est qu'il soit universellement adopte" comme un complement indispen- sable des mesures ordinaires de controle et de se'curite', comme un moyen certain d'inspirer une confiance qui n'existe plus. F. Moigno. CHIMIE. FAITS POUR SERVIR A l'hiSTOIRE DE L ETHERIFICATION PAR M. ALVARO RETNOSO. I. Action de divers sels sur I'alcool. 1° Sulfates. — M. Reynoso a mis de I'alcool dans un tube ferme par un bout avec des sulfates de magne"sie, de manganese, de fer, de colbalt, de nickel, de cadmium, de zinc, de cuivre, etc. Le tube scelle a la lampe par l'autre bout fut place' dans un canon de fusil et chauffe dans un bain d'huile a 240°. Tous ces sulfates ont produit retherification de I'alcool. Aucun, excepts ceux de nickel et de cuivre, n'a subi de decomposition. Le sulfate de nickel a passe" a l'etat de sous-sulfate ; celui de cuivre a ete reduit en partie a l'etat metallique. Jamais il n'y a eu degagement de gaz, excepte lorsqu'on a employe" le sulfate de cuivre qui a donne" naissance a une grande quantite de gaz qui s'est degage a l'ouverture du tube. Les sulfates non decomposes conservent apies l'experience leurs proprietes chi- miques, et lis se dissolvent completement dans l'eau. On a toujours experimente' sur des sulfates cristallises. Tous ces sulfates perdent, par Taction combinee de la temperature et de I'alcool , leur eau de cristallisation, et dans cet etat anhydre, ils tardent plus longtemps a se dissoudre dans l'eau. 2° lodures et bromures. — L'iodure et le bromure de cadmium chauffes avec de I'alcool a 240° produisent de Tether. lis ne se de- composent pas, et a l'ouverture du tube, il n'y a pas de degage- ment de gaz. Avec le bromure de mercure, la masse noircit fortement ; a l'ouverture du tube il y a un grand degagement de gaz et Talc'ool se trouve etherifie; le bromure dtait decompose. 3° Chlorures et chlorhydrates. — Les chlorures de cobalt, de cadmium et le proto-chlorure de manganese chauffes avec de 'i'al- cool a 240°, restent sans se decomposer, et I'alcool se convertit en ether, sans qu'il y ait de degagement de gaz. C'est le proto-chlorure de manganese qui produit la plus grande quantity d'ether. Le chlo- rure de nickel passe a l'etat de sous-chlorure insoluble, et a l'ou- verture du tube, on constate un leger degagement de gaz. Le proto-chlorure d'etain s'est trouve partage en deux couches bien tranchees ; Tune superieure limpide, l'autre inferieure laiteuse. A l'ouverture du tube des gaz se sont degages et Ton a constate la formation d'une grande quantite d'ether. Avecle proto-chlorure de fer Taction est tres-marquee; le liquide dans le tube se trouve par- &16 COSMOS. tage en deux couches fort distinetes, dont la supe>ieure tres-consi- derable consiste en ether pur. A l'ouverture du tube il y a un ledger d^gagement de gaz. Le proto-chlorure de cuivre produit aussi 1'e- therification. Le bi-chlorure de mercure se decompose, la masse noircit forte- ment, et a l'ouverture du tube, une grande quantite de gaz se d£- gage et on constate la production d'ether. Les chlorhydrates He morphine et de cinchonine, chauffes avec de I'alcool a 200°, noircissent ; a l'ouverture du tube il n'y a pas de ddgagement de gaz, et la liqueur contient de faibles proportions d'ether. L'odeur eHheree est plus prononcee avec la cinchonine qu'avec la morphine. Si Ton voulait se rendre compte de ces phenomenes par des reac- tions chimiques, sans avoir recours aux actions de presence , il faudrait, surtout si Ton desire faire rentrer ces reactions dans le meme cadre que les autres conditions de formation de l'ether, ad- mettre, pour les sulfates, la production momentanee d'acide sulfo- vinique et d'un sous-sulfate ; cet acide reagirait ensuite sur l'alcoal, il se formerait de l'ether et de l'acide sulfurique qui se combinerait de nouveau au sous-sulfate, si toutefois celui-ci est attaquable par l'acide, pour reproduire le sulfate qu'on avait souinis a 1' experience ; si le sous-sulfate forme n'est plus attaque par l'acide sulfurique, comme il arrive dans le cas du sulfate de nickel , alors le sous-sulfate reste comme r£sidu. Pour les chlorures, bromures ou iodures, il faudrait admettre aussi la formation ephdmere d'ether chlorhydrique, brom- hydrique ou iodhydrique, et oTun sous-chlorure, sous-bromure ou sous-iodure, ou meme d'un oxyde. Ces ethers rdagiraient ensuite sur I'alcool en exces, et donneraient naissance a de lather hydrique et a. des acides, qui se combineraient de nouveau aux sous-sels ou aux oxydes. On pourrait aussi croire que ces sous-sels ou ces oxydes peuvent reagir sur les ethers chlorhydriques , bromhydriques ou iodhydriques, en produisant de l'ether hydrique et reproduisant les sel's qu'on avait soumis primitivement aux experiences. Ces expli- cations rendent parfaitement compte des phenomenes dominants dans ces reactions; les reactions sc-condaires , avec production de gaz ou reduction des sels, doivent etre negligees, car elies ne font que compliquer posterieurement Taction principale. [Laji/i au prochain numero .) PHYSIQUE. SUR LA CONDUCTIBILITE ELECTRIQUE PAR M. DE LA RIVE. Nous avons beaucoup regrette de n'avoir pas pu insurer dans notre derniere livraison, paTce que nous 1'avions recue trop tard, la lettre suivante que M. de La Rive a bien voulu nous adresser en date du 10 avril : « Voici en peu de mots 1'expose" des deux observations que j'ai communiquees hier a l'Acad^mie, apres lui avoir fait hommage de mon deuxieme volume (edition anglaise), et lui en avoir minutieu- sement fait connaitre le contenu. « Ces deux observations sont relatives au mode de propagation de l'electricite dans les corps conducteurs, soit simples, soit com- poses ; elles ont pour objet d'ajouter de nouvelles preuves a celles que j'ai donnees dans mon Traite en faveur de l'opinion que cette propagation s'opere par des decharges qui ont lieu entre les mole- cules successives du corps, de la meme maniere qu'entre les deux pointes d'un arc voltai'que ou les deux boules d'un excitateur entre lesquelles delate l'dtincelle electrique. 11 en resulte que, de meme que dans Tare et dans l'6tincelle, il doit y avoir transport de ma- tiere d'une molecule a l'autre, et par consequent modification mo- leculaire dans un corps simple tel qu'un metal, etc., decomposition chimique dans un corps compose', tel que l'eau ou un sel soit dis- sous, soit fondu. « Plusieurs observateurs ont deja remarque que des conducteurs metalliques, qui ont transmis l'electricite pendant un temps un peu long, sont alteres dans leur constitution moieculaire. Mais voici une observation qui d^montre cette alteration d'une maniere frap- pante. Un artiste de Geneve, qui s'occupe de la construction des borloges electriques, a eu l'idee, pour eviter l'^tincelle qui accom- pagne la rupture et le r£tablissement du circuit, a chaque oscilla- tion du pendule, de faire marcher, en les liant au mouvement du pendule, deux petits plans de platine qui viennent se placer sous un axe de maniere a fermer le circuit electrique avant qu'il soft interrompu par l'oscillation. II en resulte que le courant a deja une voie toute tracee avant d'avoir abandonne la premiere, et, par consequent, qu'il n'y a jamais production d'etincelle. Neanmoins on trouva, apres que l'appared eut march6 trois mois de suite, que les lames de platine etaient desagregees a leur surface comme s'il y avait eu ^tincelle. 418 COSMOS. u La seconde observation a pour objet de montrer qu'un corps compose comme l'eau est n^cessairement decompose des qu'il propage l'electricite sous quelque forme que ce soit. Quelques physiciens ont admis que l'eau, et en particulier l'eau pure, peut conduire l'electricite a la facon des corps simples, c'est-a-dire sans etre d^composde et par voie de conductibilite physique. J'ai deja, dans le second volume de mon ouvrage, essaye d'interpreter les experiences sur lesquelles on fondait cette opinion, en montrant qu'il y a efFectivement decomposition dans les cas oil l'on croyait qu'il n'y en avait pas. Mais M. Faraday ay ant invoque, en faveur de la conductibilite physique de l'eau, le fait que ce liquide peut remplacer les conducteurs metalliques dans les phenomenes d'elec- tricite statique et en particulier dans ceux d'influence, il devenait important d' examiner si, meme dans ces cas-la, l'eau n'est pas de- composee, ce qui doit necessairement avoir lieu des qu'il y a mou- vement d'electricite. Dans ce but, M. Louis Soret a imaging l'expe- rience suivante que nous avons r£alisee ensemble ; elle consiste a prendre de l'eau pure pour armure, soit interieure, soit exterieure, d'une bouteille de Leyde. Un bocal en verre de 7 a 8 decimetres de hauteur est recouvert d'une couche epaisse de vernis isolant sur ses deux surfaces, et sa partie superieure est garnie d'un bourrelet en cire, afin que toute propagation de l'electricite soit ainsi rendue impossible. Ce bocal est place dans un second bocal plus large, mais moins eleve, puis on met dans chacun des deux bocaux une couche d'eau de 1 decimetre environ de hauteur. Dans l'eau exte- rieure sont immergees deux lames de platine parfaitement deca- pees, et qui,unies par le fil d'un galvanometre tres-sensible,n'accu- sent aucun courant. On fait communiquer avec le sol l'une de ces lames, tandis que l'autre demeure parfaitement isoiee. Puis on charge, au moyen d'un conducteur tenu par un manche isolant, l'eau interieure d'electricite positive. II suffit d'avoir fait faire deux ou trois tours au plateau de la machine pour obtenir, avec les lames de platine, un fort courant dont le sens indique que la lame qui a conduit dans le sol l'electricite positive provenant de la de- composition par influence de l'electricite naturelle de l'eau exte- rieure, est polarisee positivement et par consequent recouverte d'hydrogene. Ainsi ce simple mouvement de l'electricite dans l'eau a ete accompagne de la decomposition electrolytique. Le phino- mene est parfaitement regulier et constant, 1'intensite du courant, et par consequent celle de la polarisation de la lame de platine, sont, en rapport exact avec le degre de la charge electrique. VARIES SCIENTIFIQDES. CONSERVATION DU JUS DE BETTERAVES , PAR M. MAUMENE. Les details qui suivent sont extraits d'une lettre de M. Mau- mer.d a M. Dumas. « Le jus de betteraves brut que Ton considerait comme la ma- ture organique la plus difficile peut-etre a soustraire aux fermenta- tions, se conserve parfaitement au moyen de la chaux. Ce fait est demontre par des experiences en grand qui ont plus de deux mois et demi de date et qui ont ete effectudes sur 800 hectolitres de jus Non-seulement la conservation est parfaite, mais il y a defecation a fr01d. La defecation se termine aisement par l'acide carbonique et l'evaporation libre se fait tres-bien, meme en grand; il n'y a pas de coloration, et on peut se passer de noir si les betteraves n'ont pas vieilli. Nous avons fait une defecation par l'acide carbonique chez MM. Bouzei, a Haubourdin, apres huit jours de conservation dun jus extrait dans les derniers jours de Janvier. Tout s'est passe a la satisfaction gdnerale; le rendement a e"te aussi grand que si Ton eut traits les betteraves tout de suite ; les sirops ne se sont pas colons sans noir;\a chute de mousse a eu lieu en quatre secondes au lieu de quatre-vingt-dix, exigees par les sirops de la maison (au meme degr<§ 35), ou l'on fait usage de la chaux et de l'acide carbonique. Enfin' la cnstallisation a ete bonne. Ce proceed fait au moins disparaitre la difference de rendement qui s'observe du commencement a la fin des campagnes ; elle est flx^e de 1 1/2 a 2 pour ]00 du jus. » SEPARATION DU PHOSPHORE ORDINAIRE ET DU PHOSPHORE AMORPHE. Voici le procdde vraiment ingenieux et eminemment fecond a l'aide duquel M. Nickles, partant de la difference de densite, est parvenu a separer complement le phosphore amorphe du plios- phore ordinaire. II consiste a agiter le melange avec un liquide d'une densite in- termedaire a celle des deux corps a sparer, et peut, comme on voit, s'appliquer a bien d'autres separations. La densite- du phos- phore amorphe etant de 2,106, celle du phosphore ordinaire de 1,77; il est aise de se procurer une dissolution saline d'une densite' intermedial re. Une dissolution de chlorure de calcium de 33 a 40 degres Baume" remplit parfaitement ce but; le phosphore ordi- naire, plus leger, venant ensuite a sumager, peut etre facilement in- 620 COSMOS. tercepte par un peu de .sulfure de carbone qui le dissout, de sorte que l'operation peut s'accomplir en vase clos. On fait arriver un peu de sulfure de carbone dans la cornue au sein delaquelle la transformation a £teoper£e ; si la substance, tres-adh6- rente d'ordinaire, ne se detache pas, on trempe le fond de la cornue dans de l'eau tiede, la desagregation de la matiere se produit aussi- tot et se manifeste par un petit bruit. Lorsque le phospbore est d6- tache\ on ajoute la dissolution saline, on ferme et Ton agite ; au bout de dix minutes la separation des deux liquides est effectuee. Le pbosphore rouge, plus dense, se trouve au fond de la cornue, et la dissolution est surnagee par le sulfure de carbone charge' de pbos- phore ordinaire. Si ce dernier ne se trouve melange" au phosphore rouge que dans la proportion d'un quart, on peut l'eliminer completement a l'aide d'un seul lavage pratique comme il vient d'etre dit, quoiqu'il soit prudent d'y revenir une seconde fois en decantant le sulfure de car- bone phosphore et le remplacant par une nouvelle quantite de sul- fure de carbone pur. Cela devient meine necessaire si les deux phos- phores sont melanges en proportions egales. Trois lavages ainsi fails m'ont toujours suffi pour debarrasser completement la modi- fication amorphe des moindres traces de phosphore ordinaire, quelles que fussent les proportions du melange. Apres que les deux liquides ont ete" s^pares par decantation, on n'a plusqu'a. versersur une toile la dissolution saline dans laquelle le phosphore amorphe s'est depose\ La purete du produit est alors si complete qu'il devient inutile de la faire bouillir avec une disso- lution de potasse caustique. Toute l'operation peut etre terminee au bout d'une demi-heure, et ce qui n'est pas sans importance, a l'abri de tout accident ; car l'evaporation se fait en vase clos, ce qui empeche le sulfure de carbone de se vaporiser et de deposer le phospbore inflammable qu'il tient en dissolution. Les chimistes verront peut-etre avec interet, dans ce procede, un moyen de separation ope>e entre deux corps solides a l'etat de m6- lano-e, sans le secours de la chaleur ou l'intervention directe d'un dissolvant. Ce mode de separation elant tres-facile et tres-prompt, ils trouveront plus d'une occasion de le substituer aux lavages pro- longed que necessitent les separations ordmaires. A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. Paris. — lmprimerie de W. Remquet et Cie, rue Garancifcre, 5. T. VIII. 25 AVRIL 1856. mMM-A** CINQUIKME ANNEE. COSMOS. NODYELLES ET FAITS DIVERS. Nous empruntons a une note de M. Heis , public dans Ja Gazette de Munster, quelques details curieux sur le bolide du 3 fe- vrier, observd a la fois, vers huit heures du soir, en Allemagne en Suisse, en France, en Belgique , en Hollande et jusqu'en An-le- terre. Les points extremes pour lesquelsle meteore est apparusrat Lubeck,Detmold, Ulm, Lindau, Geneve, Angers, Harborourg Liege; en jetant les yeux sur une carte, on verra que ces points torment a peu pres un cercle de 240 lieues de diametre. M Dien a Pans, a vu le bolide aller de la tete de l'Hydre a eta du Lion- M. Sternberg, a Aix-la-Chapelle, la vu aller de Sirius a l'etoile du Lievre la plus au sud ; M. Heis, a Munster, la vu dans la constella- tion de 1 Endan au sud d'Orion. En sownettant au calcul l'ensemble des observations, on arrive aux r&ul-tats suivants : le bolide a pris naissance a une hauteur d'environ 222 kilometres au-dessus decette rfgion de la Suisse ou le Rhin et le Rhone prennent leur source, du Saint-Go hard et de la Furca ; prenant son vol vers Ja France il a traverse" la frontiere pres Delle a une hauteur de 162 kilometres- i\ a passe au sud d'Epinal , a une hauteur de 132 kilometres ■ sur Bar-le-Duc a une hauteur de 111 kilometres, et s'est evanoui alors quil dtait . au zenith de Chalons-sur-Marne a une hauteur de 78 kilometres Si le bolide avait continue sa route inclinee et des- cendant vers le nord de la France, il serait venu rencontrer le sol vers Bapaume entre Amiens et Cambrai. De Bapaume on aurait du voir le bolide comme une etoile fixe placde dans la constellation de la Licorne II parait qu'il n'aurait mis que quatre secondes I franchir la distance de 400 kilometres qui separe le glac er du Rhone de Chalons , sa vitesse aurait done ete dix miilff^pll gande que celle d une locomotive. En supposant , comme 1'ahW M.Dien que son diametre apparent vu de Paris rut environ la moit.edu diametre de la lune, son diametre reel aurait eSr 800 metres ; son eclat etait si grand qu'il a projete sur une g,Tde parUe de la Su.sse, de lAllemagne de ?okst, de la Fran de n, 422 COSMOS. Test, de la Belgique, de la Hollande, de 1' Angleterre du sud , une lumiere assez vive pour rendre visibles les plus petits objets. M, Thuyssuzian , jeune Armenien qui a fait en France des etudes profondes d'agriculture thttorique et pratique , a lu dans la derniere seance de la Societe" d'acclimatation une courte notice sur les moutons de Sang-Ha'i recemment imports en AmeVique. Le9 brebis de cette race extraordinaire mettent bas, dit-il, deux fois par an et donnent naissance, lorsqu'elles ont atteint tout leur d£ve- loppement , a deux , quatre et meme six moutons a la fois ; leur laine n'est pas tres-fine, mais peut etre avantageusement employee a la confection de couvertures et de tapis ; leur chair est tres-belle, tres-delicate , entierement degagee de toute mauvaise odeur ; leur taille est assez elev^e et leur poids a peu pres egal a celui de nos moutons. Par malheur cette description est empruntee a un journal americain et Ton peut craindre qu'elle ne soit pas exempte d'exa- g£ration. Alors que des milliers ou des millions de bouteilles de vin de Champagne portaient pour inscription Sillery mousseux, ii n'y avait a Sillery aucun vignoble, aucune production de vin. Pour faire ces- sercette bizarre anomalie, M. Jacquesson , de Chalons-sur-Marne,. a achete l'antique et celebre domaine de Sillery, avec la resolution forte d'y ressusciter la vigne, et d'en faire en meme temps un grand centre de culture progressive. Pour arriver plus surement a ses fins , M. Jacquesson a eu la bonne penste de confier l'administration et l'exploitation de cette belle terre a son amidevoue M. le docteur Jules Guyot, avec l'aide duquel , dans son magnifique etablissement de Chalons , il a deja realise" tant de prodiges; substitue" a l'eclairage infect par le suif ou par Vhuile, dans des caves d'une Vendue de plusieurs hectares , la lumiere du ciel amende par des puits et renvoyee par des reflecteurs en ferblanc; fore" des puits artesiens ; creuse" et empoissonne" des ca- naux; jete desponts ; dtabli de Chalons a Paris un service de ba- teaux' a vapeur sur la Marne dont les eaux sont hautes a peine de quelques decimetres; cree des machines qui rincent automatique- ment chaque jour des milliers de bouteilles ; etc. , etc. 11 nons tarde de connaitre dans tous ses details la revolution que l'ardeur et l'in- tehVence de M. Jules Guyot ont certainenent ope>ee a Sillery. En attendant nous apprenons par Y Ami des Sciences que, pour assu- rer la reunite de ses jeunes vignobles, il a eu l'idee toute neuve de les abriter par des paillassons , comme les jardiniers de Montreuii abritent leurs pechers. "Usant, dit-il, du pouvoirdiscr&ionnaire que COSMOS. 423 M. Jacquesson m'a donne, j'ai imaging et mis en grande experi- mentation le paillassonnage en plein champ. C'est fort curieux, je vous assure, et cela promet beaucoup, Un atelier dedix homines couvre un hectare de vignes en un jour; les paillassons ainsi poses insistent a tous les vents; ils doivent rester en place jusqu a la ven- dange , car leur destination est triple : defendre les ceps des geldes blanches du printemps ; les preserver de la coulure; hater et com- puter la maturite du raisin. » Nous faisons des vceux ardents pour que l'experience de M. Jules Guyot ait un plein succes et que son exemple trouve de nombreux imitateurs , a une epoque surtout ou la vigne , si gravement compromise, repond si peu aux esperances des proprietaires et des colons. — La Society imperiale et centrale d'agriculture a tenu dimanche dernier sa seance generate annuelle. Apres un discours d'ouverture danslequel le president , M. Chevreul , a retrace" a grands traits la situation generale de l'agriculture, M. Payen a lu le compte rendu general des travaux de la Society pendant 1'annee ecoulee, et l'on a procede a la distribution des recompenses ddcerndes sur la proposi- tion des diverses sections. 1° Grandes medailles d'or. A M. duCouedic, pour les amelio- rations qu'il a realisees sur son domaine du Lezardeau , pres Quim- perle (Finistere). A M. Mares, proprietaire a Montpellier, pour ses travaux , experiences et observations concernant la maladie de la vigne. A M. Ayrault , veteYinaire a Niort , pour un memoire sur 1'industrie mulassiere, l'eleve des mules et mulets. A M. le comte Duchatel , pour les travaux de drainage executes dans ses vignes du departement de la Gironde. A M. le comte de Gourcy, pour ses publications sur l'economie rurale. A M. Lavalle, de Dijon, pour son ouvrage sur les cepages de la Cote-d'Or. 2° Medaille d'or a I'effigie d'Ollivier de Serres. A M. Gour- bine , pour les ameliorations agricoles qu'il a realises sur son do- maine de Pivot, pres Limours (Seine-et-Oise). A M. Avril, de Nevers, pour un travail sur la statistique agricole et industrielle du canton de Nevers. A M. Gomart, secretaire du cornice agricole de Saint-Quentin , ponr la statistique quinquennale de cet arrondisse- ment. 3° Medaille d 'argent. A M. Hamet, regisseur chez M. Gour- bine, pour le concours actif qu'il lui a prete" dans l'exdcution de ses travaux. A M. Loiset, vetdrinaire, secretaire du cornice agricole de Lille, pourun memoire sur la maladie du lin. AM.Dietz, dugrand- duche de Bade, pour des travaux concernant l'economie agricole , U2li COSMOS. lastatistique, etc. AMM.Baudry et Schmitt.de Versailles, pour leur traduction de l'ouvrage allemand de Schwicz sur l'agriculture beige. 4° Mentions honorables. A M. Gouges , propnetaire , pour les ameliorations qu'il a apportees a. l'exploitation de son domaine de Beauville (Tarn-et-Garonne). A M. Delattre , secretaire du cornice agricole, pour un travail sur la statistique agricole de l'arrondisse- ment de Dieppe. ..,*■*, — M. Laurent de Montgolfier, dans un voyage qu ll a fait tou recemment a Londres , a beaucoup admire l'immense bateau a va- peur que la Compagnie anglaise de navigation orientale fait cons- truire a Mil wall, pres de Londres, sur les chantiers de M. Scott Russell , et il nous a engage a appeler l'attention de nos lecteurs sur cette ceuvre de geant. Ce bateau a 201 metres de longueur sur le pont , et 207 metres de longueur de quille ; sa largeur maximum est de 25 metres , sa profondeur de 18 metres, son tonnage de 22 000 tonneaux. Ses murailles sont formees de deux parois en tole de fer, distantes de 75 centimetres, et reunies par une multitude de petites cloisons transversales Stanches ; son inteneur est pareillement divise en com. partiments stanches par deux cloisons longitudinales et treize cloi- sons transversales ; ce mode de construction, appele cellulaire , a le double avantage d'augmenter la resistance de la coque, et de loca- liser les voies d'eau qui pourraient survenir. II recevra une puissante voilure, mais son principal moteur est un appareil a vapeur com- prenant : 1° dix chaudieres tubulaires chauffees chacune par dix foyers ; 2° deux enormes machines d'une force totale de 2 600 che- vaux, mettant en mouvement deux roues a aubes ordinaires placets sur l'es cot£s du navire, et une helice situee pres de l'&ambot. Avec cette force d'un cheval environ pour chaque tonne de jauge, on espere obtenir une vitesse au moins egale a celle des meilleurs transatlantiques anglo-americains. Les soutes pourront contemr 10 000 tonneaux de charbon suffisanta une consommation d envi- ron 38 jours de 24 heures a toute vapeur, et a une traversee de 3 600 lieues par la seule action des machines; de sorte qu'avec le secours des voiles, le nouveau paquebot pourra probablement accom- plir directement le voyage d'Angleterre en Australie, aller et retour, sans se detourner de sa route pour faire du charbon. La capacity disponible pourra loger 5 000 tonneaux de marchandises et 500 ca- bines pour passagers de premiere classe ; le vaisseau pourra porter, au besoin, 10 000 homines. COSMOS. 425 On pourra, ajoutait M. de Montgolfier, se faire, sans quitter Pa- ris, une idee des dimensions de ce colosse des mers, en Je coinpa- rant a l'hotel du Louvre, qu'il egale au rnoins en longueur, en lar- geur et en profondeur. — Le premier, dans le Cosmos , nous avons recommande' le cherclie-fuite de M. Maccaud, approuv£ et couronne" par la Sociele d'encouragement, et c'est avec bonheur que nous enregistrons le fait suivant, raconte dans la derniere livraison du Genie industriel par M. Boquillon , bibliothecaire du Conservatoire des arts et metiers: « Depuisle 15decembre, jerecoisle gaz chez moi, et jusqu'au22fe- vrier pas un seul jour ne s'dtait passe sans que je fusse oblige de souffler dans les tuyaux pour empecher la fiamme de mes bees de danser avec une extreme violence , sans que surtout une odeur ca- racteristique rendit inhabitable une des pieces traversers par les conduits. Ces inconv^nients furent signales a l'appareilleur, qui , lorsqu'il en avait le temps, envoyait un ouvrier, lequel, a son tour, preHendait avoir fait le necessaire ; ce qui n'empechait pas la fiamme de danser, et l'odeur d'etre plus insupportable que jamais. .. Ayant entendu decerner une medaille a M. Maccaud pour son cherche- f trite, je lui demandai d'en faire l'application chez moi, ce qui eut lieu le lendemain. Six fuites furent immediatement constatees, dont quatre dans mains de lm,50 de tuyaux ; l'une d'elles avait e^ vue par 1' ouvrier poseur, car elle dtait rebouchee avec de la ceruse en- core fraiche. Les contre-pentes dans lesquelles l'air se condensait et faisait danser la fiamme, furent d£couvertes avec la meme prompti- tude; et depuis ce temps, non-seulement mes bees brulent avec la plus parfaite tranquillite, mais l'odorat le plus delicat serait impuis- sant a reconnaitre la pr&ence du gaz dans aucune des pieces de l'appartement. Dans l'operation, la pression exerc^e a ete de 2 at- mospheres, et les six fuites decouvertes ont a peine exige 1 atmos- phere pour se manifester completement; deux coups de pompe ont sum pour signaler les trois premieres. » M.Emile With, ingenieur civil, employe au ministere des travaux publics, a aussi consacre' un article de sa revue industrielle dans le journal le Siecle, au cherche-fuite, et repond tres-peremptoirement aux objections par lesquelles les appareilleurs a gaz essayent d'e- touffer cette charmante et utile invention. Le cherche-juite, disent- ils d'abord, est une invention vieille comme l'eclairage a gaz; est-ce que nous ne soufflons pas dans les conduits pour les essayer avant de les poser? Souffler sans un appareil special, ce n'est pas assez; et d'ailleurs, pourquoi, au lieu d'employer chez les autres ce moyen &26 COSMOS. si facile, aimez-vous mieux ddmolir au hasard les parquets, les pla- fonds et les lustres ; pourquoi attendez-vous que les explosions et les incendies aient compromis la vie des homines et les propriety? Vous ajoutez : Le remede apporte" par le cherche-fuitc est pire que le mal ; la pression qu'exige son emploi peut elle-meme crever les tubes. Mais vous savez bien vous-memes qu'il n'en est rien, car, a la pression d'une atmosphere, les fuites sont cleja signalees ; car a la pression de quatre atsmospheres les tubes en plomb r£sistent fort bien ; car, enfin , les tubes en papier a registre , d'un centimetre de diametre, r&sistent a une pression plus grande que celle ngces- saire au travail du cherche-J uite. — M. Tessier du Mothay signale en ces termes , dans le Genie industriel, l'aurore d'une grande et nouvelle industrie : « Lorsqu'on distille les savons alcalins, terreux ou metalliques, avec ou sans va- peur d'eau, on obtient des produits gazeux , liquides et solides. Les produits gazeux brulent en produisant une tres-belle lumiere , et peuvent etre immediatement appliques a l'dclairage. Le liquide re- cueilli contient des produits de volatility et de densite differentes, qu'on se'pare par une distillation fractionr.ee : le premier peut etre utilise" comme dissolvant ou applique" a l'eclairage ; le second , moins volatil et plus dense, possede des propriety lubr^fiantes qui le rendent tres-propre aux diffeVents graissages industriels. Le pro- duit solide, prepare" par filtration, pression ou redistillation avec ou sans vapeur d'eau, peut etre employe dans la fabrication des bougies. De quelques huiles v^getales ou animales que proviennent les sa- vons, ils donnent, par la distillation, des produits identiques. » — Voici en quels termes MM. Breton freres d^crivent leur pile destined aux usages medicaux : elle est composee , pour l'un des eMenients ou poles , d'un melange de poudres de cuivre rouge avec du poussier de bois qui n'a d' autre effet que de mieux diviser les parties metalliques ; ces poudres sont melees ensemble dans une dis- solution satur^e de chlorure de calcium qui en fait une mixture tou- jours humide , le chlorure de calcium ayant la propriete d'absorber sans cesse l'humidite de l'air. Dans I'el^ment du second pole, la pou- dre de cuivre est remplac($e par de la poudre de zinc. Ces deux pre- parations mises dans un vase partage en deux parties par une cloi- son poreuse, constituent une pile a effet constant, ou dont l'intensite est toujours la meme , en raison de son etat permanent d'humidite, et du nombre indefini de ses Omenta. PHOTOGRAPHIE. DIFFERENCE ENTRE LES DEUX CHASSIS DE MM. CLEMENT ET MARION. Quoique cette question soit, en apparence, peu importante, nous croyons devoir y revenir, parce qu'un des premiers devoirs de la presse en general , et de la presse scientifique en particulier, est de deTendre les droits de chacun , ou de rendre a chacun ce qui lui est du; nous sommes plus convaincu que jamais que les deux chassis de MM. Marion et Clement sont deux petites et utiles inventions originates, independantes, re'ellement distinctes, et qu'un rapport fait a. la Societe franchise de photographic a eu tort de confondre. Expliquons aussi nettement que possible leurs ressemblances et leurs differences. Le chassis de M. Cldment est , exte>ieurement , de forme ordi- naire, ou a peu de chose pres ; mais, interieurement, il differe essentiellement des chassis ordinaires. La coupe interieure du cadre est de forme speciale appropriete au second chassis en bristol, qu'il est destine a recevoir; au lieu de n' avoir qu'une simple feuil- lure, comme les chassis actuellement employes, il en a deux, et la seconde est a plan incline\ Cette double feuillure est une combinai- son heureuse, qui permet de noyer les bords du chassis en carton pour que le papier sensible ne rencontre pas d'obstacles a se plaquer contre la glace anterieure. Une seconde glace, plus grande que la premiere de toute la largeur du plan incline, fait pression sur le chassis en bristol : c'est cette pression qui force l'epaisseur des bords du chassis en carton a se dissimuler. M. Clement a heureusement utilise la seconde glace en la faisant ddpolie; elle sert a mettre au foyer, et dispense d'un second chassis. II est bien constant qu'avec le systeme de M. Clement, il faut un chassis en bois de forme particuliere, et fabrique tout expres, car la double feuillure ne peut s'ajouter apres coup. C'est sur ce point surtout que le systeme Marion differe essentiellement de celui de M. Clement. Avec le systeme Marion, il ne faut pas un chassis de forme par- ticuliere ; tous les chassis peuvent servir, parce que Ton peut y ajou- ter les accessoires qui constituent l'invention. Ces accessoires sont : Une plaque en carton derriere la porte , qui se relie a deux vis de pression exterieures ; c'est au moyen de ces deux vis de pression que Ton fait avancer le carton qui presse la feuille sensible contre la glace. Un ressort, fixe a une queue d'aronde en cuivre au bas de la 428 COSMOS. porte, laquelle queue d'aronde sert a clore une entaille de meme forme pratiquee a l'extremite inferieure du chassis ; cette entaille est des- tined, avec le secours du ressort et d'un arret forme" par la queue d'aronde en cuivre, a retenir en place la feuille sensible au moment oil on la ddcouvre, en tirant le portefeuille par l'ouverture m^nagee a la partie supe>ieure du chassis. M. Marion s'est rencontre avec M. Clement, pour cette ouverture, mais la manoeuvre differe dans les deux systemes. Le systeme a simple feuillure a l'avantage de ne pas prendre une place pr<*cieuse au detriment de l'image , comme celui a double feuillure. Le systeme Marion se prete admirablement a. l'introduc- tion d'une glace depolie dans le chassis , elle y tient d'elle-meme, sans le secours de ressort ni clavette. La difference entre les chassis en bristol de M. Clement, qui sont le complement de son invention, et les portefeuilles de M. Ma- rion , qui sont le complement de la sienne, n'est pas moins grande. M. Clement a fait, avecdu bristol tres-k5ger, des chassis peu em- barrassants qui sont a peu pres une repetition de ceux en bois. lis ont de meme un obturateur qui s'enleve tout a fait lorsque Ton opere et ils s'introduisent dans le chassis en bois par l'ouverture a la par- tie superieure dont il a 6te parle plus haut. Les portefeuilles pr£servateurs de M. Marion sont des sortes de gaines en bristol noir, renfermant un feuillet de meme carton , au- quel s'adapte la feuille sensible. On place ce portefeuille dans le chassis par la porte, en le glissant par l'ouverture superieure. Pour mettre a dexouvert la feuille sensible , on tire le portefeuille par la partie en saillie , il glisse , un arret le retient juste a l'endroit voulu, et il se replie par une brisure sur la chambre noire. Toute la manoeuvre se fait avec la plus grande facility. M. Marion doit a M. Le Gray et a ses precieux conseils un nou- veau perfeclionnement qui assure une plus parfaite impenetrability a la lumiere. La partie du portefeuille qui s'engage dans l'entaille pratiquee a la partie inferieure du chassis n'a plus la forme de queue d'aronde, e'est une simple languette recourbee a l'extremite; on la glisse dans l'entaille sans la lever. Le mouvement est simplifie au profit de plus de surete contre l'atteinte des rayons lumineux. SUR LES DIVERS AGENTS DESTRUCTEURS EN PHOTOGRAPHIE , PAR M. HARDWICH. Chlore. — Une solution aqueuse de chlore detruit l'image photo- COSMOS. Z,2'9 graphique en lui communiquant d'abord une teinte violette, si elle a 6t6 fix^e par exposition directe au soleil; et la faisant ensuite dispa raitre parsa transformation en chlorure Waned' argent. L'impression quoique invisible demeure sur le papier, et on peut la faire appa- raitre de nouveau sous forme de sulfure brun-jaunatre d'argent en l'exposant a Taction de Thydrogene sulfure. Elle redevient auss visible par la simple exposition au soleil, et prend une intensity con- siderable si Ton a d'abord etendu a la brosse une couche de nitrate d'argent. Le sulfate de fer ne produit aucun effet sur l'image invi- sible de cblorure d'argent; mais l'acide gallique ou pyrogallique rendus alcalins par la potasse la convertissent en une substance noire , comme M. Maxwell Lyte fa prouve. L'action de l'eau chlo r£e commence par les bords et les angles de l'image, comme celle des agents oxydants; les epreuvessur albumine sont les moins alt£- r6es ; viennent ensuite celles de"veloppees sur iodure d'argent. Acide chlorhy drique „ — L'acide liquide pesant 1,116, meme tres-d^pouille de chlorelibre, agit immediatement sur les demi-tons d'une ^preuve positive , et detruit les ombres fortes en quelques heures ; il reste cependant en general un peu de couleur sur les par- ties les plus sombres. Les images deVeloppees sur iodure d'argent sont les plus permanentes. Acides acetique , sulfurique, etc. Les acides de toutes sortes exercent une influence deletere sur les epreuves positives , et spe- cialement sur les demi-tons de l'image; l'effet varie suivant la force de l'acide ou les proportions d'eau dans lesquelles on le delaie. Les acides vegetaux eux-memes, comme l'acide acetique, assombrissent leurs couleurs , et d^truisent partiellement les traits delids de l'i- mage. Bichlorure de mercure. — II convertit finalement l'image en une poudre blancbe qui devient par consequent invisible , si elle etait positive ; 1'immersion dans l'ammoniaque ou Thyposulfite de soude la restaure en la ramenant a une teinte assez ressemblante a celle de l'image primitive. Un depot d'or protege grandement l'image contre Taction deletere de ce sel ; lorsqu'elle a etc" rehaussee de ton, elle resiste assez longtemps. Ammoniaque. — II rougit l'image plutot qu'il ne la detruit; les demi-tons deviennent pales etmaigres , mais ne disparaissent pas entierement. Rehaussee de ton au sel d'or, T^preuve resiste a Taction de la solution d'ammoniaque la plus concentree , comme fyii Shadbolt Tamontre r^cemment; de sorte que rien ne s'oppose a &30 COSMOS. ce qu'on se serve de l'ammoniaque comme agent fixateur apres l'emploi du bain de sel d'or. Hyposuljite de soude. — Une solution concentred d'hyposulfite de soude dissout peu a peu les impressions photographiques en ten- dant a leur communiquer du soufre et a assombrir la couleur du dessin. En general cependant il reste , apres la destruction par Thy- posulfite, une esquisse legere a peine dessine'e par du sulfure d'ar- gent. II faut conclure de ce fait que lam£thoded'exag£rer l'impres- sion des po^itifs, pour la require au ton voulu par 1' immersion dans une forte solution d'hyposulfite de soude, n'est pas sure meme avec un bain neuf. Les epreuves de'veloppe'es sur iodure d'argent r£- sistent mieux a Taction de 1'hyposulfite ; celles sur papier albumine" rdsistent moins que celles sur papier ordinaire. Cyanure de potassium. L'action dissolvante de ce sel est plus energique sur les photographies sur papier qui r^sistent beaucoup moins de quelque maniere qu'elles aient £te obtenues que les images sur collodion; l'addition d'albumine rend T^preuve plus alterable. Chaleur humide ou seche. L'action longtemps continuee de l'eau distillee bouillante fait d'abord passer au rouge les Epreuves positives; l'image devient a la longue pale etde'lie'e, comme une dpreuve trait^e par l'ammoniaque avant le rehaussement au sel d'or. Le depot d'or diminue Taction de Teau, mais ne Tannule pas. La teinte pourpre- violette communique^ par Tor est remplace'e par une teinte brun- chocolat plus permanente que toutes les autres. Les impressions d£velopp£es par Tacide gallique sur papier prepare au serum de lait ou au citrate, ne r^sistent pas plus que celles obtenues par Taction directe de la lumiere. Les impressions a Tammonio-nitrate sur pa- pier fortement sale", qui deviennent presque noires par Taction de Tor, sont celles qui reliennent le mieux leur aspect primitif, elles ne font que diminuer un peu d'^clat. Les epreuves sur albumine, celles sur papier anglais ou stranger prepare* au serum de lait, au citrate, au tartrate, ou avec Tun quelconque des corps qui rougis- sentle sel d'argent rdduit, sont en general rendues plus l^geres en couleur et passent du pourpre au brun lorsqu'on les fait bouillir dans Teau. La chaleur seche produit une action opposed a celle de Teau chaude ; elle assombrit la couleur de Timage. Si Ton expose une e"preuve sur papier ordinaire simplement fixee, mais bien d6- pouillee d'hyposulfite de soude par le lavage a Taction d'un courant d'air chaud, elle passera graduellement du rouge au brun sombre, et restera dans cet e*tat jusqu'a ce que la temperature, en s'elevant, .'COSMOS. 43! commence a faire roussir le papier ; I'image alors reprend subite- ment sa teinte rouge primitive, mais devient en meme temps plus de'lie'e et confuse. ^ Produits tie la combustion du gaz a I'eclairage. Une plaque d'argent poli suspendue dans un tube de verre a travers lequel on dinge le courant d'air chaud provenant d'un petit jet de gaz, se ternit en vingt-quatre heures et se recouvre d'une couche blanche. Les e-preuves positives exposees de la meme maniere absorbent 1 humidite et s'effacent; Taction exercCe ressemble beaucoup a une oxydation, elle est pr^cede"e d'un assombrissement general et com- mence par les bords. Les dpreuves deVeloppees sur iodure d'argent sont les moins alterees; celles sur papier albumine viennent en- suite. Decomposition de la pyroxiline. M. Fenton a presente a la derniere reunion de la Societe photographique de Londres des col- lodions negatifs qui, apres avoir ete longtemps exposes dans un lieu huraide etaient devenus pales et bruns dans les parties qui doivent apparaitre noires, vues dans la lumiere transmise. Ce changement commence invariablement sur des points isole's des bords anguieux en laissant le centre intact. En examinant avec soin les plaques amsi alters, on les voit toutes fendillees, ce qui semble indiquer que la couche de collodion a subi une decomposition, dont le rd- sultat est la mise en liberie d'oxydes d'azote corrosifs qui detrui- sent I'image. M. Hardwich, en analysant la couche alteree ou qui avait pass^ du noir au rouge brun, a trouve" qu'elle ne renfermait pas de sulfure, mais un oxyde bas, ou sous-oxyde d'argent; on lmite assez bien cette alteration en faisant agir sur les parties res- tees intactes jde I'image de l'acide nitrique ou du permanganate de potasse, ce qui confirme l'explication donnee ci-dessus. Ces faits sont interessants ; ils prouvent que les negatifs sur collodion con- tinent en eux-memes les elements de leur destruction, et qu'il faut par consequent les defendre de 1'humiditd; M. Fenton a d'ail- leurs remarque" que les negatifs vernisses place's dans les memes- circonstances ou dans la meme boite, echappaient a son action de- letere. ACADfiffllE DES SCIENCES. SEANCB DU 20 AVRIL 185G. M. Valz envoie de Marseille les elements de la derniere planete dfoouverte par M. Goldschmidt. — M. Isidore Pierre a fait une e"tude nouvelle des principes azo- tes renferm£s dans la pulpe de betterave, r^sidu de la distillation. — M. Dubrunfaut adresse une nouvelle note sur le pouvoir rota- toire du sucre mamelonne\ — M. Malgaigne demerit dans un me'moire la nouvelle operation par laquelle, dansplusieurs cas, ila gueri le paraphimosis oul'etran- glement du gland. — M. le docteur Poggioli a recueilli , dans le service de la Cha- rite\ six observations de douleurs aigues de rhumatisme gueries par le mode de traitement soumis par lui au jugement de l'Academie , et que nous avons dccrit dans le Cosmos. II demande que ses deux m£moires appuy^s de ces observations soient renvoye's a la com- mission des prix Monthyon. — M. Cochaux, l'habile constructeur de bateaux pour la naviga- tion des rivieres , croit avoir resolu le difficile probleme de la pro- pulsion avec vitesse des bateaux sous-marins. — Sir Roderick Murchison , directeur actuel de la carte geolo- gique de l'Angleterre, adresse une nouvelle livraison des etudes des terrains fossilesdes royaumes-unis. — M. le general Morin, au nom d'une commission nommde par l'Academie, et dont faisaient partie M. le general Piobert et M, Des- pretz, lit sur la machine calorigene de MM. Beaumont et Mayer un rapport severe et defavorable a l'exces, que nous discuterons quand nous aurons le texte sous les yeux. Ses conclusions sont que le nouvel appareil ne peut rendre aucun service soit a l'industrie, soit aux armees en campagne , pour la cuisson des aliments ; qu'il peut tout au plus servir, a la condition ^d'etre modifie convenablement , a determiner la quantity de chaleur nee du frottement ou le coefficient m^canique de la chaleur. M. Morin £tait si affirmatif dans ses asser- tions, il semblait les appuyer d'experiences si parfaitement con- cluantes , qu'aucun des membres presents n'a songe" meme a les r£- voquer en doute ou a les contester ; elles ont done ele" adoptees. Cet £chec acaddmique, dur comme une excommunication, ne d£- sesperera pas les deux courageux inventeurs , d'autant plus que les journaux annoncent qu'ils ont deja tire profit de leur decouverte et de leur brevet. Nous apprenons de source assez certaine que l'au- COSMOS. &33 teur d'un nouveau procede de tannage des cuirs a paye soixante mille francs le droit d'utiliser, dans son industrie, la chaleur nee du frottement. — L' Academic procede ensuite a la nomination d'un correspon- dant a la place devenue vacante, dans la section de chimie , par la mort de M. Braconnot. La section avait presente la liste suivante de candidats : Au premier rang, M.Gerhardt, professeur de chimie a la faculty des sciences de Strasbourg ; au deuxieme rang, M. Pasteur, doyen et professeur de chimie a la faculte des sciences de Lille; au troi- sieme rang, M. Bineau, professeur de chimie alafaculte des sciences deLyon; au quatrieme rang, M. Desaignes, receveur des finances a Vendome. Au premier tour de scrutin, M. Gerhardt est nomme correspon- dant par 42 voix contre 7 donnees a M. Pasteur. MM. Bineau et Desaignes ont obtenu chacun une voix. Le savant professeur de Strasbourg, erne nous avons eu l'honneur a avoir autrefois pour preparateur, est bien certainement un des chimistes les plus eminents de l'epoque actuelle , l'un de ceux qui honorent le plus la France. Son habilete pratique est tout a fait au niveau de la superiority theorique que personne ne lui conteste ; seul jusqu'ici, par sa grande et heureuse creation des types nette- ment caracteris£s , il a tendu un fil conducteur dans les souterrains obscurs du labyrinthe de la chimie organique. — M. Despretz lit une note sur des experiences faites par lui dans le but d'eclairer la question si delicate de la conductibilite" electrique. Dans deux memoires ante"rieurs , Comptes rendus, t. XXXIII , 185i, et t.XXXVIII, 1854, le savant professeur avait admis, d'apres ses experiences, que s'il passe a travers l'eau une quantite d'electri- cit6 inefficace, cette quantite est assez petite pour etre tout a fait inap- preciable aux boussoles les plus sensibles. De plus il avait prouve que le meme courant , traversant plusieurs voltametres , dont l'un est rempli d'eau pure et les autres d'eau acidulee a un degre quel- contme , degage la meme quantite" de gaz , ce qui prouvait que le pouvoir conducteur plus ou moins grand de l'eau ne modifie en rien la quantite d'electricite inefficace qui pourrait traverser les volta- metreSi M. Despretz avait deja dans les ann£es pr£c£dentes fait quelques essais avec le microscope compose et avec le microscope solaire dans l'espoir de resoudre la question en litige. Mb COSMOS. II a cru devoir re'peler receminent ses experiences ; et voici com- ment il a procede" : II a place au-dessous de l'objectif d'un microscope compost de M. Nachet, grossissant soixante-dix fois , une petite cuve circu- late pleine d'eau distillde. Dans cette cuve il a fixe deux fils de platine d'environ 1/5 de millimetre de diametre, soudes dans des tubes de verre. La longueur de la partie plong^e dans l'eau etait d'environ 1 centimetre, et la distance des bouts de 3 millimetres. On dirigeait dans cette cuve, par les fils de platine , le courant d'une petite pile de Daniel chargee avec de l'eau, et dont le vase poreux, rempli de sable mouille, occupait le milieu de chaque ele- ment. Le courant traversait la cuve et le galvanometre a. 1 500 tours de la fabrication de M. Ruhmkorff. Deux elements ont donne" une deviation permanente de 20 degree. On a observe" les fils pen- dant dix-huit minutes. On n'a pas apercu de bulles de gaz, Les deux elements et un troisieme dont on avait enleve la moitie de l'eau ont donne une deviation de 30 degres. La decomposition a commence. On a complete" le troisieme element. La deviation a ete de 50 de- gres. La decomposition a e"te manifeste aux deux fils. On a arrete l'experience. On a nettoye" les fils. On a recom- mence avec deux et avec trois elements. On a obtenu les memes resultats. Dans les experiences que M. Despretz a repetees , il y a peu de jours, il a employe un microscope solaire grossissant environ 300 fois. Ce microscope etait eclaire par la lumiere de cent elements de Bunsen, a l'aide de l'appareil de M. Duboscq. Des fils de platine , soudes comme les fils dont il a ete question, etaient dans une cuve a lames paralleles. Cette cuve renfermait de l'eau distiliee jusqu'au-dessus des fils. La distance des fils etait d'en- viron deux millimetres. La lumiere de l'arc eiectrique traversait une cuve pleine d'une dissolution d'alun , avant d'aller frapper les fils. Deux elements ont donne une deviation permanente de 15 degres. II n'y a pas eu de decomposition. Trois elements ont porte la de- viation a 45 degres et ont rendu la decomposition evidente aux deux fils. On a recommence l'experience avec deux elements , apres avoir nettoye les fils avec un fil fin de platine ; on n'a rien vu sur les fils, quoique la duree de l'experience ait ete de quinze minutes. j;_ Dans les deux experiences precedentes , les fils avaient du se COSMOS. 435 couvrir de tout le gaz qu'ils pouvaient retenir. Si l'eau avait 6t6 ddcompos^e dans la troisieme, on aurait apenju quelqne bulle. II est indispensable de laisser marcher l'expe>ience quelque temps, sans diriger la lumiere sur le microscope et sur les fils. La chaleur rayonnante n'etant pas absorbed en totality par la dissolu- tion d'alun , il en arrive encore une quantite suffisante au foyer du microscope , pour determiner le degagement de l'air contenu dans l'eau. Cet air s'attache aux fils et peut etre la source d'erreurs. On a repete" plusieurs fois les experiences pour des degres diffe- rents du galvanometre, avec des fils d'or, des fils de platine d'un dixieme de millimetre de diametre et d'un millimetre de longueur. o On a obtenu les memes resultats. M. Despretz tire de ses experiences cette consequence qu'un tres-faible couranl dune intensite exprimee par 20 degres et au- dessous, indiques par un galvanometre a 1 500 tours, qu'il a de/ini, peut traverser l'eau sans la decomposer. Cette quantite d'electricite inefficace est assez petite pour etre tout a fait inappreciable aux boussoles les plus sensibles. M. Despretz declare qu'il n'a aucune opinion pr^eoncue sur la question. II a constate que des courants tres-faibles traversent l'eau sans la decomposer. II l'a dit dans sa note; il aurait dit le contraire avec la meme indifference , s'il avait trouve le contraire. — M. Bussy, au nom de M. le docteur Remondi, de Lima, com- munique un memoire sur le guano et les oiseaux qui le deposent sur les iles de l'Ocean : M. Remondi avait ajoute a son envoi plusieurs peaux de ces oiseaux marins; M. Bussy les a soumises a l'examen de son altesse le prince Charles Bonaparte ; quelques-unes au moins sont apportees en Europe pour la premiere fois et presentent un veritable inte>et scientifique. M. Bussy en a fait don au Museum d'histoire naturelle. — M. de Verneuil presente de nouvelles etudes de M. L£mery, professeur de geologie a la faculte de Toulouse, sur les terrains jurassiques des Pyrenees. M. L£mery n'a pas seulement confirme les faits constates par MM. E!ie de Beaumont et Dufresnoy, et consignees dans la carte g^ologique de France, il a considerable- ment etendu la zone des terrains jurassiques des Pyr^n^es, et de- montre que, comme en Espagne, ils manquent de la couche de lias inferieur.* Ainsi done , complets dans les Vosges ces terrains manquent en Russie et dans le nord de la couche de lias superieur en Espagne et dans le midi de la couche de lias inferieur, ce qui prouve que leur depot a ete trouble" par quelques revoutions. VARIETES SCIENTIFIQUES. AXEMOMETROGRAPHE ELECTRIQUE , APPAREIL ENREGISTREUR DE LA DIRECTION ET DE LA VITESSE DU VENT, TAR I. SALLERON. J'ai adopts dans la construction de cet instrument quelques dis- positions peu connues encore en France et qui , employees de]a en Angleterre, y ont deja rendu de grands services. L'appareil figure^ ci-contre se compose de deux parties bien dis- tinctes : I. L'anemometre proprement dit [Jig. l)r qui doit etre pose" sur le toit ou sur une terrasse a decouvert. (Dans la figure , on a sup- prime, pour faciliter la demonstration, la cloche en zinc qui recouvre COSMOS. 437 tout le mecanisme et le garantit de la pluie et des intemperies de l'air. ) II. L'appareil enregistreur (fig. 2), qui doit inscrire sur une feuille de papier les indications de l'an6mometre. Un cable compose de 10 fils de cuivre isolds dans de la gutta-percha relie ensemble les deux appareils qui peuvent etre distants l'un de l'autre autant qu'il le faudra. I. Anemometre proprement dit. — 1° Pour obtenir d'une ma- niere precise la direction du vent, j'ai mis a profit une nouvelle dis- position qni m'a ete communiquee par M. Piazzi Smyth , le savant directeur de l'Observatoire d'Edimbourg. Voici en quoi elle consiste : Au centre du cercle A tourne un axe vertical. Cet axe entraine avec lui deux supports horizontaux aux extremity desquels sont deux collets B, B' dans lesquels tourne librement une vis tangente C qui engrene avec le cercle A dente" sur toute sa circonference. Aux extremites de la vis tangente , sont callees deux grandes roues a ailes D, D' dont les palettes, suivant la direction des rayons, sont inclinees de 45 degres sur le plan de la roue. Qu'on s'imagine ces deux roues, paralleles entreelles, placees dans un courant d'air; le vent , en soufflant sur les palettes , fera tourner les roues ; les roues entraineront la vis tangente C ; la vis tangente, engrenant avec le cercle A qui est immobile, fera tourner tout le systeme jusqu'a ce que les roues se soient placees dans une direction parallele a celle du vent; direction qui, en effet , est la seule oil le vent n'ait plus d' action sur les ailes, puisqu'alors il frappe sur le champ des pa- lettes. Faisons changer la direction du vent, les roues se mettront a tourner de nouveau et viendront d'elles-memes se replacer parallele- ment au courant d'air. Comme on le voit , ce systeme offre de grands avantages , puis- qu'il peut , si les dimensions des roues sont suffisantes , enregistrer les moindres courants d'air, de meme que les vents les plus violents, sans aucune oscillation ni mouvement contraire. La direction des roues se trouve enregistree par le moyen de l'e- lectricite, de la meme maniere a peu pres que dans le premier ane- mometre electrique de M. Du Moncel. L'axe vertical, qui tourne avec les ailes , entraine une roulette frottant sur un cercle partage" en huit segments. Ces huit segments correspondent aux huit aires de vents principales; huit fils de cuivre isoles conduisent l'electricite dans l'enregistreur. II importe de remarquer que bien que le cercle ne soit partage 438 COSMOS. qu'en huit parties, l'appareil n'en enregistre pas moins la direction dans les huit autres aires intermediates ; parce que , quand la roulette se trouve toucher deux segments a la fois , l'electiicite' en passant dans deux fils imprime une trace particuliere qui permet de reconnaitre les points intermddiaires. 2° Pour mesurer la vitesse du vent, j'ai adopts le nouveau mou- linet a ailes h^mispheriques du Dr Robinson. Cet appareil se com- pose d'un axe vertical F qui porte quatre rayons horizontaux a 1* extremity desquels sont soude'es quatre demi- spheres creuses a, a', a", «'". Chaque portion convexed'une des spheres regarde la partie concave d'un autre. Quand ce moulinet se trouve expose dans un courant d'air, le vent rencontre toujours deux demi-spheres con- vexes et deux autres concaves ; comme il a plus d'action sur les sur- faces concaves que sur les surfaces convexes , il imprime a tout le systeme un mouvement de rotation. M. Robinson a demontre' que le nombre des tours de ce moulinet est toujours proportionnel a la vitesse du vent ; en d'autres termes, que le chemin parcouru par l'axe des spheres est toujours une frac- tion constante du chemin parcouru par le vent, quelle que soit sa vi- tesse. De plus, quand dans cet anemometre les spheres ont un dia- metre suffisant et sont fixees a l'extremite de rayons assez longs pour que les frottements de l'axe soient une fraction tres-petite de Taction du vent sur les spheres, le nombre 3 represente assez exactement le rapport qui existe entre le chemin parcouru par les ailes et celui parcouru par le vent. Ainsi, en multipliant par 3 la longueur de la circonference du cercle parcouru par l'axe des demi-spheres, on trouve le chemin parcouru par le vent pour chaque tour du moulinet. Dans Finstru- ment que je de'cris , cette circonfe>ence est de lm,333, qui, multi- plie par 3, donne 4 metres pour chaque tour des ailes. L'axe F du moulinet porte une vis tangente qui engrene sur une roue dentee de 250 dents, de sorte que chaque tour complet de la roue e'quivaut a un kilometre. Un contact eMectrique fixe sur la roue et un petit ressort isole qui vient le toucher a chaque revolu- tion, envoient dans l'enregistreur le courant de la pile. II. Appareil enregistreur [Jig. 2). — II se compose essentielle- ment d'un cylindre de cuivre A, tournant sur son axe , un pendule B lui imprime un mouvement de rotation d'un tour complet en vingt- quatre heures; sur ce cylindre est enroulee une feuille de pa- pier preparee au cyano-ferrure de potassium, suivant le proce'de' que M. Pouget-Maisonneuve a pr^sente" a Tlnstitut au mois de juil- COSMOS. 439 let dernier. Cette feuille est en outre divisee en vingt-quatre parties, qui repr£sentent des heures et en lignes perpendiculaires corres- pondant aux huit vents principaux de la rose, neuf ressorts frotteurs en acier appuient sur la surface du papier. Chacun de ces ressorts est en communication avec un des fils du cable qui descend de l'a- ndmometre ; huit de ces fils communiquent aux huit segments de la direction du vent, le neuvieme au moulinet des vitesses. Le cylindre de cuivre dtant en communication avec un des poles de la pile P, tandisque le second pole est relief avec l'anemometre, il arrive que le cyano-ferrure de potassium se trouve decompose" sous le style dans lequel passe le courant et imprime sur le papier une ligne de bleu de Prusse. II arrive de meme que le style des vitesses imprime des points bleus qui correspondent chacun a un kilometre de chemin parcouru par le vent. Disons encore que quand la roulette de la direction se trouve toucher deux segments a la fois, les deux styles correspondants tra- cent chacun une ligne bleue qui represente evidemment les direc- tions intermediaries aux huit vents principaux. Ces lignes et ces points se trouvent traces sur les lignes horaires ; on en peut conclure les moments de la journee et le temps pendant lequel le vent a persevere dans la meme direction, ainsi que la vitesse avec laquelle il se mouvait. OBSERVATIONS NOUVELLES SUR l'oZONE ET SUR LE ROLE QUE JOUE CE CORPS DANS CERTAINS CHAMPIGNONS. M. Schonbein a communique" tout recemment, dans une lettre a M. Faraday, inseVee dans le Philosophical Magazine, plusieurs faits nouveaux et importants, mis en Evidence au moyen du reactif invents par lui, pour reconnaitre la presence de petites quantites d'ozone. Ce reactif consiste en une dissolution alcoolique de refine de gaiac. La moindre trace d'ozone colore cette dissolution en bleu fonce. M. Schonbein a pu reconnaitre au moyen de ce reactif tres- sensible que tous les composes oxygen^s qui cedent de leur oxygene par une temperature elev£e, contiennent de l'ozone en combinaison chimique. Le fait est que Voxygene, chasse de ces composes par la chaleur, colore la dissolution de gaiac en bleu fonce, ce que l'oxy- gene ordinaire ne fait pas. M. Schonbein croit que la faculte" qu'ont les oxydes d'or, de platine, d'argent, de mercure , ainsi que les peroxydes de manganese et de plomb, de degager de l'oxygene or- dinaire par l'application de la chaleur tient a ce que l'ozone de WO COSMOS. ces composes se trouve transforme en oxygene par l'influence de la chaleur. Les oxydes qui cedent le plus facilement leur oxygene par la chaleur sont en effet ceux qui donnent un gaz contenant le plus d'ozone. Ainsi on peut affirmer, comme fait general, que tout oxygene de*- gage d'un compose par la chaleur contient des traces d'ozone ; que la quantite de ce dernier, mele a. l'oxygene degage\ quoique toujours tres-petite, depend de la temperature a laquelle l'oxyde cede son oxygene ; enfin que cette quantite est plus grande quand on chauffe les oxydes qui cedent leur oxygene a une basse temperature. Plus recemment encore, M. Schonbein a fait des observations tres-inte- ressantes sur le role que joue, d'apres lui, l'ozone dans la colora- tion de certains champignons. On sait que la chair de certaines especes de champignons et de bolets, entre autres celle du boletus luridus , possede la propriete remarquable de changer de couleur, lorsque brisee, elle est exposed a Taction de l'atmosphere. Ainsi, le tissu interne du boletus luri- dus devient bleu aussitot qu'on casse le chapeau ou le pied de ce champignon. M. Schonbein a voulu se rendre compte dece phe*no- mene. II a trouve' que ce bolet contient un principe r^sineux incolore, tres-soluble dans l'alcool ; et il a remarque que cette dissolution se comporte, a l'e'gard de l'oxygene et de l'ozone, exactement comme le fait la dissolution alcoolique de resine de ga'iac ; ainsi tous les corps oxydants qui ontla propriete de bleuir la dissolution de ga'iac, reagissent de la meme maniere sur la dissolution du principe inco- lore du bolet ; de plus, cette derniere dissolution , de meme que la solution alcoolique de ga'iac, n' est pas modified par l'oxygene ordi- naire. Ce principe resineux, que Ton s^pare du bolet au moyen de l'al- cool, ne peut se colorer spontanement a l'air aussi longteraps qu'il se trouve separe du champignon. Mais dans le parenchyme de ce dernier, il se colore promptement en bleu par le moindre contact avec l'oxygene. Ce fait amene M. Schonbein a. conclure qu'il existe dans le tissu parenchymateux du bolet un second principe , ayant la faculte d'exalter les proprietes de l'oxygene , c'est-a-dire de transformer ce gaz en ozone. Cette conclusion est rendue plus vraisemblable par cela que M. Schonbein a decouvert dans le jus exprim6 de plusieurs champignons appartenant aux genres boletus et agaricus (et surtout de Y agaricus sanguineus) un principe organique ayant la propriete' de transformer l'oxygene ordinaire en ozone, et de former avec ce COSMOS. kki dernier une combinaison qui peut ce"der son ozone a d'autres corps oxydables. Cette substance organique ainsi priv^e de son ozone peut le re- prendre si Ton fait passer un courant d'air a travers le jus exprime dont nous venons de parler. On constate Ja presence de l'ozone dans ce liquide, en le melant avec une dissolution alcoolique de gaiac ou avec une dissolution semblable , faite avec la resine inco- lore du bolet. Si le liquide ne contient pas d'ozone, on n'a pas de coloration; si, au contraire, il renferme de l'ozone, on obtient une coloration en bleu fonce\ En resume\ la matiere organique qui se trouve dans le jus ex- prime de ces champignons, jouit de la propriete de transformer l'oxy- gene en ozone, et l'existence d'une telle substance vient a l'appui de l'opinion emise, il y a longtemps, par M. Schonbein, que Taction de l'oxygene atmospherique sur certains corps organiques, tels que le sang, etc., depend de la presence d'un corps organique capable de transformer l'oxygene en ozone, et de Tentrainer a l'^tat actif dans la circulation. Les differentes matieres organiques ont des affinites differentes pour l'ozone; ainsi, la matiere organique contenue dans le jus de Vagarious sanguineus cede son ozone a la re'sine de ga'iac, et celle-ci le cede a son tour a la resine incolore du boletus luridus. II parait aussi que ces substances perdent leur propriete de re- tenir l'ozone, si on leur applique Taction de la chaleur. Ainsi la so- lution aqueuse de la matiere contenue dans le jus de Tagaric san- guin que nous avons mentionne, dtant portee a T^bullition , perd pour toujours sa propriety oxydante, et ne bleuit plus la dissolu- tion alcoolique de ga'iac, quelque longtemps qu'on Texpose a Tair atmospherique. SOCIETY D'ENCOURAGEBIENT. MEDAILLES DE BRONZE. Cherche-fuite de M. Maccaud. — M. Maccaud remarquant que les gaz comprimes dans les tuyaux sortent avec sifflement par les fissures , fentes ou ouvertures qui traverser^ leurs parois , a appli- que cette observation a la recherche des fuites dans les conduites de gaz dans les inte>ieurs ; par ce proc<§de l'inventeur eloigne la recherche par le flambage si dangereux dans son application et met sous la main vigilante du gardien un appareil sur, certain et tou- jours pret. Jppareils uranographiques de M. Henry Robert. — M. Henry Robert , horloger de la marine imperiale , a construit pour l'usage des ecoles plusieurs instruments , aussi simples qu'ingenieux qui , approuves et recommandes par laSociete, ont 6te" d'un tres-utile secours dans un grand nombre de maisons d'education; elle a surtout remarque celui de ces appareils qui est destine a rendre compte des precessions, et qui, s'il rappelle celui de Bohnenberger, est pourtant plus complet que ce dernier , et d'une utilite plus ge- nerate pour la demonstration : aussi a-t-il 6te adopte pour 1'ensei- gnement dans plusieurs ecoles supe>ieures. Coupe ratines de M. Durand. — M. Durand , de Blecourt (Meuse) , a imaging un coupe-racines tres-simple qu'un homme ma- noeuvre facilement , et al'aide duquel il peut, par heure^ diviser 10 hectolitres de pommes de tene en tranches propres a etre don- nees au grosbetail. Cet outil, facile a construire et par consequent a Sparer, peut rendre des services aux petites exploitations agricoles , qui en uti- lisent d^ja un grand nombre. Teinture des peanx de M. Piga!le.—Les peaux imprimis que M. Pigalle a soumises a l'appreciation de la Societe, offrent des qua- lity incontestables. L'^toffe unie et veloutee est d'un effet agreabte, et , a une petite distance , imite les draps ouvrag^s de maniere a tromper la vue ; de plus, les couleurs sont assez solides pour que l'etoffe puisse etre nettoyee par les moyens dont on se sert commu- nementdans le degraissage du drap. Ces avantages rendent les peaux en question tres-propres a etre employees a l'inteneur comme tenture ; elles peuvent aussi servir a. garnir les meubles et les voitures , et meme a confectionner diverses sortes de vete- ments. Jppareils de sure te pour les chemins defer, de M. Fignieres. COSMOS. 443 — M. Vignieres a imagine une disposition tres-simple pour preser- ver les chemins de fer de toute rencontre avec d'autres trains ou avec des machines au passage des embranchements. Le principe surlequel repose son invention, consiste a £tablir entre les differents appareils, disques et aiguilles de changement de voie une solidarity telle que la manoeuvre qui livre passage a un train sur un point dangereux , soit m^caniquement impossible tant que Ton n'a pas op£re toutes celles qui sont destinees a les preserver de tout acci- dent. Cette connexion s'etablit al'aide d'un systeme averroux en- rayant ces divers appareils et commandos successivement par cha- cun d'eux , de maniere qu'ils se declanchent au fur et a mesure de leur fonctionnement , et qu'on ne peut manceuvrer le dernier qui permet le passage du train qu'autant que toutes les autres manoeu- vres destinies a le proteger ont e"te executes. Le Chemin de fer de l'Ouest, dontfait partie M. Vignieres, applique ce systeme a tous ses embranchements, et il est appele a se repandre dans l'exploita- tion de differentes Compagnies. [Medaille d argent.) Incrustations colorees de M. Tissot. — M. Tissot verrier anciennement fabricant de cristaux a Lyon, a soumis a l'examen de la Societd des colorations vitreuses obtenues au moyen de l'in- crustation. M. Tissot, a diverses epoques de sa carriere,'a rendu des services a l'art de la vitrification. Lorgnettes a pliants de Mme Margras. — M. Margras, opti- cien a Paris, adressa en 1839, a la Socie^ des lunettes jumelles auxquelles il avait applique le mecanisme connu sous le nom de zig- zag, et qui fut l'objet d'un rapport avantageux , suivi pourtant de quelques observations critiques. Depuis cette epoque, M. Margras cherchales moyens de perfec- tionner son invention, mais la mort vint le frapper avant qu'il eut pu obtenir quelque resultat satisfaisant. Sa veuve, Mme Margras, qui jusque-la n'avait pas cess^ de prendre une part active aux travauxde son mari, crut devoir les continuer, et vous avez ac- cueilli avec faveur les r^sultats de ses efforts. Aujourd'hui , Mme Margras a perfectionne son systeme de lorgnettes. Ces jumelles ont non-seulement l'avantage de conserver leur legerete", leur peu de volume et leur bon marche, mais d'offrir aussi beaucoup plus de solidite, de regularite dans leur mouvement, et plus de Constance dans le paralMisme des verres. Elevedes sangsues, M. Wilman. — L'hirudoculture ayant fait d'immenses progres dans le departement de la Gironde, la Societe, qui, parses encouragements a suscite le developpement de cette MU COSMOS. industrie, avait charge une commission quelle avait envoyee a l'exposition, de s'assurer de l'etat de la question. Cette commis- sion a visite" les marais eHablis par M. Wilman dans une vallde des Landes. Elle a reconnu que le proprietaire avait fait tous ses efforts pour rendre salubres les marais a sangsues. Assainissement des heme humides et insnlubies par MM. Morin et Peliaux. — Un rapport fait au nom de votre comite des arts <5conomiques imprime dans votre bulletin de mars 1855, apres avoir rappele l'importantconcours institue par la SocieHe de 1834 a 1843, pour les moyensde prevenir les inconvcnients de l'humidite dans les constructions ou habitations , ou de s'en preserver, a fait connaitre : 1° que M. Morin, aide de M. P^tiaux, architecte de Valenciennes, a fonde pres de cette ville une fabrique de carreaux ou plaques de terre cuite, vernissees d'un cote, ayantpour but d'elablir un isole- ment et des courants d'air a l'interieur des murs pen^tres d'humi- dite; 2° que, d'apres un rapport preliminaire a ce sujet, le conseil general des batiments civils avait dmis le desir qu'un essai fut fait dansun edifice public; 3° que l'application dont il s'agit a eu lieu daus deux batiments du quartier des abends a Bicetre, tous deux ados ses a un terre-plein d'environ 2 metres et demi de hauteur, d'ensemble 50 a 60 metres de longueur, et formant chacun une seule salle dont le mur, au droit du terre-plein, 6tait tellement pe- netre d'humidite, qu'on avait etc oblige de laisser ces salles pres- que sans usages ; 4° enfin , que, d'apres la visite qu'en a faite votre comite\ ces salles sont maintenant preservers d'humidite, servent sans cesse de reTectoires et de classes entreles repas. L'efficacite de ce moyen d'assainissement a egalement ^te re- connue par la quatorzieme classe du jury de l'Exposition uni- verselle. Magiianerie de M. Sebastien Roger. — Une magnanerie et une filature ou devidage de cocons ont ete formees aux portes de Bordeaux, a Bruges, quand l'industrie de la soie n'existait pas encore dans le d£partement de la Gironde. Une commission de la Socicte, envoyee en 1854 a l'exposition de l'industrie bordelaise, a visite l'etablissement, l'a trouve fonctionnant activement; elle a su que l'exemple donne par le directeur avait contribue et contribuait encore a developper l'industrie de la soie aux alentours. Elle a vu une culture de muriers bien entendue, qui pouvait servir de modele pour la conduite et la taille de ces arbres. VARICES, FAITS POUR SERVIR A l'iIISTOIRE DE l'eTHERIFICATION PAR M. ALVARO REYNOSO, (fin). 1° Quand on met du bioxyde de mercure et de Tether iodhy- drique dans un tube scelle a la lampe et que Ton chauffe pendant quatre heures a 260°, une reaction tres-energique a lieu. On voit a travers les parois du tube que la masse est decomposed , noircie , et contient quelques globules de mercure metallique, au fond d'un liquide tres-mobile. Al'ouverture du tube, il sefaitun grand dega- gement de gaz , suivi d'une forte explosion qui a rendu impossible l'etude de la reaction ; on a constate seulement qu'une partie de 1'iode etait devenue libre. 2° Du bioxyde de mercure, mis avec de Tether iodhydrique dans un tube sceUe" a la lampe, est maintenu pendant six heures a la temperature de 100°; le bioxyde de mercure passe a l'&at d'iodure, et en ouvrant le tube on constate la formation d'une petite quantite de gaz ol&fiant, la production d'ether hydrique avec des traces d'dther acetique , la presence d'un exces d'ether iodhydrique non decompose et tenant en dissolution un peu d'iodure de mercure. 3° M. Reynoso a abandonnd, pendant dix-sept mois , sur une table pres d'une fenetre par ou entraient facilement les rayons du soleil , un tube contenant de Tether iodhydrique et du bioxyde de mercure. Au bout de quelques jours , il a vu apparaitre de Tiodure de mercure, dont la quantite augmente de plus en plus, et qui s'est depose sur les parois du tube sous forme de beaux cristaux. En ou- vrant le tube, une assez grande quantite de gaz s'est degagee, le produit liquide etait compose d'une proportion considerable d'ether acetique et d'une petite quantite d'ether hydrique. II est evident que la formation de Tacide acetique n'a lieu qu'en vertu d'une reaction secondaire , et que le bioxyde de mercure agit d'abord sur Te'ther iodhydrique en le transformant en eHher ordi- naire. L'ether acetique proviendrait d'une oxydation de Tether hy- drique, oxydation qui ne pourrait avoir lieu qu'aux depens de Toxy- gene de Toxyde , car Toxygene de Tair contenu dans le tube se trouve en troppetite quantite pour produire cet effet. II s'ensuivrait la formation d'un oxyde inferieur ou de mercure mdtallique. II est probable qu'il y adu mercure metallique, mis en liberty qui , alors agit a son tour sur Tether iodhydrique non encore decompose, en formant, comme Ta demontre Franckland , de Tiodure de mercure, ainsi qu'un melange gazeux compose d'ethyle, d'hydrure d'ethyle et de gaz oleifiant. M6 COSMOS. FAITS POUR SERVIB A l'hISTOIRE DU PHENOMENE DE LA FLUORESCENCE. M. G. Osann a reussi tout r£cemment a preparer un liquide qui jouit a un haut degre de la propriety de la fluorescence, et qui se prepare facilement et a peu de frais. L'on sait que le noir de fumee renferme une substance resineuse qui peut en etre s£paree au moyen de l'alcool. Or, voici comment M. Osann prepare son liquide fluorescent : de l'alcool ayant une densite de 0,863, est verse" sur du noir de fum£e ordinaire, et on le laisse reposer pendant l'espace d'un jour. Au bout de ce temps Ton a obtenu un liquide brun-jaunatre qui possede la propri£te de la fluorescence. Mais, prepare" ainsi, ce liquide est trop concentre* ; il faut le diluer, et voici comment : on prend un vase en verre, qua- drangulaire et haut d'un pouce et demi, on le remplit a moitie* d'alcool ayant la densite indiqu£e ci-dessus, puis on ajoute le pre- mier liquide. On fait tomber sur ce melange un cone de lumiere au moyen d'une lentille biconvexe a court foyer. L'intensite de la cou- leur produite indiquera de suite si Ton a'atteint le degre* convenable de dilution. La lumiere fluorescente est bleu-verdatre, comme celle que Ton obtient avec l'extrait des semences d'aubepine. Elle se comporte aussi comme cette derniere par rapport a la lumiere des verres colored. Si un verre jaune brunatre est place* entre l'ccil de l'observateur et le cone de lumiere fluorescente, celle-ci n'est pres- que pas modifiee ; mais si Ton interpose la plaque de verre entre la lentille et le liquide, la lumiere fluorescente, disparait presque entierement. M. Osann a etudie' en outre les phenomenes de la fluorescence au point de vue de la lumiere eMectrique, soit celle de l'^tincelle electrique et des machines d'induction, soit celle resultant de l'in- candescence des corps a travers lesquels on fait passer un courant. II a d'abord eclaire avec la premiere lumiere les six liquides sui- vants places dans des tubes de verre et qu'on regarde a travers la surface : 1. une solution aqueuse de sulfate de quinine •, 2. une de- coction de l'&orce du marron d'Inde; 3. un extrait alcoolique des semences d'aubepine ; 4. un extrait alcoolique de la racine de tournesol; 5. un extrait alcoolique de curcuma; 6. une solution alcoolique de chlorophyle. Le rSsultat de ces experiences souvent repetees a ete* que les cinq premiers liquides sont fluorescents, mais que le sixieme ne presente pas ce pb.enomene.il paraitrait, COSMOS. hUl d'apres cela, que la lumiere electrique manque des rayons qui peu- vent produire du rouge dans la solution de chlorophyle. Pour connaitre ensuite l'effet que produirait la lumiere venant d'un fil de platine incandescent au moyen d'un courant, M. Osann ainstitui une seconde serie d'experiences avec ces memes dissolu- tions. Un fil de platine ayant une longueur d'un pouce et demi est rendu incandescent par un courant electrique. Sous ce fil chaufle au rouge blanc, on place l'une apres l'autre des capsules en porce- laine contenant les liquides que nous avons mentionne's. Les expe- riences ont £te faites dans une chambre obscure a murailles noires ; le resultat a 6te entitlement u^gatif. On les a repetees en versant les liquides dans des tubes comme ci-dessus, et en regardant par la surface a travers le liquide ; dans ces dernieres circonstances il n'y avait pas non plus de fluorescence ; le fluide n° 5 seulement a mon- tre un e'clat rougeatre; la lumiere du fil incandescent contient done quelques rayons rouges. Ce fait s'accorde avec celui observe par M. Osann en tenant des papiers colons sous le fil. MEMOIRE SUR l'oRIGINE ET LE DEVELOPPEMENT DE LA CUTICULE, PAR M. A. TRECDL. Les parties encore jeunes des plantes ligneuses et les vegetaux herbaces sont revetus d'une membrane mince a laquelle on a donne le nom de cuticule. Tantot cette cuticule repose immediatement sur les cellules superficielles, tantot elle est separee de ces cellules par une couche plus ou moins epaisse dont les caracteres anato- miques et chimiques varient suivant l'age et suivant les plantes que Ton examine. Dans la premiere partie de son travail, M. Tr£cul expose l'origine de la cuticule simple, proprement dite ; dans la deuxieme, il decrit celle des couches sous-jacentes et les modifica- tions qu'elles subissent. D'apres ce botaniste, cette cuticule ou pellicule continue, qui enveloppe tout le vegetal , est formee par le dedoublement de la paroi externe de chaque cellule superficielle. Comme ces cellules sont intimement unies a cette epoque, comme elles n'ont alors qu'une cloison simple qui les separeles unes des autres, il en resulte que la cuticule est parfaitement continue. L'auteur indique aussi, dans cette premiere partie, des cuticules constitutes par de la cel- lulose pure dans le principe ; ce que Ton n'avait pas observe' jusqu'a ce jour. Quand ce dedoublement est une fois effectue, chaque cellule se*- crfete, entre elle et la cuticule, des couches minces de cellulose qui hkS COSMOS. forment la zone plus ou moins epaisse signalee plus haut. La cellu- lose qui la compose , etant pure , bleuit au contact de la teinture aqueuse d'iode et de l'acide sulfurique. Cette zone peut rester a cet 6tat ; mais souvent, par une vegetation speciale, la partie externe perd la propriete" de bleuir ; elle jaunit ou brunit, au contraire, comme la cuticule, sous l'influence des rdactifs qui viennent d'etre signales. Dans un grand nombre de cas, cette zone externe modifiee pro- duit a sa face interne une pellicule semblable a. la cuticule primitive, en sorte que Ton a alors une veritable cuticule composee, formee de trois parties : 1° de deux pellicules minces ; 2° d'une substance plus ou moins epaisse qui les s^pare. Le phenomene vital qui donne naissance a ces cuticules composers se manifeste dans certaines plantes d'une maniere bien remarquable. Dans quelques aloes , par exemple [Aloe glauca verrucosa, subverrucosa, etc.), et peut-etre chez toutes les especes, la couche de cellulose quisepare des cellules la cuticule primitive, se dechiredans sa partie moyenne, de maniere qu'une moitie reste adherente a la cuticule et l'autre moitie aux cellules. La moitie adherente a. la cuticule continue a s'epaissir mal- gre cette separation ; elle s'accroit done en largeur et en epaisseur, a mesure que le vegetal grandit, au moyen de secretions qui lui sont propres. L'observation de ce phenomene est d'autant plus importante qu'il regne, en Allemagne principalement, une throne emise par M. Hugo Mohl, suivant laquelle les membranes v^getales ne peu- vent s'accroitre en epaisseur que par l'addition , a leur face interne, de couches nouvelles de cellulose secretes par une utricule centrale gdneratrice, dite primordiale, et qui ne contient pas de cellulose. II est bien evident que la cuticule composee de ces aloes, qui est sepa- ree des pretendues utricules primordiales par une fissure souvent large, et par la zone de cellulose qui n'a pas subi de modification , ne peut s'accroitre par l'addition de couches secret^es par ces utri- cules generatrices supposees, loin du siege desquelles elle est placee. M. TYecul a deja montre anterieurement le peu de fondement de cette theorie, en prouvant que, dans beaucoup de cellules, il se forme des couches de cette cellulose a l'exterieur de la premiere membrane tout aussi bien qu'a son interieur. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remqcet et Ge, rue Garancitre, 5. T. VIII. 2 MAI 1856. CINQUIEME ANNEE. COSMOS. HISTOIRE DE LA GRANDE LUNETTE PARALLATIQUE DE l'oBSERVATOIRE DE PARIS. Nous extrayons cette penible histoire, racontee par M. Le Verrier, du premier volume des Annates tie I ' Observatoire im- perial : « Lorsqu'il y a dix ans environ on entreprit de construire une grande lunette parallatique , on dut choisir avec soin la place du nouvel instrument. II eut et6 indispensable de lui assurer la plus grande stabilite , ainsi qu'un horizon libre de toutes parts, si la mauvaise situation de l'Observatoire et la deplorable elevation du grand batiment n'avaient , comme toujours , cree les plus grands obstacles. « En se placant au niveau du sol , le batiment eut masque une partie du ciel ; il fallait, pour echapper a cet inconvenient, se placer et s'dtablir sur le sommet meme de ledifice; mais alors on tombait sous le coup de vibrations dont l'effet est dejasi prolonge a. la surface du sol, et qui ne peuvent manquer de se trouver amplifiers au som- met de l'Observatoire. Bien que la nouvelle lunette ne soit point , des a present, inferieure a celles de 1'eHranger, il faut que, par les beaux temps, elle puisse supporter desgrossissements de quinze cents et memeexceptionnellement de deux ?nil/e his. Or, il est a craindre que les trepidations de l'instrument, renduesplus apparentes par la force optique de 1'appa.reil, ne soient un obstacle s^rieux a l'emploi de tels gros>issements. « L'emplacement de la lunette une fois decide , il eut ete conve- nable d'etudier et d'arreter la forme du pied avant d'etablir la base destinee a le supporter , et de donner ensuite a cette derniere toute 1'invariabilite desirable; resultat qui n'eut pu etre obtenu que par la construction d'une epaisse voute en pierre de taille , surplombant la tour octogonale. Cette marche n'a pas ete suivie ; avant de con- naitre la forme du pied, on a construit, pourle porter, une plaque en fonte dequatre metres de diametre, circulaire etsoutenue par des fermes ^galement en fonte etde trois metres d'elevation. Cesfermes n'aboutissent point a la circonference du plateau, mais bien a une 17 &50 COSMOS. couronne interieure de 2m40 seulement de diametre; d'ou il resulte que la partie centrale du plateau est seule soutenue et que les deux tiers de la surface de ce plateau, destine cependant a porter un poids de sept a huit mille kilogrammes, sont en porte-ii-faux. Le poids d'un homme place sur le bord de la plaque lui imprime une flexion tres- notable dont l't-ffet toutefois ne se fait guere sentir au dela du bord de la couronne interieure. « L' ensemble de ce systeme se met en vibration sous la moindre impulsion et rend meme un son musical ; c'est-u-dire qu'il se trouve dans les meilleures conditions pour conserver etpropager les vibra- tions detoute nature. Quelque esperance qu'on puisse avoir d'att£- nuer les effets de ces facheuses dispositions , l'artiste charge de la construction du pied nous a fait connaitre que, n'ayant aucune con- fiance dans la stabilite de cette base , il dtablira au centre de ses ateliers l'appareil qu'il construit, et demandera que ses qualite's , r.otamment au point de vue de la stabilite, soient parfaitement cons- tatees avant qu'il ait a rinstaller en sa place definitive. II tient a ce que, si un defaut de stabilite venait alors a se manifester, on con- nut qu'il ne devrait point etre attribue au pied , mais bien aux in- convenients de la base anterieurement preparee. « La coupole destinee a abriter l'instruinent consiste en une demi-sphere de six metres de rayon reposajjt sur un cylindre de fjaatre metres d' elevation ; d'oii il resulte que le local a interieure- ment douze metres de diametre, tandis qu'il n'a que dix metres de hauteur. Ces donnees nousseront bientot utiles. « Lh charpente de cette construction est en fer et les 377 metres carres de surface qu'elle presente sont recouverts en feuilles de cuivre. Comme elle est entierement etablie , il serait inutile d'en discuter ici les avantages et les inconv^nients presumes; il est tou- tefois a redouter que , dans les beaux jours d'ete , la temperature venant a s'elever tres-haut dans cette enceinte, il ne se produise des courants d'air qui contribueront a troubler les images et a res- treindre encore le nombre des soirees dans lesquelleson pourra tirer unbon parti de l'instrument. « Une loi du 25 mars 1851 a affecte" une somme de 90 000 fr. a l'etablissement du pied lui-meme. Par un traite , en date de 22 oc- tobre suivant , accepte par le ministre de 1'instruction publique et des cultes , la construction a ete confide a M. Brunner. Le traite reste muet sur toutes les conditions de la construction. u 11 parait done qu'aucun plan n'etait encore arrete quant a la forme et aux dispositions du pied , bien que des lors la base de ce COSMOS. Zi51 pied et la coupole fussent entitlement etablies. II existe meme en- core sur place un modele en bois dont les dispositions paraissent concorder avec celles de la base, mais dont le projet aura 6t6 aban- donne comine etant peu en harmonie avec les conditions essentielles de rinstrument lui-meme. Le pied , actuellement en voie d'execu- tion dans les ateliers de M.Brunner, presente une forme toute autre. Ses dimensions sonten telle relation avec le centre des mouvements de l'instrument, quesi nous voulions faire co'inciderce dernier point avec le centre de la coupole, ainsi qu'on en avait eu l'intention pri- mitivement, ilfaudrait placer le pied sur l'un des cote's de la plaque et de telle maniere qu'il reposerait sur un segment de cette plaque , qui n'est point soutenu et qui ne resiste que par la rigidite de la matiere; disposition impossible a admettre, lorsqu'il s'agit, nous le repetons , de porter d'une maniere invariable une masse de sept a lutit mille kilogrammes. Dans cet 4tat de choses , le pied et sa base ayant ete construits inddpendamment l'un de l'autre , et sans aucune provision de leurs relations necessaires, nous devrons nous decider a sacrifier la condition la moins importante , savoir, que le centre des mouvements soit au centre meme de la coupole et re- porter le pied versle centre de la plaque, de maniere a rapprocher le plus possible le centre de gravite de l'instrument du centre geo- metrique de cette plaque. « Nous disons le plus possible, car, chose regrettable , lorsqu'on cherche a remplir les conditions que nous venons d'enoncer, on se heurte a une autre difficulte. La lunette qu'il s'agit d'utiliser, pour le present, a ete livree comine ayant huit metres de distance focale. Or, tandis que les dimensions du pied ont ete etablies sur cette donnee, on a reconnu dernierement que la distance focale est plus longue de huit decimetres environ. Cet exces de dimension a des consequences facheuses; car, si Ton considere que, tout en rem- plissantles conditions poshes ci-dessus, il faut encore faire en sorte, d'une part , de menager a l'astronome une place suffisante pour qu'il puisse observer dans la position verticale de la lunette, et, de l'autre , que cette lunette puisse s'abattre dans une position hori- zontal sans heurter les parois de la coupole , on est inevitabiement conduit a reconnaitre : 1° que le pied actuellement construit est trop bas ; 2° qu'il est impossible d'eviter que le centre de gravite du systeme ne tombe a un demi-metre du centre ge'omeHrique de la plaque. Nonohstant cesinconv^nients, nous estimons que, dans l'etat avance de l'entreprise, il faut , avant tout, terminer l'operation et ne negliger aucun effort pour la faire reussir. NIVELLEOTENT DE L'ISTHME DE SUEZ. Nous extrayons d'une notice, redigee par M. Bourdaloue, les e^ments essentielles du parallele a etablk entre les deux nivelle- ments dfi llsthmfi de Suez, celui de 1799 et celui de 1847. Les premieres operations furent fakes par les jeunes ingdnieurs qui eurent l'honneur d'accompagner en Egypte le g£ne>al en chef [Napoleon I0r), et qui, depuis, se sont tous conquis a la tete de la science une place si haute et si legitime. Les secondes, celles de 1847, furent entreprises et exerat^es par les opurateurs les plus speciaux, sous la conduite de M. Bour- daloue. Les ingdnieurs qui firent le nivellement de 1799 dtaient sans doute des homines d'une grande habilete, mais ils ne possddaient, au moment de leurs travaux, que des instruments tres-mediocres et de plus en tres-mauvais etat. Telle dtait la penurie de leurs res- sources, qu'il. furent contraints d'employer le simple niveau d'eau, et n'avaient pour mires que des regies divisees en toises, pieds, pouces et lignes. Comme si ce n'dtait pas assez de ces graves obstacles , d autres 'difficultes venaient encore rendre plus ardue la mission des jeunes et courageux ingenieurs. L'armee franchise evacuait alors le sol africain, tie sorte qu'il leur fallait operer a quatre-vingts kilometres en arrie're des troupes, exposes aux attaques incessantes des tribus ennemies. Les operations furent faitessans aucune verification et avec une rapidite si grande qu'ils ne faisaientpas moins de seize kilometres par jour. (Voir leur journal.) Aussi, inddpendauiment des erreurs nombreuses qu'il faut attri- buer a la defectuosite des instruments, accusent-elles des rdsultats tout a fait incroyables : des terrains de culture, terrains par conse- quent inigues par le Nil, sont cotes plusieurs metres au-dessous de la mer. . . Le second nivellement, au contraire, celui de 1847 , se faisait chez un peuple devenu ami de la Fiance, avec la sympathie et la protection effective du vice-roi, qui s'etait empresse de mettre a ]# disposition de l'ing< 'uieur, chef de la brigade francaiee, deux com- panies du genie, une brigade de Bedouins du desert, quatre-vingts dromadaiu^ et cliameaux, trente-deux tentes, tous les objets ne- cessaires a de norabreux campements. Les instruments , amenes a ce point de perfection que leur a donnc" le developpement de la COSMOS. 453 science, avaient etd emportes en grand nombre pour parer a toutes les chances d'accidents. Les operateurs avaient ete choisis, avecun soin extreme, parmi les employes les plus exerce's des chemins de fer du Midi; tous opdraient par !a meme methode et de la meme maniere; ils n'accusaient sur les registres de terrain que les cotes relevees; les calculs en etaient faits ensuite au bureau central; au- cun d'eux ne pouvait connaitre le r^sultat de ses operations et etre influence en aucune maniere dans son travail. L'ingenieur en chef de la brigade franchise ne se contenta pas de faire deux operations qui, malheureusement pourle projet, demon- trerent tous deux le parfait niveau des deux mers ; mais , sur cer- tains points, les lignes furent quadruples et memes sextuples ; elles donnerent encore des resultats pareils. Une nouvelle grande ligne de verification de Suez au Oaire par la route des Indes reproduisit, a cinq centimetres pres, des resultats identiques aux premiers. Au moment du depart, afin de prevenir toute modification dans les calculs, toute alteration possible dans les registres et de parer a toutes les chances de sinistre en mer, car la saison pour le retour etait loin d'etre favorable, on fit des registres deux lots, dont Tun fut depose" au consulat de France, avec toutes les formalites d'u- sage en pared cas, et notamment apres que les registres eurent ete visds et paraphe"s page par page. De plus, les resultats totaux furent consignees dans un proces-verbal qui fut mis sous enveloppe , ca- chete , ne varietur^ et laisse en deqoot au consulat, ou il se trouve encore. Enfin, toutes ces precautions prises, la brigade franchise faisait ses derniers preparatifs de depart, deja l'ancre allait etre levee. A cet instant supreme, l'ingenieur, chef de la brigade, offrit encore a Li- nant-Bey de faire faire une sixieme verification dont lui seul, M. Li- nant, aurait la direction. Alors un des operateurs, M. Gabolde faisant taire le desir bien naturel de revoir son, pays, apres une cam- pagne si penible, eut le courage de laisser partir ses collegues. II redescendit a terre et fit cette nouvelle verification contradictoire- meut avecun ingenieurau service del'Egypte, M. Froment. Sur une ligne qui traversait le desert en allant d'une mer a une autre, une derniere verification enfin fut faite a. grands coups de niveau; sa concordance avec toutes les operations anterieures n'a pas ete complete, puisqu'elle annonce une difference de 0,n,60; mais elie assigne aux deux mers moyennes un niveau parfait. De retour en France, l'ingemeur, chef de la brigade, pensant hSU COSMOS. bien que ces resultats si simples, si naturals, si vrais, fruits de tant d 'operations faites avec le plus grand soin, allaient soulever des objections, s'empressa de les publier en donnant toutes les alti- tudes du detail des reperes , afin de rendre plus faciles les verifica- tions meme partielles. MM. Favier et de Villiers r^clamerent et pretendirent que le debat ne pouvait etre vide" que par des operations nouvelles. M. Bourdaloue alors invita I'Academie et M. Favier lui-meme a commencer cette verification , offrant d'avancer les fonds neces- saires et d'envoyer sur les lieux un de ses employes , declarant en outre renoncer au remboursement des sommes par lui avancees, s'il y avait erreur dans ses operations. Ses propositions ne furent pas acceptdes. Apres quatre annees d'hesitations et d'hypotheses di- verses, MM. Favier et de Villiers presentment a l'Academie leur rapport, qui reparait aujourd'hui dans le numero des A /males des ponts et chaussees des mois de mai et juin 1855, et semble ressus- citer, juste au moment oil les operations de la brigade franchise ont recu deja de nombreuses verifications, verifications dont on se serait bien certainement empresse" de publier les resultats , si elles eussent fait decouvrir la moindre erreur dans les travaux de 1847. De cet apercu rapide des faits , M. Bourdaloue tire les conclu- sions suivantes : « Les deux mers sont de niveau ; ,. L'etiage du Nil est quatorze metres au-dessus. « La difference qui existe entre nos travaux de 1847 et ceux de 1799 , quoique defendus par deux homines du plus haut merite, si estimes si regrettes, n'est pas seulement de quelques metres, mais bien de la hauteur d'une montagne , c'est-a-dire de vingt-deux metres. « Tous les resultats des travaux de la brigade franchise , tels qu'ils ont ete publics par nous, et tels qu'ils sont inscrits dans le proces-verbal, depose au consulat du Caire, sont de la plus com- plete exactitude. » Leur exactitude a deja ete confirmee par de nouvelles opera- tions, et nous attendons avec une entiere confiance les resultats nouveaux qui vont etre obtenus par tous les ingenieurs qui s'occu- pent de ces grands travaux europeens. • ler fevrier 1856. RAPPORT sub l'appareil generateur de la chaleur par le frottement , de mm. beaumont et mayer. PAR M. LE GENERAL MORIN. Dans l'impossibilite ou nous sommes de reproduire integralement le rapport de M. Morin, nous allons en extraire fidelement tout ce qu'il renferme d'essentiel sans y rien changer ; nous l'accom- pagnerons ensuite de quelques reflexions critiques, sans oublier un instant le respect que nous devons et que nous portons non-seule- ment a l'Academie, mais au savant general; on nous a assez dit que nous etions nous-meme en cause, que notre appreciation, si bienveillante, si enthousiaste de la nouvelle invention, n'etait pas etrangere a la condamnation qu'elle subit, pour qu'il nous soit per- mis de nous defendre gravement, loyalement, courageusement. « L'idee d'utiliser la chaleur developpee par le frottement re- monte aux temps les plus recurs, mais elle n'a eu que peu du- plications, parce qu'en general le travail mecanique qu'il faut de> velopper pour produire un frottement energique donnant lieu aune quantity de chaleur notable, est beaucoup trop considerable par rapport au r^sultat obtenu ; que la quantite de chaleur developpee est d'autant plus grande que le frottement lui-meme est plus consi- derable et que les corps s'usent davantage L' experience montre qu'en general pour produire de la chaleur par le frottement, il faut user les corps frottants d'une maniere notable, et par consequent, developper un travail moteur considerable. " MM. Beaumont et Mayer, en produisant le frottement par Temploi d'une matiere compressible, graiss^e et qui s'use peu, se sont done places dans des conditions peu favorables, mais ils ont eu sans doute pour but de ne pas deteriorer la piece principale de leur appareil, dont le remplacement serait en effet difficile, et afin d'obtenir la meme quantite de chaleur avec un frottement moindre sur chaque element, ils ont augmente leurs surfaces de contact. - Les appareils pre^entes sont de deux sortes : l'un est destine a produire de la vapeur, 1' autre a chauffer directementles liquides, et particulierement a cuire les aliments. Le premier a (§te expose dans la galerie des machines, a l'Exposition universelle, oil il a etd expe- riments de la maniere suivante : Le cone frottant etait mis en mouvement par l'intermediaire d'un dynamometre de rotation qui servait a mesurer le travail moteur defense pour produire le frot- tement ; la vapeur obtenue etait recueillie et condensee, afin d'en determiner la quantite" et la temperature. 456 COSMOS. « Voici les resultats des deux experiences : « 4 Septembre 1855. Force ddpensee en chevaux* 9,47 ; poids d'eau vaporisee a l'heure, 5k. 82; nombre de tours de l'appareil en une seconde, 2 15 ; temperature de la vapeur, 103°, 28. « 22 Oct(ibre1SS5. Force depens^e, 7,51; eau vaporised, 7,300 nomine de tours, 314,36 ; temperature de la vapeur, 113°. » Prenons pour termes de comparaison les resultats moyens des deux experiences, on trouve que le travail moteur £tant 8,50 che- vaux, la production de la vapeur serait 6k. 56 par heure... Or, une tre?-!ioiine marhine a vapeur pour la force motricede8,50chevaux ne (1 epen>erait guere moins de 17 kilos de houille par heure. Cette quar.tite de houille, dans un bon foyer, vaporiserait 136 kilo- grammes d'eau; l'appareil gemerateur n'utilise done que 6,56 : 136, un vingt-unieme environ de la chaleur developpee par le combus- tible employe pour le faire marcher... II faudrait une force motrice de 21 clievaux pour produire la vapeur correspondante a la force d'un eheval. - Les mille unites de chaleur produites par cet appareil exige- raient 2,36 clievaux de force... Or, 1 kilogramme de bois developpe 2 800 unites de chaleur dont on peut facilement utiliser la moitie" au moms I; us des chiudieres ordinaires, de sorte que pour produire 1 000 unites de chaleur a l'aide du bois, il faudrait bruler 0,714 de bois. Le stere de bois coutant 5 francs, et pesant environ 310 kilo- grammes, le kilogramme de bois ne revient dans les Vosges qua Ofr. 0142 ; les mille unite's de chaleur couteraient done 0 fr. 01, ou pour une production continue pendant douze heures Ofr. 12. Or, le moteur hydrau'ique qui, dans le pays des montagnes, fournirait la force de 2,36 clievaux pour produire mille unites de chaleur, ne saurait couter d'etablissementpour canaux, batiments, mecanisme, moins de 200 fr. par force de eheval, dont 1'interetpour entretien et usure ne peut etre calcule a moins de 10 pour 100, ce qui portela depense a 50 fr. environ par an pour 2,36 chevaux, a. 0 fr. 166 par jour, a quoi il faut ajouter au moins autant pour frais de grais- sage. « On voit done que dans les conditions exceptionneUes indi- quc.es par lcs aateurs, il n'y a pas lieu d'esperer que leur appareil pour la prodution de la vapeur puisse etre employe avec avantage, meme dans les pays de montagnes, oil l'abondance des cours d'eau pourrait fair? regarder la puissance motrice qu'ils fournissent comme sans valeur. A plus forte raison en serait-11 de meme pour des bains, des lavoirs, et pour tous les etablissements places pres COSMOS. 457 ou dans l'interieur des villes, ou la force motrice des cours d'eau acquiert une valeur de 500 a, 1 000 fr. et plus , par force de cheval. » Quant a l'emploi que MM. Beaumont et Majrer proposent de faire de leur appareil pour la cuisson des aliments, et a l'application qu'ils en indiquent pour les armies en campagne, il est encore plus illusoire que le precedent. Les experiences faites au Conservatoire des arts et metiers suffisent pour le demontrer. Elles ont montrd que la temperature s'eleve d'autant pluslentement, qu'il y a plus d'eau et que l'experienee se prolonge davantage, et qu'elle parait tendre vers une limite de 76 degrees, au dela de laquelle les pertes de cha- leur compensent l'effet du frottement. « De ces experiences faites au moyen dehuit hommes qui tour- naient avec peine le manage a la vitesse d' environ quatre tours, en une minute, et qui ont ete prolongdes la premiere pendant quatre heures trente minutes, la seconde pendant huit heures, sans que la temperature ait de^asse" 69 degres, ce qui est tout a fait insuffi- sant pour la cuisson des legumes et de la I'lande, on doit conclure que cet appareil complique", volumineux, ne saurait etre d'aucun usage aux armoes, et Ton a peine a comprendre que Ton ait serieu- sement propose" d'employer aun travail aussi pdnible et aussi pro- longe des hommes fatigues par la marche. » Voila le rapport ; en le transcrivant de notre propre main, nous l'avons vu se fondre en quelque sorte sous nos doigts, et nous allons montrer jusqu'a l'evidenee qu'il n'atteint nullement son but, qu'il est plutot une glorification qu'une condamnation de l'appareil thermogene'rateur, que la proscription est 'dans la lettre, dans les mots, dans les chiffres arranges, oui ceux-la tuent ; mais que Tap- probation est dans l'esprit, c'est-a-dire dans les faits et les nombres interpreted avec intelligence, avec justice, avec impartiality. Remarquons d'abord que M. Morin, avant d'examiner, de discu- ter et de juger la solution du probleme, ne s"est pas meme demands comment il avait £te ou comment il devait etre pose-. De quoi s'a- git-il! Nous l'avions cependant bien dit dans cet article qui a excite' la mauvaise humeur du general. II s'agit tres-simplement, mais aussi trop savamment peut-etre, de convertir la force mecanique en *tialeur, de meme que jusqu'ici on a converti la chaleur en force mecanique. Dans l'£tat de choses qui dure encore le combustible est relativement a bon marche, la puissance meanique relativement cfaere, on a done cherche par tous les moyens possibles a obtenir de la force avec du combustible, la machine a vapeur n'a pas &5S COSMOS. d' autre raison d'etre. Si le combustible devient de plus en plus rare, s'il arrive a couter trop cher, il deviendra absurde ou ruineux de demander la force mecanique au combustible ou a la chaleur ; on la demandera a l'electricite ; et si le prix de l'electricite devient lui- meme par trop exorbitant, on en reviendra a n'attendre la force mecanique que des agents naturels, des cours d'eau, duvent, etc., sauf a voirdisparaitre cette civilisation avancee ou exub^rante dont nous sommes si tiers. Voila pour le probleme qui a occupe* les esprits jusqu'ici. Enon- 90ns maintenant le probleme souleve par MM. Beaumont et Mayer, et qui sera tot ou tard le probleme a l'ordre du jour. La oil la force mecanique est relativement a bon marche, et la chaleur relati- vement chere, obtenir d'une force mecanique donn^e la plus grande quantite possible de chaleur ! N'est-ce pas la. aussi un bon et beau probleme, et s'il avait daigniS, en y reflechissant quelque peu, se dire a. lui-meme qu'ilne s'agissait pas d'autre chose , M. le general Mo- rin aurait certainement applaudi aux courageux efforts de nos pro- teges, et sollicite pour eux les remerciementsde 1' Academe, ce qu'il a tout a fait oublie. L'elatde la question bien relabli, examinons le rapport ou mieux voyons si les faits affirmed par M. Morin ne suffisent pas a prouver que la solution donnee par MM. Beaumont et Mayer du probleme de la conversion du travail en chaleur est dep tres-bonne et digne des plus grandes louanges. II nous semble evident d'abord qu'il importait au premier chef que cette conversion se fit, si cela £tait possible, sans destruction ou sans combustion de matiere ; la destruction , en effet , ou la combustion des corps frottant ou frotte est une defense de plus. Comment comprendre des lors que M. Morin ose dire que MM . Beau- mont et Mayer se sont places dans des conditions peu favorables par cela seul qu'ils se sont mis a l'abri de l'usure des corps qui frottent, qu'ils ont obtenu l'utilisation de la force mecanique et sa conversion en chaleur sans destruction? Le beau id^al de la conver- sion de la force en chaleur, n'est-il pas l'expe>ience toute recente de M. Foucault qui fait frotter son disque dans le vide , si Ton peut s'exprimer ainsi, ou dans un espace presque sans resistance ; encore M. Foucault , pour (Heindre ou convertir l'effort mecanique qu'il exerce , est-il oblige" de faire dissoudre du zinc ou de consommer de l'acide nitrique dans la pile de Bunsen Jqui rend actif son electro- aimant enrayeur ; tandis que MM. Beaumont et Mayer ont reussi a preserver presque entierement leur filasse et leur huile de la destruc- COSMOS. 459 tion, meme lorsqu'ils de*pensaientou convertissaient une force £gale, suivant M. Morin, a 9 chevaux-vapeur. Un des physiciens qui ont le mieux etuclie et compris le probleme de la transformation de la chaleuren force, M. Grove, dit dans son celebre ouvrage de la cor- relation des forces physiques , page 27, que la chaleur nee du frot- tement est grandement diminuee , qu'elle ne peut pas atteindre un chiffre considerable lorsque Ton interpose entre les corps qui frottent un corps liquide, de l'eau ou de l'huile; et cependant c'est en inter- posant de l'huile et en prenant pour frotteur un corps mou que MM. Beaumont et Mayer sont parvenus a degager une grande quantite de chaleur; parce que, meme dans ces conditions assez de- favorables pour qu'on leur en fasse un reproche, ils ont trouve le se- cret de depenser, de dissimuler, d'eteindre ou mieux de convertir en chaleur une force mecanique tres-intense. M. Morin reconnait que le 22octobre J 855 , MM. Beaumont et Mayer, sans usure sensible des corps frottant et frotte" , reduisaient en vapeur a 113 degres 7k,30 d'eau. En soi , et considere au point de vue physique, c'est un magnifique resultatque personnen'avait encore obtenu , que les physiciens n'auraient pas cru possible , qui a frappe d'admiration les Wheastone, les Brewster, les Willis, les Dove, les Magnus, lesPoggendorff , les Rennie, les Siemens, tous les savants etrangers enfin que nous en avons rendus temoins dans le Palais de l'lndustrie. Au point de vue mecanique , ce r^sultat est-il aussi insignifiant que le proclame M. Morin , n'est-il pas au contraire tout a fait ex-^ traordinaire? Examinons, faisons ce que la commision n'a pas voulu faire, quoique ce fut de son devoir, et que nous Ten eussions bierr priee en nous adressant a l'un de ses membres. La science moderne a determine au moins approximativement l'equivalent mecanique de la chaleur; on admet g^neralement avec M. Joule que la quantite de chaleur necessaire pour Clever d'urt degre la temperature d'un kilogramme d'eau, ou l'mute" de chaleur, equivaut a une force capable d'elever 427 kilogrammes a un metre* de hauteur en une seconde. Done , r^ciproquement, une force repre- sentee par 427 kilogrammes eleves a un metre en une seconde, si elle etait convertie en chaleur, eleverait d'un degre la temperature d'un kilogramme d'eau; done cette meme force, exercee pendant une heure ou 3 600 secondes, donnerait 3 600 unites de chaleur. Comme il faut 550 unites de chaleur pour reduire en vapeur un ki- logramme d'eau a 100 degres, et que 3 600 divise par 550 donne 6,5, il en resulte que la force de 427 kilogrammes, exercee pen- 460 COSMOS. dant une heure , reduirait en vapeur 6k 50 d'eau : done la force de 7,51 chevaux , representee par 563,25 kilogrammes Aleves a un metre de hauteur, exercee et depensee , devrait , theoriquement parlant , en la supposant convertie tout entiere en chaleur, vapo- riser Sk 57; M. Marin reconnait que dans IVxperience du 22 oc- tobre elle en a vaporise 7,30; done puisque le rapport de 7,30 a 8,57 est le rapport de 85 a 100, 1'efFet pratique differe tres-peu de 1'effet tbeoiique; done la machine qui a opere la conversion de la force en chaleur, dans des conditions si excellentes , est loin de meViter le blame et le dedain dont elle a ete l'objet. En d'autres termes, une force de 427 kilogrammes donnant une unite de chaleur, pour obtenir mille unites, il faudrait une force de 427 000 kilogrammes; ce nombre divise par 3 600, nombre de se- condes contenuesdans une heure, donne en nombres ronds 118; ce nouveau nombre divise par 75, nombre de kdos correspondant a un cheval-vapeur, donne 1,58; ce qui signirie (|ue, theoriquement par- lant, et en admettant l'equivalent de M. Joule, pour obtenir mille unites de chaleur, il faudrait depenser une force de 1,5 chevaux. Dans l'experience du 22 octobre, 7k,3 d'eau vaporiseeayant exige une force motrice de 7,51 chevaux, et les 7°,3 d'eau vaporises d'une maniere reguliere, correspondant a 7,3 X 550 = 3 015, il s'ensuit que les mille unites de chaleur produites par cet appareil exige- raient 7,51 : 3,015 = 1,87 chevaux ; etcommele rapport de 1,59 a 1,87 est encore le rapport de 85 a 100; cette fois encore le chiffre pratique differe tres-peu du chiffie th^orique ; et l'excellence de la machine apparait de nouveau. Au lieu de 1,87, M. Morin a trouve 2,36, parce que , par un exces de rigm'ur, il n'a pas voulu raisonner sur l'experience beaucoup plus favorable du 22 octobre, et qu'il s'est obstine a lui adjoindre l'experience du 4 septembre 1855 , faite dans des conditions tres-mauvaises , avec une vitesse de rotation beaucoup trop faible. Quoi qu'il en soit , il resulte des deux calculs qui precedent et dans lesquels nous avons pris pour base 1' expedience du 22 octobre, acceptee par M. Morin et faite par un de ses employes avec son dynamometre , que la machine thermogene de MM. Beaumont et Mayer rend dans la pratique 85 pour 100 de 1'effet theorique, ou convertit en chaleur les 85 centiemes de la chaleur renfermee en germe ou en principe dans la force niecanique quelle depense ou quelle transformer M. Morin, il est vrai, de calculs indirects que nous ne pouvons pas accepter parce qu'ils n'ont pour base que des hypotheses a COSMOS. 4Q1 pen pros gratuites, conclut que le thermo-generateur n'utilise que le vinot et unieme environ de la chaleur developpee par le combus- tible employe pour le faire marcher. Ces calcujs sont mauvais, nous le repetons, mais alors meme que force serait de les accepter, nous n'tn conclurions pas moins que le nouvel appareil serait en- core digne de fixer 1' attention. En effet, tout le monde admet que les machines a vapeur sont une bonne et belle chose, une bonne et belle solution du grand probleme de la conversion de la chaleur en force ; et cependant les meilleures machines de cc genre, j usque dans ces derniers temps, ne rendaient que le vingtieme, suivant M. Regnault meme le quarantieme de la force contenue en germe ou en principe dans le charbon qu'elles consument ; et, qu'on le remarque bien, voici bientot un siecle que Ton perfectionne la ma- chine a vapeur, tandis que la machine thermogene est encore au berceau. Nous dirons ailleurs pourquoi le calcul de M. Morin est mauvais. Au point de vue de la mecanique comme au point de vue de la physique le nouvel appareil est done vraiment remarquable; reste a suivre M. Morin Jans son application economique. Cette der- niere partie de son rapport est plus vulnerable encore, et pour la refuternous n'auronsbesoin que de quelques arguments saillants. Pour prouver qu'il ne peut pas meme utiliser les forces perdues, que fait le savant rapporteur? II s'agit, qu'on ne l'oublie pas, de produire de la chaleur avec de la force, et il nous place dans une contree ou le bois ne coute que 5 francs le stere, moins d'un cen- time et demi le kilogramme ; n'est-ce pas tout a fait etrange ! Quel est l'msense qui s'amusera a. demander de la chaleur a des machines quand le bois ne coute rien? Et cependant, dans cette hypotbese extreme, les 1 000 unites de chaleur que le bois donne pour 12 centimes, la machine, suivant M. Morin. les donnerait pour 31 centimes. La difference est considerable ; mais mettezle bois a 15 francs le store, prix de Paris, les 1 000 calories couteraient, ob- tenues du bois, 36 centimes, obtenues de la machine 34 centimes, l'avaiituge serait deja en faveur de la machine. Que sera-ce done, si, comme nous le supposions avec MM. Beaumont et Mayer, nous nous placons dans une contree sans combustible, oil le combustible soit tres-cher, ou, comme en Crimee, dans l'hiver de 1854 a 1855, larmee alliee le payait au poids de l'or, en meme temps que les forces de 140 000 homines et de 30 000 chevaux restaient inac- tives et engourdies par le froid I N'y a-t-il pas une ironie cruelle dans ces conclusions : On voit clone que dans les conditions excep- 462 COSMOS. tionnelles indiquees par les auteurs, il riy a pas lieu d'esperer que lew appareil pour la production de la vapeur puisse etre em- ploye avec avantage. Faire appeler exceptionnelles par M. Beau- mont et Mayer des contr^es oil le bois est pour rien, tandis que pour eux les contr^es exceptionnelles sont celles oil il n'y a pas de bois, est-ce bien loyal % Et cependant void quelque chose de plus incroyable encore. II ne s'agit plus d'industrie, mais bien d'alimentation des armees; ici les conditions exceptionnelles, pour nous comme pour MM. Mayer et Beaumont, 6taient une armee comme l'arme'e de Crimee dans ses quartiers d'hiver, au sein d'un pays devaste", sans forets, sans bois, sans charbon, avec des milliers d'hommes et de chevaux r£- duits a 1'inaction, assaillis par des froids intenses, par la glace, par laneige, etc.; et M. Morin nous reproche de vouloir condamner a un travail excessivement penible et prolonge, des hommes fatigues PAR LA MARCHE. II n'etait question que de convertir en potages ou en portions cbaudes, les conserves alimentaires de viande et de legumes pre- parers suivant la methode d'Appert ou de M. de Lignac, que de faire des infusions de the ou de cafe", et voici que M. Morin trans- forme ces operations si bienfaisantes et si simples , en cuisson de legumes crus, de viandes fraiches. Quant a ce resultat lamentable, nous l'avouons, des experiences du Conservatoire des arts et metiers, » huit homines ont tourne avec peine le manage a la vitesse d' environ quatre tours par minute, une premiere fois pendant 4 heures 30 minutes, une seconde fois pendant 8 heures, sans que la temperature ait depasse69 degres. » Nous repondrons par deux faits : 1° M. Morin ope>ait avec une machine detraqu^e ou en mauvais etat, en l'absence des inventeurs ; 2° le mercredi 23 avril, trois hommes travaillant deux a deux et se relayant de cinq en cinq minutes, ont eleve" sous nos yeux la temperature de trois litres d'eau a 65 degree, et transform^ en tres- bon potage une conserve de boeuf de M. de Lignac suflfisante pour le repas de huit hommes. II n'y avait presque aucun rayonnement en dehors de l'appareil, la temperature allait s' Levant sans cesse tres-regulierement, et en moins de deux heures l'eau tres-certai- nement serait arrivde a l'ebullition : nous n'aurons pas de repos, au reste, que nous n'ayons vu la force des bras de nos trois Sa- voyards convertie en eau bouillante et en vapeur. F. Moigno. SUR LES PROGRES ACCOMPLIS ET A ACCOMPLIR DANS l'aRT DE LA BOULANGERIE PAR M. LE SOBRE. Les dengues des Societes savantes des provinces, r^unies en congres, a Paris, devaient discuter les questions suivantes : Quels efforts doivent faire les societes locales pour obtenir l'in- troduction des boulangeries m^caniques, dansle but de simplifier le travail et d'obtenir le pain a bon marche? Quel est le meilleur sys- teme de boulangerie? Si nous avions ete charge de proposer la meilleure solution de ce grand probleme, nous aurions repondu sans h^siter : 1° II est abso- lument urgent que l'on amene, par tous les moyens, Fadoption de- finitive du petrin mecanique. 2° De tous les petrins micaniques proposes jusqu'ici , celui qui nous semble le mieux approprie aux besoinsde la boulangerie, c'est le petrin Rolland. 3° Au petrin me~ canique il faut absolument joindre le four aeVotherme, le four chauffe en dehors par la circulation de la flamme ou des gaz a une tempera- ture elevee. 4° Des fours aerothermes le plus avantageux et le plus efficace, celui auqueljusqu'anouvelordreil faut donner la preference, est le four a sole tournante de M. Rolland. C'est-a-dire que, fidele a nos vieilles convictions , nous pensons toujours que le systeme complet de panification realise d'abord par M. Rolland dans son humble usine de la rue Descartes , n° 8 , connu aujourd'hui dansle mcnde entier, est un grand et bienfaisant progres. Entrant plus encore dans la question, nous aurions demontre que l'avenir de la boulangerie consiste non-seulement dans Impli- cation de la mecanique a cette industrie , mais encore et surtout dans son union immediate avec la meunerie. Absent du congres, nous n'avons pas pu prendre part a la discus- sion, mais nous avons appris que la question proposee avait ete par- faitement traitee par un homme eminemment competent, M. Le Sobre, qui a soumis recemment au conseil municipal du departe- ment de la Seine un plan d'ensemble admirablement concu , d'une execution facile, qui amenerait une revolution bienheureuse dans l'approvisionnement en pain de lacapitale, en ameliorant la qualite et en abaissant les prix dans une proportion considerable. Nous nous sommes procure le discours de M. Le Sobre au congres et nous nous empressons de le publier presque integralement. F. Moigno. « 11 y a cinq ans a peine, l'etat general de la boulangerie en {,64 COSMOS. France comme ailleurs dtait vraiment deplorable. Partout le pe- trissage se faisaitavec les bras, et dans les pays oil on avait l'ha- bitude de faire la pate tres-dure, on la prdpaiait avec les pieds. Cette pratique s*6tait continuee a travers les ages depuis les temps les plus recules et les plus barbares jusqu'a nos jours. Depuis un siecle, il y avait eu de nombreuses tentatives faites en vue de modifier et d'ameliorer la fabrication du pain ; mais labou- lano-erie etait restee obstinement stationnaireet routiniere; elle avait repousse avec une energie presque sauvage toutes les ameliorations, toutes les inventions qui lui etaient proposers. Qui dit invention, innovation, dit en me me temps changement, revolution dans un etat de choses determine. Or, plus il y a de gens attaches a cet 6tat de choses, plus il y a d'interets en lutte, plus, consequemment, la resistance est vive. Dans la boulangerie, ce sont tout a la fois les ouvriers et les patrons qui ont toujours resiste a l'introduction de la m^canique dans leur profession ; les ou- vriers, parce qu'ilscraignent que la m^canique ne les supplante dans leur travail; les patrons, parce qu'en general ils sont peu eclaires, que, pour cette cause, ils sont tres-attaches a leur routine, et, en outre, parce quel'achat d'appareils perfectionnes leur serait dispen- dieux. II y a quelques annees a peine qu'une ere nouvelle a commence, par l'adoption dans quelques etablissements du petrin d'un inven- teur distingue, M. Boland. Ce petrin donnait de bons resultats, mais il exigeait une force motrice qui ne permettait pas de l'em- ployer dans les petites boulangeries. Ce fut pourtant un premier pas et un coup tres-sensible pour la routine. En 1851 on vit enfin se produire une autre invention, s'apph- quant tout a la fois au petrissage de la pate et a la cuisson du pain. L'inventeur, M. Holland, se presenta avec un systeme complet de panification. Ses deux appareils, petrin et four, d'une tres-grande simplicite, ont etd decrits dans deux Rapports remarquables, faits, 1'un a l'Academie des sciences, par M. Payen, l'autre a la Suciete d' encouragement, par M. Gaultier de Claubry. Ces deux rapports ont signale" le point de depart d'une veritable revolution dans la boulangerie. Grace aux efforts de ceux qui etaient inte>ess£s a proteger les divers systemes de panification mecanique, la question a etc seneu- sement etudiee, eluboree, et elle a pris des proportions quelle n'a- vait pas a l'origine. En effet, il ne s'est plus agi seulement de transformer les petites COSMOS. 465 boulangeries anciennes en boulangeries mecaniques ; on a examine, on a recherche quels pouvaient etre les resultats economiques de l'emploi des appareils perfectionnes dans de grands etablissements de panification. Sur ces entrefaites, est survenue la penurie des dernieres annees et la cherts des subsistances. Cela a etc un motif de plus pour qu'on se livrat avec une nouvelle ardeur a l'examen de la question. On a vu se produire des systemes et des projets de toutes sortes, dans le but de procurer une reduction sur le prix du pain. La plupart avaient pour objet d'introduire dans la fabrication du pain des melanges de substances heterogenes; les consomma- teurs ont fait promptement justice de ces manipulations. Pour moi, persuade que la solution de la question du pain a aitssi bon marche que possible etait dans la creation de grands etablisse- ments ou tout le travail de la transformation du ble en pain serait concentre et ope're a l'aide d'agents mecaniques perfectionnes, jai pouise tres-energiquement a la diffusion de cette idee ; et jai coo- pere, par la cession des brevets et la livraison des appareils Rol- land, a l'organisation de pres de deux cents etablissements de pa- nification mecanique. Enfin, j'ai voulu m'occuper specialement de quelques creations qui fussent l'expression complete de toutes mes vues sur la question. Jai forme" moi-meme a Fontainebleau une premiere usine ; puis j'ai concouru avec un homme tres-actif et ti es- intelligent, M. Delort, a en creer une seconde a Lyon, sous le titre de Manutention civile. Je ne parlerai pas autrement de l'etablisse- ment de Fontainebleau, qui attend encore, pour se completer, l'ad- jonction d'un moulin. Mais j'insisterai sur la manutention civile de Lyon, qui est vraiment digne de fixer l'attention par les interes- sants resultats economiques qu'elle a donnes. La, sur un grand terrain qui etait nu encore l'annee derniere, une magnifique usine a etd construite. Deux machines a vapeur, d'une grande puissance , mettent en mouvement douze paires de meules et quatre petrins mecaniques suffisants pour alimenter huit fours du systeme Rolland allignes dans un immense fournil. Le tra- vail est continu ; il ne s'arrete ni le jour ni la nuit; les meules pro- duisent, par jour, environ 150 quintaux de farine, ce qui donne en pain de 18 a 20 000 kilogrammes. Cette production procure le pain a 30 000 personnes au moins. Ainsi, les intermediaires sont supprimes, le travail de la mou- ture et de la panification est energiquement concentre ; le ble entre par une portede l'etablissement sort par l'autre sous forme de pain. 466 COSMOS. Le pain de premiere qualite est vendu 2 centimes, le pain demi- blanc est vendu 4 centimes, et le pain bis, dit de menage, est vendu 6 centimes par kilogramme au-dessous delataxe. Ces trois sortes de pain sont d'une qualite, d'une proprete et d'un aspect particulierement remarquables. L'organisation de l'^tablissement de Lyon fait le plus grand honneur a M. Delort, son directeur. C'est aujourd'hui la manu- tention la plus belle et la plus complete qui existe au monde. Grace a cette creation , les classes necessiteuses peuvent se procurer en ce moment, a Lyon, du pain de pur froment, de bonne 'qualite et tres-substantiel, a 35 centimes le kilogramme, c'est-a- dire a un prix qui ne depasse guere celui des amines de bonnes r£- coltes, et cela au moyen de la concentration du travail de la meunerie et de la boulangerie, par l'emploi d'agents mecaniques perfectionn^s d'une grande puissance de production, et sans aucun sacrifice pour personne. Au contraire, si le prix du pain est r^duit au profit du consom- mateur, le capital engage dans l'entreprise y trouve aussi large- ment son compte. En effet, du ler decembre dernier, epoque a la- quelle l'usine a commence" a fouctionner avec tous ses moyens, au 31 decembre, c'est-a-dire dans l'espace d'un mois, les benefices nets de l'operation, deduction faite de tous les frais g6n£raux et meme de l'interet du capital, se sont eleves all 000 fr. Ce chiffre serait vraiment incroyable si Ton ne songeait a l'e- norme quantity de pain produit par l'usine, et des economies que peut donner une fabrication perfectionnee. On d^montre en effet, par la simple comparaison entre les prix officiels du ble et du pain, que, dans la derniere pdriode de dix ans, deux cents kilogrammes de ble achetes en moyenne 70 francs, vendus sous forme de pain blanc, de pain bis et de son, ont donne" en argent 92 francs ; difference, 22 francs, ou plus de 25 pour cent ! De sorte que l'operation si simple de la transformation de 200 kilog. de ble en farine, c'est-a-dire le travail d'une paire de meules pendant trois heures, et celui d'un ouvrier boulanger pen- dant le meme espace de temps , a cout£ jusqu'ici en moyenne 22 fr. ; tandis que le travail si prodigieusement compkque de la transformation en centaines de metres de calicot d'une quantite de coton brut, pesant le meme poids de 200 kilog. ne coute que 20 fr. ! » VARIETES. SUR LES PHENOMENES PHYSIQUES ET CHIMIQUES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE, PAR M. CH. MATTECCCI. (Extrait par Vauteur pour le Cosmos.) lrc Partie. Ayant repris dernierement les experiences faites dans le temps, pour determiner avec une certaine approximation la quantite d'electricite necessaire pour developper la contraction dans les muscles d'une grenouille , M. Matteucci a eu recours a une methode semblable a celle imaginee par M. Pouillet , pour la me- sure des intervalles tres-courts de temps. II a ainsi prouve rigou- reusement qu'un courant d'une pile tres-faible (zinc, platine et eau pure), dont le passage par le nerf d'une grenouille ne se prolonge qu'un r7^-j-0 de seconde, et sufflt pour produire la contraction nor- male. La quantity de zinc qui s'oxyde dans cet intervalle et qu'on peut d'ailleurs mesurer avec exactitude est tres-petite (7 billioniemes de gramme), et on ne pourrait pas, en s'appuyant sur certaines theories qui dominent aujourd'hui dans la science , attribuer a cette action chimique l'effort musculaire ou le travail mecanique corres- pondant. M. Matteucci a done ete" amene a rechercher si un muscle vivant et en contraction donnait lieu a des ph^nomenes chimiques, analogues a ceux de la respiration gejierale. II a commence par etudier Taction des muscles en repos sur un volume donne" d'air, et puis il a re"p£te ces experiences en faisant contracter des muscles semblables, avec un courant d'electricite interrompu : il se borne a rapporter ici les conclusions principales : lre Lorsqu'on a des muscles de grenouilles recemment prepares et prives autant que possible de sang, renfermes dans un espace limite" d'air, on trouve apres un certain temps de 10 a 30 ou a 60 mi- nutes, que le volume de l'air n'a pas sensiblement change\ et qu'il y a eu de l'oxygene absorbe et de l'acide carbonique exhale dont le volume est moindre que celui de l'oxygene disparu ; dans le plus grand nombre des experiences on a trouve de l'azote exhale. La quantite" d'oxygene qui a ainsi disparu par une fonction qu'on peut appeler desormais respiration musculaire, est, pour un poids donne" de muscle , approximativement la meme que celle que MM. Regnault et Reiset ont trouvee dans la respiration des gre- nouilles entieres, ce qui prouve que la partie principale de la respi- ration revient au muscle. 2* Pendant la contraction musculaire, l'absorption de l'oxygene 468 COSMOS. et 1* exhalation de l'acide carbonique et de l'azote augmentent no- tablement. Pour donner une idee des r^sultats, on rapportera ici les nombres d'une experience qui adur£ une heure. Cinq grenouilles, qui sont requites par la preparation aux membres inferieurs et aux bassins, et qui pesaient 34^,300, out etc laissees en repos dans un volume de 85ec,195 d'air atmospheVique : elles ont absorbe lcc,075 d'oxygene reduit a 0°etOra,760,etexhaleOcc, 907 d'acide carbonique. Cinq grenouilles semblables, qui pesaient 34s, 200, et qui ont ete maiutenues en contraction dans un espace d'air de 82cc,828, pen- dant vingt minutes, ont absorbe 2CC,723 d'oxygene et exhale 2CC,508 d'acide carbonique. II resulte d'un grand nombre d'expenences concordantes entre elles, qu'un poids moyen de 34 grammes de muscles de grenouilles maintenues en contraction de 10 a 20 mi- nutes, absorbe un exces de 0s,0018 d'oxygene et exhale 0^,0022 d'acide carbonique : ces quantites represented la difference de la respiration des muscles en contraction sur celle des muscles en repos. 3e Les muscles qui ont ete pour un certain temps en contrac- tion , sont imbibes d'une quantity d'acide carbonique bien plus grande que celle qu'on trouve dans les muscles laisses en repos. 4e Les muscles de grenouilles qu'on a fait contracter le plus longtemps possible dans un recipient , dans lequel on absorbe a l'aide de la potasse l'acide carbonique exhale et qu'on laisse dans cet etat, pendant 10 a 12heures, agissent ensuite sur l'air beaucoup plus faiblement que des muscles semblables qui ont ete laisses en repos. 5e M. Matteucci a mis tous ses soins a enlever a des muscles re- cemment prepares tout l'acide carbonique dont ils sont imbibes, en les tenant pour longtemps et alternativement dans le vide et dans le gaz hydrogene ; malgre" cela, ces muscles, places ensuite dans ce dernier gaz, donnent de l'acide carbonique, qui est en plus grande quantite, en les faisant contracter ; il y a seulement une difference dans rintensite" et dans la dur^e des ph6nomenes chimiques de la respiration musculaire, qui sont beaucoup moindres danscecas qu'avec les muscles laisses a l'etat naturel. II resulte de ces expe- riences, que l'oxygene qui donne lieu immediatement a la produc- tion de l'acide carbonique pendant la contraction du muscle, n'est pas celui de l'air , et qu'il existe dans le muscle a l'etat de com- binaison. 6e Ces experiences expliquent les faits trouves d'abord par M. do Humboldt, que le jeune Liebig a verifies dernierement, sur la COSMOS. £69 relation qui existe entre I'intensite" et la duree de l'lrritabilite" mus- culaire et les gaz au milieu desquels on tient les muscles. Parmi les phenomenes remarquables de cette espece d'asphyxie muscu- laire, M. Matteucci signale la grande rapidite avec laquelle les muscles cessent de se contracter, lorsqu'on les tient dans uneespace tres-limite d'air, ce qui n'a plus lieu si Ton tient les muscles dans tin grand espace d'air ou si Ton absorbe l'acide carbonique au fur et a mesure qu'il se produit avec la potasse. M. Matteucci ajoute ici que toutes ces experiences ont ete faites en tenant les grenouillespreparees pendant uncertain temps dansune cloche renversee sur le mercure; les grenouilles enlevees, on ab- sorbe l'acide carbonique avec la potasse et on determine l'oxygene avec le phosphore ou avec l'eudiometre. D'ailleurs, on peut repeater le plus grand nombre de ces experiences dans un cours, en se bor- nant a montrer l'exhalation de l'acide carbonique avec l'eau de chaux. SUR LES VARIATIONS DE LA PESANTEUR, TAR M. PUTSECX. M- Puyseux avait pr£sente a. l'Academie , dans sa derniere seance, un memoire relatif aux variations que peuvent faire subir a la pesanteur les mouvements de rotation et de translation de la tare, la deformation que les marees occasionnent dans la partie fluide du globe, les actions, variables avec le temps et la situation du point attire, du soleil, et de la lune, etc. Bien que les effets dus a ces diverse? causes perturbatrices soient tres-faibles, il lui a paru curieux de torhercher ceux qui sont susceptibles d'etre ^nonces simplement, ou dont la verification experimental ne lui parait pas absolument impossible ; voici quelques-unes des consequences de ses formules : « Concevons qn'une lunette mobile dans le plan du meridien, et munie a son foyer d'un fil horizontal, soit dirigee vers un bain de mercure place au-dessous, de maniere que l'image du fil vue par reflexion coincide avec l'image vue directement. Si Ton repete la meivie experience avec un autre bain de mercure situe plus haut ou plus bas, la lunette devra clianger de position, attendu que la verticale n'a pas exactement la meme direction a des hauteurs differentes. Je determine le petit angle dont la lunette doit tour- ner ; il depend de la latitude et de la difference de niveau des deux bains. Eu supposant cette distance egale a 1 000 metres et l'expe- &70 COSMOS. rience faite au-dessus du sol, Tangle dont il s'agit serait d'environ 0" 17 a la latitude de 45 degr^s. Un fil homogene, suspendu librement par une extremity, ne prend pas une forme exactement rectiligne, il se confond sensible- ment avec un arc de parabole. Le parametre de cette courbe change avec la latitude, mais il est independant de la nature et de la lon- gueur du fil. Un corps solide, mobile autour d'un axe vertical, n'est pas, comme on l'admet commun^ment, dans un etat d'equilibre indiffe- rent ; il tend a s'orienter dans certaines directions qui ne changent pas avec le temps, lorsque l'axe de rotation coincide avec la verti- cale du centre de gravite. Par exemple, une girouette mobile au- tour de la verticale de son centre de gravite" et partagee par cet axe en deux parties symetriques, ne peut etre en equilibre qu'au- tant qu'elle est dirig^e dans le plan du meridien ou dans un plan perpendiculaire; l'equilibre, instable dans le premier cas, est stable dans le second ; ecart^e d'une position d'equilibre stable, la gi- rouette oscillerait de part et d'autre si les frottements inherents aux modes de suspension pouvaient etre assez attends ; mais la dur£e des oscillations, qui depasserait huit heures, montre combien est petite la force qui tend a les produire. Enfin la meme analyse donne les positions d'equilibre d'un corps mobile en tous sens autour de son centre de gravite. Elle montre, par exemple, qu'une tige suspendue par son centre de gravite tend a se placer dans le plan du meridien, de maniere a faire avec la verticale un petit angle dont la valeur est d'environ 6' a la latitude de 45 degres ; dans notre hemisphere, la partie inferieure de la tige est du cotd du nord. » Nous regrettons vivement que M. Puyseux n'ait pas etabli un parallele entre les r6sultats de la the'orie et les experiences deja faites. N'aurait-il pas trouve, par exemple, une confirmation de ses r^sultats dans la belle experience faite au Pantheon par M. Jules Guyot, sur laquelle nous essayons en vain d'appeler l'attention, et que nous allons rappeler en peu de mots? M. Guyot avait installe* a, 57 met. l'une de l'autre deux spheres en nacre de perle dont les centres coincidaient parfaitement avec deux points pris sur un fil a plomb dans un dtat complet d'immobilite ; les deux boules etaient edairees au moyen de deux lumieres qui leur communiquaient un eclat sans rayons et sans reflets ; on plagait au-dessous d'elles, sur le sol, un vase plein de mercure presentantune surface reflechissante de 18 centimet. de diametre. Alors, en regardant d'en haut, M. Guyot COSMOS. 471 voyait tres-distinctement 1'image de la sphere superieure faire saillie en totality sur l'alignement des deux spheres, dans le sens exact du midi ; il voyait de meme qu'en alignant de l'oeil la sphere superieure avec son image on apercevait la sphere inferieure au nord et dans le plan du me>idien ; il mesura le de'placement qu'il fallait faire subir a la boule superieure pour que les deux spheres et leurs images ne fissent plus qu'une seule et meme'ligne droite, et trouva ce deplacement egal a un peu plus de quatre millimetres ; dans sa maniere de voir, ce ddplacement £tait la deviation d'un fil a plomb de 57 metres, et Ton peut en d^duire sans peine Tangle que le pendule fait avec la perpendiculaire a la surface de l'eau ou du mercure tranquille. Nous serions heureux que M. Puyseux voulut bien formuler son opinion sur cette experience si remar- marquable. THEORIE MATHEMATIQUE DES LENTILLES, PAR M. BRETON (de champ). (Suite.) M.Breton (de Champ) adresse la suite de ses recherches sur la theorie mathematique des lentilles. II fait observer que si Ton adopte pour une lentilie simple employee comme objectif de cham- bre noire, les courbures indiquees par Wollaston, sa theorie fournit une distance du diaphragme qui differe a peine de celle que le c£- lebre physicien avait determined par experience. Passant ensuite aux lentilles employees comme besides, M. Breton demontre que les axes des pinceaux recus dans l'oeil sont dirigds vers le centre du globe oculaire, d'oii il resulte que les choses se passent de la meme maniere que s'il existait un diaphragme a ce point. Des lors il devient possible d'expliquer la relation qui existe entre la lon- gueur focale des verres, leur distance a ce diaphragme et leur cour- bure anterieure. Cette derniere est seule inconnue. En la tirant de la relation dont il s'agit, on trouve : 1° Quelle est toujours reelle dans le cas de la presbytie ; 2° Quelle est imaginaire dans le cas de la myopie, excepte quand la vue est excessivement courte (au-dessous de 0m, 04). Ces resultats deduits du calcul sont confirmes par l'experience. Les opticiens ont, en effet, remarque que les verres periscopiques sont moins avantageux pour les myopes que pour les presbytes. Mais, s'il est impossible th^oriquement de rdaliser, pour les per- sonnel affect^es de myopie ordinaire, les conditions de vision les plus convenables, il y a tout au moins un choix a faire entre les diverses combinaisons de courbure, afin de se rapprocher autant que possible de ces conditions. AUDEHIIE DES SCIENCES. SFANCB DTI 20 AVRIL 1856. M. Dudouits demande que ses diverses communications mathfc- matiques deviennent l'objet d'un prompt rapporL — M. Moritz adresse une etude des organes locomoteurs des animaux qui se meuvent au sein des liquides ou des fluides a£ri- formes, etude faite au double point de vue de la navigation ae>ienne et de l'anatomie. — M. Massard adresse, pour le concours des prix Monthyon, an traite de l'angine de poitrine. — M. Duchartre conclut, de ses recherches sur l'absorption de l'eau par les plantes : 1° que les feuilles possedent la propriety d'ab- sorber l'eau qui les mouille , mais que l'eau ainsi absorbee a beau- coup moins d'influence sur la vegetation que celle qui arrive par la voie des racines ; 2° que l'eau liquide absorbed par les feuilles ou les racines des plantes epiphytes ou a racines aeriennes, est le principal aliment deces. plantes, etdoit, par consequent, leur etre administnee en arrosages ou en seringages. — M. Chatin adresse une nouvelle livraison de ses Etudes d'a- natomie comparee des vegetuux, et traite cette fois des Oiaban- chees, mieux determinees, dit-il, par leur anatomie, par leurs vais- seaux disposes dans la tige en nombreux paquets sur une ligne cir- culaire , leur cercle de fibres ponctuees circonscrivant chacun des faisceaux ou ecailles, etc., etc., que par leurs caracteres morpholo- giques. — M. Ernest Baudrimont decrit un nouveau mode de prepara- tion et les prqprietds du soufre mou. — M. Darondeau, ingenieur hydrographe, a la veille de 'partir pour une mission de plusieurs mois, prie 1' Academie de lui permettre de »e faire inscrire des aujourd'hui au nombre des candidats a la place vacante au sein du Bureau des longitudes. — MM. Beaumont et Mayer, dans une lettre imprimee et adres- see a. M. le president de l'Academie, protestent avec energie contre le rapport de M. le general Morin. lis reprochent aux membres de la commission de n'avoir pas assiste" une seule fois aux experiences qu'ils ont faites en public; a deux de ses membres de n'avoir pas meme daigne ou voulu examiner l'appareil pendant toute la durtte de l'Exposition; a M. le general Morin d'avoir experimente en leur absence, et sans leur concours, avec une machine en mauvais etat, etc. M. le gdneral Piobert, en l'absence du rapporteur, pro- COSMOS. 473 teste a Bon tour avec indignation contre la lettre de MM. Beaumont st Mayer, dans laquelle il ne voit qu'une reclame industrielle, et qui ;ontient en outre , dit-il , des assertions fausses et calomnieuses. Pourquoi faut-il que les deux inventeurs ne se soient pas defendus :o«ime nous les defendons aujourd'hui ; ils compromettent evidem- nent leur cause, excellente cependant, par ces declamations aux- juelles personne ne voudra ajouter foi. — M. Gerhardt, elu membre correspondant dans la pre'c^dente >6ance, s'empresse d'adresser a l'Academie ses remerciements. — Un professeur de medecine d'Athenes reclame la priorite les observations de M. Commaille sur Taction tonique de X Atrac- ylis gummifera. — M. le Ministre des travaux publics adresse 56 exemplaires les tomes III et VII des Travaux de la commission francaise. •elatifs a l'exposition universeile de Londres. ~— M. Boucher d'Amiens envoie pour le concours des prix Honthyon son ouvrage sur les theories et les faits principaux de la mysiologie. — M. Gay, aide-naturaliste au Museum d'histoire naturelle , et jandidat a la place vacante dans la section de botanique , presente in memoire sur la distribution geographique des urticees , et les lerniers volumes de la grande histoire du Chili. — M. Perr&aux, constructeur habile d'instruments de precision, joumet au jugement de l'Academie une nouvelle machine circu- aire a diviser, et a tailler les roues d'engrenage , construite dans les conditions excellentes , et qui assurent une exactitude presque ibsolue. — M. Strauss Durckheim depose sur le bureau une tete de •oussette , poisson de la famille des squales , conservee depuis onze ins dans une dissolution de sulfate de zinc dans l'eau , la conservat- ion est si parfaite, que la tete n'a pas meme perdu son odeur de naree fraiche, rien ne sembles'opposer maintenant a. ce que sechee lie se conserve indefiniment a 1'eHat de momie. Si nous avons bien ntendu, la dissolution est formee de 40 parties de sel en poids pour 0 parties d'eau. — M.Dubrunfaut adresse un memoire fort important surrinuliti^, ur ses proprietes physiques et ehimiques, sur la possibility de la ubstituer a l'amidon dans un grand nombre d'industries, sur son xtraction, etc. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que ette meme substance a etc receniment etudiee dans le meme but ar unde nosjeunes amis, M. Phipson, doeteur es-sciences de l'u- Ulh COSMOS. niversite de Bruxelles, a l'occasion de la fondation par Sa Majeste le roi des Beiges d'un prix de 10 000 francs qui sera decerne a l'inventeur d'une substance pouvant remplacer la fecule dans les emplois industriels. Nous extrayons des aujourd'hui de la brochure de M. Phipson , imprimde au commencement de l'annee , ce qui concerne l'inuline. II compare d'abord dans le tableau suivant les propri^t^s de l'amidon et de l'inuline : AMIDOJf. INULINE. Poudre blanche, sans odeur ni saveur, Poudre blanche, inodore, insoluble insoluble daus l'alcool et daus l'eau froide. dans l'alcool, presque insoluble dans l'eau froide. L'eau bouillante le resout en un liquide L'eau bouillante la convertit en une dis- mucilagineux, d'oii le refroidissement le solution inucilagineuse, d'oii le refroidisse- precipile en grains. ment la precipite en grains. L'iode le colore en bleu. L'iode la colore en jaune. Traite par l'acide sulfurique il donne de Traitee par 1'acide sullurique elle donne la gomme et du sucre. de la gomme et du sucre. La chaleur le transforme en gomme d'a- Chaull'ee au-dessus de 100 degres elle midon. perd de l'eau et entie en fusion; apres le refroidissement elle se trouve transformee en une masse gomineuse grisatre et douce au toucher. La dissolution de l'inuline dans l'eau bouillante n'a pas tout a fait la consistance de la bouillie d'amidon; mais rien n'empechera de l'dpaissir au besoin par une matiere inerte. M. Dubrunf'aut a constate" en outre que l'inuline est dou£e d:un pouvoir rotatoire de signe contraire a celui de l'amidon ; que la cha- leur agit dans le meme sens sur les pouvoirs rotatoires des deux substances, tendant a les require a zero, a. diminuer celui qui est positif, a exalter celui qui est negatif. Le topinambour donne 3 pour 100 d'inuline; le dahlia, surtout le dahlia pourpre\ Georginea purpurea, en contient 10 pour 100; la racine du pissenlit, Leontodon Taraxacum, jusqu'a 12 pour 100 ; ces trois plantes peuvent etre partout l'objet d'une grande culture. L' extraction de l'inuline est aussi simple que celle de la fecule : on prend les tubercules de dahlia, par exemple; on les rape; on traite la pulpe par l'eau bouillante; on filtre a travers un linge; on clarifie la liqueur si elle est trouble; on 6vapore jusqu'a pellicule; apres le refroidissement on trouve l'inuline a I'etat de poudre. M. Phipson doute que l'inuline extraite des plantes que nous avons nommees soit assez abondante et a assez bas prix pour rem- placer la fecule dans les applications industrielles ; mais il est plei- COSMOS. 475 nement convaincu qu'on cultiverait avec d'immenses avantages, dans ce but, le Zea-Ma'is, ou mai's quarantain, qui acheve sa vege- tation en 40 jours, qui se conserve indefiniment sans perdre de sa valeur, et qui contient jusqu'a 77 et 80 pour 100 de fecule, sans compter la valeur des tiges et des feuilles que les vaches mangent avec avidite\ En 1850, le ma'is quarantain ne coutait a Paris et a Bruxelles que 15 a 16 francs. — M. Bobierre de Nantes envoie pour le concours de statistique un Traite du noir animal considere comme engrais, son analyse, son emploi, sa vente. — M. Lecoq adresse une nouvelle livraison des Annales de I Auvergne. — M. le marquis de Bryas adresse un exemplaire de son Ma* nuel du drainage, et prie instamment l'Academie de hater le rap- port sur son Memoire relatif a la necessite d'ameliorer la fabrication des tuyaux de drainage. — M. Becquerel lit un rapport tres-favorable sur les etudes du climat de l'Asie-Mineure de M. Tchihatchef. Le noble et savant voyageur a consacre plus de cinq annexes a l'exploration de ces con- trees, avec ses seules ressources personnelies ; il a fixe avec soin les limites des neiges perpeHuelles, les effets du deboisement, les analogies et les differences entre Trebizonde, Constantinople et Smyrne, etc., etc. — L'Academie procede au remplacement de M. Sturm dans la section de g£ome4rie : les candidats etaient, en premiere ligne, M. Bertrand; en seconde ligne, M. Hermite; en troisieme ligne, M. Serret; en quatrieme ligne ex cequo, MM. Bonnet et Puyseux. Au premier tour de scrutin M. Bertrand a 6t6 elu par 46 voix sur 54 suffrages, contre 7 donnees a M. Puyseux, et la M. Hermite. Sa nomination sera soumise a l'approbation de Sa Majeste. — M. LeVerrier met sous lesyeux de l'Academie les premieres feuilles des representations graphiques des observations magneti- ques obtenues par la photographie , les courbes sont tres-nettes, maisun peu epaisses. Cet inconvenient n'estpas grave, car l'obser- vateur , en relevant les ordonnees , ne tient compte que du trace moyen ; il est du probablement aux trepidations du sol. Le savant directeur de l'Observatoire invite ses confreres a visiter ce bel eta- blissement, dont la restauration est aujourd'hui presque complete, et a voir comment se fait photographiquement l'enregistration con- tinue de l'inclinaison et de l'intensite magnetique : de quatre a cinq heures du soir, il se tiendra a leur disposition. £76 COSMOS. — M. Chasles fait un rapport verbal tres-favorable sur la belle machine a calculer suedoise tie M. Sckeutz, soumise au jugement de l'Academie par l'interm^diaire de M. Babbage. M. Le Vetrier, tout en louant la science et l'habilete' desauteurs, croit devoir faire remarquer que les essais de la magnifique machine faits a l'Obser- vatoire imperial, n'ont pas £te complement satisfaisants; ellelaisse encore beaucoup trop a faire au calculateur. M. le baron Dupin croit qu'on aurait tort de se laisser decourager par ce premier in- succes, il ne doute pas que Ton n'arrive a perfectionner cette pre- miere machine de maniere a la rendre tres-utile dans la pratique. — M. Montague a fait l'examen microscopique de quelques ve- eloppent une huile essen- tielle qui est un poison tres-actif pour les insectes. Les cecidomyies en seraient sans doute fort incommodes. Des substances, a la fois engrais pour la terre et poisons pour les insectes, seraient aussi employees avec profit, si, au lieu de les cnfouir, on les r^pandait a la surface du sol qui a porte le ble l'annde pr^cedente, en saisissant le moment oil les cecidomyies vont sortir de terre ; ce moment est connu, c'est vers le milieu de juin. Elles trouveraient la mort a leur naissance, avant la ponte commenced. La pratique de bruler le chaumeaurait pour effetde detruireun grand nombre de cecidomyies puisque beaucoup se sont refugiees au pied des tiges ou dans la terre qui avoisine. Lorsqu'elles sont a l'etat d' insectes aiies, si on veut arriver a un rSsultat efficace, il faut se hater et devancer la ponte, plus tard ce serait frapper des etres inoffensifs. II est un moyen que les natura- listes emploient pour saisir au vol les insectes qu'ds collectionnent. lis se servent d'une gaze legere, d'un r^seauqu'ils font manoeuvrer dans l'air. Ce mode applique a la capture des cecidomyies nous pa- raitrait tres-efficace ; le moment d'operer est indique\ c'est le soir alors que les cecidomyies voltigent autour des epis. La quantite que j'ai recueillie de cette manure me prouve combien une operation de ce genre oper£e en regie serait fructueuse. Dans les terrres cultiv^es en sillons, surtout, cette manoeuvre serait des plus faciles. Si on allumait des feux le soir aupres des pieces menacees, ne viendrait-il pas s'en bruler un grand nombre a la flamme, de meme que viennent le soir se bruler les ailes aux lumieres, papillons noc- turnes, moucherons et cousins, tous insectes qui, comme les ceci- domyies, preferent voler le soir que le jourl Semer tard ou semer tot, par consequent changer l'epoquedela fleuraison, ne serait-ce pas echapper a la ponte des cecidomyies, ou au moins eviter le gros de leur arm^e d'invasion, si on n'etait pas egalement a l'abri soit de l'avant-garde, soit de l'arriere-garde? Nous avons cru a cet egard remarquer que les bles les plus avances etaient le plus attaqu^s. Dans les locality soumises a un climat tout autre que celui des environs de Paris, l'observation pourrait etre inverse et les btes tardifs etre plus completement devast^s. Tout depend de l'epoque a laquelle la masse des cecidomyies sort de terre, epoque qui peut varier suivant la temperature de chaque contree. Toujours est-d que lorsque la presence des cecidomyies est certaine dans une localite, des essais doivent etre faits dans un sens ou dans l'autre, en avangant ou en retardant les semailles. F. Moigno. PHOTOGRAPHIE. PROCEDE DE TIRAGE DES POSITIFS DE SIR W. NEWTON. Faites fondre de la gelatine prepared avec du parchemin ; ajoutez une quantity 6g&\e d'eau camphree, et laissez refroidir. Si la solu- tion est trop epaisse, etendez avec de l'eau camphree. Ajoutez Is, 3 de sucre blanc pour chaque 31 grammes; melez bien le tout a une chaleur moderee; ajoutez, pour chaque 31 grammes, 2 gouttes d'huile de girofie; remuez bien, et faites chauffer encore pendant une heure. Faites dissoudre, auseind'une bouteille, 0s,65 d'iodure de potassium dans 31 grammes d'eau camphree ; et 0s,65 de bro- mure de calcium au sein d'une autre bouteille dans la meme quan- tity d'eau ; ajoutez Is, 6 de ces deux solutions a 31 grammes du melange gdlatineux. Quand le moment d'operer sera venu, filtrez le liquide, et 6tendez-le avec une brosse des deux cot£s du papier, laissant secher un cote avant de revetir l'autre. Excitez ou sensibi- lisez le cote sec avec Is, 6 d'aceto-nitrate prepare de la maniere suivante : faites dissoudre 3s,2 de nitrate d'argent dans 31 grammes d'eau camphree, et ajoutez 2s,4 d'acide acetique cristallise' ; a une partie de cette dissolution ajoutez une partie d'eau camphree, ce qui reduira la portion du nitrate a 1,6. Apres la sensibilisation, £pongez avec du papier buvard le liquide exc^dant; exposez a la lumiere, dans le chassis a impression, pendant un temps qui varie de dix secondes a une minute ; developpez avec l'acide gallique et l'aceto-nitrate d'argent; plongez dans le bain d'hyposulfite pen- dant une heure , puis dans de l'eau alunee pendant le meme temps, et enhn dans plusieurs bains successifs d'eau pure. II y a avantage a se servir d'eau d'alun assez forte; on l'obtient en faisant dissoudre une cuilleree a soupe de poudre d'alun dans un litre et demi d'eau. ASTRONOMIE. SUR UNE ETOILE NOUVELLE PERIODIQUE TAR M. HERMANN GOLDSCIIMIDT. L' apparition d'une etoile nouvelle qui brille tout a coup dans le ...jent, reste immobile comme les autres etoiles fixes, et dispa- ioit subitement, soit en perdant peu a. peu son eclat, a tou- Jte considered comme un phenomene extraordinaire, qui met noi les astronomes. On en a de'ja observe une vingtaine; les plus celebres sont celles de 1572, de 1604, de 1670 et de 1848, M. Arago a dcrit l'histoire complete dans son Astronomic '.ire. Que sont-elles? d'ou viennent-ellest comment, apres ■ btucs longtemps invisibles, eclairent-elles tout a coup l'hori- zon de leurs .re^x souvent tres-vifs? comment s'eteignent-elles? On a propose a. cet egard bien des explications ; mais aucune n'est encore completement satisfaisante. TychodBrahe" croyait que 1'etoile "i.nte de 1572 elaitle rdsultat recent de l'agglomdration d'une portion de la m^Licre diffuse ou ndbuleuse repandue dans tout l'uni- . elle etait a ses yeux une creation nouvelle. D'autres ont i que les pivtendues dtoiles nouvelles fussent aussi anciennes que ieurs ainees; elles ne brillaient pas plus, disaient-ils, lorsqu'elles ipparues, qu'aux epoques anterieures; pour devenir visibles, ,.ntes, il a suffi qu'elles se rapprochassent beaucoup ; elles se ensuite graduellement affaiblies jusqu'a disparition totale en retournant a leur premiere place. M. Arago ne voit pas comment hypothese, qui supposerait l'etoile animee d'un mouvement 'igne, peut se concilier avec leur fixite absolue et avec la rapi- dile de raffaiblissement de leur eclat. Ainsi, par exemple , la nouvelle etoile de 1572, meme en la supposant animee de la vitesse de la lumilre, n'aurait passe, par 1'efFet de son changement de distance, d'une grandeur a la grandeur suivante qu'en six ans; elle eut em- ploye trente-six ans entiers a descendre de la premiere a. la septieme grandeur. Or, de premiere grandeur en mars 1573, elle etait des- cendue a la seconde en avril de la meme annee, et n'dtait plus que de septieme grandeur en mars 1574. II est vrai que dans sa refu- tation M. Arago suppose que la distance a la terre de l'etoile nou- velle etait de meme ordre que la distance des etoiles fixes, ou qu'elle n'avait pas de parallaxe sensible. Or, rien ne prouve qu'il en fut rdellement ainsi. Une troisieme explication consiste a doter les etoiles nouvelles comme les dtoiles periodiques de faces diversement lumineuses, et de mouvements de rotation autour de leurs centres. COSMOS. &85 M. Arago pense que cette explication n'est pas admissible, au moins pour l'etoile de 1572, qui passa du blanc au rouge, puis du rouge au blanc, ce qui suppose, dit-il, qu'il s'op^ra a sa surface deschan- gements physiques considerables, a moins toutefois que l'on ne recoure avec Herschel a l'interposition de nuages cosmiques pour expliquer ces variations de couleur. Si l'apparition et la disparition des etoiles nouvelles devaient etre attributes simplement a la condition inegale de leur surface et a leur rotation, elles seraient par la meme des 4101163 peViodiques ; elles de- vraient reparaitre apres des peri odes de temps de"termindes. Cardan, en effet, soutenait que 1'eHoile nouvelle de 1572 etait celle qui se montra aux mages. D'autres astronomes ont voulu que des dtoiles, observees en 945 et 1264, entre Cephe'e et Cassiopiode de 405 ans 70 jours, on retrouverait l'etoile tres-pres du berceau de l'homme-Dieu. Cette courte note a ete r^digee par nous ; mais tous les mate>iaux nous ont ete fournis par M. Goldschmidt, a qui doit en revenir tout l'honneur. F. Moigno. ETO IL E VARIA BLE. LesJstro/iomiscke Nachrichten n° 1 011 et n° 1 014 renferment des observations suiviesde l'etoile variable R. Tauri, decouverte par M. Hind et observed par M. Goldschmidt. M. Audemans, direc- teur de l'Observatoire de Leyde, place comme M. Goldschmidt le maximun d'eclat de cette etoile variable au 30 Janvier 1856, et lui donne pour penode 325 jours ; de sorte que le prochain maxi- mum aura lieu le 20 d^cembre 1856, l'<§clat sera alors celui d'une etoile de 8me grandeur. Voici la position de R Tauri : 1550. r 4 heures 20 min. 5 s. dal a rempli sa mission avec une ardeur et une bienveillance dignes des plus grands eloges. Quelques essais ont deja eu lieu, et ils sont aussi satisfaisants COSMOS. 489 qu'ils pouvaient l'etre avec un modele encore imparfait. Nous de- vons assister nous-meme aune nouvelle experience des queles eaux de la Seine auront baisse etnous en rendrons compte a noslecteurs. Le R. P. Basiaco demandait en outre que l'Academie voulutbien examiner si son invention ne meritait pas le grand prix triennal qu'elle est appelee a decerner. Mais ce prix, il nous semble, qui a pour but unique de promouvoir l'honneur national , ne peut etre de-- cernd par la meme qua un Francois. — M. Vicat , en son nom et au nom de son fils, fait hommage a l'Academie d'un nouvel ouvrage sur la composition et 1'emploi des mortiers silicates, aptes a resister a Taction destructive des eaux douces et meme des eaux de mer. — M. Petit , correspondant de llnstitut , adresse le calcul de la trajectoire d'un bolide , apercu le 21 decembre 1855 a Poix et a Lussan ; le fait saillant de cette note est que le bolide dtait a 108 kilometres au-dessus de la terre au moment de son apparition. — M. ledocteur Phipson envoie de Bruxelles la petite brochure sur la fecule et ses succedanes que nous avons analysee dans notre derniere livraison ; il obtient qu'elle sera renvoyee a titre de rensei- gnement a la commission chargee d' examiner le travail de M. Du- brunfaut. — M. Jules Thoron de Dax avait remarque par hasard que lors- qu'on repassait avec un fer chaud deux feuilles de papier superpo- sdes, elles s'electrisaient assez fortement , de maniere a fournir la charge d'un condensateur.. En suivant cette premiere indication , il est parvenu a construire une machine electrique en papier et a cha- leur tres-economique, et assez energique, qui peut servir a un grand nombre d' experiences. — M. Bonnet deLyon , membre correspondant, communique a l'Academie des sciences l'application qu'il a faite de concert avec M. Pomies, medecin de l'Hotel-Dieu de Lyon , du compteur a gaz a la mesure de l'air respire* ; nous publions plus bas une analyse de ce curieux et important travail que nous trouvons dans la Gazette medicate de M. Jules Gu^rin. • — M. Niepce, medecin des eaux d'Alvare, a qui TAcademie a deja. decerne une recompense pour ses recherches sur le goitre et le cr£tinisme, a longtempscherche un moyen curatif du goitre; il croit avoir pleinement r^ussi, et il met a la disposition de la section, de medecine une certaine quantite du nouvel agent therapeutique auquel il doit ses succes; il mdique en meme temps le mode d'admi- nistration du remede ou la dose, suivant le sexe et l'age du malade, &90 COSMOS. l'anciennete et les dimensions de la tumeur, etc., et demande qu'il soit proc^de" a des experiences propres a constater son efficacite\ M. Doyere adresseun exemplaire du m£moire dans lequel il vient de returner ses travaux relatifs a la conservation des bl£s. Ces travaux sont pratiques sans doute , mais ils sont avant tout scien- tifiques; les moyens proposes par lui sont une application fidele de toutes les donn£es de la science. Nous regrettons de ne pouvoir analyser des aujourd'hui ce grand et beau travail, d'autant plus que nous avons une sorte d'injustice a reparer a l'egard de M. Doyere. M. le docteur Herpin , sans le vouloir sans doute , nous a certaine- ment induit en erreur en nous faisant croire qu'il avait appele" le premier l'attention sur le point capital de l'humidite' propre des grains, tandis que cette humidity propre a 6t6 le principe ou point de depart de toutes les recherches de M. Doyere ; nous avons trouve ce fait nettement formula dans sa premiere brochure publiee plusieurs annees avant la note de M. Herpin. Au reste, le systeme de M. Doyere, ses grands silos a. paroismetalliques sont soumis en ce moment meme a des experiences ordonnees par son Excellence M. le ministre de la guerre, et M. Doyere en attend le re^ultat sans aucune inquietude. M. Trecul adresse une nouvelle note sur la cuticule des v6- geiatrx ; on verra par 1' analyse ci-jointe qu'il s'agit cette fois d'une cuticule inte>ieure , et non plus seulement d'une cuticule ext£- rieure. Ce travail a pour but de montrer qu'il existe a l'interieur de beaucoup de v£g£taux une cuticule analogue a celle qui est a l'exte- rieur. Deia, en 1840, M. Payen a dit que la cuticule penetre dans toute la profondeur des stomates. En 1842, M. Hartig pretendit que la cuticule, dans diverses plantes, penetrait plus ou moins pro- fond&nent dans les meats sous la forme de vaisseaux intercellu- laires. En 1845, M. Mohl se prononc^ contre cette opinion, mais il confirma les observations de M. Payen. II vit de plus, dans les feuilles de quelques plantes, que la cuticule, apres avoir traverse les stomates, se prolonge a la face inferieure de l'equderme sous la forme d'une membrane interrompue par les cellules du parenchyme. M. Trecul a constate" ces divers phenomenes dans un grand nom- bre de plantes. II a observe en outre des faits importants qui n'avaient pas £t£ apercus par M. Mohl. Ces faits sont : 1° qu'il est des veg^taux dans lesquels cette cuticule suWpidermique jaunis- sant sous l'infiuence de l'iode et de.l'acide sulfurique, est parfaite- inent continue; 2° que chez d'autres plantes, cette pellicule conti- COSMOS. U91 nue, visible avant l'emploi de ces r^actifs, ne se colore en jaune ou en brun que vis-a-vis les meats intercellulaires; 3° qu'ailleurs, elle jaunit ou brunit seulement dans les parties de l'e^piderme contigues a la cavite respiratoire ; quelle bleuit et se dissout sur les autres points; 4° que dans Ylris spectabilis cette cuticule interne ne jaunit meme plus dans l'interieur des stomates, oil elle reste incolore et se dissout dans l'acide sulfurique concentre; 5° que dans beaucoup d'autres cas, la cuticule, au lieu de revetir la face interne de l'epi- derme , tapisse la cavite" respiratoire, mais que la partie de cette cuticule en contact avec les cellules epidermiques qui bordent cette cavite pres du stomate, jaunit seule lorsqu'on la traite par l'iode et l'acide sulfurique, tandis que la partie qui revet les cellules du parenchyme bleuit; 6° qu'il est beaucoup de vegdtaux chez lesquels on observe dans les lacunes et dans les meats intercellulaires une membrane qui a tous les caracteres de la cuticule externe. Elle n'en diflere qu'en ce qu'elle est plus alterable par l'acide sulfurique con- centre. Elle se rapproche des cuticules externes tres-jeunes par ses proprietes chimiques. Ces faits sont autant de preuves qui viennent s'ajouter a celles que M. Trecul a donnees deja de la nature dela cuticule en general. — M. Elie de Beaumont fait hommage a, l'Academie au nom de M. Lecanu , professeur a l'Ecole de pharmacie, d'un petit traite elementairede geologie tres-bien redige', et qui peut etre tres-utile. — M. Chatin envoie un premier Memoire sur le role de l'eau dans ]a vegetation des plantes ; il resulte de ses nombreuses experiences que le pouvoir absorbant des racines souterraines est quarante fois au moins plus considerable que celui des racines aeriennes, ou que les premieres racines absorbent quarante fois plus d'eau que les secondes. — M. Durocher, professeur de geologie et de mineralogie a la faculty de Rennes, communique une suite aux memoires qu'il a pre- sented en 1849 et en 1851 sur la production artificielle des min£- raux, nous l'analyserons fidelement. — M. Balard rend compte des essais qui ont ete tenths par un chimiste de Montpellier dans le but d'enlever aux alcools de garance l'odeur empyreumatique tres-d^sagreable qu'ils emettent j il pa- rait que cette odeur tient surtout a la presence dans ces alcools dun camphre qui ne differe du camphre de Borneo que par la rota- tion en sens contraire qu'il imprime au rayon lumineux polarise. Cette presentation donne lieu a une petite discussion a laquelle MM. Biot et Pelouze prennent part, et qui a pour objet la distinc- 692 COSMOS. tion a dtablir entre les diverses sortes de camphre , le camphre du laurier et le camphre de Borneo. Ce dernier peut etre obtenu a deux e"tats differents , solide et liquide; l'analyse semblait indiquer qu'il ne differait du camphre ordinaire que par 1'addition de deux mole- cules d'hydrogene ; et, en efFet, en enlevant cet exc^dant d'hydro- gene, par un traitement convenable a l'acide nitrique, on ramene le camphre de Borneo au camphre ordinaire. — M. Le Verrier, prie par M. Goldschmidt de donner un nom a la derniere petite planete, s'est trouve, dit-il, tres-euibarrasse.Depuis quelques annees les astronomes semblent vouloir revenir aux bonnes habitudes de leurs devanciers qui aimaient a inscrire dans le ciel , pour en eterniser ie souvenir , les grands eV&iements de la terre. On a donne" le nom d'Irene a la planete d^couverte par M. Hind au moment ou toutes les nations du monde concouraient pacifiquement au sein du brillant Palais de Cristal ; on a donne" le nom de Bellone a la planete decouverte par M. Luther alors que la guerre eclatait entre les puissances occidentales et la Russie; on a appele" Lcetitia l'astre que M. Chacornac a vu presque planer sur le berceau du Prince imperial ; apparue au moment oil les plenipotentiaries de tou- tes les nations signaient le traite de paix, la planete de M. Gold- schmidt devait naturellement recevoir unnom qui rappelat cet eve"- nement memorable , M. Le Verrier, apres avoir longtemps hesite" entre Pax, Concordia, Eudya , etc., etc., s'est enfm prononce* pour Harmortia; i'harmonie des peuples est bien la paix ! — Dans l'avant-derniere seance M. Valz, directeur de l'obser- vatoire de Marseille, avait adresse les Elements circulaires provi- soires suivants d'Harmonia : Distance au soleil2,21; nceud ascendant 73°,15' ; inclinaison 4°, 8; longitude heliocentrique, YT avril, 194°, 49; mouvement moyen diurne 1037,43". M. Valz ajoutait - pour ceux qui exigent des secondes dans les elements provisoires, tandis que les degres ne sont pas meme cer- tains , je dirai avec M. Gergonne que je ne saurais me pennettre ici le luxe des secondes, et qu'on pourrait meme y trouver un peu de charlatanisme comme le pr^tendait le baron de Zach, pour les centimes de secondes. » M. Le Verrier n'a pas cru devoir lais- ser passer sans protestation cette petite boutade, que nous avions trouvee nous tres-inoffensive et tres-opportune. « M. Valz, dit-il, avait dej'a jete une premiere fois cette pierre dans le jardin des as- tronomes et dans le notre ; fidele au conseil evangelique, je lui en fis mes reproches dans une lettre_coiifidentielle, entre lui et moi; COSMOS. 493 puisqu'il retombe aujourd'hui dans la meme faute, c'est en face du monde savant qu'il doit recevoir la correction fraternelle ; et je de- mande que ma reponse soit inseVee aux comptes rendus. » M. Le Verrier demontre ensuite pourquoi dans le calcul des elements pro- visoires, il faut absolument pousser l'approximation jusqu'a la se- conde, meme dans le calcul de la longitude heliocentrique, quoi- qu'elle ne soit exacte peut-etre qua un ou plusieurs degres pres. La raison qu'il en donne, si nous l'avons bien comprise , c'est que le calcul de la longitude heliocentrique comprend trois choses, le calcul de la longitude moyenne , liquation du centre, et la reduc- tion a l'^cliptique; l'erreur que Ton commet sur le premier de ces elements se reporte sur les deux autres , mais en sens contraire, de sorte que si on n'a pas pousse" le calcul jusqu'a la seconde, rien ne prouve que la minute soit exacte, et les observations ne seraient plus representees a la minute pres. Quant a l'autorite' du baron de Zach, au mot cite par M. Valz, M. Le Verrier en oppose un autre, mais trop cruel a l'adresse de l'observatoire de Marseille pour que nous le repetions : le me"chant baron avait des mots pour tout le monde. — M. le comte de Gasparin a lu une note tres-interessante sur la culture de la garance ; nous dirons en deux mots ce dont il s'agit. On s'est apercu depuis plusieurs annees que le pouvoir colorant de la garance allait en diminuant dans une proportion considerable," de 25 au moins pour 100. Cette de^geneVescence avait certainement pour cause un appauvrissement du sol determine par la culture trop souvent repetee de la meme plante ; mais en quoi consiste cet ap- pauvrissement? Que manque-t-il au sol alors que la racine de ga- rance perd de plus en plus de sa matiere colorante, jusqu'au point de devenir une racine grise? Voila ce que M. Gasparin a voulu de- couvrir, mais sans y etre parvenu. II ne manquait au sol analyse ni air, ni oxygene, ni azote, ni eau, ni chlorures, ni sulfates, ni phos- phates, etc.; il ne lui manquait, en un mot, aucun des elements que Ton sait etre necessaires pour une bonne vegetation. II fallait des lors admettre que la coloration de la garance exige la presence de quelque principe multiple, engrais ou sel , qui demande pour sa formation un certain temps. Telle est , en substance , il nous semble, la note de M. de Gasparin ; si nous avons omis quelque chose d'essentiel, nous y reviendrons quand elle sera imprime'e. — M. Gay, candidat a la place vacante dans la section de bota- nique, lit un fragment inteVessant de l'histoire botanique du Chili, pays remarquable entre tous les autres par la richesse de sa vegeta- tion. C'est, dit-il, dans ces immenses contr^es, ou la nature appa- &94 COSMOS. rait encore ce qu'elle etait a sa sortie des mains du Createur, qu'il faut ^tudier sa puissance et ses merveilles. — M. Becquerel pere, toujours jeune, toujours actif, toujours empresse a venir en aide a ceux qui font faire des progres a sa science de predilection, dcmande la parole pour presenter une pile nouvelle inventee par M. Doat. M. Doat est un jeune et riche proprietaire d'Alby, physicien et chimiste amateur, qui a suse cr£er un charmant laboratoire et un joli cabinet de physique. II debute aujourd'hui sur le tbeatre de la science parisienne de la maniere la plus bril- lante, par la decouverte d'un nouveau gdnerateur de l'electricite^ dont l'industrie tirera tres-probablement un parti avantngeux.Cette pile est tout a fait neuve, originate, savante ; et ce qui vaut mieux encore, elle est assez puissante, et bonne. Kile ouvre, en outre, une vo;e entierement nouvelle, qui a pour point de depart la revivification des substances chimiques qui, par leurs reactions et leurs combinai- sons, ont fait naitre l'electricite recueillie et utilisee. La pile de Daniel, et beaucoup d'autres, donnent naissance a de grandes quantites de sulfate de zinc dont on ne peut tirer presque aucun parti, qu'il est impossible de rainener al'etat d'acide sulfurique et de zinc; dans le travail de la pile de Bunsen, l'acidenitrique, en outre, est ramene a. l'etat d'acide nitreux, gaz a odeur penetrante et desa- greable, deletere, que Ton n'essaierait memepas de transformer de nouveau en acide nitrique. La pile de M. Doat, au contraire, donne des iodures de mercure qui, traites par la chaleur, aidee de quelques reactions chimiques, rendent l'iodeetle mercure revivifies; de sorte, qu'en definitive, la seule defense de la pile est la depense du combustible necessaire a la revivification du mercure, de l'iode, et de la baryte caustique qui a servi d'intermediaire dans la separa- tion. La nouvelle pile a deux inconvenients : 1° le prix eMeve" d'a- chat des Elements et des substances qui doivent la rendre active; 2° l'emploi peu agr6"able du mercure, difficile a manier a. cause de sa mobility, de l'iode et de l'iodure de potassium, qui tachent et colo- rent enjaune toutes les matieres animates ; mais ces inconvenients sont compenses et largement, nous le croyons, 1° par la possibility de revivifier les matieres premieres, cequi reduit lad^pense journa- liere a quelques kilogrammes de charbon ; 2° par une Constance ou une 6"galite d'action qu'aucune autre pile ne possede au meme de- gre, et qui est la qualite la plus essentielle des piles industrielles; 3° par la possibilite de faire varier a volont^ , pendant la marche, Tintensite- du courant, par une simple inclinaison des auges, sans en- lever de liquide ou sans diminuer le nombre des elements ; etc., etc. COSMOS. 495 En resume, M. Doat a eu la main heureuse, et il a droit a nos felicitations sinceres ; les noms des inventeurs de piles sont tous des noms celebres ; c'est ainsi que nous avons les piles de Volta, de Wollaston, de Wheatstone, de Smee, de Daniel, de Bunsen, de Munch, de Faraday; nous aurons desormais la pile Doat; aucunes recherches , aucune experience ne pouvait , en moins de temps , rendre son nom populaire et immortel. Nous donnons plus bas la description technique de la nouvelle pile. — Son Altesse le prince Charles Bonaparte craint qu'on n'ait pas rendu assez fidelement une communication verbale qu'il avait faite dans une des seances de la reunion de l'Association pour l'avance- ment des sciences, a Glascow, en septembre dernier. II s'agissait de la zoologie de l'Afrique occidentale; or, il se rappelle fort bien qu'il a rendu hommage au zele et aux observations des missionnaires qui ont tour a tour evangelise ces contrees; qu'il a cite? plusieurs fois avec eloges les noms de MM. Temminck et de Pucheran , etc. ; qu'il a esquisse a grands traits les genres et especes des vertebres et des invertebres propres de ces contrees ; qu'il a signale entre autres l'existence de deux viperes nouvelles', dont l'une n'avait encore ete decrite que par lui, etc. Apres cette rectification faite en termes tres-moderes , le prince annonce que dans une nouvelle classification d'animaux provenant de l'Afrique occidentale, il a cru devoir constituer un nouveau genre auquel il donne le nom de Moquinus, en l'honneur de M. Moquin-Tandon, membre de l'Aca- demie, botanisteeminemment habile, et en meme temps zoologiste tres-distingue. — M. Germain de Saint-Pierre litun me'moire plein d'interet sur le d^veloppement des bulbes de plusieurs liliacees. Quelques-unsde cesbulbes restent a la surface du sol , d'autres s'enfoncent plus ou moins profonddment ; les uns demeurent immobiles, les autres mon- tent ou descendent incessamment , d'une maniere continue, ou alternativement. Ce sont ces anomalies de vegetation et ces mouve- ments que l'habile botaniste cherche aexpliquer, par une etude attentive, et qui n'avait pas encore ete faite, du developpement des bulbes ; c'est toujours un changement de forme qui determine les particularites dont il vient d'etre question. M. Germain de Saint-Pierre fait aussi hommage a l'Acad^mie d'une nouvelle livraison de ses archives debiologie vegetale. VARICES. NOUVELLE PILE GALVANIQUE, DE M. VICTOR DOAT. Description de la pile. — Le mercure metallique remplace comme element positif le zinc des piles ordinaires. h'iodure de potassium en solution saturee remplace l'eau acidu- lee parl'acide sulfurique. h'iode, dissous dans l'iodure de potassium, remplace l'acide nitri- que ou le sulfate de cuivre des piles a deux liquides. II sert a maintenir la Constance pendant plusieurs jours, quelle que soit l'e- nergie de Taction du courant. Le charbon est employe" comme element negatif. Une auge carree, en verre ou en gutta-percha, renferme le mer- cure et l'iodure de potassium. Le charbon et l'iode dissous dans l'io- dure alcalin sont renfermes dans un vase poreux , £galement de forme carree, lequel est immerge dans le liquide de l'auge , a deux centimetres, au-dessus de la surface du mercure. L'iodure de potas- sium, quand le circuit est ferine, attaque le mercure avec une grande energie, forme du proto-iodure, qui, en presence de l'iodure alcalin, abandonne la moitie du mercure a l'etat metallique, et se change en periodure. Ce dernier sel, une des substances qui attaquent le plus vivement le mercure metallique, vient ajouter son action a celle de l'iodure de potassium. La quantite d' electricity produite par ces deux actions reunies est abondante; si Ton fait passer le courant galvanique a travers un fil de grosseur convenable enroule" autour d'un electro-aimant, on souleve avec un seul couple presque egal a celui que Ton souleve- rait avec un couple Bunsen place dans les memes conditions. Son action est encore comparable a celle de la pile de Bunsen, quand on plonge les deux poles dans une dissolution saline pour obtenir des depots metalliques. Cette pile s'installe dans une bibliotheque sur des planches mobiles qu'une tringle en fer r£unit ; a Taide d'une vis de rappel, on incline les auges a volonte, de sorte qn'on peut regler imm£- diatement, et suivant lebesoin, la quantite d'electricite, en faisant varier le niveau du mercure, et par suite l'dtendue de sa surface en contact avec le liquide iod£. La nouvelle pile une fois mont^e nVplus besoin d'aucun soin ; quand le liquide est sature\ on le soutire avec un syphon en verre, et on le soumet a la revivification. De la revivification des elements de la pile. — L'iodure de potassium se revivifie en chauffant legerement le liquide prove- COSMOS. 497 nant des auges, dans une capsule surmontee d'une cloche ; sous 1'influence de la chaleur le periodure de mercure, qui est tres-vo- latil, se separe et va se condenser au sommet de la cloche; l'io- dure de potassium reste pur dans la capsule. Le mercure se revivifie successivement de la maniere suivante : L'iodure de potassium en agissant sur le mercure , le change d'abord en proto-iodure ; le proto-iodure, en presence de l'iodure alcalin, abandonnela moitie- du mercure a l'6tat metallique, et passe a l'dtat de periodure. Ce periodure attaque a son tour le metal, le change en proto-iodure, et cede lui-meme son exces d'iode. Ces deux nouveaux proto-iodures, enfin, abandonnent a leur tour la moi- tie du mercure pour repasser a l'£tat de periodure, et ainsi de suite. II reste en definitive du periodure de mercure dont il faut retirer le mercure chimiquement de la maniere suivante : On traite le periodure par la baryte caustique ; il se forme de l'oxyde de mercure et de l'iodure de baryum ; par une faible chaleur, l'oxyde de mercure abandonne l'oxygene, et laisse du mercure me- tallique pur, qu'on recueille dans un appareil convenable. Li'iode se revivifie en chauffant l'iodure de baryum dans un ap- pareil surmonte d'une cloche : l'iode se volatise et va cristalliser au sommet dela cloche. La revivification des elements qui s'alterent par Taction de la pile sefait si rapidement et a si peu de frais, que la production de r&ectricite" peut s'operer ainsi avec abondance et avec la plus grande Economic L'appareil qui a fonctionne" sous les yeux des membres de l'Aca- demie des sciences, sortait des ateliers de MM. Fabre et Kune- mann. APPLICATION DU COMPTEUR A GAZ A LA MESURE DE l'aIR RESPIRE. On sait que toutes les Compagnies d'^clairage au gaz emploient un instrument designe sous le nom de compteur, qui permet, a l'aide d'aiguilles marchant sur des cadrans, de reconnaitre, par une in- spection rapide, quelle est la quantite de gaz qui traverse un tuyau. Independamment de ces compteurs destines a l'usage ordinaire, et mesurant les litres, les decalitres et les hectolitres, etc., il en est qui ont un cadran sur lequel on peut reconnaitre jusqu'au passage d'un soixantieme de litre d'air. Ces compteurs , dits a experiences, sont ceux que MM. Bonnet et Pommies ont eu l'id£e d'appliquer aux Etudes physiologiques et medicales. Z,98 COSMOS. Un compteur de ce genre, convenablement rempli d'eau, et muni d'un tube avec une embouchure , permet de reconnaitre en un in- stant la quantity d'air que Ton y fait p^neHrer par une serie d'inspi- rations, quelque faibles qu'elles soient. Pendant qu'on souffle dans le tube, les aiguilles marchent simultani^ment sur le cadran qui marque les litres et sur celui qui indique les soixantiemes de litre; elles s'arretent , des que cesse l'impulsion , et permettent de juger immediatement de la quantite d'air qui est sortie de la poitrine. C'est en se servant du compteur a gaz pour mesurer l'air dnergi- quement expire apres une ampliation du thorax aussi complete que possible, qu'on peut le mieux reconnaitre quelle est la difference que presentent, sous le rapport de la capacite pulmonaire, des indi- vidus bien portants, de taille et d'age varies; c'est par la meme mdthode qu'on peut le mieux apprecier les changements que la ma- ladie entraine dans l'amplitude de la poitrine. Dans les applications que M. Bonnet a faites du compteur a gaz a l'homme sain, il a ete conduit a reconnaitre la justessedes obser- vations d'Hutchinson sur le rapport de la capacite pulmonaire avec la taille et l'age. D'apres ces observations, traduites en mesures franchises et exprimees en nombres ronds, on peutdire que, de dix a trente-cinq ans, le maximum de la capacite- pulmonaire est, pour une petite taille, de 3 litres; pour une taille moyenne, de 3 litres 1/2 ; pour une grande taille, de 4 litres. Si le sujet depasse trente-cinq ans, il faut retrancher du chiffre obtenu d'apres la seule considera- tion de la taille, autant de fois 33 millimetres que le nombre de ses annees s'eleve au-dessus de trente-cinq. Soit que Ton juge de la respiration normale par un calcul de ce genre, soit qu'on l'ait mesuree pre*alablement dans l'etat de sante, ce qui est preferable, on peut determiner le changement que la maladie a apporte dans la quantite d'air mise en circulation. L' ensemble des mesures prises avec des gazometres ou avec des compteurs, et appreciees d'apres ces principes, permet d'^tablir qu'il n'est pas une seule alteration du poumon qui ne diminue la capa- city respiratoire ; cette diminution, qui oscille ordinairement entre le tiers et les deux tiers de l'etat normal, descend beaucoup plus bas quand les lesions qui ont oblitere les vesicules sont graves et £ten- dues; ainsi dans la phthisie avancee, dans la pneumonie, dans le catarrhe v£siculaire, dans l'emphyseme, les plus fortes expirations ne peuvent s'edever au-dessus d'un litre et meme de trois quarts de litre. Ainsi lorsqu'on experimente sur une serie d'individus sachant dilater et puis resserrer leur poitrine aussi completement que pos- COSMOS. 499 sible, on peut, en tenant les yeux sur les cadrans du compteur, ju- ger, d'apres le seul mouvement des aiguilles, quels sont ceux dont lespoumons ont conserve leur inte'grite, et ceux chez lesquels des lesions pulmonaires entravent la circulation de l'air. L'abaissement de la capacite respiratoire ne permet pas sans doute de distinguer les lesions diverges qui le produisent, mais il aide a juger de la gravity de la maladie et du degre auquel est con- served la fonction respiratoire. La diminution de l'air mis en circulation fournirait aussi des Ele- ments prexieux, si Ton voulait determiner dans l'etat morbide la quantite d'oxygene absorbe et celle de vapeur d'eau et d'acide car- bonique exhales. La spirometrie peut aussi servir a l'appreciation des methodes therapeutiques. C'est meme dans l'intention de reconnaitre la va- leur d'un appareil de mouvement destine a augmenter la souplesse des cotes et agrandir l'amplitude de la poitrine, que M. Bonnet a Ete' conduit a rechercher des methodes precises et commodes pour juger de la quantite d'air inspire et expire. L'exactitude et lafacilite' que le compteur a gaz donne a de semblables mensurations engage- ront sans doute les cliniciens a faire usage de cet instrument, et la spirometrie, qui a ete l'objet de beaux travaux en Angleterre et en Allemagne, ne tardera pas a se repandreen France. EQUIVALENTS DES ESPACES INTER-MO LECULAIRES PAR M. LE DOCTEUR WOODS. Grace au geriie et aux travaux de l'illustre Dalton, de Berzelius, et d'autres chimistes distingues, Ton connait assez bien aujourd'hui l'dquivalent de la matiere, ou la proportion dans laquelle se combi- nent les divers elements. M. Woods, a son tour, croit pouvoir deter- miner d'une maniere rigoureusel'equivalent del'espace, ou prouver, par 1' etude de leurs combinaisons avec l'oxygene, que les espaces inter-moleculaires des corps sont augmentes ou diminu^s en propor- tions definieset multiples, pendant le changement d'etat de ces corps. Comme toute substance est composee de matiere et d'espace, ou de molecules separees par une certaine distance, toutes les fois que le volume de cette substance se trouve change", il doit n^cessaire- ment y avoir une augmentation ou une diminution de l'espace compris entre ses molecules. Cette modification est palpable dans les corps qui se dilatent ou se contractent par la chaleur ou le froid ; mais elle n'est pas aussi facile a saisir dans les combinaisons ,chi- miques. Cependant, dans les variations de temperature qui accom- 500 COSMOS. pagnent les combinaisons chimiques, nous avons non-seulement une preuve, mais aussi une mesure des variations d'etat subies par les corps qui se combinent. Le phenomene de la chaleur est en effet rdciproque ou correla- tif, dit M. Woods, il se manifeste dans deux directions opposes. Si un corps se refroidit et se contracte, un autre, par cela raeme, s'echauffe et se dilate; ces deux effets s'accompagnent toujours. Si done, dans un changement d'etat quelconqne d'un corps, ou danssa combinaison chimique avec un autre corps, il y a au dehors de la cha- leur gagnee ou perdue, e'est-a-dire dilatation ou contraction, il doit y avoir, au contraire, au sein du corps, contraction ou dilatation egale; et, de plus, si la chaleur d£gag£e ou absorbee est en propor- tion definie et multiple, l'augmentation ou la diminution de l'espace inter-mol£culaire aura lieu dans les memes proportions. Or voila com- ment , en montrant que la chaleur gagnee ou perdue dans les change- ments d'etat physique ou chimique est en proportion definie et mul- tiple, M.ledocteur Woods croit avoir prouve" que l'espace moleculaire entre les atomes se perd ou se gagne dans les corps , en propor- tions dejinies et multiples; et qu'ainsi l'espace , aussi bien que la matiere dont se compose le volume d'un corps, ne peut etre ajoute ou retranche de ce corps , que dans une proportion fixe et definie, qu'on peut noramer son equivalent. Le docteur Woods a determine cet Equivalent pour beaucoup de corps en leur faisant subir une oxydation et en tenant compte de la quantity de chaleur degagee pendant cette combinaison avec l'oxygene. Dans le tableau qui suit , l'unite" de chaleur est la quantite neces- saire pour elever la temperature de 1 000 grains d'eau d'un degre" Fahrenheit ; et la quantite de metal oxydEe est l'equivalent de chaque metal; l'equivalent, l'oxygene, Etant 1. Pour montrer que cette loi des proportions multiples et definies s'etend au changement d'dtat des corps , lors meme qu'il n'y a pas de combinaison chimique, Ton a donne dans le tableau la quantite" de chaleur produite par la condensation de la vapeur et la solidification del'eau. II est important de remarquer que la condensation de la vapeur d'eau etant en proportion multiple avec les autres equivalents ther- monietriques des corps, il doit en etre de meme pour la dilatation de tout autre corps passant a l'etat de vapeur ; car M. Woods a de- montre [Philosophical Magazine, Janvier 1852) , que tout corps prend l'etat de vapeur, se dilate suivant un multiple de son volume atomique ; et comme les volumes atomiques des corps sont des COSMOS. 501 multiples de Tun cPentre eux, il resulte que leur dilatation ou leurs gains en espace moldculaire auront lieu aussi en proportions defi- nies et multiples. Tableau montrant la quantite de chaleur produite dans 1000 grains d'eau, par I'uxy— dation a"un equivalent de c/iaque corps — toxygcne e'tant 1. H SCBSTANCB OXTDtE. UNITE DE Cim.tl 1. B1PPORT. BXPBRIMBXTJ.TBCUS. Chaleur latente de la glace.. Chaleur latente de la vapeur 0,1603 1,287 t),1603 8 fois 0,1603 0,8 5 fois 0,1603 Woods. 1,6 1,6 1,6 2 fois 0,8 Favre et Silbermann. Woods. Woods. Palladium. . . . 2,7 2,4 2,42 3 fois 0,8 Favre et Silbermann. Woods. Woods. Molybdene. . . 3,38 3,3 4 fois 0,8 Woods. Favre et Silbermann. Antimoine. . . . 4,8 4,8 4,9 4,8 4,8 6 fois 0,8 Favre et Silbermann. Woods. Favre et Silbermann. Woods. Woods. 6,5 6,2 8 fois 0,8 Woods. Favre et Silbermann. Hydrogene . . . Phosphore. . . . Cadmium .... Fer 7,8 8,0 8,1 8,18 7,95 10 fois 0,8 Favre et Silbermann. Andrews, Favre et Silbermann (njoyenne de). Favre et Silbermann. Woods. Moyerme d' Andrews, Favre et Silbermann. SUR LES FORCES MOLECULAIRES , PAR LE R. P. BANCALARI Professeur de physique h 1'universite de Genes. Le R. P. Bancalari, dans un memoire public a Genes, vers la tin de l'annee derniere, 4tablit cette proposition remarquable, a sa- voir, que la resultante ties forces moleculaires qui agissenl dans un corps donne, est directement proportionnelle aux accroisse~ ments ou decroissements lineaires des distances enlre les mole- cules, et inversement proportionnelle aux cubes de ces memes dis- tances. Ainsi, en appelant R' la resultante, x' ,x la nouvelle et 502 COSMOS. l'ancienne distance , et d' = x' — x, l'accroissement de la distance x, on aura : x s Cette formule deviendra, dans le cas de pression exerce"e, ,_ d' Dans le cas de traction K'=- Dans le premier cas, R' agit comme force de repulsion, dans le second, comme force d'attraction. Cette expression de la resultante comprend comme cas particulier celle de la pesanteur universelle. En effet, en supposant que d' devienne infiniment grand en com- parison de x, alors x pourra etre neglige dans la derniere formule en comparaison de d', et il viendra : d'*~d'* ' L'auteur deduit son importante formule de la loi de Mariotte en vertu de laquelle les forces de repulsion sont en raison inverse des cubes des distances; et de la loi de Newton par laquelle les forces d'attraction sont en raison directe des Carre's des distances. Cette consequence immediate de ces deux lois, qui jusqu'a present n'avait pas eti apercue, a ete tirde tres-facilement par l'illustre physicien d'ltalie, en comparant les r&sultats de l'observation avec ceux fournis par la theorie, et en soumettant le tout a une analyse aussi facile que rigoureuse. Quelques exemples viennent confirmer cette nouvelle theorie des forces moleculaires. Supposons qu'un fil mdtal- liquesoit assujetti a une force de traction. On admet qu'alors les accroissements lineaires sont proportionnels aux tractions. Dans cette hypothese, en appelant T', T" deux tractions diverses exer- ceessur ce fil, on aura : T' *" s d' T'~lir^dr' et comme on suppose d" = nd', il viendra tres-sensiblement : Il—l 1"~n re'sultat conforme aux experiences. Prenons avec Savart, pour fixer les id£es, un fil de cuivre sounds COSMOS. 505 a une traction d'un kilogramme par millimetre carre, l'allongement sera, d'apres f experience, 0,000007607 de sa longueur primitive. Or, la formule exacte, en supposant x = I, ^' = 0,000007607, «=24, aurait donne T'_ l f77- 23,889' nombre bien pres de =-p, tel qu'il devrait etre si l'hypothese faite sur les accroissements lineaires etait tout a fait exacte. Le R. P. Bancalari trouve de la meme manierequ'en appliquant sa formule aux calculs des coefficients de compressibilite , de Tether hydrochlorique, de l'alcool, dulaiton, etc., donnes par MM. Sturm, Collailon et R^gnault, la theorie est d'accord avec l'experience. II est juste de faire ici une remarque. L' expression de la resul- tante des forces moleculaires. donn£e parleR. P. Bancalari, n'est que la representation assez fidele d'un effet secondaire. L'auteur lui-:neme dit qu'il n'a pas voulu remonter plus haut a la source des forces dont il considere les effets definitifs. L'explication , la seule jusqu'a present legitime, de la nature des forces moleculaires est due a 1'illustre geometre, M. Mossotti qui, dans un memoire a ja- mais memorable, publie a. Turin, en 1836, a deduit mathemati- quement la cause probable de tous les phenomenes de cette hypo- these : Les atomes materiels, se repoussant mutuellement , sont phages dans un fluide elastique dont les atonies se repoussant aus.si reciproquement , sont attires par les atomes materiels; toules ces forces d attraction ou de repulsion etant d'ail/eurs pro- portioiinellcs aux masses et en raison irwerse du carre des dis- tances. EXPERIENCES SUR LES OSCILLATIONS DU PENDULE IMMOBILE PAR M. L'ABBE PANISETII. sur du pcndule Nombre des oscillations Amplitude dis oscillations, ni mplnj*. .ju, dans cinq minutes de 297 temps. avec in micrometre donnant 1/100 d 7/200m=0m, 000035 4 148 29/200 = 0,000145 n 103 65/200 = 0,000325 16 75 116/260 = 0,000580 La direction des oscillations est toujours duns le sens est-ouest. Ce fait a dtd constate un nombre immense de fois, de jour et de nuit, a toute temperature, a tout etat du ciel, avec toutes les pre- cautions imaginables pour £viter toute sorte de secousses. Pour plus de garantie M. l'abbe Panisetti plongeait la fleche du pendule 504 COSMOS. dans un bain de mercure contenu dans un recipient, muni inftjrieu- rement d'un robinet. On laissait £couler le mercure jusqu'a ce que la fleche futrendue libre.Alors les oscillations commencaient ; seu- lement elles ne prenaient leur plus graoJe amplitude qu'au bout d'une demi-heure. M. l'abbe Panisetti regrette de ne pas pouvoir developper da- vantage ces experiences ; mais, helas ! les ressources d'un semi- naire de province ne peuvent etre que tres-minimes ! II espere que d'autres physiciens plus heureux saisiront ce fait et le soumettront pour l'avantage de la science a un examen plus approfondi, avec les moyens dont ils pourront disposer. A ce sujet M. de Bruno propose le moyen suivant d' observation, qui, plus a l'abri des secousses, permettra d'amplifier notablement les oscillations. — Faire osciller au fond d'un puits un bain de mer- cure, le point de suspension 6"tant en haut, et en observer par re- flexion les oscillations avec un appareil optique convenable. MEDICAMENTS DILTJES, PAR M. BELL. La quantity de fer repandue dans toute la circulation ne depasse peut-etre pas un gramme et demi , e'est bien peu de chose ; et une diminution de cette petite quantity suffit a determiner l'an£mie ! N'est-il pas evident des lors, qu'il suffira de quelques centigrammes de fer pour ramener le sang a sa composition normale? Une dose plus forte ne nuirait-elle pas? Les sources ferrugineuses les plus vantees ne contiennent pas plus de 2 centigrammes et demi de fer par litre d'eau, et elles sont tres-efficaces. Les sources d'eau iodur^es les plus actives contiennent a peine un centigramme d'iodure sur 500 grammes d'eau. Suivant M. Bell , voici a quelles doses il con- vient d'administrer les medicaments suivants : teinture muriatique de fer, 8 ou 10 gouttes dans un grand verre d'eau; iodure ou bro- mure de potassium, 5 ou 10 centigrammes dans un verre d'eau; emetique ou tartrate d'antimoine, 20 a 25 milligrammes; chlorure de sodium, 1 gramme sur 60 grammes d'eau. Le meilleur moyen d'employer l'iode a l'exterieur, est une solution de 10 centigrammes d'iodure de potassium, ou de 5 centigrammes d'iode dans un litre d'eau ; on applique la solution chaude, a l'aide d'une eponge, deux ou trois fois par jour pendant cinq ou dix minutes. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remqdet et Cie , rue Garancifere, 5. T. VIII. 16 MAI 1356. CINQUIKME ANNBE. COSMOS- KOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Geoffroy Saint-Hilaire, vice-president, avait annonce a l'Aca- demie, au commencement de la stance , que son president , M. Bi- net , £tait tres-gravement indispose. Vers cinq heures , aussitot que l'Academie sefut formed en comite secret, nous somiues alle" au col- lege de France nous informer de l'etat du noble malade et nous avons eu la douleur d'apprendre qu'il venait de mourir. M. Binet etait un de nos math^maticiens les plus profonds et les plus exerces. Heureux et fier d'appartenir a la grande ecole des La Place , des La Grange , des Legendre, des Poisson , il est reste h'dele aux glo- rieuses traditions de ses illustres maitres. Des considerations (out a fait etrangeres a la science et dont tout le monde a vivement deplore lafatale influence, lui avaient seules ferine les portes de l'Academie des sciences a. laquelle il n'a appartenu qu'en 1843, quoique , des 1811 , son nom deja celebre fut inscrit au premier rang de la liste des candidats. En le choisissant, il y a seize mois , pour leur presi- dent, ses confreres avaient ete heureux de lui faire oublier l'oppo- sition violente et injuste qui avait tant retarde son election. Le caractere de M. Binet ^tait eminemment honorable , il savait allier le sentiment de sa valeur avec une modestie qui ne se dementit ja- mais, une fermete inebranlable avec une extreme douceur. II etait fervent chretien; sa religion etait si sincere, si tolerante, si charitable, qu'il sut la faire respecter meme de ceux qui n'eprouvaient pour les homines de foi qu'indifference ou eloignement, ce qui ne l'a pas empeche cependant de voir s'accomplir en sa personne l'oracle qui assure a tous les disciples du Dieu crucifie les honneurs de la perse- cution et de la calomnie systematiques. II dirigea les etudes de 1'Ecole polytechnique pendant quatorze ans , de 1816 a 1830 y et tout le monde se rappelle avec quelle (5nergie il sut defendre de l'entrainement les eieves confies a ses soins pendant les difficiles journees de juillet 1830. Son administration avait etc" si feconde en heureux r^sultats, et il avait donne si peu de pretexte a l'op- position qui voulait a tout prix l'enlever a ce poste d'honneur, qu'on se vit oblige de supprimer l'emploi qu il remplissait d'inspec- teurdes Etudes, charge de supplier le commandant del'Ecole, pour 19 506 COSMOS. en crder un autre de simple directeur des etudes, qui fut confix a M. Dulong. Jamais ame de chef de famille , jamais cceur de pere, ne furent soumis a de plus rudes epreuves , et jamais epreuves ne furent supportees avec plus designation. II adorait, il benissait la divine Providence qui le frappait pour le purifier et le detacher de plus en plus de la terre; nous, son eleve , son ami , nous pouvons dire que le calme de son esprit ne fut jamais profondement altere, rneme au milieu des plus cruelles souffrances. II aimait, il pardon- jiait , il se soumettait comme si ces actes de vertu heroique ne lui eussent rien coutd. M. Binet avait soixaute-dix ans. — La section de botanique, dans son contrite secret, a prdsente sa; Jiste de candidats a la place vacante par la mort de M. de MirbeL Elle presente en premiere ligne, M. Duchartre; en seconde ligne, excequo, MM. Chatin , Lestiboudois, Weedell; en troisieme ligne, MM. Gay et Trecul; en quatrieme ligne, M. Germain de Saint- Pierre. Les titres des divers candidats out ete longuement debattus dans une discussion a laquelle ont pris part , M. Moquin-Tandon ,. rapporteur, MM. Payer, Boussingault, Babinet , etc. Les chances apparentes sont pour M. Duchartre, mais les chances reelles pour- raient bien etre pour M. Gay, dont la candidature est tres-sympa- thique et reunit un grand nonibre de suffrages. Nous sommes etonne et desole qu'on n'ait pas fait la part plus belle a M. Trecul, a qui Ja science doit un grand nonibre de inemoires hors ligne et plusieurs decouvertes importantes. — Les diverses sections de l'Academie des sciences se sont deja reuniesplusieurs fois pour arreter le choix des concurrents au prix iriennal qui doit etre distribue le 15 aout. La section des sciences mathematiques propose M. Hermite, a qui ses recherches sur la division des fonctions abeliennes ou ultra-elliptiques ont fait un nom europeen., alors qu'il n'e'tait encore qu'eleve de premiere annee a l'Ecole polytechnique. L'immortel Jacobi salua en ces termes son debut : » Je vous remercie de la belle et importante communi- cation que vous venez de me faire touchant la division des fonctions- abeliennes. Vous vous etes ouvert , par la decouverte de cette divi- sion , un vaste champ de recherches et de decouvertes qui donneront un grand essor a l'art analytique... J'ai ressenti un grand plaisir en lisant le memoired'un jeunegdometre dontle talent s'annonce avec -lant d'eclat. » La section de mecanique s'est abstenue, et il nous semble que- c'est bien a tort, car aucune decouverte ne nous seunble plus digne de recompense que celle de la transformation directe de la cha'eu-r COSMOS. 507 en mouvement et du mouvement en chaleur, decouverte qui n'a brille" de tout son eclat que par la conception, d'une part, de la ma- chine pulmonaire de M. Seguin et de la machine a vapeur r£g£- n^ree de M. Siemens; de l'autre du thermog^nerateur de MM. Beau- mont et Mayer. 11 arrivera peut-etre une £poque ou Ton reprochera a l'Academie de n'avoir pas compris cette derniere invention si neuve et si belle, de ne lui avoir point decern^ tous les honneurs dont elle disposait. Si elle avait pu solliciter le prix triennal pour la throne et l'appareil de M. Seguin ain£, un de ses membres corres- pondants, elle aurait trouve* une belle occasion de faire acquitter par laFrance sadette de reconnaissance enverslecrdateurdeschaudieres tubulaires a tubes envahis par la flamme, de la locomotive a grande vitesse et des ponts en fils de fer , a l'ingenieur courageux qui l'a dotee des voies de fer. La section d'astronomie n'a aucun client ; elle ne risquait rien cependant a presenter les noms glorieux de MM. Chacornac et Goldschmidt ; mais elle a mieux aime se rallier au choix de M. Foucault dont nous parlerons tout a l'heure. La section de geographie et de navigation n'a trouve" aucun can- didat digne du prix ; elle aurait pu cependant penser a. M. d'Abbadie qui a fait tant de bonnes observations en Abyssinie. La section de physique ge'ne'rale, par contre, abondait en candi dats. Dans une premiere discussion elle en a designe" quatre "* M. Fizeau pour sa mesure de la vitesse de la lumiere, et sa belle experience sur l'entrainement de Father lumineux par 1'eau en mouvement ; M. Foucault pour son immortelle manifestation de la rotation de la terre par le pendule et le gyroscope ; pour sa deter- mination de la vitesse relative de la lumiere dans l'air et dans l'eau ; pour sa transformation a l'aide du magneHisme du travail mecanique en chaleur; M. Edmond Becquerel, auquel on croit pouvoir attribuer la decouverte du magn^tisme de l'oxygene, qui a certainement fixe le premier photographiquement les couleurs da spectre; M. Niepce de Saint- Victor, pour ses travaux heliogra- phiques, fixation des couleurs, gravure photographique , decou- verte de la photographie sur albumine, etc., etc. Dans une se- conde reunion le nombre des candidats a e'te' r£duit a trois , MM. Becquerel, Fizeau, Foucault, et parce que l'Academie exigeait imperieusement qu'ils fussent classes par ordre de merile, la section a place* au premier rang, ex en quo ^ MM. Becquerel et Fou- cault ; au second rang M. Fizeau. On nous annonce que X ex cequo ne sera point accepts, que la section devra proc^der a un nouveau 508 COSMOS. scrutin dont toutes les chances sont pour M. Leon Foucault, qui sern ainsi le principal ou l'unique candidat de la section de physique ggndrale. La section de chimie pre\sentera , sans doute, M. Henry de Sainte-Claire Deville pour ses recherches sur le sodium, raluminium et le silicium, raluminium surtout, dont il a si grandement am&iore' la fabrication, etrdv£16en quelque sorte lesproprietes rest^es incon- nues malgre la decouverte de Wohler. Nous ne nous expliquerions pas que la section passat sous silence le nom de M. Berthelot, et ne lui lint pas compte de ses magnifiques syntheses chimiques. Rien de nouveau ou de grandiose en mineralogie, si ce n'est les travaux de M. de Senarmont, hors de concours en sa qualite d'aca- demicien, et les decouvertes de M. Pasteur relatives al'H£myedrie. La section de botanique presente un candidat, M. Gustave Thuretde Cherbourg, qui a constate d'une manierecertaine en 1853 l'existence d'une veritable sexualite" dans les cryptogames infe- rieurs, r^vele" le role des antheridies et des spores dans la feconda- tion des fucac^es. C'est aujourd'hui seulement que l'importance de cette decouverte apparait dans tout son 6clat. Nous ne savons pas si la section d'economie rurale a fait son choix et sur qui il a porte ; deux noitis, a notre avis, meritaient d'etre inscrits sur la liste, ceux de MM. Dubrunfaut et Cham- ponnoy a qui la vaste industrie de la distillation des betteraves doit ses developpements et son importance. La. section de me'decine, de chirurgie et de physiologie n'aurait pu glorifier que les bdllantes decouvertes de M. Claude Bernard , l'un de ses membres, elle s'est done abstenue. En resume, les candidats serieux de l'Academie des sciences, ceux sur qui se r^uniront cert-ainement les suffrages de la majorite, sont MM. Leon Foucault et Sainte-Claire Deville. Si M. Wohler n'e- tait pas la, M. Sainte-Claire Deville l'emporterait peut-etre; en 1'absence de ses titres a une veritable decouverte, la primaute' restera a M. Foucault dont l'experience trejlt honored par l'Angleterre de la mSdailte Copley, est certainement la decouverte la plus neuve, la plus originale, la plus dclatante, la plus populaire de ces der- r.ieres annees. Si l'lnstitut tout entier lui decerne le prix triennal, l'Europe et le monde Ten feliciteront. MM. Ponsard , Claude Ber- nard, Leon Foucault, voila. les hommes dont les oeuvres ont jete le plus d'eclat sur la France de 1850 a 1855 ! Les deux premiers sont membres de l'lnstitut, et il n'est plus permis d'entourer leur front d'une nouvelle aureole de gloire. F. Moigno. ACADElIE des sciences. SEANCE DU 12 MAI 1856. Son Altesse le prince Charles Bonaparte presente un tableau pa- rallelique complet de l'ordre des gallinac^es. — M. Bechamp. de Strasbourg, adresse une suite a ses re- cherches sur la cause du pouvoir rotatoire du sucre de fecule. — M. Dubrunfaut transmet une note sur le sucre interverti. — M. Leclerc , de Tours, presente pour le concours du prix Breant sa methode de traitement du cholera asiatique. — M. Lamarre-Picquot recommande l'emploi de l'acide arse*- nieux comme remede spdcifique des congestions apoplectiques. Deux centigrammes de cet acide , administres a la dose de 4 milli- grammes, lui ont suffi dans un grand nombre de cas pour obtenir une guerison inesper^e. — M. Moysen croit que sa charrue est digne du prix Morrogue que l'Academie decerne chaque ann£e. — M. Giuseppe Galle fait hommage de son introduction a. la philosophie et a la mecanique de la nature. ■ — M.Bonelli, l'habile inge'nieur piemantais, annonce une d£- couverte importante faite par lui ; il s'agit de la suppression des fils de cuivre recouverts de soie et de coton dans la construction des electro-aimants. Nousne nous faisous aucune idee de ce perfection- nement qui serait en effet une pr^cieuse conquete. — M. Isambert soumet au jugement de la commission des prix Monthyon son etude des propri^tes chimiques , physiologiques et therapeutiques du chromate de potasse. — M. Bavard, de Buenos- Ayres, transmet, par l'intermediaire du ministre de l'instruction publique, un resume de ses longues re- cherches sur les ossements fossiles de l'Amdrique du Sud; sa collec- tion coinprend plus de 6 000 fossiles parmi lesquels on compte au moins 50 especes entierement nouvelles. — M. Maisonneuve presente a l'Academie un jeune homme au- quel il a pratique le 15 avnl dernier l'ablation totaledela machoire inferieure pour une enorme tumeur fibreuse developpee dans l'inte- rieur de cet os. Outre l'interet que cette operation hardie presente par elle- meiue, puisijue c'est la premiere fois qu'elle est pratiquee dans les hopitaux de Paris , elle est encore remarquable par la promptitude nierveilleuse de la guerison , par la perfection du resultat, et sur- tout par le bonheur avec lequel l'habile operateur a pu conserver 510 COSMOS. completement le peVioste, de sorte qu'il ne serait pas impossible, ainsi qu'il requite des beaux travaux de M. Flourens, que l'os vint a se reproduire. Trumat (Jerome), age de 33 ans, vint a l'hopital de la Pitie- le 11 avril 1856, consulter M. Maisonneuve, pour etre traits d'une affection grave de la machoire inferieure. Cette affection dont le malade faisait remonter l'origine a plus de huit ans, avait debute" par le cote droit de la machoire. Ellese manifesta d'abord par un gonflement diffus sur le trajet du corps de l'os ; puis les gencives se tumefierent ; les dents, repoussees de bas en haut, devinrent vacil- lantes et finirent par tomber ; a leur place, on vit paraitre une tu- meur dure, comme fibreuse , qui envahit peu a peu l'interieur de la Louche, pendant que de son cote l'os continuait a grossir et formait relief a l'exterieur. Tout celas'accomplissait lentement et sans dou- leur, de sorte que le malade ne *'en preoccupait que mediocrement. C'est seulement depuis dix-huit raois que la gene de la deglutition et de la parole , jointe a la difformite hideuse de son visage, 1'enga- gerent a se soumettre a un traitement regulier. La maladie envahissait alorsla presque totalite de l'os maxil- laire ; seulement elle avait a droite un dtWeloppement beaucoup plus considerable. De ce cote son volume exterieur egalait au mains le volume du poing, a l'interieur elle refoulait la langue et le voile du palais, et remplissait la plus grandepartie de la cavite buccale. Du cote gauche , elle etait beaucoup moins saillante; mais il etait facile de reconnaitre qu'elle s'etendait jusqu'a la base de la branche verticale de l'os. Dans tous ses points, la tuiueur dtait ferme et resistante ; a l'ex- terieur, elle avait la durete osseuse, tandis que dans l'interieur dela bouche elle donnait plutot la sensation du tissus fibneux. Sa face gingivale, entitlement depouillee de dents molaires, off rait unsillon prolond dans lequel s'engageait l'arcade dentaire superieure. En avant, au contraire, et a gauche les dents £taient completes, et, seu- lement un peu deviees de leur direction normale. Les teguments mu- queux et cutanes n'offraient aucune alteration ; ils glissaient facile- ment sur la tumeur, aucun engorgement n'existait du cote des gan- glions, etlasante generale.etait excellente. Tel tHait l'etat des choses , lorsque le 15 avril, M. Maisonneuve proceda a l' operation , dont le recit est trop effrayant pour que nous le reproduisions , mais dont les douleurs furent rendues tolerables par l'emploi du chloroforme. ^ Les suites de cette grave operation furent d'une simphcite ines- COSMOS. 5U pe>ee. C'est a peine si le malade eut la fievre traumatique ; la reunion de la plaie exterieure se fit par premiere intention dans' les neuf dixiemes de son etendue. ■ Aujourd'hui quatre semaines seulement se sont dcoulees depuis 1'operation, etlagueVison est tellement parfaite, qu'on a vraiment peine a croirea tout ce qui s'est passe : le visage, de monstrueux qu'il etait,est devenu regulier, et meme gracieux; l'ceil le plus exer- ce" peut a peine y retrouver les traces d'une legere cicatrice. Leg mouvements de labouche sont conserves intacts ; la langue a recou- vre tous ses mouvements; la parole est nette et facile ; la degluti- tion s'opere sans obstacle , et deja meme a la place de l'os maxil- laire on voit qu'il se developpe un tissu dense et resistant qui, grace a la conservation du perioste, pourrait bien , plus tard, subir la transformation osseuse. — M. Ramon de la Sagra est heureux de pouvoir offrir a l'Aca- demie un bel echantillon d'un nouvel acide decouvert dans les ra- tines seches d'une plante de la famille des cenantherees, souvent em- ployee au Mexique en raison de ses proprietes purgatives ; cet acide se combine avec un grand nombre de bases. — M. Alfred Benn annonce qu'il a rendu la fabrication du paia meilleure et beaucoup plus economique par l'introduction dans le petrissage de la pate d'une certaine proportion de gluten frais. II y a longtemps que M. Cointry, de Nantes , a resolu ce meme probleme en petrissant la farine avec de l'eau dans laquelle il fait bouillir du ble concasse ; c'est aussi une addition de gluten , et elle a donne tout d'abord d'excellents resultats. — M. Mahmoud Effendi, astronome egyptien qui a longtemps ob- serve a Bruxelles avec un tres-grand succes, communique&des obser- vations, avec mesure, des composantes du magnetisme terrestre a Paris et dans ses environs; M. le capitaine Duperrey lesjuge tres- dignes d'etre inserees dans les comptes rendus. — M. Blondot , professeur de physique au college de Rhodez, adresse des vues nouvelles sur le mode de constitution des alcools et des others. — Sa Majeste le roi deHanovreoflreal'Academie un exemplaire de la medaille d'or qu'il a fait frapper en l'honneur de l'illustre Gauss, associe etranger. — M. Chevreul lit des considerations gen^rales sur 1' analyse mi- nerale et l'analyse organique; nous en renvoyonsa dessin l'analyse a la prochaine livraison. PHILOSOPHIE DES SCIENCES, PROJET DE LANGUE UNIVERSELLE, TAR M. l'aBBE BONIFACIO SOTOS OCHANDO. Voici bien longtemps que le savant et venerable auteur du projet de langue universelle nous presse d'accomplir la promesse que nous lui avons faite de nous initier a la grande pensde de sa vie, et de lui venir en aide pour lui faire prendre son essor dans le monde , si tant est que nous la jugions utile. Nous cedons enfin a. ses vives instances, et nous allons essayer de balbutier la langue dont seul jusqu'ici il a le secret. En accomplissant notre promesse nous dchapperons d'ailleurs a un remords qui nous tourmente. II nous en coutait, nous l'avoue- rons, de refuser le service ou l'acte de justice qui nous etait demande", car nous admirions sincerement dans M. l'abbe Sotos, sa nature robuste , sa tete large et forte, sa foi dnergique, son ame gdne- reuse , son courage perseverant. II jouit dans les Espagnes d'une grande reputation que lui ont meritee l'dtendue et la variete" de ses connaissances , c'est un theologien profond , un grammairien ha- bile , et il a dirige avec succes le college polytechnique de Madrid. En commencant le plus ingrat et le plus etrange des apostolats , il n'a pas cedeauxentrainements d'un imagination inquiete et exaltee, il a s«l>i l'empire irresistible d'une veritable vocation. « J'e"taisa rnille lieues de penser, nous dit-il lui-meme, que je serais appele a cre>r une langue universelle ; jamais l'idde de cette nouvelle mission ne s'etait presentee a moi; 1'inspiration a surgi spontan&nent sans moi et presque malgre moi ; elle m'a revele", en illuminant tout a coup mon esprit , non pas seulement un aper5u vague, mais la theorie et le mecanisme entier de la langue que je devais rcvdler au monde ; de sorte que je n'ai pas eu d'autre merite que le merite de la patience et de la fide'lite a la voix interieure qui me guidait ou parlait en moi. Voila comment avec tres-peu de science , avec une capacite tres-mediocre, et sans secours dtranger, j'ai pu reali- ser xine entreprise v^ritablement colossale, enfanter le plus riche des idiomes, jeter les bases du plus immense des dictionnaires , en aussi peu de temps qu'il en a fallu a des homines dminemment dis- tingu^s, et meme a des gdnies illustres, pour dbaucherun projet de langue universelle. >, Que nos lecteurs ne s'effraient pas de ce mot inspiraiion sorti de la bouche et de la plume sinceres de M. l'abbd Sotos; ce n'est certes pas un illumine" ; en se disant inspire^ il n'entend pas parler, ce sont ses propres expressions , d'inspira- COSMOS. 513 tion surnaturelle , mais de cette action douce et forte de la Provi- dence qui dirige toutes les causes naturelles vers l'accomplissement de ses desseins, et se choisit, dans l'ordre de la nature comme dans l'ordre de la grace, les instruments dont il lui plait de servir. Faisons remarquer en outre pour la justification de M. l'abbe So- tos, pour notre excuse a nous , pour l'edification de nos lecteursque le savant espagnol n'a invents ni la n^cessite d'une langue nou- velle , ni l'opportunite d'une langue universelle. Le premier de ces problemes a 6t6 nettement pose" par Leibnitz , le second a ele" sur- tout remis a l'ordre du jour par Volney, fondateur d'un prix que notre Academie des inscriptions et belles-lettres a mission de de- cerner, et pour lequel chaque annee il se presente un grand nom- bre de concurrents. II est impossible de ne pas reconnaitre que toutes les nations de la terre tendent de plus en plus a ne faire qu'un seul peuple, au sein duquel la pensee naisse et se r^pande d'une extr&nite a l'autre avec la rapidite de l'eclair ; et voila pour- quoi mille esprits ardents et serieux revent oumeditent une langue universelle qui fasse disparaitre l'obstacle insurmontable que la di- versity des idiomes oppose a la fusion de l'avenir, une langue a l'aide de laquelle tous puissent s'entendre, et communiquer sans intermediate d'une maniere facile et sure. Peut-etre, dit M. l'abbe Sotos , le monde n'a-t-il pas encore vecu le dixieme ou le centieme de sa vie physique, il n'a pas vecu dans tous les casle dixieme ou le centieme de sa vie intellectuelle, parce que lesprogresde l'intelligence humaine croissent plus qu'en progression arithm^tique. II est vrai que des prophetes de malheur nous annon- cent comme prochainela fin du monde; mais il est aussi des prophetes de paix ei de bonheur qui nous font esperer que les six mille ans de la viepasseedu monde ne sont que la periode de son enfance; en» fance deshonoree, enfance coupable a laquelle doit succ^der un long rtjgne de paix , de vertu et de gloire , alors que , r^unis dansl'unitt? de croyance, et dociles a la voix du supreme et unique pasteur, tous les homines ne feront plus qu'un seul cceur et une seule ame. Or, si le monde doit durer encore des centaines de siecles , si le cercle des connaissances humaines doit s'agrandir ind^finiment, ne faut-il pas de toute necessity que nous entrions enfin en possession d'une langue dont les ressources soient pour ainsi dire infinies? Voila comment le probleme de la langue nouvelle et universelle est pose de toutes parts, comment sa solution plane en quelque sorte dansl'air, ainsi que toutes les grandes d^couvertes quidoivent satis- faire aux besoins nouveauxde l'bumanite enmarche vers le progres ; 514 COSMOS. comment enfin mille esprits s'agitent comme a l'approche d'un en- fantement mystdrieux. M. l'abbe Sotos est done parfaitement excusable de s'etre laisse' entrainer a la recberche de cette autre pierre philosophale, et d'au- tant plus qu'il n'a rien exageVe. Voyez en effet avec quelle sagesse il e'nonce le probleme : « Je sais qu'il est impossible d'e'tablir une langue universelle qui serve a tous les peuples dans le langage ordinaire et familier ; je suis meme profondement convaincu qu'une langue ne peut pas etre parl^e par tous sans cesser par la meme d'etre universelle ; lors done que je propose une langue universelle , je parle d'une langue pour les sa- vants , ou comprise de tous ceux qui recevront une Education tant soit peu distinguee , elle ne sera employee que tres-rarement dans les communications intimes des individus d'une meme nation, ou dans les usages de la vie; sous ce rapport, elle sera plutot une langue morte qu'une langue vivante, quoiqu'elledoive etretres-gene- ralement comprise ; il est n£cessaire qu'il en soit ainsi , car vulgarised elle serait bientot profondement altere'e et perdrait tous ses avan- tages essentiels. » En ecoutant cette profession de foi si raisonnable , nous avons vivement regrette" de nous etre laisse' prevenir comme tant d'autres, helas! contre le hardi novateur, sans essayer assez de le comprendre. C'est aujourd'hui seulement que la question nous est apparue dans tous sa simplicity et en meme temps dans toute sa grandeur. Toutes les langues actuelles sont incompletes, antilogiques, bizar- res, irregulieres, excessivement difficiles a apprendre, plus difHciles encore a prononcer ; elles sont un obstacle invincible, d'une part, au progres poursuivi en commun par toutes les hautes intelligences du monde, de l'autre, a la fusion des interets, des esprits etdes coeurs; ne sont-ce pas la autantde Veritas incontestables, eclatantes comme la lumiere du jour ? Par la meme que Ton reclame imp£rieusement de tous cote's l'unite de monnaie , de poids , de mesures , etc. , ne r£clame-t-on pas aussi , et avant tout peut-etre , l'unitd de langue? Cette langue une, si elle est possible, n'est-elle pas ^minemment desirable , tous les esprits Aleve's ne meriteraient-ils pas bien des nations auxquelles ils appartiennent s'ils marchaient de concert a cette glorieuse conquete, s'ils s'entendaientsurl'idiome que tousles hommes instruits du monde devrontsavoir £crire et parler? Adopter une des langues vivantes, lefrancais, l'anglais, l'italien,'pour lasim- plifier, la r^gulariser, la completer, c'est en apparence une solution plus naturelle r plus simple du magnifique probleme de l'unite' de COSMOS. 515 iangue ; mais pour tout homme qui y reflechira de sang-froid , c'est une solution completement vaine; on ne ferait de cette maniere qu'un miserable replatrage. Au point de vue philosophique toutes les langues modernes sontessentiellement mauvaises, vous ne par- viendrez jamais a y faire regner la raison , l'ordre , la regularity , et a les rendre fecondes. La signification de presque tous les mots dont dies se composent est arbitraire. Vous ne pourriez les completer que par des mots plus arbitraires encore. Et, de plus,le fait que la Iangue choisie pour Iangue universelle, et revetue dans ce but d'une forme nouvelle sera ecrite et parlee dans sa forme ancienne et vulgaire par une nation assez puissante pour avoir dicte la loi aux autres nations, deviendrait un obstacle invincible au succes de la reTorme qu'il s'a- girait de realiser. En resume, le besoin d'une Iangue universelle, dans le sens que nous avons donne a ce mot, se fait vivement sentir ; cette Iangue, a tous les points de vue imaginables , serait un grand bienfait ; au- cun des idiomes connus, anciens ou modernes, ne peut devenir la Iangue universelle ; done il faut travailler activement a. la constitution d'une Iangue nouvelle; done, tout homme grave, convaincu, inspire qui se pr£sente au monde avec un projet serieusement eHudie, a droit d'etre favorablement ecoute\ La question ainsi nettement pos£e, et plus nettement posee qu'elle ne le fut jamais, nous ne nous arreterons pas a demontrer la possibility d'une solution parfaitement satisfaisante du difficile pro- bleme d'une Iangue nouvelle et universelle ; cette possibility, aucun homme digne du nom de philosophe n'osera la nier; mais nous nous demanderons, en examinant aussi brievement que possible le projet de M. l'abb^Sotos, s'il est veritablement acceptable. Nous n'he- sitons pas un seul instant a dire oui. La lecture de son livre nous a vivement frappe, les principes formules par lui sont d'une luci- dite telle qu'ils s'imposent a l'esprit le plus pr^venu ; s'il n'a pasr atteint completement le but, ainsi qu'il le reconnait lui-meme, il est tres-pres de l'avoir atteint; il l'atteindra certainement si on l'encourage et si on lui vient en aide. Voici en effet le point de de- part de la nouvelle Iangue : Etablir une correspondance parfaite entre l'ordre naturel , lo- gique, des choses signifies et l'ordre alphabetique des lettres et des mots employes pour les exprimer. C'est le premier principe, le' fondement de ce travail herculeen , celui dont l'auteur renvoie la gloire a l'inspiration, a la voix intdrieure qui lui ordonna de pro- clamer la bonne nouvelle d'une Iangue unique. 516 COSMOS. L'ordre logique et naturel des choses signifies presidera partout et toujours a l'emploi des lettres du nouvel alphabet et a la com- position des mots ; vous suivrez sans vous en ecarter jamais l'ordre de l'alphabet, de telle sorte que les premieres series d'un ordre quelconque d'idees seront toujours formees avec les lettres qui suivent plus immediatement la premiere lettre de l'alphabet ; vous n'admettrez aucune espece d'irri'gularite ; jamais un mot ne se con- fondra avec un autre mot, jamais un mot n'offrira un sens double et Equivoque. Voila la route tracee au prophete de la langue uni- verselle, et il ne s'en est pas £carte\ Toutes les lettres sans exception se prononcent, quelles que soient leur position ou leur combinaison avec d'autres lettres. L'espece de chaque mot, substantif, adjectif, verbe, adverbe, preposition, con- jonction, est determinee par la lettre finale d'une maniere si simple et si sure qu'on ne peut jamais se tromper ni les confondre avec d'autres mots. Le genre, le nombre, le cas desnoms; lavoixou l'es- pece, le mode, les temps et les personnes des verbes, sont etablis et differences par des moyens si constants, si simples, si efficac.es, qu'il n'y a jamais place au doute ou a la meprise. Enfin la signifi- cation de tous les mots composes est fixee invariablement par la place qu'occupent dans l'alphabet les lettres, voyellesou consonnes, dont ils se composent, d'une maniere si claire que toute incertitude, que toute ambiguite, sont exclues a jamais. Nous le demandons, ces regies ne sont-elles pas les regies du simple bon sens, et pour- rait-on en imaginer de meilleures \ L'alphabet comprend vingt lettres communes a toutes les langues : Cinq -voyelles : A , E , I , O, U. Quinze consonnes : B, C, D, F, G, J, L, M, N, P, R, S, T, Y. Ces lettres sont representees par vingt signes qui rappellent ceux du telegraphe de Chappe, et dont la simplicite ne laisse rien a de- sirer ; nous regrettons de ne pouvoir pas les reproduire. La prononciation des lettres est la meme que dans la langue franchise, excepte pour l'U qui se prononce ou. La signification de chaque lettre est completement determined a priori, et immediatement saisissable.par la position qu'elle occupe, par les lettres qui la precedent ou qui la suivent, de sorte qu'elle estconstante et variable a la fois ; nous ne donnerons ici que la signi- fication des lettres initiates : A initial signifiera toujours une chose materielle, sans rapport avec la vie vegetale ou animale ; E un corps vivant ; I ce qui se rapporte a l'homme materiel ; 0 ce qui touche a l'homme intellectuel ou a l'intelligence; U ce qui concerne la volonte; COSMOS. • 517 B l'instruction et ses analogues ; C les arts mecaniques et leurs de- pendances ; D les societes politiques ; E les tribunaux et les finances; G l'art militaire ; H la marine et le commerce ; L les rapports de fa- mille ; M lea divertissements et les jeux ; N l'esprit de la religion ; P le materiel des religions ou du culte ; R les abstractions ou les gen£- ralites; S les pronoms, quantites, nombre et temps ; T les rapports ; V et Y sont reserves pour les besoins imprevus. Les substantifs sont toujours des polysyllabes finissant par une voyelle ; on les decline par cinq cas : nominatif, accusatif, datif, genitif et vocatif, en mettant avant ou apres les substantifs les cinq syllables la, le, li, lo, hi. Les adjectifs sont tous des polysyl- labes termines en n, et qu'on decline en les faisant suivre des voyelles a, e, i, o, u. Les pluriels des adjectifs ou des substantifs se forment en ajoutant la lettre s. Les verbes sont des polysyl- labes finissant en ar, er, i/-, or ou uv; leslettres de l'infinitif ou de l'indefini des verbes sont radicales et immuables ; les voyelles a, e, i, o, w, placees immediatement apres l'indefini, determinent l'espece du verbe, actif, reciproque, neutre, unipersonnel ou passif ; les six premieres consonnes b, c, d,f, g,j\ signifient les six modes, indi- catif, conditionnel, subjonctif, vocatif, impersonnel et gerondif; les trois premieres voyelles a, e, i, places a la suite d'une de ces consonnes differentient les trois temps, passe, present et futur ; les cinq personnes autres que la premiere personne du singulier s'in- diquent par l'addition des consonnes /, n, r, s, t. Tous les adverbes finissent par c. Toutes les prepositions sont des monosyllabes commei^ant par une consonne et finissant par une voyelle. Les conjonctions sont des monosyllabes commencant par une consonne et finissant par /. Les interjections et les exclamations se terminent toutes en f. II y a quatre articles, al pour les noms propres, el pour les noms appelatifs et communs pris dans un sens general, il pour les memes noms pris dans un sens special et determine, ol pour les memes noms pris dans un sens indetermine\ Les genres des noms substantifs sont exprimes par trois monosyllabes, on pour le masculin, an pour le feminin, in pour les mots epicenes, masculins et feminins a fa fois. Les adjectifs n'ont pas de genre. La syntaxe de la nouvelle langue est si simple qu'on peut aussi la resumer en quelques mots : Accord. II y a quatre especes d'ac- cords ; celui des substantifs qui s'accordent seulement en cas; celui des adjectifs qui s'accordent avec les substantifs en nombre et en cas; celui des pronoms relatifs qui s'accordent avec leur antecedent en nombre et non en cas ; celui des verbes qui s'accordent avec le 518 COSMOS. sujet en nombre et en personne. Regime. On conserve les regies du latin pour les regimes directs ou indirects de l'accusatif, du datif, et du genitif, lorsque celui-ci est possessif ou subjectif , le Vwre de Pierre; lorsque le genitif est objectif, la crainte de Dieu, on a re- cours a une proposition, la crainte envers Dieu. On place les subs- tantia apres la proposition sans aucun signe de declinaison ou sans cas. Les noms rOgis par les verbes seront precedes de la particule na; les noms regis par les adjectifs, de la proposition ne; ni s'em- ploiera partout ou il y aura comparaison ; no precOdera l'ablatif ab- solu , etc. Ordre des mots. La seule regie est d'eviter l'obscurite, la confusion et une trop grande etendue de discours. Nous ne nous arreterons pas a demontrer les avantages de la nouvelle langue ; nous admettons sans hesitation avec son auteur qu'elle est facile, claire, exacte, riche.Ominemment philosophique, analytique et synthOtique a la fois ; tres-variee ; qu'elle ne serait pour la memoire qu'un jeu d'enfant. Nous ne discuterons pas les objections qu'on lui a opposOes ; il n'en est au fond qu'une seule qu'il serait absurde de vouloir refuter par le raisonnement , la pre- vention; pour en triompher il faudra un miracle de la Providence ; 1'inspiration entraine naturellement a sa suite le miracle ; puisqu'il y a eu 1'inspiration, pourquoi n'y aurait-il pas miracle d' ordre na- turel, bien entendu, comme 1'inspiration? Nous terminerons ce trop long article par une page du diction- tionnaire de M. 1'abbOSotos Ochando, celle qui donne la nomenclature des corps simples elementairesde la chimie; cette page, qui convient mieux a un journal scientifique, nous a semble" en outre tres-propre a mettre en evidence la simplicity du nouvel idiome. A initial, chose materielle; AB initial, objets materiels; ABA initial, corps simples ou elements. Ababa, oxygene; ababe, hydrogene; ababi, azote ; ababo, soufre; ababu, selenium. Abaca, tellure ; abace, chlore ; abaci, brome ; abaco, iode ; abacu, fluor. Abada , phosphore ; abode, arsenic; abadi, carbone; abado, bore; abadu, silicium. Abafa, potassium ; abafe} sodium ; abafi, lithium ; abafo , ba- ryum ; abafu, strontium. Abaga, calcium; abage, magnesium; abagit glycerium; abagor aluminium ; abagu, zirconium. Abaja, thorium ; abaje, ytrium ; abaji, cerium; abaj'o, lantane; abaju, dydime. COSiMOS. 519 Abala , erbium; abate, terbium ; abali , manganese; abate, chrome ; abalu, tungstene. Abama, molybdene ; abame , vanadium ; abami , fer ; abamo, cobalt; abamu, nickel. Abana, zinc; abane, cadmium; abani, cuivre ; abano, plomb ; abanu, bismuth. Abapa, mercure; abape, etain; abapi, titane; abapo, tantale ou colombium ; abapu, niobium. Abara, ilm^nium ; abare, pelopium ; abari, antimoine ; abaro, uranium ; abaru, argent. Abasa, or ; abase, platine ; abasi, palladium ; abaso, rhodium ; aba.su, iridium. Abata, ruthenium; abate, osmium. II y a dans cette classification quelques inexactitudes que nous ne releverons pas, parce qu'elles ne peuvent etre imputees au phi- losophe grammairien. On voit qu'en definitive et en faisant abstrac- tion du radical commun aba, tous les corps simples sont differen- cies par un monosyllabe qui pourrait apparaitre seul dans les for- mules de la chimie , ce qui leur donnerait un caractere tres-remar- quable de simplicite et de regularile ; l'acide sulfurique, parexemple, S205 , deviendrait Bo2Ba5, etc. Pour donner une idee de la loyaute et de la noble simplicite de caractere de l'abbe Sotos Ochando, qu'il nous soit permis de consi- gner ici les dernieres lignes de son expose" que chacun pourra se procurer dans les bureaux du Cosmos. En terniinant ce projet, nous esperons que nos lecteurs, au lieu d'attaquer notre pensee avec violence et acrimonie pour les fautes qu'ils y d^couvriront, feront en sorte de les supporter et de les cor- riger, conciliant le zele pour la verite avec cette indulgence si con- venable aux vrais savants. Alors, tous, jusqu'aux plus timides et aux plus modestes pourront se glorifier de ce que, loin de mettre obstacle a une entreprise aussi importante que grandiose, ils auront contribue" a la realiser, ne serait-ce qu'avec un denier, comme la veuve de l'Evangile contribuait a la solennite du culte. F. Moigno. INDUSTRIE. PROCEDES ET USINES ELECTRO- METALIX'RGIQUES DE M. L. OODRY, A AUTEUIL ET A PASSY. Cuivrage electrique des coques de navires enfer et en bois. M. Oudry pratique avec succes toutes les branches de la galva- noplastie , il depose electriquement , a coup sur et sous toutes les formes imaginables, les metaux grossiers et les metaux precieux, le cuivre, le bronze, l'argent , Tor ; il moule a volonte tous les ob- jets d'art , depuis la planche typographique jusqu'au bas-relief le plus gigantesque, depuis la planche en taille-douce jusqu'a la statue la plus accidentee ; par l'^tendue des batiments, par les dimensions enormes des cuves , par le nombre des ouvriers, sa nouvelle usine d'Auteuil prendra place au premier rang parmi les etablissements electro-mdtallurgiques de la capitale et du monde ; voila certes deja de glorieux titres a nos sympathies , et matiere a une grande et belle etude. Mais M. Oudry ne s'est pas arrete la, il ne s'est pas contente de faire ce que tout le monde faisait , il a aborde la solu- tion d'un probleme gigantesque ; il a entrepris de revetir d'une couche tfpaisse de cuivre, par une seule operation, les coques des plus grands navires en fer ou en bois. A cette nouvelle, nous avons ete transpose d'une noble admiration et nous avons resolu de la faire partager a nos lecteurs. Voila l'occasion et le motif de cet article. Avant tout , etablissons d'une maniere bien nette, qu'il fallait necessairement aborder le grand et difficile probleme du cuivrage electrique des coques des navires , en montrant tout ce que les moyens protecteurs actuels laissaient a desirer. Parlons d'abord des coques en fer. Les navires en fer sont plus ldgers a volume egal ; leur tonnage est par consequent plus considerable ; leur solidite et leur resistance aux efforts de la mer, aux ebranlements causes par les soulevements et les chutes des Enormes pistons sont plus grandes ; its n'ont rien a craindre des tarets et autres mollusques perforants , et si on les defend de 1'oxydation , de Taction corrosive des eaux de mer, leur dureesera incomparablement plus longue. Mais ce n'est pas seule- ment au point de vue de la dur£e que la coque en fer reclame impd- rieusement un enduit protecteur ; abandonnee a elle-meme, surtout dans certaines mers chaudes oil les mollusques et les algues marines abondent, elle est bientot recouverte d'une couche adherente, epaisse, lourde, de detritus et de coquillages de toutes sortes qui ralentissent sa marche incessamment et presque a vue d'ceil, qui obligent a aug- COSMOS. 521 menter sans cesse la consommation de charbon pour conserver la vitesse normale, sous peine de subir dans l'arriv^e des retards qui s'escompteraient par des pertes ^normes d'argent pour l'armateur ou le ncgociant. Force est done de recourir a un enduit. On en a propose mille, mais un seul s'est montre suffisamment efficace, et il est presque exclusivement adopte malgre son peu de duree, e'est la peinture au minium ou a l'oxyde rouge de plomb, qu'on applique de la maniere suivante. Des le montage de la quille , de l'etrave , de l'elambot et de la membrure, on donne une bonne couche de mi- nium ; quand elle est seche, on enleve successivement toutes les pieces, on perce les trous des rivets, on assemble et on monte le navire. Lorsqu'il est termine , on brosse a l'interieur et a l'exterieur toutes les parties en fer, on passe une coucbe d'huile melee de te- r£benthine, puis une nouvelle couche de peinture au minium ; enfln un peu avan t le lancement , on donne une troisieme couche sur la carene. Si alors tout etait dit et qu'on put abandonner le navire a lui-meme pour un temps indefini, on ne regretterait pas le temps et la depense de ces premieres operations ; mais il n'en est pas ainsi ; tous les six mois, ou au moins chaque annee. il faudra faire entrer le navire en fer dans les docks ou sous une cale couverte pour le nettoyer et lerecouvrir d'un nouvel enduit. C'est un travail de dix longs jours, et, en Angleterre, une defense de 2 500 francs, puisque dans les docks la place occup^e par chaque navire se loue 10 livres sterling par jour. Cet apercu rapide suffit dvidemment a prouver que la question du revetement des coques des navires en fer est une grosse question et qu'il y aurait un interet considerable a substituer une couverture en cuivre pur a la peinture au minium. Mais comment fera-t-on cette substitution 1 Ce ne serait certes pas par les procedes anciens, car il faudrait 1° decaper parfaitement le fer; 2° le laver longtemps a grande eau ; 3° obtenir un premier depot de cuivre dans des bains enormes de cyanure , ou un depot prealable de plomb ou de zinc dans des bains semblables d'acetate de plomb ou de zinc fondu ; 4° enfin completer la chemise de cuivre dans les bains de sulfate ordinaire. Nous prouverons tout a l'heure que cette derniere operation est tres- possible et relativement peu couteuse ; mais la premiere et la troi- sieme sont si excessivement penibles, dangereuses, delicates, dis- pendieuses, qu'il y aurait de la folie a les entreprendre , d'autant plus que le cuivrage ainsi obtenu manquerait entierement son buL 522 COSMOS. Loin de conserver le navire, il pourrait compromettre son existence, ou du moins les craintes sont a cet cgard si raisonnables et si vives, que toute proposition de cuivrage faite dans les conditions que nous venons de dire, suscitera des repugnances et une repulsion invincibles. En effet, dans la serie des metaux ranges par ordre eMectrique, le fer est positif, le cuivre negatif ; au contact ces metaux s'elec- trisent en sens contraire et forment une veritable pile, c'est-a-dire que le fer, au contact du cuivre, est toujours electricite positive- ment et par consequent tres-pre'dispose a se laisser attaquer par les acides, les chlorures, les iodures, les brotnures, etc. ; si done il arrive, et il est impossible que cela n'arrive pas souvent, que la couche de cuivre galvanique vienne a etre enlevee sur un ou plu- sieurs points par frottement ou par toute autre cause , le fer mis a nu se trouvera dans des conditions beaucoup plus mauvaises que si le reste de la coque n'etait pas recouvert de cuivre, il est impos- sible qu'il ne soit pas corrode et detruit tres-rapidement, ou du moins on doit grandement redouter qu'il n'en soit ainsi. C'est pour unecrainte semblable que les excellentes chaines Sisco formees de fils ou de bandes de fer reunis et soudes par l'immersion dans un bain de cuivre ou de bronze fondus, chaines dont la force ou la resis- tance a la rupture est incomparablement plus grande que celle des chaines en fer ordinaire, ont 616 repoussdes jusqu'ici par les ma- rines francaise etanglaise qui en ont cependant grand besoin. Si done il n'avait pas reussi a tourner ou a r£soudre la difficult^, M. Oudry aurait ete force de renoncer ii sa grande industrie du doublage en cuivre des navires en fer. II l'a heureusement resolu de la maniere la plus simple et la plus efficace, en inventant un en- duit tres-facile a appliquer a froid sur le fer froid, aussi souvent et autant qn'on veut , tres-adherent, inattaquable a l'eau de mer et a l'eaufortementacidulee, isolant en lui-meme, mais facile a m^talliser dans ses couches superieures, de sorte que sa surface conduit alors parfaitement l'electricite. On recouvrira de cet'enduitle navire sur cale, comme on l'aurait recouvert de la peinture au minium ; apres qu'il aura e"te lance* et introduit dans le bassin clos oil doit se former le depot de cuivre, on verifiera avec soin qu'aucune portion de la coque n'est a nu ou sans enduit ; quand celui-ci sera parfaite- ment sec, on remplira le bassin de la dissolution de sulfate de cui- vre, on etablira le courant a l'aide d'une ou plusieurs series de piles assez puissantes , on fermera convenablement le circuit et apres un nombre suffisant de jours la coque entiere sera partout COSMOS. 523 recouvcrte d'une couche de cuivre de l'epaisseur voulue, sans d£ca- pageprealable, sans emploi des bains de cyanure, de sous-acetate de plomb, ou de zinc fondu, etc., etc. En apparence cependant, c'est toujours une operation effrayante, mais M. Oudry se fait fort de prouver aux plus incredules que deposer une couche de cuivre sur les plus grands navires, par une seule et meme operation, n'est pas plus difficile que s'il s'agissait d'une surface d'un metre carr6: c'est une simple regie de proportion a £tablir, dit-il, rien de plus. II a essaye son enduit sur les plus grandes proportions de membrures qu'il a pu introduire dans son atelier provisoire de Passy, et tou- jours l'op^ration a parfaitement marche, le depot se faisait si regu- lierement qu'on pouvait calculer sans peine l'epaisseur qu'il aurait atteinte apres un nombre donne de jours et d'heures. Des arma- teurs et negociants anglais et marseillais ont ete si frappes des experiences executees sous leursyeux, ils sont restes si convaincus dela praticabilite du cuivrage des plus grandes coques en fer qu'ils sesont engages a l'organiser sur la plus vaste eehelle. L'adherence du cuivre galvanique a l'enduit est tres-grande; on pouvait redouter cependant que la violence du roulis ou du tangage ne le d^tachassent partiellement. Pour obvier a cet inconvenient et prevenir toute objection, on peut percer dans la coque , de distance en distance, un nombre suffisant de trous; ces trous se garniront a l'interieurde cuivre depose; onyintroduira.soit apres l'opdration, des rivets a tetes fraisees et qui seront boulonnes a l'interieur des toles; soit avant l'operation, des tiges ou rivets a vis et a tetes barbelees ; on pourra aussi manager sur les joints d'assemblage des feuilles de tole des angles saillants ou rentrants avec lesquelles la feuille mince de cuivre depose- viendra faire corps pour ne plus s'en s^parer. On pourrait craindre que le cuivrage execute comme nous venons de le dire coutat tres-cher, le calcul approximatif suivant montrera qu'il n'en est rien. Unnavire de 80 metres de longueur sur 5 metres de hauteur, de la quille a la ligne de flottaison, presente une surface d'environ 900 metres carres ; en donnant a la couche de cuivre un demi-millimetre d'epaisseur, ce qui suffirait dans tous les cas , la depense en cuivre serait de 5 kilogrammes par metre carre- ; or le d^pot d'un kilogramme de cuivre coutera au plus 10 francs ; ce sera done 50 fr. par metre carre, 50 000 fr. pour la coque entiere, ou le dixieme environ du prix du navire; ce chiffre ^videmment n'a rien d'exagere\ il sera largement compense- par une duree plus grande, une marche plus rapide , un service plus r^gulier, un plus grand nombre de voyages, etc. 524 COSMOS. L'enduit protecteur et le cuivrage sont incomparablement plus ne*cessaires pour les coques en bois que pour les coques en fer, car lescoques en bois ont a se defendre non-seulement de Taction des eaux de mer qui les font pourrir quelquefois dans un temps tres- court, maisde Taction plus redoutable encore des animalcules ina- rins perforants ouautres qui les minent, les rongent, les detruisent et hatent leur decomposition dans une proportion dnorme. Aussi depuis longtemps tous les navires de guerre et les navires du com- merce d'un certain tonnage ont re^u une enveloppe metallique. Cette enveloppe fut d'abord en cuivre rouge et pur et elle faisait un excellent service; elle s'alterait sansdoute, mais assezlentement pour que son emploi fut un benefice reel et grand. II fallait d'ail- leurs quelle s'alterat , car si le mollusque qui vient tse coder a la coque du navire n'absorbe pas et n'emporte pas la petite quantity de cuivre qui lui donne la mort , il ne s'en separera jamais , celle-ci nesera plus bientotqu'un amas informe de coquillages qui rendront sa marche de plus en plus lente. C'est ce qui arriva quand on suivit le conseil, excellent en theorie, mais mauvais en pratique, de Til- lustre chimiste Davy ; et qu'on mit le cuivre de la doublure en con- tact sur plusieurs points avecde petites plaques de metaux plus oxy- dables, le fer ou le zinc. Devenu plus electro-negatif, le cuivre ne s'unissait plus aux acides ou aux cldorures, il ne se transformait plus en sels veneneux, il n'empoisonnait plus les mollusques, ceux- ci s'y attachaient en grand nombre, en meme temps que les sels terreux, etle remede £tait pire que le mal; la perte causee par la lourdeur du navire et la lenteur de sa marche depassa beaucoup cede de l'usure de la doublure. On revint done au cuivre rouge, et on se resigna a le remplacer quand il serait ronge\ Le mdtal found par Tindustrie fut d'abord trfes-bon , mais a me- sure que la consommation alia en croissant on le vit perdre de ses qualites premieres, et bientot Ton fut effraye' de la rapidite de des- truction des doublagesen cuivre rouge du commerce. On songea a revenir a Tidee de Davy, mais sous une autre forme, en substituant au cuivre le bronze renfermant 5 a 6 pour 100 detain; on espdrait avec raison que dans cet alliage, dont toutes les molecules sont autant de couples|voltaiques infiniment petits, l'eau de mer tendrait sans cesse a enlever l'dtain preferablement au cuivre, sans que cet enlevement, qui se faisait sur des molecules ou atomes infiniment petits , put rendre le doublage permeable et mettre le bois ami. On ne parvint a laminer Talliage de cuivre et detain, ou le bronze, beaucoup plus dur que le cuivre, qu'avec COSMOS. 525 beaucoupde difficult^, mais on r^ussit enfin, et les feuilles fournies par lesusines dormerent d'abord d'excellents resultats. On peut citer un grand nombre de navires dont les doublages durerent sept, huit, neuf , dix ans. La fabrication des bronzes lamines prit une tres- grande extension, mais en s'eHendant elle degejiera; la concurrence fit baisser les prix , et la baisse des prix amena l'emploi du cuivre de quality inferieures, avec diminution de la dose d'etain qui aug- lnentait les frais de laminage. On se servit de cuivres aigres de Swansea , on lamina a chaud en augmentant souvent la malle'abi- lite par l'addition d'une petite quantity de plomb. L'alliage n'etant pas homogene, l'alteration ne s'exercait plus sur des molecules in- finiment petites, mais sur des particules d'un volume tres-appr£- ciable ; quand on examinait une feuille de ce mauvais bronze, apres un service de moins d'une annee quelquefois, on le voyait litterale- ment crible de trous semblables a ceux qu'aurait faits le travail in- cessant d'une gouge de petit diametre. Les plaintes eclaterent de toutes parts. Tel capitaine voyait son doublage s'encrasser de la ma- niere la plus facheuse ; tel autre voyait les feuilles me'talliques s'al- terer a. vue d'ceil et tres-inegalement ; il en est qui , apres quinze ou dix-huit mois de navigation, se sont vus contraints de faire rempla- cer un bronze auquel on avait assure huit ans ou six ans au moins de duree. Le capitaine de la Sarah, parti du port de Nantes le 5 mars 1849, avec un doublage en bronze entierement neuf, se vit oblige de le remplacer a Calcutta en mai 1850, parce qu'il £tait perfore sur presque tous les points et ne protegeait plus le navire. De desespoir on a voulu essayer le doublage en zinc , mais il est entierement impropre a la navigation au long cours ; et, malgre l'e'norme difference de prix, force resta de preferer au zincle bronze, le cuivre ou le laiton. Les animaux et les vege'taux marins s'atta- chent au zinc avec une rapidite si effrayante, et en si grande abon- dance, que bientot le navire ne peut plus litteralement se mouvoir. Le capitaine du Quos-Ego raconte qu'il rencontra en mer le na- vire le Solide, de Saint-Malo, double en zinc, a environ quarante- cinq jours des cotes de France : quoique couvert de voiles, il semblait etre a l'ancre et n'arriva a Nantes que trente-cinq jours apres le Quos-Ego, double en cuivre ; sa vitesse ctait done reduite de plus des deux tiers. Al'heure oil nous ecrivons, l'absence de cuivre pur, la mauvaise qualite des bronzes du commerce, sont une veritable calamity ; la dure'e moyenne d'un doublage n'est que de trois ou quatre ann£es au 526 COSMOS. plus, et le moment est evidemment bien choisi pour essayer le dou- blage galvano-plastique. Le cuivre d£pos<5 sous 1'influence de \'6\ec- tricit(5, clans les conditions du moins oil s'est place M. Oudry, est d'une purete presque absolue, il remplit done toutes les conditions des anciennes feuilles de cuivre rouge. Nous avions desire" qu'il fut analyse officiellement a l'Ecole imperiale des mines, or le proces- verbal d'analyse, signe" de M. Beudant, constate qu'il ne contenait pas un atome de zinc, mais seulement des traces insaisissables de fer commeles cuivres les plus purs, comme le cuivre qu'on appelle chimiquement pur ; sa density avait atteint un chiffre considerable etcependant l'echantillon soumisa l'examen etait depose" sous Tac- tion de la pile directe. Sans le bienfaisant enduit dont nous avons deja imumere" les propriety merveilleuses, il ne faudrait meme pas songer a recou- vrir de cuivre galvanique la coque en bois d'un navire, puisque le cuivrage pre"alable au bain de cyanure et le zincage sont cette fois deux manifestes impossibility. Avcc l'enduit, au contraire, l'op£- ration est non-seulement abordable, mais facile, plus facile que pour les coques en fer. Pour obtenir une adherence complete, il suffira de larder la coque de chevilles ou rivets en cuivre a tete ebarbee et qu'on laisse l^gerement en saillie, de telle sorte que le cuivre en se deposant fasse corps avec les rivets et devienne in- separable du navire; rien n'empeche aussi d'enfoncer les rivets apres le depot du cuivre. Pour obtenir un cuivrage de longue duree, il suffira que la couche deposee ait une epaisseur de 5 a 7 dixiemes de millimetres ; on l'obtiendra en huit ou dix jours, avec un appareil simple a dia- phragmes en cuir entourant la coque de toutes parts , et sans plus de depenses que n'en exigerait un doublage ordinaire. Par la meme qu'il presente une surface absolument continue, le cuivrage dlectrique, parfaitement homogene, presque chimiquement pur, presentera, en outre de sa duree, un autre avantage conside- rable. Les animalcules perforants ne pourront plus se glisser a tra- vers les jointures etvenir attaquer le bois et les etoupes au point de determiner des voies d'eau avec un doublage en apparence intact. Les portions de coque que M. Oudry a dep recouvertes sont si bien rdussies , que le succes pour une coque entiere ne saurait etre dou- teux. Dans un second article, nous d^crirons avec bonheur les autres applications industrielles que l'habile galvanoplaste a faites de son excellente enduit. F. Moigno. PHYSIQUE APPLIQUEE. SUR LES FIGURES d'eQUILIBRE d'uNE MASSE LIQUIDE SANS PESANTEUR PAR M.-J. PLATEAU. (Suite. — Voyez page 388. ) Je ferai remarquer en passant que c'est au meme ordre de phe"- nomenes qu'il faut rapporter la conversion en globules d'un fil de metal, fondu par une decharge ou par un courant eMectrique. En effet, au moment de la fusion, le fil constitue un cylindre liquide d'une grande longueur relativement a son diametre. Ces faits et ces lois concemant les cylindres liquides , me con- duisent a l'application dont j'ai parle- plus haut et qui consiste dans la theorie complete de la constitution des veines liquides lancees par des orifices circulaires, constitution que Savart a si admirablement etudiee au moyen de l'experience. Avant de returner ici cette theorie, je dois encore faire connaitre un termedontje me sers. Je nomme forces figuratrices les forces moleculaires qui donnent a une masse liquide une figure d e'quilibre; celles qui produisent la transformation d'un cylindre sont done des forces figuratrices, puisque cette transformation n'est que le pas- sage a une autre figure d'equilibre. Maintenant, considerons une veine liquide s'ecoulant librement sous Taction de la pesanteur par un orifice circulaire perceen mince paroi dans le fond horizontal d'un vase. Les molecules du liquide interieur au vase qui affluent de tous cotes vers l'orifice conservent encore, comme on sait, immediatement apresleur sortie, des direc- tions obliques au plan de cet orifice, d'ou resulte un r^trecissement rapide de la veine a partir de l'orifice jusqu'a une section horizon- tale que Ton designe improprement sous le nom de section contrac- *e'e.*Arriv£es a cette section qui est peu Soignee de l'orifice, les mo- lecules tendent a prendre toutes une direction verticale commune avec la vitessecorrespondante a la hauteur du liquide dans le vase, et elles sont en outre sollicitees dans cette meme direction verticale par leur pesanteur individuelle. II requite de la que, l'orifice etant suppose circulaire, la veine tend a constituer, a partir de la section contracted, un cylindre sensiblement parfait et d'une longueur quelconque ; mais cette forme est modifiee, comme on le sait encore, par I'acccl^cation que la pesanteur imprime a hi vitesse du liquide, et le diametre de la veine, au lieu d'etre partout le meme, va en decroissant plus ou moins, a mesure que Ton s'eloigne de la section contracted. 528 COSMOS. Si les causes que je viens de rappeler agissaient seules, la veine semontrerait doncsimplement deplus en pluseffilee,a mesurequ'on la considererait plus loin de la section contractee, sans perdre ni sa limpidite ni sa continuity. Mais il requite des experiences rapport^es plus haut, qu'une semblable figure liquide , dont la forme ap- proche de celle d'un cylindre allonge- , doit se transformer en une s6rie de spheres isolees, ayant leur centre range sur l'axe de la figure. A la verite, il s'agit ici d'un liquide soumis a Taction de la pesanteur ; mais il est Evident que, pendant la chute libre d'un liquide, la pesanteur ne met plus aucun obstacle au jeu des attrac- tions moleculaires, et que celles-ci doivent alors exercer sur la masse les memes actions figuratrices que si cette masse etait sans pesanteur et a Tetat; de repos; c'est ainsi, par exemple, que les gouttes de pluie prennent, dans leur chute la forme spherique. Seu- lement pour que la conclusion precedente fut tout a fait rigoureuse, il faudrait que toutes les parties de la masse fussent animees de la meme vitesse, ce qui n'a pas lieu pour la veine; mais on comprend que, si cette difference peut apporter quelques modifications aux phenomenes, elles ne sauraient empecher la production de celle-ci. Le liquide de la veine devra done ne'eessairement arriver par de- gres, pendant son mouvement, a constitaer une serie de spheres isolees. Mais ce liquide se renouvelant continuellement, le phenomene de la transformation doit aller aussi en se renouvelant toujours. En second lieu, chaque portion du liquide commencant a etre soumise aux forces figuratrices, des qu'elle fait partie du cylindre imparfait que tend a constituer la veine, e'est-a-dire des l'instant oil elle fran- chit la section contractee, etdemeurant ensuite, pendant son trajet, sous Taction continue de ces forces, on voit que chacune des divi- sions de la veine doit commencer a se dessiner a partir de la section contractee, et a descendre, emportee par le mouvement de transla- tion du liquide, en se modifiant par degres, pour arriver a Tetat de sphere isolee. Or, il suit de la qua un instant donne\ les divisions de la veine doivent se trouver dans une phase d'autant plus avancee de la transformation qu'on les considere a une distance plus grande de la section contractee , du moins jusqu'a celle oil la transforma- tion en spheres est completement effectuee. De Torifice a la dis- tance ou a lieu la separation des masses, la veine doit evidemment etre continue; mais a une distance plus grande, les portions de liquide qui passent doivent etre isolees les unes des autres. Si done les mouvements du liquide, tant celui de translation que COSMOS. 529 celui de transformation, e'taient assez lents pourqu'on put les suivre des yeux, on verrait la veine formee de deux parties distinctes, l'une superieure continue, l'autre inferieure discontinue. La surface de la premiere presenterait une suite de renflements et d'etranglements qui descendraientavec le liquide, en se renouvelant continuellement, a partir de la section contracted ; et qui , tres-faiblement indiques a leur origine pres de cette section, se prononceraient de plus en plus pendant leur mouvement de translation , les renflements devenant plus saillants et les etranglements plus profonds. Enfin, ces divi- sions de la veine arrivant Tune apres l'autre, dans leur plus grand developpement , a l'extremite inferieure de la partie continue, on les verrait s'en detacher, et achever aussitot de prendre la forme spherique. En outre, la separation de chacune de ces masses serait necessairement precedee de la formation d'un filet qui se resoudrait en spherules de differents diametres ; de sorte que chaque sphere isolee serait suivie de semblables spherules. La partie discontinue de la veine se montrerait done composee de spheres isolees de meme volume, et de spherules inegales rangees dans les intervalles des premieres, les unes et les autres etant emportees par le mouve- ment de translation, et se renouvelant sans cesse a l'extremite de la partie continue. Or, on sait, depuis les belles observations de Savart , que telle est, en effet, precisement, la constitution reelle de la veine. Seule- ment, dans les circonstances ordinaires , une cause etrangere, re- connue aussi par Savart , modifie plus ou moins la forme des divi- sions de la partie continue et altere la sphe.icitd des masses isolees qui composent la partie continue; mais Savart a donne les moyens de se garantir de cette influence. Maintenant, le mouvement de translation elant trop rapide pour que les phenomenes qui se produisent dans la veine soient saisissa- bles par l'observation directe, il doit resulter de la certaines appa- rences particulieres. Rappelons ici que , lorsqu'un cylindre liquide se redout en sphere, la vitesse avec laquelle la transformation s'ef- fectue, est acceleree, et commence par consequent par etre extre- mement petite. A cause done de cette petitesse originaire, et de la rapidity du mouvement de translation dans la veine, les effets de la transformation graduelle ne pourront commencer a devenir notables qua une distance plus ou moins grande de la section contractee. Jusqu'a. cette distance, le passage rapide des etranglements et des renflements devant l'oeil ne pourra donner lieu a aucun effet sen- sible a la simple vue; de sorte que cette portion de la veine se 530 COSMOS. montrera sous la forme quelle affecterait si elle n'avait aucune ten- dance a se diviser. A partir de cette meme distance, les renfle- ments commen<;ant a prendre un developpement notable, la veine paraitra aller en s'elargissant , jusqu'a une autre distance au dela de laquelle le diametre se montrera constant. Telle est, en effet, comme l'ont encore montre les obssrvations de Savart, la forme que presente a l'observation directe une veine soustraite a l'influence de toute cause perturbatrice. Quant aux veines lancees dans des directions autres que la verti- cale, veines qui sont incurve*es par Taction de la pesanteur, et, con- sequemment, ne peuvent plus etre comparees a des cylindres, je fais voir que le phdnomene de la conversion en spheres isolees n'est pas le resultat d'une propriete appartenant exclusivement a la forme cylindrique , et qu'il parait devoir se produire dans toute figure liquide dont une dimension est considerable relativement aux deux autres. Voici une experience relative a ce cas : on suspend dans le melange alcoolique un anneau en fil de fer, ayant, je sup- pose, 7 centimetres de diametre , et Ton fait adherer a la totality de cet anneau une masse d'huileinsuffisante pour former une sphere qui Tenveloppe ; la masse prend alors la forme d'une lentille biconvexe. Celafait, on applique au milieu de l'axe des deux faces de cette lentille le bee de la petite seringue, et Ton aspire de 1'huile, ce qui diminue de plus en plus Tepaisseur de la lentille. Mais quand cette £paisseur est devenue tres-petite, la lentille perce tout a coup dans son milieu, on voit le liquide se retirer rapidement dans tous les sens vers la circonference m^tallique, et former lelong de celle- ci un joli anneau liquide. Or, cet anneau, qui se trouve dans le cas dont nous nous occupons, ne persiste que pendant une ou deux secondes, apres quoi il se resout spontan£ment en petites masses adhe>entes a diffe>entes parties de lanneau de fil de fer qui les tra- verse comme les perles d'un collier ; ces masses sont a peu pres spheriques et le seraient evidemment tout a fait sans Taction du fil de fer. On comprend done que dans les veines courbes il doit aussi se produire des divisions passant graduellement a Tetat de spheres isolees ; et que, par consequent, la constitution des veines lancees, soit horizontalement, soit obliquement, doit etre analogue a celles des veines lancees verticalement de haut en bas , conclu- sion qui s'accorde egalement avec les observations de Savart. Revenons aux veines lancees verticalement de haut en bas. Deux consequences decoulent immediatement de ma th£orie. En pre- mier lieu, les divisions se transformant pendant leur desceste, il COSMOS. 5M est clair que l'espace parcouru par une division pendant le temps qu'elle met a effectuer une partie donnee de sa transformation, sera d'autant plus grand qu'elle descendra plus vite, ou, en d'au- trestermes, que la charge, c'est-a-dire la hauteur du liquide dans le vase sera plus considerable; dou il suit evidemment que, pour un meme orifice, la longueur de la partie continue de la veine doit croitre avec la charge. Or, c'est aussi ce que montrent les resultats des mesures prises par Savart. En second lieu, puisque, d'apres la seconde des lois que j'ai rap- port^es plus haut concernant les cylindres liquides, la transforma- tion d'un cylindre est d'autant plus lente qu'il a un plus grand dia- metre , le temps qu'emploiera une division de la veine pour effectuer une meme partie de sa transformation sera d'autant plus long que la veine aura plus d'epaisseur; d'ouilsuit que, silavitessed'^coulement ne change pas, l'espace que parcourra la division pendant ce temps sera plus grand : par consequent, pour une meme charge, la lon<>ueur de la partie doit croitre avec le diametre de rorifice, et c'est encore ce que confirment les resultats des mesures de Savart. Quand aux lois qui regissent ces variations de la longueur de la partie continue, Savart deduit de ses mesures, qui out dte prises sur des veines d'eau, que, pour un meme orifice, cette longueur est a peu pres proportionnelle a la racine carree de la charge, et que, pour une meme charge, elle est a peu pres proportionnelle au dia- metre de l'orifice. Or, par une suite de considerations dont l'expose tiendrait ici trop de place, je demontre que ces deux lois sont des consequences necessaires de celles que j'ai trouvees pour les cy- lindres liquides. Ainsi qu'on le sait, d'apres le travail de Savart, la veine fait entendre un son soutenu , resultant principalement du choc perio- dique des masses isolees dont se compose la partie discontinue contre je corps sur lequel elles tombent, et Ton peut faire acquerir a ce son une grande intensity, en versant la partie discontinue sur une membrane tendue. En comparant les sons ainsi produits par des veines d'eau sous differentes charges et avec des orifices de diffe- rents di a metres, Savart a reconnu que, pour un meme orifice, le nombre de vibrations par seconde est proportionnel a la racine carree de la charge; et que, pour une meme charge, ce nombre est en raison inverse du diametre de l'orifice. Or, ces deux lois sont encore des consequences necessaires de ma tht%rie ; c'est ce que je puis faire comprendre ici en peu de mots. 532 COSMOS. D'abord , en effet, la formation des divisions dans la veine etant uniquement le resultat de la figure a peu pros cylindrique de celle-ci, la distance entre les milieux de deux £tranglements naissant l'un apres l'autre a la section contracted, ou, en d'autres termes, la lon- gueur d'une division naissante sera independante de la vitesse d'ecoulement ; d'ou il suit que si l'orifice demeure le meme, le nom- bre de ces divisions naissantes quipasseront, dans un temps donnd, a la section contractee, sera proportionnel a la vitesse dont il s'agit, et, par suite, a la racine carree de la charge. Mais chacune de ces memes divisions donne, plus bas, une masse isol^e, et chaque masse isolee produit un choc contre la membrane ; le nombre de ces chocs par seconde, et, cons6quemment, le nombre des vibra- tions sera done proportionnel a la racine carree de la charge. En second lieu, il re"sulte de la premiere des deux lois que j'ai rapportees relativement aux cylindres, que la longueur d'une divi- sion naissante doit etre sensiblement proportionnelle au diametre de la veine a la section contractee, et, consequemment , a fort peu pres proportionnelle a celui de l'orifice. Or, si e'est la charge, et, par suite, la vitesse d'ecoulement qui demeure la meme, le nombre des divisions naissantes qui passeront , dans un temps donne , a la section contractee, sera evidemment en raison inverse de la longueur de ces divisions, et ainsi , d'apres ce que je viens de dire, sensible- ment en raison inverse du diametre de l'orifice ; il en sera done de meme du nombre de vibrations par seconde. Ainsi, comme jel'ai avance, les proprietes des cylindres liquides fournissent l'explication complete de la constitution des veines liquides lancees par des orifices circulaires, et elles rendent raison de tous les details et de toutes les lois du phenomene. Savart a fait connaitre dans son Memoire certaines modifications extremement remarquables qu'eprouve la veine sous l'influence des mouvements vibratoires communiques de l'exterieur au liquide. Je n'ai point donne la theorie de cesphenomenes, qui dependent d'une cause etrangere; mais, afin de ne point laisser de lacune en ce qui eoncerne la veine, je me propose de traiter ce sujet dans ma troisieme serie , et Ton verra alors que les phenomenes dont il s'agit s'expli- quent egalement d'une maniere complete. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Taris. — Imprimerie de W. Remquet et Cie, rue GaraiicU:re, 5. T. VIII. 23 MAI 1856. CINQUIBUE AN NEE. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. L'Academie des sciences de l'lnstitut de Bologne a propose" pour sujet du prix Aldini la question suivante: " Exposer tout ce qui a et6 decouvert de certain et d'important sur les courants musculaires, en dehors des faits relatifs aux cou- rants de la grenouille consigned dans le memoire de M. Grimelli, couronne en 1848 et imprime dans le tome x des Nuovi Commen- tarii , de l'lnstitut de Bologne ; etablir d'une maniere claire si Ton doit admettre ou non la seconde sorte de courants qui , d'apres M. du Bois-Reymond , se developpent dans la contraction des muscles; et s'il y a manifestation d'electricite libre dans le systeme nerveux desanimaux vivants; soumettre a un examen rigoureux les expe- riences des savants italiens et etrangers favorables ou contraires a 1' existence de ces courants; eclairer par des experiences nouvelles les faits encore controverses ; remonterautant que possible a la cause et aux lois de ces phenomenes , pour en d^duire, en s'appuyant;des faits les plus averes et autant que le permet l'etat actuel de la science, la part d'action prise par l'electricite'dans lafonction del'organis Rj3 animal vivant. Le prix sera de deux cents eeus romains ; les memoires devront etre adress^s au secretaire de l'Academie des sciences de l'lnstitut de Bologne, dans le courant de decembre 1857. — L'Academie des sciences de Belgique publie le programme suivant des prix a decerner en 1856 : 1° Donner un apercu historique et critique des meHhodes qui ont ete employees pour determiner la figure de la terre, depuis les ex- periences franchises en Laponie et au Perou. 2° Determiner par des recherches nouvelles la nature des acides organiques anhydres. 3e On tend aujourd'hui a substituer l'enregistration des observa- tions de meteorologie et de physique du globe par des moyens me- caniques, a leur constatation directe par des observations; on de- mande d'examiner la valeur comparative des deux mdthodes, en 20 534 COSMOS. ayant £gard a leur m^rite scientifique ainsi qu'aux soins et aux d£- penses qu'ils occasionneraient. 4° Etudier, au moyen de nouvelles experiences, l'influence que le nerf grand sympathique exerce surles fonctions de la nutrition. 5° Faire 1*' etude des infusoires vivants dans une localite quel- conque de la Belgique. 6" Determiner, par des experiences nouvelles , la nature de la mature sucree qui se developpe dans le foie des animaux et des substances aux dtfpens desquelles ce developpement a lieu. Le prix, pour chacune de ces questions, est une medaille d'orde la valeur de six cents francs. Les memoires , ecrits en latin , fran- £ais ou flamand, doivent etre adresses a M. Quetelet avant le 20septeu.brel856. Un prix de deux mille francs sera en outre decerne au meilleur memoire sur la question suivante : Indiquer un systeme complet de moyens rationnels et pratiques de porter l'ex- ploitation des houilleres a mille metres au moins de profondeur, sans aggraver serisiblemenUes conditions economiquesdans lesquelleson opere aujourd'hui en Belgique. —La Societe imperialed'acclimatation est de plus en plus en voie deprosperite; ses progres sont rapides au dela de ce qu'on aurait puprevoir; elle s'est associe , dans ses deux dernieres seances, plus de cinquante membres , parmi lesquels nous remarquons un grand nombre de noras illustres : le prince Styrbey de la Valachie; fe prince Abdulhalim-Pacha , gouverneur du suudan ; Artm-Bey, ex-ministre des affaires etrangeres en Egypte ; Odilon-Barrot ; marechal Bosquet; Peki-Bey, secretaire des commandements du vice-roi d'Egypte; baron Thenard; Clot-Bey; vicomte de l'Uru- gay, ministre plempotentiaire du Bresil ; Laplace; le marquis de Levis, etc., etc. Un premier comite d'acclimatation s'est forme a Alexandrie ; un second se fonde en ce moment dans le Soudan egyp- tien, sous la presidence d' Abdulhalim-Pacha, qui s'engage a pro- curer a la Societe mere les especes animales et vegetales faciles a acclimater dans 1' Afrique francaise , et adresse deja une collection de graines du fleuve Blanc. La derniere livraison du Bulletin mensuel de la puissante So- ciete contient un grand nombre d' articles interessants que nous allons analyser rapidement. 1° Rapport sur la premiere education en Saisse da salurnia mylitta, ver k soie du chene , du saturnia cjrd/iia, ver I soie du ricin , du bombyx mori, ver a soie du Hairier, trois especes venant de Chine ou des Indes; ce ne sont encore 'que des essais trcs-incomplets. 2° Une lettre de M. Emile COSMOS. 535 Nourrigat sur l'industrie sericicole dans le midi de la France ; l'au- teur prouve par des chiffres qui ne semblent pas exager^s , que la culture du murier est eminemment productive, a ce point que le revenu annuel de 25 a 30 000 fr., qu'on attribue dans les Ca- yennes a un hectare de muriers, n'a rien de fabuleux. L'auteur n'est pas favorable aux tentatives faites pour obtenir deux educa- tions dans une memeannee; il maintientle precepte de M. Camille Beauvais, que le progres consiste a ameliorer 1 'education unique, par cette raison surtout que 1'ag.e du ver et desfeuilles doit toujours etre le meme, que le ver et le bouton du murier doivent naitre le meme jour et, pour ainsi dire, sous le meme soleil. 3° Diverses notes sur un nouvel igname de la Nouvelle-Zelande, envoye" par M. Piddington de Calcutta, que Ton dit etre d'un gout delioieux et d'une bonne grandeur. On essaie en ce moment son acclimatation a Malte, a Turin, a Paris. 4° Un grand nombre de renseignements , d'expe>iences, de rapports sur le sorgho sucre on sorgho a graines noires, holcus saccharatus , cultive comme plante fourragere, e'est- a-dire seme epais et fauche des qu'il a atteint une hauteur suffi- sante ; le sorgho a donne des resultats extraordinaires aux environs d'Hyeres, mais ce n'est encore qu'un essai. Suivant le docteur Tur- rel, sa culture est riche du plus brillant avenir en Algeria et dans le midi de la France. Son rendement a l'hectare, dans de tres- bonnes terres, bien fumees, serait de 40 000 planter de 3 et 4 me- tres, ou de 80 000 kil. de tiges, qui donneraient 28 hectolitres d'al- cool absolu de tre^bon gout, valant , aux prix actuels, 5 040 fr. Suivant M. Hardy, le sorgho serait plus merveilleus encore, il don- nerait par hectare, en Algerie, 251 kilogrammes de sucre, ou pres de 80 hectolitres d'alcool, avec un benefice net de plus de 8 000 fr. aux prix actuels , de plus de 3 000 fr. au taux ordinaire de 70 fr. l'hectolitre; sa culture ne saurait done etre trop encouragee. Les tiges seches peuveut servir soit a l'alimentation du betail, soit a la confection d'engrais; lorsqu'elles sont arrivees en pleine maturite, il se developpe, a leur surface, une efflorescence cireuse ou sorte de cirevegetale qui, melee au suif, dontie des bougies dont la lumiere a beaucoup d'eclat. 5° Une lettre interessante dans laquelle M. l'abbe Guierry, procureur general des Lazaristes en Chine, donne des details sur plusieurs graines envoyees par lui de Chine . graines de the; graines de gou-tong-chou , arbre analogue au pla- tane, remarquable par ses fleurs couleur de gui parasite, formant de tres-gros bouquets, et ses graines attachees au nombre de quatre ou cinq sur les bords externes des pelales ; ta-teou, haricots a tres- 536 COSMOS. longues gousses, excellents a manger en vert; lo-oux-sen, pistaches de tcrre donnant une huile tres-abondante et bonne a manger ; ouang-teou ou manteou, haricots jaunes a poil dont on se sert pour faire de l'huile ; tcha-tse , espece de strychnos dont on retire une huile abondante bonne a bruler; tong-ehou , strychnos vomiquier, donnant aussi en abondance une huile exclusivement employee dans la peinture en batiments ; lo-teou, pois verts manges en pur6e; arbre a suif dont le noyau contient a l'exterieur du suif , a l'inte"- rieur de l'huile; gui-ma-tse ou ortie blanche , dquivalente a notre lin, mais vivace et dont les tiges se coupent trois fois l'ann^e; 6° une instruction sur la culture et la recolte de la plante textile ; tchou-ma ou ortie blanche ; urtica iiwea, instruction traduite du chinois par M. Stanislas Julien. 7° Une lettre de M. Maud'heux fils sur la proposition faite, en 1847, par ME. le docteur Turck, de creer dans les Vosges une Societe de domestication. — M. le vicomte de Valmer engage la Societe a solliciter du gouvernement la formation au Museum d'histoire naturelle d'un aquarium marin et d'un aquarium d'eau douce analogues a ceux du jardin de la Societe zoologique de Londres. II est aussi question de la creation d'une oisellerie modele. — M. Martin Oeuf, de Toulon, a trouve le moyen de preparer des poissons de telle sorte qu'ils conservent les couleurs qu'ils presen- tent au moment oil ils sortent de l'eau. — M. le docteur Gosse voudrait hater l'introduction et l'acclima- tation en Algerie du naudou ou autruche d'Amerique. — M. le marquis de Selves presente le gigot d'un mouton de Caramanie abattu chezM. Lambot-Miravale ; ce mouton pesait46 ki- log., et a fourni 25 kilogrammes de chair fine , d'excellente qualite, d'une saveur tres-agr^able. La graisse de la queue , analysee par M. Freir.y, a donne deux substances bien distinctes , l'une solide et analogue au suif, l'autre liquide d'un aspect huileux et dont on pourra faire d'utiles applications dans l'intlustrie. — M. Delaporte envoie deux boucs a tete fortement busque'e, appartenant a l'espece de chevre bonne laitiere de la Haute-Egypte ; et trois pintades a joues bleues que leur mutismerend prelerables a l'espece criarde dont les joues ou caroncules sont rouges. — M. John Le Long fait un appel aux populations Iaborieuses de France et d'Allemagne pour la colonisation de la province de Corrientes, confederation argentine. — M. le comte de Souquierras appelle l'attention sur l'arum d'Egypte dont il envoie trois echantillons ; cette plante est remar- COSMOS. 537 quable par ses qualites comestibles et sa valeur comrae plante fecu- lente si bien reconnues et mises en oeuvre en Egypte ; elle reussirait probablement tres-bien en Alge>ie. — M. le docteur Leprestre de Caen annonce qu'une femelle de Dromee ou casoar de la Nouvelle-Hollande couve avec grand soin dix oeufs pondus chez lui; le male se contente de faire bonne garde pres de la cabane. — M. Verreaux croit qu'il serait tres-important de tenter de nouveau l'introduction du messager ou swpentaire du cap de Bonne- Esperance dans les pays oil les reptiles venimeux abondent. — M. Lottin de Laval annonce qu'il a trouve" le chat d' Angora a Erzeroum , Armenie ; a. Mourch , Kurdistan ; a Belles et dans le pachalick de Bayasid; a, Bagdad et dans beaucoup d'autres lo- calites. — M. Louis Figuier vient de re^diter sous ce titre : « Les appli - cations nouvelles de la science a I' Industrie et aux arts , » les articles sur l'Exposition universelle de 1855 qu'il a publies en feuilletons dans le journal la /V-e.y.ye.Nousnepouvons nimieuxdon- ner une ideede ce charmant volume, ni etre plus agreeable a notre e>udit confrere qu en inserant dans le Cosmos l'introduction de cette nouvelle edition : " L'annee 1855 marquera une date ineffagable dans l'histoire pacifique des nations. De tous les coins du monde, les peuples se sont leves pour apporter les tributs de leur indust rie au con- cours universel ouvert dans la capitale de la France. Le genie de l'homme n'a jamais apparu avec autant d'eclat que dans cet imposant etalage de ses merveilles assemblies. C'etait le genie humain. que Ton allait contempler avec enthousiasme dans ces oeuvres d'art et d'industrie, qui portaient le glorieux temoignage de sa force, de sa patience et de son etendue. L'importance et les resultats de ce grand ^venement de notre siecle apparaitront avec plus d'dvidence a mesure qu'on s'en eloignera davantage. Charge de rendre compte, dans le journal la Presse, de la partie de l'Exposition universelle qui concernait les sciences appliquees, j'ai du passer en revue, parmi les oeuvres exposees, tout ce qui constituait, sous ce rapport, une acquisition nouvelle. La reunion des articles qui ont paru, a ce sujet, dans la Presse, pendant une duree de sept mois, compose le volume que je presente aujourd'hui au public, apres 1 'avoir re vu avec beaucoup de soin, et complete par des additions considerables. 538 COSMOS. On ne se mEprendra pas, je l'espere, sur la nature de cet ouvrage. II parait juste une annee apres l'ouverture de l'Exposition, c'est- a-dire qu'il ne faut pas y chercher une description, meme partielle, de ce que Ton a pu admirer au palais des Champs-Elys^es. Ce n'est done pas un compte rendu de l'Exposition que Ton va lire ; e'est une revue des d^couvertes recentes, un expose" de l'etat pre- sent de eertaines branches de 1'industrie qui reposent sur l'applica- tion des sciences physiques ou chimiques. L'auteur s'est propose* de presenter un tableau exact des applications les plus recentes de la science a 1'industrie et aux arts, en prenant ge'neralement pour texte les produits qui figuraient a l'Exposition universelle, et consi- derant, par consequent, ces deeouvertes a la date historique de cette annexe 1855, qui marquera une pEriode si memorable dans la marche du progres scientifique et industriel. Le titre de ce livre : Les applications nouvelles de la science a V Industrie et aux arts en 1855, paraitra, sans doute, jnstifi£ par son contenu. On n'a pas voulu le grossir par un remplissage inutile, et tout ce qui ne se rapporte pas a une decouverte vraiment nou- velle, vraiment utile et pratique, en a ete banni. Les tentatives que Ton fait en ce moment, en France et dans diverses parties de l'Eu- Tope, pour changer les dispositions actuelles de la machine a va- peur — les locomotives inventus en 1854 pour le service des mar- chandises — les locomobiles — les moteurs electro-mngnetiques — l'horlogerie electrique — l'emploi de l'electricite" pour la security des chemins de fer — la gravure photographique — l'emploi in- dustriel de la galvanoplastie — la fabrication des bougies stea- riques par la distillation et par Taction de l'eau — l'eclairage elec- trique — le chauffage par le gaz — les moyens de conservation des matieres v£getales — l'aluminium, etc., voila assurement de v^ritables nouveaut6s scientifiques et qui justifient le titre de cet ouvrage. A ceux qui rdpetent avec complaisance cette eternelle ba- nalite : « II n'y a rien de nouveau sous le soleil , « on pourrait re- pondre par la simple Enumeration qui precede. J'ai donn£ pr^cedemment au public un livre qui a pour titre : Exposition et histoire des principales decouvertes scienti- fiques modernes; l'ouvrage actuel peut en etre_considere com me la suite et le complement. Dans le premier, je me suis surtout attache" a presenter l'histoire et les developpements successifs des grandes inventions de notre £poque. Je considere, dans celui-ci, l'etat pre- sent de ces memes inventions, et de quelques autres dont il n'Etait pas question dans le premier. NtCROLOGIE. DISCOUBS PB0N0NCES SUB LA TOMBE DE M. BINET. Discours de M. Lame. L'Acaddmie des sciences, chaque fois que la tombe s'ouvre pour l'un de ses membres, a la pieuse habitude de rappeler, en peu de mots, les titres de gloire et les ceuvres imp^rissables du savant qui la quitte. Je viens accomplir cette tache douloureuse. L'£loquent doyen de la section de g^omtHrie pouvait seul dire ici tout ce que Binet fut, et comme savant, et comme ami. L'ing^nieux auteur de la thdorie des couples pouvait seul retracer quelques-unes de ces anciennes luttes si mdmorables, oil s'agitaient de grandes questions, relatives au systeme du monde, et que Binet travaillait avec ardeur, au meme temps que lui. En l'absence de ces deux illustres confreres, je ne puis que rap- peler des faits connus de tous. Binet a 6t6 l'dleve, l'ami , le collaborates de Laplace. II a pris une part active a la publication de la Mecanique celeste. Personne ne connaissait mieux que lui toutes les phases de cette ceuvre gi- gantesque ; et les m^moires importants qu'il a publies , pour la completer ou l'dclaircir, sont des documents precieux qui seront toujours consulted. On consultera aussi, et longtemps, son bel ouvrage, ou plutot son Traite, devenu classique, sur les integrates euleriennes . Ces traces ineffa^ables, et d'autres encore, feront vivre le nom de Binet parmi les savants. Mais, les quality de cet homme Eminent, la profonde connais- sance qu'il avait acquise des travaux d'un grand nombre de g£o- metres , tant anciens que modernes , tout cela est perdu pour nous. Et l'Acad^mie regrettera ses jugements bienveillants, ses apprecia- tions consciencieuses et motive>s , sa justice , constamment en £veil , pour restituer a qui de droit la gloire des d^couvertes scien- tifiques. Discours de M. Augustin Caucky. La mort vient de ravir a l'Academie des sciences son president ; aux membres de l'lnstitut , aux professeurs du College de France, un excellent confrere ; a une femme , a des enfants , a une famille eplor^e, un pere tendrement aime" et digne de l'etre; a moi-meme, un ancien condisciple et un ami. Binet a quitte ce monde pour un 5^0 COSMOS. monde meilleur. En presence de la tombe qui recoit sa de'pouille mortelle, je n'essayerai pas de rappeler les importants travaux par lesquels il a contribue aux progres de la geomiStrie et de l'analyse mathematique ; il sera plus digne de lui , plus consolant pour nous d'arreter notre esprit sur une pensee bien capable d'adoucir nos regrets. Binet n'etait pas seulement un g£ometre distingue , doue" d'une haute intelligence : avec les plus beaux genies des siecles passes et des temps presents, avec les Descartes et les Fermat , avec les Haiiy, les Ampere, les Laennec, il aimait a remonter dela con- naissance des verites scientifiques au Principe kernel de toute ve- rity La meditation des lois sublimes qui regissent le cours des astres , qui entretiennent l'ordre et l'harmonie dans l'univers , lui offrait sans cesse de nouveaux motifs de benir et d'adorer l'auteur de tant de merveilles. La foi vive de notre confrere, son ardent amourpourleDieu auquel il rendait gloire par ses talents et ses vertus , par son vaste savoir et son inepuisable charite" , doivent nous inspirer la douce confiance qu'aujourd'hui , plus heureux que nous, plus e^laire" que nous, Binet est alle" puiser la lumiere a la source de toute lumrere , apprendre des secrets que nous sommes appeles nous-memes a connaitre un jour, en marchant dans la voie qu'il asuivie. Absorbe" parces hautes pensees, vous mepardonnerez, messieurs, d'en abreger l'expression . Lavraie douleur s'exprime en peu de paroles ; et , a la vue de la croix posee sur cette tombe en signe d'esperance, je me tais, je vous laissefranchir en esprit 1'inter- valle immense qui separe les sciences de la terre, si limited , si bornces en tous sens , meme quand elles sont cultivees par des hommes d'un mente supe>ieur, des verites sublimes , de la divine science, qui nous seront re>61ees dans les cieux. PEOTOGRAPHIE. BAROGRAPHE PHOTOGRAPHIQTTE DE M. FRANCIS RONALDS, F.-R.-S. Cet instrument, qui a fonctionne d'abord a Kew en aout 1845 et qui a He ddcrit dans les Transactions philosophiques , partie premiere, pour 1847, a ete depuis grandement ameliore; il fait automatiquement les corrections de temperature avec une exacti- tude tout a fait remarquable. C, fig. 1, est la premiere lentille collective, avec son chassis ou support et l'appareil pour exclure la lumiere, suivant le besoin, placed en avant de C, 542 COSMOS. cl cl pieces cannelees, ou pieces a. rainures, entre lesquelles glisse lateValement et facilement c2, qui est une plaque munied'une ouverture rectangulaire d'en- viron 7,62 centimetres de hauteur et de 5,08 centimetres de lar- geur. On admet, par son moyen, la lumiere ou on l'exclut a volonte". On ne voit pas dans la figure une seconde lentille collective em- ployee seulement quartd on allume une lampe d'Argand ou le gaz. 0 est une plaque a diaphragme; son ouverture a environ 0,13 centimetre de largeur, et environ 7,5 centimetres de hauteur. La lumiere qui passe a travers cette ouverture , apres avoir rase" le sommet de la colonne de mercure, traverse, avant d'arriver a la surface photogenique , les lentilles et une sorte de bouche consis- tant en deux pieces angulaires fixers sur une plaque circulaire pou- vant tourner autour de son centre ; l'intervalle entre les deux levres de la bouche a environ 10,16 centimetres de hauteur et 2,55 mil- limetres de largeur. On peut l'amener a une position exactement verticale par le moyen de la plaque circulaire. F, est la boite a chassis. La bouche est situ^e au milieu de la paroi postdrieure de cette boite, dont la paroi inferieure en fer fondu est rendue aussi plane que possible. ys, est un ressort a roulette , attache" a la paroi inte>ieure de la porte de F. f6, une ouverture etroite dans la par tie centrale de la porte de F. On peut fermer cette ouverture au moyen d'une petite bande en laiton. G , fig. 1 , est le tube a lentilles contenant deux groupes de lentilles achromatiques; elles donnent une image renvers^e deux fois plus longue environ quel'objet. gl, est une plaque glissante, avec fourchettes, etc., servant de support au tube G et a l'ajustement au foyer. H, est le chassis glissant contenu dans F et posant sur une espece de petit chariot a roulette. A4, le battant de la porte de H,[ayant une ouverture etroite vers son extremity droite. Trois ressorts attache's a la paroi inte>ieure de A4 pressent sur la partie poste>ieure d'une plaque daguerrienne contenue dans le chassis H ( ou bien sur une paire de plaques de verre qui tiennent entre elles un morceau de papier talbotype, au lieu de la plaque m&allique). h6, est une plaque qui peut glisser bien librement dans des rai- nures en H. Son extr£mit£ gauche est taillee de maniere a former COSMOS. 543 une espece de crochet qui peut s'ajuster sur une petite cheville fai- sant saillie sur la paroi posterieure de F. Une petite plaque de verre depoli, portant une echelle divisee en vingtiemes de millimetres, est fix^e en H vis-a-vis de l'ouverture ^troite pratiquee dans A4. Quand A6 et H ensemble sont places en F, avant que H n'ait commence son mouvement, h6 couvre tout a fait la surface sensible, et la position de h6 est telle que son bout droit reste a environ 0,13 centimetre du cote gauche de l'intervalle des deux levres de la bouche. L'image du niveau supeVieur du mercure , projet^e par le moyen des lentilles en G sur la petite plaque de verre depoli, est alors visible, si on la regarde a travers ladite ouverture ^troite. I , est une poulie a deux rainures , ajustde sur la partie saillante de l'arbre du barillet d'une horloge, et divisee comme le cadran d'une horloge ordinaire; elle a environ 10,16 centimetres de diametre. il, une petite corde a boyau, passant par un trou pratique- en F; elle est attaches a I et a une des extremite du chariot portant H. i2, une petite corde a boyau, passant par un autre trou en F; elle est attachee a l'autre extremite du chariot et soutient un poids (non indiqu6). i2, est soutenu par une poulie (non visible). i\ une corde a boyau attache a I et tenant en suspension is, qui est un contre-poids un peu plus pesant que le poids sus- pendu a P. II est destine* a faciliter le jeu du rouage, etc. Une noix moletee a pression, viss£e sur le bout de l'arbre du ba- rillet de 1' horloge, empeche I ou lui permet de tourner sur ledit arbre* K, est la boite de l'horloge ; un indicateur est fixe sur K (servant d' aiguille ) ; Une noix moletee, attached a un arbre passant au travers dea plaques de l'horloge et combined avec un levier et une fourchette derriere l'horloge sert a arreter et a faire marcher le pendule a un moment donne. A-5, est le support deK, qui peut etre eleve ou abaisse a volonte". P, est une des planches epaisses, formant un chassis ajuste- exac- tement, a angle droit, sur la partie centrale de Q, planche £paisse supportant F, etc. Toutes ces planches sont en sap in bien vieux et sec, et a fibres ires-droites. 5hU COSMOS. R, est une caisse au-dessus de P, pouvant se glisser en avant ou en arrifere; elle protege la partie inferieure de B contre la pous- siere, les accidents, etc. La figure represente 1'instrument dans ses autres couvercles. Nous allons parler a present de la manipulation et du jeu des parties de 1'instrument dont nous avons donne la description ci- dessus. Si on veut employer le procede de Daguerre : 1° La plaque argentee bien polie est installed dans le chassis H que Ton porte tour a tour dans les boites ou la plaque doit rece- voir les couches d'iode et de brome. 2° On glisse h6 au-dessous de la plaque, alors qu'elle est encore dans la boite ou elle recoit sa derniere couche sensible. 3° La plaque c2 etant glissee de maniere a empecher la lumiere de tomber accidentellement sur la surface sensibilis^e, et la noix a pression elant relachee, on place H, etc. , sur le chariot qui roule sur la paroi inferieure de F, et on ajuste le crochet de h6 sur la petite cheville en saillie sur la paroi exterieure de F. 4° On ferine la porte de F. En consequence de cette action , le ressorty'5 s'appuie sur A4 et force ainsi h6 a presser sur la levre gauche de la bouche. 5° On peut alors observer l'image du sommet de la colonne de mercure projetee sur lV'chelle graved de la petite plaque de verre depoli, en regardant ladite image a travers les deux ouvertures Strokes dans les battants des portes de F et de H, afin de verifier la justesse du foyer des lentilles en G. 6° On visse l'ecrou i6 pour que la poulie I ne tourne pas sur son arbre. On fait marcher 1'horloge au moment donne. Ensuite la revolu- tion de I fait mouvoir le chassis H, etc., vers ladroite deF, a raison de 2,54 centimetres par heure, portant avec lui la plaque sensible, mais laissant h6 arreteo par la petite cheville saillante (dont nous avons parle) ; ainsi des portions successives de la plaque viennent s'exposer a l'infiuence de la lumiere venant de la lampe ou d'une fenetre, et passant par C, par la partie vide au-dessous du niveau du mercure dans le barometre B, par G, et enfin par l'intervalle etroit des levres : consequemment, si le niveau vient a changer pendant le trajet H, etc., des portions de differentes gran- deurs de la couche photographique de la plaque viennent recevoir l'impression de la lumiere. 7° Apres 12 heures, ou un autre intervalle de temps , on arrete COSMOS. 545 l'horloge en K, on rehlche un peu la noix a pression , vissee sur Tarbre du barillet, et on force H a reprendre sa premiere position en F en tirant P. 8° On porte H conjoin tement avec A6, dans un lieu tres-obscur oil Ton retire la plaque de H, et on place la plaque dans la boite a mercurc , un peu chauffee ; 90 Quand on la retire de cette boite , sa surface presente une silhouette qui indique la portion qui a ete impressionnee par la lumiere en F; le bord superieur est la courbe de la variation baro- metrique, le bord inferieur est la ligne des abscisses tracee par le bord inferieur de l'intervalle des levres ; 10° Quand on l'a lave dans la solution d'hyposulfite de soude, on l'ajuste sur un petit mecanisme pour mesurer les ordon- nees, etc., ou on les mesure de la maniere ordinaire. Si Ton veut se servir du precede Talbot pour obtenir la courbe, 1° On prepare le papier de la maniere qu'on trouve la plus con- venable pour reinplir son office special; 2° On le place entre 2 plaques de verre bien planes dans le chassis glissant H , et on les couvre avec la plaque h6 avant que l'operateur soite de son lieu peu eclaire ; puis on procede pr6- cisement de la maniere qui a ete decrite pour la plaque argentee. La description de l'appareil compensateur sera parfaitement comprise a l'aide des fig. 2, 3 et 4. b2, fig. 2, est la cuvette du barometre. Son couvercle en verre est exactement ajuste sur elle, et emboite, par le moyen de deux plaques triangulares, fig. 4, et trois longues vis, etc. Ce couvercle a un ajutage a travers lequel la partie superieure du tube a ete passee de bas en haut, et la partie inferieure etant legerement co- nique, est ajustee a l'emeri dans l'ajutage , de maniere a sus- pendre avec securite la cuvette (la base du cone etant en bas). &3, fig. 2, un anneau, par lequel a ete passe le tube, apres son passage, on elargit son extremite pour l'empecher de ressortir. Z»4, une piece attacheea b~° , par le moyen de deux vis; elle tient un petit anneau, par lequel un court echeveau de soie passe et sou- tient le barometre. b5, fig. 3, un segment d'un anneau ; b°, etc., trois vis d'ajustement passant par b5, pour prevenir, autant que possible, toute oscillation accidentelle du barometre; ils ne le touchent pas actuellement. b7 b\ fig. 2 et 3, sont deux pieces de sapin bien vieux, et a fibres bien droites. 546 COSMOS. bB b*, deux barres en laiton , unissant V b1 par le moyen de vis et rondelles. b9 et bi0, deux plaques en laiton visse'es sur b7 V. b11 etb'2 son t des verges en zinc dur , sur les ex- tre'mit^s desquelles des chapiteaux en laiton sont soud^s. Le chapiteau superieur de bli est attache a bs par un pivot invariable, et son chapiteau en bas est at- tache par un pivot, au bout droit de bi5, qui est un levief dont le point d'appui est situe* a la distance d' envi- ron un tiers de la longueur du levier, a partir de ce bout droit. Le chapiteau infe>ieur de b12 est attache' a un pi- vot au bout gauche de bl* (c'est-a-dire a la distance de deux tiers de la lon- gueur du levier, a partir du point d'appui). Le chapiteau superieur de b12 est attache par un pivot a bu, qui est une piece ca- pable d'etre glissee a vo- lont£ dans une mortaise, par Taction d'une vis a tete moletee dans le bout gauche de b", qui est un levier dont le point d'appui est situS a environ un tiers de la distance comprise entre ledit pivot et le bout droit de ce levier. Ce bout droit porte une piece courbee dont le rayon de COSMOS. 547 cbUrbure est egal a la distance comprise entre le point d'appui et ce bout (c'est-a-dire a environ deux tiers de la distance comprise entre le pivot de la piece glissante bli et ce bout). Cette piece courbee recoit l'echeveau de soie qui soutient le barometre. Le point d'ap- pui de biS est un tranchant de couteau bien dur, pose" sur l'interieur de deux anneaux d'acier dur. b16, est une aiguille attachee a bis; sa pointe indique les dilatations et contractions de btl et de bi2t en raison multiplied, sur une e'chelle divisee fixee sur b9. bi7 b'-7 , sont des vis qui fonctionnent dans des pieces attachdes a b7 bn et pressent sur des plaques a cavitds ajustables sur P, P. El les sont employees pour les petites corrections a faire a la hauteur, a la perpendicularity, etc., de tout le chassis (compose^ de b7, ba, etc.). b1& (voir Jig. 1 ), une piece de bois faisant saillie sur les pieds de la table pour empecher les oscillations dudit chassis , mais qui n'est pas attachee au chassis. bt9, fig. 1, un contre-poids. II est Evident que, par cet arrangement, le barometre descendrait d'un espace egal a environ six fois la dilatation de bu ou de bn occasionne par un accroissement donne" de temperature, et par consequent doit etre compense ( parce que cette quantitd 6 est dgale a la difference de dilatation entre les mdtaux zinc et mercure), pourvu qu'aucune dilatation n'advienne dans b7 b7 ; mais on a fait bu ajustable a une distance plus grande ou plus petite du point d'appui de biS, dans le but, non-seulement de compenser les dila- tations de b7 b7 , mais aussi dans celui de tacher de corriger des pe- tites erreurs inevitables du mdcanisme, etc. L'erreur moyenne d'une observation, resultant d'une longue serie de comparaisons , faites en octobre et novembre 1850, avec notre barometre a dtalon, ne s'^levait qua 7 centiemes environ de mil- limetre. Une partie de cette erreur moyenne etait sans doute due au barometre dtalon , et il faut remarquer que l'appareil .destine" spdcialement a corriger des erreurs mdcaniques, etc., inevitables , n'dtait pas mis en ceuvre pendant lesdites comparaisons (c'est-a-dire ]a vis et la piece glissante bu). Une autre source d'erreurs pourrait exister s'il y avait quelques petites variations hygromdtriques dans les planchers ou les lam- bourdes sur lesquelles l'instrument eHait place", comme aussi dans les pieces P, Q, etc. Le barographe qui fonctionne dans l'Observatoire Radcliffe, a TUniversite d'Oxford, a re9u de M. Ronalds quelques nouvelles 548 COSMOS. ameliorations par la substitution de la fonte de fer et du verre au bois, etc. ; nous ne nous arreterons pas a les decrire. THERMOGRAPHE DE M. RONALDS. II se compose de deux parties dont l'une enregistre les variations du ther- mometre sec, l'autre les variations du thermomctre humide ( ou l'Hygrometre Mason ). La disposition de toutes les parties de et instrument (exceptd les thermo- metres eux-memes) ressemble beaucoup a celle qui a 4te" adoptee pour le Baro- graphe ; maisla boite a chassis F, fig. 1, et la planche Q out a peu pres deux fois la longueur de celles du Baro- graphe, afin que deux chassis, comme H, puissent marcher dans F, et que deux simples planches, comme P, puis- sent supporter deux chambres obs- cures, etc. A A, fig. 5, est une des chambres obscures. BBB, son thermometre courbe a angle droit, sa partie inferieure passant par un trou pratique" dans une plan- chette fixee dans la fenetre de la salle ou se trouve la machine, afin que sa boule soit exposee a Fair exterieur. C, sa lentille collective. D, sa flamme de gaz (ou sa lampe a huile). E, sa bouche avec ses levres, etc. F, sa boite a chassis. G G G , trois lentilles portees dans A A par des planchettes, et faisant le meme office que font les deux paires de lentilles contenues dans le tube G, fig. 1 . Le choix des figures et des po- sitions de ces lentilles est du a M. le professeur Crookes et elles se trouvent trfes-bonnes. ^-oillrW' .i ■"- COSMOS. 549 L'autre chainbre obscure et ses appareils sont precisement sem- blables a ceux-ci ; seulement, la boule du thermometre humide pos- sede sa couverture ordinaire de soie, son syphon a l'eau, etc. Les chariots des deux chassis, glissants, sont unis par une petite chaine, et une horloge (comme K,flg. 1) les fait marcher tous les deux. Si on veut employer la lumiere du jour, au lieu de celle d'une lampe, etc., on ouvre une petite porte dans la planchette en face deC. Le Barographe ameliore, ainsi que le Thermographe double, sont en pleine activite (jour et nuit) a l'Observatoire Radcliffe d'Oxford, depuis l'automne de 1854. lis out et^ bien approuvds par plusieurs de nos physiciens celebres, et les ordonnees des courbes de variation peuvcnt etre mesur^es avec la meme justesse que les indications du ba- rometreetdes thermometres eux-memes. M. Johnson. M. A., pre- sident de la Societe" astronomique royale et le directeur tros-dclaire de cet Observatoire , s'occupe de la publication de resumes et de descriptions qui ne manqueront pas d'etre bien interessants. On va construire un Barographe et un Thermographe de cette espece pour l'Observatoire imperial de Paris. [Extruit de Vouvrage de M. Ronalds , qu'on trouve dans les bureaux du Cosmos.) H1ST0IRE DU STEREOSCOPE. Nous avons public , dans notre livraison du 15 aout 1854 , un petit article dans lequel nous invoquions le temoignage de sir David Brewster lui-meme, pour prouver que M. Wheatstone etait le veri- table inventeur du stereoscope non-seulement par reflexion ou avec miroirs , mais par refraction ou avec prismes. Ce temoignage consistait dans la citation de ces deux lignes tres-significatives ex- traites d'une lettre de sir David Brewster, en date du 27 septembre 1838: 1 have also slated that you promised to order for me your stereoscope , both with reflectors and prisms. " J'ai aussi dit (a M. Ross) que vous aviez promis de comman- der pour moi votre stereoscope, celui avec reflecteurs et celui avec prismes. » Le 27 octobre suivant, nous re5umes de sir David Brewster une reclamation tres-vive , qu'il nous coutait d'inserer et de discuter. Nous la communiquames a des collegues et amis communs des deux 550 COSMOS. illustres adversaires, en leur demandant si nous pouvionsnous dis- penser de la publier, tant nous redoutions d'envenimer une discus- sion deja trop vive et trop desolante ; tous furent d'avis que nous ferions bien de l'ajourner indefiniment. Cette resolution etait grave, tres-grave , et nous en comprenions toute la ported; nous fumes meme quelque peu effraye' de la responsabilite qu'elle faisait peser sur nous, car nous savions que l'illustre savant ecossais , qui nous avait temoigne jusque-la tant d'affection , ne nous pardonnerait pas notre silence et nous le ferait expier durement. Or, voici qu'en effet il nous menace de nous d^noncer au monde comme coupables, nous, d'avoir supprime la vdrite\ M .Wheatstone, de l'avoir pervertie avec une audace dont l'histoire n'offre que tres- peu d'exemples, si nous n'accomplissons pas ce qu'il dit etre un de- voir sacre\ si nous ne remplissons pas la promesse que nous lui avons faile pendant son sejour a Paris, en juillet et aout derniers. On com- prendra qu'en presence d' exigences si nettement formulees, et dans une question ou nous sommes complement desinteress^, nous ne poussions pas la resistance plus loin, et que nous fassions violence iix sentiments de justice, de deiicatesse, d'amour de la paix qui nous ont seuls retenu jusqu'ici. Voici , en consequence , la reclamation de sir David Brewster, pour lequel nous ne cesserons pas d'avoir une estime et une affection profondes : « Monsieur l'abbe, « Je remarque dans la livraison du Cosmos du 15 aout 1854 une citation de deux lignes d'une lettre dcrite par moi aM. Wheatstone, citation faite dans le but de prouver que j'ai commande a M. Ross, le celebre opticien (jet non a lord Ross , comme vous le dites ) , un ste- reoscope hprismes ; vous en tirez la conclusion que, a la demande de M. Wheatstone, cet instrument a ete construit pour moi et m'a ete envoye\ Que M. Wheatstone ait eu l'intention de vous voir tirer cette conclusion, c'est evident ; il n'avait nuflement besoin, en effet, de s'appuyer de fautorite' de ma lettre pour prouver que je connais- sais son idee d'employer des prismes , alors qu'il m'avait vu dire dans le Philosophical magazine pour Janvier 1852, vol. HI, p. 22, note II , M. le professeur Wheatstone a , nous le croyons , fait usage de deux prismes achromatiques . S'il vous avait renvoye a cette note , il aurait atteint son but , si ce but avait eHe- honnete; mais il voulait en outre , et il a r£ussi , vous induire a croire que M. Ross a construit pour mon usage un stereoscope a prismes. Or, ceci est tout simplement une faussete, et M. Wheatstone savait que COSMOS. 551 c'etait une faussete lorsqu'il vous envoyait l'extrait de ma lettre, extrait que je presume etre exact. « En preuve de cette assertion j'invoque le temoignage de M. Ross. « 2 Featherstone Building, 28 septembre 1854. « Cher monsieur, en reponse a votre lettre du 11 courant, je puis « affirmer que je ne vous ai jamais fourni de stereoscope dans u lequeldes prismes auraient dte employes aulieu de miroirs plans. m Je me rappelle parfaitement que j'ai ete invite' soit par vous, soit « par M. Wheatstone, il y a environ quatorze ans, a construire des " prismes achromatiques pour le susdit instrument. Je me rappelle « aussi que je n'ai pas procede a leur construction en raison du « grand volume qu'il faut donner a des prismes achromatiques pour « obtenir une puissance de deviation des rayons lumineux relative- » ment faible , et parce qu'a cette epoque du verre suffisamment « exempt de stries etait difficile a trouver et se payait en conse- « quence un prix tres-eleve. Andrew Ross. » (( II resulte par consequent de ce document que M. Ross n'a jamais fait un seul stereoscope a prismes , pas meme pour M. Wheatstone ! Et il me semble tout a fait inconcevable que quel- qu'un puisse regarder le stereoscope a prismes dont pas un exem- plaire ne parait avoir ete construit , dont au moins on n'a pas cons- truit une douzaine d'exemplaires , comme ayant le pas sur le stereoscope lenticulaire de mon invention, vendu, je lecrois, a plus de 30 000 exemplaires. « Comme vous etes vraiment desireux de decouvrir ce qui est errone et d'etablir ce qui est vrai , je vous offre de vous prouver les faits suivants concernant le stereoscope. 1° Le principe du stereoscope, c'est-a-dire que deux dessins dissemblables ou symetriques sont unis dans la vision binoculaire , etait connu et pubhe longtemps avant que M. Wheatstone existat. 2° M. Elliot d'Edimbourg a invente independamment et em- ploye un stereoscope pour unir les dessins dissemblables. 3° M. Wheatstone a construit le premier le stereoscope ayec reflecteurs ou miroirs que personne n'acheta a l'exception d'un petit nombre de professeurs. 4° La theorie du stereoscope donnee par M. Wheatstone et pu- bliee dans les Transactions philosophiques pour 1838 etait entie- rement erronee. 552 COSMOS. 5° J'ai donne le premier une theorie veritable du stereoscope dans les Transact ions d'Edimbourg, pp. 349 et 369. o° En 1852, M. Wheatstone ne connaissait pas encore la vraie theorie du steoroscope, puisqu'il reimprimait dans le Philosophical Magazine de cette annexe, son m^moire de 1838 contenant, sans corrections aucunes , sa theorie erronde. 7° J'ai concu et fait ressortir le premier la grande valeur du stereoscope au point de vue des portraits de famille. 8° J'ai ete le premier a placer dans le stereoscope le portrait binoculaire d'un individu vivant. 9° J'ai mis le public en possession d'un instrument nouveau, a bon marche, portatif, populaire, avec lequel on a pu realiser les avantages des portraits de famille dont j'ai parle" plus haut. " Bientot dans un ouvrage separe sur cette matiere , je placerai tous ces faits hors de doute pour l'instruction des personnes qui n'ont pas examine les ouvrages auxquels j'ai renvoye et les autres ecrits dans lesquels j'ai deja traite cette question. « D. Brewster, Si-Leonard ' s college, St-Andrew. » Nous devons laisser a M. Wheatstone le soin de repondre, s'il le juge convenable , aux assertions de son redoutable collegue ; mais apres avoir relevd quelques inexactitudes mate>ielles. M. Wheatstone ne nous a nullement envoyd pour le publier l'ex- trait de la lettre de sir David Brewster; il nous asimplement mis cette lettre entre les mains dans son cabinet de Hammersmith , nous laissant toute latitude de nous en servir, mais ne nous de- mandant nullement son insertion au Cosmos. M. Wheatstone n'a nullement voulu nous faire croire que M. Ross avait effectivement construit un stereoscope a prisme pour sir David Breswter ; il savait parfaitement, et il nous l'a dit formellement, que la commande n'avait pas ete executee. CequeM. Wheatstone a simplement voulu, c'est nous prouver qu'en 1838 sir David Brewster, appelait le stereoscope a prismes stereoscope de M. Wheatstone; rien de plus, rien de moins. F. Moigno. acad£hie des sciences. SEANCE DU 19 MAI 1856. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire annonce officiellement a l'A- cademie la mort de son president, M. Binet ; un tres-grand nombre de membresse sont empresses des'unirau cortege funebre. M. Lame et M.Cauchy ont fait son eloge sur sa tombe; nousavonspu cons- tater que cette mort inattendue a excite des regrets universels ; nous avons reproduit plus haut les discours prononces. — M. Ostrogradzki remercie l'Academie de l'honneur qu'elle lui a fait en lenommant niembre correspondant ; sa lettre d'actions de grace est tout a fait remarquable ; il a su y encadrer d'une maniere tres-piquante l'eloge de tous les mathematiciens fran^ais, en rap- pelant le principal titre de gloire de chacun. — M. Valz , directeur de l'Observatoire de Marseille, ne croit pas pouvoir accepter sans se deTendre la lec,on que M. Le Verrier a voulu lui donner. — M. Sedillot, de Strasbourg, envoie la description, avec por- trait de l'individu opere, dune operation d'autoplastie appliquee a. la revivification des tissus cicatriciels , et faite par lui en 1854. C'est sans doute de la part de M. S&iillot une sorte de reclamation de priorite, mais M. Jobert de Lamballe nous a fait remarquer avec raison que l'idee et l'application de sa methode sont bien anterieures a cette dpoque. — M. Victor Doat dcrit a. l'Academie que depuis la presentation de sa pile, faite par M. Becquerel , il l'a grandement amelioree en substituant au mercure divers amalgames et surtout l'amalgame de zinc; par cette substitution, la tension et la quantite d' electricity fournie par sa pile sont tout a fait comparables ou meme sup^rieures a la tension et a la quantity des piles de Grove et de Bunsen, a acide nitrique, et Ton ne perd rien des avantages de la revivification, car l'iodure de zinc se convertit sans peine, et par la simple action de la chaleur, en iode et en zinc ou oxyde de zinc. S'il en est ainsi, M. Doat aura rendu un immense service aux industries qui font usage de l'&ectricite , et pour lesquelles i\ n'existe pas a propre- ment parler de pile usuelle ou pratique, quand il s'agit d'operer sur une grande ^chelle. — Le R. P. Secchi adresse une £preuve tres-belle d'une photo- graphic representant celle des grandes taches de la lune que Ton d&signe du nom de Copernic, vue avec le grand refracteur de l'Ob- aervatoire du college romain.Ce n'est pas une image photographique prise directement sur la lune observed avec un tres-fort grossisse- 554 COSMOS. ment, c'est simplement une copie photographique d'un dessin fait a la main par l'observateur en raeme temps qu'il voyait la tache dans la lunette. — Le R. P. Secchi adresse en outre la description des instru- ments qui lui ont servi a mesurer la nouvelle base romaine sur la voie Appienne r^tablie.Le principal de ces instruments a 6te' cons- truit par M. Porro, et le R. P. Secchi en fait le plus grand eMoge. N'oublions pas de dire qu'au d^but de sa lettre, le R. P. Secchi protestait contre la nouvelle de sa mort, tres-maladroitement rej)6- t^epar plusieurs journaux francais. Le R. P. j£suite de meme nom dont on deplore la perte eHait un arch^ologue tres-distingue\ un des plus profonds hell^nistes du monde, membre correspondant de notre Academie des inscriptions et belles-lettres , et qu'on disait avoir d^couvert le secret des caracteres hie>ogl yphiques. — M. Paul Serret transmet un Memoire sur la th^orie des courbes a double courbure. — Le Reverend Samuel Haughton, professeur a Trinity-College, Dublin, adresse un exemplaire de ses grandes recherches theoriques et expe>imentales a la fois sur les marges solaires et lunaires diurnes des cotes d'Irlande; nous attendons que l'auteur ait acheve, dans le Philosophical magazine , l'analyse de son travail , pour faire con- naitre a notre tour ses conclusions. — M. Rossi fait hommage d'un ouvrage ecrit en italien et qui a pour objet la theorie analytique des surfaces annulaires. — M. Breton (de Champ) fait connaitre ses formules pour la determination des surfaces focales, dans le cas d'un objectif com- pose d'un nombre quelconque de lentilles simples , l'epaisseur totale de leur assemblage £tant supposed n£gligeable. — M. Scoutetten, m^decin en chef de l'hopital militaire de Metz, adresse, par l'intermediaire de M. Cloquet, qui en a donne" lecture, une note relative a la decouverte des sources de l'ozone atmosph^- rique. II croit avoir eHabli que l'ozone est engendre : 1° par I'elec- trisation de l'oxygene secrete par les ve'ge'taux ; 2° par 1'eMectrisation de l'oxygene qui s'^chappe de l'eau ; 3° par 1'eMectrisation de l'oxy- gene degage" dans les actions chimiques; 4° par des ph£nomenes electriques r£agissant sur l'oxygene del'airatmosphe>ique. « L' ex- perience suivante, dit-il , 6uffit a mettre en Evidence le ph^nomene signale" : On se munit d'une cloche en verre blanc , au sommet de laquelle on attache, au moyen d'un peu de cire, une bandelette de papier ozo. noscopique suspendue a un fil ; on pose cette cloche sur une plante COSMOS. 555 quelconque fixee au sol ou detachee , des feuilles d'arbres suffisent meme pour l'experience ; on expose le tout a la lumiere directe, et Ton constate les ph^nomenes suivants : des vapeurs d'eau se r^pandent dans la cloche; bientot ellesforment gouttelettes contre les parois, le papier commence a se colorer ; il est d'abord jaune paille, il passe a la couleur chamois , et s'il y a beaucoup d'ozone a la couleur feuille morte. L'experience terminee, le papier trempe" dans l'eau prend une couleur bleue plus ou moins foncee. Si l'ex- perience commence a sept heures du matin, le papier se colore fai- blement vers huit heures et demie ou neuf heures ; a onze heures , la coloration augmente rapidement ; elle progressej usque vers trois heures apres-midi ; au dela de ce temps , on ne remarque plus de progres sensible. L'ordre de ces phenomenes est constant , mais ils se produisent avec plus ou moins de rapidite et d'intensite, selon l'elevation de la temperature et la vivacite de la lumiere solaire. Nous avons vu la vaporisation de l'eau, et , peu de temps apres, la coloration du pa- pier commencer vers sept heures, et d'autres fois vers dix heures du matin. Si vous repetez la meme experience sur de l'eau de source, de riviere ou de pluie contenue dans des vases poses sur le sol ou sou- leves sur des pieds en verre, vous obtenez des resultats identiques a ceux fournis par les plantes. Une serie d'experiences variees et frequemment repetees , nous ont permis de conclure 1° que les v^getaux, ainsi que l'eau , four- nissent constamment a l'atmosphere de l'ozone pendant le jour ; 2° que ce phenomene cesse pendant la nuit ; 3° qu'on le suspend pendant le jour en soustrayant l'eau ou les plantes a Taction de la lumiere directe ; qu'il suffit pour cela de mettre un morceau de linge ou une feuille de papier sur la cloche; qu'on le suspend encore en se bornant a mettre l'eau ou les plantes dans un appartement oil elles ne recevraient que la lumiere diffuse ; 4° que l'ozone ne se pro- duit pas lorsqu'on se sert d'eau distillee ou ordinaire bouillie ; qu'il en est de meme lorsqu'on introduit des plantes dans une cloche remplie de cette eau bouillie ou bien priv^e d'air ; 5° que la for- mation de l'ozone a egalement lieu lorsque l'eau et les plantes sont enfermt'es dans un ballon en verre qu'on suspend loin du sol avec un cordon en soie. En ce qui touche les actions chimiques, nous sommes parvenu a d^montrer par des experiences rigoureuses que l'oxygene naissant est de l'ozone, et que c'est aux propri&es que l'oxygene acquiert 556 cosmos. par 1' electrisation positive qu'il doit tie former des combinaisons impossibles avec l'oxygene pur. Ence qui touche les actions chimiques, nous sommes parvenu a demontrer, par des experiences rigoureuses, que l'oxygene nais- sant est de l'ozone, et que c'est aux proprietes que l'oxygene ac- quiert par Telectrisation qu'il doit de pro duire des combinaisons impossibles avec l'oxygene pur. Enfin l'ozone se forme dans l'air atmospherique sous Taction des causes qui font naitre Telectricite" , les courants magndtiques , le frottement de l'air, les decharges, etc., etc. Mais ces derniers faits avaient deja ete entrevus par plusieurs observateurs. » M. Scoutetten termine ainsi : « II decoule de ces experiences des aper^us nouveaux tout a fait inattendus, eclairant tout a coup des actes nombreux de la physiologie vegetale et animale , expli- quant un grand nombre de phenomenes meteorologiques restes obscurs, ainsi que les actions chimiques ou l'oxygene joue le prin- cipal role. » Nous permettra-t-il de lui faire remarquer qu'il y a bien long- temps que nous avons signal^ toutes ces sources de l'ozone atmos- pherique, que nous avons dit en termes formels que l'oxygene degage par les plantes elait de l'ozone, que nous avons meme explique par la presence et Taction de l'ozone le blanchiment des toiles et des cires, les nitrieres artificielles, etc., etc.? — M. le professeur Woolf adresse un resume des observations des quantites d'ozone presentes dans Tair, faites a Berne en 1855 par lui et M. Koch ; ces quantites sont exprimees comme a Tordi- naire en degres de Techelle ozonomdtrique : Janvier 11, 11; fevrier 12, 39; mars 12, 27; avril 7, 82; mai 7, 85; juin 10, 53; juillet 8, 68; aout 7, 82; septembre 9, 10; octobre 7, 03; novembre 10, 05; decembre 13, 12. Moyenne des saisons : hiver, 12, 20; printemps, 9,31; ete, 9, 04; automne, 8, 73; moyenne de Tannee, 9, 82. — M. Pouillet lit la premiere partie d'un memoire sur la cha- leur soiaire ou les intensity des radiations solaires directes. II est tres-important , sans aucun doute, de connaitre le temps pendant leqwel le soleil a lui chaque jour, chaque mois, chaque annee, et quelle etait Tintensite de la chaleur emise par lui, ou de sa radia- tion pendant ses periodes d'eclat; un grand nombre de phenomenes naturels, la germination, la floraison, la fructification et la matu- ration des plantes dependent en effet essentiellement de la quantite totale de chaleur ou de radiation solaire re9ue par la terre, au lieu COSMOS. 557 de la vegetation. Cette grave question cependant a tres-peu occupe" jusqu'ici les meteorologistes qui se contentent en general d'indiquer d'une maniere assez vague 1'eHat du ciel, s'il est pur ou couvert de nuages. M. Pouillet croit qu'il est temps de combler cette lacune et propose dans ce but un appareil nouveau qui a pour but d'enregis- trer photograpbiquement la presence actuelle du soleil et l'inten- site de sa radiation. Cette idee est evidemment tres-simple, et il est ■e^onnant qu'elle ne soit pas encore produite; la solution de ce cu- rieux probleme pose par le savant physicien n'est cependant, jus- qu'ici, qu'une premiere ebauche. Son appareil, que nous decrirons avec plus de details, est tout simplement une boite carree, blanche au dehors , noire au dedans, orientee suivant la latitude comme un cadran solaire ou comme un bihostat, qui suit le soleil dans sa marche en tournant autour d'un axe parallele a l'axe du monde; le soleil darde ses rayons pardes trousperces sur les faces et va des- siner son image circulaire sur une feuille de papier photographique enroulee sur un cylindre. Dans ces conditions, le soleil marque sa presence par des cercles qui sont d'autant plus fonces que la lumiere est plus vive. Les cercles isoles indiquent une eclaircie de une a deux secondes ; si l'eclaircie se prolonge, les cercles, en se deplacant, forment une trainee noire dont la longueur accuse la duree, en ce sens que la surface qui recoit l'image est sillonn£e par des lignes verticales dont la distance uniforme correspond a une heure. Les blancs qui s^parent les traces du soleil donnent les ins- tants pendant lesquels le ciel reste couvert sans que les rayons du soleil percent les nuages. L'appareil de M. Pouillet a fonctionne les 14, 15, 16 , 17 et 18 mai d'une maniere assez satisfaisante ; et ces premieres epreuves photographiques presentees a l'Academie font beaucoup esperer pour l'avenir. L'essentiel sera de trouver un papier photogenique qui receive des impressions constamment proportionnelles a l'm- tensite de la lumiere solaire ; c'est un probleme difficile, mais non pas insoluble , nous dirons bientot qu'il a deja £te r£solu a Berlin avec quelque succes. — M. Woolf, professeur a Strasbourg, communique les resultais d'experiences nouvelles sur la capillarite a des temperatures plus elevens. II a trouve pour Tether, par exemple, qu'a la temperature de 197 desres il cesse de mouiller le verre , au-dessous de cette temperature la surface qui termine la colonne est concave ; elle est plane a cette temperature, et convexe au dela. — M. Boussingault , a l'occasion de la decouverte d'un gisement 558 COSMOS. de platine faite en 1852 par M. le docteur Jervis dans la Nouvelle- Grenade , pres d'Antioqua , lit une note pleine d'interet sur l'in- dustrie metallurgique. Le docteur faisait chercher de l'or dans un filon oil l'on est habitue" a le rencontrer , c'est-a-dire dans un filon forme de quartz, de fer hydrate, de debris de sienite porphyritique decomposed, et il fut etonne d'obtenir au lieu d'or un metal blanc en grains routes, qui avait tous les caracteres du platine, et qui £tait en effet du platine sans aucun melange d'or. S'il n'avait pas sous les yeux les echantillons envoyes d'Amerique, M. Boussingault hdsiterait a croire a la reality de cette decouverte qui constitue un fait veritablement anormal et extraordinaire. La quantity de platine qu'on peut extraire du minerai fourni par ces filons varie de 2 a 10 ou meme 14 pour 100. Mais par malheur le gisement se trouve dans une contree entierement couverte de fo- rets et de marecages, sans terres cultivdes , oil la culture est meme en quelque sorte impossible, et qui ne peuvent , par consequent, fournir les substances n^cessaires a l'alimentation des homines ou des betes de somme employes a l'extraction et au transport du mi- nerai. Les mineurs sont forces de vivre de viandes salees apportees de tres-loin et a grands frais , ce qui altere tres-rapidement leur sante et abrdge considerablement leur vie. On connait depuis longtempsl'existence du platine dans le sol de la Nouvelle-Grenade, mais on le rencontrait en general dans des terrains d'alluvion , dans des sables formds en grande partie de sie- nites ddcomposees , dans une sorte de terre vdgetale dont on l'ex- trayait par des lavages tres-penibles; et comme d'ailleurs il avait tres-peu de valeur, qu'on ne s'en servait que comme contre-poids d'horloges, ou pour remplacer le plomb en grain dans les armes a feu, son extraction ne formait pas une industrie speciale; elle fut memelongtempsabandonnee. L'or tres-abondant preoccupait toute Fatten tion.iLes noirs furent d'abord charges seuls du lavage des sa- bles auriferes ; l'emancipation qu'amena la guerre de l'independance diminua considerablement le nombre des esclaves, et les blancs furent forces de les remplacer ou de renoncer a l'exploitation des mines. M. Boussingault a rappele, en finissant, quelques phrases d'un discours dans lequel un vdneVable religieux annoncait a ses ouailles, en 1829, qu'unjour viendrait oil , entrainds par la soif de l'or, les Europeans eux-memes viendaient a travers les mers s'assujettir a des corvees auxquelles les noirs ne se soumettaient qu'avec une repugnance presque invincible. Nous assistons a l'accomplissement de cette triste prophdtie. COSMOS. 559 II n'est pas douteux qu'en y consacrant un nombre suffisant de bras, on puisse recueillir one immense moisson de m^taux precieux; mais quipourrait, dit M. Boussingault, compter le nombre des vic- times humaines qui seront sacrifices aumoderneveau d'or! Au reste, est-ce que dans l'ancien monde l'industrie metallurgique n'est pas egalement meurtriere? Un poete satirique a dit de l'Angleterre, sans beaucoup d'exageration, que chaque tonne du fer dont elle est si fieie et qui fait presque sa plus grande richesse, coutait la vie d'un homme. Un homme est enterre , Mais un tonneau de fer au commerce est livrc ! — L'Academie procede a l'election pour la place vacante dans la section de botaniqne. Les candidats etaient , comme nous 1'avons deja indique : an premier rang, M. Duchartre , au deuxieme rang, MM.Chatin, Lestiboudois, Weddell ; au troisieme rang, MM. Gay, Trecul ; au quatneme rang, M.Germain de Saint-Pierre. Le nombre des votants etait de 55 , la majority de 28. Au premier tour de scrutin, M. Gay obtient 23 suffrages, M. Duchartre, 22, M. Chatin 7, M.Tr£cul, 2, il y avait un billet blanc. Au second tour de scrutin les voix se sont partagees de la maniere suivante : M. Gay, 27, M. Duchartre, 25, M. Chatin, 2, un biliet blanc. Comme il n'y a pas encore demajorite, on procede a un scrutin de ballottage qui donne a M. Gay 28 suffrages , a M. Duchartre, 27; M. Gay est done elu a la majority dune voix; son Election sera soumise a 1'approbation de Sa Majeste l'Empereur. C'est un beau triomphe pour le savant voyageur dont il Ctaita peine question, il y aun an, au sein de l'Academie; c'est une honorable, mais doulouveuse de- J'aitepour 1' excellent M. Duchartre , toujours condamne au supplice de Taniale , ou mieux , toujours rejete loin du port academique au moment oil il se croit sur le point d'y aborder ; c'est une rude lec^n domu'e a la section qui a ele completement vaincue ; elle expie un peu trap cruellement la faute qu'elle a commise de n'avoir paspres- senti les chances de placer si bas M. Gay dont le vent de l'opinion publique gonfiait les voiles, et d'avoir place si bas M. Trexul, can- didat d'un grand merite. dont MM. Montagne et Moquin-Tandon nous ont fait eux-memes les plus grands eloges. — M. Claude Bernard communique de vive voix les r^sultats des recherches de M. Rouget, jeune anatomiste fort distingue, pro- secteur a l'Ecole pratique de medecine, sur l'appareil d'adaption de i'ceil chez lesoiseaux et mammiferes; nous les analyserons une autre 560 COSMOS. fois , il nous suffira de dire aujourd'hui que l'ceil est emboite dans une sorte de gaine spherique , ouverte en avant et mise en jeu par un triple appareil musculaire , vasculaire ou fibreux qui tantot le resserre, tantot Intend, de maniere a donner une forme allongee ou aplatie aux fluides de l'ceil , ce qui force le cristallin de se porter a l'avant ou de reculer. — L'Academie se forme en comite secret pour entendre le rapport fait par M. Chevreul au nom de la section de chimie, relativement au prix triennal. Apres l'enumeration des litres d'un grand nombre de candidats, MM.Sainte-Claire Deville, Berthelot, Pasteur, etc., etc., la section declare que son choix s'est arrete sur M. Pasteur. Ce choix nous <*tonne en ce sens que les decouvertes tres-brillantes du doyen de la laculte de Lille sont plutot des decouvertes cristallogra- phiques que des decouvertes chimiques. Si nous etions membre de l'Institut, nous compterions bien certainement M. Pasteur au nom- bre des candidats serieux , mais a la condition qui! serait presente par la section de mineralogie, laquelle devait etre parfaitement heu- reuse de l'adopter, alors surtout qu'en l'oubliant elle etait forcee de s'abstenir. — M. le professeur Magrini ayant repris, depuis quelque temps, ses recherches sur l'application de la force magneto-electrique comme moteur, et cherchant les moyens de renclre cette application moins couteuse , a eu l'id^e de substituer l'acide chlorhydrique a l'acide sulfurique dans la pile de Bunsen, esperant obtenir de cette maniere, au lieu de sulfate de zinc , de l'oxichlorure de zinc, dont M. Sorel a tire" un si excellent parti. Ha vu qu'en effet exciteeavec une dissolu- tion d'une partie d'acide chlorhydrique dans dix parties d'eau, la pile donnait l'oxichlorure sous forme de pate tres-fiiie qui s'attachait aux paroisdes vases poreux, et qu'il serait tres-facile d'etendre a. la surface des corps. L'action de la pile, excitee par l'acide chlorhy- drique, est au moins aussi constante et aussi intense que lorsqu'on se servait d'acide sulfurique au inOme degre de dilution. La oil l'acide chlorhydrique sera a tres-bon marched son emploi dans la pile de Bunsen , en raison de l'oxichlorure produit , aura de tres-grands avantages, et rendra possible un plus grand nombre d' applications industiielles de felectriciu''. A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. Taris. — Iniprimerie de W. Rejiquet et Cie, me Garancitre, 5. T. VIII. 30 MAI 1836. CINQUIBME ANNHE. COSMOS- NODVELLES ET FAITS DIVERS. M. Goldschmidt, dans la nuit du 22 mai, apercut un astre dans une position oil il ne l'avait jamais rencontre, et il le pointa sur sa carte. Le 23 il ne le trouva plus ou il l'avait marque ; il s'etait de- place" en ascension droite d'environ une minute, et apparaissait de nouveau enun lieu oil jusque-la aucun astre n'avait brille. Le meme fait se renouvella dans la nuit du 25; et il fut des lors presque certain que l'astre observe" une troisieme fois, apres un displacement sensible dans le ciel, ne pouvait etre qu'une nouvelle petite planete, la quarante-unieme du groUpe, compris entre Mars et Jupiter. Voici les positions approchees de la planete : 22 mai, 10 h. 20 m. temps moyen de Paris : A. D. 10h 22' 15"; D. + 11° 11' 7" 23 mai, 11 h. 30 m. : A. D. 10" 23' 37"; D. + 11° 1)' 2" 25 mai, 11 h. 10 m. : A. D. 10h 26' 10"; D. -j- il° 5' 7" La planete ressemble a une eHoite de onzieme grandeur. — S. M. l'Empereur, accompagne de S. A. I. et R. I'archiduc Ferdinand-Maximilien, et de S. A. R. le prince Oscar de Suede, a visite satnedi l'Observatoire imperial de Paris. L'Empereur a voulu examiner dans les plus grands details un etablissement dont la prosperity importe a la gloire scientifique du pays. Les operations entreprises pour la revision des donnees geo- graphiques de la carte de l'empire, l'organisation des etudes meteo- rologiques en France et en Algerie, les instruments d'astronomieet de physique, la description duciel, les travaux d'optique, enfin la restauration de l'edince, ont ete l'ohjet de 1'attention la plus com- plete de Sa Majeste, qui a daigne a plusieurs reprises exprimer sa haute satisfaction. Arrives a une heure et demie, l'Empereur et les princes se sont retires a quatre heures seulement, salues sur leur passage par les acclamations de la population. — On lit dans le Moniteur : Le concours universel agricole de 1856, qui va s'ouvrir au Palais de l'lndustrie le 23 de ce mois, 21 562 COSMOS. r£unira la collection la plus complete d'ar.imaux reproducteurs, d'instruments aratoires et de produits qui ait jamais etc" offerte a l'attention du public et aux etudes des cultivateurs. Toutes les declarations ne sont point encore parvenues au minis- iere de 1' agriculture, du commerce et des travaux publics, etcepen- dant les inscriptions s'&event deja, pour l'espece bovine , a 1 314 animaux, tant vaches que taureaux. L'exposition de l'espece ovine ne comprendra pas moins de 1 268 beliers et brebis, et en ajoutant a ces chiffres les 174 pores d6ja inscrits, on arrive a un total de 2 756 animaux pour f ensemble du concours. Les lots de volailles sont au nombre de 503. L'essai des instruments se fera du 27 au 30 mai. L'exposition publique aura lieu du l6r au 10 juin. — Le 10 juin se fera la distri- bution des prix. — Le 11 on procedera a la vente des animaux aux encheres publiques. Ce concours offre aux agriculteurs une occasion unique pour se procurer des types reproducteurs et varies de toutes les races de bestiaux des diverses contrees, qui pourront convenir a leur situa- tion agricole. I)e nouveaux locaux viennent d'etre affectes, par l'ordre de M. le ministre de la guerre, a l'exposition permanente des produits de l'Algerie (107, rue de Grenelle-Saint-Germain). Les anciennes galeries restent consacrees aux produits naturels, agricoles, forestiers, mineralogiques etautres; une nouvelle galerie, situte au'rez-de-chaussee, est destined a recevoir plus speciale- ment les objets fabriqu^s, soit en France, soit en Algerie, avec les matieres algoriennes. C'est la que les visiteurs trouveront, en meu- bles eten tissus, de riches specimens de la manufacture de Pans, de Lyon, de 1' Alsace, du Nord etdes autres centres manufacturers, obtenus au moyen des soies, des cotons, des lins, des bois d'<§be- nisterie, des marbres de l'Algerie. Dans les salles du premier etage, on apercoit les belles collections de bois a ouvrer , de cereales, de cotons et de textiles divers, de tabac, de matieres colorantes, de produits oteagineux et vinicoles , de mineralogie, etc., etc. Ailleurs, ce sont les productions de la main-d'eenvre arabe, et comme complement, deux petites annexes renfermant, l'une une collection commencee d'objets d'histoire na- tureile ; l'autre, une bibliotheque oil l'on s applique a reunir les ou- vragfs qui ont et<§ ecrits sur l'Algerie. M. le marechal, ministre de la guerre s'est montre" satbfait du nouvel aspect donne a l'expo- sition alg rienne et du grand nombre des produits, et il a ordonnS COSMOS. 563 qu'elle serait desormais ouverte au public, comme par le passe, tous les jeudis de chaque semaine, a partir du jeudi 15 mai. Les visiteurs seront admis sur la presentation des cartes anciennement dedivr^es, ou au moyen de nouvelles cartes distributes a toutes les personnes qui en feront la demande ecrite au ministre. — M. Verity, l'habile horloger de Beauvais, bien connu de nos lecteurs, nous ecrit en date du 25 maij: « Jusqu'a. present ma fa- brication nes'est faite que sur une echelle assez restreinte : toujours les commandes ont depasse" ce que je pouvais produire, surtout de- puis l'Exposition universelle. Get £tat de choses ne pouvait se prolonger davantage, il fallait cesser ou donner tout le developpe- ment possible a mon industrie ; c'est ce dernier parti que je viens de prendre, etpour atteindre completement ce but, je viens de m'ad- joindre M. Lucas, de Beauvais. Ses connaissances en chimieeten physique , son esprit d'ordre et l'intime amitie' qui nous unit me promettent les plus heureux resultats. Nous avons fait construire en face de mon ancienne demeure, sur une partie de 1'emplacement de l'ancien grand s6minaire, de beaux et grands ateliers ou nous fa- briquerons les grandes horloges publiques, ou nous r^aliserons toutes les applications de l'electricite dynamique, pendules et regulateurs electriques, avec ou sans sonnerie, transmission de l'heure a de grandes distances ; moteurs de demonstration pour les cabinets de physique et les amateurs, etc., etc. Le centre du vaste magasin sera occupe par un regulateur electrique grand modele qui servira en meme temps a telegraphier l'heure et les minutes sur des ca- drans doubles qui seront places au-dessus des grilles d'entree de la ville de Beauvais. » L'unique ambition de M. Verity est de doter sa ville natale d'une forte et durable industrie; tous les produits du nouvel elablisse- ment porteront pour marque horlogerie de Beauvais , son inaugura- tion solennelle aura lieu vers la fin de juillet; M. Verite espere avoir termine pour la meme epoque l'installation de l'observatoire me-- teorologique qu'd organise dans 1'hotel de la prefecture de 1'Oisp, a l'aide d'appareils entierement nouveaux, dont nous avons deja parle, et qui enregistreront mecaniquement tous les principaux phenomenes au nombre de quatorze ou quinze. — M. le colonel Koumaroff nous apprend, que depuis le premier aout 1855, le gaz extrait du bois suivant la methode allemande remplace completement et avec de ties-grands avantages le gaz extrait de la houille, dans l'6clairage public de la ville de Saint- Peteisbourg. En outre du gaz obtenu avec une facilite extreme, la 56'* COSMOS. distillation du bois donne pour nSsidu un excellent charbon, un gou- dron de bonne quality, et du vinaigre de bois employ^ dans diverses industries. II resulterait des experiences faites pendant l'hiver qui vient de finir, 1" qu'une tonne anglaise, ou environ 1 000 kilo- grammes de bois de sapin donne 280 metres cubes de gaz; 2° que la lumiere fournie par un decimetre cube ou un litre de gaz brule equivaut a celle de dix bougies de 5 au demi-kilogramme. — M. Koumaroff nous donne aussi quelques renseignements sur divers etablissements de galvanoplastie de Saint-Petersbourg. Le plus vaste a etc cree" dans les environs de la capitale par feu S. A, I. le due Maximilien de Leuchtemberg, gendre de l'empereur Nicolas qui y a consacre' plus de 20 millions. Des ingenieurs et des chimistes russes, francais, allemands, dirigent les differentes bran- ches de l'usine remarquable surtout par ses fonderies de bronze et l'dtendue de ses bains de sulfate de cuivre; e'est de la que sont sorties toutes les sculptures d'ornementation de la cathedrale d'Issaak, des centaines de bas-reliefs, des statues hautes de 6 a 8 me- tres, rondes bosses galvanoplastiques , tres-legeres a la fois et tres- solides. Un second atelier electro-me'tallurgique, tres-important aussi, et tres-remarquable, est celui de M. Karl Jochim , qui a donne aux bains de cuivre de nouvelles dispositions qui les rendent beaucoup plus efficaces ; qui a invente de nouveaux procedes de moulage pour les rondes bosses, etc. On lui attribue la gloire d'une industrie qui n'est pas aussi neuve qu'on le croit en Russie; elle consiste a. subs- tituer aux caracteres ordinaires d'imprimerie des caracteres nou- veaux dont la tige est en metal typographique, et l'ceil en cuivre galvanoplastique. On commence par mouler electriquement des planches de cuivre sur lesquelles se dressent les yeux des lettres; on soude ces planches a la surface supe>ieure de blocs quadrangu- laires en metal de caractere; on divise a l'aide de scies l'ensemble du bloc et de la planche en petits prismes formant chacun une lettre; on donne enfin, a l'aide d'une machine tres-ing^nieuse, aux lettres ainsi obtenues leur forme derniere et rigoureusement exacte, de telle sorte qu'elles puissent s'aligner, se justifier aussi parfai tement que les caracteres rdbultant de la fusion. Si d'autres ont eu la meme idee que M. Jochim, aucun ne l'a ex^cutee avec plus d'habilete et de succes; aussi l'Academie des sciences de Saint-Petersbourg lui a- t-elle decerne" le premier prix Demidoff de dix mille francs. — Nous recevons avec la plus grande satisfaction la nouvelle, venue de source certaine, que laSociete' formee a Rouen pour l'ex- COSMOS. 565 traction de V aluminium , qui avait ete- obligee d'interrcmpre ses operations, vient de se reconstituer. Les noms honorables qui veu- lent bien preter a. la nouvelle entreprise l'appui de leurs lumieres, de leur experience et de leurs capitaux ne permettront plus, nous l'esperons, a une fabrication aussi interessante de rester en chemin avant d'etre arrived aux rdsultats satisfaisants dont le monde en- tier attend impatiemment l'accomplissement et que nous ont laiss£ entrevoir les beaux travaux recemment publies par M. Sainte- Claire Deville , et si habilement executes par lui et M. de Sussex dans l'importante usine de Javel. — La section de physique de 1' Academie des sciences, composee de MM. Becquerel, Pouillet, Babinet, Duhamel, Despretz et Ca- gniard de Latour, appelee a classer par ordre de m6rite les candi- dats au prix triennal, ou a declarer auquel de ses trois candidats, MM. Becquerel, FizeauetFoucault, elle donnaitla preference, s'est prononcee en faveur de M. Fizeau, de sorte qu'elle abandonne MM. Leon Foucault et les brillantes demonstrations de la rotation de la terre, par le pendule et le gyroscope, pour couronner les sa- vantes et ingenieuses experiences sur la mesure de la vitesse abso- lue de lalumiere et d'electricite, et sur l'entrainement de l'ether. Cette nouvelle presentation faite en comite secret, a 6t6 suivie d'une discussion vive dans laquelle la cause de M. Foucault a ete eloquemment plaidee. Resulte-t-il de cette discussion qxii n'a pas ete suivie d'un vote que M. Foucault n'en demeure pas moins can- didat de l'Academie, et qu'il figurera, par consequent, sur la liste definitive soumise au jugement de l'lnstitut? Nousnelesavons pas, mais nous desirons qu'il en soit ainsi dans l'interet de rAcadenne des sciences. II est presque certain que si elle abandonne M. Fou- cault elle perdra le prix ; de sorte que sa nouvelle deliberation serait de sa part une sorte d'abdication. M. Fizeau est un candidat de tres-grand m^rite, ses experiences sont tres-belles et elles ont fait grand honneur a la France, mais elles n'ont pas eu, elles ne pou- vaient pas avoir le meme retentissement, la meme popularity que les experiences de M. Foucault, et le nom de leur auteur ne s'im- posera pas comme forcement a toutes les classes reunies de l'lnsti- tut. En deux mots, M. Foucault, son pendule, son gyroscope, sont connus de tous: artistes, homines d'etat, moralistes, erudits, poetes, orateurs, etc., etc. M. Fizeau, son rayon lumineux arrete, son ether entraine ne sont appr£ci£s a leur juste valeur que par la seule Aca- demie des sciences. F. Moigko. ACAB£mi£ DES SCIENCES. SEANCE DC 27 MAI 1856. M. le ministre de Instruction publiqueecrit qu'il autorise l'Aca- demie a pr^lever sur les reliquats des prix Monthyon : 1° une somme de 2500 fr. mise a la disposition de M. Becquerel pere, pour la continuation de ses recherches sur l'electricite" degagiSe au contact des terres et des eaux ; 2° une seconde de 6 000 fr. destined a l'acquisition d'os d'epiornis, ou oiseau gigantesque de la Nouvelle- Zelande. — Le meme ministre fait hommage a l'Academie d'un exem- plaire du Commercium epistolicum, publie par MM. Biot et Lefort. — M. Liouville, un peu souffrant, adresse deux m^moires; l'un trouve dans les papiers de M. Sturm a pour titre : Note sur les fonctions elliptiques; l'autre, de M. Liouville lui-meme, a pour objet une question de calcul integral. — M. Duchenne, de Boulogne, continue ses patientes et pre-- cieuses etudes des muscles et de leurs fonctions , mises en Evidence par l'application de l'electricite ; il traite cette fois des muscles qui determinent les mouvements du pied, inflexion et extension. La Societe imperialeetcentrale d'agriculture envoie le compte rendu de sa derniere seance publique. M. Isidore Bourdon recommande pour le legs Briant ses ob- servations sur les effets de la strychnine dans le traitement du cholera, et ses tableaux statistiques dans lesquels il a resume les conditions dans lesquelles 2 000 malades au moins ont ete atteints par l'epidemie cholerique. ]\L Valz adresse les elements elliptiques d'Harmonia. Nous resumerons a cette occasion la r^ponse faite par lui aux observations critiques de M. Le Verrier : « Je n'ai nullement voulu faire passer pour charlatans les astronomes qui croient devoir reproduire les secondes incertaines resultant du calcul des elements ordinaires des orbites, j'ai avance seulement qu'on pourrait trouver un peu de charlatanerie dans les centiemes de seconde des elements provi- joires... Dans les determinations oil les degr6s, ne sont pas m§me certains, il devient assez inutile de courir apres les secondes Dans la determination du perihelie de Likla, M. Pape a trouve, par les observations de Janvier, 91° 33' 51", 3, par les observations de fevrier, 126° 18' 13", 9, paries observations de mars, 99° 43' 6",4. Voila done des determinations provisoires qui different d'environ COSMOS. 567 35 degres. Or, comment admettre que les secondes et les dixiemes de secondes sont alors indispensables dans des elements qui diffe- rent autant? Quand la difference entre les ephemerides qui en r£- sultent va a 55 minutes, les differences provenant des secondes ne peuvent-elles pas etre n6glig£es? D'apres mon observation d'hier soir, les e'phe'merides d'Harmonia deduites de mes elements provi- soires sont en erreur de 25 minutes ; or, la difference provenant des secondes negligees ne serait eridemment qu'une tres-petite fraction de cette erreur. — M. Naudin, aide-naturaliste au Museum d'histoire naturelle, continue ses recherches sur l'hybridite anormale. II a pris, sur di- verses plantes du pollen pour le faire servir a la fecondation des pistils de plantes tres-differentes, prises quelquefois meme dans des families tres-eloignees, et il a vu, dans un grand nombre de cas, les ovaires grossir comme apres une fecondation reelle ; quelquefois meme il a obtenu des graines qu'il semera plus tard pour voir ce qu'elles donneront. Dans sa derniere note, dont nous n'avons donne" qu'une id£e in- complete, M. Naudin avait eu pour butde rechercher s'il existe des differences appreciables entre les fruits que succedent a une riche fe'condation, et a ceux oil la dose de pollen appliquee sur le stigmate a ete trop faible pour impregner la totalite des ovules ; et il croyait avoir demontre- que dans certains cas la quantity relative de pollen employee a la fecondation d'un ovaire influe sur le developpement de ce dernier, et quelquefois aussi, lorsqu'il est uniovule, sur celui de la plante provenant de la graine qu'il contient. — M. l'abbe Laborde, professeur de physique au petit seminaire de Nevers, decrit un interrupteur a double effet, dont l'emploi donne une plus grande intensite" aux effets electriquesproduits par l'appa- reil a induction de M. Ruhmkorff, et divers autres perfectionnements qu'il a apportes a cet important appareil. — M. Jobard adresse une note sur une explosion de generateur a vapeur survenue a Gand , le 17 mai dernier, et qui a jete une grande consternation parmi les industries qui emploient des ma- chines a vapeur. Le generateur, d'un metre vingt centimetres de diametre, termine par deux calottes spheriques, s'est partage* en trois parties de meme longueur a peu pres, les deux portions extremes ont e^e" projet^es a de grandes distances et ont produit d'affreux ravages; la portion centrale est restee sur place. L'exa- men des fragments a prouve que le g^ne"rateur, de"ja vieux, e*tait use" ou r^duit sur plusieurs points de sa surface a moins de cinq 568 COSMOS. millimetres d'e*paisseur. Tout porte a croire que 1' explosion a eu pour cause un defaut d'alimentation; le gendrateur serait reste" vide d'eau pendant presque toute la nuit, sans que les sifflets d'alarme eussent retenti, parce qu'ils etaient sans doute en mauvais etat ou fermt5s ; ce serait au moment oil le chauffeur, en revenant le matin a son travail, aurait ouvert son robinet d'alimentation que la for- mation subite d'une enorme quantity de vapeur a une tres-haute tension aurait anient la rupture des parois du generateur. M. Jo- bard, et il a mille fois raison, voudrait qu'on deTendit ddsormais d'alimenter les gdne>ateurs avec de l'eau venue directement du puits ; l'eau d'alimentation doit etre prise dans une bache a ciel ouvert placee sous les yeux du chauffeur qui ne puisse pas ne pas voir si elle est pleine ou vide. Le service de l'alimentation serait done fait par deux pompes : l'une qui puiserait dans le puits pour remplir la bache, 1' autre qui puiserait dans la bache pour injecter dans le g£ne>ateur. II est non moins important de reformer les anciens in- dicateurs de niveau et sifflets d'alarme, dont le jeu est par trop incertain, pour leur substituer l'indicateur magnetique de M. Le Thuillier-Pinel, de Rouen, adopte definitivement par la marine francaise et un grand nombre d'etablissements. — M. Lechevalier adresse un m^moire sur la direction des aerostats. — M. Chauveau, v£te>inaire a Lyon, transmet quelques vues nouvelles sur la glucogenic.. — M. Poggioli continue ses communications sur le role et l'effi- cacite de l'electricite dans le traitement du choleVa. — M. Liegard recommande a 1'attention de l'Acad^mie ses etudes sur plusieurs sujets de me"decine et de chirurgie pratique. — La commission deshopitaux charge" d'examiner la methode de guerison du cancer, proposed par M. le docteur Landolphi de Naples , fait hommage du rapport dans lequel elle conclut a. l'inef- ficacite de cette methode tant prdconisee. — M. Duhamel lit un second m&noire sur le frottement de l'ar- chet considere comme cause du mouvement rotatoire des cordes; nous l'analyserons avec un tres-grand soin des qu'il aura paru dans les comptes rendus. — M. Montagne, au nom de M. Schimfer de Strasbourg , mem- bre correspondant, pr&sente la 75° et derniere livraison de la Bryo- logia europcea, ou description des mousses d'Europe. Ce magni- fique ouvrage forme 5 forts volumes in-4° ; il renferme 640 planches gravies sur pierre avec une perfection tres - remarquable , par COSMOS. 569 M. Sclumfer lui-meme, qui a consacre* a cet immense travail vingt longues ann^es. — M. Cloquet communique au nom de M. Ozanam des obser- vations sur l'heureux emploi du brome et des bromures dans le traitement des affections speudomembraneuses des organes de la respiration., angine couenneuse , croup, etc. Nous avons cm en- tendre que la dose a laquelle M. Ozanam emploie le brome est de 5a 6 centigrammes pour 50 grammes d'eau distilled. — M. Le Verrier presente au nom de M. Villarceau les elements deHnitifs d'Amphy trite , nous disons elements ddfinitifs quoi- qu'il reste encore quelque incertitude sur la determination du moyen mouvement; ce qui n'empeche pas, ajoute M. Le Verrier, qu'on ait pousse 1 approximation jusqu'aux centiemes de se- condes. Le directeur de l'Observatoire annonce aussi la d^cou- verte probable d'une quarante et unieme petite planetepar M. Gold- schmiJt. — M. Bernard expose en quelques mots les resultats des recher- ches de M. le docteur Castorani sur le strabisme et la photophobie. L'auteur croit avoir e'tabli : 1° que le strabisme a eu souvent pour cause, non pas la contraction du muscle, mais son exces d'ac- tion ; 2° que la surexcitation qui determine la photophobie existe non pas dans la retine , mais dans an des nerfs de la cinquieme paire. — M. Rozet , chef d'escadron d'etat-major, lit un m^moire tres- important sur les moyens de forcer les torrents de nos Alpes de rendre a. l'agriculture une grandepartie dusol qu'elles ravagent. Le m6moire'est divise en cinq parties: 1° description geologique du sol, des diverses parties qui composent un torrent , du lit de la riviere dans laquelle viennent se decharger plusieurs torrents, des pheno- menes qui se produisent lors de la fonte des neiges, de la pluie et des orages ; 2° raisons qui obligent a executer les travaux dans toute l'etendue du bassin de la riviere sur laquelle on veut conquerir du terrain ; 3° quels sont les travaux a executer, et les resultats aux- quels ils conduiront; 4° quels seront approximativement la depense et le prix de revient de l'hectare conquis; 5° par qui et dans quelles conditions les travaux peuvent etre entrepris. Nous donnerons dans notre prochaine livraison un aper5U com- plet de ce travail erninemment utile. PHOTOGRAPHIE. ACTION DE L'AIR HUMIDE SUR LES EPREUVES POSITIVES TAR M. HARDWICH. Dans ses experiences M. Hardwich enfermait les £preuves po- sitives dansune bouteille de verre fermee, au fond de laquelle se trouvait une certaine quantite d'eau distilled, de telle sorte que Te"- preuve fut continuellement en contact avec de l'air sature de vapeur d'eau. II a opere sur plus de quatre-vingts demi-epreuves qu'il a laissees pendant trois mois dans cette atmosphere humide ; quel- ques-unes etaient exposes en mesne temps a l'influence d'unelu- miere diffuse et brillante, d'aulres etaient maintenues dans une obs- curite complete ; on avait eu soin que toutes les m£thodes d'im- pression, de rehaussement de ton, de montage, de collage, de ver- nissage, fussent fidelement representees ; c'etait e'videmment sou- mettre ces dessins photographiques a une rude epreuve, car on sait que Taction de l'air humide favorise grandement l'oxydation ; nous allons analyser rapidement las resultats de ces experiences sur une vaste echelle. 1° Epreuves simplement Jixees a Vhyposulfite de sonde sans rehaussaqe de ton. Elles sont restees oomplelement inalterees, de quelque maniere qu'elles eussent ^te developpees, par l'acide pyro- gallique ou par l'exposition directe a la lumiere ; et Ton doit con- clure de ce fait que la matiere noire qui forme i'image des im- pressions photographiques ne s'oxyde pas dans une atmosphere humide. 2° Epreuves rehaussees de ton. La sulfuration produit toujours un mauvais effet. A l'exception de quelques Epreuves pr£par£es avec un bain d'hyposulfite vieux, aucune n'a conserve ses demi- teintes apres une exposition de trois mois a l'humidite. Le rehaus- sement de ton par un bain unique d'or et d'hyposulfite de soude laisse I'image dans des conditions d'instabilite ; cela est surtout vrai, lorsque le bain d'or ayant longtemps servi ne se trouve plus dans un 6tat actif ; ce qui prouve qu'apres un assez long service, le bain n'agit plus que par le soufre qu'il contient ; et en effet les Epreuves qui ont rapidement pali dans l'air humide r^sistaient tres-faiblement a Taction de Teau chaude. Le rehaussage de ton par le chlorure d'or s'est montre tres-sa- tisfaisant ; les epreuves traitees par les sels d'or sont restees presque inalterables. Certains tons violets dus a Taction du soufre passent d'abord au brun par Teffet de l'humidite, et tendent ensuite a virer plus ou COSMOS. 571 moins au rouge, alors meme qu'on a eu recours a un sel d'or ; c'est ce qui a lieu surtout pour les images sur papier anglais obtenues avec addition de caseine au bain de sel. Les teintes brun chocolat, a 1'exception de celles sur papier prepare a l'ammonio-nitrate, sont moins affectees par I'air humide. 3° Epreuves sur papier renfermant encore des substances dele- teres. Elles sont beaucoup plus disposees u palir sous l'influence de I'air humide. Des positifs rehauss^s de ton dans un vieux bain d'or et lavds dans l'eau froide ont ete partages en deux moities egales ; on a traite" l'une des moities par 1'ammoniaque pour enlever toute la colle ; cette moitie' n'a pas change, tandis que l'autre a pali. L' enlevement de la colle a aussi prevenu la formation des taches de moisissure que Ton voyait plus ou moins sur toutes les Epreuves experimenters, a 1'exception de celles qui avaient £te lavdes dans l'eau chaude ou traitdes par un alcali. Les epreuves sur albumine, lavees simplement dans l'eau froide, etaient mises tout a fait hors d'usage par l'accumulation des taches de moisissure qui n'appa- raissaient pas quand les epreuves avaient ete lavees a l'eau bouil- lante ; on voyait cependant sur tous les papiers albumines une cer- taine tendance a la decomposition par putrefaction. Les epreuves sur papier additionne de caseine etaient aussi moins indestructibles que celles sur papier simple ; de sorte qu'd semble evident que toutes les substances animales, quoique stables dans les conditions ordinaires, peuvent, alors meme qu'elles ont ete coagulees par le nitrate d'argent, subir la decomposition lorsqu'elles sont conservees longtemps dans une atmosphere humide. L'emploide substances mal choisies pour le montage des epreuves hate certainement leur alteration par oxydation. Les acides de toute nature et les sels acides detruisent peu a peu l'image. Ainsi, l'alun qui est entre dans le collage doit elre enleve avec soin du pa- pier; les codes a lafarine ou a l'amidon sont dangereuses et contre- mdiquees, parce que la fermentation tend a les convertir en acide acdtique on lactique. 4° Epreuves enduites de cire ou autre vends . En general , lors- qu'une epreuve a ete faite dans des conditions telles qu'elle palirait si on l'abandonnait a elle-meme sansenduit, ne sera pas protegee par la couche de cire dont on la recouvrira, quelquefois meme au contraire elle palira plus vite, de sorte que la cire n'est pas un agent prdsei vateur. Un vernis a l'esprit-de-vin , employe" apres un nouvel encollage a la gelatine pure, semble proteger quelque peu les epreuves qui tendent a s'alterer. 572 COSMOS. Les nouvelles experiences de M. Hardwich prouvent que c'est sans fondement reel que Ton attribue a la lumiere une influence mauvaise, en ce sens qu'elle acceleriiiait la disparhion des images. Des ^preuves exposes pendant plusieurs semaines a. la vive lu- miere du midi ri'ont pas pali plus rapidement que celles qu'on avail laiss^es dans les tenebres. L' exposition a l'air humide telle que nous l'avons decrite , c'est-a-dire par l'insertion des epreuves dans une bouteille dont le fondest occupe par une certaine quantite d'eau distillee, est un excellent moyen a l'aide duquel le photographe peut estimer la per- manence de ses positifs et la bonte" du mode d'impression adopte" par lui ; ce mode d'impression sera excellent lorsqu'apres trois mois d'exposition a l'air humide la couleur des images n'aura pas vari£;, que les ombres deliees n'auront pas cesse d'etre tres-nettes , que le papier sera tout a fait sans moisissures , etc. On peut formuler comme il suit la grande regie a suivre pour ob- tenir des epreuves qui ne passent pas : Eviter de sulfurer les posi- tifs dans le procede de rehaussage de ton , et depouiller avec le plus grand soin l'epreuve de toute substance etrangere en ne laissant au papier que la fibre vegetale. M. Hardwich est, en outre, convaincu que l'alteration des positifs depend non pas d'une instability inh£- rente a l'image , mais de certaines mauvaises conditions dans les- quelles elle est placed et que ses experiences ont fait connaitre, de sorte que Ton pourra desormais s'en defendre sans peine. EXPERIENCES SUR LE COLLODION PAR MM. ZANTEDESCHI ET BORLINETTO. Le but des auteurs, si nous le comprenons bien, a 6ie de recher- cher si , pour conserver a. la couche de collodion toute sa sensibilite, on ne pourrait pas la maintenir plong^e dans un bain de nitrate d' ar- gent. Trois verres ont er a une temperature tres-differente de celles des experiences. Le bain revelateur etait forme- de : eau distillee, 400 grammes; acide acetique , 20 grammes; acide pyro- gallique, 3 grammes. Ces experiences prouvent que la sensibilite d'une plaque collodion- nee n'est pas sensiblement diminuee apres un sejour de 25 minutes dans un bain d'azotate d'argent. [Correspondinza scientifica.) VARIES. SUB LA CHALEUR ET LE TRAVAIL MECANIQUE PRODUITS DANS l'aCTE DE LA FERMENTATION ViNEUSE PAR M. DUBRUNFAUT. L'evaluation de la quantite de chaleur developp^e pendant la fermentation vineuse, s'obtient sans peine a l'aide du thermometry; on mesure aussi sans difficulte les quantit&s d'alcool et d'acide car- bonique auxquelles elle donne naissance ; un calcul simple permet d'evaluer la quantite de chaleur eliminee par l'acide carbonique et les vapeurs dont il est sature- a la temperature ambiante ; un seul Element echappait a l'observation directe : la quantite de chaleur perdue par rayonnement ; mais M. Dubrunfaut la determined tres- heureusement en cherchant le temps qu'emploie le liquide de la cuve a revenir a la temperature initiale. La cuve sur laquelle il experimental etait installee dans un ate- lier dont la temperature, pendant 1' experience, a vane- entre 12 et 16 degrees ; elle etait construite en bois de chene, sa forme etait celle d'un cone tronque profond de trois metres, ayant environ trois metres de diametre a sa partie moyenne. On l'a chargee de 21 400 litres d'un mout fermentescible con tenant 2559 kilogrammes de sucre cristallisable, introduit sous forme de melasses indigenes avec les elements necessaires pour operer manufacturierement une fer- mentation alcoolique complete en quatre jours. La temperature ini- tiale etait de+23°,7, elle s'est elevee graduellement a 33°, 75, elle aurait atteint 37°, 75 sans la perte de 4 degres due au rayon- nement des parois ; l'exces de chaleur du a la fermentation est done de 14", 05. La richesse du vin en alcool a et6 de 6,9, ce qui suppose 1 476i'ta8|6 ou 1 181 kilogrammes d'alcool absolu a la tempera- ture de 15 degres. Cette quantite d'alcool represente 0,456 du sucre mis en experience; th^oriquement parlant, l'alcool engendre aurait du representer 0,536 du sucre fermente ; ce deficit d un dixieme environ se retrouve dans toutes les fermentations de labo- ratoire et d'atelier. L'acide carbonique produit a ete de 1 156 ki- logrammes, ce qui suppose en volume, sous la pression de 760 mil- limetres et a la temperature de 15 degres, 614 893 litres. En partant de ces elements, on evalue comme il suit la quantite' de chaleur developp^e : 21 400 kilogrammes de mout eleve de 14°,05 300 670 calories Calorique perdu ? 280 1 156 kilogrammes d'acide carbonique a 24° 6 098 — 19 236 grammes d'eau vaporisee 10 869 Total .... 324 915 calories. COSMOS. 575 L'acide carbonique souleve le poids de l'atmosphere pour se d£- gager, et il produit ainsi un travail mfoanique, travail qui 6quivaut aune perte de chaleur dont il faut tenir compte. Si, en general, on repnSsente par V le volume du gaz acide car- bonique exprime" en metres cubes, par P la pression atmospherique exercee sur un metre carre de surface et exprim^e en kilogrammes ; P V donnera en kilogrammetres le travail m^canique exerce" pen- dant la fermentation. Dans le casactuel V = 614mc893, P=760 millimetres, done PV = 6 351 844 kilogrammetres. En admettant, avec M. Joule, 437 pour equivalent mecanique de la chaleur, on trouvera que le nombre precedent de kilogrammetres correspond a 14 535 calories, le vingtieme a peu prfes de la chaleur calculee ci- dessus. Ce nombre ajoute au precedent donne 339 450 unites pour la quantitd totale de chaleur developp£e par la fermentation de 2559 kilogrammes de sucre de canne. Rapprochons ce nombre de celui que donnerait la combustion directe du carbone equivalent a l'acide carbonique d£gage pendant la fermentation. 1 156 kilogram- mes d'acide carbonique supposent 315 kilogrammes de carbone, ce qui, en prenant 8 000 pour coefficient calorique du carbone, donne 2520000 calories. On voit par la que dansle dedoublement alcooli- que du sucre, la quantity de calorique d^veloppe ne repr6sente qu'une petite fraction, 0,134, de celle que donne la combustion di- recte d'un poids equivalent de carbone. Ce fait n'a rien d'anormal, et Ton aurait pu le pr^voir, parce qu'en effet la fermentation al- coolique n'offre pas les caracteres essentiels d'une combustion. Si l'exp^rience de fermentation qu'on vient de decrire s'etait ef- fectue'e a vase clos et sans degagement de gaz, la pression interieure eut ete de 30 atmospheres ; en doublant la proportion de sucre, la pression aurait ete d' environ 60 atmospheres. Dobereiner a fixe" a 28 atmospheres la limite de pression a laquelle la fermentation al- coolique s'arrete ; M. Dubrunfaut croit qu'elle se produit encore sous des pressions beaucoup plus considerables ; toutes les fois qu'il a voulu verifier cette limite, les vases se sont rompus ; mais il se propose de reprendre ces experiences. La chaleur produite par la fermentation du sucre ne pourrait elever que de 133 degres la temperature d'un poids d'eau £gal au poids du sucre ; les effets de combustion observes dans la fermen- tation des fumiers et des foins humides portent a croire que la chaleur nee de cette fermentation est quatre ou cinq fois plus grande que celle nee de la fermentation du sucre, et il semble a M. Du- brunfaut qu'il faudrait tenir compte du calorique developpe par la 576 COSMOS. fermentation putride, et peut-etre aussi par l'oxy elation, quand on etudie le role des engrais dans l'economie agricole. Cette belle et bonne etude est tout a fait neuve. EXPERIENCES SUR DES' EFFETS DE L* INFLUENCE ELECTRIQUE DANS DES CIRCON STANCES ANALOGUES A CELLES DE L'lNDUCTION PAR M. J.-M. SEGUIN. Les conducteurs qui ont servi aux experiences ont ele" construits avec deux tubes de verre remplis de mercure et recouverts d'une feuille d'etain. Chaque tube dtant recourbe deux fois a angle droit, si on les met tous deux dans le meme plan, les extr6mitc5s en regard, ils forment un rectangle , et dans ce rectangle il y a un conducteur interieur, le mercure, et un conducteur exterieur, l'en- veloppe d'etain. Seulement chaque conducteur est compose" de deux moities : on peut reunir les deux moities du premier par des tiges de fer, mastiquees aux orifices des tubes, et celles du second par des tiges de laiton. Les tiges de fer qui sortent des orifices sont isole'es de l'enveloppe detain par une certaine longueur du tube vernie a la gomme laque. Les deux moities de l'enveloppe d'etain n'dtant pas r^unies, on met l'une en communication avec une machine electrique, l'autre avec lesol : ainsi on charge le conducteur exterieur; il peut ensuite se decharger par une etincelle partant d'une moitie a l'autre. Chaque moitie exerce rinfluence sur la moitie correspondante du conducteur interieur : les electricites repoussees se manifestent a l'etat de ten- sion si les deux cot£s de la colonne de mercure sont s^pares l'un de l'antre; elles se rejoignent si les deux cotes sont joints eux-memes paries tiges de fer. Les electricites attirees se dissimulent; mais elles deviennent libres et se manifestent a leur tour au moment de la decharge du conducteur exterieur. J'ai commence par eludier l'etat de tension des electricites dans le conducteur interieur, soit pendant qu'on charge l'autre, soit apres la decharge. J'ai vu ainsi quels mouvements electriques de- vaient r^sulter de la discharge, et j'ai pu alors les constater a l'etat de courant ou d'etincelle par les effets qu'ils produisent en passant par le hi d'un galvanometre, par un papier impregne d'iodure de potassium, etc. Les mouvements electriques qui ont lieu dans le conducteur inte- rieur se manifestent par des elincelles courtes et vives dans les so- lutions de continuity. Transmises a travers l'eau acidulde par les baguettes de Wollaston , elles degagent de petites bulles de gaz , bien que la machine electrique employee soit tres-petite ( cylindre COSMOS. 577 unique; plateau de 30 centimetres de diametre). Un ccmducteur dispose en un point convenable du circuit exterieur augmente l'in- tensite" de ces etincelles. ACTION DE l'aCIDE IODHYDRIQUE SUR L ARGENT TAR II. H. SAINT-CLAIRE DEVILLE. u La place qu'occupe l'argent parmi les metaux nobles dans la classification de M. Thenard me parait devoir etre changed, malgre la propriete que possede l'oxyde d'argent d'etre reductible a basse temperature. Je ferai valoir d'abord a. l'appui de mon opinion l'ob- servation si curieuse de M. Regnault d'apres laquelle l'argent de- compose l'eau a une temperature peu elev^e : on sait qu'alors il absorbe l'oxygene de l'eau pour produire cette combinaison si insta- ble a laquelle il faut attribuer le phenomene du rochage. II est difficile, il estvrai, de prouver que la temperature de dissociation ou de decomposition spontanee de l'eau estsuperieure a celle qu'exige l'experience de M. Regnault et que l'oxygene n'est pas libre au moment ou l'argent s'en empare. Mais quelques recherches que j'ai commencees pour fixer approximativement la temperature de dis- sociation de l'eau et de quelques corps importants de la chimie me font penser que c'est bien l'argent qui determine seul la separation de l'eau en ses elements dont l'un, l'oxygene, est employ^ a former un oxyde d'argent. Celui-ci , semblable au cuivre oxydule , se dis- sout jusqu'a saturation dans le bain d'argent metallique pour former une sorte de rosette qui se defait au moment du rochage. Ces considerations tendraient a rapprocher l'argent de l'etain et du plomb : mais voici un fait nouveau qui , je crois , n'a pas 4te re- marque et qui conduit a la meme conclusion. L'acide iodhydrique (1), dissous dans l'eau, at'taque l'argent avec une energie extraordinaire , en produisant de l'hydrogene , si bien qu'en operant dans un tube de verre avec de l'argent lamine" et de l'acide concentre , la liqueur s'echauffe et peut s'echapper hors du vase, par suite de 1'abondance du gaz hydrogene. A froid, Taction s'arrete quand l'acide est sature d'iodure d'argent ; mais elle re- (1) Pour preparer faiblement et sans danger plus d'un kilogramme (Tacide Iodhy- drique que j'ai consacre a mes experiences, j'ai eu recour* an precede que j'ai decrit dans les Annates de chimie et de physique, tome i.xxv? p. 46. L'appareil le plus com- mode consiste en une petite cornue tubulee et bouchee a l'emeri, au col de laquelle on a fondu un tube recourbe pour eviter tout contact entre le liege et l'acide. On y introduit successivement du phosphore et de l'iodeen exces, jusqu'a ce qu'on ait pro- duit la quantite d'acide Iodhydrique dont on a besoin. 578 cosmos. commence des qu'on chauffe; et on obtient, par le refroidissement, un sel cristallise en larges lames , incolore , semblable au nitrate d'argent. Ce sel , tres-alterable , ne peut s'isoler de la liqueur dont il est entoure : c'est , je pense , un hydriodate d'iodure d'argent. La liqueur qui a donne ces cristaux , abandonnee a elle-meme a l'air, laisse deposer de petits prismes hexagonaux reguliers, assez plats et bordes de facettes modifiant les aretes horizontales. On retrouve ainsi avec toutes ses faces la forme de l'iodure d'argent naturel du Chili, telle que l'a decrite M. Descloizeaux, et que cet habile mineralogiste a reconnue sur mes echantillons. Analysee par l'elegant procede que M. Damour a applique^ a l'argent ioile du Chili , cette matiere se represente par la formule Agl : ainsi done, cet iodure est tout a. fait identique a l'iodure d'argent natif. Le palladium, comme l'argent, s'attaque par l'acide iodhydrique avec degagement d'hydrogene , faible a la verite, mais tres-facile a constater , et la dissolution du m6tal est lente. L'or et le platine ne degagent pas d'hydrogene en quantite sensible, quoiqu'ils se dissol- vent avec le temps dans l'acide iodhydrique. Mais tous les metaux communs que j'ai essayes sont dissous avec une energie singuliere par cet acide. L'iodure de plomb, que Ton forme ainsi, cristallise d'une maniere tres-remarquable. Je reviendrai plus tard sur les circonstances curieuses qui accom- pagnent la dissolution de l'argent dans les acides bromhydrique et chlorhydrique. Pour le moment , je me bornerai a conclure des faits contenus dans cette note qu'il faut desormais classer l'argent soit a cote' du mercure, soit meme a cote' du plomb dont les combinaisons ont avec les composes de l'argent un grand nombre d' analogies." OSCILLATIONS DIURNES DU PENDULE PAR M. PORRO. M. Porro nous adresse la lettre suivante que nous nous empres- sons de reproduire : « M. Panisetti exprime le desir que ce phenomene soit etudi<* par des moyens plus precis que ceux dont il dispose, et M. de Bruno propose un bain de mercure suspendu dans un puits observe opti- quement. II me semble pouvoir prevoir que le mouvement d'un pendule ainsi compose se compliquerait de l'inertie du mercure et de la deformation de sa surface , et que 1'optique n'interviendrait que pour constater inefficacite du moyen pour l'experience dont il s'agit. COSMOS. 579 Mais i! est un instrument tres-commode et tres-exact pour obser- ver le phinomene en question, pour mesurer l'amplitude et 1'azi- mut de l'oscillation , si elle est plane, pour relever par points faits d'une maniere continue sa courbure, si l'oscillation n'est pas plane. Cet instrument , qui a deja fait ses preuves pour la demonstration de la rotation de la terre par le pendule, vous l'avez decrit dans votre Cosmos ; permettez-moi d'en rappeler ici les principales proprie^es. Le prisme qui surmonte la suspension est taille de maniere qu'il decompose optiquement, suivant deux axes rectangulaires, le mou- vement curviligne continu en deux autres mouvements egalement continus , mais qui se manifestent au foyer de la lunette par des ca- racteres differents , et separement mesurables. L'appareil collimateur permet d'orienterle systeme d'axes, et de mesurer l'amplitude des oscillations dans tous les azimuts. L' addition d'un bain annulaire de mercure pres de la suspension, mais sur la partie immobile , et d'un prisme reserveur, permettrait de determiner en meme temps et d'une maniere continue la direction absolue de la verticale et den suivre les variations. L'appareil de projection qui s'y adapte permet de montrer ces pheriomenesa plusieurs spectateurs a lafois, et, qui plus est, permet d'enregistrerphotographiquement les variations de 1'ensemble com- plet des phenomenes si interessants qui se groupent autour de la verticale, d'une partie desquels M. Puiseux a expose la th^orie dans son dernier memoire. Les elements de l'appareil eiiregistreur qu'il faudrait appliquer ici, se trouvent tout inventes dans l'interessant memoire de M.Ro- nalds sur les instruments enregistreurs pour la met^orologie et le magn^tisme, pour la construction desquels on organise dans ce mo- ment dans les ateliers de l'lnstitut technomatique, avec l'assenti- ment de l'illustre auteur, un outillage special qui s'appliquera a tous les instruments de ce genre, dont la science eprouve aujourd'hui le besoin, notamment aux enregistreurs electriques et mecaniques les plus perfectionnes pour les observations astronomiques. » CRATERE COPERNIC, UNE DES GRANDES TACHES DE LA LUNE PAR M. R. P. SECCHI. L'echelle de la figure est de 665'000. L'inspection de la tache fait voir tout d'abord une double enceinte annulaire de montagnes. L'une ext^rieure, la plus basse, a un diametre moyen d'environ 80 kilo- 580 COSMOS. metres ; l'autre, inte>ieur, et qui forme lesbords du cratere, estlarge de 70 kilometres, on voit a sa partie occidentale un pic tres-eleve\ Le bassin intei ieur a 36 kilometres de diametre ; ses flancs sont assez escarpes et bordes d'une triple enceinte de rochers brises, avec de gros et nombreux fragments amoncel^s au pied de l'escar- pement et semblables a des masses venues en roulant du sommet des montagnes environnantes. Le cratere pr^sente en outre deux grandes echancrures ou plutot deux crevasses situees aux extre- mities du diametre nord et sud ; des deux cotes des echancrures et en dehors, l'ceil apercoit distinctement des crateres plus petits et accouptes. A 1'exteVieur du grand cratere on voit rayonner des lignes for- mers de petits monticules ou cones alignes, alternant avec des ra- vins assez profonds. Les lignes ne semblent pas etre toutes formees de courants de lave, elles ressemblent beaucoup au contraire aux lignes de pentes qui sillonnent les montagnes volcaniques des en- virons de Rome j le R. P. Secchi s'est convaincu par de nombreuses observations, de la similitude parfaite etjusque dans les details les plus minutieux, entre les volcans du Latium et les formations lu- naires. Les crateres avec leurs enceintes circulaires et leurs lignes rayonnantes sont probablement les residus d'immenses domes suc- cessivement souleves et £croules , tels que les domes posierieurs out un diametre de plus en plus petit. En resume^ la montagne annulaire de Copernic presente, mais sur une plus vaste echelle, la meme double enceinte que le groupe des volcans latins. La question de savoir si la force volcanique est encore en action sur la lune ne pourra se resoudre que lorsqu'on aura le dessin tres-exact et tres-agrandi de 1'etat de la surface des crateres a une £poque determined ; les splenographies , faites jusqu'ici sur trop petite Echelle, ne peuvent donner aucune induction positive; c'est dans le but de fournir au moins quelques donnees certaines que le R. P. Secchi a entrepris ce travail de patience ; la carte qu'il a adressee a l'Acad^mie a exige qu'on observat la lune pendant sept lunaisons. SUPPRESSION DU FIL DE CUIVRE , COUVERT EN SOIE, POUR LES HELICES DES MULTrPLICATEURS PAR M. BONELLI. Pour produire les pbinomenes de l'electro-magn^tisme et du magn&o-electricisme, c'est-a-dire pour obtenir de l'electrieite' les COSMOS. 581 effete des aimants, et des aimants les effets des electro-moteurs, il faut toujours employer des helices de fil metallique revetu d'une substance qui l'isole parfaitement et qui consiste jusqu'a present en une enveloppe de fil de soie ou de coton. Les fils metalliques qui composent ces helices , doivent etre plus ou moins gros et avoir plus ou moins de longueur selon les pbinomenes qu'on veut produire et selon les forces employees; mais bien souvent il faut donner aux helices une tres-grande longueur et aux fils le plus petit diametre possible. Or, ces fils metalliques couverts de soie ou de coton out un prix considerable qui est une des objections qui rendent plus difficiles les applications pratiques de l'electricite; les fils trfes-fins surtout coutent enormement cher, et encore y a-t-il des limites de finesse qu'on n'est pas parvenu a depasser et auxquelles il faut se tenir, quelle que soit l'importance d'avoir une plus grande finesse et une plus grande resistance par consequent. II y a plusieurs experiences qu'il serai t tres-important de faire et qui ouvriraient peut-etre un nouveau champ a 1 £tude de l'electricite et de ses applications et qu'on ne peut pas ex^cuter, faute de fils tres-minces et isoles convenablement. Le probleme que je suis parvenu a resoudre est le suivant : 1° Faire a tres-bon marche les helices pour les machines electro- ]nagneliquesoumagn£to-electriques,tellesquerelais,electro-aimants pour les telegraphes, galvanometres, etc. 2° Faire des helices d'une finesse infiniment superieure a celles des fils les plus minces et cela en diminuant des quatre cinquiemes le prix actuel. Que Ton suppose, par exemple, une bande de papier AB de la 582 COSMOS. hauteur d'une bobine d'electro-aimant ou du chassis d'un galvano- metre; et sur laquelle, par des moyens bien connus, on ait des lignes aa' , bb' , cc' , dd' meHalliques, il est clair que ces lignes restent isolees Tune de l'autre par le papier qui les s^pare , et que le cou- rant electrique pourra en parcourir une quelconque, pourvu qu'il y ait continuity dans le m£tal dont elles sont faites. Si done on enroule ce papier sur la bobine ou sur le chassis en faisant communiquer tous les bouts abed ensemble et avec un pole d'une pile, et les autres bouts d b' c d! tous avec l'autre pole, on aura le meme effet que donnerait un fil dont la section serait 6gale a la somme de ces lignes et qui aurait la meme longueur que la bande de papier. Si, au contraire, on laisse en dehors l'extremite" interieure de cette bande oil sont les bouts d b' c d\ etc., et qu'on reunisse d avec b; b' avec c ; c avec d, en mettant ensuite en communica- tion le bout a avec un pole de la pile, et le bout d' avec l'autre, le courant passera successivement dans toutes les lignes suivant la direction ad bb' cc' dd', e'est-a-dire, marchant toujours dans le meme sens, et donnera le meme effet qu'un seul fil mince dont la section fut egale a celles d'une des lignes susdites, et la longueur £gale a la somme de ces lignes. Nous avons marque" quatre lignes seulement pour faire mieux comprendre la marche du courant, mais il est evident qu'on peut donner a ces lignes et aux intervalles qui les s^parent l'epaisseur d'un millimetre et meme moins encore, de maniere a en faire de 40 a 50 sur une bobine ordinaire. Le papier qui est entre ces lignes et au- dessous d' elles les tient parfaitement isolees, et comme ce papier peut etre tres-fin et tres-serre sur la bobine, dans une mediocre epaisseur Ton pourra mettre une longueur ties-considerable de spi- rales metalliques qui auront par consequent une action plus grande sur le fer. J'ai construit un galvanometre et un electro-aimant avec le sys- teme ci-dessus indique, qui fonctionnent a merveille, et je m'occupe de fixer dans ce moment, par les calcules necessaires, les lois a suivre pour la meilleure construction des appareils ^lectriques d'a- pres le nouveau systeme. » Nous ftlicitons sincerement M. Bonelli de son id^e si heureuse et si feconde. CHIRURGIE. BBILLANTES ET HEUREUSES OPERATIONS DE LITHOTRIPSY , PAR M. LE DOCTEUR GUILLON. Nous avons lu avec un vif interet le r£cit adressd a l'Academie de medecine par un jeune medecin havanais, M. de Arrastia, d'une operation de lithotripsie executee sous ses yeux par M. le docteur Guillon, bien connu de nos lecteurs, et nous nous empressons de le reproduire au moins dans une analyse suffisante. L'habile praticien dont nous avons si souvent plaids' la cause a reussi a pulveriser en deux seances deux calculs enormes, I'un libre, de 6 centimetres 1/2 de diametre, l'autre enkyste de 5 centimetres de diametre. Peu de temps auparavant, M. Guillon avait debarrass£ un chef de bureau au ministere des finances, M. Pluyette, de deux calculs non moins volumineux enfermes dans une cellule sur la partie anterieure de la vessie. Ce double succes fera certainement epoque dans l'histoire de la lithotripsie ; ils prouvent a la fois et l'habilete du chirurgien et 1'excellence des instruments inventes par lui. M. Lopez, naturel de Villa-Clara ( ile de Cuba ), age de soixante- quatre ans, d'un temperament bilieux-sanguin et d'une bonne cons- titution , avait joui d'une excellente sant6 jusqu'en 1824, Epoque a laquelle il souffrit horriblement pendant quarante-huit heures d'une colique nephretique, qui fut suivie de l'expulsion d'un calcul ayant la forme et la couleur d'un noyau d'olive. Au bout de quelque temps, unenouvelle attaque eut lieu ; maiscette fois les souffrances prolonged et les coliques finirent sans avoir eu pour rdsultat l'ex- pulsion de calcul ou de gravelle. L'exercice immodere auquel le malade 6tait oblige de se livrer journellement et ses grandes occupations avaient augmente gra- duellement ses souffrances ; et, a partir de cette epoque, elles de- vinrent continuelles. Envies fr^quentes d'uriner, avec dysurie et strangurie ; marche p£nible , douleurs dans la region recto-anale, he'maturies frequentes et parfois si abondantes que le malade se trouvait baign£ dans son sang. Dans cet etat de souffrance, qui durait depuis environ trente ans, M. Lopez se determinaen mai 1853 a venir a Barcelonne, ou reside une partie de sa famille, pour voir s'il pourrait trouver en Europe un soulagement a ses maux. II consulta les premieres autorites chirurgicales de cette ville, et tous ces praticiens, al'exception d'un seul quicrutla lithotritie pra- ticable, jugerent d'un commun accord que l'op£ration de la taille 584 COSMOS. 6tait la seule indication a remplir ; mais le malade ne voulut pas subir cette operation. Seduit par les promesses de gens du momle qui lui firent croire que dans les environs il y avait une source d*eau mineVale dont Taction en bains et en boisson, pendant une ou deux saisons, pour- rait aiuener la fonte des calculs, il se d£cida a prendre ces eaux. La saison finie, et n'ayant obtenu aucun soulagement, il consulta un m^decin fran9ais qui lui donna le conseil de venir a Paris. M. Lopez s'y rendit a la fin du printemps de 1854 , avec une lettre de recommandation pour M. le directeur de l'ecole de mede- cine militaire duVal-de-Gra.ce, M. le professeur Alquie, qui, 1'ayant examine avec l'interet du medecin ami, lui proposa de s'adjoindre , comme meritant toute sa confiance, M. le docteur Guillon. Ce praticien sonda le malade, diagnostiqua un calcul libre, ayant environ 6 centimetres de diametre transversal, et 10 ou 11 de lon- gueur, et il fut arrete qu'on aurait recours a la lithotripsie quand le malade y aurait £te suffisamment prepared On lui laissa d'abord le temps n^cessaire pour se remettre des fatigues d'un long et p6- nible voyage. Apres avoir iniecte de l'eau dans la vessie, M. le docteur Guillon placa le malade sur un canape, avecun coussin sous la region sacree, pour que le siege fut sur un plan plus eleve que la tete, et afin que la pierre tombat sur la paroi poste>ieure de la vessie , les jambes Archies sur les cuisses et celles-ci sur l'abdomen furent tenues ecar- Ues par MM. Guillon fils et de Arrastia. L'op6rateur introduisit dans la vessie son brise-pierre enduit de cerat, avec autant de facilite et de promptitude qu'on introduit une sonde ordinaire dans un uretre non retrdci ; et des qu'il eut ouvert cet instrument, en deprimant la paroi posterieure de la vessie la pierre tomba immSdiatement entre ses mors. Elle avait six centimetres et demi de diametre ; — et quoiqu'elle fut tres- dure M. Guillon l'ecrasa facilement en abaissant avec la main droite le levier place dans la rondelle de la branche femelle. II re- prit ensuite les plus gros morceaux, et leur pulverisation s'effectua tres-rapidement , sans retirer instrument qui fut degorge quatre fois au moyen del'evacuateur. Cette seance dura cinq minutes; et, apres 1' operation, le malade prit un bain tiede ou il resta une heure, fumant son cigarre fort tranquillement. Le reste de la journee et la nuit se passerent tres-bien sans aucun mouvement febrile. Le len- demain de bonne heure, le malade put se lever et aller a Saint-Sul- pice fairesa priere. II dejeuna en rentrant, et reprit savie habituelle. COSMOS. 585 Apres avoir debarrasse' son lithotripteur du detritus qui se trou- vait dans la cuillere de la branche femelle et l'avoir ferme, 1'opera- teur voulant reconnaitre avec cet instrument s'il restait encore des fragments volumineux, avait trouve\ outre les debris, un calcul for- tement enchatonna dans le bas-fond de la vessie, au cote droit. M. le docteur Guillon fit part a la famille et a M. Alquie de la triste decouverte qu'il venait de faire, et il proposaune consultation de chirurgiens au choix du malade. Ilfut convenu qu'on appellerait M. le docteur Amussat pere. Celui-ci tenta vainement de deloger et de broyer le calcul en- chatonne dont il reconnut aussi la presence. Les douleurs de ces tentatives provoquerent chez M. Lopez une si grande exaltation et un tel decouragement, qu'il repoussait avec colere toutes les propositions qu'on lui faisait ayant pour but l'ame- lioration de sa situation. II preferait, disait-il, mourir que de se soumettre a de nouvelles operations, et il donna des ordres pour les preparatifs de son depart qui devait avoir lieu des que ses souf- frances seraient diminuees. Cependant, a force d'instances, M. Alquie qui poss^dait toute sa confiance, et M. de Arrastia parvinrent a faire comprendre a M. Lopez qu'il devait consentir a ce qu'on le debarrassat de quel- ques fragments rested dans la vessie, et provenant du calcul que M. Guillon avait en grande partie detruit ; ces portions de pierres en augmentant de volume devaient inevitablement rendre ses souf- frances de plus en plus intoleVables. Se rappelant qu'il n'avait pas dprouve de douleur a la premiere seance tie lithotripsie de M. Guillon, il se decida a laisser pulve- riser par ce praticien ce qui restait de la pierre libre dans la vessie ; mais il ne voulait pas qu'on essayat de nouveau a le debarrasser de celle qui etait enkystee. En presence de MM. les docteurs Alquie, Amussat pere et fils, Billot, aide-major a 1'hopitalduVal-de-Grace, de MM. Guillon fils, Guillon neveu, et Arrastia, dleves en medecine. M. le docteur Guil- lon proceda de la sorte a la deuxieme seance de lithotripsie. II com- men^apar injecter un demi-verre d'eau tiede dans la vessie du ma- lade, le fit ensuite placer comme la premiere fois sur un divan con- venablement dispose^ et M. Amussat fils le chloroformisa. Lorsqu'il fut endormi M. Guillon introduisit son lithotripteur, et pulverisa en moins de deux minutes les fragments qui provenaient de la pierre attaquee precedemment. Lorsque les fragments qui genaient la manoeuvre a executer 586 COSMOS. pour deloger le calcul enkyste furent reduits en poudre, M. Guillon saisit avec les mors de cet instrument la portion du calcul encha- tonne qui faisait une saillie de plusieurs centimetres dans la vessie, et il l'y maintint en rapprochant a l'aide de la main gauche les rondelles de la branche male et de la branche femelle.La fixant en- suite plus solidement a l'aide du levier qu'il abaissa avec la main droite , tandis qu'il saisissait la tige du brise-pierre avec la main gauche, sur laquelleil pritsonpointd'appui poureviterde contondre le col de la vessie ; puis, par un mouvement de torsion de gauche a droite, il delogea cette pierre de la cellule oil elle etait retenue. Le malade etant endormi par le chloroforme ne temoigna au- cune douleur, et le calcul , qui avait 5 centimetres de diametre, porte sur la paroi postdrieure de la vessie, fut completement pul- verise en huit minutes. Pendant cette stance de lithotripsie , qui dura environ dix mi- nutes, M. Guillon avait vide" quatre fois son lithotripteur, c'est-a- dire qu'il avait fait tomber quatre fois dans la vessie, en soulevant l'evacuateur, la poudre dont la branche femelle est engorged. L'operation terminee, le malade exprima plusieurs fois a Mi Guil- lon combien il etait heureux d' avoir ete" debarrasse aussi vite de son calcul enkyste, sans avoir souffert et sans qu'il s'en doutat. II prit ensuite un bain d'une heure et demie , et pendant la duree de ce bain , il rendit avec f urine , dans un urinoir place" a cet effet , une grande quantite de poudre et de detritus lithique. Le calcul n'ayant pu etre arrache de la cellule ou il s'etait deve- loppe" sans dechirer le collet de cette cellule, M. Lopez rendit une assez bonne quantite de sang mele a l'urine, sang provenant £videm- ment de la dechirure produite par son extraction. Aussi et quoique le malade ait continue a rendre du sang mele a 1'urine toute la jour- nee et la nuit , M. Guillon ne voulut rien faire pour arreter cette hemorrhagic, persuade qu'il etait que cette Amission sanguine em- pecherait l'^tat febrile de se developper. L'op6ie fut tenu a la diete jusqu'au lendemain, eu prenant pour boisson une legere maceration de graines de lin edulcoree avec du sirop de cerises, et quelques cuillerees d'une potion opiacee pour favoriser le sommeil. La nuit ayant et£ calme , les urines n'etant plus sanguinolentes et l'appetit s'^tant developpe, M. Lopez resta leve une partie de la journee et prit deux potages. Une grande quantite" de poudre et de detritus lithique fut entrainee au dehors par l'urine et par des in- jections faites avec la sonde evacuatrice de M. Guillon. COSMOS. 587 L'examen des fragments les plus volumineux fit reconnaitre que les calculs £taient formds de couches concentriques composees de phosphate et d'oxalate de chaux. Le second jour, M. Lopez reprit son regime ordinaire, et alia se promener au Luxembourg. Le cinquieme jour, MM. Guillon et Alquie explorerent la vessie et reconnurent que M. Lopez etait completement debarrasse de ses deux calculs. Le sixieme jour et les jours suivants, M. Lopez parcourait Paris, faisant ses preparatifs de depart ; et dix jours apres l'extraction et la destruction du calcul enchatonne" , il se mettait en route pour l'Espagne. Une lettre recente d'un membre de sa famille qui habite Barce- lonne annonce que M. Lopez continue a jouir d'une tres-bonne sante, et qu'il se propose l'ete prochain de parcourir l'Europe. Si les sages pr^textes que M. Guillon deduit des faits pratiques nombreux qu'il a observes etaient connus, la lithotripsie devenue toute bienfaisante ne tarderait pas a etre geneValement adoptee. Ce praticien ne fait pas coucher sur un plan parfaitement hori- zontal les calculeux qu'il opere, ainsi qu'on le fait ordinairement. II fait placer sous le bassin du malade un coussin assez volumineux, afin que la pierre et les fragments tombent naturellement sur la pa- rol posterieure de la vessie. En outre, au lieu d'incliner lateValement les cuilleres de son li- thotripteur pour saisir la pierre, M. Guillon deprime, avec le bee de la branche femelle, la paroi posterieure de la vessie, et les calculs et les fragments tombent naturellement entre les mors de l'mstru- ment. En agissant ainsi, on ne pince pas la membrane muqueuse de la vessie, et les operations sont ordinairement peu douloureuses. Le bee du lithotripteur de M. Guillon presente lacourbure d'une portion de cercle assez regulier. C'est cette courbure qui amene naturellement les calculs et les fragments au milieu de la cuillere de la branche femelle ou se trouve sa plus grande largeur, quand Ins- trument est bien confectionne\ Pour donner une grande force aux mors de ses lithotripteurs, sans enaugmenter sensiblement le volume, M. Guillon a fait conserver sur le milieu de la face externe de chacun d'eux, une cote saillante et arrondie, ce qui donne au bee de l'instrument, vu de face, la forme dun losange dont les angles sont arrondis. Afin de pouvoir debarrasser a volonte la cuillere de la branche femelle de la poudre lithique qui s'y trouve entass^e, il a place- 588 COSMOS. dans cette cuillere un double-fond qu'on nomme evacuateur et qui permet de vider cette poudre lithique dans la vessie aussi souvent qu'il est n£cessaire. Quand l'operation est terminer, on vide de nouveau, au moyen de cet evacuateur, 1'instrument, qui est ensuite retire complement debarrasse' de la poudre calculeuse. Dansle brise-pierre pour enfants, cet evacuateur est dispose- de telle fagon que si labranche femelle venait a se rompre pendant l'o- peration, il amenerait aisSment le fragment au dehors. Un fil d'ar- gent place dans la branche male servirait a extraire la cuillere de cette branche si elle se brisait dans la vessie. Un levier tres-puissant fixe dans l'armature permet d'executer, en une seance de quelques minutes, la pulverisation d'un calcul qui n'auraitpu etre detruit avec les autres bri'se-pierres qu'en huit ou dix seances d'egale duree. Ce levier ne peut jamais produire la rup- ture du lithotripteur pour adulte, parce que des cheviUes de siirete, dont l'une fixe ce levier dans l'armature, doivent se rompre avant que la puissance employee pour pulveriser la pierre puisse fracturer l'un de ses mors. En outre, la pression qu'il produit etant intermit- tente, par force vive , ne fait avancer la branche mobile que sur l'etendue d'un centimetre au plus; on voudrait rompre cet instru- ment qu'on n'y parviendrait pas avec ce levier. En resume : 1° Avec de bons instruments de lithotripsie conduits avec habilete par une main exercee , on detruit promptement et fa- cilement les calculs renferm^s dans la vessie, et on evite toujours , ou presque toujours, l'operation de la taille chez l'adulte et chez 1' enfant ; 2° Quels que soient le volume et la durete d'un calcul vesical, au moyen du lithotripteur de M. Guiflon on peut le pulveriser completement en deux ou trois seances de quelques minutes, tandis qu'avec les brise-pierres generalement employes , il fau- drait vingt ou trente seances d'egale duree pour debarrasser le ma- lade; 3° Avec le brise-pierre pulv^risateur pour enfant, qui en 1850 a valu a M. Guillon, la deuxieme recompense que l'Academie des sciences lui a decernee, la lithotripsie est pratiqu^e avec autant de siirete et plus de succes encore dans le jeune age qua l'age adulte. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — lmprimerie de W. Remqoet et Cie, rue Garanciere, 5. T. VIII. 6 JUIN 1856. CINQUIBME AHNB&. COSMOS- KOUVELLES ET FAITS DIVERS. Dimanche dernier, ler juin, a eu lieu au Conservatoire imperial des arts et metiers, en presence d'une nombreuse et hrillante assem- bled, la seance generaleannuelle de distribution des recompenses de la Society protectrice des animaux. Apres le discours d'ouverture de M. le vicomte de Valmer, president, qui a fait ressortir toute la portee de l'ceuvre salutaire que poursuit la Societe, forte du bien- veillant appui de 1'administration, M. Henri Richelot, secretaire general , a present^ le compte rendu des travaux de la Societe. Dans une chaleureuse improvisation, lord Talbot, delegue de la Societe protectrice de Londres, a appele" l'attention de l'assemblee sur les heureux resultats que ne peut manquer de produire la propagande moralisatrice que poursuivent de concert les deux associations de Paris et de Londres. Le rapport sur les deux concours : 1° travaux litteraires, 2° inventions ou perfectionnements ayant pour but de diminuer les souffrances des animaux, a ete fait par M. le docteur Blatin, 1'mi des vice-presidents. Des m£daill^s ont ete accorddes, au nom de S. A. R. le prince Adalbert de Baviere, president de la Societe" protectrice de Munich, a MM. de la Rochefoucauld, due de Doudeauville; baron Lagarde- Montlezun; docteur Cordier, tous trois membres du conseil d'admi- nistration de la Societe de Paris, et Quiilet, de la Societe protec- trice d'Amiens. M. le vicomte de Valmer a ensuite proc^de" a la distribution des recompenses dans l'ordre qu'il suit : 3e Concours : Travaux litteraires. — M. Godin, avocat, me- daillede vermeil ; M. Papin, medaille d'argent. 2C Concours : Inventions ou perfectionnements utiles aux ani- maux. — 3 medailles d'argent a MM. Vallee, employe au Museum de Paris; Borne de Saint- Arnoult; Antoine, apiculteur a Reims. 6 m£dailles de bronze a MM. Thome, directeur de la ferme-^cole dePergaud; Taiclie, medecin-voterinaire aux mines de Decise; le docteur Harreaux, de Giouville-Saint-Leger ; le docteur Sauve, de 22 590 COSMOS. laRochelle; Laigniez, pharmacien a Laval; Thereze, de Paris. 3e Concours : Repression dcs cruautes eiwers les animaux. — 4 'dailies d'argent, 6 medailles de bronze, 4 mentions honorables He decernees a divers sergents de ville de Paris ; 2 medailles d'ar- , 2 medailles de bronze, 2 mentions honorables a des surveil- fants de station des chemins de fer. 4« Concours : Vaches satis comes. — 2 primes de 100 francs Ifondation Dutione) et 2 medailles d'argent ont <§te decernees a T s Nairn, vacher du comte de Southesk (Ecosse) ; a Chamartin, vacher de m! Lamblin, a Clenay. Enfin 28 autres medailles d'argent, 15 medailles de bronze, 13 itions honorables ont £te" delivrees a de vieux serviteurs de ferme, ber^ers charretiers et cochers des divers points de la France. Bouc'herie de Paris : 6 rappels de medailles, 6 de bronze. boucherie pefartementale : 1 medaille d'argent a M. Valade, d'Angouleme. _ , _ Nous recevons de M. Piallat la lettre suivante que nous mse- rons avec plaisir : • ■ ' „ En lisant hier dans le Cosmos le moyen que propose M. Bo- nel'l'i pour obtenir des helices electro-magnetiques en supprimant l'emploi du colon ou de la sole , j'ai eu la pensee de vous commum- nuer une experience que j'avais tentee il y a un pen plus d'un an, et dont le prmcipe est le meme que celui de M. Bonelh. A la place de labande de papier qu'emploie M. Bonelh, j avais mis unmorceaude gutta-percha en feuillestres- mince, etj'en avais entoure le cylmdre de fer qui devait former plus tard un electro- • nt J'enroulais cote a cote avec le til de cuivre, un fil de zinc un neu plus epais que celui-la, puis, quand la bobine etait recouverte d fil dans toute sa longueur, je deroulais le fil de zinc, et chacune des spires de cuivre se trouvait ainsi isolee de sa voisine ; j'apph- ««.«« de nouveau un autre morceau de gutta-percha en ayant som TZ Ae bobinage que cette fois le fil de cuivre se trouvat place dans tevides laisses par la suppression du fil de zinc De la sorte j avais ravanta-e d'isoler parfaitement les fits les uns des autres et d obte- nir un erand nombre de spires dans un espace tres-restreint, et sur- tout de maintenir mon fil tres-pres de l'axe de la bobine. Get essai ne m'a pas reussi ; parce qu'au bout de deux ou tro.s mois le passage de l'electricite deteriore la gutta-percha. Le papier r&istera-t-il davantaget C'est ce que l'expenence nous apprendra Cepen ant, je ne doute pas que mon procede ne so.t applicable et n Sonne d'excellents resultats en employant de la gutta-percha un COSMOS. 591 peu plus forte et en s'aidant des moyens mecaniques dont on se sert dans les arts pour bobiner le fil. « M. Piallat nous adresse en meme fetnps un echantillon de la gutta- percha dont l'alteration si rapide a deconcerte ses projets. Elle ressemble beaucoup a celle que M. Perrot preparait si habilement. — On lit dans le Moniteur des Hopilaux : M. le docteur Rilliet (de Geneve) vient d'adresser a l'Academie de medecine une lettre contenant l'expose- de ses recherches relativement a l'influenceque la consanguinity exerce sur les produits du mariage. Cette lettre porte en substance qu'il se fait a Geneve un nonribre considerable de ma- riages entre consanguins; que l'attention a ete appelee depuis bien des annees sur les consequences facheuses qui resultent de ce fait sur la sante et meme sur la vie des enfants. Ces consequences sont : 1° L'absence de conception ; 2° Le retard de la conception ; 3° La conception imparfaite [fausses couches); 4° D^s enfants incomplets (monstruosites); 5° Des enfants plus spe'cialement exposes aux maladies du sys- tfeme nerveux ; et par ordre de frequence, l'epilepsie, l'imbecillite ou l'idiotie, la surdi-mutite, la paralysie , des maladies cerebrales diverses ; 6° Des enfants lymphatiques et predisposes aux maladies qui relevent de la diathese scrofulo-tuberculeuse; 7° Des enfants qui meurent en bas age et dans une proportion plus forte que les enfants nes dans d'autres conditions; 8° Des enfants qui, s'ils franchissent le premier age, sont moins aptes que d'autres a register a la maladie et a la mort. 1. II est bien rare que tous les enfants, nes de ces manages, echappent a la mauvaise influence; 2. dans une meme famille les uns sont frapp^s, les, autres sont epargnes ; 3. ceux qui sont atteints ne le sont presque jamais de la meme maniere dans la meme fa- mille, c'est-a-dire que Fun est epileptique, tandis que l'autre est sourd-muet, etc. De son cote" M. le docteur Meniere signale le mariage entre pa- rents comme une des causes de la surdi-mutite congenitale. CONCOURS AGRICOLE UNIVERSELLE. APERCU GENERAL. L'litilite" des concours agricoles , organises pour la premiere fois en France , il y a dix ans , ne peut plus etre contestee. La beauts des animaux . le grand nombre de machines et des appareil? agri- coles la variete infinie des produits exposes dans le Palais de In- dustrie et ses annexes, attestent que Ton a enfin apprecie 1'influence que ces expositions sont appelees a exercer sur les progres de l'agriculture. Race bovine. La France, jusqu'a ce jour, s'est livree pnncipa- lement a la production des cereales ; le moment est arrive oil elle doit imiter 1' Angleterre et accroitre le nombre des animaux domes- tiques quelle possede, en les perfectionnant dans leur conformation et en modifiant leurs diverses aptitudes. C'est, en effet, en augmen- tant le nombre et en ameliorant la qualite" des animaux destines a l'alimentation publique, que la France pourra livrer annuellement a la consommation une plus grande quantite de viande et obtenir des recoltes de ble plus abondantes. La race qui attire le plus de monde et qui offre les types les plus parfaits est la race ecossaise d'Angus, sans cornes, dont le pelage est noir. Les vaches surtout sont charmantes. Lune d'elles, qui est placee a l'extr^nite de la rangee de boxes, du cote du public, offre des qualites tres-remarquables. Apres les angus , l'attention se partake entre les superbes charolaises que possede le concours et les varies fribourgeoises , les unes au point de vue exclusif de la boucherie, les autres au point de vue de la production du lait. Les vaches fribourgeoises n'ont pas de superieures quant a la qualite" du lait • elles sont, sans contredit , meilleures que les vaches de Dur- ham, dont les qualites comme laitieres sont tres-contestees, a ce qu'il parait. Les petites vaches podoliennes, a longues cornes, sont aussi tres- entourees , surtout par les dames et par les flaneurs : le costume pittoresque de leurs conducteurs est pour beaucoup dans leur SUCC6S La race la plus-curieuse est celle qui habite, en Hongrie, les grandes plaines .ituees entre le Danube et laTheiss.Cette race, dite des Pusztas , frappe les regards par la longueur de ses cornes, qui ont de 1 metre a 1 metre 20 centimetres et sont e^artees l'une de l'autre de 1 metre 50 centimetres a 2 metres ; elle contraste avec l'admii able race d'Angus, qui en est complement privee. COSMOS. 593 Gette race hongroise, a pelage grisatre , n'a aucune des quality des races ameliorees; elle se developpe tardivement et s'engraisse avec lenteur. Mais sa rusticite, sa vigueur, son aptitude a supporter la fatigue, la facilite avec laquelle elle s'entretient en bon etat sur des sols pauvres et avec des fourrages de qualite" mediocre, la ren- dent pr^cieuse pour les vastes plaines de la Hongrie. La racedu Miirzthal, tres-repandue dans la Styrie, dppuis Druck jusqu'a Unzmarkt, a un pelage gris blaireau et des cornes courtes. On la considere comme une bonne race do travail. La viande qu'elle fournit n'a pas la saveur de celle des bccufs de Pusztas. Quant aux vaches, elles sont assez bonnes laitieres ; quelquefois elles donnent jusqu'a 3 500 litres de lait par an. Ce produit considerable explique pourquoi les nourrisseurs des environs de Vienne les achetent aussi tot apres le velage, au prix de 400 a 450 fr. La race de Pinzgau habite une partie du duche de Salzbourg ; sa robe est rouge brun. Nos races franchises tiennent aussi un rang eleve\ Les especes flamande , normande , bretonne , charolaise , de Salers, d'Aubrac, garonnaise, limousine, bazadaise, franc-comtoise, chaloraise, toutes nos races enfin, nous offrent des sujets d' elite qui doivent faire com- prendre aux homines serieux et speciaux, que la Fiance possede sur son sol toute i'etoffe necessaire pour obtenir les meilleurs mo- deles, les plus beaux types, soit pour la boucherie, soit pour le lait, soit pour le travail. Race ovine. La race ovine hongroise, qu'on ne rencontre plus que dans les parties montagneuses, est tres-curieuse ; elle a de lon- gues cornes verticalement dressers en spirales et une laine tres- longue. C'est avec la peau de ces animaux que Ton confectionne le vetement favori du paysan hongrois, et qui sert a le garantir des brusques changements de temperature. C'est en Moravie et en Silesie que Ton rencontre les merinos les plus renommes pour la laine fine, soyeuse, courte et tassee. lis ont une petite tadle , inais leur conformation est generalement bonne. La Boheme a aussi des troupeaux merinos amenes a un haut degre de perfection. Toutes cfioses egales d'ailleurs , l'Autriche et la Saxe sont les contrees en Europe qui possedent les plus beaux merinos sous le rapport de la finesse et de l'elasticite de la laine. La France, il y a un demi-siecle, avait des troupeaux aussi remarquables ; amis en presence de l'extension prise par la propagation des im'i,uosen Hongrie et surtout en Australie , elle fut forcee de itnoncrr a la 594 COSMOS. production des laines a cardes pour adopter les races a laine demi- longue propre au peigne. C'est que la valeur locative des terres arables, dans le-> provinces ou reussissait le merinos de petite taille, £levait considerablement la valeur intrinseque des laines fines. Les debouches important* que les manufactures de l'Europe offrirent a 1'Autriche permirant aux agriculteurs de ce pays d'aug- menter le n ombre des troupeaux merinos et d'utiliser, par ces inter- mediates, lesimmenses Vendues de terres incultes que pr^sentent la Hongrie, la Silesie et la Moravie. Ces troupeaux sont parfois considerables. Ainsi la bergerie de M. le comte Henrich Larisch Moennich, de Freistadt (Silesie), se compose de 30 000 tetes, et celle de M. le prince Esterhazy comprend plus de 160 000 brebis et moutons. L'Espagne est la seule puissance europeenne qui puisse, sous ce rapport, rivaliser avec 1'Autriche. On sait qu'il existe dans l'Estramadure des troupeaux composes de 20 000 a 30 000 tetes. Les me>inos que Ton rencontre en Autriche se divisent en plu- sieurs classes : le meVinos ordinaire, le merinos Electoral et le me- rinos negretti. Ces diverses sous-races, toutes de petite taille et fortement chargees de suint , sont originates de l'Espagne, mais elles different entre elles par la finesse de leurs toisons. Le merinos electoral a pris naissance en Saxe, lorsque 1'electeur Joseph II introduisit la race merinos dans ce royaume. Jusqu'a. ce jour , elle a conserve tous les caracteres qui la faisaient rechercher, il y a un demi-siecle , grace aux circonstances au milieu desquelles on la propane. Quant a la sous-race negretti , elle est venue directement d'Espagne. L' Autriche , qui multiplie ces diverses races avec un soin digne d'eloges, doit-elle les abandonner pour leur preTerer les races a laine longue, c'est-a-dire les races d'un prompt engraissement? Non. Les terres de la Hongrie , de la Silesie et de la Moravie , ou vivent les animaux de l'espece ovine, sont trop pauvres et trop etendues pour que ce changement puisse s'effectuer avec profit. Aussi est-ce a ces contrdes et a l'Australie quest devolue la tache d'alimenter nos manufactures de laine fine a carJe, puisque ces localites peuvent les produire avec avantage a un prix moindre que celui auquel l'agricul- ture francaise les obtient. Quant a. la France, elle a un role non moins remarquable a rem- plir ; elle tend a substituer aux merinos purs les races anglaises, afin d'alimenter ses manufactures de laines longues et d'augmenter dans une large proportion, la production de la viande, dont l'insuf- fisance n'est plus aujourd'hui contestee. COSMOS. 595 Horticulture. L'exposition de la Society d' horticulture est tres- remarquable. On y admire de beaux azalees couverts d'un dome de fleurs brillantes, quelques rhodondendrums fort remarquables et une collection de calc^olaires qui temoignent d'une excellente cul- ture. L'exhibition des legumes est aussi tres-remarquable I'ensemble de l'exposition peche par les specimen d'arbres d'ornement, qui manquent un peu. On ne la trouve pas tout a fait a la hauteur de ce qu'elle a 6^6 l'annee derniere quoiqu'il y ait cependant de magnifi- ques choses. Pisciculture. Elle occupe les basins de deux des fontaines de l'ex- position horticole, Cette exhibition est une nouveaute" excessivement intdressante sous tous les rapports. II est aujourd'hui parfaitement etabli que la pisciculture, c'est-a-dire l'eleve et l'engraissement du poisson , est destinee a devenir avant peu une branche d'industrie agricole importante, etune ressource sexieuse pour les agriculteurs et pour l'alimentation publique. L'art de faire eclore dans des conditions convenables les millions d'ceufs qui se perdent dans les eaux libres est deja devenu , en peu de temps, une science sdrieuse, grace aux travaux des pisciculteurs. On peut aujourd'hui empoissonner telle riviere, tel lac ou tel etang que Ton voudra avec les meilleurs poissons. Ainsi , la riviere du bois de Boulogne , ce lac artificiel qui s'alimente au moyen d'une pompe a. feu, est aujourd'hui pleine de truites delicieuses et de saumons magnifiques. II y a deux ans, a peine, que l'empoissonne- ment a ete fait par M. Coste, et nous avons vu, dans le bassin situe derriere la statue de l'imperatrice Josephine , de fort beaux echan- tillons peches dans cette riviere improvised. Nous trouvons, dans le meme bassin, les appareils de piscicul- ture du college de France et les produits de l'etablissement fondd a Huningue par l'Etat, sous la direction deM. Chabot, un des rares praticiens habiles que possede encore cette science nee d'hier. Les produits apportes par M. Chabot consistent en saumons du Danube, saumons duRhin, saumons francs, truites des lacs, truite commune, ombre-chevalier et ombre commune. Ces poissons s'acclimatent avec la plus grande facilite dans toutes les eaux. La beaute de l'exposition de pisciculture, et l'interet qu'elle pa- rait exciter dans le public, en font un des faits les plus inteVessants du coucours. Produits agricoles et instruments . Les produits agricoles ont etc* places dans les galeries sup£rieures. On trouve d'abord, en entrant par l'escalier, du cote de Paris, la 596 COSMOS. collection des modeles en relief ; un pe"trin mecanique, une distillerie toute montt*e selon le systeme Champoimois, des modules de ferme; le grenier a grain de Philippe de Girard ; un four a inarche continue, servant a cuir les drains, briques, tuiles, etc., dont 1'aspect est assez curieux. Des wagons charges de tuyaux de drainage et glissant sur les rails d'un chemin de fer plongent dans un four qui ressemble un peu h un tunnel, et en sortent par l'autre bout entierement cuits. Nous ne savons pas si l'invention est pratique, mais nous la trou- vons au moins originale. Apres avoir traverse* 1'exposition des instruments d"horticulture et les produits de l'Algerie, on arrive au milieu d'une armtSe de hache-paille et de concasseurs exposes par l'Angleterre, la Belgique et l'Allemagne. Nous y avons vu peu de choses nouvelles. Panni les produits anglais, on trouve une magnifique exposition des lms irlandais. Les Society royales de Dublin, Belfast, etc., ont emvoye des etoupes, des filasses, des fils, des toiles ecrues et des toiles blanches d'une finesse et d'une beauts incroyables. Le proprietaire du grenier Salaville (la ventilation continue appli- quee a la conservation des grains) a monte son appareil dans cette galerie. Des ventilateurs, mis en mouvement par un moteur a bras, font penetrer l'air dans les grands tuyaux perc^s de trous, de ma- niere a ce qu'on puisse parfaitement se rendre compte de 1'effet pro- duit. A picuhure . L'exposition de l'apiculture est pleine d'interet. Ces constructions en bois blanc ou en paille sont simples comme l'art au- quel elles s'appliquent, et cependant il y a beaucoup de difficultes a vaincre pour batir convenablement ces palais d'allumettes. On ne saurait s'imaginer combien de ruches differentes on a inventees de- puis quelques ann^es pour parer aux inconv&iients qu'offre la ruche antique que Ton trouve dans presque toutes nos campagnes. Nous en avons vu l'annee derniere, a l'exposition universelle de t'indus- trie, de toutes les fac^ns. Voici maintenant un apiculteur du Rhone, un modeste campagnard, qui arrive avec une nouveaute, et une nou- veautd qui parait etre bonne parce qu'elle est simple, ou qui est simple parce qu'elle est bonne. II apporte de son village une ruche en osier qui se divise en trois Stages. Les abeilles habitent les deux etagesinfeVieursetdeposentdans le chapeausuperieur leur provision de miel. Quand vous voulez curer la ruche, vous sub-tituez toutsim- plement un chapeau vide au chapeau plein. Les abeilles ont toujours dans les etages inferieurs une provision suffisante pour leur nourri- ture. [La suite au prochain numero.) PHOTOGRAPHIE. ENREGTSTRATION PHOTOGRAPHIQUE A l'oBSERVATOIRE IMPERIAL. « Le pavilion qui renferme les instruments magnetiques est a Tangle sud-est de la terrasse de l'Observatoire. L'une de ses fene- tres est placed dans le meridien du cercle mural de Fortin. A l'm- terieur du pavilion , sur le prolongement de l'axe optique de la lu- nette de ce cercle, se trouve un pilier allonge dans le sens du me- ridien. C'est sur ce piiier que se font les observations directes; il porte un theodolite avec lunette centree. Une trappe menagee dans le toit permet d'apercevoir la polaire avec le theodolite. On vcit done que Ton a deux moyens d'ohtenir la direction du meridien astronomique : l'observation directe de la polaire, et le pointe au cercle mural de Fortin, employe" comme collimateur. Ce dernier procede est tres-commode, car on connait toujours la situation du cercle de Fortin par rapport au meridien. On peut done sans incon- venient deplacer le theodolite sur son pilier, l'avancer ou le reculer. et Ton retrouve toujours le meridien astronomique en moins d'une minute. « Au nord-est du pilier qui porte le theodolite se trouve la bous- sole de declinaison. Le barreau aimante est un cylindre creux de 20 cent, de longueur. Cette disposition presente l'avantage de four- nir des aimants puissants d'un faible poids ; car on suit qu'a partir d'une certaine limite d'epaisseur, un fer creux s'aimante a peu pres au meme degre qu'un fer plein. II est important d'avoir des barreaux legers et puissants pour augmenter le degre de precision des observations, puisque les erreurs que Ton peut avoir a craindre, viennent surtout de la torsion des faisceaux de suspension, et le couple de cette torsion est proportionnel au poids du systeme sus- pendu; le faisceau a d'ailleurs a porter, outre le barreau, le miroir destine" a l'enregistrement photographique. On a , en outre , un avantage evident a ce que le couple magnelique soit le plus grand possible par rapport a la pesanseur. Or il ne faut pas tendre a ce resultat par un accroissement de longueur du barreau, accroisse- ment qui ne se ferait pas, au reste, sans augmentation de poids, et qui, en £cartant ies poles, aurait l'inconvenient d'augmenter les influences reciproques des barreaux des diverses instruments. - Le barreau £tant creux, on en a fait une lunette collimateur. II porte a l'une de ses extremites, au surl, une lentille ; a l'autre, au nord, une echelle horizontale divisee. Cette echelle est au foyer principal de la lentille. Les rayons qui en emanent sortent paral- 598 COSMOS. leles, de sorte que Techelle est visible avec le thdodolite et obser- vable avec la meme position du reticule que quand on vise a la po- lalre ou au cercle de Fortin. » Ainsi done, pour obtenir une ddclinaison absolue, il suffit, apres avoir vise au cercle de Fortin avec le thdodolite , de viser au zdro de Tdchelle du barreau aimantd, puis de renverser ce barreau a cause de Tangle entre l'axe optique et 1'axe magndtique, de viser une seconde fois, et de prendre la moyenne des deux lectures. Au reste, il n'est pas necessaire de renverser le barreau chaque fois. Ayant obtenu Tangle entre Taxe optique et Taxe magndtique par une observation, on peut corriger les observations a une seule lec- ture a Taide de cette valeur, et Ton n'a plus a opdrer de retourne- ment que de temps en temps pour juger de la Constance de Tangle forme par Taxe optique et Taxe magndtique. « Les mouvements du theodolite sur son pilier ont permis de ren- dre fixe le centre de la boussole. Le faisceau de suspension a 2 me- tres de longueur : on sait que le couple de torsion est en raison in- verse de cette longueur. Le cercle de torsion est muni d'un vernier et donne les minutes. II est supporte par un systeme de colonnes en cuivre. Le faisceau traverse un tube de verre, et la boussole est renfermee dans une boite octogone formde par des glaces a renver- sement. Des lames de cuivre sont disposees au-dessus et au-des- sous du barreau pour reduire Tamplitude des oscillations et faciliter par la les observations directes, et surtout le trace photographique. Un barreau de cuivre collimateur peut etre substitud au barreau de fer pour aneantir la torsion. « Le tracd photographique s'opere de la maniere suivante : Le barreau supporte un miroir concave en metal qui se meut avec lui. A 65 centimetres de ce miroir se trouve un bee de gaz dont la che- minde prdsente une fente verticale du cote du miroir. Les rayons dmands de cette fente et rdfldchis par le miroir forment a 3 metres du miroir, au foyer conjugud , une image de cette fente verticale. La fente n'est pas sur Taxe meme du miroir, afm d'eviter que les rayons rdfldchis ne soient interceptes par la cheminee, mais elle est legere- mentddvide. Par cette disposition, on voit que Timage de la fente se meut horizontalement, par rapport au centre de la boussole, d'un angle double de celui du barreau. Un systeme de deux lentilles cylindriques de 30 centimetres de longueur, et a court foyer, cons- truit par M. Beyerld, est disposd horizontalement de maniere a concentrer en un point lumineux Timage de la fente, sans cepen- dant rdagir sur la direction de ce point. Ces lentilles auraient dtd COSMOS. 599 inutiles si la source de lumiere avait ete" un point, au lieu d'une fente, mais alors on n'autait pas eu assez de lumiere pour obtenir un trace" photographique. « Derriere les lentilles cylindriques se trouve un cylindre de 20 centimetres de diametre recouvert de papier photographique et auquel un chronometre imprime une rotation d'un tour en vingt- quatre heures. Ce cylindre recoit le point lumineux dont les depla- cements out lieu parallelement a son axe. Le cylindre etant anime' d'un mouvement de rotation, le point lumineux decrit a sa surface une courbe qui impressionne le papier sensible. " Sur la monture du cylindre se trouve une lentille munie d'un prisme au moyen de laquelle un second bee de gaz, fixe" sur le meme pilier que ce cylindre, trace photographiquement une ligne de re- paire. C'est la variation de la distance entre cette ligne de repere et la courbe, distance independante de la position donn^e au papier sur le cylindre, qui fait connaitre les changements de la declinai- son. Un obturateur permet de faire sur la courbe de petites inter- ruptions qui servent a fournir des reperes pour regler Techelle des heures. " Sur le meme cylindre enregistreur se trouve, du cote oppose au point lumineux fourni par la boussole de declinaison, un troi- sieme point lumineux qui trace la courbe des variations de la force horizontale. Ce troisieme point est fourni par le magnetometre bifi- laire, place" sur un pilier a Tangle sud-ouest du pavilion. « Un barreau semblable a celui de la boussole de declinaison est maintenu par une suspension a deux fils, dans un plan perpendi- culaire au meiidien magnetique. Son pole nord. celui qui porte T£- chelle divisee, est a l'ouest. Ce barreau est observable avec le meme theodolite que la boussole de declinaison. Cette disposition permet de determiner rapidement , a un instant quelconque , la situation exacte de l'axe magnetique de ce barreau par rapport au meridien astronomique. En faisant cette determination pour diverses lectures du cercle de torsion, on en peut dedaire Tangle de torsion neces- saire pour amener Taxe magnetique dans le plan perpendiculaire au meVidien magnetique. Connaissant alors le poids de Tappareil, Te- cartement des crochets de suspension et la longueur du faisceau, on a, en fonction de la pesanteur, la valeur du couple de torsion qui fait dquilibre au couple magnetique : ce dernier couple a pour me- sure le produit du moment magnetique du barreau par la force ho- rizontale du globe. Si alors on en devie, suivant la methode de Gauss, la boussole de declinaison avec le barreau bifilaire, pour en *W COSMOS. deduire le rapport du moment magnetique de ce barreau a la force du globp, on a les elements n^cessaires pour obtenir la mesure de ]a force horizontale du globe. Cette operation a etc f'aite le 21 mars dernier, entre quatre et cinq heures du soir, par M. Liais. II a t.ouv6 1,8944, en united metriques , pour l,i force horizontale magnetique du globe a cette epoque " Les faisceaux de suspension du magnetometre bifilaire sont renfermes dans un tube de verre ; ils ont un metre de longueur. Le barreau est renferme' dans une boite octogone en glace, semblable a celle de la boussole de dedinaison. Le barreau est egalement place entre deux planches de cuivre, etporte, pour l'enregistrement pho- tographique, un miroir concave en tout semblable a celui de la boussole de declinaison. « Le moment magnetique d'un barreau aimante changeant avec la temperature , et la situation du barreau dependant du produit de ce moment magnetique par la force du globe , il en r^sulterait la necessity de corriger les courbes des influences de la tempe- rature , point par point, si Ton n'avait compense l'instrument contre les effets de la chaleur. M. Brooke a obtenu cette compensa- tion en faisant varier le couple de torsion, sous l'influence de la tem- perature, dans le merae rapport que le magnetisme du barreau dont les variations ont ete prealablement determinees par expe- rience. II a suffi pour cela de faire en sorte que les deux crochets de suspension se rapprochent quand la temperature s'eleve, effet que Ton a obtenu par l'inegalite de dilatation du fer et du zinc. L'instrument peut a volonte fonctionner avec ou sans la compen- sation. « Le magnetometre de force verticale est place a Test du pavil- ion. II consiste en un barreau collimateur semblable a ceux des deux autres instruments, et supporte sur plan d'agate par une sus- pension de balance a couteaux d'agate. Ces couteaux sont dans le meridien magnetique, de sorte que le barreau se meut dans un plan perpendiculaire au meridien magnetique. Son magnetisme tendrait alors a le rendre vertical, mais un contre-poids le maintient horizon- tal. Les variations de la force verticale du magnetisme font inclmer cet instrument com me une balance; sa sensibilite depend de l'a- baissement du centre de gravite et se regie a volonte. Com me pour le magnetometre bifilaire il faut une compensation contre les effets de la temperature; cette compensation est obtenue par un thermo- metre porte par le barreau, et dont les dimensions ont ete determi- nees par M. Brooke, d'apres l'etude des variations du magnetisme COSMOS. • 601 dubarreau. Quand la temperature s'eleve, l'elevation du thermo- metre augmente le poids du cote du pole nord du bareau. Ce ther- mometre peut etre enleve a volonte\ La situation de l'axe magn&- tique par rapport a l'horizon et au meVidien magneHique peut etre sans cesse determined par le theodolite. « L'enregistrement photographique se fait comme pour les deux autres instruments, sauf que le mouvement du point lumineux au lieu d'avoir lieu dans un plan horizontal, a lieu dans un plan ver- tical. Cette condition a force* a employer un cylindre different de celui qui sert aux deux autres instruments. « La preparation des papiers photographiques n'est pas un obstacle a l'emploi des instruments a indications continues. A l'Observatoire de Paris, on a abandonne les procedtSs humides qui obligeaient a preparer chaque jour et a faire paraitre imm^diate- ment les epreuves ; on a £galement abandonne les papiers cires qui sont dispendieux et longs a preparer, a cause du sejour prolong^ qu'il faut leur faire subir sur un bain. On a tenu a obtenir des £preuves sur papier ordinaire et sec. En quelques heures on peut preparer du papier pour quinze jours , et se contenter de faire pa- raitre les epreuves a l'acide gallique a la fin de chaque semaine. « Le papier est sensibilisd avec l'iodure et le bromure d'ammo- nium, le nitrate d'argent et l'acide acetique. Apres avoir ete seche, il est conserve a l'abri de la lumiere, et est en etat d'etre employed Les feuilles retirees des cylindres sont conservees. On fait paraitre les images avec l'acide gallique dilu£, et on les fixe a l'hyposulfite de soude. » ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DD 2 JUIN 1856. La correspondance d£pouill£e par M. Elie de Beaumont n'offre aucun inteVet , quelques noms et quelques mots seulement par- viennent jusqu'a nous, Kopp , Colin , Jobard, GueVard, de Para- vey, Lutterbach , trisection de Tangle, direction des aerostats, nouveau systeme d'armes a feu, revelation des lois de la nature , substitution de l'acide arsenique a l'acide tartrique dans la teinture en rose : voila tout ce que nous avons pu saisir. — M. Flourens lit le de"cret qui confirme l'election de M. Claude Gay. — M. Bertrand lit une note tres-courte , mais tres-interessante sur le gyroscope de M. Foucault. II croit qu'on n'a pas donne encore de th^orie assez simple de ce charmant appareil ; partant des principes pose's par M. Poinsot dans son admirable m^moire sur la rotation des corps, il demontre en quelques lignes que l'axe du gy- roscope doit en effet suivant son mode de suspension prendre dans l'espace les positions indiqu^es par l'expdrience, et se diriger com- plement sous l'influence du mouvement de rotation de la terre. — M. Serres lit une nouvelle note sur l'embryogenie et la for- mation de l'oeuf. L'ceuf en general ne contient qu'une seule vesi- cule germinative ou 1' element d'un seul etre; mais il peut arriver et il arrive quelquefois qu'il en contienne deux, trois, ou un plus grand nombre ; ces vesicules , malgre leur presence simultanee sur un si petit espace, peuvent se de\elopper independamment et donner naissance a des etres reguliers ; mais elles peuvent aussi se penetrer, se souder, confondre leurs vies et leurs d£veloppe- ments, etc'estainsi que suivant M. Serres se forment les monstres. II croit avoir e^abli quelques lois generates qui president a la pe- netration des vesicules suivant leur position dans l'ceuf, mais il nous serait impossible d'^noncer aujourd'hui ces lois. — M. Dumdril lit des considerations g£ne>ales sur la marche la plus convenable a suivre dans l'histoire naturelle, dans l'etude des affinit^s des etres, de leurs analogies et de leurs differences, dans leur classification , etc. II donne une analyse assez etendue de l'ou- vrage qu'il vientde faire paraitre sous le titre de Physiologie ana- lytique, appliquee a l'etude des poissons , vol. in-4* de 500 pages avec de nombreux tableaux synoptiques , et qui forme presqu'a lui seul, le 27me volume des memoires de l'Academie. — L'Academie procede ensuite a l'election d'un vice-president COSMOS. 603 en remplacement de M. Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire , devenu president par la mort de M. Binet. Le nouvel elu devait etre choisi dans la classe des sciences physiques et math£matiques. Le nombre des votants 6"tait de 50, la majorite absolue de 26; au pre- mier tour de scrutin M. Despretz obtient 28 suffrages, contre 15 donnas a M. Duhamel, 4 a M. Chasles, 1 a M. Bravais; c'est plus que la majorite" absolue , M. Despretz est en consequence pro- clame vice-president pour 1856 et 1857 ; president pour 1858 ; M. Geoffroy Saint-Hilaire l'invite a venir prendre place au bureau ; mais par modestie sans doute, ou par timidite, M. Despretz s'etait abstenu de paraitre a la seance. II y avait dans l'urne un billet blanc comme toujours inexplicable, et tout a fait inconvenant; comment se fait-il qu'on n'arrive pas enfin a faire bonne justice de ces protestations anonymes sans dignity et sans but 1 Nous croyons devoir rappeler que dans la premiere seance de Jan- vier 1855, M. Despretz avait vivement dispute a M. Binet le fau- teuil de la vice-presidence; il avait obtenu21 voix, etM. Binet 25 ; nous applaudissons sincerement a l'honneur que ses illustres con- freres viennent de lui faire. -*- M. Pouillet depose sur le bureau quelques nouveaux tableaux photographiques des radiations solaires obtenus dans les derniers jours avec son actinographe. — M. Valenciennes, met sous les yeux de 1' Academie de nou- velles photographies d'histoire naturelle prises par M. Louis Rous- seau. — M. Le Verrier annonce avec bonheur que, de concert avec M. de Vougy, directeur general du service des telegraphies au mi- nistere de l'inte>ieur, il est enfln parvenu a organiser de la maniere la plus satisfaisante la transmission telegraphique des observations mettforologiques. Un grand nombre d' amateurs se sont deja mis a la disposition de M. Le Verrier pour la constitution de son grand reseau meteorologique de la France; il a accepte leurs services, et les a munis d'instruments construits sur ses plans et sous ses yeux, et compares avec le plus grand soin a l'Observatoire imperial. Celui des instruments qui a recu le plus de modifications, est le baro- metre; M. Le Verrier n'a pas pu se decider a adopter le barometre de Fortin, le plus parfait de tous, cependant, parce que la determi- nation de la pression atmosphe>iqueavec ce bel instrument est plutot une experience de physique tres-delicate qu'une simple observation. Le nouvel instrument combine^ par M. Liais, est tres-simple, et donne la pression de l'air par une seule lecture; des tables, calculees 604 COSMOS. aussi, et dressoespar M. Liais, donnent imm^diateinent les cor- rections a faire. Nous publierons proehainement la description du barometre etalon avec les tables et la forme du bulletin meteolo- gique definitivement adoptee. Mais en outre du concours des meteorologues amateurs, il fal- lait constituer un service parfaitement regulier et administratis qui put se continuer indefiniment par la force des choses , et les rouages de la routine, ind^pendamment de Taction person- nels de ceux qui l'auraient organise. Or , c'est a quoi MM. Le Verrier et de Vougy ont tcavaille avec ardeur depuis plus d'un ^n, et ce qu'ils ont en fin realise avec un succes complet. Les stations meteolologiques sont constitutes au sein meme des bu- reaux de telegraphie electrique. Les employes principaux de ces bureaux ont tous recu une instruction solide, les inspecteurs des lignes sortis de l'Ecole polytechnique, ou des autres Ecoles du gou- vernement, sont plus instruits encore , et sont eminemment aptes a surveiller la parfuite execution du plan general. Les stations meteorologiques actuelles sont au nombre de vingt- cinq, dans les principaux bassinsde la France : Bassin du fi/un : Stra>bourg, Mezieres, Dunkerque, Mulhouse. Bassin de la Seine : Tonnerre, Paris, le Havre, Chalons-sur- Marne, Abbeville. Bassin de la Loire : Limoges, Napoleon-Vendee, Brest, Cler- mont-Ferrand, Nevers, le Mans. Bassin de la Gironde : Montauban, Bayonne, Rhodez, Roche- lort. Bassin du Rhone : Besancon, Lyon, Avignon, Narbonne, Dra- .guignan. On n'exige de chaque chef de poste, chaque jour, que trois obser- vations, mais on lui sait gre d'en faire un plus grand nombre, et presque tous ont depasse le nombre reglementaire. Les observations sont consignees d'abord dans un registre destine a rester toujours dans la station, ou qui n'en sortira jamais ; elles sont ensuite trans- mises a l'Observatoire entre sept et huit heures du matin, suivant une formule adoptee, par le telegraphe electrique ou par la poste. A l'Observatoire elles. seront transcrites sur des regislres speciaux, reunies en tableaux, discuteesquelquefois, et tres-probublement pu- bliees dans un bulletin mensuel avec plus ou moins d'etendue, suivant les ressources du budget et du personnel. M. Le Verrier s'engage, en outre, a les communiquer a tous ceux qui croiront pouvoir en tirer un parti utile. COSMOS. 605 L' organisation des stations aetuelles a ete menee a. bonne fin par M. Liaisqui representaitM.Le Verrier, et M. Pouget-Maisonneuve, qui representait M. de Vougy; toutes les depenses de l'mstallation, ence qui concerne les instruments, lesinstructions, les bulletins, etc., ont ete supportees par l'Observatoire imperial . II y a pres de quinze jours que les observations se font regu- lierement, et M. Le Verrier les aurait deja communiquees a l'Aca- demie , si ellesn'avaient pas ete par trop attristantes; le temps sur toute la surface de la France etait affreux, les pluies tombaient partout avec une grande abondance. Les bulletins du lundi lcr juin sont au contraire beaucoup plus conso'ants ; il faisait t res-beau a sept heures du matin a Lyon, a. Montauban, a Strasbourg, a Be- sanc/m, etc. Quand le service de la meteorologie franchise ne laissera plus rien a desirer, M. Le Verrier s'occupera activementd'etendre le re- seau aux eontrees voisines, il est deja assure du concours de la Bel- gique et espere beaucoup de l'Angleterre ; leurs Altesses Imperiale et Royale le prince Maximilien et le prince Oscar qui ont visite l'Observatoire avec Sa Majeste l'Empereur, ont pris l'engagement de contribuer de tout leur pouvoir a faire marcher de pair l'union meteorologique et l'union politique de la France, de l'Autriche et de la Suede. Nous touchons done a la realisation d'un vaste plan d'en- semble qui serafecond en resultats importants": nous prendrons une part active a cette glorieuse campagne, et nous donnons des aujour- d'hui l'instruction qui doit diriger les employes de l'administration. — M. Le Verrier depose aussi sur le bureau une observation faite entre deux eclaircies de l'astre decouvert par M. Goldschmidt, et qui est bien certainement une quarante et unieme petite pla- nete. — M. le marshal Vaillant communique 1° au nom de M. Didion, lieutenant-colonel d'artillerie, examinateur d'admission a l'ecole Polytechnique, un memoire sur la resistance de l'air au mouveinent des projectiles, faisant suite aux recherches faites en commun, vers 1836, par MM. Piobert, Morin, Didion, et couronn^es par l'Aca- demie des sciences ; 2° Au nom de M. Baudens , inspecteur general du service medical des arme"es, une etude, faite sur les lieux, du typhus, qui a si cruellement decime 1'armee d'Orient. En d^posant ce dernier travail , M. le ministre de la guerre fait en quelques paroles bien senties l'eloge de M. Baudens qui, sacrifiant les interets bien chers d'une candidature academique, s'est eloigne" de Paris au moment oil sa presence etait le plus necessaire, et a 606 COSMOS rempli avec autant de zele que de talent la difficile et dangereuse mission qui lui etait confiee en Corse et en Orient. — M. Regnault pr6sente au nom de M. Silberman jeune , son preparateur au college de France, une nouvelle pompe a air, a la fois machine pneumatique et machine de compression; nous pu- lsions plus bas la description de ce precieux instrument tres-habile- ment construit par MM. Fabre et Kunemann , successeurs de M. Pixii. — L'Academie se forme ensuite en comite secret pour arreter le choix de son candidat definitif au prix triennal. Les candidats pro- visoires certains etaient, commenous l'avons dit, M. Hermite pour la section de geomStrie , M. Fizeau pour la section de physique g6n4n\\e, M. Pasteur pour la section de chimie , M. Turette pour la section de botanique : un cinquieme candidat, M. Leon Fou- cault, etait reste incertain. Apres une discussion assez confuse, on est alle aux voix. Au premier tour de scrutin , M. Fizeau a obtenu 31 voix contre 17 donnees a M. Foucault. M. Fizeau sera done propose" et propose" seul par l'Academie des sciences. Restait a choisir les trois membres qui devront representer l'Academie des sciences dans la reunion des cinq classes de l'lnstitut. Au scrutin secret, MM. Despretz, Pouillet et de Senarmont ont obtenu le plus grand nombre de voix et feront partie de la Commission centrale. C'est precisement a MM. Despretz et Pouillet que M. Fizeau doit son triomphe au sein de la section de physique ; sa cause sera done eloquemment plaidee ; mais il nous parait impossible que la candi- dature de M. Foucault ne soit pas reprise par quelque membre des autres Academies. RESEAU ffl^TEOROLOGIQUE DE FRANCE. INSTRUCTION POUR LES OBSERVATIONS DE METEOROLOGIE A FAIRE DANS LES POSTES TELEGRAPHIQUES. Heures des observations. Les observations regulieres auront lieu a l'ouverture du bureau, a 3 heures du soir et a 9 heures du soir. Si dans l'un des postes, on voulait faire un plus grand nombre d'observations , les heures de 9 heures du matin, midi et 6 heures du soir sont sp6cialenient recommandees. Nature des observations. Les observations regulieres comprendront la lecture du barometre et du thermometre , la direction et la force du vent a la surface du sol, l'indication de l'etat du ciel. [Voir plus loin la maniere de faire ces observations.) On devra, de plus, mentionner les partic*ularites remarquables qui se seront produites dans 1'intervalle des observations, telles que coups de vent violents, tonnerre, eclairs, grele, pluie, neige, broud- lards, aurores boreales, etc. On indiquei a , autant que possible, l'heure et la duree de ces phenomenes. Maniere a 'observer , inscription des observations. 1° Barometre. — On commence par lire le thermometre du ba- rometre, en estimant en dixiemes la fraction de degre. On inscrit cette lecture dans la quatrieme colonne du registre, intitulee : Thermometre du barometre. On la fait preceder du signe -}- si le thermometre est au-dessus du zero, et du signe moins — s'il est au-dessous. On frappe ensuite sur la tige du barometre deux ou trois petits coups avec le doigt, pour que le mercure prenne son £quilibre. Sur la tige du barometre existe un curseur muni d'un bouton et portant un vernier. Ce curseur glisse a frottement, on l'amene dans une position telle, que le rayon visuel, passant a la fois par les bords inferieurs de la partie anterieure et posterieure du curseur, rase le sommet convexe de la colonne de mercure. Pour y parvenir, on conduit le curseur avec la main droite lentement, et, en meme temps, on le retient par-dessous avec le pouce de la main gauche en pressant legerement sur la tige du barometre. On peut aussi 608 COSMOS. am ener le curseur a cette position en frappant legerement le bou- ton aveo un crayon. Pour bien juger de la C( incidence, le baro- metre doit etre eclaire suffisammentpar demere. On le tourne avant de l'aneter par les vis de sa suspension dans une position conve- nable par rapport aux fenetres, et telle que le soir on puisse Y6- clairer par une bougie ou une petite lampe. Le curseur dtant amend dans la position indiquee ci-dessus, on procede a la lecture. On lit d'abord sur l'echelle le nombre entier de millimetres au-dessus duquel se trouve le bord inferieur du cur.-eur [division zero du vernier j) puis, pour avoir la fraction de milli- metre en dixiemes, on cherche quelle est celle des dix divisions du vernier qui coincide avec une quelconque des divisions de lYehelle. Le numero de cette division sur le vernier indique le nombre de dixiemes de millimetre que Ton doit joindre au nombre entier ob- serve. Si aucune des divisions du vernier ne coincide exactement avec une des divisions de l'echelle, on recherche quelles sont les deux divisions du vernier qui se rapprochent le plus de la coincidence, et on prend pour lecture la plus faible de ces deux divisions a laquelle on ajoute cinq centiemes. Ainsi , par exemple, si on avait trouve que les divisions 3 et 4 sont celles qui different le moins de la coincidence, on lirait 35 centimes de millimetre. On inscrit la lecture ainsi faite dans la troisieme colonne du re- gistre intitulee : Barometre lecture. 2° Thermometre exterieur. — La lecture du thermometre ne presente aucune difficulte. On estimera en dixiemes les fractions de degre. Les temperatures observees seront inscrites dans la sixieme colonne du registre, intitulee : Thermometre exterieur. Elles seront precedees du signe -f- quand l'extremite de la colonne sera au- dessus de zero, et du signe — quand l'extremitd de la colonne sera au-dessous de zero. Exemple : -j- 4, 5 ; -j- 11, 0, -f- 0, 7; — 6, 4; — 0,8. 3° Vent. — 1" Direction. — La direction du vent a la surface du sol doit etre estimee au moyen de girouettes ou de pavilions flottants; lesfumdes, surtout quand le vent est faible, sont prefe- rables. Cette direction ne doit jamais etre estimee par les images. Les indications obtenues seront inscrites dans la colonne intituled : Vent d'apres la girouette. Les initiales des noms des divers vents suffiront pour cet objet. En voici le tableaux, en se bomant a 16 directions principales, commencant par le nord et faisant le tour de l'horizon en passant par Test : COSMOS. 609 N nord. S sud. NNE nord-nord-est. SSO sud -sud-ouest . NE nord-est. SO sud ouest. ENE est-nord-pil. OSO ouest-sud-ouest. E e>t. O ouest. ESE est-sud-est. ON O ouest-nordo-uest. SE sud-est. NO nord-ouest. SSE sud-sud-est. IfflO nord-nord-ouest. 2° Force. — La force du vent sera marquee par l'un des chiffres : 0, calme ; — 1, vent faible ; — 2, vent assez fort ; — 3, vent fort; — 4, tern pete. Dans le calme absolu, on marque 0 sans direction de vent ; dans Ie vent tres-faible, a peine sensible, dont la direction ne s'accuse que par des fumees legeres, on marque egalement 0> mais on indique cette direction. Le vent faible qui ne fait qu'agiter les feuilles des arbres se marque 1 ; le vent assez fort qui courbe les petites branches se marque 2; le vent fort se marque 3 ; et le vent tres- fort, les plus grands ouragans sont indiques par le chiffre 4. Dans le cas ou Ton hesite entre deux chiffres, on les marque tous les deux en les separant par un point; exemple : 1.2, vent inter- mddiaires entre 1 et 2 , compose d'alternatives de vent faible et de vent plus fort. 4° Etat du ciel. — L'e"tat du ciel sera indique' par ces mots : Beau — Un peu nuageux — Nuageux — Tres-nuageux. — Cou- vert . Le mot beau indiquera l'absence des nuages ; si l'atmosphere est peu transparent^ ou couverte de legers nuages transparents, on remplacera le mot beau par le mot vapeurs. Peu nuageux correspond™ au cas oil les nuages ne couvrent guere que le quart du ciel ; nuageux, au cas oil ils en couvrent a peu pres la moitie ; tres-nuageux , au cas oil ils en couvrent les trois quarts. A ces indications on joindra celles de la pluie, de la neige, de la grele, dugresil, duverglas, des eclairs, du tonnerre, etc. S'il existe un brouillard, on l'indiquera par les mots brouillard faible, brouil- lard intense, brouillard a I' horizon. II ne faut pas confondre avec le brouillard la petite pluie fine, que Ton designera sous le nom de bruine. 5° Indications particulieres faites pendant l'intervalle des observations. — Ces indications seront ecrites sur une ou plusieurs lignes du registre, sans avoir egard aux colonnes, s'il est neces- saire. On d6crira les phenomenes extraordinaires le plus exacte- ment possible, APPAREILS NOUVEAUX. NOUVELLES POMPES A AIR PAR M. JOSEPH SILBERMAN. Dans le but d'etre utile a M. Regnault, son illustre maitre, M. Silberman imagina en 1842, pour ses recherches scientifiques, une pompe a air a la fois aspirante et foulanfe; ce n'etait qu'un premier pas dans la voie du progres : il est al!6 beaucoup plus loin, a l'aide d'un nouveau robinet, qui n'exige pour agir que d'etre tourne dune fraction de tour. Machine a un seal corps de pompe. La machine a un seul corps de pompe se compose d'un cylindre vertical dans lequel se meut un piston plein, compose" de rondelles de cuir serrdes entre deux disques en laiton visses contre la tige du piston. Ce cylindre porte a sa base deux soupapes coniques, l'une d'as- piration, 1'autre d'injection ou de refoulement. Chacune de ces sou- papes fonctionne dans une petite boite vissee sur un conduit vertical, traversant le boisseau du gros robinet situe en dessous. L'axe horizontal du robinet est parallele a la ligne qui joint les centres des soupapes, et dans le plan des deux conduits verticaux. La clef du robinet est percee d'abord diametralement, sur deux circonfdrences qui correspondent aux conduits verticaux, de maniere a pouvoir continuer chacun de ceux-ci sdparement jusqu'a la partie inferieure du boisseau ou ils divergent horizontalement pour se rendre aux recipients. Outre ces deux canaux paralleles, perpendiculaires a l'axe du robinet , la clef de ce dernier porte deux perforations obliques a l'axe, croisees en X, mais coudees en sens contraire au milieu pour ne point se rencontrer, les trous obliques sont fores suivant un plan, passant par l'axe et forment un angle de 30° avec le plan des deux premiers canaux. Ces seconds conduits servent a intervertir les communications allant des recipients aux soupapes. Enfm, selon un troisieme plan, passant de meme par l'axe du robinet, et faisant un angle de 30° avec le plan precedent, et tou- jours sur les circonferences correspondant aux conduits verticaux, se trouvent les orifices de deux conduits paralleles a l'axe du robinet et disposes ainsi en parentheses renversees £S. Ces conduits, tout en interceptant la communication entre les corps de pompe et les recipients , 1'etablissent entre les deux sou- papes , a la partie supdrieure du robinet d'une part, et entre les COSMOS. 611 conduits d'aspiration et de compression , de l'autre , a la partie in- ferieure du robinet; ils servent ainsi a r&ablir au besoin l'equilibre de pression entre les deux recipients , ou bien entre un recipient et l'atmosphere. ; car chacun de ces conduits paralleles a l'axe du robinet, peut communiquer avec l'air exterieur, lorsqu'on ouvreun petit bouchon conique visse a l'extremite de prolongements prati- ques au bout de ces conduits , et debouchant a la face opposee de la poignee du robinet )— ;. Pour eviter toute meprise dans la manoeuvre du robinet , la poi- gnee est en forme d'£toile a six rayons correspondants aux trois plans diametraux qui contiennent les orifices. Sur chacun de ces rayons se trouve grave l'un des signes //, X, ^, qui indique ainsi le genre de communication correspondante. Dans les positions in- termediates le robinet ferme toute communication. A la partie inferieure du boisseau du robinet, ou base de la pompe , la continuation de chacun des conduits verticaux vient aboutir al'exterieur, comme il a deja ete dit, par un tube horizon- tal , au bout duquel se visse a ecrou l'ajutage pouvant etablir] la communication avec un recipient ou un circuit quelconque. Machine a deux corps de pompe. — Chacun des deux corps est muni d'une soupape d'aspiration et de compression ; dans ce cas les quatre soupapes sont dans un meme plan vertical et sur une meme ligne horizontale. Les parties inferieures des conduits des soupapes les plus rapprochees de chacun de ces corps de pompe , sont reliees entre elles par un tube ou conduit fore dans le massif de la base des deux corps de pompe. Les conduits des soupapes les plus eloigners sont de meme relies par un tube horizontal. Aux points de jonction de ces deux conduits horizontaux avec chacun des quatre conduits verticaux se trouve un robinet a trois issues en forme de T reliees au moyen d'un conduit horizontal avec ajutage a une platine mobile. On a ainsi, vis-a-vis de chacune des quatre soupapes , un orifice au bout duquel on peut adapter un recipient quelconque. Chaque corps de pompe est muni d'un manometre et d'une ej>rouvette ; les manometres et eprouvettes, attenant au corps de pompe , sont fixes lateralement a chacun des cylindres, etcommu- niquent al'interieur au moyen d'un petit conduit horizontal attei- gnant le conduit vertical de chacune des soupapes , entre celle-ci et le robinet. De cettefac/in les manometres et les eprouvettes se trou- vent independants des interversions des robinets. Les tubes de ces manometres et eprouvettes sont fixes chacun sur un trou axial 612 COSMOS. d'un petit robinetcointnuniquant avec des conduits transversaux en forme de T. La boite de ce robinet est perforee, a l'opposite du corps de pompe , d'un trou qu'on ouvre en tournant de 90° le ro- binet, qui porte le manometresur son axe ; on ope-re de cettefacon, quand il s'agit de faire simuitan&nent le vide ou la compression dans deux recipients. Le systeme de communication du robinet , decrit ci-dessus , peut aussi etre applique" comme moyen de commutation ^lectrique, ou pour faire passer un ou plusieurs courants electriques tour a tour dans diverses directions; on substitue dans ce cas au metal un un corps non-conducteur et en remplissant les canaux par des fils conducteurs. Si l'ondeveloppe enfin ce systeme de communication star un plan, il en resulte un tiroir semblable aux tiroirs de distribution de la va- peur, et jouiasantdes memes propri£t£s que le robinet. OPHTALMOSCOPE DE M. CASTORANI. M. Henri Soleil, opticien, a presente a l'Academie de medecine un optalmoscope qu'il a execute d'apres les indications de M. le docteur Castorani. Cet instrument tres-simple, tres-portatif , et d'un prix modique ressemble entierenient a une loupe a herboriser, comme cela se voit dans la figure. A, manche; BB', monture; M, miroir concave ordi- naire de 20 centimetres de rayon, et de 32 millim. de diametre ; T, trou central par lequel on regarde ; L, lentille bi-convexe de 55 milli- metres de foyer. Lor.-que l'instru- ment est ferine" , il offie 8 centi- metres de longueur, 4 de largeur, et 18 millim. d'epaisseur. Quant a son usage, il est fcculement neces- saire de dire que, pour se servir de la lentille bi-convexe, on doit la chasser de la place qu'elle occupe, en la poussant d'avant en arriere avec les deux pouces. Alors on la ?ai:>it entre 1 index et le pouce de la main gauche. On la place au-devant de )'x:l. etaJVOD lemtkliusde la meme main on (Sieve la paupiere supeneure de l'ceil qu'il s'agit d'explorer. VARIl-TIS, TRAITE D ELECTRICITE ET DE MAGNETISME, ET DES APPLICATIONS DE CES SCIENCES A LA CHIMIB, A LA PHYSIOLOGJE ET AUX ARTS JPAR MM. BBCQUEREL KT BDMOND BECQDERH.. De toutes les sciences , I'electricite" est , sans contredit , la plus populaire aujourd'hui ; et il est sans doute bien peu d'hommes, meme parmi ceux qui ont le mains de connaissances scientifiques, pour qui ce mot ne represente la cause de tant de phenomenes gran'dioses dont la nature nous donne le sppctacle , de tant d'inventions pre- cieuses dont les arts s'enrichissent chaquejour, de tant de mer- veilles enfin auxquelles l'esprit meme ne peut assigner de limites. Et, en effet, que de progres n'a pas faits cette science depuis la decouverte de la pile, que de resultats acquis a I'industrie, combien d'autres sont poursuivis chaque jour par de courageux travailleurs ! Mais aussi combien d 'efforts infructueux, de ressources precieuses absorbs dans les tentatives steriles qui seseraient vuescouronnees de succes si une meilleure direction leur avait 4te donnee ! Cette direction, c'est dans l'etude des principes de la science qu'il faut la chercher. Disons pourtant que jusqu'ici aucun ouvrage n'avait offert dans son ensemble les renseignements dont la science electrique s'en- richit tous les jours, richesses epar.-es dans mille publications, etqui etaipntresfeesjusqu'ici le monopole des >avantsde profession. C'est cette lacuneque vient combler 1'ouvragedeMM.Becquerel, oil l'erudition la plus profonde se montre partout accessible au lec- teur ordinaire, comme acelui qui fait de la science son etude babi- tuelle ; a l'industriel qui vient y puiser les principes de son art, comme au professeur qui doit les enseigner. Ce n'est pas un eloge que nous entreprenons ici de futile et inte- ressant ouvrage dont il est question ; le respect meme nous defend une appreciation que Ton mettrait sur le compte de l'enthousiasme du disciple pour les maitres. La philosophic, la competence speciale, le talent d' exposition des auteurs, sont connus de tous ; nous n'avons done d'autre tache a remplir que d'indiquer les grandes divisions de cet important ouvrage, et de montrer comment il repond aux be- soins de chacun. Les trois volumes se divisent en douze livres , dont chacun traite des diverses manifestations de l'tMectricite au point de vue soit de ses lois, soit de sa production, soit de ses applications industrielles. Apres avoir constate daas les deux premiers livres les phenome- nes generaux de l'electricite manifestee, &oit par des effets de ten- 6U COSMOS. sion soit par des effets dynamiques ; apres nous avoir montre" que la difference de ces deux manifestations ne tient pas a la cause meme des phenomenes, mais aux circonstances dans lesquelles ils se pro- duisent , les auteurs cherchent dans le livre troisieme a etudier ces circonstances : degagement d'electricite dans les actions meVani- ques dans les actions physiques, dans les actions chimiques , dans les actions physiologiques; c'est-a-dire qu'il n'est peut-etre pas dans la nature un seul mouvement qui ne soit accompagne- d'un degage- ment d'electricite; mais c'est a nous de le mettre en evidence pour 1'utibser aux mille applications dont l'etude viendra plus tard , et ici se place naturellement l'etude de la pile , enrichie d'un grand nombre d' observations du plus hautinte>et. Nous venons de voir que l'electricite" accompagne presque toutes les actions mecaniques , calorifiques, chiiniques, etc. Le livre qua- trieme nous fait voir que reciproquement l'electricite" peut donner lieu a d' Action du brome sur les fausses membranes. — Une fausse membrane de 1 centimetre de long sur 1/2 de large, ferme, dlas- tique, fut plongeedans un verre rempli d'eau bromurde; elle y resta douze heures. Au bout de ce temps , elle n'avait point perdu sa cou'eur nacree, et tranchait sur la teintebrune du liquide, elle pa- raissait meme plus dure ; mais lorsque je la touchai avec un baton. filjo COSMOS. de verre, pour l'attirer a mol, elle tomba tout a coup en poussiere extremement fine , qui s'ecrasait de phis en plus , en sorte que je ne pus en retirer qu'une tres-petite quantity. J'examinai ces debris au microscope, au grossissejnent de 500 diametres, et je trouvai les elements de la fausse membrane ; mais la force coercitive qui orga- nisait ces elements avait ete detruite, en sorte qu'ils etaient com- pletement dissocies et reduit en un amas de granulations ainorphes. Ce phenomene se reproduisit a chaque experience nouvelle : c'est ce que j'ai d£signe sous le nom de dcsagregation moleculaire. Corollaire. — Le brome en solution dans l'eau ne rend point la fausse membrane transparente, il n'ngit point comme Jluidifuint , mais il modifie la force vitale dans son acte organisateur pathoge- nique, et determine ia desagregation de la fausse membrane. Le brome doit done arreter et guerir les affections pseudo-membra- neuses. Action da bromure de potassium. — Trois plaques diphteri- tiques blanches, fermes, nacrees, recueillies sur les amygdales, sont plongees dans une solution concentree de bromure de potassium. Au bout de douze heures elles sont completement transparentes, molles et deja difliuentes, laissant, quaud on les souleve, de longs tractus opalins, evidemment formes par les elements fluidifies de la fausse membrane. Au bout de trois jours on n'apercoit plus aucun vestige de la fausse membrane, mais un depot blanchatre, granu- leux, qui pendant le repos gagne le fond du vase, et qui est forme par quelques granulations amorphes encore existantes, par des cris- taux de bromure de potassium et par les filaments nomhreux de V Oidiuin albicans , nucedinee parasite decrite par Ch. Robin dans le muguet , retrouvee constamment par moi dans les fausses mem- branes de 1'angine et du croup, et dont les innombrables sporules disseminees dans l'atmosphere a chaque expiration expliquent la contagion des affections diphteritiqucs. Corollaire. — Le bromure de potassium, possedant le pouvoir iluidifiant de la potasse, et la faculte de desagregation particuliere au brome, doit arreter et guerir les affections diphteritiques. » Nous avons deja dit que M. Ozanam a obtenu , au moyen du brome et du bromure de potassium, un grand nombre de guerisons de 1'angine, du croup, etc. A. TKAMliLAY, proprictaire-gerant. Paris. — lmpiur.i'iic (!c W. ftttMQ8Efl ct Cie, rue Gniamiiie, 5. t. via. 13 juin 1856. cinquibme annbb. COSMOS- ACADEMIE DES SCIENCES. SEANCE DU 9 JUIN 1856. M. Flourens annonce a l'Academie que M. de Gasparin, au sor- tir de la derniere stance, a euune attaque d'apoplexie qui a d'abord inspire de tres-graves inquietudes. M. Rayer, qui donne ses soins a. l'illustre malade, declare aujourd'hui que son etat est beaucoup plus satisfaisant. Qu'il nous soit permis de dire, a cette occasion, que lundi encore, la ventilation de la salle des seances laissait beaucoup a ddsirer ; on n'y respire qu'a tres-grand'peine, au point meme de se sentir in- commode; en ete comme en hiver, cette salle est vraiment meur- triere. — M. Fabre, chef de bataillon du g6nie, adresse une note sur les rapports qui pourraient exister entre le sirocco d'Afrique et les grandes pluies qui ont amene les inondations ; en ce sens que les masses de vapeurs chaudes amen£es sur l'Europe par les vents d'A- frique, arretees par les Alpes, monteraient dans l'air en se refroi- dissant, et se changeraient en pluie, suivant la theorie de M. Babinet. Le savant academicien croit, au contraire, que ce n'est pas le si- rocco, inais bien le gulf-stream, descendu en ce moment tres-bas, qui, aide des vents d'ouest, a projete sur la France les masses d'air saturees de vapeurs arretees par les Alpes , refoulees en haut , re- froidies et precipitees a 1'etat d'eau. Le fait est qu'en Allemagne, abritee par les Alpes au sud et a Test, on se plaint de la seche- resse. La France pourra etre afflige'e de pluies abondantes aussi longtemps que le courant d'air chaud et humide venu de l'ouest n'aura pas reussi a surmonter la resistance des Alpes et a s'eta- blir par-dessus leurs sommets. — M. Piorry demande que ses travaux sur l'organographie pa- thologique soient admis pour le concours des prix Monthyon. — M. le docteur Mathieu, de Vitry-le-Francais, adresse des re- cherches, que M. Flourens dit tres-interessantes et ti es-bien faites, sur l'accroissement en diametre des vegetaux cotyledons. 23 618 COSMOS. — M. Chopinard croit avoir d^couvert un moyen plus efficace de determiner la distance d'origined'un bruit entendu, d'une decharge de mousqueterie ou de canon, par exemple. — M. le docteur Guyon demande s'il n'y aurait pas de 1'avan- tage a employer quelquefois la glace comme agent anesthesique exterieur a la place de Tether ou du chloroforme; l'essai de ce moyen a 6te fait plus d'une fois avec succes. — M. Vallee, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussees en retraite, adresse une etude sur des travaux a executer dans le lac de Geneve, dans le but de rendre impossibles ou moins redoutables les debordements du Rhone. — M. Oudry, l'habile galvanoplaste, met sous les yeux de 1'A- cademie une magnifique collection d'objets en fer, enfonte, enbois, recouverts imm^diatement ou mediatement de cuivre, en couche plus ou moins epaisse, par les procedds dont il est l'auteur. Cette presentation grandiose n'attire pas l'attention, a notre grand regret, d'abord parce que M. Oudry ne l'a pas fait accompagner d'une note descriptive, en second lieu parce que personne n'etait la pour ]a faire valoir; elle sera sans aucun doute renouvelee dans la pro- chaine seance. M. Valz, directeur de l'Observatoire de Marseille, adresse le calcul iles elements de la quarante et unieme petite planete. A cette occasion M. Le Verrier annonce que M. Pogson, assistant de l'Ob- servatoire Radcliffe, a Oxford, a de son cote" decouvert un nouvel astre qui sera la quarante-deuxieme petite planete. — M. Serret communique un memoire relatif au developpement des elements des planetes. M. Korilski, qui se croit en possession d'une meHhode sure de predire le temps, annonce qu'il y a de tres-grandes chances pour que le temps reste universellement beau jusqu'au 18 de ce mois. Les agriculteurs seront beaucoup plus rassures par le fait qu'il n'a plu ni le 8, jour de saint Medard, ni le 11, jour de saint Barnabe\ quoiqu'il eut plu abondamment le 31 mai, jour de sainte Petro- nille, et le 6 juin, jour de saint Claude. Pour les campagnes, en effet, les grands regulateurs du temps sont les saints et les jours que nous venous de signaler. Nous nous sommes souvent demande si au fond de ces naivetes populaires il n'y avait pas un grand tens, si ces observations, ridicules en apparence, ne se traduisaient pas par quelque grande verite physique. Void d'abord ce que nous y avons trouve en attendant que nous traitions a fond cette impor- tante question. 1° Les perturbations atmospheiiques qui survien- COSMOS. 619 nient au printemps, a la fin de mai ou au commencement de juin, alors que la vegetation est extremement active, que cette vegeta- tion eriergique lance dans l'atmosphere beaucoup d'oxygene a I'&tat naissant, et partant beaucoup d'electricite, sont certainement plus redoutables que celles qui surgissent en ete, en automne et en hi- ver ; il faut incomparablement plus de temps pour que l'equihbre se relablisse; et le paysan, devot a saint Medard, qui assigne 40 jours a l'apaisement d'une perturbation atmospherique buivenue le 8 juin, tandis qu'il n'en assigne que 9 a l'apaisement d'un orage survenu en octobre, est tres-pres de la verite. S'il proclame saint Claude, 6 juin , redresseur de sainte Apolline, 31 mm, et saint Barnabe, 11 juin, redresseur de saint Medard, 8 juin, il veut tout simplement dire, en realite, que si, apres des perturbations surve- nues le 31 mai ou le 6 juin, il y a eu calme le 6 juin ou le 11 juin, il y a beaucoup a esperer quel equilibre sera promptement retabli. Mais n'allons pas plus loin aujourd'hui ; revenons a l'Academie des sciences. — M. de Quatrefagesa presente, aunom de M. Jacquart, aide- naturaliste au Museum d'histoire naturelle, un grand memoire sur l'anatomie et l'appareil vasculaire des serpents pythons. ■ — M. Bernard communique, au nom de M. Denis de Commer- son, des etudes chimiques et physiologiques suc.las matieres ailm- mino'ides , la glycine, l'albumine, lafibrine, la caseine , la globu- line, etc., etc. — M. Pelouze lit une note tres-remarquable et tres-importante sur un nouveau proctkle de saponification des matieres gn^st^ par la chaux anhydre ou monohydratee; nous la reproduisons inU'yia- lement. — M. deSenarmont, au nom de M. Matteucci, pre"sen'e et de- crit un petit appareil tres-simple et ties-ingenieux, au moyen ii;i- quel on met en evidence sans peine les differentes conductibilit s du bismuth pour l'electricite, suivant la direction du courant par rapport aux plans de clivage du cristal. — M. Vincent , ancien professeur de math^matiques de 1'Uni- versite et membre de l'Academie des inscriptions et belles-lettres , lit une note sur la theorie des paralleles et les propositions de geo- m^triequi se rattachent a cette theorie. Nous reviendrons dans une de nos plus prochaines livraisons sur ce point delicat de Tenseignc- ment classique. — M. Chevreul fait une longue communication verbale sur un nouveau procedS de panification de M. Mouriez ; nous pourrions 620 COSMOS. sans peine d^erire ce proc6de, a notre tour, des aujourifhui ; mais comme, d'une part, il s'agit d'une question pleine d'interet et d'ac- tualite; que de l'autre., nous pourrions nous tromper sur les pro- portions ou le dosage, nous ajournons notre appreciation a la pro- chaine livraison. ]yi# Berthelot lit une brillante suite a ses belles recherches sur les combinaisons des matieres sucrees avec les acides. La matiere sucree qii'il etudie aujourd'hui est la mannite. ]\1. le docteur Berigny, de Versailles, lit le resume" d'un me- moire sur les observations ozonometriques faites autour de la ca- serne de Saint-Cloud et au milieu de la cour, a deux altitudes differentes a sept heures et demie du matin et a sept heures et demie du soir, pendant trente et un jours, du 6 octobre au 5 novem- bre 1855. Les observations ant ete faites en collaboration avec M. Richard. Voici d'abord l'enonce des principaux r£sultats ob- tenus : 1° La quantity d' ozone, recueilli ensemble sur la cour et du cote de la riviere, est plus grande ie jour que la nuit. 2° La quantity d'ozone recueilli du cote de la Seine seulement est au contraiie, plus considerable la nuit que le jour. 3° La quantite d'ozone recueilli sur la cour seulement est plus forte le jour que la nuit. 4° La quantite d'ozone recueilli, ensemble sur la cour et du cote de la riviere, est moindre au premier qu'au troisieme (Stage. 5° La quantite d'ozone , recueilli separdment sur la cour et du cote de la riviere, est, dans l'un et l'autre cas, moindre au premier qu'au troisieme etage. 6° Un appareil ozonometrique place au premier, au-dessus d'un ruisseau dans lequel sejournaient des eaux m£nageres , a donn£ moins d'ozone que lorsqu'il a ete deplace et reports a la uiC>me alti- tude, au-dessus de ce meme ruisseau, qui coulait sans cesse; dans le premier cas, l'appareil n'etait expose qua un faible courant d'air, pendant que, dans le second cas, l'air circulait librement autour de l'appareil. 7° Un plan graphique representant la courbe des resultats four- nia par chaque papier ozonometrique n'a pas seulement confirme les faits indiquds par le calcul , mais encore a deinontre" que les courbes des appareils etablis du cote de la Seine eHaient plus ondu- lees, plus tourmentees que les autres. 8° Un plan graphique rapprochant la courbe de I'ozone a Saint- Cloud , de celle de I'ozone a Versailles , prouve que la marche de COSMOS. 621 l'ozone est , a tres-peu d'exceptions pres , la meme dans les deux local ites. 9° Enfin , un t^tat indiquant le nombre des malades par etages atteste que la somme de ces malades a £te beaucoup plus forte au premier qu'aux autres etages. 10° Et en outre : du ler octobre au 31 decembre 1855, M. Noble architecte a Metz, n'a pu obtenir d'ozone que pendant onze jours, les ler, 2, 5, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 16 octobre et 7 decembre 1855.' Le cholera a sevi a Metz le 27 aout et a regne jusqu'au 17 decembre. Tout semble indiquer qu'il existe en effet quelque rapport entre laquantite d'ozone prdsente dans l'atmosphere et l'etat sanitaire actuel; mais de nouvelles observations seraient absolument neces- saires pour etablir des conclusions certaines. M. Berigny annongait aujourd'hui a l'Acaddmie que, dans sa haute sollicitude pour tout ce qui interesse la sante" du soldat, M. le marechal Vaillant, ministre de la guerre, a ordonne que des experiences ozonometriques seraient faites en Crimee dans les ambulances et dans les camps. Nous re- grettons vivement que M. Berigny, si exerce a ce genre d'observa- tions comme a toutes les observations meteorologiques en general, n'ait pas pu etre charge de cette mission scientifique. — M. Jean Rambosson, redacteur principal du journal LaScience pour tons, fait, d'une voix un peu faible et avec trop de precipi- tation pour qu'on puisse la bien entendre, une lecture sur la me'- thode a suivre pour enseigner la parole aux sourds-muets de nais- sance. M. Rambosson a remarqud que les sourds-muets les plus jeunes arrivent sans beaucoup d' efforts a prononcer des mots, tandis qu'essayer de faire parler ceux qui sont deja d'un certain age, c'est se donner une peine incroyable , en pure perte de temps. II croit done que ce serait a la mere, lorsqu'elle tient son petit enfant sur ses genoux, ou a ceux qui la remplacent dans les soins mater- nels a commencer l'enseignement de la parole ; la est toute la so- lution d'un probleme si plein d'interet et de philanthropic; chercher ailleurs, ce serait se fourvoyer. En commengant, M. Rambosson avait rappele les succes de Pierre de Ponce , benedictin a Ogna, Espagne, mort en 1781, qui apprenait sans peine aux sourds-muets a parler ; un de ses eleves, apres avoir considere attentivement le mouvement des levres, repetait fort bien des mots etrangers pro- nonces dans une langue qu'il ne connaissait pas. — M. Gomes de Souza commence la lecture d'un me'raoire sur la determination des fonctions inconnues qui entrent sous les signes d'inte£ration. PH0T0GR1PHIE. COLLODION PRESERVE PAR MM. SPILLER BT CROOKES. Nous n'avons'pas besoin de rappeler que MM. Spiller et Crookes ont fait les premiers usage des nitrates deliquescents de zinc , de magnesie.de chaux, de manganese, etc., pour conserver aux pla- ques collodionnees leur sensibilite ; ils ont- aussi propose" les pre- miers, dans le meme but, 1'emploi de la glycerine des 1854, mais la glycerine alors n'etait jamais pure, et ils ont cru devoir attendre celle qui est maintenant produite industriellement par M. Wilson, Price patent candle compagny. Apres bien des essais ils se sont arreted au procede" suivant : Nettoyez la 'plaque de verre avec un soin tout particulier en la traitant d'abord avec une solution chaude de soude commune, puis avec de l'acide nitrique concentre; revetez-la d'une couche de col- lodion iodure avec l'iodure d'ammonium comme de coutume; ren- dez la couche sensible dans un bain ordinaire de nitrate d'argent additionne de quelques gouttes d'acide antique, parfaitement sa- ture d'iodure d'argent, de sorte qu'on puisse laisser la plaque dans le bain le temps voulu sans craindre que la couche sensible se dis- solve ; apres quatre ou cinq minutes d' immersion, retirez la plaque et faites-la pionger pendant le meme temps dans un bain d'eau dis- tillee pure , ou arrosez-la avec un filet d'eau , de maniere a enlever l'exces de nitrate ; elle est alors prete a recevoir la glycerine. Ayez d'une part de la glycerine de Price dont la pesanteur specifique soit environ 1,23, de l'autre une solution etendue de nitrate d'ar- gent, 0,065 de nitrate et lsr,77 d'acide antique cristallise pour 31 grammes d'eau avec une trace, moins d'une goutte, d'acide nitrique! Au moment de s'en servir, faites un melange intime de trois parties, en volume, de' glycerine, pourjun volume de la solution d'argent ; versez le melange sur la plaque de collodion lavee, et aidez son action en la versant deux ou trois fois de la plaque dans le verre et du verre sur la plaque ;' apres cinq minutes de contact lavez bien la plaque, et placez-la dans une position a peu pres verticale sur du papier buvard , pour faire absorber l'exces de glycerine. Elle sera prete alors a recevoir l'image, et on pourra l'exposer a lumiere soit immediatement , soit apres un temps plus ou moins long, qui peut aller jusqu'a vingt et un jours. Si on l'expose immediatement, elle aura conserve" toute sa sensibilite ; si l'on attend, elle perdra quelque peu de sa sensibilite. Dans ce dernier cas, il faut conserver les pla- COSMOS. 623 ques glycerinees dans des boites qui excluent tout acces a la lumiere ou aux gaz deleHeres, comme l'ammoniaque et I'hydrogene sulfure". On peut se servir d'une boite a plaque ordinaire a parois en gutta- percha, mais en faisant poser la glace preparee sur une mince feuille de caoutchouc. Avant de developper l'image latente sur la couche de glycerine, on la plonge pendant deux ou trois minutes dans un bain de nitrate d' argent au quinzieme ; on emploie en.suite la dissolution d'acide pyrogallique ou de protosulfate de fer, on fixe, on rehausse de ton comme a 1'ordinaire. M. Spiller affirme que les negatifs obtenus de cette maniere ne le cedent en rien a ceux obtenus sur collodion humide. Nous indiquerons rapidement les re\~ultats des nouvelles expe- riences faites sur les nitrates comme agents de la sensibility. La formule suivante reussit tres-bien : Nitrate de magnesie 123S' Acide nitrique, ce qui suffit pour rendre ce sel neutre. Nilrate d'argent 0Sr,78 Eau 372Sr Onajoute le nitrate d'argent quand la neutralisation est terminee, et qu'on a enleve" par filtration le chlorure resultant des impuretes du sel. Avant de se servir de la liqueur precedente, on s'assure qu'elle contient r^ellement de l'argent, en plar;ant quelques gouttes du liquide limpide dans un verre de montre, et versant une solution de sel commun ; s'il y a precipite, quelque faible qu'il soit, la liqueur est bonne. - Le double nitrate de magnesie et d'ammoniaque prepare" par le melange en volumes egaux de deux dilutions d'acide nitrique sature, d'une part, par le carbonate de magnesie, de l'autre, par le carbo- nate d'ammoniaque, donne aussi de bons resultats ; on rend le me- lange neutre, s'il est n^cessaire, par un peu d'acide nitrique faible, et Ton ajoute une petite quantite de nitrate d'argent. Le nitrate de manganese et le nitrate de Nickel reussissent aussi tres-bien; mais le meilleur de tous les agents preservateurs de la sensibilite, au jugement de MM. Spiller et Crookes, est la glyce- rine pure employee comme ils l'ont indique\ PROCEDE DE PHOTOGRAPHIE SUR PAPIER TAR M. SUTTON. Apres avoir prepare le papier iodure a la maniere ordinaire, lavez-le jusqu'a ce qu'il ait acquis une couleur paille foncee et uni- tflU COSMOS. forme (non pas une couleur jaune pale), sortez-le de la derniere eau de lavage, et avant de le pendre pour secher, immergez-le, a l'dtat humide, dans un bain de sel et d'eau compose" comrne il suit : eau de pluie, 1 litre; sel commun , 30 grammes; laissez la feuille dans ce bain pendant une ou deux minutes , et suspendez-la pour se'cher. Quand le papier est sec, il est pret a etre emporte" par le touriste ; il peut sans aucun doute conserver ses proprietes pendant un temps ties-long , mais l'experience de M. Sutton ne s'etend pas au dela d'un mois. On sensibilise le papier de la maniere suivante : dans un verre a vin prt'parez une solution formee d'eau de pluie, 31 grammes; ni- trate d'argent , 3s, 25 ; acide ace" ti que glacial, Is, 77; appliquez-la avec un pinceau sur l'une des faces du papier iodure ; laissez pe- netrer pendant deux ou trois minutes , et faites une seconde appli- cation ; mettez le papier a egoutter dans un verre a vin ; enlevez l'exces de liquide de la surface avec un papier buvard blanc et tres- propre, et placez le papier sensibilise dans le chassis; il conserve sa sensibilite de fait pendant une semaine ou plus, au printemps ; lheoriquement parlant , il doit la conserver plus longtemps que toutes les plaques ou papiers prepares par les methodes connues. II est tres-sensible a la lumiere, aussi sensible, suivant M. Sutton, que le collodion humide ; mais il iinporte de se rappeler que les details dans les ombres et les teintes vertes des feuillages ne peuvent etre obtenus qu'a la condition d'une exposition suffisamment longue. Pour developper l'image, filtrez la liqueur sensibilisatrice dans un verre a vin; ajoutez un peu plus d'aceto-nitrate , s'il est neces- saire, et une quantity egale d'une solution saturee d'acide gallique ; etendez librementle liquide a la surface de l'image avec un pinceau, et achevez le ddveloppement avec l'acide gallique seul, comme dans le precede kalotype sur une ardoise ou sur un bain ; en ajoutant vers la fin un peu plus d'aceto-nitrate ; lavez , fixez et finissez a l'ordinaire; si vous vous servez d'un bain pour developper, il doit etre chimiquement pur et tout a fait incolore; la cuvette en verre devra , en consequence , etre nettoye"e avec une solution forte de cyanure de potassium. Si vous voulez vous convaincre de 1' excellence de ce procede" si simple, prenez une feuille de papier calotype iodure a la maniere ordinaire, et faites-en plonger la moitie dans le bain de sel et d'eau demerit ci-dessus ; laissez se"cher et prenez une image sur la feuille entiere. La moitie' , simplement ioduree , sera moins sensible que COSMOS. 625 la moitie' salde, et se developpera sur un fond d'une teinte ardois^e ; la unoitie salee se developpera avec une teinte brun-noirfort riche' les blancs reateront purs , et les demi-teintes seront tres-belles' Si l'on ajoute de la gelatine au bain de sel et d'eau , l'image sera plus a la surface, et sera mieux definie au moins sur certaines qua- lities de papier. BEPONSE DE M. WHEATSTONE AUX ASSERTIONS DE SIR DAVID BREWSTER. Nous traduisons avec une fidelity absolue la reponse que M. Wheatstone nous a adressfe, en nous faisant un devoir de l'in- s&er. " 1. Le principe du stereoscope consiste dans la production de la sensation du relief d'un corps solide par la vision simultane'e de deux images perspectives du corps installees chacune devant un oeil. Or, personne avant moi n'avait enonce ce principe , et n'avait exhibi meme les dessins les plus simples a l'aide desquels on peut mettre en evidence sa verity. Personne en outre n'avaitappele l'attention, quelque familier qu'il soitdevenuaujourd'hui, sur le fait que lorequenousregardonsunobjet en relief avec les deux yeux, cetobjet projette sur nos deux retines des images dissemblables , et que cette circonstance essentielle de deux images differentes exerce une grande influence sur le juge- ment que nous portons relativement au relief de l'objet. Les observations de Leonard de Vinci que j'ai moi-meme rappe- le"es et citees le premier, et les observations de meme genre signa- ges par sir David Brewster n'allaient pas audela de cette observa- tion que la sensation de relief d'un objet est rehaussee lorsque l'ceil droit voit un peu plus de Tobjet du cote" droit , et l'oeil gauche* un peu plus du cote gauche que lorsque Ton regarde l'objet avec chaque ceil se'parement. L'assertion, qui consiste a pretendre que, parce que les observations de ce genre avaient 6t6 faites primitivement, le principe du stereoscope £tait par la meme connu, ne saurait e$re maintenue. 2. Les circonstances suivantes ont seules fourni a sir David Brewster un pretexte a cette assertion insoutenable. Mon memoire original public dans les Transactions philosophiqu.es de 1838 a eti r&mprime dans le Philosophical Magazine d'avril 1852; et un certain M. Elliot, s'imaginant que c'^tait une publication nouvelle, s'empressa d'ecrire a l'editeur que nion stereoscope recemment produit n'etait pas aussi neuf que je semblais le supposer, puisque 626 COSMOS. lui, M. Elliot ; en avait construit un (il ne dit pas invente) plus de treize mis auparavant. A cette reclamation je r^pondis que mon roiinoire avait ^t^ lu devant la Society royale de Londres qualorze ans auparavant, et que, quel que put etre l'instrument construit par M. Elliot , il ne l'avait construit qu'apres que mes experiences avaient recji une publicity Vendue. M. Elliot alors adressa a Y6- diteur une seconde note dans laquelle il dedarait que s'il avait connu la date premiere de ma decouverte (je serais en droit de faire remarquer que cette date originate figurait en tete de la reproduc- tion de mon memoire), il se serait abstenu de formuler sa premiere reclamation. Malgre tout cela et quoiqu'il n'en r&ultat pas pour M. Elliot le plus leger droit a la priorite de l'invention du stereos- cope, sir David Brewster n'en a pas moins persists a donner au nom de M. Elliot, dans la nouvelle edition de son optique , une place tellement preeminente, qu'il le pose comme ayant invente le stereoscope avant moi, en depit du fait que meme ma seconde pu- blication avait precede celle de M . Elliot. Jene ferai aucun commen- taire sur cette maniere d'agir de sir David Brewster, me contentant de renvoyer aux livraisons de mai et de juin 1852 du Philosophical Magazine , 4e serie, vol. Ill, pour la lettre de M. Elliot et ma reponse. ■ 3° Le stereoscope par reflexion est la forme la plus parfaite, la plus instructive que Ton puisse donner a l'instrument; elle est aussi celle qui produit les plus beaux effets. 4° et 5° Pour ce qui concerne les assertions relatives a la theorie du stereoscope, sir David Brewster est parfaitement maitre de for- muler son opinion personnelle, mais je maintiens qu'il ne presente pas sous un jour exact mes explications theoriques; et je considere ses vues particulieres sous le meme jour sous lequel il voit les miennes. 7° et 8° Les portraits binoculaires de personnes vivantes ont ete introduits dans le stereoscope bien avant que ne le dit sir David Brewster. Le premier portrait stereoscopique que j'ai en ma pos- session a ete pris en 1839. Cette application faite par moi a &i mentionnee par M. Quetelet dans le bulletin de l'Academie des sciences de Bruxelles pour octobre 1841. Sir David Brewster ne peut rien opposer en aucune maniere a ma priorite d'avoir place le premier des photographies et des plaques daguerriennes dans le stereoscope. » M. Wheatstone nous communique en outre les observations qui suivent : COSMOS. 627 1° Dans la lettre que sir David Brewster m'e'crivit en septembre 1838, un mois apres la reunion de l'Association britannique a New- castle, il ne fait aucune allusion a une suggestion de sa part, mais il etablit de la maniere la moins sujette a meprise , qu'il me croyait alors l'inventeur du ^stere'oscope. II dit : « J'ai aussi annonce que vous m'avez promis de commander pour moi votre stereoscope, celui avec refiecteurs et celui avec prismes. » 3° Sir David affirme maintenant qu'il est prouve" par cette meme lettre que lui et moi conversames de l'emploi des prismes, auquel je n'avais pas pense jusque-la. La lettre ne contient relativement au stereoscope rien autre chose que la phrase citee plus haut; il n'y est rien dit d'une conversation entre lui et moi, rien dont on puisse in- fe'rer que je n'avais jamais songe auparavant a l'emploi des prismes pour le stereoscope, comme sir David Brewster l'affirme actuelle- ment, mais contrairement a la verite. 2° J'ai en ma possession des notes et documents concernant l'em- ploi de prismes reTracteurs (non achromatiques) pour les experiences st^reoscopiques, notes dcrites avant la presentation demon premier m^moire, et par consequent avant la reunion de Newcastle. Je pos- sede aussi une facture d'objets livr£s en 1832 par M. Newmann, le fabricant bien connu d'instruments de physique de Regent's street. On y voit figurer une paire de prismes modeles qui me servirent dans les experiences, et le premier stereoscope a reflexion que j'ai fait construire. 4° Dans les nombreux articles ecrits par sir David Brewster sur ce sujet jusqu'a ces derniers temps, quoiqu'il paraisse desireux au plus haut degre d'exalter son me>ite et de deprecier le mien , il ne mentionne en aucune maniere le fait qu'il aurait employe" ou pro- pose" d'employer deux prismes pour faire co'incider les images avant 1849, epoque a laquelle il les proposasous forme de demi-lentilles. Dans sa description de cette modification , il parle d'une experience qu'il fit avec un seul prisme, en mentionnant dans une note qu'il croit que j'avais employe deux prismes achromatiques. II a £crit deux, et non achromatiques en lettres italiques, ce qui ne s'accorde nullement avec Interpretation qu'il cherche a donner maintenant au passage de sa lettre. 5° Dans sa lettre a vous du 7 octobre 1854, non-seulement il ne reclame pour lui en aucune maniere l'idee d' avoir propose l'emploi des prismes refracteurs , il admet au contraire implicitement que cette idee etait la mienne ; il dit : « M. Wheatstone n'avait pas besoin de recourir a l'autorite de ma lettre pour prouver que je 628 COSMOS. connaissais son idee de se servir de prismes, puisqu'il pouvait voir dans le Philosophical Magazine, livraison de Janvier 1852, une note dans laquelle je dis : M. le professeur Wheatstone a , je crois, employe deux prismes achromatiques. » ACTINOGRAPHE PAR M. POUILLET. « Cet instrument, destine a enregistrer les radiations solaires, agit sans aucune force m^canique et meme sans aucun appareil optique. C'est une simple boite carree de 20 centimetres de cote sur 10 cen- timetres de hauteur ; elle est de bois mince , ayant le dedans peint en noir et le dehors en blanc. Deux guides perpendiculaires au fond servent a diriger une piece mobile interieure qui peut ainsi s'elever ou s'abaisser en suivant l'axe de la boite et en res- tant parallele au fond et au couvercle ; cette piece a 2 centimetres d'epaisseur et se fixe chaque jour a une hauteur convenable, d'a- pres la declinaison du soleil. Cette boite se pose et s'orienteala maniere d'un cadran solaire : deux des cotes du fond etant dans la meridienne, et les deux autrea dans la direction de Testa l'ouest; seulement elle s'incline suivant la latitude du lieu de maniere que son axe soit parallele a l'axe de ]a terre. II en resulte que la piece mobile dont on vient de parler se meut parallelement a l'equateur. Au centre des trois faces laterales qui regardent le midi , Test et l'ouest , se trouve une ouverture carree de 3 centimetres de cot£ , fermee par un mince diaphragme de metal , portant un trou central de 4 millimetres de diametre. On concoit, d'apres cela, qu'aux jours de l'equinoxe, les rayons du soleil doivent entrer de 6 heures a 9 heures du matin par 1' ou- verture du diaphragme de Test et venir peindre une image ronde sur la tranche de la piece mobile , placee juste, pour ce jour-la, au milieu de l'epaisseur de la boite et vis-a-vis les centres des ou<- vertures des diaphragmes. Pour recevoir cette image , la face cor-r respondante de la piece mobile est une portion de cylindre concave de 6 centimetres de rayon , ayant son axe au centre de l'ouverture du diaphragme , et parallele a l'axe de la terre. Ainsi, pendant ces trois heures le centre de l'imageparcourt sur la section moyenne de la surface cylindrique un angle de 45 degres , formant une longueur de 47mm,l, ou un peu plus de 1 millimetre par quatre minutes. La, portion du cylindre doit etre plus grande pour les jours de l'ete , et il convient de lui donner un peu plus de 90 degres de developpe- ment. En face des diaphragmes du midi et de 1'ouest , la piece mo- COSMOS. 629 bile pr^sente des surfaces cylindriques pareilles , de meme etendue et de meme rayon, Ainsi la face du sud commence a marquer un peu avant 9 heures et par consequent avant que celle de Test ait fini ; de meme celle de l'onest reprend un peu avant 3 heures, c'est-a-dire avant que celle du niidi ait cesse de donner son image sur la surface cylindrique correspondante, Le meme instrument recoit ainsi l'image du soleil dans toutes les saisons et a tousles instants de la journee. La piece mobile se rapproche du fond a mesure que la declinai- son boreale augmente, elle se releve au contraire vers le couvercle pendant la declinaison australe, afin que les images frappent tou- jours les surfaces cylindriques vers le milieu de leur hauteur. Une bande de papier photographique , d'une longueur suffisante et de 2 centimetres de hauteur, s'adapte sur les trois surfaces cy- lindriques destinees a recevoir les images solaires; on la met en place avant le lever du soleil , on la reprend apres son coucher et on la remplace par une bande nouvelle : il reste seulement a fixer, par les moyens ordinaires, les impressions produites par la lumiere. S'il y avait de l'utilite a reproduire photographiquement le t&- sultat annuel des observations , au lieu de le reproduire par la gra- vure ou par la lilhographie , il suffirait de recevoir les images sur du papier negatif convenable pour en tirer ensuite des epreuves po- sitives. Douze feuilles de 30 centimetres carres repr^senteraient le tableau complet des douze mois de l'annee. INVENTIONS NOUVELLES. LA FECULE DE MARRONS d'iNDE AU CONCOURS UNIVERSEL AGRICOLE. II y a deux cent quarante et un ans que Bachelier a apporte* de Constantinople a Paris le marronnier d'Inde originaire de l'Asie septentrionale : en voila bientot cent trente-six que le president Bon essaya d'utiliser les fruits de cet arbre majestueux. Parmen- tier, Baume et beaucoup d'autres ont cherche successivement a faire servir la fecule des marrons d'Inde aux besoins de la soci^te ; mais, soit mauvais procede de fabrication , pour emprunter les expres- sions duComite central des Arts et Manufactures, soit prix trop eleve comparat'wement a celui des substances analogues, ce produit n'a pas etc employe. Cet ancien procede^ de fabrication , indique par Parmentier et Baum£, exige necessairement qu'on depouilh les marrons d'Inde de leur ecorce avant de les soumettre au rapage. Or, si Ton refle-- chit aux frais enormes de main-d'oeuvre qu'entraine une pareille operation , qui ne peut s'effectuer par des moyens mecaniques, puis- que tous les fruits n'etant pas de la meme grosseur, il y aurait un dechet considerable dans les plus gros avant d'atteindre les plus petits, on comprend que personne n'ait songe jusqu'a present a fa- briquer de la fecule de marrons d'Inde, d'apres ce procede trop in- complet; le prix de revient en serait plus eleve que celui des subs- tances analogues , comme l'affirmait le Comite" central des Arts et Manufactures. Voici maintenant le nouveau procede, celui de M. H. de Callias. Ici, point de decorticage prealable ; les marrons sont rape's avec leur ecorce, et tamises comme le sont les pommes de terre avec leur pellicule ; on en epure ensuite la fecule dans les cuves par un moyen particulier, mais aussi facilement et aussi economiquement que les produits de la pomme de terre, de sorte que le prix de revient ne s'eleve pas a 20 centimes par kilogramme , frais de recolte et de fabrication compris. Vingt mille kilogrammes de marrons fabriquds cette ann£e avec les appareils ordinaires d'une feculerie de pommes de terre ne laissent aucun doute a cet dgard. Le procede de M. de Callias reduit done a sa plus simple ex- pression la fabrication de la fecule de marrons d'Inde, et permet de livrer ce produit au commerce a 25 et 30 pour 100 au-dessous du cours des substances analogues ; il n'exige plus aucun perfectionne- ment; il est, en un mot , le seul prat/cable manufacturierement. COSMOS. 631 Quant a la valeur des produits exposes par M. de Callias, il nous suffira de dire que les premieres blanchisseries de fin a Paris , no- tamment celle de la famille imperiale, en font exclusivement usage. Nous avions ete tout surpris de voir par le catalogue des recom- penses, que M. de Callias n'avait obtenu qu'une m£daille de bronze, tandis qu'on d^cernait a la fecule de ses concurrents une medaille d' argent; mais le Jury est revenu sur sa decision ; il decerne defi- nitivement a M. de Callias une medaille d' argent, et n'accorde a l'application des procedes anciens qu'une mention honorable. NOUVEAU PROCEDE DE CONSERVATION DES VIANDES CRUES. M. le docteur Dusourd nous ecrit en date du dimanche, 8 juin : « J'ai trouve le moyen de conserver les viandes crues a l'etat de conservation parfaite, avec leurs sues, leur saveur, leur couleur et leur consistance normale. Coupee et mise sur le banc des bouchers parmi les viandes fraiches, son aspect n'en differe en rien. « Ce precede" est le resultat de quinze ans d' experiences conti- nues avec une attention soutenue ; ce qui m'a permis d' examiner la question sur tous les points. « Apres avoir acquis la certitude de 1' immense avantage que la societe peut en retirer, surtout dans ce moment, ou les viandes, d£ja si cheres, menacent d'encherir encore, je crois de mon devoir de faire connaitre mon moyen, qui permettra d'apporter de l'Ame- rique du Sud des viandes en quantite suffisante a tous les besoins de l'Europe. « Mes frais de conservation ne depassent pas le prix de quinze a vingt centimes le kilo. Mon mode de preparation consiste a plon- ger la viande dans du sirop de sucre bien cuit, et sans addition d'au- cune substance metallique. .. Je puis mettre sous vos yeux des viandes conserves depuis le 9 mars 1847, et qui ont suivi les epreuves suivantes : « D'etre restees, apres etre sorties du sirop, a l'exposition de l'air pur pendant deux mois ; d' avoir fait plusieurs longs voyages sur les chemins de fer; d'avoir fait plusieurs voyages sur la mer ; d'etre restees quinze jours soumises a une temperature de 35 de- gree au-dessus de ze>o ; d'etre restees plusieurs nuits dehors, a une temperature de 12 degres au-dessous de z£ro ; d'etre restees pen- dant les trente journees les plus chaudes de l'^te de 1848 , dans un dans un angle forme par deux murs bien blanchis et oil le soleil dardait ses rayons de 9 heures du matin a 4 heures du soir. TORRENTS ET INGNDATIONS. MOYEN DE RENDRE A L* AGRICULTURE UNE GRANDE PARTIE DES TERRAINS ENVAHIS PAR LES TORRENTS TAR M. ROZET Chef de bataillon d'gtat-major. M. Rozet dtablit d'abord qu'il ne peut exister de torrent propre- ment dit que dans les endroits oil les talus marneux sont a decou- vert sur une grande elevation. II constate, en outre, que les affluents des rivieres, et les rivieres elles-memes , sortent de cirques ou en- ceintes circulaires plus ou moins considerables, dont l'origine peut etreduea des depressions du sol, ausein desquels Taction corrosive des eaux s'exerce depuis la formation des montagnes. Les fiancs de ces cirques presentent necessairement des talus marneux couronn^s par des escarpements de calcaire compacte qui ont jusqu'a mille metres de profondeur. Ces talus sont sillonnes de ravins plus ou moins profonds, qui viennent tous aboutir a un grand canal creuse" dans le fond du cirque, et dans lequel se rendent les eaux qui cou- lent de ses fiancs. Le canal sort du cirque par une gorge plus ou moins etroite, borde de rocbers a pic souvent tres-eleves, et cons- titue, avec le cirque, ce qu'on nomme le canal de reception. Ce canal est rarement simple ; il se divise en plusieurs branches , qui viennent en general se reunir a un gros tronc dont le sommet est plus ou moins cloigne de la gorge du cirque; il contient presque toujours des amas considerables de ddbris pierreux. Lors des orages, l'immense quantity d'eau tombee venant s'ac- cumuler sur le fond du cirque , a cause du peu de largeur de la gorge, souvent obstmie par des amas de pierres, acquiert bientot une force a laquelle rien ne peut register. L'eau se precipite alors par la gorge, emportant tout ce qui se trouve devant elle. Au sortir de cette gorge , debouchant sur un sol plus etendu et moins incline" quecelui du fond du cirque', elle s'6tend, perd notablement de sa vitesse , et laisse deposer une grande partie des materiaux quelle charrie; elle couvre ainsi de debris un espace conique plus ou moins dtendu, appele lit de dejection. L'eau, debarrassfe d'une grande partie des materiaux qu'elle entrainait, se rend vers le lit de la riviere, en coulant sur une surface appelde lit d'ecoulement. Le torrent complet se compose done de quatre parties : bassin de re- ception, canal de reception, lit de dejection, et lit d'ecoulement. Sur chaque cote d'une riviere un peu considerable , il existe un certain nombre de torrents pr£sentant toutes les parties que nous COSMOS. 638 venons de ddcrire; ils sont d'autant plus considerables qu'ils sont plus voisins de la source de la riviere ou les montagnes sont les plus elevens. Le lit de ces rivieres presente une suite d'etranglements et de renflenients fort remarquables. Les renflements ofFrent de grandes plages couvertes de cailloux et de quelques petits depots de limon, et c'est la qu'il est possible de reprendre une grande partie du ter- rain envahi par les depots pierreux , non pas en operant sur place, comme on l'a tente tant de fois sans presque aucun succes; mais en remontant a la source du mal, en detruisant progressivement la Vi- tesse de l'eau depuis le canal de dejection jusqu'au renflement; en la for9ant, par la raeme, a deposer les materiaux qu'elle charrie, et a ne plus apporter, sur le renflement, que le limon fertilisant. Les premiers travaux doivent avoir pour but d'empecher les debris pierreux de s'accumuler dans les canaux de reception , ou d'en sortir quand ils s'y sont accumules. Parmi les pierres tom- b6es des escarpements , il en est de tres-grosses , de deux a quatre metres cubes , que les eaux ne deplacent jamais ; on les fera rouler jusqu'au pied des pentes , de maniere a augmenter la hauteur et la force des revetements pierreux des talus, pour empe- cber les mateViaux d'^boulement d'arriver au canal de reception. A brasd'hommes, ou a l'aide de la poudre, on accumulera dans la gorge du cirque, de maniere a l'obstruer jusqu'a La hauteur ou le cirque s'elargit notablement par l'ecartement de ses flancs , et a former ainsi une digue permeable ou criblante qui laisse passer l'eau en arretant les debris pierreux , qui force la nappe d'eau surabon- dante a s'elargir, a perdre de son epaisseur, et , par suite , de sa force de transport. L'ancien lit de dejection par la meme n'aug- mentera plus , et on pourra souvent rendre a. l'agriculture une por- tion de terrain assez etendue pour payer les depenses deja faites. Sur les points oil les gorges ne sont pas comprises entre des ro~ chers, on pourra les remplir par des blocs faits de toutes pieces avec de la chaux hydraulique et les debris pierreux, toujours tres-abon- dants, de maniere a empecher, dans tous les cas, une grande partie des mate>iaux de sortir du bassin de reception. Voila pour la source du mal, arrivons au mal lui-meme. On fera pour les etranglements ce que Ton a fait pour la gorge du cirque. Si, comme c'est le cas le plus ordinaire, ils sont formes par des rochers s'elevant a une grande hauteur et s'ecartant progressivement , avec de la poudre, ou|autrement, on fera tomber ces rochers dans le ca- nal , de maniere a former une barre criblante par-dessus laquelle l'eau passera dans les grandes crues, laissant au fond les fragments 63i COSMOS. pierreux et n'entrainant presque que du limon , ay ant perdu une grande partie de sa vitesse et devenue facile a gouverner et a etendre. En examinant pendant les sdcheresses de l'ele les plages des renfiements on voit que le cours d'eau qui les traverse se divise or- dinairement en plusieurs branches ; la plus considerable suit la zone de la plus grande pente, et passe au pied des escarpements ; les autres branches peuvent etre facilement comblees a leur origine ou forcees de se rendre toutes ou a peu pres toutes dans la premiere, a la condition qu'on la transformera en une sorte de canal d'ecou- lement. Or voici comment on peut y parvenir : Au-dessous de la digue criblante , et la largeur que Ton veut donner au canal d'ecoulement dtant fixe'e, on dtablira une ligne de blocs naturels ou artificiels paralleles a l'axe du canal , hauts d'en- viron lm,60, afin que leur sommet d^passe toujours la zone des eaux torrentielles dans laquelle se trouvent les cailloux transported, et distants les uns des autres de 10 metres. L'experience a prouve' qu'une pareille ligne de blocs diminue assez la vitesse de l'eau sur toute la largeur pour determiner le depot des cailloux, quised^po- sent en bande etroite le long de la ligne, tandis que l'eau qui passe pour aller inonder la portion a conquerir ne contient plus que du limon. Pour diminuer encore la vitesse des eaux et les forcer a de- poser leur limon , il suffira d'etablir des traverses e'chelonnees les unes au-dessus des autres, eleveesetdistancees proportionnellement a !a pente. Pour faire ces traverses, il suffira d'ouvrir de simples fosses, d'une largeur plus ou moins considerable, dont on jettera la douve en aval pour que les cailloux ne soient pas rejetes dans le fosse par la pousse"e de l'eau. Les traverses ainsi etablies d^truiront tous les petits filets d'eau qui actuellement sillonnent les plages ; en franchissant chaque traverse, l'eau perdra une partie de sa vi- tesse et deposera une partie de son limon ; il suffira d'un petit nom- bre de crues pour recouvrir touteMa plage d'une couche e*paisse de limon. S'il arrive qu'on ne puisse se procurer a bon marche des blocs na- turels de 1 metre cube, on les construira en pierres unies par de la chaux bydraulique faite avec le calcaire du lias qu'on trouve presque par tout dans les Alpes. M. Rozet a fait pour une plage particuliere situe"e pres de Nice, sur les bords de la Bleonne, le calcul des depenses qu'il faudrait faire pour reconquerir par son systeme une certaine quantite de ter- rains envahispar le torrent. II trouve que l'hectare reconquis cou- COSMOS. 635 terait 116 fr.; or le terrain cultive, au contact de cette meme plage, se vend 1 500 fr. 1' hectare; l'op^ration serait done grandement avantageuse. La depense, en general, ne d^passera pas 100 fr. par chaque hectare que Ton pourra vendre imm^diatement 1 000 fr. Lestravaux a faire sont d'ailleurs, partout, d'une execution facile ; ils pourront toujours etre donnas a l'entreprise ; il suffira d'un con- ducteur ou deux par riviere. L'entreprise de rendre a l'agriculture les terrains devastes par les torrents ne peut pas etre faite par le gouvernement ; on ne peut pas non plus compter, pour la mener a bonne fin, sur l'initative des proprietaires inter^sses; il faut done de toute necessity en faire l'ob- jet d'une speculation commerciale organisee par des compagnies que le gouvernement autoriserait, et auxquelles il accorderait le benefice de la loi d'expropriation forcee pour cause, d'utilite publique. " Les travaux dont je viens de parler, dit en finissant M. Rozet, convenablement executes le long des rivieres torrentielles des Alpes, rendraient, en moins de deux ans , a l'agriculture la plus grande partie des terrains que ces rivieres ravagent depuis des siecles, et la vie aux contr^es qu'elles traversent. Comme ils auraient pour premier resultat de retarder considerablement l'ecoulement des eaux qui tombent dans les bassins de reception , ils contribueraient , et puissamment peut-etre, a empecher ou a amoindrir ces grandes inondations des fleuves et des rivieres qui desolent en ce moment une partie de la France. >• VARIETES. INTEREUPTEUR A DOFBLF. EFFET ET PERFECTIONNEMENTS DIVERS APPLIQUES A L'APPAREIL RFHMKORFF PAR M. l'aBBE LABORDE (MEMOIRE 1NEDIT). « Les esperances que les physieiens avaient fondeessur les appa- reils d'induction comme source d'&ectricite statique ont deja ete en partie realisees ; et les services rendus a la science par le plus puis- sant de ces appareils, celui de M. Ruhmkorff, montrent l'impor- tance que Ton doit attacher aux perfectionnements dont il est en- core susceptible. Je deorirai quelques modifications qui en facilitent l'eraploi dans beaucoup de cas, ou le rendent plus apte a manifester certains effets. J'ai remplace le marteau oscillant par un interrupteur a double effet qu'un faible courant peut mettre en jeu, et dont les mouve- ments bien reguliers peuvent etre accelere"s ou ralentis dans des limites assez Vendues. II se compose d'un petit cylindre de fer doux, soude a l'extremit£ d'une lame .metallique , dont l'autre ex- tr^mite* est fix^e sur un axe vertical , so.utenu lui-meme par un demi-cadre en metal. Le cylindre de fer doux et la lame flexible ont chacun une longueur de 5 centimetres, et forment une tige qui peut librement osciller de droite a gauche. A une distance de deux ou trois centimetres de l'axe, et de chaque cote de la lame metallique, s'elevent deux montants qui doivent en limiter les excursions. Chaque montant est traverse par une vis destined a regler les oscil- lations qui deviennent plus ou moins rapides selon qu'avec les vis on resserre plus ou moins l'espacedans lequel elles s'accomplissent. Deux petits electro-aimants, appliques l'un contre l'autre, sont ins- talled en face de la tige oscillante , dont l'extrdmite libre s'avance d'un centimetre environ entre les deux poles. Le fil de l'electro- aimant place a droite est mis en communication avec le montant fixe a gauche de la lame flexible, et le fil de l'electro-aimant plac6 a gauche communique avec le montant oppose* ; les deux fils se croisent sans se toucher au-dessus de la Use oscillante. Si 1 on unit ensuite les deux bouts opposes des helices a l'un des poles d'une pile, et que Ton mette l'autre pole en communication avec la piece metallique qui soutient l'axe vertical, la tige oscillante execute aussitot de gauche a droite des mouvements rapides qu'il est facile d'expliquer, si Ton considere les directions differentes quelle imprime elle-meme en courant. m En effet, lorsqu'elle est en contact avec la vis placed a droite , le COSMOS. 537 courant circule autour de l'electro-aimant fixe a gauche qui l'attire a lui ; elle vient frapper la vis gauche, et aussitot le courant pas- sant dans l'autre electro-aimant qui l'attire a son tour, elle revient a droite, et ainsi de suite. On voit que chaque oscillation produit un double effet, puisqu'elle ouvre et ferme le circuit. Le fer doux etant fixe a I'extr6mit6 d'une lame elastique, ses mouvements ne sont pas arretes brusquement et les contacts se prolongent d'autant. Cette elasticity de la tige donne en meme temps aux oscillations une continuity plus certaine, puisqu'elle en produit d£ja une ving- taine sous la simple impulsion du doigt. Pour appliquer cette interrupteur a. l'appareil Ruhmkorff, on unit les deux bouts lib res des fils qui entourent les electro-aimants a une extremite du fil inducteur; on met l'autre extremite en com- munication avec un pole de la pile, et le pole oppose" se rattache par un conducteur au demi cadre metallique qui soutient l'axe vertical. L'interrupteur etant ainsi separe de l'appareil principal , le fil qui entoure les deux electro-aimants doit etre gros et court, afin de presenter au courant le moins possible de resistance inutile. Si Ton approche au-dessus de l'axe vertical et parallelement a. la tige oscillante un barreau aimante, les oscillations deviennent plus fortes lorsque le pole que Ton avance favorise le magnetisme deve- loppe temporairement dans le petit cylindre de fer doux par les electro-aimants; elles sont plus faibles et peuvent meme s'arreter tout a fait, lorsque le pole pr£sent6 tend a detruire ce magnetisme. Aussi en changeant les communications de l'un des electro-aimants de maniere a ce que le courant l'aimante en sens contraire, l'inter- rupteur fonctionne bien a. peu pres comme a. l'ordinaire ; mais sous 1' influence (i'un barreau aimante' il vient frapper tantot sur la vis gauche seulement, tantot sur la droite, selon le pole qu'on lui pre-- sente. Electricite libre sur les deux poles de Vhelice induite. Dans l'appareil de M. Ruhmkorff, le bout exterieur de l'helice induite peut seul fournir des etincelles a distance, quand on lui pre- sente un conducteur separe du circuit; le bout intErieur ne donne aucunsigne d'electricitehbre. J'ai adopte une construction particu- Here a l'aidede laquelle les deux poles de la meme helice peuvent lancer egalement des Etincelles sur les conducteurs qu'on leur pr£- sente. Voici en quoi elle consiste : On fixe d'abord sur le milieu de la bobine, entour^e de son fil inducteur , une rondelle de carton de meme diametre que les rebords exterieurs ; apres avoir partage le 638 COSMOS. fil induit en deux longueurs a peu pres £gales, on glisse le bout de 1'une d'elles sous la rondelle du carton, et faisant tourner la bobine, on l'entoure a partir de ce point jusqu'au rebord exterieur, puis on revient progressivement jusqu'a la rondelle du milieu, et ainsi de suite. Lorsque la premiere longueur du fil induit a ete- ainsi enroulee autour de la bobine, 'on sonde la seconde sur l'extremite du fil qui passe au-dessous de la rondelle, et faisant tourner la bobine dans un sens oppose^ afin que l'helice induite ait la meme direction, on enroule cette seconde partie du fil induit comme la premiere. On a ainsi sur toute la longueur de l'appareil un seul fil induit dont le milieu est plonge au sein de l'helice, et dont les extremites s'avan- cant progressivement au dehors, pr^sentent deux poles d'une egale tension electrique. Un autre avantage non moins important requite de cette disposi- tion nouvelle, c'est que les conditions particulieres d'isolement exi- gees par les phenomenes d'inductions y sont mieux remplies que dans les appareils ordinaires. En effet, si Ton suppose un moment le fil induit plie en double et deroule" suivant une ligne droite, il est certain que l'isolement mutuel des fils, a peine utile vers le milieu au point oil le fil est plie' sur lui-meme, deviendra de plus en plus important a mesure qu'on s'avancera vers les extr£mit£s. II ne suffit done pas d' eloigner les deux poles sur l'appareil d'in- duction, il faut encore autant que possible eloigner les rangers de fil qui s'en approchent. On serait plus pres qu'on ne pense de la ve>ite en comparant le fil induit a une pile a colonne, et en cherchant a realiser sur lui l'es- pece d'isolement que reclame cette pile lorsqu'on veut en obtenir des effets de tension electrique. J'ai constat^ , a l'aide de cet appareil , un fait nouveau dont Interpretation peut jeter quelque lumiere sur les relations encore obscures du courant induit avec les causes qui le produisent. Pour les mettre en evidence, il faut satisfaire aux conditions suivantes : Le fil inducteur doit etre un peu plus fin et plus long qu'a l'ordi- naire : 1 millimetre de diametre et cinq a six rangees autour du fer doux. Au lieu de souder au-dessous de la rondelle de carton les deux bouts interieurs de l'helice induite, on les fait sortir au dehors, et le meme appareil presente ainsi deux helices lorsqu'ils sont scare's, ou une seule lorsqu'ils sont unis. On installe ensuite au-dessous du fer doux vers l'extremite de la premiere helice, un interrupteur or- dinaire, et Ton fait passer dans le fil inducteur un courant tout juste COSMOS. 639 assez fort pour que les oscillations continuent , apres une premiere impulsion donnee avec le doigt. Si Ton reunit alors les deux bouts de la premiere helice , on produit sur l'interrupteur l'effet ordinaire et connu depuis long- temps : les oscillations deviennent plus faibles et souvent meme elles s'arretent. Mais si, apres avoir ouvert la premiere heMice, on ferine la seconde, on obtient un effet tout oppose" : les oscillations deviennent plus fortes. Ce dernier fait dtant contraire a ce que Ton a observe jusqua present me>ite une attention serieuse; je crois devoir entrer dans quelques details sur son explication : — Si, sans rien changer au dispositif de ['experience, on place l'interrupteur sous l'autre extremity du fer doux , la premiere h£lice, qui prece'- demment arretait ses mouvements, les renforce a son tour, et la seconde les arrete : il y a evidemment entre l'interrupteur et le fer doux une action locale qui doit fixer les conjectures sur la cause probable de ce fait exceptionnel ; on peut en outre e"carter les ph£- nomenes qui se passent au moment ou le circuit est interrompu, car le courant inducteur n'est pas susceptible d'etre affaibli ou renforce' dansun circuit ouvert. C'est done au moment ou il se ferme que la veritable cause produit son effet. Or, a 1'instant ou le courant passe dans le fil inducteur, il determine dans l'helice qui l'enveloppe un courant induit dirigti en sens contraire; ce second courant produit aussitot deux effets qu'il importe de bien distinguer : il diminue le magne^isme du fer doux, et il engendre dans le fil inducteur un courant induit de troisieme ordre qui renforce le courant principal, puisqu'il est dirige dans le meme sens. Selon que l'un ou l'autre effet l'emporte sur l'interrupteur, les oscillations sont affaiblies ou ren- forcees. Si l'helice induite est aupresde l'interrupteur, la diminution du magnetisme se produit directement au-dessus du marteau oscil- lant : il est moins attire et s'arrete. Si l'helice est sur l'autre extre"- mite de l'appareil, la de^aimantation momentan^e se produit sur une portion du fer doux trop eloignee de l'interrupteur pour l'in- fiuencer sensiblement, et le courant inducteur augmente du courant induit etant preponderant , les oscillations deviennent plus fortes. Voila pourquoi le role des helices est interverti lorsqu'on fait pas- ser l'interrupteur sous l'autre extremite du fer doux. Dans la r^alite les phenomenes sont un peu plus complexes ; car, au moment oil le circuit est ferm£, le fil inducteur devient lui- meme le siege d'un courant induit qui diminue la force du courant principal, puisqu'il est dirige en sens contraire, et le role de l'helice se borne peut-etre a neutraliser cette action contraire : mais neutra- 640 COSMOS. liser une action contraire a un courant, ou renforcer directement ce courant revient au meme pour le resultat final. On peut objecter que la diminution du magnetisme dans le fer doux est instantan^e coinme le courant qui la produit; qu'ellecesse avant la rupture du circuit, et que par consequent le fer doux re- prend toute sa force sur l'interrupteur. Mais il ne faut pas oublier que, sous Taction d'un faible courant, le marteau n'oscille pas sett- lement en vertu de la force attractive du fer doux , mais aussi en vertu de la reaction du support contre lequel il frappe : cette reac- tion est egalement instantanee, et cesse aussi promptement que la desaimantation produite par l'helice induite ; le fer doux reprend, il est vrai, toute sa force, mais elle ne suffit plus a elle seule pour soulever le marteau. Cette explication est confirmee par les experiences suivantes : On separe l'interrupteur de l'appareil principal, a l'aide d'un petit electro-aimant qui doit le faire marcher; lorsqu'il est en mouve- ment on ferme soit la premiere, soit la seconde helice, et dans ,1'un et l'autre eas ' les oscillations sont renforcees : la desaimantation momentanee du fer doux ne peut plus ici faire sentir son influence sur l'interrupteur, et le courant principal renforce par l'une ou l'autre helice est seul a manifester son action. Si le fer doux est entoure d'un fil inducteur gros et court, l'interrupteur place" au des- sous de l'une de ses extr&nites est arretd par la seconde helice aussi bien que par la premiere; car alors le courant induit de troisieme ordre qui s'ajoute au courant principal, est trop faible dans un fil gros et court pour manifester son action ; et c'est la desaimantation du fer doux qui l'emporte, lors meme qu'elle se produit principale- ment sur un point eloign^ de l'interrupteur. On concoit, qu'entre cette derniere disposition de l'appareil et la premiere, oil le fil inducteur est fin et long, on peut realiser une foule de constructions intermediates sur lesquelles les effets se ma- nifesteront dans un sens ou dans un autre , selcn le diametre , et la longueur du fil inducteur. On peut conclure de ce qui precede que tout n'est pas termini lorsque le couraut inducteur a produit son effet sur l'helice induite : celle-ci reagit a son tour sur le fil inducteur, et comme le courant qu'elle y determine est de meme sens que le courant inducteur pri- mitif, il n'est pas impossible qu'il produise un courant induit de quatrieme ordre dans l'helice qui i'entoure. Si ces dernieres vibra- tions successives et naissant les unes des autres existent reellement, elles t^ont trop rapides et s'eteignent trop promptement pour qu'on COSMOS. 641 puisse les mettre en Evidence. Toutefois, en Ies admeftant, on ne peut y voir qu'un ph^nomene entierement conforme a ce qui se passe partout ailleurs dans les reactions mutuelles des forces main- tenues en presence. Condensateur perfectionne. Dans 1'appareH de M. Ruhmkorff, le condensateur est formed de deux feuilles d'etain, collees des deux cotes d'une longue bande de taffetas gomme" ; le tout est enveloppe de deux autres bandes de taffetas, et pli£ de maniere a pouvoir etre place commodement au- dessous de l'appareil. D'apres une experience que je vais rapporter, cette disposition ne me parait pas la plus avantageuse. J'ai prepare deux condensateurs diffe>ents : le premier dtait un cylindre de bois autour duquel j'avais enroule en forme d'helice une bande detain longue de 1 metre et large de 1 centimetre. Apres 1'avoir enveloppee d'un taffetas gomme , j'ai colle par-dessus une seconde bande d'etain de memes dimensions que la premiere, et qui en suivait exactement tous les contours. Ces deux bandes m£tal- liques formaient les armures du condensateur. Le second dtait a peu pres fait comme le premier, excepte que chaque armure £tait une feuille d'etain d'un decimetre carre. J'ai essaye alternativement ces deux condensateurs dont les surfaces .condensantes etaient egales, et j'ai toujours trouve dans le second une superiority marquee sur le premier. J'en ai conclu qu'il fallait rapprocher autant que possible les surfaces condensantes des poles de l'appareil. En effet, l'electricite libre eprouve une certaine resis- tance a parcourir les bandes metalliques du premier condensateur ; elle s'y propage, il est vrai , avec une grande vitesse ; mais cette vitesse doit lutter contre Taction non moins prompte qui la ramene dans le circuit tout metallique oppose au condensateur. II faut done, autant que possible, diminuer sur les armures les longueurs a par- courir. D'apres ces donnees, voici la disposition que j'ai adoptee : Sur une bande de taffetas gomme aussi longue qu'on voudra, on colle une feuille d'etain qui dans toute sa longueur depasse de 2 centim. le bord droit du taffetas, et laisse sur le bord gauche un espace libre de 3 centim. environ; on colle ensuite au-dessous de la bande une seconde feuille d'etain qui doit y occuper une position inverse ; e'est-a-dire que dans toute sa longueur elle depassera de 2 centi- metres le bord gauche du taffetas, et laissera sur le bord droit un 6&2 COSMOS. espace libre de 3 centimetres. On applique ensuite au-dessus et au- dessous unebande de taffetas de memes dimensions que la premiere, et on roule le tout sur un cylindre de bois . Le bord de l'armure su- pe'rieure depassant le taffetas, se pr^sente a droite, roule sur lui- meme, et celui de l'armure inf^rieure est a gauche. On en presse les contours de maniere a eHablir entre eux un contact m£tallique, et on les retient par une virole. En mettant les extremites en rela- tion avec les deux poles de l'appareil, les communications se trouvent largement £tablies , et l'electricite' n'a qu' une longueur insignifiante a parcourir, lors meme qu'on emploierait un tres-grand condensateur. » J'ajouterai un mot sur le liquide employe dans la pile. On sait combien sont genantes les vapeurs rutilantes qui se aYgagent d'une pile Bunsen en action : on peut diminuer cet inconvenient en ajou- tant a l'acide nitrique duperoxydede manganese. Sous l'influence de l'acide le peroxyde de manganese laisse echapper de l'oxy- gene qui ramene une partie de l'acide nitreux a 1'eHatd'acide ni- trique, l'autre partie se combine avec l'oxyde inferieur du manga- nese pour former du nitrite manganeux. Cette action n'est malheu- reusement pas assez rapide pour compenser entierement la desoxy- dation produite par le courant. Mais lorsqu'on demonte la pile et qu'on verse l'acide nitrique et le peroxyde dans un flacon, le liquide verdatre et les vapeurs rutilantes se decolorent peu a peu ; au bout de deux ou trois jours l'odeur a completement disparu, et lorsqu'on s'en sert de nouveau, on n'a pas a redouter des le commencement les emanations de l'acide nitreux. SUR LES VAPEURS VESICULA1RES PAR M. DE TESSAN. Dans une des dernieres stances de la Soci^te philomatique, M. de Tessan a pr^sente sur la constitution des globules d'eau , dont le rapprochement en grand nombre forme des images et des brouil- lards, et auxquels on adonne" le nom de vapeurs vesiculaires, quel- ques considerations sur lesquelles nous croyons devoir appeler l'at- tention. II pense qu'on peut l^gitimement douter que ces globules soient reelle;nent vesiculates : 1° Parce que la formation d'un globule vesiculate, au moment de la transformation de la vapeur d'eau invisible contenue dans l'air en vapeur visible, exigerait de la part des particules d'eau dis- seminees primitivement dans l'air et qui doivent la composer, une telle precision, un tel ensemble dans leurs mouvements qu'on peut COSMOS. 643 bien douter que cette precision et cet ensemble existent rdellement dans l'etat de mouvement si varie de l'air, il lui parait que la vesi- cule serait crevee avant d'etre formed. 2° Parce qu'en supposant la vesicule formee , la pesanteur agis- sant sur les particules d'eau de l'hdmisphere superieur, les porterait rapidement vers la partie la plus basse de 1' hemisphere inf^rieur, et amenerait ainsi promptement la rupture de la vesicule a son som- met, comme on le voit pour les vesicules que Ton peut former avec de Yean, pure , lesquelles crevent en moins d'une minute , meme dans un espace completement sature" de vapeur d'eau. 3° Parce que l'air contenu dans une vesicule de 0m, 00002, comme celles qui constituent les nuages, y serait soumis a. une pression de 1/7 d'atmosphere plus considerable que la pression exterieure ; que, par suite, cet air se dissoudrait dans son enveloppe d'eau et s'exha- lerait a I'exte'rieur, en sorte que la vesicule diminuerait forcement de diametre ; et cela avec une vitesse acceleree, puisque la pression interieure deviendrait d'autant plus grande que le diametre de la vesicule deviendrait lui-meme plus petit. La vesicule ne tarderait done pas, par cette seule cause, a se reduire encore en un globule plein. M. de Tessan pense, d'apres cela, que les explications de divers phenomenes meteorologiques que Ton a basees sur la realite de l'existence de globules vesiculaires dans ['atmosphere , sont elles- memes douteuses , et qu'il serait utile d'en chercher d'autres, ba- S(?es sur l'existence de causes plus replies ou moins problematiques. II y a longtemps deja que nous avons traite la question que M. de Tessan semble soulever pour la premiere fois; et Ton peut voir dans le premier volume du Cosmos, pag. 611 et suivantes, quelle ne fait pas pour nous l'objet d'un doute. Dans le travail que notre ami, M. l'abbe" Raillard, a prfeente a I'Academie des sciences en 1850, et dont nous avons publie" une analyse suffisamment eten- due, 1 impossibility de l'etat vesiculaire est demontree d'une ma- niere qui nous a paru decisive. Nous ne rappellerons pas ici les rai- sonnements que notre savant ami a faits coutre cette hypothese ; nous nous proposons de revenir plus tard sur ce sujet'lorsqu'il aura complete le nouveau travail qu'il prepare sur l'arc-en-ciel , et dans lequel il aura l'occasion de discuter la theorie de M. Bravais sur l'arc-en-ciel blanc, theorie qui repose, comme on le sait, sur la sup- position que les globules dont se composent les brouillards sont creux. 6M COSMOS. SUB LE MOUVEMENT DE ROTATION d'uN CORPS A LETAT SPHEROIDAL PAR Hi P.-H. BOUT1GNY (d'eVREUX). - On fait chauffer une capsule d'argent a + 100° environ, et on y projette quelques gouttes dither dans lequel on laisse tomber 2 ou 3 centigrammes de poudre de gayac. L'ether, en se volatilisant, rassemble la poudre et la laisse sur la capsule oil elle se carbonise en partie, on obtient ainsi un petit cone de matiere organique fixe" a la partie la plus declive de la capsule. Aussitot que le petit cone commence a roussir par le soinmet, on y verse de l'eau, et l'on porte la capsule a la temperature necessaire pour que l'eau y passe de l'etat solide ou liquide a l'etat spheroidal; on verse sur la capsule un ou deux grammes d'eau, et on observe ce qui se passe. D'abord l'eau recouvre le petit cone dont il a ete" question, ensuite elle s'agite de droite a gauche, et reciproquement de gauche a droite, en avant, en arriere, en un mot dans tous les sens ; puis, quand le sphero'ide n'a plus que quelques millimetres de diametre, il se met spontane- ment en mouvement autour du cone fixe de gauche a droite ou d'orient en Occident. Ce mouvement, d'abord lent, va toujours en augmentant, et il finit par acque>ir une vitesse telle que l'ceil peut a peine le suivre. Si, avec une baguette de verre, on arrete le sphero'ide, et si on lui imprime nn mouvement en sens contraire, on le voit bientot s'arreter de lui-meme et reprendre de lui-meme aussi son mouve- ment primitif de gauche a droite. J'ajoute que le sphero'ide va toujours en diminuant et qu'il finit par disparaitre entierement. La consequence qui decoule naturellement du mouvement que je viens de signaler, si je ne me trompe , c'est une demonstration de la rotation de la terre d Occident en orient. La rotation du globe serait la cause initiale du mouvement de notre sphero'ide, mais la vapeur entrerait pour quelque chose dans 1 'acceleration de ce mouve- ment ; en sorte que le phenomene ne serait pas aussi simple qu'il le parait a premiere vue. C'est une preuve de plus, si mes vues sont confirmees, a ajouter a toutes celles que l'on connait deja du mouvement du globe ; c'est une preuve aussi que l'etude de l'etat spheroidal n'est pas autant a dedaigner que d'aucuns le croient dans notre beau pays de France. » A. TRAMBLAY, proprictaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remqdet et Cie, rue Garanciere, 5. T. VIII. 20 JUIN 1856. CINQUIBME ANNEE. COSMOS- NOBVELLES ET FAITS DIVERS. La septieme assemblee general e de la Societe des naturalistes scandinaves aura lieu dans la ville de Christiania, le 12 (c'est-a-dire le 18) du mois de juillet prochain. Des invitations out ete adressees aux naturalistes de tous les pays au nora de la commission. Ceux qui ont l'intention de se rendre a Christiania a cette occasion, sont pries d'en avertir MM. lechev. Hansteen, professeur d'astronomie ; lechev.Boeck, professeur de physiologie ou M. F.-C. Faye, profes- seur de medecine. Ces messieurs veulent bien se charger de donner aux visiteurs tous les renseignements desirables. — La medaille d'or, Founder, pour l'encouragement des sciences geographiques a ete d^cernee par le conseil de la Societe royale de geographie, a M. le docteur Kane des Etats-Unis. — La me- daille d'or, Patron, a £te decernee par le meme conseil a M. le doc- teur Bartb, l'explorateur distingue de l'interieur de l'Afrique. — Voici l'etat actuel de la question de la reforme monetaire deci- male en Angleterre : Apres une forte recommandation de ce sys- teme par deux commissions scientifiques, par un comite de la Chambre des communes et par un vote de la chambre elle- raeme, suivide l'organisation dune association contenant des cen- taines de noms parlementaires, des cpntaines de noms commer- ciaux, et appuye en outre par la Banque d'Angleterre , lord Palmerston a organise une Commission royale composee de lord Monteagle, lord Overstone et M, Hubbard, qui a pour mission d etudier la question dans son ensemble. Cette commission travaille depuis quelques mois; mais aucune de ses resolutions n'a encore ete' rendue publique. Le systeme le plus appuye est le maintien de la livre sterling actuelle. Cette livre seulement serait composee de 1 000 nouveaux farthings appeles mils au lieu de 9G0 farthings ac- tuels. Dansce plan on conserverait le florin (100 mils) , le shilling (50 mils), le demi-shillmg (25 mils). On gardera egalement les monnaies de cuivre en abaissant leur valeur de 4 p. 100 ; ainsi le sixpence (dont le nom demeurera intact) devient 25 mils , au Ilea 24 646 COSMOS. de 24 farthings. Une piece nouvelle de 10 mils, appelee cent, et ressemblant beaucoup a la piece actuelle de deux pences et demi, completerait le systeme. — Un correspondant de 1' Athenaeum anglais lui t^crit de Naples : « C'est le docteur Bowman, notre compatriote, qui, le premier, a decouvert les vaisseaux de la cornee. Le docteur Quadri, directeur medical de l'hopital gdne>al militaire de la Trinity, a Naples, en pla9antla cornee dansl'eau pendant plusieurs jours et en l'injectant d'air au lieu de mercure, a reussi parfaitement a confirmer la decou- verte du docteur Bowman. Ces vaisseaux consistent en tubes qui , dans leur eHat se>ologique ne se laissent penetrer que par la partie sereuse du sang ; ils servent ainsi a la nutrition de la cornee et la rendent translucide , donnant aussi passage aux rayons lumineux. Quand au lieu du serum ordinaire, ces tubes sont remplis de ce que M. Quadri appelle la lymphe plastique, la cornee perd sa transpa- rence et finit par devenir plus ou moins opaque. » — La Societe royale de Londres s'est reunie extraordinairement, mardi 3 join ; il s'agissait de discuter la proposition faite par le gouvernement de mettre a la disposition de la Societe" le palais de Burlington [Burlington House). Cette proposition a tHe commu- niquee dans une lettre du secretaire-tresorier a lord Wrottesley, president de la Societe. Cette lettre annonce que le gouvernement de Sa Majeste n'est pas, pour le moment , en etat d'eriger pour toutes les Societes savantes un batiment nouveau dans une position convenable et centrale, mais qu'il est pret a mettre a la disposition des Societes chimique et linneenne, et de la Societe royale le bati- ment actuel de Burlington House, et cela sous les conditions sui- vantes : 1° Le depart de la Societe royale de Somerset House ne chan- gera rien a la position des autres Societes locataires de ce bati- ment, relativement aux conditions sous lesquelles elles sont autori- s£es a occuper leurs appartements actuels ; 2° la Societe royale aura la pleine possession de Burlington House , a la condition de donner asile d'une maniere convenable aux Societes chimique et linneenne ; 3° Ton y formera une bibliotheque commune pour 'usage des trois Societies, de sorte que I'admission a cette biblio- theque ait lieu sur la permission accorded par un membre quel- con<[ue des trois Societes; 4° les Societes pourront se servir de la salle que Ton va construire sur l'aile ouest du batiment, toutes les fois que cette salle ne sera pas occupee par le senat de l'Uni- versite de Londres; 5° la collection de portraits appartenant a COSMOS. 647 la Societe sera installed dans la salle susdite , de maniere a former un muse'e qui soit ouvert au public a des jours et heures con- venables ; 6° l'acceptation de cet arrangement temporaire ne fera rien perdre a la SocieHe royale de ses droits a la possession d'une installation ou accommodation permanente aux frais du gou- vernement. Apres une courte discussion dans laquelle le president de laSo- ciete royale, lord Wrottesley, sir Benjamin Brodie et M. Bell, president de la SocieHe linneenne, ont pris part, la proposition du gouvernement a ete acceptee. — II y a peut-etre quelque exageration dans 1'idee de notre ami, M. Jobard, qui propose l'apposition de la signature sur tous les produits comme un moyen d'arreterla fraud e on la sophistication; nous croyons cependant devoir appeler sur elle l'attention de nos lecteurs. « A l'epoque ou les peuples ne savaient ni lire ni e'crire, les mar- ques de fabrique se composaient d'emblemes, de figures, de tim- bres, de paraphes, de taches meme, legalises et deposes au greffe des corporations. Ces signes tenaient lieu des noms et prenoms des manufacturers, de meme que les ouvriers qui ne savwnt pas encore e'crire font une croix devant temoins. II ne doit plus en etre de meme aujourd'hui que nos fabricants sont plus ou moins poetes, et nos epiciers plus ou moins lettres; on peut exiger qu'ils placent leur signature, ou du moins leur nom estampe , imprim6 ou grave en toutes lettres, sur les produits qu'ils livrentau commerce, ou sur les colis, paquets, sacs, bandes, enveloppes, etc., qui les contien- nent. Une foule de gens croient qu'on ne peut pas tout marquer ; c'est une erreur ; nous les deTions de nous indiquer une seule subs- tance commerciale qui put dormer lieu a pareille excuse, dans le caa ou une loi obligerait les fabricants a accepter la garantie morale de leurs produits. Si Ton payait en monnaie fausse des marchan- dises frelatees, l'acheteur serait pendu et le vendeur re'munere pour avoir denonce le contrefacteur. La moralisation du commerce de- pend entierement de la notoriete , de la publicity du grand jour. Jamais un fabricant n'oserait placer son nom sur un produit dont il aurait altere la purete; mais il hesiterait moins a le revetir d'un embleme, d'un chiffre, d'une initiale, d'une griffe, d'une empreinte quelconque, a travers lesquels le public ne saurait gufere mieux le reconnaitre que derriere un masque impenetrable. Une vdle ou tout le monde aurait le droit de rester masque toute 1'annee, ne durerait pas quinze jours, carles passants seraient detroussea en plein midi, 6&S COSMOS. et la police ne parviendrait pas plus a reprimer le desordre dans la rue que la loi contre les fraudes commerciales ne parviendra a l'ex- tirper des boutiques , tant que les produits seront deguis^s ou cou- verts de dominos anonymes ou pseudonymes qui cachent souvent sous la dorure ou le clinquant les poisons les plus degofitants. Si Ton tient a introduire la inoralisation et la 6ince>ite dans I'industrie et le commerce , il est urgent de leur crier san6 cesse : A bas lea masques 1 > — La plupart des manuscrits de Galilee furent disperses apres sa mort. Les uns allerent dormir dans la poussiere des bibliotheques , les autres, vendus au poids , servirent a faire dee enveloppes et des cornets. Cet etat de choses dura jusqu'en l'annee 1840 ou le grand- due de Toscane, Leopold fl\, voulant rendre un hommage public a la memoire du grand philosophe , fit rec ueillir a grands frais tout ce qui restait encore des objets lui ayant appartenu , et surtout ses papiers. Quand on crut avoir reuni tout ce qui restait de ceux-ci, on songea a les publier, et Ton entreprit Rdition des oeuvres com- pletes de Galilee, dont le quinzieme et dernier volume vient de pa- raitre. C'est un beau monument qui honore le prince sous les aus- pices duquel il a etc" eMeve" et le professeur Eugene Alberi , qui en a surveille et dirige l'exdcution. L'edition se divise de la maniere suivante : cinq volumes d'^crits sur l'astronomie ; cinq volumes de correspondence ; quatre volumes d'ecrits sur la physique et les matli6matiques ; six volumes d'essais litlerairee, travaux de critique et poesies. Plusieurs des morceaux contenus dans ces volumes voient lejour pour la premiere fois. Tels sont : les Observations sur les satellites de Jupiter, depuis le 16 Janvier 1610 jusquau 16 novembre 1619 ; cent seize lettres de Galilee a ses amis et cinq cent soixante de ceux-ci a Galilee, toutes entierement precieuses pour l'histoire de la science; les discours sur le mouvement des graves (sermones de motu gravium); les remarques et corrections au Roland furieux de l'Arioste. Parmi les faits nouveaux dont cette vaste collection enrichit la science , nous citerons la preuve qui nous est fournie par la corres- pondance inedite, que Galilee observa l'anneau de Saturne des 1616, e'est-a-dire plus de quarante ans avant que Huyghens s'at- tribuat la gloire de cette decouverte ; Galilee ne se borne pas a proclaraer sa conquete , il ajoute a son ecrit un dessin dont cette Edition nous offre le fac simile et qui ne laisse aucun doute 6ur la nSalite da fait. Le tome iv conlient un histoiique uetaille du proces de Galilee, de longs extraits des actes et le texte de la sentence. » ACADSffllE DES SCIENCES. SEANCE DU 16 JUIN 1856. M. Liouville adresse deux notes sur la the"orie des nombres. — Un auteur, dont le nom nous echappe, fait hommage a l'A- cademie d'un ouvrage d'hydraulique plein d'actualite et d'interet, compose al'occasiondes travauxentrepris pour approvisionner d'eau la ville de Dijon. — M. Ferdinand de Lesseps adresse une collection d'echantillons de terres et mineraux provenant de treize sondages executes sur l'isthme de Suez , le long de la ligne que doit suivre le fameux canal large de 100 metres, profond de 8 metres, destine a. unir les deux mers que l'isthme se'pare, la M^diterrane'e a Suez et Peluze sur le golfe Persique. Nous traiterons un jour a fond cette ques- tion qui, en ce moment, pr£occupe grandement les esprits. — MM. GueVin-Menneville et Robert font hommage a l'Acade- mie de la nouvelle edition de leur Guide de I'eleveur des vers a soie. — M. Oudry expose de nouveau sa riche collection galvano-plas- tique , se met a. la disposition des membres de l'Academie pour leur donner toutes les explications qu'ils pourraient desirer, et de- pose un memoire dont l'examen est renvoye a une commission com- posed de MM. Pouillet, Despretz, de Bonnard , amiral Du Petit- Thouars. Nous completons dans un article special notre description des precedes de M. Oudry et des r^sultats obtenus par lui dans ses usines d' Auteuil et de Passy. — M. Taupenot croit que l'Academie lira avec interet et sera heureuse de publier dans ses comptes rendus une note de lui sur la construction du barometre et 1' ebullition du mercure dans le vide. — M. Wagner continue ses recherches sur la reproduction des infusoires. — Un certain M. Langlois, chimiste, annonce qu'il a fait une decouverte scientifique tres-importante. II s'agit d'abord d'un nou- veau rouge applicable a tous les corps , puis d'une th^orie entiere- ment nouvelle des couleurs , du spectre solaire , de l'echelle chro- matique, etc. , etc. A entendre M. Langlois, toutes nos theories modernes sur les couleurs seraient absolument fausses. — M. Chasles , dans une note tres-courte, mais tres-vive et as- sezseche, repousse carrement la legon que M. Vincent a voulu donner aux geometres. II s'offense surtout de cette phrase du pro- fesseur emerite du lyc^e Saint-Louis ; « Je regarde comme un ve- 650 COSMOS. ritable bienfait pour l'enseignement des sciences, ou du moins de la geometrie en particulier, de se trouver affranchi des formes so- phistiques qui, sans rien ajouter a la rigueur du raisonnement , ne font qu'entraver la marche de l'esprit et paralyser son initiative... D'ailleurs, je ne manquerais pas d'exemples , si je voulais prouver que lout en croyant raisonner bien rigoureusement, il est arrive" sou- vent aux geometres modernes, tout aussi bien qu'aux anciens, de se faire illusion sur la veritable logique de la science, sur la rigueur et 1'efficacite* de certains procedes de demonstration, et de poser comme principe absolu telle proposition qui n'eHait en rdalite qu'un veritable postulatum , admissible, il est vrai , dans la plupart des circonstances, mais radicalement fausse dans telle autre. » M. Chasles n'admet pas que M. Vincent fut en droit de donner cette lecon aux geometres anciens et modernes, alors surtout qu'il apportait dans l'enseignement de la thiorie des paralleles une re- forme deja proposed par d'autres, et mauvaise en rdalite. Nous regrettons vivement qu'en raison des mate>iaux qui encombrent encore nos marbres, nous ne puissions entrer des aujourd'hui dans lefonddela question. M. Poinsot appuie la protestation de M. Chasles, repousse de son cote les definitions de la ligne droite et la demonstration du thioreme de la somme des angles exteVieurs d'un triangle egale a quatre droits que M.Vincent propose de prendre pour point de de- part de la theorie rigoureuse des paralleles. Le savant geometre a ensuite expose" loriguement des principes tres-sages sur la nature des definitions et des demonstrations en geometrie. M. Byenaime a affirme, de son cote, que la pretendue demons- tration nouvelle deMM. Vincent et Saigey n'etait nullementneuve; M. Le Verrier declare qu'il a formellement refuse" de lui donnerson approbation, lorsqu'elle a 6te proposed au conseil imperial de l'ins- tructionpublique. M. Vincent defend sa note etsa demonstration, mais sans raisons suffisantes. Pour nous comme pour tous les geometres de l'Acade- mie, elle est inadmissible, et nous dirons pourquoi. — M, Texier, de l'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres, lit un long et interessant memoiresur les atterrissements desfleuves qui se jetlent dans la Mediterranee, en Asie-Mineure, en Egypte, en Algerie, en France, etc., etc. ; nous analyserons une autre fois ce grand travail dont la conclusion est que le seul moyen efficace de preserver les inondations du Rhone est de creuser de nouveau son lit qui n'a pas cesse de s'elever de plus en plus, en recourant a l'o- COSMOS. 651 peration du dragage, operation couteuse, sans doute, mais abor- dable cependant, et qui sera certainement efficace; elle devra avoir pour premier re^ultat de faire disparaitre la barre du Rhone, si dan- gereuse a tous egards. — La commission charged de juger les recherches et ouvrages admis au concours des prix Monthyon,se compose de MM. Serres Rayer, Velpeau, Andral, Cloquet, Bernard, Jobert de Lamballe, Flourens et Dumeril. — M. Becquerel prdsente, aunom deM. levicomte DuMoncel, le premier volume de la seconde edition de son excellent traite des applications de l'electricite\ L'auteur , dit M. Becquerel, est un noble physicien amateur, qui consacre ses loisits et sa fortune a hater les progres de la plus importante des branches de la physique moderne ; il me>ite done, a tous Egards, l'attention et les encoura- gements de l'Academie. — M.Waller, physiologiste anglais, auteur de tres-belles rechei-- ches relatives a Taction du nerf sympathique <\iv l'iris de l'ceil, cou- ronnees par l'Academie, a profite d'une luxation de 1'ceil qu'il etait parvenu a produire artificiellement, pour etudier, sur l'ceil vivant, un certain nombre de phenomenes qu'on n'avait dtudies jusqu'icique sur l'ceil d'animaux morts ; la production des images sur le fond de l'ceil , la circulation intdrieure du sang dans les muscles de l'ceil, etc., etc. — M. le marechal Vaillant presente a l'Academie, au nom de M. Le Sueur, employe de l'administration des tel^graphes, un me"- moire sur un nouveau systeme de correspondance tedegraphique, a. l'aide des rayons solaires, qui a donne" des resultats excellents. Le succes du nouvel appareil, essaye ces jours derniers a l'Observa- toire, a d^passe" toutes les esperances. Nous exposons plus loin, en detail, les process de M. Le Sueur, et nous reclamons, en outre, pour MM. Gauss et Steinheil , la priorite des charmants appareils destines a projeter des signaux lumineux sur un point determine, si- tus' a une tres-grande distance. Notre juste reclamation n'en- leve rien au merite de M. Le Sueur, qui ne connaissait pas l'helio- trope de M. Steinheil ; ce dernier heliotrope, d'ailleurs, tres-apte a donner des signaux geod^siques, ne remplacerait pas l'appareil de M. Le Sueur dans une correspondance tdl^graphique. — M. Edmond Becquerel lit la premiere partie d'un m&noire sur le de"gagement de l'electricite' et la determination rigoureuse de la force ^lectro-motrice des differentes piles. PHOTOGRAPHIE. SUR LA COMPOSITION CH1MIQUE DE l'imAGE PHOTOGRAPHIQUE PAR II. HARDWICH. Pour reconnailre la veritable nature de Timage photographique, M. Hardwich prepare une substance sensible a. base organique, qui differe du papier par une propriete importante : celle d'etre soluble dans le bain fixateur. De cette facon, apres Tap plication de l'hy- posulfite de soude ou de l'ammoniaque , toute substance qui ne se trouvera pas en combinaison avec l'argent reduit se dissoudra, lais- sant ainsi une matiere que Ton pourra analyser par les methodes ordinaires. L'albumine coagulde par le nitrate d'argent remplit ces conditions jusqu'a un certain point, mais le citrate d'argent vaut mieux encore, parce qu'il est soluble dans l'ammoniaque avant, mais non apres son exposition a. la lumiere. La premiere cbose a faire 6tait de rechercher la composition du chlorure d'argent noirci par la lumiere; puis celle du compose resultant de Taction solaire sur un melange de chlorure et de citrate d'argent; enfin de determiner autant que possible le change- ment qu'^prouve 1'image par son immersion dans le bain fixateur. M. Hardwich a aussi examine la nature des images developp£es par les acides gallique et pyrogallique. 1° Composition du chlorure d'argent noirci. — Du chlorure de sodium pur est precipite" par un exces de nitrate d'argent ; le prdci- pite place sur de la porcelaine et recouvert d'une cloche est expose a la lumiere jusqu'a noircissement complet. On obtient ainsi une poudre d'un bleu-violet qui retient sa couleur dans l'acide nitrique bouillant; l'ammoniaque et l'hyposulfite la decomposent en dissol- vant du chlorure d'argent et en laissant une petite quantite d'une poudre grise insoluble. Cette derniere parait n'etre autre chose que de l'argent metallique; d'ou M. Hardwich tire la conclusion que : par Taction de la lumiere le chlorure d'argent passe a, Tetat de sous-chlorure , lequel , par Taction du bain fixateur, se dedouble en chlorure d'argent et en argent metallique. Pour confirmer cette idee , M. Hardwich examine les propriety du sous-chlorure d'ar- gent qui se forme par Taction d'une solution de perchlorure de fer sur une plaque d'argent, et il trouve que ce phenomene de decomposi- tion par un agent fixateur est une des proprietes les plus caractd- ristiques du sous-chlorure. Comme le sous-oxyde d'argent precipite" du citrate d'argent par la potasse est aussi decompose" par l'hyposulfite et l'ammoniaque, il COSMOS. 653 est possible, d'apres M. Hardwich , que le chlorure d'argent noirci par la lumiere contienne a la foisdu sous-oxyde et du sous-chlorure et qu'il pourrait bien etre une espece tioxy-chlorure. 2° Action de la lumiere sur les sets d'argent organiques. Le citrate d'argent avec un exces de nitrate du menie metal de- vient, dans les rayons solaires , d'un brun chocolat, la substance qui affecte cette couleur est decoroposee par l'hyposulfite de soude et par 1'ammoniaque, en laissant une petite quantite d'une poudre de couleur noire intense. Un melange de ehlornre et de citrate se comporte de meme. La poudre noire qui reste ressemble au charbon animal, eileest si opaque qu'elle rend l'eau comme de l'encre ; elle se depose tres- lentement, et prend, s£chee, le brillant metallique sous le brunis- soir. Si on la fait entrer en incandescence, elle degage des produits empyreumatiques , et laisse condenser une matiere charboneuse ; elle blanchit et peut s'amalgamer plus facilement apres cette operation . II est done Evident que le produit resultant de la reduction et de la fixation du citrate d'argent n'est pas identique a celui cbtenu avec le chlorure : le premier contient une matiere organique, mais ne parait pas contenir de l'oxygene. 3° Preparation des surfaces sexsibles avec et sans Vaide de niatieres organiques. — Pour demontrer l'influence des matieres organiques dans cette operation, une premiere plaque de verre est couverte de chlorure d'argent pur d'apres la methode de sir John Herschel, qui consiste a plonger la plaque dans de l'eau tenant en suspension ce chlorure a. un etat de division extreme , nous nom- merons cette plaque A. Une seconde, B, est recouverte d'un me- lange de chlorure et de citrate d'argent auquel on ajoute un peu d'albumine ou de gelatine pour faire adherer les particules entre elles et sur le verre. En exposant ces deux plaques a la lumiere, on observe que la plaque B est la plus sensible des deux , el!e brunit bientot et finit par prendre une teinte bronzee, tres-fonc^e quand on l'eclaire par la lumiere transmise. La plaque A prend une teinte bleu d'ardoise, ne devient pas bronzee et reste plus ou moins translucide. Trait^es par l'hyposulfite, presque tout le sous-chlorure violet dela plaque A se dissout, la couchedevenant blanche par la lumiere r^fldchie et violet-pale par la lumiere transmise, tandis que la couche de la plaque B n'est presque pas aite>ee. L'action du per- maganate de potasse et de l'acidesulfhydrique differencie encore ces deux plaques. Ainsi la couleur de l'image sur la plaque A est alteree 65£i COSMOS. par le permanganate , mais son intensity n'est pas changed, tandis que par le memert§actif la plaque B devientjaune-brunatre et trans- lucide. L'action de l'acide sulfhydrique sur les photographies en diminue l'intensit£ , et dans quelques cas les detruit complement , si Tac- tion se prolonge, tandis qu'une image formed au moyen du chlorure d'argent pur sefonce en couleur par cet acide. De ces considerations il resulte ^videmment que l'image photo- graphique n'est pas de l'argent reduit et pur, mais une combinaison dc celui-ci avec d'autres elements, combinaison dont la destruction aiuone celle de l'image. M. Hardwich a soumis les epreuves photographiques a Taction d'agents autres que les oxydants et les sulfurants, et a constats' qu'il faut de vingt a cent fois moins de temps pour detruire ces epreu- ves que pour alterer une image formee sur du chlorure d'argent pur. 4. Theorie de l'image positive. En essayant d'expliquer la for- mation de l'image positive, il ne faut pas perdre de vue la tendance desoxydante dont est douee la lumiere blanche. II ne faut pas atta- cher trop d'importance au chlorure d'argent et au ph^nomene de la perte de chlore qu'il subit quand on Texpose a la lumiere, car nous produisons des images photographiques au moyen de sels qui ne contiennent point de chlore et le rdsultat reste le meme. D'ail- leurs quand on emploie le chlorure, il n'y a pas de chlore qui reste apres la fixation ; car, dans cette operation, le sous- chlorure violet est decompose, de sorte que le chlorure ne joue qu'un role secon- dare : l'image, d'apres M. Hardwich , se trouve reellement for- med sur un protoxyde d'argent, lequel, par le contact de la matiere organique et Taction de la lumiere , se trouve r&luit. Comme type de ce phenomene, on peut se figurer Talbuminate d'argent ou le citrate d'argent , qui prennent dans ce cas une teinte rouge brique consistant en sous-oxyde d argent. Si Ton mele du chlorure a Tal- buminate et au citrate, la sensibilite de la couche est plus grande; mais, apres le traitement par le bain d'hyposulfite, la teinte est la meme. Si Ton retranche le citrate, l'image fix6e est un peu plus foncee, mais conserve toujours sa teinte rouge. Les composes organiques d'argent, qui sont r^duits a 1'eHat de sous-sels colores par Thydrogene, le sont ^galement par la lumiere. 11 devient done probable que ces deux actions sont identiques. Pour prouver qu'il y a du sous-oxyde d'argent dans l'image pho- tographique, M. Hardwich traite par Thyposulfite de soude la COSMOS. 655 poudre brune resultant de Taction de la lumiere sur le citrate d'ar- gent ; la plus grande partie se dissout et la couleur passe du rou- geatre au noir. Mais si ce citrate a 616 reduit sur le papier, il n'est pas alte>e par Thyposulfite, le sous-sel s'etant fixe au tissu ve- getal. L' action de la lumiere reduit done les sels d'argent a un degre" inferieur de combinaison, et le sous-sel produit se decompose dans le bain fixateur en un proto-sel qui se dissout, et en une substance dont la nature s'approcbe plus ou moins de celle du m£tal. Mais quand le sous-sel est en contact avec des matieres organiques, la reduction par la lumiere n'est pas poussee aussi loin que quand ces matieres manquent, et de la les photographies sur papier sont plus susceptibles de s'alterer par le temps (parce qu'elles peuvent subir une reduction posterieure) qu'une image formeesur lechlorure d'ar- gent pur applique" sur verre. II requite encore de la que les teintes les plus legeres s'altereront le plus facilement , car il parait que 1'image est d'autant plus stable que sa nature approche davantage celle de l'argent meHallique , e'est-a-dire que la reduction est ;plus complete. 5. Composition des images developpees. 1° Lorsqu'on opere avec Xiodure d'argent, 1'image developpee s'approche plus de la nature de l'argent metallique que quand on emploie le bromure ou le chlorure ; 2° la nature d'une photographie depend de la nature de la substance sensibilisee. Ainsi une image sur collodion differe par ses proprietes d'une image sur papier, parce que le pyroxyle du collodion n'a pas d'affinite pour les oxydes d'argent et n'aide pas a leur reduction. Par la meme 1'image sur collodion sensibilise avec 1'iodure d'argent sera moins facilement developpee, mais resis- tera davantage aux agents destructeurs ; 3° 1'image sur collodion developpee au inoyen de l'acide pyrogallique differe de celle deve- loppee par le sulfate de fer en ce que cette derniere parait etre de la nature de 1'image produite par le chlorure d'argent pur, et que la premiere, au contraire, est evidemment une combinaison de la matiere organique avec un sous-oxyde d'argent ou avec le metal ; 4° les epreuves sur papier dont la teinte est rougeatre apres leur developpement par l'acide gallique sont moins stables que celles qui ont subi pendant plus longtemps Taction de cet acide et qui sont devenues ainsi plus foncees en couleur. SIGNAUX LUMINEUX A GRANDE DISTANCE. NOUVHAU TELEGRAPHE AERIEN S0LA1RE PAR II. LE SUEUR. M. Le Sueur a bien voulu nous dire qu'il avait puise l'idee de son nouveau mode de communication a distance, dans notre Traite de telegraphic electrique. Voici en effet ce que nous ecrivions en 1S51 dans notre seconde Edition, p. 10 : « Gauss a demontnSqu'un miroir de quelques polices carrel peut, a une distance de dix lieues et plus, projeter une lumiere egale a celle d'une etoile de premiere grandeur, s'il est dispose de maniere a renvoyer vers l'ceil de I'ob- servateurune portion de l'image du soleil... Les signaux consiste- raient dans une se>ie d'eclairs obtenus en faisant tourner le miroir ou en lecachant. Cette disposition, dont il serait trop long d'exposer ici tous les details, aurait l'avantage d'une production tres- rapide de signaux; et , ce qui est plus important, les observateurs places aux stations verraient seuls les signaux que rien ne pourrait arreter dans leur course. » Nous avions pense que pour realiser ce nouveau mode de trans- mission tres-utile a la guerre, on pourrait se servir de l'excellent heliotrope de Gauss, perfectionn^ par M. Steinheil, encore inconnu en France et dont nous donnons aujourd'hui la description emprunt^e a notre traite inedit d'optique physique et experimentale. M. Le Sueur, qui, lui aussi, n'avait jamais entendu parler de ce charmant petit appareil, en a imagine" d'autres plus appropries a une cor- respondance telegraphique suivie, et que nous sommes heureux de faire connaitre en analysant le memoire presente par lui a l'Acade- mie dans sa derniere seance. II commence d'abord par demontrer 1° que l'intensite de la lu- miere solaire projetee a une distance meme de quinze ou vingt lieues est plus que suffisante pour que les signaux soient parfaitement per- 9us; 2° que le champ dont on dispose pour l'orientation du miroir est assez considerable pour que Ton soit toujours sur de faire entrer le correspondant dans le faisceau lumineux; et pose ensuite nette- mentle probleme a resoudre. Comment arriver a mettre un homme peu instruit en etat de rdtablir a chaque instant l'orientation du miroir constamment de- truite par le mouvement diurne du soleil , complique- encore par la refraction astronomique? Comment surtout atteindre ce rdsul- tat, sans perte de temps, sans interruption dans le travail? Com- ment enfin trouver dans un phinomene toujours identique a lui- COSMOS. G57 meme la variete necessaire a un systeme de correspondence complet et rapide? Telles sont les questions qui restaient a etudier et sur lesquelles l'experience seule pouvait prononcer. S'll sV-nssait d'eclairer a l'aide d'un petit miroir un point nette- mentmarque sur un large ecran distant de quelques metres settlement, la difficult s evanouirait, car la trace lumineuse du faisceau reflechi sur l'ecran donnerait la notion directe de l'ecart et des mouvements a produire pour le cornger. Or, c'est a ce cas que la question peut etre ramenee par une disposition analogue a celle qu on emploie pour observer les taches du soleil. Elle consiste a placer dans le faisceau reflechi une lunette rSticnlaire dont l'axe oplique soit dirrge vers le point a eclairer, Yobjectif regardant le miroir. L oculaire est tire de facon a projeter sur un Scran place en arnere les images fonnees dans le plan du reticule, Sur cet Scran se dessinent alors, et le point de croisee rSticulaire, et l'image solaire, dont les positions relatives correspondent a celles du faisceau rSflechi et du point a eclairer. . , , , i v i • Lorsque, par un mouvement du miroir, le bord du disque lumi- neux vient toucher le point de croisee , a ce moment le faisceau reflechi commence a envelopper de lumiere la station correspon- dante. Lorsque le point de croisee occupe le centre du disque , la station est dans l'axe du cone lumineux. Ainsi l'operateur est initie a la marche du faisceau lumineux par rapport a une station qui peut etre distante de plus de vingt lieues ; il voit a quel moment elle entre dans le champ de lumiere, a quel moment elle en sort. Comment nontenant placera-t-on la lunette d'epreuve dans la direction convenable? On distinguera deux cas : suivant que l'on peut voir avec une lunette le point a eclairer, ou men que ce point est settlement oorfne par ses coordonnees gcographiques. Dans le premier cas, la petite lunette d'epreuve sera montee sur une plus grande a la maniere des chercheurs ordmaires. Les deux axes optrques seront bien parallels, settlement les deux lunettes regarderont en sens oppose. En visant alors le point avec la grande lunette l'orientation de la petite se trouvera par la meme eflectuee. Si le point trop eloigne pour etre vu etait settlement connu ap- proximative.nent par des donnees geographiques, et c est le cas des erandestriangulations, on se servirait dune lunette de theodolite ou meme de boussole que Ton placerait a 180° de la direction pre- sumie du point. . . Tel qu'il vient d'etre expose , l'appareil souffre une objection , 658 COSMOS. car il ne fonctionne pas egalement bien pour toutes les directions et a toutes les heures. En effet , la surface apparente du miroir est proportiormelle au sinus de l'inclinaison de son plan sur les rayons reflechis. Or, pour certaines directions cet angle varie d'une fa^on considerable avec l'heure du jour. Ainsi pour une reflexion allant de Test a l'ouest, Tangle serait nul au lever du soleil et atteindrait 90° a son coucher. Pour une reflexion de sens oppose , ce serait l'inverse. De sorte que le matin l'observateur ouest ne verrait pas le miroir est , et le soir l'observateur est ne verrait pas le miroir ouest. Ainsi les seules heures favorables au travail seraient celles du milieu du jour. On remedie fort heureusement a cet inconvenient de la facon sui- vante : au lieu de reflechir directement le faisceau lumineuxvers la station voisine, on le fait tomber surun secondmiroirfixe qui le renvoie dans la direction convenable. L'office de ce miroir est d'echanger i'in- commode direction du point a eclairer pour une direction symetrique par rapport a son plan. On dispose de l'inclinaison de ce plan de facon que la nouvelle direction soit a l'abri de l'inconvenient signal^. Or, la direction la plus avantageuse est evidemment cede de l'axe polaire, axe du mouvement diurne du soleil. L'inclinaison du miroir mobile sur les rayons reflechis reste alors sensiblement constante. En outre, le mecanisme y gagne singulierement sous le rapport de la simplicity car le mouvement du miroir se reduit a une rotation uniforme autour de l'axe polaire. Le miroir serait done monte pa- rallactiquement sur un arbre qu'on ferait tourner soit a la main, soit pour plus de commodite a l'aide d'un mecanisme d'horlogerie; sauf , dans ce dernier cas , correction a la main, chaque foisque le point de croisee pres de sortir du disque sur l'ecran en accuserait la necessite ; ce qui arrivera lorsque le retard ou l'avance du meca- nisme aura atteint une minute d'heure depuis la derniere recti- fication. Lorsque Ton aura interet a mettre de suite son appareil en fonc- tion, oncommencera par orienter sommairement son arbre tournant a l'aide d'une boussole et d'un niveau a bulle. On placera ensuite sa lunette d'epreuve , puis on dirigera son miroir mobile de facon qu'il reflechisse la lumiere a peu pres parallelement a l'arbre ; ce que des pinules fixes permettront de reconnaitre. Enfin on amenera le second miroir dans une position telle que le point r<§ticulaire occupe sur l'ecran le centre du disque lumineux , et Ton fixera ce second mi- roir. On n'a plus alors qua maintenir le disque lumineux sur le point de croisee au moyen des deux mouvements du miroir mobile. COSMOS. 659 Le vocabulaire qui trouve ici son application naturelle est celui du telegraphe electrique Morse. Sans entrer dans les details, il suf- fit de rappeler que dans le systeme Morse les signaux sont formes par une serie de points et de lignes qui correspondent a des passages de courant, brefs pour les points, prolonges pour les lignes. Dans le systeme solaire , nous avons un jet de lumiere dirige d'une station a l'autre et nous 'pouvons interrompre ce courant par l'interposition d'un £cran. En ecartant alors cet ecran pendant des temps plus ou moins longs, ou produira a volonte des Eclairs brefs ou longs qui correspondront aux passages de courant electrique, et seront de meme represented par des points et des lignes. II y a plus, le soleil reflechi peut peindre lui-meme ces points et ces lignes sur un papier photographique, glissant d'un mouvement uniforme au foyer d'un objectif. Le systeme d'ecran qui parait le plus avantageux consisterait en une espece de persienne metallique a lames tres-minces, ajus- t^es a tourillons dans leurs montants , de fagon a pouvoir tourner toutes ensemble a l'aide d'une tige qui les relierait. Cette persienne serait fixee sur l'arbre tournant et arreterait ha- bituellement l'arrivee des rayons solaires sur le miroir mobile. Lorsqu'on voudrait produire un eclair , on pousserait du doigt la tige dont un arret borne la course. Le soleil passerait alors entre les lames qui se presenteraient de champ. Des que la pression du doigt aurait cesse, un ressort ramenerait la tige et avec elle les lames a leur position premiere. Les glaces ne sont ainsi exposees au soleil que pendant le temps tres-court des Eclairs, ce qui n'est pas sans influence sur leur bonne conservation. Dans les appareils mobiles ou il importe de simplifier, la per- sienne peut etre supprimee ; les eclairs sont produits par un petit mouvement du miroir fixe qui prend sous la pression du doigt la position convenable , dont un ressort l'ecarte lorsque Taction cesse. Une experience a et6 faite entre la tour de St.-Sulpice et la tour de Montlery avec degrossiers appareils, executes par un charpen- tier et un serrurier. Les miroirs etaient des glaces du commerce du prix de 13 fr., et pr^sentaient un rectangle de 0m,35 sur 0m,55. A cette distance (28 kilometres), l'eclat des miroirs dtait tel qu'il fatiguait promptement la vue , les eclairs se succ^daient longs ou 660 COSMOS. brefs a volonte, sans aucune hesitation ; une correspondance regu- liere et rapide s'etablissait entre les deux points. L'experience a donne plus qu'on esperait, car elle a permis de constater que lorsque le soleil, voile par les brumes, s'effacait dans le ciel et se manii'estait settlement par une large zone argentee, le miroir etait encore sensible a l'ceil nu et tres-brillant a la lunette, de sorte que, nieme en cette circonstance, les signaux pourraient etre transmis a l'aide d'un ecran. L'appareil presente a l'Academie est un appareil dispose pour suivre les colonnes expeditionnaires. II offre cet important avan- tage qu'il permet a deux personnes placees en vue l'une de l'autre, mais ignorant leur position respective, de se reconnaitre , puis d'entrer en correspondance reguliere. A cet eflet, on rend horizontal l'axe de rotation du miroir tour- nant, et Ton place ce miroir de fa^on a refl^chir parallelement a son axe la lumiere solaire. Cette lumiere reflechie tombe alors sur le second miroir qui est rendu vertical et peut tourner autour d'un axe vertical. II renverra done successivement vers tous les points de l'horizon la lumiere emise parle premier miroir. La zone horizontal qu'dclaire chaque demi-rotation du miroir vertical presente un demi-degre de hauteur ; si Ton craint que quel- que point n'ait echappe, on modifie un peu l'inclinaison de l'un des juiroirs et Ton obtient de nouvelles zones d'eclairement superposees a la premiere. Tous ces mouvements sont guides par l'ecran de la lunette qui accuse a chaque instant la direction du faisceau emergent et dis- pense de toute precision. La personne que Ton cherche recevra done des eclairs trop bril- lants pour ne pas e'veiller son attention, elle reconnaitra le point d'ou ils partent, s'orientera sur ce point, lui renverra un feu per- manent sur lequel on pourra s'orienter a son tour, et la correspon- dance reguliere s'etablira. l' HELIOTROPE DE M. GAUSS PERFECTIONNE PAR M. STE1NHEJL. M. Gauss a donne le nom d'Heliotrope a un petit instrument invente par lui et qui a pour fonction de projeter un rayon de lu- miere sur un objet place" a une tres-grande distance, et vu soit a l'oeil nu, soit a l'aide d'une lunette. L'instrument primitif de M. Gauss se composait de deux petits miroirs fixes, places per- COSMOS. 661 pendiculairement l'un a l'autre , et adaptes a une lunette de telle sorte que si on voyait a la fois : 1° &ur un des miroirs, 1'image r£flechie du soleil ; 2° a travers ce meme miroir, un objet quel- conque tie l'horizon , le rayon solaire reilechi par le second uuroir etait necessairement renvoye sur ce meme objet. M. Steinheil a perfectionne ce precieux instrument, et nous le decrirons avec soin. Voici d'abord le principe sur lequel la nouvelle construction repose. Soit 0 l'ceil de l'observateur, S, le soleil, MN, le miroir a faces paralleles dont on a di'truit lV'tamage vers le centre C, de telle sorte que les rayons solaires soienl en meme temps et reflechis et transmis. TT est un petit tube place sur le prolongement SC du rayon solaire et dont le pied est occupe par un morceau de craie tres-blanche : cette craie s'illumine sous Tac- tion des rayons solaires, et devenue a son tour un centre lumineux, elle emet des rayons qui , reflechis par la seconde surface du miroir, produisent dans fceil une image du soleil dclairee dune lumiere blanche tres-douce. A enfin est l'objet place a distance, la croix , par exemple , d'un clocher. Cela pose , il est evident que si , le tube TT etant toujours sur le prolongement du rayon SC, on fait tourner le miroir autour du point C jusqu'a ce que l'ceil voie a la fois l'objet A par transmission directe et par reflexion 1'image du soleil issue de la craie; le rayon SC rdflcchi par la premiere sur- face du miroir, ira frapper l'objet A; car si. CT est le prolongement de SC , CA sera aussi le prolongement de OC. 66: COSMOS. L'heliotrope de M. Steinheil est re- presents en demi-grandeur, fig. 2. A est une vis qui sert a fixer l'instrument sur une base solide quelconque ; B est la boite creuse placed exactement au- dessous du petit trou T mdnage" dans l'etamage du miroir. 1° L'appareil tout entier tourne autour de l'axe AC ; 2° l'ensemble de la boite et du miroir tourne autour de l'axe horizontal D ; 3° le cadre EE qui porte le miroir, tourne autour de l'axe BG ; 4° enfin le miroir tourne autour de l'axe hori- zontal HH. Cet ensemble complet de mouvements etait absolument neces- saire pour qu'on put atteindre tous les points de l'espace , quelles que fussent la hauteur et la position du soleil au-dessus de l'horizon. La vis dtant enfonce'e dans le bois , on fait tourner la portion superieure de l'ap- pareil d'abord autour de la verticale CD, puis autour de l'axe hori- zontal D, jusqu'ace que le rayon solaire, traversant la petite ouver- ture T, tombe exactement au centre du tube BZ ; et Ton serre alors les deux vis C et D : on a en soin de placer a l'orifice de la boite B, une lentille dont le foyer tombe a la surface de la craie qui est ainsi mieux illumined. Maintenant, l'oeil nu ou arme" d'une lunette £tant place sur la ligne horizontale menee par le centre T du petit trou, on fait tourner soit le cadre EE autour de la verticale, soit le miroir au- tour de la ligne horizontale HH, jusqu'a ce que l'image blanchatre du soleil llmise par la chaux et rSfiechie a la seconde surface du mi- roir, couvre l'objet apenju directement a travers le miroir, et en serre la vis I, on est sur alors que les rayons du soleil refie'chis par la premiere surface vont frapper ce meme objet. Ajoutons que le morceau de craie est place au sommet de la vis G que Ton devisse quand il faut le remplacer. PROCEDES ET USINES ELECTRO-METALLURGIQUES DE M. OUDRT, A AUTEUIL ET PASST. CUIVRAGE ELECTRIQUE DES OBJETS EN FER ET EN FONTE. Le fer et la fonte sontdes corps mdtalliques tellement oxydables que souvent, dans l'industrie, Ton est oblige" de renoncer a leur em- ploi et de les remplacer par le cuivre, dont la nature est loin d'etre aussi susceptible d'oxydation. Mais l'emploi du cuivre presente deux graves inconvenients : 1° sa rigidite moins grande que celle du fer; 2° son prix beaucoup plus eleve que celui de ce metal. Aussi a-t-on recours souvent a un moyen terme qui consiste a recouvrir le fer ou la fonte d'une ou plusieurs couches de minium et par-dessus d'une peinture quelconque a l'huile. Mais, outre que ce moyen de preservation est tres-imparfait et de peu de duree , il arrive fr£- quemment que la nature des travaux ou des constructions ne permet d'employer aucune peinture. Nous avons deja dit, en parlant des coques de navire, que M. Oudry deposait le cuivre sur le bois et les metaux, soit imm£- diatement ou par application directe, avec emploi successif de deux bains, l'un de cyanure, l'autre de sulfate de cuivre ; soit mediate- ment ou apres application pr^alable d'un endu'it impermeable et mdtallisant de son invention, et dont il s'est assure la propriete par un brevet. Nous passerons tour a tour en revue les principales ap- plications de ces deux sortes de cuivrage. Cuivrage immediat on procede direct. Un certain nombre de travaux ou d'objets en fer et en fonte ont a supporter ou une grande fatigue ou une haute temperature, ou enfin une forte pression, et il faut, par consequent , que 1'intimite^ du cuivre dont on les recouvre soit parfaite , absolue, avec le metal sous-jacent. Ainsi, par exemple, les clous en fer qui servent aux bordages des navires en bois, doivent vaincre une assez grande resistance avant d'etre completement enfonces dans le bois ; et quoique prealable- ment on ait soin de percer des trous pour faciliter cette operation, il n'est pas moins vrai que la pression qui entoure chacune des faces de ces clous est grande, et que si le cuivre etait depose sur un en- duit intermediate, il pourrait arriver que ce cuivre se detachat ou se dechirat, a moins qu'il n'eut une certaine epaisseur ; mais alors le prix de revient de ces clous recouverts de cuivre serait trop eleve, eu egard a leur destination. 664 COSMOS. II faut done, de toute nccessite, decaper les clous avec soin et les recouvrir de cuivre au nmyen des deux bains : le premier, alcalin ou neutre, le second, acide. Le prix de revient de ce cuivre est plus e1ev6 en raison des deux operations a l'aide desquelles on l'obtient ; mais malgre cet incon- venient, les clous ainsi prepares rendront des services a la marine, car ils ne coutent, pour leur cuivrage, que le double du zincage ou de la galvanisation dufer, et ils feront un usage beaucoup pluslong. Outre les clous de marine, recouverts d'une faible epaisseur de cuivre pour remplacer le zincage, il existe une application beaucoup plus avantageuse, qui consiste a deposer par l'electricite une forte epaisseur de cuivre sur des clous et chevilles. en fer qui remplace- ront alors avec avantage les clous et chevilles en cuivre pur ; ils couteront moitie moins cher, seront bien plus resistants et dureront beaucoup plus longtemps que ces derniers. II en est de raerae pour les rouleaux d' impression sur etoffes. Jusqu'ici ces rouleaux sont composes : 1° d'un arbre en fer plein ; 2° d'une viroleen cuivre ou en laiton d'environ 3 centimetres d'e- paisseur qui recouvre l'arbre en fer. Ce travail est extreinement difficile a executer, et, pour y parvenir, il faut absolument que la virole en cuivre ait une forte epaisseur : aussi chacun de ces rou- leaux coute, en moyenne, de 550 a 600 fr. Ces rouleaux consti- tuent pour les fabricants d'impression , une depense enorme; il y a en Alsace telle manufacture de toiles peintes qui possede une collection de rouleaux d'une valeur d'un million et demi envi- ron. Par le procede electro-metallurgique, des arbres en fer sont recouverts directement d'une forte epaisseur de cuivre ; mais comme il n'est pas nccessaire d'augmenter, outre besoin , cette epaisseur, un centimetre est suffisant pour obtenir neuf ou dix gravures succes- sives, et le prix de revient d'un de ces rouleaux varie de 250 a 300 fr.; e'est done une difference fort considerable. En France le materiel en rouleaux est presque uniquement compose de cuivre jaune ou laiton ; or, on pourra tres-facilement recouvrir les vieux rouleaux de toute epaisseur de cuivre pur, et par la , les faire servir indefiniment. En outre , tout le monde sait que le cuivre de fusion n'est pas homogene, qu'il renferme presque toujours des soufflures produites, soit par des impuretes, soit par des bulles d'air. Pour supprimer ces soufflures^ on emploie des rivets (en cuivre), taraudes, qui souvent ne remplissent pas tout a fait ces cavites, et font alors le desespoir des graveurs. Avant chaque gra- vure nouvelle, il faut remettre le rouleau sur le tour pour enlever COSMOS. 665 l'ancienne gravure, ce qui fait d^couvrir de nouvelles cavites, et exige de nouveaux rivets. Enfin, comtne le meilieur cuivre du commerce, le cuivre rosette, est loin d'etre pur, et qu'un rouleau est constamment en contact avec des mordants, dont Taction corrosive est d'autant plus rapide que le cuivre est plus impur, il se forme alors une sorte de batterie galvanique, et tous les corps heterogenes, que le cuivre renferme dans sa composition, sont attaques et d^truits a la longue. Le cuivre depose" par Telectricite" etant toujours chimiquement pur, il n'y a ni soufflures a craindre, ni rivets a placer ; aussi la gravure est-elle plus facile et plus belle que celle qu'on obtient sur le cuivre ordinaire. II est done probable qu'avant peu d'ann6es, la plupart de nos grands manufacturiers ne voudront plus employer d'autres rouleaux d'impression sur eUoffes. Parmi toutes les autres applications du systeme direct , nous citerons les suivantes : 1° Les vis de vannes et autres ; M. Oudry a reconvert de cuivre, par ces proc£des et avec £paisseur d'un millimetre, de grandes vis de vanne pour le service de la pompe a. feu de Chaillot, et ces vis fonc- tionnent parfaitement; 2° les objets de grosse chaudronnerie en fer et en fonte, exposes a une haute temperature. S'agit-il de recouvrir de cuivre des chaudieres en toles, assemblies par des rivets ou boulons? II faut cuivrer chaque piece separement , e'est-a-dire lorsque tout est pret pour l'assemblage, mais, bien entendu, avant cet assemblage ; si, au contraire, on mettait dans le bain alcalin la construction ddja assemble, Telectricite" ne pourrait, que fort im- parfaitement, deposer le cuivre entre les assemblages des toles et sous les t&teS des rivets; et lorsque, plus tard, on voudrait donner de Tepaisseur au depot, en plongeant la chaudiere dans un bain de sulfate de cuivre, les parties mal prdservees, dont il vient d'etre question, s'attaqueraient immediatement, et Ton serai t oblige de retirer la piece pour la recommencer entierement jusqu'a quatre ou cinq fois, sansiaucune certitude d' avoir jamais reussi. Un autre grave inconvenient pourrait resulter de Taction trop prolongee de Telectricite sur une piece metallique plongee dans le bain alcalin; il arrive souvent alors que le cuivre , en se deposant plus longtemps qu'il ne faut, prend trop d'^paisseur, et, dans cet etat, il s'en- leve ou s'exfolie par le gratte-brossage. Enfin, en admettant meme la reussite, le prix de revient de ce cuivre se trouverait, par suite de toutes ces manipulations successives , considerablement augmente. 666 COSMOS. En general, pour les travaux de grosse chaudronnerie, en fer ou en fonte, qui doivent suhir une certaine elevation de temperature, il est indispensable de recourir au systeme direct , et de ne jamais operer que sur les pieces isolees qu'on n'assemble qu'apres l'opera- tion electro-chimique. 3° Les chaines de fer; les armatures ; les cercles de tonneaux ; lespointes, elites de Paris, et toute la clouterie; les clefs et serrures ; les cremones ; les outils en acier, surtout lorsque ces objets doivent etre employes a des navires, et enfln une certaine partie des objets de quincaillerie en fer et en fonte. Cuivrage medial ou procede indirect. Nous venons de voir que pour certains travaux en ferou en fonte, il est utile, ne'eessaire meme, de d^poser le cuivre directement sur le fer ou la fonte. Mais, en dehors de ces travaux exceptionnels, il est toujours preferable d' avoir recours au procede indirect. En effet, le succes de l'industrie electro-m£tallurgique exige la reunion de quatre conditions essentielles : 1° la preservation absolue des m£- taux sous-jacents ; 2° la qualite des depots de cuivre ; 3° la quantity ou la facilite de produire beaucoup en peu de temps ; 4° le bas prix dans la production. Quelques personnes ont fait une observation ou plutot une ob- jection sans gravite ; elles ont dit : En recouvrant les objets en fer et en fonte d'un enduit quelconque, n'alterez-vous pas la purete* des lignes? Nous repondons : oui; mais, outre que ce defaut est leger, parce que Ton a soin pour les statuettes et autres objets delicats de formes , d'employer un enduit beaucoup plus fin que celui dont on se sert pour les pieces de grandes dimensions, nous ne voyons aucun moyen de l'eviter utilement. Le cuivre depose directement sur le fer et la fonte coute fort cher et , meme avec epaisseur , ne protege que tres-imparfaitement ces metaux. II n'y a done pas a h£siter entre les deux systemes; ou il faut avoir recours au depot indirect, ou il faut continuer a recouvrir le fer et la fonte de peintures quel- conques, et de poudres imitant plus ou moins les tons du bronze, et qui alterent au moins autant les formes artistiques des objets. Les applications industrielles du procede indirect sont fort nom- breuses; nous ne citerons que les plus importantes : ainsi les constructions en chaudronnerie de fer , lorsqu'elles ne sont pas ex- poses a subir une haute temperature ; les portes d'ecluse et de barrages en fer ou en fonte ; les tubes ou conduits d'eau de fonte COSMOS. 667 ou en fer creux ; les statues , vases et ornements en fonte de fer ; les grilles , balcons, rampes d'escalier , les candelabres publics, les fontaines monumentales en fonte de fer; les garnitures de feu, les pateres, les porte-parapluies, et en g^ndral toute la quincaillerie en fonte de fer. Chaque jour fait de"couvrir de nouvelles applications de ce sys- teme , et il serait impossible de les prevoir toutes, meme approxi- mativement ; mais qu'il nous soit permis de repeter qua l'exception de certains travaux ou objets qui doivent subir soit une forte pres- sion, soit une grande torsion, soit enfin une haute temperature, tous les produits du fer ou de la fonte qui ont besoin d'une protection effi- cace et delongue duree contre l'oxydation provenant de Taction de l'air, de l'eau ou de l'humidite interieure de la terre , ne peuvent etre preserves que par le procede indirect, dont les avantages sont evidents. II donne d'abord toute certitude de preservation complete, et lapreuve existe dans l'operation meme; car, si le fer et la fonte, pr&dablement recouverts de l'enduit metallisant etplong£s pendant plusieurs jours dans un bain de sulfate de cuivre dont la base est acide , etaient imparfaitement proteges par cet enduit ou plutot s'ils n'etaient pas rendus completement neutres , ils seraient atta- ques et corrodes promptement par l'acide sulfurique contenu dans le bain. La qualite" du cuivre depose depend uniquement de 1'expeVience des operateurs , pourvu toutefois que le sulfate de cuivre soit de tres-bonne qualite, car alors rien n'est plus facile que d'obtenir un bon depot metallique. La quantity depend en grande partie des procedes employes, soit pour la production de l'electricite\ soit pour la disposition des pieces dans les bains, avant de fermer le circuit; mais l'elevation ou l'nbaissement de la temperature naturelle ou factice est une cause r6"elle d'augmentation ou de diminution de production dans un temps donne. Enfin le bas prix resulte du peu de complication des operations pre'paratoires et definitives, car toutes ces operations, si longues par le systeme direct , sont remplacees par l'enduit d'une pari et le sulfate de cuivre d'autre part. Rien n'est done plus simple et moins couteux . Les prix ne sauraient etre uniformes pour tous les travaux indis- tinctement; ils varient , au contraire , selon l'importance ou les difficultes des applications ; mais ils sont toujours assez peu eleves pour que le cuivrage ne cesse pas d'etre une bonne operation. VARIETES. SUR LB TYPHUS DE CRIMEE Analyse d'une lettre de M. Baudens a l'Acad6mie. « Causes. — On s'accorde gendralement a reconnaitre que la fievre typho'ide et le typhus ont pour cause le miasme organique. C'est incontestable, au moins pour le typhus ; il est engendre par la misere, par 1' accumulation, par 1'encombrement dans les prisons, dans les navires, dans les camps, dans les hopitaux ; on pourrait le faire naitre et mourir aj volonte. Une fois ne spontanement sous l'empire des causes precitees, le typhus se propage ensuite par in- fection. La contagion, encore mise en doute pour la fievre typho'ide, n'est pas contestable pour le typhus. A l'ambulance de la premiere division du troisieme corps, presque tout le personnel hospitalier, presque tous les soldats entrds pour d'autres maladies, et 15 me- decins sur 16 ont eu le typhus. Entre la Crimee et Constantinople 37 medecins, 20 soeurs de charity, 8 aumoniers, des centaines d'in- firmiers , tous pleins de sante, sont morts empoisonnes au souffle des maladies typhiques. Le typhus dure tant qu'on ne s'est pas rendu maitre de In- fection, L'incubation du miasme organique parait etre en moyenne de six jours. Marche et spnptomes. — L'etat prodromal, lassitude, sommeil non reparateur, douleurs loinbaires, horripilations, tension doulou- reuse de la tete , vertiges, si communs dans la fievre typho'ide, a souvent manque. Le typhus, assez souvent debute d'cmblee par un frisson initial et par la periode inflammatoire, marquee par unetat catarrhal, plusoumoinsprononce desyeux, des fosses nasales et des bronches; par une forte cephalalgie frontale vertigineuse, comme dans l'ivresse; par la stupeur, qui est le cachet du typhus; par un delire calme ou furieux; par une grande prostration des forces; par une soif intense et souvent par un etat saburral. La peau, brulante, se couvre , apies deux ou trois jours, d'une eruptiou exanthemateuse qui n'a manque que chez des sujets deja epuises par d'autres maladies^ etqui differe essentiellement de celle de la fievre typho'ide. Kile se montre au tronc et aux membres par groupes ineguliers de taches arrondies d'un rouge fonce sans relief, moins grandes qu'une lentille, ne dlsparaissant pas par la pression ; sans petechies, tans sudamina, que je n'ai vus que trois ou quatre fois sur des milliers de malades. La continuity tie la fievre avec pouls de cent (rente pulsations. COSMOS. 669 a 6t6 souvent interrompue par un, et plus rarement par deux pa- roxysmes reguliers, en vingt-quatre heures, assez semblables a des acces de fievre remittents, et qui ont donne* au typhus de Crime'e un caractere particulier. Le ventre est souplesans douleur, sans mdteo- riation, sans ce gargouillement dans la fosse ihaque droite, si carac- teristique de la fievre typhoi'de. La constipation a toujours rem- place' le flux intestinal de la fievre typho'ide quand la dyssenterie n'existait pas dej'a avant l'invasion du typhus. Apres la periode inflammatoire qui dure cinq a six jours, survient la periode ner- veuse, marquee par les phenomenes ataxiques ou adynamiques et souvent par un melange des deux a. la fois. La mort est survenue souvent le troisieme jour, meme le deuxieme et quelquefois le premier. Le typhus etait alors foudroyant dans la force du mot. Rarement il a persiste au dela de douze a quinze jours. Le retour a la saute* a presque toujours eu lieu dans les dix premiers jours. Le malade passait tout a coup du trepas a la vie ; le delire, la stupeur, tombaient tout d'un coup comme par magie, mais le malade conservait encore des cauchemars tres-peni- bles, de la surdite, un affaiblissement de la vue et une perte plus ou moins complete de la memoire. Toutefois, on ne remarque pas, comme dans la fievre typho'ide, la chute des cheveux. La convalescence, si lente dans la fievre typho'ide, march e rapi- dement dans le typhus, et les ecarts de regime sont peu redou- tables. Traitement. — Avant tout, de l'air pur sans cesse renouvele ; respecter la periode inflammatoire comme un effort supreme de la nature pour chasser au dehors le poison miasmatique par une poussee exanthematique a la peau ; ne saigner que si le sujet est tres-fort, s'il y a menace d'apoplexie cerebrale ; preferer le plus souvent a une saignee g£nerale , dont il faut etre tres-sobre, quel- ques sangsues aux apophyses mastoi'Jes ou quelques ventouses entre les epaulesl; recourir aux memes moyens quand la petitesse du pouls trahit l'oppression des forces vitales qui se relevent apres une depletion sanguine moder^e. Quand, des le debut, comme dans le typhus de Crimee. il y a des paroxysmes remittents, les couper par quelques doses de sulfate de quinine pour retablir la continuity de la fievre qui tombe alors d'elle-meme apres quelques jours, quand elle n"est pas entretenue par une lesion organique accidentelle. Cette complication a frequemment lieu lorsqu'on ne prend pas soin d'a- ndantir les paroxysmes. Au debut du typhus un emeto-cathartique est avantageux, quand surtout il existe de l'embarras gastro-intes- 670 COSMOS. tinal; boissons mucilagineuses ou acidulees,et in erne eau vineusc. Dans la periode nerveuse , recourir aux remedes usites contre l'a- taxie et l'adynamie. Dans ce dernier cas, les toniques, tels que le vin de Malaga et de Porto, out eu un grand succes. » LE LAC DE GENEVE CONSIDERE COMME RESERVE DU RHONE TAR M. L -L. VALLEE Inspecteur general des pouts et chauss^es. « Les malheurs qu'eprouve en ce moment la Vallce du Rhone, me rappellent un projet que l'Academie a vu avec inte"ret par plusieurs communications que j'ai eu l'honneur de lui presenter depuis les debordements de ce fleuve , en 184.0. C'est la creation d'une reserve du Rhone dans le lac de Geneve, projet qui est decrit dans mon ouvrage intitule : du Rhone et du lac de Geneve. Des questions graves preoccupaient alors (fin de 1840), et, entre autres, pour Geneve, celle de savoir si les fortifications seraient demolies. On pensait aussi a rendre le Rhone navigable du lac a Seyssel. Ces preoccupations empecherent que j'achevasse la mission qui m'avait eke" donnee officiellement de me concerter avec les auto- rites suisses ; je fus rappele et on ajourna mon projet. Aujourd'hui il n'est plus question de rendre le Rhone navigable du lac a Seyssel, et la demolition des fortifications de Geneve est decidee. De la, un moyen de rendre la reserve du lacbeaucoup plus avantageuse en derivant, pour les cas d'inondation, l'Arve dans le lac par un canal de 2 000 metres de longueur partant de l'amont de Carouge et allant en ligne droite dans le Leman par les fortifications de Test de la ville. L'ex6cution de ce canal est parfaitement prati- cable. L'ensemble des ouvrages ne couterait que 3 millions au plus, y compris une digue dans le lac, laquelle serait un grand embellisse- ment pour le pays, et deux barrages mobiles, l'un a Geneve et l'autre a Carouge. Avec ces ouvrages , sur les ordres telegraphiques donnes de Lyon, en raison des circonstances pluviales, les eaux du Rhone seraient arretees a Geneve, celle de l'Arve jetees dans le lac le s raient egalement : Lyon, au lieu de recevoir par le Rhone 5 000 metres d'eau par seconde, n'en recevrait que 4, et Avignon, qui en re5oit 12 000, n'en recevrait que 11. Or , d'apres les calculs et les details tres-developpes donnes dans mon ouvrage, il estaise" de voir : 1° Qu'a. Lyon , en supposant la vitesse moyenne du fleuve de COSMOS. 67! 3 metres et sa largeur de 300, la hauteur des eaux aurait cte dimi- nuee de lm,02; 2° Que, vers Avignon , la vitesse essants sur la valour des diametrea des planetes qui offrent un disque mesurable, valeur d^termince au 25 674 COSMOS. moyen du micrometre a double image, par le Rev. R. Main, atta- che" a l'Observatoire de Greenwich : Mercure. — Diametre a la distance moyenne de la terre au soleil 6",89 „. _ — — 17",55 Fenus. — — ' Cette seconde valeur est remarquable en ce que M. Main a tenu compte de l'irradiation (laquelle du reste n'a aucune influence sur les mesures prises le soir), et quelle surpasse le diametre de la terre, vu de la meme distance, lequel, avec la parallaxe maintenant admise, savoir 8",57, serait 17",14. Ce serait done un exces de 0",41 en faveur de Venus, ce qui equivaut a ^ environ. Le volume de Venus, par suite, serait supe- Tieur a celui de la terre d'environ ^ , ce qui est le contraire de ce qui est admis dans tous les Traites d' astronomic jUars. _ Diametre de 1'unite de distance comme ci-dessus 9", 8* L'aplatissement de Mars est £, nombre bien plus petit que ceux qui ont 6te admis jusqu'ici. Jupiter, d'apres un grand nombre d'observations : Diametre equatorial a la distance 5,20279 qui est la distance moyenne de cette planete au soleil, A 1'unite de distance 197", 24 1 Aplatissement TfT&i 1 •; M. Struve trouve pour cet aplatissement j$-q- C'est le quotient de la difference des deux diametres polaire et equatorial de la planete divise" par le diametre equatorial. Nous saluons avec bonheur deux missions scientifiques con- fiees a des hommes parfaitement capables de les remplir. M. La- mont, directeur de l'Observatoire de Munich, par ordreduroi de Baviere, va etudier et observer le magnetisme terrestre dans le sud de la France, l'Espagne et le Portugal. M. Piazzi Smith, directeur de l'Observatoire d'Edimbourg, ira , aux frais du gouvernement anglais, faire, ausommet du pic de Teneriffe, des observations de physique astronomique. — Le Moniteur annonce qu'un puits art^sien, for<5 a la profon- deur seulement de 60 metres, a Sidy-Rachet , donne par minute 3 600 litres d'eau claire et tres-bonne, qui rendront la vie a plusieurs oasis del'Oued-Rir. Le directeur des travaux, M. Jus, envoye par la maison Degoussee et Laurent, declare que ce forage est son plus beau succes. PHOTOGRAPHIE. SOCIETE FRANCA1SE DE PHOTOGRAPHIE. SEANCE DC 20 JUIN 1856. Au lieu de commencer a huit heures et demie precises comme l'indiquait le programme, la stance ne s'ouvre qua neuf heures et demie, au regret de tous les assistants. M. Durieu, vice-president, esperait voir arriver a chaque instant le president, M. Regnault, dont la presence dtait ardemment desir£e , voila pourquoi il a tant attendu. M. le vice-amiral Lugeol, photographe amateur tres-distingue^ ou mieux un des veterans de la photographie, assiste pour la pre- miere fois aux reunions de la Societe, et recoit les felicitations em- presses de tous les membres. II ^prouve de son cote un grand bon- heur a faire connaissance avec les sommites de l'art, les Bayard, les Belloc, lesBertsch, les Ferrier, etc., etc. — M. Cahours fait hommage a la Societe du second volume de ses lecons de Chimie. — La Societe* des beaux-arts de Caen envoie un exemplaire de ses Annates. — M. Humphrey , l'apotre zele" de la photographie en Ame- rique, sollicite l'^change de son journal avec le Bulletin de la Societe. — MM. Bertsch et Arnaud font hommage de deux magnifiques ^preuves de portraits photographiques , pris nkemment par eux. Le premier est celui de M. Milne-Edwards, tiers de nature, en grand costume de doyen de la Faculte- des sciences ; il est destine a la collection de M. Lenoir, de Vienne, et ne laisse rien a de"sirer; il a ete pris avec un objectif de cinq pouces. Le second, le portrait de M. Thenard, photographe, est beaucoup plus etonnant ; la pose n'est pas tres-heureuse, le visage est vu trop de cote; mais, comme faire photographique, perfection de l'ensemble, admirable nettete des details, c'est tout a fait le beau ideal; on compte tous les poils de la barbe et des cheveux, tous les fils des habits ; les yeux out l'as- pect et l'eclat des yeux vivants; cette image temoigne au plus haut degre de la perfection de 1' objectif, etc. Or. personne ne voulait croire que cet objectif double n'eut que 36 lignes d'ouverture, 30 centimetres de foyer, et que 1' image eut ete prise en moins de quinze secondes, quoiqu'elle soit au moins tiers de nature. Nous sc.nmes heureux de pouvoir dire que cet objectif merveilleux, sans foyer chimique, sort des ateliers de M. Jamin. Chose singuliere, il avait 6t6 refuse* par le premier photographe qui en fit l'essai, et 676 COSMOS. cepenJant il a seduit M. Bertsch des que son ceil exerce' eut vu l'image qu'il donnait. — M. Montau fait hommage de deux grandes vues, obtenues avec des negatifs sur collodion instantane; l'une de ces vues, qui represente le port d'Etrdtat avec une barque pleine de personnages dans diverses attitudes, est trouvee fort belle. — M. le comte Aguado pr^sente une copie photographique par- faite d'un beau et curieux dessin a la plume et a l'encre de Chine, de M. Lanet de Limencey. — M. Thevenin de Rome envoie , sans faire connaitre encore ses proced^s, trois gravures heliographiques, bien reussies. La Conispoiidenzascientifica, qui fait cadeau a ses abonnes d'une de ces gravures, semble indiquer que le precede" de l'habile photo- graphe romain est une simple modification ou compilation des me- thodes de MM. Niepce de St- Victor, Riffault, Negre, Baldus, etc.; il nous semble cependant que la planche qui sert au tirage a et^ creusce electriquement par un moyen analogue a ceuxde MM. Caron ou de Vicenzi. — La Societe des arts , de Bruxelles, qui organise, comme on sait, une exposition pourle 15 aout, prie la Societe" de vouloir bien centraliser les collections photographiques de ses membres pour les faire parvenir, en un seul envoi, au Paiais de l'exposition. Cette proposition est aeceptee avec empressement. Les photographes fran- cos ne montrant pas beaucoup d'empressement, en raison, sans doute, des defenses qu'une exposition entraine toujours avec elle, et craignant en consequence que la France ne soit pas convenable- ment representee, M. l'abbe- Moigno demande, si la Societe, riche d'un tres-grand nombre de belles epreuves de presque tous nos artistes en renom, ne pourrait pas, ne devrait pas organiser elle- meme une exposition collective qui sauvegarderait nos int^rets et notre honneur. Cette demande est vivement appuyee, et la Societe prendra cette mesure dans le cas oil ses membres ne r^pondront pas en nombre suffisant au nouvel appel qui leur sera fait. — MM. Duncan et Dallas, qui ont organise aLondres, ainsi que nous l'avons dit, une Compagnie puissante pour 1' exploitation du proc6de" de gravure photo electrique de M. Pretsch, prient la Socie'te de constater et de proclamer que les brevets anglais et francos de M. Pretsch sont anterieurs a ceux de M. Poitevin ; que partant ce proce'de' de gravure est leur propri^te" et qu'ils ont seuls le droit de 1'exploiter. La comparaison des dates prouve , en effet , que M. Poitevin a £te devance" par l'artiste allemand, ainsi que nous COSMOS. 677 l'avons explique dans une de nos livraisons de mai, ily a deux mois. M. f abbe Moigno explique sommairement en quoi consiste ce pro- cede base essentiellement sur l'emploi de la gelatine bi-chromatee a l'aide de laquelle on obtient une image en creux ou en relief, sui- vant que pour obtenir le dessin photograpbjque on se sert d'un positif ou d'un negatif; cette image est ensuite transform^ en planche dont on peut tirer des epreuves a la presse a impression ou a la presse a taille-douce , par le procede de clichage ordinaire ou de la galvanoplastie. MM. Duncan et Dallas ont joint a leur lettre une collection d'e- preuves obtenues par ce moyen; elles sont toutes tirees comme des tailles-douces et vraiment acceptables commercialement , c'est-a- dire qu'elles sont comparables a de bans positifs obtenus par la lu- roiere; mais tout semble indiquer que les planches galvano-plas- tiques ont ete retouchees a la roulette avant le tirage. Nous avons surtout remarque quelques epreuves stereoscopiques provenant de positifs sur verre albumine de M. Ferrier , Tare de triomplie de l'empereur Constance, et le portail de St.-Ouen ; elles produisent un effet de relief saisissant , ce qui semble exclure le fait de retouches faites a la main , et valent tres-certainement deja les reproductions sur papier albumine. Si nous avons bien entendu, le prix des gravures photo-galvaniques serait encore assez eleve, sans doute a cause de la double ou triple operation que leur production exige; mais e'est deja un grand pas de fait en raison de leur fidelite et de leur inalterability. — II importe grandement de faire remarquer qu'en outre de son procede de gravure qui lui est ainsi enleve, par une coincidence tout a fait extraordinaire, M. Poitevin est auteur d'une m^thode de photo- hthographie fondee sur le meme principe : l'emploi de la gelatine bi cbromatee, et que M. Pretsch ne reclame pas, ne peut pas reclamer., qui reste la propriete de M. Poitevin, et que nous persistons a croire plus riche d'avenir. Comme nous l'avons deja dit, une commission de la Societe procede en ce moment a l'essai et a 1'examen de cette methode, elle a deja fait executer un certain nombre de reproduc- tions pholo-lithographiques de paysages, de portraits, d'objets de nature morte, qu'on aurait pu exhiber des aujourd'hui, mais elles ne sont pas encore absolument parfaites, et Ton a juge convpnnble, en consequence , de renvoyer leur presentation et le rapport a la prochaine seance. A l'heure qu'il est, M. Poitevin est un pan de- vanc^ et battu par les Anglais, mais nous ne doutons pas qu'il ne prenne noblement sa revanche, surtout si, comme nous le desirons 678 COSMOS. ardemment, il s'associe a M. Lemercier, l'incomparablelithographe. — M. Van Monckhoven , a l'occasion des experiences de photo- graphie de la lune avec 1 'object if g6ant de M. Porro, adresse des observations et des conseils qui n'ont rien de bien neuf, et dont il sera peut-etre difficile de profiter. L'habile photographe sup- pose que l'image photographieesera celle grossie par les oculaires, dontil faudrait, dans ce cas, rendre les courbures absolument par- faites ; mais l'image photographiee sera naturellement l'image formee directement au foyer de l'objectif, moins amplifiee sans doute, mais plus lumineuse. Pour corriger la difference des foyers chimique et photog^nique, M. Van Monckhoven conseille de mettre sur le trajet des rayons lumineux une glace jaune parallele, ou un vase a faces paral- lels contenant un liquide jaune ; les rayons jaunes sont tres-peu photogeniques, le temps de la pose serait done beaucoup plus long. Si Ton ne veut pas diminuer dans une proportion enorme Tintensite' de la lumiere, il faudra donner a la glace ou aux parois du vase de grandes dimensions, or Ton sait que dans ces conditions le paralle^- lisme est presque impossible a obtenir. Que M. Monckhoven se rassure, la difference de foyers chimiques et lumineux n'est pas un inconvenient grave, elle ne nuira pas plus dans l'objectif de M. Porro qu'ellen'anuidans lesobjectifsde MM. Bond, Hartnupp, etc., etc. II proposait en outre d'instituer, pour proc&Ler aux experiences, une commission anglo-frangaise; ce n'est ni ndcessaire ni opportun, des hommes tels que MM. Porro , Leon Foucault, Le Gray , Bertsch, etc. , sauront remplir parfaitement la mission qui leur est confine. M. Durieu annonce avec une immense satisfaction que M. le due de Luynes, devenu depuis peu de temps membre de la Society, a resolu d'inaugurer sa bienvenue par la fondation d'un prix tout a fait princier, dont il se contente d'indiquer l'objet principal en laissant au conseil a nSdiger le programme et a juger le merite des concurrents. Ce prix est de dix mille francs , et il sera d^cerne" a l'auteur d'un proc£d6 absolument efficace et parfaitement perma- nent de reproduction des images primitivement dessinees par la lumiere. M. le due de Luynes , savant distingue" et archeologue Eminent , a parfaitement compris les services que la photographie a deja rendus, et tend a rendre de plus en plus quand il s'agit de perpetuer le souvenir completement fidele des monuments histori- ques de toute nature. Mais ces services seraient grandement amoindris ou annuls si les dessins si exacts que la lumiere trace elle-meme devaient disparaitre un jour, comme tout le fait craindre COSMOS. 679 jusqu'a present. Le plus important done dansl'^tat actuel de 1'art est d'arriver a obtenir des copies tout a fait inalterables de ces dessins, et de les obtenir sans intervention de la main de l'homme, ou sans modification aucune apportee au travail de la lumiere. Comme rien n'est plus inalterable que l'encre formee de charbon et d'un corps gras qui donne les images de la gravure et de la lithographie, le probleme souleve" par M. le due de Luynes revient au fond a decou- vrir un proc^de automatique de transport sur mdtal ou sur pierre des n^gatifs ou des positifs de la photographic C'est pr^cisement le probleme que MM. Lemercier, Niepcede St. -Victor, Belloc, Pretsch, Poitevin, etc., etc., poursuivent avec tant d'ardeur ; ils sontsi pres de l'avoir resolu que le prix sera certainement gagne, et en fort peu de temps. M. Durieu a laisse" entendre que si, par hasard, par bonheur, ou a force de recherches , on arrivait dans l'intervalle du concours a. decouvrir un procede" nouveau de tirage photog^nique de positifs indestructibles, le prix pourrait etre partage en deux sommes de 5 000 francs, accordtjes l'une au tirage par la lumiere, l'autre au transport sur pierre ou sur metal. Sur l'invitation de M. Durieu, les membres presents votent par acclamation des remerciements aM. le due de Luynes. MM. Re- gnault et Durieu lui soumettront dans un rendez-vous prochain le projet de programme qui sera public- dans la reunion de juillet. — M. Belloc presente et decrit un nouveau systeme de chassis pour le tirage des positifs. II s'agit d'obtenir 1° que la pression du cliche" n^gatif contre le papier qui doit recevoir l'image soit parfaitement uniforme , constante , incessante ; 2° que Ton puisse, sans e>ailler l'image negative , sans rien deranger au con- tact primitivement £tabli , pouvoir examiner la teinte du positif. pour s' assurer qu'elle est ce qu'elle doit etre. Les chassis ordinaires remplissent mal ces deux conditions , MM. Brebisson et Ferrier les ont successivement modifies avec avantage , mais la pression etait encore plus forte sur les bords qu'au centre, ou sur le centre qu'aux bords, suivant la position des crochets ; et pour surveiller le positif, il fallait retirer avec effort une plaque de verre , sans efforts deux demi-plaques de verre, mais avec danger de les Readier sur les bords. Or, voici comment M. Belloc a resolu cette difficulty. Le der- riere de son chassis est comme a l'ordinaire forme de deux volets a charnieres ; mais ces deux volets sont vides a l'inteVieur ; leurs profondeurs de pres de 2 centimetres sont occupees par des ressorts perpendiculaires a la paroi et sur lesquels reposent fortement fixers 6S0 COSMOS. rleux demi-plaques de verre ; de sorte que, quand les volets sont ferine? et les crochets mis en place, les deux demi-plaques de verre pressees par les ressorts appuient energiquement et uniform 6 ment contre le papier dispose sur le negatif. Cette adherence est si forte que lorsqu'apres avoir ouvert un des volets en le faisant tourner autour de la cliarnie-re, l'autre restant en place, on tire sur la feuille de papier, elle reste immobile, et se dechirerait plutot que de se laisser entrainer. On comprend sans que nous ayons besoin d'insister que rien n'est plus facile que de surveiller dans ce systeme le de- veloppement de Pimage positive ; il suffit en effet pour cela d'ou- vfrir tour a tour chacun des volets , l'autre restant en place et maintenant la coincidence premiere. On n'a plus alors aucun de- rangement du papier, aucune eraillure des plaques , aucune brisure du negatif a redouter. Tout ce qu'on pouvait craindre, c'est que l'absence de pression directe ou immediate au centre, le long- de la ligne de separation des deux volets, ne determinat dans l'image une lacune, un espace moins bien venu; mais il n'en est rien. M. Belloc a tire tous ses positifs, depuis trois mois avec le nouveau chassis, et il est impos- sible a 1'ceil le plus exercd de discerner une difference ou inegalite d'impression dans la ligne centrals. Tout le monde s'est accorde a reconnaitre que le systeme propose par M. Belloc est la solution complete d'un probleme que l'elevation de temperature produite par 1'exposition au soleil et les jeux de bois qui en sont la suite, ren- daient tres-difficile. Un thermometre mis en contact avec lesparois interieures du chassis marque souvent 50, 60 degrees et plus, et il est impossible que les dilatations irregulieres du bois ainsi chauffe" n'amenent pas des pressions inegales de la glace et du papier, pres- sionsqui peuvent faire briser la glace. M. Belloc faisait remarquer que les parois en bois de ses volets dont le jeu cependant n'aitere pas la pression ou 1'adheVence du papier a la glace, sont formees de trois feuilles de placage superposees dans trois directions differentes , de telle sorte que dans leurs contractions et dilatations successives, elles -e contrarient et forment un ensemble de forme invariable. Le nou- veau chassis est en vente des ce jour, chez M. Delahaye, et malgre son heureuse et utile complication, son prix ne depassera pas 3 fr. , le chassis ordinaire de meme grandeur. — M. Relandin , l'habile constructeur d'dbenisterie photogra- phique, succede a M. Belloc et presente a son tour un chassis nouveau qui est presque a l'antipode de celui du celebre artiste : c'est le retour a la simplicite, nous dirions presque a 1'enfanee de COSMOS. 681 l'art, tandis que celui que nous venons de decrire est le maximum du progres. M. Relandin supprime les deux volets de la face post£- rieure et les remplace par un fond unique tournant aussi autour d'une charnierey mais arrete et pressc a ses angles ou sur les cotes mobiles par des coins en hois. M. Relandin supprimerait meme vo- lontiers la seconde glace, celle qui appuie le papier centre le ruVa- tif, et affirme qu'il ne voit aucun inconvenient grave a cette sup- pression. Mais il ne faut pas disputer des gouts, et le chassis de M. Relandin, plus simple et moinscher, seduira peut-etre plus d'un photographe. — M. Maxwell Lyte adreese une nouvelle communication rela- tive a l'emploi de l'acide phosphorique en photographie ; il ne s'agit plus d'un proedde dans lequel on se servirait d'un agent aussi ener- gique que l'acide nitrique et 1'ammoniaque pour faire disparaitre momentanement une image que Ton retablirait ensuite par des reactions contraires, mais de la simple substitution de l'acide phos- phorique a l'acide acetique ou a l'acide citrique dans les liqueurs sensibilisatrices et revelatrices. M. Maxwell Lyte est convaincu que cette substitution a des avantages reels ; les photographes qui nous entouraient, et M. Belloc entre autres, sont loin de partager ses con- victions. Attendons pour donner les nouvelles formules que nous ayons le texte de la note sous ies yeux, et pour juger le procede, qu il ait fait ses preuves. II ne les fera pas dans les mains de son auteur, car M. Maxwell Lyte , plein de vie quand il ecrivaat sa let.tre a la Socidte de pho- tographie, etait mort lorsqu'il en a e^te donne lecture. Cette perte inattendue excitera; en Angleterre et en France d'unanimes7. et profonds regrets. — M. Relandin, encore, met sous les yeux de l'honorable assistance son pied de daguerreotype grandement et ingenieuse- ment modifie. C'est bien toujours celui dont nous avons parle dans notre livraison de mai, d'un petit volume, d'un poidsassez minime ; mais il ne se compose plus de tringles detachees qu'il fallait rattacher et reunir; l'assemblage, cette fois, est fait en tres-grande partie ; il ne reste qu'a faire giisser 1'une sur 1'autreles deux moities de cha- cune des branches de la pyramide ; le montage du pied sur place devient done plus facile et plus rapide. La solidite est tres-suffi- sante, la cbambre obscure bien installee sur le triangle qui constitue la plate-forme peut bien prendre toutes les positions voulues d'obli- quit^ ou de rotation panoramique, il y a done un pas reel de fait, mais il reste un peu de complication et d'embarras. ACADEiHIE DES SCIENCES. SEANCE DTJ 23 JOIN 1856. M. Auer, Imminent directeur de rimprimerie impdriale de Vienne (Autriche), a fait hommage a l'Academie d'un volume de planches et d'un volume de texte du magnifique ouvrage qu'il publie de con- cert avec MM. C. von Ettingshausen et A. Pokorny , sous ce titre : Physiotypia plantarum austriacarum , physiotypie des plantes d' Autriche. Ces planches, auxquelles on ne peut rien comparer de tout ce qui a ete publie jusqu'a ce jour, sont des facsimile exacts des plantes, de ve>itables feuilles d'herbier artificiel obtenues par ]a methode d'impression naturelle. Cette methode, decouverte par MM. Auer et Vornung, consiste, comme nous l'avons souvent rap- pele, 1° a obtenir sur une lame de plomb une empreinte parfaite- ment fidele en creux d'une plante ou d'un objet plat quelconque ; 2° a convertir cette empreinte creuse d'abord en une planche en relief, puis en une ou plusieurs planches en taille-douce, par les procedes de la galvanoplastie ; 3° aimprimer ces dernieres planches en encres de couleurs, de maniere a rendre parfaitement et les formes et l'appa- rence de l'objet. Nous avons sous les yeux, pendant que nous £cri- vonsces quelqueslignes, un grand nombre de planches de cet atlas que nous tenons de la bienveillance de M. Auer, et nous ne pou- vons assez les admirer; on dirait la plante elle-meme aplatie et collie sur papier £pais. M. Auer demande que sa collection soit renvoy^e a l'examen d'une commission , avec priere de prononcer sur le parti que Ton peut tirer de la nouvelle methode dans la pu- blication desouvrages d'histoire naturelle. Esperons que la commission fera bientot son rapport et qu'elle s'empressera de rendre a l'habile et infatigable directeur l'hommage d'admiration et de reconnaissance qui lui est du. Nous aussi nous acquitterons envers M. Auer une dette ancienne et sacree, en es- quissant 1' ensemble des e^onnants progres qu'il a realises et qui ont place" l'imprimerie de Vienne au premier rang des imprimeries du monde. — M. de Souza adresse une addition a son m^moire sur la de- termination des fonctions inconnues placets sous le signe d'inte'- gration. — M. Petit-Jean, a Montrouge, demande que les notes relatives a l'agriculture, soumises par lui au jugement de l'Academie, soient, en l'absence de M. deGasparin, renvoy^es a l'examen de M. Bous- singault. COSMOS. 683 — M. Nollet, pharmacien a Nantes, appelle 1' attention de l'A- cadEmie sur la n^cessite de s'opposer au degagement des miasmes qui pourraient naitre de l'infection des eaux stagnantes laissees par l'inondation. Le prEservatif qu'il conseille consiste dans l'injection au sein des mares d'une certaine quantite de chaux. II nous semble que le sulfate de zinc, employe suivant la methode du docteur Falconi, serait beaucoup plus efficace sans etre beaucoup plus couteux. Pourquoi ne donnerait-on pas a quelques medecins ou pharmaciens qui se sont plus specialement occup£s des disinfections, la mission officielle d'aller Etudier et appliquer sur les lieux les moyens les plus prompts et les plus puissants de prevenir les fievres contagieuses par trop menacantes? A Lyon surtout, il serait facile de se procurer a bas prix d'enormes quantites de sulfate de zinc que MM. Perret extraient si facilement de leur minerai de Chessy et de Sainbel. M. Philippo Angeli adresse a l'Academie une lettre 6crite en encre indelebile, et demande que sa lettre soit soumise a toutes les epreuves imaginables par la commission des papiers de surety. II sera repondu a l'auteur que son encre ne sera pas eprouv^e tant qu'il n'en aura pas revele la composition. Cette fin de non-recevoir nous semble bien rigoureuse. M# ie Ministre d'Etat envoie des echantillons d'un vernis in- combustible qui lui ont et^ adresses par un certain M. Bussier, comme facilement applicable aux toiles et aux planches des cou- lisses de theatre que le vernis preserverait de l'incendie. M. le Mi- nistre desirerait aussi que ces Echantillons fussent soumis a des ex- periences propres a constater la precieuse propriety qu'on leur at- tribue. II sera repondu a son Excellence qu'il faut avant tout que M. Bussier fasse connaitre la composition de ses vernis. Unchimistedontnousn'avons pu saisirlenom, a trouve dans un certain glucose ligneux le premier exemple d'une substance pas- sant de l'etat inactif ou de non-action sur la lumiere polarisee, a l'etat actif avec polarisation rotatoire, par une simple modification physique. Ce passage, s'il e"tait constats, serait, en eflet, en dehors des previsions de la science actuelle. — M. Jean Muller, le grand anatomiste, reclame la priorite de plusieurs des faits relatifs a l'appareil accommodateur de l'ceil, r6- cemment enonces par M. Rouget comme decouverts par lui. M# Vicat adresse une nouvelle note relative a Taction que l'eau salee ou de mer exerce sur les mortiers hydrauliques. MM. Zalewski et Korilski ne cessent pas de demander que leurs 68i COSMOS. ^lucubrations fantaisistes sur la pesanteur universale et la m£te.o- rologie deviennent enfin l'objet d'un serieux exannn. M. Charles Bailly, le reTormateur de la geometrie, qui veut abso- lument qu'on prennejpour unite- de surface et de volume, non plus le carre etle cube, mais le triangle equilateral ct le tdtraedre re'guiier, communique une Note sur un moyen facile de diviser immediate- ment une droite donnee en 3, 6, 9, etc., parties egales. — M. Lartigue , capitaine de vaisseau , qui a consacre une grande partie de sa vie a l'etude des vents, adresse une Note sur les vents, les ouragans et les tempetes de la Mediterrande, nous l'analyserons avec soin. — M. Sicard, docteur en medecine a Marseille, adresse une monographie complete de la canne a sucre de la Chine, dite Sorgho sucre. II croit, en outre, avoir assez bien merite de la science pour demander son inscription sur la liste des candidats de la section de medecine et de chirurgie. Cette demarche n'est guere parlementaire. — M. Millot-Brule, de Rhetel (Ardennes), beau-frere du general Reibell , adressa a l'Academie, le]Soctobre 1855, un Memoire dans lequel il formulait le resultat vraiment extraordinaire de ses recherches : « Multiplication a l'infini, placement sur tous les points donnes a. l'avance, et direction en tous sens de branches charpentieres et fruitieres des arbres, avec facilite de faire partir du meme point autant de bourgeons qu'on le desire, sans aucune trace d'operation, et d'obtenir dans chaque brancheun equilibre plus par- fait de la vegetation. » Ce Memoire, en outre du recit des nom- breux faits pratiques obtenus par l'auteur, contenait un fait scienti- fique extremement nouveau, la multiplicite en puissance de chaque bourgeon elementaire , la possibilite de faire apparaitre un nombre quelconque d'individualites la oil l'onitait accoutume" a n'en voir qu'une, et comme tel, il meritait evidemment de devenir l'objet d'un rapport acade"mique. La commission, composee de MM. Brongniart, Decaisne, Payer, en a sans doute pense autrement, M. Payer eut la bonte d'ecrire a l'auteur que son Memoire , du ressort naturel de la Societe impdriale d'horticulture, serait la mieux accueilli. Yoila pourquoi M. Millot demandait aujourd'hui, a son grand re- gret, l'autorisation de reprendre son Memoire et les pieces a l'appui- Nous idents et seront par- faitement compris apres ce que nous avons deja dit ; nous les enumererons rapidement. Les renes, au moyen de la double clef, se trouvent reunies sur le dos du cheval et saisies par les mains du cocher absolument comme le sont les renes du cheval de selle; celui-ci peut alors dinger son cheval par une simple inflexion du poignet sans jamais quitter son fouet; il a reconquis l'unite" de renes, 1' unite d'action, l'unite de force. La tige en m£tal est fixee au mantelet, qui se lie au corps du cheval par une sangle ; par la meme les renes ont un point d'appui certain, invariable, qu'elles ne trouvaient point sur les anneaux d'attelle, attaches au collier qui flotte sur le col du cheval. Par Tangle, ouvert dans le sens du mors, que les renes forment en passant par la double clef, elles sont toujours en contact avec leur point d'appui, qui n'^chappe jamais au cocher, quoi qu'il arrive. La mobilite de la clef jumelle, qui peut hausser ou descendre, permet de mettre les renes au-dessus de la croupe du cheval, quand il est en selle ou que le siege de la voiture est bas ; et hors de la portee de la queue du cheval pendant les chaleurs. Cette combinai- son de clef a encore pour resultat que le cheval est toujours en main et soutenu, sans fatigue pour le cocher, sans que ses barres soient trop serrees et blessees, sans que les renes aillent se perdre dans les brancards. Le ressort en caoutchouc a £te ^galement! applique" au cheval de COSMOS. 691 selle, qui est alors comme soutenu par une main invisible a l'insu du cavalier. Mais M. Lachaume ici encore a place" le caoutchouc aux fausses renes et non pas aux renes, comme l'ont fait si irra- tionnellement les Anglais; les renes, ainsi que nous le rappelions, sont l'appereil directeur, les rendre elastiques c'est tout simple- meut retarder Taction exerce'e sur le mors, la rendre plus lente, mais non moins forte ; on perd beaucoup en temps sans rien ga°ner en puissance. En resume', ce que M. Lachaume a voulu obtenir, et ce qu'il a obtenu, c'est : 1° que les renes qui sont un levier agissent avec toute la puissance qui leur est propre, en conservant au mors sa forme la plus simple et la plus inoffensive, en dispensant de recou- rir a ces formes nouvelles qui blessent ou irritent la bouche du che- val, et qui n'ont pour resultat de^finitif que de le rendre plus vicieux ; 2° que les fausses renes deviennent en quelque sorte anim^es par Masticite" qu'on leur donne ; qu'elles fassent sentir incessamment leur presence au cheval, par une action forte et douce, de telle sorte qu'il se sente a. la fois contenu et libre, soutenu et releve. La nouvelle invention avait paru a l'Exposition universale de 1855, mais trop tard, elle Cut par consequent exclue du concours; ce que n'a pas fait le jury central, l'opinion publique le fait de plus en plus chaque jour ; des essais d£ja nombreux, tentes par des homines speciaux, ont demontrd ses nombreux avantages. Nous avons sous les yeux une lettre dans laquelle M. Tessier, professeur d'equitation de Macon, rend compte des excellents resultats qu'il a obtenus des appareils de M. Lachaume, dans l'education de jeunes betes. L'une, a bouche excessivement irritable, portait la tete basse et ne supportait pas qu'on la tint relev^e par les fausses renes ordinaires; l'addition du seul ressort en caoutchouc a corrige ce de- faut en une seule seance. L'autre refusait constamment de tourner de droite a gauche , les anciennes renes etaient impuissantes a vaincre son obstination ; il a d'abord essaye de resister au nouvel appareil complet, mais il a cddd presque imm^diatement comme doming par une force superieure qu'il subissait sans irritation. F. Moigno. P. S. Les ressorts en caoutchouc de M. Lachaume sont fabri- que"s par MM. Aubert Gerard et O, qui sont depositaires de son appareil. VARIETES, "UOrVEMENTS VIERATOIRES NE* Dr FROTTEMENT tar m. duhamet.. (Analyse.) " Le frottementa eteconsidere pour la premiere fois comme pro- duisant des vibrations et des sons, dans une note que j'ai presented a TAcademie en 1836, et qui avait pour objet Taction de Tarchet sur les cordes. Lorsque j'eus donne la veritable cause du son produit , j'en cal- culai les effets, et je parvins a cette premiere proposition generale : Le mouvement de la corde par rapport a la position d'equilibre (pi elle prendrait sous I 'influence d'une force egale a celle du frottement, est le me me que celui de la corde abandonnee a elle- meme en part ant dune position initiale , qui seralt relatwement a sa position en ligne droite , ce que celle-ci est en rapport a celle d'equilibre ci-dessus dcfinie. II resultait d'abord de cette proposition que, sous Taction de Tarchet, la corde devait executer des vibrations de meme durde que lorsqu'elle est pince"e et abandonnee librement a elle-meme; que par consequent elle devait rendre le meme son dans les deux cas : ce qui est conforme a l'experience. Mais il se presenta immediatement a mon esprit une autre eon- sequence necessaire : Le mouvement de la corde pincee finissant par s'aneantir par suite des communications avec V air et les supports, celui de la corde frottce pat V archet pendant un temps indefini devrait , mal- grc la persistence de la cause, Jinir lui-meme par s aneantir. Or, ce fait n'ayant jamais ete enonce, et pouvant meme paraitre assez peu vraisemblable, il etait necessaire de le produire, ou d'a- bandonner ma theorie. II suffit pour cela d'employer une roue ayant son axe fixe, et parallele a la droite qui joint les deux extremity fixes de la corde. Le frottement de la roue met d'abord la corde en vibration, et fait entendre le son fondamental. Mais si on la fait mouvoir assez rapi- dement pour que son mouvement relatif soit dans un sens constant, et que par suite la direction de la force de frottement soit constante, on voit bientot le son disparaitre ; la corde reste £cartee de sa po- sition naturelle, et par consequent la force de frottement continue a s'exercer, en meme temps que le mouvement de la roue continue indefinement. Ce fait curieux, quejevenais ainsi de decouvrir theoriquement COSMOS. 693 et de verifier experimentalement , ayant fortifie mes idees sur ce point important d'acoustique, j'en etudiai de nouveau les conse- quences, et je parvins a la decouverte d'un nouveau fait, plus sin- gulier encore que le precedent, mais qui cependant devait etre reel si mon explication etait juste. Ce fait consiste en ce que Von peut etablir enlre la vitesse et la pression de X archet des rapports tels, que le son produit soit plus grave que le sonfondamental. Et 1' ex- perience m'a fait voir, en effet, que Ton peut, au moyen de l'archet. tirer d'une corde une multitude de sons fort au-dessous de celui que Ton avait regarde" jusqu'ici comme le plus grave. Ainsi la theorie que je proposals resultait necessairement de l'existence evidente de la force de frottement, et non-seulement elle s'accordait avec les faits connus, mais encore elle avait conduit a deux decouvertes singulieres, dont la verification experimental en donnait une con- firmation qui ne laissait pas place au doute. Dans ce nouveau memoire, je eonsidererai la force de frottement d'une maniere geneYale , qui renfermera comme cas particulier ce que j'ai dit a 1'occasion de l'archet. 1. Lorsqu'un corps exerce une pression sur un autre et que leurs surfaces glissent l'une sur l'autre, il se produit sur eux deux forces tangentielles egales et opposees, que Ton nomme forces de frotte- ment, qui dependent de la nature des forces, sont proportionnelles a la pression, et independantes de la vitesse de glissement. Nous admettons ce principe comme resultant d'un grand nombre d'expe- riences precises , du moins dans les limites ou nous nous renfer- merons. Cela pose\ considerons un systeme de points tres-voisins les uns des autres , formant soit un fil, soit un corps elastique quelconque, et dans un etat d'equilibre stable. Dans une ou plusieurs parties plus ou moins elendues de sa surface etablissons des contacts avec d'autres corps qui les pressent , et glissent en meme temps. II se produira alors sur la surface du systeme donne des forces tangen- tielles, qui seront connues de direction et d'intentite , si Ton donne la nature des surfaces en contact, la pression et la direction du mouvement relatif. Dans ce cas , la recherche des differents etats par lesquels passera le systeme rentre dans la question generale de Fequili'ure et du mouvement de ce systeme sollicite" par les forces donnees. Ainsi, lorsque Ton promene un archet sur une corde tendue, sur une verge, sur une plaque, ou un corps quelconque, les effets pro- duits pourront etre calcules en introduisant une force tangentielle, 69a COSMOS. proportionnelle a la pression exerc^e, et appliqu^e en un des points du contact, ou plutot repartie sur toute l'£tendue de la petite sur- face du contact. On supprimera alors la consideration de l'archet , et Ion n'aura plus qua chercher le mouvement des points d'une corde ou d'un corps elastique quelconque sollicite" par des forces connues. II. Lorsqu'un corps elastique, de forme quelconque, est frotte" par un ou plusieurs archets exerc,ant des pressions constantes, le mou- vement de chacun de ses points par rapport a la position d'equilibre resultant de Introduction des forces de frottement, est le meme que celui qu'ils auraient par rapport a la premiere position d'equi- libre, si Ton modifiait convenablement l'6tat initial. Cette modifica- tion consiste simplement a retrancher, des composantes des depla- cements initiaux des differents points , les accroissement que su- bissent les coordonnees de ces points en passant de leur seconde position d'equilibre a la premiere. Si la pression de l'archet n'£tait pas constante, mais variait tres- lentement , on pourrait la considerer comme constante pendant un intervalle fini , et recevant brusquement le petit accroissement qu'elle aurait acquis a ce moment. L'action de ces archets peut etre remplacee par une modification dans l'etat initial ; et, par hy- pothese, cette modification n'altere pas la periodicity du mouve- ment. Si la pression changeait lentement, elle pourrait etre consi- dered comme la meme pendant un assez grand nombre de vibrations de la corde. Le son sera done sensiblement le meme pendant toute la duree du frottement. L'expeVience confirme ces indications de la theorie. Lorsque la vitesse de l'archet surpasse constamment celle des points en contact, nous avons demontre" que le mouvement dtait le meme par rapport a, la position d'equilibre sous l'influence de la force de frottement, qu'il serait par rapport a sa position primitive d'equilibre, en partant d'un certain 4tat initial. Or, dans ce dernier cas l'exp6rience montre que, par suite des resistances n£glig£es dans le calcul, le mouvement finit promptement par s'^teindre. II resulte done de notre theorie qu'il en doit etre ainsi du mouve- ment produit par l'archet : qu'il doit s'eteindre, quoique l'archet continue ind^finiment a se mouvoir en produisant le meme frotte- ment ; et que l'etat final de repos est celui dans lequel il y a equi- libre entre toutes les forces du systeme et celle que produit le frot- tement. Si par suite de l'etat initial et de la constitution du corps, il arri- COSMOS. 695 vait que la vitesse des points en contact avec l'archet fat tantot plus grande et tantot plus petite que celle de ce dernier, la force changerait de sens, et les consequences precedentes ne subsiste- Taieirt plus. II faudrait a chaque changement concevoir le nouvel &at d'equilibrecorrespondant, et prendre pour e"tat initial l'&at ac- tuel du systeme. C'est ainsi que l'on calculerait 1'effet d'un leger obs- tacle oppose au mouvement par le frottement sur un corps immo- bile : parexemple, lorsque l'on applique legerement le doigt sur unecorde mise en mouvement par un archet, la resistance change alternativement de sens, et pourvu quelle ddpasse une certaine limite, le point de contact finit par devenir immobile, et forme ce que l'on appelle un nceud. II peut encore arriver que le point de contact parvenu a la meme vitesse que l'archet, soit oblige" de le suivre a cause de la resis- tance que le frottement lui oppose, ou encore parce qu'il aurait at- teint sa vitesse maximum. Dans ce cas la durde de la vibration dans ce sens peut etre augmented d'une quantite plus ou moins grande, dependante de la pression et de la vitesse de l'archet. Le son s'a- baisse alors, puisqu'il y a moins de vibrations dans le meme temps. Cette consequence de ma theorie a ete verifiee par l'experience, et j'ai ainsi prevu et constate ce ph^nomene inattendu , de sons nets et fort au-dessous du son fondamental. III. Les lois des sons produits parle frottement des verges sont les memes que ceux que produirait toute cause qui deplacerait les tranches et leur imprimerait une vitesse quelconque, comme par exemple un choc longitudinal. L'experience verifie pour les verges ce resultat de la theorie, comme elle l'avait fait pour les cordes. Nous supposons ici que les forces de frottement conservent chacune leur sens et leur intensity ; et il faut pour cela, non-seule- ment que la pression soit constante, mais encore que la vitesse rela- tive du corps frottant et de la partie de la verge en contact avec lui soit toujours de meme direction. On se mettra dans ces conditions, en donnant a ce corps une vitesse suffisante ; mais alors il devra se presenter encore, comme dans le cas des cordes, ce phenomene remarquable, que le mouvement et le son devront s'affaiblir et dis- paraitre promptement, quoique les roues frottantes continuent leur mouvement. L experience a complelement confirme les previsions de ma theorie. Pour les verges comme pour les cordes, on peut concevoir que la vitesse de la roue ne soit pas toujours superieure a celle que les sections en contact tendent a prendre ; et alors il devra y avoir 696 COSMOS. abaissement du son. Je serais heureux d'apprendre que quelque habile experimentateur y fut parvenu. Notre theorie s'appliquant a tous les systemes de points et a tous les frottements qu'on y peut appliquer, on peut supposer la direction du frottement perpendiculaire a la longueur de la verge. Les mouvements transversaux qui en resulteront seront done perio- diques comme ceux qui proviennent d'un ecartement transversal. On aura les meme lois pour les sons produits, et Ton reconnaitra, comme pour les cordes, les phenomenes de la disparition du son, et de l'abaissement au-dessous du son fondamental. » SUR LA SAPONIFICATION DBS CORPS GRAS PAR LES OXYDES ANHYDRES PAR M. J. PELOUZE. On admet generalement que la saponification des corps gras ne saurait s'accomplir sans la presence de l'eau ; les experiences de M. Pelouze prouvent que cette opinion n'est pas rigoureusement exacte, et que les oxydes me'talliques auhydres sont aptes a. former des savons tout aussi bien que les memes bases hydratees ou melees a l'eau. La chaux anhydre melee au suif en determine vers 250° la sa- ponification complete. Le savon calcaire decomposed par un acide donne une quantite d'acide gras representant 95 a 96 pour 100 du poids du suif employe-. Ces acides gras ont paru en tout point identiques avec ceux reti- res du suif par M. Chevreul. Le meme savon cede a. l'eau de la glycerine melee avec une tres- petite quantite d'un sel calcaire soluble. Pendant la reaction il se degage une fumee blanche d'une odeur de sucre brule , dans laquelle on distingue aussi celle de l'acetone. Ces vapeurs, dont le poids n'excede pas en general 2 a 3 pour 100 de celui du suif, ont ete condensees. On y a trouve de l'eau, de 1' acetone et de la glycerine. II suffit de 10 parties de chaux auhydre pour saponifier comple- tement 100 de suif ; avec 10 ou 14 la saponification se produit avec une plus grande facilite. Lorsqu'on opere sur de grandes quantites du melange il est tres- difficile d'eviter une destruction complete de la matiere ne laissant plus qu'une masse noire charbonneuse. La baryte et la strontiane anhydres effectuent la saponification du suif et des huiles comme la chaux. L'oxyde de plomb se comporte de meme. COSMOS; 697 Ces faits ne changent en rien la theorie actuelle de la saponifica- tion. En effet, lorsqu'on saponifie le suif par l'oxyde de calcium, si lesacidesanhydres qu'on peut supposer tout formes dans la matiere grasse sont respectes entierement, il n'en est pas de mtme de la glycerine. Le suif perd 2 pour 100 au moins de son poids et on ne peut attribuer cette perte qua une decomposition correspondante de la glycerine. Les acides anhydres saponifient aussi les corps gras neutres a uue temperature elevee, mais Taction est lente, difficile et incom- plete. On a fait passer pendant plusieurs heures un courant de gaz acide chlorhydrique sec dans du suif entretenu a 250°. II s'est pro- duit des vapeurs abondantes de chlorhydrine dont la decouverte r^cente est due a M. Berthelot. Le rtSsidu a cede aux alcalis la moitie environ de son poids d' acides gras. Une partie considerable de suif n'dtait pas saponifie'e. M. Pelouze avait pense d'abord que la fabrication des bougies steariquespourrait tirer quelque parti des observations precedentes en ce sens que la saponification du suif se fait beaucoup plus rapide- ment avec la chaux anhydre que par les proceJes ordinaires et quelle exige d'ailleurs moins de chaux, et subsgquemment moins d'acide sulfurique pour la decomposition du savon ; mais il a bientot trouve dans la chaux eteinte ou mono-hydratee une autre modifica- tion aux procedes actuels bien preferable a la precedente. La chaux provenant de la cuisson de la pierre a chaux , eteinte par l'eau a la maniere ordinaire, melee au suif dans la proportion de 10 a 12 pour 100, en determine entre 210° et 225° la saponifi- cation complete. La glycerine reste intimement melee au savon calcaire. Celui-ci est blanc, amorphe, demi-transparent, presque in- colore, il cede a l'eau de la glycerine. Les acides chlorhydrique et sulfurique faibles en separent des acides gras qui represented encore 96 pour 100 du poids du suif soumis a l'experience. En operant sur 1 kilogramme de suif et 120 grammes de chaux mono-hydratee en poudre fine , et en maintenant le melange vers 215 et 220°, la saponification est terminee en moina d'une heure; elle n'exige que quelques minutes , si Ton porte rapidement la temperature a 250". En employant 150 grammes de chaux, la saponification s'effectue avec beaucoup plus de facilite encore. Ce dernier savon est plus dur, plus blanc, plus facile a pulveriser que celui fait avec moins de chaux. Les acides en separent des acides gras dune grande blan- cheur et d'une grande purete. Dans les usines, la saponification ex£cut£e de la maniere ordinaire par un lait de chaux, n'exige pas 698 COSMOS. moins de 20 a 30 heures pour une pareille quantite de suif, et dure ordinairement une journee entiere. NOTE SUR LE GYROSCOPE DE M. FOUCAULT PAR M. J. BERTRAND. « Je suppose l'appareil dispose" de telle sorte que l'axe de rotation oui est l'axe de syrnetrie du tore, soit assujetti a rester surun plan P fixe par rapport a la terre. Soit o le centre de 1' instrument que nous supposerons fixe. Ne nous occupons que du mouvement du systeme autour de ce point , et r&luisons, par consequent, toutes les forces aux couples qu'elles produisent. Soit oh, la position actuelle de l'axe de rotation dans le plan P et ol la parallele a l'axe du monde menete par le point o. Pour que l'axe oA reste en repos apparent sur le plan P, il faut qu'en realite il tourne autour de ol avec une vitesse egale a celle de la terre, et decrive en vingt-quatre heures un cone de revolution. Soit sur ce cone, oh.' la position infinement voisine de oh. Dans le premier instant, le gyroscope tournant autour de oh, le couple qui l'anime a son axe dirige" suivant oh et £gal au produit du moment d'inertie fi par la vitesse angulaire w. Pour que cet axe, que nous representons par oG devienne dans l'instant suivant oG' (dirige" sui- vant oh'), il faut que, pendant l'instant infiniment petit dt , le sys- teme ait 6te sollicite par un couple dont l'axe soit dirige suivant GG' , CC ' et dont l'intensite soit representee par -^-. Or la seule action qui s'exerce directement sur l'instrument est la reaction du plan fixe P ; cette reaction ne peut produire que des forces perpendiculaires au plan P , et, par suite, un couple dont l'axe sera situe dans ce plan ; il faut done que la droite GG'^soit parallele au plan P, et pour cela, que ce plan soit tangent au cone, et, par suite , perpendiculaire au plan loh. Nous avons done ce premier theoreme : Vaxe du gyroscope etant assujetti a rester sur un plan P, dne peut rester en equilibre que sil coincide avec la projection sur le plan de la parallele a l'axe du monde. Lorsque la coincidence dont nous venons de parler n'a pas lieu a r'origme, 1'Squilibre relatif est impossible, et l'instrument fait des oscillations dont nous devons calculer les lois. Et d'abord , remarquons que, quelle que soit la position initiate oh de l'axe, on peut appliquer a l'instrument le couple necessaire pour maintenir l'axe en repos apparent sans changer la vitesse de COSMOS. 6gg rotation, pourvu que Ton applique le couple egal et contraire. Or ce couple, d'apres la demonstration du the"oreme pr&ddent, a pour axe une perpendiculaire au plan IoA, et en nommant : (a le moment d'inertie du gyroscope ; w la vitesse de rotation de Ja terre; toj la vitesse angulaire de l'instrument. Le moment dece couple est, comme on le voit, immediatement tMoui Sin IoA ; etpuisque ce couple maintientl'axe du gyroscope en repos appa- rent, c'est le couple egal et contraire qui fait glisser l'instrument sur le limbe. Ce couple est decomposable en deux autres, l'un dont l'axe est situe" dans le plan du limbe et qui sera detruit, l'autre, seul efficace, dont l'axe perpendiculaire au plan du limbe est repr&sente par (/.W6>1 sin IoA' sin (P, IoA) , (P, IoA) ddsignant Tangle diedre , forme" par un plan P avec le plan IoA. Or, dans le triedre forme par les droites oA, o\ et par la projection oH de ol sur le plan P, on a Sin IoA sin (P, IoA) == sin IoH sin AoH ; et comme Tangle IoH est constant, on voit que le couple accelera- teur est proportionnel au sinus de l'ecart entre la position actuelle de l'axe et sa position d'equilibre. De la rdsulte que la loi des oscil- lations est celle du pendule simple, et que leur duree est propor- tionnelle a la racine carree du sinus de Tangle forme" par l'axe du monde avec le plan P. Telle est Texplication tres-simple des phenomenes observed. Je dois faire remarquer, toutefois, qu'apres avoir trouve" Texpression du couple qui pousse l'instrument, il faut encore expliquer pourquoi la vitesse acquise tend a se conserver; car, il n'y a pas la, comme dans le cas d'un point materiel, inertie proprement dite. On sait, en effet, que l'axe oA e"tant anime" d'un mouvement de translation sur le limbe, l'instrument ne tourne pas rigoureusement autour de oA, mais autour d'un axe faisant un petit angle avec oA, et situe" dans le plan mene par oA perpendiculairement au limbe. Cet axe de rotation n'^tant pas un axe principal d'inertie, tend a se deplacer et a decrire un cone ; mais pour decrire ce cone, il lui faudrait pene- trer a traversle limbe, dontle plan resiste et produit un couple qui le releve et lui conserve purement et simplement sa vitesse tan- 700 COSMOS. gente au plan P, et qui vient accroitre le couple acceieYateur cal- culi plus haut. » NOUVELLES RECHERCHES SUR LA QUESTION GLYCOGENIQUE PAR M» CttAUVEAU. (Conclusions.) 1° Les herbivores et les carnivores se trouvent, sous le rapport du sucre de leurs huineurs nutritives, dans le raeme £tat statique. Le glycose est cependant plus abondant chez les premiers. 2° Le sucre que renferme le sang du cceur droit n'est jamais de- truit par le poumon, du moins d'une maniere appreciable, et passe integralement dans le coeur gauche, puis dans les arteres du systeme aortique. 3U Une certaine quantite de glycose du sang arteriel disparait pendant le passage de ce fluide dans les capillaires de la circulation generate. Le sang qui est ramene des organes au coeur droit par les veines de cette nieme circulation generale, est done moins sucre que le sang du cceur gauche. 4° Le sucre dont le sang s'est depouille en passant par les capil- laires ne sort point de ces vaisseaux pour se fixer sur les solides de l'economie. Une partie de ce sucre filtre dans les lymphatiques in- contestablement transvasee, par endosmose, du reseau capillaire sanguin dans le reseau radiculaire des vaisseaux blancs, avec les autres Elements du plasma du sang. 5° Verse* dans le coeur droit, le sucre lymphatique concourt a augmenter la proportion de glycose contenu dans le sang peu sucre* qui afflue de toutes les parties du corps vers cette cavite. 6° Ce meine sang de la circulation generale acheve de reprendre ]a quantite de sucre qu'il a perdue au sein du reseau capillaire, en se melant, dans la veine cave posterieure et le coeur droit , avec le sang tres-sucre des veines sus-he'patiques. 7° L'excddan-t de sucre de ces derniers vaisseaux n'existant pas dans le sang de la veine porte chez les animaux a jeun ou nourris exclusivement a la viande, il faut conclure que ce fluide s'est charge* de matiere glycosique pendant son passage a travers le foie ; cette glande se trouve done etre veritablement un organe producteur du sucre, et le seul organe de cette nature qui existe dans l'economie. FIN DU TOME VIII. A. TRAMBLAY, proprietaire-gerant. Paris. — Imprimerie de W. Remquet et Cie, rue Garanciere, 5. jfe V m 9 %l