*f m/%Z .'^Wtrf- vlk^ /=■ - w- * COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE DU PROGRES des sciences ET DE LEURS APPLICA TIONS A UX ARTS ET A L'INDUSTRIE. Fondee par IB. B. R. DE AION FORT. Redigee par M. 1'abbe MOIGNO. TOME NEUVIEME. m PARIS BUREAUX D'ABONNEMENTS, RUE DE L'ANClENNE-COMtiDIE, 18 A. TRM1BLA1, OIHECTEUR. — Les droits de traduction sont reserves. — Ce volume est la propriete exclusive de M. Tramblay. Tons les exe?nplaires non revitus de sa signature seront reputes contrejaits et poursuivis comme tp *4 TAT-IS. — JMP IMERIE DE W. RfilQ; ET CT Ce , HUE GARASCIERE, 5. Rf TABLE ALPHABETIQUE PAR MOMS D'AUTEURS. — =^»8g> tic™ Achard. Onguents atlractifs, p. 677. Adie. Colle de silicate de soule, p. 619. Adi,[ch. Reproductions de gravures, p. 371. Adorno. Pcrfectionnemenls aux chemins de fer, p. 429. Aguaoo (lecomte). Vernissage, p. 4 S i . — Me'laille, p. 6a5. Alinari (Veres. Photographies, p. 370. — Meilaitle, p. 6a5. Atr.EMAHD. Du thymol et de ses derives, p. 307. Aixier. Medaille d'argent, p. 363. Anderson. Paraffine, p. 210. Anbre Jean (M. et Mme). Vers a soie, p. i55, 176, 42S, 649, 691. Andriveau. Noiivdle carle.de la Palestine, p. 32o, 339. Antoine. Abeilles conserves sous terr*, p. 4. — Medaille, p. 62. Antipselli (le K. P.) Philosophic du calcul infinitesimal, p. 4i5. ArosTOLtDES, p. 3?o. — Operations des voies aerienne-., p. 374. Arago (F\), p. i5 5. — OEuvies, p. D23. Arcber. Photograpli.es, p. 34 9, 44o. — Medaille, p. 625. Argelander. Scintillation p. 54. — Ob-ei valoire de Bonn, p. 673. Ah^e (le due d'j. Remerciments, p. 188. Armem.aod. I'.oite a houppe, p. 432. — Publication induslrielle des machines, oulils et appareils, p. 5 16. — Frein Gucrin, p. 620. Arnauld. Photographies de la lune, p. 39'), 442, 548. — Medaille, p. 6t5. Arthur. Oscillation* du pendule immobile, p. 638. Aubert. Chassis de eheminee a deux rideaux, p. 43i. Acbf.rt. Caoulchouc vulcanise, p. 338. Aubert (Loui*). Reclamation, p. 220. Auer. Suppression des glaces en photographie, p. 44i. Babinet, p. 54. — Circonstance du voyage de S. A. I. le prince Napoleon,' p. 117, 322 — Rapport, p. 324. — Rec'anution, p. 33^. — Commission ,V COSMOS. du prix Bordin, p. 3;o. — Occultation de Jupiter, p. 449. — Eloiles filantes de novembre, p. 477, 491. — Suspension des nuagcs, p. 5ai, 637. — Poids des rometes, p. 698. Bache. Triangulalion magnetique, p, 383. Baden Powell, p. 40. Bailey. Dureedes houilleres d'Angleterre, p. 92. Balard, p. 70, 489. •{ Baldds, p. 34-. — Modaille avec mention, p. 625. Baller. Singe fossile, p. 125. Barbier (le baron), Fondation d'un prix de 3 000 Fr., p. 3a3. Barbin. Pastilles et drop de phosphate de cliaux, p. 36. Barboni. Epreuves stereoscopiqu.es, p. 346. Barral, p. 77. — Drainage, p. 45i. — OEuvres d'Arago, p. 523. Barrat freres. Piocbeuse a vapeur, p. 32. Bartbelemy. Caoutchouc vulcanise, p. 377. Barthelemy-Lai>ommeraye. Ilaciues alimentaires, p. 80. Basiaco (le R. P.). Cbaine hydraulique flbttante, p. 102. Bacdement. Rapport sur les distilleries agricoles, p. 35'7, Bavay (de). Instruments aratoires, p. 411. Bay. Plumes d'autruche, p. 649. Bayard. Procede Taupenot modifie, p. 43 1. — Chassis a plusieurs glaces, p. 55o. — Collodion albuuiine, p. 599. — Medaille avec mention, p, 62D. Bazin. Distillation de la betterave, p. 355. Beau. Nature et siege de la coqueluehe, p. i83. Beauvoys (de). Conservation des abeilles, p. 4. Becbamp. Action des composes oxygenes de 1'azote sur l'iodure de potassium, p. 37a. — Nature et origine del'uree, p. 38g. Becqderel, p. 46. — Cours, p. 45 r, 467, 524, 65 9. — Electricite de I'air et de la terre, p. 664. Beecber-Stowe. Portrait, p. 35o. Beeeley. Anemometie, p. 186. Bel. Inondalions, p. 34. Belcher. Cartes, p. 665. Belgiojoso (Mme la prineesiques, p. 235, 264. Bruwo. lv .iioi.e des aveugles, p. 180, uib\— Nuuvel instrument pour la levee des plans, p. 534. Buckled. Dmredes houilleies d'Angleterre, p. 92.— Mori, p. 225. Bi.i.ard Fclipse dii 1 3 ortobre, p. 493- — Grande lunelte Poiro, p. 647. Bunsen. Nature de Paction chimique de la lumiere, p. 7.212. Bureau. Plans d'eooles, p. 408. — Loganiacees, p. 4^7. Buscue (le baron). Mori, p. 5 12. BuTTERFin-n. Sur le procede Taupenot, p. 41. Byam (Martin). Cyclones p. in. Cauours. Lectins de rhiniie, p. 72. Cailhrd. Lhetroplasiie, p. fi38. Olli.vt Ferule de marronnier d'Inde, p. 4l3> 662. Calvert. Acide carbazotique, p. 72. — Incrustation des hauts-fouroeaux, p. 212. C*Ntv.\Hi. Hahiiations rurales, p. 408. Camtley. Singe fo^sile, p. 125. Cap. Applications de la glycerine, p. i43. — Esqnisses biographiques, p. 537. Capocw. Observalions simullanees d'eloiles filantes, p. 214. Cakette. Destruction des allisesou puces de terre, p. 3 12. Caron. Nouvcau chassis a ncgatifs, p. 96. — Draps de velours, p. 333. Cassagne (Leon). Liqueur sensibilisatrice, p. 654. Castobahi. Photophohip. p. 322. — Fixateur de l'oeil, p. 435. Catalan. Convergence des series, p. 344. Cvcchy, p. 48, 67, 70, 126, 180, 344, 633,69('). Os-TMJPENNE(de). Z^toi.ff, plante alimentaire, |). 427. Chacrnac. 4ie planele appelee Daphne, p. 10, 3o. — Carles des eloiles de l'eclijitique, p. 106. — Partieulaiite de la lune eclipsee, p. 507. Ch\got Plumes d'aulruche, p. 649. Chambard. Vernissage, p. ?i S 3 . Cbamponnois. Distillation de la betterave, p. 35r. — Medaille d'or, p. 303. ChaNCOURTOTS, p. 623. Cbapellemans Verreries, p. 412. Charpentier. Orgue pliant, p. 43i. Charp.ifre. Mcdeeine ope.ratoire, p. 119. Chasi.es, p. 10. Chassh;n\ux. Etudes sur la morlalite dans les bagnes et les prisons, p. i8o1J** Chatei. (de Vice). Plantation estivale de pommes de terre, p. 3S. Chatin. Organographie vege.ule, p. 5.So. Chatoney. Materiaux pour constructions a la mer, p, 181, 220, 370, 467. Chavannes. Vers a soie ilu cheue, p. G49. Cueval. A vantage des machines a battie,p. 680. Chevalier (Charles). Rectificalions et reclamations, p, 99 Chev:.kui., p. 46, US, ro5. — Sur le suiut, p. io5. — Composition des statues ej^itiennes, p. 4'7, 5o5, 58s. — Contraste, p, 438. Chou»ara. Lait arlificiel, p. 309. TABLE DES NOMS D'AUTETJRS. \n Chretien. Poussiere remede a la maladie de la vigne, p. 342. Clarke. Comete de 1843, p. 700. Claduet. Nouveau stereoscope, p. 283, 349. — Medaille, p. 625. Clemandot. Lunelle de 5a centimetres, p. 646. Clement. Chassis a papier, p. 483. 'Clerget. Rirhesse dcs jus maceres, p. 358. Cliffort. Photographies snr papier, p. 348. Cloez. Ozone degage p;ir les plantes. p. 46. Cloquet (Jules). Antidotes du chlorofurme, p. 219. — Remede contre la diar- rhee, p. 36g. Coignet. Constructions en betons agglomeres et durcis, p. 424 577. Colin. Role du sue pancreatique, p. 48. — Monstres, p. 534, 58x. C»li.oikbe. D>n.imoscope, 34 4. Constant Desjakdins. Globe hydro-orographique et cartes, p. 432. Constant Prevost. Murt, p. 21 3. Cort (Henry). Petitions pour ses heriliers, p. 63. Coste, p. 70. — Poissous du lac du bois de Boulogne, p. n3. Embryo^e- nie, p. 2 18, 269. Coclmer-Gravier. Etoiles Clantes, p. 21 3, 4 36 535. Cyri s Field. Plan telegraphique, p. 652. Daguin. Cours de physique, p. 538. Dailly. Rapport, p. 363. Damour. Nature de l'iodure d'amidon, p. 538. Barras. Instruction el education des sourds-mt.ets, p. 179. Daubeny, p. 40, 1 88. Daudoy. Portraits photographiques, p. 346. Dachas. Traite du cheval arabe, p. 582. Dausse. Mole sur les inondations, p. 1 r, 12, 34. Daussy. Occullation de Jupiter, p 449. Dav»ine. Titalite dcs vibrions de la nielle des bles, p. io5. Debray. Alliages d'aiuminium, p. 525. Decaisnf.. Jardiu fruitier, p. 691. Decker (de;. Mouture du ma'iSj p. 5g5. Delacroix. Diai«age, p. 679. Delafosse. Structure des cristaux, p. 547. Delahaie. Pi'oduils chimiques et coffre de voyage, p. 346 372. Delamarche. liable sous-marin, p. 199. Delamarre. S'atistique des hemopiysies, p. 586. Delesse. Carte hydrographique souterraine de Paris, p. i3"8, 438. — Materiaux de construction, p. 571. D**^sert. Reproductions de gravures, p. 348. — Medaille p. 625. HftrzENiiE. Suspension des nuages, p. 248. DtLECir,, p. 366. Demidoff (le prince). Eleve des sangsues, p. 690. rjEMUNTtR. Modeles en bois, p. 4 10. Desains (Paul). Nouvel appareil de polarisation, p. 249. Desbordes. Manometre melallique, p. 200. Desenfans. Fours economiques, p. 412. Desespringai.le. Produiis chimiques pour la photographie, p. 372. Deshayes. TeiftHnre niecan que, p. 5ij. Desmarest. Origine du nitre, p. 73, 77 r84. V11I COSMOS. DESMARQtms. Temperature generale ou locale du corps humain. p. 34o. s<* fin ,« a/18 32o 3io, 469, 583, 606. — Aiinonce tou- DeSPRETZ, p. 33, 09, I 3b, 2/tfl, "f, J4«, 4«3» > chanie de la mort de M. Gerhaidt, p. 246. Desprez. Fixaleur de I'cpiI, |> 435. Detoccue. Pi-iuUileelectriqueasounerie, p. 37. Devillk (Ch. Sainte-Claire). Phenomeucs volcaniques, 142, 220, 247, 324, 436, 5o6, 547. . , . Divine (Henry Sainte-Claire). Fabrication de 1 aluminium, p. 417. — AHin.les sneciales, p. 539. — Bore et acide borique, p. 6i3. — Association avec M. Vohler : elude du bore, p. 633, 634. Ddoy. Photographies, p. 346. Dicksee. Dessins de botanique, 409. Dieffenbach. Chiriirgie plastique, p. 640. DiGNtv freifs. Telegraghe imprimant, p. 694. Dirichlet. Observatoirede Gcetlingue, p. 674. Doat. Nouvelle pile, p. 48, 5o. — Pile perfectionnee, p. 659. Dob.on. Explosions des mines el influences meteorologiques, p. 107, 108. Doedereiner. Endosmose des gaz. p. 129. Dolfds. Caloridore progressil, p. 658. Dorel. Graine de vers a soie, p. 427. Dove. Ouragans, p. 1x1. Draper. Mesure de l'aciiou chiniique de la lumiere, p. 8. Dray. Oi.lils, p. i4 5, 41 1. Drayton. Aigentiire sur verre, p, 229, 278. Droinet. Velocimelre, p. 34 1. Drouet. Mission seienlifique, p. 180. Dubois de Nehaut. Vues prises aux fetes de Juillet, p. 347- — Pliotograp.ue a l'impiimtrie imperiale de Yienne, p. 44°. Duboscq (Jules), p. 68, 96.— Stereoscope cosmoramique, p. 100, 348.— Re- gulaieur de la lumiere elec.trique, p. 366. — Diabeiomelre, p. 406. Dcbrunfaui.t. Disiillation de la betterave, p. 35 1. DccaiF.R. Vernis non inflammable, p. to3. Ddcros. t'erfectionnement de la navigation aerienne, p. 247. Dcfau. t>ioduits chimiques pour la pholographje, p. 372. Dufoiir. Scintillation des eloiles, p. 54, 166, igt. Dofour (Leon). Memoire, p. 4^7- — Protestation, p. 6o3. Dcfrlne. Donia^quinuie heliographique, p. 662. Dumas, p. 1 1, 3a, 126, 127, i55, 188, 417, 538, 6:3, 65o, 69r. Dumfril, p. 6u— Iclhyologie analytique, p. 101, io5, 227. Du jMoncel. Electro-metreur, p. 62. Dumoumn (Scipiou). Peche a la lumiere electripue, p. 68, i3o. Dumont. Maisons d'omrieis, p. 408. %> DrnuoNT, de Geneve. Pasigraphie, p. 38. Dunal. Moil, p. 176. Duterrey. Cuiiranls, p. 117. Dupetiaut. Maisons d'ouvriers, p. 408. DorETiT-THouARs. Moniies halurellcs d'Arica, p. 437, 665. Dcpokt. Photographies, p. 346. Duruis. Collodion sec, p. 506, Durani), Singe fussile, p. 12.5. Ddrano (Augusle). Theorie de la gravite, p. 10 1. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. IX Dureac de la Malle. Fumier noir de bruyere, p. 373,464. Dcrbeim. Epreuves photographiques, p. 071. Durieu. Allocution, p. 440. — Photographies des corps celestes, p. 548. Dxjrocher, p. 218. — Forets souterraines, p. 633. — Geologie, 665. Duvivier. Etudes sur les cereales, p. 43. Ecorchard. Magnoliers, p. 65o. Eisenlohr. Rayons invisibles du spectre, p. 25i. Elie de Beaumont, p. 9, 125, 246, 324, 373, 435, 472, 633. Encre. Observatoire de Berlin, p. 674. Estayrac (le comle d'). Mission dans le Soudan egyptien, p. 179. Eynard (Frederic). Verse-collodion, p. 601. Eyre (Vincent). Bateaux de sauvetage ; systeme Francis, p. 236. Fabre. Ether antidote dn chloroforme, p. 141. Falconner. Singe fossile, p. 125. Faraday, p. 63. — Argenture dn verre, p. 92, 229; p. i52, 190, 417. Farcot. Machine a vapeur regeneree, p. 38, 3 11. Fau\el (l'abbe). Mode de construction ecouomiqne des electro-aimants, p. 36. Favre. Ether antidote du chloroforme, p. 180, 219. Faye, p. 374. — Stereoscope, p. 374. — Teinte de la lune eclipsee, p. 486. Felix (le R. P.). Discours prononce a la fete des ecoles, p. 525. Fenton. Medaille, p. 625. Ferrier. lipreuves stereoscopiques, p. ioo, 348, 657. — Medaille, p. 625. Findlay. Courants, p. 117. Firmin. Collodion sec, p. 653. Fitzroy, p. 4g5. Fizeau. Prix triennal, p. 40, 57. Flourens. Refus de rapport, p. 9. — Eloges historiques, p. 10, 70, 1 3^4. — ]\ouveau singe fossile, p. 123. — Homme fossile, p. 125. — Antidotes du chloroforme, p. 219. — Sensibilile des tendons, p. 344, 52i, 537, 690. Focillon. Peche du corail, p. 3. F'oex. Belier hydraulique, p. 338. Folcher. Preservation des pommes de terre, p. 20 r. FOLLET. PotS, p. 223. Fontan. Nouveau singe fossile, p. 12 3. Fortier. Medaille, p. 625. Foccault (Leon). Interrupteur a mercure, p. 43, 73, 365, 646. Foucuer. Machine a fondre les caracleres d'imprimerie, p. 689. Focju. Baratte polyediique, p. 2. Fourcy. Longitude, latitude et altitude de 1'Ecole polylechnique, p. 637. Fovvr.ER. Charrue draineuse, p. 3i. — Machoire arlificielle, p. 622. FrJ^is. Bateaux de sauvetage, p. 23o, 236. FRAsqcE de Villecholle. Collodion preserve, p. 4.4.1. Franqci. Kermes mineral, p. 642. Frdmt. Vins des vignes soufrees, p. 4^3. Fcrnari. Culture et produit de la bryone, p. 457. Gaidar. Houillere de I'Aude et de 1'Herault, p. 480. Garella. Interrupteur electrique, p. 478. Gariel, p. 419. Garkier (Paul). Sonneries electriques, p. 2o3, 174. Gassiot. Rapport sur l'Observatoire de Mew, p. i85, 4g5. Gasparih (de). Nouvelles de sa sante, p. 67, 246. x COSMOS. Gaucher. Stadia-metre oomp< nsaleur, p. 43o. Galdin. L;iit artificiel, |>. 3og. Gauury, p 63. — Notice, snr 1'invonlioii de I'ectairage an gaz, p. i45. Cuinv (Alb«lj. R.-i'li.Mrli^1»,1U'Oi.lolu.;il|n'sl'aitcsa Pikermi, p. i.i6, 180. G.vucniN. Propneies electriques de la tourmaline, p. 1 i, £2 .•, <■(>:>. G-ultur de Claubry. Tremblements de terre delAlgeiie, p. 3a i, 436. Gaume. Procede Tanpeuot modilie, p. 96, 48 i, 5gq. Gendrin Diagnostic des mala lies de 1'oreille, p. 3<_}t. Geoffroy SMHT-Hn.«RK (Isidore). Eiat de ('agriculture, p. 59. — Iftyuvelles de M. Regnault, p. 212.— Viai.de de cheval, p. 3o4, 53a. - Percnop- ieies, p. 1 56. Georges. Procedesde correction des cartes gravees snr cuivre. p. 43. Georges. Appareil pour rendre un« den! insensible, p. 677, Gerard. Caoutchouc vulcanise, p. 338. Gerkardt. T\p). Paillassonnage en plein champ, p. 1. Habicut. Observaloire, p. 674. Hacqtje Hainselin. Toiles de coton, p. 409. Hadriel. Tissus impermeables, p. 5i3. Haidinger (William). Medaille, p. 104. — Portrait de son pere, p, 339. Haleey. Magnetisme lerrestre, p. iS, i3i. Hanfstaengl. Portraits, p. 3j 1. — Medaille avec mention, p. 625. Hansen. Obsenatoire de Gotha, p. 674. Hansteen. Magnetisme terrestre, p. i33, 187. Hardy. Pepiuieie d'Algerie, p. 170, 259. Harless. Photo-lithographies, p. 371. Harley. Action de la strychnine sur la moelle epiniere, p. 3o8. Harreaux. Medaille, p. 61. Heilmann. Planches pour impression des tissus, p. 202. Hiintz. Maniere donl se comporte le cbloroforme, p. '2g5. Henderson. Caoutchouc vulcanise, p. 337. Herbillon. Petrissage mecaniqne, p. 412. Herman. Rabolage des pierres dures au diamant noir, p. 8S. Hermite. Candidat, p. 48. — Elu niembrc de I'Academie, p. 72. Hertin. Rappji-t, p. 23o. Herve-Mancon. Drainage, p. 67, 248, 275. — ! Eaux des egouts, p. 545. Hetzer. Gymnastique medicate, p. 339. Hiffelsheim, p. 3., 3. — Cause des battemenls du coeur, p. 418. HisiNGLR. Carle geologique de la Suede, p. 472. Homulatsch. Tirage des epreuves positives, p. 655. H00CK.ER, p. 40. — Correspondant de I'Academie des sciences, p. 676, Sbi. Hopkins. Soli Jite de la terre a son centre, p. 384. Hope. Peclie et chasse a la lumiere electrique, p. 68. Hoczead. Rechercbes sur I'ozone, p. 46, 587. Houzeau. Limites du temps de rotation d'Uranus, p. 56. Huicques (d'). Medjille d'argenl, p. 363. Humbert de Molard. Photographie rapide, p. 441. — Medaille, p. 6a5. Huot. Dislillerie agricole, p. 36o. — Medaille d'argent, p. 363. Hdssey. Machine a moissonner, p. 145. Hutchinson, p. 296. — Caoutchouc vulcanise, p. 337. Isamat. Mathoire artiiicielle, p. 622. Jacquelin Duval. Anatonne comparee des insectes, p. 582. J'-jiQoiN (M."10). Machine a tricoter, p. 412. JWilT (Theodore). Systeme de croisee, p. 43o. Jamin. Endosmose des gaz, p. 129. Jamin. Ohjectif de 3<) centimetres pour paysages, p. 37 r. — Medaille, p. 626. Jandee. Eugrais, p. 373. Janhiard (Mme). Tulipiers, p. 65o. Jeanrenaud. Medaille, p. 625. jEnFFRiN. Vues de I'Algerie, p. 100. Jobard. Vue a volonte, p. 37. — Massacre des Innocents p. 62. — Pecbe a la lumiere electrique, p. 67, 324. — Lampe economique, p. 410. — Expo- sition universelle, p. 428. — Eclairage au gaz des houilleres, p. 460. — xii COSMOS. Soupapcs en caoutchouc, p. 5;3. — Encre des Quatre-Voleurs, p. 617. Jobert (de Lamballc). Cli'oi'uformc, p. a 19.— Chirurgie plaslique, p. 437, 640. John. Cuisiniere nightingale, p. 4'Q. Johnston. Physical Atlas, p. 3g. Joly. Eloge de GeoflYoy Saint-Hilaire, p. 34o. Jomard. Ecole aeronautique de Meudon, p. 218, 47a- Jouffroy. Chemins de fer, p. S5. JonnDifR, p. 33. — Distillation de la betlerave, p. 356. Jules de Liron. Tie a bon marche, p. 4^5. Kayser. Observatoire de Leyde, p. 675. Kellner. Chcrckeur de cometes, 674. Kickx. Varieles ilu Funis vesiculosa, p. 474. — Rapport, p. 680. Kirchhoff, p. 3oo. — Propagation de l'electricile dans les plaques, p. 447. Klein. Fourneaux cconomiques, p. 455. Knight. Stereoscope cosmoramique, p. 100. Kopp. Chaleur specifique des gaz, p. 67. — Changement de volume produit par l'elevation de temperature et la fusion, p. 558. Kopp (finiile). Acide phosphorique vitreux, p. 320. — Composition du jus de rhubarbe, p. 614. — Note sue l'acide arsenique, p. 61 5. Koralek, p. 3o. Krafft. Tableau, p. 685. Kremers. Coutractions des melanges de solutions salines, p. 26. Kuhlman. Assainissemeut des fabriques, p. 202, 525, 619. Laboolaye. Rapport, p. 5i6. Lacan (Ernest). Esquisses photographiques, p. 35o, 486. Lacassagne. Experiences de lumiere elt-ctrique, p. 365, 3g5, 4.T0. Lacoste (G. de). Boeuf bazadais, p. 169. — Landes de la Gascogne, p. 65t. Lagrange. Sa statue a Turin, p. 3n. Laignier. Medaille, p. 61. Lamartine (de). Son portrait pliotographie, p. 347. Lamiral Pyroscaphe sous-maiin, p. 429. Langenbeck. Chirurgie plastiijue, p. 640. Lapeyre. Bougies, p. 412. La Rive (de). Pouvoir rotatoire, p. 387. La Riviere (de). Collodion instantaoe et constant, p. 653. Lartet. Nouveau singe fossile, p. 123. Lassimonne. Collodion sec, p. 653. Laterrade. Tacheometrie, p. 89. Latour. Importance du soufrage de la vigne, p. 4^4^ Latreille (Edouard de). Almanach de phutohraphie, p. 570. Laudois. Bains d'or, d'argent et de platine, p. 3og. Laurent. Machine a moissonner, p. i45. *" Laurent. Produits chimiques pour la photographie, p. 372. Lavaud de Lestrade (l'abbe). Boite pour plaques sensibilisees, p. 452. Laveyssiere. Usine nietallurgique, p. 6a3. Lavoisier. Chaleur animate, p. 321. Lawson. Immobility de la lune, p. 70. Laze. Blanc francais, 322. Leba. Portraits photographiques, p. 347. Lebreton (Mme). Procede Taupenot moJifie, p. 96. Lebon. liclairage au gaz, p. 145. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XIII Lebrun Bretignikres. Photophore-sypbuns, p. 43i. Lecocq. Fecondation sans males, p. 633. Ledion. Collection de fruits et raeines en pale plastique, p. aoi. Ledoten. Tissus impermeables, p. 58o. Le Ghait (Mme). Medaille, p. 6*5. Legrahd. Cauterisation avec la potasse causlique, p. 460. Legray. Epreuves photngraphiques, 372. — Medaille avec mention, p. 6a5. Legros. Encyclopedic de la Photographie, p. 343. Leuih. Colle de silicate de soude, p. 619. Lejecne. Reclamation, p. 436. Lemolt, p. 366. — Lentilles a eau et reflecteurs electrotypes, p. 564. Lenoir. Portraits des savants celebres, p. 665. Leroox. Effets des machines magueio-eleclriques, p. 467. Leroy (d'Etiolles), p. 399. Lesage. Pointes de Paris, p. 411. Leseurre, p. 46. — Telegrapbie solaire, p. 179. Lespes. Organisation et mceurs du termite lucifuge, p. 3oa. — Tarets,p. a47- Lessedr. Culture du ble en lignes, p. 6a 1. Le Testu. Soupapes en caoutchouc, p. 575. Le Verrier, p. 10, 3o, 46. — Deiermination de la difference en longitude, p. i5a, 487, 49a, 525. — Observations simultanees d'etoiles filautes, p. ai4. Annales de l'Observatoire , p. 220, 269. — Acquisitions faites par l'Observatoire de Paris, p. 645, 692. Levy. Hygiene publique en Criinee, p. 538. Liebig (le baron de), p. 77, 190, 211.— lode dans les eaux minerales, p. 445. Combinaisons doubles du cyanogene avec le cuivre et l'ammoniaque, p. 445. Liegnitz. Album photograph ique, p. 371. Lies Bodart. Action du perchlorure de phosphore, p. 27a.— Phorone, p. 374. LiNflOF. Equivalent nutritif de 1'avoine, p. 217. Liron d'Airoixes. Chene-liege, p. 65o. Lissajoux. Telephouie, p. 179. — Phenomenes stereoscopiques, p. 6a6. Llevelyn. Collodion preserve a I'oxymel, p. 6. Loewel. Sursaturation des solutions salines, p. 416. Lombard. Climals alpins et subalpins, p. 524. Lopjget. Galvano-caustique, p. 399. Lorent. Photographie, p. 370. — Medaille avec mention, p. 6a5. Lorgeril (Paul-Marie de). Alcalinile dans la sante ou la maladie, p. 87. Lourmahd. Nouveau sysieine de reliure, p. 434- Luca (de). Action des chlorures et des bromures de phosphore sur la glycerine, p. 70, 78. — Ozone dans 1'air exhale par les plantes, p. 489. — Sur la pro- duction de l'acide azotique, p. 55a. — Chalumeau a jet continu, p. 687. LJAr. Fixateur de l'ceil, p. 435. Luhd. Singe fossile, p. ia5. Lupe (Mme de). Tulipiers, p. 65o. Luther. Observatoire de Dusseldorff, p. 674. Luywes (le due de). Foudation d'un prix de photographie, p. 148. Mac Cormick. Machine a moissonner, p. 14 5. Maes, p. 49a. — Lunette de 5a centimetres, p. 646. Maghus. Eudosmose des gaz, p. lag. — Formes du soufre, p. 446. Mauler. Heliometre, p. 673. Maillk. Causes des inundations, p. 180. aw COSMOS. Maili.et. Bougies, p, 412. Maimieox (de). Pasigraphie, p. 38. Maisor»kuvk. I)csaihcu!alion tie la machoire inlerienre, p. 9, 622 Mb- decine operatoire, p. 119.— Gnerisori de Hypospadias, p. 321. Mai.ac.oti, |). 2 iS. Mali.et-I'.achelier. Annnaire de t85;, p. 6o3. Marce. Appareil rtiordinaleur de la parole el ate l'ccritiiie, p. 678. Marcel de Series, p. 464. Marchai.. Gangrene et glucosurie, p. 5So. Margravf p -7. — Pouvoir rotaloire du chlorate de potasse, p. 416. Margcerite. Kcl.iirngcau gaz, p. 2 iR.— Precipitation de divers sels, p. 1 36. Marion. Papiers, p. 372. — Medaille, p. 626. Marshall-Hall. Theorie de l'asphyxie, p. 320, 399. Martfics-Schttller. Appareil panoi anaique perfection*^ p. 655. Martini. H me prive de capsules suirenales, p. 6o3. Martin de Britte. Tdegiaphe pho'o-eleclrique, p. 4)1. Martin Saint-Ange. Memoire, p. 436. Martins. Phenomene de contraste, p. 438. — Lunette meridienne, p. 673. Maskelyne, p. 210. Masse. Appareil pour ecrire, p. 017. Masson. Memoire snr l'liidnclion electrique, p. 663. Mathibu. Veiements, p. 409. Mattel Poche amnio-choi ia!e, p. 61 3. Matteucci. FJectro-physiologie. p. 23. — Contractions induites,p. 128,607. — Induction dans- un disque melallique, p. i56. Maxwei.i.-Lyte. Dementi tfowne a la nouvelle de sa mort, p. if*. — ■ E.nploi de l'acide phosphorique en photographic, p. 121, 348. — Medaille, p. 625. Mayall. Portraits photogiaplnques, p. 285. Mayer. Dosage de la lilhine, p. 475- Menier. Turbine, p. 102. Meri/.. Lunette cquatoriale el hcliomelre, p. 673. Mesnard. Souvenir ehronometrique, p. 5 12. — Pese-lait portatif, p. 5 1 3. Mestro. Planles diverses des Antilles, p. 4»6. Meonier (Viclor). Industrie de la baleine francaise, p. 5. MinoELDORF. Electricite, agent geneial de chirurgie, 377, 399. Millet. Repeuplement des cours d'eau de France, p. 3. Mili.on (Prosper). Principes « dorants des plantes, p. 137, 142. MiLLor. Merinos Bonchamp, p. 4^5. Millot-P.rule, p. 32. — Pistolet porte-plaque, p. 97. — Multiplication des boutons a bois et a fruit, p. a53. Milne-Edwards, p. 70, 32 \. — Medaille Copley, p. 562. Minotto. Legerele de ses critiques du systeme Joiifl'roy, p. 85. i. , Minutoi.i. Album phutographique, p. 371. — Medaille, 625. Mitscherlich, p. 373, 417. Mohr. Dosage du chlore, p. 55S. Moignerie (le comte de). Vinaigre des bagasses du sorgho sucre, p. 427. Moigno. Peche et chasse a la lumiere eleelrique, p. 68. — Reponseaux cri- tiques du systeme Jouffroy, p. 85. — Remarqnes sur l'etai aetuel de l'Obser- vatoire de Paris, p. 104. — Notice historique sur te Dr Buckland, p. -2a5. — Description du procede de M. Millot-l'.rule pour multiplier les boutons a bois el a fiuit, p. a53. — Sur le stereoscope, p. 284. - Distillation de la TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XV betterave, p. 35 r. — Tonnerres sans eclairs et eclairs sans tonnerre, p. 460. Eloiles filanles, p. 478. — Charnianle application de la photographie, p. /J84. Observation d'un tres-beau halo, p. S«t. — Systeme parfait de mnuture du ma'is de M. Belz-Penot, p. 589. — Correlation des forces physi- ques, p, 666. — Poids des cometes, p. 698. MoiNor. Tacheometrie, p. 88. Moison. Transmission de mouvemeiit dynamomelrique, p. 621. Montagnac. Draps de velours, p. 338. Montagne. Nature des (ruffes, p. 6o3. Montault (le vicomte de). Nouveau bain pour collodion, p. g5. Muntgolfier. Bi'lier hydraulique, p. 338. Montigny. Sur la scintillation, p. 166, igr. Montigny (de). Nouvel Elan, p. a3o. — Traite avcc le roi de Siam, p. 638. Montrelil. Collodion sec, p. 568. Moquin-Tandon. Igname extraordinaire, p. 537. Morin. Rapport, p lui. — Resistance des materiaux, p. 538. Mosselman. Moulure du mais, p. 5g5. Mui.ler, p. ^55. — Habitations ouvrieres, p. 686. Mullf.r (Henry). Muscle ciliaire annulaire, p. 9. — Sur la retine et l'appareil accoromodateur de l'ceil, p. 438. — Action du curare, p. 469. Mongu Ponton. Lumiere solaire et photomelre simple, p. 555. Murcuison. Carle geologique de lEutope, p. 472. Nadar. Portraits pholographiques, p. 347. — Medaille avec mention, p. 625. Napoleon (S. A. I. le prince). Blocs jetcs a la mer, p. 533. — Circonslance de son voyage, p. 116. — Collection des objets recueillis dans l'expedition au nord de I'Amevique, p. 623. Naudin. Formation des graines sans le secours du pollen, p. 38g. Negre. Gravures heliographiques, p. 348, 5-22. — Medaille, p. 6a5. Nickxes. Fluor et vivianite dans les os, p. 487. Nicol. Carte geologique de 1'Europe, p. 472. Niepce de Saint-Victor. Traite de giavure heliographique, p. 42, 72, 348, 35o, 485, 5oS, 522. — Medaille avec mention, p. 625. Norris. Sur le collodion, p. 207. Northwick. Galerie de tableaux, p. 209. Notri. Plumes d'autruche, p. 649. O'Gorman Mahon. Materiaux vitrifies pour constructions, p. 432. Olivier de Serres. Monument, p. 58'. OrrENHEim. Epreuves photographiques, p. 371. — Medaille, p. 625. Ore. Secretion de la bile et fonction glycogenique du foie, p. 092. Ostrogr\dski. Theorie de la percussion, p. 63 3, 696. OsanN-l'iONNET. C.Andidat, p. 48. Otojmans. Observatoire d'Utrecht, p. 67ft. Oudry. Electro-nvetaUurgie, p. 48, 69. — Cuivrage galvanique, p. 433. Ouin. Vins provenanl des vignes souirees, p. 4 23. — Boite a houppe, p. 43a. Owen (Richard). Anatomie comparee, p. 40, 63, 41 5, 582. Paii.let. Igname, p. 5g. Panisetti (l'abbe). Oscillations du pendule immobile, p. 638. Paolo di San Roberto. Projectiles dans les milieux resistants, p. iS. Papin. Medaille, p. 61. Parameile (l'abbe). Eaux souterraines, p. 607. Paravey (de). Sur l'epiornis, p. 5 18, xvl COSMOS. Pariset. Theorie nouvelle des soulevemeuts, p. 339. Pariset. Papier et carton avcc le [umier des herbivores, p. 43o. Partridge. Voyage d'experience, p. 229. Pasteur. Heureuse initiative, p. nS. — Mode d'accroissement des cristaux, p- ,(68. — Medaille de Rumlord, p. 562. — Candidat, p. 58 1. Pauwels. Outils, p. 411- Patfk. Distillation de la bellerave, p. 35a. — Momies du Perou, p. 4U. — Raciues du cerfeuil bulbeux, p. 464. — Theorie du tannage, p. 537. — Farine du mais, p. 590. Payer. Loganiacees, p. 437, 4^4. Payerne. Pyroscaphe sous-matin, p. 429. Pearson, Composes de chrome et de bismuth, p. 210. Pegado, p. 187. — Observations meteorologiques, p. 661. Peligot, p. 492, 646, 65o. Pei.ouze, p. 4i. — Dissolution du verre par l'eau, p. io5. — Liquides des sca- rabees, p. io5.— Eclairage an gaz hydrogene, p. 218.— Phosphore, p. 665. Penard-Massoh. Conservation des abeilles pendant l'hiver, p. 173. Perdonnet. Legerete de ses critiques du systeme Jouffroy, p. 86. Perier (Paul). Nouvenu bain pour collodion, p. g5. Perier (Jules). Appareil pour fractures, p. 435. Perini. Vues de Yenise, p. 370. Perreaox. Pompes a soupapes en caoutcbouc, p. 57a. Perreciacx. Loi de la reparation des oeuvres, p. 247. Personne. Acide terebentbilique, p. 390. Pesme. Tetes sans relouche, p. 372. Peters. Observatoire d'Altona, p. 675. Petitjean. Argenture du verre, p. 92, 229. Petrina. Coexistence de deux courants dans un meme fil, p. 27. Pbilipfeau, p. 690. Phillips, p. 40, 188, 2a5. Phipsor. Force catalytique, p. 47. — Recherches nouvelles sur le phosphore, p. 4-,. — Exposition universelle de photographie a Bruxelles, p. 35i, 370, 407. — Transforuiaiion de I'oxygene en ozone, p. 485. — Production de la maunitechez les algues-marines, p. 602. Piazzi Smith. Expedition astronomique au pic de Teneriffe, p. 4g5. Picard. Nature et origine de l'uiee, p. 38g. Picard. Nouveau systeme de reliure, p. 4 34. Piccolini. Action ri'flexe des nerfs sensuriaux, p. 69c Piedagnel. Traitemenl preveulif des fievres puerperales, p. 58o. Pierce. Systemes de chauFfage, p. 408. Pietra-Sahta. Emprisonuement cellulaire, p. 69. >/• Pimont (Prosper). Caloridores et calorifuges, p. 658. Pimaire. Decoupoir et balancier, p. 43o. Pindell. Corps gras et strychnine, p. 678. Piot et Pique. Draps de velours, p. 338. Pisaki. Dosage de l'argent par I'iodure d'amidon, p. 58o. Piltov. Lunette meridienne, p. 673. — Cercle meridien, p. 674. Place. Prix Iriennal, p. 57. Plateau. 1-igures d'equilibre des liquides, p. 56, 286. — Scintillation, p. 166. Plot (Hippolylej. Glycosurie physiologique, p. 375. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XVII Poet (Andres). Ouragans et tonnerres saus eclairs, p. 3 73, 46 r, 536 — Cou- leur des etoiles filantes, p. 661. Poggendorff. Son excite par le courant eleclrique, p. 49. Poggiale. Compositiua et equivalents ntitritifs des aliments, p. 2i4. Poili.y fde). Reclamation, p. 96. — Grands po^itifs directs, p. 100. Poinsot. Second conduit pancrealique chez le boeuf, p. 322. Poirier. Presses a satiner les epreuves pholograpuiques, p. 55o. Poitevin. Photo-lithograpbies, p. 348, 5j4. — Medaille, p. 625. Poscelet. Forces vives, p. 697. Pooley. Gravure photographique, p. 212, 285. Porro, p. 3o. — Tacheometrie, p. 88. — Observations de l'eclipse du i3 octobre, p. 393, 422. I — Lunette Napoleon III, p. 4or. — Grande lunette, p. 45 1, 490, 548, 646. Pouget-Maisonnebve, p. 4?3. Podillet, p. 58,343. — Commission du prix Bordin, p. 34o, 533. Pouillien. Lit mecanique, p. 23o. Power. Argenture du verre, p. 94, 229. Preterre. Machoire arlificielle, p. 622. Previnaire. Mouturedu niai's, p. 5g5. Prouet. Vie et ouvrages de M. Sturm, p. 218. Puech. Peau bronzee et lesions des capsules surrenales, p. 320. Pcli.en. Experiences pour 1'application du systeme Wethered, p. 229. Pulvermacber. Cbaines galvaniques, p. 343. Purkinje, p. 320. — Physiologic de la vision, p. 324. Puyseux. Candidal, p. 48, 72. — Fonctions periodiques, p. 373. — Note sur un point de la mecanique celeste, p. 67. Quatrefages (de), p. 70. — Maladie des vers a soie p. 176, 65o. Quesneville. Enere de correspoudance des dames, p. 56i, 617. Quet. Diffraction, p. i56. Quetelet. Rapport, p. 54. Quetelet (Ernest). Incliuaison et declinaison de l'aiguille aimanlee, p. 55. Excursion astronomiqne et magnelique, p. 673. Quincke. Propagation de l'electricite dans les plaques, p. 447. Rae. Expedition a la recherche de Franklin, p. 5. Raillard (1'abbe). Particularity's remarquables de quelqucs ora"es p. lQn.- Suspension des nuages, p. 249, 5ig. — Tonnerres sans eclairs et eclairs sans tonnerre, p. 460, 536. Raimondi. Procede pour oblenir les densites des corps solides, p. 3o4. Rameru. Gruelline, p. 4^7. Ravel. Truffe, p. 325. Reghmjld (Jules). Force electro-motrice de la pile de M. Doat, p. 48, 5o. REGrfftr-T. Programme du prix du due de Luynes, p. g5. — Cruel accident, p. 175. — Nouvelles de sa sante, p. 213,246, 267, 34o, 439. Regnablt, prof. Turbines, p. 374. Reichenbach. Lunette equatoriale, p. 675. Remack. Guerisons paries courants eleclriques, p, 324, 343. Remilly. Amidon de marrons d'lnde, p. 41 3. Remond. Limes, p. 411. Renard. Acclimatation du bambou, p. 4. Rendu. Ampelographie francaise, p. 690. Reveil. Preparation et conservation des plantes et des fleurs, p. 3io. X™* COSMOS. Remold. Cercle meridien, p. 674. Richard. M ovens d'augmenier la production animale, p. 70, 426". Richardson (Johc.-). Medaille royale, p. 563. R.FF.ur.x ^M. et M""). Graran heiiog,aPhi<,ue, p. 42, 3', s. Rivot. Malmaux employes pour constructions marines, p. t»x, aao 2-0 /.6- Robert. Trllffe, p. 325. •-.,,' Robert. LpiiIiII.s a cau et reflecteurs electrotypes, p. 564. Robert. Medaille, p. 625. Robert-Houd.n. Peodule electrique a sonnerie> p. 37, 120, 2o3. Robinsoh. Aneinonietre, p. 186. RoniQrjET. hiabetomeire, p. 40;, 525. Rochard. Preparaiums cMom-iodn-mercuriqiies, p. 690. Roderik. Murchison. Soiree, p. 40, 652. Roger Fenton. Photographies, p. 349. Rojas. Inlluenre de la lumiere sur les insectes, p. 439. Rolland. Torrefacteur, p. 696. RoLi.ANDE-DorLAN. Guerison du raisin malade, p. 87. Romberg. Exposition de Rruxelies, p. 440, 6a5. Ronalds. Appareils enregistreurs p. i85. Roret. Manuel de la boulangerfe, p. 67, 433. Koscoe ,'Henri). Mesure de I'action chimiquede la lumiere, p. 7) 212 Ross (Amiral John). Mort, p. 309. Rosse (Lord). Grand telescope, 645. Rossignol. Poids specifiqwe des graines de vers a soie, p. 691. Rossigkon. Riviere de sang, p. 377. Roth. Portraits, p. 37i. Rotsch(ld. Nouvel observatoire, p. 29. Rouget. Accommodation dc l'cei I, p. 9, 37. Rouget. Theoreme de Fermat, p. 12 3. ' Rousseau. Aluminium, p. 41S. Rousseau (Emmanuel). Denti!ion des re'acis, p. 522 Rousseau (Louis) Photographies d'his.oire nuturelle, p. 347 6.3 635 Rous. Clururgie plaslique, p. 640. Rozet p. 35, 1 53. — Difference de longitude entre Paris et Bourges, p 488 — Inegalitesde la surface terreslre, p. 691. " Rde (de la). Applications de la gKcerine, p. 94. Ruhmkorfp. Interrupteur electrique, p. 75. Rumker. Olxervatoire de Hambourg', p. 674 RurrtL. Collections, p. 299. Rtcrere. Poteries, p. 412. Rylander. Phoiographie de genre, p 349 ■tSSES ,e"reStre' ^ l8' % ^ I3" ^' -O-vaLs tna- Sacc. Cerfe.,,1 bnlbeux, p. t7r, 65i. - Chevres, p. 4*5,648 Smcch,. Epreuve de la Sainte-Cene de Leonard de Vii ci, p. 37o. Saigey. Traite-de geomelrie, p. ro. Saint-Vfnant (de). Memoire, p. 436. Sandra. Contagion du cholera, p. 662. Sauve. Medaille, p. 61. Scheidweiler. Tableaux de botanique, p. 4,o. Scblagintweit. Triangulation magneiique, p. 383L TABLE DES NOMS D AUTEURS. XIX Schnepff. Reclamation, p. 435. — Nouveau spirometre, p. 6o3, 676. Schodt (de). Photographies, p. 3/,6. Schoenbein. Oiiginedu uitre, p. 77. Secchi (le R. P.), p. 248. — Observations, p. 32',. — Meteorotilhe tombe dans le port de Civita-Vecchia ; observations de Jupiter; photographie de la lime p. 421. — Memoires de I'Observatoire du college roniaiu, p. 63o. Secrktan. Lunette de n ponces d'ouverture, p. 643. Sedgfield. Calotypies, p. 349. — Medaille, p. 62s. Sedillot. Rhiuoplastie, p. io5, H99. Seguin aine. Ideutite du calorique et du mouveroent, p. 668. — Machine a vapeur regcneree, p. 665, 697. Seguin (de Grenoble). Couleurs accidentelles, p. 09. Seignette. Karaite, p. 4^2. Sella (V. Giuseppe). Plico del fotografo, 656, 682. Selmi. Pile a triple contact, p. 59S. Senarmont (de), p. 58, — Aerouaulique, p. 128. — Cristallisation, p. 469. Serret. Candidal, p. 48, 72. Serrin. Plani-pierre, p. 43o. Severin: Photographies, p. 346. Seydlitz. Chaleur specificpue, temperature et densite des gaz, p. 386. Sharpe, Mort, p. 94. Siemens. Vapeur regeneree, p. 38. — Telegraphe imprimant, p. 596. Sieron. Clous, p. 41 !• Sileermann. Rapport, p. 433. — Proportions du corps humain, p. 690. Slaytes. Photographies, p. 346. Snow Harris. Paratonnerre des navires, p. 533, 583. Soletiat. Caoutchouc vulcanise, p. 337. Soulage, Collection archeologique \euduea l'Angleterre, p. 56a. Sotos Ochando. Pasigraphie, p. 38,. Stein. Infusobe, p. 666. Stiernsvard. Baratle centrifuge, p. 2. Stokes, p. 40, 49^. Streckur. Taurine, p. 189. Sturm. Sa vie et ses ouvrages, p. a 18. — Theoreme, p. 696. Sodre, p. 69. — Methode teliphonique, p. 177. Scssex (de). Fabrication des engrais, p. 619. Sutton. Sur le stereoscope, p. 204, 3 14. — Piemede contre le virage des po- sitifs au jaune, p. 206. — Tirage des positifs, p, 206. Sykes, p. 4o, 227. Taicue. Medaille, p. 61. Talbjt. Gravure heliographique, p. 34g. TASTE^Graine de vers a soie, p. 427 . TAiirENoT, p. 4i. — Mort, p. 44o, 5gg. Tavernier. Blanc franc lis substitue au blanc de plomb. p. 322. Tavignot. Ophthalmologic p. 4 1 5 . Taylor. Ressources de l'association brilannique, p. 187. — Medaille, p. 625. Tchihatcheff Zoologie de 1'Asie-Mineure, p. 324. — Nouveau mouton, p. 70. Terqcem (().). Observaioire libre, p. 29. — Origme du mot zero, p. 428. Tbibierge. Ainidon de marrons d'Inde, p. 41 3. Thierry. Epieuves sur plaques, p. 448. Thiers. Experiences. de lumiere •electrique, p. 365, 3g5, 45o. xx COSMOS. Thome. Medaille, p. 61. Thomson (William). Medaille royale, p. a3, 563,619. Tiffekkau. Vues prises an Mexique, p. 348. Tissier. Fabrication de ralummium, p. 489.— Alliages d'akminiura, p. 528. — Aluminium extrait de la cryolilhe du Groenland, p. 6a3. Tourasse. Argentine du verre, p. g4. TonRKACBoit. Portraits phoiographiques, p. 347. — Medaille, p. 625. Trappe. Ulilile du guano, p. 43a. Treboul. Alcool de pommes de terre, p. 5i4. Trelat. Rapport, p. CS6. Tremblay. Porte-araarre de sanvelnge, p. 199, 664- Trisca. Machine a vapeur regeneree, p. 3n. Treve. Telcgraphe nautique, p. 606. Tripon. Lavis aur pierre, p. 571. Troost. Lilhine et ses composes, p. 52 5. Turret., Sorgho sucre de la Chine, p. 426. Tuyssuzian. Resistance au froid des oliviers, p. 60. Tyhdall. Stereoscope, p. 231, 261. — Clivage des roches schisteuses, p. 470. Ucbatius. Conversion directe de la fonte en acier iondu, p. 1 1 3. Udekem. Developpement des infusoires, p. 644. Vaillant (le marcchal). Communications, p. 43, 106. — Principes odorants des plantes, p. 127. — Danger des ascensions en ballons caplifs, p. i52. — Telephonie, p. 179. — Rapport sur les mortiers, p. 180, 220, 467, 65o. "Valenciennes. Nouveau mouton, p. 70. Valerius. Appareil accomuiodateur de l'ceil, p. 37. Vallee. Inondations. p. 43. Vallee. Couveuse, p. 61. Vallot. Question au sujet du projet de langue universelle, p. 38. Valmer (le vicomte de). Aquaria, p. 5g. Valz. Elements elliptiques de la derniere planete, p. 67, 106. Van den Kroeck. Distilleries agricoles de M. Champonnois, p. 36i. Vanden Corput. The du cafeier, p. 4*3. Vandermallen. Cartes, p. 4'0. Varaignes (de). Machine a laver, p. 43i. Varin- Tetes sans retouche, p. 372. Vatinet (Erai^e). Graisseur automate, p. 5 12. Vaude-Green (Mme). Medaille, p. 6a5. Velghe. Tamis, p. 412. Verbeck. Toiles, p. 408. Verdet. Polarisation rotatoire magnetique, p. 387. Verdier. Agregaliondu fer, p. 338. Verhaeghe. Cliirurgie plastique, p. 640. -fc. Yerite. Horloges electriques sonnantes, p. 6a, 120. Vernier CIs. Fixage des posilifs, p. 208. Verolles (Mgr de). Vers a soie du rhene, p. f]o. "Verraux (Jules). Messager ou serpentaire, p. 59. — Plumes d'autruche, p. 649. Vico(leR. P.). Observations simullanees d'etoiles filantes, p. 214. Vidal. Vins provenant des vignes soufrees, p. 4*3. Vidi. Millimetre, p. 34 1. Vigier (vicomte). Medaille, p. 625. Villarceau. Mesure des differences de longitude, p. i53. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. XXI "Ville (Georges). Role des nitrates dans la vegetation et absorption de l'azote de l'air par les p!antes, p. 72, io3, i58, -221, 324, 680. Villeneuve-Flayosc (de). Eaux souterraiues de la Provence, p. 609. Vilnorin. Preservation des pommes de terre, p. 201. Vincent. Replique, p. 10. Violette. E^sai des acides du commerce, p. 582. Vionnoy. Ondes a la surface des mers, p. 374. Vivian. Formation artificielle des nuages, p. 285. Voelker. Composition du phosphate de chaux americain, p. 2. 10. Von Acer. Impressions naturelles, p. 34'. Von Babo. Sur le collodion, p. 64. Wagner. Singe de Pikermi, p. 124. Waite. Galvano-caustiqtie, p. 399. Walker. President de section, p. 4o, 187. Waller. Etudes physiologiques de I'ceil, p. 340. Walude. Pots en bronze, p. 409. Ward, p. 21a. — Collodion albumine, p. 212, a85. Warren de La Rue. Objeclifs d'Huyghens, p. i85. Wattemare, p. 48. — Ouvrages nouveaux, p. 4i5, 459. Welsh. Observatoire de Kiew, p. i85, 187. Weltzien. Triodure de tetrethylammouium, p. 64. Weihered. Vapeur surchauffee, p. 320,, Wheatstone, p. 63. — Stereoscope par reflexion, p. 3i3. Wbewell. Rotation de la lune, p. 209. Whipple. Portrait, p. 35o. White. Eludes et paysages, p. 348. — Medaille avec mention, p. 6a5. Wbitehouse. Telegraphe transatlautique, p. 619. Wilhelmy. Diathermansie du verre a diverses temperatures, p. 448. Williamson. Theorie de l'elherification, p. 189. Windsor. Eclairage au gaz, p. 147. Witt (Henry). Filtrage par le charbon et le sable, p. 476. Woepk.e. Memoire, p. 437. Wobler. Association avec M. Deville; etude du bore, p. 633, 634. Wood. Char de sauvelage, p. 243. WftOTTESLEY, p. 676. Wurtz. Nouvel alcool, p. 126. — Acetal et glycol, p. 364. Zambeaux. General enr et fumivore, p. 5 12. Zimmerman. Changements seculaires de la temperature de l'air, p. 5a.' ~»»oo-<»0< TABLE ALPHABETIQUE PAR OlfcMlE DE MATIERES. Abeillcs conservees sous terre, p. 4, 172. Acide arsenique, p. 6i5. Agriculture. Paiilassonage en plein champ, p. 1. — Chat-rue draineiise, p. 3i. Piocheuse a vapeur, p. 02, — Plantation estivalede pommes de terre, p. 38. — Etudes sur les cereales, p. 43. — Eta! de I'agriculture, p. 5g. — Moyens d'augmenter la production animale, p. 70, 425. — "Vignes malades, p. 87, 342, 42 3. — Pepinieres d'Alger, p. 170. — Culture du ricin, p. 170. Cerfeuil bulbeux, p. 171. — Fumier noir de biuyere, p. 373. — Detresse des cleveurs de vers a soie du Midi, p. 176. — Preservation des pommes de terre, p. 201. — Obstruc- tions des tuyaux de drainage, p. 274. — Bles precoces del'Algerie, p. 309. — Destruction des puces de terre, p. 3i2. — Distillation de la betterave, p. 35i. — Instruments aratoires, p. 4 r 1 . • — 1 Plantes diverses des Antilles, p. 426. — Culture et produtt de la bryone samage, p. 457. — Culture du ble en lignes et en paquets, p. 5i4, 621. — Culture de l'igname de Chine, p. o5i. — Irrigations, p. 680. — Avantages des machines a baitre, p. 680. Atcool nouveau, p. 1 36 ; — de pommes de terre, p. 5 1 4. Aliments. Usage alimentaire de la viande de cheval, p, 3c>4 . — Nouveau tu- bercule, p. 377. — Zetouff, p. 427, — Cruelline, p. 45G.. — Ra- tines du cerfeuil bulbeux, p. 464. — Mais de BetzPenolv p. 58g. Alios, p. 65 t. Almaunch-Mamul de photographie, p. 570. Aluminium, p. 417,489, 528. — Exlrait de la cryolithe, p. 623. Amidon de matrons d'Inde, p. 4i3, 662. Anatomic. Theorie du squelette humain, p. i56. ■— Second conduit pancre- atiquechez le boeut, p. 322. — Anatomic comparee, p. 4'5. — Ana— tomie comparee des insectes, p. 582. — Mecauisme de la natation et du vol, p. 612. — Poche amnio-chonale, p. 6i3. Anemometre, p. 186. COSMOS. XXIII Aquai'ia. p. 5g. Arboriculture. Mnllip'ication indefinie des boutons a bois et a fruit, p. 253. Arc-en-ciel de tune, p. 19S. Archives ile l'Empire, ]>. 58o. Argentine a froid, p. 463. — Argenlure du verre, p. 92,229. Assainissemenl des fabriques de produits chimiques, p. 202. Ascension aeronautique de D'jon, p. 128. Association britannique, p. 39, i85, 209, 236. Astrouomie.Quarante unieme pin neteappelee Daphne, p. 10.— Observatoire libre, p. 29. — Scintillation desetoiles, p. 54. — l.imites du temps de ro- tation d'Uranus, p. 56. — Elements ellipliques de la derniere pla- nete, p. 67. — Carles des etoiles de i'erliptique p. 106. — Occul— tation d'Antares. p. 147. — Determination de la difference en lon- gitude, p. i52, 487. — Perle clionnements a apnorler aux lunettes meridiennes, p. i54. — Pauvrete de l'Observaloire de Paris, p. i54. — Scintillation, p. 166, 190. — Rotation de la lime, p. 209.— Annales de I'Observaioire, p. 220, 269. — Eloiles doubles et mul- tiples, p. 248. — Observations du R. P. Seechi, p. 324, 63o. — Eclipse de lune du i3 octobre i856, p. 3g3, 4S6, 493, 507. — Nebuleuse d'Orion, p. 4 '4. — Occullalion de Jupiler, p. 421, 449. — Acquisitions faites par l'Observatoiie de Paris, p. 645. — He- liomelre, p. 673. — Instruments, p. 6j3. Avertisseur electrique des mauometres, p. 3. Baleine fiancaise, p. 5. Bateaux de sauvetage, p. 2 3o, 236. Baratte cenirifuge, p. 2. — Polyedrique, p. 2. — Seignette, p. 432. Basrules portatives, p. 429. Batteries flottaules, p. 220, Belier hydraulique, p, 338. Bjelonsagglomeres et durcis, p. 424. Bitumes de Judee, p. 5o8. Blanc frangais stibstilue a la ceruse, p. 322. Bles precuces del'Algerie, p. 3og. Blocs je'es a la iner, p. 533. Bolide, p. 368. Boite a houppe, p. 432.. Bombix-mylitta, p. 649. Boie et acide borique, p. 6i3, 634, 636, 637. Botanique. Multiplication des boutons a bois et a fruit, p. 253. — Preparation et conservation des plantes el des fleurs, p. 3 10. — Formation des ^ graines sans le secour tdu pollen, p. 38g. — Holcus durra, p. 4t3. — Logoniacees p. 437. — Igname extraordinaire, p. 537. Bougies, p. 412. Bryone, p. 437.. Cable telegraphique entre la Sardaigne et l'Algerie. p. r.16^199. Cadran electrique, p. 4. Calcaires sous-phosphates, p. 577. Caloridores et calorifuges, p. 658. Caoutchouc vulcanise, p. 337, 419. Carmine dans la Monarde didyme, p. 218. Carte geologique de l'Europc, p. 472.. — Carte hydrographique de Paris, p. r38. XXIV COSMOS. Cauterisation avec la potasse caustique, p. 460. Cerfeuil bulbeux, p. 652. Chaine hydrauliqtie flottante, p. 10a. Chaines galvaniques, p. 343. Chaleur animale, p. 32i. Chaleur specifique des gaz, p. 67. Chalumau a jet continu, p. 687. Char de sauvetage, p. 243. Cliarrue draineuse, p. 3r. Chasse a la lumiere electrique, p. 68. Chassis decheminee a deux rideaux, p. 43 1. Chaudiere tubulaire, p. 5 12. Chauffage des hopitaux, p. 107. Cheuiins de fer. Systerae Jouffroy , p. 85. — Perfectionnements, p. 429. Freio, p. 620. Chene-liege, p. 65o. Cheval arabe, p. 582. Chevres d'Angora, p. 425. — Chevres sauvages, p. 648. Chimie. Composition des eaux minerales sulfureuses, p. 1 1 . — Contractions des melanges de solutions salines, p. 26. — Actions des chlorures et des bromuresde phosphore sur la glycerine, p. 70. — Acide carbazoti- que, p. 72. — Origine du nitre, p. 72, 77. — Nouvel alcool, p. 126. — Principes odorants des plantes, p. 127, 142. — Nouvelles syntheses chimiques, p, 127. — Precipitation de divers sels de leurs dissolutions, p. i36. — Proprieles et applications de la ghcerine, p. i43. Origine du nitre, p. 184. — Theorie de l'etherilication, p. 189. — Recherches photochimiques, p. 212. — Composition chimique et epuivaleuts nutritifs des aliments de l'homme, p. 214. — Carmine,p. 218. — Action des composes ox igenes de I'azote sur l'iodure de potassium, p. 272. — Action du p;'rchlorurede phosphore sur les acides fixes, p. 272. — Phorone, p. 274. — Mauiere dont se comporte le chloroforme relativement a d'autres corps, p. 295. — Du thymol et de ses derives, p. 307. — Acide phosphorique vi- treux, p. 320. — Recherches sur l'acetal et le glycol, p. 364. — Nature et origine de I'uree, p. 38g. — Acide terebenthilique, p. 390. — Sursaturation des solutions salines, p. 416. — lode dans les eaux minerales, p. 445. — Combinaisons doubles du cyanogene avec le cuivre et l'ammoniaque, p. 445. — Dosage de la lithine, p. 475. — Nature de l'iodure d'amidon, p. 538. — Affiniles speciales, p. 53g. — Production de I'acide azotique, p. 552. — Dosage du chlore, p. 55 8. — Dosage de I'argeut par l'iodure d'amidon, p. 5So. -j-Com- posilion du jus de rhubarbe, p. 614. — Acide arsenique, p. 6i5. Chimie agricole. Role des nitrates dans l'economie des plantes et absorption de I'azote de l'air, p. i58, 221, 324. — Distillation da la betterave, p. 35i. — Vinaigre des bagasses du Sorgho sucre, p. 427. — Alcool de pommes de terre, p. 5 14. Chimie appliquee. Bains d'or, d'argent et de platine, p. 309. Chimie industrielle. Couleur exlraite de la belladone, 4i5. Chimie legale. Methode pour decouvi ir la strychnine, p. 2 1 1 . Chirurgie. Desarticulatiou de la machoire inferieure, p. 9. — Electricite, agent general de chirurgie, p. 377. — Galvano-caustique, p. 399. — Ap- TABLE DES MATIERES. XXV pareil pour fractures, p. 435. — fixaieur de I 'ceil, p. 435. — Bril- Iante operation de lithotritie, p. 533. — Traitement du bubou sjphi- litique, p. 63g. Chirurgie plaslique, p, 640. CliWoforme, antidotes, p. 219. Chronoscone electrique, p. 469, 499. Climats aipioset subalpins, p, 624. Clivage des roches schisteuses, p. 470. Cochenille indigene, p. 68. Colle de silicate de Soude, p. 619. Collection arcbeologique vendue a l'Angleterre, p. 563. Collection de fruits et racines en pale plastique, p. 201. Collection d'objets recueiliis dans ['expedition du prince Napoleon, p. 623. Cometes, p. 698. Conservatoire des arts et metiers agrandi, p. 116. Corail, p. 3. Correlation des forces pbysiques, p. 666. Couleurs accidentelles, p. 3g. Coulcurs des etoiles Clantes, p. 665. Couveuse, p. 6 1. Cristallograpliie. Mode d'accroissement des cristaux, p. 468, 469. — Structure des cristaux, p. 547. Cryolithe, p 623. Cucumis DuJaimt p. 427- Cuivrage galvanique, p. 433. Curare , p. 46g. Cyano-polarimetre. p. 542. Cyclones, p. 108. Dama^quinure beliographiqtie, p. 485, 5ro, 662. Declinaison de l'aiguille aimantee, p. 55. Diabetometre, p. 4°4t 520. Diamaol du bure, p. 634. Dianiaut noir applique au rabotage des pierres dures, p. 88. Dialberman>ie du verre a diverses temperatures, p. 448. Dibromhydrine, p. 71. Diffraction, p. i56, Distillation dela betterave, p. 35i. Dorure a froid, p. 463. Dosage de l'argent par i'iodure d'amidon, p. 58o. Drainage, p. 67, 248, 2?5, 679. Dynamoscope, p. 344. EclairagSJft gaz, p. 145, 21S. Eclairage au gaz bydrogene, p. 460. Eclairs en boule, p. 197, 46c, 536. — Sans tonuerre, p. 460, 536. Eclipse de luue du i3 oclobie iS56, p. 368, 3g3. Electricite. Prbprieles electriques de la tourmaline, p. n. — Coexistence de deux courants dans un meme fil, p. 27. — Interrupteur a mereure, p. 43. — Son excite par le couiant, p. 4S.— Force electromotrice de la pile de M. Doat, p. 48, ao. — Induction dans un disque me- tallique, p. i56. — Courants electriques, p. 3a4- — Propagation de l'electricite dans les plaques, p. 447. — Pile a triple contact, p. 598. XXV1 COSMOS. pile perfecliouiice, p. 65g. — Induction electrique, p. (i63. — Eleciricitr- Jo fair el de la lene, p. 664. — Des tourmalines, p. 665. Electricite. Applications. Pendulo electrique a sonnerie p. 37. — Tissage elec- trique, p. 37. — CaJrau electrique, p. 2. — Avert isseur electrique des manometres, p. 3. — Intermpteur kilomelrique, p. 4 5, 344. — Sonneries eleclriques, p. 120, 176, 2o3. — Telegraphic electrique et meteorologie, p. 248. — ■ Lumiere electrique, p. 365. Electro-aimant ; mode de construction economique, p. 36. Electro-melallurgie, p. 48. Electro-metreur, p. 62. Electro-physiologie, p. 23. Emanations gazeu>es de la Calabre, p. 220. Embryogenie, p. 218, 269. Encre de correspondence des dames, p. 56 1. — Des quatre voleurs, p. 617. Encrier Bruno pour les aveugles, p. 5i6, 534. Endosniose des gaz, p. 1 29. Engrais exirait des eaux des egouts, p. 546. Epibromhydrine, p. ji. Epioruis, p. 5 18. Epreuvesstcicoscopiques, p. 346. Esquisses biographiques, p. 35o, 537. Essieux de surete, p. 43o. Elablissement acronautique, p. i5a. Eiherautidoie du chloroforme, p. 189, 141, Etoiles filantes, p. 2i3,535,477. Farine de mais, p. 589. Fecundation sans males, p. 633. Fete des ccules, p. 565. Fievres puerpera es, p. 58o. Filtrage par lecharbon et le sable, p. 476. Fluor dans les os, p. 487. Foetus de baleine, p. 624. Force catalytique, p. 47. Foretssoutei raines, p. 633. Fours eeouoniique«, p. 412. Fourneaux economiques, p. 455. Frein Guerin, p. 620. Fiicus vesiculosa!, p. 474- Fumier noir de bruyere, p. 373. Galvano-causlique, p. 3gg. Galvanoplastie, p. 343. j, Geograpliie. Procede de correction des carles gravees sur cuivre, p. $T — Kou- velle carle de la Palestine, p. 320. Geologie. Phenomeues geologiques de Pikermi, p. 1S0. — Theorie nmivelle des soulevements, p. 33g. — Terrains daniens, p. 435. — Nouveaux soulevements, p. 436. — Carte geologique du sous-sol de Paris, p. 4 3S, 5 06. — De la Finlaude, p. 665. Glyceramine, p. 71. Glycerine, Applications, p. 9 4> 1 4 3 • Glyt o-uiie physiologique, p. 375. Graisseur automate, p. 5 12. TABLE DESMATIERES. XXVII Oravnre galvanoplastique, p. 343. — Heliographiquo, p. 42, 285, 485, 5oS. Gruelline, p. 456. Guano, p. 432, 436. Halo Ires-beau, p. 52t. Heliograpliie, p. 34*. Hel:omelre, p. 673. Helioruithides, p. 464. Hf'nmpiysii's, p. 5S6. IIolcus duira. p. 4 J 3. Homme fossile, p. 12 5. Horloges eleclriques sonnanles, p. 62. Houillerede l'Aiide et de l'Heiauli,p. 480. — D'Angleterre; leurduree, p. 92. Hydrographie. Eaux soulei raines de la Provence, p. 6og. H)gieue publique enCrimee, p. 538. Hypospadias, p. 5ai. Ignaiue, p. 5g, 65 1. Impressions naturelles, p. 342. Inclinaisou de laigudle aimantee, p. 55, 675. Induction electrique, p. 663. Infusoires, p. 644. Iuoiidaiinus, p. 11, 12, 34. Insalubrite des logemenls des ouvriers, p. 5i8. Insedeset phenonienes nieteorologiqiics, p. 43<). Intensites magnetiques, p. 675. Inlen uplrnr a mercure, p. 43, 73. Interrupteur electrique, p. 45, 344, 478. Irrigations, p. 680. Kermes mineral p. 642. Lait artilinel, p 3og. Lainpe economique, p. 410. Landes de la Gascogne, p. 65 1. Lavis sur pierre, p. 57 1 . Lenlilles a eau, p. 564. Lit mecanique, p. 2 3o. Lilhine, p. 4"5. Lithine et ses composes, p. 525. Lilhotritie, p. 104, 320. Locomotive porte-rails, p. 118., Logon iucees, p. 437. Loi de. la reparation des ceuvres p. 34 7- Lumiere eVtuique, p 365, 45o. Lumiere soufire p. 55ft. Luneite .Napole >n III, p. 401. Machines — a vapeur sinchauflee, p. 229;r«geueree, p. 3S, 3ii ; pulmonaire, p. 665. — Tringles de piston, p. 429. — Moissonneuse, p. i45; a liiroler, p. 412 ; a fondre les caracteres d'iniprimeiie, p. 689. Marlioire artificielle. p. 622. Magnetisme terresire, p. 18, 3g, 80, i3i, 320, 378. — Inclinaison, decli- naison el inteusite, p. 55, 186, 676. — Polarisation rotatoire ma- getiqne, p. 387. Magnoliers, p. 65o. xxviii COSMOS. Mais de M. Betz-Penot, p. 589. Mannite des algnes marines, p. 609. Manometre melallique, p. aoo. Matenaux de construction, p. 181, 270, 43a, 538, 571. Mathematiques. Methode d'iulegration, p. 48. — Theorie des fonctions conti- nues monodromes el monogenes, p. 70. Theoreme de Fermat, p. 123. — Produits el functions symboliques, p. 11C. — Convergence des series, p. 344. — Functions periodiques a plusieurs variables, p. 373. Mccanique. Mouvements des projectiles dans les milieux resistants, p. 25. — Transmission de muuvement dynamomcirique, p. 621. — Theorie de la percussion p. 633. — Pertes de forces vives, p. 696. Mecanisme de la natation et du vol, p. 61 a. Mcdailles deceruees, p. 562, 625. Medecine. Alcaliuile dans la sante ou !a maladie, p. 87; — operatoire, p. 119. — Ether antidote du chloroforme, p. 141 . — Nature et siege de la co- queluche, p. i83. — Gucrisons par les courants d'mduction et cou- tinus, p. 324. — Gymnastique medicale, p. 33g. — Temperature du corps humain dans diverses maladies, p. 340. — Action therapeutique des courants, p. 343. — Remede contre la diarrhee, p. 36g. — Traite- ment des abces par congestion, p. 547. — Traitement preventif des fievres puerperales, p. 58o. — Gangrene et glycosurie, p. 58o.— Pro- prietes toniques du sel marin et de la saumure, p. 678. Mer inorte, p. 9. Meriuos-Mauchamp, p. 425. Metallurgie. Conversion directe de la fonteen acier fondu, p. 1 13. Metaux canneles, p. 2 36. IWeteorolilhe tombe dans le fort de Civita-Vecchia, p. 421. Meteorologie. Reseau meteorologique complet, p. 1 1 . — Changements seculaires de la temperature del'air, p. 52. — Etoiles lilantes, p. 214, 374. Miroirs Brechoux, p. 43 1. Momies nalurelles d'Arica, p. 437. Monstre cynocephalique, p. 58i. Mortiers, p. 220, 467. Naufrages par la fuudrc, p. 583, Navigation. Courants, p. 117; — a vapeur. Systeme Welhered, p. 229. Navigation aerienne, p. 247. Nebuleuse d'Orion, p. 414. Necrologie.Mort de I'astronome Belville, p. 92. —Mori de M. Scharpe, p. g4 ; de MM. ('.iron de Buzareingues et Dunal, p. 176; — deM. Constant Prevost, p. 2i3; — de M. Buckland, p. 225; — deM. Gerhardt, p. 246; — de I'amiral Sir John Ross, p. 3og; — de M. .Taupenot, p. 43o ; — deM. le baron Busche, p. 5i2. Observatoire de Bonn, p. 673, de Dusseldorfl', p. 674, de Gotha, p. 674, de Geettingue p. 674, de Berlin, p. 674. de Hambourg, p. 6741 d'Al- toua, p. 675, d'Utrecht, p. 675, de Leyde, p. 675. Ondes a la surface de la mer, p. 374. Ojdilhalmulogie, p. 4i5. Oplique. Diffraction, p. i56. — Nouvel apparcil de polarisation, p. 249, — Rayons invisibles du spectre, p. a5i. — Phenoinenes de refraction a travers les demi-!entilles du stereoscope, p. 283. — Lunette \apo- le, in hi. p. 401. — Pou\oir rotatoiredu chlorate de potasse, p. 4'5. TABLE DES MATIERES. XXIX -— Lunette de 3o centimetres, de 7 3 centimetres, p. 646. — Lunelle Porro de 52 centimetres, p. 646. — Instruments d'optique, p. 673. Orages, p. 197. Organographie vegelale, p. 58o. Orgue pliant p. 43i. Ornithologie. Messager ou serpentaire, p. 5g, 248. — Richesses ornithologi- ques des inusces d'Allemagne, de Hollande el de Kelgique, p. 299. — Classification des echassiers, p. 322. — Catalogue general des oiseanxde l'Europe, p. E>a4- — Classification paiallelique des oiseaux, p. 58r. — Percnopteres, p. 65i. — Caracteres osteologiques des perroquels, p. 66a. — Ornithologie fossile, p. 4^4. Ozone, p. 46, 485, 489, 553, 587. Paillassonnage en plein champ, p. 1. Paleontologie. Nouveau singe fossile, p. 123. — Homme fossile, p. 125. — Re- sultal des recherclies faites a Pikermi, p. i56. Papier et carton avec le ftimier des herbivores, p. 43o. Paratonnerresdes navires, p. 533. Pasigraphie, |.. 38. Pastilles de phosphate de chaux, p. 36. Peche du corail, p. 3; — a la lumiere eleclrique, p. 67. Percnopteres, p. 65 1. Pese-lait portatif, p. 5 i3. Petrisseur mecanique, p. 412. Phorone, p. 274. Phosphore, p. 47,665. Photographic Mesure de l'aclion chimique de la lumiere, p. 7. — Prix fonde par le due de Luynes, p. 148. — Plico del folografo, p. 656. — A l'imprimeiie imperiale de Vienne. p. 44°- Photographic Agents. Emploi de l'acide phosphorique, p. 121. — Sur le col- lodion, p. 207. — Collodion albumine. p. 2:2. — Produits chimi- ques pour la photographie, p. 372. — Liqueur sensibilisatrice, p. 654- — Agents fixateurs, p, 682. Photographie. Appareils. Nouveau chassis a negatifs, p. 96. — Pislolet porte- plaque, p. 97. — Objectifs pour paysage, p. 37 1. — I'.olte et chassis pour plaques sensibilisees, p. 452. — Chassis a papier, p. 483. — Presse .*i satiner, p. 55o. . — Chassis a plusieurs glaces, p. 55o. — Verse-coliodion, p. 60 r. — Appai'cil panoramique perfectionne, p. 655. Photographie. Procedes. Collodion preserve a 1'oxvmel, p. 6. — Sur le procede Taupeuot, p. 41, 96, 285, 44r, 481, 699. — Sur le collodion, \ p. 64. — Nouveau bain pour collodion, p. 95. — Tirage des positifs, p. 206. — Romede contre le virnge des posilifs au jaune, p. 206. — Fixage d«s positil's, p. 20S. — Suppression des glaces, p. 441. — Methode rapide sur papier cire, p. 459. — Plmtngraphie rapide sur papier cire, p. 5n. — Collodion sec, p. 566,568, 653.— Collodion instantaneet constant, p. 653. — Tirage descpreuves positives, p. 655. Photographie. Applications. Epieuves pho'ogiaphiques, p. 100. — Portraits des hommes politiques de I'Angleterre, p. 285. — Formation arti- ficielle des nuages, p. 285. — Portraits plhitog; -aphiques, p. 346. Photographies beiges, p. 346. — Photographies franchises, p. 347. — Photographies auglai-es, p. 3<{8. — Photographies americaine«7 XXX COSMOS. p 3 5o. —Photographies iialiennes, p. 370. — Photographies alle- mandessuisseselhongroises, p. 37l. —Photographies de I'eclipsede lime ohtennesen 10 el i5secondes, p. 3g4, 422, 442, 548. Photometre simple, p. 555. Photophohie, p. 3a2. Pholophore-syphons, p. 4 3t. Photolithographic, p. i24- , . Physiologic. Accommodation de 1'ocil, p. 9, 324-— Hole du sue pancrcalique, r> 4s. — Contractions indiiiles, p. 128. — Antidolesdu chloroforme, p_ 2lc). Topographic de la temperature animale, p. 219. — Fonc- lions lies capsules renalesp. 247, 3oi, 3ao, 5i3.- Developpement du crane huroain, p. a48, 3o 3. — Temperature animale, f. ..9&7.J 32i, 34o. — Eludes physiologiques de I'ceil, p. 34o. — Sensibilite des tendons, p. 344. — Secretion de la bile et foiiclion glycogenique du foie, p. 392.— Cause du hattement du roeur, p. 418. — Anion du curare, p. 485. — Sensibilite de la peau des lepreux , p. 52i. — Phenomenes physiques de la contraction musculaire, p. 607. — Ap- pareil coordinateur de la parole et de I'ecrilure, p. 676. Physique. Figures d'equilibre d'une masse liquide sans pesauieur, p. 56, 286. — Endosmosedes gaz, p. 129 — Nouveau procede pour obtenir les den- sites des corps solides, p. 3o4\— Relation entre la capacite calorifique, la temperature el la densite des gaz, p 386. — Changemenls de vo- lume produits par I'elevalion de temperature et la fusion, p. 558. — Modification aux machines pneumaliques, p. C62. Physique du globe. Courants, p. 1 17. — Emanations gazeuses de la Calabre, p I20. _ Etat du Vesuve, p. 247. — Phenomenes eruptifs de I'llalie nieridionale, p. 5o6. — 'Phenomenes volcauiques, p. 547- — Inegalites de la structure du globe, p. 691. Pile a triple contact, p. SgS. — Doat perfeetionnee, p. 65g. Piocbeuse a vapeor, p. 3a. Pisciculture. Repeupleinent des cours d'eau de France, p. 3, 1 13. Plani-pierre, p. 43o. Plaiinure a froi I, p. 463. Pneumatometrio, p. 387. Poi-sons du lac du hois de Boulogne, p. 11 3. Polarisation rolatone magneliqne, p. 387. Pommes de terre pieservees, p. 201. Pompesa soupapes en caoutchouc, p. 5^2. Ponts a bascules fixes, p. 429. Porte-amarede sauveiage, p. 199. Poteries, H. 412. — Pots en bronze, p. 409. Prix proposes, p. 57, 90, 9$, n5, 282, 323, 34o. Prodromtts, p. 463. Pyroseaphe sous-marin, p. 429. Rarhilisme, p. 36. Rcflccteurs electrotypes, p. 564. Reliure, nouveau svstemc, p. 434. Rhinoplaslie, p. io5. Riviere de s;mg. p. 377. Scintillaiion des cioiles, p. 54, 166, 19.1. Setou galvauirpie, p. 399. TABLE DES MATIERES. XXXI Societes d'acclimalation, p. 3, 58, ifig, i,zS, 64S; — d'cncouragement, p. 429, 455, 5i2, 5ji, 658, 6.S6; — des sciences de Harlem, sujets de prix p. go; — franchise de photographie, p. 94,440,481; — proleclrice des animaux, p. 60. Solfatares, p. 436. Sonneries electriques, p. 120, 174, 2o3. Sorgho sucre de la Chine, p. 426. S|iirometre, p. 128, 2g5, 6o3, 676. Stadia-metre compensateur, p. 43o. Statuettes en bronze du scrapeum egyptien, p. 5o5. Stereoscope, p. 100,204, ao5, st3i, 261, 3l3, 3i6, 375. Suspension dts nuages, 248, 5ig. Synthe^e chimique, p. 189. Tacheometrie, p. 88. Tarets, p. 247. Tartre stibie, remede contre le cholera, p. 70. Tannage, theorie, p. 537. Taurine, p. 189. Teinture mecanique, p. 5i3. Telegraphe photo-eIecliic|ue, p. 46; — electrique nouveau, p. 63; — sous- rearin, p. 116, igg, 281, 606, 618; — imprimant, p. 596, 6g4. Telephnnie, p. 177. Thedu cafeier, p. 41 3. Thymol et ses derives, p. 307. Tissus inipermeables, p. 5i3, 58o. Toiles, p. 408. Tanneries sans eclairs, p. 460, 536. Topograpbie. Longitude, latitude et altitude de l'ecole polytechnique, p. 637. Torrefacteur, p. 096. Tourmaline. Ses proprieles electriques, p. ir, 525. Toxicologic, Action de la strychnine sur lamoelle cpiniere, p. 3o8. Tremhlement deterre en Algerie, en ruer, en France, p. 281, 32i, 436. Triangulation niagnetique, p. 383. Tribromhydrine, p. 72. Trufl'e, p. 325. Xul i piers, p. 65o. Turbine, p. 102, 374. Types cbimiques, p. 188. Ureiroplastie, p. 638. Yaisselle, p. 412. Vannes locomobiles, p. 6o3. Vapeu'A vesiculates, p. 5ig. Veloctmetre, p. 340. Ventilation des h6|>itaux, p. 107. Veruis non inflammable, p. io3. — Vernissage, p. 483. "Vers a soie, p. 156,170, 64g. Verse-collodion, p. 601. Vesuve. Son etat acluel, p. 142. Vins de l'Australie, p. 40; —des vignessoufrees, p. 4a3. Vision stercoscopiqne, p. 6D7. Vivianitedans lesos, p. 487. xxxn COSMOS. Volran dt> Slromboli, p. 324. Yaks du Jardin desPlantes, p. 114. Yeux artificiels des momiesdu Perou, p. 416. ZetoufF, plante alimentaire, p. 427. Zoologie. Nouveau moulon, p. 70. — Animanx rares et curieux du Jardin des Planles, p. 114. — Cbeval d'Afrique, p. 169. — Baeuf bazadais, p. 169. — Vers a soie du chene, p. 170, 649. — Nouvel Elan p. a3o. — Taiets, p. 247. — Organisation et rooeurs du termite luci- fuge, p. 3o2. — Fecondation sans males, p. 633. — Bouquetins des Alpes, p. 648. T. IX, 4 juillet 1856. Cinquieme annee. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Une des plus importantes nouveautes de l'exposition de Fa- griculture etait certainement le paillassonnage en plein champ de M. Jules Guyot, auquel le jury a decerne une medaille d'argent. De temps immemorial, on a reconnu la necessite d'abriter les plantations contre la gelee, la grele, le vent et les diverses autres intemperies de Fair. Pour les cultures en grand, les vignes par exemple, on n'avait encore pu organiser d'abri, par suite des frais considerables que cette organisation devait entrainer. Les moyens et procedes en usage n'auraient pas permis, en effet, de fabriquer des paillassons a un prix assez modere pour que la de- pense resultant de leur emploi fut compensee par Fexcedant de production qu'ils peuvent assurer. II fallait 1° combiner un me- tier d'une construction economique, permettant de fabriquer a un prix minime les paillassons preservateurs ; 2° reduire a lour plus simple expression les frais de pose et de manoeuvre de ces paillassons. Ainsi que nous Favons deja annonce, M. Jules Guyot a obtenu ce double resultat. Avec son metier, parfaitement cons- truit par M. Cyrille Bonnevie, un tisseur aide d'un enfant qui lui prepare la paille, et d'un cinquieme d'homme qui l'apporte et la coupe, fabrique de 2 a 300 metres de paillassons par jour. Un atelier de clix homines pose sur les vignes ou dans les champs de 10 a 12 000 metres par jour; Foperation complete du paillasson- nage, fourniture et main-d'oeuvrc, revient a 12 ou 15 centimes le metre courant. Elle a pour objet de proteger 1° contre les froids ot^les gelees du printemps; 2° contre la coulure; 3° contre la grele ; U° contre les gelees d'automne ; 5° eufin d'activer la vege- tation et la maturite en brisant les vents et en concentrant les rayons du soleil. La premiere application faite cette annee a deja eu pour resultat de sauver les vignes des rudes gelees d'avril. Tous les plans que les paillassons ne protegeaient pas ont ete cruellement atleints ; ceux que les paillassons protegeaient n'ont aucunement souffert. l 2 COSMOS. — Une autre curiosite grandement utile dc l'exposition etait la baratte centrifuge da major Stiernsvard, construite et exploitee par M. Girard, et qui a etc couronnee d'une medaille d'o-r. Elle place rindustrie dc la laiterie dans des conditions toutes nou- vellesqu'on pent formuler comme il suit: l°'extractiondu beurre directement du Jait frais en quatre minutes; 2° rendement cons- tant do maximum dc beurre que peut donner le lait, 500 grammes «'ii movenne pour douze litres de lait; 3" beurre d'une qualite superieurc et d'une meilleure conservation ; h° conservation au lait baratte de la savour et du bon gout du lait frais, ainsi que de scs proprietes nutritives, de telle sorte qu'ilpuisse servir al'e'Ieve des veaux et a la confection d'excellents frcmages; 5° suppres- sion des trois quarts du materiel et des frais de manutention d'une laiterie ; le cremage du lait ctant supprime, on n'a plus besoin que de vases convenables pour defendre le lait de l'aigreur. Au concours qui a suivi l'exposifion, deux barattes se disputaient surtoul la victoire, la baratte polyedrique en bois de M. Fouju, et la baratte centrifuge toute en metal de M. Girard. Premiere ex- perience : on a verse dans chaque baratte dix litres de lait; la centrifuge a donne en quatre minutes et demie 322 grammes de beurre; la polyedrique n'en a donne que 240 grammes en sept minutes. Deuxieme experience : la baratte centrifuge a donne en six minutes 2 kilogrammes 50 de beurre ; celle de M. Fouju en six minutes, 1 kilogramme 925 grammes. La baratte centrifuge l'a aussi < mporte par la qualile du beurre. M. Breguet a recemment installe dans le reverbere place a Tangle du Pont-Neuf et du quai de l'Horloge un cadran arme do deux aiguilles mues par l'electricite et qui donnent l'heure et la minute. La lanterne est ainsi transformee en lanterne horloge d'une tres-grande simplicite; trois roues, un piguon, un echappe- ment, renversement du courant avec double incliquetage, voila tout le mecanisme ; deux fils partant de la lanterne vont aboutir a une horloge regulatrice situee dans le cabinet de M. Breguet. Cette installation est evidemment une excellente idee qui se prop^gera rapidement, nous devons du moins l'esperer. M. Breguet propose de divisor Paris en douze regions eleclriqucs , de placer dans cbaque inairie un regulateur qui distribue l'heure dans tout l'ar- rondissement , soit a des cadrans lanternes , soit dans l'inte'rieur des maisons. — Le nieme et si habile artiste a fait une autre application tres- heureusc de l'electrite; il a conslruit un appareil qu'il appelle COSMOS. 3 l'avertisseur electrique ties manometres a gaz et a vapeur , et qui a pour but de prevenir les gardiens par le retentissement d'une sonnerie que la pression du gaz ou de la vapeur est trop forte ou trop faible pour un bon service. Rien de plus simple que cette application : il a suffi d'implanter aux deux extremites de l'arc <{ue l'aiguille du manometre parcourt deux pointcs metalliques qui limitent ses excursions dans un sens ou dans l'autre, et d'uti- liser le contact de l'aiguille arrivee a ses positions extremes avec les pointes pour termer le courant parti d'une petite pile et lui faire mettre en jeu la sonnerie. — La derniere livraison duBulletin de la So&iete d'acclwMtatiim, est assez riche en faits d'interet general que nous allons faire connaitre. — La moyenne des douze toisons des chevres d'Angora formant le troupeau d'acclimatation de 1' Algerie a e'te de 570 grammes, et sa valeur de 4fr. 2 cent.; c'est deja unproduit superieur a celui du mouton, car les plus belles toisons de 1' Algerie ne valent en moyenne que 2 fr. 15 cent. ; le troupeau s'est augmente cette an- nee de huit naissances. — M. le marechal ministre de la guerre avait pose a la Societeia question suivante : Par quels moyens pourrait-on determiner nos armateurs et nos marins en France et en Algerie a se livrer a la peche ducorail? Comment raviver en France la fabrication du corail , et assurer a ce produit des debouches au dehors? La re- ponse faite par une commission dont M. Focillon etait rapporteur est evasive ou dilatoire : « Tout moyen purement adminislralif ne nous parait pas devoir assurer au gouvernement le succes qu'il desire. II serait opportun avant tout que le gouvernement fit eiu- dierau point de vue pratique, en Italie et en Algerie l'histoire natu- relle du corail et 1' exploitation de cette matiere precieuse : le preliminaire indispensable de toule mesure concernant cette im- portante question est la reunion de tous les documents zoologi- ques et autres propres a remplir le cadre d'un ouvrage qui nous manque entierement et nous fait aujourd'hui grand defaul L'histoire scientifique et industrielle du corail rouge. » La commission chargee de discuter les mesures a prendre pour assurer le repeuplement des cours d'eau de la France , formule ainsi ses conclusions par l'organe de M. Millet, inspecteur des forets : 1° supprimer les barrages partout ou leur etablissem'eht n'est pas indispensable pour le service des usines ou pour celui de la navigation et du flottage ; 2° dans tousles cas modifier Tor- h COSMOS. ganisation de ces barrages de maniere a permettre la rernonte des poissons migra tours et la libre circulation des poissons de toules categories; 3° encourager et favoriser l'exploitation et le ddveloppement des reservoirs ou viviers a poissons marins, et la culture des hultres et des moules; h° completer 1'organi- sation d'un bon service de surveillance de maniere a proteger efficacementla reproduction naturelle et la conservation du pois- son , et feire poursuivre d'office, par le ministere public, les debts de pechc. Accessoirement ou simultanement on organiserait dans les affluents et les ruisseaux des frayeres artificielles ; on procederait, dans des cours d'eau secondaires, et dans quelques sources convenablement disposees , a la production de l'alevin des meilleures especes de poissons par la methode des feconda- tions artificielles. — M. de Beauvoys, le celebre agriculteur, appelle 1' attention de la Societe sur le proce'de de conservation des abeilles sous terre mis en praUquc par M. Antoine de Rbeims. On procede a 1'enfouisse- ment vers le 15 novembre , le soir, par un temps froid , avec le moins de mouvement et de bruit possible. On creusc la fosse ou silo loin des grandes routes , des granges , des usines , au milieu des champs , sur une profondeur de 70 centimetres , et une lon- gueur relative au n ombre de ruches qu'on veut enterrer; ce nombre m doit pas depasser 20 pour lespetites ruches, \h pour les moyennes, 8 pour les tri's-fories ; on pose au fond de la fosse les plateaux, sur les plateaux des madriers de 8 a 10 centimetres de hauteur, sur les madriers les ruches entoure'es de foin ou de vieille paille, et abrik;es par do vieilles planches ; on recouvre enfin les planches de toute la terre provenant de l'excavation ; on la foule sans bruit, on nivelle, on ensemence sa surface pour dissimu- ler le tresor enfoui. Les abHUes ai.usi renfermees consomment trois cinquiemes de moins qu'en liberte, leur mortalite est presque nulle, et la reine pond trois semaines plus tot. On ouvre les silos vers le 15fevrier, avec toutes les precautions possibles, et le soir pour ne £vas etre blesse. — M. Renard recommande vivement l'aclimatation du bam- bou de la Chine dont les usages sont, dit-il, si nombreux, les services si grands, etc., etc.'.En Chine il sert a tout et a tous, ar- chitccte, rnarin, medecin, homme de lettres, charpentier, confi- scur, soklat, laboureur, sculpteur,^ pecbeur, musicien, etc. ; ses jeunes pousses tendres et delicates constituent un legume qui COSMOS. 5 Taut, dit-on, nos asperges ; bonillios, assaisonne'es ct confites, elles produisent d'excellentes conserves tres-rechercbees, etc. — M. Victor Meunier a parfaitement fait ressortir dans son Ami des sciences l'importance de la nouvelle industrie de la baleine francaise fabriquee avec des cornes de buffle. On laisse tremper les cornes pendant plusieurs jours pour les amollir dans un bain d'eau mucilagincuse ; on les debarrasse de leur noyau inte'rieur, on les fend avec la scie circulate ou a ruban ; ou les ouvre au- dessus d'un feu clair avec une verge meLallique, on les aplatil, d'abord par Taction combinee de la presse hydraulique et de l'eau chaude ou de la vapeur humide , puis a l'aide de la presse a coin et a vis, on les degraisse avec soin au moyen de la pous- siere de come; on les dedouble a la scie s'il est ne'cessaire, puis on les decoupe en bandes ayant la longueur et les dimensions requises pour fournir soit des buses, soit des baleines de cor- sets, etc. Les lames trop petites font des decimetres, les bouts pleins coupes servent a fabriquer des galets, des roulettes, des pommes dc cannes ou de parapluies, etc. ; les dechets sont ven- dus pour etre transforme's en engrais, ou servir a la fabrication du prussiate de potasse, ou pour remplacer le crin dans tous ses usages. Rien n'est perdu; et les benefices de 1' operation sont con- siderables. — Un grand nombre d'liommes tres-eminents et tres-influents de la science et de la marine anglaise viennent d'adresser au gouvernement un memoire sur la necessite d'envoyer une expe- dition nouvelle a la recbercbe des restes de V Erebus et du Terror, vaisseaux montes par Franklin et ses compagnons disparus. II serait indigne disent-ils, d'une grande nation comme 1'Angleterre, de ne pas retrouver complelement la route suivie par ses trop malheureux enfants ; de ne pas s'assurer si quelqucs-uns vivent encore, etc. , etc. II ne s'agit pas cette fois d'un expedition vague et indeterminee, maistout simplement d'atteindre par la voie la plus courte la region ou le docteur Rac a trouve des traces certaines et des Cliques de l'equipage. Nous apprenons a l'instant que les lords de l'Amiraute, apres un examen approfondi, viennent preci- sement d'attribuer au docteur Rac la somme de dix mile livres sterling (250 mille francs), promise a celuiqui decouvrirait le pre- mier des traces de Franklin. PIIOTOGRAPHIE. Collodion preserve a I'oxymel ProcedS de M. Lleveltn. Dans la livraison d'avril du Journal de la Societe photographique de Londres, M. Llevelyn avait resume dans les termes suivants sa inethode de preservation de la sensibilite des plaques collodion- ne"es a l'aide d'oxymel ou sirop forme" de vinaigre et de miel qu'on trouve chez presque tous les droguistes : « Je prepare ma plaque de collodion a la maniere ordinaire, etlorsque je la sors du bain de nitrate, je la plonge dans une cuvette horizontale en gutta- percha , remplie d'eau, pendant deux ou trois minutes, pour en- lever jusqu'aux dernieres traces de nitrate libre ; je la retire, je la laisse egoutter completement, et la plonge de nouveau dans un bain flltre, forme" d'une partie d'oxymel et de quatre parties d'eau. Cette solution preservative doit etre versee dans une cuvette horizontale en gutta-percha soulevee d'abord sur l'un de ses bords par une cale ; on y depose la plaque avec la couche de collodion en dessus , et, en ramenant la cuvette au niveau hori- zontal, on fait couler le sirop a la surface ; on la laisse ainsi recouverte pendant une minute environ ; on cale de nouveau, on retire la plaque horizontalement , on la met a egoutter sur une feuuMe de papier buvard que Ton renouvelle apres un petit nombre de minutes. M. Llevelyn avait pense que le temps d'exposition a la lumiere de la plaque ainsi prepared serait au plus double de ce qu'il est pour le collodion humide ; mais il ecrit aujourd'hui qu'a en juger par les experiences qu'il a faites, le collodion preserve exige un temps d'exposition quatre fois plus long (de cinq a six minutes) avec un objectif de trois pouces d'ouverture, de quinze pouces de distance fo cale, un diaphragme d'un dcmi-pouce. Mais, et c'est aussi consolant qu'imprevu, la plaque preservee n'est paamoms impressionnable apres trois scmainesde preparation qu' apres trois jours, ou meme que si on la placait immediatement dans la chambre obscure. Avant de la developper , il faut etendre une couche d'eau a sa surface pour qu'elle soit Men saisie par le liquide revelaleur. Comme il n'est pas reste de nitrate libre sur la couche de collo- dion, il faut ajouter deux gouttes du bain de nitrate ou sensi- bilisateur pour chaque drachine, ls7, de la solution d'acide py- COSMOS. 7 rogallique ; sans cela l'image resterait latente. Quelquefois , pour obtenir un negatif sufflsamment intense, il faudra laver la plaque a grande eau et la traiter de nouveau par le nitrate d' argent et le liquide revelateur. M. Llevelyn est intimement convaincu qu'avec ces modifications le precede" de preservation a l'oxymel estle meilleur de tous ceux qui ont ete proposes, par la facility des manipulations , la certi- tude et la beaute des rdsultats. Les negatifs ainsi obtenus sont tout a fait comparables par l'dclat, la profondeur, les demi- teintes et la facilite d'impression aux meilleurs negatifs obtenus sur collodion humide; or, tout lejnonde connait quels admirables negatifs M. Llevelyn sait produire. Sur la mesure de Taction chimique de la lumiere Par M. Henrt Roscoe. Les experiences que M. Roscoe a faites en collaboration avec M. le professeur Bunsen avaient pour objet 1° de determiner les lois suivant lesquelles s'exerce Taction chimique de la lumiere; 2° de trouver un moyen de mesurer l'intensite des rayons chi- miques. Lorsqu'on expose sous certaines conditions a Faction directe des rayons solaires des solutions aqueuses de chlore, de brOrae ou d'iode, elles sont decomposees; il se forme l'hydracide cor- respondent, et l'oxygene de l'eau est mis en liberie. La difference entre les quantites fibres de chlore, de brOme, ou d'iode conte- nues dans le liquide avant et apres l'exposition a la lumiere donne la quantite de la substance decomposed pendant l'insolation. Or l'analyse a prouve que la quantite de chlore, de brdme ou d'iode qui disparaissait n'etait pas proportionnelle au temps de l'expo- sition a la lumiere. Dans un temps double, par exemple, il y avait moins que le double de substance decomposed. Le rapport entre la quantite de lumiere et la quantite de substance decomposed n'est dognc pas dans ce cas un rapport simple. Cette action anormale trouve son explication facile dans une consideration simplement theorique. L'affinite chimique est la re- sultante de toutes les forces en jeu pendant la reaction ; ce ne sont done pas seulement les atomes prets a subir la decomposi- tion qui determinent le resultat final ; les atomes qui sans pouvoir prendre part a la decomposition entourent les atomes decompo- sables exercent de leur cote une influence sensible. Les phe'no- menes qu'on a designees du nom de phenomenes catalytiques 8 COSMOS. sont uno pronvo frappante do cello assertion. Ponr fairc au cas qui nous oreupo I'npplicalion do ce principo general , opd- vons d'ahord sor I'eau chlon'e pure : aprcs qu'ollc a subi line premiere ibis faction do la lumiere, il s'estforme do l'acide chlor- hydriquo: par la memo sa composition estmodifiee, ct l'on doit s'attciidre h des resultats differents do ceux qui so sont produits d'ahord. Cette consequence (\o la tho'orie a ele" verifiee experimen- talement. !)e l'eau de chlorcalaquclle on avail ajouto 10 pour 100 d'acido clilorhyrliique n'a plus etc" decomposed par uno exposition do six houres a Paction diiecto de la lumiere solaire, tandis que cette memo can ohloree, exposee sans addition prealable d'acide chlorhydrique, a perdu pendant ces memos six heures presque tout le cldore libre qu'ollc contenait. Pour ohtenir une mosure vraie de Faction de la lumiere sur une substance cbimique, il est necessaire que le corps forme sous Finfliience do cette action soit enleve a mesure de sa for- mation, do la sphere d'action des parlicules encore decompo- sables; or, e'est ce qu'on no peut pas obtenir avec de l'eau chlo- ree; il fallaitdonc recourir a une nouvelle substance. Lorsqu'on expose a Taction directe de la lumiere solaire un me- lange en vobunes egaux de chlore et d'hydrogene, les deux gaz ^oii I avec explosion ; la combinaison se fait graduellement a la lumiere diffuse. Si, en la presence de l'eau, l'acide cblorby- driquo, ne do la combinaison, est immediatement absorbe et re- tire par consequent do la sphere d'action des gaz, la diminu- tion do volume des gaz melanges qui resulte de cette absorption donne la mesure exacte de la quantite d'action produite par la lumiere. La diminution du volume des gaz mesuree par Televa- tion do. l'eau dans un tube gradue s'est monlree de fait tres-regu- Jicrc, et il est reste prouve aussi quo, lorsque la lumiere est constante, la quantite de son action est (Jirectcment proportion- nelle an temps ov. a la dares de V exposition. On ade'termine de cette maniere experiinenlalement lefcrapport on I re. ]■• q\ta i ''action et la quantite de lumiere, en laissant tomber sur le gaz sensible des quantites connues de lumiere dif- fuse, et les experiences bien conduiles ont prouve que la quantite {titration 0st direc.tnnent ' proportionnelle a la quantite oua I'inten- site de la /•nniere. Ce rapport tres-simple avait etc formulc en lS'i.". paiM. Draper de New-York; mais son mode d'experimenta- tion dill'f rail essoidiellemont do celui de MM. RoscoeetBunsen, et n'etait pas susceptible d'un grand degre d'exactitude. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 30 juin. Nous n'avons absolument rien saisi de la correspondance de- pouillee par M. filie de Beaumont. — M. Flourens, au nom, sans doute, de la commission a la- quelle avait ete renvoye'e la note de M. Maisonneuve, sur un cas de de'sarticulation dela machoire inferieure, declare que, comme cette note a ete recemment publiee, il n'y a plus a faire de rap- port. Nous ne comprenons pas le motif de celte decision singu- liere, et pourquoi l'Academie se dispense, sous un si leger pre- textede jnger une desplus etonnantes operations moderncs. — M. Rouget repond a M. Henry Muller (et non a M. Jean Muller, comme nous l'avons dit par erreur) qu'il n'a nullement pre tendu avoir decouvertlc muscle ciliaire annulaire ; ilrevendique seulement pour lui 1'honneur d'avoir fait une etude plus profonde de ce muscle et du role qu'il joue dans l'accommodation de l'ceil chezles oiseaux,lesmammiferes etl'liomme. 1! croit au reste que cette meme portion annulaire du muscle ciliaire avail etc observee avant M. Henry Muller. — M. Boussingault lit une note interessante, mais qui ne con- tient rien d'original sur le lac asphaltique ou mer Morte ; son e'norme depression de plus de 400 metres au-dessous des au- tres mers; les explorations dont elle a ete l'objet ; les victiuies qu'elle a faites ; sa composition chimique telle quelle resuite des analyses faites en 1788 par Lavoisier; en 1807 par Marcet (de Geneve) ; en 1809 par Graeling; en 1815 par Gay-Lussac; en 1822 par Lynch; en 1850 parDcsnoyer; en 1854 par Bogenbausen, etc. D'une comparaison facile entre toutes ces analyses, il resuite : que la composition de l'eau de la mer Morte, la nature et la pro- portion des sels qu'elle contient sont excessivcment variables; 2° qu'elle renferme une forte proportion de brume ou bromure d'ammonium, 3 ou 4 kilogrammes par metre cube, ce qui neut rendre raison des proprietes tberapeuliques qu'on lui atlribuait autrefois; 3° cnfin que ces eaux ne renferment aucune trace de nitrate. Ce dernier fait avait paru extraordinaire a M. Boussin- gault, et il a voulu le verifier de nouveau, en recourant a un reactifbien plus sensible que tousles reactifs employes jusque-la, le sulfate d'indigo ; non-seulement ce reaclif met en evidence la presence des nitrates, mais ilpermet en'outre d'en operer le dosage, 10 COSMOS. ainsi que M. Bouss'mgault le montrera plus lard. II est arrive de son c6te a la conclusion que l'eau de la mer Morte ne renferme pas dc nitrate. M. Bineau (de Lyon) n'en a pas trouve non plus dans l'eau de mer prise au port de Marseille, ce qui fait dispa- railre le merveilleux de leur absence des eaux de la mer Morte. — M. Flourens presente a l'Academie le premier volume de la reimpression de ses e"loges histoiiques , precede d'une note sur I'histoire de l'Academie des sciences depuis sa reconstitution. — M. Vincent se defend avec une tres-grande vivacite, en repondant a M. Chasles, d'avoir attaque l'universalite des geo- nii'tres anciens et modernes. Ce sont seulement quelques geo- metres qu'il a ose accuser de n'avoir pas toujours respecte les lois de la logique ; il lui semble qu'apres avoir consacre toute sa vie a l'enseignement de la geometrie, et alors meme qu'il n'aurait produit aucune de ces oeuvres qui caracterisent les grands geo- metres , il avait le droit dc critiquer certaines demonstrations trop peu rigoureuses. II reproclie aussi a M. Le Verrier d'a- voir introduit, dans le debat, le Traite de geometrie que lui, M. Vincent, a publie en collaboration avec M. Saigey , tandis qu'il n'etait question que de la theorie des paralleles. Vous ne deviez pas, s'ecrie-t-il, mettre a l'index un livre qui n'etait pas soumis a votre jugement. M. Le Verrier affirme qu'il n'a nullement mis a l'index la geo- metrie de M. Vincent ; il a dit seulement , et il maintient, qu'il ne l'a pas approuve au sein du Conseil de l'instruction publique. — M. Brandt, le celebre naturaliste de Saint-Petersbourg, offre a l'Academie un grand nombre de memoires, publies par lui, avec une courte analyse de ce que chacun renferme de plus impor- tant. Le savant etranger parle assez mal notre langue ; et cepen- dant il est ecoute avec la plus grande bienveillance ; avec une bienveillance qui nous bonore, et a laquelle ne pourrait pas s'at- tendre l'academicien francais qui parlerait aussi mal l'anglais a Londres, ou l'allemand a Berlin, etc. > — M. Le Verrier annonce que M. Cbacornac, invite a nommer la derniere planete, decouverteparM. Goldschmidt, l'abaptisee du nom de Daphne , fllle du fleuve Penee, et metamorphosee en laurier. Nous aurions prefe're, nous l'avouons,le nom de Pyrrha en souvenir des inondations ; tous nos fleuves debordaient, en effet , quand dans une courte dclaircie M. Goldschmidt a saisi son astre au passage. — M. Le Verrier annonce aussi qu'a partir de ce jour le reseau COSMOS. 11 meteorologique est complet, que les observations sefontactuelle- mentdanstoutes les stations. La Patr ie publie exactement chaque soir la hauteur du barometre avec son mouvement de hausse ou de baisse, la temperature, la direction et la force du vent, Petal du ciel, dans quatorze villes, Dunkerque, Mezieres, Strasbourg, Tonnerre, Paris, Le Havre , Brest, Napoleon-Vendee, Limoges, Montauban, Bayonne, Avignon, Lyon, Besancon. — M. Dumas, au nom de M. Bouis, communique des re- chercbes chimiques surla composition des eaux minerales sulfu- reuses; le fait capital constate par M. Bouis, est que les eaux sulfureuses des Pyrenees, ou plus generalement les eaux sulfu- reuses naturelles qui ne proviennent pas de reactions chimiques modernes, au sein du sol, et a de petites profondcurs ne ren- fermentpasd'ammoniaque; tandis que les eaux sulfureuses d'En- ghien, ou les eaux sulfureuseuses artilicielles naissant de Faction des matieres organiques sur les sulfates, renferment au conlraire del'ammoniaque en quantite le plus ordinairementproportionnelle a la quantite d'hydrogene sulfure. — M. Gaugain communique, par l'intermediaire de M. Despretz, quelques faits tres-curieux relatifs aux proprietes electriques de la tourmaline. 1° Une tourmaline, miseen communication parune de ses exlremite's avecun electroscope, par l'autre, avec le sol, et chauflee, donne, en se refroidissant, des signes manifestes d'elec- tricite , qu'on peut mesurer par le nombre des decharges des feuilles d'or de 1' electroscope ; 2° on parvient aisement a charger d'electricite nee d'une tourmaline chauffee, meme un condensa- teur a lame de verre isolante , pourvu que Ton mette les deux poles en communication respective avec les deux plateaux ; 3° si Ton met une tourmaline en rapport avec un electroscope, au moyen d'un fll metallique enroule sur le milieu du cristal, et que, pendant son refroidissement, on touche Tun ou l'autre de ses poles, on peut charger l'electroscope soit d'electricite vitree, soit d'electricite resineuse. On peut unir les tourmalines en piles de tensron , on en piles de quantite , et obtenir ainsi assez d'electri- cite pour produire des etincelles de2 a 3 millimetres; 4° la quan- tite d'electricite depend et de la variation de temperature et de la vitesse du refroidissement. — M. Dausse, ingenieur en chef des ponts-et-chaussees, qui a consacre offlciellement sa vie a 1' etude des rivieres de France , lit une note sur les inondations. En raison de 1'importance de ce travail, nous lui donnons une place a part, INONDATIONS. Hole relative aux inondalions Par M. Daussk, ingenicnr en chef des ponts et chaussdes, charge de la statistique des rivieres de France. n Les inondations surprenantes qui se repetent depuis 1840 et causent de si grandes et de si douloureuses pertes, provoquent naturellement la question dc savoir si la science ne peut pas con- jurer ce fleau dans l'avenir, el d'abord si Ton est Men dans la Toie pour cela. On construct beaucoup de digues nouvelles, on en entretient, on en releve d'anciennes plus etendues encore, le tout, comme on sail, a grands frais pour l'Etat et les riverains ; mais, apres avoir plus ou moins longtemps de la sorte preserve nos vallees et nos villes, voici que des crues de plus en plus hautes surpas- sonl toutes ces digues pretendues insubmersibles et commettent, en proportion meme de leur bauteur, de plus terribles ravages. Non-soulement, nul ne proteste contre la qualification qui vient d'etre rappelee , mais de vastes projets, recemment adop- ted, s'executent sous nos yeux, suivant ce systeme de plus en plus dominant. Et aujourd'hui encore! en refaisant a la hate les digues em- porte'es, ne va-t-on pas, sur ces points et partout ailleurs, les re- lever de nouveau de quelques pieds de plus, et, peut-etre, au demeurant, apres bien des discussions ephemeres, en rester la ? Lv moment nest-ilpas vena de demontrer que le systeme des digues insubmersibles est illusoire, ruineux etfuneste ? Et d'abord, avant d'aller si loin, d'urgence en urgence, dans le malbeureux systeme de rendiguement excessif des rivieres, ne devait-on pas se demander, s'il y a une limite assignable a leurs plus grandes crues : question premiere et capitale , presque puerile a force d'etre naturelle, et que pourtant je puis dire en toute sincerite n'avoir jamais vu poser par personne. ^ La plus grande crue de la Seine, depuis qu'on note cbaque joursa bauteur, c'est-a-dire depuis 1777, ou pres de quatre- Vingts ans, est la crue du 3 Janvier 1802 qui monta a 7m,4^. La moyenne des quatre-vingts maxima annuels ou la crue moyenne n'est que de 4m,56 : elle est done de beaucoup, de pres de 3 metres, inferieure a la crue de 1802. Mais il y a eu dans le passe des crues bien plus hautes. En ef- fet, celle du 25 decembre 17^0 est montee a 7m,90; celle du COSMOS. 13 1" mars 1658, jusqu'a 8-,80,et la plus grande dont on ait con- serve la mesure, celle du 11 juillet 1615, plus haut encore de 0"\24, ou jusqu'a 9"\04 : -hauteur qui va, comme on voit, a peu presau double dela crue moyenne. Ma Statistique des rivieres de France, dont 1'Academie a daigne' couronner les premiers essais en 1840, et qui toucherait a son terme, si je n'eprouvais d'indicibles ddhculte's a faire les verifi- cations et corrections qu'elle exige, montre que sur toutes les rivieres, et sur tous les points de leur cours, un fait pared a celui qui vient d'etre cite pour la Seine a ete constate ; c'est-a-dire que sur toutes on a vu des crues presque sans rapport avec leur e'tat ordinaire. Sans doute, ces crues de'mesurees sontrares; rnais il n'en est pas moins vrai que nul ne sait la cause ou la loi de leur appari- tion. L'Isere en a eu cinq dansle XVIIP siecle : en 1711, 1733,1740 1764 et 1778. Dans noire siecle, elle a presente deux crues,' sinon aussi fortes, du moins encore trop memorables : en 1816, et tout recemment. La crue de 1816 est monte'e, a Grenoble, a' 3»70; celle de 1856 vient de s'elever a 3Q\80. Mais la crue de 1778 alia k 5ni, 10 ; or, la crue moyenne n'est que de2n,,40. Ces quelques faits pose's, je demande pourquoi nous ne rever- rions pas des crues aussi hautes ou meme plus hautes que celle de 1778 sur l'Isere, et que celle du 11 juillet 1615 sur la Seine? Le climat n'a pas change, que Ton sache, et pour ce qui con- cerne l'Isere, son lit a ete, sur plus de quinze lieues de longueur rien qu'en amont de Grenoble, resserre entre de hautes digues ; au lieu d'une vaste plaine, ou elle faisait lac a chaque crue, elle n'a plus ainsi qu'un canal etroit entre d'e'normes levees. D'ou proviennent les crues ? De pluies abondantes qui se prolongent et embrassent une re- gion etendue, et auxquelles se joignent parfois de rapides fontes de neige ; pluies et fontes de neige qui re'sultent elles-memes de certains vents dont personne n'oserait affirmer que leur dure'e n'euV pas pu etre de 12 ou 24 heures plus longue qu'a 1'epoque des crues les plus hautes. En juillel 1851, un vent de S. 0. apporta, 48 heures durant, contre les cimes calcaires, voisines de la Grande-Chartreuse, un air humide et tieflej venant d'Afrique et ayant rase la Medi'ter- ranee : le refroidissement que cette masse d'air, qui se renou- velait sans cesse, eprouvait a la rencontre de ces montagnes, les plus hautes et les plus froides, par consequent, qu'elle eut U COSMOS. trouve" jusque-la sur sa route a travers notre continent, produi- sait une precipitation d'eau tellement abondante que ce n'6- taient plus des gouttes grosses et pressees qu'on voyait tomber, mais de veritables filets d'eau continus.... Si le vent quil'ame- nait eut dure" 12 ou 24 heures de plus, nous eussions vu assu- rdment recornmencer un veritable deluge , et sans qu'aucune loi physique connue s'y opposat le moins du monde. Memorable exemple d'oujetirecette consequence bien simple, bien incontestable, et neanmoins inapercue, quoique d'une im- mense importance : « Iln'yapas de limite assignable aux grandes crues de nos rivieres , les levees de la Loire, comme celles du RhOne , du P6 et autres, ne sont point insubmersibles. n Je pourrais citer une valine dans laquelle nos peres se conten- taient de fixer les berges, et puis, a une plus ou moins grande dis- tance , de part et d'autre, d'elever des bourrelets de terre un peu au-dessus des crues ordinaires. Entre les bourrelets et les rives on plarait les cultures qui craignent le moins une immersion passagere; derriere les bourrelets, les cultures plus dedicates. Les grandes crues, qui sont les plus chargees de limon, couvraient tout. Sans doute, qu'elles avariaient les recoltes, mais comme elles laissent un engrais qui dispensait, les annees suivantes, de fumer la terre inondee , les dommages causes aux recoltes , une annee sur dix ou sur vingt, se trouvaient plus que compenses. Plus tard, pousse a relever les digues d'un cran de plus a cha- que nouveau debordement , Ton en est venu a ne vouloir plus rien risquer du tout , c'est-a-dire aux pretendues digues insub- mersibles , avec les canaux d'assainissement qui sont le comple- ment et la perfection du systeme dans les cas les plus rebelles. A la verile , le prix de ces digues colossales et de ces canaux fait payer une seconde fois.la terre; leur entretien est un impot ecra- sant; et il n'y a plus d'engrais naturel de temps a autre, mais, parfois, et aujourd'hui meme, des ravages desastreux que le modcste systeme de nos peres eut evites. Mors aussi, les lits delaisses qu'on trouve dans toutes le?s val- lees se comblaient peu a peu et finissaient par devenir culti- vables ; tandis qu'avec les digues insubmersibles lis demeurent d'eternels marais, en meme temps que les terres basses et froides sont dans rimpossibilite de s'elever jamais. Je pourrais citer, au besoin, une presqu'ile que les crues ont colmatee d'elles-memes, et exhaussee de pres de 1 metre en cinquante ans ; et qui, aulieu desjoncs et vernais qu'elle donnait uniquement autrefois, produit COSMOS. 15 aujourd'hui des ble*s et des chanvres magnifiques, a peine atteints par les crues. Dans la partie inferieure de la valle'e du Rh6ne, l'espace com- pris entre la berge du fleuve et la haute levee qui couvre de vas- tes terrains, a un nom particulier : celui de segoneaux. Eh bien, ces segoneaux sont aujourd'hui , rien que par l'effet du colma- tage nature!, beaucoup plus eleves que la plaine close, ils don- nent de beaucoup plus riches recoltes , le fonds se vend moitie plus, et meme deux fois plus que les fonds preserves. Ce fait, avec beaucoup d'autres non moins concluants, a ete cite a l'Academie parl'un de ses membres les plus eminents, M. de Gasparin, dans un remarquable travail dont cette note n'est qu'un faible echo (Comptes rendus, se'ance du 22 Janvier 1844). Lors de l'avant-derniere inondation de la plaine d' Avignon, les proprietaires eperdus jeterent les hauts cris et obtinrent de l'fita d'abondants secours ; ce qui n'empecha pas que, les annees sui- vantes , le limon laisse par le RhCne leur donnat , sans nul en- grais, de merveilleuses recoltes. Je tiens ce fait curieux de M. l'inspecteur general Mallet. Or, non-seulement les digues dites insubmersibles privent les valldes des Unions, engrais naturels generalement tres-feconds ; mais, lorsqu'elles sont rapprochees, ce que veulent les derniers progres du systeme , elles augmentent extremement la hauteur des crues. Lorsqu'elles sont en meme temps trop sinueuses , dis- position qui a ete longtemps imposee par principe , elles ont a essuyer, dans les grandes eaux, le choc de courants violents qui souvent les culbutent sans avoir besoin pour cela de les sur- monter : je m'abstiens de preuves encore patentes. Dans l'ancien systeme, au contraire , les crues, s'etendant sur toute la plaine, sont diminue'es-a proportion de sa largeur; et les cultures, les haies, les arbres et les bourrelets transversaux sur- tout, si Ton en fait, comme en Egypte depuis de longs siecles, mode'rent la vitesse de la nappe d'inondation, et celle-ci, loin de ruirrer le sol, ne fait qu'y deposer un limon precieux. Qu'on garde done desormais les digues insubmersibles, en les faisant, autant que possible, ve'ritablement telles, pour les villes, bourgs, villages malheureusement batis dans les lieux trop bas. Quand il y va dela vie des hommes, il n'y a pas a balancer. Mais que pour les vallees elles-memes , on se contente de digues ar- rasees a la hauteur des berges, les fixant et redressant convena- blement et rcservant un lit ni trop haut, ni trop peu large; et *6 COSMOS. puis qua unc certaine distance de ce lit, la plus grande possible, on eleve des bourrelels de terre jusque un peu au-dessus des crues ordinaires; qu'on renonce, s'il le faut, a certaines cultures ou qu'on les restreigne aux terrains les moins exposes; s'il ya 4es affluents lorrentielsquirisquent d'encombrer la riviere, qu'on .ait grand soin d'allonger leu is cours, afln de les faire aboutir presque parallelement a la riviere, avccune pente peu differente de la sicnnc, el qu'on les jctte pour cela, autant qu'il se peut, dans les lils delaisses ; que les redressements soient studies avec .grand soin dans celte vue, non sans avoir entendu longuement les liuiams qui savent seuls une foule de faits dont il importe extremement de tenir compte , autrement on ne saurait jamais tous les prevoir et les prendre en consideration comme il faut. fit puis enlin, que, pour paver aux risques inevitables resultant se grandes crues, le gouvernement favorise la formation de com- pagnies d'assurances muluelles. L'bomme ne possede rien ici-bas qui ne soil sujet a aucune cbance, et il en est des recoltes, qu'il ailend de la terre, comme de tous les mitres Mens; S'evertuer contre une telle loi immuable el demander a la science de l'effa- i-ei\ selon moi, c'est errer. Dira-t-on que tout ceci peut 6tre l>on pour la vallee, encore sans digues, mais que pour celles qui en ont et au nombre des- quelles sontles principalcs, c'est autre cbose? Jc lrnonds qu'il faut d'abord, pour la vallee de la Loire, par exemple , conservcr tres-soigneusement le jeu de la digue de Pinay, qui, a cbaque crue de la Ilaute-Loire, fait de la plaine du fforez comme un lac, et rechercber toutes les autres applications possibles de cet admirable palliatif. II faut voir les parties marecageuses ou basses, etendues et de moindre rapport, que peuvent presenter les plaines endiguees, et en faire des reservoirs qu'on ouvrirail aux crues a certains mo- ments. II faut, en general, loin de se contenter d'une digue unique, les multiplier diversement, comme on l'a fait dans la vallee dvTTo. II faut tacber de realiser la pensee de M. Elie de Beaumont qui voudrait qu'on elarglt le canal de Saviere pour jeter les crues du Bbone sujieiieur dans le lac duBourget. Jl faut voir si les Genevois voudront consentir a recevoir dans ieur limpide Leman, comme M. Vallee le leur demande, le torrent -.e, nia'gre ses eaux troubles et tous les cailloux (|u'il entraine. 11 faul chercher toutes les applications qu'on peut i'aire de l'idee cosmos. «r de M. Rozet, de retarder le cours superieur des affluents de nos fleuves, dans les defiles rocheux ou la mine pourrait aisement entasser blocs sur blocs pour obs truer leur passage. II faut rechercher toutes les localites qui peuvent se prefer a des moyens quelconques de retenir ou ralentir les crues des cours d'eau qui les traversent. II faut sutout reboiser et gazonner, tant qu'on pourra, les ter- rains en pente et meme le roc, comme on l'a entrepris, non sans succes, dans les Hautes-Alpes ; parce que c'est la, sans nul doute, le plus general et plus puissant de tous les palliatifs. Et puis, enfin, la ou il n'y a pas moyen de mettre a couvert le?' habitations, il faut soigneusement proscrire les constructions pert solides, comme 1'administration vient de le faire pour le pise dans la plaine basse aupres de Lyon. II faut meme examiner sTiI ne conviendrait pas de renouveler ces habitations et de relever leur sol, comme l'ont fait les rois de l'antique Egypte pour des cites tout entieres. Je me resume. Depuis trente-six ans que je suis du metier, je n'ai jamais tee faire cette remarque, pourtant bien simple, que les grandes crues de nos rivieres n'ont pas de limite assignable, et, consequem- ment, que le systeme des digues insubmersibles est un systeme illusoire en meme temps que ruineux et funeste, pour plusieurs raisons dont j'ai cite quelques-unes. II suffit de fixer le lit des rivirres, an moyen de digues arrasees a la hauteur des berges et completers par des bourrelets de terre preservant des crues ordi- nances les cultures qui craignentle plus l'immersion, pour que les vallees profit ent du limon des rivieres, c'est-a-dire du veritable or qu'elles roulent toutes et qui, autrement, va entierement se perdre dans la iner. C'est ainsi seulement que le lit et la vallee des fleuves se maintiennent dans un convenable rapport de bauteur.. Le systeme economique et simple que je propose previent les catasteophes ; l'autre systeme les amene necessairement an contrahe et d'autant plus desastreuses que les levees qu'il emploie ont ete portees a une plus grande hauteur. II n'y a que les as- surances mutuelles a opposer aux dommages causes de temps a autre par les crues extraordinaires, dommages que diminueronf. mais ne previendront jamais entierement tous les palliatifs ima- ginables. Les digues hautes et vraiment insubmersibles doi- vent etre reservees pour mettre a Fabri les populations qui on& fait la faute de s'etablir sur des lieux has. PROGRES EN ANGLETERRE. Precis historiquc et doginatique du magnetism? terrestre PAR LE GENERAL SABINE. La premiere personnc qui semble s'etre fait une idee cxacte du magnelisinc terrestre est Edmond Halley, avec lequel naquit aussi la methodc employee jusqu'a ce jour de representor la de- clinaison magnetique dans les differentes parties de la terre, par des lignes tracecs sur un globe ou sur une mappemonde, re- liant entre eux les lieux oil la declinaison est de meine valeur. La declination (oucomme on l'appela plus ordinairement, la va- riation Ac l'aiguille, jusqu'a ce qu'on eat trouve que l'aiguille aimantee etait sujette a plusieurs variations dependantes de plu- sieurs causes), est le terme employe pour designer la quantite dont la pointe de 1'aiguille dela boussole ou compas marin devie du veritable nord ggographique. Ainsi, les lieux ou les pointes des aiguilles regardaient le nord elaientunis ensemble paruneligneO ou de declinaison nulle ; les lieux oil les pointes des aiguilles pointaient a 5° dunord vers Vest etaient unis par une autre ligne de 5° de declinaison est, et ainsi de suite. Les lignes ainsi tracees sur la surface du globe ou sur une carte, mettent en relief un grand nombre de faits resultant des observations de beaucoup d'observateurs independants. On les appela d'abord lignes hal- leyennes, du nom de leur inventeur; mais elles sont maintenant communement connues sous le nom de lignes isogoniques ou lignes d'egale declinaison. On a adopte plus tard un semblable mode de representation systematique pour les lignes isocliniques ou lignes d'egale inclinaison sur l'horizon d'une aiguille libre- ment suspendue, qui n'est pas assujettie comme l'aiguille des boussolcs a ne se mouvoir que dans un plan horizontal ; et aux lignes isochjnamiques ou lignes de force magnetique egale exis- tant sur l'aiguille et la dirigeant avec une intensite varialile. A l'aide de ces trois systemes de lignes, on voit immediatement quelle est pour cbaque point de la surface du globe la direction de la force magnetique soit dans le plan horizontal , soit dans le plan vertical, et l'inlensite de la force par laquelle l'aiguille est maintenue dans cette direction ; on peut alors comparer les va- riations soit en direction, soit en intensite, et raisonner sur elles. La declinaison, l'inclinaison et la force magnetique ont recu le nom d'elements du magnetisine terrestre. COSMOS. 19 La premiere carte des lignes de declinaison a ete publiee par Halley en 1701, a son retour d'un voyage fait dans le but special des observations magnetiques sur un vaisseau mis a sa disposition par le roi Guillaume III, sur lequel il visita les c6tes est et ouest de l'ocean Atlantique et plusiems lies de l'un et l'autre hemis- phere aussi loin que les glaces lui permirent de s'avancer. A l'epoque de la publication de cette carte, Halley etait age de qua- rante-cinq ans; en outre de ses propres observations, il paralt qu'il recueillait avec soin depuis plus de vingt-cinq ans toutes les observations dignes deconfiance faites par d'autres. Son attention avait ete attiree sur cet objet a un age extraordinairement precoce, puisqu'il nous apprend lui-meme que ses premieres observations sur les changements de declinaison a Londres furent faites en 1762, un anavant sa sortie des ecoles. Son premier memoire sur le magnetisme terrestre fut presente a la Societe royale en juin 1683, et parut sous le n° 2i8, volume xm des Transactions philo- sophiques, sous ce litre : « Theorie de la variation du compas ma- gnetique. » Son but, dans ce memoire, etait de placer sous un seul point de vue un certain nornbre d'observaiions de la decli- naison faites a une seule et meme epoque dans differentes parties du globe, et de montrer 1° qu'elles sont entitlement irreconci- liables avec l'hypotbese enoncee en 1676 par Bond, laquelle essaie d'expliquer les variations magnetiques par l'exislence de deux poles magnetiques et d'un axe magnetique incline sur l'axe de la terre ; 2" de proposer, probablement pour la premiere fois, la theo- rie de l'existence de quatre poles magnetiques ou centres d' at- traction, deux pres de chacun des poles de l'equateur geogra- phique, et de montrer que sur les portions du globe contigues a l'un de ces poles magnetiques raiguille est principalement gou- vernee par ce pole , le p61e le plus voisin predominant toujours sur le pole le plus eloigne. Nous devons faire remarquer ici qu'Halley employait l'expres- aon poles magnetiques dans son acception physique originale , designant par la les points de la surface de la terre, considered comme un aimant, ou la resultante des forces de toutes les par- ticules du globe atteint un maximum. On a introduit depuis d'au- tres definitions, comme celle, par exemple, qui appelle poles magnetiques les points de la surface de la terre ou la composante horizoyitale de la force magnetique devient zero. Mais c'estla une definition plutotgeometrique que physique. Halley attaquait sim- plement et directement la solution du probleme physique lie au 20 COSMOS. magne'tisme terrestre, et se servait de l'pxpression poles dun ai- mant , dans le sens ou cette expression etait alors et est encore aujourd'hui comprise en physique. La demonstration donnee par Halley de l'lmpossibilite" de r&- concilier les varia lions observees avec l'hypothese de deux p6les et d'nn axe incline' sur l'axe de la terre, avait pour fondement la comparaison dcs de'clinaisons observees sur d 'liferents points du globe avec cette consequence necessaire de l'hypothese de Bond, que sous un raeme meridien les variations seraient les memos pour tous les lieux. L'ecart entre celte consequence et les faits etait general, et, sur quelques points, excessif. L'entree du detroit d'Hudson, par exemple, et l'embouchure de la riviere Plate, sont a peu pres sous le raeme meridien; dans 1'une, cependant, la de- clinaison est d'environ 30° ouest , et dans l'autre de 20° est. Les ecrivains venus depuis ont aussi prouve par les cartes de l'incli- naison et de la force magne'tique l'inconciliabilite des phenomenes manifestos par ces deux elements, avec l'hypothese combattuepar Halley, laquelle, actuellement, ne doit plus etre considered qu'au point de vue de l'histoire de la science , comme la premiere, mais insuffisante , maniere d'expliquer les faits. Ceci n'empeche pas qu'on ne la retrouve encore souvent enoncee dans les livres ele- mentaires dont les auteurs ne se font pas un devoir de tenir fide- lement compte des progres de la science; ou dans lesquels on atta- che plus d'importance au developpement facile et sensible d'une conception geometrique qu'a l'exposition fidele et vraie des faits de la nature. Quant aux quatre poles , qu'Halley , apres une longue et soi- gneuse discussion, considerait comme donnant l'explication com- plete de tous les phe'nomenes de declinaison observes sur tous les points du globe, il leur assignait a l'epoque a laquelle il ecri- vait, les positions suivantes : dans l'hemisphere nord, deux p61es attirant l'extremite nord de l'aiguille ; et dans 1'hemisphere sud, deux poles attirant l'exlremite sud de l'aiguille. Des deux po^s nord, rim plus puissant que l'autre et qu'il appelait le pole am£- ricain , etait situe sur le meridien passant par 246° est de Green- wich, a la longitude, a peu pres , du milieu de la Californie; le second , moins puissant , etait, a tres-peu pres, dans le meridien de Iles-Britanniques: la latitude de tous les deux etait comprise dans le cercle arctique. Des deux p61es sud, l'un , plus puissant aussi que l'autre, etait situe au sud de la Nouvelle-Hollande, et le second, le plus faible, a 20" a peu pres ouest du detroit de Magel- COSMOS. 21 Ian , ou a 265° est a pen pres du meridien do Greenwich; la lati- tude des deux pdles sud restant renfermee dans le cercle antarc- tique. En leur donnant les positions que nous venons d'indiquer, les deux poles plus forts et les deux p61es plus faibles suffisaient a expliquer les declinaisons telles qu'elles ctaient observees a cette epoque dans les zones froides et tcmpe'rees des deux hemispheres , la 011 la direction de Taiguille depend principalement des influen- ces contraires ou du contre-poids des forces des deux p61es ma- gnetiques de meme nom ; dans la zone torride et surtout sous Pequateur, les declinaisons peuvent s'expliquer d'une maniere. semblable , mais a la condition de mettre en jeu les actions com- binees des quatre poles. A l'epoque encore on il e'crivait le memoire auquel nous em- pruntons ces particularites , c'est-a-dire en 1683, Halley savait parfaitemcnt que la declinaison en un point quelconque de la surface de la terre n'etaitpasunequantite constante; mais qu'elle etait soumise a une variation qui s'exercait constamment dans la meme direction pendant plusieurs annees successives, et que Ton designait sous le nom de secntaire , par opposition a la variation periodique, oscillant autour d'une certaine moyenne et reprenant la meme valeur apres des periodes d'une durec detcrminee. Halley savait que la declinaison magne'tique subissait d'annee en annec unchangcmentseculairediffei'enl en quaniite et en direction dans les differentes parlies du globe; et que, par une consequence, necessaire, la situation et la forme des lignes de declinaison, de- terminees pour une epoque donnee , devaient etre considerees comrne eprouvant un changement correspondant. Si nous retournons a son memoire de 1683, nous trouvons qu' apres avoir exprime son espoir de n'avoir perdu ni son temps ni sa peine dans 1'etude de ce sujet si difficile , puisqu'il pense etre parvenu a mettre hors de doute rexistence des quatre p61es magnetiques suffisante a expliquer la grande variete et les irregu- la^tes apparentes observees dans les variations de la boussole; et son regret de ce que manquant des donne"es necessaires, il n'a pu fixer gdometriquement la position exacte des quatre p6les k l'ins- tant ou il ecrivait, il mentionne d'une maniere expresse les diffi- cultes qu'amenera un jour le changement des variations, change- ment qui est une des decouvertes du siecle dernier , et d'ou il resultait qu'il ne fallait rien moins que des observations prolon- gees pendant plusieurs centaines d'annees pour arriver a une theorie complete du magnetisme terrestre. Cet eminent physi- 22 COSMOS. cien, avec cette sagacity qui est le caractere distinctif de la plu- part de ses recherches , avait su deviner qu'on de*couvrirait un jour que les changements seculaires de la declinaison doivent etre attribues au deplacement ou mouvement de deux au moins des pules magnetiques signaled par lui. Dans une communication subsequente faite a la Societe* royale en 1692 (Transactions philosophiques , vol. xvi, n° 195), Halley revient sur son premier memoire ; il presente comme le rdsultat de l'attention continue qu'il n'a pas cesse de donner au progres des observations magnetiques, la confirmation de la croyance dans laquelle il est que les phe'nomenes du changement seculaire prouvent l'existence et doivent etre consideres comme etant prin- cipalement l'effet d'un mouvement auquel serait soumise cette portion du systeme magnetique terrestre qui comprend Taction des deux p61es les plus faibles ; l'un dans l'hemispbere nord , l'autre dans l'hemispbere sud ; le deplacement du p61e nord ayant lieu vers Vest, celui du pole sud ayant lieu vers Youest. De plus, pre- voyant, en raison de leur vaste etendue du probleme a resoudre, que sa solution depasserait de beaucoup les limites de sa propre vie, il recommandait a la posterite , et plus particulierement a la Societe royale dont il fut si longtemps une des gloires les plus illustres, de continuer les recherches qu'il avait si heureusement commencees, dans ces termes a jamais memorables : « La deter- mination exacte des periodes du mouvement des p61es, et de plu- sieurs autres particularites du systeme magnetique , est reservee a une posterite tres-reculee. Tout ce que je puis esperer, c'est de laisser des observations auxquelles on puisse avoir con- fiance ; et de proposer des hypotheses qui seront examinees, cor- rigees ou refutees dans les ages snccessifs. Qu'on me permette seulement de recommander a tousles capitainesdenavire, et aux autres amateurs des verites naturelles, de mettre la plus grande diligence a faire ou k faire faire des observations des variations magnetiques dans toutes les parties du monde, dans les latitudes nord comme dans les latitudes sud, suivant la louable coutume de nos capitaines de la Compagnie des Indes ; qu'il leur plaise de communiquer leurs observations a la Societe royale, afin que celle-ci transmette ces documents aussi fidelement qu'il sera pos- sible a ceux qui plus lard devront les comparer, pour arriver enfin a compldter et a perfectionner la theorie qne nous appelons de tant de vceux. » (La suite au prochain numero.) PROGKES EN ITALIE. Sur quelques experiences d'electro-physiologie Par M. MATTEUCCI. Nous trouvons dans une lettre de M. Matteucci a M. Faraday une nouvelle analyse sommaire des resultats obtenus par le sa- vant physicien italien dans ses dernieres experiences electro- physiologiques , et nous nous empressons de la traduire du Phi- losophical Magazine : « J'ai reussi tout recemment a mettre en evidence et a mesurer le phenomene que j'ai de'signe sous le nom de respiration mus- culaire; cette respiration, quiconsiste dans l'absorption de Foxy- gene avec exhalation d'acide carbonique et d'azote par les mus- cles vivants , et dont j'ai determine les conditions essentielles et Tintensite compare'e avec celle de la respiration generate chez les animaux, a ete surtout etudiee par moi dans les muscles en con- traction. J'ai prouve qu'elle augmente considerablement dans l'acte de la contraction , et j'ai mesure cet accroissement. Un muscle qui se contracte absorbe pendant la contraction une bien plus grande quantite d'acide carbonique et d'azote que ne le fait un muscle en repos. Une portion de l'acide carbonique se perd dans l'air, l'autre portion , absorbee par le muscle , devient un obstacle a une respiration subsequente et produit l'asphyxie du muscle. Ainsi un muscle cesse bientot de se contracter sous l'in- fluence d'une machine magnelo-electrique lorsqu'il est renferme dans une petite masse d'air ; son inertie arrive apres un long intervalle de temps lorsque le muscle est en plein air; et beau- coup phis lentement encore si Ton a verse une solution de po- tasse au fond du recipient dans lequel le muscle est suspendu. Les muscles qui ont ete longtemps maintenus clans le vide ou dans Vhydrogene sont encore susceptibles. quoique dans un moin- dre degre, d'exhaler de l'acide carbonique pendant la contraction. Ce4&it prouve clairement que 1'oxygene, qui donne naissance a l'acide carbonique, exisle dans le muscle a l'etat de combinaison suivant les feeorics de Joule, de Thompson, etc. L'action chimi- que qui se transforme en chaleur ou donne naissance a- de la chaleur, est aussi representee par une certaine quantite de force vive , ou par un travail mecanique equivalent. J'ai pu, par con- sequent, mesurer le travail theorique du a 1'oxygene consume, en prenant les nombies que j'ai trouvespour la respiration mus- culaire pendant la contraction, et par suite la quantite de chaleur 24 COSMOS. developpec par 1'aclion chimique, ct enfln \e travail theorique correspondant a l'dquivalent mecanique de la chaleur. J'ai com- pare cc nombre a cclui qui exprime lc travail reel que Ton ob- tient en mesurant directement le poids qu'un muscle on subtrac- tion pout clever a uue certaine hauteur, et le nombre ties con- tractions du muscle clans un temps donne. 11 resulle de la comparaison entre les deux nombres ainsi obtenus, que le nombre theorique est un peu plus grand que le nombre de 1' ex- perience; la chaleur de'veloppde est sans aucun doute une des causes de cettc petite difference ; l'accord entre les deux nom- bres est toutcfois aussi grand qu'on pcut le desirer. « Permettez-moi de decrire brievement cede de mes experien- ces qui peut seule etrc repetec dans un cours public; elle met en evidence le fait principal deces recherches, quoiqu'elle n'ait pour portec immediate que de montrer que le muscle en contraction exbaleunc plus grande quantite d'acide carbonique que le muscle en repos. Prenez deux fioles de verre a large goulot de meme capacite, 100 ou 120 centimetres cubes; versezdans chaque hole 10 centimetres cubes d'eau de chaux. Preparez dix grenouilles a la maniere de Galvani, e'est-a-dire en les reduisant a un morceau de moelle epiniere avec les cuisses et les jambes sans ongles ou sans doigts ; on les coupe pour eviter tout contact avec le liquide de la hole. Le bouchon d'une de ces holes est arine de cinq cro- chets en cuivre ou en fer, auxquels on suspend cinq grenouilles. A travers le bouchon de l'autre hole passent deux ills de fer, courbes horizontalement a l'interieur de la hole; les cinq autres grenouilles sont attachees a ces fils par la moelle epiniere; cette preparation doit se faire dans le plus court temps possible, et les deux fioles doivent etre pretes au meme moment; il faut en outre eviter avec grand soin le contact des grenouilles avec les parois des fioles ou le liquide. Quand tout est pret , avec une pile de deux ou trois elements de Grove, et avec une machine magneto- electrique analogue a celle dont on se sert pour les applications medicates , on fait contracter les muscles des cinq grenouiTtes suspendues aux deux fils de fer de la seconde fiole. Apres cinq ou six minutes, pendant lesquelles vous avez interrompude temps en temps le passage du courant, pour conserver aux muscles lour contractilite, agilcz doucement le liquide de la fiole, retirez les grenouUlcs. et agitez de nouveau le liquide. Vous verrez que l'eau de chaux contenue dans la fiole au sein de laquelle les muscles des grenouilles se sont contracted est beaucoup plus blanche et. plus COSMOS. 25 trouble que celle contenue dans la fiole qui renfermait les °re- nouilles en repos. II est superfiu d'ajouter que jai fait l'analyse complete de l'air en contact avec les grenouilles en suivant les methodes generalement employees. » Sur Ics niouvemeiits des projectiles dans les milieux resistants Par M. le comte Paolo di san Roberto, major d'artiUerie. Le but de l'auteur est de resoudre autant qu'il est possible dans Mat actuel de la science ces deux questions done les recherches anterieures n'ont pas donne la solution complete. 1° Reconnaltre si les propriete's de la trajectoire correspon- dantes au cas d'une resistance proportionnelle au carre de la Vitesse se maintiennent lorsque la loi de la resistance vient a changer, et determiner les modifications que ces propriete's subis- sent; 2U A defaut d'une solution sous forme finie, arriver au moins a e'valuer nume'riquement, avec une approximation illimi- tee,les diverses circonstances dumouvementdans un milieu clout la loi de resistance est connu. Le me'moire est divise en six chapitres : dans le premier l'au- teur etablit les equations generales du mouvement d'un projectile dans un milieu resistant independamment de toute bj pothese sur la resistance; dans le second il considere le cas du mouvement rectiligne, lequel a lieu, ou quand la perte de poids du projectile dans le milieu est e'gale a son propre poids , ou quand la vitesse initialeestverticale; dans le troisieme il discute la courbe de- crite, sans faire aucune hypothese sur la resistance, en supposant seulement qu'elle est une fonction de la vitesse et croft av ec elle au point de devenir infinie, quand la vitesse est elle-meme infinie- dans le quatrieme U examine les cas ou les equations sereduisent a de simples quadratures, ou peuvent sintegrer sous forme finie ; il expose dans le cinquieme les diverses methodes d'an- proxnnation a l'aide desquelles on peut obtenir des valeurs in- defiftiment approcbees des elements du mouvement, et decrire la trajectoire, quelle que soit la loi de la resistance, et alors meine quecette loi ne pourrait pas etre exprimee mathematiquement- le sixieme cbapitre enfin traite de 1'application des formules a la pratique de l'artillerie. Dans une note additionnelle il acheve le calcul pour un cas particulier et compare les approximations ontenues par les diverses metbodes de MM. Otto , Didion Le- gendre, etc. ' PROGRES EN ALLEMAGNE. Contractions des melanges u Rif- fault, suffit a prouver que ce procede a atteint une veritable per- fection. ACADEM1E DES SCIENCES. Seance du 7 juillet. M. Duvivier, de Chartres, craignant que l'Acaddmie n'ait pas recu ses etudes sur les cereales, presentees par M. Pelouze dans la seance du 15 juin, en adresse une seconde copie. M. Du- vivier croit avoir de"couvert le premier que la partie exterieure de l'enveloppe des cereales est composee de matieres grasses, odorantes, et azotees, dans unetat particulier de combinaison, et toutes differentes de celles que contient la farine. Dans l'emploi des cereales comme base principale de la nourriture de 1'boinme, elles sont presque entierement eliminees avec le son, mais les animaux s'en nourrissent. Elles sont assimilables ; leurs corps gras, leur cbaux , leur fer, alinientent a la fois les parties grais- seuses et les os des animaux , et donnent au sang sa vitalite nor- male. Elles donnent au ble sa valeur venale , sa couleur, le ton brillant et onctueux que les marchands designent sous le nom d'cetZ et de main. Le ble conserve trop longtemps devient terne, rude au toucher, et est par la meme moins estime. Les comptes rendus annoncaient que le memoire important de M. Duvi- vier serait l'objet d'un prompt rapport , fait par MM. Pelouze et Payen. — M. Vallee continue ses etudes sur les inondations et le lac de Geneve. — 31. Brame adresse une note sur l'analyse de divers reactifs. — M. Reynaud, directeur de l'Fxole d'Alfort, demande que ses recherches sur Tabsorption des virus veneneux par les tissus ani- maux, soient admises au concours du prix Monthyon. — M. Leon Foucault presente une note sur un nouvel inter- rupteur a mercm'e, nous la reproduirons in extenso. — M. Berenger, de la Dr6me, president de l'lnstitut pour 1856, prie l'Academie des sciences de designer celui de ses membres qui fer0He discours d'usage dans la seance annuelle du 15 aout. Appel est fait en consequence a tous nos savants orateurs. — M. le marechal Vaillant, ministre titulaire de la guerre , mi- nistre, par interim, de l'instruction publique, fait trois commu- nications pleines d'interet. La premiere a pour objet la description d'un procede nouveau de correction des cartes gravees sur cuivre , invente par M. Georges, graveur du dep6t gene"ral de la carte de France. II arrive continuellement qu'il survienne des changements dans la Uk COSMOS. portion de terrain figuree par une carte ; ces changemenls sont bien plus grands encore aujourd'hui, en raison des immenses travaux , cheniins de fer, canaux, etc., qui s'exe'eutent tous les jours. Apres quelques annees, des cartes qui ont exige un travail 4c S a 9 ans, une depense de 12 a 15 mille francs , ont cesse d'etre exactes; et clles seraient completement hors d'usagc, si on n' etait jias en possession d'un moyen de les corrlger, d'y reporter les changemcuts survenus sur le sol. Quand U s'agissait jusqu'ici de .modifier une portion de la surface d'une carte graved sur cuivi'e, farce etait d'eil'accr au gratloir la partic incorrecte du dessin, ce qui lui enlevait sa planitude; pour la rendre aple a un nouveau irace et a de nouveaux tirages, on recourait a 1' operation du re- poussage, operation vraiment barbare et destructive, qui consis- iait a frapperle metal au marteau sur l'envers, pour faire affleu- rer les parties creusees par le burin, et combler le vide. Plus tard on songea a prendre avant le grattage une copie galvanique -de la planche de cuivre dans laquelle les creux etaient remplace's par des reliefs; on grattait ceux des reliefs qui ne devaient plus servir ou qui correspondaient aux cliangements a faire , on pre- nait une secoude copie galvanique de la planche apres le grat- tage ; et sur la portion plane , provenue du grattage , on faisait en creux les cliangements necessaires. Cette seconde mdthode etait sans doute preferable a la premiere, mais elle etait encore complcxe et cooteuse, les deux copies galvaniques, l'une en creux, l'autre en relief, ne coutaienl pas moins de 300 fr.; il arrivait en outre trop souvent que les copies, et meme la planche originale fussent pcrdues ou compromises par radherence du metal galva- nique au metal sur lequel se faisait le depdt. La seconde methode ne valait done guere mieux que la premiere. La troisieme devinee par M. Georges est si simple, qu'il estvraiment surprenant qu'on n'y ait pas songe plus t6t. Sur la portion de la carte qu'il s'agit de modifier, on etend un vernis translucide , isolant, assez resistant pour ne pas ^'e'cailler quand on l'attaquera avec le burin ; le vernis etant sec , on suit avec une pointe tous les creux qui doivent disparattre, et on les met a nu; disposant alors sur la plaque un apparcilelectrique sim- ple, sorte de pile cylindrique, dont la base, fcrmee par un tissu poreux, plonge dans un bain de sulfate de cuivre en dissolution, que Ton a forme en dressant un rebord en cire le long du con- itoui- delalportion de la plaque recouverte de vernis, on fait de"- jioser du cuivre galvanique sur cette portion ; le cuivre remplit les COSMOS. 45 creux, et les fait ressortir en relief, sans s'attacher aux portions couvertes de vernis : on a done en relief les traits qui doivent dispa- raitre; on abat ces reliefs au grattoir, on fait dissoudre le vernis, on polit la plaque, et l'on obtient enfin une surface unie, sur la- quelle s'operent sans difficulte aucune les cbangements desires. Cette methode, on le voir, tres-expeditive et tres-economique , n'exige plus qu'un seul depot galvanjque, et un depot partiel ; 1' adherence qui nuisait dans la seconde methode, est ici 1' agent principal de l'operation qui reussit a coup sur ; la decouverte de M. Georges rendra d'immenses services au Depot des cartes; elle sera utile dans une foule de circonstances. — La seconde communication de M. le marechal Vaillant con- cernait rinterrupteurkilometiiquedenotre ami M.Alexandre Bel- lemare, dont le Cosmos a eu les premices. L'interrupteur a pour but de resoudre le probleme : Trois stations consecutives de che- min de fer etant donne'es, faire connaitre simultanement, 1° a la station B, qu'un train venant de A, et un autre venant de C se di- rigent sur B; 2Q a la station A, le moment precis ou le train qui l'a quittee ayant depasse B, un autre train peut s'engager sur la meme voie; il a pour principal organe une;vis fixee a un levier, et qui s'abaissesubitementquand l'extremite' du levier est accrochee- par une tige adherente a la locomotive. Theoriqueinent, ce petit appareil ne laissait rien a de"sirer, mais on pouvait redouter dans la pratique que le choc contre le levier de la tige emportee par une locomotive lancee a toute vitesse ne brisat le mecanisme de l'interrupteur. Or, M. le marechal Vaillant apprend que M. Belle- mare, aidedeM. Breguet, a pro cede h des experiences sur un des chemins de fer aboutissant a Paris; la locomotive s'est avan- cee une premiere fois avec une vitesse moyenne , le choc de la tige contre le levier a eu lieu sans derangement aucun , l'inter- rupteur a parfaitement rempli ses fonctions; dans un second essai la locomotive etait lancee avec une vitesse excessive de 80 kilometres, et le choc a e"te tout aussi 'inoffensif ; dans une der- niere experience a laquelle la commission nominee par l'Acade- mie, sera priee d'assister, on disposera sur 1 kilometre de la voie, non plus un, mais dix interrupteurs , que la locomotive, au maxi- mum de vitesse, devra mettre en jeu tour a tour, en;transmettant dix signaux aux stations d'amont et d'aval. Si, com'me MM. Bel- lemare et Breguet n'en doutentpas, le choc a lieu sans accident, il sera evident que le probleme est complement resolu. L'avantage principal du systeme eminemment simple de M. Bellemare, con* 46 COSMOS. sistc en ce qu'il n'exige pas l'addition a la voie de barres me'tal- Jiqucs , qu'il sufflt pour son fonclionnemcnl des communications elablies par lcs simples fils de la telegraphic — M. le mare'chal enfin lit une note de M. Martin de Brette, attache' a rinspection des etudes de l'ficole polytechuique , dans laquelle le savant capitaine d'artillerie reclame la priorite d'un mode de correspoudance telegraphique au moyen de signaux longs et courts produits par la lumiere electrique. Au lieu de dis- tinguer les signaux longs et courts par la simple duree de l'appa- rilion lumineuse, ou chronometriquement, comme le fait M. Le- seurre (etnon Le Sueur ainsi que nous l'avons appele par erreur), M. Martin propose de determiner mecaniquement cette longueur ou cette brievete par des losanges plus ou moins allonge's, perces clans une feuille de papier; c'est, comme M. Le Verrier 1' a fait remarquer , une application de l'alphabet du telegraphs electro- cbimique deM. Bain, application qui exige pour chaque depeche une composition nouvelle preparee a l'avance. Le systeme de signaux chronometriques de M. Leseurre a donne de si excellents resullats qu'il est tout a fait inutile de chercher mieux; M. le marecbal Vaillant affirme de nouveau que le telegraphe solaire rendra de tres-grands services sur la partie du territoire algerien ou Ton ne peut pas poser encore de fils conducteurs. — M. Becquerel communique au nom de M. Houzeau une suite a ses recherches sur 1' ozone ou l'oxygene actif. Apres avoir constate de nouveau que l'ozone n'est que de l'oxygene naissant, toujours identique a lui-meme de quelque source qu'il provienne, M. Houzeau affirme que le moyen le plus efficace de se procurer l'ozone en certaine abondance consiste a decomposer a l'aide de la pile un melange de cinq parties d'acide sulfurique concentre et d'une partie d'eau. II fait remarquer en outre que le changement de couleur du papier trempe dans l'iodure de potassium n'est un indice sur de la presence de l'ozone dans l'atmosphere ambiante, qu'autant qu'on sait d'avance que cette atmosphere ne contient pas certaines autres substances chimiques. A cette occasion M. Chevreul decrit sommairement une serie d'experiences importantes faites par M. Cloez, preparateur de chimie au Musdum d'histoire naturelle , et qui auraient eu pour resultat de prouver que l'oxygene degage par les plantes, et sur- tout par les arbres verts, est de l'oxygene a l'etat naissant ou de l'ozone, comme nous l'avons affirme des 1845 dans YEpoque. Nous reviendrons sur ces deux communications. COSMOS. hi M. filic de Beaumont enfin presente un memoire de M. le doc- tcurPhipson ayant pour objet l'extension de la theorie electro- chimique a l'explication de la force catalylique, de la combustion lento, de l'eremacausie, de la fermentation, des modifications allotropiques des corps, etc. Modifiant l'hypothese d'Ampere qui donnait a chaque atome materiel son electricite propre et essen- tielle, dissimulee par une atmosphere d'electricite contraire, M. Phipson veut que les atonies des corps soient essentiellement neutres et ne deviennent electriques que par le contact d'atomes heterogenes. Cette electrisation au contact estce que M. Phipson designe sous le nom generique de Polarite. La nature de relectri- cite qu'un atome donne prend dans Facte de la polarite n'est pas toujours et essentiellement la memo ; elle est tantdt positive, tan- tot negative, suivant la nature de l'atome ou des atomes avec les- quels il arrive au contact. Cela pose, pour M. Phipson , les phenomenes de combinaison ou dc decomposition determines par la presence d'un corps en apparence inerte , et qu'on a designe sous le nom generique de force catalylique, sont tout simplement un phenomene de pola- rite electrique. Voici , par exemple, comment il explique la com- binaison de l'oxygene et de l'hydrogene sous rinfluence de Y6- ponge de platine ; le contact de ces trois corps fait naitre la pola- rite, ou, pour chacun d'eux, la decomposition de leur fluide neutre en fluide positif et fluide negatif; 1'electricite negative de l'hydro- gene se combine alors avec relectricite positive du platine ; re- lectricite positive de l'oxygene s'unit en meme temps a 1'electricite negative du platine ; l'oxygene et l'hydrogene sont devenus ne"- gatif et positif , l'un par rapport a 1' autre, et par consequent ils se combinent; le platine, plustard, devient incandescent par suite de Taction electrique exercee a sa surface, et finit par en- flammer l'liydrog^ne. Les combinaisons et decompositions deter- minees p«r la chaleur , l'eremacausie , la phosphorescence , la fermentation, les modifications allotropiques des corps, sem- blables a celle qui fait naitre l'ozone , tous les phenomenes, en un mot, ou l'affinite n'est pas directement en jeu, se resolvent, en derniere analyse , dans une polarite electrique dont ils sont l'effet ou la consequence. — M. Phipson offrait en meme temps un Memoire imprime in- titule Recherches nouvelles sur lephosphore, dont nous ne pouvons qu'indiquer rapidement l'objet. Le jeune auteur traite successi- vement, dans huit chapitres, de la croute blanche duphosphore, &8 COSMOS. de Taction exercee sur lui par les reactifs, d'unc nouvclle combi- naison qu'il peut former avec Tiode, de son action sur les sels motalliqucs, de sa modification noire, de son action sur quelques corps organiques, des vapeurs qu'il e"met dans Tair, de la cause de sa phosphorescence. — M. Cauchy lit un rapport entierement favorable sur la nouvelle methode d'integration de MM. Briot et Bousquet, me"thode qui lcur a permis d'obtenir sous termes finis Tintegrale d'un grand nombre d'equations ; la commission declare que ce travail a fait faire un grand progres a la haute analyse, et merite d'etre impri- me dans le recueil des savants eirangers ; ses conclusions sont adoptees. — M. Wattemare, Tinfatigable agent d'echanges internationaux, prie TAcademie d'accepter un grand nombre d'ouvrages ameri- cains qui lui sont offerts par son intermediaire. — M. Flourens, au nom de M. Oudry, depose le complement de son Memoire sur ses precedes d'electro-metallurgie et les diverses applications qu'il en a faites. Ge que nous en avons extrait de la premiere partie de ce Me'moire , dans notre 2Zrc li- vraison, suffit a donner une idee parfaite de la belle industrie de M. Oudry; elle tend tous les jours a prendre de plus grands de- veloppements, et tous les hommes components qui visitent la belle usine d'Auteuil lui augurent un brillant avenir. — M. Colin, professeur a T^cole veterinaire d'Alfort, a voulu verifier si le sue pancreatique chez les animaux jouait le role essentiel que M. Claude Bernard lui attribue chez Thomme ; s'il etait absolamcnt necessaire a la digestion des graisses, i\ leur de- composition, a leur emulsion, a leur absorption, etc. II a fait de- river au dehors, par une section habilement faite, tout le sue pan- creatique, de maniere que la digestion se fit sans lui, et il a constate que les matieres grasses n'en etaient pas raoins emulsionnees , absorbees, dige'rees. r — M. Jules Regnauld , pharmacien en chef de Thospice de la Charity presente la note sur la determination de la force electro- motrice de la pile de M. Doat , que nous reproduisons plus loin. — Un peu avant cinq heures , TAcademie se forme en comite secret pour la presentation et la discussion des titres des can- didats a la place devenue vacante par la mort de M. Binet dans la section de geometrie. La liste presentee par la section porte au premier rang M. Hermite, au second rang M. Serret, au troisieme JM. Ossian-Bonnet, au quatrieme M. Puyseux. PROGRES EN ELECTRICITE. Son excite par le passage du courant electrique Note de M. Poggendorff M. Poggendorff a trouve par hasard, dans l'automne de 1854, une nouvelle methode d'obtenir des sons au moyen descouranls elec- triques interrompus et de l'induction qn'ils engendrent, en ope- rant sur des tubes formes de lames metalliques, et entourant le rouleau inducteur traverse par le courant galvanique. II s'est servi dans ses experiences du cylindre inducteur qu'il a decrit sous le nom de hauptrolle, rouleau principal dans ses annates, vol. 94, page 295 ; de 5 pouces de longeur, de 5 pouces 5 de circonference. Les deux fils dont il se compose etaient noue's ensemble, de maniere a ne faire qu'un seul fil de 100 pieds de longueur, de 1,4 millimetre de Idiametre. Le rouleau etait fix6 verticalement sur une base solide ; il etait en communication par en bas au moyen de fds avec une pile qui etait le plus souvent un seul element de Grove. On faisait descendre par en baut de ma- niere a entourer le rouleau, les tubes ou cylindres en metal , tant&t ouverts le long d'une ligne ou fente verticale, tant&t avec la fente soudee, tant&t enfln avec les bords de la fente tellement rapproche's qu'ils se toucbaient; la matieredes tubes a e'te' tour a tour du platine, du cuivre, du maillecbort, de 1'e'tain, du laiton, du zinc, du plomb et du fer, etc. ; Pour interrompre le courant il se servait d'un marteau de Wagner, d'une construclion particuliere, d'un jeu extremement facile afin que le bruit qu'il produit ne couvrit jamais le bruit qu'il s'agissait d'observer. Les experiences faites comme nous venons de le dire out conduit au resultat suivant : Tous les me'taux, le fer excepte, ne rendent aucun son lorsquc les cylindres qui entourent le rouleau inducteur sont entiere- ment ouverts, avec fente sans contact possible des bords, ou en- tieremen?fermes ; si aucontraire les bords de la fente peuvent se toucher, tous les me'taux, sans en excepte le fer, rendent un son tres-perceptible. Le son produit a sans aucun doute pom- cause le courant d'in- . duction que fait naltre dans la masse du tube le courant galva- nique mterrompu qui parcourt l'helice du rouleau; ce qui le prouve, e'est que ce bruit est accru ou dnninue par toutes les in- fluences qui tendent a rendre 1'induction plus forte ou plusfaible, et que nous ne nous arreterons pas a enumerer. 50 COSMOS. M. Poggendorff ajoute que lc son dont il vient d'etre question, n'est qu'un pbdnomene secondaire qui peut manquer si la ma- tiere du tuyau ou cylindrc n'est pas suffisammentelastique, s'ilest par exemple en plomb. Lepbenome-uc acoustique consisle, dit-il, priraitivement et essentiellement dans un bruit sec analogue au tic-tac d'une montrc, qui se produit aux points de contact des bords de la fente, syncbroniquement avec les battements du mar- teau intcrrupteur, soit au moment de l'ouverture, soit au mo- ment de la fermeture du circuit, et probablement a chaque ces- sation du courant induit : le tic-tac ne fait jamais defaut, alors meme que l'experiencc se fait dans le vide. M. Poggendorff prouve longuement qu'on ne doit pas l'attribuer a l'e'tincelle qui accom- pagne la decharge electrique, entre les points opposes de la fente. Determination de la force electro-motrice de la pile de II. Doat, et de quclqucs couples analogues Par M. Jules Kegnai ld. a Dans une communication recente faite a l'Academie, M. Doat a decrit un nouveau systeme de pile qu'il a imagine. La disposition inge'nieuse de cbaque couple et la nature des corps qui le consti- tuent ont attire a juste litre l'attention des physiciens ; il n'est done pas besoin de les rappeler. Mais cet appareil, independamment de rimportance que peut lui acquerir dans la pratique la Constance de ses effets, m'a paru realiser, grace a l'intervention directe d'un corps simple Comme radical electro-negatif , une des combinai- sons voltaiiques les plus convenables pour constater quelques relations entre l'affinite et les force electro-motrices. G'est ainsi que j'ai ete conduit a determiner par la methode d'opposilion le rapport exact de la force dlectro-motrice de ce couple a celle des couples usuels, et a elendre ces mesures a plusieurs autres fonde's sur le memo principe. L'unite choisie a ete, comme dans mes recherches anlerieures , l'element tbermo-electrique bismutb- cuivre de 0° a +100°. J'ai trouve la force electro-motrice du couple de M. Doat egale a 102 unites; je rappelle, pour mieux faire apprecier la valeur comparative, que le couple de Daniell equivaut a 175 unites et celui de Grove a 310. La force electro-motrice croissant avec l'energie des affinites chimiques mises en jeu, on peut augmenter notablement sa va- leur dans des couples ou Ton substitue au mercure des metaux plus baut place's dans l'ecbelle positive. M. Doat a realise cette COSMOS. 51 idee en remplacant le mercure par quelques amalgames ; on peut menie se dispenser pour certains metaux, pour le zinc en parti- culier , de ramalgation. Voici plusieurs nombres qui inanifestent les effets obtenus par ces substitutions : I. Hg. Force electro-molrice ■= 102 unites. I. Cd. Idem =182 — Charbon, I. K.. 1 I. Zn. Idem = 216 — I. Na (amalg.) Idem = 381 — j. K. (amalg.) Idem = 386 — Si on analyse les phenonienes chimiques qui s'accomplissent dans ce systeme ou les metaux sont en rapport avec l'iode par 1'intermediaire de l'iodure de potassium, il semble que, les reac- tions e'quivalentes et de signe contraire etant e'liuiinees, la seule affmite efficace dans la production du courant est celle de l'iode pour le metal libre. D'apres cette remarque, la substitution dans le couple de M. Doat , du brome et du bromure de potassium, du cblore et du chlorure du potassium, doit montrer une fois de plus le r61e de l'affinite dans les phenonienes voltaiques. Le tableau suivant permet de comparer les puissances relatives de divers couples oil les memes metaux se combinent avec l'iode, le brome et le cblore. II faut toutefois noter que les actions locales inevi- tables, lorsque Ton fait usage des amalgames de potassium et de sodium, laissent planer sur les determinations une certaine incer- titude. I. Hg. 102 unites. Br. Hg. 161 unites. CI. Hg. 180 unites. I. Zn. 216 — . B>'. Zn. 280 — CI. Zn. 346 — I. Na. amalg., 381 unites. Br. Na. amalg., 465 unites. CI. Na. amalg. , 506 unites I. K. amalg.. 386 — Br. K. amalg., 471 — CI. K. amalg., 512 — Tous ces nombres croissent dans le sens prevu d'apres la the'o- rie des phenomenes chimiques ; il importe neanmoins de re- marque^ que les relations des divers groupes compares entire eux ne sont pas assez simples pour qu'on puisse prendre les rap- ports des forces observers pour expression de l'affinite des corps simples mis en presence. II faut conclure de la que meme dans ces couples les reactions generatrices des phenonienes voltaiques ne sont pas aussi simples que le raisonnement analytique le fait supposer, et que les actions secondares ne permettent pas a la force electro-motrice naissantduphenomene principal d'acquerir sa valeur absolue, bien que son influence preponderante soit mise en evidence par la comparaison des series. » PROGRBS en allemagne. Sup les ehansements seculaires de la temperature dc 1'air, Par M.. Zimmerman. Nous ne suivronspas M. Zimmerman dans Ja discussion de la meihodc la plus sure a suivre ou a employer pour observer la temperature moyenne vraie, nous analyserons seulement les conclusions auxquelles il arrive. Temperature moyenne de I'hiver, de 1807 a 1824, + 0°,26 ; de 1825 a 1855, — 0°,215", du printemps, de 1807 a 1824 , 6°,72; del 825 a 1855, + 6°,256; de rite, de 1807 a 1824, 14°,09, de 1825 a 1855 , + 13°,918 ; de I'antomne, de 1807 a 1824, 7°,33 ; de 1825 a 1855, 7°,347 ; tti Vannec, de 1807 a 1830 , 7°,10 ; de 1831 a 1855 6° 77. Ces rapprochements prouvent que la temperature moyenne de Ttambourg va sans cesse en s'abaissant on que son climat devient pins froid , avec cette exception tontefois que Pantonine a ete un peu plus cbaud. Cet abaissement a-t-il e*bi continu , ou peut-on constater des elevations et des abaissements successifs? En partageanl l'intcr- valle de 1807 a 1855 en periodes de dix ans , on trouve pour les temperatures moyennes de chaque period e : dte 1807 a 1815, 6°,81 ; de 1816 a 1825, 7°,62; de 1826 a 1835, 7°,23; de 1836 a 1845,6°,78; de 1846 a 1855, 6°,38. II y a done eu elevation de 1816a 1825 , et mi abaissement regulier d'environ 0°,4 de 1826 a 1855. Si l'onpartage l'intervalle de 1811 a 1854 en periodes dell ans, en commencant chaque periode par l'annee du minimum des taches solaires, on trouve pour la temperature moyenne, de 1811 a 1821, 7°,19 ; de 1822 a 1832, 7°,29 ; de 1823 a 1843, 7°,16 ; de 1844 a 1854 , 6°,47. Ces nombres manifestent encore un abais- sement continu de temperature moyenne de 1826 a 1855, mais ils ne mettent en Evidence aucune influence sensible des taches solaires, II en sera de meme si Ton partage l'intervalle en periodes de 5 ans, ou meme si l'on rapproche pour chaque annee la tem- perature moyenne du nombre des taches ; on ne trouvera meme pas que les annees de maximum ou minimum de temperature moyenne coincident exactement avec les annees de minimum ou de maximum des taches , et l'on en conclura qu'il taut cher- cher la cause de Pabaissement continu de temperature moyenne EfiHeut^qtte -Inns 1'inflnence des tacb.es solaires. COSMOS. 53 M. Zimmerman n'est pas plus heureux quand il demande 1 a rai- son durefioidissement au cycle lunaire ou al'influence de la lime du refroidissemenL Mais il est certain que la durete et la longueur des hivers ont excrce une tres-grande influence. La temperature moyenne des trois mois d'hiver, decembi-e, Janvier, fevrier, a ete, de 1807 a 1816,— 0°,23; de 1817 a 1826,+0°,98; de 1827 a 1836,— 1°,08; de 1837 a 1846, — 0°,QS; de 1847 a 1856, — 0°,72. De 1806 a 1816, il y a eu quatre hivers rudes; de 1816 a 1826, trois; de 1826 a 1836, quatre; de 1836 a 1846, trois ; del846 k 1856, six. De juillet 1830 a Janvier 1840, il y a eu 249,8 de degres froid ; de juillet 1840 a Janvier 1850, 328,4 : de juillet 1850 a Janvier 1856, 397, h. De 1807 a 1816, l'liiver a commence neuf fois en novembre ; de 1816 a 1826, liuit fois ; de 1826 a 1836, quatre fois ; de 1836 a 1846, trois fois; del846 a 1855, sept fois. De 1822 a 1835, l'liiver a fini trois fois en mars ou avril; de 1836 a 1845, six Ibis; de 1846 a 1855, sept fois. De juillet 1830 a Janvier 1840, la ;duree de l'liiver a ete de soixante-quatre jours, ; de juillet 1840 a Janvier 1850, de qua tre-vingt-cinq jours; de juillet 1850 a novembre 1854, de cent trente-un; jours. Les nombres de jours de glace ont ete respectivcment dans les memes periodes, 26,7; 35,8; 57. Enlin, d'apres Adhemar, pour avoir clix hivers rudes, il faut embrasser de 1392 a 1594, deux cent trois ans ; de 1595 a 1716, cent vingt- deux ans; de 1717 a 1829, cent treize ans ; de 1830 a 1856, vingl- six ans. Tous ces nombres evidemmenl s'aceordent a montrer qu'a l'epoque actuelle, les hivers sont plus generalement rudes et plus longs ; ils expliquent, par consequent, jusqu'a un certain point, l'abaissement de la temperature moyenne. Nous regretlons vivement que M. Zimmerman n'ait pas sent! la necessite, pom' eclairer ce difficile probleme, de comparer le climat de rAliemagne aux climals voisins, a celui de la France, par exemple, ou il aurait trouve presque le contraire, des hivers sans cesse plus doux, et en general moinsjlongs. Cette comparai- son l'aurait amene, sans douie, a demander a d'autres grandes influences meteoroiogiques, a la position, par exemple, du gulf Stream, ce qu'il a vainement demande aux laches du soleil ouau cycle lunaire. II ne dit pas un mot non plus des debasements, des igrands nivellements et des profondes trauchees necessites par l'etablissement des voies de fer, etc., etc. De cette maniere, sa noteperd en grandepartie son interet, et nousne l'avons ana- lysee que pour ouvrir la voie a des recherches plus profondes. TROGRftS EN BELGIQUE. Sup la scintillation ties etoiles Par M. Uifour Rapport de M. Quetelet. {Bulletin de YAcxdemie royale des sciences, 18.5G, n° 4.) Pour se rendrc coinptc tie la scintillation, M. Dufour, profes- seur a Morges (Suisse), a adopte les chiffrcs de 0 a 10; 0 etant une scintillation nulle, eJL 10 etant une de ces scintillations fortes qu'on ne rencontre que rarement, alors que l'etoile est pros de l'ho- rizon et qu'elle parait sautiller , changer de couleur et parfois memo disparaitre. Avec un peu d'habitude il ne tarda pas a reconnailre des degres de scintillation entre 0 et 1, etehtre 1 et 2, et crut pouvoir donner aux observations plus d'exactilude, endivisanl endixchacun des degres precedents... S'arniant alors d'une patience a toute epreuve, M. Dufour a re'uni plus de treize millc observations de scintillations fades sur cellos des etoiles qui merilaient une attention toute speciale. Ainsi, apres avoir etudie le rayonnement de la Chevre et son affaiblissement , a. mesure que l'astre se rapprocbe du zenith , il commenca un travail parfaitement identique pour Wega. II trouva, a son grand etonncment que le chiffre de la scintillation de Wega elait plus fort que celui de la Chevre. Cette difference bien soutenue pour toutesles hauteurs egales ; lui parut si remarquable qu'il voulut la soumettre a M. Argelander. Le savant astronome avait fait une observation tout a fait semblable, qui l'avait amend a penser que les etoiles rouges scintillent moins que les etoiles blanches. En effet, les trois etoiles, Arcturus, Orion et Aldebaran, out. toutes donne une scintillation plus faible que Procyon, Wega et meme la Chevre. Il semble a M. Quetelet que le memoire de M. Dufour renferme des rccherchcs tres-curieuses , tres-interessantes, et generaleraent tres-peu connues encore sur la scintillation des etoiles, et merite l'impression dans le Bulletin de I'Acachhnie. Nous avons lu ce Memoire avec le plus grand soin et»nous avons ete surpris de voir que l'auteur ne defmit pas ce qu'il entend par scintillation. II dit bien qu'il est parvenu a connaitre ce qu'est pour lui une scintillation 10 ; 9 ... 1; 0,9 ... 0,1, niais il ne definit en aucune maniere son unite, ce qui est une lacune tr^s-regret- table, qui a frappe M. Babinet comme elle nous a frappe. Dans l'ap- preciation de la scintillation, M. Dufour ne fait-il enlrer acides; e'est cette alcalinite qui entretient la fluidite du sang, qui preside aux phenomenes cbimiques de l'hematose et de l'oxyda- tion interstitielle, a l'absorption des matieres grasses, et pre- serve l'organisme de l'invasion des parasites La diminution de cette alcalinite se rencontre dans toutes les inflammations, la maladie de Bright, le diabete, le cholera, les hydropisies, cer- taines fievres et les maladies parasitaires. Les alcalins doivent etre utiles dans tous les cas, et en effet nous trouvons la preuve de cette efficacite dans la pratique de tous les auteurs , soit qu'ils aient employe les alcalins eux-memes, soit qu'ils se soient servis des agents alcalisants. — M. Rollande-Duplan affirme dans YAmi des sciences qu'il suf- fit de plonger un instant le raisin malade dans l'huile, l'eau-de- vie faible oumeme le vin, ou plus simplement encore qu'il suffit de lotions fades avec un de ces liquides pourle guerir radicalement. L'emploi des huiles etant trop penible et trop dispendieux, ce- lui de l'eau-de-vie etendue ou d'un vin genereux est preferable et d'une facile application pratique. La de'pense est presque nude relativement aux benefices qu'eUe procure ; un litre de liquide employe soit en lotion, soit en bain, peut conserver au proprie- taire trois hectolitres de vin. — La prolongation de duree d'un brevet d'invention est, en France, un veritable evenement, et Ton en cite a peine quelques rares exemples. Cette faveur vient d'etre accordee a M. le docteur Boucberie; la duree du brevet pris par lui, le 11 juin 1841, pour ses procedes de conservation et de coloration des bois, a ete pro- longed de cinq annees ; mais avec une limitation tres-raiscnnable 88 COSMOS. deniandee par M. Chauchard. Le brevet est prolonge sculement pour les applications autres que la coloration des bois employes a l'ebenisterie, a la tabletterie et aux articles de Paris. « Si les deux precedes dc conservation et de coloration avaient ete l'ob- jet de deux brevets distincts, a dit M. Chauchard, le brevet relatif a la coloration n'obtiendrait pas le privilege d'une prolon- gation; en effet, les resultats de ce dernier procede ont pu etre facilement apprecies apres un temps assez limite. L'in- dustrie de l'ebenisterie et de la tablelterie, qui peut tirer de cette invention de tres-grands avantages, attend avec impatience Fexpiration du privilege pour developper et perfectionner par la pratique un procede qui peut devenir fecond. Elle y trouvera le moyen de substituer a bon marche le bois indigene au bois exo- tique comme matiere premiere, et de varier indefiuiment les ap- plications du gout francais a d'innombrables articles d'une con- sommation usuelle. n — Nous avons dit un mot seulement en passant d'une pre"- cieuse application du diamant noir au rabotage et polissage des pierrcs dures en general, et particulierement du granit. Nous avions decrit avec enthousiasme l'effet merveilleux de la fontaine monumentale en granit de Bretagne, exposee par M. Herman. La priorite et la propriete du nouveau procede ont ete reclamees et gagnees centre l'habile mecanicien par M. Bigot-Dumaine; puisse au moins ce long et douloureux proces ne pas faire ren- trer dans le neant une industrie si riched'avenir! — Plusieurs fois deja nous avons appele 1' attention de nos lec- teurs sur l'excellente methodede nivellement a laquclle M. Porro a donne le nom tie tacheometrie, en appelant tacbeometre l'ins- trument nouveau a l'aide duquel le nivellement s'eilectue. Nous recommandions cette methode comme emineuament simple, exacte, expeditive, et nous desirions instamment qu'elle entrat de plus en plus dans la pratique. Elle vient heureusement d'etre appliquee par M. Moinot, ingenieur en chef du chemin de fer de Lyon a la Medilcrranee, et voici les admirables resultats qu'elle a donnes. Nous ne changerons rien au recit entbousiaste que l'ha- bile praticien adresse lui-meme a M. Porro : « Les employes charges des operations ne connaissaient aucunement votre ta- cheometre, moyen modele de 800 francs; apres quelques heures d'exercice ils ont ete completement familiarises avec son usage et celui de vos tables logarithmiques; au bout de quelques jours, ils ont calculejusqu'a U00 cOtespar heure, e'est-a-dire la distance cosmos. m horizontal et la hauteur de 200 points ; ils ont effectue" avec la meme facilitd les calculs des coordonnees rectangulaires. Les Jignes d'operation, cependant, se trouvaient sur un terrain des plus accidentes. Rochers a pic baignes par la mer; vallons droits couverts d'oliviers, de cilroniers, d'orangers avec des clo- tures de 3 a h metres de hauteur, etc. , tel est le pays appele la Corniche, s'etendant deNice a Genes, etqu'il s'agissait d'etudier. Nous avons 66ft lignes d' operations faisant ensemble 179 kilome- tres, et dont la longneur individuelle vario de 50 a 1 000 metres. Les 663 angles formes par ces lignes ont etc releves ayec votre tacheometre, et dans la correction des angles ils donnent seule- inonl 2,ft6 grades de difference. La somme des angles des poly- genes fermes differe an plus de 08,/i0 ou 0s, 80 de la somme des angles calcules ou geometriques ; les coordonnees de ces poly- gones se ferment a quelques metres pres. La longueur des lignes d'operation ont ete determinees par deux series d'observattons, la difference entre les deux resultats accuse rarement un metre. « J'emploie depuis plus de 20 ans la mire coloriee, et je croyais qu'il eut ete preferable de peindre de la meme ma- niere vos stadia. L'experience et la comparaison m'ont prouve le contraire. La lecture sur vos mires est plus facile que sur les mires peintes ; elle peut se faire a de plus grandes distances et il arrive rarement que le soleil ou la trepidation de l'air par les grandes chaleurs empeche de les voir, comme cela arrive pour les mires peintes ; enfin on peut travailler le soir avec vos mires une demi-heure de plus qu'avec les mires coloriees. « Tels sont, Monsieur, les resultats obtenus avec votre tacheo- metre de 800 francs , vos echelles logarithmiques et vos stadia. Je n'hesite pas a declarer que Ton ne devrait employer que ces instruments pour les eludes de chemins de fer en pays de mon- tagnes. 11 est a desirer que les ingenieurs qui ont entre les mains votre instrument fassent connaitre les beaux resultats qu'il donne. J'ai la conviction que s'il en etait ainsi, il finirait par se propager et que Ton abandonnerait les anciens procedes que je considere comme barbares. — Mors aussi vous pourricz en abaisser le prix. » Pourquoi faut-il, en presence do ce beau resultat, malgre Fac- cueil favorable et la medaillc d'or qu'il a recu de i'administration des ponts et chaussees, le tacheometre et la tacheonifitrie si po - pulaires en Italie soient encore si peu usites en France? Pourquoi faut-il surtout q I'un de nos ingenieurs, M. Laterrade, ait le cou- 90 COSMOS. ra^e de recommander dans les Annates des ponts et chaussees la substitution de la simple boussole au tache'ometre dans la pra- tique de la tacheometrie, ce qui sera revenir a l'enfance de l'art ? — La Socie'te' des sciences de Harlem vient de mettre au concours une nouvelle seYie de sujets de prix; les memoires devront etre adresses avant le l,r Janvier 1858. I. Depuis quelques anndes les Siphonophores ont fait l'objet de savantes recberches de la part de MM. Leuckart, Gegenbauer, Vogt et Kolliker; 1' opinion qui a prevalu est qu'ils doivent etre considered comme des colonies d'anhnaux. La Societe demande un examen critique de tout ce qui a rapport a cette classe d'etres, base sur des recherches nouvelles. Elle ddsire que Ton y ajoute un projet de classification des Siphonopbores, indiquant en outre les rapports qui existent entre ces animaux et d'autres inver- tebres. II. Quels sont les resultats gtfneraux a deduire des observations sur le developpement des animaux articules et des mollusques dans l'oeuf, en les comparant a ce que Ton sait de l'embryologie des animaux vertebres. III. La Societe demande 1° une description exacte, fondee sur des recherches microscopiques, de l'estomac compose des rumi- nants, des diverses parties et vaisseaux qui s'y trouvent, accom- pagnee des figures necessaires ; 2° Un examen chimique des fluides contenus dans les divers compartimenls de ces organes a des epoques differentes de la digestion, et de leur action sur les aliments par des experiences de digestion artificielle ; 3° Une explication physiologique, fondee sur cet examen et ces expe- riences, des fonctions de ces divers compartiments et de la struc- ture particuliere, qui les rend propres a digerer et peut-etre a absorber une partie des principes constitutifs de la nourriture. IV. Les recherches de Slabber, Boddaert et autres ont prouve que les cdtes de la Zelande Neerlandaise abondent en mollus- ques et en animaux rayonnes, d'especes qui ne frequentent pas ou frequentent peu les rivages bordes de dunes de sable. La So- ciete desire que ces cdtes soient explorees de nouveau sous ce rapport, que des recherches soient faites au moyen de dreges et que les nouvelles especes d'animaux que Ton y trouvera et qui ne sont pas encore bien connues, soient decrites et figurees. V. Les sels qui rdsultent de la combinaison d'un chlorure me- tallique electro-positif avec un autre chlorure electro-negatif ne COSMOS. 91 sont encore que bien peu connus. La Society demande des re- cherches nouvelles sur ces sels interessants. VI. La Societe" demande des recherches nouvelles sur le de"ve- loppement de l'electricite par les liquides frottant contre des so- ndes. Elle ddsire en particulier que Ton repete les experiences de M. Faraday avec de la vapeur a des pressions considerables, afln de pouvoir decider si dans ce cas les regies posees par cet illustre physicien ne souffrent point d'exceptions. Elle desire aussi de voir decider si l'electricite qui se deVeloppe souvent au moment que l'etat spheroidal cesse, est due uniquement a la friction, et enfin si la plus grande partie de l'electricite qu'on obtient en ex- perimentant avec des solutions, doit 6tre attribute a la friction des molecules liquides contre les parties solides deposdes par la solution. VII. La lumiere electrique qui se developpe dans le vide au moyen de l'appareil de Ruhmkorff dans des circonstances de"ter- minees se montre composee de couches alternativement brillantes et obscures, qui ne sont pas encore suffisamment expliqudes. La Societe demande une explication exacte des causes de ce phenomene. VIII. Ce n'est pas seulement par Taction directe de la lumiere sur les organes de la vue, mais encore par des actions diverses sur les nerfs en rapport avec cet organe, qu'on voit se produire des apparences lumineuses, meme quand aucune lumiere ne p£- netre dans l'ceil. La Societe demande un examen approfondi de tout ce qui a rapport a ces phenomenes, pour que Ton decide entre autres si ces apparences peuvent produire des images secon- dares et, si cela est, dans quel rapport ces images se trouvent avec le phenomene primitif. IX. Les recherches de Goppert ont appris que toutes ou pres- que toutes les couches houilleres ont ete formees sur le lieu ou pres du lieu ou on les trouve. Cependant on ne sait pas bien de quelle maniere cela s'est fait et il reste a decider si elles ont ete formees dans la mer, dans de l'eau douce ou sur la terre ferme, ou bien si l'une a dte forme'e dans Tune et l'autre dans une autre de ces circonstances. On ne sait non pas plus jusqu'a quel poin on peut comparer la formation de la houille a celle de la tourbe. La Societe demande des recherches fondees sur un examen personnel de differentes couches houilleres et de plusieurs tour- bieres de nature differente, qui conduise a une solution aussi complete que possible de ces questions. SB COSMOS. X. Les reckerehes les plus recentes ont prouve que les sper- malozoidcs penclrenl dans l'auil'. La Societe desire que Ton fasse a eel egard ties observations chez divers uiainmiferes et que Ton joigne a l'cxpose de ces observations les figures necessaires. \[. La Societe demande des recherches exacles surles moyens qui protegent les inammiferes et les mollusqucs des effets dc la difference notable de pression qu'ils ont a subir en se portant de la surface de la ttter a des profondeurs divcrses. XII. MM. Ghapuis et Candese ont fait un travail utile, en pu- bliant dans les memoires de Liege, Tome 8, un catalogue des iaivi's de Coleopleres ; la Societe desire se voir adresser un me- moire contenant un pared catalogue des larves Nevropteres. — M. le docteur Thomson a calcule que les mines de Durham et du Northumberland peuvent durer encore mille ans, si Ton maintient l'extraction au taux actuel ; le celebre docteur Buckland n'accorde au contra ire a ces memes mines que quatre cents ans de duree ; et M. Bailey annonce leur epuisement avant deux cents ans. Lequel de ces trois geologues est dans le vrai? Nous craignons que ce ne soit le dernier. Quelle triste perspective pour l'Angleterre ; et que deviendra-t-elle quand ses houilleres seront vides? — L'Observatoire royal dc Greenwich vient de faire une grande perte dans la personne de M. Joseph Henry Belville, qui remplis- sait depuis 1811 les fonctions d'astronome adjoint. On lui a con- fie tour a tour la direction et le maniement du grand cercle de Troughton, de la grande lunette meridienne et du grand cercle meridien actuel. M. Belville etait charge en outre de la verifica- tion des chronometres de la marine royale. II avait une veritable passion pour les observations meteorologiques; son journal com- mence a Braintree, lorsqu'il n'etait encore qu'enfant, a ete regu- liercment continue jusqu'aux derniers jours de sa vie. C'e'tait un homme d'une intelligence elevee, d'une instruction litteraire eten- due, d'un gout artistique tres-developpe ; il a ete toute sa vie un module d'application au travail, de zele et defidelite" a remplir tous ses devoirs. — Dans une des dernieres seances de l'lnstitution royale de Londres, M. Faraday a daigne exposer lui-meme un nouveau proced(; d'argenlure du verre ddcouvert par M. Petitjean, etque plnsieurs de nos lecteurs pourront experimenter avecsucces. On commence par preparer la liqueur suivante : prenez 100 grammes de nitrate d'argent, ajoutez d'abord 62 grammes d'ammoniaque COSMOS. 93 concentree, puis 480 grammes d'eau disfillee ; des que la solution sera devonue limpide, ajoutez 19 grammes d'acidc tartrique dissous dans Uk grammes d'eau, et enfin 15 centilitres d'eau; agitez fortement ; quand le liquide aura depose , decantez la por- tion claire, et conservez-la ; faites dissoudre autant que possible le precipite solide reslant dans 15 centilitres d'eau, decantez une seconde fois ; ajoutez ce second liquide a celui qui est provenu de la premiere decantation , etendez enfin les deux liquides reu- nis en ajoutant 6 centilitres d'eau ; nous designerons cette pre- miere liqueur argentifere sous le nom de liqueur n° 1. II faudra preparer en outre une seconde liqueur n° 2 tout a fait semblable, mais avec une proportion double d'acide tartrique. Procurez-vous une table en fonte a bords rcleve's , creuse el renfermant de reau,parfaitementborizontale, qu'on puisse chauf- fer en dessous par des bees a gaz ou une lampe a Falcool. Nettoyez parfaitenient la surface de verre a argenter, d'abord avec un morceau de drap propre, puis avec de l'etoupe de coton impregnee de la liqueur argentifere ct d'une petite quantite de tripoli, enfin avec de nouvelle etoupe de coton; deposez le verre sur la table, la surface neltoyee en dessus ; versez sur cette sur- face une quantite suffisante de la solution argentifere ; etendez cette solution an moyen d'un cylindre de bois revetu de caout- chouc tres-propre et mouille avec la liqueur n° 1; ajoutez une nouvelle quantite de liqueur d'argent, de maniere a former une couclie liquide de 2 1/2 millimetres d'e'paisseur : e'levez la tempe- rature jusqu'a 60 degres centigrades. Apres dix minutes environ, l'argent metallique commence a se deposer sur la plaque ; apres 15 ou 20 minutes il forme une couche uniforme opaque, grisatre, adberente an verre el qui a travers l'autre surface apparait un ve- ritable miroir. L'argentagc toutefois ne sera tertnine qu'apres qu'on aura recommence la m6me operation avec la liqueur n° 2, et que Ton aura recouvert le depot metallique d'un vemis noir, Si la surface du verre au lieu d'etre plane affecte diverses cour- bures concaves ou convexes, la manipulation devicnt un peu plus difficile, mais elle reste au fond la meme; onreussitparfaite ment c'i argenter des bouteilles, des spheres, des potiches, etc. M. Faraday affirme que Ton obtient de cette maniere et a tres- bas prix des surfaces reflechissantes qui ne laissent vien a desirer. suffisamment solides et d'ailleurs tres-faciles h reparer ; il suffit de 10 grammes d'argent valant 2 francs pour recouvrir un metre carre" de surface de verre. 94 COSMOS. M. Power serait bien aimable s'il nous disait en quoi le proc6- de de M. Petitjean differc de celui de M. Tourrasse qu'il a si longtcmps pratique et grandement perfectionnd ; le croit-il plus solide, moms dispose a se tacher ou a se ternir avec le temps? — Les applications de la glycenne vont se multipliant chaque jour en Angleterre. Nous signalerons comme tres-importante celle que M. de la Rue vient de faire breveter. II prepare d'abord de la maniere suivante une sorte de colle-forte nouvelle, mais, qui ne durcit pas et qu'il appelle colle de glycerine. On prend des ro- gnures de peau, on les fait macerer dans l'eau pour les bien net- toyer, on les coupe en bandes minces, on les entasse dans une chaudiere en cuivre, et.l'on ajoute autant de glycerine qu'il est nd- cessaire pour couvrir le tout; on chauffe a 80 degres centigrades environ ; quand les rognures sont dissoutes, on decantele liquide, on laisse reposer et refroidir ; la colle est alors preparee et l'on peut s'en servir 1° pour former d'excellents rouleaux d'imprimerie remplacant avec avantage ceux qu'on faisait jusqu'ici avec la colle et la melasse, 2° pour preparer une excellente encre d'im- primerie en faisant dissoudre dans la glycerine les matieres colo- rantes et se servant de la colle pour donner au melange la con- si stance voulue ; 3° enfln pour faire des moules flexibles compa- rables a ceux obtenus d'un melange de gutta-percha et de graisse ; on fait tout simplement fondre la colle de glycerine, et on la verse a la surface de l'objet a mouler, le moule est fait, on le de- tache comme a l'ordinaire quand il est refroidi. — M.Sharpe, president de la Society geologique de Londres,est mort tout recemment d'une chute de clieval a l'age seulement de 51 ans. II fut d'abord negotiant en vins de Portugal, mais il ceda de tres-bonne heure a l'entrainement scientifique, et cultiva avec le plus grand succes la ge~ologie, la geographie physique et la philologie ; elu en 1826 membre de la Societe de geologie, il de- vintson tre"sorier en 1843 et son president en 1856; il dtait membre aussi de la Societe" royale et de la Soci&e Linneenne ; il fut un des premiers a ddchiffrer les caracteres cuneiformes et a traduire les inscriptions emtes dans cette langue si longtemps mysterieuse. — L'Acade^mie des sciences vient de mettre 2 000 francs a la disposition de plusieurs professeurs de la Faculte de Dijon, re"- solus a entreprendre le 15 aout prochain un voyage aerien scien- tifique sous la conduite du c&ebre M. Poitevin. PHOTOGRAPHIE. Societe francalse dc photographic Seance du 18 juillet 1856. M. Regnault president ouvre la seance de tres-bonne heure et donne lecture du programme du prix fonde par M. le due de Luynes.Nouspublierons ce programme integralemcnt,aussitdtque nous aurons recu l'epreuve qui nous est destinee, nous nous con- tenterons de dire aujourd'hui : 1° que le prix principal, qui est de huit mille francs, sera decerne" a l'auteur du meilleur precede de reproduction immediate sans travail de la main ou sans retou- ches, a l'encre grasse ordinaire, par la gravure ou la photographie heliographique, des epreuves positives de la photographie. 2° Qu' un prix secondaire de deux mille francs sera decerne au meilleur procede de tirage direct ou chimique des negatifs sur papier ou sur collodion. Le concours restera ouvert pendant trois annees a partir du jour de la publication du programme ; le prix peut etre gagne" par des nationaux et des Strangers, qui auront en outre le droit de faire breveter leur de'eouverte et d'en conserver la pro- priety le jugement du concours est devolu au conseil de la So- cie'te de photographie. Ces dispositions dminemment liberates sont accueillies avec un vif enthousiasme, elles font honneur et au noble fondateur et a la France qui prend ainsi une glorieuse initiative. — M. Paul Perier communique au nom de M. le vicomte de Montault la formule d'un nouveau bain qui a la double propriete d'accroitre la sensibility du collodion et de la lui conserver pen- dant deux ou trois jours. Lebain miellese compose d'eau distillee, 1 000 grammes ; nitrate d'argent, 50 grammes ; acide acetique, 20 grammes ; miel pur, 250 grammes ; alcool, U0 grammes. On flltre et on clarifie s'il est ndcessaire en ajoutant du kaolin. Avec un objectif double de 33 centimetres de foyer le temps de 1'exposition a l'ombre est de 3 a 6 secondes, au soleil de 1 seconde ; e'est, on le voit, une sensibilite tres-grande. On de"veloppe l'image dans un bain forme' d'eau, 150 grammes; acide pyrogallique, 0,5 grammes; acide acetique, k grammes; il sera quelquefois neces- saire d'ajouter un peu de nitrate d'argent. Avant de developper l'image on lavera la plaque a plusieurs eaux pour la debarrasser completement du miel qui reste a sa surface. M. Regnault craint qu'il ne soit tres-difficile dans ce proce'dd de 96 COSMOS. conserver an bain sensibilisateur la proprete ct la limpiditc qu'il doit avoir; l'addition de kaolin et l'exposition en plein solcil aide- ront puissamment a obtenir ce rdsultat. Au reste, M. de Monlault affirmc qu'il a obtenu de cctte methode de tres-bons resultats. M. de Poilly, president de la Societe de photographic de Bou- lognc-sur-Mer, qui est present a la seance, profite de cette occa- sion pour reclamer de nouveau la priorite de l'einploi du miel et de la cire ou ceroleine comrae agents preservateurs de la sen- sibilite du collodion. M. le president l'invite a rediger a ce sujet une note etablissant nettement ses droits et qui sera imprimee dans le bulletin de la Societe. — if. Fortier, au nom deMme Lebreton, communique une mo- dification au procede' Taupcnot qui lui a parfaitement reussi. On recouvre la plaque de collodion iodure comme al'ordinaire, on la sensibilise dans le bain de nitrate, on etend alors et alors seu- lemcut l'albumine sans iodure ; on laisse secber, on coagule l'al- bumine par l'aceto-nitrate d'argent; la plaque ainsi preparee con- serve sa sensibilitc pendant deux ou trois jours ; on developpe comme a l'ordinaire par l'acide pyrogallique en recourant s'il est necessaire a la solution sensibilisatrice de nitrate d'argent. Les epreuves ainsi obtenues par Mme Lebreton sont fort belles, les noirs surtout sont magnitiques. — M. Gaume, tres-habile photographe du Mans, a modifie en sens contraire le procede Taupenot, et est arrive de son cote a de tres-bons resultats. 11 applique d'abord la coucbe de collo- dion pur et non iodure, il laisse secber et etend la coucbe d'al- bumine iodurfe. 11 sensibilise, quand le moment d'operer est venu, au bain de nitrate d'argent, et expose a la lumiere. On ob- tient ainsi des paysages en moins d'une minute. — M. Paul Perier presente et decrit le nouveau chassis ane'ga- tifs de M. Caron, contenant plusieurs glaces collodionnees et sen- sibilisees que Ton peut exposer tour a tour a la lumiere. Ce chassis a beaucoup d'analogie avec celui que M. Jules Duboscq a cons- fruit pour les plaques albuminees et collodionnees. II est accole par derriere a la cbambre obscure ; un curseur muni d'un cro- chet se meut dans une coulisse portant autant de numeros que le chassis contient de plaques ; par cela seul quelmdex du curseur est amend a co'incider avec l'un des nombres de la coulisse, le crochet fixe au curseur saisit la plaque correspondante ; on presse alors un bouton situe au-dessous du chassis ; celui-ci tombe avec toutes les plaques, a l'exception de celle qui a ete retenue COSMOS. 97 par le crochet et qui se trouve en place poun recevoir Taction de la lumiere. Dans cette disposition on ne peufc pas mettre indivi- duellement chaque plaque au foyer; il faudra done determiner d'avance par le calcul ou le tatonnement de combien^ apres la nii&e au foyer sur. le verre depoli, il faudra avancer ou reculer le fond, de la chambre obscure pour que telle glace du chassis connue par son numero vienne prendre exactement la place du verre depoli. Cet. inconvenient n'existait pas dans le chassis de M. Duboscq qui pennettait en outre de sensibiliser la plaque sur place, et d'operer par consequent au collodion huuiide. Nous ne voyons pas bien en quoi consisle le progres realise par M. Garon. nous attendrons pour, lui rendre justice, s'il y a lieu, que la des- cription de son chassis soit publiee. — M. Millot-Brule de Rethel, Ardennes, presente un charma;>i appareil imagine par lui et auquel il donne le nom de pistoie, porte-plaque. Le nom donne a cet excellent appareil indique suffisammei:! sa destination. On a sans cesse besoin, dans les operations pholo- graphiques et autres, de maintenir une glace de maniere a pou- voir lui donner a volonte une position horizontale, inclinee ou verticale; pour la revetir d'une couche de collodion ou d'albn- mine; pour faire couler a sa surface la liqueur sensibilisatricc, revelatrice oufixatrice; pour faire egoutter le liquide excedani. pour la soumettre a Taction evaporatriceou dessiccante de la cha- leur, etc., etc. 11 est tres-essentiel aussi de garantir, autant qu* possible, les doigts de Toperateur du contact salissant ou deleters d'un grand nombre de liqueurs employees en photographie, de la solution de nitrate d'argent qui imprime sur la peaudes lache-. indelebiles noires ou jaunes, desagreables a Texces, des solu- tions de cyanures de potassium, ou autres, qui sont des poisons violents, etc. On a invente dans ces divers buts un grand nombre de porte- plaques ou de supports en hois, en caoutchouc, en gutta-percha, en fils metalliques, sur lesquels la plaque est flxee par des coins, par de lacire, par des angles rentrants, par Taction du vide, etc. Aucun de ces appareils n'est certainement aussi. simple, aussi commode, aussi efflcace que Tinstrument de M. 3Iillot-Brul4. 1! sufflt de le voir ou.de jeter un coup d'oeil sur la figure ci-apres pour s'en, faire une idee parfaite et savoir tout aussitot le maniei . C'est dans sa forme generale un veritable pistolet avec sa crosse C, que Ton tient ordinairement de la main gauche, avec s^ g£- 98 COSMOS. chette G qui fait saillie, ct sur laquelle on appuie avec l'index, en tirant vers soi, quand il s'agit d'engager ou de degager la plaque J; avec son canon ou tige AA', etc. Aux deux extremitds de la tige, en B et B', sont deux mordaches taillees de biais ou creusees en angles rentrants, dans lesquelles s'engagent les bords opposes de la plaque , et qui pressent contre ces bords. La mordache B' est invariablement fixe"e a la tige et forme corps avec elle, la mordache B au contraire est portee par une sorte de chariot mobile ou coulisse installee en avant de la crosse et reliee a la gachette par une vis V, que la gachette par conse- quent entraine avec elle quand le doigt la tire; ce chariot en outre, et la mordache par consequent, peut tourner a droite, a gauche dans le plan horizontal de maniere a suivre le bord de la plaque jusque dans ses porte a faux sans jamais cesser de la presser, ce qui etait une condition essen- (:* /: tielle de stabilite, et ce qui permet de n'en- '-■&, ■ ■; .■''■. gager entre les mordaches qu'une tres-petite SB&j m portion de la plaque, en laissant libre toute sa surface qui, dans tous les cas, n'esttou- chee que par les aretes de ses bords. Le chariot etla mordache, en se deplacant sous Taction du doigt qui tire sur la gachette, ban- dent un ressort a boudin R enferme dans la crosse, et c'est ce ressort qui, reagissant ou se detendant quand le doigt cesse d'a- gir, presse les bords de la plaque contre les bords des angles rentrants des deux mordaches. La tige AA' ou canon est formee de deux parties ; 1'une inte- rieure ou noyau solide en bois d'ebene, en bois dur, en caout- chouc durci, en m&al, etc.; l'autre exterieure, ou formant enveloppe, est un tube en cuivre etire verni, ou en caoutchouc durci, etc.; le noyau et l'enveloppe sont fixes l'un a l'autre par une vis E qui traverse l'enveloppe ct penetre dans le noyau ; en tirant l'enveloppe en avant on allonge la tige, et on rend le pis- tolet propre a recevoir toutes les plaques depuis le sixieme de pla- que jusqu'a la plaque entiere, et meme jusqu'a des plaques d'un metre, si on lui donne des dimensions suffisantes, a la condition COSMOS. 99 que, si l'on opere sur de petites plaques, on degagera l'enveloppe et on la remettra en place retournee sensdessus dessous, de telle sorte que la mordache D vienne prendre en haut la place de la mordache B' venue en dessous. Des trous perces a l'avance dans le noyau sont prets a recevoir la pointe de la vis qui fixe irre- vocablement l'enveloppe dans la position qu'elle doit occupcr sui- vant la grandeur de la plaque. La pointe aigue' qui termine le pistolet sert a le fixer ou a lui donner un meilleur point d'appui. Nous ne nous arreterons pas a decrire les details de construc- tion si ingenieux et si minutieux qui rendent cet instrument par- fait; M. Millot-Brule n'a rien oublie; il a creuse des sillons dans le chariot mobile et la crosse pour l'ecoulement plus facile des li- quides; il a recouvert la portion de la crosse qui contient le res- sort d'une sorte de toit preservateur en caoutchouc, en corne ou en toute autre matiere inattaquable aux liquides de la photogra- phic ; il a fait construire le pistolet entier en corne ou en caout- chouc durci et de maniere a lui donner la plus grande solidite et la plus grande elegance possibles , etc., etc. II nous suffira de dire qu'il a parfaitement atteint son but, que le pistolet porte- plaque a seduit tous les photographes auxquels il a ete" montre, qu'il a ete accueilli avec une sorte d'enthousiasme par la Societe franchise de photographie, que la plupart des membres auraient voulu entrer immediatement en possession du modele qu'ils ad- miraient, que les demandes abondent de toutes parts, que le suc- ces sera plus |grand encore en Angleterre, que bient6t, enfin, le pistolet photographique aura fait le tour du monde. En presence de ce petit triomphe nous sommes presque tier d'avoir ete le premier confident de l'inventeur. — M. Charles Chevalier a cru devoir rectifier dans une longue lettre plusieurs assertions d'un article de l'avant-derniere Uvrai- son du Bulletin. II ne veut pas que l'on puisse dire que le deuxieme verre des objectifs allemands fasse draphragme sur le premier; que la nature du poli change la refrangibilite des verres ; que le polissage au papier soit plus imparfait et ne donne en re"alite qu'une sorte de douci au lieu d'un poli veritable ; qu'il est abso- lument necessaire d'adopter definitivement le polissage au drap fin, etc., etc. Ala rigueur, en effet, ces expressions sont impro- pres, mais il n'est pas non plus impossible de leur donner un sens raisonnable et vrai. M. Charles Chevalier termine sa lettre en rappeVmt qu'il est le veritable inventeur des objectifs doubles dont on atkibue injustement la gloire aux opticiens allemands, 100 COSMOS. ses droits a cette belle et utile decouverte out etc recounus, dit-il, par la Societe d'encouragement, etc. , etc. — La fin de la seance est consacree a l'exhibition d'un grand nombrc de photographies parmi lesquelles nous signalerons sur- tout : 1° les reproductions de vitraux peints, qui sont le produit d'un art merveillcux, dont M. Gaume, du Mans, semble posscder seul encore le secret ; les diverses couleurs des verrieres ou les tons divers des grisailles sont admirablementrendus; 2° quarante vues del'Algerie obtenues sur papier par M. Jeuffrin; on regret- tail vivement que le temps ne lui eut pas perrnis de tirer des epreuves positives dignes de ses negatifs, qui. sont fort beaux; 3° deux grands positifs directs sur collodion d'une perfection re- inarquable obtenus par le procede de M. de Poilly, et dans les- quelsles blancs sont d'une purete etonnante, les noirs tres-ecla- tants. — M. J. Duboscq en son nom, et au nom de M. Knight, opti- cien de Londres, presente deux modeles du stereoscope cosmo- ramique, appele a un tres-grand succes. Ce qui caracterise le nouvel appareil, ce sont les dimensions des deux prismes, de- venus deux grandes plaques accolees l'une a l'autre. L'image unique est ainsi beaucoup mieux eclairee, la vision incompara- blement plus facile, l'effet de relief plus saissisant dans unc pro- portion considerable. On peut dire qu'on n'a encore rien vu tant qu'on n'a pas contemple dans cet instrument magique les vues de Suisse de M. Ferrier. Le modi'Le anglais est plus complique et plus cher, mais aussi plus complet. II a l'avantage d'un eclairage permanent par reflexion, de pou- Toir s'adapter immediatement a toutes les vues, de constituer, quand il ne sert pas, une boite fermee. Le modele francais est plus portatif, plus elegaut, et son prix depasse a peine le prix des ste- reoscopes ordinaires; tous deux sontlapropriete de M. Duboscq, a qui l'inventeur, M. Knight, a cede ses droits. — La Societe s'ajourue ensuite au vendredi 17 octobre; les mois qui vont suivre doivent etre des mois d' execution et non plus des mois de discussion. M. le president fait des vceux sin- ceres pour que la moisson de chacun soit belle et abondante; il amioncc que les epreuves et appareils destines a l'Exposilion de Bruxelles doivent etre deposes au secretariat de la Societe, rue Drouot, 1.1, le 2k juillet au plus tard. F. Moigno. ACADEME DES SCIENCES. Seance du 21 juillet. Nous avons peine a saisir quelque chose de la correspondance, depouille'e cependant par M. Flourens , tant la salle est agitee, tanL les conversations particulieres sont engagees de toutes parts. — M. Auguste Durand, de Lunel, medecin principal de l'armee d'Orient, adresse une note sur la theorie de la gravite, de la gra- vitation et du magnelisme. C'est de la haute metaphysique a la- quelle nous regrettons de ne pouvoir nous associer, malgre le hon souvenir que nous avons conserve de nos relations avec l'au- teur; qu'on enjuge! voici son point de depart : « Supposons un ether repandu dans tout l'univers , entourant ainsi la matiere de toutes parts et penetrant dans tous les vides ; supposons-le de qualite electro-positive relativement a cette ma- tiere ; il est clair qu'il tendra a rallier entre eux les atomes , les corps et les masses de celles-ci, qu'il sera ainsi un agent de rap- prochement uiiiversel , c'est-a-dire un agent de ce que Ion a ap- pele I 'attraction moleculaire, la gravite et la gravitation. En con- siderant cet ether comme etant distinct du fluide electro-positif, par rapport auquel il serait electro-negatif , auquel des lors ii pourrait servir de gangue ou de matrice, et a la maniere du- quel il contribuerait a l'altraction moleculaire, on peut com- prendre que cet ether, etant d'autre part , comme nous l'avons deja dit, electro-positif relativement a la matiere, puisse a la fois attirer et le fluide electro-positif et la matiere dans leur etat nor- mal d'association , et des lors exercer son action attractive a dis- tance, comme dans les faits de gravite et de gravitation, sans faire rnanifester de phenomenes d'electricite. » Voila le debut du manuscrit que M. Durand nous adresse de Constantinople, et nous avouons na'ivement que cela n'est pas clair pour nous: qu'au contraire nous n'y comprenons rien; sa Nouvelle ilik»ie physique, dont il a bien voulu nous donner un exemplaire, depasse aussi notre intelligence. — M. le docteur Davaine adresse une note sur la vitalite rela- tive ou la resistance a la mort de la larve et des anguillules des vibrions, qu'il a decouverts dans la nielle des bles; l'anguillulp ou vibrion adulte a beaucoup plus de vitalite que la larve. — M. Flourens offre, au nom de M. Dumeril, le venerable doyen des naturalistes de France, un exemplaire de son Icthyo- 102 COSMOS. logie analytique ou classification des poissons selon la method/' natureUe, par tableaux synoptiques. — M. Paul de Gasparin £crit de Bourbon-l'Arcbambault, que que la sante de sou pere continue a s'ameliorer, quoique lente- menf. — M. le general Morin lit un rapport sur la cbaine bydraulique flottante du R. P. Basiaco. Apres une description generate de l'appareil, analogue a celle que nous avons deja donne"e, M. Morin rend compte des experiences faites sur le mod Me construit aux frais de Sa Majeste l'Empereur, et installe" sur la Seine , pres dn pont Marie. Les conclusions du rapport sont que la nouvclle machine bydraulique utilise environ 22 p. 100 de la force du courant, qu'elle pourra 6tre employee avec quelque avantage a transmettre le mouvement a des usines installees sur les bords de la riviere , ce qui dispensera de faire sur l'eau des construc- tions dispendieuses; on pourra s'en servir aussi pour donner limpulsion aux appareils dragueurs; mais la commission ne pense pas qu'elle soit applicable au remorquage des navires, parce qu'elle encombreraitle litdu fleuve. L'Acade" nie, consultee, vote des remerciments au respectable abbe. — M. Morin lit en outre une note sur des experiences faites au Conservatoire des arts et metiers avec une turbine de M. L.-D. Girard , destined & utiliser l'eau des tres-hautes chutes, et cons- truite sur le principe de l'evacuation du fluide moteur par evase- ment rationnel , que nous avons deja exposee. Jusqu'ici M. Gi- rard avait surtout construit des turbines destinees a fonctionner dans les rivieres , sous des chutes basses : deux appareils de ce genre sont installed dans l'usine de M. xMenier, a Noisiel-sur- Marne, et donnent les resultats les plus satisfaisants. Le passage des petites chutes aux grandes chutes ne pouvait pas se faire sans des difflcultes qui ont etc" heureusement vaincues, et plusieurs nouvelles turbines fonctionnent, dans la ville de G6nes, chez des industriels qui recoivent l'eau motrice des conduites de distribu- tions de la ville, sous une pression de 50 metres. C'est vraiment quelque chose de frappant que la variete d'applications dont est susceptible le principe formule" par M. Girard ; ses appareils fonctionnent dans les conditions les plus diflerentes et presque les plus opposees : a Noisiel, chaque recepteur depense journel- lement de 12 000 a 15 000 litres d'eau par seconde , sous une chute de 40 centimetres seulement ; tandis qu'a Genes , les re"- cepteurs ne depensent que 2 litres par seconde , sous une chute COSMOS. 103 ou pression de 50 metres. Sous cette derniere chute , la roue de Noisiel depenserait plus de 150 000 litres par seconde , c'est-a- dire plus de 7 500 fois le volume depense par les turbines de Genes. Cette derniere combinaison a permis de resoudre un pro- bleme d'un immense interet, la distribution a domicile de la force en meme temps que de l'eau. Les petites turbines qui de- pensent si peu d'eau donnent sans peine la force de 1, 2, 3 che- vaux, et suffisent parfaitement aux besoins de chaque petite in- dustrie ; c'estun progres considerable , et qu'il importerait gran- dement de realiser dans toutes les grandes villes. Ici plus de cheminees elancees, plus de craintes du feu , plus de fumee, plus de cendres inutiles ; l'eau qui met en oeuvre les outils sert en- suite aux besoins du menage; il y a economie considerable, en meme temps que proprete absolue et soulagement de l'ouvrier. La turbine essayee au Conservatoire avait ete" calculee pour une chute de 50 metres, mais la disposition des lieux et des bas- sins n'a pas permis de depasser 12 metres ; il resulte des chiffres donnes par le frein : 1° que l'effet utile de la turbine de M. Gi- rard sous des chutes qui ont varie de U a 42 metres, et pour des volumes d'eau de k a 15 litres par seconde, ne s'est jamais abaisse au-dessous de 65 pour cent; 2° que cet effet utile diminue avec l'ouverture de la vanne, sans etre jamais inferieure a 0m,71 pour cent, lorsque la vanne est entierement ouverte; 3° que, pour les chutes les plus considerables de 9 a 10 metres, parmi celles dont on a pu disposer, et pour une complete ouverture de vanne, le rendement s'est eleve jusqu'a 76 pour cent. Ce sont evidemment de magnifiques resultats, qui font le plus grand honneur aujeune inventeur. II veut, de son cote, que nous rendions hommage, en son nom, a M. Sarti, ingenieur distingue, chef du service des eaux de la ville de Genes, qui l'a admirablement seconde' et a fait de si heureuses applications de ses principes d'hydraulique. — M. Georges Ville demande l'ouverture d'un paquet cachete depose par lui, le 17 decembre 1855, et dans lequel , apres s'etre pose a lui-meme cette question : A quel etat se trouve l'azote as- simile par les plantes ? il decrit les experiences par lesquelles il croit avoir demontre rigoureusement que l'azote absorbe et as- simile par les plantes est l'azote gazeux de l'atmosphere , au moins au dela d'une certaine pe'riode de la vegetation, comme nous l'expliquerons en publiant completement les nouvelles re- cherches de l'habile chimiste. — M. Duchier annonce qu'il a adresse", a Son Excellence M. le 10& COSMOS. minislre d'etat, dcs echantillons du vernis non inflammable, par lequel il esperc pouvoir defend re lesbois etlesetoffes des ravages dc I'incendie ; il y a joint la description dc ses procedes , afin qu'ils puissent elre admis an concours Monlhyon. — M. Dumas est invite a s'adjoindre a une commission mixte, Ibrmec de membres choisis dans les cinq academies, et qui aura pour mission d'apprecier le me'rite de divers memoires relatifs a l'iuslniriion des sourds et muets. Une des questions, fori. grave en elle-meme, posee par les auteurs des memoires , est celle-ci : Faut-il conlinuer a isoler les sourds et muets ou ne serait-il pas opporlun de les fondre avec les autres eleves, partant, de les faire participer a l'instruction commune dcs colleges et des lyce'es? — M. le docteur Guillon adresse de nouvellcs observations sur les pierres broyees avec son lilholriteur dans un temps tres- court, quelquefois moins d'un quart d'heure, et sans accidenl ! — La Societe geologique de Viennc fait hommage a l'Acadernie d'un exemplaire de la medaillequ'elle a fait frapper en l'bonneur de M. William Haidinger. Nous avons etc aussi privilegie que l'Academie des sciences, nous avons recu en meme temps qu'elle un exemplaire de cette belle medaille, qui fait, beaucoup d'bon- ncur a M. Lange, graveur de la Monnaie imperial^. Celle offerte a 1'illustre geologue, dans une seance solennelle, le 29 avril dernier, est en or, du poids de 50 ducats; celle de l'Academie et la n6tre sont en bronze; on voit, d'un cote, la tote parfaitement ressem- blante du geologue; sur l'autre face, une mappemonde entouree des signes du zodiaque avec cette inscription : Nie ermiXdet, alillc stefren, Jamais fatigue, restez calme a votre poste. Ce mot cbar- mant, emprunte de Schiller, est la devise cherie de M. Haidinger; il suffit seul aussi a peindre son caractere. Dans la seance dont nous venons de parler, on lui avait offert en meme temps un al- bum dans lequel trois cent cinquante-cinq personnes eminentes, des princes du sang, des prelats, des savants de toutes les villes de l'empire avaient inscrit leurs noms et depose l'liommage de leur estime et de leur admiration. On lit a la premiere page : « A monsieur Guillaume Haidinger, conseiller de section, directeur de l'lnslitut geologique, chevalier de l'ordre imperial de Francois- Joseph, de l'ordre royal d' Albert de Saxe ; au grand mineralogiste etphysicien, au chef de lile des amis des sciences naturelles a Vienne ; au guide infatigable des excursions geologiques en Au- trictie ; au fondateur de la Societe de geographic ; a celui qui a ouvert une ere scientiflque nouvelle pour l'empire d'Autriche. » COSMOS. 105 On pardonnera a notre arnitie de s'etre quelque peia perdue dans ces details, qui ne sont peut-etre pas d'un interet assez general. — M. Sedillot adresse une note sur ses nouveaux precedes de rhinoplastie avec des portraits photographiques pris avant et apres l'operation, et qui prouvent tout le succes de la method , les heureux resultats qu'on peut en esperer. — M. Chevreul resume de vive voix les nouvelles recherches qu'il a faites sur la matiere ferrugineuse noire qui se depose et forme des couches epaisses sous le pave des grandes villes; comme cette question interesse grandement l'hygiene des cites populeuses, nous la traiterons plus au long des que M. Chevreul aura public son resume. — M. Pelouze lit une note extr^mement interessante sur la pro- priety que l'eau possede de dissoudre le verre. Cette propriete avait ete' reconnue et nettement decrite par Scheele et Lavoisier ; et, chose singuliere, il semble que, plus tard, elle ait ete presque meconnue. Elle est cependant tout a fait certaine ; si l'eau n'at- taque que tres-faiblement la surface des vases en verre dans la- quelle on la renferme, elle dissout assez energiquement jusqu'a lui faire perdre 2, 3, 10, 30 pour 100 de son poids le verre ou cristal pulverise auquel on la m61e. M. Pelouze a ex penmen te sur un grand nombre d'especes de vene nu de cristaux, et il a tou- jours constate une dissolution energique. La poudre de verre de- vitrifie est celle qui resiste le mieux. — M. Pelouze aussi a recueilli une certaine quantite du liquide brun que certains scarabees, le noir, par exemple, et le dore lan- cent par leur abdomen lorsqu'on les irrite ; et il a reconnu, ce que l'odeurdu liquide indiquait a priori, qu'il contient reellement une certaine proporlion d'acide butyrique. II rappelle a cette occasion que Pfaff a trouve de l'hydrure de sacycile dans les larves de certaines chenilles qui vivent sur les saules. M. Dumeril desire- rait ardemment qu'on fit l'etude d'un liquide tres-transparent qu'on rencontre dans l'abdomen des insectes appeles petards, liquide que raoimal excite lance subitement squs forme de va- peur inflammable. Il est vraiment etonnant qu'on n'ait pas fait plus tot une etude approfondie de ces diverses liqueurs animales, fabriquees dans les savants laboratoires de la nature vivante, ce serait une belle question a formuler en programme de prix, nous larecommandons a l'altentionde l'Academie. — M. Chevreul reprend la parole pour annonceret analyser une fois encore ses recherches surlesuint qu'il pom-suit depuis plus de 106 COSMOS. vingt ans, et qui l'ont amend a decouvrir dans cette matiere ani- mate plus de vingt corps nouveaux. II insiste surtout aujourd'hui sur la presence dans le snint de l'acide oxalique, de l'oxalate de chaux et de la potasse. — Enl'absencede M. Le Verrier, M. lemare'chal Vaillantpre'sente les six premieres cartes des etoiles de l'e'cliplique, par M. Chacor- nac, astronome-adjoint de robservatoire. Les premieres cartes de ce genre, dont Lalande avait donne la pensee dans un voeu ce- lebre, ont etc entreprises il y a environ vingt ans par l'Acadeinie de Berlin, qui les considerait comme un travail gigantesque exi- geant le concours des astronomes de tous les pays. Elles eurent pour premiers resullats de fairc decouvrir par M. Henke de Driessen la cinquieme petite planete. L'elan etait donne, et une ere nouvelle s'ouvrait pour l'astronomie. Vers 1847 M. Valz developpa un plan dont l'exdcution devait amener la decouverte non pas seulement de quelques petites planetes, mais de toutes celles qui pouvaient se trouver entre Mars et Ju- piter, et dans la zone de l'ecliptique; ce plan fut renvoye a l'exa- men de MM. Le Verrier et Cauchy ; ilsupposait la formation prea- lable de cartes nouvelles des etoiles de l'dcliptique, Vers cette merae epoque M. Valz fut assez heureux pour que M. Chacornac lui oflrtt ses services en qualite d'eleve astronome, et lui propo- sat de travailler immediatement a la confection des cartes tant desirees. Deux mois s'etaient a peine ecoules depuis la mise en train des cartes, qu'en septembre 1852 M. Chacornac decouvrait une nouvelle planete. M. Valz enchante de ce succes adressa a l'Academie les premieres cartes de M. Chacornac, et demanda qu'elles fussent publiees aux frais de l'illustre Corps. Cette pro- position n'eut pas de suites, malheureusement. L'Angleterre et l'lrlande se lancerent alors dans la meme voie. MM. Hind et Cooper travaillerent avec une ardeur infatigable et laisserent un instant la France blen en arriere. M. Chacornac a passe plus tard de robservatoire de Marseille a l'Observatoire de Paris, il a e'ehange le ciel si pur de la Provence contre le ciel brumeux de l'lsle-de-France, un service actif contre un service de volontaire; tout cela ne l'a pas empeche de continuer ses cartes, quoique plus lentement M. Le Verrier a decide que la publication en serait immediatement commencee, qu'elles seraient mises dans le plus court detai possible a la disposition des astronomes de tous les pays pour hater la decouverte des nouvelles petites planetes encore inconnues. Les cartes nouvelles sont beaucoup COSMOS. 107 plus completes que les anciennes, leurs dimensions sont qua- druples de cellos de Berlin, l'echelle est de 50 millimetres pour chaque degre du ciel ; elles contiennent toutes les etoiles de douzieme grandeur, et beaucoup de celles de treizieme grandeur ; elles s'etendent au-dessus et au-dessous de l'e'cliptique jusqu'a cinq degres en declinaison et en ascension droite ; leur forme est carree, cette disposition tres-rationnelle permet de les rattacher a la sphere entiere ; le nombre des etoiles inscrites ou dont la la position est ainsi determinee est deja de plus de 125 mille ! Nous reviendrons bientot sur les heureux re'sultats qe'on peut et qu'on doit attendre de ce travail gigantesque. Grace a M. Chacor- nac, a M. Valz, a M. Le Verrier, la France reprend enfin sa place d'honneur et nous nous en rejouissons grandement. — M. le marechal Vaillantpresente aussl al'Academie un exem- plaire d'un travail important de M. Grassi, pbarmacien en chef de l'H&tel-Dieu, sur le chauffage et la ventilation des hopitaux, sur l'etude comparative des deux systemes de chauffage et de ventilation elablis a l'hopital Lariboissiere. Nous ne pouvons qu'enregistrer aujourd'hui les conclusions de l'auteur. Chauffage. Sous le rapport du chauffage, les deux appareils etablis a l'hopital Lariboissiere remplissent parfaitement le but que Ton s'etait propose ; ils presentent l'un et l'autre des avan- tages speciaux; cependant lespoeles a eau chauffesparlavapeur doivent etre preferes a la circulation d'eau, a cause de la facilite plus grande avec laquelle on regie le chauffage et de la rapidite avec laquelle on peut augmenler la temperature, quand les cir- constances exterieures l'exigent. La ventilation par appel est mauvaise; elle ne remplit pas les conditions du cahier des charges: le systeme de MM. Thomas et Laurent par insufflalion d'airdonne au contraireune ventilation effective, double de celle qui etait demandee par le programme; elle est aussi obtenue a meilleur marche. — M. filie de Beaumont presente les recherches dminemment interessantes de M. Dobson sur les rapports entre les explosions des mines, les influences meteorologiques et les cyclones ou vents circulates. Nous en donnons plus bas une analyse etendue. Ce travail fait le plus grand honneur au jeune professeur de Cam- bridge, qui a dd depouiller des masses e'normes d'observations me'teorologiques , nous esperons que l'Association britannique pour l'avancement des sciences l'encouragera et l'aidera a le continuer. progrEs en angleterre. Sur les rapports entrc les explosions de gaz dans les houillcrcs et les cyclones ou ouragans circnlaircs Par M. Thomas Dobson df. Saint-John's college, Cambridge. Dans les houillercs sujettes a explosion , il y a tin cooulenaent constant de gaz hydrogene carbone, sortantparlesinnombrables petites fissures du cbarbon desagrege et envabissant les galeries. La vitesse et la quantite de cet ecoulement dependent, toutes cboses egales d'ailleurs, de la densite de l'air ou de la pression atmospherique; il est plus grand quand la pression est moindre, et reciproquement. La proportion de gaz carbone ou grisou, con- tenu dans l'atmospbere des galeries, n'alteint jamais un chidre determine sans qu'il y ait danger d'explosion ; de sorte qu'il i'aut absolument maintenir un certain rapport enlre la vitesse de ven- tilation et l'ecoulement gazeux a l'interieur des galeries, si Ton veut etre assure que l'atmosphere de la houillere n'atteindra pas la limite a laquelle elle commence a devenir explosive. Le but du travail de M. Dobson a ete de montrer l'influence qu'exercent les fluctuations extraordinaires de la pression et de la temperature atmospberique pour troubler l'equilibre dont il vient d'etre question entre l'infection par l'envabissement du gaz et la purification par la ventilation. Ces fluctuations meteorologiques peuvent contribuer de deux manieres a rendre explosive Fatmosphere des houilleres. 1° Pendant les periodes de temps relativement calme ou serein, lorsque la colonne de mercure reste durant plusieurs jours a une gi-ande hauteur (de 763 millimetres ou environ), recoulement ba- bituel du gaz se trouve arrete par la grande densite de l'air exte- rieur, et la tension augmente a l'interieur des fissures. Mais si a cette periode de pression atmospherique elevee succede une diminution considerable de la colonne baromctrique , le gaz de- livre tout ;\ coup de la pression qui le retenait a l'interieur, peut s'echapper en assez grande abondance pour rendre impuissants les moyens ordinaires de ventilation; et par consequent Yahuos- phere de la houillere peut devenir explosive par une diminution subite de la pression atmospherique. 2° Mfime en supposant que le mecanisme de la ventilation reste le meme, et que l'ecoulement de gaz a l'interieur de la mine n'alt rien d'anormal en vitesse et en quantit ;, il est evident que la ven- COSMOS. 109 tilation efficace ou l'effet utile de la ventilation varie en raison inverse de la temperature de Fair, on diminue quand la tempera- ture augmente. L'efficacite de la ventilation, en effet, depend principalement de la difference de temperature entre Fair exte-- rieur et l'air interieurdes galeries. Une elevation considerable de temperature de l'air exterieur peut done emp6cher 1'effet de la ventilation ou la rendre impuissante a aspirer la quantite de gaz qu'elle aspire dans les conditions normales ; la proportion de grisou augmente alors , et Y atmosphere de la mine dement ex- plosive, puree que, par suite de I'elevation de temperature, elle ne renferme pas la quanPite d'air necessaire a la dilution du grisou. II est done certain, a priori, que l'explosion est toujours a redouter, lorsquc le barometre descend ou que le thermometre monte subitement. La comparaison oule rapprochement desfaits d'explosions avec les donnees meteorologiques continue pleine- ment ces conclusions theoriques. De 4743 a la fin de 1854 on compte cinq cent quatorze ex- plosions survenues dans les seules houilleres de la Grande- Bretagne, a des dates bien connues. Pour mettre d'abord en evi- dence le rapport entre ces explosions et les saisons de l'anne'e, M. Dobson a eu recours a deux constructions graphiques. Dans la premiere il a porte sur la ligne des abscisses douze longueurs egales, representant les douze mois de l'annee, et a l'extre'mite' de chaque longueur il a eleve une perpendiculaire proportionnelle au nombre d'explosions survenues dans le mois, Dans la seconde, les longueurs egales porte'es sur la ligne des abscisses represented une duree de cinq jours, et les ordonnees sont encore proportionnelles au nombre d'explosions survenues dans chacune de ces durees de cinq jours. Les lignes brise'es ainsi obtenues montrent a premiere vue que le nombre des ex- plosions est reellement une fonction de la pression et de la tem- perature de l'air ; qu'il croit en general quand la pression dimi- nue ou que la temperature augmente, et reciproquement. Le minimum d'explosions en un mois est de 23 , et correspond a fevrier , le minimum d'explosions en cinq jours est de 1 et correspond a la periode du 20 au 25 Janvier, periode la plus froide de l'annee. Le maximum d'explosions en un mois est de 55, et tombe en juin; le maximum en cinq jours est de 12 et coincide soil a la periode du 9 au 14 juin, soit a celle du 9 au 14 juillet, periodes de 110 COSMOS. temperature en general plus elevc'e. On voit encore qu'en octobre, novembre et de"cembre les nombres d' explosions ne sont pas aussi petits qu'ils devraient l'etre, si on ne tenait comple que de la tempe'rature; ct que, par consequent, l'influence de la pression atmosphenque est alors l'influence pre"dominante ; ces mois en effet sont ordiuairement caracterises par des raffales ou tempetes correspondantes a des abaissements considerables et subits de la colonue barometrique. Parmi les 5U explosions toutes fatales, ou qui ont cause la mort d'un ou plusieurs mineurs, on en compte 22 en 1850, 55 en 1851, 67 en 1852, 75 en 1853 et 77 en 1854; ces nombres sont vraiment effrayants ; s'ils semblent aller sans cesse en augmen- tant, c'est sans doute parce que les cas d'explosions sont plus fidelement enregistres ou plus infailliblement publies. Jusqu'ici ce n'est encore qu'un apercu vague ; il fallait mettre rigoureusement en evidence les relations entre les explosions d'une part, entre les diminutions de pression ct les elevations de temperature de l'autre. Or, voici la methode que M. Dobson a suivie dans ce but : II a construit, pour plusieurs stations, depuis Bordeaux, au sud, jusqu'aux lies orcades, au nord de l'Ecosse, les courbes annuelles de la pression barometrique a une echelle telle qu'une longueur de deux millimetres et demi portee sur la ligne des abscisses repre- sente l'intervalle d'un jour. En outre de la courbe des pressions barometriques, il a construit les courbes des temperatures maxi- ma et minima de cbaque jour , de telle sorte que ces deux nou- velles courbes, comprenant, a tres-peu pres, entre elles, la courbe des pressions, on pM suivre d'un seul coup d'ceil la marche des trois courbes. Ces traces faits, M. Dobson a donne a cbaque espace compris , d'une part, entre les ordonnees du commence- ment etde la flu de chaquejour, de l'autre entre les deux courbes de temperature une teinte plus ou moins foncee, proportion- nelle au nombre des explosions survenues ce jour-la. On em- brasse ainsi d'un seul regard pour un jour quelconque les varia- tions de pression et de temperature, et les cas d'explosions plus ou moins frequents. Or, ce rapprochement tres-simple suffit a constater qu'il est tres-peu d'explosions qui ne soient accompa- gnees ou mieux pre'cedees des deux ou de l'une au moins des cir- conslances que nous avons signalecs comme favorisant Pecoule- rnent du grisou , la diminution brusque de la pression ou lVleva- tion brusque de Ja temperature de Fair. Pour citer un cas tres- COSMOS. Ill remarquable de ce genre de coincidences, nous dirons que le pas- sage sur l'Angleterre de la grande onde de novembre 1854, dont la marche a dtd si habilement suivie par M. Liais, et qui s'est ter- minee par la tempete de la mer Noire , a ete signalee par cinq ex- ploisions arrivees coup sur coup , dans cinq mines diflerentes, et on quatre jours, c'est-a-dire pendant la duree de la grande de- pression du niveau barometrique causee par cet ouragan. Les ouvriers mineurs de France et d'Angleterre ont remarque, depuis bien longlemps, que les gaz inflammables sortaient en plus grande abondance des fissures des couches, et tendaient da- vantage a envahir les galeries lorsque le barometre etait tres-bas, ou que le vent soufflait plus chaud du sud ou du sud-ouest. On trouve ces observations consignees, a plusieurs reprises, dans les rapports presented aux Chambres des lords et des communes en 1834, 1852, 1853 et 1854, par les sous-comites charges des en- queues sur les accidents des houilleres. Mais il estun phenomene meteorologique sur lequel M. Dobson appelle l'attention parce qu'il se rattache d'une maniere plus par- ticuliere encore et plus constante aux explosions des mines. II s'agit des vents ou ouragans circulaires appele's vulgairement cy- clones. Le centre du cyclone correspond a une sorte de vide d'air caracterise et signals par une depression notable du mercure dans le barometre ; et Ton comprend que, si ce centre ou ce vide vient a passer sur le lieu occupe par une houillere, il doit amener et la sortie plus abondante du grisou et l'explosibilite de Fair des galeries. M. Byam Martin a demontre que les vents des equinoxes sont des cyclones; MM. Redfield, Reid, Piddington, etc., sont arrives & la meme conclusion relativement aux ouragans qui, apres avoir pris naissance sur l'ocean Atlantique et s'etre charge's de vapeurs par leur contact avec les eaux chaudes An gulf stream, viennent fon- dre sur les continents de l'Europe occidentale ; M. Dove a vu que les ouragans des cotes de l'ouest de l'Europe commencent par un vent chaud du sud-est, du sud ou du sud-ouest, accompagne d'une depression plusou moins considerable de la colonne baro- metrique, et se terminent par un vent froid du nord-ouest ou du nord. En general, enfin, tous les ouragans qui, partis de l'Ocean, s'avancent vers les c6tes de l'Europe, sont des cyclones, accom- pagnes d'une depression barometrique plus ou moins profonde, d'une elevation de temperature plus ou moins grande, qui, par consequent, doivent ou peuvent determiner Tissue des gaz inflam- 112 COSMOS. mables et les explosions qui on sont la suite. La grande vague at- mospherique de novembre 1854 dtait un veritable cyclone, el nous rappellions tout a l'heure que sa presence, en Angletcrre, avait ete marquee par cinq explosions. Les documents reunis jusqu'a ce jour par M. Dobson prouvcnt. deja tres-suffisamment qu'il y a un rapport intime entre les cy- clones et les invasions de grisou, de telle sorte que l'on puisse dans le plus grand nombre des cas conclure du fait constate de l'explosion a la presence non remarquee du cyclone, et recipro- quement. S'il parvient a obtenir pour la France ce qu'il' a obte- nu pour 1'Angleterre, les dates precises des explosions, il lui sera facile, il en a la certitude, de les rattacher le plus souvent aux influences meteorologiques que nous venons d'enumerer, et auxquelles elles sont liees comme la cause a l'effet, au moins dans la condition de leur production normale, lorsqu'elles ne sont pas le resultat d'un accident ou cause materielle determinee. Les recherches de M. Dobson sont d'autant plus opportunes que dans ces derniers jours les feuilles publiques de l'Angleterre out signale trois explosions nouvelles dont l'une a fait 112 vic- times ; elles sont survenues en juillet, e'est-a-dire, dans le mois du nombre maximum des explosions, et alors que la tempera- ture elait tres-elevee. M. Dobson tire de ses recherches les conclusions pratiques suivantes : 1° II est aussi necessaire pour le mineur que pour le marin de consulter avec le plus grand soin le barometre et le thermometre. 2° Les precautions a prendre si Ton fait descendre les ouvriers dans les puils, alors que le barometre est tres-bas ou le ther- mometre tres-haut, doivent etre excessives; il y aurait temerite a ne pas suspendre les travaux si la chute du barometre ou l'ele- vation du thermometre out ete subites. 3° Des observations ba- rometriques et thermometriques faites a l'ouverture des puits, des mines, a des intervalles reguliers et suffisamment rapproches presenlent un si grand interet, ou plut6t sont si absolument ne- cessaires, que les administrations devraient les imposer. h° Ces recherches sont une preuve nouvelle et frappante de l'utilite des observations meteorologiques faites suivant les anciennes me"- Ihodes, utilite si legerement et si gratuitement niees dans une discussion recente de l'Academie des sciences. Juipriuiorie ile W. Hemqdet et Cie, A. XBAMBIAY , rue Garancicre , 5. yropriitaire-girant. T. IX; I''1' aout 1856. Ciaquieme annee. G ■ ■ .■ t-— NOUVELLES ET FAITS DIVEIiS. M. Uchatius, officier superieur au service de l'empire d'Autriche, avaitpropose' au gouvernement franeais l'acquisition d'un procdde" de conversion direcle de la fonle en acier fondu, dont ii se croyait l'inventeur. La commission chargee d' examiner cette proposition et d'essayer le procede, a fait un rapport dont nous exlrayons les renseignements suivants : « Le procede de M. Uchatius est d'une execution simple, il n'exige pas en combustible et en main-d'osuvre plus de frais que la conversion de l'acier, il en exige moinsquela conversion dela fonte en fer. Les aciers fondus obtenus par le nouveau procede paraissent propres a remplacer le fer avec beaucoup d'avan- tage dans la confection des essieux, des tiges des pistons, des bielles, de toutes les pieces, en un mot , qui doivent resister a des efforts de pression transversale et a des chocs moddre's; ils peuvent remplacer dans presque tous les autres usages les aciers fondus de seconde qualite, maisiln'estpas probable qu'ils puissent etre employes aux usages speciaux pour lesquels les aciers fondus de premiere qualite sont recherches en raison de leur parfaile homogeneite. Le nouveau procede repose sur des idees emises depuis Iongtemps en France et en Angleterre, par Reaumur, Hassenfratz, Glouet, Muschet et Magin, etc., M. Uchatius reussira-t-il mieux que ses devanciers? Les expe- riences faites permettent de l'esperer, il faut cependant attendre, pour se prononcer , un essai de fabrication en grand. » Cos pre- misses posees, nous avonsete surpris de voir la commission con- clure qu'il n'y a pas lieu de donner suite a la proposition faite par M. Uchatius, de vendre son brevet au gouvernement. — La Science annoncait, un pen malicieuscment, que le lac de la Serpentine, au bois de Boulogne, avait perdu toutes les truiteb, tous les saumons que M. Coste montrait naguere avec ;:.) nobis orgueil. Suivant les uns, une legion debrochets auraii envafti le lac et devore ses hOtes paisibles; suivant les autres, les pauvres Ufi COSMOS. poissons seraient morts de faim ou do misere, parce qu'ils n'au- raient pas trouve au fond du lac les herbes et les mollusques indispensablos a lour nourriture <>t a leurs habitudes. — Void commenl M. Cosle rcpond par 1'organe du Moniteur a l'asscrtion trop legore de la Science : « Avant-bier, mardi, vers deux heures, unesocicte nombreuse ct cboisie s'elail reunie au bois de Boulogne, sur les bords du lac sup&ieur, pour assisler a une nouvcllc peche, destine'e a constater encore une fois les resultats de Pimportante expe- rience de pisciculture que M. Goste , membre de l'lnstilut , y poursuit depuis bientot deux ans. L'epervier, jcte duhautdu rocher de la cascade, a amene en quelques instant sur le rivage uue assezgrande quantite" de invites, sauinons, ombres, pour que les baquets apportes pour les recevoir ne pussent plus sufflre a les contenir vivants. 11 a fallu avoir recours a une pompe d'arro- sage, afin d'injecter de l'air dans l'eau, pour permettre ix chacun des spectateurs d'observer a loisir ces poissons, au developpe- ment desquels la temperature de 26 degres, a laquelle s'eleve pendant l'ele l'eau du lac, n'a eto nullement prejudiciabie. » — Jamais, dit le Bulletin de Paris, notre J.ardin-des-Plantes n'aurait ete plus ricbement approvisionne d'animaux rarese.tcu- rieux ; on y compte onze lions, deuxhyenes, untigre royal, deux pantheres, deux jaguars, un oulot, sept ours, un guepard, etc., deux vaches sans cornes, sept yaks, trois buffles, trois giraffes, un elephant, deux hippopotanies , treize zebres, des lamas, des apagas, un tapir, des sangliers, des antilopes, des gazelles, etc., et la plusriche collection d'oiscaux vivants qu'on ait jamais vue : quatrc condors, des aigles des autruches, etc. Parmi les singes on admire surtout le grand chimpanze, sujet tres-rare et tres- extraordinaire. — On vient, a Londres, d'attacher au bureau general de sante plusieurs medecins sanitaircs qui devront : 1° Etudierlalocalite dans ses conditions de salubrite anterieure et acluelle ; determiner la hauteur , l'inclinaison et la nature du sol, les cours d'eaux superficiels ou souterrains, les donnees meteorologiques , la proportion des terrains bfttis, aux terrains deserts, des terrains paves aux terrains non paves; l'etat et la disposition des e'gouts, la quantite, le mode de distribution et la qualite des eaux potables; le nombre et la nature des etablisse- ments industriels ou manufacturiers; l'etat des habitations des- linees aux classes pauvrcs, des bains et des lavoirs publics, des COSMOS. 115 abattoirs, la proprete des rues et des marches. 2° Prendre note toutes les scmaines, et en temps d'epidemie, jour par jour, du chiffre des malades et des morts dans leur district; examiner de temps a temps l'etat des eaux potables, des lieux de sepul- ture, etc. Fournir des rapports hebdomadaires sur la classifica- tion des deees, par age, par genre de mort, par localite; sur les maladies re'gnantes de (pielque importance ; sur les causes d'in- salubrite qui exigeraient une prompte intervention de l*autorite. 3° Resumer a la fin de chaque annee , dans un rapport general, toutes les transactions sanitaires. Revetus d'un caractere public, et dignement remuneres , les medecins sanitaires de la ville de Londres rendront d'immenses services a l'hygiene publique. — La glace devient de plus en plus, pour l'Amerique, un objet de commerce considerable, dont Boston est le centre principal. Le total de l'exportation en 1855 s'est eleve a 150 000 tonnes, (300 000 000 de kilogrammes) ; les deux tiers de cette quantite enorme de glace ont ete consommes dans les provinces sud des Etats-Unis, le troisieme tiers a ete transporte dans l'Amerique du Sud et les Indes occidentales. La consoinmation en glace des principals villes de l'Amerique du Nord est evaluee comme il suit: Boston, 60 000 tonnes; New-York, 300 000 000; Philadel- phie, 200 000 ; Baltimore, 45 000 ; Washington, 20 000; Charleston, 15 000; Mobile, 15 000; Nouvelle-Orleans , 40 000; Saint-Louis, 25 000; Cincinnati, 25 000. — La perle totale cause'e aux entrepreneurs ou armateurs americains par les desastres maritimes , pendanf six mois, du ler Janvier au 30 juin de cette annee, s'eleve a la somme enorme de 15 890 000 dolars, pres de 48 000 000 fr. — Le nouveau paquebot a vapeur, Himalaya, a franchi a tra- vel's 1'Atlantiquela distance d'Halifaxa Portsmouth en huit jours, trois heures quinze minutes ; jamais encore on n'avait atteint une si grande vitesse. — L'Academie des sciences et lettres de Montpellier a mis au concours, pour 1858, la question suivante : Existe-t-il des ali- ments qui meritent le nom de respiratoires ? En cas d'afflrmalive, determiner leur nature et poursuivre leurs transformations de- puis le moment de leur introduction dans les voies digestives jusqu'aux dernieres combinaisons qui ont lieu dans Facte respi- ratoire. Le prix est de 500 fr. Le concours relalif a l'etude chi- mique des vins et des divers produits formes pendant la yinili- ration est proroge jusqu'au \Kr novembre. 116 COSMOS. — Lc Conservatoire imperial' des arts ct metiers a recucilli a rExposiliou universelle de 1855 an asscz grand nombre d'echan- tillons de produils agricoles ct de produits mineraux des diverses con trees du globe, pour en faire des collections spcViales ; ces collections sonlouverles depute le 27 du mois dernier, les jeudis et les dimanches, de dix a quatre heures, comme les autres galcries de eel elablissemeut, ainsi que la salle des machines en mouvemenl el cello des experiences, dont 1'inslallalion vient d'etre completee. MM. les ingenicurs pourront consulter dans la salle du Portefeuillc industriel, tous les jours a 1'exception du lundi, de dix a Irois heures, un nombreuse collection de dessins des machines les plus imporfcanlcs, notamment de celles qui ont figure' a l'Exnosition derniei e. — Vwe depeche telegrapliique du cap Breton, datee du 8 juillel, annonce que le navire expedie par la COmpagnie du telegraphe de New-York, Tcrre-Neuve-et-Londres, dans le but de tftcher de re- trouvcr le cable telegrapliique sous-marin perdu dans le golfe Saint-Laurent, vient de revenir ici, apres avoir reussi a retirer de lamer, en bon etat, une partie considerable du cable; et vase rendre immediatement avec ce cable a New-York. — On annonce que M. Brett, ingenieur et concessionnaire du telegraphe sous-marin destine a relier les deux continents, vient de quitter Paris. II se dirige sur Genes et Cagliari, afin d'assister, avec M. Delamarche, ingenieur hydrographe de la marine impe- riale, et plusieurs autres personnes experimentees, a la pose du cable sous-marin. Le navire a vapeur Dutchman , ay ant a son bord une lon- gueur de cftble de 300 kilometres environ , destine k relier la Sardaignea TAl-erie, avail quitte Londres le 12 du mois dernier; mais les vents contraires l'ont oblige a reiacher a Plymouth, d'ou il estreparti le 17 du inome mois dans les meilleures conditions. L'aviso a vapeur de l'^tat, le Tartare, est arrive' deja a Cagliari, et loutes les precautions ont ete prises pour assurer le succes de cette importante operation. — On ecrilde Saint- Margaret-Hope (lies Orcades), zuShipping- Ga-ctlc, le 21 juillel: « On a trouve, le 15 de ce mois, sur la cote E. de cette ile, un bloc de bois d'environ 12 pouces de long it de 9 pouces de dia- metre, ayant un iron dans le centre ou se trouvait une fiole de verre dans laquelle on avait place un morceau de papier conte- nant les mots suivants : « Voyage de S. A. I. le prince Napoleon, COSMOS. UH yacht imperial la Reiae Hortense, cornmande par M. de la Ron- ciere, capilaine de la marine imperiale. Ce papier a etc jete a la mer, Ie26juinl856,par9°,39'de latitude, et 9°,17'de longitude du meridien de Paris. Toute personne qui le trouvera est pride de le remeLlre au consul francais le plus pres de la place ou il sera trouve. » Ces mots etaient e'erits en francais, latin et anglais (il y a evi- demment erreur dans le chiffre de la latitude). D'apres les nouvclles donnees par le M&niteur du dimanclie 27 juillet 185G, il est evident que la latitude d'ou lebloe a ete jete etait de 59°, 39'. C'est d'ailleurs ce que le livre de bord eclaircira au retour de l'expedition, que des lefires particulieres datees du 15 juillet de Rcikiavig, en Islancle, annoncent devoir s'effectuer vers le 15 septembre prochain. M. Babinet, dans la seance de l'lnstitnt, a fait connaitre ce pre- mier fruit de l'expedition, savoir que lescourants seront desormais reconnus dans toutes lesmers au moyen de blocs desapin d'envi- ron 30 centimetres de long et d'un diametre a peu pres egal, con- tenant une fiole preservee ainsi du choc des glaces et indiquant exactement le point ou le bloc a ete jete a la mer. De'ja M. Daussy, pour l'Atlantique, a trace la marche des couranls par les bouteilles confiees capricieusement a la mer. Le bloc recueilli aux Orcades (et chose remarquable, a Test de l'ile, tandis que la Heine Hortense naviguait a l'ouest) indique des courants allant presque exactement a Test, tandis que la carte de M. Du- perrey et celle de M. Findlay les donnent allant du sud-ouest au nord-est. Esperons que desormais lout navire de quel- que importance se fera un devoir, h chaque fois qu'il fera le point, de concourir a la determination importante des courants oceaniques par un bloc de sapin jete a la mer a cet instant. Le profit fulur pour la navigation en sera incalculable. Ce sera un honneur pour le voyage du prince Napoleon* et pour la commis- sion scientiflque qui y est annexee d'avoir pris rinitiative de ce genre de determinations nautiques. M. Babinet a fait remarquer que, pour plus de surete, l'indica- tion du point de depart devait etre contenue dans un papier insere dans un tube scelle a la lampe et place dans la fio!e que conlcnait le trou cylindrique perce dans le bloc de sapin, avec un boucbon ordinaire par-dessus. Ayant nous-ineme pris part, dit-il, a la di- rection de cettc partie des objets founds k ^expedition, qui eUiit munie d'une lampe d'e'mailleur, nous pensons que la trop petite H8 COSMOS. ouverture donnee augoulotdes fioles a seule emp6che cette double precaution, qui est d'autant plus ndcessaire que les bouteilles transmises au depot de la marine ont laisse souvent infiltrer l'eau, et que l'e"criture en est devenue illisible. Avec le tube scelle ren- ferme dans la flole, il n'y a plus rien a craindre. Dans les regions polaires, les bouteilles, a moins d'etre en metal, ne resisteraient pas au choc des glaces. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des resultals scienti- fiques du voyage du Prince qui, sans doute, est parti actuellement pour le Cap Nord. 11 sera porte par rembranchement d'eau chaude qui se detache du gnlf-stieam, et qui va,par leCap Nord, longer le nord de la Sibcrie jusqu'au detroit de Bebring. Cost la que les blocs a fioles nous promettent de curieuses notions sur les courants. On parle de sondes poussees a 4 600 metres dans les mers d'Islande, tandis que dans la mer du Nord on a fond partout. Attendons. » — M. Pasteur, doyen de la Faculte de Lille, vient de prendre une beureuse determination. II a fait afficher l'avis suivant dans le local de la Faculte des sciences de Lille : « Le loyen de la Faculte des sciences, professeur de chimie, considei ant qu'il est certaines parties de cette science dont Im- position orale ne peut etre bien comprise des eleves, lorsque ceux-ci n'ont pas assisle aux operations faites sur une grande ecbelle, <-t voulant d'ailleurs dormer a renscigncment de la chi- mie le caractere que reclame plus particulierement une ville si- tuee au centre ou a proximile des ctablissements industriels les plus prospercs et les plus varies, s'est decide a faire chaque annee, on compagnie des eleves inscrits de la Faculte, une ou plusieim excnrsions dans le but de visiter les usines du nord de la Franc< , de la Belgiqwe ou de la frontiere d'Allemagne. a Le deparl pour la premiere de ces excursions est fixeamardi procbain. 22 juillet. On se rendra direetcment a Liege. — M. Sorie signale dans la Presse la presence au concours a^ricole de Chelmsford d'une locomotive toute nouvelle et tres- originale, en ce qu'elle porle scs rails avec elle, Lorsqu'elle est arrivee a l'entree d'un ciiam; laboure, d'une prairie, ou sur un terrain q lelconque, le me'eauicien lache la vapeur: aussitot, la merveille >.se machine jetle au-devant de ses roues les rails sur lesquelsc le doitglisser; api ' s son passage, les rails se relevent pour aller de nouveau s'etaler respectueusement , comme un COSMOS. 119 tapis de fer, sous les pas majestueux de cette reine triomphante; la locomotive va, vient, tourne avec une surprenante facility sur un terrain ou son propre poids devrait l'enterrer jusqu'aux moyeux. C'est vraiment un spectacle ravissant dont il est bien facheux que Paris ait ete prive cette annee. — L'observation suivante donnera une idee de ce que peut entre les mains de M. Maisonneuve la medecine operatoire : Fortin (Auguste), age de quaranle-deux ans, tisseur, entra le 23 avril a l'hopital de la Pitie, dans le service de M. Maisonneuve. II etait affecte d'un cancroide vegetanl qui avait envahi l'os maxil- laire supe'riear droit, l'oeil du meme cote, ainsi que toutes les parties molles de la joue correspondante. 11 resultait de cette de- generescence une tumeur volumineuse qui occupait la presque totalite du c6te droit de la face. Malgre la profondeur etl'etendue de la maladie, M. Maisonneuve ne crut pas impossible de tenter une operation qui fut en effet execulee le 28 avril. Le malade etant soumis auchloroforme, M. Maisonneuve cerna toute la base de la tumeur par une longue incision courbe qui, partant de la region frontale, descendait sur le dos du nez, puis sur la levre superieure dont elle ne respecta que le bord mu- queux; puis, se prolongeant horizon talenient jusque pres de l'o- reille, elle remonta sur l'os de la pommette et regagna son point de depart en circonscrivant le bord superieur de l'orbite. Apres quelques ligatures jetees sur les arterioles qui fournissaient du sang, l'operateur divisa avec la scie a chaine la voute palatine et l'os de la pommette, coupa les os du nez avec la pince incisive, de"tacha le voile du palais et enleva d'un seul bloc l'os maxillaire superieur, l'oeil, la moitie droite du nez et la joue correspondante. Apres cette enorme mutilation, il n'etait pas possible de songer a une restauration autoplastique. Aussi M. Maisonneuve se borna- t-il a un pansement simple avec de la cliarpie. La fiivre trauma- tique se developpa sans intensite excessive, la suppuralion s'eta- blit franchement et la cicatrisation suivit une marche reguliere. Il restait toutefois un enorme hiatus parlequella langue, le voile du palais , le pharynx etaient vus a decouveit. M. Maisonneuve ne songea meme pas & tenter une restauration autoplastique. II fit appel k l'habilete bien connue de M. Charriere qui, par une prothese ingenieuse , reconstruisit un visage complet en rempla- cant les paupieres, l'oeil, la joue, le nez et la voute palatine. Le malade, qui est sorti de l'hopital le 14 juillet, parle avec une nettete parfaite, mange avec facilile,et grace a son visage artifi- m cosmos. ciel, so promene dans les rues et se melt' a la foule sans que rien attire swr M rattcniion. Quatre aulrcs malaues, dans des conditions plus on moins ana- logues, sont actoellement en traitement dans les salles de la Pitie, el e'est vraiment une chose inWressante a voir que l'innocuite de ees enonnes mutilations de la face, pourvu qu'on ne complique pas l'operation principale par des operations accessoires d' auto- plastic. Dans ses enlretiens cliniques , M. Maisonneuve insiste beaucoup sur ce point el les considerations que nous lui avons cntenihi expose* nousnnt paru dignes d'etre meditees. d Beaucoup de chirurgiens, dit-il, s'efi'raient de nos operations, qui cependant n'ont d'autre but que d'arraclier a une mort hor- rible et inevitable des malheureux devores par le cancer, et ces memeschirurgiens exaltenl des operations d'autoplastie beaucoup plus dangoreuses, qui n'ont d'autre resultat que de masquer une difformile. On a meme qualifie nos operations de chirurgie de- vaslatrice, cl uVeore cedes d'autruide chirurgie reparative. Mais quaud an lieu de se payer de mots on scrute le fond des choses, on ne larde pas a voir que la vraie chirurgie est bien plut6t celle qui luttc energiquement contre un mal redoutable dans le but de conserver la vie, que celle qui, dans un but de simple coquet- terie, expose les jours du inalade. » (Moniteur des hopitaux.) — Le memoire presenle au gouvernement, sur la necessite d'une expedition nouvelle a la recherche des restes de YErebns et du Terror, a ete pris en consideration par l'Amiraute; aucune determination n'a encore ete arretee, mais le projet semble sourire ou du moins n'a pas e"te rejete. — M. Rohert Houdin s'est efl'raye a son tour de la reclamation de M. Verite , et il nous ecrit de Blois une lettre dont nous ex- trayons le passage suivant : « M. Verite veut que vous constatiez qu'une de mes inventions, les sonneries dlectriques, ainsi que les perfectionnements que mon tils y a apportes, ait etedejarealisee par lui. iNous avons done ete bien inspires, mon fds et moi, en placant nos droits sous la protection d'un brevet dinvention. Sans cede precaution nous courions le risque de passer pour plagiaircs. Cost a M. Verite a prouver maintenant que son brevet est anlericur aux ndtres; jusque-la, M. Detouche , l'habile cons- tmoteur irslera proprietaire exclusif de notre invention qu'il a seul droit d'exploiter. » PHOTOGRAPHIE. Sui- l'emploi de l'acide phosphorique en photographic Par M. Maxwell-Lyte. L'acide phosphorique dont je vous ai parte., promel beaacoup pour l'avenir de la photographie, et j'ai a vous dire a present qu'en l'cssayant jc trouve qu'il remplace parfailcinent l'acide aceliquo, qu'il est en plusieurs cas superieur a cet acide. Par exeinple, je fais une excellente combinaison revelalrice en pre- nant 1 gramme d'acide pyrogallique, 500 grammes d'eau , 6 cen- timetres cubes d'acide phosphorique , pesanleur specifique 1,06 (quand je parle de l'acide phosphorique, je veux toujours parler de l'acide a trois atonies d'eau (3 H 0 Ph O6) ; je ne doute pas qu'il ne reussisse parfaitement a remplacer l'acide acetique dans le melange avec le protosulfate de fer ainsi que dans 1c proccde de papier cire. J'ai deja trouve aussi des resultals qui promeilent beaucoup pourmon procede de conservation des plaques collo- dionnees par les temps chauds et pendant un temps conside- rable, par l'addition d'une Ires-petite quantile d'acide pliospho- rique. II est assez remarquable de voir combien cet acide ressemble a l'acide citrique dans ses reactions photographiques, et surtout dans les combinaisons revelatrices. 11 produit ties negatifs in- tenses avec des tons noirs du meme caractere, avec cetle seule difference qu'ils ont une plus grande tendance a passer a i'elat positif, mais en meme temps ils ne perdent pas du tout lesiiuirs, Je crois que l'acide phosphorique dont se soni servis MM. Gi- rard et Davanne etait peut-etre soui!l(: par que'.qLie substance etrangere, car je vois qu'ils le citent comme oaifidble et annuianl com[>!element Taction revelalrice de l'acide pyrogallique. Je dois ajouter qu'en essayant une dissolution de l'acide monobasique, l'acide glacial, je n'ai pas pu reussir. N'etait-ce pas peut-etre parce que l'acide n'avait pas ete encore converti en acide tri- basique ? Celui que j'ai employe a ete fait par la precipitation du phosphate de chaux avec l'acide sulfurique. Peut-etre l'acide arseniquo pourrait-il reussir de la memo maniere. Si Ton vent preparer du papier au pbosphaie d'argent sans albumine, un tres-bon bain de saiage sera le suivant : Eau 1 0000 grammes Phosphate de soutle 65 — Tartrate double de soude et de potasse (sel de seignelte) 16 — Sucre de lait 50 — 122 COSMOS. Le scl de seignette romplace ici l'acdtate de sonde pour lc ton, avec certains avantages; mais si Ton en nicl une plus grande quanlite, il parait retarder la vilcsse d'impression. L'extraction des re'sidus d'argent de I'acide phosphorique est extremement simple ; il suffit pour cela d'ajouter au liquide tres- soigneusement, et en prenant garde de n'en pas incttre un exces, de I'acide chlorhydrique jusqu'a ce que tout l'argent soit precipite cdmme chlorure. Si les epreuves ont contenu du nitrate d'argent libre, e'est-a-dire si elles n'ont pas ete lavees dans l'eau pure avant d'etre fixees, l'addition de I'acide chlorhydrique met en liberie de I'acide nitrique, qu'il faut neutraliser par du phosphate de soude; mais cela ne parait faire aucun mal : seulemenl I'epreuve prend de cette facon un ton plus rouge. J'ai de"ja essaye l'ammoniaque, comme M. Girard le proposait a la derniere seance; mais il y a quelques difficultes dans son emploi : son odeur pe'netrante est tres-nuisible ; elle agit sur la colle de plusieurs especes de papier, en les ramollissant ; elle produit de mauvais efl'ets sur le papier prepare , en lui donnant rapidement une teinte brune, et enfin son extreme volatility est encore un desa vantage. Pendant que les epreuves sont dans le bain d'acide phospho- rique, il faut avoir soin de les conserver a l'obscurite , surtout au commencement, II y a meme certains avantages a avoir deux bains d'acide phosphorique : l'un, pour degager I'epreuve de son exces de phosphate d'argent; l'autre, pour agir comme une grand espece de premier bain de lavage ; par ce moyen on arrive au mOme re'sultat sans employer un aussi grand nombre de lavages. Mais, en tous les cas, on n'est jamais oblige de laver autant avec ce procede qu'avec celui de l'hyposulflte. II faut avoir soin que le papier employe, le phosphate de soude, Vacide nitrique, l'eau, etc., ne contienncnt pas la moindre trace lie chlorures, iodures, bromures, etc. Le bon papier Saxe est parfait pour cette operation. II est sin- gulier de voir que I'epreuve deja lave'e, etant place'e dans un bain de chlorure de sodium pur, au lieu de l'etre dans le sel d'or, puis e'tantlavee et sechee, montredetres-beauxtons chauds et fonces. II est difficile d'expliquer le changement qui se produit dans cette operat'on. (Extrait d'une lettre a M. le president de la Societe francaise de photographie et inseree dans le Bulletin.) ACADEMY DES SCIENCES. Seance du 28 juillel. M. Rouget croit avoir trouve une demonstration extreme - men I simple du celebre theoreme de Fermat; elle est renvoyee a l'examen de M. Hermite. — M. Flourens, au nom de M. Lartet, queles fouilles faites par lui a Sansan ont rendu si celebre , communique une note pleine d'inte'ret relative a la decouverte d'un nouveau singe fossile: « II y aura bientot vingt ans que j'ai annonce la decou- verte alors nouvelle et inatlendue d'un singe fossile dans le de- p6t terliaire d'eau douce de Sansan. C'etait un singe de la petite espece, et il s'agit, cette 1'ois, d'un tres-grand singe de la tribu des suit tens, ou singes superieurs , d'un animal dont la taille, a bien calculer ses proportions , devait surpasser celle de nos chim- panze's adultes vivants. Cette interessante decouverte est due a M. U. Fontan de Saint- Gaudens (Haute-Garonne), naturaliste instruit qui s'occupe avec zele a recbercber, dans la contree qu'il occupe , tout ce qui peut contribuer aux progres des etudes paleontologiques. Les restes fossiles du singe, dont il est ici question , proviennent d'un banc d'argile marncuse en exploitation aubas du plateau sur lequel est batie la ville de Saint-Gaudens, et a l'entree de la plaine de Valen- tine qui s'etend de la jusqu'aux premiers contreforts des Pyre- nees. M, Fontan a recueilli, dans le meme lieu, des ossements de macrotherium , de rhinoceros, de dicrocerus elegans, etc , qui m'ont paru identiques aux especes des memes genres ante'rieure- ment decouvertes a Sansan. Du reste , ces mammiferes appar- tiennent essentiellement a nos terrains tertiaires moyens ( mio- cene), car on retrouve egalement leurs debris dans les falaises de la Touraine. Les morceaux de ce singe , que M. Fontan ui'a charge de pre'- senter, en son nom, a 1'Academie, consistent en deux moitie's d'une machoire inferieure tronquees dans leurs branches mon- tantes, et une portion detachee de la symphyse qui les re'unissait. On a trouve avec ces fragments un humerus epiphyse a ses deux extremite's. » Nous regrettons de ne pouvoir suivre M. Lartet dans la descrip- tion detaillee qu'il donne des restes eminemment interessants du singe fossile , et qu'il a eu la bonte de nous communiquer : nous passons forcement a ses conclusions. 124 COSMOS. <( En resume, le nouveau singe fossile vicnt evidemmentse pla- cer, avee des caractercssuperieurs a certains points devue, dans legroupe des simiens qui comprend dcjMe chimpanzg, l'orang, le gorille, les gibbons etle petit singe fossile de Sansan {pliopifhecus antitjinis). 11 differe de tous ccs singes par quelques details den- taires et plus manifestement encore par la hauteur plus conside- rable el La des semnopitheques. Aussi proposons-nous, dans notre Memoirc sur les ossements de Grece, qui sera presente a F Academic dans sa prochaine seance, de le designer par le nom de semnopithecus pentelicus. Les depdts tertiaires des Monts Sivalike, en Asie, out aussi found des restes de trois singes fossiles, Fun signale en premier lieu par MM. Bailer et Durand, et les deux autres decrits par MM. Falconneret Cantley. Ces trois especes ont ete rapportees au genre semnopitkeque. II en sera de meme aussi, sans doule, des debris d'un autre singe fossile qui rn'ont ete montres dans la col- lection de la Socie'te geologique de Londres, par M. Ruppert- Jones, l'un des conservateurs du palais Sommerset. Ces mor- ceaux, annoncant des dimensions plus fortes que celles du sen - nopitheque pentelicus , ont ete trouves sur le versant nord de l'Hymalaya, ils proviennent d'un gisement qui rentre dans les limites geographiques du Thibet. Quant aux singes decouverls a l'e'tat fossile dans les caverne.^ de l'Amerique du Sud, par M. Lund, ils appartiennent tous a la famille des singes du nouveaumonde, et leur enfouissement date vraisemblablement d'une epoque moins eloigne'e de celle ou nous vivons. )) — M. filie de Beaumont constate que jusqu'ici on n'a pas en- core rencontre d'hommes fossiles. M. Flourens avouc que ce fait est, en realite , tres-extraordinaire , moins encore en raison de la petite dislance qui separe le grand singe de l'homme clans la serie animale , que de l'bypothese admise par lui de la simul- taneite de creation; il ajoute qu'il est arrive a penser qn'o:i decouvrira, tot ou lard, des ossements bumains fossiles dans les memes terrains ou l'on a rencontre les ossements de singes ou dans des terrains analogues. Nous no comprenons pas bien la portee du mot ecbappe a M. Flourens. Si Ton admeltait lestbeories actuelles des geologues, le depot des terrains tertiaires moyens remontcrait bien au dela de la date assignee par les livres saints a 1'apparition de rhomni;' sur la lerre. On ne pourrait done trouver de fossiles humains dans ces terrains, qu'autant qu'ils yauraientete amends par quel- que catastropbe dont il faudra trouver la trace, et qui doit etr • relativement re'eente. Si de fait les fossiles bumains apparaissenl, et apparaissent deposes regulierement, sans boulcversement de date recente, il faudra necessairement ou abandonner la chrono- logic de la Genesc, ce qui seraitimpie, ou conclure que rancienn;- 126 COSMOS. attribute par les geologues aux dep6ts des terrains tertiaires est beaucoup trop reculee. Place dans celtc alternative M. Flourcns ne serait pas embar- rasse, car il nous semble que dans son livre de la vie sur la terre, il admet netteinent avec Deluc, que nos continents actuels ne sont point anciens, que leur origine ne remonte pas a plus de cinq ou six mille ans, que le premier de noslivres sacres, la Genese, ren- fcrme la vraie histoire du monde; avec Buffon, que depuis la fin des ouvrages dc Dieu, c'est-a-dirc, depuis la creation de l'liomme, il ne s'est ecoule que six ou huit mille ans ; avec Cuvier qu'il s'est ecoule peu de temps depuis que la terre a ete mise a sec pour la premiere fois, et que les continents ont pris leur forme actuelle apres la derniere revolution du globe, premiere edition de la longevite humaine, p. 228. Si nous nous sommes servi de cette expression il semble que M. Flourens partage les convictions de Buffon, de Deluc, de Cuvier, c'est que, page 226, il appelle ces opinions des verites et des verites nouvelles que le xvur siecle n'admettait pas parce qu'il avait son parti pris, parce que la philosophic ne croyait pas encore a la science. — M. Caucby lit un Memoire sur les produits et les fonctions symboliques ; il nous serait impossible de donner memo une idee de cette generalisation et de cette terminologie nouvelles, qui sont une simplification reelle, en ce sens qu'elles ajoutent beaucoup a la rigueur, qui est le caraclere essentiel de la geometric. — M. Dumas annonce avec un certain entbousiasme la de'cou- ■verte d'un nouvel alcool par M. Wurtz. En traitant un compose d'iode ou de brume analogue a la liqueur des Hollandais , par exemple, le compose C'H''P de gaz oeifiant et d'iode, par l'a- cetate d'argent, M. Wurtz a vu se former d'une part de l'iodure ou du bromure d'argent, de l'autre un acetate organique particu- lier; cet acetate, saponifie par la potasse, donne, d'une part, de l'acetate de potasse, de l'autre le nouvel alcool dont il s'agit. A la temperature ordinaire, cet alcool est un liquide incolore, visqueux, a saveur sucree; il bout entre 190 et 200 degres, et se reduit en vapeur sans decomposition; il bride avec une flamme analogue a celle del'alcool ordinaire. Ce quile caracteriseessentiellement, c'est que dans les combinaisons ou il s'eugage, en donnant naissance a des e'lhers ou aux composes analogues, il prend toujours deux atomes d'acide. C'est done un |alcool bi-atomique, intermediaire entre l'alcool ordinaire mono-atomique , et la glycerine , alcool tri-atomique. La se'rie des alcools devient ainsi complete, comme COSMOS. 127 celledes acides qui, comme on le sait depuis longtemps, con- stituent trois series, mono-atomique , bi-atomique, tri-atomique. M. Wurtz, en raison de la place que le nouvel alcool vient occuper entre l'alcool et la glycenne, lui a donne le nom de gly- col ; ce n'est que le premier terme d'une serie qui promet d'etre tres-nombreuse. La formule clu glycol est (C4H4;,H2) O4. — M. Dumas, encore, sur l'invitation de M. le Marechal Vail- lant, expose les resultats vraiment curieux et extraordin aires obtenus par M. Prosper Millon, pharmacien en chef de l'hdpital militaire d' Alger, dans ses recherches sur les principes odorants des plantes. Jusqu'ici on extrayait, en general, les principes odo- rants des plantes au moyen de la distillation soit aqueuse, soit alcooliquc, et on ne les obtenait que tres-affaiblis. M. Millon a substitue a la distillation une double operation, la dissolution d'une part, l'evaporation de l'autre. 11 dissout le principc odorant dans du sulfure de carbone ou dans Tether, et il evapore la dis- solution a un feu doux ; il obtient ainsi une substance butireuse assez semblable a l'essence de rose des Orientaux preparee sans doutepar une methode analogue; et cette substance reproduit dans toute sa purete, son intensity sa suavite, l'odeur primitive de la plante ou de la fleur. M. Dumas a fait passer sous les yeux et sons les nobles nez de ses illustres confreres une serie de petites boites renfermant des echantillons des preparations de M. Millon ; la boite au jasmin a seul effleure nos narines vulgaires, et nous avouons sans peine que jamais elles n'avaient ete si de- licieusement impressionnees. Nous reviendrons sur cette pre"- cicuse communication. — M. Balard presente au nom de M. Berthelot, preparateurde physique au college de France, deux glorieuses continuations a ses syntheses chimiques. Jusqu'ici on n'avait pas reussi encore a determiner la fermentation alcoolique de lamannite et des autres matieres sucrees analogues, et k en obtenir par consequent de l'alcool ; c'etait cependant un probleme important et curieux a resoudre; or M. Berthelot l'a resolu en determinant d'abord dans ses substances la fermentation lactique a l'aide des matieres qui font tourner le lait; de la fermentation lactique a la fermen- tation alcoolique il n'y a plus ensuite qu'un pas facile a franchir, et Ton arrive ainsi a obtenir avec la mannite de l'alcool que Ton decompose plus tard en hydrogene carbone, etc.; tel est le sujet de la premiere note de M. Berthelot. La seconde annonce un progres bien plus considerable encore : en faisant passer sur 428 COSMOS. du cuivre cbauffe au rouge un melange de sull'ure cle carbone el d'hydrogene sulfure, deux produits inorganiques ou mineraux, M. Bcrlbelot obtient d'uue part de l'oxyde de carbone el de l'aulre dc l'bydrogene proto-carbone ou gaz des marais, qui se convcrtil plus tard eubydrogene bi-carbone, en gaz oleiliant, en alcool, etc., ions produits organiques. Nous nous gardorons bien de deflorcr icn qu'oi n'aii pas reussi a la manil'cstor aisemcnl, et qu'on ail ignore jusqu'a present I'energie remarquable avcc laquelle clle se fail, Pour l'e- tudier dans ses lois el la suivre dans ses details, M. Jamin opere de la maniere suivaule : II prend un vase poreux destine aux piles de Bunsen, il le couvrc d'un vernis bien egal et Ires-mince, forme de collodion on de gutta-percha en dissolution, puis il le Louche avcc un ob- tnrateur, dans lequel s'engagent deux lubes, l'un qui est ferine par un robinet, l'aulre, long de 3 metres, qui est ouvert a ses deux bouts. Le tout est place vcrticalement, et l'appareil sc com- pose alors du vase poreux place en baut et des deux tubes qui en descendent verticalement ; celui qui est ouvert plonge a sa base dans une cuvette pleine d'eau; celui qui est muni du robinet sert a introduire le gaz que Ton veut etudicr. On fait arriver, par exemple, un courant d'hydrogene, ilremplit le vase poreux, des- cend dans un long tube et s'eehappe a travers l'eau. Quand le courant a circule pendant quelques minutes, on ferme le robinet. On voit alors la pression interieure diminuer rapidement; le niveau de l'eau s'eleve dans le tube, et en vingt secondesil arrive a une hauteur maximum de 2 metres ou 2 1/2 metres. Cette dif- ference de pression est superieure a 1/5 d'atmosphere. L'experience inverse reussit avec autant de facilite quand on enveloppe d'hydrogene le vase poreux, et qu'il est rempli d'air, la pression interieure augmente au lieu de diminuer. Presque tous les gaz, pris deux a deux, produisent le meme pbenomenc avcc des degres differents d'energie, et c'est le gaz qui Gltre le mieux qui prend la plus faible pression. M. Scipion Dumoulin nous adresse une reclamation au sujet de l'application de la lumiere electrique a la peche de nuit, aim de constater qu'il est le premier qui ait livre a la publicite ce nouveau procede dans le journal YAmi des sciences du ler juin- M. Jobard, jugeant que cette idee pouvait avoir, ainsi qu'il l'ecrit a M. Dumoulin, des resultats avantageux, et dans l'intention de la vulgariser puisque M. Dumoulin l'avait mise dans le domaine public, a publie cette invention dans plusieurs journaux. Un pro- prietaire de la Belgique, a son instigation, va faire prochainement cette experience, et M. Huyot, armateur a Boulogne, se propose d'en faire l'application a la peche de la morue. progrEs en angleterre. I*recis histos'iqut' «.*! dogninliquo dlu miHgnetigHie tcrrcslrc Par le general Sabine. [Suite de la page 84.) De semblables determinations , toutefois ,' exigent un degre* d'exactitude qu'on ne pourrait obtenir qu'autant qu'on en ferait l'objet principal on unique d'une entreprise a part. Comme les valcurs absolues pour les differents points du globe ont entre ellcs les memes relations que les valeurs relatives , il suffit qu'on ait determine en une station quelconque le rapport entre les unite's des deux echelles, pour que toutes les valeurs exprime'es en unite de l'gchelle arbitrable puissent 6tre converties immedia- tement en valeurs de 1'unite absolue. Des experiences ont ete faites dans ce but a l'observatoire magnetique de Torento, et ont servi a former l'echelle comparative anglaise jointe a la nou- velle carte isodynamique. Nous avons deja fait remarquer que la demonstration donnee par M. Halley del'impossibilite reelle de concilier les phe'nomenes avec l'hypothese de deux poles magnetiques, reposait uniquement sur l'observation de la declinaison, et que les cartes de l'inclinai- son qui ont ete trace'es beaucoup plus tard confirment pleine- ment ses conclusions. En effet, dans l'bypotbese des deux poles et d'un axe magnetique unique incline sur l'axe de rotation de la terre, les deux poles magnetiques devraient etre des points d'in- clinaison egale a 90 degre's, et, en meme temps, des points de maximum de force; le grand cercle, a egale distance de ces deux p61es, devrait etre a la fois et une ligne d'inclinaison partoul ^gale a zero, et une ligne isodynamique en cbaque point de la- quelle l'intensite de la force serait la moitie de l'intensite de la force maximum des pdles ; de plus, l'inclinaison et l'intensite de- vraient croitre ensemble et d'une maniere continue a mesure qu'on s'eloignerait de l'un ou de l'autre c6te de cette ligne, que Ton devrait appeler a juste titre l'equateur magnetique. Voila bien les consequences necessaires de l'hypothese des deux pdles; or, pour nous assurer une fois pour toutes qu'elles ne sont nullement d'accord avec les faits, il suffit de suivre la marche des phe'no- menes pour l'un quelconque des paralleles de la latitude ge'ogra- phique sur la carte isodynamique et sur la carte isoclinique. Prenons pour exemple le parallele de 50 degres de latitude nord, et comparons ses conditions magnetiques actuelles avec ce 132 COSMOS. qu'elles demifitrt 8If8 dons l'hypotheso des deux poles. Si cette hypothese etait vraie , nous devrions renconlrer un maximum d'inclinaison ct d'intensite a rinterseclion dece parallele avecun certain meridiem ot on minimum d'inclinaison ct d'intensite a ['intersection du memo parallele, avee le meridien a 180 degres du premier; dans les positions intcrmediaires, ces deux elements, ffnclinaison ctla force, devraient aller sans cesse en diminuant a mesure qu'on avancerait sur 1c parallelc du maximum au mi- nimum. Or, consultons la carle isodynamique do 1.840; ellenous monlrera, sur le parallelc de50 degres de latitude nord, un maxi- mum de force egale environ a 1,8(5, pres du 27V degre de longi- tude a i'est de Greenwich; en marchant vers l'ouest, nous trou- vcrons sur ce meme parallele pres du 16Se degre de longitude est, un minimum e'gal a pen pres a 1,38; marchant toujours vers l'ouest, nous alteindrons un second maximum 1,60 vers 110 de- gres de longilude, et un second minimum 1,31 vers 25 degres. Ce sontla e'videmment, quand on les rapproche des inflexions syme- triques des lignes adjacentes, les dispositions caracteristiques d'un sysleme qui divise le parallele non en deux, mais en quatre parlies, nous disons quatre, ni plus ni moins. La courhure ou in- flexion double des lignes isodynamiques est moins fortement ac- cused, lorsqu'on s'eloigne des p61es magneliques de l'hemisphere nord, ou qu'on se rapproche des regions e'quatoriales du globe; mais, en revanche, eiles sont de plus en plus accusees quand on s'avancevers des latitudes elevees, jusqu'a ceque les deux points d'intensite' minimum de quelques-uncs de ces lignes se rencon- trant et s'unissant, ces lignes arrivent a former des lemniscates ou courbes de la forme du huit renverse go , renfermant deux aires inegales au sein desquelles les lignes isodynamiques d'in- tensite plus grandes apparaissent comme des ovalcs trace's a l'en- tour de deux centres de forces inegalenient intenses. La carte isoclinique pour 1840 nous montre d'une maniere tout a fait cor- respondante, quoique avec des inflexions un peu moins senties, le parallele gcographique de 50 degres divise en quatre segments magneliques, par des maxima d'inclinaison situes vers 120 et 285 degres et des minima vers 50 et 168 degres de longitude est. Ici aussi la double courbure devient de plus en plus sensible quand on s'approche des latitudes elevees, ce qui rend probable l'existcncc de la forme de lemniscatc pour les courburcs isocli- niques des regions comprises dans l'inlcrieur du cercle artique, regions qui, jusqu'ici, n'ont ete que tres-imparfaitcmentexplorees. COSMOS. 133 Si nous avions dcs carles ou traces des lignes isodynamiques au temps de Halley, on, corame pour la declinaison, des observa- tions dignes de confiance faites a cette epoque ou a des e'poques anterieures, semblables a celles qui ont permis a M. Hanstecn de tracer les lignes de declinaison pour cerlaines portions du globe en 1610, nous serious plus amemeque nousnele sommes de pro- noncer sur les faits de cbangements seculaires survenus depuis dans le systeme magnetique de la terre. Pour tracer la marcbe de ces changements, nous ne pouvons guere nous appuyer que sur lies observations de declinaison, aides seulement quelque peu des observations d'inclinaison, auxquelles on n'a attache de rimpor- tance et que Ton n'a faites avec quelque soin qu'a partir du mi- lieu et vers la fin du xrfii" siecle; mate, sans pouvoir tirer aucun secours des observations d'intensite qui n'ont pu servir a faire apprecier les cbangements seculaires qu'alors qu'on fut en Ire en possession de determinations absolues a des epoques difl'e'rentes; or, nous avons deja rappele que la mcthode propre a donner les determinations absolues nedate que de 1853. La mission de ceux qui cultivent la science du magnetisme terrestre au moment ac- tuel, est a peu pies la meme que celle de Halley ; leurs efforts doivcnt tendre principalement a laisser apres eux « des observa- tions dignes de confiance, et dont l'ensemble forme une bistoire aussi complete qu'elle peutl'etre a l'etat present despbenomenes, afin que ceux qui les suivront puissent, en les comparant, arriver a une theorie complete et mathematique. » Les positions actuelles des quatre poles magnetiques ont ete, comme nous 1'avons deja dit, l'objet d'expeditions speciales faites l'une nux frais du gouvernement norwegien, les trois autres aux frais du gouvernement anglais. La position du plus faible des deux poles de Fhemispbere nord a ete determined tres-approxi- mativeinent dans la premiere de ces quatre expeditions par MM. Hansteen, Erman et Due, qui visiterent la Siberie en 1828 et 1829; ils ont place ce pole sur le meridien passant par 120 de- gres de longitude est, et ils ont trouve que Vintensite en ce point etait egale a peu pres a 1,76 dans l'eclielle arbitrable, ou a 13,3 dans recbelle absolue des unites anglaises. La position, a une ^poque peu eloignee du pole le plus fort de Fbemispbere nord, resulte de la triangulation faite par le lieutenant-colonel Lefroy, en 1843 et 1W4, dans les possessions anglaises de l'Amerique septentrionale. La latitude de ce p61e etait 52 degres 19' nord, sa longitude 268 degres est ; l'intensite de la force correspondante 134 COSMOS. etait 1,88 dans l'echelle arbitraire, ou 14,2 dans l'echelle absolue. Le rapport des intensites aux deux centres d'attraction est done de 14,2 a 13,3 ou a tres-peu pres de 1,07 a 1, et ce rapport pcut el re considere comme une mesure approchee de leur influence relative et du rapport cntrc les diametres de leurs spheres d'ac- tion. Le dcplacement en longitude du pole le plus fort, qu'Halley placait tres-pres du meridien du milieu de la Californie, semble avoir ete tres-petit; mais le p61e leplusfaible, silue actuelleinent dans la Siberie, avait e^te place par Halley tout pres du meridien des Iles-Britanniques, il s;est done beaucoupdeplace; et si Ton adopte le raisonnement de Halley on trouvera que la disposition actuelle des lignes de declinaison s'accorde tres-bien avec ce de- placement. La declinaison est, observee en Angleterre vers le mi- lieu du xvir siecle, et qui conduisait Halley a conclure a la pre- sence dans le voisinage d'un centre d'attraction , situe a Test de notre meridien, se rencontre inaintenant en Siberie vers 80 degres de longitude est, et ce fait prouve que le point attirant est actuel- leinent a Test de ce meridien. Si nous consultons les cartes des epoques intermediates donnees par Hansteen dans son livre du Magnetisme de la terre, nous constaterons un deplacement pro- gressif, et toujours dans le meme sens, du centre d'attraction dont il s'agit. L'inclinaison, qui, a la meme e'poque, vers 1670, etait, a Londres, de 75 a 76 degres, n'a pas cesse de diminuer constamment jusqu'a atteindre sa valeur actuelle, 68,30', et cette diminution suppose encore que le point attirant s'est de plus en plus eloigne de notre meridien. Les lignes isocliniques ou d'egale inclinaison ont du, en 1670, etre bien plus abaissees vers l'equateur qu'elles ne le sont actuellement ; or, nous voyons que cette depression atteint maintenant son maximum vers 120 de- gres de longitude, tandis qu'a Test de ce meridien de 120 degres, l'effet actuel du changement seculaire est d'augmenter l'inclinai- son, ce qui correspond au rapprochement du centre d'attraction : a l'ouest du meme meridien l'effet du changement seculaire est de diminuer l'inclinaison, comme si le centre d'attraction s'eloi- gnait. Le decroissement annuel de l'inclinaison, a Londres, de- puis 1670, ne parait pas avoir ete uniforme; il semble, au con- traire, qu'il a ete plus grand dans la premiere que dans la der- niere partie de cette periode de temps. Dans un me'moire pre'sente' tout recemment a la Societe royale des sciences de Copenhague, M. Hansteen a appele l'attention sur les fails en relation avec le changement seculaire de l'inclinaison en Europe, et particuliere- COSMOS. 135 ment sur la diminution dc la raison du decroissement. En Angle- terre, cctte raison somble actuellement tout a fait uniforme, c'est du moins ce que prouvcot les observations faites avec le plus grand soin dans les annees 1821, 1838 et 1854. Cette uniformity doit probablement avoir pour cause notre situation plus a l'ouest du centre d'attraction. Les expeditions antarctiques de sir James-Clark Ross et des capitaines Moore ct Clerk nous ont donne la disposition, pour l'epoque actuelle, des lignes des trois elements dans rhemisphere sud, avec une exactitude qui laisse peu a desirer, au moins pour les regions accessibles a la navigation. Les donnees que nous avons ainsi acquises accusent nettement et certainemont l'exis- tence d'un double centre d'attraction. En comparant la distribu- tion geographique actuelle des forces magnetiques dans rhemis- phere sud avec ce quelle el ait au temps de Halley, nous trouvons que le pOle le plus fort se trouve dans le meridien de 134 degre's de longitude est, toujours au sud de la Nouvelle-Hollande, et qu'il n'apas beaucoup devie , par consequent, de la position assignee par Halley. Au contraire, le pole leplus faible, que Halley placait a 20 degres a l'ouest dudetroitde Magellan, 250 degres environ a Test de Greenwich, est maintenant a 30 ou 40 degres a l'ouest de ce memo detroit. Or, dans ce cas, aussi, les cartes de la declinai- son pour les epoques intermediaires , donnees par Hansteen , montrent, par les changements successifs de position des lignes d'egale declinaison dans le voisinage du pole le plus faible (la ou son influence predomine), que le de'placement vers l'ouest a e'l<; progressif ou continu. Dans i'hemisphere sud, comme dans l'he- misphere nord, le pAle d'intensite maximum s'est trouve distinct du point de 90 degre's d'inclinaison, et a une distance du pole de la terre beaucoup plus grande qu'on n'aurait pu l'imaginer avant qu'on se fut assure qu'il en etait de mOme pour rhemisphere nord. Les observations de VErebus et du Terror, en 1841, assignent a ce point une latitude un pen au nord du cercle antarctique. L'in- tensite de la force an point maximum principal semble etre un .peu plus grande dans rhemisphere sud que dans 1'hemisphen' nord ; ce qu'il faut probablement a ttribuer au rapprochement plus grand des deux poles sud; la plus courte distance en longitude des deux poles sud est au-dessous de 90 degres, tandis que la plus petite distance des poles nord est tres-pres de 150 degre's. PROGRfiS EN FRANCE. Snr la precipitation de divers sels, de lours dissolutions Par M. F. Margueritte. Quand on melange de l'acide chlorhydrique liqnide avec une dissolution de chlorure de sodium, on obtient la precipitation im- mediate, sinon complete, du sel marin. Mais si Ton fait arriver jusqu'a refus un courant de gaz acide cblorbydriquc dans une dissolution salee , on precipite la totalite du sel h quelques mil- liemes pres; la liqueur cblorhydrique qui surnage, est dans un etat de purete' tel qu'elle peut etre livree au commerce. Si Ton opere sur un melange de chlorure de sodium et de po- tassium, c'est le sel marin qui se precipite le premier, de sorte qu'en scindant l'operation on peut obtenir jusqu'a un certain point la separation de ces deux sels. L'insolubilite des chlorures de sodium et de potassium dans l'acide chlorhydrique est telle * que sous son influence les sulfates de soude et de potasse se de- composent en chlorures insolubles et en acide sulfurique libre elimine dans la liqueur. Gette decomposition peut aller tres-loin. Ainsi, l'acide chlorhydrique passant a refus dans une liqueur sa- turee de sulfate de potasse transforme pres de 70 p. 100 de ce dernier en chlorure de potassium, en eliminant dans la liqueur une quail tite correspondanted'acide sulfurique, Le sulfate double de potasse et de magnesie subit une decomposition semblable. Le sulfate de magnesie , au contraire , et le chlorure de magne- sium ne sont precipites par l'acide chlorhydrique que dans des conditions particulieres de concentration. La precipitation du sel marin et du chlorure de potassium pa- rait pouvoir s'appliquer : 1° A la preparation d'une qualite de sels destinee a des usages speciaux; 2° a la production du sel brut; 3° a la separation du .chlorure de potassium des eaux meres des marais salants. L'etat particulier qu'affecte le sel precipite par l'acide chlorhy- drique, sa division extreme, sablancbeur, sonbrillant, sa parfaite purete, etc. , le rendent preferable pour les usages de luxe, a* toute espece de sel obtenu soit par la trituration , soit par l'eva- poration. On l'obticnt pur en operant sur l'eau salee naturelle, ou mieux sur le sel trut redissous; on decante la liqueur acide et on fait secbcr le precipite sur une sole de four chauffee d'une maniere convenalde. COSMOS. 137 On peut encore saturer la quantite d'acide qui rcste en exces par du carbonate de soude (dont la depense ne serait pas plus considerable que celle necessaire pour cbauiYer le four a dessicca- tron),ce qui permellrait d'etendre et de sdcher le sel a 1'air libre. Le passage du gaz enlretcnant la liqueur dans un e'lat continuel d'agitation determine la precipitation du sel en grains excessive- ment fins. On obtient de gros cristaux quand l'acide se de'gage et se dissout a la surface d'un liquide en repos. La separation du chlorure de potassium des eaux meres des marais salants, interesse en ce sens qu'elle est plus prompte. plus complete, et moins couteuse que celle pratiquee aujourd'hui, qui consiste a concentrer h l'aide de la chaleur et a faire cristalliser dans des conditions de temperature qui ne se rencontrent pas d'une maniere certaine. En outre, le chlorure obtenu contient du sel marin et du chlorure de magnesium et qu'il est necessaire de purifier. Par Taction de l'acide chlorhydrique sur les eaux-meres on ob- tient la presque totalite des chlorures de sodium et de potassium qu'elles renfermenl. Le chlorure de magnesium reste dans la liqueur chlorhydrique qu'on peut employer a la fabrication du chlorure de chaux. On se'pare le chlorure de potassium du sel marin soit en scin- dant la precipitation par l'acide chlorhydrique qui elimine le chlorure de sodium , soit par difference de solubilite des deux sels a chaud et a froid. Quant a la production du sel brut par ce moyen, les avantages ne sont pas douteux. A cote des marais salins et des salines, il y a en general des fabriques de sulfate de soude qui sont une source permanente d'acide chlorhydrique. II est a penser que l'application de ce procede donnerait des resultats avantageux dans les salines de l'Est, on la preparation du sel se fait au moyen de la chaleur, et dans les fabriques du midi de la France ou la production de l'acide chlorhydrique est loin de trouver un debouche satisfaisant. Le principe de cette operation consiste dans l'emploi d'un agen£ volatil qui , apres avoir servi a precipiter le sel , peut etre dearie par la chaleur , sans laisser aupres de lui aucune impurete. En vertu du meme principe, divers autres sels peuvent etre elimines de leur dissolution , loutefois d'une maniere moins complete. Le carbonate de soude peut etre precipile par l'ammoniaque dans un grand elat de purelc, d'une dissolution de soude brute : le sel 138 COSMOS. cristallin que Ton oblient seehe dans une etuve ne retient pas la plus petite trace d'ammoniaque. Le ferro-cyanure de potassium et d'autres sels sont egalementprccipiles par l'ammoniaque. Ge der- nier peut en outre etre recueill; et servir pour ainsi dire indefme- ment. Carte h\slroa;ra|»!»Sq«e souleirraine do la ville die B*aris Par M. Delesse, ingenieur des mir.es. La ville de Paris est traversee par quatre nappes d'eau super- ficielles : la Seine, la Bievre , le ruisseau de Menilmontant et le canal Saint-Martin. Le ruisseau de Menilmontant, dont le cours est trace sur les anciens plans de Paris , descendait de la colline qui porte le ineme nom ; il se dirigeait vers la rue des Filles-du- Calvaire, et decrivant de ce point un arc de cercle autour du centre actuel de Paris, il allait se jeter dans la Seine au quai de Billy. Les travaux executes dans Paris ont cornpletement change le regime de ce ruisseau; il a>l d'ailleurs dlssimule par les cons- tructions qui le recouvrent; mais il continue a couler dans le grand egout de ccinture, en lequel il a ete transforme. La Bievre et l'ancien ruisseau de Memilmontant sont renferme's dans une cuvette parfaitement etanche, et par consequent ces deux coins d'eau ne donnent lieu a aucune nappe d'infiltration. Independamment des nappes superficielles il cxiste des nappes souterraines qu'on rencontre lorsqu'on penetre dans l'in terie ai- de la terre ; ce sont elles qui alimentent les puits. La nappe souterrainc en communication immediate avec la Seine, est ce qu'on appellc sa nappe d'infiltration. Cetle nappe s'etend sous Paris, et meme e'est clle qui fournit dc l'eau a pres- que tous les puits. Ses courbes horizonlales sont des lignes on- dulees a peu pres paralleles. Elles sont disposers symetrique- ment sur chaque rive de la Seine et elles vont se raccorder avec la nappe superflcielle ; elles se coupent d'ailleurs deux a deux sous des angles tres-aigus qui s'emboitent l'un dans l'autre et qui ont leurs sommets diriges vers ramont. Le niveau de la nappe d'infiltration est generalement superieur a celui de la Seine, il s'eleve a mesure qu'on s'eloigne des herds du fleuve. Pres de ses bords il s'abaisse jusqu'a 27,n,5, en amont de Paris, a la barriere de la Gare et meme jusqu'a 25"',5 en aval, pres dc la barriere dc la Cunette. COSMOS. 139 Sur la rive gauche la difference de niveau entre le point le plus haut et le point le plus bas de la nappe souterraine est au plus de 5 metres. Sur la rive droite cette difference s'eleve presqu'au double. La pente moyenne a la surface de la nappe souterraine est superieure a 0m,001 par metre. Dans les parties contigues a la Seine, elle est beaucoup plus grande et elle alteint meine 0m,01. La pente moyenne de la Seine, dans la traversee de Paris, est seulement de 0n,,0002 : par consequent, elle est bien moindre que celle de la nappe d'infiltration. Cette difference dans les pentes des deux nappes lient a ce que l'eau ne peut s'ecouler qu'avec de tres-grandcs difficulty memo a travers les terrains les plus permeables. La nappe d'infiltration recpit bien Finfiltration do la Seine qui s'y repand a l'epoque des crues; mais elle est surtout alimentce par ies eaux provenant des cpllines qui environnent Paris. Les nappes soulerraines qui se trouvent a un niveau supe'rieur y deversent aussi leurs eaux. La forme de la nappe d'infiltration depend essentiellement de la Seine. Elle change lorsque la Seine s'eleve ou s'abaisse, elle reproduit toutes ses variations, mais elle les attenue beaucoup, mOme a une assez petite distance. Elle depend egalement, bien qu'a un moindre degre, d'elements constants quisont le bassin hydrogra- pbique ayec leqael elle communique, le relief du sol, et la dispo- sition des couches impermeiabl.es sur lequel elle repose. La nappe d'infiltration a done une origine tres-complexe. Les lies Saint-Louis etNolre-Dame ont une nappe souterraine- distincte qui est egalement une nappe d'infiltration. Les combes horizoiiiales sont concentriques et a peu pres paralleles a leurs contours. La nappe souterraine forme done une surface qui s'eleve vera la partie centrale de chaqne ile et qui s'incline au coniraire sur ses bords. La pente de cette nappe est d'ailleurs tres- considerable, car pile ddpasse 0,n,«l par metre. Pres de la baniere Blanche, quelques puits dc Paris sont ali- mentes par une nappe souterraine dont la cote est superieure a 42 metres. Cette nappe est toule differente de la nappe d'infiltra- tion dc la Seine : on reireuve cette derniere au-dessous a la cole de 32 metres. Pies (ies barrieres Rochechouart et de Fontarabie, des nappes l&O COSMOS. souterraines s'elevent a la cote de 37 metres. Elles sont egale- ment au-dcssus de la nappe d'infiltration. La carte hydrographique montre comment s'opere l'ecoule- ment des eaux dans les nappes souterraines. Si Ton considere, par exemple , la nappe d'infiltration de la Seine qui s'etend par- tout au-dcssous de Paris , il est visible que l'eau se dirigera ne- cessairement d'un point plus eleve vers un point plus has ; par consequent, elle se deversera des barrieres vers la Seine. Sa pente est surtoul tres-grande surles bords du fleuve. Ainsi, Men que cela puisse paraitre paradoxal au premier abord, la Seine joue a l'c!gard de la nappe souterraine le role d'un canal de des- secbement; elle determine l'ecoulement de ses eaux, et elle opere le drainage de la ville de Paris. Les eaux qui tombent sur la surface d'un cimetiere penetrent a. travers des cadavres en decomposition, et se reunissent ensuitc aux eaux de la nappe souterraine qui est la plus rapprocbee de las urface. Malgre la filtration naturelle a laquclle elles sont sou- mises, qui les debarrasse rapidement de la plus grande partie des matieres qu'elle tiennent en suspension, ces eaux sont neces- safrement tres-iinpures et peuvent etre nuisibles a la salubrite. II etait done utile de recbercher dans quelle direction s'ecou- lent les eaux qui ont traverse les immenses ossuaires de Paris. Un coup d'oeil jete sur la carte suffit pour constater que le choix de l'emplacement de ces ossuaires laisse a desirer; car les eaux du cimetiere Montparnasse , par exemple, s'ecoulent dans la nappe d'infiltration de la Seine, et il est visible qu'elles se ren- dent ensuite dans le fleuve, en traversant une parlie du faubourg Saint-Germain. Les indications precedentes suffisent pour montrer que la carte hydrograpbique de Paris permet de resoudre un grand nom- bre de questions importantes qui sont relatives a la salubrite, aux inondations, au drainage, a l'ecoulement des eaux, a l'eta- Missement des egouts et a l'execution de tous les travaux souter- '•ains. Joiprimerie tie W. UOIQUET et Cie, A. 'iKABIBiAY , rue Garanciere, 5. propridtaire-gcrc.nl. T. IX, 8 aout 1856. Cinqui*me annee. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Fabre, jeune medecin, a fait, tout recemment, une ddcou- verte tres-curieuse et qui promet, en outre, de recevoir des ap- plications utiles. L'ether et le chloroforme sont deux agents anes- thesiques puissants. Appliques separement, ils determined le sommeil et l'insensibilite, et cependant, chose singuliere, l'ether doit etre de'sormais considere comme le veritable antidote du chloroforme, le meilleur remede a employer conlre les defail- lances et les syncopes que determine le chloroforme. M. Fabre a mesure, d'une part, la duree moyenne du sommeil anesthesique non trouble, lorsque l'animal en experience etait abandonne a lui-meme ; de 1'autre, la duree moyenne de ce meme sommeil trouble par l'inhalation de l'ether. Chez quinze lapins endormis par le, chloroforme, la duree moyenne du sommeil non trouble a ete de vingt et une minutes; or, quand il a faitrespirer de l'ether a l'animal endormi, la duree moyenne du sommeil a etc reduite, dans quarante experiences, a quatre minutes; huit fois le reveii a ete immediat; il a endormi deux, trois, quatre fois de suite par le chloroforme et reveille par l'ether le meme animal, sans laisser le moindre intervalle entre les inhalations du chloroforme et celles de l'ether. Mais il importe grandement de remarquer que l'ether ne neutralise ainsi Taction adynamique et anesthesique du chloroforme, qu'autant qu'il est employe a dosemoderee; car les fortes doses, au contraire, et surtout les inhalations continues reproduisent le sommeil s'il a cesse\ le rendent plus profond et meme mortel s'il existe deja. Employes de la meme maniere que 1'cther, Fammoniaque et I'aldehyde font cesser aussi le sommeil anesthesique du chloro- lorme, mais avec moins d'efficacite; ces deux substances sonl (1 ailleurs, elles-memes, comme on le sait, des agents anestbe- siques. M. Fabre a endormi huit fois des lapins en leur faisanl respirer de fortes doses d'ammoniaque, la resolution musculahv. etait complete, la sensibiiite perdue ou fortement empussee; le c U2 COSMOS. sommeil, abandonne a lui-meme, durait, en moyenne, un quart d'heure •, l'ether le dissipait en moins d'une minute. Voici quelques details donnes par M. le marcchal Vaillant sur le procede d'extraction des parfums de M. Millon. L'exporta- lion des produits de notre parfumerie ne s'eleve pas a moins de 30 millions de francs. II y a done un inte'ret reel pour rindustrie1 francaise a maintenir sa superiorite dans une branche de com- merce ou elle ne connait pas de rivales; et l'Algerie est, certaine- ment, une des localites privile'giees ou la culture des fleurs et des plantes aromatiques offre le plus de chances de succes. M. Millon a cherche a modifier les procedes actuels de l'exploitation des fleurs et a les rendre d'une pratique facile pour l'Algerie; il y est parvenu en extrayant le parfum a l'aide de divers dissolvants vo- latils. II reduit ainsi la partie aromatique de la plante a un tres- petit volume, de telle sorte que, 1 gramme d'extrait, provenant de 1 kilogramme de fleurs, aromatise au meme degre les corps gras, et, sous un poids inille fois moindre, produit les memes effets. Ce n'est pas encore le parfum pur et isole de toute autre substance ; mais cette limite sufflt a l'art de la parfumerie. On pourra desormais substituer la preparation et l'arome meme de la fleur aux melanges d'essences par lesquels on a cherche jus- qu'ici, sans assez de succes, a imiter les parfums naturels. Les parfums purs different essentiellement des essences et se carac- terisent surtout par leur inalterabilite a l'air. Stale's en couche mince au fond de tubes ouverts, ils se conservent pendant plu- sieurs annees sans deperdition sensible. Leur proportion dans les fleurs est si faible, que, si on cherchait a les isolcr completemeni et a les purifier, leur prix surpasserait celui de toutes les matieres connues; pour certaines fleurs, 1 gramme de parfum couteraii plusieurs milliers de francs; les Orientaux consentent deja a payer l'essence de jasmin, qui n'a pas encore perdu toute odeur empyreumatique, jusqu'a 750 et 800 francs l'once. — Nous puisons quelques renseignements interessants sur l'elat actuel du Vesuve, dans une nouvelle lettre de M. Ch. Sainte-Claire Deville a M. t\ie de Beaumont. La lave de l'annee derniere est encore douee d'une tres-haute temperature ; une foule de points possedent, a une faible distance de la surface/.une chaleur suffi- sante pour enflammer le baton qui les presse. Les fumerolles qui s'en echappent ne sont point des fumerolles seches, elles ont passe a l'etat de fumerolles legerement aqueuses et acides. Vers le 13 decembre 1855, un quatrieme gouffre, dont la largeur et la COSMOS. U3 profondeur ont plus de 200 metres, beaucoup plus vaste et plus pro-fond que les trois autres, s'est etabli entre les deux cavites de 1850, en faisant disparaitre completement la petite crele etroite qui les separait. Cette trouee, fade comme a l'emporte-piece, a entame profondement les rebords eleves qui entouraient les deux crateres ; et 1'inspection des coupes ainsi produites, montre, avec une parfaite evidence, que l'exhaussement de 80 a 100 metres, qu'a subi cette portion du cratere en une seule nuit de 1850, n'a nullement eu lieu par Taccumulation des produits fragmentaires, mais par un veritable soulevement. Cette meme grande cavite de 1855 a donne, a partir de mars 1856, de frequentes irruptions qui ont consiste dans la projection de blocs et fragments de lave fondue, accompagnee, comme toujours, de fortes detonations. On remarque a la surface du sol, pres de 1'orifice, quelques-uns de ces blocs qui , sur une assez faible epaisseur, atteignent 75 a 80 centimetres de diamelre. 11 existe au fond du plus grand des deux crateres de 1850, une ouverture qui communique directe- ment avec le foyer interieur, et jusqu'a laquelle penetre le niveau de la lave incandescente. II sort de cette bouche, sans explosion, mais avec un bruit continu, une masse enorme de vapeurs, d'un beau blanc qui s'elevent en puissants flocons, prennent, a une tres-grande elevation et fort loin de leur origine , une teinte d'un rouge fauve, interrompue quelquefois par des masses d'une cou- leur plus sombre et pi'esque noire. II est tres-vraisemblable que le Vesuve vient d'entrer dans une ere d'activite moderee. Les ten- dances eruptives, concentre"es au sommet ou autour du soinmet, se trahiront, pour un temps plus ou moins long, par une suite presque continue de petites commotions, de projections de ma- tieres fragmentaires ou d'emissions de faibles cou rants de lave; de sorte que le gouffre immense qui vient de se former au centre du cratere est, tres-probablement, destine a etre comble par l'ac- cumulation de ces produits, et peut-etre meme a devenir la base d'un petit cone terminal, semblable a celui qui s'est eboule avant la grande eruption de 1854. — Nous avons souvent parle, dans le Cosmos, des proprietes remarquables de la glycerine et des innombrables applications dont ces proprietes sont devenues la source; or, la justice nous fait un devoir de reconnaitre que les recberches de M. Cap, une des illustrations de la pharmacie franc.aise et rnembre de notre \cademie de medecine , ont puissamment conlribue a reveler tout a coup, et avec un certain eclat, les qualites precieuses IM COSMOS. d'une substance de'couverte, il est vrai, par Scheele, en 1779, conseicncieusement etudiee.par H. Chevreul en 1820, mais quj, pendant les trente anndes qui suivirent, ne fixa en aucune ma- niere l'attenlion. M. Cap eut le premier la pensee de faire de la glycerine un agent tbeiapeutique et chirurgical. II avait reconnu tout d'abord que son pouvoir dissolvant egale presque toujours et surpasse souvent celui de l'eau, qu'a ce point de vue il l'em- porte meme sur l'alcool. La glycenne, en efl'et, dissout tousles acides vegelaux, les sels deliquescents, les sulfates de polasse, de soude et de cuivre, les nitrates de potasse et d'argent, les chlorures alcalins, la potasse, la soude ,'la baryte, la slrontiane, l'iode et meme l'oxyde de plomb,'les sels de morphine en toute proportion, le sulfate de quinine a chaud dans la proportion d'un dixieme de son poids, les sels de strychnine, de brucine, de ve- ratrine, etc. 'Elle se mele intimement aux fluides aqueux et al- cooliques/a Taxonge et autres corps gras, aux savons, auxbuiles volatiles, etc., etc. Elle constitue, en un mot, une sorte d'exci- pient ou de vehicule pharmaceutique universel, de maniere a devenir le point de depart d'une classe entiere et tres-nombreuse de medicaments dont nos celebrites medicates ont deja tire le plus excellent parti. Ce premier eveil, donne a I'attention des sa- vants et des industriels, a provoque, de toutes parts, des re- cherches heureuses et fecondes. On s'est servi de la glycerine pour faciliter le tissage des etoffes, pour maintenir a l'etat mou etplaslique la terre des mouleurs et des sculpteurs, pour lubre- fier les organes des machines, pour dtendre l'encre d'imprime- rie, etc., etc. Bien qu'elle se produisit en abondance dans les sa- vonneries et les Tabriques dlacide stearique, on ne songeait nul- lement, il y a cinq ans, al'utiliser, et il s'en perdait chaque jour des masses considerables. On en purifiait seulement quelques rares echantillons, destines a etre produits dans les cours pu- blics. Ce fut en .1853 que M. Cap publia le moycn de la preparer en grand, a prix tres-reduit, et a un elat do purete assez grand pour une application immediate a ,1a medecine et a rindustrie. II a grandement perfeclionne depuis ses proce'de's de fabrication, et dans 1'usine qu'il a fonde'e a Paris, conjointenient avec M. Garot, il peut desormais livrer, en telle quanlite qu'on voudra, de la gly- cerine parfaitement incolore, presque chimiquement pure, mar- quant a rareometre de 28 a 30 degre's, rivalisanl avec celle que M. Wilson obtient directement du dedoubleinenl des corps gras cosmos. %e sous l'influence dela.vapeur surchauffee, et a un prix trois fois moindre. Ces fails sont malheureusement trop peu connus, et si nous lour donnons aujourd'hui la publicite qu'ils meritent a tous. egards, c'est avant tout pour nous punir de les avoir trop long- temps ignores. Nous allions repetant, nous aussi, il y a quelques. jours a peine, que Ton ne trouvait qu'en Angleterre de bonne glycerine, tellequelareclameiitlaniedecine,la chirurgie, la pho- tographie et de nombreuses industries ; nous avions compte sans M. Cap. — L'essai des machines a moissonner exposees au concours agricole universel du mois de juin dernier, a eu lieu samedi 2 aoiit, a la Planchetle, pres Villiers, commune de Neuilly, dans, un clos appartenant a M. le comte de Beranger. Le jury elaitconv pose de MM. le general Allard, president, Lefour, inspectcur ge- neral de 1'agricullure, Barral, re"dacteur en chef du Journal d'a*- griculture pratique, Viney, inspecteur genera] des domaines et forets, Cazeaux, inspecteur general, Bucquet, proprietaire, et Lo- coulteux, ancicn directeur de cultures. Sept machines avaient etev ameneessurle terrain d'experiences, trois seulement ont puache- ver la tache assignee par le jury : ce sont celles de M. William Dray, Angleterre, systeme Hussey, de MM. Bella et Laurent;, France, systeme Mac Cormick; MM. Hussey et Mac Cormick sont tous deux Americains. En reduisant a l'hectare, on trouve pour. le travail de chaque machine les rdsultats suivants : macbine Bella, 1 hectare en 2 heures et 5 minutes; machine Laurent, 1 hectare en 2 heures et 15 minutes; machine Dray, 1 hectare en 3 heures UO minutes. Lejury, a l'unanimite, a rendu la decision suivante : Pas de premier prix, deux seconds prix d? 400 fr. et une medaille d'argent, a MM. Bella et Laurent, ex a>quo; Iroi- sieme prix, 300 fr. et une medaille de bronze, a M. William Dray. Les trois machines recompensees executent parfaitement le sciage des bles non verses, mais le probleme de la mise en javclles n'est pas resolu d'ane maniere satisfaisante. — M. Gaudry, ancien batonnier de l'ordre des avocats, nous a adresse un exemplaire de son interessante notice sur l'invention de l'eclairage au gaz et l'inventeur Philippe Lebon d'Humbei sin ; nous nous l'aisons un devoir de Fanalyser rapidemenl: L'eclairage par le gaz hydrogene bicarbone. est une des plus bejles decouvertes de notre age; elle a donne un nouv«?l aspect a nos villes, elle contribne a leur securite, elle ajoute a leclat de nos fetes; elle est, pour des Compagnies puissantes, le prhkipe 146 COSMOS. d'immcnses benefices , etc. Et cependant l'inventeur est mort pauvre, et la gloirc de l'invention a presque ete ravie a sa famille et a son pays. Philippe Lcbon naquit a Brachay, pres Joinville, Haute-Marne, le 29 mai 1757. II fat nomme", a vingl-cinq ans, in- genieur des ponts et chaussecs, et professa la mecanique quel- ques anncesapres a l'Ecole d'applicalion du gdnie. Vers 1797, un jour qu'il avait rempli une fiole de verre d'une certaine quantity de sciure de bois, pour la distiller sur un fourneau, il vit que les vapeurs degagees s'enflammaient au contact d'une allumette, en jetant une grande et vive lumiere. II fit traverser a ces vapeurs un vase rempli d'eaufroide, cette simple operation lui fit recon- naitre tout alafois que la distillation en vase clos des corps com- bustibles produisait de l'acide piroligneux, du goudron et un gaz inflammable pouvant egalement chauffer et eclairer. Enthousiaste de sa decouverte inattendue, il allait, repelant parlout aux habi- tants de Brachay : « Mes amis, je vous chaufferai, je vous eclai- rerai de Paris. » II communiqua son observation a Fourcroy, qui l'engagea vivement a la poursuivre et a l'etendre; il oblint, en 1799, un brevet d'invention pour l'extraction du bois tie I'huile et autres combustibles d'un gaz propre a l'eclairage et au chauffage. 11 donna a son appareil le nom de thermo-lampe, l'installa dans l'hotel Seignelay, rue Saint-Dominique-Saint-C.ermain, distribua la lumiere et la chaleur dans les apparlements, les cours, les jar- dins decores de mille jets, rosaces, fleurs, etc., dessinees par le gaz allume, et invita lout Paris a contempler la nouvelle mcrveille. En 1803, il etablit dans la foret de Bouvray, pres le Havre, de grands appareils de distillation du bois, et livra a la marine des quantites notables de goudron vegetal. Les princes russes Galitzin et Dolgorowki, temoins de ses succes, lui proposerenl d'acheter son invention au prix qu'il fixerait lui-meme ; il refusa, disant qu'elle appartenait a Ja France, qui seule devait profiter du fruit de ses travaux. Mais, helas! l'annee suivante, le jour meme du sacre de Napoleon Bonaparte, 2 decembre 1804, il mourait a trente-six ans, frappe, dans les Champs-Elysees, de plusieurs coups de couteau portes par une main inconnue. Bestee veuve, sans fortune, etavec un tils mineur, MmeLebon put en 1811 repe- ter, avec un nouveau therrno-lampe, dans une maisons du fau- bourg Saint-Antoine, la grande experience de la rue Saint-Domi- nique. Cette memo annee, elle gagna le prix de 1 200 francs propose par la Societe d'encouragement, et obtint une peasion viagere de 1200 francs. Mais elle mourut, he'las! en 1813, nckls- COSMOS. 147 sant absolument rien a son flls, alors eleve de l'Ecole polytech- nique, devenu plus tard offlcier superieur, et qui n'a pu laisser h son tour, a ses deux lilies, qu'une glorieuse pauvrete. En 1815, un Anglais, Windsor, se fit delivrer un brevet d'im- portalion de l'eclairage au gaz transforme en invention anglaise; et aujourd'hui encore une epitaphe mensongere, que chacun peut lire au cimetiere du Pere-Lachaise, fait de Windsor le createur a jamais illustre decette grande Industrie I « Telle est, dit en finis- sant M. Gaudry, la destinee des inventeurs et des homines de ge"nie. lis sacrifient leur fortune, leur existence et l'avenir de leurs fa- milies, et lorsque le ciel leur a donne une de ces pensees fecondes qui enrichissentleur pays et le monde, on leur dispute jusqu'a leur gloire ; ils meurent dans l'indigence, et leurs enfants peuvent a peine ressaisir l'heritage d'honneur qu'ils ont laisse. » Jacquard, 1'inventeur reconnu par tous du metier a filer ; le marquis de Jouffroy, 1'inventeur incontestable de la navigation a vapeur; de Girard, 1'inventeur illustre de la filature mecaniquedu lin, auquel on a rendu une justice tardive; Lebon, 1'inventeur ingenieux du thermo-lampe ; et derriere ces quatre bienfaiteurs de l'humanite' quaire families ruinees et qui vegetent a peine, voila, certes, trop de preuves eloquentes et douloureuses de la verite rappelee par M. Gaudry. Sa Majeste l'empereur Napoleon III est appele sans aucun doute a reparer, autant qu'il est en sa puissance, ces cruelles rigueurs du sort. — Le 10 aout, a k heures et demie du soir, la lune passera de- vant une e'toile de premiere grandeur, savoir, Antares ou le coeur du Scorpion. Pour Paris, l'eclipse de cette etoile commencera a k heures 2k minutes, et finira a 5 heures 23 minutes, apres avoir dure pres d'une heure. A la verite, cette occupation aura lieu en plein jour; mais comme la lune se voit tres-bien a toute heure, sous la forme d'un petit nuage blanc arrondi d'un cote, l'obser- vation sera facile. L'etoile s'eclipsera dans la partie non eclaire'e du disque de la lune, qui sera alors agee de dix jours et tournera vers l'occident sa portion arrondie et illuminee par le soleil. Ce sera en meme temps une occasion favorable de voir une etoile en plein jour avant ou apres l'occultation. Le phenomene sera visible depuis 62 degree de latitude nord jusqu'a 6 degres de latitude sud. JT- I'll " ' "" "■' "* I " I '"' ' " I I ,,'gsi MI0X0G1UMIE. Programme »I« prix foiide par M. lc due de Luyn.es. « line des applications les plus interossantes do la pbotogra- •phie est la reproduction fiddle et incontestable des monuments et documents historiques et artistiques que le temps etles revo- lutions finissent toujours >par detruire. Depuis les immortelles deYouvertes deNiepcc, Daguerre et Talbot, les arcbeologuesse stmt vivement preoccupes de cette imporlante application, qui doit fournir des elements si 'precieux aux siecles fulurs. Mais •pour un art dont les 'produits >ne leur presenteront pas des garanties sufflsantes de duree, et ne se fieront pas aux promesses qui leur seront faites a cet egard , de quelque autorite qu'ellesemanent, quand le temps n'aura pu en donner une consecration incontestable. COSMOS. 149 (( La connaissance quenous avons aujourd'hui des proprietes physiques et cliimiques des corps suggere des objections dont le tfemps pourra seul preeiserla ported. (( Les elements chimiques qui constituent le dessin d'une dpreuve positive existaient, primitivement, a l'etatde dissolution dans les liqueurs qui ontservi a la preparation photogenique des papiers. Its sont done solubles dans des re'actifs chimiques appro- pries ; et; bien que l'on puisse admettre que, dans les conditions ou' les epreuves seront conservdes , elles ne se trouveront pas exposees a des agents semblables, aucun cbimiste ne peut assu- rer qu'iine alteration analogue de ces substances ne pourra pas 6tfe produite, dans la suite des temps, par des agents bien moins ghergiques que fair pourra leur presenter, ou qui pourront se ddvelopper en quantity tres-niinime dans les espaces ou les epreuves sejourncront. D'un autre c6td, les quantite's ponde- rables des me'taux quiforment les noirset'les demi-teintes de nos dpreuves sont extraordinairement petites^ elles' sont fixees sur le papier par des affmites tres-faibles. Aucun metal n'est absolu- ment fixe aux hautes" temperatures de nos foyers ; et, quelque faible que Ton veuilte supposer leur tension de vapeur aux tem- peratures ordinaires, nepeut-on pas craindre que la vaporisation seule fmira par les dissiper? Les conditions dans lesquelles on conservera les epreuves dans les bibliotheques, e'est-a-dire reliees en livre ou superposees dans des cartons, ne faciliteront-elles pas cette alteration, ainsi que pltisieurs pliotograpbes ont cru le reconnaiti*e sur les epreuves1 fixees par les ancienries me'thodes, en presentant a chacune des molecules metalliques un grand nombre de particules de papier, semblables a' celle sur laquelle elle se trouve flxee, et' qui peuvent en faciliter la diffusion ? « Le carbone est, de tOutes les matieres que la chimie nous a fait connaitre, la plus fixe et la plus inalterable a tous les agents chimiques aux temperatures ordinaires de notre atmosphere. Ce n'est qua des temperatures elevees, celle de la combustion vive, que le carbone1 disparait en se combinant avec 'oxverene. La conservation des ancien manuscrits nous prouve que e cnarbon, fixe" sur le papier a l'etatde noir de fumee, se conserve sans alte- ration pendant bien des siecles. II est done ^vi-lent que si Ton parvenait a produire les noirs du dessin phoiugiapliique par le charbon , on aurait pour la conservation des epreuves la meme garantie que pour nos livres imprime's, et e'est la plus forte que Ton puisse esperer et desirer. 150 COSMOS. « Depuis quclques annees, bien des tentatives ont £te faites pour transformer lcs epreuves phologeniques en planches pou- vant servir au tirage d'un grand nombre d'epreuves par les pro- ce"des de la gravure ou dc la lithographic Si ces tentatives n'ont pas donne" jusqu'ici un succes complet, si les epreuves qu'elles ont fournies sont inferieures, au point de vue artistique, a celles qui sont produites par les procedes photograpliiques ordinaires, on peut dire neanmoins que les resullats sont de nature a faire concevoir de grandes esperances, et Ton ne peut pas douter qu'ils ne se perfectionnent rapidement entre les mains des artistes habiles qui ne manqueront pas de se livrer a ce genre d'dtude. La haute importance du but qu'il faut atteindre, et les benefices industriels qui peuvent en etre la consequence, stimuleront l'ar- deur dans les diverses specialites qui peuvent y concourir. « C'est pour hater ce moment tant desire ou les procedes de l'imprimerie ou de la lithographie permettront de reproduire les merveilles de la photographie, sans l'intervention dans le dessin de la main humainc, que M. le due de Luynes, dont le monde scientiflque a pu appre"cier depuis longtemps le devouement eclaire* aux sciences et aux arts, vient de fonder un prix de 8 000 fr. pour l'auteur qui, dans le delai de trois annees, aura resolu ce probleme d'une maniere qui sera jugee satisfaisante par une commission nommee a cet effet par la Societe francaise de photographie. « Le but de M. le due de Luynes etant de stimuler le zele des personnes qui se livrent a ces importantes recherches, et de les indemniser , en partie , des ddpenses qu'elles ne'eessiteront, dans le cas ou la commission jugerait qu'aucun des concurrents n'a suffisamment satisfait aux conditions du programme pour obtenir le grand prix , elle pourra donner , a titre d'encourage- ment, une partie de la somme qui y est affecte'e et dont elle flxera l'importance , a l'auteur ou aux auteurs qui auront fait faire les pas les plus importants vers la solution du probleme, soit par la de"couverte de nouveaux moyens, soit par le perfectionnement de ceux qui sont aujourd'hui connus. « Independamment de la fondation du prix de 8 000 fr. pro- pose* pour la gravure ou la lithographie photograpliiques dans les conditions du programme, M. le due de Luynes met a la dis- position de la Societe une somme de 2 000 fr., destinee a rdcom- penser l'auteur ou les auteurs qui, dans une periode de deux annees, auront fait faire les progres les plus importants au tirage COSMOS. 151 des epreuves positives et a leur conservation , soit par la decou- verte de nouveaux procedes, soit par une etude complete des diverses actions chimiques et physiques qui interviennent dans les procedes employes ou qui influent sur l'alteration des epreuves. o Le concours relatif au prix de 8 000 fr. sera clos le ler juillet 1859. « Le concours relatif au prix de 2 000 fr. le sera le ler juillet 1858. « Les membres de la Socie"te ne sont pas exclus du concours. « Les Memoires et pieces a l'appui se rapportant a l'un ou a 1'autre prix devront etre adresses au siege de la Societe frangaise dephotog rapine avant 1' expiration de ces delais, qui sonldetoule rigueur. « La Societe n'exige pas que les procddes qui lui seront adres- se"s soient tenus secrets, et elle n'entend priver aucun inventeur des droits que lui confereraient les brevets qu'il aurait pu prendre. (( Les pieces ou Memoires qui seraient adresses sous paquet caehete, seront conserves jusqu'au jour de la cloture du concours, epoque a laquelle les paquets seront ouverts. « Dans les seances de juillet 1858 et 1859, la Societe nommera des Commissions chargees d'examiner les differentes methodes soumises a son jugement. « Les Memoires et pieces a l'appui ne seront pas rendus, ils seront deposes dans les archives de la Societe. » AGADEMIE DES SCIENCES. Seance du 4 aoul. M. Faraday, rillustre physicien et chimiste anglais , assiste a la stance et recoit les compliments les plus empresses. — Son excellence M. lemarechal Vaillantcroit devoir, dans une longue letlre, appeler l'altention de FAcademie de Dijon sur les dangers des ascensions en ballons captifs. 11 trace l'histoire ra- pide du plus grand nombre des entreprises de ce genre , faites la plupart dans le but de reconnaissances mililaires, et indique les sources ou Ton pourra puiser a cet egard des documents cer- tains, etc. Pour entrer dans plus de details , nous attendrons que la lettre du marechal soit publiee. II nous suffira de dire aujoiir- d'hui que le probleme des ballons captifs est en effet un pro- bleme excessivement difficile, qu'il est presque impossible de maintenir un ballon en l'air pendant quelques heures seulement; que le vent ou la brise la plus faible suffisent a le rabattre sur le sol, apres un temps quelquefois tres-court. M. Biot sollicite neanmoins la creation, dans la plaine de Cre- nelle ou ailleurs, d'un etablissement aeronautique, dont plusieurs jeunes savants courageux et devoues servient appeles a faire par- tie, pour effectuer tour a tour, de temps en temps, aux differentes saisons de l'annee, des ascensions en ballon captif ou libre, ayant d'abord pour but special la determination de la loi du drcroisse- ment de la temperature dans les conches inferieures de 1'atmos- phere, au depart de la terre et jusque vers 1 200 ou 2 000 metres. — M. Le Verrier rend compte d'une petite campagne geode- sique faite a l'Observatoire imperial , dans le but d'arreter une methodepkisrigoureusementexacte, pour la determination de la difference de longitude entre deux lieux donnes. Les anciennes metbodes avaient pour point de depart le passage au meridien d'etoiles convenablement choisies : les deux observateurs deter- minaient, le plus exactement possible a la lunette meridienne, le moment du passage de l'astre , la difference entre les temps observes donnait la difference de longitude. Gette methode est rationnelle sans doute, mais la determination exacte du temps et du passage d'un astre au meridien est la plus delicate des opera- tions de Tastronomie , et l'experience a prouve que les erreurs dont elle est susceptible pouvaient atteindre jusqu'a une seconde de temps. Plus tard on eut recours a des signaux donnes par des COSMOS. 153 pbeuomenes astronomiques naturels, les eclipses des satellites de Jupiter, les occultalions d'etoiles, les etoiles filantes, etc. , ou produits, arlificielleinent, des i'eux allumes surles hauteurs, des fusees laucees en Fair, etc. j mais les nouvelles determinations restaient enlacbees des inenies erreurs, parce qu'elles suppo- saient toujours 1'evaluation exacte du temps de l'apparilion du signal. Dans ces dernieres annees on s'estservi, comme nous l'a- vons souvent rappele , du telegraphe electrique. Les deux obser- vateurs de Paris et de Londres, par exemple, de Londres et de Bruxelles, se signalaient mutuellement l'instant precis du passage au meridien par un averlissement electrique ; en faisant un nom- bre suffisant d'observations simullanees , on arrivait a eliminer l'influence de la vitesse de l'electricite ou du temps qu'elle met a s'elancer d'un lieu dans un autre; et Ton obtenait avec une ap- proximation beaucoup plus grande la difference de longitude cherchee. C'est un perfeclionnement de cette methode qui a eie etudie a FObservatoire imperial par M. Le Verrier et M. Villai - ceau dmie part, de 1'autre, par M. le colonel Blondel et M. le commandant Rozet, du corps imperial d'etat-major. Les instru- ments employes sont encore deux lunettes meridiennes, mais perfectionnees ou placees clans des conditions meilleures; les observateurs ont encore pour mission de saisir l'instant precis du passage au meridien d'une meme etoile, mais au lieu de sele signaler l'un a l'auti-e par des signaux electriques, ils rinscrivent ou le pointeut sur un meme cbronograplie electrique , semblable a celui qui sert mainteuant aux observations meridienues. La differenc(! entre les points traces cbimiquement sur la ieuille de papier du chronograpbe electrique, donne la difference de longi- tude. On a soin seulement, pom' se mettre a l'abri des erreurs personnelles, d'ecbanger les positions., c'est-a-dire que les obser- vateurs passent torn' a tour de l'une a 1'autre lunette meridienne. Les stations cboisies pour le premier essai de la methode fai- saient toutes deuxparlie de la terrasse de l'Observatoire, c'esl-a- dire que l'une de ces stations etait la lunette meridienne de rObsorvatoire, et 1'autre une tente dans laquelle on avait installe l'mstrument meridien de l'etat-major; on pouvait amsi evaluer directement la difference de longitude des deux stations, par la simple me&ure de la distance, et la comparer a la difference en longitude donuee pour les observations astronomiques ; l'accord a etc conslamment aussi parfaiL qu'il pouvait 1'etre, les deux nombres obtenus ne different entre eux que d'un centime dc 154 COSMOS. seconde, et il serait absurde de pretendre obtenir une approxima- tion plus grande. Le second essai sera fait tres-prochainement entre Paris et Bourges, et il est decide, si les resultats qu'il donne sont satisfai- sants, commeonnepeutguere en douter, qu'on recommencera la triangulation dela France. G'estune grande chose que cette asso- ciation de trois administrations ou directions centrales ; la direc- tion de l'Observatoire, la direction de l'etat-major, la direction des tele'graphes electriques, dans un but d'utilite publique incon- testable. M. Le Verrier rendait aujourd'huiun nouvel hommage a M. le comte de Vougy, toujours empress^ de preter son concours et celui de son administration a la science, dans les applications qu'il lui plait de realiser. M. Le Verrier nous permettra-t-il de lui faire remarquer que les perfectionnements apportes sous ses ordres a la lunette meri- dienne par MM. Villarceauet Brunner sont encore loin d'etre com- plets ? II faut absolument dchapper 4 la ne"cessite de retourner l'instrument pour s'assurer que l'axe optique est bien dans le plan meridien ; les chariots a l'aide desquels le retournement s'opere, les colimateurs k l'aide desquels se font les verifications, sont une amelioration, sans doute, mais e'est encore la, jusqu'a un certain point, l'enfance de l'art. La lunette meridienne doit etre amenee a se regler elle-meme sur place et sans retournement irrationnel, il faut absolument qu'elle donne immediatement et par le fait meme de 1' observation Tangle que fait a l'instant du passage son axe optique avec le plan meYidien, ou l'azimut zero. Tout recemment les astronomes out eu l'idee de se partager les petites planetes qu'il est impossible, en raison de leur nombre, d'observer toutes dans un meme observatoire. II est convenu que chaque astronome indiquera, dans le groupe, les astres qu'il adopte en quelque sorte, et qu'il observera regulierement. Partie de l'Amenque, cette pensee a ete favorablement accueillie en Angleterre; dejaMM. Gould, Fergusson, Bond, Challis, etc., ontfait leur choix. On s'attendait & voir la France entrer dans ce bien- heureux concert. On ne savait pas, helas! que la France est force- ment dans un etat d'inferiorite desolante. Le pouvoir optique des instruments actuels de notre Observatoire imperial est beaucoup trop faiblepour permettre, sous le ciel de Paris, 1' observation re- guliere et rigoureuse de la plupart des petites planetes. Oui nos grands cercles de Fortinet de Gambey, chefs-d'oeuvre d'un art mer- veill6ux, dont on a tant vante avec raison la precision incompara- COSMOS. 155 ble, sontcomme atteints d'une myopie incurable. La grande e'qua- toriale dont le pied a comme passe a l'etat de mythe et qui ne pourra pas etre installe" dans la coupole construite pour lui a si grands frais, dont l'objectif de quatorze pouces est, helas ! grave- ment compromis a son tour, n'existe pas et n'existera peut-6tre jamais, de sorte que nous n'avons rien, presque rien, a l'excep- tion de la lunette meridionnale de Cauchoix dont Tobjectif de six pouces est lui-meme souvent insuffisant quoique d'une perfection rare. Nous le savons d'une source certaine, cet etat de choses afflige profondement M. Le Verrier ; mais oserons-nous lui faire remarquer que ce n'est pas assez d'une desolation sterile? Avant six mois, s'il le voulait, ilserait en possession d'une lunette meri- dienne de neuf pouces d'ouverture, independante de toute flexion, se reglant elle-meme et donnantau moment de l'observation l'azi- mut zero, munie d'un cercle sur lequel on lirait directement la scconde, etc. Avant six mois , on aurait installe sur la terrasse de 1'Observa- toire la plus grande, la plus puissante lunette equatoriale du monde, avec son objectif de 19 pouces, ses cercles d'ascension droite et de declinaison, son mecanisme moteur et regula- teur, etc., etc. Oui, avant la fin del'annee qui court, notre Obser- vatoire pourrait, nous en avons la conviction absolue, s'elancer au premier rang, si, ce qui est un devoir quand il s'agit des grands interets de !a science et de l'honneur national, on pouvait faire taire certaines questions de personnes et de susceptibilites person- nelles. Ah ! si notre humble voix pouvait etre e'coutee, nous ne verrions pas se renouveler la triste histoire d'un artiste eminent ecrase, desespere , reduit a la triste necessite de faire servir les chefs-d'oeuvre de son genie a accroitre la gloire des nations ri- vales. F. Arago et Cauchoix, quel cruel souvenir ! Non bis in idem I — M. Dumas pre"sente, au nom de M. et Mme Andre Jean, les rdsultats de l'education de vers a. soie, faite par eux en 1855 et 1856, a Neuilly, aux frais et sous le contr61e de la Societe d' en- couragement. Les resultats sont tout k fait remarquables ; ils prouvent jusqu'a l'evidence que nous sommes entres en posses- sion d'une race excellente, successivement ameliore'e depuis dix ans, remarquable par la grosseur et la blancheur des cocons, par l'eclat et la finesse des soies, etc., etc. Dans notre plus pro- chaine livraison, nous donnerons l'histoire complete des succes de M. et Mme Andre Jean, nous de"crirons en detail leur procede', 456 COSMOS. qui n'a pas ete publie encore; nous ne nous y arreterons done pas aujourd'hui. — M. de Quatreiages presente, au nom de M. Paul Gervais, unc theorie du squelelte humain. — M. Despretz depose sur le bureau deux niemoires, Tun de NL Quel, recteur de l'Academie do Desancon, relatif k la diffrac- lion dans le cas d'une ouverture etroite etd'un Ql opaque ; l'autre de M. Matteucci, sur l'elat electrique induil dansun disquemetal- lique ea rotation, sous l'influence d'un aimant ; nous analysei'pns sables et l'eau de la cuve'te evaporee , avec 0\50 acide oxalique, ont donn:'' Azote — 0S,011&. COSMOS. 165 pourT'esUltat, nnn-seulement de marquer le moment precis ou les plantes commencent a absorber l'azote gazeux de l'atmos- phere, mais encore dcnous fournir la preuve que les traces pres- que inappreciables d'ammoniaque que l'air 0",mtins[Z — 3.25 i] Ainsi, Fetendue de la section commune a l'ensemble des fais- ceaux lumineux et a une couche atmospherique quelconque, et par suite les chances d'interception de ces rayons ou des phases de la scintillation produites dans cette section, croissent avec la distance zenithale de l'etoile a tres-peu pres dans le meme rap- port que la refraction astronomique. Mats nous avons vu aussi qu' a l'egard d'un seul rayon, considere individuellement sur le trajet \mb, la frequence des interceptions possibles augmente avec l'etendue de ce trajet ou de cette epaisseur; si nous tenons compte a la fois des deux consequences legitimees par tout ce qui precede, nous arrivons a ce resultat final : « La frequence ou l'intcnsite de la scintillation est a peu pres proportionnelle au produit obtenu en multipliant la refraction par l'epaisseur de la masse d'air que les rayons stellaires tra- versent. Cette concordance de la theorie et du resultat des observations de M. Dufour, qui n'est aucunement forcee, me parait tres-im- portante comme venant en preuve de la verite des considerations sur lesquelles la theorie que j'ai emise repose. II serait impossi- ble, me semble-t-il, d'amener une liaison semblable entre les faits observes etla theorie de M. Arago. Ainsi, on ne ddcouvre aucune dependance entre les interferences, qui sont la base de cette der- niere, et la grandeur de la refraction astronomique. Si, d'autre part, on presui \ de prime abord, que les chances d'interception COSMOS. 195 des rayons lumineux occasionnees par ces monies phenomenes d'interference, devicnnent plus nonVoreuses avec l'epaisseur de la couche d'air traversee, un exomen plus profond monlre que cette consequence n'est pas rigoureuse. En effet, clans la theorie de M. Arago, l'extinction mutuelle de deux rayons de merae teinte interfe rents, depend seulement de Fetat final de lews ondulations pres de I'ceil. Ainsi, par exemple, si les ondulations de deux rayons rouges voisins et qui proviennent d'une meme e'toile, se trouvaient dans des conditions d'extinction relatives a une cer- taine distance de l'observateur, il peut tres-bien arriver qu'au moment ou ils penetrent dans I'ceil, ces rayons se retrouvent dans des conditions ondulatoires concordantes; et cela par lefait de leurs passages au travers de petites portions d'air de densites differentes, plus proches de I'ceil. Ainsi, des rayons qui, d'apres les idees de M. Arago, seraient dans des conditions d'interference en un lieu donne de leurs trajectoires, peuvent tres-bien passer altera ativement par des etats successivement opposes, avant d'at- teindre I'ceil, la ou ils devraient mutuellement s'eteindre ou ren- forcer leurs impressions sur la retine. D'apres ma theorie, il ne peut en etre ainsi : des l'instant qu'un rayon lumineux se trouve dans les conditions d'interceplion dans son trajet vers I'ceil, et cela par l'interposition de la surface re- flechissante d'une onde aerienne, il ne peut en aucune maniere continuer son mouvement vers I'ceil du spectateur, aussi long- temps que rinterception persiste. Le meme rayon ne peut egale- ment etre reflechi vers I'ceil par une autre onde, pour y donner lieu a une impression accidentelle perceptible, comrae je l'ai prouve", du reste, dans une addition recente a mon premier travail. J'espere trouver dans la seconde partie des observations que M. Dufour promet de publier, les memes moyens de confirmation de mes idees sur la cause de la scintillation que j'ai rencontree dans la premiere partie. S'il m'est permis d'emettre quelques presomptions a l'avance , je pense que generalement M. Dufour verra les etoiles scintiller plus fortement aux approches de trouble ou de changement dans l'etat atmospherique ; car ces changements tendent a favoriser la production des ondes aeriennes. La pluie, en augmentant le degre d'humidite de 1'air, accroit incontestablement son pouvoir dispersif ; mais elle tend aussi parfois a rdpandre plus d'homogeneite de temperatures dans les couches d'air inferieures. Les grands froids qui se pro- 196 COSMOS. ncmcent pendant certains nuits d'hiver, donnent naissance a des ondes plus froides que la masse ambiante et qui sont element capablcs des effets de reflexion totale. On s'expliquerait amsi pourquoi les etoiles scintillent fortement en hirer quand le ciel Enfln il ne serait pas impossible qu'a l'entree et avant la sortie de la n'uit la scintillation d'ctoiles de meme couleur et d'egal eclat observers a de memos hauteurs au-dessus de l'honzon, manifestassent des differences qui n'echapperont point a M. Du- four si ces etoiles se trouvent dans des azimuts tres-differents. Les rayons des deux etoiles traverseraient des regions atmosphe- riques superieures opposees, dans l'une desquellcs les rayons du soleil longlemps avant son lever ou apres son coucher, teraient naitre des ondes aeriennes qui n'existeraient pas dans l'autre region privee de ces rayons. Dans Taddition a mon meinoire, a laquelle vous avez fait allu- sion dans le numero du Cosmos du 11 juillet, j'ai demontre pour- quoi la planete Venus, dont la scintillation est parfois si vive ne Line jamais lieu qu'a des variations d'eclatsans changement de couleur, comme je l'ai constate a l'aide de mon scmtillometre. II m'a para important de demontrer pour quelle raises les pe- tites planetes, Venus et Mercure, dont la scintillation est incontes- table, ne produisent que de simples changements d'intensite par- fois bien prononces. » A. ■S'B.AB'iBLAir , proprieiatre gerunl. rue Gaunciure, 0. • I ° Iinpmnerie do W. IUmquet et Cie, T. IX, 22 aout 1856. Cinqui&me annee. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Nos lecteurs liront avec interet la note que M. l'abbe Raillard nous adresse sur plusieurs orages qui ont eclate dans la Bour- gogne, la semaine derniere, et qui ont offert quelques particula- rity dignes de remarque. (( Le soir du 10, un nuage s'est forme sur Dijon et a donne des eclairs tres-frequents. Tous ces eclairs descendaient a terre, a Fexception d'un tres-petit nombre. Le nuage, d'abord de peu d'apparence, grossit rapidement et s'adjoignit d'autres images qui (Haient autour de lui. A environ 50 kilometres au nord, pres de Wontormentier, un nouveau foyer d'eclairs s'est forme quelques minutes apres le premier, donnant aussi des eclairs qui devinrent de mfime tres-multiplies, et qui atteignaient presque tous le sol comme ceux du premier. Bient6t les deux nuages, grossissant continuellement, ne flrent plus qu'une grande nuee. La foudre a decbire plusieurs peupliers aux environs de Montormentier, ou je me trouvais; il a allume des incendies dans plusieurs villages, notamment a Celsay, a Test de Langres, oil quinze maisons ont ete brulees. La marche de la nuee e"tait du sud-ouest au nord-est. « D'apres la tbeorie que j'ai donnee, il y a six ans, sur la for- mation des eclairs, et que le Cosmos a fait connaitre dans son pre- mier volume, la frequence des eclairs s'explique facilement par la rapidite des accroissements que preud un nuage. « Le soir du 12, il s'est forme sur Montsaugeonnais un nuage ayant aussi deux foyers d'eclairs. Ces deux foyers etaient assez pres l'un de l'autre. Ce qu'ily a eu de curieus, c'est que pendant assez longtemps ils ont donne des eclairs alternativement; ceux de l'un arrivant sept a huit secondes apres ceux de l'autre. Ce'a a dure pendant tout le temps qu'il y eul entre eux un intervallc sans pluie. Les eclairs descendaient tous sur le sol. J'ai regrelle de n'avoir pas eu, en ce moment, un electrometre pour rccon- 198 COSMOS. naltre l'espece d'electricite qu'ils donnaient ; ce qui cut ete inte* ressant pour la tbeorie. « J'ai vu distincteuient au-dessous de l'un d'eux une portion d'arc-en-ciel dc lune. « Dans la nuit de 13 au \h a eclate sur Dijon un orage remar- i piable par la frequence extraordinaire des eclairs, lis ont ete pendant quelque temps si rapprocbes qu'on pouvait lire aise- ment a leur lumiere. Aussi le tonnerre grondait continuellement? inais on n'entendait de forts eclats qu'a la suite d'eclairs qui avaient donne une vive lumiere et dont une partie du sillon avait para sous le nuage ; le reste s'enfoncait dans les profondeurs de Ja nuee. Ces eclats, beaucoup plus forts, se faisaient entendre de sept a neuf secondes apres l'apparition du sillon : d'ou j'ai conclu que le nuage avait une bauteur considerable. Je n'ai vu que tres- peu d'eclairs atteindre le sol. Le mouvement de la nuee a du 6tre bien lent, car l'orage a paru s'arreter sur Dijon pendant une heure environ. La frequence des eclairs a diminue graduellement, et a la fin ils ne brillaient qu'a des intervalles de plusieurs minutes ; mate alors ils donnaient naissance a des roulements de tonnerre qui sepro- longeaient pendant plus de soixante et meme plus de soixante- dix secondes : d'ou il suit que leur longueur depassait de beau- coup 20 kilometres. La theorie que j'ai rappelee ci-dessus rend compte aisement de toutes ces particularites. « Dans cet orage, le plus grand nombre des eclairs ne laissait point voir de sillon; de sorte que ceux qui admettent une classe d'eclairs a lumiere vague et sans trait lumineux, en auraient cru trouver ici un nombre considerable. Or , c'eut ete , selon moi, une illusion ; car je n'admets qu'une classe d'eclairs. Si, pour un grand nombre d'eclairs, on n'apercoit pas de trait lumineux, c'est que le sillon est cache dans l'epaisseur du nuage ou de la pluie, et que Ton n'en voit la lumiere que par reflexion ou par refraction sur ou a travers les gouttes de pluie ou les globules dont le nuage se compose. Les nuages ou la pluie jouent alors le r61e d'un sjideau ou d'un transparent place devant la flamme d'une bougie. Ainsi je n'admets point ce qu'on est convenu d'appeler eclairs de chaleurs. Je n'admets pas davantage les eclairs sans tonnerre. Lorsqu'on n'entend pas de bruit a la suite d'un eclair, c'est que eelui-ci est trop eloigne ou qu'il a eclate dans des regions trop elevees. Or, ce dernier cas a du se presenter souvent dans le der- nier orage dont je parle, ou les eclairs ont da briller a une hau- COSMOS. 199 teur de 12 ou 15 kilometres. A cette hauteur le bruit d'une de"- charge electrique doit etre bien different de celui qui se produit dans des regions inferieures. — Par une depeche telegraphique expediee des abords de l'ile de Galite, sur la c6te de Tunis, en date du samedi 16 aout, M. John Brett donne avis de son arrivee dans ces parages avec le cable sous-marin en parfait etat; la communication entre Tex- treinile du cable et la Corse ne laisse rien a desirer. On a franchi des profondeurs de plus de 2 000 metres avec un succes complet. La distance de Galite a Bone n'est pas le cinquieme de la dis- tance de la Sardaigne au rivage de TAlgerie, et la profondeur des eaux ne depasse pas 150 brasses ; on peut done considerer 1'ope- ration de la pose du cable mediterranean comme termine'e. M. Tingenieur Delamarche et le commandant du Tartare sontal- Jes a Bone chercher les engins necessaires a fixer le cable au ri- vage de l'ile; M. Brett a demande a Londres, par le telegraphe, la longueur de cable qui doit relier Galite a Bone. II faudrait etre de bien mauvaise foi pour trouver etrange que le cable apporte d'Angleterre n'ait pas eu la longueur suftisante, lorsque Ton voit les ablmes enormes qu'il a fallu traverser, les doubles pentes de 2 000 metres sur lesquelles le cable a du se derouler; il a fallu 4 000 metres de fil conducteur la ou quelques centaines de metres auraient suffi si l'abime n'avait pas existe. — M. Tremblay, capitaine d'artillerie de marine, nous avait in- vite a assister au nouvel essai qu'il a fait au polygone de Vin- cennes, le 29 juillet dernier, de son porte-amarre de sauvetage. II s'agissait de determiner le rapport a e"tablir entre la resistance des cordes a developpcr et la puissance des fusees poussees aux der- nieres limites. On a lance trois fusees-grappin : la premiere etait du calibre de 9 centimetres, chargee avec la composition de la guerre, plus vive que celle de la marine, sa puissance etait d'environ 400 kilogrammes; elle a developpe 419 metres d'une corde de 13 millimetres de diametre, de 950 kilogrammes de re- sistance et pesant 48 kilogrammes un quart; la portee reelle a ete" de 355 metres, avec une deviation de 2m,80; Tangle de tir e"tait de 50 degres. La seconde fusee avait une puissance de 550 kilogrammes; elle a developpe 435 metres d'une corde de 15 millimetres de diametre, d'une resistance egale a 1 600 kilogrammes et pesant 79k,385; la portee reelle a ete de 380 metres, ce qui est fort beau ; il n'y a pas eu de deviation ; Tangle de tir etait de 48 degres. 200 COSMOS. La troisieme fus^e avait 12 centimetres, elle e"tait chargee de 21 kilogrammes de poudre, ce qui lui donnait une puissance de 1 600 kilogrammes; elle a developpe 300 metres d'une corde de ffl millimetres; a cette distance, un maillon de la chalne qui re- liait la corde a la fusee a manque; la corde est descendue a terre sans se rompre, la fusee est alle tomber a pres de 2 000 metres ; cette experience prouve qu'il sera necessaire de soumettre les chatnes a une epreuve directe. — M. leDrBlanchet nous atransmis un resume de son memoire sur l'universalisation de l'enseignement des sourds-muets et des aveugles; sur l'urgence, la possibilite et les avantages de la reu- nion des sourds-muets avec les parlants dans les ecoles. En France, sur 30 000 sourds-muets, 2 000 seulement recoivent une instruction convenable. A Paris, au contraire, grace aux petites ecoles fondees sur buit points de la capitale , tous les sourds- muets, tous les aveugles, peuvent, si les parents le veulent, rece- Toir le bienfait de l'instruction dans les classes annexees aux ecoles communales ou ordinaires , et qui font participer les sourds-muets, en commun avec les parlants, a tous les exercices oil le concours des yeux est seul necessaire, comme l'ecriture, le dessin, etc. ; un certain nombre d'eleves parlants secondent le maitre pour l'enseignement de la lecture sur les levres et de l'ar- ticulation. Ce systeme d'education, saisissant les jeunes sourds- muets des leur plus bas age, a l'immense avantage de les main- tenir au sein de leurs families, de les placer dans les dcoles au milieu des autres eleves, qui deviennent ainsi leurs compagnons d'etude et de jeu, ce qui etablit entre tous des liens de camara- derie et de charite, qui auront infailliblement sur leur avenir la plus heureuse influence. Pour hater l'universalisation de cet en- seignement et l'application de ces moyens si simples, M. Blancbet engage les conseils ge'neraux a proposer des primes d'encourage- ment a tout instituteur qui recevra des sourds-muets ou des aveugles dans son e'cole pour so livrer a leur enseignement, et a donner des secours aux parents qui lui confieront leurs enfants inflrmes. — La.Socie'te d'encouragement a donne recemment son appro- bation au manometre metallique de M. Desbordes, qui se recom- mande par son extreme simplicite et son bas prix. La pression de la vapeur s'exerce sur la mte d'un petit piston par rinlcrmediaire d'une membrane de caoutchouc vulcanise ; le piston, par son ex- tremite opposee, agit sur le milieu d'une petite lame d'acier COSMOS. 201 trempe, dont les oscillations correspondent par leur amplitude plus ou moins grantle a rintensitd de la pression de la vapeur: pour rendre ces variations plus sensibles, la flexion de la lame est transmise a une aiguille qui se meut circulaireraent sur un cadran divise, et dont les mouvements sont multiplies dans un rapport sufusamment grand ; quand la pression a cesse, l'aiguille est ramenee a son point de depart par une petite lame faisant ressort. Cet appareil n'est sujet, en marche, a aucun derange- ment; il echappe, par sa construction meme, a l'influence per- turbatrice exercee par les pressions et les secousses, quand il est applique a des machines en mouvenient; il ne redoute rien de l'effet du froid; ses indications sont tres-preoises, et son sys- teme de graduation satisfaisant , meme pour les pressions ele- vens, etc. On pourrait craindre qu'il ne fonctionnat pas tres- longtemps, en raison de l'usure que doit subir le petit levier en laiton sur lequel appuie la lame d'acier; mais l'entretien a forfait a des conditions tres-modiques auquel l'artiste s'engage est une garantie suffisante, et, de fait, le manometre metallique devient d'un usage de plus en plus general. — M. Folcber a remarque que la rosee qui se depose sur les feuilles de la pomme de terre prend souvent la consistance d'un liquide noir et visqueux; il a suppose que le liquide, en s'ecou- lantle long des tiges y formait les traces brunes que Ton observe sur les plantes malades, et qu'il gagnait de la les tubercules pour y produire le meme genre d'alteration. Pour obvier a cette cause presume'e du mal, M. Folcber propose , des que les tiges ont atteint une hauteur moyenne de 30 centimetres, de les coucher dans la direction du nord, et de les recouvrir de terre, en ne laissant libre que leur extremite. M. le maire de Mirecourt atteste qu'il a constate en presence de deux habitants notables de la com- mune, que des plantes prises au hasard dans des cultures faites par le procede de M. Folcber out donne des produits parfaitement sains et plus abondants que ceux des plantes arrachees par compa- rison dans des cultures voisines faites par la methode ordinaire. M. Vilmorin est d'avis que les experiences de M. Folcher sont faites dans une bonne voie, et il a sollicite l'insertion de sa communi- cation dans le dernier bulletin de la Societe d'cncouragement. — Cette meme Societe recommande les belles collections de fruits, de racines, etc. que M. Ledion prepare avec une pate plastique etdes couleurs de son invention. Ce sont, ditle rappor- teur, M. Vilmorin , des reproductions tres-fideles. des objets, de 202 COSMOS. tres-bonnes figures scientifiques, des descriptions parlantes qui ne laisscnt rien a desiror; ellcs doivent au talent dc TartisLe une verite d' imitation tout a fait rem arquable; et a la nature particu- liore descouleurs qu'il emploie de pouvoir 6tre maniocs, essuyees, lavees m^rne sans alteration , dc resistor sans se rompre ni s'email- ler a des chocs assez violents. Par line reunion de combinai- sons beureuses, fruit deplusieurs annees de rechercbes et d'etudes, M. Lcdion est arrive a pouvoir donncr pour 24 francs une dou- zainc dc modelcs de fruits d'unc execution tout a fait remarquable. Elle approuve la metbode d'assainissement des fabriques de produits chimiques de M. Kubltnan, quiconsiste essentiellemenTa condenser toutcs les vapeurs acides aumoyen du carbonate de ba- ryte nalurel; les re'sidus de la concentration sont duchlorure etdu nitrate de baryte que Ton transforme en baryte pure, dont di- verses industries tireront un grand parti ; ou du sulfate de ba- ryte, connu dansle commerce sous le nom de blanc fixe et dont les debouches deviennent de plus en plus considerables. — Nous avons beaucoup admirdles planches pour l'impression des tissus que M. Ileilmann grave parun procede nouveau de son invention. Une mortaise a pedale donne le mouvement a un outil tranchant, qui peut etre de forme quelconque, mais qui est le plus souvent une pointe ou burin rond : un tube a deux branches lance constamment deuxflots de gaz d'eclairage convergent dans la direction de l'outil qui, sous Taction de la flainme, s'echauff'e rapidement pendant sa marche ; le bois qu'il s'agit de graver en creux et sur lequel on a trace le dessin a reproduire, est conduit a la main et recoit Taction de Toutil; celui-ci penetre le bois a une profondeur constante enlebrulant, etproduit un creux dont les contours ont une nettete et une regularity remarquables ; on obtient de la sorle en deux ou trois jours au plus une planche ou matrice qui exigeait un mois dans le systeme de cuivres im- plantes en relief sur le bois, ou une semaine par le systeme de gravure en creux par compression. Le bois a gravure, pour qu'il ne se fendille pas, doit subir une preparation speciale qui consiste en une mise au four conduite avec les plus grands soins. En cou- lant dans la matrice obtenue un metal fondu, forme : dc plomb un tiers, zinc un tiers, antimoine un vingtieme du tout, on obtient des cliches dont on remplit les vides avec de la colophane en fu- sion et que Ton soumet a Taction d'une machine a raboler : on dissout la colophane avecl'essence de terebenthinc ; on fait, quand il est ne'eessaire, au grattoir vertical, les petites retouches COSMOS. 203 toujours insignifiantes , et la planche est prete a fonctionner. — Encore les sonneries electriques qui demandenl a retentir! M. Robert Houdin nous prie d'inserer les quelques lignes qui suivent : « Afin d'eviter de nouvelles reclamations des nombreux inven- teurs de sonneries electriques, el en meme temps pour tranquil- liser mon ami M. Paul Gamier, je viens vous prier de faire con- naitre que la sonnerie que j'ai imaginee il y a deux ans, et a Jaquelle mon fils a apporte un perfectionnement, n'a aucun rap- port avec celles qui avaient ete' inventees avant cette epoque, et que je ne reclame d'anteriorite que pour ma propre invention, laissant a chacun le merite et la priorite de ses oeuvres. « Voici dureste en quoi consiste cette invention : au lieu d'une transmission d'heure a 1'aide de la sonnerie d'une horloge et d'une pile d'attente, ainsi que cela s'etait deja pratique sous tou- tes formes, j'ai applique a une pendule electrique de mon inven- tion une disposition qui faitsonner les heures sous Taction meme du seul element de Daniel qui fait marcher la pendule, sans qu'il y ait pour cela une consommation appreciable d'electricite. (( Maintenant, commeM. Paul Gamier pretend que les sonneries sur un petit timbre ne sont qu'un jeu, j'ajouterai que je suis en mesure de faire sonner, d'apres des principes analogues a ceux que je viens de decrire, telle cloche que Ton pourrait me desi- gner, fut-ce meme lc bourdon de Notre-Dame, et que mon inven- tion n'est point un projet, mais une chose realisee. <( Je ne puis m'empecher, en terminant, de signaler, sans vou- loir en tirer aucun avantage, que j'etais le seul a l'Exposition de 1855 qui eut realise l'idee des sonneries electriques, et pourtanl c'eut ete une belle occasion d'etablir des droits a une invention si chaudement reclamee. » — La trente-deuxieme reunion des Naturalistes allemands aura lieu cette annee a Vienne; elle commencerale 16 septembre pro- chain, pour se terminer le 22 du meme mois. Les travaux seront repartis entre dix sections : mineralogie, geologie et paleontolo- gie; botanique et physiologie vegetale; zoologie et anatomie com- paree; physique, chimie, cosmographie et meteorologie ; mathe- matiques et astronomie; anatomie et physiologie ; medecine, chi- rurgie, ophthalmologic et obstetrique. MM. les secretaires esperent que MM. lesvisiteurs etrangers qui de'sirent avoir des appartements prives voudront bien leur indiquer la position et le nombre de pieces qu'ils desirent, et aussi le jour et l'heure de leur arrivee. PHOTOGRAPHIE. Sur le stereoscope Par M. Sdtton If. Sutton formule en ces tertnes la regie a suivre pour prendre deux vucs stereoscopiques : « L'angle dc convergence entre les axes des deux chambres obscures dirige"svers le centre de l'objet doit etre e'gal a Tangle de convergence entre les axes des deux yeu\ diriges vers le merae centre , sur l'image virtuellc vue clans le stereoscope. » M. Sutton montre par deux exemples comment on fait l'appli- cation de ce principe. Premier exemple. Stereoscope lenticuhiire ordinaire. Les pro- portions donnees a l'instrument de'terminent , dans ce cas, le rapport entre la distance de l'objet et la distance des centres de la cbambre obscure, dans ses deux positions. Supposons que la distance focale des lentilles du stereoscope soit de 6 pouces, la distance des images aux lentilles de 5 pouces, la distance moyenne de l'objet de 10 pieds, quelle devra etre la dis- tance des deux points de vue on des centres des deux cbambres obscures? Dans ce cas, la distance moyenne des images virtuelles vue dans le stereoscope est de 30 pouces ou de douze fois 2 pouces et deini; In distance des centres des chambres devra par consequent etre le douziemedela distance moyenne de l'objet ou de 10 pouces. Si la distance de l'objet avait ete de 5 pieds au lieu de 10, la distance des deux centres aurait ete dc 5 pouces ; si la distance des objets avait ete de 100 pieds, la distance des centres aurait ete de 8 pieds 6 pouces ; e'est-a-dire que la distance des centres est, dans tous les cas, le douzieme de la distance de l'objet, lorsque les images prises doivent etre vues dans le stereoscope particulier, defmi plus baut par ses dimensions et les distances focales de ses lentilles. 11 resuite de ce qui precede que cbaque stereoscope vendu par un opticien devrait porter un certain nombre grave, indiquant le rapport qu'il faudra garder entre la distance moyenne de l'objet et la distance des centres des deux cbambres obscures ou des centres de la cbambre obscure unique dans ses deux positions. Pour le stereoscope que nous avons considere, le nombre graved aurait ete 12. COSMOS. 2Q5 Deuxieme exemple. Stereoscope par reflexion. Dans le cas du stereoscope pir inflexion, l'application du principe co.nluit a cette conclusion trcs-retnarquab!e, soit a l'air, soit dans unc eluve ou a l'aide de la vapeur. La plaque est alors touLo prete ; on pent, soit l'exposer immediatement a la lumiero, soit la conserver dans une boilo ordinaire ; en inoins d'mie heuve on pent preparer de cette maniere un grand nojnbre de plaques. Elles se conserveronl aussi longlcinps qu'on voudra, a moins que la pyroxyline du collodion ne se decompose. A la connaissance de M. Norris, elles n'ont rien perdu apres quinze jours; leur sensibilite varie avee la nature du collodion ; un paysage e'claire par le soleil vient en inoyenne en trois secondes, avec un objectif de Lcrebours de 9 pouces de foyer sans diaphragme. Pour dcvelopper l'image, M. Norris plonge d'abord la plaque pendant une minute dans une solution d'acide galliquc, il la place ensuite sur un support et verse a sa surface un melange a parties egales, d'une solution saturee d'acide gal- lique et d'une solution de nitrate d'argent a 2 pour cent; si Fac- tion de la lumiere n'a pas etc poussee trop loin , l'image prendra tous les degres d'intensite que l'operateur peut desirer. Dans le cas ou Ton se servirait d'albumine au lieu de gelatine , il faudrait fouetler l'albumine a l'ordinaire avecun volume egal d'eau ; et la coaguler apres l'exposition a la lumiere dans un bain de nitrate d'argent. Fixage des e|H'cuves positives Par M. Vernier tils <( Mon papier etant chlorure d'argent et mis au chassis positif, je prolonge l'exposition jusqu'a ce que les noirs de l'image soient entierement empates, afm d'avoir tons les details des blancs ; je tire immediatement cinq ou dix epreuves, puis je les immerge completement dans un bain Ires-abondant d'eau sale'e, je fais ce travail le matin ; a deux heures apres midi, je cbangc l'eau, e! le soir je procede au fixage. Je verse dans une cuvette plate une so- lution de chlorure d'or sufflsante pour recouvrir une seule epreuve, j'y place un des papiers impressionnes, j'imprime a la cuvetle un leger balancement, jus([u'a ce que l'epreuve soit assez degrade'e ; je la lave a grande eau dans une cuvette specialement destinee a cet usage ; j'agis de la meme maniere sur les autres papiers, et les immerge tous a la fois dans une bassine d'eau ou je les laisse toute la nuit. Je tixe le lendemain matin dans 1'hyposuliite neuf et 1'alcali ; on peut employer ces sels en bains se'pares, l'hyposul- fite au quinzieme, 1'alcali au dixieme, et laisser sejourner les epreuves unc demi-heure au moins dans chaque bain. On lave comme a l'ordinaire. » ASSOCIATION MUTANNIQUE pour l'avanccnient des sciences. Vingt>-sixihne reunion a Cheltenham, 6 aout 185U. Les travaux serieux de l'Associatioji se sont termines mardi par la cloture de differentes sections, et par la nouvelle que la reunion pour l'annee procliaine aura lieu a Dublin, sous la presidence de M. leD1 Lloyd. Les travaux d'agrement, — les excursions comple- menlaires de la reunion, — se sont prolonged jusqu'a jeudi, et se sont terminees tres-poetiquement sur les mines de l'abbaye de Tintern. La reunion a Cheltenham a ete' remarquable sous plusieurs rapports. Ce n'est pas que l'assemble'e ait ete nombreuse ou qu'un grand interet local ait ete excite par les memoires lus, mais le travail de 1' Association a ete solide, et les resultats obte- nus seront durables. Dans la plupart des sections, des choses bonnes et nouvelles ont ete placecs sous les yeux du public ; des homines inconnus dans la science se sont fait connaitre a leurs confreres. La section A, de physique et mathematique, quoiqu'elk- ait fait des communications fort importantes, a ete" moins active que d'ordinaire, parce qu'elle s'est trop longuement et inutile- ment arretee au developpement des preuves de la rotation de la lune, habilement donne du reste par M. le Dr Whewell. Mais un champ plus favorable de recherches et d'observations etait ouvert aunaturaliste et augeologiste. Plusieurs excursions ont ete faites; les endroits visites son I surtout remarquables par leur interet historique ct par leur beaute. Les Sept-Sources, le chateau de Sudeley, les villes de Glocester et Tewkesbury etaient les rendez- vous favoris. Des membres plus courageux ont brave la pluie et le mauvais temps plutot que de manquer l'occasion de voir les antiquites de Cirencester. La dernierc excursion etait a Chepstow et l'abbaye de Tintern. La compagnie qui s'est renduc ot, et on arrose la surface du sable avec 15 grammes d'eau dis- tillee, au moyen d'une pipette. II faut eviter de tasser le sable et de repandre trop d'eau a la fois ; car alors le nitre serait en traine dans l'eau de la cuvette, et les jeunes plantes, soustrai- tes a son influence, pousseraient moins vite. Pour que l'expe- rience donne un bon resultat, il faut que les plantes absorbent la totalite du nitre dans le plus bref delai , et pour cela , il faut maintcnir le nitre dans la couche oules racines commencent a se former, c'est-a-dire dans la couche superieure du pot. Pendant tout le premier mois , il faut maintenir la temperature de la serre entre 25 et 30 degres ; et pendant tout le second entre 30 et U0 degres. Lorsque les plantes ont atteint 12 ou 15 centim. de haul, on les arrose soir et matin, avec de l'eau distillee au moyen d'une seringue en etain, dont la canule est terminee par une pomme d'arrosoir. J'ai dit qu'il fallait recouvrir les pots avec des manchons de verre ; il y a encore quelques precautions a prendre a cet egard. Soir et malin il faut essuyer l'interieur des manchons avec une feuille de papier buvard. Apres les dix premiers jours, au lieu de 'aire reposer le manchon sur la table qui supporte les pots , on la pose sur des cales en bois, arm que l'air puisse circuler libre- ment a l'interieur du manchon. Chaque experience doit etre repetee au moins six fois. Quelque precaution que Ton prenne, il y a toujours un pot ou deux clans lesquels la vegetation est plus belle que dans tous les autres. Or, je considere le resultat de ces pots comme le resultat normal par excellence. Lorsqu'on opere sur le colza, il faut faire les semis du 15 juillet au ler aout. Le ble, de mars, est aussi d'un emploi tres-avantageux. On fait les semis du 1" au 15 mars; on garde les pots en serre jusqu'au 15 avril, et si le temps est froid jusqu'au 30. Onnesauraittrops'astreindreaux epoques que j'indique pour les semis. Les colzas cultives au printeinps sont toujours moins azote's que ceux cultives en automne. Imprimciie dc W. Remquet et Cie, A. TRABSB3LAY , rue Garanciere, 5. proprielaire-genmt. T. IX, 29 aout 1856. Cinquieme annee COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. La inline semaine a vu mourir en Angleterre et en France, deux des plus illustres geologues des temps modernes, le docteur Buckland et M. Constant Prevost. Nous nous reprocherions de ne pas consacrer quelques pages a leur meinoire venere'e. Le docteur Buckland est mort le jeudi, \k aout, a Clapham; mais depuis plusieurs anne'es deja il etait comme perdu pour la science. — En 1850, sa tete faiblit, epuisee par l'activitd exces- sive d'une vie de travail, et depuis cette epoque Buckland ne fut jamais suffisamment rdtabli pour pouvoir reprendre ses etudes scientifiques. II naquit a Atminster dans le Devonshire, en 1784. II recut sa premiere education a Winchester, et en 1801 obtint une bourse au college Corpus Christi a Oxford. II conquiten 1803 le dipldmc de bachelier es arts, et fut elu fellow deson college en 1808. A cette e'poque, Oxford n'etait nullement renomme pourl'etude des sciences naturelles; il y avait cependant des chaires de bota- nique, de cbimie et de mineralogie, comme pour rappeler aux eleves que l'ensemble des connaissances humaines ne se borne pas aux etudes litteraires ou mathdmatiques. Les gouts du jeune Buckland 1'entrainerent vers l'dtude de la mineralogie; en 1813 nous le trouvons professeur-adjoint de mi- neralogie, et en 1818 professeur-adjoint de geologie. II excita vivement l'interet de ceux qui sui\ aient ses lecons, et il eul bien- tot place la geologie dans une position qu'elle n'avait pas encore occupe'e dans Tuniversite d'Oxford. Ses successeurs, MM. Strick- land et Phillips, lui doivent en grande partie les succes de leur enseignement. En 1820, le docteur Buckland lut devant l'universite d'Oxford un discours, publie plus tard sous le litre de « Vindiciw geolo- gic^, » dans lequel il traita des rapports entre la religion et la geologie. II y montra qu'il ne peut exister d'opposition entre les ceuvres et la parole de Dieu, que l'influence de l'etude des 9 226 COSMOS. sciences naturelles loin de mener a l'atheisme ct a l'irreligion, conduit infailliblement a la connaissance de Dieu ct de ses oeu- vres. A cette epoque Buckland defendait encore la croyance populaire du deluge universel ; mais il reconnut plus tard 1'im- possibilite de cette hypothese et, en 1836, dans son livre sur la geologic ct la mineralogie, envisagees au point de vue de la theo- logic naturelle, qui fait partie de la collection Bridgewater, iJ adopla l'opinion de Lyell et des autres geologues modernes. Ce qui rendra immortel en Angleterre le nom du docleur Duck- land, e'est sa decouverte des restes d'animaux fossiles dans les cavernes de Kirkdale et sur d'autres points de la Grandc-Bre- ,tagne. II donna un premier apcrcu de ses decouvertes dans ua memoire insere aux Pliilosophical transactions, « sur les dents el os fossiles d'elephants, de rhinoceros, d'hippopotames, d'ours,de tigres, d'hyenes et de seize autres animaux decouverts dans une caverne a Kirkdale dans l'annee 1821. » il les a developpees plus tard dans son grand ouvrage publie en 1823 et qui a pour titre : « Reliquiae diluvianae » ou « observations sur les restes orga- niqucs, prouve de Taction d'un deluge universel. » II revelait ainsi pour la premiere fois la veritable nature des animaux qui ontvecuen Angleterre avant Tapparition de l'homme, et qui,pour la plupart, out disparu depuis de notre globe. Dans ce memoire, Buckland ne s'est pas borne a decrire les restes decouverts par lui en Angleterre, il a fait, en outre, l'histoire de plusieurs osse- ments fossiles trouves sur le continent, tels que les os d'hyene de la caverne de Lemel , pres Montpellier, et les os d'ours de la grotte d'Osselles ou Quingey pres Besancon. Les contributions de Buckland aux Comptes rendus de la Societe geologique soi.: tres-nombreuses, et dans le premier volume de la Bibliography geologm et zoologies, publie par la societe Bay en 18/»8, on compte de lui soixante et une oeuvres ou dissertations distinctes. Le caractere eminemment sociable du docteur Buckland l'a sou- vent amene a accepter la collaboration de ses eleves ou amis. Au commencement de sa carriere on le voit e"tudier avec son emule Gonybeare les charbonnages de Gayland, qui plus tard, publia avec lui ses Vues des coupes de la cote nord-est de Vbiande et s<;s Illustrations des profits des cotes du Devonshire, II tit inaprimer en commun avec sir Henry de la Beche un memoire dans les Transactions de la Societe geologique, Sur la geologic des environs de Weymouth. Avec M. Greenougb, un memoire intitule : Sur les lubes vitrifies des sables de Sand-Hills, pres Dirg, en Cumberland. COSMOS. 227 Enfin, avec M. Sykes, un memoire sur l'interieur des cavernes ou vivaient les hyenes. Tous ses memoires tdmoignent d'une grande puissance d'observation et d'une ardeur infatigable; beau- coup des conclusions generates auxquelles il est arrive, sont devenues de grandes lois geologiques. En 1825, le docteur Buckland accepta de son college la cure de Stoke- Charity, pres de Whitchurch dans le Hampshire; dans la meme annee il fut nomine chanoine de la cathedrale de Christ- Church, et epousa Mademoiselle Mary Morland d'Abington. En 1815, il fut elu membre de la Societe royale de Lnndres; en 1829, il devint membre du Conseil de cet illustre corps, position qu'il occupa jusqu'a sa maladie de 1849. II fut des 1813 membre de la Societe geologique qui l'a choisi deux fois pour son president. II contribua activement a la fondation de V Association Britannique pour le progres des sciences; il presidala seconde de ses reunions lenue a Oxford ; il assista fidelement chaque annee a ses seances et lui donna les preinices de plusieurs de ses memoires les plus importants. En 1847, M. le docteur Buckland devint curateur du Museum Britannique, et donna de grands developpements a ses collections de geologie et de paleontologie. II aida egalement sir Henry de la Beche a creer son Museum de geologie pratique, aujourd'hui si celebre. En 1845, il fut nomme par sir Bobert Peel doyen de West- minster, et vint resider a Londres. Les ameliorations socialos l'inte'ressaient vivement; il fit de grands efforts pour rendre plus accessibles au public les beaux monuments de WestminskT Abbey ; et fit servir ses grandes connaissances geologiques a l'etud^ des questions relatives a l'hygiene, a l'approvisionnement et h la conduite des eaux, a la construction des egouts, au drai- nage, etc. (Athenceum anglais, 23 aoiit.) — « Entraine des sa jeunesse par un penchant irresistible, Cons- tant Prevost commencait par sacrifier volontairement tous les avantages attaches aux plus honorables traditions de famillepour les esperances incertaines , et infiniment plus modestes , que les sciences re'servent a ceux qui les cultivent. Forme aux lecons des Cuvier, des Dumeril, des Brongniart, sou- vent associe a leurs travaux divers; plus tatd, intime ami et col- laborateur de Blainville, il parait d'abord hesiter entre la geologie et l'histoirc naturelle; bientot il s'adonne exclusivement aux recherches geologiques, avec cette reunion de connaissances 228 COSMOS. que MM. Cuvicr et Brongniarl venaient de montrer si feconde. 11 signalc en Aulricbe, aux environs de vienne, des terrains Ires-semblables a ceux du bassin de Paris, et commence ainsi par etendrc a des regions lointaines les decouvcrtes de ses premiers maitrcs. II a ensuite fheureuse idee de cbercher, dans les fa- laises de Normandie, une coupe naturelle de terrains compris entrc les rocbes primordiales et les formations tcrtiaires; il en determine le nombre, les superpositions, les caracteres, et par- tage avec los plus eminents geologues de l'Angleterre la gloire d'avoir pose quclques bases d'une classification des terrains secondaires. Cboisi, peu de temps apres, parl'Acaddmie des sciences, il entreprend l'etude de cette lie epbemere , jete'e par un volcan au sein de la Mecliterranee, et presque aussit6t ablmee sous les flots ; il etend ses observations a la Sicile, aux lies fioliennes, et d'im- menses collections, fruits de ses voyages, viennent chaque fois enricbir les galeries du Museum. Disciple des grands maitres de la science, Constant Prevost n'avait pas sounds sans reserve ses opinions a leur aulorite. Per- suade que tous les pbenomenes qui nous entourent s'encbainent sans discontinuite a ceux qui ont produit les divers etats geolo- giques du globe, et n'en different pas essentiellement dans leurs causes et dans leurs effets, il a developpe" cesvues dans un grand nombre d'ecrits originaux ; et quand deja ses forces trabissaient son zele, il meditait encore de nouveaux voyages pour en com- pleter la demonstration , qu'il a incessamment poursuivie. Ses theories n'ontpas force la conviction de tous les geologues; mais les plus eminents, ses maitres eux-memes, n'ont pas toujours pu refuser leur assentiment aux arguments, souvent justes, et tou- jours ingenieux, par lesquels il a chercbe a les soutenir. La verite appartient d'ailleurs bien rarement aux doctrines absolues, surtout dans des sciences aussi complexes que la geo- logic; et, si Constant Prevost a paru quelquefois ceder & des preoccupations trop exclusives peut-etre, elles n'ont jamais allere ni la moderation naturelle ni la bienveillance affectueuse de son caractere... II aimait en effet a se rendre a lui-meme ce temoignage, qu'il n'avait jamais prononce une parole, jamais e"crit un mot qui ait pu blesscr une croyance. L'etude de la creation etait pour^.lui un bommage rendu au Createur. fiprouve' par une longue et cruelle maladie , il a trouve dans les affections devouees de la famille, COSMOS. 229 dans la sereaite de sa conscience, dans la religion, un adoucisse- ment a ses souffrances. » (Biscours prononce sur la tombe de II. Prevost par M. de Senarmont.) — Nous avions prie M. Power de nous dire la difference entre son precede d'argenture el celui decrit par M. Faraday; M. Power nousrepond par la note suivante : Le systeme d'argenture sur verre de M. Petit Jean ne differe de celui de M. Power que par la suppression de l'alcool et son reinplacement par l'acide lartrique. Les proportions sont copiees exactenient du procede Power, ainsi que le modus operandi. Le grand inconvenient du procede Petit-Jean, pour une exploi- tation industrielle, est Felevation de la temperature a 60 degres centigrades; par le procede Power 18 a 19 degres suffisent. Ce der- nier procede ne requiert aucun vernis, or, Fexperience prouve que le vernis ne sort qua detruire ou ternir Fargenture avec le temps. Le procede a haute temperature augmenterait considerable- mentleprix du revient etles risques de casse,unedesraisonsqui ont fait echouer Fargenture sur verre par le deuxieme procede, inventepar M. Drayton, connu sous le nom de Thompson, et qui a ete abandorme apres des sacrifices considerables de capitaux. M. Power affirme que 10 grammes d'argent ne suffiraient pas a couvrir un metre carre de surface de verre pour avoir un resultat induslriel, celte quantile suffit tout au plus pour des ex- periences du laboratoire. — On lit dans le Morning-Post du 8 aout : « La corvette en charge, a vapeur, le Dee, comuiandant M. Pullen, est revenue a Woolwich ce soir, aprcs avoir fait un voyage d'expe'rience pour Fessai du nouveau mode d'application de la vapeur qui consiste a meler en proportions a peu pres egales de la vapeur surchaufTe'e a la vapeur ordinaire. Les experiences ont ete faites sous la direction offlcielle de M. Partridge, ingenieur en chef k Woolwich. L'honorable M. J. Wethered d'Amerique, Finventeur de la nouvelle me'thode, etait a bord du navire. Le resultat des experiences ae'tetres-satisfaisant, Feconomie de combustible a depasse 30 p. 100, c'est-a-dire que la puissance mecanique i'ournie par un kilogramme de charbon a depasse de pres d'un tiers celle que Fon obtenait par Fancienne melhode : nous n'avons pas le chiffre exact, mais nous esperons qu'un resultat aussi important ne restera pas pins lengtemps ignore du public. Si tout ce que nous avons pu rccueillir sur ce sujet est exact, nous ne doutons pas que cetle grande decou- 230 COSMOS. verte ne fasse revolution dans tout ce qui a rapport a la vapeur. » La decouverte dont il est ici question est celle dont nous avons eu les premiccs, que nous avons longuement exposed dans le Cosmos, ct a laquelle nous precisions un brillant avenir. Les essais dont parle le Morning-Post ont ete fails par les ordres et aux frais de l'Amiraute anglaise, ils ont parfaitemenl reussi, connne on le voit, et nous savons de source certaine qu'ordre a ete donne d'appliquer deliniliveinent le systeme Wethered a plu- sieurs navires a vapeur. La Compagnie danubienne et la Compa- gnie (lu Lloyd autrichien font aussi proceder a des experiences qui se termineront tres-certainement par une adoption definitive. — Nous appelons d'une maniere toute speciale l'attention de nos lecteurs sur le long article que nous consacrons aux bateaux, chars de sauvetage et chariots de guerre metalliques de M. Jo- seph Francis; nous avons rarement rencontre une invention plus simple, plus grandiose et plus bienfaisante, — M. Montigny, dans une lettre ecrite de la mer Rouge, a bord du Bombay, signale un ruminant, designe sous le nora d'filan, qui se trouve dans la chaine des monts Sinai, on on le nomme capricorne. Vivant a une tres-grande hauteur, ce ruminant dit-il, sera chez nous d'une acclimatation tres-facile, et fournira, par sa masse charnue, un element de plus dans notre alimentation. — La societe d'encouragement a approuve et recommande le lit mecanique, pour malades, de M. Pouillicn : il se compose d'un grand cadre vertical rectangulaire ; a la partie supericure du cadre se trouvent un treuil a engrenages et des mouffles sur les quelles viennent s'enrouler des cordes attachees aux angles d'une espece de fond sangle sur lequel repose le malade ; on enleve done celui-ci, comme dans un hamac, au-dessus de son lit, on l'incline plus ou moins, dans un sens ou dans l'autre, a volonte, pourpratiquer des operations oufaire des pansements a la partie dorsale du corps ; on peut aussi elever ou abaisser la tete ou les jambes seulement. M. le docteur, Herpin, termine son rap- port en disant que M. Pouillien, fabricant d'appareils orthope- diques el d'inslruments de chirurgie, est un artiste intelligent et laborieux dont les travaux nieritent d'etre signalesau public. PHOTOGRAPH! E. Sur le stereoscope Par M. Ttndall. Quoique souvent dans le Cosmos nous soyons rcvenu an stereoscope, a la theorie des effets stereoscopiqucs et dc la vision binoculaire, nous croirions manquer a nos lecteurs si nous ne leur transmettions pas 1'analyse au moins d'un article publie sur ce sujet dans la derniere livraison du Journal de la Societe photo- graphiqice de Londres, et sorti de la plume savante de M. Tyndall, professeur a Royal Institution. Le void done abrege , autant qu'i est possible, sans lui rien enlever d'essentiel : « Si nous regardons avec un seul oeil a l'extremite d'un baton tres-droit, d'un crayon par exemple, il nous sera possible de donner a ce crayon une position telle que son extremite le'cache tout entier; mais si alors nous ouvrons le second oeil, nous ver- rons de nouveau le crayon tout entier, quoiqu'en raccourci. Dans ce cas, les images du crayon formees sur les deux retines, dif- ferent considerablement l'une de l'autre ; celle vue par le premier oeil n'est qu'un point, la seconde est la projection d'une ligne droite et une ligne droite. De meme nous pouvons placer devant l'oeil la lame d'un couteau dans une situation telle que le dos vu d'un seul oeil cache la lame tout entiere, et que la lame apparaisse de nouveau si Ton ouvre le second oeil. La meme experience peut se repeter plus simplement encore avec la main, si on la dresse devant 1'un des yeux, de telle sorte que le doigt de devant ou l'index cache tous les autres doigts, la serie des doigts ou la main tout entiere apparaitra quand on ouvrira le second oeil. Prenons un flacon quadrangulaire ou un autre objet simple quelconque, placons-le a une distance de l'oeil egale a 6 ou 8 pouces, et fermant l'oeil gauche, dessinons exactement le profll ou l'image du flacon tel qu'il se montre a l'oeil droit. Fermons actuellement l'oeil droit et dessinons de nouveau tres-fldelement l'objet vu de l'oeil gauche. Les deux dessins, ou comme on les appelle, les deux projections de l'objet differeront l'une de l'autre, et le probleme du stereoscope consiste a chercher comment on arrivera a faire tomber sur les deux retines ces deux images de l'objet, absolument comme si elles venaient de l'objet lui-meme. On n'y reussirait pas e"videmment en placant les images a cote l'une de l'autre, ou en les faisant mordre l'une sur l'autre ; car 232 COSMOS. chacune d'ollos soraitainsi vue a la fois par les deux ycux, tandTs que le but qu'il s'agit d'atteindre est que les deux images arrivent isolees a PcbU correspondant , tout en paraissant venir d'un seul et m^me lieu. Les images reflechies desdeux dessinspeuvent, au contraire, paraitre occuper la meme place sans qu'elles soient superpose'es , et c'est ce principe qui a conduit M. Wheatstone a un resultat qu'on n'avait; jamais obtenu, qu'on u'avail meme ja- mais essaye d'obtenir avant lui , en l'auienant a construire son. stereoscope par reflexion". Si nous placons une bougie on un autre objet devant une' glace refJecbissante, l'image de r objet apparaitra derriere le miroir, et Ton obtiendra le lieu precis do cette image en abaissant sur le miroir prolonge, s'il est necessaire, une perpendieulaire, et pre- nant derriere le miroir sur cette perpendiculaire une longueur egale a la longueur en avant du miroir. Supposons que AB, BC, fig. 1, soient deux glaces ou portions de miroirs rectangulaires, Fig. 3. dressees sur le plan du dessin de manic-re a former entre elles ua angle droit en B; soient m, n deux points places en avant desdeur miroirs et L, R les deux yeux de I'observateur. Les rayons emis par m seront reflechis par le miroir AH en o et arrheront a l'oeii L; les rayons ends en n seront reflechis en p par le miroir GB et arriveront a l'oeii R ; par la meme m sera vn par l'oeii dansjla direction ho, et n dans la direction Rp. II est tres-facile, d'ailleurs, en choisissant les positions du point m et n d'obLenir que leurs COSMOS. 233 deux images coincident en S derriere le miroir, comme le montre la figure, et de cette maniere on aura obtenn deux images ve- jiucs dun meme lieu , arrivant dislinctes et separees , l'une a un ceil, l'aulre a l'autre. Supposons qu'au lieu des deux points m et n ce soient les deux dessins du flacon quadrangulaire , obtenus comme nous l'avons dit, qu'on installe devant les deux miroirs. II est parfaitement evident qu'en ajustant ou placant convenablement ces deux des- sins, on pourra faire tomber leurs deux images reflechies sur les petines des deux yeux en L et en R, comme si ellesprovenaienf de i'objet lui-meme, place derriere le miroir. AussitOt que cette coincidence des images aura lieu, la vision simullanee de ces deux images produira sur nous la meme impression de relief ou de solidite que le flacon lui-meme place materiellement devant nous. Telle est, en termes generaux, l'explication du stereoscope par reflexion, decrit par son auteur en 1838. M. Wbeatstone montra des cette epoque que deux lignes droites tracees sur deuxfeuilles de papier verticalesdonnaient en s'unissant la sensation duneli- gne horizontale, que des courbes tracees sur ce meme papier se re- dressaient dansl'espace et semblaientse couper ;que des images plates de cones, de cubes, de pyramides, de polyedres et autres ob- jetsplus compliques donnaient la sensation d'objets solides ou en relief; que des fleurs , des cristaux, des bastes, des vases, des instruments de diverses formes pouvaient Otre representees si parfaitement que I'on ne pouvait plus les distinguer a la simple UB£ des objets reels eux-rnernes. M. Wheatstone signalait et de'cri- vait aussi les singuliers effels qui se produiser.t lorsqu'on place devant l'oeil droit 1'image de I'objet vu de l'opil gauche, et re'ci- proquement; il trouvait qualors le relief etait interverti; que le c6ne en relief, par exemple, etait remplace par un cone creux, et reciproquement. Nous dirons plus tard la veritable cause de cette inversion. M. Wheatstone rapportait encore un fait sur lequel M. IVecker de Saussure a appele le premier l'attention dans une lettre a sir David Brewster. Dessinons un cube ou un rhomboedre de telle sorte que l'angle solide A, fig. 2, soit vu le plus pres de l'ajil ou en avant du ^JU^^^™^ .tableau, l'angle solide X le plus loin ou 234 COSMOS. derrierc le tableau ; que par consequent la face BACD soil aussi en a\ ante! la face XDCE en arriere. Si Ton jette plusieurs fois de suite les yeux sur la figure , on rcinarquera que la position apparcnte du rhomboedre semblera quelquefois changee, en ce sens que ce sera Tangle X qui apparaitra le plus rapproche el Tangle A le plus eloigne, la face ABCD en arriere et en bas, la face XDCE en avant , ce qui donne alors la sensation d'un solide incline en sens contraire, non plus a droite, mais a gauche. Pour repeter cette experience, le lecteur n'a qu'a fixer assez long- temps les yeux sur le point A , le reste de la figure a Tex- eeption de A sera vu d'une vision trouble et indistincte, et par la meme le point A apparaitra tres-probablcment proemi- lH'iitouen avant du tableau. Si, au contraire, il fixe les yeux sur le point X, la vue du point A sera trouble ou indistincte , et il est presque certain que ce sera dans ce cas le point X qui se mon- trera preeminent ou en avant. De sorte qu'il semble que ce soil l'mtensite de Timpression produite sur Toeil qui determine la p.'oeminence tant6t du point A, tantot du point X. S'il en est ainsi , Tillusion que nous venons de signaler , doit se produire, soit que Ton regarde avec un ceil, soit que Ton regarde avec les deux yeux; or, e'est ce qui a lieu, en effet, pour moi, dit M. Tyn- dall, et nous pouvons ajouter qu'il en est de meme pour nous. Avant d'aller plus avant , essayons d'apprecier Tinfluence des deux yeux sur la perception de la distance des objets. Si, pen- dant que la tete d'une personne reste immobile, appuyee contre un support, et qu'elle tient un ceil ouvert, Tautre etant ferine, on met a sa portee une cbandelle qu'elle essaiera de moucher; il arrivera , dans la tres-grande majorite des cas , qu'elle se trompera sur la distance et ne reussira pas a moucher la cbandelle ; si elle rouvre au contraire son second oeil, la distance de la cbandelle apparaitra completement determinee , et elle ne manquera pas d'appliquer les mouchettes sur la meche. Dans le premier cas, nous voyons Tobjet dans une seule direction, dansle second cas, nous le voyons suivanl deux directions : les axes optiques des deux yeux sont diriges a la fois sur la chandelle, et elle se montre au point d'intersection des deux axes a une dis- tance completement determinee. II suffit d'un moment d'attention pour voir que plus la chandelle est proche des yeux, plus la con- vergence des axes optiques est grande , et que reciproquement, plus la chandelle est loin, moins est grande la convergence des axes optiques, ou ce qui est la meme chose , plus ces deux axes COSMOS. 235 se rapprochent du parallelisme. On arrive ainsi a la loi suivante qui est comme le point de depart de tous les phenomenes stereos- copiqucs : Lorsque, pour voir un objet distinctement, nous sommes forces d'augmenter la convergence des axes optiques, nous jug eons que V objet est plus pres; nous jug eons au contraire qu'il est plus loin, si, pour le voir distinctement, nous sommes obliges de dimi- nuer la convergence des axes optiques. Les Archives de Muller, pour 1841, contenaient un Memoire tres-remarquable de M. Ernest Brucke , aujourd'hui professeur de physiologie a l'Universite de Vienne, sur les phenomenes stereoscopiques. L'auteur affirmait que nous ne voyons jamais un objet entier de la vision distincle; que nous ne pouvons voir dis- tinctement a chaque instant qu'un seul point de cet objet; que si nous voyons un point tres-distinctement, le resle nous apparaitra confus ou double. II en resulte que dans la vision ordinaire des objets solides, l'impression de vision distincte produite sur notre organe , n'est pas simple et instantanee, qu'elle est au contraire le resultat ou la reunion d'un grand nombre il'impressions qui se succedent les unes les autres dans des temps tres-courts, mais reels. M. Brucke appliquait cette the'orie au stereoscope , et pre- cise'ment parce qu'il la comprenait tres-bien ; les phenomenes les plus compliques de cet instrument etaient pour lui aussi acces- sibles et aussi certains que les propositions d'Euclide les plus e"lementaires. Pour mieux mettre en evidence le fait que nous ne voyons dis- tinctement a la fois qu'un seul point, placez l'index de la main droite au-devant de l'oeil, a la distance d'environ 16 et demi cen- timetres ; 33 centimetres plus loin, c'est-a-dire a 50 centimetres de distance de l'oeil, placez l'index de la main gauche. Fixez attentivement le doigt le plus voisin; quand il apparaitra tres- distinct et un, le doigt plus eloigne apparaitra double; si au con- traire vous fixez le doigt le plus eloigne jusqu'a ce qu'il apparaisse distinct et un , ce sera le doigt le plus rapproche qui apparaitra double. Quelques personnes n'obtiennent ce resultat qu'avec difficulty. II faut cependant qu'elles parviennent a s'habituer a ce genre d'experiences, si elles veulent arriver a bien comprendre le stereoscope ; il leur suffira au reste d'un peu de pratique pour reussir. Elles pourront s'aider de la difference de couleur ; ainsi au lieu des deux doigts, elles emploieront un pinceau ordinaire et un porte-plume en ivoire, un doigt et une bougie. (La suite au prochain numero.) ASSOCIATION BRITANNIQUE pour 1 'a v a nee men t tics sciences. Yingl-sixibme reunion a Cheltenham, 6 aoiit 1856. SECTION DES SCIENCES MECANIQUES. SUR L' APPLICATION DES METAUX CANNELfiS A LA CONSTRUCTION DES BATEAUX DE SAUVETAGE ET AUTRES CORPS FLOTTANTS ; Systeme FRANgAIS. Par M. le major Vincent Eyre. F. R. S. « l°Dans un volume tout recemmentpublie et dont un journal qui ticnt le haut bout de la critique, a dit que c'etait un poenie en prose digne de la nation, au pied du trone de laquelle les mers semblables a des monstrcs apprivoises sont liees et enchainees, \I. lluskin a cbante une hymne en l'bonneur du bateau, le decri- vant avecun entbousiasme poetique comme l'ouvrage le plus parfait sorti de la main des homines , beau par la forme de ses courbcs, parfait dans ses usages, car, ajoute emphaliquement l'autear , it will keep outvater, il ferine tout acces al'eau. 2° Cetio derniere qualile est en effet, sans aucun doute, ou plu- tot devrait etre la principale recommandation du bateau, et si elle etait realisee dans la pratique , elle serait pour le genre hu- main un immense bienfait. Mais belas ! combien de fois n'arrive- t-il pas chaque annee que la perte de nombreuses vies bumaines a pour cause unique la condition defectueuse des chaloupes du navire qui ont fait eau alors que, dans un accident survenu tout a coup en mer, on a eu recours a elles. 3° Aux jours acluels, ou nos populations laborieuses sont sans cesse en mouvenient, ou, comme l'etablissent les derniers rap- ports fails au parlement, notre marine commercante compte plus de 35000 navires, traflquant dans toutes les regions du monde, emportant etramenant sans cesse des centaines de mille de nos compatriotes, hommes et femmes, d'une extremite de la terre a l'autre ; la question de la securite des bateaux merite certaine- ment d'etre examinee avec le plus grand soin; et tous doivent de- sirer ardemment qu'on apporte un remede ei'flcace , si tant est que le remede soit possible, a un mal que tous proclament grave et desolanl, a un mal qui cbaque annee, chaque mois, plonge un nombro considerable de families dans un deuil et une misere ir- re'parables. W II est dans noire nature a nous, hommes, de fermer les yeux COSMOS. 237 a tous les maux possibles pour nous elancerversla poursuite ac- tive d'un Men probable. De la vient que sur la masse des pas- sagers a la mer, tres-peu, en realite , se laissent troubler l'esprit par la perspective d'un naufrage, d'un incendie, ou autre desastre imprevu pret a assaillir le vaisseau qui porte Cesar et sa for- tune; un plus petit nombre encore, lorsqu'ils vont et viennenl sur le pont du navire, jettent un regard interesse ou meme cu- rieux sur la chaloupe suspendue au bordage , ou rangee sur le tillac avec sa quille en Fair, et qui, dans le cas ouil faudra aban- donnerle navire, sera l'unique esperance de chacun desindividus entasses dans ses flancs. 11 leur sufflt de savoir qu'il y a des cha- loupes a bord , et ils admettent sans garantie aucune, avec une facilite incroyable, que, des qu'il sera besoin , ces cbaloupes fe- ront tres-fidelement leur service. 5° Cependantles annales des desastres survenus en mer prou- vent d'une maniere lamentable, que cette confiance est souveni bien mal place'e. En effet, par cela meme que les flancs en bois de la chaloupe, longtemps exposes au soleil, ont subi un retrait ine'- vitable, ou pard'autres causes, les chaloupes manquent souven! de la qualite principale clont M. P»uskin les a douees si gratuite- ment, et que de fait elles ne ferment nullement 1'acces a l'eau, pas plus qu'elles ne resistent aux flammes en cas d'incendie ou au choc violent des vagues qui les jettent et rejettent sur les flancs du navire. Par l'une ou l'autre de ces causes, il arrive trop souveni helas? que les chaloupes font defaut au moment de la plus grande necessite, ct que par une consequence inevitable les passagers et l'equipage deviennent les tristes victimes de leur imperfection. 6° II y avait done un champ large et important ouvert a l'mter- vention bienfaisante des sciences mecaniques appelees a pour- voir de moyens de saint suffisants a ceux de nos freres qui, en nombre incommensurable, affrontent la mer sur les navires et de- pensent leur activite sur les grandes eaux; on leur demandait a grands cris la decouverte d'une chaloupe pouvant faire face a tout evenement, a laquelle on se confie sans hesitation et sans crainte, comme etant parfaitement capable de resister aux efforts coiribines del'air, du feu, de la chaleur, de l'eau, de la se- cheiesse, en un mot, de tous les agents deslructeurs. Les aimV de la science si nombreux et si distingues qui prennent part a cette brillante reunion, de Cheltenham, apprendront avec une grande joie que l'humanite et le genie mecanique peuvent se glorifler a la fois d'une brillante conquete; que desormais les passagers et 238 COSMOS. les equipages de nos navires pourront trouver a bord les moyens dc sauvetage pour tous , fournis par des chaloupes parfaitement silres, fortes, resistantes el indestruclibles. 7° Leuionde est redevable dece Iriomphe a M. Joseph Francis de New-York; son nom a a peine retenti, et seulement depuis quclques mois , de ce c6te de i'Atlantique ; il est cependant en- toure dans sa patrie de quelques eclats, car M. Francis s'est fait grandemcnt remarquer par un talent mecanique d'ordre eleve uni a cette modestie calme et digne qui, dans tous les pays et dans tous les ages, out ele le caractere distinctif de la veritable superiorite. 8° Pendant 35 ans il a consacre tous ses soinsa la construction des chaloupes; personne,peut-etre, clans le monde entier, ne s'est devoue avec plus d'ardcur et plus d'intelligence au perfection- nement de ce bel art; jamais aussi de genereux efforts ne f urent couronnes de plus glorieux succes. Durant un quart de siecle , les travaux de M. Francis out eu pour objet les bateaux en bois , et ils n'ont pas ete sans quelques resultats excellents. Ce n'est que bien plus tard qu'il entreprit la longue serie d'experiences sur Femploi des metaux qui l'ont conduit a la conception d'abord , a l'execution complete ensuite de l'admirable mode de construc- tion que je viens faire connaitre aux membres de cette Association. 9° Qu'il me soit permis en commencant de rappeler que l'in- venteur n'est pas arrive sans des depenses enormes a perfection- ner 1'outillage et le travail mecanique necessaires a la parfaite installation de ses nouveaux apparcils. Vous me direz peut-etre que cela ne regarde que lui seul, oui, sans doute, mais vous ne nierez pas non plus qu'alors surtout qu'il s'agit de la conservation de vies humaines, l'inventeur qui s'oublie et se sacrifie lui-meme a des droits plus sacres a la reconnaissance de ceux que son genie contribua a sauver, aux hommages des amis de l'humanite. 10° J'appellerai maintenant votre attention sur les divers mo- deles etales sous vos yeux Le premier est un modele de c6tic de guerre, muni a ses deux extremites, pour surcroit de surete , de chambres d'air, ce qui en fait en realite un bateau de sauvetage ; et ce qui m'amene a faire observer qu'il n'y a aucune bonne raison pour ne pas transformer toutes les chaloupes des na- vires en veritables bateaux de sauvetage. Un acte du parlement oblige, je crois, tous les navires de transport a avoir a bord au moins un bateau de sauvetage pour la surete des passagers (le raalheureux equipage n'est compte pour rien) ; mais il est no- COSMOS. 239 toire que ce reglement est elude dans le plus grand nombre des cas, et que le pretendu bateau de sauvetage ne figure dans l'ar- mement que par son nom. Ce fait m'est affirme par un des em- ployes de l'Association nationale des bateaux de sauvetage ; et il faut bien l'accepter, quoiqu'il soit a peine croyable au sein d'un grand peuple commercial, comme le peuple anglais; le board of trade (ministere du commerce) doit evidemment le prendre en consideration, 11° En Amerique, e'est tout autre chose, et permettez-moi de vous lire, pour faire contraste , un court extrait de la legislation des navires a vapeur : <( Section iv. Et qu'il soit en outre prescrit que tout navire sem- blable portant des passagers sera tenu d'avoir au moiiis deux bons et convenables bateaux munis de rames et toujours en bon etatde service. L'un de ces bateaux sera un bateau de sauvetage en metal, a l'epreuve du feu, et sous tous les rapports un bon et solide bateau de mer, capable de soutenir, interieurement et ex- terieurement, cinquante personnes, avec des cordes de sauvetage attachees au plat-bord a des distances convenables; que tout semblable navire de plus de cinq cents tonneaux et ne depassant pashuit cents tonneaux de jauge, aura trois bateaux de sauvetage; que tout semblable navire de plus de huit cents tonneaux et ne depassant pas quinze cents tonneaux de jauge, aura quatre ba- teaux de sauvetage ; que tout semblable navire de plus de quinze cents tonneaux aura six bateaux de sauvetage, et tous ces bateaux seront munis de rames et des autres appareils necessaires. » 12° Et remarquez bien qu'aux Elats-Unis on nelaisseen aucune maniere aux armateurs, comme on le fait cbez nous, le triste droit de transformer un bateau de rebut en bateau de sauvetage. Le gouvernement de cette nation a pris soin de deiinir pour ses su- jets ce qu'est a ses yeux le bateau de sauvetage le meilleur et le plus sur , et il en a prescrit l'usage. Or, son choix, comme vous le voyez, est tombe sur le bateau melallique de M. Francis, qu'elle caracterise par ces mots a l'epreuve du feu. Le bateau metallique a d'aulres qualites encore que j'exposerai tout a l'heure. 13° Le gouvernement americain est si convaincu de la superio- rite de ces bateaux compares a tous les autres, que depuis quel- ques annees il tend sans cesse a les introduire de plus en plus dans sa marine, les substituant sans exception aux chaloupes en bois des que celles-ci sont hors de service. II en a aussi place un tres-grand nombre en station sur les centaines de milles de ses -2hd COSMOS. cotes, pour courir au secours des naufrages , et jamais sur toute la surface de ces iumnenses conlrees leur bon service n'a fait de- i'aut quand on les a mis a l'ceuvre. IW II est temps maintenant d'indiquer le mode remar- quable de construction des appareils de M. Francis. La puissance •extraordinaire qu'acquierent le fer et les metaux canneles au plisses n'est ignoree de personne. Yoici deux plaques de t&le de fer ; la surface de Tune est plane, la surface de la seconde est sil- lonnee, de distance en distance, de cannelures ou plis semi-cir- culaires. Faisons tour a tour reposer les extremites de chacune sur deux supports, et nous verrons que la premiere, cedant a son propre poids, flechira en son milieu; tandis que la seconde, en outre de son poids, portera, sans flechir, en son milieu, un poids de 650 livres (325 kilos). Sur les feuilles de tole ou de cuivre de 91. Francis, les cannelures sont obtenues par un procede aussi efficace que rapide, qui leur donne a la fois et la force ou stabi- lity, et les formes courbes et gracieuses, que doivent affecter les flancs d'un bateau. Ce procede consiste a placer les feuilles entre deux enormes matrices en fonte, pressees l'une contre l'autre par Taction irresistible d'une presse hydraulique, la plus puissante des machines mises a la disposition de l'bomme. 15° Des chaloupes, de grandeur reelle ou norinale, construites dans ce systeme , ont ete soumises, par les ordres de l'Amiraute, aux epreuves les plus rudes ; d'abord, a Liverpool, en Janvier, sons la direction du commandant Bevis, de la marine royale ; puis, en juin, dans les bassins de l'arsenal de Woolwich. Dans les deux occasions, les epreuves ont 6te telles, que les plus fortes des chaloupes en bois, construites iusqu'ici,n'auraient pas pules sup- porter sans etre mises immediatement en pieces. Ainsi, par exemple, montees par un equipage complet, on les a lancees a toute vitesse contre les inurailles des docks ; on les a jetees et projetees sur le pave avec une violence excessive; on les a char- gees, sur leur milieu, de gros blocs do pierre enlasses a une hau- teur considerable, puis, attachant des cordages a la proue, a la poupe, aux flancs, on les a trainees impitoyablenient; on les a i'rappees sur les flancs avec de larges marteaux, tombant coup sur coup, sur le meme point, avec toute la vitesse que la main d'un nomine robuste peutleur communiquer, etc.; taut d'efforts repetes n'ont pas reussi a endominager, mfime legerement, ces vigoureuses chaloupes; apres chacun de ces traitementsbarbares, elles repa- raissaient parfaitement intactesete'tanches, inaccessibles a 1'eau. cosmos. am 16° Quant aux avaries et aux dangers que peut entrainer le service a la mer, le temoignage unanime de tons les marins qui lesont vus a l'epreuve pendant ces huit dernieres annees prouve surabondamment que la chaloupe en metal cannele" possede toutes les qualiles desirables sous le triple rapport de l'economie, de la duree etde la surete. Elle est a l'epreuve du feu, a l'epreuve de l'eau, a l'epreuve des vers ; elle ne peut pas etre corrodee. elle ne peut ni se dejeter ni se fendre ; et cependant elle est a la fois plus forte, plus legere, plus flottante et moins couteuse que celles construites en bois ou en toute autre matiere. Que peut-on desirer de plus dans une cbaloupe? M. Ruskin lui-meme doit etre pleinement satisfait, car c'est bien la la reine des chaloupes quoiqu'elle soit faite en fer ou en cuivre, materiaux qui inspirent a ses gouts trop primitifs une repugnance presque invincible ; elle possede mille fois plus que ses rivales la qualite par excellence de ne dormer aucun acces a l'eau. Nous obtenons done par ce procedeun bateau metallique legeretrobuste, dontles avanlages incornparables seront parfaitement compris par tous les hommes vraiment marins et pratiques, et nous sommes en droit d'ajouter que si le poids du metal qui doit entrer dans la construction est diminue de plus de moitie par l'operation meme qui lui donne une force inesperee, sans qu'on ait besoin de recourir a des batis ou a des cbarpentes, le prix de revient sera considerablemeni diminue. Si un lourd bateau en bois vient a heurter dans l'eau un ecueilou un rocber, le choc, quand il est rude, l'endommage s'il ne le detruit point, tandis qu'un bateau leger rebondit et ne subit, en consequence, aucune avarie. 17° C'est ce qui a ete demontre jusqu'a l'evidence lors dc 1' expedition americaine cliargee d' explorer la mer Morte. LanaA - gation sur le Jourdain se faisait dans des conditions de danger extraordinaires, etles bateaux qui fendaient ses ondes avaient a, subir les plus rudes epreuves. lis etaient violemment pousses contre les rochers , jetes brusquement en bas des cataractes et des rapides, etc., etc. Les chaloupes en bois de l'expedition furent bient6t mises en pieces, la chaloupe en metal cannele sur- ve"cut seule, et arriva seule k Hotter enfln tranquillement sur les eaux pesantes de la mer Morte, en tout aussi bon etat que si elle sortait de la matrice ou elle s'etait moulee. Ce serait vous fairo perdre du temps que de vous lire le temoignage ecrit du capi- taine Lynch, il continue pleinement tout ce que je viens de dire. 18° C'est avec un sentiment de satisfaction profonde que j<: 2^2 COSMOS. virus vous annoncer que ces bateaux, objets de tant de voeux, ne seronl pas confines plus longtemps en Amerique. Tous lesarran- gements sont pris pour 1'etablissement d'un grand atelier de fa- brication a Londres , et, tres-probablement, je l'espere , a Liver- poo! el a (ilascow. 19°J'eprouve un plaisir non moins grand a vous apprendre que mes faibles efforts dans cette contree,pour faire valoir ces ex- ceilents appareils, ont eu pour effet, au moins indirect, d'appeler sur ce sujet l'attention de Sa Majeste l'empereur Napoleon III, dont l'oeil d'aigle ne laisse rien echapper de ce qui peut contribuer au bien-elre de ses sujets. En fevrier dernier, il a examine par lui- meiiie, dans des experiences faites sur la Seine, le merite de l'in- vention de M. Francis , et nous pourrions prouver, par un docu- ment autbentique, qu'il l'a apprecie a sa juste valeur. 20° Je crois avoir dit, au sujet du bateau metallique, tout ce qu'il etait necessaire de dire. Je me bate de decrire aussi rapide- menl que possible les autres appareils dont les modeles sont sous \os yeux. En voici un dont l'aspect est assez etrange, et qu'on a appele cbar de sauvetage. II est, vous le voyez, en metal. Sa forme rappelle celle d'un bateau, dont il differe en ce qu'il est ferine en dessus par un toit convexe, muni d'une ouverture par laquelle entrent les passagers; ses flancs sont tenebreux, mais on y est a l'aise, d'autant plus qu'on emporle avec soi l'esperance. Si le vaisseau vient a echouer, on etablit la communication avec le rivage au moyen d'un grappin lance par l'appareil qu'inventa d'abord le capitaine Manby; le char est alors suspendu par des anneaux ethale par l'equipage de la terre au navire; apres qu'il a recu son fret vivant, il est ramene a terre par la foule assemblee sur le rivage. On recommence ensuite l'operation jusqu'a ce que tous les hommes a bord du navire echoue soient en surete. Lors du naufrage de Y Ayrshire sur les cotes de la Nouvelle-Jersey, au seiu d'une violente tourmente de neige, tous les passagers, au nombre de 201, hommes, femmes, enfants et pelits enfants, pu- rent ainsi fianchir de terribles brisans couverls d'ecume, et etre recueillis sur le rivage saufs et sees. C'est un exemple entre plusieurs, et, pour cette seule invention, le nom de Joseph Fran- cis merite d'etre universellement honore, d'etre compte parmi les noms des grands bienfaiteurs de 1'humanite. 21" Un de ces chars a ete, tout recemment, apporte de New- York en Angleterre; on en a deja fait l'essai, et vous me permet- trez de vous lire la lettre que je recois a l'instant du capitaine COSMOS. 243 Wood, secretaire do l'lnstitut national et royal de sauvetage : (( J'eprouve une vive satisfaction de pouvoir vous adresser un rapport favorable sur l'essai fait auv regates de Yarmouth, le 22 j uillet dernier, du char de sauvetage. Une fusee, portant sa corde, a ete lancee sur un bateau de sauvetage, a pres de 120 yards (me- tres) de la c6te; le char, hale le long de la corde, a franchi, en flottant, la distance entre la c6te etle bateau. Quatre vigoureux ba- teliers et moi, nous nous soinmes enfermes dans son sein et nous avons ete tires a terre sans etre nullement incommodes ; plus tard, nous y avons fait entrer jusqu'a dix jeunes garrons et on les a promenes du rivage au bateau, du bateau au rivage; ils sont reste's enfermes pendant trois minutes et demie sans qu'on eut ouvert acces a l'air frais. La mer etait assez calme en ce moment, mais tout le monde comprenait que les avantages du char, sur tous les moyens de transport a ciel ouvert employes jusqu'ici en semblable occasion, auraient ete bien plus sensibles encore par une mer houleuse, contre la violence de laquelle les habitants de I'interieur du char seraient efficacement proteges. Plusieurs des personnes presentes avaient etc temoins d'essais tentes avec les appareils ordinairement en usage, des corbeilles, des fauteuils, des boue'es, etc., et l'opinion generale etait que le char l'empor- tait sur tous les autres moyens. II etait manoeuvre par les gardes- cotes, en presence du capitaine Murray, commandant inspecteur du district de Yarmouth, dont le. jugement est conforme au mien sur le merite tres-grand du char, considere comme moyen d'ame- ner les naufrages du navire echoue au rivage. (Yarmouth, 9 aoul 1856.) 22° il est gran dement a desirer que toute la ligne de nos c6tes soit pourvue, aussitot qu'il sera possible, de cet admirable char de sauvetage. En pareille matiere, le sommeil d'une nation comme la notre ne saurait etre excuse. Un simple coup d'ceil jete sur la carte des naufrages survenus en 1855 sufflrait, et au dela, pour nous forcer a nous mettre promptement a l'oeuvre, alors qu'il s'agit des interets si graves de chacun de nous. En nous evertuant nous-memes a sauver les autres, nous pourrons trouver un jour que nous avons ete les instruments de notre propre salut ou du salut des etres qui nous appartiennent de plus pres , qui nous sont les plus chers. Mais pour nous amener a prendre de si ex- cellentes mesures, il n'est pas besoin d'arguments personnels. 23° Ayant deja tant pris de votre temps si precieux , je ne puis que signaler brievement a votre attention le modele du wagon ou 1UU COSMOS. chariot en metal pour l'armee, et les dessins destines a mettre en evidence les diverges applications qu'il peut recevoir en campa- gne, soit comme nioyen do transport, soit corame char d'ambu- lance ou d'approvisionnement sur terre, soit connne radeau flot- tant sur l'eau, soit enfin, par une combinaison d'ensemble,comnie pont leinporaire jcte sur une riviere en l'abseiice do meilleurs elements. Ce chariot a ete deux fois dprouve, a Woolwich, par le colonel Tulloh , qui a vivement sollicite de lord Panmure son adoption immediate et definitive. La question se discute , en ce moment, au sein d'une commission choisie de 1'artiJlerie. 2'i° Je ne suis pas scul k penser que I'introduction dans les services publics de l'inde de cette nouvelle invention aurait des avantages incalculables. Sir George Pollock , sir Frederic Abbot, le major general Brooke et autres savants officiers de l'armee des Indes, de grande renommee, ont exprime la menie opinion. Sir G. Pollock, apres avoir pcrsonnellement constate la faculte que possede le chariot metallique de Hotter sur l'eau, alorsmeme qu'il est en pleine charge, a resume dans les termes suivants son jugement sur leur merile : « Si j'avais pu jouir du bienfait des chariot de M. Francis, lorsque je traversais les cinq rivieres du Penjab, j'aurais e'pargne a mes soldats plusieurs jours de rudes travaux. J'etais arrete un jour ou deux a chaque riviere, tandis qu'avec ces chariots je les aurais franchies en trois ou qualre lieu- res sans difficulle et sans fatigue pour les troupes. » Le general Brooke, officier d'artillerie eminemment capable et savant, qui commandait 1'artllerie a cheval dans la guerre des Sikhs, a formule de son c6te le jugement le plus favorable en faveur des chariots metalliques. 11 e'erit de Londres en date du 22 juillet : « Apres avoir considere attentivement la question soumise a mon jugement, au point de vue professionnel, en ce qui concerne les chariots metalliques pour des services militaires, ilm'a paru qu'il resulterait de grands avantages dans tous les pays de leur emploi comme moyens de transport des munitions du commissariat et de l'artillcrie, et plus specialement des pares de guerre, en rem- placement des fourgons grossiers et lourds usites jusqu'ici, qui retardent la niarche et qui ne peuvent absolument rendre d'auti'e service que celui de voitures. Une semblable ressource, pour franchir les cours d'eau aurait ete pom* nous d'une valeur inap- preciable dans nos expeditions militaires des Indes, alors surtout qu'il s'agissait de transborder l'artillerie de campagne; sans aucun doute, 1' experience aura bicntot prouve que les avantages COSMOS. 245 des chariots mdtalliques seronttres-grands sous le double rapport de I'efficacite et de l'econornie. <( Je m' attends, si on en faitl'essai convenablement, que le prin- cipe seratrouve applicable aux caissons destines a accompagner les pieces des batteries de campagne. Nous aurons ainsi a nos ordres les moyens de traverser les fleuves, au lieu d'etre sous la depen- dance des ressources de la localite, exposes a subir des retards ou meme un echec complet comme nous l'avons vu trop sou- vent, a 25° Comme conclusion, je ne puis mieux faire, il me semble. que de citer un autre passage du discours du colonel Portlock a l'lnstitution des services unis : « En fait, dit-il, il y a tant de genie pratique dans les inventions de M. Francis, que je ne puis qu'es- perer sincerement que le gouvernement anglais, quelque prudent qu'il soit quand il s'agit de grandes innovations militaires, suivra l'exemple du gouvernement des Etats-Unis, et de l'Empereur Napo- leon III, en adoptant, pour son arme'e et la marine, les bateaux et les chariots de M. Francis. » A ce vo?u je reponds de tout coeur, amen! en ajoutant les chars de sauvetage pour toutes nos c6tes. Quoi qu'il en puisse etre, il est certain que les gouvernements de France, de Belgique et de Russie ont serieusement dirige leur attention sur ce sujet, et qu'ils semblent determines a adopter ces inventions sans grand retard, pour leurs armees et leurs marines. II est done grandement temps pour le public anglais de se lever et de s'agiter, afin qu'il ne soit pas dit qu'il est reste en arriere d'un progres vital. » P. S. Nous apprenons a l'instant meme que le gouvernement des Etats-Unis a ordonne que les bateaux et chaloupes metal - liques de M. Francis seraient seules mises de'sormais au service des douaniers des c6tes. C'est une bonne et belle initiative que la France devrait suivre. La premiere pensee de Sa Majeste rEmpereur des Francais a e'te de songer aux equipages de marine que la loi anglaisc sem- blait oublier tout a fait. 11 a voulu que M. Francis lui indiquat dans un travail special, comment, au sein des chaloupes en metal qui doivent sauvegarder la vie des ofliciers, on placerait par em- boitement successif les canots de sauvetage destines aux matelots-. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 26 aoilt. M. Despretz qui preside la seance en l'absence de M, Isidore Geoffroy de Saint-Hilaire, annonce en ces termes touchants la mort de M. Gcrhadt : « J'ai la douleur d'annoncer a FAcademie la mort d'un de ses plus jeunes et de ses plus actifs correspondants, M. Gerhardt, professeur a la Faculte des sciences et a l'Ecole de pharmacie a Strasbourg. « Les hommes competents s'accordaient a placer Gerhardt au rang des chimisles les plus savants et les plus habiies de l'Europe. « Gerhardt a eu le sort de son malheureux ami et collabo- rateur Laurent; il a eteenleve a la science dans la force du talent, quand il voulait mettre la derniere main a la publication d'un ouvrage tres-etendu sur l'ensemble de la chimie organique. « II laisse une veuve et quatre enfants en has age, sans for- tune. II est a desirer que les amis de la science reunissent lours efforts pour proteger cette famille si digne d'interet etpour alleger le fardeau tres-lourd qui pesera desormais sur la veuve de Gerhardt. » C'est une grande perte, en effet, que celle de M. Charles Ge- rhardt, la France perd avec lui le chef de sa jeune ecole de chimie, et nous ne voyons personne qui puisse prendre sa place. Quand J'autre jour nous rattachions son nom a la haute conceplion des types chimiques, nous etions loin de penser que nous couron- nions un cercued. — M. Elie de Beaumont annonce la mort d'un autre correspon- dant de l'Academie plus illustre que Gerhardt parce qu'il a par- couru une plus longue carriere, M. le docteurBuckland, doyen de Westminster. — Les nouvelles de la sante de M. Gasparin et de M. Regnault sont de plus en plus rassurantes, tous deux sont en pleine conva- lescence. M. Regnault a retrouve sa raison et le libre exercice de la memoire, au moins pour les temps qui out precede sa chute, car il n'a pas encore le sentiment de l'accident dont il a pensc Tire victime; il se leve, mange et sort meme deja, quoiqu'il soufi're encore beaucoup, et que l'agitation nerveuse soit chez lui livs- grande. COSMOS. 247 — M. Charles Sainte-Claire Deville adresse une nouvelle lettre stir l'etat acluel du Vesuve qu'il vient de revoir, la nature des fumeroles, la formation des cristaux de pyroxene; etc.; etc. — M. Ducros lit une note interessante sur la necessite de per- fectionner la navigation aerienne , qui depuis les freres Montgol- fler n'a fait aucuns progres. II rappelle a l'Academie qu'il lui a sounds depuis longtemps deja un projet de ballon construit d'a- pres un systeme tout nouveau et incomparablement plus ration- nel ; la nacelle csl installed dans l'espace vide qui se'pare quatre ballons cylindriqi:es, assembles comme les quatre roues d'un char. Puisque M. Biol a invite l'Academie a organiser de nou- velles series d'experiences de navigation aerienne avec des bal- lons captifs ou libres , pourquoi ne ferait-on pas appel au talent et au zele de M. Ducros, dont l'idee est en effet tres-ingenieuse et me'rite certainement d'etre essayee? — M. Brown-Sequard lit un me'moire sur lesfonctions des cap- sules renales et les accidents resultant de leur lesion. — M. Lespes, jeune naturaliste, apporte une monograpbie com- plete d'une cerlaine espece de tarets, petits mollusques ma- rins qui causent tant de ravages dans nos ports sur les bois de marine et de construction. M. Lespes a constate que ces animaux vivent en colonics comme les abeilles et les fourmis, que cbaque jcolonie est composee de plusieurs categories d'indi- vidus, ouvriers, soldats, etc., etc. Nous reviendrons sur cette in- teressante communication. — M. Perreciaux essaie de lire un memoire de philosopbie re- ligieuse intitule : Loi de la reparation des oeuvres; mais sa voix est si faible, son memoire si long, que l'impatience gagne quelque peu le bureau et Fassemblee. On le presse d'arriver a ses conclu- sions, mais il se trouble et se borne a deposer son manuscrit. Voici la pensee que cet excellent homme voulait developper : il formule en ces termes une loi nouvelle de la nature et de la creation : Cbaque etre ne repare son ceuvre endommagee ou ab- teree, que conformemenl a son plan primitif; toute reparation n'est parfaite qu'autant qu'elle est en harmonie avec le premier travail. Personne evidemment ne conlestera a M. Perriciaux la veiitede son axiome. Brisons, dit-il, quelquesfds de la toilede l'a- raignee de nos jardins; endommageons un rayon dans la ruche dune abeille, ou un nid d'oiseau, ou un monument, un livre, un tableau, un habit, outout autre travail d'un insecte, d'un animal, d'un homme; la reparation ne peut en etre faiteparfaitement que 248 COSMOS. par Vaulcur meme de l'ouvragc conformement au plan du sys- teme dc son premier travail. Une fois qu'on lui aura concede la verile de cette loi de la nature, M. Perreciaux en conclura que l'au- teur de la reparation humaine , que le Sauveur du monde etait ne'ccssairement Dieu , et que sa religion est divine. Ges doctrines n'ont en realite rion que de tres-raisonnable, dclres-vrai, et il est certain d'autre part qu'on pent demander a toutes les sciences. meme aux sciences mathematiques des arguments a l'appui des verites religieuses. — M. Gratiolct lit un savant memoirc sur les developpements du crane humain et 1' obliteration de ses fissures. 11 constate une difference tres-grande entre les cranes des races blanche et noire au double point de vue du developpement et de l'obliteration ; les fissures s'obliterent tres-lentement chez les races civilisees, tres- promptement chez les races barbares ; chez les premieres, le crane se developpe d'abord en arriere et en haut; chez les se- condes, ea avant et en has. — Le R. P. Secchi, directeur de l'Observatoire du college ro- main, adresse deux opuscules, l'un sur la reduction des etoiles doubles et multiples operee par sa lunette equatoriale de Meit/, de 8 pouces d'ouverture ; l'autre, sur 1' application de la telegra- pliie electrique a la meteorologie. Nous analyserons ces deux memoires avecun tres-grand soin. — Son Altesse Imperiale le prince Charles Bonaparte rend compte de 1' excellent emploi qu'il a fait de ses vacances, et des tresors qu'il a decouverts en fait d'especes nouvcllcs d'oiseaux ou de mammiferes, dans les riches musees de rAllcmagne et de la Hollande. 11 fait don au Museum d'histoire naturelle de deux oi- seaux qu'il n'avait pas, entre autres d'un merle dont les ailes, vers leurs coudes, sont armees de deux petits ongles tres-singu- liers. Nous suivrons le prince dans son interessante excursion des que nous serons en possession de sa note. — M. Dumas, au nom de son gendre, M. Heive-Mangon, pre- sente une note tres-interessanteet tres-pratique sur les obstruc- tions des tuyaux dc drainage par des depots calcaires et ferrugi- neux. Nous la reproduirons integralement. — M. Despretz presente deux memoires, l'un de M. Delezenne, sur la suspension des images, dont il cherche la raison dans la constitution des vesicules formees, suivant lui, de gouttes d'eau, entourees d'une cnveloppe de vapeur au lieu de vapeur entounie d'une enveloppe d'eau, comme le voulait de Sanssure. A ^u(\ COSMOS. 249 bon reconrir a une enveloppe gazeusc quand la goutte d'eau, ainsi que nous l'avons prouve" avec M. Raillard (tome ier du Cosmos), peut parfaitement Hotter dans l'air? M. Despretz pre'sente, au nom de M. Paul Desains, un nouvel appareil de polarisation de petites dimensions, a Taide duquel on peut observer la plupart des phe'nomenes de la polarisation lumineuse , et surtout ceux qui caracterisent les rayons polarise's elliptiquement. « Cet appareil ne prdsente, dit-il, aucune piece nouvelle, au- cune disposition qui ne soit bien connue du physicien; seulement sous la forme que je lui ai donnee, il me parait etre commode,, et c'est pour ce motif que je le decris. fl se compose essentiellement d'un demi-cercle , non gradue, autour du centre duquel se meuvent deux alidades portant cha- cune un prisme de Nichol. Ces deux alidades sont relie'es entre elles par un systeme articule qui, dans toutes les positions qu'elles peuvent prendre, les oblige a faire tou jours des angles egaux avec le diametre du demi-cercle. Quand elles sont sur le prolongementl'une de 1' autre, l'appareil peut servir a observer tous les phenomenes qui proviennent de la transmission de la lumiere polarised, a travers les cristaux ou les substances actives. II suffit, en effet, de placer ces corps entre les deux nichols, l'un d'eux polarise les rayons, l'autre sert a les analyser. Si Ton veut, au contraire, dtudier les modifications que la re- flexion speculaire imprime a la lumiere polarisee, on place au centre du demi-cercle, normalement a son plan et parallelement a son diametre, le miroir sur lequel la reflexion doit s'operer. Mors, par suite de la liaison etablie entre les deux alidades, les rayons transmis a travers le premier nicbol viennent apres la reflexion passer par l'axe du second ; et si, avant qu'ils ne pene- trant dans ce dernier, on les oblige a traverser un spath perpen- diculaire, ils donnent des anneaux colores qui se modifient lors- qu'on vient a changer soit 1'incidence, soit la direction du plan de polarisation primitif. Par exemple, quand le reflecteur est en verre noir, si le rayon est primitivement polarise a h5 degres du plan de reflexion, la croix qui est noire sous les petites incidentes devient blanche sous les incidences tres-fortes, ou reciproque- ment. Le changement de couleur a lieu sous Tangle de polarisa- tion. Avec une autre orientation dans le prisme polariseur, il est facile d'obtenir une double inversion dans la croix. On peut 250 COSMOS. 1'avoir blanche aux deux limites de la reflexion, tandis que dans ]e voisinage de Tangle de la polarisation elle dcvient noire et snbit a un moment donne unc modification curieuse, dont Tex- plicalion ressortdes importants travaux de M. Jamin sur la pola- risation elliptique... La transformation du mouvement vibratoire rectiligne en mou- vemcnt elliptique peut se manifestcr aisement dans les principals circonstances ou elle se produit : 1" On ouvre Tangle des alidades de facon qu'ellcs soient sur le prolongement Tune de T autre, et laissant toujonrs le spath perpendiculaire fixe au nichol oculaire, on tourne ce dernier de facon a avoir la croix noire. Alors entre Toculaire et le prisme polariseur on met une lame d'un quart d'onde, convcnablement orientee, aussito! la croix dis- parait et tout le systeme des anneaux eprouve un changement complet. 2° On obtient les memes phdnomenes lorsqu'a la lame d'un •mart d'onde, on substitue un parallelipipede de Fresnel, dans le- quel le rayon , primitivement polarise a 45 degres , eprouve une double reflexion totale. Seulement pour recevoir la lumiere emergente, il faut imprimcr a Toculaire un leger deplacement, ce que permet la disposition de Tappareil. 3° Enfin Ton arrive encore a des resultats analogues lorsqu'on remplace le parallelipipede parun miroir metallique convenable- ment incline sur la direction des rayons incidents. Dans les trois cas la modification des anneaux est pareille. Nous croyons inutile d'insister plus longuement sur les details des experiences que Ton peut faire avec Tappareil que nous ve- nons de decrire. Nous ajouterons pourtant que si Ton voulail observer les phenomenes curieux des anneaux colores formes par reflexion sur metal, avec toutes les particularites qu'il pre- sente , il suffirait de substituer au miroir qui nous servait en dernier lieu, un appareil propre a la production de ces anneaux. Dans ce cas, il faudrait aussi enlever et le nichol polariseur et la lame de spath que nous avons le plus ordinairement supposee jointe a Toculaire. » progrEs en allemagne. Sur Ics rayons les plus rcfrangibles ou rayons invisibles du spectre Par M. Eisenlohr. M. Eisenlohr a fait depuis plusieurs annees deja, pour produire et etudier le phenomene de la diffraction, une experience qui n'est encore connue que d'un petit nombre de savants, et qui n'a pas ete decrite en France. Avec uneheliostat place au volet d'une salle obscure, on dirige un rayon horizontal de lumiere sur une petite fente verticale installee a un metre de distance du volet- a une distance de k a 12 metres de cette fente, se trouve un ol> jectif achromatique de 3 metres de foyer, maintenu dans un trou pratique dans une planche de bois dont le plan est per- pendiculaire a la direction du rayon lumineux; sur cette planche peuvent elre fixes, en avant de l'objectif, des disques munis de reseaux de diflerentes sorles; a une distance convenable, der- riere l'objectif, se trouve un ecran blanc ou transparent, sur le- quel doit se projeter l'image nette de la fente, avant q'u'on ait mis un re'seau devant l'objectif; lorsqu'on a trouve le point ou se forme l'image, on y place 1'ecran perpendiculairement a la di- rection du rayon, et Ton fixe le reseau devant l'objectif du cote de la fente. De cette maniere on obtient un spectre d'une gran- deur et d'une beaute remarquables, surtout lorsque les trails du i (:seau sont tres-serres et tres-nombreux. Si Ton substitue a la fente une ouverture circulaire, et au re'seau une lame de verre a faces planes, dont la surface est'salie, on ob- tient sur 1'ecran une image comme celle de la pleine lune, entou- ree de h a cinq anneaux colores. En se servant de deux reseaus croises sous un angle quelconque, d'un morceau de toile metal- lique, de mousseline, de ruban, de papier perc£ de trous triangu- k'ulaires ou circulaires, de plumes, enfin des diirerents moyens decrits par Schwerd, dans son ouvrage la Diffraction, on obtieiU les phenomenes les plus beaux et les plus varies, el ces phenomr-nes peuvent etre observes par plusieurs personnes a la fois, taodis 'lu'autrefois chacun devait regarder dans la lunelte. Mais les resultats les plus interessants pour la science, sont ceux auxquels est parvenu M. Eisenlohr au moyen d'un reseau tres- bien construit par M. Schwerd, consistant en un nombre consi- derable d'ouvertures parallels. Sur une lame de verre a faces pa- 252 COSMOS. valleles, de 54 millim. de longueur, recouverle de noir de fumee et vernie, M. Schwerd a trace avec une neltete extraordinaire 1440 lignes parallclcs ayant 13 millim. de longueur. La distance entre le milieu d'une ouverture ou ligne transparent* ct le milieu de cede qui lui estcontigue, est de 0,0375 de millim. ; la largeur de chaque ouverture. est d'environ 0,0116 de millim. Les spectres produits par ce reseau peuvent 6tre observes sur un ecran blanc ou sur du verre, sur du papier mouilles par un liquide fluorescent, ou bien encore etre recus sur du papier photographique. Dans le premier cas, on apercoit les principales raies de Fraunhofer a droite et a gauche du point milieu, dans le premier etle deuxieme spectre de diffraction au sein des plus eclatantes couleurs. Les deux spectres sont separe's par un espace obscur dont les limites sont indetermine"es. Parcillement, l'espace obscur entre le violet pres de la raie H et le point milieu est indetermine verslelieu ou le violet se perd en rayons invisibles. Mais si a la place d'un ecran inerte on substitue une substance fluorescente , alors l'interieur des spectres s'est termine d'une maniere parfaitement tranche^ et distincte vers une derniere raie u. Cet allongement du spectre est encore rendu sensible sur du papier pbotographique, lorsque l'impression dela lumierey a ete produite. Le sulfate de quinine est la substance fluorescente qui a donne a M. Eisenlobr les effets les plus marque's. 11 a pu determiner les longueurs d'onde des rayons invisibles. 11 a trouve, en moyenne, peur la limite de ces rayons, 0,0003540 de millim. ; il a aussi de- termine la longueur d'onde des rayons du rouge extreme; etcette longueur est trouvee de 0,0007064 de millim. Gette longueur d'onde est sensiblement double de la premiere, et par consequent, depuis le rouge extreme jusqu'aux rayons invisibles les plus re- frongibles, la lumiere forme une octave complete. .Imprimerie de W. Remquet et Cie, A. TRAMBIAY, rue Garanciere, 5. proprietor- geran T. IX, 5 teptcmbrc 1856, Cinqui^me anaoe. SMOS. INVENTIONS NUITELLES. Multiplication indeiinie des boutons a bois ou a fruit, a 1'aidc d'nne operation facile Par M. Millot-Brule, de R^thel (Ardennes). Si l'on observe longtemps et beaucoup les progres de la crois- sance des arbres, on rencontrera assez frequemment des cxem- ples de bifurcation parfaite, c'est-a-dire qu'on verra deux bran- ches partir si exactement du meme point, qu'on est force de reconnaitre qu'elles sont nees d'un meme bouton partage acci- dentellement en deux autres. Quelquefois meme on verra un plus grand nombre de branches jaillir d'un centre commun, primiti- vement unique, comme si un meme bouton s'etait subdivise en plusieurs autres ayant chacun leur existence propre et qui se sont developpe's separement apres la subdivision premiere. Les branches multiples dont nous parlons different essentiellemenL des branches opposees nees de deux boutons distincts, surgies spontanement et naturellement des deux c&tes de la tige de cer- tains arbres oil de certaines plantes, ou obtenues artificiellement au moyen de deux ecussons implantes symetriquement par la main de I'arboriculteur, comme on le voit dans les belles pal- mettos de nos jardins. Ce qui distingue essentiellement, nous le repetons, ce qui ca- raclerise les bifurcations ou les multiplications naturelles don I !;i nature nous offre ca et la quelques cxemples, c'est qu'elles sont nees d'un seul et meme bouton. Quelle estl'origine de ces s angles egaux de 30 degrds, et cela sans qu'il ait ctd necessaire d'implanter aucun ecussdn- Lorsque les douze branches onl eu atteint un ccrclo trace sur le mur au moyen d'un fil de fer, recouvert de minium, pincant a sa poinle chaque bourgeon pour en faire naitre deux a litres au talon, on a obtenu aux extremites des branches opposees. Les deux figures du milieu, en bas et en hant, reprdsentont aussi deux pechers en pleine vegetation; on voit comment, en decomposant ou muliipliantle bourgeon en temps et lieu con- venables, on a pu obtenir des dessins tres-complexes, a con- lours brises ou arrondis; les branches partent d'ou Ton veut, et en tel nombre qu'on veut; on les soude, on les unit avec autant de i'acilile qu'on les avail divisees ou desunies, etc., etc. La plus elevee de ces figures a, de plus, l'avantagede nous ini- tier a d'importants secrets de l'art charmatit de l'arboriculture. Sur les "branches horizontales, il fant bien se garder de determi- ner des branchettes opposees, car les branchettes ascendantes s'empareraient de toute la seve aux depens des branchettes des- cendantes, el la vegetation de ces dernieres n-sierail languis- sante; les branchettes alterndes sont, sur les branches horizon- tales, unenecessile absoln:\ De plus, pour ralentir f clan dela seve dans les branchettes su- perieures et venir en aide aux branchettes inferieures, on plie ou on relourne les premieres sur elles-memes, en leur i'aisant fair*.' en quelque sorte un noeud, mais avec la precaution de ramener ia pointede la branchelte vers le haul, et se gardanl bien, comme COSMOS. 257 le font des jardiniers inaladroits, de la laisser abaisse'c ou dirige'e vers la terre : sans cello precaution, en effet, et si la pointe nYlaii pas maintenue montante, on verrait apparaltre, au point culmi- nant do la courbure ou du we/ad, un nouveau bouton qui s'elan- cerait avec une grandc acli vile et epuiserait les branchelles in- ferieures. Sur les branches verticales, au contraire, rien ne s'oppose a ce que Ton divise en trois chaque poinle du bour- geon merylhale au moment ou il atteint le fil de l'er tendu horizontalement sur le mur pour faire naitre deux brancheltes a fruit oppose'es ou pour preparer deux branches charpentes si Ton est arrive sur la mite ou elles doivent surgir. Mais, deinandera-t-on, comment s'y prendre pour subdiviser ou multiplier ainsi un bouton quelconque a bois ou a fruit? M. Mil- lot-Brule nous autorise a decrire ses procedes. lis sont, au fond, tres-primitifs et Ires-simples quoique pour les appliquer habile- ment il faille beaucoup de dexterite et de gout. II s'est servi , d'a- bord, d'un simple canif; au printemps, des que la seve commen- cait a circuler, il tranchaii, un peu au-dessus de sa base, de raa- niere a le decouronner ou decapiter la pointe interne du cone qu'il s'agissait de doubler pour faire naitre deux branches oppo- sees; il voyait apparaltre, en effet, quelques jours apres, au talon du bouton ampule, deux nouveaux boutons epanouis bienlot en bourgeons, dont il ne restait plus qu'a bien equilibrer la vegeta- tion par des pincements adroilement executes. L'equilibre etabli, et s'il s'agissait d'oblenir non pas deux branches, mais qua Ire, il tranchait, pres de leurs talons, les deux bourgeons deja obte- nus et voyait naitre a chaque talon deux nouveaux boutons d'a- hord, deux bourgeons ensuite, qu'on equilibrait encore, et qui, bientot, se trouvaienl pivls a elre subdivises a leur tour, pour obtenir huit, seize branches, etc. Sur des arbres vigoureux on a |)u pousser les subdivisions assez loin, pour transformer le bouton lerminal primitif et unique en une sorle de chevelure epaisse. \oilaroperalionelementaire. Voyons comment, en la praliqiumt, on peut, sur un point donne, faire partir plusieui's branches dans difl'erentes directions. On attend que la vegetation ait amcm- un peu au-dessus de ce point i'extreinite du bourgeon lenniuai; on pince alors cette extremite au-dessus de rune de ses feuilles, pla- cee de face sur la lige, en avant ou en arriere, entre robsci^aieur ct le mur, si,comme dans le cas o'un espalier, il s'agit dtobtenir des branches itaralloles au mur; sur une feuiile placee, au Cfiiitraire, de cole, a (iroite ou a gauche, si leplan des deux nouv icshran- 258 COSMOS. ches doit etre perpendiculaire au miir : car, r£gle generate, les deux boutons multiplies naissent sur lcs c6tes, a droite et a gauche du bouton ampule* : Le phicemenl du nouvcau sous-bourgeon enfaute a son lalon deux boulons opposes en sens paranoic au inur, qui bientdt s'allongent et se reproduisent en deux sous- bourgeons; si on avait besoin d'un troisieme sous-bourgeon pour faire tete, on pratiquerait un pincement au-dessus d'un troisieme bouton pres- que encore latent, mais qu'un oeil exerce apercoit dans lcs rides do sa base. En amenant pen a peu les deu\ branches de la four- che par des liens ou des epingles galvanisees, plantees convena- blement de mnniere a pousser de dedans en dehors les bour- geons encore tenures ou herbace's, on lenr fait prendre une direction a angle droit ou aigu avec le bourgeon terminal ou su- perieur, et Ton obtient une croix parfaite a branches droites ou inclinees. C'est ainsi que d'echelon en echelon, et s'aidant de fils de fer horizontaux, prdalablement tendus sur le mur, ou sur un chassis en plein vent, on reussit h constituer, sans ecussonnage, des palmettes a branches rigoureusement opposees, perpendicu- laires a la tige principale ou faisanl avec ellc tout angle assi- gne a l'avance. Nous n'entrerons pas dans plus de details, ils seraient inutiles pour les hoinmes du metier et faslidieux pour le commun de nos lecteurs. Nous arrivons a un pcrfectionnement essentiel du pro- cede operatoire, a l'adjonction du papier de verre ou d'un corps frottant, a la lame tranchante. Tout bouton se compose d'un axe place au centre d'un c6ne et entoure d'ecailles superposees en spirale; en apparence, c'est un etre simple, mais en realile c'est un etre multiple, et il sufflt de faire sur l'une quelconque de ses ecailles une incision profonde et qui le divise, pour voir poindre, des deux cotes de l'ecaille choisie, deux boutons opposes. Quand ces boutons sont apparus, le doigt arme d'un morceau de papier de verre a grains tres-fins, M. Millot-Brule pratique sur chaque bouton proeminent des frottements ou usures souvent repetees, maisexcessivemcnt faibles; el ces usures, qui remplacent desor- mais Taction du canif, sufflsent a subdiviser les boutons successi- vement en deux, quatre, etc., boutons, forma nt groupe, et. vege- tant ensemble autour d'un point central; le nombre des divisions que Ton obtient ainsi est beaucoup plus considerable que lors- qu'on se contentait de couper; les traces des operations sont aussi mieux dissimulees, et Ton pent realiser sans peine les ac- cidents de vegetation les plus singuliers, les plus etranges, des COSMOS. 259 branches aplaties, des exostoses, des loupes simples ou com- posees, etc., etc. Si Ton tient a une vegetation reguliere et rayon- ne'e, on coupera avec de petits ciseaux les feuilles qui tendent a pulluler au talon, ainsi que les bourgeons trop faibles ou mal places; l'air et la lumiere circuleront alors sans peine autour du faisceau de branches; celles-ci passeront rapidement a l'etat de bois, et, en equilibrant leur vegetation, on les amenera plus tard a fructifler aussi regulierement qu'ils auront ve'gete. Dans un memoire ou traite, dont la redaction est deja tres- avancee, M. Millot-Brule donnera lui-meme tous les developpe- ments necessaires a l'intelligence complete el a Fapplieatioii va- rie'e de sa methode; nous nous bornerons a constater en flnis- sant : qu'elle est entiereinent neuve et constitue une des plus originales, une des plus heureuses decouvertes de ces derniers temps; qu'elle est eminemment utile, et donnera des resultats inappreciables. Cette d^couverte est neuve , car, dans aucun traite , on ne trouve meme enonce le fait de la multiplication d'un bouton unique a bois ou a fruit, la possibility de faire partir a volonte, d'un seul et meme point, soit deux branches opposees, soit un nombre quelconque de branches faisant entre elles des angles quelconques; elle est neuve, car, nulle part, avant 18^9, epoquc des premiers essais de M. Millot-Brule, daus lesjardins meme les plus artistiques, on ne voyait de palmettes a branches rigoureu- sement opposees sorties d'un bouton unique; car, aujourd'hui encore, tous les maitres de l'art, les Alexis Lepere, les Hardy, les Dubreuil, etc., s'accordent a dire que, pour obtenir des palmettes a branches exactement placdes en face l'une de l'autre, il faut ne- cessairement avoir recours, pour chaque e'chelon, a un triple ^cussonnage, des deux cCtes pour obtenir les branches opposees, en haut pour continuer la tige; elle est neuve, car il serait im- possible d'exhiber des dessins qui approchent mem? de ceux que nous commentions tout a l'heure. Cette decouverte est, en meme temps, originale etheureuse; originale, car personne ne l'avait m6me soupconne'e, car on ne s'etait pas m6me demande la veri- table origine des bifurcations que Ton rencontre quelquefois dans la nature, car il n'etait venu a la pensee de personne qu'elles fussent le r^sultat de la morsure d'une chenille ou d'un insecte ; heureuse, car elle fait entrer Parboriculture dans une ere tout a fait nouvelle et centuple ses forces. Nous allons prouverson utilite incontestable ettr^s-grande par 260 COSMOS. renonce rapide des resultats auxquels olio peut conduire : 1" Le9 arbrosouarbustesqui sorlenl aujourd'hui des pepinierea nonl qu'une lres-1'aiblc valeur, parce qu'on les livre tels que la nature les a prnduils, grehY's sculemonl on ecuasonnes, presque sans edoeatiofi aucune; H n'en sera plus aiusi desormais : le pd- pinieriste, inilie aux secrets de M. Millot-brnle, donnera a ses jeuues plans, des le premier age, une forme reguliere et arlis- tique, il les predoslinera, il les appropriera a des destinations loutes speciales; ce seront, des le depart, des palmettos nette- meui dessinees ou des quenouilles a branches regulierement disposes; ce qui valait un franc en vaudra qualre, etc. 11 en est dc memo des flews qui, abandonnees a elles-memes, ne pren- nent aucune direction reguliere. 2° Une fourche naturelle, appropriee aux besoins de l'agricul- turc, est un jeu du hasard, une rarete, aussifaut-il la payer tres- cber, quinze et vingt fois sa valeur intrinseque; par la methode de M. Millot-Brule, en substituant l'intelligence et l'adresse des doigts au caprice instinctif des mandibules de la chenille, on pro- duira a volonte des fourcbes de toute forme ; au lieu d'un fagot vendu quinze ou vingt centimes, on aura trente, quarante outils ('■liM-auts, dont le moindre vaudra cinquante centimes; 3".Ce que nous venons de dire des fourcbes s'e'tend tout natu- rellement aux bois courbes ou d'equerre que reclament une foule d'induslries : l'agriculture, pour les atelles et les mancberons de ses cbarrues; l'ebenisterie, pour ses rnille i'antaisies; la marine, pour ses angles, ses coudes, ses gonoux, etc., etc. Pour obtenir des bois d'equerre, courbes quelconqnos, il suffit evidemmcnt de fake partir a volonte, d'un point donne,une ou plusieurs branches et de les guider dans lour devcloppement; or, tout cela est un jeu d'enfant pour M. Millot-Brule; cos bois, par consequent, pourront dcvenir aussi communs qu'ils sont rares aujourd'hui; on ne sera plus oblige de recourir a de mauvaises imitations obtenues a la scie et qui n'ont aucune solidite, ou a Paction de machines qui ne sont pas encore tombees dans le domaine public ; k° Eniin , cetle meme possibilite de faire naitre partout des bourgeons adventifs simplifiera, accelerera, dans des proportions vraiment incroyables, le travail par lequel on obtient aujourd'hui ces arbres fruitiers si elegants, espaliers ou palmettes , qui sont letriomphe de l'horticulture; on gagnera souvent plusieurs an- nees ou meme deux annees, en meme temps qu'on obtiendra des formes impossibles a obtenir aujourd'hui. Sounds au meme re"- COSMOS. 261 gime on a la meme education, les arbres des promenades publi- ques, des boulevards, des quais se dresseront en plafonds, s'ar- rondiront en voutes ogivales ou autres, se joindront en galeries U'un effet entitlement nouveau et imprevu. II nous tarde, nous l'avouerons, de voir M. Millot-Brale a l'oeuvre au Palais-Royal, aux Tuileries, au bois de Boulogne, dans les jardins de Versail- les, elc, et nous en voulons quelque peu aux botanistes de l'A- cade'mie des sciences den'avoir pascomprisimmediatement l'im- mense portee d'une decouvertequi rendra, certainement, celebre le nom de son auteur. F. Moigno. PHOTOGPiAFHIE. Sur 1c stereoscope Par M. Tyndall. {Suite.) Elles pourront operer aussi sur les bees de gaz ou les reves- beres des rues; choisissez-en un bien isole a Tangle d'une rue, distant de 15 a 20 metres; placez votre main devant les yeux dans la direction du bee, et regardez votre main : vous verrez infailli- blement le bee double. Placons maintenant sur une feuille de papier deux pains a cacbeter A et B (fig. 3) de meme grandeur, a trois pouces environ Tun de l'autre ; dirigez maintenant vos deux axes optiques sur la pointe d'un pinceau place pres de l'oeil; cbacun des deux pains apparailra double; vous aurez en vue quatre images; en elevant ou en abaJ6sant le pinceau, vous pouvez rapprocher l'une de I'aulre les deux images centrales; et ces deux images coincide- ront lorsque la pointe du pinceau sera a peu pres a 16 centimetres de distance des yeux. Vous pouvez maintenant retirer le pinceau; vous continuerez a voir l'objet central simple; apres un peu de pratique vous arriverez a obtenir cet effet sans aucune contrainte ou effort des yeux. Lorsqu'il est obtenu, l'oeil droit regarde vers le pain a cacheter gaucbe, et l'oeil gauche vers le pain a cacbeter 262 COSMOS. droit, et il en resulte que nous voyons le troisieme pain au loin, les axes optiques se coupant l'un l'autre. Le point precis d'ou emanent et ou se rencontrenl les deux axes optiques peut etrc determine par l'epreuve suivante : fermez l'oeil gauche et regar- dez avec l'oeil droit sur le pain a cacheler ganche; introduisez sur la ligne de la vision la pointe d'un pinceau ou le bout du doigt; fermez mainlenant l'oeil droit et regardez avec le gauche sur le pain de droite; si la pointe du pinceau ou le bout du doigt se trouve exactement sur la nouvelle ligne de vision, il est a la place cherchee, et c'est vers lui qu'il faut faire converger les deux yeux pour voir le troisieme pain ; si cela n'a pas lieu, il faut le rapprocher ou eloigner des yeux la pointe du pinceau jusqu'a ce qu'elle se trouve a la fois sur les deux directions actuelles. En placant les mains entre les yeux et les deux images exte'rieures, on ne verra plus qu'un seul pain a cacheter a 16 centimetres et demi environ des yeux au lieu des pains a cacheter situes a 38 centimetres environ. Pour plus de clarte, supposonsque I etr {fig. U) sont les deux yeux, et a b les deux pains a cacheter; l'oeil droit r regarde le long de ra, et l'oeil gauche le long de lb; et le pain a cacheter unique est vu en i ou les deux axes optiques se cou- pent Tun l'autre. On peut obtenir le meme effet avec deux bougies de meme longueur dressees au-des- sous de l'oeil, ou meme, mais moins com- modement , en remplacant les deux pains par les deux yeux d'un ami. Placez-vous a 50 centimetres de votre ami, faites con- verger vos yeux sur un point distant de 20 centimetres ; quand cela est fait, et en supposant que la distance des deux yeux de votre ami est la meme que la distance des votres , dirigez votre ceil droit sur son ceil gauche et votre ceil gauche sur son ceil droit; les deux yeux se projetteront l'un sur l'autre et ne formeront plus, si vous excluez les images cen- trales, qu'un seul ceil cyclopeen niche a la racine de son nez. Si au lieu des deux pains a cacheter vous placez devant vos yeux les deux dessins stereoscopiques* et que vous les regardiez de la meme maniere, vous verrez I'objet en relief a ' I' inter section des axes optiques, sans I'aide dun instrument quelconque. C'est un point capital et qui demande de plus amples eclaircis- COSMOS. 263 senients ; il est important que chaque individu puisse faire l'ex- perience pour et par lui-meme. Nous choisirons pour sujet d'ex- perimentation le troncon de pyramide a six pans, c'est-a-dire une pyramide a six pans dont le sommet a ete abattu. Que le lecteur se figure voir une petite pyramide de ce genre, placee a 16 centi- metres et demi de longueur; avec son oeil droit, il verra plus du c6te droit de la surface de ce tronc qu'avec l'oeil gauche, il pourra construire de la maniere suivante les deux profils ou images qu'ii voit ainsi de ses deux yeuv : Sur une feuille de papier, il ddcrit avec un compas deux cer- cles a bcdef, a'b'c'd'e'f {fig. 5) de 27 millimetres de diametre f Fig. S dont les deux centres o,o seront a 16 centimetres l'un de l'autre. Partant de deux points correspondants a,a, il porte sur chaque circonference une longueur de compas egale au rayon du cercle de a en 6, de 6 en c, etc., de a' en b\ de 6' en c', etc.; le rayon sera compris exactement six fois dans la circonference, et l'on formera ainsi deux hexagones. En laissant ces circonferences tra- cees au crayon ou simplement indique'es par la poinle du compas, passons a l'ecart les six c6tes des hexagones. Un peu sur la droite du centre o de la premiere circonference, prenons un nouveau centre r, et de ce centre decrivons un cercle plus petit; inscrivons dans ce nouveau cercle un pelit hexagone, et completons la figure en unissant par des lignes droites les an- gles correspondants du petit et du grand hexagone, puis effa- cons le cercle dans lequel le petit hexagone est inscrit. Repetons une operation tout a fait semblable sur le grand cercle de l'hexa- gone de gauche, mais avec cette modification capitale que nous preudrons a la meme distance, mais sur la gauche, le centre r du second petit cercle. Les figures ainsi obtenues sont les deux pro- fils du petit tronc de pyramide vu tour a tour de l'oeil droit ou de m cosmos. l'oeil gauche A la distance de 16 centimetres. Ledessin de gauche est celui qui correspond a l'ooil droit, et le dessin do droite est celui qui correspond a l'eefl gauche. On remarquera qu'cn l'aisant Fexperience de supcrposilion que nous avons Carbonate de cbaux ■ Id. de magnesie . Ean combiniv. stibslaticvs non-dOSees el ihatiere oiv^- nique combustible nou compris l'azote 34,67 Azote ............. i. .. 4 ..... , ]U0,00 100,00 100,00 Le produit I a ete recueilli aux environs de Cassel (Nord). 11 a seulement ete dessecbe a Fair; les deux autres produits ont ete desseclies avant l'analyse> a une temperature de 80 degres envi- ron. L'echantillon II a ete1 recueilli aux environs d' Arras, et enfni) le produit III vient de Henonville (Oise). On a fait bonillir cent parties de cos produ:!:< avec de la potasse; le reactif a dissous, pour cent : n m Silide ».-.. 7,63 3,3b Alumine Traces 5,13 I II III 14,00 29,7;; 76,73 3,67 3,73 5,73 37,f.7 49.70 4,7:i 6,33 8,4S 3,66 » 3,-24 1,1+ 34,67 S.07 7,53 0,66 2.01 0,40 7,63 7,50 Les residus insolubles d&ns l'acide , laves , puis repris par la potasse, ont ete plus attaques que les premiers. On a obtenu en dissolution, pour cent : 278 COSMOS. II in Silice 7,85 7,85 Alumine Traces 1,75 7,85 9,60 Un d6p&t analogue, recneilli a Drayton-Manor, et analyse par M. Philips, de Londres, lui a fourni : Silice et alumine avec traces de chaux. 49 20 Peroxvde de fer " 87 80 Matiere organique 23 00 100 00 II serait difficile, comme je l'ai dit en commencant, de tirer de ces chiffres, sans une etude plus de'taille'e , des renseigneinents bien utiles. II n'en est pas de meme des faits suivants , dont on appreciera facilement tout l'interet pratique : Lorsqu'on recueille un depot rdcent, et l'eau meme au sein de laquelle il se forme, il suffit de jeter le tout sur un filtre, pour obtenir un liquide parfaitement clair. Ce liquide, renferme dans des flacons entierement remplis et bien bouches ou bien place dans une atmosphere depourvue d'oxygene, conserve indefiniment sa transparence. Expose a Taction de l'oxygene ou de l'air atmos- pherique, Use trouble, au contraire, en quelques instants, etlaisse deposer la matiere ocreuse qui forme la base des obstructions qui nous occupent. On debarrasse facilement de ce liquide, par quelques lavages a l'eau pure , le dep&t recueilli dans les drains ou dans les fossi's de decharge. Par son exposition a Fair, sa teinte devientde plus en plus rougeatre. Lorsqu'elle parait ne plus varier apres quel- ques heures, si on introduit ce dep6t dans un flacon rempli d'eau et bien bouche, on voit la teinte rougeatre repasser peu a peu au brun fonce presque noir. Apres quelques semaines, il suffit de jeter le produit sur un filtre, pour obtenir de nouveau un liquide clair, mais qui se trouble rapidement a Pair, en laissant deposer le produit ocreux dont j'ai deja parle. En meme temps le ddpot laisse sur le filtre reprend la teinte rougeatre qu'il pre'sentait au moment ou on l'a renferme dans le flacon. La meme serie d'observations peut se reproduire un certain nombre de fois sur le meme echantillon. Le produit en question presente done ce double caractere : de devenir insoluble par son oxydation et de pouvoir se reduire, COSMOS. 279 quand on l'abandonne a lui-meme , dc maniere a redevenir en partie soluble. Si Ton introduit trois ou quatre centimetres cubes du precipite ocreux recemment recueilli et imbibe de l'eau au milieu duquel il se formait, dans une eprouvette remplie d'oxygene renversee surla cuve a mercure, l'absorption dugaz est d'abord tres-rapide, puis se ralentit peu a peu et flnit par s'arreter. Pendant les huit premiers jours de l'une de mes experiences, 14 centimetres cubes de gaz ont ete absorbes, tandis que 5 centi- metres cubes seulement ont disparu dans les treize jours suivants. La masse etait alors completement rougeatre et, jetee sur un liltre, donnait un liquide clair et ne renfermaiten dissolution au- cun produit remarquable. Le liquide qui impregne les precipite's re'cents renferme des- proportions variables de substances precipitables par Taction de I'air. Nous en avons obtenu jusqu'a 0^,80 par litre, bien que deja Taction de Toxygene en eut fait precipiter une partie. En general, on en trouve 0^,25 a 0&,50 par litre, ce qui suffit , en raison de la legerete du produit et de sa consistance gelatineuse, pour produire rapidement Tobstruction des tuyaux. Des faits qui precedent il resulte : 1° Que les eaux qui produisent les obstructions ferrugineuses dans les tuyaux de drainage conservent leur limpidite et ne don- nent lieu a aucun depOt, quand elles sontmises a Tabri de Taction de Toxygene de Tair. 2° Que le de'pdt rdcemment forme peut exercer sur lui-meme une action reduisante qui le fait en grande partie repasser a Tetat soluble. De ces deux faits il est facile de conclure que des regards pneumatiques semblables a ceux decrits en parlant des obstiuc- tions calcaires, previendront egalement la formation des depots ocreux dans les tuyaux de drainage. Dans le second cas, le regard, au lieu d'empecher la deperdition de Tacide carbonique, comme dans le premier cas, empechera la rentree de Toxygene de Tair. Si un peu de ce gaz arrive aux tuyaux pendant les grandes secheresses ou avec Teau des premieres pluies, il pourra se for- mer, accidentellement, il est vrai, quelques depdts, mais ils rea- giront sur eux-memes , apres avoir absorbe Toxygene contenu dans Tair des tuyaux, ils ne tarderont pas a repasser en partie a Tetat soluble , et seront facilement entra]ne"s par le mouve- 280 COSMOS. ment dc l'eau dans les drains , pendant la saison pluvicuse. 11 est inutile d'ajouter que les drains elablis dans les terrains ou peuvent se produire des obstructions ferrugineuses, doivenl etre executes avec plus de soin encore que de coutume. Le rem- plissage des tranches doit surtoul appeler l'attention. 11 faut choisir la partie du sol la plus argileuse, pour la placer sur les luyaux, l'e'mietlcr completcinent et pilonner cetlc premiere couche de terre de la manierc la plus parfaite. Le compose qui forme !a base des incrustations ferrugineuses des luyaux de drainage se rencontre en i>rande quantite dans les terrains oil se produisent les accidents dont on vient de parler; on le trouve egalement , mais en livs-faibles proportions, dans bcaucoup d'autres sols. II joue probablement un r61e important dans les phenomenes de la vegdtation. 11 n'est pas impossible, en efl'et, que ce soil dans cet ctat particulier de combinaison que le l'er s'introduise dans les tissus des plantes. 11 est ires-probable d'ailleurs qu'il se forme de l'ammoniaque pendant l'oxydation de cetle substance, comme il s'en produii lorsque le fer se ruille dans l'air humide. Les experiences que je poursuis a ce snjet pourront, je l'es- pere, mcttre bors de doute cette reaction si inieressanle pour l'a- gri culture. Les chimistes qui ont parle des obstruclions ferrugineuses des drains, supposaient, avec raison, que ces depols etaient dus a l'oxydation des sels de protoxydes de fer. On pensait, en general, qu'il se formaient par la precipitation d'une certainc quantite de carbonate de protoxyde de fer, produite an scin de la terre par Paction des matieres organiques sur le peroxyde de fer, et, tenu en dissolution dans l'eau, par un exces d'acide carbonique. La solubilite du carbonate de peroxyde dc fer est insuffisante pour expliquer l'abondance de certains depots. Personne d'ailleurs n'avait demontre directement 1' absorption dcToxygene, etn'avait observe la reduction spontanea du produit, qui assure complete- inent le sueces des regards pncumaliques, dont je viens d'indiquer 1'emploi, pour prevenir les obstruclions ocreuses dans les tuyaux de drainage. Impriinerie de vv . HEMQLF.T el yjie, > rue Caranciere, b. pnfncl^re-^rant T. IX, 12 septembre 1856. Cinquieme annee. COSMOS. NOUVEILES ET FAITS DIVERS. La secousse du tremblement de terre, qai a eu lieu le 21 aout en Algerie, a ete resscntie a Mahon (Bale'ares) vers neuf heures et demie du soir. En meme temps la mer s'est tout a coup gonilee extraordinairement et a produit un raz de maree qui a cause quelques de'gats dans lc port. Le lendemain, a onze heures et de- mie du matin, une seconde secousse a ete ressentie, mais beau- coup moins forte que la precedente; le mouvement paraissait etre de Test a l'ouest. Hier vendredi, a onze heures et demie du matin, dit rAhkuar, du 24 aout, un nouveau tremblement de terre, moins fort que celui de la veille au soir, s'est fait sentir a Alger. Gelte fois la se- cousse, au lieu d'etre du nord au sud, elait de Test a l'ouest. — On vient d'annoncer a l'Academie des sciences que le Irem- blement du 21 et du 22 aout s'est communique aux cotes vis-a- vis de l'Algerie, a travers la Mediterranee, comme si celte mer n'existait pas. — Le Tarare est rentre a Alger, le 23 aout a neuf heures du matin ; ce navire a eprouve, pendant sa traversee de retour, etanl en pleine mer, par le travers de Stora et Gigelly, un choc terrible du au tremblement de terre. On a senti deux secousses a la meme heure qu'a Alger, elles etaient tellement fortes que tout le monde s'est precipile sur le pont croyant a un naufrage. — La Societe d'cconomie rurale d'Autriche celebrera son 50° an- niversaire au mois de mai 1857. Elle organisera, a cetle occa- sion, une exposition agricole qui comprendra les animaux de la monarchic aulrichienne, les machines et les ustensiles s'gri coles de l'interieur et de l'etranger, et les produits agricoles et fores- tiers de l'empire autrichien. II sera distribue des prix consistant en medailles d'or, d'argent et de bronze. — 11 y a un mois la New-York, New-Foundland and London Telegraph Company, qui a entrepris d'elablir un telegraphe sous- marin entre l'Ame'rique et l'Europe, est parvenu a submerger un li 282 COSMOS. cAble, a partir de la pointe nord de Nova Scotia jusqu'au cap Ray (Terre-Neuve) La distance est de 85 milles. Ce cable sera e*tcnda par Terre-Neuve a la baie de Saint-Jean, d'ou sa distance de l'O- cean a la cote occidentale de l'Irlande, est 1 6/i0 milles. Le petit bateau a vapeur Arctic, en attendant, a ete" envoye par le gou- vernement des lUats-Unis, sous les ordres du capiiaineBerryman, pour faire des sondages entre ces deux points. 11 est parti le au triangle LPR. Cc prineipe me semblc assez evident pour que jc puisse mc dispenser de le demontrer. L'objet 0 et lcs chambres obscures UK forment un systeme ; les images virtuelles P ou modelcs en petit, les yeux, ou les petites chambres obscures car les yeux sont des chambres obscures) forment un autre systeme ; ces deux sys- lemes sont mathematiquement sem- blables sous tous les rapports, et l'un est l'amplification de 1' autre. Que cette similitude de conditions doive exister, afin que le stereos- cope donne une representation fidele de l'objet qu'il doit faire voir, c'est une ve'rite qui n'a pas besoin, je crois, de demonstration. II est facile maintenant de deter- miner par le calcul la distance HK : ce probleme se reduit en effet a trou- ver le quatrieme terme d'une pro- portion dont on connalt les trois autres. Les quantite's connues ou donne'es sont : 1° LR, la distance des deux yeux; 2° NO, la moyenne distance de l'objet, c'est-a-dire la distance mesure'e de l'objet 0 au point mi- lieu N de l'intervalle qui separe les deux stations ; 3° la distance NP ; cette demiere longueur est de- terminee, comme nous l'avons vu, dans le stereoscope par refrac- tion, par la longueur de l'instrument, ou la distance focale des deux demi-lentilles , et le nombre qui exprime son rapport a LR doit Otre grave sur l'instrument par l'opticien qui le construit. On trouve cette meme longueur NP dans le stereoscope par reflexion en mesurant la distance entre N et le dessin , ou, ce qui est la meme chose, en mesurant la longueur focale de l'objectif avec lequel la vue est prise. De ces trois quantites connues on deduit HK par la proportion, PN est a ON comme LR est a HK ; c'est-a-dire que pour avoir HK, ou la distance cherchee des sta- tions il faut multiplier ON par LR et diviser le produit par PN. Fig. 3. COSMOS. 319 Nous avions deja enonce dans un precedent article les regies pratiques a suivre pour determiner la distance HK entre les deux stations; elles sont actuellement demontrees, il me semble, d'une maniere satisfaisante ; et cette demonstration prouve que la pra- tique couronnee dc succes de plusieurs photographes eminents n'a pas ete i'ondee sur une exageration, mais bien sur une the'orie corrccte. Un mot sur les efl'ets qui resultent del'ecartdes regies exactes : si, au lieu de placer dans le stereoscope une couple de vues prises de deux stations differentes, nous y placons deux epreuves obtenues d'un meme negatif (ou ce qui revient au meme dans la pratique, si nous prenons les deux stations aussi pres l'une de l'autre que les deux yeux, tandis qu'elles doivent etre beaucoup plus separees) , nous obtiendrons une coincidence absolue sur tous les points des deux images virtuelles, et l'effet de cette coin- cidence sera une peinture plate vue a la fois par les deux yeux. A mesure que nous augmenlons la distance entre les deux sta- tions , nous gagnons en effet stereoscopique ; et lorsque nous sommes arrives a la veritable distance theorique , nous obtenons un effet de relief tout a fait vrai. Si nous depassons de beaucoup la distance theorique, il en resulte une exageration de relief absurde, avec veritable deformation. En regie generale, il vaut mieux rester en deca de la distance theorique entre les deux sta- tions , que d'aller au dela ; car l'imagination aidee du jugement supplee plus facilement au defaut de relief, qu'elle ne se recon- dite avec l'exces de relief. Si nous regardons une simple photo- graphie avec une loupe tres-grossissanle , nous parvenons sans peine a la voir en relief ou stereoscopiquement. Les lignes de perspective jointes aux alternatives de lumiere et d'ombre faci- litent 1' illusion. » — La Compagnie du Palais de cristal de Sydenham, a la suite de son exposition actuelle 'de peintures, a re'solu de faire une exposition de photographies ; elle invite les photographes fran- cais a lui adresser leurs produits ; elle payera tous les frais d'em- ballage, et se contentera de prelever 10 pour 100 sur le produit des ventes. Les photographies devront etre sous verre. L'agent dela Compagnie a Paris est M. H. Berthoud, 15, rue des Macons- Sorbonne ; il se chargera des expeditions. AGADEM1E DES SCIENCES. Seance du 14 septernbre 185G. La seance est presidec par M. Pcsprelz. M. Gfove, celebre phy- sicicn anglais, et M. Purkinje, de Prague, que la decouvcrte de la vesicule seminale et ses rechcrchcs sur la physiologie de la vision ont fait connaitrc dans le monde entier, assistent a la seance. — M. Pierre Beron, philosophe Moldave, presente un Me'moire intitule : Du magnetism;' terrestre produit des anisothennies re- sultant, de la rotation de la terre et de son evolution autour du soleil. Nous en publicrons l'analyse plus tard. — M. Guillon, le si habile lithotriteur, qui est parvenu a broyer en une seule se'ance des calculs enormes, annonce qu'il est sur le point d'operer un malade afflige d'un calcul a la I'ois tres-gros et Ires-dur, place par consequent dans les nieilleures conditions pour faire ressortir les avantages de sa inethode ; il prie install- ment 1'Acade'mie d'engager les commissaires nommes par elle a assister a l'operation. MM. Cloquct et Jobert seront pries de se rendre au desir de M. (iuillon. — M. Marshall-Hall continue sa thdorie de Fasphyxie. — M. Puech, chirurgien en chef a l'liopital militaire de Lyon, ad'resse une note sur les rapports existants entre les lesions des capsules surre'nales et l'affection connue sous le nom de peau bronzee. Tous les cas de peau bronze'e ne sont pas necessaire- ment accompagnes de lesion des capsules, et reciproquement. La pean bronzee peut n'etre que le resultat de l'alteration du pigmen- tum, souvent cependant elle se lie a la lesion des capsules. — M. le docteur Apostolides adresse deux Memoires sur des operations pratiquees dans les voies aeriennes, Toesophage, la trachee-arlere, dans le but de les debarrasser des corps Gran- gers, — M. Bobierre de Nantes se presente comme candidat a la place de correspondant vacante dans la section d'economie rurale. — M. Andrivaux-Goujon, soumet au jugement de l'Academie le dessin d'une nouvelle carte de la Palestine ancienne et moderne, et demande qu'il soit examine par une commission. — M. fimile Kopp adresse une note sur l'acide phosphorique vitreux, son mode de production economique , et son application soit a la preparation duphosphore, soit a la fabrication du borax COSMOS. 321 employe aujourd'hui avec beaucoup d'avantage pour la soudure de Facier au fer ou a la fonte. — M. Gaultier de Claubry adresse une lettre relative aux treni- blements de terre de l'Algerie. II signale principalement ce fait que dans toute la plaine au-dessous du Djebel-Halia il s'est forme dans le sol, peu avant la commotion, de larges fissures donnant issue a de grandes quantites d'eau melee de sables sili- ceux, et projetee a la hauteur deplusieurs metres; les fissures se sont refermees plus tard, mais leur emplacement est rendu tres- visible par de longues bandes d'herbe d'une vegetation tres- active. — M. le president actuel de l'lnstitut rappelle que la reunion trimestrielle aura lieu au commencement d'octobre, et prie l'Aca- demie des sciences d'inviter un de ses membres a preparer une lecture pour celte seance. — M. Claude Bernard lit la seconde partie de son Memoire sur la topographic de la chaleur animale ; il s'agit cette fois du pas- sage du sang a travers les poumons. L'opinion commune des an- ciens physiologistes etait que le sang venait se rafraicbir dans le poumon au contact de Fair. Depuis que Lavoisier a formule sa the'orie de-la respiration et de la chaleur animale, le poumon, trans- forme en un centre de combustion, devait par la meme devenir pour le sang un centre de rechauffement. On a essaye plus d'une ibis de comparer la temperature du sang dans le ventricule droit, au moment oil il sort du cceur pour se repandre dans le poumon, a la temperature de ce meme sang revenu dans le ventricule gauche pour repasser dans le cceur et aller circuler dans les veines. Les resultats des experiences tentees dans cette direction sont loin d'etre conformes ; suivant les uns le sang est plus chaud dans le ventricule gauche, suivant les autres, c'estle contraire. M. Bernard montre sans peine comment les contradictions out pu naitre d'experiences faites dans de mauvaises conditions. II a repris cet examen en ayant soin d'operer sur des aniinaux vivants, qu'il blessait le moins possible , en se servant de thermometres tres-delies et tres-sensibles. Ses premieres experiences ont ete faites sur des moutons; elles ont ete souvent repetees et ont toutes donne ce resultat que le sang dans le coeur droit est plus chaud que dans le cceur gauche; sa temperature, d'abordde 38°,8 en moyenne, n'est plus ensuite que 38°,6 ; la difference est petite, 2 dixiemes, mais elle est toujours dans le meme sens. M. Bernard a experimente en second lieu sur des chiens, et il a prie 322 COSMOS. M. Walferdin, lc Thcrmographe par excellence, de prendre de son cdte les temperatures avec son thermometre a devcrsement. Le re'sultat est encore le meme , le sang dans le ventricule droit est plus chaud que dans le ventricule gauche. On est done en droit d'aifirmer : 1° que la circulation du sang a travers l'appareil pul- monale est une cause de refroidissement ; 2° que le poumon ne pent plus etrc considere comme un foyer de chaleur; 3° que la transformation du sang veineux en sang arteriel coincide non pas avec une periode d'accroissement , mais avec une periode d'abaissement de temperature. — S. A. le prince Charles Bonaparte lit une note sur la clas- sification des echassiers. — M. Bernard, au nom de M. le docteur Castorani, presente un Me'moire sur la photophobie dont les conclusions sont : l°le siege de la photophobie reside dans les nerfs ciliaires du trijumeau , qui donne la sensibilite a la cornee et al'iris; 2° la pholophobie est d'autant plus intense que les filets ciliaires sont plus a decou- vert ; 3° la retinite dont M. Castorani admet la possibilite , n'a ja- mais ete observee ; h° le nerf optique est un nerf permanent de sensibilite speciale, il ne peut pas recevoir la douleur; 5° la pho- tophobie n'etant qu'un symptome cles affections de la cornee et de l'iris, e'est vers ces maladies qu'il faut diriger le traitement. — M. Bernard encore , au nom de M. Poinsot , communique une note sur la decouverte qu'il a faite d'un second conduit pan- creatique chez le bceuf, conduit qui permetau fluide pancreatique de se deverser non-seulement dans l'intestin, mais encore dans le canal choledoque, et cela d'autant plus surement que le canal de Wirsung aura ete lie avec plus de soin. M. Poinsot trouve dans ce fait la meilleure reponse a faire au Me'moire par lequel M. Colin pretendait montrer que le sue pancreatique etait inutile pour l'e- mulsion de la graisse. « On a ditque e'etait la bile qui emulsion- nait les graisses, mais l'a-t'on isole du fluide pancreatique, qui lui, l'emulsionne, a n'en pas douter; et etait-on suffisamment prevenu de ce fait que non-seulement le fluide pancreatique coule avec la bile, comme cela a lieu chez les lapins, le chat, mais plus parti- culierement encore chez le mouton, la chevre , le boeuf, puisque chez ce dernier il y a un second canal s'ouvrant juste au point ou la bile qui s'ecoule par le canal hepatique passe dans le canal cystique, pour aller s'accumuler dans la vesicule biliaire. — M. Babinct, au nom de MM. Laze et Tavernier, presente, comme amelioration importante aux arts insalubres, et meritant COSMOS. 323 d'etre admis au concours des prix Montliyon, un Memoire sur lc blanc frangais, substitue a la ceruse dans la peinture a l'liuile et dans toutes les industries qui font usage du blanc de plomb. Ce Memoire a pour but de faire ressortir les dangers des prepara- tions saturnines et 1'innocuiLe du blanc francais, soit dans la pein- ture a l'huile, soit dans la fabrication des cartes dites porcelaine. Ces fabricants e'tendent leur sollicitude pour les ouvriers j us- que dans la confection des papiers de couleur, en remplacant le blanc de plomb , les oxydes de ce metal, le sulfure de mercure (vermilion), les sels de cuivre, ceux d'arsenic (vert de Scheele, de Schwinfurtli , etc.), par des couleurs analogues completement inoffcnsives , en parfait rapport avec les ordonnances du prefet de police, en date des 3 oclobre et 28 novembre 1855, qui inter- disent l'emploi des papiers colores veneneux pour enveloppes de substances alimentaires de toute nature. Leur blanc francais, dont la base est le carbonate de cbaux, est tres-blanc, il est solide, il resiste parfaitement aux lavages a l'eau seconde; la finesse de son grain permet de 1' employer aux tra- vaux les plus soignes, il n'est pas attaque par l'acide sulfbydrique et ses composes alcalins, il ne peut incommoder en aucune facon les ouvriers qui l'emploient non plus que les personnes qui ha- bitent un appartement nouvellement peint. G'est la son plus beau titre, aux yeux des inventeurs, a la generalisation de son emploi et a la bienveillance des membres de l'Academie. Comme extension, MM. Laze et Tavernier font avec le blanc francais des cartes porcelaines dont la fabrication avec le blanc de plomb est si pernicieuse pour les ouvriers, et l'usage si dange- reux pour les enfants. Les papiers de couleurs probibees ont ete remplaces aussi par des papiers semblables dont la beaute ne le cede en rien a ceux- ci, et qui presentent toute garantie contre rempoisonnemcnt. Enfin, en vue de diminuer le tribut paye a l'etranger, par l'em- ploi de l'etain, ces industries ont trouve le moyen d'etamer le papier, d'economiser ainsi aux commercants qui consomment beaucoup de ce metal en feuilles, une partie de leur depense, soit dans la matiere, soit dans les enveloppes. Seance du 22 septembre. Elle etait tres-peu nombreuse ; c'est a peine si on comptait quinze membres presents; elle n'a offert presque aucun interet. L'Academie est autorisee a accepter le legs de M. le baron Barbier, 324 COSMOS. pour fondation d'un prix dc 3 ooo francs, qui sera decerne a l'au- teur d'une de'couverte importante relative a la therapeutique, la maticrc medicale etla botanique medicale. — LeB. P. Secchi donne l'analyse des observations interessan- tes faites par lui avec la lunette equatorialc de Merz, de buit pou- ces d'ouverlure ; distances des e'toiles doubles, resolution des nebuleuses, rotation des satellites de Jupiter, physionornie de la lune, etc., etc. Nous ferons connaitre en detail cet important tra- vail. Les pliotographies de la lune envoyecs par le B. P. Secchi nous ont paru bien inferieures a celles de MM. Boud, Whipple, Hartnupp, etc. — M. Charles Sainte-Claire Deville donne dans une nouvelle iettre des details sur le volcan de Stromboli, son etat actuel, ses trois bouches, leur indcpendancc et leur periodicite. — M. de Tchihatcheff adresse le second volume de ses recher- ches sur l'Asie Mineure, sa climatologie et sa zoologie; il fait valoir dans une Iettre l'importance de son ceuvre, et les droits qu'il croit avoir h la reconnaissance des savants. — M. Beron adresse une nouvelle note sur les courants elec- triques, leur nature, leur polarisation, leurs effets. — M. Jobard fait remarquer que l'emploi du goudron pour tuer les insectes a eu souvent pour effet de delruire les arbres. — Un medecin dc Chatellerault croit avoir decouvert les veri- tables causes de la phtbisie pulmonaire, etlesmoyens de la gue'rir aussi souvent qu'on guerit la pneumonie. — M. Flourens depose sur le bureau, avec de grands eloges, l'ouvrage de M. Purkinje, sur la physiologie de la vision. — M. Georges Ville adresse un me'moire relatif a l'absorption de Fazote de l'atmosphere par le ble. — M. Milne-Edwards communique des observations tendantes a prouver que les vers a soie etles abeilles peuvent engendrer sans fecondations. — M. Babinet lit un rapport qui conclut a l'approbation par l'Academie, de la carte de la Palestine, par M. Andrivaux. — M. le docteur Bemack, de Berlin, annonce qu'il guerit a coup sur un grand nombre d'infirmites graves par l'emploi des courants electriques d'induction et continus. — M. Elie de Beaumont annonce l'apparition du premier volume des supplements aux comptes rendus ou volumes de prix, ren- fermant les memoires couronnes de MM. Hanseen, Claude Ber- nard, etc. SUR LA TMFFE le chene irufGor et la mouehc trufGgcne. Par M. Ravel, negociant en truffes noires, a Montagnac, pies Riez (Basses-Alpes). Dans une note presentee a 1'Academie des sciences le 18 Jan- vier 1847, M. B. Robert avait donne quelques details interessants snr le rapport intime qui existe entre certains arbres, cerlaines es- peces de chenes surtout, et les truffes qu'on rencontre sous leur ombrage. II avait tres-nettement etabli que les truffes naissent au contact des racines chevclues de ces arbres, aux extremites des filaments capillaires imperceptibles de ces^ racines. Allant plus loin, M. Robert avait souleve, sans la resoudre, cette question l'on- damcntale : « Ne peut-on pas admettre que les truffes sont des sortes de noix de galle souterraines, qu'elles doivent leur origine a une circonstance analogue a celle qui fait naitre les noix de galle sur les jeunes brandies des chenes, a la piqure d'un insecte ? » Dans une lettre ecrite au commencement de cette anne'e a M. Barral, redacteur en chef du Journal d' agriculture pratique, M. le comte de Gasparin affirme avoir verifie l'exactitude d'une assertion emise par M. Rousseau, de Carpentras; a savoir, que pour faire apparaitre des truffes dans une localite ou il n'en exista , jamais, il suffft de faire des plantations de certaines especes de chenes appelees par lui chenes trufflers. On sait enfin depuis longtemps qu'une espece particuliere de mouche ou tipule, voltige sans cesse sur les truffleres , penetre pour y deposer ses oeufs dans le sol ou la truffe doit naitre et se developper; que la truffe mure, abandonnee a elle-meme, se de- compose, envahie qu'elle est par les larves de la mouche, qu'elle est bientot devoree par les vers qui sortent des larves, que ces vers donnent plus tard naissance a une nouvelle generation de mouches, etc. M. Ravel , de Montagnac ( Rasses-Alpes ) , commune ou la production de la. truffe va prenant sans cesse des developpements de plus en plus considerables, mernbre d'une famille qui fait de- puis plus de cent ans le commerce des truffes, qui a puissamment contribue lui-meme aux progres de cette branche imporfante de notre industrie agricole, croit, apres trente anne'es d'observations incessantes, avoir resolu completement le probleme difficile de la 326 COSMOS. generation des trufTes, dc leur veritable nature, de leur mode de propagation naturelle et indnstrielle. 11 n'a eu connaissance de la note de M. Robert, de la lettre ide M. de Gasparin, qu'a son arrivc'e a Paris, en juillcl dernier; s'il se rencontre avcc l'babile naturaliste , avec le praticien exerce, avec le savant agronome, c'est done tout a fait fortuitement et sans le savoir. Celte coinci- dence, au resle, loin de le decourager, lui donne une confiance nouvelle dans le resiiltat de ses recberches, d'autant plus que ceux qui Font precede n'ont fait qu'entrevoir cbacun une portion dc la verite qu'il apporte, lui, tout entiere, et qu'il appuyera de preuves aussi nombreuses qu'irresistiblcs. Les conclusions aux- quelles il est arrive et qui resultent du memoire que nous allons analyser, peuvent etre formulees comme il suit : 1° La truffe, alors meme qu'on puisse on qu'on doive la consi- de'rer comme un cbampignon, n'est pas un produit d'origine pu- rement vegetale ; elle nait de la piqure faite par une mouche aux filaments tres-delies des racines chevelues de certaines especes d'arbres, et en particulier du chene blanc a glands sessiles ou sans pedoncules. Sous ce rapport, son originc est animale, et elle doit etre assimilee aux noix cle galle dont elle serait comme une variele souterraine. 2° II existe des especes de chenes qu'on pent et qu'on doit ap- peler a juste litre chenes truffiers. 3° II existe une sorte de mouche ou tipule qu'on doit appeler truffigene, comme il existe une sorte de mouche appelee galligene ou galle-insecte. h° Ge n'est pas dans la truffe deja nee, mais sur la racine d'ou la truffe doit naitre que la mouche truffigene depose ses ceufs, de telle sorte que les oeufs preexistent dans la truffe, se transfor- med dans son sein en larves et en vers qui vivront plus tard de sa substance, si on l'abandonne a clle-meme, et produiront une nouvelle generation de mouches. 5° Chaque espece de truffe, la truffe noire d'hiver, la plus esti- mee de toutes ; la truffe musquee, aussi d'hiver ; enfin la truffe blanche, de printemps et d'ete", a son chene truffier ou sa mouche truffigene propres. 6° On peut determiner k volonte la production des truffes et de telle espece de truffe donnee dans des terrains appropries, qui ont pour caractere essentiel d'etre a la fois calcaires sous certai- nes conditions et meubles, par le semis ou plantation des chenes COSMOS. 327 truffiers, et par l'imporlation de la mouche truffigene propres a l'espece de truffes dont il s'agit. De la t ruffe, de son origine, de ses varietes, de sa valeur comme aliment. M. Ravel n'a pas la pretention de nier que la truffe soit un ve- getal ou uu veritable champignon hypoge, comme MM. Tulasne l'ont demontre, ayant son organisation propre; mais il affirme qu'elle ne s'engendre jamais par elle-meme, par la simple diffu- sion de spores arrives a l'etat de maturite et feconds, qu'elle nait essentiellement comme la noix de galle, d'un accident survenu a la vegetation des racines de certains arbres, ou de la piqure faite par une certaine mouche aux racines de ces arbres ; de telle sorte que sans mouche et sans piqure des racines l'existence de la truffe serait completcment impossible, aussi impossible que l'exis- tence de la noix de galle. La truffe done, comme la noix de galle, serait, si Ton peut s'exprimer ainsi, l'ouvrage d'un insecte auquel la nature a appris a preparer pour sa couvee, et l'abri qui doit la proteger, etl'aliment qui doit la nourrir. Voici, suivant M. Ravel, comment la truffe nait. Les mouches que Ton voit voltigeant sans cesse, meme en hiver, sur les truftieres, penetrent dans le sol, altei- gnent les racines cbevelues etles piquent a leurs extremites pour y deposer leurs oeufs; la piqure determine Tissue d'une goutte de li- qui de laiteux qui est le premier element de la truffe, son embryon; le filament radiculaire perit presque aussitfit, et la goutte reste isolee; de blanche qu'elle etait, elle devient bientot grise, puis brune et enfin noire; elle s'accrott en meme temps aux depens sans doute des sues riches en azote et en carbone, qu'elle ren- contre dans la terre et qui sont plus abondants au voisinage des racines de l'arbre. Siau premier instant de la formation plusieurs gouttes laiteuses ou embryons de truffes se trouvent en contact, ils s'unissent et se soudent en quelque sorte pour donner nais- sance a une truffe compose'edeformemamelonneeet bizarre, comme on en rencontre si souvent. Nous laissons a M. Ravel la respon- sabilite de sa theorie, nous contentant de nous faire son echo. Elle ne fait pas pour lui l'ombre d'un doute; il ajoute cependant : (( Si les choses se passent autrement que je viens de le decrire, si au lieu de naitre comme la galle, de la piqure d'un insecte, la truffe naissait comme le champignon de spores ou sporules, le role de la mouche truffigene n'en serait pas moins necessaire; elle aurait pour mission soit d'amener ies spores au contact des racines sur 228 COSMOS. lesquelles ils puissent germer, scmblablc alors aux insectos qui transportent le pollen des Qeurs sur lcurs paltes, leurs ailcs ou leur abdomen, soit tout au moins d'ouvrirle soin de la terre pour que les spores puissent y pe'netrer. » Dans tons les cas, M. Ravel admet comracun fait incontestable, arrive pour lui presqu'a l'etat de demonstration complete, que l'intervcn lion de la mouche appe- Ire par lui truffigene est un element essentiel de la generation des truffes ; et il se fait fort de prouver par des experiences positi- ves, qu'un sol rendu inaccessible a la mouche truffigene ne fera jamais naitre de truffes. C'est- meme pour cette raison que les trufles ne sont abondantes, comme nous le dirons tout a l'heure, que lorsque la terre a ete rendue suffisamment meuble par des pluies tombees en temps utiles, qu'elles sont excessivement rares dans les annees seches, oil le sol devient en quel que sorte impermeable ; qu'elles cessent d'apparaitre ou de se former lors- qu'on repand a la surface de la terre ou qu'on enfouit dans son sein du fumier, qui a pour premier effet de chasser ou d'eloigner la mouche truffigene. II resulte de cette genese, epie nous nc prdtendons pas juger, et qui est dans tons les cas tres-ingenieusc, que, des le premier instant de sa formation, la trnffe contient les ceufs d'une certaine espece de mouche, que le developpement de ces ceufs marche parallelement avec le developpement dela truffe, que celle-ci par consequent est en realite unc sorte d'etre compose, vegetal a la fois et animal, ce qui s'accorde au reste parfaitement avec son extreme richesse en azote. Les ceufs eclosent lorsque la truffe, parvenue a l'etat de maturite, peut servir de nourriture aux vers qui en naissent ; ces vers plus tard se transformed en crysalides qui deviendront mouches a leur tour. II existe un grand nombre d'especes ou de varietes de truffes, on les trouvera decrites, soit dans le Dictionnaire des sciences na- turelles de Levrault, soit dans les ouvrages speciaux; nous nous contenterons de signaler les especes principales, celles qu'on trouve plus communement dans le commerce. Au premier rang se place la truffe comestible proprement dite, la truffe noire, herissee de pctites eminences arrondies, quelque- fois pyramidales et a quatre faces, si recherchee par son odeur p^netranle et parfumee, par sa saveur agrdable qui en fait les de- lices des gourmets. C'est le plus estime ties assaisonnements, et Brillat-Savarin l'appelait le diamant de la cuisine, aussi a-t-elle ete celebre dans tous les temps et dans tous les lieux. Elle appa- COSMOS. 229 rait dans le sol au mois de juillet, elle est alors petite et blan- che interieurement ; elle est grise en octobre, marbree en novem- bre; et noire a la fin de deceinbre, en Janvier, fevrier et mars, c'est le moment ou elle a le plus de parfum. La truffe dite de Bourgogne ressemble assez a la truffe comes- tible ; elle en differe par une odeur d'ail assez prononce'e, et les marbrures blanches de sa chair, qui se dessinent tres-nettement sur un fond noir ; elle apparait aux memes e'poques, mais le moin- dre froid la fait perir en la depouillant de son enveloppe grenue. II est enfin une troisieme truffe noire et d'hiver, connue sous le nom de truffe musque'e, qui, a l'interieur et a l'exterieur ressem- ble a la truffe de Bourgogne, et perit comme elle denudee, des que la temperature descend au-dessous de zero. Une autre espece, tres-distincte des premieres, est la truffe blanche ou d'ete; elle apparait en automne, reste blanche tout l'hiver jusqu'en mai, et devient grise en juin et juillet, epoque de sa maturite; on la vend coupe'c en tranches et sechee au soleil. La truffe grise, dite de Piemont, a sa surface entierementlisse; elle est arrondie irregulierement, rousse ou jaunatre a l'exterieur eta l'interieur, homogene, compacte, sans marbrures; elle exhale une odeur d'ail assez penetrante; sa chair est fine, delicate et tres-recherchee ; elle est en pleine maLurite a la fin de l'automne ou au commencement de l'hiver; on la trouve assez souvent me- lee aux truffes noires des Basses-Alpes, de la Haute- Provence. Ces trois especes de truffes naissent principalement sous les cbenes, on en trouve quelquefois sous d'autres arbres ou ar- bustes, le chataignier, le charme, le cormier, le noisetier, le cade ou espece de genevrier, etc., etc.; mais c'est sous le chene seulemont qu'ehes acquitment tout leur parfum et leur saveur, ailleurs elles sont comme abatardies et degene'rees. La truffe est un aliment tres-riche en principes nutritifs, trop riche meme peut-etre, si on la mangeait seule et avec exces, ce qui la rendrait echauffanle et d'une digestion difficile. Hachee et m^lee a des aliments de nature vege'lale ou de pouvoir nutritif faible, elle constitue une excellente nourriture : un de nos amis, d'un age assez avance, dont l'estomac tres-fatigue digerait avec peine, s'est mis pendant six mois a ce regime, sans manger meme une seule fois de la viande, et il s'en est parfaiternent trouve. II est a desirer par consequent que ce tubercule entre de plus en plus dans 1' alimentation usuelle, ce qui ne pourra avoir lieu qu'autant 330 COSMOS. qu'on sera parvenu a le faire naitre partout et en abondancc, par lcs moyens que nous indiquerons tout a l'licuie. La meilleure maniere acluellement connue de conservcr et d'expedier les truffes, est de les preparer par la metbode d'Ap- pert, dans des bouteilles a gros goulot, hcrmetiquement fer- mi'rs, et de les faire entrer dans les conserves alimentaires pre- parers suivant la meme metbode. Sous ccs deux formes, elles sont devenues l'objet d'une industrie et d'un commerce conside- rables ; Ton n'a plus a craindre de les voir s'ecbauffer ou se de- composer en une espece de gclee ou bouillie qui n'cst en realite que la masse de vers deposes en germe par la moucbe truf- tigene. Nous dirons un mot seulcment des procedes d'extraction des truffes. lis sont au nombre de trois, la piocbe seulc, la piocbe gui- dee par l'inslinct du cbien dresse, le groin du cocbon ou porctruf- fier. Dans le premier cas, l'ouvrier, qui, a l'aspect des lieux ou a la presence des mouches, asoupconnc ou reconnul'existence des truffes dans le sol d'un chene, l'attaque de tous les cOtes avec la pioche jusqu'a une certaine profondeur-, c'est evidemmenL un procede barbare, car la piocbe coupe en meme temps les racines tracantes de l'arbre d'ou doivent, sortir et les racines chevelues et les truffes, dans la theorie de M. Ravel : le sol ainsi laboure de- vient sterile ou ne se repeuplc dc truffes qu'apres trois ou quatre ans, tandis que plus respecte il en aurait donne tous les ans. Dans le second cas, l'ouvrier se fait accompagner d'un cbien dresse ; il reconnait la presence du tubercule a la maniere dont le cbien flaire la terre, etl'enleve d'un coup de pioche babilement donne ; cost moins barbare, mais on coupe encore des racines et Ton nuit a la future recolte. La troisieme metbode est incomparaiilcment la meilleure, on abandonne la recherche des truffes a l'inslinct d'un cochon d'une espece particuliere, et susceptible d'une education speciale; on le conduit sur les terrains trufflers, il flaire, sent la truffe, creuse la terre avec son groin, la fait apparaitre et l'amene a la surface ; il regarde alors son maitre, quand il est parfaitement dresse ; celui-ci prend la truffe et donne en cchange un gland au cocbon qui s'en contente et se remet a fouiller. Le groin du cochon attaque a peine les racines chevelues qui repousseront facilement, il laisse intactes les racines tracantes ; il donne en meme temps a la lerre une sorle de labour tres-favorable au developpement des tiuffes nouvelles. Par les temps sees et frais, par un vent favorable, le COSMOS. 331 cochon sent la truffe a '4O ou 50 metres de distance, et a un metre de profondeur sous la terre meme recouverte de neige. De la mouche truffigene. Nous ne ferons qu'esquisser aujourd'hui cette partie de notre sujet, parce que nous manquons des renseignements necessaires, et que ce n'est que par une etude speciale, par des experiences directes et plusieurs educations, que Ton pourra arriver a deter- miner completement le genre et l'espece de ces mouches, leurs moeurs, les moyens de les elever et de les propager. G'est a peine si les auteurs qui out traite de la truffe en ont dit quelquesmots; ils la designent sous le nom trop vague de tipule; elle ne devait exciter d'ailleurs que fortpeu d'interet tant qu'on n'avait pas soup- conne le role important qu'elle joue dans la production du pre- cieux tubercule, tant qu'on ne la considerait que comme une sorte de mouche a viande, qui n'apparaissait sur les truffieres que pour deposer ses oeufs sur les tubercules deja formes. Nous nous contcnterons done de dire qu'il y a autant de varie- ty de mouches truffigenes qu'il y a de varie'tes de truffes, que la mouche de la trufle noire differe reellement de la mouche de la truffe blanche ; la difference est assez sensible pour etre appre- ciee meme par un ceil assez peu exerce, surtout si on compare les larves ou les chrysalides, qui different les unes des aulres, par leur forme plus ou moins allongee, leur volume, leur couleur, beaucoup plus que ne le font les insectes aile's ou parfaits. G'est a l'e'tat de chrysalides que Ton pourra expedier les mouches truffl- genes pour les propagor et les faire servir a la production des truffes : les chrysalides se conservent parlaitement et tres-Iong- temps dans du sable tres-sec. On les deposera sur les racines chevelues des chenes, avec certaines precautions et en quantite suffisaule pour assurer le developpement de quelques-unes au moins. Les mouches truffigenes voltigeut sans cesse sur les truffieres a la hauteur de 30 ou GO centimetres; bien differentes des mouches ordinaires, elles ne craignent pas le froid, etresistent a des tem- peratures meme tres-bases, en se cachant a la surface du sol ou en s'y enfoncant a une certaine proTondeur; quand le soleil luii ou que la temperature est plus douce, elles sortent pour s'accou- pler, et rentreut en terre pour deposer leurs ceufs, non sur la truffe deja forinc'e, comme on l'a cru jusqu'ici, mais comme le veut M. Uavcl, sur les petits filaments des racines, en faisant nai- 332 COSMOS. tre la truffe. Quand l'hiver est assez rigoureui pour congeler le sol et faire pe'rir lcs truffes moins profondcs, lcs mouches peris- sent aussi ; mais il s'en engendrera de nouvelles dans les luber- cules profondemcnt enfouis; celles-ci continueront la race et la produclion dcs truffes. Ce n'est au reste que par un temps tres- sec, et lorsque le sol n'est pas couvert de neige, que le froid pent faire pe'rir les truffes et les mouches; les unes et les autres vivent tres-bien sous un manteau de neige, et c'est meuie dans ces cir- constances que Ton peut compter sur une abondante recolte. Du clime truffier, des terrains propres a sa vegetation , de sa propagation par semis de glands, de sa culture. Tous les chenes ne sont pas producteurs de truffes ou trufflers, c'est un fait incontestable ; le chene Iruffier se distingue des autres par ses glands sessiles ousans pedoncules, c'est-a-dire que jamais on ne rencontrera de truffes sous un chene a glands pedoncules. Les meilleurs chenes trufflers appartiennent en general a la classe des chenes blancs, et chaque variete produit une espece particu- liere de truffes. Ainsi a Montagnac, et en general dans les Basses- Alpes, Ton trouve quatre varietes de chenes blancs, dont une seule , le chene pubescent (quercus pubescens) , produit la truffe noire ou parfumee; la seconde donne la truffe musquee ou de Bourgogne; la troisieme, la truffe d'ete ou blanche; la quatrieme ne donne pas de truffes. Toutes quatre, cependant , vivent sur le meme sol ; toutes quatre donnent des glands et des noix de galle. II est assez difficile de les reconnaitre a premiere vue tant elles se ressemblent par la disposition generate et le fcuillage ; rien n'est plus facile au contraire que de distinguer un chene truffler d'un chene non truffler par l'aspect du sol que couvre son om- brage. Le sol du chene truffler est entitlement sterile et denude, rien n'y croit , on ne peut meme rien y faire croilre a l'aide de la culture. On a beau scmer du ble, du seigle, de l'avoine, sur un terrain couvert de chenes trufflers , alors meme qu'ils seraient espaces de 30 a 50 metres les uns des autres ; ces plantes n'arri- -veront jamais a maturite sur l'emplacement des truffleres. M. Bavel croit avoir remarque que la truffe noire du chene vert, aussi parfumee que celle du chene blanc, est plus ronde, se con- serve moins, et ne supporte pas aussi bien le transport. Le chene vert d'ailleurs demande un cliinat plus doux , ne vegete parfaite- ment que dans une zone limifee , en deca de certaines latitudes, et croit beaucoup plus lentement , ce ne sera done pas lui qu'il COSMOS. 333 faudra cultiver et propager, en vue de la production et de la mul- tiplication des truffes, mais bien le chene truffier blanc, a glands sessiles. L'age et la grandeur du chene n'influcnt pas d'une inaniere direcle sur la production des truffes; un jeune chene de cinq ou six ans peut donner d'aussi belles truffes qu'un chene adulte de trente a quarante ans, mais il en donnera moins parce qu'il a moins de racines. Si on coupe une grosse branche du chene , on diininue la production de truffes, sans doule, parce que la racine correspondante a cette branche cesse de vegeter ou vegete moins activemenl. La production des glands et des truffes marche en general simultanement; c'est-a-dire que s'il y abeaucoup de glands, il y aura beaucoup de truffes , toutes deux supposent une vegeta- tion active des branches et des racines. C'est tout le contraire pour les noix de galle dont la presence en grand nombre est un signe de malaise de l'arbre , et coincident presque toujours avec l'absence plus ou moins complete de truffes ; de sorte que ces annees-la les ouvriers truffiers sont reduits a faire le commerce beaucoup moins lucratif des noix de galle. Les truffes sont rangees dans la terre par etage comme les ra- cines qui leur donnent naissance , les plus superflcielles sont les plus grosses et les plus belles. Le sol d'ailleurs du chene truffier ne s'epuise jamais a produire des truffes, il en donne indefiniment et sans qu'il ait besoin d'etre fume ; le fumier, au contraire. comme nous l'avons deja dit, arrete completement et pour plusieurs an- nees la production des truffes en faisant Mr la mouche truffigene. II faut se contenter de diviser le sol a la surface , de le rendre meuble par un simple hersage fait avec une herse a dents arron- dies, de l'amener en un mot a l'e'tatou le met le groin du cochon, etat dans lequel les racines sont plus facilement accessibles aux mouches qui doivent les piquer, ce qui est une condition essen- tielle a la production des truffes. Aussi 1'observation prouve-t-elle que la recolte sera plus abondante, si les mois de juiilet, d'aoutet de septembre sont signales par des pluies copieuses qui empe- chent le sol de durcir. Les cultivateurs habiles dont les plantations sontvoisines d'un cours d'eau, feront bien de suppleer par un arrosage regulier a l'absence des pluies; mais cet arrosage devra etrc leger, assez peuabondant, de maniere a rendre le sol meuble seulementet non pas compacte. Le chene truffier vient sous tous les cliinats ou vegete le chene blanc, c'est-a-dire dans toute la France et dans l'Europe entiere. La Provence, le Languedoc, la Bourgogne, le Morvan, le Dauphine, 334 COSMOS. sont deja do fait en possession d'un chene truffier anquel on pour- rait substituer sans aucune difficult^ le chene producteur de la truffe par excellence, de la truflfe noire ; et dans ces diverses pro- vinces, on trouve le chene non-seulement sur les plaines, mais sur les collines les plus dlertes. Rien ne serait plus facile que de l'importer et de 1'aeclimater en Angleterre oil la trull'e est si esti- mee et achetee si cher; la rigucur du froid pourrait, il est vrai, faire pcrir de temps en temps les tubercules , mais ce seront tou- jours des accidents rares , d'autant plus qu'une couche de neige de quelques centimetres d'epaisseur est un abri tres-suffisant. II sera toujours vrai, neanmoins, que le climat le plus favorable au developpement du tubercule sera celui ou les pluies seront abon- dantes au prin temps, et dans les mois de juillet, d'aout et de sep- tembre ; et qu'on ne trouvera des truffes en abondance au pied des chenes, que dans les terrains tertiaires ou de.transport, a base de cbaux ou d'argile, peu profonds, melanges de rognons de silice ou de sable siliceux. Le chene truffier peut etre obtenu ou a l'aide de semis de glands, ou par le repiquage des jeunes plants. La premiere metbode est incomparablement plus avantageuse et plus economique, parce que les glands sont d'un transport facile. On a coutume de strati- fier les glands avant de les ensemencer pour determiner dans la masse une sorte de fermentation ou un commencement de ger- mination , que Ton obtient de meme artificiellement par d'autres moyens. C'estunmauvais procede, car, dans le transport au lieu de l'ensemencement, les germes se brisent et le gland reste sterile, ou ne donne naissance qu'a un chene chetif ou malade. II vaut inuniment mieux enterrer le gland sur place par le procede" sui- vant. La main armee d'un marteau a pointe longue et conique, l'ouvrier planteur perce d'abord dans la terre un trou de quatre a cinq centimetres de profondeur, etpoussele gland jusqu'au fond; il ramene la terre, et frappe un grand coup avec la tete du marteau pour la tasser, et defendre ainsi le gland de la dent des rats ou des mulots. Si les chenes, nes des glands, doivent rester sur place, on se- mcra les glands en ligne droite, enlaissant entre eux un intervalle d'environ 15 centimetres , et entre les lignes un intervalle de 3 metres. Rien n'empechera de cultiver pendant les premieres annees l'espace vide entre ces lignes, a la seule condition de con- server a droite et a gauche de chaque ligne une largeur de 20 cen- timetres qui ne sera pas ensemencee. A la troisieme ou quatrieme COSMOS. 335 annee, lorsque les jeunes plants de chenes seront en etat d'etre transplanted, on fera les e'claircies necessaires, en laissant entre les arbres l'intervalle qu'exige nn accroissement regulier et par- fait. Des la quatrieme annee, on pourra recoller quelques truffes, et on reconnaitra leur presence a l'absence complete de toute vegetation. II importe de bien remarquer, dans tous les cas, que la mouche truffigene ne se fixera et ne deviendra feconde, que la trulle ne se developpera par consequent, que sous les ombrages que le soleil peut atteindre. II faut done eclaircir la plantation a mesure qu'elle grandit, de maniere a la maintenir accessible au soleil; on ditninue, sans aucun doute, decette maniere lenombre des chenes truffiers, mais ceux qui restent donnent un plus grand produit, en meme temps que leur bois prend une plus grande valeur : dans tous les cas, e'est une condition essentielle au deve*- loppement des tubercules; et rien n'empeche de replanter ailleurs les pieds extirpe's , ainsi que nous allons le dire. S'il ne s'agit que de constituer une pepiniere de chenes qu'on replantera plus tard sur d'autres points, l'espace entre les glands pourra etre reduit a 6, et celui entre les lignes a 80 centimetres. Le semis des glands, nous l'avons dit, est preferable au repi- quage des jeunes plants ; et si Ton adopte cette seconde me'thode, il faut avoir grand soin, avant de replanter, de supprimer les racines pivotantes pour ne laisser que les racines chevelues. Les semis ou plantations de chenes truffiers ne demandent d'ailleurs aucun autre soin que celui du hersage ou labour superficiel dont et dont il a ete question , d'un arrosage en temps opportun et par les temps de secheresse trop grande en aout, juillet et sep- tembre. En resume : 1° M. Ravel, fort de sa longue experience et d'une observation de plus de trente anne'es, est intimement convaincu. que Ton peut acclimater presque sur tous les points de la France et de l'Europe le chene truffier ; et il s'est mis en mesure de four- nir a tous ceux qui lui en feront la commande des glands choisis, du chene sous lequel nait la truffe noire ou truffe comestible par excellence, Comme le gland est mur vers le 15 octobre, il sera bon que les demandes parviennent dans le commencement de ce mois. M. Ravel expediera les glands demandes dans des pa- niers a jour, ou l'air puisse circuler sans peine, el conserver a la semence toute sa fraicheur. A la rigueur, il expedierait aussi de jeunes plants de chenes truffiers, mais sans garantir le succes du repiquage. 336 COSMOS. 2° Si on sc procurait le gland du chene trulfier sans importer on meme temps la mouche irutfigene, on s'exposerait a attendrc tres-longtemps ou a n'obtenir peut-etre jamais une recolte qui compcnse les debourses dc la plantation. M. Ravel tiendra done aussi a la disposition des amateurs des larves de mouche, avec une instruction sur la maniere de les fa ire nailre et de les mul- tiplier. Ce sera, lorsque les semis de chene auront atteint Page de quatre ou cinq ans qu'il i'audra importer les moucb.es Irufiigenes. M. Ravel les expedicra a lYial de larves ou de chrysalides, dans des boites a jour, que Ton deposera sous Pombre des chenes nes des glands pi'imitivement formes par lui. 3° Eulin, W. Ravel pourra plus tard ceder ou procurer, a des prix raisonnables, de jeunes truies trufiieres, dressees pour la cueillette des truffes. L'ide'e de propager artificiellement ou de multiplier indefini- ment la trufle par l'importation simultanee des chenes trufiiers et de la mouche truffigene, est certainement une idee neuve que personne n'avait encore emise , et dont par consequent M. Ravel a pu s'assurer la priorite par la demande d'un brevet d'invenlion. 11 a vu, avec raison, dans cette idee, le point de depart d'une grande industrie qu'il pourra seul exploiter, en raison de son droit exclusif a la vente du gland ou plant de chene de truffier et de la mouche truffigene. Tout le monde est d'accord aujourd'hui sur la ne'eessite de re- boiser le sol; inaisleplus grand nombre recule devant les depen- ses que le reboiscment entraine. On ne se resigne qu'a grand- peine a faire le sacrifice du revenu annuel de la terre, et a lai'sser ses heritiers recueillir les benelices d'un bois en plein developpe- ment. L'industrie truffiere permet de resoudre cette difficulty ca- pitale. En semant ou plantant des chenes truffiers suivant la rae- thode que nous avons indiquee, on s'assurera des la quatrieme ou la cinquiemc anne'e un revenu egal ou du moins comparable a la valeur du sol, dont on pourra jouir, par consequent, en meme temps qu'on laisse a ses enfants ou petits-enfants la pers- oective d'une exploitation forestiere lucrative. F. Moigno. Imprimerie de W. Kemquet et Cie, A. TRAMB1AY , rue Garanciere, 5. proprielaire-gerant. T. IX, 3 octobre 1856. Ciaquieme aanee. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Nous apprenons avec bonheur, nous ne le cachons pas, que M. Goodyear et ses cessionnaires MM. Hutchinson, Henderson et Cie ont perdu le proces qu'ils avaient intente a MM. Soleliat freres, de Saint-FAienne, pour leur faire cesser la fabrication des cbaussurcs en caoutchouc vulcanise. La Cour imperiale de Paris, quatrieme chambre, considerant: que des declarations faites par un grand nombre de temoins, et par M. Goodyear lui-meme, il resulte la preuve que, des 1842, deux ans avant que M. Goodyear se fut fait breveter pour sa decouverte, en France ou a Fetranger, cette decouverte avait cesse d'etre nouvelle ; que les produits en avaient etJvendus en AmeriqueetenAngleterre;... que toutes les fois qu'il y a divulgation anterieure, notamment pour Fusage public de l'industrie, la de'cheanceestencourue;... qu'apres avoir oblenu son brevet en France, le 16 avril 1844, M. Goodyear n'en a fait aucun usage serieux avant le mois de juillet 1847; que M. Goodyear ne justifle son inaction par.'aucun motif suffisant;.. que l'industriel breve te ne petit, sous peine de decheance, introduire en France des produits fabriques a l'etranger, suivant les proce- des de son brevet; et que de fait depuis 1847 jusqu'en 1854 des importations considerables de chaussures en caoutchouc vulca- nise ont ete faites en France, par des Societes americaines, aux- quelles M. Goodyear avait cede ses brevets;.... que M. Goodyear ne s'est servi, pendant plusieurs annees, du brevet d'importation qu'il avait pris en France que pour s'assurer dans ce pays le mo- nopole de la vente des produits qu'il fabriquait ou faisait fabri- quer en pays etranger sur la plus vaste echelle;... decharge les appelants des condamnalions contre eux prononcees, les renvoie des fins de la poursuite , etc. , etc. Nous disons que nous nous rejouissons grandement de cet arret, parce qu'il est demontre pour nous que l'invention du caoutchouc vulcanise est une inven- tion franchise, dont l'honneur revient a M. le docleur Bailhelemy, qui prit son premier brevet en 1838. Cet arret est d'autant plus remarquable que M. Goodyear avait dejaga gne plsieurs proces 13 338 COSMOS. y s.'mhlablcs, et que sa qualite" ffinventeni avait e'te implteitement reconnue de la plupart de ceux-la inemes qui la lui avaient origi- naireinenl dispute, cntrc autre, par MM. Aubcrt ct Gerard , de Grenelle, qui avaient traite" avoc lui. — In autre arret de la Cour imperiale de Paris, troisieme chambre, rendu en faveur de M. Monlagnac, inventeur ties draps -/clours, e'est-a-dire des draps ayant r aspect et le toucher du ve- lours, contre MM. Caron, Pique et Piot, Demar et Dantresme, etablit qu'il y a contrefacon d'un produit nouveau, alors memo que le produit similaire a etc obtenu a l'aide de procedes difl'e- rents de ceux indiques au brevet, et qu'il n'atleint pasle degre de perfection de celui qui sort des ateliers du brcvete. — De son cote, la Cour imperiale de Lyon pro-nonce en faveur de M. Verdier, contre MM. Bergeron, Neyran et Cie, de Saint- Chamond, qu'un ouvrier qui fait une de'eouverte dans une fabriquc de son patron, est seul proprietaire du brevet qu'il a pris pour son invention. II s'agissait du procede par lequel , a l'aide du bo- rax, on roulant dans le borax le fer, la fonte on lout autre metal fondu , M. Verdier elait parvenu a obtenir i'aggregation molecu- laire la plus intime, la plus indissoluble entrele fer, la fonte, etc. , et l'acier fondu, dont on le recouvre. — Le belier bydraulique, invente par Montgolfier, est une ma- chine elevatoire de l'eau, aussi simple qu'ingenieuse. L'agricul- ture et l'industrie l'eussent certainement beaucoup plus employee, si la deterioration frequente de l'un de ses organes essentiels n'etait pas venue, a de courts intervalles, arreter sa marche, et par suite introduire l'irregularite dans son travail. Dans ses con- ditions primitives, le clapet ou boule d'arret ou de fermeture du belier etait en metal, et battait de 50 a 80 000 coups par jour contre le corps du belier, could en fonte de fer, incapable de resister longtemps aces series de percussions violentes. En 1852, M. Foex, ingenieur civil a Marseille, a eu l'idee de faire battre le clapet metallique contre un matelas d'eau; il remedie completement da cette maniere a l'inconvenient principal ou unique du belier, ma- chine qui se recommande par sa simplicite , son entretien a peii pres nul, les frais minimes d'installation qu'elle entraine, et sa puissance indefmie. Plusieurs beliers, etablis a Marseille, dans le nouveau sysleme. dit a clapet double et a matelas d'eau, ont mis en evidence son excellence ; il en est qui developpent la force de cinq a six chevaux, ct (Hevcnt des qirantiles d'eau considerables a 30 el /i0 metres au-dessus du canal de la Durance: ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 29 septembre 1856. ML Babinet se plaint assez "vivement de ce que, dansles comptes rendus imprimes, on aitaltere ou modifie les conclusions de son rapport relatif a la carte de la Palestine de M. Andriveau: lors- que , au nom de la commission , il a declare cette carte digne de l'approbation de l'Academie , et alors que l'Acade'mie a bien reellement vote cette approbation ; on fait dire a la commission : « Nous proposons a l'Academie d'adresser des remerciements a M. Andriveau pour la communication de son important travail; » ce qui est tres-difterent. — M. Piobert, au nom de M. Pariset, officier superieur d'ar. tillerie, presente une theorie nouvelle des soulevements du globe terrestre; dans l'h\ pothese de 1'auteur, que l'accord assez frap- pant entre le calcul etles faits a rendue probable, les soulevements auraient pour cause non une force inte'rieure, une expansion des fluides comprimes de l'interieur du globe, ou le tassement , mais Taction des autres planetes ou autres cor^ps celestes. — M. Hetzer, de Strasbourg, rappelle qu'il a adresse, pour le concours des prixMonthyon, son Traite de gymnastique medicate. — M. Haidinger fait hommage a l'Academie, aux membres de la section de geologie et de mineralogie, et a nous , d'un exem- plaire du portrait litbograpbie de son noble pere, Cbarles Hai- dinger, mine'ralogiste et geologue tres-distingue , ne a Vienne le 10 juillet 1756, mort aussi a Yienne le 16 mars 1797, age seule- ment de quarante et un ans; mais apres avoir rempli une glo- ricuse carricre. M. Guillaume Haidinger, le quatrieme de ses fils, qui a suivi la meme carriere, et a atteint un poste encore plus eminent, celui de directeur de l'lnstitut geologique de Vienne, a voulu, par ce portrait lithograpbid, fait d'apres une miniature de 1786, consa- crer 1'anniVersaire sdculaire de la naissance du chef ve'nere de sa famille. Les plus beaux titres de gloire de Charles Haidinger sont : son plan de classification systematique des diverses chaines de montagnes couronne par l'Academie de Saint - Peterbourg ; la premiere mise en pratique, dans les mines de Schemnitz, de Joachimsthal, etc., de la methode d'amalgation de Born; il etait mernbre de l'Academie imperiale Leopoldo-Caroline des cher- cheurs de la nature sous le pseudonyme d'Apollodore IV. 3'jO COSMOS. — M. Waller depose une analyse do ses etudes physiologiques de l'oeil, faites sur des animaux vivants. Nous avons ddja signale ce fait extraordinaire que M. Waller a rdussi a determiner cbez des rats, des souris, des lapins, etc., une exopbtalme artificielle, e'est-a-dire qu'il a reussi a faire sortir completemcnt i'teeii de son orbite; ce qui permet de faire sur le vivant une etude complete de l'anatomie et de la physiologie de Foeil; de voir les ramifica- tions des ncrfs ct des veines, la circulation, etc., etc. — M. Joly, de Toulouse, envoie un exemplaire de son cloge d'Eticnne GeofTroy-Saint-Hilaire. — M. le docteur Desmarquais a fait de longues et conscien- cieuses recherches sur la temperature generate ou locale du corps humain, dans le cas de diverses maladies chirurgicales, l'absorp- tion purulente, les varices , les anevrismes, l'erisypele , la gan- grene, etc., etc. Nons attendrons pour enregistrer les chifl'res d'dle- vaiion ou d'abaissement de temperature observes par l'habile cbirurgien, que nous ayons son travail sous les yeux, parce que nous craignons d'avoir mal entendu. — M. Bordin, ancien notaire, ainsi que nous l'avons deja rap- pele" plus d'une fois, a fonde un prix de trois mille francs qui doit etre decerne cliaque annee a l'auteur de la meilleure composi- tion sur des sujets ayant pour but : ltnteret public, le bien de l'humanite, les progres des sciences et l'honneur national. Comprenant a sa maniere l'intention da testateur, l'Academie a formula" ainsi le programme du prix Bordin pour 1856 : u Un tlier- mometre a mercure etant isole dans une masse d'air atmosphe- rique, limitee ou illimitee, agitee ou tranquille, dans des circons- tances tellcs qu'il accuse actuellement une temperature fixe; on demande de determiner les corrections qu'il faut appliquer a ses indications apparentes, dans les conditions d'exposition ou il se trouve, pour en conclure la temperature propre des particules gazeuzes dont il est environne. » Le terme du concours expire le 30 octobre; l'Academie a rem lundi le travail d'un concurrent, el il s'a;j,issait de nommer la commission qui devra declarer s'il est digne ou non du prix. Cette commission se composera de MM. Biot, Regnault, Pouillet, Despretz, Babinet. II nous semble que ce qu'elle aurait de mieux a faire ce serai t de se recuser; car des recbercbes sur la temperature de l'air ne sont pas une com- position sur un sujetqui touche a la fois a l'interet public, aubien de rhumanite, a l'honneur national. Le sujet de prix pour 1857, le metamorphisme des roches, est encore beaucoup plus etrange COSMOS. Zhi et contraste davantage avec la formule du testament Bordin. — M. Droinet adresse une brochure imprimee sur son veloci- metre, instrument propre a mesurer le sillage desnavireset la Vi- tesse des courants d'eau et d'air. a Aujourd'hui, dit M. Droinet, rpie notre instrument a traverse victorieusement toutes les epreuves; que nous pouvons, a l'appui do chacune de nos affirmations, produire des titres aulhentiques, des temoignages irrecusables, nous nous empressons de les livrer a la publicite et de signaler a l'ingenieur un nouvel instrument propre a mesurer avec preci- sion la vitesse des courants d'eau, au navigateur un nouveau sillometre dont les indications toujours constantes et matbe'ma- tiquement exactes, ne lui feront jamais clefaut. Rappelons en quelquesmots en quoi consiste le velocimetre. Sa construction repose sur la theorie de la contraction de la veine- fluide, etil n'esten realite qu'une application, avec modification, du tube a double c6ne de Venturi. Ce tube de 30 a 33 centimetres de longueur est attache au navire dont U doit mesurer le sillage; il est compose de deux cones tronques de hauteurs difierentes, joints par leurs sommets. Au point d'intersection des deux cones , on a perce un petit trou surmonte d'un tuyau dans lequel se produit, des que le navire s'avance, une aspiration qui s'accroit propor- tionnellement au sillage. L'inventeur a imagine de faire agir cette aspiration sur un manometre, qui est tantot une colonne de mer- cure garnie d'une echelle divisee, tant6t la boite de M. Vidi, tantot l'indicateur du vide de M. Bourdon : dans le premier cas, le mercure s'eleve ou s'abaisse selon la marche du navire; dans les deux autres cas, c'est une aiguille qui indique sur un cadran les vitesses obtenues. Si Ton veut determiner la vitesse des cou- rants dans un fleuve ou dans une riviere, il suffit de plonger le tube dans l'eau; a l'instant meme 1' aiguille du cadran indique cette vitesse qu'on peut ainsi obtenir 4 toutes les profondeurs. Le velocimetre a fait sa premiere apparition vers la fin de 1852; l'inventeur le presenta d'abord au ministre de la marine, mais il ne put pas obtenir alors qu'il fut essaye par la marine militaire francaise. Par l'intervention de M. le comte de Flahaut, M. Droinet obtint de lord Graham, l'un des lords de l'Amiraute anglaise, qu'il serait installe sur le Black-Eagle, et voici ce qu'on lisait dans le Times du 15 aout 1854 : « Le Black-Eagle, yacbt de l'Amiraute, commande par le capi- taine Petley, ayant installe a son bord le velocimetre de M. Droinet, a navigue hier dans le golfe de Stokes, pour essayer eel instru- Zh2 COSMOS. meat, lequcl a repondu completement a tout ce qu'on attendait dc lui, indiquant, avec la precision d'une horloge, le sillagc du navire dc la maniere la plus satisfaisante. » Le velocimetrc, grandcment perfection^, a souvent ete eprouve" depuis en Angleterre, en Hollande, en France, a bord du Galilee et du yacht imperial i1 Eugenie; les commandants de ces deux navires, MM. Lafond et Lefevre, ont declare que cet appareil justifiail toutes les espe'rances qu'il avail fait concevoir. Les capitaines des vapeurs le Novel, I'Eclair, le Diamant, etc., du navire a voile VOli/mpe, etc., on fait la meme declaration. Tous s'accordenl a reconnailre que le velocimetre marque la vitesse du navire avec une telle exactitude qu'on peut le comparer a un chronometre, et qu'il est bien prefe- rable a tous les loclis inventes jusqu'a ce jour. Et cependant, preuve lamentable de la toute-puissance de l'inertie et de la rou- tine, quatre annees, plus du quart de la dure"e du brevet, se sont e'coulees sans qu'il ait rien produit. M. Droinet n'a recule devant aucnn genre de sacrifices, devant aucune fatigue; a l'age de cin- quantc ans, il s'est fait presque marin; il a consacre tout son temps, toutes ses veilles, toutes ses ressources a perfectionner son pre- mier travail et il n'a rien recueilli ! Rien de plus barbare cepen- dant, de plus inexact, de plus compromettant que le loch actuel- lement en usage sur les navires de l'fitat et du commerce. C'est bien certainement, nous le constaterons bien lot, aux mauvaises indications de vitesse du loch du navire a vapeur le Tartare, qu'est du le cruel echec subi par M. Brett dans l'operation de la pose du cable electrique entre la Sardaigne et l'Algerie. Si cette derniere catastrophe n'ouvre pas les yeux a l'administration de la marine, et ne la determine pas a adopter le ve*locimetre Droinet, il fau- dra vraiment desesperer du progres. — Un des membres de la Societe entomologique de France adresse de curieuses observations relatives aux influences qu'exer- cent sur les insectes la lumiere, l'electricite et les phenomenes meteorologiques. — M. Von Auer, directeur de l'imprimerie imperiale de Vienne, communique de nouveaux specimens d'impression nalurelie des- tines a montrer quel degre de finesse et d'exactitude ce bel art peut atteindre ; il prie aussi l'Academie de hater le rapport qu'il a sollicite". — M. Chretien, medecin a Montpellier, reconnait l'eificacite du soufTre en poudre fine dans le traitement de la maladie de la vi- gne; maisil ne saitpas si cette efficacite doit etre attribuec au soufre COSMOS. 343 comme soufrc ; ou si ello ne depend pas principalement de son etat pulverulent, de sorte que Ton puisse lui substituer la pous- siere des grands chemins. Cette idee bizarre excite l'hilarite uni- versale. — M. Legros fait hommage de son Encyclopedic de la photo- graphie. — S. A. le prince Charles Bonaparte continue sa classification des oiseaux par le tableau parallelique de l'ordre des pelagiens longipedes. — M. Pouillet pre'senteet de'crit, au nom de M. Charles Beslay, un nouveau precede, tres-ingenieux et tres-simple de gravure galvanoplastique. On recouvre une plaque de verre d'un vernis analogue a celui des graveurs, mais rendu quelque peu conduc- teur; le dessinateur dessine son sujet a la pointe en enlevant le vernis jusqu'a la surface du verre : la plaque, ainsi pre'paree, est placee dans le bain galvanoplastique, et le cuivre qui se depose dans les traits du dessin le dessine de nouveau en relief; on obtient ainsi immediatement une planche qui peut servir a l'impression ly- pographique ordinaire. Rien n'empechera cependant, quand on le voudra, ou qu'il sera necessaire, qu'on augmente artificiellement par les precedes connus les reliefs et les creux de la plaque. Si l'onreussit a faire atteindre au'nouvel art un certain degre de per- fection, il rendra d'immenses services , et un plus grand nombre d'ouvrages pourront ainsi etre illustre's. Les echantillons exhibes par M. Beslay sont deja tres-satisfaisants. — M. le docteur Remak lit une addition a son Me'moire sur Taction physiologique et therapeutique du courant galvanique constant ou continu sur les nerfs et les muscles de Fhomme. Nous nous somines trompe dans les quelques lignes que nous avons consacrees dans notre derniere iivraison a la communication de M. Remak, en disant qu'il faisait aussi servir les courants d'induc- tion au traitement de diverses affections. M. Remak, aujourd'hui, proscrit entierement l'usage des courants d'induction, et n'emploie plus que les courants continus, comme le font, de leurs cote's, plusieurs medecins de Paris, entre autres, M. le docteur Hiflels- heim, qui a obtenu de nombreuses et etonnanles guerisons avec le courant continu des chaines de M. Pulvermacher. Nous re- viendrons, dans notre plus prochaine Iivraison, pour les exposer longuement, sur les deux notes de M. Remak, sur les experiences qu'il a faites ces jours derniers soit dans les hopitaux, soit a l'ho- tel de la Monnaie; sur les cures qu'il a operees, etc., et nous re- Zkk COSMOS. ferons en mGme temps l'histoire de la sul)stitution du courant continn aux courants d'induction interrompus, si longtemps en Toguc : on verra, jusqu'a l'evidence, que ce progres considerable est no a Paris ct ne nous vient pas de toutes pieces de Berlin. — M. Cauchy adresse une reclamation relative a quelque regies nouvelles de la convergence des series, donnees par M. Catalan dans la derniere seance; il constate, par le temoignage ecrit de plusieursge'ometres.que ccs regies ne sont que des consequences faciles a deduire de celles qu'il a donnees, il y a plus do trente ans, dans son analyse algebrique et ses exercices de mathematiques. — M. Flonrens lit la premiere partie de ses recherches deja anciennes, car elles remontent a 1821, mais tout nouvellement refaitos , sur la sensibilite des tendons. La conclusion capitale a laquclle il arrive , e'est que les tendons sains sont douds d'une insensibilite absolue, tandis que les tendons malades, enflammes, tumefies, sont au contraire extremement sensibles. — Un jcune physiologiste, M. Collomb, litun memoire sur un nou- xeau stetoscope appele par lui dynamoscope, parce qu'il permet- trait d'ausculter les bruits produits dans le corps par l'exercice nieme des fonctions organiques, et non plus les bruits resultant de diverses obstructions ou embarras anormaux. M. Collomb aurait done decouvert dans le corps liumain un bourdonnement phy- siologique nouveau, qui se modifie suivant l'Age, le sexe, l'etat de l'individu, le lieu du corps ou Ton obsei^ve, etc.; et que Ton peut appeler, tour a tour, bourdonnement pueril, bourdonnement se- nd, bourdonnement feminin, etc., etc II a cru trouver dans la cessation d'un bourdonnement observe aux bouts des doigts un caractiire absolument certain de la mort, un moyen de distinguer la mort reelle de la mort apparente. Nous reviendrons sur cette communication tres-originale. — M. le mareehal vaillant annonce que Finterrupteur elec- trique de M. Alexandre Bcllarme est inslalle sur divers points du chemin de fer de Versailles a Paris, rive gauche, a Clamart, a Bellevue, a Viroflay; qu'il i'onctionne parfaitement ; qu'il signale en avant et en arriere les passages des trains avec une regularite qui ne laisse rien a desirer, etc., etc. 11 prie les membres de la commission de vouloir bien assister aux experiences , et deposer bientot leur rapport. PIIOTOGRAPHIE. Exposition univcrselle tie Photographic a ESrux«ilcs. Compte rendu fait par M. le docteur Thomas Phipson, a la demande et en remplacement de M. Vabbe Moigno. « L'Exposition pour 1'encouragement des arts industriels en Bel- gique offre un grand attrait par sa section de photographie , qui est, sans aucun doute, la plus importante de l'Exposition. Des epreuves beiges, anglaises, italiennes, suisses, et meme hon- groises et ainericaines, y trouvent une place a cote de celles de nos artistes francais. C'est la premiere fois que la Belgique a eu une aussi heureuse occasion de comparer ses photographies avec celles de ses voisins, et d'etudier Fart photographique entre les mains des artistes de differents pays. Avant d'entrer dans des details sur les epreuves photogra- phiques qui de'corent les murailles de l'Exposition, nous pouvons deja faire quelques grandes distinctions entre les produits des differentes nations que nous avons indiquees. Mais, d'abord, fai- sons une reuiarque sur le nombre d'epreuves exposees, qui est loin d'etre e'gal pour tous les exposants. II s'y trouve une grande quantite d'epreuves beiges et francaises, une quantite moindre. venant de l'Angleterre, de FJtalie, de l'Allemagne et de la Suisse, un tres-petit nombre d'epreuves exposees par un seul ariiste hongrois, et a peine une douzaine d'epreuves americaines. Si nous pouvions juger la photographic europeenne d'apres cette exposition, nous devrions dire que les photographies beiges ont ete, en general, depassees de beaucoup par celles venant de l'etranger. C'est dans l'interetdela Belgique que l'Exposition, qui nous occupe , a ete creee ; aussi est-ce la Belgique qui en pro- fltera le plus sous le rapport du progres photographique, par les lecons que lui out fouraies ses voisins. Aucun pays n'approche dela France pour le portrait, aucun ne peut non plus comparer ses paysages a ceux des photographes anglais ; l'ltalie, la France et l'Allemagne se disputent le premier rang pour la photogi monumentale; et, quant a la Hongrie et l'Amerique, le peu d'e- preuves qu'ellesont exposees nous rappellentun peu l'enfance de l'art, surtout a cote des produits francais et anglais, quoique nous trouvions dans ce qu'elles ont envoye quelques produits interes- sants. 346 COSMOS. Dans lc compte rendu que nous allons donner, nous suivrons l'ordrc dans lequel les photographies ont ete exposees ; et si l'on pouvait nous reprocher quclqucfois noire jugement et nos con- naissances insufiisantes, du moins on ne saurait blamer noire im- partiality. Photographies beiges. Nous avons de M. Barboni, de Bruxelles, quelqaes epreuves stereoscopiques charmantes ; plusieurs sont coloriees , et nous avons encore une fois ete oblige de recon- naitre le facheux effet que produit la coloration factice des epreuves stereoscopiques, effet bien plus sensible au stereos- cope que dans les epreuves ordinaires. Les images coloriees n'ont plus rien de naturel ; la vcrite de la nature, pour parler ar- tistiquement , a completement disparn, et les objets represents ressemblent tout a fait a ces poupees de bois peint que l'on achete dans les Kermesses. Les epreuves photographiques des arcs de triomphe des fetes de Bruxelles, et un portrait ovale de deux danseurs espagnols, sont ce que M. Barboni a fait de mieux. Les portraits exposes par M. Daudoy, de Namur, manquent un peu de nettete',maismeritent d'etre mentionnes pour leur expres- sion et leur sentiment artistique. MM. Delahayc et Slaytes, d'Anvers, M. de Schodt, de Bruges, M. Dhoy, de Gand, et M. Dupont, de Bruxelles, ont expose quelques epreuves qui sont assez bien re'ussies. Nous mentionne- rons en particulier quelques positifs directs sur verre, de MM. De- lahaye et Slaytes, des epreuves par M. Dupont, qui se font remarquer par leur modele a la Bembrandt. Les epreuves de M. Dhoy sont fort originales, les scenes comiques qu'elles repre- sentent sont d'un choix un peu vulgaire, mais tres-expressives. MM. Ghe'mar et Severin, de Bruxelles, ont expose une grande quantite de photographies ; on remarque surtout des portraits amplifies , retouches au pastel , application fort heureuse de la photographic et qui a fourni entre les mains artistiques de M. Ghe'mar de tres-beaux resultats. Nous mentionnerons encore un tres-bon portrait sur plaque de M. Jobard, directeur du Musee de 1 Industrie , et des reproductions de tableaux dont quelques- unes ont tres-bien re'ussi. Madame L. , de Bruxelles , a expose quelques photographies d'apres nature, sur papier, et sans retouche aucune; ses vues de Malines, du bois de la Cambre, pres de Bruxelles, nous permet- tent de placer madame L. sur le premier rang parmi les photo- graphes de son pays. COSMOS. 347 Quelques portraits sans retouches de M. Leba , de Bruxelles, me'riteut d'etre mentionnes. Nons regrettons beaucoup que M. Pavonet, amateur distingue de Bruxelles, n'ait pas expose quelques epreuves ; il aurait sou- tenu l'honneur de la Belgique photographique. Photographies francaises. La plupart des photographies fran- caises de l'Exposition bruxelloise out deja figure a Imposition universelle de Paris; nous en avons deja souvent parle dans les colonnes du Cosmos, de sorte que nous serons dispense d'y re- venir d'une maniere speciale. Beaucoup de ces photographies, du reste, ont fait epoque dans l'art et sont connues de tout le monde. Les portraits par M. N. Nadar et par M. Tournachon (Na- dar jeune), ont ete beaucoup admires. Parmi les produits de ce der- nier artiste, nous devons mentionnerparticulierement des portraits amplifies et retouches de M. de Lamartine, de M. Decamps, etc., qui se distinguent par la largeur d'execution. Les figures contem- poraines ou portraits de M. Nadar ont ete regardes par des con- naisseurs comme les plus beaux de l'Exposition. Les reproduc- tions monumentales de MM. Bisson et Baldus sont extremement remarquables, et ont deja acquis a leurs auteurs une reputa- tion bien me'ritee. Nous ne serions pas e'tonne qu'un de ces pho- tographes en grand parvienne un jour a prendre tout Paris a la fois. Les dimensions et la nettete de leurs epreuves attirent l'at- tention generate. M. le chevalier Dubois de Nehaut, de Bruxelles (membre de la Societe franchise de photographie), a expose une quantite de vues prises aux fetes de Juillet a BruxeUes ; on y voit des corteges, des fontaines, des chars, etc., pris instantanement, et qui consti- tuent des epreuves tres-remarquables, dont on compte jusqu'a 31 cliches distincts. MM. Bertsch et Arnaud ont expose des portraits faits sur collo- dion instantane; il est difficile d'en trouver qui leur soient com- parables. Les reproductions microscopiques de ces artistes sont extremement interessantes sous le rapport de l'liistoire natureUe. On y voit des animaux completement microscopiques, tels que les acarus, ayant un pouce de longueur, et, malgre ces dimen- sions, d'une nettete parfaite ! Les dpreuves de M. Louis Bousseau (Photographie appliquee aux sciences naturelles) nous frappent aussi par leur nettete, l'exactitude et la finesse des details ; c'est peut-etre la plus heu- reuse application de la photographie. On y remarque des spon- 3i8 COSMOS. giaires, des coraux, dcs os, des cranes, etc., etc,, qui sont bieu plus propres a l'enscignement dc l'liistoire naturelle que les des- sins les mieux faits a la main. Ce que M. Bclloc a expose de plus ncuf, e'est, sans aucun doute, son essai de photo-lithographie qui a ete taut admiree a Paris. Qnelques-uns de ses portraits sont admirablcs quoique unpen froids ; il est bien difficile de faire mieux. M. Duboscq a expose les stereoscopes perfectionne's par M. Knight ctpar lui, les oculaires en sont carres. Nous y avons vu de cbarmantesepreuvesstereoscopiques sur verre, par M. Ferrier. Nous avons de M. Tbierry, de Lyon, quelqucs epreuves sur plaques fort bien faites, et nous avons admire les reproductions des gravures anciennes d' Antonio-Marc Belmondi, par M. Deles- sert , de Passy, pres de Paris ; M. Cliflbrt, de Passy, nous amontre, par des epreuves cxtraordinaires, ce qu'on peut faire sur papier. M. Niepce de Saint-Victor a expose un specimen d'heliographie; e'est une vue prise directement sur acier, dans la cbambre noire. Les epreuves de M. Tiffereau, de Paris, reproduisant des vues prises an Mexique, sont fort interessantes. Les gravures beliograpbiques, de M. Riffaut, de Paris, appro- client bien pres de la perfection; nous n'avons jamais vuquelque chose de plus heureux que ses vues de la Tour de l'borloge, du Louvre et de Notrc-Dame; les gravures beliograpbiques sans re- touche sur acier, de M. Negro, de Paris, sont aussi tres-remar- quables. Un immense vue sur papier, exposee par ce plioto- grapbe, a attire une attention generate. Nous devons aussi mentionner d'une manierc toute speciale lespboto-litbographies de M. Poitevin, de Paris, quise distinguent, parleur netlete, de toutes les autres epreuves du meme genre. Nous savons qu'actuellemcnt il peut faire beaucoup mieux. Photographies cmglaises. M. Maxwell-Lyte a expose vingt epreu- ves pbotograpbiques sur collodion faites par divers proccdes in- ventes par cet artiste; ses paysages se font remarquer par leur finesse. L'Exposition anglaise consiste presque entierement en paysages et sujels de genre. Les paysages des artistes anglais ontun cachet tout particulier qui ne se trouve que la; ils sont remarquables en general pour leur etonnante finesse de details, leur nettete et la delicalesse des lignes, joints aii sentiment artistique et au bon gout dans le choix des sujets. Les etudes et paysages de M. II. White, de Londres , nous ont COSMOS. 3i9 particulierement frappe. — Aussi pouvons-nous dire qu'ils ont excite chez les connaisseurs une admiration qui n'a pas connu de limites ; scs channantes Vues sur la Tamise, ses Etudes swr les buissons, et son Champ de ble, surpassent tout ce qui a ele ob- tenu jusqu'a ce jour. M. Archer donne a ses photographies un cachet tout parliculier, difficile a de'crire, mais qui les fait dislinguer entre mille. Ce qui etonne le plus chez lui, ce sont les nuages pris simultanement avec le paysage, et que leur modele remarquable rend tres-natu- rels. — Nous avons aussi de ce photographe distingue quelques epreuves enlevees du verre an moyen de la gutta-percha, qui meritent d'etre mentionnees, ainsi que ses vues de rues et d'in- terieurs. M. Roger Fenton a soutenu sa reputation artistique par d'admi- rables epreuves; nous citcrons specialement son Abba ye. de Ri- vaull, son Palais de Hampton-Court, et pliisieurs epreuves dans lesquelles les nuages ont ete pris simultanement avec le paysage. Les calotypes de M. Sedgfield font honneur a la photographie anglaise; ainsi que les jolis paysages, les etudes de haies et de buissons du meme photographe ; un portrait (probablement d'a- pres un tableau de sir Joshua Reynolds) conslitue une epreuve d'autant plus remarquable, qu'elle a ete faite d'apres une pein- ture a l'huile. M. Oething de Newport (Monmouthshire) a expose de fort beaux paysages. Les epreuves de M. Cox, quoique quelques-unes ne soient pas mauvaises, n'atteignent pas en general le degre de per- fection qu'on remarque chez celles de ses compatriotes. Nous avons de M. Rylander , de Wolverhampton , une foule de sujets de genre, dont l'expression est etonnante, on voit la pensee de chaque individu exprimee ouvertement sur sa figure. Nous ne pouvons trop admirer la naivete et le bon gout que M. Rylander a montre dans le choix de ses mocleles. Nous mentionnerons encore une Etude de mains, et lejeune Philosophe, du meme ar- tiste, comme etant des epreuves channantes. Les graminees, un morceau de tulle et une feuille de fougere, par sir Foex Talbot, meritent d'etre examines. Les epreuves stereoscopiques de M. Claud et, de Londres, ne laissent rien a desircr sous le rapport du contour; mais la colo- ration, quoique le chef-d'oeuvre dn genre, ne les gate-t-elle pas un peu, sous le rapport de l'art? Les mocleles en ont ete choisis avec beaucoup de gout. 350 COSMOS. Photographies americaincs. Parmi les onze cpreuves amdri- caines, nous nc pouvons parler que d'un portrait de Mmo Beecher- Stowe, qui est interessant pliitdt a cause de la reputation de l'au- teur de la Cabane de I'oncle Tom, que comme photographic ; M. Whipple de Boston, qui l'a execute , est l'auteur de quelques autres eprenves qui ne pre"sentent rien d'extraordinaire. II est juste d'ajouter que ces epreuves sortent de la collection de M. La- can, de Paris. (La suite au prochain numero.) Esquisses photogrnphiques. Par M. Ernest Lacan. Sous ce titre, M. Ernest Lacan a reuni en un seul volume in-18 de plus de 200 pages , les differents articles qu'il a publies dans le Moniteur et le journal la Lwniere, dont il est le redacteur en chef. II y fait un resume succinct de l'histoire de la photogra- phie, de ses progres, de ses de'veloppements, de ses applications. On y trouve des details biographiques sur l'illustre inventeur de cette belle science, Nicephore Niepce, etsur son neveu, M. Niepce de Saint- Victor , qui parcourt avec tant d'ardeur , d'eclat et de succes la carriere ouverte par son oncle. M. Lacan rend a Niepce la justice qui lui est due, en revendiquant pour lui seul la gloire de la decouverte de la photographie ; et en ne laissant a Daguerre que l'honneur d'avoir perfectionne, simplifie, vulgarise ce que Niepce avait invente. Les preuves donne'es par M. Lacan de ce qu'il avance ne laissent aucun doute dans l'esprit du lecteur. Une grande partiedu volume de M. Lacan, la moitie a peupres, est consacree a la description et a l'appreciation des differents produits de la photographie qui ont figure a l'Exposition univer- selle ; il y traite de la photographie scientifique , des reproduc- tions photographiques , des portraits , de la photographie de genre. Puis sous le titre de Photographie historique, il expose les differents sujets que la guerre d'Orient, les inondations, le con- cours agricole, les fetes publiques, ont fourni aux nombreux ar- tistes qui s'occupent de photographie. DISTILLATION DE LA BETTERAVE. Precede Chasnponnois. Le nom de M. Cliamponnois est un de ceux qui ont le plus sou- vent retenti dans ces dernieres annecs. II se lie etroitement a l'unc de nos plus belles industries modernes ; il a ete Fobjet des plus glorieuses recompenses ; il a droit des lors aux bommages de la: presse industrielle, etnous avions resolu depuis longteraps de lui consacrer quelques pages du Cos7nos. Nous n'attendions pour celai qu'une occasion favorable; elle nous est offerte et nous en proii- tons. Cette occasion, c'est le reveild'une opposition longtemps comprimee et vaincue, un instant victorieuse, et qui avait reussi a se manifester par le silence qu'a garde le Jury du concoura universel de l'agriculture sur le brillant et bienfaisant progres accompli par M. Cliamponnois , quoiqu'il fut soumis a son exa- men. M. Cliamponnois n'a certainement pas concu le premier l'idee feconde d'extraire l'alcool de labetterave: Matbieu deDombasler l'un des grands restaurateurs de l'agriculture francaise, disait deja en 1834 : « La preference qui a ete donnee a la pomme de terre pour la preparation de Feau-de-vie sera plus tard de'volue h la betterave... De toutes les substances dont on peut extraire l'al- cool on trouvera un jour que c'est la betterave qui peut le donner au prix le plus bas. » Les operations essentielles par lesquelles on parvient a extraire l'alcool de la betterave, la maceration, la fermentation, la distilla- tion ne sont pas non plus des inventions de M. Cbampomiois. A l'e'poque que nous venons de rappeler, Matbieu de Dombasle avait deja e'crit son petit Traite de la maceration. II y a plus de vingt ans que M. Dubrunfault a appris a fairefermenterlesjus de betterave par l'addition d'une petite quantite de leviire de biere ou d'acide sulfurique. La distillation est presque aussi vieille que le monde. Ce n'est pas enfin M. Cliamponnois, c'est M. Dubrunfault qui a demontre le premier la possibilite de fabriquerdes esprits de bet- terave en concurrence avec les alcools du Midi ; qui a etabli d'a- bord l'opporlunite' de radjonction des distilleries aux sucreries > qui, quelques annees plus tard, a determine la transformation su- bite d'un tres-srand nombre de nos sucreries en distilleries d'ou 352 COSMOS. sont sortis commc par enchantement des millions d'hectolitres d'alcool. Qu'a done fait M. Champonnois ? Tres-peu en apparence et theoriquement, immensement en realite et pratiquement. Avant lui la distillation des jus de betteraves exigeait une misc de feuds considerable, un materiel relativement enorme ; elle se eoncentrait forcement dans un certain nombre d'etablissements montes sur vaste echelle ; elle etait le privilege des grands pro- prielaires ou de riches capitalistes. M. Dubrnnfault l'availamenee et laissee k l'etat de pure et grande industrie. M. Champonnois, ouvrant une voie comple'tement nouvelle, a ramene la distillation aux conditions d'une simple exploitation agricole; il a voulu l'in- troduire et il l'a introduite dans la ferme ; il Fa divisee , vul- garised, popularised avec un succes tel qu'au lcr avril 1855 le nombre des distilleries organisees d'apres son systeme s'elevait deja a plus de centvingt. Les plus petites de ces distilleries trai- taient 2 500 kilogrammes de racines par jour; les plus grandes, 60 000 kilogrammes ; ce qui prouve surabondamment que le pro- cede Champonnois repond a toutes les exigences , satisfait a tous les besoins de la petite et de la grande fabrication. Toutes ces dis- tilleries re'unies mettaient en ceuvre, dans la derniere campagne, 1 300 000 kilogrammes de betteraves par jour; e'est, on le voit, une revolution complete, une revolution bienhcureuse. Nous disons revolution bienheureuse, parce qu'ily a d'immenses avan- tages a annexer aux fermes les industries qui ont pour objet cl'o- pe'rer la transformation des produits de l'agriculture, de separer ce qui peut devenir au dehors l'objet d'un commerce lucratif, de laisser sur place ce qui peut et doit y circ consomme. Cette annexion est par elle-meme un grand bienfait, parce que, comme le disait M. Payen , elle donne du travail pendant la saison mauvaise ; elle fait disparaitre les inconvenients et les dangers de l'oisivete; elle transforme les produits bruts des re'- coltes en produits de plus grande valeur exportables aux lieux de grande consommation ; elle laisse a la ferme les residus proj)ies a la nourriture du betail ; elle amene une augmentation dans la masse et une amelioration dans la nature des fumiers; elle deve- loppe ainsi la puissance et la fertilile du sol ; elle eleve enfin l'in- telligence de l'ouvrier des campagnes en lui enseignant l'emploi et les avantages des theories , des operations et des outils de la science applique'e. Mais ce bienfait devient incomparablement plus grand lorsqu'il s'agit de 1'adjOnction a la ferme de rindustrie COSMOS. 158 particuliere que nous considerons ici, la production de l'alcool par la distillation des betteraves, production faite dans les condi- tions de simplicity extreme, d'efficacite merveilleuse, auxqueilcs M. Ghamponnois l'a amende. La France, quoi qu'on fasse, ne sera jamais la terre de la grande industrie, de la colonisation lointaine, du commerce du monde;- Elle est essenliellement agricole ; il estde sa nature de vivre pour elle et chez elle ; toute son industrie doit se reduire en general a la transformation des produits de son sol; elle fera sien, bien plus efficacement et plus abondamment, l'argent de l'Angleterre et du monde, par la vente de ses bles, de ses vins, de ses eaux- de-vie, de ses alcools, de ses fruits, de ses legumes, de ses lins, de ses chanvres, de ses soies, de ses bceufs, de ses vaches, de ses moutons, de ses chevaux et meme de ses mules, des produits en un mot de son agriculture unis a ses objets de luxe, a ses ar- ticles de gout, a ses chefs-d'oeuvre d'art, etc., que par la haute lutte, manufacturiere et financiere, dans laquelle on voudrait l'engager, et a laquelle elle est tout a fait impropre. Le perfec- tionnement de l'agriculture, voila done le grand probleme a re- soudre, le grand but vers lequel doivent tendre tous les amis sinceres de la France; et ce perfectionnement on l'aura atteint lorsque chaque hectare de notre belle patrie nourrira trois et demi ou quatre grosses tetes de betail : chaque hectare aujour- d'hui, helas! ne nourrit pas enmoyenne une grosse tete et demie de betail. Tout le monde le comprend maintenant, ce but ne peut etre atteint que parradjonction aux cultures anciennes, cereaies, vignes, leguinineuses, plantes textiles, prairies naturelles, etc., et dans une proportion suffisanle, des prairies artificielles, d'abord, trefles, luzernes, sainfoins, riz gras d'ltalie, choux du Poitou, et surlout des racines, betteraves, carottes, panais, navels, etc., etc. Les racines, en effet, ont Fimmense avantage de puiser a la fois , 1° par leurs feuilles dans Fimmense reservoir de 1' atmos- phere les principes gazeux , qu'elles fixent, qu'elles s'assi- milent, qu'elles elaborent et transforment en produits utiles; 2° dans le sol les elements constitutifs des parties solides des plantes, dont, par une disorganisation ulterieure, elles se depouil- leront pour les rendre abondantcs et toutes preparees a une assindlation nouvelle, a cette coucbe superficielle du sol, scule accessible aux cultures anciennes, et dont la fecondite sera par la renouvelee. Au premier rang des racines se place tout naturellement Is Z5h COSMOS. betterave : son feuiliage abondant, large, tendre; ses radicolles pivotantes el profondes; sa racine si grosse, vastc magasin ou viennent se condenser et se transformer les elements divers founds par ses nombreux organes respiratoires; tout annoncait a l'avance qu'ellc etait appelde a jouer un grand role dans nos cultures, qu'ellc devait prendre une large place dans nos assole- ments. L'importancc de la betterave a pris des proportions i nonnes le jour ou il fut demontrd qu'ellc n'etait pas settlement une racine alimentaire, qu'elle pouvait, en outre, donner a l'in- dustrie et au commerce des quantites considerables de sucre et d'alcool. Exploitee, dans nos provinces du nord surtout, comme plante saccharifere, elle est devenue une source considerable de richesses; et cependant cette exploitation, si nous pouvons nous exprimerainsi, etait vraiment brutale. L'industriene rendait a l'a- griculture sous forme de pulpe qu'un cinquieme en poids, des racines qui lui etaient livrees, avec quelques ecumes de defeca- tion; elle gardait les quatre autres cinquiemes sous formes de jus d'abord, de sucre ensuite, et de melasse, qui gardait ensevelie et perdue dans sa masse la plus grande partie des sels enleves au sol par les racines et qui auraient du lui etre rendus. Un cin- quieme, e'est Men peu de chose, et pourtant ce cinquieme, joint aux capitaux que la vente du sucre mettait en circulation, suffi- sait a procurer un accroissement considerable du betail : l'ac- croissement du betail se traduisait immediatement en approvi- sionnement plus considerable d'engrais, l'approvisionnement d'engrais en excedant de recoltes de toute nature, cereales, col- zas, legumineuses, etc. Voila comment meme dans ces conditions plus que me'diocres la culture de la betterave contribuait puis- eamment a la prosperite de l'agriculture. Quesera-ce done quand les resultats seront renverse's, quand, au lieu d'un traitement barbare et brutal, on fera subir aux ra- cines un traitement rationnel et eclaire; quand l'industrie n'enle- vera plus que ce qu'elle transforme immddiatement en argent, le sucre oul'alcool; quand elle gardera pour elle le cinquieme seu- lement, et rendra a l'agriculture les quatre autres cinquiemes de la betterave avec tous ses elements constitutifs, matieres azotees, matieres grasses, matieres salines. Oh! alors, nous ne craignons pas de le repeter, ce sera une veritable revolution. Or voila, quoi qu'en puissent dire ses envieux ou ses detracteurs , le ma- gnifique probieme que M. Champonnois a resolu, et resolu par les moyens les plus simples, les plus accessibles a tous. Grace a COSMOS. 355 lui, la distillation dcs betteraves est devenue une operation tout a fait elementaire, a la portee des valets de ferme les moins intelli- gents, presque un jeu d'enfant. Suivons-la quelques inslants sur le papier comme, nous l'avons suivie avec tant de bonheur dans l'usine de M. Bazin au Mesnil-St-Firmin, et nous aurons bientot fa itpartager a nos lecteurs nos bienheureuses convictions. Et d'abord le materiel est rdduit a sa plus simple expression : un hangar ferme on ouvert si Ton veut, un laveur, un coupe- racine, mis enmouvement par un cheval ou mu a bras d*homme, des cuviers de maceration en bois, des cuves de fermenta- tion en bois, un appareil a distiller: voila tout l'outillage et il n'exige pas d'ouvriers speciaux pour son usage , son entretien, sa reparation. Les racines lavees avec soin et reduites en cossettes minces, par les coupe-racines , sont portees dans les cuviers de macera- tion ; on les asperge d'un peu d'eau rendue legerement acicle par addition de quelques gouttes d'acide sulfurique, puis on fait ar- river dans les cuviers la vinasse, c'est-a-dire le liquide sorti des flancs de Tappareil distillatoire e'puise de sucre et d'alcool, mais conservant tous les sels solubles de la betterave. Cette vinasse chaude penetre les cellules des cossettes, chasse le jus sucre et se substitue a sa place; on a done, apres un certain temps de ma- ceration, d'une part, une certaine quantite de jus saccharide qu'on transformer en vin par la fermentation comme nous le dirons tout a l'heure ; de l'autre, 80 pour cent de cossettes de bet- teraves avec tous ses elements primitifs, moins le sucre; dans le merae etat que si sans leur enlever leur sucre on les avait fait fermenter directement pour les donner aux bestiaux ; dans une condition meme meilleure, parcequ'elles se conservent parfai- tement et indefiniment entassees soit dans des tonneaux, soit dans des silos, et qu'elles ont acquis la precieuse propriete de determiner dans les fourrages sees qu'on melera avec elle une fermentation tres-active. L' experience a prouve que cette fermen- tation a pour effet de rendre nutritives et assimilables beaucoup de substances, les balles d'avoine, par exemple, qui jusque-la n'avaient aucune valeur alimentaire. Ce qui reste apres la mace- ration par les vinasses, ce sont done de veritables cossettes de betteraves non decomposees, non delaye'es a 1'exces, n'ayant ab- solument perdu que leur sucre et un cinquieme de leur poids. Dans l'ancienne methode, au contraire, avec emploi des rapes, des presses hydrauliques, de l'eau acidulee comme agent de ma- 356 COSMOS. ceration, on obtcnait une pulpe privc'e de scs elements consti- tulifs, essenliels, noyec dans de l'eau qu'il fallait eliminer par Ja prossion pour s'cn debarrasser, au risque de la voir somen t se transformer en un liquidc fetide, ct n'avoir, en dernier resultat, qu'un cinquieme en poids de pulpe solidc, composee en grandc parlie do cellulose, ou matiere ligneuse inerte, unie a une tres-pelite proportion de matiere albumineusc et azote'e. Voila pourquoil'em- ploi dos vinasses comme agent de maceration a ete un immense prcgres. On l'a nie d'abord, on lui a oppose mille objections 1'utilcs; la vinasse a trop de densite pour operer le displacement qui conslitue la maceration ; elle cedera aux jus les sels et les maleiiaux solubles qu'elle contient; la distillation deviendra de plus en plus difficile; ses produits seront bientfit infectes par des builes essenlielles et odorantes ; et quand on a vu que la pratique donnait un dementi form el a ccs previsions, ou mieux, a ccs preventions sans fondement; que les jus resultant de la macera- tion par les vinasses conservaient une densite normale, une ri- cbesse constante; que ce procede, en un mot, etait excellent de tout point, on a voulu se l'approprier, en enlever la gloire a son auteur. Nous nous garderons bien de discuter les mille petites citations dont on appuie ces pretentions nouvelles et injustes. M. Champonnois est en possession de ses droits legitimes d'in- venteur, et Ton no pourra les lui ravir qu'autant qu'on nommera l'usine ou la maceration se faisait exclusivement parl'emploi des vinasses, sans adjonction de nouvelle eau, ce qui est encore un bienfait considerable ; ou du moins le livre ou Ton trouve enoncee clairement la possibilite, la praticabilite de rcxtraction du jus saccharide par les simples vinasses sans addition de propor- tions considerables d'eau acidulee. Quand vaincu par l'evidence des faits on a du reconnaitre que le procede ne laissait rien a de- sirer, que force etait d'en laisser toutc la gioire a M. Champon- nois, on a essaye de revoquer en doute la valeur nutritive ali- mentaire des pulpes. Un homme, cependant tres-competcnt, 91 Jourdicr a mis surtout dans ses denegations un entetement que nous n'avons jamais pu nous expliquer. Nous n'essaierons pas de refuter les mille arguments qu'il entasse dans son Moni- teur des cornices, de discuter les experiences incompletes qu'il torture, ou qu'il interprete avec un esprit preconcu et decide a plaider quand meme la plus mauvaise des causes. Nous n'en ap- pellerons pour venger M. Champonnois qu'ii l'evidence des faits et au temoignage d'autorites de'sinteressees ct irrecusables. Nous COSMOS. 357 avons sous les yeux en ecrivant cet article vingt lettres au moins e'crites par des agriculteurs et des eleveurs tres-distingues ; elles sont toutes unanimes a reconnaitre : que les pulpes resultant de la maceration des cossettes par les vinasses sont tres-appetis- santes ; que les bestiaux et les moutons en sont tres-avides, au point d'abandonner pour elles les fourrages les plus excel ents; qu'elles procurent un engraissement parfait et dans un temps Ires-court; qu'elles sont grandement preferables aux cossettes crucs, et lout a fait comparables aux betteraves cuites dont on n'a pas extrait le sucre; qu'elles ont enfin pour elles l'avantage d'une conservation facile et presque indefinie. .At. Meurinavait ete charge, par le cornice agricolede l'arrondis- sement de Lille, d'exa miner comparativement la valeur nutritive des pulpes de betteraves provenant des divers systemes employes pour l'extraction du sucre dans les distilleries. L'habile cbimiste a resume ses longues etudes dans un rapport lu le 21 fevrier 1856; et il conclut sans hesiter qu'en ne tenant pas compte des pulpes soumises une seule fois a Taction de la presse hydrauliquc, pulpes qui ne sont aujourd'hui qu'une ex- ception tres-rare, les pulpes Champonnois viennent au premier rang et l'emportent beaucoup sur les pulpes Dubrunfault et Le- play, par la plus grande quantite d'azote qu'elles renferment, par leur ricbessc absolue, par leur equivalent nutritif, par leur valeur intrinseque et venale. Tout recemment, dans la seance du 30 juillet, M. Baudement, professeur de zootechnie au Conservatoire des arts et metiers, a fait a la Societe imperiale et centrale d'agriculture im nouveau rapport sur les distilleries agricoles de M. Champonnois, et void comment il conclut, endepitde M. Jourdier: » L'heurcuse influence de cette industrie, provoquant la culture de la betterave la ou elle etait jusqu'ici inconnue ou impossible, et ameliorant Fun par l'autre, le betail et le sol, est aujourd'hui hors de toute discussion. Elle ressort de tous les faits acquis a la suite de vos enquetes; elle vient d'etre mise en lumiere, avec des (leveloppements nouveaux, dans un rapport fait a la Societe centrale d'agriculture de Belgique, mai 1856. Ce travail, ou toutes les questions pratiques sont bien analysees, etablitla comparaison de la distillation des betteraves avec l'industrie ordinaire dupays, et montre que la betterave, remplacant le seigle pour la produc- tion de l'alcool et des residus, fournit, as surface egale, pres de $ uatre fois plus d'alcool, et au moins dix fois plus de substances 358 COSMOS alimcntaires, tout en laissant la terre mieux prc5pare'e pour unc production plus abondanle de ble. Toutes ces hcurcuses consequences, vous lc rcconnaitrez cette annee, messieurs, comme vous Pavez fait les annees preccdentes, sont assure'es par l'emploi des procedes de i\L Champonnois, et nos conclusions sur la valeur de ces procedes ne different enrien de cclles qui ont ete prises par les commissions anterieures : elles ajoutent seulement a celles-ci la sanction d'une annee d'expe"- rience de plus, Oulillage simple. Frais de fabrication reduits, se bornant, pour la main-d'oeuvre, au chargement des cuviers et a leur dechargement • pour le com- bustible, a la depense la plus faible qu'exigent les appareils les plus perfectionnes. Installation facile partout, puisque l'eau n'est pas necessaire pour le travail, et que tout ecoulement de liquide putrescible au dehors est supprime. Application possible dans toutes les situations et pour toutes les exploitations, quelle que soit leur importance, grandes fermes isolees, ou fermes de petite culture reunies en groupes. Bon rendement en alcool. Conservation de la plus grande somme de matiere nutritive, maniement et transport faciles des residus. Travail cree dans les campagnes et y repandant l'esprit indus- triel si necessaire auxprogres de l'agriculture. Tels sont, messieurs, les avantages par lesquels le procede de distillation de M. Champonnois se recommande a la pratique, et sur lesquels nous nous appuyons pour vous demander de conti- nuer a l'inventeur vos sympathies et vos encouragements. » Que pourrions-nous ajouter, et M. Champonnois pouvait-il etre mieux venge des taquineries mesquines ou passionnees dont il a etc l'objet? Les deux notes suivantes, annexe'es au rapport, sont trop importantes pour que nous les omettions. Le rendement moyen en alcool a 100° a ete, pour seize etablissements visites, de 4,19 pour 100 du poids de la betterave pendant toute la duree de la campagne qui a ete, pour trois d'entre eux, de 200, 212 et 265 jours; e'est tout ce qu'on pouvait attendre : M. Clerget avait constate de son cote et aflirme', devant la Societe d' encouragement, que la richesse des jus maceres etait rigoureusement proportion- nelle au titre saccharin des betteraves et d'une Constance tout a fait remarquable. II resulte, dit enfin M. Baudement, du tableau COSMOS. 359 des experiences faites a l'Ecole imperiale de Grignon et de Lieu- saint, tableaux joints au rapport, et de l'opinion exprime'e par la plupart des cultivateurs figurant dans ce meine rapport, que la pulpe maceree par la vinasse a donne des resultats superieurs pour l'alimentation et la sanfe" des animaux a ceux de la betterave crue et du meilleur fourrage. Mais c'est assez de la maceration paries vinasses et des pulpes, disons en terminant quelques mots de l'operation qui suit la ma- ceration, de la fermentation des jus ou de leur transformation en vins. Ici encore nous aurons a constater un progres considerable, et qui fait bonneur a M. Champonnois. Autrefois, apres avoir rempli la cuve a fermentation de tout le jus qu'elle pouvait contenir, on ajoutait une certaine quantite de levure de biere, prealablement delayee dans une quantite double de jus ou d'eau pure, et Ton attendait que, sous Taction du fer- ment, la cuvee entrat en effervescence. On recommencait le meme traitement a chaque cuvee ; il en resultait une depense notable de levure de biere, ce qui etait deja un inconvenient grave; moins grave cependantque l'inegalite des fermentations successives sous le double rapport du temps, quelquefois tres-long, quelquefois tres- court, apres lequel ellcs s'efiectuaient; de l'intensite, en ce sens qu'elles e'taient tantot impetueuses et presque indomptables, au point d'exiger, pour etre apaisees, l'aspersion avec des eaux gras- ses ou savonneuses, tantot languissantes et presque nulles. M. Champonnois procede tout autrement. II n'a recours a la levure de biere qu'une seule fois, au debut, pour se procurer une premiere cuve"e fermentee, un premier vin. Avant que la fermentation cesse danscette premiere cuve, oupou d'heures apres qu'elle a cesse, on fait passer la moitie de son con- tenu dans la cuve voisine precedemment videe ; au lieu d'une cuve entiere on a alors deux cuves a moitie pleines ; et, dans ces deux cuves, on fait arriver par faibles charges successives ou par deux petits fdets continus du jus frais de mace"ration. Au contact du vieux jus, le jus nouveau s'impressionne ; si la fermentation etait en train, elle continue, si elle etait suspendue, elle seretablit promptement et parcourt regulierement toutes ses }>hases; bientdt la premiere cuve sera prete pour la distillation, et Ton pourra partager la se- conde a son tour avec une troisieme cuve vide, etc., etc. Par ce tour de main, de discontinue et de successive qu'elle etait, la fer- mentation devient done continue et incessante; elle se perpetue seule sans l'interventiou d'aucun ferment etranger. II faut en avoir 360 COSMOS. ete teinoin pour se faire une idee de la regularitc de marche de la fermentation operee comme nous venons de le dire. M. Bazin, praticien cepeudant tres-experiniente, et qui a vu des milliers de fermentations, en etait lui-meme tout emervcille ; il aimait a nous conduire dans les greniers occupes par les cuves pour nous faire partager son admiration; et cc beau travail s'est con linue' sans in- terruption ct sans trouble pendant toute la saison derniere : tou- jours la maceration par les vinasses a donne des jus normaux ; toujours la fermentation a converti ces jus en vins riches en alcool ; toujours les appareils de distillation out ete alimentes et ont pro- duit soit des alcools faibles ou phlegmes d'un litre toujours le meme do 45 a 50 degres de l'areometre de Gay-Lussac ; soit des alcools forts de 90 a 94 degres quand on se placait dans les con- ditions voulues d'appareils, de temperature et de vitesse d'ecou- lement. Pour donner une idee complete de l'ensemble d'une operation reguliere, nous dirons que chez M. Huot, quile premier a mis en pratique le systeme Gliamponnois, deux homines faisaient le tra- a ail suivant : en 25 minutes ils reduisaient en cossettes 250 kilo- grammes de racines, charge d'un cuvier de la contenance de 550 litres; ils faisaient macerer les cossettes dans la vinasse, et en- voyaient a la fermentation environ 250 litres de jus sucre', a la ferine 225 kilogrammes de cossettes macerees charge'es de vinas- ses. Gette operation complete durait environ 1 heure, apres quoi ils recommencaient a hacher 250 kilogrammes de betteraves, pour les faire macerer de nouveau, etc. Ils traitaient ainsi en 9 heures 2250 kilogrammes de racines, se contentant de rccueillir des phlegmes de 49 a 50 degres qui servaient a la fabrication des vinai- gres, ou que Ton expediait aux usines de rectification. Le produit etait de 130 litres de phlegmes par jour, representant unevaleur de 135 francs, qui constituait presque un benefice net. En exa- gerant ou portant au maximum le nombre des ouvriers et leur salaire, M. Clerget, dans son rapport a la Societe d'encourage- ment, concluait que par le procede Champonnois, le prix de re- vient de l'hectolitre d' alcool rectifie serait de 45 fr. 60 c, tandis cpi'on admet generalement que, par le procede des presses, il est de 90 fr. au moins ; e'etait done une plus value de 43 fr. 40 c. par hectolitre, ce qui est vraiment enorme; d'autant plus que les pulpcs obtenues representent de leur cute une plus value consi- derable. M. Baudementaffirme dans son rapport que pour 1 000 ki- logrammes de betteraves la depense moyenne de main-d'eeuvre est COSMOS. 361 deifr. 53c.,celle de combustible, 1 fr. 53, ce qui fait une depense totale de 6 fr. 06 c; or ces 1 000 kilogrammes donnent en moyenne /i,19 pour 100 de leur poidsen alcool a 100 degres, c'est-a-dire 61,9 kilogrammes en poids, ou 33,38 litres ; il en resulterait que, dans la metbode Champonnois, perfectionnee depuis les premiers essais fails cbez M. Huot, et telle qu'elle est pratiquee dans les 15 etablissementsdontM. Baudement a releve et discuteles comptes, l'hectolitre d'alcoola 100 degres ne couterait pas 20 fr., moins de la moitie du cbiffre accepte par M. Clerget. Dans son rapport a la Societe centrale d'agriculture de Belgique, M. Van den Broeck ar- rive a cette conclusion : qu'une depense journaliere de 56 fr. comprenant le prix total de 2 260 kilogrammes de betteraves, pro- duit un benefice quotidien de 88 fr., ou pres de 160 pour 100. « Cela paralt fabuleux, ajoute le rapporteur, mais, en de"pit de l'apparence, cela est reel. Qu'a cet avantage on joigne celui qui resulte de ce que toute la betterave donnee au betail n'aura rien coule, et Ton sera convaincu cles immenses profits dont le culti- vateur pourra trouver la source dans la distillation directe de la betterave... Dans ces calculsje ne me suis fonde que sur des faits positifs, sur des renseignements exacts, sur des raisonnements serieux; j'ai eu soin d'ecarter de mon esprit toute tendance a l'exa- geralion... Je n'ai ete anime que par le desir d'etre utile, en con- tribuant a populariser en Belgique une idee pratique que l'impor- tance de ses resultats possibles eleve presque a la hauteur d'une question sociale... Vous partagerez cette conviction; et moi, le defenseur inbabile d'une des pensees les plus fecondes, je trou- verai dans votre concours et ma recompense et mon excuse. » Comprenez-vous maintenant, cbers lecteurs, la portee d'une in- vention qui inspire de si solennelles paroles, et le service incalcu- lable que M. Champonnois a rendu a l'industrie et a l'agricullure? Mous ne finirons pas cependant sans l'avoir fait apprecier a un point de vue tout nouveau. Bien que simple et faciie au dela de ce qu'on peut imaginer, la distillerie agricole exige le travail d'un cerftaiffl nombre d'ouvriers, et que la ferme possede le nombre d'animaux suffisant pour consommer les pulpes, residu de la dis- tillation ; or, le capital necessaire a cette exploitation depassera les ressources du petit cultivateur. N'en resultera-t-il pas que la masse de nos laboureurs sera exclue des bienfaits de la nouvelle Industrie? Non, heureusement, car : 1° en unissant leurs moyens, i!s peuvent etablir, a frais communs, une distillerie au centre de leurs fermes, comme on etablit des fruiteries pour la fabrication 362 COSMOS. en commim des fromages tie Gruyere; chacim, tons les jours ou a un jour donne, porte a la distillcrie la qunnlile do belteraves ne'cossaires a la nourriture de son Detail, reprcnd ses pulpes, el por./oit en outre sa part proporlionnclle dans le produit dela dis- tillation, soiten argent, soit en nature; car, 2° unindustriel aura grand inlerel a monter a ses frais une fabrique a la portee d'un certain nombrc de cultivaleurs qui fourniront la betterave, con- sommeront les pulpes, et rccevront leur part proporlionnclle du benefice realise sur la production de l'alcool. Dans cette bienheu- reuse combinaison le cultivateur reste cultivatcur; il est afTrancbi de toutes depenses, de toule sollicitude etrangere a ses habitu- des; le produit agricole reste a l'agriculture ; lc produit commer- cial est realise au profit comraun ; une ere nouvelle de prosperite el de bien-etre est ouverte a la fois al'industrie et a l'agriculture. Le calcul suivant etabli sur des donneesinconteslables donnera une idee tres-nette du benefice qu'on realiscra si, au lieu de con- sonnner les belteraves en nature a la forme, on les livre a une distillcrie pour reprendre la pulpe. Nous prendrons l'exemple d'un cultivateur ayant a nourrir 50 tetcs de gros betail et 500 mou- tons; les 1 000 kilogrammes de belteraves sont estimes a 12 fr., la ration journaliere d'entretien d'un bceuf ou d'une vache a 25 kilogrammes; celle d'un mouton a U kilogrammes; le temps de nourriture a l'etable pendant la mauvaise saison a 200 jours; la dislillerie paye 10 fr. le droit de distiller les 1 000 kilogrammes de betteraves en rendant les pulpes. Cola pose, et le nombre total des kilogrammes de betteraves ou de pulpe de betteraves ne'ees- saire a la nourriture du betail etant de 650 000 kilogrammes ; voici comment s'etablit la comparaison. 1° Consommationcn naturedans la ferme : 650 000 kilogrammes, a 12 fr. 20 c les 1 000 kilogrammes, 7 930 fr. ; frais de nettoyage et de de'eoupage a 1 fr. 50 c. les 1 000 kilogrammes, 975 fr. ; total des depenses pendant l'liiver, 8905 fr.; par vache ou par boeuf, 68 fr. 50 c; par mouton, 10 fr. 96 c. ; par bceuf et par jour, 34 g.1/4 ; par mouton, 5 c. 12. 2° Con- sommation des pulpes livrees a la distillerie. Pour produire 650 000 kilogrammes de pulpes, il faut 812 500 kilogrammes de betteraves a 12 fr. 20 c. les 1 000 kilogrammes ou9252 fr. 50 c; frais de transport a la distillerie, a 75 c. par 1000 kilogrammes, 609 fr. 10c; total, 9 861 fr. 90 .c, dont il faut retranclier la somme payee par la distillerie a raison de 10 fr. par 1000 kilogrammes ou 8125 fr,; ce qui reduit a 1 736 fr. 90 c. le prix codlant des 650 000 kilogrammes de pulpes, seule depense restant a la charge COSMOS. 365 du cultivateur pour la nourriture de son betail pendant l'hiver au lieu de 8 905 fr., avec un benefice net et incroyable de 7 168 fr, 10 c. La de'pense do nourriture d'un boeuf estreduile pour l'biver entier a IS fr. 36 c, au lieu de 68 fr. 50 c; par jour a 5 c. 1/3 a» lieu de 34 c. 1/4, e'est-a-dire qu'elle est cinq ibis moindre ; la meme chose evidemment a lieu pour le mouton quine coule plus pour l'hircr entier que 2 fr. 14 c, au lieu de 10 fr. 96 c; par jour que 1 c. 1/4 au lieu de 5 c. 1/2. Dans ce calcul dont les re'sultats sont consolants au dela de ce qu'on peut dire , le poids des ra- tions est reste le meme, soit pour la belterave crue, soit pour la pulpe, bien que toutes les experiences comparatives aient donne I'avairtage a la pulpe de distillerie maceree a la vinasse surla belterave crue; il n'est tenu aucun compte des melanges ou ad- ditions defourrages sees, paille ou autres debris de ferme qui restent les memes dans les deux cas. Apres ce que nous venons de dire on ne sera pas e'tonne d'ap- prendre que M. Champonnois a en quelque sorle epuise la serie rntiere des recompenses qui peuvent etre decernees a l'auteur d'un procede nouveau. Apres le rapport fait par M. Payen au nom de la commission charge'e de visiter l'usine de .11. Huot, a Troyes, la Societe imperiale et centrale d'agriculture, le 23 juil- let 1834, decerna a M. Champonnois la medaille d'or a reffigie d'Olivier de Serres, a MM. Huot, d'Huicques, de Bre'gy et Allier, qui les premiers avaient mis en pratique la distillerie agricole, line medaille d'argent. L'anne'e suivante dans la seance du 29 aout 1855, apres le con- siencieux rapport fait par M. Dailly, au nom d'une commission, composee de MM. Yvart, Payen, Boussingault, Pommier, Baude- ment, Delafond et Dailly, cette meme Societe decerna a M. Cham- ponnois sa plus grande medaille d'or, a chacun des quinze agri- culteurs et industriels qui avaient les premiers accepte le bfen- faisant progres, et dont les distilleries avaient pu etre visitees par la commission , une medaille d'or a l'effigie d'Olivier de Serres. Jamais bien certainement aucune industrie ou invention nouvelle n'avait rem un si favorable accueil ou n'etait devenue l'objet d'une tflle munificence. Apres le rapport fait, par M. Clerget, au nom des trois comites reunis d'agriculture, des arts cbimiques et des arts economiques, la Societe d'encouragemont a decerne a M. Champonnois sa plus haute recompense, sa grande medaille d'or. Fidele a de si glorieux precedents, preuves aulhcntiques et ir- 36i COSMOS. re'fragables d'un merite Eminent , le conseil des presidents des jurys de l'Exposition universelle de Paris proposa de decerner a ST. Champonnois, auteur de Installation dans les fermes du sys- teme de maceration des betteraves par les vinasses pour en obte- nir 1'alcool, une de scs rares grandcs medailles d'honneur, la dis- tinction la plus elevee mise a sa disposition. Le nouveau rapport de M. Baudement fait en juillet dernier, drtorminera probablement le conseil de la Societe imperiale et, centrale d' Agriculture, qui a comble M. Cbamponnois de ses fa- veurs, et ne peut rien leur ajouter parelle-meme, a solliciterpour iui la croix de la Legion-d'Honneur, recompense brillante , sans aucun doute, mais moins eloquente que cette imposante couronne de 224 etablissements francais et etrangers qui, en moins dedeux ans, se sont empresse's d'adopter les procedes de l'heureux et glorieux inventeur. F. Moigno. CiilHIE. Recherches sur Vacetal et les glycoles. Par M. Wurtz. L'acetal est unliquide ethe're decouvert par Doeberciner parmi les produits de l'oxydalion lente de 1'alcool. II se forme en quan- lite notable lorsqu'on distille 1'alcool avec un melange de peroxyde de manganese et d'acide sulfurique. Sa formule est C12 Hu 02. M. Stass la considere comme une combinaison de 1 molecule d'aldehyde avec 2 molecules d'ether. M. Wurtz croit avoir demon- tre qu'il renferme deux groupes ethyliques, qu'on peut l'envisa- ger comme la dyethyline du glycol, et qu'un des groupes ethyli- ques peut etre remplace par le methyle. M. Wurtz annonce en outre qu'il a constate l'existence du glycol propylique et du glycol amilique; et qu'a cbaque alcool de la serie C11 Hn+2 O2 corres- pond un glycol. Les glycols de"rivent des hydrogenes carbone's par le precede suivant : le bromure ou l'iodure d'un hydrogene carbonisd Gn II" Br2 ou Cn H" I2 etant donne, on le transforme en glycol en substituant a chaque equivalent de brome ou d'iodel'e- quivalent d'oxygene et l'equivalent d'eau. Ce memo procede pa- rait devoir conduire a la preparation des alcools triatomiques ou des glycerines. En cffet, si dans un compose C» Hn+ Br2 on parve- nait a remplr.cer cbaque equivalent de brome par HO2, on aurait une glycerine. Lupritnerie de W. Remquet et Cie, A. TB.AKLBS1AY , rue Garanciire, 5. prcprietairc-gerant. T. IX, 10 octobre 1856. «.„„.. -a Ciaquieme annoe COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Nous avons assiste lundi soir aux essais de lumiere electriaup que MM. Lacassagneet Thiers, de Lyon, viennent d^SwS de Chateaubriand, n" 10, anciens terrains heaujon. Deux'd to nouveaux appareils seulement, Fappareil egalisateur du cou an et 1 appareil regulator de la lumiere elcctrique ou lampe e'lec nque, fonctionnaient ce soir-la; mais ces messieurs ont b en vou hi nous promettre de nous montrer bientot en exercice d'abord a pile seche dont nous avons deja parle dans le Cosrnfs, e quf en meme temps qu'elle excite le courant, fait naitre dans I s au^es de 1 aluminium par la decomposition de 1'alumine ou de la crvt lite; puis l'appareil diviseur du courant qui partake unco 1 d ntensh donnee en un nombre quelconque de « |§g» sites constantes, de manierc a faire produire a la fois au co ant Prmntil unique un nombre quelconque de jets de ta^S Nous ne pouvons rien dire encore de ces derniers ar.nreik nous ne pouvons pas meme afhrmer d'une manier f I 1 " 1 1 e progres constables qu'ils sont appeles a realise gffiffi lement; mais nous pouvons, des aujourd'hui, applaudir aux ex c llents resultats obtenus avec Fegalisateur du %£# SS3 gross* =-ssEi: It 366 COSMOS. Archereau, Lemoll, Deleuil, Duboscq, etc. ; ce principc est d'ail- leurs simple et facile a concevoir. U> charbon negatifousuneiieur est lixe invariablemenl a unc lige verticale; le charbon positif ou inferieur, qui s'use avec plus do rapidity est situe" a l'extre'mite d'un flotteur mobile a la surface du mercure contenu dans un re- servoir ou large tube : ce premier reservoir de mercure est en communication parun canal partie en metal, partie en caoutchouc, avec nn second reservoir plus elevc et d'une capacite plus grande, contcnant aussi du mercure. Le canal par lequel les deux reser- voirs communiquent traverse la bobine d'un electro-aimant ver-' Seal; il est forme" de debx parties ou de deuxsypbons; la grand? branchc du premier syphon plonge dans le reservoir superieur, la petite brancheouverte a son extremile, affleure avec le plan de niveau de la bobine de l'electro-aimant et son bout, en caout- chouc fait fonction de soupape ; la premiere branchc du second syphon enveloppe la secondebranchedu premier etrecoitle mer- cure qui sort de cette seconde branche; la seconde branche du second syphon aboutit au second reservoir et y conduit le mercure de'versedans la premiere. L'armature de l'electro-aimant, mobile autour d'une charniere horizontale, et appuyde par un ressort, ferme lorsqu'elle est atti- ree, et ferme plus ou moins , suivant qu'elle est plus ou moins attiree, les orifices concentriques de la seconde branchc du pre- mier syphon et de la premiere branche du second. Si Ton nous a bien compris, on aura devine qu'en verlu de la pression hydros- tatique ou du principc de l'egalitc de niveau dans les tubes com1- muniquants, le mercure du reservoir superieur tend sans cesse a passer dans le reservoir inferieur ; et qu'il n'est arrete dans la marche que par la pression plus ou moins grande exercee a l'ori- fice des branches du syphon par l'armature de l'electro-aimant Rien de phis facile, maintenant, que de bien fa ire saisir le meca- nisme du regulateur dont nous parlons. Au commencement de l'experience, on laisse couler du premier reservoir dans le second assez de mercure pour que la pointe du charbon positif porte par le flotteur soit separee de la pointe du charbon negatif par la dis- tance a laquelle doit jaillir la lumiere de l'arc electrique, trois millimetres environ; on ajuste alors l'armature et son ressort, de telle sorte qu'elle ferme les orifices des syphons, en meme temps qu'elle est gouvernee par le courant qui circule dans la bo- bine, courantqui allumeles charbons, dontlespointesdeviennent un foyer de lumiere intense rivalisant avec la lumiere du soled. COSMOS. 367 Par Facte menie de la combustion, les charbons se raccour- cissent; la resistance opposee au passage du courant par Fin tervalle qui les separe augmente ; le courant diminue d'intensile ■ Fattraction exerce'e sur l'armature est moindre , Faction du res- sort antagonists qui tend a la separer de Felectro-aimant Fem- porte; elle se detache et laisse passer une quantite de mercure proportionnelle a son relachement; ce mercure passe dans le re- servoir inferieur, releve son niveau et souleve le flotteur, les char- bons rapproche's rcviennent a leur distance noranale; le courant reprend son intensite premiere et attire de nouveau' l'armature qui ferine les orifices et s'oppose a une nouvelle affluence du mer- cure ; celle-ci ne recommencera que lorsque les charbons se se- ront de nouveau ecartes. Ainsi done, pendant que la combustion tend sans cesse a separer les charbons, la pression hydrostatique du mercure gouvernee par le jeu de l'armature sous Finfluence du courant, tend sans cesse a relever le charbon inferieur et a le rapprocher du charbon superieur; et si le ressort de l'armature a ete bande autant qu'il doit Fetre, ni plus ni moins, ce que l'on obticnt par un tatonnement de quelques instants, aussi simple que celui qu'exige la mise en train dune lampe ordinaire les deux effets d'eloignement et de rapprochement se compense'ron' exaclement , les deux pointes de charbon resteront a la meme distance ; la lumiere electrique continuera a jaillir avec une in- tensite sensiblement constante, pourvu que Fintensite du cowan* fourm par la pile et modere par Fappareil egalisateur reste cons- tant; sans autres variations que celles qui residtent du de'faut d homogeneite des charbons, et pour ne cesser que lorsque les charbons seront entierement consumes. Nous avons vu mettre tour a tour en action deux lampes du nouveau modele, et toutes deux reglaient parfaitement leur lumiere; toutes deux ont donne une lumiere tres-vive et suffisamment constante pour constituer un cclairage reel, un eclairage pratique; la pile deBimsen ordinaire disposition Deleuil, qui alhunait les lampes, etait tres-puis- sante, de 72 elements ; mais on nous a affirme que les acides sulfu - nque et nitrique qui Fexcitaient avaient deja servi plusieurs fois Nous nous reservons de decrire une autre fois Fapoareil e>ali sateur du courant. Aujourd'hui, dans Finte'ret de nos lecteurs nous nous poserons cette question : Le regulateur de la lumiere electrique de MM. Lacassagne et Thiers donne-t-il des effets en- herement nouveaux; fonctionne-t-il plus parfaitement que les av tres appareils du meme genre? Nous ne voudrions pas dire qu'il 368 COSMOS. produit rles cffets entierement nouveaux; la lumiere n'cst pas bcaucoup plus fixe dans l'espace, elle Test meme moins, en ce sens que, dans les appareils qui fonctionnaient lundi, le centre lumineux s'elevc de plus en plus , a mesurc que le charbon su- perieur se consume. Mais la lumiere est plus continue, reglec quelle est par un afflux constant de liquide, etnon par un meca- nismeforcement intermittent, qui agit par series successives d'em- brayage et de desembrayage. Jamais on n'avait encore employe des charbons aussi gros, aussi forts, aussi longs, et jamais, par consequent, on n'avait obtenu un eclairage autant prolonge sans toucber a l'appareil. Celui-ci, en raison de sa construction, est encore cher, trop cher, peut-etre; mais ce n'est qu'une avance de fonds danslaquelle on rentrera bien vite, parce que l'eclairage electrique est celui qui coiite le moins. L'emploi du mercure est excellent au point de vue theorique et du jeu du mecanisme re- gulateur ; il faut l'accepler sans repugnance puisque ses inconve- nients et les ennuis qu'il cause sont compenses par des avantages reels et considerables. — Nous rappelons a nos lecteurs que, lundi prochain, 13 oc- tobre, il y aura eclipse partielle de lime visible a Paris : commen- cement del'eclipse, a 9 b. 30 m. dusoir; milieu de l'eclipse, 11 h. 8 m. ; fin de l'eclipse, 0 h. 35 m. L'eclipse depassera les quatre- vingt-dix-neuf centiemes du diametre de la lune ; elle sera done presque totale. Puissions-nous apprendre a nos lecteurs dans notre prochaine livraison que MM. Porro et Bertsch auront pu suivre photograpbiquement toutes les phases de l'eclipse avec la grande lunette de 52 centimetres d'ouverture, et les fixer a jamais sur une serie d'epreuves parfaitement reussies ! — M. Godard, sous-bibliothecaire au Conservatoire des Arts- et-Metiers, nous dcrivait dans une lettre deja ancienne : Dans tout ce que j'ai pu lire sur le remarquable bolide du 30 juillet, je ne trouve ni la description de l'apparition, ni la men- tion d'un fait important que ma position plus favorable, sans doute, m'aura seule permis de constater. J'habite au cinquieme etage du n° 18, quai de Bethune, une maison, la plus haute, je crois, de Tile Saint-Louis, fitant a mon balcon, le 30 juillet, vers 930m du soir, j'apercus le bolide, et j'entendis a son passage une espece de sifflement fort net et fort clair que mon oreille a percu si distinctement que je crois l'entcndre encore. Le bolide, qui a commence son apparition bien en avant de la Voie lacte'e, pour disparaitre dans les regions d'Arcturus, suivait COSMOS. 369 a direction du cours de la Seine. Rien netroublait done mon at tention, nen ne m'empechait de suivre ses phases, d'apercevofr commeune fournaise sa tete incandescente et ovoide, de conZ pier longlemps sa longue trainee lumineuse d'un feu rou^dS me frappa par sa ressemblance avec une immense gueuse en T siod, d une largeur apparente de 15 a 17 centimetres, que les fete de eu du bolide herissaient en dessus et en dessous Te gerbes egalement espacees, verticales d'abord, puis de plus en plus Z chnees; le toutse rapetissant insensiblement jusqu'a serfsoudre en pom e pour donner enfin naissance a la bande blanche si re marquable qui persists longtemps encore apresla disparition du bolide et des gerbes dont j'ai parle. Qu'il me soit permfs d'ajouS en ernnnam, que le but de la presente Note est surtout d'appe- ler 1 attention sur le sifflement dont j'ai parle" plus haut - M. Jules Cloquet a presente recemment a l'Academie „n nouveauremede contrela diarrhee et la dyssenterie. Ce remedc est un extrait alcoolique du bois d'un arbre de la Chine nomn J UWle sous la forme d'une poudre grossiere , resineuse, d'un bran fence, dune amertume tenace, d'une acrete remarquable dont 1 odour est empyreumatique. On 1'a employe sous forme de pillules avec de grands avantages. eae - Les membres de l'Academie, presenls a Paris, se sont reunis pour appe er la bienyeillance du gouvernement sur la famille de M .Gerhardt. M. le ministre de 1'instruction publique leur a repondu qu il s est deja prdoccapd de celte grande infortune ; apres avoir subvenu aux premiers besoins de M™ veuye Gerhardt, il avisera aux mesures qui pourront assurer a elle et a ses enfants les moyens d existence dont les a prives la perte de l'homme eminent que 1 Europe savante regrette. L'UniversiW , frappee en meme temps que 1 Academie, n'oubliera pas non plus qu'elle a sa dette a payer PIIOTOGRAPHIE. Exposition universelle tie Photographic a Briixolles. Compte rendu fait par M. le docteur Thomas Phipson, a la demande et en remplacement de M. I'abbe Moigno. (Suite et fin.) Photographies italiennes. Les photographies italicnnes de Im- position sont presque entierement des vues de monuments. En premiere ligne nous devons parler d'une epreuve tres-precieuse, par M. Secchi, de Milan : c'est la Sainte-Cene, de Leonard de Vinci, d'apres l'original existant dans l'ex-refectoire de l'eglise de la Madonna delle grazie a Milan. Cette helle epreuve est tres-prd- cieuse sous le rapport de l'art , car la fresque se perd tous les jours; deja meme on a remplace une partie de la table par de la maconnerie ; les gravures n'ont jamais rendu si bien cette fresque. Les grandes cpreuves monumentales de ce photographe n'at- teignent pas la perfection qu'on remarque dans celles de MM. Bal- dus et Bisson : cela tient, nous le croyons, a la difference entre l'albumine et le collodion. Les Tiies de Rome antique et moderne , et des statues de ses musees, par M. E. Brauns, de Rome, ont fixe notre attention par leur nettete et leur bonne reussite. M. Perini, de Venise, a excite beaucoup d'ad miration par ses charmantes vues de cette ville. Nous citerons surtout son Saint- Marc et son Palais du doge, puis YEscalier des geants. Plusieurs de ces magnifiques epreuves ont ete bientot achetees par des con- naisseurs, en raison de leur beaute. Dans la collection exposee par le docteur Lorent, de Venise, il y a egalement des eprein es romarquables. Son Lion a Varsenal de Venise est une photographie phenomenale. MM. Alinari freres, de Florence, ont envoye une grande quan- tites d'opreuves dont la plupart ont etc exposees a Paris, et sont bien connues par leur beaute; nous ne pouvons rien ajouter aux eloges qui ont ete", et avec iaison, largement distribues a ces artistes italiens. - Jamais le bronze n'a ete rendu avec plus de verite" que dans la magniflque reproduction de la Porte de Ghiberti, au baptisiere ; Michel Ange se meltait toujours a genoux en pas- sant d< \;iiit l'original; les amateurs devraient en faire autant de- vant la photograpliie de MM. Alinari. Nous avons des memes COSMOS. 371 photographes des interieurs, des monuments et des fresques d'une grande valeur. Les autres photographies italiennes attirent naturellement beau- coup d'attention , a cause de la beaute des monuments qu'elles representent. Photographies allemandes, suisses et horigroises. M. Oppenheim, de Dresde, a expose trente-six epreuves, dont la plupart sont d'une grande beaute; les sujets sont choisis avec un rare bon gout. Nous citerons surtout son el Mirab, qui nous a para une des plus belles epreuves de l'Exposition. M. Adlich, de Berlin, nous a offer t de tres-belles reproductions de gravures, d'apres Raphael, Murillo, etc. Nous pouvons en dire autant de M. Kramer, de Cologne. Les meilleurs portraits allemands ont ete exposes par M. Hanfstaengl, de Munich ; nous indiquerons surtout son portrait de la celebre danseuse Pepita. M. le docteur Harless, de Munich, a expose des photo-litogra- phies, d'apres des precedes de son invention; ses epreuves repre- sentent des tableaux, des platres , des dessins, etc. ; elles man- quent un peu de nettete , et, par consequent, paraissent n'etre pas achevees. Nous ne devons pas oublier les magnifiques albums de M le baron de Minutoli, de Liegnitz (Prusse) : ils consistent en plusieurs volumes m-folio , dont les epreuves representent des objets fai- sant partie de la riche collection d'antiquites, de verreries de gobeleteries, etc., de cet amateur distingue. M. Durheim, a Berne , a envoye des epreuves de paysages, de portraits, etc., dont plusieurs se font remarquer par leurs dimen- sions. M. Roth, de Kaschau, en Hongrie, est le representant photo- graphique de ce pays, a l'Exposition de Bruxelles. Ses portraits et teles d'etudes sont assez bien fails. Objets photographiques. Avant de terminer, nous devons men- tionner quelques objets de photographie dont nous n'avons pas encore parle. En premier lieu les objectifs de M. Jamin, de Paris, ont attire beaucoup de monde. Un immense objeclif pour paysages a 39 centimetres (u pouces) , et peut servir a obtenir une epreuve de 1 metre 60, sur 1 metre 20. A c6te des nombreux objectifs que M. Jamin a exposes, se trouve un portrait en pied obtenu sur une glace de 0, 60 centimetres sur 0, 80 centimetres, avec un objectif 372 COSMOS. double de 0, 22 cent, dediametre, avec c6ne centralisateur; et puis line epreuve du Louvre, obtenue par MM. Bisson, sur une glace de 1 m. 02 centimetres de hauteur, sur 0, 77 centimetres de lar- geur avec un objectif simple de 0,22 centimetres de diametrc; ces epreuves parlent micux que nous ne saurions le faire dcl'ex- cellence de ces objectifs. Nous mentionnerons en memo temps les produits cbimiques pour la photographic par MM. Dufau et Desespr'mgallc, de Lille, qui nous out pnru tres-proprement prepares. M. Delahaye, de Paris, a aussi expose d'excellents produits chimiques et un coffre de voyage garni de ses flacons; MM. Laurent et Casthelaz, egalement; nous avons remarque des cuvettes verlicales et de forme ovale, de M. Delahaye, qui nous paraissent bien commodes pour les bains d' argent, non moins que son vase a acide pyrogallique. II Vest pas besoin de parte* des papiers Marion, deja assez connus des photographes. Pour conclure , nous dirons que le local a permis en general de bien eclairer les epreuves pholographiques, que l'Exposition a attire beaucoup de monde, tant elrangers que beiges, enfln, que 1' occasion si heureusement offer te par cette Exposition de com- parer les oeuvres de differcntes nations, ne peut manquer d'avoir une influence bienfaisante pour la Belgique. P. S. Nous avons oublie bien a tort trois tttes sans retouche faisant parlie de la collection de MM. Pesme et Varin, de Paris, et qui n'ont pas d'egales dans l'Exposiiion entiere; elles imitent de tres-belles lithographies; la couleur noir-intense ou brun-fonce qui donne un air si sombre et si triste a la plupart des portraits photographiques, n'existe pas ici. La tete est dessinee sur papier blanc avec juste assez de fond pour donner le relief convenable. Ajoutez a ceia que les traits de la figure sont d'une delicatesse d'une nettete parfaite, et vous aurez une idee de ces delicieuses etudes. Si nous n'avons pas insiste sur le merite des epreuves excellentes de M. Negre et de M. Legray, qui pousse le modele de ses photographies a ses dernieres limites, e'est parce que leur dloge est deja dans toutes les bouches, qu'il n'avaient pas besoin qu'on les mlt en relief. T. P. AGiVDEMIE DES SCIENCES. Seance du 6 octobre 1856. Le president, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, annonce que M. Mitscherlich, une des grandes illustrations de la chimie en Allemagne, un des huit associe's etrangers de l'Academie des sciences, assiste a la seance. — La correspondance est depouillee par M. Elie de Beaumont, ilnous a ete presqu'impossible de la suivre, tant la voix du savant secretaire perpetuel est faible , tant il manque d'assurance et de fermete. — M. Dureau de la Male a constate que le fumier noir de bruyere hatait considerablement la vegetation. — M. Puyseux adresse une nouvelle redaction des deux parties de son memoire sur les fonctions periodiques a plusieurs va- riables. = M. Jandel de Nancy recommande son Memoire pratique sur la question des engrais, resume de quinze annees d'experiences. — M. Girardon ecrit a M. Dumas qu'il a fait une grande de'cou- verte : cette decouverte consiste a faire naitre l'electricite des electropbores dans des conditions toutes nouvelles d'abondance et d'intensite; il le prie inslamment d'obtenir que 1'Academie mette a sa disposition la somme necessaire a la construction de ses appareils. — M. Boutard-Moreau presente une note sur l'application du drainage au traitement des fistules; quelle singuliere idee que d' avoir transporte ce mot drainage du sol aux corps vivants ! — M. Andres Poey fait bommage d'un exemplaire imprime de son tableau cbronologique des ouragans observes a la Havanne. II presente en outre une note sur les tonnerres sans eclairs ob- serves a la Havanne par un ciel nuageux, du 15 juillet 1850 au 11 juillet 1851. II resulte de son tableau que pendant cette periode il a compte kk jours de tonnerres sans eclairs. La distribution men- suelle des tonnerres sans eclairs suit la meme loi que ceile des eclairs sans tonnerres, c'est-a-dire que l'un et 1' autre ontlieu de juin a oclobre, et qu'apres cette epoque ils cessent presque subi- tement. Le mois qui a donne le plus grand nombre de tonnerres sans eclairs a ete aout, 10 cas, puis juin, juillet et septembre, 9 cas cbacun. Les points del'horizon quiontfourni le plus grand nombre de tonnerres sans eclairs est surtout le S., ensuite 1'E. et 37Z, COSMOS. le S. E.; les autres directions ont don ne" un egal nombre de cas. Le nombre de cas de tonnerrcs sans eclairs qui ont lieu apres la culmination du soleil, depasse considerablement celui des autres epoquos de la journee. M. Poey avait deja signale cette memc loi dans la distribution horaire des pluies a la ilavanne, pendant la meme periode. — Dans un premier Memoire sur la meteorologie , M. Pierre Beron nous apprend que les images et la pluie resultent cle la ren- contre des masses d'air ou vents, de temperatures diffcrenles; que, par consequent, partout ou il pleut,, il doit al'fluer des vents de directions opposees; qu'il ne doit pas tomber de pluies dans les regions parcourues par des vents de direction tonjours la meme; que les vents commencent dans les regions des calmes et fmissent dans les regions pluviales. — M. Apostolides envoie un troisieme Memoire sur les opera- tions des voies aeriennes. — M. Faye, membre de 1' Academic, recteur de l'Academie de Nancy, presente un Memoire important de M. Vionnoy, ingenieur en chef des ponts-et-chaussees, sur l'etude dcsondes a la surface de la mer, sur les causes des barres en general et en particulier de la barre du port de Bayonne ; ce travail, dit M. Faye, est le resultat de quinze annees d'observations faites sur les lieux. — M. Faye presente en outre au nom de M. Regnault, professeur a l'Ecole forestiere de Nancy, un long travail theorique et pra- tique sur les turbines en general, et en particulier sur les turbines ou la force centrifuge joue un certain jeu. — En son propre nom, M. Faye a expose la solution donnee par lui d'un probleme de stereotomie relatif a la construction des vous- soirs cylindriques qu'il partage en quadrilateres curvilignes par l'in- tervention de deux helices se coupant a angles droits. II offre enfin un nouveau stereoscope de son invention, d'une simplicite extreme. C'est en effet une simple feuille de carton ou de papier dans la- quelle on perce deux trous dont les centres soient sur une meme ligne horizontale, et a la distance qui separe les deux yeux de la personne qui doit s'en servir. En regardant a travers ces deux trous , larges environ de douze millimetres, une epreuve ste- reoscopique, on ne voitqu'une image, et par la meme on la voit avec autant de relief que si on regardait dans un stereoscope a reflexion et a refraction. C'est certainement une idee heureuse et que beaucoup de personnes ont du avoir; c'est aussi la confir- mation frappante dela theorie que nous developpions l'autre jour, COSMOS. 375 ou de la me'lbode que nous disions desuivre pour voir sans appa- reil les images stereoscopiques. Le papier oule carton dc M. Faye a pour effet de rendre les axes optiques rigoureusement parallelcs, comme si on les dirigeait vers un point situe a l'infini ; c'est alors, et non pas comme le voulait M. Grove, en faisant croiser les axes optiques par un strabisme volontaire et force, qu'on fait superposer les deux images. Le carton seul dc M. Faye, sans image, permet de constater un fait de vision tres-curieux que nous n'avions \u enonce nulle part. Quand avec la pointe d'une grosse epingle, on perce dans le carlon ou papier deux trous a la distance des deux yeux, et qu'appliquant contre la pointe du nez le point mi- lieu entre les deux trous, on regarde fixement a travers les deux trous, ils disparaissent completement et Ton n'a la sensation que d'un seul trou, comme si le carton etait perce en son milieu ; e'est- a-dire qu'on ne voit plus les trous ou ils sont, et qu'on en voit un ou il n'existe pas. M. Faye partage des convictions formulees par nous, il y a longtemps, relativement a l'enseignement de la geo- metric dans l'espace, qui ne peut se faire parfaitement que par l'emploi de figures stereoscopiques doubles; et c'est pour rendre facilement visibles ces figures tracees sur du papier ou les plan- cbes d'un livre qu'il a imagine son stereoscope a trous; il ignorait sans doute l'existence du stereoscope-omnibus de M. Duboscq, forme d'une petite plancbe dans laquelle on a insere deux prismes, qui ne coute que deux francs, et avec lequel, au moins pour le plus grand nombre des yeux, les images stereoscopiques seront beaucoup mieux vues ou vues plus facilement. — M. Hipp. Plot lit un memoire sur une nouvelle glycosurie phy- siologique observe'epar lni cbez les femmes en coucbes, les nour- rices et un certain nombre de femmes enceintes ! Jusqu'a present, la presence du sucre dans l'lirine a ete consideree par les mede- ' cins comme caracteristique d'une maladie grave, le diabete; les faits decouverts par M. Plot enleveront a ce signe une partie de sa valeur diagnostique , car ils demontrent tres-nettement que le sucre existe normalement dans l'urine des femmes en couches, des nourrices et de la moitie au moins des femmes enceintes. II a ete aide dans ses recherches par M. Reveil, professeur agrege a l'fr cole de pbarmacie, et par les bons conseils de M. Bertbelot , pre- parateur au College de France. Pour bien constater la presence normale du sucre dans les urines dont il s'agit, M. Plot a eu re- cours a tous les precedes connus, a toutes les reactions regarde'es comme certaines; le traitement par la liqueur cupro-potassique 376 COSMOS. de MM. Fchling et Barrcswil ; par les alcalis caustiques, la potasse et la chaux; par la lcvurc de biere; par l'analyse physique enfin du pqlarimetre ou sacchar'unelre. Ainsi traitccs, ces urines pre- sentent les quatre proprietes qui n'appartiennent qu'au sucre : 1° de reduire la liqueur cupro-potassique ; 2° de brunir les solu- tions d'alcalis caustiques, la potasse et la chaux ; 3° de donner par la fermentation de l'alcool et do l'aeide carbonique; U° enfin de faire devier vers la droite la lumiere polarisee. Chez toutes les femmes en couches, e'est au moment de la secretion laileuse que le sucre commence a exister dans l'urine en proportion suffisante pour etre dose'e. Si la secretion lacte'e continue, le sucre continue de passer dans les urines, et en quantite proportionnelle a l'acti- vite de la secretion lactee, toutefois avec des variations quoti- diennes non encore expliquees , de telle sorte que la proportion de sucre contenue dans les urines peut jusqu'a un certain point scrvir de mesure a la valeur de la nourrice. Si la secretion lai- teuse diininue sous l'influence d'une cause quelconque, et surtout sous l'influenced'un etat morbide, le sucre diminue, pour aug- menter de nouveau quand la secretion laiteuse reparaitra. Si ceUe-ci ccsse, le sucre cessera aussi d'apparaitre apres un temps plus ou moins prompt. II importegrandementderemarquerque chez toutes les femmes en couches, nourrices ou enceintes, les urines sont en general d'autant plus riches en sucre que la sante est meilleure, ce qui distingue essentiellement la glycosurie physiologique de la glyco- surie diabetique. La quantite de sucre est moindre que dans le diabete; elle varie de 1 a 12 grammes par mille grammes d' urine. Chez les femmes enceintes le sucre se rencontre chez la moitie environ des sujets, il apparait surtout quand les phenomenes sympathiques de la grossesse du cote des mamellessont tres-de- veloppes ; il manque quand les mamelles ne prennent aucun de- veloppement. Ce qui a lieu chez les femmes se reproduit aussi chez les femelles des animaux et en particulier chez la vache. M. Plot se propose de determiner plus tard quelle est l'espece de sucre contenue dans les urines qu'il a examinees, et d'expliquer, s'il est possible, les causes etle mode de cette formation singuliere. II nous semble d priori que ce sucre ne peut etre que du sucre de lait; et qu'il a pour raison determinante Faction physiologique qui, detournantlesang des menstruations, le reporte vers les ma- melles pour le transformer en sucre d'abord, en lait ensuile ; le COSMOS. 377 sucre des urines serail la portion de sucre qui n'a pas old transformed en lait. — M. Middeldorp,professeur de patliologie chirurgicalc a l'uni- versite de Breslau, lit une note extremement interessantc sur l'emploi de l'electricite , ou des fils et lames de platine portees au rouge blanc par un courant galvanique, comme pouvant rempla- cerleplus grand nombre des instruments actuels de chirurgie; et servir a presque toutes les operations, de maniere a constituer un artentierement nouvcau. Gette lecture que nous reproduirons integralement est l'evenement principal de la seance, elle a excite au plus haut degre l'atteution. — M. Jules Rossignon lit une note sur la composition du liquide rouge de la riviere de sang dans le territoire de Honduras. Cette riviere n'est au fondqu'un petit filet liquide qui distille constam- ment d'une grotte formee par des pierres trachitiques. Le liquide est d'un rouge vif analogue au sang, sa densite est de 75, il n'a ni odeur ni saveur; decompose a quelques pas de la grotte par l'in- fluence de la lumiere et de la chaleur, il acquiert une odeur de viande pourrie qui attire les vautours noirs ; ceux-ci s'en repais- sent quand ils n'ont rien de mieux a devorer. M. Rossignon attri- bue la coloration et la reaction de ce liquide assez analoo-ue a celles des substances animales, au grand nombre d'animalcules en fusion qu'il renfcrme. M. Rossignon annonce egalement la de- couverte, dans le Guatimala, d'un tubercule nouveau de la fa- mine des Valerianees ; rond , apeau lisse et d'un gris rosfttre* il se mange soitcru, soit cuit; sa saveur sucree et fort a^reable rappelle celle de l'artichaut. PROGRES EN ANGLETERRE. -Revue liistoi-iquc et «lo£>iiiaii(|iic tin mngnetisinc terrcsfre Tar M. le general Sabine [suite de la page 135 et fin). Plus les deux pules d'unmeme hemisphere sontrapprocb.es l'un de l'autre, plus l'intensite de la force en chacun d'eux est grande, et plus sera grande aussi la force au sein de l'espace qui les se- pare du cote ou ils se rapprochent lc plus ; tandis que, dans l'es- pace plus grand du cote ou ils sont plus eloigned, l'intensite sera moindreparce que les forces se contre-halanceront. C'cst de cette maniere qu'il faut expliquer le fait de l'elevation des lignes d'in- tensite plus faihle vers les latitudes e'levees de l'Atlantique sud, et .celui de la grande inflexion des lignes d'intensile moindre vers le sud de l'Ocean equinoxlal entre les continents de l'Afrique et de l'Amerique. La valeur approximative de la force au point maximum principal de l'he'misphere sud n'estpas inierieure a 2,0 de l'echelle arhilraire, ou a 15,14 de l'echelle absolue. L'achevement de la carte des trois elements, representant aussi exactement et avec autant d'etendue qu'il est possible, les resultats des observations jusqu'au moment present, est le premier pas ne- cessaire a franchir avant d'arriver a un autre mode de represen- tation des phenomenes grandement apprecie par quelques physi- ciens geometres.Nousvoulons parler des formules trigonometriques formees des sinus et cosinus d'un nombre suffisant de longitudes equidistantes, prises sur un nombre suffisant de cercles paralleles de latitudes equidistantes ; avec des coefficients dontles valeurs nu- meriques se deduisent par le calcul des nombres donnes par les cartes des trois elements en des points symetriquement distribues sur le globe. D'autres prefereront la seconde methodc dont Gauss a donne quelques exemples dans son ouvrage intitule : Alge- meine Theorie desErclmagnetismus, Theorie generale du magne- tisme terrestre, Leipzig, 1839. Dans cette methode le calcul s'ef- fectue a l'aide d'un autre genre de formules, dont les coefficients se deduisent des cartes d'un certain nombre de stations , les- quelles, pour que la representation des phenomenes soit complete, doivent etre aussi distributes symetriquement sur la surface du globe. Ces deux methodes exigent comme preliminaire indispen- sable, non-seulement que les cartes soient aussi exactes que pos- sible, inais en outre qu'elles soient aussi completes que peut le permettre ladifficulte depenetrer dans cerlaines regions du globe. COSMOS. 379 Les donnees mises en usage par Gauss pour le calcul des coeffi- cenls de ses formules etaient bien moins nombreuses qu'clles n'au- raientdu l'etre pour une representation parfaite; car clles se re- duisaient a douze points pour chacun des sept paralleles des zones equatoriales et temperees, dans lesquelles, au jugement de Gauss, les faits avaient ete mieux observes. C'est certainement a 1'insuffisance des donnees qu'il faut principalement attribuer les differences signalees entre les resultats de la theorie et les resul- tats des observations. C'est aussi l'opinion de Gauss lui-meme qui donne expressement ses resultats theoriques comme un pre- mier essai tente avec des in oy ens tout a fait reduits; dont nous n'etions autorise a attendre qu'une grossiere approximation, sa- chant parfaitement d'avance qu'un nouveau calcul base sur des donnees plus parfaites mettrait en evidence des alterations sensi- blcs de position, plus particuliwement dans les hautes latitudes, etsurtout dans les hautes latitudes de V hemisphere sud, pour lequel nous n'avons aucune donnee d'observation au deld du hOme paral- lele. Dans ces conditions desavantageuses, l'accord du calcul avec l'observation, entre les limites des paralleles qui ont fourni des donnees au calcul, est extremement consolant, et ce sera avec bonheur qu'on refera les calculs, lorsqu'on sera entre en posses- sion de donnees plus parfaites et plus completes. On voit aux deux coins, en bas du tableau de l'atlas physique, deux cartes en projection polaire, sur lesquelles se trouvent tracees les lignes isogoniques, isocliniques etisodynamiques, dont les positions sont calculees au moyen des formules de Gauss, pour les latitudes comprises entre 60 degres sud et 90 degres nord. Elles seront trouvees tres-instructives par ceux qui desirent etudier la dispo- sition generate de ces lignes, malgre 1'insuffisance des donnees sur lesquelles reposent les premieres applications de la theorie de Gauss. Quelques ecrivains se sont imagine, en trouvant dans YAlge- meine Theorie de Gauss, cette expression : il n'y a sur la terreque deux poles magnetiques, que les conclusions de Gauss differaient de celles d'autres autorites magnetiques eminentes, de Halley et Hansteen, par exemple, les celebres predecesseurs de Gauss. Mais ce n'est au fond qu'un malentendu provenant en grande parlie des significations differentes attribuees au terme pole magnetique, que Gauss emploie dans un autre sens que Halley. Pour eviter toute ambigu'ite, Gauss definit la signification qu'il donne a ce mot dans ses ouvrages, en disant qu'il designe ainsi les points de 380 COSMOS. la surface de la teste on I'wbmsiU horizontalc est nulle ou Agate a zero; oil, par consentient, en general du mains, linciuiaison est egale a 90 degres; en t'aisanl rcmarquer, en memo temps, qu'il donne a ce mot une signification tolalcment diffeicnte de celle que lui donnent ecus qui l'emploient pour designer les lieux ou la force totals est un maximum, e'est-u-dire plus grande que dans tons les lieu. c environments; e'est dans ce dernier sens que le mot p61e a ete employe par Halley et les autres physiciens que Ton suppose a tort etre en disaccord avec Gauss, sur un point de fait, tandis que le disaccord n'existe en realite que sur la signilicalion particuliere donnee a un mot. Gauss trouve, par les calculs fon- des sur sa tlieoric, qu'il y a dans l'bemispberc nord deux points ou la force totale est un maximum. Ce sont precisement les points appeles par Halley poles ou points de plus grande attraction. Se servant de coefficients deduits des donnees de 1' observation, a des epoques tres-rapprochees de l'epoque actueile , il trouve par le calcul que des deux points d'intensite maximum, Tun est situe dans l'Amerique du Nord et l'autre en Siberie ; e'est aussi ce qu'avaient affirme Hansleen et tous les auteurs qui sont au courant des observations par lesquelles les faits dela nature nous sont manifestos. Les calculs et la tbeorie de Gauss auraient ete grandement en defaut, s'ils ne s'etaient pas trouves sur ce point capital d'accord avec l'observation. Mais il n'en est pas ainsi : i'accord n'a pas seulement lieu sur le fait materiel de l'existence des deux points , le calcul donne en outre leur position avec une approximation tres-remarquable. 11 donne en effet au plus fort des poles, pour latitude 54° 32' nord, pour longitude, 261° 27' est; au plus faible, pour latitude, 71° 20' nord, pour longitude, 119° 57' est. line comparison entre la carte de force totale publiee dans les rapports de l'Associalion britannique pour 1837 (carte qui a fourni pour le calcul des coefficients de Gauss les donnees corres- pondantes aux parallels adjacents) , montrera immediatement combien les positions assignees par le calcul different peu de celles assignees par la carte. Nous admettons toutefois qu'il y a inconvenient grave a se servir de termes pris endifferentssenspar les differents ecrivains ; M. Gaus a soin de remarquer lui-meme que e'est {aire naitre la confusion que de designer par le meme nom des choses dissemblables. Il n'y a, au contraire, aucun danger d'etre mal compris, ou que Ton confonde ensemble des points dont les uns seront designes comine des maxima de forces , les autres comme des points cVinclinaison egale a 90 degres. COSMOS. 381 Apres avoir rappele a nos lecteurs dans la premiere partie de- cette notice historique les preoccupations cle Halley relativement aux progres futurs cle la theorie du magnetisme terrestre, nous nous perinetlrons cle consigner aussi celles du grand geometre alleniand dont nous Tenons d'analyser l'ouvrage. « Pour perfec- tionner, dit-il, et completer les calculs d'unc maniere salisi'ai- sante, il faudra demander aux observations beaucoup plus de donnees qu'elles n'en ont fourni jusqu'ici. Inexactitude des ob- servations, pour tousles points dont les coordonnees magneliques serventala determination des coefficients, devrait etre ce qu'elle est pour un petit nombre de points seulement; elles devraient etre de'barrassees de toute influence des perturbations irregu- lieres, et etre faites toutes a la meme epoque. Le principal desi- deratum ensuite est que Ton parvienne a obtenir des observations des trois elements pour des points situcs clans les larges regions de la surface de la terre pour lesquelles les observations man- ' quent tout a fait. Cbaque nouvelle station aura , au point de vue cle la theorie generate , une importance a tres-peu pres pro- portionnelle a sa distance aux stations pour lesquelles on possede des observations. Apres qu'il se sera ecoule un intervalle cle temps suffisant, on pourra determiner cle nouveau les elements pour une seconde epoque , et cle ces nouvelles determinations on pourra deduire les changements seculaires. Dans le cours cle ce siecle, ces alterations ne continueront plus longtemps a etre uni- formes , et l'examen de la marcbe et des progres de ces elements sera pour les bommes de science une matiere inepuisable pour de nouvelles recberches. » Quelque complete que soit la representation des elements , soit qu'on l'ait obtenue directement au moyen des observations elles- memes, soit qu'on l'ait obtenue par l'intermediaire des formules, il n'en sera pas mbins vrai qu'elle ne representera qu'une simple phase de la distribution du magnetisme sur la surface du globe; ce qu'est cette distribution a un instant donne dans cette longue serie de changements seculaires qui constitue la portion la plus mysterieuse des problemes physiques dont nous cherchons la solution. Les changements ainsi produits precedent des causes qui agissent avec une conformite et une regularite surprenantes pendant une longue succession d'annecs. Pour en titer un simple exemple : nous savons, par suite d' observations extremcmenl dignes de confiance, que la declinaison ouest a Sainte-Helene a augmente pendant les deux derniers siecles dans la proportion 382 COSMOS. parfaitement uniforme de 8 minutes par amide; ilyaplus, col accroissemen! annuel s'ost fail par parties alii/notes rgalcs, pour chacun de* douze mois de Vannee. Dans l'impuissance ou nous sorames de rattacher ccs changements a aucun des phenomenes terrestfes ou cosmiques que nous connaissons , nous restons jus- qu'ici sans fils condiicteurs qui puissent nous guider vers la de- couverte de causes si gdndrales a la fois et si svstcmatiques. Leur decouverte prendrait rang sans aucun doute parmi lesplns gran- des decouvertes qu'ont amenees les progres des sciences natu- relles. L'epoque de sa realisation est peut-elre encore tres-cloignde, mais nous savons du moins la route a suivre pour y arriver. Ce que la generation presente a fait, les generations suivantes de- Tront le faire a leur tour, stimule'es par l'exemple et enrichies de l'experience de celles qui les ont precedees. Par suite des con- quetes scientiflques sans cesse croissantes des oi'ficiers de notre marine royale (conquetcs auxquelles les expeditions aux regions arctiques ont grandement contribue) ; par suite aussi de l'eta- blissement recent d'une branche distincte des services publics, chargde de la surintendance et de la reduction des observations scientiflques faites dans l'avenir a la mer, nous pouvons prevoir avec conflance que les recherches magnetiques sur les oceans, commencees avec tant de zele, seront poursuivies dans les condi- tions plus avantageuses qui resultent du perfectionnement des instruments et des methodes amenes par l'experience ; que les resultats de ces recherches seront coordonnes et publies dans des cartes successives qui apparaitront a des intervalles conve- nablement choisis. En jetant un regard anticipe sur les sources d'oii peuvent venu- les donne'es ne'cessaires a la construction successive des cartes magnetiques des regions continentales, nous entrevoyons que nos plus grandes esperances reposent sur l'extension possible des triangulations magnetiques et sur leur repetition pe'riodique. Voila pourquoi nous croyons qu'on nous saura gre de dire quelques mots de ces triangulations. La premiere, dans l'ordre cbronologique de ces entreprises, est cede executee pour les Iles-Britanniques de 183k a 1838 par cinq membres de l'Association pour l'avancement des sciences, empresses de mettre a execution les recommandations faites par cet illustre corps assemble' aEdimbourg en 1834. Une description complete des instruments employes, des modes de comparaison et de verifications , des procede's d'observations dans 172 stations COSMOS. 383 dispersees sur les Iles-Britanniques, des me'thodes suivies dans la coordination des diverses determinations, et le trace des cartes de directions et d'intensites egales deduites de ces determina- tions, etc., sont publies dans les rapports de l'Association britan- nique pour 1836, 1837 et 1838. Vingt ans se sont ecoulds depuis que cette triangulation a ete nienee a bonnes fins ; ceux qui y ont' pris part, tous vivants actuellement encore , sont d'avis que le moment propice pour la repe'ter est a peu pres venu; et ils pensent que la maniere de proceder la plus avantageuse, est d'associer a leurs efforts de jeunes observateurs, qui a leur tour, apres un semblable intervalle de vingt annees, feront appcla la] generation suivanlc pour une troisieme campa-ne magne'tique. Des trangulations semblables ont ete executees dans les vastes Etats autricbiens , de 1848 a 1854 par M. Creil ; en Baviere et les Etats voisins de 1849 a 1853 , par M. le docteur Lamont. Les comptes rendus detailles de ces entreprises admirablement con- duites ont ete publies dans des ouvrages separes : Magnelische Ortsbestimmungen im cesterreichischen Kaiserstaate ; Magnetische Ortsbestimmungen an verchiedenen Punkten des Kamigreichs Bcnjem, und an einigen ausweertigen Stationen. Magnetische Orts- bertimmungenan den Punkten des Adriatischen Golfes. La triangulation magnetique des possessions britanniques de 1'Inde, par M. Scblagintvveit, nous l'avons deja dit, est actuelle- ment en cours d'execution; ainsi que celle des Etats-Unis d'Ame- rique par des observateurs americains, sous la surintendance de M. Bacbe, directeur de la triangulation des cotes des Etats-Unis. Nous pouvons esperer que d'autres Etats, au sein desquels les sciences physiques sont tenues en haute estime et cultivees avec zele, suivront enfin ce.noble exemple; et qu'une fois que Ton aura reconnu l'importance de l'acquisition d'une connaissance exacte des phenomenes, on prendra des mesures pour que les opera- tions soient repetees de temps en temps. II restera toujours de grandes portions du globe pour lesquelles on sera force de se contenter des determinations faites acciden- tellement par des voyageurs qui les visiteront en passant. Mais le nombre de ces determinations ira toujours en augmentant, si les Socie'te's geographiques daignent etendre a la geographie physi- que une partie des encouragements et des recompenses qu'elles accordent, presque exclusivement aujourd'hui, a la geographie descriptive. Elles deviendront alors des centres auxquels les voya- geurs qui ont re"solu de parcourir telle contree particuliere, 384 COSMOS. pourront s'adresser pour obtenir tics instructions ou avis re- la tivcmcnt aux observations physiques qu'il serait plus hrteres- sant tie faire ; a la marche a suivre pour se procurer les instru- ments les plus convenables, a la manierc tie s'en servir, etc., etc. En etendant ainsi leur programme, ccs Societes acquerront de nouveaux droits a la reconnaissance publique, leur utilite sera mieux comprise; ellcs entreront en memc temps en possession de renseignements nouveaux ettl'un plus grand interet pourleurs membres. Nous avons parle tie la science, objet de ce petit Traite, comme d'une science encore dans renfance ; elle n'est guere plus avan- cee, cette brancbe voisine et allie'e de la physique terrestre qui doit nous faire connaitre, par la route seule sure de 1' experience et tie rinduction, les faits meme les plus dle'mentaires relatifs a la condition physique des materiaux qui occupent l'espace com- pris entre la surface et le centre de la terre, espace dans lequel, au jugement des magneticiens les plus eminents, nous devons chcrcher les causes de la force magnetique terrestre. L'opinion de Halley sur ce point estbien connue, ete'est, sansaucun doute, une des conclusions les plus importantes deduites par Gauss des recherches sur lesquelles il a fonde sa theorie generate, qu'elles ont eu pour resultat d'amener a considerer comme demontrees la faussete de Vhypothese qui voudrait placer les causes da ma- gnetisme terrestre dans V espace exterieur de la terre; et la write de ce fait que les causes actives de la plus grande partie au moins de la force magnetique de la terre sont exclusivement situees dans Vinterieur de noire globe. Les experiences dans lesquelles M. Hop- kins est engage, sur l'accroissement de la temperature tie fusion des materiaux du globe avec la pression a laquelle on les soumet, nous font esperer que nous saurons bientot a quoi nous en tenir relativement a l'etat dans lequel ces materiaux se trouvent, au moins sous le rapport de la fluitlite; a des profondeurs sur les- quelles nous ne pouvions jusqu'ici raisonner que par conjec- tures. Les premiers resultats generaux tie ces experiences sont, dit-on, tie nature telle, qu'ils conduisent M. Hopkins a cette con- clusion inevitable que la terre doit etre solide a son centre. Cette conclusion nous reporte involontairement vers le souvenir de l'hypothese tie Halley qui trouvait, dans une petite terre inte- rieure, internal terrella, la cause du double systeme magnetique et ties phenomenes de changements seculaires qui se manifestent a la surface de la terre; cette hypothese, quoi qu'on puisse en pen- COSMOS. 385 ser sous d'autres rapports, avait ail moins le merite cl'aborder hardiment de front toutes les difficultes connues du probleme magnetique qu'il s'agit de re'soudre. Nous avons dit que Gauss avait ete conduit par ses investiga- tions a cette conclusion que les causes de la plus grande partie des phenomenes magnetiques observables a la surface de la terre, doivent etre chcrchees dans son interieur. II a formellement excepte de cette conclusion les influences magnetiques coinparativement plus petites qui produisent les oscillations autour d'une valeur rnoyenne, valeur a laquelle les phenomenes reviennent apres des periodes de duree variable. Mettre en evidence les causes de ces influences par des determinaisons exactes de leurs periodes, et la comparaison de ces periodes avec celles qui dependent des rela- tions terrestres et cosmiques ou astronomiques connues, est le but pour lequel les observatoires magnetiques ont ete principale- ment institues. Les observations qui y ont ete faites, ont etabli l'existence de variations magnetiques a la surface du globe, qui, quoique tres-petites en comparaison du magnetisme de la terre elle-meme, mettent distinctement en evidence, et sans aucun doute, rinfluence magnetique directe du soleil et de la lune. Ces variations constituent , a proprement parler , une branche dis- tincte, quoique tres-intimement rapprochee de la science du ma- gnetisme terrestre, elles sc rattacbent plutot a l'astronomie qu'a la physique du globe ; et comme nous sommes arrives aux limites de l'espace qui nous etait accorde, nous nous nous dispenserons de les ab order. TROGRES EN ALLEMAGNE. Ifielation on I re la capaeite pour la ehaleur, la temperature et la ilensite des gaz soiimis a la loi diminuait, on voyait de mieux en mieux la partie du disque envahie par l'ombre de la terre; plus tard, enfin, le disque ssest montre entierement visible et colore de cette teinte rouge cuivree, dont on cberche encore la veritable explica- tion. Pour le plus grand nombrc, celte teinte semblait une teinte plate, ce qui semblerait indiquer que la coloration a pour cause la lumiere simplementrefracteepar l'atmosphere terrestre; quel- ques-uns, cependant, ont cru remarquer que le rouge etait plus intense a l'oppose du bord eclairci, et qu'on voyait mSme des traces de bleu du cole reste visible ; s'il en etait ainsi, M, Babinet, qui croit que la coloration a pour cause la diffraction, se trouve- rait avoir raiser). D»'un autre c6to, comme la densite de ratmo- sphere terrestre n'est pas unifonne , la teinte pourrait cesser l.j 394 COSMOS. d'etre une teinte plate, sans qu'il fallutpour cela chercher sa rai- son d'etre ailleurs que dans la refraction. De grands preparalifs avaient (He tails a 1'insLilul technomatiquc de M. Porro pour une observation complete, aslronomique, phy- sique, photographique de I'dclipse. La grande lunette de 52 cen- timetres d'ouverture, de 45 metres de foyer, montee equatoriale- ment, etait oxclusivemeiitconsacree a la photographiedclalune. Nous dirons plus en detail, une autre ibis , par quel moyen tres- simple et tres-ingenieux M. Porro est parvenu a faire suivre au chassis photographique l'astre en mouvement dans le ciel, sans deplacement sensible de l'image. Le mecanisme qui fonctionnait pour la premiere fois etait encore tres-imparfait; il a doune ce- pendant des resultats passables. MM. Bertsch et Arnauld, dont tout le monde connaii l'habilete, qui ont su preparer un collodion d'une sensibilite extreme, presque instantanement impression- nable, out pris trois photographies de la lime, de Ik centimetres de diametre; la premiere en 15 secondes, de 10 h. 1 m. 20 s. a 10 h. 1 m. 35 s. ; la seconde en 20 secondes, deO h. 11 m 30 s. a 0 h. 11 m. 50 s.; la troisieme en 25 secondes, de Oh. Mm. 5,s. a Oh. &lm. 30 s. Gette rapidite est vraiment mcrveilleuse ; on s'en fera une idee quand on se rappellcra que, pour obtenir des images de U centimetres de diametre, le R. P. Secchi, sous le beau ciel d'l- talie, a employe 8 minutes, et n'a pu qu'a tres-grande peine faire' suivre la lime par sa lunette si admirablement montee. Les trois negatifs sont vigoureiu; mars ils se ressentent trop de rimperfection du mecanisme qui entraine le chassis, ce sont non pas une image, mais cinq ou six images superposees ; ils cons- tatentune difference enorme entrerintensite lumineuse, oumieux entre rintensiie photographique ties portions du disque lunaire situees en dehors et en dedans de !a penombre; La lunette dquatoriale de 25 centimetres d'ouverture, 9 pouces, et le grand theodolite altazimuthal avaient ete laisses exclusive- ment a la disposition de l'astronome de l'etablissement ; il a fait une observation complete, astronomique et physique, note le moment ou 1' ombre a atteint soit le disque lunaire, soit les prin- cipales taches ou montagnes, etc., etc. Nous entrerons bientot dans de plus grands details. Deux lunettes, 1'unc de 8, l'autre de 6 centimetres, montees pa- rallactiqucment, plusieurs autres lunettes et instruments de lmoindres dimensions avaient ete mis liberalement par M. Porro a la disposition des amateurs, au nombre d'environ 15 personnes. COSMOS. 395 — Nous tenons la promesse que nous avons faite de decrire le regulateur electro-metrique ou egalisateur du courant deMM. La- cassagne et Thiers. II a pour but , 1° de rendre le courant elec- trique regulicr et d'intensite invariable, qnelles que puissent etre l'inconstance ou les variations de la pile employee, en elle- nieme ou sous l'influence des agents exterieurs ; 2° de moderer en toutes proportions rintensite du courant ne de la pile mise ea activite; 3° de mesurer rintensite individuelle et actuelle du cou- rant employe a faire un travail quelconque, a produire, par eiem- ple, la lumiere d'une lampe electrique en fonction. Sa construc- tion repose sur les principes suivants : l°lorsqu'un courant elec- trique, pour se rendre a destination, est oblige de traverser un liquide moins conducteur que les reophores, son intensity ou la quantite d'eleclricite qui traverse le circuit dans un temps donnfi diminue en raison inverse de la resistance du liquide interpose; cette resistance peutetre augmentee ou diminue'e a volon'te , soit en augmentant ou diminuant la conductibilite du liquide, soit, en augmentant ou diminuant la surface des electrodes im merges dans le liquide, et qui l'amenent a faire partie du circuit; 2° si les Electrodes immerges sont en metal inoxydable, corame le plaline, et que le liquide interpose soit decomposable en gaz, commel'eau, les gaz se degagent a l'entour des electrodes en quantite propor- tionnelle a rintensite du courant qui traverse le liquide; 3° la puissance magnetique d'un electro-aimant varie aussi suivant une certaineloi, en raison inverse de l'intensite du courant qui circule dans le fil qui Fenveloppe. Cela pose, coupons en deux un des reophores de la pile ; a cha- cune des deux extremites separe'es, suspendons une lame de pla- tine, faisons plonger les extremites inferieures des lames dans un vase en verre contenant de l'eau, rendue convenablement conductrice ; Axons leurs extremites superieures au sommet d'une cloche plongeant dans l'eau du vase et faisant fonction de gazo- metre: cette cloche s'eleveraou s'abaissera suivant qu'on laissera le gaz se degager dans son inte'rieur, ou que Ton donnera issue au gaz deja forme. Dans le premier cas, ou si eile s'eleve, les lames de platine plongeront par une plus petite portion de leur surface dans l'eau du vase, une plus faible portion du courant traversera le liquide : dans le second cas, ou si Ton donne issue au gaz, la cloche s'abaissera, les lames plongeront par une plus grande portion de leur surface, le courant passera en plus grande proportion; ilest bien cntendu que les surfaces des lames 396 COSMOS. sonl tcllcs que lorsqu'ellcs sont immerge'cs en totalite, elles laissent passer sans resistance la totalite de Telectricite degagec par la pile. Concevonsmaintenant un electro-aimant a deux branches ou cylindrcs, avec une armature a deux bras faisant fonction dc le- rier ; le petit bras articule a chamiere sur Tun des cylindrcs, celui de gauche, par exemple, tient lieu de contact et de puissance ; le grand bras s'cLendant vers la gauche de la charniere, met en jeu la resistance qui lui est appliquee. Cette resistance peut etre soit un ressort a boudin, fixe par un de ses bouts a la table sur laquelle 1'apparcil repose, par l'autre bout a Fextremite' du grand bras de l'armature, et dont on augmente a volonte la tension; soit un poids glissant le long du grand bras dispose en forme de curseur. Concevons enfin que lecylindre de droite de l'electro-aimant soit perce de part en part suivant son axe, et qu'un tube partant du has du cylindre aille aboutir a Tinterieur de la cloche quisert de gazo- metre, de telle sorte que le gaz sortant de la cloche, entre dansle tubeet traverse le cylindre dc l'electro-aimant; admettons enfin que l'armature, rodee a l'emeri ainsi que la face superieure du cylindre perce dc l'electro-aimant, ferme acces au gaz quand le contact a lieu, et serve de soupape, laissant plus ou moins issue au gaz, suivant que l'armature est plus ou moins soulevee. L'ap- pareil est alors complet, et il ne nous reste plus qu'a montrer comment il fonctionne. Nous supposerons pour fixer les ide'es que le courant est regu- lierement etabli a travers la cloche gazometrique, sans interven- tion et sans interposition de l'electro-aimant moderateur; que les lames plongent de la quantite voulue, que Tintensite du cou- rant est celle dont on a besoin pour produire l'effet cherche , hi- mierc electrique, depot galvanique, puissance magnetique, quan- tite de mouvement, etc.; et qu'il ne s'agit plus que de conserver au courant son intensite actuelle. C'est alors que nous faisons communiquerla cloche avec 1' electro-aimant par l'installation du tube qui debouche d'une part dans la cloche, de l'autre aubas du trou perce dans le cylindre de l'electro-aimant; nons donnons au ressort antagoniste qui retient l'cxtremite du grand bras de l'armature, ou nous placons le poids qui court le long de ce long bras, de telle sorte quele petit bras de l'armature arrive juste au contact de maniere a fermer l'orifice, et qu'il y ait equilibre exact entre Taction de l'electro-aimant et Taction du ressort ou poids. Qu'arrivera-t-il alors ? Si le courant tend a devenir plus intense; Tarmature sera plus attiree, mais en meme temps les gaz de>e- COSMOS. 397 loppes au sein de la cloche le feront monter, la surface de contact des reopliores dimimiera, l'intensite du courant sera par la memo r^drnie, elle redeviendra cequ'elle <A't l%idant qu'on avance dans la nuit, et ragitation dc l'image- ne laisse rien voir. L'aspcct dc Jupiter est cette annce tres-diffe- rent de ce qu'il etait l'annee derniere ; la bande inferieure (appa- rente) est un parfait assemblage de images, et au-dcssous de celle-ci est une raie ties-line et de couleur jaune qui parait comme un HI microscopique tendu sur la planete. (i Au sujet des remarques que vous avez faites dans le Cosmos sur mes lunes pre'sentees a l'Academie, je crois necessaire de vous faire observer qu'elles sont mes premiers essais, et que ce sont des eleves de notre college qui s'occupcnt de cette etude pour leur instruction ; mais a cette occasion je dois avertir que le but de mes recherches n'est pas une finesse artistique speciale, mais l'avancement de la science. II y a bien des questions, surtout en photometrie, que la photographie est destinee a resoudre. Ainsi, Lambert croit que le centre de la lune dans son plein est bien plus lumineux que les bords. La photographie peut repondre a cette question, comme le thermo-multiplicateur a re- solu la question de la plus grande intensite au centre, des rayons emanant du disque solaire. De plus, la distribution de la lumiere sur la phase a beaucoup d'interet, et le rapport de diffusion entre les substances lunaires et terrestres bien connues pourrait nous conduire a connaitre quelque chose sur la nature de notre satel- lite ; mes recherches jusqu'ici m'ont conduit a penser que la qua- lite des terrains lunaires est de la teinte de nos terres volcaniques. La photographie nous manifeste assez bien l'effet de la penombre solaire sur la lune, et peut-etre nons donnera-t-elle la solution de la question relative a l'atmospbere de notre satellite. Vous voyez que ces questions sont des sujets tres-interessants pour la science. Pour ce qui regarde les dimensions des images photographiques de la lune, je pourrais les amplifier jusqu'a leur donner 6 a 7 pouces de diametre; mais je suis convaincu que pour avoir une bonne selenographie, onnela pourra pas obtenir d'un seul coup de lumiere. Dans la pleine lune, les crateres sont lneine insensibles a l'ceil, a cause de leur trop petite hauteur absolue , et Ton ne pourra obtenir de cQjte phase qu'un ensemble assez exact; je crois meme que, pour avoir une bonne epreuve, il sera necessaire d'employer la plaque daguerrienne, car le collodion, en se se- chant, pendant l'operation meme, peut se deformer. Apres avoir obtenu cct ensemble, alors en procedant de phase en phase, on pourra placer les details. Dans les dernieres epreuves, les cra- teres de quelques secondes seulement de diametre ont conserved COSMOS. 425 toute leur precision, leurs cavites intdrieures sont tres-bien tra- cees et parfaitement noires. Malheureusement , la lumiere est reellement assez faible, et si Ton veut obtenir une grande sensi- bilite, on court risque de manquer plus facilement l'epreuve, ce qui, dans lecas actuel, seraitvraimentfacheux. Je ne connaispas les details des operations executees dans les autres Observatoires, mais ayant vu que quelques personnes ont montre de la surprise pour la longueur du temps employe k prendre ces images, je dirai que cela n'est pas la faute du collodion, qui, dans les cbambres obscures ordinaires, donne une vue dans une seconde de temps seulement, et meme moins. Mais il faut considerer que dans les objectifs des daguerreotypes la longueur focale est tout au plus de quatre ou cinq fois l'ouverture, tandis que, dans la lunette, cette longueur est de dix-huit fois Pouverture, ce qui deja retarde beau- coup I'action de la lumiere. G'est pour cela que j'ai pris pour comparaison le temps employe pour prendre l'image d'un objet terrestre dans la meme lunette (voir Compte rendu). Dans les der- nieres e'preuves, il m'a paru que le foyer de la lunette pour la lune doit etre encore plus allonge que pour les objetsterrestres, ce qui serait interessant par rapport a la constitution de la matiere de la lune. » — M. Ouin, de Neuilly-sur-Seine, inventeur de la boitea houppe, nous communique un passage tres-interessant d'une lettre de M. Vidalpere,deMontreilIan,pres Beziers, relative aux vinsoblenus de vignes soufrees. M. Frumt, quelque peu effraye de l'odeur infecte qui s'exbalait des cuves ou fermentait le mout de raisins provenant de vignes preservers ou gueries de la maladie par Femploi du soufre, avait fait part de ses craintes a M. Vidal pere, celui-ci lui repond : « L'odeur corrompue qui s'exhale de vos cuves est exactement celle que nous remarquons ici. Elle n'est que momentanee , elle disparaitra sous peu de votre cuve , et entierement de votre vin < des qu'il sera soutire. N'en soyez done nullement en peine, at- tendu qu'elle aura pour resultat indubitable le depouillement de votre vin en tres-peu de temps , et une superiorite marquee dans sa qualite. Dans quelque temps d'ici, en moins d'un mois, votre vin sera superbe a l'ceil et delicat au gout, en sorte que les pro- prietaires de cbez vous qui n'auront pas soufre ne pourront nul- lement soutenir la concurrence entre leur vin et le votre. Le sou- frage est pratique cbez nous depuis 1852; nos vins soufres ont untel a vantage sur lesautres que ces derniers n'ont pu etre ven- &24 COSMOS. dus qu'apres rentier ecoulement des premiers. Plus que jamais nous sommes convaincus que le soufrage garantit radicalement la recolte en vin , ct sert en m6me temps a la vignc du meilleur des engrais; depuis que nous le pratiquons nos vignes sont ma- gnifiques, elles presentent une vegetation admirable. » M. Ouin appelait en meme temps notre attention sur un rap- port adresse par M. Latour auprefet de la Haute-Garonne, surlc succes qui a couronne partout l'operation du soui'rage faite clans de bonnes conditions , et les immenses resullats qu'elle pourrait donner si elle etait generalisee. II faut par bectare de vigne pour cbaque soufrage, 50 kil. de fleur de soufre, ct quatre journees d'ouvrier; l'operation repetee trois fois couterait 60 francs. Dans ce departement, chaque bectare de vigne produit en moyenne 15 hectolitres de vin, valant, a raison de \h francs l'bectolitrc, 210 francs. En deduisant de cette valcur 60 francs, prix du soufrage, par bectare , il reste pour la valeur du produit de cbaque bectare 150 francs. L'etendue plantee en vigne dans le departement etant de 25 000 hectares, et cette culture ne produisant actuellement rien, il s'ensuit que, par le soufrage, on pourrait conjurer une perte de rcvenu de 3 750 000 francs. — Nos lecteurs se rappellent sans doute le long article que nous avons consacre l'annee derniere au nouveau systeme de construc- tions en betons agglomeres et durcis de M. Francois Goignet. Pour amener ce systeme a sa derniere perfection, il fallait parvenir a construire des maisons sanscharpente, meme pour lesplanchers et les toitures; or M. Coignet annonce dans la Presse de vendredi dernier, qu'il a reussi a recouvrir des pieces longues de sept metres, larges de six metres, de planchers et de toitures en terrasse, sans y employer aucune cbarpente. Cos planchers ne sont point etablis sur voutes, le dessous est parfaitement hori- zontal et forme plafond aussi orne qu'onle desire; le dessus forme un carrelage assez dur pour resister aux frottements les plus rudes. Leur solidite est parfaite ; on leur a fait porter sans les rompre mille kilogrammes de sable par metre superficiel ; ils n'exigent d'ailleurs aucune reparation et ne laissent passer ni le froid ni la chaleur; ils sont une veritable conquete pour les habitants des maisons qui peuvent y trouver de l'air, de l'espace et des agre- ments de tout genre. En resume, dit M. Francois Coignet, « je constrnis on betons agglomeres, et en obtenant la durete de la bonne pierre, toutes les parties d'une maison, caves, egouts, fosses d'aisances, dallagcs, murs, planchers, toitures, ornements COSMOS. 425 exterieurs, sans employer ni bois , ni pierre , ni brique. Par ce procede toute la maison , tant grande soit-elle, est un monolithe et ce monolithe, egal au moins en solidite a la maconnerie de pierres de taille, coute beauconp moins cher que la maconnerie la plus grossiere en moellons. — La livraison de septembre dn bulletin de la Societd d'acelima- tation contient clivers articles inte'ressants que nous allons analy- ser rapidement. M. Richard, du Cantal, expose tres-longuement quatre moyens principaux de multiplication de notre production animale.'l0 La multiplication des fourrages; 2° le perfectionne- ment des animaux ; 3° la preservation de ces animaux contre les causes de pertes qui les deciment periodiquement; k° Facclima- tation et la domestication des animaux utiles, susceptibles d'etre naturalised en France ou en Algerie, et dont nous sommes encore prives. — M. Jules de Liron, d'Airoles, prenant pour epigraphe cette phrase tres moderee : « Quand on aura double le nombre du be- tail de toute sorte qu'entretientl' agriculture on aura re'solulepro- bleme de la vie a bon marche, » traite a son tour de la cherte des substances, et plaide chaleureusement la cause de 1' agriculture. « N'oublions pas la terre qui nous nourrit, quittons un peul'espace des decouvertes pourrevenir sur la terre, etnous serons a la fois plus sages et plus heureux. » — D'experiences nouvelles faites sur la laine de moutons meri- nos-Maucbamp , M. le docteur Millot conclut que cette laine est plus corsee , plus solide, plus avantageuse que celle de notre merinos ordinaire, alors meme qu'elle n'aurait pas ce soyeux, ce nacre et cette douceur qui font dela laine Mauchamp un produit sui generis. — M. Sacc definit en ces termes le regime a appliquer aux che- vres d' Angora, pour en tirer le plus grand parti possible : « Dans nos climats, il fa ut n'envoyer les chevres d'Angora que sur des terres seches, parun temps chaud et sec ; elles ne redoutent pas le soleil le plus ardent, non plus que l'herbe dessechee et coriace qui croit dans les rocailles. Du reste, il semble preferable de les laisser constamment dans une bergerie tres-seche et aussi bien aeree qu'eclairee; la meilleure serait un simple hangar comple- tement ouvert au midi, et ou on leur donnerait la nourriture. A trois ans, on abatterait toutes les betes pour la boucherie, en ayant soin de les tuer a 1' entree ou dans le cours de Fhiver, a fin de con- server leur magnifique toison dans toute sa beaute. Le develop- £26 COSMOS. pement graisseux des chevres d' Angora est si prodigieux , qu'il donnera lieu a un benefice considerable lors del'abattage, surtout actuellement on les suifs se maintiennent a un taux tres-eleve. » Si Ton est force' d'abattre si tot les chevres d' Angora, c'est que lew organisation, eminernuient lymphatique, les rend tres-accessibles a la pourriturc ou pietin. — M. Mestro, directeur des colonies au ministere de la marine , adresse a la Societed'acclimatation,par l'intermediaire deson il- histre president, des semences de diverses especes de courges, de giraumons, de graines potageres et autres, ainsi que les racines eUementaires les plus interessantes envoye au ministere par les Antilles franchises. Parnii les racines, M. Mestro recommande tout particulierement a l'attention de la Societele Canna gigantea, ou toloman de la Guadeloupe , duquel on extrait une fecule sus- ceptible derivaliser avec celle du Maranta anmdinacca ou dictame; les ignames jaunes, dont les tubercules sont en parfait etat de germination; le curcuma ou safran. Parmiles graines, les pois sou- ches du cap, d'Angole, de 20 000 francs, etc.; les doliques, Tulguairement connus sous le nom de pois chique ou de Jerusa- lem, represented les especes ou varietes les plus estimees aux Antilles. On trouvera dans le bulletin une liste des especes dont se compose la collection de M. Mestro, avec quelques renseigne- ments sur la maniere de tirer parti de ces produits exotiques. — M. Turrel, de Toulon, adresse des notes complementaires sur le sorgho a sucre dunord dela Chine. La question du sorgho a sucre a pris de l'importance , non-seulement a cause du ren- dement de ses tiges sucrees en alcool, mais encore au point de vue de la nature colorante de ses balles, et de sa production en graines, pouvant servirau moins a l'alimentation eta l'engraisse- ment du betail. Mais il importe de ne pas meconnaitre les conditions auxquelles cette culture peut devenir largement remuneratrice , et qui sont : 1° la combinaison de l'industrie rurale et de l'agriculture ; 2° la grande propriety ; 3° enfin l'eloignement de debouches sufiisants pour les produits habituels des cultures irriguees. M. Turrel eta- blit comme il suit un apercu bien exagere, dit-il, pour les frais, bien modere pour les produits, des resultats de la culture en sorgho d'un hectare de terrain : frais de culture, engrais, 300 fr.; frais de distillation de 20 hectolitres d'alcool, 600 fr.; depiquage et decortication de 50 hectolitres de graine, 100 fr.; total des de- penses, 1 000 fr. 20 hectolitres d'alcool, 2 000 fr., 50 hectolitres COSMOS. Z,27 de graines, 1 000 fr. ; matiere colorante des balles, pour me- moire; total des recettes, 3 000 fr.; difference ou produit net a l'hectare, 2 000 fr.; chiffre tres-beau. Dans l'arrondissement de Toulon, des proprietaircs ont mele a leurs vendanges et fait fer- menter avec le jus de raisin le liquide extrait du sorgho; ils ont obtenu un vin plus abondant et sans gout particulier. M. le comte Moignerie, de Turin, a fabrique du vinaigre en arrosant les ba- gasses deja exprimees avec du jus de sorgho; il a obtenu la fer- mentation acide, et, suivant son temoignage, un vinaigre parfait. La matiere colorante extraite des balles du sorgho sucre est un beau carmin tres-solide, que la fabrique de Lyon recherche pour la teinture de ses soies. — M. de Ges-Taupenne decrit une plante alimentaire appelee par les Arabes zetouff. Sa tige ressemble a celle du narcisse sau- vage, il fleurit an printemps en meme temps que les iris et jon- quilles; des qu'il est en heur, les femmes arabes s'empressent de le recolter; elles de'pouillent l'oignon de la pellicule qui le recou- vre et le font cuire dans le beurre ou bien dans l'eau, et le con- vertissent en pate comme la pomme de terre pour en faire des gateaux. Cette plante est farineuse et sa fecule a un gout tres-fin. Au moyen d'une culture sarclee, on pourra augmenter le volume de l'oignon du zetouff et arriver ainsi a introduire dans l'industrie agricole oumaraichere de la France un produit nouveau qui, en se vulgarisant, peut devenir une ressource precieuse. — Mme la princesse Trivulce de Belgiojoso fait hommage de tres-petits melons, variete du cucumis dudaim, originates de Syrie, et venus dans son jardin de la rue du Mont-Parnasse. C'est, dit la princesse, mon fruit de predilection ; si on le mange a son veritable point de parfaite maturite, c'est-a-dire lorsqu'il devient mou, sans diminuer de poids ni se plisser au dehors, je le trouve incomparablcment superieur a tous les autres melons; le jus en esttres-abondant, et, sucre, forme par lui-memeuneboisson deli- cieuse; je desire ardemmentlui assurer une existence en France; il ne demande pas plus de soins que les courges et les con- combres. — M. Dorel annonce son prochain depart pour la Syrie et le Liban ; il est envoye par le departement de l'Ardeche et la Com- mission des soies de Lyon, pour s'assurer si lamaladie a sevi dans ces pays, comme en Europe, sur les vers a soie, et se procurer, dans le cas contraire, la plus grande quantite possible de graines. M. Tastet, effraye de son cote de la degeneration de nos races in- 428 COSMOS. digencs de vers a soie , renouvelle le vceu que la Society insiste aupres des missionnaires et de ses aulres correspondanls en Chine, pour obtenir de nouveaux envois de graines de vers a soie sauvages du chene. Chose singuliere et vraiment lamentable! nous avons en France unc race excellente, la race amelioree, per- fectionnee par Hi et M'"c Andre Jean; elle est bien connue de M. Cuerin Menneville, qui ne songe pas meme h appcler sur elle l'atlcnlion de la Societe d'acclimatation. Le zele secretaire du Conseil a meme eu le courage d'essayer de la fairc oublier par l'opposilion qu'il lui a faite ; il aime mieux appeler a grands cris quelques onces de graines de vers a soie sauvages du chene dont on n'a rien a espcrer, dont la soie vaut a peine quelques francs le kilogramme, tandis que la soie de M. Andre Jean s'est vendue celte annee 160 francs le kilogramme ! — M. Terquem, bibliothecaire au Musee d'artillerie , nous transmetla petite note qui suit sur l'origine ignoree ou conlro- versee dm mot zero : <( On a propose diverses conjectures. La suivante etanl la plus simple, me semble la plus plausible. « En arabe, le zero porte le nom de tsefer, qui signifie vide, et se dit principalement des meubles : armoive vide, commode vide, etc. En Europe, on a applique cette denomination indistinctement a chacun des dix caracteres nume'raux : zifera, cifera, chez les Ita- liens; tsifern, chez les Allemands; chiffre, chez les Francais! En Angletcrre, seulement, on a conserve" le mot cypher pour desi- gner particulierement le zero. Les Arabes figurent le zero soit par un petit cercle, soit par un point. Les Europeens ne se ser- vent que du petit cercle. Lors de l'introduction des chiffres arabes, on disait tres-probablement : le sefer 0, et prononcant le petit cercle comme la voyelle 0, on aura dit le sefero, et par con. traction zero. On rencontre dans nos noms de nombres des con- tractions plus violentes, par exemple: onze de undecim, qxxlnze de quiiideciiv. » — Le Roi des Beiges vient de souscrire pour vingt exemplaires, et le Ministre de l'interieur pour deux cent cinquante au Rapport de M. Jobard sur l'Exposition universale de Paris. Les industriels de tous les pays quisavent, par experience, ce qu'il y a de notions curicuses et variees a retirer des publications de ce technologue, apprendront avec plaisir que notre journal est dispose a recevoir leurs souscriptions : 10 francs les deux volumes. SGCIETE D'ENCOURAGEMENT Seance du 15 octobre. M. Gras soumet a 1'examen de la Societe une modiiicalion ap- porle'e aux machines a vapeur et qui consiste dans la suppression totale des etoupes comme garnitures des tringles de piston, sans rien changer aux dispositions de la machine. La garniture d'e'- toupes est remplacee par une garniture metallique formee de segments et ressorts tres-doux; exercant sur les tringles une pression regardee comme presque nulle , par des ingenieurs exerces, qui l'ont compare'e a la pression exercee par les etoupes. — M. Adorno presente deux perfectionnements apportes au materiel des chemins de fer, dans le but d'eviter les accidents : 1° il installe sur les cotes de la voie des pilotes ou indicatcurs, destine's a agir directement sur la valve d'admission de la vapeur dans les cylindres pour arreter les convois a propos, sans le se- cours du mecanicien, et eviter ainsi leur rencontre; 2° il dispose les rails sur deux plans de niveau differents : les rails du plan inferieur recoiventles roues motrices, les rails du plan superieur portent les autres roues. Le second rail, plus eleve que le premier, forme- tout naturellement un rehord saillant sur toute la longueur de la ligne, et s'oppose au deraillement. — M. Lamiral, an nom de M. le docteur Payerne, depose les plans et dessins d'un pyroscaphe sous-marin. Un modele en cuivre de ce pyroscaphe, c'est-a-dire une coupe par moitie lon- gitudinale, a l'echelle d'un dixicme, muni d'mie chaudiere pyro- technique, et de sa machine a vapeur pouvant fonctionner, est depose au Conservatoire des arts et metiers. Nous reviendrons tres-prochainement sur cette belle invention. — M. Beranger , de Lyon , adresse les plans, descriptions et modeles de deux nouveaux appareils de pesage, appeles par lui ponts a bascules fixes et bascules -portatives. Dans le premier ap- paroil les grands leviers en fer sontremplaces par un systeme de traction horizontale beaucoup plus simple, qui reduit dans une grande proportion les portees et les frottements, assure une exac- ti'aule plus durable, et diminue grandement le prix de revient et de vente. Dans le second, de grands perfeclionnements apporte's aux leviers inferieurs, permettront de fabriquer l'apparcil & la mecanique et de le livrer au commerce et a l'industrie a meilleur marche. Les verificateurs des poids ctmesures de Lyon declarent 430 COSMOS. que les nouvelles modifications ne nuisent pas a la solidite" des balances, quelles leurs donnent une grande simplicite, augmen- tant la sensibilite en diminuant les froltemcnts, permettent une baissc de prix considerable, etc. — M. Gaucher , arquebusier a Paris , met sous les yeux de Societe un stadia-metre compensateur , qu'il croit tres-propre a assurer le tir en campagne, en permettant d'apprecicr tres-sim- plement la distance a la quelle se trouve l'objet. — M. Pinaire, jeune inventeur, desire qu'on examine une ma- chine, imaginee par lui, ct qui fait i'onction a la fois de decoupoir et de balancier. — M. Gourdet, de Nevers , appelle l'attention sur ses essicux de surete, formes d'un tube dont rinterieur est rempli par une ame, barre de fer ou chalne de meme longueur, portant un double ecrou a chaque extremite. Dans le cas de rupture du tube ou corps principal de l'essieu, l'ame qui reste intacte , est destinee a retenir en contact les deux parties du tube rompu, en sorte que Ton n'aura aucun accident a redouter , le systeme presentant apres la rupture assez de rigidite pour que la voiture puisse continuer son chemin. Les essieux de M. Gourdet ont tres-bien resiste aux epreuves qu'on leur a fait subir. — M. Pariset, a Vaugirard ,' annonce que depuis trois ans il est parvenu a fabriquer de la pate a papier et a carton avec le fumier des herbivores. Cette pate remplace, dit-il, avec^une efficacite par- faite les chiffons de plus en plus rares et chers ; les fabricants de papier s'en trouvent tres-bien; cette preparation occupe chez lui douze hommes. C'est en effet une excellente idee que celle d'uti- hser la cellulose des plantes digerees par les animaux, pour la fabrication des papiers et cartons ; si tant est qu'elle puisse etre appliquee en grand. — M. Theodore Jamet, d'Argenson, depose le modele avec plan et note explicative d'un systeme de croisee qui s'oppose a l'entree de l'air et de l'eau dans les appartements. — M. Serrin soumet de nouveau au jugement de la Societe son plani-pierre perfectionne , outil invente par lui, pour le ravale- ment de le pierre tendre , en remplacement de la ripe. Ce petit outil, qui s'estddjafort repandu, est forme d'un morceau de bois circulaire, de 11 centimetres de diametre, traverse par trois Serous de rappel , recevant trois boulons, auxquels est fixee, au moyen de rivet, a 3 ou k centimetres dubois, une plaque de tole, percee de quatre rangees de cent soixante-cinq trous , destinee a COSMOS. m recevoir des pointes en acier que Ton enfonce dans le bois • les extremites anterieures des pointes forment la denture • ce sont dies qui mordent surlapierre pour la ravaler. Le nouveau plani- pierre ne cotite que 3 fr. — 31. Lebrun Bretignieres expose la serie d'appareils qu'il de"- signe sous le nom de photophore-syphons. Ce sont de simples tubes porte-Iumiere, a ressort inte'rieur, dans lesquels les bougies et les chandelles brulent, poussees par le ressort et maintenues a une hauteur constante, comme les bougies de cire dans les souches des eglises. L'extremite du tube est en email ou porce- laine. Nous comprenons sans peine que ces petits appareils peu- vent procurer economie, proprete, elegance et securite. — M. Aubert recommande ses chassis de cheminee a deux rideaux. Le premier rideau en cuivre decoupe a jours, remplace avantageusement les garde-feux, pare-etincelles, eventails, etc • meme entitlement baisse il montre le foyer sous un aspect tres-agreable, active le feu, empeche souvent les cheminees de fumer, etc. En ete il remplace les devants de cheminees, et aide a la ventilation. Le deuxieme rideau , qui est a palettes de tole, remplit absolument le meme usage que les chassis ordinaires.' — M. de Varaignes, a Paris, demande qu'une commission examine une nouvelle machine a laver, de son invention : elle aura pour effet, dit-il, de diminuer de moitie l'usure du linge, et de reduire les frais de lavage a un dixieme en le rendant incpm- parablement plus facile. La nouvelle laveuse fonctionne deja chez M. Baudouin, blanchisseur a Vanves. — M. Brechoux a invente un nouvean systeme de miroirs qu'il croit tres-utile , en raison des applications multiples qu'il peut recevoir. C'est tout simplement et tout gentiment un miroir mstalle au sommet d'un long baton sculpte, autour duquel le miroir peut tourner, en mCme temps qu'il peut recevoir toutes les inclinaisons possibles. 11 est evident que de cette maniere on peut se voir sous toutes les faces et sous tous les jours. — M. Charpentier attend de grands resultats de son nouvel orgue pliant, auquel il attribue les qualite's suivantes : ilest petit, d'un bas prix et donne de tres-beaux sons ; le clavier, tres-heu- reusement dispose, facilite considerablementl'etude et l'usage de 1'instrument. Avec cinq octaves il n'a que 50 centimetres de lon- gueur sur 65 de hauteur et 35 de largeur; plid, il n'a plus que 25 centimetres de hauteur etpeut ainsi 6tre facilement transporte d'une eglise dans l'autre. *32 COSMOS. — M. Constant Desjardins demande a mcttrc sous les yeux de la Societe" d'abord un globe hydro-orographiquc, auquel il tra- vaille dcpuis un quart do siecle ; puis des eprcuves tirees sur des planches de zinc gravces, et qui prouveront il l'espere, qu'au moins pour lcs cartes geograpbiques> le zincpeutrcmplacer avec avan lage et une immense economie, le cuivre et la pierre litho- grapbique. — M. Trappe voudrait que la Societe sollicitat l'introduction des guano en franchise et sans droits de douane pour les besoins de l'agriculture ; qu'elle encourageat les essais tentes pour la trans- formation en engrais des residus de fosses d'aisance, et la prepa- ration des engrais a base de phosphate de chaux, semblables a ceux que Ton emploie en Angleterre. — M. Seignette, capitaine en retraite, est inventeur d'un appa- reil qui presente, pour la fabrication du bcurre, des avantages qu'on n'a pas pu obtenir encore jusqu'a ce jour. II est simple, fa- cile a manceuvrer, permet d'operer sur le lait frais, la creme claire, la creme e'paisse, etc., sans qu'il soit besoin de prendre le moindre souci de la temperature, en ce sens que le mouvement de l'appareil suffit a produire la chaleur necessaire a la separa- tion du beurre. II permet en outre de tirer du lait un nouveau produit, en laissant au lait de beurre les qualiles propres a la fa- brication d'un excellent fromage qui, quoique entierement de- pouille de sa creme, peut, a l'etat frais, rivaliser avec les fro- mages a la creme. — M. O'Gorman Mahon a importe d' Angleterre des echantillons des divers produits de la vitrification pouvant servir aux cons- tructions et a Tornementation avec de tres-grands avantages. II attend beaucoup de la haute influence exerce'e par Ja Societe' pour faire entrer ces nouveaux materiaux dans les habitudes francaises. — M. Armengaud, au nom de M. Ouin, pre'sente et fait fonction- nerun nouvel appareil, dit boite a houppe, pour le saupoudrage ou soufragedes plantes et des vegetaux. Cet appareil ressemble a un grand gobelet ; la poudre, renfermee dans la capacite infe- rieure, sort a travers un crible; le crible est surmonte d'une houppe formee de filaments vegetaux ou de fils metalliques qui dispersent et repartissent la poudre. II suffit de tenir l'instrument d'une main, en le secouant, pour obtenir un soufrage tres-divise ,. €n meme temps que, de l'autre main, l'ouvrier pent ecarterles- COSMOS. 433 ieuilles cle maniere a mettre en evidence les parties a soufrer. Cet appareil est trC'S-ingenieux et d'une simplicity extreme. — M. Roret fait hommage d'un ouvrage intitule : Peintures et fabrication ties coideurs, ou Traite des diverses peintures, a I'usage des personnes des deux sexes ; par M. Joseph Panier, an- cien fabricant. — Au nom des deux comites reunis des arts e"conomiques et chimiques, M. Silberman aine lit un rapport complement favo- rable sur les procedes de cuivrage galvanique de M. Oudry. Les combe's declarent que de tous les documents consulted par eux et relatifs au doublage des navires, au cuivrage delafonte et du fer, aux moyens de les prevenir de l'oxydation en les recouvrant de cuivre electro-cbimique, aucun ne lcur a presente la moindre ressemblance avec l'idee fondamentale qui a servi de point de depart a l'industrie de M. Oudry. Cette industrie consiste essen- tiellement a recouvrir prealablement la piece a cuivrer d'un enduit protecteur a la fois et conducteur, enduit dontles avantages sont incontestables, et que personne n'avait encore signales. En effet : 1° II dispense du decapage a la fonte, operation longue, minu- tieuse, souvent incertaine ettoujoursdispendieusequand on veut avoir un depot cuivreux soigne ; 2° II supprime le bain de cyanure , indispensable pour la pre- miere immersion , pour le premier depot de cuivre qui precede l'immersion dans le sulfate de cuivre ; 3° II rend la surface de la fonte brute plus unie, ce qui favorise singulierement la purete du depot de cuivre sur la piece brillante'e par le vernis ; 4° II s'oppose, par son interposition entre la fonte et le cuivre, a la formation d'un element galvanique , resultat d'une certaine importance, puisque l'erosion dela coque des navires parl'eau de mer s'en trouve retardee, lors meme que les couches de cuivre et d'enduit auraient ete accidentellement decbirees jusqu'a la t61e. Le Rapport ajoute : Cemode de cuivrage si simple a deja fourni des resultats assez satisfaisants pour decider les marcbands de fonte a faire des commandes qui ne'cessitent de nouveaux agran- dissements de l'usine de M. Oudry. Les deux comites ont pu re- connaitre par eux-memes;ia diversite des applications de ce mode de cuivrage, au nombre desquels nous citerons, pour le moment, des chaises et canapes de jardins, des lits en fer, des poulies de manoeuvre pour les navires, des lanternes a gaz avec leurs co- lonnes, des poteaux indicateurs pour le bois de Roulogne, des Mk COSMOS. pieds de lampe pour cheminee, etc., dcs chevilles en bois cuivre' destine'es a remplaccr celles en bois dans le lavage et le blanchis- sage du coton. M. Oudry vient d'etre charge de cuivrer les deux fontaines en fonte qui se trouvent dans les Champs-filysees. II se propose en outre de cuivrer d'un seul jet les coques en fer et en bois des navires. Les consequences du rapport sont : « D'apres ce qui precede, vos conrites reunis vous proposent : 1° de reniercier M.;Oudry de son interessante communication, en l'exbortant a perseverer dans la voie qu'il s'est ouverte; 2° d'in- serer en entier dans votre bulletin le present rapport avec le des- sin explicatif. » Nous applaudissons de tout notre coeur a cette approbation si prompte et si complete d'une belle et grande industrie, que le Cosmos a le premier fait connaitre. — M. Lourmand, aunom de M. Picard, expose les avantagesd'un nouveau systeme de reliure, applicable k la fois a la reliure mo- bile et a la reliure fixe, et dont les caracteres essentiels sont : i° un dos plat en bois sur lequel s'appliquent de la maniere la plus facile et la plus solide les fils qui retiennent cbaque caliier ; 2° l'absence totale de couture, .d'entailles, de colle, etc. Pour une de ses applications les plus frequentes, ce genre de reliure a recu de Tauteur le titre de conservateur de la musique. Mors les cabiers assembles restent dans une complete inde'pendance les uns d»s autres ; ils sont consequemment retenus cbacunpar une ganse de colon portant a l'un des bouts un leger crochet de cuivre mou blanchi, a 1' autre bout un petit anneau en trait de piano ou hi de laiton argente ; l'anneau s'engage fort aisement dans le crochet , et Ton peut, a volonte, le degager pour operer quelque change- ment dans l'assemblage. Ce mecanisme, simple et commode, est cache par un dos ostensible en bois, entrant a coulisse entre les deux joues saillantes de la planchette, base de tout le systeme. S'agit-il de la relturefixe? La ganse de coton est remplacee par un mince hi de metal (laiton ou fer, galvanise ou non) revetu de soie. Au lieu d'etre isole pour chaque cahier, ce fll peut etre con- tinu, ce qui rend le travail plus rapide et la solidite plus persis- tante. Le mecanisme se dissimule sous un dos en bois a coulisse, commc dans la reliure mobile, ou sous un dos en carton, recou- vert de percaline chagrinee, de peau, de maroquin, ce qui donne au volume l'aspect des reliures ordinaires. La rigidite des plan- chettes preserve de tous les inconvenients des dos brises et n'em- peche point les volumes de s'ouvrir tres-bien. ACADEMIE DES SCIENCES. A Seance du 20 octolre I80G. Comme a l'ordinaire, il nous a ete presque impossible de saisir quelque chose de la correspondance dc'pouillee par M. Elie de Beaumont. — Une lettre de Copenhague donne quelques details surles ter- rains daniens, les traces manifestes de soulevements que Ton y decouvre, etc. — M. Schnepff, medecin de Son Altesselmperialele Prince Napo- leon, reclame la priorite" d'une partie des recherches de M. Gen- drin, relatives a l'emploi de l'auscultation comme moyen de dia- gnostic des maladies de l'oreille. — M. le docteur Jules Pe'rier , chirurgien de l'arme'e d'Orient, adresse le modele et la des- cription d'uiinouvel appareil amovo-inamovible pour la guerison des fractures de la jambe, utile surtout dans le cas de fractures complique'es de lesions traumatiques. — M. le docteur Castorani prdsente un nouvel instrument fabrique d'apres ses indications par M. Luer, et qui est destine a faciliter les ope'ra- tions qui se pratiquent sur les yeux, notam- ment pour la cataracte. Cet instrument, auquel il donne le nom de fixateur de Vail, sert a la fois a e'carter les pai> pieres et a fixer le globe oculaire sans le se- cours d'un aide. M. Desprez, chirurgien des ho- pitaus, l'a experimente' pour la premiere fois sur le vivant, et, dans les diverses operations de cataracte par extraction qu'il a pratiquees, on aj)u s'assurcr que rien n'est plus aise que d'atteindre le double but que l'auteur s'est pro- pose. En effet, les paupieres sont maintenues a une distance convenablo l'une de l'autre, et le globe de l'ceil est immobilise, sans subir pour cela la moindre compression. Voici les differentes pieces dont le fixateur de Vceil se compose : a represente l'elevateur supporte par la tige mobile/?, et auquel s'adapte le bouton e; 6 est 436 COSMOS. 1'abaisseur qui surmonte la tige fixe i\ cc sont les extrcmilds des deux branches gg d'une pincc qui se reunissent au point o; f, manche do l'instrument qui supporle toutes les pieces; d, est un petit coulant soude sur la tige mobile qui glisse entre les deux branches dc la pince et la tige immobile. Des qu'on imprime au bouton e un mouvcment de propulsion de lias en haut, on fait montcr la tige mobile, et, par consequent, aussi l'clevateur, qui pousse devant lui la paupierc superieure. En mOme lem])s, le coulant qui est fixe sur la tige mobile est dga- lement dirige de has en haut, et, dans son mouvcment asccnsion- nel, il rapprochc les branches de la pince et porte les mors en avant. 11 suffit done de faire glisser le bouton dans la rainure qui lui est destinee pour faire monter l'e'levateur et pour rapprochcr les deux branches de la pince. Par ce mecanisme si simple, on ecarte les paupiercs, et Ton fixe le globe oculaire entre le mors et la pince. — M. X*** adresse un mdmoire sur deux systemes nouveaux de soulevcments, du Mont-Cenis et du Mont-Serrat, ainsi qu'une des- cription des terrains post-diluviens des environs de Barcelone. — M. Charles Sainte-Claire Deville adresse une nouvelle lettre sur les solfatares. — M. Gaultier de Claubry transmet quelques nouveaux details sur les tremblements de terre ressentis recemment en Algerie. A cette occasion, M. Coulvier Gravier nous affirme que le 7 octobre dernier, a k heures 3/4 du matin, il a ressenti, dans le palais du Luxembourg, un tremblement de terre. — M. Bobierre transmet une note sur Femploi du guano. — MM. Lejeune et Bianchi reclament la priorite de la solution du probleme que M. Alexandre Bellcmare essaie de resoudre par son interrupteur automatique du courant. Nous ne comprenons pas bien, nous l'avouons, l'oppprtunite de la reclamation de ces messieurs. M. Bellemare reclame pour lui non l'idee, mais la forme particuliere de son interrupteur qui fonctionne parfaite- ment; des que MM. Lejeune et Bianchi ne prouvent pas qu'ils onl construit avant M. Bellemare ce meme interrupteur, leur re- clamation vient mal a propos. Nous y reviendrons. — Le tome XIV du recueil des Memoires des savants etrangers aetemis aujourd'hui en distribution. II contient les memoires sui- vants : 1° sur l'appareil reproducteur dans les cinq classes d'ani- maux vertebras par M. Martin Saint-A.nge; 2° sur la torsion des prismes, par;M. de Saint- Venant; 3° Histoire anatoiniquc et phy- COSMOS. 437 siologique des scorpions, par M. Leon Dufour; k° rectification dcs travaux perdus d'Apollonius sur les quantiles irrationnelles, par M. Woepke; 5° considerations anatomiques et therapeutiques sur les fistules vesico-vaginales et Tautoplastie par glissement, par M. Jobert de Lauiballe; 6° sur l'inte'gration des equations dif- fe'rentielles de la rnecanique analytique, par M. Edmond Bour. — M. l'amiral Dupetit-Tliouars donne de vive vols quelques details sur les momies naturelles, ou les corps enterres vivants pres d'Arica dans des especes de niches en pierre. Nous les repro- duisons integralement. A son arrivee dans le port d'Arica, W. Du Petit-Thouars fit de- mander au gouverneur de visiter les tombcaux ; celui-ci le lui accorda sans peine ; il s'empressa alors de pratiquer des fouilles sur le bord de la mer, et ne tarda pas a ddcouvrir a un demi- metre environ au-dessous du sable, des especes de caissons dans lesquels les cadavres se trouvaient renfermes. Chaque momie etaitaccroupie, le visage tourne" vers le couchant, a ses pieds etaient deux vases en terre cuite , Tun presentant la forme d'un homme ou d'un autre animal, l'autre contenant du seletducoca, plante sacree des Peruviens. La presence de ces vases semble etre une preuve que les aborigines du Perou, croyant a une vie future, donnaient aux morts de quoi se nourrir et de quoi se de- salterer pendant le voyage. Quelques cadavres elaient couverts de tuniques en sparte coloree; c'etaient probablement des cadavres defemmes. Les tombeaux visites parM. du Petit-Thouars gisaient tout le long de la c&te; ils etaient tres-nombreux et ranges sur des lignes paralleles. Aucune des momies n'avait d'yeux artifi- ciels, ce qui s'expliquerait en admettant que ce cimetiere etait destine aux classes moins aisees, pour lesquelles l'achat des yeux artificiels aurait ete unetrop forte depense. — Bf. Payer, au nom de M. Bureau, son fleve, depose un me- moire sur la famille des loganiace'es , riche en plantes, dont on extrait des poisons vegetaux tres-actifs :1a strychnine, la brucine, l'upas-tieute, aveclequel les indigenes empoisonnent leursfleches. Bf. Bureau n'a pas fait seulement une elude botanique de cette famille naturelle, il a fait des experiences nombreuses sur Taction physiologique des divers poisons, et constate" quelques faits nouveaux. M. Payer offre en son propre nom trois nouvelles livraisons de son Traite d'organogmie vegetale; les llmc, 12me et 13me livrai- 638 COSMOS. sons. Parmi lcs errenrs qu'il a relevees et les faits qu'il a trouves, nous citerons le suivant : tous les bolanistes s'accordaient a dire que la fleur des cuphorbiacees est une flcur composee; M. Payer a demontre que c'etait une fleur simple. — M. Delesse, ingenieur des mines, lit un memoire explicatif de sa carte geologique du sous-sol dc Paris, du sous-sol occupe par les nappes d'eau soulerraines, deja decritcs par M. Delesse. — M. Henri Midler, physiologiste allemand, jeune, mais deja celebrc, presente divers opuscules publies par lui, sur la retine et l'appareil accommodatcur del'ceil ; il demande a repe'ter devant une commission des experiences que M. Flourens affirme etre tres- dignes d'interet et tres-importantes. M. Henry Muller avait pour voisin a la seance M. Koelliker, autre anatomiste et physiologiste Lres-distingue, qui s'est lui-meme beaucoup occupe de la retine. — M. Cbevreul emprunte a une lettre ecrite par M. Martins, la description d'un phenomene de contraste observe par lui en mer dans les soirees des 9 et 13 septembre dernier. Etant a bord d'un navire et regardant d'une part la lune dans le ciel, de 1' autre le sillon ou rideau de lumiere que forme dans la mer l'image refle- chie de la lune, il remarqua que la portion du ciel ou triangle compris entre les deux espaces lumineux paraissait beaucoup plus sombre que le reste du ciel, et comme enfumee. Ce fait l'etonna d'abord, mais il se l'expliqua bientOt a lui-meme et le trouva tres-naturel. Les deux masses de lumiere a la base et au sommet du triangle doivent necessairement, et par un effet de contraste inevitable, assombrir l'espace intermediaire. Cette explication fut immediatement adoptee par M. Grant, jeune astronome de Cam- bridge, temoin aussi du phenomene. Ce qui prouve mieux encore la verite de cette interpretation, c'est : 1° que lorsqu'on cachait soit la lune, soit son image, soit l'une etl'autre, l'espace triangu- laire en question apparaissaitplus lumineux quele reste du ciel; 2° que dans ce meme espace triangulaire on n'apercevait que les etoiles de premiere grandeur, tandis qu'a droite et a gauche l'oeil discernait sans peine des astres de grandeur inferieure. Cet espace etait done reellement le plus clair, et s'il semblait plus sombre, c'etait par un effet de contraste. — M. Chevreul expose diverses experiences par lesquelles son preparateur, M. Cloez, croit avoir efficacement repondu aux objec- tions soulevees par MM. Bineau et Scoutetten, a l'occasion de ses premieres recherches ozonometriques. Le resultat de ces expe- riences est que le change ment de teinte du papier trempe dans COSMOS. 439 une solution d'iodure de potassium n'est pas une preuve peremp- toire de la presence de l'ozone. — L'evenement de la seance a ete l'apparition de M. Regnault, qui bien maigre, encore faible, et appuye sur un baton, mais re- venu completement a la vie physique et inlellectuelle, vicnt occu- per son fauteuil ordinaire, et recoit les felicitations les plus em- presse'es de MM. le marechal Vaillant, Dumeril, Civiale, etc., etc. — C'est a peine si les comptes rendus ont mentionne letitre d'un me'moire tres-important recemment presente a l'Acadernie par M. le docteur Marco J. Rojas, de la Faculte de medecine de Ca- racas, republique du Venezuela, et qui avaitpourobjet l'influence de la lumiere et des phenomenes atmosphe'riques sur les insectes. D'observations tres-nombreuses, M. Rojas croyait pouvoir tirer les conclusions suivantes : 1° il existe un rapport constant entre l'etat e'lectrique de l'atmosphere etla sortie de terre des insectes; 2° la lumiere exerce une attraction certaine et constante sur les insectes; 3° pour que les insectes cedent a l'attraction de la lu- miere, il faut que le thermometre marque un nombre de degres assez eleve, il faut de plus un certain etat de l'atmosphere ; 4° l'ap- parition des insectes pendant la nuit est toujours un indice avant- coureur de la pluie pour le jour de l'observation ou le jour sui- vant ; 5° lorsque les exhalaisons des foyers marecageux atteignent une certaine intensite', les insectes sortent de terre. Ces exhalai- sons sont les Teritables causes des fievres endemiques dans les lieux ou a observe M. Rojas. Son memoire merite de fixer l'atten- tion des metereorologues et des entomologistes, et nous faisons des voeux pour qu'il soit bientfit imprime en bon francais. PHOTOGMPIIIE. Societe franc aise de photographic. Seance du 17 octohre. Cost la premiere stance apres la suspension des vacances; elle est nombreuse et animee. Le fauteuil est occupe par M. Du- rieu, qui commence par payer un tribut touchant d'hommages et de sympathies a 1'illustre president en exercice, M. Regnault, tout a fait hors de danger, mais trop faible encore pour qu'il puisse reparaitre. M. Durieu rappelle en quelques mots tout ce que la Societe de pbotograpbie doit a M. Regnault, le rang hono- rable qu'il lui a assure des le ddbut, en Fentourant de l'eclat de son nom ; son zele sa bonte, l'habilete avec laqnelle il presidait les seances, l'interet qu'il prenait a tout ce qui la touche, etc. , etc. M. Durieu annonce ensuite la mort tout a fait inattendue de M. Taupenot, professeur de physique au Prytanee de La Fleche, inventeur du procede de photographie sur collodion albumine, qui portera et illustrera toujours son nom. Ce procede est bien certainement le plus grand progres accompli en photographie dans les deux dernieres annees, et il a eu un retentissement ex- traordinaire, La mort de M. Taupenot n'est connue encore que par le bulletin necrologique de la Presse du vendredi, 17 oc- tobre; il y a tres-peu de jours qu'il traversait Paris avec la jeune epouse qu'il s'etait donnee tout recemment. M. Durieu enfin signale avec bonheur l'accueil si bienveillant fait a la Societe et a son reprdsentant, M. Martin Laulery, par la commission directrice de l'Exposition de Bruxelles, et surtout par son president. M. Ch. de Rrouckere, bourgmestre de Bruxelles, par le secretaire, M. Romberg, directeur au departement de l'in- terieur. Il etait tout a fait impossible de rencontrer une hospita- lite meilleure, plus large et plus digne sous tous les rapports. Des remerciements empresses seront exprime's a MM. de Brouc- kere et Romberg au nom de la Societe. — M. Dubois de Nehaut rend compte, dans une lettre, de l'etat actuel de la photographie a i'imprimerie imperiale de Vienne, transformee en veritable conservatoire de photographie. Le pro- cede presque uniquement suivi dans ce bel etablissement, est le procedd primitif au collodion, tel qu'on le pratique en Angle- terre, depuis la decouverte de M. Archer; les objectifs pour por- traits sont de Voigtlander, et ils ont tous autant de foyer chi- COSMOS. uki mique qu'a Paris ; les objectifs jjour paysage sont tie Ross ; les appareils sont massifs, lourds; les presses a positifs sont presque des pressoirs a cidre ; pour transporter cet enorme attirail, il ne faudrait non moins qu'une goelette de charge, dit en plaisantant M. Dubois de Nehaut, mais on oublie sans peine ces inconve- nients, quand on contemple les resultats obtenus et qui sont vraiment etonnants. Le progres que M. Auer poursuit le plus activement est la sup- pression complete des glaces de verre si fragiles, si encom- brantes, si desespe'rantes quelquefois , etc. ; l'on peut dire qu'ill'a Entablement realise. Dans l'lmprimerie imperiale, presque tous les positifs se tirent deja sur des negatifs collodionnes detaches du verre au moyen de la vapeur, apres qu'on les a recouverts d'une couche formee d'un melange de gutta-percha dissoute dans le chloroforme, et de gelatine de parchemins. Les nouveaux cli- ches ont une transparence parfaite et donnent a la lumiere qui les traverse une douceur imcomparable qui se traduit par des im- pressions d'un ton nouveau et excellent. — M. Humbert de Molard, membre du conseil, adresse des ob- servations sur la photographie rapide, le precede Taupenot, et une nouvelle methode de collodion preserve. Pendant les grandes fetes de Bruxelles, M. Dubois de Nehaut, que M. Humbert de Mo- lard accompagnait dans toutes ses operations, a reussi a prendre en trois jours 60 negatifs tres-bien reussis, de defiles, de revues, de processions, de fetes en plein air, d'arcs de triomphe entoures d'une foule innombrable, etc., etc. C'est un succes inoui dans les Aunales de la photographie, et l'on serait tente de croire qu'il n'a pas ete obtenu sans quelques secrets ou formules nouvelles. II n'en est rien. Le procede employe' par M. Dubois de Nehaut est tout simplement le procede Taupenot, qui, par une pose de 60 se- condes au plus pour chaque scene, a donne 34 bonnes epreuves sur 40 plaques exposees; tout son secret consistait a n'employer que des substances tres-pures, a choisir avec le plus grand soin un emplacement convenable, a se faire servir avec une regularite parfaite ; il est vrai aussi qu'il a trouve dans l'administration le concours le plus bienveillant. La recelte de collodion preserve a ete revele'e a M. Humbert de Molard par M. Franque de Villecholle qui la tenait lui-meme d'unphotographede Barcelonne. Prenez :eau, 200 grammes, acide acetique, 30 grammes, graine de lin, 20 grammes; filtrez dans un huge incolore et tres-propre; vous obtiendrez un liquide 442 COSMOS. quelque peu visqueux ; au moment oil la plaque sensibilisee sort du bain de nitrate, recouvrez-la plusieurs fois d'une couche de ce liquide mucilagineux ; faites egoutter le liquide excedant ; la plaque est alors prOte a etre exposed a la lumiere; elle n'a rien perdu de sa sensibilile ; elle donnera des images en 30 secondes, meme si tous attendez douze heures avant de la mettre dans la chambre obscure; apres deux fois vingt-quatre hen res , elle sera encore impressionnee en une minute ou en une minute et demie. Au sortir de la chambre noire on traite comme a l'ordinaire avec l'acide pyrogalliquc faisant fonction d'agent revelateur; l'image viendra tres-bien sans taches aucunes. Ce procede, on le voit, est tres-simple, tres-prompt, grandement preferable a ceux qui exigent l'emploi de l'oxymel, du sirop de miel, du sirop de sucre, des solutions de sels metalliques ou autres. —MM. Bertschet Arnauld presententles images pbotographiques dela lune, qu'ils ontobtenues aveclagrande lunette de M. Porro, pendant la derniere eclipse, 13 octobre 1856. Nous reproduisons integralement la note lue par M. Bertsch, parce qu'elle donne des renseignements precieux : « J'ai l'honneur de presenter a la Societe les resultats des ex- periences que nous avons entreprises, M. Arnauld et moi, dans le but d'obtenir l'image de la lune a divers moments de l'eclipsc, avec le grand objectif que M. Porro a bien voulu meltre a notre disposition. Cet instrument a, vous le savez , 52 centimetres de diametre, 27 d'ouverture et 15 metres de longueur focale. La lu- nette, montee equatorialement dans un jardin, se meut sur une plate-forme en fonte fixee au sol au moyen d'une maconnerie qui presente toutes garanties de stabilite. L'objectif auquel M. Porro n'a pas encore donne la derniere main, estcependantparfaitement acbromatique, d'un poli deja satisfaisant, et donne une image suffisaniment nette. La glace est maintenue au foyer dans un chassis roulant au moyen de qualre galets sur deux coulisses mobiles dans le plan du mouvement de l'astre Ce systeme est entraine suivant la vitesse de ce mouvement par une horloge dont la marche devrait etre, comme bien vous pensez, d'une continuite parfaite et isochrdne pendant au moins 10 secondes. M. Porro doutait qu'avec un foyer de Zi5 pieds, une lumiere aussi faible que celle de la lune, dispersee sur une surface de 15 centi- metres de diametre, et dans un temps aussi court, on put obtenir sur nos agents chimiques une action suffisante pour donner un cliche. cosmos. m II n'a pas voulu, et avec raison, faire les frais d'un mouvement d'horlogerie qui remplit toutes les conditions desirables, hi ins- taller le chassis cornme il devrait l'etre, non sur un bati en bois, mais sur des coulisses metalliques dresses au chariot , lesquelles eussent evite les soubresauts. Le mouvement applique pour cette experience preparatoire est une piece ancienne reglee parun simple volant a ailes rigides; la fusee n'en est pas calcule'e pour la bande du ressort. Faisant avancer le systeme par saccade et d'une facon irreguliere , il n'a pu nous donner meme en dix se- condes qu'une serie d'images superposees par echelons, hors du plan de la marche de l'astre et, partant, confuses. On compte sur une de nos epreuves jusqu' a six images ainsi superposees detres- petites distances les unes des autres. « Malgre cet inconvenient grave au point de vue de la nettete des images, l'exp&ience a , j'ose le dire, completement reussi. Quant a la question photographique, bien que la marche de la glace limitee au champ de la lunette ne permit d'agir avec les rayons du centre que pendant un temps Ires-court, nos epreuves ont fourni des negatifs complets. Nous avons fait pendant la du- ree de l'eclipse, trois experiences: l'une en 10, l'autre en 15, la troisieme en 25 secondes; elles ont toutes trois bien reussi, et les cliches sont negatifs quoique developpes a l'acide pyrogallique seul, sans l'emploi d'aucun des moyens de renforcement que la science met a notre disposition. Vous voudrez bien, messieurs, faire la part des imperfections mecaniques contre lesquelles nous n'avons pu lutter, et tenir compte d'une installation provisoire dans un jardin, au milieu de la nuit, par une saison qui ne nous a pas permis de nettoyer nos glaces a l'abri de l'humidite. II faut a ces causes joindre cette circonstance, que les obturateurs tant de la lunette que du chassis ne marchant pas a frottements doux, mais par soubresauts, ont souleve des poussieres dont plusieurs sont venues s'arreter sur lacoucheimpressionnable ety faire quel- ques taches. «*Si ces diffe'rentes causes ne nous ont pas permis de vous presenter des epreuves sans defauts et telles qu'on pourrait certainement en esperer dans des conditions meilleures, cette experience prouve du moins qu'avec le collodion humide, en at- teignant dans les combinaisons la limite qui separe sa reduction spontanee de celle provoquee par Taction de la lumiere seule, on pcut obtenir avec une rapiditevraimentsurprenantede la lumiere comparativement si faible ,de la lune, une image suffisamment hhh COSMOS. negative pour permettre le iirage d'un nombre quelconque de bons positifs. o Notre premiere epreuve faite a 10 heurcs 1 minute 20 se- condes n'ayant pose que 10 secondes, est en consequence la moins trouble'e. La seconde, prise a 11 beures 30 secondes. a pose 15 secondes ; mais les coulisses n'ayant pas ete placecs parallelement au mouvernent de la lune, l'image a traine, ce qui la rend tout, a fait confuse. La troisieme, faite a minuit 41 minutes 5 se- condes , c'est-a-dire au moment ou l'ombre de la terre avait abandonne la lime, prcsente cela d'interessant que la portion de la lune sur laquelle s'etend encore la penombre n'a pas envoye de rayons cbimiques, bien qu'a l'reil elle ne presentat qu'un di- xieme environ de diminution dans l'eclairage. « Cette lumiere ne parait done pas plus photograpbique que la lumiere polarisec ou la lumiere jaune. — Nous avons, en tcrmi- nant, messieurs, a remercier M. Porro pour l'obligeance avec laquelle il a bien voulu nous accueillir et modifier son appareil suivant les exigences de la pbotograpnie. Vous apprendrez, je n'en doute pas, avec plaisir que, rassure par cette experience preparatoire sur la puissance de nos moyens, il a rintention de construire un mecanisme qui donnera un mouvement regulier et de mettre sa belle lunette dans des conditions tout a fait favora- bles a la reussite d'une experience definitive. « J'ai moi-meme aussi, messieurs, a vous adresser desremerci- ments pour avoir bien voulu m'associer a des travaux d'un inte- ret si puissant pour moi et qui m'ont mis a meme, apres avoir applique la pbotographie d'une maniere que je crois utile a l'e- tude des infiniment petits, de montrer par des experiences se- rieuses que notre science peut aussi rendre de vrais services dans l'etude des infiniment grands. v< Si des essais anterieurs sur unc petite ecbelle ne me permet- taient pas de douter de Faction chimique de la lune sur une aussi grande surface et avec le plus long foyer qu'on ait encore appli- que a une lunette, je suis heureux de pouvoir vous convaincre par des fails que de ma part ce n'etait pas une preemption. » {La suite au prochain numero.) PROGRES en allemagne. Conibiuaisons doubles du cyanogene avec le cuivre et l'ainmoniaque. Ces combinaisons ont ete decouvertes par M. Liebig et analy- ses par Hi Hilkenkamp. On ajoute a de l'acide prussique aqueux une solution|d'hydrate d'oxyde de cuivre dansl'aniinoniaquejus- qu'a ce que l'odeur ammoniacale commence a predominer; on chauffe ensuiteMa liqueur jusqu'a l'ebullition, et on y ajoute peu a peu la solution cupro-ammoniacale, tant que la couleur bleue disparait. Des qu'on apercoit dans la liqueur de petites paillettes cristallines , on flltre. Par le refroidissement, on obtient des lames rectangulaires d'une grande beaute. Ces cristaux , indissolubles daus l'eau froide, renferment 2 Cu2 Cy + Cu Cy -f- 2 H3 Az -(- 2 HO. Lorsqu'on les traite par un melange d'ammoniaque et de car- bonate d'ammonique, et qu'on chauffe , ils se dissolvent. Cette dissolution , soumise a l'ebullition pendant une heure , et aban- donnee ensuite au refroidissement, laisse deposer des paillettes bleues brillantes qu'on lave a l'eau froide, et qui renferment 2 Cu Cy -|- Cu Cy -f 2 II3 Az. E&echerchc de I'iodc dans les eaux niiiierales Par M. Liebig. Lorsqu'une liqueur renferme une quantite tellement petite d'un iodure qu'il ne se manifeste qu'une coloration douteuse par l'ad- dition de l'acide nitrique et de l'amidon, il suffit d'y ajouter une trace d'iodate alcalin et un peu d'acide chlorbydrique pour obte- nir une reaction tres-prompte. Dans ce cas , l'acide iodbydrique et l'acide iodique reagissent l'un sur 1' autre a l'etat naissant, et mettent en liberte une quantite d'iode plus considerable que celle qui etait contenue dans l'iodure. On sait d'aillours que la solution d'amidonn'estcoloreeni par un melange d'acide iodique et d'acide cblorbydrique, ni par un melange d'iodure de potassium et d'acide chlorbydrique. M. Liebig a constate en outre que certaines eaux meres d'eaux minerales donnent avec l'eau d'amidon et l'acide chlorbydrique seul une coloration bleue aussi intense que celle que i'on obtient a l'aide des methodes connues, c'est-a-dire par l'addition d'eau de chlore, d'acide hyponitrique, etc. M6 COSMOS. Sur les formes allotropiques du soufre Par M. Magnus. En re'sumd, dit M. Magnus, les faits aujourd'nui connus auto- risent a admeltrc les modifications suivantes du soufre : l°soufre jaune prismatique ; 2" soufre jaune octaedrique; 3° soufre jaune insoluble ; U° soufre rouge insoluble ; 5° soufre rouge soluble ; 6° soufre noir. Les fleurs de soufre renferment un tiers de leur poids de soufre jaune insoluble. Le soufre souvent ibndu et brus- quement refroidi apres chaque fusion renferme quatre de ces modifications, savoir : du soufre jaune soluble, du soufre jaune insoluble, du soufre noiret du soufre rouge solubW. On obtientle soufre jaune insoluble en cbauffant le soufre ordinaire a une tem- perature d'environ 360 degres et le refroidissant brusquement; dans cet etat, le sulfure de carbone ne le dissout pas. Si Ton epuise a plusieurs reprises le soufre plusieurs fois fondu ou trempe par du sulfure de carbone, il reste un residu insolu- ble, melange de soufre jaune insoluble et de soufre noir ; a 100 de- gres, cette poudre se prend en une masse d'un brun fonce ; cette masse, traitee de nouveau, apres refroidissement par du sulfure de carbone, donne un second residu un peu plus fonce renfer- mant beaucoup de soufre noir et peu de soufre jaune. On fait fondre encore ce residu a 100 degres; on le laisse refroidir; on traite une troisieme fois par le sulfure de carbone et Ton obticnt un troisieme residu encore plus fonce ; on continue cette meme operation jusqu'a ce qu'on arrive a un residu ou poudre qui ne se fonce plus; on chauffe cette poudre a 300 degres dans un bain d'alliage et Ton refroidit brusquement la masse fondue; elle prend, apres le refroidissement, une couleur tout a fait noire, une consistance molle et comme visqueuse ; dans cet etat, on peut la tirer en fils tres-fins. Au bout de quelques heures, elle durcit et prend une cassure vitreuse, une texture completement amorphe. A l'etat de purete, et sans melange de soufre jaune, le soufre noir est insoluble dans le sulfure de carbone , a peine so- luble dans l'alcool, l'e'ther, la benzine, l'essence de terebenthine, un peu plus dans le chloroforme. II fond a une temperature tres- rapprocbec du point de fusion du soufre ordinaire; del 80 a 200 de- gres, et s'epaissit; par la distillation, il donne du soufre jaune or- dinaire. Maintenu pendant quelque temps a 130 degree, il devient rouge et soluble dans le sulfure de carbone ; la masse evaporee laisse d'abord deposer des cristaux jaunes octaedriques ; il reste une eau mere rouge; celle-ci, par evaporation lente, fournit des COSMOS. hhl cristaux de plus en plus rouges, flnit par devenir e'paisse et vis- queuse, durcit peu a peu si on l'abandonne a elle-meme, el forme une masse rouge et compacte qui ne se dissout plus dans le sul- fure de carbone, insoluble dans l'alcool, l'elher, la benzine, l'es- sence de terebenthine, tres-peudans le chloroforme. Une solution concentree de soufre rouge renfermant nn peu de soufre jaune, donne,parl'evaporation, des cristaux prismatiqucs rouges d'abord, mais bientot jaunes et transparents, imparfaitement solubles dans le sulfure de carbone. Lorsqu'on expose le soufre rouge pendant longtemps a la temperature de 100 degres, il se transforme en soufre jaune soluble. Propagation tie l'electricite dans des plaques nietalliques. Par MM. Kirchhoff et Quij;cke. En e'tudiant par le calcul la propagation de l'electricite dans une plaque circulaire communiquant par deux points de la circonfe- rence avec les reophores d'une pile, M. Kircbhoff e'tait pan enu a determiner l'existence etla forme de lignes d'egale tension, jouis- sant de cette propriete que le potentiel de l'electricite libre a la meme valeur en tous leurs points. Si Ton designe par r la dis- tance d'un point quelconque de la plaque au sommet 0, ou ar- rive Fun des reophores par r' ; sa -distance au point 0', ou arrive le deuxieme reophore;par r\, r'2, r\, ses distances a trois points que Ton peut regarder comme les trois images que donneraientdu point 0' deux miroirs rectangulaires qui auraient pour traces sur la figure deux certaines lignes droites, OP, OQ qui le coupent a angles droit, l'equation generale des lignes d'egale tension est Pour verifier experimentalement ces consequences de la theorie, M. Quincke s'est servi d'abord d'une plaque carree en plomb d'environ 65 centimetres de c6te, sur laquelle elaient traces deux systenies de droites paralleles aux cotes, distantes entre elles de 27 millimetres. Al'un dessommets, et en nn point 0' pris sur la diagonale passant par le point 0, on soudait les extre- mite"s coniques de deux gros fils metalliques. On placait successi- vement une extremite du fil du galvanometre aux divers points ou la diagonale 00' rencontrait les sommets des mailles du reseau rectangulaire trace sur laplaque,etondonnaita l'autre extremile du galvanometre une se'rie de posilions telles que l'aiguille galva- UU8 COSMOS. nometrique ne fut pas deviee. On a pu construire aussi par points plusieurs courbes d'egale tension, et leur forme a ete exactement celle indiquee par la theorie. Cet accord a ete* tout aussi satisfai- sant dans le cas ou la plaque mise en experience etait une plaque circnlaire forniee de deux demi-plaques circulaires, l'une en cuivre, l'autre en plomb : la theorie indiquait que sur le cuivre les lignes d'egale tension devaient Ctre une serie de cercles , les lignes tracees experimentalement etaient en effet des cercles. Diathermansic du verre a diverses temperatures Par M. WlLHELMT. Les experiences de M. Wilhelmy ont ete faitcs avec un ap- pareil de Melloni construit par M. Ruhmkorff et une plaque de verre de 6mm,8 ; cette plaque etait chauffee dans une etuve a air chaud, et maintenue a une temperature constante environ pendant un quart d'heure avant le commencement de l'experience. On la portait dans l'appareil, et on determinait successivement : 1° l'effet du rayonnement de la plaque chauffee vers la pile; 2° l'effet simullane du rayonnement de la plaque et de la chaleur d'une lampe d'Argand transuiise a travers la plaque ; 3° l'effet direct du rayonnement de la lampe d'Argand. La mesure de ces effets etait d'ailleurs donnee par les impulsions initiates de l'ai- guille du galvanometre, convenablement reduites au moyen d'une table determinee par des experiences preliminaires. Voici le re- sultat obtenu : la plaque qui, a la temperature ordinaire, trans- met 635 milliemes de la chaleur rayonnee par une lampe d'Argand, en transmet 672 milliemes a 100 degres, et 722 milliemes a 200 degres. ERRATA. Dans le numero du 12 octobre, au Compte rendu de 1'Academie des sciences, p 37o, nous avons indique, par erreur typographique, comme £aite par M. Plot, la decou^cne du sucre dans l'urine des femmes en couches, des nournces et d'un cer- tain nomine de femmes enceintes. Ce travail est deM. le docteur Hippolyte Blot, chef de clinique d'accouchements de la Faculte. Imprimerie de W. Remqoet et Cie, A. TRAMBLAY , rue Garanciere, 5. proprietaire-gerant. T. IX) 31 octobre 1856. Cinqui£me ann£e. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. M. Babinet veut bien nous donner les premices de l'annoncc suivante : « La planete Jupiter sera eclipsee par la lune, le 9 novembre, a 1 beure 20 minutes du matin, et restera occulte jusqu'a 1 heure 53 minutes. « Ces dates sont pour Paris, temps moyen ; elles out ete cal- culees par M. Daussy, de l'Academic des sciences. Jupiter done reparaitra apres 33 minutes, passees derriere le disque de notre satellite. C'est surtout pour la constatation de l'atmosphere de la lune que ces occultations sont tres-uliles, et tous les astronomes, en possession d'une bonne lunette, devront observer exactement l'effet qui sera produit quand la planete approchera du bord de la lune. Voici ce qui a ete observe au Canada par M. Chalmers, le 19 aout de cette anne'e : II semblait que la lune repoussat la planete et retardat le contact des deux disques. Au fait, la plan&te parut stationnairc pendant quelques secondes, et cependant, a monoeil, elle etait restee parfaitement rondc ; j'allribue cette illu- sion a la refraction. L'espece de stationnement qu'a montre la planete irait tres-nien avecl'hypothese d'une atmosphere, mais la non deformation de la rondeur de son disque est en contradiction avec cette hypothese. Provisoirement je ne crois pas plus a l'at- mosphere de la lune qu'a ses habitants. Mais l'observation de l'occultation du 9 novembre entre 1 heure et 2 heures du matin n'en est pas moins de la plus haute importance pour decider la question. II faudra surtout observer le moment ou le disque eclipse formera un croissant delie, car alors la refraction devra amincir le croissant outre mesure. Quand la planete sera en partie eclip- see, il sera tres-bon de noter si sa surface est plus brillante ou moins brillante que la surface de sa lune. Comme la lumiere du soleil, quand elle illumine Jupiter est vingt-septfois moins intense que quand elle eclaire la lune, il est curieux de comparer l'eclat intrinseque des surfaces des deux astres. » — Les experiences de lumiere electrique que nous avons an- noncees ont eu lieu en effet le dimanche 26 et le lundi 27 octobre 17 450 COSMOS. dermefs. MM. Eacassagne ct Thiers ont installe quatre tie Ieurs lampes eleclriques sur la plate-forme de l'Arc-de-Triomphe de l'E- toile, de manierc a projeter leur lumiere le premier jour sur les Champs-Elysees ou du c6te de la place de la Concorde, le second jour sur les avenues Saint-Cloud, de l'lrnperalrice, de Neuilly, etc. II leur avait etc impossible de faire monlcr par l'cscalicr tournant du monument l'appareil regulateur el repartiteur eleclro-melrique du courani ; ils outdone alimente separement cliaque lampc avec unc pile de soixantc elements de Bunscn. Cliaque lampe en oulre etait muihe d'un reflecteur spheriquc, en metal ou en verie ar- gente par la pile, place en arriere du foyer lumineux pour concen- trer la lumiere et la lancer en larges faisceaux qui se dessinaient parfai lenient dans Fair et portaient tres-loin leur clarle. L'illumi- nalion du premier jour a etc moins brillante que cclle du second, parce que l'eclairagc electrique avait a lutter avec les innombra- bles bees de gaz des Champs-Elysees ; il les faisait palir sans doute, ou mieux il les reduisait a l'etat de mecbes fuligineuses brulant d'une lumiere jaune tres-peu intense, mais en les eteignant il per- dail relativement de son eclat. Le lundi soir, aucontraire, surtout dans l'avenuc de l'lmperairice qui n'a pas encore de reverberes, l'eclairage electrique conservait toute sa puissance, et son efTet etait tres-satisfaisant ; on lisait sans peine a trois cents metres. mi Lacassagne et Thiers auront beaucoup plus de succes en- core quand ils abandonneront le systemc mauvais, ils le sa\ent aussi bien que nous, de reflecteur s spheriques ou paraboliques dresses verllcalemenLen arriere du foyer lumineux. Onnepourra reellement juger de l'effet du nouvel eclairage que lorsqu'on aura installe la lampe electrique sur une colonne elancee h unc assez grande hauteur, etqu'on l'aura surmontce d'un large abat-jour de comiture tres-faible , qui dissemine les rayons sous forme de cone tres-obtus, etlcsfasse atteindre tres-loin. Les lampes instal- lees sur l'Arc-de-Triomphe ont si bien fonctionne' pendant les trois ou quatre hemes d'experiences, ilest si certain qu'elles fonction- neront toute la nuit sans s'etcindre, pourvu qu'on les garantisse des courants d'air par de larges cylindres en verre, que le moment nous semble venu de faire uja essai d'eclairage c!lectrique reel sur l'une des places de Paris, la place de la Concorde par exemple, la place Vendome, ou mieux encore la place du Carrousel. II nous semble impossible que l'administration municipale ou le minis- tere d'etat ne se prelent pas de grand cceur a la realisation de ce progres important. MM. Lacassagne et Thiers ont fait pour le hater COSMOS. 451 tout ce qu'ils pouvaicnt, ct nous les fe'licitons sincerement du succes de leur essai grandiose. Jamais appareils eleciriqucs n'a- vaient fonctionne a Paris sur une aussi vaste echelle et avec au- tant de regularite ; nous souhaitons ardemment que quelque ap- plication reellc ct lucrative les dedommage de tant d'habilete, de peincs, de sacrifices et de depenses. — M. Bertsch nous prie de faire en son nom, et le plus tut, pos- sible, la rectification suivante : « Dans ma note sur nos essais de photographic de la lune, je dis de la lunette de M. Porro : cet instrument a 52 centimetres de diametre, 27 d'ouverturc et 15 metres de longueur focale, cela est faux; l'OBJECTIF A 54 CENTIMETRES DE DIAMETRE, 52 CENTIMETRES D'OUVERTURE ET 15 METRES DE DISTANCE FOCALE. VOUS COmpreilCZ qu'un verre de ce diametre, qu'il faudrait reduire par un dia- phragme a 27 centimetres d'ouverturc, ne vaudrait pas grand'- chose. Je serais au desespoir d'avoir contribue, par une erreur de redaction, a discrediter un instrument qui est, sans contredit, le plus rem arquable qu'on ait fait en ce genre. » Nous avions remarque l'incorrection de ce passage de la note de M. Bertsch, et si nous ne l'avons pas modifie, e'est qu'il nous semblait que tout lecteur intelligent l'entendrait dela maniere sui- vante : La lunette a 52 centimetres de diametre a I'objeclifet 27 cen- timetres d'ouverturc a loculaire. Sous cette forme il n'y aurait eu d'inexact que le chiffre 27 auquel ilfaut substituer 20. —MM. Mayer et Beaumont, inventeurs del'appareilthermo-gene- rateur, dont nous avons deja parle tant de fois, nous invitent nous, nos amis, nos lecteurs, a assister a de nouvelles experiences pu- bliques destinees a mettre une derniere fois hors de contestation le fait de la production de la chaleur par le frottement, sans com- bustible, sous forme de vapeur et d'air chaud. Ces experiences, d'un si grand inleret pour la science et pour rindustrie, auront lieu tous les jours du 15 octobre au 15 novembre, de 3 a 5 heures- de l'apres-midi, arusineBertauxetC'1, quai Jemmapes, 226, canal Saint-Martin, presqu'en face de la rue de Lancry. — M. Barral vient de publier la secoude edition de son Traite complet du drainage des terres arabes; nous en publierons pro- chainement l'analyse. — M. Becquerel pere commencera son cours de physique ap- pliquee,- au Museum d'histoire naturelle, le lundi 3 novembre, a onze heures un quart, ct lc conlinuera les mardis et vendredis suivants a la meme heure. PIIOTOGRAPHIE. H'ouvellc boile ct nouveau chassis pour plaques scnsibilisces Tar M. l'aLib6 Lavaud de Lestrade. Cette boite est munie de deux portes opposdes A et B qui glis- sent dans des rainures pratiquees dans le cadre CDEF, et que Ton a representees ici a moitie ouvcrtes. Sur les cOtes CD et EF du cadre, on a fait en G, H, I et K de petites mortaises rectangulaires de 5mm environ sur lmm,15. Ces mortaises traversent la paroi de part en part; elles sont disposers sur deux rangs, de maniere que celles d'un rang allernenl avec cellos de l'aulre, comme on peut le voir COSMOS. Z,53 en G ou mieux figure 1. On comprendra plus tard la raison de cette disposition. De plus, entre les mortaises 1 et 2, 2 et 3, etc., on a menage un espace suffisant pour recevoir une glace, 2 ou 3mm environ. Une plaque de cuivre recouvre exterieurement chacune des series de mortaises G,HI el K, et on a fait dans cette plaque une petite ouverture circulaire correspondant au milieu de cha- cune des mortaises; en voici la destination : La figure 2 represente en coupe une petite piece composee de trois parties : a petit morceau de corne; b petite tige metallique fixee d'une part au morceau de corne, et d'autre part au bouton c. II y a autant de ces petites pieces qu'il y a de mortaises : le mor- ceau de corne glisse a frottement doux dans chacune d'elles; la tige metallique traverse l'ouverture circulaire menagee dans la plaque de cuivre, et le bouton c se trouve en dehors de la boite : en poussant ce bouton de dehors en dedans, on pousse par la meme le morceau de corne, qui fait alors saillie dans l'interieur; en l'attirant en sens contraire, le morceau de corne rentre enlie- rement dans la mortaise. Supposons qu'il s'agisse de placer dans la boite que nous venons de decrire, des glaces sensibilisees et pretes a etre exposees dans la chambre noire; j'onvre entitlement la porte A et je ferme la porte B; j'attire toutes les fiches (j'appellerai ainsi la piece de la figure 2) de dedans en dehors, sauf les quatre fiches qui se trou- vent au fond et sont marquees du n° 6 ; je prends une glace et je la laisse toinber doucement, la face collodionnee en has, sur les quatre fiches qui la retiennent. Je pousse alors les fiches n° 5, et je depose sur elles une seconde glace, la face encore tournee vers la terre. Je continue a deposer des glaces de la meme maniere, jusqu'a ce que la boite soit pleine ; ici on pourrait en mettre cinq ; mais on voit bien qu'en augmentant l'epaisseur de la boite et le nombre des fiches, on pourrait en mettre davantage. La cinquieme glace etant deposee, on pousse les fiches n° 1 et on ferme la porte A. On a soin de plus de faire une marque sur la porte B, vers laquelle est tourne le cote collodionne des glaces. La boite est alors prete a emporter en campagne. Voyons maintenant comment on pourra placer ces glaces dans le chassis et les en retirer sans craindre la lumiere. Le chassis donton se sort pour cela dilTere du chassis ordinaire en ce que le volet posterieur, au lieu de s'ouvrir a charniere, glisse entre deux rainures. Ces rainures sont d'ailleurs tellement espa- cees que la boite a plaque peut y entrer et s'y substituer au volet, ht>k COSMOS. soil par la face A, soit par la face B, au moycn de languettcs qui font saillie sur les faces latdrales CD et EF en haut et en has. S'agit-il de ddposcr une glace dans ce chassis, on enleve le volet postericur, on pousse a la place la boite du c6te B, jusqu'a cc qu'un arret menage a dessein indique qu'clle est a la place qu'elle doit occuper. On attire la portc B. Les petites griffes en cuivre 0 et P la laissent s'ouvrir seulement aulant qu'il est ndcessaire pour que la glace puisse tomber sans obstacle. II ne reste plus alors pour determiner sa chute qu'a attirer de dedans en dehors les fi- ches n° 6, et elle tombe sans peine sur la feuillure du chassis. On referme la porte B. Separons maintenant le chassis de la boite a plaques sans que la lumiere puisse gater notrc epreuve. On prendle volet du chas- sis, on 1' applique contre la feuillure BS de la boite et on pousse la Loite avec ce volet, jusqu'a ce qu'il ait pris sa place. On peut alors placer le chassis dans la chambre noire. Laissons la glace s'hn- pressionner et revenons a notre boite. Nous nous rappelons qu'entre les fiches n° 5 et n° 6, il n'y a plus de glace. Poussonsles fiches n°6 que nous avions laissees ou- vertes, ouvrons au contraire les fiches n° 5; la glace qu'elles rete- naient descend d'un cran. Poussons les fiches n° 5, ouvrons les fiches n° k et continuons ainsi jusqu'au haut; chaque glace des- cendra d'un cran, et entre les fiches n° 1 et n° 2, il y aura une place vide ; c'est la que nous allons mettre la glace de'posee pre- cedemment dans le chassis et que nous supposons impres- sionnee. La boite etant tournee la face A vers la terre, on applique la parlie TV contre le volet du chassis, et engageant ainsi la boite dans la rainure, on pousse le volet pour mettre la boite a la place ; on ouvre la porte A et les fiches n° 1, on tourne l'appareil sens dessus dessous, et la glace tombe du chassis dans la boite. Le reste de ^operation so comprend sans peine. Inutile d'ajouter qu'on peut, au lieu de glaces collodionnees, mettre dans la boite des plaques daguerriennes ou des feuilles de papier sensibilisees; il sui'fira pour celles-ci de les tendre sur un morceau de verre. SOCIETE D'ENCOUMGEMEKT Seance du 15 octobre. — (Suite et fin.) M. Pierre Klein, ancien juge au tribunal dc la Seine, adminis- trateur de la Gaissc d'epargnes, adminislrateur ordonnateur de l'un des bureaux de bienfaisance de Paris, adresse son impor- tante et interessante notice sur les fourneaux economiques pour la vente des portions alimentaires a cinq centimes. Nous desirons ardemmcnt que ce petit opuscule que Ton trouvera cliez l'auteur, rue des Balailles, 30, oblienne une immense publicity. Les four- neaux economiques sont, comme 1'on sait, une beureusc et bicn- faisante initiative de Leurs Majestes l'Empereur et l'lmperatrice, qui ont voulu realiser ainsi un systeme d'assistancc plus general, plus large, mieux adapte aux ne'cessites speciales de la vie ou- vriere a Paris et dans le departement dela Seine. lis sont ouverts sans distinction a tous ceux qui ont a souffrir des rigueurs de l'hiver et de la crisc prolonge'e des subsislances. Tous peuvent y trouver, au prix de cinq centimes, une ou plusieurs des portions alimentaires suivantes : un demi-litre de bouillon de boeuf; 70 grammes de viande cuite; 45 centilitres de legumes cuits au gras; un demi-litre dc potage au riz. Du 27 decembre 1855 au 15 mai 1856, 68 fourneaux ont fourni 5 millions de portions, en- viron 45 000 par jour, et cbaque consommateur ne prenant en moyenne que deux portions, on a ainsi nourri pendant quatre mois d'hiver, dans des conditions inou'ies de bon marche, 22 k 23 000 personnes. Le prix de cinq centimes par portion semble extraordinairement petit; M. Klein demontre cependant que le fourneau fonde par lui a Cliaillot, dans la maison des Filles de la sagesse, avec le concours de M. le prefet de police et dequelques personnes bienfaisantes, aproduit, apres quelques mois d'exploi- tation, un excedant de recettes relativement considerable, qui poarra etre employe, soit en oeuvres de bienfaisance, soit a l'a- morlissement dn petit capital engage dans retablissement. M. Klein enumere en detail : 1° les frais d'etablissement, qui comprennent l'acquisition de l'appareil destine a la cuisson des aliments, des divers uslensiles de cuisine, du linge, etc., les tra- vaux d'appropriation du local, etc.; 2° les frais d' exploitation; 3° les prix de revient des aliments, bouillon, bceuf bouilli, hari-? cots rouges et blancs, pois de Lorraine , riz de l'lnde. Si tout est convenablement dirige, surveille, etc. ; le benefice net dc cbaque A56 COSMOS. jour atteindra le chiffre de 68 centimes, ce qui pour 180 jours fera un benefice total de 122 fr. U0, pour un fourneau qui deli- vrera chaque jour 600 portions, 105 de bouillon, 135 de viande, 80 de riz, 280 de haricots ou pois. M. Klein indique un moyen facile et excellent d'amelioration de la situation des fourneaux; que les personnes bienfaisantes qui craignent que les indigents ne fassent un mauvais usage des dons en argent, leur donnent des bons pour des portions d'ali- ments, qui leur seront remis par les directeurs ou directrices des fourneaux, a un prix un peu superieur au prix de vente des por- tions, a dix centimes, par exemple; le benefice des fourneaux sera alors beaucoup plus considerable. Nous renvoyons a la notice pour les details relatifs a l'organi- sation et au service. des precieux etablissements dont nous par- Ions, a la preparation des aliments, etc., etc. Elle conclut ainsi r Frais d'etablissement presque insignifiants, frais d'cxploitation completement nuls, tel est Favantage materiel des fourneaux. Systeme d'assistance le plus large, et en meme temps le plus simple dans son application, se reglant lui-meme sur l'etendue des besoms, respectant la dignite de l'assiste, sauvegardant, dd- veloppant les habitudes d'ordre et de travail, tels sont leurs avan- tages moraux. Mais il importe de ne pas oublier que s'ils n'en- trainent pas de sacrifices pecuniaires, ils obligent a une vigilance extreme, a la surveillance la plus attentive de tous les details- d' execution. — M. Klein, dans sa notice, recommandait un aliment qui, sous le nom de gruelline, est d'un usage fort repandu dans diverses contrees de la France et de la Suisse. « 11 se prepare, disait-il, sous la forme d'un potage d'un gout fort agreable et tres-subs-- tantiel ; son prix de revient est inferieur a celui des legumes sees et descend presque au niveau de celui du riz de l'lnde. » Or, il est arrive que la gruelline a fait son apparition a la Socie'te d'encou- ragement dans la seance dont nousfaisonsle compte rendu. C'est de l'avoine torre'fiee et traitee par la vapeur a une temperature elevee, operation qui aurait pour efi'et immediat de transformer en dextrine une grande portion de la fecule ou amidon primitif de l'avoine; aussi, tandis que la composition cbimique de l'avoine est : amidon, 60,59, matieres azotees, 14,39; dextrine, 9,25, huiles essentiellcs, matieres grasses, 5,50; matieres minerales, 3,25; cellulose, 7,02; celle de la gruelline est: amidon, M,75; ma- lieres azotees, 14,50; dextrine, 28,25, matieres grasses, 5,50; COSMOS. kbl matieres mine'rales, 3; cellulose, 7; pendant que l'avoine contient 60,59 de fecule, et le rlz 89, la gruelline n'en contient que M,75; elle renferme au contraire 28,25 de dextrine, alors que l'avoine n'en renferme que 9,25 et le riz 1. La torrefaction, en oiUre, en privant le grain de son humidite, previent la fermentation et la rancidite des matieres grasses. La gruelline est fabriquee dans l'usine de MM. Grenier, de Rameru et Compagnie, a Torpes, pres Besancon ; elle a ete l'objet d'un rapport si favorable presente a la Societe d'agriculture du Doubs, par M. le docteur Grenier, professeur a la Faculte des sciences, que M. le prefet du Doubs, par une circulaire en date du 17 Janvier 1856, a invite tous les maires de son departement a en propager l'emploi. La maniere la plus simple de la manger consiste a la verser dans l'eau bouil- lante, dans la proportion de 40 grammes par litre; on maintient l'ebullition jusqu'a parfaite liaison, et Ton ajoute le sel necessaire. Nos lecteurs se rappelleront sans doute que nous avons consa- cre un long article l'annee derniere a l'avoine, considered comme substance alimentaire du premier ordre; nous ne pouvons done qu'applaudir a l'apparition de la gruelline, qui n'est au fond que notre vieux gruau de Bretagne, et dont le succes justifie pleine- ment nos assertions. — M. le docteur Fnrnari soumet au jugement de la Societe un long et interessantmemoire sur la bnjone, considered au point de vue economique, industriel et agricole. Cette plante, appelee quel- que fois navet du diable, a cause de ses proprietes drasliques , a une racine vivace, cbarnue, grosse comme le bras, quand elle est jeune, et aussi grosse que la cuisse quand elle est vieille. D'a- pres les recberches de M. Furnari, cette racine, riche en matiere feculente, peut etre utilisee de trois manieres differentes ; on peut : 1° Retirer la fecule et conserver le principe extractif pour l'u- sage medicinal; 2° Trailer la racine en masse pour convertir la fecule en glucose et obtenir de l'alcool ; 3° Priver cette racine du principe amer soluble, obtenir une espece de cossette, la reduire en poudre, etl'utiliser comme subs- tance alimentaire. L' extraction de la fecule se reduit a l'operation bien simple de laver et de raper dans l'eau la racine qu'on soumet ensuite a la presse. On doit laver la fecule tres-blancbe, qui se precipite, jus- qu'a ce qu'elle ne presente plus d'amertume. Ce sont les racines plus jeunes et qui ont ete arrachees vers la fin de l'automne qui 458 COSMOS. donnent lo plus do iVcnlo. M. Furnavi calculc le rendement a 16 ou 17 12 dc iecule pour 100 dc racine. 11 retire dc la racing 8 I 2 pour 100 d'alcool a 21 degres. Ce liquide conserve un peu l'o- dcui' de la bryone, mais celte odour esl moins forte que dans los alcools do pommc de terre et de betlerave. Pour obtenir la eossette alimenlairc, rautour recommando de couper la racine en rubans ou on roiulclles minces et dc la soumcllre a un courant d'eau continue; ce lavage enlevc toute trace damcrlume, et la eossette, reduile en poudre , pourra etre utilisee comme substance alimontairo. M. Furnari croit avoir trouve dans la bryone une ressource plus precieuse encore que la fecule et l'alcool : e'est un produit oleagineux qu'il a retire des graioes do la plante; Ik grammes de graines lui ont l'ourni, au moyen de Tether, 2 grammes d'huile de bonne qualite. 11 se pro- pose de revenir plus lard surcette question. La derniere pariie de son memoire est consacree a Tetude minu- tiouse do la culture do la bryone et sa propagation dans les lieux incultos. \ous mentionnerons settlement qu'il n'esl pas diflicilc de cultiver une plante qu'on trouvo naturellcmcut dans de mau- raises conditions climateriqueset sur les terrains les plus incultes et los plus varies. L'auteur a la certitude qn'un mauvais terrain planto en bryone donnera plus de benefice qu'un excellent ter- rain plante, par exemple, en bottorave. La Societe a autorisee Tinsertion du rapport dans son Bulletin, et en remorciant Nh Cb. Furnari de sa communication, elle lui temoigne sa satisfaction pour l'ulilite de ses rccberches, ogale- ment importantes pour la question des subsistances et pour le progres dc ^agriculture. ACADEME DES SCIENCES. Seance du 27 octobre 1850. M. de La Blanchere, photographe tres-dislingue, transmet, dans un memoire manuscrit, la description d'une melhode rapide de photographic sur papier cire, ct des considerations the'oriques et pratiques relatives a ce procede. Nous nous conlenlerons de donner aujourd'hui un apercu rapide, line sorte dc tabic des ma- tieres du Memoire presente : « Consideration sur la me'thode du papier cire on general. — Choix du papier. — Cire pure. — Composition du bain iodurant nouveau. — Question de l'encollage. — L'auteur expliquc les con- ditions spe'ciales' auxquelles il doit satislaire, et comment le nou- vel encollage doit se comporter dans le bain d'argent. — Temps dimpregnation. — Inconvenient des bains ordinaires. — Reiodu- ration. — Avantage de cette methode. — Bain d'argent. — Temps d'excitation. — Explication de l'effet cherche. — Rapidite tres- grande donnant les images. — Developpement dc l'image. — Composition. — Temps. — Accidents divers. — Moyens d'y re- medier. — Fixage. — Consideration sur la maniere de prendre les points de vue. — Difficultes de l'effet. — La peinture rend comme elle veut, la photographie ne donne que la nature. — Maniere de l'envisager. — Point unique qui donne l'effet. — Im- possibilites. — Sacrifices. — Reflexions generales. a Le nouveau procede esttres-simpleet presque aussi rapide que le procede au collodion humide, puisqu'il reproduit les nuages : les epreuves presentees par M. de La Blanchere ont un aspect tout particulier et grandement remarquable ; elles ont excite une admiration universelle. — if. Alexandre Wattemare offre a l'Academie un exemplaire du Compte rendu de l'expedition de l'escadre americaine, sous les ordres du commandant Perry, dans les mers de la Chine et du Japon, en 1852, 1S53 et 1854, ouvrage d'un grand luxe typogra- phique , rempli d'illustrations , imprime par ordre du Congres federal des Etats-lnis d'Amerique , et faisant partie des docu- ments legislatifs publies annuellement par ce grand corps po- litique. Nous regrettons vivement que l'encombrement des mar- bres de rimprimerie ne nous permette pas de reproduire aujour- d'hui la lettre pleine d'inleret dans laquelle _AI. Wattemare nous apprend ce que c'est au fond que cette collection qui porte le 460 COSMOS. titre de Legislative documents, titre qui est loin de donner une idde des immonses recherches scientifiques, artistiques ct indus- trielles qu'elle renferme. Ce n'est rien moins , par le fait , qu'une vaste encyclopedic americaine. De 1789 a 1855 inclusivement , il lie s'est pas fait aux filats-Unis une exploration scientifique, un travail de la moindre importance, pas une decouverte, pas une amelioration quelle qu'elle fut, qui nc se trouve decrite en entier et magniflquement illustre dans ce recueil compose deja de plus de mille volumes. — ML Jobard (de Bruxelles) adresse une note sur le parti que Ton pent tirer du gaz naturel des houilleres ou du grisou, pour l'eclairage, soit dans les mines elles-memes, soit au dehors. II y a la unegrandepensee, etl'on s'etonne a bon droit qu'on n'en ait pas tire parti plus t6t. Le moyen de prevenir a tout jamais le sex- plosions de grisou , n'est-il pas de maintenir sans cesse allumes, au sein des mines, des bees de gaz? Le grisou serait alors con- sume a mesure de sa production et de son degagement; il ne pourrait plus s'accumuler, se condenser et detoner a l'approche de la lumiere apportee par un imprudent. On a remarque, dit M. Jobard , que dans les mines ou le travail est interrompu le dimanche, le lundi etait souvent signale par des explosions; n'est-ce pas une preuve de ce que nous disions tout a l'heure; le gaz qui n'avait pas ete brule le dimanche, s'ajoutait a celui du lundi et devenait une cause de danger. Les journaux anglais an- noncaient recemment qu'un directeur de houilleres avait resolu d'eclairer ses galeries par des bees de gaz. A cette annonce un ecrivainfrancais demandait avec anxiete comment on pourrait en- tourer chaque bee de gaz d'une toile metallique comme on le fait de la meche de la lampe de Davy. Ces craintes sont vaines ; on se gardera bien d'empecher le grisou de venir se bruler aux bees de gaz, trop heureux de substituer une combustion lente et par petites portions, a un embrasement general avec explosion. Nous le repetons, l'eclairage continu au gaz des galeries de mines sera probablement un immense et bienfaisant progres. — M. le docteur Lcgrand appelle l'attention sur les avantages" de la cauterisation avec la potasse caustique, dans le traitement des ulceres eresypelateux. — ML labbe Raillard, dont M. l'abbe Moigno croit pouvoir afflrmer que personne n'a plus et mieux etudie que lui les phe- nomenes me"teorologiques, adresse une note sur les eclairs sans tonnerre et les tonnerres sans e'clairs. La voici un peu abregee. COSMOS. 461 Les comples rendus de l'Academie des sciences ont enregistre" a plusieurs reprises des observations de M. A. Poey sur les ton- nerres sans eclairs et les eclairs sans tonnerre. Qu'il me soit per- mis a ce sujet de faire remarquer que c'est pendant le jour que l'ou entend bien souvent le tonnerre sans qu'on ait vu d'eclairs, et que c'est pendant la nuit que Ton voit bcaucoup d'eclairs sans qu'on enlende ensuite le tonnerre. Mais qu'on me permette aussi d'ajouter que de pareilles distinctions sont loin d'avoir l'impor- tance que certaines personnes semblent leur attribuer. J'en dirai autantde la distinction qu'on a faite do plusieurs classes d'dclairs. A proprcment parler, il n'y a pas d'eclairs sans tonnerre, ni de tonnerre sans eclairs, et il n'y a d'eclairs que d'une seule sorte. La derniere de ces trois propositions e'tantbienetablie, ilme sera facile de justifier les deux autres. C'est evidemment par un abus d'expression qu'on a donne le nom d'eclairs en boule a des globes de feu d'une nature encore tres- peu connue, dont on a signale 1' apparition sous des images ora- geux dans de rares circonstances. Selon quelques physiciens, ces globes pourraient bien avoir certains liens d'une parente qui me paraitdouteuseavecl'oxygene ozonise; mais a coup sur, cenesont pas des eclairs. On pourrait avec autant de droit donner ce nom auxfeuxfollets, aux bolides, a toute espece de meteore lumineux. Restent done les deux premieres classes d'eclairs d'Arago, savoir : la classe des eclairs a sillon nettement defini, et celle des eclairs a lumiere diffuse. Or, ces deux dernieres classes doivent sereduire a une seule; cardans chaque eclair, ily a toujoursune ligne brillante plus ou moins sinueuse, et semblable aux etincelles que Ton tire du conducteur d'une forte machine electrique. Lorsqu'on ne voit pas le sillon lumineux , mais seulement une lueur vague, plus ou moins vive , ce qui est le cas le plus commun, c'est que ce sillon est cache dans l'interieur du nuage ou derriere un rideau suffisamment epais, qui nous empechent de recevoir di- rectement les rayons qui enemanent. Ces rayons ont ete refractes ou reflechis, et par consequent affaiblis par les goutles de pluie ou les globules tres-fins dont se compose le nuage. Alors le nuage ou la pluie produisent un elfet pareil a celui d'un transparent place devant la flam me d'une bougie. Ainsi le meme eclair peut presen- ter un sillon brillant ou seulement une lumiere diffuse aux yeux de l'observateur, selon l'endroit ou celui-ci se trouve place. Cet e*clair appartiendrait done tout a la fois a la premiere et a la deuxieme classe d'Arago. Bien plus, il pourrait encore etre range Z,62 COSMOS. dans une nouvelle classc d'eclairs qui n'ont pas encore ete signa- led , quoique les exemples en soient pourtant beaucoup moins rares que ceux des pretendues eclairs en Louie, car il prcsenterait a un observateur convenablement place, une apparence qui ne serait ni cello d'un trait dc feu, ni celle d'une lumiere diffuse, mais d'un veritable ruban lumineux d'un, de deux, dc trois degres, ou plus de largeur. J'ai cu b'ien des fois l'occasion de voir des dclairs offrant cette apparence ; je l'cxplique naturellement en supposant lc sillon plonge dans le nuage ou la pluie a une profondeur inca- pable de le cacber entiercment, mais capable de lc faire parailre beaucoup plus large qu'il ne Test en realite. C'est ainsi que le disque du soleil parait considerablement agrandi, mais tres-mal termine* derriere certains nuages ou brouillards qui ne sont pas assez e'pais pour le cacber tout a fait. Les eclairs en ruban sont pareillement a bords mal tcrmines ; leur lumiere est beaucoup plus vive au milieu, et va s'affaiblissant par degres insensibles en s'en eloignant. lis offrcnt ainsi une sorle de transition entre les eclairs a sillon brillant et nettement trace et les eclairs a lumiere vague et embrassantun cspace tres-grand dans toutes ses dimen- sions, lis justifient la proposition que j'ai avancee, savoir, qu'il n'y a qu'une sorte d'eclairs. Toutes les apparences , si variees qu'clles soient dans les diffcrentes eclairs, provienncnt dc Pinter- position de la pluie ou du nuage et de la varietc des formes de celui-ci. Maintenant il est aise de comprendre qu'il ne peut pas y avoir d'eclairs sans tonnerre. Si la plus petite etinccllc que Ton tire d'une macbine electrique produit un bruit sensible, il est evident qu'un eclair qui n'est qu'une vaste etincelle electrique, ne doit pas se produire sans etre accompagne d'une detonation propor- tionnee a sa grandeur, et si biensouventon'ne l'entend pas, cela tient a son trop grand eloignement. C'est pendant la nuit que cet effel doit surtout se produire, puisque alors de faibles lumiures sont visibles a de tres-grandes distances; et si memo quelquefois on voit briller a une petite distance du zenith, des eclairs qui ne soul pas suivis d'un bruit perceptible a notre oreille, il faut en conclure que ces eclairs ont peu d'etendue et qu'ils ont e'clate a une tres-grande hauteur. J'ai observe un nuage dont la partie superieure etait sillonnee d'(;clairs tres-frcquents, a la hauteur de plus de onze kilometres. J'ai pu l'evaluer d'une maniere certainc, par la melhode connue de Bernouilli. Or, la densite de Fair a cette hauteur est a peine le COSMOS. 463 tiers de ce qu'elle est au niveau de la mer. Doncles eclairs doivent y Otre moins forts, mais plus frequents, puisque la distance ex- plosive est en raison inverse de la densite; et le bruit qu'ils pro- duisent doit etre considcrablement affaibli, il n'est done point etonnant qu'on ne l'entende pas. Quant a ce que Ton est convenu d'appeler eclairs de chaleur, ce sont des eclairs ordinaires qui se produisent a de tres-grandes distances, et quelquefois menie sansquon voie un seul nuage au- dessus de l'horizon. Le soir du 7 aout dernier, j'ai vu depuis le plateau de Montormentier, pres deFonlaine-Francaise, briller, dans la direction du sud, des eclairs de cette espece et sans qu'il yeut de nuage apparent dans l'atmosphere. Quelques jours apres, les journaux de Marseille annoncaient qu'un violent orage avait eclate sur cette ville a la meme beure. Gependant les partisans des eclairs de cbaleur n'auraient pas manque de donner cette qualification a ceux que j'ai apercus alors. Quelques personnes comparent les eclairs les plus communs aux decharges electriques dans levide ou dans un airrarefie. La comparaison n'est pas exacte ; Fair des regions ou se developpent les eclairs n'a pas babituellement le degre de rarefaction de celui de nos appareils que l'electricite traverse sans bruit perceptible, et en larges trainees lumineuses. Aussi j'ai vu de nombreux sillons a la hauteur de pres de douze kilometres que j'ai signalee precedemment, et ces decharges ne pouvaient pas etre silen- cieuses. Je ne dirai qu'un mot surlestonnerres sans eclairs. Onnepeut en signaler que pendant le jour, e'est-a-dire lorsque la lumiere du soleil empeche de voir celle des eclairs, aussi bien que celle des planetes et des etoiles les plus brillantes. Mais on n'entendra jamais pendant la nuit un coup de tonnerre qui n'ait pas ete pre- cede d'un eclair. — Son Excellence M. le ministre de l'instruction publique au- torise FAcademie a prelever sur les reliquats des prix Monlhyon la somme necessaire pour couvrir les frais d'impression du grand etbeau Memoire de M. Van Beneden, quia remporte le grand prix des sciences physiques, il y a deux ans. — M. Guerry, pharmacien a LavaL adresse la description d'un nouveau procede d'argenture, de dorure et de platinure a froid sur toutes sortes de substances. — M. de Candolle his fait hommage du quatorzieme volume de son Prodromus ou Description generale des plantes du monde, ve- 464 COSMOS. ritable monument eleve & la science, dit M. Flourens, et qui suf- lirait a illustrer l'epoquc qui l'a vu surgir. — M. Payer adresse une nouvelle livraison de son Traite d'or- ganogenie vegetale, et annonce que ce bel ouvrage sera terming avant un mois. — M. Dureau de la Malic fait sur ramelioralion oula regenera- tion des especes domestiques par le retour a l'ctat sauvage, une longue lecture que nous regrettons vivement de ne pas entendre. Nous l'analyserons avec le plus grand soin. — M. Payen lit une note aussi tres-intercssante sur les racines charnues du cerfeuil bulbcux. II y a tres-peu de temps que nous avons appele l'attention des lecteurs du Cosmos sur cette nouvelle plante alimentaire. Le but de la note tie M. Payen est d'abord de demontrer par Fanalyse chimique que la valeur nutritive des bulbes du nouve.au cerfeuil est plus grande que celle de la pomme de terre, dans le rapport de 100 a 71,47. La pomme de terre, en effet, contient enmoyenne 74 d'eau et 21 de fecule, tandis que les bulhcs contiennent 63 d'eau seulement et 27,8 de fecule. M. Payen de'ciit avec beaucoup de details la fecule de ces bulbes; il indique un moyen d'extraction plus efficace ; il montre enfln comment, en ne plantant que des bulbes d'une clensite tres-grande, on pourra donner aux bulbes a venir plus de volume et plus de poids. Le cerfeuil bulbeux est deja cultive sur une assez grande echelle dans des jardins des environs de Paris, notamment a Vitry-sur-Seine. — M. Marcel de Serres a decouvert de quelle maniere les mol- lusques peuvent alte'rer et percer les coquilles qu'ils habitent. Leur agent d'usure ou de perforation est l'acide urique repandu dans leurs organes. — Son Altesse Monseigneur le prince Charles Bonaparte, quoi- que tres-souffrant, a assez d'energie pour faire taire ses douleurs, et lit deux longues notes. La premiere a pour objet rornithologie fossile qui n'a pas trouve, et qui attend son Cuvier ou son Agas- siz; encore tres-pauvre, mais que l'avenir enrichira'; il passe en revue rapidement tous les oiseaux fossiles rencontres en France, en Angleterre, en Allemagne, en Amerique et dans le Nouveau- Monde. Nousrevicndrons une autre fois sur ce sujet neuf et inte- ressant, nous contentant aujourd'hui de publier la seconde note lue par le noble et savant ornithologiste sur le genre Heliornis et les Heliornithides. Une espece aberrante de Totipalme, le Grebi-foulque de Bulfon, Pl.ent. 893. (Plotus surinamensis, Gm. — Colymbus fulica, Bodd. COSMOS. 465 Heliornis surinamensis, Bp.) apres avoir dte" ballottee des Palmi- pedes aux Echassiers, des Grebes aux Foulques, desAnhingas aux Plongeons, a ete successivement elevee au rang de genre, de sous- famille et de famille. C'est au clairvoyant et scrupuleux zoologiste beige, M. le senateur de Selys Longcbamps, digne gendre de°l'il- ^ustre d'Omalius d'Halloy, qu'est due l'initiative de la regarder comme type des Heliornithides, famille que j'ai enfin adoptee moi-meme apres avoir hesite longtemps, ne la conside'rant que comme sous-famille, des Heliornithiens. Quelle que soit la valeur que Ton veuille accorder a ce groupe, il est maintenant compose de cinq especes (grace a la nouvelle que j'introduis dans la science) reparties en trois genres, Heliornis, Podoa et Podica. Le premier, etabli en 1790, par Bonnaterre, sous un nom que par erreurseulement Boie a transports a VHelias ou Euripyga, ne comprend que la petite espece americaine anciennement connue. Le troisieme n'est aussi compose que d'une seule espece, orieir tale (de laMalaisie) recemment decrite et figure'e par Gray, sousle nom de Podica .per sonata dans les Proceedings de la Societ'ezoolo- gique de Londres. Nous lui appliquons exclusivement le nom de Podica, tout en craignant et deplorant d'avance la probability qu'on lui en donne un autre. Les trois autres especes, toutes africaines, appartiennent au genre auquelnous re'servons le nom de Podoa, Uliger (1811), synonyme a la verite de Heliornis, mais que nous croyons avoir, suivant nosprincipes de nomenclature, non-seulement le droit, mais le devoir delui attribuer. Autrement ce serait le nom de Rhigelura, Wagler, qu'il faudrait choisir, car c'est evidemment a tort que Cabams transpose en sa faveur celui ^Heliornis et que Lesson le modifie en celui de Podica. Les trois especes en question se trouvent depuis longtemps exposees dans nos galeries , mais confondues sous le nom de Podoa senegalensis. Deux en effet semblent originaires de la cote occidentale du continent africain, tandis que la troisieme, la plusgrande, qui vient d'etre decrite comme propre a la c6te orien- tale de cette troisieme partie du monde, sous la triple appellation de mosambicana, petersi et impipi, nous a ete envoye'e par Verreaux du cap de Bonne-Esperance. Comme me l'a tres-bien fait remarquer M. Pucheran, c'est la plus grande espece du Senegal qui est YHeliomis senegalensis, 466 COSMOS. Vicill. Son type memo est conserve dans noire Muse'c. Si la pi. 280 de la Galerie des uiscuu.v, evidemment i'ailt1 d'apivs cet indi- vidu ne suflisait. pas a le demonlrer, le dessinaleur ayanl pu prendre nn cxcmplairc pour l'autre, counne en d'autres cas, grace aux etiquettes semblablcs ; lesraots de la grandeur presque d'uii Anhinga qui manquenl dans le texte de la planche, mais se trouvent dansle Nouveau Diclionnaire d'llisl. rati, de Deterville, ct dans V Encyclopedic nietlwdique, sufiisent pour le prouver. Je voidais appeler cetle espece Podoa josepliina, parce qu'elle avait die donnee au Museum par l'lmperalrice Josephine. On pourrait maintenir ce nom, en soulenantlc principe que celui qui ddbrouille deux ou plusieurs especes confondues ensemble a le droit de leur appliquer a sa guise les noms anciens el nouveaux. Mais prefe'rant, aujonrd'hui commc toujours, rester dans la strictc le'galite, je restitue a son legitime possesseur le nom de Podoa senegalensis, et en juste tribut de reconnaissance pour sa scrupu- leuse observation, je nomme defmilivementla pelite espece, figuree malheureusement sous ce nom par MM. Gray et Mitchell dans leur Genera of birds, et qui est anssi la Podoa senegalensis d'Hartlaub, quoique non de Vieillot, Podoa pucherani, Bp. Puisse ce nouveau temoignage d'estime et d'amitie prouver a ce savant eminemment francais, ma sincere approbation del'impor- tance qu'il donne a l'etude des types. Puissc-t-il h son retour des champs, rechauffe par son zele, bravant les rigueurs de la mau- vaise saison, si sensible pour nous par l'incurie administrative, se hater un peu moins lentement de terminer sa grande reuvre de la reforme complete des etiquettes. Je joins ici les phrases des trois especes du genre pour lequel j'ai retenu le nom de Podoa, 111., abstraction faite du veritable Heliornis surinamensis, et de la Podica personata, Gray, qui portent a cinq les especes de cette curieuse et aberrante Famille de Totipalmes. Mon genre Podoa (Podica de Lesson et de Gray, et Pihigelura, Wagl.) se distingue de YHeliornis, qui a la queue large et composee de pennes molles, par sa queue etroite a rec- trices rigides; et du Podica, Bp. ex Less. (Podoa, Beich.) par ses lorums cmplumes, comme dans YHeliornis. Yoici les phrases de ses trois especes : 1° Podoa pucherani, Bp. (senegalensis, Gr. Gen. B. t. 173). Minor : fusco-rufescens ; subtus albida : colli lateribus vitta hinc vide longiludinali alba; dorso alisque maculis rotundis , helcolis, COSMOS. 467 nigro-marginatis : reciricum rachidibus auranliis : Kostrd basque rubris. 2. Podoa senegalensis, Bp. ex VIoill. (JI(dit)Diis Senegal i Vieill. (Gal. Ois., t. 280. — P. Joseplnna, Bp. Mus. Paris). Media : similis pra?cedenti; sed valde major; gula clialgbea, nee alba: maeulis dorsalibus albidis,magnis, crebris, pohjmor phis, immarginatis. 3. Podoa mosambicana, liters, {impipi, Mus. Berol. — petersi, Caban. Journ. Orn. fig. nulla). Major : brunnea; subtus alba ; pectore, hgpochondriis crissoepie fusco-variis : capite colloque supra uigro-ciulaceis, subtus, etin la. COSMOS. NOUVELLES ET FAITS DIVERS. Void en quels termes, clans son long et interessant article du Journal des Debats, numero du 30 octobre, M. Babinet signale la periode des etoiles filantes du 13 novembre prochain, el enumere ce qu'il y a faire pour cette circonstance : « En admettant que les etoiles filantes sont des corps celestes tres-petits qui s'enflamment en penetrant dans notre atmosphere, leur premiere apparition doit avoir lieu vers les confins de cette mer aerienne qui a 60 kilometres de profondeur, et qui constitute notre atmosphere. C'est ce qui a lieu gene'ralement. Le choc de 1'air contre ces masses doit en determiner l'incandescence, comme on voit dans le briquet a air Fair comprime cnflammer l'amadou et d'autres corps combustibles. Parmi les assertions plus ou moins probables, se trouve cette particularile que le plomb lance' par les frondes des habitants des ties Baleares devenaitincaudes- cent en fendant l'air. Virgile dit tres-poetiquement : Baleariea plmnbiim Hinda jncit ; volat illnd el incandcscit eundo. « Pline va plus loin et dit que la balle de plomb se fond par la chaleur qu'elle prend dans sa course. Comme il me semble que du plomb mis dans un foyer tres-ardentmettrait a se fondre plus de temps que n'en met une balle a frapper le but, je crois qu'en qualifiant ces assertions de Pline et de. Virgile de plus ou moins vraies, le plus pourrait bien etre de trop. Mais quant aux aero- lithes, il en est qui par leurs detonations ontmontre un echauffe- ment considerable et indubitable. Leur vitesse est tres-suffisante pour cela. Le 13 novembre est avec le 10 aoiit une epoque ou le nombre des etoiles filantes est considerable. La terre semble marcher au milieu de ces petites planetes qu'elle arrete par son atmosphere et qu'elle fait tomber sur elle par la pesanteur resul- tant de sa masse. II serait done bien curieux de constater l'exis- tence de ces volees de petits embryons planetaires autrement que par la lumiere qu'ils donnent en se consumant. La pleine lime de novembre prochain tombant precisement le 12 de ce mois, son 18 /j79 COSMOS. eclat cdntrariera beaucoup l'observalion des etoiles filantes d'uri faiblc eclat, En general, la lunc est le fleau des observations be; Lesueur, employe a la meme direc- tion; Gloeseper, fwofesseur de physique, a runiversile de Lidge, etc., etc., a ies expcrieDces ayant pour but de constater l'eftica- COSMOS. 479 cite et lcs avantages de l'interrupteur electrique de M. Alexandre Bellemare, commis principal a la direction de l'Algerie. Nos lec- teurs connaissent deja ce petit appareil qui a l'avantage de n'en- combrer nullement la voie. 11 s'eleve a peine de quelques centi- metres au-dessous du sol ; sa forme visible est celle d'une boite Car- rie, terminee par une petite tige verlicale a vis armee d'un bras ho- rizontal que doit acroocher l'appendice fixe a la locomotive. L'ap- pareil ne fonctionne que dans un seul sens, e'est-a-dire que les seules locomotives ascendantes ou les seules locomotives descen- dantes signalentleur passage par l'inlerruption du courant : la vis, en un mot, ne se serre, le courant n'estinterrompu, le signal n'est donne dans la loge du chef de gare que par la locomotive qui suit sa marche normale : la locomotive qui reviendrait en reculant desserrerait au contraire la vis. L'appareil transmetteur du si- gnal est simplement l'interrupteur. L'appareil recepteur dans chaque station se compose de deux cadrans, portant autant de divisions qu'il y a d'interrupteurs poses sur la voie, autant qu'il y a de poteaux kilometriques , par exemple, si Ton installe un interrupteur devant chaque poteau, pour connaitre, a un kilome- tre pres ou a une fraction de kilometre, par un calcul facile, et dans le cas d'une marche normale, la position de la locomotive sur la voie. Des deux cadrans. l'un recoit les indications d'amont, l'autre les indications d'aval ; ils fonctionnent done l'un apres l'autre ; quand l'une des aiguilles est revenue au zero, l'autre com- mence a parcourir son cadran. Tout cet ensemble, on le voit, est d'une simplicity remarquable ; et, d'un avis unauime, les interrup- teurs mis en experience lundi ont admirablement rempli leurs fonctions. Nous etions a Bellevue, la locomotive est partie de Ver- sailles, elle a signale d'abord son arrivee a la station de Viroflay, puis son passage devant chaque poteau kilometrique entre Viro- flay et Bellevue. Les indications se suivaient regulierement de 45 secondes en 45 secondes, e'est-a-dire que la locomotive fran- chissait un kilometre en 45 secondes, ou faisait 80 kilometres, 16 lieues a l'heure. G'est evidemment une tres-gnnde vitesse, et cependant aucun interrupteur n'a manque- de fonctionner. Le pro- bleme si important du signalement de la position de la locomo- tive sur la voie est done resolu par M. BHlemare, de la maniere la plus simple, la plus efficace, la plus c;1 laine, et il ne reste plus qu'un vo3u a former, e'est que la solution soit adoplee et appliquee par les Compagnies de chemins de fer. On a regarde comine un inconvenient que la locomotive qui 480 COSMOS. rcculc ne signakU pas son passage, ousonrelour en deca de Fin- tcrrupteur. On a pas fait attention que la locomotive recule tou- jours avec une tres-faible vilesse, que le niecanicien ou Tun de ses aides peut par consequent descendre alors sur la voie, ct si- gnaler, en faisant inouvoir Finterrupteur a la main, son retour anormal,paruncerlainnombre d'interruptions ; cenoinbre, en ge- neral, dcvra clre tel qu'ilramenei'aiguille de l'indicaleur a la po- sition qu'elle doit occuper lorsque la locomotive est en deca du poteau kilomelrique qu'elle va franchir de nouveau; ami qu'en repartant apres le recul, elle indique elle-memc que Fembarras a cesse. Ce mode anormal de signalemenL adapte a un passage anormal de la locomotive, est, il nous semble, tout cc qu'on pouvait desirer; et nous ne verrions que des inconvenients graves a ce que la locomotive qui recule fit ce que ne doit faire que la locomotive qui avance. On voit aussi, par ce que nous venons de dire, que l'interrupteur electrique, manie a la main, peut deve- nir, au besoiu, un instrument de correspondence. — La decouverte dans une contree pauvre en combustible d'une houillere nouvelle, qui se recommande par l'abondance et la bonne qualite des produits, par le bas prix d'extraction et la faci- lity des debouches, est une conquete brillante et bienheureuse. Aussi nons felicitons sincerement M. Gaidan et ses coassocies de la bonne fortune qui les a mis en possession des mines de char- bon d'Agel, sur les limites des departements de l'Aude et del'He- rault. Le perimetre de ces mines est de 1 595 hectares ou 16 ki- lometres carres. Sur 10 kilometres carres plus facilement exploi- tables, les couches deja reconnues, au jugement des habiles insenicurs qui les ont explorees, MM. Garella et Lacretelle, ren- ferment dans leurs flancs plus de six millions de tonnes de com- bustible, qui sufflront a une extraction annuelle de 100 000 quin- taux pendant 64 ans, et dont le prix de revient ne depassera pas le cbiflVe tres-bas de 6 francs par tonne. Le produit d'Agel n'est pas un lignite, comrae on Favait cru d'abord, mais bien une houille maigre, tres-chaude, laquelle, traitee par les procedes de M. de Saint-Ours de Sarlat, donne 60 pour cent de coke egal au coke des meilleures houilles grasses. Situee a 8 kilometres du ca- nal du Midi et du chemin de fer de Bordeaux a Cette, les mines d'Agel approvisionneront de houille et de coke les ports d'Agde, de la Nouvelle, de Cette, le littoral de la Mediterrauee, les c6tes d'Espagne et FAlgerie, ou n'aiTivent guere aujourd'hui que les charbons anglais d'un prix tres-eleve. MIOTOGMPHIE. Societe franoaise dc photographic Seance du 17 octobre. — (Suite et fin.) On nous avait annonce a l'avancc que M. Bayard avait con- sacre une partic cle scs vacances a eprouver la modification ap- portce par M. Gaume au procecle Taupenot, et que ses experiences l'avaient conduit aformuler dans la meme direction une methode nouvelle eminemment simple et pratique; nous attendions done avec impatience la communication deM. Bayard. Nos lecteurs se rappcllent que la modification Gaume consiste a. supprimer les iodures de la couclie de collodion ; il applique la couch e de collodion pur et non iodure, il laisse secher et etendla couclie d'albumine ioduree. M. Bayard a d'abord voulu s'assurer si la suppression des iodures dans lc collodion n'ayait rien fait perdre au procede Taupenot de son excellence. II a parlage des glaces en deux; il a traile une des moities par la methode Taupe- not,l' autre par la methode Gaume; il les a sensibilisees dans la meme chambre obscure, revelees et fixees de la meme maniere; or de cette comparaison souvent repetee, il est resulte que la mo- dification Gaume est a la fois une simplification et un perfeclion- nement important; sur la plaque Gaume l'impression est plus prompte, le dessin au moins aussinet, Taction del'hyposulfite de soude plus cnergique, etc. Mais on aurait peut-etrc pu croire que la couclie de collodion pur conservee par M. Gaume etait inutile, qu'on pouvait la sup- primer, et revenir tout simplement a l'albumine ioduree seule. M. Bayard a done procede a une comparaison nouvelle, faite dans les niemes conditions, et ilen est resulte que l'albumine seule est grandement inferieure au collodion reconvert d'albumine, que la sensibilitedela plaque simplement albumine'e est beaucoup moins grande, les ombres beaucoup moins transparenles, etc. En restant dans la voie ouverte par M. Gaume, quelles sonl les meilleures formules a employer? Apres de nouveauxctuoinbreu:: essais, M. Bayard s'estarrete aux suivantes, qui luiontuonnedes resultats vraiment admirables. Formule du collodion : ether, a 60 degre's, 100 centimetres cubes; coton-poudre, 1 gramme; alcool a 40." 25 centimetres ci 682 COSMOS. Formule de lalbumine ioduree : albumine fraiche ou fermente'e, 100 grammes; iodure, 1 gramme; bromure, 25 centigrammes ; sucre candi, 2 grammes; ammoniaque, 4 a 5 centimetres cubes; on prend un grand bol, on y met l'iodure, le bromnre, le sucre en poudre ct h a 5 grammes d'eau; on fait dissoudre. Quand la dissolution est complete, on bat en neige aussi consistante que possible; 10 a 12 heures apres, on decante la partie redevenue liquide, on la verse dans tie petits flacons a col droit forme" avec des boucbons garnis de collodion. Quand on a etendu le collodion a l'ordinaire, on laisse reposer pendant 10 a 12 sccondes; on lave dans l'eau pendant 20 ou 30 secondes ; on verse l'albumine en partant du bord le plus sec, on la laisse se repandre, on incline la plaque, et on fait couler plusieurs fois le liquide en sens opposes ; on dresse la plaque sur un angle pour la faire secher ; une fois seche, elle se conservera indefiniment, et pourra servir meme apres plusieurs annees. Quand le moment de l'exposer a la lumiere sera venu, on la sensibilisera dans le bain d'aceto-nitrate ; on lavera ensuite a grande eau, et on l'introduira dans le chassis. Les essais faits au bois de Boulogne ont demontre aM. Bayard que le temps d'expo- sition, pour obtenir de tres-belles epreuves, ne depassait jamais 5 minutes. Formule du bain revelateur : eau distillee , 1000 grammes, acide gallique, 3 grammes; acide pyrogallique , 1 gramme; al- cool, 20 grammes ; acide acetique, 5 grammes. On fixe a l'hyposullite de soude , les hydrocyanures doivent etre repousses. M. Bayard a faitun pas de plus : il a vu qu'on pouvait tres-bien substituer a 1'albumine la gelatine , beaucoup plus commode k appliquer. Apres divers tatonnements, il s'est arrete a la formule suivante : eau filtree, 1000 grammes ; gelatine epuree, 25 grammes; iodure de potassium, 15 gr. ; bromure, U gr. On fait fondre la gelatine au bain-marie ; on ajoute l'iodure et le bromure comme on le i'erait au collodion ; quand ils sont dissous, on passe dans un linge tres-propre et tres-fin. L'avantage de la gelatine est de don- ner une coucbe beaucoup plus egale. Avec un objectif de 55 centimetres de foyer, M. Bayard sur ses plaques collodio-gelatinees a obtenu de tres-belles images en six minutes , double du temps qu'aurait exige" une plaque preparee au collodion bumide. — En meme temps que ses formules si precieuses , M. Bayard COSMOS. 483 presentait a la Societd un chassis a papier de M. Clement, heu- reusement modifie, de telle sorte qu'il puisse servir aux plaques preparees a 1'albumine, an collodion albumine ou au collodion gelatine. Toutes les plaques ont lour etui comme lcs papiers de M. Clement et on les fait se succe'der dans le chassis avec la plus grande facilite, sans crainte d'aucun contact avec la lumiere. Nous donnerons la description du nouveau chassis quand olle aura paru dans le bulletin. — M. le comte Aguado decrit un nouveau procede de vernis- sage susceptible d'innombrables applications dans la photogra- phic et en dehors de la photographic; il presente un grand nom- bre d'echanlillons tres-propres a mettre en evidence les avantages du vernis de M. Chambard, et qui attirent vivement l'attention. Les progres que M. Chambard a voulu realiser, sont :produire en plus grande quantite, produire a moins defrais, obtenir des produits superieurs en qualite et inalterables, diminuer le ba- gage photographique, etc., etc. Applique aux positifs, son vernis mat ou brillant, qui penelre l'epreuve en meme temps qu'il lare- couvre, ne peut qu'en accroitre la dure'e. Applique aux negatifs sur collodion, le vernis modifie permet leur enlevement imme'diat de la glace a quelque elat qu'ils soient, humides ou sees, recents ou anciens. On pourra done, avec une seule glace, obtenir un nombre inde- fini de negatifs qui ne se laisseront plus ni rayer ni briser par le choc des corps durs. Les cliches enlevcs se conserveront en portefeuille; on pourra leur donner du corps, comme le fait M. Auer, en les recouvrant de gutta-percha ou mieux de gelatine de parchemin; on pourra aubesoin les rassembler dans un cadre pourtirer plu- sieurs epreuves a la fois ; ils seront d'un usage beaucoup plus ex- cellent pour le transport sur pierre, sur marbre ou sur metal, etc. II est difficile que M. Chambard mette son vernis en vente sans s'exposer a perdre son secret et les benefices qu'il est en droit d'esperer de son invention. Ses pretentions ne sont pas exage'rees ; s'il reunissait vingt souscripteurs a 500 fr. chacun, il leur livrerait son secret avec les appareils et les instructions necessaires pour la confection et 1'application des nouveaux vernis. En attendant, il faudra qu'il exploite lui-meme son vernis, et dans 1'interet de nos lecteurs qui voudront sans doute participer aux bienfaits du nouvel art, nous croyons devoir indiquer dans le tableau suivant les prix soit du vernissage des positifs, soit de l'cnleve- mentetde la consolidation des negatifs. COSMOS. Prix d' application du vernis sur les posilifs. Eprenvrs stei'eosi opiques 0,05 1 4de plaque 0,10 ift plaque 0,13 Plaque ndrmale 0,23 Plaque en tier* 0,30 27-33 0,40 33-39 0,GO 39-45 0,75 43-52 1,00 51-57 1,50 57-G3 , 2 00 Jusqu'a 1 metre 3,00 Prix ^enlevement des cliches et consolidation. olri eoscope 0,20 I 33-39 1,00 1,4 de plaque. 0,20 39-45 1,25 1/2 plaque 0,30 j 45-52 1,50 Plaque normale 0,40 51-57 , 2,00 Bisque enliere 0,50 57-63 2,50 27-33. . , 0,75 , Jusqu'a 1 metre 3,00 — M. l'abbe Moigno appelle l'attention sur une charmante application de la pbotograpbie. Un artiste tres-distingue, M. Ma- zaroz, avait fait a la pointe de crayon ordinaire un joli dessin de la ceremonie de Inauguration du pelerinage de Notre-Dame de la Serrde, dont nous avons parte dans notre derniere livraison. Ce dessin etait parfaitement execute; mais il avait l'inconvenient d'etre unique et trop pale; il ne produisait pas un grand effet, le ciel surtout etait a peine visible. M. l'abbe Moigno a eu l'ide'e de prier MM. Bisson freres d'en faire des copies photograpbiques. Le succes de l'operation serablait douteux, en raison de la re- flexion produite par les traits de mine de plomb, et, cependant, elle a depasse les esperances. Les copies pbotographiques, l'une a moitie, l'autre an dixieme de la grandeur reelle, sont vraiment magniliques ; le feuille des arbres, les nuages, les nombreux per- sonnages, tout est rendu avec un accroisscment d'effet impos- sible a prevoir, et nous doutons quel'artiste lui-meme reconnaisse son ceuvre a premiere vue, tantelle a gagne. Quellesnouvelles res- sources pour les dessinateurs, les arcbitectes, les ingdnieurs, etc.! Pouvoir obtenir un nombre indefmi d'epreuves, a l'echelle pro- portionnelle qu'il plaira, et sans tatonnement (puisqu'on peut avec un compas mesurer les dimensions de la copie sur la glace depolie et leur donner a volonte la grandeur voulue) avec accrois- scment d'effet, d'un dessin ou d'un trace quelconque, quel im- mense progres ! M. l'abbe Moigno offrait en meme temps de la part de MM. Bis- son la copie photograpbique d'un magnifique paysage norwegien peint a I'b.uile, par M. Larson. Tous les membrcs presents se sont extasies a la vue de cette reproduction incomparable; jamais encore ils n'avaient rien vu qu'on put lui comparer. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 3 novemlre 1856. Nous n'avons pu saisir de la correspondance que la communi- cation suivante de M. Pliipson, relative a la transformation de l'oxygene en ozone. L'oxygene se traosforme en ozone, dii M. Pliip- son, sous un trcs-grand nombre d'influenccs : 1° quand il aban- donne tine combinaison quelconque on qu'il est naissant, de quelque maniere du reste qu'il soit degage de cette combinaison, par Felcctricite on autrement; 2° au moment ou il entre en com- binaison, surtout pour former des composes organiqaos; 3° sous l'influence ou au contact des corps azotes, comme les sues azotes de plusieurs champignons, de fruits, des plautes phanerogames; U° au contact des corps neutres ternaires ou binaires, 1'amidon, le sucre liquide, Felher et Falcool, les essences d'amandes ameres, de cannelle, de citron, de cumin, de terebenthine, la tereben- tbine brute, le baume duPerou, les Indies fines, les graisses, etc. Dans latroisieme serie d' experiences, le reaclif employe etail une solution de resine de ga'iac dans Falcool; dans la quatri&ne, le papier ozonomelrique; ces deux reactifs out ete indiques par M. Schoenbein. La conclusion generate de ces rechercbes est que l'oxygene est a Fetat d'ozone toutes les fois qu'il rdagit sur un corps organique. La lumiere parait avoir une influence sur Jes phenomenes observes. — M. Claude Bernard rend compte de quelques experiences anciennes faites par lui, relatives a Paction quelle curare exerce sur le systeme nerveux, dans le but do mettre en evidence la se'- paration encore contestee des systemes nerveux de la sensation et de la motilite. Ces experiences etaient faites sur des grenouilles preparees a la maniere de Galvani; pour qu'elles fassent parfai- tement comparables, on operait snr des membres parfaitement semblables et places dans les memes conditions, excepte que Fun etait empoisonne par le curare, tandis que Fautre restait sain. Les conclusions de ces experiences sont analogues a celles que M. Kulliker (et non M. Henry Mailer) a formulees comme il suit dans la derniere seance : 1° le curare n'agit pas sur les nerfs de la sensation; 2° il affecte peu la moelle epiniere; 3° il n'a presque aucune influence sur les troncs nerveux; k° il paralyse subilc- ment les nerfs des muscles memes. — M. Chevreul communique au nom de M. Niepce de Saint- Zt86 COSMOS. Victor un memoire relatif a la gravure heliographique sur marbr e, sur pierre lithographique, etc., a un procede nouveaudedamas- quinurc photographique. Nous donneronsa l'arliclc photographie unc analyse complete de ce memoire qui fait le plus grand hon- neur a son auteur; bien certainement, disait M. Chevreul, a 1'oc- easion- d'une objection sans porlee de M. Pouillet, un savant de profession n'aurait pas eu plus de patience, plus ou peut-etre meme autantde perseverance, plus de devourment, plus de desin- teressement; et si des rccbercbes meritent d'etre encouragees par i'Academie et le gouvernement, ce sont celles que poursuit depuis si longlempsM. Niepce de Sainl-Victor. — .11. Lacan fait hommage a I'Academie de ses esquisses de photographie, dont le but principal a ete de retablir Joseph Ni- cepbore Niepce dans l'integrile de ses droits a la decouverie de riieliographie. — M. Faye fait relativement a la teinte de la lune eclipsee une communication qu'il a daigne developper dans la lettre suivante qu'il nous ecrit : « Un de mes domestiques qui regardait l'eclipse & cdte de moi, dans ma cour, a Nancy, me prevint que la teinte cuivree ou rouge brun de la partie eclipsee devenait d'un beau rose quand la partie brillante etait marquee par la corniche d'une cheminee voisine. Je fis de meme, et j'obtins le meme resultat, soit a la vne simple, soit avec une lunette de spectacle. La teinte rose n'e'tait pas uniforme; clle paraissait plus obscure vers le bas (bord austral), et au centre, ou regnentles grandes taches. L'expe- rience etait saisissante; tout le monde Fa repelee a la maison. Faites de meme a la prochaine eclipse, et vous admirerez comme moi la belle teinte'rose d'aurore que je ne connaissais pas. uBien souvcnLj'avais employe le meme procede pour bien voir la lumiere cendree, sans rcmarqucr d'alteration dans la nuance. ((D'aulre pari, dans les eclipses centrales , la lune presente, comme vous le savez, des colorations diverses ou le rouge brun domine, quoiqu'il n'y ait pas alors de partie brillante a cacher. (( Voila trois faits connexes ou conlradictoires qu'il s'agit d'ex- pliquer. «Le premier est evidemment uneffet de contraste simultane de la lumiere jaunatre de la partie directement eclairee de la lune par la belle teinte rosee de la partie eclipsee. Celle-ci se trouve altdree et comme salie par une nuance violacee qui n'a rien de reel. « Le deuxieme fait s'explique par la nature meme de la lumiere COSMOS. Zi87 cendree. Sur celte lumiere bleuatre, lejaune n'introduit par con- traste qu'une faible lumiere violette pen sensible, qui la salit a peine; et quand on masque le croissant par un obstacle, eloigne, la -vivacite avec laquelle apparait la lumiere bleuatre attire seule l'atlenlion. Je vous engage cependant a refaire l'experience a la nouvelle lunaison : un observateur averti en vaut deux. ((Quant au troisieme fait, il n'y a nulle difficult^, cemesemble. Dans les eclipses centrales, la teinte rouge brun n'est plus subjec- tive, mais objective, je veux dire reelle. Les nuances violacees de celte teinte sont dues a la presence des rayons solaires les plus refrangible? que notre atmosphere envoie par refraction vers le milieu de l'ombre. « Celte triple explication mesemble assez acceptable. Si jamais on parvient a tirer des nuances varides d'une eclipse delune, quel- que action sur l'etat general de notre atmosphere, ainsi que M. Arago l'esperait, il faudra premierement en defalquer les effets de contraste qui modiflent ces nuances d'une maniere si marquee. » — M. Nickles, professeurde chiinie a la Facultede Nancy, ecrit aM. Bernard, qu'ila demon tre d'une maniere incontestable la pre- sence du fluor, non-seulement dans les os et le sang, mais dans plusieurs autres organes du corps humain. II se contente au- jourd'hui de prendre date, se reservant de rediger, plus tard un memoire compiet snr cette importante de'couverte. A cette occasion, et pour reparer un oubli d' autrefois, nous rappellerons que M. Nickles avait mis bors de doute dans des os humains l'existence de la vivianite ou phosphate de fer cris- tallise, interessant mineral qu'on rencontre dans certains terrains de sediment. Cette observation conduisait a cette conclusion de grand interet pour la mineralogie que la vivianite est de forma- tion toute moderne, etqu'elle se produit toutes lesfois quel'acide phosphorique, si repandu a l'etat de phosphate , se trouve dans des conditions favorables en presence de 1'oxyde de fer qu'on rencontre un peu partout. — M. Le Verrier rend compte de la premiere application en grand de la nouvelle me'thode de determination des longitudes par des observations simultanees d'etoiles faites avec deux lu- nettes meridiennes installees aux deux stations dont on veut me- surer la difference en longitude, en merae temps que les astro- nomes enregistrent leurs observations sur un meme appareil electrique. L'application de la methode a ete faite entre Paris et Bourges; les observateurs etaient M. Le Verrier, d'une part, M. le hSS COSMOS. commandant Bozet, tie 1'etal-major, de 1'autre. M. Le Verrier ob- servail d'abord a Paris, M. Bozet, a Bourges; ils ont echange en- suite leurs positions, M. Leverrier est alle a Bourges, et M. Bozet est venu a Paris. Les observations ont ete parfaitement concor- danles, etelles ont eu pourresullatimprevu, extraordinaire, que la difference en Longitude entre Paris et Bourges, telle qu'elle re- sulte do la triangulation de l'dtat-major, est enlachee d'une erreur enorme de 150 metres; erreur ccrtaine, dit M. Le Verrier, carelle resultc non-seulement de l'cnsemble de Louies les series d'obser- vations, toutes d'accord enire elles, mais de chaque serie en par- ticulier. A quoi iaul-il l'atteibuer ? A l'inexactitude de la fixation de 1'azimut do Paris ? Cola semble impossible. A des vices de lecture ou a des fautes de calcul dans la triangulationderetat-maior? On repugnc a le croire, et cela n'est certainement pas. Aux irregu- larite's de coarbure du spberoide terrestre? De si grandes irre'gu- la rites surune distance de2i0 kilometres sont vraiment improba- nles, et rien jusqu'ici ne les aurait fait prevoir ou meme ima- giner. Le niont Cenis a 22 kilometres de base, 2 800 metres de hauteur, 6 kilometres de plaine au sommct; et cependant cet enorme cone tronque, d'apres le calcul de M. Plana, ne devie la verticale du pied nord au pied sud que de six secondes d'arc de grand cercle, 180 metres. Gomme il n'y a pas evidemment de niont Cenis entre Paris et Bourges, il faudrait recourir a Thypo- tbese de masses souterraines enormes, de plumb ou de platine ! L'expedilion de Bourges souleve, on le voit, de terribles difficulte's ; il fautqueMM. Le Verrier et Bozet soient bien siirs d'eux-memes, de la bonne installation de leurs appareils, de leur fonctionne- ment normal et regulicr, pour qu'ils restent si calmes en pre- sence d'un resultat si contradictoire, qui ne tend a rien moins qu'a de'pouiller la science de son prestige, et d'un nombre incalcu- lable de donnees acquises dontelle etait si Here. Mi Le Verrier n'a pas dit s'il s'agissait sculement d'une erreur en longitude ou d'une erreur a la fois en longitude et en latitude. Si l'erreur atteignait les deux elements geodesiqnes, nous serions grandement tenle de nous en prendre a la nouvelle melhode ou a l'oubli de quelques precautions essentielles. On saura mieux a quoi s'en tenir, quand, comme M. Le Verrier nouslepromet, 1'application de la metbode aura ete etendue jusqu'a Perpignan. Dans les premieres experiences les enregistrations sur le cbro- nograpbe eleclrique se faisaient par rintermediaire des appareils connus sous le nom de relais, et les relais avaient des inconve- COSMOS. 48g nients graves;; leur usage etait meme une source de tribulations. Grace a l'babilete si ingenieuse de M. Liais, les relais des la pre- miere campagne ont pu etre supprimes avec des avantages consi- derables :1a pile de Bourges pointait directement les observations sur le cbronographe de Paris, et vice versa; et cbose singuliere, ce pointage direct avait lieu par Taction d'une pile dont le cou- rant n'avait que le quart de l'intensite de celui employe jusque- la a mettre en jeu le relai. II y a done a la fois simplicity d'action et economie de force. Entre quclles distances la suppression des relais sera-t-elle possible, et cette suppression, dans les condi- tions ou M. Liais l'a laiie , ne pourra-t-elle pas devenir generate en 1eiegrap])ie?G'estcequeravenir nous apprendra. M. LeVerrier croit des aujourd'bui que les observations simultanees pourront etre enregistres directement de Paris a Vienne, etpcut-etre meme de Paris a Saint-Petersbourg. — M. Balard, aunom de M. De Luca, chimiste deja celebre, ex- pose des recbercbes qui ont eu pour resultat , non-sculement de prouver l'existence de l'ozone dans Fair exhale par les plantes , mais de produire avec cet air ozonise de l'acide nitrique et du ni- trate de potasse. En consideration de sa baute portee, nous re- produironsintegralementlanote de M. De Luca. — MM. Tissier freres, dont il a ete souvent question dans le Cosmos, poursuivent avec courage et avec perseverance leurs tra- vaux relatifs a la fabrication et aux applications de raluminium. lis ont fonde, comme on sait, a Amfreville, dans une vallee de la Normandie , a deux lieues de Rouen , la seconde usine ou l'alu- minium ait ete d'abord fabrique presque industriellement et livre au commerce par kilogrammes. Aucblorured'aluminium, MM. Tis- sier ont substitue la cryolithe de M. Henry Rose, fluorure double d'aluminium et de sodium, le plus pur de tous les minerais d'alu- mine, celui qui, seul, pourvu qu'on opere dans des vases conve- nables, donne de raluminium cbimiquement pur. Aujourd'bui, par rintermediaire de M. Balard, MM. Tissier appellent I'attention de l'Academie sur les alliages de l'aluminium avec les me'taux les plus connus. Us indiquent comment, au moyen de tel ou tel me- tal, en telle ou telle proportion, Ton peut donner a l'aluminium plus ou moins de fusibilite, ajouter a sa resistance, augmenter son elasticite, le rendre susceptible, en lui communiquant plus de durete, de prendre sous le brunissoir plus d'eclat que l'alumi- nium pur, etc., etc. Nous reviendrons sur cette communication des que nous en aurons le lexte sous les yeux. L'usine d'Amfre- 690 COSMOS. ville, la fille ainee dc Javclle, nc se vanterait peut-etre pas de livrer des aujourd'hui l'aluminium a 300 fr. le kilogramme, comme sa soeur cadette, dc la Glaciere, pres Paris; mais secon- ders par des homines riches et devoues, MM. Tissier s'appretent a soutenir glorieusemcut la lutte. M. Henry Sainte-Claire Deville, leur maitre, qui les a aides si bienveillamment de ses conseils, ne les abandonnera pas sans doute. Homme de science et si no- blement desinteresse, il guidera les pas detousceuxquivoudront marcher dans la voie qu'il a si heureusement ouverte. La fabri- cation normande a verse deja dans le commerce environ 20 kil. de nouveau metal; grace a l'amitie de M. Bishop, l'agent de l'u- sine d'Amfreville, nous avons pu faire admirer lnndi a un certain nombre de membres de l'Academie, a M. le marechal Vaillant, a MM. Dumas, Boussingault , Babinet, plusieurs objets en alumi- nium tres-arlistiquement travailles, des couverts, cuiller et four- chPtte, du plus charmant modele, des des a coudre, un couteau a lame en alliage d'argent et d'aluminium, une lame rectangu- laire de 50 centimetres de longueur, du poids d'environ 500 gram- mes, etc. — M. Porro presente a l'Academie son objectif de 52 centime- ires de diametre, et rend compte des operations executees le 43 octobre dernier dans le pare astronomique de l'lnstitut techno- matique, a l'occasion de l'eclipse de lune. Dresse sur la table de lecture de l'Academie, cet objectif, le plus grand qui soit sorti des ateliers francais, le meilleur aussi, si Ton tient compte du temps employe a sa fabrication, de ses enormes dimensions, de la cer- titude acquise, dans un avenir tres-prochain, de sa perfection ab- solue, cet objectif, disons-nous, faisait un magnifique efTet, et sans des preventions injustes que nous ne cesserons pas de com- battre, il aurait recu un accueil enthousiaste. Nous extrairons de la lecture de M. Porro ce que nos lecteurs ne savent pas encore ou savent imparfaitement. « Le flint de l'objectif provientd'uneanciennefontedeGuinand, le pere, le crown a ete fondu tout expres par M. Maes, deClichy. Les indices de refraction et de dispersion ont ete determines au polyoptometre, instrument deja presente a l'Academie, et qui donne ce qu'on peut appeler le temperament vrai de l'achroma- tisme le plus parfait, d'un achromatisme resultant de la reunion exacle au meme foyer des rayons lumineux et photogeniques, les moins refrangibles et les plus rdfrangibles du spectre. Les courbures ont ete calculees d'apres la methode,de Litrow, cosmos. un et ont ete taillees sans bassins metalliques, a l'aide d'une ma- chine qui n'est pas seulement impulsive, comme les machines d*Herschelletdelord Ross, mais d'une machine qui, au contraire, engendre, durant le travail, la courbure demandee avec toute la precision que Ton pent desirer. Taille de premier jet, cet objectif a resiste aux plus dedicates epreuves quant a son achromatisme, et la longueur focale n'a pas differe de la longueur calculee ; mais la quatrieme surface, qui avait ete legerement alteree par un accident survenu durant lepo- lissage, a ete retravaillee plus tard. La Societe technomatique presente aujourd'hui cet objeclif geant a l'Academie comme une ebauche dont le polissage doit recevoir une derniere touche, mais comme une ebauche heureuse qui a permis , presque du premier coup , de penetrer dans les profondeurs du ciel, au moins aussi loin que la celebre lunette de Poulkova, ainsique le prouveront les observations qui seront pu- bliees plus tard. Ceuxqui savent par combien d'incertitudes de tatonnements et de deceptions il fallait passer avant nous pour arriver a faire un simple objectif de 1 a 2 decimetres, admettront avec nous que l'invention du polyoptometre et celle de notre machine a tailler les verres permettent a la France de distancer aujourd'hui considera- blement les nations les plus avancees dans cet art. On ne peut pas encore dire quels grossissements ce grand rc- fracteur permetlra d'employer utilement dans le climat de Paris, ou dans celui du pays quel qu'il soitqui en fera l'acquisition, mais il est deja certain qu'il depassera, sous ce rapport, tous les re- fracteurs connus. Lance dansl'espace, d'un seul jetle tube de ce refracteur, equi- libre par deux contre-poids, tourne sur un axe horizontal en fonte place a la hauteur de l'oculaire ; le tout est porte par une plate- forme tournante qui permet de dinger l'instrument vers tous les points du ciel : le tube est en bois de sapin enduit de glu : il est forme de trois cents pieces de bois assemblies par trois mille vis ; sa rigidite est tres-satisfaisante. Lnpilier central isole, independantde la plate-forme annulaire, porte le cercle azimutal et le point polaire fixe du mouvement subsidiaire equatorial ; un cercle horaire et un cercle de decli- naison, appliques a ce mouvement, permettent de trouver un astre dont on connait les coordonnees. Bienlot le mouvement sera imprime a la lunette en tous sens A92 COSMOS. par un motcur clcctrique; Peuregistrcment du temps et des me- asures mteromelri.iepce montrait a rAcademie. 11 croit que son procede ;de 510 COSMOS. gravure sur marbre est susceptible d'une tres-grande application industrieile, donl on pourra faire varier les effets a l'infini. Dans son opinion , une legere gravure sur marbre, sans aucnn enduit colorant, est celle qu'on devra preferer en raison de sa simplicity et de son inaltcrabilite. III. Impression lithographiquesur pierre gravee. — On opere sur la pierre qui devra servir au tiragc ou a l'impression commepour gravei' sur marbre une epreuve pbotographiquc ; on pousse tres- peu la morsure afin de conserver a l'image les demi-tcintes ; il suffit d'ailleurs pour imprimer d'un creux tres-le'ger. Apres avoir enleve le vernis, on nettoie parfaitement la gravure avec de l'al- cool ct un linge tres-doux; on la mouille a l'eau ammoniacale, et on remplit les creux d'encre lilhographique grasse ; on essuie et on nettoie de nouveau la pierre pour ne laisser de Fencre que dans les creux. C'est alors que le travail de l'imprimeur litho- grapbe commence. II passe sur toute la surface de la pierre un blaireau impregne d'eau acidulee pour depolir les surfaces libres ; il passe ensuile une eponge impregnee d'eau gomme'e qui re- couvre le depoli; les tailles de la gravure ont ete preservers par l'encre grasse, et, si Ton vient a passer le rouleau a encre litho- graphiquc, l'encre ne prendra que sur elles, et Ton pourra impri- mer comme a l'ordinaire. S'il s'agit d'obtenir une gravure en relief, il faudra ope'rer avec un negatif, et non plus avec un positif photograpbique. Apres avoir fait mordre la pierre on enleve le vernis, on nettoie la sur- face avec de l'alcool, on passe de l'eau gommee qui adhere au depoli de la pierre, on essuie les reliefs avec un linge imbibe d'al- cool, et Ton encre au moyen du rouleau. M. Niepce affirme que les impressions obtenues sur pierre gra- vee sont supericures a cellcs que Ton obtiendrait sur simple pierre lithographique. II ne doutepas queM. Lemercierparvienne bientot a perfeclionner ce procede" et a lui faire produire des re- sultats interessants. IV. Damasquinure heliographique. — La premiere methode consiste k couvrir de cuivre, au moyen de la pile, une plaque d'acier poli sur laquelle on etend une couche de vernis heliogra- phique pour reproduire, soit par contact, soit dans la chambre obscure, un dessin d'ornement; le travail de la lumiere accompli, on enleve avec un melange de benzine et de naphte le vernis non modifie par la lumiere; on dissout par l'acide chromique la surface de cuivre qui n'a pas ete mise a nu; on dorele cuivre par COSMOS. 511 immersion dans un bain convenable , et Ton a pour re'sultat un dessin d'acier sur fond d'or. La seconde metbode consiste a appliquer le vernis sensible di- rectement sur l'acier poli non cuivre; on dcre par la pile toutes les parties de l'acier recouvertes par la portion de vernis que la lumiere n'a pas modifiees. Le resullat de ces operations est d'ob- tenir du damasquinage sur plaque d'acier ou memed'argent sans le secours d'un artiste. Precede de plioiograpiliie rapide sur papier circ De M. df. i.a Bla.nxhere. « Quand la feuille est bien degorgee de cire on la plonge dans un bain iodurant qui doit remplir certaines conditions speciales : il doitcontenir un encollage puissant qui obture les pores du pa- pier et l'assimile a une surface plane et inerle. Trop epais, cet en- collage produirait, lorsqu'on en suspend les feuilies, des gouttes oblongues ou des lignes irregulieres qui formeraient des taches noires dans le bain d'acide gallique. II faut que l'iodure soit peu abondant, afin que, apres avoir pe- netre les pores du papier, il ne se trouve pas une couche trop epaisse de sel d'argent, ce qui produirait des e'preuves molles et empatees. L'encollage doit etre compose de la maniere suivante : Eau ordinaire ,. 2 a 3 litres. Riz blanc 150 grammes Graine de lin SO — Colle de poisson ou gelatine blanche 25 — On doit d'abord faire dissoudre la gelatine a cbaud, et surtout la colle de poisson, si Ton prefere l'employcr, parce qu'elle est tres-longtemps a fondi'e. On y laissera un peu cuire le riz et la graine de lin. Le premier doit offrir a peine quelques grains cre- ve's. On prend ensuite pour le bain iodurant : Encollage ci-dessus, filtie chaud dans un linge 1 litre Sucre de lait 50 grammes. Iodure de potassium 35 — Bromure de potassium , 5 — On immerge les feuilies l'une apres l'autre (en evitant les bulles d'air) pendant dix minutes au plus. On les suspend et on les laisse secher. Ce papier se conservera bon deux a trois mois, et, apres ce temps, on pourra lui rendre toute sa fraicheur d'ioduration en le plongeant de nouveau dans le bain. Le bain sensibilateur sera dans les proportions ordinaires. » SOCIETE D'ENCOURAGEMENT Seance du, mercredi 29 oelolre. M. Busche, inspecteur-g^neral desponts et chansse'es, annonce la perto qu'il vient de faire de son pere, M. le baron Busche, an- cien prcfet, membre du conseil d'administration de la Societe de- puis 1826, mort a l'age de 80 ans. — M. Zambeaux, adjoint au maire de St-Denis, soumet au ju- gement de la Societe la nouvelle chaudiere tubulaire dont, l'annee derniere, nous avons publie la description avec figures et decrit les avantages ; mais qui depuis a recu de nouveaux perfectionne- ments. Une chaudiere du nouveau modele de la force de 25 che- vaux, commandee par M. le Ministre de la marine, est en etat de fonctionner dans les ateliers de MM. Derosne et Cail, et M. Zam- beaux voudrait que le comite des arts me'caniques fit proceder aux experiences necessaires pour constater sa superiorite sur les appareils connus. M. Zambeaux a annexe a son generateur un appareil fumivore dont il obtient d'excellents resultats. L'alimen- tation en cbarbon se fait par le bas du foyer ou la bouille arrive amene'e et poussee par une vis d'Archimede. On comprend par- faitement que la fumee engendrde par le nouveau cbarbon soit brulee et aneantie, on transforme'e en gaz incolores, par son pas- sage a travers les couches superpose'es de cbarbon enflamme et ardent qui la recouvrent. Un pelit cheval emprunte a la machine entreliendrail le mouvement de la vis et l'alimentation du fover. — M. Emile Vatinet, mecanicien a Bolbec, vient d'inventer un graisseur antomate qui procure un minimum d'economie de 25 pour cent quand il est substitue a la burette, un minimum d'd- conomie de 50 pour cent quand il remplace la boite a meche or- dinaire. II est si sur de ses appareils, qu'il contracte l'engagement de les reprendre sans indemnite dans les trois mois de la livr aison, s'ils ne realisent pas les avantages suivants : conserver toujours, sauf de rares exceptions, le meme niveau d'huile dans la cuvette ; permettre de pouvoir plonger la meche dansl'huile, ou l'isoler a volonte, avec une facilite extreme ; regulariser la longueur de la meche dans le tube alimentaire, de telle sorte que Ton obtienne toujours le meme e'coulement avec des meches de meme gros- seur. — M. Mesnard, horloger bijoutier, a Barbezieux (Charente), presente la description et le dessin d'un petit appendice appele COSMOS. 513 par lui souvenir chronometrique , et qu'il propose d'ajouter aux montres et pendules. Cet appendice a pour but de marquer le mois et le jour du inois ou la pendule a e'te mise a l'heure; de telle sorte qu'apres un temps plus ou moras long, on sache d'une maniere certaine l'avance ou le retard de chaque jour. — M. Mesnard presente en outre un pese-lait portatif, a l'aide duquel on peut faire partout l'essai du lait L'appareil s'applique directcment sur le gage ou vase dans lequel la laitiere porte son lait; ilconsisteen une petite romaine portant a son petit bras un vase contenant une fraction connue de litre, a son grand bras et sous forme de curseur un poids; ce poids est egal, quand on le place a 0, au poids que pese la fraction de litre de lait normal ; amene a coi'ncider avec deux traits a droite et a gauche du zero, il ferait equilibre au poids que peut atteindre le lait pur leplus lourd, ou, auquel le lait pur ne peut pas etre inferieur. La ro- maine est portee sur un petit pied que Ton fixe avec de la cire sur le bord meme du pot ou de la boite au lait. A la simple vue de la position du poids, lorsque Fequilibre est etabli, on juge de la purete ou de la falsification du lait; on sait dumoins si Faddition d'eau est dans les limites dela tolerance administrative. — M. Hadriel, rue Saint-Fiacre, a Montmartre, demande l'exa- men d'un procede invente par lui, et par lequel il rend imper- meables a l'eau, tout en les laissant permeables a l'air, les tissus et etoffes employes dans la confection des vetements. L'imper- me'abilite obtenue par M. Hadriel resiste a Faction du frottement, du brossage, a Fapplication du fer cbaud et meme de l'eau bouil- lante, elle ne cesse, en un mot, que lorsque Fetoffe est usee. Les tissus le'gers ainsi prepares ne sont pas penetre's par l'eau alors meme qu'ils supportent la pression de 2 a 6 kilogrammes de ce liquide; les tissus forts supportent un poids de 5 a 10 kilogrammes d'eau sans s'imbiber. — fH. Desbayes, a la Gorneille (Orne), annonce qu'il a re'ussi a construire un appareil qui opere mecaniquement toutes les ma- nipulations exige'es dans la teinturedes matieres textiles, et decrit comrae il suit les avanlages de son appareil : 1° il procure une economie notable de main-d'ceuvre; 2° il donne a cbaque brin, et par suite a cbaque ecbeveau de maliere textile, le meme degre de coloration, la meme nuance ou la mememue; 3° il procure une economie de moitie sur la maliere colorante employee; U° il met a Fabri de toute alteration dcs fibres ; 5° ilpermet au premier individu venu de teindre et d'obtenir d'un seul jet, et a coup sur, 514 COSMOS. toutes les nuances les plus delicat.es et les plus difficiles a obte- nir; 6° enfin il communique a la matiere textile un corps, une force, une resistance que 1c travail a la main ne donne pas. — M. Tivboul, a Beaune, voudrait que la Societe d'encourage- ment le mil a meme de prouvcr que par la distillation des residus de feculerie de pommes de terre, en clecomposant le tissu cellu- laire par dos manipulations simples et peu coilteuses, il peut ob- tenir un rendement en alcool egal a 15 pour cent de la matiere employee. « Deja, dit-il, dans une usine en plein exercice, a Besan- oon, je suis arrive a ce resultat, que 100 kilogrammes de pulpe e'gouttee donncnt dix litres d'alcool a 90 degres, bon gout, le double au moins de ce que donne la bctterave; la betterave cependant coute en moyenne 20 francs les 1 000 kilogrammes, tandis que le tonneau de pulpe e'gouttee et pesant 200 kilogrammes n'est que de deux francs. Cetle fabrique, ajoute M. Treboul, est dans un etal de prospcrite tel, le prix de revient de ses alcools est si bas, qu'elle a la liberte de s'alimenler de pulpe a des distances in- croyables. Elle va en effet chercher des pulpes jusqu'a Roanne (Loire) et, malgre les frais de transport si considerables, le prix de revient de l'hectolitre d'alcool ne depasse pas 45 francs. » — M. Victor Bellet de Saint-Gervais (Seine-et-Oise) rend compte des resultats que lui a donne la culture du ble seme en lignes et en poquets, comme on le fait des baricots. Le champ d'experien- ces avait 1 hectare, 6 ares, 74 centiares de superficie; c'etait une terre a ble mediocre; apres un seul labour elle fut scarifiee, her- see et roulee. Les lignes etaient espacees de 25 centimetres, les poquets de 15 centimetres, le ble fut seme a la main, on mettait au plus trois grains dans chaque trou; le total de la semence fut de 56 litres ; il aurait fallu 3 hectolitres si on avait seme a la volee. On fit un seul binage et sarclage sur la totalite du champ, quel- ques portions seulement eurent besoin d'etre sarclees une se- conde fois. La recolte a ete de 738 gerbes qui ont donne 35 hec- tolitres et 39 litres de ble juge par tous bon, beau et tres-propre, c'est un rendement de 136 litres pour 1. Ce ble fut vendu en grande par tie comme ble de semence, 50 francs les 150 litres, ce qui donna un benefice considerable, car les depenses totales de l'operation ne furent que de 104 francs 75 centimes. « Je n'ai pas la pretention, dit M. Bellet, d'imposer a la grande culture le procede dont j'ai use, et dont je ne suis pas l'inven- teur. Si cependant elle consentait a l'employer au moins dans une certaine mesure, elle occuperait pendant six semaines, au debut COSMOS. 515 de l'hiver, beaucoup de bras de femraes, d'enfants ct de vieil- lards qui alors sont oisifs; elle re'aliserait une economic conside- rable de grain, et elle aurait une recolte plus considerable. Mais, au moins, dans nos pays oula terre est si divise'e, ou la plupart de nos habitants ont quelques parcelles de terre qu'ils ensemencent chaqueannee, celte culture dejardin, qu'ils pourraientfaireeux- memes, sans recourir a une assistance souvent tardivement ob- tenue, aurait de grands avantages. — M. Benoit lit une note sur un moycn d'utiliser la couleur des lanternes des omnibus et de leurs caisses, pour indiquer les di- rections que s invent ces voitures. La Seine, coulant a peu pres de Test a l'ouest dans Paris, et le boulevard de Sevastopol qui traversera bientdt la ville entiere, croisant ce fleuve presque a angles droits, on pent conside'rer la capitale comme formee de quatre regions : 1° celle nord-ouest aboutissant au bois de Boulogne; 2° celle nord-est s'etendant jus- qu'a Bercy ; 3° la region sud-ouest terminee par le Cbamp-de-Mars ; h° enfrn la region sud-est limite'e par la gare d'lvry. Cela pose, rien n'est plus facile que de faire servir la couleur des caisses et des lanternes des omnibus a donner des indications generates sur la direction des routes qu'ils suivent dans Paris. Jl suffit, apres avoir affecte, par exeinple, la couleur verte k la premiere region, la couleur rouge a la deuxieme, la couleur bleue a la troisieme, et enfln la couleur violette a la quatrieme, de donner reellement ces couleurs k l'une des lanternes et a une cerlaine partie de la caisse des omnibus. De cette maniere les lignes d'omnibus ne traversant pas la Seine seraient indiquees, sur la rive droite, par une lanterne verte et une lanterne rouge, ou deux lanternes vertes ou rouges, et, sur la rive gauche par une lanterne bleue et une lanterne violette, ou deux lanternes bleues ou violeltes, selon que ces lignes passe- raient d'une region a la region voisine, ou qu'elles n'en sorliraient pas. Les lignes d'omnibus traversant la Seine seraient signale'es par des lanternes vertes et bleues, vertes et violeltes, rouges et bleues ou rouges et violettes, selon qu'elles mettraient en communication l'une et l'autre des deux regions de la rive droite avec celles dela rive gauche. Quant aux omnibus qui rayonnent du Palais-Boyal et du Louvre vers les barrieres, on pourrait les munir specialement d'une Ian- 0I6 COSMOS. terne jaune unie & tone lanterne verte, rouge, bleue ou violette, selon celle des quatre regions ou ils se rcndent. — Mi Armengaud avait fait hommage a la Societe du grand ouvrage, parvenu aujourd'hui a son dixieme volume et a son dixieme atlas, qu'il public sous ce litre : Publication industrielle des machines, outils et appareils. Cet ouvrage avait ete renvoye1 a l'cxamen da Comite des arts mecaniques, qui fait aujourd'hui son rapport par l'organc de M. Laboulaye. Nous sommes houreux de rendre hommage a celtc belle et bonne collection en analysant ce rapport. « Pour ce qui est des dessins, tous les constructeurs reconnaissentle merite de cette publication qui est indispensable a tout atelier, et dans laquelle toutes les figures tracees a l'echelle peuvent servir a la construction. Ces figures, gravees sur cuivre avec une grande perfection et aujourd'hui au nombre de cinq cents, represen lent les machines les plus remarquables qui, de- puis dix ans , sont venues se placer dans les ateliers. Quant aux volumes de texte, bien que la majeure partic en soit necessaire- ment occupee par les legendes des dessins, et que l'attention des auteurs soit bien plus porte'e vers Fapplication que vers les dis- cussions the'oriques, toutefois on pourrait citer justement avec de grands eloges d'excellentes notices d'autant plus utiles qu'elles donnent des rdsultats plus applicables. » Le Comite des arts mecaniques propose a la Societe de remer- cier M. Armengaud aine de son bel ouvrage, et de l'assurer que s'es sympathies bien vives le suivront dans la continuation de son CEuvre si utile. — M. Laboulaye, au nom du memo Comite, lit un second rap- port sur plusieurs appareils a l'asage des aveugles. 1° ^critoire Bruno. L'appareil, pour ecrire al'aide d'une pointe, dit Ecritoire Bruno est destine aux aveugles qui savent ecrire, aux personnes qui ne sont pas aveugles de naissance. II se com- pose essentiellement d'un cadre plan qui porte le papier sur lequel on vent Ecrire, recouvert d'une fcuijle de papier a decalquer qui doit avoir (la propriete de no pas salir le papier blanc sur lequel il est applique et de laisser cependant un trait net apres une faible pression). Deux cotes de ce cadre portent des entailles equidis- tantes qui servent a fixer un pel it rectangle en fil de fcr qui des- cend d'un cran par une simple rotation autour d'un de ses longs cotes. Au cote" infdrieur du rectangle s'accroche une petite plaque qui s'applique sur le papier et peut glisser tout le long de la ligne indiquee par ce c6te. Dans le milieu de cette plaque est pratiquee COSMOS. 517 une ouvcrture assez grande dans laquelle entre unc pointe servant a tracer les lettrcs. Cette pointe est reunie a la plaque au moyen d'une pelite bride en caoutchouc, fixee des deux cdtes de l'ouver- ture. Cette bride permet d'en trainer la plaque quand on trace les caracteres a la pointe, et aussi par son elasticite de tracer les. queues des lettrcs longues. Enfin cette elasticite ramene la pointe a une position constantc, de maniere a permettre d'ecrire parfai- teraent en ligne droile. L'appareil de M. Bruno, qui ne coute que 20 fr., est done e'minemment simple, et tres-utile pour metlre les aveugles en rapport avec les voyants; la Societe lui accorde son approbation. Appareil pour ecrire avec des caracteres d'impression. — Cet appareil, invente par M. Masse (de Tours), n'exige pas que l'a- veugle ait appris a former ses lettres. Sa construction repose sur 1'emploi des caracteres d'impression pour decalquer imme'diate- ment la lettre. M. Masse a invente cet appareil pour lui, car il a eu le malheur de perdre la vue, et il s'en sert encore tous les jours. II se compose d'un plateau sur lequel se pose le papier a lettre recouvert de papier a decalquer. Les bords de ce plateau sont perces de trous equidistants qui recoivent des pointes ap- partenant a une piece mobile qui, placee successivement dans les trous, pourra servir a tracer des lignes egalement espacees. Cette piece mobile porte d'une part des caracteres d'imprimerie avec 1 indication en caracteres a points devant cbaque case ; d'autre part, deux coulisseaux mobiles qui servent a imprimer les lettres dans un espacement parfaitement regulier. Ces coulisseaux pou- vant se fixer tour a tour : si Ton fixe celui de gauche on imprime un caractere en l'appuyant dans la rainure; avant de le retirer, on appuyera contre le caractere le coulisseau de droit, et on l'arre- tera; retirant alors le caractere, on appliquera le coulisseau de gauche contre celui de droite et on le fixera. Tout sera dispose pour l'impression d'un autre caractere et le coulisseau aura pro- gresse exactement de l'e'paisseur du caractere, e'est-a-dire que les types successifs seront dans un ecart parf?itement regulier. L'appareil de M. Masse montre chez son auteur une entente re- marquable des moyens les plus propres a atteindre par les res- sources de la mecanique un but determine. Nous ferons remarquer qu'on se dispenserait, avec de grands avantages, de recourir au papier, en employantdu papier dezinc sur lequel une pointe en cuivre ou en argent laisse des trace suffisamment noircs et indelebiles. ACADEME DES SCIENCES. Seance du 10 novemhre 185G. Un medecin communique ft 1' Acade'mic les heureux resultats qu'il a obtenusdc l'eau oxygenee danslctraitemenl du cholera. II a eu recours notamment a ce puissant agent d'oxydation dans trois cas tres-graves, et il a ete assez heureux pour sauver ses malades. II y a bien longtemps que M. le docteur Quesneville presse les me- decins d'etudier avec soin les proprietes therapeulhiquesde l'eau oxygenee. Si, comme on Fa pretendu, le cholera correspond a une absence plus ou moins complete d'ozone dans l'atmosphere, on comprendra tres-bien l'efficacite de l'eau oxygenee qui fournit surabondamment de l'oxygene al'etat naissant. — M. de Paravey adresse une note sur l'Epiornis dont on doit trouver au moins les restes ou les vestiges, non-seulement a Ma- , dagascar, mais sur le continent africain. — Un certain docteur de Lille appelle l'attention de l'Academie sur Tin salub rite notoire deslogements des ouvriers, surtout dans les villes de province, et la prie de solliciter a cet egard du gou- vernement des mesures qui mettent enfin un terme a ce grave abus. — M. Painchaud, medecin, a Quebec, adresse une note concer- nant le cholera-morbus, son traiteinent et son mode de propa- gation. — M. Brown-Se'quard, comme on sait, avait era pouvoir con- clure de ses profondes et interessantes recherches sur les cap- sules surrenales, queces petits organes etaient essenticls a la vie, que leur ablation entrainait i'orcement la mort ; ses observations avaient surtout porte sur des lapins. M. Gratiolet, qui, il y a quel- ques anne'es, et en operant sur des chiens, avait incidemment etudie la meme question , etait reste' convaincu que les memes capsules n'etaient pas necessaires a la vie, qu'on pouvait enlever la capsule gauche sans tuer 1' animal; et que si l'ablation de la capsule droitc amenait toujours ou presque toujours la mort, cette mort avait pour cause non le fait meme de l'ablation, mais des accidents consecutifs a l'operation et qu'on ne pouvait pas conjurer. M. Phelippeaux de Lyon vient de mettre hors de doute la verite de l'opinion de M. Gratiolet; en operant sur des rats, il a pu faire l'ablation des deux capsules surrenales, sans quel'animal soit mort. COSMOS. 519 — M. Fabbe Raillard presente une note sur la suspension des nuages et les vapeurs vesiculates : « L'hypothese des vapeurs vesiculates hasardee par Halley, soutenue cnsuite par Th. deSaussure, ibrtiliee ilyapeu d'annees par les calculs de M. Bravais qui s'en est servi dans sa theorie de l'arc-en-ciel blanc, est inaintenant reproduite dans presque tous les ouvrages de physique et enseignee comme une verite demon- tre"e dans les lycees et les cours des Facultes. Cependant cette liypothese est une erreur. Elle a ete imaginee pour expliquer la suspension des nuages dans Fatmosphere et l'absence de l'arc-en- ciel dans les brouillards et les nuages sans pluie. Or l'etat vesicu- laire de la vapeur est inutile pour rendre compte de ce dernier phenomene; il est insufflsant et inutile pour expliquer le premier. De plus, cet etat est impossible. Une lame d'eauquin'auraitpas deux dix-milliemes de millime- tre d'epaisseur scrait invisible; etune vesicule aqueuse, dontl'en- veloppe n'aurait que cette e'paisseur, ne devrait pas avoir moins de un tiers de millimetre de diametre pourse soutenir comme un bal- lon dans Fair, sous une pressionde 0,76, lorsmeme que cette vesi- cule serait absolument vide. Or les petits globules dont les nuages et les brouillards sont formes out tres-souvent un diametre plus petit que deux centiemes de millimetre sans cesser d'etre vi- sibles. Done, ce ne sont pas des ballons suspendus en vertu seu- lement du principe d'Archimede, comme on l'a suppose. Done l'hypothese de l'etat vesiculate est insuffisante pour expliquer la suspension des nuages. De plus, il y a beaucoup de nuages dont la temperature est au-dessous de zero; dont on ne peut, par con- sequent, expliquer leur suspension par l'hypothese de l'etat vrsi- culaire, a moins qu'on ne suppose que dans ce cas les vesicules out des enveloppes de glace, ce que personne n'admettra. En tout cas, cette liypothese est inutile, car la suspension des nuages s'explique tres-facilement et tres-simplement d'une autre maniere. C'est un faitbien vulgaire qu'un milieu fluide oppose a la chute d'un corps une resistance d'autant plus grandeque ce corps, sous un poids donne, presente une plus grande surface. Aussi For lui- meme, quoique ayantune densite plus de dix-neuf fois plus grande que celle de Feau, tombe dans Fair avec une extreme lenteur lorsqu'il est reduit en feuilles extremement minces. II en est de meme de tous les corps reduits en fine poussiere. C'est parce qu'en divisant un corps, on ajoute a sa surface sans rien ajouter 520 COSMOS. a son poids. Si, par exemple, on divise une goutte d'un centimetre do diametre en fines gouttelelles d'un diametre mille fois plus petit, la soinme des surfaces de ces dernieres sera mille fois plus grande que la surface de la premiere ; la resistance que l'air op- poses a leur chute sera rendue done mille fois plus grande , si celte resistance est simplement proportionnelle a la surface! Mais la resistance de l'air doit augmenter plus rapidement encore que la surface, car il faut tenir compte de l'action capillaire entre l'air et l'eau. Done des gouttelettes qui n'auraient qu'un centieme de millimetre de diametre devraient tomber dans l'air avee une excessive lentcur. Mais les images, qui nous apparaissent comme des masses continues, ne sont en realite que des portions de l'at- mosphere dont la transparence est troublee par la presence d'une multitude de globules d'eau on de cristaux de glace d'une peti- tesse tres-grande; ils ne peuvent done tomber que tres-lente- ment, et les images doivent nous paraitre suspendus; ilsi doivent suivre tous les mouvements de l'atmosphere, puisqu'ils ne sont pas autre chose que de l'air trouble ; et si bien souvent leur surface inferieure est aplatie, e'est que les petits globules ou les petits cristaux dont ils sont forme's, en penetrant dans des couches moins froides que cellos d'ou ils descendent , deviennent invi- sibles en s'y evaporisant. ^ L'hypothese des vapeurs vesiculates est inutile pour expliquer l'absence de l'arc-en-ciel dans les brouillards et les nuages sans pluie, car celte absence est une consequence de la petitesse ex- treme des gouttelettes dont ils sont formes. Je l'ai demontre dans an Memoire presente a l'Academie en 1850 , et dans lequel j'ai deja combattu l'hypothese de l'dtat vesiculate. J'ai l'intention de reprendre ce sujet. Je discuterai avec les developpements neces- sairesl'influence du diametre des gouttes d'eau dansle phenomene de l'arc-en-ciel, et je prouverai par des calculs et des expediences decisives, que la diminution de ce diametre fait degenerer l'arc- en-ciel colore en arc-en-ciel blanc, et finit par le faire disparaitre cntierement. Enfln, l'etat vdsiculaire est impossible. On ne saurait donner aucune raison acceptable de la formation des vesicules aqueuses dans les nuages et les brouillards. II faudrait supposer qu'au mo- ment ou la vapeur melee a l'air se condense, elleprcnd partoutla forme d'une nappe qui se replie sur elle-meme et enveloppc de l'air ou d'autre vapeur. Cette supposition est inadmissible. Mais admcttons que ces prctendues vesicules soient formees; rien ne COSMOS. 521 pourra expliqucr leur permanence, car si elles sont remplies seu- lementde vapeur, la pression exterieureles reduira sur-le-cliamp a un globule plein; et si c'est l'air qui les gonfie, ilfaudraleur sup- poser une viscosite Men differente de celle de Feau. » M. Flourens ajoute qu'apres avoir piis connaissance de cette note, il la juge assez importante pour OLre renvoyee a Fexamen d'une commission composee de MM. Cabinet, Boussingault, Le Verrier. M. Cabinet, consulte par M. Flourens, declare de son cote qu'elle est tres-digne de ligurer dans les comptes rendus, parcc qu'elle devient une piece importante dans le debat qui divise en- core les pbysiciens. M. Babinet, cependant, assez incredule a Fen- droit des vapeurs vesiculates, est grandement tente d'altribuer la suspension des nuages a Taction de Felectricite. Pour nous, la these soutenue par M. Fabbe Raillard, eft que nous avons deja exposee dans le Cosmos, est 1' expression pure et simple de la ve- rite'. Ce ne sont pas seulement les gouttes d'eau tres-divisees qui se soutiennent naturellement dans Fair, il en est de meme, comme tout le monde Fadmet, des petits cristaux de glace qui donnent naissance aux halos, aux parhelies, etc. ; et personne ne nie que ces cristaux soient plus lourds que Fair environnant, personne n'a eu meme la pensee de les transformer en ballon. A cette occasion nous dirons que dimancbe dernier a dix beures du soir nous avons observe autour de la lune un tres-beau balo de 22 degres environ de diametre ; en le voyant nous n' avons pas craint d'annoncer a M. Phipson qui nous accompagnait, qu'ii pleuvrait le lendemain ; la pluie est en effet tombe'e le lundi et dure encore aujourd'hui mercredi. — M. le docteur Maisonneuve de'crit un nouveau procede pour Fetablissement d'un canal artiflciel a travers le gland dans le cas d'bypospadias. Ce qu'il y a de tout a fait neuf dans cette note, trop technique pour que nous la reproduisions integralement, c'est Femprunt que fait M. Maisonneuve a la face inferieure de Forgane, d'un lambeau, reste adherent par sa partie inferieure et renverse, pour former exactement Forifice transitoire, diriger Fu- rine dans le nouveau canal, et constituer a sa paroi inferieure une surface revetue d'epiderme qui empeche son obliteration. — M. Guyon d' Alger a fait sur la peau des lepreux une observa- tion semblable a celle de M. Flourens, relative aux tendons ; c'est- a-dire que d'insensible qu'elle est dans les conditions ordinaires, elle acquiert une sensibilite tres-grande dans le cas d'inflam- mation. 522 COSMOS. — M. Charles Negre reclame contre M. Niepce do Saint-Victor la priority d'une partie au moins des procedes de gravure helio- graphique sur pierre et sur m&aux, presentee a 1'Academie dans sa derniere seance; nons insererons sans commenlaire la lettre de l'habile ctmodeste photographe. (i Dans la derniere seance de 1'Academie, M. Niepce de Saint- Vic- tor a presente un Memoire sur divers moyens d'obtenir des da- masquinures hcliographiques. M. Niepce de Saint- Victor a bien declare que le premier de ces moyens avait ete l'objet d'un brevet par M. Dufresne, etjen'ai pas a m'en occuper. Mais M. Niepce de Saint- Victor n'a pasmen- tionne que le second moyen, et ceux qu'il indique a la suite d'une maniere plus generate, ont ete egalement l'objet d'un brevet pris par moi a la date du 13 aout 1856. Cette constatation a pour moi une grande importance, car ces damasquinures sont le point de depart d'un systeme nouveau et complet de gravure heliographique dont je m'occupe depuis plu- sieurs annees, et que je suis, des a present, a meme de rendre pratique. .I'aurai l'honneur de presenter bientdt a 1'Academie, des plan- ches de 0,80 centimetres que j'execute en ce moment; maisla pu- blicity, donneepar M. Niepce a ces procedes, m'engage a presen- ter des aujourd'hui les planches et les e'preuves ci-jointes. L'Academie peut s'assurerfacilementqu'elles n'ont subi aucune retouche ni aucun nettoyage. » — M. Emmanuel Rousseau demande a reprendre un memoire sur la dentition des cetaces, et la place qu'occupent les fanons dans la bouche des baleines, presente par lui dans la seance du 16 juin, et qu'il a depuis fait imprimer. L'objet principal de ce memoire etait la position qu'occupent les fanons dans la bouche des cetaces. Comme Cuvier, Camper et les naturalistes les plus illustres, M. Rousseau est convaincu que les fanons adherent na- turellement anx maxillaires superieurs, qu'il est absolument impossible qu'ils puissent jamais passer au dehors de la machoire inf(;rieure, que par consequent, lorsque les machoires sont fer- mees, les fanons sont loges en dedans. Cinq lettres ecrites par des navigateurs qui ont souvent pris part a la peche de la ba- leine, confirmcnt pleinement cette opinion, qui est l'expression certaine de la verite. Cuvier, en 1822, fit monter trois squelettes de baleines provenant du cap de Bonne-Esperance, avec les fa- nons en dedans de la machoire inferieure. Mais, par une innova- COSMOS. 523 tion etrange, dans la nouvelle baleine expose'e depuis juin 1855 a la curiosite publique, on a place les fanons en dehors de la ma- choire inferieure; cette anomalie revolte le vieux chef des travaux anatomiques du Museum et lui a mis la plume a la main. « J'ai fait de vains efforts, dit-il, pour que Ton rectifiat une erreur trop grossiere pour qu'elle puisse se perpetuer dans un etablissement aussi haut place dans l'estime generale que le Museum de Paris. Malgre mes protestations appuyees de la communication des pas- sages consigned dans les auteurs les plus eminents, et les lettres e'manant d'hommes pratiques auxquels je m'etais adresse pour ne plus conserver aucune espece de doute; il ne m'a pas ete pos- sible d'obtenir un changement dont la raison fait une necessite; force m'est done, a mon grand regret, de recourir a la publicite, et de de'cliner une solidarity qu'il m'est impossible d'accepter au- jourd'hui, apres plus de 25 annees d'exercice dans l'emploi de chef des travaux anatomiques. » M. Rousseau affirme et avec rai- son, que si quelques lames de fanons venaient par aventure a en- jamber par-dessus la machoire inferieure de la baleine, bien plus large que la superieure, sans qu'elle put les ramener a la position normale, 1' accident serait mortel; en placant done sur le nouvel echantillon tous les fanons en dehors de la bouche, il semblerait qu'on a voulu representer la baleine se suicidant, si tant est qu'elle puisse faire ainsi sortir ses fanons. — M. Barral, en faisant hommage a l'Academie de deux nou- veaux volumes de l'ceuvre complete d'Arago, adresse au secre- taire perpetuel la lettre suivante que nous sommes heureux de re- produce : « J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien faire hommage a l'Academie, en mon nom et au nom de MM. Gide et Baudry, de deux nouveaux volumes des OEiwres de M. Arago ; ils portent a neuf le nombre des volumes de cette collection actuellement pa- rus. L'un estle tome III de YAstronomie populaire; il contient les livres de la terre, de la lune et des eclipses et occultations, e'est- a-dire trois traites sur les grands phenomenes de la vie de notre planete et de son satellite. L'autre est le tome III des Notices scien- tifiques ; il renferme les notices sur les phares, les fortifications, les puits fores, et j'ai cru devoir y joindre deux rapports sur la fil- tration et l'elevation des eaux, ainsi que les ecrits de votre illustre ancien collegue sur divers etablissements publics, sur notre sys- teme douanier et sur la legislation des brevets d'invention. De cette maniere, ce volume acheve de montrer, sous un jour com- 524 COSMOS. plet, l'intervenlion du grand savant dans la haute industrieet dans l'administration de notre pays. J'ajouterai que la notice sur les puits fores conlicnt un chapitre d'un haul inlerel scientihque sur les temperatures de la terre a de grandes profondeurs, question que M. Arago a poursuivie pendant plus de trente amides et a la- quelle il a consacre de nombreuses el constantcs recherches. » Qu'il nous soit pennis d'ajouter que MM. Gide et Barral ont tenu lidelement, et au dela de ce qu'il dlait permis d'esperer, les enga- gements pris par eux, qu'ils ont droit, par consequent, a la recon- naissance du monde savant ; leur activite est au-dessus de tous les eloges ; ils accomplissent leur mission avec un profond respect etavecunluxed'impressiondedessins, de gravures auquel rien ne les obligeait. Le succes et la vente rapide de ces beaux volumes est leur plus douce recompense. Nous savons, de source certaine, que plus dedeux mille exemplaires de cette publication grandiose sont deja disperses dans le monde entier. Pourquoi faut-il que les pages si etroites du Cosmos ne nous pcrmettent pas de faire de larges emprunts au troisieme volume A'Astronomie physique qui vient de paraitre? — M. Velpeau, au nom de M. Lombard, docteur-medecin de Geneve, presente un Memoire plein d'interet sur les climats al- pins et subalpins ; nous sommes force , bien malgre nous, d'en renvoyerl' analyse a une autre livraison. — MM. Jomard, Daussy, Moquin-Tandon, Gloquet, lisent les instructions, demandees a l'Academie par M. le comte d'Escayrac de Lauture, sur les observations relatives a la geographie, la geologie, la meteorologie, l'astronomie, la mineralogie, la botani" que, qu'il pourra ou devra faire dans son expedition prochaine a la recherche des sources veritables du Nil. Nous extrairons de ces instructions, quand elles seront publiees, les quelques passages qui peuvent interesser nos lecteurs. — Monseigneur le prince Charles Bonaparte, par l'organe de M. Moquin-Tandon,' presente a l'Academie son Catalogue general des oiseaux d'Europe, remarquable par les nombreuses especes nouvelles qui y sont decrites, et par les cas remarquables d'accli- matation qui y sont consignes. — ■ M. Becquerel appelle l'attention sur les progres considerables que M. Poitevin a fait faire a son bel art du transport sur pierre lithographique des positifs de la photographic II presente deux nouvelles planches representant l'une des sculptures gothiques, l'autre une multitude d'objets d'art et d'ornementation : ces plan- COSMOS. 525 ches ne laissent vraiment rien a desirer. Nous qui suivons presque jour par jour les travaux de l'atelier de M. Poitevin, rue Saint-Jac- ques, 171, nous pouvons en effet afflrmer que la solution du dif- ficile et important probleme de la multiplication economique et par epreuves inalterables des cliches de la photographie, est tres-pres de sa solution parfaite. Le nouvel art n'est plus a I'd tat d'essai, mais bien a I'etat d'application serieuse , artistique et indus- trielle. — if. Le Verrier depose sur le bureau le Memoire relatif a la determination de la difference de longitude entre Paris et Bour- ges. — M. Kublman envoie un Memoire sur la fixation des couleurs dans la peinture ; le titre seul a dte lu a 1' Academic. — M. Desprets, au nom de M. Gaugain, communique de nou- velles observations relatives a l'electricite des tourmalines, a la determination de la quantite d'electricite de'gageepour unevitesse donne'e de refroidissement. Le resultat principal de ses recherclies est que la quantite d'electricite est proportionnelle a la vitesse du refroidissement. — M. Babinet presente ct decrit en quelques mots le diabeto- metre de M. Bobiquet, dont nous avons donne la figure et la theoiie. — M. Dumas presente trois memoires : le premier, de M. Chun- cer, sur les oxydes de chr6me; le second, de M. Troost, sur la li- thine et ses composes; le troisieme de M. Dcbray, sur les allia- ges d'aluminium. Voici d'abord l'analyse du grand travail de M. Troost, faite par lui-meme : « J'ai etc assez heureux pour pouvoir me procurer, pendant l'Expositionuniverselle de Fan dernier, uneabondante provision du minerai de lithine le plus commun, le le'pidolithe, d'ou j'ai extrait de 5 a 6 kilos de carbonate de lithine. Ces materiaux m'ont permis d'entreprendre un travail d'ensemble qui fera l'objet d'un me- moire que je presenterai prochainement a 1' Academic, et dont j'extrais aujourd'hui les quelques resultats qui m'ont paru presen- ter un certain caractere de nouveaute. Ces recherclies ont ete faites a l'Ecole normale dans le laboraloire de M. H. Sainte- Claire Deville, mon maitre , dont les bienveillants conseils m'ont toujours soutenu. « J'ai ete tout d'abord frappe de la necessite d'employer la voie ignee pour retirer en grand la lithine de sesmineraux silicate's. «Leprocedequej'emploie estfonde sur cefaitque si Ton chauffe 526 COSMOS. dans un bon fournonu a vent un melange dc lepidolithe, dc car- bonate et de sulfate dc ban te en proportions convenables, la ma- tiere fond et subit unc espece de liquation qui donne a la partie infrrieure du crcuset un verre parfaitement fondu,mais visqucux; et au-dessus un liquide extremement fluide que Ton peut enlcver pendant que lc crcuset est encore chaud , soit a l'aidc d'une cuil- lere en for, soit par decantation. « Ce liquide, en se refroidissant, donne une masse crislallisee, blancbe ou legerement eoloree en rose pardu manganese. Si, an lieu d'enlever ce liquide, on laisse refroidir le creuset, on trouve deux masses solides sans adherence runeavec l'aulre. Getle ma- ture cristalliscc et blanche est une combinaison de sulfate de baryte avec du sulfate de potasse et du sulfate de limine. La grande proportion de sulfate de baryte qu'elle contient, fait pre- dominer la force cristalline de ce dernier scl, autant que j'aipu en juger par la mesure d'un seul angle du prisme allonge que presente cettc matiere. Un simple lavage a l'eau bouillante suffit pour separerle sulfate de baryte des sulfales alcalins. « Ce procede qui rcussit parfaitement avec le lepidolithe, ne reussit bien avec le petalite qu'aufant qu'on y ajoute une qnan- tite de sulfate de potasse telle que la masse totale d'alcali soit la meme que dans le lepidolithe. Cette influence de la quan- tite d'alcali sur les resultats de l'operation , m'a conduit a re- chercher, si, en augmentant encore la proportion meme dans le lepidolithe, je ne parviendrais pas a enlever une plus grande quantite de lithine ; l'extreme fusibilite du sulfate de limine isole ou combine au sulfate de baryte renclait cette hypothese assez vraisemblable, et l'experience est venue la confirmer. J'extrais ainsi par une simple fusion environ 3 pour 100 de lithine, e'est- a-dire autant pour lc moins que j'en retirerais en grand par la methode analytique, a la fois trop lente ettrop dispendieuse pour etre pratique. « Ce procede, que j'ai applique a 100 kilos de lepidolithe et a 70 kilos de petalite, permeLtra d'obtcnir facilement et a has prix un alcali que la petitesse de son equivalent et ses proprietes spe- ciales appellent deja a recevoir des applications. « Au carbonate et au sulfate de baryte on peut substituer la chaux et lc sulfate de chaux ; on peut egalement employer la chaux et le chlorure dc calcium , mais la volatilite du chlorure de lithine m'a fait donner la preference aux sulfates. <( Les principals proprietes du lithium sont connues; ce metal COSMOS. 527 est inalterable a froid et meme a la temperature cle sa fusion par l'oxygene sec; je peux lefondre dans un creuset do fer et le couler a l'air dans un vase egalement en fer, sans qu'il se ternisse. Lelingot queje presente a l'Academie a ete obtenu de cclte facon, et se conserve sans alteration dans un flacon plein d air. Le lithium forme avec le potassium et le sodium des alliages que j'ai etudies et dont quelques-uns sont plus le'gers que l'huile de naphte. « Pour preparer le metal j'ai d'abord employe la methode de MM. Bunsen et Matthiessen, en modifiant un peu la disposition de l'appareil, de maniere a e'viter la perte de chlorure projete en petites gouttelettes, par les bulles de chlore qui se degagent au pole positif de la pile. (i J'ai ensuite essaye la preparation par les reactions chimiques : j'ai pris un melange analogue a celui qu'emploie actuellement avec tant de succes M. H. Sainte-Claire Deville pour la prepara- tion du sodium. Le melange de carbonate de lithine, de carbo- nate de chaux et de charbon a ete chauffe au rouge blanc pendant plusieurs beures dans une bouteille en fer prealablement lutee. L'experience a ete" reprise trois fois sans succes. Bien qu'un re- sultat aossi constamment negatif dut laisser peu d'espoir, j'ai re- pris l'experience en mettant le melange dans une bouteille en charbon des cornues a gaz ; mais la matiere , maintenue pendant six heures au blanc cblouissant, n'a rien donne. II est peu pro- bable d'apres cela, que le lithium soit volatil; et je crois pouvoh conclure de ces experiences qu'il ne peut pas etre obtenu par le procede qui donne si facilement le potassium et le sodium. Ces insucces m'ont conduit a essayer Taction du sodium sur le chlo- rure de lithium ; elle s'effectue k une douce chaleur et donne un alliage encore riche en sodium et qui va au fond de 1'huile de naphte ; pour l'enrichir en lithium, il suffit de le plonger dans un verre contenant de l'eau et au-dessus de l'huile de naphte, le so- dium decompose l'eau avant le lithium et on obtient un globule qui nage a la surface de l'huile. Cette reaction pourra peut-etre etre utilisee pour preparer le lithium, elle montre de plus que le lithium s'eloigne des metaux alcalins pour se rapprocher du magnesium, le premier des metaux qui Ton a prepare par ce pro- cede. En essayant Faction de l'oxygene sur le lithium, il ne m'a paru se former ni bioxyde ni tritoxyde. <( Ce fait etablit encore un rapprochement entre la lithine et la magnesie. L' etude des sels de lithine conduit a la meme conclu- 528 COSMOS. sion; ainsi tandis qu'un courant d'acide carbonique diminue la solubilite du carbonate de potasse et du carbonate de soude en determinant la formation d'un bicarbonate, il augmente tres-no- tablement la solubilite du carbonate de litbine comme celle du carbonate de magnesie, ce qui me fait penser qu'il n'y a pas com- binaison. La litbine ne m'a paru former ni bisulfate ni alun clans les circonstances ou les composes correspondants de la potasse et de la soude prenncnt naissance. Le cblorure ctl'azotate de lithine sont plus deliquescents que les sels correspondants de magnesie, de plus dans des conditions convenables, ils peuvent comme ces derniers cristalliser avec de l'eau d'hydratation. Le cblorure de litbine perd a sa temperature de fusion une partie de son cblore et devient alcali comme le cblorure de magnesie. La dissolution des sels de lithine ne donne pas de precipite par le carbonate d'am- moniaque en presence de sels ammoniacaux, et partout la lithine forme avec les sels ammoniacaux des sels doubles comme la ma- gnesie. Le phosphate delilhine est insoluble comme le phosphate de magnesie ; enfin il existe une telle analogie entre les reactions des sels de lithine et des sels de magnesie, que je ne connais qu'un seul moyen de separer ces deux bases, c'est l'emploi de la potasse caustique qui precipite la magnesie sans precipiter la lithine. En resume, le lithium ne parait jouer clans la serie des metaux alcalins un role analogue a celui du magnesium dans la serie des metaux alcalino-terreux. » — Nous donnnons par ordre de presentation i'analyse des re- cherches sur les alliages d'aluminium, par MM. Tissier d'une part, par MM1. Debray, Rousseau et Morin de l'autre. I. Alliages d'aluminium, ohteuus par MM. Ch. et Al. Tissier dans 1'usine «rABiifrevilIe~ia-Mi-l'oie. L'aliage d'aluminium et de sodium decompose facilement l'eau, sa produclion a etc a l'origine de la fabrication de l'aluminium, une cause considerable de pertes, maisonl'evite aujourd'hui par des procedes mieux combines, el il est d'ailleurs facile de puri- fier raluminium ainsi souille , de maniere a lui rendre son inal- terabilite parfaite en presence de l'eau. Au point de vue des applications, il importe peu que l'alu- minium soit absolument prive de fer. J'ai analyse du metal, re- duit des chlorures impurs dont la malleabilite et la tenacite ne differaient pas beaucoup de celle de l'aluminium pur et qui con- tcnaient cependant 7 a 8 pour 100 de fer. L'union des deux COSMOS. 529 inetaux s'effectue avec facilite ; les rengards en fer avec lesquels on remue les bains liquides dans les lours ou Ton produit ac- tuellement l'aluminium se recouvrent d'une couclie brillante de ce metal qui produit a leur surface un pbenomene semblable a celui de l'etamage. On purifie l'aluminium allie au fer tout aussi facilement que 1'alumiminium iode, en le fondant dans le nitrate de potasse. J'ai allie l'aluminium en petites proportions avec le fer (5 d'alu- minium par 95 de fer) sans lui communiquer des proprietes Men differentes des siennes. La trempe ne l'a pas modifle.... L'alumi- nium s'unit facilement au zinc et donne des alliages dont le plus interessant contient 97 d'aluminium et 3 de zinc. Cet alliage un peu plus dur que le metal purestcependanttres-malleable, il ne le cede en eclat a aucun autre des alliages d'aluminium. L'aluminium peut contenir jusqu'a 10 pour 100 de cuivre sans perdre completement sa malleabilite. Le metal prepare dans les nacelles de cuivre en contenait 5 et 6 pour 100 , il se travaillait cependant avec facilite. Au dela de 10 pour 100 la malleabilite est faible. On peut sans jaunir l'aluminium lui ajouter 80 pour 100 de cuivre ; l'alliage ainsi obtenu ressemble a celui des miroirs du telescope, il est tres-cassant. L'alliage de 15 d'aluminium est en- core tres-cassant, mais il a un commencement de couleur jaune, et il est probable que le cuivre perd sa couleur quand sa propor- tion est inferieur a 18 pour 100, proportion qui correspond a 1'alliageCu2 Al. Le bronze d'aluminium dont la resistance est a celle du bronze dans le rapport de 51 a 49 contient 10 d'aluminium pour 90 de cuivre; il joint a la propriete de se forger a chaud, une inaltera- bilite assez grande vis-a-vis du sulfhydrate d'ammoniaque. Sa couleur jaune est assez belle, mais sous le rapport de l'eclatil est inferieur a l'alliage connu de 95 de cuivre et de 5 d'aluminium. L'alliage compose de3 parties d'argent et de 97 d'aluminium, a une tres-belle couleur; il est inalterable en presence de l'hydro- gene sulfure. En augmentant la proportion d'argent on augmente la durete" ; ainsi l'alliage, forme de 1 pour 100 d'argent et 1 d'alu- minium, est presque aussi dur que le bronze. L'alliage de 1 pour 100 d'aluminium et 99 d'or, a la couleur de Tor vert; il est tres-dur, quoique bien malleable. Celui qui est compose de 10 d'aluminium et 90 d'or, est blanc cristallise et par consequent cassant. Aluminium et silicium. — Comme le fait observer avec raison 530 COSMOS. M. Deville , le silicium est loin de nuire a la malleability de l'a- luminium ainsi que le ferait le fer ou le cuivre. In & h;intillon renfermant environ 10 pour cent de silicium, bien que se tra- vaillant difflcilement, a pu etre employe a la confection de divers objets. Aluminium et fer. De faibles quantites de fer communiquent a l'aluininium la proprietc de cristalliser et detruisent sa malleabi- lite. Le fer retarde le point de fusion de l'aluminium. Ainsi, nous avons pu fondre de 1'aluminium pur sur de l'aluminium contenant U a 5 pour cent de fer. Aluminium etzinc. 100 grammes de zincavec 10 d'aluminium donnent un alliage cassant, ayant l'apparence du zinc, plus fu- sible que l'aluminium, moins fusible que le zinc. Un alliage compose de 100 grammes de zinc avec 25 d'alumi- nium, est a grain fin et serre, cassant, plus fusible que l'alumi- nium, moins fusible que le zinc. L'alliage de 100 d'aluminium et de 50 de zinc ne parait pas ho- mogene; chauffe sur une lame d'aluminium, il se separe en une portion fusible etune portion qui ne fond pas avant l'aluminium. Ce sont les alliages d'alluminium et de zinc qui ont le mieux reussi jusqu'ici pour les soudures; maiselles supportent dilTicile- ment Taction du marteau. Aluminium et nickel. L'action du nickel sur rahuninium a beaucoup d'analogie avec celle du fer; comme ce dernier metal, le nickel produit avec l'aluminium des alliages cristallises; et em- ploye avec management, il lui donne cerlaines qualites, telles que la densite, l'elasticite, etc. Aluminium et etain. 100 parties d'aluminium et 3 parties d'e- tain donnent un alliage aigre et cassant, un peu plus fusible que l'aluminium. Si l'etain, meme en faible quantite, nuit aux qualites de 1'alu- minium, ce dernier metal peut au contraire donner a l'etain la durete et la tenacite qui lui manquent, pourvu qu'il n'y entre pas dans une proportion trop considerable ; c'est ce que Ton obtient avec 5 parties d'aluminium et 100 parties d'etain. De meme que les alliages de zinc, les alliages d'etain et d'alu- minium peuvent etre employes a la soudure de ce metal, a cause de la fusibilite et de la facilite avec laquelle ils prennent sur la surface de'capee; mais ils ont le meme inconvenient que la sou- dure a base de zinc , c'est-a-dire une consistence grasse et une fragilite qui les fait rompre sous le marteau. COSMOS. 531 Aluminium et plomb. L'aluminium et le plomb ont si peu de tendance a se combiner, qu'on retrouve a la partie inferieure du culot d'aluminium les plus faibles quantites de plomb qui auraient pu etre inlroduites dans le nouveau metal. Aluminium et antimoine. L'aluminium parait avoir aussi peu de tendance a s'allier a l'antimoine qu'au plomb. Aluminium et bismuth. Avec le bismuth, la combinaison s"o- pere avec facilite et donne naissance a des alliages tres-fusibles, mais susceptibles de s'oxyder tres-rapidementlorsqu'ils sontfon- dus. lis sont aussi tres-alle'rables a l'air, a la temperature ordi- naire lorsque la proportion de bismuth est considerable. lis ne paraissent pas susceptibles de s'allier en toutes proportions. L'ailiage de 100 d'aluminium et de 10 de bismuth est tres-dur, assez malleable, susceptible d'un beau poli , inattaquable par Facide nitrique, ne noircissant pas par l'hydrogene sulfure; mais il se gerce dans tous les sens. Aluminium et cuivre. — Les alliages de cuivre et d'aluminium sont ceux dont on s'est occupe le plus aclivement. Des l'origme de ses travaux sur ce metal, M. Deville avait obtcnu des alliages de cuivre et d'aluminium qui etaient legers, dursetblancs, suscepti- bles de prendre un beau poli. De tres-faibles quantites de cuivre detruisent en grande partie la malleabilite de l'aluminium, lui com- muniquent une teinte bleuatre et le rendent susceptible de noircir a l'air. L'aluminium, employe en faibles proportions, augmente la du- re te du cuivre sans trop nuire a la malleabilite, le rend suscep- tible de prendre un beau poli, et pent, suivant les proportions employees, faire varier sa couleur du ton de l'or pale au ton de l'or rouge. Nous avons prepare d'assez grandes quantites de ces alliages, et nous devons dire qu'ils ne laissent rien a desirer sous le rap- port de l'eclat et de la couleur comme imitation d'or. lis s'alterent bien moins par les fusions successives que les alliages de cuivre avec le zinc et l'etain que Ton emploie pour le meine objet. En combinant 100 de cuivre et 10 d'aluminium, on obtient un alliage plus dur que celui qui est employe actuellement a la fa- brication de notre monnaie de billon ; il prend un grand eclat par le polissage et le brunissage, et se rapproche beaucoup par sa teinte del'or pale des bijoutiers; il se forge et se travaille absolu- ment comme le cuivie. L'alliage de 100 de cuivre et de 5 d'aluminium est moins dur 532 COSMOS. que le precedent, susceptible comme lui d'un beau poli, et se rapproche bcaucoup plus de l'or pur par sa teinte. La resistance, la durete et l'elasticite que Ton peut communi- quer au cuivre, en y introduisant de petites quantites d'alumi- nium, feront certainement employer un jour ces alliages dans l'industrie. Aluminium et argent. — L' argent est le metal qui semble le plus convenable pour modifier avantageusement les proprietes de 1' aluminium. Cinq parties d'argent ajoutees a cent d' aluminium donnent a ce dernier metal F elasticity quilui manque, lui communique sa durete, et par consequent la faculte de se polir sans nuire aucunement a sa malleabilite. Tous les alliages d'argent, jusqu'a proportion de 50 d'argent pour 100 d' aluminium, sont plus fusibles que 1' aluminium ; la fusi- bilite croit avec la proportion d'argent. L'alliage a poids eg aid' aluminum et d'argent est cassant comme de cuivre. En introduisant dans l'argent 5 pour 100 d' aluminium, on lui communique la durete de l'alliage monetaire. Cet alliage est facile a distinguer de celui ou il entre du cuivre, par un essai a l'eau- forte qui le blancbit au lieu de le noircir. Aluminium et or. — L'or est le metal que l'aluminium sup- porte en plus grande quantite sans que sa ductilite ait a en souf- frir. Quant aux modifications que produisent sur l'or de faibles quantites d'aluminium, il sera facile de s'en faire une idee quand nous aurons dit qu'il suffit d'aj outer cinq parties d'aluminium a cent parties d'or pour blancbir ce dernier et le rendre cassant comme du verre. Aluminium et platine. — L'aluminium s'unit au platine avec une grande facilite et forme avec lui un alliage plus ou moins fu- sible selon les proportions d'aluminium. Cinq parties de platine et cent parties d'aluminium produisent un alliage qui n'est pas assez malleable pour se laisser travailler; il est probable qu'en diminuant la proportion de platine on arri- verait a produire un alliage convenable. Au reste, pour la teinte, cet alliage parait se rapprocber de l'al- liage a 5 pour 100 d'argent. Imprimerie de W. Remquet et Cie, A. TRAMBIAY , rue Garanciere, 5. proprietaire-gerant. T. IX, 21 novembre 1856. Cinquieme annee. COSMOS. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du 17 novemlre 1856. Sir Snow Harris , le celebre inventeur du systeme de paraton- nerres, adopte par l'Amiraute anglaise pour les navires de la marine royale et par presque tous les armateurs, pour les na- mes de la marine marchande anglaise, est present a la seance. II s'etait mis gene'reusement a la disposition du gouvernement francais, pour faire sur un premier navire, la fregate Vlmpetueuse, l'application de son systeme ; cette operation vient d'etre ache- vee a Cherbourg , et avant de retourner en Angleterre, sir Snow Harris a eu l'heureuse pensee de venir appeler l'attention de notre Acade'mie des sciences sur ses dispositions de conducteurs electriques incrustes dans les mats, si ingenieuses, si rationnelles et si efficaces. Nos lecteurs se rappellent sans doute qu'en de- cembre 1854, nous avons chaudement plaide la cause de sir Snow Harris et de l'iinmense progres accompli parlui, en regret tant que la commission de l'Academie des sciences et son rapporteur, M. Pouillet, n'eussent pas meme daigne en faire mention. — Son Excellence le ministre des affaires etrangeres annonce a l'Academie qu'il a transmis a tous les ambassadeurs, pres les cours etrangeres, la lettre par laquelle son Altesse imperiale le prince Napoleon appelait l'attention sur les blocs jetes a la mer dans son voyage du Nord. — M. le docteur Guillon appelle l'attention de rAcade'mie et de la commission des prix Monthyon de medecine et de chirurgie sur un cas de lithotritie tres-remarquable et tres-heureusement traite par lui. II s'agit d'un venerable cure du diocese de Bourges, chez lequel l'exploration de la vessie fit reconnaitre deux calculs enormes, de 6 centimetres a peu pres de diametre, et que M. Guillon a de"barrasse en un tres-petit nombre de seances, cinq. Nous avons assiste deux fois aux operations et nous sommes beu- reux de reconnaitre qu'il est impossible, d'une part, de eoncevoir des appareils plus parfaits et plus efficaces, de l'autre, de les ma- 20 53k COSMOS. nier plus babiloment. Lc brise-pierre par ecrasemenl, avoc levier et evacuatcur do. M. Cuillon, est le chef-d'oeuvre du genre, ct il a de'ja etc proclame" tel par un grand nombre de praticicns. M. le cure dc Moutaet, parfaitcmcnt gueri, assislait a la seance, cttemoi- gnait en termes cbaleureux de sa reconnaissance envers celui qu'il appelle son sauveur. — M, Colin, profcsseur a Alfort, Iransmot la description de deux monstres singulicrs et cxlraordinaires qu'il a eu occasion- d'obsener cette annee. — M. Cuerin Mennevillc adresse un Memoirc rclatif a I'institu- -tion du cheptel. — M. Pa dc Bruno soumct a l'examen de l'Aeademie un nouvel 4nstrument pour la levee des plans dans les reconnaissances mili- .taires, invenid par M. Angelini, oflicier superieur du genie an ser- vice duPiemont, et grandement pcrfectionne par lui, M. Bruno. .L'instrument nouveau n'est au fond qu'un sextant installe sur -une plancbettc circulaire, avec lequel on peut viser dans toutes les directions, et qui donnc avec une grande faciiile et avec ime exactitude suflisante le releve geograpbique du terrain. A cette occasion, nous ferons remarquer que M. Fa de Bruno est aussi l'inventeur du cbarmant apparcil que nous avons decrit -dans notre derniere livraison sous le nom d'encrier Bruno, et qui permettra aux personnes atteintes de cecite de reprendrc toutes leurs relations, de rentrer dans le monde a distance d'ou Jeur infirmite les avait comme exclus. Nous n'avons pas assez insisle sur les avantages de 1'encrier des aveugles et Ton nous isaura gre de les enumerer : 1° tandis qu'avec les autres ap- pareils on fait une lettre, avec 1'encrier Bruno, on fait au moins ■line ligne; 2°le plus souvent la lettre formee aumoyen des autre* .appareils ne laisse pas son cmpreinle sur le papier; avec l'enerie-r Bruno, surtout si on substitue le papier de zinc au papier a decal- quer, la lettre est infaillibletnent trace'e ; 3° avec les autres appa- reils, on ne peut pas faire les majuscules; avec 1'encrier Bruno, on fait non-seulement les majuscules, mais tous les signes et les ca- racleres qu'on veut; k° avec les autres appareils, toutes les ccri- . lures sont identiques; avec 1'encrier Bruno, l'ecriture conserve :Son individualite; 5° avec les autres appareils, il fant un appren- lissage long et difficile pour arriver a ecrire a peine mediocre- -ment; avec 1'encrier Bruno, le premier individu venu saura do •suite ecrire passablement; 6° les autres appareils sonl compli- -ques, susceptibles de se deranger et pour toujours; 1'encrier COSMOS. 535 Bruno est si simple que tout le monde peut le reparer ct l'imiter; 7° enlin les autres appareils content de 100 a 300 fr., 1'encrier Bruno ne coute que 20 fr. « Aussi, ajoule l'inventeur, en presence d'une contrefaeon facile, nous n'avons pas pris de brevet; nous preferons nous confier a la charite des contrefacteurs, les priant de ne pas nous enlever notre faible benefice que nous destinons integralement aux pauvres. Pour nous, nous n'aspirons qu'a l'honneur d'avoir rendu un service important a une partie de l'liumanite soufl'rante, et au bonbeur de faire servir meme notre invention au soulagement d'une autre, les pauvres Allemands. » Ces genereuses dispositions font le plus grand bonneur a M. Fa de Bruno, jeune savant de grand merite, qui soutenait, il y a quinze jours a peine, avec beaucoup de distinction, sa these de doctorat es-sciences mathematiques. — M. Coulvier Gravier communique en ces termes ses dernieres observations d'etoiles filantes : « Qaoique la presence de la lune et le mauvais temps aient contrarie les observations des 12 et 13 novembre de cette anne'e, cependant je puis donner a l'Academie les resultats suivanls, qui lui montreront comment ont march e les apparitions d'etoiles filantes d'octobre et de novembre. ((D'apres 1'examen demon tableau, et en prenantla moyenne de trois en trois jusqu'au 12 novembre, et de deux en deux pour les derniers jours, on voit que le nombre boraire moyen, a minuit, a ete" pour le 19 octobre de 8,3; le 22 de 13,2; le 26 de 16,5; le 29 de 13,7 , le 5 novembre de 9,1. De belles eclaircies nous ont permis d'observer les 12 et Ik novembre ; si Ton corrige les nom- bres obtenus de la presence de la lune, on voit qu'ils ont donnc pour nombre horaire, a minuit, U,9. « Pour que l'Academie soitparfaitementrenseigneesur la marcbc du phenomene d'octobre et de novembre, j'ai l'bonneur de mettre sous ses yeux la moyenne generate de quinze annees, 18^2 a 1857, qui ont donne pour nombre horaire, a minuit, les resultats sui- vants : Du 10 au 11 octobre. . . 13,7 etoiles Du 30 au 31 octobre. . . 17,4 etoiles. Du 14 au 15 — . 14,3 — Du 3 au 4 novembre,. . 17,9 — Du 18 au 19 — . . 18,5 — Du 7 au 8 — . 15,0 — Du 22 au 23 — . 20,5 — Du 11 au 12 — . 14,8 — Du 26 au 27 — . . 17,5 — Du 15 au 16 — . 13,2 — « Ces moyennes, prises de quatre en quatre jours, permettertt de tracer une courbe parfaitement reguliere. On voit aussi que le 536 COSMOS. maximum d'octobrc arrive le plus souvent du 22 au 23 octobre : cependant, ainsi que nous l'avons deja fait remarquer a l'Acade- mie, pris isolement, on le trouve quelqucfois de la premiere quinzaine d'octobre, a la premiere dizainc de novembre. Quoi qu'il en soit, on peut dire que jusqu'aujourd'hui rien ne peut en- core faire prevoir le retour des brillantes apparitions du 12 au 13 novembre, quoique nous approchions du temps de la periode fixee par Albers. » — M. Andres Poey pre"sente une note sur la nature et l'origine des dclairs sans tonnerre et des tonnerres sans eclairs; cette note est accompagnee d'un Memoire qu'il vient de publier dans YAnnuaire de la Societe meteorologique de France. M. Poey admet dans son Memoire quatre ordres d'eclairs sans tonnerre, bases sur la manifestation du phenomene dans les conditions ou nous l'apercevons. 11 croit avoir demontre" qu'il peut y avoir des eclairs sans tonnerre primordiaux, soit dans le sein des nuages, soit par un ciel parfaitement pur et serein, sans qu'ils soient le resul- tat d'aucune reflexion atmospherique ni de la distance a laquelle on les voit luire. II est entitlement de l'avis de M. l'abbe Raillard sur l'erreur que Ton a commise, en placant au nombre des eclairs les globes de feu qui se forment clans les orages, et qui se comportent, dit-il, de la meme maniere que l'electricite de la foudre. II ajoute : « Dans une note presentee a l'Academie, i'ai le premier propose" de rayer du chapitre des eclairs proprement dits, ces pretendus eclairs en boule ou tonnerres en boule, plus improprement denom- mes par d'autres pbysiciens. J'ai aussi avance que ces boules de feu etaient formees par la condensation du fiuide electrique qui se precipiterait vers un milieu plus ou moms rarefle. (( Quant a l'idee de M. l'abbe Raillard, de reduire tous les eclairs a une seule sorte d'eclair a sillon, nettement defini, semblable aux etincelles que Ton tire du conducteur d'une machine electri- que, je ferai remarquer que j'ai moi-meme enonce cette opinion dans mon Memoire. Cette idee m'etait venue lorsque, ayant sou- vent observe parmi les eclairs diffus, poindre de temps a autre, derriere une couche de nuage epaisse, un sillon lumineux que j'ai compare aux etincelles electriques, je me suis demande si tous les eclairs n'affectaient pas en realite cette forme sinueuse, qui serait modifiee a la fois par la reflexion et la refraction de la lumiere et par la densite des couches nuageuses interposees en- tre l'observateur et re"clair. COSMOS. 537 « Cepenclant, je nemesuis pas entierement prononce" en faveur de cette hypothese qui rapporterait tous les Eclairs a un seul type, quoique le rapprochement des zigzags de l'atmosphere avec nos etincelles eleclriques me paraisse assez fonde. » Nous reviendrons une autre fois sur l'importante collection de faits que M. Poey a reunis et resumes dans le Me'moire publie par YAnnuaire de la Societe meteor ologique de France. — M. Payen lit la premiere partie d'un Memoire sur les modifi- cations succcssives que subissent les peaux deboaufs dans le tan- nage ; c'est comme un pre"ambule a l'etude cbimique des opera- tions de la tannerie, de la chamoiserie, de la megisserie, de la parcheminerie, de la maroquinerie, etc., etc. Les conclusions principalcs de M. Payen sont : que le derme de boeuf est forme de deux sortes de fibres, les unes plus resis- tantes, lesautresmoinsagrege'es; que la combinaisondu tannin se fait d'abord avec les fibres moins re'sistantes, et ensuite avec les fibres plus resistantes; que la saturation des unes et des autres a lieu bien avant le terme assigne jusqu'a present a l'operation du tannage, dont on pourrait, par consequent, abreger considerable- ment la durec, etc. , etc. — M. Flourens pre"sente, avec de grands eloges, le premier vo- lume des Esquisses biographiqaes de M. Cap. « M. Cap, dit-il, a compris l'immense interet que presentent les biographies des illustrations scicntifiques, combien elles faci- litent l'intelligence des theories et des decouvertes nouvelles, en meme temps qu'elles etablissent nettement les droits de chacun ; il a suivi avec un soin extreme cette branche importante de l'his- toire litteraire, et il a acquis, dans ce genre difficile, une habilete" tres-grande ; aussi j'accepte avec reconnaissance l'honneur qu'il me fait de me dedier son livre. » — M. Mocmin-Tandon appelle 1' attention sur une enorme ra- tine adresse'e a la Societe d'acclimatation par un horticulteur mexicain, comme une varie'te extraordinaire d'igname. Cette ra- cine, vraiment merveilleuse, a 2 metres 51 centimetres de lon- gueur, 89 centimetres de circonference, et pese 86 kilogrammes. MM. lirongniart et Moquin-Tandon craignent qu'on ne lui ait ap- plique a tort la denomination d'igname; ce n'est pas certai- nement une ratine de dioscorea, mais un rhyzome de planle in- determine'e. On en rencontre au Mexique de bien plus grosses encore. On en a trouve jusqu'a trois de k metres de longueur, et d'une grosseur enorme partant d'une meme tige. Nous reviendrons 538 COSMOS. sur cette communication des que nos botanistes seront d'accord sur le nom a donner a cede racine, sur ses usages, etc. ; on as- sure qu'au Mexique elle joue un role assez important dans l'ali- menlation. — M. Desprctz presente, au nom de l'autcur, M. Daguin, pro- fesseur de physique a la Faculte de Toulouse, les trois premieres parties d'un Coursde physique theorique et experimental en deux volumes. — M. le general Mo rin, en presentant la seconde edition de son Traite de la resistance des materiaux de construction, annonce qu'il s'est assure, par des experiences nouvelles, de la verite du principe qui sert de base a sa theorie de la resistance des mate- riaux et qu'il enonce comme il suit : « Au moins entre les limites de tensions par allongement ou par compression auxquelles les materiaux sont soumis dans les usages ordin aires, la resistance a l'allongement est sensiblement egale a la resistance, a la compres- sion.)) Nous etionsreste convaincu, paries expe'riencesde MM. Jules Guyon et Hutcbinson, que la resistance a la compression etait notablement plus grande que la resistance a l'allongement, et il nous semblait que ce faitetait le point de depart de la construction des pouts tubulaires. — M. Rayer presente, au nom de M. Michel Levy, me'decin en chef del'armee d'Orient, un long Memoire sur l'hygienc publique en Crimee. — M. Dumas presente, au nom de la famille de M. Gerhardt, le grand Traite de chimie org unique que lejeune et illustre chimiste a pu achever avant de mourir. « G'est, dit M. Dumas, le traite le plus complet que nous possesions, et celui, sans contredit, dans lequel toutes les theories modernes sont exposees avec le plus de clarte. » L'Academie des sciences ne pourra-t-elle pas, ne devra-t-elle pas faire pour le livre et la famille de Gerhardt ce que l'Academie francaise a fait pour le livre de Ozanam, et lui appliquer une grande partie du fonds du prix Jecker ? Nous reviendrons tres-pro- Chainement sur cette grave question. — M. Dumas communique, au nom de M. Damour, des recher- ches nouvelles, d'ouil semble resulter que l'iodure d'amidon est non pas une combinaison chimique, maisbien une sorte de tein- ture. M. Damour, en effet, a decouvert un sous-acetate de lanthane a l'etat gelatiueux, qui se comporte relativement a l'iode absolu- raent comme l'amidon, se colore en bleu, perd sa coloration a COSMOS. 539 la meme temperature que l'amidon, 80 degres, lareprend ensnite dans ccrtaines conditions, etc., etc. — M. Dumas presenle, au nom de M. Henry Sainte-Claire De- ville, un Memoire sur quelques afiinites sp<;ciales et sur des faits nouveaux concernant l'iodure d'argent et les fluorures mctal- liques. <( Dans les phe'nomenes chimiques ou la cohesion n'intervient pas, ou la loi de Berthollet ne trouve pas d'application, on a pu tres-souventposercertainesreglesauxquelles les reactions semblent obeir sans exception. Ainsi, dans la famille naturelle du cblore, du br6me, de l'iode et du cyanogene, on dit tres-positivement'et d'une maniere generale que chacun de ces corps chassera de ses combinaisons ceux qui lc suivent dans la se'rie telle que je viens de l'ecrire. Dans ce Memoire, mon intention estdefaire voirqu'il y a des exceptions curieuses a cette regie, non-seulement en ce qui concerne les chlorures et les autres corps halogenes, mais aussi pour les fluorures eux-memes, dont les proprietes sont sou- vent loin de correspondrc a leur composition probable. « En un mot, il y a des afflnites speciales : quelques-unes sont bien connues, par exemple l'affmite du cyanogene pour lc mer- cure qui, en presence de l'eau, enleve le potassium et le sodium aux cyanures alcalins. Je desire faire voir que l'iode et l'argent possedent Pun pour 1' autre une affinite telle, qu'elle fait une ex- ception a la regie alaquelle j'ai fait allusion plus haut. « J'ai de'montre, il y a quelque temps, que l'acide hydriodique liquide dissolvait l'argent pur avec degagement violent d'hydro- gene quand l'acide est concentre. <( A la suite de cette reaction, on obtient des cristaux transpa- rents etvolumineuxd'iodure d'argent. Voulantreproduirele chloro- iodure d'argent naturel, je mis en presence de l'argent un melange d'acide hydrochlorique et d'acide hydriodique : je ne recueillis encore que de l'iodure d'argent. J'eus alors l'idde de trailer le chlorure d'argent precipite et sec par l'acide hydriodique concen- tre ; le chlorure s'est echauffe presque comme de la chaux que Ton dteint, et j'ai obtenu de l'iodure d'argent facile a reconnaltre a sa couleur et a son insolubilite dans l'ammoniaque. L'acide hydro- chlorique avait ete chasse en quelques instants par l'acide hy- driodique. On peut aussi constater que l'iodure de potassium dissous dans l'eau est rendu alcalin par l'argent metallique avec formation d'iodure d'argent. Bien plus, l'iodure de potassium fondu dans un creuset de porcelaine et maintenu au contact de 5ao cosmos. l'argent au rouge cerise est decompose en notable quanlite. On trouve apres 1' experience, au fond du creuset, une perle transpa- rente de silicate dc potasse, et meine un anneau noir qui de"cele la production du silicium aux ddpens de la matiere du creuset, et, par consequent, la production du potassium aux depens de l'io- dure de potassium. D'ailleurs, on peut observer dans l'iodure de potassium reste intact, une quantile considerable d'iodure d' ar- gent. On remarquera qu'il n'existe aucun vase qui permette de demontrer par une experience plus probante la separation du po- tassium de son iodure au moyen de l'argent. « Avant de passer a une autre serie de faits du meme genre, je rappellerai que le cblorure d'aluminium anbydre se combine avec degagement de cbaleur aux cblorures alcalins ; je dirai encore que les sesqui-chlorures de fer et de cbrome presentent la meme pro- priety, de telle sorte que Ton peut obtenir avec le sesqui- cblorure de fer et le sel marin une matiere fusible vers 200 degre's, et tres- fluide a cette temperature. Le compose correspondant du sesqui- cblorure de cbrome possede cette particularite remarquable qu'il est vert, soluble dans l'eau, tandis que le sesqui-chlorure de chrome qui a servi a le preparer est violet et insoluble ; d'ou il uit que le cbrome a change d'etat moleculaire en passant dans la nouvelle combinaison. On voit, d'apies cela, quelles affinites particulieres ces sesqui-chlorures manifestent en presence des chlorures alcalins, donnant ainsi une raison de plus a la classifi- cation generate des chlorures propose'e par M. Dumas (1). Les combinaisons du meme genre existent parmi les fluorures; on en a un exemple remarquable dans la cryolite. Eh bien , si Ton es- saie de decomposer la cryolite & haute temperature par l'acide chlorhydrique, ce fluorure double d'aluminium et de sodium n'est pas transforme en cblorure double, malgre les affinites que je viens de constater : il ne se forme que du chlorure de sodium, et le fluorure d'aluminium reste intact. « Le spath-fluor est transforme en chlorure de calcium par l'a- cide chlorhydrique gazeux a haute temperature, de sorte que j'ai eu par ce moyen une source d'acide lluorhydrique anhydre qui m'a servi aux experiences suivantes, dont je tirerai des conclu- sions apres les avoir exposees brievement. (1) A ce propos, je dirai que j'ai reussi a preparer un sulfure double d'aluminium et de potassium fusible crislallisable, el decomposant l'eau a la temperature ordi- naire, en faisaut passer du soulre sur un melanse de charbon et d'alun de potasse fsrlement calcines. COSMOS. 541 " de'cemlre 1856. M. Vicat adresse quelques observations critiques sur le Memoire de MM. Rivot et Chatonney, et sur le rapport favorable dont ce indmoire a ete l'objet. — M. Phipson adresse la note suivante : Production de la mannite chez les algues marines. On sait de- puis longtemps que certaines algues marines produisent en s£- chant a l'air libre des efflorescences de mannite. L'opinion com- mune est que ces efflorescences sont une secretion de la plante encore vivante, et que la mannite secretee est une metamorphose du sucre primitivement renferme dans la plante. M. Phipson, au contraire, pense que l'apparition de mannite n'a lieu qu'apres que l'activite vitale de la plante a cesse, et qu'elle est le resultat d'une espece de fermentation qui a pour effet de desoxyder le muci- lage vegetal. Geneseraitdoncpaspar metamorphose du sucre, mais par metamorphose du mucilage que la mannite se produrait. Si l'onadmet, en effet, que le mucilage, tres-abondant dans les algues marines a la composition chimique que lui attribuent la plupart des auteurs, et qui est represented a l'etat sec par la formule Qi2 jjio qio. on vojt tres-bien qu'en presence de l'eau, et en per- dant un equivalent d'oxygene, le mucilage peut se dedoubler en deux equivalents de mannite C6 H7 O6 ; on a en effet Cn H" O10 -f 4 HO = 2 C6 H7 O6 -j- O. La mannite serait done le resultat d'une action desoxydante exercee sur le mucilage. M. Phipson croit que cette explication doit s'etendre aux cas souvent observes d'apparition de mannite dans la fermentation yisqueuse des vins, des bieres, etc., etc. ; en ce sens qu'il se for- merait d'abord une sorte de gomme ou de mucilage, et que cette gomme ou ce mucilage passeraient a l'etat de mannite par d£- soxydation. On obtient d'assez grandes quantites de mannite en retirant les algues de l'eau et les placant a l'etat humide sur des feuilles de papier gris, entre lesquelles l'air puisse circuler, et les abandon- nant a elles-memes pendant une huitaine de jours. Au bout de ce temps, la surface des feuilles est couverte d'efflorescences de mannite sous forme granuleuse et sans apparence de cristallisa- tion; mais si on la dissout dans l'eau, elle cristallisera parevapo- COSMOS. 603 ration en longues houppes aciculaires et incolores. Si Ton suit au microscope la formation de la mannite, on voit qu'elle a lieu or- dinairement avec desaggregation du tissu ; le mucilage intercellu- laire s'altere, et sort sous forme de couche pulvemlente, laissant la cellule vide. M. Phipson a voulu remonter plus loin encore, et il croit trouver la raison de l'alteration du mucilage dans la pu- trefaction de la matiere albumineuse que toutes les algues con- tiennent. — M. Mallet-Bachelier presente a l'Academie l'annuaire du Bu- reau des longitudes pour 1857. — M. Montague, au nom de M. Leon Dufour, lit une note dans laquelle le venerable entomologiste proteste avec une vivacite ex- treme et une verve toute juvenile, contre l'opinion de M. Ravel de Montagnac, timidement exposee par nous dans le Cosmos, et qui veut voir dans la truffe une sorte de galle souterraine. — M. Flourens expose en quelques mots une observation tres- curieuse et tres-importante du docteur Martini de Naples. II s'agit d'un homme mort a 1'age de quarante ans, par suite d'une phthi- sie pulmonaire, et chez lequel l'autopsie a permis de constater l'absence complete des capsules surrenales. Cet homme s'etait marie, il avait eu plusieurs enfants; sa peauetait tres-blanche, et on ne remarquait dans sa constitution physique rien d'extraor- dinaire. II est done certain que les capsules surrenales ne sont pas un organe essentiel a la vie, et qu'on ne peut pas regarder la maladie d'Addison comme une consequence necessaire de leur absence. — Un conducteur des ponts-et-chaussee adresse la description de deux sortes de vannes locomobiles; les unes ont pour fonction de maintenir constant le niveau de l'eau dans un reservoir donne, en determinant un ecoulement variable proportionnel a l'eau af- fluente; les autres, au contraire, maintiennent un ecoulement constant, quoique la quantite d'eau affluente soit tres-variable. — M. Bernard, au nom de M. le docteur Schnepf, presente un nouvel appareil de mecanique physiologique dont nous donnons ici la figure et la description. Nouvcnu sptronietre d'une sensibilite et d'une simplicity extremes. « Un cylindreenlaiton V, ayant 35 centimetres de haut et 18 cen- timetres de diametre, ferme seulement a sa partie inferieure a la- 60/» COSMOS. quelle est soude un socle egalemenl c> liiulrique, serl de recipient; un lube T, de 15 millimetres de diametre, s'elevc ve> ticalement dans lave du recipient, traverse le fond, se coudc dans le socle, d'ou il sort, sous une legere inclinaison, pour sc conlinuer avec un tube en caoulcbouc vulcanise, de longueur variable, mais ter- mine par une emboucbure A, le- gercment conique; e'est le tube respiratoire. Une clocbe G cylin- drique, en lailon egalement, de 30 centimetres de haut et de 16 centimetres de diametre, est ren- versee dans le recipient plein d'eau; elle est maintenuc, dans toutes ses positions dans un equilibre stable au moyen d un contre-poids P et d'une cbaine S, qui passe sur une poulie R, etdontles anneaax, inegaux en poids, compensent les variations quesubit le poids de la cloche, suivant qu'elleplonge plus ou moins dans l'eau du recipient. L'echelle L, dont les divisions de 0 a 5 500 correspondent a 15 centi- metres cubes, est fixee surle mon- tant M qui soutient la poulie etqui s'adapte avec precision, par la gaine G, sur le recipient. Pour determiner la capacite vi- tale du poumon, nous ciiercbons le volume de Pair inspire et celui de P air expire. A cet ellet, nous versons de l'eau dans le recipient jusqu'a la hauteur N, fixee pour notre spirometre, de maniere a ce que la cloche plonge toujours dans lememe volume d'eau; dans toutes les experiences que nous faisons, nous abaissons la cloche au niveau du 0 de l'echelle, quand il s'agit de recueillir la quantite d'air expire; puis, apres avoir fait inspirer et expirer successivement la personne que nous voulons examiner, nous luirecommandons de faire une profonde inspiration et de lancer dans la cloche l'air expire par le tube res- piratoire, en placant dans sa bouche l'extremite terminee par i'embouchure ; le point ou s'arrete le bord superieur de la cloche COSMOS. AA- indique te nombrc do centimetres cubes d'air expire Cette opera tion, que tous n'executent pas egalemont bien ,iu premier conn est renouvelee trois fois et nous en conservons le r&alt&t msiTi mum. maxi~ Pour avoir le volume d'air inspire, nous elevons la cloeV au niveau do la division do l'echellc qui marque 5 milliemes de oefi timdres cubes; puis, apres une expiration el une inspiration sue cess.ves, nous faisons faire une expiration prolonged- et pen dant le court intervalle de repos qui suit, la personne soumise a 1 examen place l'embouchure dans sa bouche et inspire aussi longtemps que possible de Fair qu'elle puise dans la clocbe • celle ci descend et le point ou elle s'arrele sert a determiner le volume d air inspire. Les avantages que presente notre spirometre sur tons les autres gazometres, depuis celui d'Hutchinson jusqu'a ceux des proles seurs A ogel et Wintricb, peuvent se resumer en ces deux mots ■ simplicitc et precision. II est simple, parce que le tube respiratoire n'est plus garni de robinets et de courbures qui entravent la circulation de 1'air et troublent les experiences, en faisant accumuler de l'eau dans les courbures du tube; l'inclinaison que nous avons donneea ce der- nier, dans notre appareil, obvie a ces inconvenients. De cette pre miere modification il resulte que l'air de la cloche, avant l'inspi- ration et apres l'expiration, se trouve avoir la meme tension sous la meme pvession atmospherique; de la 1'inutilite du manometre dont nos predecesseurs compliquent leurs spirometres • de la le retabbssement spontane du niveau de l'eau dans le recipient et dans la cloche j de la la fixite du 0 de notre e'chelle ; de la 1'inutilite d une cloche en verre et de fenetres cimentees dans le recipient pour retabhr les niveaux du liquide apres chaque experience • de la encore la possibility d'avoir une echelle immobile, basee seule- ment sur le volume d'air que contient la cloche. II y avait une difficulte plus grande a resoudre, e'etait de sou- tenir la cloche dans un equilibre stable quel que bit le degre de son immersion dans l'eau. Le calcul pouvait aider dans cette cir- constance; mais nous y sommes arrive aisement par le tAtonne- ment, en graduant le poids de la chaine de maniere a aj outer au poids de la cloche, ou a en retrancher, des quantites correspon- dant au poids de l'eau deplacee; de cette facon, la roue dentee et armee d'ecrans, telle qu'elle existe dans les meilleurs spirome- tres de Jachne\ a pu etre remplacee par une simple poulie ; de 606 COSMOS. cetle l'acon e'galcment, le jeu de l'instrument est aussi aise et la sensibilite aussi grande dans l'inspiralion que dans l'expiration, ce qui n'est possible avec aucun autre spiromelre. II suit egalement de toutes ces modifications du gazometre que Pair inspire, de meme que l'air expire*, en contact avec L'eau du recipient et avec l'air anibiant, conserve le meme degre de satu- ration aqueuse et se met toujours a peu pres a la meme tempe- rature. C'est a l'aide de cet instrument que nous avons pratique, de- puis deux ans, plus de deux mille cinq cents experiences spiro- melriques sur des individus de tout age et des deux sexes; c'est par lui que nous avons pu etudier plus d'un probleme de physio- logic et de pathologie ; ce sont les donnees qu'il nous a fournies, dans ces differentes conditions, qui nous permettront de faire res- sortir, dans une communication ulterieure, l'importance pratique de la spirometrie dans le diagnostic, impossible jusqu'a ce jour, des maladies de poitrine a leur debut, a — M. Despretz appelle l'attention sur un nouveau systeme de telegraphiepour les navires, invente par M. Treve, jeune enseigne de vaisseau; nous allons le faire connaitre en quelques mots, en attendant que nous fassions mieux ressortir ses avantages. Telegraphic naulique. Le mode actuel de telegraphie a bord des navires consiste en fanaux lenticulaires eclaires cbacun par une bougie. Ces fanaux, disposes vcrticalement les uns au-dessous des autres, sont fixes a un point eleve de la mature au moment du signal, et c'est sur la combinaison de ces fanaux un a un, deux a deux, etc., qu'est fondee la transmission des signaux. La manoeuvre de ces fanaux, lente et difficile, est une cause continuelle d'avaries pour les fa- naux, de dangers parfois pour les homines du pont, de retard et d'incertitudes dans le service. Le mode que M. Auguste Treve a l'honneur de soumettre a l'appreciation de l'Academie iparait beaucoup plus simple et exempt de ces inconvenients ; il repose sur la combinaison du gaz d'eclairage et de l'electricite d'induction fournie par 1'appareil de M. Rubmkorff. Un nombre indetermine de fanaux etant lixe au haut d'un mat, le gazy arrive au moyen de tubes en caoutchouc bien vulcanise, revetus a l'interieur de spirales en cuivre et a l'exterieur d'une etofle impermeable, et aboutissant a un point fixe du pont ou se trouve le recepteur a gaz ; de sorte qu'avec des COSMOS. 607 robinets on peut a volonte faire jaillir le gaz dans lei fanal qu'on le voudra. L'inflammation du gaz est obtenue au moyen de deux fils metalliques, revetus de gutta-percha, mis en communication avec les p61es du fil induit. Ces deux flls, partant du fanal supe- rieur se greffent sur les petitestiges de chacun des autres fanaux, et font que l'electricite s'y manifeste par de vives etincelles entre les pointes des fils de platine qui se rejoignent au-dessus du bee. En interceptant la communication du gaz, on peut done a volonte allumer ou eteindre instantanement un nombre quelconque de fanaux, soit isolement, soit simultanement. Le gaz est fourni par de pelits cylindres ou il a ete precedemment comprime par des moj ens tres-simples et parfaitement connus. Avec ce procede, on peut realiser pour les rades des communi- cations necessaires en temps de paix, mgentes en temps de guerre; il ne suffira que de repeter toutes les combinaisons pos- sibles du telegraphe aerien. Un certain nombre de ces fanaux sont suspendus depuis dix jours dans le iardin de M. Ruhmkorlf, et, chaquesoir, des expe- riences dont quelques-unes ont ete honorees de la presence de l'un des membres les plus illustres de l'lnstitut et de Fun des of- ficiers superieurs les plus distingues de la marine, bien que faites dans des conditions defavorables , ont donne des resultats qui permettent de compter sur une reussite a bord des navires. M. Despretz encore depose sur le bureau la note suivante de M. Matteucci. Phenoinenes physiques de la contraction inusculaire. (( Avant de faire paraitre la derniere lecon de mon nouveau cours d'electro-physiologie, j'ai tache de rendre encore plus facile a repeter les experiences par lesquelles j'ai prouve dernierement le developpement de la chaleur et de l'electricite dans un muscle en contraction. Pour demontrer la chaleur degagee dans la con- traction, je suspendais dans un flacon cinq grenouilles preparees, au milieu desquelles etait plongee la boule d'un thermometre. J'ajoute maintenant qu'on reussit tres-bien a faire cette expe'- rience dans un cours a l'aide de la pince thermo-electrique de M. Becquerel et avec un bon galvanometre a fd court. J'ai pour cela, comme on sait, deux couples thermo-electriques opposes, formes avec un fd de fer dont les extrernites sont soudees a deux flls de cuivre. Afin d'obtenir une deviation encore plus distincte, j'ai pris deux couples, bismuth et antimoine, termines en pointes, 608 COSMOS. Ct qui font parlie d'une ancienne pile k rayons do iNobili. Je pre- pare une grenouille a la maniere fle (ialvani eft apres 1'avoir promptoment ossu\ <;o dusang, je la partage par moities. J'introduis dans chacnnc des cuisscs an milieu do la masse musculaire une des pinces tliermo-electriques. Si roxpiTience est convcnable- menl preparee, l'aiguille du galvauMinrlre no tardora pas a sc fixer a 0 degre. 11 est facile de s'assurer (pi'1 ?i Ton secoue meca- niquement une des cuisses, l'aiguille du galvanometre no bouge pas, on que la deviation ainsi oblenuo, n'est Cftte de 1 on 2 dogres, indiquant lantot un e'ehauffement , tantot un refroidissotnent de la cuisse secouee. Qu'on viennc maintenant a exciter les nerfs lombaires d'une des cuisses avec le courant d'une pile elemen- taire, interrompue avec la main , on d'une maniere quelconque, aussitdt l'aiguille du galvanometre commencera a devier, et si Ton prolonge la contraction pendant quatre on cinq secondes, 1'eVbaulTement de la cuisse contracted fera devier l'aiguille de 25 a 30 degres. « J'ai ainsi rendu encore plus evidente, je l'espere, la conclu- sion que j'avais tiree de mes premieres experiences, e'est-a-dire que la contraction musculaire degage de la chaleur, independam- ment de la presence du sang et de sa circulation dans le muscle. « Pour ctudier le developpement de relectricite , j'emploie maintenant un appareil tres-simple et dont l'usage est facile et sur. Dans un morceau carre de bois, je pratique une cavite lon- gitudinale qui est se"paree en deux comparliments par une lame de verre, on de tout autre corps isolant. Je remplis chacune de cescavite's d'une solution saturee de sulfate de zinc; et j'y plonge une lame de zinc parfaitement amalgam^e, ct reunie a une des extremites du galvanometre. Enfin, en contact avec la lame se trouve une mecbe de coton, comme celle de la lampe Locatelli. Les deux meches se replient en dehors horizontalement et se terminent en pointes, eloignees entreellesde 3 ou k millimetres. On sait que l'emploi des lames amalgamees et de la solution de sulfate de zinc, empeche le developpement des polarites secon- dares. Pour faire 1'expe'rience , je prends une seule cuisse de grenouille ou le muscle d'un autre animal auquel est re'uni son fdet nerveux. Ce muscle, soutenu sur une lame de gutta-percha, est ameneau contact des pointes des deux meches. II n'est pas dif- ficile de r^ussir avec la cuisse de grenouille; meme en employant un galvanometre tres-delicat et a fil tres-long, on voit l'aiguille rester a 0 degre ou devier de quelques degre's seulement. Mors COSMOS. 609 j'applique sur le filet nerveux les extre'mites d'un tout petit couple, zinc et platine, et avec la main je determine et j'interromps le passage du courant pendant quelques secondes. Dans le meme temps la cuisse fait un certain nombre de contractions rappro- chees, et l'aiguille du galvanometre est deviee de 25 a 30 degres par un courant qui entre dans le galvanometre par l'extremite placee en contact de la partie inferieure de la cuisse. Cette expe'- rience, ainsi reduite a sa forme la plus simple et dont le resultat est independant de l'existence d'un pouvoir electro-moteur quel- conque anterieur a la contraction, prouve bien que la contrac- tion seule du muscle est la cause du developpement de l'e'lec- tricite. II est naturel d'altribuer ce developpement de chaleur et d'electiicite ainsi obtenu, aux phe'nomenes chimiques de la res- piration musculaire. » — M. de Villeneuve-Flayosc, ingenieur en cbef et professeur a l'ficole des mines, lit un memoire dont nous donnonsicil'analyse. Sur les eaux souterraines de la Provence. Les conditions de la formation de sources se resument ainsi : un systeme absorbant qui re'unit les nitrations phrviales, un bassin de reception qui emmagasine et conserve les liltrations reunies; enfin, un canal (remission laissant echapper lentement et regulie- rement les eaux contenues dans le bassin souterrain. Plus le sys- teme absorbant est developpe', plus le bassin de reception offre d'e"tendue et d'impermeabilite, plus la source est abondante; les canaux d'e'mission les plus retrecis correspondent aux sources les plus re'gulieres. Les sources superficielles ont leur bassin de re- ception immediatement place sous le sol cultivable. Elles ne peu- vent se presenter que dans les terrains dont le sous-sol imper- meable forme des reservoirs naturels places au croisement des petites vallees. L'expose des lois presidant a la recbercbe de ces eaux a ete public par M! l'abbe Paramelle, en 1855. Dans ses etudes sur le drainage en France, Comptes rendus, mai 1855, l'auteur du Memoire actuel a de,|a fait connaitre la re- marquable loi qui regie les nitrations dans les climats les plus op- poses de la France : la filtration pluviale ordinaire n'est qu'une nappe d'eau de 12 a 13 centimetres aux environs de Paris; elle est de 32 a 33 centimetres en Provence. A surface absorbante egale, lesgrandes sources profondes du midi de la France sont bien plus considerables; eL dans la France meridionale les sources profondes 610 COSMOS. ont leur systeme d'absorptlon dans les bancs pcrmeables on fis- sures qui constituent l'ossaturc du terrain. Les couches de calcaire compacte et depourvu d'argile forment les terrains les plus absorbants. Les fissures et les cavites de ces calcaires, etudiees soit dans les travaux de mines, soit dans l'ex- ploration des sources, se trouvent partout satisfaire aux lois ge- nerates des dislocations et aux belles formules decouvertes par M. filie de Beaumont. Les fonds des bassins souterrains sont for- mes de calcaires marneux; remission des sources a lieu sur les points oli des soulevements brusques transforment les couches impermeables en veritables barrages naturels, et leur impriment un pendage oppose au sens d'ecoulement de la source. Trois grands plateaux de calcaires arides et caverneux divisent la Provence et correspondent a trois groupes differents de grandes sources. Le plateau septentrional, signale par les cretes du Ventoux et du Lure, se developpe sur 68 kilometres de longueur, entre Car- pen tras et Sisteron, et donne naissance a la plus puissante des sources de la France, a Vaucluse, qui debite 13 000 litres par se- conde a l'etiage. Le plateau central s'etend entre Aix et Vence sur 136 kilometres, et met au jour, sur divers points, un ensemble de sources debitant plus de 25 000 litres par seconde. La plus belle de ces sources, Fontaine-l'fiveque, debile h ^00 litres par seconde, et, avec ses ecoulements accessoires, elle verse dans le Verdon 6 000 litres. Le plateau meridional, entre Marseille et Toulon, se signale par l'arete de la Sainte-Baume, portee jusqu'a 1' altitude de 1 100 me- tres. II amene au jour un ensemble de sources debitant 2 600 li- tres, et deverse sous les flots, entre la Ciotat et Marseille, la ma- gnifique source sous-marine de Port-Miou. Cet ecoulement d'eau douce, au-dessous du niveau de la mer, produit un courant tres- prononce. ML Julien de Villeneuve, lieutenant de vaisseau, n'a pu mainte- nir verticale la sonde placee sur ce courant, qu'en armantl'appa- reil d'un poids de 38 kilogrammes. Des lois d'une regularite remarquable, et que Ton devra mettre a profit pour la recherche des eaux, president aux emergences des sources principales. Elles se coordonnent fidelement aux grandes dislocations de la Provence. La ligne de Vaucluse a Fon- taine-l'fiveque, estparallele au plus grand soulevement de la Pro- vence, a la chaine de Ventoux et Lure, elancee a 1 900 et 1 800 COSMOS. 611 metres d'altitude ; cette meine ligne d'ecoulement passe entre les principales sources du Gardon, celle de l'Aveyron, dans le grand plateau calcaire du Larzac, pour atteindre aux bords du Lot d'au- tres grandes sources, et marcher parallelement a la Faille, qui dessine le cours de la riviere, aupres de Cahors. La ligne des sources de \ aucluse a Port-Miou, apres avoir tra- verse le groupe des sources des Aigalades, pres Marseille, et la di- rection de la ligne de niveau suivie par le canal, vient dessiner le cours de la Loire, depuis les environs de Saint-Etienne jusqu'a Decise, atteint les sources voisines de la Seine pres Melun, et, passant par le confluent de la Marne, joint les embouchures de la Somme et de la Tamise. Cette remarquablc dislocation ne dif- fere pas de ce que M. de Beaumont appelle la direction du systeme du Tenare. La ligne de Port-Miou a Fontaine-l'Eveque est a son tour dirigee comme la grande dislocation qui met a jour les eaux thermales de Digne, de Greoulx et d'Aix en Provence. Les sources sont des centres de depots geologiques et de perturbations reiterees a di- verses periodes de la formation de la terre. Dans le centre de la France, les grandes sources satisfont aux memes lois d'alignements reguliers et conformes aux directions des souK'vements : c'est ainsique les sources de la Seine, dans la Cote-d'Or, celles de la Marne, connues sous le nom de Somme, Soude et de la Cosle, marchent sur l'alignement de la dislocation du systeme du Tenare, partant de Fontaine-l'fiveque en Pro- vence. Les sources sous-marines, que nous signalons pour la pre- miere fois, pourraient etre utilisees. Les sources sous-marines de la Provence s'elevent, d'apres le calcul, a un debit de 15 000 litres par seconde; les eaux perdues dans la mer, entre Nice, Menton, San-P.emo, Vintimille, Genes et le golfe de la Spezzia, atteignent a 19 000 litres. Enfin, celles qui se deversent dans la Mediterrane'e, entre Mar- seille et Perpignan, produiraient environ 16 000 litres. La rive sep- tentrionale de la Mediterranee pourrait etre arrose'e par un volume d'eaux fecondantes et limpides, qui atteindrait 50 000 litres oules deux-tiers de l'etiage de la Seine. C'est la une grande et belle ap- plication a signaler aux grands appareils de sondage dont on fait a Passy une interessante application. La pisciculture peut aussi, dans ces jaillissements d'eaux douces melees aux eaux marines, trouver la solution d'interessants et utiles problemes. 612 COSMOS. — M. Giraud Teulon lit un memoire de mecanique physiolo- giquc qu'il resume lui-mSme dans les terines suivants : Mcranisme «le la natalion et du vol. Le mecanisme, par lequel s'effectuent la natation cliez les pois- sons, le vol chez les oiseaux, a ete depuis longtemps assimild avec celui qui preside au saut cliez les bipedes ou quadruples. Mais cette assimilation a Cte" plutOt entrevne que nettement comprise ; et d'ailleurs, le saut lui meme n'ayant jamais dte* se- rieusement explique dans son mecanisme, jusqu'en ces derniers temps, l'identite du principe qui preside a ces trois actes impor- tants de la locomotion dans le regne animal ne peut qu'etre utile- ment demontree. Pour y parvenir, l'auteur etudie d'abord et decompose le mou- vement par lequel un poisson veut se porter avecrapidite* adroite ou a gaucbe. 11 reconnait que cet effet est produit par la flexion rapide de son extremite caudale vers la t6tc, flexion subitement interrompue dans son cours, et donnant la sensation d'un choc, d'un coup de fouet imprime" au liquide. Ayant fait voir, dans une pr^cedente communication a l'Acade- mie (1), par quel proce"de la nature produit, dans les corps ani- mes, cette lutte, effet de l'elasticite dans une baguette flexible, il conclut que cet arret subit, le coup de fouet, le choc du liquide est produit par la contraction soudaine des muscles antagonistes de ceux qui ont amcne la flexion commencee. Le corps de l'animal, par la subite et mutuelle equilibration de toutes les forces intrinseques qui le sollicitent, devient soudaine- ment rigide, mais alors les forces extrinseques, c'est-a-dire les reactions du liquide ambiant jusque-ladominees, semanifestent; elles se manifestent subitement et leur effet devient en tout sem- blable a un choc. Quantaleurdirectionoudumoinsu bore Par MM. Wohler et H. Sainte-Claire Devillb. « II est a remarquer que la plupart des corps simples, ceux au moins dont l'etude est faite complement, se prcsentent a nous sous des formes interessantes. Le bore seul, place entre le char- bon et le silicium qui cristallisent lous les deux avec une grande perfection, ecbappait a cette regie. Des recbercbes sur cette ma- tiere, commencees separement par cbacun de nous, et terminees en commun, font cesser cette exception, et nous permettent au- jourd'bui de demontrer que le bore existe a trois etats distincts, pre"sentant ainsi les analogies que le silicium possede deja avec le cbarbon, mais a un degre plus marque encore. 1° Bore cristallise ou diamant du bore. Cette matiere vraiment curieuse a ete oblenue sous forme de cristauxtransparents, lantot rouge grenat, lantot iaune de miel , sans que sa couleur puisse etre consideree cominespecifique, car elle pourrait tenir, comme la couleur des pierres precieuses , a des quantite's excessivement faibles de matieres e'trangeres, en particulier de silicium ou de cbarbon ; on peut done esperer, malgre la teinte variee des ecban- tilloos que nous avons l'bonneur de soumettre a l'Academie, que le bore pourra etre obtenu incolore. Le bore possede un eclat et une refringence tels que les cris- taux ne sont, sous ce rapport, comparables qu'au diamant. C'est a cette extreme refringence qu'est du l'aspect metallique des cristaux trop volumincux pour se laisser traverser par la lumiere. II est a presumer que si Ton obtenait du bore incolore et en gros cristaux, il presenterait exactement l'aspect du diamant avec tous ses effels de lumiere reflecbie et refractee. Une autre analogie egalement importante se tire de sa durete. Tout le monde sait que le diamant est de beaucoup la plus dure de toutes les matieres connues, qu'ilraie le corindon ou rubis orien- tal, lequel vient, sous ce rapport, immediatement apres lui. Le bore lui-meme raie le corindon avec la plus grande facilite, si bien qu'un sapbir taille que nous avons soumis a Taction de la poussiere de bore, a perdu ses angles, ses aretes, et a ete raye sur sa surface avec une extreme rapidite. Un diamant taille avec lequel nous avons creuse les cristaux sur une surface de quartz polie, a ete legerement rode a tous les points de contact. Cette ex- perience qui indique une durete comparable a la durete du dia- mant , doit etre completee par des essais plus precis, dont COSMOS. 635 M. Froment, l'habile mecanien, a bien voulu se charger. Le bore doit done etre considere jusqu'ici comme le plus dur de tous les corps connus, avec le diamant, ou aii moins apres le diamant. La forme cristalline du bore est encore a trouver : nous avons eu souvent dans nos echantillons des cristaux debore assez volu- mineux, mais en les regardant de pres, on voit que ce sont des macles tres-compliques, provenant de l'accolement regulier d'un grand nombre de cristaux elementaires tres-petits. La lu- miere polarisee semble bien indiquer, par le retablissementde la clarte entre deux prismes de Nicol, que les cristaux n'appar- tiennent pas au systeme regulier. Mais avec une substance aussi refringente et composee d'un aussi grand nombre d'elements cris- tallins disposes regulierement, il peut rester encore des doutes, meme apres une experience si concluante en tout autre circons- tance. Le bore pulverulent, qu'il est a peu pres impossible d'obtenir pur par le procededeGay-Lussac et Thenard, aete fondu par M. Des- pretz avec la pile. En employant seulement la chaleur developpee par le gaz tonnant, je n'ai pu voir d'effet cle fusion sensible produit par cette haute temperature. Le bore cristallise , fortement chauffe , resiste a Taction de l'oxygene. Cependant il s'oxyde a la temperature ou le diamant brule ; mais une petite couche d'acide borique qui se forme a sa surface et qu'on apercoit facilement, empecbe Taction de se pro- pager. Le chlore, au contraire, agit avec une energie remarquable sur le bore qui s'enflamme au rouge dans une atmosphere de ce gaz et se transforme en chlorure de bore gazeux : il est difficile d'a- voir du chlore assez sec pour qu'un peu de fumee ne se pro- duise dans cette experience ou Ton voit aussi se deposer de Ta- cide borique, provenant de Tair et de Teau contenus dans le chlore. Le bore cristallise brule ainsi sans residu et alors on voit se manifester le phenomene du gonflement des cristaux qui caracte"rise la combustion du diamant dans l'oxygene, d'a- pres la remarque de M. Dumas. Chauffe au chalumeau entre deux lames de platine, il deter- mine immediatement la fusion du metal par suite de la formation d'un borure tres-peu refractaire. Tous les acides, quels qu'ils soient, purs ou melanges, n'ont aucune action sur le bore, soit a froid soit a chaud. Seulement, 636 COSMOS. au rouge vif, le bisulfatc de potasse le transforine en acide bo- rique avec degagement d'acide sulfureux. La soude caustique bouillante et concentree ne l'altere pas ; mais la soude monohydratee.le carbonate de soude, au rouge, le dissolvent sensiblement. Le nitre, a cette temperature ne paralt pas agir sensiblement surle bore cristallise. C'est done le plus in- alterable de tous les corps simples. On le prepare en fondant ensemble daus un creuset de cbarbon 80 grammes d'aluminium en gros morceaux et 100 grammes d'acide borique fondu en fragments. Le creuset de charbon est introduit avec de la brasque dans un creuset de plombagine de bonne qualite ; et le tout est mis dans un fourneau a vent qui puisse fondre facilement le nickel pur. Onmaintient la temperature a son maximum pendant cinq heures environ, en ayant bien soin d'enlever avec un ringard toutes les scories ou le machefer qui pourraient embarrasser la grille. Apres le refroi- dissement on casse le creuset et on y trouve deux couches dis- tinctes, l'une vitreuse, composee d'acide borique et d'alumine; Fautre metallique, caverneuse, gris de fer, herissee de petits cris- taux de bore qu'on reconnalt facilement, c'est de 1' aluminium impregne dans toute sa masse de bore cristallise. Toute la partie metallique est traitee par une lessive de soude moyennement concentree et bouillante qui dissout l'aluminium ; puis par de l'acide chlorhydrique bouillant qui enleve le fer; et enfin par un melange d'acide fluorbydrique et d'acide nitrique pour extraire les traces de silicium que la soude aurait pu laisser melange avec le bore. Cependant le bore n'est pas pur : il contient encore a l'etat de melange de l'alumine en plaques que Ton peut extraire meca- niquement, mais qu'aucun procede cbimique ne nous permet de separer du bore. La matiere vitreuse qu'on fait bouillir dans Feaului cede beau- coup d'acide borique et une matiere gelatineuse qni est de l'a- lumine presque pure. Ce fait de separation spontanee de l'alu- mine est tout a fait conforme aux observations de M. Henri Rose, a propos de Taction qu'exercent sur l'eau les borates a bases in- solubles. 2° Bore graphito'ide. L'aluminium dissout peu de bore ; aussi ne l'obtient-on generalement sous cette forme nouvelle qu'en pe- tite quanlite, quand on fait dissoudre un alliage de bore et d'alu- minium dans un acide, suivant les me"thodes que nous avonspu- COSMOS. 637 blie'es pour la preparation du bore graphito'ide. Ccpendant on en obtient un peu dans l'experience precedente ; et on le se'pare ai- sement du bore cristallise, a cause de la facilite avec laquelle il se met en suspension dans l'eau. On peut aussi produire coramo- ddment le bore graphito'ide en traitant le fluoborate de polasse par l'aluminium, et en a j out ant corame fondant un melange a equiva- lents egaux de cblorure de potassium et de chlorure de sodium. On obtient alors de petits culots de borure d'aluminium, qui dis- sous dans l'acide cblorbydrique, laissent deposer le bore sous sa seconde modification. Ce sont des paillettes souvent sexago- nales, un peu rougealres, ayant tout a fait l'eclat et la forme du graphite naturd et du silicium graphito'ide. Le bore graphito'ide est toojours opaque. 3° Bore amorphe ou bore de Gay-Lussac et Thenard qui l'ont decouvert. 11 s'obtient aussi dans l'experience qui donne le bore cristallise; il suffit pour cela qu'un petit globule d'aluminium se soit trouve en presence d'une grande masse d'acide borique. Alors la reaction se fait tres-rapidement, l'aluminium ne peut pas dis- soudre le bore au fur et a mesure qu'il se produit, et on obtient, apres Faction de la soude et des acides, une substance brun cho- colat clair qui a toutes les proprietes assignees au bore amor- phe tel qu'on le connaissait. Quand on recueille sur un filtre le bore amorphe, tout ce qui reste adherent au filtre, bien seche, brule avec une facilite et un eclat remarquables, quand on met le feu au papier. Le bore gra- phitoide resiste a la temperature developpee par la combustion du papier, et on le retrouve tel quel dans les cendres. Cette expe- rience tres-simple permet de faire voir les differences qui existent entre ces deux varietes de bore. Nous concluons de tous ces faits, que le bore doit etre place plus pres encore que le silicium du charbon dont il se rapproche surtout par ses proprietes physiques clans les formes qui corres- pondent au diamant, au graphite et au charbon ordinaire. » — A la demande de M. Babinet , M. Eugene de Fourcy, inge- nieur en chef des mines, attache au service de la ville de Paris, a determine la longitude, la latitude et l'altitude du petit Observa- toire de l'ecole polytechnique. M. Babinet a cru devoir communi- quer al'Academie les resultats de cette modestc triangulation : Longitude orientale, 0°0' A9" ; Latitude, US0 50' 5U"; celle de la facade sud de l'Observatoire dtant48°50'14". 638 COSMOS. Hauteur de la plate-forme, 74m,25 au-dessus du niveau de la mer, et 48 metres au-dessus du zero du pont de la Tournelle. II resulte de la difference de longitude, que la difference d'heure entre FObservatoire et l'ecole polytechnique est de3" 115, c'est- a-dire que quand il est midi a l'Observatoire , il est midi et 3 se- condes a l'ecole polytechnique. — M. Dureau de la Malle fait une lecture qui n'arrive pas jus- qu'a nous. — M. Jules Cloquet, au nom de M. Gaillard, de Poitiers, decrit un nouveau mode d'uretroplastie par emboitement, couronne de succes dans plusieurs cas tres-graves de fistules de l'uretre. — M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, president, donne lecture de deux passages de lettres recues par lui. La premiere lettre ap- prend que, dans une seance de la Societe geographique du Bresil, presidee par S. M. l'Empereur, il a ete decide qu'on procederait immediatement a une exploration scienliflque des regions inte- rieures de l'Amerique meridionale, eminemment riche, comine on le sait, en produits naturels. Les fonds necessaires sont deja votes, les instructions redigees, etc. Dans la deliberation qui a eu lieu, il a ete solennellement reconnu que le bel exemple donne parun Francais, M. de Gastelnau, etait le point de depart de cette grande entreprise; aussi la France ne sera-t-elle pas oubliee dans la distribution des e"cbantillons recueillis par l'expedition : elle aura sa noble et belle part. La seconde lettre est de M. Montigny, charge d'une mission di- plomatique aupres du roi de Siam. II annonce qu'il a reussi a faire[accepter un traite de commerce; et que, dans ce Iraite, pour la premiere fois depuis qu'on fait des traites, il a pu sauvegarder les droits de la science et des savants. Ceux d'entre eux qui vou- dront explorer ces regions encore inconnues, et ou il y a d'abon- dantes moissons arecueillir, trouveront partout, sous le patro- nage de la France, protection, assistance, egards, etc., etc. — Nous avons public, dans le Cosmos, livraison du 9 mai der- nier, une note assez etendue relalive aux experiences faites par M. l'abbe Panisetti sur les oscillations du pendule immobile ; le fait capital qui ressortait de ces experiences etait que le pendule oscillait constamment dans le sens est-ouest. M. Arthur, docteur es-sciences et auteur d'importantes recherches sur les pheno- menes capillaires, s'est demande quelle pouvait etre la cause de ce phenomene, dont il semble qu'on ne pent revoquer l'existence en doute. Conime le mouvement de rotation de la terre est cons- COSMOS. 639 tant en chacun de ses points, il ne peut pas mettre en oscillation un pendule au repos. II fallait done recourir au mouvement de translation du soleil dans l'orbite qu'elle decrit autour du soleil. Or, par une theorie tout a fait elementaire , M. Arthur croit etre arrive, en eifet, a demontrer que les experiences de M. l'abbe" Panisetti prouventle mouvement de translation dela terre autour du soleil, comme celles de M. Foucault demontrent sa rotation. Nous publierions, des aujourd'hui, cette demonstration, si nous avions eu assez de temps pour faire graver les bois necessaires, et si nous ne conservions pas sur la realite des faits observes par M. Panisetti des doutes que nous avons besoin d'eclaircir. M. Arthur fait remarquer, en outre, 1° que les nombres d'os- cillations, pendant cinq minutes, des pendules de M. Panisetti, sont sensiblement en raison inverse des racines carrees de leurs longueurs , ce qui conduit a des dure'es proportionnelles a ces memes racines carrees, comme la theorie l'exige ; 2° que les am- plitudes des oscillations sont sensiblement proportionnelles aux longueurs, comme les actions constantes qui en sont la cause en chaque lieu doivent les produire. — M. le docteur Bonafond, chirurgien principal, a fait au traite- ment des foyers purulents en general, et en particulier du bubon syphilitique, une heureuse application de la methode sous-cu- tanee de M. Jules Guerin. A l'ouverture par incision, par simple ponction ou par les caustiques, il substitue un petit seton fili- forme; il aide Taction du seton par une compression methodique exerce'e au moyen de compresses, seules ouremplies de charpie, placees entre les deux ouvertures. II obtient ainsi : 1° Tissue dii pus par les petites ouvertures du seton ; 2° le rapprochement des parois; 3° l'irritation des surfaces pyogeniques; W l'exclusion presque complete de l'air. Tandis que la moyenne du nombre de jours necessaires a la gue'rison d'un bubon suppure par les an- ciennes methodes est de cinquante-quatre jours ; le nombre de jours, dans le nouveau traitement, n'est plus que de dix-neuf Sur vingt-cinq bubons ouverts par le seton filiforme, onze ont ete completement gue'ris du premier au dixieme jour; six du dixieme au vingtieme; sept du vingtieme au quarantie'me; un seulement au cinquante-troisieme jour. PROGRES EN BELGIQUE- Essai de chirurgie plastique d'apres les preceptes du professeur 65. Eaiigenheck Par le docteur Verhaeghe, membre de l'Academie royale de m^decine de Belgique, etc, etc. Nous croyons que M. Verhaeghe a fait faire un pas de plus a la chirurgie, par la publication du petit Traitc interessant et eminemment pratique, qu'il vient de livrer au public. La cbirurgie plastique , presque tout entiere, est une creation duxixe siecle. Roux, Blandin et Jobert de Lamballe, en France; V. Graefe, V. Amnion, Zeiss, Dieffenbach et Laugenbeck, en Alle- magne ; J. B. Brown, en Angleterrc , se sont particulierement oc- cupies de tout ce qui a rapport a cette partie de la chirurgie et l'ont portee a un tres-haut degre de perfection. Le nom de Dieffenbach restera a jamais illustre par les prece- des nouveaux et ingenieux qu'il a introduits dans un grand nombre d'operations chirurgicales. Celui de son successeur, M. Langenbeck, professeur a l'Universite de Berlin, jouit deja d'une tres-brillante reputation et grandira encore dansl'avenir. M. Verhaeghe a puise une partie des materiaux de son travail dans les rares Memoires du savant professeur que nous venons de nommer, ainsi que dans les demonstrations que celui-ci a bien voulu faire devant lui sur le cadavre pendant leurs frequents en- tretiens. Dans un des premiers chapitres de son Essai, M. Verhaeghe s'oc- cupe de la preparation des malades qui doivent subir une opera- tion plastique. II faut snrtout que le sujet soil place dans de bonnes conditions hygieniques , afin de donner au sang un haut degre de plasticite, chose essentielle a la reunion immediate des plaies. II importe, par exemple, de ne pas oublier que les prepa- rations mercurielles ont la propriete de dlmlnuer singulierement la plasticite du sang. II sera bon, dans la plupart des cas de chlo- roformer le malade avant del'operer. L'auteur procede ensuite a l'examen des conditions anatomo- physiologiques des teguments au point de vue des operations plastiques. Ceux-ci ne sont pas partout egalement propres a la reconfection d'une partie mutilec ; c'est ainsi que les teguments des membres, a 1' exception de la peau de la plantedes pieds el de la paume des mains , ne conviennent pas pour la formation d'nn COSMOS. 641 lambeau destine a combler ou a reparer une perte de substance de quelque etendue. An contraire, les teguments du dos et des par- ties abdominales so-nt tres-propres a co-mbler le vide cause par de grandes pertes de substance. Le spina-bifida , par exemple , peut facilement etre recouvert par des lambeaux de teguments, disseques de chaque cdte de la tumeur, apres l'evacuation prea- lable de celle-ci, mais il est le plus souvent difficile d'obtenir une adbesion immediate entre le sac et les surfaces saignantes des lambeaux. Les teguments de la face et du front conviennent ad- mirablement pour la reparation plastique, aussi est-ce sur ces parties que les operations ont le plus de succes. La distribution des vaisseaux sanguins, etsurtout des arteres, dans les teguments destines a servir de lambeaux reparateurs est un point important sur lequel M. Verhaegbe insiste , et avec rai- son, carde celte distribution depend la nutrition des parties repa- ratrices. Nous passons trois ou quatre chapitres eminemment pratiques pour arriver aux phenomenesphysiologiques qui se passent dans les lambeaux transplanted. A peine la parfaite coaptation des bords du lambeau avec le contour de la perte de substance est-elle as- suree que le travail d'adherence commence ; du huitieme au quin- zieme jour, une nouvelle couche e'pidermique se forme sur ce lambeau, en meme temps que l'ancienne tombe, ainsi que les poils qui se remplacent plus tard par d'autres, mais en moindre quantite'. Le retour de la sensibilite dans un lambeau ou 1'anatomie ne de"- couvre pas de ramifications nerveuses est un fait tres-curieux. M. Jobert de Lamballe a fait bien des experiences a cet egard. Dans un cas qu'il eut l'occasion de soumettrc a 1'examen anatomique, neuf annees apres l'operation, la dissection la plus minutieuse ne permettail pas de suivre les filets nerveux, divises lors de l'opera- tion, au dela dutissu cicatriciel, au commencement duquel ils s'ar- retaientbrusquement en se terminant par une sortt; de rcnfJement. Cependant l'existence de filets nerveux daus les lambeaux transporters ne nous parait pas douteuse, quoique MM. Jobert de Lamballe et Verhaeglie ne les aientpas encore decouveris dans ces parties. Rappelons quele mode de terminaison des filets nerveux est encore toujours un point obscur : dans leurs trajets, les divi- sions des nerfs sont en general accompagnees de celles des vais- seaux quoiqu'elles ne leur correspondent pas toujours exacte- ment; or, entransportant un lambeau, on enleve et transporle des vaisseaux et probablement aussi des filets nerveux. 6^ COSMOS. Quoi qu'il en soil, pendant les premiers jours les operes rap-- portent a la partie du corps d'ou le lambeau a ete pris, les sensa- tions qu'on lui imprime. La seconde partie de l'ouvrage de M. Verhaeghe est consacnic aux operations plastiques en parlieulier. L'auteur y trade longue- ment do la rhinoplastie, do la blepharoplastie, de l'ectropion, de la staphyioraphie , de la genoplastie, etc., etc. 11 nous est impos- sible de le suivre dans cette partie pratique de l'ouvrage, vu notre pen d'espace. Nous devons done terminer cet expose rapide en l'aisant observer que M. le docteur Verhaeghe a su dire dans tres- peu de mots une foule de choses importantes ; que son livre est tres-utile, eminemment pratique, et se trouve deja, sans doute en vertu de ces qualites precieuses, entre les mains de la plupartdes TIP chirurgiens. • **• ■ Sup la preparation et la veritable nature ehiinique du kermes mineral Par M. J. B. Franqui, pharmacien a Bruxelles. Nous recevons de M. Franqui , jeune et habile chimiste de Bruxelles, un travail sur le kermes mineral (sulfure d'antimoine), donl nous extrayons ce qui suit : Le kermes fut decouvert au commencement du xvnr siecle par Glauber qui le preparait en faisant bouillir une solution de carbo- nate de potasse avec de la stibine , sulfure d'antimoine natif. II ajoutait de l'alcool a la liqueur refroidie, separait la solution al- coolique du liquide aqueux, la distillait et soumettait le residu de la distillation a plusieurs lavages a l'eau froide. Un eleve de Glauber communiqua cette preparation a Chastenay de Landan , celui-ci la donna au chirurgien La Ligerie, qui la transmit lui- meme au frere Simon. Ce chartreux essaya les effets du kermes sur plusieurs moines de son ordre; et, en 1714, une cure merveil- leuse qu'il opera, acquit a ce medicament une grande vogue , et luivalut lenomdepoudre des chartreux (pulvis carthusianorum). Vers 1720, le gouvernement francais acheta le secret du frere Simon et le rendit public. Lemery, Berzelius et Cluzel modifierent plus ou moins la pre- paration de ce medicament. La methode de Cluzel, qui consiste a faire bouillir pendant 2 heures dans 250 parties d'eau un me- lange d'une partie de stibine reduite en poudre, et de 25 parties de carbonate de soude cristallise-, est gimeralement adoptee au- jourd'imi. On filtre la liqueur bouillante, et on la laisse refrouhr; COSMOS. 643 pendant le rcfroidissement, il se depose du kermes sous forme de belle poudre brune veloutee. Malgre les rocherches d'un grand nombre de chimistes or. ne connalt encore rien de certain sur la constitution du kei Gay-Lussac le considerait comme une combinaison de 2 eq. d'a- cide sulmrique avec 1 eq. d'oxyde d'antimoine. Pour Liebig, Thenard, Dumas , etc., ce serait un oxydo-sulfure d'antimoine hydrate; pour Berzelius, un hydrate desulfure, etc., etc. M. Kane, professeur de chimie a l'Universite de Bruxelles, semble avoir die plusheureux: sa theorie de la constitution du kermes parait pleinement confirmee par I'experience. Partant de ce fait, il se forme dans Taction du carbonate de soude surlastibine, un anti- monile de soude etun sulfo-antimonite sodique (Na 0 Sb 03 + Na SSbS3), il a remarque que ce sel double avait la propriete de dissoudre a chaud une certaine quantite de stibine qu'il laisse pre'cipiter par le refroidissement sous une autre forme; et il a cru pouvoir en conclure que le kermes mineral est une forme allotro- pique du sulfure d'antimoine natif. Or, M. Fuchs a obtenu cette modification brune du sulfure d'antimoine en faisant refroidir brusquement du sulfure noir fondu, experience que M. H. Rose a repetee. De plus, M. H. Rose a montre que, pour convertir ce sulfure rouge-brun en sulfure noir cristallin, il suffit de l'expo- ser a une temperature de 200°. M. Franqui est venu enfin confirmer que le kermes brim est une modification moleculaire de la stibine naturelle; il a faitbouillir a l'abri de l'air une dissolution de monosulfurede potassium avec un exces de stibine, et il a obtenu une liqueur qui, filtree, bouil- lante, laisse deposer du kermes par le refroidissement. De plus, M. Franqui a fait une experience fort interessante sur la formation de ce kermes et du soufre dore : il a constate que l'acide sulfo-antimonieux, precipite d'une solution alcaline, avait la couleur brune du kermes. Ainsi, lorsque Ton verse quelques gouttes d'une solution d'emetique ou de protochlorure d'anti- moine dans la dissolution d'un sulfhydrate alcalin, une partie du precipite qui se forme d'abord se dissout, et le restant se colore promptement en brun. Si Ton fait l'inverse, c'est-a-dire, si Ton ajoute un peu de sulfhydrate alcalin a un sel d'antimoine, on ob- tient un precipite orange. En continuant a aj outer avec precau- tion la solution de sulfhydrate, de facon qu'une couche de ce dernier snrnage le precipite forme, on voit une partie de celui-ci. euk cosmos. qui se trouve en contact avec le sult'hydrate, acquerir bientot une coloration brune. Tous ces prdcipites bruns sem&amorphosent en la modification noire lorsqu'on les fait fondre a l'abri de l'air. lis subissent alors une simple transformation isomerique. T. L. P. Kecherclies sur lc dcveloppcuieut des infusoires Par M. J. d'Udekem. On sait que cbez un certain n ombre d'animaux (bipbores, pu- cerons, belminllics, etc.), le germe, devenu individu, produit une ou plusieurs generations successives d'individus tout a fait dis- semblables; c'est la « generation alternante n de Steenstrup. En 1845 et 1849, M. Pineau avait reconnu la metamorphose d'une actinophrys en acinete, et de celle-ci en vorticelle. Vers la meme epoque (1849) MM. Arlidge et Colin avaient etudie, sousun mOuie point de vue, le developpement du trichodina et du loxodes busaria. En 1852, M. Stein, eleve de M. Ehrenberg, publia des recber- cbes etendues sur les metamorphoses des vorticelles, auxquelles M. Haimc a ajoute, en 1853, des faits tres-curieux sur le trichoda hjnceus. ' M. d'Udekem s'cst surtout attache a completer et a confirmer les observations de M. Stein; ses recherches portent sur Yepi- stylis pUcatilis. D'apres M. Stein, tous les vorticelliens, outre la pissiparite et la multiplication par bourgeons, presentent un troi- sii'ine mode de generation qui consiste dans un enkystement et dans la transformation en un nouvel animal identique avec les acinetes d'Ehrenberg. Ces animaux produisent alors dans leurs corps des bourgeons qui donnent des vorticelles. M. Ehrenberg me loute relation entre les acinetes et les vorticelliens, et consi- dere l'enkystement comme une mue. M. d'Udekem a observe 1'enkyslement chez Yepisty lis pUcatilis; s'etant enkyste, l'animal tout enlier, sauf le noyau, se transforme dans l'interieur du kyste en un liquide sarcodique qui se durcit h la surface et se couvre fe. C'est sous cette forme, que M. d'Udekem compare a une opaline, que l'animal rompt le kyste et nage librement. L'opaline se fixe, soit tout de suite, soit apres quelques jours, et se metamorphose en acinete garni de styles et en acinete ses- sile. On ne sait encore si les acinetes reviennent a la forme des epislalis. T- L. P. hnprimerie de W. Kemquei et Cie, A. TEAMB11T , rue Garanciere, 5. proprUtaue-gemnt. T. IX, 19 decembre 1856. Cinquieme annee COSMOS. NGUVELLES ET FAITS DIVERS. On lit dans la Presse du samedi, 13 decembre, et dans plusieurs autres journaux la nouvelle suivante : « L'Observatoire de Paris est en train d'ajouter une nouvelle amelioration a toutes celles qu'il a dejd realisees. On sait qu'il possede deux tours, l'une a l'orient, l'autre a l'occident. Sur la premiers, au temps d'Arago, on a construit un cabinet d'observation mobile dontle mecanisme est un chef-d'ceuvre, et le mobilier un muse'e astronomique. Les ouvriers sont en train de faire sur la tour opposee d'hnportants travaux pour y placer sur une base immuable uu telescope de la plus grande dimension, demande au gouvernement par M. Le Ver- rier el obtenu immediatement. L'Observatoire, muni de cet instru- ment qui doit egaler au moins en puissance ceux de Herschel, reprendra a cet cgard le premier rang qu'il avait perdu. » Cet alinea est excessivement mal redige, comme belas ! tous ceux que les ciseaux des grands journaux decoupent pour com- poser leurs faits et nouvelles diverses ; il renferme aussi de graves inexactitudes, comme le mot tour substitue au mot aile, le teles- cope de Herscbel substitue sans doute a celui de Rosse, etc. Mais enfm il revele des projets que nous connaissions depuis long- temps, qui ont repu un commencement d'execution, mais sur les- quels, par discretion, nous gardions le silence. Aucun scrupule, aujourd'hui que le voile est souleve, ne peut nous arreter. Nous dirons done qu'il est vrai qu'avec autorisation du gouvernement M. Le Verrier a acbete d'abord de M. Secretan une lunette equa- toriale de 11 pouces d'ouverture qu'on croit Ires-bonne; puis de mi. Cbauce et compagnie, au prix de 50 000 fr., dont 25 000 payes comptant et 25 000 apres acbevement de la lunette , les deux disques gigantesques de fliat-glass et de crown-glass , fon- dus dans la verrerie de Oldbury, pres Birmingbam, et qui figu- raient a l'Exposition universelle de 1855. Ces verres avaienL ete juges assez defavorablement par la com- mission du jury ; on croyait qua moins d'extraire mecaniquenient certaines portions moins translucides et de lesrefondre plusieurs 24 M6 COSMOS. i'ois, on n'en tircrait guere qu'un objectif de 40 centimetres de dia- nielrc. M. Loon Foucault, dont on connait l'babilcle, apres un long etminutieux examen, les a declares, au cchatraire, irrdprochables, et c'est alors que l'acquisition a ete decidee. On espere done pouvoir les transformer en un objectif monstre de 73 centimetres (2 pieds, 3 ponces, 6 ligncs), dont le travail d'execution se ferait a l'Obser- valoire memo, par M. Secretan, sous la direction de MM. Le Ver- lier et Foucault. Si Ton ne s'est pas trompe, si l'operation de la taillc reussit, si les courbures sont parfaites, si l'acbromatisme ne laisse rien a desirer, la France aura certainement la plus puis* sante lunette du monde passe, et peut-etre raeme du monde ii venir; clle aura vaincu avec les amies que lui foumit l'Angle-* terre. D'autres auraient desire peut-etre qu'elle eut vaincu aveo ses propres amies, qu'on eilt demandc ces verres a notre Indus- trie; que re'pondant a l'appel fait par M. Peligot, on en eut fait la commande a la cristallerie de Clicny, ou MM. Maes et Clemandot out deja obtenude si beaux resultats. D'autres, plus prudents et fideles au vieil adage : Un tiens vaut mieux que deux tu I' auras ; le certain doit etre prefere a Uncertain , auraient formule le vceu qu'on traitat avec M. Porro pour la terminaison et l'acquisition definitive de sa magnifique lunette de 52 centimetres, construite avec des verres francais, et montee avec tant d'art et de har- diesse , dans les jardins de l'lnstitut technomatique. Mais l'ac- complissement de ce vceu patriotique et la realisation de cette combinaison economique auraient peut-etre rencontre des dif— ficulte's; et, comme apres tout, ce qui importe, c'est le progres de la science, de quelque maniere qu'il soit obtenu, nous applau- dissons sincerement a l'initiative de M. Le Verrier. Puisse-t elle etre couronnee d'un plein succes ! Au lieu d'une lunette gigan- tesques nous en auront deux ; elles rivaliseront ensemble et nous prendrons mieux le del d'assaut. Seulement qu'il nous soit permis de protester une derniere fois contre des assertions ou des insinuations malveillantes et fausses. Les deux verres, flint-glass et crown-glass de l'objectif Porro ne laissent absolument rien a desirer. lis sont plutdt supericurs quinle'rieurs aux verres anglais en qualites : homogeneite, trans- parence, blancheur, harmonic parfaite de leurs pouvoirs refrin- gents et dispersifs, etc., etc. Les verres anglais l'emportent par la "grandeur, mais cette superiorite n'est jusqu'ici qu'eventuelle, elle ne sera deflnitive qu'apres l'objectif termine. Les courbures •des venes de M. Porro ont ete, des la premiere operation, etquoi- COSMOS. 647 qu'cllcs aient ete obtenues sans bassins, parfaiteraent idenLiques aux courbares theoriques. Un accident survenu pendant le polis- sage de l'une des quatre surfaces avait amend une imperfection temporaire que les premieres observations ont mise en evidence. Cette imperfection est aujourd'hui corrigee ; mais apres l'avoir fait disparaitre, on a reconnu qu'il manquait encore quelque chose an poli d'une autre surface. II faudra remettre encore une fois 1'objcctif sur le tour. En attendant il est de'ja bon, trcs-bon, et surtout parfaitement acbromatique, meme avec des grossisse- ments reels de 1800 fois, qu'il supportc sans peine dans les belles nuits. M. Bulard, astronome anglais, attache l'anne'e der- niere a FObservatoire imperial, nous a affirine qu'il etait etonne de ce que cet objectif lui montrait. Le jugement de M. Bulard a d'aulant plus de poids qu'il peut comparer ce qu'il voit acluelle- ment avec ce qu'il a vu et dessine, quand il regaidait dans le telescope geant de lord Rosse de 6 pieds de diametre; or, il nous a souvent repete qu'il retrouve deja a Paris presque tous les de- tails qui l'avaient frappe en Angleterre. Que sera-ce done quand, dans un mois au plus, le defaut de poli de la quatrieme surface aura complelement disparu ? Un pbysicien astronome, ordinairement tres-bienveillant, nous disait il y a quelques jours a peine que le crown-glass de robjeclii' Porro etait tellement aminci vers le centre qu'il ne supporlerait pas un nouveau travail. Nous savions le contraire, mais nous avons voulu prendre nous-meme des mesures precises; et nous avons constate que l'epaisseur au centre est de 21 millimetres ; que ce verre, par consequent, pourrait, s'il etait ue'eessaire, etremis cent fois encore sur le tour. Voila comment on fait Tbistoire, comment aussi, meme sans mauvaise intention, on foule aux pieds les droits de la justice et de la verile. Nous rougissons d'etre force de re- pondre a des accusations si legerement formulees. On aura beau faire, il n'en sera pas moins certain que M. Porro a fait une eeuvrc grandiose, qu'il l'a faite dans un temps dix fois plus court que ses predecesseurs, a la vapeur, dans toule la signification physique et morale de ce mot; que e'est lui qui jusqu'a nouvel ordre a re- place la France au premier rang. Si M. Secretan le depasse et porte plus loin notre drapeau, il ne mourra pas de jalousie, il puisera, au contraire, dans sa defaite une nouvelle ardeur et aura bientot pris sa revanche, car meme l'opposition la plus systeina- tique el la plus violente ne reussira rii a le decourager ni a le depouiller de ses movens d'action. 6/,8 COSMOS. — Suivant notre coutume , nous allons dcpouiller le Bulletin de la Societe d'acclimatation, livraison dc novcmbre 1856. — M. Sacc commence la publication d'uu essai sur Ies cbevres. Son introduction est un pane'gyrique cntbousiaste de cet interes- sant animal : « La cbevre est de fait le plus precieux des animaux domestiques, puisqu'elle pent les rcinplacer tous, excepte sous le rapport de la force. Elle est le type accompli du producteur du lait, puisque, pour un meme poids de fourrage, elle fournit 25 pour 100 de lait de plus que la vacbe. Procurer a tous et toujoursun lait puret abondant, sera leur offrir la nourrilure a la fois la plus saine et la plus economique, ce sera resoudre le grand probleme de la vie a bon marcbe. On atleindrace butmagnifiquc ayec la frugale cbevre, dont les ricbes mamelles fournissent regulierement et en abon- dancc leur precieux lait, sous tousles climats, avec toutcs les nourriturcs et dans toutes les conditions imaginables. » N'est-ce pas quelque peu exagere ! M. Sacc aborde ensuite l'bistoire des cbevres sauvages, en commencant par les bouquetins des Alpes, des Pyrenees, d'Espagne. Nous sommes etonne qu'a cette occa- sion le savant monographe n'ait pas conjure la Societe d'accli- matation de prendre des mesures energiques pour conserver et multiplier cette curieuse race qui devient plus rare de jour en jour. Acclimater de nouvelles especes, e'est louable sans doule, mais il est bien plus louable et plus urgent de de'fendre les an- ciennes eSpeces d'une entiere destruction. Pour obtenir du baut Valais un bouquctin vivant, il faut le commander un an a l'a- vance et payer le jeune couple de 1 500 a 1 600 fr. ; bientot on ne pourra s'en procurer a aucun prix. — La Notice sur les plumes d'autruche dc M. le docteurGosse est a peine susceptible d'analyse. La mode qui a fait de ces plumes une parure de prix , dure depuis pres de quatrc mille ans. Elles proviennent des ailes, de la queue, du dos, de l'epaule, de i'ais- selle, de la poitrine ou de la croupe de l'oiseau. Elles possedent des qualites qui leur sont proprcs et qui ne so retrouvent dans aucune autre espece. Quoique elastiques et fernies, elles sont souples et ondoyantcs , recoquillees et arrbiidies a leur extre- mile. Lours barbes et barbules, plus ou njoins longues, plus ou moins soyeuses, ne s'accrocbent jamais les unes aux autres. Dans les plus grandes plumes le tuyau est juste au milieu. Prenant pour point de depart leur lieu de provenance, on les de- signc sous le nom de plumes d'Alep, de Bengazi, de Barbarie, du Cap, du Senegal, d'Algerie. Les plus belles plumes sont celles qu^ COSMOS. 649 Tiennent des autruches vivantes , domestiquees ou simploment apprivoisees. A Zockna , dans le Fessan africain , on elevc des autruches dans les basses-cours, et on recolte leurs plumes trois fois dans deux ans. Diverses tribus negres du centre de l'Afrique exercent une industrie analogue. MM. Verreaux freres, qui, avec MM. Chagot nine, Ray, Notri et Gresy, font en France le plus grand commerce de plumes d'autruche, assurent qu'ils tireut un excel- lent profit des individus qu'ils elevent dans leur menagerie du Cap ; ils pensent qu'on pourrait sans inconvenient faire deux recoltes par annee. — M. Guerin-Menneville poursuit ses educations des vers a soie du chene : « J'ai obtenu, dit-il , assez d'ceufs du bombyx- mylitta, celui de ces vers qui donne la fameuse soie tussah, si belle et si solide, pour faire elever a Paris et a Lausanne un bon nombre de chenilles qui ont tisse leurs cocons. Les cocons ont produit cette annee des papillons vigoureux, dont la ponte a donne lieu a une tres-heureuse education, surtout a Lausanne, ou M. le docteur Chavannes est parvenu a obtenir plusieurs cen- taines de cocons, espoir de la generation de l'annee prochaine. » Le savant entomologiste ajoute: « L'introduction d'especes suscep- tibles de transformer les feuillesinutiles de nos chenes ne saurait me delourner des travaux relatifs a l'amelioration de nos belles races de vers a soie ordinaires, surtout aujourd'hui qu'une ter- rible epidemie, la gattine, fait manquer la recolte presque par- tout, et est devenue pour la population de plusieurs de nos de'par- tements du Midi une calamite aussi desastreuse que les inonda- tions du Rhone et de la Loire. » II y a dans ces paroles beaucoup de devouement et de confiance en soi. Mais comment se persuader que M. Guerin-Menneville veuille sincerement et avant tout qu'on porte remede a un si grand mal, quand on le voit faire une si rude guerre a M. et Mmc Andre' Jean, c'est-a-dire possesseurs d'une race perfectionnee, qui, meme cette annee, et quoique l'education fut faite dans des conditions plus que mediocres, n'a pas eu un seul ver atteint par la gattine, et a donne une excellente recolte? Comment celui qui se pose en tete du progres sericicole a-t-il pu reimprimer une seconde fois, dans le meme journal el^sans presque y rien changer, une longue diatribe peremptoirement refutee, et oser appcler Commission abusee la Commission si honorable de la Sociele d'encourage- ment, qui n'a fait qu'exposer des fails eclatants dont elle avait etd officiellement temoin ? On nous fait craindre qu'en meme temps 650 COSMOS. que MM: Dumas, mardchal Vaillant, de Quatrefages, Peligot, sc pre'parent a faire a l'Academie des sciences un rapport cntieremcnt favorable aux procede's do M. et de Mmc Andre Jean ; une autre Commission prepare de son c6te, pour la Socidtd imperiale et centrale d'agviculture, un rapport tout a fait contraire, dans lequel elle rcduit a ricn ou a presque rien une des plus belles decou- verlcs des temps modernes, altribuant a un peu plus d'intelligence dans l'education, a des soins mieux entendus, un succes qui est le resullat d'une metbode entierement nouvelle sinon dans quel- ques-uns de ses details au moins dans son principe et dans son ensemble. Nous avons vu, nous aussi, et nous defendrons coura- geusement les droits de la justice et de la vente. Ce qu'il y a de plus etonnant , c'est qu'un des commissairee a fait sur cette memo race, alors qu'on l'appelait race Bronski, un rapport presque enthousiaste qui a valu a M. Bronski la grande me- daille d'or. Maintenant qu'on la retrouve , cette race incompa- rable, dans les mains de ses legitimes proprictaires ou du moins co-proprietaires, et que deux educations solennelles faites sous les yeux de la Sociele la plus respectable de France ont mieux constate encore ses adinmables qualites, elle ne rencontrerait plus qu'une opposition etroite et acharnee, ce serait par trop de- solant ! — M. Liron d'Airolles croit que le chene-liege, ainsi que les chenes verts et les chenes blancs, peutetre seme et peut resister sur tout le littoral de l'Ocean. On voit en effet de tres-beaux cbenes liege, a Lauvergnac ; a Belle-Ue-en-Mer, dans le domaine de M. Trocbu; a Nantes; dans la Loire-Inferieure, la Vendee, lc Morbiban, les COtes-du-Nord; dans les Landes, a Bordeaux et a Bayonne. Propager en France cette belle espece, ce serait l'af- franchir d'un tribut assez considerable, paye a l'Espagne, d'oii nous tirons une grande quantite de cette marchandise d'un prix assez eleve. M. de Liron d'Airolles rend hommage en passant a la superbe allee de Magnoliers de la Maillardiere, a Nantes, plantee par M. le docteur Ecorchard. Cette luxuriante vegetation dit-il, ces ombrages perpetuels qui resistent a nos plus froids hi- rers sont le jour, la petite province de Nantes, le soir, sa prome- nade fasbionable. Nous dirons a cette occasion que nous n'avons pasvu sans une admiration tres-vive dans l'enclos de MMmes Jan- niard et de Lupe, a Nuits (Cote-d'Or), deux tulipiers, plantesilya trentc ansa peine, etqui, par leur tige elancee, leur port majes- tueux , leur grosseur e'norme, l'emportent sur les plus beaux COSMOS. 651 arbres de nos forets. II est done vrai que Ton peut beaucoup at- tendre de la culture des arbres exotiques. — M. Godron, doyen de la Faculte des sciences de Nancy, rend compte de ses premiers essais du culture de l'jgname de Cbine. II avait fait planter clans une terre mauvaise et a peine defonoee, cinquante racines; la moitie des pieds lui ont donne l'annee sui- vante des tubercules de 70 a 80 centimetres de longueur, inais dune forme tres-defeclueusc, due sans doute a la nature du sol. II ne dit pas si ces tubercules avaient un bon gout. 11 est certain du moins que cette belle plante passe l'hiver en pleine terre sans perir par le froid, que sa vegetation est tres-luxuriante et qu'elle pourra par consequent s'acclimater. — M. G. de Lacoste proteste energiquement contrc l'opinion par trop accreditee qui veut que les landes de la Gironde et de la Gascogne soient infertiles, et frappe ainsi de mort une etendue de terre de 750 lieues carrees. On attribue cette infertilite a ce que la couche vegetale repose sur une espece de tuf qu'on appelle alios et que Ton considere comme une agregation de matieres ferrugineuses. Or, un savant chimiste de Bordeaux, M. Faure, a demonlre de ia maniere la plus certaine les propositions suivan- tes : 1° l'alios n'est pas une agregation minerale inattaquable par les agents cbimiques propres a la fertilisation du sol; 2° il est, au contraire, une agregation mixte de sable et d'humus ; 3° le sedi- ment vegetal qui le lie est tres-soluble dans les liqueurs alcalines ammoniacales ; k° l'urine, la chaux vive, les cendrcs de bois, sont des agents puissants pour desagreger l'alios; 5° il y aurait possi- bility, non-seulement de desagreger l'alios, mais encore d'utiliser a la fertilisation du sol l'humus azote qu'il contient; 6° on peut meme reduire cette agregation par Fecobuage, operation facile dans les landes ou la bruyere abonde; la cbaux d'ailleurs n'est nulle part plus abondanle et moins cbere que dans le departe- ment de la Gironde. Les agents de fertilisation, dit en finissant M. de Lacoste, ne manquent nulle part, e'est rhomme qui dedai- gne ces tre'sors naturels, ou qui ne connait pas l'art de les uti- liser. — M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire avait demande a M. le marquis Antinori quelques details sur les services que rendent les Percnopteres, vautours fauves, pour la salubrite et la proprete du sol. Celui-ci repond : J'ai vu une grande quantite de ces oiseaux autour des tanneries et des boucheries, ou ils s'abattent en trou- pes et devorent les debris, les parties putrides etles intestins. Sans 652 COSMOS. lcur secours, les populations environnantcs soraient exposdes a do -raves maladies. C'est la sans doute pourquoi les Turcs eux- memcs ont cet oiseau en veneration ct en prohibcnt la cliasse. — M. Saccrappclle a ceux qui voudront cultiver le cerfeuil bul- beux qu'on le seine d'aouten octobre, on des les premiers beaux jours' dc fevricr ou de mars; il le seme, lui, des que les graines sentmures,et il s'en trouve tres-bien, car plus tot on le seme, mieux il leve. _ La Societe d'acclimatation va augmentant sans cesse de nombre, de ressources, d'influence et d' action. — Sir Roderick Murcbison a annonce a la Societe geographique de Londres la mort de son illustre president le rear-admiral Beccbcv. _ M Cyrus Field, des Etats-Unis, a developpe au sein de cette meme Societe, son plan de communication telegraphique entre l'Angletferre et l'Amerique. La plus grande profondeur de la vallee de l'Atlantique sur la route a suivre entre l'lrlande et Terre-Neuve n'est que de 2 070 brasses, 1 200 metres. II affirme en outre qu'a- vec son telegrapbe il pourra transmettre par le courant electnque trente mille mots en vingt-quatre beures. La ligne entre New-York et Saint-Jean de Terre-Neuve est aujourd'bui complete sur une distance de 1 700 milles, 2 700 kilometres; or, malgre cette grande longueur, un message a ete envoye et recu en cinquante-cinq minutes. PIIOTOGRAPHIE. Collodion instantanc el constant De M. de La Riviere. M. de La Riviere considere comme instantane tout collodion qui, compose de bonnes substances et recemment, est employe avec un objectif double et sans diaphragme, en pleine lumiere; parce qu'il donne fort nettement les passants en marche, avec des iodures de toute base, l'iodure de potassium excepte, dont la len- teur est exceptionnelle. II lui a semble" que pour avoir un collodion constant il fallait former l'iodure de toute piece au sein du collo- dion. ' II prend : collodion e'pais (forme de pyroxile, 1; alcool, 3; <5ther, 25), 12 parlies en volume ; alcool a 40 degres, 12; ether, 36; iode puh'erise, 0,4. Lorsqu'on projette l'iode, la liqueur se colore a l'instant; on in- troduitalors une lame de cadmium, plus la limaille provcnantde cette lame grattee pour 1'aviver ; on bouche et on tient a l'obscurite ; au bout de trois jours ,1a liqueur a ete completement decoloree, et le collodion, ainsi obtenu, s'est montre" doue d'une sensibilite extreme . Cette experience a conduit M. de La Riviere a formuler la regie pratique suivante : « Ayez a part, dans un petit flacon, une solution alcoolique d'iode; des quevousvous apercevrez que votre collodion prend de la couleur et que, par suite, sa sensibi- lite s'affaiblit, trempez le bout d'une baguette de verre d'abord dans la teinture d'iode, puis dans le collodion contenant la lame de cadmium. Si vous craignez que la proportion du collodion soit devenue trop grande, vous ajouterez a la masse une petite quan- tite de collodion inerte. Vous pourrez vous passer ainsi de pro- duits chimiques et former immediatement dans vos collodions des iodures de presque toutes les bases. » Bulletin de la Societe fran- caise de photographic, decembre 1856. Collodion sec Dg MM. Firmin et Lassimonne. Faites le collodion avec ether, 600 grammes ; alcool, 400 ; iodure de zinc, 8; bromure de cadmium, 3; coton-poudre, 15. Sensibilisez avec un bain a 5 pour 100; lavez la glace et recouvrez-la du ma- 65i COSMOS. cilage do gelatine forme avec eau, 1 000 grammes; gelatine, 25; un blanc d'oeuf battu; el prepare comme il suit: Faites bouillir le melange jusqu'a ce que 1'albumine soit coagulee; pendant que le liquide est encore cbaud, filtrez a travers un papier ct ajoutez 10 pour 100 d'ammoniaque. Quandle moment d'etendre le mucilage sera venu, on le fera tiedir pour lui rendre sa fluidite. Apres que le mucilage, aura etc etendu, vous ferez egoulter la glace dans une botte, en la dressant sur un de scs angles, le cote prepare en des- sus. La sensibilite se conserve pendant un mois, mais elle n'est pas tres-grande, et le temps d'exposition ne doit pas etre tres- courl. Au sortir du chassis, plongez la glace dans une solution sa- tnree d'acide gallique, et laissez le liquide agir pendant environ une minute; retirez-la; ajoutez au liquide quelques gouttes de la solution reductrice suivante : eau, 100 grammes; nitrate d'argent, 5; sous-acetate de plomb, 5 ; plongez de nouveau la glace, etvous verrez bientot 1'image apparaitre avec une force et un modele re- marquables; lavez et fixez a l'hyposulfite de soude sature. Les auteurs de ce procede assurent qu'il presente une grande securite d'execution et une tres-grande proprete ; que la finesse des lignes est egale a celle que donne ralbumine ; que les glaces preparers peuvents'emporterenveloppees simplement dans du pa- pier, a l'abri de la lumiere. {Ibidem). Liqueur scnsibilisatrice De M. Leon Cassagne. Faites dissoudre, dans 60 centimetres cubes d'alcool, 7s',S0 d'io- dure de cadmium; dans hd centimetres cubes d'alcool, dissolvez is',55 de bromure de cadmium; agitez separement chaque li- quide; apres entiere dissolution, rnelangez-les dans un seul flacon. Vous aurez ainsi 100 centimetres cubes d'une liqueur, dont 20 cen- timetres cubes vont vous servir a iodurer 100 centimetres cubes du collodion normal. C'est le dosage dn collodion pour portrait. Pour le paysage, vous mettrez 6^,90 d'iodure de cadmium au lieu de 7,80 ; et i,55 de bromure de cadmium au lieu de 1,55. Cette methode, que M. Cassagne appelle methode Monckho- ven, en outre de la certitude du succes, a rimmense avantage de ne donner lieu a aucune decomposition ou alteration dansle col- lodion ioclure, parce qu'on ne met la dose de liqueur iodurante dans le collodion qu'au moment memo de son emploi dans la chambre noire; cinq minutes sufflsent. {Ibidem). COSMOS. 655 Procede de tirage d«*s epreuvcs positives De M. Homolatsch. Ce procede repose sur l'iinpressionnabilite a la lumiere du chlo- rure d'argent, et la possibilite de developper ensuite ce chlorure impressbnne au moycn de l'acide gallique. 1° Chlprurez la feuille dans le bain suivanl : chlorhydrate d'am*-' moniaque sublime, 1 gramme ; eau distillee, 480; 2° Sensibilisez dansle bain ; nitrate d'argent fondu, 10 grammes; eau distillee, 288 ; 3° Apres avoir laisse le chlorure d'argent ainsi forme s'impres- sionner legerement a la lumiere, on developpe dans la solution suivante : acide gallique, 1 gramme ; eau distillee, 350. M. Homolatsch adresse cette methode nouvelle et excellente pour le concours ouvert par M. le due de Luynes. (Ibidem.) Appareil paiioramique perfectionne. M. Marlens-Schuller a apporte a l'appareilpanoramiquede son oncle, M. Martens, un perfectionnement tres-important, en ce sens qu'il permet de substiluera la plaque daguerrienne courbe'e, qui ne donnaitqu'unseul positif renverse, une glace collodionnee ou albuminee qui donne un negatif dont on peut tirer autant de po- sitifs droits qu'on voudra. Pour que la glace donne le meme resultat que la plaque cour- bee, il faut qu'elle suive l'objectif dans son mouvement, en se maintenant constamment en face de lui et a la meme distance. Ces conditions ont ele remplies de la maniere suivante : au lieu de l'objectif seul, e'est la chambre noire lout entiere qui tourne sur un pivot fixe sous l'axe de l'objectif dans une planche immua- ble; deux roulettes facilitent le mouvement de la chambre. Celle- ci, dans la partie opposee a l'objeclif, porte en haut et en bas deux rainures. Le chassis qui contient la glace est installe lui-meme sur une espece de chariot porte par deux roulettes, tournant aussi autour d'un pivot, et, deplus, uni a la chambre obscure par trois roulettes, deux en bas, l'une en haut, qui s'engagent dans les rainures dont il a ete question. De cette maniere, la chambre noire en tournant fait avancer le chassis , et la glace presente successivement toutes les parties de sa surface devant la fente etroite qui donne passage aux rayons lumineux transmis par l'ob- jectif. Cette description tres-obscure est empruntee aux comptes ren- 656 COSMOS. this de l'Academie; nous vcrrons bientdt l'appareil et nous le fe- rons micux comprendre. Plioo del Fotografo. Portefeuille du Photographe, ou pratique et theorie de lart de dessincr par faction de la lumiere les personnes et les objets sur le verre, le papier, le metal, etc. Par V. Giuseppe Sella. L'ltalie, ceite terrc classique de la poesie et des beaux-arts, si feconde en monuments, en chefs-d'oeuvre de toutes sortes, etque doivent visiter tous ceux qui veulent comple'ter leur education ar- tistique; l'ltalie ne pouvait demeurer eHrangere a l'art nouveau de la photographic Aussi la voyons-nous s'avancer avcc succes dans cette carriere qui offre tant d'attraits, et y mettre a profit les decouvertes dont chaque jour enrichit le domaine de la science. Lavoici qui nous envoie aujourd'hui un traite complet,comprenant l'histoire abregee de la photographic , les principaux procedes qu'elle emploie, l'exposition desprincipes de physique etde chi- mie dont la connaissance est utile a l'artiste photographe. Ce n'est pas une collection aride de recettes empiriques; l'auteur de cet ouvragc n'est pas seulement un simple manipulateur, c'estun " savant, et nous pouvons ajouterun litterateur. II expose avec une clarte remarquable et un ordre parfait, dans sa langue italienne si harmonieuse, les matieres qu'il traite et qu'il discute avec une rare sagacite. Apres avoir decrit chaque operation, il donne, avec des deve- loppcments complets, sous le titre cV Observations, la theorie des phenomenes qui se produisent; il explique avec intelligence les reactions qui s'accomplissent, le role que joue chacun des appa- rent ou des agents que Ton emploie; de sorte que, avec un guide aussi eclaire, le photographe marche toujours surement, ou s'il lui arrive quelquefois de ne pas reussir, il peut en connaitre ou en decouvrir la raison. Comme la photographie sur albumine est generalement prati- quee en Italie, M. Sella commence d'abord par decrire ce pro- cede; puis il traite successivement de la photographie sur collo- dion, de la photographie sur papier, et de la photographie sur plaque d'argent. La serie de toutes les operations de la photogra- phie sur albumine et sur collodion lui ayant fourni matiere a de longs details, il expose ensuite rapidement toutes ces operations dans des resumes de quelques pages, de sorte que le lecteur peut COSMOS. 657 y revoir d'un seul coup d'oeil l'ensemble de toules les manipula- tions qu'il faut faire dans ces divers procedes. En somme, l'ouvrage de M. Sella nous parait etre l'un des plus remarquables, des plus complets et des mieux raisonnes qui aient encore paru stir la photographic; nous lui predisons un grand succes, principalement a cause de sa valeur scientilique incontes- table, et nous sommes persuade que ceux de nos lecteurs qui connaissent la langue italiennele liront avec un vif plaisir. Sur la vision stcrcoscopique. M. Hermann Golschmidt nons communique la petite note sui- vante : « Je crois avoir fai t une remarque in teressante touchant la vision stereoscopique. Je suis alle voir M. Ferrier au mois d'octobre ; ila bien voulu me montrer des vues avec le dernier appareil per- fection^. J'ai ete surpris de voir qu'en mouvant les yeux hori- zon talement, pendant que je regardais l'image du paysage, le pret mier plan semblait se deplacer serisiblement avec le mouvement, comme dans la nature, pendant que le fond de l'image reste im- mobile. M. Ferrier trouva neuve cette petite experience que j'ai repetee depuis. En regardant avec un ceil seulement, cette illusion n'a pas lieu. » SOCIETE D'ENCOURAGEMENT. M. Prosper Pimont, de Rouen , croit avoir assez Men me'rite de la grande Industrie par l'invention de ses appareils caloridores el calorifuges pour demander que son nom soit inscrit sur la iiste des candidats au prix de 12 000 fr. fonde par M. le marquis d'Argcnteuil, et que la Societe d'encouragement decerne tous les cinq ans a l'auteur de la decouverte la plus importante. Le fait est que les appareils de M. Pimont sont grandement utiles; es- sa\ ons d'en donner une idee. 1° Un premier appareil caloridore, appele progressif, permet de recueillir a quelques degres pros toute la chaleur perdue des bains de teinture et autres , rejetes comme inutiles. MM. Dolfus Meg et Gie ont declare a la Societe industrielle de Mulhouse que 4'adoption de ce caloridore se traduisait dans leurs ateliers en -une economie annuelle de 25 000 fr. La chaleur de la vapour qui a servi a produire la force motrice, utilisee pour chauffer les -cuves de hlanchiment et reprise des bains epuise's , eleve incessamment a 98 degres cenligrades, sans nouvelle depense de combustible, 63 500 litres d'eau, ce qui constilue une economie -.de $ 800. 2° lln second appareil caloridore, dit alimentaleur, utilise de la maniere la plus avantageuse la chaleur perdue des machines ca- loriques. M. Pimont cite une usine , dans laquelle, en utilisant toute la vapeur d'echappement d'une machine de quinze chevaux, on alimente d'eau, a 95 degres, quatre chaudieres formant en- semble quatre-vingt-dix chevaux, la pornpe alimentaire fonction- nant dans l'cau froide. 3° L'appareil caloridore hydro-extracteur debarrasse les con- duites de vapeur des eaux de condensation si nuisibles au bon fonctionnement des machines, et utilise la chaleur de ces eaux. 4° Enfin, le calorifuge estunenduit plastique dont on rccouvre les fourneaux , les chaudieres, les conduites de vapeur ou d'eau chaude, moins couteux et d'une application plus facile que tous les revetements en feutre ou en bois, d'une duree presque inde- finie et qui diminue dans une proportion considerable la perte de chaleur par rayonnement. L'application de cet induit prend chaque jour une extension nouvelle; la marine imperiale en a deja employe des quanliles enormes. En outre de l'e'conomie qu'il procure, il est un grand bienfait pour les chauffeurs. ELECTRICITE. Pile de AI. Doat perfectionnee. « A l'epoque oil M. Becqaerol me lit l'honneur de presenter lui- meme a l'Academie ma pile galvanique ayant lemercureet l'iode pour elements actifs, et la revivification de ces elements pour principe, il m'etait deja demontre que dans plusieurs ciicons- tanccs pouvait se faire sentir le besoin d'une action plus riche en force electro-motrice. Aussi, immediatement apres la commu- nication de mon travail, je portai toute mon attention sur les combinaisons de l'iode avec les metaux les plus electro-positifs amalgame's avec le mercure, et j'obtins des dispositions de pile dont l'e'nergie etla Constance ne pouvaient etre e'gale'es par au- cune des piles deja existantes. Seulement, pendant longtemps la revivification des iodures des metaux de premiere classe, et notamment de l'iodure de zinc, me presenta de telles complica- tions, que plusieurs fois j'ai ete sur le point de renoncer a mes rechcrches, regardant comme insurmontables les difficultes qui s'accumulaient devant moi. Ainsi, l'iodure de zinc qui est indique dans les meilleurs traites de cbimie comme perdant l'iode lors- qu'on le cliauffe en presence de l'oxygene de Pair, devient volatil juste a la temperature ou l'oxygene le decompose, ilse forme une atmosphere d'iodure de zinc qui ecarte l'oxygene de la masse chauffee, et ce n'est qu'apres des operations tres-souvent repe'te'es qu'on elimine une quantite notable d'iode. Heureusement, dans le cours de mes travaux, j'ai trouve un agent de decomposition des plus energiques relativement a la plupart des iodures, e'est le carbonate basique de bioxyde de cui- vre. Tandis que les sels solubles de bioxyde de cuivre, en reagis- sant sur les iodures alcalins, ne precipitent que la moitie de l'iodej; j'ai trouve que les sels basiques et principalement le car- bonate, n'exercent qu'une action a peine sensible sur les iodures alcalins, et qu'au contraire ils agissent avec la plus grande rapi- dite sur les iodures alcalino-terreux et des classes plus elevees, notamment sur l'iodure de zinc, et qu'ils e'liminent la totalite de l'iode en passant a l'e'tat de sel de protoxyde et en oxydant le tal combine avec l'iode. Cost d'apres ce principe que je produis la revivification des elements de ma pile galvanique forinee avec l'amalgame de zinc> l'iodure de potassium et l'iode. 660 COSMOS. Les vases ont absolumenl la memo forme que celui qui fat mis sous lcs yens dc l'Academie lors do la presentation dc ma pile a mercure pur, seulement, sur le pole plat en charbon on dispose un filtre tres-evase en tcrre poreuse, renfermant du carbonate de bioxyde de cuivre hydrate. Lorsque la pile a fonctionne, on sou- tire le liquide contenu dans les auges et on le jetle sur les fibres ; ce liquide, qui n'est alors forme que d'un iodurc double de zinc et dc potassium, est decompose par le sel de cuivre. L'iodure al- calin reste pur, et l'iodure dc zinc est change en oxyde de ce me- tal, tandis que l'iode mis a nu se dissout dans l'iodure alcalin, passe avec lui a travers le filtre et va tomber sur lc pole en char- bon ou il cmpeche de nouveau la polarisation. A la temperature ordinaire, faction du sel dc cuivre est tres-prompte, mais vers 60° centigrades elleest instantanee. Ainsi la revivification de l'iode n'exige d'autre depense et d'au- tre soin que de souther et de jeterle liquide sature des auges sur un filtre charge' de carbonate hydrate de cuivre. Pour operer la revivification du zinc, on prendlesproduits Tes- te's a l'e'tat insoluble sur le filtre et composant un melange de carbonate de protoxyde de cuivre et d'oxyde de zinc; et apres les avoir broyes avec du charbon en poudre, on les met dans un creuset ordinaire qu'on place dans un fourneau dont le tirage soit bon, on chauffe, et dans un temps fort court la reduction metal- lique est operee. Primitivement je poussais la chaleur au rouge- blanc, pourrecevoir le zinc par distillation, tandis que le cuivre restait pur dans le creuset et pouvait etre livre au commerce. Mais l'experience m'a demontre qu'il est bien plus simple de ne pousser la chaleur qu'au rouge, alors c'est du laiton que Ton ob- tient; ce laiton, livre au commerce au prix des vieilles mitrailles de laiton, couvre parfaitement les de'penses de la pile, lesquelles ne consistent que dans l'achat du zinc metallique, du sulfate de cuivre et du carbonate de soude ; ces deux derniers sels en disso- lution servant a produire le carbonate hydrate de cuivre. Ces di- vers produits sc trouvent partout. Dans la pratique, je me suis bien trouve d' operer la revivifica- tion de l'iode toutes les vingt-quatre heures, cette operation n'exi- geant que la peine de verser un liquide dans un vase a filtration.. Quant aux produits metalliques, jeles serre a part et j'en effectue la revivification tous les mois seulement, car en operant sur des quantites un peu considerables de matiere, on peut produire une tres-bellefonte de laiton etaugmenter ainsi sa valeur commerciale.» AGADEMiE DES SCIENCES. Seance du 15 de'cembre 1856. M. Pegado, directeur de l'Observatoire de l'infant dom Louis, a l'ficole polytechnique de Lisbonne, adresse unc collection des travaux meteorologiques qu'il publie cbaque mois, et prend 1' en- gagement de continue!" regulierement ses envois. — M. Poey communique la note suivante dans laquelle il re- sume ses longues et consciencieuses recherches statistiques sur les etoiles filantes : « Persuade que la coloration des etoiles filantes et des bolides doit jouer un grand r6le non-seulement au point de vue de l'op- tique meteorique, mais surtout et principalement au point de vue de leur probable origine atmospherique , M. Poey a dresse deux tableaux dont Fun comprend toutes les etoiles filantes et les bo- lides colores observes en Chine pendant une periode de 24 siecles, depuis le vir siecle avant J.-C. jusqu'au milieu du.xvir siecle de notre ere. Le second tableau comprend tous les meteores colores observes enAngleterre depuis 1841 jusqu'a 1855. M. Poey donne dans ces deux tableaux la distribution mensuelle des diverses colorations des etoiles filantes et des bolides. Cette indication lui parait importante au double point de vue de Fop- tique atmospherique et des relations de dependances qui peuvent exister entre telle et telle nuance et les apparitions ou modifica- tions d'autres phenomenes meteorologiques, ainsi que les varia- tions du temps d'apres les saisons. Dans le premier tableau que M. Poey presente dans la seance d'aujourd'hui sur les meteores colores observes en Chine, au nombre de 1 004, on s'apercoit que les couleurs simples ou primi- tives sont rares (51 meteores rouge, 5 bleu et 6 jaune pur) , pen- dant que les couleurs composees sont en tres-grand nombre, telles que le rouge jaunatre (525 cas), et le bleu blsnchdtre (305 cas). Ce resultat, ajoute M. Poey, est inverse a celui qu'on obtient d'apres le tableau des observations faites en Angleterre, ou sur une totalite de 1 065 meteores colores, 326 sont d'un bleu pur, 151 d'un jaune pur, et 129 d'un rouge pur. Dans les 1 004 meteores colores observes en Chine, on ne trouve pas une seule indication d'etoile ou de bolide vert. Cette circonstance est d'autant plus remarquable, ajoute M. Poey, que 662 COSMOS. le docteur Buisl avait deja enonce en 1849; que les plus beaux iiu'leores de premiere grandeur qu'on observe dans YInde sont generalement d'une couleur orange, bkudtre ou verdatre. Eh bien , dans le tableau de M. Poey, des Ik siecles d'observations dc la Chine, les couleurs orange et vert nianqucnt completement. CejxMidant sur 1 065 meteores observes en Angleterre, il y en a 78 couleur orange pur, plus 33 cas composes d'orange. Ensuite il y a .") meteores d'un vert pur, plus 8 cas composes de vert. » — M. Defrene transmet par l'intermediaire de M. Regnault une reclamation relative a la priorite de la decouverte des procedes de damasquinure heliographique. — M. Paul Gervaise fait bommage d'une dissertation sur les af- finites naturelles etl'anatomie des oiseaux qu'il ainserees clans le grand ouvrage de M. de Castelnau, sur I'Histoire naturelle de VA- merique meridionale. — I'n preparateur de physique a la Faculte de Poitiers pro- pose de faire aux machines pneumatiques quine sont pasmunies du robinet de M. Babinet, une modification qui permettra de pousser le vide beaucoup plus loin. — Son Altesse le prince Paul de Wurtemberg, adresse un ou- vrage ecrit en allemand sur le temps et les signes a l'aide des- quels on peutpredire le temps. Le prince attache une importance toute speciale a la direction du vent; e'est en eflet en general l'e- lement leplus essentiel h consulter. — M. Calliat ecrit que la fabrication de l'amidon extrait du marron d'lnde est en pleine activite ci l'abbaye Duval, canton de l'lsle-Adam (Seine-et-Oise), chemin de fer duNord, et annonce qu'il serait heureux de montrer son elablissement aux membres de l'Academie qui lui feraientl'honneur de le visiter. — M. Sandras envoie un Me'moire sur l'apparition, la propa- gation et la transmission contagieuse du cholera dans le service medical qu'il dirigeait. Pour lui, la contagion n'est pas douteuse. — M. Emile Blanchard avait pre'sente dans la derniere seance, sur les caracteres osteologiqucs chez les oiseaux de la famille des Psittacides, un Me'moire tres-remarquable dont la conclusion ge- ne'rale etait que l'etude osteologique des oiseaux parait devoir conduire a des resultats importants pour la determination des groupes et pour l'appreciation des affinites naturelles dans cette classe du regne animal. Les recherches de M. Blanchard l'avaient conduit & dlstinguer cinq formes principales dans la famille des perroquets; or, il est arrive que les groupes formes en partant COSMOS. 663 des ca'racteres osteologiques se rapprochaient beaucoup des groupes etablis par son Altesse Charles Bonaparte, que la classifi- cation par consequent du prince etait celle qui diflerait le moins de la classification deduite de l'etude du squelette. Et cependant, disait M. Blanchard, le prince Bonaparte a etabli ses groupes d'apres les regions du globe d'ou les individus sont originaires. Son Altesse le prince Bonaparte applaudit de grand cceur aux ri'sullats du travail de M. Blanchard; il le remercie sincerement de riiommage qu'il lui rend, mais il croit cependant devoir faire remarquer que sa classification des perroquets en groupes n'etait pas purernent geographique. qu'il avait tenu conipte aussi des caracti'res anatomiques avec lesquels il s'est rendu quelque peu familier. Le Prince appelleensuiterattention sur un fait capital qui resulte du travail de M. Blanchard, et qui constitue une veritable decouverte dont tout rhonnenr lui revient; c'est un parallelisme complet et frappant entre les deux: ordres des singes et des per- roquets. Dans les deux ordres, le nombre des groupes est le meme, c'est dans l'ancien monde qu'on trouve l'organisation la plus avancee et la plus parfaite; les especes les plus degraddes ou les plus difficiles a determiner, ont pour ces deux ordres la meme origine, etc., etc. — M. Masson, professeur de physique aulycee Louis-le-Grand, presente un grand Memoire sur l'induction electrique. Voici en quels termes il pose lui-meme les questions qu'il a voulu re- soudre : <( 1° L'action inductive est-elle identique aux actions me'cani- ques et s'exerce-t-elle a distance sans l'intermediaire de la ma- tiere ponderable, dont l'intcrvention est necessaire pour l'iniluence de l'electricite statique? 2° Les courants induits par les piles voltaiques sont-ils entie- rement assimilables a ceux que produisent les batteries elec- triques ? 3" Les courants induits de divers ordres sont-ils composes de deux systemes de courants opposes, ou doit-on attribuer leurs ef- fets a un seul courant ? h° Les courants oppose's, s'ils existent, sont-ils egaux ou ine- gaux en quantite et en tension? 5° A quoi doit-on attribuer les differences dans les effets phy- siologiques, magnetiques, chimiques, etc., des courants induits des divers ordres? » Nous ne pourrions pas dire quelles reponses a ces questions 66^ COSMOS. sont resultees ties recherches de M. Masson, mais nous pouvons en faire connaitre quelqucs resultats imporlants. Les courants voltaiques de divers ordres, produits par la pro- duction et le retablissement periodiques du courant primaire sont composes de deux courants egaux en quantites et differentes par leurs tensions. Le courant secondaire est direct ■ il possedc le meme signe que le courant primaire; tous les autres courants induits sont inver- ses, c'est-a-dire de signe contraire a celui qui les produit. Les courants des batteries se comporlent comme les courants voltaiques. Les effets physiologiques, comme aussiles effets d'aimantation, d'elevation de temperature, de lumiere elcctrique, nc dependent que de la quantite d'electricite mise en mouvement et de la ten- sion du courant. lis sont independants du temps de la decharge. Les quantites d'eau decomposed, la direction et la deviation plus ou moinsgrande de l'aiguille du galvanometre sont fonctions seulement de la quantite d'electricite mise en mouvement, et ne dependent pas de la tension. Une meme quantite d'electricite produit toujours le meme effet chimique, le meme travail, quelle que soit la duree de son mou- vement, et, par suite, sa tension, qui est inversemeut proportion- nelle au temps de la decharge. Les effets magnetiques sont, au contraire, d'autant plus grands que cette meme quantite d'electricite' metlra moins de temps a se decharger; c'est-a-dire qu'elle a plus de tension. L'effet magne- tique instantane sera d'ailleurs independant du temps que dure cette decharge. « Cos considerations, dit en terminant M. Masson, qui ne sont que des consequences necessaires des faits que j'ai observes, con- duisent a une explication naturelle des pbenomenes produits par 'les courants induits, et j'ai mis la rdalite a la place des hypo- theses. » — M. Tremblay, capitaine d'artillerie de marine, demande a l'Academie de lui faire une nouvelle communication sur le° moyens de sauvetage. — M. Becquerel pere lit le resume de ses recherches sur l'elec- tricite de l'air etde la terre, et sur leurs effets. Ce Memoire traite successivement : 1° de l'etat electrique des gaz et des vapeurs; 2° des effets electriques produits au contact des terres et deseaux; 3° des couples terrestres a courant constant ; k" des orages ; 5° des COSMOS. 665 composes insolublcs cristallise's produits en vertu d'actionslentes avec ou sans le concours de 1' electricity. Nous analyserons plus tard ce grand travail. — M. Gaugain adresse, par l'intermediaire de M. Despretz, unc suite a ses experiences sur l'electricite des tourmalines ; il croit avoir demon tre que l'electricite degagee est proportionnelle a la Vitesse du refroidissement. M. Gaugain arrive en outre a la conclusion suivante : il n'y a pas de difference marquee entre le mode d'action du de>eloppe- ment de l'electricite pendant l'accroissement de temperature et celui qui a lieu pendant le refroidissement ; ces deux modes d'ac- tion sont parfaitement identiques. — M. Despretz encore, an nom de M. Seguin aine, membre correspondant, annonce des perfectionnements importants ap- portes a la machine a vapeur regeneree, qu'il a designee du nom de machine pulmonaire. N'ayant pas pu prendre une connaissance suffisante de ce travail, qui lui a ete remis trop tard, M. Despretz se reserve de l'exposer dans la prochaine seance. Nous le publie- rons dans le Cosmos, avec un dessin de la nouvelle machine. — M. l'amiral Dupetit-Thouars, au nom cle sir William Belcher, amiral et celebre voyageur anglais, depose deux cartes illustra- tives de ses expeditions maritimes. — M. Pelouze, au nom d'un chimiste, dont le nom nous a echappe, propose, pour la recherche ou la mise en evidence du phosphore, un procede base sur la propriete qu'a ce corps de communiquer a la flamme de gaz hydrogene une couleur verte; ce procede mettrait en evidence des quantites minimes de phos- phore dont la presence serait desormais aussi facile a conslater que celle de 1'arsenic par Fappareil de Marsh. — M. Durocber presente et analyse deux Memoires. L'un sur les differences de temperatures entre l'air et les divers sols ; l'autre sur lageologie de la Finlande, accompagne d'une carte physique, geologique el metallurgique. — M. Lenoir, opticien, a Vienne (Autriche), adresse a l'Acade- mie la premiere partie de sa collection des Portraits des savants ou chercheurs de la nature les plus celebres. Cette premiere livrai- son renferme les principaux portraits de MM. Cauchy, Milne- Edwards, Balard, Claude Bernard, etc., etc. Le portrait de notre humble personnabilite, que M. Lenoir a absolument voulujoindre a son groupe de inathematiciens, flgurait dans la collection, et a eu l'insigne honneur de passer de main en main acade'mique. BIBLIOGRAPHY Correlation ties forces physiques Par M. W.-R. Grove , avocat aux conseils de la reinc, de la Society' royale de Londres. (Troisieme edition, tradm'te en frangais par M. l'abbe Moigno, avec des notes par M. Skguin aine, membre correspondant de 1'Inslitut de France.) L'ouvrage de M. Grove n'est pas un traite elementaire de phy- sique, quoiqu'il initie parfaitement a la connaissance de la grande majorile des phenomenes mis en evidence parlesphysiciens mo- derncs. II a un tout autre but , plus noble et plus eleve ; il consi- dere les phenomenes d'un point de vue philosophique, et au lieu d'en faire une analyse minutieuse, il essaie de les reunir dans une grande et glorieuse synthese. Essayons a notre tour de donner une idee nette du plan suivi par l'illustre auteur, et des conclu- sions auxquelles il est arrive. Les phenomenes physiques sont en general le produit de cer- taines forces: pesanteur, chaleur, luiniere, elcctricite, magne- tisme, afftnite chimique, etc., etc. ; et ils sereduisent en derniere analyse a des mouvements ou effets de mouvements, tres-divers et (res-dissemblables : transport, attraction, repulsion, dilata- tions, contractions, combinaison, decomposition, etc., etc. Jusqu'ici, et dans les traites les plus estimes, ces forces etaient considerees comme essentiellement distinctcs , comme n'ayant entre elles aucun rapport immediat ou intime; on avait a peine soupronne' qu' elles pouvaient se raltacher par quelque lien com- mun; on e'tait bien loin de penser qu'elles pouvaient n'etre que de simples modifications d'une seule et meme force, etqu'en derniere analyse les phenomenes auxquels elles donnent nais- sance, ne sont que des formes diverscs du mouvement imprime a la matiere orninaire, a ses particules, a scs molecules, a des atomes ou derniers elements. Or, ce rapport intime, ou pour nous servir de Texpression consacree, cette cork£lation entre les forces physiques , correlation telle que de l'une quelconque d'entre elles on pcut faire naitre toutes les autres, qu'elles peu- vent toutes se ramener l'une a l'autre, se transformer l'une dans l'autrc, voiia precisement l'oljjet esscnliel ou unique du livre de M. Grove. A^ires une introduction tres-profondc, tres-logique sur la signi- fication a donner aux mots cause, causalitc, causation, cause COSMOS. 667 premiere, cause seconde, etc., il entre en matiere et dans autant de chapitres consacres successivement aux forces principales dont la physique etudie les effels, le mouvement, la chaleur, l'e- lectricite, la lumiere, le magne'tisme, l'affinite chimique, les aulres modes de force moins bien deiinis, il montre avec une erudition rare, avec une sagacite extreme, comment l'une quelconque de ces forces peut tour a tour engendrer toules les autres, soit im- mediatement ou par une action directe , soit mediatement et par une action reflechie, avec l'intermediaire de l'une des autres forces ou de plusieurs d'entre elles. Si la generation directe n'est pas possible a e'tablir dans tous les cas , enoncons en passant cette grande vdrite pour que l'avenir la feconde, c'est que la science n'est encore que dans son enfance ou dans sa jeunesse; elle n'aura atteint l'age adulte ou la virilite que lorsqu'elle sera parvenue a transformer imme'diate- ment chaque force de la nature en toutes les autres; a faire jaillir tous les phenomenes d'une source commune et unique, le mou- vement des molecules douees de 1'attraction universelle en raison directe des masses, en raison inverse du carre des distances. M. Grove ne se contentepas d'avoir etabli entre toutes les forces la correlation reciproque de cause et d'effet, en ce sens que chacune d'elles, prise au hasard, peutetre, soit la cause, soit l'effet de chacune des autres, prises aussi au hasard ; il s'efforce de mon- trer autant que l'etat actuel de la science le permet, que cette cor- relation reciproque s'exerce en proportions constantes et comple- tement determinees, en proportions de'finies ; c'est le terme clas- sique , c'est-a-dire que, parexemple, une certaine quantite de mouvement engendrcra toujours la meme quantite de chaleur, et la meme quantite de chaleur une meme quantite de mouvement. II n'en pouvait pas etre autrement, car les livres saints dans leur admirable et infaillible langage ont dit du Dieu cre'ateur des mon- des qu'il a tout dispose en nombre, en poids et en mesure : omnia in mensura et nameroet pondere disposuisti (Livre de la Sag esse, ch. ii, v. xxi) ; de telle sorte que les trois grandes lois des vo- lumes, des proportions multiples et des proportions deflnies ou equivalents, doiventregirl'ensemble et les details de tous les phe- nomenes de la nature. Alors qu'on faisait abstraction de cette correlation ou rapport intime entre les diverscs forces de la physique, qu'on les isolait, qu'on ne songeait pas meme a les resoudre en derniere analyse , et toutes egalement, en mouvement de la matiere ordinaire, on se 668 COSMOS. voyait contraint pour diflerentier et expliquer vaille que vaille lcs divers phenomenes, dc recourir a des distinctions arbitraires ou purement nominales, coramc cellos d'agents ponderables ct d'a- gents imponderables ; a 1' existence de fluides myslerieux ethypo- thetiques, calorifique,electrique, magnetique, ether, etc. M. Grove fait severe justice de toutes ces distinctions, de tous ces fluides, de Tether mane, au grand scandale de l'ficole de Fresnel, de ces mille entites surajoutees gratuitement ct hypothetiquement a la matiere; suivant lui ellcs n'ont de realite que dans l'iinagination qui les enfante, dans les mots par lesquels on les designe, dans le besoininnepour l'esprit inquiet de l'homme, tendant sans cesse, bon gre mal gre, vers la vision intuitive, de reader autant qu'il le peut l'aveu de son ignorance. Le livrc de M. Grove sera lu avecle plus grand interet et avecle plus grand fruit par tous ceux qui aspirenta se rendre compte des faits et des theories, qui ne se payent pas de mots, qui n'aiment a se perdre dans les details qu'autant qu'ils peuvent esperer de les embrasser d'unc vue d'ensemble, de se les assimiler par une syn- thase pleinement raisonnable et accessible a l'esprit. II est grandement heureux que M. Seguin aine, esprit lui aussi eminemment synthetique, se soit en quelque sorte associe a M. Grove, et ait eu la bonne pensee de le completer. La grande vue de l'identite du calorique et du mouvement, de la conversion possible et reelle du mouvement en chaleur, de la chaleur en mouvement, point de depart des correlations etablies par M. Grove, est une vue franchise, illuminee tout d'abord par le genie du grand Montgolfier, qui la conlia a sonneveu, Iff. Marc Seguin, comme un heritage a feconder, une mine a exploiter. L'auteur a jamais celebre des ponts en fils de fer, l'importateur en France des voies ferrees, l'inventeur de la chaudiere tubulairc a tubes pleins de feu et entoures d'eau, a qui revient par consequent l'honneur des lo- comotives a grande vitesse, a consacre tous les loisirs de sa vie industrielle , environnee de tant d'eclat et couronnee de tant de succes, a developper la feconde pensee de Montgolfier, que M. Grove, sans s'en douter, developpait aussi de l'autre cote du Detroit. Moins au courant des progres et des details de la physique du xrxc siecle, M. Seguin n'aurait certainement pas pu faire ce que M. ('.rove a fait; M. Grove a son tour n'a pas cntrepris, disons mieux, n'aurait pas voulu entreprcndre ce que M. Seguin entre- prend. COSMOS. 669 Le physicien et philosophe anglais aspire uniquement a etablir que les pretendues differences essentielles admises sans raison entre les diverses forces de la nature n'existent pas; que ces forces, au contraire, ont entre elles des liens etroits de parente et de filiation ; qu'elles peuvent s'engendrer l'une l'autre, naitre les unes des autres. Iln'a pas voulu aller plus loin, parce qu'il lui seniblait que les faits connus et le raisonnement base immediate- ment sur les faits s'arretaient la; qu'il aurait cm leur faire en quelque sorte violence, entrer lui-meme dans le domaine des hy- potheses, pour faire un pas de plus, dans la voie de synthese et d'unite. Ce pas, M. Seguin n'a pas craint de le faire, et nous Ten felicitons sincerement, card a comble ainsi des lacunes, des vides laisses souvent par M. Grove, et dans lesquels l'esprit se perdait. M. Grove, par exemple, parle sans cesse de matiere ordinaire, des parlicules et des molecules de la matiere ordinaire, sans ja- mais penetrer plus avant, sans essayer meme de nous donner au moins une idee de la signification qu'il faut attacher a ces mots. M. Seguin est plus hardi. Abordant carrement la solution du pro- bleme le plus effrayant peut-etre de la physique moleculaire, le probleme de la cohesion, que nul n'avait encore re'solu, il se de- mande si la seule attraction newtonienne ou universelle ne suffi- rail pas a expliquer pourquoi et comment les molecules de la ma- tiere peuvent arriver a etre enchainees les unes aux autres, de maniere a former un tout solide que la pesanteur ne desunitplus, que Ton ne peut briser sans violence ; et il arrive en effet a prou- ver malhematiqucment, peremptoirement, qu'il suffit pour cela de donner a ces molecules un volume infmiment petit et une den- site infmiment grande. Cette double condition qui se reduit, en definitive, quoique M. Seguin n'aille pas jusque-la, parce que rien ne l'y forcait, a admettre, comme le voulait le grand Euler, et coinme la divisibilite excessive de certaines substances le faisait pressentir, que les derniers atomes ou elements de la matiere sont des monades ou etres simples, les monies dans tous les corps, mais diversement groupes sous le double rapport du nombre et des positions relatives. L'explication de la cohesion, donnee par M. Seguin, est certainement une des plus brillantes conquetes de l'esprit humain, et il est vraiment desolant qu'elle n'ait pas plus fixe l'attenlion des savants, surtout de ses confreres a l'lnstitut de France, qui devrait etre fier du triomphe remporte par son hono- rable correspondant. Apres avoir ramene la cohesion a n'etreplus qu'un simple effet 670 COSMOS. de l'attraction universclle, el dispense de recourir a d'autres forces altraclives, variant suivanl d'autres raisons qne la raison inverse dn carre des distances, M. Seguin fait nne distinction lout a fait capitale ct entitlement neuve. Les molecules ihflniment p< -tiles on monades, dont sc compose la malierc ordinaire, pcuvent etre el sont dans deux elals Ires-differents; a un etat de vepos velatif aver rquilibre stable, c'est-a-dire cnchainecs par la cohesion, l'affinile, etc. ; ou a l'&nt de liberie el de mouvement, traversant l'espace'etles corps avec une vitesse tres-grande. 11 appelle les premieres molecules m, il appelle les secondes quo, cl parordre alphabetique, MM. Alexandre Braun, a Berlin; Elias Magnus Fries, a Upsal; Asa Gray, a Cambridge (Etals-Unis) ; Ilofmeistcr, a Leipzick; Joseph Hooker, a Kew; Philippe Parla- lore, a Florence. Au premier tour de scrutin, sir William Hooker a etc noinme membre correspondant par quarante-trois voix contre deux donnees a M. Parlatore, une a M. Asa Gray, une a M. Fritz. — Lord Wrottesley, president de la Societe royale de Londres, a cboisi pour vice-presidents de la session de 1856 a 1857, le ge- neral Sabine, le Doyen d'Elie, M. Peacock, M. William Grove, M. le docteur Miller, l'amiral sir James Boss, l'amiral Smyth. Fails «1g medecine ct de physiologic. M. Poiseuille, au nom d'une Commission nominee par l'Aca- demie de medecine, a fait recemment un rapport tres-favorable sur le spirometre de M. Guillet que nous avons decrit et figure. En void les conclusions : « Le volume d'air expire et mesure par l'instrument est, pour ainsi dire, a la meine temperature que la bouche, puisque l'he- lice n'en est eloignee que de ft a 5 centimetres ; en meme temps il ne se precipite qu'une quantite minime de vapeur d'eau dont cet air est sature ; l'usage de l'appareil ne modifie nullement le rhy thme normal de l'expiration ; sa sensibilite, Fapproximation qu'il pre- sente dans revaluation des quantites d'air qui le traversent; son extreme petit volume, tels sont les avantages qu'il presente. En consequence, la Commission a l'honneur de vous proposer de re- connaitre que le spirometre de M. Guillet esL un instrument pre- cieux pour la physiologie et la medecine. » Ce spirometre ne merite done pas les reproches assez vifs que lui adrcsse un inventeur rival, M. le docteur Schnepf. M. Guillet, au rcste, rend tres-bien a M. Schnepf la monnaie de sa piece : « Votre nouveau spirometre, si pompeusement annonce, qui reunit a la precision une sensibilite et une simplicity extremes, COSMOS. 677 n'est autre qu'un gazoinetre equilibre\ instrument de physique bien connu ; votre nouveaute consiste dans la suppression dcs ac- cessories, thermometre,manometre, robinets, fenetres, quiper- mettaientde se rendre compte de ce que l'onfaisait, d'estimer ap- proximativement l'erreur que Ton commettait, de faire les cor- rections necessaires. En parlant de progres et de simplification, vous nous ramenez a l'enfance de I'art. Votre illusion tombera devant les resultats d'experiences rigoureuses, si jamais on en a fait a ce sujet. » — On a essaye recemment, avec beaucoup de succes, l'appa- reil, invente par M. Georges, pour rendre insensible, au moyen d'un melange refrigerant, la dent qu'il s'agit d'arracher. L'appa- reil se compose : 1° d'un double manchon en caoutchouc, lequel enveloppe la dent; il est iixe sur la gencive a l'aide d'un ressort independant ; 2° de deux tubes e"galement en caoutchouc, dont l'un, servant a faire arriver le liquide refrigerant dans le manchon, est muni a son extremite d'une poche faisant office de reservoir, et susceptible, lors de la fermeture des deux robinets places aux extremites de l'instrument, de devenirpompe foulante, et de for- cer le liquide a remplir toute la cavite du manchon ; 1' autre sert a donner issue au liquide, aussitOt qu'il commence a s'echauffer par son sejour dans la cavite buccale. Le temps necessaire pour ob tenir l'engourdissement de la dent varie entre trois et cinq mi- nutes. Le fluide refrigerant est forme de glace et de sel par par- ties egales. Pour eviter au malade toute sensation desagreable de froid, il faut faire passer dans 1'instrument, au commencement de l'operation, un courant d'eau tiede qui se refroidit graduelle- ment. — M. Felix Achard, de Saint-Marcellin (Isere), demande ins- tamment qu'on lui vienne en aide pour faire connaitre et adopter une nouvelle methode de pansement des plaies qu'il appelle me- thode attractive, et dont il a obtenu les plus excellents resultats. Elle consiste dans l'emploi d'onguents ayant pour base les re'sines combinees avec les corps gras. Ainsi pour une plaie simple, de couleur grisatre, fournissantune suppuration de mauvaise nature, marchant tres-lentement vers la cicatrisation, on emploiera l'on- guent prepare suivant cetle formule : Poix de Bourgogne, 125 gr. ; axonge, 64 grammes. Faites fondre a un feudoux, et, lorsque la fusion est complete, ajoutez 1 gramme de camphre pulverise. Cet onguent, unpeu chaud, attire le pusetl'absorbe. f)es que la plaie a repris une teinte rose de belle couleur, on peat suppriiner le 678 COSMOS. camphre, et faire fondre simplement, a un feu doiix, un ta&ange de : poix de Kourgognc, 150 grammes; axonge, 50 grammes. S'il est necessaire d'activer la suppuration, on metlra seiilement 1 d'axonge pour h ou 5 de poix; l'onguent sera (res-allraclif, mais il faudra 1'employer chaud, parce qu'il durcit des qu'il est froid. — M. Goubaux, professeur a Alfort, a fait de longues et cons- ciencieuses rechcrches experimentales sur les proprietes toxiques du scl marin et de la saumure; pour les rdsumer iidelement, il nous suilira d'enoncer les questions quel'auleur s'etait posees, et les solutions que leur a donnees 1'experience. 1° Le sel marin peut-il exercer sur les animaux une action toxique ?Oui,au dela d'une certaine dose, le sel marin, administre par les voies digestives, devient manifestement toxique. 2° A quelles doses precises acquiert-il cette propriete" ? Chez un chien, la mort est produite en moins de deux heures par 60 ou 80 grammes. Pour tuer un cheval, il suffit de lui administrer un deux centieme de son poids. 3° De quelle maniere agit-il sur l'economie animate et princi- palement sur les organes digestifs ? 11 determine des nausees, des efforts violents de vomissement, des dejections d'abord normales, puis molles, et enfin des dejections liquides tour a tour blanches par la presence du mucus, jaunes par la presence de la bile, rou- gealres par la presence du sang. L'estomac et l'intestin sont pleins de mucosites sanguinolentes ; la muqueuse gastro-intestinale est vivement, mais inegalemcnt enflammee. Zi° La saumure a-t-elle une action differente de celle du sel marin ? Non, les proprietes toxiques specialcs qu'on lui attribue sont Actives. — M. le docteur, americain,Pindellestconvaincuquelagraisse possede la propriete de neulraliser les effets toxiques de la strych- nine. 11 cite neuf cas datis lesquels la strychnine, melangee avec de la graisse, n'aurait pas determine l'empoisonnement malgre la dose tres-elevee du poison; tandis que, dans onze autres cas ou elle avait ete adminislree seule, la strychnine avait determine la mort. Si l'huile d'olives ou une autre huile jouissait de la meme propriete, on entrerait en possession d'un contre-poison fa- cile. — De l'etude intelligent^ et attentive d'un tres-grand nombre de cas de paralysie, M. le docteur Marce tire les conclusions sui- vantes : COSMOS. 679 1° 11 existe chez l'homme pour Fecriture comme pour la parole un principe ou agent legislateur qui preside au dessin deslettres et a leur assemblage en syllabes et en mots reguliers. Ce principe n'estpas la source et 1' excitant de Faction musculaire; seulement il la dirige et la coordonne ; 2° Les deux agents coordinateurs de la parole et de Fecriture offrent des connexions inlimes ; mais ils peuycnt etre klses isolement ; 3° II est toujours possible, a Faide d'une analyse attentive, de separer des troubles i'onctionnels les symptomcs qui serattachent a la lesion de ces agents coordonnaleurs, dus a une paralysieplus ou moins complete des muscles de la voix ou de la main, quelque varices que soient d'ailleurs les combinaisons que ces etats mor- bides peuvent ofTrir entre eux ; 4° La possibility de lire a haute voix est plus intimement liee a Fintegrite de Fagent coordinateur de la parole ,qu'a Fintegrite de F agent coordinateur de Fecriture; 5° L'ecriture doit etre regardee comme un moyen moins com- plexe et moins eleve que la parole dans Fordre des moyens d'ex- pression ; 6° On peut rechercher le point du cerveau qui preside a la con- tractite des muscles de la voix ou de Fecriture ; mais, a priori, on ne peut songer a localiser les principes coordinateurs de la pa- role ou de Fecriture ; 7° Au point de vue clinique, les lesions de la parole et de Fe- criture correspondent a des lesions organiques tres-differentes, et, par consequent, leur duree, leur marche, leur pronostic et leur traitement sont extremement variables. Fails agricoles. Le sous-sol du bourg de Lamotte-Beuvron , comme celui de presque toutes les terres de la Sologne, a 1 metre de profondeur environ, n'est, meme pendant les plus grandes secheresses, qu'une vaste nappe d'eau. Pendant les trois quarts de Fannee, on voyait dans les caves des marres d'eaux fetides ; Feau des puits s'elevait jusqu'a la surface du sol; Fhumidite etait extreme, etc. M. Delacroix, ingenieur, a eu Fheureuse idee de recourir au drainage ; cette operation a ete couronnee d'un plein succes. Trois lignes de drains qui longent les maisons, versent en vingt-quatre heures 100 metres cubes d'eau dans la riviere de Beuvron, ou dans le ruisseau du Chicandin. La depense totale n'a ete que de 680 COSMOS. 3 500 fr., etleresultatobtenuestvraiment merveilleux. Les caves sont parfaitemcnt assainies ; les eaux des puits sont descendues a un niveau suffisamment bas au-dessous du sol; des jardins, autrefois inonde's et improductifs, sont devenus sains et fertiles; Teplise est degagee de toute humidite ; les voies publiques, autre- fois boueuses, sont rendues tres-praticables, etc., etc. — Avant l'e'tablissement des grands canaux d'irrigation qui traversent raaintenant la province de Lumellina , en Lombardie, les auteurs italiens etaient unanimes a peindre la miscre et la sterilite qui la desolaient. Des terres legeres et sablonneuses, in- capables de faire germer une graine; des argiles compactes et formant avec l'eau de pluie des marais fangeux et pestilentiels; de vasles surfaces pleines de pierres et de broussailles rabougries, et partout une population miserable, clair-semee, sans commerce et sans Industrie; voilace qui attristaitle regard et contristait le coeur. Aujourd'hai, de ricbes plaines couvertes de moissons, de gras patnrages, de superbes rivieres, une population conside- rable, un commerce etendu; voila ce que le voyageur admire. L'irrigation seule , bien comprise et bien repartie, a amene ces beaux resultats et fait de ce canton de'sole une rivale du fertile Milanais. — M. Cheval, membre de la Sociele imperiale d'agriculture de Valenciennes, croit avoir etabli par des cbiffres deduits d'expe- riences certaines, qu'en employant la machine a battre, les culti- vateurs se trouvent avoir obtenu relativement pour rien le bat- tage de leur ble. lis obtiennent, en effet, du ble de plus , et n'ont pas de grains ecrases ; ce double avantage peut etre evalue a 2 fr. 50 c. par hectolitre; et comme le prix du battage au fleau est de 1 fr. 50 c. par hectolitre, le benefice net du battage a la meca- niquc est de 1 fr. Les frais d'amortissement du prix d'achat de la machine et de main-d'eeuvre ne depassent guere 1 fr. par hecto- litre; le benefice realise fait done que le battage mecanique ne coute relativement rien. Le deficit du battage au fleau est en moyenne, et sans exageration, de 8 litres par hectolitre; elendue a toutes les communes de France, cette perte constitueun chiffre si dnorme qu'on a peine a l'accepter ; rien cependant n'est plus reel. — Les recherches de M. Georges Yille sur le role des nitrates dans l'cconomie des plantes,ontete au sein de l'Academie royale de Belgique,robjet d'un double rapport entitlement favorable de MM. Martens et Kickx. Les conclusions sont que le Memoire en question renferme desfaits tres-interessantsquidoivent conduire COSMOS. 681 & cPheureuses applications dans l'economie rurale; que l'Acade'- mie doit remercier l'auteur de son interessante communication, qu'elle devrait etre inseree dans le R ecueil des sa ,va n ts etra ngers si la premiere partien'avait deja pas eteimprimee ailleurs. M. Marlens cependant souleve quelques objections, maisellesne sontreellement pasfondees, et sont peut-etre meme contradic- toiics. Pour que l'assimilation de l'azote du nitrate de potasse soit parfaitement demontree, ilfaudraitadmettre, dit-il, quelesjeunes plantes cultivees dans un sol nitre n'ont pas pu, sous rinfiuence stimulante du nitre, s'assimiler l'azote de l'atmosphere, ou celu qui se trouve a l'etat ammoniacal. M. Martens en ecrivant ces lignes ne s'est pas rappele : 1° que la grande these de M. Ville est pre'cisement la possibilite de l'assimilation de l'azote de Fair par les plantes; etque des lors la validate de 1' objection serait pour lui un triomphe; 2° qu'on ne pent pas faire intervenir l'ammo- niaque de l'air que M. Ville a parfaitement dose et qu'il a demon- tre insufflsant aexpliquer l'assimilation d'azotedanslavegetafion. M. Martens ajoute : « II faut admettre encore que les nitrates en presence de certaines matieres organiques, ne puissent donner naissance a de l'ammoniaque que fournirait ensuite l'azote neces- saire a son developpement. »;Or quelques lignes plus bas il cons- tate que M. Ville a deja presque demontre que l'azote des nitrates est assimile directement par les plantes, et que cette conclusion est egalement admise par M. Boussingault. M. Martens enfin voudrait que M. Ville cherchat si en meme temps que l'azote des nitrates est assimile par la plante, l'oxy- gene de ces memes nitrates ne serait pa's aussi iixe integralempnt. II a voulu autrefois s'assurer si les feuilles des plantes, sous l'in- fluence de la lumiere solaire, ne decomposeraient pas l'acide ni- trique de la meme maniere qu'elles decomposent l'acide earbo- nique, et il serait arrive a un resultat negatif, ce qui le porte- rait acroire que les plantes nes'assimilent pas directement l'azote des nitrates de la meme maniere qu'elles s'assimilent le carbone de l'acide carbonique. II invite M. Ville a repeter ces experiences. Cela sera d'autant plus facile que le jeune, ardent et infatigable chimiste vient de monter dans ses laboratoires de Grenelle ane admirable serie d'appareils pour reprendre et resoudrela grande question, encore tout incertaine, de la decomposition de l'acide carbonique et de l'assimilation du carbone par les plantes. Jamais bien ccrtainement on n'avait eu rccours a des moyens d'experi- mentation si grandioses et si parfaits. PIIOTOGRAPHIE. Plioo photographk'O. (Portefeuillo du photograph**) De M. Joseph Sella. Pour donner une idee de la maniere dont M. Sella traite son sujet, nous allons donner la traduction du passage de son ou- vrage relatil' a la preparation des liquides fix a tours dans la photo- graphic sur albumine : Pour rendre solide et permanente l'image photographique, il faut en eliminer les sels d'argent, alterables par la lumiere. On obtient cet effet par le moyen de substances chimiques dis- soutes dans l'eau , lesquelles forment des combinaisons solubles avec l'iodure ct le broinure d'argent qui adherent a l'image pho- tographique. Les substances qu'on a trouvees tres-convenables pour cette fin, sont : l'hyposulfite de sonde, le cyanure, le broinure, l'io- dure de potassium, le chlorure de sodium, etc., etc. Parmi ces substances, celle qu'on prefere generalement a toutes les autres, est 1'hyposulfite de soude, dont il est utile de preparer deux solu- tions diversement concentrees, savoir : ^ 16 parlies d'hyposulfite de soude, \ 100 parties d'eau. ( 4 parlies d'liyposulDte de soude, ( 100 parlies d'eau. Un degre de concentration plus grand que celui de la premiere solution est tout a fait inutile, et souvent nuisible, pour fixer les negatifs sur albumine. Si au contraire on veut eiendre davantage la seconde solution, le fixage estincertain et trop lent a s'operer. Ces deux solutions se font a froid, dans un vase de verre, et on les filtre avant de les mettre en ceuvre pour le fixage. Elles se conservent indefiniment sans s'alterer; mais quand on s'en est servi pour dissoudre le sel d'argent, elles sedecomposent avec le temps et laissent deposer un precipite de sulfure d'argent, sous la forme d'une poudre noire. C'estpourquoi les solutions d'hypo- sulfite de soude qui ont servi pendant quelque temps pour le fixage , doivent etre additionnees d'une nouvelle quantite d'hy- posulfite pour etre) maintenues a peu pres au meme degre de force. COSMOS. 683 11 n'est pas in different d'employer l'une ou 1' autre de ces deux solutions dans l'operation du fixage. La premiere, etant plus concentre'e etposseYlantime action dis- solvante plus energique, plus prompte, demande a etre employee lorsque l'image photographique, qu'il s'agit de fixer, est deu'ime vigoureuse, ou du moins un peu trop intense, sous Taction des liquides revelateurs, et quand il s'agit de mettre plus en relief le passage des clairs aux ombres du dessin. Au contraire, dans le cas ou l'image photographique est peu vigoureuse, d'une teinle qui n'est pas trop intense, et que le conlraste des teintes est suffisamment prononce, il convient d'avoir recours a la solution plus faible. Si on laissait Fhyposulfite de soude en contact avec l'epreuve apres son action sur elle, l'image ne serait pas solide; avec le temps elle se detruirait tout a fait, en prenant une teinte brune imiforme d'un bord a l'autre de la plaque. C'est pourquoi, apres que l'hyposulfite a dissous les sels d'argent, il doit etre eliinine' de l'epreuve. Ouservations. Parmi les autres substances employees pour fixer l'image photographique, le cyanure de potassium est colle qui est la plus avantageuse, en raison de son pouvoir dissolvant tres-grand , plus energique encore que celui de riiyposulfile de soude. On l'emploie dans la porportion de 1 a 2 pour 100. Mais son energie est par elle-meme un inconvenient ; on ne peut pas bien regulariser son action, et le dessin peut facilement se gater. D'autre part, l'iodure et le bromure de potassium ont une action qui n'est pas assez sure , parce que leur pouvoir dissolvant sur les sels d'argent est trop faible et varie avec leur degre de con- centration. D'ailleurs leur prix, comparativement tres-eleve, est cause que leur emploi est maintenant a peu pres nul. II vaut mieux pour l'operateur se borner exclusivement a un seul agent fixateur, d'apprendre a bien connaitre son mode d'ac- tion, afin de pouvoir operer avec la certitude de bien reussir. L'hyposulfite de soude, qui offre les plus grands avantages dans l'operation du fixage, est celui qu'il convient d'etudier de pre- ference. Ce sel sert e'galement bien pour fixer les negatifs, comme pour fixer les positifs, sur albumine, sur papier, sur collodion et sur plaque metallique. C'est pourquoi je ferai connaitre ici celles de ses proprietes quipeuvent inte'resser immediateinent le photo- graphe pour la bonne reussite de cette operation du fixage. Ce sel est en cristaux, insoluble dans l'alcool,tres-soluble dans 684 COSMOS. l'eau, ct produit en se dissolvant un froid considerable. Sa dis- solution a une saveur amere, nauseabonde. Le contact de Fair atmospherique ne peut pas l'alterer. Les cbimistes, dans leurlan- gage ecrit, le designent par la formule NaO,S202 + 5IIO pour si- gnilier qu'il est compose d'un atome de soude et d'un atome d'a- cide hyposulfureux, plus cinq atomes d'eau de cristallisation. Son equivalent cbimique est = 125. L'hyposullite de soude, en dissolvant l'iodure, le clilorure, le bromure, le cyanure d'argent, forme des sels doubles qui ont cn- tre eux une nature analogue. Son action sur l'iodure d'argent est. exprimee en Tommies de la maniere suivante : 3MaOS202 + Agl = 2Na0S202,Ag0S2O"- + Nal. Le sel double d'hyposulfite de soude et d'argent qui se produit ici est tres-soluble, et sa presence se reconnait aisement, en ce que le bain acquiert une saveur tres-douce. Lorsque Ton introduit dans l'liyposulflte de sonde une plus grande quantile de sel d'argent, il se forme une combinaison qui contient un atome d'hyposulfite de soude au lieu de deux. Cette nouvelle combinaison est insoluble dans l'eau. Elle se forme tou- jours des les premiers instants ou Ton traite une epreuveparl'hy- posulfite pour la fixer. De la il suit que lorsque le pbotograpbe fixe une epreuve positive sur papier, celle-ci pa rait d'abord poin- tillee dans sa masse, si on la regarde par transparence ; mais par Taction prolonge'e de l'liyposulflte, le sel double se forme, se dissout dans l'eau, et laisse l'epreuve parfaitement transparente et pure; de maniere que, celle-ci etantmise dans l'eau, elleacheve de se fixer entierement, parce que l'eau, en enlevant l'liyposul- flte, enleve encore tout le sel double de soude et d'argent. Le clilorure d'argent est dissous par l'liyposulflte de soude avec une facilite encore plus grande que l'iodure d'argent; d'ou il suit que si, pour fixer les negatifs, le fixateur peut etre remplace par le cyanure, le bromure et l'iodure de potassium; pour les positifs, au contraire, son emploi est pour ainsi dire indispensable afin d'obtenir un fixage parfait. L'byposulfite, au contact des acides meme faibles, se decom- pose, prend une teinte blanc de lait, parce qu'il laisse precipiter du soufre, et exhale une odeur forte et piquante d'acide sulfu- reux. Cette propriete est mise a profit pour fixer et colorer les positifs. COSMOS. 685 Dans l'operation du fixage, il est bon generalement tie prendre garde que l'hyposulfite de soude soit neutre, ou mieux encore qu'il soit legerement alcalin. La raison de cetle precaution est que l'epreuve peut encore contenir des acides libres lorsqu'on se dispose a la fixer. Les acides decornposent l'hyposulfite de soude, l'image se sulfure et se tache d'une maniere irreparable. Avec l'hyposulfite neutre ou legerement alcalin, cet inconve- nient n'est pas a craindre; mais il faut bien remarquer que, quand on fixe l'epreuve sur albmnine, l'alcali doit etre en tres- faible exces, pour ne pas nuire a la tenacity de la couche d'al- bumine. Les solutions d'hyposulfite de soude s'emploientordinairement en les versant dans desbassins peu profonds et tres-larges. Quand on n'a pas soin de les remettre dans une bouteille apres qu'on s'en est servi pour le fixage, elles s'evaporent, se concentrent, devien- nent trop actives; c'est pourquoi le tableau suivant de M. Leon Krafft, qui fait connaitre la quantite d'hyposulfite contenue dans les solutions a des degres differents, sera d'un grand secours a l'operateur pour en verifier la concentration, et pour obtenir le degre" voulu, en ajoutant, selon les circonstances, del'eaupour etendre ces solutions, ou de l'hyposulfite pour les renforcer. 1 ? Degres" Quantit* de sel Degres Quantite de de I'areometre. dam Lii litre de solution. de I'aieometre. dans un litre de so 1 19.447 21 408,390 2 3S,894 22 427,837 3 58,341 23 447,285 4 77,7S8 24 466,732 5 97,235 25 486,179 6 116,683 26 ' 505, 626 7 136,130 27 525,073 8 155,577 28 544,521 9 175,024 29 £63,968 10 194,471 30 .583,415 11 213,918 31 •602,862 12 233,366 32 ■62?,309 13 252,813 33 641,756 14 272,260 34 661,204. 15 291,707 35 680,651 16 311,154 36 700,098 17 330,602 37 719,545 18 350,049 3S 738,992 19 369,496 39 758,440 20 388,943 SOCIETE D'ENCOUMGEMENT. Seance du mercredi 25 novemhre. Sur !<*s habitations owvrteires et agricolcs Mdmoiro de M. Emile Muller, rapport de M. Trelat. En Lueme lemps que la production industrielle, toujours crois- sant?, attire ou retient les ouvriers pres des grands centres, une ardente concurrence appelec sur un champ nouveau s'attache a grossir la valour du logement, et jette un trouble considerable dans les ressources d'habitations jadis ouvertes aux classes labo- rieuses. M. Muller, esprit entreprenant, praticien energique, a concu la pensee de jeter quelque lumiere sur cello grande et dif- ficile question. Habitations ouvrieres et agricoles, cites, bains et lavoirs, societes alimentaires, details de constructions, formules representant chaque espece de maison et donnant son prix de re- vient en tout pays, statuts, reglements et contrats, conseils hygie- uiqucs, etc., etc.; il a tout aborde. On aime a voir, dit le cons- ciencicux rapporteur qui debutait comme organe du comite des arts economiques, M. Muller s'efforcer de disposer ses pelits lo- gements de maniere a les rendre aussi sains que possible; onle suit avec interet dans ses preoccupations a menager dans des es- paces e'gaux, tres-restreints, des distributions varices en rapport avec la diversite des gouts si respectables chez tous les hommes, ses soins a combattre certaines coutumes qui se sont implantees dans les petits menages, telles que le sechage du lingo dans les cbambres habitees, etc., etc. M. Trelat critique en passant quel- ques exagerations inevitables dans un semblable travail, impor- tance trop grande, par exemple. queM. Muller accorde aux bains russes, Fexclusion absolue de l'eau de puits pour l'operalion du rincage, etc., et il conclut ainsi : « Le travail de M. Muller est un recueil qu'il parait utile d'indiquer et de faire connaitre ; en le pu- bliant, l'auteur est entre dans une voie heureuse et c'est un acte de devouement veritable qued'avoir ose aborder une ceuvre aussi coulcuse alors que les elements d'un livre etaient encore aussi vagues. Assurement il ne faut pas chercher, ainsi que cela a ete dit, un traite doctrinal sur la matiere dans l'ojuvre qui vient d'etre examinee ; mais on peut demander ci cette oeuvre une serie d'ele- ments pratiques tres-interessants, un grand nombre d'opinions saines et utiles, emanant d'un esprit judicieux, tres-bien renseigne COSMOS. 687 par une experience souvent misc a l'epreuve. On peut y chercher aussi quelques points devueeleves, expressions d'un coeur ge'ne- reux souvent impressionne par les misfires de cette epoque. Votre comite propose de retnercier l'auleur de 1'hommage qu'il a fait a la societe, d'exprimer Fin teret qu'inspire Foeuvre de M. Muller, de publier son rapport dans le Bulletin et d'en adresser copie a son Excellence le ministre de ragriculture et du commerce. » Clialuiiieau a jet eontiun De M. de Luca (Rapport de M. Chevallier). On sait que les chalumeaux ordinaires consistent ou en un tube recourbe a angle droit et conique a son interieur ; ou bien ils se composent de plusieurs pieces qui peuvent se separer, c'est-a- dire d'un tube conique allonge dont la parlie plus large serL d'em- boucbure, et dont la partie etroite est engagee dans un reservoir cylindrique qui sert a la fois comme reservoir d'air et comme condensateur de Fhumidite envoyee par le souffle; sur l'un des cotes de ce cylindre se trouve un petit ajutage dans lequel s'en- gage a frottement dur et a angle droit an tube conique qui pqrte a son extremite une pointe en platine, percee d'un trou plus ou moins grand. Avec les chalumeaux usite's, il a ete impossible, jusqu'a present, de produire un jet continu et re'gulier, en expul- sant 1'air contenu dans la bouche par Faction seule des muscles des joues, sansfaire un grand effort de la poilrine. Pour renouveler cet air dans la bouche, il faut aussi respirer par le nez, ce qui est facile avecunpeud'habitude, mais ce qu'il n'est pasjdonne atoutle monde de faire sans inconvenient, et ce qui devient difficile, sinon impossible aux personnes les mieux constituees, quandl'operation doit se prolonger. Pour rendre abordable a tout le monde cet instrument, auquel F analyse chimique et les arts sont redevables de si grands services, M. de Luca a cherche a le disposer de ma- niere a rendre le courant d'air continu sans exiger de Foperateur un effort special ou un apprentissage prolonge. Pour cela , Fau- teur interpose entre le grand tube conique et le recipient cylin- drique une boule en caoutchouc vulcanise, munie a Finterieur d'une soupape qui se ferme de dedans au dehors et qui est placee a. Fextremite du tube-embouchure. Cette soupape, qui permet Fentree de Fair, en empeche la sortie par le tube abducteur ; com- primee a la fois par le souffle et la boule en caoutchouc qui tend a reprendre son volume primitif , Fair s'echappe regulierement et d'une maniere continue, sans qu'il soit necessaire de souffler «88 COSMOS. constamment, comme ccla se pratique dans le chalumeau usite. On peut, a l'aide do cet artifice, entretenir la flamme du chalumeau pendant des heures entieres, sans eprouver de fatigue ou de gene dans la respiralion. La boule en caoutchouc sert a la fois de re- servoir et de condensateur de l'humidite, et permet, par la, de rendre la construction de cet instrument plus dconomique. Cette boule ou poche en caoutchouc se trouve dans le commerce, sous le nom de pelote a tamponnement , munie de deux tubes', et se vend au prix de 1 franc environ. Lasoupape, tout le monde peut la construire avec des morceaux de peau de gant ou de toute autre. matiere qu'on attache aubout du tube-embouchure. La So- ciety approuve le perfectionnement deM. de Luca. Houveauv apparcils dc pesage De MM. Beranger, de J.yon. (Kapporf de M. Faure). Fils de ses oeuvres, dit M. Faure, ancien chefouvrier d'uneim- portante maison de balancerie, M/Beranger, apres avoir fonde, en 1827, l'usine de Lyon, dont il a su accroitre rapidement l'impor- tance, a conquis aux diverses expositions et aux concours inter- nationaux d'honorables et hautes recompenses. Chevalier de la le- gion d'honneur , en 1853 , il appartient aujourd'hui a cette no- blesse induslrielle que la Societe d'encouragement a contribue a creer, en appreciant de haut et en faisant valoir les services qu'elle rendait au pays. Suivant la belle voie trace'e par Sancto- rius, par Quintenz, brillamment et utilement fecondee par la mai- son Rolle et Schwilgue, il a su manier de la facon la plus heureuse et la plus neuve a la fois, l'ingenieux systeme de repartition des points d'appui et la belle combinaison de leviers , imagines par les deux inventeurs que nous venons de nommer avec l'emploi du fleau et de la romaine a poids curseur. Les nouveaux appareils presented par M. Beranger etaient : 1° une bascule romaine portative ; 2° un modele de pont a bascule fixe. Le Cosmos a deja apprecie en quelques mots leurs avantages, le rapport les decrit, enumere les simplifications et les perfec- tionnements qu'ils ont recus , exprime quelques craintes sur 1' inexactitude que pourraient amener ccrtaines dispositions des leviers, s'ils n'etaient pas construits avec un soin plus qu'ordi- naire , constate que les rapports emanant d'hommes speciaux et <;ompetents prouvent d'une maniere peremptoire que, dans la pra- tique, ces craintes ne se sont pas confirmees, et conclut a ce que des remerciments soient adressesaM. Beranger, pour son utile et interessante communication. COSMOS. 689>" L'habile mecanicien avait ajoute a son Memoire dps donne'es precieuses sur les nombreux bureaux de pesage public deja etablis. Elles tendent a faire ressoftir les avanlages de ces utiles creations, dont on ne saurait trop recommander la propagation, parce qu'ils ont une beureuse influence au point de vue de la securite dans les transactions commerciales, des progres de 1'e- conomie agricole, de la propagation du systeme decimal, de l'ac- croissement des revenus commerciaux. Elles etablissent la reali- sation de benefices sur les frais de regie, afferents a ces crea- tions et dus a un impdt involontaire, percu sans gener per- sonne, supportes par ceux-la seulement qui ont interet a 1'ac- quitter. Elles font voir en efiet qu'une depense de 203 500 fr. a cree un revenu annuel de 190 600 fr. environ. II en ressort d'ail- leurs cette consequence que la creation d'un bureau de pesage public peut etre accessible a une commune de mille habitants. Machine a fondre les caracteres d'Enijiriinerie De M. Fouchek. Avec le moule a main un ouvrier fond de trois mille a trois mille cinq cents lettres par jour, tandis qu'avec la machine Fou- cher, mue par un homme ou parun moteur quelconque, on pent fondre avec une regularite parfaite de vingt-cinq a trente mille lettres par jour. Cette machine, de 48 centimetres de large sur 80 de long, est montee sur un batis en fonte et fait les operations suivantes : des que le metal est fondu, le nez du fourneau est mis en contact avec le moule, l'injection de la matiere a lieu au moyen d'un piston. Aussitot la matiere s'eloigne, la partie supe'rieure du moule pivote, retombe et laisse ainsi la lettre libre, reposant seulement sur la base du moule. Un chassoir alors prend la lettre en pied et en tete, la degage ainsi completement de la base sur laquelle elle reposait, et la fait tomber dans un conduit menage a cet effet. Les cames agissant sur la partie superieure du moule le renferment, un levier vient alors presser sur le talon du con- ducteur de matrice et fait appuyer la matrice sur le moule ; un nouveau coup de piston a lieu , comme il a ete dit, et l'operation recommence. Les lettres se trouv ant ainsi fondues une a une et dansle meme moule , la regularite si necessaire a l'imprierie sa trouveainsi parfaitementobtenuc. Un seul moule suffit pour fondre toutes les forces de corps. Plusieurs de ces machines fonctionnent deja avec le plus grand succes dans les imprimeries les plus im- portantes de Paris, chez M. Claye, chez M. Plon, etc, etc. ACADEHIIE DES SCIENCES. Seance du cZi de'cemhre 1856. '" M. Silberman adrosse la suite de ses recherches sur les pro- portione du corps humain exprimees en unites du systeme mc- trique. — M. Breton de Champ communique une note sur l'adaptation de la vue aux differentes distances. L'auteur a decouvert qu'en exercant sur son ceil une certaine compression mecanique, il le rendait presbyte de myope qu'il est, e'est-a-dire qu'il reculait les limites de la vision distincle; que lorsqu'il faisait cesser la com- pression, son oeil revenait au myopisme ordinaire. — M. le prince Demidoll transmet deux notices historiques re- latives aux essais d'eleve des sangsues qu'il a fait tenter dans les etangs ou lacs de ses proprietes caucasiennes. — M. Philippeau, aide naturaliste au Museum d'histoire nalu- relle, ecrit que des nombreux rats blancs sur lesquels il a pratique l'ablution des capsules surrenales, il y a quarante-neuf jours, deux sont encore vivants et jouissent d'une sante parfaite; ce qui prouve jusqu'a 1'evidence que ces petits organes ne sont pas es- sentiels au maintien de la vie, au plein exercice de ses fonctions essentielles. — M. Dubois, ancien recteur de la Charente-Inferieure, attend avec impatience le rapport de MM. Serres, Andral et Bussy sur son livre Des prejuges et croyances populaires dans diverses pro- vinces de la France. — M. Flourens ofl're avec de grands eloges le magnifique ou- vrage que M. Victor Rendu a publie sous le titre de : Ampelogra- phie frangaise, histoire des principaux ceps de vignes de la France, leur lieu de culture, leurs qualites, leurs produits, etc. — M. Guillard presente pour le concours des prix Monthyon ses Elements de demographie, ou statistique humaine. — M. Rochard continue sa nomenclature des maladies qu'on peut guerir avec ses preparations chloro-iodo-mercuriques. — M. Paul Gervais adresse quelques renseignements sur son exploration des terrains fossiles du departement du Card. Ces terrains forment trois etages tres-distincts ; dans l'etage le plus mferieur, on ne rencontre aucun mammifere fossile ; on rencontre dans l'etage moyen des fossiles de mammiferes disparus ; dans COSMOS. 691 l'etage superieur enfin, on trouve en abondance des fossiles de rhinoceros et autres mammiferes encore existants. — M. Rossignol dit avoir tente avec succes l'emploi de la ba- lance ou de l'areometre, pour distinguer, par le poids specifique plus ou inoins grand, la graine feconde des vers a soie de la graine infeconde ou avortee. A la demande de M. Dumas, cette note est renvoyee a la Commission chargee de l'appreciation des procedes de M. et Mme Andre Jean. Puisse cette Commission dd- poser bientOt son rapport, l'interet de la France sericicole, tant al'flige'e, le rend veritablement urgent ! — M. Flourens demande a faire un rapport verbal sur deux opuscules dans lesquels M. Piccolini de Bologne, que ses travaux pbysiologiques out deja fait connaitre bonorablement, decrit ses nouvelles experiences sur Paction reflexe des nerfs sensoriaux, sur les fonctions dela moelle epiniere, etles proprieties des bains sulfureux. — M. Decaisne fait bommage de l'ouvrage qu'il publie sous ce titre : Jardin fruitier du Museum d'histoire naturelle, et lit des considerations generales sur la propagation par semis ou parbou- ture des variete's d'arbres a fruit ; sur le retour apres un temps plus ou moins long de ces varietes a l'espece primitive, etc. Nous regrettons que la voix faible de l'auteur, couverte par le bruit des conversations particulieres, nous ait empeche de suivre son inte- ressante lecture. Son Altesse le prince Charles Bonaparte croit devoir faire remarquer que les experiences tentees par M. Decaisne sont tres-delicates, tres-complexes, tres-sujettes a illusion, etc. ; il faut done se garder d'en tirer des conclusions generales qui pourraient etre dementies par d'autres essais. Ce serait ici le cas ou jamais d'appliquer la regie si sage du syllogisme : Nilscquitur geminis ex particularibus unquam. — L'Academie procede h la nomination d'un membre dans la section de botanique; nous avons donneaux faits divers leresul- tat de l'eleclion sans faire ressortir assez le fait, assez rare, que MM. Hoocker pere et fils flguraient en meme temps sur la liste de candidature, l'un au premier, l'autre au second rang. Le nom du celebre directeur des riches collections de Kew est done entoure d'une double aureole de gloire. — Deja dans la seance du 19 mars 1841, M. le commandant P.ozet, candidat a l'une des places vacantes dans la section de geologie et de mineralogie, avait appele 1' attention sur les irre- gular! tes que presente la structure du globe terrestre. Ces irre"- 692 COSMOS. gularites consistent en des elevations ou depressions ; elles font que la surface de la terrc diflere sensiblementsur un grand nom- bre de points, comme M. Puissant Tavait dejft fait remarquer de la surface de l'ellipsoi'de a un trois cent neuvieme d'aplatissement auquel on l'assimile. Les elevations se trouvent dans les parties montueuses des continents, ou sur le prolongement en ligne droite des chaines de montagnes; tandis que les depressions se mauifestent dans les espaces compris entre les chaines, les plai- nes qui avoisinent la mer, ct en general dans tout le taste bassin des mers. Dans les lieux de depression, le pendule s'allonge, la hauteur rnoyenne de la colonne barometrique augmente; dans les lieux d'elevation, le pendule, au contraire, se raccourcit, la hau- teur barometrique rnoyenne diminue; dans tous les deux, la di- rection de la verticale presenle des anomalies, elle n'est plus per- pendiculaire a la surface des eaux tranquilles. M. Rozet revient aujourd'hui sur cette grave question, il constate que sur beau- coup de points de la France, la longitude et la latitude astrono- miques different sensiblement de la longitude et de la latitude geodesique; que par suite les meiidiens et les parallelcs ne sont pas des lignes planes telles qu'on les definit en cosmographie, mais des lignes a double courbure. Tout cela est tres-naturel. Partout, dans le passage de l'abstraction a la realite, des mathe- matiques a la physique, il faut s'attendre a des ecarts appreciables. Apres ces considerations generates, M. le commandant Rozet revient au sujet principal de sa lecture. Nos Iecteurs se rappellent que dans l'application de la nouvelle methode de determination des differences en longitude anx deux stations de Paris et de Bourges, MM. Le Terrier et Rozet onttrouve que la longitude resultant de leurs observations diffe'rait de plu- sieurs secondes de la longitude admise par Delambre et les ofticiers d'etat-major. Cette difference entre la longitude astronomique et la longitude geodesique, en la supposant etablie, ne pourrait s'expli- quer que par une deviation considerable dans la direction de la verticale, deviation comparable, comme nous l'avons fait remar- quer, a celle que determine la presence de l'enorme masse du Mont-Cenis. Comme il n'y a pas de Mont-Cenis, evidemment,. entre Paris et Bourges , il faut necessairement, nous l'avons dit tout d'abord, recourir a des masses souterraines, a une consti- tution geologique anormale. C'est precisement ce que tente M. Bozet, en s'aidant des observations connues et de quelques rapprochements deja etablis par M. filie de Beaumont. II nous a COSMOS. 693 ete impossible de le suivre dans les developpements qu'il a don- nas, nous avons entendu seulement qu'il parlait de failles, deroches plutoniques, de terrains granitiques, de fer oxyde, etc. Une sem- blable interpretation du reste, ne peut etre que tres-vague, tres- arbitraire, et il faudrait avant tout qu'elle fat ndcessaire, c'est-a- dire que la difference qu'il s'agit d'expliquer, fat tout a fait mise borsdedoute; or, c'est ce qui n'a pas encore ete fait. D'une part, M. Le Verrier n'a pas acheve ses calculs, il n'a pas encore depose sur le bureau de l'Academie et insere aux comptes rendu s ses nombres exacts. Del'autre, les deux essais de lanouvellemethode faits l'un a l'Observatoire meme de Paris , l'aulre entre Paris et Bourges, ne suffisent pas pour une consecration definitive, pour l'elimination des erreurs personnelles, etc., etc. M. Rozet aurait done bien fait, inline dans l'interet de sa candidature, d'ajourner la discussion. Enrelisant sa note de 1841, nous y avons trouve cette phrase lugubre : « Les forces qui ontproduit les irre'gularites de la struc- ture du globe n'ayant point encore cesse d'agir, ainsi que l'an- noncent plusieurs pbenomenes et particulierement.le souleve- ment lent des c6tes de la Baltique, on pourrait voir se renouveler les grandes catastrophes que la surface de la terre a eprouvees ante'rieurement aux temps historiques. » M. le commandant est bien bon de se poser ainsi en prophete de malheur! En terminant, M. Rozet a signale une circon stance curieuse : A Paris et a Bourges, dans l'observation du passage des etoiles au me'ridien, on fixait la position du nadir par la coincidence des fils du micrometre avec leur image reflechie dans un bain de mer- cure. Or, chose singuliere, a Bourges jusqu'a neuf heures clu soir, la surface liquide etait parfaitement calme, les observations etaientfaciles; mais a partir de neuf heures du soir, cette meme surface etait continuellement agitee par de petites oscillations, et le travail de l'astronome devenait penible, sinon impossible. A Paris, c'est tout le contraire, lebain de mercure est tres-calme a onze heures du soir et pendant toute la nuit, quand les bruits et les secousses de la rue ont cesse. Faut-il attribuer ces effets con- tradictoires a une difference entre la constitution du sol a Paris et a Bourges? Le sol de Bourges eprouve-t-il, apres le soleil couche, un refroidissement anormal ? Cette fois, M. Rozet a ete plus sage, il a juge a propos d'attendre que le fait signale par lui fat constate par un plus grand nombre d'observations. — M. Babinetpre'sente a l'Academie letelegrapheimprimant de 6% COSMOS. MM? Pigncy frercs, enumerc les avantages considerables du nou- vel instrument, el fait passer sous les yeux de ses illuslres con- freres de longues bandes de depecbes imprimecs en Ires-beaux caracteres romains. Voici mainlenant la note de MM. Digney : (i Le systeme de telegrapbe-iinprimeur, invente par les freres Digney, s'applique principalement et sans complication appa- rente aux lelegraphes recepteurs et manipulateurs a cadran , de sorte qu'il devient possible d'obtenirdes depecbes tout imprimees sans cbanger d'une maniere sensible les appareils actuellement en usage, ni leur mode d'action, e'est-a-dire, cbose bonne a re- marquer pour les administrations des chemins de fer, que les em- ployes pourront, sansnouvelle etude faire fonctionner le manipu- lateur de la nieme maniere qu'ils le font maintenant. En principe, ce resultata ete fort simplement obtenu d'abord, en ajoulant a l'appareilrecepteur un second elcclro-aimant, ou en rem- plarant la palette de l'echappement en fer douxpar un aimantar- tiiiciel, substitution qui assure d'une maniere efticace l'exactitude de l'impression ; puis en fixantsur le prolongement de l'axe de la roue d'ecbappement un disque muni de lettres en relief sur sa cir- conference. Une bande de papier qui passe tangentiellement a ce disque, recoitla depecbe imprimee et unlevier qui fait corps avec la palette de l'electro-aimant supplemenlaire, produit en temps opportun la pression necessaire a l'impression. Quelques mots d'explication sufiiront pour bien faire compren- dre le mecanisme du nouveau systeme et le principe qui lui sert de base. Commencons parl'appareil recepteur ou imprimeur : « Un disque place sous le prolongement de l'axe de la roue d'e- cbappement actionne commeon sait, parun mouvement d'horlo- gerie, est muni sursa circonferencede lettres en relief. Au-dessus de ce disque se trouve un tampon adapte a rexlremite d'unlevier qui fait corps avec la palette de l'aimant supplementaire, monte sur deux pointes, et rappele par un ressort quand l'attraclion de cet electro-aimant supplementaire cesse. Cememe levier muni du tampon, fait agir a. la fois un pied de bicbe et un rocbet; le pre- mier, muni a son extremite d'un petit ressort qui lui permet de ceder en remontant , fait tourner en descendant la roue a rocbet fixee sur l'axe d'un premier cylindre au-dessus duquels'en trouve un second, retenu en pression a l'aide d'un contre-poids, de faron que la bande de papier sans fin que nous avons signalee plushaut COSMOS. 695 enroulee suruno ensouple,puisse etre entrainee par la rotation du cylindre inferieur entre lui etle cyiindre superieur. Un petit tampon charge d'encre appuie sur les lettres et y depose la quantite ne- cessaire a 1'impression ; quant a l'ensemble de ce petit mecanisme imprimeur, il est fixe sur 1'une des plaques de l'appareil. Si nous passons maintenant au principe |meme du nouveau telegraphe imprimeur, nous dirons que ce qui permet de l'appli- quer aux recepteurs ordinaires, c'est d'abord l'idee, puis les dispositions toutes particulieres d'un manipulateur inverseur, c'est-a-dire d'un manipulateur etablissant la communication du courant, qui pourproduire le double resultat del'envoiet de 1'im- pression doit etre renverse. Cette inversion des courants a ete obtenue par une nouvelle dis- position des leviers qui, oscillant sur leur centre respectif, eta- blissent, pour un tour de disque, 26 fois une certaine direction dans la marche du courant, et changent 26 fois cette meme direc- tion selon que la manivelle du manipulateur a ete ou n'a pas ete engagee dans le cran du diviseur. Le manipulateur en effet, point assez important dans ce nou- veau systeme, a ete legerement modifie et ces dispositions toutes particulieres donnent le resultat le plus certain. Son disque a roue a gorges sinueuses estdiviseen 26 parties, c'est-a-dire en un nombre egal a celui des lettres del'alphabet, au lieu que, dans les manipulateurs ordinaires, ce nombre est moitie moins conside- rable. Cette nouvelle combinaison amene necessairementun petit changement dans la roue d'echappement de l'appareil recepteur : il consiste dans un double declanchement, c'est-a-dire qu'il fant pour produire une lettre que la roue d'echappement passe d'une dent, et pour faire passer d'une dent qui corresponde a une lettre grave'e sur la circonference du disque , il faut qu'il y ait produc- tion et cessation du courant, resultat de beaucoup superieur a celui qu'on pourrait obtenir avec les appareils ordinaires ou le passage du courant produit une lettre etson interruption encore une lettre. On peut cependant obtenir ce meme resultat al'aide de eet ap- pareil a double division en remplarant siffiplementles palettes en acier par des palettes en fer doux, sans operer d'autre changement dans l'appareil le manipulateur transmet, alors diiectement et sans avoir recours au principe de l'inversion , les courants elec- triques qui aimantent les palettes en i'er doux par Taction de son passage dans les electro-aimants; mais cetle derniere modiflca- 696 COSMOS. tion tend bien plut6t & simplifler le mecanisme des deux appa- reils qua assurer l'exactitude et la regularity de leur fonction. » — M. Loysel, de Lille, demande qu'on admette, au concoursde statistique, ses Apercus du progres considerable que I'agriculture a fait depuis dix ans dans le departement du Nord. — M. Rolland, inge'nieur en chef de l'administralion imperiale des tabacs, souinet au jugement de l'Academie son torrefacteur ; excellent appareil qui attirait tant l'attenlion a l'Exposition uni- verselle, et dontle Cosmos a eu les premices. Nous ne reviendrons pas sur sa description ; nous dirons seulement qu'un usage de cbaque jour, et sur grande echelle, en a fait mieux ressortir en- core les avantages considerables ; qu'il peut recevoir une foule d'applications nouvelles, etre employe, par exemple, a la torre- faction en grand du cafe, du cacao, de la chicoree, etc. : a la ca- lefaction des cossettes de betteraves ; a la dessiccation et a la ven- tilation des bles, etc., etc. — L'apparition du Memoire de M. Oztrogradski, sur la theorie de la percussion, a defmitivement mis le monde mathematique en emoi. Un des principaux resultats des recberches du celebre mathematicien de Saint-Petersbourg avait ete la demonstration d'un theoreme simplement enonce par M. Sturm, et formule de la maniere suivante : Si des points materiels lies entre eux par des liaisons (L) et sollicites par des forces instantanees prennent un mouvement dans lequel la somme des forces vives initiales soit znwr. Si les memes points, partant comme precedemment du repos, sollicites par les memes forces, apres introduction de liaisons nouvelles (L'), ajoutees a celles qui existaient deja, pren- nent un nouveau mouvement dans lequel la somme des forces vives initiales soit s mv e2 ; quelles que soient les liaisons (L') in- troduites dans le systeme, la somme des forces vives zmv i2 sera toujours moindre que la somme primitive ~zmv i2, et la difference des deux sommes est precisement la somme des forces vives dues aux vilesses perdues par cbaque point. Dans la derniere seance de l'Academie, M. Bertrand avait apporte une demonstration de ce theoreme tres-elementaire et qui s'ap- puyait sur des hypotheses en apparencefort admissibles. Aujour- d'hui, M. Cauchy vient demontrer que, ainsi qu'il 1'avaitannonce, ce theoreme est une consequence immediate d'une theorie exposee par lui en 1829. M. Bertrand craint que le theoreme de M. Cauchy nesoit pas aussi general que celui deM. Sturm, parce qu'il adinet des liaisons telies que les points quise sont choques restent apres COSMOS. 697 le clioc animes de la meme vitesse, ce que M. Sturm n'admettrait pas et ce qui n'a pas toujourslieu dans la nature. M. Cauchy, de son c6te, ne veut pas que Ton parle de forces instantanees, qui n'existent pas de fait ; il combat done et l'enonce de M. Sturm et la demonstration de M. Berlrand. M. le general Poncelet essaie de inettre M. Cauchy et M. Berlrand d'accord en faisant remarquer que leurs theoremes sont des theoremes de mecanique rationnelle et nullement de mecanique physique, ou de mecanique de la na- ture, parce que pour l'un et l'autre, soit au debut, soit a la fin, on est force de faire des hypotheses que la nature ne confirme pas. Pourquoi faut-il que nous n'ayons pas pu prendre la parole a notre tour pour appuyer M. Poncelet, mais en nous placant a un tout autre point de vue, celui ou M. Seguin s'est place dans ses Additions aulivre de la correlation des forces physiques'! S'il est un principe certain au monde, aurions-nous dit, e'est le principe de la conservation iutegrale et indeflnie du mouvement et des forces vives; yous parlez des forces perdues, et il n'y en a pas, il n'y a dans la nature que des forces transformers, converties, etc., mais nullement des forces perdues. Cequi disparait sous forme de mouvement ou de vitesse dans l'espace reparait sous une autre forme, sous forme de chaleur, d'e'lectricite, etc. « S'il est vrai , dit M. Seguin , comme tous les bons esprits pa- raissent le reconnaltre auiourd'hui, que la force etle calorique ne sont qu'une seule et meme chose, il est evident que lorsque deux corps se choquent, le calorique produit par suite de cette collision qui eleve la temperature soit des corps choquants, soit des parties qui s'en separent, soit du milieu ambiant, represente la difference du mouvement dont les corps etaient animes avant et apres le choc, et que le principe de conservation du mouve- ment ou des forces vives, quelle que soit la denomination qu'on voudra donner a ces effets qui sont identiques, se trouve respecte sansaucune espece de modification oude restriction, semblables a eelles que Carnot a malheureusement introduites dans la science. » Voila la verite. Oui, au moment actuel, parler encore des forces perdues. de force vive eteinte, e'estun lamentable anachronisme; la force ne se perd pas plus qu'elle ne se cree ; et nos grands geometres, s'ils n'etaient pas si abstraits, s'apercevraient que ieurs savantes theories ne sont au fond que l'affirmation de la possibilite du mouvement perpetuel qu'ils repoussent comme une folie. Mais nous avons pris rengagement de revenirsur ces graves questions, et nous n'aurions pas du les effleurer aujourd'hui. ASTR0N0M1E PHYSIQUE. Cometes. Los cometes ont trouve dansM. Babinet uh ennemi declare; on dirait quirnte de la frayeur qu'olles ont si longlemps inspired aux habitants de noire pauvre terre, l'illustre aeademicien a jure de les aneantir ou du moins de les reduire a presque rien. G'est une guerre a outrance qui remplit deja plusicurs colonncs du Journal des Debuts. Dans un premier article, M. Babinet avail pense" que pour fairc bonne justice des vieux prejug^s il suffisait d'enoncer comine un fait que la masse totale de matierc des cometes qui avaient le plus effraye les imaginalions pesail a peine quelques kilogrammes. C'etait agir peut-elre sans assez de facon, aussi, dans un second article, M. Babinet a senti la necessite d'aborder les preuves d'une assertion dont on pnu- vait faire bon marche" en lui appliquant le vieil adage, quod gratis asseritur, gratis negatur. La premiere demonstration de M. Babinet consiste simplement a subslituer a la sienne l'autorile de sir John Herschel, qui dit : « La queue d'une grande comete pourrait bien ne consister qu'en un tres-petit nombre de livres ou meme en quelques onces de maliere. » VoiJa rlu positif, s'ecrie M. Babinet ! La comete de sir John Herschel n'est done pas a la terre ce que le plus petit moucheron serait a l'elephant ou a la baleine; et sa queue, fut-elle formee du poisonle plus violent, ne pourrait pas nuire aux existences vitales les plus ephemeres. » Mais non, cela n'est pas du positif, e'est une assertion gratuite ajoutee a une assertion gratuite, Tune est franchise, il est vrai, l'autre anglaise, mais il n'en resulte apres tout qu'une assertion gratuite anglcj-francaise ou franco-anglaise, rien de plus. Encore l'alliance n'est-elle pas bien solide, car nous verrons tout a l'hcure que sir John Herschel a nie a l'avance la solidite du se- cond argument de M. Babinet. Get argument, levoici : « Le 7 no- vembre 1828, M. Struve vit une etoile de onzjeme Grandeur au travers de la comete d'Encke, dont le diametre etait de cent six mille i.ii,ues de quatre kilometres. Quand on pense que 1' extinc- tion de la lumiere se fait suivant une loi tres-rapide, a mesure que r.'pVisseur augmenle, on aura peine a coucevoir (jedismeme qu'on ne concevra pas du lout) a quelle excessive tenuite se re- duit la matiere des cometes, pour qu'elle se laisse traverser par les rayons d'une si faible etoile que le moindre crepuscule eteint. COSMOS. 699 II fant considerer une comete corame une espece de p'oussiere a grains tres-ecarte's; c'est enfin im etre materiel place aux timites de l'existence. Un peu moins de maliere, et la comete cess d'etre, etc. » Tres-bien, monsieur Babinet; maisvous nous appre- nez en meme temfps qua votre grand etonnement sir John Hers- chel, qui vous est personnellement tres-connu, affirme que la grande comete de 1680 a du se voir sur le disque meme de cet. as- tre, ce qui n'aurait pu avoir lieu qu'autantqu'elleeuteteints blement la lumiere eblouissante de l'astre du jour. Vous nous jurez vos grands flieux que cola est impossible, qu'une bouffe'e de vent serait cent fois plus visible devant le solei! que la plus solide ■comete. Nous voulons bien accepter votre serment, quoiquc, de son cole, Arago, le maitre des maitres en astronomie physique, n'ait pas regarde comme impossible la transformation de la terre en satellite de comete. Vous conviendrez cependant, que jus- qu'ici votre these vers laquelle nousinclinerions volontiers, est loin d'etre demontre'e. Sortez done de votre sac si plein de ressources et d'esprit, ces deux fameux arguments a fortiori qui reduisent les cometes a pouvoir a peine fournir assez de subs: pour la medecine homceopathique. Comme dans tout ce que vous citez de lui, sir John Herschel n'a parle que des queues des co- metes, comme en outre de leur queue, les cometes ont une tete, un noyau, quelquefois meme une ou plusieurs tetes sans queue, comme le venin que vous chassez de la queue peutsenicher dans la tete, comme un coup de tete est en general plus redoutable qu'un coup dequeue, prouvez nous invinciblementqu'il n'estpas de comete au monde dont la tete pese plus de quelques kilo- grammes, ou convenez que vos arguments nc sonta leur tour que de la poudre cometaire. Le 18 aout \llk, Messier, en observant la comete recemment decouverte par Montaigne, demeura convaincu qu'une petite etoile dont il n'assignepas la grandeur, etait restae quelque temps cachee parle noyau solide de la comete. (Memoircs de I'Academie des sciences, ill 5, p. kk6.) M.Wartmann, en 1828, croit avoir vu cette meme comete de Encke dont vous parlez, e'teindre la lumiere d'une etoile deHiixiEME grandeur. En presence de cesfaits, n'est-il pas plus prudent de convenir avec le grand Bessel (Con- naissance des temps pour 1840, additions p. /i98), uque tant qu'on n'aura pas observe le passage incontestable du noyau dune comete sur une etoile, il sera impossible d'arriver a quelque conclusion positive relativement a leur constitution physique ? » Les observa- tions par lesquelles on a voulu meUre en evidence l'excessive te- 700 COSMOS. nuite de la matiere cometaire, et M. Babinet n'a pas choisi les plus frappanles, ont cte faitcs sur des cometes qui, meme dans un telescope tres-puissant, nc monlraient absolument aucun noyau. Nous disons que M. Babinet n'a pas cboisi les plus frap- pantes, car on lit dans les Memoires de la Societe astronomique de Londres, vol. vi, p. 99, que lc grand Herscbel observant un petit cloitred'etoiles de seizieme ou dix-septieme grandeur atraversla substance d'une comete de 50 000 milles, 80 000 kiloin. d'epais- seur, n'en vit pas .inoins le cloitre etoile se resoudre en etoiles distinctes! C'est in'croyable, eneffet, et cependant les astronomies ou physiciens d'une prudence consommee ne tireraient commie M. Robert Grant de ce fait mysterieux que la conclusion suivante : <( Cette circonstance prouve qua moins que la matiere dont la aomete est formee differe essentiellement par ses proprietes des substances materielles connues, elle doitposseder un degre de te- nuite tout a fait inconcevable. » Et en effet, dans tous ses raison- nements, M. Babinct admet, au moins implicitement, la continuite' de la substance cometaire. Or, il n'est pas impossible, il nous semble, d'imaginer une masse discontinue formee de noyaux Ircs-denses et tres-pesants, inais suffisamment espaces pour con- server le degre de transparence que les observations assignent a la nebulosite des cometes. Cette constitution expliquerait en outre comment quelques-unes de ces nebulosites ont pu rester visibles en plein jour a une tres-petite distance du soleil, ce qui suppose evidemment une certaine masse, et ne s'expliquerait nullement dans l'bypothese d'une vapeur impalpable. La comete de 1843 en est la preuve toute recente.Le 28 fevrier elle etait a 3°, 35' du bord du soleil, a 3 h. 6"' apres-midi. Le noyau, et aussi certaine partie de la queue, etaient aussi bien limites que la lune par un jour se- areuL La densite du noyau, ajoute M. Clarke, auquel nous em- j)runtons cette observation, paraissait si considerable, que je ne doute pas qu'il eut ete visible sur le disque du soleil s'il eut passe €ntre cet astre et l'observateur. La longueur de la queue vi- sible a cette distance du soleil etait de 59', presque le double 4 u diametre apparent du soleil. FIN DU TOME NEUVIEME. J„iprimene de W. Remquet et Cie, A. TKAMBUY, rue Garanciere, 5. proprUlaire-gerant,. I -»w*~» wtM )$*&**.• ■•w • */4L c£\% *»