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COSMOS

REVUE ENCYCLOPEDIQUE IlEBDOMADAIRE

PROGRES DES SCIENCES

J4^

Ce volume est la propriete exclusive de M. Trauiblay. Tous les exemplaires non rev^tus de sa signature seront reputes contrefaiis et poursuivis camme tels.

PAr.IS. IMP-IMERIK DE W. REMQl'ET ET C, HUE 6ARANC1EP.E, 5.

REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE

Di:S

PROGRES DES SCIENCES

ETDE LEUKS APPLICA TWNS A UX ARTS ET A LfNDUSTP,lE.

Fondee par II. U. U. liE MOHFOEST. Bedigee par M. Tahbe M0B4a!%0.

TOME ONZIEME.

PARIS

BUREAUX D'ABONNEMENTS, RUE DE L'ANCIENNE-COMEDIE, 18

A. TilAMI51.:%¥, 11115 KCTEUR.

Lcs iliolts dc [l.luUClIoil 6 Mil 1 MTVes.

TABLE ALPHABETIQUE

PAH r^OMS e'AUTESjH®.

Abate (Felix). Plaire ayant la durete Jii niarbie, p. i43.

Addison. Recelle lelegraphique de :549 signaled en 171 t, p. 11. (>l)S8r\a- lions siir 1.) pcau broiizpe, p. 162.

Adroidi (lisez Ajibrosi) (Francois). Flore du Tyrol meridional, p. 27a.

AuAssiz. Invile par le gouvernemeiit fj-an- cais a acreplei' la cliaire de palooiito- logie all Mii^euiii, p. 534. Conliilju- tion a Ihisioiru natiirelle des Elats- Unis, p. 71',.

AiRT. Tables-dc la luiie, p. iSo.

Airy et Emcke. Sur la figure de la lerre, p. 53o.

Albert (le prince), president de 1' Asso- ciation bnlaniiiqiie pour i85g, p. 3n.

Alquie. Tuiiiciirs de I'ovaire, p. 2g3.

Alvaro Re-vnoso, prcifesseur de chiroie a I'universile de Madrid, p. 37. Pro- ceJesd'etubaumcmenl des ludiens anie- ricaius, ]>. (iS.

Amici. Son niicrosctipe, p. Sja,

Ancelot. Paralvsif, p. 240.

Andrieux et FLouRtNS. Sur la nialadie de la \igne, p. 4o3.

Aira-tptG (iVl^l' aiary). GLOlogie du Lias anglais, p. 342.

Arago et BiOT. Recueil d'observations geo'lesiques, etc., p. 452.

Arcbiac (M. d'), raud.dat a la chaire de paleonlologie devtuue vaciiite par la niort de M d'Orbigny, 272. Deiou- verles de Sir Roderick Murchisorij p. 578.

Argelander. Nouvelle petite planete, p. 496. Carles d'eloiles, p. 5iit.

Armengaud. Pid)li(ation iiidistrielle des niacliines, outils, etc., p. 453.

Arhotjx. Tr.iins articules, p. Siy.

Artwr. Action diiirne du soleil el de la lunc pour mettre en mouvemeni uii peudulBj p. 1S6.

Albert et Gerard, Traitement du caout- chouc, p. 343.

Atjbert (Louis). Moyens de preserver les navires dans les abordages, p. aS.

Addrakd. Conservation des substance alimenlaires, ]>. 75.

Avout (d'). Fay. Babinel.

Aymes (Jules). Histoire ualurelle des co- railleres, p. 578.

Eabinet. Reiour de la France a son cli- niat normal, p. 114. Rayon moyea de la terre, j34. Sur les odeurs, p. 144. Note de M. Leon Foucault, p. 2 17. Cite dans les vers deM. Viea- net, p. •2i'}. La planete Daphne, p. 320. Fails aslronorniques, p. 3fi5. Hommage a la memoire de M. Lar- geteau, p. 366. Etudes et lectures sur les sciences d'observaiiou, 383. Cal- culs pratiques app'iques aux sciences d'observation, p. 436, 437. Ouvrage de M. du Moncel, p. 464, Sur la figure de la terre, p. 53o. Bnlletia aslronomiquej avec eloges du Cosmos, p. 352.

Cabinet et d'Avodt. Experiences faites a Meudou avec le barometre repetiteur, P- 97-

Babinet et M™"-' Amable Tastu. Ciiroat de Bagdad, 223.

Bagnani. Observations sur le cholera <K la rage, p. 272.

Baillarger. Jeune fille atteinte d'idio- tisnie, p. io3. Pellagre, p. 319.

Balard. Sur un nouveau gaz decouvett par MM. Wohler et Buff, p. 18. Memoire de M. Bertheiot, p. 20. Stearine vegetale, p. 22. Note tie M. de Luca, p. 606.

Balard el PEtouzE. Rapport sur les re— cherches de M. de Luca, p. C3o.

Bal&rd et Dumas. Rapport sur le rae-

VI COSMOS.

moire de MM. Cli. Deville et Lehlanc

B»LARn jiirsenle a I'Academie un memoire

de M. Pasteur, p. 721 . Balestriki. Cables teU-graphiqiies, p. (i3. Barbosa. i^oj. Fliipsoii. Bakbal et GiDE. OEuvres coniplcles d'A-

rago. p. 4(>3. Barreswii.!. et Alf. Becquerel. Albiiniine

dans I'liriiie, p. 677. B/iRTu 'D'). Eni| loi de la benzine, p.

261, P>ARTHFXtMY. Education des vers a soie,

p. 5^2.

BASSFT.Tr.iili'd'alcoolisation, etc.,p. Sjt.

Baudouin. (.'allies elerlriqiies, p. 46. Note Mir la rupture du telegraplie traiisailaiiii(pie, 271.

Baudriivioht. Pheuonienes d'acoiisli(|ue. p. -'i'). Siir rcqiiivalent de I'electri- cili' el la nutrition des algues marines, p. 432.

Batle (D''}. Trailu de palhologie, p. : ly .

E^ztT. Nouvelle museliere, p. 333.

Bazin. Maladies parasitaires, p. 294.

BuADMONT (Elie de). 14* pelile planele, p. s5.— IiKindalions, p. 220. Leitre de M. Vylz, p. 2G7. Oiivn-ge de M. de la Marmora, p. Say. Noii- velles pl.iiielcs, p. 38i. Leiire de M. de Sisiiionda, p. 498. Sur la figure de ia terre, p. 5 3i. Pieseiile a rAcadiMuie les Licons elemtnlaires d'etecliuitii de Sir Snow Harris, p. 5gy. Panaiu d'une nouvelle jietilc plaiicle, p. 702.

Becker (Kinrann). Gallule de fer iubsii- tuc au louniesiil, (i. 48.

Becqueuel (All'.). Voy. Bancswill.

BtCQtiKREr. (E.l.) Sur quelciues pli('no- menes de, piu.sphoresience, p. 080, 612.

Beur el Fo:riiioMMF.. lutroductiou a la hai.teopiique, p. 693.

Bel. B. rra^e iminibus, p. 684.

Betx (Sir Charles). Sa decouverle de la nature romplexe des nerfs spmaux, p. 228.

Bei i.oc Sur ie pla^ane d'Orient et le pla- tane d Oi eideiit, p. 2 to.

Benedi'.n (Van). 'I'lauvforinalioiis des ei lii- iro"c.(iiies en truias, p 61. Sur les trauifiirnialiuns des liiigualules, p. 427.

Beraud et Colin. Kccherches glyedgc- nique... p. 2 3f).

Bercmak. Obser\ations snr les sources

tliermale*, p. i55. Bernard (CI.). Note de M. Eigene Pc-

louze sur la maliere i;lvrogene, p 18.

Sur la maliere gl\ eocene, ji. 18, 20.

Kecherelies de MM. Conile et Eai- vre, p. DO I .

Bfhthe. !'re|>aralion de rainylene anes- ihesupie, p. 83.

r.i-RTHti.oT Combiiiaison dircete des liy- t!r;K ides avec les carliures a'cooliques, p. 20, 2 1. C.oinbiiiaisou de I'acide tarliique avec les nialieres suriees, p. 2,'i9. Trlliionihydrine, p. 273. Sjiiilic^c de I'aleodl niilliylique, p.63 3.

Syn!he-e de I'esprii-de-bois, p. 61)9. BhRTHEi.oT et DE LucA. CoHipo-es de la

glycerine, p. 220. BfciiTnn:R. Chiile gia\e, p. (iCi. KtRTiN. ConibiiKiison <le I'liyilrogpiie et de

I'oxygcne par le plaliiie laniiue, p. 33.

Sur la pul.a'isadon des electrodes^ p. 572,

Bertrakd. 1 lieoreines de M. Viedle, p.

45. Note de M (Jssuui ISonnel, p.

."ioo. Bertrand et Tai.sok. Phenomeues eapll-

laiies, p. 04. PiEKTSCH. PhulD^rap'iie !nlcrosciipii|Ue, p.

17S. Ejireuve |>luiiugi'ap!iiqiie3 mi-

crosco]ii<pies, y. 020. P.ERZEi.ius. I'luoi dans It-s os, p. 298. BioT. Leelure de la siaiice annue le aea-

deuiiqiie, p. f;8. Notice biogiajihi-

qiie sur Caucliy, p. faQ, 191. ^ou-

vel oiivrage sur la division de I'annee,

p. 433. PioliHigenient du inerilien,

p. 4 '9. Slip ia figure de la leire,

p. 49S. P'oy. Ara;.;o P)RJT et Maheath. Sur la polaiisalion ro-

latiiiie, p. 555. BissiiN. Maladie des n.ecaniciens, p. 262. BI.A^CllARD (Em.). Ossenients fo-siles des

oiseaux.p. i33. Encourageuienl pour

ses reclierrhi'S d osieolugie, p. 27!

Herherc hessur I'osleologie des oise ux,

p. 4''3. P,i.AKciii;!it (M De la). Etuile-- plioloi;ra-

pliiipies, p. iWj2. Bi.oNDEAu. I'.elaiiage au g.iz exiiail de

lean. p. 362. r.l,o^DI.o■r. Prmeijie du sue g.istriqU' , p.

f)5. lleilnrrlie de I'arsei.ic, p. ()5. I'oDiERRE. Uallinage des sucres, p. 4(12,

4.S9. Sur les engruis ii pliospliale de

cli ux, p. 54?.

TABLE DES NOtMS D'AUTEURS.

vu

BoGDANOFF. Exlraclioii des couleurs ues

Illumes d'oiscaux, p. 52'2. BoiLEAu Di! (Iasthi.seau. Observations

lliermoiiiclriqiies, p. 273. BoInet(D'' Henri). Analy-e de-, o<i,p. 46.

Meiiniiie siir la glycogenie, p. 471.

Injections iodees, etc., p. 629. BoiRE (M. De la). Semis de lile, p. 3 10. BoiviN. Coiiservaiiou dii eoHodion sei-, p.

263. Vernis pour les nf'gatifs,p.965. Bonaparte (C.-L.) et Victor Mecniek.

Prospeclns d'line nuuvelle faune fran-

caise, p. 32. BoNATAiiTE (Cli -Lucieti). Sa mnrt.p. i i 3.

Sur Ips i;allinacecs, p, 383. Bond. Pholograptiie de gronpes d'eloilcs,

p. 124. BoNNAFONT. MeHioire sur les Irombes ma- rines, p. 272. Bonnet (Ossiaii). Theorcmes de Jaco!/i,

p. 462. Thioremes de Jarobi et

Cauciiy^ p. 5oo. BoRODiNE. Sur la consliliition de qinbjiies

Iiydraniide>, p. 274. Bossu (D''). Dictionnaire d'histoire natu-

relle, p. 16. Boucu.'ipoBN. Sa mort, p. 674. Sa fa-

niilie demanJe a TAcadeniie I'ouverture

d'un paquet rachete, p. 690. Boucher-Leclerc. Ouvrage de geologic,

p. 1 53. BouFFiER. Prciciealioii de gaicoiis e! I'e

filles, p. 2(10. BoiiiLMEfi. L'lnstitnt et les academies de

province, p. 575. Bonis. Acidification des corps gra5,p.43.

Recherchessiiriasaponilicalion,|). 204. BouissoN (D''). Accidents par les anestlie-

si(]nes, p. 4o3. BouRGET. Reclamation et memnire do

nialhematiqiies, p. Cm. BouRGuiGNOK (D'). Tctanos gucri par le

chloroforme, p. 2 38. BoussiNGAULT. Prcssion atmospln'rique

sous I'Equalenr, p. 84. Sur I'in-

fluence qu'exerce le phosphate do chaux

sur la vegetation, p. 600. Sur les

emeraudes du Mexicpie, p. (iio. BoDTiGNY d'Evkeux. Machine a \apeui',

p. 572. Bracbft. Microscope d'Amici, p. 572. Breda (Van). Prix proposes par la Societc

hollandaise des sciences^ p. aa4. BREcnET. f^of. Desprelz. Brett (G.-W.). Te cgraphe de la Medi-

terranee, p. 3og.

Brewster (Sir D.). Sur leslereoscopejetc. p. 241.

Rrqsset. Elamage des glaces, p. 68.

Brown-Sequard. Pliysiologie de la moelle epiniere, p. 292. Sur lesang ron;;e et noir, p. 465. Resume de ses reclier- cliessurle sang veineux et le sang arle- riel, p. 5 1 1,5 i3. Note sur lesang vei- neux etarteriel, p. 629. Sur les cap- sules surrenales, p. 719, 720. /-'<)). (^hauvcau.

Rruhns et ViLLARCEAu. Comcte nouvelle, p. 190.

F.LCH (Leopold de), Webb et Berthelot. t;ailes de TencrilTe, p. 55o.

Rlfp. Ek'ctroaimanls, p. 628. f'^oy, Woliler.

Bu.tis-Bai.i.ot. Annuaire de I'lnstitut des I'ays-Bas, p. 342.

Iiu^S!:N et Roscoe. Action chiniiipie .le la Inniiere, p. 428. Fiecheiclies plioto- cliitni(|ucs, p. 544.

KuRGEss el Key. Maciiine a nioissonner, p. .98.

Burnett. Impression des positifs sans se!s de ler, |). 35o.

Busuy (James). Maladie de la vigne, p.

iiussY. Note de M. Personne, |i. iot.

Caillet. Sericiciiltiire, p. 721.

CAii.r.KTET. Fer pur, |). 710.

CAiLiEcrx. Mcmoires agricoles, etc., p. 278.

Caligny (Analole de). Chutes dean, p. 4S7,

Callaud. Nonvelle pile, p 23o.

Cai.vert (Grace) et Richard Johnson. Changenients chimiques (]ije stiliit la fonle en devcnaut fer nialltal)!e, p. 468, •t<59-

Canddlle (de). Prodrome uiii\ersel du regne vegetal, p. 601.

Cap (D""). Les etages renverses, p., iig,

Carini. Ohservatoirc modele en Italic, p. 96.

Caron. Foy. Deville.

Cartentier. Operation cesarienne, p. 348.

Cassagne (Leon). Cliches sur gutta-per- cha, etc., p. i5i.

Cartoran. Vernis incombustible, p. 7:0.

Castorani. Sur le cercle senile de I'ltil, p. 541.

Catalan. Convergence de la serie du bi- uomCj p. 5<>i. Convergence du de- velnppement des hluomesa-j-iet '-{--i; etc., p. 623.

im

COSMOS.

Caichy. Tluor.cHU'S, p. ''i5. Sa notice biogiapliique par M.Biol, p. 129, 191. C-wEriDiSH. Mauuscrits iiicdils, p. agg. Caxley et jEi-tijc, Djnauiique tUeoiique,

p. 3 1 a. C»ACOR>AC. Curies d'i-loi!es, p. 107.. Alias lie Icelipiinuc, p. 118. Cailes (111 ciel, p. 555. C'.nAP«Li.E (b'"). Guorison dcs dai Ires, p.

16. €barrikre. Cliloruri; d'or dans les nevral- ijitis, p. i\i>. Nouvcau foiuKps, p. 292. Cbasies. Prqprii'li's des coiubes a double courburc, p. 186. Tlieoreme de geo- metrie, ]). 356. r.BAcvEAO.Surla nioelle epiniere, p. 298. Chauveau et Krows-Sequard. Transniis-

siou dcs sens^ilioix, p. sSg. Chevredl. Note de MM. Berlhelot el de Luca, p. aao. Maladies des poirieis, p. 341. Coloratiun des ieuilies de ^'eraiuum, p. 356. Noli^ de M. Ter- rell, 5oi. II pit'scnte a TAcademie k nenioirc de M. Niepce siir la fluo- rescence, etc., p. 58o. CatCHKOFF (lisez Schihkoff) (Leouj. Sur

le nitrofornie, p. i65. ClMA. Nouvelle apparence slertoscopique,

353. ti-AWDET. Phenomenes de relief que pie- sente I'Muase phoioyiaphique, p. 398. Cloez. Acide boniolarlique, p. 55. Cloez et V^LpiAN. Capsules surrenales,

p. 297. Cloqcet. Recherclies slalisliques, etc.,

du docleur DevilUers, p. i6i. CwjQOETet NEGRiER.Maladie des ovaires,

p. :i.

CoLi.AHDEAU. Jaugeage des tonneanx, p.

CoHBEs. Treniulalions nerveuses, p. 78. GoMTE et pAivRE. Composiliou des ele- ments el des liisus uerveux des saug-

sues, p. 5oi. CoM!o. Eiiipreintes de vegelaux fossiles

dans ie calcaire terliaire d'Ain-Four,

p. 62. CoKinEARE. Sa mort, p. 341. CooPirR (Archibald). Benzine monobro-

niee, p. i8g. CoRMAc [M'.). Sur Ic cholera asialique,

p, 5S9. CoR.riT (Van den). Societe des .sciences

medicales et uutureiles de Rruxelles, p.

CoRREMWiNiiER. Reclicrclirs sur la bctle_

rave, p. G57. Coulvier-Oravier. Eloihs niantes, p.

2 11, 572. Craig. Luueltc asliouoraique, p. T7;,. Cro/.atier. Donation anx. oiiviiers cise-

leiirs df Paris, p. i.\3. Dali.y. Trailc de rjnesiologic, p. 719. Oarcy. Vitesse des filels liquides, p. AS-.!. Daresti: (Camillf). Lxperieuces siir Tin-

cubaiioi! des (cul's, p. 724. Daru. (Compression de i'air, p. 2o5. DAuuntE, Empreinles fossiles a Saiul- Valbert, p. 496. Metam orpliisnie des roches, etc., p. 076, 6i5. iDavanhk. Albumine auimoniacale pour

les posilifs, p. 688. Davoct. Uxperimeiite dans les Aipesavec

son baronielre repelileur, p. 47'. Davy (sir II.). Decomposition de la po-

tasse, etc., p. 2. Dlbout et Robert. Action aneslhesique

de Tamylenc, p. 6(i. Debray (Henri). Mcmoire sur Taction exercee sur les mciaiix ou leurs oxydes par un melange de corps oxydants et reducleurs, p. 69I. Decharmes. Opium indigene, p. 59,3. Deberain. SoUibiiile des phosphates de

chanx, p. 91. Delafond. Phenomenes de generation,

p. 349. f^oy. Valencienues. Deleau (D""]. Proprieles iherapeutiques du perchlorure de fer, p. 22. Pa- ra'ysie faciale, p. 54'. Delesse. Giologie sontrriaine de Paris, p. 190. Carle geologique de la ville de Paris, p. 249. Uksains. Plienomeiies capillaires, p. iSo. Desains (Ed.). Solidification des iiquides

refroidis, p. 256. DESLOKGCHAwrs. Lettrc sur des OS ronles

sur la cote de INorniaiidie, p. 210. Despretz. Note de M. Seguin, p. 22. Appareil volta'ique de M. Palagi, p. 45, Notice sur ses recherches, p. i4i. Action d'un ccurant sur les sels de plomb, p. 404. Pvecherches de M. Pelican, p. 57S. Despretz et Brkguet. Sur la transmis- sion electrique du temps, p. 634. Deville (Ch.) et Lebi.anc. Oaz emis par les volcans et les fumeruUes, p. 35 j. Devili,e (Cli.). Foy. Leblanc, p. 55i. Deville (H. Sainle-Claire) et Caron. Sur le silicium^ p. i55.

TABLE DES NOiMS D'AUTEURS.

II

Devii.le (}I.) et WoHLF.a. Transforma- lion dii tungslcnc en cymmre, p. '104.

Devii.le (H. Saiiile- Claire de) etTnoosx, Siir la deiisite des vapeurs, p. 58o.

Devillf. (H. Saiiite-Claire de). Decom- position sponlanee des corps par la clia'eur, p. 601. Sur raliimininni, p. 6S2.

Devili.e (H.S;iinte-Claire)e(WoEHLER.Re- cherclies noiivelles sur le bore, p. 604.

Devilliers (D"). Recherclies slalisli([ues et scieiilifiqiirs, p. 161. Influence medicaledes rlieuiins de fer, p. 5i8 .

DiDiON (colonel;. Sur la prohabilitc du tir des |)rojeetile,s, p. io3.

Dien. Nouvelle comete, p. li, 142, i58.

^'^of. Villarceau.

Dien et KLiNRERFnES. Leur comete. p.

117. D0MEYR.0. Di'scription de qiielqiies ecJian-

tillons miiieraloijique-; dii Cliili, p. jiS. DoNATi. comele de iSS-, p. 267.

No;iveIle comete, p. 578, 379. DoRNBLCTH. Siruclurede la cornee, p. 65. DoTERE et Person. Conservation des bles,

p. 71. .

DiiYERE et Garreau. Destruction des in- secles, p. 522.

DoYERE (M.) et Phipson (D"" T. L.). De- pots de paquets caclieles, p. 'vig.

Draper. Mesure de Taction cliimique de la lumiere, p. 42S.

Dub (Julius) el SI. du Mo>-cei.. Reclier- ches sur leselectro-airaanls, p. 627.

DuBoscQ. Lumiere eleclrlque, p. a56. Perfectionnement dii steieoscope , p. 344.

DiJCOMMun. Mala.lie delavigne, p. 719.

Ddmas. /'o). Balard. Travail deM. An- ion Tio^ing, p. 23. Note de M. Her- uiauu Kopp, p. 22. liiUiCiilion des vers a sole, p. io5. Meiiioire de MM. Deville et Caron, p. i55. Note de M. Wuriz, p. 189. Sur I'air des magiianeries du miili de la France, p. 274. Notesde MM."VVurlz, PioroJinej etc., p. 274. Sur les equivalents des coi-ps simples, p. 555. -— Densile des vapeurs, p. 58o. Dis- cours a la distribution des prix indus- tiiels, p. 595. Memuire sur les equivalents, p. CG'}. Preseule a I'Academie I'ouvrage de M. Maumene et une note de M. Debray, p. 691.

Ddmeril. Sur les insecles qui rongent les nictaux, p. 821. Sur la solcu- i

nite a Elampes, p. 4'>5- Balles per- cees par des insecles, p. SgS.

DuMONT. Kxcursions avec ses eleves, p. X17.

Du.morrison. Fixation des attaches et de^ points de rppere, p. 272.

DuNfsiiE, Geomelrie decriplive, p. .133,

DuNdLAS. Guerison d'une nialidie tele, p, 200.

DupiERRis (D''). Injections iodees, p. 260.

DupoNT. Ablaiioii des comes des ani- maux, p. 4S4.

Duruis. Cullodion sec, p. 625.

DurujT. Mouvement des eaux dans les terrains permeables, p. io4- Mou- vement de I'cau a travers les terraiu- jjcrmeables, p. i36.

DupDiT Sur la pousseedes voiites, p. 6to.

DuRocHER. Giles stanniferes de la Prela- gne, p. 485.

Kdwards (Milne). Elements de physio- iogie, p. 5oi. Histoire uaturelle des corailleres, p. 578.

EriTSE. Breclies osseuies de Sainl-Hippa- lyte, p. 4;-5.

Erris. Moniificalion d'un rat, p. 298.

Faivre. T'oy. Comte.

Faivre (Ernest). Fonction des nerfs crA- j)iens cliez les dysliques, p. 45.

Faraday. Sa lol dynaniicjue, p. 327. Action de la lumiere sur I'or et les au- tres nielaux, p. 554.

Favre. Equivalent de la cbalcur, p. 176.

Faye. Moulage du platre, par M. Felix: Abate, p. 190. Observations de M. "Villarceau, p. 275. Sur la fi- gure de la terre, p. 525. Constitu- tion physique dn so'eil, p. 693. Eclipse de iS58, p. 720.

pERGUsdM. Nouvelle pelite planete, p.

SCQ.

Field. Separation de I'iode, dn biome et

du chIoi"e, p. 379. Figlier (Jules), ■\ouveiniplnnloir, p a 17 . FiGiJiER (Louis). Sur rcxi^lence de Is

fonction giyrogenique du foie, p. i3o. FiTz-RoY (Camirai). Division raeleorolu-

gique, p. 89. FizBAu. Sur la vitesse Je la lumiere,

p. i58. Flecry (L.). F.iablisscinent bydi'olbera-

pique a Bellevue, p. 618. Flourehs. f^oj'. Andrieiix. Membre

du couseil de I'instruclion publique,

p. 57. Commissio'.; pour les me-

moires surle cholera, p. 272. Re—

COSMOS.

ilierclies de M. Jaciibowilsch il ile iVl. Lonhossek, p. 449 et .;5o. Sin- line coinmunicalion de M. de Li'iilios- si'kj p. 462. Oiivrage de M. Geor- ges Ville, p. 5in . Etude dc M. Hol- lard, p. 374. Bil)Iioiliequc d(.s de Jussicu, p. .I75. Comimuiicnlions ii i'Arademie, p. 627. FoLLiN et l^nocA. Injections d'acide car-

boniq'.ie liaiis la vessio, p. 347. Forbes (James). Ohservaiiotis ilierniimie- tric|ijes, p. aSg. Forceps noiiveaii, p. 292. FoRToui. (I'ahbe). Mcmoirc siir los pliino-

meiies capillaires, p. ()J7. FoiCAM.T. iVouveaii polai iseur, p. 217.! FoucAUt-T (Li'Oii). Usage dcs iiiiioirs ar-

geules. J). 368. f'oy. Sleiidicil. FouRNET. Urperdilion des miiieiais plom- !)iferes el argeulifeies, p. 539. Voyage siir le lilloral 'li' !n Meditei- ' ranee, p, SyS. Frans. Agl■alld^emellt des eiireuves pho-

pliiqnes a pen de frai';, p. ■>(J3. Fremy. Kill menibie de I'Arademie dcs sciences en remplatenu'iil de M. Tho- naid, p. 673. Freyss. f^oy . SclilagdeidiaiiH'en. Fdchs. Prep;iraiiou, etc., ihi verre solu- ble, p. 386. Gagkage. Sur le limoii des egoli!s,

p. 644, Galekdo Bastande. Sur la clialeur spcei- fnpic, la soie dcs arciigutes, et les cht^- niiiis de fer, p. 75. Oamond {Thome de). Cheniin de fer entre la France et I'Angleteiie, p. fi27. Cbemin de fer sous-marin, p. 639. GiRDStR. Spiritualisnie, p. i6g, Garxier (Paul). Sur le spliigniomeirc,

p. lot. Garbeau ct DoYERE. Action toxique du sulfure de carbone sur les insecles, p. i i9 Gasparis (M. de). Distance de la lei le a

une plauele (|uelconque, p. 23i. Gauuin (Marc-Antoine). Causes des for- mes crist^dlines des corps, p. 636. Gautier. iN'otices astronomiques, p. 698. GivLis. Action de la chalenrsur les gom- mes, les sucres, etc., p. 468. Action de la cba'.eur sur les corps organiques, p. 4S8. Geoffroy SAiNT-HiUkiRK. Noticc bio- graphique, p. 421.

GtoFERov SAiNT-Hii.AiiiE (Is.). Roeuf mus que, p. ifia. Letlres sur les subs- lances alimentaires et la viande de ciieval, p. 276. Yie et oeuvres de Perron pai' M. Girard, p. 383. Vers a soie de ricin, p. 471. GEBvAis{Paul). Nouvelle espece de cato- pi'llis, p. 228. Candidal a la i baire de palconlulogie an Museum, p. 273. GiDE, /^oy. Bairal.

GiGOs(D'). Albumiiiedans rurine,p.67 7.

GiRARD. Vic et travnux de Perron, p.

383. So'ubilito des agents phoio-

gra|diiqups, p. 711.

GiUAiD ItL-LON (D''). Vision liiuocu-

laire, ji. 439, 490. GuLuicHMiDT (Hermann). Notice biogia-

phique, p. 49. GoLnsCHMior. iJocdiiverlc de la 45^' p;'lile pianele, p. 8. 4 4'' polite planele, p. 85. I.a pfanete Dapliin', p. 320. Dccouverle de deux nnnvel cs planctes, p. 337. Nouvelle petite plaaete, p. 335. Nouvelle planele, p. 38 i. Croix de la legion d'bonueur, p. 393. Gout.D. Nouvelle comrtp, p. igy. '.'•ovi. f'^oy. Sloke-i. Gi;ASDiinKii. Vovage u lluenos-.Vyres,

p. 272. Gratiolet. f'oj'. I.euret. Grove. Sur la correlation des forces phy- siques, p. 3oi. Deconqjosition dc I'eau par le p'a'.ine, p. 602. Grove et Wood. Sui' la correlation des

forces , p . 32 5. Grccker (T.). Instrument a vent, p. 5(). Gublkr. Inflanirnalioii des poumous, p.

aCo. GuERiN. Freins auiomoieurs, p. 346, Guerin-Mennevili.e. Maladie des vers a soie, p. 186. Reniede contre la rage, p. 271. 'Sur la cetoine doiee, p. 55 3. Sur certains insectes du Me.\ique, |). 660. GuiLLEMiN. Euide du specirc solalre, p. 286. Developpement de la ma- lieie verle des vegetaux, p. 486. Sur quehp.ies phenonienes de fluorescence, p. 556. Guthrie, Action de la lumiere sur le

clilorure d'argent, p. 208. GuYLON. Moi talite du Hama«(/, p. 297. Mouvemenis des corps electrises, p. 629. GuYON (C). Proprietes toxiques d'un

TABLE DES NOAiS D'AIJTEURS.

XI

arbusle de la Kabvlie, p. i 7 , Fniil

loxifjuc, p. Sg. Haidisgkk. Mcmoirc de la Socitle impe-

liale de geograpliie d'Autriche, p. 23. Hakdy. Siiile Uomliyx cyntliia, p, 555. Harris (sir Snuw). Licoiis d'elecUicite,

p. 599- . , ,

Harkison. Appaieil pour fail edc la glace,

p. 20I, 2S1).

Haughton et Sabike. Marees el itiagne-

tisme leriesire, p. 282. HAWKI^s. Kyste, ou tiiiiieiiis congeni-

ti.lt s, p. 319.

Hayes (D'). OpiTaliou du Irepan, p. fi;.

Hkilmann (Josiie). Sa peigneiise qui a

reniporle le prix de 12.000 i'laiics

p. 591.

Hki.'mhoi.tz. Tules!eri'Osrope, p. 352.

CoiisiTvation cle la force, p. 375. Hei.ot (le R. P.). Siir le vert de Chine,

p. 86. Henry. T'oy Pcllis.

Hebby. Enu coiiiiiie force molrice, p. 'J97. Hkricaut. Trenildeinenl de terre, p. 2 i 7. I HiRPiK (B''). Dcslruclion des in^ei tcs, |

p. iSo, aJi . Herve-Mangon. Siir la vase dcs Hemes,

p. 27',. Heurtei-odp. Noiivelle meihode d'admi-

iiistrer le chlorofoinie, p. 1O2. Hind. Nouvelle comele, p. y. Hoffmans et I.EUCKART. Cliaiiiplgnou des

abeillts, p. iSt. Hollard, ClasMllcation, etc., des gymno-

donles, p. 574. HoRROCKs (Jeremy). L'astronome anglais

fn 1641 , p. 535, HoTjzEAu. Dosage de I'ozoiie, p. 601. Hubert, Nouvelle machine pour les na-

vires, p. 273. Humboldt (Alex. de). La plaueie Nysa,

p. 85, 394. HcMBOi.DT et Mfi.i.ER. Autorites scienii-

(iqufs, p. 45o. Icir.ius (Quiiilns). Equivalent niecaniqiie

de lelcclricile, p. 357. Jacrson. Positifs sur collodion par im- pression dliecle, p. 65o. Jacubovvitz. Auatouiie microscopiqtie

diicerveau, p. 275. Jacqiiei-in. Faits pour servir a I'hisloire

de I'acide urique, p. 690. Jjeger, Oinrages d'osleulogie, p. 2G8. Jamin. Coefficient de compressibilite

de Teati, p. 677, Jei.ttT. Foy. Cayley,

JE^^•ER (Monument a), p. i8j. Jobart. Sur le toniierre, p. 16. Joi.y. Cas de monsliuosilc, p. 54o. •TdNAS. For. Sacc. Johnson. Foy. Grace Calveri. JoKQtiERES. Geomtlrie Iranscendaiile,

p. 3.S6. Joi.LE. Eqiiivali-nt nKcaniquc dc !a dui-

lenr, p. 374. Kane (D'';. Kxcursijii a la n ehcrclie d'^

Friinklin. p. 717. Kemp. Decouvcrte de la f.icul'.e eleclro-

molricp de la lerrc, [). 507, Ktv. Voy. Piiirgess. KiE.sii\ui.. Influence du cours du .san^

-ur les mouvemenls de I'lris, etc.,

p. 65. KiiNKERFUES. ^Jouvellc cometc, p, y.

117, 268, Ki.iNKERFUKs ct DiEK. Cometc nouvelle,

p. iS. Knowelden. Grilles fumivores. p. 3ii. KocKZiKOwsRi. Preservatifs conlre les

fiuvres pestilenlielles, p. fio. Kopp (Hermann). Densite de la vaptur

des corps, p. 22. KuiiNE (Hermann). Collodion sec, p. 2()5. KuaLMANN. Sur les cliaiix !iydrauliquo>,

p. 577. Lacaze-Duthiers. Monographie du diu-

tale, p. iS. Lacombe. Nctltiyage des laches, p. 62G. Laighei.. Frein perfedionne, p. 574- Lair. Telegraphe en Kabvlie, p. 10. Lajonkaire. (;i^enlenlsdu sulfate de sonde

en Espagne, p. 92. Lamare (D"' de). bur I'emploi de I'kcli-

cine, p. 349. Lambek r. Decouverle d'une tete de cdi'

fossile dans I'Aisne, p. 072. Lamirai. Foy. Payerne. Landresse. Histnire naturelle et commer-

dale de CAjrique, p. 129. Lapeyke. Preserver les vcgelaux de la

gelee, p. 659, Larceteau, Sa mort, p. 3ao, Larobsse. foy. Mortera. Lasfic Saist-Jal. Uami de I'Elcvcur ,

p. 27S, Laurent (Ch.). Sur la rnge, p. 464. Leblanc. Foy. Deville. Leblanc et Devili.e (Ch.). Emanations

gazeuses des volcans, etc, p. 55 1. Lecanc. Souvenirs de M. Theuard, p. 628.

XII

COSMOS.

LicoNTE. Sucre Jans les iiiincs, p. 2t)3. LEcoaxE et Faivre. Siir le >;ysleiiic iier-

veiix de la sangsiie, p. 5.',o. I EC.OQ. Trenihlcnient diMerre .i Clermonl-

Ferrand, p. 43. rlaliim ceiili-al de

la France, p. i6i. Lecot. INole siir uii l)olide, p. i73. LEDroN. Imilalioii de fruits el de raciiies,

p. lai. Legekdre. Cicatrisalion des plaies, p. afio. Legrano. Caiitcrisalion linc.iire, p. 217. Legrip. ReQexionsexlraoriliuaiifsaCliam- hon, p. 9.00. l.EKHOSSEK (Jules (1<>). Sill- la siruclnre

inliine du systcmc iierveux, p. 449,

'162, Eliidd sur le systeine iierveiix

cenlial, p. 5JS. 1-Eo (D''). Pholograpliie du Codex cr-

ij'fiiteiis, p. 3io. Lerocx. Sur les phcnotnenes magneli-

ques et diamagneliques du fer, p. 4'>2.

Experience ciirieuse sur la clialeur proiluile par rclaslicitc, p. ()75.

l.EROY (D';. Rt'dierrlies sur les emirau- des du Mexique, p, 6-G.

Lestiboudois. Menioire de botaiiique, J). 102. \rille des cucuibilacees, p. i5S, 229.

LnxHuiLLEK. Appari'il a (pialie silflels a vapeur, p. I4.>.

]jEiir.nART. Foy. HofFmanii,

Leuckaekt. Ideiitite du Penlslemiim c/en- ticu/aliim avce le P. TcntoicJes, p. 62.

Ledckaert ct \Ay Beneden. Trausfor- maliou des lintjuatuies, p. 427.

Ledret el Gratiolet. Auatomie coinpa- ree du syslcnie nerveux, p. 5i\.

Le "VERniER. Coriiele nouvelle, p. iS. Sur le strand ohjeclif de M. Pcrro, p. 4<). Carres de M. Chacornac, p. 102. 01)servalious sur la 3* co- inele de 1^57 par M. de Liltrow, ]). 129. Nouvelle comete, p. i58.

Relour periodique des uloiles fi- lanles, p. 160. Coniele nouvelle, p. 190. Lclire (IcM. D.mali, p. 267.

ObservaiioDS de M. Viliarceau, p. 323. Fi^Mire de la tcrre et deter- miualion des louyiludes, p. Soo. Bulleliu meteorologique de la France, p. 527, 579. Hoiloges de M. Bre- guel, p. ()34. Horlogerie deM. Liais, 661. T'oy. Qui telet.

3-Ewy (D'). Composition des emeraudes

du Mcxi(pie, p. 610. Liais. )Iorlogerie astronomiqiie, 661,

Traiisniissioa uu temps par i'elirtri-

cilc, p. 726. liEBir. (J.). Arrele les tables tonrii;:ii!es

de Mtinicl!, p. 170. LiEEiG. Fabriraliou du silicate de no-

lasse, p. 334' LiNATE (Filipo). Action d'un couraiit

cotislanl sur le grand sympalhique,

p. 63. LiouviLT.E. Successeur a la chaire de

M. Slurm, p. 44g, LrssAJOux. "Vibiatioiis sonores, p. 73.

Elude optique des mouvcDienis vibra-

loires, p. So, 110. Remercitnenls

a TAcadenile, p. 43 r. LiTTRow (M. de). observations sur la

3^ coniele de 1857, p. 129. Lloyd (D'' Humphrey). President de I'As-

socialion brilaunique, p. 28) . Dis-

cours a I'ouverUire de I'Associalion bri- launique, p. 370. LloydcIStruve a TAcademiedes sciences,

p. 402. LooMis (prof.). Plieiiomenes eleclriques

aux Elals-L'nis, p. 3i3. Lorekzo-Frezaz. Unite de fonlninier,

l>. 532. Lory. Geologie de I'ltalie, p. 471. Lory (Ch.). Carte gcologique du Dau-

pliirie, p. 537. Louis (Michel). Maladle de la vigtie,

p. I ly. Ldca (de). I\enierciniei)ts, p. 297.

Chaluuieau a jet coulinn, p. 5i4.

Elude de I'es-ieiice de rnandaiine,p.6o(i.

Reclierches sui' lacydamine, p. 63o.

roy. Berlhelot. Li:i>EWiG. Leviire arlificielle, p. 483. LuriiEK. iNouvelle pelite planele, p. 355,

496. Plasiele de M. Eei'gusoii,

p. 555. Mahistre. Koue deslince a produire la

delenle de la vapeur, etc., p. 207.

Rupture des roues, p. 32 r . Pressiou

des machines, p. 486. Maisonneuve. Ablation de la machoire

iiiferieure, p. i8r, Mm-agi'ti. Action des sels solubles sur les

sels insolubles, p. 273. Mandy (Ch.). Societe des ingenieurs de

Loiidres, p. 87. Mandl. Transformation des cartilages en

OS, p. j4o. Degenerescence grais-

Sfijse, p. 237. Guerison des bron-

chites, p. 629. Manheim. Transformation des proprietcs

TABLE DES NOMS D'AUTEURS.

xni

iiieliiques des figures, etc. , p. 467. Marbacu. Voy. Biot. Marcel ijE Serres Breclies osseuses pres

deSaiiit-Hipnolyle fOard), p. 4^. Marchal de LiwtviLLE. Aiiliquites clii-

noises, p. 98. Marcii.ly (M. de). Eluiie iheoiique et

piali(piodesdiversconil)iislil)les, p. 472. Mares. Miileorologie ct liisloiie iialiirelle

a Oi'aii, p. 228, Marigkac. Sur les formes crlslalliiies et

leur relaliou avec la coMStitulion ato-

miqiie des corps, p. 680. Marmora (M. de la). Voyage de Sar-

daigne, p. 35-]. Marqfoy. Apppareits cleclriqiies pour

cliemins (ie fer, p. 65 j. Marshall- Hall. Kespiration artificielle,

|). iC)9. Son deces, p. 227. Martins. Carte ilu Bresil, p. 16. Vi-

tnlile des graiues Iraiisporlces par les

coiiraiits niarins^ p. 271. Vitalite

des graiiu's suhiiier^pcs, p. 3 16.

"Vents oiageux, p. 43a. Matteucct. Expeiieiices de M. le romte

Filipi) Liiiale,, p. (i3. Sm' la lorce

taugenliellc dis ainianis lournanls,

p. 320. Maumeke. Traite sur la fermentation,

p. 691. Maury. Cartes marines, p. 28 3. Maury el Queielet. Sui' le fond de i'o-

ceai), p. .'126. Mayer et Pierson. Portrails photogra-

phiqties, p. 690. Melloni. Induction, p. 04. MtKE (Ol).). f.xpeiiences sur I'aluniine

liydralee, p. i^o. MtNiERE. Maladies de roreille nioyenne,

p. 66. Menturn (D''). Nouveau mode de su- ture, p. 239. Mertz. Lunette de M. Porro, p. 174. Meonier (Victor). Prospcclus d'une 11011-

velle fauue fiaucaise, p. ii. Meyer. Sur iesiiiondations, p. 220. Miahle. lode dans les eau.x de Pongues,

p. 292. MicHELET. L'oiseati^ p. 277. MiLLOT-BRnLE. Photogiapliie de.s fruits,

p. 478. MiSLiN. Voyage a Jcrnsiilem, p. 577. MiTSCHEBucH. Dcnsitc de quelques va-

peurs, p. 582. MoiGNO (I'ablje F.). Sur les A.juaria de

M. Waringlon, p. 25. Replique ;i

I M. du Moiicel, p. io5. Traduc- tion de I'ouvragc de M. Grove sur la ] corri'lalion des forces physiques, p. 3or.

Parallixe des cluiles filanles, p. 3 ra.

Discours dii D' Lloyd a I'Associa- I tion brilannique, p. 370. Kesume i des recheiches scientiriqiics par les an-

teurs eux-menits, p. 5i3. MoiSAN. Action du piiire sur les prairies, i p. 17. MoLEScaoTT. Journal de physiologiey \ p. I So.

1 Moll. Kecoltes endommagees, p. 2 35. JMoNCfL (M. du). Eleciro-aimants en fer 1 a cheval, p. 71. Elcclro-ainianis, j p. io3, 320. Sur I'appaieil de

Ruliuikorff, p. ^|64- ^oy- Diib. MoNCEL (Til. dii). Suilesclectro-aiinants,

p. 5;.7. MouRiER et Vallent, Alliage imitant

Tor, p. 121 . MoMTAGNE. Champignon des ahoilles, p. <83. Balance de M. Olivier, p. 273. MoNTALEMEERT (M. dfi). Disroiirs pro- iioiice a la seance des cinq Academies,

p. 225.

Moquin-Tandon. Depot dun pnqiiet ca-

chete, p. 525. MoRiDE. Sable dans les os iinportes,

p. 4o2. MoRiN. Leilrea I'Acadcmii', p. 73. Moi;kf.n. Dcgeiieresceiite dii genre iui-

niain, p. 574. MoRSF. et Wright. Telcgrapliie, p. 426. MoRTERA et Larousse. Enra^age a la va-

pciir, p. 29S. Mtilder. Tri-oxyde de proleine, p. ig. MuRCHisoN (sir Roderick). Musee geolo-

giqiie de Londres, p. 89. Ciustaces

des terrains siluiiens, p. 578. Mlp.ray (James). Probleiiies de chiraie

iijdiislrielle, p. 648. Naciiet. Sur le foyer cliimiqiie et optique,

p 627. Natuli. Lettre sur la con clalion des forces

physiques, p. 3ot. Ci)rrelatioii des

fillies physiques, p. j24. Napoci (de). Sur le phosphore rouge,

p. 47;^. Negrier Foy. Cloquet. Newall. Expedilidiite'egraphique, p. 3og.

Cable medilerraneen, p. 477- NicRLE'i. Acide sulluriqiic iluorifere,

p. 2i3 Reclamation de piiorite centre

ftl.du Moiicel, p. 2r5. Reclamation

XIV

COSMOS.

conlreM.dll Moncel, p. 272. Reclier-

clies sur la diffusion ilu flm.r, p. 298. NicoLET. Alias Jc pliysiiiue el de. iiic'.co-

rologit', p. .',58. NinrcE Df S*iSTVici'or.. I'linspliuiisci'inc

el lliiurcsi'cnce niises eii e.iJence par la

plioloi;i'.i[)liii', p. 56;. Noel. Traiispurt do poissoiis vivjiils,

p. 534. NoiSAHs. MalaJies des vers .t soio, p. sjj;. (.)LincouRr (u"). Sur Us iuoiiiliiliiiiis ^

p. 270. OJlviER. r.alaiire c'e coimrsion, p 27J. Orbigny (Alcided'). Sa moil, p. io. Ottmann. jMoyci\ cl(^ ('onipler' Its Ijn'ufs,

etc., p. 280. <^ui>RY. GalvaiiKp'nslie, p. 3y.',. Owen (prof.). iMesidelil do lAssocialioii

briiaiini(|iie jxair xSjS, p. 3n. OzxNAM. Plicii'ijiirnos aiR'sihesitpies pvo-

diiils par rellic:- el par diricienlos aii-

ire.s subsiaiiccs, p. ■■i~\). Paget (prof.), ^^•ll1oill' s r 'a (.aiisi" Jcs

iiiouvemiiils rliylhniiipu's du eiriir ,

p 402. Palagi. Noinel appaieil ^c laii^ne, |). .,5.

Nouvi'ik' pili; a ciiarboii el a /. Dr,

)). 556, 557. Palmieri. Eiii[iti()n du Vesuve, ji. 167^

432, 533. Pander (D'",. Klude du sysicmo ilcvunica

en Riissle, p. 7 1 4. Paravey (he). KeclieiclKS de dociiiiiriils

scienliliques pcrdus dans los aiuiiii.s

livres eliiiiois, p. 7 iij. PASTtLR. Rcniplace M. Hebert a I'rcule

norniale, p. 5 34. Sur la fernienta-

lion laclique, p. OTo. .Sur la l'< r-

menlaliuii alcooliquc, p. 721. Paulin. Maladies epideiniquss, p. 71. J'ayex. MalaJie dcs poiriers, p. 341. Payen it I'ERsuz. Transformation de I'a-

niidon en sucre, p. 407. Payes. Analyse du bnlbe de Viris juricen^

p. 425. Traile de la distillalion,

p. 577. Payer. Rcchcrc/tei utr Por^'anogJiiie 've- getal,-, p. 433. Paterse el Lamirai.. Piatcaux ploi'j;onrs,

p. 3i. Peixet. Sa nior;, p. 647. Pelican. Snr la rause des lontusions par

le \ent dn bimlel, j). 578. Peligot. Note de M. de I'uuis, p. 45. Pellis et Hesry. Moleurs electi kjucs,

moteur elecUiqnc,

Pelms. Niiuvcau

p. 323. Pelodzk. foy. Fialard, I'elouze. Discoiirs sur Thenard, p. 8. Pelouze (I'jipi'ni'l. Sin- la maliirc ^lyco-

fjene, p. 18. Pelouze. iMniiioirc de M. Gelis, p. 46S. Penard-Massox. Cvinservaliou di-s abeilles,

p. v?!). Perraud. Prcparalion des rarincs el de

la paille, p. 2 35. Pei-.rem-x. Dynauionu'lrc pour essayer les

tis-us, p. 341. Comparateur perfec-

lionne, p 718. Perri Y. Kriipliun du volcan I'Awoe,

|i. 681. PtRSOHNE. Sur le plii>spliore amorphi',

p. 102, io3. Sur le pliospbue rouge,

p. 292. Pers iz. r(.y. Doyere. Persoz. Ucponse a M. Doyere, p. 126.

f'oy. I'ayen.

PEr*Rs(I)'"]. Nouvel'e conieli', p. 199. PtTiTOT. Conservation des ceicales, p. 23,

24 . I'hii.i.ips. Mi';(aiii(|ue appliquee, p. 298.

Ki'n( oiilre des (^onvdis, p. 540. l'Hir.i,:r.-: el Stki'uenson. Marhiucs a va-

peiir, p. (;7S. Piui.i'uT (!\l"' Elisabtlb;. Sa ii.ort, el no-

li<e snr sa vie, p. 34i. Phu'sok. f'oy, Doyere. PuirsoN (D'' 1'. L.). Nole sur Ics (credo

fossiles^ p. 43. Memoiie de M. le

D"" Georges Wmon sur I'lnlluence de la

lliioresceuce eii plioiographie, p. gS. Piiii'soN (1 l)Aiino>A. Elu> nicmbies de la

Suciele des s( iciires nxnlieales el nalu-

relles de Brnxeiles, p. 227. Phipson. Revue de I'ouviage de sir David

Rrewsler snr le slcicuscope, p. 241.

Snr le grenai natif et le grenat arlificiel,

p. 254. PiiipjoN (Wilson). Surdes pluies sans nua-

ges observet's a Paris, p. 620. PiiirsoN (D'^ T.-L.) Oi)servalion d'une

pinie sans niiages a Pai is, p. 620.

Gorrespondaiit du (Jeulo^isf, p. 621.

Pulielaclion a 20 dogies >ous zero, p. 7';.

PuLLAT. Sur des images de Moser, p. 687. PiCART(de Valparaiso). Tables |)our abre-

ger I'arilbmelicpie, p. 68. Pickery . Sysicnie degyninastique, p. 4 18. Pierre (Isidore). Recliercbes sur la vaknr

des eiigrais de mcr, p. 342,

TABLE DES NOMS D'AUTEURS.

XV

PiGORiNi (Pictro). Elu direcleiir de I'Ob- servaloire el prolesseur a I'universitc de Pat me, p. 701.

PioRRY. Sur le plessitnelre, p. 16.

Pisani. Essais par le clialumeati a alcool Icnbenlliiiu', p. fioo. Clialuineau a alcool lerelienlliiiie, p. 67S.

I'l.AJVt. Eiivoie a la Ijiblioilieque de I'liis- tiliil ceux do se.s onvrajjes qu'il a pu se prociiier, p. 652.

Pluckeu. Induction magiielique des cris- taiix, p. 4 71.

PotY (Andrea-). Direcleur de I'Observa- loire df l.i Havaiic, p. 38 2.

PoooiAi.F. el JtANNKT. Oxydation du suci'e dans le sani;, p. 67.

PovSSUN (Herman). iSonvclie planete, p. 3',o.

Poi.i. Tainiale de fer conniic siiccedane dn (piir.quina, p. 65 i.

Po.'.iGKAo (de). Traiismiision du mouve- Mieiii an rrioyen de l%au, p. .'(lo. Mi'nioiie de niallieniaii(|iirs, p. 47^-

PiiNcuLET. Travail deM. Maidieim, p. 467.

PonRO. Tlieoric des ob;e. tils, p. i3, 36.

I'ORRo el Sffciu. Eloile nouvelle dans le I'rapezu d'Orion, p. .io.

PoRRo. Sa lunette paiil'ucale employee eomnie oplitlialmoscope, p. 96. Lu- nette de53 centinielres, p. 174.

PouiLiET. Expcrienres de M. Lissajoux, p. 7-^. E^p(■riences de IW. Fizeau, p. i5S. Enrouragemenls pour ses exp-jrienres de physique, p. 273.

PowiR (M'"«). Oiiyiue des aquaria,

p 2-2 1.

PowEi.L. Mcleores lumineux, p. 3i2.

PozNANSKY. Spliy^moiiielie, p. 17, 101.

PozNANSKY et Steabowsky. Cause dn phe- iiomene des seiches, p. lafi.

Pozmanski. Nalure et trailcnicnt du cho- lera, p. 127.

PuECH. Teratoloj;ie, p. 022.

PuisEux (D"^;. Successeur u la chaire de M. Ciuchy, p. 4.j(,.

PuiAERMACHF.R. Piles portalivcs a un seal liqnide, p. 715.

QUATRtFAGES (de). VCfS 3 Soie, p. 20.

Imporlaliondu ycik et desclievres d'An-

gora, p, 149. QuATBEKAGES(DE)et TRiriEs.Sur Id saDg-

sue d'Afriqne, p. 53r. QuATREFAGEs (de;. Experiences sur la

sangsue medicinale, p. 584. Me-

lliode de scricicullure de M. Caillel,

p. 721.

QuETEt.ET, Sysienie iiiiiforme d'observa- liims des veiils et des cunraiils des nurs, p. 2 10.

QuhTELtT e! Le VtRRitR. Plan general des observations inetcorulogiques , p. 427.

QuiNET. Collodion sec, p. G49.

Raillard (I'abbcj. Compte lendu du dis- cours d.' M. le D"' Hnnndirey Lloyd a lAssociution bntannique, p. 284. Coniple rendu des seances de I'Asso— ciaiion brit iiiniqne, p. 3t5.

Raskine. Viies emises snr les Inrces ])hy- siques, p. J76.

Rayer. Dbsei \ations de M. Addison, p. iHz. Infusoii'es Irouves daus le canal intestinal des chuleriques, p. 629.

IiAYER (D'J. Presentea I'Acadentie un me- nioire de M. Caniille Darest , p. 724.

RroNAULT. Travail de M. Suref, p. 32 1. Travail de MM. Crace Calvert et Johnson, p. 468. Meuioire de M. Marcilly, p. 472.

ISemak. Foj. Yuipiau.

Remilly. yoy. Thibierge.

Remy-Martin, SurlescalenJi iers, p. 217.

Retz (conile de). Education des versa soie, p. io5.

RiGAUD. Memoire de geometric, p. 719.

Rive (de i.a). luJuclion, p. 34.

RonERT. Foy. Debout.

Rogers (pro!'. Henry). Geologic et geo- graphic physique de I'Anicrique du Nord, p. 58.

RoscE (de i.a). Instrument qui iodique la direction el la vitesse des couraots tnarins, p. 655.

RuRET. Manuel de la typograjthL'^^. i53.

Ro-coE. l-'oy. Bnnsen.

Rosing (Anion). Action du chlore sur I'aleool, p. 11.

RouHER. Renierciinents a I'Academie, p. (iS.

RoussiLLE. Nouvel electro-motcur, p. 298.

RouviLi.E. Geo'ogie de I'Hcrault, p. 532.

Roux. l^ducation des abeiiles, p. 278.

Roy. Marbre onix d'Oran, p. 2o3.

RuAULT. Malcriaux servant a la fabrica- tion de la pondre, p. 383.

Sadine (le general). Foy. Haughton.

Sabine (le general), lilu memliie de I'ordre du Miriie de Prusse, p. 341. Ins- truments niaguctiques, p. 478.

Sacc et Jonas. Action de I'acide azolique sur I'huilc de lin, p. 34 3,

XVI

Smkt-Vei.. Coloration df la fievre jaune, p. 291.

Saikt-Vekakt. Siir le choc et la resislance ties coi'iis, p. 187.

Salvetat. Lecons de ceramique, p. 693.

Samson. I'ormaliou dii siicre dans I'cco- oomie animale, p. 261.

Sardon. Pourrituie d'hopital, p. Sig.

Saulcy (df). Nolice hiographique dc M. H. GolJsrliinidl, p. 49-

Sauvage. Indu-.liie du t'er, p. 5y.

Sauvage ((•■reoeiuc). Application de I'be- licea la navigation, p. 87, SS.

Say. Sleii'oinelie ponr mesurer le vo- lume des corps, p. 473-

Schwartz. I'riiicipcs colorants de la ga- rance, p. 206.

ScBEKLEiN. Jcluiiioii Sclienlelnii, p. 294.

ScHr.AGDENHAtiFFEN pi Freyss. Sur la Cons- tance des piles, p. 679.

ScHROTTER. Copiptes tendus de 1' Academie iinperiale de Vieniie, p. 701.

Scott (Leon). PliOMOgiaphieou aitd'ccriie les sons, p. 703.

Stccar. f'oy. Porro.

Seccbi (R. p.). Scinti'ilalion des eloiies, p. SS. Miignetisme leneslre, In- niicre electriqiie et cuniete do I'rorsen, p. 1 53. IJenianJe au yeiienil Sabine ses insirumenls niaguelic|ues, p. 47S. Sixierae con.cle de i857, p. .'igS.

Seoili-ot. Re orption dans les poumons, p. 65o.

Segoier (baron}. Chute d'aerolilbes, p. 507.

Seguin ainc. Kepoiise a M. Napoli sur 3a correlalion des forces de M. Grove, p. 411. Note do M. de Napoli, p. 473.

Seguin (|rof.), iLlectiicilc par iufluence

et par iuduclion, p. 12. Seluer (D"^). Sa niorl, p. 074.

Selmi. Pile a triple contact, p. 107.

Semauoff. Conservalioii de^ bhs, p. 7(9-

Se.mola. Action dela glycerine sur diverses combinaisons uielailie|ues, p. ;)72.

Serres (Marcel de). Hrechiis ossenses, p. 177. Aticienne exijlence de cer- tains mollusques, p. 217.

Serret. Algebre, p. 71.

COSMOS.

Sidney -Jones. Obliteration de I'aorle, p. 240.

Siegi.e. Cristallisation du glucose, p. 253.

Simon (John). Sur la vaccination, p. 180.

SiSMONDA (dk). Letire sur la geologie des Alpei, p. '498. Geologic de laSavoie, p. 539.

Smith (Edoiiard). Rccherches sur la res- piiation, etc., p. 5o2.

Smyth (Piazzi). Transport d'un telescope au-dessus des nuages, p. 282. Carte et xues slercoscopiques du pic de Te- ncriffe, p. 55o.

Smyth (prof.). Variations meleorologiques, p. 258.

Snow. Administration de I'amylene, p. 198.

SoLEiL. Echelle numcrique des verres de luneties, p. 32 1.

SoLT.iER. Caoutchouc et ses succedanes, p. 342.

SoRET. Correlation des forces, p. 32 1.

SouBEiRAN (fils). Sur Vjtquaiiiim du Mu- seum, p. 271.

Sperigo, Sur la syphilis, p. 3oo.

Stanley. 0)>jets en basalleet en laves fon- dues, p. 455.

Steinheil et Foucault. Miroirs argentes, p. 652.

Stephenson (Robert). President de la So- cielc des ingenieurs de Londres, p. 87.

yoy. Phillips, p. 678. Stokes et Govi. Fluorescence, p. 220. Strabowski. Foy. Poznanski.

Strapa (Francois). Conversation telcgra*

phique en I anoee 1549, p. 11. Strune. Sur la figure de la terre, p. 438.

Mesiired'iuidrc dumeridieOj p. 45r.

Figure dela terre, p. 498. Strcve et BioT. Sur la figure de la terre,

p. 320, 523.

Tastu (M™® Amable). Foy. Babinet.

Tavignot. Emploi de la pile de Grove en medecine, p. 402.

TcHiHATCHEFF. Keclierchcs sur la vegeta- tion des bautes mootagues de I'Asie Mineure, p. 49(>.

Terreil. Cristallisation du verre, p. 532.

Hosagc du nickel, cobalt, zinc et manganese, p. 5oi, 54 3.

TABLE DES NOMS D'AUTEURS.

XVII

TaELLiER-TFRRigR. Vt'inturc an silicate

de polassc, p. a'ij. Thenard (Louis Jae(|iies). Vie, liavaux

et mnrl, p. i . Thkveisin. Eludes siir i'Oiiral, p. 719. Thibierge et Remilly. Traite de I'ami-

don dii niarion d'l'ide, p. i53.

Amidon du mairon d'liide, )). 234. Thuret. Reniircimenls adresses a I'Aca-

domie, p. 17. TiGRi. Sill- les aneslliesiques, p. 462. TisoN, Distillation de la houille, p. 710 'J'issier (Cii.). Cyauure double d'alumi-

nium el de fer, p 100. Note siir

I'aciiie borique el ies borates, p. 35y.

Mouvemeiits de TOcean, p. 464. TissoN. Appaieil afabriqner legaz^p. 217. Trecul. De la presence du latex dans les

vaisseaux spiraux, etc., p. 357. Circulation dans les plintes, p. 384.

Circulation des plautes, p. '\o-j. Tripier. yor. Quatrcfages. TRiroN. Lavis litliographiijue, p. 455. Troost. P^oy. Deville.

Trouessaiit. Nonveau baromelre a si- phon, p. 359.

Trousseau. Hemorragieccrebrale, p.'iGo.

Turner. Papierspholographiques, p. 179.

Valenciennes et Dei.afond. Vers iutesli- iiaux, p. 4o3.

Vaillant (le marerhal}. Rapports sur les prodnits de I'Algerie, p. 45. Railes de plorab percees par des irisectes, p. 3oo. Ouvrage de M. Valles, p. 320. Balles de plumb percees ])ar des insecles, p. 32;. Associa- tion pour la niesnre sur une vasle cten- due d'lin parallele terrestre, p. 439.

Mesure d'un arc du meriditn, p. 45i.

■Valles. Ouvrage sur les inondations, p. 820.

VAi.soif. Foj-. Bertrand. Sur les phe- nomenes capillaires, p. 40. Note sur les plieiiomtnes capillaires, p. 100.

Valz. 45*^ petite planete, p. 267. Car- tes eqninoxiales, p. 4o3.

Vargnier. Altenuer les chocs en rner.

P- 7'9- Verdet. Proprietes opliques des corps

magnctiques, p. 204. Vergnaud. Slalistique du Loiret, p. 28.

Vezu. Solubiliic du fer dans Ihiiile de

loie de niorue, p. (ifi. Vi(;\T et RivoT. Vivacite de la discussion

sur les inorliers hydrauliques, p. y6. ViCAT. Poiuzollaiies arlificielles, p. rSi,

2 3i, 232. Pri.t de 2 000 Ir, pour

.ses eludes sur ies nmrliers, p. SgS. ViEiLLE. Analyse algebrique, p. 16.

Theoreiiies ! p 4 5. ViEiLF.E el Cauchy. Theoremes de geo-

nietrie, p. 75. ViENNET. Poesie srientifiqiie, p. 22G. ViGAN. Doiiipleur de taureaux ! p. 333, ViLLARCEAU. ^of. Bruhris. ViLLARCEAu ct DiEN. 4* comelfi de 1857,

p. 200. Nouvelle comele, p. 275.

5™^ comele de 1S57, p. 323. ISouvelle coinele, p. 38 t.

ViLLE (CTCorge-.). Recberches experimen- tales sur la segetation, p. 5oi. Re- clamalion centre M. Boussingault, p. 690.

Vincent (Clh.-W.). Siilfure d'ahiniiniuni, p. 253.

Vioi.ETTE. Capsules enfumees dans les analyses cbimiques, p. 6O0.

ViRLET d'Aocst. Nole sur les oenfs de inouches aquatiijues el la foinialion des ooliilies, p. 608.

Vot-MCEi.Lt. Induction electro-s'atique , p. 3'i. Sur le nianonietre a air corn- prime et le slercometre , p. 173. Notioe sur Caucliy, p. 473. Impres- sions electiiques, p. Sji.

VuiLLEMAiN. Telegrapbie en 1641, p. 12.

VuLPiAN. f^oj. Cloez.

Vui.riAN et Remark. Conlraclilile de raninios, p. i83.

Wagner. Nouveau procede de fabrication de I'acide stearicpie, p. 3i5.

Walson. Foy. Valson. Capillarite, p. 229.

VVarington. Sur les (Kjuaria, p. 25.

Waterston. Pouvoir actinique du soleil, p. 12 3. Distance de la terre aux plan eles, .23 1.

Wattemare. i'niVfW^ direction f, p. 75. Ouvrage sur I'exploraliondu Nil, p. 496.

Echanges iiilernationaux, p. 55 1.

Wethered. Application de la vapeur a la marine mililaire, p. 524. Machine a

XVllI

COSMOS.

v.ilieur, p. 572. Sj Sterne lies va- peuis rninliinees, p. fi'iC. Wbeatstohh. Invention dii sluieoscope,

p. 247- Wii-SON (D'' Georges). Ihotograpliii- suf

dessui fares fliiorescenles, p. ()'S. WoHi.F.R. Sur le lungslene, p. 40 i.

. f'oy. Deville. WOBLEK ot Buff. Hydrure de siliriuin,

p. 18. Woon(D''). /'01. Grove.

Wort;;. Veritable forniide de I'acide oxa- lique, p. 22. Vraie constilutiun de I'acide oxaliqiie, p. 54. Note sur la liqueur des Hollaiulais, p. i8c). Re- production syiilhelique de la ;;ly<t'riiu', p_ 220. Nouvel alcool de la serie pi'opylique, p. 274.

Young (Thomas). ResUlctice des corps p. 187.

ZM.twiKi. Attraction des corps parTeiec (riclte, p. 46.

TABLE ALPHABETIQIE

PAR oiibme: o^ M/^tiieiie:i§.

Abeilles, leiir education et lewr conserva- tion, p. 27 S, 279.

Ablation dcs cornes des animaux en Bei- Siqne, p. 484.

Ablation de la maclioiie inferieure, p. iSi.

Academic des sciences, p. 16, 40,68,56, 126, 1 53, 1 80, ' 10, ?97, 320, 365, 38i, 402, 43r, 496, 52-2, 572, 598, 626, 652, 690, 714.

Acudeniie dcs sciences de Ronen, p. 5 36.

Academies (Seance des cinq), p. 2o5.

Achor:on Schenlcbi'ii, p. 291.

Acide boiiipieel borates, p. 357.

Acidc fliiorhjdrique comme mcJicameut, p. 66.

Acide glycolique, p. 55.

Acide liomolactirpie, p. 55.

Acide oxaliqiie, sa vraie foiniiile, p. 22,

54. Acide paliniliqtie, sa fabrication, p. 3i5. Acide stearjqne, sa tabiicatioii, p. 3i5. Acide siilfurique flnorilfere, p. 21 3. Acide tarlriijue, ses conibiiiaison* avec les

niaticTes sucrees, p. 269. Acide nrique, p. 690. Acidification des corps griis, p. 45. Acouslique (Phenonienes d'), p. 2 1 3. Action anesibesique del'acidecarboiiiqne,

p. 347. Action de la chaleur sur les gommes, les

sncres, etc., p. 468. Action de.la chaleur sur les matieres or-

ganiqnes neutres, p. 488. Action du chlore siir I'alcool, p. 22. Action de la luniiere sur I'or et sur les

autres me'aux, p. 55'i. Action d'un melange de corps o.\ydants et

reduclenrs sur les nieiaux, p. 691. Aeroliihes (Chute d'), p. 5o6, So;. Aimants lournants, p. 320. Air des magnaneries, p. 274.

Albuminc dans i'urine, p. 677.

Alcool nielhylique, sa synlhese, p. 633,

699- Alcool nouvcau de la serie propjliqiie,

p. 274. Algues marines, p. 432. Aliments, leur conservalion, p. 75. AMiage iinilanl lor, p. 121. Aliimiiie lijdralee comme matiere decolo-

rante, |). 120. Aliimir'inin, p. 6S2, 7o5. Ami (//) dc C Lleveur, p. 278. Amidnu du niairon d'Indc, p. 234. Amnios ct allanloido, leiir coniractilile,

(). 181. Amyleiie, son action ane-ilhesique, p. 66,

Sa preparation, p. 83. Ses effets, p. .98.

Analyse des os, p. '16.

An;ilomie comparee du sysleme nerveux,

p. 024. Ancienne existence de quelques moUus-

qnes, p. 217. Anesthesie el aneslhesiqucs, p. 4o3, 462.

Plienomencs, ji. ^9". Aniiqniles chinoises, p. 1 8. Aorte, son obliteration, p. 240. Appaitils pour I'ecrilure des aveugles,

p. 5 1 5. Appareil a fabriquer le gaz, p. 217. Appaieil pour I'aire de l;i glace, p. 289. Appareil pour prevenir les chocs des vais-

seaux, etc., p. 719. Appareil a quaire silflels a vapeur, p. 142. Appareil de Rnhndvoili', p. 464. Appareils de precision, p. 344. Apparence stcreosco|ii(nic, p. 353. Aquaria, lenr origine, p. 221. Aquarium, p. 25. Aquarium du Museum d'histoire natu-

relle, p. 171. Arago, teuvres completes, p. 463.

XX

COSiMOS.

Argeniiire des glacps, p. 68.

Arsenic, sa reclicrclie dans Ics matieres or-

ganiqiu's, p. (i/i. An de ruiiiiT, p. CiV- Association 1> ilaniiiciuc pour I'avanceniPiil

des scienc'S, p. ii3, aSi, 3ii, B^o,

479. ^

Association nHdic;ilo dc dames, p. r>i*>. Aslrononiie physiipie d'un direclcur d'Ob-

servaloiie, p. 565, Alias de reclipliqiie, p. liS. Atlas lie physique el de meleoiolos^ie,

P- -i^S. ' . . . . ,^

Allraclion .Icscorps pavl'clectricitc, p. 40.

Axes niai;netiiiues des crislaux, p. A 7 4.

Baie de Viilcano, p. 3o.

r.alanre de conversion, p. 273.

r.aiomeire nouvean, p. BSg.

Baromclie repeliteur, p. 97, Mo. |

Barrage o:nnibiis, p. 68 i . I

Basalle et lave dans I'induslrie, p. 455. \

Baicaux plongenrs. p. ji.

Benzine employee contie les acanis, etc.,

p. "^(11 . Benzine nionobiomee, p. 190. Bellerave (Reclierclies snr la), p 657. Bibliothecpie des De Jussieu, p. 575. Binonie (Conveisence de la seiie du),

p. 5oi. Biograpliie de Thcnaid, p. i. Bles, lenr conservation, p. 71. Blen de Tbenard, p. 3. Blocs jeii's a la mer dans le vo)as;e dii

prince Napoleon, p. 27'J. Boeuf mnsque, ji. 162. Bolide (Snr un), p. 17 3. Bolide a Paris, p. 5ofi. BoMd)yx cynlbia, p. 5 55. Bore, ses afliniles,etc., p. 604.. Breches osseuses de St-Hippolyte (Oard),

p. 43. Breches osseuses, p. 177. Bresil (Carle du), p. i<). Bresil (L'Emperenr du) membrc de la So-

ciete d'accliniatatioa, p. 3i, Brevels d'invention, p, 87, Brliitlonta iiidica, y. S'jS, Broncliites, leur giierison, p. 629, Brouillaid a Paris, |>, 701. Bullelin metcoroluj;itiue de la France,

p. 5'.7. Cables telegrapliicpies, p. 46, 63. Cabli'ieUgra|iliitpieder.\llanlique,p.ii3

17O) ".>7t *''•'•> -^84, 558. Cable lelegrapliiiiue de la Medilerranee

P- 477-

Ca caire teriiaire d'Ain-I'our, p, fV.v Calciils pratiepies appliques aux sciences

d'observalion, p. 437. Calen'riers, p. 017. Canaiix lertilisaleiirs, p. 64 !• Caoiilclinuc (MannTacture du), p, 343. (Japillai ite. p. 45. Phenonicnes, p. 64,

100, 180, f-xj, 657. Capsules enluniees dans les analyses chi-

mi(pies, p. (iRo. Capsules stirriiiales, p. 297, 719, 7'-'0- Cartes du ciel, p. 555. Cartes cipiinoxiales, p. 4o3. Carles deloiies, p. 102, 5or. Carle geologiqnc du Dauphine, p. 5 37, Carli-s laaiines, p. 283. Cartes et vucs siereoscopiques du pic de

Teucriffe, p 55o. Cartilages, leur iransfcrmalion en os,

p. 240. I Cartouche nouvelle, p. 425. Caulerisaiion lineaire, p. 217. Cerele senile de Toe:!, p. 'H'. Cerf .T bois giganlesquclossile, p. 537. Cerl' fossile irouve dans lAisne, p. 072. Cerveau, son analoraie uiicroscopiipie,

P- 275. Cetoine doree, p. 553, (Jhaleur, son eqiiiviileiit, p. 176- Clialeur produite par I'electiicite, etc.,

p. 675. Cbalumeau a alcool lerebenlhine, p. 600,

67 s. Champignon des abeilles, p. i83. Chauxhydrauliques et picrresartillcielles,

P- 577. Chemins de fer (Appareils electnques

pourj, p, 653. Cheniin de fer sous-niarin, p. 639. Clicvres d'Angoni, p. 369. Chevres d'Angora de la Societe d'acclinia-

talion. p. 645. Chimie industrielle appliqnee a la meoa-

nique, p. 648. Chimie (La) et la medecine, p. 617. Chlural, p. 22. Chloniforme (Methode d'adrainistration

do), p. 162. Chlorure de zinc contie les inc.endies,

p. 58. Choc et resistance des corps, p. 187. Cholera asiatiqne, p. 589 Cholera, sanatureet sou irailement, p. 127. Cholera el rage, p. 27a. Chutes d'eau, leur epuisement, etc, I p. 487, 488.

TABLE DES MATI^RES.

XXI

Cicatiisalion des plaies, p. 260. €iiculatioii (Jans les plaiites, p. 38 '1, 357,

407. Cilrou, usage Je stm sue pour giierir le

scorl)iil, p. 3 I I. (cliches siif L;iiUa-p('rcha, p. i5i. CUniat (If Bagdad, p. aaS. Clous, iiiachiue poiirlesfabriqupr, p. 456. (inefficient de compressilnlile, \>. 677. Coennies, \crs inleslinaux, p. 4o3. Cceur, canse de ses mouvcinents rhylh-

miipius, p. 402. Collodion sec, p. 263, 295, 620, t>/i\). Coloration des laches des feiiilles de {gera- nium, p. 356. Comljinai^on direcle des hydracides avec

les caihiiies alcuoliques, ]>. 22. Combnsiibles (Etude pratique et theorique

desjj p. 472. Combustion sans fumee appliquee aux

locomotives, p. .'^38. Cometes nouvelles, p. g, 29, 117, 129,

r42, i5S, 199, 200, 267, 268. 275.

323, 38r, 578, 579, 583, 5g3. Coinparaleur perfeclionne, p. 718. Compression de I'air, p. 2o5. Conservateur du caloiKpie pour la cuissou

des aliments, p. 482. Couveryencedu binomea-|-^, etc., p. 623. Couservaiion des bles, p. 719. Conservation des ceieales, p. 23, 24. Conservation de la force, p. 07 J et suiv. Conli'ibuiion a I'histoire iiaturelle des

Etats-Unis, p. 7 i4. CoDlusions produites par le vent du boti-

let, p. 5 7 8. Convois de ciieniins de fer, leur rencon- tre, p. 540. Coriaria niyilijolia, acliun toxique de sou

fruit, p. 59. Cornee, sa structure, p. 65. Corpuscules planetaires, p. 281. Correlation des forces physiques, p. 3oi,

321, 324, 411. Courants marins, iustrument pour les in-

diquer, etc., p. 655. Courants. Foy. Vents. Courbes a double courbure, p. 188. Courbes geometriques, p. 298. Cours de puysi(iiie xegelale, p. 701. Cours du sang, son influence sur I'iris, etc.,

p. 65. Cristallisalion do glucose, p. 253. Crustaces des terrains .<ilurieiis, p. 578. Cyanure d'aluminium et de fer, p. 100. Dartres, leur guerisoUj p. 16.

Decomposition des corps par la clialeur,

p. 601. Dicouverles sur Taction des neifs, p. 228. fJcKeiierescence graisseuse, p. 2I7. Degenerescence de riiomnic, p. 574. Densite de la vapeur des corps, p. 22. Densite des vapeurs, p. 58o, Deatale (Le), p. 18. Destruction des instctes, p. 180. Dictionnairc d'bisloire nalurelle, p. 16. Distillation (Sur la), p. 577. Dislillation de la houille, p. 710. Division de I'annee par Henri Biugsch,

p. 434. Documents scienlifiques des Chinois, p.

719. Domplcr les boeufs et les laureau.x (Moyen

de), p. 280, 333. Eosage du nickel, du cobalt, du zinc et du

manganese, p. Sen, 54 3. Dosage de I'ozone, p. 601,679. Dromadaires blanrs du desert, p. 10. Dynamique ihcorique, p. 3 12. Dynanionielre pour e-sayer les tissus,

^>. 344. Dystiques, fonclions de leurs iierfs cra-

iiiens, p. 45. Eaii comme force molrice, p. 297. Eau, sou niouvemenl a travels les terrains

perineables, p. 1 36. Eau, ([uanlile d'eau que possedent les dif-

ferenles villes, p. 3 i i. ^change de vegetaux, p. 236. Ecliinocoques, leur tiansformation en te-

nias, p. 61. Eclairage an gaz exiiaitdc I'eau, p. 36i. Eclampsie des feinmcs en rouclits, p. 349- Eclipse du lb mars i858, p. 720. tllels lumineux qui re^ullelll de I'acliou

de la lumiere sur les corps, p. 612. Elections academiques, p. 673, 7o3. Eleclricile libre en Aniorique, p. 3i3. Electroaimanls en fer a cheval , p. 71,

7a. Eleclro-aimanls, p. io5, 216, 55i, 627. Eieciro-aimanis {f'oy. Aimaots), p. 320. Elements de physiologic, p. 5oi. Embauinement des cadavres par les In—

diens ameiicain';, p. 63. Emeraudes du Mexiqiie, j). 610, 676. Emeii (Nouveaux giMCinents d'), p. 3i. Enipoisonnemenl par I'essence de tereben-

thine, p. 600. Empoisounements par les animaux marins,

p. 394. Empreintes fossiles a Sl-Valbert, p. 496.

XXII

COSMOS.

Empre^ntcs ile pallts a S.iinl-A^ilheil,

P- S90. Enduit |)Oiir rinipciiucabilisalioii des lis-

sus p. 3 ',3. En^rais df iiier, p. '^42. Enyrais a litre coii>taiiI, p. 4'>-5. Eiigiais a pliospliato de cliaux, p. 542. Emayagc a la vapeiir, p. 298. Epreuves pliotogiapliico-iiiicroscopitp'.i's,

p. 178, 5 20. Equiv.dent do I'clt'clriclle, p. 432. Eqiiivali'iilj dc la chakiir, p. 622. Eipiivali'iils dcs corps simples, p. 555,

6(ii. EquivaNnt niecaiiiqiie de ri'lcctiicite,

p. 35:. £rii|itioii dii volcan I'Awoe. p. fiSi. £i'uplit)ii dii V<'suvi>, p. 41*2, 5j5. Esini de tonogrnpJiii' el de gcologii' nic-

dicates des elientins do jer , p. i6?. Essi'iice de maiidaiiiiL', p. 0u6. Etages (Les) renvcisos, p. IJ9. Elat aimospheiiqiie de la France, p. 29. Etuile iiouvelle dans le Trapeze d'Oriuii,

p. 40. EloilfS filaiilos, Icur relour pciiodiqiie,

p. 160. Etoiles filantes, p. 2it, 3 12, 5-2. liloiles pciiodiques, etc., p. 579. Elude upliqiie des moiivemeuls vihraloi-

res, p. 80, 1 10. Excursions geologiqiies, p. 116. Expeditions >rienlifKpies, p. 443. Experiences dans les Alpes avee le liavo-

nietie repi'tileur, |i. 470. Exploration dii Nil, p. 49^. ExposilTon pliotograi'liiqne a 3'rnxclles,

p. 689. Facnlle des .sciences de Lille, p. iifi. Fails d'a;^riciillure, p. 149, 235. Fails agricoles, p. 684. Fails astrouomiqiies dii i*^'' an i5 octobre

1857, p. 3(i5. Fails de I'inJiislrie, p. 120, 2o5, 23i,

2S9, 342, 455, 6S2, 705, Fails de niedecine el de chiringie, p. 65,

257, 260, 2 91, 319, 347. Fails des sciences, 32, 03, yi, 176, 2o3,

228, 2 56, aS5,45i,5ii, (J2t, 703. Faune francaise (Nou\elle), p. 'n. F"er (Industrie dii), p. 57. Fer pur, p. 710. Fer, sa solubilile daus I'liuile de foie de

morue, p. 66. Fermeniation alcooliq'.ie, p. 721, Fermentation laclicpie, p. 63o.

Fetes d'Elam|ies a I'occasion de la statue

de GeolTroy Saint-Hilaire, p. 42 i. Fievre janne, p. 29 i . Figure de la tern-, p. 2S2, 438, 498,

025, 528. Fixation des attaches el points de repere,

p . 272. Flurc mer'ulioiialc, p. 272. Fluor, sa difTusiuM, p. 298, 299. Fliiorescenee, p. 2->o, 556. Foie , sur sa fonction glycogeniqne ,

p. i3o. Fonle et fer tna'leable, leur elude chimi-

que, p. 468, 469. Forces ph}si(pirs, p. .373, ,^74 etsuiv, Foinies cri>lal!incs des corjis, leurs cau- ses, p. 630. Formes cristallines, lenr rel.ition avec la constitution aloniique des corps, p. (iSo. Four a cniie le platre, p. 45.1. Foyers cliiuiiques et opliques, p. 62 3. France, son relour a sun cliniat normal,

p. 114. Freins auionioleurs, p. 346. Fiein pcifeclionne, p. 57 4- Gallale de fer comuie succedane du tour-

iipsol, p. 48. G^illiiiacees, p. 383. Galvanoplastie, p. 394. Garance, ses |.viiicipes colorants, p. 206, Gaz des volcnus, etc, p. 357. Geneialion (Nouvelles observations sur

la,, p. 349. Geologic des Alpes. p. 498. Geologic et geogiaphie physique de I'A-

nieriipie du Nord, p. 58. Geologic de I'Heraull, p. 5j2. Geologic de 1 Italic, p. 47 ' Geologic d.' la ville de I'aris, p.. 249. Geologic soulerraiiie de Paris, p. 190. Geolo-ie de la Savoie, p. 539. The Geologiit, nouvcau journal dc geolo- gic, p. 620. Geometric descriptive, p. 4^3. Geometric elementaire, p. 719- Geometric transeeiidaulc, p. 356. Gisements de sulfate de sonde en E-pagne,

p. 92. Giles stannifert-s dc la I'.retague, p. 485. Glace, sa preparation artilicielle, p. 201. Glycerine, ses composes, p. 220. Glycerlnecl composes melalliques, p. 572. Glycogenic, p. 239, 471. Glycol, son clber clilorhydriquc, p. 189.

TABLE DES MATIERES

Graines, titalitc dcs ;;raiiies Irausporlees

|>ar Its couraiits maiius, p. 271. Grandsympalliique (Action de I'electricile

sur le), p. (J'S. Grenal nalii'rl griiial arliliciel, p. 254, Grilles i'limivores, p. 3ii, 483. HabiUilions onvrieres, p. 453. Helice, sou application a la navigatiou,

p. 87, 88. Heliclne dans le trailenient de la phthisic,

p. 3;, 9. Htnim-ragie ccrebrale, p. 260. HislugoiiL'sie des lumeiirs, p. 2jy. Hiiloirc tiaturclle el commerce tie f Afn-

que, p. 129. Histuirc natiiielle des coralliens, p. 578. Hoiiogeiie astronoiniipie, p, C61. HouiilK en Ameiiqiie, p. 58 r. Huiles, leiir action dissolvaiite siir le fer,

p- 66. Hydianiides, p. 274 . Hydiuie de silicium, p. 18. Image pliutogiaphique sur verre depoli,

p. 398. Images de Moser, p. 6S7. Imitation de liiiils et de racines, p, 454. Iiiipi ission dimages par la I'oudie, p. 367. Impression dcs pusitifs sans sels de I'er,

p. j5o. Impressions clectriques, p. 571. Incnhation des oeufs (Experiences sur I'), p. 724.

Inrnhalion des ceiifs d'aulruclie, p. 2S5. Independauce beige ^ p. 483. Induction cleclro-stalique, p. 34. Induction niagneii(|iie des cnslaux, j). 474. Inflaniniation des poninons, p. 'a 60. Influence niedicale des cheniins de fer p. 5i8.

Infusoires dans les visceres dcs nialades

du diolcra, p. 629. Injections d'acide caiboiiit|ue dans la ves-

sie, p. 347. Injections iodees, p. 260. Inoudalions, p. 2?o, 2^5, 32o, 5o5. Instcles, leur destruction, p. 2ji, 261. Insecies qui longent les nielau.x, p. iii, Instilut (L'} ct les academies de province,

p. 575. Instilut des sciences de Batavia, p. 161. Inslitul du Caire, p. 423. Instilut lombaid des sciences, p. 365. Instrument a vent qui ne coiite rien ,

p. 59.

XXIII

Invention du stereoscope, p. 247. lode, l)r6nie et chloiv, leur separation

P- •■579- loJe, sa presence dans les eaux de Pou-

gues, |). 292. iris juncca, p, 425.

Jaciilalor (Le), poisson de Java, p. to. Japon, ses richesses niinerales, p. 255. Jaugeage des lonneaux,p. 17. JonriKil de pitysiologie, p. 180. Kysles ou lumeurs congeniales, p. 3ig. Lalne des mouions merinos, p. v.3-.

Laiin'ats de I'industrie en 1857, p. 342. 513,591. '

Lavis lilhographique, p. 455.

Ltcons elcmenlajres d'cleclricite, par sir

SiKW Hairis, p. 599. I.evure artificielle, p. 4S3. Liinon des egouis de I'aris, p 644. Linguatules, p. 427. Liqiiem- des Hollandais, p. i 8g. l.oi sur les marques de fahrique, p. 12 r. Longitudes, kur delerminaiion', p. 4,18

too. Luniicre, mesure d<- son action cliii

p. 428. Luuiiere, son action sur le cli'orure dar-

geut, p. 208. Lumic're, son action sur les vee^tacs.

p. 2S6. ° '

Lumiere, son acliun sur la maliere vcrte

des vegetaux, p. 486. Lumiere electnque, p. 256, 3 >7. Lumiere electriijue (eclairag'e), p.' 5o8. Lum.ere (The.)rie de la), p. 283. Liine. Constitution physique, p. 693. Luue (Tables de la), p. iS,j.

ique,

Lunette panlocale e.iq.loyc-e comu;e oph-

lliulmoscope^ p. 96. Lunettes astronomi(|ues, p. 1-14 Machine a mui-sonner, p. 198.' Machine nouvelle pour les navires, p. 2i3 Machine, a vapeur, p. /,,S6, 678.' " ' Machines k vapeurs combiutes,' p. 5-24

646. '

Magnctsme terrestre, p. t53, 2S2. Maladie des mecaniciens, p. 262. Mrtlauies epiijcmiques, p. 7,. Maladies de I'oreille m,.yenne, p 66 Maladiede la vigue, p. 117, 5.7, yig. Mal.idies parasaaires, p. 294. Maladies der, poiners, p. 34 ■, Maladies uleiines, p. 7 i . Maladies de-. vers a sole, p. 297. Manuel de g)mnait que, p. 418.

XXIV

COSMOS.

?.58,

Manuel de la tyj)ographie,\t. i53.

Maibre onyx d'Oian, p. 2o3.

Mairi's, p. '2 8 -2.

Marrons triiKle,p. 369.

Malieie £;lycoi;ene, p. 18,

Malieres colora-iles exlrailcs des plumes

d'oiseaiix, p. 5 22. Maluraiion des figues (Nouveaii precede

do), p. 3 10. IVIcraiiique appliqiicc, p. 298. Malailles dcceriiecs par la Sociele royale

de Loiidres, p. 6^5. Mesuro d'lm aic dii meridien, p. /i5 i . M('lamoipliisnie des roclies, p. 376, 6i5. Mt'l('ores Imimieux, p. 3 12. Meli'orologie et liisloiie naturelle de la

province d'Oraii, p. 2 28. Meteorologie (Observations de), p

25 9. Miuerais plomliilens et art;enlifcres, lenr

perle dans Ics lavages, p. 539. Miroirs argentPs, p. 3ii8. Miroirs argenles pour telescopes, p. 652. Moelle epinieie (Eindo physiologique de

la), p. 292. Moelle epiniere, p. 29S. Momifieation d'lin rat, p. 298. ]Vlon^lnosile dans iin chat, p. 5^0. Monlagnes les plus elevees du globe,

p. 340. Monument a Thenard et souvenirs de oe grand rhimistc, par M. Lecanu, p. 628. Mort du journal Im Science, p. 533. Mortiers liy<lrauliques, p. 76. Moteur eleclriquc, p. 271, 298. Moleur electri(pie nouveau, p. 323. Monies euipoisounces, p. ii2. Mouvenient des corps eleclri^cs, p. 629. Mouvenient des eaux d;ius les terrains

pertncables, p. ro.'i. Mouveuieiits de I'Ocean, p. 4^4 Mouvemcnts rejlc.tes, p. 228. 3Jiicor melil'oplitorns, p. i83. Musce gcologiqne de Londres, p. 89. Museliere pour les cliiens, p. 333. Naples, ricliesse miueiale de celte pro- vince, p. 339. Naturalisles et medeoins allemands (reu- nion 33*^), p. 1 16. Navires fAbordajjes des), p. 2 3. Navire (I e) Shahespenre, p. 28 5. Werfs, developpenient de leur substance,

p. 2) a. Nei'f desdyt sques, ]>. 45. Nerfs, originc des Irois ordri.'s de nerfs, p. 275.

NeltoyagR des laches pliolographiques,

p. 02().

Nevralgies tiailces par le chlorure d'or,

p. ■>.!ya. Nilroforiiie, p. i65. Notouecla du Mexique, p. 660. Nouiriture maximum fournie par la paille

el les raciues, p. 235. Nouvflles de la semaines, p. 14, 29, 85,

II?, 1 4 1, 169, 197, 22 5, 2 53, 281,

309, 3)-:, 364, 393, 421, 449, 477,

558, 589, (■17-!, 70:. Noyes (Moyen de Irouver les), p. i r. Objectif de 52 cenlimelres, p. 40. Objeclifs (Verres), p. r3, 36. Observations meleorologiqnes, plan ge- neral, p. 427. Observations ihermometriques p. i.'j'i. Observaloire royal de Bruxelles, p. 6f . Obervatoire dansl'ile Cuba, p. 382. Ocean, sur sou fond au poiul de vue dc la

lclcgra|iliie, p. 42G. Odeur desniersantediluvienues,p. 43/44. Ocleiirs (Sur les), p. i44. OEufs cuits par le soleil, p. i4'. Ohlium coiiccllalum, p. 341. Oi(/liim leuc/iarli, p. 184. Oisfaii (V), par Michelet, p. 277. Oolitlies formes par des oeufs de mourhes,

p. 608. Opeialion cesarienne, p. 3 4 8. Opeiaiiou du trepan, p. 67. Opinion des Anglais sur le tunnel soii-:-

marin de Calais a Douvrcs, p. 6ao. 0|ibllKdnioscopes, p. 96. ()|inim indigene, p. 52j. 0|ilique des corps magnetiques, p. 204. Opiique des vibrations sonores, p. 43 r. Oragc a A!onlpellier, p. 487. Oiganogunie i'l'gclale, p. 433. Os, leur anrdyse, p. 47- Os ronles sur la cole de Normandie,

p. 2 10. Oisemenis fosviles des oisennx, p. i33. Ossements fossiles, p. 5go. Osleologie, p. 268. Osleologie des oiseanx, p. 463. Oural (L'), etudes de sa region moycnne,

p. 719- Oxydalion du siicre dims le san^', p. fi-. Paiallaxe des etodes liiantes, p. 3i2. Paralysie, p. 240. Paialvsie faciale, p. 5'jr. Peigueuse de Josue Heilmann, p. 5gr. Peinture nu silicate de polasse, p, 233. Peinture sur zinc, p. 5i5.

TABLE DES MATIERES.

XXV

Pellagre (Maladie) de trois alienes,

p. 319. Pcnlslemum denticulatum et P. Teniol-

des, p. 62. Pepiiiieres au centre de Paris, p. 37. Perch'oiure de ler (Propiieles llieiajieuti-

qiie.-i du), p. 22. Pueiiuoplems rnher{\e Flaniand). p. 297. Phouoi;rapiiie, ou Its sons s'ecrivaiit jiar

eiix-munies, p. 70j. Phosphate de chaux, son influence sur la

ve{;clatioii, p. 600. Sa solubiiile,

p. 43,91. Phosphore amorphe,p. 102, lol. Phosphore rou{;e, p. 292, 4;3. Phosphorescence et flcioiescence, p. 067. Pholographie, p. i3, 36, 93, i5i, 178,

208, 2 + 1, 263, 2y5, i5o, 379, 398,

428, 490, 5jo, 624,687, 711. Photojp-aphie des groupes d'etoiles, p.

12 4-

PhotoRraphie sur des surfaces fluores-

cenles, p. 93. PhotoRraphie du Codex argenteus ,

p. 3io. Photogrii|^hie des fruits, p. 478. Phologia|)hie physiologique, p. 459. Photographiques (Etudes), p. 492. Pliotograi hiqiies (Epreuves) de grandes

dimensions, p. 263. Physiuloj^ie de ia respiralion,de lanioelle,

etc.* par Brown-Seiiuard, p. 463. Piano a sons prolonges, p. 454- Pile a couranis constants, p. ^■J. Pile it tiipleconi.ict, p. 107. Pile nouvelle, (>. 23o. Pile nouvelle a charbon et zinc, p. 556.

557. Piles portatives aun seul liquide, p. 7i5, Piles, leur iutensite et leur couslance,

p. 679. Piqijre aiiatomique, p. 32. Planeies (deux nouvelles), p. 337. Planetes non\elles, p. 34o, 355, 38 j. Planetes nouvelles jumelles, p. 70a. Planele Uajihne, p. 320. PlaueteNyssjjp, 85. Planele Virginia, p. 579. Planeie(45« net.te), p. 8. Planele (la 45" |ietiiej, p. 267. Planele (nouvelle petite), p. 496, 509,

555. Planete (ou comele). Distance de la terre

calculce sans peine, p. aSi. Plateau central de la France, p. 161. Poissonsgyninodontes, p. 574.

Polarisation des electrodes, p. 572. Polarisation rotaloire, p. 55d. Polariseur uouveau, p. 217. Pomnies de terre halites, p. 237. Pnsitit's directs sur colloiljou, p. (i5o. Poudre, maieriuux pour sa fahrication,

p. 383. Pourriture d'liopilal, p. 3 19. Poussee des voiiles, p. 610. Piiuzzolanes arlifuielles, p. iSt,232. Plantoir nouveau, p. 217, Plalane dOrienI et platane d'Occidenf,

p. 2IO.

Plateau central de la France, p. 161. Plallne lamine ; son influence sur I'hydro-

gene et Toxyfjene, p. 33. Platre; son action sur les prairies, p. 17. Platre ayant la durete du niarbre, p, r43. Plessinit'lr:e, p. 16.

Plonib perce (lar des insecles, p.3oo,32i. Pluies sans nuages obseivees a Paris, p.

620. Preservation des vegctaux de la gelee,

p. 659. Pression almospheriques sous I'equateur,

I..84. Prix lie rheclolilie de ble, p. 68i. Piix Montjon, p. i85. Prix pour de bon papier photographique,

P- >79- Prix projioses, p. 142, 146, 224, 536. Procreation de gaicons et de filles,

p. 260. Produits photographiques, p. 40 r. Pioloiigationdu nieriJieu, p. 4^9. Proprieles metriqties des figures, p. 467. Publication inJuslrielle des machines,

ontils, etc., p. 453, Pulrel'aclion a lo" sous zero, p. 717. Piuftinagedes sucres, p. 462, 489. Uage, sa guerison, p. 201. Sou remede,

|) . 271. Rayon nioyen de la terre, p. i34. Recherches expcriaientales sur la vegcla-

lion, p 5oi. RcchercliLS phoio-cliiiniques, p. 544. Recoltes eudommagees, p. 233. Recompenses a I'occaslon de la felede I'Em-

pereur, p. 197. Heciificaliou, p. 280. ReQexiou extraordinaire de la lumiere,

p. 60. Reflexions extraordinaires a Cbambon,

p. 200. RenieJe contre la rage, p. 464. Resilience des corps, p. 187.

XXVI

COSMOS.

Respiration, ji 5o2. lihitioceras niiniilus, \\. \ >. Roi (les lU'li^es l^le) ol Ic roi lies Pays-Ras, iiu'fiibres lie la Sociele J'aiclimaiation,

1.. 3i. Roue ilfstiiK-ei prodime la dcliiil.^ ili' la

vaiieiir, etc., \'. 207. Roiirs(Kui)l'ile drs). p. tJO. Sable dans les os impurles de lAine'-ique,

p. 402. Sables calcarilens do I'.iuxelUs, p. 4 > Sai&ig dhections, p. 7 5. Sangsue d'AliKiiie, p. S.li. Saii"siie, iiiiiiposilion de ses lissus 1:

veux, p. 5oi, Sangsue niCilicinale, p. 'iS'i. Sani; veiiieiix el arteriel, p. Hag. Sapoiiilifalioii, p. --i^i^- Saules (Planlalions de) coiUre les fieviei

pestilculielles, p. 60. Sciiitillalloi) des eioiles, p. 35. Serol'iiles, p. S'.p.

Seeielioii d'insectes par iiii cnfan!, p. 4*J'^- Seiches, causes deeespbinoiiienes, p. i?.C. Sels de ploiub, maniere doiit ils se com- ponent avec uii coiiiaut eleclriijiie, p. 4o5. Sels solubles, leur aclioii sur lis yels iiiso-

lid)les, p. 27^!. Semis des bles, p. 3io. Sensations, lem Uausniission, p. a'g. Sili iiini, p. i55. .Socicle academiijue des Haules-Pyienees,

j)iix propo>es, p. 142. Socii'le d'aiclini;ilatioii, p. ;! i . Soriele lidllamlaise des scitnces

s aiice el |iii\, p. i4f>. Sociite hiill.iiidaise des sciences, p.

p. 534. .Sociele piotceliiic des aiiiinaiix, p.

p. 333. Societe vovale de Loiidns, p. Cjig.

p. 645/ SiK-ielu des sciences niedicales el naln

lelles, de liiuxiUes, p. 227. Sol algeritii, p. i 4 3.

S >leil, sa conslilnlion pliysliiue, p. fig?. Soleil, son poiivoir aetini<pie, p. I23. Soleil el Iniic, Uiir action snr un pendule

librement snspciidu, p. iS5, Solidification des liipiiJes, p. v.SG. Solubiliie des a^en s piiolograiihiqnes,

p. 71 1. Sources llicnna'es, p, ifi5. Spectre solai-e, p. 28:) . Splnginuini'lre, p 17, lot.

io5e

, 224.

:6.

Spirilualiiinr, p. lOg.

Spiritualisuie el tables touruantes, p. 3u3.

Slalistique dii l.oiret, p. 23.

Siatisliipie des iianfrages, p. a 10.

Slearine vcgctale, p. 22.

Slereuscopc, scs u<ages. applications, etc.,

p. 2'il.

Structure intinie des nerfs, etc, p. 44g- Slructnre inlinie du sysleme oerveux,

p. 4<;2.

Sue gastrique, p. 63.

Sucre, sa furmalion dans I'ecouoniie ani-

niale, p. 261. f'oy. aussi Clycoge-

iiic, Futf, etc, Sucre dans les urines, p. agS. Sulfure d'al'.iminiuin, p. 253. Sulfure di; caibouc, son action tuxi([ne,

p. 449. Suture (nouveau mode de), p. 2jy. Syphilis, p. 3oo.

Syslciiie devonien en Kussie, p. 714. Svsleine nerveux central, p. 538. Sy^teinenerveiix de la sangsue, p. 54o. Tachesdn "soleil, p. 281, 282. I I'annate de ler coinmesucccdanedu sulfate I de tpiinine, p. 652. I Taupe^-grilloiis, p. 1.12. I Telegraplie en Kabylie, p. lo. I'elegraphe niediterraueen, p. 285, 3og,

j()8, 5oS. Telegraphe de la Mediterrance, )). 534- lelegraplie transatlantiipie /''o)-.i,Cal)le. TelegraphederAllaiititine.p 27 i. Telegrapbie cl<'Clri(pie, p. 87. Te'.egrapbiqiie(recette) de Strada (t54g),

.''■ '.'.• Teieslercosi ope, p. j&2.

Tenipcraluie de la terre, p. 258, i5g. Teredo coritijoiviis, p. 4 3, 44- Terre, son rayon nioyen, i>. i34. Telaiios guii i par le cliloroloi me, p 238. I'lieorerne de Jacobi, p. 462. 1 lieoremes de Ja.obi et Caucliy, p. 5oo. Tir de projectiles, p. io3. Tl-sus nerveux des sang-ues, p. 5oi. Traclieolomie, p. 2 38. 1 Trai'.i: de Cuimdoii du niniru/t d'liide, p . 1 5 3 . Traiie de patliolugie, p. 7ig. Trains arlieules, p. 33g. Tri.nsMiissioii du lernps par I'electricite,

p. 634. Transport d'inslriimcnis astrouomiqnes et meteorologiipiis aii-de»sus des nuages, p. 28:2.

TABLE DES MATIERES.

XX\11

Transpoil de joissons vivanls, p. 334.

I'leniblement de lerre a Clermont-Fer- rand, p. 43.

1 1 emblement de terie snria cole medi- terraneeniie, p. ^S-2.

Treniblements lei re, p. ai^.

Tremulalionsi iier\eiises, p. 78.

Tribtonibydiiic, p. a 7 3.

Tube de Pilot, p. 61 1.

Tiinieiirs de I'ovairejp. 293.

TiiiiSstene^ sa Ininsl'ormation eu cyamire, p. 4 "4.

'I'uyaux de drainage (iiiacliiHe a fabii(jiifr les), p. 4 56.

Unite de toniaiiiier, p. .532.

Vacrtnaliun, p. 180.

Valcriauale d";itro|>ine, p. 71 5.

Varicles, p. aS, 49, i36, i65, 191, 221 249, 276, 3oi, 324, 38(>, 4n, 443, -, f)63, 699, 72,5.

Vase des fleuves, p. 274.

Vegetation des liautos monlaynrs de I'Asie Mineure, p. 49''-

Vegetaux fossiles a Treiiil, p. 481

iia.

Vegetaux, leur maticre vcrte, p. 486 Venis et couianls des mers, p. 210. Venis orageijx, p. 4j2. Vernis iiie(>mbusti!)le, p. 710. Veinis ]>liotiigia[)liii]Ui', |). 2(15. Veire, sa crislallisalioi), etc., p. Veire soluble de Fuchs, p. 3K6 Series de binettcs, p. 32 i. Ver a sole du rieiii, p. 471. Vers a soie, p. 20. Vers a soie (maladie des), p. 186. Vers a soie, p. 54a, 710, 721. Vert de (liine, ]>. SG. Vesuve (erupliuii du), p. 167, Viijnde de'cbeval, p. 276. Vision Ijinociilaire, p. 459, 490. Vilaiiie des i;raiiies sidjiiier

M. Marlins, p. 3i6. Vitalile des graines lian^iiortee'

couranls mnritip, p. 271. Vitesse des iilets liquides, p. 542. Wrille des tucurbiliiices, p. 167, 229 Wagon mililaire arli.iile, p. 3S3. Yaks et chevres d'Angoia, p. 140.

rgees, par

par

T. XZ, 3 juUlet 1857. Siz!^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LiV SEMAINE.

Tie, travaux et mort de AI. le baron Tbenard.

(Suite.)

Louis-Jacques Thenard naquit le U mai 1777, a la Loupviere,. petit village de Champagne, pr6s de Nogent-sur-Seine (Aube). Son p6re etait un humble et pauvre laboureur, qui devina de bonne heure ses heureuses qualites, et s'imposa de grands sacrifices pourlui donnerune education convenable. Le jeune Louis fit ses premieres etudes litteraires au college de Sens; il vint k Paris a rage de seize ans, avec la seule ambition d'acquerir, pour repondre aux voeux de son brave pere, les connaissances necessaires et suffisantes ^Tobtenlion d'un diplome de pharmacien-herboriste, avec I'inteution bien arretee de revenir au plus tOt exercer cet art si modeste dans son village natal. La bourse du jeune Champe- nois etait bien legere : quatre-vingts centimes par jour, c'etait tout son budget alimentaire; sa qualite de garcon pharmacien lui donnait un litet le blanchissage; il ne devait songer a renouveler son vestiaire que lorsqu'il allait prendre quelques jours de va- cances au sein de sa famille. Heureusement que le jeune Thenard avait une sante robuste, un caractere heureux, une imagination riante, une volonte forte de parvenir. Quand il etait libre h I'heure des lecons des chimistes celebres du temps, il s'echappait de sa pharmacie, quelqnefois sans avoir pu deposersontablier de labo- ratoire; il s'installait avec bonheur dans un angle de I'amphi- th^atre, devenaittoutyeux et tout oreilles, devorait le professeu»* du regard, se faisait remarquer par sa sympathie vivement intel ligente, et se conciliait ainsi une bienveillance dont bientdt 11 eprouva les effels. Vauquelin le discerna le premier, I'interrogea, futravi de ses reponses etluiouvritsonlaboratoire. Nous croyons savoir qu'il prit part aux celebres analyses de I'emeraude qui amenerent en 1798 la decouverte de la glucine ou oxyde de glu- cinium; Thenard n'avait alors que 21 ans. Pen d'annees apres, il devenait repetiteur de chimie a I'ficole polytechnique, et com- mencait definitivement, sous le patronage des deux chimistes les

1

2 COSMOS.

plus eminents du sieclc, Vauquelin et Fourcroy, sa carriere scien- tifiquo, veritable course au clocher dans laquelle il sut s'elever presqiie a pas dc gcaiit au niveau de scs glorieux maitres.

Le premier Memoire presenle par lui a I'lnstitut en 1802 avait pour objet les combinaisons de I'anlimoine avec le soufre et J'oxygenc; il dcvint I'olijet d'un rapport dans Icquel Guyton de Morveaule proclamait haulemenl habile et exerce aux manipula- tions les plus dclicates, en possession de tons les moyens de faire faire a sa science de predilection de rapides progres. Nous ne pouvons qu'enumerer rapidementles principales decouvertes aux- qucllessonnom serattache. II preparale premier le protoxydede fer, blanc au moment ou il se separe de I'acide sull'uriquc, quL ;5'oxyde et se colore a Fair. II reconnut le premier que la fermen- tation supposaitnecessairement la presence dequelque substance organiquc etrangere, et n'apparaissait jamais sponlanement dans les liquides clarifies et purs. Il trouva le moyen de purifier les huiles grasses en les soumeltant i I'aclion de I'acide sulfu- rique dilue, moyen dont Tiiulustrie profile encore aujourd'hui, et applique surune tres-grande echelle. II mit en evidence la com- position incertaine ou ignoree del'orpiment et du realgar. II aborda en 1806 le difficile probleme de la nature et dela composition des ethers, etudia a fond les combinaisons nees del'actiondes acides. Tegetaux sur I'alcool, exposa une theorie nouvelle de leur forma- tion, etc., etc. II avait pour collogue dans ses fonctions de repe- tileur le jeune Gay-Lussac; tous deux avaient meme age, memes gouts, memes talents, meme ardeur; ils s'unirent etroitement et firent ensemble une des plus glorieuses campagnes scientifiques dont I'histoire des sciences ait conserve le souvenir. C'etait en 1807; sir Humphry Davy, par un emploi completemcnt im- prevu d'une puissanle pile de VoUa, etait parvenu & decomposer la potasse et la soude , a faire apparaitre quelques globules des metauxterreux, qui, sous le nom de potassium et de sodium, exci- terent une si vive admiration. Les experiences et les succes du chimiste anglais altirerent et fixerent I'attention du grand Empe- reur; il voulutque desessaissemblables fussenttentes en 1^'rance. Jl dota le laboratoire de I'ficole polytechniquc d'une pile plus (inergique encore que celle dc Davy. Confie ^ des mains aussi ac- tives et aussi inlelligentes que celles de Thdnard et Gay-Lussac, cet oulil incomparable devaitacqueriruneefficacilemerveillcusc, el bientOl, en ellet, les esperances concues par Napoleon l^furent ^raiidcmcnt depassees. Gay-Lussac ct Thcnard n'obtinrent pas

COSMOS. 3

seulement comme Davy, des atdmes des nouveaux metaux; ils parvinrent ci les preparer en masses relativement considerables, en mettantla potasse et la soude en contact avec le fer incandes- cent; ils isolerent le bore que Davy n'avait fait qn'entrevoir; ils soumirent a un rigoureux examen I'hydrure ammoniacal de mer- cure et de potassium ; ils firent du potassium et du sodiumdes agents souverains d'analyse qui leur servirent k prouver centre Davy que le phosphore etait un corps simple completcment exempt d'oxygene, a definir nettement la composition de Thydro- gSne sulfure, des acides carbonique, borique, etc., etc.

Les travaux que nous venous d'enumeror remplissent le pre- mier volume du si important ouvrage que les deux cbimistes pu- bliferent en commun de 1808 S 1810, sous le titre de Recherches phijsico-chimiques. Le second volume, non moins riche et abon- dant, renferme les celebres Memoiros sur I'acide fluorique et ses combinaisons, avec le Traite de I'anaUjse des matieres vegetales par Ic chlorate oxygene de potasse, qui commenca pour la chimie une ere nouvelle. La chimie vegetale avait existe presque seule jusque-lA; la chimie organique naissait^ son tour; et elle est de- venue un arbre immense , aux branches multiples , aux feuilles innombrables que I'oeil le plus percant parvient a peine a compter. En 1813, M. Thenard constata que le phosphore chauffe k 50 de- gres et subitement refroidi dans I'eau , dcvient noir comme le charhon, sans rien perdre et sans rien gagner. II elendit au cuivre, cil'argent, a I'or, au plaline, la singuliere decouverle faite par M. Berlhollet flls , de la fragilite acquise par le fcr dans son con- tact a une temperature elevee avec le gaz ammoniacal.

En calcinant au rouge-cerise, dans un creuset convert, une partie de phosphate de cobalt humide avec huit parties d'ahuuine en gelee, il obtintle bleu qui porte son nom dans le commerce et I'industrie, le bleu Thenard.

En 1813, il commenca la publication de son immorte! Traite de chimie elementaire, termine en 1816, et arrive aujourd'hui ci sa 6" edition. Quoique forme de cinq fort volumes, cet ouvrage a acquis une popular! te immense ; il s'est ecoule par milliers d'exemplaires, a fait la fortune d'un editcur bien inspird, eta cte traduit dans toutes les langues. C'est une veritable creation ; il a inaugure en France et dans I'Europe entiere I'enseignement clas- sique de la chimie moderne. Melhode, exposition, classifica- tion, etc., tout a ete comme invente par M. Thenard ; il n'a copie aucun des auteurs qui I'ont precede, et it condamne tous ceui

;, COSMOS.

qui viendront apros liii a jouer plus ou moins, surtout s'il s'agit dfi cMmie inorsaniqne, le r61e secondaire de compilaleurs.

En 1818 enfin, M. Thenard, dans im jour de bonheur, decou- vnt I'cau oxYgc-ne ou le bioxyde d'bydrogene, le plus beau neu- ron dc sa conronne ou son plus brillant litre de gloire. Gelte d^- couvertc, en ellY't, esl devenue le premier anneau d'une serle de phenomenes extrnordinaires, myslerieux, et d'une imporlance excessive, que nous ne faisons encore qu'entrevoir. De concert avec Dulo'ng, M. Thenard fit un second pas dans cette voie nou- Telle, en eludiant avec le plus grand soin Taction de contact exer- C(ie sur I'hydrogene par les metaux tres-divises.

Fourcroy niourut en 1810, et, en 1810, M. Thenard fut elu en sa place, i i'unanimite, membre de I'Academie des sciences ; 11 jouissait des lors d'une reputation europeenne comme professeur incomparable et comme ecrivain judicieux et elegant. L'eclat qui cntourait son nom faisait oublier et I'obscurite de sa naissance et la modicite de son patrimoine; il pouvait aspirer a un mariage brillant. II epousa M"» Humblot-Gonte, fiUe de M. Humblot, qui devint plus tard pair de France, avec et par son gendre, pelite- flUe du celebre Conte de I'expedition d'ilgypte, inventeur du crayon k mine de plomb qui porte son nom, et a commence la fortune de sa famille. M"'^ Humblot-Conte etaitune femmeaccom- plie, et M. Thenard a dii se repeter sans cesse k lui-meme qu'a- vec elle tous Ics biens d'ici-bas etalent devenus son parlage, om- nia bona venerunt mihi pariter cum ilia, comme avec elle tout sembla I'abandonner. Richesse, honneurs, autorite, respect, af- fection, rien ne lui a manque ou plut6t il a tout conquis, tout possede avec surabondancc ; et il a joui, pendant une vie de po- tentat, in potentatibus octoginta anni, de la plenitude de tous les biens. II a ete a la fois ou successivement president de I'Academie des sciences, president de la Societe d'encouragement, possesseur simultane des trois grandes chaires de chimie de la capitate de la France et du monde, la chaire de la Faculte des sciences, la chaire de I'l^cole polyteclmiquc, la chaire du College de France; vice- president du Conscil de rinstruction publique et clsancclier de rUniversite, depute, pair de France, grand officier de la Legion d'honncur, etc., etc. ; il n'avait qu'un mot a dire pour devcnir et mourir s(^nateur. Et, ce qui est bien plus glorieux encore, tout cet eclat exterieur n'etait rien en comparaison de I'autorite mo- rale qu'ilexercaitdans I'Liniversite, a I'Academie, partout; c'etait vraiment un roi de la science, un souverain de rintelligencc, le

COSMOS. 5

maitrc des destinees de la jeunesse enseignante, c'est-a-dire de I'dlite de la nation.

La sante Ini a souvent fait defaut dans un age avance; pour qu'il ne s'evanouit pas dans les folles pensees de rorgtieil, Dieru semblait prendre plaisir a lui rappeler de temps en temps cpi'll etait fragile et mortel; et, pour le detacher de cette terre qui passe, il I'a separe violemment de tout ce qu'il avait de plus clier, de son epouse incomparable, d'un second fils lendremcnt aim^, d'un neveu sur lequel il fondait les plus legitimes esperances, etc. II ne lui a laisse pour ki •fermei" les yeux qu'un fils, mais un flls qui vaut h lui seul une famille nombreuse, parce qu'il est comme son illustre pSre, bon et grand de coeur.

Les obseques de M. Thenard ont ete celebrees lemardi22juin, avec une pompe et une magnificence extraordinaires.

La vaste nef de I'eglise Saint-Sulpice etait pleine comme aux grands jours de fete ; et combien grande a ete la surprise de cette foule, au sein de laquelle se pressaient tant d'illustratlons de la science, des lettres, de la magistrature, de la politique, quand, exception bien rare, elle a entendu la Religion, par la boucbe d'un de ses plus pieux ministres, faire elle-meme I'eloge de celui qu'elle pleurait :

« Permeltez-moi, Messieurs, d'inlerrompre un instant cette lu- gubre solennite par quelques paroles que mon coeur ne pent re- tenir captives. D'autres diront la belle intelligence et les nobles travaux de I'illustre defunt; pourmoi, la religion et la reconnais- sance ui'obligent a dire qu'il y avait dans le baron Thenard quel- que chose de meillour encore que le grand esprit et les vastes connaissances qui honorent une academie savante : il y avait un coRur profondemont Chretien, dans lequel ne pouvait trouver en- tree ni cette insouciance de Dieu et de reternite, une des grandes plaies de notre epoque, ni cette religiosite vague qui est une chi- mere, ni cette seduction de la gloire qui avait pu I'abuser autre- fois, disait-il, mais dont il dtait, depuis plusieurs annees, pleine- ment detrompe, parce qu'il en sentait lout le vide.

Le baron Thenard avait une foi intelligente qui lui montrait au cicl un Dieu a honorer; en lui-meme, une ame imniorfelle a sau- vcr. II avait une foi eclairee qui lui faisait voir dans la divine au- torite de I'Eglise, la regie sure et toute faite de sescroyances et de ses moeurs ; mais, par-dessus tout, il avait une foi pratique qui neiui permettait pas d'etre inconsequent avec lui-meme, do croire d'une maniere et de vivre d'une autre.

6 COSMOS.

Comprenant que jamais rhomme n'est plus raisonnable que quand il laisse diriger sa faiblc raison par la raison divine, dont renseigncmciit do I'tglisc est I'expression aulhentique, que jamais il n'est plus grand que quand il s'abaisse devant Dieu, il soumet- tait son esprit a tons les dogmes comme sa volonte k tous les pre- ceptes ; chaque dimanche il venait se confondre avec le simple peuplc, assister h nos saints offices, les yeux et le coeur fixes sur le livre de la prierc, et, h nos grandes fetes, il communiait. II n'e'- tait pas de ceux qui disent : Je me confesserai k la mort; il avait trop d'esprit pour livrer ainsi a I'aventure ses destinees eternelles il avait trop de coeur pour se faire de la sante et de la vie, ces deux grands bienfaits du ciel, une raison de fouler provisoire- ment sous ses pieds les Commandements de Dieu et de I'Eglise, et certes, bien lui en a valu. S'il eilt raisonne comme tout le monde, combien grande eut ete sa deception ! car la mort est venue le frappcr tout i coup sans qu'il ait pu proferer une seule parole au prelre accouru pres de sa couche. Mais, grace h sa prudence chretienne, il etait pret; quelques jours seulement avant le coup fatal, il avait de nouveau, en pleine sante, purifie sa conscience au tribunal sacre avec la simplicite du plus humble penitent. Voili, Messieurs, des fails que j'aime h dire bien haut, pour qu'ils soient k la fois une gloire pour celui qui n'est plus, une lecon pour ceux qui lui survivent, et une garantie de son bonlieur eternel pour ceux qui I'aiment.

Aux paroles que la religion m'inspire, la reconnaissance m'o- blige a ajouter une autre louange : c'est que jamais je n'ai fait appel ci sa IjelleAme en faveur des malheureux, qu'il ne se soit em- presse d'y repondre; c'est que, souvent meme, il n'a pas attendu mon appel ; il a a ete delicat jusqu'a le prevenir ; c'est que jamais la sceur de Saint-Vincent-de-Paul, la dame de charite n'a frappe k son coeur sans en remporter une genereuse aum6ne; c'est que, bien souvent, j'ai decouvert des pauvres obscurs qu'il secourait dans le secret, content que Dieu seul connut le bienfait parce que de Dieu seul il en attendait la recompense. J'aime done k procla- mer bien haul qu'en peitlaat le baron Thenard, je perds un des Dieilleurs soutiens de mes pauvres; et, dans la douleur que cette perte me cause, ce m'est une consolation de dire ma reconnais- sance aussi bien que la louange de.ce vrai Chretien, de cet homme eminemment bon que j'ai trouve secourable au malheur. J'avais besoin, Messieurs, d'epancher mon coeur devant vous, apres I'avoir cpanch^ devant Dieu dans le saint sacrifice, et

COSMOS. 7

vos coeurs, j'en suis sur, me pardonneront cct dpanchement. » Apres I'office, le char funfebre, escorle d'un batalllon d'infan- terie, suivi de plus de cent voitures et. d'une foule nombrense, s'est achemine vers la gare du chemin de fer de Lyon. Le cer- cueil, couvert des insignes et decorations de rillustre defant, a ete depose sur deux bancs modestcs; I'assistance s'est groupee tout autour, le clerge a dit les dernieres prieres, et M. Dumas, au nom du Conseil de I'instruction publique , dans un discours pa- tbetique et touchant, que nous n'avons pas pu nous procurer encore, non plus que celui de M. Giraud, a prononce le premier de ces adieux si solennels. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, president de I'Academie des sciences, a pris cnsuite la parole :

« II est de ces hommes privilegies pour qui les annees ne sem- blent se compter que par les services qu'ils ont rendus, par les litres qu'ils ont acquis k la reconnaissance publique. La vieillesse n'estpas pour eux raffaiblissement, mais lamajeste de I'age. Tel a ete, jusqu'au dernier jour, notre illuslrc confrere, et tel il seni- blait devoir etre longtemps encore. Dans sa ferme vieillesse, il etait I'cste jeune d'esprit et de coeur ; et je ne sais meme si I'fige n'avait pas donne une ardeur nouvelle a cet amour de la science et k ce desir du bien public, qui ont ete les deux nobles passions de la vie de M. Thenard. Le monde entier connatt les services rendus k la chiniie par I'eleve de Vauquclin et I'ami de Gay- Lussac. II a recule les limites de sa science de predilection ; i! Fa appliquee a I'industric, il I'a enseignee avec un succes quine sera jamais surpassd... Nul maitre n'a plus aime ses eleves et n'en a ete plus aime ; il y avait quelque chose depaternel dans son affec- tion, j'allais dire dans sa tendresse; qu'on no s'etonne pas s'il y avait quelque chose de filial dans leur affection... II a contribue plus que personne, depuis Cuvier, au developpement de nos principales institutions scienliflques. Jamais administrateur ne se montra plus constamment, plus fermement] anime du sentiment du devoir, plus ami du sage progres, plus bienveillant envers les hommes. Au-dessus de la bienveillance envers leshor,* ,ies, iln'y avait pour lui que;.la justice et le bien public, au nom desquels il savait au besoin s'armer de severite. Mais la justice qu'il aimait k rendre c'est celle qui recompense. II se plaisait a allcr chcrcher le merite modeste, et k lui dire, comme dans I'^vangile : « Vous « n'etes pas k votre place, montez plus haut. » Et plus d'un sa- vant qui s'ignorait lui-meme n'a appris le merite de ses services qu'enles voyant recompenses, alors qu'il ne les croyalt pas meme

8 COSMOS.

connus.... Apres avoir tant fait pour les savants de notre temps, il a Toulu devcnir le bieni'aileur de leurs successcurs futuvs. La So- ciete de secours des amis des sciences a, depuis un an, coiistam- ment occupe son esprit et son ca-ur ; elle a eu sa deruiere peiisee, et comme s'il crit eu un pressentiment de sa fin prochainG, il m'a- drcssaif, il y a peu de jours, de pressantes recommandatLons en ces termes si toucbants et malheureusenient, lielas ! tropprophd- tiques : « Les meilleures associations n'ont de succes durable « qu'autant qu'on les soutieut sans cesse. Moi je n'ai plus que « quelques aunees a vivre tout au plus, peut-fitre quelques uiois, « peut-etre meme quelques jours. II faut qu'une volonte puis- « santc secondc mes faibles efforts ! » Ai-je besoin de dire que ces paroles ne seront jamais oubliees? Elles sont sacrees pour moi comme le testament d'un mourant. »

M. Pelouze, au noni de la section dc cbimie, donl M. Tbenard etaitle doyen, a rappele surtout scs tilres scientifiques. « On lui doit un nouveau procede pour fabriquer la ceruse, qu'il publia en commun avec M. Roard,. de Clichy, k I'epoque ou le procede hoUandais etaitmal connu etnon encore execute en France... II a decouvert I'acide sebacique, en soumettant h la distillation le suit et les autres corps gras ucutres... 11 a conserve jusqu'a la derniere heure son gout passionne pour les sciences. Dans les dernieres annees de cette existence si bien remplie, il publiait des recberches interessantes sur les eaux du Mont-Dore, et y consta- tait la presence de I'arsenic. II entreprenait avec son fils, M. Paul Tbenard, un travail sur les Decompositions par contact, dont il a lu recemment la premiere parlie au sein de I'Academie. »

M. Goldscbmidt est definitivement en veine de bonbeur ; a de'- faut de la reconnaissance de la France, la divine Providence prend plaisir a cncourager ses nobles efforts et sa perseverance. II nous annonce la ddcouverte d'une planete , la quarante-cinquieme du groupe, la septieme que son bumble lunette a saisie dans sa marcbe a travers les profondeurs des cieux, dans la soiree du 26 juin. Des comparaisons habilement faites avec uue etoiie de neuvieme grandeur, dont les coordonnees sont d'apres le catalogue de Bes- sel et pour 1800.

Ascension droile 16'' 21™ 27'. Declinaisun. 11° 31' 0" assi- gnent i I'etoile les positions suivantes.

Asc. dr. 27 juin, 11'' ZiS™ 30% temps moyen de Paris; coUe de Moile, 20%95; Devlin. Celle de I'etoile 2' 56".

28 juin, 10'' 4'", temps moyen de Paris.

COSMOS. 9

Asc. dr. Celle de i'etoile 53' /i6 ; DecUn. Celle de reloile, W liS".

L'eclat de la planete estcelui d'une etoile de dixieme a ouzieme grandeur.

Dans la nuit du 22 au 23 juin, M. Klinkerfues, astronome de rObservaloire de Berlin, explorait, avec la plus grande attention, la region du ciei dans iaqueile, suivantles ephemerides de M. Hind, pouvait setrouverlacometeegareeetsiimpatiemment atteuuuede Gharles-Ouint, lorsqu'au sein de la constellation de Persee, son oeil peri^ant apercut un astre inconnu, deja entoure d'une ceitaine nel)ulosite.

A son aspect vague et diffus, a son mouTement rapide en ascen- sion droile et en declinaison, il reconnut une comete nou^ elle, dont le noyau a a peu pres Teclat d'une etoile de seplieme gran- deur, etil s'empressa de signaler sa presence aus astronomes da nouveau et de I'ancien monde. A Paris, dans cette meme nuit du 23 juin, le ciel etait convert de nuages, mais ratmosphere reprit sa transparence la nuit suivante, et M. Dien, le guetteur officiel et zele des eometes a notre Observatoire imperial, qui ne savait rien encore de la decouverte de U. Klinkerfues, apercut a son tour I'astre qui avait salue Berlin de ses premieres Ineurs. II se hata d'in former 31. Le Verrier de sa trouvaille, et, le 25 au soir, la Pa- trie annoncait a la France I'apparition d'une comete qui ne devait etre sienne que pendant quelques heures.

Donnons, avant tout, les positions de Tastre, deja quelque peu chevelu, teiles quelles sont resullees d'obseiTations faites aux instruments metidiens par MM. Mllarceau et Lepissier.

A9cen«40D droUe BeclinaisMi.

94 j.iin.,. 13^ 7™ 4S*,6 'tfi 39™ a3',86 -1-41° 57' 32" ,1 23 juiu. , . 53 22 ^,1 3 47 50,32 42 34 17,8

26 juin... 13 17 33,5 3 56 24,84 43 50 30,6

En appliquant a ces trois positions tres-voisines les methodes etles lormules connues, les memes astronomes ont calcule, avec une pjemiere approximation, les elements paraboliques sui- vants ;

Passage au perihelie 1833^ juillel 18,00238 temps moyen de Paris

Disliiiice {lerihelie 0,366

Longitude du noeud ascendant 2H° & j Equinoxe movcn

Longitude du periheiie 137° 3^ 40" ( du i" Janvier 1357.

Inclinaiion 120" 49' 39"^

MouveoieDt reirograde.

A premiere vue, cette orbite qui diilere peut-etre beaucoup de

COSMOS.

I'orbite reelle, prouvc : 1" que la comete est encore loin de son p^rihelie ; quelle pout, par consequent, augmenter beaucoup de dimensions el d'cclal ; 2" qu'elle s'approche en meme temps de la Icrre et pourra se trouver ii la meme distance du soleil que notre f^lobe; y qu'elle n'est ccrtainement pas la comete de Charles- Quint, dontellediff6re essentiellement, parle sens contraire deson mouvenient, Tinclinaison beaucoup plus petite de I'orbite, la po- sition du perihelie el des nocuds, la distance perihelie, etc., etc. Est-ce un aslre entierement nouveau et qui Yisite notre monde pour la premiere I'ois? Est-ce un astre periodique on se mouvant dans une ellipse fermee ? Est-ce une des cometes anciennement calculees, et plus ou moins deviee de sa route primitive ? Un ave- nir procbain nous donnera la solution complete de ces questions aujoui'd'imi prematurees. i\ous ne faisons qu'un vceu, c'est que, devenant visible a I'ceil nu, elle rempUsse de joie le coeur de nos braves vignerons, qui n'altendent plus qu'une comete pour etre rassures sur I'excellencedelarecolte, dontl'abondance n'est plus aujourd'hui Fobjet d'un doute serieux.

Quelques jours apres que nos braves soldats eurent occupe lesmontagnesdcsBeni-Raten,danslaKabylie,cesmontaguesetaient entrees en communication avec Alger, au moyen du telegraphe eleclrique. M. Lair, en effet, inspecteur general du service tele- graphique, avait relie par un fil le fort Napoleon a Tiziouzou, et commc Tiziouzou communique deja avec Alger, le quartier-g6- neral du corps expeditionnairepeut demander etrecevoir des avis ou des ordres en quelques minutes.

Des experiences faites a Alger semblent prouver que les meharis ou dromadaires blancs du desert peuvent parfaitement remplacer les chevaux dans les attelages d'artillerie. Le meharis fait, dit-on, sans trop de fatigue, soixante lieues par jour ; il trotte et galope avec une vilesse vraiment tres-grande, et sous le rap- port de la sobricte, il a toules les qualites du chameau.

Peut-on I'cellement ajouter foi a ce que plusieurs journaux ont recemment raconte de I'adresse d'un curieux poisson de Java, appele/rtcutofor.'' Plusieurs individus de cette famille habitaient un petit elang de forme ronde, au centre duquel s'elevait une perche, haute d'environ 50 centimetres. On installa au sommet de la perche plusieurs petits bAtons pointus, auxquels etaient atta- ches des coleopteres, et Ton se retira, attendant, ce qui allait ar- river. RienlOt un poisson se dressa hors de I'eau, fixa longlemps un des insectes, I'abaltit en lancant avec vigueur et adresse un fort

COSMOS. H

jetd'eau, et le devora; un second poisson, lui succ^dant, executa le meme manege, les autres les imiterent, et tous les insectes eu- rent bientot disparu. Quand un poisson n'avait pas abatlu sa proie du premier coup, il s'approchail, ajuslait mieux de face, et lancait un second jet. A I'etat de nature, ccs poissons vont chercher leur nourriture au bordde I'eau; des qu'iis apercoivent une mouche posee sur les plantes aquatiques, ils s'eloignentde 2 a 3 metres, arrondissent leur bouclie en lube, lancent un filet de liquide sur la mouche, qu'iis abattent et devorent.

Comment expliquerait-on, s'il etait reel, le phenomene que signale un entrefllet de VEcho universel des Pays-Bas ? Dimanclie dernier, un homme s'est noye, en prenant un bain dans la riviere de Mark, pr6s de Breda. On s'ellorcait en vain de retrouver le corps, lorsqu'un des assistants conseilla de placer une chandelle allumee sur un petit baquel et de I'abandonner sur I'eau. Le ba- quet se mit en mouvement en amont, et, i\ dix pas du bateau qui portait les pecbeurs , 11 resta immobile. Les pecheurs plongerent leurs crochets et retirerent immediatement le noye, au grand ebahissement de la foule. Nous concevons que la presence du ca- davre au fond de I'eau conslitue la surface i un etat de repos re- latif. Mais quel r61e peut remplir la chandelle allumee? Tout ceci n'est-il qu'une fable?

Le Musee des sciences a dernierement rappele un passage des Prolusiones anecdoticce, de Francois Strada, mort en 1549, et dans lequel le savant jesuite decrivait en vers latins un mode de conversation entre deux amis places k distance, au moyen d'ai- mants sympathiques. Adisson, en 1711, avait le premier signal^ cette recette telegraphiquc, beaucoup plus curieuse aujourd'hui qu'elle ne I'etait alors, et que nous avons analysee dans notre Traite de telegraphie electrique :

« Voulez-vous savoir des nouvelles d'un ami qui voyage dans des contrees ou aucune leltre ne peut parvenir? Prenez un cercle large et plat (un disque), et sur le bord du cercle inscrivez I'alpha- bet des enfants. Au centre, placez une aiguille mobile qui ait lou- che I'aimant et qui puisse circuler autour de votre cadran, de manifire a designer les lettres qu'il vous plaira.

« Que I'ami qui s'absente se munisse d'un semblable cadran, avec une aiguille pareille et qui soit aussi aimantee. Les choses ainsi arrangees, desirez-vous entretcnir secretement votre ami? Suivant la composition des mots que vous voudrez former, tou- chez avec une pointe de fer tantOt cette lettre, tantCt celte autre.

12 COSMOS.

L'aiguille aimantec ob^ira et composera toutes les pensdes de ■voire esprit. Par sympalhie, les meines lettrcs se reproduiront sur le cadran de voire ami, et il vous comprendra. »

M. I'abbe Vulllemin, professeur dc physique au grand semi- uaire de Vesoul, nous a adressd, il y a quelqiie temps, une autre citation seniblable, empruutee k un ouvrage beaucoup plus ce- iebre que les Prolusiones, le Sijsteme coamique, de Galilee : Galilcei Lijncei, Academic Pisance inathematici systema cosmi- cum, in quo dialogi IV de duobus inaximis mundi systematibus Ptolemaico et Coperniaco... disseritur. Lugduni Ant, Haguebau, 1()41. In-Zi", p. 66. On lit a la uiarge : « Gujusdam irrisio vendi- lanlis artcm per niille milliarum intervallum invicem coUo- qucndi; » et dans le texte : Sagr. Tufacis ut merainerini alicujus, qui mibi venditabat occultam artem, qua per acus niagneticse sympatbiam quandam, ex inter'vallo duorum triumve millium miUiariorum, invicem colloqui liceret, Cumque dicerem, libenter empturum esse me, dummodo prius experimentum artis cape- rem, eamque ad rem sufflcere, si ego in uno, ipse in alio cubiculi angulo consistamus; respondit mibi, operaliones in tam exigua distanlia cerni vLx posse. Quare dimisi hominem, ac dixi, mibi comraodum non esse hoc tempore in jEgyptum aat Mosco-viam illius experimenti capiendi causa tendere : si tamen ipse eo ire velis me Venetiis manentem partes alteras obiturum.

Ges deux documents relj'ospeclifs prouvent au moins qu'au commencement du xvr siecle I'idee de communiquer a distance, par I'intermediaire de I'aimant, germait dans un grand nombre de tetes, quoiqu'elle ne dut etre realisee que deux siecles apres.

PIIOTOGRAPIIIE.

Sur la tlieorie Ae» objectifs

Par M. POKRO. (Suite.)

cPour-mettre en evidence Tinsuffisance de la Ibeorie ancienne des rayons il sufAra dc faire remarquer que le plienomenc de la refraclion-alieu memesousrincidencenormale, et qu'il n'est pas exact de dire, ainsi qa'on radmettait'.dans I'ancienne theorie, qu un ravon lumineux qui passe d'un milieu dans un autre sous 1 inci- dence normale a la surface de separation ne subit aucune altera- tion, puisqu'il y a changement dans la Yitesse de propagation.

En se propage nt d'un milieu dans un autre, le mouvement lumineux eprouvc egalement dans le sens du front de Tonde un changement qui en general a pour effet de diminuer 1 amplitude des vibrations etberees ; c'est la ce qu'on a appele improprement ahsorption; on eilt mieux dit extinction. II y a plus, la quantite de mouvement dont setrouve animee cbaque molecule etberee a I'inslant de rincidencc nc se communique pas tout entiere a la molecule contigue de Fetber renfermd dans le second milieu; mie partie de celte quantite de mouvement reagit surla molecule immediatementiprecedentc du premier milieu, ct donnebeu a un SYSteme d'ondes re(lechies qui se propage en retour dans le pre- mier milieu; mais nous n'avons pas pour le moment a nous oc- cuper de celte partlcularite du plienoinene, si ce n'est pour la cons- tater comrae une perte d'elTet utile pbotographique, perte d autant plus grande que le nombre des vcrres et parlant des surfaces traversees sera plus grand.

La nature de la courbe, ellipse, cercle, ligne droite, decrite par la molecule etberee pent cbanger dans I'acte de la reHection ou de la refraction, et n'ctre plus la meme qu'auparavant, soit dans I'onde rellecbie dont nous venous de parler, soit dans I'onde qm se propage dans Tinterieur du deuxieme mibeu; nous n'avons pas non plus a nous occuper ici de celte transformation; le pbe- nomene dont il s'agit, a ete designe par le nom de polarisation, mot encore plus mal cboisi que celui cVabsorption, mais univer- sellement rccu auiourd'bui dans le langage scientifique.

Enfln il y*a des corps dans lesquels I'elat d'elaslicite de I'e- ther est tel que la duree des vibrations etberees subit un cbange- ment, au moment ou le mouvement lumineux y penelre; ce sont alors des pbenomenes de coloration qui se produisent, et il ne

iU COSMOS.

faut pas les confondre avec la decomposition de la lumi^re par re- fraction dont nous parlerons plus tard.

Toutes les varidtes de mouvcments infiniment petits qui rdsul- tent de ces phenomenes peuvent coexister dans une ^tendue tres- petite de I'espacc ct se propager sans se troubler.

Nous irouverons dans le cours de ce travail des applications de €es notions qui jettcront quelque jour sur certains phenomenes incxpliqucs de la photographie.

§ 3. Courhure du front de I'onde. Formules qui en derivent.

Revenons maintenant au front de I'onde lumineuse et k sa pro- pagation & travers un systcme optique :

Puisque la surface du front de I'onde est generalement sphd- riquo, nous pourrons y appliquer le mode de ddlinition adopte pour les surfaces do verre ; nous designerons done par <\i° I'expres- sion de la courbure du front de I'onde lumineuse, cette quantite etant d'ailleurs determinee en nombres pour la pratique, exacte- ment de la meme maniere et avec les memes unites de mesure que pour les surfaces de verre; le signe + indiquera que le front de I'onde est convexe dans le sens de la propagation,

Cgs principes une fois poses, appliquons-les aux phenomenes qui se produisent k la surface spherique de separation de deux miheux, fair et le verre par exemple.

D'apres ce que nous avons dit, lorsque le mouvement luminous arrive a toucher la surface de separation des deux milieux, il se propagedans le second milieu, que nous supposerons plus dense, avec une Vitesse moindre;et si la duree des vibrationsethereesn'est pas changde, ainsi que cela se passe generalement pour les ma- tieres employees a la construction des objectifs, la longueur d'on- dulation se trouve diminuee dans le meme rapport quelavitesse; nous designerons ce rapport par m, quantite identiquement egale cil'indice de refraction telle qui resulte de la loi de Descartes.

Nous ferons usage aussi quelquefois du nombre reciproque de m et nous le designerons par n.

Soit done LAL fig. 1" la surface du front de I'onde ^Tinstantde I'incidence en A, avec le verre spherique VAV,

Soit LL' = AB une longueur d'ondulation dans le premier mi- lieu; si le verre n'eCd pasexiste, le mouvement lumineux serait arrivd de A en B dans le memo temps que de L en L'.

Mais la vitesse de propagation se trouvant diminuee dans le verre dans la proportion de ink I, le mouvement lumineux n'aura

COSMOS. 15

pu avancer dans le second milieu depuis I'incidence A que jus-

Fig. 1.

qu'en C, durant le temps que dans le premier milieu le point L du front de I'onde sera arrive en L' et commencera h ebranler la molf^cule correspondante du second milieu. Le point G satisfait done h la condition AC.m==AB.

Le front de I'onde dans le verre atteindra done au meme in- stant les points LL'C, c'est-i-dire que sa courbure (]>° se trouvera diminuee d'une quantite qui est fonction de m.

Nous ne nous arreterons pas pour le moment k determiner la nature de la courbe que le front de I'onde affectera dans le se- cond milieu k ce dernier instant. Nous admettrons que dans les limites d'etendue que nous considerons ici, la courbure du front de I'onde est restee sensiblement spherique.

Pour determiner la nouvelle courbure da front de I'onde, et employer de suite les unites de mesures adoptees precedemment, nous supposons (fig. 2) que LL' est egal a 2x, c'est-i-dire k 2 mil-

i'Vi

limetres, quantite encore assez petite pour qu'on puisse ne'gliger les termes du second ordre; alors L'DL', fig. 2, etant la corde des arcs de courbure , les quantites AD, BD seront respectivement proportionnelles k cetk (];°, elles en seront la moitie ; la quan- tite CD sera la moitie de la courbure nouvelle du front de I'onde r^fractee, LGL', courbure que nous designerons par ^'•, etl'on aura :

AB = i (c -J- 4;) CD = i ij/ AC = i (c + f ) .

{La suite au prochain numero.)

ACABEMIE DES 8CIENGES.

Seance du 29 juin 1857.

M. Martins, doyen de rAcadc^mie des sciences de Munich, qui assistait a la demiere seance, brusquemont interrompue par la nouvclle de lamort de M. Thenard, faithomniage d'unc carle du Bresil sur grande eclielle, sur laquelle il a trace et son propre ili- neraire ct les Itineraires des autres bolanisles qui onl parcouru ces contrees.

M. Piorry ccrit qu'il a vu avec surprise que non-seulement desel^ves, maisdes medecins etdes medecins d'hopitaux appeles a so servirdu plcssimelre, appliquaient conlre le corps la sur- face quidoilelre percuteepar le doigt, c'est-a-dirc qu'ils renver- saient I'instrument, Icquel des lors ne pouvait plus donner que des indications inexactes on du moins incertaines.

M. le docteur Bossu fait hoaimage du premier volume de son nouveau Dictionnam; cVhistoire naturelle et des phenommes de la nature, 3 vol. iu-4°, Paris, 1857, aux bureaux del'A^eaie^iedicate. Le but tres-louable de I'auleur est de mettre a la disposition des masses un livrc qui expose le tableau, reduit, sans doute, mais exact,, de la science: 11 espere q,u.e son livre se fer-a remarquer par I'unite et rhomogeneile de loules ses parties ; par des explica- tions anatomo-pbyaiologiques claires et facilemcnt saisissables; par des figures Ires-nouibreuses qui rendront I'etude des plantes, surtout, facile et attrayante, enfin par son prix modique. Le pre- mier volume renferme lesleltres A, B, G, D; les deux autres sui- vront de pres.

M. Le Verrier depose sur le bureau, sans prendre la parole, I'annonce de la decouverte d^une quarante-cinquieme petite pla- nete, faite par M. Goldschmidt.

M. le docteur Chapelle envoie pour le concours du prix Breant, I'expose de sa methode de Iraitemcnt et de guerison des dartres par la naphtaline etles substances analogues.

M. Jobard adrcsse une notice sur le tonnerre, sa nature et ses causes, dans laquelle on trouvera, dit-il, des idees hasardees, et, en apparence, ties-peu orthodoxes, mais qu'il croit neau;-^^ moins dignes de I'attention des physiciens. -.^ ,

M. Vieille, maitre dc conferences h Ytcole normale, soumef au jugcment dc I'Academie un Memoire d'analyse algebrique dont le sujet n'a pas etc indiqud.

COSMOS. 17

M. Poznansky presente le sphygmoscope ou sphygmometre h I'aide duquel il evaluait les nombres et ramplilude des pulsa- tions du pouls dans les savantes recherches que nous avons ana- lysees ct qui Font conduit a decouvrir que I'invasion cholerique est toujours precedee d'un ralentissement considerable de la cir- culation. Le sphygmometre est remarquable par ses petites di- mensions. Dans les instruments de ce genre, on donne ordinairc- ment au tube une longueur de plus de 30 centimetres et un diamelrc de 3 a Zt millimetres , parce qu'on a remarque qu'avec un tube plus court ou plus etroit, les mouvements de la colonne de mercure sont insensibles ou du moins tres-difticiles a saisir. Le tube de M. Poznansky n'a pas un decimetre de longueur et il est presque capillaire; mais il a eu la tres-heurcuse idee d'introduire dans le tube, avant de le former, un crin de cheval oumieux un fll defer tres-fin. Parce tour de main ingenieux, et qu'un esprit in- ventif a seul pu imaginer, le jeune et savant docteur reduit a neant Taction capillaire que les parois du tube cxercent sur le mer- cure, ce liquide reste parfaitement mobile, ses oscillations sont fa- ciles k compter et a mesurer. Ainsi construit, le sphygmometre ne pent pasmanquer de devenirun appareiluniversel; M. Poznansky demotitrera sans peine que cettc modification si precieuse Ini ap- partient, parce qu'il Fa consignee au commencement de 1852 dans un paquet cachete depose a FAcademie.

M. Moisan essaie une theorie de Faction exerceepar le platre sur les prairies artificielles en general, et en particulier sur celles semees en legumineuse.

M. Thuret, nomme recemment membre correspondant pour la section debotanique, adresse Fespression de sa gratitude pro- fonde.

Un constructeur d'instruments soumet k Fexamen d'une Commission un barometre et un manometre h cuve ou cuvette en acier.

M. Collardeau, autre constructeur tres-renomme, que Gay- Lussac aida longtempsdeses conseils, adresse la description d'un instrument destine a rendre^ beaucoup plus facile Foperation du jaugeage des tonneaux.

M. le docteur Guyon, medecin en chef des armees d'Afrique, transmet une note sur les proprietes toxiques des fruits d'un ar,- buste fort commun en Kabylie, et qui a deja coute la vie a plusieurs de nos soldats. Nous regrettons vivement de ne pouvou' pas don- ner d6s aujourd'hui le nom de cet arbuste veneneux.

18 COSMOS.

M. Le Verricr annonce I'apparition d'une comefe decouverte presque simultaiiement par M. Klinkerfues, ii Berlin, par M. Dien h Paris, et donne les elements du nouvel astre calcules par MM. Villarccau et Lepissier , d'apres des observations failes aux instruments mcridiens de I'Observatoire imperial. Nous avons dit ailleurs de cet astre tout cc qu'on pent en dire.

M. Lacaze-Duthiers complete sa monographie du dentate.

M. Balard, au nom de MM. Wohler et Buil', presente la suite des recherches sur le silicium et ses combinaisons. Les deux sa- vants chimistes allemands out decouvert un nouveau gaz, I'hy- drure de silicium, spontanement inflammable au contact de I'oxy- gene et du chlore. On I'oblient soit en decomposant par la pile une solution de scl marin additionnee d'aluminiure de silicium, soit plus simplement en Iraitant et dissolvant par I'acide chlorhy- drique 1' aluminium de commerce toujours melange de silicium. Nous reviendrons bientot sur cette communication et sur les ex- periences tentees par les memes chimistes, dans le but de de- terminer la veritable composition de sous-oxyde de silicium.

M. Claude Bernard presente, au nom de M. Eugene Pelouze fils, une note sur la matiere glycogene.

« J'ai recherche, dit le jeune docteur en medecine, si la matiere glycogene, sous I'inlluence de I'acide azotique fumant, se trans- formait en xyloidine comme I'amidon. A cet effet, j'ai pris 1 gr. de cetle substance, prealablement purifiee par la potasse et des- sdchee h 100 degres, etje I'ai uielange k de I'acide nitrique con- centre ; au bout de quelques instants, la dissolution etait com- plete , et , traitee immediatement par I'eau , elle laissait preci- piter dela xyloidine. J'ai recueilli et lave sur un filtre la xyloi- dine, et, apres Tavoir dessecliee, elle me donnait un poids de 1 gramme 30, sensiblement egal i la quantite de xyloidine qu'on obtient avec I'amidon vegetal.

Comme cette dernifere, la xyloidine que je venais d'obtenir etait trfes-combustible, detonait avec llamme quand on la chauffait k Tine temperature de 180 degres.

Lorsqu'on attend quelque temps avant de precipiter par I'eau la xyloidine, obtenue par le melange d'acide nitrique fumant et de matiere glycogene, on s'apercoit que la xyloidine diminue de quantite, et fmit meme par disparaitre completement au bout de quelques jours.

Si, au lieu d'operer avec de I'acide nitrique fumant, on traite la matiere h^patique par I'acide azotique etendu, et si on porte le

COSMOS. 19

melange & 1' ebullition, on transforme la matifere hepatique glyco- gene en acide oxalique, facile a reconnaitre & tons ses caracteres chimiques.

L'analyse de la matiere glycogfene, purifiee par la potasse et dessechee k I'etuve, m'a donne les nombres suivants :

Carbone 39? ,8

Hydiogene 6,1

Oxygene 54,1

lOOS.O

correspondant k la formule C*^ H" 0*^

La composilion de I'amidon vegetal, place dans les memes con- ditions, c'est-a-dire traite par la potasse et desseche ensuite a 100°, correspond & la formule C*^ H" 0".

M. A. Sanson, chef destravaux chimiques k I'^cole Teterinaire de Toulouse , a recherche si la matiere glycogene existe dans d'autres organes que le foie, et pretend I'y avoir trouvee. Comma lui, i'avais eul'idee de ses recherches; mais les resultats que j'ob- tenais etaient tout autres, et, par consequent, je ne pouvais par- tager sa maniere de voir. J'etais d'autant plus prudent que je sen- tais toute I'importance des conclusions qu'on pouvait tirer d'une pareille decouverte.

Ainsi, par exemple, en traitant les poumons d'un veau par les precedes decrits par M. Claude Bernard, pour la preparation de la matiere hepatique glycogene, j'obtenais une substance qui, au premier abord, presentait les caracteres exterieurs de la matiere glycogene, formant comme elle un precipite blanchatre, flocon- neux, mais I'analogie s'arretait Ih; et, si je voulais tranformer cette nouvelle matiere en glucose, en la placant dans les condi- tions ou s'opere cette transformation pour la matiere glycogene, mes efforts etaient vains.

Je ne puis encore donner, d'une maniere certaine, la composi- tion de cette substance, et je me bornerai k dire, des k present, qu'elle me semble se rapprocher beaucoup de I'albumine modiflee (tritoxyde de proteine de Mulder).

J'ai retrouve cette matiere non glycogene dans d'autres tissus, dans les muscles par exemple. Ce n'est pas du tout la matiere trouvee dans le foie par M. Claude Bernard.

En resume : la matiere glycogene, purifiee par la potasse, se transforme en xyloidine sous I'influence de I'acide nitrique fu- maat, et en acide oxalique sous I'influeuce de I'acide nitrique

20 COSMOS,

2" EUe a pour composition C' H*- 0", et doit etre rangde dans le groupe glucique. Comiiie la plupart des substances de ce groupe, cllc contientl'hydrogene et I'oxygene dans Ics proporlions de I'eau ;

3" La substance que U. A. Sansion retire des dilTerents tissus de I'organismo n'est pas la meme que la maticre glycogene, dont elle differe par la proprietc essentielle de celte derniere matiere de sc transformer en glucose, avant d'avoir ele puriiice par la po- tasse. »

, M. Bernard fait remarquer ensuite que si ies divers auteurs qui ont ecrit sur la matiere glycogene, depuis I'apparition de son Memoire, sont arrives a des resultats en apparence opposes aux siens, c'eslqu'iisnc sont pas places dans Ies conditionsqu'ilavaitin- diquees. En traitant directemcnt par I'acide acetique crislallisable, lefoiecruou cuiL de cliiens nouj-ris exclusivement avec de la vlande, on obtient une quantite considerable de matiere glycogene, ma- tiere qu'on lie rencontre dans aucun autre organe, muscles ou tis- sus. Si M. Sanson, de Toulouse, atrouve une sorte de glycogene dans Ies muscles de certains animaus, chevaux ou lapins, par exemple, c'cst que ces animaux avaient ele nourris d'avoine. Si ' d'autres pbysiologistes n'ont pas trouve dematiere glycogene dans lefoiedeschevaux, c'est qu'ils ont opere sur des foies de chevaux malades ; des qu'en effet un cheval a la fievre, la matiere glyco- gene disparait. M. Bernard, oniin, etablit une difference essen- tielle cnlre la cellulose animale ou matiere glycogene et la cellu- lose vegetalc : toutes deux sous I'influence des acidcs et de la diastase setransforment en dextrine et en sucre; niais Taction de la diastase sur la cellulose vegetale est lento , tandis qu'elle est presque iustantanee sur la cellulose animale, de telle sorte qu'il est impossible de rencontrer dans Torganisme de la matiere gly- cogene qui ne soit pas transformee en sucre.

M. de Qualrei'ages annonce qu'une dame, dont nous n'enten- donspaslenom, auraitreussi parunemethode particuliere et des soins exceptionnels, a faire avec de la graine plus que mediocre, d'exccUenles educations de vers a soie. Plusieurs de ses corres- pondants lui apprennent que la maladie des muriers ou des vers fait des progres considerables.; qu'elle a envaliie cetle annee le pays caslrais, epargoejusque-l^.

M. Balard presente, au nom de M. Berthelot, un Memoire relatif k la combinaison direcle de bydracides avec Ies carbures *ilcooliques.

COSMOS. 2*'

« Le gaz olefiant peut fixer les elements de I'eau et devenir la source de I'alcool et ses derives : cette reaction s'opere, comme on sail, par I'acide sulfurique; le meme agent permet de changer le propylene en alcool propylique : G*H'^+2H0--C''H»0^ Mais I'a-eide sulfurique ne peut etce employe avec des carbures d'hy- drogene d'un equivalent eleve; il agitsur ces corps avec trop d'e- nergie. L'auteur a pense que les hydracides pourraient efTectuer d'une maniere plus generale la transformation des carbures en ethers et en alcools. II avail observe deja que le propylene, chauflf^ a 100" pendant 70 heures avec une solution aqueuse d'acide cblop- hyrdrique, s'absorbe entierement et donne naissance a I'ether ppopylchlorkydrique : C^tl^-J-HGI^G^ H' CI. Cette combinaison s'opere deja a la temperature ordinaire, maJs tres-lentement. M. Berthelot a egalement combine les acides^ bromhydriques et iodhydriques avec le propylene, et a oblenu les ethers propyl- bromhydrique et propyliodhydrique. Ces experiences se font en cbauffinit a 100" dans des ballons scelles a la lampe, le gaz avec une solution aqueuse des hydracides, saturee a froid et employee en grand exces.

« On purifie les ethers formes en les distillant, apres les avoir agites avec une solution aqueuse de polasse. L'amylene C" H*" s'unit aux acides chlorhydrique et bromhydrique dans les memes conditions, quoique plus Jentement et d'une maniere moins com- plete, d'oii resultent les ethers amylchlorliydrique et amyl- bromhydrique. Le caprylene C" W^ se prete aux memes reac- tions, mais la combinaison demeure incomplete. On separe par distillationleselhorscaprylchlorhydriqueetcaprylbromhydrique; Q16 Hio _j_HBr = C" H" Br. Si Ton met en contact a la tempera- ture ordinaire du caprylene et du gaz chlorhydrique, le carbure en absorbe immediateraent sept a hult fois son volume, puis I'ab- sorption continue en se ralentissant. Au bout de 2 heures, elle etait egale a 10 volumes, apres 5 jours a 12 volumes, apres 11 jours a 13 volumes, apres 17 jours a 14 volumes, apres 23 jours a 15 volumes, etc.

« L'ethalene C^- ff' se compose d'une maniere analogue et se combine a I'acide bromhydrique, etc., soit i 100% soit a la tem- perature ordinaire, mais les ethers formes n'ont pu etre separes del'exces de carbure, parce que la clialeur necessaire pour les distiller determine leur decomposition.

(( Enfln, le gaz oleliant lui-meme , chaufTe i 100° pendant 100 lieures, avec una solution aqueuse d'acide brombydriq uesa-

22 COSMOS. >

lure'e h froid, est completement absorb^ : il se forme un liquide neutre, scmblablc ou identique a I'ether brombydrique. L'acide cblorbydrique n'a forme, dans les memes circonstanccs, que des traces d'un compose cblore neutre.

« Ainsi les divers carbures d'bydrogfene correspondant aux al- cools formes par I'union d'equivalents egaux de carbure et d"by- drogene, peuvent se combiner directement et k volumes egaux avec les bydracides, et constituer des etbers cblorbydrique et brombydrique, d'ou resulte un nouveau rapprocbement entre les etbers et les sels ammoniacaux. »

Au nom d'un autre chimiste, M. Balard depose une Note sur les proprietes de la stearine vegetale, extraite d'une plante de I'ordre des guttiferes.

M. Dumas annonce qu'un jeunecbimiste danois dej& connu de nos iecteurs, M. Anton Rosing, a resolu le difficile probleme de la determination de la nature et de la composition des corps qui prennent naissance quand on fait aglr le cblore sur I'alcool, et montre tres-nettement d'oii derive le cbloral.

M. Dmuas encore demande I'insertion, dans les Comptes rendus, d'une Note tres-courte et tres-substantielle, dans laquelle M. Hermann Kopp indique comment, par I'emploi de certains diviseurs simples, on peut arriver & determiner exactement la densile de la vapeur d'un certain nombre de corps.

M. Despretz, aunom de M. Seguin, professeur depbysique h la Faculte de Grenoble, presente une Note sur les rapports et les differences entre I'electricite par influence et I'electricite par induction.

M. Wurtz lit un Memoire sur la veritable formule de l'acide oxalique. Nous regrettons de ne pastrouver place pour I'analyse que nous en avons faite.

M. le docteur Deleau, medecin en cbef de la prison de la Ro- quclte, lit un Memoire sur les proprietes tberapeutiques du per- cblorure de fer. II a constate I'efflcacite vraiment remarquable de cet agent, employe d'abord par M. Pravaz, de Lyon, comme agent bemostatique, dans le traitement des bemorroides, des va- rices, des bemorrbagies en general, des bemorrbagies de I'uterus en pardculier, des leucorrhees ou flem-s blancbes, de la cblo- rose, des catarrbes broncbiques, des diverses affections du tube des voies digestives, de la blennorrbagie aigue oucbronique, etc. ; suivant M. Deleau, le percblorure de fer seraitun anti-sypbilitique remarquable au meme degre au moins que le mercure et I'iodure

COSMOS. 23

de potassium qu'il remplacerait avec innocuite et avec avantage, en amenant non-seulementla guerison du chancre, mais la dispa- rition des symplomes secondaires et tertiaires. On administre ce sel sous toutes les formes possibles, en sirop , en pillules, en lo- tions et en injections, en pommades, etc., etc; il serait devenu ainsi une sorte de medicament universel, auquel les affections meme du systeme ganglionaire et les affections scrofuleuses ne resisteraient pas; et qui n'amene aucun accident quand il est administre avec sagesse et discernement.

M. Louis Aubert, ingenieur civil, lit un Memoire sur les moyens de preserver les navires des desastres causes par lesabor- dages. II constate en commencant que les perfectionnements ap- portes dans ces dernicrs temps aux constructions navales, loin d'avoir diminue les dangers de la navigation, semblent avoir eu pour resultat d'augmenter dans une proportion inquietante les de'sastres accasionnes par les abordages. En neuf annees, de 1845 ci 1853, il y a eu 5 612 abordages dont 5Zi8 ont ete suivis de la perte totale des navires; ce qui fait en moyenne par annde 623 abordages et 61 pertes totales. M. Aubert enonce ensuite en ces termes le probleme qu'il se ^propose de resoudre : « Cons- truire les navires de telle facon, que leur muraille ne se trouve pas briseepar la rencontre d'un autre navire anime d'une grande Vi- tesse, meme dans le cas de rencontre la plus defavorable, c'est-ci- dire lorsqu'elle a lieu par le travers. Pour mieux fixer les idees, il considere le cas de deux navires de 2 000 tonneaux, fllant douze noeuds a I'heure ; il se demande quels devraient etre les di- mensions et le poids de boucliers construits en fer, sur quelles por- tions de la carcasse il faudrait placer ces boucliers, pour meltre les navires a I'abri des abordages. II trouve que les boucliers doivent 6tre au nombre de trois, avec un pourtour d'environ 500 metres, et un poids total de 100 tonneaux, ce qui n'augmenterait que de cinq pour cent le poids du deplacement total du navire. II nous serait impossible d'entrer aujourd'hui dans de plus grands deve- loppements, mais nous esperons avec M. Aubert que son Memoire rencontrera un accueilbienveiliant.

M. Haidinger fait hommage a I'Academie du premier volume des Memoires de la Societe imperiale de geogi^aphie, fondee et instituee par lui, I'annee derniere, a Vienne, en Autriche.

M. Vcrgnaud-Romagnesi complete sa statistique du departe- ment du Loiret, en adressant le chiiTre de la population en 1856.

M. Pelitot, officier du genie , a trouve dans I'emploi de la

54 COSMOS-

chaux un excellent moyen pour la conservation des cereales. Son precede, qu'il soumet au jugement de I'Academie, consiste ii rem- plir de grains, ct par couches successivos, une cavite voiltde, conslruile en maconnerie, en ayant soin de niaintenir un brasier ardent de combustion au-dessus de chaque couche, t'l mesure qu'on I'a formee; apres quoi on ajoute une quanlite de chaux Vive delerminee par I'experience. En essai depuis quatre ans, ce prociide a valu a son auteurunemedaille d'or, que lui a decernde le jury du concours regional del'Est. De son c6te, M. Persoz, ainsi que nous I'avons indique rapidement, avait ete conduit par des experiences positives, aux conclusions suivantes :

(( 1" Moyennant I'interventiou de la cliaux, nous sommes par- venu ci conserver du bid intact dans des circonstances tcllcment favorables a son alteration , que le me.me ble pouvait a peine se ^conserver un mois dans des flacons bouches a I'emeri ; ct qu'au «ontraire , apres environ vingt-neuf mois , le ble conservd a la cliaux n'avait perdu aucune de ses qualites et possedait encore ses proprieles germinatives.

Du ble qu'on avait fait germer ayant ete melange avec de la chaux, la germination n'a pas tarde a s'arreter, et cependant passe au crible et ventile, ce ble ne manii'estait aucun godt qui pilt le faire remarquer.

y Du ble en decomposition ayant ete pareillement traite par la chaux vive, la fermentation a bientot cesse; et le ble, crible, ven- tille, lave, seche, pouvait jusqu'a un certain point se confondre avec un ble ordinaire.

Ii° 11 est certain des aujourd'hui qu'avec I'emploi de la chaux le succes de I'ensilage des grains dans nos cilmats €st desormais assure. Que Ton creuse des silos au-dessous du niveau du sol, ou que Ton construise des cavites a une certaine elevation au- dessus; que les grains recoivent ou non I'aclion de la clialeur, Feilet de la chaux parait infaillible, pourvu qu'on I'emploie en quanlite suflisante ; de 3 ci 6 pour cent, a la seule condition que les parois du silos seront impermeables ^ I'eau et que Fair ne pourra pas se renouveler dans leur inlerieur.

5" Enlin, des passages au crible et au ventilateur debarrassc- ront loujoiu's le ble de la chaux dont il est impregne ; mais, ires- dui- et tres-sec, il ne s'aplatirait pas sous la meule si on ne le faisait gonfler prealablement en i'huniectant avec un pen d'eau. »

VARIETES.

A q' a a r i u ni.

Aujourd'hui que les aquarium, ces bassins & parois transpa- rentes ou vivent dans un etat voisin de la domesticile les animanx aquatiques les plus etranges etant de plus en plus k la mode et tendant a devenir, en Angleterre du moins, un meuble de manage, une instruction eldmenlaire sur la maniere de les etablir et de les gouverner, presente un interet remarquable d'actualite. Nous I'avons rencontree, cette instruction, dans une lecon faite par un naturaliste anglais eminent, M. Warington , h I'lnstitution royale de Londres, et nous nous empressons de te transmettre aux lec- teurs du Cosmos.

Eau douce ou salee. L'eau versee dans Taquarium doit etre tres-propre et puisee directement a la riviere ou a la source; il faut se garder de la purifier par I'emploi de la chaux. S'il s'agit d'eau de mer naturelle, il faut la prendre autant que possible, & distance du rivage et pendant la pleine mer. S'il s'agit d'eau de mer artificielle, on la prepare, soit avec le dep6t salin obtenu de l'eau de mer naturelle par I'evaporation, soit d'apres la recette suivante : Sulfate de niagnesie, 232 grammes; sulfate de chaux, 90 grammes; magnesium, 186 grammes; chlorure de potassium, S9 grammes; bromure de magnesium, P^sg; carbonate de cliaux, is, 36. Le melange de tons ces sels dissous doit former h pen pres 2()'litres. et avoir pour poids spdcifique Is, 025 ; si I'evaporation le rend plus lourd, il faut leramener k sa densite premiere par I'ad- dition d'un peu d'eau de pluie ou d'eau distillee.

Vegetations. Les plantes qui conviennent le mienx a la vege- tation dans l'eau douee-, sontle valUsneria spiralis, le myriophil- lum, le ceratophyllum et Yanacharis ; toutes ces plantes vivent submergees et remplissent parfaitement le but qu'on veut altein- dre. En raison de la grande aboodance d'elements nutritifs dans I'aquarium, la croissance du vallisneria est tres-rapide; il faut par consequent I'eclaircir de temps a temps par un sarclage ; mais il faut y proceder a la fin du printemps, et jamais en automne; car, sans cela la wgetation dans le bassin serait languissantc h I'epoque oil I'influence sanitaire qu'elle doit exercer est le plus neccssairc. La vegetation des mers est d'lin caractere tout a fait different et d'une composition tout autre, parce que la mer est

26 COSMOS.

trfis-riche en ^Idments azotes. On y distingue des plantes de trois nuances bien dislinctes , brun ou olive, vert et rouge. Pour un aquarium dans lequcl doivent vivre des animaux qui babitent ordinairement Ics bas-fonds ou les eaux pen profondes, les meil- leuros plantes sont cellos de la variete verte, les nlva', les ante- romorph(v, les vauchariiv, les ctofZop/ionc;elles doivent etre dans un etat de sante prospere, et adberer encore lorsqu'on les intro- duit dans le bassin au roc ou au bois qui les portait. Nous aureus occasion de menlionner les rhodospermes , en parlant de la lu- miSre qui doit eclairer I'aquarium.

Vidangeurs. On designe sous ce nom les animaux qui ont pour mission de debarrasser I'aquarium des excrements ou au- Iresimmondices. lis sont un element tres-important, en tant qu'il s'agit d'etablir et de maintenir I'equilibre permanent entre les deux vies vegetale et animale; sans eux Fexercice des fonc- tions vitales n'est nuUement assure et I'aquarium devient une source incessante de trouble, d'ennui et de depenses. Le mol- lusque auquel on eut d'abord recours, le limnea stagnalis, la limn^e des etangs, s'est montre trop vorace & mesure qu'il aug- mentait de volume, et il a fallu le remplacer par d'autres limnees plus petites , par des planorbes ou d'autres especes de limacons d'eau douce. Le nombrc des vidangeurs doit etre proporlionne & la quantite de travail qu'ils auront k faire. Dans I'aquarium ali- mente par I'eau de mer , le sabot ou toupie ordinaire remplit ces fonctions de la maniSre la plus efficace , et il est en general tres-actif dans ses mouvements.

Les varietds de trochus sont aussi de tres-admirables vidan- geurs ; mais il ne faut jamais oublier qu'ils sont accoutumes ci une temperature douce; qu'ils ne vivraient pas longtemps dans un bassin souvent expose au froid. La nassa reticulata ne se nourrit pas seulement des matieres en decomposition qui se de- posent k la surface des roclies ou des bois; elle pengtre en outre au sein du lit de sable ou de cailloux avec sa longue trompe, qu'elle tient droite comme I'elephant qui traverse une riviere. II existe dans I'Ocean d'innombrables vidangeurs de classes tres- diflferentes : les anelides, les chitons ou oscabrions, les etoiles, les moUusques nudibrancbes, etc., etc.; leur ensemble forme une armee d'elres bienfaisants , charges de debarrasser les eaux des matieres en decomposition , el de les convertir en aliment pour les poissons et pour I'liomme. Lumicre. II est tres probable que le plus grand nombre des

COSMOS. 27

insuccgs subis dans I'inaction des aquarium proviennent dece qu'on n'apas su mettreenjeu d'une maniere convenable cet agent si important. La tendance generale estde faire arriveraux bassins la plus grande quantity possible de rayons directs du soleii ; et cependant si Ton y reflecbissait bien, on vcrrait que c'est une mauvaise maniere. Si Ics rayons de lumiere frappent la surface de I'eau, ils sont reflecbis en tres-grande partie ; ceux qui arri- vent & penetrer sont refractes et emportes dans differentes direc- tions par les courants d'eau intestins. Des lors si la profondeur du bassin est assez considerable, pen de rayons atteindront le fond. Si en outre la surface de I'eau est ridde par le vent, il n'y aura qu'une tres-petite quantite de lumiere transmise dans son interieur; il pourrait meme arriver que pasun rayon ne penetre, si les memes causes perturbatrices faisaient naitre des ondes ou de I'ecume & la surface ; de telle sorte que le fond de I'eau reste- rait dans une obscurile complete, comme en pleine nuit. Il faut toutefois eviter I'exces contraire, c'est-a-dire eviler que I'eau soit envahie par trop de lumiere et amortir Taction trop directe et trop intense des rayons solaires par les moyens connus, ecrans, jalousies ou autres. II est grandement k desirer que les algues d'un rouge vif conservent Icur beaute naturelle et qu'on puisse les cnipecher de se couvrir de vegetations parasites brunes ou vertes. On y parvient en modifiant la lumiere qui eclaire I'aqua- rium, par I'interposition d'un milieu bleu, un verre colore dans la pate ou a sa surface, un ecran peint avec des couleurs trans- parentes, etc. La teinle du milieu, verre ou ecran, doit etre celle des mers profondes, un bleu sans melange aucun de violet, ten- dant plutot au vert. La lumiere , ainsi modifiee, exerce une in- fluence marquee sur la sante des etres qui vivent confines dans les bas-fonds, de sorte qu'il faudra faire un cboix judicieux des animaux qui y seront exposes.

Chaleur. L'etat prospere des aquarium depend aussi dans une proportion considerable du bon amenagement de cet agent aussi essenllel que la lumiere. L'experience a prouve qu'une aug- mentation ou une diminution de temperature, au dela ou en deca de certaines limites assez rapprochees, agit de la maniere la plus funeste sur plusieurs des animaux qu'on a coutume d'elever dans les bassins artificiels. Les limites sont 7 et 23 degres centig. La temperature moyenne del'Ocean est d'environ 13 degres; et elle ne varie guere en plus ou en moins que de 7 degres et demi pen- dant les diverses saisons de I'annee, de sorte que scs limites ex-

28 COSMOS.

tr6mcs sont 6 ef 20 d'egi-es. II faut done apporter los plus grands soins a dcfendre, par I'arrangement convenable des masses de rochers, I'eau du bassin d'lin echauffement on d'un refroidisse- ment anormal que pourraicnt amener les rayons directs du soleil pendant le jour, ct la radiation vers les espaces celestes pendant la nuit; cette precaution est d'autant plus necessaire que les va- riations de temperature se reproduisent tres-rapidement dans les pelitcs masses d'eau.

Alimentation. II va sans dire que I'aliment doit etre en rap- port avec les habitudes des animaux. II en est qui se contente- ront de vegetaux et de vase, d'autrcs se trouvcront tres-bien de vers coupes en petits morceaux, de petils filets de viande, de foie cuit et hache , etc. Les etres marins se nourrissent tres-vo- lontiers de chair crue, scchee au soleil et humectee quand on veut s'en servir. Des huitres, des moules, des petoncles, du pois- son cru, des crevettes peuvent etre utilisds avecsucces; ilfaut les couper ou les hacher en morceaux tres-minces , et ne jamais en donner plus que les habitants de I'aquarium ne peuvent en assimiler; si I'on apercoit que quelques-unsrepoussentralimenl presente, on le donnera a d'autres ou on le retirera du bassin. Dans le cas des actinies attachees aux rochers et imniobiles, il faut amonerla nourriture a portee de leurs tentacules, en dissolvant dans unpen d'eau I'ahment quel qu'il soit, de telle sorte queleli- quide ambiant s'impregne de fluides animaux ; en versant de cette solution dans les bassins en quantite moderee, on aidera efucace- meut a la nutrition des insectes et autrcs animalcules tres-petits qui pullulent toujours dans I'eau; les animalcules a leur tour ser- vh-ont il r alimentation des habitants de I'aquarium. F. Moigno.

ln,nri>„erie de W. Kemquet et Cie, A. TB.AMBI.AY ,

rue Garanciere, 5. propnttaue-genmi.

T. XI, 10 juillet 1857. Sixitme ann^e.

COSMOS.

NGUVELLES DE LA S'EMAINE.

On a annonce de diverses villcs que In comete actuelle aurait ^te vue h I'oeil nu; nous dontons de la verile de ccs assertions; on aura confondu la comefe avecla nebuleuse d'Andromede, tres- voisine aussi de la constellation de Persee. D'apres les ephcme- rides de I'Observatoire imperial, la comete a passe, du l" aa 2 juillet, k deux degr^s et demi au nord de la Chevre; apres avoir traverse' la partieboreale de la constellation duCocher, elle traver- «era celle du Lynx, pour entrer le 16 dans la constellation du Lion. Le 20, elle se trouvera dans I'interieur du triangle forme par les ^toiles Epsilon, Kappa ei Lambda, duLion; le 25, 'on la verra pres del'etoile Nu, du Lion, daiisle voisinagede Regulus,et le 28, pres de I'etoile Pi, du Lion, au dela de laquelle il sera sans doute dif- ficile de la suivre. Sa visibilite ira en croissant rapidement jusqne vers le milieu de juillet, ou elle atteindra son maximum ; a!ors la comete sera six fois plus brillante que la nnit de son apparition; elle diminuera ensuite d'eclat avec rapidite, et devrait cependant 6tre encore visible pendant les premiers jours d'aoil>, si le voisi- nage du soleil ne s'y opposait pas. I! est presumal)ie que, pen- dant quelques jours, la comete sera asscz brillante pour etre ai- sement apercue au moycn d'une simple lunette de spectacle.

Le Moniteur du 1'^ juillet contenait la note suivanle : « Nows publions chaque jour, d^puis una annee, un tableau de I'etat at- mospherique de divers points de la France. L'Empereur ayant permis que ce service fut organise par voie telegrapliique, I'Ob- servatoire imperial de Paris et I'adniinistralion desteiegiaphesse «ont entendus a ce sujet. L'Observatoire a fourni les instiuments necessaires; les observations sontfaites el transmises k Paiis, h I'ouverture des buieaux, par les agents de I'admin stralion. Cal- cules et reunis en un tableau regulier par les soins de I'Observa- toire, les renseignements venus d'Avignon. Bayonne, Besan^on, Brest, Dunkerque, Le Havre, Limoges, Lyon, Mezinres, Monlau- baa, Napoleon -Vendee, Paris, Strasbourg et Tonnerre, sonl affiches a la Bourse; c'esl le nienie tableau que nous publions

3

30 COSMOS.

chaque jour. Cette organisation ayant produit d'heureux rdsul- lats, I'adniinistration francaise a cherchd a lui donnfr pins d'ex- tcnsion; die s'cst adressee aux adininislrations eIrangCres, a portd i leur connaissaiicc I'accord etabli enlre I'Observatoire de Paris et la direction des telegraphes, et, tout en leur laissant le clioix des moyens, elle leur a demandd de vouloir bien adresser h Paris, tous les matins, a I'ouverture des bureaux, les donnees atmospheriques les plus irnportautes. Dejci les Observatoires et les admiuislralioas telegraphiques de Rome, Madrid, Vienne, ont ropondu favorablement. Le service est mfimeregulierement orga- nise avec Madiid, et des a present nous publions le bullelin at- mosiilierique dc celte capilale. n

Mcrcredi matin, 8 juillet, on recevait de Madrid la depeche te- iegraphique suivante : hauteur du barom6tre. 76",1 ; temperature^ 21°, 3 ; vent NNO faible; etat du ciel, peu nuageux.

M. Alcide d'Orbigny, professeur titulaire de la chaire de pa- leontologie creee pour lui, il y a trois ou quatre ans h peine, au Museum d'histoire naturelle, vient de mourir, ci I'Sge de 55 ans, dans toute la force et la malurite du talent.

Ne a Gouiiron (Seine-Inlerieure) , en 1802, il a etd successi- vement naturaliste voyageur au Museuui d'histoire naturelle, aide-naluraliste attache au cours de geologie de M. Gordier, et enlin professeur. En 1825, il explora, avec autant de perseverance ct de courage que de savoir, de bonheur et de succes, le Bresily Buenos- Ayres, les frontieres de la Patagonie, la republique du Pa- cifique, jusqu'au centre de I'Amerique meridionale, et enfin le Perou. II elait actif, infatigable, perseverant, d'un esprit sagace et penetrant, d'un commerce agreable, tres-aime et eslime de ceux qui I'approcliaient de plus pres.

Ou parlait, dc temps immemorial, des eaux de la pelitebaie de Vulcano, k Santorin, comme douees de la precieuse faculte de nettoyer le cuivre des batiments; mais on ne I'utilisait pas, et,. depuis 1821, celte baie etait comme abandonnee. Dernierement le Solon, bailment a helice de la station du Levant, recut I'ordre de se rendre a Sanlorin et de sejourner dans la baie de Vulcano' pendant quelqucs heures, alin de conslaler I'effet que produi- raicnt sos eaux. Bien que recouverte de plusieurs couches de mi- nium, la carene en ferdu Soion etait lout envahie par des coquil- lages et des vr^'getalions marines; or, apr6s un court sejour dans )es oaux de la baie, les coquiiles et les herbes marines se dcta- clieronl sans peine par un frotlemenl ledger au balai, ct il en re-

COSMOS. 31

sulta une augmentation de vitesse de marche d'environ un noeud. Au Solon succederent le Narval, le Promelhee, la Salamanclre, et les capitaines de ces navires furent unanimes pour constater les meines resultals. Deux corveltes anglaises suivirentl'exemple des vaisseaux francais, et reirel produit sur leurs carenes en bois doublees de cuivre, fut le meine que sur les carenes en fer.

Le Courrier de Paris , auquel nous empruntons ce fait intd- ressant, nous apprend aussi qu'on vient de decouvrir de nouveaux gisemenls d'emeri, k Paros et k Likinos. Jusqu'ici , on n'avait trouve celte substance precieuse pour les arts et I'industrie qu'i Naxos ; et les minieres de Naxos etaient afTernaees par un spe- culateur anglais, M. Abott, qui n'usait de son privilege que pour proleger la \ente de I'tmeri qu'il faisait venir des Indes. Le gou- vernement grec s'est enfin decide a resilier le bail qu'il avait avec le speculateur anglais , et il est serieusement question de conce- der les minieres d'emeri anciennes et nouvellrs a un capitaliste francais, qui s'engage a exporter au minimum quarante mille quintaux d'emeri par an, k raison de 11 francs le quintal, et pen- dant vingt ans.

L'empereur du Bresil est le premier souverain qui ait solli- cite la faveur d'apparlenir comme membre honoraire a la Society d'acclimalalion ; et dans la letlre ecrite en son nom par son premier ministre, il declarait solliciter cette faveur parce qu'a ses yeux, I'ulilite de la nouvelle Societe s'etend au mondeentier. Ce souve- rain si eclaire a fait plus encore; pour temoigner au conscil de la Societe d'acclimatationsa reconnaissance et sa sympathie, il a dd- cor6 cinq de ses membres, M. Geoffroy Sainl-Hilaire, M. de Qua- trefages, M. Auguste Dumeril, M. Guerin Menneville,M. le comte d'Epremosnilet M. Richard, du Canlal, del'ordre de la Rose.

LL. MM. le roi des Beiges et le roi des Pays-Bas ont aussi con- senti a ce que leurs noms fussent inscrits en tete de la liste des membres de la Societe d'acclimatation.

Cette Societe a recu de W-' Verolles quelques echantillons d'une canne a sucre de Mantchourie qui se seme et se recolte comme le mais et le millet; de M. Ch. Raymond, des graines du quillaye, arbre du Chili; le dernier de la haute futaie qu'on ren- contre dans les Cordilieres , dont i'ecorce est employee a la Ibis comme savon et comme febrifuge.

Dans un rappoit sur I'application des bateaux plongeurs de MM. Payerne et Lamiral, M. Focillon avait conclu que ce mode special de navigation ^tail appele k rendre d'importants services

^32 -COSMOS.

pour la peche des hitltres comestibles , la production des bancs d'huttrcs arlificiels , la naturalisation des eponges du Levant sur les cOtes de I'Algerie, la peche du corail, etc. ; a la suite de ce rap- port, son Excellence M. le marechal Vaillant vient d'accorder ft IT. Lainiral I'autorisation d'entreprendre une exploration des bancs de coraux sur les c6tes de I'Algeiie.

WM. dela Begassiere, conservateur, etGalmiche, inspecteui' des forels des Vosges, poursuivent avec ardeur et succes la solu- tiou du probleme important de la multiplication du gibier, et no- tamment de la reproduction et de la domestication du coq de i)ruyere et de la gelinotte.

'Un nouveau lama male est ne au Museum d'histoire natu- relle, le 16 mai dernier. « C'est, dit M. Geoffroy Saint-Hilaire, le produit d'une troisieme generation d'individus tons nes en France depuisl8i6; ainsi se trouve demontree la possibilite de I'acclima- tation de ces precieux animaux dans notre pays. » Malheureuse- ment, ajoute M. Geoffroy Saint-Hilaire, le Museum Yientdeperdre rexcellenl et babile employe , M. Bibron, specialement charge du »oin de ces animaux, qui a conduit leur acclimatation et leur do- •mesticalion au point oii elle est arrivee aujourd'hui.

Tons les jonrnaux ontrepete dernierement qu'un des internes les plus distingues des hOpitaux a succombe aprfes six jours k peine de mahidie aux suites d'une piqAre anatomique. Chaque annee ce meme malheur se renouvelle , et nous comprenons a peine que les chefs de service deshopitaux nes'en alarment point. 11 nous senlble impossible, si cette question estmisc au concours et serieusement eludiee par les mailres et leseleves, qu'on n'ar- rive pas a decouvrir un moyen efficace de prevenir ou do guerir cette lamenlable infection; nous faisons appel dans ce but et aux •Socieles savaiites et a uos confreres de la presse scientifique.

Son Altesse le prince Charles Lucien Bonaparte et M. Victor Meunier ont public en commun cette semaine le prospectus d'une nouvelle Faune frangaiseenlk volumes in-8", illusfresd'un grand Tioinbre de gravnres sur boiset degravurescoloriees. Ce prospec- tus esl en meme temps un veritable requisitoire conire les i-epre- sentaiitsofliciclsen France del'hisloirenalurelle ; nous ne devons pas nous faire I'ecliode ces accusations fonnuees avecqueique vio- lence, mais nous pouvons au moinsappeler I'iaienuon sur Ic fail tr6s-regretlable que le prince et son collaborateur signalent en ces termes : « La France ne possedenuUe part une coleclion specia- lement consacree aux especes qui constituent sa richesse zoolo-

cos]\'ros. S3

giqu'e; on le savairt, Mranger, le Francais, puissent embrasser d'un regard synlhetique I'ensemble etles details de notre Faune. L'utilite scientifique et le caractere patriotique d'une collection exclusivement francaise paraissent avoir entierementechappe. Le Museum a des galeries pourchacun des departements dii regne animal; 11 n'en a pas ou des mains pleuses, des mains filiales se soient plu a reunirles productions de notre sol. » II nous est per- mis aussi d'applaudir de grand' eoeiir a cet appel si intelligent. <( Tous les renseignements locaux utiles k rassembler dans une Faune francaise ne sont pas contenus dans les livres. D'abon- dantes sources d'instruction resident dans les musees departe- mentaux et'dans les connaissaucesr' d'une foule d'observatours. Vivant loin des grandes Tilles, dans la familiarity de la nature, rappeles chaque annee par le retour periodique des saisons devant les meines scenes, en presence des mOmes especes migra trices ousedentaires, ils ontappris a connailre les animaux pro- presaux contrees qu'ils habitent, et se plaisent a les suivre dans toutes les pbases de leur vie. L'homme des champs , le chasseur etle pecheur, doues d'un esprit d'observation , sont riches des notions qui font defaut dans les livres. Cependanf la pluparf d'entre eux nesongent point a communiquer ieurs remarques au public. Maintes indications d'ailleurs ne sauraient fournir la ma- tiere d'un travail exprofesso, etprendraientulilemenl place dans un ouvrage tel que le n6tre; c'est pourquoi nous les invitons a vouloir bien se mettre en rapport avec nous et a nous coramuni- (jTier les faits qu'ils out ete a meme de recueillir sur la Faune de leur localite.

Fails des sciences.

M. Berlin , professeur de chimie a la Faculte de Besanron, a constate que I'electricite pent, comme lachaleur, donnerauplatine lamine la propriete de determiner la combinaison de I'hyilrogene avec I'oxygene, soit lentement, soit avec explosion. Quand des- lames de platine ont transmis dans I'eau acidtilee le courant d'au^ moins quarante elements, si ellessont recouvertes d'une clo&he pour recueillir le melange d'oxygene et d'hydrogene, ce melange detone spontanement des que la cloche est fV peu pres pleine do gaz. Si Ic courant est moins energique, I'explosiondu melange n'a plus lieu, mais sa recomposition lente maintient au meme niveau'

34 COSMOS.

le volume dcs gaz, malgrc la decomposition incessante qui a lieu par la partie inferieure dcs electrodes. Qiiand on remplace I'eau acidulee par de I'cau ordinaire, le couranl d'une pile de cinquante Elements est inipuissant ii produire la detonation du melange; mais la recomposition lente se produit encore ; on voit le liquide osciller dans la cloche, par suite de I'equilibre instable qui s'eta- blitentre la decomposition i la partie inferieure des electrodes et la recomposilion & la partie superieure. Ces phenomenes s'ob- servent avec des lames de platine supportees inferieurement par des fils de platine auxquels elles sont soudees, soil que la surface du platine soit nue, soit qu'elle soit plalinee.

M. Volpicelli continue avec ardeur ses recherches exp^n- mentales sur linduction electro-statique ; il a public tout reoem- ment le recit des experiences, par lesquelles il croit avoir deflni- tivement etabl'. la theorio iiouvelle, proposee par M. Melloni, quel- ques jours avant sa mort. Voici la sixi6me experience de M. Vol- picelli, celle qu'il prcr iame lui-meme la plus simple, la plus facile, la plus con^luantp oe toutes. II s'agit toujours de deux cylindres allonges, i'un iuuucteur, I'autre induit, mis en presence I'un de I'autre par leurs extremites, s'influencant mutuellement, sans qu'il y ait transport d'electricite de I'un a I'autre. L'on fixe avec de la cire d'Espagne un disque metallique d'un demi-centimetre de diametre et d'un quart de millimetre d'epaisseur a I'extremite d'un tube de verre tres-niince. On louche avec ce plan d'epreuve I'extremite du cylindre induit, la plus voisine de I'inducteur; I'e- leclricite ainsi recueillie, analysee a I'electroscope , est de meme nom que celle du cylindre inducteur. On applique sur cette meme exlremite I'electroscope k pailles, puis touchant avec le plan d'epreuves les pailles non defendues de I'induction, et es- sayant I'electricite prise par cc plan a I'electroscope, on constate qu'elle est encore la meme que precedemment. On promene enfm le plan d'epreuve sur toute la surface de I'induit comprise entre ses extremites , et partout encore on retrouve I'electricite de I'in- ducteur. Done, dit M. Volpicelli, I'electricite induite n'a pas de tension ; done I'eleclricile lihre est distribuee sur tout le cy- lindre induit; done elle est en plus grande quantite vers son ex- tremile la plus eloignec de I'inducteur que vers I'autre ; done la pre- tendue ligne neutre est une illusion et n'existe pas sur le cylindre induit; done la theoriede Melloni est vraie dans toute son etendue. Voici, en outre, en quels termes M. dela Rive apprecie les recher- ches du savant professeur de I'universite romaine : « J'ai eu le

COSMOS. 35

plaisir, pendant mon sejour a Rome, de voir toutes les expe- riences dont M. Volpicelli parle dans son Memoire. J'ai pu con- stater la parfaite exactitude de tous les fails dccrils, ainsi que son mode d'experimentation, aussi ingt^nieux que delicat. Les conclu- sions que M. Volpicelli tire de toutes ces experiences seisiijlent incontestables; cependant le principe qu'il eiablil de I'exislence d'une electricite dissimule'e a ete combattu dejA precedemment par divers savants, lorsqu'il a dte mis en avant par quelques phy- siciens et dernierement par M. Melloni. M. Riess, en particulier, a cherclid k demontrer, soit theoriquemont, soit expenmentale- ment, k I'occasion du condensateur, que ce principe ne peut etre admis ; il est vrai qu'il ne connaissait pas alors les derniers tra- vaux de M. Volpicelli. Je dois avouer que ces recherches et en particulier les experiences avec le plan d'epreuve ont fait sur mon esprit une grande impression; mais il faut reconnaitre que le sujet dont il s'agit doit etre examine de tres-pres et d'une maniere approfondie , avant qu'on puisse emettre une opinion Men prononcce ; c'est cet examen que j'espere faire plus tard k tete reposee ; aussi, pour le moment, je me borne k rendre justice k I'exactitude et k I'ingenieuse manifere d'operer de M. Volpicelli. d Le R. P. Secchi a fait relativement a la scintillation des etoiles un assez grand nombre d'observalions dontil croitpouvoir tirer les conclusions suivantes : Quand la scintillation se pro- duit, il y a une grande mulliplicite d'images, ce qui indique une grande quantited'ondesaeriennesdiversementrefringentes; on ne peut juger de la bonte d'un instrument optique qu'autantqu'a- pres s'enetrelongtemps servi on est arrive a eliminer leseffetsde I'air qui ont une grande influence sur les observations ; une ob- servation quelconque n'a toute sa valeur qu'autant qu'on a note I'd- tatde I'air au moment ou elleaetefaite; on indique ordinairement cet dtatdel'air quand il s'agit d'observations d'etoiles doubles; il importe grandement d'etendre cette pratique aux observations mdridiennes ; cette precaution est d'autant plus necessaire que I'ouverture de I'objectif est plus grande ; lorsqu'on veut que I'observation du passage au meridien d'une etoile peu elevee ne laisse rien k desirer, il faut indiquer sur quel point du spectre de dispersion on a vis^.

PHOTOGRArillE.

Sur la ili«M)irie dcs objec&ifs

Par il. PoivRO. (Suite ct lin.)

On voit que nous admettons aussi que la quanlitc AB est m- gligeal)le par rapport au rayon de courbure du front del'onde, ce qui no sera pas conloste.

Subslituant les valeurs de AB et AG dans Fequation AB = m.Ajp on aura ,,

et, en supprimant le facteur commun { ,

1

d'oii Ton tire en remplacant par n

^'^n^^{n-i)c (1)

Cette formuletres-simple fait connattre la Gourbure que prend le front de I'onde en entrant dans le deuxieme milieu.

'Y etant connu, si on voulait avoir la position du centre, c'est- &-dire le point ou il eut fallu placer la source de lumiere pour ob- tenir, en I'absencedu verre, un front d'onde tout pareil, on I'au- rait en portant sur la normale commune AB, et dans le sens con-

l rvenable, une longueur egale k-.-,; si on porte de nieme, dans son

1 .sens, sur cette meme normale, ^une longueur legale^ -j , les pomts

ainsi obtenus seront les lieux des deux foye7's conjugues du sys- teme.

Si maintenant on voulait se rendre compte immediatement des effets del'aberration spberique, qui n'est autre chose que la defor- mation du front de Tonde , on n'aurait qii'k donner successive- ment i LL' des valeurs de plus en plus grandes, et h calculer en fonclion des valeurs correspondantes de LL' et de AC, les courbures spheriques qui resulteraient, en tenant compte du terme en p qui ne serait pkis negligeable; la difference entre les valeurs reciproques de ces courbures serait la valeur de ce qu'onappelle dans Fanciennetheorie Vaberralmi longitudinale.

Ce moyen n'est pas elegant comme theorie, mais il est tres-

COSMjOS.- S7,f

commode en pratique et fait connaitre de suite le maximum de rouvcrture admissiljie.

Ajoutons maintenant une deuxieme surface de separation InQ- niment pres de la premiere, de maniere a constitucr une lentille dont on puisse negliger Tepaisseur, et voyons ce que devientle mouvement lumineux en repassant dans I'air,

^.videmment la formule sera encore applicable ici, a la con- dition senlement de substituer m a n.

En appelant par ordre 'h', <\>" , ce qui devient 4." apres chaque surface traversee ; c', c"les courbures des deux surfaces de notre lentille hypothetique sans epaisseur, on aura :

^' =m^'-^{m—iyc"

Substituant dans la deuxieme equation la valeur de 4^', donnee par la premiere, on obtiendra ci cause de mn = 1

^" = ^o+(m-l)(c-"-c') (2)

qut'ompeut ecrire aussi sous celle forme :

<]>• Y' = {m—l) [c' c"y

et introduisant le signe a pour indiquer les differences, on aura :

A°,, 6 =(^m \)A\,c (3)

Gette formule nous enseigne que la variation de coiirbure dii front de I'ondepar son passage h travers une lentille sans epais- seur, est egale a la difference des deux courbures de la lentille multipliee par Ic rapport des vilesses de propagation diminue de I'unite.

&i la lentille avait une epaisseur dont 11 ffit necessaire de tenir

compto, epaisseur que je design erai par e, iL laudrait remarquer

qu-aumomenlderincidencedufrontderondesurladeuxiemesur'

1 face, son rayon de courbure -n estaugmente de la quantile e ; que

pan consequent enindiquant par ^'^ lanouvelle courbure, on a, a cet instant :

^ + '^

c'est cette nouvelle valeur 4^ qWil faut employer pour conti- nuer le calcul.

Gonsiderons maintenant le cas ou le point lumineux 0 n'est pas sur- I'axe optique de la lentille , el admettant , comme dans la

S8 COSMOS.

fig. 3, que la premiere incidence du front de I'onde k la premiere surface a lieu en A', cvidcnuiient dans le dcuxi^nie milieu les iiouvelles courbures f >];' auront pour normale commune la ligne indefinie A'O, maisl'incidence sur la deuxiemc surface aura lieu en un nouvcau point A" qui nc sc trouvera pas sur la ligne OA'; 11

y aura done a determiner par les moyens ordinaires dela trigono- metric la position du point A" avantd'appliquer lesformules pre- cedentos a la continuation du calcul, ce qui n'oftre du reste au- cune difficulle et peut meine s'obtenir avec une approximation souvent suffisante par une construction graphique.

En poursuivant ainsi le calcul des phenomenes qui ont lieu de sur- face en surface, on arrive assez promplement & I'elude complete de tout syst^me optique donne pour la X)liotographie, pour les microscopes, pour les instruments d'astronomie, etc. ;maismalgrd la simplicite de la formule elementaire precedemment etablie, si on Toulait composer d priori une formule generate exprimant par exemplepourun objectify portrait la courbure-];^"' du dernier front de I'ondc en fonclion des courbures des verres et de la courbure vj;", du premier front de I'onde, I'assujettir a remplir les conditions de planitude de foyer et les autres conditions donnees , calculer les courbures des verres qui y satisfont, et tenir compte des termes en P partout ou ils ne seraient pas nc^gligeables, ce serait un tra- vail de theorie abstraite long et penible au deli de ce qu'on peut dire, meme dans le cas de la lumiSre homogSne; le temps man- querait toujours & I'artiste pour en faire d'utiles applications.

Fort beureuseraent cela ne lui est pas necessaire; plusieurs systfimes optiques qui approchent de la solution que nous pour- suivons sont connus, il n'y a plus qu'& determiner les corrections dont ces syst^mes sont susceptibles pour les mecer k une plus grande perfection.

Pour cela on calculera par les formules simples ci-dessus la marche d'ondes lumineuses incidentes pour deux ou mieui pour

COSMOS. 3<>

trois points quelconques de la premiere surface ; on arrivera ainsi k connaiire le sens et la grandeur des dcfauts du systcme ; on changera ensuite par ce senlimenl qui est familier aux opticiens, quelque epaisseur, ou quelque distance, ou quelque courbure, de maniere k faire naltre les defauts opposes; on fera un se- cond calcul en admettant cos changements, puis par une simple interpolation on arrivera facilement k la meilleure com])inaison possible avec les matiferes dont on dispose.

Jusqu'ici nous ne nous sommcs pas departis du premier pro- bl6me, celui de la lumiere bomogene ; mais il est facile de voir que la solution pratique qui resulte de nos formules s'applique tout aussi bien a la lumiere composee.

En effet, la decomposition de la lumiere ne consiste qu'en ce que la duree de la vibration elheree variant, la longueur d'ondu- lation, et par suite le rapport m des vitessesde progression dans les deux milieux varient k leur tour; il n'y aura done qu'ci faire I'application des memes formules au systeme de verres donnes, en attribuant k m deux valeurs differentes convenablement choisies.

Mais ici une question importante s'elfeve, c'est celle des spec- tres secondaires ; c'est le foyer cbimique, c'est ce qu'on appelle riiTationnalite de la dispersion.

Ces questions seront traitees dans un autre memoire, en pre- nant pour point de depart non des theories abslrailes, mais des rdsultats de I'experience faciles h constater et ti reduire en nom- bres au moyen du polyoptom^tre (1) pour les especes de verres qu'on se propose d'employer.

(1) Le polyoptometre (Voyez Cosmos, t. l", p. 560) est rinstrumen' le plus pra- tique et vcr.laMement iodustriel que la science puisse fournir a I'alelier de I'oplicicu.

ACADEMIE DBS SCIENr.ES.

Seances des 29 jut'n et 0 juillet 1857^

M. Ln Verricr, h I'occasion de la lelti-e du R. P. Secchi, in- seree dans I'avant-dernier Compte rendu, revoque de nouveau en doute, avecune humeur que nous avons peine a nous expliquer, I'existence du grand objectif do 52 centimetres de M. Porro. 11 sembic nous prendre plusieurs fois ci partie et nous reprocher noa. articles du Cosmos. Suivant lui, la confirmation faite par le R. P. Secchi dc la decouverte, au sein du trapeze d'Orion, d'une; nouvelleotoilie, ne prouve absoiument rien en faveur de la puis- sance de robjeclif geant ; examinons sos raisons. I'' On voit dans, le trapeze d'Orion tout ce qu'on veut, etquelquesastronoraesront vu inlericurement tout parseme d'etoilcs : on voit si; pen ce que Ton veut dans le trapeze d'Orion, que les etoilesmeme d'Herschel et de Struve ont ete revoquees en doute; il estvraique dans ses mensuroimicrometricce, Struve afflrme avoir vuquelquefoisun. cer- tain nombred'etoiles dansl'inlerieur du trapeze; mai& loin de pou- voir etre opposee a I'existence de I'etoile vue par ]\L Porro , cette; assertion prouve au contraire sa possibilite; 2" les observations du R, P. Dumoucliel, du R. P. de Vico, duR. P. Secchi, m'inspi- rent, dit M. Le Verrier, fort peu de confiance ; elles n'ont pas ete con- firmees par d'autres astronomes. L'affeclation avec laquelle M. Le> Verrier a fait defiler tout a tour devant 1' Academie les trois revd"- rends Peres, nous a quelque pcublesse. Arago a toujours regrett^- que le R. P. de Vico n'efit pas ete nomme mcmbre correspondant de rinslilut de France comme il etait membrc de la Societe royale et de la Societe royale astronomique de Londres ; I'Academie des sciences a fait tout recemment au R. P. Secchi I'honneur de le nommer mombre correspondant a la presque unanimite des suf- frages ; tons deux ont des lors droit i des egards. Mais admettons que les trois RR. PP. ne soient pas des observateurs de premier ordre, ensera-t-il moins vrai qu'ils voyaient Orion avec une des lunettes les plus celebres et. les- pl«s-excellentes du monde, une lunette francaise, qui, sous le plus beau ciel qui fut jamais, au jugement de tous, supportait desgrossissements demille et douze cents fois? Pourquoi des lors n'anraieiit-ils pasvu ce que la trans- parence moindre des ciels de Russic et d'Angleterre empecherait de voir, meme avec des inslruments plus puissants; opposer k des

COSMOS. hi

'faitsil'esipreveiitions'et des raisonnements, ce fdt'toiijonrs offen- •ser la logiquc; 3" la neuvierae etoile du trapeze a ete \'iie avcc un '.neuf pouces ouun vingt-cinq centimetres, done sa decouverte ne 'prouve en rien la bonte et la puissance extraordinaire dii cin- iquante^deux centimetres. C'est un sophisme ; car autre chose est <lecouvrir, autre chose est retrouver. Quoi de plus naturelque de Tetrouver avec un vingt-cinq centimetres, qui dans une nuit a-are supporle un grossissement de six ceuts fols un astre que le 'Cinquante-deux centimetres aurait pu seul faire decouvrir, a trans ■parence egale d'atmosphorc ?

'Qu'avons-nous done dit de si reprehensible, ct pourquoi es- sayer de nous mettre en 'contradiction avec nous-me?me ? Nous avons dit'tout simplement qu'il existe a Paris un objectif geant de 52 cenlimelres; que cet objectif est resle quinze mois h I'extre- mite d'un tube de 15 metres, adniirablement monte altazimuthale- ment; que tout Paris a ete invite a visiter cet instrument, Ic plus grand qui soit au monde; que nous y avons regarde nous-meme plusieairs fois; que, surnotre invitation, M. Mertz fils, le celebre constructeur de Munich, M. Grove, de la Societe royale astrono- mique, M. Andrews, de Belfast, sir David Brewster ct tant d'au- tres out vu dans I'objectif de M. Porro, et ont ete unanimos a af- firmcr qu'il y avait la quelque chose de tres-serieux ; qu'une Commission dela Societe francaise de photographie a grandemeut admire les images de la lune de 15 centimetres, formees au foyer de I'immense objectif, etque MM. Bertschet Arnault les ont fixees sur plaque collodionnee ; que, toutes les foisqu'un astronome ou un amateur, en se noinnaant, a demande a M. Porro a regarder dans sa grande lunette, il a vu sa demande accueillie favorablement, -tant que I'objectif a (^le insialle au boitt du tube, etc., etc. L'objectif geant existe done, et toutes :les denegations ue le -fe- ront pas rentrcr dans le neant. II est vrai qu'il n'a pas atteint encore sa perfection derniere ; qu'ane des surfaces n'a pas en- core, en tous ses points, la courbure voulue ; qu'il n'est pas en- core, par consequent, digne de se dresser dans FObsei'vatoire fimperial. Mais nous Tavons dit, et nous lerepetons encore avec une bonne foi en tiere, avec un courage que rien nefera flechir, ces imperfections evidemmentn'ont rien d'extraordinaire; elles n'em- pechent pas que le cinquante-deux centimetres existe mille fois plus que le soi.xante-treize centimetres de M. Le Verrier, qui n'est lencore qu'a I'dtat de verres non degrossis. Co qui doit elonner, 'Ce n?est pas que I'instrument monstre de M. Torro ne soitpas

U2 COSMOS.

enti6rement termini, c'est qu'avec ses seules ressources, sans avoir recu de commande, et meme sans la perspective d'une vente prochaine, il ait pouss(5 si loin sa construction. M. Le Ver- rier sait beaucoup niieux que nous ce qu'exige d'habilete, de temps, de depenses, I'achevement d'un objectif d'un si grand dia- niclrc ; peut-etre meme qu'au fond il ne croit pas k la possibilite d'une reussite complete , tant c'est une oeuvre ardue. MM. Mertz, de Munich, les plus celebres opticiens du monde, ecrivaient der- ni^rement a I'illustre astronome royal d'Angleterre, qu'il n'etaient pas encore en mesure de lui livrer un objectif de douze pouces anglais, commande il y a plus de cinq ans, parce qu'ils ne sont pas completement satisfaits de leur travail. Or, de douze pouces anglais ci dix-neuf pouces francais, il y a une distance enorme a franchir ; M. Porro la franchira !

Dans sa note imprimee , M. Le Verrier a beaucoup ajoute aux roprocbes qu'il nous adressait. Nous nous contenterons de lui demander, comment, apres s'etre arme de cet aveu, conforme d'aillcurs & ce que nous avons souvent repete dans le Cosmos: que Vobjectifn'etait point encore digne d'etre presented I' Ohserva- toire imperial (au lieu de presente lisez installe), il ose dire de nos articles qu'ils sont elogieux a I'exc^s, que ce sont des reclames pompcuses, intempestives, une publicite indiscrete et sans dignite. Quand on est aussi baut place queM. Le Verrier, aumoins faut-il rester dans la verite et la moderation.

M. Porro a repondu avec beaucoup de calme, par la lettre suivante, adressee a I'Academie, dans sa derniere seance : « Pour metfre un terme S des debats que je n'ai pas souleves et qui ne me semblent pas opportuns, je me contenterai des quelques ob- servations suivantes : II n'est plus question aujourd'hui de sa- voir si robservatoire imperial doit ou non entrer en arrangement avec moi pour acbeter mon grand objectif; cet instrument est au- jourd'hui vendu a une Societe ilalienne, et I'Academie a appris, deM. de Senarmont, qu'on a dejamis la main & I'achevement del'ob- jectif, condition necessaire d'unevente definitive ; 2"laissantdec6te toute question commerciale et ne considerant que la question pure- ment scientifique, je me borne k dire qu'une commission a ete nom- inee, qu'elle procedera k un examen sdrieux et fera son rapport ; M. Le Verrier ne se trompe-t-il pas , quand il afflrme ou laisse entendre qu'on a refuse de lui laisser voir I'instrument ? Les do- cuments authentiques que je depose sur le bureau prouvent le contraire; j'ajouterai, que uomm^ membre de la commission, le

COSMOS. /»3

3 novembre dernier, M. Le Verrier a positivement ddclind cette mission; s'il n'a pas vu, n'est-ce done pas tout simplement parce qu'il n'a pas touIu voir? »

La seance dont nous avons ci rendre compte aujourd'hui a commence sous de tristes auspices et en presence de fauteuils "vides. A trois heures un quart, on ne comptait encore dans la salle, en dehors du bureau, que quatre membres : MM. Daussy, Montague, Babinet, Passy, et un savant physicien etranger, M. Tyndall. La correspondance, depouillee par M. filie de Beau- mont, n'a presente aucun interet, et I'ordre du jour a ele si vite ^puise que, pour atleindre cinq heures, force a ete de prier le se- cretaire perpetuel de lire en detail diverses communications sans portee dont il n'avait donne que le titre.

M. Lecocq donne quelques details sur le tremblement de terre ressenti a Clermont-Ferrand, le 16 juillet dernier. Le phe- nomene s'est borne a un mouvement sensible de trepidation ac- compagne d'un bruit sourd ; les oscillations se faisaient de haut en has et de has en haut, mais il parait qu'elles se propageaient en meme temps du nord au sud ; quelques sonnettes out tinte dans les appartements ; il est survenu, quelques instants apres, une pluie d'orage avec grele.

Un jeune preparateur du Conservatoire des arts et metiers adresse une Note sur la solubilite du phosphate de chaux mineral dans I'acide sulfurique, I'acide acetique et un melange de ces deux acides.

M. Marcel de Serres communique de nouveaux renseigne- ments sur les breches osseuses de la montagne de Pedimar, dans les environs de Saint-Hippolyte (Card), decouvertes par M. Entse, sergent-major au 99' regiment de ligne. On a deji trouve dans ces cavernes des dents de rhinoceros minutus, des debris de chevaux et de ruminants, etc., etc.

M. de la Jonquiere signale I'existence des sulfates de soude et demagnesie ci I'etat de veritables roches.

M. le docteur T. Phipson presente une Note sur les teredo fossiles.

« Pendant men sdjour k Bruxelles, les ouvriers, qui travaillaient h un terrassement dans les sables calcariferes de cette ville, m'ap- porlalent souvent les fossiles qu'ils deterraient k chaque instant. C'etaienl tant6t des noix de coco, tant6t des tiges de palmiers, de bambous, de peupliers completement petrifies, des coquilles d'huitres, de nummulites, etc.

M G08M0S.

line fois on m'apporta des amas de leo-edo. Ces derniei's fossites nroiiltVappe par une particularile remarquable :aussil6lqu'on les a I'etires de la lerre dans laquelle ils elaient enl'ouis ils exhalent une odeur de mer exti'emement forte. Celte odeur de la mer est telle- onent.oaracteristique que celui qui I'a senile seulement une fois 6U1' la plage sekrappellera toujours. On n'en connait pas blen.la jcause; les anciens I'avaient remarque, car, suivant Quinte- .Curce, Ics pilotes afiirraaicnt a Alexandre qu'ils reconnaissaient J'Ocean a son odeur, ugnoscere se auram rntms. Les teredo fos- fiiles prouvent en^outreque I'odour de la mor antediluvienneetait ,1a meme que celle qu'exhalent les mers actuelles.

,Les fossiles dontje parie, appartiennent A I'espece teredo cor- niformis, de Lauiark, espece qui penelre de nos jours dans les noix de coco et les bois qai flottent dans les mers tropicales. II existe, dans le Brabant, deux ou trois autres especes fossiles. Les .tubes de I'e^pece que je viens de iioiumer varient beaucoup en ,grosseur et sont Gontoui'ues dans tousiles sens. On les trouve dans .lebois petrifle, dans les -fruits fossiles de paUnLere (iYijwdJies); mais souvenl ils se trouvent en -amas au «ein desqueis il n'existe plus aucun vestige de bois. Les tubes ont deux enveloppes bien distinctes. La plusinlerne est tres-mince, c'estproprement la co- ..quille du imollusque; elle est recouverte d'une couche de cal- caire & structure crislalline radiee, qui a quelques millimetres d'epaisseur, et dont la surface est recouverte d'une infmite de pelits cristaux calcaires, ce qui lui donne nn aspect rugueux. La cavite des tubes est quelquefois remplie de calcaire compacte ou •cristaliise; plus souvent elle est vide et tapissee de pelits cris- taux tresruels qui rayonneut.d'un point central, a la maniere des cristaux , des cfeodes. Enfm, .les tubes sont souvent reconverts a J'exterieur d'unenduit noir, d'apparence charbonueuse; mais.la substance qui produit cette coloration ne se dissipe ni au feu du ichalumeau, ni dans I'acide nitrique bouillant.

L'odeur de mer que reii^ndent-ces fossiles, lorsqu'ils sont fral-

\chement retires de ,1a ter)?e,;est tres-remarquable. J'ai fait cons-

tater ce fait par plus de vingt personnes, enlre autres par des:sa-

.vants dislingues, alin dem'assurer que je n'elais pas dupe d'une

illusion. Apres quelque temps d' exposition h I'air cette odeur dis-

parait, mais on peul toujours la faire revenir par le frottement,

. 'Ou en raclant avec un couteau la surface externe des tubes,' II

;..aeirait curieux de voir.si cette propriele se rencontre dans d'autres

fossiles mai ins. Jene I'ai constatee;jusquiici>queidans;lestenetio.

COSMOS. i5

Cenx dont il est ici question se Ironvent dans les sables calca- riferes de Bruxclles, c'est-a-dire dans I'etage miocene moyen. LeuE odeur s'est done conservee pendant des milliers desiecles ! »

M. le marechal Vaillant fait hommage d'uii exemplaire de ses Rapports a FEiopereur sur raduiinistration et Ja production de rAJgerie:enl856.

M. Bertrand revendique, pour M. Cauchy, I'honneur d'a- Toir enonce et demontre le premiei' divers tlieoreines d'analyse que M. Vieille a presents comme nouveaux dans la derniere seance.

M. Valson soumet, au jugenient de I'Academie, des recher- ches theoriqaes et experinienlales sur les phenomenes capillaires en general, et en particulier sur les oscillalions des liquides dans le& tubes Ires-etroits.

La Commission dn prixs de mecanique, pour 1857 , se com- posera de MM, Poncelet, Gombesi Morin, Piobert et Dupin.

La Commission des prix Monthyon de medecine et de chi- rurgie ,. nommee dans la derniere seance, est composee de MM. Andral, VeJpeau, Serres, Cloquet, Bernard, Jobert de Lam- balle, Rayer, Flourens et Dumeril.

Mi Desprelz, au nom de M. Palagi, de Bologne, depose un paquet cachetie contenant laidescription d'un appareil voltaique Douveau, donnanti,, sans emploi d'aucuno des piles connues, des courants parfailemcnL continus el d'unc intensile suffisante pour elre employes avec avanlage dans la telegraphie electrique et la galvanoplastie..

Nous avons-reca k ce sujet, du savant physicien italien, une' Note dont nous donnerons la traduction dans une prochaine li- vraison. Nous n'avons pas encore devine ce qu'il y a d'essentiel- lement neuf dans ce que M. Palagi croit etre une decouverte ca- pitale.

. M.Peligot presente une Note de M. Bonis, relative h de nou- Teaux precedes d'aoidiflcation des corps gras.

M; Erne&t Faiv-re lit un Memoire de physiologie comparee' sur les proprietes et les fonctions des nerfs craniens chez les dy- tiaques. En voici les conclusions :

L'ablalion du ganglion sous-oesophagien entraine la paralysie du-mouyementetde la sensibilite dansitoules-les pieces destinees &.Ia prehension et i la mastication.. ■' h; ;. .-.ii -^s

jLes antennes restent;instaoteg.

L'ablation du ganglion sus-oe3apliagieii;atooliti aa contraire les"

&6 COSMOS.

proprietes motrices et sensitives des antennes, sans emp*cher ni la prehension ni la niasticalion.

Enfin, rabiation du ganglion frontal (origins du stomato-gas- trique) fait cesser les mouvements de deglutition sans modifier ni les proprietes des antennes, ni la prehension et la mastication.

En coupant directemcnt les nerfs cnlniens de plusieurs pieces buccales, j'ai demonlre que les nerfs etaient mixtes des I'origine.

J'ai fait voir aussi que chaque nerf prend son origine dans la partie da cerveau correspondante, et que les nerfs ne s'entre- croisent pas.

M. Zaliwski, ou mieux pour parler sa langue, Zaiiwski, lit un Memoire fort ambitieux, mais helas ! par trop vide sur rattraction universelle des corps, au point de vue de I'electricite ; c'est une seconde edition de la brochure publiee par lui I'annee derniSre. Cette brochure, nous venons dela relire , et nous sommes desold d'avoir h dire qu'elle ne contient que des assertions vagues sans preuves aucunes. «Entrelechoix dela gravitation, force inconnue en elle-raeme, ou de I'electricite moteur qui tombe journeliement sous nos sens, I'identite de celle-ci doit necessairement prevaloir. Voila toute la question ! L'electricite se trouve dans toutes les substances; elle simule dans beaucoup de cas I'attraction ; elle est de toutes les forces que nous avons entre les mains la plus ener- gique, celle que Ton peut degager le plus t6t, en tons lieux et en tout temps. Quelles sont les conditions d'un mobile souverain dans la maliere? C'est qu'il soit au pied de la lettre universel, peu palpable. L'electricite seule satisfait S ces conditions. Jusqu'4 nouvel ordre, cette force sera done physiquement le mobile princi- pal de la creation. » Comment ne pas plaindre M. Zaliwski quand dans ces affirmations il voit une preuve evidente de I'identite de l'electricite et de I'attraction universelle?

M. Baudouin , inventeur du systeme de conducteurs teldgra- phiques souterrains, applique recemment avec beaucoup de suc- c6sa Paris, annonce I'envoi prochain d'un Memoire sur ce qu'il croit 6lre le meilleur mode de construction des cables electriques sous-marins.

M. le docteur Henry Bonnet lit une Note sur un procdde' nouveau d'analyse des os.

Apr6s avoir constate que les analyses des os donnees par Ber- z^lius et par Rees laissent beaucoup k desirer, et avoir indiqu^ les causes des erreurs dent ces analyses sont entacWes, M. Bonnet d^crit ainsi qu'il suit son proced^ :

COSMOS. IHiAi

On prend une rondelle d'os, et on lui fait subir un fort courant d'eau sous un puissant jet de robinet, de manifere que, p(5nclrant avec violence dans les canalicules, ce courant puisse enlever la graisse, etc. Malgre cela, 11 en reste encore, et on pent aisdment la voir au microscope : ce n'est qu'apres avoir fait macerer dans I'alcool et I'ether, qu'il ne resle plus rien que la partie integrante de I'os. Apres ces operations successives, on desseche a 80 degres de I'eluve de Gay-Lussac. On laisse refroidir et on pese; on a eu un certain poids D. On place la rondelle d'os dans une capsule de platine & la chaleur d'un moufle, assez longtemps pour que la matiere organique se brdle, etc. ; on pese de nouveau et Ton a un certain poids D'. On traite ce residu par de I'acide chlorhydrique pur, qui dissout les deux phosphates de chaux et de magnesie qu'il contient, en faisant passer la chaux a I'elat de chlorure ; on precipite I'acide phosphorique des phosphates parle chlorure de fer, en presence de I'acetate de sonde, h I'elat de phosphate, de fer ; au moyen des equivalents, et par une simple proportion, on a la quanlite totale R de I'acide phosphorique contenu dans les deux sels.

On recueille le precipite et on le lave avec soin. La Uqueur res- tante contient du chlorure de calcium (provenant du phosphate et du carbonate), du chlorure de magnesium, plus du chlorure de fer introduit; on se debarrasse d'abord du fer en traitant par I'ammoniaque ; on a de I'oxyde de fer qu'on lave simplement pour emporter les chlorures de calcium et de magnesium dissous qui y resteraient interposes, et Ton r<?unit les eaux k la liqueur qui reste a analyser. On precipite par I'oxalate d'ammoniaque, ea presence du sel ammoniac, toute la chaux du chlorure a I'etat d'oxalale de chaux, qu'on recueille et qu'on lave sur un liltre •. pese d'avance ; on seche et on pese le tout. La difference entre cette derni^re pesee et le poids du flltre donne la quantite d'oxa- late et de chaux. Mais, comme I'oxalate de chaux n'est pas stable k la chaleur, il vaut mieux le brdler avec le liltre dans une cap- sule de platine, trailer par I'acide sulfurique, faire dvaporer k siccite, et peser le sulfate de chaux forme en tenant compte du poids de la capsule et de quelques milliemes de cendres du liltre; au moyen des equivalents, et, par uhe simple proportion, on a la quantite P de chaux appartenant au phosphate et au car- bonate.

La liqueur ne renferme plus que du chlorure de magnesium, qu'on precipite par le phosphate de soude ammoniacal i I'etat de

ftS- COSMOS.

phosphate ammoniaco-maQ;nesien; onrecueille, on lave, on s^che et I'on pese. Par los e(iuivalbnts et une proportion, on connait la proporlion do majynesie; cette proportion connue, et partant de la formnlo PhO^ 3MgO du phospliate des os, on sailla quantile cor- respondante R'd'acidephosphorique, et, par suite, la quantile de phosphate de magnesie que renfermaient les os analyses ; retran- chant la quantile, R', du poids total R d'acide phosphorique des deux phosphates la difference R R' donne I'acido' phosphorique du phosphate de chaux, et, par suile, le phosphate de chaux lui- mSme; d'ou Von deduit, par les equivalents, la quantite P' de- chaux contenue dans le phosphate ; on retranche P' du poids to- tal P de la chaux, et la ditlerence P P' donne, immedialement la chaux du carbonate, mediatenient le carbonate et la quantite correspondantfi d d'acido carbonique.

^ On ajoute au poids D' du residu de I'incineration, le poids d d'acide carbonique, que la chalenr du moufle avait enleve au carbonate ; la dilFerence D' d donne le poids de la nialiere mi- nerale de I'os, et la difference D (D' + d) le poids de la maliere organique.

Gallnie de fer employe coiiime reaclif en remplaceinent du tourn(^sol.

M. Hermann Becker a fait, au laboratoire du professenr Kiihn, a Leipzig, une serie d'expe'riences, dans le but de decouvrir : par quelle couleur on peut indiquer la neutralite d'uo liquide alcalin combine a un acide; si touslesalcalis donnentla meme couleur; si tous les liquides prepares par differents alcalis et rendus acides par des acides differents donnent les memes cou- leurs. II resulte de ces experiences, que le gallate de fer, par sa couleur plus prononcee, plus intense, doit etre prefere dans la pratique ordinaire au tournesol. L'auteur fait remarquer que le point de combinaison ne con-espond pas h une couleur deter- min^e, jnais que le signe distinctif bleu rougeatre se montre Ik o\i la combinaison est neutre, etque le rouge se change en bletr par la sensibilite du reactif. T. L. P. [ArclHv. des jjharm.)

YMIETES.

Hermann Goldschmidt

. M. de.Saulcy, membre de rinstitut a fait Tecemment, dans le Courrier de Paris et dans Ylndependance beige, ce que nous au- rions voulu faire depuis longtemps dans le Cosmos, -il a chante en J'honneur de ce brave M. Hermann Goldschmidt, type accompli de la modestie unieau talent, un liymne suave dont noussommes .heureax de nous faire Ueobo.

(( II y a quelques dizaines d'annees , naissait k Prancfort un pauvre enfant que la destinee comlamnaita I'ai'aace au travail pour toate fortune. Tout petit, et sur les genoux de sa mere , un etrange instinct le poussait a formnler des questions auxquelies la brave femme ne savait en verite que repondre. Toujours, il s'a- gissaitdu soleil, de la lune et des etoiles, auxquels la mere n'en- .tendaitgouLte, et auxquels I'enfant grillaitde comprendre quel- q.ue chose. A I'age de dix ans, je ne sais ti-op comment il parvint <kse procurerdes cartes du ciel, sur lesquelles il peignit la Grande Oursc et les autres constellations, en piquant avec une epingleles etoiles de premiere grandeur, -afin de pouvoir comparer le ciel reel qu'il contemplait avec acharnoment, avec son petit ciel do poche qu'il eclairait a I'aide d'une cliandelle , afin que la lumiere transmise a travers les piqilres lui fouroit une image plus exacte de ces corps brillants quiil tenait taut a-connaitre. Convenez que, pom* une idee€nfantine,eJie,n'etait pas drop maladroite,

Notre astronome en herbe avait uiwj grande timidite naturelle, et il I'allut tout sou amour inne des astres pour lui faire oser ce que je vais raconter. 11 avaita peinequatorze ans, lorsqu'un com- joiercant, ami de sa famille, demandaqu'on le lui coniiat pendant quelques jours pour lui faire visiter la ville de Manheim, lieu de sa .residence. Des lelendemain de son arrivee, I'eni'ant fut mis sous la tutelle d'mi commis charge de lui montrer ce que Manheim ren- ifermait de curieus. Dans sa promenade , il apercoit une haute tour carree entouree de belles allees d'arbres. « Qu'est-ce que cet edilice? s'ecrie-l-il. C'estl'observatoire. » La-dessus, le petit bonhomme, sans se donner le temps de dire un mot, prend ses jambes a son cou , se precipite vers la tour et sonne ci tours de bras. Des que la porte est ouverte, I'eiifant grimpe sans dire gare .et arrive tout essoufile au beau milieu des instruments. Le direc-

50 COSMOS.

teurctait 1^. Hermann, sans lui demander pardon de sa brusque Tenue, le supplie de lui expliqucr I'usage de tout cetattirail niys- terieux. Et Texcellent directeur, avec cette bonhomie allemande qui se dement si rarement , montre tout et expliquc tout a son ^16ve improvisd, qui saisit k merveille et justifie pleinement ainsi la condescendauce du professeur nialgre lui. Le directeur de I'ob- servatoire de Manlieim etaitl'astronome Nicolai.

De ce jour, la vocation dujeune homme etait trouv^e; maison ne gagne pas son pain k faire del'astronomieen amateur, et pour contempler fructueusement les etoiles, il faut, comme dans beau- coup d'aulres cas, n'etre pas t jeun. Ventre affame n'a, dit-on, pas d'oreilie ; je crois fort qu'il n'a pas de bons yeux non plus. Que faire? On devine dej&, d'apres le peuquej'ai ditde notre fulur d^- couvreur de planetes , qu'il y a beaucoup de I'esprit d'artiste en lui. Son choix fut done bientOt fait , et ce fut h la peinture qu'il resolut de demander ses moyens d'existence. Pour un peintre qui se fait un nom et se cree une fortune, il y en a cent (je suis mo- deste) qui passent leur vie a tirer le diable par la queue, qu'on me pardonne celte expression de rapin; notre homme etait done du nombre des appeles, mais des elus, point, helas! Au retour d'un voyage en Anglelerre, voyage pendant lequel ilavaitrecolte beau- coup d'ennuis et fort pen de livres sterlings, on lui parla du cours de M. Le Verrier Curieuxde voiretd'entendrelejeune savant qui venait de s'illustrer par une decouverte, que lui Goldschmidt, eut volontiers payee de savie, il accourtA I'amphitheatre de la Sor- bonne. G'elait le 31 mars 1847 ; dans la nuit de ce jour-l& meme, il devait y avoir une eclipse de lune , et M. Le Verrier expliquait k son auditoire toutes les circonstances du phenomene qui allait 6tre visible dans quelques heures pour tous, et les details de la theorie qui en avait prevu la manifestation et calcule les phases. Le peintre qui en savait beaucoup plus long qu'il ne se le figurait, fut tout surpris de ne rien rencontrer dans cette lecon qu'il ne comprit a merveille. Anche io son astronomo ! se dit-il au fond du coeur, et d6s le soir meme, sans plus attendre, il se decide k con- sacrer la moitie de sa vie k I'etude de la science qu'il affectionnait d'instinct II lui fallut deux annees et demie pour se familiariser avec la science toute faite des livres , et Ton concoit k peine que pareil apprentissage ne lui ait pas coilte plus de temps. Toujours est-il que trente mois apres le 31 mars 1847 notre artiste braquait sa premiere lunette, une pauvre petite lunette, k la lucarne du galelas qu'il habitait. Celui-li a certes le feu sacre qui proclame

COSMOS. 51

haulement que le jour ou il put appliquer son oeiUune lunette, fut le plus beau jour de sa vie. Ajoutons qu'au moment ou ses ob- servations commencaient, Temeulegrondaitet le cholera frappait a toutes les portes. Tous les amis de I'astronome avaient fui la cite en souffrance, et lui, puisait chaque nuit dans la contempla- tion du ciel, I'energie necessaire pour rester ferme h son poste, ce poste d'honneur ou il s'etait place avec tant de joie et de sa seule volonle. Ces nuits si occupees etaient-elles done compense'es par un sommeil reparateur pris sur la journee de travail? Point! le pinceau marchait avec obstination, puisque le pinceau etait le seul fournisseur de la mansarde; quelques heures de repos dero- bees par-ci par-la au travail de jour et de nuit, suffisaient a notre artiste savant pour combattre victorieusement toute alte'ratioii possible de sa sante.

Comment I'idee lui vint-elle de se mettre h faire la chasse aux planetes inconnues? Toutnaturellement; car on ne s'occupe pas avec cette ardeur exemplaire d'une science quelle qu'elle soit, sans se sentir bien vile pris au cceur et h la tete du besoin de lui faire franchir les limites dans lesquelles on a trouve cette science confinee. Lorsqu'on etudie les astres, le plus noble but que Ton puisse se promettre d'atteindre au bout de ses Etudes, c'est la decouverte d'astres encore inapercus, ce qui complete le systejue de cette admirable machine qui s'appelle le monde... Pour cela faire , il faut avant tout se procurer des instruments assez chers...

Devinez qui donna la premiere bonne lunette & notre artiste ! Ce flit le grand Galilee ! en peinture, qui se chargea de la lui payer : voici comment. Le peintre, toujours astronome de cceur, avait rencontre & Florence le portrait de Galilee, et il en avail fait re'solument deux copies, dont I'une fut donnee par lui a I'illustre savant dont la science francaise devait porter eternellement le deuil, k Francois Arago, qui voulut bien accepter cetle toile en souvenir de la premiere decouverte astronomique de celui qui I'avait peinle. L'aulre copie fut donnee a un cousin, en cchange de la lunette desiree. Qu'il me suffise d'ajouter mainlenant, que tout I'arsenal celeste de I'observatoire en question ne fut compose d'abord que d'une petite lunette h tirage de 19 ligncs d'ouverlure, et qu'il ne s'enrichit que plus tard d'une autre lunette de 23 lignes, ix I'aide de laquelle noire observateur obstine decouvrit, le 15 no- vembre 1852, jour de la Sainte-Eugenie, sa premiere planete qu'il rencontra dans la constellation du Belier.

53- COSMOS.

Six jours apres, M. le mioistre cVEtat recut de notre astronome Ja pricre de mettre sous les yeux de S. M. rEmpereur raniionce: de sa decouverte, avant qu'elle ne fdt communiquee au public. Je ne doule pas que cette respectueuse intention n'ait 616 execu- tee; mais on etait.alors au milieu des preoccupations de I'election imperiale, et La pauvre petite planete dut passer inapcrcuc, sinon pour la science, dumoins pourle protecteur-ne des savants. 11 n'y a pas encore cinq annees revolues depuis ce briliant debut, et dej& cinq autres planetcs ont ete decouverte&par lememe homme, et avec les memes ressources.

Que luienest-iladvenu? allez-vous infailliblement me dire; il a. sans doute ete dignement recompense, decoro, aide, mis & I'ar bri du besoin contre lequel il lutte bravement et noblement de- puis si longtemps, lui qui a toujours de I'argent dans sa poche pour qui est plus mallieureux que lui, quand il n' en a pas assez, k son avis, pour se payer a diner? Erreur, mon cher lecteur.;-; il a ete tout simplement oublie et laisse k I'ecart, comme un en- nuyeux personnage qui a la manie defairedes decouvertes qu'on ne lui demande pas de faire, et qui ne lui sont pas payees ! Fi de; rimportun ! ! !

Void le catalogue des planetes decouvertes successivement pair le savant dont je viens d'esquisser I'bistoire :

Lutetia, 15 novembre 1852; Pomone, 26 octobre 1854 ; S'-Atalante, 5 octobre 1855; 4" Harmonia, 31 mars 1856; 5°Daphnd, 22 mai 1856 ; Planete non encore nommee, 27 mai 1857 ; 7" Pla- nete non nommee, 26 juin 1857.

Mais quel est done cet homme si peu connu en dehors du cercle etroit des astronomes offlciels, et qui a deja merile sixfois le boui de ruban qui revient pour ainsi de droit reconau aux as- tronomes heureux ? Voici la reponse :

Vous connaissez le cafe Procope, cecafehistorique delarue de rAncienne-Comedie; penetrez dans la maison mtimedontce cafe occupe le rez-de-chaussee : une fois i'escalier attrape, montezj;. monlez toujours, montez jusqu'au premier etage en descendant du cicl. Dela, si Ton pouvait entendre chanter les anges, vnns ne perdriez pas une note de leurs concerts. Quand vous serczbien convaincu qu'il n'y a plus une marche a franchir, frappeza la petite porte qui sera devant vous : c'est celle dumodoste atelier^ delachambrec'i coucher-observatoiredeM. Hermann GoldschniitU, que vous trouverez a toute heure, le jour a son chevalet, la nuit I'oeil applique au verre d'une lunette ; c'est un homme comme

COSMOS. ' '53

tout le OTonde : timide, poli, de formes prevenantes .et affec- tucuses, n'ayant aucun ruban ci la boutonniere, sobie, patient, infaligable, et par-dessus tout d'une bonteexemplaire. Vous con- naissez mainlenant ce precieux et rare echantillon d'une race qui s'eteint : celle des savants vrais ct modestes!... »

M. de Saulcy nous .pardonnera d'aj outer quelques traits k son delicieuxitableau. II a tant et si bien parle de Tastronome, qu'il nous penuettra de dire quelques mots du peintre. M. Hermann .Goldsclimidt manie tres-babilement le pinceau, et la noblesse de ses sentiments, comme peintre egale son ardeur comme astronome. . II avail deja decouvert ses premieres planetes, lorsque M. Arago eut la bonne pensee de lui faire commander, par la direction des Beaux-Arts, un tableau convenal)lement pave. C'etait un moyen adroit et honorable de lui faire accepter une indemnite qu'il au- rait repoussee sous une forme plus materielle. L'astronome s'esl done mis ci I'ceuvre, et, parce que les heures de la nuit sont pour lui les heures du triomphe, il a resolu d'dclairer son tableau d'une lumiere arlificielle. II choisit pour sujet la scene dans laquelle Shakspeare montre Juliette se donnant la mort pres de Romeo inanime. C'est une vaste toile, dans laquelle Jes personnages du premier plan sont d'une grandeur plus que naturelle, et qui a demande plusieurs annees de travail.

Elleelaitentierementacheveeau moment del'Expositionuniver- selle del855. M. Goldscbmidtravaitmontree dans son atelier a ses maitresetasesamis qui touB I'avaient trouvee fort belle ; ilnedou- tait pas que le jury lui fit on accueil favorable; et copendant elle fut refugee. Nous renoncons a peindre la douleur qu'il ressentit ; il aurait volontiers brise ses pinceaux et dechire sa toile, s'il n'.avail •pas eu le sentiment profond de sa valeur. Force lui fut de la li- •vrer auministere quil'avait commandec; mais on I'aurait tue plu- t6tque de lui faire accepter le prix convenu, prix cependant lar- ■gement miSrite. La di^solation du noble et savant artiste fut si gran de qu'il tomba malade; un instant nous avons desespere do sa vie ; il etait si accable que le ciel meme, le ciel tant alme, n'e- tait plus pour lui qu'un ciel d'airain.

II ne roprit courage que lorsqu'il apprit qu'un nofuveau Salon 4e peinture s'ouvrirait en 1857. Des que le jury fut rassemble, il courut au ministei'e chercher sa toile bien-aimee; il la trouva sous un comble, la peinture tournee vers une muraille humide. dans des conditions si mauvaises qu'il n'cn serait i-ien roste si eWe n'avait pas ele peiute avec une conscience extreme et des

54 COSMOS.

couleurs de choix ; elle n'avait besoin que d'etre lavde et vernie pour rctrouver son ancien eclat ; quelques jours apris, il la trans- portait au palais de 1' Industrie. Un nouveau refus Taurait fait mourir; qu'on juge de sa joie quand ii apprit de la bouche d'un des juges les plus severes que son tableau avait etd recu a I'una- niniite des suffrages. II figure done d I'Exposilion actuellc dans le seplieme salon ; mais, belas! perche si haut qup, s'il Tosait, I'as- tronome, pour le montrer k ses amis, braquerait sur lui la petite lunette de Fraunhofer, qui lui a montrd, dans le ciel, la premiere planele decouverte & Paris, et que, par une exception glorieuse, Arago appela Lutetia. Au prochain remaniement du Salon, la belle toile de Romeo et Juliette descendra du ciel, et M. Goldschmidt sera le plus heureux des mortels.

Sur la constitution et sur la vraie forniule de I'acide oxalique

Par M. Ad. "Wchtz.

L'acide oxalique, un des acides le plus anciennement connus et les plus importants, qui apparait souvent comme le produit ultime de la transformation et de I'oxydation des matieres orga- mques,possede, en apparence, une constitution tellement simple que les chimistes I'ont d'abord considere comme un degre d'oxy- dalion du carbone intermediaire entre I'oxyde de carbone et l'a- cide carbonique. Celte opinion, longtemps soutenue, et que par- tagent encore quelques savants, a fait place dans ces derniers temps a une autre theorie, qui consiste a envisager l'acide oxa- lique comme un vrai acide bibasique renfermant quatre equa- tions de carbone, deux d'bydrog^ne et huit d'oxygene : C H^ 0'. Si la molecule de l'acide oxalique est veritablement aussi com- pliqude que i'indique celte formule , on eprouve quelque embar- ras & le classer. Son mode de formation, le corps d'oii il derive, la place qu'il doit occuper dans une classification methodique, sont des questions qui n'ont jamais ete abordees.

M. Wurtz a trouvc que I'acide oxalique derive du glycol, com- pose qu'il a decouvert I'annee derniere, lequel, en s'oxydant, se transformerait en acide oxalique , comme ralcool se transforme en acide ac^tique.

Lorsqu'on met quelques gouttes de glycol en contact avec du noir de plaline, on observe k I'inslant meme une reaction des

COSMOS. 55

plus viTes; le noir de platine devient incandescent, le glycol dis- paralt, et il se degage de I'acidG carboniqueen abondance. Ce de- gagement a lieu encore si Ton melange avec du noir de platine du glycol etendu de plusieurs fois son volume d'eau. Le melange s'echauffe, et si on I'dpuise par I'eaa, lorsque la reaction est terminee, on n'oblient par I'evaporation qu'nne trace d'un acide fixe, formant avec la chaux un sel soluble et reduisant les sels d'argent : ces caracteres sont ceux de I'acide glycolique. Cettc oxydation etant trop vive , I'auteur a agi comme suit :

Environ 10 grammes de glycol ont dte dissous dans quatre volumes d'acide nitriqueetla solution a ete abandonnee pendant quelques jours & la temperature ordinaire, fivaporee dans le vide, au-dessus d'une assiette rcnfermant des fragments de chaux , elle a laisseun residu sirupeux et fortement acide. Ce residu a etd delaye dansl'eau et neutralise par la craie. La solution fdtre'e ayant ete melangee et concentree, a ^te pr^cipitde par I'alcool et a laisse deposer un abondant precipite qui a ete redissoiis dans I'eau bouillante. La liqueur s'est prise en masse par le refroidis- sement, en laissant ddposer un sel de chaux cristallise en houppes et en mamelons. On I'a purifid par une nouvelle cristallisalion. A 120° il perd 22 pour 100 d'eau. Le sel sec renferme :

Eipiriencn'.

Tl.^

oiics.

Caibone.... 24,87 25,00

C*

i!5,?6

HyJrog^ne.. 3,52 3/.0

11'

3,15

Oxygene.. . . » »

03

»

Chaux 28,93 «

CaO

29,<7

La formule C'H'CaO' qui exprime la composition de ce sel, est celle du glycolate de chaux. L'acide qu'il renferme C H'' 0^ a (^te signale d'abord par M. Strecker, comme un produit d'oyda- tion du glycocolle (sucre de gelatine.) Il est identique ou isome- rique avec l'acide que M. Cloez a obtenu en oxydant le fulminate de mercure et nomme homolactique. L'acide C H* 0' est en effet I'homologue de I'acide lactique C^ H* 0'. II est possible qu'il alTecte deux modifications, comme l'acide lactique lui-meme, et le sel que M. Wurtz a analyse, paralt en edet diflcrer, par sa faible so- lubilite dans I'eau, du glycolate de chaux ordinaire.

La llquem-alcooliqued'ou ce glycolate de chaux s'etait depose, ne renfermait aucune substance an;ilogue a I'aldehyde et capable de former une combinaison cristallisable avec le sulfate de soude.

3" En troisiSme lieu, 3 grammes de glycol ont ete soumis pendant quelques minutes a I'ebullilion avec quatre volumes d"acide ni-

,^6 GOSMOS.

trique. Une reaction tr^s-vive s'est,mailifest6e ,id'at)on(tantes'tia- peurs rouges se sont degagees, et la liqueur abandonnee & ellB- meme du jour au lendemain s'est prise en une masse de cris- taux : ces cristaux etaientd€ Tacide oxalique.

Enfln, avec I'acide 'nitrlque monohydrate, Voxydntion flu glycol est encore plus vive : il se degage de I'acide carbonique et la liqueur retient de I'acide oxalique et mfime une ccrlaine quantite d'acide glycolique.

II resulte de ces experiences que les produits de Uoxyda- tion reguliere et •successive du .glycol sont deux acides, I'acide glycolique et I'acide oxalique. L'acide carbonique qui apparalt quelquefois dans ces reaclions, resulte de I'oxydation de I'acide oxalique lui-meme. Les relations qui existent entre le glycol et ses produits d'oxydation sont, d'aprSs I'auteur , les memes que celles qui existent entre I'alcool et I'acide acetique. Le radi- cal du glycol est le gaz oleflant, I'acide oxalique est pour ainsi dire I'acide acetique du glycol. L'acide glycolique est un produit intermediaire, resullat d'une oxydation moins avancee. D'a- pres M. Wurtz, ces experiences iournissent une preuve certaine ,que l'acide oxalique renferme quatre equivalents de carbone; car derivaiit du glycol, il provient en definitive par synlhese du gaz olefiant qui renferme qnatre equivalents de carbone. II existe d'autres acides organiques qui appartiennent a la meme serie que l'acide oxalique, qui renferment comme lui huit equivalents d'oxygene et qui contiennent le carbone et I'hydrogene combines dans les memes proportions : ce sont les acides succinique, adi- pique, lipique, suberique etsebaOique. Dememe que l'acide oxa- lique derive du glycol, ces acides plus elevds dans la serie se rat- tacheraient, d'apres M. Wurtz, a des glycols superieurs dont il a demontre I'existence.

ilmprimerie de W. Kemquet et Cie, A. TRAMBtAY ,

rue Garanciire, 5. proprielaire-gerani.

T. XI, 17 juUlet 1857. SJxJime ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LiV SEMAINE.

M. Flourens, professeur au college de France et au Museum d'histoire naturelle, secretaire perpeluel dc I'Academie des sciences, a ele nommd receniment membro du conseil imperial d'instruc'tion publique, en remplacement de M. le baron Thenard.

Noire jeune ami, M. Alvaro Reynoso, chimisle trfes-distingue, auteur de plusieurs Recherches importantes de chimie appliquee a la physiologic, vient d'etre nomme professeur de chimie orga- nique h I'Universile de Madrid.

D'importanlcs pepinieres couvrant une superficie de plus de dix hectares , ont ete recemment creees aux frais de la ville de Paris , dans la plaine de Lonchamp , pres du bois de Boulogne; elles sont destinees h fournir, dans un avenir prochain, lesarbres les mieux appropries aux plantations de la capitale. De vastes serres construites dans le voisinage de la Muctte recoivent en outre journellement des vegetaux exotiques employes en partie, pendant la belle saison , a decorer les ilos du bois; un certain nombre de bananiers et de cannes S sucre extraits de ces serres ont ete transplanles dans le square de la tour Saint-Jacques-la- Boucherie.

Pour se faire au moins une id^e du mouvement excessil' qu'enlraine I'induslrie des chemins de fer, il suffit de bien mediter les donnees suivantes, exlraites d'un rapport de M. Sauvage, in- genieur en chef du materiel de la compagnie de I'Est. Le materiel de celte compagnie a coute 70 millions de francs et comprend 473 locomotives, 624 tenders, 9 000 voil uros et wagons, 3 000 paires de roues deslinees a de nouveaux wagons. Si Ton faisait de tous cesvehiculesun convoi unique, ce convoi immense s'etendraitde Paris & la Ferte'-sous-Jouarre, surune longueur de 65 kilomelres. Les 473 locomotives rcpresentenl une force de cent niille che- vauxou de douze cent mille manoeuvres de vigueurmoyeiine. En 1856, le parcours des trains a ete de huil millions de kilomelres; les machines, lesvoitures etles wagons rcunis, ont franchi cent cinquante millious de kilometres, distance egale a celle de laterre

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au soieil. Les locomotives seules ontparcouru dix millions de ki- lomelros, c'cst-^-dirc deux cent cinquante lois le lourde la terre, ou trenle fois la distance de la terre k la lune. II tombe en moyenne, chaque annee, environ un million de metres cubes d'eau surune snpcriicie de cent cinquante hectares; c'est juste la quanlilc d'eau que cofisommcnt les locomotives. La gare da che- min de fcr de Strasbourg a Paris serait remplie de colce, en lon- gueur ct en lai'geur, dopuis la base jusqu'au faitc, qu'au bout de i'annee, les deux cent mille melres cubes de charbon que peut conlenir ce vaste espace, auraient disparu dans les flancs des lo- comotives.

Le Medical Times indique un moyen facile de prevenir les nombreux accidents qui resultent si souvent delacomumnicatiort duvt'eu aux vetements legers des dames; il consiste a les tremper dans une solution de chlorure de zinc etendue d'eau : la plus fine baiisle ainsi preparec, si on y met le feu, se reduira encendres sans donner la moindre flamrae.

Les renseignements suivants empruntes i un Memoire de M. le professeur Henry Rogers, sur la Geologie et la Geographic physique de I'Am^rique du Nord , monti-ent dans quelles condi- lions heureuses se trouvent les l^ltats-Unis. L'etendue totale des terrains bouillers de I'Amerique du Nord est d'au moins 500 000 kilomiMres carres; cette meme etendue des terrains bouillers est pour I'Anglcterre , de 13 500 kilometres carres; pour la France, 2 500; pour la Belgique, 1 275; pour la Prusse Rhenane et Sar- rebruck, 2 ZiOO ; pour la Westphalie, 950 ; pour la Boheme, 1 000 ; pour la Saxe, 75; pour les Asturies en Espagne , 500; pour la Russie, au plus 250. Le sol americain conlient done a lui seul dix mille fois plus de bouille que I'Europe entiere; elle possede un ki- lometre carre de terrain houiller pour chaque 15 kilometres carres de sa suiface, tandis que I'Angleterre n'a qu'un kilometre carrd pour 22 1/2 kilometres carres de surface. Enadmetlantque i'aire totale des terrains bouillers du globe soit de 550 000 kilo- metres carres, et estimanti 7 metres I'epaisseur moyenne de la couche de charbon de bonne qualite, la quantite entiere de honille ^ondensec en un seul bloc formcraitun cube de 1 500 kilometres environ de cold, ou un monticule ayant pour base 250 kilometres ^arrds, ct pour hauteur, 150 metres. Le produit annuel deshouil- 5i'res est actuellement pour I'Angleterre, 65 millions de tonnes, pour les f.(ats-Unis, deSa 9 millions, pour laP.elgiquc. 5 miUions, pour la France, 4 500 000.

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En considerant lahouille au point de ?ue de la generation de la Tapeur ou de la production de la force, et prenant pour point de depart le chiffre de consommation des machines k vapeurde Cor- nouailles, on trouve qu'nn demi-kilogramme de charbon fait a peu pres ie travail journalier d'un honnne; etquo Irois tonnes de charbon representent le travail qu'un ouvrier de force moyenne fait dans sa vie enti6re; en admettant done que TAnglelerre em- ploie 10 millions de tonnes de charbon h produire de la force, c'est comme si elle avait a son service une armee de plus de 3 millions d'hommes travaillant pendant vingt ans; ou comme si elle avait chaque annee ti sa disposition 66 millions d'hommes vi- gourenx. La force latente contenuedans la houille que ses flancs renferment, est equivalente S celle de /lOO millions d'hommes, c'est-a-dire au double du n ombre des hommes adultes du monde entier.

M. T. Grucker decrit en ces termes dans YAmi des sciences, «n ins1run)ent h vent, qui, dit-il, ne coule rien, et que nous faisons connfiitre, quoiqu'il ne soil pas nouveau. « Je prends un bout de papier de la dimension d'un decimetre carre, j'en coupe un des bords avec les ciseaux et J3 le mets legeroment entre les levres, en tenant le papier avec les pouces et les index des deux mains , de sorte que les doigts du milieu s'appuicnt I'un contre I'autre. Je produis alors en sifflant jusqu'a deux octaves avec tons les demi- tonset autresnuances de tons qu'on pent faire entendre surla corde mi du violon; la tension la plus forte prnduit le son le plus aigu; les autres tons rcpondentci des tensions plus ou moinsenergiiiues. Par un long et frequent exercice, on parvienta donner le dogrede tension necessaire aux differenis intervalles et a imiter assez bien le chant et meme los tremolos du violoncelle. Deux ou trois per- sonnes, naturellement musiciennes, pourraientpeut-etrecxecuter avec cet instrument primitif des duos ou des trios, d'une simpli- cite et d'une oiiginalite remarquables. »

Le fruit dont M. le docteur Guyon a cru devoir signaler Tac- tion toxique estle fruit du redoul ou sumac, coriaria myrti folia. Ses proprietes malfaisantes s'etaient dej& fait sentir en Catalogne dans le corps d'armec du marechal Macdonald en 1809; sur 23 soldats qui en mangerent, 3 moururent et 15 furent frappes d'un en- gourdissoment qui dura assez longtemps. Dans la Kabylie, en 1847 et en 1851 , un soldat sur 10 hommes de la colonne du generfij Bedeau, et quatre soldats sur dix-sept de la colonne du geneial Saint-Arnaud, succomberent tr^s-rapidement; ceux qui resis-

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teront prcsenterent ious des symptOmcs plus cm moins graves. JI imporle done que Ton soit bien averli de ce danger, et que les mi- litaires qui traverscnt des conlroes on cet arbrisseau croit abon- damment, connaissent ce fruit d.ont I'aspect est tres-tentant quand on eprouve le besoin de se rafraichir.

Les environs de Bouffarick. sont extremement insalubres; une Tingtaine seulemoul des premiers colons a echappe aux fievres pestilentielles qui d^solent la contrde. Et chose singuliere ! ceux qui ont echappe etaicnt installes au centre de terrains marccageux. M. Kockzanowski qui liabite, lui aussi, depuis dix ans, une ferme situee dans les marais, n'a jamais ete alteint non plus que les personnes employees par lui. II attribue cette preservation vrai- ment niprveilleuse aux plantations de saules qu'il a faites, et qui, en absorbarit ou decomposantlesgazmephytiques, detruisent les exhalaisons pernicieuses. Si, dit-il, dans une cloche en verrerem- plie d'acide carbonique etdressde sur lacuve de mercure, on in- troduit quelques fouilles de saule, I'acide carbonique est tres-ra- pidement decompose, et le mercure monte avec assez de violence pour briser quelquefois la cloche. Pourquoi cette action si mtense ne se reproduirail-elle pas dans la nature?

11 conclut de ces fails que les grands moyens d'assainissemenl. lorsqu'il s'agit de colonisation , sont I'amenagement dos eaux pour assurer leur ecoulement et les faire servir aulant que pos- sible a des irrigations bienfaisantes; des plantations d'arbres les plus convenables pour la localite; le saule, I'aulne surtout, qui est de venue tres-prompte et fournit un bois tres-eslime, rcussissent presque parlout en Algerie.

II y a bien certainement de I'exageration dans le recit sui- vant d'un cas remarquable de reflexion extraordinaire observe par un officier d'Afiique; nous ne I'enregistrons pas moins enraisou de sa rarete.

« Envoye en reconnaissance de grand malin dans un defile sauvagp, slllonnc d'horribles ravins, jc m'assis sur la poinle d'uii roc a pic. Le ciel elait par intervallc convert d'uu brouillard epais qui me cacliait les cretes du Djurdjura ; I'air etait lourd el cliarge d'eleclricite; mes sensations elaient presque douloureuses; jerae levai pour poursuivre ma marche; en jelant un dernier legard autour de moi, le premier objet que j'apercus fut un homme place comine moi sav un escarpement, a une dislance d'environ 600 metres et qui semblait me regarder avec allenlion ; je mar- cliai, il marcha; il portait runiforme d'un ofiicier de mon regi-

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raent'? a mesure que j'avanfais, il avancait anssi, repetant loiis mespas, copiant tous mesgestes, etc. Imaginez ma surprise et^ mon epouvante, lorsque, arrive: a une petite distance de lui, je^ reconuus que cet liomme c'etait moi-m6mc-, j'etendis mos bras^ vers ]e spectre qui les elendit a son tour vers moi ; frappe de stu-' peur, mes yeux devinrent liagards; je poussai un cri d'effroi qut^f me fut renvoye coinme par un dcho. Honteux de ma faiblesse, Je^ misrepee'A la main; lefant6me'tira'<^galenient sonepee; je m'd- lancai surlui, il s'elanca surmoi;iflais j'avais a peine fait quel- ques pas qu'ii avait dispaFiu Des' officiers demaconnaissanceont' ete temoins de i'aits pareiW, ct!e ^defile de la Kabylie, ou se pro-' duisent ces etranges visions, a recn 16 nom de ravin du mirage. » '

L'observatoire I'oyal de Brnxelles s'est mis en conmiunica-' tion electrique avec l'observatoire de Berlin pour determiner lA"^ difference de longitude de ces deux etablissements. Des observa-' tions simultanees s'executent regulierement k jours determines,; sous les auspices des deux gouvernements. M. le directeur Encke' avec ses deux principaux aides, MM. Bruhns et Porster, relevc^ les observations de Berlin ; M. le directeur Quetelet et M; Ernest'^ Quetelet son fits font les observations de Bruxelles. L'op^'ation ' a commence le samedi soir 25 avril, et a donne dfes le premier" jour les resultats les plus satisfaisants ; on fera connaitre le resul-' tatdefinilifapresque, par une comparaison entreles observateurs, on aura elimine autant que possible les erreurs personnelles. ' M. Le Verriera accepte avecbienveillance qu'un travail semblablc^' se fit cette annee entre l'observatoire imperial de France et I'ob- servntoire de Bruxelles; comme Ik difference de longitude entre' l'observatoire de Bruxelles et l'observatoire de^ Greenwich a deji etc determinee avec la cooperation de M. Airy, l'observatoire beige, gTAce au zele de son savant directeur, sera relie paries methodes les plus silres aux trois etablissements que Ton peut* regarder avec raison comme •placf^.s au premier rang des obser-^ vatoires actuels. •^

M. Van Beneden rend compte en cestermes des experiences' que nous annoncions sur la transformation des eehinocoques en' tt^nias. Les eehinocoques se"sont 'developpes completement dans' letube.' intestinal de deux jeunes chien's', ftgds de dix jours. L'un' d'cux est mort au bout de trois semaines, et il avait I'intestin en-' tierement rempli de tdnias ; il y en avait par centaines. L'autre a' monlre S I'autopsie, au bout d'un mois; unnombre egal'de tenias avec des proglostis complels.

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M. Leukaert a precede presque en m6me temps S une expe- rience qui demontre I'idenlitd specifique du Pentastomum denti- culatum du lapin et du Pentastomum, tenio'ides des fosses nasales du chien. II a introduit le meme jour un certain nombre de pentas- tomes dans la cavite abdominale d'un lapin vivant, en incisant les parois de I'abdomen , et dans les fosses nasales d'un cliien. Dans I'abdomen des lapins, les pentastomes n'ont subi aucun change- ment essenliel, apr6s un sdjour de quatre & cinq semaines; ils s'enfeinient dans des kystes ou cavites closes et y meurent. Dans les fosses nasales du chien, au contraire, les pentastomes se mo- difient rapidement et deviennent des tenoides; en passant par un dtat intermediaire dans lequel , par les couronnes des soies qui ont disparu, comme par I'absencede navicules aux crochets, ils serapprochentdu pcntastometenoide, tandis que par la grandeur de ces organes d'adhesions , comme par les caracteres anatomi- ques, ils ont plus d'afflnite avec le pentastome denticule. Dans I'abdomen du lapin, les pentastomes n'ont pas d'organessexuels; mais ces organes se developpent bient6t dans les fosses nasales du lapin ; M. Leukaert a pu distinguer des males et des femelles. C'est un fait extremement curieux que de voir un animal changer assez completement de forme dans les phases successives de son developpement, pour qu'on en ait fait des especes tres-difTerentes suivant qu'on le renconlrait chez tel ou tel animal, chez un lapin ou chez un chien, dans le foie d'un cochon ou dans les entrailles d'un chien.

Un carrier de Constantine, M. Gonio, en exploitant des blocs de calcaire tertiaire sur le coteau d'Ain-Four, a decouvert des empreintes de debris de vegetaux fossiles de la plus admirable conservation; le pdtiole, le limbe, lesnervures et jusqu'auparen- chyme des feuilles deplusieursarbres et de diversesplantesaqua- tiques, sont reproduits avec une nettete extraordinaire. II a ren- contre aussi des troncs d'arbres fossiles dans lesquels i'ceil retrouve sans peine le canal medullaire central et les zones concentriques dutissu ligneux. Tout porte a croire que I'une de ces empreintes represente la queue de quelque saurien antediluvien ; sa longueur est del metre 50 cent., et son extr^mite est armee d'une sorte d'ergot ou de crochet. Dejci MM. Hanrecet Gouvet avaient decou- vert sur le plateau de Mansourah de nombreux ossements fossiles parmi lesquels on remarquait un crSne d'hippopotame gigantes- que qui fait partie de la collection de I'ficole des mines.

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Fails des sciences.

M. Balestrini propose le mode suivant de construction des cables teldgraphiques sous-marins. Le noyau du cable est une corde assez mince , autour de laquelle s'enroule en spirale im ill de cuivre nu, servant de conducteur h un courant secondaire, destine k neutraliser I'induction nee des enveloppes en gutta- percha, et qui diminue la vitesse de transmission des depeches. Sur le noyau en corde sont e'galement enroules en helices, mais en helices de sens contraire, les flls de cuivre conductcurs du courant principal, revetus chacun de deux couches de gutta- percha. 3° L'ensemble des flls dont le nombre varie de deux a six est protege par une enveloppe de sftrete, formee de huit petites cordes ou torons de chanvre, enroules encore en helices de sens contraire k celles des flls conducteurs, de mfime sens que celle du fll de cuivre : les cordes sont rendues impermeables par une composition elastique, grasse et isolante, dans la composition de laquelle entre du caoutchouc; le tout est reconvert d'une enve- loppe, formee d'une petite corde de chanvre naturel et d'une toile impermeable superposee a la corde. Enfln, dans le voisinage des cOtes et sur les bas-fonds, M. Balestrini conseille d'ajouter une derniere enveloppe ou armure de resistance formee d'un fll de fer galvanise, enroule en spirales. Les Comptes rendus de I'Academie font a I'auteur italien I'honneur de rioserlion en de- tail de sa communication quine nous semble rien renfermer d'im- portant en theorie ou en pratique.

Nous trouvons dans le Nuovo cimento de M. Matteucci un resume d'experiences faites par M. le comte Filippo Linate, dans le but de mettre en evidence Taction qu'un courant conlinu d'^- lectricite exerce sur les fonctions du grand sympalhique. La pile employee par I'experimentateur etait une pile de Daniel de huit elements; le reophore positif communiquait avec I'epigastre, le r^ophore negatif avec le dos. Nous nous bornerons a citer ses conclusions : Appliquee pendant un certain temps sur un homme sain, d'ftge moyen et de force ordinaire, de maniere k agir sur l'ensemble des nerfs du grand sympathique , le courant continu a pour effet : 1" de rendre plus active, plus energique, plus rapide la circulation du sang, et d'augmenter d'un septieme environ le nombre des pulsations du pouls; d'augmenter d'un septieme aussi environ I'activite des fonctions respiratoires; d'accroitre k peu prSs d'un quart la proportion del'uree, d'un tiers au moins

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la proporlion de racide urique ; et de doubler la quantite de sels a bsc inorganiquc ccntenus dans les urines; li" de rendre plus ac- tives Ics ioncUous dc I'eslojnac. et desint6stins;plusi facile! et plus .reparatvice rassiuiilatioii dosclemenls. Lecourant continu ferait ,donc reclloment 1' office d'un excilateur puissant.

En disculant lesfonnulesquirepreseulentla Iheoriedes pho- nomencs capillaires, M. J. Bertrand avail ete conduit au theoreuie suivant : « Si un lube capillaire plonge dans un liquide, la masse totale dc la colonne cylindvique soulevee resle la memo lorsqu'olie vient a elre divisee par des bulles d'air, quels que soient le nom- bre et I'eLendue de ces bulles. M. C. Al. Valson a voulu verifier par experience celte loi paradoxale en apparence, et il est arrive aux resuUals suivants : 1" la sommc des hauteurs des diverses parties de la colonne, abstraction faite des iiienisques, vaen di- minuant a mesure quele nombre de^ bulles augmente; 2" la dif- ference produite par chaque nouvidlabullo et qui correspond aux deux mcnisques introduits par ce tie bulle est sensiblement cons- tante ; le volume qu'on en deduit pour un mcnisque est te merae que celui que i'on obtient ei) coiisiderant la surface termi- nale comme liemispherique; i" le volume ainsi obtenu a ete le merae en operant d'abord avec de i'eau distillee, puis avec de I'alcool H 40 degres. Nous avouerous ne pasbien comprendre ces resultats dans la forme sous laquelle ilssontenonces; M. Valson aurail bien mieux merile de la science s'il avail dil lout simple- ment que ses experiences confirment ou ne confirment pas la loi si clairement enoncee par M. Bertrand. Lejeune physicien a aussi examine et discute mathematiquement la question des pelits mou- Tements des liquides dans les tubes capillaires; et dans celte partie de son Memoire, nous trouvons iieureusement quelques .conclusions assez nettes : I'eau distillee a la temperature de 10 a 15 degres, oscille dans un tube dont le diamelre surpasse r-^'S; elle n'oscille plus quand le diametre est au-dessous del millimetre; 2" I'eau n'oscille plus dans le tube de 1""" .5 de diametre quand il est incline de 45 degres; h" I'eau .n'oscille plus dans un tube de 0'"™60, tandis que le mercure, liquide d'une densiteplus grande, continue a oscilier; I'eau h 60 degres os- , cille d'une maniere sensible dans un tube de 1""" de diametre oil ,J'eau & 10 ou 15 degres n'oscille pas ; dans un tube de I"'"' 5 a 2 millimetres de diamelre, deux ou trois secondes suffisent pour , que les oscillations aient cesse et que le sommel de la colonneait pris la position d'cquilibre stable ; pour les tubes plus fins il suffit

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(lehuit ^ dix secondes; en sypposant toutefois qu'onopcrc surimi lube dont les parois sont bien mouill^es.

Faits dc uiedccfiic et de eliirurgie.

M. Kiesmaul, en etiidiant Finfluence du cours du sang sur les mouvoments de I'iris et des autres parties mobiles de la tete, est arrive aux conclusions suivautes : Plarrct du sang determine dans un premier stade le resserrement de la pupiile, de la fente palpebrale, des ouvertures des narines, de la bouche et de la conque auditive; dans un second stade I'elargissement de ces parties; '2'' le retabllssement et I'accroissement du courant arte- riel deiermine constamment une dilatation tres-visible de la pu- piile, dc la fente palpebrale et dela conque ; la fente buccale subit raremcnt des cbangements, mais s'il y a changement, ce sera tou- jours une dilatation; les narines tantot se dilatent, tant6t se re- trecissent.

M. Dornbluth detinit commeil suit la structure delacornee. La cornee des animaux se compose essentiellement de laaielles qui proviennent directement des elements dela sclerotique, et dans les- quelles les fibres de celte derniere, par leur arrangement en couche et leur fusion intime, forment des plaques plus ou moins homo- gesnes ; entre ces plaques se trouvent d'autres faisceaux de tissus conneclifs; les poissons ont de plus a la face interne de la cornde des lamelles acccssoires qui ne communiquent pas directement avec la sclerotique.

Lorsqu'on precede a la recherche de I'arsenic par la des- truction ou la carbonisation des matieres organiques au moyen de I'acide sulfurique, il faut, suiA^ant M. Blondlot, de Nancy, pour ne rien perdre du poison, modifier le procede ordinaire de la ma- niere suivante : « Apres avoir epuise le charbon, par des lavages a I'eau distillee bouillante, des acides arsenieux qu'il renferme h Fetat soluble , on lavera une seconde fois a Feau ammoniacale pour enlever le sulfure; on dvaporera & siccite avec les menage- ments convenables, on traitera le residu par Facide azotiqile concentre et bouillaiil, ajoute a plusieurs reprises par petites quanliles; puis Fexces de Facide etant expulse, on reprendra par Feau, et Fon obtiendra une seconde solution arsenicale qui, ajoutee a la premiere, constitue deflnitivement la liqueur suspecte, destinee a etre introduile dans Fappareil de ?ilarsh.))

M. Blondlot croitpouvoir affirmer que le principe organique

66 COSMOS.

qiii caracterise le sue gaslrique , est uiie espece parllculiore de diastase qu'on pourrail appclcr hydraslase ; la modilication que ce principe fait subir aux maticres azotces, consisterait dans une simple liydrataliorii ce qui expliquerail comment tout en conser- vaiil lour aspect, et sans changer essenliellement de nature, elles subissenl si i'acilement la desagregation qui les converlit en chyme.

M. Vezu,pharmacien a Lyon, a prouve que le fer metallique ct le protoxyde defer gelalineux se dissolvent a froid, en presence d'un peu d'eau et sans les colorer sensiblement, dans I'liuile de foie de morue, et dans les huilesd'amandes deuces, d'olive, d'ceillette, de ricin, etc.; le fer dissous dans les huiles est & I'etat de pro- toxyilc, et iln'empeclie pas ces huiles d'etre solubles dans Tether.

Conlrairement a ce qui avait ete ai'firme par un autre pliy- siologisle distingue, M. Miniere maintient queia fonction respira- toirei I'etat normal ne pent fourniraucunsignediagnostiquedes maladies de I'oreille moyenne; ces signes , dit-il, ne deviennent evidents que par suite de mouvements de deglutition , ou quand line forte expiration, le nez et la bouche fermes , pousse I'air dans la caisse.

M. le docteur Leboucher entrant dans la voie ouverte par M. INickles, rappellc les etudes par lesquelles le docteur Herlng a demontre que I'acide iluorique est un medicament que Ton admi- nistreia avec succes aux vieillards atteints de certaines affections de la vessie, et dans certains cas de paralysie, d'eruption a la peau, d'hemorrhoides, de varices, d'ulceresaux jambes, de maladies des OS, de vomissements glaireux, etc.

Voici en quels termes M. Robert, dans un rapport sur un Memoire relatif a I'aclion anesthesique de I'amylene, presente par M. Debout , apprecie rimporlance qu'il faut accorder au nouvel agent. 11 doit Otre conserve parce que son action estprompte, de tres-courte durce , parce que ses effets se dissipent rapidement sans donner lieu & ce malaise general qui persiste parfois assez longtemps apres I'usage du chloroforme ; parce qu'il n'exerce pas sur les voies aeriennes d'action irritante , et ne provoque pas de Tomisscments et de nausecs. Mais commel'insensibilile qu'il pro- duit dure tres-peu de temps, qu'il n'alteint que par exception la conlractilile musculaire, il convientdel'exclure de la pratique des operations tongues et pcnibles. G'est dans I'anesthesie elle-meme qui, suivant une expression heureusede M. Tourdes, est une dimi- nution de la vie et un pas fait par la mort, etnon dans raction propre de lei ou tel agent que git le danger.

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Quelques chimistes penscnt que le concours des carbonates alcalins est necessaire pour la d(^^composilion du Sucre dans I'e- conomie, et que dans le diabete, le passage du glucose dans les urines est du au defaut d'alcaJinite du sang; mais MM. Lebnian, Bernard et Poggiale out prouve que les alcalis du sang ne favo- risent pas I'oxydation du sucre. M. Poggiale avait demontre en outre qu'en dehors de I'organisation le carbonate de sonde n'agit sur le glucose qu'autant que la temperature du melange atteint 95 degres. M. Jeannet a repris les experiences de M. Poggiale, il a Tu de son cote : que les bi-carbonatcs de potasse ct de sonde n'agissent pas sur le glucose au-dessous de 90 degres; que le bicarbonate do soudeaune action destructive beaucoup plus mar- quee que le bicarbonate de potasse. M. Jeannet adniet cependant que, par suite de phenomenesinconnus qui se passent dans I'or- ganisme, les bi-carbonates diminuent la proportion du Sucre con- tenu dans les urines des diabetiques et jouent par consequent un certain role dans la destruction organique du glucose.

Fumer de bonne heure le matin est un exces ; 2" pour la grande majorite des hommes, fumer plus de deux pipes ou plus de deux cigares par jour est un exces ; fumer dans la j eunosse est un exces; U" il y a des indications physioiogiques qui reglent pour chaque individu les limiles de I'exces. La Lancetfe ajoute -. Wous desirous ardemment voir diminuer Thalnlude de fumer et nous engageons les jeunes gens de notre pays a I'abandonner eompletement. Qu'ils prennent nos conseiis ci coeur; qu'ils lais- sent de cote un plaisir douteux pour un bien certain ; dans dix ans d'ici ils nous remercieront.

Un jeune bomme de vingt-quatre ans avait recu a I'age de treize ans un violent coup sur le sommet de la tete, produit par la chute d'une grossepoutre; on n'observa apresl'accidentaucune compression cerebrate; mais quelques mois plus tard , le pauvre enfant fut atteint de convulsions epileptiques, dont la frequence et la violence allerent sans cesse en augmentant, etflnirent par aflaiblir son intelligence. En examinant son crane avec un plus grand soin, M. le docteur Hayes decouvrit dans la direction dela section sagittate une depression assez profonde; et il proposa de recourir k I'operation du trepan; il enleva une assez grande por- tion de la boite osseuse du crftne, et constata sur la table externe deux enfoncements considerables, sur la table interne une frac- ture etoilee ; le malade ne fut pas gueri entiferement; mais les con- Tulsions diminuferent beaucoup de frequence et d'inlensit^.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Se'anre du et 11 juillet 1857.

M. Rouher, ministre des travaux publics, de ragriculture et du commerce, adresse a rAcademie des rernerciemenls empresses ci roccasion du rapport et du questiomiaire relalils a la maladie des vers i soie, rediges avec tant dc soin et de talent par iVIM. Dumas et de Quatrel'ages, et qui doivent infailliblement amener les plus heurcux resultals.

M. Blot, president de I'lnstitut pour I'annee 1857, prie I'Aca- demie des sciences de designer celui de ses membres qui devra faire la lecture d'usage dans la seance annuelle des cinq Acade- mies, qui se tiendra vers le 15 aoilt,

M. Picart, de Valparaiso, adresse des tableaux numeriques destines a abreger considerablement la division arithmetique,

M. Urosset soumet ci I'examen de I'Academie un procede d'elamage ou d'argeuturc des glaces, beaucoup moins insalubre et inconiparablement plus economique. Le bureau ne s'est pas apercu quece procede est celui qui a ete exploite tour a tour par MM. Tourasse, Power et Robert, donten ce moment memo M. Fou- cault fait des applications nouvelles , mises aussi sous les yeuxde I'Academie, il y a a peine quelques semaines. La preuve qu'il s'agit bien du procede dout le Cosmos a tant de fois parle, resulte jusqu'a I'evidence de la lettre de M. Brosset, qui decrit comme 11 suit sa maniere d'operer : On prepare la liqueur argen- tifere en traitant le nitrate d'argent rendu alcalin par un acide vegetal, I'acide tartrique, par exemple; on verse cette liqueur sur la glace et on I'y fait adberer par une elevation de tempera- ture convcnablement menagee; quaud le depot d'argent est re- froidi et soliditie, on le recouvre d'une couche de minium pour le defendre de toute alteration. M. Brosset aviit depose sur le bu- reau un tres-joli specimen du nouvel art; il ignore sans doute qu'autant le dep6t d'argent est simple et facile, autant il est difficile d'empeclier qu'il nes'altere ouse couvredetacbes, meme apres un lemps assez court. Nous croyons savoir que M. Robert, aide des conscils habilcs et inlelligents de M. Foucault, a beau- coup avauce la solution de cet important probleme.

M. Aharo Reynoso, dont nous annoncons ailleurs I'eleva- tion a la cbaire de cbimie organique ci TUniversite de Madrid, et qui est en ce moment a Paris, presente une Note relative aux di-

COSMOS. ^^

^^V^s precedes d'embaumement mis en pratique par les Indiens de rAinerique :

« 10 Quelques peuplesdel'Amerique septentnonale commen- caent par ecorcher habilement le cada.re, apres avoir fenda la reau toutle long du dos : ils decharnaient les os tres-propre- ment sans toucher aux ligaments, pour laisser le squeletle tout Tntie; Le OS, apres qu'ils avaient ete seches pendant quelque temps eaien renfermes de nouveau dans la peau qu'on avait eu soi'n d'adoucir et de preparer; enfm on -cousai la pea^ en ^meltant da sable fin pour rcmpVu- tons les ^des (Lalfl eau, Mceurs des sauvages americains. Pans, 172i, m-h, t. n, p. 389.)

« Dans mi village de la province qu'on appelait Bah, dit Las ra a^i ex lait une grande maison de bois tres-haute, couverte d p il ^^^n une porte et qualre fenetres. Dans I'inteneur de cette ma^^^^^^ et a une certaine hauteur du sol, sur une large Birncrrbois,qui allait d'un cote a I'autre, etaient plac.s dans t ce ah" ordi; phisieurs corps d'hommes. Pour preparer ces corps oTavait sh'plement remph de cendres la peau, eton avait aioudl s fioures moulees en cire, avec les veritables traits si Sen .Foduits qu'on aurait cru au premier abord que tons ces cadavres etaient vivants. (Las Casas, ApologeHca Jnstona de las /nS ch.ccxLV„,M. 772, manusc. de I'Academie d'histoire de Madrid.)

cc Au Perou, on brulait devant les idoles un bois odorant. Lorsque I'ecorce de cet arbre etait enlevee, il en sorta.t une liqueur ayant une odeur si penetrante, qu'eUe flmssait par in^ commoder. Les cadavres, vernis avec cette hqueur, et dan. les- auels on en introduisait une certaine quantite par la gorge, ne se corrompaient jamais. On avait I'babUude de placer dans les tem- ples quelques corps ainsi embaumes ou les peaux qui avaient subi cette preparation. (Agustln de Zarate, Histona del Pern. Col. de Barcia, t. in, p. 4 et 5.)

« 3" Las casas, en rapportant rentrevue de Vasco Nuiiez avec leroi de Comagre, dans le Darien, nous dit que, dans le palais de ce roi il y avait une grande piece coutenant plusieurs cadavres sees qui etaient pendus au plafond par le moyen de cordons en colon, et reconverts avec des riches couvertures egalement en colon, entrelacees avec des bijoux en or, des perles et d autres pierres reputees precieuses dans cette tribu. C'etaient les corps des ancetres, qu'ils consideraient comme les dieux tutelaires du foyer.

70 COSMOS.

(Las Casas, Historia general de las Indias, t. in, ch. xl, f. 146, manusc. de I'Acaderaie de I'histoire de Madrid.)

« Voici comment le protecleur des Indiens nous de'crit I'opdra- tion : Apr6s avoir pleure le defunt, on enveloppait le corps dans des couvertures en coton et on I'attachait avec des cordes ; en- suite on le mettait sur une grille, sous laquelle on allumait un petit feu « pour evaporer toute I'humidite contenue dans le ca- davre, » et de cette maniere on finissait par le dessecher comple- tement {Apologetica historia, f. 758). Ces grilles etaient faites en grosses Cannes (f. 771). Dans le royaume de Papayon, au lieu de placer le cadavre sur une grille, on le tenait suspendu, au moyen d'un hamac, au-dessus du feu, pendant tout le temps necessaire a la dessiccation (f. 772).

(( Les procedes indiens ne pourraient-ils pas 6tre applique's si on avait besoin de conserver un grand nombre de cadavres sans les embaiimcr? On les dessecherait rapidement en les placant dans une etuve chauffee et faisant arriver sur eux un courant d'air chaud, au moyen d'un ventilateur.

« Avant de terminer celte note, dit M. Alvaro Reynoso, qu'il me soit permis de faire deux observations generates sur les mo- mies naturelles. Je crois que, jusqu'ici, on a porte trop exclusi- veuient I'attention sur les proprietes physiques des terrains dans lesquels on a trouve ces raomies naturelles, et qu'on a oublie de faire I'analyse chimique des terrains, dans le but de savoir s'il n'existait pas \k de sels capables d'empecher la putrefaction et qui auraient pu penetrer dans le cadavre et le preserver.

<c De plus, et j'ose a peine hasarder cette conjecture, je crois que si certains cadavres resistent mieux que d'autres ti la putre- faction, quoiqu'ils se trouvent places, du reste, dans les memes conditions, on peut cxpliquer celte difference, soit par le regime observe pendant la vie, soit par les medicaments employes, ou bien, et surtout, parce qu'ils ont pu se dessecher plus facile- ment.

« Le cadavre de Charles-Quint, qui ne fut pas embaume, se trouve maintenant dans le Pantheon des rois d'Espagne, a I'Es- curial, et il se conserve mieux que tons ceux qu'on a essaye de preserver au moyen de divers artifices. Sous Philippe IV, en 1654, 96 ans apres la mort de I'empereur, ce cadavre fut expose en pu- blic, et tout le peuple fut h meme de constater sa conservation. Un auteur contemporain nous dit que, hors le nez, tout le corps, meme la barbe, s'etait si bien conserve, qu'on avait pufacilement

COSMOS. 71

reconnaltre la physionomie du roi. Les chairs s'dtant dessdcWes, le corps paraissait naturellement plus maigre. line particularity digne d'etre remarquee, c'est que la biere en bois qui contenait le cadavre ctait entierement detruite. L'annee derniore on a cons- tate de nouveau, en presence de plusieurs personnes respectables, que le corps de I'empereur 6tait encore dans un etat de parfaite conservation. »

M. Jules Cloquet depose surle bureaU; au nomde M. le doc- teur Negrier, d'Angers, un Recueil de fails relatifs a I'histoire des ovaires et des maladies uterines.

M. Doyere reclame, centre M. Persoz, la priority de I'id^e d' employer la chaux comme agent de dessiccation etde conserva- tion des bles, et appuie sa reclamation de divers passages des brochures publiees par lui il y a plusieurs annees. Nous ajoute- rons que si M. Doyere croit devoir reclamer, ce n'est pas qu'il at- tache quelque importance au procede de conservation des bles par la chaux, il est convaincu au contraire que ce procede serait tres-dispendieux et fort peu efficace, Des experiences, executees sur une petite echelle, ont pu faire un instant illusion ; mais si Ton avait eu k operer comme lui sur des centaines, sur des mil- liers d'hectolitres de ble, on saurait mieux de combien de diffl- cultes effrayantes le probleme capital de la conservation des bles est herisse. Ce n'est que depuis qu'il a invente son silo metal- lique, parfaitement impermeable, et constate les merveilleuses proprietes antiseptiques et insecticides du sulfure de carbons, que M. Doyere pent se vanter d'avoir enfin leve toutes les diffi- cultes.

Nous reviendrons bientOt sur ces recherches qui meritent d'etre grandement encouragees, Disons cependant, des aujourd'hui, combien nous avions ete surpris de voir que, soit dans sa Note presentee k I'Academie, soit dans le long article insere par lui dans le Siecle, M. Persoz, qui a tant de science et d'erudition, n'a- vait pas meme nomme M. Doyere.

M. Serret communique Tenoned et la demonstration d'un nouveau theoreme d'algebre.

M. Paulin, avec une bonne foi incomparable, croit etre en possession d'un moyen speciflque de guerison infaillible de toutes les maladies epidemiques : cholera, fievre jaune, ty- phus, etc., etc.

M. Du Moncel adresse, de son chateau de Libesey, des ex- periences destinees ci mettre en evidence les proprietes et les

172 COBMOB.

avantagcs des «leetro-aimants en'fer a cheval, dont une setrie brauche est entouree d'unc h61ice magnelisante, et qu'en raison idecetle dissym^trie il appelle electro-aimanls boiteux. Ces ^lec- tro-aimants sont remarquables ti ce point de ■vue que leiir puis- sance allractive, sous certaines conditions, est tres-peu inferieare h celic des electro-aimants de meme forme ot de meme volume, armes sur lours deux branches de bobines ou helices magneti- sanles; M. Du M on eel a vouiu se rendre couipte de cette par- ;;£ularite, et voici comment il a procede :

Il a d'abord eludie la puissance d'une' scnle^fes branches ide r^lectro-aimant boiteux, constitue h I'etat d'almant droit ; sa force attractive, a 2 millimetres l/"2 de distance, -etait representee par -.€i grammes;

;2° En approchant de Textremitd librc' del' armature le p61e d'un aimant droit persistant, de nom contraire a celui de I'eiectro-ai- mant agissant sur cette meme armature, la force attractive s'est elevee a 9 grammes ;

3" Ell mettant en contact avec celui des p6les de lY'Iectro-ai- mant qui n'agit pas sur i'armalure la traveise de fer doux et la jDranche sans bobinc ou heUce, la force attractive s'est trouvee portee a 19 grammes; le contact immediat n'est pas n^cessaire ; il sufflt d'un rapprochement de la masse de fer additionnelle pour accroitre d'une maniere sensible la force attractive ;

h" Si Ton fait agir en outre, comme dans la seconde experience, le p61e de I'aimaHt permanent, la force attractive monte a 25 grammes ;

En rendant a I'electro-aimant boiteux sa forme primitive, d'une branche avec bobine et d'une brauche sans bobine, pla- cees sous la meme armature, la force attractive a de nouveau at- teint 25 grammes ;

Enlin, en faisant agir de nouveau le i)61e de I'aimant perma- nent sur le bord libre de I'armature, elle a porte 31 grammes.

« Done, dit M. Du Moncel, puisque la force attractive de I'^lec- tro-aimant boiteux est egale k celle d'un electro-aimant droit, muni a son pole libre d'une masse de fer et aide dans son action par un aimant permanent , I'exces de puissance de I'electro-ai- mant boiteux provient d'une condensation, par la masse de fer du pole nu, du fluide magnetique du second pole de la branche mu- nie d'une helice, laquelle condensation, en meme temps qu'elle detourne la reaction contraire de ce pOle distant sur I'armature de I'electro-aimant, facilite la separation des fluides magn'^-

COSMOS. 73?

tiques. » M. Du Moncel ajoute : « J'avais cru un instant que I'ac- croissement d'energte, que nous avons constate, provenait de I'augmentation de la masse magnelique de relectro-aimant, par suite de rallongement du fer, maisla meme reaction s'exercant a distance, et la masse de fer additionnelle foiirnissant le meme ef- fet, quelle que soil sa grosseur, j'ai du voir dans ce phenomena un veritable eflfet de condensation. Quoi qu'il en soit, cette reac- tion est assez puissante, puisque, dans I'experience que nous avons citee, elle augmente de 13 grammes la force primitive de 6 grammes. En outre do cette cause d'accroissement de force, il faut tenir compte de Taction polaire de la branche sans bobine, qui, quoiquetres-faible, exerce pourtant un certain eflet qui peut etre estime a 6 grammes. »

M. Du Moncel, par distraction sans doute, n'a pas remarque que cette force de 6 grammes est precisement celle mesuree par luidans la premiere experience; et que, par consequent, Faltrac- tion du pole nu est egale a celle du pole arme de I'helice ou bo- bine. Ce simple rapprochement sufflt, il nous semble, a rendre parfaitement comple du fait que I'habile experimentateur voulait expliqucr ou de la puissance des electro-aimants boiteux. Si Ton considerc la seule branche munie d'une bobine et constituee a I'etat d'aimant droit, elle aura deux poles exercant chacun une attraction de 6 grammes ; quand on met en contact avec le second p61e de I'aimant droit, celui qui n'agit pas sur I'armature, la tra- verse et la seconde branche nue de I'electro-aiuiant boiteux, ce second pole disparait ; il est remplace par le pole qui apparait ail sommet de branche nue. Si la masse de fer ou la masse magne- tique n'avait pas augmente, I'attraction des poles actuels serait de 6 grammes, Tattraction totale de 12 grammes; mais la masse magnetique est devenue double, I'attraction aura done double aussi, et elle sera pour chaque pule de 12 grammes, pour leur ensemble de 24 gramnies ; ou mieux, en tenant comple de la tra- verse, de 25 grammes, comme dans la cinquieme experience. II nous semble des lors inutile drt recourir a un effet nouveau de condensation, d'autant plus que les fails sonttout aussi faciles a expliquer quand, aulieu de contact, on etablit un simple rappro- chement de la traverse et du pole nu. II importe encore de faire remarquer que les fails ne stj passent comme nous venons de I'ex- pliquer, ou que I'attraction de I'eleclro-aimant boiteux n'est double de celle de relectro-aimant droit, ou egale a celle de re- lectro-aimant a deux branches munies de bobines, qu'autant que

74 COSMOS.

la pile ou source d'aimantation a une intonsite sufflsante pour ai- manter k saturation les deux masses de fer des branches de I'e- leclro-ainiant l)oiteux. En operant avec des piles extremement faibles, M. Du Moncel constaterait certainement que la puissance de I'electro-aimant boiteux est inferieure & celle de i'electro-aimant muni de deux bobincs.

M. Du Moncel a voulu aussi se rendre compte de I'afTaiblisse- ment de force attractive d'un electro-aimant muni d'une arma- ture, et cette nouvelle experience est, a nos yeux, la conflrmalion pleine et entieredel'obscrvation critique que nous avons cru de- voir faire. En mettantenconlact avec le pole de I'elcciro aimant droit, dont la force normale est de 6 grammes, une masse de fer un considerable, il a reconnu que cette attraction de 6 grammes etait peu reduite & 2 grammes 1/2. « On comprend d'apres cela, dit-il, le danger qu'il y a d'entourer les elcctro-aimants d'un fll de fer ; » il aurait dtl ajouter, pour etre vrai, d'un fil de fer de masse trop grande, car les elTets de diminution, signales par lui, ne seront reels, repctons-le, qu'autant qu'on aura depasse la capacite de saturation correspondante k I'energie de la pile. II termine sa note par ces conclusions :

« En outre de I'interet que ces recherches expe'rimen tales peu- vent avoir pour determiner le role que joue la branche sans bo- bine dans un Electro-aimant boiteux, elles montrent que la force d'un electro-aimant droit pent etre quintuplee : par I'addition d'une pi6ce de fer un peu longue et massive a I'extremite polaire de I'electro-aimant; 2" par I'intervention d'un aimant persistant, place devant I'un ou I'autre des bouts de I'armature ; par la reaction polaire de la masse de fer additionnelle d.e I'armature. »

Encore une petite remarque critique : M. Fabre a invente une nouvelle forme d'electro-aimant tubulaire ; c'est un aimant droit enferme dans une chemise cyUndrique de fer doux; cette chemise en fer doux est soudee h la rondelle de fer du pole oppose k celui qui recoit I'armature et qui enveloppe la bobine ou helice magne'- tisante. Dans la note adressee k I'Acad^mie et k nous, M. Du Moncel semble vouloir que I'electro-aimant tubulaire ne soit qu'une simple modiiication de i'electro-aimant boiteux, employe d'abord par lui; nous ne sommes pas de son avis; nous voyons entre les deux appareils une distinction essenlielle, et M. Du Moncel sera heureux certainement de laisser k M. Fabre I'honneur de sa petite decouverte, comme il est heureux qu'on lui laisse I'honneur dela sienne.

COSMOS. 75

Un chimiste, dont nous n'avons pas entendu le nom, decrit la melhode par laquelle il est parvenu a donner au plcitie I'appa- rence et la durete du marbre.

M. Je general Morin prie I'Academie de completer la collec- tion de ses menioires deposee dans la bibliotheque du Conser- vatoire des arts.

M. le ministre de la marine annonce que I'exposition perma- nente des produits des colonies francaises est ouverte, etmet des cartes d'enlree a la disposition des academiciens qui voudront la visiter.

M. Vielle, a I'occasion de la reclamation faite par M. Ber- trand en faveur de M. Cauchy, avoue qu'il ne connaissait par le memoire de I'illustre geometre, et fait remarquer en outre que la demonstration de M. Cauchy ne remplissait pas toutes les condi- tions d'une demonstration elementaire.

M. Galerdo Bastande, de Baixelonne, adresse a la fois trois memoires qui exigent la nomination de trois commissions dis- tincles : un memoire sur la chaleur specifique d'un grand nombra de corps du regne mineral ; 2" un memoire sur la possi- bilite de la substitution de la sole filee par les araignees a la sole filee par les vers ; un memoire sur des ameliorations impor- tantes a apporter h I'industrie des cbemins de fer.

M. Andraud soUicite I'examen d'un procede nouveau, econo- mique et efiicace, de conservation des substances alimentaires ; nous ne devinons pas en quoi pent consister ce procede.

M. Waltemare, en envoyant un nouvel exemplaire des Sai- ling directions, ainsi que des cartes des vents et des courants du lieutenant Maury, demande que cet immense travail devienne I'objet d'un rapport verbal; M. le president confie ce rapport a I'experience et k I'habilete de M. le capitaine Duperrey.

M. Pouilletlitun rapport favorable sur les experiences a I'aide desquelles M. Lissajoux montrea 1' ceil les pbenomenes des vibra- tions sonores et en etudie les lois. Nous donnons a I'article va- rietes un apercu suffisamment complet de ces belles recherches; I'opinion de la commission, adoptee par I'Academie, est qu'elles meritent I'approbation et I'insertion dans le recueil des savants Strangers.

M. Pouillet, en outre, au nom de la commission etdela section de physique, demande qu'une somme sufflsante soit mise ci la disposition de I'ingenieux physicien pour la construction d'un appareil mecanique complet qui mette en Evidence et permette

78^ COSMOS.

(fe mesurer les rdsultantes des Tibralions sonores, de telle sorle que I'ensemble ct les details des phenomenes puissent etre cxpri- mes en formules et en nombres.

M. Vicat, membre correspondant, se plaint de la vivacite aveclaquelle M. Rivot a r^pondu h ses objections, et repond lui- meme, dit M. Flourens, avec une vivacile non molns grande. Es- sayons de donner une idee de ce ddbat important, qui a, comme on salt, pour objet les mortiers bydrauliques employes dans les constructions a la mer. M. le marecbal Vaillant, dans une note Ires-concise, avait parfaitement resume les premieres objections soulevees par M. Vicat I*! I'occasion des recherches de MM. Rivot et Chatonney, solennellement approuvdes par TAcaddmie des sciences.

Les deux jeunes ingenieurs avaient avance que les ciments purs, surtout les ciments a prise lente, doivent autant que pos- sible etre employes en coulis ; qu'ils acquierent ainsi plus de compacite que lorsqu'ils sont gc\c}ies a la consistance ordinaire. M. Vicat nie cette superiorite du gAchage avec excfes d'eau et s'ap- puie d'experiences comparatives faites par lui-meme ; ces expe- riences, dontildonne la description et les resultats, I'avaicntamene a conclure que les ciments k prise lente ou rapide, gi\ches avec exces d'eau et employes en coulis, avaient moins de densile, d'ho- mogendite et de durete que les memes ciments gftcbes fermes. M, Rivot rdpond : « II s'agissait du ciment Portland pur gache avec un exc(^s d'eau ; nous avons cite des experiences faites sur grande echelle pour la reparation de I'eclase de la l^'loride au Havre; a cette partie de notre travail M. Vicat oppose des millions defaitsvidga'ires, sans en citerun seul; puis des experiences faites au sein de tubes de 4 & 5 centimetres de diametre, dans des circons- tances telles que la prise convenable des ciments g&ches en bouillie etaitevidemment impossible; comme si M. Vicat semblait avoir pris soin d'accumuler toutes les causes de non reussite : si inge- nieux qu'ils soient, des essais faits dans de petits tubes n'ont qu'une valour bien faible quand il s'agit de I'emploi des ciments dans les constructions a la mer ; pour s'assurer du bon emploi pi^atique du coulis de Portland, ilfaudrait au moins operer dans une grande caisse.

S^MM. Rivotet Chatonney exprimaientravis quelesargiles cuites oil non cuites ne peuvent en general se comporter comme de bonnes pouzzolanes, parce que I'action exerd^e sur ellcs par la chaux enipresence de I'eau est lentfe et partielle, et doit par suite

COSMOfS. ^7

dLonner lieu a des mouveraents;moleculaires, causes de desagre- gation pour le mortier. lis avaient avance au contraire que le ^ilex pulverise doit elre considere comme uue bonne pouzzolane, pourvu que le mortier soil soumis k une longue digestion prea- Jable. M. Vicat s'est eleve avec yiolence centre cette opinion ; les experiences qu'il a faites Font conduit, dit-il, h une afflrmation diametrAlement contraire ; selon lui les argiles pures, et meme cert-aines argiles ocreuses, sont, apres une legere cuisson, d'ex- cellentes pouzzolanes; tandis que, parmi les composes hydrau- liques connus, il n'en est pas un seul quine dt)nne des resultat^ JBComparablement meilteurs que les silex porphyrisds. M. Rivot ixjpond :

«A regard des pouzzolanes artificielles,teUes que les argiles jcrues et cuites, nous avous ecrit que si Ton emploie une propor- tion do cbaux grasse assez grande pour utiliser la presque tota- Jitie de la pouzzolane, les reactions necessakes a une prise com- plete et stable sont tres complexes et ne sont terminees qu'au Jjout de plusieurs annees; nous en avonstire la consequence que les mortiers de pouzzolane etde cbaux grasse ne doiventpasetre employes sans des precautions speciales : I'emploi d'une propor- tion de cbaux tres-faible ou une tres-longue digestion prealable. Js premier moyen ne nous parait pas beureux, en ce qu'il ne permet d'uliliser qu'une faible partie de la pouzzolane. Dans ses experiences sur les argiles cuites, M. Vicat emploie 15 de cbaux pour 100 d'argile, c'est-a-dire une proportion tres-faible de cbaux. Ces experiences seraient done une conlirmation pure et simple de Tune de nos assertions. Au sujet du silex considere comme ^pouzzolane, nous avons dit en termes positifs que des melanges .de silex et de cbaux grasse, immerges immediatement, avaient ffeit prise en huit jours et acquis une tres-grande durete, mais qu'ils s'etaient tons decomposes aubout de neuf a quinze mois. ,Les experiences de M. Vicat sur des melanges de 15 parties de eliaux grasse et 100 parties de silex, immerges immediatement, sont la repetition, dans des conditions plus defavorables (une ,trop faible proportion de cbaux, une tres-petite quantite de ma- otieres) de celles que nous avons annonce ne pas nous avoir donne de bons resultats. Mais considerantque les reactions necessaires A la prise sont bea jcoup plus simples avec le silex qu'avec les ar- giles, nous avons ele conduits a enoncer que le silex pourrait etre iUne bonne pouzzolane, sous la condition que le melange, silex et chaux grasse, fat soumis, avant I'immersion, a uue longue diges-

78 COSMOS.

tion. II nous semble impossible de voir dans ces fails aucune con- tradiction.

M. Vicat reproche k MM. Rivot et Chatonney d'avoir commis une erreur en attribuant aux Romains la pratique habiluelle d'une longue digestion preparatoire h I'emploi du mortier. Ce precede, d'apres M. Vicat, aurait ete inconnu k Rome ; il affirme, d'ailleurs, que les Romains faisaienl mal les constructions hy- drauliques, et il en conclut que ce n'est pas faire I'eloge de I'effi- cacite des digestions prealables, que de soutenir qu'ils en fai- saient usage. M. Rivot repond d'abord qu'il est k souhaiter que toutes les constructions hydrauliques faites en France d'apres les principes professes par M. Vicat puissent se trouver, dans quel- ques annees, en aussi bon etat que les aqueducs et les travaux romains connus de tout le monde, et notamment les conduites d'eaux minerales qu'on vient de decouvrir k Plombieres. II prouve ensuite, par un passage de Pline, qu'au jugement des architectes ou ingenieurs romains, les pates pour mortiers etaient d'autant meilleures qu'elles etaient plus vieilles; qu'il existait des lois pour obliger les entrepreneurs k n'employer que des pates ou mortiers ayant au moins trois ans.

En resume, dit M. Rivot, je m'etonne qu'un savant aussi dis- tingue que M. Vicat ait laisse de c6te les questions capitales de notre grand travail : la composition de I'hydrosilicate de chaux, signalee dans un certain nombre de mortiers immerges depuis plusieurs annees ; I'explication des reactions si complexes qui ont lieu avant, pendant et apres I'immersion des divers materiaux hy- drauliques; les precautions necessaires pour leur mise en oeuvre; les experiences prealables necessaires au bon choix des chaux hydrauliques, des ciments, des mortiers & pouzzolanes conve- nables aux diverses mers et aux diverses localites; les causes de protection et de decomposition ci la mer ou en eau douce, etc., pour s'attacher k trois points d'une importance relativement bien moindre : I'emploi du coulis de Portland, qui n'est applicable qu'i un tr6s-petit nombre de cas particuiiers; I'activite pouzzola- nique du silex, dont I'efficacite ne pent etre constatee que par des experiences ultdrieures; enfinl'usage des digestions prealables au temps des Romains.

Nous resumerons avec le meme soln la nouvelle reponse de M. Vicat, dont nous connaissons seulement le litre et le ton.

M. le docteur Combes lit un Memoire sur les tremulations nerveuses, nouveau systeme de pulsations ou battements circula-

COSMOS. 79

loires decouverts par lui. Nous laissons I'auteur resumer lui- m6me son interessant travail.

« La vie, I'Sme, consiste en une force inconnue qui n'est pas de notre domaine, mais la premiere de ses manifestations doit etre la formation de cet agent materiel qui circule dans tous les corps animes sous le nom de fluide nerveux. L'existence de ce fluide meme est niee par quelques auteurs. Cependant sa preuve existe, et je pense qu'il sera bientot aussi facile d'interroger le mouvement vital parle syst6me nerveux, qu'il Test aujourd'hui d'etudier, par les pulsations arterielles, celui du fluide sanguin qu'il tient sous sa dependance.

« La circulation nerveuse pre'sente la plus grande analogic avec celle du sang. Elle a une marche centrifuge par lesnerfs du mou- vement et une marche de retour par ceux dits du sentiment. Le systSme ganglionaire represente la circulation pulmonaire. La cir- culation nerveuse a lieu au moyen de pulsations constantes que Ton ne percoit, sauf dans I'oreille moyenne , que lorsqu'une cir- constance est venue les exagerer. Elles battent dans le rapport de k k 1 avec les pulsations arterielles, ce rapport n'est change que dans les maladies dont la gravite est en proportion de leur difference : ces battements sont composes d'une serie d'ondees rapides et pressees que I'auteur appelle tremulation nerveuse. Tous les modes vitaux, physiologiques ou pathologiques , trouvent leur raison d'etre dans la diversite du rhythme tremulatoire. Chaque battement de cceur devant etre influence par qualre ondees ner- veuses, le nombre et le rhythme des mouvementsdu premier sont toujours subordonnes aux impulsions des secondes, et doiventse calquer, pour ainsi dire, sur elles.

«i On pent compter ou du moins se rendre compte du mouve- ment tremulatoire en mettant un doigt ou un autre corps dans le conduit auditif, il est alors percu. L'exag^ration de son rhythme, produite par une multitude de causes morbides , par les sels de quinine, etc., se traduit paries tintements, sifflements, bourdon- nements d'oreilles. La trenmlation se sent dans les autres parties du corps lorsque, apr6s avoir intercepts la circulation nerveuse par la compression d'un nerf superficiel, le cubital par exemple, on lui rend sa liberie; on sent alors un frdaiissement qui s'etend du centre aux extremites, et un certain picotement pour peu qu'on gSne son expansion.

VARIETES.

'^ Eliide optique des mouvemcnts vibraloires

PariMv LissAJOcx.

It' Moyen^ de rendre visible le mouvement vibmtoire des corps

solides.

Cette experience, commecelles qui vont suivre, sontexccutees&, I'aide de diapasons ; cet appareil est de tons les corps vibraails le plus commode & employer, neanmoins la molhode peut s'appli-* quer f'l d'autres corps, telle qvie lames, timbres, cloches, plaques vibrantes, etc. Pour rendre visible le mouvement vibratoire d'un diapason, i^

fixe a I'extremite d'une des:( branches , sur la surfaoe-i convexe {fig. 1), un petiti miroir plan en metal M. . L'autre branche porte unA contre-poids M', afin que la; surcharge soit egale sur les'* p.^ J deux branches, condition

indispensable pour que le diapason vibre facilement et longtemps.

Ceci fait, j'opere de deux manieres, soit'par projection, soit' par vision directe.

Par projection. On prend pour source de lumiere^le soleill ou la lumiere electrique, que Ton fait passer a travers un dia- phragtne etroit 0 de forme circulaire ; on place le diapason ver- ticalement, le miroir faisantface au diaphragme, on faittomberun faisceau de lumiere sur le mh'oir du diapason, et a I'aide d'uir^ second miroir ?n, on renvoie ce faisceau sur un ecran blanc I placei a distance; on interpose ensuite, sur le trajet du faisceau, uue; lentille de verre L que Ton place de facon & former sur recrani une image de I'ouverture aussi nefte que possible. On fait ensuite vibrer le diapason; I'image I {fig. 2) se trans-' forme alors en une ligne allongecH, dont la direction estverlicale si les deux mi- roirs sont verticaux, et si la reflexion s'est? faite a leur surface sous une incidence ^'o- "• presque normale. Cet allongemenl indi-

COSMOS. .81

que deja I'exiMonce du mouvement vibratoire; mais elle seaijani- feste plus nettement encore par I'artifice suivant : on fait osciller aulourd'un axe vertical le deuxifeme miroir, de facon a promener sur I'ecran I'image de I'ouverture suivant une ligne perpendicu- laire & son allongement, et on voit alors cette image remplacee ,..par une ligne sinueuse SS'. L'allongement apparent de I'image est done du a I'oscillationrapide que cette image execute sur I'ecran, et cette oscillation elle-meme n'est que I'oscillation du diapason ampliflee et rendue visible au moyen de cet artifice.

Par vision directe. Remplacons la lumiere electrique par la lumiere d'une lampe dont nous masquons la flamme avec une cheminee opaque percee d'un trou d'aiguille, et remplacons la lentillepar une lunette a court foyer que nous ajustons de I'acon a voir aussi nettement que possible I'image reflechie avant de don- ner aucun mouvement a I'appareil. Faisons alors vibrerle diapa- son, operons comme precedemment, et nous verrons dans la lunette toutes les apparences que nous apercevions sur I'ecran. On pent aussi produire les memos effets plus simplement, quoique avec moins de nettete. On tient a la main le diapason arme du mi- roir, et on regarde dans ce miroir I'image reflechie d'une bougie eloignee. Si on faitensuite vibrer le diapason, I'image se convertit en une trace lumineuse qui s'allonge dans le sens des branches du diapason; si on fait alors rouler entre ses doigts la tige du dia- pason, de maniere a faire tourner rapidement le miroir de droite ci gauche et de gauche a droite, I'image allongde se convertit en une ligne sinueuse dont les dentelures sont plus ou moins accu- s^es, suivant que le mouvement est plus ou moins rapide.

II. Composition optique de deux mouvements vibratoit:gs qui s'effeotuent suivant la meme direction, etude optique des batte- ments.

En projection. -^ On pla<ee deux diapasons armes dejmiroirs de facon que leurs axes soient verticaux. Les niiroirs sont en re- gard, un faisceau de lumiere solaire ou de lumiere eleclriqueemis a travers une petite ouverture tombe sur le premier miroir et de Ih sur le second, puis enfin est renvoyd sur I'ecran ; une lentille Interposee sur le trajet du faisceau permet de produire sur I'ecran une image nelte de I'ouverture.

Supposonsles diapasons bien d'accord :si on fait ivibrer le pre-

finier, I'image de I'ouverture s'allonge comijie dans I'experience

prdcedenle ; si on fait vibrer les deux ci la fois, rallongeaienl de 1'^-

82

COSMOS.

mage devientplus grand ou plus petit suivant qu'il y a ou hdn con- cordance entre les mouvements simullancs des deux diapasons.

Si on \ient alors a alterer I'accord des deux diapasons, la con- cordance entre leurs mouvements simultanes est detruile et reta- blie periodiquement. L'image s'allonge et se raccourcit par une sorte de pulsation reguliere, et on meme temps le defaut d'accord est accuse h I'oreiile par des battements dontia periode est exac- tement la meme,

Les meraes apparences peuvent 6tre vues directement, en rem- placant, comme dans I'experience precedente, la lenlille par^une lunette.

III. Composition optique de deux mouvements vihratoires d'iriges dans deux sens rectangidaires. Accord de deux diapasons d un intervalle musical quelconque.

Fig. 3.

L'appareil qui sert a ces sortes d'expdriences est represents figure 3. La disposition indique'e est celle qu'on emploie quand •n opere par vision directe : die est surlout favorable pour ces

COSMOS. 63

recherches. L*appareil, construit dans les ateliers de M. Secretan, place du Pont-Neuf, 13, se compose i" d'une lampe L dont la cliemiiiee est enveloppee d'un tube opaque perce d'nn petit trou 0; de deux dipasons DD', I'un horizontal, I'autre vertical^ port^s par des supports convenablement disposes; d'une lu- nette V qui sert a voir nettement les plienomenes. Le faisceau de Imniere parti de la lampe est reflechi sur le miroir du premier diapason, puis sur le miroir du second diapason, et enlin de la dans la lunette. Quand on veut opcrer par projection , on rem- place la lunette par une simple lentille, la lampe par la lumiere electrique, et on projette sur un ecran dloigne I'iniage de I'ouver- ture par laquelle passe le faisceau de lumiere. Si on fait vibrer le diapason horizontal, I'image vibre rapidement dansce sens et se convertit en une ligne allongee dans ce sens. Si on fait vibrer le diapason vertical toutseul, I'image s'allonge dans le sens vertical; si on fait vibrer les deux diapasons ci la fois, I'image oscille k la fois dans le sens horizontal et dans le sens vertical , elle decrit alors une courbe plus ou moinscompliquee, dont la forme depend de la tonalitd relative des deux diapasons.

{La suite au prochain niimero.)

De la preparation de I'aiuylene decline a la pralique de ranesthesie ekirurgicalc

Par M. Bekthk.

L'amylene, hydrocarbure liquide (C" H"), seproduit en meme temps qu'un grand nombre d'autres corps, soit en chauffant it ikO" un melange & volumes egnux d'huile de pommes de terre, ou alcool amylique, et d'acide sullurique ^tendu de son volume d'eau, soit en portant a la temperature dc 130° un m«^lange d'alcool ame- lique et d'une solution de clilorure dezincmarquant 70°, soit en- fin en decomposant le chlorure d'amyle par I'hydrate de potasse en fusion. De ces trois precedes indiques par M. Balard, celui qui donneles meilleurs resullats est le traitement par le chlorure de zinc. On puriflait le produit ainsi obtenu au mi yen de I'acide sulfurique qui absorbait I'alcool amylique avec lequel il pouvait se trouver melange; mais M. Berlhe a constat(5 que cette purifica- tion donne naissance i't d'autres corps et communique au produit soit une odeur dc naphte, soit celle de choux poarris que M. Ba- lard y a jemarquee. M. Berlhe est convaincu, d'apres ses recher- ches, que cette odeur n'est pas inherente k l'amylene, qu'elle est

9A COSMOS.

due au contraire a une reaction subsequente, et il est arrive -ci la prevenir en operant conime il suit. II a obtenu I'auiyltjne en trailant I'alcooi amylique par une solution de chlorure de zinc qu'il porte ci la distillation; le produit obtenu, il le soumet k une temperature bien menagee et bien dirigec; I'amylene commence i distiller k 25", et il continue indefininient sans se decomposer jusqu'au dela de 300°. Mais si Ton veut se maintcnir dans les conditions d'un agent anesUiesique, il faut fractionner les produits de la rectiflcation; recueillir seulement les produits lorsque la temperature du bain est arrivee a 35° et s'arreter aussitot qu'elle tend h depasser ce degre; de celte facon, on obtienl un corps qui presente tons les caracteres do I'amylene decrile par M. Balard (qui I'a decouverte), moins I'odeur de choux pourris, car ce 11- quide exhale au contraire une odeur etheree agreable. C'estl^ le produit pur; mais industrielloment, il n'est pas possible de se ^laintenir dans des conditions de purete absolue. La quantite d'amylene pure est si petite, que son prix atteindrait des propor- tions qui en rendraient I'emploi impossible; il faut done se r6- soudre h faire usage pour I'anestbesie d'un melange u proportions aujourd'hui inconnues de divers carbures d'hydrogene, dont le point d'ebullition commence & 28° et s'eleveprogressivement jus- qu'ci ^0 ou iS". (Abrege du Bulletin general de therapeulique.)

Prcssion atmosplierique dan^ les regions de Tequatcur

-, ,M. Boussingault terminait le Memoire dont le Cosmos a eu les premices (t. x, p. 582), par celte nomenclature historique :

Ce sont, les observations de Humboldt qui ont fait naitre celles de Hoisburgh sur les c6tes de la Chine; du capitaine Kater, dans les plaines eleveesdu Mysore; de Langsdorffet Horner, pendant le voyage du capitaine Krusensternn ; d'Eschwege au Bresil ; du capilaine Frecynetdansl'orean Pacifique; de Simonoffdans I'he'- mispbere Austral ; du capitaine Sabine sur les coles occidentales de i'Afriqne; de Claude (iay au Chili; deTessan, pendant I'expedition de la fregate la Venus; du capitaine Duperrey, commandant la Co- quille, dans son voyage autour du monde : memorable campagne de trente-un mois et treize jours, durant laquelle la corvette, apr6s avoir parcouru 25 000 lieues, est revenue h son point de depart , sans avoii' perdu un seul homme, sans malades et sansavaries.

Impriiiierie de VV. Kemquet et Cie, A. TB-AMBtAY ,

rju? Caraaciere, 5. proprielaire-geraal.

T. XI, 24 juillet 1857. Sixi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LiV SEMAINE.

M. filie de Beaumont a appris hier ix rAcademie dos sciences que la quarante-quatrieme petite planete, do'Miverte par M. Goldschmidt, le 27 mai, av ait, sur la proposition de M. de Hum- boldt, recu le nom de Nyssa ou Nyse, la nourrice de Bacchus, one des nymphes qui eleverent le dieu du vin, souvent appele Nysaeus.

En meme temps qu'il consentait a excrcer ses fonctions de parrain du nouvel astro, M. de Humboldt f-crivaitt'i son pere de- couvreur, M. Goldschundt, la lettre suivanic que les lecteurs du Cosmos liront avcc interet :

« Affaisse sous le poids de I'age et des infirmites , succombant presque iuRecorrespondanceentierementetrang^re k la science, mais Imposee par les devoirs de ma position , je vous prierai , Monsieur, de vouloir bien excuser ma lenteur h vous temoigner ma reconnaissance pourvotreaimable communication, et surtout a vous exprimer les sentiments de la tres-haute consideration qui, tiniversellementet par droit legitime, sont acquis aux grands suc- c6s qui out couronne votre activite astronomique.

Ce que lafoule se complait h nommer hasard, est la conquete de votre sagacite incomparable, de voire connaissance profonde du ciel, de votre perseverance que riennelasse, et surtout, enfln, de ce veritable amour dc la science qui sait trouver et goiiter dans sa satisfaction interleure la plus noble des recompenses; vous decouvrez parce que >ous savez cliercher. Mes bons amis, MM. Encke, Bruhns, d'Arrest, Brunnow, qui sont venus me voir, s'associenl a moi dans Fexpression de leur haute estime pour vous et votre noble ardcur. »

M. Goldscbmidt nous communique uno observation nouvelle de la quarante-cinquieme petite planete faite par M. Horstein a la demande de M. de Litrow, directeur de I'observatoire imperial de Vienne.

lojnillel ll'' ir>™ 0'

Asceiisiciu (Iroite.. 16*' IS"" 59',78 Declioaisoa . . . . . l"2o 32' 47"

86 COSMOS.

—La derniere llvraison (juillet 1857) des Annales de lapropaga- tion de la Foi contient une Note intcressante du R. P. Badour, de la Conipagnie de Jesus, sur la production vegetale des montagneS' et des plaines du Liban. La region superieure, sans cesse enva- hie par les neiges et les nuages, est sterile et presque inacces- sible; sur les flancs eleves des montagnes, on ne rencontre que quelqucs arbres, I'yeuse, le sapin et le cedre; mais les parties passes, ferlilisees par de nombreux ruisseaux, abondent en grains et fruits de toute espece. On y trouve la vignc, le niuiior, le fl- guier et presque tous nos arbres, arbustes et plantes de I'Europe ou des climats temperes. Dans le Sahel, ou plaines comprises entre la mer et les montagnes, la dilTerence des saisons scrait ^ peine sentie, sans les pluies d'hiver, auxquelles se melent les vents et le tonnerre; le thermomStre descend rarement au-des- sous de dix degres. Si le sol n'elale pas toute sa richesse, c'est qu'il manque de bras pour le cultiver. Les jardins, cependant, sont pares d'orangers, de Cannes a sucre, debananiers, etc., etc., le mais, le froment et lous les grains viennent presque spontane- ment, sans grands efforts de I'homme. La terre est eniinemment puissante etfeconde; une iatelligente initiative, aidee de moyens et d'instruments ordinaires, realiserait des prodiges; il y aurait une bonne et belle speculation in faire cultiver ces vasles elendues de terrain par les bras de colons europeens. L'Arabe n'envie point ce qui lui coiite a obtenir; il prefere a toute autre richesse j'espace, le soleil et le calme. II est enthousiaste de son Liban,, colosse vivant qui porte I'hiver sur sa tfite, le printemps sur ses epaules, landis qvih ses pieds la nature menage les cbaleurs de r^te et prodigue les fruits de I'automne,

Dans une nouvelle lellre au president du Conseil central de la propagation de la Foi, le R. P. H(ilot doime de nouveaux de- tails sur le precede chinois de teinture au lo-za ou A I'ccorce de nerprun : il ne s'agit encore, cette fois, quede teinture commune, la seule a laquelle il ait pu s'inilier en interrogeant un ouvrier da Tche-Kiang, lieu ou les montagnes sont couvertes de lo-za :

Avec un couteau on enl6ve I'ecorce de la branche encore fraiche; seche, elle ne contiendrait plus de principe colorant;

2" On fait bouillir I'ecorce dans une marmile; apres un pre- mier bouillon, on brasseavecun baton et on enleve I'ecorce;

On ajoute au bain 31 gr. de potasse chinoise, carbonate de sonde pur, non mele de sulfate, par .iO litres de liquide et Ton pro- cede immcdiatement ^ la teinture par immersion des toiles; 2

COSMOS. 8'?

immersions, 3 immersions auplus, suivies de dessiccation et d'ex- position a la liimiere, suffiscnt pour obtenirune bonne couleur.

Le R. P. Helot annonce qa'il ira bient6t lui-nieme k Aze se mettre parfaitement au courant de la pre|)aralion du lo ka-o, ce vertadmirablc dont nousavons parle plusieurs fois, etdont la fa- brication lyonnaise a tant d'interel h connailre le secret.

M. Charles Manby, secretaire depuis vingt ans de la Society des ingenieurs civils de Londres, a cru devoir se dtmettre de ses fonctions honorables, sans doute, mais onereuses aussi par le travail qu'elles exigent et la responsabilile qu'elles impo- sent. En reconnaissance de ses longs et loyaux services, I'assem- blee generale des socielaires, presidee par I'illustre Robert Ste- phenson, a ddcide qu'il scrait offert a M. Manby une magniflque pendule avec deux candelabres et une somine de 50 000 francs. L'honorable et desinteresse secretaire a accepte avec joie les ob- jets d'ornement comme un glorienx monument defamille, mais il a voulu que les cinquante mille francs fussent employes : moitie' S la fondation d'un prix annuel qui portera son nom, moitie i la creation d'une caisse de secours mutuels en faveur des ingenieurs dans le bcsoin.

(( M. Manby, ajoufe M. Gardissal, a qui nous empruntons ce fait, est bicn connu des Francais qui, a nn tilre quelconque, ont eu des rapports avec la Society des ingenieurs civils, ou qui ont eu I'occasion de lui deniander de bons offices ; il est impossible d'etre plus obiigeant et plus hospitaller; il parle notre langue presque sans accent; on le prendrait pour un savant francais obiigeant avec une bonne gri\ce toute francaise. »

Le nombre des brevets et certificats d'addition pris en France, pendant I'annee 1855, s'el6ve h 5 761, ainsi repartis : brevets de 5 ans, 25; brevets de 10 ans, 39; brevets de 15 ans, 3 955; brevets d'importation dtrangere, 384; certificats d'acldillon, 1 338. L'augmentalion du nombre des brevets pour 1856, compare a 1855, est de 363. Le nombre total des brevets pris sous le re- gime de la loi de \Sixk est de iiO 019.

II est serieusemont question de relier a un point central du continent, par des lignes de Iclograpbie electrique, les points ex- tremes de nos c6tes et les iles de I'Ocean. line commission sp^- ciale a ete chargee, a Rochefort, d'etudier les moyens d'unir i\ ce port, par une communication directe, les lies d'Oleron, de Rhe, de rile-Dieu, de Noirmouticr, et le quartier du Royan.

Le Courrier de Paris annonce que Frederic Sauvage, inven-

88 COSMOS.

teur mallieureux qui, Tun dcs premiers, imagina d'appliquer I'hd- lice k la navigation, qui, I'uu des premiers aussi, eut I'idee d'un systeme mixtc de navigation t"i la vapeur et h la voile, vient do mou- rir dans une niaison de sante de la rue Picpus. Poursuivant sans cesse un succes qui lui echappa toujours, il ruina sa fortune et sa sante par des travaux coflteux et incessants; la deception et les chagrins finirent par altdrer saraison. En 18/i2, lemalheureux in- renteur adressa k I'Academie un Memoire sur la puissance re- lative des helices de formes variees destinees a etre employees, en remplacement des roues a aubes, pour la propulsion des ba- teaux a vapeur. Dans la seance suivante, M. Seguier fit, au nom d'une commission composee de MM. Poncelet, Coriolis, Piobert et lui, un rapport dans Icquel nous lisons : « La France, qui a vu naitre en 1775, a Baume-les-Dames, I'invention de la navigation a vapeur, due au genie de I'un de ses enfants, le vieux marquis de Jouffroy, qui, le premier, a fait naviguer avec succes un grand ba- teau, a I'aide de la vapeur, aura encore I'honneur de voir naitre chez elle ses plus importantes modifications. Aujourd'hui, nous venous un instant reclamer voire bienveillante attention en faveur d'experienccs tentees par un ex-constructeur francais de Bou- logne-sur-Mer, devenu mecanicien fort ingenieux. Vous trouverez, Messieurs, quelque opportunite dans la demande que vous a adressee M. Sauvage, afln de repeter sous les yeux d'une com- mission, avec des modeles construits k I'echelle, les experiences auxquolles il s'est deja Uvre plus en grand, si nous vous disons qu'en ce moment meme des ingenieurs anglais importent en France les memes idees dont M. Sauvage a pris le soin de se ga- rantir la propriete par un brevet pris a une epoque deja assez re- culee. . . M. Sauvage trouve que la puissance de son iieUce, comparee k celle des autres d'une construction dilTerente, est plus grande dans le rapport de 20 ou 18 a \h. II est jaloux d'assurer a la France la priorite d'une application qu'il a lui-meme portee i un degrd de perfectionnement superieur a celui alteint par ses con- currents. » Nous croyons nous rappeler qu'en presentant a I'Aca- demie, dans le depouillement de la correspondance, la demande de M. Sauvage, F. Arago, pour exciter une sympathie plus vive, avait montre le malheureux inventeur assistant, d'une des fene- ti-es de la prison pour dettes de Boulogne-sur-Mer, k des essais de son systeme falts dans le port par des ingenieurs anglais qui, sans scrupule, en avaient usurpe la propriete, et, plus heureux, avaient trouv(^ des capilaux pour rexploiter. On concoil sans

COSMOS. 89

peine qu'un seinblable spectacle ait pu ebranler la raison d'un homme cloud d'une imagination ardente.

L'amiral Fitz-Hoy a depose, il y a qiielques jours, sur les bureaux du parlement anglais, son premier rapport surl'etat et les progr6s de la division meteorologique creee naguere pr6s du ministere du commerce , et dont il est directeur. La crea- tion de cette division avait ete sollicitee par la Societe royale de Londres, dans le but de reunir et de discuter les observations faites k la mer; le rapport prouve qu'elle a produit les fruits les plus certains el les plus heureux. Les fonds mis a sa disposition s'elevent a la somme de lO.lOOO francs; ils ont servi a procurer un large approvisionnement de bons appareils, c^ confeclionner soixante volumes dans lesquels les observations sont reunies en tableaux, h pourvoir 180 capitaines de la marine marchande d'ap- pareils bien compares et d'un usage facile. Tout fait done espe- rerque, dansquelques annees, les regions de I'Ocean atJantique auront ete explore'es en tous sens et assez completement par des capitaines -de navires anglais et americains, pour qu'on puisse rediger des instructions et tracer des cartes qui donnent les di- rections des courants et des vents, et tous les renseignements de nature k rendre la navigation dans ces mers si frequentees in- comparablement plus rapide et plus sure.

La semaine derniere un grand nombre de savans anglais se sont reunis a I'ecole des mines de Jermyn Street sous la prcsi- derice de sir Roderick Murcliison, et ontarrete la redaction pro- visoire d'un Memoire qu'ils ontresolu d'adresserau senat de I'U- niversite de Londres, dans le but d'obtenir enfln la creation an sein de cette Uuiversile d'une Faculte des sciences. Ce document est assez important pour que nous nous empressions de le tra- duire. « Les soussignes, activement engages dans la poursuite des diverses branches des sciences comprises ordinairement sous le nom generique d'histoire naturclle, la physiologie, I'anatomie bumaine et comparee, la zoologie, la botanique, la paleontologie, la geologic, etc., ayant appris qu'ii est question d'apporter des mo- diflcalions importantes aux chartes ou staluts de I'LIniversite de Londres, prennent laliberte d'appelerTatlention du senat de cette [Jniversite sur I'expression suivante de leurs voeux relativement An genre de modifications qui leur semble devoir etre le plus profitable tant aux progres de la science en general qu'aux pro- gres des branches de la science que chacun d'eux cullive. Dans los Facultes actuellement existanfes, les divisions des connais-

50 COSMOS.

sances Immaincs acadetniquetnent admises et reconnues , sont celles des Arts, de la Theologie, du Droit et de la Medeclne. Cette division quadruple sul'fisaote peut-etre h I'tipoque do la creation des Universilcs, est devenue completement inadequate ou insuf- fisante a represenlcr les grandes classes des connaissances, qui de nos jours enrichisscnt de fails elde lois les intelligences indi- liduelles et procurent le bicn-elre de rhunianile.

« Dans les deux derniers siecles, en effel, une cinquiemebran- che de connaissances, la recherche des lois qui presidents I'exer- cice des fonctions des corps nalurels, absLraclion faite de toute application directe de cos lois aux arts proprement dits, a pris des proportions de plus en plus considerables ; et cependant, parce qu'elle n'a pas ele reconnue comme un ensemble distinct, cette branche si vaste de connaissances s'est trouvee declassee, de- menibree, partag^e en morceaux qui se sont rattaches comme lis out pu aux autres Facultes seuies conslituees ou en faveur. Quelques fragments sous le nom de mathematiques, et cerlaincs branches de la physique susceptibles d'etre traitees malhemati- quemcnt, ont pris place dans la Faculle des arls; d'aulres, sous le nom d'anatomie comparee, de physiologie, de bolanique, se sontsoudees ^ la Faculle de medecine, parce que,pourlapIupart ce sont des medecins ou des professeurs de medecine qui leur ont donne naissance. 11 ne pouvait resulter aucun mal serieux de cet arrangement lant que la science n'avait encore pris son cssor, ily a un siecle, alors que I'electricile, la chaleur, le magnelisme, la chimie inorganique et organique , I'hislologie , I'embryologie, la morphologic, la paleontologie, etc., toutes les branches des con- naissances qui consliluent essenliellement la science proprement dite, en tant qu'elle se distingue des arls et de la medecine, n'exis- taient pas encore. Maintenanl, au contraire, il est reconnu que la poursuite des progres de I'uiie quelconque de ces sciences est dign d'occuper une vie enliere d'homme; les societes mo- dernes, appreciantla valeurdesbienfails qu'elles procurent ensa- tisfaisanl aux grands besoins de I'humanile, reconnaissent do fait que I'eUide de ces sciences esl une veritable profession qui honore ceux qui s'y Uvrent avec succes; et, cependant, les corps acade- uiiques continuent & ne pas tenir compte de la science comme constituant une profession dislincte. L'Universite de Londres, elle-meme, quoique specialement instituee pourrepondreaux be- soins des temps modernes, sc refuse a conierer tout degredebac- <i.alaureat, de maitrise, de doctoral, meme aux premiers chimistcs

COSMOS. 91

oupbysicicns de noire Age, h moins qu'lls ne possedont: en mdniQ temps line certaine superiorild dans quelques-unes des branches de renseignement classique on liUeraire. Ellc ne ferait pas un docleur de Cuvier, h moins que Cuvier ne fiit en meme temps un cliirur- gien oil un medecin d'un merile superieur a celui de la majo- rite des praticiens de I'Anglelerre.

(( Get ctat de choses ne nous semble pas seulement anormal; il est de plus nuisible, au plus haut degre, aux progres des sciences, car ceux qui ont pour mission de dirigcr la jeunesse, voyant que la science n'est pas reconnue comme carriere speciale, se font un devoir de decourager les jeunes intolligencos qui voudraicnt s'y livrer; et dans les sciences biologiques en parliculicr, I'opinion generale n'ayant aucune base sur laquelle elie puisse appuyer une distinction reelle confond le monteur d'oiseaux, le secheur de plantes, le collecteur de mineraux avec I'anatomiste, le phy- siologiste et le geologue sous le nom commun de naluralistes. Le remede ;\ ce nial nous semble etre la reconnaissance solennelle par les corps academiques et universitaires de la science comme enseignemcnt special ayant son nom et son caraclere propres, marchant de pair avec les enseignements des arts, de la medecine, du droit et de la tlieologie. En consequence, nous conjurons, nous pressons fortemcnt et vivement le senat de TUniversile de Londres d'etablir une Faculte des sciences tout h fait egale a la Faculle de medecine, mais divise'e en deux branches dont I'une comprenne les sciences physico-chimiques, et I'autre les sciences biologiques : les aspirants aux degres des sciences auront la 11- berte de choisir entre I'une ou I'autre des deux branches. »

Dans I'esprit des savants qui se sont reunis pour rediger cette petition, les degres pris dans la Faculte des sciences seraientune recommandation ou une condition essentielle pour pouvoir etre promu aux fonctions deprofesseurs, celles par exemple do I'ficole des mines, pour occuper une position scienlifique comme celle de curateurs du Musee britannique, ou directeurs d(^s autres institu- tions savantes placees dans la dependance du gouvernement, pour etre appeles k faire partie des expeditions ou excursions sa- vantes, etc., etc.

Fails des sciences.

D'une etude qui paralt consciencieuse sur la solubility des phosphates de chaux fossiles , M. Deherain tire les conclusions

92 COSMOS.

suivantcs, qui confirment en rcalile le jugcment que nous avons portd snr la valour de cos phosphates employes commc engrais. L'insolubilile des phosphates fossiles des Ardennes dans I'acide carbonique tend a prouver qu'lls ne peuvent servir dans les ter- rains ou cet oxyde exislo soul , a nioins qu'on ne los ait d'abord attaques paries acides forts. La solubilite dos phosphates solidcs dans les acides acetique et carbonique rdanis semble demontrer que ces engrais simplement reduits en poudre, pourront ctre d'un eflfet tr6s-utile dans les sols a reaction acide, comme le sont les bruy6res deMchees.

M. de Lajonkaire a fait une etude approfondie des gisements de sulfate de soude en Espagne, seule contree ou ce sel melange aux sulfates de magnesie et de chaux, sc montre en masses con- siderables, de maniere a constituer de verilables roches. Les amas les plus etendus de sulfate de soude se rencontrent pr6s de Lodosa, petite villesituee auxconfins dela Navarre etde la Vieille Castillo et dans les deux montagnes de San Adrian et d'Alcana- dre, I'une a gauc!\e, I'autre a droite du Tibre. Voici quels sont pour ces deux montagnes les series de couches de terrains divers : terre v^getale; 2 ^ 3 metres d'alluvion argilo-sablonneuse blanche ; 3" 20 metres de cailloux roules, quelquefois agglutines par un ciment argilo-calcaire; 50 metres de marnes argileuses vertes avec lits de gypse cristallise; 5" 3 a ^i metres de gypse cou- leur lie de vin dans des marnes de merae nuance ; 6" 20 metres de gr6s fins semblables aux marnes irisces; un lit de sulfate de soude de 0"' 10 a 2 metres d'epaisseur; 20 metres de marnes bleues schisteuses avec rosaces et filons de gypse ; 9" couche de sulfate de soude de 0"' 05 a 12 metres; 10" 25 metres argile bleue ct gypse; 11° 12 a 15 metres de gres fin , argileux, rouge et vert; 12° lit mince de selmarinmele d'argile; 13° 15 metres de marnes sableuses rouges et vertes; lk° 25 h 30 metres de gres argileux et rouge alternant avec des poudingues de memo couleur. Toutes ces roches sont profondement dechirees et alterees par I'eau.gJ par des agents autres que I'eau.

M. Tampier est convaincu que les eaux minerales de Con- dillac (Tarn), alcalines, i'l la fois gazeuscs, ferrugineuscs et iodu- rees, peuvent recevoir des applications nombreuses et varices, soit comme eaux hygieniques prises en boissonsde table, en rem- placement des eaux de seltz naturelles, soit comme eaux medi- cinales dans un grand nomhre d'affections chroniques et dans la convalescence de beaucoup de maladies aigues.

PIIOTOGMPIIIE.

Sur la production de pliotograpiiies sur des surfaces fluo- rcsceisles, et sur les dilTerents modes proprcs a rendre visible^ les rayouj* ultra-violets ou cliimiques

Par M. Georges Wilson, M. D., Edimbourg.

L'auteur, dans ce Memoirc, etablit Fimportance qu'il y a ^ de- niontrer quelle influence la fluorescence exerce sur la sensibilite pliotographique des corps. Le sujet est interessant en ce que le papier, qui est d'un usage journalier en photographic, possede un certain pouvoir fluorescent. Un des corps les moins fluores- cents conn as est la porcelaine blanche, elle n' exerce aucune ac- tion sur le spectre et ne rend visible aucun des rayons ullra-vio- lets. D'un autre c6te, un morceau de verre jaune, auquel on a donne cette couleur au raoyen de I'oxyde d'uranium, possede cette propriele a un si haut degre que, quelle que soit la source de luiniere qu'on y projette, le plus grand nombre des rayons invisibles ultra-violets deviennent visibles ; aussi M. Slokes a-t-il demonlre que la lumiere de Tare voltaique donne un spectre six ou hult fois plus long sur ce verre jaune que sur dela porcelaine. Supposons pour un instant que ces deux substances soient en^ duites de chlorured'argent, etexposecs dans la chambre obscure, peut-on doutor que Faction cbiniique sera modiflee sur le verre jaune, ou les rayons photographiques sontsujets a un tel change- ment? Or, M. Stokes a montre que le papier est une substance fluorescenle qui allonge notabiement le spectre solaire a son ex- tremite violette, et que, si on lave le papier avec une solution de sulfate de quinine, cette propriete devient encore plus manifeste, presque autantque pour le verre jaune a oxyde d'uranium.

L'auteur crolt quo ce sujet merite de devenir i'objet d'expe- riences concluantes relatives a Tart photographique ; il s'appuieci cet egard sur difi'erentes considerations : par exemple, quand la lumiere tombe sur une surface fluorescente, les rayons ultra-vio- lets recoivent une influence physique, un changement de reh-an- gibilite, et, d'apres I'autear, leur pouvoir chimique (ieur actlnisme) doit etre modifie au moins de deux facons :

1" Puisque, par I'influence du corps fluorescent certains rayons invisibles deviennent visibles, il est clair qu'ils peuvent des lors etre reflechis la ou ils seraient absorbes si le corps n'etait point fluorescent. Et quoiqu'il ne soit pas probable que les surfaces

94 COSMOS.

fluorescentes refl^chissent ou dispersent les rayons lumineux et les rayons non lumineux, cgalement, on ne pent pas doulcr que la transformation des rayons obscurs en rayons brillanls ait une certaine influence, bonne ou mauvaise, sur Taclinisme, c'est-i- dire, sur la sensibilite photographique;

2" Quand un rayon d'une grande refrangibilite acquiert, au moyen d'une surface fluorescente, une refrangibilite beaucoup moindre, il semble evident que Taclion cbimique de ce rayon doit Otre notablement modifiee, M. Wilson propose par conse'- quent que des experiences propres k determiner d'une mani6re rigoureuse raclion des surfaces fluorescentes en pholographie soicnt faitcs.

Du papier lave avec une solution de sulfate de quinine, avec une infusion de I'ecorce de marrons d'Inde, avec une solution acidulee de curcuma, avec une infusion de semences de pomme epincuse {datura stramonium), fournirait une surface parfaite- ment fluorescente, et I'emploi d'un tel papier ne serait pas incom- patible avec celui do la plupart des agents photographiques. Le papier ordinaire, leverre, certaines sorles de gelatine, la plupart des corps organiques, probablement aussi le collodion, sont des corps fluoresccnts ; de sorte que le photograpbe experimente sans cesse, et sanss'en douter, sur les rapports dela fluorescence avec la photographie; M. Wilson lui propose d'augmenter la fluores- cence du corps avec lequel il op6re (papier, etc.), afin de mieux saisir ces rapports.

L'auteur passe en suite ci la production photographique des images de corps fluorescents. Une plaque de verre coloree par I'oxyde d'uraniura, et une plaque de porcelaine, d'egales dimen- sions et egalement eclairees, donneront, dans la chambre obs- cure, des images tres-differentes. Or, la fluorescence relative des divers objets dont se compose un paysage, un groupe de per- sonnes, etc., est fort difTerente pour chacun d'eux, et cela serait, d'apres l'auteur, une des causes pourquoi certains objets sont si difflciles k reproduire photographiquement. Ainsi la porcelaine et le papier, quoique egalement blancs et egalement eclaircs, don- neront, dans la chambre obscure, des dpreuves dissemblables, k cause de leurs pouvoirs phosphorescents differents. M. Stokes a demonlre que certaines couleurs rouge-pourpre sont fortement fluorescentes, et c'est \h sans doute une des causes pourquoi les habillements des soldats et des dames sont si difficiles ix bien rendre dans les portraits. Deux couleurs identiques, mais dont

COSMOS. 95

les compositious chimiques different, donnenl, probablement k cause de la difference de leurs pouvoirs fluorescents, des rdsul- tats tr6s-differcnts en photographie. Nous savons que le vermilion et le biiodure de mercure sont des rouges beaucoup moins fluo- rescents que les couleurs rouges lirees du regne vegetal. II est probable, des lors, qu'un tableau & I'huile et sa copie en aquarelle reproduits par la photographie donneront des resultats fort dis- tincts.

Les vernis employes dans la peinture k I'huile sont fluorescents ; il en est de meme des feuilles vertes et de la plupart des corps vegetaux et animaux. D'un autre c6te, la craie,le marbre, la plu- part des mineraux, les metaux, la porcelaine, ne possedent que peu ou point cette propriete. II serait done tres-interessant de connaltre exactement le r61e que peut jouer la fluorescence en photographie.

L'action de cette propriete sur la lumiere transmise n'est pas moins huportante sous le rapport photographique. Ainsi, dans la reproduction des gravures, des negatifs, etc., etc., on devrait se rendre compte de I'infiuence du milieu fluorescent sur I'epreuve. Ce milieu peutetre leverre, le papier, le collodion, la cire, I'albu- mine, la gelatine, etc., que le photographe emploie.

En dernier lieu, I'auteur traite des moyens propres k rendre visibles les rayons ultra-violets ou fluorescents du spectre. M. Sto- kes a indique les moyens les plus efflcaces pour isoler ces rayons du spectre solaire; il a montre aussi les rapports existants entre les flammes artiflcielles et la fluorescence; il a prouve que les flammes obscures donneespar I'hydrogenc, I'alcool, le sulfure de carbone et le soufre, fournissent chacune un plus grand nombre de rayons fluorescents que ne font les flammes plus brillantes d'autres corps. L'auleur a essaye I'oxyde de carbone, mais sans succes, ainsi qu'une foule d'autres corps, et 11 a lini par revenir k la flamme du soufre brfilant dans le gaz oxygene, comme la plus avantageuse dans ces experiences. II a construit un appareil par lequel ,le soufre brule dans I'oxygenc et dont la ventilation est telle que I'acide sulfureux produit n'incommode pas I'operateur, Avec cette flamme il illumine le verre d'urane, la solution de sul- fate de quinine, etc., et obtient les plus beaux effets. M. Wilson annonce qu'il s'empressera de mettre cet appareil a la disposition de tout membre dela Society photographique d'Ecosse qui voudra se livrer k des recherches sur les rapports de la fluorescence avec la photographie. 1. P.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seanre dri 20 juillel 1857.

M. Carini, secretaire du Coraile fondateur de la Socidte aslro- nomique italicnne, s'empresse d'apprendre &!' Academic que cetle noble Association, qui a pour but de fonder en Italic un obscrva- toire-niodc'le, muni d'instrnmcnts gigantesqucs, est aujourd'hui un fait accompli. M. Carini c.^prime en outre son espoir de voir rAcademic accueillir, avec cmpresscmcnt ct sympathie, la bonne nouvelle qu'il lui transmet, et qui est un veritable evenement scienlifique.

M. Porro adressc une communication relative ci rcmploi comme ophthalmoscope de sa lunette panfocale servant a la foi^ de microscope et de telescope.

« Dansles ophthalmoscopes connusjusqu'a ce jour, on s'est pro- pose : d'eclairer le fond de Toeil du malade au moyen d'un mi- roir convergent qui y jette une vive lumiere ; de grossir les de- tails interieurs avec une loupe. La lumiere reflechie par le miroir est trop vive pour le malade et elle parait pourtant insufflsante k I'operateur ; la loupe ne permet pas de voir distinctement le fond de I'ffiil; elle permet tout auplus devoir dans Ics regions pen pro- fondes del'humcur vilree; aussi I'ophthalmoscopebase sur I'em- ploi do la loupe ne permet de rien voir dans un ceil sain ; et k I'etat morbide il ne permet pas de tout voir. Pour la meme raison que dans la vision naturelle, les images des objets exterieurs tres- eloigncs vont se peindre au fond de I'oeil , tandis que la lumiere provenant dun point situe au fond de I'oeil en sort convergente vers dos points tres-eloigncs et non pas divergente, comme elle devrait I'etre pour I'usage de la loupe. J'ai pens^ que la lunette panfocale que j'ai eu autrefois, et pour un tout autre but, I'hon- ueur de presenter i 1' Academic des sciences constitue le meilleur des ophthalmoscopes.

L'eclairngc Icplus convenablenepeut ctre autre que I'eclairage gradue que j'emploie pour rendrevisibles lesflls micromelriques par la reflexion sur la surface des corps transparents : cet eclai- rage nc tourmentera pas le malade et n'eclairera que la regioa de I'ceil qui est soumise l^ i'examen.

On pcut aussi eclairer de lumieres de couleurs dilTerenles , rouge et blanche, par exemple deux points du champ de vision, et inviter le patient a rcgarder fixement le cercle lumineux rouge

COSMOS. "^^

afin d'oblenir I'immobilite de I'oeil pendant que I'operateur pro- menele petit cercle lumineux blanc dans toutes les regions qu il se propose d'explorer. Avec une lunette panfocale placec a que - ques centimetres de I'cBil, I'operateur pent, parle mo;^^™^;"^^^^ pignon regulateur, penetrer successivement du regard dans 1 uite- rieur de roeil i toutes les profondeurs , jusque dans la retine , une echelle gravee exterieurement sur I'instrumentpeut nidiquei la profondeur du point qui se trouve au foyer a un instant

donne. . . ,

II est possible qu'un fixateur soit necessaire, amsi qu un sup- port convenable pour la lunette, mais on pourrait peut-etre plus commodemcnt ajouter du cote de robjectif de la lunette un tube termine par une ceillere par laquelle le patient sera invite a re- garder, pendant que I'observateur liendra son oeil a roculaire; mais I'elude pratique de cette nouvelle application de ma lunette panfocale exigerait des raoyens d'experience qui ne sont pas de mon ressort, ]e dois me borner a signaler aux medecins la partie optique du nouvcl instrument, en laissant aux bommes compe- tents le soin d'etudicr les dispositions les plus convenables pour I'application.

M Babinet communique ^ 1' Academic le rcsullat des expe- riences faites a Meudon par lui et M. D'Avout avec le baromelre repetiteur dont nous avons donne la description, et dont il lallait comparer les indications a celles d'un bon barometre ordinaire. Station au bas Meudon, sur le bord de la riviere : barometre Gay-Lussac, 16Q"\S; barometre repetiteur, 767'", 2 ; diiTercnce,

Station k I'arcade de Bellevue : baromfeire Gay-Lussac, 761">,2; baromelre repetiteur, 762"', 3 ; difference, 1"\1.

Station sur la bauteur dans le bois de Meudon : barometre de Gay-Lussac, 755'",1 ; barometre repetiteur, 755'",5; difference.

La difference de niveau dela 3- et de la 1" station calculee :

i" Par les obinaiionsdu baromelre Gav-Lussnc estde 'i.«"\5 2^ Par celles du barometre lepelileur ^■^' -^

DiflTcrcnce -|- 0 ,5

Les differences, on le voit, sont tres-faibles et prouvent sura- bondamment que les indications du barometre repetiteur sont parfaitement acceptables. Nous sommes beureux, en outre, d'ap- prendre que M. D'Avout se propose, avec Taulorisation dc M. le

98 COSMOS.

ministre de la guerre, d'aller dans les Alpes experimenter son nouvel instrument sur des hauteurs depassant 3 000"- ; si ces experiences renssissent, comme on a lieu derospcrer, dies consta- teront la bontd dc cet instrument, qui, vu la facilUe de son trans- port et sa non-fragilite, sera tres-uliie aux voyageurs qui desire- ront apprecier la hauteur des montagnes qu'ils ont h parcourir.

A cette occasion, nous accuserons reception d'une lettre deja vieille de date, et qui merilait certainement un meilleur accueil. M. Dubus, professeurde navigation, en retraite a Sainl-Brieuc, et ce fait plaide grandement en sa faveur, a pris en consideration le baroin(Mre repeliteur dc M. le baron D'Avout. G'est un instrument simple et tres-ingenieux, nous disait-il, est-il bien rigoureux? L'experieuce nousle diraplus tard! L'experience vienten efFetde dire son premier mot, en attendant qu'elle dise son dernier. Le seulscrupule de M. Dubus etait un scrupule mathematique; il pensait que la correction a faire h p. dans la formule incomplete, pour que la valeur de n qu'on en tire coincide avcc celle de la formule complete, devait elre differenle de celle assignee par M. D'Avout. Nous sommes heureux de pouvoirlerassurer ; ende- veloppant en serie la correction qu'il propose , et negligeant les termes du second ordre, ce qui est pcrmis, puisqu'on ne demande au barometre repetiteur qu'une ccrtaine approximation , on re- tombe sur la correction premiere. Si M. Dubus le desire, nous niettrons c\ sa disposition le calcul de M. D'Avout, qui interesserait pen nos lecteurs.

M. Marchal, de Luneville, presente k 1' Academic une coupe antique, qui semble avoir ete la coupe dont se servaient les em- pereurs chinois dans les sacrifices olferts aux ancetres. Cette coupe en agathe orientate ou vase niyrrhin, a 23 centimetres de diametre. EUe porte en intallle les grandes clartes {san kouang), a savoir, jz, le soleil; youe, la lune, la constellation de la Grande Curse {pe teou), celeste boisseaudu nord, etle?ia?i teou, boisseau celeste du midi. Les anses representent deux figures dc singes cy- nocephales ; ils sont pris dans la masse de la pierre precieuse. On a remarque que les cynocephales invoquant la lune figurent souvcnt dans les monuments de I'antique %yple. Lcur nom, heou, a ete donne en Chine a une classe de magistrals sacres ; sous la forme heou qui signifle expectare ; le terme tchtj heou signifle e specula observare, voir d'un lieueleve. Plusieurs cylindres baby- loniens ollrent aussi ces cynocephales accompagoes des memes constellations.

COSMOS. 99

Les sept dtoiles du Chariot ou du Trio ont fait naitre notre mot septentrion, nom qui exprime le nord ; la haute antiquite y a vu aussi un boisseau ou une coupe, une cuiller, une spatuleavec son long manclie, et de \k est venu le nom conserve en Chine de pe teou pour la Grande Ourse. Le torme pe pour le nom nord of- I'rantcelte spatule pij (clef 21'), avec laquelle on olfrait I'encens au Dieu supreme, suppose au pole nord, gond du monde.

Les globules, par lesquels sont figurees les constellations sur cette coupe precieuse, ont toujours ele, chez les Chinois, des signes veneres, et sont le monument de I'antiquite la plus recu- lee {Memoire sur les Chinois, t. in, p. 5). lis sont relies par les tri- gamnies de fohi. Les deux cynocephales sont les genies de I'as- tronomie.

Le savant P. Gaubil, dans son Traite sur I'astronomie des anciens Chinois , depuis le commencement de la monarchic jusqu'a I'an 200 avant J.-C, dit : « que les caracterespe teou et nan teou sont fort anciens ; de meme que le caractere teou ping, qui designe les eloiles de la queue de la Grande Ourse; le nom de boisseau vient de ce que les anciens astronomes chinois se ser- vaient des observations des etoiles de la Grande Ourse pour exa- miner et regler le mouvement des astres et surtout celui du so- leil par les observations du teou ping. lis calculaient I'entree du soleil dans les signes celestes, et, par le calcul fait sur ces observations, on savait le temps de la premiere lone : Ton connaissait aussi la lune intercalaire. Ces signes celestes etaient les plus importants et leur servaient de mesure!

« La lucida humeri de la Petite Ourse etait aussi regardee comme I'etoile polaire, et cette etoile avail le nom de tay, souve- rain, empereur; tag, siege de la grande Unite (Dieu). »

II faut observer que, suivant Paw, auteur des Recherches sur les Eggptiens et les Chinois (p. 266) , I'agate orientate etait re- servee pour les objets a I'usage des empereurs seuls. On salt que chez les Grecs, les Egyptiens et les Romains , les coupes en agate orientale [vases mgrrhins) etaient destinees aux rois, parce que, chez les anciens peuples, elles passaient pour avoir la vertu de neutraliser le poison et I'ivresse; connne la poudre de saphir donnait du courage, exaltait le cceur ; le corail avait des vertus non moins surprenantes, etc., etc.

Un de nos plus habiles lapidaires, M. Hachard, a dit de cette coupe, dans une leltre adressee a M. Babinet, membre de I'lnsti- tut (19 avrill856) :

100 COSMOS.

« Le travail cxti*aordinaire qu'elle a d<l necessitcr est tel qu'un homiuo a pcul-etre saciiQe la duree de son existence pour y arri- ver, De nos jours je ne vols pas un ouvrier capable de faire un pareil travail. Gette coupe est plus grande que les vases myrrbins connus; il a I'allu un morceau de dimensions enormes pour pou- voir I'exccuter. La matiere est tres-rare, et ce vase est d'autant plus precieux qu'il nous est presents dans son entier, c'est-&-dire sans aucune cassure ni meme felure, ce qui arrive tres-rarement pour ces objets qui sont si fragiles. II serait regrettable de voir un pa- reil vase sortir de France; nos Musees dcvraients'en rendre ac- quereurs; ces occasions ne se retrouvent pas. »

Son Altesse le prince Charles Bonaparte adresse une suite a sa classification des oiseaux, disposce en tableau synoptique.

M. Walson transmet une nouvelle note sur les phenomSnes capillaires, dans laquelle il tient compte des variations de la densite des liquides et de I'intensite des forces attractives.

M. Charles Tissier adresse une Note sur la composition d'un iiouveau cyanure double d'aluminium et de fer.

Dans un travail presente a I'Academie en 1853, et relatif a la separation de I'acide phosphorique d'avec I'alumine, j'annoncais que j'etais parvenu a precipiter completcment I'alumine d'une dissolution, meme fortpuient acide, au moyen d'un reactif jour- nellement employe dans les laboratoires, le cyanoferrure jaune de potassium ou prussiate de potasse du commerce. J'aipuni'as- surer depuis que le precipite qui se forme dans ces chxonstances avait une composition bien definie, qui semblaitlui assigner pour forinule :

En eflet, si i'on cherche quelle serait la composition du melange d'alumine et d'oxyde de fer fourni par I'incineration du cyanure double repondanl a cette formule, on trouve qu'elle devrait etre : alumine, h(3,k2 ; sesquioxyde de fer, 53,58.

L'analyse directe m'a donne comme moyenne de quatre ope- rations les chiffres suivants : alumine, kU,S9 ; sesquioxyde de fer, 55,11, ils prouvent que le nouveau compose est un bleu de Prusse, dans lequei le sesquicyanure de fer serait remplace par le sesquicyanure d'aluminium.

Cbacune des quatre analyses cities plus hauta ete faite sur un precipite obtenuen faisantvarier la proportion des sels employes, en avantsoin toutefois d' avoir un exces de sel d'alumine dans la ii-

COSMOS. 401

queur, et une quanlite d'acide suffisanle pour qu'elle restat for- tement acide. Chaque fois aussi la quantile de maliere soumise i I'analyse a ete differente.

J'ai suivi, pour I'analyse du precipite incinere, le precede indi- que par M. Henry Sainte-Claire Deville dans sa metliode d'analyse par la voie moyenne, et qui consiste, corame on sail, a soumeltre le melange des deux oxydes (alumine et oxyde de fer) k Taction successive d'un courant de gaz hydrogene et de gaz acide chlor- hydrique.

~ M. Paul Gamier adresse a I'Academie et an Cosmos une recla- mation de priorile relative ix I'invention du sphigmonietre. « En iuinl830,dit-il,coniointement avecM. ledocteurHerisson, je bre- vetais la premiere idee du sphigniometre, idee toute mecanique; le 11 octobre de la meme annee nous prenions possession dans un brevet de perfectionnement d'un appareil en tout semblable i celui de M. Poznanski, moins le crin ou fll fin de fer introduit dans le tube et dont je n'ai pas comprls la necessite. Apres une etude approfondie et I'application suivie dans une clientele nom- breuse, le spbigmometre fut presente a I'Academie des sciences par MM. Herisson et Gamier dans la seance du.29 mat 1833 ; une commission, par I'organe de M. Magendie, en fit I'objet d'un rap- port favorable, et M. Donne en parla dans le Journal des Debats du 29 mai de cette meme annee comme d'un appareil arrive a son point de perfection. » Nous accueillons de grand coeur la reclama- tion de M. Paul Gamier, qui a toujours trouve dans le Cosmos un defcnseur empresse de ses utiles et ingenieuses inventions; mais I'babile mecanicien nous permettra de lui soumettre les observa- tions suivantes : M. le docteur Poznanski ne s'est nuUement prdsente comme invcnteur du spbigmometre ; il salt depuis long- temps que c'est une invention francaise, il avait lu le rapport de M. Magendie; 11 s'est contente de soumettre an jugement de I'A- cad(5mic et des praticiens, apres avoir consulte M. Flourens , un sphigmoscope modifie dont il s'est servi avec succes dans ses belles etsi importautes recbercbes sur la diminution de frequence et d'intensite du pouls pendant la periode prodromique qui pre- cede toujours I'invasion ducbolera ; 2" la modibcation de M. Poz- nanski consiste, comme nous I'avonsdit, dansl'introductiond'unfil fin en crin ou en fer ; or ce fil a I'avantage multiple et important de diminuer dans une proportion considerable I'adbesion du mer- cure contre les parois du tube, d'augmenter par consequent dans la m^me proportion la sensibilite de I'instrument, de pernaettre de

102 COSMOS.

ne donner au tube qu'une longueur relativement petite, tout en prenant pour diaphragme ou fcrmeture du reservoir de mercure, une peau ordinaire , un morceau de gant, par excmple, sans etre force de recourir & une membrane tres-mince, un fragment de vessie qu'il faudra souvent remplacer parce qu'elle se dechirera; de dispenser d'un robinet qu'il faut ouvrir et fermer k chaque operation, etc., etc.

Tout en accordant largementS MM. H^rissonet Gamier la prio- rite de leur decouverte, nous maintenons done que I'addition du fll de fer est une idee tres-heureuse, qui recevra bon nombre d'autres applications, et qui donne au sphigmoscope modifie une valeur rdelle. Ce qui prouved'ailleursjusqu'^ I'evidence que I'ap- pareil primitif manquait de sensibilite, c'est qu'on est arrive tout recemmenf, en Angleterre et en Amerique, i\ donner commeforce- ment au tube muni d'une membrane suffisamment solide, une lon- gueur c'norme et genante de 50 cenlimetros et plus. 11 cesse alors d'etre portatif et on s'en degoi^te tres-promptement.

M. Le Verrier fait hommage a I'Academie d'une livraison des cartes des etoiles de I'ecliptique de M. Chacornac. Comme les deux precedentes, cette livraison comprend six cartes, ce qui porte a 18 le nombre des cartes actuellement publiccs; c'est presque le tiers de I'ensemble total des cartes necessaires pour representer I'ecliptique entier, en y comprenant toutes les etoiles jusqu'ci la treizieme grandeur inclusivement. M. Le Verrier est entre dans quelques details sur les fails les plus saillants qui ressortent d'une premiere etude de ces cartes, le nombre des etoiles, la disparition de quelques-unes, la variabilite de quelques autres, la vacuite ou pauvrete relative de certains espaces celestes, etc. Nous craindrions, en les resumant des aujourd'hui, sur des notes prises en courant, de commettre des erreurs de chiffres ou de positions. Nous attendrons done, pour en parlerplus longuement, d'avoir sous les yeux les textes des comptes-rendus.

M. Le Verrier presente en outre une nouvelle orbite de la troisiSme com6te de 1857, dont les elements ont ete encore cal- cules par MM. Villarceau et Lepissier, sur des observations faites h I'observatoire imperial.

M. Lestiboudois lit un memoire de botanique qu'il nous se- rait impossible d'analyser.

M. Bussy, au nom de M. Personne, prdparateur de chimie au laboratoire de pharmacie, depose une note sur quelques pro- prietes nou encore observdes du phosphore amorphe ou phos-

COSMOS. lOS

phore rouge. On a cm jusqu'ici que celte substance etait compld- tement inalterable ; il n'en est rien ; expose h I'air sous forme de poudre tres-fine, ou soumis & Taction de I'acide nitrique, le phos- phore amorphe passe h I'etat d'acide phosphoreux. Mais I'acide phospboreux n'est nuUement un poison, comine divers auteurs i'ont affirme; iljouit, au contraire, d'une innocuite compl6te; on diraitunematiere parfaitement inerte ; ce n'est done pas & lui, mais au phosphore nature!, ou peut-etre & I'acide pbosphorique qui peut se former a son tour, qu'il faut attribuer les empoisonne- ments causes par les allumettes chimiques ou par d'autres prepa- rations de phosphore.

M. Baillarger presente une jeune fille atteinte d'idiotisme ou de cretinisme, et qui s'est developpee avec une lenteur vraiment extraordinaire. Elle est anjourd'hui ftgee de 20 ans, et Ton dirait presque un enfant de deux ans ; sa taille ne depasse pas 80 cen- timetres, et c'est a 17 ans seulement qu'elle a commence a parler, jusque-la elle etait restee completement muette.

M. le colonel Didion lit un Memoire sur la probabilite du tir des projectiles :

La loi des ecarts des projectiles dans leurs mouvements et la manicre d'apprecier la justesse dutir, ontfait le sujet d'un con- cours ouvert par M. le ministre de la guerre a la suite duquel , et Tu son insucces, Poisson redigea plusieurs Memoires (1830 et 1837), dont I'objet principal etait de trouver, d'apres la r6gle de Laplace, la probabilite qu'une moyenne ne s'ecarte de la mesure veritable que d'une quantite donnee.

L'auteur a applique cette r6gle aux resultats de nombreuses ex- periences de tir; il a trouve qu'elle dtait toujours verlfiee comme limite superieure , et qu'elle s'appliquait k des nombres d' observations reduits k 10 et meme au-dessous.

L' observation du tir de boulets ou de balles sur une cible verti- cale, par exemple, offre des applications interessantes de la theo- rie des probabilites ; ici les ecarts qu'on rel6ve dans les observa- tions ne tiennent pas aux erreurs dans les mesures, mais aui differences dans les diverses causes qui influent sur la hauteur du projectile h une cerlaine distance.

Le point de la cible qui est k la hauteur moyenne et sur la ver- ticalequi comprend la deviation moyenne, estun point important k consid^rer; relativement k ce point d'impact moyen, l'auteur distingue \ecart moyen ou la moyenne arithmetique des hearts et le moyen ecart ou la racine de la moyenne des carrds.

"*Wi COSMOS.

Entrant dans d€s considerations g^ndrales sur la probabilite d'atteindre iine surface donnee comme but , I'auteur dcHerraine des combes d'egate probabilite, c'est-&-dire le lieu des points oh I'on a la ineme probabilite d'atteindre un carr^ de pclile dimen- sion ; elles representent graphiquement I'ensemble des chances d'atteindre, comme les courbes de niveau representent la forme d'un terrain.

L'auteur obtient la probabilitf^ d'atteindre une surface limitee m parlant du principe admis, que la probabilite des ccarts decrolt tr6s-rapidement des qu'ils presentent une certaine grandeur, et qu'elle est representee par une puissance proportionnelle aucarr^ de l'(5cart d'un nombre dgal & I'unite divisde par la base des lo- garithmes. 11 fait voir que sur une cible en gen(^ral , les courbes d'egales probabilites sont des ellipses dont les diaraetres sont proportionnels aux moyens hearts. Lorsque ceux-ci sont egaui dans le sens vertical et dans le sens horizontal, ces courbes d'e- gale probabilite sont des cercles , et Ton obtient tres-facilement la probabilite d'atteindre un cercle, un carre', un rectangle de di- mensions donnees; I'on resout de meme un grand nombre de probl^mes qui,jusque-la, eussent exig^ des experiences directes, toujours longues et dispendieuses. L'auteur s'est assure par la comparaison avec des resultats d'experienceque la loi des ecarts etait exacfe, et qu'ainsi les formules pouvaient etre accepte'es avec une entiere conflance.

Cette loi conduit d'ailleurs a ce resultat singulier que le quo- tient du double du moyen carre par le carre de I'ecart moyen est e'gal au rapport de la circonference au diametre; on pourrait done trouver une valeur approchee de ce dernier par I'observation des points A' impact d'un grand nombre de projectiles tire's dans des circonstances semblables. Gerdsultat singulier se trouve confirme par I'observation.

Si I'etablissement des formules que donne l'auteur exige I'em- ploi del'analyse, I'application en est rendue tres-facile par les tables qu'il a calculees.

II y a dans ce travail, ce nous semble, beaucoup de choses nouvelies qui simplilieront les recherches sur les effets du tir des bouches h feu et des amies a feu, et qui doivent par suite contri- buer i\ Icure succfes.

M. Dupuit, inspecteur general des ponts et chaussees, can- didat, comme M. Didion, k la place devenue vacante dans la sec- tion de mecanique, par la mort de M. Cauchy, litun Memoire

COSMOS. 105

sur le mouvement des eaux a travers les terrainspermeables ; nous regrettons de ne pouvoir pas I'analyser des aujourd'hui.

M. Dumas donne, d'apres une lettre dc M. le comte de Relz, president du cornice a<?ricole d'Alais, des details interessants sur les resuUals des dernieres educations de vers a soie. De I'en- semble des I'aits observes, il ressort cet enseignement important, qu'il faut se garder a tout jamais de melanger les graines ; car si Ton fait eclore ensemble deux graines, Tune de bonne provenance et de qualite superieure, I'autre de provenance douteuse, les vers issus de la seconde graine iiifecteront ceux issus de la premiere; etla recolte sera presque infailliblcment mauvaise.

P. S. La critique, si bienveillante et si moderee cependant, que nous avons basardee en publiant la derniere note deM. Du Morj- cel a produit un effet tout different de celui que nous attendions. L'habile experimentateur s'est offense du mot distraction, qui n'av^t dans notrepensee aucune signification penible; et il nous reprocbe d'avoir lu trop rapidement, trop pen attentivement le tra- vail qu'il nous avait-adresse. 11 se tronipe evidemment, et il a dil voir qu'au lieu d'envoyer son manuscrit a rimpiimerie, nous I'avions recrit tout entier de notre main, en modiliant sur plusieurs points la redaction, apres une etude serieus?. Peut-on nous faire un crime dc cliercber a comprendre et a rendre intelligible ce que nous livrons h la publicite, de tenter de legitimes efforts pour sim- plifier et ramener les explicaiions aux principes recus dans la science? Le mot condensation ne disait rien a notre esprit, nous I'avons combattu ; la decomposition preventive des fluides nous deplait plus encore; mais nous avons trop d'estime et trop d'af^- fection pour M. Du Moncel pour engager avec lui une discussion qui n'eclairerait rien et ne se terminerait pas. Nous nous bornons done a inserer sa reclamation, sans laisser tomber de notre plume les remarques critiques qui s'y pressent.

(' Dans le dernier numero du Cosmos, M. I'abbe Moigno, en ren- dant compte de la communication que j'ai faite a I'lnstitut, dans sa dej'nicre seance, a eleve quelques objections sur les deductions theoriques de mes experiences, objections que je crois a propos de discuter, d'autant plus qu'elles proviennent dune lecture trop precipitee de la Note que j'ai envoyee a notre savant confrere :

« L'attraction de 6 grammes que je suppose provenir de la reaction magnetique de la branche sans bobine de I'electro-ai^ iiiant boiteux est celle qui resulte d'une reaction au contact, et non a 2 millimetres de distance, comme dans le cas de Teleclro-

106 COSMOS.

aimant droit (I). A cette distance de 2 millimetres, I'attraction de ce pole sans bobine n'est pas 1 gramme. II y a done une dissem- blance complete de force entre les deuxp61es de rclcclro-aimant boiteiix, et non egalite, comme le croit x\I. Tabbe Moigno, qui a confondu rattraction au contact avec Vallraction a distance. D'ailleurs, dans I'experience que j'ai rapportee, ce p61e sans bo- bine ne reagit pas par attraction, mals par simple decomposition des fluides magnetiques, comme I'aimant droit persistant, dont I'efflcacile a ele conslatee.

« 2" Le p6ie inactif de I'electro-aimant droit n'est pas reporte k I'extremite de la brancbe sans bobine de rclectro-aimantboiteux, comme le croit M. I'abbe Moigno, puisque la distribution du ma- gnetisme sur toute la parlie du fer de I'electro-aimant boiteux en dehors de la bobine accuse une decroissance de force depuis la bobine jusqu'a Vextrcmite de ce fer, et que toute cette partie de fer de V eleclro-aimant possede la mime polar ite. *

« M. I'abbe Moigno, dans son explication, n'a pas voulu voir que, a proprement parler, toute la parlie de fer de I'electro-ai- mant boiteux qui est en dehors de la bobine et qui est en contact av.ec Tarmaturc constitue avec elle une armature composee sur laquellc reagissent les deux pdles de I'electro-aimant droit, mais toujours par un effet de condensation.

« k" Les effets des electro-aimants boiteux sont aussi mani- festes avec de faibles courants qu'avec des courants energiques, ce que conteste M. I'abbe Moigno.

« M. I'abbe Moigno pretend encore que les electro-aimants tubulaires different essentiellement des electro-aimants boiteux, mais il n'a sans doute pas observd que la chemise de fer qui en- veloppe ces electro-aimants ne represente que le pole sans bo- bine des electro-aimants boiteux. La difference de forme de ce p61e ne signifie rien quant & la reaction.

« Enfin M. I'abbe Moigno nie I'effet de la condensation des fluides magnetiques, sans voir que c'est cet effet qui determine la formation des courants d'induction dans I'appareil de MM. Breton freres, la paralysation du mouvement d'une tige de fer a I'inte- rieur d'une hdlice dont le fd est en fer, etc., etc. D'ailleurs, dans le cas qui nous occupe, cette reaction est exactement semblable h celle qu'exerce un aimant permanent sur I'armature d'un elec- tro-aimant, reaction que M. I'abbd Moigno n'a pas pu contester. Si ce mot condensation le chagrine tant, je puis le remplacer par la designation decomposition preventive des fluides. »

VAIUETES.

Pile a triple contact

De M. Selmi.

Nous avons deja donne sommairement dans le Cosmos une idee de la pile, appelee par son auteur, M. Francois Selmi, pile a triple contact; mais des essais recents, fails sur une grande echelle, k Turin, ont si bien mis en evidence les avantages economiques de la nouvelle pile, que nous croyons devoir reproduire la descrip- tion complete que M. Selmi vient de publier. Professeur au college national de Turin , M. Selmi ne craint pas de se compromeltre en affirmant que sa pile non-seulement produit Felectricite sans frais , mais donne meme un benefice net, resultant de la valeur des produits nes de la reaction des elements qu'elle met en jeu. La pile dans son ensemble se compose : d'un verre ou vase re- cepteur V; d'un element positif P, forme d'une lame de zinc rou- lee en cylindre; d'un element negatif N, forme d'une lame de cuivre roulee en belice, suspendu ou porte par desfilsde cuivre, termines a leurs exfremites par des crochets, qui les mettent en contact avec un cercle metallique auquel communique aussi me- talliquement I'element positif P, plonge enfin par sa parlie infe- rieure dans le liquide excitatenr. Par celte disposition, I'element negatif est en contact ou communique a la fois avec I'element po- sitif, avec le liquide, avec I'air, et voila pourquoi M. Selmi ap- pelle sa pile a triple contact. Deux fils de cuivre, sondes, I'un E, au cuivre, I'autre F, au zinc, font fonction de reopbores; E est le p61e negatif, F le p61e positif. La lame de zinc a 5 ou 6 cenlimelres de largeur, 6 ou 7 centimetres de hauteur. La lame de cuivre a 7 metres environ de longueur, 1 centimetre et demi de hauteur; les spires, au nombre de 20 ou 25, ne se touchenl pas , elles sont au contraire separees par un petit in- tervalle vide, dans lequel le liquide monte par absorption capil- laire. Le vase en verre est d'un litre environ de capacile ; le liquide excitaleur le plus avantageux est une solution concentree de sulfate de potasse, formee avec dix parties en poids de sel, dis- soutes dans cent parties d'eau : si i'effet qu'on veut obtenir n'exige qu'un courant a faible tension, comme dans le cas de la telegraphic electrique, on reduit la proportion de sel a 6 ou mOme k 3 pour 100. Lorsque I'element est en activite, le liquide ou sul- fate de potasse est decompose; I'acide se porte sur le zinc, qui

108 COSMOS.

d'abord s'oxyde, puis se Iransforme paiiie en sulfate ou sous-sulfate de zinc, partie en carbonate de zinc bydrate; ccs deuxsels tom- bent au fond du vase sous forme de precipite amorpbe ; la po- tassc devenue libre , se portc sur le cuivre. Si la solution est peu concentre, le travail de la pile se continue pendant plusieurs se- maincs, a la seule condition d'ajouter de temps en temps un peu d'eau pour suppleer h cello qui s'evapore; si la solution est concentree, il faut agiter le liquide toutcs les vingt-quatre beures, afin que I'alcali libre, qui entoure le cuivre, fasse precipiter les sels de zinc et que le liquide recouvre sensiblement sa conducti- bilite premiere.

L'utilite ou mieux la ndcessit^ du contact triple du cuivre avec le zinc, I'eau et I'air, est facilement mis en evidence par les faits suivants : Si Ton fait plonger entierement I'el^ment negatif, I'intensitd du courant mesure par la deviation du galvanometre diminue dans une proportion enorme ; elle reprend sa valour pri- mitive lorsquele cuivre plonge en partie dans le liquide, en partie dans I'air ; tant que le cuivre ne plonge pas entiSrement dans le liqnide, il ne se degage pas meme une bulle d'hydrogfene ; 3" si, lorsque le triple contact est etabli , on recouvre le cuivre d'une cloche pleine de gaz oxyg6ne, ce gaz est rapidement absorbe ; si Ton suspend la communication metallique entre lezincetle cuivre , le liquide est presque completement inaclif, le zinc ne s'oxyde presque plus, de sorte que quand la pile c'l triple contact ne I'onclionne pas, il n'y a pas consommation de zinc , alors m6me qu'il n'est pas amalgami^.

La force d'un element de la nouvelle pile est h tres-peu pres la meme que celle d'un element Daniel de memes dimensions; elle restc sensiblement constante pendant quinze ou trente jours seu- lemeiit, si la solution de sulfate de potasse est concentree; mais si la solution est plus ou moins faible. Faction se continuera ton- jours la meme pendant un temps beaucoup plus long; une pile de six elements mise en activite le 25 decembre 1856, n'avait presque rien perdu de sa force le 19 mai 1857, quoiqu'elle cut sorvi sans cessc a I'expedition des depecbes. Experimcntee tour a tour dans la telegraphic elecctrique , I'argentnre et la dorure galvanique , la galvanoplastie, relectrometallurgie ou I'extraction du cuivre par la decomposition du sulfate double ou triple de zi'ic, de cuivre et de fer qui resulte du grillage des pyrites, la pile a triple contact n'a rien laisse h ddsirer.

Recueilli sur un filtre, lavd, seclie, traite par Tcau bouillante

J

COSMOS. im

additionnee d'une petite quantite de lait de chaux, le pre'cipite' depose au fond des vases se transforme en blanc de zinc. Un kilogramme de zinc consommd au sein de la pile, donne en moyenne 1 300 grammes de blanc de zinc, dont la valeur intrin- seque ou commerciale differe peu de celle d'un poids egal de me- tal. II sulTit en outre de faire perdre au liquide fillre I'alcalinite qu'il a pris par I'addition de quelques gouttes d'acide sulfurique, pour qu'il puisse servir de nouveau. En admettant que le zinc coilte 1 franc, et le blanc de zinc 90 centimes^le kilogramme, les 1 300 grammes de blanc de zinc obtenu vaudront 1 fr. 17c.; ce serait done un gain de 17 centimes qu'il faudrait retrancher de la mise de fonds premiere et du cottt de la main-d'ceuvre pour avoir le prix de revient de la force obtenue.

Les donnees suivantes prouvent jusqu'a I'evidence que le prix de revient est extremement r^duit ou que la nouvelle pile est ^conomique au-delci de ce qu'on pouvait esp^rer. La bande de cuivre pese 150 grammes et coute 60 centiibes; la lame de zinc pese au plus 100 grammes et coAte 10 centimes; le vase de verre, 25 centimes; le litre de liquide, 3 centimes; la main-d'oeuvre ne pent ctre cstimee au delct de 30 centimes ; chaque element fonc- tionnant coute done 1 fr. 28 c. Le vase de verre sert indeflnimenf ; le cuivre s'altere a peine, il faut S'cnlement le debarrasser de temps en temps des effloresceiices dont il se recouvre; la con- sommation de zinc est compensee et au deM par le blanc de zinc obtenu; la depense reelle est done minime au dela de ce qu'on peut imaginer. Une pile de soixante elements a fonctionne pen- dant treize jours consecutifs a la station de telegraphie electrique de Turin, et a fait un excellent service; on a ouvert alors le cir- cuit, et Ton a laisse le zinc immerge dans le bquide pendant plu- sieurs jours; apres ces seize oudix-huit jours, tous les precipite's pesaient 280 grammes, ce qui correspond a une consommation totale de zinc de 215^'', 4' : chaqtle couple avait done consomme', en treize jours, 395 grammes dezmc, ce qui fait poiir lui jour, 08%276, et pour I'annee, 100g'',74, valant 10' centimes.

En supposant memo qu'on ne veuillepastirer parti des rcsidus- ou de I'oxyde de zinc, ma pile, dit M. Selmi, consommera a peine le quarantieme de ce que consomnient les piles actuelles des t^- legrapbes, dont la depense annuelle est evaluee k h francs par element. Elle a en outre le tres-grand avantage d'un entrelien plus facile, ou d'exiger moins de soins et de main-d'oeuvre.

110 COSMOS.

Etude optiquc ties niouvementj>i vibratoii'es

Par M. I-isSAJOix. (Suite et fin.)

V cas. Diapasons a I'unisson, serie (1 : 1).

Si les diapasons sont parfaitement d'accord, des qu'on les a mis tous deux en vibration, on apercoit dans le cliamp de la lunette une ligne droite, une ellipse ou un cercle. Ces formes diverses se produisent suivant qu'il s'ecoule un temps plus ou moius grand entre les instants ou les deux diapasons passent par leur forme d'equilibre. Le rapport de ce temps k la duree de la vibration de I'un des diapasons, du diapason horizontal par exemple, est ce que nous appelons la difference iniliale de phase. Ainsi, quand nous disons que la difference de phase est egale d iiU, cela veut dire qu'il s'ecoule ijU de la duree de vibration du diapason hori- zontal entre le moment ou le diapason horizontal et le diapason vertical passent par la forme d'equilibre.

Si les vibrations d'un des diapasons s'eteignent plus vite que celles de I'autre, alors I'ellipse s'ecrase sur elle-meme dans le sens ou ramplilude de la vibration se raccourcit, et, quand les vibrations de I'un des diapasons ont cesse, la courbe a fait place ft une ligne dirigee dans le sens de la vibration qui persist?.

La premiere colonne verticale du tableau represente la succes- sion des figures qui correspondent ci I'unisson avec rindicalion des differences de phases correspondantes.

Si les diapasons ne sont pas tout a fait daccord, la difference initiale de phase nesemaintient pas et la courbe passe par toutes ses varieles de formes; nous voyons successivement toutes les courbes indiquees dans la premiere colonne du tableau, etlors- que la courbe, par suite de ses transformations successives, est revenue & sa forme iniiiale, on est silr que I'un des diapasons a execute durant ce temps une vibration double, de plus que I'aulre. Ces transformations s'accomplissentparunesorte de rotation que la figure parait eprouver et dont la rapidild diminue k mesure qu'on approche de I'accord. II semb e que la figure, au lieu d'etre plane, soit trac^edansl'espace, et qu'elle tourne soit autour d'un axe vertical, soit autour d'un axe horizontal, en se presentant k I'ceil d'un observateur sous des perspectives differentes.

2' cas. Diapason a I'octave.

Quand les diapasons sont exactenient a Toctave, lis donnent

S&>lE(f:l). SfiRlE(l:25. SfiRIE (t : 3). SlfiRIE (2 : S). StRre(5:6).

VniaMD. Oetatc. Quinle dt I'octate. Qointe. Quarle.

4-

m

112 COSMOS.

I'one des figures formant la serie (1 : 2) contenue dans la 2' co- logne du lableau.

La figure, apercue au premier instant, conserve sa form« ini- tiale, si I'accord est irreprochablc ; s'il y a une petite dilferencc » d'accoid, la figure passe par toutes les transformations indiqu^s au tableau, et elle a passe par toutes les formes possibles quand le diapason le plus aigu a fait «n<e vibration double dc plus ou <ile moins que le nombre qu'il executerait s'il y avait accord.

3*^ cas. Diapasons donnant I'lin une vibration et Vautre tmis dans le meme temps.

Les di verses figures correspondantcs i cette hypotbese sont celles de la troisieme colonne verticale, sdrie (1:3). Dans le cas d'un l^ger desaccord, la figure passe par toutes les transforma- tions indiquees au tableau. Dans le cas de I'accord, on n'observe quel'une quelconque des formes qu'elle peut presenter.

Les deux colonnes qui viennent ensuite renferment les figures correspondantcs au rapport de2 a 3 et au rapport de 3 a 4,c'est- a dire h I'intervalle de quinte et a fintervalle de quarle.

Nous n'avons pas etendu plus loin le tableau des figures, et cependant la methode, comrae nous I'avons dit, est applicable ci un rapport quelconque. Nous avons eu lieu d'observor des rap- ports plus compliques; seulement, in mesure que les deux termes du rapport sont des nonibres plus eleves, les traits de la figure se mulliplient. Ilserait done impossible de reconnaitre sur quel rap- port on opere, si la figure ne portaiten elle-m^me I'indication pre- cise des deux termes du rapport. Nous avons deux cas a considerer :

Ouand la courbe est complete, c'est-a-dire qu'il n'y a pas su- perposition des traits les uns sur les autres, il y a tout autour de la courlje un certain nombre de sommets. Le nombre de sommets ; verticaux indique le nombre de vibrations executees par le dia- f pason vertical, et le nombre de sommets horizonlaux le nombre de vibrations exdcutdcs dans le mfime temps par le diapason hori- zontal; 2" Quand la courbe se simplifie par la superposition d'une desmoitiesdu trace sur I'autre, on arrive au nombre de vibrations en comptant comme doubles les sommets et comme simples les points d'arret dc la courbe, c'est-a-dire les extremitds des brandies quis'arretent brusquemcnt c\ la limite du dessin, au lieu de relrograder aprSs avoir forme un sommet. »

Im-primerie de W. Remquet et Cie, A. TRAMBIAT ,

rue Garanciere, o. f/npiietaire-geraKt.

T. XI, 31 juillet 1857. Sixiime ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE L.\ SEMAINE.

Nous apprenons k I'instant, et avecune vive douleur, que S. A. le prince Charles-Lucien Bonaparte est mort hior, 29 juillet, a deux heures de Tapres-midi. La France perd en lui le plus ce- lebre de ses ornithologistes, et la science un Iravailleur infati- gable.

Nous avons deja annonce a nos lecteurs que, cedantaux ins- tances pressantes et si honorables qui nous etaient faites, nous avions resolu de prendre part k la reunion de I'Association bri- tannique pour I'avancement des sciences qui se tiendra a Dublin, ci la fin du mois d'aoiit. Nous croyons, en outre, devoir annoncer aux lecteurs du Cosmos que nous serous beureux de nous faire Forgane ou I'ihterm^diaire des communications qu'ils voudraient adresser a la noble Association anglaise; que nous nous charge- rons, par consequent, avec joie des mcmoires, notes, appareils qu'ils voudront bien nous confier, nous engageant a faire valoir de notre mieux leurs decouvertes et leurs evperiences, a porter haul le drapeau scientiflque de la France. Toutes les communica- tions devront nous fitre parvenues avant le 15 aout.

Les journaux anglais annoncentleprochaindepartdesnavires charges du cable electriquede I'Atlantique. VAganieinno^i, charge de la premiere portion du cable, et le Niagara, charge de la se- conde moilie, se sont donne rendez-vous pour la semaine prochaine dans le port de Queenstown, et gagner ensuite de conserve la rade de Valentia, lieu d^flnitif du depart, !e lieu d'arrivee elant la rade de la Trinile, ft Terre-Neuve. 11 avait ete arrete d'abord que les cinq navires de I'escaflrille V Agamemnon, le Niagara, le Sus- quchanna, le Leopard ot le Cyclope iraient ensemble jusqu'au milieu de la distance entre les deux continents ; que la ils se separeraient, et que tandis que le Niagara et la Susquehanna iraient k Terre-Neuve, V Agamemnon, le Leopard et le Cyclope reviendraient k Valentia; chaque vaisseau faisant immerger de son cole le cable eniasse dans sa coque. Mais toutes re- flexions faites, les dirccleurs de I'entreprise ont pense qu'il valait mieux commencer a derouler le cable a parlir de I'lr-

UU COSMOS.

lande, de telle maniere qu'etant sans cesse en communication avec Londres, le capitalne dc Y Agamemnon \)\H tenir les dircc- teurs au courant du siicces de I'entreprise. La floltille en- ti6re fera done voile ou gouvernera vers New-York, et tout an- nonce qu'avant un mois la communication sera coraplclement etablie, qu'on aura a Londres, vers midi, les nouvelles essen- tielles de la place de New- York. L'entrcprise est aidce et encou- ragee par cinq fitats : I'Angleterre, les Etats-Unis, le Canada, Terre-Neuve, I'ile du Prince-Edouard, la Nouvelle-^^cosse et TEtat du Maine. Les concessions et privileges accordes h la com- pagnie depassentde beaucoupen valeur les depenses qu'elle aura I'l I'aiio pour reussir, de sorlc qu'il est cerlaiii qu'elle ne s'anetera pas avant d'avoir tout mene a bonne fin. Des que Y Agamemnon et le Niagara seront arrives <i Queenstown, on unira les deux ex- tremites des deux nioilies des cables, on unira les deux autres extremiles avec des tils conducteurs aboutissant a Londres, et Ton procedera ci une experience solennelle qui apprendra defini- tivement avec quelle vitesse le courant electrique parcourra le cAble entier, ou dans quel temps un signal franchira I'immense distance de Paris a New-York.

Dans son dernier article du Journal des Debats, 17 juillet 1H57, M. Cabinet, de I'lnstitut, constate la realisation de ses pre- visions relativement au retour de la France ^ son climat normal. Nous nous otions fait I'echo de I'explication des anomalies qui se sont traduiles en desastros veritablement desolants; il est done iiaturel que nous nous empressions de nous taire aussi I'ecbo des esperances qu'un relablissenient longtemps altendu d'equiiibre atmospherique a fait nailre.

<( Au mois d'aoM dernier, ayant ete designe par I'Academie des sciences pour le discours public ci la seance des cinq Academics, i'annoncai bardimentun cbangement dans la constitution nieteo- rologique du climat de la France. J'elablis que les inondalions ne se renouvelleraient plus de longtemps, et que ie cours des saisons reprendrait son etal normal. Je suis beureux de voir mon annonce solennelle conflrmee jusqu'ici, et j'avoue (ju'il me semble qu'il y avail dans celte prevision ineteorologique plus de merite que dans cette asscrlion astronomique, savoir : que des asfres il'une legeret^ specilique incomprehensible ne pouvaient occa- -sionner ii noire globe aucuu accident serieux. Je pense que le lec- teiir suivra avec interet les deductions qui conduiienl a expli- qupy les snisoiis dc crtto nnnec et en ospcrer une serie d'autres

COSMOS. 11 5

pareilles. Dans I'etat mdleorologique normal de la France et de I'Europe, le vent d'ouest, qui forme le contre-cour;int des vents alises qui, dans les tropiquos, soufflent constamment de i'est, le Tent d'ouest, dis-je, apres avoir aborde la France et I'Europe par lesrivages occidentaux, redescend par Marseille et la Medilerra- n^e, par Trieste et I'Adriatique, par Constantinople et I'Archipel, enfin par Aslrakan et le bassin de la mer Caspienue et du lae Aral, pour alter completer le grand circuit des vents generaux et se meler de nouveau an courant equatorial. Toules les fois que ces masses d'air, devenues humidcs par leur trajet au-dessus de rOcean, rencontrent un obstacle, par exemple unc chaine de montagnes, elles s'elevent le long de lenrs flancs qui dominen-t les plaines voisines, et alors elles n'ont plus au-dessus d'elles qu'une quantite moindre d'air. Elles sont done dechargees d'une parlie du poids qui pesait sur elles. Elles sedilatent par leur elas- ticite. Cette dilatation enlraine un froid considerable, et par suite une precipitation d'humidite sous forme de brouillard, de nuage, de pluie ou meme de neige. Le voyageur place au sommet d'une montagne voit quelquefois, par un jour du plus beau soleil, le vent pousser I'air transparent de la plaine vers les hauteurs qui la boinent. A une certaine hauteur, cot air commence a se trou- bler; plus haut c'est un nuage, plus haut encore c'est un nimbus qui donne de la pluie ; enfm, si la hauteur de la montagne est suffisante, le froid atteintla congelation etles sommites sont cou- Tertes d'une neige ^clatante et produite snbitement. Voiic'i une neige d'ete, suivant I'energique epithele de Constantin Huyghena dans son Voyage a Rome.

Ftrrt per festitas torjuda membra n'ncs.

Ajoutons que I'ascension des colonnes d'air qui resulte de I'obs- tacle d'une montagne se produit egalementquand le courant d'air est aiTete ou meme ralenli par une cause quelconque, parce (ju'aiors les parties posterieurcs du courant s'elevent au-dessus de celles qui les devancaient et qui deviennenl alors innnobiles en formani un obstacle tout pareil ii celui des flancs d'une mon- tagne. Or, voici cequi s'etait produit un peu avant 1856. Par une cause sans doute liee k Tensemble des courants de I'almos- phere, le courant chaud du vent d'ouest etait d'annee en annee. remontevers le nord, en sorle qu'au lieu de passer sur la France il ariivait par la Baltique et le nord de I'AlleMKigne, troublant ainsi momenlanement la loi ordinaire des temperatures euro-

416 COSMOS.

peennes. Mais en 1856, un rechule subite s'opera. Lo courant d'oucst accosta comme prccedemraent la France par le milieu. 11 eprouva un obstacle dans I'alr des contrc^es qui n'avaient pas pris encore vers I'ouest etle sud son ecoulenient ordinaire. De Ici arret, obstacle, elevation, dilatation, rel'roidissement, pluies ex- traordinaires et inondations. Aujourd'huiqueleregimenaturelest r^tabli, rien ne pronostique de pareils desastres ; mais si )'on voyait les courants d'ouest d'annee en annee remonter vers le nord, on ponrrait s'attendre i des effets meteorologiques i)areils h ceux de I'annee 1856. Ainsi que je le disais en aoQt dernier, les saisons normales semblent done etablies en France pour plu- :sieurs annees. »

La 33""= session des naturalistes et des medecins allemands aura lieu cette annde k Bonn. La premiere seance generale est fixee au 18 scptembre, la quatrieme et derni^re au 24 du meme mois. La position de Bonn, dans une des contrees les plus I'avo- risees des bords du Rhin, la beaute de ses environs, I'abondance de ses ressources scientifiques, la commodite et la laciiite de ses moyens de communication par terre et par eau, recommandaient pour la spconde fois cette ville au cboix des naturalistes et me- decins allemands pour y convoquer les hommes de tons les pays de i'Europe qui cultivent les sciences naturclles et medicales.

MM. les docieurs Noeggerath et Kilion, directeurs de la 33°"= as- semblee des naturalistes et medecins allemands, invitent a se rennir a eux, non-seulement les naturalistes et les medecins de i'Allemagne, mais encore les savants qui se vouent au mfime genre d'investigations, tons ceux enfin qui croient pouvoir re- cuciliir, dans I'iuteret de Icur sphere d'activite, ces impressions et ces excitations que font naitrc les relations personnellt s et la parole vivante. Les directeurs de Fasseaiblee out pris en serieuse consideration les conditions propres a leconder les manifestations de la vie scientifique pendant la duree de la session, tout comme ils n'ont rien neglige de ce qui pourra remplir les heures de loisir d'une faron digne de lenrs hOtcs.

Les (Meves de la Faculte des sciences de Lille, en compagnie de plusicurs de leurs prol'esseiirs, sont partis, il y a (juelque temps, pour une excursion dans le departement du Nord. L'an- nee derniere, a pareille epoque, M. Pasteur, doyen de la Faculte, avail conduit leselevesdan, la province de Liege. On ne saurait trop loner cette initiation intelligcute et devouee, et il serait dif- lioile d'iniaginer un complement d'instruction plus fiuctueux et

COSMOS. ii",

plus utile sous lous les rapports. Cette annee, nos voyageurs ont dil visiter principalement quelques usines de Valenciennes. les forges et hauts-fourneaux de Denain, I'usine Cail, les vcrreries d'Aniches, retal)lissement de Bioche-Saint-Vaast, ou Ton Iraite les plombs argentil'eres et les minerais de cuivre d'Allemagne ei du Chili, la fonderie de Douai, etc., etc. Feu M. Damont, le c(«- lebre geologue beige, avait I'habilude de faire avec ses eleves dp longues excursions geologiques, et nous- voyons par les journaus anglais que les professeurs de cliimie de GlascoAv, accompagnc's des etudiants, visitent & certaines epoques les nombreuses usines etablies aux alentours de cetic villfe. Les eleves apprennent de cette facon plus de chimie pratique dans une seule excursion qu'ils n'en apprendraient de toute leur vie dans les livres. T. P.

M. Michel Louis raconte en ces termes un essai tenteparlui de la substitution de lapoudre de charbon a la fleur d soufre dans le traitement des vignes malades. « Les vignes sur lesquelles j'ai agi etaient profondement atteintes; et cependant au moyen d'une. seule insufflation de poudre de charbon, le raisin, apres quatre on cinq jours ," etait completement depouille d'oidium et redevenii d'un beau vert; la vegetation arretee par la nialadie avait reprii^ une nouvelle activite. Les grappes, au contraire, que j'avais negli- gees sur les memes ceps n'avaient pas eprouve de changements analogues, le mal avait fait de nouveaux progres.

La comete de MM. Klinkerfues et Dien a ete observee & Paris toutes les fois quel'etat du ciel I'a permis; mais il n'a pas ete pos- sible d'utiliser toutes les observations, parce que les catalogues d'e'- toiles circumpolaires comprennent pen de petites etoiles, etque celles auxquellcs on a compare la comete passent au meridien superieur pendant le jour. Les observations faites le 2^f juin, les 2, 5 etlO juillet , ont conduit M. Vlllarceau h une orbite plus rappra- chee dont voici les elements :

Passage an pKiilielie, 1SS7, 17 juiflet, gSKS. T. M. P.

Distance perihelie 0,3674416

Lougilude du uaud ascendant. . . 23" 46' 16", b ) liquinoxe moyen

Longitude du perihelie 157 53 37,0 j du 1*^'' Janvier 1857

Inclinaison i-.* 121 4 52.4

'I'livirtif

Les elements ont et6 compares a une observation du lU juillet etla difTerence n'a ete que d'une minute; on pourra done s'en ser- vir utiiement pour oblenir uiie orbite definitive I'ondee sur I'en- semble des observations. La correction des elements a conduit 4

H8 COSMOS.

une peiiode de quatre siecles ; mais ce resultat a besoin d'6tre coiiliniie par un plus grand nombre d'observations.

Nous nous empressons d'enumerer les principaux resultats auxqnels conduit un examen rapide de la troisi6me livraison de I'Atlas de Fecliptique de M. Chacornac. Le nombre des etoiles contenucs et figurees dans les dix-buit premieres cartes s'eleve k 25 525 ; c'est a peine le quart de la somme totale des etoiles que contiendra V Atlas, et dont I'babile astronome aura fixe et figure la position.

En recapitulant par ordre de grandeur, et jusqu'a la douzieme classe, 11 a trouve qu'une surface de 100 degres de la sphei^e ce- leste, contient dans la region comprise entre le p61e galaclique nord, et 15 degres de distance a ce p61e : etoiles de premiere grandeur, 0; de deuxieme, 0 ; de troisieme, 0; de quatrieme, 1; de quatrieme a cinquierae, 2; decinquieme k sixieme, 9; de sixieme k seplieme, 14; de seplieme k buitieme, 70; de huitieme k neu- vi6me, 259; de neuviemea dixieme, 701; de dixieme k onzifeme, 1159; de onzieme a douzieme, 3672. Si partant des nombres pre- cedents on prcnait 2,51 pour le rapport moyen de i'accroissement du nombre des etoiles contenues dans I'unite de surface lorsqu'on passe d'un ordre a I'ordre immediatement inferieur, on trouverait, en s'arretant k la quatorzieme grandeur, que cette surface de 100 degres contient 38 227 etoiles. VAtlas ecliptique clendu jus- qu'a la quatorzieme grandeur pourra contenir 'dU2 000 etoiles.

La troisieme livraison, comme les precedentes, contient des va- riables et des etoiles disparues. Sur la carle 28, par 9'' 18'" 51» d'ascension droite, 14° 56', 2 de declinaison boreale, il se trouve une dtoiJe variable dontl'eclat maximum atteint la sixieme gran- deur; ellene semble pas descendre au-dessous de la buitieme grandeur; sa periode est restee inconnue.

Dans la carte n" 29, I'etoile observee le 25 Janvier 1855, par 9'' 27"' 8^ d'ascension droite, et 16" 9', 2 de declinaison boreale, avail disparu le 19 mars suivant, et ne s'estplus montree depuis; elle etait de onzieme grandeur; c'est sans doule, comme en ge- neral toutes les etoiles disparues, une petite planfite que I'aslro- nome, absorbe par le travail de ses carles, n'a pas eu le temps de fixer. Une autre etoile, apparue le 25 Janvier 1855 dans une por- tion du ciel ou aucun astre ne brillait k la date du 25 septembre, et suivie jusqu'au 23 mars 1857, n'a encore ofl'ertaucunenouvelle variation .i'eclat; son ascension droite est 9'' 22"" 50% sa declinai- son boreale 17° 19', 4. Une troisieme etoile de cette meme carte, as-

COSMOS. licj

censiondroite, Q^ 20"> 19% declinaison boreale, 13° 28', 9, descend de la huitieme h la onzieme grandeur dans un intervalle de temps encore inconnu.

La carte n" 30 contient, vers sa limite, la variable de Koch, de'- couverte en 1782; sa particularitelaplusremarqnable consisteen ce que dans son eclat minimum, qui est un pou au-dessous de la dixieme grandeur, sa lumiere conserve tres-dislinctement la cou- leur rouge terne qui la caracterise, et qui ressort mieux que lors- qu'elle eslde sixieme grandeur a son maximum. Lesetoiles rouges de dixieme grandeur sont tres-rares dans le ciel. Trois autres etoiles de cette carte; la premiere de dixieme k onzieme grandeur, vue le U Janvier 1855 par 9'' Zi7"' W d'ascension droite et 10° 38,1 de declinaison boreale; la seconde de nienie grandeur, vue le 6 avril 1855 par g'' 50 "- Zi9^ d'ascension droite et 11° 2^' de decli- naison boreale; la troisieme, de onzieme grandeur, vue & la finde 1854 par 9^5\"' d'ascension droite et 12" 11' de ddclinaison bo- reale, ont completement disparu.

La carte n" 34 contient le lieu de la planete Themis, decouverte le 5 avril 1853. On y trouve, par 11'' 3"' 34' d'ascension droite et 12' 7 de declinaison boreale, une cfoile variable qui met envi- ron 320 jours pour descendre de la 9""^ a la Ik' grandeur.

La carte 50 renferme des espaces du ciel completement de'- pourvus d'etoiles de 14™» grandeur et au-dessus. Ces trous sont fort curieux k examiner. Lorsque ratmosphere est pure, apres une averse de pluie, par exemple, et lorsqu'ils sont voisins du meridien, ces espaces, sondes avec un grossissement de 300 fois, se montrent tapisses d'innombrables petites etoiles de 15-"% le-" grandeur et au-dessous. Plus on regarde, plus leur nombre s'accroit, plus elles etincellent dans le champ de la lunette, appa- raissant et disparaissant tour a tour. II est raie qu'a Paris ces es- paces obscurs se Jaissent sonder, parce qu'll^ sont compris entre le 22""^ et le 25'"^ degre de declinaison aiistrale. Meme au zenith, une atmosphere qui permette de voir avec une lunette de 9 pouces d'ouverture les astres de 16"^'' et \9"'' grandeur, est h Paris tres- rare.

Dans la carte n" 64^ ,on rencontre d'abord le lieu de la planete Urania, decouverte le 19 juillet 1854, par 21'' 7"' d'ascension droite et 15° 5' de declinaison australe. Trois etoiles, I'une, de gme grandeur, vue du 20 au 30 aout 1852, par 21'' 20"' 5' et 12" 53' de declinaison australe ; une seconde, de lO"'* grandeur, observee du 20 juillet au 30 aoilt 1854, par 21'' 0'" 10» d'ascension droite et

120 COSMOS.

i5° 2' de dccUnaison auslrale; unc troisicine, cic 10""= a 11""= gran- dour, \UG par 21'' 6'" ;)6' d'ascension droite, par 15%29',5 de d^- elinaison, du 18 an 20 iuillet 185^1 out disparu et ii'ont 'pas et6 levuos.

Unc ctoile variable, obsorvii-" pour la premiere Ibis le k aoM 1856, par 21'' 13'" h9' d'ascensiou droileell5",29',5 de diiclinaison boreale, disparaitcompletemeiil dans son uiininium d'eclal et at- leint dans son maximum la 9"'" grandeur.

En resamant la Note de M. Gbacornac, nous avons sous les yeax: la collection de ses dix-buit carles, qu il a bien voulu nous donner, et nous- ne savons comment admirer assez eel immense travail, monument a jamais memorable de patience elde courage inspire par unc vocation vraiment extraordinaire etl'amour de la science le plus pur ct le plus desinteresse qui filt jamais.

Falls «le I'in«il«asl5*tc.

M. Ch. Mene , chimiste de I'etabUssement metallurgique du Creuzot, a fait tout recemment diverses oxperienees qui semblent prouver que I'aluuiine hydratee peut.elre substituee au noir ani- mal pour la decoloration des liquides. 11 a prepare de I'alumine hydratee, en decomposant I'alun par le carbonate de sonde , puis intrant et lavant celte alumine melee en exces a diverses matieres Golorees en ebullition, une teinture detournesol ou de carmin, des sirops, des melasses, ill'avu donner naissance k des laques colorees qui se sont precipilees au fond du liquide devenu tout a fait inco- iore. Pour decolorer les sirops de sucre, onse sert dans les usines de gros tubes en tole pouvant contenir de 3 a 4 mille kilos de noir animal ; le liquide amene au contact du noir s'ecoule tres- lentement; si on rcmplacait le noir par I'alumine complelement insoluble etinsipide, ainsi que la laque coloree qu'clle forme, To- .peration de la decoloration se reduirait a une simple cuite suivie d'un filtrage sur un simple filtre de toilc. 15 grammes d'alumine ont remplace 250 grammes de noir animal dans la decoloration d'un litre d'cau colore par 10 grammes de tournesol en pain ; pour i'eau sucree coloree par la melasse, 7 grammes d'alumine equi- valent c'l 125 grammes de noir animal; pour I'eau miellee brune, h granules d'alumine ont produit I'effetde 100 grammes de noir. La revivification de I'alumine sera en outre beaucoup plus facile que cclle du noir.

COSMOS. 121

MM. Mourier et Valient, de Paris, sont parvenus a former, au moyen des proportions suivantes : cuivrc pur, 100 parlies en poids; zinc, 17; magnesie, 6;°sel ammoniac, 3,60; chaux vive, 1,80 ; tarlre du commerce,"9, un alliage qui imite asse?; par- faitcment Tor pour meriter le nom d'oreide. On iaitfondre d'abord le cuivre dans un creuset, au sein d'un fourneau convenable ; on ajoute ensuite, separement et pelit a petit, sous forme de poudre, la magnesie, le sel ammoniac, la chaux et le tartre ; on agite vi- vementdansle creuset pendant environ trente minutes, pour que le melange soit intime; on ajoute le zinc en grenailles fines, en le projetant a la surface, et on remue jusqu'^ la fusion complete; on couvre alors le creuset et on mainlienS; la fusion pendant en- viron trente-cinq minutes; on decouvre le creuset; onecume avec soin et on coule le contenu dans un moule en sable Iiumide ou en metal. L'oreide fond a une temperature qui permet de lui donner toulcs les formes voulues pour I'ornementation ; il a le grain tres- fin, il est dentele, malleable, susceptible d'acquerir le poll le plus brillant; lorsque, a la longue, I'oxydation I'a tcrni, on lui rend son eclat avec mi pen d'eau acidulee. Si Ton remplace le zinc par retain, I'alliage sera plus brillant encore.

Nous ne pouvons qu'indiquer les principalis dispositions de la loi sur les marques de fabriquc et de commerce votee le 23 juin dernier :

1" La marque de fabrique est facultative...; ellc pourra devenir obligatoire par decret;

Sont consideres comme marque de fabrique et de commerce les noms sous une forme distinctive, les denominations, emble- mes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, reliefs, letires, chif- fres, enveloppes, et tous autres signes servant a distinguer les produits d'une fabrique ou les objets d'un commei-ce ;

La propriete exclusive d'une marque s'acquiert par le depot, au grelfe du tribunal de commerce, de deux exemplaires du mo- dele. Le depot n'a d'elfet que pour quinze annees ; on acquiert une propriete nouvelle de quinze annees par un nouveau depot;

U" Les etrangers qui possedent en France des etablisseraenls d'indnslric et de commerce jouissent du benefice de la pre- sente loi;

Geux qui ont contrefait une marque ou use d'une marque contrefaite, ceux qui frauduleusement ont appose une marque ap- parlenantaautrui, ceux quiontsciemmentvendu ou mis en vente des produits d'une marque contrefaite ou usurpee, sont punis

122 COSMOS.

d'une amende de 50 a 3 000 francs et d'un emprisonnement de ti'ois uiois h Irois ans, ou de I'une de ces peines seulcinent; ceux qui onl, iinile iVauduicuscnientune marque ou en ontfait usage, ou ceux qui se sont servis d'iiidications propresti tromperl'acheteur sur la nature du produit, qui ont vendu ou mis en vente des ob- jets porlant ces imitations ou ces indications sont punis d'une amende de 50 c\ 1 000 francs et d'un emprisonnement de quinze jours t\ six mois, ou de I'une de ces peines seulement;

6" Les actions civiles ou correctionnelles relatives aux marques sont portees devant les tribunaux civils ou correclionnels et ju- gees comme maticre sommaire ;

Tons los produils etrangers portant soit la marque, soit le nom d'un fabricant rcsidant en France, soit I'indication du nom ou du lieu d'une fabrique francaise, sont probibes a I'entree et exclus du transit et de I'entrcpot, et peuvent etre saisis en quelque lieu que ce soit, soit a la diligence de I'administration des doua- nes, soit h la requete duministere public ou de la parlie lesee;

8" Toutes les dispositions de la loi sont appHcables aux vins, eaux-dc-vie et autres boissons, aux bestiaux, grains, farines, et geneialement h tous les produils de ragricullure.

De I'autre c6te du detroit, la cour des vice-chanceliers d'An- gleterre vient de decider qu'un etranger a le droit d'obtenir des tribunaux des dommages-interets, a raison de I'abus frauduleux de son nom et de sa marque de fabrique. Voici comment le vice- chancelier s'est exprime a ce sujet :

« Un tiers n'a pas le droit de se servir du nom ou de la marque d'un autre pour tromper le public et pour atlirer la clientele de celui qui, seul ou le premier, a eu i'babitude de se servir d'un nom ou d'une marque particuli6re. II est hors de doule que le sujet de lout pays, peut-etre meme d'un pays enneml, a le droit de s'adresser aux tribunaux anglais pour arreter dans sa source une fraude commise an prejudice de ses droits de propriete, et il serait honteux pour I'Angleterre qu'un tribunal anglais setrouv^t incapable de prevenir une fraude au prejudice d'un habitant d'un pays etranger quelconque. d

PIIOTOGRAPIIIE.

Pouvoir actinique ou chimique du soleil

Par M. Watf.rston.

La Note suivanle est le compte rendu d'une experience faite par I'auteur S Bombay, en novembre 1855, dans le but de mettre en evidence la limite de Taction photogenique des rayons solaires directs. II s'agissait surtout de savoir s'il serait possible d'arriver k mesurer le diameire du soleil avec une approximation d'une petite fraction de seconde, en combinant ensemble la photogra- phie et la telegraphie electrique; ou se servant de la photogra- phic pour apprecier I'element d'espace, de la telegraphie pour apprecier I'element du temps. Le resullat general de I'experience est qu'il suffit d'un vingt-mili6me de seconde d'exposilion k la lu- miSre directe du soleil pour obtenir sur une plaque de collodion sensible une impression distincle qui se developpe completement par les procedes ordinaires.

Un disque circulaire en bois de 19 pouces anglais, 60 centime- tres de diametre, de 12 millimetres d'epaisseur, etait monte sur un axe en fer, assez librement pour qu'on put lui imprlmer un mouvement de revolution tres-rapide par une pression impulsive exercee avec le doigt sur le bord exterieur. A 12 millimetres en- viron du bord, on a perce une ouverture circulaire de 12 milli- metres de diametre, I'ermee en dessous par un diaphragme en papier noir colle sur le disque; on fait dans le papier noir, avec une pointe, un trou d'i peu pres 4 dixiemes de millimetre de dia- metre. La plus grande vitesse qu'il fut possible de communiquer au disque etait de cinq revolutions ou tours par seconde ; cette Vitesse, apres U secondes, se reduisait k trois tours; I'espace de- crit par le trou circulaire dans chaque revolution etait de l'",27. Le disque tournant a ete place derriere le volet a deux battants d'une chambre obscure de telle sorte que, lorsque I'un des deux battants etait entr'ouvert de quelques centimetres, le rayon so- laire frappat le disque au point le plus has de sa course. Tout ^tant ainsi dispose, on proceda k I'experience. Apres que le disque eut ^te anime de son mouvement de rotation le plus rapide, on place derriere lui et k une tres-petite distance (6 millimetres) une plaque sensible, preparee k I'avance, de mauiere k reccvoir le rayon direct du soleil; on faisait mouvoir lentement cette plaque dans la direction du rayon du disque, un aide ouvrait et fermait

Uk COSMOS.

le volet assez rapidement pour que la duree de raclion solaire ne flit que d'une seconde. L'image recue sur la plaque, lalenle d'a- bord et developpec ensuite, apparaissait forinee do quatre ou cinq lignes concentriques ; on repeta plusieurs fois la meme ex- perience avec divcrsos plaques. Admellant que la \'ilosse de revo- lution dc I'ouverture fut de U metres par seconde, ce qui est cer- tainement au-dessous de la realite, et la largeur du trou de U dixiemes de millimetre, la duree de Faction solaire sur chaquc point ne doit pas avoir depasse un neuf-millieme de seconde.

Photographie des groupes cVeloiles.

M. Bond, directeur de I'observatoire de Cambridge (fitats-Unis), dans unelettreau secretaire de la Socieleroyale astronomlque de Londres, rend compte des experiences qu'il a faites pour obtenir, au moyen de la photographie, la configuration de certains grou- pes d'etoiles tres-rapprochees, dans Ic but d'arriver & mesurer leurs distances. Dans la soiree du 27 avril dernier, le chassis pho- tographiquefut fixe a I'oculaire de la grande lunette equatoriale de 7 metres de longueur focale. Le groupe d'etoiles qu'il s'agissait de fixer dtait compose de Mizar, zeta de la Grande-Ourse, seconde grandeur, son compagnon de quatrieme grandeur, et Alcor, de cinquierne grandeur; leurs images furent recues k la fois surune glace collodionnee; elles etaient si distinctes, et, quoique ctalees sur un espace de plusieurs secondes, si parfaitement symetriques, qu'on pouvait les dissecter tr6s-nettement. Le lendemainM. Alvan Clark, h I'aide d'un microscope, muni d'un micrometre et d'une vis micrometrique, dont la tele etait divisee en 360 parties, me- sura les distances des centres des images photographiques des etoiles, ettrouva que la distance de Mizar h Alcor etait del/i',8;i33; la distance de Mizar et son compagnon O^oOGl; la distance du compagnon serait done une fraction de la distance d' Alcor expri- mee par le nombre 0,02062. D'apres le catalogue de Greenwich, la difference d'ascension droite entre Mizar et Alcor est 1'" 19' 67; Ja difference dc declinaison 3',40",3 ; par la, la distance d'Alcor et de Mizar, exprimee on secondes d'arc de grand cercle est 707", 8; et, par suite, la distance du compagnon a Mizar 14", 6. L'angle calcule de position de Mizar et d'Alcor est de 72°; ajoutant k ce nombre la difference des angles de position du compagnon et d'Alcor, on trouve que Tangle de position du compagnon est '72",0 ■+ 7fi%0 = l/i8°,0. M. Struve, dans ses Positiones mediae, introduction, p. 215, donne les distances et les angles deposition

COSMOS. 125

de ce meme compagnon pour 1830, 1840 et 1835 ; la moyenne de ses nombres est, pour la distance li",33, pour Tangle de posi- tion 147%8. Comme, d'apres les observations faites par Bradley et Herschel dans le siecle dernier, Mlzar et son compagnon ne sont pas animes d'un mouvement relatif sensible, on pent regar- der les nombres de Struve comme vrais encore pour 1857. On voit par la que I'accord entre les resultals deduits des mesures prises sur les photographies et les resultats deduits des mesures prises directement dans le ciel par M. Struve dilRrent tres-peu, ou mieux, s'accordent d'une maniere veritablementmerveilleuse. La difference pour la distance n'est que de 3 dixiemes de seconde, et pour Tangle de position de moins d'un degre. Get accord, au reste, n'est pas accidentel, car des mesures prises plus tard par MM. Bond et Alvan Clark sur des images photographiques prises dans differentes nuits ont constamment donne les memes nom- bres. M. Bond ajoule :

« U y a six ans, j'annoncai, dans le Boston-Traveller, que j'a- vais obtenu des images photographiques des etoilcs Vega et Castor au moyen de ma grande lunette; mais qu'il m'avait ete impos- sible d'obtenir de la meme maniere des images des etoiles de grandeurs inferieures. J'attribuais mon insucces a deux causes : 1" au defaut de sensibilite de la plaque daguerrienne ; au defaut de puissance et de regularite du mecanisme charge do faire suivre a la lunette le 'mouvement diurne de Tastre dans le ciel. Cette seconde cause a ete recemmenteliminee par la constrnction d'uno horloge conduclrice ou motrice, construite sur le principe du ressort gouvemeur, spring-governor, et dans laquclle le mouve- ment de rotation du volant est regie par un pendule oscillant; une pratique de plusieurs annees a prouve que cet ensemble etait le meilleur regulateur du mouvement circulaire qu'ou ait encore imagine, et il a ete applique .'i ma grande lunette par MM. George et Alvan Clark, pere et fils, excellents mecaniciens de East-Cam- brigde.

« Apres avoir resolu d'une maniere satisfaisanle cette premiere <iifficulte, j'invoquai Taide de MM. Wipple et Black, dont Thabi- kte, comme photographes, n'a pas encore ete surpassee, et que je savais prendre le plus grand interet au sacces de mes expe- jiences; c'est a eux, en effet, que je dois d'avoir reussi k obtenir des images parfaites d'etolles de grandeurs inferieures.

AGADEMIE DES SCIENCES.

Seance da 27 juiUet 1857.

^I. Persoz, repondant a la reclamation de M. Doyere, relative a la priorite de I'emploi de la chaux comme agent de conserva- tion des cereales, fait remarquer qu'il n'y a en realite rien de commun entre la maniere dont lui et M. Doyere meltent en jeu I'agent commun de preservation, et que par consequent il n'y a ea do sa part aucun plagiat; cetle discussion loute pcrsonnelle a d'autant moins d'interet que M. Doyere a declare inapplicable le procede de conservation a la chaux.

lAI. Poznanski, au nom de M. Stabrowski, colonel du genie an service de la Russie, adresse une note pleine d'interet sur la cause veritable du curieuxphenomene des seiches ou seches, ele- vations sul)ites du niveau de I'cau dans les lacs bientot suivies de depression. Les seiches sont un phenomene d'autant plus jnysterieux qu'elles surgissent presque spontanement et par un temps parfaitement calme; on ne les observe en general que sur les lacs longs et etroits. Quelques geographes et quelques physiciens ont deja eu I'heureuse idee de les rattacher aux varia- tions baroinetriques, d'y voir I'edet d'une pression atmosphe- rique anormale et differente aux deux cxtrdmites du lac; le co- lonel Strabrowskia adoptecette explication, etnouspouvons dire qu'il en demontre la verite par le grand nombre de faits dont il I'appuie ; nous aliens les enumerer rapidement :

1" Le flux ou la crue extraordinaire qui constitue la seiche n'est jamais precedee, elle est au contraire suivie d'un vent plus ou moins violent, venant du bord oppose du lac ; la violence du vent et la rapidite avec laquelle il succede a la seiche sont tou- jours proporlionnelles a I'intensite du flux et k la vitesse de son developpement; 3" le flux ou crue de seiche est toujours precede et accompagne d'une pression atmospherique pen considerable; k" la baisse spontance, au contraire, est toujours en rapport 4ivec un accroissement notable de pression atmospherique; 3" cette meme baisse est constamment suivie d'un vent soufflant vers le bord oppose ; la vitesse et la violence de ce vent sont aussi proportionnelles a I'importance de la baisse. Aussi les indigenes ou riverains predisent-ils les vents, leur direction, leur violence d'ai)res les phenomenes de seiche, etn'entreprennent-ilsd'excur- sion ou voyage qu'apres avoir examine I'elat des eaux. Les habi-

COSMOS. 127

tants du rivage sud se preparent au depart quand il y a baisse spontanee, parce qu'ils savent par experience qu'ils auront un vent favorable qui les conduiia sans fatigue au nord. lis se gar- dent bien de mellre a la voile lorsqu'il y a crue subite, parce qu'ils auraient ci craindre d'etre repousses vers le rivage par un vent soufflant du nord. Tons ces fails et beaucoup d'autres prou- vent jusqu'a I'evideuce que les phenomenes des seicbes ont pour cause unique ou principale une difference accidentelle de pression atmospherique sur les extremites opposees du lac ; la pression plus grande venant a peser sur les eaux k I'une des extremites, les fait monter a I'extremite opposee ; les eaux en retombant et reprenant leur niveau font naitre un vent qui semble souffler de I'autre extremite du lac. Cette difference de pression aux ex- tremites opposees pent surgir d'autant plus facilement que le lac est plus long et les temperatures plus inegales; les seiches seront done beaucoup plus frequenles sur les bords des lacs tres- longs et tres-etroits, qui deviennent ainsi comme des sortes de barometres, manifestant par les variations du niveau de I'eau & leurs extremites les variations de pression atmospherique. Le lac Onega est dans ces conditions ; aussi les crues et les abaisse- ments d'eau & ses extremites sont tres-frequenls et tres-conside- rables.

M. Poznanski, en son propre nom, fait hommage du me- moire qu'il vient de faire paraltre sous ce titre : De la nature, du traitement et des preservatifs du cholera. Nous avons lu avec le plus grand interet cet opuscule de 50 pages environ, que Ton trouve au bureau du Cosmos, et nous en recommandons la lecture ; un travail serieux sur un des sujets les plus importants du mo- ment actuel est de nature a exciter un veritable et vif interet. L'auteur, qui est jeune encore et qui sent la necessite de s'ap- puyer des le debut d'autorites irrcfragables, a choisi avec le plus grand bonheur, pour preparer les esprits, des textes, aphorismes ou citations emprunles aux maltres de I'art, anciens et modernes. C'est Pline qui nous rappelle que la science consiste moins dans I'analyse ou I'enumeralion des details que dans la synthese ou vue d'ensemble : Natura vero rerum vis atque majeslas in omnibus momentisfide caret, si quis partes ejus ac non totam complectatur animo. Gest Hippocrate declarant formellement qu'il n'est qu'une seulemedecine rationnelle, la medecine naturelle, basee sur I'ob- servation et Taction des agents de la nature : « Ghaque maladie, dit-il, a une cause naturelle, aucune n'arrive sans intervention

COSMOS.

de la nature... II faut considerer le pays, la saison, I'Sge, etc. Eft leffct, clicz les homines, I'etat des cavhds change avec les sai- so-ns. » C'est Iluxhain qui declare en termes fonnels que Fair ne doit pas etre seuleraent pur de tout effluve malsain, qu'il faut en outre qu'il soit a un etat normal de pesanteur et d'elasticite, alin qu'il detcndesuffisammentlespoumons sons les opprimerpar une .pression trop grande ; qui ajoute que toutes les invasions epide- miques ont pour precurseur une lenteur anorraale des fonctions ayant sa cause dans I'etat atmospherique des jours qui ont pre- cede, etc., etc. C'est enfin Iluf'eland quiveut que lemedecin s'ap- puie au depart de raisonnemenls et de theories : « Sans raison- nemeut, pas de trailement raisonnable ; en fait de medecine, la llieorie est toujours utile, pourvu qu'elle soit basee sur la na- ture des choses, et non sur des systemes imaginaires. Si Ic trai- lement raisonne est rarement raisonnable, c'est que trop souvent les bases du raisonnemeiit sont fausses et imaginaires. » Apr6s avoir aplani Ic terrain, le jeune dooteur entre en malierc, et dans Mneserie de propositions, on plutot d'axiomes, car elles ne sont que I'es pression de faits certains, ou d'autorites qui s'imposent forcement, il ^ta'blit tres-brievement et tres-nettement les lois fondamentales de la vie organique, celles surtout de la circula- tion, et arrive par un cnchainement logiqne d'idees saines et classiqnes a la mise enlumiere des deux faits decouverts ou formu- les d'abord ex profe^so par lui : 1" Le signe pathognomonique de I'imminence cholerique, devancant souvent de plusieurs semaines Faeces du cholera, est dans le ralentissement du pouls ; les epidemies choleriques sont en rapport constant avec Fexces de pression atmospherique dont I'effet immediat et prodromique est le ralentissement de la circulation. Une comparaison attentive <les phenomenes morbides qu'un exces de pression atmosphe- rique determine dans I'organisme avec les syrnptomes du cho- lera conlirme d'une maniere frappante I'opinion que M. Poz- nanski tend h faire prevaloir; il ne nousreste, pourn'avolr plus a revenir sur ce sujet, qu'a analyser ses conclusions.

I. La relation inlime entre la pression atmospherique et Fepi- 'demie cholerique bien etablie, le mystere qui enloure celle cruelle maladiejdisparalt. On s'explique sans peine : son existence epi- demique dans quelques localites, son absence absolue dans d'au- tres ; son mode de propagation et d'extension a travers des lo- calites basses et dans la direction opposee aux vents, en meme itemps qu'il epargne les locaux eleves ; la rapidite avec laquelle

COSMOS. 12«

il peut se developper et disparaitre; 4" Taetion salutaire ou nui- sible des divers agents ; la predominance, tantdt du caractere asphyctique, tantot du caractere typhoide, etc.

II. La cause premiere du cbolera epidemique etant un exces de pression atmospherique, sa cause immediate une stagnation san- guine; on se premunira contre cette maladie en recourant aux agents qui soutiennent I'energie de la circulation et de la respira- tion, des que le ralentissement du pouls sera constate.

III. Le recours a ces agents, verilablement preservatifs, doit avoir lieu promptcment, sans hesitation, alors meme que les symplomes ne seraient encore qu'equivoques. G'est ici le cas d'appliquer le quam citissime utUo7-, deja recommande par Hip- pocratc pour cette meme maladie.

M. Landresse, bibliothecaire de I'lnstitut, fait bommage d'un exemplaire du magnifique ouvrage Sur I'Histoire naturelle et le commerce de VAfrique orientale, public par M. Dumoulin.

M. Biot demande a I'Academie d'etre autorise a lixer, au lundi 17 aoCit, laseance annuelle de toutes les classes de I'lnstitut, et la prie en consequence de renvoyer au mardi 18 sa seance hebdomadaire.

M. Biot, aussi, depose sur le bureau, et oilre a plusieurs de ses bonorables confreres, des exemplaires d'une notice biogra- phique sur la vie et les ti'avaux de M. Caucby, publiee, par lui, dans le Correspondant, sous forme d'une lettre i M. de Falloux. Nous donnerons bientot des extraits de ce travail mteressant a plus d'un titre.

M. Le Verrier depose surle bureau, de la part de M. de Lrtr- trow, directeur de I'Observatoire imperial de Vicnne, des obser- vations dela 3'^comete de 1857, et des petitesplanetes recemment decouvertes. Le savant astronome autricbien annonce en outre qu'il croit avoir deji constate, ou que, du moins, il sera bieat6t en mesure de constater que les pelites planetes sont k des dis- tances assez rapprocbees pour qu'elles puissent agir les unes sur les autres et causer ainsi des perturbations sensibles.

M. Le Verrier ne croit pas encore a la possibilite de ces pertur- bations. II rend compte d'essais entrepris recemment dans le but de determiner, au moyen de la telegraphie electrique, la diffe- rence de longitude entre les Observatoires imperiaux de Vienne et de Paris. La condition indispensable a une determination ri- goureuse, etait la transmission directe ou sans relais des si- gpaux ; mais il a ete malbeureusement impossible de I'obtenir.. La

UQ COSMOS.

France s'etait chargee d'assurer la communication directe entre Paris et Saint-Galles (Suisse), et elle I'a realisee sans trop de peine.

L'Autriche s'etait chargee de la portion du circuit entre Saint- Galles et Vienne, et elle a rencontre des diflicultes insurmon- table?, qu'il faut sans doute attribuer aux conducteurs souter- rains; ces conducteurs avaient d'abord inspire une tres-grande confiance ; mais, dans la pratique, ils ont presente de si graves inconvenients, que Ton a ele presque force d'y renoncer partout. L'Autriche demande trois mois pour preparer un nouvel essai, et il est k craindre qu'ti I'expiration de ce delai, la mauvaise saison devienne k son tour un obstacle insurmontable, et fasse ajourner jusqu'au printemps ou a I'ete prochain la determination dela dif- ference de longitudes.

M. Louis Fignier lit un Memoire tres-etendu, relatif k de nouveaux faits et de nouvelles considerations centre I'existence <Je la fonction glycogenique du foie. En voici I'analyse faite par I'auteur :

« Je commence par rappeler que les dissidences qui se sont produites relativement au fait que j'ai annonce en 1855, de la presence du sucre dans le sang de la veine porte, tenaient ci ce que Ton avait voulu considerer le phenomene de la fermentation comme le seul signe k invoquer pour caracteriser le sucre. Le glycose, contenu dans le sang de la veine porte, n'est pas fermen- tescible directement, et ne peut subir la fermentation alcoolique que lorsqu'il a ete tenu quelque temps en ebullition avec I'a- cide sulfurique etendu ; mais il n'en est pas moins un veritable sucre.

Le sang de la circulation generale, celui entre autres de la veine jugulaire et de la veine crurale chez des chiens carnivores, con- tient un sucre identique k celui de la veine porte, qui reduitavec energie le reactif cupro-potassique, et fermente avec la levCire de biere quand ont I'a fait bouillir pendant un quart d'heure avec de I'eau contenant 1 pour 100 d'acide sulfurique.

Pour expliquer la difference de proprietes que presente le sucre contenu dans le sang de la veine porte et celui que Ton trouve dans la cellule du foie, il faut remarquer que, lorsque le sucre non fermentescible sejourne un certain temps dans I'economie, il subit la modification, fort simple d'ailleurs, qui le transforme en Sucre fermentescible. A I'appui de cette explication, je rappelle que le sucre, qui a ete ddcouvert dans le chyle des animaux car-

I

COSMOS. 131

nivores, a la suile des belles recherches de M. Colin, d'Alfort, est fermentescible directement; que celui qui a 616 signale par M. Blot, dans I'urine des femmes enceintes et des nournces, est egalement fermentescible directement; quele sucre contenudans I'ceuf des oiseaux jouit de la meme propriete. Dans tons ces cas, c'est en sejournant au sein de I'economie que le sucre non fer- mentescible directement y devient fermentescible.

Ce sucre, que Ton a reussi a trouver aujourd'hui dans presque tous les organes de I'economie, et non dans le foie seul, ainsique I'affirmait I'auteur de la theorie de la fonclion glycogenique du foie, quelle est son origine? II provient du tube intestinal et nul- lement d'une secretion glandulaire. Je donne, dans mon Memoire, la description d'une matiere organique que j'ai retiree du tube intestinal de chiens carnivores enetat de digestion, matiere (x sa- veur sucree, non fermentescible et non precipitable par le sous- acetate de plomb.

Ce produit est peut-etre le point de depart et I'origine du sucre qui se rencontre dans difTerents organes chez les animaux carni- vores, les seuls que nous ayons k considerer dans ce travail. On aurait en elTet d'apres cela :

Dans le tube intestinal, le premier etat du sucre, c'est-&-dire une substance de saveur sucree, et non precipitable par le sous- acetate de plomb, mais qui ne reduit pas le reactif cupro-potas- sique et n'entre pas en fermentation.

Dans la veine porte, le deuxieme etat du sucre; c'est-i-dire un produit qui reduit le reactif cupro-potassique, qui ne fermente pas directement, mais qui est susceptible d'eprouver la fermenta- tion alcoolique.

Dans le foie et dans le chyle, le troisiSme et dernier etat du sucre, c'est-^-dire un produit qui reunit les deux caracteres : re- duction des sels de cuivre et fermentation directe.

C'est done en sejournant au sein de I'economie animale que ce produit, par des modifications successives, arriverait a constituer le sucre directement fermentescible qui existe dans le chyle et dans le foie.

J'aborde ensuite dans mon Memoire la question chimique de la formation du sucre aux depens des matieres albumino'ides. On pent etablir theoriquement que le glycose derive de ce genre de matieres azotees.

D'apres un travail de M. Hunt, cite dans les Comptes rendus des travaux dechimie de Laurent et Gerhardt, en 1850, la formule de

132 COSMOS.

la proteine, qui est I'espece normale cles matiSres albmninoides , renferine les elements de la cellulose et de I'ammoniaque :

Qii HIV Az5 08 (Proteine) = 2 C'2 1I'» O'" (Cellulose) -[- 3 Az H^ 12 HO

Or, on salt que la cellulose se transforme en sucre par une sim- ple fixation d'eau.

Cette transformation des matieres albuminoides en glycose, in- diquee par la thcorie , n'est pas impossible k realiser par I'expe- rlence. En 1855, M. Lelmiann a donne le moyen do transformer en Sucre rhematinc ou matierc colorante da sail!!; , en falsant usage de Tether nitreux selon la methode de M. Piria. J'ai cons- late qu'en faisant reagir la potasse caustique bouillante sur I'al- bumine de I'osuf, on obtient une petite quantite d'une substance, qui, lenue en ebullition avcc I'acide sulfurique elendu au cen- tiSme, se transforme en glycose qui reduit le reactif cupro-potas- sique. Comme sous I'influence do. I'ebuHition , I'alcali caustique detruit la plus grande partie du produit forme, il est plus proba- ble qu'en le faisant agir & froid sur I'albumine, on parviendra ai realiser plus completement cette interessante modification mole- culaire.

Cette transformation des matieres albuminoides en sucre dont la cbimie nous explique le mecanisme, pouvant s'effectuer dans le tube digestif des animaux, il n'est nullemcnt necessaire pour expli- quer la presence du sucre dans le foie , dans le chyle , dans le sang, etc., d'invoquer un acte de secretion par tel ou tel organe,

Ce qui ^'ient a I'appui de ces considerations, c'est que, dans I'e- conomie animale, partout, a pen pros sans exception, ou Ton ren- contre Talbumine, on trouve aussi i\ cote une certaine quantite; de sucre. Dans le sang, riche en matieres albuminoides, il exisle du Sucre; il.en.existe dans le chyle, dans la lymphe, dans les se*- rosites diverses du peritoine, de la plevre, dupericarpe, dans les serosiles morbides ; en un mot dans presque tons les hquides al- bumineux de I'economie. Dans le lait, riche en matieres albumi- noides (casdum ct albumine), on trouve un sucre non fermentes- cible directeraent, la iacline; dans I'oeuf des oiseaux, im sucre fermentescible. Cette circonstance que I'albumine est presque toujours accompagnee d'une certaine quantite de sucre, semble une preuve manifeste que ce produit provient bien rdellementde la decomposition d'une matiere albuminoide.

Mon Memoire se termine par quelquos remarques sur la con- fusion que preseutent les faits rdcemment annonces concernant

COSMOS. 488

I'-eEtistence d'une matiere glycogene dans le tissu du foie. Cette abscurile rend actuellement impossible tout examen des fails an- nonces relalivement a ce produit. »

M. Eniile Blanohard lit un Memoire sur la determination de guelques ossements d'oiseaux fossiles et des caracteres osteolo- ^quesdes gallinaces ougallides.

Jl n'est pas besoin de rappeler I'elat d'tacertitude dans lequel on€st demeure jusqu'a present au aujet de la determination des debris d'oiscaux fossiles. Cetetat d'incertitudeesttel queplusieurs naturalisles croient encore a I'impossibilite d'arriverpom- les oi- seaux fossiles adesdelerrainalionsaussi siires que pour les niam- miferes et les reptiles. M. Ernile Blancliard, par suite de recher- .Gbes osteologiques , ^poursuivies sur un nombre considerable dlespeces , s'est forme k cet egard une opinion contraire. Des ob- servations multipliees le conduisent a avancer, sans hesitation, que les os d'un oiseau quelconque presententun ensemble de ca- racteres propres a.falre reconnaitiefacilementlegroupe, le genre auquel il se rattache, et qu'on y trouve toujours de petites parti- culariles sufiisantes pour preciser I'espece a laquelle il appartient. ils'agit sans doutela de details souvent difficilcs a rendre saisis- sables au nioyen de descriptions, mais qui seront toujours ren- dus appreciables a i'aide de figure d'une exactitude rigoureuse.

S'occupant en parliculier du groupe des gallinaces ou famille des gallides, I'auteur rappelle que divers debris fossiles ont ete ,consideres comme appartenant a ce groupe, mais que ceux qui les ont signales se sont en general dispenses d'en donner des fi- gures et uieaie de dire sur quels caracteres ils se fondaient pour ,les distinguer des os de tetras, de coqs, de faisans, de pintades ou deperdrix. Neanmoins, ajoute-t-il, les fails acquis montrent clairement I'existence de fragments de gallinaces de la periode tertiaire et de I'epoque diluvienne. II cite entre autres un hume- rus et des coracoidiens du gypse de Monlmartre, representes par Cuvier, qui se contenta de les signaler sans les rattacher a leur type.

La determination des fossiles devant dans tous les cas s appuyer sur une connaissance complete desespecesvivantes, M. Blanchard, suivant en cela la marche tracee par Cuvier, examine les carac- •t^res de chacun des os dans la famille des gallides et les particu- larites qu'ils olTrent selon les genres et lesespeces. II s'attache k montrer combien les differeiites parties des membres offrent de caracteres precieux, surtout si Ton songe que ce sont particulie-

*34 COSMOS.

rement des os de cette nature que I'on trouvc k I'etat fossile. Apres avoir examine d'une maiiiere comparative les diverses portions du squelette des oiseaux, I'autcur est conduit & s'occu- per de la question si controversee parmi les naturalistes, des li- mites a assigner aux genres. II pense ne surprendre personne en annoncant que les genres admis actuellement par les ornitholo- gistes ne reposent d'ordinaire sur rien de notable dans la struc- ture organique. Des especes d plumage assez dissemblable, comme les coqs et les faisans, ne presentent que des dill'erences des plus legeres dans leur osteologie. Les limites i assigner aux genres sont restees un objet de discussion pour les zoologistes; cepen- dant h cet egard, dit I'auteur, une idee des plus heurense a m introduite dans la science il y a dejS assez longtemps. M. Flourens a propose de regarder comme constitnant des genres naturels,les especes capables de produire entre elles. Or, remarque M. Blan- chard, dans la famille des gallides aussi bien que dans celle des fringillides, on obtient aisement des metis d'especes classees par les ornithologistes dans des genres differenls. On observe que ces especes rapprochees ferment d'ordinaire des groupes bien cir- conscrits, c'est-i-dire des genres naturels. M. Blanchard adopts donclesvuesdenotreilIustrephysiologiste;lavaIeurdescaracteres pris dans les groupes ou I'on a denombreux exemples de croise- ments , lui servant de guide pour les groupes ou ces exemples manquent.

M. Babinetlit une note sur la valeur du rayon moyen de la terre. Poisson avait assigne pour valeur h ce rayon 6 366 200 me- tres, en prenant le meridien de UO 000 000 de metres, d'apres la definition du metre, dix-millionnieme partie de la distance du pOle a I'equateur, ou du quart du meridien. Le rayon d'une cir- conference qui aurait 40 000 000 de metres serait ce meme nom- bre divise par 2?!, ce qui donnerait 6 366 197 metres ; mais on ne peut ici exprimer les nombres en metres, puisqu'il y a une in- certitude de plus d'un kilometre sur I'aplatissement de la terre ; ce nombre est evidemment trop faible, comme nous allons le voir tout h I'heure.

Dans toutes les questions oil il s'agit de parallaxe, on emploie exclusivement le rayon equatorial qui, d'apres les resullats pres- que identiques obtenus par Airy en 1831, Bessel en 1842, Encke en 1852, est de 6 377 ^00 metres. L'aplatissement est tr6s-exac- tement de ^-b , ce qui fait 21 260 metres, nombre sur lequel, d'apres M. Airy, il reste une incertitude d'un seizieme, ou de plus

COSMOS. 135

d'un kilometre. Le seizi6me d'un trois centieme fait ^'-, quan- tite beaucoLip plus grande que le carre d'un trois centi6me, qui est ,—0^- M. Babinet tire de \k la conclusion evidente que dans les calculs relatifs h Fellipsoide, il faut ndgliger le carre de I'aplatis- sement. Un autre rayon terrestre qui a beaucoup d'iniportance dans lecalcul des altractions des spheroides, est celui qui correspond a une latitude dont le carre du sinus est egal a un tiers, ou a Tangle de 35",! 5', 52", que Ton retrouve dans la theorie des ma- rees et dans celle des attractions magneliques comme ayant pour carre de sa tangente le nombre {.

Pour avoir le rayon moyen , il est evident qu'il ne faut pas prendre la moyenne entre le rayon equatorial et le rayon po- laire 1 —a, a etant Taplalissement d'un trois-cenliSme. En etTet, il n'y a qu'un seul rayon egal au rayon polaire, tandis qu'il y en a un tres-grand nombre ayant le rayon 1 de I'equateur; la va- leur du rayon moyen doit done etre superieure hi {a. qui se- rait la moyenne entre le plus grand et le plus petit des rayons terrestres. Pour oblenir le veritable rayon moyen, il est evident qu'il faut prendre le rayon correspondant a chaque element de la surface, faire par une integrale la somme des produits de chaque rayon par i'element de surface correspondant , et diviser le tout par la surface totale de I'ellipsoide. Or cette surface se trouve egale a kr. {I r <x); tandis que I'integrale ci-dessus est egale

1 a.

h liT ( 1 Of) ; le quotient est , ce qui donne 1 3 a , en

negligeant les puissances superieures de a; tel est done le rayon moyen : ce rayon est egal au rayon de I'equateur, multiplie par ( 1 T517) ) ce qui fait 6 370 300 metres, ou environ 1 600 lieues de k kilometres chacune.

Quand on neglige le carre de I'aplatissement, on trouve pour I'expression du rayon de rellipsoide correspondant k une lati- tude 1 la valeur tres-simple 1 a. sin^X. Si I'onveutque ce rayon soit egal au rayon moyen 1 ^a , il est evident qu'il faut que I'onfasse sin^).=-;. M. Babinet a etc tres-etonne, en calculant le rayon correspondant a la latitude dont le carre du sinus est ;, de trouver que ce rayon est precisement le rayon moyen.

Si pour une ellipse pen aplatie et non plus pour un ellipso'ide on calcule le rayon moyen, on trouve que le perimelre de I'ellipse est 2 7: (1— a) , tandis que la somme des rayons est 2?: (1 '-a), le quotient est 1 a{, en negligeant toujours a% le rayon moyen est done la moyenne entre les deux demi-axes de I'ellipse.

hOMieoo

VARIETES.

Siir le nioiivemcnt dc I'cau a travcrs les terrains permeable s

Par M. DupuiT, inspecteur gi'nural des ponts-et-cnausseea.

Le mouTement de I'eau k travers les terrains permeables n'a encore ete que bien peu etudie point de vuc Iheorique et^att point de vue experimental. Les phenomenes qu'll presente sont cepondant intcressants k connaltre, car leseauxsouterraines, qui s'infillrent a travers le sol, joueut nn role de plus en plus impor- tant dansl' agriculture et dans rindustrie, soil qu'on cberche a les utiliser ou a s'en debarrasser. Les sources naturelles, lespuits or- dinaires, les puils artesiens, les puits absorbauts, les pierrees, les filtre naturels ou artificiels, le drainage, lesbatardeaux, lesetan^ chemenls, les epuisements,etbeaucoup d'autrestravaux bydrau- liqnes, out tous des perfectionnements a esperer dela tbeorie que M. Dupuit essaie d'etablir.

Au premier coup d'oeil le mouvement de I'eau, qui se diviSB dans les pores si nombreux d'un corps perm(iable , parait plus complique que celui qui a lieu dans une large section ou elle ne I'encontre d'autre resistance que le frottemont de la parol et I'ad- berence de ses molecules. II n'en est rien cepcndant, M. Dupuit fait voir, en s'appuyant de considerations tbeoriques et d'cxpe- riences assez nombreuses, quele mouvement uniformeet le mou- vement varie des eaux fdtrantes peuvent etre representes par une formule fort simple, i = mu, dans laquelle i represente le sinus de I'inclinaison du filet fluide, u sa vitesse et m un coefficient constant.

En partant de cette formule, il etablit d'abord les equations de la surface de I'eau , lorsqu'elle s'infiltre librement a travers un terrain. permeable, dans uncanala pentes et^ largeurs variables; et il les compare a veccellesqu'il avaitobtenues poui'les cours d'eau ordinaires, dans ses Etudes sur le mouvement des eaux courantes, publiees en 18/i8. Les equations auxquelles il arrive dcmonlrcnt que ces. surfaces sout independantes du coefficient de la permea- bilite ; et, que lorsque les remous ne sont pas tr6s-considerables , elles se confondent avec celles des cours d'eau superticiels ; la bauteur du regime uniforme est seulement trois fois plus consi- derable , et il en rdsulte quo quand par des travaux de barrage,, d'etranglement ou d'elargissement , on altere la surface de Teau

COSMOS. sev

des couches aquiferes, cette alteration sepropage beaucoup plus loin qu'cUe ne le ferait dans un cours d'eau superQciel.

Examinanl ensuite le cas ou la nappe aquifere se trouve forc6e entredeuxcoucbes impermeables, M. Dupuit determine sa pression en chaque point, oula hauteur k laquelle I'eau s'eieverait dans un tube vertical d'une hauteur indefinie. Ce mouvement particulier, tout t'l fait semblable a celui de I'eau dans les conduites forcees, donne Men h des formules analogues a celles qu'il a etablies dans son Traite de la distribution deseaux. publie en 1854.

L'applicalion la plus interessante des formules generales est celle qui a pour objet le mouvement des caux souterrainos et spe- cialcment la determination des quantites d'eau qu'on pent re- cueillir des nappes aquiferes a surface libre, au moyen des puits ordinaires, et des nappes forcees au moyen des puits artesiens. M. Dupuit fait voir qu'en etablissant un systeme d'epuisement dans une nappe aquifere, sensiblement horizontale,lanouvelle surface de I'oau ne depend ni de I'epaisseur de la couclie, ni de la per- meabilite du terrain; que ces quantih's n'influent que sur le de- bit, quiestproportionnela la quantile dont on a fait baisscr I'eau dans le puits et h I'epaisseur moyenne de la couche aquifere; quant au diametre , au perimetre, A la surface et a la profondeur du pulls, leur influence s'efface presquo entiferement devant celle de I'abaissement de la surface de I'eau. La comparaison do I'ex- pression du debit d'un puits avec celle d'un metre courant de ga- lerie longitudinale creusee a la meme profondeur, demontre I'e- ,norme,avantage des puits sur les galeries, surtoul lorsque le reservoir qui alimenle la masse flltrante est eloigne da centre du puits. C'est une propriete dont on pent profiler, soit dans relabiis- sement des fdtrcs nalurels, soit dans le drainage vertical, soit dans les epuisements que necessiient les Iravaux hydrauliqups.

Au moyen d'un changement de signe, les formules relatives aux puits ordinaires s'appliquent aux puits absorbants qui des lors n'ont pas besoin delbeorie speciale.

Celles quiconcernentles puits artesiens, plus simples que celles des puits ordinaires, mcttenten evidence des proprietes coraple- •tement analogues, et sans lesquelles on a peut-etre compte dans la pratique. Ainsi, en ce qui concerne le diametre du puits ou du •tube ascensionnel, son influence est, comme pour les puits ordi- inairrs, a pen pres insignitiante. C'est une propridte que M. Dupuit s'est atlache a demonlror parl'experience et par la the;>rie a cause de son importance pratique. Le diametre d'un forage doit done

138 COSMOS.

etre uniquement determine par la consideration de rendre la d^- pense dii travail la plus petite possible. 11 assigne les caracteres auxquels on pouvait reconnaitre I'insuffisance de celte dimension par rapport au debit.

C'estun bonlieurpour lui quede pouvoir invoquer a I'appui de sa theorie, les travauxde consolidation fails au puits de Crenelle pendant qu'il etait charge de la direction du service municipal de la ville de Paris. Cestravaux, qui ontconsiderablement diminuele diametre primitif du tubage et I'orifice d'entree, n'ontpas sensi- blement diminudle debit primitif du puits. En effet, ce qui limile ce debit c'est le frottement enorme que I'eau eprouve dans la masse fdlranteet nonceluidu tubeascensionnel.

line autre conclusion moins consolante , c'est qu'il n'y a rien a attendre au puits de Passy, sousle rapport du debit, du grand dia- metre qu'on lui a donne.

Si on obtient plus d'eau , on le devra a d'autres circonstances locales.

Dans la derni6re partie de son Memoire , M. Dupuit examine I'infliience reciproque du voisinage des puits. 11 fait voir qu'en les multipliant indeflniment sur une section verticale dela nappe, on nepeutobtenir qu'uue fraction de son produit, determinee par le rapport entre la charge sur I'oriflce du tube et la hauteur de la ligne de pression sur I'orifice d'egoulement. A Paris, par exemple, en supposant, ce qui est probable, que la nappe aquil'ere se de- verse dans la mer, on ne pourrait pas faire monter a la hauteur

57 du tube ascensionnel plus des f^— du debit de la nappe. De sorte

lib

que multiplier les puits n'est pas multiplier le debit, c'est marcher vers une limitedont on est souvent fort pros; c'est ainsiqu'a Tours le debit de chacun des puits a diminue a mesure qu'on a fait de nouveaux forages.

11 resulte de ces considerations que I'espacement des puits arte- siens doit etre calcule d'apres certaines circonstances locales; et que ce systeme d'alimentation qui pent suffue pour une popula- tion eparse, devient insufflsant pour de grandes agglomerations d'habitanis qui demandent beaucoup d'eau sur une petite surface. La quanlite d'eau qu'on pent ainsi obtenir est d'aillcurs tres-va- riable suivant I'epaisseur etla permeabilile des couches aquiferes. Or la nappe artesienne du puits de Crenelle estmalheureusement tres-peu abondanle, si on la compare a plusicurs nappes qui ali- mentcnt des puits connus; la quantite d'eau obtenue, 12' 50 envi-

COSMOS. 13»

ron par seconde, n'estdue qu'^ la pression considerable qui existe sur I'orifice et qui est do 57 metres environ. II resulte de ces don- ndes que les puits lores h Paris doivent etendre Ires-loin leur rayon d'aclivite et qu'on devrait y espacer les puils a de tres- grandes distances. Sous ce rapport I'experience de Passy pourra fournir d'utiles enseignements, car il n"y aurait rien d'impossi[)le a ce que ce forage allerat le debit du puits de Greuelie.

lics eta^-es penverses

Par M. le docteur Cap.

Dans les quartiers populeux et dans ceux ou domine le com- merce, les entresols sontassez generalementoccupes, soit par les uiarchands du rez-de-chaussee, soit par des bureaux ou des ma- gasins. Dans les quartiers plus riches, les entresols et les pre- miers elages sont surtout recherches par les personnes que leur Age et leur corpulence empechent de monter aux etages supe- rieurs. Ce sont des appartements de luxe.

Cependant les premiers etages ont bien des inconvenients. lis sont plus rapproches de la rue, par consequent on y entend plus de bruit ; le jour y est plus faible, car le soleil y arrive plus diffl- cilement. Sur les cours, on a de plus le bruit des chevaux, I'odeur des ecuries; on est plus pres des caves, des losses d'aisance du rez-de-chaussee, souvent occupe par des elats incommodes; enfin les trois ou quatre etages superieurs ne laissent pas que de diminuer la masse de I'air comnie sa purele, I'eclat de sa lu- niiere, en un mot, les conditions generates d'hygiene et de salu- brite.

Toutes ces circonslances defavorables s'affaiblissent k mesure que les etages s'elevent. La lumiere devient de plus en plus ecla- tante, I'air plus pur, le bruit plus eloigne. L'usage s'est heureu- sement repandu de pratiquer au quatiieme, et meme au cinquieme- etage un balcon qui donne plus d'etendue k la vue et permet de cultiver des fleuis, de se promener a I'air libre, de jouir cnfm des meilleures conditions de salubrite que puisse oflrir I'habita- lion ordinaire des villes.

Le seul inconvenient veritable est celui de gravir un centaine de marches. Mais cet inconvenient est-il done d'une nature telle qu'il ne puisse elre leve ? Nous ne le pensons pas.

11 s'agissiat simplement d'etablir dans chaque escalier, a partir du premier ou du second etage, unc plate-forme avec un siege pour deux personnes, qui s'eleverait au moycn d'un contre-poids et d'un engreuage a mouvement tres-dous, a peu pres comme

l&O COSMOS.

cela se pratique pour les innrchandises, dans !os entrepots el dans certaincs garcs d(3 dieniins de fer, Le service dc ccs appa- reiis rontrcrail dans I'cmploi dcs concierges. Un timbre plac(5 ix port^e do ce sidgc annoncerait le moment oii Ton serait pret, el I'dlagc oil Ton voudrail monler. II en serait de meme pour redes- cendre, et en doublaiit cc systome, quatre pcrsonnes pourraienl monler el descendre en nieme temps, par les memes inoyens.

lin mecanismc applicable k un lei usage n'offrirail pas la moin- dre difficultci d'execution. 11 est ddji pratique dans niille endroits pour le service des marchandises ; 11 s'emploie i\ notre connais- sancedans plusieurs deineures royales. Au Colysde de Londrcs, on s'elevc ainsi au point supdrieur d'un magnificine panorama sans presque s'apercevoir da trajet. On entre, on s'asseoit dans une rolonde cldgante, ct en quclques secondes, sans dprouver la moindre secousse, on se liouvc arrive comuie par encbante- mcnt au soinmct de I'edifice.

Cette vue si simi)le renferme, selon nous, toule une revolution dans le sysleme des logements dans les grandes viljes.

li'inconv(''ni(Mil des nonibreuses marcbes a inoMlec einnt anni- hile, tout se trouvcrait cbange dans la disposition des elages. On pourrait des lors creer dans cbaque maison nn double entresol, I'un pour les appartemenls des habilants du rez-de-cliaussc'e ou pour des l)urcaux, I'aulrc pour le logement des domesticyues des etages supcirieurs, A parlir de cc point, plus on s'el('.verait, plus o.n pourrait donner de baulour aux plafonds, d'elegnnceet de conforlabie aux dislribulions comme h rornenicnlalion generale. Le dernier etage dcvicndrait ainsi le plus beau, le pins recberchd, surtont s'il dtait surmonld d'une plate-forme a I'orientale pour y culliver des fleurs, s'y proinener el y respirer un air plus pur. On n'aurait plus le desagrement d'entendre au-dessus de sa t6te les doniestiques so couclier les derniers et se lever les premiers de sa maison, .sdparcs dc vous seulement par un plancber qui ne laisse ignoreraucun de leuTs inouvements. Quant aux mallres, eloignes ainsi du bruit, des mauvaises odeurs, de tout contacl , desagreable, jouissant de plus d'air et de lumiOre, ayant sous les yeux un aspect plus vaste et i)lus riant, affrancbis de gravir un cscalier inlerminnble, ils n'auraient presque plus rien a envier aux cainpagnards sous le rajjport d'une existence calme, salubre, hygienique, principal avantage de I'liabilalion bors des cites.

Impiiincric dc W. Remquit el Cie, A. TRAMBLAY ,

n.e Gariinoiure, 5. . I.mH)'--' pvoi'iU'lahc-geratlt.

T. XXf 7 aoiit 18S7. Sizi^me •no4«.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

Le journal la Science resume dans les termes suivants les re- cherchesles plus imporlantes de M. Despretz, niembre do I'Aca- (itemie des sciences et professeur de physique k la Faculte des sciences : « Le travail sur les causes de la chaleur animale ; le pre- Bfflier emploi du mercure dans les grands gazomelres et pour I'aua- lyse de I'air; les experiences qui ont conduit adouter, il y a peut- 6tre trente ans, de I'exactitude de la loi de Watt, a admottre unc autre loi quand la loi du mecanicien anglais elait generalement regardee commevraie, sont des services sciontiliques notables. Les demonstrations experimentales : du decroissement de la eompressibilile des liquides avec la pression ; 2" de I'inegale com- pressibilite des gaz; '6° de Taccroissement de la compressibility desgaz avec la pression; de la loi de propagation dela chaleur dans les liquides ; 5" de la generalite de la loi de la propagation de la chaleur pour tons les corps solides, bonsou mauvais conducteurs; 6" du maximum de densile comme une propriele appartenant a t»ules les dissolutions aqueuses, et de I'exislence de ce maximum au-de;sous de la temperature de la congelation pour un grand nombre de dissolulions; 7" de la conslaiice de la quanliLe de cha- leur degagee, quelle que soit la pression dans les phenomenes dc combustion ou le volutne du gaz oxygeue ne change pas; de la fusion et de la volatilisation dc tons les corps, meme du chaibon; 9" deia non-influence, soit de la tension, soit de la quantiU sur la nature et la position des raios dans le spectre de I'arc voltaique; 10" de I'infiuence de la position des pdles dans Tare voltaique ver- tical sur la longueur de cet arc; et de I'intluence de la position des p61es, par rapport a Test ou ti Toucst, sur la longueur de Tare ho- rizontal; 11° la production artiQcielle de diamants microscopi- ques, parle courant sec ou humide, sont des decouvertes qui appartiennent eulierement et sans contestation possible au pro- fesseur dont nous avons ecritrapidement la biographic.))

Le Journal d'AiHi lion (Yonne) affirme que, ci Vignes, dans la cour de M. Davout, le 'iOjuillel dernier, versmidi, on a fait cuire des ceufs au sein de sable expose ea plein soleil. Le journal

(i

U2 COSMOS.

ajoute : Depuis onze ans on renouvelait cette experience et Ton n'avait pas encore oblenu un resultat aussi complet, ce qui prouve que c'esl une des plus chaudes journccs que nous ayons cues de- puis Ics 27 juillct et 9 aoat 183/i.

11 est curleux de voir tous les journaux grands et pclits, ex- poser daus Irente longues lignes le moycn suivant de destruction de courtilieres ou taupes grillons : Veiscz dans les trous occupds par rinsccte, troiscuillerees d'eau de savon prealablement cbauf- fe'e. On a soin d'ajouter que le prix de rcvient du liquide est des plus niinimes, parcequ'il ne fautpas plus do 5 grammes de savon par chaque litre d'eau. Mais la courtili(Jre se nourrit de vers et surtout de vers blancs ; si vous I'aneantissez, n'est-il pas a crain- dre que les vers surabondent, et plus tard les hannetons?

On afflrmait depuis longlemps que les nioules detacbees des doublures en cuivrc des navires, sont un poison ; un journal anglais ajoute (jue tout I'equipage d'un navire, mouille dans les docks Yictoria, <i Hartlepool, a etd violemment empoisonne pour avoir mange des nioules detacbees des bords du quai a proximite des vaisseaux doubles de cuivre. Ce qu'il y a de plus curieux dans ces fails, c'est que le cuivre netue pas la moule qui s'y attacbeet lue I'bomme qui mange la moule.

Le 28 juillet, M. Dien, attache ii I'Observatoire imperial, a decouvert ans la constellation de laGirafe, une nouvelle comete dont la posilion vers une beure du raalin etaiten ascension droite U^ 8"'; en declinaison, 56" 37'.

La Societe academique des Hautes-Pyrenees propose de de- cerner des prix de 150 etlOO fr. aux mpilleurs Memoircs rclatifs ; 1" a rinducnce du reseau pyreneen sur I'elat acluel et le dcvelop- pement ulterieur de I'industrie et du commerce dans le departe- ment ; 2" aux perfeclionnements ou ameliorations qu'on peut inlro- duire facilcment et economiquementdans la culture des cereales dans le deparlement, de maniere h en augmonter le rendemcnt; 3»aux lepidopteresdiurnes, crepusculaircset nocturnes dudepar- tement; 4" a la meilleure melbode a suivre pour former un elablis- sement de pisciculture dans le departcment.

On a essaye avcc un cerlain succes h Cherbourg, h bord des navires a vapeur de ri^:tat, VAntilopeet la Biche, I'appareil h quatre sifflots a vapeur, d'une1r6s-grande puissance, construitparM. Le- IbuiUier-Pincl, de Rouen, I'inventeur de I'indicateur magndlique <lu niveau d'eau dans les cbaudieresa vapeur. Get apparcila pour i)ul tic mctlre le navire a vapeur en etat de signaler sa presence

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dans les temps brumeux a I'aide d'un bruit trSs-intense et d'une cerlaine dnree. Lorsque les quatre sifflets fonctionnaient ensem- ble a loutevapeur,ilsproduisaientun bruit veritablemenlassour- dissant pour Tequipage ; la note que nous avons sous les yeux ne dit pas a quelle distance il etait entendu en mer, c'est \k cepen- dantl'essenliel.

iM. Crozatier,le celfebre fondeur, vient d'afTecter une rente annuelle de cinq cents francs ix la fondation, en faveur des ouvriers ciseleurs de Paris, d'un prix d'encouragement qui sera decerne k Fouvrier ayant execute dans I'annee lobjet de ciselure le plus parfait en bronze ou en argent.

La Colonisation d'Alger, apres avoir faitremarquer que les deux tiers du sol algerien, plus de quinze millions d'bectares, sont couverts de broussailles et de palmiers nains; 2" que les ccndres de paliniors et de lenlisques contiennent une proportion notable de polassc et de sonde, se dcniande si le moment ne serait pas ■venu de creer dans noire colonie, et sur une grande echelle, I'in- dustrie de rincineralion, pour approvisionner la France de sels alcaiins qu'elle demande chaque annec en proportion conside- rable, pour plus de vingt millions de francs, aux Indes orientales et occidentales. 100 kilogrammes de palmiers nains doniicnt de 8 1 10 kilogrammes de cendre; un hommc peut couper elfaire inci- nerer^OOO kilogrammes de palmier par jour, et enretirer iOO ki- logrammes de cendres.

iM. Felix Abate, de Naples, a communique S TAcaflemie des sciences dans sa derniere seance, un nouveau systeme de nioulage qui donne au platre la durete et rinalterabiliie du marbre. 11 place le plalie dans un tambour cylindrique tournant borizontalement sur son axe, et met ce tambour en comumnication avec un gend- ratcur a vapeur; par ce moyen, le platre absorbe en tres-peu de temps la quantite voulue d'eau, qu'on peut regler par Ic poids avec la plus grande piecision. Avec du platre ainsi preparfi, etqui conserve toujours son etat pulverulent, de maniere a masquer entierement la presence de I'eau, il remplit des moules con vena - blement arranges, et il soumet le tout h Taction d'une puissante presse bydraulique. Apres quelques instants, I'operalion est finie, et, en demontant les moules , on en retire les articles prets pour I'usage. Ce procede est facile en lui meme etil est en meme temps economique; le prix de fabrication surpasse de bicn peu celui de la matiere; il est enfin efficace, car le platre ainsi prepare est d'une compacite et d'une durete parfaites; il prcnd le poll du

im COSMOS.

marbre; les bas-reliefs les plus ddlicats, las m^daillesles plus otti vragees se reproduisent avec toutc la perfection qu'ils ont dans I'original ; une experience de trois annees a prouve enfin que tous tes objels confeclionn^s par ce procddd sont inalterables en pr^*- sence des influences atraosphdriques les plus defavorables ; il pourra done servir pour les ouvrages a decouvert, aussi bien que pour les travaux d'lntdrieur.

Rien n'empechera d'appliquer au pl&tre moule par la nouvelle methode, les procedi^s bien connus de marbrure k la cuve, et d'ar- river ainsi a imiter et h remplacer avec economic toutcs les va- rieles de marbre. M. Abate enfin propose de produire par ses moyens une pierre de taille factice, plus solide, plus durable, plus propre et plus belle que la pierre de taille; decoree k I'avance et dans roperation meme du moulage des ornements dessines par I'ar- Ghilecte, ellc donnei-ait aux edifices un aspect de richesse insolite, en meme temps qu'elle diminuerait dans une proportion conside- rable la durce des travaux et les ddpenses qu'ils entrainent, Dans les calculs de M. Abate, qui a mis son invention sous la protection de brevels et de patentes, la pierre factice, a ornementation egale, ne coiMciait que le cinquieme ou le sixieme de la pierre de taille de premiere qualite ; aussi compte-t-il beaucoup sur les avan- tages que I'industrie, les beaux-arts et I'architecture peuvent tirer des precedes qu'il a imagines.

M. Babinet, qui sait si bien faire vibrer toutes les cordes dela lijre scientifique , et par lyre scientifique nous entendons la science utile et vulgarisee, a fait dans son dernier article des De- feats une charmante excursion dans le domaine myslerieux et en- chanie des odeurs.

« Je place ici, dit-il , pour former le cceur et I'esprit du lecteur, une remarque sur la nature de la perception des odeurs que je n'anrais peut-etre pas I'occasion de faire connaitre de longlemps; EUe est relative au peu de persislance de la sensation des par- funis et des emanations odoriferanles. Apres avoir et(i fort sen^ sibles h I'organe, les odeurs cessonl promplement de ralfecter, et iln'est personne qui ne soit conduit h sentir do plus en plus pres une fleurou un bouquet. Une tubereuse, meme dans une chambre fermee, cesse bient6td'agir sur I'olfaction, mais son efl'el n'en est pas moins persistant et pent aller presque jusqu'j'i I'einpoisonne^ ment |)our les personnes nerveuses. On a pense que certaines maladies epidemiqucs avaientleur siege dans une intoxication at- mospherique du genre.de celle des odeurs. Les physicicns n'oat

COSMOS. 145

jamais pu recormaltre aucun poidsaax emanations du muse, 'Ct les chimistes n'ont rien trouve dansl'air des dgoutsqui di(reii\tde I'air pris dans un vaste jardin. Comme I'organe olfaclif de I'lioinme ■est mal developpe, coinparalivement a I'orpille et surtout ;'t Toell, nous Savons bion peu de choses surles odeurs. Le chien, sousce ■rapport, estbienmieux doue que rhomme. II n'est point declras- seur se rcposant avec un chien couchant aupres de lui qui n'ait Tu combien cet animal percoit de sensations avec son mufle pointe en liaut et interrogeant les folles brises, qui de tous c6tds lui apportent de mysterieux renseignements. L'animal cependant semble indifTerentau parfum dos fleurs, et notamment dela rose. Comment se faire une idee de tous ces I'aits? Dans nos traites de physique, apres avoir ddfini les objets maleriels comme des etres qui agissent sur un ouplusieurs de nos sens, on parlefort aulong des notions que nous devons a I'oeil eta I'oreille, tres-peu de celles que nous devons an toucher et au gout, et pas du tout de celles qui nous viennent de I'odorat. On me dira que ces sensations ^tant peu mathematiques, ne tombent guere dans le domaine de la pensee, et encore moins de imagination : d'accord. Ces fonc- tions de I'organisme se rapportent aux besoins et sont moins nobles que les autres. L'art du vetement et de la cuisine ne peuvent rivaliser avec la musique et lapeinture, mais ils sont dans les necessites dela nature humaine. Quant aux odours, les- quelles ne nous offrent ni un besoin indispensable ni un exercice d'imagination, on y a peu pense, eton n'en a rien dit.

II y a cependant un moyen de perpetuer la perception des odeurs, et par exemplede sentir plusieurs heures de suite un boH- quet sans que la sensation s'eteigne. II suffit pour ccla d'en faire arriver les emanations au nez d'une maniere intermiltcnle. Un bouquet place enlre une personne et I'eventail qui lui apporte h coups intermittents de legeres bouffees d'air, ne cesse jamais d'etre odorant, avantage assez gi-and dans les conlrees meridio- nales, oii la chaleur est accablaiite et oii les parfums et les elec- tuaires sont presque indispensables. P(5trone nous decrit une ele- gante Romaine couchde sur un lit de repos et ayant pour eventail une branche de myrthe fleuri. C'etait assez bien entendu. Caille, le voyageurde Tombouctou, me disait qu'au milieu du desert, la caravane dont il faisait partie etait prete a succomber. Ce n'etait pas la soif qui les tourmentait, lis avaient de I'eau en abon dance, mais elle etait ti6de et ne faisait que peser surl'estomac; elle ne rafraichissait ni les mains ni le visage. Heureusement il se Irouva

146 COSMOS.

une provision de pasliHes de mentlie. Get electuaire les sauva. Voici encore un fait analo,:;;ue. Lorsque Saussure mena au Mont- Blanc une noml)reuse caravane de grossiers Savoyards, ces gens materiels, h une certainc haiileur, debilitespar le manque d'air, avaient cesse de manger. Jls ne voulaient plus ni vin ni eau-de- vie, lis dcmandaienl, qui le croirait, de I'eau de Cologne! Dans les monlagnes moins elevecs, je pense que tous les voyageurs ont reconnu commemoi que de lous les animaux le plus vorace c'est le guide.

Je ne sais pas si dans la pratique medicale de nos fameux md- decins francais, les medicaments S odeur energique entrent spe- cialement dans les prescriptions d'ete, mais il est bien conslate que tous les habitants dos pays chauds recherchenl des aliments d'un gout et d'une odcur qui ne conviendraient guere aux Pari- siens a vie sedcntaire, dans unclimat fort tempore [tour la chaleur et pour I'humidile. Si les reflexions et les faits qui precedent peuvcnt paraifre trop longs, je dirai que, par la haute temperature qui se soutient depuis un grand nombre de semaincs, ces notions sont tout afaitde circonslance. »

La Societc hollandaise des sciences de Harlem a lenu sa 105'= seance annuelle le 23 mai 1857.

Di'ux grands prix cxlraordinaires avaient ete proposes STocca- sion de la fete seculaire en 1852.

Un prix de 1 000 florins des Pays-Bas (2 000 francs) a I'ou- vrage le pins remarquablc dans une des branches des sciences naturelles, public dans le cours des quatre annees qui suivronl la ceIel)ration de la fele seculaire du 21 mai 1852 ;

Un prix de 2 000 florins des Pays-Bas (4 000 francs) a I'au- teur de la plus eminente des decouvertes faites dans une des branches des sciences naturelles, pendant la inemc periode.

Pour concourirau second prix, M. Leon li'oucault avail envoye de Paris un exemplaire des ouvrages contenant la description de ses decouvertes en physique, etc. Au grand regret des direcleurs, ces decouvertes se sont trouvees pour la pkipart anterieures a I'e- poque de la fete seculaire ; cette circonstance les a mis dans I'im- possibilite de couronner de leur grand prix les decouvertes de M. Foucault; mais ils ont vouiu lui donner une preuve de la grandevaleurqu'ils y atlachent, en lui olfranl la medaille d'orde la Sociele. La Societe pouvait et devait couronner le gyroscope!

Pour le premier prix, divers auteurs sont enlres en lice; paimi eux, M. A. Decandolle , de Gen6ve, et M. 0. Heer, de Zurich,

COSMOS. ikl

ont cnvoye des ouvrages de grand merite, et d'un merite si ^gal qu'il a ele impossible de decider auquel des deux la prime devait etre offerte ; les directeurs ont tranche la difficulte, en doublant la prime, et en offrant ainsi a chacuu do ces savants une somme de 1 000 florins des Pays-Bas (2 000 francs).

Les directeurs ont propose cette annoe, comine menibres etran- gers, MM. Decandolle, a Geneve; Foucault, a Paris; et Clausius, k Zurich; elle est heureuse de temoigner aiiisi aux deux pre- miers, et surtout k M. Clausius, qui a envoye de menie des ecrits de haute importance, tout I'interet que Icur inspirent leurs tra-

vaux.

LaSocieteavaitrecuquatre Memoires en reponse a quatre ques- tions posees par elle sur la classification geognostique des roches ; la formation de la grele ; I'extraction du corps Immain au moyen de Teleclricite de certaines substances toxiques, telles que le mer- cure, le plomb, etc. ; les meilleures succedances du quinquina comme febrifuges ; les directeurs ont jugc, du premier et du troi- sieme de ces Memoires, qu'ils ne merilaient pas d'etre couronnes; du troisieme, sur la cause de la grele, ecrit, nous le croyons, par M. I'abbe Raillard, qu'il ofl"re un grand merite, mais qu'il est in- complet, en ce sens que I'auteur n'a pas etudie la structure des grelons, et que ce qu'il oflVe de plus interessant a e\.6 communique a plusieurs Societes savantes, ce qui s'oppose a ce qu'on puisse lui decerner la medaille; du quatrieme, enfm, qu'il pourra etre complete et admis de nouveau au concours.

La Sociele, enfm, rappelle les questions qu'elle a proposees pour les concours qui expireront le 1" Janvier 1858 et le V' Jan- vier 1859, et formule, en outre, les questions nouvelles sui- vantes, en demandant qu'on y r^ponde avant le 1" Janvier 1859 :

L L'application de la photographic a I'astronomie pourrait avoir pour cette science des consequences incalculabies, si Ton parvenait k obtenir, en une petite fraction de seconde des images photographiques des corps celestescomme on en a obtenu des corps terrestres. On a cherchd h obtenir des images photographiques du soleil et de la lune, mais sans rcsullats satisfaisants, surtout parce que ces images exigeaient un temps d'exposilion toujours trop long. II parait quepersonne n'a reussi jusqu'ici k reproduire par la photographie des images de planetes ou de groupes d'e- toiles. La Sociele, dans le but de faire de la pholographie un auxiliaire de I'astronomie, demande une description exacle et de- taillde d'un proced^ photograpbique, qui permette d'obtenir, en

lis COSMOS.

uiie petite fraction de seconde, de bonnes images des corps c«5- lestes. L'auteur du Memoire aura a y ajouter des epreuves a I'ap- pui de ce precede.

II. Quels ont ete jusquMci, pour raslronomie, les resultats prodnils par les nombreuses decouvertes des planetes qui cir- culent autour du soleil entre les orbiles de Mars et de Jupiter? Quelle est Icur importance etque prometlent-elles dans la suite?

III. Quoique les rheostats de differente construction aient rendu de grands services h la science, ces appareils sont encore loin de pouvoir rivaliser d'exactitude avec d'aulres instruments de phy- sique plus parfaits. La Socidte demande en consequence la des- cription d'un rheostat qui n'ait pas les defauls des constructions actuelles, avec I'expose succinct d'une serie d'experiences, qui demonlrent la superiorite du nouvel appareil.

IV. Le maximum de tension a des temperatures differentes a 6le determine pour quelques vapeurs avec une grande exac- titude. La Societe desire que Ton fasse de meine pour d'autres Tapeurs, pour lesquelles ce maximum n'est pas encore bieu connu.

V. La loi de Bernouilli sur I'ecoulement des gaz n'est pas d'ac- cord avec I'experience. La Societe demande a ce sujet de nou- Yclles recherches expdrimentales.

VI. La botanique possede un grand nombre de.monographies, que Ton regarde, a juste titre, comme des chefs-d'oeuvre. II suf- flra de citer les oeuvres de ce genre de Richard, de Brown, de Von Marlins, d'A. de Jussieu, de Grisebach et autres. La Societe desirant encourager dans ce sens les progres de la botanique, de- cernera la medaillc d'or k I'aateur d'une bonne monographie sys- tematique et organographique de quelque groupe de planles peu connu jusqu'a present.

Vn. II est de la derniere importance pour la chimie theorique de connaitre la grandeur relative des forces qui lient un on deux ouplus d'equivalents d'une substance & un equivalent d'une autre. Eh admettant que la chaleur qui se degage quand une combinai- son s'opere, puisse servir de mesure a ces forces, on demande une recherche experimentale sur la quantite de chaleur qui se degage quand un equivalent de quelque Element se combine avec un ou deux on plus d'equivalents d'un autre.

VIH. Quelle influence les progres de la chimie organique ont-ils exercee sur la thdorie de la composition des substances inorga- niqucs? Avec quel degrede certitude peut-on admeltre I'existence

Gossros. ms

de radicaux composes dans les combinaisons inorganiquest

IX. Quel moyen de transport aux Indes, soil par I'ancienne route du cap de Bonne-Esperance, soit par le canal projele a tra- cers risthme de Suez, peut-on considerer comme le plus econo- mique pour le commerce ; celui par des navires h voile, celni par des navires mus par.la vapeur, ou enfin celuL par des navires k •voile avec la vapeur comme auxiliaire?

X. La Vitesse avec laquelle le magnetisme, developpe d'une maniere quelconque dans une partie d'une masse de fer, se pro- page dans cette masse n'est pas encore connue. La Societe de- mande que cette vitesse soit determinee par des experiences ri- goureuses.

XL La difference des resultats numeriques obtenus par divers savants en determinant le pouvoir conducteur des differents me- taux pour I'electricite, fait desirer une nouvelle serie de recher- iches. La Societe demande done que Ton determine de nouveau, d'une maniere exacte et rigoureuse, la conductibilile des metaux et des alliages les plus usites, les premiers a I'ctat de purete chi- mique, les seconds en proportions exactement connnes. EUe desire que Ton s'applique en meme temps a trouver la loi selon laquelle le pouvoir conducteur d'un alliage depend de celui des imetaux qui le composent.

XIL La Societe demande une description de la Faune fossile des provinces neerlandaises, de Gueldre et d'Overijssel, com- .-paree avec celle des ,1errains analogues dans les conlrees adja- centes. L'auteur pourra, si desraisons sufflsantes I'y ddleiniinent, seborner soit aux animaux vertebres, soit aux invertebres de ces Faunes.

Le prix ordinaire d'une reponse satisfaisante a chacune de ces questions est une medaille d'or de la valeur de 150 ilorins, et de plus, une gratification de 150 florins de Hollande, si la reponse en estjugee digne. 11 faut adresser les reponses, bien lisiblement 'M'ites, en hoUandais, francais, anglais, italien, latin ou alle- mand (en lettres italiques), et atfranchies, avec des billets, de la maniere usitee, a J, G. S. van Breda, secretaire perpetuel de la Societe, & Harlem.

Faits de I'agricuUure.

M. de Quatrefages avait^te charge par la Societe d'acclima- tation d'etudier la question de I'importation en France du yak et

150 COSMOS.

de la chevre d'Angora ; apres avoir demontre que I'acclimatation du yak est possible, le savant naturaliste se pose celle question : Quel rOle le nouvcau venu jouera-t-il dans notre economie domes- lique ? et il repond : « Qui, h cOte de vos races perfectionnees et dans vos grancles exploitations, on ne voit pas encore ouserait la place du yak. Mais ces races n'ont pas toujours existe; vous avez faconne le cheval, le boeuf, le mouton, k raison menie de vos besoins. Pourquoi n'en serait-il pas de meme du yak? Le jour n'est pas loin pcut-etre ou il comptera lui aussi ses races h laine , ses races h lait, ses races de boucherie. A cote de vos vastes fermes se trouvent des proprietes bien reslreintes. Peut-elre le yak est-il destine a devenir le boeuf des pelites fortunes, comme I'ane est deji le cheval du pauvre. Sa rusticite native, le peu de nourrilure qu'il consomme, semblent des h present lui assigner ce role. Pcut-etre n'liabitera-t-il jamais les prairies de la Norman- die ou les champs de la Limagne; mais sur les ballons des Vosges, sur nos hautes Cevennes, dans les Alpes, dans les Pyrenees, n'ira- t-il pas brouter I'hcrbe courte qui pousse jusque sous la neige, comme il le fait dans son pays natal. »

Relativement a la chevre d' Angora, M. de Quatrefages n'est pas moins plein d'esperance. « Notre sol, notre climat, dit-il, ne sont pas essentiellement contraires a cette race. Si nous voyons un jour ces chevres perdre tant soil peu de leurs qualiles, combat- tons avec toutes les armes que la science moderne met & notre disposition. Ayons recours tanldt h la multiplication de la race pure, tanlot au croisement, various le regime alimentaire et I'ha- bitat; faisons passer nos betes de I'etable au grand air; ulilisons jusqu'aux rigueurs de I'hiver et aux chaleurs de I'ete ; et certai- nement plus heureux que Colbert, nous ne serons pas condamn^s k attendre qu'un autre Daubenton vienne dans un siecle acclima- ter cette chevre merinos. »

Sa Majeste I'Empereur, dit le Moniteiir de I'assurance, vient de commander h ses frais une piocheuse k vapeur d'apres le module execute par MM. Barret freres, et experimentee en presence de I'Empereur et de I'lmpcratrice dans le pare de Neuilly.

On croit en gdneral en AUemagne que si le frene prend ses feuilles avant le chene, I'annee sera pluvieuse, ou du moins hu- midc; que si au conlraire le chene commence k bourgeonner avant les frenes, I'cle sera fort sec. L'annee derniere, le frene elait parti le premier ; I'ele fut vraiment pluvieux ; cette annee le cMne a pris los devants. Le pronostic s'est verifi^ !

PHOTOGRAPIIIE.

Cliches sur gelatine et gulta-pcrcha cliloroformees

Par M. Leon C^ssagne.

« Le precede consiste k faire dissoudre dans

Clilorofdrme on benzine 31?'', 09

GuJla-ptMiha imie 1,92

Ou bien, dans

Chloroforme on benzine, niais mieux le premier. 31S'\10 Gutla-perclia ^.9^

Comme on le voit dej&, les dosages ne sont pas de rigueur ab- solue ; il est des cas ou Ton doit les varier. Je n'enlrerai pas dans des details a ce sujet; I'operateur saura loujours y suppleer sui- vantlebesoin.

Lorsque le cliche obtenu sur glace est sec et consequemment termine dans de bonnes conditions de reussite, il suffit de repan- dre dessus (sur le cote du collodion s'entend) une nappe egale de ce liquide que Ton y fait couler uniformement et lentement, afin qu'elle ait le temps de penetrer et de faire corps avec la couche de collodion du cliche. Des que cettc premiere couche est en- tierement s6che, on la renforce d'une seconde formee des sub- stances suivantes :

Gt'laline (Ires-blanclie) du commerce 30 grammes

Eaii fillree (loule celle qiie pent absorber a froid la gelatine pour arriver a son maximum de gonilemeni) "

IchthyocoUe, ou c'oljede poisson 5 »

Aleool 15 »

On fait fondre & chaud la gelatine dans son cau d'une part, la colle de poisson dans I'alcool chaud d'autre part (le lout au bain- marie) ; on melange ensuite peu a peu et avec soin, en re- mnant avec une spatule en bois, cette espece de vernis ; on le fait chauffer avec precaution, afin de ne pas I'alterer par une trop grande chaleur; le cliche, la couche de gutta chloroform ee en dessus, esttenu au-dessus d'un feu clair ou d'une lampe a alcool, jusqu'a environ 10 k 20 degres, et Ton verse immediatement des- sus, apres avoir retire le cliche de la chaleur de la lampe, une couche de gelatine aussi mince que pent le permettre sa densite; ilva sans dire que cette gelatine est chaude et parfaitement liquide

152 COSMOS.

k ce moment. On laisse refroidir un instant et sechermeme, k I'abri de la ponssierc pour enlever ensnite facilement, et h la faveur de la vapeur abondanted'eau en ebullition, la triple couche de col- lodion, de gutta-percba et de gelatine. Cetle operation, tres-facile du reste, se fait au moment ou Ton s'apercoit que la couche est ramollie legerement par la vapeur d'eau, <^t doit commencer lou- jours par Tangle de la glace ou a eu lieu I'ecoulement d'excedant du collodion lors du collodionnage. II n'est memo pas rare de voir la couche s'enlever seule en partie vers Tangle dont je viens de parler. On s'aide d'ailleurs, pour faciliter Tenlevement com- plet, d'une lame mince de corne polie et flexible sur laquelle, et au moyen des doigts, on appuie la triple couche que Ton detache pen k pen avec ou sans Taide au besoin d'un tres-mince filet d'eau qui s'ecoulcrait goutte agoulte durobinet d'une Ibntaineet qu'oB laisserait s'infiltrer pen a peu sous la couche du collodion, entre la glace ct cette derni6re. Des que la couche entiere est enlevee, on lui rend ou donne sa premiere planimetrie en la renfermant entre deux glaces planes, bien dressees et assez epaisses pour agir par leur propre poids. Le collodion dont il faut faire usage doit elre assez consistant et ne pas donner pourtant de stries lors de son extension et dessiccation sur la glace.

On doit attendre aussi, avant de faire usage dela dissolutionde gutta chloroformee oa bien henzinee, si je puis employer ce mot, que la matiere colorante, ainsi que toutes les impureltis, se soieoit enti^rement deposees par un repos de plusieurs jours. Je filtre meme au papier ci filtre gris et tres-mince la dissolution dont je fais usage, en ayant soin toutefois de fermer le dessus demon en- tonnoir rode, afin d'eviter Tevaporation et partant le trop grand 6paississement du liquide. La benzine, d'un prix bien moindre que le chloroforme, donne de bons resultats, mais inferieurs tou- jours ci ceux obtenus par le chloroforme qui constitue une disso- lution presque incolore ettr6s-adherente lors de son evaporation complete, et qui est d'ailleurs plus rapide.

La donsite de la dissolution de gutta-percha, toujours Mgere- ment coloree, s'oppose longtemps a son entiSre clarification. On doit dviter toutes sortes d'impuretes dans ce liquide. En somiHe, les operations de ce genre sont toujours plus faciles et beaucoup moins langues k faire qu'i decrire. »

j.i:> imiiyirijj 'iji.) ;ju;) 'jiib «a»>E n^

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance du 3 aoxit 185T.

MMw. Thibierge et Remilly demandent que leur Traite de l'a~ midon du marron d'lnde soit admis a concourir aux prix relalifs aux aii'ts insalubres,

M. Boucher-Leclercq adresse le second volume d'un ouvrage de geoJQgie, dont la premiere partie a paru en 1847.

M. Roret fait hommage de son Manuel de la iypographie, volume in-octavo, ou Ton Irouvera tout ce qu'il imponede savoir sur cet art si important.

Le R. P. Secchi, membre correspondant, adresse divers Memoires : sur le magnetisme terrestre; sur la lumiere elec- trique et son emploi a I'eclairage des phares, sa comparaison avec la, lumiere solaire au point de vue de la quantile de rayons phos- phorescents ou fluoresccnts que ces deux lumieres contiennent; sur la comete de Brorsen, qui, au moment de sa disparition, serait apparue sous forme de trois petites masses lumineuses dis- tinctes. Nous n'analyserons aujourd'hui que les rechcrches du savant jesuite sm^ le magnetisme terrestre, en enumerant les lois qu'il est parvenn a mettre en evidence :

I. Les variations diurnes de I'aiguille aimantee suivent le temps ou I'heure du lieu de I'observation.

IL Celui des p61es de I'aiguille qui est ci la plus petite distance dusoleil fait une excursion diurne double de la maniere suivante : il atteint un maximum occidental vers le lever du soleil, ou, plus exactement, quatre ou cinq lieures avantque le soleil passe au me- ridien; il marche ensuite versl'orient avec une vitessecroissante, qui a sa plus grande valeur pres du passage du soleil au meri- dien; il arrive au maximum deson excursion vers Test uneheure ou deux apres ce meme passage. Quand le soleil approche de son coucher, le p61e revient sur ses pas, et pendant que le soleil passe au meridien inferieur, I'aiguille, dans la nuit, recommence les memes oscillations, mais entre des limites plus etroites. Les instants limites de ces variations varient avec les stations; ils ar- rivent plus tot en ete, et plus tard enbivcr. Les amplitudes des excursions sont & tres-peu pres proportionnelles aux arcs so- laires diurnes et nocturnes.

IIL L' excursion diurne de I'aiguille est la somme de deux exr

154 COSMOS.

cursions distincles, dont la premiere ddpend seulementde Tangle horaire, la seconde de la declinaison du solcil. Ces deux oscilla- tions, en se superposant diversemcnt, produisent, par leurs in- tetierences, tons les plicnomenes des variations diurnes et an- nuellcs.

IV. Le magnetometre bifilaire est sujet k une variation horaire de periode double supcrposde, diurne et semi-diurne, mais la periode semi-diurne depend, quant i son intensity, de la latitude geographique, et elle est nulle a I'equafeur; les phases de la pe- riode dependent de Tangle que le soleil fait avec le meridien ma- gnctique.

V. La composante verticale a les mSmes pdriodes que la varia- tion du magnetometre bifdaire, mais ses phases se produisent k des hcures complementaires.

VI. Les phases de Tinclinaison sont analogues a celles de la declinaison, mais elles sont avancees de trois heures, ouse pro- duisent k des heures complementaires dans la periode semi- diurne.

VII. Les perturbations suivent le temps local ou Theure du lieu, et tons les elements du magndtisme terrestre sont simultanement affectes par elles.

VIII. La courbe perturbee ou troublee est la courbe diurne or- dinaire, mais qui s'esl entierement deplacee presque parallele- ment ti elle-meme d'une certaine quantite.

IX. Sous Tinfluence des perturbations, la courbe tend de plus en plus a devenir symetrique ou egale a elle-meme dans ses deux lobes.

X. Les perturbations sont au maximum dans les equinoxes et au minimum dans les solstices.

XI. II existe une periode ou variation magnetique decennale correspondante a la variation ou pdriode decennale des taches solaires.

XH. Tons les elements magnetiques sont affectes de la presence de la lune. Relativement k la declinaison de Taiguille, Tinfluence de la lune se manifeste sous la forme d'une periode diurne et semi-diurne; mais la pdriode diurne est assez peu sensible; la periode principale est la semi-diurne. Les maxima coincident avec les passages de la lune au meridien magnetique superieur et inferieur; mais pour les diverses stations, il y a une petite diffe- rence, comme cela arrive pour le soleil. Les variations de Tincli- naison sont complementaires ou k trois heures de distance de

COSMOS. 155

celles de la declinaison; et Ton retrouve en somme, pour la lune, des lois semblables h celles que Ton a raises en evidence pour le soleil. Les courbcs des variations lunaires sont beaucoup plus symetriques que celles des variations solaires, parce qu'elles ne sont pas troublecs par les reactions que fait nallre la chaleur solaire en modifiant I'etat du globe terrestre.

Les deux Memoires du R, P. Secchi que nousvenons d'analyser ont ele imprimes dans le Nuovo-Cimenlo, tome i, page 60, et tome v, page 376.

M. Bergman adresse quelques observations sur les sources therm ales.

M. Dumas, au nom de MM. Henry Sainte-Claire Deville et Al. Caron, presente un Memoire sur le silicium et ses combinai- sons avec les metaux.

<( On sait que le silicium peut cristalliser au sein de I'alumi- nium. II n'etait pas probable que ce metal fut le seul qui eilt la propriete de dissoudre le silicium, et nous avons ete assez heu- reux pour rencpntrer un autre dissolvant, le zinc, qui, par sa vo- lalilite, pouvait etre pour nous une matiere precieuse. Ainsi les corps simples qu'on dissout dans ce metal peuvent en etre ex- traits, soit par la dissolution du zinc dans un acide, quand le corps simple sera inattaquable par ces agents, soit par la volati- lisation du zinc, quand le corps simple sera fixe.

« On voit qu'aussi le nombre des cas ou la production des corps simples par dissolution metallique est possible sera nota- blement augmente.

« La preparation du silicium par le zinc est une operation tres-facile et qui permet d'obtenir, k peu de frais, des quantites considerables de silicium cristallise de la plus belle forme. On fait rougir un creuset de terre et on y verse un melange fait avec sola de 3 parties de fluosilicate de potasse, 1 partie de zinc et 1 partie de sodium coupe en pelits fragments. Une reaction tres-faible ac- compagne la reduction du silicium et seraitinsufflsante ^ produire la fusion complete des matieres raises en presence. II faut done chauffer le creuset au rouge et le maintenir pendant quelque temps k cette temperature, jusqu'4 ce que la matiere soit parfai- tement fondue.

« II ne faut pas pousser la chaleur a ce point que le zinc puisse entrer en vapeur; sans cela on risquerait de perdre I'operalion. On laisse refroidir lenlement et lorsque la solidification est com- plete oujugee telle, on casse le creuset, on trouve un culot de

fSfl COSMOS.

zinc penetre dans toute sa masse, et surtout h la partie supd- rieure, de longues aiguilles de silicium. Ce sont des chapelets d'octaedres reguliers, souvent cuneiformes, enclaves les uns dans les autres, parallelement ci I'axe qui reunit deux angles opposes. Dans la plupart de ces cristaux, nous n'avons trouve que Tangle 129°28' de I'octaedre regulier. Pour les exlraire, il suffira de dis- soudre le zinc en exces qui sert de gangue par I'acide chlorhy- drique.

(( On obticnt ainsi, avec une extreme facilite, de tr6s-beaux et tr6s-volumineux cristaux die silicium et en plus grande quantite que par toute autre methode. II ne parait pas que le zinc, au mo- ment de sa solidification, retienne beaucoupde silicium, cardans nos liqueurs, nous n'avons trouve que des traces de silice ou de silicium graphitoide, et la seule portion de silicium que Ton perd est celle qui peut se degager ci I'etat dfhydrogene silice au moment de la dissolution du zinc.

<( Si Ton chauffe le zinc silice a une temperature bien superieure au point de vaporisation du metal, le silicium reste a I'etat d'une matifere fondue qui ne se depouille du zinc d'une maniere ab- solue qu'autant qu'on I'a chaulTie a une temperature extremement elevee. Mors le silicium lui-meme se fond en une masse qui, par le refroidissement, prend tons les caracteres cristallograpbiques connus deja pour le silicium fondu. Le silicium pur fortement chauffe peut etre fondu; et coule. G'est ainsi qu'ont etc prepares les lingots que nous presentons a I'Academie; Nous etudions ence moment les combinaisons du silicium avec les principaux mdtaux. Ces corps sont tons dignes d'etre etudies & des points de vue va- ries; mais il existe un alliage de cuivre et de silicium dontles pro- prietes sont telles qu'on peut espererde lui trouver des applioa'* tions interessantes.

(t Le cuivre et le silicium s'unissent dans des proportions tr6s- diverses. On obtient un alliage tres-dur, cassant, blanc commele bismuth, et contenant 12 pour 100 de silicium, en fondant en- semble 3 parties de fluosilicate depotasse(l), 1 partie de sodium, et 1 partie de cuivre, a une temperature telle que le bain metal- lique se trouve reconvert d'une scorie fluoree bien liquide. Le cuivre s'empare de la presque totalile du silicium mis a nu dans cette operation et resle' sous forme d'une matiere blanche plus

(1) On pent remplicer le {tuosilicafte dbpola^separ un melange de verre ou desable e( de set maiin. Seulemeot les operations sunt moins fatiles et nioiiis completes.

COSMOS. ^m

tftisible que rargent el qui peut servir & faire d'autres alliages. L'alliage de cuivre ^ 5 pour 100 de silicium environ possede une belle couleur de bronze clair; ses proprietes physiques ont ^te ^udiees avec un grand soin dans Tatelier de precision du Comity d'artillerie, et il en resulte deja que cette sorte de bronze res- semble beaucoup au fer ets'en rapproche par sa durete et sa 1e- uacite, d'ou il suit qu'& cause de sa fusibilite, il pourrait certai- cement recevoir des applications importantes. Les autres alliages plus riches en silicium sont plus durs, mais ils perdent de leur ductilite h mesure que la proportion de silicium aagmente.

« Le silicium et le fer se combinent entre eux et forment une sorte de fonte ou d'acier tres-fusible, dans lesquels le charbon est remplace par le silicium. Les proprietes physiques de ces corps singuliers seront comparees aux proprietes que donne aufer sa combinaison avec le charbon pour former i'acier et k fonte.

(( Le plomb ne semble pas pouvoir s'unir au silicium ; si bien que lorsqu'on evapore une solution de silicium dans le zinc du commerce, on trouve au-dessous des culots de silicium un glo- bule de plomb contenu dans le zinc impur et que la chaleur n'a pu enlever entierement.

<( Les siiiciures sont caracterises surtout par ce fait que le si- licium y est distribue d'une maniere uniforme; il en resulte que ces alliages sont toujours tres-homogenes et ne sont pas suscep- tibles de se separer par liquation.

« G'est, avec la tenacite, la durete et la ductilite, unequalitetres- precieusedenotresiliciuredecuivre. Aussinous presentons a F'Aca- jdemie deux petites pieces de canon en siliciure de cuivre; ces pieces ont ete travaillees a I'atelier de precision duComite d'artillerie, et leur matiere a ete soumise a toutesles epreuvesnecessaires pour constater la maniere dont elle se comporte sous Taction des diffe- rents outils. Elles seront un exemple de plus des applications que pourraient recevoir les corps simples reduits par les metanx al- calins, et dont le prix depend uniquement des progres que fait ■chaque jour la fabrication du sodium.

« Nous etendrons nos ^^udes aux autres matieres qui, de meme que le silicium, peuvent etre traitees par les dissolvarrts mdtalliques. »

Parmi les objets prdsentes par M. Dumas, tout le monde a afl- iDire, en effet, un petit canon d'un eclat tres-brillant, et dont 'les formes tant6t arrondies, tantOt terminees 'par des aretes •tpfe-

158 COSMOS.

vives , prouvaient que le nouvel alliage est aussi ductile qu'il est

resistant.

M. Pouillet annoncc que I'appareil a I'aide duquel une com- mission nommee par I'Academie devait repeter Ics belles expe- riences de M. Fizeau, sur la vitesse de la lumiere, sera terming dans quelques jours; il prie M. le president dinviter M. de Senar- mont a remplacer M. Arago dans la commission. L'appareil dont ii est ici question et dont les principaux organes sont les roues dentees qui doivent tour k tour intercepter et laisser passer le rayon lumineux, a ete construit par M. Fromentaux frais del'Aca- demie.

M. Lesliboudois lit une suite k son M^moire sur la vrille des cucurbitacees.

M. Le Verrier annonce la decouverte d'une nouvelle comSte, faite par M. Dien, au sein de la constellation de Persee, dans la nuit du lundi 27 juillet, et appelle I'attention de rAcadomie sur un fait du plus grand interet, qui ouvre a la science des voies entiere- ment nouvelles. II y a longtemps deja que le zele directeur de rObservatoire imperial a concu le projet d'obtenir des divers gouvernements de I'Europe qu'ils metlent gratuilement au service de la science, de la meteorologie surtout et de I'aslronomie, les lignes de telegraphic electrique qui unissent aujourd'hui tousles fitats de I'Europe. Grace a la toute-puissante volontd et a I'inter- vention directe de Sa Majeste I'Empereur, le reseau de meteorolo- gie electrique est completement etabli en France ; il s'etend depuis quelques semaines jusqu'a Madrid et h Rome, qui adressent chaque matin k Paris les elements essentiels du temps, lapression barometrique, la temperature , la direction du vent, I'etat du ciel, etc. Un grand nombre d'autres ^lats, les grands-duches de Florence, de Parme, de Modene, le Piemont, la Belgique, I'Au- triche, la Russie, ont admis en principe la correspondance gra- tuite par la telegraphie electrique dans I'interet de la science, et elle sera bient6t en plein exercice. Le consentementde laPrusse ne sefera pas longtemps attendre, et I'Angleterre serait deji de- puis longtemps dans cette noble confederation si elle n'avait pas 6le dans la necessite de s'entendre avant tout ayec des Compagnies privees et independantes.

Des qu'il fut certain que I'astre ddcouvert par M. Dien ^tait une comete, M. Le Verrier, desireux d'entrer le plus vite possible en possession des observations necessaires au calcul des eid- ments de I'orbite, et mettant h proQt le droit de correspondance

COSMOS. 159

qu'il a si noblement conquis , sigiiala la position de I'astrc aux observatoires de Rome, de Florence, de Berlin, d'Altona, en invi- tant MM. Secchi, Donati, Bruhns et Petersen, k I'observer ou 'd le faire observer aussit6t, en meme temps qu'on I'observait k Paris. Ses voeux ont ete exauces, et le jour meme ou 11 les avait manifestes , 11 recevait de Rome et de Florence I'observation de- mandee. M. Bruhns reponditlelendemain; I'Observatoire d'Allona seul n'a pas encore donne signe de vie, Dans la nuit de samedi h dimanche, le temps etait tres-beau a Paris , le del en apparence tr6s-pur, mais I'atmosphere etait en realile si peu transparente, que la coraete etait devenue invisible; contrarie de cet accident qui lui faisait perdre une des trois observations tres-rapprochees sur lesquelles il avait compte pour achever le calcul de I'orbite, M. Le Verrier lit un nouvel appel telegraphique au R. P. Secchi et h M. Donali; le ciel de Rome etait vaporcux comme le ciel de Paris, et le R. P. Secchi ne put que transmettre une seconde fois son observation de la veille; le ciel de Florence au contraire etait dime transparence parfaite, et M. Donati expedia immediatement une seconde observation. Rien ne manque done plus, comme ele- ment indispensable du calcul , et a I'heure qu'il est I'orbite est completement connue au moins dans sa premiere approximation. La nouvelle comeleest excessivement faible, maiselles'approche du soleil et peut-elre pourra-t-elle prendre un peu d'eclat.

A cette occasion, M. Le Verrier exprime le deplaisir que lui ont cause certaines attaques ou certains reproches dont la direc- tion et les travaux de I'Observatoire ont ete I'objet de la part de quelques journaux. II accepte volontiers, dit-il, la critique scienti- fique, mais i la condition qu'elle sera avant tout vraie et ^clai- ree ; qu'elle discutera serieusement et consciencieusement au lieu de se borner h des assertions lancees au hasard et fausses comme celles dont il se plaint. On i'a accuse non-seulemunt de n'avoir pas rempli la promesse qu'il avait faite de faire faire a I'Observa- toire imperial une observation de plus que par le passe, mais dans les tableaux publics, chaque jour par la Patrie, le Monileur, les Debats, d'avoir donne une observation de moins; il prouvequ'en r^alite, le nombre des observations actuelles est plus grand de deux observations. On lui a demande ii quoipouvaient servir des observations barometriques ou de pression atmospherique, failes dans des lieux d'allitudes tres-differentes et qui ne sont pas donnees ; il repond preremptoirement que toules les hauteurs ba- rometriques sont reduites k la temperature zero et au niveau des

Wb COSMOS.

mers. iBtravail qii'il s'impose de tout reduirc au niveau des mere lui a meme valu une critique assez acerbe de la part d'un meteo- rologiste de Madrid, qui dans les observations reduites ne voit plus que des observations mutilees, dont on no pourra tirer aucun parti.

Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que le Cosmos est completement innocent des griefs contre Icsquels M. Le Verrier a cru devoir protester; il n'a jamais fait et il ne fera jamais d'oppo- sition systematique aux hommes charges de promouvoirles intd- rets de la science, il les aide et les aidera au contrairede toutesa puissance; il est tout pret meme ix se faire leur organe officiel dans les li mites de sa publicite.

M. Le Verrier enfin, k I'occasion du prochain retour perio- aique des etoiles filantes du 10 aoat, communique les resultats des observations simultanees qui ont ete faites I'annee derniSre, et dit ce qu'il se propose defairecctte annec, en invitant les hom- mes competents a I'aider de leurs conseils et de leurs lumieres.

L'annee dernifere done, deux des astronomes de robservdtoire imperial, exerces aux observations meridrennes, habitues par con- sequent h estimer des fractions de seconde , avaient ete charges d'observer simultandment, I'un h Paris, I'autre a Orieans, les ■^toiles filantes qui apparaitraient dans lanuit du 9 au 10 aottt. Le nombre des meteores notds par les deux observateurs, a ^le d'en- •viron soixante; maisM.Liais, charge de discuter les observations, ne croit pouvoir affirmer I'idenUte et la simultaneite que pour six fl'entre eux. En partant de la distance connue d'Orleans et de Taris, etpar la methode ordinaire des parallaxes , il a determine les distances approchees ^ la terre des meteores au moment de 'leur apparition et de leur disparifion : les nombres qui exprimertt ces distances en kilometres, sontpour le premier 35 et 11; pour le second, 36 et 25 ; pour le troisieme 31 et21 ; pour le quatri6me, 37 et 5; pour le cinquieme, 83 et 13; pour le sixieme enfm, 110 let 66. Des temps employes h parcourir les arcs on a conclu les ^itesses de ces meteores , et elles auraient ete respectivement de '20, 21, 24, 25,8?i,T13 kilomSlres par secondes. M. Le Verrier n'ose pas affirmer I'identite absolue des meteores simultanemerit observes a'Paris et a Orleans, il croit qu'elle a besoin d'etre ve- rifiee par de nouvelles observations; il est meme inquiet d'un des resultats de la discussion faite par M. Liais , resultat qui tendrait a faire admettre que la vitesse du metdore est d'autant plus grande que la hauteur dans TatmosphSre est plus grande; il craint que

COSMOS. 161

les ILcux. d'observations n'aient dte trop distants I'un de I'aulre, et propose enfin de prendre cetfe annee pour lieux d'observations, ^moinsd'avis conlraire, Paris, Rambouillet et Melun.

Parfaitement au couranl des documents relatifs aux observa- tions sinmltaneesd'etoilesfllantes, faites autrefois par MM. Brios- cbi, Nobile, Dumoucbel, de Vico, del Re, a Rome, a Naples, k Palerme, nous ne partageons pas les doutes et les scrupules de M. Le Verrier, relatifs k la trop grande distance des lieux d'obser- vation et & I'identite des meteores.

II est absolument certain, non-seulement que le R. P. de Vico et,M. Nobile, places I'un a Rome, I'autre a Naples, dans les nuits des 23, 2^1, 25 et 31 aout 1839, ont vu et observe trente etunefois mi meme meteore, mais que ces observations simultanees les ont conduits a une determination de la difference de longitude entre les deux observatoires, comparable, pour I'exactitude, a celle que Ton pent deduire des methodes astronomiques les plus perfec- tionnees, etqu'on peutregarder comme definitive, 7',5",73. La dis- tiance de Rome a Naples est cepeudant de Zj3 lieues, celle de Naples k Palerme, de 70 lieues, tandis que la distance de Paris a Orleans n'est que de 28 lieues. Si nous osions exprimer un avis, c'est qu'au contraire une base un peu grande offre quelques avantages;: la distance de Melun a Paris, 12 lieues, et celle de Rambouillet a Paris, 11 lieues, nous paraissent un peu petites, et nous craignons que I'intervention d'un troisieme observateur ne complique par trop le probleme. Si deux observateurs n'ont vu que six meteores communs, trois observateurs ne se rencontreront peut-etre pas Sur une seule eloile fllante. Si M, Le Verrier daigne etudier comme nous la lettre ecrite par M. Nobile a M. Arago, et qui est iinprimee dans les Comptes rendus de I'Academie, tome xii, page ^26, ainsi que deux passages assez courts des Memoires de Tobservatoire du College romain pour 1838 et 1839, il verra que Ik question de I'observation simultanee des etoiles filantes, etson application a la determination des longitudes est beaucoup plus avancee qu'il ne le croit peut-etre.

L'Institut des sciences et arts de Batavia adresse plusieurs YolUmes de ses Memoires.

M. Lecoq, de Clermont-Ferrand; fait' hommage d'un nou- ?eau volume de ses etudes du plateau central de la France.

M. Cloquet presente et analyse en peu de mots les recher- ches slatistiques et scientiflques de M. le docteur Devilliers, me- decin en cbef du chemin de fer de Lyon, sur les maladies des

di^ COSMOS.

diversesproifesslbhis dii chemin de fer de Lyon, et son Essai de topographic el de geologie mkUcales des chemins de fer. Nous consacrerons quelques pages de noire prochaine livraison t une analyse fidelc de cet interessant volume.

M, Raycr communique quelques observations de M. Adisson et autres medccins, sur les rapports de la maladie connue sous le nom de peau bronzee, avec les lesions des capsules surrenales.

M. Geoflroy Saint-Hilaire appelle I'atlention sur une tete de boeuf niusque donnee au Museum d'histoire naturelle par M. De- bray. Nous avons d^jk raconle dans le Cosmos comment cet ani- mal a ete retrouve dans un des vaisseaux de I'expedilion au p61e nord, longtemps perdu dans les glaces.

M. Heurteloup, I'inventeur inconteste de la lithotripsie, sceur cadelte et plus heureuse de la lilbotrilie, lit un Memoire sur un uouveau mode d'administralion du chloroforme et des aneslh^- siques par projection.

II rappelle comment, jusqu'ici, on a administre le chloroforme et I'ether. Cc fut d'abord par occlusion ; on faisait entrer I'agent par la bouche, circonscrite par un appareil, en meme temps qu'on fermait le passage nasal; raais des accidents nombreux firent bienl6t reconnaltrc que la bouche n'elait pas I'ouverlure natu- relle appelee h servir de passage aux vapeurs stupefiantes. On proceda ensuite par rapprochement. Dans I'air ambiant, autour de la bouche et des ouvertures nasales, on mela des emanations actives ; des substances poreuses disposees en cornets, pouvant dans leur infundibulum s'impregner de chloroforme ; une eponge, une compresse, un mouchoir, places devant la bouche et le nez du patient, suffisaient h determiner le sommeil apres un temps plus ou moins long; c'etait un progres, mais un progres entourd encore d'inconvenients tr6s-nombreux et tres-graves, qui se ma- nifestaient tant6t par des anesthesies subiles et inquietantes, tanlAt par des lenteurs desolantes ; c'etait quelquefois une sidd- ralion spontanee, une sorte de foudroiement ; une autre fois, au contraire, c'etait un coUapsus mortel qui succedait S une resis- tance prolongee; et tout cela parce qu'on agissait en quelque sorte au hasard, en abandonnant k eux-memes et I'agent slupd- fiant et le patient inexpdriment^. A I'aneslhesie par occlusion ou par rapprochement, M. Heurteloup propose de substituer enfln I'anesthesie par projection a I'aide d'un appareil place ci distance et sans aucun contact avec le patient,

Cet appareil consiste en un gros tube de verre, ferme ix ses deux

COSMOS. IW

extremites par deux bouchons de liege ; les deux bouchons sont pcrces a leur centre d'un trou. L'un des bouchons csl fixe dans le gros tube ety rcsle; un petit lube en metal, termine par un petit trou, est ajuste sur I'ouverture centrale de ce bouchon fixe. L'autre bouchon s'Ote & volonte; pour cela, il fait saiilie comme le bouchon d'une bouteillc ; il porte cgalement un tube de metal qui le traverse; sur le bout de ce petit tube de metal, qui fait saiilie, on chausse un tube flexible de caoutchouc, de 50 centi- metres de longueur, environ, et, lorsqu'il s'agit d'operer, on ajuste la seconde extremite ou I'exlremite fibre du tube dc caoutchouc sur la tuyere d'un petit soufflet,

Dans Icgros tube dc verrc qui porte les bouchons, on introduit quelques morccaux de gaze a cataplasnie, a mailles tres-espa- cees, pour recevoir le chloroforme.

Simaintenant, enlevant le bouchon qui correspond au soufflet, on jetle une quanlite delerininee de cbloroforme sur la gaze, et qu'on referme le magasin avcc ce meme bouchon, on est pret h operer. Au moindre mouvemcnt du soufllet, il s'elablit un courant d'air charge de chloroforme; aussilot que le mouvement cesse, le courant s'arrete ; ceci est le premier moyen de regularisation. Comme tous les jets d'air, le jet qui sort du petit siphon est co- nique ; tres-mince pres du bee du tube, il devient large a quelques centimetres; Ih ou le jet est mince, le chloroforme volatilise est plus concentre; 1& ou le jet est large, le chloroforme est plus dis- semine; c'est une affaire de rapprochement ou d'eloignement, et c'est en meme temps un second moyen de regularisation. Le jet a une puissance de projection qui ne permct pas ix la vapeur du chloroforme de monter en verlu de sa pesantcur spdcifique; cette ■vapeur est emprisonnee dans I'airen mouvement qui part du souf- flet ; elle est aspiree k cet etat de melange ; et elle est necessaire- ment aspiree, car elle enveloppe I'ouverture naturelle respira- toire ; on est done silr que les vapeurs de chloroforme ne peuvent pas etre emporlees ou devices par un courant d'air leger et ina- percu, qu'elles sont forccment aspirees plus ou moins melangees d'air, et c'est untroisieme moyen de regularisation. Le jet ne s'e- lablit que par le mouvement du soufflet ; si ce mouvement cesse, le jet cesse; il a done une action tout a fait dependante du jeu du soufflet; et bien qu'on n'ctabUsse le jet qu'au moment oil I'aspira- tion commence, on ne depensera pas du chloroforme inutilement pendant lexpiration, et surtout au profit des assistants qui out besoin d'avoir la tete libre. Qu'on n'etablisse le jet qu'S toutes le

564 COSMOS.

deux aspirations, on sera sur que le malade respirera de I'air pur, une inspiration sur deux; c'est encore un nioyen de regula- risation. II faut bien faire attention qu'il est seiilement question de r^gularisation et non pas de dosage, car, dans la realite, le dosage est une cliim^re, et la r6gle seule fcra loi dans I'avenir; la regie sort naturellement de I'usage repete ou de I'experience.

« Ainsi done, dit en terminant M. Ileurteloup, voila pour admi- nistrer les anestliesiques un moyen Ires-simple, peu cher, d'un usage facile, doue au moins de quatre procedes de regularisation. Je le presente particuliereraent et respectueuscnieiit a I'Academie ; mais j'en fais hommage avec reconnaissance a son illustre secre- taire perpetuel, M. Flourens, qui decouvrit ct proclama les pro- prietes bienfaisantes du cblorofornic. Puisset-il trouver dans mon travail, qui n'cst qu'un humble accessoire de sa grande decou- verte, un sujet digue de son attention ! »

A la fin de la seance, M. Heurteloup a demontre de nouveau et fait I'onctionner son excellent appareil, dont on se fera une idee Ires-nette en se rcpresentant une s6ringue antique ou classique ; 'le corps est en verre, termine par deux bouchons; dans les bou- chons s'implantent deux petits tubes metalliques, I'un superieur conlque, par iequel sortent projetees les vapeurs de chloroforme ; I'autre inferieur cylindrique, chausse par le tube en caoutchouc, Iequel, h son autre extremite, chausse la tuyere du petit souFflet qui remplace le piston de la classique seringue. L'interieur vide enfln de la seringue renferme la gaze imbibee de chloroforme, et contient, au lieu du liquide ordinaire, les vapeurs anesthe- siques.

Plusieurs medecins, M. le baron Larrey, medecin principal en chef du Val-de-Grflce, MM. de Castelnau, Jouvin, Roux, redac- teurs du Moniteur des hopitaux, M. Sellier, qui manie avec tant d'habilete et de bonheur le chlorure d'iodure mercureux de M. Boutigny, d'fivreux, assistaient a cette petite demonstration, et exprimaient, sans reserves, leur satisfaction entiere. C'est bien peu de chose en apparence, et c'est en realite une revolution dans le mode d'administration des agents anesthesiqucs (jui joucnt un si grand role dans la chirurgie moderne. Ainsi injectees, sans le concours du raalade, sans aucune violence exercee sur lui, -et mt'me sans aucun contact avec lui, les vapeurs stupefiantes ire seront ni perdues ni repoussees, et produiront infailliblement leur efTet. M. Heurteloup a fait pour I'anesth^sie ce qu'il avait fait pour la lilhotritie, il I'a portee k sa perfection derniere.

VARIETES.

Sur le nitroforme

Par M, Leon Chichkoff.

L'habile chimiste a demontr^, dans un premier Memoire, que I'acide fulminique est un amyde derive des acides carbonique et nilro-acetique :

En meme lemps, il signalait 1' existence de I'ac^to-nitryle trini- tre : C (Az 0')» Az.

Sa seconds Note a pour objet T^tude du dernier de ces deux corps.

On saiti qu'en traitant ce corps par I'eau ou i'alcool, on engendre un- compose dont la formule est :

C*(AzO*/H,AzHS

Or, ce corps n'est autre chose qu'une combinaison d'ammo- niaque avec le trinitro-metylure d'bydrogene.

11 essaye, aujourd'hui, de demoutrer ce fait par I'analyse et la syntb6se.

« En effet, le corps precedent, traite par la chaux a la tempera- ture ordinaire, degage de I'ammoniaque, et, lorsqu'on le traite par un acide, ce dernier, en retenant de I'ammoniaque en com- binaison, met en liberteletrinitro-melylure d'bydrogene, G^(AzO'*)% que je nouimerai nitroforme.

Le nitroforme, mis en presence de I'ammoniaque, re'genere le compose precedent; oelui-ci n'est done autre chose qu'un selam- moniacal, dans lequel le nitroforme joue le r61e d'un acide.

L'elude du nitroforme a pariaitement ctnflrme cette maniere de voir ;. le, nitroforme est un corps solide, aux temperatures infer riem-es, jusquevers 15 degres au-dessus de 0, etincolore; il cris- tallise en beaux cubes ou peut-etre en rhomboedres d'un angle tr6s-obtus; I'eau le dissout en assez forte proportion et se colore en jaune fonce.

Cette liquem- presente une reaction tres-acide, et forme avec les bases des sels bien definis, mais spontanement decompo- sables. Tons les sels sontjaunes, cristallisables, explosibles par la chaleur.

166 COSMOS.

Le nitroforme ne pcut pas 6tre distille sans decomposition, car k 100 degres il se decompose dejS en degageant beaucoup degaz, et ceux-ci enlrainent une quantity assez grande de substance non decomposee. A la temperature ordinaire, le nitroforme se conserve assez bien.

Le niti'oforme est un corps appartenant au type du gaz des ma- rais, par le meme mode de subslilution que le cbloroforme le bromoforme et I'iodoforme.

Void done un exemple frappant de I'identitd du groupe AzO* avec le chlore, le br6me, I'iode et I'hydrogene. En effet, on a :

C* H Cl' chloroforme C* H Br^ bromofoime C* H J' jodoforme C*H(Az04/ nitroRrme

Par ses propriet^s acides, le nitroforme se range plut6t k c6t6 del'acide formique anhydre, C^AzC; cependant ce corps, d'aprfis les analogies avec les autres acides anhydres, devrait avoir une formule double pour correspondre i quatre volumes de vapeur.

Le nitroforme est extrcmement combustible et inflammable; chauffe brusquement, il se decompose avec une forte detonation. Cela tient ft la quantite vraiment extraordinaire d'oxygene que ce corps renferme. De tous les corps connus, c'est le premier qui contient si pcu de carbone h c6t^ de tant d'oxygeiie. L'existence du groupe trinitro-metylique prouve que, par I'associalion d I'a- zote, I'oxygene du groupe AzC a perdu beaucoup de son pouvoir oxydant ; cette circonstance permet au groupe AzO' de jouer le rOle d'un veritable element, meme dans les corps d'une composi- tion aussi simple que celle de I'aceto-nitryle et du metylure d'hy- drog6nc nitres.

Quant A la preparation du nitroforme, elle se reduit done h de- composer racelo-nitryl§ trinitre au moyen de I'eau ou de I'al- cool, puis ti traiter par I'acide sulfurique concentre le composed C (AzO')' H.AzH', engendre dans la decomposition prec^dente.

Le nitroforme vient surnager I'acide sulfurique, ct pent elre se- pare par la decantationet par la cristaliisation reiteree.

Une autre metbode pour preparer le nitroforme consiste i trai- ter I'aceto-nitryle triniire par une dissolution concentreedepotasse causlique ; on traite ensuite par I'acide sulfurique concentre le sel Jaune cristallise ainsi obtcnu.

Pour completer I'histoire du nitroforme, il me resterait ci don- ner quclqucs details sur ses propridles cbimiques et sur son

COSMOS. 167

mode de prdparation. C'est ce que je me propose de faire pro- chainement. »

Eruption actuellc du \esu\e.

Le V^suve a ete depuis quelques mois le sujet des observations suivantes, faites par M. le professeur Palmieri, directeur de Tob- servatoire royal meteorologique du Vesuve :

« Pour continuer mon dernier rapport du 20 mai, je vous dirai qu'apresdeux jours les courants de laves sontarrlvesjusqu'au pied du c6ne, et depuis ce temps ils n'ont pas cesse d'etre vomis en plus ou moins grande quanlite par le cratere de la montagne. Toutefois, et conformement aux conjectures que j'ai emises dans mon rapport precedent, ces torrents de lave, en arrivant sur les scories de 1856, s'y sont ineles et se sont arrfites de maniere a ne pas menacer les terrains cullives environnanls. La bouche qui s'etait formee le 19 decembre 1855, par raffaissement du sol, a continue depuis cette epoque h emettre, k diffc-rents intervalles, des colonnes de fumee, et, au milieu de delonations plus ou moins fortes, des cendres, des pierres et la quanlile ordinaire de lave. Cette bouche a piis maintenant la forme d'un cone elegant d'environ UQ motres de hantour, du sommct duquel jaillissent constamnient des torrents de fumee lances a de courts intervalles de moins d'une seconde, comme la vapeur que Ton voit chassee d'une cheminee de locomotive. De temps en lemps, de grandes explosions se font entendre, mais il est rare que des matieres in- flammables soient projetees en I'air. Ces explosions sont quel- quefois si fortes qu'on les entend de I'observatoire; et lorsqu'on est place sur le sommet du c6ne, on remarque que les rochers de la Somma en renvolent I'echo tres-distinctement. Hull minutes environ s'ecoulent entre le bruit de la detonation et celui de I'ecbo, ce qui donnc, pour la distance enlre los rochers et le cone, h peu pres 1 500 metres. Chose remarquablc, le sol ne donne ici aucun signe de mouvcment ou d'oscillalion. La lave de cette eruption presente quelques qualites qui lui sont particulieres; une circonstance digne de remnrque, c'est qu'en entrant dans le cone, on apercoit tees peu de fumee, on ne constate I'exislence d'aucunes fumaroles, el on ne voit que fort \)o\x dc sublimations. J'ai essaye de mesurer la temperature de la lave, lant par la fu-, sion de dilTerenls metaux qu'avec le pyromt-lrc de Wedgwood :

I68i COSMOS.

elle a accuse 15 degres aa pyroraStre, ce ^i correspondrait A 1 580 degres cenligrades ; je I'ai vu aussi fondre parfaitement to cuivre, ce qui indique 1 000 degres cenligrades ; mais je n'ai pu obtenir la fusion de la limaiile defer francais qui fond, d'apr6s ce qu'on dit, k 1 500 degres; j'ai dd en conclure que le pyrom6tre n'est pas assez exact et que la temperature de la lave se trouve entre les points de fusion du cuivre et du fer, c'est-a-dire a envi- ron 1 200 degres centigrades. J'ai reussi k m'approcher du plua petit cone forme par la lave qui couvrit le cratere nord en 1850; et en introduisant dans la fumee qui sort de sa bouche avec sif- flement un conducteur isole, place au bout d'un long baton et communiquantau moyen de flls de cuivre avec un electroscope de Bohnonberger, j'ai obtenu de I'electricite positive. Cette electri- cite etait-elle inherente k la vapeur, ou etait-elle due au frottement qu'elle exerce en s'eievant? Enfin je n'ai pas oublid de diriger mon attention, depuis le commencement de mars jusqu'aujour- d'hui, sur les insectcs qu'a cette temperature on rencontre ea- tasses, morts, et en quantite vraiment prodigieuse dans les bou- cbes les plus chaudes du volcan. Ce phenomene, sur lequel j'ai appele depuis longtemps I'attention des naturalistes, me parait,. apres bcaucoup d'etudes, encore obscur et merveilleux. II parait evident que ce n'est pas la chaleur de la bouclie beante qui in- vite ces insectes a y chercher un abri fatal, car ils n'ontrent ja- mais dans dautres ouvertures de meme temperature. Par exem- ple, ils ne sont jamais entres dans les petits crateres qui se sont formes dans la lave de 1855, qui presenta alors etpresente encore aujourd'hui toutes les gradations possibles de temperature. Oa remarque surtout, parmi ces insectes, des staphylins, des coccir- nees, des cousins, etc. L'annee passee, le phenomene de I'entas- sement des insectes se produisit vers la fin de mai ; cette annde, il s'est fait attendre jusqu'au milieu du mois dejuin. II faudra quelques annees encore d'observation,i avant d'essayer d'en don- ner 1' explication. »

Imprimerie de W. Kemquet et Cie, A. TRABTBIiAT ,

rue Garanciere, 5. proprietaire-gerant.

T. XI, 14 aout 1857. SIxifme ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LiV SEMAINE.

On lit dans le Scientific American du H juillet : « II y a qnolque temps une ofTre de 500 dollars (2 500 francs) avail ete faite, par I'intermediaire dii Boston Courier, k toute personne qui, en pre- sence et a la satisfaction d'un certain nombre de professeurs de rUniversite do Cambridge, Harvard, reproduirait quelques-uns de ces plienomSnes mysterieiix, que les spiritualistes disent com- munement avoir ete produits par I'intermediaire des agents ap- peles mediums. »

Le defi fut accepte parte docteur Gardner et par plusieurs per- sonnes quisevantaient d'etre en communication avecles esprits. Les concurrents" se reunirent dans les bfUiments d' Albion a Bos- ton, la derniere semaine de juin, tous prets h faire la preuve de leur puissance surnaturelle. Parmi eux, on remarquait les jeunes fdles Fox, dcvenues si celebres par leur superiorite en ce genre. La Cnmiiiission, chargee d'examiner les pretentions des aspirants au prix, se composait des professeurs Pierce, Agassiz, Gould et Horsford, de Cambridge, tous quatre savants tres-distingues. Les essais spiritualistes durerent plusieurs jours ; jamais les mediums n'avaienl trouve une plus belle occasion de mettre en evidence leur talent ou lour inspiration ; mais, oommo les pretres de Baal aux jours d'filie, ils invoquerent en vain lours divinites, ainsi que le prouve le passage suivanl du rapport de la Commission :

« La Commission declare que le docteur Gardner n'ayant pas r^ussi a lui presenter un agentou medium qui revelftt le mot con- fie aux esprits dans une cbambro voisine ; qni hit le mot anglais ecrit n I'inlerieur d'un livro, ou sur une feuille de papier pliee; qui repondit tt une question que les intelligences superieures peuvent seules savoir; qui fit resonner un piano sans le toucher, ou avancer une table d'un pied sans I'impulsion des mains ; s'e- tant montre impuissanta ren Ire la Commission temoin d'un phe- nomene que Ton pilt, meme en usant d'une interpretation large et bienveillante, rogarder comme I'equivalcnt des epreuves pro- posees ; d'un pbenomene exigeant pour sa production I'interven- tion d'un esprit, supposant ou impliquant du moins cclle inter-

170 COSMOS.

vention; un phenomcne inconnu jusqu'ici k la science, ou dontlar cause nc fiit pas immediatement assignable par la Commission, palpable pour elle, n'a aucun litre pour exiger du Courier de Boston la remise de la somme proposee de 2 500 francs. «

On lit dans le meme journal : « Une des feuilies que nous recevons en echange de la noire, raconte que M. le professeur Liebig arreta loutes Ics tables tournanles de Munich par un ex- pedient d'une simplicitemerveilleuse. II parait qu'au debut del'e- pidemie les tables tournaient en Davierc avec une facilite eton- nante ; les populations intelligentes de cette contree en etaient tout emcrveillees, etcroyaient serieusement, sincSrement, soil que des forces spirituelles etaient en action au sein de I'acajou, soil que quclquc nouvelle force physique avail surgi foul k coup. On voulut naturellement connailre I'opinion du savant le plus illustre de la capitale du royaume. II repondil laconiquement : Placez sous la table les mains que vous avez placees dessus, et venez me dire ce qui sera arrive. On obeit; mais, k partir de ce moment, aucune table, quelque legfire qu'elle fat, alors meme que, montee sur des roulettes el porlee par un parquet uni, elle lournat sous la plus legere impulsion du doigt, ne se deplaca sous I'imposition des mains, de Fepaisseur meme d'un cheveu. Le bon peuple de Munich, confus alors de la facilite avec laquelle il s'etaih laisso tromper, remerciail M. Liebig avec ellusion de lui avoir ouvert les yeux ; et, depuis, il n'aurail plus ete question des tables tour- nanles, 1)

Le Mecanic's Magazine du 8 aoilt nous apporte des details vraiment iiilcressants sur les premiers Iravaux relalifs a la pose du cdble sous-marin Iransallantique. Le 30 juillet, la lloltille en- tiere, composee du Niagara, de la Susquehanna, de V Agamem- non, du Cyclope et du Leopard, se Irouvait reunie dans le port de Queenslown (Irlande), a 17 lieues de Dublin. L'Agamemnon etait arrive seulement le matin, parce qu'en partant de Greenwich, il avait recu pour mission de s'assurer, par des essais pratiques, fails sous la direction de M. Bright, du bon etat el du bon fonc- lionnement des machines ou mecanismes qui doivenl servir a la pose du cable. Metlanl en action la petite machine ix vapeur du bord, on a fait agir les rouels el les IreuilsirairtedesquelslecAble se devide, ou sort du navire pour descendre dans la mer ; el on I'a fail immerger en fixanl a son extremile un lourd boulet, en meme temps que le navire filail 2, 3, U noeuds, et jusqu'i 6 noeuds 1/2 par heure. Tous les mouvemenls etaient si regujiers que c'est a

COSMOS. 171

peine si un petit bruit se faisait entendre k bord. Apres avoir fait agir assez longtemps les machines, dans le sens necessaire au dd- roulement du cable, on Ics a fait agir en sens contraire pour le relirer de la mer, et I'enrouler de nouveau ; cette inouvelle ope- ration a aussi bien reussi que la premiere, et I'lnspeclion du cable retire de I'eau a prouve qu'il avaitatteint le fond et s'etait etendu sur le sable.

Pendant ce meme temps, M. Charles Bright faisait, avec le plus grand succes, I'essai d'un loch electrique, ou appareil invente par lui pour mesurer, avecune exactitude tr6s-grande, au moyen de I'electricite, la vitesse des navires.

Le loch, suspendu a I'arriere du navire par une corde, descend dans I'eau emportant dans son sein un double fll conducteur re- couvert de gutta-percha , en communication avec une pile et un dlectro-aimant faisant partie d'un second appareil installe sur le pont ct appele indicateur. Le loch est muni d'une roue, dont le nombre do tours est proportionnel a la vilesse du navire; chaque tour de roue determine la rupture du circuit electrique, et cette rupture ^ son tour fait avancer d'un pas une aiguille raise en mouvcmentpar I'electro-aimant ; cette aiguille enregistre done le nombre do tours, et en meme temps la distance parcourue par le naviro et la vitesse avec laquelle cette distance a ete par- courue.

Le jeudi 30 juillet, au matin, VAgamemnon viiit mouiller a 500 metres environ du Niagara; avant midi, il fit parvenir a bord du Niagara un des bouts de son cable, en meme temps que le Nia- gara lui expediait nn des bouts du sien ; et Ton joignit Ics bouts des deuv cftbles sur le Niagara, de maniere a former un circuit unique, long de 2 500 milles {U 000 kilometres ou 1 000 lieucs), dont les cxtremiles libres se trouvaient ci bord de VAgamemnon. On mit I'une de ces extremiles en communication avec I'appareil generateur du courant electrique, I'autre extremite en communi- cation avec un galvanometre tres-sensible ; on ferma le circuit; le galvanometre devia tout aussit6t; la conductibilite et I'isolcment du cable ne laissaient done rien h desirer. Mesuree au magneto- eleclrometre de M. Whilehouse, Taction electrique, exercee a la seconde extremite du Ciible, etait representee par I'attraclion ou le souievement d'un poids do 25 grains, 1§'',625 ; comme il suffit d'une altraction de 0=',2 pour produire un signal intelligible sur i'a[)p!ircil r^cepteur, il fut demontre par ]h que, meme apres avoir parcouru cette immense longueur, le courant aura beaucoup plus

196 COSMOS.

d'intensile qu'il n'est necessaire pour unecorrespondance t^l^- grapbique. Le leiidemaiii, on mit los deux cables en coniminiica- tion avec la torre par une de leurs exlremites, les deux autrcsex- Iremil^s etant unies, I'une h un manipulateur, I'autie i\un recep- ■teur, et Ton lit passer des signaux, comme sur une bgne lelegra- pbique ordinaire; on remarqua aussilOt qu'il fallait un certain temps, un temps meme rclalivement assez long, une seconde trois-quarts, pour que le courant arrivftt d'une extremite al'autre. Mais on s'assura bientot que Ton pourrait neanmoins envoyer itrois signaux parfaitementintelligibles en 2 secondes, ce qui suffit certainement dans la prati(|ue, ou pour les besoins d'une corres- pondancc jonrnaliere et reguliere. M. Whitebouse, en elTet, a trouve dans ces experiences la confirmation de ce fait capital, deja observe par lui sur des lignes plus courtes, que plusieurs ondes cleclriques peuvent coexister dans un circuit tres-long, nou interrompuetconipletement isole, que cbacune de ces ondes pent arriver c'l son tour a destination, de maniere a produire tres- distinctementlc signal qu'il s'agitde transmettre. La pile employee par M. Wbitebonse se composait de UO elements, systeme Smee, c'est-i-dire formes de plaques de zinc et d'argent platine, ayant chacune 2u «entimclres carres a peu pres de surface, et ex- cite par I'acide sulfurique dilue. L'action directe de celte pile etait assez forte pour fondre et bruler en quelques minutes un niorceau de for de 7 a 8 centimetres de longueur et de 1 centimetre de diametrc, place entre ses deux poles. Le courant de la pile, au restc, n'est pas enq>loye immdcliatement a la production des si- .o-naux; on s'en sert seulemcnt pour faire naitre, par Tinlerme- diaire d'un appareil magneto-elcctrique, ou de grosses bobines dinduction, un courant do baute tension, bien plus apte a fran- cbir d'aussi grandes di-^tances. L'appareil recepteurou indicaleur du signal devra recevoira son tour des modifications qui Tappro- prient a ce service entier<^ment nouveau; jusqu'ici on s'est scrvi d'un rccepleur assez semblable au receptcur de Morse.

La British and Irish magnetic telegraph compamj fait avancer rapidement la construction de la ligne de tclegrapbie aerienne, le long de la grande route de Killarney a Valentia, qui doit luiir les lignes aciueUes au cable transatlanlique; les fils conducteurs se- ront eidiereinent poses vers le milieu de cette semaine, etl'on pourra suivre de Londres les progres incossanls de la pose du cable. La llottille est arrivee a Valentia levendredi 31 ; on a cboisi imuiediatement sur le rivage un point favorable, k 4 kilometres

COSMOS. 173

de Cahircween ; et, dans la soiree, en presence et avec le con- cours du lord lieutenant d'lrlande, on a attache le cable au-; ol irlandais; il ne rcsfe done plus a la flottille qa'a prendre le large, eta deposer, en s'avancantvers I'Amerique, dans les profondeurs dei'Oc^an, le gigantesque et proTidcntiel lien d'union entre les deux Mondes.

Lesucces de cette entreprise, plus audacieuse h certairs points de vue que toutes celles dont I'histoire a conservdle souvenir, ins- pire a un grand nombre d'esprits dos inquietudes serieuses; ils ne peuvent pas croire encore^ueles flancsde I'Ocean puissent etre dcs flancs proteote.urs , et que le courant, quelque puissant qu'il soil, puisse fnaHchir une' si effrayante distance, Les sonr dages fails plusieurs fois, et avec des soins infinis, ne laissent place a aucun doute sur la possibilile de I'immersion et de la se- curite du cable, une fois pose; mais il pout surgir une tenqx'te violente qui disperse tout momentaneinentet oblige a recomraen- cer une seconde ou peut-etre meme une troisiOme fois. Au fond, c'est bien conune une nouvelle tour de Babel qu'il s'agit d'edifier' mais ce n'est plus une lutte insensee contre Dieu, et nous ne su- birons pas le chatiment imprevu de la confusion des langues. Quant a la transmission du courant , si ix travers un fil enroul^ des centaines de mille fois sur lui-meme, on a pu signaler au mi- nimum cinq, au maximum sept mots par minutes, ne peut-on pas compter avec certitude au moins sur la m6me vitesse, sinon sur une vitesse beaucoup plus grande, quand le cftble sera tendu en ligne droite? Pou'- nous, nous sommes plein d'esperancc, et nous tressaillons de joie a la pensee de voir de nos yeux arriver I'onde electrique qui nous fera sentir le premier battemeut de ccEur americain.

M. I'abbe Lecot, directeur au seminaire de Noyon (Oise), nous adresse, et nous I'en remercions, la note suivante sur un bolide observe par luile lundi 3 aoilt :

<( Sa grosseur pouvait etre celle de Venus en quadrature. La direction du meteore est parfailement fixde pour moi, de I'etoile R a I'etoile 6 d'Andromede; le point d'apparilion au quart de la distance totale de R 4 g; le point de disparition a peu pres aux trois quarts; en sorte que la trainee me parut commencer et se terminer a egale distance des deux astres. Le mouvementeutlieu en ligne droite, et dura environ quatre secondes.

« Mais quand le noyau eut completement disparu, la trainee se inoutra encore brillante pendant pres deliuit secondes. Jepus la

174 COSMOS.

I'airc rcmarqucr i'l quelques pcrsonnes qui se trouvaient pr6s de moi alors, et qui eurenl le lemps dela chcrchcr et dc la voir. La leinle de celle trace lumincuse devint blcuatre vers la lin de I'ap- parilion. Je ii'ai pas remarque de variations sensibles dans le mouvement : le fait qui m'a le plus frappe et qui me paralt le plus digne d'attention , en vue de I'explication de cet etrange pheno- mSne, est la persistance , au meme endroit du ciel, de la trainee lumineuse laissee par le bolide, et sa disparition lente et insen- sible apres sept ou huit secondes de duree. »

Nous profilerons decelte occasion pour feliciter M. I'abbe Lecot de son excellente biographie de I'abbe Nollet; nous I'avons lue avec le plus vif interet, et nous regrettons de n'avoir pas pu en reproduire au moins quelques fragments.

Nous accueillons avec empressement Ics remarques que MM. Mertz nous adresscnt relalivement h un passage du Cosmos ou nousles avions nommes. Nous avions dit p. Ul : « Sur noire invi- tation, M. Mertz fils, le celebre constructeurde Munich, a vudans le cinquante-trois centimetre de M. Porro, et il a reconnu qu'il y avait la quelque chose de serieux. » M. Mertz repond : u II est bien vrai que je ne tiens pas la lunette de M. Porro pour une plaisanterie comnie Test celle de M. Craig a Wandsworth ; mais il m'aurait ete aussi impossible de donner, apres un seul coup d'ceil, un jugement dcfinitif ; en outre, il est conlre mes principos de decouiagor un concurrent qui s'efTorce de bien ser- vir la science. En declarant que je ne trouvais pas que la preci- sion dcs images des eloiies fiit mauvaise, je neme suis pas beau- coup avance. Mais je crois , et je suis en ce point d'accord avec M. Le Verrier, que les etoiles du trapeze d'Orion ne sont pas un test-objet parce qu'clles sotit variables. En 1845, deja M. Cooper voyait dans notre dix-pouces et demi de Bogenhausen, deux etoiles qu'il n'avait pas vues avec son dixpouces de Cauchoix, etil ne relrouvait pas une eloile qu'il avait distinctement apercue a Sligo. » Nous ne comprenons pas bien la portce de la rcponse de M. Mertz; nous nous etions contenle de dire qu'il avait vu dans la lunette de M. Porro quelque chose de serieux; ilne dement en aucunemaniere ce prenn'er jugement; illui donne seulemeritunc forme nouvelle et meilleiuv, en disant que les images des etoiles etaient passablemenL definies. Ce n'est pas M. Porro, mais M. Struve et le R. P. Secchi qui ont appele les etoiles du tra[)eze un excellent test-objet; la variabilite de ces etoiles, tout recem-

COSMOS. 175

ment affirmde par M. Struve, est plus favorable que contraire & I'obscrvatlon dc M. Porro.

Nous avions dit p. /i2 : « MM. Mertz de Munich , les plus cele- bres opiiciens du monde, ecrivaient dcrnierement a I'illustre as- tronome royal d'Anglelerre, qu'ils n'elaient pas encore enmesure de lui livrer un objeclif de douze pouccs anglais, commande il y a plus de cinq ans, parce qu'ils ne sont pas coinpletement satis- faits de leur travail. Or de douze pouces anglais a dix-neuf pouces francais, il y a une distance ^nornie h franchir : M. Porro la fran- chira. » MM. Mertz nous ecrivent : « Nous pouvons vous assurer que nous sommes en possession dcpuis longlemps d'un tres-bon objeclif de douze pouces; ^Texposilion de Berlin en 18M,cet ob- jeclif nous avait merite le grand prix, mais quand il s'est agi de robservatoire de Greenwich, le plus celebrc du monde, nous avons voulu fournir un objectif plus excellent encore. Nous I'avons commence le 22 novembre 1855, mais le flint-glass, quoique rela- livement plus epais que celui de M. Porro, nous a semble trop mince, et nous nous sommes decides a en travailler un troisieme; le nouvel objectif superieur aux deux premiers est depuis six se- maines entre les mains de M. Airy. Connaissant voire complaisance, voire amour de la veritd et de la justice, nous ne doutons pas que vous n'admetliez notre reclamation. Vous avez toujourstemoigne la plus vive sympathie pour noire Instilut, et vous apprendrez avec plaisir que nous avons fourni dernierement un bon dix- pouces a I'Observatoire de Moscou; que nous monlons en ce mo- ment deux neuf-pouces , Fun pour Madrid, I'autre pour Palermo; que nous venous de terminer un quatorze-pouces , et que nous allons mettre en train un grand seize-pouces. »

Nous applaudissons de grand coeurausuccestoujours croissant de MM. Mertz , travailleurs aussi habiles que consciencieux, et nous n'avons pas besoin de prouver que nous n'avions en aucune maniere Tintention d'abaisser leur merile ; que nous n'avons nuUe- mentalterelaverile en affirmant qu'ilsn'avaientpaslivreun douze- pouces commande il y a cinq ans ; mais il importe de rappeler ce que disait I'astronome royal dans son compte rendu lu aux ins- pecteurs de I'Observatoire de Greenwich, le 6 juin 1857 :

« Je n'ai pas encore recu FobjecUf de ma grande lunetle equa- toriale ; MM. Mertz n'ont pas encore fait un nouvel objectif qui les satisfasse complelement; ils tiennenten attendant le premier tou- jours pret , et ils sont disposes a I'expedier au premier avis pour qu'il serve temporairement;je me considere ainsi comme excuse

176 COSMOS.

d'avoir fait tous Ics efTorls en mou pouvoir pour acliever les Ira- vaux de montago de la machine parallacliquc. » BIM. Mcrtz nous apprennent que I\l. Airy a recu depuis celle opoque , du ejuin.rohjoctif definitlf qu'il altendait avec quelque impatience, et qui aura etc achove en dix-huit mois, du 22 novembre 1855 au 22 juin 1857; on dix-huit mois l)ien cerlainement, s'il avail eu une commande positive et ferine, M. Porro auraitacheve son dix-neuf pouces, d'unc surface plus que double. Quant a I'cpaisseur du flint-glass, c'est une question loute secondaire; elle ne doit pas 6tre trop faiblc afln que Tobjectif ne se deformc pas ; elle ne doit pas etre trop forte pour que la lumierc soit elointe Ic nioins pos- sible; orle verre de M. Porro , nous en avons la conviction pro- fonde, est dans ces justes limites, il n'est ni trop epais ni trop mince, I'operation qu'il a encore i subir le laissera ce qu'il doit etre; il ne se deforine pas, et donnc une tres-grande clarte.

IFaits dcs sesemces.

M. Favre a cssaye de determiner par des experiences dlrectesla

relation qui exisle enlre la chaleur depensee par un courant qui

produit un travail nif^canique et la chaleur cngendree par Taction

chimique qui developpe le courant. 11 prend une pile et un appa-

reil clectro-moleurhabiiement construitpar M. Fromcnt, de telle

sorte que les elcclro-aiinants puissent se rcfroidir facilenient ou

cdder dans un temps tres-court la quanlito de clialcur qu'ils met-

tent en jeu ou font passer k I'etat de chaleur sensible. La pile et

I'dlcctro-moteur, places dans deux calorimetres differents, sont

mis en communication par des fils conducteurs en cuivre, entou-

res de gutta-percha, et d'un diametre tcl que i'on puisse a priori

considerer leur resistance comnie nulle. Un syslemc de cordons,

enroule's sur quatre poulies, placees en dehors du calorimelre,

et .rendues aussi mobiles que possible, de maniere a n'opposer

qu'une resistance insensible, Iransmettent a un poids le mouve-

ment comuiuniqae & I'electro-moteur par Taction chimique,

source unique du travail produit. Cela pose : lorsque la pile

fonctionne seule, que tout son travail est employe a decomposer

Teau et qu'un equivalent de zinc a ete transforme en sulfate de

zinc, le calorimetre qui renferme la pile accuse 18 682 unites de

chale'ur; lorsque le courant passe en outre dans les gros fils

condncteurs qui unisscnt la pile a Telectro-moteur, mais sanspe-

netrer dans les eleclro-aimaiits de Telectro-moteur, le calorimolre

COSMOS. 177

de la pile accuse 18 67/4 unites au lieu de 18 682 ; la resistance des fils n'l'quivaut done qu'.S. 8 unites et pcul etre negligee; lors- que le courant passe a la fois dans les fils et dans les elcclro- aimants du moteur, sans que celui-ci soil mis en action, le calo- rinietre de la pile accuse 16 448, le caloriaieti'e du moteur 2 219 ; la somiue, 18 667 unites, rend ii 15 unites pres la cbaleur primi- tive, ily a done tres-peu de chaleur perdue ; W tout etaut comme dans la troisieme experience, raais le moteur etant mis en action, le calorimeire de la pile accuse 13 888 unites, celui du moleur U 769 ; la somme 18 657 ne differe de la qaantiie piimiiive que d& 26 unites; 11 y a done tres-peu de perte, les experiences se font dans de tres-bonnes conditions ; enfln, tout r.estant le meme, le mouvement du moteur est transmis au poids S soulevcr ; le premier calorimeire accuse 15 427, le second 2 947 ; la somme 18 374 est inferieure de 308 unites a la chaleur developpee par Faction chimique; ces 308 unites represeutentdonc le travail utile qui.etait d'ailleurs represente par 131,24 kilograaunes tlcves a la hauteur d'un mttre ou a 131,24 kilogramnietres. Une unite de chaleur, ou la chaleur necessaire a elever d'un degre la tempera- ture de 1 gr. d'eau correspond done a A26 gr., eleves a 1 metre en une seconde; et 1 000 unites ou laquantile de chaleur qui eleve- raitd'un degre la temperature d'un kilogramme d'eau cori-espond ^ 426 kilogrammes eleves a 1 metre de hauteur. Or, 426 kilo- grammes, c'est a une unite I'equivalent mecanique de la chaleur trouve par M. Joule. Les experiences de M. Favre, tout a fait directes et tres-savammentinstituees, conflrment done pleinement les resultats obtenus par MM. Seguin, Mayer, Joule, etc., etc. Le ieune pbysicieu se propose de les reprendre en sens inverse, c'est- k-d'iie en placant dans le calorimetre les forces resislantes, sus- ceptibles de detruire le travail moleur avec pi'oduction d'une quan- tite de chaleur correspondante, et se servant du poids comme force mo trice.

Un examen conscicncieux de la montagne de Pcdimar etdes hreches osseuses qu'on y a recemment decouvertes , a prouve a M. Marcel de Serres , que la violence des eaux a pu sou'.e deter- miner ceite agglomeration extraordinaire d'un si gi-and nombre d'ossements d'animaux divers. Gette montagne, elevee de 168 melres au-dessus de la vallee qu'elle domine, a la foruie d'un cone Ironque; ses contours representent uu ovale allonge; son plus grand diametre est d'environ 300 melres; son plus petit de l&p melres ; sa circonfer.ence de 60,0, metres.

PIIOTOGRAPIIIE.

Sur quclques eprouves ile photographie luicroscopique

Par M. Bertsch. (Note lite a I'Academle des sciences.)

« J'ai I'honneur de presenter ci rAcaddmle quelques epreuves pliotographices au microscope d'apres nature, ct qui presentent chacune un interet particulier,

« La premiere est une dialom^e du guano, obtenue avec un grossissement de 500 diamelres, au moyen d'un objectif d'un demi-millimetre de distance focale, achromatise pour Ics rayons supericurs du spectre, et dont Faction chimique s'exerce a 111 centimetres au del^ de I'image visible sur la glace depolie. Le foyer des rayons inferieurs ou foyer actinique est done dans cette lentille k un cent quatre-vingtieme de millimetre du foyer achro- matise pour la vue, ce qui donne une idee de la delicatesse de ces series d'experiences et de la tenuite des vis micrometriques ci conslruirc.

((Lessecondesepreuvessont deux navicules, de celles dont, avec les meilleurs microscopes, on a tant de peine a entrevoir la struc- ture et les stries. L'une est grossie de 800 diametres et I'autre de 500. EUes out die eclairees par la lumiere oblique de nianiere k determiner dans la masse les ombres portees sans lesquelleson n'y apercoit aucun detail, sans que, cependant, les phenomenes de diffraclion et d'interference, dejk si difficiles a eviter avec la lumiere directe, aient en rien altere la purete de I'image. La lu- miere, dans ces deux epreuves, est tellement oblique, que les champs de vision sont devenus presque obscurs.

« La troisieme se compose de deux planches de differentes spi- cules eclairees par une lumiere suffisamment oblique pour faire Men saisir I'epaisseur des objets.

« La quatrieme represente, avec un grossissement de 500 dia- metres, les globules du sang de I'bomme. L'espace annulaire et la depression y sont nettemcnt indiques sur un champ plus vaste que ne le donnent les meilleurs microscopes, et la lumiere les traverse sans y changer de direction. Ces differentes epreuves sont toutes obtenues dans une petite fraction de seconde.

<( Enfm la cinquieme se compose de deux images des cristaui de la salicine vues dans la lumi6re polarisee, Tune eclairee par

COSMOS. 179

le rayon ordinaire, I'autre par le rayon extraordinaire. En les su- perposant et en les faisant tourner sur leur axe jusqu'^ comci- dence des deux rayons, on remarque que le ton complementaire d'une couleur photographique n'exerce aucune action sur les substances sensibles et vice versa. Cette experience, que Ton peut repeter sous dilTerentes formes, peut fournir d'utiles renseigne- ments h la photographic, et k I'optique des donnees certaines sur le meilleur temperament achromatique qu'il convient d'adopter dans la construction des objectifs appliques a cet art.

« M. Hartnack, neveu et successeur de M. Georges Oberhauser, construit, d'aprSs mes instructions et de nouvelles experiences faites en commun, un instrument complet qui permettra de pro- duire tons ces dessins sur nature, avec un grossissement de 50 ci 1 000 diametres pour les objets translucides, et de 50 a 150 pour les objets opaques.

Prix pour la fabrication d'un papier photograpiiique.

La Societe industrielle de Mulhouse propose de deccrner une medaille d'argent au fabricant qui aura livre a la consommation 500 kilogrammes de papier ayant loutes les qualitesrequises pom- la photographie.

Elle demande un papier fait de matiere homogene, parfaite- mentpur, qui ait ete prepare de maniere que la pftte soitcntiere- ment exempte de traces metalliques, qui ne marque pas un en- vers, qui soit partout de meme epaisseur, sans traces et sans d-jour, qui s'imbibe parfaitement en le couchant sur un liquide, sans qu'il y ait besoin de le liedir ou de I'y laisser plus de dix a quinze minutes; qui puisse supporter un bain d'eau pure de quel- ques heures, apres lequel il pourra etre manie en grandes feuilles sans se d^chirer.

Les papiers anglais de Turner sont ceux qui se rapprochent le plus de ces conditions.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance du 10 ao-ut ISfiT.

Pendant que M. Elie de Beaumont lit le proces-verbal de la derniere seance, que M. Flourens depouille la correspondance, les fauleuils sont presque lous vides, et lis se garnissent tix's-lcn*- temenf.

M. Molescott adressc le second \olume do son Journal de physiologic; il annonce qu'il occupe depuis quelques mois la cliaire de physiologie de I'Universile de Zurich; M. Flourens exalte, en quelques mots heureusement choisis, le merite du sa- vant professeur.

M. Simon John, de Londres, dont M. Flourens ce'.ebre aussi le talent comme naturalisle et connnc ecrivain, fait hommage d'un rapport tres-savant sur Thisloire et la pratique de la vacci- nation.

L'Academie de Belgique et I'lnstitut Smithsonien adressent plusieurs volumes de leurs Memoires.

Un aulcur, dont le nom nous echappe, appelle de nouveau I'attention sur son procede de peinlure epaisse au silicate de po- tasse.

M. le docteur Herpin, de Metz, demande rouverture d'un pa- quet cachele, constatant, dit-il, ses droits a la priorite de I'emploi des agents aneslhesiquos pour la destruction des insectes uui- sibles,

M. Airy, astronome royal d'Angleterre, fait hommage d'un exemplaire des tables de la lune, calculees d'apres les theories et les Ibrmules de M. Hanseen.

M. E. Desains depose une nouvelle note sur les phenomenes capillaires, ayant pour objet special I'ascension des liquides entre deux lames paralleles tres-rapprochees. Newton deja avait cons- tate que la linutour de la couche capillairc n'est que la moitie de la quantile dont le liquide s'eleve dans un tube cylindriquo, d'un diametre egal a la distance des deux lames. Laplace, le premier, avait donnc la raison de cctie difference par un calcul tres-simple, et r.ay-Lussac, par ses celebres experiences, avait demontre la virile de la theorie de Laplace. M. Desains a repris, par des Hioyens nouveaux, les mesures de Gay-Lussac, etil les a trouvees parfaitement exacles.

COSMOS. l«t

M. Vicat envoie un Memoire sur la fabrication en grand des pou^Kolanes artificielles.

M. Maisonneuve, chirurgien de la Pitie, appelle I'attentiott sur un iwuveau cas d'ablation totale de la machoire inferieure, executee par lui avec le plus grand succes.

liy a quelques annees h peine, I'ablalion lotale de la madioire inferieure etait consideree comme une entreprise lellement dan- gereuse, qu'aucun chirurgien francais n'avait ose I'aborder. Outre les diffioulles extremes dont son execution serablait entouree , outre la orainte qu'inspiraiL Je voisinage des vaisseaux carolidlens, on etait persuade qu'apr6s celte muUlation, la langue privee de ses attaches anterieures, se relracterait necessairement en arriere, et produirait la suffocation. On croyait surtout , qu'en supposant laguerison possible, une semblable muUlation devait laisser le malade dans un etat deplorable et le priver a jamais dela masti- cation et de la parole. L'experlence a prouve que ces craintes n'avoient aucun fondement. M. Maisonneuve avail deja pratique deux fois cette redoutable operation; la premiere fois sur une jeonefille, la seconde fois sur un jeuneEspagnol, sans qu'aucun des accidents graves ci-dessus enumeres se fassent manifestes. Le visage avail conserve sa forme regulierc , la phonation ctail intaclo, et grace a I'ingenieux dentler conslruilpar MM. Fowler et Preterro, I'Espagnola pu broyer facilemenl les aliments solides et reprendre sa place de conlrc-mailre dans uneusine. Latroisieme operation n'ajoute rien d'important aux deuxpremieres, mais elle les confirme d'une maniere complete , et ces trois fails reunis, forment un faisceau d'oii Ton pourra deduire des consequences pratiques duplus hautinteret.

Le 23 juin 1857 , une jeune fille de 18 ans nommee Malhilde Saumon, vient consulter M. Maisonneuve pour une tumeur volu- mineuse qu'elle poitait a la machoire inferieure. Gette tumeur, dont rorigine,au dire dela malade, ne remontait qu'& dixouonze mois, avail pris un developpement rapide. Elle envahissait deja toutle cole droit de I'os maxillaire, jnsque et y compris sa branche luontante; duc6le gauche elle se prolongeailjusqu'au niveau dela premiere grosse molaire, Elle elait le siege de douleurs lanci- nantes qui ne serepelaient toulefois qu'a d'assez longs intervaJles cinq ou six fois par jour, Les dents elaient au complet sauf la premiere grosse molaire gauche qui avail etc arrachee. Les par- ties molles elaient parfaitement saines. L'liabile chirurgien dia- gnostiqua un osteosarcome, et jugeant qu'il scrait dangereux de

182 COSMOS.

menager la: petite portion d'os restee saine du c6td gauche, 11 se decida, avecle consenlement de la maladeetde sa faniille, &pra- tiqucr la desarliculation complcle dc la machoire inferieure.

Nous n'entrerons pas dans les details de I'operalion ; nous cons- tatei'ons seulement, commeun fait vraiment extraordinaire, qu'on n'eut besoin de faire aucune ligature, que les arteres dentaires decliirees avec le doigt no donnerentpas une goutte de sang; que les arleres labiales divisees par le bistouri, cesserent de saigner aussilut qu'on eut rapproche les deux moilies de la levre par la suture entorlillee;]a langue, retenueparsesinsertions auperioste, n'eut aucune tendance a se porter en arriere ; les niouvements de la deglutition s'opererent des le premier jour, enfin aucun acci- dent ne vintenfraver la guerison , qui des le quinzieme jour etait complete. Aujourd'hui, six semaines apres I'operalion, le visage a recouvre sa forme et sa regularite; sauf la mastication, qui, en attendant I'application d'un dentier artiflciel, ne s'opere qu'avec la langue, toutes les fonctions de la bouche s'executent comme si lamaladen'avait pas subi d'operation.

M"*' Saumon avait accompagne M. Maisonneuve, nous I'avons Yue, nous I'avons fait parler, sa sante generate est tres-bonne, et tou fait esperer qu'il n'y aura pas de recidive.

II est done vrai l°que I'ablation totale de la machoire inferieure pent etre soumise k des regies precises; 2" qu'elle n'cst ni plus difficile, ni plus dangereuse qu'un grand nombre d'operations usuelles; qu'elle n'entraine apres elle aucune difformite grave ; h" qu'elle ne compromet aucune fonction importante ; qu'elle se preleparfaitement h I'application d'un dentier; qu'elle meriteci tous egards de prendre rang dans la science, a titre d'operation reguliere.

« Nous ferons remarquer, en finissant, dit M. .Maisonneuve, que nos trois operations out ete praliquees d'apres la methode sous- perioslique, dont les principes emis ct developpespar M. Flourens, trouvent chaque jour de nouvelles etprecieuses applications dans la pratique chirurgicale. Nous n'hesitons pas a rapporter la plus grande part des heureux resultats de [nos tentatives au soin que nous avons pris de nous conformer rigoureusement a ces prin- cipes. Aucune autre methode, en effet, n'aurait pu nous permettre une execution si rapide et si sure, aucune n'aurait pu nous mettre aussi completement h I'abri de I'hemorrhagie. Aucune surtout n'aurait perniis de conserver a la langue et aux autres muscles un point d'appui aussi efficace ; sans compter qu'il n'est

COSMOS.

185

pas impossible qu'un nouvel arc osseux ne vienne a se former entre les deux lames de la membrane. »

La piece anatomique represente la mSchoire inferienre tout entiere depouillee de son perioste. Du cote droit , I'os est alterd danstoute son etendue, jusqu'autrou dentaire. A gauche I'altera- tion s'arrete a la premiere grosse molaire. L'alteration consiste dans la presence d'un tissu flbro-plastique intimement melange avec les fibres osseuses d'ou resulte una sorte d'hypertrophie generale, avec diminution de consislance. Aucun noyau cancereux n'a pu etre reconnu avec le microscope.

M. Vulpian annonce qu'il a confirme, par des experiences nouvelles, la verite des assertions de M. Remak, relativement a la contractilite de I'amnios; qu'il a mis en evidence, de la meme maniere, la contractilite de Tallantoide; et que, de plus, il a ex- pllque ces deux contractilites par I'cxistence certaine dans ces membranes deveritables fibres musculaires. Des trois membranes dufoelus, il n'y a done plus que la vesicule ombilicale dont la contractilite n'ait pas encore etereconnue.

M. Montagne depose sur le bureau un exemplaire d'unc note sur un champignon parasite trouve dans I'estomac des abeilles , par M. Leuckart, et decrit par M. le professeur Hofi'mann de Giessen.

« Ce champignon, que M. Hoffmann nomme Mucormelillopht ho- rns , a son siege dans le second estomac des abeilles malades , celui oil se forme le chyme. Son mycelium s'implante sur la paroi,

184 COSMOS.

eirtre les cellules epithdliales, et consisle enfilamcnits -nwmbretix,, obscurement cloisonnes , tres-ramilies et transparents. Ccs fila- ments s'accroissent incessamment, finissent par distendre enor- mement ce viscere et tiier Tinsecle. On y rencontre en mOme temps une immense quantite de tres-petiles spores.

(( II est vraisemblable, dit le savanl-professem', que les spores venues du dehors poussent , dans I'estomac , dcs filaments arti- cules dont les rameaux assez courts sont termines par un spo- range, c'est^i&-dire par une vesiculequirenferme les spores. Cette vesicule, de la plus extreme tenuite , distcndue par I'accroisse- mont incessant de spores, ne peut manquer a la fm de se rompre et deleur donncr issue. D'abord agregees en un peloton unique, elle se separent et se disseminent en quanlile innombrable. Le plus ordinaireuient pourtant la chule du sporange precede sa rupture. »

Les caracteres botaniques de cette mucorinee si prejudiciable aux abeillos, sont :

Mucor (Ilydrophora) meliltophlborus Hoffmann (Mucor api- cide) : filaments epars, blancs, irreguliei'ement rameux-dichoto- mes, munis de rares cloisons, porlant au sommetdes ramules la- teraux, des sporanges incolores ovoides ou piriformes d'une longueur d'un cinquantieme et du diamelre d';un quatre-vingt- dixieme de lignc. Sporange iisse, rempli d'une masse desporidies d'un jaime grisalre, et s'ouvrant enfm par une fente laterale. Spores elliptiques, blanches, longues d'un quatre-centicme et epaisses d'un sept-cenlieme de ligne; conidies ou gemnmles, longues de quatre cinq-cenliemes et epaisses d'un deux- centieme de ligne, tombantdu sommet de certains rameaux multiseples et constituant ro/du/?H Lcucharii. Hab. Levenlricule chymiflque des abeilles.

« En presence de ce nonvcau fait, ajoute M. Montague, qui pa- rait devoir se relier h d'aulires tout recemment parvenus a notre connaissance, qu'il me soit pexmis d'arreterun instant I'attentiQn sur ce neomicrocosme, que nous a cree depuis pen d'annees I'Db- servalion microscopique. Eton effet, le perfectionnement apporte' par la science moderne aux instruments amplifiants n'a pas seule- ment fait penetier plus profondement la structure inlime des ve- getaux et des animaux, nous luidevons encore d'avoirpu toucher au doigt pour ainsi dire et suivre de moment en moment la suc- cession des phenomencs jusque-l& si caches qui accompagneot leur reproduction. Sans parler de plusieurs points obscurs de la

COSMOS;. 1^5

physiologie sur lesquels ces instruments nous ont perniis de jeter une si vive lumiere, il serait trop long d'enumerer les avantages precieux qu'en ont rotiids les pathologies aniinale et vegelaie, surtout pour le diagnostic.

(( Pour revenir an cas present, qui se serait imagine, il y a i peine lin quart de siecle, que les vers a soie et les abeilles, deux inscctes dont les produils sont si utiles a I'honime, scraient I'atale- inent condamnes a succomber a une maladie occasionnee par le developpcment d'une plante parasite, d'une raucedinee dans leur estomac? Ces deux faits patliologiques , qui nous sont reveles presque en meme temp&et auxquels, sans doute, le temps et I'ob- servation "viondront en ajouter d'autrcs, nous semblent s'eclairer en se controlantmuluellement. »

M, FJourens lit une leltre par laquelle M. le docteurLunnel et ses associes lui apprennent qu'une souscriplion est ouveite pour elever i Jenner, I'immortel invenleur de la vaccine, dans laville de Boulogne, une slatue qui sera inauguree le 15 juin 1859. Ce mo- nument, disenl les auteurs du projet, sera la meilleure reponse aux objections insensees des detracteurs d'une des plus grandes decouvertes des temps raodernes.

M. le ministre de I'instruclion publique demande que I'Aca- demie veuille i)ien, dans sa plus prochaiae seance, arreler la liste de ses deux candidats a la chaire de mineralogie devenue va- cante au Museum d'histoire nalurelle. Les profosseurs aduiinis- trateurs du Jardin des Plantes ont deja presente leurs candidats : En premiere ligne, M. Delafosse; en seconde ligne, M. Descloi- seaux. M. Delafosse sera aussi, sans aucun doute, le premier candidal de I'Academie, et remplacera, nous I'esperons, j\I. Du- frenoy, en cedant h M. Descloiseaux la place de maitre de confe- rences a ri^lcole normale.

Le meme ministre s'empresse d'ecrire a I'Academie qu'il I'autorise a prelever, sur les reliquals des prix Monlhyon, les sommes qu'elle veut mettre a la disposition de savants, etran- ^ers a son sein, pour la continuation de leurs reclierches : 2 000 francs a M. Henry Sainle-Claire Deville pour ses etudes sur le si- licium, le lantliane et autresmetaux peu etudies et pen connus; 500 francs a M. de Luca et 500 francs a M. Cloez pour leurs ex- periences sur la formation de I'ozoue et des nitrates; 500 francs pour couvrir les depenscs des experiences de la Commission chargee d' examiner la grande lunette de M. Porro.

-^ M. Arlur lit un Memoire sur les actions diurnes du soleil

186 COSMOS.

et dc la lune pour mettre en mouvement un pendule librement suspendu et d'abord au repos. Nous Tanalyserons prochai- neinent.

M. Chasles depose un exeniplaire de son Memoire sur les proprietes de certaines courbes i double courbure.

M. Guerln-Menneville avait recu, des directeurs de la Com- pagnie du Cheptel, la mission d'aller etudier en Suisse, en Pi6- mont, en Lombardie, en Espagne, la maladie des vers a soie, en meme temps qu'ii ferait des approvisionncmcnls de bonne graine; il rend compte aujourd'hui, dans une note tres-courte qu'il lit lui-meme, des principaux resultats de son voyage ; en place de cette Note, nous en reproduisons une toute semblable, inseree dans le Moniteur universel du 9 aout :

« La visile de nombreuses localites infectees n'a fait que con- firmer les vues que j'ai dmises sur le fleau depuis que je I'eludie dans la grande culture. Je suis convaincu plus que jamais que les diverses formes de la maladie actuelle des vers ^ soie et des milriers ont ete observees de tout temps en cas isoles. Ainsi, par exemple, les vers atteints de I'etisie des premiers ages ont recu en France le nom de luzelles, parce qu'ils ne se developpent pas et restent luisants jusqu'i ce qu'ils aient disparu dans les litieres qu'on jette. Les vers que nous appelons dans le Midi des arpians et des jmssis ont la maladie apres la troisieme et la quatrierae mue. Dans les temps ordinaires, le nombre des vers atteints ainsi est petit ou mediocre, mais depuis trois ans, il a augmente consi- derablement.dans beaucoup de localites, et la maladie, de spora- dique qu'elle etait, est devenue epidemique et a recu le nom de gattine.

« Un fait remarquable et digne de toute I'attention des obser- vateurs, c'est que, sauf quelques rares exceptions, peut-etre plus apparentes que reelles, cette maladie coincide avec une maladie des muriers qui se manifesto aussi, depuis trois ans, dans le midi de la France, par des taches rousscs plus ou moins nombreuses, dispersees sur leurs feuiiles, et que quelques botanistes ont re- gardees comme etant des cryptogames parasites. Dans plusieurs parlies de la Provence, ces taches sont si nombreuses qu'elles envabissent toulc la surface des feuiiles, et que celles-ci tombent en juin comme si elles elaient arrivees a I'epoque normale de leur chute, au commencement de I'hiver. J'ai observe, cette annee encore, des raariers atteints plus ou moins serieusement de cette maladie, a mesure que je descendais des hauteurs de la Suisse,

COSMOS. 187

oil il n'y en a pas de traces, pour arriver aux bords da lac Ma- jeur et de Lugano. J'en ai trouve dans tous les departemenls que j'ai traverses pour me rendre des Basses-Alpes en Espagne, ou j'ai vu beaucoup de milriers fortement atteints.

« II en est de cette maladie des miu'iers comme de celle des vers a soie. Elle a ete observee de tout temps en cas isoles et n'a- vait pas plus attire I'attention. Aujourd'hui elle a pris un vrai de- veloppement epidemique dans beaucoup de localites, et si elle n'est pas la cause unique de la maladie des vers k soie, elle doit jouer certainement un grand role.'parmi les causes, probablement tres-complexes, de I'epizootie qui les decime.

« Un fait consolant que j'ai observe dans les nombreuses loca- lites oil j'ai etudieces epidemies, c'estqueleurintensite continue de diminuer sensiblement. Chez les vignes et les milriers, le nom- bre des sujets attaques est moins grand, il y a plus de cas de guerison spontanee ; la maladie se modifie et presente un carac- tere moins intense, qui permet aux precedes curatifs, tels que le soufrag'e pour la vigne, par exemple, de reussir comme a Paris, dans des parties du Midi ou il avait dchoue jusqu'a present. Pour les vers i soie, il en est de meme, et certaines localites monta- gneuses au nord de la magnanerie de Sainte-TuUe, ou j'ai fait Clever les vers k soie destines a la confection des graines, ont donne des recoltes presque entieres, quand il y a eu un desastre k peu pres complet dans les parlies les plus cliaudes de notre Midi. »

M. de Saint- Venant, candidat a la place de venue vacante dans la section de mecanique, par la mort de M. Cauchy, lit une suite a ses savantes et importantes recherches, theoriques a la fois et pratiques, en traitant le probleme diffici .e du choc trans- versal et de la resistance vive des barres elastiques appuyees aui extremites.

Ce ne sont pas seulement des charges ou des pressions s'exercant dans I'etat de repos qui tenden) a flechir ou k rompre les pieces solides employees dans les constructions et les ma- chines. EUes y sont sollicitees en outre par I'impulsion momen- tanee de masses etrangeres. L'dtude de ce que Thomas Young a appele leur resilience, et M. Poncelet leur resistance vive ou dy- namique, n'est done pas moins importante que celle de leur re- sistance habituelle ou purement statique.

Cette etude se fait assez facilement, mOme en tenant compte de la masse des pieces heurtees, au moyen du principe de la perte

i^ COSMOS.

d6 force vive, lorsqa'on suppose qu'elles se deferment do la meme manifere que sous de simples pressions, ou comme si I'ebranle- ment'se faisait sentir instantanemcnt sur tous les points. Mais si Ton arrive ainsi, assez approximalivemcnt et dans de certaines Kmitas, au calcul des plus grands allongements totauK des barres heurlees longitudinalement et des filches centrales de courbure d6s pieces flechies, cette methode elcnientaire et cede bypolhese ne peuvent qn'induire en erreur sur la valeur des plus grandes diialations partielles et des plus grandes courbures, qui sont ce qu'il importe de connaitre pour 4tablir les conditions de resis- tance et la rupture.

Navier a resolu exactement la question pour I'impulsion longi- tudinale, et M. Poncelet a complete sa solution en tenant compte du travail de la pesanteur postericurenient au choc.

M. de Sainti-Venant presente une solution analogue pour Vim- pulsion transijersale des barres appuyees aux.ecotremites.

L'equation a resoudre est aux differences parlielles du qua- trieme ordre. Les conditions particuli6res a satisfaire sont plus complexes que dans les problemcs de vibrations resolus par MM. Cauchy et Poisson, a cause de la masse etrangere qui reste unie k la barre, au moins pendant quelques instants. Aussi il faut, pour determiner les coefficients de la serie de sinus, tant circulairos qu'hyperboliques, qui y sert de solution, et dont les arcs ont pour multiplicateurs numeriques les racines d'unememe equation transcendante, modilier un peu les methodes employees par l^'ourier et Poisson.

Le mouvement de la barre resulte de la superposilion d'une infinite d'oscillalions simples qui rendent tres-ondulee la surface dont I'auteur a execute le relief en piatre, et qui serait decrite par la barre supposee emporlee transversalement d'un mouve- ment rapide pendant qu'elle oscille dans un plan perpendicu- laire.

Les filches de courbure trouvees en reduisant la formule en s6rie & son premier terme transforme, sont representees tres-ap* proximalivement, tant que le poids P de la barre n'excede pas trois fois le poids Q du corps lieurtant, par

7

Vj

V

1+^5

COSMOS. 189

V etant la vUesse d'impulsion supposee horizontale, g la gravite, et f la fleche stntiqae qui serait prise sous le poids Q. Cette forinulc s'accordc avec les experiences faites par M. Eaton Hodgkinson etla Commission d'enquete anglaise sur I'eniploi du fer et dc la fonte, car ce savant experimentateur les represents par nne expression de meme forme proposee par Tredgold, avec '- au lieu de ;; qui n'en differe pas sensiblement.

Lorsque le choc a lieu verticalement, la flecbe est exprimee a pen pres par /■+ \'f' + f\ f etant toujours la fleche slatique due a la charge Q au repos, et /' la fleche purement dynamique qii'on aurait si le choc elait horizontal, Cette expression, dont I'analogue a ete donnee par M. Poncelet, pour le choc longitudinal d'une barre verlicale supposee sans masse, se reduit a afquand on pose la charge sans vilesse, ce qui est conforme a un theoreme de Young.

M. Bertsch lit une Note sur la photographie microscopique, etpresente d'admirablesepreuves d'objels projetes avec des gros- sissements de cinq et huit cents fois. Nous donnons le texte de sa note a I'article Photographie.

M. Chevreul, u la demande de M. Andral, est adjoint k la Commission des prix Montbyon de medecine et de chirurgie.

M. Dumas, au nom de M. Yurtz, professeur de cliimie a I'E- cole de medecine, et candidat a la place devenue vacante dans la section de chimie par la mort de M. Thenard, presente une Note sur la liqueur des Ilollandais. On avait conserve, a ce compose d'hydrogene, de carbone et de cblore, son nomexceptionnel et bi- zarre, parce qu'on ignorait completcment la tbeorie de sa forma- tion, etqu'onne savait a quelle classe, a quel genre le rattacher; M. Wurtz, et c'est une decouverte capitale, est parvenu a demon- trer qu'on pent et qu'on doit le considerer comme Tether chlorhy- drique du glycol. En effet, lorsqu'on Iraite I'alcool par le perchlo- rure de phosphore, on obtient de rdlher chlorhydrique ; or lors- qu'on traite le glycol par ce m6me perchlorure de phosphore, on obtient la liqueur des Hollandais. LeS formules suivantes montrent I'analogie des deux reactions ;

Purclilorure 0»ychh>iute Elher

Alcool. di- iLr. deplo.-plioic. chlorhjdilque

Ci nu 02 -f- Ph Cfi = Ph 02 Ci'^ + H CI + H CI + C* H^ CI

Oxy lilnrure Liqutur

Glycol. de pl.ospliyre. de.< Uollkiidais.

Ci H'^ O' -j- 2 Ph Cl= 2 t'h O- CP -i- 2 H CI + C* U* Cl«

M. Dumas encore, au nom de M. Aixhibald Couper, un de?

1^0' COSMOS.

gloves de M. Wurtz, annonce qu'en faisant agir le br6me sur la benzine, il a obtcnu deux substances nouvelles trcs-dignes d'inte- r^t : la benzine monohromee ; liquidc doux, forlcment refrin- gent, bouillant a 115 dogres, ct fort stable ; 2-' la benzine dibro- mee, solide cristallisant en prismes magnifiques, et d'ou Ton es- pSre dediiire le glycol pbenyliquc, G'^ IPO*.

M. Chevreul, aunom de M. Charles Tissier, prdsente la Note sur un nouveau compose d' aluminium de fer, dejft inseree dans le Cosmos.

Le jeune chimiste sc propose d'etudier plus a fond, dans un prochain Memoire, les proprietes et les combinaisons de ces nou- velles substances.

M. Dclesse lit une suite h son Memoire sur la geologic sou- terraine du sol de Paris.

M. Faye prcnd un vif interet au mode de moulage du plMre de M, Felix Abate, et dcmande si la Commission a I'intention de proceder k des experiences ou essais du nouveau precede. Dans ce cas, il demanderaitqu'onen fit I'application a la fabrication de son modelc de voussoirs, module propose par lui il y a quelques mois, et qui siraplifierait considerablement la construction des vomes des ponts, des viaducs, etc. L' Academic repond h M. Faye en lepriant de s'adjoindre h la Commission.

M. Le Verrier ddpose sur le bureau des observations de la nouvelle comC'te, faites h Paris, a Florence, h Rome, k Berlin, et lecalcul des elements de son orbite, par M. Bruhns, calculqui s'accorde parfaitcment avec celui de M. Villarceau. Rien jusqu'ici n'indique que le nouvel astre soit une comete period iquc. Voici les elements de M. Villarceau :

Passage an perilitlie, aout 18S7, 24,34221. T. M. P.

Distaiicr penhelie, 0,'7427oO

Longitude .lu iioeud ascendant... 200° 19' 20",4j Eqninoxe moyen

LongiluJe du perihelie 23 24 <, 0 j du 1" Janvier 1857.

Inclinaison '4 '^8 21,4

D'apres ces Elements, la comete serait tres-pres de son mini- mum de distance a la terre, 0,66 environ.

ViVrJETES.

AI. le baron Caiichy

(EXTRAITS D'uNE LE.TTRE DE M. BIOT A M. DE FALLOUx).

Augustin Cauchy a eu le bonlieur d'appartenir k celte classe moyenne de la societe qui n'est exposee, ni aux souffrances de la pauvrete, ni aux danpjers de la richesse, Ne le 21 aoilt 1789 d'une famille pieuse, les desordres qui suivirent cette epoque n'altcigni- rent point son enfance. Son education classique, commencee de bonne hcure par son pere, se continua plus tard, sous d'habiles professeurs, k I'ecole centrale du Pantheon. II en sortit en 1804, & rage de quinze ans, apres deux annees de rhetorique, rempor- tant au concours general le deuxieme prix de discours latin; le premier de version grecque ; le premier de vers latins. Cette uni- versalite de succes lui fit decerner par I'lnstitut la couronne re- servee k I'eleve des ecoles centrales qui s'etait le plus dislingud en humanites.

Apres avoir suivi, pendant une seule annee, le cours public de niathematiques d'un excellent professeur, Dinet, le jeune Cauchy se trouva en etat de se presenter aux examens d'admission de I'Ecole polytechnique. 11 fiit recu Ic deuxieme do la lisle, en 1805, a seize ans; et ses deux annees de cours elantterminees, il sortit le troisieme en 1807. En quittant I'ecole, il choisit la carriSre des ponts et chaussees, ou il entra le premier de sa promotion. II en parcourut rapidement les grades inferieurs, fut employe k plu- sieurs travaux de construction, et devint ingenieur en chef en 1825.

N'etant encore qu'asplrant ingenieur, le 6 mai 1811, a I'age de vingt-deux ans, il presenta a la classe des sciences mathema- tiques de I'lnstitut un Memoire sur les polyedres geometriques, qui fut extremement remarqiie. II y geiieralisait un Iheoreme d'Euler, et complelait la thcorie d'ane nouvelle espece de polye- dres reguliers decouverts par M. Poinsot. Legendre, le plus aus- tere de nos geometres, regarda ce Memoire u comme la produc- tion d'un talent dej^ exerce, et qui devait par la suite, obtenir de plus grands succes. » II engagea le jeune auteur a poursuivre ce genre de recherches, pour tacher d'etablir un theoreme egale- meut rclatlf aux polyedres, que supposent cerlaines definitions d'Euclide, et dontla demonstration n'avait pas encore ete obteuue.

192 COSMOS.

Cauchy la donna en 1812. Dans le rapport que Legendre en fit k I'Academie, il exprima son approbation avcc un entrainement qui lui elait peu ordinaire. « Nous n'avions voulu, dit-il, que donner une idee de cette demonstration , et nous i'avons rapportde presque tout enliere. Nous avons ainsi fourni une nouvelle preuve de la sagacite avec laquelle ce jeune geonielrc est parvenu t vaincre une difQcultc qui avait arrete les maitres de I'art, el qu'il importait de resoudre pour perfeclionner et completer la theorie des corps solides. »

Cos deux premiers memoires de Cauchy auraient pu faire prd- sager une aptitude speciale et exclusive pour les probleines de geomelrie pure. On ne tarda pas h s'apercevoir que la capacitiS de ce jeune esprit avait une etendue bicn plus grande. Dans les annees 1813 et 1814, Cauchy produisit deux remarquahlcs me- moires de haute analyse; et en 1815, il presenia un Memoire sur la theorie des nombros, ou il demonlrait, en I'elendant, un Iheo- renie enonce par Format, theoremc dont quelques particularites seulement avaient pu etre jusqu'alors elablies par les mathema- ticiens les plus habiles dans ces matieres, Legendre et Gauss. Cette meme annee, I'Academie avait propose, comme sujet du grand prix de mathematiqaes, d'etablir la theorie de la propaga- tion des ondes a la surface d'un fluide pesant, d'une profondeur indefmie. Cauchy rcsolutcompletement la question. Son Memoire, qui fut couronne en 1816, est imprimc au tome 1""^ des volumes de prix. II porte pour epigraphe ce vers de Virgile :

Nosse quot lonii veniant ad I'lltom fluclus. (Geoi'g. II.)

application litteraire d'autant plus heureuse que ce vers renferme I'enonce complet et tout a fait exact du probleme propose.

Ces debuts si rapides et deja si feconds d'un jeune horamc de vingt-sept ans, lui assuraient la premiere place qui deviendrait vacante dans les sections mathdmatiques de I'lnslitut. Une cir- constance regrettable pour les sciences et pour lui-meme I'inlro- duisit officiellement parmi eux. A la suite de la crise passagere descent Jours, une ordonnance royale, dalee du 21 mars 1816, retahlit les anciennes academies sous leurs denominations primi- tives, d'Academie francaise, des sciences, des inscriptions et belles-lettres, des beaux-arts, et fixa la composition des acade- mics restaurees. Dans celles des sciences, deux noms celebres, ceux de Carnot et dc Monge, etaient remplaces par deux noms nouveaux, Breguet et Cauchy. Vers la fin de 181 3 Cauchy futnomm^

COSMOS. 19S

professeur adjoint d'analyse a I'tcolc polytechnique, et devint professeur titulaire en 1816. 11 elail, avant toutes choses, riiomme du devoir. Appele k enseigncr, ii tourna tonics ses pen- sees vers I'enseignement. De 1816 a 1826, 11 publia son cours danalyse algebrique, de calcul dillerentiel, d'applicalion de I'a- nalysc infmitesimale k la theorie dcs courbes : trois ouvragesex- cellents, bien ordonnes, procedant par des demonstrations tou- jours rigoureuses, et riches de details nouveaux ; ou Ton ne sau- rait desirer qu'un pen de condescendance a eclairer les abstrac- tions de I'analyse par les considerations geometriques. Dans cette memc periode de temps, il publia un ftlemoire sur les integrales prises entre des limiles imaginaires, qui a ele pour plusieurs de nos jeunes geomelres I'origine d'importants travaux. Tout cela lie sulfisait pas encore a son ardeur inlaligable. 11 entreprit et commenca de faire paraitre, en 1826, une sorte de revue perio- dique, propre a lui, qu'il appela Exercicesmathematiques, oil toutes les parties des matheniatiques, les plus clcaientaires conime les plus sublimes, etaient abordees avec tanl de generality, de lecondite, de puissance inventive, qu'^ la lecture de ces publi- cations, Abel, un des plus profonds analystes de noire temps, ecrivait a un de ses amis : « Gauchy est acluellement le geometrc qui comprend le inieux comment, les malhemaliques doiventietre etudiees. » En ell'et, les crealions de melhodes et les apercus de voies nouvelles, repandus dans ces exercices, ont ele, non-seule- mentpour I'auleur, mais aussi pourbcaucoup d'aulres geomelres, les inilialives lecondes d'une mullilude de brillanls travaux. Caucliy continua la publication et I'alimentation de ce Iresor ma- -themalique jusqu'a sa niort.

Son existence paisible, toute concentree dans les joics morales etles purs plaisirs de I'inlelligence, so trouva inopinement trou- lilee et briseepar la revolution de 1830. A celte epoquc, il etait marie et pere de deux Ulles. II s'elail allie a une famille hono- rable, dont la, position sociale, les gouts, les sentimeuls, (itaienl assortis aux siens. Oulre son empioi de professeur a rEcolc po- lytechnique, il OGCupait une cliaire a la FacuUe, des. sciences de Paris, et il etait suppleant du cours de physique niallienialique au college de France. Le gouvernementnouvcaujugea necessaire de legilimer ses titi'es de fait par un serment de lidelite impose ci lous les fonclionnaires publics, meme a ceux qui n'avaient d'auire charge que d'enseigner les sciences physiques ou mathe- matiques.

i9k COSMOS.

Cauchy se refugia en Suisse pour garder sa foi. La presence d'un geometre decet ordre, dans la patrie des Be.rnouilli et des Euler, ne pouvait roster longtemps ignoree. Lc roi de Sardaigne, informe de son exil volontaire, crea pour lui, dans I'univer- sitd de Turin, une cliaire specialedemalliemaliques, que Cauchy vint remplir avec eclat, tout en poursuivant ses autres travaux. La France perdit ainsi un de ses geometres les plus illustres, un de ses professeurs les plus habiles.

Dans I'annee 1832, Cauchy quitta cette chaire hospitaliere, ^tant appele a Prague par le roi Charles X pour etre attache a I'education du comte de Chambord. Mors il fit venir pres de lui sa fenime et ses deux filles, suivit avec elles les princes ti Goritz; et pendant les six annees que dura cette honorable tSche, son activite incessante lui fit trouver encore assez de loisir pour com- poser sur les diverges parlies des mathe'maliques une multitude de metnoires precieux, qui, aujourd'hui r^pandus en Allemagne, sent pour nous lr6s-difficiles h rassembler. Vers la fm de 1838, les fonctions qu'il avait k remplir etant terminees, il se sdpara de sen royal eleve dont il s'etait acquis rafTeclion et I'estime ; puis il rentra en France, et vint reprendre sa place parmi les membres de rinstitut, sans autre condition que de le vouloir, comnie cela s'est toujours pratique. Des ce moment n'etant plus distrait, je dirais volontiers, contenu par aucun devoir de professorat, ne sortant de ses calculs que pour s'occuper d'oeuvres morales ou de blenfaisance que sa piete et sa generosile lui sug'j;craient, Cauchy laissa epancher dans nos reunions I'intarissable abon- dance de son genie mathf^matique. Pendant ces dix-neuf dcrnieres annees do sa vie, il composa, et publia dans les volumes de I'A- demie ou dans les comples rendus, plus de cinq cents Memoires, outre une multitude de rapports sur les Memoires presenles par des etrangers. Dans cette masse immense de travaux, rapidement produits, beaucoup ont une grande valeur propre ; d'autros pre- sentent des initiatives d'idees, de methodes, qui ont ete deja ou qui seront plus tard fecondes. Tons portent sur les sujets les plus Aleves des mathematiques : le perfectionnement et I'ex tension de I'analyse pure, la recherche et la determination directe des mou- vements planetaires et de leurs inegaliles les plus complexes, la theorie du mouvement ondulatoire de la lumiere considere dans son entiere generalite. Je me borne a cette indication sommaire. Malheurousementsa precipitation aproduirene lailaissait pas la patience de murir ses travaux. Chaque voie nouvelle qui se pre-

COSMOS. 195

sentait k son esprit le passionnait exclusivement, et, pour la suivre, il quittait celle qu'il avail commence d'explorer, meme sans avoir pris le temps de reconnaitre jusqu'ou elle pouvaitcon- duire. Pour aller plus vite, il condensait presque toujours ses nouveaux apercus dans des notations inusitees, qui les rendaient inintelligibles & tout autre que lui, jusqu'^ ce qu'on se les fat ap- propriees ; et souvent il ne s'apercut pas que ces innovations nc faisaient que deguiser sous une forme etrange des resultats deja connus. L'exuberance de son genie n'aurait pu etre contenue qu'etant dirigee vers un but marque par le devoir. II se presenta une occasion de le lui offrir.

En IS^iO, la mort de Poisson laissa une place vacante an bureau des longitudes. Ce corps scientifique, de meme que I'lnstitut, se renouvelait alors par I'election libre sous I'approbalion du chef de rfitat. Nous elumes Cauchy & I'unanimite. II etait evident pour tout le monde que Gauchy ne preterait pas et ne pouvait pas pre- ter serment; sa nomination ne fut pas ratiflee. La science en souffrit, car, engage des lors par devoir dans les travaux d'astro- nomie, il s'y serait porte avec son ardeur accoutumee, et la me- canique celeste lui aurait dCi tres-probablement des decouverles dont elle sera longtemps privee.

Ce fut en effet sa fidelite a remplir un devoir pareil qui devint I'occasion et la cause du grand service qu'il rendit h I'astrono- mie, en lui fournissant le moyen d'evaluer direclemenl, par des formules analyliques d'une application generalc et sure, les ine- galites h longues periodes des mouvements planetaires, qui ren- dent les tables de ces mouvements progressivement fautives tant qu'elles n'y sont pas appreciees. En i8/i3, Cauchy se trouva charge par I'Academie de verifier la determination d'une inegalite de cette nature, que M. Le Verrier annoncait avoir decouverte dans le mouvement de la planete Pallas, et dont la periode em- brasse sept cent quatre-vingt-quinze annces. Elle elait fort impor- lante k connaitre, son effet, sur la longitude de la planete, sur- passant 15 minutes sexagesimalcs, dans son niaximum, d'apres revaluation deM. Le Verrier. A defant d'un precede d'analyse di- rect, il en avait obtenu la mesurc par une inlerpolation numerique extremement hardie qui avait necessite d'iminenses calculs. Pour se soustraire k I'enorme travail de patience que la veriiication de lant de nombres aurait exige, Gauchy inventa an methode analy- tique par laquelle touteslesinegalites de ce genre se delerminent directement, dans tous les cas, et avec d'autant plus de precision

196 COBMbS;

qu'ellessont d'un ordre phis (51eve. II retrouva ninsi les chiffrcs deM. Le Vcrrier; et desormais, dans ces problSrnes, la puissance de la scinnce abslraite reniplaca reffort individuel.

En 18^i8, Cauchy reprit , ix la Faculty des sciences dc Paris, sa chaire de malhematiques, la seule de ses anciennes places qui ne se trouvSt pas occupee.

En 1851, Cauchy cessa de nouveau son enseignement ; mais un pen plustard, leminislre del'Instructionpublique, M. Fortoul, obtint facilemeat de I'Empereur Tautorisation de le renvoyer tout simplement a sa chaire, sans condition ni exigence politique, lui laissant ainsi la liberie d'etre reconnaissant. II le fut aussi et le temoigna de la maniere la plus noble. Tout son traitcment de la Faculte se depensait en ceuvres de bienfaisance pour la commune de Sceaux, ouil residait. Et, une fois que le maire, qui ctait Pin- termediaire eclaire de ses charites, lui temoignaitquelque hesita- tion k le -voir si prodigue : « Allez, lui dit-il, ne craignez rien. C'est UEjnpereur quipaye. » Jene crains pas de dire quccette parole est la recompense de I'Empereur.

L'expose que je viens de faire des circonstances exterieures dans lesquelles Cauchy a vecu, ne nous montre pas seulement ce qu'il a ete, mais ce qu'il aurait pu (5tre pour les sciences malhe- matiques. Si sa vie, comnie celle d'Euler et de Lagrange, avait pu s'econler sans trouble dans leurs paisibles speculations, 11 aurait ete une de leurs plus grandes lumieres. Par relict de I'in- conslancc et du desordre que les evenements ont imprimes a son genie , I'influence qu'il a exercee sur elles ne sera complelement senile qu'apres que le temps en aura developpe toules les conse- quences.

J'ai seulement esquisse ici le portrait du savant et de Phomme lellre. Qui pourra peindre dignement I'homme prive, le fils all'ectionne, le frere devoue, le bon pere de famille, le citoyen bienfaisant; pour tout dire en unmot, le vrai Chretien, rcm- plissant avec foi et amour tous les devoirs de loyaute, de pro- bite, de charite affectueuse, que la religion nous prescrit envers nous-memes et envers les autres ! On I'a vu s'occuper c'l faire du bien autour de lui jusqu'a ses derniers moments; attendant, ac- ceptant la mort avec la serenite confianle qu'une foi profonde peut seule inspirer. Henreux celui en qui Dieu, pour noire exemple, a voulu ainsi reunir les dons du genie et ceux du cceur!

Impiiinerie de W. Remquet et Cie, A. TB.AMBI.AY ,

rue Garanciere, 5. proprUtaire-gerani.

T. ZI, 21 aout 1857. Sixl^me aon^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

La science a eu sa part dans les recompenses distribuees a I'occasion de la fete de la France et de S. M. I'Empereur : M. Herve de la Provostaye, pliysicien eminent et inspecteur general de rinstruction publique et M. Thomas, de Colmar, inventeurdel'a- rithmometre, ont ete promus au grade d'oflicier; MM. Berlrand et Payer, membres de 1' Academic des sciences, MM. Molins, doyen de la Faculte des sciences de Toulouse, Deguin , doyen de la Faculle des sciences de Besancon, Dupre, professeur de physique a la Faculte de MontpcUier, Richard, agrege de la Faculte de me- decine de Paris, Lyonnet, professeur de mathemaliques au lycee Louis-le Grand, Lissajoux, professeur de physique au lycee Saint- Louis, inventeur des belles experiences sur la manifestation optique des vibrations sonores, Kiencr, conservateur des galerics du Museum d'histoire naturelle, Chacornac, astronome a I'Ob- servatoire imperial, Raciborski, ancien chef de clinique ci la Fa- culte et a la Charite, ont ete nommes chevaliers de la Legion d'lionneur. Nous avons ete surpris et contriste de voir que, dans le dccret imperial, M. Chacornac avait conserve le tilre d'astro- nome adjoint; il est cependant certain que, par un autre decret„ en date du 31 Janvier dernier, M. Chacornac, ainsi que MM. Liais et Puyseux, a ete nomme astronome titulaire de I'Observatoire imperial. Nous aurions ete desole aiissi de ne pas trouver sur la liste oiTicielle le nom de M. Goldschmidt, si nous ne savionst pas que, n'ayant aucune relation olTicielle avec le miniwStere de* I'instruction publique, il devait etre I'objet d'une presentation speciale, faite parexemple par le mlnist6re d'Etat etde Ta maison de lEmpereur; il est impossible, au reste, que les sin(;eres amis de la science, on possession du pouvoir, ne s'unissenf pas pour faire reparer cet oubli, et que le vrai merite ne recoive bientot la seule recompense a laqnelie il aspire.

Un premier accident est survenu au cftble transatlantique quelquesheuresapresquela ilottille avait quitte le port; elleetait ji peine a cinq kilometres du rivage, que la portion ia plus resis- tante du cable, celle par laquelle il se rattachait a ia c6te, se brisa; l'Aga7nem7wn revint sur scs pas, on rei>Scha les deujc

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498 '••" -'' •" COSMOS. W' '^^^^ "^ •'- '^

bouts, on les souda de nouveaii, etquand on vit que la commu- nicalion elait parfaite, le vaisscau, portcurdu reste du cai)Ie, mit de nouvcau a la voile. II est survcnu plus tard un autre accident beaucoup plus grave ; le mardi 11, a quatre lieures du soir, la communication entre la flottille et la bale de Valentia fut suspen- due tout i'l coup; oa expedia d'JrIande plusieurs depeches qui resterent sans reponse. Plusieurs jouinaux out an nonce que le Cyclops, revcnu sur ses pas, avait a])p!is la i)ertc d'unc portion <le cftble longue de cent lieues; nous aimons a croirc, avecle Mechanics-Magazine, qu'il y a beaucoup d'exageration dans cette triste nouvelle, et qu'il ne s'agit encore, celte fois, que d'une j-upture facile a reparer.

La machine a moissonner do MM. Burgess et Key couronnee dans les derniers concours d'agriculture de I'Angletorre, a fonc- tionne le vendredi 7 aout, a Osborn, devant LL. MM. la rcine d'Angleterre, I'empereur et I'imperatrice des Francais, le prince Csnsort, la princesse royale et la princesse Alice. Leurs Majestes ne savaicnt comment exprimer assez I'admiration que leur inspi- rait la perfection du travail execute par I'ingenieuse machine; clles sont restees intimement convaincues qu'elle rendrait h la L^rande culture d'immenses services, et pour donner un temoignage plus expressif encore de leur solennelle admiration, elles out fait la commande de plusieurs moissonneuses pour I'Angleterre et pour la France. Nous avons appris avec bonheur I'autre jour, de la bouche de M. Laurent, un des principaux constructeurs fran- cais d'instruments d'agriculture, qu'il a fourni, pour la nioisson qui vient de finir, un nombre relativement considerable de ma- chines ci moissonner, systeme Mac-Kornik, perfectioune par WM. Burgess et Key, c'est-a-diredumodeleexperimente a Osborn, et que partout ces machines avaient fait un excellent service.

Le 30 juillet dernier, M. Snow administrait I'amylene & un homme de 24 ans, pelil, mais robuste, qu'on voulaitanesthesier, pour lui taire I'ablation d'une petite tumeur epitheliaie placee sur le dos. Au bout de deux minutes, le patient perdit connaissance; on allait commencer I'operation, lorsqu'il parlit d'un eclat derire ion qui dura environ une minute, ct pendant lequel on eut de la peine a le maintenir. Quand il fut calme, et quoiqu'il n'eut pas repris connaissance, on lui fit respirer encore un pcu d'amylene; jl (itait tourne la figure contre la table, appuye sur ses genoux et ses coudes, etl'on fit I'operation. Mais avant qu'on eilt achevela ¥ulure, ses membres se relftcherent, sa respiration, quoique assez

COSMOS. 199

libre, devint stertoreuse; son poiils avait presque disparuau poi- gnet; on le relourna sur le dos, la face etait deja livido. ct la res- piration difficile; on eut recours a I'insufflation des pounions, pratiquec de bouclie k bouche; a la metliode de respiration arti- ficielle du doctenr Marshall-Hall ; aux commotions magneto-elec- triques excilees dans la region du coeur, qu'on crut entendre battre un instant, en meme temps que la respiration semblait en- core reguliere; mais tout fut inutile, il fut impossible de ramener le patient h la vie ; il mourut. M. Snow attribue cette inort subite & une action directe de I'amylene sur les muscles et les ncrfs du cceur, sans que I'asphyxie y ait pris aucune part. D'auti^es mede- cins seront sans doute d'un avis contraire. Ce qu'il y a de certain, c'est que I'agent anesthesique s'est montre encore une fois homicide, et homicide dans un cas ou rien ne faisait prevoir un aussi triste resuitat, il est dil peut-etre a ce que le malade a fait une ou deux inspirations plus energiques qu'on ne I'aurait voulu. « L'air respire, dit M. Snow, ne doit pas contenir plus de 15 pour 100 de vapeur d'amylene, comme il ne doit pas contenir plus de 5 pour 100 de vapeur de cbloroforme; si I'amylene etait administree en quan- tite determinee dans un ballon ou dans un vase de capacitc con- nue, il n'arriverait aucun accident ; mais j'avais tout lieu d'esperer que le procede qui avait si bien reussi avec le chlorofonne reus- sirait bien avec I'amylene, et qu'il n'etait guere utile d'inlroduire, pour le nouvel anesthesique, un mode d'administration difficile et embarrassant, quand cela n'etait point necessaire pour I'agent anesthesique habituellement employe. » C'est une erreur, ct une erreur deplorable qui fait mieux comprendre encore I'excellence de lamelhode et del'appareil de M. Heurteloup. L'agent anesthe- sique, quel qu'il soit, ne doit etre administre queparle nez, en meme temps qu'on respire par la bouche un air tout a fait pur, et que les vapeurs stupefiantes sont elles-memes dissoutes dans l'air.

M. Gould, par une lettre datee de Cambridge (Ameri([ae), 27 juillet, annonce la decouverte d'une comete, faite a I'observa- toire de Dudley (Albany), par M. le docteur Peters, et transmet les positions suivantes, obtenues au moyen d'un micrometre cir- culaire adapte k un chercheurde cometes.

1837. Juillet, 25. 20'' S"" 51' 0. Asc. dr. i^ 33" 32^ 9. Dcclin. 59°, 9',l4". 26. 2l'» T" 20' 8. 3'' 46" 26' 1. b8o,18',33".

La comfete dtait excessivement faible et ne prdsentait aucune trace de noyau.

200^ COSMOS.

M. Villarceau, tenant compte des corrections negligees ordi- nairement dans un premier calcul, etjoignant ii ceiles de Paris les observations de Berlin, Florence et Home, a calcule de nou- veau les elements paraboliques de la qualrieme com6te de 185T, celle de M. Dien,

Passage aii pt'iilielie, aoiit 18S7, 23,53257. T. M. P.

Dislaiicf peiihclie, 0,7500503 LoiisiliiJe <lii naMid ascendant. . . SOI" 32' 3", 4 j ?:quinoxe moycn

Loi)i,'iiiiJe dii periliilie 21 3 10,7 j du !<"■ Janvier 1S57.

Incliiiaison 32 22 58,2

Un vieux proverbe afflrme que les maladies de la tele sont au physique les plus faciles, au moral les plus difflciles h guerir, I'obsGrvation suivante conflrme de la maniere la plus frappante la verite de la premiere partie du proverbe. Joseph Journet ra- menait al'ecurie un vieux cheval qui s'y precipita au galop. Le pauvre homme, vieux aussi, car il elait sopluagenaire, ne fut pas assez leste pour se lalsser glisser a terre. Sa tcte renconlra le bord tranchanl du cadre en pierre de la porte et fat scalpee de telle facon que la peau, d'une oreille k I'autre, etait renversee en arriere. Deux heures se passerent avant I'arrivee du medecin, M. Dunglas, qui, apres avoir soigneusement neltoye le vasle lam- beau detous corps etrangers, le reappliqiia immediatement. Faute de cerat, il imbiba d'huile a salade la compresse fetietree; faute de charpie, il se scrvit de filasse. Au bout de sept jours, illeva ce premier et unique appareil; la reunion immediate avail eu lieu sans qu'il fill survenu le molndre accident.

Le 7 juilict, vers neuf heures du soir, ecrit M. Lcgrip k La Science, deux individus de Chambon se trouvaicnt sur un point eleve, a I'ouest de celle pelile ville. La lune pleiiie se levait au-dessous d'un petit nuage; sa couleur elait jaune-rouge vif. Elle elait a peine au-dessus de I'liorizon que nos deux voyageurs apercurent en I'air, et a peu/ pres a la hauteur de la lune, un homme en veste, coilTedfun cha peau, etayant sur I'epaulc gauche un paquet an bout d'un baton. Get homme marchaitsur une large roule; ils le vircnt passer devaiil la lune el bienlot disparaitre. La lune se couvrit un instant, el aussil6t le nuage passe, un autre tableau s'olTrit aux yeux de nos deux observateurs ; ce ne fut plus un homme, mais une vasle etendue d'eau, une sorte d'etang en- toure de pgilurages et de prds, de buissons et d'arbres. M. Legrip voit dans cos apparitions de beaux ellets de mirage; il dirait

COSMOS. 201

mieux de curieux effets de reflexions extraordinaires, si tent est que I'observation soit reellc.

D'un long recit insere dans le journal russe Monko'i Sbm-- nik, et reproduit par La Science, il seinblerail resultcr qu'iin me- decin ou proprletaire du village de Pekletz, goiivernement de ■Riazan, district de Riagsk, serait en possession d'une rnelhode infaillible pour la guerison de la rage. Le premier soin da mede- cin serait de provoquer le premier acces de la maladie, en ser- rant avec force le membre mordu. Le patient alors sent sa vue s'obscurcir, ses senss'emousseni, un sentiment de lristesse,d'in- quietude, de peur, s'empare de lui et va sans cesse en augmen- tant; bienlot succedent desnausees, et apres elles I'aneantisse- mentcoa)p!etde toute intelligence, le delire dans leqael le malade, au regard effraye, crache sur tous ceux qui I'approcheut. Quand, par cette premiere epreuve, M. Levacholl", c'est le nom du mede- cin, s'est assure de la presence du virus rabique, il commence le traitement, qui consiste en pilules et en poudres faites de plantes, dont le secret passe de pere en flls dans la famille. Apres la premiere pilule le malade s'endort, et reste endormi pendant quatre heures et demie. II se reveille enpleine connaissauce, sent nne legere transpiration, et demande une nouvelle dose de medi- cament; tout est termine en general apres la quatrieme pilule; mais des la premiere, la guerison est assuree. Les acces ne repa- raissent plus, la tristesse a cesse, toutes lesfonctions s'accomplis- sent comme chez un homme sain. Nous devons dire, a la gloire de ce medecin, qu'il ne consent jamais a rien accepter des ma- lades qu'il guerit; chacun d'eux, s'il le vent, reste libre de fairc un don a I'eglise de Pekletz; le nombre des enrages gueris par lui s'elevait, au 5 mars 1857, a 1 791.

Nos lecteurs apprendront avec joie que M. Harrison, ancien membre du Conseil legislatif de Victoria (Australie), fait fonclion- ner actuellement a Paris, rue Lafayette, 165, I'appareil k I'aide duquel il fabriquc la glace en grandes quantites et k bas prix. La Note qui suit donnera une idee suflisante du procede de M. Har- rison. C'est une application de Fancienne pompe k air. L'elfet refrigerant est produit par I'evapora ion de I'ether contenu dans des vases et dans des tubes impenetrables a Fair, dans lesquels on maintient le vide, afin qu'en cas de fuite aucune quantlte d'^- ther ne puisse s'echapper, toute la pression venant du dehors. L'interieur des vases est alimente d'ether de maniere a ce qu'un courant constant soit produit contre les surfaces de ces vases, -et

202 COSMOS.

qire cot ether s'cvapore a mcsure qu'il descend. La vapeur qui en provienl est pouipee au dehors dans une autre serie de vases plongcant dans de I'eau a la temperature ordhiaire des rivieres ou sources dela iocaUle dans laquelld'appareilfonclionne. Dansl'ex- pericnce de Paris, cette eau est de 21 a 27 degres centigrades. La vapeur est hquehee la sous la pression avec laquelle la pompe la refoule, et elle abandonnc la chaleur qui etait devenue latente pendant la conversion de I'elher en vapour dans Ic refrigerateur. L'ether liquidc resultant, a une temperature superieure de quel- ques degres h celle de I'eau de riviere, coule dans un vase conte- nant une soupape & flotteur automotrice, passe dansles refrigera- teurs, et est de nouveau evapore, soutire et condense aussi long- temps qu'on pcut le desirer, oujusqu'a ce que I'appareil soit use. Le petit appareil d'experimentation, d'une puissance d'un demi- cheval environ, fait ^ peupres 8 kilogrammes de glace par heure. Une machine de dix chevaux fcrait par consequent presque quatre tonnes de glace dans les vingt-quatre heures. Le cout premier d'une machine sera environ le m6me que celui de la machine destinee a la mettre en jeu. Le coiil^ d'une machine a vapeur de 10 chevaux est de 7 500 a 8 500 francs. La seulc depense dela mise en oeuvre sera celle de la machine h vapeur et de I'enlevement de la glace une fois faite. La faible alimentation d'ether requis sera une depense premiere et non pas une depense journali^re, car tant que la machine restc intacte, elle n'a pas besoin d'etre rem- plie de rechef.

Les seules depenses reelles sent celles du combustible et de i'eau. La mise en jeu de la machine k vapeur necessitera telle ou telle depense suivant les pays ; ii Londres, la production d'une tonne de glace n'excedera pas 18 shelUngs, y compris le loyer, I'interet, I'usure, les reparations, etc.

M. Harrison est convauKu qu'en moyenne le prix de revient de la glace, produite par une machine de 10 chevaux, ne depas- sera pas 8 francs, et que la production journaliere sera de 8 tonnes (8 000 kilogrammes) par jour.

La glace pent etre produite a un degre quelconque de froid jus- qu'a 29 degres au dessous du point de congelation. C'est le point le plus has auquel s'est arrete le thermometre dans les vases re- frigerants. L'eau, durant sa conversion en glace, ne vient en con- tact avec aucune substance, si ce n'est les vases etames qui la contiennent. La glace est transparente ou opaque, suivant la rapi- dite de sa production. Si on la fabrique rapidement, la glace semble

COSMOS. 20S

a la vue comme composee de gros cristaux granulaires sembla- bles h ceux du sucre en pain ; lorsqu'on la forme graduellement et regulierement comme dans la nature, elle est unie et claire. La glace blanche est d'une puissance refrigerante egale h celle de la glace claire; mais comme elle presente une surface rugucuse, elle se fond plus rapidement. Lorsqu'on remploic broyee, ou pour rafraichir d'autres substances, la glace blanche est la meil- leure ; pour la transporter a quelque distance, ou la conserver, la transparente est la plus economique et la plus agreablc a I'ceil pour melanger avec un breuvage. Par une modification de I'ap- reil, il pent etre employe pour rafraichir I'air des habitations.

La description qui precede est un pen complexe et embrouillee, mais I'appareil de M. Harrison est tres-simple. Une pompe k air faitle vide dans un refrigerateur, forme d'un vase avec serpentin, et y fait arriver de I'ether liquide; I'ether en s'evaporisantproduit le froid ; la vapeur d'ether est aspiree par la pompe et refoulee dans un condenseur, ou elle repasse h I'elat liquide pour revenir au refrigerateur. La circulation est continue et sc fait sans pertes. Nous avons vu I'appareil marcher et produire soil de gros pains, soil do larges tables de glace , et nous le jugeons tres-pratique. Nous osons emettre le voeu que M. le general Morin ajoute ce pe- tit appareil a sa brillante collection , et ]e fasse fonctionner les jours d'ouverture publique des galeriesdu Conservatoire des arts et metiers,

Fnits Aes sciences.

Tout le monde a admire les beaux echantillons de marbre onyx de la province d'Oran, qui faisaient partie de I'exposilion de I'Algerie. Suivant M. Roy , ce sont des depots recents dus a des sources thermales interieures chargees d'acide carbonique, comme 11 en existe encore beaucoup dans toule la contree. Le depot cal- caire forme par precipitation et concentration du liquide , est d'abord opaque et de structure tres-irreguliere; mais la quantity d'acide carbonique venant a augmenter, et I'influence de I'evapo- ration devenant plus puissante, a mesure que le liquide appro- chait de la surface, le dep6t s'est fait a i'etat translucide. M. Roy affirmc que la nature du dep6t accuse d'une manierc remarqua- ble I'influence non-seulement des saisons alternalivementchaudes etfroides, mais meme I'alternance dujouretde lanuit. Des blocs brises soumis plus tard h Taction du lavage des marbres par les eaux des sources thermales , se sont sondes naturellement, et en

204 COSMOS.

imitant la nature, on mcUant en jeu ceite memo action des eaux lliemiales, M. Roy espOre airivcr h souder avtificiellenienl Ics mor- ceaux detaches d'onyx, de manlere h conslituer des blocs demar- bre plus grands que ceux qu'ont possedes les peuples anciens. M. Verdot a dans une noiivelle note complete et reclific ses Recherches sur les proprietes optiqucsdes corps maguiUiqiies. II n'est pas vrai que l(!s composes du manganese prennent tons un pouvoir rotaloire positif; le cyanure double de manganese et de potassium est negalif comme le cyanure rouge de potassium et de fer. Les cyanures doubles de potassium et de chrome, de potas- sium et de cobalt, sont positifs; ce dernier sel est meme diaina- gnetique. Les sols de cerium sont cerlainemont negatifs ou exercent une action contraire ti celle de I'eaa. Le nitrate d'urane pur est diamagnetique ; I'oxyde rouge et I'oxyde noir d'uranium qu'on extralt du nitrate par Taction de la chaleur , sont magne- tiqucs ; Taction negative du nitrate d'urane dissous dans Teau, I'ether ou Talcool est incontestable. Le carbonate de lanthane, parfailement pur est fortement magnetique; le cblorure de lan- thane exerce un pouvoir rotatoire negatif. Le molybdene est magnetique; les molybdates de sonde et d'ammoniaque sont dia- magncliques , leur pouvoir rotatoire, assez faible, est positif. Le lithium et leglucynium sont diamagnetiques ; tons les composes de ces corps, soumis h Texperience, sont repousses par les ai- mants de la maniere la plus evidente.

Certains chimisles admettent que, lorsqa'on saponifie les corps gras par une petite quantite d'alcali, il se forme une com- hinaison de cet alcaU avec la mati6re grasse sans elimination de glycerine. M. Bouis croit pouvoir affirmer au contraire que lors- qu'on saponifie les matieres grasses avec une dissolution alcoo- 'ique de potasse inferieure a la quantite n(5cessaire pour les sa- ponnifier enlierement, il se forme des ethers a acides gras en meme temps qu'il se separe de la glycerine. Voici Texperience fondamentale qu'il invoque k Tappui de son opinion : il saponifie lamatiereneutre avec une dissolution titree de potasse alcoolique;, il saturc cxactement Talcool par une dilution egalementtitiee d'a. cide sulfurique; il si^pare les produits qui surnagent Teau et les lavecomplelement; la dissolution aqueuse,evaporeea siccitedans ^e vide ou au bain-marie, est reprise par Talcool qui enleve la gly- cerine et laisse le sulfate de potasse neutre ; on dissout par Tether et on traite par la chaux les matieres solides reslees sur le filtre et dessechees; on separe Tether gras en epuisant le residu desse-

COSMOS. 205

ch^ parl'alcoolfroid,; I'ether sulfurique entralnela matiereneutre saponifiee, ct la chaux relient los acides mis en liberie. La sapo- nification des matieres grasses par une dissolution alcoolique de potasse est tres-rapide et tres-commode, a la condition de nieltre un exces d'alcool et de chasser I'alcool avant d'ajouter un acide mineral ; sans celte precaution on s'expose h donner naissance a des ethers qui, se trouvant melanges aux acides gras, abaissent leur point de fusion. Gette formation presque instantanee des ethers sous I'influence des alcalis est tres-curieuse. M. Bouis croit pouvoir I'explique-r sans peine, ainsi que le fait remarquable de I'acidification des corps gras par une petite quantite d'alcool, en partant de la constitution connue des corps gras neutres. Ces corps gras, en effet, etant consideres comme formes de 3 equi- Talents d'acide pour 1 de glycerine ; si on traite la stearine par 2 equivalents de potasse dans Talcool, il se formera 2 equivalents de stearate de potasse et 1 d'ether stearique; si I'on substituea la glycerine un equivalent de base, on formera un sel neutre, et par suite de cet ebranlement moleculaire, la moindre cause suf- fii^a pour fixer de I'eau et mettre en liberie les deux autres equi- Talents d'acide. En effet,

Ciu HI 10 012 = 3 (C30 H5« O*) -J- C6 H8 OG 6 H O Tiiitearjne Acide sliariqiie Gl3Teriiie

done

C'»*H"0o'=4.CaO + 5HG=C5G j J|^'' j 0^ + 2 ((.•'« Ipc Q-*) + C H" 0«.

Fails de I'indostrie.

On a propose tout recemment de coraprimer I'air an moyen de machines hydrauliques puissantes, soitpour faire parvcnirde I'air respirable, soil pour exercer un effort mecanique a de tres- grandes distances. M. Daru, ingenieur au cherain defer de Cher- bourg, doute de I'efflcacite de ce moyen, et dans une lettre ecrite k VAtni des sciences, il appuie ses doutes de fails bien dignes de fixer I'attention : Une roue qui, avec une quanlite d'eau deter- minee, faisait ao revolutions par minute, en donnanl le mouve- ment a des soufflets dont les tuyaux droits n'avaient qu'un metre delong, ne fit plus que 12 tours lorsque ces tuyaux eurent /i metres de longueur, avec deux angles ou coudes, I'un droit, I'autre Ires- obtu; une trompe dont on prenait le vent de Ires-pres et qui produisait un grand effet, nc donna plus qu'un vent tres-faible

206 COSMOS.

lorsqu'on y eut mis des luyaux de 10 metres de long avec un coudc a angle droit. C'cst un fait connu de tous que I'augmenta- :Vtion de longueur du tube d'un soulflet diminue I'intensite du " souffle dans une proportion vraiment enorme; le celebre Wil- kenson avait imagine de fournir du vent h un haut fourneau, en se servant de I'eau d'un ruisseau eloigne de 1 350 metres; 11 lit conslruire une grandc roue ci chute superieure, il etablit une ma- chine soufflanle dont les pistons etaient nius par cette roue, et placa une serie de tuyaux de conduite disposes en ligne droits pour porter Tair de la machine au haut fourneau ; ces luyaux en fonte de fer avaient 32 centimetres de diamelre interieur. Or, I'air comprime s'echappait avec vitesse par toutes les ouverlures des joints et par la soupape de surele, tandis que pres du four- neau on ne sentait presque aucun soufle ou niouvement de Fair. On boucha alors avec soin toutes les fuites, Ton chargea peu a peu la soupape de silrete jusqu'i ce que I'air comprime ne ptlt plus la soulever, et Ton fut tout surpris de voir que la roue, malgre que I'eau affluait toujours avec la meme abondance, se ralentit et flnit par s'arreter tout a fait ; quoique Fair fut comprime au point de faire equilibre k la force motrice, il n'y avait pas le plus leger souffle a I'extremite des tuyaux de conduile. fitonne et deconcerte, Wilkenson fit percer des trous de dix metres en dix metres a parlir du haut fourneau; quant on vint k percer le trou h 200 metres, un leger courant d'air se fit sentir, etce courant d'air augmenta fi mesure que les Irous^e rapprocherent de la machine. G'etait done evidemment la longueur du tuyau et les frottements conti-e les parois qui s'opposaient h la transmission du courant d'air. Or, ce n'est pas a 389 metres, mais a plus de 6 kilometres que devra s'exercer la force mecanique pour le per- cement du Mont-Genis ! Avant de commencer les travaux, il faut done absolument s'assurer avant tout que I'elasticite de Fair ne decroit pas rapidement avec la longueur, le diametre et les in- flexions de la conduite; car quel mecompte et quels regrets n'e'- prouverait-on pas, si Fon avait inconsiderement edifle de puis- sants appareils, contracte des engagements coilteux, etc., etc.!

M. Schwartz a fait connaitre t'l la Societe industrielle de Mulhouse les precedes nouveaux par lesquels il a reussi 1" k produire le principe rouge de la garance dans son plus grand etat de purete; k isoler la racine brune qui se trouve melee au principe rouge dans la garance et ses derives. Le principe rouge a son plus grand etat de purete s'obtiendrait en traitant par la

COSMOS. 207

sublimation snr du papier, a une temperature moderee , un ex- trait alcoolique; la racine brune serait separee en trailant le meme extrait alcoolique un grand nombre de fois par I'eau bouillante legSrenient almiee.

M. Mahislre decrit ainsi qu'il suit une roue destinee a pro- duire la detente de la vapeur, ot a faire varier la course d'ad mis- sion par degres aussi petits que Ton vondra, entre toutes les limites possibles, la course des leviers restant constante :

Imaginez une roue cylindrique montee sur I'arbre de la mani- velle ou sur un arbre lateral ; par le centre menez deux plans diametraux interceptant les 8 dixiemes de la demi-circonference; creusez cettc roue de chaque c6te, dans le sens des plans diame- traux, jusqu'a une petite profondeur, puis decrivez une surface cylindrique de meme axe que la premiere, et passant par la limite du creux; supposez que les parties saillantes, divisees aussi cha- cune en huit parties egales puissent sc detacher a volonte et SB fixer par segments sur la surface cylindrique dont 11 vient d'etre question; enfm, k partir de la naissance du creux, mais en laissant toutefois un peu de jeu, arrondissez en arcs de cercle deux angles saillants boraologues : les deux reliefs ainsi obtenus seront les dents de la roue. Soit maintenant une tige ABhorizontale, mobile entre deux guides, portant une petit galet place dans une echancrure menagee sur une partie de la lon- gueur et destine a ouvrir ou h fermer d'une maniere intermit- tente un conduit de vapeur, soit directement, soit par I'interme- diaire d'un systeme de leviers; admettez, en outre, que Tune des extremiles de la tige A B soit tiree par un ressort ou par un poids de maniere k ouvrir I'orifice de la vapeur des que la dent n'agira plus sur le gallet. Lorsque, par I'etTet de la rotation, la partie ar- rondie de la dent atteindra le galet, le conduit de vapeur se fer- mera ; en meme temps, la tige AB s'avancera jusqu'a une certaine distance repondant au dixieme de la demi-circonference. A partir du moment oCi le galet arrivera a la limite de sa course, la partie cylindrique et exterieure de la dent glissera sous le galet et main- tiendra I'oriflce ferme, parce que les guides empechent la tige de se soulever. Done la communication entre le cylindre et le gene- rateur sera fermee pendant les 9 dixiemes de la course du piston, et ouverte seulement pendant I'autre dixieme. Si Ton veut don- ner 2 dixiemes d'admission, on 6tera un segment pendant le mo- ment de repos de la machoire, et ainsi de suite.

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ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance du 26 aout 1857.

A cause de la seance annuelle des cinq Academies, la seance de rAcademie des sciences n'a commence que vers quatre heures et dcmie.

M. filie de Beaumont depouille la correspondance ; il fait part a I'Academie des communications suivantes. M. Quetelet, direc- teur de I'Observatoire royal de Bruxelles, croit que le moment est venu de roprendre les travaux relatifs ;'i I'etablissement d'un systeme uniforme d'observations des vents et des courants des mers. Nos lecteurs savent qu'une premiere conference s'est tenue dans ce but, ^ Bruxelles, il y a quatre ans ; mais la guerre de Russie a fait suspendre, surbeaucoupde points, les observations. Le savant astronome et pbysicien appelle I'attention de I'Acade- ipie sur ce sujet trcs- important.

RI, Deslongchamps, de Caen, correspondant de I'Academie, adresse une lettre sur les phosphates. II envoie un echantillon d'os roule recueilli sur la cote, et quoique tons les angles de cet 03 soient completementarrondis, il est lacile de voir qu'il appar- tient i\ des animaux du genre phoque ou morse, dont quelques grandcs especes visitent sans doute les cotes do France. L'auteur pense qu'il serait important de les rechercher, car leur peche se- rait tres-lucrative. Nous croyons entendre que ces os se trouvent en assezgrande abondance en Normandie, et comme ils contiennent beaucoup de phosphate, l'auteur de la lettre croit qu'ils seront d'un utile cmploi comme engrais.

M. Belloc, directeur du Jardin botanique de Metz, envoie un memoire sur le platane d'Orient et le platane d'Occident. Le pre- mier de ces arbres, originaire de I'Asie et de la Grece, importe ensuite en Itahe et chez nous, a ete soumis h une etude soignee par l'auteur. On salt que cet arbre perd tous les ans son ecorce, qui tombe en lambeaux sur la terre. M. Belloc a fait I'analyse de cette ecorce, afin de constater si elle avaitquelque valeur comme engrais. II a trouve qu'elle contient : une matiere colorante jaune paille; une matiere astringente tres-analogue au the, et qui pourrait peut-etre remplacer la boisson chinoise; en la faisantbouillir dans I'eau, on obtient une solution brune qui teint la sole en jaune paille; cette solution, evaporee, donne un extrait gommeux de couleur brune qui, traite par I'acide chlorhy-

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COSMOS.

211

drique, donne des cristaux blancs et opaques , desquels on peut extraire un principe nouveau, un alcaloide auquel I'auteur a donne le nom de platinine. Ce principe est tres-peu soluble dans I'eau, mais forme des sels solubles avec les acides azolique et sulfurique.

M. Coulvier-Gravier, ainsi qu'il le fait chaque annee , com- munique uue note relative au maximum d'apparition d'etoiles filantes dans la nuit du 9 au 10 aotit :

« J'ai I'honneur de mettre sous les yeux de I'Academie le r^- sultat de nos observations des 9, 10 et 11 aoAt de cette annee, corrige de I'influence de la lune. Je donne en meme temps les re- sultats qui ont precede et suivi ce maximum :

AnH<:e. Mos. Dales.

1857. Jiiillet 13

18 an 19

22 au 23

27 au 28

31

8,5 etoiles 6,9 11,8 20,4 17,2

Mois. Dates.

Aout 4 au 5

7

9 10 11

12

13

Non.br. mojcn :

20,2 eioiles 26,2 44,0 40,0 26,5

Si Ton trace mie courbe au moyen de ces nombres, on pourra suivre facilement la marche de ce maximum , et voir que le phe- nomeme au lieu de rester stationnaire comme en 1856, a au con- traire continue sa marche decroissante.

Pour que I'Academie soit mieux renseign^e sur la regularite du phenomene d'aoilt, je lui adresse egalement la moyenne generale de douze annees d'observations (18^6-1857), du20 juin au 31 aout. (Cette moyenne est calculee de trois jours en trois jours.)

Mois. Dales.

moyen a m

Juin 20 .

... 5,0

23 .

.. 4,5

26 .

. . . 5,6

29 .

. . . 5,5

Juillet 2 •.

. .. 6,1

5 .

.. 6,2

8 .

.. 6,7

11 .

.. 6,5

14 .

.. 7,4

17 .

. .. 9,8

20 .

. .. 9,1

23 .

. .. 13,9

26 .

. . . 15,6

29 .

... 18,2

Noinbre hnraire

Mois. Rites.

moyen a luinuit

Aoiil 1^"^ .

... 20,2

4 .

... 20,7

7 .

... 27,8

10 ,

... 69,9

13

... 31,2

16

... 26,0

19

18,3

22

16,7

25

15,3

28

.... 12,3

31

10,7

Je joins egalement k cette communication le resultat d'un tra-

4

y

'f-^^

PIIOTOGRAPiriE.

Action de lu luiuiere sur le chlorurc d^argcnt

Par !M. GuxiiniE.

La coloralion noire produite par la lumi6re sur le chlorure d'argcnt a I't'lat humide a etc attribuee par Scheele a la inise en liberie du cblorc et au depot d'argent metallique. Ce chimiste a <lemontre que la masse noircie n'etait qu'en partie soluble dans I'auiraoniaque, et que la portion non dissoute par le reactif etait soluble dans Tacide azolique. Daniel et autres ont considere ce changement de couleur comme etant dil h la formation de I'oxyde d'argent, s'imaginant que la decomposition par le cblore de I'eau presentc etait accompagnee d'une oxydation correspondante de I'argent reduit. D'autres enfm ont suppose la formation d'un sous- <;hlorure. Les experiences qui suivent tendent indubitablement i confirmer les assertions emises originairement par Scbeele. Void ces experiences : Deux grammes de chlorure d'argent sec sont renfermes dans un tube scelle et exposes a la lumiere directe et diffuse du soleil. II y a augmentation de tension dans le tube, et le papier amido-iodure indique la presence du chlore a I'^tat libre, car le papier prend la teinte bleue; une portion de chlo- rure d'argent, seche a 100 degres, est introduite dans un tube parfaitcment sec. Ce tube est alors rempli h moitie avec de la benzine pure, chaulTeejusqu'^rebullition, pourchasserl'air, puis hermeliquement scelle a la lampe et expose avec agitation A -la lumiere. Le noircissement rapide eprouve par le chlorure atteste que la presence de I'oxygene n'est pas necessaire ; 3" on renforme dans un tube scelle & la lampe U ou 5 grammes de chlorure d'ar- gent humide. On remplit le tube a moitie deau et on le ferme hermeliquement. Apres exposition k la lumiere pendant dix ou douze jours, en agitant frequemment, on ouvre le tube, on en jetle le conteuu sur un filtre et on lave a I'eau froide. En ajou'tant du nitrate d'argent k la liqueur fiitree, il se forme un precipite ide chlorure d'argent. La masse grise sur le filtre est trai lee par de rainmoniaque concentree jusqu'a ce que -celle-ci cesse de dissou- dre du chlorure. II reste sur le filtre un corps gris ardoisd, qui, k I'etat sec, prend un eclat metallique sous la pression du pilon. Ce corps est soluble dansl'acide azolique, non precipitable par i'ammoniaque, mais il est precipite par I'acide chlorhydrique

COSMOS. 209

etendu. La non precipitation de la solution azotique parl'addition la plus graduee de I'ammoniaque semblc dej^ annoncerl'absence du clilore; k" on introduit 10 grammes environ de chlorure humide d'argent dans untube de 45 centimetres de longueur etde 18 mil- limetres de diametre. Apres addition d'eau et scellement, le tube est expose comme precedemment. La liqueur qui surnage est de- cantee et la masse lavee par ddcantation. L'acide chloihydrique est precipite par I'azotate d'argent, le chlorure est dose sur un flltre tare: La mati6re lavee du tube est digeree dans I'ammo- niaqiie concentree; le residu gris ardoise qui se depose et qui l^isse au-dessous de lui un liquide tout k fait clair, est recueilli par un fdtre tare, et lave d'abord avec I'ammoniaque, puis avec I'eau. Celtt! substance a pris reciatmetalliquesousle brunissoir; elle s'cst dissoufe dans l'acide azotique bouillant, en decomposant celui-ci. On la jette avec le filti^e dans l'acide azotique concentre; apr6s digestion et dilution convenable, on flltre. L'argent est preci- pite par l'acide cblorhydrique etendu, recueilli sur un flltre tare, et pese; 5" environ 12 gr. de chlorure d'argent sontintroduits dans un t^fte' qu'on remplit a derai d'acide azotique furaant, ferme a la lampeet expose comme ci-dessus. En ouvrant le tube, on trouve qu'il renferme de l'acide chlorhydrique. Le chlorure a eprouve un noircissement aussi intense que celui qui a lieu dans le chlorure environne d'eau, expose k la lumiere pendantle meme temps. Le fait que le chlorure' d'argent a ete reduit a I'etat metallique, meme en presence de l'acide azotique, etait tout a fait inaltendu. L'au- teur a trouve que, soit en soustrayant la masse affeclee a la lu- miere et I'agitant, soit meme en la chauffant, on ne parvient pas a lui rendre sa premiere blancheur. En fait, l'argent n'est attaque que graduellement par l'acide azotique, h moins que le chlorure non decompose n'ait ete prealablement enleve par Taction de I'am- •moniaqne. II semble que la lumiere en agissant sur l'argent en depit de l'acide azotique, I'a ainsi fait passer dans un elat plus passif, et que ce n'est qu'apres contact avec I'ammoniaque que son etat basique primitif est retabli. Le chlorure d'argent em- ploye dans ces experiences a, dans tous les cas, ete lave par de- cantation, afln d'eviterla presence des matieres organiques.

{Institut; de Luca.)

AGADEMIE DES SCIENCES.

Seance du 26 aout 1857.

A cause de la seance annuelle des cinq Academies, la seance do rAcadcmie des sciences n'a commence que vers quatre heures et demie.

M. filie de Beaumont depouille la correspondance ; il fait part ^ I'Academie des communications suivantes. M. Quetelet, dircc- teur de I'Observatoire royal de Bruxelles, croit que le moment est venu de roprendro les travaux relatifs h I'etablissement d'un systome uniforme d'observations des vents et des courants des> mers. Nos lecteurs savent qu'unc premiere conference s'est tenue dans ce but, h Bruxelles, il y a quatre ans ; mals la guerre de Russie a fait suspendre, surbeaucoup de points, les observations. Le savant astronome et physicien appelle I'attention de I'Acade- ipic sur ce sujet tres-important.

M. Deslongchamps, de Caen, correspondant de I'Academie, adresse une lettre sur les phosphates. II envoie un echantilion d'os roule recueilli sur la c6te, et quoique tons les angles de cet 03 soient completementarrondis, il est facile de voir qu'il appar- tient a des animaux du genre phoque ou morse, dont quelques grandcs especes visitent sans doute les cotes de France. L'autcur pense qu'il serait important de les rechercher, car leur peche se- rait tres-lucrative. Nous croyons entendre que ces os se trouvent en assez grande abondance en Normandie, et comme ils contiennent beaucoup de phosphate, I'auteur de la lettre croit qu'ils seront d'un utile cmploi comme engrais.

M. Belloc, directeur du Jardin botanique de Metz, envoie un memoire sur le platane d'Orient et le platane d'Occident. Le pre- mier de ces arbres, originaire de I'Asie et de la Grfece, importe ensuite en Italie et chez nous, a ete soumis k une etude soignde par I'auteur. On salt que cet arbre perd tons les ans son ecorce, qui tombe en lambeaux sur la terre. M. Belloc a fait I'analyse de cette ecorce, afin de constater si elle avaitquelque valeur comme engrais. II a trouve qu'elle contient : 1" une matiere colorante jaune paille; une matiere astringente tres-analogue au the, et qui pourrait peut-etre remplacer la boisson chinoise; en la faisantbouillir dans I'eau, on obtient une solution brune qui teint la sole en jaune paille; li° celte solution, evaporee, donne un extrait gommeuxde couleur brune qui, traite par I'acide chlorhy-

COSMOS. 211

drique, donne des cristaux blancs et opaques , desquels on peut extraire un principe nouveau, un alcaloide auquel I'auteur a donne le nom de platinine. Ce principe est tres-peu soluble dans I'eau, mais lorme des sels solubles avec les acides azolique et sulfurique.

M. Coulvier-Gravier, ainsi qu'il le fait chaque annee , com- munique uue note relative au maximum d'apparition d'etoiles fdantes dans la nuit du 9 au 10 aout :

(( J'ai I'honneur de mettre sous les yeux de I'Academie le re- sultat de nos observations des 9, 10 et 11 aoilt de cette annee, corrige de I'influence de la lune. Je donne en meme temps les re- sultats qui ont precede et suivi ce maximum :

Nombrc horairc

No

nibre hoiaire.

Annee.

Mos. Dales.

moyeii a minnil.

Mois.

Dates.

n.o

fn a minuU.

1S57.

Jllillet 13

8,5 etoiles

Aout

4 au 5

20,2 eloiles

18 au 19 .

... 6,9

7

26,2

22 au 23 ,

... 11,8

9 10 11

44,0

27 au 2S .

. . . 20,4

12

40,0

31

... 17,2

13

26,5

Si Ton trace une courbe au moyen de ces nombres, on pourra suivre facilement la marche de ce maximum , et voir que le phe- nomeme au lieu de rester stationnaire comme en 1856, a au con- traire continue sa marcbe de'croissante.

Pour que I'Academie soit mieux renseignee sur la regularite du phenomene d'aoiit, je lui adresse egalement la moyenne generale de douze annees d'observations (18^6-1857), du20 juin au 31 aout. (Cette moyenne est calculee de trois jours en trois jours.)

Nombre horaire

Nombre horaire

Mois. Dates.

moyen a njiuuil.

Mois. Dates.

moyen a minuit

Juin 20 .

... 5,0

Aoull*'' .

... 20,2

23 .

... 4,5

4 .

... 20,7

26 .

... 5,6

7 .

... 27,8

29 .

.. . 5,5

10 .

... 69,9

Juillet 2

... 6,1

13

... 31,2

5 .

...6,2

16

. . . 26,0

8 .

. .. 6,7

19

18,3

11 .

. . . 6,5

22

16,7

14 .

. .. 7,4

25

15,3

17 .

... 9,8

28

12,3

20

... 9,1

31

10,7

23 .

... 13,9

26 .

. . . 15,6

29 .

. . . 18,2

Je joins egalement k cette communication le resultat d'un tra-

Sjia- COSMOS.

vail tresr-important sup la variation de la resultante dies meteores du maximnm d'aoiU de ces douze annees. De neuf heures {"i dix du soir, on trouve la resultante eiitre le NE. et I'ENE. h 2°, 5 dU' NE. ; de deux a trois heures du matin elle se trouve entre ESE. et SE., a trois degres de I'ESE.; done de neuf heures du soir i trois heures du matin, elle a marche de 65" vers Ic sud, c'est-a-dire de 11° ci I'heure, d'ou Ton peut conclure que, si Ton avait pu conli- nuer rohservalion jusqu'a six heures du matin, la resultante se seralt trouveealors entre 3 degres SSE. ; et 7 degres SSE.

Ceci se trouve pleinement confirme par la resultante generale des autres jours de I'annee, qui arrive au malhi jusque entre S. et SSO. La resultante generale des globes filants atteint meme

roso.

Ces fails out, selon nous, un tres-grand interet pour la connais- sance de la physique du globe. Les geometres et les physiciens y trouveront, je n'en doute pas, un vaste sujet d'etude qui con- duira a recherchcr si I'apparition de ces meteores depend ou non du mouvement de la Icrre.

L'Academie ayant toujours ete si bienveillante a mon egard, jje me permettrai de terminer cette petite note en disant quelques mots sur la hauteur presumee des etoiles filantes. On salt que la longueur moyenne des courses des globes filants aux etoiles fi- lantes de sixieme grandeur, varie de iO" a 9°, que le nombre des globes filants augnionte du zenith a I'horizon, comme I'indique la carte representant leur apparition, et qui se trouve dans les Annales de chimie et de physique, 3"= serie, tome XL On salt aussi que leur hauteur dans I'espace peut etre meme evaluee, d'apres le nombre contenu dans chaque dixieme du ciel. De plus, par un demi-siecle d'observations, on salt que jamais aucun de ces me'- teores fugitifs n'a paruau-dessous : des rayons des aurores bo- reales; T au-dessous des cirrus; 3" que jamais aucun d'eux, quelle que soit sa taille, n'a perce les nuages. Onest done porle k croire que, malgre toutes les observations correspondantes qui ont ete faites dans dilTerentes parties du globe, et qui se conti- nuent encore de temps a autre, toutes les hauteurs obtenues jus- qu'iei ne representent pas reellement la hauteur veritable de ces meteores dans I'atmosphere.

Nous avons I'intention, dans une temps assez rapproche, de faire une serie d'observations d'apres notre methode particuli6re que les fails seuls nous out enseignee, afm de sawoir definitive-

COSMOS. 215

ment s'il sera possible de mellre d'accord les fails observes avec le calcul et les idees qu'on s'en est formees.

Nous finirons en amioncant a 1' Academic que nous allonslivrer ^ rimpression le second volume de nos etudes, sous le tilre de : Recherches sur les meteores ct les lois qui les regissent. L'Acade- mie verra avec plaisir que les encouragements qu'elle m'a tou- jours donnes ont porte leurs fruits, et que I'Observatoire meteo- riquedu Luxembourg, malgre le peu demoyens d'execution dont il pouvait disposer, ne s'est pas borne simplement k compter des etoiles filanles. »

M. Baudrimont adresse une lettre relative h une question d'acouslique :

« On sait que quand on remplit d'eau un verre h vin et qu'on le frappe il ne rend plus le meme son que quand le verre est vide; la sonorite est cependant la meme. Si, au sein du liquide il se de- veloppe en meme temps un gaz, par exemple I'acide carbonique, la sonorile du verre est au contraire modifiee, et plus ou moins eteinte. Celte extinction de sonorite est due, d'apres I'auteur, a ce que le gaz s'interposantentreles molecules du liquide, et entre le liquide ct les bords du verre, produit un defaut d'homogeneite du milieu dans lequel se propagent les vibrations. Ainsi, un verre rempli d'huile pure ou d'ean pure jouit d'une egale sono- rite; mais, si Ton mele ces deux liquides, le milieu n'elant pins homogene, la sonorite est grandement modifiee. » L'auteur cite plusieurs aittrcs exemples a I'appui de son opinion. Voici main- tenant I'application. Si au liquide de I'oreille interne se trouve jnele un autre liquide ou un gaz, une surdite plus ou moins com- plete sera necessairement la consequence de sa presence, car les rayons sonores ne pourront plus se propager comme dans le milieu homogene primitif.

M. NicklSs , professeur de chimie a la Faculte de Nancy , adresse une note sur I'acide sulfuriquefluori'fere, et un precede sur pour sa purification.

« II y a une quarantaine d'annees, les chiinistesfurentun jour fort surpris par un faitsignale par Mullen, et qui ne lendait a rien moins qu'a remettre en question les idees recemment adoptees sur la nature elementaire du chlore; ce fait estle suivant :

Lorsqu'on traile du peroxyde de manganese ou du minium, exempts de cJilorures , par de I'acide sulfurique affaibli, il se de- gage une certaine quantite de chlore....

2ih COSMOS.

Celte reaction, operee a une epoque oii le chlore passait encore, auxyeuxde quelques chimistes, pour un corps compose, devait provoquer bien des liypotMses, mais aujourd'hui, I'lidsitation ne seraitpasperniise, et tous les chimistes chercheraient I'origine de ce chlore \k ou elle est en effet, et ou aussi M. Kane Fa trouv^e, c'est-a-(lire dans I'acide sulfurique employd.

Le clilore degagc dans Texperionce de Mullen provenait en effet de la petite quantite d'acide chlorhydriqne contenu a I'^tat d'impurete, dans I'acide sulfurique du commerce. Nous avons vu precedemment :

Qu'il est possible que pareille confusion arrive avec I'acide fluorhydrique que I'acide sulfurique peut contenir, et dont I'ori- gme est a chercher dansl'azotate employ^ pour achever I'oxyda- tion du soufre.

Nous avons vu aussi que dans I'ignorance ou on etait jusque-lS, de la presence de cette impurete dans les reactifs employes , des recherches chimiques ou mineralogiques ont pu etre entachees d'erreur en conduisant I'operateur i admettre du lluor li ou il n'y en avait pas.

Voici le precede de purification auquel je suis arrive apres quelques ten tatives dontje ne rapporterai pas I'historique :

Dans une capsule de porcelaine ou mieux encore, dans la pause d'une cornue brisee, on intro?.uit I'acide sulfurique & purifier, et on I'elend de deux fois son volume d'eau. On place dans un bain de sable ou dans un bain compose, soit des battitures, soit de'la limaille ou des copeaux de fer ou de fonte ; on chauffe jusqu'a ce que Ton remarque un leger mouvement dans I'interieur du 11- quide, ou encore jusqu'a ce que la main ne puisse plus supporter le contact de la partie emergente du vase. On remplace I'eau a mesure qu'elle s'evapore, et on ne laisse le liquide se concentrer que quand on juge que I'operalion est terminee, ce qui peut etre le cas an bout d'une quinzaine d'heures.

Mais avant de considerer cetacide commepur, ilfautl'essayer ; voici comment cet essai doit etre fait :

On introduit une trentaine de grammes de cet acide dans un creuset de platine assez spacieux pour contenir environ le double de cette quantite; ony ajouteunedizaine de grammes d'eau, eton recouvre avec la plaque decristalde roche. Cette plaque doit etre preparee de la maniere suivante : Apres I'avoir enduite de cire sur I'un de ses c6tes, on trace sur ce c6te quelques figures geom^- triques ou , en tout cas, des figures regulieres, afin que, si plus

COSMOS. 215

tard elles apparaissent, on n'ait pas a craindre que le hasard ait

ijdte pour quelque chose dans Icur production.

.'■. Lorsque la plaque de crislal est appliquee sur le creusct, on a

soin de bien le refroidir au moyen d'une couche d'eau qu'il faut

souvent renouveler. Par la clialeur qui s'est degagee au moment

ou le contact de I'eau et de I'acide sulfurique a eu lieu, une partie

de la premiere a ete vaporisee et s'est naturellement condensee a

la superflcie de la lame refroidie. II est indispensable que cette

- condition soit remplie, car la legere rosee qu'on obtient ainsi in-

terceple le gaz fluorhydrique qui est, comme on salt, tr6s-soluble

dans I'eau et qui agit moins vivement sur le verre lorsqu'il est

exempt d'humidite.

Quand I'acide est assez etendu pour ne plus s'echauffer par I'addition d'une nouvelle quantile d'eau, on recourt h la lampe ou au bain de sable; la temperature ci donner doit etre suffisante pour que la main ne puisse plus supporter le contact immediatdu creuset. Au bout de deux heures de ce traitementl'operation pent etre consideree comme terminee. On retire alors la lame de cris- tal , on fait fondre la cire , on essuie et on laisse refroidir; si on n'apercoit rien a I'oeil nu , on ternit la superflcie de la lame en I'exposant ci I'haleine; pour peu qu'il y ait eu corrosion, les fi- gures qu'on avait tracees sur la couche de cire apparaitront et persisteront tant que durera la couche de vapeur produite par la condensation de I'haleine.

Lorsqu'on a a sa disposition un carbonate calcaire ou barytique, que Ton salt etre exempt de fluor et de silice, on pent arriver plus promptement au resultat en se servant de qnelques grammes de ces carbonates auxquels on ajoute quelqucs gouttes d'eau avant de les trailer par I'acide h examiner; on comprend qu'une nou- velle affinite entre en jeu avec ces carbonates, afflnite qui evidem- ment I'emportera sur celle qui pent exister entre I'acide sulfuri- que et I'acide fluorhydrique; aussi 1' experience peut-elle etre terminee au bout d'une demi-heure surtout si Ton a eu soin d'ai- der la reaction au moyen de la chaleur,

Ce dernier precede fonde sur la neutralisation partielle de I'acide sulfurique qu'on examine, est plus sensible et surtout plus expeditif que le precedent; cela se concoit d'ailleurs, car I'acide fluorhydrique, que, des lors, rien n'enchaine plus a I'acide sulfu- rique, est degage en tres-peu de temps comme il le serait d'un fluorure. » M. NicklSs adresse, en outre, une reclamation de priorite au

316 COSMOS.

sqjet de la d«rni6re note de M. Du Moncel surles electro-aimants.

« Dans la note presentee a I'Academie le 13 juillet 1857, M. Da Moncel considere commc nouveaux des fails connus et ayanl depuis plusieiirsanneospris placcdans leslraites speciaux. Ainsi, cephy- sicien annonce qu'en allongeant un electro-aimant rectiligne ou commeiirappelleunelectro-aimant droit, on aiigmentesa puissance attractive. Gette question a ete traitee par moi, en 1852, dcvant la Societe philomatique (1), alors presidee par M. Despretz, et mes principales experiences furent repelees sdanco tenante. En fe- vrier 1853, mon travail fut presente a I'Academie des sciences, sous le i\lre del'allongementdesharreaux aimanti'S, son influence sur les attractions produites (2). Dans ce travail, je fais voir qu'i egalite de courant et d'armature , I'allongement des barreaux ai- mantes n'augmente pas la puissance attractive des electro-aimants bifurques (lers I'l cheval) , tandis qu'il angmente celle des rectili- gnes jusqu'a une certainelimite, toutefois variable avec la section et I'intensite du courant, et qu'a partir de celle limite le pheno- m6ne change de signe.

Apres avoir ainsi signale le fait general, je I'examine dans ses applications, etj'arrive S etudier les electro-aimants en fera cheval qui n'ontqu une helice, et que M. Du Moncel examine danssa note sous le nom d'electro aimanl boileux; ici encore, les resultats de M. Du Moncel confirment les miens (3).

Une consequence de mes recherchcs sur ce point, fut un nou- Teau .*ysteme d'electro-aimant a trois branches polaires , mais .dont une seule, celle du milieu est munie d'une bobine; ces ai- maiits, je les appelai trifurques {U) pour les distinguer des bifur- ques. Ce systeme qui est entre dans la science et dans la pratique ainsi qu'on a pule voir a la derniere Exposition universelle, aetd depuis execute dans des formes et dans des proportions tres-di- verses; la plus estim^e de ces formes est la tubulaire que M. Du Moncel revendique aujourd'hui, mais qui a etcexecutee des 1853, par M. Fabre, dans le laboratoire que j'occupais alors rue Notie- Dame-des-Champs.

Enfln, M. Du Moncel, cherchant a se rendre compte de I'affaiblis-

[\) Journal de I'lnstitut, 8 decembre 1852.

(2; Comples rentJus de rAcademie des sciences, t, xxxvi, p. 490 et I. xxivn, p. 955, Voir aiissi los Traitcs ile M. de la Rive et de MM. Becquerel. (3) h'inslitut, loc. cilat. i(4) AiinaUs de chimie et dffit/fsiqiie, 1853.

COSMOS. 217

sement de force attractive d'un electro-aimant muni d'une arma- tuco dont la force normale etait de 6 grammes, constate que cette force de 6 grammes est reduite in 2,50 lorsque le p61e de cet ai- mant a etc place an contact d'une masse de fer un peu grande.

Sur ce point encore, je dois rappeler que cette question des poids portes par une armature lorsqu'elle agit sur un elcctro-ai- mjant concurremment avec d'autres armatures, que cette question dis,-je, a ete traitee a fond, dans le Memoire dans lequel je fais con- naiUre les electro-ainiants circulaires (1). »

M. Tisson adresse la description etle dessin d'un nouvel ap- parejl pour fabriquer le. gaz.

M. Jules Figlier presente i I'Academie un Memoire accom- pagne de la description d'un nouveau.plantoir.,

M. Legrand adresse une lettre sur la cauterisation li- neaiiie.

M. Eericart fait part k I'Academie de quelques nouvelles observations sur les tremblements de terre etleurs effets,

M. Marcel de Serres adresse une Note sur I'ancienne exis- tence de certains mollusques conchyliferes.

M- Swallow presente un Memoire de geologie.

M. Remy Martin, un Memoire sur les calendriers.

M. Babinet, au nom de M. Leon Foucault, presente une note sur un nouveau polariseur resultant d'une modification du prisme de Nicol.

« Quand on se propose de polariser d'une maniere complete un faisceau de lumiere blanche, le meilleur moyen est de recourir ci I'usage du prisme de Nicol; mais des qu'on chercbe k operer sur un faisceau d'un certain volume, de 4 a 5, centimetres de diaraetre, par exemple, le prisme de Nicol devient dispendieux et difficile a realiser, en raison de la rarete des beaux echantillons de spath d'Islande.

« La coupe adoptee pour la construction du prisme de Nicol entraine necessairement une assez grande depense de matiere. Pour que le prisme soit entier, il faut prendre un canon de spath dont Icsaretes longitudinales egalent au moins Irois fois I'un des cotes egaux qui terminent les bases. On coupe alors la pi6ce, d'jaagle en angle oblus, par un plan incline de 38 degres sur le plan,

(I): These pour le doctoral ess ciences, presentee a la Faculte des sciences de Paris 18fi3. ■— BitUetin de la Sociele d' encouragement, mai el juin 1833. Conif/ies rendu de r^cademie des sciences, premier scraeslre, 1834, ,>

218 COSMOS.

des bases, et perpendiciilaire a celui de leurs petites diagonales. On polit les deux faces ainsi obtcnues et on les recolle au moyen dii baurae de Canada.

« Qnand on dirige un parallelipipede ainsi prepare sur un fond uniformcmcnt eclaire, et qu'on regarde k travers la piece, suivant I'axe de figure, on voit se dessiner un champ de polarisation com- pris enlre deux bandes courbes, I'une rouge et I'autre bleue, qui repondcnt aux directions limites suivant lesquelles se transmet- tent le rayon ordinaire ct le rayon extraordinaire. Ces bandes comprenncnt un espace angulaire de 32 degrds, ce qui fait du prisme de Nicol un analyseur applicable dans toutes les circons- tances ou I'inclinaison du rayon qu'on veut observer simultane- ment ne depasse pas ces 32 degres.

(( Mais cette etenduc angulaire du champ de polarisation que Ton recherche dans le prisme de Nicol, considere comme analy- seur, ne presente plus le meme interet quand I'appareil doit jouer simplement le role de polariseur, car alors Taction qu'on veut produire no porte, en general, que sur un faisceau de lumi6re h peu pres parallele. En sorte qu'il y aurait avantage, en pareille circonstance, a augmenterl'etenduedes dimensions transversales du prisme, lors meme qu'il en resulterait une certaine reduction dans I'etendue du champ angulaire de polarisation.

« En reflcchissant aux donnees de la question, j'ai en effet re- connu qu'on pent modilier dans sa coupe le prisme de Nicol, de maniere a en diminuer considerablement la longueur sans nuire aux effcts qu'il pent produire en qualite dc polariseur.

« Je prends doncun|parallelipipede de spath, dont les aretes longitudinales egalent seulement les cinq quarts de I'un des cotes des bases; jefais passer d'angle en angle obtus une section incli- nee de 59 degres sur le plan des bases, etlesnouvelles faces etant polies, je remets les deux morceaux dans leur position naturelle sans les coller, et en ayant soin de reserver entre les nouvelles faces un peu d'espace ou I'air persiste, et qui, sous I'incidence convenable, determine la reflexion totale du rayon ordinaire.

(( En regardant au travers d'un rhombe ainsi prepare et montd d'ailleurs comme un prisme de Nicol, on reconnait encore I'exis- tence d'un champ angulaire de polarisation; mais I'indice de re- fraction de I'air etant considerablement inferieur a ceux des deux rayons que propage le spath, la polarisation complete n'a lieu que dans une etendue de 8 degres, et le champ qu'elle dessine se trouve compris enlre deux bandes rouges.

COSMOS. 219

« La nouvelle combinaison ne salisfait done pas aux conditions n^cessaires pour former un bon anolyseiir ; mais quand il s'agit de polariser simplenient un faisceau de lumierc solaire dont les rayons extremes ne sont inclines entre eux que d'un demi-degre, le prisme a lame d'air, avec ses 8 degres de champ, suffit et au deli h polariser tons les elements d'un pareil faisceau. Gette es- pece de polariseur est meme, sous quelque rapport, preferable au prisme de Nicol, attendu que la reflexion du rayon ordinaire ayant lieu sous une incidence qui le renvoie presque normale- ment b. I'intersection de ses deux faces laterales, ce rayon n'a au- cune tendance h sortir par la base et h se meler comme dans le prisme de Nicol au rayon extraordinaire. Aussi quand la matiere du spath est bien pure et qu'elle n'est pas traversee par des plans de clivage, ni par des lames hemitropiques, I'extinction se pro- duit-elle par un analyseur d'une nianiere complete sur toute I'e- tendue du faisceau transmis? 11 est a croire que, dans les cir- constances oii le prisme de Nicol etait employe comme polari- seur, la nouvelle coupe sera preleree, puisqu'elle produit un effet plus complet, tout en epargnant k pen pres les deux tiers de la masse du spath.

« Ces essais ayant attire mon attention sur toutes les particula- rites qu'on observe dans le prisme de Nicol, j'ai ete frappe de trouver les teintes interverties dans la bande de reflexion totale qui correspond a la direction limite de transmissibilite du rayon extraordinaire. Cette interversion provient assurement de ce que, malgre la faible difference des indices moyens de refraction, le pouvoir dispersif du baume de Canada est plus grand que celui du spath pour la direction limite du rayon extraordinaire.

« II suit de Ik que les indices relatifs des divers rayons simples vont en augmentant du violet au rouge, ce qui explique pourquoi ces differents rayons sont reflechis totalement dans I'ordre inverse de leurs refrangibilites absolues.

« On pent mettre k profit cette remarque pour se procurer, au moyen du prisme de Nicol, un faisceau exclusivement forme des radiations les plus refrangibles contenuesdansla lumiere solaire. Pour cela, il suffit de placer le prisme sur le trajet du faisceau lumineux et de I'incliner progressivement dans le sens ou se pro- duit I'extinction complete; on voit alors le faisceau transmis passer au bleu, puis au violet, et enfin se reduire a un rayonne- ment presque invisible, mais eminemmcnt propre k developper avec intensite les phenomenes de fluorescence decouverts par

220 -Cosmos.

M. stokes. Lesulfate aeittuinine,leverred'urane, et certains autres diamants, plong(5s dans ce faisceau, prennent aussitot un tr6s-vif

6clat.

n. Babinet a eti soin tic faire remarquer que la fluorescence des diamants avait d'abord ete observee par notre ancien colla- borateur et ami, M. Govi, qui nous avait promis, a ce sujet, une note que nous attcndons encore. Nous savons seulenient qu'en ^clairant, au moyen de la lumiere elcctriquc tamisee par une lame de verre violet, M. Govi a su que quclques-uns dtaient visiblement fluorescents, tandis que les autres nemanifestaient aucune modi- fication parliculiere dans leur eclat.

M. Chevreul presen'e, avec les plus grands eloges, de ia partde MM. Berlbelot et de Luca, une Note qui fait suite a leurs rechercbes sur les composes de la glycerine. M. Berthelot a prouve, comme on salt, que la glycerine forme avcc les acifles gras des composes analogues aux etbers; il a vu en outre quetie- ciproquement les alcools se combinant avec les differents acides gras donnent mie serie de combinaisons neutres. II resulte au- j'ourd'bui des rechercbes des deux auteurs que la glycerine peut se combiner avec trois equivalents d'acides gras, et que ces trois Equivalents peuvent etre cbacun un acide different. Nous revien- drons prochainement sur ces belles rechercbes.

M. Dumas, au nom de M. Wurtz, prcsente une reponse aux objections et aux observations critiques, soulevees par MM. Ber- thelot et de Luca, contre son travail relalif a la reproduction syn- thetique de la glycerine.

M. filie de Beaumont, qui faitpartie dela Commission char- gee d'examiner les communications relatives aux inondations, et principalement celles de M. Meyer, ouvre avecpermission le paquet cachete, depose il y a quelque temps par cet auteur. Ce billet contient une Note sur les inondations adressee au ministere des travaux publiques.

L'Academie se forme ensuite en comite secret.

YARIETES.

Originc des aquarium.

Nous disions, il y a quelques semaines, que les aquarium devenaient de jour en jour plus populaires ; que ces precieux re- servoirs d'animaux Yivants, autrefois inconnus, aujourd'hui re- paudus presque partout, jouissaient d'un succes de vogue; le mo- ment est done venu de cherclier a qui revient la gloire de cette charmante et utile invention. Un heureux hasard, ou mieux la legitime indiscretion d'un mari, nous a appris toutrecemmeut que I'idee et la premiere construction des aquarium apparliennent a une dame, Francaise d'origine, Anglaise par alliance, M""= Power, nee de Villepreux, que nous connaissions depuis longlemps comme une savantc naturaliste, un ecrivaiu exerce, dont le nom, inscrit dans les fasles d'un tres-grand nombre d'academies et de societes savantes, seize au moins, se rattaclie a une decou- verte capitale, celle de la construction par I'argonaute lui-meme de la coquiile dans laquelle il fail sa demeure liabituelle.

En 1832, ily a vingl-sept ans, M"" Power elait venue se fixer sur les cotes de la Sicile, dans le but unique d'observcr le develop- pement et les mceurs des moliusques et autres aniinaux inarins; elle y est restee dix ans, et c'est la que, pen de temps apres son arrivee, elLe forma deux aquarium : i'un pour les moUusques sans coquilles, I'auLre pour les moliusques a coquilles. Au fond de ses reservoirs, elledeposait du sable pris dans la mer, des fragments de roches auxquels adheraient encore des lierbes et des plantes marines, des rameaux de corail rouge, rose, noir, elc. ; et elle y installait des miliepores, des moliusques, des asteries, diverses especes de crustacees, quelques petits poissons; et surlout le principal objet de ses etudes, sa chere argonaubw argo, dont elle voulait pcoetrer la vie myslerieuse. L'iiabitalionde ?d'"- Power et ses aquarium se Irouvaienl situes sur le bord de la mer; elle pouvait done renouveler souveut Teau, au sein de laquelle vivait son petit monde; et elle n'avait pas eu, par conseijuent, a se preoccuper dela quesition delicate des vidangeurs,seule addition, imporlante il est vrai, quoique secondaire, faite aux aquarium modernes.

Le Cabinet litteraire de rAcadeniie gioinca de Catanc, livraison de decembre 183^, le Faro de mai 1836, le Magazine of nalural

222 COSMOS.

history de fevi'lcr 1838, VAlhenKum anglais du 16 f^vrier 1839, renfeniicnt sinon la desciiption des bassins dc M'"" Power du moins le recit de scs observalions, sur lesquclles des professeurs ce- lebres, MM. Maravigna, Gemellaro, de Giacomo, I'illustre Owen, Charlesworht, ont fait des rapports favorables. II est done certain que c'est h notre aimable et savante conipatriote que revient la gloirc des aquarium. Mais elle avail eu en mOme temps une idee plus heureuse encore ; celle des cages marines, appelees en Italie (jabiole alia Power, en Angleterre Pomer Cages, etablies par elle dans le lazaret de Messine, avec autorisation speciale du gouver- nement napolilain , sur un bas-fonds tres-accessible, et remar- quable, au plus baut degre, par la purete et la transparence ex- traordinaire de scs eaux. La cage etait circonscrite par des bar- reaux, assez espaces pour que I'eau et les petits animaux pussent y circuler sans peine, assez resserres pour retenir les etres qu'on y avail emprisonncs, afin de leur arracher leurs secrets. On y in- Iroduisait d'abord des roches avec les algues, les coraux et les co- quillages qui y adlieraient, puis des argonautes, des asteries, des oursins, despoissons, etc., etc. Restes dans leur centre, ces li6tes bien aimescontinuaient leur developpement bien mieux que dans les aquarium etroits ; leur gardienne et leur mere apportait deux fois le jour h chacun d'eux la nourriture appropriee k ses be- soins. Une sorte de tribune ou de chaire, elevee de 50 centimetres au-dessus du niveau de I'eau, dominait la cage, recouverte par une trappe qu'on soulevait a volonte, et dans laquelle on avait ma- nage a droile ou a gaucbe deux ouvertures qui permeltaient de voir sans etre vu. C'est la, qu'assise pendant de longues heures, M"" Power observait et redigeait le journal de ses observations, notant avec le plus grand soin ce qu'elle voyait se former ou s'executer sous ses yeux. C'est la qu'elle vit le poulpe de I'argo- naute construire ou reparer sa coquiile ; le triton nodiftre, que Ton avait guillotine, reprendre une tete nouvelle; c'est \k qu'elle s'inilia aux habitudes entierement ignorees des cerithium, des co- nns, des murex, des fusus, des bulla, des pinna, des asteria, des octopus vulgaris et poiverii, et d'un grand nombre d'autres ani- maux marins. Chacun de nos lecteurs pourra voir, a la Biblio- theque du Jardin des Plantes, dans la si interessanle brochure qui a pour tilre Observations physiques sur le poulpe de I'argo- nauta argo, la description et le dessin des belles cages que nous n'avons pu qu'esquisser. Disons enfin quelques mots d'un troisieme aquarium portatif

COSMOS. 223

imagine par M""^ Power, et qui lui a beaucoup servi dans ses - etudes des petits mollusques. Elle prenait un cylindre de verre et le fendait suivant sa longueur, de maniere h le transformer en deux vases scmi-cylindriques ouverts a leurs oxiremites ; elle pre- nait une planche un pen plus large et plus longue que le vase semi-cylindrique ; elle la faisaitsejourner dans la mer assez long- temps pour qu'elle se recouvrlt de mousse, d'algues et de pelites coquilles; elle fixait au moyen de cercles metalliques, i'un des demi-cylindres sur la planche la base rectangulaire ouverte en bas, la convcxite fermee en haut ; le cercle du milieu portait un anneau, etune cordepassee dansl'anneau servait a transporter et i suspendre le petit appareil dans la mer ou dans la cage. On y jntroduisait les petits animaux qu'on voulait etudier, et Ton fer- mait les ouvertures des extremiles du petit cylindre par un cane- vas assez clair pour laisser entrer I'eau sans permettre aux pri- sonniers de s'echapper.

L'exil volontaire de M"'^ Power a dure plus de quinze ans, et elle en est revenue richc de documents du plus grand inleret; son catalogue des testaces fossiles de la Sicile et de la Calabre ,' sa nomenclature de tons les mollusques conch yliferes des mers et des eaux douces de la Sicile , son tableau des oiseaux seden- taires et de passage de cette meme ile , son ilineraire et sa des- cription dela Sicile, avec cartes photographiqucs de Syj-acuse.de Girgcnte, et de Selinte, sontjustement eslimes et rechcrches'.

Cliinat de Bagdad.

Dans une lettre k M. Babinet, dcrite de Bagdad le 22 juin dernier, I\l'"° Amable Tastu dont tout le monde a tant admire les charmants vers, donne quelques details interessants sur le climat de I'anlique ville des kalifes.

Pendant trois mois au moins del'anneele thermometre ne des- cend pas au-dessous de kO" cent, et monte parfois a 50°, nous avons cu ^9° I'an passe. Cependant cette extreme chaleur n'est pas enervante parce qu'elle estpresque toujours accompagnee de vent, et pourvu que ce ne soit pas le vent du sud, appele sam (poison) , qui rend tout le monde malade, on ne s'en trouve pas trop mal. L'elTet le plus desagreable de cette temperature, c'estla chaleur surprenantequi se communique a tons les objets : pierres, bois, melaux, meubles, ustensiles, tout ce que vous touchez semble sorlir du four ou du feu ; la chemise que vous prenez dans I'armoire est comme a I'etuve ; les lits ont I'air d'avoir ete bassi-

224 COSMOS.

nes. Aussi, pour echapper a ce dernier inconvenient, tout le monde dort-il en plein air on siir les terrasses, et conime il n'y a point derosee ni d'humidile d'aueune esp6ce, on n'en eprouve point de mal. Celte absence d'humidile est d'autant plus irregiiliere que ce ciel si pur de la Mesopotamie, en depit de sa purele proverbiale est presque toujours voile d'une sorte de vapeur, et les nuages n'y sont pas rares. Les eloiles m'y on t paru moins brillantes qu'ailleurs, du raoins qaand je les voyais encore, car mainlenant, helas! il n'y a plus pour moi d'etoiles au firmament ; du reste , mon fils est du meme avis. II arrive de plus en ce pays-ci qu'on a quelque- fois la nuit en plein jour, comme cela a eu lieu la veillc de I'as- cension, par relTet d'un nuage de sable, a la grande terrcur de

toute la villc qui a era k la fin du monde J'en ai mande les

circonstances a une de mes amies M'"' Mobl.

M. Van Breda nous adresse un supplement au programme des questions de prix donne dans une de nos dernifires livraisons,

niouvcau prograiuiiic de prix.

Un cxamen cbimique et physiologique de la digestion cbez les poissons d'eau douce.

2°Un examen cbimique et physiologique de la digestion chezles reptilos, tant de I'ordre des Dipnoa que de I'ordre des Monopnoa.

3'^ II est avdre depuis longtemps, que quelques poissons ont la faculle de produirc de? sons. La societe demande des recherches exactes sur I'origine et la natiu'e de ces sons, chez ui'ie ou plu- sieurs especes, qui n'ont pas encore ete etudiees sous cc rapport.

U" Line liistoire de diflerentcs theories sur la constitution des substances organiqucs, accompagnee d'une etude critique de I'in- fluence que chacuiie de ces theories a exercee sur le developpe- ment de la chimie organiquc.

L'auleur du Memoire sur la question relative a Toxlraction da corps des hommes et des aniniaux de ccrtaines substances me- taUiques, nous prie de faire remarquerque lejngementportesur son travail ne prdjugerien contre la question de prix en elle- meme; il la juge toujours tres-serieiise et tres-digne d'interet; il crolt qu'ellc est reside au concours , et que la Societe d'Utrecht persisle a demnnder des recherches nouvelles et ddcisivps a ce sujel sur des hommes ou des animaux ou sur tous les deux. Nous croyons au contraire que le concours n'est pas proroge.

Impri.nerie de W. Kf.mquet et Cie, A. TRAMBLAT ,

rue Garanciire, 5. prn^/iietaiie-geraai.

T. XI, 28 aout 1857. arti*i»o ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMMNE.

Lundi, 17 aoiit h deux heures, a eu lieu la seance publlque an- nuelle des cinq Academies sous lapresidencede M. de Montalem- bert, directeur actuel de I'Academie fraucaise. La science n'a pris f\ cette solennite qu'une bien faible part, M. Despielz, vice- president de I'Academie des sciences qui devait la rcpresenter , n'ayaut pas fait la lecture qu'il avail prei)aree sur la (jueslioii inte- ressanle de la fusion et de la volatilisation, la reduction a I'elat liquide ousoiide detous les corps dela nature. Nous n'emprunte. rons au discours de M. de Montalembert que sa deiiniiion de lu mission confiee a I'liisUtut de France etses courts liommages ila memoire de MM. Thenard et Cauchy.

« La grandeur et la diversile de notre ceuvre eclalent a tousles regards. Analyser les lois du langage et en fixer les regies, depuis les details inlimes de lagrammairejusqu'aux modelcs achevc^s de I'eloquence ; fouiller la nuit des ages, y puiser ou y porier toutce qui pent illuminer la vie et la pensee de nos aieux paiens ct Chre- tiens, des peuples de I'Orient conune de I'Occident; conlinuer et enrichir les grandes collections entreprises par I'intrepide pa- tience des benediclins; signaler, verifier, classer dans tous les regnes de la nature, les innombrables decouverfes et les merveil- leuses conqueles des sciences physiques et malhematiques; re- connailre, en professant et en pi-atiquant les beaux-arls, leur preeminence sur les arts purem'^^'nt utiles; rappcler a ua siocle trop enclin aux preoccupations des sens I'etude des phenomenes de ramo, leur influence sur la desLinee des peuples, les droits de la morale eternelle, les liens de la tradition avec tous les progres legilimes; loucher ainsi par le cole de la theorie et de i'hlstoirc aux redoulables problemesde I'economie socialeel de rorganisa- tion polilique; puis veiller tous ensemble avec une scrupuleuse equile h la distribution des encouragements et dc;> recompenses que la lihre et inlelligente munificence de nos conciloyens, plus abondante encore que celle de I'Elat, nous met a meme de prodi- guer aux jeuncset laborieux travailleurs donl nous esperous faire

226 COSMOS. •"' '*°-

iios heritiers : telle est unc partie de la tftche qui nous est pres- erve.

« Toutes les aptitudes intellectuelles sont ainsi appelees ^ con- courir, par un ellbrt commun et une impulsion perseverante, Sla production continue de la verite. lei, I'ideal et le reel, le bon sens .^t I'imaglnation, la philosophic ct la politique, la geomolric etla podsie, le genie de I'observation et renlhousiasme de la pensee travaillent de concert a faire de I'inlelligcnce la verilablc cite du genre humain ; pourvu toulefois que, a Iravers les oscillations et ?es ecarts, h travers les elans et les chutes, cette intelligence veuillc graviter tnujours vers la verite supreme !

Thenard a da surloiit sa gloire a la science et sa popularile h 'I'enseignement. Quand on a et^, non pas son eleve, mais son col- legue, on s'explique facilement cette popularite par la noble fran- chise de son caractere, par I'eloquente bonhomie de sa parole. Ses dpcouvertes , ses Iravaux, les dangers qu'il a courus dans la recherche des secrets de la nature, font en quelque sorte partie de I'histoire moderne : il a cle de ceux qui ont inaugure parmi nous cette transformation etonnante de la chimie qui sera unc des mer- Toilles de notre temps. Peu de vies ont et6 plus laborieuses , plus mcritoires, plus constamment utiles que la sienne; peu d'hommes ont plus donne que lui a la patrie, a la science, a la jeunessc.

<( Doulourousement frappes dans la personne de ce grand ex- perimcntateur, 1' Academic des sciences et I'lnstitut tout enlier I'ont ete presque au meme instant par la perte de M. Cauchy , le premier pcut-etre de nos geomelres et le plus hardi des voyageurs dans les oceans infmis du calcul. Vous savez comment la politique trouhla sa vie sans jamais troubler son humeur; comment il sut sacrifier t\ sa conviction loujours ses interets, jamais ses princi- pes ni ses amities ; comment ilresla loujours infaligable et serein, Toue & I'unique poursuile des conquctes de I'abstraction et des Tichesses de .I'analyse. Vous vous rappellerez longtemps cette grande taille, ce beau front, ce regard candide etiucidequi, apres avoir sonde lesprofondcurs de la mecanique celeste, s'abaissaitsi volonlicrs sur le jeune et modeste etudiant , sur le pauvre, sur i'enfant, sur tons ses freres soufTrants.

De I'epitre en vers de M. Yiennet, nous citerons seulemcnt un passage qui a etc vivementapplaudi et quirendra de plus en plus populaire Ic nom de noire illnstre ami M. Babinet.

I),' |4ii3 lilxifs ol)jel.s t iileiaioni iiiou couiidiiv, S, 1 .-'i^i! 1 1 !:i clii'.lfiir iic n e leiiJaieiit plus iloiix.

COSMOS. 227

Que nR dirais-je pas dc I'elrange folic

D'un peiiple d'espiits loits qui croit a la magie,

Qui, poursiiiiant paitniit Ic* siipeis!itions,

Fail an noin dii piogies dix re.voliilions,

Et prend au seiieiix lc< visions cornues

Dti premier charlalari (pil liii lombe des niies ?

J'ai vu iiiille inseiises, I'oeil tendu vers ii-urs mains, '

D'line lal)le toiiriianle atteiidre leiirs destins,

Ecouter en tremblaiit si la table est frappee

Par quelqiie anie invisible a la lonibe echappee.

One vois-je niainteiiant? Tout Paris esi en I'air

Pour suivre et consulter un jongleur d'oiiire-raer.

Ses tours do gobelet pas5ent pour des miracles ;

T.es salons, les journaux repetenl ses oracles,

Tandis que, sur la foi d'un reveur alleniaud,

Ce peuplecruil lonelier a son dernier moment,

Et, malgre Babinet, tremble qu'une comele

Ne vienne en mille eclats broyer noire planele.

Le secretaire dc la Societe des sciences medicales et naturelles deBruxelles, M. le docteur Vanden Corput, s'exprime ainsi dans un rapport fait au nom du bureau dans la seance du 6 juillet dernier :

« La Societe ayant I'liabitude solenuelie, cliaque annee & pareille epoque, de choisir, pour les proposer a voire nomination defini- tive, ceux parmi les candidats au litre de corrcspondanl qui ont le mieux merite de la science et contribue le plus efflcacementaux travaux on a la renommeede notreCompagnie, nous avonsl'lion- neur. Messieurs, devous proposer comme ayant le plus juste- ment merite cette distinction :

M. Phipson, docteur es sciences a Paris, actuellement attache a la redaction du Cosmos;

Et M. le docteur Barbosa, chirurgien de I'bOpital civil de Lis- bonne, et I'un des redacteurs de la Gazeta medica de Lisboa, qui se fait I'echo de nos travaux et s'efforce, avecun zele qui I'lionore, de faire penetrer dans sa patrie les lumieres dont le genie de nos savants enrichit la science. »

M. le president, apres avoir presente encore qnelques conside- rations sur les titres acquis par MM. Phipson et Barbosa h la dis- tinction proposee en leur faveur, met success! vement aux voix la nomination deM. Phipson et cclle de M. Barbosa comme membres correspondants de laSocidtd. Ces deux lionorables candidats sent elus & Tunanimile des sufi'rages.

C'est avec le plus profond regret que nous recevons d'An- gleterre la nouvelle de la mort du celebre mcdecin el phy^ioln- giste docteur Marshall Hall, decede le H de ce mois a Brighton.

•228 COSMOS.

Dcpuisquelque temps, ce savant invcstigaleur soulTrait d'unc ma- ladie de la gorge qui allaitquelquefoisjusqu'al'empecher d'avaler ses alimenls. Chaciiii connait les beaux titres de gloiie qui pla- caient ccpliysiologislc dlslinguesurlememerang quelcs Harvey, les [lunlcr, les Charles Bell, etc. Nous devous, commeon saitaux infaligables reclierches de Marsliall Hall , la connaissance des mouDonents reflexes des nerfs, une des plus belles deconvertes donton a dote la pliysiologie depuis que sir Charles Bell demon- tra la nature complexe des nerfs spinaux. L'aciion reflexe de la substance nerveuse cstnon seulement aujonrd'hui une inq)orlante verite physiologique,mais la connaissance decelle singuliere pro- priele des nerfs a encore rendu d'immenses services a ladiagnos- tique ot a fourni des donnees importanles sur le trailenieiit de plusicurs maladies. De plus, elle a donnel'explication d'unc fo-ile de phenomenes physiologiques qui avant la decouverle de Mars- hall Hall passaicut pour Inexplicables.

F»Us des sciences.

Nons empruntons h une note de M. Mar6s quelques details intercssants sur la meteorologie et I'histoire naturelle de la por- tion sud de la province d'Oran ou du petit Sahara. Les altitudes des i)laleaux du petit Sahara sont : Sauia, 860 metres; Tafraoua, 1 130; Chotl et Chergui, 1 000; Geryville, 1 307 ; Brezina, 360; Habessa, 290. A Ilabessa le thermometre descend jusqu'a au- dessous de zero; a Geryville, jusqu'a 12°, La ncige recouvre sou- venl le sol depuis le 15 deceuibre jusqu'en fevrier. Dans les dayas ou lacs desseches situes au milieu de grandes dunes de sable, h 200 kilomelrt^s au sud de Brezina, on trouve : enire autres coquilles remarquables, appartenaut toutes a desespeces encore Yivanles et marines, lemelanoplis costata, le melania virgulata et le aardinm cdule; 2" parmi d'aulres mammiferes, Vantilope acldax, le lepus isabellinics ; la Feiinec et le moufflon a man- chettes; divers ophidiens dont les plusinteressants sont le za- menu fljrulenltis , une nouvelle espece de calopeltis, appelee par M. Paul Gervais, calopellis produdus.

Le briudouier, brznf/o/u'a indica, famille des gutliferes, est une plaute remarquable, dont les proprietes sont depuis long- lemps connues et ulilisees dans les Indes. Le pericaij.e sec du fruit sert, a Goa, couune 6picerie piquante; soa sue, Irais, rouge

COSMOS. 229

de sang et d'une savcur acide, sert a la preparalion d'une lirao- nade rafraicbissante; par la maceration a I'eau ohnadc et la pres- sion, on extrait de ses graines un suif vegetal qui reinplaoe la graisse el I'huile dans ralimentalion, les frictions et I'eclalrage. Les graines ont I'apparence el la grossetir des haricots ordi- naires, chacune pese en moyenne 215 inilligrainmes et renferme 1,72 pour 100 d'azote avant I'extraction de la niatiere grasse, 2,53 pour 100 apres cette extraction. Seches, elles ne cedent rien a la pression; mais si, apres les avoir broyees, on les soumet i Taction de la vapour d'eau, elles se ramoliissent et rendent par I'expression 30 pour 100 d'une matiere grasse qui se fige comme le snif par le refroidissement, qui fondvei-s 50 degres, (jui est in- soluble dans I'alcool froid, et tres-peu soluble dnns Talcool bouil- lant, qui se saponifie tres-bien par la chaux et la litharge, en lais- sant dissoudre de la glycerine. La potasse, etsurlout la sonde, la saponifient aussi facilement et donnent un savon d'excellenle qua- hle. Ce savon, decompose, donne deux acides gras, Tun liquide, et qui parait etre I'aclde oleique ; I'autre solids donne, en fondant une quanlite egale a 50 pour 100 du poids total du savon; c'est certaineraentl'acide stearique. En traitant la matiere grasse brute ou I'acide stearique par les procedes ordinaires, on oblient sans peine une stearine pure, tres-blanche, cristallisee en mamelons rayonnants et nacres, surmontes d'aiguilles tres-ddlides, beau- coup plus transparente apres la fusion que la stearine de suif, et donnant directeinent, par la saponification, I'acide stearique fon- dant h 70 degres.

Les conclusions du Memoire, lu par M. Lesliboudois , dans la derniere seance de I'Academle, sont, que la vrille des cucur- bitaceesest une production axillaire, ayant quelque analogic avec celle des passifiores; mais qu'elle ne represente habilucllcment qu'une expansion foUaire. Les faits anatomiques, les apparcnces exterieures, les anomalies observees, les lois symetriques, les af- finitesdes plantes, tout concourt & etablir cette opinion presque certaine sur la nature encore inconnue de cette vrillo.

Le nouveau Memoire de M. Walson avail pour objet I'appli- calion de la theorie capillaire a la recherche des vai ialions des actions moleculaires dans les liquides. Deux causes principales produisent ces variations : 1" le changement de densile du li- quide ; 2" le changement d'intensite de Taction moleculaire con- sideree independamment de la masse; cette seconde cause pro- duit beaucoup plus d'effet que la premiere. Si les liquides mis en

230 COSMOS.

presence se melent sans donner lieu i des actions chimiques, la relation entre les hauleurs des colonnes capillaires et les propor- tions plus ou nioins grandes de I'un des liquides, le volum? total restant constant est exprinie par une fonction lineaire et du pre- mier dogre. S'il y a ci la fois melange et action cliiniique, ou com- binaison, la fonction cesse d'fitre lineaire.

Considerant en particulier le cas d'une simple hydratalion, ou rinflucnce que I'addition de I'eau i un liquide exerce sur Taction capillaire, M. Walson arrive aux conclusions suivantes : le phe- nomene se produit d'une maniere rcguliere, sans qu'il y ait dis- continuite dans I'ordonnee de sa courbe ou de sa tangente; I'addition successive de quanlites egales du liquide variable ne produit pas toujours le meme effet; les premieres proporlions produisent I'elTet le plus considerable ; la variation d'intensite de Taction moleculaire a une influence beaucoup plus conside- rable que la variation de densite; en d'aulres termes Tinfliience de la masse est secondaire ; k" les hydratations sont de veritables combinaisons, mais qui paraissent se faire en loutes propor- tions.

Dans le cas particulier de Thydratation de TalcooJ, les pbeno- m6nes capillaires sont d'une sensibilite extreme, et mettent en evidence les moindi'es traces d'alcool. Ainsi, par exemple, une goutte d'alcool & 40 degres, mise dans un verre d'eau, et repre- sentant une proportion d'un dix-miliieme environ, produit, sur une colonne capillaire de /»!"'"', 48 de hauteur, une variation de deux di\iemos de millimetre, que Ton apprecie tres-bien avecle moindre cathetometre; quatre ou cinqgouttes produisent une va- riation db 1 millimetre. 11 est done presque certain qu'on pourra construire un appareil tres-simple, susceptible de fonctionner dans la pratique comme alcometre, donnant, & simple vue, des resullats deja exacts, et avec Taide d'une lunette de precision les indications exigeos par les analyses les plus delicates.

Nous regrettons viveinent de ne pas pouvoir donner la des- cription complete d'une nouvelle pile a courant constant, a deux l.iquides et sans diaphragmes, que M. Gallaud, de Nantes, a sou- mise a Texamen de TAcademie; mais les comptes rendus sont restes dans un laconisme desolant. Dans Tapplication aux hor- loges electriques, un seul element de la nouvelle pile a remplace deux elements de Tancienne pile h vases poreux de memes di- mensions, et charges avec les memes liquides. Dans Tapplication h la telegraphic, mais sur un circuit de faible longueur, un ele-

COSMOS. 231

ment de M. Callaud a remplace quatre elements de Daniell, de 25 centimetres de hauteur.

M. de Gasparis annonce qu'il a dresse une table numerique, a I'aide de laquelle on calculera sans peine la distance k la terra d'une planete ou d'une comete, en tenant compte des termes pro- portionnels a la troisieme et meme j\ la qualrieme puissance du temps, qui entrent dans le developpement dcs coordonnees he- liocentriques. Dej^ M. Watterston avait fait faire a cet important probleme un pas tres-remarquable ; il avail donne I'equation d'une courbe constante, que Ton decrit une fois pour toutes, et montre comment, parte simple trace d'une droite dont la position varie, mais est donnee pour chaque cas particulier, et qui ren- contre la courbe, on determine approximalivement la distance a la terre du corps celeste en question. M. Challis avait calcule les coefficients de la droite variable, mais en se bornant au carre du temps; M. de Gasparis donne ces memes coefficients etendus k I'introduclion des termes du troisieme ordre, et il (race, en outre, une table numerique, dont I'usage lui semble plus rapide et plus exact que celui de la construction grapbique de M. Watterston.

Nous avons maintenant sous les yeux la reclamation de M. Herpin, relative a I'emploi des agents anesthesiquos pour la destruction des insectes qui devorent les cereales. « II y a prSs de vingt ans, dit-il, dans nos recherches sur la destruction de I'a- lucite, imprimees dans les Annales de I'agricullure frangaise, li- vraison de juin 1838, nous avons propose comme un moyen des plus simples et des plus economiques, de renfermer, pendant quelques jours, les grains attaques par les insectes dans des fu- tailles vides, au sein desquelles on jette prealabJement quelques charbons incandescents pour absorber I'oxygene de fair et pro- duire du gaz carbonique. Dans ce milieu irrespirable, I'anesthesie a lieu promptement; mais elle ne suffit pas pour detruire les in- sectes dont quelques-uns ont la vie tres-dure ; il faut qu'il y ait asphyxie complete ; legaz nitreux, et particulierementle gaz am- moniacal, que Ton obtient tres-facilemeijt en melangeant du sel ammoniac avec de la chaux vive, sont des agents dcstructeurs tres-economiques et tres-puissants, surtout si fon a fait preala- blement le vide dans les vaisseaux contenant les grahis attaque's par les insectes.

Fails de I'indiiistrie.

M. Vicat revient une fois encore sur les excellents resultats

232 COSMOS.

qu'on poiinait atlondro, dans los travaux a la mer, de ses pouz- xolanps ailillciollos d'arp,ilcs blanches. Ces argiles font parlie de la sc'ric rtii'raclaire analysee par M. IJerlhicr, et conliemtcnt, sur 100 pai-lies anliydres, de. 20 a ^5 d'almninc, pour 80 ou 55 de si- lice. Dans I'etat ou la nature les presente, soit en couches, soit en anias, ellos jiossedent une texture assez serree, ct retiennent, quoique sechcs en apnarence, assez d'eau pour ne ponvoir sup- porler les preiniires iini)ressions de la chaleur sans decrepiter et toniber en parcellos, ce qui en rendrait la cuisson impossible. 11 faut done, qnand celte difficulte se presente, commencer par mo- difier cette texture en la rendant assez poreuse pour que la cha- leur puisse en degager I'eau tout en penetrant facilement dans le tissu sans le brisf>r. Pour cela, on depose les arc^iles sur des grilles ou claires-voies plongcant de quelques decimetres dans des bassins ou reservoirs picins d'eau. Le delilement s'opere spontanement et tr^s-vite, les parties delitees tombent a tracers les claires voies, se rendant an fond des bassins sous forme de bouillies epaisses qu'il nf^ s'agit i)las que d'enlever, quand le bassin est plein, pour en former des motles do la grosseur d'une forte i)ilie de billard, aussi ogales que possible, lesqueiles, secliees nalurellement ou artificiellenient, se trouvent ensuitc pariailement disposees pour la cuisson; riiilensile de cette cuisson, dans tons les cas, ne doit pas dcpasser le rouse-cerise succedant au rouge sombre; elle est terminee lorsque Ton a atteint cette temperature correspondante a 800 degres centigrades environ. En comparant les pouzzolanes livrees dans le commerce avec celles obtenues dans une cuisson norraale de laboratoire, c'est-a-dire en comparant les quanlites d'alumine abandonnees de part et d'autrc a I'acide sulfurique bouillant, on s'assurerait de la bonte de la cuisson acide ou de la qualile, de mmiere a rendre toulc fraude ou toute nialfacon impossible. Melees a la chaux grasse en proportion de 15 i^i '18 pour 100, ces pouzzolanes donnentdesmorliersqui, immerges ■6 I'elat pAieux, font prise en trois ou quatre jours, et alteignenl, apres douze mois d'immersion, une durele finale representee par 120. Les morliers semblables obtenus avec les pouzzolanes natnrf'lles donnenl, dans les memes circonslances 68 au lieu de 120. Ces melanges de chaux grasse et de pouzzolanes immer- gees fraiches, et sous un Ires-petit volume dans I'eau de mer, sont gendralement alta piees et detruites en peu de jours, k nioins que I'argile n'aitcontenu 76 parties de silice centre 24 d'a- lumine; mais lorsque ces memes melanges out pu durcir pendant

COSMOS. 233

quinze jonrs aii moins, un mois au plus sous I'oau douce, ou sous un sable ou uiie tcrre constarament humides, ou enfin dans des enveloppes capablesd'empecher toute perte snr la quaiiliic d'eau donnee h leur fabrication; lis deviennent iiid'^struclibles dans I'eau de mer, ou on les plonge plustard. Leur indeslructihiliie est mfinie d'autant |)lus certaine qu'elle ne depend pas, comme pour beaucoup d'aulres composes hydrauliques, de I'intervention d'un obstacle a la penetration des sels raagnesiens ou d'line cohesion chimique precaire , qu'une continuite d'acllon de ces memos sels magnesiens peut vaincre a lalongue, et que relTet de I'atlaque in- cessanle des eaux de mer se borne a enlever progressiveinent de la chaux, en j subslituant de la magnesie, sans nuire en rien non-sculemeni a la cohesion des parties ainsi altaquecs et trons- formees, mais encore a leur adherence a cellos que cellc Irans- formalion n'a pas encore atteintes. « En resume, dit M. Vicat, I'emploi de nos pouzzolanes arliQcielles mel trait de'sormais les travaux a la mer les plus iinportants a I'abri de tout danger, et si Ton se decidait a encourager, ne Mt-ce qu'a tilre d'essai, la fabri- cation de ces nouveaux produits, nous indiquerions le port de Brest pour theatre de ces operations. La raison de celfe preference serait motivee par les gisements yoisins des argiles blanches de Quimper et des masses de terres kaolines que traverse le canal de Nantes a Brest, gisements qui fournissent abondammcnt les materia ux necessaires. n

L'auteur de la peinture au silicate de polasse formaut cpais- seur est M. Thellier-Yerrier ; mais la note malneureusement trcs- courle insdree dans les Comptesrendus ne nous apprend pas bien en quoi cousiste son procede. « Dans un premier .Mcmoire, dit-il, j'ai appele princioalement I'attention sur la maniere d'appliqucr la pierre en poudre sur le bois, et signale la secnrile que ce nou- veau badigeonnage donnerait contrc le feu aux etablissements indnslriels ou il serait employe. Je n'ai traile que d'unc maniere secondaire I'application de ma nouvelle peinture a la fresque, au decor des bailments publics, parliculierement de nos cglises, eta la peinture de la facade des maisons particuliercs. C'est celte la- cune que je vi'ux remplir aujourd'hui : ce present Memoire est destine a monlrer le parti que Ton peut tirer de ma decouverte et les services qu'elle est appelee a rondre dans la peinture des mu- railles (ant en pierres do taille que pliitrees. »

Nos lecleurs se rappellent que M. Kuhlmann, de Lille, a ap- peld Faltention de FAcademic sur des eciianlillons de peinture

23ft COSMOS.

renduc iiisuliible au nioyen du tauuin provenant d'une decoction de noix dc galle. Nous avons annonce, inais sans nous y arreter, que M. Sorel avait revendique la priorile de cette application du tannin. En effet, dans un brevet pris par lui, le 29 juin 1853, sous le nom de son associe, M, Lliuiilier, on lit : « II entre dans nia composition deux substances, du tannin et de I'alcool, qui possedent au plus haut degr^ la propriete de rendre la colle de "■elaline insoluble. Les autres substances sont insolubles dans I'eau et font vernis. Ou voit, d'apres les elements de cette compo- sition, qu'elle doit rendre la peinture a la colle tres-solide et ca- pable de remplacer les peintures a I'huile. »

Dans sa lettre de reclamation adressee a I'Academie, M. Sorel ajoulait : « Cependaut j'ai renonce completement a la peinture au lannate de gelatine depuis que j'ai peri'ectionne la peinture a roxychlorure de zinc, qui possede des avantagcs incomparable- ment plus grands. Eile s'applique comme la peinture ordinaire, elle n'a absolument aucune odeur; on pent donner une couclie toutes les deux heures, ce qui permet depeindre une maison sans desemparer, et d'babiler un appartement le jour ou le lendemain de I'application des peintures. Elle resiste a I'liumidile, k I'eau meme bouillantc, et pent etre lavee comme les peintures a I'liuile. Elle est eminemment antiseptique et parfaitement propre k pre- server le bois de la pourriture, et possede en outre, au plus haut degre, la faculte de diminuer la combustibilite des corps qu'elle recouvre. Elle a enfln I'avantage du bon marche, oucoiite a peine la moitie du prix de la peinture a I'huile, qu'elle surpasse beau- coup en qualite. »

Dans le petit volume qui a pour titre : De I'amidon du marron d'Inde ou des fecules amijlacees des vegetaux non alimentaires; MM, Thibierge et Remilly etudient et resolvent ces deux questions importantes : Quelle est la quantite de substances alimentaires, cereales ou pouunesde terre, consommee chaque annee par I'in- dustiie? Quels sont les moyens de liberer I'alimentation publique de cet impot, en fournissant aux arts induslriels les matieres amy- lacees qui leur sont indispensables. La premiere question est tout a fait neuve; c'est seulement en compulsant de nombreux ou- vrages, en reunissant, coordonnant, comparant de nombreu?i chiflres cpars, que les auleurs ont pu se convaincre que I'impdt en amidon et en fecule preleve par I'industrie sur I'alimentation s'el^ve annuellement au chitTre dnorme de 30 millions de francs. Ce resultat apparaitra bien plus effrayant encore quand on se

COSMOS. 235-

rappellera que la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Prusse, la Suisse, la Toscane et le Portugal ne pro- duisent pas la quantite de cereales et de pomuies de terre iidces- saire h leur consommation alimentaire.

Pour resoudre la seconde question, MM. Tliibierge et Remilly passent successivenient en revue toutes les questions chimiques, agricoles et industrielles qui ont eu pour objet la transformation, en amidon ou en fecule, de la matiere aniylacee des vegetaux fe- culenls alimentaires ou non allmentaires, et ils arrivent a cette conclusion : que c'est surtout a la cliataigne d'eau ou au marron d'Inde qu'il faut deniander I'amidon exige par les besoins de I'in- dustrie. lis font remarquer que, depuis I'apparition de la pre- miere edition de leur Traite, on a fait en France de nombreuses plantations de marronniers, que I'administration de la liste civile a concede gratuitement tons les marrons d'Inde de ses pares pour leur transformation en fecules, que les gouvernemenls de France et de Belgique ont mis au concours le probleme de I'approvision- nement de I'industrie en fecule extraite de substances ne servant pas aujourd'hui a lalimentation, etc., etc.

Fails de i'agricultiire.

Sous le nom de cuisine agricole des animaux, M. Perraud decrit un precede de preparation de la paille et des racines qui leur donne leur maximum de puissance nutritive : 1" hachez la paille avec un instrument assez parfait pour que cbaque brin ait au plus cinq centimetres de longueur ; 2' rApez les carottes et les betteraves en pulpes aussi fines que pour la fabrication du sucre; a I'aided'un melangeur ou d'un petrisseur mecanique, faites de la paille et des racines une pate parfaitement bomogene ; ajoutez la quantite de sel necessaire et faites fermenter par les procedes connus. On arrive ainsi a faire manger aux bestiaux une quantite' de paille egale au tiers du poids des racines; les pailles de qua- lite inferieure, celles, par exemple, des bles verses, et les four- rages coupes n ; doivent pas entrer dans le melange avant la fer- mentation; on les ajoute avant la distribution; la carotte blanche d collet vert est preferable a la betterave,

Une commission chargee par la Societeimperiale et centrale d'agriculture d'etudier les mesures h prendre pour tirer le meil- leur parti des recoltes endommagees, et composee de MM. MolU

^6 COSMOS.

Payen, Bnrral, Bnudement, Bella, Delafond, Dailly, a fait un long rapnort que le Moniteur universel resume dans les tennes sui- vants :

Quelqiics personnes considerent h tort les fourrages alteints par la grele comme pouvant exercer une influence ftcheuse sur les aniinaux auxquels lis sont donnes en vert ; la grele par elle- m^me ne communique aucune proprete malfaisante aux plantes qu'olle frappe. Elle les dispose seuleuient quelquefois ii des alle- rations rapides. Si les cereales n'ont perdu que leurs epis et res- tent saines, elles peuvenl eire consommees en vert. Si elles sont trop souillees de terre, on pourra les trailer comme fourrages et les convertir en foin. Dans tous les cas, et si Ton peut les faucher sans trop de peine, elles fourniront une bonne liti^re ; si elles ne peuvent pas eire fauch(^es, on les roulera et on les enfouira dans le sol, ((ui sera ainsi tout prepare ft rccevoir une nouvelle cul- ture. Les foins atteints par la grele peuvent aussi etre donnes en vert, avec ou sans addition de 250 grammes de sel tres-divise par 100 kilogrammes de foin, ou mieux, associds ft une proportion suffisante de racines ou autres fourrages completement sains ; les fourragps avaries doivent, dans tous les cas, etre assainis apres dcssiccalion par le batiage au fleau, le hachage et un blu- tage en repiijue. Parmi les plantes dont on peut fairc clioix pour suppleer aux recoltes endommagees, le sarrasin ou ble noir est celui qui ofTre le plus de chances de succes. Viennent ensuite les millets, qui constituent un aliment poor les habitants de certaines conlrees do I'Alsace, de la Lorraine, des Vosges, de la Bretigne; les navels, qui renssissent parfaitement dans les terrains cal- caires; les mais haiifs, qui reclament de tres-bonnes terros; les- pommes de terre qui pourront encore fournir une bonne recolte si elles sont favorisees par le temps ; le moutardon, qui, associe au sarrasin, constituenn excellent fourrage ; etenfmla betterave qu'on peut faire consommer en vert auxanimaox, maisavantque la racine soil completement developpee. Afm de hftter autant que possible la germination dela graine, ilest bon de la faire Iremper dans I'eau pendant un certain temps. La variety de betterave connne sous le nom de disette est celle qui doit etre choisie de prdf(5renre. .nMiu<i(n

Les echanges de vegdfaux entre les colonies equatoriales et FAfgdric se poursuivent avec aclivitd. Pendant la derniere cam- pagne, le service de la pepiniere centrale a cxpedic au Jardindes plantes de Saint-Pierre de la Martinique six serres de voyage et

COSMOS. 257

une caisse renfermant une collecttori des meilleures vari^tes de la famille des Grangers, des arbres fruitiers de diverses prove- nances naturalises dans rdtablissement, et un certain n ombre d'especes ligneuses appartenant k la flore algerienne; en tout 227 sujets et 65 especes de graines. Get envoi est arrive a desti- nation en parfait etat. En retour, le Jardin des plantes de la Mar- tinique a envoye a la pepiniere centrale cinq de ces caisses rem- plies de vegetaux des plus remarquables des tropiques, au nombre de 12i sujets, parmi lesqiielson distingue plusieurs varieles d'ar- bres a pain, des cacaoyers, des muscadicrs, des nianguiers, des abricotiers, des arequiers, des palmiers, des girofliers. Dans ces derniers temps enfin, irois autres envois de six serres vitrees ont ete fails aux colonies du Senegal, du Gabon et au Jardin des Plantes de la Gompagnie des Indes a GalcuUa. Ces serres reviendronl pleines des vegetaux de ces riches contrees.

M. Pepin affirme qu'& I'aide du moyen suivant, les horticul- teurs des environs de Paris obtiennent une plus grande quantite de pommes de terre hatives. La variele Marjolin, dite de quarante jours, est celle qui reussit le mieux : ils la metlent en pleine terre en fevrier ouen mars; des que les premiers tubercules sont arri- ves a maturite, on extrait avec precaution les plus gros en de- chaussant la toalle, puis on replace la terre en relevant en cOne. Les petils tubercules conlinuent k se devclopper. Tous les seize ou vingt jours on extrait les plus gros avec les uienies soins, el Ton double ainsi sans peine les produits de la recolte.

M. Davin affirme comme lesultats d'experiences parfaite- ment concluantes que la laine soyeuse des moutons merinos Mau- champ, de M. Graux, peut etre employee parloutou s'emplcielG^ ^chemire, et le remplacer avantageusement. G*est celle rcssem- blance, dit-il, qui m'avait porte a designer cette laine sous le nom de cachemire indigene. M. de Montagnac a eaq^loye ccUe annec toute sa recolte des troupeaux de Mauchamp el de Grevoiles a la fabrication de ces magnitiques lissus h longs polls, connus sous les noms d'ourson, de zibeline, de chinchilla, qui seivenl a faire les manteaux d'hiver des dames, et Ih encore la laine soyeuse a par- faitement remplace le cachemire.

I^aits dc uteilocine ct dc chirurgie.

M. Mandl a fait de longues recherches snr la degenerescence graisseuse ou I'apparilion de gouttelettes de gi-aisse dans les ele- ments qui, k I'etat normal en sont prives ; il a conslale d'abord.

238 COSMOS.

€omme M. Jules Guerin et Wagner, que cette degendrescence ne s'opore que dans les tissus soustraits & I'influence de la nutrition ; dans les fibres et dans les cellules. Les fibres d'un nerf qui par suite d'une resection ne se trouvent plus en rapport avec les cen- tres ncrveux, subissent bienl6t cette degen^rescence dans leur portion peripherique. Dans les vaisseaux capillaires cette dege- nercscence est caracterisee par I'accumulation de molecules graisseuses entre les fibres des parois. EUe esttres-frequente dans les cellules normales ou pathologiques ; on voit apparaltre des molecules graisseuses qui peu a peu s'accumulent et finissent par cacher entierement le noyau; celui-ci disparait plus tard, et apres lui la membrane cellulaire elle-meme; plus tard encore les molecules graisseuses se desagregent. Cette degenercscence enfln s'observe souvent dans les cellules du cancer, du pus et de la ma- tiere tuberculeuse.

Dans un autre Memoire snr le developpement des elements nerveux, M. Mandl a cru pouvoir formuler les trois propositions suivantes : 1" les fibres nerveuses se developpent d'apres le type des tissus fibrillaires; ces corpuscules ganglionaires d'apres le type des cellules; ces corpuscules des ganglions (grand sympa- thique) sont pales chez Thomme dans la jeunesse; ils deviennent d'une couleur foncee dans la vieillesse; 3" la portion centrale du systeme nerveux se compose d'el^ments qui sont embryon- naires, compares k ceux des parties peripheriques.

M. le docteur Bourguignon cite dans le Moniteiir des hopitaux un cas de letanos traumatique, gueri par le cbloroforme. Le trai- tement fut d'abord : un grand bain prolonge autant que pos- sible, administre chaque solr et maintenu a la temperature de 2a a 25 degres ; toutes les deux heures cinq gouttes de lau- danum dans une tisane de tilleul ou de camomille, alternative- ment avec trois gouttes de cbloroforme dans de la tisane de feuilles d'oranger bien sucree; chaque jour on devait augmenter d'une goutte la dose de cbloroforme et de laudanum; mais comme le mal empirait au lieu de ceder, on eut recours aux inhalations de cbloroforme, suivies immodialement chaque fois d'une remission notable dans I'intensite des symptfimes.

M. Puech, chirurgien-chef, interne des hCpitaux de Toulon,

a eu recours ^latracheolomie, dans un cas d'amygdalite double,

avec menace imminente d'asphyxie ; bien que la reussite, dit-il,

.ait couronnd ma hardiesse, I'ouverlure de la trachee entre les

mains du chirurgien ne devrait jamais 6tre qu'une derniere ombre

COSMOS. 239

de salut, une dure et inevitable necessity ; I'eviter sera la regie, la pratiquer la grande et rare exception.

Le meme physiologiste tire d'un grand travail sur I'histoge'- nesie des tumeurs malignes les conclusions suivantes : II y a trois especes de cancers; a cellules, a fibres etcilamelles; les elements des tumeurs malignes se developpent comme ceux des tissus normaux, ils ne naissent pas de la transformation des cellules ou fibres normales deja formees, et ne sont pas par consequent une modification des tissus normaux. Les cellules cancereuses ne conservent pas toujours et par tout les caracteres que les auteurs leur ont attribues. II existe des elements normaux qui presen- tent des caracteres analogues a ceux des cellules dites cance- reuses. La cellule cancereuse manque dans cerlaines tumeurs qui sont pourtant cancereuses. Les cellules cancereuses se reprodui- sent et se propagent avec unetres-grandefacilite, ce qui explique la frequence des rechutes.

M. Chauveau, contrairement a plusieurs assertions formu- l^es par M. Brown-Sequard , croit avoir etabli les propositions suivantes : Dans les animaux mammiferes la section des cordons posterieurs n'empeche pas la conduction des impulsions sensilives. Cette transmission n'est pas empechee par la destruction de la substance grise dans un point limite de la moelle; elle s'eflfectue par les cordons antero-latoreaux. Les impressions sensitives pour gagner I'encephale suivent dans la moelle le c6le par lequel elles sont arrivees. Les blessures legeres de la moelle determineiit de I'hypereslhesie au dela et souvent en deca du point lese. Les cor- dons posterieurs ne semblent pas sensibles.

M. le docteur Menturn, de New-York, a tird un tres-heureux parti du nouveau mode de suture qu'il decrit en ces termes : On reunit avec des epingles les levres de la solution de continuite; sur le c6te externe de cbaque levre on applique un petit carre de liege qui doit etre traverse par les epingles ; et on maintient I'af- frontement des surfaces k I'aide d'une serre-fine speciale, prenant son point d'appui des deux c6tes sur les deux fragments du bou- chon. Cette serre-flne particuliere, au lieu de se terminer par des griffes, comme dans les cas ordinaires, devra se terminer par un petit crochet qui, venant embrasser I'epingle par-dessus le liege , s'opposera a tout deplacement consecutif.

Dans un nouvenu rapport sur des recherches glycogeniques deM. Colin, M. Bdrardenoncaittimidement en apparence, ferme- ment en realitd, la conclusion suivante : « Independamment de la

2A0 COSMOS.

glycogenie hepatique, ne serait-il pas rationnel d'admettre que dans tontos les parties du corps il y a incessamment production de glycose qui rctourne par le systemc hepatique au centre circulatoire ; et qu'd cette glycogenie apparente la digestion en ajoute une autre interniittcnle, niais boaucoup plus active? M. Berard, en outre, indiquait que Ires-probablcment le glycose qu'on trouve dans le chyle se formait dans repaisseur de la parol vasculaire, au moment memo ou le produit de la digestion pe- n6lre les villosites. Cette conclusion et cette Iheorie sont evidem- ment contraires aux doctrines professees et demonlreos par M. Claude Bernard; mais M. Chauveau, dont M. Berard avail in- voque le temoignage, nie formellement la formation de glycose dans la trame des lissus et affirme positivement que toutle sucre lymphatiq'ie vient du chyle.

M. Sidney-Jones a constate le fait unique dans la science d'une obliteration complete de I'aorte Ihoracique, coincidant avec un parfait etal de sante.

M. Mandl resume en ces termes ses recherches sur la trans- formation des cartilages en os : dans I'ossification les cellules car- tilagineuses disparaissenl entierement, et les corpuscules osseux se developpentindependamment de ces dernieres. Un lissu ci cel- lules se detruit pour faire place ^ un lissu lil)rillaire; il n'y a done que succession, mais non transformation ; les libres se develop- pent sans le concours des cellules.

M. Ancelot affirme que les differentes varietes de paralysie symplomatique des affections cerebrates sont, dans I'immense majorite des cas, le resultat de la compression etnon de Tinflam- malion ou des dechirures du cerveau qui peuvent la compli- quer. Elles sont dues non f'l la compression de la substance cere- hrale elle-meme, mais a la compression mediate ou immediate des parties nerveuses peripheriques.

M. B. Charriere, directeur de la maison des alienes de Saint- Remy, declare avoir toujours obtenu d'heureux resultats de I'em- ploi du chlorure d'or dans le debut des nevralgies, quel que filt leur siege. II prend : cerat de Galien, 30 grammes ; chlorure d'or, 1 gramme. Les nevralgies out toujours disparu apres quolques frictions faites avec cette promenade.

PIIOTOGRAPIIIE.

T!sc stereoscope, etc. lic stereoscope, son histoii'e, sa theo- rie, sa construction et ses applications a«x beaux-arts, anx arts indiistriels et a I'edueation

Par sir David Brewster. Londrcs, 1856 (235 pages).

Le succ6s scientiflque et artistique du stereoscope, les applica- tions innombrables qu'il a recues, sont une des plus grandes glo- rifications de la photographic ; mais il est vrai aussi que, sans la photographic, le stereoscope serait reste dans I'enfance, et ses applications les plus importantes n'auraient jamais ete realisees. Car il a ete prouve en efret, snrabondamment, qu'un arliste, quelque distingue, quelque habile dessiiiateur qu'il soil, est inca- pable de produire deux representations d'un objet ou d'un paysage, prises de deux points de vue differents, avec I'exactitude geoind- trique necessaire pour donner I'illusion stereoscopique part'aite, lors memo que cet artiste se serait aide, dans son travail, de la chambre claire,

Mais il ne faudrait pas croire que le stereoscope, aide de la photographic la plus parfaite et maniee par les personnes les plus habiles, ait encore realise tout ce qu'on pent en attendre. Dans les images stereoscopiques les mieux execut^es, on remarque tou- jours quelque chose de rude ou de dur, qui ne se voit pas dans la nature ; et si nous faisons exception de quelques rares cpreuves de paysages, faites dans ces derniers temps par les Roger Fenton, les Leevelyn, les Ferrier, les Clouzard, tout ce que nous avonsvu jusqu'ici en fait de paysages ou de portraits stereoscopiques, pr(^- sente une durete impossible h bien decrire, mais si franpante, que le premier venu s'en apercoit h I'instant. Cela est surtout re- marquable pour les maisons, les edifices ou les figures d'avant- plan qui, dans le stereoscope, prennent un relief qui les fait res>- sembler -k des maisonnettes ou des figures coupees au ciseau dans du carton, et placees a une distance convenable de I'oeil. La pho- tographic commence pen ci peu a vaincre cet imperfection et ci produire des vues plus harmonieuses, plus donees, plus sem- blables h la nature elle-meme. Ces remarques n'ont pas autant de portce lorsqu'il s'agit de la reproduction stereoscopique de ma- chines, parexemple, ou d'ornemenls en plfttre. Un ingenieur sai- sira beaucoup plus facilement les details d'une machine compli-

242 COSMOS.

quee lorsqu'il la vcrra sous forme solide, que quand il la regarde sur le papier sans le secours du stereoscope. C'est ainsi que le stereoscope, quelque imparfait qu'il puisse etre encore sous le rapport artistique, peut neanmoins nous fournir, dans certaines occasions, d'uliics applications.

Dans le petit voliune que nous avons sous les yeux, M. Brewster a condense :i peu pres tout ce qu'on pouvait dire sur le stereos- cope et ses eflfets, qu'il etudie sous tous les points de vue. C'est un fait bien connu aujourd'liui que la sensation d'un corps vu par les deux yeux resulte de la reunion ou superposition de deux images dissemblables de ce corps, formees I'une sur la retine de I'oeil droit, I'aatre sur la retine de I'oeil gauche.

Ce fait elementaire, base ou point de depart de la stereoscopic theoriquc, etait parfaitement bien connu d'Euclide il y a un peu plus de 2 000 ans ! Galien, le fameux medecin des ages recules, le savait aussi, et en parlaitil y a 1 500 ans a peu pres. Depuis Ga- lien et EucUde, la question de la vision binoculaire a ete traiteepar diflferenls auteurs qui ecrivaient sur I'optique, notamment par Leonardo da Vinci, dans son manuscrit ecrit a Milan en 158^t, par Jean-Baptisle Porta, physicien italien, en 1593, et par Francois Aguillon, quipublia son Traite d'optique a Anvers, en 1613. Gas- seodi et plusieurs autres etaient aussi en possession d'idees plus ou moins exactes sur ce sujet ; nous citerons surtout Harris et le docteur Smith. Mais c'est en 1838 seulemeiit, lorsque M. Wheats- tone communiqua k Y Association britannique son important Me- moire sur la Plnjsiologie de la vision, qu'on vit apparailre sous le nom de stereoscope, un instrument special ayant pour but direct de reunir ou de superposer les deux images planes, binoculaires ou dissemblables des objets, pour les representer sous forme so- lide. Ce mot stereoscope derive de deux mots grecs : cTTspco;, solide, et cxoTTsev, voir. II paraitrait aussi que M. Elliot, mathematicien ecossais, avait concu en 183i I'idee d'un semblable instrument; mais il ne I'a realisee qu'en 1839. Nos lecteurs savent aussi bien que nous quels perfectionnements on a apportes au stereoscope depuis I'opoque de sa decouverte. Et de plus, comme nous I'avons deja indique, ces perfectionnements ont marche pas k pas avecla photographie. En effot, en 1839 meme, M. Elliot ne pouvait avoir des images photographiques pour son instrument, et il fut force de les dessiner lui-meme par un procede tres-ingenieux.

M. Brewster areproduit, dans son quatrieme chapitre, deuide ces dessins que le lecteur peut parfaitement reunir ou superposer

COSMOS. 243

par une vue doublement oblique, de maniere a obtenir uii relief admirable surles pages raemesdulivre. L'instrument le pluspar- fait, celui dont I'usage est aujourd'hui universel, est le stereos- cope par refraction ou le stereoscope a lentilles , que sir David Brewster pense avoir imagine, construit, et applique le pre- mier.

Voici I'histoire de ce petit appareil, que tout le monde connait aujourd'hui :

Un premier modele tres-parfait fut fabriqu^ sous les yeux de sir David, dans la ville de Dundee, en Ecosse; apres avoir essaye, mais en vain, de le faire adopter et propager par les opliciens de Londres etde Birmingham, il vint a Paris en 1850.

Au premier appel qui lui fut fait, M. Jules Duboscq, qui comprit aussitotia portee du charmant appareil, en fit construii^e; etle ste- reoscope h lentilles, grace surtout h M. I'abbe Moigno, devint tout a coup populaire; il n'excita I'attention en Angleterre qu'uneannee plus tard.

En 1851, lors de I'Exposition universelle, il attira les regards de la reine Victoria ; sir David, qui etait present, le montra lui-meme a Sa Majeste et la pria d'en agreer un exemplaire qui lui etait offert par M. Duboscq, avec de fort belles epreuves. Depuis cette epoque, on a vendu plus d'un demi-million de ces stereoscopes.

Ce premier chapitre du petit volume de sir David Brewster est consacre tout entier & I'histoire du stereoscope etde la decouverte des phenomenes de I'optique qui ont un rapport plus intime avec la construction et les proprietes du nouvel appareil. II entre dans beaucoup de details et revendique pour lui I'idee premiere du stereoscope a lentilles ou stereoscope a refractions, idee qui lui a ete disputee par M. Wheatstone.

Dans son deuxieme et troisieme chapitres , I'auteur examine successivement la vision monoculaire et la vision binoculaire, qu'ildiscute theoriquement; nous ne nous yarreterons pas.

Dans le quatrieme chapitre , il decrit le stereoscope oculaire (instrument tres-primitif, forme simplement d'une boite sans len- tilles, dans laquelle on place deux images dissemblables qu'on reunit a I'oeil nu en louchant) ; le stereoscope par reflexion , de M. Wheatstone, connu dans le monde entier, mais quele stereos- cope par refraction a trop fait oublier. M. Brewster decrit avec soin toutes les varietes de ces instruments, et expose avec de nom- breuses illustrations dans le texte, tout ce qui a rapport k leur theorie. Parmi une foule de stereoscopes de tout genre , nous en

2R4 COSMOS.

troiivons, dans lechapifre VII,un qui a recu le nom de stereoscope par reflexion Male, et qui est assez curieux : il consiste en un simple prisme et une seule image plane. Gette image est viie direc- temeiit par I'oeil droit, et c^i travers le prisme par I'ceil gauche. La seconde image ainsi produite par la reflexion tolale qu'eprouvent les rayons qui passent par le prisme, pent etre reunie a I'auli'e vue directement, et donner ainsi une image en relief. II va sans dire, ajoulel'auteur, que ce stereoscope n'est applicable qu'& des corps a formes geometriques , pour lesquels I'image reflechie est iden- tique avec I'image vue du second ceil. Nous ne nous arrelerons pas aces dilTerents stereoscopes, qui en definitive reposent surun meine principe que voici : produire deux images d'un objet quel- conque, I'une telle qu'on la verrait avec I'oeil dioit, I'autre telle qu'on la verrait avec I'oeil gauche; les reunir pour obtenir du re- lief. Analysons en pen de mots les renseignements que sir David Brewster nous donne relativement au role de la photographic dans le stereoscope.

II est evident, d'abord, que toute imperfection dans les images photographiques est considerablement augmentee quand ces images sont reunies dans le stereoscope ; ceci est surtout f^cheux quand il s'agit des portraits. Aussi, I'auteur ddveloppe-t-il longue- ment les principes qui doivent guider le photographe dans I'exe- cution des portraits d'apres nature. Une deduction bien simple fait avant tout rcssortir une particularitc importante : c'est qu'avecunehnitille dont rouverlure est seulement de trois pouces, I'epreuve photographique qu'on obtient est la combinaison d'i peupres cent quarante images dissemblables du modele, dontles parlies similaires ne coincident pas , c'est-a-dire , pour employer le langage usile en perspective, que I'epreuve unique resulte de cent quarante images prises chacune d'un point de vue different! Quelle distorsion ne doit-on pas attendre done en employant des lentilles de 3 ^ 12 pouces d'ouverture, comme cela se fait tous les jours en photographic ! Le photographe ne pent done songer a atteindre une perfection sufflsanle qu'autant qu'il pourra operer avec une chambre obscure munie d'une lenlille achromalique d'une ouverlure d'un quart de pouce tout au plus. II faut, en outre, une grande habitude et toute I'habilete d'un peintre exerce pour leproduire photographiquement, avec la perfection voulue, un portrait ou meme une statue. La premiere chose a determiner, c'est I'aspect sous lequel I'objet doit etre pi'is et la distance a la- quelle ou doit se placer pour produire un ensemble harmonieux.

COSMOS. 245

Dans le cas d'un portrait, par exemple, il faut choisir le meilleur aspect de la figure , en coordonnant la position du modele : des oreillestrop proeminentcs doivent etre cachees ou rendues moins proeminenles par la distance de I'objectif; des traits trop pronon- ces sont rcndiis plus doux par I'eloignement; personne n'ignore que les contours du visage changent d'une maniere remarquable asec la distance de I'ceil ou de I'objectif qui le regarde. Mais si un photographe doit produire une epreuve microscopique en quel- que sorte, telles que celles qui doivent en trer dans les bagues, les broches, etc., alorsil fautqu'il aitun objectif special ou construit expres pour la production des petites images , car s'il voulait les reduire aux petiles dimensions qu'elles doivent avoir par I'eloi- goement de I'objet, il reussirait tres-imparfaitement.

On emploie quelquefois pour prendre des portraits stereosco- piques un instrument decrit par rauteur en '18/i9, sous le nom de chavibre binoculaire. II ne diil'ere du daguerreotype ordinaire qu'en ce qu'il a deux lentilles au lieu d'une, dont chacune a la jneme distance focale et une memo ouverture. Mais comme il est k peu pres impossible de fabriquer deux lentilles assez exac- tement idenliques pour remplir ce but, on se contente de couper une lentille par son milieu el defairedechaqaemoitie une lentille circulaire ; on les place dans I'instrument avecles dian}etres de bi- section paralleies I'un a I'autre et verticaux. L'auteur decrit aussi un moyen ingenieux de prendre des epreuves stereoscopiques avec une chambre obscure ordinaire et avec des lentilles de 2 pouces et demi a 3 pouces d'ouverlure ou meme plus grandes. II consiste a percer deux trous de deux dixiemes de pouce chaque dans le diaphragme qui couvre I'objectif. Ces trous doivent etre equidistants et places sur une ligne parfaitement horizontale. Alors, fermant une des ouvertures, on prend une epreuve par i'autre, puis, fermant celle-ci et enlevant I'image, on prend la seconde epreuve. Ces deux images ainsi produites s'adapteront parfaitement a toutes sortes de stereoscopes.

Nous sommes force de passer sous silence une foule con- siderable de conseils, plus precieux les uns que les autres , que l'auteur a condenses dans ce travail, nous devons, malgre flous , renvoyer a I'ouvrage Ini-nieme pour les details con- 'Cernant I'eclairage, la grandeur, la position, etc., etc., qu'il faut donner aux images stereoscopiques ainsi que pour les developpe- ments theoriques. Nous donneronscependant, avant determiner, cette regie que l'auteur formule comme etant le resultat d'un

246 COSMOS.

grand nombre de considerations scientifiques : « En supposant que la chambre obscure employee pour prendre des portraits bino- culaires, des paysages , etc., etc., en donne des representa- tions parfailes, le relief obtenu dans le stereoscope ne sera cor- rect et vrai qu'autant que les deux images dissemblables seront placees dans I'instrument j'l une distance des yeux egale a la distance focale, reelle ou equivalente, de I'objectif ou des ob- jectifs , et quelle que soit la grandeur des dpreuves, elles parailront, ainsi placees, de la meme grandeur apparente et du m6me relief que si elles etaient Yues k travers robjectif de la chambre par le photographe lui-meme. » Dans les derniers cha- pitres, sir David Brewster considere le stereoscope dans ses ap- plications & la peinture, k la sculpture, k I'education, etc. II lui semble que le stereoscope pent venir en aide au paysagiste, au peintre d'histoire et au sculpteur, dans certaines circonstances speciales. II parle aussi de ses applications a I'histoire naturelle pour mettre en evidence, mieux que ne le font les dessins ou les sur- faces planes, la solidite des insectes, des fruits, des squelettes, etc. Le chapitre XV'' est consacre a I'exposition des moyens propres a faire des images stereoscopiques d'une seule epreuve. Ces moyens mallieureusement se r^duisent <^ une tdche bien difficile : il est impossible de tirer directement une seconde epreuve propre k s'unir avec la premiere au stereoscope. On ne peut effectuer cela qn'k la main. Un artiste habile peut, enenvisageantl'epreuve qu'on possede comme I'image de I'objet vn par I'oeil gauche, par exemple, copier fidelement cette image comme si elle ^tait vue de I'oeil droit. Sir D. Brewster expose a cet egard des consi- derations de perspectives sur lesquelles on doit se baser dans cette tAche difficile. Un pen plus loin, I'auteur traite de quelques singulieres illusions d'optique. Ces illusions resultent le plus souvent de la maniere dont I'ombre est portee : ainsi pre- nez un cachet fait sur une lettre avec de la cire ci cacheter et dont la parlie centrale est en relief; si on le passe sous le microscope compose, la partie centrale du cachet paraitra en creux, k cause de I'inversion de I'ombre par le microscope. De meme si Ton a un creux dans une table, par exemple, et que ce creux soit eclaire par une fenetre, si la lumiere reflechie vient a s'y projeter du c6te oppose a la fenetre, le creux paraitra en relief si on le regarde avec un tube en carton. On sait bien que lorsqu'on a devant soi la figure d'un rhomboSdre, on peut, k volonte , faire ressortir I'un ou I'autre des angles opposes de cette figure; il

COSMOS. 2^7

suffit pour cela de fixer pendant quelques instants I'an-le au'on veut avoir le plus pres de soi. Cela tient k ce que I'angle" re4rdd avec le plus d'intensite est vu plus distinctement que I'autre et paralt par consequent plus pres.

L'auteur est parvenu meme a transformer par celte sorle d'il lusion des intaglios en bas-reliefs, et il lui est arrive un iour en regardant le moule creux en platre d'une figure humaine de faire sortir en relief prononce les parties creuses et k oble'nir ainsi 1 nnage exacte de la figure sous forme solide. Get effH est extre mement curieux la premiere ibis qu'on I'observe. Mais nous no pouvons pas suivre l'auteur a travers les nombreuses illusions d optique dont il aveugle et eclaire en meme temps le lecteur

Son chapitre XVII et dernier traite des difficultes eprouvees quelquefois en regardant au stereoscope. Si, apres avoir ossayj

longtemps onneparvientpasareunirlesdeuximages pour former 6 solide cela pent tenir principalement a deux causes : ou laZ tance entre les deux lentilles est trop grande, ou bien elle est trop petite. Dans le premier cas, les images ne peuvent etre assez rap prochees; dans le second, elles sont trop rapprochees, c'est-S-dire elles se croisent et se depassent.

En resume, nous pouvons dire que le photographe et I'opticien

iront ayec un egal interet ce petit Traite clu sterLope, qui i^n-

ferme bien des idees precieuses pour eux et que l'auteur a redi"e

avec un tres-grand soin. c, leui^e

P. S. - Relativement a I'invention du stereoscope, nous n'a

ante de documents authentiques sur ce sujet. Au moment de mettre sous presse ces documents nous sont arrives. Nous nous bornerons a indiquer ici que, apres les avoir eludies soigneus"- ment nous sommes convaincu que la priorite de cette invention appartien tout entiere k M. le professeur Wheatstone, comme du reste on 1 a toujours cru. Ce savant avail deja concu et expliqu^ le prmcipe du stereoscope en I'annee 1832 ; et ses idees a ce su^ on ete pubhees par M. H. Mayo, dans la troisien.e edition de ses Outlines of human physiology (publics en 1833). Get auteur en parlant des experiences nou encore publiees de M. Wiieatsto'ne,

dp"M" w^" f? r^^'^Itats les plus remarquables des investigations de M. Wheatstone sur la vision binoculaire est le suivant Ui objet sonde, etant place de manicre a etre vu par les deu.v veux projette sur chaque retina une image difi-erente ; or, si ces^deux

2iiS ' COSMOS.

images sont fid^lement tracees sur le papier et prdsentees une k chaque ceil, de maniere qu'clles tombent sur les parties corres- pondantes des deux yeux, I'objet original apparailra, sur le pa- pier, sous forme solide, et aucun effort de i'iiiiagination ne sau- rait fairc croiro que c'est un dessin sur une surface plane »

Void encore une autre citation qui etablit evidemment que M. Wheatstone a meme eu I'idee d'employer des prismes dans le stereoscope longtemps avant que sir David Brewster imaging: son stereoscope a lentilles.

M. Murray, oplicien i\ Londres, dans une lettre a M. Wheats- tone, dit :

(( En examinant les comptes que rous a fourni M. Newman, de Regent street, pendant le temps que j'etais employe dans son eta- blissement, je trouve que ma premiere connaissance de vos ste- reoscopes k miroirs et de vos stereoscopes k prismes, date de la derniere moitie de I'annee 1832. »

Voila done plus qu'il ne faut pour etablir la date de la decou* verte du stereoscope. Inutile de faire observer que jusqu'^ oe qu'il soit prouve que quelque autre savant ait invente le stereos- cope avant I'annee 1832, M. Wheatstone jouira, dans les annales de la science, d'une juste priorite & cet egard. T. L. P.

I

VARIETES.

Carte geologique souterrainc die la ville dc Paris

Par M. Delesse Ingenieur des mines du departement de la Seine.

Comme le terrain de transport constitue la plus grande partie du sol de Paris et recouvre les autres terrains d'une sorte de manteau, j'ai suppose qu'il avait ele enleve partout : par suite, les teintes de la carte indiquent les terrains qui se trouvent immedia- tement sous le terrain de transport.

Les courbes horizontales sont de la meme teinte que le terrain dont elles representent la surface; elles sont distantes de 10 me- tres, h I'exception de celles qui figurent la surface inferieure du terrain de transport qui sont distantes de 5 metres seulement.

Toutes les cotes sont rapportees a un plan de comparaison pas- sant a 100 metres au-dessous du niveau moyen de la mer.

Craie. La craie forme le fond du bassin dans lequel s'est depose le terrain tertiaire de Paris. Elle ne remonte pas jusqu'au terrain de transport, bien qu'elle apparaisse a Issy et au Point du Jour. Sa surface est tres-accidenlee ; car entre les ban ieres d'En- fer et Saint-Denis, ses differences de niveau depassent 90 metres. Cette surface est deflnie par ses courbes horizontales dont les si- nuosiles peuvent eire etudiees sur la carte; je me contenterai done d'indiquer le trajet de la courbe liorizontale ia plus elevee et la plus basse dans I'elendue de Paris.

La courbe 100 passe pres de la barriere de Passy, s'inflecliit au sud et reparait ensuile au double pont de Bercy. La courbe 30 passe pres des barri^res de Ciichy et du Combat; la coui'be 20 pres do la barriere Saint-Denis.

La craie presenle au-dessous de Paris un vaste bassin. Ce bas- sin se releve fortement vers le sud-ouest et legerement a lest; il s'ouvre au conlraire vers le nord. 11 est trcs-profoiid au iiord-esl entre le faubourg Saint-Antoine et les barrieres de Belleville et de B'lonceaux.

Le ti'rrain terliaire s'elant depose sur la craie, ses divers etages presenlent une serie de bassins superi)Oses qui s'cmboitent I'un dans I'autre. Ces bassins out tons la nieme fornie et ils repro- duisentsuccessivement les piincipales ondulalions de \a craie en les attenunnt de plus en plus. Argile plasiique. Elle offrc d'abord un bassin concentriquc

250 COSMOS.

qu'il est facile de reconnaitre en considerant la premiere couche d'argile qu'on rencontre ci partir de la surface du sol. La courbe 75 de ce bassin passe vers la barriere Sainte-Marie, puis elle s'in- fl^chit au sud pres des barrleres de la Sante et d'ltalie. La courbe 80 passe pros des barrieres de Monceaux et du Combat et s'infle- chil fortement au sud-est. La plus grande depression du bassin est toujours entre le faubourg Saint-Antoine et le nord de Paris. Ses bords se relev^ent au contraire au sud et surtout au sud-ouest entre Bercy et Passy.

L'epaisseur de I'argile plastique est extremement variable. Elle est seulement do 20 metres pres de I'entree de la Bievre dans Paris, au commencement de la rue GeofTroy-Saint-Hilaire, ci la Salpetriere et h la rue Cochin. Elle s'eleve a 30 metres au puits de Grenelle et au boulevard d'ltalie, h i5 metres dans la rue de la Vicloire, i'l 50 metres a Textremite du faubourg Saint-Denis, a 57 metres pr(>s de I'hospice Saint-Antoine. Son ^paisseur va done en augmentant rapidementquand on s'eloigne des bords du bassin dans lequel elle se deposait.

Calcaire grossier et marnes. Le calcaire grossier et les marnes qui le recouvrent, composent un ^tage dont l'epaisseur est assez reguliere. La cote de la partie sup^rieure do ces marnes est la plus elevee a la barriere Sainte-Marie ou elle atteint 165 metres, elle est de 155 metres a la barriere d'Arcueil, de 140 metres k la barriere de Reuilly etdans les environs. La courbe horizontale la plus basse est k la cote 110 et se trouve dans le faubourg Saint- Denis. Lorsqu'on les considere dans leur ensemble, les courbes horizontales de cet etage presentent dos sinnosites qui corres- pondent k celles de la craie et de I'argile i)lastique.

Sables moyens. Les sables moyens ontune epaisseur qui est tres-variable comme celle de I'argile plastique et qui augmente egalement vers le nord de Paris. Sur la rive gauche elle est seule- ment de quelques metres, tandis que sue la rive droite elle est generalement superieure a 10 metres; elle s'eleve a 13 et meme a 15 metres entre les barrieres de Clichy et de Belleville. Cette epaisseur est comptee seulement sur la partie sableuse de I'etage des sables moyens. Si Ton considSre la surface formee par la couche superieure des sables, on trouve qu'elle atteint sa plus grande hauteur pres de Passy. La courbe horizontale 165 passe pres de la barriere de Franklin. La courbe 150 passe A la barriere de riiloile; puis coutourne les montagnes Saint-Geiievieve et la bulte de la barriere d'ltalie. La courbe 125 se reploie autour de

COSMOS. 251

la barriere Saint-Denis et p^netre jusque dans le faubourg Saint- \ntoine ou elle suit la grande depression du nord-est.

Calcaire lacustre. De meme que les etages precedents, le calcaire lacustre se releve vers le sud et surtout vers le sud-oucst pres de Passy, ou il atteint sa plus grande hauteur. Sa cote est dc 165 metres pr6s de la barriere des Bassins, de 1^5 metres a la barriere du Trone; elle diminue quand on s'avance au nord-est vers le bassin de la Villette, mais elle ne descend pas au-dessous de 135 metres; les differences de niveau sont au plus de 30 metres,

Sur la rive droite, le calcaire lacustre pr^sente un bassin dont les bords suivont le mur d'octroi. La depression du nord-est a presque disparu; cependant elle existe encore al'entree du canal Saint-Martin. Des cette epoque, il existait done un thalweg vers le haut Aw canal et le calcaire lacustre dessinait dej& le relief du bassin dans lequel Paris a ete construit. Le rehef d'alors a settle- ment ete exhausse par le dep6t posterieur du terrain dc gypse.

Pour comparer la pente moyenne des terrains qui coniposent le sol de Paris, il fallait la mesurer sur les sections failes a la surface de ces terrains par un memo plan vertical. J'ai choisi le plan qui est dirige nord-sud et qui passe par le tertre du Pont- Neuf a peu pr6s au centre geometrique de la villc de Paris. II est facile de constater que pour tous les terrains la pente se dirige du sud vers le nord. Elle est de 0,011 pour la craio, 0,007 pour I'ar- gile plastique, 0,005 pour les marnes superieures au calcaire grossier, 0,004 pour les sables moyens, de 0,003 pour le calcaire lacustre. La pente est beaucoup plus grande pour la craie que pour aucun autre etage geologique. Pour le calcaire lacustre, elle n'est guere que le quart de celle de la craie. Elle diminue succes- sivement a mesure qu'on s'eleve dans la serie des couches. Par consequent, la depression qui existait dans la craie au-dessous de Paris, lendait de plus en plus a se niveler.

Le cataclysme qui a donne naissance au terrain diluvien est venu raviner posleiiourcment les differents stages du terrain tprtiaire. I! a exerce ses ravages le long des cours d'eau a duels (!e la Seiue, la Bievre et le ruisseau de Menilmontant. Alors les couches qui se continuaient dans toute I'etendue de Paris, ont ete les unes enti6rement enlevees, les autres echancrees d'une rna- niere plus ou moins profonde. Les etages superieurs ont d'ailleurs <'te atteints les premiers et sur la plus grande etendue.

252 COSMOS.

L'dtage du gypse a presque disparu etne semontre giiere qu'au nord et au nord-est de Paris.

11 en est de mfime pour le calcaire lacuslre. Sur la rive droUe il forme une ceinture ^troite dans la partie haute de Paris, sur la rive gauche il n'en est reste qu'un temoin vers le sommel de la Monlagne-Saint-Genevieve.

Les sahles moyens etaient tres-faciles ci entralner comme tous les terrains meubles. Sur la rive droite ils dessinent une ceinture concentrique k cellc du calcaire lacustre. Sur la rive gauche ils presontent deux lambeaux entre lesquels la Bievre a creuse son lit. lis couronnent la Montagne-Sainte-Genevieve et la butte de la barriere d'ltaUe.

Le calcaire grossier et les marnes ont ete echancrds a I'entrde et i\ la sortie de la Seine, ainsi que le long du cours de la Bi6vre.

L'aigile plastique a ete seulement effleuree dans la partie oi!i elle se releve le plus, h la sorlic de la Seine.

Quant a la craie, elle n'a pas ete atteinte.

Une carte gcologique souterraine et cotee presente d'assez grandes difficulles d'execulion; mais aussi elle permet de fairc avec precision une sorte d'anatomie geologique qu'il est possible de pousser jusque dans les plus petits details ; elle indique la po- sition des nappes d'eau, et permet ainsi de prevoir les resuUats des Bondages et des puils arlesiens. Qu'il me suffise d'en citer un exemple pour Paris. On sait qu'au-dessus de I'argile plastique il coule une nappe d'eau qui doit tendre h remonter parlont au meme niveau. Or, sur les bords du bassin, notamment a la Gla- ciere, I'argile est k la cote de 135 ; par consequent dans I'interieur de Paris, les sondages pousses jusqu'a I'argile plastique devront donner une eau ascentlanle. C'est en elTet ce que Texperience a conflrme, car dans le faubourg Saint-Denis, dans le faubourg Saint-Antoine, a la prison de la Roquetleetau quai des Celestins I'eau remonte jusqu'a la cote de 133. Un coup d'ceil jele sur la carle niontre que tous les sondages executes au-dessus du bassin forme par I'argile plastique donneront encore des resullals ana- logues. Les chances de succes seruntd'autani plus grandes qu'on se rapprochcra davantage de la grande depression nord-est du bassin qui elait au-dessus de la ville de Paris et de la ligne du thalweg suivant laquelle coulent necessairement des nappes puissantes.

Imprimerie de W. IIemqi.eT el Cie, A. TRAMBLAY ,

rue Garanciere, 5. propiielaire-geraat.

T. XZ, 4 septembre 1857. Sixi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

M. Siegle est parvenu h faire cristalliser le glucose en e'ta- lant du miel sur des briques poreuses. Au bout de deux ou trois jours les briques sont recouvertes d'une masse blanche formee d'aiguilles cristallines.

En recueillant le produit et le faisant dissoudre au bain-marie dans huit fois son volume d'alcool et filtrant a chaud, le sucre de raisin se separe en cristaux blancs groupes en choux-fleurs. Si la solution alcooliqiie est coloree, on la decolore par le charbon. Les cristaux obtenus retiennent un peu d'alcool qu'on elimine en les €xposant pendant quelques heures sur de I'acide sulfurique; en cet etat le sucre est incolore , inodore et facile k pulveriser. Le miel ordinaire en fournit environ un quart de son poids.

M. Charles W. Vincent communique au Philosophical maga- sineun moyen ingenieux pour formerlesulfure d'aluminium. On chauffe du mono-sulfure de sodium dans un creuset de porce- laine jusqu'a ce que le sel commence a fondre etacquiferela cou- leur chair; on ajoute alors en petites quantites h la fois de I'alu- mine en poudre fine et on remue le tout jusqu'a ce que la masse devienne pateuse. On ferme ensuite le creuset eton (?Ieve la tem- perature au rouge obscur qu'on maintient pendant une dcmi- heure environ. En traitantla masse refroidieparl'cau, on dissoul de la sonde et du sulfure de sodium; la pins grande partie de I'a- luminc employee reste sous forme d'un precipite noir de sulfure d'aluminium. A mesure qu'on lave celui-ci pour en extraire I'al- cali qui s'y trouve melange, le sulfure se decompose. La meme chose a lieu quand le precipite, recucillisur un fdtre, est expose ^ I'air. II se degage alors de I'acide sulfliydrique, et raluminiunr passe h I'etat d'oxyde. Le sulfure d'aluminium qu'on n'a obtenu jusqu'ici qu'en unissant directcment le soufre au mdtal, obtenu comme il vient d'etre dit, brille et se convertit en alumine et acide sulfureux quand on le chaufTeau contact de Fair. L'auteur a done demontre que I'alumine ordinaire pent etre desoxyde par le sul- fure de sodium; il affirme aussi que la terre de pipe et lemeri

10

25i COSMOS.

peuvent subir une reduction plus ou moins complele par le meine agent.

On labrique aujoiird'hui le grenat artificiel avoc un lei degre dc perfection, que lorsqu'on nous donne deux pieires taillees, Tune en grenat artificiel, I'autre en grenat natif , il est assez diffi- cile de les dislinguer.

M. I'liipson a trouve cependant a cet egard un moyen qui vaut peut-elre mieux que la meilieure analyse : le grenat arlificiel conime le grenat natif rave le verre; quelqucs gronals nalurels I'ayentle quartz, maispastous. Le grenat artificiel ne rave jamais le quartz; mais celui-ci attaque completement une pierrc tnillee en grenat artificiel, tandis qu'il ne raye nullemcnt le grcnal natif. Avec ces donnees, on dislinguera toujours les grenats naturels des arlificiels, lors meme que I'analyse indiquera, pourlesdeux pierres, une composition semblable ou identique.

M. Liebig vient de decouvrir que la terre d'infusoiros qui lorme le sous-sol des landcs ou bruyeresdeLiinebourgctd'aulres localites, pent se convertir facilemcnt en silicate de potasse oudff soude. Cette terre contient87 pour 100 de silice. Pour preparer le silicate, on dissout 74 kilog. de sel de soude calcine , dans cinq lois son poids d'eau bouillante; on y ajoute un lait de cbaux pre- pare avec h2 kilog. de chaux vive. Apres avoir soutenu Tcbulli- Jlion pendant dix minutes f\ un quart d'beure, on decante la liqueur alcaline. On evapore cette solution de soude caustique dans un vase de fer jusqu'a ce qu'elle ait une densile de 1,15 et on ajoute alors 120 kilog. de terre d'infusoire. En prenant moins, on obtient un verre soluble trop alcalin et deliquescent. La terre silicieuse se dJssouL rapidement et prcsqueen lotalile dans la lessive alcaline. 120 kilog. de terre d'infusoircs et 7/i kilog. 5 de sel de sonde four- nissent ordinairement 240 ix 245 kilogrammes de gelee de verre- soluble contcnant 53 pour 100 en poids d'eau combinee.

Nous apprenons, dit le Morning advertiser, que le gouver- nementostcn marcbe avec la Compagnie du cable transallanlique pour acbclcr ses interets et terminer I'oeuvre. On dit que le gou- vernement a fait des ollres qui ont ete acceptees par les direcleurs,, sous la reserve de I'approbation par une assemblee specialc des; propiietaires.

L'expedilion faile sous le cominandement du commodore Perry, dans les mors de Cbine ct du Japon, a apporle de nou- velifs'lumieres sur ces contrees. II cxiste aujourd'buinn traile de commerce entrele Japon el les Etals-Unis ; ilest doncinlercssant

COSMOS. 255

de connaitreles principalcs productions du premier de cos pays.

Les richesses minerales du Japon peuvent se resumer ainsi : or, argent, cuivre, mercure, plomb, etain,fer, charbon, soufre k I'etat negatif, pierres precieuscs. L'or sc trouve dans plusieurs par- ties de I'empire. II doit s'y trouver en grande quantite, puisque dans Fespace de soixante ans ct par le commerce hollandais sen! on en a exporte de 625 & 1 250 millions do francs. Les mines d'ar- gent sont toutaussi nombreuses que les mines d'or; lesPortugais quand ils avaient le monopole du commerce japonais, en out ex- porte dans ime seule annee pour 15 miUions. Le cuivre abonde dans le groupe japonais; les indigenes le purifient et le fondentert cylindres d'environ un pied de long et d'un pouce de diametre ; mais avec la qualite inferieure ils font simplement des especes de saumons arrondis. On dit que le mercure est abondant au Ja- pon ; mais jusqu'a present on n'a pas la preuve qu'il ait servi d'ar- ticle d'exportation. II en est de memo du plomb , qui n'est pas encore sorti du royaume.

L'etain qu'on a decouvert en petite quantite dans ce pays est tenement beau et blanc, qu'il ressemble a I'argent; mais comme les Japonais n'attachent pas une grande importance a ce metal, et qu'ils ne le recherchent pas, on ignore Jusqu'a quel point il est abondant dans ce pays.

Le fer se trouve dans trois des provinces du Japon, et existe probablement dans d'autres. Les Japonais savent trailer le mine- ral, et le metal qu'ils obtiennent est de qualite superieure; ils en font un acier dont la Irempe n'est pas surpassee. Le charbon de terre du Japon pourrait, comme article d'exporlation , donner un benefice plus considerable qu'aucune des productions minerales que nous venous d'enumerer. Dans une contree aussi volcanique que cello qui nous occiipe , on doit s'attendre a trouver le soufre natif en grande abondance. Dans quelques endroits il est en lits epais et larges, et on pent I'extraire avec autant de facilile que s'il s'agissait de sable. Le gouvernement japonais tire du soufre un revenu considerable. On n'a, jusqu'a present, trouve aucune es- pece de diamant au Japon, mais des pierres precieuses, Iclles que des agates, des cornalines et des jaspes d'une grande beaute. Comme les Japonais ne sont pas lapidaires, on n'a pas non plus^ de renseignements precis sur la richesse de ce royaume en pierres precieuses.

On peche les perles sur presque toutes les parlies de la c6te; •^lles sont generalcmont belles et grandes. Les Chinois out appris.

256 COSMOS.

aux Japonais la valour de leurs perles en leur offrant un tres- grantl prix pour celles de la plus belle eau. On ne doit pas oublier uon plus, parmi les articles d'exportation, la mereperle, lecorail, I'ambrc giis et le naptal {Moniteiw).

Un nouvel et heureux emploi de la lumiorc electrique a ete {aitdcniierement au college Stanislas, par le precede de M. J. Du- boscq. Une grande cour, ou s'etaient reunies un millier dc per- sonnes, h rocca-iion d'une soiree litteraire, a et^eclairee pendant trois beures par un phare electrique. Le foyer, eleve de 3 metres au-dessus du sol, a projete, sans intermittence sensible, une iu- miere douce et brillante qui permettait de lire a une distance de 30 metres. Place derrieie le public, le pbare n'incommodait per- sonne par son eclat.

Fait« dcs sciences.

M. Ed. Desains a eludie avec le plus grand soin le pheno- mfene de la solidification desliquides refroidis au-dessous de leur point de congelation. Lorsqu'un liquide a ete ainsi refroidi et qu'on I'agile, il se solidifie plus ou moins completement, etse rechauffe a cause de la chaleur degagee par la solidification. II se presente aiors trois cas : Si I'abaissement de temperature est conve- uable, lout le liquide se gele et se rechauffe jusqu'au point de fusion ; 2" si I'abaissement de temperature a ete plus grand que dans le premier cas, tout le liquide se gele encore, mais la cha- leur degagee n'est pas assez gi'ande pour le rechauffer jusqu'au point de fusion ; si I'abaissement de temperature a eld moindre que dans le premier cas, uneparlie seulement du liquide se gele, et le solide forme, aussi bien que le liquide non gele, se rechauffe eiactement an point de fusion. A chacun de ces cas, correspond un probl^me particulier : Determiner la temperature 9 ci la- quelle il iaut refroidir un liquide pour qu'il se gele tout onlier et se rechauffe au point de fusion : M. Desains trouve qu'il faudraii refroidir I'eau liquide a 109", 86, pour qu'elle se gelftt entiere- ment et remontat au point de fusion ; 2" un liquide ayant ete re- froidi au-dessous de 9, determiner la temperature a laquelle il se rechauilera en se gelant tout entier, temperature necessairement inferieure au point de fusion ; un liquide ayant ete refroidi ti une tempei alure superieure i*! 6, il ne se gelera pas tout entier ; determiner le poids de la partie qui se gele, s'il s'agit de I'eau re-

COSMOS. 257

froidie S 20 degr^s au-dessus de z^ro et agilee, les deux dixiemes environ du liquide se solidifient, et la masse loute cntiero se r(^- chauffea zero. M. Desains a donn(^ les formiiJes generaJes en par- ties enti^res que donnent la solution de ces divers problemes ; nous ne les consffi^nons pas ici parce qu'elles ne se iM'osenlcnt pas sous une forme simple ; on les trouvera dans Vlustitnt. 25-- annee, p. 258. C'est un excellent moyen, pour determiner cc point de congelation d'un liquide, de le refroidir de qnelques degres au- dessous de ce point, del'agiter legorement, etd'observer la tempe- rature k laquelle il se rechauffe. M. Desprelz a conseille ce pro- cedd et en a constate I'exactitude sur des dissolutions salines, en montrant qu'elles se rechaulloiii, toujours au mOme dogre en se gelant, bien qu'elles eussent cle refroidies inegalement avant de geler. Mais quand on cmploie ce pi'ocede, il faut avoir bien soin de ne pas refroidir le liquide assez pour qu'il se gele enlierement; car, lorsque cela a lieu, il se rechauffe a des temperatures qui different les unes des autres suivant les degres auxquels il a ete abaisse, et qui ne donnent en aucune maniere son point de con- gelation.

Quelques details sur les nouvelles experiences par losquclles M. Desains a verifie defmitivement I'exaciitude de la theorie de Laplace et des mesures de Gay-Lussac, relatives aux phenomenes capillaires, ne seront pas superflus. Newton Ini-meme avait re- connu que I'elevation de I'eau entre deux lames paralleles est en- viron la moitie de I'elevation d'un meme liquide dansun lube cy- lindrique, dont le diametre egale la distance des lames. Laplace donna de ce fait une explication que sa simplicity a rendue clas- sique, et Gay-Lussac la verifia experimenlalement. Plus tard, M. Simon, de Metz, nia la relation dcmontree a la fois par I'expe- rience et la theorie, et pretendit que I'elevation de I'eau enlre les deux lames n'etait que le tiers environ de I'elevation dans le tube; il crut meme remarquer que le rapport, au lieu d'etre exactemcnl 3, etait 3,lZil5, ou le rapport de la circonference au diametre. Dans un Memoire, presente a I'Academie le 8 decembre IS'id, M. td. Desains annoncait qu'il avait trouve n'""',8 pour I'eleva- tion de I'eau entre des lames dont la distance elait 0""",8/i ; ce qui etait tout a fait d'accord avec la theorie de Laplace et les mesures de Gay-Lussac. Dans une Note, presentee aussi a I'Academie le 8 mai 1857, M. Wertheim publia un grand nombre d'expei-iences, desquelles il resulterait que la theorie de Laplace est exacte pour I'alcool, I'ether, I'huile d'olive, etc., mais ne I'estplus pour I'eaa,

258 COSMOS.

sine dissolution de chlorure de fer, etc. ; dans le cas de I'eau, les conclusions de M. Wertheim etaient les memes que celles de M. Simon, de Melz. M. Desains s'est vu alors dans I'obligation de recominencer ses experiences, en prenant des precautions plus grandes encore; et il a annonce k TAcademie, dans sa seance du 10 aout, que ses nouveaux resultats sont enti6rement conformes ^ la tlieorie de Laplace et aux mesures de Gay-Lussac ; il affirme en outre que la diflference entre ses resultats et ceux de MM. Si- mon et Wertheim tiennent uniquement h la maniere de mouiller ies lames. M. Desains, lui, pour nettoyer complctement ses lames les laisse sejourner plus de vingt-quatre heures dans une disso- lution de potasse, les lave une premiere fois k I'eau et k I'acide chlorhydrique ou il les laisse aussi sejourner, puis de nouveau a i'eau, k I'etlier, a I'alcool, et enfin k I'eau encore en Icsy laissant plongees plusieurs heures. Il rend les lames parfaitenient paral- ieles, en interposant pres de leurs angles soit de petits fds de €uivre, soit depetiles lames deverre d'epaisseurs rigourcusoment egales et mesurees au spherometre. Lorsque le parallelisme des lames superposees est etabli,etleur distance exaclement mesuree ,au cathetoraetre, M. Desains les iramerge complctement dans un grand vase plein d'eau distillee ; et c'est seulement apres un jour d'immersion qu'il les retire en partie de I'eau pour mesurer la liauteur a laquelle le liquide leste souleve. Ouand il a pris quel- ques mesures, il replonge les lames et attend au lendemain pour les relirerde nouveau etlaired'autres experiences. II ne prendra d'ailleurs de mesures qu'apres s'elre bien assure de I'horizonlalite de la ligne de niveau soulevee par Faction capillaire; cette hori- zontalite est en eflfet la meilleure preuve de maintien du paralle- lisme.

II nous semble que les dernieres experiences de M. Desains Jranchent definitivement la question, et que, quoi qu'il arrive, il faut admettre la loi entrevue par Newton, demontree par Laplace, ^erifiee par Gay-Lussac, comme loi normale ou loi nalurelle de I'ascension desiiquides entre deux lames parall61es, de telle sorle que, si de nouvclles experiences apportaient d'autres mesures, il laudrait expliquer les dillerences par I'intervenlion de circons- tances secondaires ou accidentelles.

(,, M. le professeur Smyth a communique k la Societe astrono- miique de Londres un memoire sur les resultats de la discussion d'une serie d'observations comprises en 1838 et 185/i. Les ther- domfetres ont ete observes une fois par semaine durant cette pe-

COSMOS. 259

riode ct M. Smyth les regarde comme tres-propres & egaliser les variations metcorologiquos temporaires et k donncr de bons re- sultats moyens. Leurs boules, remplies d'alcool, ont ete logdes dans la roche porpliyrique de Calton-Hill (sur laquelle est fonde I'observatoire d'fidimbourg), a des profoudeurs de 3, 6,12 et 2'-t pieds francais ; les tubes sont assez longs pour alteindre la sur- face du sol oil sont placees leurs eclielles et ou Ton pent I'aire les lectures ci un centieme de degre Fahrenheit pres. Get assorliment de thermometres est un de ceux qui furent etablis en 1837, pour I'Association britannique, a Edimbourg et dans son voisinoge, par les soins de M. le professeur James-D. Forbes. La longueur du temps que le courant de chaleur estivale met a atteindre suc- cessivement chaque boule, suivant sa profondeur, prouve bifiic avec quel soin ces boules ont ete placees. Ainsi le thermometre de la boule est

- A 3 pieds sous tcrre, a son maximum en aoiit

6 septenibre

12 octi.bre

24 ih'cembre.

L'amplituJe d'excursion annuelle du premier de ces

Uiermomelres esl de 15° F;ilirenlieit

Celle du druxieme 9^,8

Celle du Iroisicme 4°,G

Celle du quatrieme 1°,2

Le resuilat moyen pour chaque llicrmomelre pen- dant toute la periode des observalions est de

46°, 27 Fahrenheit, pour le ihermomelre enfonce de 3 pieds

460,55 6

46°,94 _ 12 _

47",24 _ 24

Ces valeurs manifestent un centre terrestre de chaleur, nieme i la faible profondeur de 3 pieds. Us indiquent un accroisscmont de 1 degre Fahrenheit pour 21 pieds d'enfoncement ou de 1 degre centigrade pour 37,8 pieds seulement.

M. Smyth, ayant elimine les effets dus h la chaleur inlerieure de la terre, donne les resultats annuels pour chaque thermometre pendant la periode a laquelle se rapportent les observations. II remarquc qu'en projetant graphiquement ces nombres ainsi que les temps correspondants, les courbes qui en resultent presentent des apparences d'ondes periodiques distribuees sur un flux sccu- laire k si longue periode, qu'on ne peut en apercevoir qu'une petite partie dans un intervalle de dix-sept ans. Ces observations sem-

260 COSMOS.

blcraiciil done indicjuer aux yeux de M. Smyth quo notrc soleil

pourrail eU'C coaipris dans la classe des eloiles variables.

Falls de iKcdecine et «Se chirurj;ie.

M. Legcndre, medecin a Vovcs (FAire-et-Loir) , cile avec ad- miralion'^iia cas de plaie transversale large et assez profonde de la region anterieure du cou, qui s'est cicatrisee en moins de quinzc jours, malgre le mouvement quo s'etait donne le bless^. Ouvrier tonnelier, 11 avait repris des le Iroisiemc jour les travaux de sa prol'ession, en refusant de gardcr le rcpos commande. Dans cc cas extraordinaire ou la Irachee elait ouverte, la sulure, qui parait generaleinent proscrile dans les plaies de la region ante- rieure du cou, a parfaitement reussi.

M. Gubler croit pouvoir afiirmcr qu'il n'est peut-etre pas une indannnation aigue etetendue des poumonsdans le cours de laquelle on n'ait eu i'occasion de remarquer du cote malade une rougeur vivc de la joue ou de la pommette, soit comme symptome assez durable, soit au moins comrae un phenomenc I'ugace. II parait certain, en outre, que'la teraperalura de la joue, du cote atfecle de pnenmonic, est reellcraent superieure a la temperature generalc du corps.

M. Trousseau professe que dans les cas d'hemorrhngie cdre- brale Ja soignee n'cst indiquec que lorsqu'il exisle dessymptomes evidenis de plelhore et de congestion ; la saignee et les purgatifs ne favorificnt pas la resorption du caillot heniorrbagique, ils pourraient au contraire la ralenlir en diminuant les forces orga- niques.

M. le docleur Dupierris s'est parfaitement trouve d'injections faites avec un liquide compose d'un liei's de teinture d'iode et de deux tiers d'cau, dans un Ires-grand nombre de cas de metror- rliagies uterines provenant de causes diverses dependannuent ou independamment de la gestation.

M. Boulfier, pour expliqucr par quels moyens la nature de- termine altcrnativement la nai-sance d'un garcon et d'une fille, avait eu recours a I'bypothese singuliere que la mcnsliualion de- tachait de I'ovaire etamenait altcrnativement dans la matrice un germe male et un germe femelle. Charge de faire un rapport sur cette hypothese qu'il repoussait commc entierement graluite et improbable, M. le docleur Bousquet avait conclu ainsi : « Ce qu'on

CX)SMOS. 261

peut dire de plus raisonnable a ce sujet, sans vouloir cnlror dans les mysteres de la creation, c'cst que I'ordre qui mainlionl le monde est regie la-haut, et que du concours necessniie dos deux sexes a la reproduction de I'espece resulte la necessile de I'equi- libre entre ces sexes. Si I'on supposait que cet equilibre pat elre rompu, ct qu'il ne naquit que des garcons ou des filies, ii suffirait d'une generation pour voir disparaitre I'espece. Je dis dispnrailre et disparaitre sans retour, car les especes qui ont une fois cesse d'exister ne reparaissent plus, temoinles animaux antediluviens, dont il ne nous reste que des debris. » Ce que M. Bousquef avail voulu dire au fond, c'est que la Providence ne s'est pas conlentee d'etablir I'ordre sur la terre, qu'elle a pris les inoyens les plus si'irs pour le perpetuer. Quoi de plus simple et de plus ra- tionnel ?

De nouvelles rechercbes sur la formation pbysiologique du Sucre dans I'economie animale, M. Sanson croit pouvoir tirer avec certitude les conclusions suivantes ;

Dans le sang abandonne k lui-meme pendant quarante-huit heures dans un vase inerte, il existe un sucre ferraentescible qui ne s'y trouvait pas au moment ou ii a ete extrail de la circulition ; 2" puisqu'il n'est pas possible d'admettre une influence vilale qui aurait secrete ce sucre, force est de reconnaitre qu'il n'a pu s'y developper que par les moyens qui lui donnent naissance dans I'economie vegetale, c'est-a-dire Taction de la diastase sur la dex- trine ; 3" le fait capital de la presence dans le sang et tons les tis- sus d'une matiere glycogene analogue k la dextrine est confirme; h" cette dextrine du sang a sa source chezles animaux herbivores dans Taction do la ptyaline sur les principes amyloides des ali- ments, et cbez les carnivores, dans la viande dont ils se nourris- sent, ou elle se rencontre touteformee; enfin le foie ne secrete dans aucun cas, ni sucre, ni matiere glycogene ; il se borne k servir, comme la trame de tons les autrcs organes, a etablir le contact deJa dextrine du sang avec la diastase, Icquel contact est ici plus prolonge, en raison du ralentissement de la circulation dans le tissu hepatique.

M. le docto'jr Barth, medecin a Borstedt, a employe la ben- zine avec beaucoup de succes contre les in.sectes parasites de rhomme et des animaux. S'il s'agit de guerir la gale ou de faire perir les acarus, cause de cette douloureuse maladie, il fait prea- lablcment frotter ses malades avec un linge sec ; lorsque la peau est bien auimeepar lefroltement, il applique la benzine qui cause

362 COSMOS.

niio forte sensalion dc brulure aux endroits seulement ou se trou- vent k's vesicules liabitees par les acarus; une heure apr^s, les vesicules sont dossechees et la guerison est complete ; 11 est bon cependant dc donner un bain savonneux. M. Barth a vu, apres uue minute ci peine, la tete d'une paysanne debarrassee d'un mil- Uerdepoux, sans qu'il y ait eu la moindre alteration du cuir che- velu ou chute d'aucun clieveu. La benzine tue instanlaneuient les poux des genisses et des vaches, les jiuces des chiens et des chats, sans alteration aucune du poll.

Voici sur quels points M. Bisson, medecin principal du che- min de fer d'Orleans, est en contradiction avec MM. de Martinet et Duchesne :

M. de MartinoL signalait une maladie des mecaniciens et des chaulTeurs, causce par I'inspiration de I'oxyde de carbone et du gaz acidc carbon ique, s'echappant du foyer de la locomotive, ca- racterisee par une lesion du systerae nerveux, I'amaigrissement des sujets, I'extinction des facultes generatrices, des soubresauts, des convulsions, ralTaiblissement derintelligence. Depuis dix-huit ans, M. Bisson n'a rien observe de semblable, non plus que ses confreres ; leurs rapi)orts hebdomadaires en font foi. M. Duchesne avait signale une aliection de la moelle epiniere occasionnee par les secousses que supportent les jambes chez ces employes con- damnes a rester toujours debout ; caracterisee par des douleurs sourdes dans les os et les articulations, un sentiment de faiblesse et d'engourdissement qui rend la marclie tres-penible. M. Bisson avoue que dans les premiers temps on avait observe certains ef- fets resultant de la trepidation, des adenites aux aines, des vari- coct;!es, I'induralion des testicules, etc. ; mais il afflrme que ces effels ont presque completement disparu par suite des perfection- iiements apportes au systeme de suspension des locomotives. II ne s'est pas conlente de ce que pouvait lui apprendre sur cette question son experience directe. A sa demande, M. Salone, me- ^Jecin de la Faculte de Paris, et M. Duclos, medecin & Tours, ont procf'de a des enquetes consciencieuses ; deux cents mecaniciens, chauft'eurs el eleves ont ete interroges et examines avec soin ; il est resulle de cetexamen qu'aujourd'hui ceshommes n'ontguere ^ redouter que les effels de la vapcur dans le cas de rupture des lubes, et que, dureste, ils ne sont soumis & aucune autre maladie -d^pendante de leur profession.

PIIOTOGRAPHIE.

Agcandir Ics epreuvcs a peu «Ie frais par la chainbre obscure

Par M. Frank de Villecholle.

« Les epreuvcs pliotographiques, Ics portraits surtout que I'ori produit leplus lieqiiemment, n'ont guere plus de 2k a 27 centi- metres de hauteur. On se sert generalement pour ces travaux de chambres noires de meme dimension, laissant en reserve et pour de rares occasions les ebenistcries des grands fonnals. II serait evidemment fort incommode d'avoir a manocuvrer a chaque ins- tant d'enormes appareils quand on ne veut faire que de petites ^preuves.

« De li une mulliplicite d'ebenisteries tres-embarrassantes dans un atelier et une depense presque toujours fort elevee.

(( J'ai remedie a ces deux inconvenients en adoptant un svs- teme d'instrument aussi simple qu'cconomique, en ce sens qu'il permet d'obtenir de grands cliches avec de petites chambres noires.

« Mon appareil sc compose d'une chambre noire carree, a souf- flet et de 27 cenlimC-tres. Pour les epreuves courantes, jo m'on sers dans la forme et de la maniere ordinaires. Etlorsque je veux faire une plus grande dimension, 40 centimetres, par exemple, je remplace la glace depolie de ma chambre par un cone s'adap- tant dans la meme coulisse et qui, en s'elargissant jusqu'a la grandeur de I'image a produire, a une longueur ou tirage pro- portionnel au foyer de I'objectif adopte. Une nouvclle glace de- polie de 40 centimetres, un chassis de meme mesure, completenfc tout I'accessoire. Le soufflet de la chambre primitive suffit pour etablir la mise au point.

(( De cette maniere, il me suffit d'un cone compose d'un bati en bois, reconvert de carton ou tissu impermeable, d'une glace de- polie ou d'un chassis, le tout d'une valeurde 30 k 40 francs, pour remplacer une chambre noire de 40 centimetres, qui couterait au moins de 200 k 250 francs, n

Precede do conservation au collodion sec

Par M. Ernest Boivin.

Le collodion que j'emploie est k i'iodure et bromure d'ammo- nium ; tout collodion donnant de bons resultats pent servir. Pour

2Qh COSMOS.

que les glaces coUodionnees conservent leur sensibilite, jeles re-

couvre d'un vernis que je prepare comme il suit :

Mucilage de senience de coings on dc gi-aine

jy |i„ 180 tjrammes.

Miel blaiic ou nulasse 10

Afi'Je aciiiiqiie cristallisable 10

D'une autre part :

ran disiillee 100 grammes.

Sucre de reglisso '>

Apres dissolution, je flltre et j'ajoute a la premiere formule.

J'obliens Ic mi'lango ci-dessus en meltant dans un verre 10 grammes de graine pour 100 d'eau; je laisse aurepos pendant ileux a trois jours en agitant plusieurs fois. Je iiltre etje conserve pour I'usage.

Manipulation. Je conduis I'operalion comme a I'ordinaire jusqu'a la sortie de la glace au bain d'argent; a ce moment je I'immerge dans une cuvette remplie d'eau disiillee et conlenant quelques gouttes d'acide acetique. Je la retire deux minutes apres pour la laver sous le robinet de ma fontaine, je laisse egoutter un instant, et pendant qu'elle est encore humide, je verse de faron h la recouvrir presque en entier de 4 a 5 centimetres cubes dii Tcrnis precedent. Je pose la glace verticalement sur du papier buvard etje laisse secher, dans I'obscurite bien entendu. Je ren- ferme dans la boite a rainures et je m'en sers indistiacteinent pendant un mois ; je n'ai jamais eu la patience d'attendre plus longlcnips, mais je donne comme certain que je n'ai pas remar- que de pcrte de sensibilite apres vingt-cinq jours de sensibili- sation.

Temps depose. La pose doit elre deux fois et meme trois fois pliislongue qu'avec le collodion employe a I'etat bumide ; ce qu'il y a de remarquable dans ce collodion t sec, c'est que le temps de pose n'est pas strictement necessaire a observer; une pose de deux ou quatre minutes, et dans les memes conditions, donne le meme resultat : seulement, avec une pose de deux mi- nutes I'eprcuve sera un peu plus longtcmps h se developper. Je pose indistinctement de deux a cinq minutes par un temps clair, et j'ai toujours de bons cliches dont le ciel est noir intense et les blancs tres-transparents.

Developpemcnt. La parlie la plus delicate des manipulations est de faire apparaitre I'imagc. Voici comment j'opere :

Je preuds deux verres & bee, I'uu contenant la solution d'acide

COSMOS. 265

pyrogalUque habituellement employee, Tautre contenant une so- lulion faible d'acetonitrate d'argent. Avant le developpement, je mouille la glace avec de I'eau, je la laisse un instant s'humecter, puis je la recouvre d'acide pyrogallique ; rien n'apparait : je laisse ainsi deux a trois minutes et je reverse la solution dans le verre et la remplace par I'acetonitrate; le developpement com- mence alors et avance rapidemcnt. Quand I'image est presque sortie, j'enl6ve I'acetonitrate et le remplace par I'acide pyrogal- lique, et ainsi jusqu'a la fin en alternant Ics solutions, mais sans jamais les melor.

Lorsque I'epreuve est assoz vigoureuse, je lave h grande eau et je fixe a riiyposuUite a hO pour 100.

D'apres mes dernieres experiences, j'ai tout lieu do croire pou- voir appliquer mon collodion sec au portrait. J'ai deja obtenu des resuUats assez satisfaisants avec des glaces preparees la veille; ce sont deux ncgatifs tres-vigoureux avec une pose de quarante secondes, et d'apres un changement apporte au procdile ci-des- sus, qui consiste seulement a recouvrir d'acide pyrogallique la glace collodionnee ct sensibilisee avant d'y verser le verni^ pre- servateur. Cetle modification augmente de beaucoup la rapidity ; mais je dois faire observer que les glaces preparees ainsi ne se conservent pas aussi longtcmps que par mon premier proccde.

J'emploie avec beaucoup de succes mon collodion sec pour I'ob- lention des positifs transparents a I'usage du stereoscope, et je remplace avec avanlage I'albLunine, ce qui me permet d'obtenir avec facilite et en tres-peu de temps une serie d'epreuves ; avec i'albumine, il faut beaucup de temps et une grande pratique qu'il n'est pas donue a tous les amateurs d'acquerir.

%'crnis pour negatif!* sur coliodion

Par M. Boivi.v.

La couche de collodion etant tres-facile t'l raver, il est indis- pensable de la recouvrir d'un corps preservateur lorsque le clicbe est entierement termine. Divers prodaits onl etc proposes pour attoindre ce but. Gonune le dit M, Monckboven dans son excellent ouvrage, pour qu'un vernis soit convenable a la pliotograpbie, il faut qu'il reunisse plusieurs qualites :

« i" fetre assez fluide pour ne pas donner trop de transparence <( au clicbe, ce qui lui ferait perdro sa vigiieur, et assez epais u pour preserver efficacement le collodion ;

266 COSMOS.

« II doit avoir unc duree assez grandc pour supporter un <( frottement un peu reitere ;

(( Enfln, il ne doit pas sc ramollir h unc faible temperature. »

Le vernis a base de copal, etendu de benzine, est celui ordi- nairement employe ; il est si facile a elendre sur les glaces qu'il a prcsque ele adopte de tout le monde. Mais combien de cliches sont gates par I'emploi de cclte substance qui, au bout d'un cer- tain temps, se resinilie, et puis encore combien presentent un plus grand inconvenient, celui de se ramollir sous les rayons so- laires pendant le tirage des positifs ! Combien de fois ne m'est-il pas arrive de perdre des cliches, en voyant la couche collodion- nee au papier positif !

Voici comment j'opere pour eviter ces accidents :

Dans 100 grammes d'alcool ordinaire, mele de 8 a 10 parties d'essence de lavande, je dissous 5 & 6 grammes de gomme laque et je filtre. Je fais ordinairement cette dissolution au bain-marie.

Dans ui) flacon parfaitcment bouche a I'emeri, je fais un me- lange de 5 grammes d'amhrc jaune en poudre, par 30 grammes de chloroforme, je laisse de cote pendant plusieurs jours, en ayant soin d'agiter plusieurs fois pour activer la dissolution. J'a- joule meme, dans ce but, quelques fragments de verrc pile dans rinlention de multiplier les points de contact de I'ambre.

Lorsque le chloi'oforme parait saliire, ce qui exigc plusieurs jours, je prends une partie de la liqueur et je I'ajoute k deux par- ties de la dissolution de gomme laque, j'agite, je laisse reposer et je filtre avant d'employer.

Pour I'elendre sur la glace, je chauffe legerement le cliche, soit a la lampo k alcool, soit devantle feu; lorsqu'il est arrive au point convenable, ce que je reconnais en le posant sur le dessus de la main, qu'il ne doit pas bruler, je verse rapidement le vernis en commencantpar undes angles superieurs. Je fais egoutter I'exces dans le flacon etje laisse secher verlicalement; je chauffe ensuite pour donner le brillant, et I'operation estterminee.

Les avantages du vernis que j'ai I'honneur de presenter sont :

De proteger parfaitement le collodion sans faire aucune epaisseur sur la couche; 2" de ne pouvoir se ramollir sous Taction des rayons solaires et de ne faire aucunement perdre la vigueur de rei)reuve; enfm , de conserver indeQniment les negatifs qui peuvent, sans craiiite d'etre rayes, etre renfermes dans un portefeuille de papier, qui remplace facilement la boite a rainures. {Societe frangaise de photographie.)

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seanre du 24 aoilt 1857.

La seance commence i Irois henres precises, sons la presi- dence de M. Despretz. On remarque un grand nombre de fau- teuils Tides ; hult on dix membres, an plus, sont presents.

M. Flourens depouille la correspondance.

M. ^lie de Beaumont depose sur le bureau la lettrc snivante de M. Valz, contenant les elements de la ^5"^ et derniere petite planete, calcules a Marseille :

« Je viens vous prier de communiquer h I'Academie les ele- ments suivants de la derniere ou 45'^ petite planete. Les observa- tions en ont ete peu nombreuses et raal distribuees, a cause du clair de lune qui est A'enu les interrompre. Je n'ai pu la suivre, comme dans quelques autres observatoires, que jusqu'au 15 juillet. Jela deiaissai lelG, vu les difficultes qu'elle presentait par sa grande faiblesse, pour rechercher la troisieme planete, que je ne pus retrouver que peu avant son coucher, aupres de la 17 982" etoile de Lalande de 7"= grandeur, qu'elle egalait en eclat. Je ne pus qu'en estimer la position plus avancee de 25 minutes environ et 10 minutes plus au sud que I'etoile.

« M. Goldscbmidt, quoique avec des instruments bien inferienrs a ceux des autres astronomes, a pu cependant observer la ^5'= pla- nete trois jours plus tard, et c'esta I'aide de cette derniere obser- vation que j'ai determine les elements suivants donnes seulement en minutes, a cause du faible intervalle des observations.

Anomalie moyennc, juillet, 8.479 temps moyea de Marseille 49°, 37'

Longitude du pcriiKilie, 193°, 14'

Noeud ascendant 142"', 12'

Inclinaison 7°, 7'

Excentricile, 0,167S6=:Sin 9°, 40'

Demi grand axe, i!,9r>7.

MouvemenI iiioyen diurne, 694'',37.

M. Le Verrier adresse une lettre de M. Donati, contenant uue reduction plus precise d'observations deja publiees de la U' comete de 1857, et une nouvelle observation du meme astre. Voici ces positions :

i8J6 T. M. de Florence. Ascension droitc Diclinaison.

30 juillet.. IS** 40°» 23» 4'' 28™ 17%32 +54° 31' 5" ,5

l^' aotit.. 13 23 SI 4 47 26,36 -)- 23 12 36,1

2 aoul.... 13 50 16 4 56 34,98 -f- 50 57 33,0

17 aout... 14 14 5S 6 32 36,38 -]- 30 26 46,2

268 COSMOS.

HI. Donati joint k ces observations les remarques suivantes r (( Le 2 aoi'it, je vis passer la comete au-dessus d'une petite

€toilc de 10-^ grandeur, donl la position pour 1857 est :

a = 4'',26'",4C',5; (J'-f- -f- 50",5G',2S

((Dans la plus grande approche {h l/i" 22) de la com6te ft I'etoile, celle-ci semblait penetree dans la nebulosite cometaire d'environ un tiers du rayon de la comete.

(( Pendant que la comete se projetait sur I'etoile, je voyais au grand relVacteur d'Amici (ouverture 28 centimetres, distance fo- cale 52 decimetres, grossissement250) la comete inalleree, tandis que I'etoile paraissait diminuer de diamclre et prendre I'aspect d'un disque planetaire d'une lumiere pftle qui tcndait au blemitre. J'estimai ce disque planetaire, dans lequel s'etait transformee I'image de I'etoile, d'un diametre egal ix celui du troisiSme satel- lite de Jupiter, c'est-a-dire de 1",5.

(( Ce phenomene, qui elaitsurprenant et tres-marque au grand refracteur, n'^tait pas appreciable a une excellcntc lunette de Fraunhofer, de 10,5 centimetres d'ouverture, avec un grossisse- uient de k5. Aveo cette derni6re lunette je n'apercevais, & travers la comete, aucunc diliiision dans la lumiere de I'etoile qui se montrait toujours inalleree ; mais c'etait, au conlrairc, la comete qui semblait changer, ])uisque sa faible lumiere etait presque en- tierement elTacee par I'eciat de I'etoile.

« La comete est i\ present (17 aoilt) plus lumineuse que lors de sa decouverte et presente une condensation de lumiere dans son centre.

M. Le Terrier transmet egalement I'annonce de la decou- verte d'une nouvelle comete, faite le 20 aout, dans la constella- tion de la Giraffe, par M, Klinkerfues, & I'observatoire de Got- lingue. C'est la 5'^ comete decouverte depuis le commencement dela presente annee. Sa position pour 9'' 15"', temps moyen de Gotlingue, etait tres-prfes de celle de I'etoile 5 900 Oeltzen, on a = 80" 22", d = 77° 7'. Mouvement en vingt-quatre houres + 10° 30', + 2°, 20'. La comete a I'apparence d'une nebulosite assez faible et mal terminee.

M. Jaeger, de Stuttgart, adresse h I'Academie des ouvrages imprimes, dont le premier traite de I'osteologie; le second est un travail sur une dent d'elephant trt-s-curieuse observee par I'au- teur. Celui-ci desire avoir I'opinion de I'Academie sur cette dent anormale. M. Flourens est prie d'en rendre compte k I'Aca- demie.

COSMOS. 269

M. Berthelot presente un Meiuoire tres-interessanl sur les combinaisons de I'acide tartrique avec les niatieres sucrees.

Dans ce travail, i'auteur signale les combinaisons qui resultent de I'union de I'acide tartrique avec le i,^lucose, le sucre de lait, le Sucre de Cannes, la sorbine, la dulcine, la pinite, la quercite et I'erythroglacine. « J'ai deja decrit, dit-il, un compose analogue forme par la mannite et I'acide tartrique, et je signalerai i'exis- tence d'une combinaison de glucose et d'acide citrique. »

Tons ces corps se preparent par le procede suivant : On me- lange inlimement des poids egauv d'acide tartrique et de matiere sucree, ct on chauffe le tout a 120° pendant un jour ou deux dans un vase ouvert; cela fait, la masse refroidieestbroy^e avecun peu d'eau et de carbonate de chaux; lorsque la saturation est teniai- nee, on separe par le flltre I'exces de carbonate de chaux et le tartrate de chaux regenere. La liqueur renferme le sel calcairc de I'acide complexe, melange avec lexces non combine dela matiere sucree. Onprecipite la solution, en y ajoulant deux fois son vo- lume d'alcool ordinaire; on decante I'eau claire et on recueille le prdcipite sur un flltre; on le lave avec de I'alcool etendu de son volume d'cau. Gette seconde serie d'operations separe le sel cal- caire de I'exces de la matiere sucree. On redissout dans I'eau le sel calcaire ou le precipite une seconde fois par I'alcool, et on repete pour la troisieme foiscette double mauipulation.

En substituantau carbonate de chaux les carbonates de baryte, de magnesie, de plomb, etc., on obtient les sels correspondants de ces bases. Dans toules les combinaisons obtenues par I'auteur, le corps Sucre a diminue d'une certaine quanlite d'eau, et rem- place une portion de la base necessaire pour saturer Tacide a I'etat isole.

Ces combinaisons rentrent pour la plupart dans les memes types generaux que les combinaisons neulres formees entre les acides et la glycerine. D'apres cela il est probable qu'une meme matiere sucree peut former plusieurs combinaisons acides avec I'acide tartrique.

Voici les combinaisons obtenues par M. Berthelot :

I. Acide dulcitartrique. II est monobasique ct analogue a I'a- cide glyceritartiique de Berzclius :

c" IV '0'' = c R' 0' 4- c^ w 0'- 2 no.

C^ IP 0^ est la dulcinane, compose isomere avec la mannilane €t forme dans des circonstances analogues. Le dulcitartrate de chaux seche a 110° est :

270 COSMOS.

C''H'GaO»* + 4HO.

II. Acide piritartriqm. L'acide precedent est formd d'equiva- lents egaux de dulcine et d'acide tarlrique. Celuici est forme par I'union d'une equation de pinite avec trois equations d'acide tartrique. II est tribasique et analogue a l'acide mannitartrique :

C" H*» 0'^ = G^ W 0' + 3 H" 0" 6 IIO. Le sel de chaux = C-'' ir= Ca' 0^', 6 HO.

III. Acide quercitartrique. Forme d'une equation de quercile avec deux equations d'acide tartrique; il est tribasique :

C" H*" 0" = C IP 0^ + 2 C W 0'^- 2 HO. Sel de chaux = C" H'= Ca» 0", 2 HO.

IV. Acide erythroglucitartrique. Forme d'un equivalent d'ery- throglucine et quatre equations d'acide tartrique ;

C" IV 0^«-= C" IV 0'2 H- ^ 0'- U HO. Sel de chaux = C" H=' Ga« 0'\ k HO.

V. Acide sorhitarlrique. Forme par la sorbine et l'acide tar- trique a 100°. N'a pas ete analyse.

VI. Acide lactotartriquc. Forme par l'acide tartrique et le sucre de lait. II est hibasique :

Qi 4 H2C 038 =, 3 CO yo + 2 C* 0'" - 4 HO.

Sel de chaux = C" H" Ca' 0", 2 IIO.

Traite par l'acide nitrique, ce sel fournit de grandes quantit^s d'acide mucique. II est probable que ce sel renferme, non du sucre de lait proprement dit, mais du sucre de lait modifle. Dans une preparation faito dans des conditions peu diflerentes, le sel cal- caire cbtenu repondait a la formule C" H*^ Ca' 0-\ 4 HO.

VII. Suci^e de canne et acide tartrique {k 100°). Ce compose est analogue aux acides glyceritartrique et dulcltartrique ; il renferme du Sucre de canne modifle, il est monobasique :

Qu H" 0'" = 0" + H'^ 0*^ 2 HO. Sel calcaire = G" H' Ca 0".

Ce sel (comme celui de l'acide sorbitartrique et celui forme par l'acide lactotarlrique) reduitle tartrate cupropotassique.

VIII. Acide glucotartrique :

C42 H26 QH ^_ 3 Q12 JJ81 Qi _J. Qe JJ* Q'' 2 HO (?).

IX. Salicine et actde far^nV/ue. En faisant reagirces deux corps d 120°, I'auteur a obtenu un acide analogue aux precedents, et dont le sel calcaire reduit le tartrate cupropotassique, est colo- rable h froid par l'acide sulfurique, et, traite par le bichromate potassique, degage de I'hydrure de salicyle.

COSMOS. 271

X. Acide glucotartrique. Form^ de deux equations d'acide tar- trique et une equation de glucose. II est bibasique :

^22 H)3 025 ^ H= 0= + 2 C W 0'^ 2 HO.

Sel de chaux = C" H" Ca^ 0", 2 HO ; seche i 110°.

Seche dans le vide, vers 15% ce sel est

C^^ H" Ca^ 0" 2 HO + 8 HO.

II reduit le tartrate cupropotassiquc, ne ferinente pas an con- tact dela levure; traite par I'acide sulfurique dilue, il se remet en acide tarlrique et en sucre fermentiscible.

Sel de magnesie seche 3 110° = C/- H" M^* O'S 2 MgO, 2 HO.

Sel de plomb. Neutre, insoluble; niais I'auteur a aussi obtenn acide un sel acide : C" H'^ P6 0-^ (seche a 110").

II paraitrait qu'un acide analogue ou identique k I'acide gluco- tartrique se rencontre dans le raisin, vers I'epoquc de sa rna- turite.

On voit, d'apres ce qui precede, que les composes formes par I'acide tartrique et les matieres sucrees se rattaclient k quatre types distincts, dont trois sont formes dans les memes rapports que les composes neutres qui resultent de I'union de la glycerine avec les acides.

Un auteur, dont nous n'avons pas entendu le nom, adresso une lettre dans laquelle il emet I'idee que le pendule pent servir mieux que le barometre a mesurer la hauteur des montagnes.

M. Soubeiran fds communique a I'Academic un edescription detaillee de I'aquarium, installe au Museum d'histoire naturelle de Paris.

M. Martins, professeur de botanique k Montpellier, savani bien connu de nos lecteurs, adresse une Note sur la vitalite des graines transportees par les courants marins. ('/est une grande question de geographic botanique; aussi nous reviendrons sur cette importante communication.

MM. Pellis et Henry communiqucnt la description d'un mo- teur electrique qu'ils pensent nouveau, et ils prient instamment I'Academie de nommer une Commission pour examiner cet ap- pareil,

M. Guerin-Menneville envoie une lettre sur un remede contre la rage, et communique en meme temps une Note sur la mala- die des vers k soie.

M. Baudouin, qui a deji adresse k I'Academie des observa- tions sur la construction des cables des telegraphes sous-marins, envoie maintenant une Note sur la rupture du cable transatlan-

272 COSMOS.

tique. C'est une question qui presente un grand interet d'actualite et sur laqnoUe nous revicndrons prochainement.

M. Bagnani, pharmacien, qui a adressc h rAcademic, il y a assez longlemps, des observations sur le cholera et sur la rage, cnvoio aujourd'hui une lettre dans laquelle il exprime son eton- nemont de n'avoir pas encoi'e obtenu do rapport sar ses travaux, et prie FAcademie de vouloir bien hc\ler un pen son appreciation qui s'est fait si longtenips attendre.

M. Flourens rappelle ti cette occasion que la Commission de medecine n'a pas encore fait son rapport annuel sur les travaux qui ont ete presentes & I'Academie concernant le cholera. II fait remarquer qu'il a ^te communique a rAcademie iinmensement de memoires sur cette maladie, et prie la Commission de mede- cine, dont il n'y a qu'un seul membre present, M. Velpeau, de vouloir bicn accelerer son travail.

M. Dumorisson ecrit a FAcaddmie sur un moyen de rendre lixes les attaches et les points de repfere quelle que soit leur des- tination.

Un jeune naturalisle, M. Grandidier, adresse une lettre par laquelle il fait connaitre qu'il est sur le point de partir pour I'Amerique meridionale, et qu'il a rintenlion de faire, a Buenos- Ayres et a Valparaiso surtout, des recherches geographiques et geologiques, et des observations sur les animaux de ce pays qui ne sont pas bien connus. II desire que FAcademie lui fasse par- venir des instructions.

A I'occasion de la note, presentee a la dcrniere seance par M. iMckl6s, sur les electro-aimants, M. DuMoncel, adresse aujour- d'hui une reclamation de priorite, dont un extrait sera insere dans les comptes rendus.

La correspondancc fmie, M. Flourens lit, une lettre de S. E. le minisire de Finslruclion publique sur la chaire de paleontologie, devenue vacante par la mort de M. d'Orbigny, et en meme temps une lettre de M. d'Archiac, qui se presente coumie candidal a cette chaire.

L'illustre secretaire olTre ensuite a FAcademie, de la part de M. Moquin-Tandon, absent, la premifere ])artie de Fouvrage de M. Francois Adroidi, sur la Flore meridionale.

M. de Lesseps et M. Ileurleloup, qui s'claient fait inscrire pour lire des Memoires, n'ont pas repondu I'l I'appel de leur nom.

M. Bonnafont lit un long Mdnioire sur les trombes marines qu'il nous serait impossible d'analyser ici.

COSMOS. 27S

M. Mantagne depose sur le bureau un Memoire de M. Fran- cois Olivier, sur une nouvelle balance de conversion ; I'auteur desire avoir un rapport sur cet instrument.

A quatre heures et demie, rAoademie se forme en comity secret.

SEAiXCE UU 31 AOUT.

M. l^lie de Beaumont communique k I'Academie une lettre de M. le marechal Vaillant annoncant que le gouvernement autorise I'Academie a prelever une somine de 5 500 francs sur le reliquat des sommos affectees aux prix Monthyon : 2 500 I'rancs seront ac- cordes h M. Pouillet, pour des experiences de physique ; 1 500 a M. Blaucbard, pour des recherches d'osteologie, et 1 500 a M. Lis- sajoux, pour des recherches d'acoustique.

M. Paul Gervais adresse une notice de ses travaux et se pre- sente comme candidat k la chaire de paleontologie vacante au Museum d'hisloire naturelle.

M. le secretaire de I'Academie de Copenhague annonce qu'un batiment danois, allant en Islande, a trouve un des flot- teurs jetes h la mer dans I'expedition scientiflque du prince Napo- leon, et il envoie en meme temps le billet qui elait renferme dans ce flotteur.

M. Berthelot adresse une Note sur la tribromhydrine.

M. Boileau de Gastelneau envoie a I'Academie un nuraero du journal VOpinio7i du Midi, conlenantie resume des observations thermometriques faites a Nimes de])uis 1825 jusqu'a 1857. 11 resulle de ces observations que, pendant le cours de ces trente deux der- nieres annees, le thermometre s'est eleve 4 fois au-dessus du maximum de 1857; mais que, pendant aucune de ces trente-deux annees la temperature n'est reslee aussi constamment elevee que pendant celle-ci.

M. Moret, professeurdemathematiques a Fribourg (Suisse), adbresse un travail sur les mathematiques.

M. Hubert, de Philadelphie, propose, pour la direction des vaisseaux, une machine qui aspirerait I'eau a I'avant du batiment pour la repous.ser a I'arriere. Cette machine pourrait etre appli- quee, selon lui, a la direction des ballons.

M. Niepce de Saint-Victor depose un paquet cachete.

M. Malaguti lit une Note sur les iois de la reaction des sels solubles sur les sels insolubles.

L'Academie vote sur le choix de deux candidats proposes

274 COSMOS.

par la section de mineralogie et de geologic pour la chaire de mi- n^ralogie vacante au Museum d'histoire nalurelle. Dans le pre- mier vote, sur 22 votants, M. Delafosse, premier candidal, a obtenu runaiiiinilc des voix; M. Delafosse etait absent. Dans le second vote, M. Descloiseaux, second candidal, a obtenu 20 voix, M. De- ville, 1 voix, et M. Pasteur, 1 voix.

M. Dumas presente, au nom de M. Wurtz, une Note sur une espece d'alcool de la serie propylique, dontla formule est C IPO'' qui se convertit en acide de la meme maniere que I'alcool ordi- naire C H'' 0^ c'est-a-dire en perdant deux Equivalents d'hydro- gene et en acquerant deux equivalents d'oxygene ; de sorte que la formule de cet acide est G" H^ 0\ c'est-a-dire celle de I'acide lac- tique. Ainsi I'acide lactique se trouve par Iti classe tres-naturelle- ment.

M. Dumas presente en outre un Memoire de M. Borodine, jeune chimiste russe, sur la constitution de quelques hydramides; puis des recherches de M. Ilerve-Mangon sur la vase de differents cours d'eau etsuri'avantage que I'agriculture pourraiten retirer. 11 resulte du travail de M. Herve-Mangon que la vase des fleuves et des rivieres aurait la meme valour que les fumiers, car elle con- tient, i I'etat sec, autant de phosphate et d'azote que le fumier sec; et que Ics limons des differents fleuves, comme la Loire etla Garonne, auraient une composition uniform e. M. Dumas estime a deux millions et demi de metres cubes la quantite de vase que pourraient fournir a I'agriculture les 200 000 kilometres de cours d'eau de la France.

M. Dumas rend compte duresultat des analyses qu'il a faites de differents echantillons d'air pris dans diverses magnaneries du midi de la France. II resulte de ces analyses que la ventilation y est inefficace etinsuffisante, parce que les produits de la combus- tion de la houille s'y melent a Fair des chambrees. Ainsi, sur dix echantillons d'air pris dans differentes chambrees, un seul se trouvait dans les conditions de I'air ordinaire. Les autres n'avaient que 20, 19, 18 et meme 17 1/2 d'oxygenepourlOO, aulieude 20,8. De plus, ces echantillons avaient des proportions d'acide carbo- nique qui s'devaient a plusieurs milliemes et meme k quelques centiemes, au lieu de quelques dix-milliemes sculement que con- tient I'air ordinaire. Enfin la presence de I'oxyde de carbone s'y est manifestde d'une maniere sensible.

M. Dumas a encore remarque que dans une chambree oii Pair 6tait saturE d'humiditd, la temperature deslitieres Etait plus ElevEe

COSMOS. 275

que celle de Fair libre, et que c'etaitle contraire lorsque I'air etait sec. Les differences de temperatures s'elevent quelquefois a plu- sieurs degres.

M. Faye presente, au nom de M. Villarceau, des observa- tions sur la derniere comete decouverle le 25. EUe se rapproche du soleil; et quolqu'elle s'eloigne de la terre, il est possible qu'elle devienne visible h I'oeil nu. Elle aurait de I'analogie avec celles de 1743, 1808, 1825, 1849, qui pourraient bienn'etre qu'une seuleet meme comete dont la periode, selon quelque probabilite, serait de 16 ans. Les deux cometesqui se sont suivies a un mois de dis- tance ne seraient, selon M. Faye, que les troncons d'une grande comete qui se serait divisee comme celle de Biela.

M. Flourens presente, de la part de M. Jacowgovilz, de Mos- cou, undessin representantl'analomie niicroscopique du cerveau. Ce dessin, auquel M. Jacowgovitz a consacre six mois de travail, fait voir dans le cerveau trois ordres de cellules, qu'il appelle muUipolaires, tn'poktircs et bipolaires. Les premieres sont les ra- cines des nerfs du mouvement, les secondes, celles des nerfs du sentiment, et les dernieres, celles des nerfs du grand sympatbique. Ainsi il n'y aurait plusde doute sur I'origine des trois ordres des nerfs.

M. Flourens fait le plus grand eloge de ce travail.

M. de Lalncourt lit un Memoire sur les inondations. II dis- cute les diflerents systemes qui out ete proposes pour en empecher le retour, et particuli6rement celui du reboisement des inonta- gnes, qu'il regarde comme insuffisant, ce qu'il prouve en rappor- tant un grand nombre d'inondations Ires-desastreuses qui ont eu lieu a des cpoques oii la France etait couverte de forets. Le moyen que M. de Laincourt propose est de retenir les eaux par des barrages, non pas dans le fond des vallees, non pas meme sur le flanc des montagnes, mais a leurs parties superieures et sur les plateaux, ou ces barrages seront pen dispondieux et oil les rete- nues d'eau seront utilisees pour les irrigations. De cette manitr.- les plateaux eleves ne seraient plus depouilles de leurs principes fertilisants.

A cinq heures, I'Academie se forme en comite secret.

VARIETES.

$^i»cri«tc protcetrice des animaiix.

Dans la seance annuelle et solennelle du l^i juin dernier , celte Societe, si honorable et si bienfaisante , a conronnc divers ou- vrages etdiverses inventions, ayant pour but direct ouindirectd'a- meUorcr le sort des animaiix ; ces oeuvres etces inventions ont^te parfaitement appreciees dans le rapport fait par M. le dopteur Blatin , au nom de diverses commissions ; et nous croyons faire i notre tour une bonne action, etre agreable aux lecteurs du Cos- mos, en analysant rapidement ce rapport. G'est ce que nous al- iens faire dans cet article. Lettres sur les substances aliinentaires et particulierement sur la

viande de cheml, par M. GeoiTroy-Saint-Hilaire. (Medaille

de vermeil.)

■»

S'il est vrai que la substance la plus necessaire pour le deve- loppemcnt et I'entretien de nos forces, la viande, soil tellement au-dessous des besoins de la consommation, que la majeure partie des travailleurs, principalement des ouvriers agricoles, en soit prcsque compldtement privee, est-il raisonnable de laisser perdre un aliment sain et tres^nulrilif, qui comblerait, en partie, ce facheux deficit?

Telle est la question pos^e par M. Isidore Geoflroy-Saint- Hilaire, dans ses Lettres sur les substances alimentaires et parti- culierement sur la viande du cheval. .\ccumulant les preuves et le recit des experiences concluantes, le savant professeur a de- montre que la chair de I'animal le plus propre et le mieux nourri, non-seulement n'est pas insalubre, mais encore qu'elle est d'une saveur a'^reable; qu'oa peut, en livrant a la consommation les chevaux ''sains qui ont deji fourni leur force, trouver un supple- ment de bonne viande egalant au moins un quatorzi6me de loute la viande de boucherie. ., . ,

Des objections ont ete soulevees : M. Geofiroy-Samt-Hilaire les a victorieusement combattues; mais le prejuge subsiste encore, essayons de le vaincre, et comme les Socictes protcctrices de I'Al- lemagne, qui toutes se sont mises i la tete de ce progres par compassion pour le cheval, autant que par inleret pour les besoins dupeuple, eucourageonslcsessais qui se produisent autour de nous, sans nous arrolcr a Topposilion que peut faire I'esprit de

COSMOS. ffrf:

sarcasme... Tuer ce gene'reux animal, pour en staler les chairs k

la bouclierie... etrange maniere de le proteger! vous dit-on.

Ceux qui parlent ainsi seraient eux-memes emus de pitie', s'ils savaient quelles laches cruautes on commet envers ces pauvres betes, quand elles ne peuvent plus rendre aucun service. Ici, pour rexploilation d'une immorale et dangereuse Industrie, on les livre prole vivante, et jusqu'i defaillance, a I'avldite des sangsues; Ih dechirees par le fouet, meurtries, blessees par les coups et les chutes, on les oblige h des efforts impuissants; ailleurs, forcees de travailler sans nouiTiture et jusqu'i leur dernier souffle elles tombent, pour ne plus se relever, « Le meilleur, le plus utile de nos animaux auxiliaires n'est plus, s'ecrie M. Geoffroy-Saint- Hilaire, qu'une marchandise a vil prix; on le vend pour sa peau, iO, 5, h francs, si peu que les moindres depenses faites pour lui seraient encore trop considerables et c'est pourquoi on se con- tente de le nourrir tout juste assez pour qu'il puisse se trainer a I'abattoir, et porter lui-meme economiquement ses depouilles i I'equarrisseur. »

Pour mettre un terme a ces horreurs, pour que le cheval soit traile comme le bopuf, le mouton, le pore, auxquels on donne des ahments et du repos jusqu'a ce qu'on les immole, il sufflra d'en laire un animal alimentaire. Des lors on cessera de le torturer, pour ne pas s'exposer a gdtet^ une marchandise. Le livj-e interes- sant de M, Geoffroy-Saint-Hilaire, plaide avec une eloquence qui sera parlagee, une cause qui nous inldresse.

L'Oiseau, par H. Michelet. (Medaille d'argenf.) C'est tout un chant, plein d'emotion, de paix, de tendre amour, ce livre qui a pour auteur M. Michelet, et pour titre rOiseau. II est, dit-il, ecrit precisement en haine de lachasse. Piaidoyorbril- lant, qui charme et passionne. Que ne puis-je lire ici le chapitre intitule rOiseau ouvrier de VJiommel Comme il montre a nos veux surpris le travail incessant, sourd, irresistible de i'insecte. dont les innombrabie legions se succedent et se relayent, chacune a son mois, k son jour, rongeant la feuilleet le fruit et le grain, et qui parvicndrait bientot a tout detruire, depuis tasubsistance.'tes abris, tes digues, homme impuissant, jusqu'a la purete de I'ai'r et des eaux, si tu n'avais, par bonheur, le peuple aile des oiseau\ pour auxillaire !...

Dans rinteret de I'agriculture surtout, nous nous efforcons de proteger I'oiseau centre le filet du braconnier, le fusil du chas-

278 COSMOS.

seur, le gluau perfide ei la main cruelle de I'enfant : h I'auteur eminent qui nous vient si puissamment en aide, oflfrons, comme un temoignage de reconnaissance et de sympathie, unc medaille d argent.

L'Amide rEleveur, par M. de Lastic Saint-Jal. (Medaille d'argent.)

Examine specialement au point de vue de la protection des animaux, ce traile pratique renferme les conseils les plus sages sur les soins, la patience, la moderation, la reconnaissance et I'a- mitie qui sont dus au clieval. En les lisant, on devine tout I'a- mour de I'auteur pour le noble animal qu'il etudie, en bon obser- \atour, (Icpuis trente ans. Les cbapilres consacres .'i I'hygiC'ne, ralimcnlalion, le harnacbcraent, le travail; sont traites de main de niaitre, comme les seize dessins de Victor Adam, dont ce volume est illustre.

Memoires de M. Caillieux. (Medaille d'argent.)

Divers Memoires, marques au coin d'une sainc observation et tendant ;\ diminuer, par de bons preceptes les chances de morta- lite, d'accidents et de douleurs pour les animaux, out ete publics par M. Caillieux, medecin veterinaire, & Caen. Cclui qui Iraite de la tonte des chevaux do luxe etde travail, au point de vue de leur sante, de leur conservation et du meilleur cmploi de leurs forces, a surlout appele votre attention. M. Caillieux a contribue large- tuent a faire adopter dans le Calvados cette utile mesure : il a en outre fait connailre un moyen simple et pratique de suspension pour la guerison des fractures chez les grands animaux. UAnon, jmrM. Jules Mareschal. (Medaille de bronze.)

Le sujet principal de ce petit volume est un conte en vers, dont !a moralite bien deduite et legitime demontre que les privations, I'exci's de travail et les coups dont on abuse envers un pauvre iiiiimal, no tarde pas a dcvenir, pour son maitre imprevoyant et ciuel, une cause de mine. L'auteur a resume dans un appendice, on bonne prose, I'opinion des savants etdes pbilosopbes sur I'ins- linct des animaux : ses citations sont bien choisies.

Traite de VeducaUon des aheilks, par M. Jules Roux. (Mention honorable.)

Invonleur d'une I'uclie que le jury du concours agricole de Paris reconipensait, en 1856, d'un premier prix, M. Iloux, apici-

COSMOS. 279

culteur, a Lyon, monlre, a cliaqiie page de son Traite de I'educa- lion des abeilles, un grand amour pour I'insecte admiiableauquel nous devons et le miel et la cire. II exhorte chaleureusement h sa propagation le bcrger de la monlagne, le petit cultivateur, aussi bien que le riche proprietaire. Chacun pent trouver, dans I'in- dustrie agricole un travail facile, un delassemenl honnete et lu- cratif. Ajoutons que lorsqu'on aura compris I'utilite des abeilles, on cessera d'eraployer la pratique absurde et cruelle de Tetouffage pour la recolte de leurs tresors.

Conservation des abeilles, par M. Penard-Masson. (Medaille de bronze.)

M. Penard-Masson, apiciculteuraCormost, applique depuis plu- sieurs annees, avec beaucoup d'intelligence etde succes, un mode tie conservation consistant h faire passer dans une ruche bien .ipprovisionnee la population d'un essaim trop faible et menace' tie perir par la famine et le froid. Ce moyen est simple, facile ct pent reussir dans toutcs les localites. M, Penard-Masson n'a pas perdu, depuis 18/i7, une scule ruche sur cent qu'il possede. 11 a vanime, dans I'Aube, une Industrie eteinte, soiten donnant lui- meme des soins aux abeilles de son canton, soit en vulgarisant iuitour de lui la methode conservalrice.

Mors a pince-nez de M. Allier. (Medaille d'argent.)

Le mors a pince-nez de M. Allier, mecanicieu. a pour objet de ivprimer I'emportement des chevaux. Cette folie passagere pro- *iuit tant d'accidents et de desastres , que nous ne saurions trop recompenspr les inventeurs d'appareils servant a preserver les hommes et les animaux eux-memes de cette cause de mort Tiolente ou de graves blessures. Le mors de M. Allier porte une double branche mobile qui, comprimant, ("i la volonte du conduc- teur ou du cavalier, les narines du cheval, s'oppose a la respira- tion, et force Tanimal le plus indocile, le phis fort, le plus dange- reux, a s'arreter i Tinstant meme. Sanctionne par de nombrcuses experiences et notamment par celles des habiles professeurs de I'Ecole imperiale veterinaire d'Alfort, cet appareil, qui remplace lout autre mors avec avantage, prcseiite des conditions d'econo- mieet de securite sullisantes pour qu'il puisse devenir d'une ap- plication generale.

Collirr d'atelage de M. Vandecasteele. (Medaille de bronze.)

Le collier d'altelage de M. Vandecasteele s'adapte exactemcnt

280 COSMOS.

a rdpaule du cheval, grftce b. sa forme cambree, qui prdsente, pour I'appui, des surfaces larges, concaves et reguli^res. II ne peut ni blesser le garrot, ni comprimer, meme pendant reffort de traction, les bords inferieurs de I'encolure et le canal aerien. Quoique brise, dans sa partie superieure, pour faciliterle passage de la tete, il offre unesoliditetres-grande, II se distingue aussi par une disposition nouvelle et sans complication dcla fermeture des attelles. C'est un bon collier de travail, qui doit eire prdfere surtout pour le labourage et le deplacement des lourdes charges, causes si frequentes d'inutiles fatigues, de blessures et de souf- francps, pour nos betes de trait attelees avec ces colliers lourds et defectueux qui accusent Tinhabilete de ceux qui les fabriquent, autant que la routine, le faux jugement, Tindiflerence ou la cruaute' de ceux qui les emploient.

Moyen de dompter lesjeimes bceufs et les taureaux, par M. Ottmann. (Medaille de bronze.)

Le dressage des jeunes bceufs et des taureaux recalcitrants aux traits n'est pas sans danger. II expose I'homme et I'animal a des luttes, k des actes de violence. On doit ci M. Oltmann, ancien ca- pitaine d'artillerie, h Strasbourg, un moyen tres-siniple et fort ef- licace qui permet, des le troisienie jour d'apprentissage, d'atteler la bete dressee, ou de la mettre 6 la charrue. On I'attacbe, har- nachee, dans I'etable, avec une longue chaine coulant dans un anneau, et lui laissant la liberie de s'eloigner ou de se rapprocher de la creche. Les trails partant du collier sont reunis par une corde qui passe sur un rouleau transversal, etquiporte un poids d'au moins 50 kilogrammes. Quand I'animal se tienteloignedela creche, il ne souleve pas le poids qui repose h terre; quand au conlraire il s'en rapproche pour manger, il tire sur la corde et supporle la charge, s'habiluant ainsi doucement a celte traction, qu'il peut faire cesser, a volonte, des qu'il recule, soil pour se <*,oucher, soit pour ruminer.

{La suite au prochain nwnero.)

RECTtFiCATiON . Nous avnns onhlic il'indiqner, dans notre livralson du 2't aniU. tjiie lVMi"iit de la lelti-e de M. Biol a M. de Falloux siir M. le Ij.iion Caiicliy elait em|) niilc ail Conesponi/arit. Nous nous empirssons de lepurcr noire oubli el de reiiirnitT M. Douliaire qui nous a procure le document entier oil nous avons puise.

Impriinerie de W. Kemquet el Cie, A. Tn.AiaBI.AX ,

rue GaraDciere, 5. proprietaire-gerant.

T. XI, 11 seplembre 1857. Siii^me ann^e.

COSMO

NOUVELLES DE L/V SEMAINE.

Nous lisoiis dansle Mechanic's Magaz-ine quelayingt-seplieme reunion de rAssociation britannique pour ravancement des sciences, a commence k Dublin le 26 aout dernier, ct que le re- verend docteur Humphrey Lloyd a ete elu president. Dans son discours d'ouverture, apres quelques paroles appropriees i la circonstance et qui lui ont servi d'introduction , 11 a passe en revue les progres recemmentfaits dansles sciences physiques.

Le reverend docteur commence par rappeler la decou- verte recente d'un grand nombre de petits corps planelaires. Le nombre connu de ces corps est maintenant de quarante-cinq. Toutefois, ils forment ensemble une masse peu considerable. Le diamelre de la plus gi-ande de ces nouvcllcs planetcs ne s'eleve pas a quarante milles, tandis que celui de la plus petite (Atalante), ne surpasse pas braucoup quatre milles. Ces decouverles ont ete facilitees par les cartes celestes et les catalogues d'etoiles dont €Hes ont a leur tour provoque la formation. Deux ouvrages tres- etendus de cetle nature soiit maintenant en voie d'execution, savoir : le catalogue d'etoiles de M. Ghacornac, fait a I'Observa- toire de Marseille, qui est public par le gouvernement francais , et celui de M. Cooper, fait a son Obscrvatoire de Markree, enlrlande. €t qui est mainlonant public aux frais de la Sociele royale. Un re- sultat remarquable de ce dernier travail, c'est d'avoir fait con- naitre la disparition d'au moins soixante-dix-scpt etoiles prece- demment cataloguees. On doit I'attribuer en parlie aux erreurs des premieres observations; mais il semble raisonnable de sup- poser qu'il est, jusqu'a uncertain ]joint, une consequence des changptnents qui se produisent actuellement dans le systeme ce- leste. L'apparition soudaine d'unenouvelleetoilclixe dans leciel, les variations d'eclat par lesquelles elle passe ensuite , et enfin sa disparition , sont des phenomenes qui ont dans tons les temps atlird I'attention des astronomes. Get evenementa eteobserveen- viron vingt fois.

Le reverend docteur rappelle ensuite la decouverte qui a ete recemment faite relaiivement a la relation entre les tacbes du

11

582 COSMOS. .., ..

soleil et le magnetisme terrestre. D'aprSs les observations de

Sclnvabc, continuees sans interruption pondantplus de trente ans, la "■rantlcur de la surface solaire obscurcie par les taclies aug- mente et decroit periodiquement; la duree de la periodc est de onze ans et quarante jours. Ce fait, et le rapport qu'il parait avoir avec certains plienomenes de magnetisme terrestre, ont donneun iiouvel interet k I'ctude de la surface solaire; et conformcinent k I'avis suggere par sir John Ilerschell, un appareil pbotograpbique a die dcrnierement etabli a Kicw, afm d'obtenir de temps en temps des images du soleil qui reproduisentretatactuelde sa surface et de scs tacbes.

Le reverend president fait remarquer que les decouvertcs astro- nomiques sont beaucoup plus entravees par I'atmospbere terres- ;tre que par rimpuissance des telescopes, et quel' Association avait. expose au gouvernement de Sa Majeste I'importance scientiflque de relablissement d'un puissant reflecteur sur une station elevee- dc rhemispbere meridional. Dans le meme temps, et pour obte- nir un exemple des resuUats qu'on pouvait en attendre, le pro- fesseur Piazzi Smyth entreprit, I'ete dernier, latacbe de transpor- ter une nombreuse collection d'instruments meteorologiques ,, ma^ncliques et astronomiques sur un point eleve du pic de Te- ueHffe L'avantage obtenu pour les observations astronomiques peut etre infere de ce fait que la chaleur rayonnee par la lunc, qu'on avail si souvent cherchee en vain, dans les basses regions, a elo distinctement perceptible, meme dans la plus basse des deux

stations. , ,

Les recherches relatives a la figure de la terre et des marees, sont intimement liees k I'astronomie, et ont depuis peu atUrd I'at- teution. Des resultats obtenussur la figure et la densite moyenne de la terre, ont eld prescntes dernierement k la Societe royale.

L'elliplicilc deduite des observations est dc -^^^y La densitd moyenne de la terre, deduite del'attraction de Arthur's Seat, pres, d'fidimbourg, est de 5,316; resultat qui s'accorde d'une maniere satisfaisante avec la moyenne des resultats obtenuspar la balance

de torsion.

Apres avoir passe en revue les travaux du professeur Haungbton, sur la theorie des marees el les investigations du general Sabine, sur le magncUisme terrestre, le president declare que la plus im- porlaule mesurc qui ait ete prise dans ce pays , pour I'avance- ment <le la sdcnce de la meteorologie , a cte la formation d'une

COSMOS. 283

commission unie au conseil du commerce pour la collection et la discussion des observations mcteorologiques faites en mer. Les resultats pratiques d'une mesure semblable aux Etats-Unis , sont maintenant bien connus. Les cartes marines publiees par le lieu- tenant Maury ont fourni aux navigateurs les moyens d'abreger d'un quart dans plusieurs cas, et quelquefois bien davantage, la duree de leurs voyages. Un etablissement a ete organise et placd sous la direction de I'amiral Filzroy. Des agents sont etablis dans les principaux ports pour fournir des instruments , des livres et des instructions, et il y a maintenant plus de deux cents vaisseaux anglais qui sont ainsi pourvus , et dont les officiers se sont char- ges de recueillir des observations et de les transmettre de temps en temps a la Commission. La Hollande a pris une mesure sem- blable, et rinstitut meteorologique de ce pays , sous la direction de M. Buys Ballot, a deja publie trois volumes d'observations nautiques faites par des vaisseaux hoUandais dans I'ocean Atlan- tique et dans I'ocean Indien. Ln pareil systeme ne pourra etre complet pour la science de la meteorologie, que lorsqu'on y aura compris les observations faites sur terre.

M. Jamin est ensuitementionne conime ayantajoute a la theorie de la lumiere les faits les plus importants parmi ceux qui out ete recemment decouverts. M. Airy avait montre que le diamant etles metaux reflechissaient la lumiere d'une maniere semblable; et M. Dale et le professeur Powell avaient etendu cette propriete k tons les corps qui avaient un grand pouvoir refringent; mais M. Jamin a prouve qu'il n'y avait sous ce rapport aucune distinc- tion a faire entre les corps transparents et les corps metalliques; que tons les corps transformaient la polarisation plane de la lu- miere en polarisation elliptique, et imprimaient un changement de phase au moment de la reflexion. Le professeur Ilaugthon a con- tinue les recherches de M. Jamin et demontrd I'existence de la polarisation circulaire de la lumiere produite par la reflexion sur les surfaces transparentes. II est bien connu que I'indice de re- fraction des corps augmente avec leur densite, et la theorie de rem/sston avait memeexprime la loideleurmutuelle dependance. Cette theorie est, a la verite , completement detruite aujonrd'hui par I'experience decisive de MM. Fizeauet Foucault. II etait done probable, a priori, que cette loi, la scule qui soitpropre a cette theorie, seraittrouvee en defaut. C'est ce qui a etc fait par M. Ja- min dans des experiences d'interference qui ont ete rapportees par le Cosmos.

^ COSMOS.

' L'orateur mcntionne, comme une merveille des plus recentes lie la pliologr;ii)liie, que M. Poitevin a reussi h produire des planches en lelief pour la gravure, par la seule action de la lu- mi^re, Le precede depend d'un changement d'afffnild pour I'eau produit par Taction de la lumiere sur une couche mince de gela- tine iuipi'egnee de bichromate de polasse.

La setilc hypothese mecanique, autant que je puis le savoir, eonlinuc M. le president, qui puisse s'accorderavecl'etat present de nos connaissances sur les phenomenes de la chaleur, c'est la Iheorie des lourbillons moleculaires de M. Rankine. Dans cetle iheorie on suppose que tons les corps consistent en atomes com- poses de noyaux environnes d'une atmosphere elastique. La ra- diation de la lumiere et de la chaleur est.attribuee a la transmis- sion des ondulations des noyaux; tandis que la chaleur thermo- metrique est supposee consister en courants circulatoires ou lourbillons entre les particules de leurs atmospheres, ce qui fait que ces particules tendcnt k s'eloigner des noyaux et k occuper an plus grand espace. De cette hypothese, M. Rankine a deduit toutes les lois de la Ihcrmo-dynamique, par I'application des principes connus de mecanique. De ces memes principes, il a aussi deiluit les relations, qui ont ete conflrmees par Texperience, entre la pression, la densite et la temperature absolue des fluides elastiques, et entre la pression et la temperature de I'ebulhlion des liquides.

Apres avoir developpd quelques considerations sur la diminu- tion progressive de la chaleur du soleil et sur ce qui pouvait en resulter pnur la temperature de la terre, le reverend president presente des remarques importantes sur I'avenir des sciences physiques et sur certains fails qui interesscnt la chimie et la geo- logie, puis il termine en fnisant connaitre les mesui'es adoptees par I'Associaliou pour I'avancement des sciences et les affaires generales dc la reunion. (I'abbe Raillard.)

On di': que le cftble de rAtlantique ne pourra probablement servir k aucune des lignes projelees pour le telegraphe de I'lnde. II parait que dans I'etat d'enrouloment ou il so trouve dans ce moment, il produit ou ahsorbe une grande quantite de chaleur, et on craint qu'il ne soil allere par la temperature a laquelle il serait sounds en traversant deux Ibis les tropiques. On a rcmar- que que par I'extreme chaleur, dans les parties qui sont sou- mises k une pression considerable, le fil de cuivre se fait jour au traversdela gutta-percha, ctquel'isolement se trouve detruit.

COSMOS. 28S

Le Corriere mercantile de Genes, du 29 aout, donne les nou- velles suivantcs da cAble telegraphique de la Meditoiranee- « M. Narval est amYe. On croit que le Mo-amhono pailira de- main. VElha n'est pas encore a Bone. Sont arrives pour assister k I'opdration : I'ingenieur Siemens (frere de I'invenleur de la ma- chine connue), directeur du telegraphe prussien; I'ingemcur Brauville, envoye par I'administration francaise. »

On assure que le mois prochain il sera pose un autre Cclble t«- Idgraphique entre Cagliari, Malte et Corfou, par M. NarvaL L€ poids du cable que I'on va poser est d'environ un tonneau et dcmi par 2 100 metres et plus.

La Gazette piemontaise du 31 annonce en ces termes le com- mencement de I'operation de la pose de ce cdble : « Hier matin, a trois heures et demie, est parti de Genes pour Cagliaii, le 3Io- zambono, ayant a son bord le directeur des telegraphes efec- triques de I'fitat et d'autres personnages de distinction qui Tosit assister a I'immersion du cable telegraphique sous-marin, destim k meltre en communication la Sardaigne et I'Afrique. Le temps etait tres-beau.

On vient d'obtenir, a la pepinrere centrale du gouvernen?em, a Alger, I'incubation naturelle des oeufs d'autruche. Ce resuitat de longues tentatives laisse la certitude de voir cette especese reproduire a I'etat de domesticity. Le succes qui vient de cm.^ ronner les experiences tentees a I'etablissement du Flamma, pa- rait le seul en ce genre qui ait ete constate jusqu'ii ce jour.

L'Angleterre vient d'ajouter encore un noni a la liste de ses navires gigantesques construits ces dernieres anne'es. Le mmmu clipper Shakspeare est en ce moment dans les docks de la reine, qu'ii doit quitter en septembre pour Melbourne. Iljauge5 288 tonneaux, a 234 pieds de long, ixU de haut et 29 de profondear. Ses lignes sont tres-elegantes, et sa forme promet une vitesse de I'l nceuds et demi a I'heure. GrSce a son excellente appropriation, a ses vastes proportions, a son extreme rapidite, k sa capaciig considerable, le Shakspeare est destine a devenir une des gloircs do la marine anglaise. L'Australie n'aura pas encore vu dans ses ports d'aussi magnifiques navires.

Fait« des sciences.

II existe dans le spectre solaire, au dela du violet , des raywss doues de la propriety de reduire les sels d'ai-entet quelques aa!wt

286 COSMOS.

composes. II m'a semble, clitM. Guillemin, qu'il neserait pas sans interet de rccherchcr si ces rayons, qui operent des reductions chimiques, ne possederaient pas aussi la propriete de develop- per la matiere vcrte des vegetaux, dont la formation est genera- lement lice i\ la reduction de I'acide carbonique et i la soustrac- tion da carbone.

A cet effet, j'ai place un grand nombre dejeunes feuillesd'orge, de cre*son alenois et de moutarde blanche dans la region la plus refrangible d'un spectre assez intense et assez pur obtenu de la maniere suivante :

Deux prismes de quartz, places verticalement I'un presde I'au- tre dans une chambre obscure, recoivent successivemcnt le meme faisccau solaire reflechi par le miroir d'un heliostat et lui impri- ment un angle de deviation voisin de 90 degres. L'axc oplique de chaque prismeestparaliele a I'unedes faces et situc dansun plan perpendiculaire aux aretes , en sorte qu'ils ne donnent qu'une seule image non polarisee lorsque les rayons les traversent sui- vantce meme axe; alors les prismes sont places dans la position du minimum de deviation.

Le spectre etant rccu sur unecran, a 2 metres de distance, pre'- sente dans sa partie visible une longueur de 12 centimetres. Les rayons ultra-violets, projetes sur une lame de porcelaine degour- die, ne donnent pas de lumiere violelle sensible, et donnent au con- traire abondamment de la lumiere par fluorescence avec une lame de vcrre d'urane dans uneetenduequidepassegeneralementcelle de la partie visible.

Les prismes sont places a une distance de 3 metres de I'ouver- ture du volet; des ccrous convenablement disposes surle trajet du faisceau solaire eliminent aulant que possible la lumiere re- flechie par I'almosphere et permettent de varier a volonle les di- mensions du faisceau dont la hauteur a ete maintenue conslante de iO millimetres, et la largeur variable de 6 a 8 mihimetres.

Dans I'impossibilite ou je me suis trouve de me procurer une lentille de quartz d'une dimension et d'un foyer convenables, aucune lentille convergente n'a ete placee pres des prismes afm d'avoir un spectre plus net, spectre dont il estdu reste difficile de bien voir les raies , quand on se sert d'un prisme forme d'une substance birefringente. D'ailleurs, j'avais I'intention d'etudier seulement Taction des rayons situes au delci du violet; il me suffi- sait de les avoir sans melange de lumiere visible autre que la lu- miere diflfus^e par les prismes qu'il est impossible d'eviter ,

COSMOS. 287

et i'y suis parvenu par I'emploi de deux prismes de quartz.

Des vases qui contenaient les jeunes plantes , dont les tiges avaient 20 ou 30 millimetres de hauteur , maintenues jusque-la dans I'obscurite, ont ete places dans cette region a 3 centimetres du violet, de telle maniere que les feuilles naissanles reccvaicnt les rayons les plus flnorescents.

Afm d'eviter les rayons dissemines dans tons les sens par la diffusion, des ecrans de carton converts depapier noirscparaient les differentes regions du spectre, et recevaient les rayons qui n'etaientpas arretes paries plantes soumises aux experiences. La temperature a ete pendant ces essais de 22 a 25 degres ccnti- grades.

Au bout de six a huit lieurcs , les feuilles d'orge plongees dans les rayons ultra-violets ontpresente une teinte vertetres-visible, mais moins intense que celle qui se developpe sous I'infinence des rayons violets, indigo, jaunes et en general des rayons de la partie visible du spectre, D'autres plantes semblables , plongees dans les rayons visibles, ont indique un maximum d'action dans les rayons jaunes, fait qui avait ete dejft observe par Gardner a I'aide d'un prisma de flint.

Les feuilles d'orge manifestent cette action beaucoup mieux que les feuilles de cresson alenois et de moutardc blanche. Les parties qui recoivent directement les rayons ultra-violets ofTrent une teinte vertc quicontraste avecla teinte jaune caracteristique du reste dc la feuille. Ce phenomene est du k la presence de I'ecran de carton convert de papier noir mat place derriere les jeunes plantes : le papier noir ne diffnsant pas scnsiblement les rayons invisibles , les parties des plantes qui regardent le prisme recoivent seules le rayonnement et verdissent independamment des autres. Quand, au contraire, on dispose un miroir etame der- ricre les plantes , la teinte verte des feuilles se repand uniformc- ment sur touto leur surface.

II est impossible d'eviter une certaine quantite de lumiere blan- che diffusee par les prismes et repandue avec assez de regularile tout antour du spectre. J'ai eu soin , pour tenir compte de cette cause d'erreur, de controler toutes les experiences, en disposant des plantes au-dessus et au-dessous du spectre horizontal, ct de les comparer chaque fois a celles qui recoivent les rayons rcgu- li^rement refractes. Les feuilles qui ont ete soumises a la lumiere diffuse ont presente apr6s un temps tres-long une le- gere teinte verte, mais cette teinte a ete beaucoup moins intense

yg^ COSMOS.

St l>eaucnup plus Icnlc a se diivelopper que cclle des feuilles ex-

posecs au.v rayons uUra-violcts.

J'ai obtcnu en mcme temps la flexion des liges, afin de deter- miner quels sont, h ccl cgard , les rayons Ics plus cfficaccs. La flexion des liges de cresson alenois et dc moutardc a ele evidente au boul d'une demi-heure, dans les rayons plus refrangibles que ^s •;■': Dans la parlie visible, ce plienomene a mis plus de ;f .ips a se pi Mluire; en nioins de deux heures les plantcs etaient flecliles a angle dvo'd dans les rayons ultra-violets, tandis que la 3exioti etail beaucoup moindre dans le jaune, le rouge et meme dans I'indigo el le violet. En retournant les tiges ilechies de ma- mh-e h dek-r.niner une courbure en sens oppose, les memes diffe- reneps se soul prc-senlees, les rayons ultra-violets ont montre plus d'apliluiie que les autres a en operer la flexion.

Les plantes exposees ala lumiere dilluse se sont necliies facile- inent ei avec une lenleur telle, que je me crois autorise h atlribuer fes effets observes a des propiietes inherentes aux divers rayons

^u speclre.

D'apres la disposition des experiences, il est evident que lepbe- Bomene de la flexion laterale n'a pas pu se produire. il n'est ques- tion ici que de la flexion directe vers le prisme d'oii emanent les layons.

bans ces redierclies, je rae suis surtout applique a deleranner le mode d'action sur les vegetaux des rayons plus refrangibles que le violet et visibles par fluorescence ; leur action nVa paru evidente, etlcs en"ets se sont produits avec Constance toules les fois que j'ai pu operer par un ciel pur, pendant sixi huit heures cousecutives. Le developpement de la matiere verle sous I'influence de ces famous n'est done pas douteux. Quant a la flexion des tiges, deja ©bservee par Dutrochet , elle a ete plus grande et s'est produite plus rapidement dans les rayons ultra -violets que dans tons les aulrcs rayons ; mais avant d'en conclure que ces rayons flechissent ks tiges plus energiquement que tons les autres, il laut tenir €ompte d'une cause d'erreur qui provient du pen d'aptitude du papier noir a difl^user ces rayons, ce papier dilTusant au coutraire tres-sensib!ement les rayons visibles. Ces dernier peuvent ralen- tir et dimimierla flexion des tiges plongces dans la parlie visible, en tendanl a leur imprimer une courbure en sens oppose , mais plus faible que cellc qui les incline versle prisme; tandis que cette larce conlraire n'exisle pas , pour les places situees dans les rayons altra-violels, dunt les tiges se recourbent avec rapidite , sous. la

COSMOS. 25^9

sGiile influence des rayons emanes directement du piisnie.

Apres avoir fait celte reserve , je puis deduire de mes expe- riences les conclusions suivanles :

l!" Les rayons ultra-violets deterrainent la formation de la ma- tiere vertedes vegetaux;

Ces memes rayons operent la flexion des tiges phis rapide- ment que la pai'tie visible du spectre.

II me restc done a conli'61er ce dernier resultat et a disposer dc nouvelles experiences, afin de comparer Taction des rayons ulfra- violets et invisibles a celle de ces memes rayons rondus visibies par fluorescence, et traction des rayons calorifiques. Des que cette seconde parlie de mon travail sera terminee , j'aurai Fhon- neur de la soumettre au jngcment de I'Academie.

L'helice, ce precieux propulseur, a ete mise par Dieu au ser- Tice do la locomotion des insectes avant que I'homme la fit servir k ses besoins. Un insecte de I'Australie occidentale, colleclionne par G. Cliflon, Esq., magistral, de police de Fremaulle , possede une pairc d'ailes suppleinentaires recroquevillees en forme d'helice : ces aiies agissent a I'arriere de Fanimal par demi-tours et con- courent puissamment a sa locomotion.

Fails de I'lnduslE-ie.

Voici la description del'appareil de M. Harrison pour fabriquer la glace :

La figure ci-jointe represente une coupe verticale de cet appa- reil, dont le Cosmos a deja parle dans Tune de ses dernieres li- ■vraisons.

A, est un vase de cuivre etame danslequel s'opere I'evaporatiou de I'ether ; B, est un reservoir destine a recevoir de Teau ou toute autre substance que Ton se propose de faire rel'roidir ou con- geler; G, pompe a double action, consistant en un cylindre de bronze avec des issues 6, b pour recoulement do la vapeur; c, piston en cuir; d, d, soupapes pour I'admission de la vapeur Tenant du vase A; e, e, soupapes pour rexpulsion de la vapeur comprimee; D, vase spherique en cuivre pour la comiensaiion de la vapeur ; E, reservoir qui doit etre rempli d'eau pour absorber et expulser la cbaleur developpee par la condensation de la va- peur extraite de D ; F, vase en cuivre destine a recevoir le liquide condense, et muni d'un llotteur f, faisant fonction de soupajie;

290

COSMOS.

cette soupape est ouverte lorsque lefluide condense s'elevc assez haut dans le vase pour soulever le flotteur. La soupape etant ou- verte, le liquide passe par le tube g, monte h la parlie superieure du vase & evaporation A, et s'^coule sur une bande de cuivre

contournee en spirale autour de la parol inlerieure de ce vase, avec laquelle elle n'est en contact que partiellement, afin que le liquide puisse non-seulement s'ecouler en suivant la spirale, mais encore passer goutte h goutte entre la bande contournee et la pa- rol, de sorte que celle-ci soit continuellement mouillee par le li- quide qui doit etre vaporish.

On obtient cet eflfet en laissant quelques ine'galites aux bords de la spirale en contact avec le vase auquel elle n'est soudce que par places, assez solidement pour qu'elle puisse sesoutenir. K est un robinet pour interrompre la communication entre les deux parlies de I'appareil; I est une vis pour elever la soupape flot- tante f, lorsqu'on juge a propos d'etablir la communication entre les deux parties de la machine, par exemple, pour faire le pre- mier vide ; n et 0 sont des manomStres ; n est un tube barome'- trique, plongeant dans une cuvette, contenantdu mercure; o est un tube A deux branches, rempli de mercure a la hauteur de

COSMOS. 291

15 pouces, ayant une de ses branches en communication avec Fair, et pouvant ainsi indiquer soitmie rarefaction, soitun exces depression. L'appareilestmisen activite par Taction delapompe et peat faire le vide dans I'ensemble des vases. Les robinets k et q etant fermes, la soupape f soulevee par la vis I et le robinet r ouvert, la pompe C chassc I'air de tons les vases et des tubes, excepte de cettc portion du passage entre les soupapes de sortie, e, e, et le robinet k. Le vide otant fait, on ferme le robinet r, on o'uv're le robinet k. On introduit par I'entonnoir s quatre livres d'ether, en prenant garde de ne pas laisser entrer de I'air avec lui. Get ether doit elre rectihe et exempt d'acidite. On abaisse la vis I pour que le flotteur-soupape se mette en place, et I'on met la pompe C en mouvement. La vapeur d'ether sera alors continuel- lement soutiree du vase A et forcee de passer dans le vase D oil elle sera condensee par la pression; I'ether hquefie passera par le tube t dans le vase F, et lorsqu'une quantite suffisante s'y sera introduite, le liquide soulevera la soupape /"et sera force de pas- ser par le tube g pour se rendre dans le vase A pour y etre de nouveau soutire, comprime, liquefie, aussi longtemps que I'appa- reil sera tenu en activite sans etre cndommage. La vapeur formee dans le vase A prendra sa chaleur latente i I'eau ou a la substance destinee a etre refroidie ou congelee dans le reservoir B. La va- peur rendra cette chaleur latente pendant sa condensation dans le vase D, de sorte qu'il faudra fournir i ce vase de i'eau aussi froide qu'on pourra en avoir pendant que I'appareil sera en ac- tivite.

Faits de mcdecine et de chirurgie.

M. Saint-Vel, dans une elude attentive de la cause de la co- loration qui a donne son nom a la lievre jaune, a reconnu I'exis- tence de deux icteres successifs. Le premier, constant et caracte- ristique, apparait des les premiers jours; il coincide pendant la vie avec un ralentissement remarquable de la circulation capil- laire, et quand la mort a ete prompte, on le retrouve sur le ca- davre. Le second, accidentel, ne se montre que dans la seconde periode; il est sans gravite par lui-meme, il marque meme quel- quefois le moment de la convalescence, et coincide aussi parfois avec un ralentissement notable du pouls de cinquante a quarante pulsations par minute. Le premier est une ictericie resultant de

292 COSMOS.

la dissociation du sang par I'agent septiqiie ; le second est un ictero propreinent dit, unc veritable bolihciuic, causee par I'e- panclicmcnt des elements dc la bile dans le sang.

Nous avons deji dit quelques mots dies observations do iVi Personne sur le phospbore rouge ou amorplie, et pour donner une idL'O suffisante de son travail, il nous suffira de citer ses con- clusions :

« r Le pliospbore rouge ou amorphe, sans etrelumineux dans roftscurile, s'oxyde h la temperature ordinaire, au contact de I'air, en produisant les memes acides que le pliospbore normal; il po'ssede d'ailleurs les memes affinites chimiques q^e ce; der- nier; 2° I'acide phospboreux ne parait pas posseder les proprie- tes toniques qoelai avaient attributes mi. W.chler et Frericlis; et, par consequent, le pbospbore rouge ne doit pas son innocuite parlaitement conslatee sur reconomie anim^le a I'^bsence de I'a- cide pbosphoreux. » ',, , ,.■:

M. Brown -Sequard, dans une nouTelle ' Note adressee d'Amcrique, modiflc les conclusions auxquelles il etait arrive sur la physiologie de la moelle epiniere :

« S'il y a lieu, dil-il, d'admettre que certaines parties blanches de la moelle epiniSre participent a la transmission des impres- sions sensitives, c'est surtout., neanraoins, dans la substance grise que cette transmission s'opere. Les elements canducteurs des impressions sensitives font d'ailleurs leur entre-croisement en majeure partie, sinon en tolalile, dans la moelle epiniere. »

Le nouveau forceps et cepbalotribe de M. Charriere fil5 merite de fixer I'attenlion. 11 n'offre aucune saillie, aucun acces- soire susceptible de se deteriorer avec le temps; le pralicien qui le voit pour la premiere fois n'eprouve aucune difficulte pour le monter et le demonter; sa solidite est aussi grande que celle du forceps ordinaire non brise; enfm son poids et son volume sont en tout semblables a ceux de ce dernier instrument. La nouvelle disposition permet en outre de reunir sous un tres-petit volume trois, qualre forceps, et meme un cepbalotribe, varies de formes et de grandeurs.

M. Mialbe a constate de la maniere la plus certaine la pre- sence, dans les eaux de Pougues, dc I'iode h I'etat d'iodure al- calin. Ce lait explique les resultals tberapeutiques que M. de Crozant a obtenus de ces eaux dans le traitement des affections scrofuleuses etlympbatiques; il fait esperer un grand succes de I'excellente mesure que vient de prendre I' administration sup^-

COSMOS. 293

Tieure de la ville de Paris, d'envoyer aux eaux de Pougues un certain nombre d'enfants scrofuleux ; il rend cdmpte aussi de la decomposition que subissent quelquefois les eaux de Pougues mises en bouteilles. Sous rinfluence, en effet, de I'oxygene de I'air, I'iodure alcalin peut se transformer en oxyde basique et en- iode; celui-ci, reste en dissolution dans le liquide, lui commu- nique son odeur et sa saveur caracteristiques ; on evitera cet in- convenient en preservant le liquide, autant que possibles, du con- tact de Fair au moment de la mise en bouleilles et en les remplis- sant conipletement.

M. le docleur Alquie a rencontre, dans les ovaires d'une femme adulte, une tumeur enorme composee de dix poches con- tenant toutes des restes evidents d'embryons, des cheveux, des fragments osseux, des denls, etc,, resultant de conceptions suc- cessives avorlees ; il tire de ce fait si remarquable les conclusions suivantes :

i" La fecondation dans les vesicules de I'ovaire non rompues est possible, meme a travers les quatre membranes qui recou- vrent le germe ; 2" la grossesse intra-ovarique peut done se pro- duire ; celte fecondation peut s'eflectuer cliez la meme femme plusieurs fois, dix fois m6me, a des epoques differentes; la su- perfetation de oette espece, meme multiple, est done possible ; I'eclosion de I'ovuie ou la ponie n'est pas necessairement liee a la menstruation; 5" les kystes deveioppes dans I'ovaire, dans ses environs ou dans les organes eloignes du bassin, et qui ren- ferment des cheveux ou des dents, sont des produits de concep- tion ; d" I'existence des grossesses intra ou extra-ovariques peut ^tre reconnue aux signes suivants : persistance de la menstrua- tion, developpement, non k I'hypogastre, mais a la region iliaque interne, d'une tumeur arrondie, indolore, s'etendantprogrcssive- raent ^ tout le ventre; forme irreguliere et largcment bosselee de I'abdomen, qui fournit uue sensation manifeste de fluctuation circonscrite aux bosselures, dans lesquelles on percoit la pre- sence de parties dures, osseuses, elongation et obliquile du vagin et de la matrice, retires en haul par les connexions normales et pathologiques avec la masse embryonnee, conservation de la sante, salisfaisante chez la femme pendant longtemps.

Contrairement a ce qui avait ete afflrm(i par M. Blot, M. Leconte pose les conclusions suivantes :

II n'existait pas de sucre dans les urines des femmes en lac- tation que i'ai examinees; il m'a etc impossible d'obtenir une

29a COSMOS.

fermentation alcoolique avec les urines que j'ai examinees, et de la levrtre de biere de bonne qualitc; tonics les urines peu- vent reduire les liquides blcus un pcu anciens; les causes de cette reduction peuvent etre multiples ; la presence de I'acide urique m'a paru etre la plus energique, puisque cc corps reduit les liquides bleus meme recemment prepares ; k" les urines de ienimes en lactation m'ont presente moins d'eau et plus d'acide urique que les urines normales, ce qui facilite la reduction du liquide bleu ; 5" la quantitc d'eau et de matieres solides dans les urines de femmes en lactation est ci pen pres la menie que dans I'urine normale.

Nous voyons avec bonbeur que les maladies parasilaires, c'est-a-dire les maladies dues a la presence d'animaux oude ve- getaux parasites, commencent k fixer I'attention des medecins. M. Bazin, medecin de I'hdpital Saint-Louis, faisait remarquer tout recemment avec ])caucoup de raison, que la decouverte des vege- taux parasites est toute recente; il y a ft peine trents ;ans que M. Schenlciz decrivit, le premier, sous le nom d'oidium, le vegetal parasite de la teigne faveuse, vegetal connu aujourd'hui sous le nom cVachorion Schenleinii. Remak, Dennets, Fucs, Ilebert, Gruby ct Charles Robin n'ont observe et decrit que beaucoup plus tard les champignons des autres varietes do teignes. De la decouverte des parasites a une connaissance neltc et precise de la maiadie parasitaire, il y a encore bien loin ; et cette grande branche de I'art medical est encore dans I'enfacce. Les vegetaux parasites de la peau humaine sont d'une organisation fort simple , ils appar- tiennent tous aux tribus les plus inferieures de la nombreuse fa- mine de cryptogames connus sous le nom de champignons ; ils sont tantot visibles a I'ccil nu ou ft la loupe, tantot invisibles, soit parce que leur situation dans la peau est trop profonde, soit a cause du grand ecartement des elements qui les constituent. Ces elements sont un systeme reproducteur comprenant les pores et les filaments receptaculaires , un systeme vegetatif qui ne ren- ferme que ce mycilium. M. Leveillea partage ces champignons en six classes : les arthrosporees, les trichosporees, les cystoporees, les chnosporees , les thelasporees et les basiodosporees ; la pre- miere ct la quatrieme classe renferraentpresque tous les vegetaux parasites de la peau de I'homme.

PIIOTOGRAPHIE.

Collodion sec

Par M. Hermann Krone de Dresde.

Plusieurs habiles et savants operateurs ont recommande jiis- qu'ici de precieux precedes pour conserver le collodion, doiit la plupart ont pour but, non point de conserver un collodion sec, mais de preserver le collodion humide de la dessiccation. Nean- moins, il est indispensable, pour operer dans quelques cas, d'a- Toir une coucbe seche et uniforme, pour obtenir des resultats constants. C'est M. I'abbe Desprats le premier qui a engage a em- ployer dans ce cas le simple collodion sec et nu. Mes essais sur le meme objet pendant ces deux dernieres anne'es m'ont fait recon- naitre son immense importance, et mes modifications de I'opera- tion et de son emploi lui assurent la superiorile sur tons les au- tres procedes pour la reproduction de vues, de monuments, de tableaux, en un mot de nature morte, specialement d'epreuves positives transparentes.

Le collodion le plus favorable pour ce procede doit etre tres- homogene et adherent h la surface de la glace, II est inutile de le rendre plus epais qu'a I'ordinaire pour le procede humide, mais il est indispensable de lui inserer une quantite d'ether suffisante pour le rendre le plus coherent possible. II fauten avoir toiijours un grand flacon l)ien solgneusement prepare avcc un bon coton- poudre, clair et propre, non iode, mais amend h la consistance convenable. C'est ce que j'appelle collodion normal. Voici mes proportions d'iode et de brome :

Prenez pour chaquclivre (0,467 grammes) de collodion normal, 1 drachme 20 grains d'iodure de cadmium, et ajoutez apres la dissolution en agitant une drachme de mon alcool brome, dont voici la preparation : faites dissoudre 1 once de bromure de cad- mium dans 9 onces d'alcool absolu ; flltrez et conservez pour r usage.

Apres avoir bien nettoye la glace, recouvrez-la de collodion; sensibihsez la couche dans un bain d'argent de 5 a 6 pour 100, sature d'iodure d'argent; laissez egoutter; plongez la glace dans une autre cuvette verticale remplie d'eau distillce; levez etbaissez quelquefois ; versez un courant d'eau ordinaire sur la surface col- lodionnee; plongez la plaque, en la tenant entre les doigts, le collodion en dessous, dans une cuvette horizontale contenant suf- fisamment d'une solution aqueuse filtree de cholorure de sodium

2% COSMOS.

h 2 pour 100; plongez dans de I'eau ordinaire; achevez le lavage par un courant d'eau distillee fdtrec; laissez cgoutter et reposer la glace pour scclier verticalement, k I'abri de la lumiere et de la poussiere, appuyee contre le mur ou bien dans une boite a rai- nures. Tout I'exces de nitrate d'argentsurla glace sera transforme par le cblorure de sodium en chlorure d'argent, qui reste llottant dans la solution pour se precipiter et qui so precipiterait infailli- blement j\ la surface coUodionnee, si Ton plongeait la glace, le collodion en dcssus. Le onurant d'eau suivant enleve toiites les parties de chlorure de sodium et d'argent qui pourraient causer des taclies sur I'epreuve.

II faut cviter un trop long sejour dans la dissolution de chlorure de sodium ; la couche en devient facilement delachee, quelques secondes sont parfaitement suflisantes.

Les giaccs ainsi preparecs donnent de bons cliches pendant en- viron huit jours, niais 11 est preferable de se procurer toujours de recentes plaques en les preparant la veille de chaque journee. Elles sont h-es-scnsiblcs ; si Ton prepare & la lumiere d'une bougie, 11 faut placer celle-ci a distance. Ce collodion sec exige presque deux iois le temps de pose que le meme collodion Immide. On pent prendre des vues avecun objectif simple a petit diaphragme en trente secondes, ce qu'on ne peut jamais avecle precede & ralbumine ou Tauponot. Pour des copies positives par transpa- rence, on opere avec un cadre a reproduction, le negatif en des- sus, expose a la lumiere difl'use en un quart de seconde, et k la lumiere pleine de la lune en vingt-cinq secondes. On expose ce cadre a reproduction dans une boite a couvercle, que Ton peut ouvrir et fermer momentanement.

Pour developper I'image, il faut humecter la couche avec de I'cau distillee et puis avec de I'acide pyrogallique :

Acide pyr(ig.illi<iue 4!> grains

Eau tlistilliV 28 ouces

Acide acfliiiiie ciistallisable. . . 1 1/2 once.

Apres une minute environ, renversez le liquide de la glace dans un bocal en verre, et ajoutez une k deux gouttes de nitrate d'ar- gent a deux pour 100. Apres avoir humecte de nouveau, I'image apparaitra bientot et sera parfaitement venue apres quelques mi- outes de developpement. Enfm, iavez et fixez comme k I'ordinaire.

Ce procede garantit d'excellents succes pour les epreuves »te- reoscopiques. {SucUte frangaise de photographie.)

ACADEMSE DES SCIENCES.

Seance du 7 scptemhre 1857.

M. Flonrens depouille la corrcspoudance. M. Herby adresse a rAcaddmie mi Memoire sur I'emploi de I'eau cojnme force mo- trice.

M. Noisans adresse une note relative k la maladie des vers a sole. Ilindiquedes nioyensliygicuiques pour les preserver del'at- teinte des diverses maladies auxquelles ils sont sujets. Ces moyeus consistent principaleracnt eii une repartition ou une distribution uniforinc de la chaleur dans les divers compartiments des ma- gnaneries.

M. de Luca adresse a FAcademie des renierciements pour les secours qu'il en a recuspour luilaciliter les moyens de continuer ses recherches. . n ;r., .jj'

M. Guillon communique des observations sur la mortalite du flamand {phcnicoptevus ruber). Ce volatile est tres-commun aux environs du lac de Tunis. Or il est arrive qa'il a ete frappe, peu- dantles annees 18/i5, AG et /i7, d'une mortalite extraordinaire. Tout le lac etait convert de cadavres, et le plumage de ces corps ilot- tants communiquait a la surface du lac mie coloration analogue au reflet de I'aurore. Cette mortalite vient encore de se renouveler pendant ces deux dernieres annces. M. Guillon raltribue a une maladie parliculiere dont il ne connait pas la nature , el qui a"a atteint que le flamand, car on n'a observe aucune autre epidemie dans le pays.

MM. Cloetz et Vulpian communiquent une note sur les fonc- tions des capsules surrenalcs. lis y out trouve deux acides : I'acide urique et I'acidc cboleique. Ces capsules paraissentdestinecs sur- touta la production de deux principes immedials, I'acide liippu- rique et I'acide taurocholeique. Elles exerceraient dans I'ecouo- mie animale une action analogue a Taction glycogenique du foie.

M. Ozanam communique un Memoire sur les phenonienes d'anestbesie produits par I'ether et par diflerentes autres subs- tances. Selon M. Ozanam, Taction stupefiante de ces substances serait due a la formation de Tacldc carbonique qui prend nais- sance dans Tinbalation de leurs vapours. II regarde cet acide corameun agent anestbesique precieux, parce qu'il peut etre ap- plique sans danger; il est d'ailleurs reconuu comme un calmant efficace, et il est destine ci recevoir dans Tavenir des applications

298 COSMOS.

tres-uliles, lorsqu'on aura mieux dtudid et qu'on aurareconnuses proprietes physiologiques.

M. Erris annonce qu'il a trouve dans un mur un rat qui y dtait renferme depuis vingt-cinq ans, et que ce rat dtait couiplete- ment momifle. II pense que ce fait pourrait jeter quelques lu- mieres sur la maniere dont se produit la momilicalion.

M. Chauveau rappelle qu'il a adresse ci I'Academie plusieurs Memoires sur la physiologie de la nioelle epiniere; mais les idees qu'il a emises dans ces Memoires ayant ete attaquees , il annonce qu'il a fait deux experiences decisives qui les confirment pleine- ment. On ne fait pas connaltre quelles sont ces experiences.

MM. Morlera et Larousse annoncent qu'ils ont invente un nouveau systeme d'enrayage qu'ils appellent enrayage a la va- peur. Si I'Academie Teut bien faire examiner leur invention, ils donneront un Memoire descriptif de leur appareil.

M. Roussille envoie unouvrage danslequel ilfait la descrip- tion d'un nouvel electro-moteur. II a fait ce travail dans I'inten- tion d'obtenir la recompense promise par I'Empereur pour I'ap- plication la plus utile de I'electricite. M. Flourens dit que I'Aca- demie n'a pas ete chargee d'examiner les recherches faites dans cette vue.

M. Ciiasle lit un rapport sur un Memoire de M. Jonquieres, ayant pour objet la generation des courbes geometriques de dif- ferents ordres.

M. Philips lit un Me'moire sur la mecanique appliquee. 11 traite differents problfemes relatifs i la mecanique celeste. II exa- mine en dernier lieu I'influence du mouvement de la terre sur les oscillations du pendule. II conclut que I'isochronisme de ces os- cillations n'est point altere par le mouvement de la terre.

M. J, NicklSs professeur de chimie h la Faculte de Nancy, presente des recherches sur la diffusion du fluor. Voici I'analyse faite par I'auteur :

De I'ensemble des recherches qui fontl'objet de mon Memoire, on pent tirer les conclusions suivantes :

II y a'du fluor dans le sang, mais en tres-petite quantity ;

II y en a dans I'urine ;

11 y a du fluor dans les os, mais beaucoup moins qu'on ne I'a dit. D'apres Berzehus, 100 grammes de matiere calcaire des os contiennent 3 grammes de fluorure de calcium ; avec les nouveaux moyens d'investigation que je fais connaltre , on constate qu'il y

COSMOS. 299

a a peine 5 centigrammes de ce fluorure dans 1 liilogramme de substance osseuse;

Les sources oil I'organisme animal puise le fluor dont il peut avoir besoin, sont :

Les eaux potables;

Les substances vegetates.

Les unes et les autres le contiennent en proportions tenement restreintes que , Ipour en obtenir des traces , il faut operer sur un kilogramme au moins de cendres et sur le produit de Tevapo- ration de quelques mille litres d'eau;

3" Accidentellement aussi, I'organisme peut emprunter du fluor aux caux minerales qui contiennent toutes des fluorures en tr6s- forte proportion si on les compare aux eaux potables;

Cette circonstance parait expliquer I'efficacite de certaines eaux minerales faiblement mineralisees , telles que les eaux de Plombieres, du Mont-d'Or, de Soultzbad, etc.;

5" L'eau de la Seine prise h Paris , I'eau du Rliin prise k Stras- bourg, sont de celles qui renferment le moins de fluor ;

L'une des eaux fluviales de France , les plus riches en fluo- rures, est celle de la Somme prise a Amiens;

Les diverses eaux minerales ne sont pas egalement riches en fluorures ; les plus riches de celles que i'ai examinees, sont : l'eau de Contrexeville , d'Antogard et de Chatenois (Bas-Rhin).

Un litre de ces eaux peut donner des marques non equivoques de la presence du fluor;

Au contraire , l'eau de mer (Atlantique) n'en contient pas en proportions sensibles dans 300 litres. Ce fait etablit une difi"e- rence bien tranchee entre cette eau et les eaux minerales qui ont de I'analogie avec l'eau de la mer;

La loi de la diffusion du fluor dans I'ecorceterrestre, peutse formuler ainsi -.llya du fluorure de calcium dans toutes les eaux qui renferment du bi-carbonate de chaux; il'pcut y avoir du fluor dans les roches et les mineraux qui se sont formes par voie de se- diment.

Quant k la maniSre de mettre ces faits en evidence, il resulte de ce qui est dit dans le i^lemoire que :

10° Le procede classique peche par deux points essentiels et qu'il conduit ci faire admettre du fluor la ou il n'y en a point. Cela tient :

a. A Taction que I'acide sulfurique peut lui-meme exercer sur la lame de verre.

300 COSMOS.

h. A de pelites quanlites d'acide fluorhydriqae que cet acide pent contenii",

11° J'elimine ces causes d'erreur :

a, En remplacant la classique lame dc vorre par une lame de cristal de roche.

b, En cmployant un acide exempt d'acide fluorliydrique.

1'2" L'acide employe de preference pour decomposer les flno- rures , est le sulfurique que Ton purific en reteudanl d'eau et en I'exposant pendant quolque temps a luie temperature de 150 ^ 180".

13" Lc dissolvanl que j'emploie est l'acide chlorhydrique que, avec quelques soins , on pent trouver exempt de fluor dans le commerce.

Mon Memoire fait connaitre les circonstances dans lesquelles pareil acide chlorhydrique se produit dans la grande fabrication.

14° Tons les dosages de fluor, operes avec le concours de l'acide sulfurique, doivenl etre refaits.

15° Bien des substances sont reputees fluoriferes, sans cepen- dant contenir du lluor ; le fluor qu'on a trouve dans leurs produits de decomposition aeteintroduit parlesreactifs et notammentpar l'acide sulfurique employe.

M. le docteur Sperigo de Florence lit un Memoire sur un re- mede preservatif ou curatif de la syphilis qu'il appelle syphilisa- tion. C'est une inoculation analogue a la vaccine.

M. le niarechal Vaillant montre des balles de plombqui lui ont ele envoyees d'Afrique par un officier, et qui ont ete perforees par un insecte. A I'occasion de cette communication , M. Pouillet rappelle qu'il y a trcnte ans il a observe un phenomene sembla- ble sur une vaste lerrasse d'un vicux chateau. Cette terrasse elait recouverte d'une epaisse lame de plomb qui reposait sur des madders en sapin. Cette lame de plomb etait criblee de trousqui correspondaient a des trous serablables dans les madriers. Les mouches qui avaient fait ces trous etaient munies de fortes ma- choires. Les morceaux de cette lame peuvent etre vues au Mu- seum d'histoire naturelle ou ilsont ete deposes. M. Pouillet, a qui M. le marechal Vaillant montre les balles qu'il a recues, reconnait qu'il y a une grande dillerenee entre le fait acluel et celui qu'il a observe. II paraitrait que les mouches de M. Pouillet cherchaient k sortir de la prison ou le plomb les tenait enfermees, tandisque celles que montre M. le marechal Vaillant cherchaientleur nour- riture daas les balles de plomb ou s'y faisaient un nid.

1

VARIETES.

Ssis* la correlation des forces physiques.

Lettre de M. Kaphafl de Napoli , professeur de physique attach^ au Cabinet de S. M. le roi de Naples, a M. Seguin ain6.

Monsieur,

S'il est vrai qu'il faut aimer la vejite et ceux qui savent la rendre utile a tout le monde, permettez-moi de comniencer cette lettre en transcrivant les lignes suivantes que j'ai lues dans I'ou- Tfage tres-remarquable de M. Grove, traduit en voire belle langue par le savant abbe Moigno, qui I'a enrichi de notes qui vous ap- partiennent. A la page 274 vous dites : « Soil que mes premiers Memoires aient paru trop abslraits ou trop arides, soit que le tres-petit nombre de savants qui attachent de I'iniporlance anx questions transcendantes de la philosophic des sciences, n'aient pas pense que le temps fut venu d'eclairer les mysteres de la conslilution inlime de la maliere; il est arrive de fait, qu'aucun d'entre eux ne m'a suivi dans la voie que je vo-ulais ouvrir, et que les premiers developpements de ma theorie n'ont pas recu I'ac- cueil empresse que je leur souhaitais dans men amour et mon respect pour la memoire de mon oncle Montgolfier. On compren- dra, des lors, sans peine I'irapression vive et et enthousiaste que i'eprouvai quand en lisant, pour la premiere fois, vers I8Z18, la brochure pubhee par M. William Grove, de la Societe royale de Londres, Sur la correlation des foi'ces physiques , i'j trouvai de- veloppee, avec une conviction reflechie et entrainante, la belle these de Montgolfier sur ridenlite, non-seulement du calorique et du mouvement, mais du mouvement de la matiere ordinaire et de toutes les forces de la nature physique. »

C'est le meme enthousiasme, et pcut-etre plus energique en- core, que j'ai ressenti en lisant le meme ouvrage ; et vous le com- prendrez. Monsieur, sans peine, puisque je trouve exposees avec une admirable clarte toutes mes vues sur la correlation des phe- uomenes de la physique universelle, par le savant qui est au pre- mier rang parmi les observateurs a jugement sur, dont la patrie s'honore. En effet, d6s 1851, j'ai public des Institutions de chimie generalc ou j'expose une pliilosophie chiniique qui renferme les vues de M. Grove, celles de Montgolfier et les votres, que j'ai pro- lessees depuis 1846 dans mes cours prives et dans ceux de I'K- cole royale de marine. Elles etaieut leresultat des etudes faites k

302 COSMOS.

Paris, suivantles Iccons dcs illustres mallres Gay-Lussac, Arago, Dumas, Pclouze ct Millon, et de mes recheixhes philosopliiques sur les pcnseurs les plus profonds dans les sciences naturelles. Je suis done heureux de cctte rencontre d'idecs, do deductions et de fails appeles h mettre sur une voie vraimcnt positive les phy- siciens plus liabiles dans les experiences et les speculations pour coordonner les grands phenomenes de la nature. Et il est bien etonnant que, presque dans le meme temps, M. Grove en Angle- terre et moi a Naples, nous ayons clierche, chacun de notre c6te, S persuader aux autres ce que nous sentions comme une verity dej& acquise h la science. Cependant M. Grove le faisait avec le merite qui lui est propre, et moi je t;\chais d'en former un sys- teme presque special pour la cliimie, etje me proposals d'atleindre ce but pour donner a cette science une certitude d'enchainement etun developpement logique, que, selon moi, elle n'avait pas en- core recus. C'est-&-dire que je ne voyais dans les phenomenes chimiques, que du mouvcmcnt comme expression des forces at- tractives; que du mouvement se montrant comme chaleur, lu- miere, electricite, lequel mouvement engendre les reactions entre les molecules des corps, reactions qui, dans letirs effets chimiques pro- duisent en retour la chaleur, V electricite, la lumiere. Ce cercle de mouvement, qui devenait cause et effet dans un temps peu ap- preciable, donnait un enchainement tout naturcl aux faits de la creation, et cedant k I'empressement de mes eleves et de quelques professeurs distingues, qui bonoraient mes leeons, je publiai le livre que je viens de vous indiquer. Mais cette publication, ecrite en italien, sans recommandation de savant a grande renommee, dans un temps mal choisi, sous le coup d'un peu d'envie, et du dedain que nous autres Italiens avons pour nos ouvrages, ne me fit pas pressentir, comme vous dites, que le temps fut vena ou la synthese de la correlation des phenomenes de la nature dut se faire. Mon livre passa inapercu, et maphilosophie chimique ne fit aucun bruit, quoique je fusse convaincu de son utilite. Mais , ensuite, les encouragements que je recus de plusieurs savants distingues, dans mes voyages en Amerique et dans le nord de I'Europe, me deciderent h refaire cet ouvrage ; et mon second travail etait presque acheve quand j'ai eu la satisfaction d'apprecier le livre de M. Grove, et d'apprendrc que vous avez sous presse un ou- vrage dans lequel vous enumerez en detail toutes les modifications que vous apportez aux idees regues, et comment vous envisages les causes des phenomenes naturels.

COSMOS. 303

Par cette lecture, Monsieur, je me suis dit: si la conformite des idees de I'illustre Grove aveo la pensee de Montgolfier a procure I'occasion de mettre en rapport amical M. Seguin avec le physi- cien anglais, ne pourrai-je pas esperer le memo accueil aupres de M. Seguin kii-meme ? Voila, Monsieur, pourquoi je me suis de- cide a vous adresser cette lettre, qui resume mon Traite de phi- losophie chimique, desireux de ne m'etre pas trompe sur la cor- relation des phenomenes de la physique et de la chimie, de n'a- voir pas cree un roman dans ce temps-li, et fler de combattre pour le trioniphe de cette correlation bien deflnie, qui est la synthese grandiose de Montgoltier, le grand but des sciences inductives, et une verite tres-utile parce qu'elle repond k un be- soin tres-pressant de notre epoque.

Coup d'oeil sur ma Philosophie chimique publiee en 1851.

I. Convaincu qu'il n'y a pas de science ou les faits ne soient lies par des vues theoriques, je disais dans mon ouvrage :

« La forme seientifique que doit avoir la chimie de nos jours, decoule de I'analyse logique du fait de la combinaison des corps : c'est dans le developpement des conditions qui paraissent etre la cause immediate de ce fait, dans cellos qui I'accompagnent, et dans celles qui le suivent, que Ton pent saisir les rapports exis- tants entre les pbenomenes chimiques et les causes qui les pro- duisent. Ces rapports composentla philosophie chimique. »

D'apres ce plan d'idees, j'aborde dans un premier chapitre tons les phenomenes de I'agregalion atomique et moleculaire, et je de- mon Ire que le chimiste ne pent produire aucun fait de combinai- son sans evaluer les faits qui derivent de I'agregation de la ma- tiere ponderable, en liaison de la matiere imponderable avec la- quelle les corps sont en relation.

Et pour moi V ether des pliysiciens n'est pas une entite des me- taphysiciens, mais une realite que nous n'avonspas encore saisie, une matiere par laquelle les pbenomenes de la chaleur, de la lu- miere, du son, etc., nous sont appreciables. Admettant en outre la divisibliite abstraite de la matiere en alomes, et sa divisibility physique en molecules, je m'y arrete pour m'en servir commc moyen de me faire comprendre de ceux qui la croyent une veritd absolue. Et c'est pour la premiere fois, si je ne me trompe, qu'en chimie on voit I'altraction newtonienne faire a elle seule la de- pense des phenomunes corpusculaires. Enfin, j'admets comme deduction logique, que les corps ne sont pas composes directe-

sas COSMOS.

ment d'atomes, mais par des groupes de ceux-ci ordonii^s en systeme de parties qui se ndcessitent les uncs Ics autres, et que ces systfemes atomiques, groupes ensemble en nombre determine et non determinable, forment les systemes moleculaires. Chaque systeme pent etre modifie par trois lois, pour doniier naissance aux phenomenes d'allotropie, d'hysomerie, de polymerie, de po- lymorphisme et d'hysoniorphisme.

Les systemes dilTerententre eux : (( par les especes distinctes d'atomes ou de molecules qui les composent; par la disposition relative du memo nombre d'atomes ou de molecules elementaires ; 3" par le nombre et le poids divers des molecules ou des atomes sous un volume determine, ou bien par des volume multiples sous le menie nombre et le meme poids. »

Apres avoir appuye ces deductions par des faits et des expe- riences de la chimie moderne, je passe u un autre ordre de phe- menes, c'est-^-dire a ceux qui accompagnent la combinaison des elements.

II. Pour expliquer d'une facon convenable le fait que presente la combinaison des elements, et que les chimistes annoncent etre facile quand les substances sont liquides, et difficile ou impossible quand elles sont solides, j'admets une disposition parmi les corps qui doivent se combiner, disposition que je declare ensuite etre comme une espece de mouvement qui combine s'il est harmo- nique, et decompose s'il est inharmonique. C'est cette disposition qu'on peul exciter avec des raoyens physiques et chimiques. Des lors, je me trouve engage a les enuraerer tons, pour apprendre aux jeunes eleves avec quels moyens et de corabien de manieres on pent changer les conditions exterieures et produire une com- binaison. Ces moyens sont les dynamides, comme M. Berzelius I'a indique, ou pseudo-forces, c'est-ft-dire la chaleur, la lumiere, I'electricite, le magnetisme, le son. En effet, ces agents dans les mains des chimistes sont tres-propres k exciter les corps a S€ combiner ou a se decomposer en leur communiquant une esp6ce de mouvement.

Apres cela, je place la force catalijtique comme un autre moyen d'ciTectuer Tuwion des molecules des corps. Et c'est ici que je ne me range pas parmi ceux qui voient dans les corps poreux le de- veloppement d'une force particuliere. Au contraire, je vois dans la decouverte du celebre baron Thenard une simple influence de la porosity de I'eponge de platine, de la pierre-ponce et des eponges mctalliques, une condensation de malii-re par I'aclion de la ca-

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pillarite. C'est-i-dire, je vois dans les petits pores de ces agregats niateriels, le moyen de produire le contact actif entre \es rnole- cules des corps qui les traversent; et, a cet egard, M. Grove a pense comme moi ; car il a dit dans son ouvrage, page 225 : « Dans aucun cas, la force calalytique ne nous presente une puissance ou une force d'un genre nouveau; elle determine seu- lement ou facilite simplemont I'action de la force chiinique; et, par consequent, il n'y a pas dans le contact de creation de force. ))

Et pour vous dire que j'etais aussi convaincu que la porosity amene ^ une force voltaique, comme M, Grove I'a experimente avec sa pile a gaz, j'ai mis des morceaux d'eponge de platine sur les pointes du peigne absorbant de la machine d'Armstrong, et meme des morceaux de pierre-ponce, et j'ai recueilli une elec'tri- citc plus eiiergique par le frottement de la vapeur sur les corps catalytiques.

Je range apres ces actions, dans un chapitre, les pretendues voies indirectes, pour indiquer aux eleves une foule de moyens tr€s-varies avec lesquels les chimlsles produisent les reactions chimiques. C'est ici que j'appelle I'altention des eleves sur letat naimint, que tons les chimistes regardent comme la condition la plus favoiable a la combinaison, et que j'expiique par le mouve- ment tres-energique que les molecules ont recu dans le moment d'une reaction anterieure.

Me voici aux fails de \a correlation de la chaleur, de la lu- miere, derelectricile, etc., engendrees par la combinaison.

III. Dans un chapitre, j'examine d'al)ord les experiences de MM. Hess, Drapper, Andrews et Welloni sur le developpement de la chaleur dans la combinaison chimique. Puis j'examine tout ce que M. Davy nous a laisse sur I'analyse de la flamme pour mon- trer que la chaleur accompagne la lumiere, partout ou celte der- niere se produit, dans les reactions chimiques.

Et pour coordonner les eil'cls sensibles de la react ion des ele- ments, j'adopte la Ihearie de M. IJalostrieri (pu])li(ie en 1841, dans le journal le Filiatre Sebez-io), que j'ai le plaisir de soumellre k votrejugement.

« Nous avonsadmis, dis-je, dans les systemes atomiques et mo- leculaires I'existence d'un tkiide universel, tres-mobilo, Ircs-ex- pansible, et par cela meme fort impressionnabie. On doit suppo- ser ce lluide en mouvement continuel de vibration, qui lui est communique par le mouvement des particules qui constituent la

306 COSMOS.

masse du soleil, des etoiles fixes et de notre planete. Aussi les atonies ne peuvent-ils pas s'agreger pour produire des moldculcs, ni cclles-ci non plus pour donncr lieu & la formation d'un corps sans que la force d'allraction n'exc6de ou n'etablisse un equilibre statique entre elles et le mouvement de I'ether. Do cette action opposec rcsulte I'equilibre des molecules, ou de leurs atomes, et par consequent tons les cas possibles de I'agregalion moleculaire des corps, dont nous avons fait mention ailleurs.

Je continue : « Mais un systeme atomique, sollicite par deux forces continuellement en opposition, a une existence comparable & celle d'un petit monde dans I'espace, dont il est environne ; ou h celle d'unpendule en oscillation rhythmique : c'est-i'i-dire, une petite masse materielle qui se meut par des arcs de courbes en produisant un nombre divers d'oscillations dans 1' unite de temps, suivant que I'lmpulsion motrice a ete differente et varide. Ce que Ton dit d'une molecule doit s'entendre de tout atome parti- culier.

« Quand une substance se combine avec une autre, dit M. Mel- loni, ses molecules entrent sur-le-champ en mouvement vibra- toire tres-violent, et peuvent afTecter ensuite des vibrations plus lentes. Mais I'agrdgation en systemes d'atomes qui forment des molecules, rend celles-ci differemment impressionnables dans I'acte de la comblnaison chimique ; aussi se meuvent-elles d'une maniere differente, et I'dther renferme dans les pores des corps sera-t-il affecte par des rhythmes divers de mouvement, qui pro- duiront dans le fluide extdrieur des ondes differentes en amplitude et cdlerite. Ces ondes se poursuivront les unes les autres sans se choquerou se confondre. C'est ainsi qu'il n'y a pas de confusion, lorsque sur la surface d'une can tranquille on fait tomber de pe- tits corps a des intervalles donnes ; on y observe au contrairc la production des ondes circulaires diverses en amplitude et cel6- rite, qui s'entrecoupent entre elles sans se gener. Enfin, c'est ainsi que, suivant la physique, les fails se passent dans I'air, ou les differents tons demusique, qui ont des rhythmes differents, ne se troublent point malgre Icur difference et leur simultaneite ; aussi I'oreille estcUe capable de les sentir simultanement. En sorte que, dans cette hypolhese, il n'y a rien de suppose; mais le fluide universel, la matiOre inconnue une fois admise, il est de toute necessity qu'elle subisse les modifications dont nous avons parle.

u M. Balestrieri, commemoi, ne regarde pas meme comme by-

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potMse I'existence de ce fluide universel : Le fluide existe sui- vant toutes les ecoles, dit-il ; seulement les unes le supposent en succession continuelle, et les autres en stabilite absolue eton mou- vement relalif. Mais il est fort remarquable que, meme dans I'hy- pothese de remission, le fluide en succession continue recoive exac- tement les meines impressions rhylhmiques par les molecules vi- brantes que s'il etait immobile. Aussi Vemission imaginee pour rendre raison de ces memes phenomenes devient inutile, et il nc reste de reel que le fluide stable. »

Partant de ce fait, M. Balestrieri, en tire par un raisonnement rigoureux des consequences physiques qui se traduisent immd- dialement par les phenomenes des imponderables. « D'abord il remarque que les mouvements des molecules en action chimique doivent etre de toute necessite des rhythmes. » Voici son theoreme fort remarquable :

« Un corps qui se raeut dans un espace determine par un mou- vement indeflni en duree, doit se mouvoir par une courbe ren- trante, ou par des oscillations rhylhmiques. Dans les deux cas, la formule rhythmique est la meme. Aussi les mouvements des astres, les vibrations des pendules, les oscillations des cordes, les rhythmes des fibres vivantes et des molecules en actions chimi- ques, se rangent sous la categorie des mouvements ondula- toires ; puisque ces rhythmes doivent etre aussi varies que ceus du son ; c'est-&-dire que, de meme qu'une cloche vibre sous la percussion par sections vibrantes qui sont entre elles commetous les nombres de la progression geometrique double, et comrae tous ceux de la progression arithmetique simple, de meme un corps en mouvement moleculaire a des sections vibrantes qui sont entre elles comme les nombres de ces deux progressions; et ce sont des rhythmes de ces memes progressions qu'ils communi- quent a I'ether. Ainsi, il y a deux series de rhythmes : ceux de la progression geometrique, 1, 2, U, 8, 16, etc., qui donnentdes oc- taves, des doubles octaves, etc., et ceux de la progression arith- metique, 1,2, 3, U, 5, etc., dont chaque partic, etant exprimee en nombres, concourt .'i constituer la plus simple des progressions harmoniques, 1, 1/2, 1/3, l/h, 1/5, etc.

En envisageant les termes de la premiere sdrle, on voit qu'ils sont des octavesWm de I'autre, c'est-^i-dire qu'ils constituent une scrie necessairement indcfinie, et qui peut etre suscitee par tout mouvement m^caniquc agissant sur des pieces harmoniques; aussi ce rhylhme moleculaire se developpesous lout mouvement

308 COSMOS.

que ce soil, mecanique ou chiinique, et traverse tous les corps, parce qu'il n'y en a aucun qui n'ait des molecules vihrantes, dont la masse et les forces ne repondent & un des nombres de cette s^rie. Ensuite, tous les termes de celte serie pouvant etre pris pour fondamentaux , auront toujours une triade harmonique, comme il arrive pour tous les ul de rechelle diatonique ; c'ost comme si Ton disait une qnintc etune tierce majeure, outre d'aulres rhyth- mes innombrables moins harmoniques. Ces deux torn elhereens concomUants, etant exprimes par les fractions 2 '3 ot 'dk accom- pacjnent constamment le ton fondamental, et sont les plus sen- sibles de tousles rhythmes apres le fondamental hii-meme.

Je suis parti de cette theorie, et me suis servi de la decouverte suivanle, faite par I'honorable M. Joseph Staffa.

« En touchant une corde sonore d'un piano du c6te des tons bas, apres avoir place sur les cordes de la 8" superieure de pe- tits morceaux de papier S lettre, on voit se mouvoir avec fremis- sement le ton 5" au-dessus, et les autres ne bougent pas. Si Ton touche un pen plus fort, les 4% et W de la meaie se meuvent. Touchant encore une fois, on voit se mouvoir les papiers sur les cordes precedentes, et ceux places sur la 8= etla 3^ » De ce fait, mon ami Staffa a deduitla correlation naturelle et necessaire d'un premier son avec sa 5" en montant, et sa 4"= comme la 5" du son 8" superieur en descendant; c'est par la qu'il decouvrc la loi de toutel'harmonie sur les trois tons bas fondamentaux, 1", W ft 5% et c'est avec une telle decouverte que la theorie de Balestrieri est rendue plus precise etplus exacte, rdunissant les donnees de I'a- coustique et de la pratique de I'harmonle musicale ; avec elle j'ai trouve tout ce qu'il me fallait pour comprendre etexpliquer com- ment se fait la production simultanee des mouvcments vibratoires que nous observons comme chaleur, lumiere, elcclricile et ma- gnetisme. On voit encore que j'arrive, avec M. Balestrieri, ^ I'o- pinion de M. Grove, qui dit, page 2/t7 : « Pour ce qui concerncles forces do I'electricite et du magnetisme ^ I'etat dynamique, nous ne pouvons pas electriser une substance sans I'aimanler, nousne pouvoiis pas I'aimanter sans I'electriser. Chaqiie molecule, du moment ou elle estallectee par une de ces forces, est affectee par I'autre ; quoique agissant dans des directions perpendiculaires, ces forces sont inseparables et mutuellement dependantes, corre- latives, mais non identiques. » {La suite prochainement.)

ImpriM.erie de VV. lUMQUtT et Cie, A. TRAMBLAY ,

ri.e C.r.nciere, 5. proprUtalre-genmt.

T. XI, 18 septetnbre 1857. Sixi*me ano^e.

COSMOS

NOUYELLES DE LA SEMAINE.

L'expedition , sous les ordres de MM. Newall, ing^nieurs, partie de Cagliari sur la c6te de Sardaigne, emportant le cable de i'Elba, a cominence i le deposer, en parlant de Bone, sur la frontiere de FAlgerio. Au nombre des principanx mcmbres de Fexpedition se trouvaient le chevalier Bonelli, directeur des telegraphes sardcs; M. Siemens, directeur des telegraphes de •Prusse; M. Brainville, repr^sentant des telegraphes du gouverne- uienL francais; et M. G. W. Brett, concessionnaire de la ligne et I'invenleur du systeme de telegraphe sous-nsaiin. Los operations preiiminaires onl: commence lundi, e\ mercredi soir le cable etail: entierement submerge, et la communication entre les deux cotes etait etablic. La distance entre Cagliari et Bone estde 150 milles. I'ne lie rocheuse , appolee Galita , se trouve sur le trajet, a peu de distance de la cOte d'Afriquc. Le poids du cable, dans la pre- miere oxpericnce, qui a echoue, etait de huit lonneaux parchaque mille, tandis que le poids de celui qui vient d'etre immerge avec succcs a ete diminue d'environ un tonneau et demi par mille, ce qui, joint au perfectionnement apporte au mecanisme destine a operer I'immersion, et a I'liabilele de la manoeuvre dos ingenieurs, a considerablement facilile I'operntion dans dos circonstances ou se presentaient do grandes difficultcs mateiielles, puisqne les travaux d'exploration et do sondage I'aits par I'ingenieur du Tar- tarus, M. Delamarche, out demonin' que le lit de la Mediter- ranoe prescntait, sur une distance comparativement courte de 150 milles, des profondeurs et des inegalites aussi considerables qu'aucune de cellos de Tocean Atlantique.

Pendant plus de la moitie du trajet, la profondeur est de 2 milles h 2 milles et demi, el le lit de presque toule Tautre moitie s'elevc brusquement h I 1 et mcme a l,i de mille de la surface. Le lit de la Mcditerranee etant forme d'un calcaire co- <jui]licr tondre, rossemble a celui de la Mnnche, entre Douvres ct Calais, et I'ournit une surface exccllente jiour la pose du cftble. il y a qi'.atre fils de cuivrc pour les communications eloctriques,

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310 COSMOS.

ils sonl tournes en spirale, Tun sur I'autre. Pres de la moilie du cAble nccessaire pour prolongcr le telegraphe mediterraneen , de la Sardaigne jusqu";'! Malle, et de Mallejusqu'a Corfou, so trouve i'abriquec, et aussitot que I'autre moilie sera prele,ces points se- ront mis en communication tclegrapiiique avec I'Anglelerre et le continent. {Morning Post.)

M. le docteur Leo, de Berlin, qui, dans le conrant del'annee derniere, fit un voyage i Upsal pour surveillcr la reproduction sur. plaques de verre, par procod(i photographique, du celebre Codex argenteus d'Ulfdas, viont, par les conseils do MiM. de Hum- boldt, Jacob (Irimmetplusieurs autres savants, do traitor avec un editeur de Berlin, pour reproduire, sur papier pbotograpliique, des facsimile d'apres les plaques de verre, et de publier I'ouvrage avec un texte explicatif ecrit par lui-meme.

H resulte des experiences faites par M. de la Boire, pro- prietaire a Catillon, qu'un hectare de terrain seme a la volee a coille 151 fr., tandis qu'un hectare seme en ligncs n'a coi\te que li'-i fr. 25 c. Cette enorme dilTerence de prix porte entierement Siir la quantite de semences employees. Le prix de main-d'wuvrC est a pen pres le meme pour les deux mcthodes. Le ble seme en Jignes a donne par hectare 2ii hectolitres de grain du poids de xS2 kilogrammes; le ble seme a la voice, dans des terrains contigus a la piece en experience et dans d'excellentes conditions, n'a donne que 17 hectolitres ayant le meme poids.

Nous lisons dans YAmi des Sciences : « Un procede pour hater la maturation des figues a ete mis recemment en pratique par un arboriculteur ; 11 consiste dans I'application d'une petite goutts d'liuile d'olive fme au centre de I'oeil de la figue. L'huile est appliquee avec un bria de pnillc de facon a no toucher que le centre. Cette operation doit se faire aussitot que I'oeil de la fjgue a pris decidement unc tcinte rouge, et, autant que possible, le soir, apres le coucher du soleil. La figue, qui etait verte, petite et dure, apparait des le lendemain gonflee, molle, avec une teinte jaune; I'oeil est ouvert, la floraison commence. On cueille le iVuit le quatrieme jour au matin , au moment ou les semences vent se former. On obtient avec ce procede un fruit qui acquiert plus de parfum et de douceur qu'avec la maturation ordinaire, ct qui est prive de ccs nombreuse^ graines dont la presence est desa-^reable. L'arbre, soulagd par cette recoltc anlicipee, fournit (les sues plus aI)ondanls aux fruits qui lui out etc laisses, et qui,, (li'S lors, minissent plus tOt. »

COSMOS. 311

Nos lecteurs ne liront pas sans interet les details compara- tifs, publies par le Courrier de Marseille, sur la qiiantile d'eaii que possedent les villes suivanles pour la consommation : Paris, 60 litres par jour et par liabitant; Dijon , 200 a 680 (200 litres en basses eaux; la source du Rosoir donne quelquefois 680 litres) ; Marseille, iOO ; Carcassonne, £00 a hQO; Glascow, 100; Lon- dres, 95; Liverpool, 28; Narbonne, 80 a 85 ; Toulouse, 62 a 78; Grenoble, 60 & 65; MontpcUier, 50 ^ 55 ; Beziers, 12 ii ik; Phila- delphie, 60 a 70; Vienne, 60 a 65.

La Revue coloniale indique I'usage du sue de citron comme moyen prophylactique et curalifdu scorbut. Pour preparer ce sue, on presse les fruits avec leur ecorce ; le jus recueilli est melange d'alcool et renferme dans des caisses contenant dix-buit grandes bouteilles de deux litres cbaque ; on distribue le sue de citron Ic dixieme jour apres avoir pris la mer, et la ration est donnee au repas de midi. Cetle ration a la composition suivante : jus de citron, ik grammes; sucre, li2 grammes; cau, 112 grammes.

Le Ministre de I'interieur vient d'autoriser remploi, dans tons les etablissements bydrauliques de !a ville de Paris, du sys- temc de grilles mobiles furaivores KnoAvelden, reconnu comple- tement fumivore; I'economie de combustible est estiraee de 8 a 10 pour 100. La construction do I'apparcil est, dit \e Moniteur, fort simple et son cntretiendes plus economiques. Nous prierons M. II. Bennett, le proprietairo du brevet en France, de nous donncr quelques details plus precis sur la construction de ces nouvelles grilles, pour les transmeltre a nos lecleurs.

Falls slt's scteiices.

Le prince Albert a ete elu president de 1' Association briton- nique pour I'avancement des sciences, pour la session de 1859. Cetle election est le fait culminant de la session de Dublin, qui a etc d'ailleurs tres-brillantc sous tous les rapports. L'Association so reunira probablement a Aberdeen , pour etre plus pros de la residence de la reine pendant I'automne.

L'annee procbainc, la reunion se fera a Leeds, sous la presi- dence du professeur Owen. Voila pour I'avenir.

Dans la session actuelle de Dublin, la section A des sciences malbematiques et pliysiques avail pour president le reverend liocteur Robinson ; pour vice-presidents, MM. J.-C. Adams, le re-

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vcrend profosspur Graves, sir W.-I5. Hamilton, W. Hopkins, le reverend G. Salmon, le reverend doclenr Whcwell, lord Wrot- tesley; pom* secretaires, le professeur Curtis, le proi'esseur Hen- DBssy, P.-A. Ninnis, W.-J. Macquorn-Rankine, le professeur Stevelly. Le comite elait compose de trente-sept mnmbres, parmi lesqupls nous remarquons M. A. d'Abbadie, M. Leon Foucault et M. I'abbe Moigno, qui representaient dignr;ment la France.

Dans la seance du jeudi , le president de cette section en fait I'ouYeiiure par un discours dans lequel il expose brievement les progres quionlete fails dans les sciences malbeinati(iucs el phy- siques, el il termine en annonrant quo la seance du lundi sera consacree a la meteorologie, et celle du mardi a I'optique, a relectricite el au magnetlsaie.

M. le professeur Jellet lit un rapport tres-remarquable de M. A. Cayley, sur les progres recents de la dynamique theorique. Dans ce rapport sont e.vposees les recherches de Lagrange, de Poisson, de sir W. Hamilton et de Jacob! , suivaiit I'ordre chro- nologique dcs decouvertes de cliacun d'eux. On y discute le me- rite distinctif de leurs travaux et les avantages particuliers qui en sont resultes pour cette branche de la science.

Le reverend professeur Powell fait uii rapport sur les pheno- menes m(^t(;oriques lumineux. M. Bompas, se fondant sur les observations de MM. Coulvier-Gravier et iJoguslawski , a avance quelques generalisations qui se rapportent a la cause dcs me- teoi'es. Le rdsultat general de ces observations est que le nombre des mdteores augmente regulierement de six heures du soir a six heurns du matin. Le nombre de ceux qui apparaissent a Test est plus que le double de ceux qui se montrent a I'ouest, et ceux du nord sont en nombre egal a ceux du sud. En d'autres termes, pres des deux tiers du nombre total prend son origine dans la partie orientale de I'hemispbere non eclaire. D'apres les obser- vations de Boguslawski et de quelques autres, il parait que la Vitesse moyenue des meleores est environ le double de celle de la tei'ie 'hui^ son orbiie.

M. I'.ibbe Moigno rapporle les ol)servalions recentcs qui ont etc discntcfs par les astronomcs de I'Observatoire imperial de Paris, sur la parallaxe des etoiles filantcs. D'apres ces observa- tions, il parait probable que ces corps sont Men plus eloignes de la terrc qu'on ne le supposait generalemcnt; et la grande dis- tan^^e a laquelle ils apparaissent aidera a resoudre le probleme do la limitc dc I'atmosphere terrostre, Le professeur Hennessy

COSMOS. 313

rapporte ties observations semblables failos cii Allemagne par Brandes et Benzeaberg, vers le commencement de ce siecle.

Le professeur Loomis fait connaitre certains phenoni6nes 6le<i^ triques observes aux £tats-Uiiis. L'electricile atmosphei-ique eSt tres-abondante dans ces l^tats, ct pre'sei.te souvent des pheno- menes bien plus remarquables que dans la plupart des c ntrees de I'Europe, speciaiement en Anglelerre et en Allenjagne. Ces phenomunes ne sont pas limites a cerlaines saisons de^'l'annec, mais lis se manifestent en ete sous des formes differentes de celles de I'biver. En ete, I'electricite libre apparait principalement sous la forme d'eclairs dans les nuces orageuses; les fils lelegraphi- ques sont extrfimement sensibles aux approches dun oi'age; ils sont souvent cbarges d'electricite par rinfiuence d'un nirag'e si eloigne qu'on n'entend pas le tonnerre et qu'on ne volt pas les eclairs. Dans ces circonstances, je me suis souvent mis dans le circuit electrique en prenant d'une main le ill du telegraphe et de I'autre un HI qui communiquait avec la terre. On eprouve alors de frequentes commotions qui se font senlir dans les bras et quelquefois a travers la poitrine. Le choc est poignant ct dou- loureux , lors nieme qu'on pent a peine obtenir une tres-petite etincelle en approchant les deux fils pres du contact. Ces expe- riences sont dangereuses lorsque la nuee orageuse est procbe. Si, durant le passage d'une pluie accompagnee de tonnerre, I'appa- reil telegrapbique est mis en communication avec les longs fils du telegraphe, il est presque certain que les fils fins de I'electro- aimant seront fondus, et, par suite, cet instrument sera rendu inutile. Quelquefois, dans les bureaux du telegraphe, arrivent des explosions qui fondent de gros fils et metlent la vie en danger. L'effet d'un faible courant d'electrite atmospherique sur les°fils telegraphiques est le meme que celui du courant d'une batterie galvanique. II marque un point sur le registre du telegraphe, et lorsqu'une nuee orageuse passe dans le voisinage d'une ligne 'te- legrapbique, ces points surviennentfrequemment; et s'inlerpo- sant entre les points d'une depeche, ils en rendent I'ecriture con- fuse et souvent illisible. Les manipulateurs sont communement forces , a cause de cela , d'abandonner leur travail lorsqaune partie de la ligne se trouve sous Finfluence d"un orage voisin. L'aurore boreale est tres-commune aux fitals-Unis, mOme pen- dant I'ete; mais a cause de la longue duree du crepuscule, on la voit rarement en et^ avec I'eclat dont elle brille en hiver. II est rare que le tonnerre se fasse entendre en hIver aux lifats-Unis;

31i COSMOS.

cependant les oiages pendant cettc saison n'y sont pas entiere- nient inconnus. Mais tandis que les dccharges elcctriques sous la forme d'eclairs se niontrent peu souvent en hiver, d'aulres plie- nomcnes eleclriques d'un grand interet se manifestent chaquc jour. Ces phenom^nes consistent en electricite libre dont sont charges presque tous les corps reposant sur la terre, mais suffi- samment isoles. Cette electricite s'observe particulierement sur les habits et les cheveux.

Durant les mois froids de I'hiver, les cheveux sont frequein- ment electrises et specialement lorsqu'on les a peignes avec un peigne fin. Souvent dans ce cas les cheveux fins se tiennent droits, ct plus on les peigne pour rendre la chevelure unio, plus ils refuscnt obstinomenl de se tenir en place.

Si vous presentez vos doigts a ces cheveux electrises, ils se di- rigent vers vous conime le ferait une toufl'e de cheveux attaches au conducteur de la machine eleclrique. Pour remedicr a cet in- convenient, il n'y a qu'un moyen : c'est de les mouiller, et apres ccla, il se tiennent tranquillement & leur place. Pendant cette meme saison de rann(^e, toutes les parties des velemenls qui sont en laine sont fortement charges d'electricite libre. Les pantalons specialement altirent les particules legeres de duvet, de pous- siere, etc., qui flottent dans I'air, et surtout pres des pieds, et il est impossible de les enlever avec la brosse. Plus vous brossez, plus vos habits se recouvrent de duvet. II ne faut rien moins qu'une eponge humide pour les enlever. La nuit, lorsque vous otez viitre panlalon, vous entendcz de petits craquements, et dans I'obscurite vous apercevez une serie d'etincelles. Durant la partie rigoureuse de I'biver, et surtout dans les maisons garnies de tapis epais et bien chauHees, on observe souvent des pheno- meiies electriques encore plus remarquables. Si vous vous pro- menez sur un tapis et qu'cnsuite vous approchiez le doigt d'un objet en mdlal, comme d'un boulon de porte, vous en tirerez une clincelle.

En traversant rapidement deux ou trois fois le tapis, vous pou- vez obtenir une etincelle d'un quart de pouce etplus de longueur qui vous fera sentir une piqilre cuisante. C'est ce qui rend quel- quefois certaines visiles assez desagreables; si vous presentez la main a un visiteur, vous eprouvez I'un et I'autre une commotion electrique. Une dame essayant de donner unbaiser c'lsonamie, en est saluee par une Etincelle qui s'elance de ses levres. Sa petite fiUe voulant prendre le bouton de la porte reroit un tcl choc

COSMOS. 315

qu'elle s'enfuit tout cffrayee. Dcs enfants plus grands se sont souvent amuses en faisant le tour du tapis h se donner reci- proquement des etincelles. Ces derniers faits sont les plus re- marquables dont j'aie moi-meme ete temoin, dit M. Loomis, mais j'ai appris que quelques autres maisons de New- York se sont montrees egalementeleclriques, et la plupart de ces phenomenes sont devenus si familiers a New-York qu'ils ont cesse d' exciter la surprise. L'electricite ainsi developpee presente le? phenomenes ordinaires d'attraction et de repulsion, et elle est capable d'en- flammer les corps combustibles. Ainsi on pent allumer quelque- fois un bee de gaz avec son doigt, apres s'elre promene sur le tapis d'un salon. L'abbe Raillard.

Voici un nouveau procede de fabrication de I'acide stearique ou palmatique de M. J.-R. Wagner :

On prepare aujourd'hui en abondance du sulfate de baryte auquel on donne les noms de blanc de banjtc, blanc fixe, etc. L'auteur propose de proceder a la fabrication de ce sel, non plus en decomposant le sulfure de barium par I'acide chlorhydrique , et precipitant le chlorure de barium ainsi produit par I'acide sulfurique ou le sulfate de sonde , mais de I'obtenir comme un produit secondaire dans la fabrication de i'acide stearique; c'est- ^-dire que, au lieu de saponifler I'huile de palme ou le suif par la chaux , on se servira d'une solution claire de sulfure de barium preparee par les moyens ordinaires de reduction du spath pe- sant. Le sulfure de barium se dedouble, comme on salt, par sa dissolution dans I'eau, en hydrate d'oxyde de barium et hydro- sulfurede sulfure de barium (hydrate et sulfhydrate barytiques). La saponification avec cette solution s'opere avec bien plus de rapidite et de facilite qu'avec la chaux. Seulement, en raison de I'abondant degagement du gaz sulfhydrique, cette saponification doit s'operer en vases clos. On brule le gaz sulfhydrique, et I'acide sulfureux qui en resulte est employe a preparer de Yantichlore (sulfite de soude).

La solution de sulfure de barium doit etre fraichement pre- paree, autrement elle renferme de petites quantites de polysul- lure de barium qui peuvent donner lieu a la formation des derives sulfures de I'acide palmitique et de I'acide oleique. Des impuretes de ce genre dans I'acide palmitique le rendraient impropre k la fabrication des bougies, parce qu'il se formerait de I'acide sulfu- reux comme produit de la combustion de I'acide gras souille par les produits sulfures.

316 COSMOS.

Lc palmitale ou Toldale de baryte oblcnu par la saponification est decompose par I'acide chlorhydriquc, puis ou separe, comme k I'ordinaire, i'acide palmiliqiie du melange des acides gras, el on precipite, au scin de la solution du cblorure de barium, du sulfate de baryte.

Au lieu des 1."^ pour 100 de cliaux qui servent aujourd'hui h la manipulation , il faut employer ;v3,3 pour 100 de sulfure de ba- rium, qui fournissent 62,^3 pour 100 de blanc fixe.

On pourrait aussi arriver au but en decomposant lc savon de baryte par I'acide acetique et obtenir ainsi de I'acelate de baryte pouvant remplacer I'acelale de plomb dans la plupart de ses applications techniques, entre autres dans la preparation de I'a- cetate d'alumine ; de cette maniere, on peat toujours avoir du sulfate de baryte comme produit final. II exisle probablement des circonslances oii , dans la saponiflcaiion par la cbaux,, on pourrait remplacer avec avantage cetle base par le sulfure de ealcium qui est soluble, et, ij ces divers egards, M. Wagner re- commande les considerations precedentes a I'atlenlion de ceux qui sont en mesure de faire des experiences en grand.

Voici un extrait de la letlre de M. Marlins k M. Flourens sur la -vitalile des graines transportees par des courants marins : u Les labs qui elablissent le transporl des graines par les cou- rants marins avaient vivement frappe les botanisles ; ils penserenl que ces courants devaientjouer un grand r61e dans la dilTusion des espeecs disjointes qui forment des colonies isolees sur des lies ou des continents separes par de vastes mers. Les geologues, surpris de I'uniformite de la vegetation des grands arcbipels re- pandus sur rimmensite des mers antediluviennes etaient encore plus disposes que les botanisles a considin'er les courants marins comme les principaux agents de la dissemination des graines k la surface du globe. Ces conclusions dpriwi n'avaient jamais.ele verifiees direclcment par I'experience. On ne s'etait jamais de- mande : 1" si beaucoup de graines sont speciftquement assez le- geres pour surnager h I'eau salee ; 2" si ces graines, apres avoir flottc longlemps k la surface de la mer, conservent encore leurs faculles germinatives.

Pour resoudre la question experimentalement, je choisis dans le catalogue du Jardin des Plan les de Monlpellier des graines re- cenles, el dont la germination ne manque jamais. J'en pris dans lesprincipales famiUes, preferant en general celles de granJe di- mension, pourvues d'un episperme dur et epais, ou bien celles

COSMOS. 317

do plantes litloiales : Ics premit;res devanl micux resislor i\ laction de I'eau salee, par leur volume et rimperaieabilite de Icurs en- veloppes ; les secondes ayant le plus de chances de geriner si elles venaient a echouor sur une plage sablonneuse.

Un premier essai consislait h savoir quelles sont les graines qui surnagent a I'eau de mer et celles qui plongent au fond. Sur qnatre-vingl-dix-lmitespeces,cinquanie-cinqsurnageaient;trente- neuf, au contraire, elaient specifiquement plus lourdcs que I'eau de la Mediterranee, dent la densile devant CeKe est de 1,0258; quatre graines se tenaient entre deux caux, leur pesaiiteur speci- tique elant sensiblement egale a celle de I'eau salee, ce sont : ne- lumhium speciosum, dalnra stramonium , juglans nigra, et gingho biloba. En resume, on peut dire que, sur un certain nom- Jjre de graines prises au hasard, les deux tiers surnagent.

'Pour experimenter Faction de I'eau de mer sur des graines (lottantps, je n'ai pas cru devoir les plongor simplemeut, comme on Fa fait recemmeut en Angieterre, dans des baquets remplis d'eau salee nalurelle ou arlilicielle. J'ai cherche k les placer dans les condilious physiques ou elles se trouvent lorsqu'elles flnitenta la surface de la mer. Une boile carree en tole ayant 0"',03 d'e- paisseur, divisee en cent compartiments egaux , rerut quatrc- vingt-dix-huit especes de graines ; chaque casecoulenait vingt graines de meme espece. Quelques grosses graines etaient au nombre de six, douzeoudix-huitseulemeut. Lespetites ne furent pas comptccs, j'en mis une forte pinicee. La bolle remplie, son coiivercle fut soutle. Les parois etaicnt pereces de pelilstrous par lesqueis I'eau pouvait entrer et sortir li!)rement.

L'apparcii fut fixe sur une bouee al'eutree du port de CeKe. Le mouvemenl des vagues, meme par une mer tranquille, soulevait la bouee, puis la laissait retomber de facon que la boile etait al- ternativement immergee et emergee. Les graines se trouvaient ainsi exposees •ad'action de Fair et de I'eau comme elles le sont quand elles flott«nt a la surface d'un courant marin. Amariee sur la bouee, le la fevrier 1856, la boite y resla jusqu'au r-- avril, savoir, sixsemaines; ouverte le meme jour, j"y Irouvai quarante et une espwces de graines sur quatie-vingt-dix-huit, conqjlelement pourries. Les autres, au nombre decinquante-sepl, furent sem^es ia)mediatement dans des pots remplis de terre de bruyere et pla- ces sous badie. Sur les cinquanle-sept especes de graines en ap- parence non alterees , Irente-cinq seulement ont germc. De ces trcnlc-cinq, il faut en retrancher dix-sept, qui, etant speciii-

318 COSMOS.

quement plus lourdcs que I'eau salde, n'auraicnt pu nager i la surface; cela roduil a dix -hult le iiombre des graines qui, apres six semaincs de llotlaison, auraientpu germer, placees dans les circonstances les plus favorables ; co sont : cakile maritima, nelumhiumspeciosum, linum marUimum , saliurus aculeatus, cu- curbita pepo, enjngium marUimum, scabiosa maritima, xanthium mncrocarpum, asdcpias cornuli, rumex aquaticus, salsola kali, beta vulgaris, euphorbia paralias, ricinus communis, ricitmsafri- canus, (jinglio biloba, ephedra distac.hga, pancratium maritimum , asphodelus cerasiferus. Teilcs sont les especes qui, apres une na- vigalion de six semaines, auraient eu quelque chance de s'^tablir sur Ic rivage.

Six semaines sont un temps tros-court, compare a coku que cerlaines grainos doivent resteren route pour naviguer d'un con- tinent a I'autre ; je resolus done de remetlre de nouveau a la mer les trente-quatrc graines qui avaient germe apres y avoir scjourne six semaines; elles furent placees chacune, au nombre de vingt, dans la merne boitc, quei'ataarrai sur la bouee, le 17 juin 1856; elles y demeurerenliusqu'au 18 septembre , savoir quatre-vingt- treize jours ou trois mois. Auboutde ce temps, onzedeces graines etaient reduites en putrilage. Je semai les vingl-trois restantes sous bftcbe ; neuf germerent; mais de ces neuf il faut en retran- cber deux, acacia juUbrissin et canna gigantea, qui ne surnagent pas a I'eau de mer. Restent done en tout sept especes qui auraient pu Hotter trois mois sur la mer sans perdre leurs facultes germi- natives ; c'est done un quart seulement du nombre total sur le- quel nous avons oper^ ; ces especes sont : cucurbita pepo, xan- thium macrocarpum, rumex aquaticus, beta vulgaris, ricinus communis, ricinus africanus et ephedra distachija.

Si Ton songe malntenant au concours prodigieux de circons- tances qui est necessaire pour qu'une graine (ichouee sur la plage fruclifie et y devienne le centre d'une colonie vegclale, on con- clura avec M. Alphonse de CandoUe que ce mode de transport si souvent invoque a dil avoir une part bien minime h la diffusion des vegetaux de I'dpoque actuelle et des dpoques geologiques ; or, le nombre d'esp6ces identiques, s^parees par de vastes mers, et que les sculs courants marins auraient pu transporter d'un con- tinent a I'autre, est assez considerable pour que I'idee de la mul- tiplicite des centres de creation acqui^re tousles jours plus de probabilite. »

COSMOS. 319

Fuits de inedecinu et dc cliirurgie.

M. Cesar Hawkins a le premier etudie la symptomatologie et le diagnostic de certains kystes ou tunieurs congenitales du cou multiloculaires, dont le traitement laisse beaucoup h desirer. On lui a oppose tour a tour la ponction, I'incision, la cauterisa- tion, le seton, ies incisions sous-cutanees; M. Roux, chirurgien en chef de la marine de Toulon, annonce qu'il a gueri deux tu- meurs de ce genre a I'aide des injections iodees, en prenant la precaution de faire de toutes ces loges separecs une loge unique ou un seulkyste dont toutes Ies cavites, ou le plus grand nombre possible communiquent entre elles. Pour arriver i\ ce r^suUat, il a recours a la section sous-cutanee,

M. Sardun , chirurgien de marine , a gueri , dans un grand nombre de cas , la pourriture d'hOpital S I'aide de cette meme teinture d'iode. C'etait sur des militaires francais blesses au si^ge de S^bastopoi et evacues de Kamiesch sur Constantinople ; I'en- combrement des vaisseaux , Ies difficultes de renouveler conve- nablement Ies pansements, la chaleur humide de TatmosphSre, tout avait contribue au developpement de cette redoutable affec- tion. Apres avoir hive avec de I'eau legSrement chloruree et bien nettoye Ies anfractuosites des plaios, il Ies badigeonna avec un pinceau trempe dans de la teinture d'iode pure , et le tout ful pause & sec. Les doulcurs se calm6rent assez promptement, et i'odeur infecte des plaies disparut. Dans deux cas ou la plaie etait recouverte d'une couenne epaisse, tenace, M. Sardun recourut d'abord ix un large vesicatoire, et n'employa la teinture d'iode qu'apres I'enlevement du vesicatoire.

M. Bailiarger avait presente k I'Academie de Medecine Irois alienes de I'asiie de Maine-et-Loire, affectes de pellagre. M. Gibert s'etait refuse b. voir, dans ces trois cas, une pellagre proprement dite; il les considerait comme des ery themes accidentels prove- nant de I'insolalion a laquelle sont exposes ces malheureux em- ployes aux travaux des champs. M. Ferrus repousse avec energie la pensee que I'introduclion des travaux agricoles, ci titre de moyen de traitement dans les asiles des alienes, puisse devenir la cause de semblables accidents ; et il affirme qu'ils ont diminue de frequence, au lieu d'augmenter, depuis que les malades sont assujettis a la regie si bienfaisante de travaux qui les soumettent, il est vrai, i Taction du soleil , mais aussi k I'air libre et avec les conditions preservatrices de mouvements incessamment varies.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance dti 14 scptemlre 1S57.

M. le presidenl fait connaitre a rAcademie la uouvelle (ic la mort de M. Largelcau, acadcmicien libre et membre du Bureau des Longitudes, ce triste evenement lui est annonce par \xne Icltre de M. Da ussy.

M. le miriistrc de I'agriculture et du commerce adressc a I'Academie un excmplaire en deux volumes de la liste des brevets d'invention.

M. Babinct communique une lettre de M. Goldschmidt, an- nonrant qu'il a retrouve la planete Daphne que Ton croyait perdue* M. (loldsclimidt donne la position qu'occupait cette planete le 9 septembre.

M. le marechal Vaillant adresse un ouvrage sur les inonda- tions par M. Valles, ingenieur en clief des ponts et chaussees. Get ouvrage, tres-remarquable, renferme, ditM. le marechal Vaillant, des eludes completes sur ce sujet; tons les systemes y sont dls- cutes, et I'auteur y expose les avantages qui resulteraient i>our ragricullure des moyens qu'il indique pour empecher les inon- dalions.

M. Matteucci adresse un extraitd'un travail dans Icquelilde- crlL les nouvelles experiences qu'il a faites sur la force Langentielle, developpce par les aimants tournants. Dans ces nouvelles exi^e- ricnccs , il a fait reagir I'aimant sur de I'or ou de I'argcnt Ires- divise, melange avec de la resine. Ces melanges obeissent bien mieux <^ I'aclion de I'electro-aimant lournant que les metaux compacles, etla force tangentielledeveloppee est plus considerable.

M. Mahislre, professeur h Lille, dcmande la pennission de retirer un Memoire sur la rupture des roues, parce qu'il a modifie son premier travail, et il adresse un nouveau Memoire sur le memo sujet; c'estson premier Memoire reclifle.

M. Du Moncel adresse un Memoire sur les contractions des forces des electro-aimants.

Un auteur, dont nous n'avons pu entendre le nom, adresse des considerations sur les logarilhmes des nombres, sur la ma- niere de verifier les calculs par logarilhmes, sur les amelioration* qu'il y aurait i faire dans les tables, et il propose un projet de nouvelles lob!es.

xM. le marechal Vaillant adresse une copie de la lettre qu'il

COSMOS. 321

a ecrite & M. I'ambassadeur de Russie aa sujet dcs balles de plomb^ qui avaient ete percees par des insectes, dans la campagne dc Crimee et qu'il a presentees a lAcademie dans la derniere seance. M. le marechal Vaillanl prie M. I'ambassadeur de Russie de s'in- former aupres des naturalistes du pays si le fait signale y avail deja <^te observe, si Ton connait le nom de I'insecte qui produit un tra- vail si Men execute et qui ue merite que des eloges comme tout ce que fait la nature, etc. L'inseete n'a pas ete trouve vivant dans les Lalles perforees; il y etait desseclie et avait 2 centimetres de lon- gueur. Suivant les naturalistes, il apparlient a la classe des by- menopleres, et ce serait un ocetonia ; mais, dit M. le marecbal, je ne suis pas entomologiste.

M. Dumcril lit un rapport au sujet de la communication de M. le inarecbal Vaillant. II a fait des recbercbes sur les especes d'insecles quirongentles metaux. Plusieurs fails analogues a ceux -qui vienneiit d'etre signales ont ete deja observes a des cpoques diverses. Reaumur lui-meiaie a decrit et figure I'instruuient dont se sort I'insecte perforant. II y en a de plusieurs especes; les uns sont dcs coleopteres munis de mandibules tres-fortes; les autres sont des insectes ayant un corps mou et des macboires faibles. Ces derniers ont une queue prolongee en scio qui Icur sort dc tariere. Des plaques typograpbiques, formeesd'un alliagebeaucoup plus dur que le plomb, et ayant plus de /i millimetres d'epaisscur, ont ete percees par des insectes de cette espece. Les fails signales par M. Dumeril ont ete observes par M. Audouin en 1833, par M. Pouillet en 1825, par M. Jules Desmarets en \Wa, par l\I. Du- bois, de Limoges :;en 18^3, par M. le marquis de Braine, ;'i unc epoque anterieure.

M. Regnault ccmmunique les recbercbes de M. Soret, de Geneve : 1" sur la correlalion des forces electro-dynamiques et des forces pbysiques; 2" sur la cbaleur degagec par un courant exterieuralapile, soumisou non a produirc un travail. La quan-

■' fit^ de cbaleur developpee est la meme dans les deux cas.

M. Babin^l presenle au nom do M. Soleil la note suivante sur Tecbelle numerinue des verres de lunettes :

« La note quej'ai I'honneur de soumettre au jugenient de I'A- cademie a pour but de reformer I'echelle numerique actuelle des verres de lunettes qui est presque ari)itraire, et de lui substituer «ne ccbelle ralionnelle.

Le systeme numerique actuellement en usage est l>ase sur le

322 COSMOS.

foyer exprime en pouccs que donnc chaque verre de lunette. II eu resulte plusieurs inconvenients :

Lc sGul fait de pailer en pouces lorsqu'on demande le nu- mero des verres aurait di\ faire rejeter ce syst6me an moins de- puis 18.'i0 (epoque ou le gouvernement a inlcrdit rusagc de I'an- cicn systemc des poids ctmesures).

Lc numero elant exprime par le foyer, il se fait qu'un dcgre tres-faible correspond a un numero tres-eieve, et plus le dcgre devient fort, plus le numero est faible.

L'echellc actuelle est absurde puisque les numeros ne se suivent pas. De plus, ils different de plusieurs pouces dans les verres faibles, d'un seul pouce dans les verres moyens, d'un 1/2 cl IjU de pouce dans les verres les plus forts, ct ue different meme pas progressivement.

J'ai dit que reclielle est presque arbitraire parce que la diffe- rence de puissance d'un verre a I'autre n'est pas egale et que cependant Ton voit que dans I'origine on a voulu egaliser ces differences.

En consequence, jc proposerais de remplacer I'echelle des nu- meros actuels par une echelle basee sur le grossissement des verres de lunettes.

A cet effet, je me sers do la formule _ =F qui se trouve

dans les ouvrages de physique. Je prends D = 25 centimetres qui est la mesure generalement adoptee comme longueur de la vue distincte moyenne, et prenant comme point de depart; un objet vu par un ceil normal et lui donnant une valeur de 100, la difference d'un numero ci un autre sera de 10, de sorte que le nu- mero 1 sera egal a 110, le numero 2 egal i 120, le numero 3 egal a 130, etc., ce qui fait que cbaque numero aura pour ainsi dire une valeur intrinseque.

On pourrait trouver la difference entre chaque numero un peu forte si on se reportait sur le commencement de I'echelle en pouces, mais je ferai observer qu'il y a tres-peu de personnes qui suivent I'echelle numero par numero, tandis que la plus.'grande parlie saule de plusieurs numeros a lafois dans les verres faibles ct, au contraire, demande des intermediaires dans les verres forts, ce qui s'explique tres-bien en jetant un coup d'oeil'sur ma table oui'aijiilace en regard les grossissementsetleurs differences correspondant aux numeros des verres. On pourrait, a la rigueur, faire des demi-numeros, mais sans grande utilite.

COSMOS. 323

Ce systeme a ensuite I'avantage que lorsqu'une personne se sert de deux numeros differents, il suffit d'unc simple addition pour trouver le numero correspondant ou pour mesurcr le foyer d'un verre faible avec un verre fort, et par une soustraclion pour un verre concave avec un verre convexe. Je proposcrais en outre de n'adopter que des verres periscopiques qui ont bicn moins d'aberrations que les verres de toute autre figure, ctqui, de plus, peuvent s'obtenir de plusieurs combinaisons de courbes spberi- ques , ce qui permeltrait aux opticiens de se conforiner a ce nouveau mode sans etre obliges de modifier leurs outils. »

M. Pellis fait la description d'un nouveau moteur electrique compose de deux electro-aimants en fer & cheval et terniines en cOnes. Les armures en fer doux sont faconnees en cornets dans lesquels s'engagent les extremites des electro-aimants qui les at- tirent alternativement sans arriver au contact, et font mouvoir une manivelle qui fait tourner un volant.

M. Le Verrier communique des observations nouvelles de M. Villarceau sur la cinquieme comete de 1857 qui est mainte- nant visible sur Fhorizon. Voici les elements qu'il en a deduits

Passage au perilielie, seplembre 18S7, 30,82337, temps nioyen de Paris

Distance perilielie, 0,3634532 (los;. r= 9,7308394)

Longitude clu ncBuil ascendant 15", ^^0' 39'',?

Longitude du perilielie 139 43 7,2

Inclinaison 123 57 48,0

VARIETES.

Sup la correlation des forces {ihyslqiics.

Leltre de M. Raphael de Napoli , professeur de {.liysique a(tacln- au Cabinet de S. M. le roi de Naples, a M. Seguin aiiiu. (^Suite et fio.)

IV. Apres cela, il m'a ete facile de discuter encore tous les fails observes par les cMmistes sur revolulion de la chaleur ct de la iumir-re dans les combinaisons; puis ayant expose la theorie de la rerrangibillte des rayons luinineux et caloriques du spectre so- laire, expHquee par M. Melloni, et indiquee dans les experiences de M. Drappcr, je suis arrive, je crois, a faire comprendre avec une grande clarle les phenomenes de la cbaleur, de la lamiere, les trois couleurs de la flamme d'une bougie, et les experiences d Humpbrey Davy sur la nature do la flamrae. Par le uienie moyen J ai expHque encore la luraiere phosphorescente de cnrlnines subs- tances ; celleobservee par M. G. Rose dans la cristallisation de I'a- cule arseuieux; et celle dela conibinaison dusoufre avec le mer- €ure indiquee par M. Ilighini. La conformite de mes vues avec M. Grove est bien frappante dans I'explication de la lumiere qui provient de Taction cbimiqne. Car il dit, page 21^ de I'ouvrage cite : (( Partout ou une chaleur intense est developpee, elle est ac- compagnee dc lumiere. Dans plusieurs cas dc combustion Icnte, «onime dans tous les pbenomenes de pbospboresccnce, la lumiere est en apparence beaucoup plus intense que la cbaleur ; la pre- miere etant evidente, tandis que la seconde est si difficile a de- couvrir... »

Puis pour completer Faction des dynamides sur les corps, je cherclie a discuter la dilatation des corps par la cbaleur, ct les plienomenes de I'ebullition, de la tension des vapeurs et de I'etat spberoidal de M. Boutigoy. Pour la lumiere, je resume toutes ses actions sur les corps par les pbenomenes du daguerreotype. Et pour acbever avec une distinction nette ce qui rcgarde la combi- naison et la simple solution, j'aborde la question du froid qui se produit dans le second cas, et je trouve avec M. Balestrieri, que le froid est le resultat d'nne modification du mouvemcnt vibratoire des molecules, communique k I'etlier qui les entoure. Parce que, si la chaleur est I'accroissement de Tare de vibration des atomes de I'etber, le froid est la diminution du meme arc produite par raccroissement de la matiere solide qui se desagrege pour se

COSMOS. 325

dissoudrc dans uu liquide. Ceci peut s'expliquer par lacomparai- son du son d'une corde. En eiret, si Ton a unc corde tcndue ren- dant un son qu'on appelle ut, et qu'on place au milieu d'elle un obstacle leger qui la partage en deux moilies egales, en la touchant pour en avoir un son, chaque moitie rendra lemOmet^nres-sen- sible de I'S" pins aiguii. Mais si pendant qu'elle sonne, Ton 6te tout i coup I'obstacle qui la divisait, elle entrera dans la vibration du premier ut et le son s'affaiblira considerableaient. G'est-&-dire qu'une masse divisee en deux moities, donne, dans les molecules de cbaque moitie, une amplitude vibratoire qui devient plus pe- tite quaud les deux parlies n'en font qu'une scale. Voila le froid; abstraction faite de la perte de chaleur qui se fait dans la solution d'un corps solide, par la communication du mouvement aux mo- lecules des parois du vase, et par le rayonnement peu sensible du milieu ambiant.

II est bien remarquable ce passage ou M. Grove, iudiquant I'o- pinion ou la theorie du docteur Wood relative a la chaleur des actions cbimiques, comme d'accord avec ses idees sur le froid, 11 deJinit cet etat des corps comme u la consequence d'un cbange- ment de consistance ou de cohesion : 11 fait I'eloge de ce physi- cien parce qu'il volt que, comme lui, 11 s'efforce de debarras- ser les sciences physiques autant que possible, des fluides hy- potheliques, des elhers, des entiles lateutes, des qualiles oc- cultes. » Et sur ceci, si je no me trompe pas, je suis alle uu peu plus loin que M. Grove, et je me suis plus rapproche de ce que reus dites, monsieur, pages 323 et 324 de I'ouvrage sus- indique, car je me sers de I'ether comme corps reel ii,on metaphysique. « Pour donner un exemple de la maniere dont les choses doivent se passer dans un cas particulier, cousiderons un corps qui, pendant une seconde de temps, tombe ou s'ap- procbe do la suiface de la terre; I'espace qu'il parcourra sera a peu de chose pres de 5 metres. Exprimons cetle relation par Tequalion V^ = 20E, dans laquelle V designe la vitesse et E I'es- pace parcouru. Gette vitesse de 10 metres sera suffisante pour faire rcmonter le corps a une hauteur de 5 metres, s'il reste a la surface do la terre; mais s'il vient a etre transporte sur un corps attirant dont Taction sur lui soil un million de fois plus grande que celle de la terre, il epuiscra sa force ou le mouvement dont il etait pourvu, et en rendra depositaire le systeme forme par 1^ masse de ce corps, d'une quantite egale h 0"', 000005, soil un deux centieme de millimetre, en perdant sa vitesse, qui diminuera

326 COSMOS.

comme les carres des temps ecoules pour parcourir ce petit es- pace.

« Une scule et meme loi doit done prdsider & tous les mouve- ments possibles des corps : celle des espaces parcourus comme les carres des temps et des vilesses. »

V. Avec la theorie des sons harmoniques et leur correla- tion, trouvee par M. StalTa, il m'a ete facile d'expliquer I'dlectri- cite des combinaisons, qui seraient le rhythme 5"= inferiem-e d'une 8' aigue, ou la U" de I'S" plus basse, et de mettre ce phenomena d'accord avec la chaleur et la lumiere. Bref, la chaleur, I'electri- cite, la lumiere, sont la triade harmonique des tons bas fonda- mentaux sur laquelle roule toute la musique et toute la serie des phenomenes physiques qui nous enlourent.

J'ai commence par poser comme resume general de tout ce qu'on connait de la mecanique et de la physique, que toute action qui engendre du mouvement donne de relcctricite; et admettant que les phenomenes chimiques sont des effets physiques des sys- temes d'atomes, j'arrive a croire qu'une tension electrique est une condition indispensable de la combinaison de tous les corps. C'est ici que je me suis rencontre encore avec M. Grove, qui dit : (( Dans les combinaisons ou decompositions nous trouvons la production de I'affinite chimique par I'dlectricite dont le mou- Tement a ete la source premiere. Enfin le mouvement peut k son tour etre produit par les forces qui sont emanees du frotte- ment. »

J'ai cherche, d'apres ces donnees, h affermir ce principe thdo- rique par les experiences faites par mon savant ami, M. Palmieri, qui etait arrive tout recemment a demontrer la tension electrique des elements dans I'acte de leur union chimique; contrairementci I'opinion de M. Malteucci, qui soutenait « que dans la combi- naison des elements il n'y a pas tension electrique sensible. » Je m'appuie avec toute assurance sur les conclusions de M. Pal- mieri, parce qu'elles sont aussiles miennes.

Ensuite j'entre en discussion sur I'electricitd dans les combi- naisons complexes et de double dchange, et j'admets dans mon ouvrage une electro-neutralite dans ces phenom6nes, bien que dans ce moment j'aic des doutes ci cet egard. Je passe de 1^ k la theorie electro-chimique de BerzeUus, qui croit que la polarity Electrique des elements est la cause du jeu des affinites chimi- ques, et je demontre que cette theorie est en desaccord avec elle- m6me et avec ses derniSres consequences. Je rappelle aussi que

COSMOS. 327

M. Sulzer, professeur h Berlin en 1767, a etd le premier a regar- der I'electricild de deux metaux diffdrents comme une vibration, et que I'illustre Volta etait de la m6me opinion; et je n'oublie pas que derni6rement M. Baudrimont a declare solennellement que Velectricite « est produite par un mouvement particulier dans les molecules elementaires des corps. » Enfm j'aborde une expli- cation de la polarite electrique comme effet, non pas comme cause, entre les elements qui s'unissent chimiquement , etje cherche k expliquer la polarite dans tout phenomene chimique par un fait tr&s-ancien oublie paries physiciens et rappeldpar M. Balestrieri, qui lui a permis d'expliquer la polarite dans les corps 61ectriques et magnetiques.

Le fait dont il parle est celui observd par MM. Laplace et Elicot sur le mouvement de deux pendules qui troublent leurs oscilla- tions quand ils sont soutenus sur le memej appui, et vibrent rbythmiquement quand leurs oscillations sont opposees. M. Ba- lestrieri voit dans ce phenomene la polarite positive ou negative de la vibration des molecules de chaque conducteur du courant electrique. Etmoi je.trouve une claire explication du phenomene de la concomitance des tons harmoniques observee par M. Staffa dans les trois tons bas fondamentaux de I'S^ diatonique; carle qui monte au 5" en passant par le 4% pour rejoindre r8% c'est I'oscillation de deux pendules opposes, I'un oscillant de gauche i droite du 1" au 5% I'autre de droite & gauche de I'S" au k" plus bas.

J'acheve cette partie de la correlation des phcnomenes qui ac- compagnent la combinaison chimique en rappelant la loi dyna- mique du celSbre M. Faraday sur I'equivalent de I'electricite dans I'union et la decomposition des corps dans toute action chimique. Vous voyez, Monsieur, que j'ai fait tout ce qui m'etait possible pour arriver aux memes conclusions que M. Grove, quoique avec une richesse moins grande de connaissances, de fails particu- liers, et sans le langage eloquent et fort du savant anglais, qui a su, comme je vous le dis au commencement, rendre utile une grande verite. J'espere pourtant avoir contribue pour ma part a etablir sur une base plus solide tout un systeme d'idees, qui fait de la physique et de la chimie deux branches instrumentales de la synthese grandiose (comme vous le dites tres-elegamment) du genie vaste et silr de Newton et du celebre Montgolfier. Je suis content de rencontrer, dans un aussi grand observateur et expe- rimentateur que M. Grove, les idees que je professe pour faire

S28 COSMOS.

mieux comprendre les sciences positives. Qaiconque lira Ic cha- pitre des affmites chimiqiies etmon ouvrapie sur la philosophie de la chimic sera, je pcnse, oblige d'admettre c( ou que M. Tirove a resume avec un grand genie mon oxivrage tout special sur la chimie, ou que j'ai dispose les vues de M. (irove pour en compo- ser un solide appui a la chimie et lui donner Ic caractere de science. Pour moi, je deduis une autre consequence plus rassu- rante pour I'humanite, et je dis que la science approche de son but en marchant sur le clieuiin du vrai possible, puisque des liomujes tres-elolgnes , sans s'etre jamais commuuique leurs idees, et travaillant avec methode et sans opinions preconcues, tombent natui'ellement sur des deductions si ideutiques, quils sont obliges de s'exprituer a peu pres avec les niemcs mots.

VI. Apres ce chapitre, je passe aux pbenomeiies que j'appelle I'esultats de rnnion chimique, et je commence a delinir comme consequence de 1' union des elements, la formation des composes.

Je donne un sens precis aux deux mots dtji recus dans les sciences nalarelles, et je range en genre et en espece tons compo- ses regardes du c6te purement chimique. En les definissant, jedis (1 que tout compose, pour avoir une existence chimique, doit con- tenir tons les elements qui Font forme, et dans une proportion relative deiinie. » Mors je suis conduit a la doctrine des propor- tions de/tmesei muWipies, et k la theorie des equivalents et des volumes, qui a rendu celebres les noins de Higgins, WenzeK Dalton, Richter et Gny-Lnssac; et abordant la determination ex- perimentale des equivalents des corps, je me sers de tous les re- sullats scientiliques des cliimistes les plus celebres de notre epoque.

C'est ici que j'acheve toutes les considerations qui sont du do- maine de la science vraiment positive. Je termine mon ouvrage par un chapitre tout h fait speculatif, auquel je donne le litre de fonctions chimiques, sur lequel. Monsieur, je vous prie d'avoir la bonte de soufTrir encore quebfues pages d'enlretien, parce qu'il y a quelques opinions particuheres que M. Grove a aussi touchees en passant dans son remarquable ouvrage.

Je pars de la consideration que tout corps, pour etre defini chimiquement et represente d'une maniere convenable, doit pos- sdder une maniere d'etre relative a un autre corps choisi pour point de depart. Voila ce que j'entends, avec les chimistes, par le mot fonction. Par cette definition, les elements d'une combinaison binaire sont en fonction i'un de I'auire; par consequent, ayant

COSMOS. 329

etabli d'avance cpie I'equivalent chimique est un systfeme d'atomes en poids, en noinbre et en disposition definis, le premier des corps qui aura uiie Couclion doit etre I'equivalent chimique des corps lui-meine ; des lors je me trouve engage a admetlre diffe- rents equivalenls cliimiques pour la meme substance, afin d'e\ iter la ditTicuIle que M. Grove a bien indiquee dans son ouvrage, pages 216 et suivantes, ou il dit : <( La doctrine des combinaisons en proportions dcfinies, qui sert d'une si excellenle manlere a relier la chimie a I'ekclricite voltaique, conduit aussi a la theorie atomique, laquelie, quoique adoptee dans sa generalite par la majorite des cliimistes, presenle de grandes dilQcultes qnand on vient a Tetendre a toules les combinaisons chimiques. Les rap- ports equivalents suivantlesqucls un grand nombre de substances se combinent cbiniiquement se trouvent verifies dans taut decas, que la theorie atomique est admise pai' plusieurs comme etantuni- versellement applicable et constituant une loi dela nature ; cepen- dant, quand on la suit dans les combinaisons des substances dont les attractions clumiques nmtucUes sont tres-faibles, le rapport des equivalents disparait, et Ton cherche a le reconstituer en ap- pliquant un coefficient dilTerent et arbitraire aux diilerents ele- ments conslituants. II est parfaitement canforme a la theorie ato- mique qu'une substance puisse etre forraee avec une partie combinee a huit parties, ou a seize,. ou a vingt-quatre parties ; car dans une substance ainsi formee, il n'y aura pas de subdivision de la molecule (supposee mdivisible), et c'est ce qui a lieu pour heaucoup de composes; ainsi l/i grammes d'azole se combinent respeclivement avec huit, seize, vingt-quatre, trentc-deux et qua- rante parties en poids ou grammes d'oxygene. Mais voici ou nait la difflculte : viugt-sept parties en poids de fer se combinent avec douze parties en poids d'oxygene, et viugt-sept parlies de fer se combinent aussi avec dix et deux tiers de partie d'oxygene. Ainsi, si nous retenons i'unite du fer, il faudra subdiviser Funilg d'oxygene; ou si nous retenons I'unite d'oxygene, il faudra sub- diviser les deux unites par un diviseur diilerent. Que devient alors la notion d'atome ou de molecule physiquement indivisible? Et en definitive, en mullipliant et en divisant par un diviseur par- ticuUer ehaque element, les chimisles ont reussi a representer toutesles combinaisons en termes derives dela theorie atomique; iTiais lis abandonnent la loi primordiale qui ne voit partout que des multiples definis, que des relations simples qui paraissent exister enlre le poids des elements des atomes et leurs combinai-

330 COSMOS.

sons, et qui les avaient conduits a radmeltre d'abovd. C'est-^-dirc qu'ils sont obliges de changer et de se contredii c dans les tennes, en divisant ce que leurs hypotheses et leurs notations leur avaient fait aduicltrc comme indivisibles. » Done pour moi, qui ne vois que des systemes d'atomes dans les equivalents, la division nutne- rique et leurs notations ne sont pas contradictoires, et je suis libre d'admettre, comme MM. Laurent et Gerhardt I'ont fait, des equivalents de corps simples differents pour le meme element, bien entenduque dans les composes ils exercentune fonction dif- ferente. Mors je range en une serie tous les equivalents possibles en partitions nunieriques qui pourraient appartenir h chaque ele- ment, en partant de I'equivalent numerique de I'oxygene ou hy- drogene comme type; et je fais observer en outre qu'il serait tres-important de modifier la notation adoptee, comme je I'ai fait dans un dernier ouvrage pour rendre les formules compara- bles entre elles. Enlin je trouve, comme M. Grove, que les chi- mistes ont multiplie et divise arbitrairement les equivalents des composes, pour les exprimer avec leurs notations, et les ont ren- dus incomparables sans s'en apercevoir; et, par cette deduction, je tombe tout juste sur I'observation du savant anglais qui a bien dit, page 221 de son livre : « En resume, en meme temps que je reconnais une grande verite naturelle dans les proportions defi- nies que presentent un grand nombre de combinaisons chimiques, et dans la marche par saut qui preside k la formation de presque toutes , je ne puis pas accepter comme un argument en faveur de la theorie atomique les combinaisons qui ne peuvent lui venir en aide que par I'application d'une notation arbitraire. »

Ensuile j'adopte I'idee de M. Gerhardt de rapporter tous les composes a I'equivalent de I'eau, et j'arrive a deflnir alors d'une maniere nette la fonction des elements en genre et en espece, pares que je range en elements basiques ceux qui fonctioanent romme I'hydrogene de I'eau, et en elements generiques, ceux qui fonc- tionnent comme Toxygfene de I'eau aussi. Apres cela, il m'est fa- cile de partager aussi les corps simples en radicaux simples et d'y rapporter les radicaux composes de la chimie organique.

C'est pour faire servir mon livre t I'instruction 61ementaire que je dois aborder la discussion de la fonction de sels, d'addes et de bases, et que je me declare favorable i la theorie des sels selon les idees de M. Davy, rendue plus exacle par mon illustre ami, feu M. Gerhardt ; et, par consequent, je deduis de cette maniere de voir la fonction d'acide et la fonction de base. J'explique les

COSMOS. 331

fonctions des corps copules, des corps singuliers, et je viens a la discussion d'un dernier chapitre intitule des reactions cliimiques, qui comprcnd presque tout ce que M. Grove a developpe admira- blementdans son cliapitrede Vaffmite chimique.

A'll. C'est ici, Monsieur, que je fais pressentir la nullite de I'u- sage introduit dans les ecoles cliimiques de donner k chaque ope- ration de combinaison on de decomposition, la tlieorie du pro- cede. Je rappelle I'oijinion de I'illusfre Berthollet a cot egard : (( Pour tenter des experiences, il faut avoir un but, etre guide par une hypothese ; et pour tirer quelque avantage de ses observa- tions, il faut les comparer sous quelques rapports et determiner au moins quelques-unes des circonstances necessaires, auxquelles cbaque phenomene observe doit son origine, afln qu'on puisseles reproduire, » et jamais liabiluer les eleves a croire expliquer tout ce qui pent arriver dans une reaction de plusieurs corps, comme on I'a fait dans tons les ouvrages. Par cette consideration, jedivise en plusieurs cas les, phenomenes des reactions qui font la base de la statique chimique de Berthollet, pour demontrer que tout I'ensemble des phenomenes qu'on observe dans les reactions multiples, pent s'expliquer quand on s'est habitue a considerer les INFLUENCES EXTERiEURES tant cU la chaleur et de la pression que du milieu oil les reactions se font, et de la solubilite et insolubiiite des produits qui se forment par faction qui reagit dans les com- poses particuliers ; enfm je demontre encore une fois couune fausse Yelectro-chimie telle que la voulait Berzelius, et je declare; que lejeu des metamorphoses des composes derive des conditions EXTERIEURES auxqucUes ils sont exposes, et qu'on arrive a les com- prendre d'une maniere toute propre et speciale, sans y voir une foule de forces parliculieres, mais bien un effct de Tatlraction newtonienne contrarie de diCferentes manieres par les conditions deja enoncees. J'arrive ainsi^ h monlrer que I'imraortel Newton avait parfaitement compris par la force de son genie toute \aphi- losophie chimique et I'avait exposee dans ces remarquables pa- roles :

AFI^ QUE LA NATURE PUISSE fiTRE DURAnLE, l'aLT£RATION DES £TRES CORPORELS NE DOIT CONSISTER OU'EN DIFFERENTES SfiPARATIONS, NOU- VEAUX ASSEMBLAGES ET MOUVEMENTS DE CES PARTiCULES PERMA- NENTES.

Je me trouve done avoir adopte les idees de I'immortel philo- sophe et avoir dej& formule mon opinion « que les phenomenes de toute melamorpliose chimique sont Veffet d'un jeu de vibra-

3f«af COSMOS.

fions rhxjthmique ou arhythmiqiies des atomes qui composent les syslenies moleculaires. et que Ics subst it u linns rt ies eliminations dependent de Visodynamie et de Vetennhjnamie des molecules dans le moment de la reaction, qui est elle-nifime dependante des circonstances que le chimiste realise dans ses proc(^des. »

Et vous Toyez, Monsieur, que je me rencontre aussi avec M. Grove, qui croit devoir « considerer Vaction chimiqne comme tine attraction ou un mouvement moUculaire. L'affinite chvniqxie produit le mouvement des masses finies, par la force qui resulte de son action moleculaire. »

Je suis fort interesse ci connaitre « les considerations sur les causes de la cohesion, toutes vos idees sur la reforme qn'il vous semblc indispensable d'inlroduire dans la science acluelle, en battant en breche la dislinclion qu'elle etablit enlre les corps ponderables et ceux qu'elle qunlifio improprement d'impondera- bles, et mettant k neant la supposition plus que douleuse dc I'dther. 1) Je comprends « les difficultes que vous eprouverez a heurter de front des idees emises et generalement adoptees par tons ceux qui cultivent cette partie de la science et en font I'objet de leurs etudes; » et Je crois que probablement vous I'airronterez avec succes, parce que vous a\*ez bien pose cette verite : « que chaque question scientifique a son beure et son moment quil ne depend pas de la volonte d'un seul homme de laire avancer ou retarder. » Permettez-moi d'attendre encore, pour etre tout a fait persuade sur I'uni^^te de la mati^re , car je ne vols pas comment vous expliquerez les phenomenes physiques sans la supposer au moins en deux etats differents bien distincls, cc qui revient au meme, que supposer une maliere pesante et une autre pas encore pesde, ou saisie.

Voila,' Monsieur, tout ce que j'ai fait depuis 18/i5 jusqu'a 1851, epoque de la publication de mon ouvrage, et depuis ce temps jusqu'a present, jc me suis de plus en plus forlihe dans mcs opi- nions, au point de croire que j'etais surle chcmin de laverile, et que personne de mes compatriotes n'avait voulu se donner la peine de me coinprendre (1). Depuis j'ai ^te toujours en garde sur les decouvefles de la chimie et de la physique, que je coorilon-

(1) I.a justice me Oiit iin devoir de ine souvenir de M. le i;eiieial commaiideur Francois d'Agostino, promoteur eclaire des sciences icchnologiques de noire pays ; ii ful le s. ul qui comprit i'lnliiei de nies prncipes, (j'.ii acci'pta la dedicace de mon ouvr.i[;e, et diiiyua in'accordcr sa proleciion. Qu'il soiillVe que je lui doune ici uii tc- moisiia;;e puldic dc mon esiime el Je ma profunde reconnaissance.

COSMOS. 333

nals a ma maniere, me disant a chaque decouverte : « Le temps s'approche oii la syntliese grandiose des phenomeaes de la nature doit etre faite, et lis doivent etre expliqiies par ime force, dewx es- pecrs de matiere avec des qualites diireienles et dn mouvemenl rhijthmique. » Vous me permeltrez, pour le moment, que je nc m'ex- pliqne pas encore a cet egard, quoique je puisse vous annoncer que je suis en possession d'un petit fait fort remarquable que j'ai montre ^i plusieurs de mes amis, et qui resume en lui toute la synthese que vous esperez. Et en I'exposant a deux de ces amis, tres-distingues dans les sciences philosophiques, ils se sont eton- nes de la simplicite de mon hypothese, rendue evidente par I'ex- perience. lis ont regretle avec moi que je ne fusse parfaitcment compris, afin que mes idees pussent avoir I'eclat que je leur sou- haitnis. Aussi, Monsieur, vous voyez clairement quelle joie a produit en moi la lecture de I'ouvrage de M. Grove et de vos savantes notes, et combien je dois remercier M. Palmieri, le phv- sicien distingue, a I'obligeance duquel je dois cette lecture, et i'espere lui devoir aussi votre amitie et votre scientifiquc appui.

Societe protcctriec des aniniaiex.

(Suiie et fin.)

Le dompteurds taureaux, parM. Vigan. (Medaillc de bronze.)

L'appareil invente par M. Vigan, -clief do culture a la colonic agricole de Petit-Bourg, est Men simple. C'est une bampe ou manche en boissolide, portant, a I'uuo do ses extreniites un cro- chet, a I'autre une courroie. Apres avoir engage le crochet dans i'anneau nasal, on couclie la bampe sur I'encolure et le dos de rauiinal, dont la tete est par ce moyen anienee et fkee dans ia position hofizontale. Le taureau se trouve alors dans I'impossi- bilile de frapper ou de resisler a la main qui le guide. Gel appa- reil fonctionne deja depuis longlemps d'une maniere utile.

NoKvelle miiseliere, par M. Dazel. (Medaille de bronze.)

Toutes les muselieres dont nous connaissons I'usage sont defec- tueuses. Elles sont, pour la plupart des chiens, une cause de gene <?t de souffrance, qiii n^est peut-etre pas etrangere au tk''velo'pi>e- raent de quelques cas de rage; car en tenanrforcemaiL les ma-

33a COSMOS.

choires rapprochees, dies rendent difficile ct incomplete la per- spiration pulmonaire, dont I'abondance est si grande chez ces animanx, principalonient h I'epoque des amours. M. Bazct, ancien interne des hdpitaux de Paris, atrouvelemoyen d'altenuer beau- coup Igs inconvenients de ce petit appareil. Sa museliere, tout en ofTrant les conditions de sccurile que I'administration prevoyante exige, perraet au chien, grace a I'elasticite de son tissu, d'ouvrir ]a gueule et de haleter librement. Sans courroies, elle s'attache avec facilite, tient parfaitement en place, et coute si pen, qu'ellc deviendra bienlot d'un emploi vulgaire.

Lunge retractile de M. Benjamin. (Mention honorable.)

M. Benjamin, medecin veterinaire, ti Paris, preconise une longc retractile en caoutchouc vulcanise, qui, depuis deux ans, est em- ployee avec succes dans diverses ecuries. Elle peut prevenir, et faire pcrdre au chcval ou au mulct I'haljitude souvent dangereusc pour eux aussi bien que pour ceux qui les approchent, ettoujours fort difficile h vaincre, de reculer, en tirant sur le licou, ou sui- vant I'expression consacree de tirer au renard. Si i'on en fait usage pour les animaux exempts de ce vice, elle les gene moins que toute autre longe, puisqu'elle leur laisse, etant extensible, une liberie de mouvements que les courroies ou les cordes ordi- naires ne peuvent leur permettre.

Transport des poissons vivants, par M. C. Noel. (Mention honorable.)

Un p6cheur des Vosges, M. Cyrille Noel, de Bussang, a mis en pratique, d'une maniere ingenieuse, un moyen de conserver la vie aux poissons que Ton transporte d'un lieu dans un autre, Ic trajet filt-il long. Ignorant ce que les inductions de la science avaient pu prevoir et les resultats de quelques applications non raisonnees, il a compris par une observation paliente, que I'aera- tion de I'eau, c'est-&-dire son melange avec une cerlaine propor- tion d'oxygene, etait indispensable & la respiration, k la vie des poissons. En consequence, il a dispose dans le reservoir servant au transport un compartiment ou sc meuvent des godcts, pour clever une partie de i'eau , puis la laisser rctomber d'une assez grande hauteur, afin que dans sa chute elle emprisonne des glo- bules d'air. II donne ainsi le moyen de preserver de I'asphyxie des milliers de poissons qui auraient peri si Ton eut essaye de les emporler dans de I'eau non battue, meme a une faible distance..

COSMOS. 333

Collier a ressorts, de M. Gamier. (Mention honorable.) Le collier a ressorts de M. Garnier, sellier-harnacheur, a Paris, a des formes qui sont bien en rapport avec I'encoluro et les epaules du cheval. II a pour garniture des ressorts minces, imbri- que's et courbes, qui sont fixes transversalement par des rivets sur deux lames de fer formant des attelles cachees sous une rem- bourrure de crin. Ce collier, dont les parois internes sont ainsi rendues tres-elastiques, est articule, dans le haut, par une char- niere solide; il pent s'elargir, se retrecir, a volonle, si I'encolure augmente ou diminue de volume. Pour cela, deux pieces, servant defermeture, sont disposees de maniere & glisser Tune dans I'au- tre, et sont percees de Irons correspondants pour recevoir une clavetle. D'une bonne confection, ce collier peut faire un long usage sans blesser le cheval.

Materiel a gricole de M. Moysen. (Mention honorable.)

M. Moysen, agriculteur h Mezieres, inventeur d'instruments in- genieux qui lui ont valu des medailles d'argent aux expositions generales, a dispose pour les taureaux dangereux un frontal qui les rend dociles, sans leur imposer aucune gene en leur derobant la vue des objets environnants, et leur laissant voir seulement assez pour dirigcr leurs pas. II a apporte en outre quclques ame- liorations aux moyens d'atlelage des chevaux de labour, et invenle un abri portatif pour les moulons an pacage.

Bottine de M. Meresse. (Mention honorable.)

La frequence du pietin et de diversrs autres maladies du pied, dont sont afTectees les betes ovines, a donne I'idee k M. Meresse' do Trosjy-Loire, departement de I'Aisne, dechausserles moutons d'une espece de bottine k semelle de bois, pour les garantir de I'humidite du sol, des souillures d'une litiere mal cntrelenue, causes les plus ordinaires do ces affections locales. Dans des cas exceptionnels, on pourra recourir avec avantageacemoyen, soit pour prcvenir le mal, soit pour aider a le gudrir.

Noiweau sijsdhne de lialage, par M. de Podio. (Mention honorable.)

^ Ge qui fatigue le plus les ciievanx employes au travail du halage, c'est la traction oblique et constante qui rend lour marche penible' fit paralyse une partie de I'eHort produit. M. le capitaine de Podio'

tU COSMOS.

dans un niemoire ti't'S-bien fait, propose une disposition qut per- nietlrait de mieux utiliser la force dcs clievaux, de diuiinuer en- core les depenses d'un mode economique de transport, de pre- server betes et gens des dangers qu'ils courent; souvent, en cffet, entraine par le courant, I'attelage est culbute, perdu, si le conduc- teur ne pent couper instantanement le cable. Sur le cliemin de halage, de 200 en 200 metres, on etablirait des poleaux portant une elarque ou grosse poulie, sur laquelle roulerait la corde ser- vant a romorquer le bateau, et dont la longueur seraitde 210 me- tres. Les chevaux tireraient parallelement a la berge, soulages par cette poulie de renvoi, dont on degagerait la corde, en ralentis- sanl leur marche, des qu'ils auraient un pen depasse le poteau suivant.

Le protecteur des animaux, par M. Godin, (Rappel de Medaille de vermeil.)

M. Godin, avocat & la Cour imperiale de Paris, apportc depuis deux ans a la Societe un concours precieux, par la publication de son journal le Protecteur, le Legislateur et I'Awi des animanx. Les questions les plus elevees toucbant au droit et au dogme y sont traitees avec un talent remarquable ,''avec une conviction fervente. Assurenient, les betes que nous protegeons nc sauraient avoir un avocat plus eloquent, un ami plus devoue.

de VV. Kemqurt et Cie, A. TRAMBtAY ,

f G;ir;incicrc, S. prop: u!aire-gerar.:.

T. XI, 25 septembre 1857. Sizi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

En lisant le Compte rendu de I'Academie des sciences, nos lec- teurs ne verront pas sans etonnement et sans admiration que M. Goldsclimidt, dans une seule soirde, celle du 19 septembre, a ddcouvert coup sur coup deux nouvelles petites plan6tes, la qua- rante-huitieme et la quarante-neuvieme du groupe. C'est un sue- c6sinoui dans les annales de I'astronomie, et d'autant plus extra- ordinaire que les deux petits astres sont presqu'alalimite de visi- bilite pour le faible instrument du modeste observatoire de la rue de I'Ancienne-Comedie. Nous ne comprenons pas, nousl'avoue- rons, que la joie, I'emotion, I'embarras de courir de I'un ^I'aulre des astres nouveaux, la crainte de les perdre, etc. , etc. , aient laisse k I'habile astronome assez de presence d'esprit pour qu'il put prendre lui-m6me, avec son simple micrometre, des positions dont I'exactitude est comparable a celle prise aux instruments meridiens.

Nous portonstrop d'interet k la popularisation de la lumiere ^lectrique et aux honorables inventeurs qui se sont devoues tout entiers k la realisation de son application en grand, pour ne pas revenir sur une experience dont le recit nous avait echappe, et qui est ddja Tieille de date. On lisait dans le Courrier de Paris du 24 aoiit dernier :

(( Aussitot le feu d'artifice termine, I'immense esplanade du Champ-de-Mars s'est subitement illuminee d'une lumiere eblouis- sante ; et, malgre le temps sombre et pluvieux, la circulation et I'ecoulement de la foule se sont faits avec la meme facilite qu'au milieu de nos rues les mieux ^clairees. Cetle lumi6re etail due a sept magnifiques lampes photo-electriques de I'invention de MM. Lacassagne et Thiers.

Ces lampes avaient etd placees sur le clocheton du pavilion central de I'ficole-Militaire. Les piles qui les alimentaient etaient etabhes sur la plate-forme de I'un des pavilions voisins. A cause du mauvais temps, les appareils avaient du etre abrites sous un petit pavilion rapporte, dont la construction a une pareille hau- ls

338 ^ _,. .. COSMOS.

teur n'etait pas sans difficulte pratique. La pose des conducteurs <|ni reliaient les piles et les lampes presentait aussi bien des obs- tncles dans de tellcs conditions; nous devons cependant h la vorile de reconnaitre que tons ces obstacles ont ete heureusement aplanis par I'intelligence et I'activite qu'ont deployees MM. Thiers, I'un des invenleurs, et Petit-Pierre Pellion, ingenieur civil des mines, qui s'occupe activement du progres industriel de la lu- miere electrique.

Ge progres, d'ailleurs, est une chose anjourd'hui deQnitive- ment constatee par le fait memo de I'eclairage du Champ-de-Mars.. L'administration de la ville de Paris avait, en effet, demande cet- iklaiiage, non point comme rejouissance, mais bien comme laoycn de ressource de silrete publique. L'initiative de cette louable mcsure est due k MM. Lefort et Galland, architecles en cJief des fetes.

.Pendant que cette espece de soleil nocturne projetait sa lu- miere sur les UQ hectares i eclairer, M. Legrand, ingenieur de- I'sdministration des phares , lancait, de la hauteur qui domine- ieiablissement de Chaillot, un faisceau de lumiere electrique ha- bilement combine avec le premier. A minuit, ce phare eclalaat s'cleignait, et MM. Thiers et Pellion interrompaient aussi le fonc- tlonncment de leurs sept magniflques lampes.

Cet eclairage a ete organise presque a I'improviste. La Societe lyonnaise, a laquelle il avait ete ordonne, n'avait que cinq jours (ievant elle pour transporter a Paris ses appareils, faire les cons- Imclions neccssaires et tout mettre en place. Aussi doit-on ap- plaudir & I'intelligence que ses representants ont deployee dans cette circonstance difficile. II est a remarquer de plus que cette promptitude d'installalion est un argument d'une grande force en faveur de I'eclairage electrique, puisqu'en si peu de temps on a pu deplacor, installer et faire fondionner tout un attirail dont le pouvoireclairant est si considerable.

Quel temps et quel travail n'eut-il pas fallu pour obtenir le meme resultat avec des appareils a gaz, dont le sejour dans le sol est <i'ailleurs si nuisible k la vegetation sur nos promenades ;publi- qucs! ))

La Compagnie de chemin de fer de I'Est, apres la c^remonie de I'inauguration de I'embranchement du chemin de fer de Cha- lons au camp, a appele I'attention de I'Empereur sur une loco- motive i laquelle on a faitTapplication du systemede combustion .sausfamee, de M. Dumery. Le foyer, alimcnte excliisivementavcc.

COSMOS. 339

de la houille fameuse de Sarrebruck, ne laisse cfl'ectivcment echapper aucune famee ; I'appareil I'aneantit complctement, on mieux il ne la produit pas. G'est la combustion re'alisee dans'des conditions parfaitement rationnelles. La niarche ascendante obli- que du combustible est operee de telle sorte que , contrairement a ce qui se pratique, ce sont les gaz de la houille qui se dissipent et s'enflamraent les premiers ; la portion solide ne brille qu'apres les gaz et lorsque la combustion est en pleine activite. C'est dans un tres-petit espace la reunion ou la succession des phenomenes de la distillation des gaz, de leur combinaison avec I'oxygene, de leur inflamraation a leur sortie de la masse combustible, de I'ignition enfm des parties solides , c'cst-c'i-dire du cokene'sur place. Le charbon ne reroit h I'avance aucune preparation, il est employe tel que la houillere Je donne ; grace a I'heureuse dispo- sition du foyer, la totalite des principes combustibles est ulilisee sans projection dans ratmosphere de residus sales et insalubres.

La Presse annonce dans son dernier bulletin scientifique, que sa majeste I'Empereur a eu la pensee de chercher dans le systeme des trains articules de M. Arnoux , le moyen de realiser une ligne ferree de campagne, susceptible d'etre installee rapide- ment et de se plier aux difficultes principales du terrain. Elle avail charge I'habile inventeur de realiser son projet. Gelui-ci a fail fa- briquer au Creuzot k a 500 metres de voie-rails-Vignolc, entre- toises par des bandes de fer plat. L'ecartement est d'environ uii metre; le rail pese 13 kilogrammes par metre; la voie se compose de plateaux de 2 metres, qui pesent, rails etentrctoises, 100 kilo- grammes , et que quatre hommes peuvent facilement porter et installer. Les rails -plateaux sont reunis k la suite par de simples chevilles et avec une promptitude etonnantc; on a construitpour rouler sur ces rails de peLits wagons articules deslines au trans- port des troupes, des ambulances et de Tartillerie. Dans la plupart des circonstances, on pourra se passer de locomotives, la vitesse des chevaux suffisant generalement aux besoins du service. Le premier essai de chemin de fer militaire fait dans le pare reserve' de Saint-Cloud , a donn6 des resultats tres-satisfaisants. Apres avoir parcouru toutes les courbes possibles sur un plan horizon- tal, apres avoir decrit des cercles de 20 et meme de 15 metres de rayon, la voie s'elevait le long d'une rampe de 5 centimetres par metre et gagnait ainsi le plateau superieur du pare.

Sa majeste le roi de Naples a voulu qu'on fit des recher<'fTes d'ensemble et tr6s-approfondies sur les r'^^esse- iMhtorales li-r^m

340 COSMOS.

royaume. Ges recherches ont couduit a la decouverte d'un grand nombrc dc bancs de houille ; I'un de ces bancs, silue pres de Ge- race, est deja en voie d'exploitation. On a trouve dans le voisinage de Mongiana et de Ferdinandea des gisements de fer qui, dansles premiers six niois de celte annee, ont fourni 30 000 cantari de minerai. Apres trois ans de sondage dans les Apennins, on a enfln mis k jour les mines de San Donato et de Campoli,'qui ont fourni chacune /lO 000 cantari de minerai, Les mines de San Donato comptent dejci quatre galeries et le minerai est de tres-bonne qualite, c'est comme k Campoli un oxyde de fer hydrate.

Jusqu'en 1847, on a considdre le fameux mont Dewalagiri, situe dans le Nepaul , par une latitude de 28° 41' 48", et une lon- gitude de 81" 11' 44", comme le sommet le plus eleve du globe ; sa liauleur avaitete fixee a 8 176 metres. Le colonel Waugh a d6- couvert depuis cette ^poque que le Kattnchinjinga, situe dans le Sikkim par 27° 42' 8" de latitude et 85° 51' 2 " de longitude , etait haut de 8 528 metres et depassait par consequent le Dewa- lagiri de 406 metres. Un autre pic innome, dont la hauteur a ete aussi mesuree par le colonel Waugh, etque celui-ci propose d'ap- peler mont Everest, aurait 8 840 metres de hauteur, 258 metres de plus que le Kanchinjinga, 664 metres de plus que le Dewa- lagiri, 4 030 de plus que le Mont-Blanc; sa latitude est 27° 59' 17", sa longitude 84° 37' 42".

M. Herman Pogson a adresse h YAthencBum anglais du 22 aoiit, une lettre que nous voyons aujourd'hui pour la premiere fois; il dit : « Je prends la liberie d'appeler I'attention de vos lec- teurs astronomiqucs sur la decouverte d'une nouvelle petite pla- nele que j'ai faite hier soir, pendant que je comparais une carte manuscrile avec certaines regions du ciel. II est bien possible que la nouvelle planete nesoit autre chose que la petite planete Daphn^, decouverte par M. Goldschmidt et puis perdue, comme on salt; mais je pense qu'il est plus probable que I'astre dont je parle formera le 46' du groupe d'asteroides enlre Mars et Jupiter. Les positions observeesetcorrigees soigneusement sont :

iS36

16 noi'it.

Ascensinr

iJroite

DeclinaUon sud

T. M. de Gre.i

with.

.n,)p,,rp

lie.

appareote.

.. 9^ M""

13»

20'' 20°'

2-i%16

160 20^ 53»^j

10 55

27

20 so

2S,6l

16 21 2,0

12 34

54

?0 20

22,69

16 21 18,4

Grandeur, 111/4, mouvement diurne, 39" retrograde et 3 '34" sud. Celte planete fut trouv^e avec le telescope Smythian de cin-

COSMOS. 341

quante pieds de I'observatoire d'Hartwell House , et son mouve- nient fut prouve a I'aide d'un excellent chronometre, sorti des ateliers de M. Cli. Frodsham dc Londres. »

M. Payen a communique a la Societe d'agriculture : une lettre qui lui a etd adressee par M. Masse, au sujet d'une maladie qui attaque les poiriers; et 2" une note de M. Montague, en reponse k cette lettre. La note fait connaitre, d'apres I'examen des feuilles enyoyees par M. Masse, que la maladie dont il s'agit est occasion- nee par Yo'idium concellatum ; que ce champignon etant endo- g6ne, il n'y a aucun moyen d'en prevenir le developpement; qu'on peut seulement diminuer I'intensite du mal en prenant le soin d'enlever avec la main, a mesure que les taches se produisent, les feuilles attaquees.

M. Chevreul fait connaitre que cette meme maladie a sevi aussi, cette annee, sur diverses ^^arietes de poiriers aux environs de Paris. Les vieux poiriers exposes au couchant ont ete atta- ques les premiers; mais ceux exposes au levant ont ete altaques depuis. Avant I'apparition du champignon les feuilles sont attein- tes de chlorose; M. Chevreul pense qu'il serait interessant d'ex- perimenter, en cette circonstance, le procede indique autrefois par M. EusebeGris, et qui consiste dans I'emploi de solutions fer- rugineuses. Cette methode a ete employee au jardin des Plantes, et on en a reconnu I'efficacite.

Nous lisons dans VAthenceum anglais : « Le general Sabine vient d'etre elu membre associe de I'ordre de merite de Prusse, en remplacement de feu M. Cauchy. Lorsqu'une place devient vacante dans cette institution scientifique , trois candidats sont elus et presentes par 1' Academic des sciences de Berlin; leurs noms sont soumis au roi qui, comme chancelier de I'ordre de merite, a seul le droit d'elire les membres. Jusqu'a present, le roi a toujours cboisi le candidat qui avait obtenu le plus de suffrages & I'Academie; S. M. a agi de meme cette fois-ci. Le nombre de membres a&socies est limite'a trente pour la section scientifique ; de ce nombre, il y a maintenant sept savants anglais , savoir : MM. Airy, Brewster, Brown, Faraday, Herschel, Owen et Sabine.

Nous regrettons d'avoir a ajouter encore deux noms k la liste deja trop longue des deces de savants distingues qui ont succom- h€ pendant la presente annee. La geologie vient de faire deux grandes pertes par la mort de M, le doyen Conybeare et celle de mademoiselle Ehsabeth Philpot. La reputation de M. Conybeare, qui etait depuis longtemps un des gdologues anglais les plus dis-

U2 COSMOS.

Singuos, est trop connue dc nos lecteurs pour que nous insistions fcl sur sGS travaux. II est inort vers le milieu du mois d'aoilt, k Hcheu Stoke, dans le Hampshire. Mademoiselle Elisabeth Phil- pot a passe plusieurs annees ix cludier, avec sa savante com- pagne miss Mary Anning, la belle formation du Lias qui se trouve sur la rdte d'Angleterre a Lyme-Regis. Le resultat de ses etudes in- fatigables a ele la formation de la precieuse collection geologique q,ui se trouve actuellement a Lyme, et qui est souvent visitee par les plus savants geologues anglais ou elrangers. Les cchaulillons fes. plus remarquables de cette collection de mademoiselle Philpot mn ete dessines et reproduits dans les ouvrages de Buckland, i'Agassiz, etc.

Faits de i'industric.

LFS LAURfiATS DE L'INDOSTRIE EN 1857.

La Societe d'encouragement, riche, puissante, et qui compte dans son Conseil tous les nonis illustres de la science appliquee, est le centre vers lequel convergent les progres incessants de linduslrie; le tribunal qui prononce en dernier ressort sur le merite des inventions et des ceuvres nouvelles, en donnant une consecration solennelle aux fails resultant de I'experimentation mgi'and; le trdne enfm d'ou descendent les recompenses pro- pjortionnees au merite de chacun des concurrents. Elle a tenu sous la presidence de M. Dumas, le 3 juin dernier, la seance publique dans laquelle chaque annee elle distribue ses medailles d'or, de platine, d'argentct de bronze. L'ensemble des rapports, m general tres-courts, lus a I'appui de la recompense decernee, iorme un resume presque complet et tres-piquant du mouve- mcnt iudustriel en 1856 ; le Cosmos est heureux de le reproduire, el i.l I'aurait fait il y a deja quelques semaines, si le respect des convenances ne I'avait pas oblige a attendre que ces rapports fus- sent publies d'abord dans le Ballelin, organe de la Socieie.

jifeDAiLf-E d'ou.

i" Rechaxhes relatives aux cngrais dc mer, par M. Isidore Pierre. Ces belles recherches, en eclairant les agriculteurs sur la valeur des engrais de mer, dont la puissance fertilisante est si grande, ont rendu i I'agriculture un service eminent.

2" Enduit pour VimpermeahUisaiion des tissus. Deux ha-

COSMOS. 3Ij?

biles chimistes, MM. Sacc et Jonas, ont trouve vers 18Zi5 et 18^8, qu'en faisant reagir I'liuilc de lin et I'acide azotique dans des conditions determinees, on oblenait une substance elastique^ d'apparence membraneuse, qui fut designee sous Ic nom de caout- chouc des huiles; mais ils ne paralt pas qu'ils aient soupconn^, I'utilite du nouveau produit.

En 185/i, M. Sollier, dont les connaissances pratiques fort avancees sur la fabrication du caoutchouc ont ete si dignement encouragees par la Socidte, s'etait persuade, sans connaitre les travaux precedents , qu'il arriverait a preparer avec de I'huile de lin un enduit susceptible de rivaliser avec le caoutchouc dans ses applications. II se mit done a I'oeuvre, et poursuivant son idee avec opiniatrete, il parvint, par Faction de I'acide azotique sur I'huile de lin lithargiree, h composer une maliere plastique douee de proprietesaussiremai'quablesqu'inattendues. Get enduit a 6te utihse avec le plus grand succes, pour la fabrication des toiles, des cuirs de sellerie, et de certains articles de voyage, d'une souplesse et d'une proprete qui ne laissent rien a desirer. II s'applique sur les eto/Tes, le bois, la pierre, le fer et d'autres metaux, en y contrac- tant une adherence remarquable. II adhere a tous les tissus sans les penctrer ni les alterer. En vue des applications serieuses et va- rices que ce produit vraiment nouveau a dej^ recues, en vue de I'essor inespere de sa fabrication, nee en 185i et dont I'impor- tance s'eleve au chifi're d'affaires de 800 000 fr., le conseil consi- dere I'ensemble des produits Fritz-Sollier comme une creation manufacturiere exceptionnelle, tant par leur duree et leur has prix, que par les moyens mecaniques, simples et ingenieux mis en usage pour enduire les tissus,

Traitement du caoutchouc. MM. Aubert et Gdrard, dej&laa- reats de la Societe, se presentent avec des litres nouveaux etplu^ importants encore, parmi lesquels figure le traitement du caout- chouc sans dissolrants. Apres un dechiquetage mecanique et le lavage, le caoutchouc est agglomere par pression, converti parle laminoir en feuilles sans fin, ou refoule en tubes sans soudure. Ces feuilles leur servent & faire des flls carres excellents, qui ont chez eux meme fait concurrence aux fils ronds, dont on a pu ap- pr^cier I'ing^nieuse fabrication. On reprochait au caoutchoU'C vulcanise, doue de proprietes si precieuses, de devenir cassant, surtout lorsqu'on I'expose a un degre de temperature elevee, par exemple, dans son application aux joints des generateurs de vapeur. MM. Aubert et Gerard, partant d'une thdorie qui leur eSt

344 COSMOS.

propre, out livre au commerce un caoutchouc dit alcalin, qui a

resisld aus eprcuvcs^les plus decisives ct a recu la sanclion de la

pratique.

k" Construviion et perfectionnemcnt da stereoscope. Les tra- Taux de M. Duboscq sur Ic slereoscope out pani au Gonseil diJ^nes dcs plus grands encouragements. L'idee premiere de cet instrument et sa theorie sont dues k M. Wlieatstone, dont le nom est cclebre k si juste titre. Neanmoins cette'decouverte si inge- nieuse est restce sans application pendant de nombreuses annees ; les savants n'y ont vu qu'une conception des plus originales, les conslructeurs qu'un instrument curieux destine a figurer une fois par hasard dans la serie nombreuse des experiences qui accom- pagnent un cours de physique. I\I. Duboscq a compris, le premier, toute la portee que cet instrument pouvait avoir dans I'avenir. Encourage par M. Brewster, il a execute le premier stereoscope portatif; il a su, par une construction legcrcet commode, rcndre Temploi de cet instrument facile. Par des collections d'epreuves prises sur des objets d'art, des fleurs, des objets d'histoire natu- relle, des dessins geometriques, il a su, des le debut, faire pres- sentir toutes les applications que cet appareil pourrait recevoir et en assxu-er, par cela meme, le succes. Aujourd'hui la fabrica- tion du stereoscope et de tous seslaccessoires est devenue une Industrie dont les produits s'elevent annuellement h un chiffre de plusieurs millions.

En resume, M. Duboscq a,;ie premier, construit le stereoscope sous une forme commode et pratique; il en a ameliore les effets, sign ale les applications, et a assure le succes de cet instrument, nidconnu naguere et si populaire aujourd'hui; il a rendu, par cela meme, un veritable service aux sciences, aux arts et b. I'in-

dustrie.

Appareils de precision, Comparateur du metre, Soupapes en caoutchouc. En mai 1854, la Societe decernait a M. Perreaux la medaille de platine pour son dynanometre a essayer les tissus; et ce jugement a ete ratifie par des administrations publiques, des Compagnies industrielles en France, k I'etranger, car dans I'espace de trois annees h peine, M. Perreaux a livre cent cin- quante-six de ces appareils qui fournissent des indications si nettes ct si precises sur la resistance des tissus, des feutres, des papiers. Sous I'inspiration directe de M. Mean, membre du Con- sell de la Societe, sur ses indications et avec son concours, M. Perreaux a 6ludie le phrosodynanometre, instrument propre a

COSMOS. 345

mesurer la resistance des fils h la rupture par traction et par tor- sion, et il a su reunir dans cet appareil des conditions (iminem- ment heureuses et neuves. II a livre recemment h Tadministration de la guerre , h I'ecole d'application de Metz, des dynamomtjtres puissants , habilement combines pour leur application aux presses liydniuliques.

En Janvier 1857, le Conseil approuvait un rapport fait au nom du Comite des arts ecomiques sur un comparateur du metre, sur une machine a cliviser la ligne droite, a diviser et a refendre des disques circulaires, concus et executes par cet intelligent et habile constructeur. Ce rapport faisait ressortir la perseverance et I'habile direction des travaux de M. Perreaux dans I'etude et la construction des instruments de precison de genres tres-varies. Dire que M. Perreaux a livrd deja quatre de ses beaux compara- teurs a I'etranger, cinquante machines a diviser, seize machines a refendre , c'est faire ressortir une fois encore la concordance entre les appreciations de la Societe et I'opinion de tons les hommes competents.

Enfin, le 12 novembre 1856, le Conseil a entendu et approuve un rappoi't du Comite des arts mecaniques sur des soupapes en caoutchouc et sur une pompe agricole, concues et executees par le meme constructeur. L'avenir et I'utilite pratique de la soupape de M. Perreaux sont juges k celte heure, puisque dej^ les inge- nieurs des chemins de fer Font appliquee aux pompes alimen- taires des locomotives. Bien que recents, ces essais autorisent plus que des esperances. Sous I'instigation de M. Barral, membre du Conseil, M. Perreaux a construit une pompe remarquable par sa simplicite, sa legerete, son installation facile, ses assemblages a vis toujours simples et bons , avec sa soupape et son piston en caoutchouc. Get utile et modeste appareil a ete rapidement ap- precie, puisque deja M. Perreaux en a livre plus de cent trente exemplaires. La Societe veut recompenser en M. Perreaux la Constance du travail dans la construction des instruments de pre- cision, et une ingeniosite remarquable dans I'etude et la concep- tion de leurs agencements ; elle veut encore encourager ce jeune et intelligent constructeur pour avoir su tourner, avec bonheur, ses recherches vers d'autres appareils qui, moins deiicats, sont d'une utility et d'un usage plus generaux, pour avoir rendu un service reel a I'industrie agricole , notamment, en creant en meme temps une excellente soupape, une pompe bonne, simple et ^conomique.

Vi$ COSMOS.

6" Dj/nanometres nonveaux. M. Clair a presente , cette an- nec, a la Societe uii dynanonietre de traction et un dynamom6tre de rotation. Le ressorL dii dynamom(ilre de traction a la forme d'une spiralc allongeo, en forme de tire-bouchon. La tige, h la- ^uelle est appliquee la force, passe dans I'axe du ressort et est C\ee a la spire du plus petit diametre. Les deformations du res- sort, dans le sens de son axe, sent sensiblement proporlionnelles aux elTorts qui les produisent. Le ressort en spirale pent etre loge dans uue boite en fonte de dimensions tres-petites, ce qui rend I'appareil tr("'s-porlatif et particuliurement applicable aux charrues, charrettes et autres machines agricoles. M. Grand- winet, h la ferme experimentale de Grignon, s'en est servi, avec avantage, dans un grand nombre d'experiences. Les cylindres &ur lesquels s'enveloppe, avec une vitesse proportionnelle a la "xitcsse do translation de la machine, la bande de papier sur la- ' quelle le style fixe a la tige de traction trace son empreinte, sont fort simplement et habilement ajustes.

Le dynamometre de rotation a un ressort tourne en helice au- tour de I'arbre qui porte les deux poulies, dont I'une est conduite par le moteur, et I'autre transmet le mouvement k I'outil. L'une de ces poulies est fixe; I'autre folle sur I'arbre. Leurs moyeux sont lies par le ressort helicoide. Leur deplaceinent angulaire relatif mesure I'un des elements de la quantite de travail transmise k I'outil; I'autre element est proportionnel h la vitesse de rotation de I'arbre. Le deplacement angulaire relatif des poulies est trans- forme en un simple mouvement rectiligne d'un collier qui em- brasse I'arbre sans tourner avec lui, et qui porte le style. La bande de papier sans fin, sur laquelle il laisse sa trace, s'enve- loppe et se devcloppe sur des cylindres avec une vitesse propor- lionnelle a la vitesse de rotation de I'arbre. Get ensemble du style et des cylindres ne participe en rien a la rotation de I'arbre et des poulies, de sorte que les indications de I'instrument ne peuvent etre, en aucun cas, faussees par Taction de la force cen- Mfuge. Tout cela est realise par des combinaisons fines et inge- nieuses, comme celles que M. Clair a deja appliquces h I'indica- teur de Watt, pour transformer le mouvement circulaire alter- uatif en circulaire conlinu, sans perte de temps sensible.

1" Frein aulomoleur pour chemins defer. Lesfreins automo- teurs que M. Guerin a soumis k I'examen de la Societe sont mis en jeu par le deplacement de ressorts , sur les extremites des- <^uels s'appuient les tiges des tampons de choc. Lorsque le meca-

COSMOS. 347

Tiicien vient k determiner le ralentissementde la locomotive etdu tender par la fermeture du regulateur, le serrage du frein ordinaire dii tender et les autres moyens qii'il a a sa disposition , cliaque voiture du train presse celle qui la precede, en vertu de I'exces de sa propre vitesse ct de la prcssion qu'exerce a son tour sur ellc la Yoiture qui la suit. 11 on resulle que les tiges des tampons s'enfoncent successivement, d'autant plus quo les voitures sonl plus rapprochees du tender. Get cnfonccment est asscz grand pour mettre en jeu les freins et arreter la rotation des roues de toutes les voitures, sauf les trois ou quatrc qui sont tout h fait a I'arriere du train. Ce qui caracterise le systeme de Rl. Guerin, le distingue des autres systSmes essayes anterieurement, et Ic rend d'un usage facile et sijr, c'est qu'il n'exige I'addition d'aucune liaison entre les voitures autre que les moyens d'attache ordinai- rement usites; que cependant les freins n'agissent point lorsque les voitures reculent par I'impulsion a bras d'hommes ou Faction de la locomotive dans les manoeuvres de gare ; qu'enfin les freins qui ont ele mis en jeu par le raccourcissement du train qu'a de- termine le ralentissement de la locomotive et du tender se des- serrent spontanement par Ic seul elTet de la dilatation du train due ci Taction de contre-ressorts, apr6s que le train est complete- ment arrete. Les freins automoteurs de M. Guerin fonclionncnt regulierement et avec succes, depuis plus d'un an, sur le cliemin de fer d'Orleans et qnelques autres lignes.

[La suite au prochain numero.)

Fails de luedccine et de cliirurgie.

Analysant un travail important de M. Follin, M. Paul Broca appelle I'attention sur les heureux effets qu'on pent attendre des injections de gaz acide carbonique dans la vessie et de Taction anesthesique de ce gaz. On prepare k Tavance Tacide carbo- nique en versant de Tacide sulfurique sur du marbre pulverise; on recoit le gaz qui se degage dans un ballon de caoutchouc, ou plus simplement dans une vessie de pore adaptee sur un tube ti robinet. On sonde le malade avec une sonde en gomme elas- tique , qu'on met en communication avec le reservoir d'acide carbonique au moyen d'un tube en caoutchouc vulcanise, dans les deux extremites duquel on introduit, d'une part, le tec du robinet metallique, d'autre part, le bout exterieur de la sonde, et

ZU8 COSMOS.

il ne s'agit plus pour pratiquer I'operalion que de comprimer avec les mains le ballon exterieur qui sert de recipient pour le gaz. Un petit gargouillement particulier accompagne ordlnaire- ment ce temps de I'operation. La vessie du malade, graduellement distendue, remonte bientot jusque dans la rdgion hypogastrique cl on constate aisement, par la percussion, I'existence d'une col- lection gazeuse. Enfin, avant de retirer la sonde, on pince ou on lie le tube en caoutchouc qui y aboutit. L'acide carbonique ainsi introduit dans la vessie ne tarde pas a etre soumis a I'absorption; au bout d'une ou deux heures, on s'assure aisement par la per- cussion que le volume de la masse gazeuse est notablement di- minue; ordinairement, toutefois, I'absorption est assez lente pour qu'une certaine quanlite de gaz reste dans la vessie jusqu'ci la premiere miction, meme quand celle-ci n'a lieu qu'au bout de trois a quatre heures. Les malades alors sentent tres-bien que quelque chose comme de Pair traverse leur canaVen meme temps que Purine. Apres cette premiere miction, il ne reste plus de gaz dans la vessie, ou il n'en reste du moins qu'une quanlite trop faible pour etre reconnue h la percussion. Neanmoins, Paction aneslhesique de l'acide carbonique se prolonge encore jusqu'au lendemain matin.

Apres avoir rendu compte d'une operation cesarienne pra- liquee avec succ6s pour la mere et I'enfant, M. Carpentier, mede- cin a Roubaix, pose les questions suivantes : l-Taut-il, comme le conseillent plusieurs auleurs, sacrifier I'enfant h la mere quand le bassin n'a que 5 centimetres et demi de diametre, plutot que de recourir h I'operation cesarienne? Doit-on, dans les retrecisse- ments extremes du bassin qui exigeraient h terme cette grave operation, pratiquer I'accouchement avant le terme de la viability pendant la grossesse? Si la pratique qui resulte d'une reponse affirmative aux deux questions precedentes , a pu etre consacree ou conseillee a Paris, oil I'operation cesarienne ne compte pas un seul succes, doit-on I'accepter partout, quand on voit les hommes les plus competents ditferer d' opinion acet egard, quand on voit surtout, depuis quelques annees, que les cas d'operations cesa- riennes suivies d'un heureux resultat pour la mere et pour I'en- fant ne sont pas tres-rares dans la science? Pour notre compte, h ne consulter que les regies du bon sens et de la morale, surtout de la morale chretienne, nous repondrions aux questions de M. Car- pentier par la negative, etnous refio.ussfijfipns la pratique trop ge- neralement adoptee k Paris. ; ^tTi:q aijjjc'b ,i»ij!

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On ne saurait plus douter des excellents resultats que donne, dans le traitement de la phthisie pulmonaire, I'emploi de I'helicine ou extrait concentre d'helix, decouvert par M. le doc- tear de Lamare et prepard suivant ses procedds. Consideree comme affection incurable et necessairement mortelle, la phthisie etait traitee empiriquement ou par des medicaments purement paUiatifs ; on administrait aux malades tour k tour, sans discer- nement et comme au hasard, I'iode, le fer, les eaux sulfu- reuses, etc., etc.; on parvenait a combattre quelques symptCmes alarmants, mais I'inflammation des poumons n'en faisait pas moins des progres rapides et sArs. Administree tous les jours, & haute dose, et sans qu'il en resulte aucun inconvenient serieux , I'helicine, au contraire, gudrit completement la phthisie, en ame- nant graduellement la cicatrisation des plaies du poumon et la dissolution des engorgements dont le poumon est deja le siege. Le mode de traitement est d'ailleurs tres-simple et tres-facile a suivre. M. de Lamare nous afflrme qu'un comite consultatif spe- cial, compose des medecins les plus comp^tents, prononcant sur mi nombre considerable d'observations certaines, a reconnu, h I'unanimite mfime, I'efficacite de I'helicine.

M. Delafond conclut d'observations certaines que des chien- nes non fecondees ou qui n'ont pas ete satisfaites pendant le rut, peuvent presenter neanmoins tous les phenomenes physiologi- ques qui precedent la parturition. Dix a douze jours avant Ic lerme normal de la parturition , leurs mamelles se tumelient et com- mencent a secreter du lait; a I'arrivee du terme , elles manifes- tent toute la serie des actes qui preludent h la parturition , I'ac- compagnent et la suivent, nioins I'expulsion des produits de la conception ; elles subissent la fievre de lait, les mamelles se gon- flent, se gorgent d'un lait abondant et de bonne qualite; elles adoptent les petits chiens etrangers qu'on leur presente, les rap- proprient, les protegent et les elevent avec la plus grande ten- dresse.

M. Fremineau a constate de nouveau dans trois cas tres- graves I'efficacite du chloroforme coutre leclampsie des femmes en couche.

PHOTOGRAPIIIE.

Impression des positifs dc la pliotograpliie sans emploi des sels de fcr

Par M. Burnett.

Dans I'elat actuel de la photographie, un des progres ou des perfcctionnements les plus desirables est cerlainement la substi- tution aux sels d'argent, pour i'impression des positifs, de subs- tances moins clieres. Nos lecteurs connaissent les experiences faites dans cette direction par MM. Testud de Beauregard, Rous- seau et Musson, Sella, etc. M. Sella affirme que son procede a parfaitement reussi; on nous a appris bier que MM. Rousseau et Musson avaient repris leurs experiences avec le plus grand succes; et voici qu'un photograpbe anglais, M. Burnett, entre ^ son tour dans la lice.

11 prepare son papier avec un melange de bichromate depotasse et de sulfate de cuivre ; il I'expose k la lumiere solaire directe, sous lenegalif, jusqu'cice qu'il ait obtenu une image visible; il le lave avec soin dans plusieurs eaux chaudes ou tres-legerement acidu- lecs; il le fait Hotter k la surface ou il le plonge au sein d'un bain de ferrocyanure de potassium, jusqu'a cc que le cuivre ait ete entiS- rement converti en ferrocyanure rouge; il lave de nouveau; il renforce de ton dans un bain de sulfate de fer legerement addi- tionnc d'acide citrique pour qu'il conserve sa transparence; il lave cnlin plusieurs fois dans de I'eau ordinaire, de I'eau de source ; il fait secher : quelquefois il ajoute au bain de fer une tres-pelitc quantite de bitartrate de potasse pour prevenir la pre- cipitation d'oxyde de fer.

Ce procdde s'applique egalement bien au papier ordinaire, au papier fortement albumine: ou gelatine, au papier parcbemin, a I'albumine, h la gelatine, i toutes les couches, en un mot, qu'on peuL deposer sur verre, sur porcclaine, ou sur toute autre subs- tance. On substituera avec avantage, au melange de bichromate de potasse et de fer, le bichromate de fer prepare en dissolvant dans I'acide chromique le chromate insoluble. Les solutions de ce meme chromate dans I'ammoniaqueoudans I'acide sulfurique reussisscnt aussi tres-bien. On pent encore preparer simplement le papier avec du bichromate de potasse, ou mieux encore avec du bichromate d'ammoniaque seul, sauf a le plonger ensuite dans

COSMOS. 351

un bain de sulfate de nitrate, d'ammonio-sulfate ou d'ammonio- nitrate de cuivre; ce dernier sel donne tout d'abord une impres- sion grise.

M. Burnett est convaincu que les posilifs ainsi obtenus sont completement inalterables. Le bleu de Prusse, dit-il, est une cou- leur tres-permanente, a nioins qu'on ne I'expose Ires-longtemps aux rayons directs du soleil, et rien n'est plus facile, s'il avait pali, que de lui rendre son intensite premiere. Le ferrocyanure de cuivre est aussi un sel tres-stable. Des impressions cuivrohjpes (c'est le nom qu'on donne aux nouveaux positifs) sont restees parfaitement intactes depuis dix-huit mois. On les ameliore con- siderablement en les plongeant, pour les renforcer de ton, apres qu'elles ont ete lavees au sortir du bain de ferrocyanure , dans un bain d'uranium; les details alors ressortent beaucoup mieux, I'impression ci I'uranium est beaucoup plus nette que I'impres- sion au cuivre, et les lumieres sont plus pures. On peut, soit s'arreter au beau ton rouge brun qui caracterise I'uranium, soit recourlr au bain de fer que fait virer le ton au noir , et donne un resultat qui ne laisse plus rien h desirer.

Ce precede se recommande par la variete de teintes que Ton peut obtenir en prolongeant plus ou moins Taction du bain ren- forcant, par I'eclat des lumieres et la stabilite inflniment probable des epreuves. L'exces de fer communique par le dernier bain de fer s'enleve tres-facilement par lelavage, et la petite quantile qui peut rester encore ne peut produire aucun effet nuisible, landis qu'il n'en est pas de meme de l'exces de soufre laisse par le bain d'hyposulflte de sonde dans^l'ancien procede. C'est surtout pour les photographies dont on voudra enrichir les ouvrages illustres que les procedes sans sels d'argent et sans acide pyrogallique se- ront avantageux, en raison du bas prix auquel on pourra les livrer, et de leur flxite.

Ce qui nous a etonne, c'est la maniere dont M. Crookes, secre- taire general de la Societe photographique de Londres, appelle I'attention sur le procede de M. Burnett : il le presente comme entiferement original, comme un pas important dans une voie nouvelle, tandis qu'il n'est en realite qu'une imitation de methodes depuis Iongtemps||decrites dans le Cosmos etpratiquees en France et en Italie. II est done vrai qu'il faut un temps considerable aux meilleures inventions pour arriver k 6tre connues, meme de ceux qui ont pour mission de suivre incessamment le progres dans toutes ses phases.

352 COSMOS,

Telester^scope de H. Ilclniholtz.

M. Holmholtz, savant physicien allemand, a realise une tr6s- heureuse et tres-ingdnieuse application du principe du stereos- cope. Lorsque, dans un paysage, on regarde des objcts tr6s- ^loignes, la distance entre les deux yeux est trop petite pour que Ton ait la sensation parfaite du relief et de la distance; les der- nicrs plans ne produisent que fort peu d'effet. Nous n'avons pas Lesoin de rappeler comment, avec I'aide du stereoscope et de deux images prises avec des chambres obscures separees par un intervalle suiTisant, on arrive a voir ce meme paysage avec un effet de relief et de perspective bien superieur i\ celui que donne la vision naturelle. Or, M. Helmlioltz s'esl propose d'arriveraob- tenir a tres-peu pres, dans la vision d'un paysage avec les yeux de- sarmes ou armes de simples lunettes, et sans le secours d'images prises a I'avance par les procedes de la photographie, re/Tot que le stereoscope produisait seul jusqu'ici ; tel est le but de I'instru- ineutfort simple auquel il donnele nom de telestereoscope, vueen relief des objets lointains, II prend une planche longue d'environ 1",50, et il la place en travers. Aux extremites de cette planche et perpendiculairement a sa surface, il dresse deux miroirs for- mant, avec I'axe ou la ligne mediane de la planche, des angles de Zi5 degres. Au milieu de cetle meme planche, a 75 centimetres des extremites, il dresse deux miroii's plus petits, paralleles au premier et distants de la distance des deux yeux. Place au milieu del'arete anlerieurede la planche, I'observateur regarde avec son ceil droit dans I'un des petits miroirs, avec son oeil gauche dans I'autre; il voit par la meme, dans les petits miroirs, les grands mi- roirs et les images des paysages qui s'y rellechissent. Or, on com- prend sans peine que, par cette disposition, les images qu'ilregarde etqu'ilpercoitavec sesyeux, separes seulement de 8 centimetres, sont celles que verraient deux yeux places aux extremites de la planche, c'esl-a-dire distants de l'",50, et que I'effet de relief doit par consequent etre augmente dans une proportion tres-conside- rable, surtout si on regarde avec une lorgnette qui grossit ou rap- proche les objets, ou simplement avec des lunettes ordinaires. C'est ce qui arrive reellement, et dans ces conditions Teffet produit surpasse meme celui que Ton obtiendrait avec des images stereos- copiques, parce que le paysage se montre, non plus represente par un dessiu forme de noirs et de blancs, mais avec ses couleurs et ses gradations naturelles de tons. Des objets distants de 800 et

COSMOS. 353

meme de 1 500 metres se detachent alors parfaitement du fond avec lequel ils se confondaient quand on les regardait a I'ceil nu; les objets plus rapproches ontretrouve leur relief ou la solidite de leurs formes, et I'oeil est tout surpris de cette quasi-revelation de details quilui echappaient auparavant. Chaque amateur peut cons- truire sans peine un serablable appareil destine, il nous semble, a devenir un meuble indispensable des salons des maisons de cam- pagne et des salons de ville, devant lesquels se dresse un espace vide d'une certaine etendue.

IVouvelle apparence stereoscopique.

M. Cima, professenr de physique k Turin, nous a adresse le recit d'une experience stereoscopique qui n'est pas non plus sans inte'ret. II prcnd un dessin , au crayon , lilliographie ou grave , d'nne tete vue de face et haute environ de 3 ou U centimetres ; il coupe le dessin en deux, suivant une ligne qui coincide avec I'axe vertical du nez ; tenant de chacune de ses mains une des demi-faces, et les maintenant toujours dans un ineme plan vertical, il les dresse devant les deux yeux, k une distance plus courte que la distance de la vision distincte ; faisant alors converger les axes optiques, il approche ou eloigne les deux dessins jusqu'a ce qu'il arrive a voir deux images de chacun , et jusqu'a ce que les deiLx images du milieu coincident ou se reunissent pour reproduire la sensation de la face entiere. Lorsqu'on fait , dit M. Cima, cette experience pour la premiere fois, on est grandement surpris de voir que I'image dela face entiSre, obtenue ainsi par superposition des images des deux moities, presente a un tres-haut degre I'ap- parence d'un objet solide ou en rehef ; les clairs obscurs se fon- dent ou s'amalgament comme dans une figure modelee ; le nez se detache tres-bien du visage , les sourcils , les levres , le menton, sont proeminents d'une maniere sensible ; toute la figure sort du fond sur lequel elle est dessinee et prend une expression si fi^appante qu'on la dirait vivante. La distance qui doit separerles deux demi-faces, et leur eloignement des deux yeux necessaires a la production du maximum d'effet, varient d'un individu a I'autre et ne peuvent se determiner que par tatonnements. Plus on fixe les deux images et plus la sensation de relief augmente. Dans la petite brochure qu'il nous adresse , M. Cima essaie d'expliquer cette sensation de relief; il la rattache a des phenomenes d'irra-

354 COSMOS.

diation semblables a ceux que M. Haidinger a studies il y a quel- qiics annocs , que uous avons decrits dans le Cosmos , et qui ont mis en Evidence la double propriete que possede noire oeil : de voir avec une couleur grise uniforme de tr(^s-petlls espaces al- ternativenient blancs et noirs, tres-rapproches les uns des autres, quand on les regardo d'une distance plus courte que la distance de la vision distincte; 2" de voir agi'andies , dilTuses sur leurs contours et en sailUe, les parties blanches d'une surface plane en- tourees de portions alternativement noires ou sombres. Celte explication n'estpas assez nettement formulee pour qu'il y ait un veritable interet ci suivre le savant professeur dans sa longue dis- cussion.

Prix pour rapplieation tic In photographic a I'astronomie, fondc par la Societe des sciences dc ISarlciu.

L'application de la photographic a I'astronomie pourrait avoir pour cette science des consequences incalculables, si Ton parve- nait a obtenir, en une petite fraction de seconde, des images pho- tographiques de corps celestes, comme on en a obtenu dos corps terrestres. On a cherche a obtenir des images photographiques du soleil et de la lune, mais sans resultats satisfaisants, surtout parce ces images exigeaient un temps d'exposition toujours trop long. II parait que personne n'a reussijusqu'ici & reproduire par la pho- tographic des images de planetes ou de groupes d'etoiles. La So- ciete, dans le but de faire de la photographic un auxiliaire dc I'astronomie, demande la description exacte et detaillec d'un procede photographique qui permette d'obtenir, en une petite fraction de seconde, de bonnes images des corps celestes. L'au- teur du Memoire aura h y ajouter des epreuves k I'appui de ce procede.

Nos lecteurs savent que, prevenant le voeu emis par la Societe de Harlem , M. Boud , de Cambridge , fitats-Unis , a obteou des epreuves photographiques de groupes d'etoiles et meme d'etoiles doubles.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance dii 21 septemlre 1857.

La seance a dte tr6s-courte et tres-peu remplie; elle dalera ce- pendant dans les fastes academiqucs par la circonstance remar- quable qu'on y a annonce la decouverte de deux nouvelles pe- tites planetes. La premiere, la quarante-septieme, a ete apercue par M. Luther, directeur de I'observatoire de Bilk, pres Dussel- dorff, dans la nuit du 15 septembre, au sein de'la constellation des Poissons. Elle a I'aspect d'une etoile de onzieme grandeur. Ses coordonnees sont :

15 septemhre. 9'' 56*". Temps moven de Bilk Ascension droile 0' 51'. Declinaison 42' Mouvfnieiil diurne eu ascension droite. i'i' , en declinaison S'

La seconde planete, la quarante-huitieme, a ele decouverte en- core par M. Goldschmidt. L'infatigable astronome aurait dil, ce semble, s'accorder quelque repos apres le gigantesque efTort qui I'a amene a retrouver sa chere Daphne, dont on regrettait tant la perte. Mais Daphne est a peine rentree en sa possession qu'll s'e- lance a la poursuite d'un nouvel astre ; il lui a suffl de quatre ou cinq nuits pour le saisir dans les profondeurs des cieux; son existence est devenue certaine dans la nuit du dimanche 19 sep- tembre, h dix heures du soir; sa position dans la constellation du Verseau est fixee par les coordonnees suivantes :

20 septembre. IS** 7". T. m. de Paris. Ascension droite 22*" 26" 23^

11 AS Declinaison.... 57', 5. 22 septembre. 11 5 _ Ascension droile 22'' 24™ 26^

Decinaison 7' ,8 Motivement diurne : en ascension 56"; en declinaison, 5'

Son aspect est celui d'une etoile de onzieme grandeur. Voila done qu'en tenant compte du tour de force de la recuperation de Daphne, conquete plus difficile que celle d'un nouvel astre, M. Goldschmidt a decouvert neuf petites planetes ; la premiere planete, Lutetia, dont la decouverte n'ait pas pu etre disputee k la France, a ete trouvee par lui; c'est lui qui, avecM. Chacornac, a sauve notre honneur national, et il n'est pas encore decord? Ah ! si I'Empereur le savait !

Nous avions k peine ecrit ces lignes, que M. Goldschmidt nous apportait I'extrait de naissance d'une autre planete, la quarante- neuvieme, decouverte par lui dans cette meme nuit du 19 sep- tembre, k un degre k peine de la quarante-huitieme, k 27 secondes

356 ..^^^ COSMOS.

d'une etoile de sixifetne grandeur, la itU 206"" du catalogue de La- lande, qui I'eclipsait par son eclat. Voici sa position :

21 septembre. o'' 37™ Asc. dr., 22"' 98™ 29' Dcclin. 4' ,4.

22 i'^ 24™ 2i'' 27"" 5&' b" 8', a.

Mouvcmcnt diiiroe : en ascension, 3S^S ; en decliuaison, 4',1. ficlal, eiiire la dixieme et la onzieme grandeur.

M. ChaslQS ^nonce un theorfeme de gdom^trio transcendante qui est une sorte d'appendice c'l son rapport sur les recherches de M. Jonquieres. Ces savantes recherches avaient pour objet la generation des courbes geometriques, et en particulier celle de la combe du quatrieme ordre. Nous n'avons pas meme pu essayer d'en donner une idee, mais nous nous faisons un devoir d'enregis- trer, a la louange de I'auteur, les conclusions du rapport :

« Le Mdmoire dont nous venous de rendre corapte h I'Acade- mie, nous parait presenter des essais heureux dans cc genre tout special de questions qui ont de grandes difflcultes, et ou Ton s'est arrete, pour ainsi dire, des les premiers pas. Ce travail denote une aptitude pen commune pour les speculations abstraites de la pure g(^ometrie, qui m^rite d'etre encouragee, car toutes les par- ties des mathematiques sont solidaires, et les 'progres de I'une contribuent a I'avancement des autres... Dans le service actif au- quel I'auteur du M^moire, officier de marine, se livre avec autant de gout que de distinction, ce ne sont que de rares moments de loisir qu'il pent accorder, comme delassement, k ces belles specu- lations. Que ne pourrait-on pas attendre de ceux qui, uniquement occupes des sciences mathematiques, pourraient entrer dans des meditations plus suivies sur cette partie delaissee depuis trop longtemps, et dans laquelle il serait permis d'esperer des succes d'autant plus faciles qu'clle a ete peu cultivee. C'est en nous pla- cant a ces differents points de vue, et en considerant le merite special du travail de M. Jonquieres, que nous avons I'honneurde proposer h I'Academie d'en ordonner I'insertion dans le Recueil des savants etrangers. » Les conclusions du rapport ont 6te adoptees. M. Chevreul lit une note interessante, mais que nous n'avons pas pu bien saisir, sur la coloration des feuilles do geranium, ou micux sur la composition au point de vue de la couleur de cer- tainos taches brunes qui apparaissent souvent sur les feuilles de ce genre de plantes. M. Chevreul ddmontre que la couleur de ces taches se compose d'un melange de vert et de rouge, en propor-

COSMOS. 357

tion plus considerable qu'il m faudrait pour faire du Wane avec la couleur verte complenientaire. Nous reviendrons bientOt sur cetle petite communication,

M. Hegnault, au nom de M. Charles Tissier de Rouen, de- pose une Note sur I'acide borique et les borates consideres au point de vue de leur action sur les divers oxydes mineraux. Nous regrettons de ne pouvoir pas entrer dans plus de details.

M. ilie de Beaumont presente avecde grands eloges I'ouvrage que M. ie general Albert de la Marmora a publie sous le litre : « Voyage de Sardaigne; description statistique , physique et po- litique de cette lie; avec des recherches sur ses productions natu- relies et ses antiquites. »

M. Felix Leblanc lit en son nom et au nom de M. Charles Sainte-Claire Deville une suite k leurs recherches sur la nature et la constitution des gaz emis par les volcans et les fumerolles. Nous sommes force d'en renvoyer I'analyse a notre prochaine

livraisou.

M. Dumas, au nom de M. Quintus IcUius, depose un travail relatif a I'equivalent mecanique de I'electricite. Le celebre phy- sicien allemand avait fait de son cote des recherches toutes sem- blables k ceiles de M. Soret; et, pour ne pas perdre le fruit de son long travail , il demande k en formuler les principaux resultats dans les comptes rendusde I'Academie. Nous reviendrons bicntot sur cette question pleine d'interet.

Dans un memoire intitule ; De la presence du latex dans les vaisseaux spiraux, reticules, rayes et ponctues, M. Trecul se pro- pose de demontrer que les vegetaux eleves en organisation ont un systeme veineux et un systeme arteriel comparable k celui des animaux. Le systeme veineux serait represente par les laticiferes, et le systeme arteriel par les vaisseaux spiraux, reticules, rayes et ponctues.

M. Trecul a ete conduit k ces resultats par I'observation des plantes a latex colore , telles que les Chelidonium majus et quercifolium oil ce sue est orange, etpar les Argemoneochroleuca et grandiflora, chez lesquelles il est jaune. L'auteur a trouve ces sues colores dans les vaisseaux proprement dits, et il a remarque qu'ils s'y decolorent peu k peu. lis sont aussi accompagues de matieres gazeuses. Ces diverses circonstances indiquent qu'il se fait dans ces vaisseaux un certain travail physiologique qui mo- difie le sue colore. Ces phenomenes ne s'observent que pendant I'activile de la vegetation; plus tard le liquide orange , si c'est le

358 COSMOS.

Chelidoniummajus qae Ton examine, disparalt dos vaisseaux, Men que les laticiferes en restent pleins. D'un autre c6te , les la- ticiferes sont places dans les parties ou rfigne la plus grande acti- vite vitale , et ils contiennent des substances qui ne sont pas susceptibles d'une assimilation immediate , puisque ce sont des hydrogenes carbones (comme le caoutchouc), ou des produits peu oxygeaes (comme les resines, les alcaloides, la morphine, la nar- cotine, la coddine, etc.), produits qui proviennent d'une seve usee par la nutrition, et qui ont besoin d'etre elabores , oxydes , pour reprendre part k la formation do I'amidon, du sucre , des subs- tances albuminoides et par suite k la multiplication utriculaire. Pour arriver a un tel etat , les substances qui n'ont pas ete assi- milees par les cellules sont recueillies par les laticiferes , elabo- rees par eux, puis versees dans les vaisseaux oi ellcs deviennent propres a etre assimilees, et envoyees dc nouveau dans les cellules environnantes. Pour cela, les vegetaux prennent de I'oxygene a I'air, les produils non ou peu oxygenes sont oxydes, et il se pro- duit de I'acide carbonique. Ce travail pliysiologique est incessant. II y a formation d'acide carbonique la nuit comme le jour; mais la nuit cet acide est exhale, tandis que le jour il est decompose sous I'influence de la lumiere avant d'etre rejete au dehors ; son carbone est flxe et son oxygene seul est exhale. C'est cet exhala- tion d'oxygene qui fait que durant le jour la combustion vascu- laire n'est pas accusee , tandis qu'elle Test pendant la nuit par remission de I'acide carbonique.

La respiration des plantes se composerait done de deux pheno- menes principaux :

D'une absorption d'acide carbonique pendant le jour, avec emission d'oxygene ;

D'une oxydation dans les vaisseaux avec formation d'acide carbonique pendant le jour aussi bien que pendant la nuit , mais avec exhalation de cet acide pendant la nuit seulement, parce que pendant le jour il est decompose en traversant les feuilles.

II resulterait de ce qui precede que la respiration et la circula- tion , chez les animaux et chez les plantes , auraient beaucoup plus d'analogie qu'on ne le pense generalement. Les laticiferes rappellent le systeme veineux , et les vaisseaux proprcment dits le systeme arleriel. L'analogie defonction etantparfaite, M. Trecul propose de designer les laticiferes par la denomination de vais- seaux veineux, et les vaisseaux spiraux, reticules, raycs et ponc- tu6s par celle de vaisseaux arteriels.

YARIETES.

H'ouTcau baronielre a siphon.

AI. Trouessart, professeur de physique a la Faculte des sciences de Poitiers, presenta, il y a queiques mois, k I'Academie, una Note relative a une nouvelle disposition du barometre a siphon, avec I'espoir qu'elle fixerait I'attention de I'illustre corps et serait imprimee dans ses Comptes rendus. Mais le litre seul de cette Note, cependant tres-courte, a figure dans le recueil offlciel, de sorte que la cominunicalion de I'habile physicien est restee comine non avenue. II nous la transmet aujourd'hui, en nous priant de lui en dire notre avis et de lui accorder, si nous la ju- geons utile, I'hospitalite da Cosmos. Apri's une lecture attentive, nous sommes reste convaincu, couime I'auteur, que son nouveau barometre ci siphon peut rendre a la science de veritables ser- vices, et nous nous empressons en consequence de le faire con- naitre.

Au fond, M. Trouessart ne fait qu'etendre, mais par un meca- nismc tres-ditferent, au barometre a siphon, ce que M. Arago a propose pour le barometre a cuvette, lorsqu'il a voulu le rendre portatif, ainsi qu'il le decrit dans son Astronomie popidaire, vol. Ill, p. 178. II s'agissait d'avoir un barometre tres-solide, qui reste vide dans le transport, que Ton remplit sur place, avec la faculte de determiner immediatement la quantite d'air restee dans le mercure non bouilli, en faisant varier dans une proportion connue le volume de la chambre baromelrique. Pour M. Troues- sart, en un mot, comme pour Arago, le probleme a resoudre consistait a rendre mobile ou de volume variable la chambre du barometre. Nous ne nous arreteroijs pas a rappeler la solution d'Arago, que chacun peut relire a I'endroit cite; nous passons immediatement a la solution tres-simple et tres-ingenieuse de M. Trouessart, en le laissant parler lui-mOme :

u Je relie les deux brandies du siphon par un tube en caout- chouc, de 20 k 30 centimetres de long, dont la flexibiUte me per- met de reraplir le barometre avant de le courber, de le redresser ensuite et de le courber en memo temps, le tube de caoutchouc formant la crosse, puis de relever ou d'abaisser a volonte la branclte-cuvette, de maniere a augmenter ou i diminuer, autant que je le desire, la chambre baromelrique. Cette derniere partie du tube a ete divisee en parties d'egale capacite ; I'appareil est

360 COSMOS.

drcsse sur une ^chelle cUvisee eti centimetres et millimetres, comme & I'ordinaire, ft Texception que la branche-cuvette reste mobile et que la crosse en caoutcbouc pend librement au-des- sous. II m'est ainsi facile d'eslimer : le volume de la cbambre barometrique que je puis toujours faire coincider avec un nombre exact de divisions d'egale capacity ; 2" la difference des hauteurs desdeuxniveaux du mercure dans les deux branches. Apres avoir lu ces deux nombres, je releve ou j'abaisse la branche-cuvette, jusqu'ft ceque le volume de la chambre barometrique ait varie dans le rapport de 2 ft 1, ou de 1 ft 2, et je lis quelle est la nouvelle dif- ference des deux niveaux. II suffit alors de retrancber I'une de I'autrc les deux hauteurs observees et d'ajouter le rdsultat & la plus grande pour avoir la vraie hauteur du barometre. J'omets le calcul trSs-simple fonde sur la lot de Mariotte qui conduit k la r6gle pratique que je donne. Si on voulait reduire la capacity dfr la chambre baromc^trique dans tout autre rapport que celui de 2 a 1, la meme loi de Mariotte donnerait toujours tres-simplement ce qu'il faudrait aj outer a la plus grande hauteur observee pour avoir la pression atmospherique. Le seul point important, c'est la division de la chambre barometrique en parties d'egale capacite. On peutverser successivement dans le tube des poids egaux de mercure etmarquer avec une pierre a fusil les niveaux succes- sifs du mercure pris & I'extremile de la convexite de la surface. Mais independamment des erreurs que Ton pent commettre dans les pesees, il est facile de voir que la premiere des divisions ainsi inesurees est toujours plus grande que les suivantes d'une quan- tite egale au volume du menisque compris entre le plan tangent horizontal h la surface convexe du mercure et cette surface elle- meme. Je prefSre done proc(5der par une voie indirecte qui me parait plus s0.re. J'observe avec un bon baromfetre a siphon de Gay-Lussac soigneusement verifid , la pression atmospherique. Je la suppose de 760""". Au m6me instant, dans mon appareil dresse sur son echelle, je lis avec les precautions ordinaires la difference des deux niveaux. Je la suppose de 756'"">. Alors Fair qui est dans la chambre barometrique a une tension de h'""\ Si je le reduis k un volume moitie plus petit, sa tension sera de 8""", et par consequent la difference des deux niveaux de 752""". Je re- leve done la branche-cuvette jusqu'ii ce que j'observe entre les deux niveaux cette derniere difference, et je trace sur le tube ba- rometrique le point alteint par le niveau superieur dans ce cas, comme je I'avais fait dans le cas precedent. J'ai ainsi divis^ la

COSMOS. 361

chambre barometrique en deux parties d'egale capacile. Ces deux divisions me sufQsent generalement; mais il est facile de les mul- tiplier par le meme precede, et il est bon de le faii-e pour verifier d posteriori I'instrument une fois divise ; car en observant trois hauteurs h,h',h" a une epoque quelconque, correspondant a des volumes 1, 2, 3 de la chambre barometrique, la combinaison de deux quelconques de ces observations devra donner la meme pression barometrique.

II est inutile d'ajouter que pour les voyages on pourrait adopter le tube de fer d'Arago, au-dessus duquel on visserait la chambre barometrique en verre. J'avais d'abord pensd a faire en caout- chouc cette panic inlermediaire du barometre; mais sitot qu'en un point du tube la pression interieure est nn peu plus faible que celle de I'atmosphere, le c<ioutchouc flechit et les parois se col- lent de maniere a empecher la transmission de la pression. On pourrait cependant le souteuir interieurement k I'aide d'une helice en fil d'acier. J'ajoute encore qu'on pourrait avoir deux espfeces de tubes baronietriques, les uns de la longueur ordinaire pour les pressions peu difTerentes de la pression normale, d'autres beaucoup plus courts pour les mesures des pressions a de grandes altitudes. II est inutile aussi de faire observer que les deux bran- ches du siphon doivent etre de meme diametre pour eviter la correction due a la capillarite, et qu'avant de prendre la diQ"erence des niveaux, il faut s'assurer que les deux surfaces limites sont egalement convexes. Quant au caoutchouc, il faut eviter de prendre celui qui est vulcanise. Le soufre qu'il contient souillerait rapidement le mcrcure et rendrait I'observation plus difficile et moins sure.

Quant a la disposition a donner a I'echelle du barometre por- talif, je laisse ccla aux construcleurs qui iraagineront mieux que moi celle qui convieut. Je crois cependant qu'il y aurait peu de chose a changer a I'enveloppc du baromelre Gay-Lussac ; la gaine divisee en laiton contiendi*ait le long tube; le caoutchouc traver- serait la base et viendiait se rattacher a la branche-cuvette, qui serait recue dans une seconde gaine parallelc a la premiere et s'ouvrant & charniere; cette branche-cuvetlc serait mobile dans cette gaine a I'aide d'une cremaillere et d'un petit pignon fixe i la premiere enveloppe.

Dans les barometres construits pour mon usage, j'ai fixe la longue branche sur le trancliant d'une regie en bois, a I'aide de deux pitons. Le tube en caoutchouc traverse le piton inferieur et

362 COSMOS.

vient se rattacher k la branche-cuvelte qui so meiit le long du Iranchant oppose de la resle, au moyen d'lin cordon etd'un petit treuil fixe au-dessus. Deux colliers a charnieres guident le mou- vement de cctte branclie. La regie estdivisee des deux c6te3, et un petit vernier mobile c^ la main mepermetdemesurer les dixiemes de millimelres. Malgre la grossierete de mes appareils, ils m'ont donne, depuis plus de huit mois que je les observe, des r^sultats qui s'accordent ires-sensiblement entre eux et avec ceux d'un bon barometre de Gay-Lussac. »

Sur I'eclairngc au gaz extrait de I'eau.

M. Blondeau, professeur de pbysique au lycee de Rhodez, adressa de son cote a I'Academie, il y a quelques mois,un travail ayant pour tilre ; Mcmoire sur la lumiere obtenue au 7noyen de la pile volta'ique, et dont les comples rendus, comme pour la note de M. Trouessart, ne donnerent que le litre. Nons noustrouvftmes des lors dans I'impossibilite de deviner et de fairc connaitre la veritable pensee de Tauteur, ce qu'il y avait de neuf ou d'original dans son travail. Nous en avons recu dopuis une copie et nous nous faisons un devoir de I'analyser. M. Blondeau se demande d'abord k quelle condition une flamme pout devenir tres-Iumi- neuse. II rappelleet discuteTopinion communement recue, suivant laquelle une flamme ne pent devenir tres-lumineuse qu'autant qu'elle renferme dans son interieur des particules solides, S'il avait ajoute : « et qu'autant que la temperature du jet enflamme est assez elevee pour que les particules solides deviennent incan- descentes. » M. Blondeau ,' qui regarde comme vraie en partie I'opinion commune, I'aurait adoptee completement; il n'aurait pas meme eu la pensee deluiopposerles objections tres-superficiclles qu'il formule et de I'abandonner , pour substituer, sans assez de fondements, une pbosphorescence tres-douteuse comme celle qu'il attribue au charbon , a une incandescence tres-suffisanle.

Apres ce preambule auquel nous attachons peu d'importance , le jeune professeur s'appliquc a faire ressortir les inconvenients de I'eclairage par la lumiere electrique. II exige, dit-il, I'emploi d'une pile tres-forte ; la lumiere obtenue entre les pointes des charbons est conccntree dans un cspace beaucoup trop limitc ; cetle lumiere est en oulro ti'^isinsinhle, tres-intormiltcnte, a moins qu'on ne la fixe a I'aidc d'un aiipareil :;ulateur , apnan-il com-

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pliqud , dispendieux, sujet & se deranger trfis-souvent, ct qui ne fonctionnera parfaitement qu'aiUant qu'on sera parvenu a substi- tuer aux cylindres ou parallelipipedes de charbon, des cones for- mes d'une substance plus homogene etmoins fragile. M. Blondeaii repousse done jusqu'ft nouvel ordre I'eclairage electrique tol qu'on le pratique jusqu'ici, et qui, nous en convenons, laisse beau- coup, laisse enormement a desirer. II propose, sans assez s'aper- cevoir que ce qu'il regarde comme un progres n'est en realile qu'un retour , de ne se servir de la pile que pour degager le me- lange de gaz oxygene et hydrogene qu'on fera sortir de I'appareil k decomposition en jet enflammetombantsurun fragment de cbaux renferme dans une nacelle en fds de platine.

Laissons-le parler lui-meme : « Pour obtenir I'hydrogene et I'oxygene necessaires a la combustion, nous avons recours & un appareil fort simple et qui rappelleparsa disposition levoltamelre ordinaire. Sevilement, comme les deux gaz doivent se degager avec une Vitesse assez grande pour que le jet projete sur le fragment de cliaux developpe la temperature necessaire h \di phosphorescence ^ I'appareil dans lequel la decomposition a lieu doit etre ferme de toute parts, de telle sorte que le gaz puisse se comprimer et ac- querir une pression sufflsante, cc qu'on reconnait au moyen d'un petit manometre place a la partie superieure de I'appareil. Les deux gaz sont done recueillis separement dans deux cylindres A ct B ; ils se d^gageront plus tard par deux tuyaux a, h, communi- quant avec ces cylindres, et telsque le tuyau h qui donne passage a I'bydrogene ait un diamelre double du tube a par lequel sort I'oxygene. Lorsque la pression exercee par les gaz est sufflsante, on ouvre le robinet de sortie R, de maniere que la quantite de gaz qui se degage soit egale a celle qui se produit a chaque instant par Taction de la pile ; on enflamme le jet unique sortant des- tubes a, b, reunis a leurs extremites ; ce jet tombe sur le fragment de craie contenu dans le petit panier en fd de platine, et Ton ob- tient une lumiere tres-vive qu'on recouvre d'un verre depoli pour la difluser et la rendre supportable k YceW. M. Blondeau affirme qu'avec dix elements de Bunsen, de grandeur ordinaire, il obticnt un bee lumineux vraiment intense ; mais il ne nous dit pas si la lumiere est constanle , combien de temps clle dure, ce qu'olle coute, soit en elie-meme , soit comparee k la lumiere electrique dont I'eclat est vingt ou trente fois plus considerable a nombre egal d'elements. Au reste, il a reconnu bientot que I'emploi de la pile pour la production des gaz avait des inconvenients tres-graves

264 COSMOS.

et il est revenu, non sans doute sans s'en 6tre apercii, k une simple modification de la lampe electrique ou du briquet i gaz, A I'eclai- rage au gaz de I'eau, tels que feu Ador et tant d'autres I'ont pra- tique sous nos yeux. Son appareil toutefois est assez simple et merite d'etre decrit.

(( Le combustible est I'hydrogene produit par Taction du zinc sur I'eau acidulee. Le liquide acidule par I'acide sulfurique est contenu dans un vase exterieur A. Le zinc enroule autour d'un tube a est dispose dans un vase interieur B. Le gaz hydrog6ne qui se developpepar Taction de Teau acidulee surle zinc s'accu- mule dans le vase B, s'y comprime et fait descendre le niveau du liquide contenu dans le vase interieur au-dessous du point au- quel est ILxe le zinc. Comme le vase est ferme , a mesure que le niveau du liquide s'eleve dans le vase exterieur, la pression aug- mente et Ton a calcule les dimensions des vases exterieur et in- terieur, de telle maniere que lorsque le zinc ne plonge plus dans le liquide acidule, la pression de ThydrogSne soit assez forte pour que , en ouvrant un robinet R , le courant de gaz qui sort par Textreraite du tube b, aille rencontrer avec force le petit panier en fils de platine , dans lequel on a place un fragment de craie. Lorsque le courant est bien etabli, on enflammele gaz et on ouvre alors un second robinet R' qui donne acces a un courant d'air appel6 par le tirage que produit la combustion du gaz, et que Ton pent regler a volonte , en ouvrant plus ou moins le Robinet IV. » M. Blondeau termine ainsi :

(( Plusieurs avantages resultent de Temploi de cctte lampe : d'abord on pent oblenir instantanement, S son aide , une grande quanlite de chaleur etde lumiere. Cette lampe pent etre employee comme chalumeau k gaz hydrogene ; elle est d'un transport facile; de plus, elle n'exige pour etre mise en activile que des substances de peu de valeur , telles que du zinc et de Tacide sulfurique ; et ces deux corps ne reagissent Tun sur Tautre que le temps pen- dant lequel la lampe est en aclivite. » Notre conscience nous fait un devoir d'ajouter que cette lampe est un charmant instrument de cabinet, mais non pas un appareil domestique, et surtout qu'il ne constilue pas un procede nouveau d'eclairage.

Inipriinerie de W. Remquet

A. THAIIIBI.AT ,

rue Garanciere,

g_ provrielaire-gerant.

T. XI, 2 octobre 1857. Sixi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

line commission de I'lnstitut Lombard des sciences, leltres ot arts avait ete chargee d'etudier les avantages et les incomenients de la locomotive a helice, inventee par M. Grassi, de Milan, pour gravir les fortes pentes des chemins de fer, et dont M. Moorsoiii, ingenieur anglais, proposal! de faire I'essai siir le plan incline de Camerlata a Come. La commission ne s'estpas dutouteffrayee dc la Vitesse de seize revolutions par seconde qu'il faudra imprimer a Fhelice, ni du prix enorme de la locomotive (75 000 fr.); elle declare a I'unanimite que le systeme soumis a son examenn'est DuUement en contradiction avec les lois de la mecanique, et que les difficultes que sou execution prcsente, sont une raisou de plus pour recourir a Texpeiience en grand.

Nous croyons savoir qu'on fait en ce moment a Turin I'essai du systeme incomparablement plus rationnel et plus economique du rail central strie et de la roue unique a janle en bois debout, de M. de Jouffroy.

M. Babinet signale comme il suit dans le Journal des Debaf:^, les fails astronomiques digues de fixer Fattontion du 1"' au 15 oc- tobre.

(( Des aujourd'hui le ciel nous offre et nous tient en reserve plusieurs beaux spectacles astronomiques. Sitdt apres le coucher du soleil , le brillant Jupiler nous envoie ses rayons que les Pari- siens trouvent bleus par le contrasto des lumieres du gaz et de I'buile qui sont sensiblement rougeatres. En pleine campagne , cette planete est d"un blanc parfait. J'en dirai autant de Sirius, la plus belle eloile du ciel , pour laquelle I'astronome Lalande lui- meme a commis cette erreur qui a ete redressee par !\I. Arago. Le soir, a I'orient, avec Jupiter apparaisscnt les pleiades , et au- dessous Tetoile de premiere grandeur Aldebaran ou rffiil du Taureau. Plus au nord, la Chevre , I'une des grandes puissances du ciel etoile, monte a la suite de Persee , et tout & la fin de la nuit Sirius arrive lui-meme a la suite dubrillant Orion. Tout nous mdique I'automne. Les constellations d'hiver , qui avant le jour

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366 COSMOS.

font line courte apparition sur I'horizon, nous avertissent de plus de la fin de I'annee. Salurne se lt;ve un peu avant minuit et Venus vers deux heures et demie du matin. Gette derniere brave le cre- puscule et ne disparait que danslcs rayons memes du soleil levant. Sa phase est inaintenant peu remarquable et ressemblea celle de la lune, entre le premier quartier et le plein. Mais Jupiter et Sa- turne sont deux magnifiques objets i voir au telescope.

« On pourra voir le curieux spectacle de I'eclipse du premier satellite de Jupiter le 6 octobre & huit lieurcs quarante minutes cinquante-six secondes, temps moyen de Paris, et lel3 du meme mois, a dix heures trente-cinq minutes vingt-deux secondes. « Le second s'eclipsera le 2 octobre iX huit minutes quarante- cinq secondes apres le minuit commenoant ce jour.

« Enfm le 11 octobre a huit heures cinquante minutes vingt- cinq secondes du soir, le troisieme satellite sera lui-meme eclipse. II est rare de trouver tant d'eclipses visibles a une heure commode dans un si court espace de temps. Les observateurs hors Paris qui auront des montres et des garde-temps bien regies pourront verifier que I'heure de Paris n'est pas la meme que celle de leur localite. C'est la difl'erence de longitude. Ainsi il y a en- viron cinq minutes de difTerence entre Rouen et Paris et plus de neut" minutes entre Londres et la meme capitate. L'heure de Sliasbourg et celle de Brest difTerent encore bien davantage.

(( Repeterai-je au public que le 5 octobre la maree de 111 de- gres offrira a QuilleboBuf , pres de I'embouchure de la Seine, un jiiascaret formidable, et qu'on y verra I'Ocean envahissant le lleuvc avcc un fracas terrible, formant subitement, suivant 'expression de Quinte-Curce , une mer au milieu des terres ? Apres 1857, les fortes marees diminueront d'energie pour long- temps. Afln d'eviler des demandcs directes, je dirai qu'on arrive de Rouen & Quilleboeuf tres-commodement en deux ou trois heures par les vapeurs de Rouen au Havre. On pent aussi passer par Pont-Audemer, qui est a gauche, et par Lillebonne , qui est en face de Quilleboeuf. C'est vers huit heures du matin et du soir que le fiot arrive a Quilleboeuf, a I'epoque de la pleine lune et de la nouvelle lune. Le 3, le li,\e 5 et le 6 la maree sera tres-forte et donnera un spectacle des plus imposants.

Dans le memo Bulletin , M. Babinct rend k la memoire de M. Lnrgeleau, un court, mais touchant hommage auquel nous sommes hcureux de nous associer : « La science astronomique et I'Academie viennent de perdre

COSMOS. 367

M. Largeteau, membre du Bureau ties longitudes de France, au- teur et collaborateur de plusieurs travaux geodesiques, et notam- ment de la jonction en longitude des deux Observatoires de Paris et de Greenwich. M. Largeteau appartenait au corps des inge- nieurs geograplies qui nous a donnd lant d'hommcs de merite et qui depuis a ete fondu dans le corps non moins distingue de Tetat-niajor. II etait avec M. Herschel, tirant des fusees pour por- ter des signaux de feu instantanes au haut de I'atmosphere, dans le lieu meme ou le rude conquerant (iuiJlaume de Normandie ^crasait autrefois Harold et ses Saxons , k Battle-Abbey. Quelle dilTerencc entre le milieu du onzieme siecle et le commencement du dix-neuvieme ! Les nouvelles determinations de MM. Airy et Le Verrier ont confirme, a une seconde de temps pres, le resultat de MM. Herschel, Largeteau et de leurs coobservateurs sur la c6te de France. M. Largeteau avait ete un calculateur tres-actif de la connaissanee des temps. II est mort a soixante-six ans, le 11 sep- tembre dernier. II fut toujours un de nies plus intimes amis, et peut-elre aucun homme plus que lui ne put se flatter de n'avoir jamais blesse personne et d'avoir passe utileraent sa vie en ne recherchant ni les honneurs, ni la fortune, ni meme la celebrite. II etait par modestie content de son sortet ne connut jamais ni la rivalite ni I'envie. Ciceron deflnit I'orateur un homme de bien, qui de plus est eloquent. Vir bonus, cHcendi peril us. Largeteau a ^te homme de bien d'abord, et de plus il a ete savant. »

On lisait dans la Patrie du 21 septembre : « II y a peu de jours, une personne de Seine-et-Marne se refugia, avec sa vache, sous un arbre au moment ou un violent orage eclatait. Tout h coup une forte detonation se fit entendre ; la vache fut luee par la foudre et sa gardienne resta etendue sans mouvement sur le sol. On reconnut qu'elle vivait encore, et des soins empresses lui rendirent le sentiment de son existence. Mais, chose singuliere, en ecartant ses vetements pour la secourir, on apercut parfaite- ment gravee sur sa poitrine I'image de la vache frappee a c6t6 d'elie. » Le redacteur ajoutait que ce phenomene curieux n'est pas sans precedent; il citait k I'appui les fails semblables dont I'histoire des sciences a conserve le souvenir, et que M. Andres Poey rappelait naguere dans une note tres-interessante lue par lui k la Societe royale meteorologique d'Angleterre. En effet, Franklin raconte qu'on a vu de son temps, sur la poitrine il'un homme foudroye, la contre-epreuve d'un arbre frappe vis-a-vis de lui. Des feuilles de peuplier, une fleur, un fer k cheval < lone

COSMOS.

au mat d'un naviie, des chiffr es en metal attaches aux vergues, des pieces d'or ou d'argent portees dans line ceinture, ont ete dissim's par la foudre qui, apres les avoir rencontres sur son pas- sage, venait frapper le dos, la poitrine, les reins d'une personne foudroyee & son tour.

M. Rodolphe Thiers nous ecrit de ChSlons, en date du 22 sep- tembre : « Sur la demande du directeur de retablissenient du Creuzot, a Gh«ilons, je suis venu faire des essais d'eclairage elec- trique dans cctte belle succursale de I'usine mere. lis commen- cerontdemain soir etsecontinuerontjusqu'ala fm de la seniaine. Malgre la multitude d'arbres de transmission, de courroies, d'ou- tils, etc., qui encombrent I'atelier principal, je ne desespere pas de reussir, puissaunnenl seconde d'ailleurs par M. Monnier, di- recleur, anime du plus grand desir d'inaugurer Fapplication du nouveau mode d'eclairage.

Dans la belle nuit du jeudi 24 septembre, M. Leon Foucault a fait chez lui le premier essai d'un miroir en verre argente de sept pouces, dix-huit centimetres environ de diametre. Son nou- veau telescope avail done des dimensions doubles de'celles du premier, qui avail deja donne des resultats si excellents. Vu dans ce second miroir, Jupiter presentait un spectacle magnifique ; on Yoyait distinctement cinq bandes equatoriales avec des largeurs differentes et parfaitement accusees; des masses nuageuses, a formes variables d'un jour h I'autre, se montraient nettement des-i suiees vers les poles; I'lnstrument supportait facilement des gros- sissements leels de 2 a oOO fois ; les etoiles se dessinaient dans I'oculaiie parfaitement defmies et tres-rondes; I'eclairement de- passail dans une proportion considerable celui des miroirs an- ciens.

On fait en ce moment les preparatifs de I'immense ligne tele- graphiquequi, partant de Marseille, ct traversantles iles d'Hyeres, la Corse el toutes les iles jusqu'a Constantinople, mettra la France en coiinnunication directe avec I'Oiient. On cspere que dans un naois Cagtiari, Malte, Corfou et les principales stations do la Me- ditetranee seront reliees par un Cilble ouune serie de cables d'en- Tfiroii 1 200 kilometres de longueur, dont la moitie est deja fabri- quee dans les ateliers de MM. Newall. Le cable se compose d'un seul ill conducteui' en cuivre, reconvert de gutta-percha el pro- tege par un gros lil de I'er roule en helice. Un autre Ccible ailant de Malta h Alexandrie, mettra Bombay a quinze jours de Londres,

La Societe royale d'acclimatatlon avail forme des son origine

COSMOS. 369

en 1854, le projet de placer dans nos differentes cliaines de mon- tagnes des yaks , des chevres d'Angora et des alpacas. Grace au concours des mini*ilres des aflaires etrangeres , de I'iiistruction pul)Iique et de la guerre , le projet a ete promptement realise en ce qui concerne les yaks et les clievres d'Angora. Cette derniere race en particulier est maintenant repandae dans loutes nos chaines de monlagnes , a I'exception des Pyrenees qui sont au moment d'en recevoir a leur tour. Mais pour les alpacas il s'est presente une difficuUe grave. Depuis que leur laine est devenue I'objet d'un commerce important entre I'Amerique et I'Europe, le gouvernement du Perou a prohibe la sortie de ces animaux. M. le ministre des affaires e'trangeres a bien youlu , depuis trois ans, demander a ce gouvernement en iavenr de la Sociele, une excep- tion qui vient eniin d'etre accordee au consul-general et charge d'affaires de TEmpereur, M. Charles Huet. La Societeestautorisee a acquerir un troupeau de vingt-quatre teles et a le faire trans- porter en France. Si elle reussit dans I'acclimatation de I'alpaca, elle realisera enfin un vceu qui a ete, il y a un derai-siecle, celui de rimperatrice Josephine , et qui a meme ete alors sur le point d'etre realise. Un troupeau avait etc achete dans ce but, au Piirou, par le gouvernement espagnol, mais par suite de la guerre mari- time, il est reste tres-longtemps au port d'embarqucment, etquel- ques individus seulement ont pu parvenir en Espagne.

Des quantites considerables de marrons d'Inde sont de- mandees dans nos departements, a un prix egal a celui que les feculerics payalent lapomme de terre I'annee derniere. Ces fruits sont destines a une usine situee a Nanterre, pres de Paris, pour y etre transforme en amidon. Nous avons deja fait remarquer qu'il y a de tres-grands avantages a remplacer Famidon extrait des cereales par la fecule d'un fruit inutile, en faisant rentrer dans la consommalion alimentaire le ble et les pommes de terre qui en sont detournes pour les besoins si nombreux et toujours croissants de I'industrie. Le marronnier d'Inde est acclimate par- tout; il cro.it rapidement et dans les terrains les plus ingrats ; les insectes ne I'attaquent pas corame ils attaquent Forme et le til- leul. Maintenant qu'on extrait de ses fruits un excellent amidon, les communes trouveront done un benefice certain a multiplier cet arbre, un des plus beaux de FEurope, le long des routes, sur les promenades et les places publiques, etc. , etc.

370 COSMOS.

Faits des sciences.

ASSOCIATION BRITANNIQUE.

Discours du M. le president , le reverend docteur Lloyd.

Nous tenons a reproduire integralement le passage de son dis- cours , dans lequel M. Lloyd a resume Ics travaux relatifs aux grandes questions & I'ordre du jour, la correlation des forces phy- siques, la nature de la chaleur, son equivalent mecanique, ses sources, etc., etc.

(( Dans toute la serie des phenomenes de la physique expdri- mentale, il n'est pas de fait plus generalement et plus ancienne- ment connu que celui du degagement de la chaleur par le frotte- ment. Le plus ignorant des sauvages sait que deux morceaux de Lois s'echauQ'ent lorsqu'on les frotte I'un contre I'autre, et les pre- mieres generations humaines etaient sans aucun doute initiees i ce fait. Mais quelque populaire qu'il soit en lui-meme, la science dont ce fait est le geruie dale seulement de quelqucs annecs. On savait au temps de Black que la chaleur disparait lorsqu'elle est appliquee i produire certains changements d'etat des corps, et qu'elle reparait lorsque le corps revient & son elat primitif. On savait que la quantite de chaleur ainsi disparue ou convertie etait en rapport constant avec I'effet ou changement d'etat produit par elle. Dans un de ces changements d'etat, I'evaporation, il y a developpement d'une quantite definie de force mecanique, force qui est de nouveau absorbee, lorsque la vapeur revient & I'elat liquide par la pression qu'on lui fait subir. 11 etait des lors natu- rcl de conjecturer que dans tons les cas ou la chaleur est deve- loppee par une action mecanique, et reciproquement, il doit exister entre la quantite d'action exercee ou depensee, et la quantite de chaleur degagee ou absorbee, un rapport defini et determine. Cette conjecture a ete souraise a I'epreuve de I'experience par MM. Mayer et Joule, en 18/i2, et elle s'est ti'ouvee completement veriflee. On a trouve que la chaleur et la puissance mecanique sont mutuellcmcnt convertibles I'une dans I'autre; que leur rapport est constant et determine, qu'une force capable d'elever Zi26 kilogrammes k un metre de hauteur en une seconde equivaut h la chaleur necessaire pour elever d'un degre centigrade la tem- perature d'un kilogramme d'eau, ou a I'unite de chaleur. La science de la thermo-dynamique, basee sur ce fait, et sur quelques autres faits ou principes evidents par eux-memes, a considdrable- ment grandi sous les mains des Glausius, des Thomson, des Ran-

COSMOS. 371

kine,etc.; etchaque jour elle realise denouvelles conquStes dans le champ de rinconnii.

Si onn'allaitpasplus loin, la science de la chaleur reposeraituni- quement sur des faits d'experience, et elle resterait independante de toute hypothesc relative a la constitution moleculaire des corps. La theorie dynamique de la chaleur pourtant nous a materielle- ment aide a nous former une idee physique plus vraie de sa na- ture intime. L'ancienne hypolhese ducalorique, considere comme une substance separee et distincte, avait deja ete rendue impro- bable par les experiences de Rumfort et de Davy; par les raison- nements d'Young; elle est demeuree cependant assise sur ses bases et elle s'est identiflee avec le langage de la science. 11 est actuellement demontre jusqu'a I'evidence que cette vieille theorie est contradictoire en elle-meme; qu'elle conduirait a cette conse- quence absurde que la quantite de chaleur de I'univers ou des mondes pourrait aller en augmentant indeliniment. D'un autre cote, I'identite reconnue dela chaleur rayonnante avec ia lumiere, et les conflrmations eclatantes de la theorie des ondes, permet- tent a peine de revoquer en doute ce fait que la chaleur consiste dans un mouvement vibratoire, soit des molecules des corps, soit de I'ether compris entre ces molecules. Toutefois, les rapports intimes qui existent entre la chaleur et les corps, ainsi que les phenomenes de conduclibilite forcent h admettre que le meca- nisme qui fait naitre, entretient et propage la chaleur, est beaucoup plus complique que celui qui fait naitre, entretient et propage la lumiere ; et laissent un vastc champ ouvert k des recherches et a des speculations nouvelles.

La seule hypolhese mecanique qui, dans I'etat actuel de nos connaissances, autant du moins quejele sache, pent expliquer I'ensemble des phenomenes de la chaleur, est la theorie des tour- hillons nioleculaires de i\L Rankine. Dans cette theorie tons les corps sont censes constitues par des atomes formes d'un noyau entoure d'une atmosphere elastique. La radiation de la lumiere et de la chaleur est attribuee a la transmission des oscillations des noyaux; tandis que la chaleur thermometrique est supposee re- sulter de courants ou tourbillons circulant entre les particules des atmospheres, tourbillons qui tendent a eloigner ces particules des noyaux et ti leur faire occuper un plus grand espace. En par- tant de cette hypothese, M. Rankine est arrive ci etablir ou a retrouver toutes les lois de la tliermo-dynamique par la simple application des principes connus de la mecanique. II a aussi de-

372 COSMOS.

duit (les mi'jRos principos Ics relations, demontrees vraics plus tare! par rexpericnco, qui licnt entre olios soil la picssion, laden- site ct la lemperai-ure absoluc des fluides clasliques; soil la pression etlaleinperaturc d'cbullition des liqnides.

La thcorio dyiiaraique dc la clialenr nous met a memo de nous former quelque opinion sur la continuitc de son approvisionne- menl pour noire globe et meme de remonler jusqn'c\ sa source. La chaleur du soleil se dissipe ct se perdparla radiation, ctclle irait en diaiinuant progressivenient si son energic thermique ne lui etait pas a chaque instant restituee. Suivant les mesures prises par M Pouillet, la quantity de chaleur emise en un an par le soleil est cgale a celle que produirait la combustion d'une couclie da charbon de plus de 25 kilometres d'epaisseur , et en suppo- sant que cette clialeur s'ecliappe uniformemcnt de la masse entiere, sa temperature subirait chaque annee une diminution d'un degre deux dixiemes. D'un autre c6te, il existe dans notre systemc une grande provision de force aple a etre converlie en chaleur. Si, comme la faible densile du soleil et d'autres circons- tances scmblent I'indiquer, le globe de cet astre n'a pas encore atteint la limite d'incompressibilite, nous trouvons dans les phases successives qui le rapprocheront de cet etat fixe un fonds de chaleur probablement tres-suffisant k satisfaire aux besoins de la famille humaine jusqu'au terme de. son sejour ici-bas. On a calcule que la quantite de condensation qui diminucrait d'un dix-millieme seulcment le diametre du soleil sul'firait h lui rendre la chaleur qu'il emct en 2 000 ans.

En outre, sur notre propre globe, une cerlaine quantite de force vive se trouve detruite par le frottement dans chaque flux et reflux des mors, et cette force vive perdue doit reparaitre sous forme de chaleur. La quantite de chaleur qui en resulte doit etre considerable, et on doit en tcnircompte dans I'apprecialion des changements physiques que notre globe subit. Suivant les calculs de Bossel, plus de 75 000 kilometres cubes d'eau se dcversent chaque six heures, d'un quart de la terre sur un autre quart. La provision de force mecanique est ainsidiminueeet la temperature de noire globe augmentec par chaque maree. Nous ne posse- dons pas encore les donnees necessaires au calcul de la valeur de cet accroisscment de temperature. Tout ce que nous savons avec certitude, c'est que Velfet resultant de toutes les influences ther- raiques auxquelles la terre est soumise n'a pas eprouve de chan- gement perceptible pendant tout I'espace dc temps qui constitue

COSMOS. "^5

ila periode historique. Nons sommes redevables ^i Arago de cette ideduction importante et fine. Pour que le datier rmlrisse ses ■fruits, la (empeiature moyeiine du lieu ou il croit doit exceder

21 degres; etd'un autre cole la vigne ne peut pas Olre cuUivee avec succes sous un cliinat dont la temperature moyenne est de

22 degres ou surpasse 22 degres. Par consequent, la temperature U'une con tree au sein de laqueile ces deux plantes flcurissent et portent des fruits est Gom[)rise entre des limites etroites, c'est- a-dire qu'elle doit etre egale a 21 degres plus quelques dixiemes. Or, nous apprenons par la Bible que ces deux plantes etairiii cul- tivees simultanement dans les vallees centrales de la ^ :;'stine au tmps l3 Moise, ce qui fixe la temperature ancienne dc ces vallees; elles sontcultivees encore simultanement au temps actuel; la temperature raofj^enne de cette portion du globe n'a done pas varie sonsiblemetit dansle cours des trente derniers siecles.

Les progres fiiturs de la physique semblent devoir se fairc dans la voie audacieusement ouverte par trois des plus habiles pliysi- ciens de I'Angleterre, et dans laqueile lis ont deja marclie d'un pas rapide. II est de mon devoir, en consequence, de signaler au moins en quelques mots les etapes successives qu'ils ont faites dans cette conrageuse generalisation, et d'indiquer le but qu'ils veulent atteindre. On salt depuis longtemps que plusieurs des forces de la nature ont entre elles des relations plus ou moins letroites. Ainsi Yaction mecanique produit de la chaleurlorsqu'elle lest appUquee a rapprocher par la compression les atomes des corps les tins des autres, ou lorsqu'elle est depense'e en frotte- ment. La chaleurestdeveloppeeparre^ecina/e, lorsqu'on oppose des obstacles <i son libre passage ; la chaleur se produit encore partout ou de la Inmiere est absorbee, et elle est engendree par Yaction chimique. II existe probablement un semblable ecliange ou transformation entre les autres forces de la nature, quoique, pour plusieurs, on ne soil pas encore parvenu a mettrc en evi- dence les relations qui les lient. Le developpement d'electricite resultant de Faction chimique date seulement des observations de Galvani; et la production du magnetismepar rc'.icctricite remonte & la decouvei'te d'Oersted. Le grand pas qu'il fallait faire ensuite etait de reconnaitre que les relations des diverses forces pliysi- qnes sent mutuelles ; en considerant ou comparant a part deux quelcorsques d'entre elles, il fallait prouver que ces deux forces peuvent avoir Tune avec I'autre les rapports de cause a effet. En ce qui concerne la chaleur et la force mecanique, cette re-

37i COSMOS.

lation mutuclk est connuc depuis longtemps. Lorsqu'un corps est comprime par une force mecanique, il degage de la chaleur; et d'autre part, lorsqa'on chauffe un corps, il se dilate et produit une puissance mecanique. La connaissance de Taction de I'elec- tricilc comme dissolvent des combinaisons chimiques suivit de pres la connaissance du degagenient de I'electricile dans les com- binaisons chimiques, et la decouverte de Velectro-magnctisme par Oersted amena bicntot la decouverte de la magnelo-electricite par Faraday. C'estdonc avecraison que plusieurs esprits en vinrent k conclure que ces relations entre deux qiielconques des forces de la nature sont mutuelles; que ce qui est cause dans un certain ordre de plienomenes pent devenir effet dans I'ordre des pheno- menes inverses; et que, par consequent, pour se servir de I'ex- pression de M. Grove, un des savants qui ont le plus habilement expose ces vues nouvelles, « en meme temps que ces diverses forces sont correlatives ou dans une dependancerdciproque I'une de I'autre, on ne pent dire d'aucune d'elles, dans le sens abstrait, qu'elle est la cause essentielle des autres. »

Mais il fallal t faire un pas encore. Si ces forces ont entre elles non-seulement des relations, mais des relations mutuelles ourecl- proques, ces relations ne sont-elles pas en outre definies ? Ainsi, si la chaleur est developpee par Taction mecanique, ne doit-on pas s'altendre a ce qu'ilexiste entre ces forces qui se font naitre Tune Tautre, une certaine proportion dcfmie, de sorte que si Tune devient double, triple de ce qu'elle elait, Tautre subisse un accroissement proportionnel. Ainsi qu'on Ta dej^ dit, MM. Mayer et Joule ont les premiers soupconne cetle mutualite en proportions definies. La decouverte de Tequivalent mecanique de la chaleur a ete bien- 161 suivie de celle des equivalents des autres forces; et nous Sa- vons actuellement, non-seulement que Teleclricite, le magnetisme et Taction chimique depenses dans une certaine proportion pro- duisent une quantite definie de travail mecanique, nous savons, de plus, surtout par les travaux de M. Joule, quelle est la pro- portion de travail produit, ou, en d'autres termes,quel est Yequi- valenl mecanique de chacune des forces.

Le premier pas fait dans cette branche importante de decou- vertes, quoique pendant longtemps on n'ait pas assez corapris sa portee, a ete incontestablement la preuve donnee par Faraday de Teffet chimique en proportion definie du courant voltai'que. Le dernier pas qu'on fera dans cette voie sera probablement de ra- mener Lous les plienomenes k des modes ou formes de mouve-

COSMOS. 375

ment, auxquels on appliquera les principes connus de la dyna- mique, de maniere h arriver non-seulement k formuler les lois qui regissent cliaque espece de mouvcment considere en lui- nieine, mais f\ exprimer en outre la connexion et la dependance mutaelle des dilTerentes classes do phenomenes.

M. Helmholtz a deja fait un premier essai courageux de cette generalisation, de cette vaste synlhese. La science de la thermo- dynamique part de ce principe : que le mouvement perpetuel est impossible, ou, en d'autres termes, qu'en combinant ou mettant en jeu les corps naturels, nous ne pouvons pas creer de la force ou la produire de rien. Quand il s'agit de force mecaniquc, ce principe se reduit h la loi connue de la conservation de la force Vive. Procedant par analogie, M. Helmholtz a cherche a etablir que cette meme loi se maintient dans I'exercice de toutes les forces naturelles ; en meme temps qu'il montrait que I'admission de cette verite conduirait a des consequences physiques neuves et que I'experience n'a encore nidecouvertes, ni confirmees. For- mule dans son enonce le plus general, ce principe afflrme que le gain de force vive pendant la duree du mouvement d'un systeme est egal a la force depensee ou consommee pour le produire, d'ou il resulte que la somme des forces vives et des forces existantes dans la nature est constante. M. Helmholtz a designe ce principe sous le nom de principe de la conservation de la force. Une con- sequence vraiment importante de son admission est que toutes les actions de la nature sont dues a des forces attractives ou re- pulsives dontl'intensite est fonction de la distance; car c'est seu- lement pour de semblables forces que le principe de la conserva- tion des forces vives a lieu. On affirme ordinairement dans les traites de mecanique qu'il y a perte de force vive dans le choc de deux corps non elastiques et dans le frottement. Cela est vrai en tant qu'on considere le mouvement de masse, qui est proprement I'objet de la science mecanique dans ses limites actuelles; mais cela n'est point vrai dans un sens plus general. Dans ces cas, en effet, et dans tons les cas semblables, le mouvement de masses est transforme en mouvement moleculaire, et reparait ainsi sous forme de chaleur, d'electricite, d'action chimique, etc. ; dc plus, la quantite d'action nee de la transformation est en proportion deflnie avec la force mecanique en apparence perdue. Dans I'exemple choisi, c'est Taction mecanique qui se convertit en ac- tion moleculaire. Mais des actions moleculaires de diflferentes es- p6ces peuvent de la meme maniere se transformer I'une dans

376 COSMOS.

I'aulre. Ainsi, partout oii de la lumiere est absorbee, il se perd en apparence une certaine quanlile de foi'ce vive; rnais, en laissant meme de cote la phosphorescence, cas dans lequel la lumiere ab- sorbee ou une portion de colte lumiei'e est de nouveau degagec, on pent afrirnici' que I'absorplion de la lumiere est lonjours ac- compagnee dun developpement de chaleur ou d'action chimiquo proporlionnel k la lumiere qui a disparu. II en resulte que les exceptions apparentes du principe en sont en realite la confir- matloo ; ci nous arrivons ainsi h conclure que la quantile de force existanle dans la nature est aussi immuable que la quantile do matiere dont so compose I'univers.

Cs quo nous venons de dire, cependant, ne s'etend pas toute- fois ii la force ou eiTet utile, au travail etlectif. 11 resulte du tlieo- reme de Carnot que la chaleur peut etre convertie on force me- canique par le seul fait. do son passage d'un corps plus cbaud k nn corps plus froid. Mais les radiations ct les conductions par les- quelles ce passage s'effectue tendent a amener un equilibre de temperature, e!, par consequent, a aneantir la force mecanique; cette memo destruction d'energie so retrouve dans toutes les autres operations do la nature. Aussi resulte-t-il de la loi de Carnot, comrae M. le professeur Thomson I'a montre, que I'univers tend vers un «?tat d'dternel repos ; et que sa provision de force utile ou travail effectif doit s'epuiser a la longue, a moins qu'il ne lui en soil restitue par un nouvel acte de la force creatrice.

M. Ranlcine a essaye par une autre metliodede combiner en un seulsysteme toutes Iss sciences physiques; en discernant les pro- prietes que les diverses classes de phenomenes physiques posse- dent en commun; et prenant pour axiomes les propositions qui expriment leurs lois. Les piincipes ainsi obtenus sont applicables Stous les changoments physiques; et lis sont certains tie toulela certitude des faits dont on les a fait deriver par induction. L'objet materiel de la science ainsi consliluee estrenergie ou I'aplitutle k eflectuer des changements; et ses principes fondamentaux sont : que toules les sortes d'energie et de travail sont homogones, ou, en d'autres tcrmes que (;haque sorte d'energie peut devenir le moyen de production de chaque sortc de travail; que I'enor- gie totale d'unc subslancc ne peut pas etre alteree par I'aclioii Himtu'dlc de ses parties. De ces, principes I'auteur a conclu plu- sieurs lois tres-generoles de la transformation de I'energie, lois qui rftuferment les relations conoues des forces physiques. »

Voila cor les do boune et belle science, fortement concue, habi-

COSMOS-. 377

lement exprimde. M. Lloyd, copendant, nous permettra quelques observations critiques, et quelques rapproclieuients entre ses jugements et les doctrines si souvent exposecs dans le Cosmox.

I. Couiniencons par une petite reclamation depriorite. M. Lloyd defere tout I'honneur de la decouverte de reciprocite enlre la clialeur et la force mecanique, dtela determination et de Tequiva- lent mecanique de la chaleur ii MM. Mayer et Joule, dont les recherches datent de 18/i2. U ne dit pas un seul motdeM. Seguin, ni de Montgolfler. Ce silence nous etonne quelque peu. N'est-il pas certain, en eflet, 1" que des 1839, dans son livre sur rinfluence des cbemins de fer, M. Seguin a formellement affirme que la va- peur n'etait que I'intermcdiaire entre la chaleur et la force meca- nique; qu'il doit exister entre le calorique et le mouvement une idenlite de nature, de telle sorte que ces deux phenomenes ne sunt que la manifestation sous une forme differente des offets d'nne seule etmemc cause ; que d'experiences faites non pas en petit camme celles de M. Joule, mais en grand, M. Seguin aviiit de- duit des nombres dont on concluait immediatement que I'equi- valent mecanique de,la chaleur etait compris entre 395 et 529, ou egal en moyenne a ^49, nombre assez peu different de cclui de M. Joule ?

IL M. Lloyd parle de M. Grove comme ayant expose les vues des autres plutot que les siennes propres. Cepondant les vues de M. Grove sont des vues originales, et quilui appai'tiennent en en- tier. II les a exposees pour la premiere fois dans une lecon faite a rinstitution de Londres^ en Janvier 18;i2, avant I'apparition des Memoires de MM. Mayeret Joule. M. Grove fondait, ilestvrai, ses vues sur des faits deja connus ; mais le premier il aflirme nctte- ment, a la suite d'un lesume lumineux, que la chaleur, releclri- €ite, le magnetisme, la lumi6re, Taction chimique et le mouve- ment sont correlatifs ou dans une dependance mutuelle les uns des autres ; que les cinq premieres affections de la matierc sont selon toutes les probabilites des modes de mouvement de la ma- tiere elle-nieme. M. Mayer, si nous nous lerappelonsbien,n'a fait qu'une seule experience quimerite d'etre citee, celle de I'echauf- fement de Teau par le frottement; et ce n'est que plus tard que M. Joule a parle des forces autres que la chaleur et la force meca- nique ; ses premieres experiences avaient uniquement pour but I'equivalent chiuiique de la chaleur.

III. Au jugement de M. Lloyd, un des hommes le plus profonde- ment instruits et des esprits les plus judicicux de la generation

378 COSMOS.

actuelle, il n'est qu'une seule hypolliese niecanique, celle de- M. Rankine qui soit d'accord avec I'ensemble des fails connus relativeuient i la chaleiir. Celte hypolhfese consiste k admettre que Ics corps sont composes de deux sortes de molecules : les noyaux relativcment fixes qui oscillent simplement t'l droite et k gauche de leur position d'equilibre, les atmospheres elastiques qui circulent, qui tourbillonnent, etc., etc. Or, celte hypothese n'est-elle pas identiquement celle de M. Seguin nettement formu- lee par lui longtenips avant que M. Rankine appariltsurl'horizon scientifique? N'y a-t-ilpas analogie complete, d'unepart, entre les noyaux de M. Rankine et les m de M. Seguin, de I'autre entre les u. ciu philosophe francais et les atmospheres elastiques et mobiles dumathemalicien anglais? En donnant sa solennelle approbation a la theorie de M. Rankine, M. Lloyd approuve done aussi solen- nellement la grande conception de M. Seguin.

IV. M. Lloyd loue aussi M. Helmholtz d'etre arrive a cette con- clusion capitale que les seules forces d'attraction ou de repulsion en fonction de la distance sont en jeu dans la nature et produi- sent tons les phenom^nes connus. Or, cette conclusion est encore un des dogmes de la grandiose synthese de M. Seguin ; mais M. Se- guin a fait un grand pas de plus, puisqu'il nie la realite des forces re'sulsives; puis qu'il ramene tout aux seules forces attractives, et attractives proportionnellement aux masses, en raison inverse du carre de la distance, h la seule attraction newtonienne.

V. Ouand nous voyons M. Lloyd nier peremptoirement la perte de force vive dans le choc des corps et le frottement, affirmer netlcmcnt que le mouvement de masse qui s'eteint, reparait sous forme de mouvement moleculaire, ne sommes-nous pas au- torise a voir encore dans ses paroles un hommage rendu k M. Seguin, qui le premier et seul longtemps en France a promul- gue et defendu contre toute I'ecole de Laplace, le principe fonda- mental de la conservation de la force, base de la theorie tant vanlee de M. Helmholtz?

VI. Enfin, nous feliciterons M. Lloyd d'avoirchercheaexpliquer d'une maniere plus naturelle et plus vraic, le fait extraordinaire de la continuite sans diminution de la chaleur solaire. Nous au- rions etc desole de le voir accorder son appui a I'opinion de M. William Thompson qui veut que la chaleur solaire soit ali- mcntcc par la matiere cahotique ou les meteores qui viennent k chaque instant toml)er a la surface et s'y consumer.

F. MOIGNO.

PHOTOGRAPniE.

Sur la separation dc I'iode, <lii bromc et du cblore, et Ics degres relatifs d'afOnite dc ces substances pour Targcnt

Par M. Field.

Qiioique le bromure et I'iodure d'argent soient decomposes par Taction du clilore S une temperature elevee, oependant le chlo- rure d'argent est completeraent decompose par le bromure de po- tassium, etle bromure ainsi que le chlorure d'argent par I'iodure de potassium. L'acide chlorhydrique concentre et chaud n'exerce lui-meme que fort peu d'action sur I'iodure d'argent ; il faut de longs jours d'une ebullition continue pour obtenir cette decom- position complete. L'opinion la plus commune des cbimistes est, ce semble, que I'affmite du chlore pour I'argent surpasse celle de toutes les autres substances simples, et Gmeling affirme que tous les sels d'argent, meme les sels insolubles, sont con^ertis en chlorure par les solutions de chlorures metalliques. Les expe- riences suivantes tendent neanmoins a prouver que I'afflnite du brome pour I'argent est plus grande que celle du chlore, et I'affi- nite de I'iode superieure h celle du brome.

Lorsqu'on ajoute peu ti peu un melange de bromure de potas- sium et de chlorure de sodium en dissolulion 6 une solution de nitrate d'argent, non en exces, il ne se precipite aucune trace de chlorure d'argent tant qu'il reste du brome dans la dissolu- tion.

Si ci une solution semblable de nitrate d'argent on ajoute un melange d'iodure de potassium, de bromure de potassium et de clilorure de sodium, il se forme de I'iodure d'argent et du nitrate de potasse, en meme temps que le bromure de potassium et le chlorure de sodium restent indecomposes.

Si Ton verse du bromure de potassium sur du chlorure d'ar- gent, la decomposition est entiere, et il se forme du bromure d'argent et du chlorure de potassium.

Si Ton ajoute de I'iodure de potassium a du chlorure d'argent, il se forme de I'iodure d'argent et du chlorure de potassium ; et si Ton ajoute de I'iodure de potassium au bromure d'argent, la meme decomposition a lieu, I'iode remplacant le brome.

Si Ton agite du chlorure d'argent en exces au contact d'une so- lution d'iodure de potassium, et qu'on chauffe pendant plusieurs

380 COSMOS.

henres , on no d^convrira dans le melange aucune trace d'iodure d'argent; si cependant on verse dii chlorure de sodium sur de I'iodure d'argent, il n'y a pas de decomposilion, non plus que si Ton fait agir le chlorure de sodium sur le bromure d'aigent, ou si Ton ajoutc le bromure de potassium a I'iodure d'argent.

D'un grand nombre d'experiences semblables t\ celles que nous Tenons de decrire, M. Field avait cru pouvoir conclure qu'on pouvait, par une reaction chimique, ariiver a separer I'un de I'aulre le chlore, le brome et I'iode d'un melange de trois sels chlorure, bromure et iodure. Voici comment il a procede : apr6s avoir pese trois portions egales du melange h analyser, il les verse dans trois eprouvettes k bords rodes sur lesquels s'appliquent hermetiquement des rondelles de vcrre usees h I'emeri; a chaque porlion de sel. il ajoute 31 grammes d"eau, puis du nitrate d'ar- gent, un pen en exces ; il place ensuile les rondelles, il agite vio- lemment chaque eprouvette etlaisse ensuite reposer; le precipitd se depose au bout de quelques minutes, et le liquide excedant sur- nage parfaitement clair. On filtre alors dans trois entonnoirs se- pares, et on lave le precipite avec de I'eau cliaude. On seche le n" 1 et on le pese; on fait digerer le n" 2 dans du bromure de potassium, on le seche et on le pese ; on fait digerer le n" 3 dans de I'iodure de potassium, on le seche et on le pese. On obtient ainsi des quantiles de chlorure, de bromure et d'iodure d'argent dont les poids font connaitre les quantitcs de chlore, de brome et d'iode contenues dans le melange des trois sels. Pour mettre la nouvelle melhode a I'epreuve, M. Field a fait un melange de 5 grains d'iodure de potassium, 5 grains de bromure de potas- sium, 5 grains de chlorure de sodium ; les quantites calcule'es d'iode, de brome, de chlore ont ete respeclivement 3,69 ; 3,51; 2,92; tandis que les quantites theoriques ou reelles etaient 3,81 ; 3-,3/i ; 3,02 ; Ics dilTerences, on le voit, ne sont pas extremement srandes.

AGADEMIE DES SClENlJES.

Seance du 28 sejitemlre 1857.

M. Elle de Beaumont annonce la decouverte de la quarante- neuvi^me petite planete, ftiitepar M. Goldschmidt, dans la meme nuit qui revela I'existence de la quarante-huitieuie. Le savant secretaire perpetuel est bien inspire quand il fait ressortir ce qu'il y a d'extraordinaire et de glorieux dans la decouverte simul- tanee de deux astres , situes a une si petite distance I'un de I'autre; mais il joue de malheur quand, usant du droit que M. Goldschmidt lui avait confere de nommer la quarante-huitieme planete et outre-passaat ses pouvoirs, il annonce qu'il a resolu de les nommer toutes deux Jumelles; Jumelle numero 1 ou Jumelle premiere, Jumelle numero 2 ou Jumelle seconde. Ces noms, que M. Pouillet trouve etranges, centre lesquels M. Babinet, parrain designe de la quarante-neuvieme planete, s'empresse de pro- tester, ne seront certainement pas acceptes par les astronomes; et il faut absoluraent que, abjurant son exces de bonne volonte, M. filie de Beaumont choisisse pour sa fllleule un autre nom; M, Babinet veut absolument donner a la sienne le nom de Pales, deesse des palurages, des bergers et dos troupeaux.

En attendant, voici de nouvelles positions de ces planetes :

(<8) planete. 54 sep!eml)re 18S7, S** 2S""

jK 22'' 24' 24", SS; Ded. G" 18' 16" (49) 24 septembre d^ 42™ JR ii^ 20' 43",9S 9''^7™ Decl. 13' 33" (49)25 10''38'". 5l22''26' 10",10 ; Decl. 5='19'18" (49) 27 S*" 22"^ ]R 22'> 23' 8'' ,30 ; Dec!. 5" 25' 0''

Nous constatons avec joie que tout le monde, au sein de FAca- demie comme dans la presse , s'est empresse de payer a cet excellent M. Goldschmidt un tribut de felicitations et de louanges ; M. le marechal Vaillant, ministre par interim de I'instruclion pu- blique, lui accordera, nous en sommes certain, son glorieux pa- tronage, et ^pres un rapport ofiiciel a S. M. I'Empereur, il ob- tieodra de le creer chevalier de ses propres mains.

M. Villarceau communique de nouvelles observations de la dnquieme comete, qui augmente quelque pen d'eclat et semble prendre un appendice caudal en s'approchant de plus en plus du soleij. II rcgrette que la pleine lune la derobe aux regards des astronomes dans la periode ou, eUe, pst ,1'acilement observable, et

882 COSMOS.

craintqu'elle seperde ensuite tout i fait dans les rayons dusoleil.

M. Plazanet dc Douay adrcsse un memoire sur la poussee des voules, et se flatte d'avoir ramene cetle tlieorie ci des formules bcaucoup plus simples qui facilitent grandemeni les calculs; leur exactitude a ete verifiee par la comparaison avec les nombres des tables deduites des melhodes antdrieures acceptees comme rlgoureuses.

M. Ramon de la Sagra, membre correspondant, communi- que a I'Academie mie nouvelle que les lecteurs du Cos7nos ont apprise il y a plus d'un an, celle dela fondation a la Havane, dans rile de Cuba, gr^ce h I'intervenlion de M. le general Concha, d'un Observatoire meteorologique , dont la direction est conflee k M. Andres Poey. Le jeune et zele directeur est en ce moment k Bruxelles, s'aidant de la science et de I'experience de M. Quetelet pour organiser son plan d'observation en conformite avec les bases arretees dans le Congres de 185i. M. de la Sagra ne doute pas que M. Poey reussisse k fonder d'autres stations meteorolo- giques dans les Antilles, et que I'ile de Cuba devienne ainsi im centre extremement important d'observations tropicales, faites dans des conditions exceptionnelles. Le noble desir, emis autre- fois par M. de Humboldt, serait ainsi completement realise.

M. Jacobi, I'auteur du Calcul mental ou de I'expose des me- tbodes par lesquelles le patre Mondlieux faisait ses si etonnants calculs de tete, regrette vivement que son livre ne puisse pas de- venir I'objet d'un rapport; il demande s'il serait impossible qu'il fut admis au concours des prix Montbyon.

M. de Gasparis revient, pour les etendre aux cas d'observa- tions geocentriques, sur les melhodes nouvelles k I'aide desquelles 11 determine la distance d'un astre a la terre , en tenant compte des termcs du quatrieme ordre.

M. t\\e de Beaumont ne dedaigne pas de communiquer, in extenso, le projet d'un inventeur qui, par des moyens a lui, a la pretention d'arreter instantanement les convois lances k toute Vitesse sur les chemins de fer.

M. Prost, a Nice, continue patiemment ses observations des tremblements de terre et des vibrations du sol sur le littoral de la Mediterranee. Tres-vives en 1855, bien ralenties en 1856, elles ont pris une intensite nouvelle en 1857, dans la nuit du 20 au 21 aoat, vers dix beures du soir, en meme temps qu'c'i Alger on ressentait une secousse assez violente de tremblement de terre.

M. le marechal Yaillanttransmetunelettre dans laquelleM. Lu-

COSMOS. 383

cien Fauverel lui donne la description d'un nouveau wagon articule pour voie militaire de cliemin de fer, wagon qui a I'avantage de se transformer, presque instantanement, en fourgon de bagage.

BI. Auguste Boucher, d'Angers, adresse le projet d'un nou- veau systeme de tables de logarilhmes.

M. Babinet fait hommage de la quatrieme partie de ses Etudes et lectures sur les sciences d' observations et leurs applica- tions pratiques, publiees par M. Mallet-Bachelier. Ce charmant petit volume de 304 pages, convert en vert tendre trfis-brillant, qui, par un elTet de contraste, remplit vos yeux de rose plus tendre encore, renferme les articles suivants, reproduits des Me- moives de V Academic ou de la llevue des Deux-Mondes : la terre avant les epoques geologiques ; de la constitution interieure du globe terrestre et des tremblements de terre; de la pluie et des inondations; Tastronomie en 1855 ; les saisons sur la terre et dans les autres plan6tes; sur les progr6s recents de la galvanoplastie ; de I'application des mathematiques transcen- dantes ; la vie aux divers ages de la terre ; des eaux mine'- rales et de la chaleurcentrale de la terre.

M. Geoffroy-Saint-Hilaire, au nom de la famille du prince Charles Bonaparte, presente le tableau des gallinacees, suite aux recherches ornithologiques interrompues, helas ! par la mort ; on pent dire sans exegeration que ces dernieres pages ont ete tra- cdes par la main ferme et courageuse d'un agonisant, et que jamais mourant ne montra plus d'energie.

M. Geotfroy-Saint-Hilaire depose aussi sur le bureau un long travail sur la vie et les ceuvres de I'illustre naturaliste et voyageur Perron, redige par M. Girard, professeur de physique et de cosmographie au college de Moulins.

M. A. de Polignac continue la lecture de ses recherches nou- velies sur les nombres premiers. Nous essayerons d'en donner une idee dans notre prochaine livraison. Ce que nous pouvons dire des aujourd'hui, c'cst qu'elles font le plus grand honneur k leur jeune auteur, sorti dixieme de I'ecole polytechnique il y a quelques annees, et aujourd'hui capitaine d'artillerie. II n'estpas douteux qu'il ajoute a la gloire de son nom.

M. Despretz, au nom de M. Ruault, charge de la comparai- son et de la verification des materiaux servant a la fabrication de la poudre, presente un nouvel appareil pour la determination des densites, fonde sur le principe de I'areometre de Farenheit, mais avec des modifications tres-avantageuses.

^SU COSMOS.

M. Trecul communique & I'Acaclemie la premiere partie d'mi ti'avail intitule : De la ciraulation dans les plantes. Dans cettc premiere partie, il a pour but principal de prouver que la capil- larite ct I'cndosmose nc jouont aucun role dans I'absorption des liquides par les racines, dans I'ascension de la seve, non plus que dans sa marche desccndante. Les physiologisles meraes, dit-il, qui accordent a la capiliarite, et surtout k I'endosmose une grande part dans I'ascension des sues de la plante, sont obliges de reconnaitre qu'elles sont impuissantes a elever les liquides h la -hauteur de nos arbres sans le sccours de I'evaporation qui a lieu dans les feuilles, et qui appclle, disent cos savants, les liquides vers ces organes. M. Trecul pense que si revaporation fait monter les liquides, elle doit les empechcrde descendre. Gorame ils des- cendent apres avoir montd, il eu conclut que I'evaporation ne concourt pas i\ leur ascension. 11 croit, en outre, que la nature ne fait point usage de forces insuffisantes, comme le seraient I'endosmose et la capiliarite; et il ajoute quo le role attribue ii I'endosmose est incompatible avec la constitution des vegetans. Voici comment il prouve cette assertion : Admettons avec les pbysiologistes, dit-il, que c'est I'endosmose qui fait monter les liquides par le corps ligneux, et qui les fait descendre ensuitepar I'ecorce. Pour que ce phenomene s'accomplisse, il faut que la densite des sues aille en augmentant a mesure qu'ils s'elevent .(c'est ce que Ton a observe) ; il faut de plus que cette densile s'ac- croisse en passant, i travers les feuilles, du corps ligneux dans I'ecorce, et en descendant de cellule en cellule dans le tissu cor- tical. Ceci etant admis, les botanistes qui adoptent la tbeorie en- dosmique n'ont pas remarque qu'ils out ainsi, j'l cote I'un de I'autre, deux courants de liquides de densite difterente, parcou- rant des tissus dont les membranes sont permeables; que la seve ■descendante, etant plus dense que la seve ascendante, devrait attirer cette derniere; qu'il devrait y avoir, par consequent, dans toute la longueur du tronc un courant horizontal centrifuge jus- qu'a ce que I'equilibre de densite soit etabli ; qu'alors le double courant ascendant et descendant, quecependant nous constatons, ne saurait cxister. Le courant descendant au moins devrait etre aneanti. Puisquele double courant persiste, c'est que I'endosmose ne s'exerce pas sur les liquides en circulation dans les plantes.

II y a dans les vegetaux d'autres mouvements que celui de la seve siscendantc et de la seve descendante. Cette s(^ve envoie, cherain faisant, dans toutesles cellules'des substances necessaires

COSMOS. 385

a leur nutrition ; ces cellules s'assimilent les elements qui leur convicnncnt et rcjettent ceux qui leur sont inutiles. Les elements rejeles se reunisscnt, soit dans les laticiferes, soit dans les reser- voirs d'liuilcs essentielles, etc. II n'y a pas dans ces reservoirs de liquide plus dense qui appelle ces deruieres, et pour Icquel elles aient de I'affinite. Ici encore Tendosmose n'a done aucune part au mouYement des liquides.

La spongiole est aussi un exemple de Tabus que Ton a fait des causes physiques pour expliquer les phenomenes physiologiques, car on a compare I'extremite des racines a une eponge, ainsi que son nom I'indique. Rien nejustifiecetle comparaison. Lapropriete d'absorplion qui, dans cerlaines plantes an rnoins, est beaucoup plu-s puissante a I'extremile dela racine que dans les autres par- ties de ces orgaues, ne peut pas etre assimilee aux phenomenes capillaires qui font monler les liquides dans I'epongp. Lc mot spongiole donne done une idee fausse de ce qui se passe dans les racines.

Une autre force que Tendosmosc et la capillarife, la vie, que nous ne connaissons que par les ellets qu'elle produit, presidant a I'absorption des liquides du sol, de meme qu'a celie des gaz empruntes A I'atmosphere, les mots capillarile, endosmose et spongiole doivent elre rayes de la physiologic Yegetale.

M. Trecul pense que certaines cellules proeminentes h la sur- face de beaucoup de raclaes ont aussi part a I'absorption ; il croit ^galement que les racines des arbres jouissent dc la propriete d'absorber les liquides par toute leur superficie.

Les sues puises dans le sol par les racines montent par le corps ligueux jusque dans les feuilles, puis ils descendent vers les ra- cines en decrivant ainsi une sorte de cercle. Comme ils pareou- rent toute I'etendue du vegetal, U. Trecul propose de nommer cette circulation la grande circulation, et d'appeler circulation veineuse celle qui, par les laticiferes, rameue aux vaisseaux pro- prement dits ou arteriels les matieres qui n'out pas eLe assimi- lees par les cellules.

II y a en outre un mouvement intraceliulaire des sues, qui a ete observe dans plusieurs vegetaux. Ce mouvement a recu le nom de rotation, parce que les sues sembleut tourner sur eus-memes avec plus ou moins- de regularite k i'interieur de chaque cellule.

VARIETES.

Veppe soluble, sa preparalion et ses applications

Par J. N. von Fuchs.

Dans I'introduction de son Memoire, I'auteur rappelle que pen- dant longtemps on ne fit nuUe attention & la decouverte faite par lui en 1825 , parce qu'elle fut d'abord declaree comme sans consequence et meme attaquee. Avant son depart de ce monde, comme dit le celebre autcur, il s'est senti pousse a publier d'au- tres series d'observations dans son Memoire, maintenant que rimporiance de cette decouverte a ete reconnue. Dans la pre- miere section, I'auteur decrit le mode de preparalion de quatre differentes sortes de verre soluble, dont la nature et I'emploi ont ele exposes par lui dans ses ecrits anterieurs. Ce sont :

1. Verre soluble de potasse. II est prepare avec

15 parties de quartz pulverise nu de sable pur 10 de potasse bien puiifice i de cbai bon de bois pulverise

Dans un grand bassin nous pouvons prendre :

45 livres de quartz 30 de potasse 3 de cliarbon pulverise

Ces substances sont bien melees et tenues en fusion pendant cinq ou six beures dans un creuset infusible h un fort feu , jus- qu'i ce que le tout soit arrive k un etat de fluidite uniforme et sans bouillonnement, et pour cela il faut une chaleur qui ne soit pas inferieure a celle qui est necessaire pour la fusion du verre ordinaire. On enlSve encore la masse fondue avec de grandes cuilleres en fer, et Ton remet une nouvelle charge dans le creuset.

On pulverise le verre ainsi obtenu, et on le met graducUement dans cinq paiiies d'eau bouillante dans une chaudiere de fer; on I'agite continuellement, et Ton ajoute frequemment de nouvelle eau chaude pour remplacer celle qui s'evapore; on maintient le tout en ebullition sans interruption, jusqu'a ce que la dissolution soit complete, k I'exception d'un d^p6t boueux quireste au fond, et d'une pellicule mince qui se forme j'l la surface ; cette ope'ration demande de trois h quatre heures. La formation de la pellicule indique que la solution est pres du degre de saturation ; elle dis- paralt lorsqu'on la fait immerger, apres quoi Ton contiime de faire

COSMOS. 387

bouillir pendant quelques instants, afin de porter la solution a uu degre dc concentration tcl que sa densite soit de 1,24 k 1,25. A ce point, elle est encore passablement fluide, et propre h elre em- ployed dans bien des cas ; pour certaines applications elle doit etre addilionnee d'une quantite d'eau plus ou moins grande. On peut encore pousser I'evaporation jusqu'i ce que la solution at- teigne la consistance de sirop; mais elle ne peut alors etre em- ployee que dans des cas particulicrs.

II arrive quelquefois qu'elle contient du sulfure de potassium; pour le detruire, on ajoute del'oxyde de cuivre ou de la tournure de cuivre un peu avant dc faire cesser 1' ebullition ; par ce moyen, une petite quantile de potasse devient libre ; mais elle n'est pas nuisible dans la plupart des applications industrielles, et souvent meme elle est avantageuse. Mais si I'on veut avoir un vcrre so- luble completement sature par la silice, il faut le faire bouillir avec de la silice fraicbemcnt precipitee, jusqu'a ce que celle-ci ne pulsse plus etre dissoute.

Pour la facilite du transport, on peut pousser I'evaporation en remuant conllnuellement, jusqu'^ ce qu'il se forme une masse molle ; les meilleurs vases pour I'expcdier sontceux qui sont faits en fer-blanc (fer etame). Le precede le meilleur et le plus com- mode pour preparer le verre soluble & I'etat solide est fourni par I'alcool. Ainsi, si la solution concentree est melangee avec le quart de son volume d'alcool rectifie, il se produit un precipite "•elatiaeux ; dans I'espace d'un jour ou deux, ce precipite se con- tracte consid^rablement et adhere fortement au fond du vase. Si Ton enleve le liquide surnageant qui assez souvent contient, outre du carbonate de potasse, des traces de chlorure de potassium et de sodium, et du sulfure de potassium, et si on lave le precipite avec de I'eau et qu'on le presse Idgerement, on obtient le verre soluble a I'etat solide, tres-pur et completement sature avec la si- lice. II se dissout aisement et entierement dans I'eau. Lorsque dans les pages suivantes on se servira seulement de I'expression de verre soluble, il faudra toujours entendre qu'il s'agit du verre soluble a base de potasse. 2. Yevre soluble de soucle. On le prepare avec

45 livres de quartz

23 de caiboaalc de soude anhydre 3 de cliarbon pulverise

Ce melange est un peu plus fusible que le verre de potasse. On peut neanmoins I'obtenir a bien meilleur march^, comme le pro-

888 COSMOS.

fesseur Bnchner s>n est assure, par le moyen dusel de Glauber, auqucl cas il faut prendre :

JOO parlies de quariz 60 de sulfate aiiliydre de soude IS a 20 de rliarhon

Le prodnit, lorsqu'il est complelcment salure par la silice,, donne avcc I'cau une solution un pen plus opalescente que celui qui est prepare avec la potasse aumeuie degre de concentration. II n'est pas precipite completement et a I'instant par I'alcool rec- tifie, comme le verre de potasse, mais seulementconverti en une masse gelatineuse; lorsqu'il n'est pas |entierement sature par la silice et que la solution est un pen ctendue, il ne donne pas de precipite, ou bien il n'en donne qu'apres un certain temps, ce qui le fait aisement reconnaitre et le distingue du verre do potasse.

3. Verve soluble a base double. Le verre de potasse et le verre de soude peuvcnt etre melanges en toutes proportions, mais nous pouvons seulcment considerer comme un verre normal a base double celui qui contient des equivalents egaux de potasse et de sonde et qui peut etre obtenu d'une maniere certaine avec le sel de la Rochelle et la quantite requise de quariz (100 parties de quartz ot 121 parties de la sel de Rochelle). Mais ce moyen serait trop dispendieux pour les applications aux arts, et on peut pre- parer ce verre k bien meilleur comptc avec des equivalents egaux de nitrates de potasse et de soude, ou de tartrate de potasse pu- rifle et de nitrate de soude et de la quantite correspondante de quartz; il sera d'une qualite suffisamment bonne pour les usages industriels. On peut aussi la preparer par la fusion directe de quartz, carbonate de potasse et carbonate de soude, dans les pro- portions suivantes :

100 parties de quartz 28 de potasse purifiee 22 de carbonate de soude anliydre et neuire 6 de cliarbon pulverise

La fusion est tres-sensiblement plus facile qtf aucune des pre- cedentos.

Comme il n'est d'aucune consequence pour les usages indus- triels d'avoir des proportions quantitatives bien exactes , on peut prendre, sans s'eloigner beaucoup des proportions voulues, deux parlies en volume de verre de potasse ; on aura un verre double qui sera applicable a tons les arts industriels auxquels il est par- ticulifereuaent destine.

COSMOS. 3S9

l\° Verre soluble pour fixer la peinture. Le verre soluble or- dinaire n«convient pas pour la stereochromie ; les figures qui seraientfixees avec ce verre se taclieraient, Le verre soIul)]e qui convient dans ce cas se prepare en fondant ensemble trois parlies de carbonate de sonde anliydre pur avec deux parlies de quartz- pulverise. On fait avec ce verre une solution aqueusc concentree, et on en melange une partie en volume avec qualre ou cinq volumes d'une solution concentree de verre de potasse sature de sUice ; et par ce moyen on a une augmentation de silice et en outre une plus grande quantite d'alcali, cequi sera suffisant pour empecher la rapide decomposition de ce vei're sans alterer senslblement ses, autres proprietes. Le verre soluble, qui d'abord etait troul)le et opalescent, devient parfailement limpide et encore plus fluide par ce moyen. L'emploi de ce melange n'est pas limite a la stereo- chromie,. mais il pent etre applique dans beaucoup d'autres cas.

5" Proprietes du verre soluble et maniere dont il se comporte avec les autres- corps. Le verre soluble, solide ou fondu, qui, lors- qu'il est pur, a I'apparence du verre ordinaire, se dissout gra- duellement dans I'eau bouillanle sans laisser de residu ; mais dansi I'eau froide il se dissout avec tant de lenleur, qu'on pourrait le I'e- garder comme y etant tout a fait insoluble. II n'est toutefois entie- rement insoluble que lorsqu'il est combine avec une bien plus grande quanlite de silice, ou lorsqu'une partie de la potasse lui a ele enlevec, ou lorsqu'il s'y trouve d'autres corps, tels que des matieres terreuses, desoxydesmetalliques, etc., qui forment avec lui des: composes aaalogues aux selst doubles ou tiiples, comme on en rencontre frequemment dans le regne mineral ; le verre commun est aussi un compose de cetle nature. II faut observer en passant qu'en general la silice se combine plutot avec deu^p bases qu'avocune seule.

Les acides, y compris m^me I'acide carbonique, decomposent la solution, et en separent la silice sous la forme gelalineuse. lis agissent encore avec plus d'energie etde rapidite, memo lorsiiu'ils soul etendus, sur le verre soluble solide, et en separent la silice sous la forme pulverulenlo;,

Les.selsabase alcaline, specialemenlles carbonates et lescldor- bydrales, produiseut un precipite pateux, qui se forme immedia- tement et coaguJe tout<^ lasolulion lorsqu'elle n'est pas trop eten- due; aulrement Icur action se manifeste leutement. Sous ce rap- port le chlorhydrate d'ammoniaque estparticulieremout actif; il produil un precipite Jloconneux, avecdegagementd'ammoiiiaquie.

390 COSMOS.

meme lorsque la solution est tres-diluee; ce procipite, etant lave longtemps avec dc I'eau acidulee par racidenitrique, laisse de la silice pure.

Les terres alcalines separent plus ou moins de potasse de la solution et se combinent avec la siiice et la potasse qui reste pour former des composes doubles qui sont completement in- solubles dans I'eau.

L'aluinine se combine aussi avec le verre soluble pour former un produit insoluble dans I'eau, et pour cette raison il est neces- saire de voir si le sable quartzeux. qui est employe dans la pre- paration du verre soluble ne renferme pas de parties argileuses. Le dep6t ptXteux produit dans la solution du verre fondu provient probablement de I'alumine enlevee par le verre au creuset, dans lequel s'est faite la fusion. Si le verre soluble est expose a I'air en dissolution dans des vases ouverts, il attire I'acide carbonique et subit la decomposition, de sorte qu'il se coagule au bout d'un temps plus ou moins long, et qu'il se forme graduellement un depot gelatineux qui, d'apres les rechercbes de Buchner, con- tient de la potasse.

A I'aide de la cbaleur, ce cbangement s'opere bien plus rapide- ment qu'i la temperature ordinaire; et si Ton fait evaporer gra- duellement la solution dans un bassin sur un fourneau a evapo- ration, puis qu'on I'expose r^ une plus forte cbaleur pour le rendre anhydre, ce qui le fait gonfler beaucoup et prendre I'apparence de la ponce, on trouve ensuile qu'il est decompose pour la jjIus grande partie, rendu insoluble dans I'eau et capable de faire fortement effervescence avec les acides. Neanmoins, avec une legere cbaleur rouge, il rctourne k son premier etat, de sorte qu'il pent etre de nouveau completement dissous dans I'eau.

On voit d'apres cela que lorsqu'on veut preparer le verre so- luble k I'etat solide en le retirant de la dissolution par le moyen de I'cvaporation, il faut tenir la dissolution constamment bouil- lante, afin que Facets de I'acide carbonique soit empeche par le degagement de la vapeur. II faut avoir la meme attention, lors- qu'on opere la dissolution de la masse brute qui a ete fondue ; et pour cette raison, il ne faut pas se servir d'eau froide pour remplacer alors celle qui s'evapore , parce que aulrement I'ebul- Ution serait interrompue , et cette interruption laisserait un acces ci I'acide carbonique.

Lorsque le verre soluble solide et pulveris(5 est expose a I'air pendant quelque temps, il subit les memes alterations que du-

COSMOS. 391

rant I'evaporation ; ainsi il fait fortement effervescence avecles acides, et ne se dissoiit que partiellemeiit dans I'eau, en aban- donnant un depot considerable. Mais si la poudre est calcinee, elle se dissout de nouveau completement. Si on laisse tomber sur une table ou sur le parquet des gouttes de celte dissolution, elles perdentbienlutlenr transparence, etblancbissent, par suite d'une decomposition partielle. La nieme cbose arrive lorsqu'on en verse d'un vase de verre, il arrive alors frequemment que quel- ques gouttes coulent a I'exterieur du vase et y adherent ; bientut apr6s, ce qui a coule au dehors se desseche, et forme des trainees blanches qu'il n'est pas aise de faire disparaitre. Si on le con- serve dans un vase qui n'est pas entierement rempli ou qui est mal bouche, il se forme h la longue un anneau blanc qu'on ne peut cnlever enti6rement, meme avec les acides. En meme temps un precipite plus ou moins considerable se depose aufond du vase. Si i'on met du verre soluble concentre sur un corps solide, dans lequel il ne penetre que tres-peu ou pas du tout, comme du verre, du marbre, du papier fort, etc., il se desseche bientot et forme un vernis transparent qui, toutefois, nereste pas longtemps en cet etat, mais qui devient terne, trouble, et quelquefois fen- dille, il flnit par se converlir en une legere couche de poussiere. Cette alteration provient de ce que le verre soluble seche a I'air contient encore beaucoup d'eau (environ 12 pour 100) qu'il ne perd que lentement; et pendant ce temps-ia il se contracte tou- jours de plus en plus et acquiert une durele considerable.

Une des plusexcellentes et des plus imporiantes proprietes que possede le verre soluble pour les usages industriels, c'est de lier et de produire de la coherence; il sert done a donner aux masses incoherentes de la densite et une plus forte cohesion; a reunir de petits fragments en un tout compact, a rempiir des fentcs et des fissures, etc. ; sous ce rapport il n'a pas encore recu toutcs les applications dont il est susceptible. Considere a ce point de vue, il peut etre compare ci la glu, et on devrait I'appeler glu minerale.

Son efiicacite se montre immediatement, lorsqu'il est incorpore ci des corps solides et poreux qui s'en imbibcnt ; et lorsqu'il est mis en contact avec des corps purverulents ou sablonneux ou qui peuvent s'ecraser entre les doigts ; par lui, ces corps sont convertis en masses dures comme la pierre, et en meme temps il perd la solubilite dans i'eau. Ces actions dependent, quant a leur energie, de la nature des

392 COSMOS.

substances avec lesquelles le verre soluble est mis en contact; ainsi tol corps s'unit avec lui plus fortoment que tel autre. Sous ce rapport, la diirerence essentielle vient de ce qu'avec quelques corps, comme la magnesie et I'oxyde de zinc, il y a combinaison chimique avec le verre, tandis que dans d'autres cas il n'y a d'au- tre action que celle de I'adhereuce.

Dans le premier cas on se rend ais^mcnt comple de la duretc ct de I'instabilite produite, puisqu'un corps insoluble est forme par I'introduction d'une seconde base ; dans le second cas, il n'est pas a«ssi aise de comprendre ce qui se passe, et surtout pourquoi il y a des dilVerences si considerables dans la maniere dont le verre soluble se comporte avec des corps de dilTerentes sortes; c'est pour cette raison que le choix du corps n'est pas indifferent lorsqu'on desire preparer un melange iutime, solide eta I'epreuve de I'eau. Ainsi, le verre soluble donne une plus grande tendance adhesive au marbre pulverise qu'au quartz pulverise. Que I'acide carbonique de Fair joue un grand r61e dans la consolidation du verre soluble, cela est evident, meme par ce qui a dejt'i ete dit relalivement a sa decomposition partielle par I'aclion de Fair; mais ce fait ne parait pas suffisant pour expliquer le cbangement re- niarquable qui se manifesto souvent meme en pcai de jours. L'acide carbonique delruitcertainement I'union, faible d'ailleurs, delasiliceetderalcali; maissuivantl'opinion del'auleur, lasilice ne se comporte pas passivement; auconlraire, en raison de sa na- ture propre, elle acquiert spontanement divers etals de coherence, €t joue meme un role aclif en se contractant, pour ainsi parler, et en s'unissant en meme temps si fortement avec les corps qui sont en contact avec elle et pour lesquels elle a une tendance cohesive, que le tout devient pour ainsi dire petrifie. Lorsqu'un melange ne se lie pas comme on le desire, il est necessaire d'a- jouter seulement quelques substances qui enlrent en combinai- son chimique avec le verre soluble, alors on est certain d'oblenir le resultat desire.

Un bon melange liant de matieres pulverulentes on sablon- neuses avec le verre soluble est appele par Fauteur mortier de verresoluble {soluble-glass-mortai-). Dansbeaucoup de cas, comme nous le verrons dans la suite, il pout (itre employe avec grand avanlage k la place du mortier de chaux ordinaire.

(A continuer.)

Imprimerie de W. IUmqukt el Cie, A. TB.AMEI.AY ,

rue Garancitie, 3. proiiiUtainr-o^yant.

T. XZ, 9 octobre 1857. Sizi^me ann^e.

GOSlrlOS.

NOUYELLES BE LA SEMAINE.

Nos vc&ux, ou mieiix les vceux de tons, sont auiourd'hui coni- pletement exauces. M. Goldschmidt a recu la croix de la Logion d'honneur, et coinme nous I'avions annonce , il la rec.ne des mains de M. le marechal Valllant, par sa toute-piiissanteintorccssion. Mardi, 29 septembre, le lendemain meiiie de la seance de I'Aca- demie, M. le inareohal, par Toie telegraphiqiie, signalait a Sa MaJGste le dernier suGces de Tatdent aslrononie, el demandait pour lui la recompense si Men meritee. La demande du mnreclial fut Lmmediatement exaucee, et le vendredi 2 octobre ii trans- mettait cettebonne nouvelle a M. (ioldschmidt, I'invilant a venir le lendemain recevoir de lui raccolade fralernelle en meme leinps qu'il attacheraitleglorieux ruban a sa modesteboutonniere. Kous ne saurions dire avec quelle cordialite, avec quelle joie le mare- chal a ren)pli les devoirs de parrain du nouveau chevalier. II a laii: plus encore, il a redige etecrit de sa pj-opre main le decret de pro- motion de M. Goldschmidt, le dernier qu'il diit soumettre a la signature de Sa Majeste avant de rendre les sceaux a M. Rouland, ministre tltulaire de I'lnstruGtion publique. 11 a voulu enfm cpie M. Goldschmidt s'assit le lundi suivant a sa table en compagiiie de M. Struve, de M. Le Verrier et bcaucoup d'autres notabilites scientifi(]ues, et qu'il y devint I'objet de solennelles ct douces l^licitatiuns. 11 etait impossible d'agir avec plus de noblesse ^t d'-empressement. A la derniere seance de I'Academie, M. le mare- chal nous interpellait avec une cliarmante gaite, et nous disait: ¥ousaveztiresur moi, monsieur rabbe,unelellrede change; elle nem'a ete presentee que lundi 5 octobre dan^ le Cosmos, mais les fonds elaient prels le 29 septe,mbre, et ell,e etait payee le samedi 8 octobre ; si vous avez.etd pi:p«ipt,}e I'ai ete plus que vous, et je me rejouis grandement de ne m'etre pas laisse devancer. Que pouvions-nous repondre au marechal, sinon que nouS;le connais- sions le mcillcur payeur du.monde, alors surtout qu'il s'agit de ceconnaiire et de proclamcr les droits du vrai merite?

M. Goldschmidt a ete, cetle meme semaine, I'objet d'une faveur non moins uisignc. Sa Majesle I'lmperatrice a gracieuse-

1.".

39ft COSMOS.

mont acceptd les fonctions de marraine de la quarante-cinquieme- petite planete, decouverte le 27 juin dernier, et elle a daigne lui donncr son noni d'Engenie. C'est un nom exceplionnel, inais rcxcoplion cettc fois no soulevera aucnno protestalion. Sa Majcstc avail ele touchee d'un souvenir que lui rappelait le modeste as- tronomc : ce futle jourde la Sainle-Eugeiiie, le 15 novembrc 1852, qu'il a decouvert sa premiere petite planete, il croitque celle coin- -cidence lui a porte jjonheur, puisque le nombre des astres qui se rattacheront a son nom jusqu'a la fin des siecles s'eleve dej;'i i\ neiif; pourrait-t-on se refuser des lors a ce que I'une de ces planetes pnrlaL le nom d'Eugenie ?

Le Nestor de la science, Alexandre de Humboldt, est entre', le lundi l/i seplembre, dans sa quatre-vingt-neuvieme annee; 11 est ne en 1769, annee qui vit naitre Napoleon I"

Nous avons vu avcc plaisir, I'autre jour, que Ton deniontait la grande fontaine en fonte du carre des Ambassadeurs, aux Olianips-l^lysees, pour la transporter & Auteuil, dans les ateliers de M. Oudry, ou elle sera revetue do cuivre galvanoplastique, d'a'pres la methode que nous avons decrite. Les procedes de M. Oudry, dont on a fait- I'application en grand sur les poteaux •ndicaieurs du bois de Boulogne et les candelabres de I'avenue de I'tnipt'ratrice, ont si bien reussi; et ilest sibien deniontre parune trop longue experience que la peinture ordinaire defend mal les fontaines publiquos et les autres monuments en fonte de I'oxyda- tion et de la destruction, suite de I'oxydation, que la ville de Paris a resolu de recourir au cuivrage, quoique ce soit pour elle un surcroit de depenses Imprevues. Cos depenses, au reste, sei'ont au fond et pour I'avenir une source d'importantes economies. Apres la fontaine du carr^ des Ambassadeurs viendra celle du parre Marigny, puis les fontaines colossales de la place de la Con- corde, etc,

A Amiens, il y a quelques jours, plus de deux cent cinquante families etaient en proie a la desolation. Un mal indefmissable, violent, presque foudroyant, clouait dans leur lit, au milieu de tortures cruelles, de vomissements frequents, de selles melees de sang, un nombre considerable d'habitants qui, la veille au soir^ s'elaientcouchesen bonne sant^et sansaucun symptomealarmant. On est resle bientot convaincu qu'il s'agissait d'empoisonnemcnt par des crevettes venues d'un y)ort de la Manche et (pii la veille avaient ete vendues sur le marche. A quelle cause laul il allri- l)uer I'infection des pelits crnst'ires? Existait-oUe (h'ja lois do la

COSMOS. 395

p6che? Est-elle le resultat du mode de cuisson, de la nature du vase oil elles out etc deposecs? L'enquete severe a laquelle se livre radministralion municipale jellera sans doule quelque jour sur ce douloureux episode.

On salt depuis longtemps qu'un grand nombre d'animaui ma- rins peuvent determiner des accidents tres-graves. On a signal^, sous ce rapport, dans la classe des moliusques, la moule et riiuilre ; dans la classe des crustacees, I'dcrevisse, le homard, le touloureux et le soldat ; dans la classe des poissons, le poisson arme, la lune, le tetraodon ocelle et le tetraodon scelerat, la grande et la petite vieille, le coffre-triangulaire, le cailleu- tassart, la grande et la petite orphee, le congre, le perroquet, le capilaine, la becasse, le tlion, le carougue, la dorade ou dauphin des Anglais, le cayeux, espece de sardine, Taklicose et le maquereau de Sainte-Helene. M. Morvan, medecin a Lannilis, affirmait tout recemment, dans le Moniteur des hopitaux, qu'il fallait ajouter h cette liste deja si nombreuse d'animaux marins toxicophores le sourdon, cardium edule, et la bonite, scamber palamys, de la famille des thons. Quel que soit I'animal ingere, les symptomes d'empoisonnement sont les memes, a pen de chose pres. Ce sont d'abord des douleurs sourdes, puis \iolentes, a I'es- tomac et dans les intestins, avec ou sans vomissements, generale- ment avec meteorisme et constipation, plus rarement avec diar- rhee. Le malade tprouve du cote du cerveau une cephalalgie intense, avec vertiges, affaiblissement de la vuc et de rouie, quelquefois meme convulsions et paralysie. La peau est le siege d'une injection ecarlate, suivic d'une eruption miliaire ou d'une urticulaire plus ou moins coniluente. II survient enfin une fievre intense, suivie, dans les cas les plus graves, d'une prostration complete de forces.

A I'exemple de plusieurs de nos confreres, nous avons cel^- bre I'efficacite altribuee aux eaux de Forges-les-Bains pour la guerison des scrofules ; nous nous croyons des lors oblige d'in- serer les conclusions du rapport sur ces eaux, adresse a M. le minislre de I'agriculture, du commerce et des travaux publics, et r^dige par M. le docteur Guerard, au nom d'une commission de I'Academie de m^decine. L'eau des sources de Forges-les-Bains, consideree sous le rapport de sa composition chimi<|HR et de ses proprietes physiques et organoleptiques, ofl'ie le caract^n^ d'une eau douce de tres-bonne qualite. EUe est employee coninip lelie, dans le pays, aux divers usages de I'economie domestique. 2 Les

396 COSMOS.

re8u!tiU8 avautngoux oblcnus chez les vingt-cinq scrofulcux on- voy«t> ii Forges pnndant les aniu'cs 1852, 18;>3 et 185^ no iloivent pas etre atlriljues a une action specilitiue des enux decetle loca- lite. 3" Ces resullats sont das a I'aclion coinbitieG et loiiglemps Gouliuuce de bonnes conditions bygiriiiqnes, des l)ainsol des pra- tiques accessoires dc ces bains, aitxquelles les .malades out et^ souniis pendant lies cinqou six moisqu'iis out passes & Forges, W Ces conditions bygieni<|ues, a savoir : rair pur, une propretig exquise, une bonne alimentation, les exercices gymnastiijues, les bains el les pratiques accessoires, douches, frictions energiques, rajvssages, etc., ont puetre realises facilement sur le petit nonibre des malades qui y ont ete soumis, et out amene chez quehjues- uns une gucrison complete, chez tons une amelioration Ires-no- tahle. 5" Mais si le nouibre des malades scrofuleux soumis a ces diverses conditions venait h etre augmente dans une proportion considerable, lesraemes conditions, et, en particulier, la propret^ etla puKete .de Fair, dcviendraient d'autant plus dilQciles a rea- liser que le chiffre des malades serait plus eleve. 6" Enfin, si ce meme chiQVe montait a plusieurs centaines, reunis sur un nieme point, il serait a craindre que les malades ne s'infectassent reci- proqucment de leurs plaies et de leurs dejections, et qu'il n'en resultat une aggravation dans leur situation, et meme le develop- pement de quelque affection epidemique qui pourrait etendre ses ravai^es audcla de retablissement. 7"'En consequence, I'Academie. estiine qu'il n'y a pas lieu de donncr suite i\ la proposition de MM. Belleyme et Dcstigny, d'eiever ii Forges un hopital destiu^ auitraileniQul des scrofuleux.

^.La SDciele proleclrice des animnux a proteste avec energifi, dans uneide ses derniet-es seances, conlre les combats de chienS clandeslinemcnt organises h Tile Saint-Ouen, et que M. .Paulae d'lvoy a lletris en ces :termes dans sa chronique de \a Revue de Paris: « On nous appelle pour un second combat; nons mon- tons daus une chambfe liaute, au milieu de laquelle est I'arene. C'GSt une-sotite decaisseenbois, d'lm metre de hauteur, carr(Jc et ayant<Gnvirontrois melresdccote. Les mailvesdes deux chiens qui vont ^se buttre, deux pointers, enlrent dans la caisse else placent aux deuv angles opposes. Oiiacun relient son chien qui se del)at et brille de se jeler sur son adversaire. A un signal doufie, on ladie l-s chiens, qui se jotlcnt I'un sur I'autre avec une r.»g^^ in .uie. Re i d'ex'raordiiiaire comme I'adresse de ces animaux, debout, p dtrine GOBJe po».trin.', ramenant leurs paltes

COSMOS. 397

en arrierc pour emp^cher lenrs ennemis de les niordre et (\p. les briser, ils se mordent avec fiireur, dans le cou, dans la poilrine, diins la niaclioiie. lis luttent, se renversent, leur sang coule et rejailllt jusqiie sur les bords de. la caisse. De temps ca lemps, pour les laisser respirer, leurs inaltres les separent; mais ces animaux furieux se lienneiit avec tant d'acharncmenl. quo, pour leur falre lecher prise, on est oblige de leur niortlre le bout de la qneue... Je n'y tiens plus, et je prends la fnite. J'etais honteux d'etre ^enu. Je n'elais cependant pas en mauvaise compagnie. II y avail autour de cette caisse- des Ivorames du monde, des sport- men... Laissons les combats de ehiens aux Anglais comme les courses de taureaux A TEspagnf . »

Le bulletin dela Societeproleciriceprotesteaussicontrerusage cruel ou Ton est ea Hollande d'aveugler les pinsons pour en ob- tenir des chants plus melodieux, plus prolonges, et de faire lutter d'art ces pauvres petits aveugles dans un concours solennelle- ment organise.

Dans un article intitule la sous-ventriere, M. le docteur Blaiin signale des abus revollants et conclut par ces sages cou- seils : « Veillons done i ce qu'on n'exige pas, sans absolue ne- cessite, qu'un cheval alteint de blessures soit conlraint de Ira- vailler et de soulTrir. Veillons h ee que les charretiers prennent p'ns de soin dans I'equilibration de la charge de leurs voiturcs, dans I'entretien du harnais, et particulierement do la sous-ven- triere; dans la iiianiere de la placer, etc. Elle est le plus souvent trop rapprochee da coude du cheval et gfine ses mouvements. Gonseilions de Felargir, de la rembourrer pour les lourdes voi- lures ; insistons pour qu'on adople de preference les chariots k quatre roues ; et qu'ileur defaut, on remplace pour les vehicules a drux roues I'essieu droit par I'essieu coude de M. Fazs; avec cetes- sieu, Tequilibration de la charge ne presente aucune dilQculte; les inconvenients de la sous-ventri6ic disparaissent; le cheval a plus do force et se trouve a I'abri d'accidents et de souflrances que nous devons etre heureux de lui epargner. « Tout le monde sait que la sous-ventriere est une couiroie se fixaut aux timons, pas- sant sous la pniirine du cheval, et servant a maintenir I'equilibre de la charrelle en s'opposant au mouvement de bascule lorsque la charge porte trop en arriere; dans celte situation, le pauvre iimonier est done reduit a I'etatde contre-poids, etque defois on I'a vu enleve par la charge trop lourde a Tarriere, suspendu cu I'air, etoulTe, etc. etc.

PIIOTOGRAPHIE.

Sur les plienoiucnes de relief que presciite Fiinnge forniee sur Ic verre depoli de la ciiauibre obscure

Par M. Claudet.

L'auteur ayant rcmarque que I'image forraee sur le verro de- poli de la chambre obscure apparait autant en relief que I'objet naturel vu avec les deux yeux, avait desird decouvrir la cause de ce phenomene; ses experiences et ses recherches Font conduit i ce fait singulier et inattendu que, quoiqu'on n'apercoive qu'une image peinte sur le verre depoli, chaque oeil cependant percoit une image differcnte ; qu'il existe en realite sur le verre depoli deux images, I'une visible seulement pour I'ocil droit, I'autre Tisil)le seulement pour I'oeil gauche ; que I'image \ue par I'oeil droit est la representation de I'objet refracte par le cote gauche de la lentille, ct I'image vue de VmW gauche, la representation de I'objet refracte par le droit de la lentille, les deux images par consequent se montrent sous deux perspectives differentes, et le resultat de leur vision simultanee doit etre une perception ste- reoscopique ou en relief, comme lorsqu'on regarde a travers le stereoscope deux images de perspectives dilTerentes ou prises de deux points de vues diflerents.

II semble que les differentes images separement refractdes ou produites par les differentes parties de la lentille ne sont visibles chacune que dans la direction suivant laquelle elles ont ete re'- fractees, etlorsque cette direction coincide avec les axes optiques des yeux ; de sorte que si nous remuons la tete pendant que nous examinons I'image sur le verre depoli, nous perdons la percep- tion de tons les rayons qui ne coincident pas avec I'axe optique, et nous ne percevons a chaque instant que les rayons qui, sui- Tant la position des yeux, arrivent successivement a coincider avec les axes optiques. Par 1^ meme, lorsque nous regardons parfaitcmcnt au milieu du verre dcpoH, avec les deux yeux ega- loment distants du centre, i'ceii droit ne voit que les rayons re- fractes par la moitie gauche de la lentille , I'oeil gauche que les rayons refractes par la moitie droite de la lentille.

Si nous mouvons la tete horizontalement ; et aussit6t que nous avons devie de six degres du centre sur la droite ou sur la gauclie , ra3il droit, si la tete s'est mue vers la droite, ne voit plus d'image.

COSMOS. 399

tandis que I'oeil gauche voit I'image qui auparavant ^tait vue par I'ceil droit ; si la tete s'est mue vers la gauche, c'est I'iiiverse qui a lieu ; mais dans les deux cas, nous ne voyons qu'une seule image, et il ne pent pas par consequent y avoir d'illusion st^reos- copique.

Si nous examinons sur le verre depoli I'image d'un corps solide produite par la lentille en pleine ouverture , et si nous avons mis au foyer sur le point le plus voisin du solide, nous remarquons en regardant avec les deux yeux que I'image est stereoscopique, et qu'aussit6t que nous fermons un OBil, I'illusion du relief dispa- rait instanlanement.

L'eOet stereoscopique est admirablcment produit par I'image d'un groupe d'arbres, formee et vue commc on vient de le dire. Sil'onexperimente dans un ateher, le meme eii'et stereoscopique est rendu tout a fait sensible si Ton prend I'image d'un olijet ayant plusieurs plans completement distincls, comme le focimetre de M. Claudet. Si, sans changer le foyer, nous examinons la meme image avec le pseudoscope , reflfet sera pseudoscopique. Mais si Ton a mis au foyer sur le dernier plan du focimetre, I'efTet est pseudoscopique quand on regarde avec les yeux , et stereos- copique quand on regarde avec le pseudoscope.

L'imago perd son relief lorsqu'elle est produite uniquement par le centre de la lentille. Les elfets stereoscopiques et pseudos- copiques sont par consequent d'aulant moins apparents que I'ou- verture de la lentille a ete plus reduite ; et ils sont au maximum lorsque I'image est produite par deux ouvertures menagees aux extremites du diam^tre horizontal de la lentille ; cette maniere de conduire I'experience est celle qui met le mieux en saillie Ten- semble des phenomenes. Mais il importe de remarquer que si I'image est recue sur une feuille de papier au lieu d'etre recue sur le verre depoli, elle ne presentera dans aucun cas la plus petite illu- sion de relief. La surface du papier a la propriete de maintenir pour les deux yeux la meme intensite d'image dans quelque direc- tion que les rayons soient projetes sur sa surface et quel que soit Tangle que le rayon visuel fasse a droite ou & gauche avec I'axe de la lentille. De fait, toutes les diverses images refractees par les differents points de la lentille et qui coincident sur la sur- face du papier, sont visibles pour I'oeil sous quelque angle qu'il les regarde.

La raison de la difference entrc I'effet du verre depoli et I'effet du papier, est : qu'ci travers la surface du verre depoli, compost

400 COSMOS.

d'une mullitude innombrable tie molecules an maximum do trans- parence, privees uni(}ueu2ent tie leur paraiitilisiiic prijnilil par i'operalion tin dt^polissage, mais agissant comme deslen lilies on des prisnjes disposes sons lous les aoglt)s possibles, les rayons refracU's par les difftirenles parlies de la lenlille contiiment lour marchc en linne droile, en passant ^ Iravers ces uioiciciiles Irans- paierdes, el sont visibies uniquemenl lorstju'a la sortie iis ct)in- cident avec les axes optiques restant invisibles dans touies les autres directions. Les rayons en un mot ne sont pas arreles par la surface du verre dt^poli. Le papier, au contraire , parfaitement opaque arrete tous les rayons au passage, de sorte que Fimage des ol)jels demeure fixee a la suilace. lliiaque molecule du papier devenue luminense, envoie de nonveauv layons dans touies les diredions, el dans quelque direction que Ton regarde le papier, on percevra toujours ti la fois touies les images superposees : des lors , cbaque teil voyant les deux perspectives melees ou confondues, le mecanisme do la convergence a diOerentes dis- tances, suivant I'eloignement plus ou raoias grand dans le sens horizontal des deux images des memes points du plan, ne pou- vant plus se produire, il n'y a pas d'-eli'et stereoscopique, conmie cela avail lieu dans le cas du verre depoli qui j)reseulait a chaque ceil une image de perspective dillerente.

M. Claudet afflrme qu'il a mis en evidence la certitude de ces faits par diverses experiences : la plus decisive consisle a placer devaut i'une des ouvertures margiDales de la lent. lie un verre bleu, el un verre jaune devant I'aulre ouverture. Le but de cette installation estd'obtenir sur le verre depoli deux images colorees cbacune de la couleur du verre que les rayons auront traverse. Son resuUat est la superposition sur le verre depoli de deux images, I'une jaune el I'autre bleue, formant une image unique de teinle grisatre, melange de jaune et de bleu, lorsqu'on regarde avec les deux yeux situtis a egale distance du centre; au contraire, si on regarde alternativement d'abord avec I'ceil droit, puis avec I'aeil gauche, ou voit dans le premier (^as une image jaune, dans le second cas une image bleue. Et si pendant qu'on regarde avec les tleux yeux (I'ouverlure du colti droit de la lenlille etant cou- verte avec le verre jaune, et I'ouverturc du cole gauche avec le Terre bleu), on deplace la tete de sixdegres vers la droite, le me- lange des deux couleurs disparait, I'image se montre coloree uni- quement en bleu. Lorsque la tele revieut a sa premiere position, roeii retrouve le melange des deux couleurs; el si elle se deplace

COSMOS. UQi

die- six (legres vers la gauche, le melange disparait de nouvcau - pour laire place k une image coloree uniquement en jaune.

Cc fail prouve que chaque oeil ne percoit que les rayons qui, apres avoir ele refractespar les diverses parties de la lentille , et avoir coiiliniie leur course a travers le verre depoli, coincident avec les axes opliques des yeux; les autres rayons restent invisibles.

La coiisideralion de ces i'aits singuliers a conduit Tauteur a pensei- qu'il serait possible de construire un nouveau stereoscope, dans lequel les deux yeux regardant une image unique, la ver- rontparfailemenl en relief, a la condition que cette image unique sera composee de deux images de perspectives dilKrentes super- posees et dont I'une sera visible uniquement pour I'ceil droit, I'autre visible uniquement pour I'oeil gauch". On obtiendra aise- ment cet effeten projetant par refraction &urun verre depoli une double eprcuve slereoscopique a travers denx demi-lenlillesassez separees pour que I'image de droite de I'epreuve coincide avec riinage de gauche au foyer des deux demi-lentilles. L'arrangement d'ensemble est facile a concevoir ; on n'a qu'a supposer ([ue Ton regarde a travers un verre depoli place en avant d'un stereoscope ordinaire, a la distancefocale cleses deux demi-lentiles, Tepreuve etant eclairee par une lumiere tres-vive , et les yeux ne recevant d'autre lumiere que celle qiii leur vient des dessins de I'epreuve.

Produits pi9otogra^hi<siics.

Les abonnes du Cosmos nous ont demande s'il n'y avait pas a Paris une maison speciale pour la commission des produits pho- tographiques de toutgenre, fondee dansle but de n'expedier aux operateurs (itrangers a la capitale que des objels essayes et ga- ranlis par un operaleur photographe habile ct consciencieux ; notre embarras etait grand ; 11 existe, en elTet, a Paris plusieurs maisuns pour les fournitures de la photographie; chacune d'elles jouit d'une reputation bien elablie d'habilele et de probite, et nous repondions dans ce sens. Mais etait-ce bicn la I'esprit de la demande? Une maison qui se fonde en ce momenta Paris, et qui met a sa tete un honnne dont les lecons et les ecrits n'ont pas peu conlribue a I'avancement de I'art pholographique, pour- rait bien etre le desiratum de nos correspondants. M. Belloc, a la soilicitation de ses nombreux eleves, va condjler cette lacune en faisant speeialement la commission des articles photographi- ques objectiis, ebenisterie, produits chimiqiies, etc. Tous ces pro- duits seront essayes et garantis par lui.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance du 5 octohre 1857.

M. Striive, directeur de I'observatoire imperial de Pulkova, membre correspondant, commandeur de la Legion d'honneur, at M. Lloyd, dernier president de 1' Association britanniqne, qui nous a fait ^ Dublin un accueil si bienveillant et si empresse, as- sistent k la seance.

De retour d'un petit voyage, M. Flourens depouille la cor- respondanre.

M. Sedillot, membre correspondant, adresse une observation de rhinoplastie, pratiquee d'apres la methode dont il est I'auteur et qui consiste a emprunter uu double lambeau h la cloison na-

sale.

M. Semanain demande I'examen, par une commission, de ses doctrines pathogeniques.

M. Leronx a fait de son cote sur le fer des experiences ana- logues ix celles que M. Matteucci a faites sur le bismuth, et qui I'ont conduit a meltre en evidence I'influence de la disposition des molecules et des plans de clivage sur la manifestation des pbenomenes magnetiques et diamagnetiques.

M. le docteur Tavignot demande I'ouverture d'un paquet cachete dans lequel il decrivait un nouveau mode d'operation de la pupille artificiclle. Ce mode consiste principalement dans I'em- ploi, comme agent de cauterisation, d'une tige metallique chaufi'ee au moyen de la pile de Grove.

M. le docteur Laurent apprend h I'Academie qu'un monas- tere grec est en possession, depuis longues annees, d'un remede contre la rage, qui jouit d'une grande renommee, et est, en ma- jeure partie forme d'un insecte, analogue ii la cetoine, et de la plante sur laquelle vit cet insecte.

M. Moride, de Nantes, a voulu savoir si le sable qu'on trouve en si grande quantite dans les os fossiles, recueillis sur les rives de la Plata et importes en France, etait le resultat d'une falsifica- tion coupable, ou s'il avait penetre naturellement dans la sub- stance des OS. II conclut a la non-falsilication.

M. Paget, professeur de physiologic a Londres, adresse un memoire sur la cause des mouvements rhythmiques du cceur. Voici Tenoned de ses conclusions principales : Chez les verte- bres, i'action rhythmique du cceur est due aux decharges perio-

COSMOS. /i03

diques regulieres de la force nerveuse dans certains ganglions et pr6s de la substance du cceur, decharges qui font contracter les parois musculaires. 2" Chez les invertebres, les mouvements de pulsation correspondants du cceur sont probablenient indepen- dants de la lorce nerveuse. 3" L'action rhythnnque reguliere, soil celle des centres nerveux, soit celle des parois contracliles inde- pendantes, ticnt a ce que leur nutrition est elle-meme ilrythinique; dans certaines periodes, et par des changenients de composition alimenlaire, ils sont amends, par un progres regulier, a un etat d'instabilite de composition ; puis, a la fin de cette periode, ils dechargent la force nerveuse, ou changent de forme en se con- tractant. La substance musculaire du coeur, cliez les vertebres, est gouvernee dans son action rhythmique par des centres ner- veux propres ; elle a sa nutrition rhythmique propre correspon- dante et coordonnee a celle des centres nerveux; les diminutions ou alterations de structure qu'elle subit dans I'acte de'Ia contrac- tion sont conipensees dans le repos.

M. le docteur Guyon, d'Alger, adrcsse une note sur une nouvelle serie de tombeaux, d'origine celtique , examines par lui.

M. le docteur Bouisson appelle I'attention sur ses rechorches relatives a raneslhesie, rechcrclies qui Font conduit ;\ conclure que I'aneslhesie n'est au fond qu'une sorte d'ivresse; en partant de ce principe, M. Bouisson enumere les moyens par lesquels on pent combattre plus efficacement les accidents causes par le chloroforme ou les autres agents aneslhesiques.

M. Andrieux annonce qu'd a heureusement combattu |la maladie de la vigne par I'emploi de la poussiere de charbon subs- titute k la poussiere de soufre. M. Flourens proflte de cette occa- sion pour dire que dans son voyage dans le midi de la France, il a constate de la maniere la plus evidente les heureux effets ,du soufre comme reniede souverain contre Toidium.

M. Valenciennes a recu de M. Delafond, professeur ^I'^cole d'Alfort, deux coenures longs de 3 centimetres, trouves I'un dans la moelle dpiniere, I'autre dans le cerveau d'un mouton; sous I'influence du cruel parasite, le mouton tournait la tele et la tournait comme cela a toujours lieu, du c6te du coenure.

M. Valz, de Marseille, fait bommage de six des cartes du ciel, appelees par lui dquinoxlales, et qu'il croit pouvoir subsli- tuer avec de grands avantages aux cartes ecliptiques dans la recherche des petites planetes. M. Le Verrier felicite M. Valz de

UQk COSMOS.

son heureuse idoo et de son nouveau travail, mais il ne croit pas au\ avantages do la substitulion proposc^e. Les carles edipruiues lui [)araissentgrai)deinent prelerables. Nous ne savons pas encore assez bion dans qnnl syslemeles nouvolles cartes sontconstruites pour en parler sciemment, et nous devons remeltre h une autre livraison renonce motive des reserves de M. Le Verrier.

M. FJourens annonce que des |)laces seront reservees a ceux des nienibres de I'Academie i|ui voudront assister, a Eiampes, a I'erection de la statue de (ieoffroy-Saiiit-iliiaire. M. Dunieril, doyen de la section d'anatoinie et de physiologic, fera le discours solonnel d'inauguratinn.

L'Academie precede a la nomination de deux candidats pour la cbaire de paleontologie vacanle au Museum d'bisloire nalurelle. Les concurrents designes par la Conmiission sont MM. d'Archiac, Bayle et Gervais. M. d'Archiac est nomme pre- mier candidal par 25 voix contre 8 donnees a M. Bayle, et 4 & M. flervais. M. Bayle est nomme second candidat par 2k voix contre 11 donnees a M. Gervais.

M. Dumas, au nom de MM: Henry Sainte-Claire Deville et Wobler, prend date pour une experience grandement inleressante. Le tungstene en poudre, au contact du cbarbon et de I'air & une temperature elevee, s'enflamme spontanement et se transforme en cyanure.

M. Despretz lit une nole sur la decomposition de quelques sels et en particulier des sels de plomb sous Taction du courant vollaique.

Dans une experience destinee afaire connaitre le rapport dans lequel le cuivre etle plomb se deposent au pole negalif, quand une dissolution d'un melange d'acelate de plomb et d'aceiate de cuivre est traversee par un courant voltaique, j'ai eu I'occasion d'observer mi fait que je crois elre nouveau et (jui ne me parait pas denue d'interet. Je croyais voir les deux metaux se reunir sur la lame negative, je les ai vus s'en scparer , le plomb se deposer a I'etat d'oxyde surla lame positive et le cuivre ^ I'etatmetallique sur la lame negative. Je voulais faire une synthese, j'ai fait une analyse.

L'e.xperience dans laquellc j'ai observe cc fait consiste a decom- poser par deux elements de Bunsen , un melange d'acetate de Guivre et d'acelate de plomb a proportions atomiques egales, dis- sous dans 7 a 8 parties d'eau. Dans cette experience , on volt , aussitdt que le courant est ferme, la lame de plaline positive

COSMOS. 405

(claarbon) prendre une teiole rouge bruiialre. Si J'experience dure huit f"! dix heures, les depots acquieront plus d'epaissour.

La lame positive est couverte d'une coucbe qui resseiiible a un vernis noir qu'on aurait applique sur le metal.

Si I'experience a plus de duree encore, le depot, en certains points, se detacbe en lames, tombe au fond du vase ou s'eleve a la surface du liquide a I'aide du gaz adberent aux lames.

Quant au depot du pole negatil', c'est du cuivre rouge mole de traces de plomb; ce cuivre se dissout rapidement a la temperature ordinaire, dans I'acide azotique a 36" ou elendu.

Le dep6t noir du pole positif ne se dissout que difflcilement pt en petite quantite dans I'acide azotique a 36°, ou etendu d'un ou de deux volumes d'eau, mcmc a la temperature de I'ebullition, et apres plusieurs jours de contact. Si Ton ajoute de I'acide cblor- hydrique, Taction est vive, et la matierc noire est cbangee en peu de temps en clilorure blanc de plomb; ce cblorure, traite par jin exces d'acide azotique, se transforme en azotate.

La matiere noire cbaulTee dans un tube a la lampe a alcool , prend une couleur rouge de bicbromalc de potasse, sans perdre la forme laniclleuse. Si on la pulverise, quand elle est dcvenue rougefttre on oblient une poudre jaune-rouge de brique. Cette poudre, cbauffee avec I'acide azotique, se dissout en partie. Le residu est noir. Quelques autres essais nous portent ii penser que cette matiere noire est le bioxyde de plomb. Cependant il faut une analyse reguliere , pour determiner sa composition rigoureuse- ment, ce qui sera facile.

J'ai fait quelques essais pour savoir si' la formation de la ma- tiere tient k la presence du cuivre dans le melange, ou si I'acetate de plomb seul peut la produire.

II resulte de ces essais , que I'azotatc de plomb , que I'acetate de plomb pur ou du commerce, donncntau pole positif la matiere noire, el du plomb melallique au pole negatif.

Avec une dissolution d'acetate de plomb et d'acetate d ; cad- mium, ou trouve la meme chose au pole positif, etau p6l j negatif du plomb metallique mele de cadmium.

J'ai ete naturellement porte a voir comment se comporteraient quelques sejs.

L'acetate de manganese n'a rien depose au pole negatif eta depose une matiere noire au p61e positif.

L'absence de dep6t au pole n<^gatif provient probablement de ce que le metal etait dissous par I'acide a mcsure qu'il se depo-

1,06 COSMOS.

sail. Le ddp6t noir du p61e positif n'cst ni du manganese, ni du protoxyde, ni de I'acide manganiquc. II est inalterable dansl'eau acree ; insoluble dans I'acide azotique & la temperature ordinaire, il se dissout dans I'acide sulfurique elendu. La dissolution est rouge. Est-ce la combinaison MnO^ ou Mn^ 0' ?

Dans le tartrate de potasse et d'antinioine (emetique), la lame negative s'est chargee d'antimoine cristallin, et la lame positive d'unecouche jaune rougeatre. La teintejaune a predomine apres quelques jonrs. Aujonrd'hui, apres huit jours d'immersion dans I'eau distillee, le produit est tout a fait jaune. G'est probablement de Tacide antimonique anliydre.

Voila trois metaux, le plomb, I'antimoine, le manganese, dont les dissolutions, sous Taction d'un conrant voltaique, ont fourni I'exemple d'un partage entre le p61e positil' et le pole negatif. D'autres metaux se comporteront probablement de meme. G'est ce que je tacherai d'etudier. La pile fournira-t-elle le moyen de preparer des produits oxydes, des especes d'acides metalliques quo. la chimie n'a point encore decouverts ? G'est ce que I'expe- rience seule pent decider.

Comment seforment ces combinaisons qu'on trouve aupole po- sitif? EUes n'existaient pas dans la dissolution. On ne compren- drait pas bicn qu'une partie du metal se portat au pole positif et s'oxydftt en absorbant I'oxygene qui se degage k ce pole. II est plus probable que le partage se fait au pole negatif meme ; qu'une partie de I'oxyde abandonne son cxygene <i une autre portion, laquelie prend un degre d'oxydation superieur ; lanouvellc com- binaison jouant le r61e d'un acide, se porte au pole positif. Si les cboses se passaient exactement ainsi, la moitie du plomb se por- terait au pole positif a I'etat de bioxyde, que quelques chimistes apppllent acide plombique, et la moitie au p61e negatif a I'etat metallique. Dans cette maniere de voir, la loi des decompositions cbimiques par la pile ne serait pas alteree par le partage que nous avons constat^.

On se demandera si le phdnomene qui fait le sujet de cette note ne depend pas de I'intensitd du courant. Cette question est naturelle. Yoici ce que nous savons surce point : une dissolution d'acetate ou d'azotate de plomb soumise h Taction du courant de deux, de quatre, ou de vingt elements de Bunsen, donnepresque instanlanement la matiere noire au pOle positif et du plomb en lames etroites cristallines au p61e ndgatif, avec cette seule diffe- rence que le produit noir de vingt elements n'est pas uni, bril-

COSMOS. /,07

lant comme le produit de deux Elements. II est mat, non com- pacte, etc.

J'ai fait d'autres essais, j'en parlcrai dans ime autre circons- tance.

Cette note, je le sens moi-meme, est peu complete. Neanmoins le fait du partage du plomb, do I'antimoine, du manganese en une partie oxyde et en une partie metallique, de la separation presque entiSre du cuivre et du plomb, par le courant voltaique, m'a paru assez interessant pour etre presents a I'Academie.

M. Trecul lit la seconde partie de son Memoire sur la circu- lation dans les plantes.

Pendant la vie d'un vegetal , tous les liquides sont en mouve- ment dans chacune des utricules qui le composent , soit pour amener dans ces utricules les elements necessairest'i leur accrois- sement ou k la formation des principes amylaces, sucres , albu- minoides, etc., auxquels elles donnent naissance; soit pour retirer de ces cellules les substances devenues inutiles qui doivent etre eliminees, ou celles qui doivent etre portees sur d'autres parties de la plantepour servir a la multiplication utriculaire, a I'accrois- sement de I'individu. C'est ce mouvement general qui constitue la circulation ; mais on donne conununs^ment ce nom a des cou- rants determines plus perceptibles que ce mouvement general intracellulaire, et qui parcourent le vegetal de bas en haut et de haut en bas, dans toute sa longueur. C'est ce double courant que i'appelle la grande circulation. J'ai signale en outi^e la circulation veineuse, qui s'efTectue dans les laticiferes.

La grande circulation s'observe chez tous les vegetaux vascu- laires ; mais les laticiferes n'ont pas encore etc apercus chez toutes les plantes munies de vaisseaux.

La grande circulation se compose done d'un courant ascendant et d'un courant descendant. Le courant ascendant a lieu dans les vaisseaux, qui recoiventles sues puises dans lesolparlesracines et les elaborent. Quand cette ascension commence , toutes les cellules sont en travail. Les substances nutritives qu'elles renfer- ment se disposent pour I'assimilation. L'amidon, dissous sans doute par la diastase , et transforme en sucre , ainsi que I'ont montr6 MM. Payen et Persoz , est porte vers les parties dans les- quelles doit s'op^rer la multiplication utriculaire. Celui de la base des bourgeons va alimenter ces derniers ; celui de I'dcorce se rend dans les cellules internes de cette partie du vegetal, qui, tres- probablement en recoivent aussi par les rayons medullaires.

i08 COSMOS.

C'cst sous rinflncnce de ces maliercs nutritives que commence raccroissement en diamelre par la uiuUiplicalion des cellules. Cette muilipJicalion, au debut, a lieu en efl'ct sans le concours de la seve elaboree par les fouiiles, car clioz plusieurs de nos arbres, la couche des jeunes cellules (cambium ou couclie generatrice) a pris une notable enaisseur avant I'appaiition des fouiiles.

Durant son ascension et cheniin faisant, la seve prend part a la nutrition des premiers organcsdeveloppes, arrive dans les feuilles, ou ellc est souraise a une nouvelle elaboration dans le parenchyme vert, o,u bien dans les cellules a cbloropbyjje de la tige des piantes grasses depourvues de feuilles. L'acide carbonique de Fair est absorbe, puis decompose pendant le jour: son carbone est re- tenu par la seve et son oxygcue est en grandc partie rej^te. La seve modiflee sous I'influence de la respiration prend son cours a travers les cellules corticales qu'elle nourrit. Elle concourt alors h la multiplication des cellules de la couclie generatrice, qui nais- sent en series horizontales. Une partie de ces cellules ainsi multi- plie'cs horlzontalement forme une nouvelle coucbe d'ecorce , les fibres ligneuses et les rayons medullaires; les autres sont trans- forniees en vaisseaux de la maniere suivante. L'exces de la seve descendante qui n'est pas employee a uourrir les cellules recem- ment formees ou a epaissir les premieres developpees , descend ii travers certaines de ces cellules nouvellemcnt nees ; elle les dilate, les perfore et leur fait prendre tous les caractcrcs des vaisseaux; en sorle que ces cellules qui , pendant la premiere pbase de leur developpement, ressemblaient a tous les autres, paraissent etre plus tard d'une nature toute differente.

C'est cette formation vasculaire qui s'opere, comme on le roit, de haut en bas, aux depens do cellules nees d'une multiplication en series horizontalesj qui a fait croire h MM. Du Pelit-Tliouars et Gaudicbaud que ces vaisseaux, dont lis n'avaiont pas reconnu la nature , etaient de vraies racines des bourgeons ou des feuilles.

Une portion de la seve qui n'a pas ete utilisee par les cellules, est transformee plus tard en resines , en builes essentielles, etc., et vient se deverser dans des resei'voirs particuliers , d'ou elle est versee ensuite au dehors; une autre portion est reprise par les laticiferes, qui les reportent dans les vaisseaux proprement dits {c'est la circulalion veineusc). La , ces substances, qui gene- ralement manquent d'oxygene, sont elaborces; oxydees sous I'in- iluexice do I'oxygene empruute a Tail-, et qui arrive jusquaux

COSMOS. 409'

A'aisseaux par les meats intercellulaires,. elles deviennent tic nou- veau propres a elre assimilees.

Les vaisseaux crees par la seve ascendante servent les annees suivantes a I'ascension des sues. lis en sout remplis tant que la vegelation est tres-aclive, uiais ils se vident ordinairement peu h peu quand les sues pulses dans le sol ne sont plus aussi abondants ou deviennent nuls.

Les experienees que j'ai deeriles dans un memoire presente a TAcademie le 25 juillet 1853, prouvent de la maniere la plus evi- dente la marehe de la seve descendante; car lorsque I'on oppose des obstacles a la marehe de celle seve , a I'alde de ligatures, de decorlieations en helice, annulaires ou semi-circulaires, on change k volonte le cours de la seve. EUe donne naissance alors a des Taisseauxtres-sinueux, presentantdes parties verticales, d'autres obliques ou horizontales , qui sont toujours formees de cellules allongees verticalcment, c'esl-a-dire paralieles a I'axe de la lige , et dont la forme, qui n'a genei'alement pas change, est semblable ci celle des cellules en-vironnantes. Lessinuosites de ces vaisseaux montrent les courants de la seve marchant k travers les cellules de la couche generatrice , se contournant dans loutes les direc- tions pour trouver une issue , perforant les cellules de haut en has ou horizontalement , suivant que le courant est vertical, oblique ou horizontal.

Tons ces faits prouvent manifestement que c'est la circulation qui produit les vaisseaux, c'est-a-dire que c'est la fonetion qui cree I'organe.

Pnisque la circulation existe avant les vaisseaux , lorsqu'il n'y a que de simples ceUules a travers les parois desquelles filtre la seve, robjection que font quelques anatomistes a I'existence de la circulation dans les laticiferes, objection basee sur la structure cellulaire de ces vaisseaux dans certaines plantes , n'a pas I'im- portance qu'ils lui aecordent, puisque nous voyons les vaisseaux ponetues, rayes, etc., formes par un courant de seve preexistant a travers des cellules non perforees; et d'ailleurs ces anatomistes doivent bien considerer qu'il n'est pas une cdlule vivante qui ne soit traversee par des sues,quoique la grando majorite de ces cellules ne presente aucune perforation visible h I'aide de nos microscopes les plus puissants. Et puis , il est des laticiferes evi- demment composes de cellules superposees , dont les cloisons transversales presentent de tres-larges ouvertures (les laticiferes de Musa en sont de beaux examples).

m^ COSMOS.

M. de Polignac presente h I'Acaddmie des sciences un nou- veaumode de Iransmission de mouvement^ degrandes distances au nioyen de I'cau.

Figurons-nons un circuit compose de tuyaux pleins d'eau et supposons qu';\ un point du circuit I'eau soit miseen mouveinent par une machine quciconque. II sera ensuite possiljle de proliter du mouvement de I'cau pour agir sur une autre machine placee en un second point du circuit.

La premiere machine sera placee a I'endroit ou la force sera produite, par exemple sor une chute d'eau qui hii donnera le mouvement, la seconde machine sera placee dans I'usine et fera marcher I'arbre de coache. Au moyen du circuit qui met en com- munication ces deux machines elles seront solidaires et le mouve- ment de I'une cntrainera le mouvement de I'autre.

La perte de force due a la transmission sera mesuree par le frottement de I'eau dans les tuyaux, frottement qu'on pent beau- coup attenucr en donnant a I'eau des conduits une faible vitesse et en prenant des diametres assez grands. Neanmoins dans le cas general cette perte sera notable, mais elle sera toujours beaucoup plus faible que celle qui resulterait d'un autre mode de transmis- sion. Bien plus , pour des distances depassant 150 metres , tout autre sysleme serait impraticable a cause desfrais d'etablissement et d'entretien.

D'ailleurs , malgre la perte de force il y a grand avantage a se servir du nouveau genre de transmission que nous indiquons, lorsqu'on se trouve dans le voisinage d'une chute d'eau, et ^ ne pas recourir a I'emploi de la vapeur.

Dans le cas ou I'usine se trouve au-dessous du niveau du pied de la chute d'eau il vaut beaucoup mieux ne se servir que d'un seul conduit, I'eau apres avoir produit son elTet s'echappe etpeut 6tre utilisee dans I'usine.

Si la diflerence de niveau est considerable , le frottement dans les tuyaux pourra etre beaucoup attenue ou meme tout ix fait compense et alorsle systeme propose se trouve dans d'excellentes conditions.

M. de Polignac cite M. Jules Guibal, ingenieur h Toulouse, comme s'etant dej& occupe de cette question qui, dans Topinion de I'auteur , paralt d'une haute importance puisqu'elle permet d'etendre I'emploi des chutes d'eau comme moteur.

VARIETES.

Nous pensons que nos lecteurs liront avec plaisir la reponse de M. Seguiii aine h la lettre que lui a adressee M. Raphael de Napoli sur la correlation des forces physiques, de M. W. Grove, et que nous avons ins^rce dans le Cosmos. Nous nous empressons de mettre sous leurs yeux ce document dans lequel M. Seguin, con- tinuant a s' eloigner de la marche suivie jusqu'ici dans la culture d'une des branches de la science, eleve ouvertement la preten- tion d'y etablir une reforme complete, et emet sur les pheno- meiies les plus delicals de la physique moleculaire des vues nou- velles dont nous lui laissons d'ailleurs toute la responsabilite. « Monsieur,

« J'ai lu avec le plus vif inleret la lettre imprimee que vous m'avez adressee sur la correlation des forces physiques, de M. Grove, etje me suis empresse de I'envoyer & M. Moigno, qui lui-meme a tant contribue, par son talent de tradacteur, savant habile et intelligent, h propager cotte remarquable production, qui cree, avec les travaux que j'y ai ajoutes, une ere toute nouvelle dans la branche la plus interessante de la physique moleculaire. Pour moi, je ne saurais trop regretter de ne pouvoir vous suivre dans votre savante dissertation sur I'ouvrage de M. Grove, ii ne m'a merae ele permis de I'apprecier que dans ses generalites, parce que je n'ai pas fait comme vous et comme M. Grove une etude speciale et approfondie de la science a laquelle vous vous etes voues. En elfet, I'etendue du sujet que j'ai embrasse se rat- tachant k toutes les parties des sciences physiques , aurait exige de moi une erudition et un travail qui auraient depasse la limite de mes faculles, ou du moins les aurait toutes absorbees; je n'aurais conserve ni le temps ni les forces ntcessaires pour ap- pliquer les fonctions de mon esprit au developpement des ques- tions que m'avait Icguees mon oncle Montgollier, et i la solution desquelles j'ai des ma jeunesse voue toute ma vie.

(c J'ai done du, dans toutes les rccherches que j'ai entreprises pour expliquer les causes de la cohesion, I'identite du calorique et du mouvement, I'origine et la production de la force et sa con- servation indeflnie, ainsi que rimpossibilite de son annihilation, me renfermer dans des generalites toujours basees sur des ante- cedents qui decoulaient successivement les uns des autres ; en prenant pour base et origine de tous les phenom6nes naturels ce

M2 COSMOS,

qui a dil arrirer en remontant A la source memo des choses, ct cherchant a delinir quels ont dil elre lesresullals de reuseiuble d'une masse de moldcules materielles exeicaiit les uncs sur les autres leurs attractions reciproques, en raison dlrecte des masses, et inverse du caire des distances. Procedant de cette nianiere, du simple au compose , du connu a I'inconnn, je suis arrive a des rcsnllals, il I'aul le dire, entierement dilTe- renls de ceiix acceptes par la science admise et enseignee. Mais quelles ont du tJli'e la joie et ia satislaction que j'ai eprouvees lors- que j'ai vu que les conclusions aaxquelles etait parvenu M. GrovCj en suivant une marche entiercment opposee el. tont experimen- tale, venaieiU pteinemenL conlirmer tout en qnc ceLte grande syn- these ni'avait revele! Un accord sifrappant ne pouvaii, Monsieur, que me ilaller et m'encournger ; voire lellre, en me i'aisant part de vos opinions, me demontie que, sur plusieurs points, je me suis rencontre encore avec nn physicien dont les travanx hono- rent la science, quoique bien souvcnt j'envisage I'explication des plienomenes sous un point de vuc dilierent de celui ou vous vous etes place, et que je me pcrmetlrai de vous exposer pour le sou- meltrea votre appreciation.

(( J'ai cru, pour arriver ii I'origine de la production de la force, devoir remonter a I'epoque ou le luouvement n'existait pas en- core, ei)oque que je considere conime elant designee par la Genese sous ie nom de chaos; j'admcts que les molecules formant la maliere reciu'ent au fiat lux da Greateur la faculie de s'attirer en I'aison direcle des masses, et inverse du carre des distances, de se mettre en monvement en conservant les vitesses' qu'elles avaient acquises, cldecrivant, suivant les lois de K(^pler, destra- jectoires qui ne s'ecartaient jamais des lignes du second degre. Je pars de I'hypothese que ces molecules, tonics similaircs , desi- gnees vaguement sous le nom de matiere dilTuse, on cliaolique, conuiie on voudra les appeler, ou consid^iees, atnsi que Ta iait ie P. Boscowicli, commc de simples centres d'aclion doues de la faculte d'attraction, se sont trouvees, a I'origine du temps, distri- buees dans I'espace d'une maniere symetrique et reguliere; mais plus ou n)oins condensees, plus ou moins eloignees les unes des autres dans les diverses regions ou elles se trouvaient [)lacees.

« Abandonnees £i elles-memes, et comniencant au jlat lux a obeir a leurs attractions reciproques, 11 est infiniment probable qu't'lles se seront groapees de la meme maniere que les mole- cules matei-ielles qui se trouvent en dissolution ou en suspension

COSMOS. Uli

dans un liquide ou un gaz, quand quelque circonstance donne lieu a la formation d'un precipite qui, a I'instant meme, nous ap- parait sous unefonne Ilocoaneuse dont h^s dimensions dependent Ue Ja nature des dissolvants et des corps en dissolution.

« Les moyens d'observalion que possede la science pour assi- gaer une limite a la dimension de cos agregations moleculaires oucristaux out toujours ete impuissants, maisU est probable que le premier ordre, que je considcre comme coustiluant I'atome eJementaire dont les reunions successives ontensuite donne nais- sance a tous les corps, a ete forme par Fensemble des molecules qui, se trouvant immediatement en regard, ont gravite les unes vei's les autres, et ont acquis une vitesse, et par suite une quan- tite demouvement qu'elies ont dCl conserver indefiniment. Parmi ceB systenies, ceux qui elaient les plus pris du centre de gravite genej'al se trouvant en plus grandcs masses, se sont groupes on formant les divers corps qui constituent I'ensemble de I'univers visible; tandis que les plus eloignes, siilonnant les espaces qui les separaient du ccnire general, ont du acquerir des vilesscs im- menses et sont venus traverser les premiers systemes. Or, c'est a ce second ordre de systemes ou molecules que j'attribue les proprietes et les elTets des agents dits imponderables ; c'est lui que je cousidere conune remplacant I'etber des physiciens, lequel m'a toujours semble, ainsi que le celebre M. de Humboldt me I'ecrivait il y a quelques annees, un my the dont rien ne lui sem- blait pas plus qu'i moi motiver I'existence.

« Ces graupes, en effet, transportes dans I'espace avec toute la Vitesse qu'ils ont du acquerir en partant du point qui mesure la moilie de la distance qui separe le soleil de Tetoile qui en est le plus rapprocliee, et attires aussi par la masse de toutcs les mo- J^cules materielles comprises dans la sphere dont le rayon est -^1 k cette demi-distance, ont dtl arriver dans les regions occu- pees par le systenie planetaire, avec des vitesses que justifie celle avec laquelle se propage la luiniere, I'electricite et toutes les com- binaisons connues ou inconnues sous lesquelles pent se presenter la nuitierc e\isiaut sous ceite forme.

« Assujettis aux lois de Kepler, ces systemes de molecules ont eprouve, en passant dans le voisinage d'aulres corps dont la ,paasse dominait la leur propre, des perturbations analogues a oelles que le soleil fait eprouver aux cometes, la terre aux aero- lilhes, et a toutcs celles que les corps celestes exercent les uns sur les autrcs, et sous forme de lumiere, d'electricile, de magne-

M& COSMOS.

tisme, ces corps ont pu affecter toutes les formes nt recevoir toutes les directions dont nous observons et etudions les effets, en les attribuant aux corps dits imponderables.

(( Mais comme ces diverses combinaisons mat^rielles avaient pris naissance dans diverses regions de I'espace et dans des con- ditions difTerentes les unes des autres, il dut en resulter des diM- rences analogues dans la quantite de mouvement dont chacune d'elles elait pourvue, et peut-etre aussi dans lemode d'agregation d'apres lequel elles se sont groupees, differences qui ont donne k chacune d'elles un caractere particulier que nous avons pu re- connaitre par (a nature des effets qui en etaient la consequence. <( II me parait bien, ainsi qu'i'i vous et k tous les physiciens, qu'il estnecessaire, pourparveniri I'explication des phenomenes de la lumiere, d'admettre que leur cause premiere reside dans les oscillations d'un fluide dontnos yeux nous permettent d'apprecier les differences d'une mani^re analogue a cclle dont notre oreille percoit, apprecie et distingue les sons qui lui sont transmis par diverses vibrations de I'air ; mais je n'admets point la necessity, pour transmctire ces vibrations, de supposer I'existence d'un agent sous Ic nom d'ether, que je considere, avec M. Grove, comme superflu, en ce sens que les molecules materielles, ani- mees des mouvements qu'ellcs ont acquis en obeissant aux lois de raltraclion, se chargcnt gratuitement d'en remi)lir les fonctions. « Les groupes de molecules de I'ordre le plus simple, en gravitant les uns vers les autres pour former les systemes d'atomes elemcn- talres ou du premier ordre, ont pu et dA eprouver des pertuba- tions de la part des molecules , et de I'ensembie des autres sys- temes dont lis etaient environnes , et leurs mouvements ont pu s'accomplir scion des droites ou des courbes de toutes les formes du second degre , en suivant les lois de Kepler, d'une maniere analogue aux revolutions periodiques qu'accomplissent autour du soleil les planetes, les cometes, et tous les corps qui circulent et remplissent notre univers. Or , NeAvton a apprecie et mesur^ quels devaient etre le nombre et I'etendue de ces vibrations dans une seconde sexagesimale de temps, pour faire eprouver a nos yeux les diverses sensations que nous designons sous les noms de couleurs. II a trouve que la sensation que produit sur nos yeux I'impression du rouge extreme etait due h une ondulation ou mouvement vibratoire dont I'amplitude elait d'un trente-sept mille six cent quarantieme de pouce anglais , et que le nombre de ces vibrations s'elevait k /t58 x 10'^ ; pour le violet extreme,

COSMOS. til5

qui forme I'autre extremite du spectre solaire , la longueur de I'ondulation serait d'un cinquante-neuf mille sept cent cinquan- tieme, le nombre des vibrations de 727 x 10'-. Or, les formules connues qui etablissent les rapports existants entre les temps, les espaces parcourus et les masses de deux corps qui obeissent a la gravitation depuis le moment ou elle commence 4 exercer son ac- tion sur eux, jusqu'a celui ou ces corps se trouvent h la moindre distance que comporte la trajectoire qu'ils decrivent autour de leur centre de gravite commun, fournissent le moyen de deter- miner la masse des molecules, soitl'intensite d'action des centres attirants dans rhypolhese du P. Boscovich, II sera done toujours possible, puisque les deux autres quantites, I'espace parcouru et le temps sont connus, de determiner, quand on aura fixe arbi- trairement leur dimension , la masse de ces molecules en fonc- tion , de celle de la terre,

(( On comprend bien que melees et confondues, et exercant sur les corps dont elles s'approchent etqu'elies traversent, des actions qui les font devier de leur direction, actions que nous designons sous les noms de retlexion, refraction, polarisation, ces molecules exercent sur nos yeux I'impression uniforme qu'y produit la lu- miere naturelle. Mais comme cbacune d' elles , lorsqu'eile passe au voisinage d'un corps dont la masse est preponderante sur la sienne, doit eprouver une perturbation relative h la masse et k la Vitesse dont elle estanimee, il doit en resuller dans la marche des molecules des deviations qui font varier la direction de leurs mou- vements ou ce qui est la meme chose Tangle sous lequel elles sont reflechies etrefractees. Ces divers ordres de molecules venant des lors & se grouper, et atteindre notre ceil sous differents angles, doivent y produire des impressions differentes qui nous les iout distinguer les unes des autres.

« En allant plus loin et considerant plus en detail le plieno- mene de la dispersion des molecules lumineuses, on voit que dans certains cas la deviation des divers groupes n'a pas ete suffl- sante pour qu'il enresultiit une separation assez complete pour que chaque ordre de groupes donnftt ia perception de I'un des elements du spectre; chacun de ces groupes a dd eprouver des perturbations et des deviations pcu dillerentes les unes des au- tres , en penetrant a travers des corps ayant une masse plus con- siderable que la leur; ces deviations n'ont eu lieu, comme dans la refraction ordinaire, que dans le sens de la direction des rayons refractes, et les divers groupes de molecules quoique separes et

A16 COSMOS.

amenes h former des nappes (listinctcs les lines des aulrcs, sonl encore rapproches pour etre apprecies separement par I'or- gane de la vision, ils ont done continue ii ]ni faire eprouver la mfinie sensation que la rdunion de loutes les couleurs du spectre; telle est, selon moi, I'dri^'ne de la polarisation de la lumiere. A cet etat et modifie'es comrnc je viens de rindiquer, on com|)rend comment ces nappes, en traversant un corps susceptible de leur faire eprouver une autre modification dans un sens perpendicu- laire & celui qu'elles ont recu une premiere fois , peuvent ope'rer de nouveau le ddpart des molecules, et determiner une nouvelle separation qui nous les fait distingner les unes des aulres, el les rend visibles ci nos yeux comme il arrive lorsqu'elles sont dis- persees par le prisme. Si ces molecules, en traversant les milieux cristallises comme la tourmaline, le mica, etc., eprouvent dans leurs marches des variations dependanles du sens suivant iequel ellestr aversent les strates de ces divers cristaux , I'on eprouvera tofutes les sensations de forme et de couleurs des anneaux colo- res que le polariscope analyseur" fait apparaitre au sein de la substance eclairee par la lumi^-re poiarisee, qui constituent les phenomenes de la polarisation circulaire et elliptique, plieno- menes qui ont revele aux c^lebres physiciens de nos jours la structure intime des crislaux doues de la double refraction.

« Telles sont les causes, Monsieur, auxquelles j'attribue les phe- nomenes pour I'explicalion desquels vous croyez devoir I'alre ui- tervenir I'existencc de I'ether que vous reconnaissez du roste n'avoir ete encore ni saisi ni d^ilni. II me send)le jusqu'a nouvel ordre que les oscillations des molecules rnaterielles autour de leurs centres de gravite respectifs , lesquelles sont une conse- quence naturelle et necessaire des lols de la gravitation , con- duisent exactement aux memes rdsullats que les vibrations de I'dlber propagees de proche en proche : la seule difference qui existe entre ces deux modes d'envisager les plienomenes est que les physiciens partisans du systeme des ondulations, considerent les molecules de I'ether comme en repos , et chai^ees seulement comme I'air du soin de transmettre de proche en proche les ondes luniineuses, tamlls que je considere ceseffels comme dus aux mo- Idcules materielles qui se meuvent et transportent elles-memes la cause qui produit des etfels identiques c'l ceux attribues a I'ether. J'ai done I'avantage de supprimer un agent hypothelique et inu- tile, et de faire rentrcr rexplicalion des phenomenes sous I'empirc deslois gdndrales de la gravitation ; ce qui identilie sous ce point

COSMOS. 4t7

de vue ma maniere d'envisager les plienomfenes avec celle que Tons designez sons le nom d'oscillatioiis liiylhmiqnes, et me fait parveniral'explicalion des phenomenes d'une maiiiere ontiere- ment idenliquei celle dps parlisans du sy-steme des ondnlations; nous pouvoi>s, par consequent, nous servir des meines calculs. ' (( Toules ces.consideraLioiis, Monsieur, sont puisees, ainsi que jc vGiis Fai dit au cominencenieiit de ma lettre, dans le grand priocipe de la conservation indelinic du mouvement, et de I'im- posstbilite de rannihilation de la force, principes dus au genie du c,elcJn;e Montgolfier,

L'analyse transcendanle dont I'eiude a tant illustre le siecle auquel nous ai)parlenoiis, n'a pu encore mallieureusement s'af- franchir de cerlaines errenrs qui obscnrcissent les resullats fournis par les formules de la mgcaniqne telle qn'elle est comprise eten- seignee encore anjourd'hui , il en est do meme en physique pour les phenomenes de I'oplique.

« En elTet , je ne puis comprendrc comment pour expliquer le phenoniene de la disparition de la Jnniiere lorsque deux rayons polarises viennent a converger vers un meme point, dans des cir- coiistauces donnees. Ton suppose que les vibrations de I'ether ayant lieu alors dans des directions opposees, detruisent et an- nihilent leur mouvement, et par suile I'impression que chacun des rayons aurait produile sur la ratine s'il y etait ari'ive separe- ment. ^ons savons que pour qu'une impression puisse etre porrue par la reline, il faut necessairemeni qn'elle subsiste pendant un certain temps ; n'est-il.pas des lors tout natnrel que si une molecule lumineuse vient il y parvenir en traversant les hmneurs de I'ceil en m6me temps qu'une autre qui sera animee d'un mouvement contraire et diamelralement oppose a celui de la premiere, les denx impressions commnni(iueronta i'organe destine A nous (aire percevoir la ]uu)iere , une impression qui n'aura pas poui- effet la sensation de la lumiere, comme 11 arrive lorsque la vision a lieu pendant un espace de temps Imp court pour qu'eile puissf^ 4e«Qnir perceptible a lloriianc de roeil.

A'^i ill est. done vrai, Monsieur, qued'on pent considerer les ])he- nomenes attribues aux corps dits inrponderables comme resultants dm moiivemenJs de la maliere ireduile a sa derniere limite. Le si remarquable ouvrage de la correlation des forces physiques, de M. Grove , en est du commencement h la fin la plus claire et la plus convaincante des demonstrations. Vous me dites cependant. Monsieur, que vous netes point encore persuade de I'unit^

M8 COSMOS.

de nature et d'actlon de la matiere; vous pensez qu'il n'y a encore aucune raison de croire qu'ellc n'exislc pas sous deux elats bien distincts I'un de I'aulre, savoir, celui oul'on est parvenu ci constater la pesanteur par les moyens que la science a mis jus- qu'ici ci notie disposition , et celui sous lequel elle a echappe jus- qu'ici ix ces memes moyens. iMais je crois devoir vons faire ob- server que le poids d'un corps n'est qu'un des elements de la manifestation de la giande loi de la gravitation qui agit sur la matiere et moditie son existence, et que I'expression de cette mo- dification est representee par la masse multipliee par le carre de la Vitesse dont les molecules materielles sont animees. Or , tons les physiciens s'accordent aujourd'hui avec M. Grove, pour cons- tater que I'electricile developpe bien rcellement nne quantite de force porportionnelle & I'intensite du phenoniene resultant des actions cbimiques des corps qui sont decomposes dans cet acte; d'autre part, des experiences recontes ont permis d'esperer que Ton pourrait avanl pen determiner, avec autant d'exactitude que pour la lumiere, la vitesse du fluide electrique ; il sera done possible alors, connaissant reflet produit et i'un des facteurs, de determiner I'autre.

(( Je me rapproche done encore ici du grand principe que vous me citez, dmis par I'immortel Newton, vrai pere de la science, et que personne jusqu'ici n'a; pu encore atteindre ni meme ap- procher.

<( AiqN QUE L\ NATURE PUISSE fiXRE DURABLE, L'ALTERA- TION DES fiTRES CORPORELS NE DOIT CONSISTER QU'EN DlFFfiRENTES SEPARATIONS , NOUVEAUX ASSEMBLAGES ET MOUVEMENTS DE CES PARTIGULES PERMANENTES.

nianiiel de gyninasftique hyg;ienique et mcdicale

Par M PicHEHY.

Nous nous associons de grand coeur a Tapprdciation que notre confrere, M. Louis Figuier, vient de faire dans la Presse de I'ex- cellent systeme de gymnastique de M. Pichery. II y a bien long- temps que, de notre c6te, nous nous proposions d'appeler I'atten- tion sur los a vantages incontestables du gymnase de cbambre,, auquel la Societe (reiicouragetnent a donne sa solennelle appro- bation. Yoici comment s'exprime M. Figuier :

« M. Pichery est i'inventeur d'un nppareil gymnastique destine

COSMOS, 419

h 6tre etabli dans I'interieur des appartemenls, pouvant alsement fonctlonner dans une chambre, un salon ouun cabinet de travail, constituant une sorts de meuble de famille, un agent precieux pour I'education du corps. Pour faire connailre cet appareil, i'auteur a public un petit volume oil il passe en revue, en termcs abreges, les differents dlements qui se rapportent a la gymnas- tique appliquee a la medecine et a I'hygiene.

Personne n'ignore que la gymnastique tenait une grande place dans la medecine et I'hygiene des anciens. L'importance que Ton atlacbait dans I'antiquite aux exercices du corps etait telle que Ton avait eleve la gymnastique au rang d'instilulion sociale. A Sparle, le legislateur en faisait une obligation aux jeunes lilies. A Alhenes, la direction en etait conflee a un magistrat eleve , qui avait sous ses ordres un grand nombre de fonctionnaires instruits dans les sciences me'dicales. A Rome , outre les etablissements publics, les citoyens avaient des gymnases particuliers ou ils al- laient s'exercer regulierement.

La gymnastique a ete, depuis les anciens, singulierement ne- gligee, ce n'est que de nos jours que Ton a compris toute l'im- portance que presente, au point de vue de I'hygiene, I'exercice habituel et methodique du sysleme musculaire. Aussi, notre lite- rature scientifique est tellement pauvre sur cette question, que I'apparition d'un ouvrage sur la gymnastique ne doit pas manquer d'etre signalee. L'auteur deplore I'abandon actuel de la gymnas- tique, et trouve, jusqu'i un certain point, la raison de I'oubli ou elle est tombee dans le mode suivant lequel on la pratique au- jourdhui. On doit bien Tavouer, en effet, telle qu'elle est miseen oeuvre, elle n'a rien de commun avec les exercices rationnels destines a developper la force, la sante et la beaute. L'auteur voudrait lui substiiuer un systeme d'exercice mieux enteitdu et fonde sur la connaissance de I'anatomie et de la physiologie hti- maines.

Le nouvel appareil de M. Pichery merite d'etre decrit.

Dans son type general, cet appareil consisie en deux chaines composees de quatre ressorts contournes en helice. Chacun de ces ressorts jouit d'un degre different d'elasticile; mais de leur ensemble resulte une resistance variable, suivant le degre de ten- sion qu'on leur fait subir. Un arret, place a rinlerieur, regie la course respective de chacun de ses ressorts; le deveioppement total de la course ou de I'etendue de la traction est de 80 a 90 centimetres. Les arrets, ainsi que les ressorts, sont relies par des

'(,90 COSMOS.

anneaux qui correspondent a la force des attaches. Le-s ressorts, ■quels que soiont Icnr tension ell'ordre dans lequel on les dispose, sont proteges conlic toule violence, sans ricn perdie de leur jeu .et de Jeur force ; ils sont ainsi disposes : celui qui lient a la poigneo est Ic plus doiix; le second, cekii qui le suit, est un pen plus fort, etc. A un bout des chaines sont fixees des agrafes qu'on ac- croche dans des pitons a vis scelles dans un mm\ ousurJe cadre dormant d'une fenetre; ci I'autre bout, les chalncs se termiuent par des poignees qu"on prend dans les mains.

Grace au jeu de ces ressorts, dont on pent diminuer a volonte ie nombre et la force, rexeculant pent provoquer un developpe- ment de ces chaines proportionne a ses forces. En outre, a I'aide de crochets ad hoc, on pent sui^primer un ou deux ressorts du cOte des attaches; le poids est ainsi diminue et la traction a lieu sur les ressorts les plus faibles.

On pent dire que, dans les conditions actuell;s , les jeunes en- fants, les malades, les fennncs et les vieillards, sont prives des benefices d'une gymnaslique appropriee. On doil done accueillir avec intoret un appareil methodiquement et scientiflquement concu, dont le volume s'adaple au logement le plus modeste,,et dont le prix est a la porlee de la foitune la plus humble, de telle sorle qu'il doit introduire dans I'education^domeslique un ele- ment precieux.

L'education ne consiiste pas dans la culture absolue de I'espril au prejudice de I'organe. Avant de souger a faire,des savants ou des artistes , il imporle de creer un mbstratum a Tart ou k la science, c'est-a-dire une saine.etvigoureuse organisation. L'inac- tivite musculaire de I'homme civilise, croissant avec la civilisation meme, cntratne la necessite d'an travail musculaire impose arti- iiciellement. L'habiludc des exercices gymnnstiques permettrait done de replacer les populations dans les , conditions prescrites par I'hygiene et trop negligees dans la societe d'aujourd'hui. »

Dans notre prochaioe livraison nous publierons un aperou du qaatrieme et dernier volume de VAstrunomie jwpulaire qui vient de paraiitr* clicz M. Gide, 5, rue Bonaparte.

C'^

ie VV. KEMyuiT el Cie, A. TRAMBLAY,

rui- Garaiicieie, 5. pro[j,Utai,e-gerani.

T. XX| 16 octobre 1857. Sixi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

Nous empruntons, en I'abr^geant, a M. Gustave Heuzd, pro- fesseur k I'ficole imperiale de Grignon, son recit de la belle fete d'fitampes, donne par la Patrie :

(( La foule qui depuis ce matin reraplit les rues et les places de la ville d'fitampes, applaudit le Gonseil municipal de cette ville d'avoir eu I'heureuse pensee d'elever une statue a Geoffroy Saint- Hilaire, I'une des plus grandes gloires scientifiques de I'Earope moderne, et d'en avoir confie I'execution a M. l^lias Robert, sculp- teur distingue et enfant d'fitampes.

Cette ceremonie, bommage rendu aux etudes scientifiques, etaifc presidee par M. le comte de Saint-Marsau't, prelet de Seine-et- Oise. La ville d'l<;tampes y etait representee par M. Pommeret de Varennes, maire; le Museum, par M. Dumeril; I'Academie des sciences, i)ar MM. Serres,Despretz, Montagne, Moquin-Tandon et Gay; la Faculte des sciences, par M. Milne-Edwards; I'Academie de medecine, par MM. Micbel Levy, le baron Larrey et Paul Du- bois; I'ancien Institut d'Egypte, par MM. Jomard et de la Porte; la Soci^te d'acclimatation, par MM. Drouin de Lhuys et Gu^rin- Meneville.

Geoll'roy Saint-Flilaire naquit h Elampes le 15 avril 1772. Sa famille lui fit commencer ses etudes au college de cette ville ; mais n'ayant qu'une modeste aisance, elle demanda et obtint pour lui une bourse au college de Navarre. Geoffroy se deslinait alors ci I'etat ecclesiastique; mais la physique expi^rimentale qu'enseignait Brisson lui inspira le goiit des sciences et I'engagea ci soUiciter la favour d'une admission au college du cardinal Le- moine. G'est la qu'il eut le bonheur de connaitre le savant abbe Haiiy, avec leqnel il suivit au College de France le cours de mine- ralogie qu'y prolossait Filkislre Daubanton.

Geoffroy Saint-Hilaire avait vingt ans lorsque survint !a trist^ journee du 10 aoat 1792, pendant laquelle Hauy fut aricte avec les autres pretres professeurs du college de Navarre et conduit dans la prison de Saint-Firmin. Geoffroy, comprenant ia perte

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422 COSMOS.

qu'il allaitfairc, cntreprit dc sauver Haiiy. A force de demarches et dc supplicalions, il eut le bonlieur d'oblcnir sa liberie. Pen- dant les Ingubres journees de septembre, afin d'arrachcr a la mort ses antrcs proiesseurs, 11 se rend k la prison, et la, rapporte M. Pomnieret des Varennes dans son admirable discours, « monte sur un mar, il attend pendant huit hearcs , dans I'cspoir de sauver qielques victimes. Douzc sont rendues f\ la liberte et i\ la vie. Mais il nc voit pas que le solcil est Icvc, et il recoit une balle dans ses vetements. Quand on est domlnc par un sentiment pas- sionne, on devient facilement imprudent et insouciant du danger. Dans une des productions du poete dramatiquc de PAnglclerre, une des plus charmantcs figures de sa creation nes'apeicoit pas que I'aube a paru, quel'alouette a commence son cbant matinal, parce qu'elle estegaree par sa passion. GeolTroy avail aussi une passion dans le coeur : c'etait le saint amour de I'humanile. »

L'n tel devouement devaitetre recompense. L'abbe Haiiy, plein de reconnaissance envers son liberateur, le recommanda h Dau- banton, qui le fit nommer, le 13 mars 1793, demonstrateur au .lar- din-des-Planles, a la place que Lacepede venait d'abandonner. Le 10 juin suivant, lorsque la Convention transforma le Jardin- du-Roi en Museum d'histoire naturelle, Geoflioy fut nomme pro- fesseur de zoologfe. « Mais , racontait aujourd'hui M. Scrres , comment enscigner une science qui n'exisle pas ? disait modes- tement le jeune naturaliste i\ son illusire protecteur. A tonic autre epoqiie, cc dilemme eut etc sans replique. Il en elait diffcremment en 1793, alors que la Convention nationalc creait des talents comme des armees. La zoologie n'existe pas, repondit Dauban- Jon, ilfaut la creer ; osez I'entreprendre, et faites que dans vingt ans on puisse dire : La zoologie est une science frangaise. Geoffroy i'entreprit, et les vingt annees n'etaient pas ecoulees que I'Eu- rope savanle inscrivait la zoologie au rang des litres glorieiix de notre nation deja si pleinc de gloire. »

La nomination de Geoffroy eut aussi pour consequence la crea- tion de la menagerie. Ainsi, un malin, alors que la police avail defendu I'exbibition des animaux fei'oces , on vint annoncer k GeolTroy Saint-Hilaire qu'il avail a sa porte un ours blanc, un Idopard, une panlbcre, etc. GeolTroy accepte ces lerribles botes, .ies place lant bien que (ual sous ses fcnelres et s'empresse d'an- noncerci ses collegues qu'il vient de commenccr la creation d'une menagerie.

Geoffroy Saint-Hilaire etait lout entier a ses travaux scienlifi-

COSMOS. 423

ques; il les partageait avec le jeune Cuviei-, auqucl il avail ofTert 3on logement et sa table, ulorsque Borthollet, raconte M. Pom- meret dcs Varennes, vint le trouver el liii proposa de s'associer t une expedition lointaine : Venez,liii dit-il, Monge et moi se- rous vos compagnons, et Bonaparte notre general. L'offre etait seduisante; on devail voyager en compagnie de la science et de la gloire. GeofTroy Saint Hilaire aiinait toules les deux; il n'hesila pas ci faire parlie de I'expedition d'JEgypte. » G'est ainsi qu'il de- vint I'un des sept fondateurs du celebre Institutdu Cairo.

Apres la capitulation d'AIexandrie, le general anglais voulut s'emparer des nombreux materiaux qu'avaient rcunis les mem- bres de la Commission scientifique; Geoffroy ne parvint a les con- server qu'en menacant de les detruire. «Nous brAlerons nous- memes nos richesses , dit-il au commissaire anglais, ct nous imprimerons sur votre front la fletrissure d'Omar, doiit le nom n'est arrive a la posldrile qu'i la lueur des flammes de la biblio- theque d'AIexandrie. »

Geoffroy, de relour en France, reprit son cours de zoologie au Museum, et, plus tard, il fat charge d'une mission en Espagne et en Portugal, ou ilrecueillit de precieux objets pour les collections qu'il organisait.

Les travaux de cet homme illustre ont eu plus d'influence sur les progres de la zoologie que ceux des savants qui I'ont precede dans ses etudes. II a considere I'etude des elres organises a un point de vue tres-different de ceux ou s'etaient [tlaces Buffon et Cuvier. II a surtout approfondi les rapports des ctres entre eux ; et, apres dcs observations nombreuses dont les resultals font comprendre combien ont dil etre ardues les investigations aux- quellesil s'ost livre, il rcsta convaincu que I'organisation dcs ani- maux est souraise ci une scule et meme loi de composition, a une seule unite typeale.

L'idee qu'il existait des rapports philosophiques entre les ani- maux avait ^te, k vrai dire, deja pressentie par Aristote, Newlon et Buffon; mais ces illustres naturalisles n'avaient envisage I'u- nite de composition organique que sous un point de vue tlieori- que, pour ne pas dire historique. A Geoffroy Saint-Hilaire etait devolue la tache de demontrer qu'il existe entre tous les animaux une analogic intime et caracleristique. Les lois qu'il a deduites des observations consignees dans son reniarquable ouvrage inti- tule : Philosophie anatomique, ont donne naissance a I'anatomie philosophique. Ces lois et celles qu'il formula, apres avoir appro-

524 COSMOS.

fondi la teratologic, sont arloptcos aniourd'hui par tons Ics natu- ralistes, ct ont cMd tres-ulilcs, ainsi que le faisait rcmarquer M. Mi- chel I^evy, h la medecine et a la cliirurgic.

(Icoifroy Sainl-ililaire devint avcugle en IS^iO. Ce fatal acci- dent I'obligea a quitter la cliaire de zoologie qu'il occupait depuis 1703, mais 11 n'altei'a pas la generosite de son cffiur. aTousceux quil'ont connu, disait M. Milne-Edwards, ne peuventoublier I'ar- deur qu'il mettait chaquc jour h stimuler le zcle des jennes sa- vants. Auxnns, il promettait le succes; a d'antres, il tendnit la main pour les aider a franchir quelquc pas difficile; a tous, il donnait I'eiemple d'une perseverante aclivite et d'une foi entiere dans la puissance dela science. » Enfin, comme le constatait avec tant de raison M. Flourcns : ((Admirer, louer sans restriction, jouir du succes des autrcs, fut un des bonhcurs de sa vie! »

Gcoffroy mourut le 19 juin lS'i4, a I'^ge de soixante-douzc ans.

La statue que vient de lui elever la reconnaissance nalionale, fait honneur h M. filias Robert. (( Get habile artiste, dit M. Serres, semble avoir emprunte la penetration de I'esprit eleve et medi- talifdu cclebre academicien. On y reconnait le professcur dans unede ses plus energiqncs inspirations, au moment ou une de- couvertc inaitendue vient de se reveler h son imagination feconde. 11 redechit... et tout a coup refrouvant dans sa memoire et dans ses etudes anterieures des analogies nombreuscs avec le fait qu'il vient d' observer, il rapproche ces similitudes parce qu'il les voitre- prodnites par des causes constantcsdont il a apprecie leseffels. »

La statue de Geoffroy Saint-Ililaire est d'une fidelite telle, que lorsqu'elle fut debarrassee de son voile, le venerable M. Jomard s'ecria avec enlhousiasme : (( G'estlui! c'est mon illuslre compa- gnon ! » Et ceux qui le connurent repeterent avec M. Serres : <( C'est Geoffroy, c'est le createur du Museum, devenu la metro- pole des sciences naturelles etun abr(^g(L^ du monde. »

Cettefete, dont I'initiative, dit le Moniteur deshopitaiix, appar- tient i M. le D' Magne, organisee par MM. Collin, Gibory et Lau- rens, s'est termince par un banquet que la ville d'fitampes offrait k ses invites.

Les toasts suivants ont ete portes :

Par M. le prefct de Seiue-et-Oise, a S. M. I'Empereur, qui a puissamment concouru b. I'execution de la statue;

Par M. Pommertt des Varenncs, aux: deputations des Sociclds savantes ;

COSMOS. f,25

Par M. Laurens, h M. filias Robert, pour le remercier de sou genereux concours ;

Et par M. Drouin de Lhuys, a la lille d'fitampes,

« Vous avez compris, a dit M. de Lhuys, ou plutdt vous avez senti (car ces pensees-la viennent du camr), que c'est en les honoraut que Ton suscite les grands homines, et que, par un juste retour le reflet de leur aureole doit illuminer leur berceau.

(( Chaque cite prete pendant leur vie ses plus illustres enfants a la France et au monde, niais apres leur mort elle les revendique et inscrit, avec un legitime orgueit, leurs noms dans ses annales,

(( Honneur done a la ville d'fifampes, ou s'est allumele flambeau de cette vie qui, pendant un demi-siecle, a jete une si vive lumiere sur le vaste domaine des sciences natarelles. »

Enfin M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire s'est leve, et au milieu d'une emotion que tous les assistants ont comprise, il a exprim^ sa Vive gratitude pour les honneurs si bien rendus a son pere. »

II resulterait, dit le Moniteur, d'analyses nouvelles faites par M. Payen , que le zetout des Arabes , qui n'est autre que le bulbe de Virisjuncea, contiendrait cinquante fois plus de matiere nutritive que n'en contient la pomme de terre. Pour que cet oignon soit un jour un aliment domestique, vendu dans le com- merce des legumes et accepte par les populations, il sufflra que Ton puisse parvenir & augmenter son volume actuellement trop petit, et a rendresa production plus abondante; des essais vout etre tentes dans cette direction par des horliculteurs habiles.

Le Moniteur de I'armee annonce comme un progres consi- derable dans I'arquebuscrie I'apparition de la cartouche de M. Davoust, armurier de province, qui, apres raille essais, mille tatonnemonts, est parvenu ii resoudre ce double probleme : 1" ar- rlver a une grande regularite de tir, en empechantles ecarts sou- vent considerables et singuliers du plomb; donner au plomb une portee et une penetration plus considerables sans augmenter la charge de poudre. L'irregularite du coup de fusil charge a plomb vientpresque toujours de ce que les grains s'entrechoquent dans le canon, se ddrangent de leur direction et amortissent la force-dont ilssont doues; il fallait done avant tout obtenir que le coup de plomb sortit tout entier du canon sans croisemeut et sans choc a I'iuterieur. M. Davoust y est parvenu tres-si;nple- ment en interposant entre la poudre et le plomb une seconde poudre tres-divisee, mais non explosible, et mettant ce plomh.au moment de sa sortie du canon sous rinfluence d'uaesorte.tte

426 COSMOS.

conducteur qui assure sa vilessc en lignc droite. La nouvelle car- touche est encore un cylindre divise en plusieurs compartiments. Le premier, t'l partir dubas, contient la charge de poudre, le se- cond, une petite epaisseur de poudre blanche que M. le capitaine Delvigne nous a dit elre de la fecule do ponimes de terre un pen torrefiee ; le troisieuic, une bourre spongieuse; le quatrieme, I'or- gane formant conducteur ct qui se developpe h la sortie du fusil; le dernier, enfin, la charge de plomb. Une sorte de chapeau, main- tenu par un double ruban en caoutchouc, recouvre Fensemble de la cartouche. L'organe conducteur n'est qu'un tube qui sort du canon, ayant le plomb h son exterieur, et tonibe, apres avoir parcouru huit ou dix metres, abandonnant a lui-meme le plomb convenabement dirige. Un coup de fusil tire de vingt k soixante pas avec la cartouche Davoust, dite a petite portee, couvre de plomb, et de la facon la plus reguliere, I'espace enibrasse par une compagnie de perdreaux pendant les premiers instants de son Tol; un coup de fusil tire de quarante-cinq a cent pas avec la cartouche d grande portee, donne une penetration telle qu'on peut coucher par terre le lievre le plus fort avec du plomb n" 6. Nous regrettons qu'au lieu d'exprimer la puissance de la nouvelle cartouche par ses effets sur le gibier, le Moniteur de Varmee ne nous ait pas donne les nombres relatifs do grains de plomb que la cartouche Davoust et la cartouche ordinaire, lancees par un nieme tireur, projetaientenmoyenne sur une cible d'un diametre determine, avec les chiffres de la penetration. II se borne a dire en finissant qu'il a ete frai^pe de la bonle de cette cartouche; que les experiences souvent reproduites et toujours avec un egal suc- ces I'ont convaincu de sa superiorite sur les autres engins de chasse , et qu'il croit rendre service aux amateurs en leur signalant cette invention nouvelle.

Dans une nouvelle lettre adressee k M. Quelelet, M. le lieu- tenant Maury maintient dc nouveau que le fond de I'Ocean n'est nuUement parcouru par des courants rapides, et que par conse- quent il n'est nullement necessaire que le cable transatlantiquc presente une solidite extraordinaire. M. Morse, I'iliustre inventeur du systeme telegraphique americain etl'un des peres glorieux de la telegraphie, qui elait t\ bord du Niagara, dans la grande opera- tion de la pose du cable, ne craint pas d'afflrmer que la respon- sabilite de I'insucces retonibe toute en Here sur I'ingenieur en chef, M. Wright ; qu'il a eu uniquemcnt pour cause une mauvaise manoeuvre. Nous ferons plus tard k nos lecteurs le recit d'une

COSMOS. [\21

petite excursion que nous avons faite k bord du Niagara et de Y Agamemnon qui portaient encore dans leur flancs I'immense cfible de 800 lleues de longueur; mais nous dirons des aujour- d'liui que le capitaine du magniflque navire americain, vieuxma- rin d'une experience consommee , a affirme en notre presence que la pose du cal)lc n'avait presente de difficulte et n'avait echoue que parce qu'on eut la fatale pensee de recoui'ir a des mecani- ciens et a des machines. C'est un travail de matelot, s'ecriait-il, ce ne sont pas des engins, mais des mains humaines qui doivent le confier au sein des mers ; en realitc, c'est a la fois un loch et un fil de sonde gigantesqucs qu'il faul laisser filer et lomber ; c'est notre metier , qu'on nous laisse faire et nous aurons bientOt reussi. Le vieux capitaine a mille fois raison.

Nous lisons dans le dernier Bulletin do I'Academie royale de Belgique : « M.- Quetelet a recu de M. Le Verrier, directeur de I'Ob- servatoire de Paris, une lettre concernant le plan general des ob- servations meteorologiques organise dans ce pays, el qui tend t'l se repandre de proche en proche. D'apres la rapidite des com- munications electriqiies, on connaitrait immediatement Fetat de I'atmosphere dans tons les pays voisins, et Ton pourrait se pre- munir contre certains dangers. L'Observatoire de Bruxelles pre- tera son concours ci celte entreprise qui aura certainement aussi I'appui du gouvernement beige.

Dans unc lettre h M. van Benedcn, M. Leukaert conflrme de nouveau la transformation des linguatules denticulees en lingua- tules tenioides. « II y a une quinzaine de jours, j'ai fait I'autopsie d'un second chien que j'avais infecle de linguatules denticulees. J'ai trouve trente-neuf linguatules tenioides dans les sinus fron- taux et maxillaires de cet animal. Environ la moitie des te- nioides etait composee de femelles, longues de 26 miihmetres I'autre moitie de males longs de 16 millimetres. Les femelles sont completemeiit developpees; leurs organes sexuels sont fort dis- tincts, et elles sont en grande partie deja fecondees , quoique leurs ovaires soient encore incomplets et ne renferment que des oeufs tout a fait rudimentaires. Le developpement de cette lingua- tule marche done tres-lentement, aussi bien sous sa premiere forme que plus tard sous sa forme adulte.

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HOTOGRAPIUE.

92csurc «Ic hclion chiiuiquc dc In luniierc

PaM. Draper (de New-York).

M. Draper, tie Nov-York, s'etait deja fait un noni celobrc par ses proiniOres rechcnes pliolo-chiniiques; il Ics rcprend pro- Toquii par les succes uc MM. Roscoe et Bunsen ont oblenus. Ce fut lui qui inventa le thonometre, instrument i I'aide duqucl on Uicsure rinlcnsilfi chiiique de la lumierc par son action sur un Dieliingo dose d(?. chloi et d'hydrogene. Aujourd'hui, et pour les cas oil la presence din reaclif extrcnicinent sensible n'est pas necessaire, il proposed remplacer le melange des deux gaz par un liquide, unc solubn aqueuse et filtroe de peroxalate de fer. Celtc substance dont 1 couleur est une belle leintejaune d'or, pent so conserver pedant plnsicurs anndes, ct probablement toujonrs, sans subir acmie alteration, si on la place dans une obscurile absolue; ms si on I'cxposc a la lumiere difTuse ou a la lumiere d'ane lampe.elle se decompose en donnant de Vacide carbonique qui sc d?age, el un prccipitejaune citron de pro- toxalalc dc fer. Expose aux rayons directs du soleil, elle se de- compose en sifilant pr le degagement subit de gaz. Les rayons lamineux qui exercei le plus d'action sur celle substance sont les rayons indigo, lesnemes qui dans le tithonometre accusont le maximum d'eHot, ( qui impressionncnt les sels d'argentdans la phologi-aphie. En jufime temps qu'ils produisent Icur effet, ces rayons subissent uncveritable absorption. On le prouvc sans peine en faisant passcuniayon de soleil ix travers deux couches paralleles et distinct* de peroxalate dc fer. On Toit alors, en elTet, que lorsquc laumiOre a traverse et impressionne le pre- mier milieu, elle est iipuissantc i impressionner le second. Par I'eusemble de ses prorietds, cc scl sc recommando fortcment aux chimislcs comme agot photomctrique. Il a sur le melange dc clilore et d'hydrogcnd'avanta

tenu dans des tubes c vc ploi qu'on en fait, ifau^ cssentiellcs : 1" empcl toxolate dc fer \ienf Tasc et fassc peri toujoursgardcr;

etre conflne ou re- u mercure. Dans I'em- '^ fcdrc deux precautions .t(' jaunc citron dc pro- . :i incruster les parois du 1 la transparence qu'il doit ment la solution a la mcme

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COSMOS.

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temperalure, car la chaleur le fait aussi ban;:

<;3 couleur est vert emeraude; eUe dev atjaune brim a la teui-

ssihanirerde leinte. A zero sa couleur est vert emeraude ; elle c . , perature de rebuliiUoa de Teau, et sa p ssance d'absorptiou de la lumiere varie d'une maniere L-es-s-i; jle avec sa uuance.

Le peroxalate de fer est aussi ui; ceUent agent phologra- phlque. Ua morceau de papier oa ; su deveuu jaimc, apres qa'on l"a plouge dans une solution i. a ; de ce sol ct sccho daus iobscurile, est tres-seosibla a la luix;: ;; n recoil dcs images la- tentes ou inyisibles qu'on developpe a 1 de duue faible soluUoo de nitrate d'ai-gent, 13 decigrammes da> 31 grammes d'eau.

S'il sagit de faii-e serrir le peroi '. t. \c fer ii dcs eipdricnces de pbotometrie, on pent avoii' rfc; .. diverscs mdlhodcs. La voie le plus ordinairement suivie pa: y Draper consiste a dt-ter- miner la quantile d'acide carbonicue ^gee, soil en mesm-aat le Tolume da gaz, soit en le pesanL )a comprend sans peine que la soluUoa ne laisse degager c gaz qu autanl quelle a ete completement saluree, et qu'\ t consequent, pour ob- lenir la mesore exacte de la qua:.".;: e lumiere par la quan- tile de gaz degagee, ii faut estimer I \ ume de gaz reste en dis- solution dansleliquide. Dans Ton de:jpatometi-es de U. Draper, I'eipulsion du gaz diiious se fait en jngeant la solution daus nn petit bain d'eau bouilJante; <lr.\.- . autre le gaz est cbass^ par un courant dbydrogene; les deux i jcedes doonent des rti- sohats salisfaisaais.

Au lieu de mesurer la quantile d"acic caibonique degag^c, on pent faire agir la solution d'oxaiate aprs qu'elle a ete Ciposee k la lomiere sur certaines solutions metaiques el estimer Taction pbotogenique par la quantile de precipe recueiUi. Par cxemple : le peroialate de fer, prepare et conscve dans Tobscurite, peut ^tre melange arec du clilorure dor, sas quil y ail ni decom- position ni precipite; tandis que si leperoxalate a ete expose a la lumiere, U precipitera I'or metaUlQ^ du chlorure en quan- tile proportionnelle a 4'ifitefistte<le.l lumiere qui la frapp^. IL Draper a commence sur .ce pri;ipe une serie d'expe- nenc« dans le bat de determiner I'mc.ination boraire ct diume

d nne localiie donnee. Au fond d'un tu. creux en metal lourne Ters le p61e, il place une boule contenat la soiuUon tilree de sel

de fer, et apres que la solution a sub pendanl le temps voulu, racuon de la lumiere, U determine p une pesee la quantile

frappanl, que de pouiou- determmer quantile de lumiere que

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PliOTOGRAPlIIE.

Mcsurc dc Faction chimiqiic dc la luuiierc

Par M. Draper (do New-York).

M. Draper, de Kcv/-York, s'dtait deja fail un nom celebre par ses premieres rechcrciies phoLo-ciiimiques; il Ics reprend pro- Toque par les succes que MM. Roscoe et Bunsen ontobtenus. Ge fut lui qui invcnta letilhonometre, inslrument k I'aide duquel on mcsure rinletisile cliimiqae de la lumiere par son action sur un melange dose de chlore et d'hydrogenc. Aujourd'hui, et pour les cas od la presence d'un reaclif extremement sensible n'est pas necessaire, il propose de remplacer le melange des deux gaz par un liquidc, une solution aqueuse et filtree de peroxalate de fer. Cette substance dont la couleur est une belle teinte jaune d'or, pout se corxserver pendant plusienrs annees, et probablement ioujours, sans sublr aucune alteration, si on la place dans une obscurite absolue; mais si on I'exposc a la lumiere diffuse ou k la lumiere d'une larape, elle se decompose en donnant de Vacide carboniquc qui sc degage, et un prccipile jaune citron de pro- toxalatc de for. Exposee aux rayons directs du soleil , elle se de- compose en sifflant par le degagement subit de gaz. Les rayons lamineux qui excrcent le plus d'action sur cette substance sont les rayons indigo, les memes qui dans le tilhonometre accusent le maxiiuum d'effet, et qui impressionncnt les sets d'argentdans la pliolographie. En meme temps qu'ils produisent leur effet, ces rayons subissent une veritable absorption. On le prouve sans peine en faisant passer un layon de soleil h travers deux couches paralleles et dislinctes de peroxalate de fer. On voit alors, en effet, que lorsque la lumiere a traverse et impressionne le pre- mier milieu, elle est impuissanle a impressionner le second. Par rensemble de ses proprietes, ce sel serecommande fortcment aux cbimisles comme agent photometrique. II a sur le melange de chlore et d'hydrogene I'avantage de pouvoir etre conflne ou re- tenu dans des tubes de verre, au contact du mercure. Dans I'em- ploi qu'on en fait, il faut seulement prendre deux precautions essenliellcs : 1" empecher que le prdcipile jaune citron de pro- toxolate de fer vienne k recouvrir et i incruster les parois du Tase et fasse perdre ainsi au melange la transparence qu'il doit loujours garder ; 2" maintenir constamment la solution h la meme

COSMOS. 429

temperature, car la clialeur le fait aussi changer de leinte. A zero sa couleur est vert euieraudo; olle dcvieiitjauno brua f\ la tem- perature de rebullitlon de I'eau, et sa puissance d'absorplion de la lumicre varie d'une mauiere tres-sensible avecsa uuance.

Le peroxalale de fer est aussi un excellent agent photogra- phique. Un morceau de papier ou de tissu devenu jaune, apres qu'on I'a plonge dans une solution neutre de ce sel et seclie dans I'obscurilc, est tres-sensible ;\ la lumicre. Ilrecoit des iuiagcs la- tentes ou invisibles qu'on developpe a I'aide d'une faible solution de nitrate d'argent, 13 decigrammes dans 31 grammes d'eau.

S'il s'agit de faire servir le peroxalate de fer a des experiences de photometric, on peut avoir recours a, diverses methodes. La vole le plus ordinau-ement suivie par M. Draper consiste a deter- miner la quantile d'acide carbonique degagee, solt ca mesurant le volume du gaz, soit en le pesant. Ou comprend sajis peine que la solution ne laisse degager de gaz qu'autant qu'elle a ete completement saturee, et que, par consequent, pour ob- tenir la mesure exacte de la quantite de lumiere par la quan- tite de gaz degagee, il faut estimer le volume de gaz reste en dis- solution dans le liquidc. Dans I'un des photometres de M. Draper, I'expulsion du gaz dissous se fait en plongeant la solution dans un petit bain d'eau bouillante ; dans un autre le gaz est chasse par un courant d'hydrogene ; les deux precedes donnent des re- sultats satisfaisanls.

Au lieu de mcsurer la quantite d'acide carbonique degagee, on peut faire agir la solution d'oxalate apres qu'elle a etc e^posee k la lumiere sur ccrtaines solutions metalliques et estimer I'action photogenique par la quantite de precipite recueilli. Par exeraple : le peroxalate de fer, prepare et conservd dans I'obscuritd, peut etre melange avec du chlorure d'or, sans qu'il y ait ni decom- position ni precipite; tandis que si le peroxalate a ete expose a la lumiere, il precipitera I'or meiallique du chlorure en quan- tite proportionnelle a rintensite do la lumiere qui I'a frappe. M. Draper a commence sur ;ce principc une serie d'expe- riences dans le but de determiner I'illumination boraire et diurne d'une localile donnee. Au fond d'un tube creux en metal tourne vers le pole, il place une boule contenant la solution titree de sel de fer, et apres que la solution a subi, pendant le temps voulu, Taction de la lumiere, il determine par une pcsee la quantite d'or qu'elle a pu precipiter. N'est-ce pas, dit-i!, quelque chose de frappant, que de pouvoir determiner la quantite de lumiere que

430 COSMOS.

le soleil nous donnc par la qnantite d'or qu'elle pent rcduire?

Personne , au reste , n'ignore combien il y aurait d'interet & determiner les quanlites horaires, diurnes et annuelles de la lu- miere que la terre recoit du soleil. Ces quantites de lumieres ne iouent pas seulement un r61e important au point de vue de la meteorologie, elles interesscnt au plus haut dogre la gcographie, la physique et I'agriculture. La somme d'organisation vegetale dans \ous les climats et dans toulcs les localites est une fonction de la lumiere qui les eclaire, cliaque plante, dcpuis le moment de sa germination jusqu'au maximum de son developpement et k I'accomplissemcnt de toutes ses fonctions physiologiqucs, doit absorber une quantite determinee de lumiere et de chaleur. C'est la lumiere solaire ct non la temperature de la localite qui deter- mine effectivement le developpement des plantcs; c'est done elle qu'il faut mesurer. Les substances photometriqaes proposees par M. Draper, le melange de chlore et d'hydrogene, lorsqu'il s'agit d'operations tres-delicates , le peroxalate de fer lorsqu'on se contente d'une exactitude moins grande, ont ce grand avantage qu'elles mesurent non I'eclat, mais la quantite de lumiere recue. II y a entre elles et les pliotometres anciens la meme difference qu'entre le thermometre et le calorimetre dans les recherches tbermometriques. Lorsqu'il s'agit d'evaluer la quantite de cbaleur necessaire a revolution d'an vegetal, les indications du Ihermo- melre sont de peu d'importance, c'est le calorimetre evidemment

qu'il faut consuller.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance da 5 oclolre 1857.

MM Struve, Llovd, Hermann et Robert Schlaginlweit assis- tent i^ la seance. La correspondance est depouillee par M. Elie de Beaumont, et nous ne pouvons en vien saisir, parco quelle ne s'etend pas au dela du bureau. ^

_M Lissajoux remercie I'Academie des 1500 francs quelle a mis a sa disposition pour la construction de nouveauxappareils d-slines h completer ses etudes optiques des vibrations sonores, etudes si neuves et si belles, llier au soir encore, M. Lissajoux repetait devant M. Lloyd et nous ses curieuses experiences, et nous etions emerveilles. Nous avons vu fonctionner tour a tour I'indicateur optique des mouvements vibratou-es et des battements; le compositeur opiique de deuxsystemes de vibra- tions • le comparateur ou I'accordcur microscopique ; larcbet electiiquc. Nos lecteurs ne connaissent pas encore ce dernier ap- pareil qui a pour but de faire resonner un diapason sans le con- tact des doi-ts ou de I'arcbet, par la scule influence de i'electricite, a-issant a I'aide de I'interrupteur electrique de M. LeonFoucaull. Le courant d'un ou de plusieurs elements passe d'abord dans 1 m- terrupteur, puis dans un systeme de deux electro-aimanls places en presence des exlremites des faces laterales du diapason pose horizontalement; ces exlremites sont armees de deux petites plaques de fer doux qui sont attirees quand le courant passe, ■quand les electro-aimants deviennent aclifs, mais sans pouvoir jamais arriver au contact des poles de I'electro-aimant. Ces at- tractions successives et intermiltentes, gouvernees par 1 mterrup- teur out preciseraent pour but de rendre au diapason la quantite de mouvement qui le fait vibrer, mais qui tendrait a s'elemdre ; etde lui faire produire par consequent un son continu, en accord avec le son rendu par la lame yibrante de I'interrupteur. On re- sout ainsi d'une maniere tres-elegante et tres-simple un probleme resteiusqu'ici insoluble, la production d'un son rigoureusement constant. Deux petits miroirs, installes I'un sur la lame vibrante, I'autre sur I'extremile du diapason, permettent de combiner op i- quement leurs vibrations et de s'assurer par la forme de la courbe vue dans une petite lunette que les deux sons ont en eflet quana I'appareil est Men regie, une flxite presque absolue , et cela pen- dant plusieurs heures. Nous reviendrons bientOt, au reste, sur les

632 COSMOS.

^"ludes de M. Lissajoux, lorsqu'elles auront paru dans les Annales de phjisique el de cliimie.

M. Baudrimont adresse une leltre sur I'cquivalcnt de I'elec- tricite, et le mode de nutrition des algues marines.

M. Martins, professeur de physique a la Faculte de Mont- pcllicr, adresse une Note sur les caracleres orageuxdesvents qui soui'llaient du sud-ouest les 2k et 26 septembre,

M. Palroieri, direclcur de robservatoire meteorologique du Tesuve, decrit quelques-uns des plienomenes qui ont accompagae et suivi Feruption actuelle. Void k cet egard quelques renseigne- menls qui coinpleleront ceux que nous avons donnas dans notre livraison du 7 aout.

<( Le soir du 10 septembre, dit M. Palmieri, j'enlendis de I'Ob- servatoire des detonations plus fortes que celles des jours pre- cedents. A une lieure et demie apres minuit, je prolitai du clair de lune pour gravir le sommet de la montagne; je I'atteignis a irois heures et un quart. L'obscurite qui regnait encore rendait le spectacle de Feruption beaucoup plus imposant ; les deux c6nes cnllammes brillaient comme des pliares. Une nouvelle masse de lave avait etc vomie par la bouclie ouverte le 19 decembre 1855, et Favait completement obstruee. La temperature de la lave n'a- vait pas varie depuis mes premieres observations. La surface etait devenuc solide, et de ses fissures j'ai vu sortir deux fois des flammcs bleuatrcs, accompagneesd'une forte odeur d'acide sulfu- reux. La lave continue toujours a s'epancher du cone situe a Fest, mais elle ne depasse pas sa base quoiqu'elle y soil accumulee en quantites considerables. Si la bouche du 19 decembre s'ouvre de nouveau et vomit de la lave, cette lave coulera vers le nord-est, mais sans devcnir tres-dangereuse. Jusqu'ici les fumaroles et les sublimations sont restees rares dans les laves de la nouvelle eruption, mais elles commencent a apparaitre. Deux fumaroles surtout ont fixe mon attention; elles ont la forme de petits cones de 1 metre de diametre a la base, et hauts, Fun de 2, Fautre de k ou 5 metres. Leurs sommites lancaient des torrents de fumee. J'avais toujours considerc les fumaroles comme de petits vol- cans, mais c'est la premiere fois que je les ai vues revetir la forme conique des volcans. Quant aux sublimations, j'ai remarque que le cblorure de fer n'apparait que dans les cones principaux et non dans les fumaroles, dans lesquelles on trouve an contraire du chlorure de sodium. J'ai trouve, morts dans les fumaroles, au sommet de la montagne, des insectes qui ne pourraient pas y

COSMOS. 53^

Tivre faute de nourriture , par exemple, le meliorita, elre qui ne vit que de feuilles de vignes. A quoi attribuer cette altiaction mysterieuse qui entraine h la mort tant d'insectes differents?)) Les derniers renseignements que nous ayons, sont, que I'erup- tion continue toujours, quoique la presence dans le voisinage des cones d'une grande quantite d'acide sulfurique sembklt annoncer sa fin. La lave s'ecoule^lentement sur une longueur de iOO pas, dans une direction suivie par elle, il y a deux ans, derriere la Somma et I'Atrio del Gavallo,

M. fliaxime Dunesme, professeur de graphique au lycee Na- poleon et h I'Ecole normale , prescnte une longue etude de geo- metrie descriptive,".vacconipagnee de nombreuses et tres-belles epures. Ses principaux resultats sont : I'' que les courbes de con- tact des cylindres circonscrits au tore engendre par la rotation d'une courbe quelconque du second degre, se projettent sur uu plan perpendiculaire a I'axe de revolution du tore sous forme de conchoides; que les traces des cylindres circonscrits sur ce meme plan sont des courbes paralleles aux courbes du second degre, c'est-a-dire des courbes que Ton deduit de celles du second degre en prolongeant les normales de ces dernieres courbes d'une quantite constante. Le Memoire de M. Dunesme abonde en pro- prietes entierement nouvelies et imprevues des surfaces et des courbes qu'il rencontre sur son chemin. L'etude de la belle science cr^ee par le genie de Monge, qu'il a apprise scul et sans maitre, est devenue pour lui une passion ardente, et nous osons affirmer qu'il est actuellement en France I'homme qui la connait et la pratique le mieux.

M. Dumeril rend compte en quelques mots de la majestueuse et touchante solennite de I'inauguration k Elampes de la statue d'fitienne GeofTroy Saint-Hilaire. Nous avonsditailleurs quelques mots de cette belle fete. A la demande de IM. Flourens, appuyee par I'Academie entiere, le noble vieillard, M. Dumeril, lit le dis- cours qu'il avait prononce {"i fitampes.

M. Payer depose sur le bureau une suite k ses Recherches sur I'organogenie vegetale. II est question cette fois de I'inflores- cence normale ou anormale, et de la symetrie, soit par rapport a un plan, soit par rapport a un axe.

M. Biot presente un exemplaire du tirage k part de cinq grands articles inseriJs par lui dans le Journal des Savants, cahiers d'avril, de mai, de juin, d'aout et de septembre, sous ce titre : Nouvelies recherches sur la division de Vannee par M. Henry Brugsch d&

&34 COSMOS.

Berlin. Nous ne pouvons qu'indiqner Ic but de cette critique sa- vante et approfondie. « En 1830 , alors que ChampoUion , recem- ment revenu d'figypte, usait le reste de ses forces pour travailler sans relache a mettre en oeuvre Timmense collection de mate- riaax qa'il avail rapportes, il me montra, dit M. Biot, la restitution qu'il avait I'aite de la notation flguree dcs douze mois vagucs egyp- iens , et il m'expliqua les rapports singuliers qu'elle presentait avec la succession annucUe des phenomenes naturels et des tra- vaux agricoles qui est propre au climat de I'Egypte, qui s'y repro- duit avec une invariable Constance depuis tant de siecles, et dont lui-mcme avait cte temoin. Je vis h I'instant que ce mode regu- lier de succession etant determine par le debordement periodique du Ail qui est un pbenomene fixe dans I'annee solaire, son ex- pression appliquee aux mois du calendrier vague, qui marchent d'une autre vitesse, devait necessairement se trouver, en general, discordante avec les realites physiques, et ne coincider avec elles qu'a dcs cpoques periodiquement distantes, dont la determination devait etre facile, d'apres la correspondance bien connue des dates vagues egyptiennes avec les dates julienne et solaire. Les epoques de coincidence pour lesquelles seules la notation figuree avait une application actuelle, devenaient ainsi extremement im- portantes a connaitre par leur liaison necessaire avec les con- dilions de son premier etablissement. Jc lis part de ces idees a Cliampollion , et , d'apres mes vives instances , il se decida a terminer le travail archeologique qu'il avait commence sur les signes egyptiens des mois et des jours , travail dans lequel il puisait et me fournissait i mesure , ou me laissait chercher moi- meme parmi ses notes manuscrites, tous les documents d'an- tiquile dont j'avais besoin. Son travail et le mien, ainsi effectues simultanement, furent presentes ensemble a I'Academie des ins- criptions et belles-lettres le k avril 1831 dans une lecture ou je disais : ((La notation figuree de I'annee egyptienne que M. Cham- pollion vient de decouvrir, est un monument physique h la fois et chronologique, qui peut remonter aux premiers Sges du monde, etdont la parfaite fidelite a traverse les siecles, sans cesser de representer meme aujourd'hui la nature. La perseverance que les Egyptiens mirent ix le conserver et ii le transmettre sans altf^ra- tion aux gc^ndrations successives , nous permet de remonter par lui jusqu'a ces anciens Ages, et d'y assister, pour ainsi dire, au developpement des premieres notions de nombres et de temps ; car ces notions se trouvent si entierement , si simplement ecrites

COSMOS. Zi35

dans la notation qu'elles s'y lisent sans le secours d'aucune hy- polhese. »

La notation comprend douze iiiois , cliacun de trente jours, suivis de cinq epagomenes, jours celestes ou supplementaires. La serie des douze mois est partagee en trois groupes de quatre tetramenies, A chaque tetramenie est attache un caracterc d'en- semble qui lui est special, ct les quatre mois qui la composent sont individuellement designes par un symbole representant le croissant lunaire , auquel est annexe le signe numerique mar- quant le rang ordinaire du mois dans la tetramenie. Champollion avait interprete les signes caracteristiques des tetramenies par les trois mots vegetation, recoltes, inondation.

Son memoire, qui avait disparu par I'effet d'un abus de con- fiance indigne , tardivement de voile, n'a ete connu pendant bien des annees que par I'analyse astronomique que M. Biot en avait donnee. II a ete imprime plus recemment dans le tome XV des Memoires de I'Academie des inscriptions]; et des epreuves nume- riques d'une extreme rigueur, qui etaient inexecutables quand il fut compose, des rapprochements critiques dont les elements etaient alors inconnus, se sont dcpuis accordes pour en justifier ct en assurer I'application. Mais voici que 1\I. Brugsch a decouvert qu'il faut changer une lettre , une seule , dans le mot copte que Champollion a considere comme I'equivalent phonetique d'un des symboles figures qu'il avait a traduire. Le signe caracteristique de la troisieme teti'amenie signifierait suivant le philologuc alle- mand, non pas inondation, mais ete. Sans autre examen , sans se demander, si la variante presumee n'offrirait pas une modifica- tion de sens seulement plus juste ou plus precise {I'lnondation du Nil commence en effet au solstice d'ete) , il part de \k pour rejeter en bloc toutes les considerations sur lesquelles Champollion a etabli la signification physique de la notation figuree des mois egyptiens; a quoi il substitue un systeme de son invention uni- quement fonde sur des conjectures philologiques ; dans lesquelles, desunissant , pour son besoin , les groupes de mois consecutifs que la notation figuree rassemble sous un symbole commun , in- dice manifeste d'une application physique commune , il compose arbitrairement de leurs debris des groupes nouveaux dont les ele- ments affectes de symboles disjoints n'oflfrent plus aucun rapport snivi avec la succession des phenomenes annuels propres au cli- mat de I'figypte, qui la supposent meme implicitement toute autre qu'elle n'est, et qu'elle ne peut 6tre ; tandis que la notation, prise

/»36 COSMOS.

dans son etat de continuite natuvel , prdsentc de cette succession une image naive , dont rexaclitude n'avait pas echappe & Cham- pollion. M. Blot oppose d'abord k M. Briigsch une fin de non rece- voir , il I'ecarte en posant ainsi la question prdalaljle : « Avant de porter un jugeraent si precipite, si decisif, dans une question dc criticjue ou la philologie n'intervient pas seule, mais associee a rarcheologie , k I'astronomie et i la geographie physique, M. Briigscli , qui est etrangcr k ces deux dcrniers genres de con- naissances, aurait pufort convenableraent s'appliquer le precepte d'Homere ... Siimile materiam vestris wquam viribus ... versate diu quid ferre recusent, quid valeant humeri, n Puis s'aidant de I'erudition de M. le vicomte de Rouge, I'un des plus habiles com- mentateurs et continuateurs de Charapollion, il arrive ci conclure que si pour un des trois signes des tetramenies , la lecture gram- maticale de Chanipollion doit etre pliilologiquement modifiee, le sens physique qu'il attribue ci ces signes est certain ; et que sa notation flguree des mois et des jours de I'annee est seule admis- sible encore aujourd'hui.

Les cinq articles de M. Biot ne comprennent pas moins de 66 pages in-Zi% imprimees en caracteres tr6s-flns. G'est vrai- ment quelque chose d'extraordinaire que cette facilite de pensee €t de style, que cette discussion serree et approfondie chez un vieillard de quatrn-vingt-ti-ois ans ; mais quelque chose de plus etonnant encore, c'est la limpidite de son organe, la ferniete de sa prononciation, la verve et I'accent de son elocution.

Nous remarquons que M. Biot se pose de nouveau ces deux questions : L'annee vague egyptienne de 365 jours qui nous est parvenue, est-elle d'institution primitive? ou bien l'annee vague actuelle a-t-elle cte primitivement de 360 jours, auxquels les 5 jours complenientaires auraient ete posterieurement ajoutes? II demontre que le calendrier de 365 jours a remplace un autre plus ancien qui en coraprenait seulement 360 ; que cette substi- tution a eu lieu dans l'annee Juhenne 1780 : cette annee, d'ailleurs, est remarquable dans toute la serie des siecles par ce fait unique, que l'annee lunaire de 35i jours 36 minutes se trouve encadree dans l'annee solaire de 365 jours, avec une symetrie d'arran- geraent si exceptionnellement favorable, que toutes les nouvelles lunes s'ecartent le moins possible du commencement des mois, et les pleines lunes de leurs milieux.

M. Babinet fait hommage du volume de iOO pages in-S" qu'il vient de publier, en collaboration de M. Housel, chez M. Mallet-

COSMOS. h-dl

Bachelier, et qui a pour litre: Calculs pratiques appliques aux sciences d'observalions. Nous laisserons I'illustre acadeniicien exposer lui-meme le but qu'il a voulu atteindrc. u Tous ceux qui, par profession ou autrement, sont engages dans les sciences d'ap- plication, ont eu de IVequenles occasions de reconnaltre que, pour rendre possible la solution de questions tres-compliquees, oupourrendre faciles celles des questions qui se presentent ordi- nairement dans la pratique, il suffit de calculer avec une exacti- tude comparable a celle que comportent nos moyens d'observa- tion. A quoi bon calculer, en metres ou en kilometres, la distance du soleil a la lerre, tandis qu'il reste encore sur la valeur de cet element si important du systeuie du monde, une incertitude de plus de 600 000 licues de 4 kilometres chacune ? A quoi bon don- ner avec cinq ou six decimales la densite du cristal de roche ou du diamant, tandis que deux echantillons de ces mineraux dif- ferent deja I'un de I'autre dans les centiemes? A quoi bon, dans un budget d'un ou deux milliards, mentionncr les centimes, et dans une population do trente ou quarante millions d'individus, mettre les dizaines ou meme les unites du chili're total ? Quand on presente aux bons esprits ces formes de calcul abregees, ils les trouvent tellement simples qu'ils sont tentes de se recrier et de se dire : Je savais dejc'i cela.D'accord, mais... j'ai pense que ce dont je n'avais acquis I'ensemble qu'au prix d'uue longue expe- rience, pourrait etre procure sans peine I'l tons ceux qui, dans les sciences, dans les aleliers, dans I'observation des pbenomenes de la nature, ont besoin continuellement du calcul algebrique, geo- metrique et aritbmetique comme d'un outil; ce mot d'outil rend parfaitement ma pensee... J'ai done cru faire une chose utile, de rassembler tout ce qui, dans les approximations, dans les solu- tions empiriques, dans les interpolations, dans les scries, dans les applications de I'algebre, de la geometrie, de la trigonome- trie, de I'arithmetique, de la mecanique, ainsi que dans I'etablis- sement des lois physiques, pent etre d'un usage continuel, et

economiser de penibics et inullies recherches mathematiques

Parmi tous ceux qui ont fait faire de grands progres aux sciences d'application, on en trouvera qui ont eu le talent des calculs pra- tiques, chacun dans sa sphere... Fresnel se prend aux theories de I'optique avec le genie de I'observation et les notions mathema- tiques que possedent tous nos eleves de I'Ecole polytecbnique. Devant ses calculs pratiques toutes les difficultes s'aplanissent. 11 a iustinctivement le genie du bon sens... On pent le louer de

Z,38 COSMOS.

n'avoir pas ambitionne dc fait des cnlculs frop savants. J'avais depuis longlemps en porlefeuille cctte etude sur Ics calculs pra- tiques, et, dans le cours de la Faculte des sciences, je consacrais Ic dernier quart d'heure a I'expose de ces simples calculs, de ces outils mathcmaliques, qui reunissaicnt un grand nombre d'audi- teurs d'elite. Je pense que de longlemps encore je n'aurais eu le loisir ou si Ton veut la presomption de les ofl'rir au public, si je n'avais Irouve dans M. Housel, de I'Ecole normale, un collabora- teur ou plutdt un vrai rcdacteur en chef, qui s'est charge de co- ordonner, de demontrer et d'cclairer par des exemplos lout ce que ma longue experience m'avait fait mettre en usage. L'ouvrage, eu ce sens, lui appartient tout autant qu'a moi, et sauf nion au- torite academique,sidu moins il y a autorile dans les sciences, je ne pretends comme lui qu'au merite d'avoir essaye d'etre utile. » M. Struve, directeur de I'Observatoire de Pulkova, et mem- bre correspondant, lit en tres-bon francais, avec un accent fort naturel, une Note pleine d'interet , et qui est ecoutee avec la plus vive et la plus sympalhiquc attention. Elle a pour objet, en general, les travaux entrepris a diverses epoques et en divers pays, pour la determination de la figure de noire globe, et en parliculier la mesure du grand arc de 25° 20', qui va du Danube c\ la mer Glaciale, mesure qui est en tres-grande partie I'oeuvre des astronomes et des officiers d'etat-major russes. Commencee en 1815 et terminee ^-n 1855, cette immense operation, qui a dure comme on le voit plus de quarante ans, comprend 258 triangles, 10 bases, avec leurs liaisons aux triangles, les determi- nations des angles azimutaux et des latitudes de 13 centres d'observations, etc. Le resultat final des operations a ete que la longueur de cet arc de 25" 20', ou la distance des paranoics qui passent"par ses extremites, exprimee en toises, est de 1^47 787, avec une erreur probable, au maximum, de 6 toises et 2 dixiemes. Mais voici quel a ete le but principal de la lecture de M. Struve. L'operation dont il a donne les details n'est pas une oeuvre achevee, on peut etendre encore cet arc de 25 degres 20 mi- nutes a travcrs les provinces danubiennes et la Turquie jusqu'i rile de Candle. Cette prolongation est une sorte de necessite scien- tifique ; il y a meme urgence k I'executer le plus rapidement possi- ble. Sans les evenements de la derniere guerre, si la Russie avait conserve avec la Turquie ses anciennes relations, ou si elle avait reussi a lui imposer son protectorat, la prolongation de Tare meri- dien se serait faite tout naturellement par les officiers d'etat-major

COSMOS. a39

et les aslronomes russes. Mais dans la silualion que lul a faite le traite de Paris et dans les disposit ons actuelles des Piincipautes danubienncs et de la Turquie, la Russie, a dlt M. Struve, est forcee d'abdiqner, et c'est a la France a reprendre, pour la mener t\ bonne fin, la prolongation tantdesirec; FEurope enliere attend d'elle cette glorieuse initialive. L'illuslre astronoine semblait done nous dire, et tout le monde I'a compris : Vous nous avez mis a la porte, des lors c'est un devoir pour vous que de nous rem- placer, nous vous verrons k I'oeuvre. C'est de vous que nous at- tendons la solution de cette question tant agitee: La terre est-elle ou non un spheroide de revolution? Ge qui donne en realite un inleret nouveau au defi que nous jette ainsi M. Struve, c'est qu'un geometre russe , M. Perevochtikoff, membre de I'Academie des sciences de Saint-Petersbourg, aprouveque les mesuresdumeri- dien de Paris, prises par les astronomesfrancais, conduisaient a ce resultat que Taplatissemcnt de la terre est d'un cent-quatre-vingt- huitieme,tandisque, d'apr^s les mesures prises aux Indes ou de- duces des observations du pendule, il devrait elre d'un cent- soixante-seizifeme. La diflference entre ces deux nombres est beaucoup trop grande, et le premier est trop en contradiction avec la tbeorie qui veut que I'aplalissement d'un spheroide non liomogene soit plus petit que celui d'un spheroide lieterogene, pour qu'on ne soit pas force d'admeltre, comme le soutenait d'ailleurs M. Puissant, qu'il s'est glisse des erreurs graves dans quelques-unes des triangulations de nos celebres compatriotes.

M. Biot demande a faire remarquer qu'il a signale il y a longtemps la possibilile de prolonger a travers la Mediterranee et I'Afrique le nieridien de Paris , mesure de Dunkerque a For- mentera, de sorte que nous pourrions atteindre le but signale par M. Struve, en continuant une oeuvre toute francaise. Mais si MM. Puissant et Perevochtikoff ont raison, ne vaut-il pas mieux continuer I'oeuvre russe?

M. le marcchal Vaillant regrette vivement que M. Struve n'ait pas entretenu I'Academie d'un autre projet qui a ete le but principal de son voyage a Paris, I'organisation d'une sorte d'as- sociation europeenne pour la mesure sur une vaste etendue d'un parallele terrestre, le cinquante-cinquieme, si nous avons bien entendu. M. Struve promet de reparer cette omission par I'inser- tion d'une note dans les Comptes rendus.

M. le marechal Vaillant croit en outre devoir faire remarquer que les corps des ingenieurs g^ographes et des officiers d'etat-

liUO COSMOS.

major, places sous la dependance du Ministere de la gnerre, u'ont pas cesse de continuer la grande ceuvre des Mecliain, des Delambre, des Arago, des Biot. lis ont mesure successivement le meridien passant par Fontainebleau et les paralieles de Brest a Strasbourg, de Bordeaux h Valence (Drome).

La conunission cbargee de decerner le prix Bordin pour 1857, relaLif a la question du metamorpliisme des roclies, se compose do Mi\l. Elie de Beaumont, de Seaarmont, Delafosse, d'Archiac et Gordier.

M. Decaisne presente, au nom de M. de Tcbihatcheil, une note sur la vegetation des bauts plateaux de I'Armenie, et au nom d'un autre auteur une note sur le dfivcioppement de la ma- tiere verte des vegetaux.

M. Jacubowitscb, le savant auteur des liecherches sur lliis- iologie du systeme nerveux, ecrit qu'il serait beureux de montrer le plus t6t possible ci la Commission de I'Academie les prepara- tions k I'aide desquelles il met en evidence les faits nouveaux et inattendus, decouverts par lui dans la structure de la moelie epi- niere, du cerveau et du cervelet. Ces preparations se composent de 25 000 coupes microscopiques, faites systematiquement, par- faitement conservees, susceplibles d'etre transportees et qui ne laissent rien a desirer sous le rapport de la precision et de la clarte. Voici deja quatre ans que M. Jacubowitscb poursuit in- cessamment ses grandioses recbercbes. Eilcs ontrccu rapprobation des pbysiologistes ailemands les i)lus celebres, et dont le nom fait a lui seul autorite. L'illustreJeauMuiler de Berlin, entre autres, a exprime I'admiration entbousiaste que lui inspiraient les travaux du pbysiologiste russe, dans des termes qui sulTiront a les rendre immortels. Et de fait, cette lettre de M. Jeau MuUer a fait la for- tune scientifique de U. Jacubowitscb; elle lui a valu la protection de M. de Humboldt et le haut patronage de Sa Majeste I'Emperem' de toutes les Russies. fimerveille de ce que lui avait dit son sa- vant collegue M. MuUer, et de ce qu'il avait vu lui-meme, M. de Humboldt a voulu qu'Alexandre I" admirftt h son tour ce travail gigantesque, et cette admiration souveraine s'est traduite dans la laculte accordee a M. Jacubowitscb de resider encore k I'e- Iranger pendant deux annees, avec une subvention annuelle de vingt milie francs, payes sur la cassette imperiale. Des faits de ce genre sont trop rares dans Thistoire des sciences pour qu'ils puissent rester ignores.

M. Le Verrier presente la nouvelle edition in-foiio des ceu-

COSMOS. ^^

vres de Copemic, publiee par M. Baranowski, directeur de I'Ob- servatoire imperial de Varsovie; il lit les litres en latin des dii chapitres dii principal de ces traites, de orbium cnelestium revo- lutionibns, ct fait reraarquer comment I'immortel novateur est arrive d'un pas ferme et sur k elablir le veritable systeme des

mondes

M Poncelet presente un nouveau meraoire de M. Mahistre, sur les limites de la pression que peuvent supporter sans se rompre les roues animees d'un mouv^iment rapide.

_ M. Durocbor lit une note sur quelques nouveaux gisements de gites stanniferes, decouverts par lui en Bretagne.

M. Hermann Scblagintweit, en son nom et aunom de ses deux freres Adolpbe et Robert, lit un apcrcu sommaire des resultats de la mission scientifique dans I'Inde et la Haute- Asie qui lui a ete conliee par S. M. le roi Prusse et la Compagnie des Indes

M. Tissot lit un M(imoire sur une nouvelle machme i vapeur

d'ether, , . .^,,

II fait d'abord ressortir les inconvenients des macbmes dou- bles a vapeur d'eau et a vapeur d'ether, sysleme Dutramblay. Sous Taction de la cbaleur, dit-il, I'ether se transforme, s aci- difie augmente considerablement de densite; il dissout en outre les corps gras qui servent an graissage des pistons et des autres organes de la machine, les joints deviennent defectueux etil en resulte des pertes considerables. La nouvelle machme k ether n'emploie qu'une vapeur, et elle n'a par consequent qu'un cylm- dre une seule chaudiere entouree d'un bain-marie. Le liqmde vap'orisab^e se compose d'ether, auquel on ajoute, par cliaque cent Utres deux hires envu-on d'une huile essenlielle, qm ne soit pas I'huile de lerebenthine, qui a I'inconvenient de faire gnpper le piston. Chaque fois que I'ether est ramene dans la chaudiere par la pompe alimentaire, on lui fait traverser une mince couche d'huile d'olive ou de pied de boeuf, qui repose elle-meme sur une couche d'eau, dans le sein de laquelle debouche le tuyau d injec- tion. II resulte de cette disposition que I'ether entraine une cer- taine quanlite d'huile, et comme on a eu soin prealablement de dissoudre dans la couche d'eau une petite portion de sonde, un gramme environ par litre d'eau, I'huile associee a 1 ether esi a I'etat de savonule. Le liquide ainsi forme n'altSre pas les parois des cyhndres, des pistons et des autres parties frottantes, et laisse la fonte et le fer, avec lesquels il entre en contact & I'etat de pu- rete absolue ; il ne detruit pas les garnitures des joints formes,

liU2 COSMOS.

soit d'un mdlange d'albumine et de cliaux , soit de chanvre trempc dans un melange de deux tiers d'huilc d'olive et d'un tiers de talc en poudre; aussi, apres six mois d'un travail regu- lier, on ne s'aperroit pas que le volume de I'ellier verse dans la chaudi6re ait dirainue d'une quantite appreciable. Le compose, enlln, d'ethcr et de savonule se detend d'une maniere beaucoup plus avantageuse que la vapeur d'etber seule ou d'eau seule, ainsi que le prouve I'experience suivante. On fait successivement evaporcr dans une meme cornue en verre, cbauffee de la meme maniere, des volumes egaux, un quart de litre, par exemple, d'eau, et d'elhermodiflecomme on I'a dit plushaut ; il faudra, pourl'eva- poralion complete de I'eau 83 minutes, i)our celle de I'ether 6 mi- nutes seulement; le rapport des densites etant ^,082, on trouve qu'un volume de vapour d'etber egal & celui de la vapeur d'eau, et de meme densite ou pression, demande pour son evaporation 24 minutes et demie environ, ou 58 minutes de moins que s'il s'etait agi d'eau pure. II en resulte que si Ton comparait une ma- cbine i\ ether a une machine a vapeur d'eau consommant, comme cela a lieu, h kilogrammes de houille par heure et par force de cheval, la machine k ether ne consommerait que I'', 18.

L'essai de Telhor savonule a ete fait d'abord en petit sur une machine de deux cbevaux, puis sur une machine de la force de dix cbevaux, installee dans une brasserie de Lyon, ou elle op^- rait les translations et exhaustions de tonneaux, de sacs de grains, etc. Le piston donnait de 25 a 26 coups par minute, sous la pression d'un frein forme d'un levierde 2 metres, portant a son extremite un poids de 145 kilogrammes. La depense du charbon, de huit heures du matin a cinq heures du soir, a ete de 150 kilo- grammes, 15\G0 par heure, ou l'^,50 par heure et par force de cheval. Quatre heures apres I'extinction du feu, la tension de la vapeur etait descendue de k 1/2 atmospheres a 3 atmospheres ; I'abaissement de tension n'etait done que de 1 kilogramme et demi , et des qu'on rallumait le feu, la machine commenrait im- mediatemcnt a fonctionner. Depuis cette premiere experience, le service de la brasserie a ete continue avec une regularite par- faite ; les quantites de charbon consumees chaque jour ont et^ mesurdes avec soin ; la depense moyenne n'a ete que de l"", 50 par heure et par force de cheval, et la perte d'elher a ete com- pletement insigniiiante.

VARIETES.

Expedition scientiOque dc Alll. Sclilngintneif.

(( Notre expedition scientifique, commencee en 1854 et dont deux de nous sont revenus au mois de juin dernier , a ete entreprise par ordre du roi de Prusse et de la Compagnie des Indes. Elle avait pour objet principal des observations de magnetisme ter- restre, de pliysiqiie du globe et de geologie. Notre frere Adolphe est reste une annee de plus dans I'Himalaya et reviendra vers la fin de 1857 par le Punjaub et Bombay.

Nous commencerons par une enumeration rapide des conlrees que nous avons parcouriies.

Pendant les premiers mois temperes oula premiere saisonfrai- che de 185/i ci 1855 nous avons explore par divers chemins la region situe entre Bombay et Madras, et nous sommes venus par mer de Madras a Calcalta.

Pendant Fete 1855 , Hermann Scblagintweit a visite les parties orientales de I'Himalaya , le Sikkin , le Bhoutan et plus tard les montagnes de Kossia.

II a eu souvent, dans les parties orientales de I'Himalaya, I'oc- casion de mesurer la hauteur de ces groupes de pics qui consti- tuent les sommets les plus eleves de notre globe.

L'un de ces pics que nous croyons etre le plus eleve de tons les pics connus est le Gaourichanka, situe dans la parlle orientale du Nepaul , c'est la meme montagne qui a ete signalee comme la plus haute par le colonel Waugh. N'ayant pas pu arriver a con- naitre son nom dans les plaines de I'lndostan d'ou il Fa mesuree, M. Waugh I'a appele mont Everest.

Sa hauteur est d'un peu plus de 29000 pieds anglais (8 836 me- tres) ; i'ai pu la mesurer sous un angle de plus de quatre degres et demi, et j'ai appris qu'elle a deux noms , Fun indien, Gaouri- chanka, Fautre thibetain Tchingopamari.

MM. Adolphe et Robert Scblagintweit ontparcouru de leur cOtd, et en suivant des chemins difl'erents, les parties centrales de I'Hi- malaya , le Kumaon et le Gurwkahl ; ils out penetre ensuite de- guises dans le Thibet proprement dit, et ont visite la grande sta- tion de commerce Gartok, les environs du lac Mansaraour, et cet embossement remarquable, qui , dans la grande vallee longitudi- nale entre les cretes du Thibet et de FHimalaya, forme la separa-

liUU COSMOS.

tion des eaux de I'lndus et du Dihon appele quelquefois , mais i

tort, la Barhampoutre.

Un peu a Touest de cettc localite ils ont pu alteindre sur I'lbi Gamine une hauteur de 22 260 pieds auglais (6 789 metres), la plus grande a laquelle on se soit jamais eleve jusqu'ici sur les diverses chaines.

Pendant la saison temp^rde de 1855 a 1856 , Hermann Sclilag- inlweit a parcouru I'Assame , le Delta du Gange ct du Barham- poutre, et les provinces au nord-ouest du Bengale, depuis Calcutta jusqu'a Simla.

Adolphe Schlagintweit a visite la presidcnce de Madras, en sui- vant d'abord le cours du Godavery jusqu'^ son embouchure. II a atteint plus lard I'extremite sud en passant par Pondichery et Trichinopoly , et apres une excursion dans les montagnes de Nilgherries, il est revenu a Simla par Calcutta.

Robert Schlagintweit avait passe la saison fraiche ou temperee dans le centre de I'lnde, ou il a eu I'occasion de determiner cntre autres la position du plateau d'Amarcantak. II atteint k peine 3 300 pieds anglais (1 065 metres) , tandis qu'on I'a classe parmi les points Aleves du globe en lui attribuant une hauteur de 8 000 pieds anglais (2 WO metres).

Apres une separation de quatorze mois , les trois freres se sont reunis dans un court rendez-YOUs ii Simla, avant de commencer les operations d'ete 1856.

Adolphe Schlagintweit , en partant de Simla , a fait route vers le nord-ouest. Apres avoir traverse I'Himalaya , le Thibet, le Bal- tistan , et ce croisement si interessant de cretes, ou le Hindou- Kouche se joint au grand sysleme des montagnes au nord de rinde, il est revenu au Punjaub par la Vallee de Cachemire.

Robert et moi , nous sonuncs alies par des routes diflerentes h Ladak. Parfaitement deguises, nous avons ete assez heureux pour pouvoir Gonlinuer notre excursion daus le Tourkestan propre- ment dit, en descendant, apres avoir passe le Karakoroura et le Kuenluen , dans la grande vallee de Yarkande. C'est une vaste depression de 4 000 a 3 000 pieds anglais (1 200 a 1 000 metres), qui separe le Kuenlacn du Saian Chane, ou plus generalement les mon- tagnes de la Haute Asie au nord de I'lude des montagnes de I'Asie Centrale au sud de la Russie.

Cettc region qui n'a jamais ete visitee, pas meme par Marco Spada qui a passe au nord du Kuenluen, etait d'autant plus inte- ressante k explorer, qu'en outre, des observations «te «jagactisiQe

COSMOS. 445

terrestre, de temperature, d'lmmidite , etc., on pourait y etudier la formation, I'Age, la direction de chalnes de montagnes comple- tement inconnues.

Revenus au point de depart, Ladak, par des chemins diffe- rents, a travers le Gachemire etIePunjaub, nous avons arrete pour 1857 I'itineraire suivant.

Apres des negocintions qui n'ont pas dure moins de deux an- nees, Hermann Schlagintweit a ete admis a visiter le Nepaul. Au point devue geographique , cette excursion avait I'avantage de permettre de completer la mesure des angles de hauteur du Gaourichanca et de determiner I'elevation de deux autres pics, le Matchipoutcha et les monts Yassa dont I'onsemble etait autrefois vaguement designe sous le nom de Dhaivalagiri, qui signifie sim- plement cretes neigeuses, et convient a tons les sommets converts de neiges eternelles.

Robert SchlagintAveit avait une bien plus grande distance a franchir bors des voies battues : il est descendu par le Punjaub dans le Scinde, et de \h par Kutch et Guzerate a Rombay. Parmi les objets les plus interessants des observations qu'il a du faire nous signalerons le systeme des montagnes saliferes, Salt Ran^-e et la determination des changements qui ont eu lieu depui's les temps bistoriques dans le cours de diffdrentes rivieres du Punjaub.

Avant de revenir en Europe , il a fait en outre un sejour de trois semaines dans I'ile de Ceylan.

Adolpbe Schlaginlweit , apres une excursion sur les frontieres du Punjaub et du Kaboul. est retourne une fois encore dans I'Hi- malaya, et revlendra en Europe vers la fin de cette annde.

Nous serious heureux d'appeler I'attention de I'Academie sur les faits principaux qu'il nous a ete donne de constater, sur les obser- vations vraiment nouvelles qu'il nous a e!e donne de faire mais comment analyser en quelques lignes un journal de trois annees riche en documents importantset varies? Nous nous contenterons done de clioisir au hasard quelques faits que, au risque de nous tromper, nous croyons etre d'un interet plus general.

En ce qui concerne le magnetisme terrestre, le resultat le plus satisfaisant de nos recherches a ete de ddcouvrir que I'nimalaya exerce une influence generale et nettement definie sur tons les elements de la force magnetique. La declinaison prdsente par- tout une variation le'gere, mais evidente, qui fait convero-er I'ai- gmlle vers les parties centrales de I'enorme masse ; et I'intensitd

hlxQ COSMOS.

magndlique est communcment plus grande quVllc ne le serait ailleurs a latitude ogale.

Ce phenouiene dlait particulieromcnt bien prononce au Thibet et au pied septenlrional du Kuenluen dans le Touikestan.

Dans le sud de I'lnde, region principalement visitee par notre frerc Adolphe , I'accroissenient d'intensite magnetiquc du sud au nord ctail tres-rapide.

Les lignes d'egale iiitensite magnetique out une forme reniar- quable , tres-probablement analogue et parallele a celles de cer- tains groupes de lignes isothermes, des groupes surtout qui unis- sent les points ou le sol est h la meme temperaUire. De nombreuses observations des temperatures du sol faites tantot avec des ther- mometres pen sensibles ou k indications Ires-lentcs que Ton enfoncait en terre tout entiers ; tantfit avec aos geothcimomelres de deux metres et demi de longueur dont la boule descendait k deux metres au-dessous du sol , nous permetlront de tracer les lignes isothermes souterraines et de les comparer avec les lignes d'egale intensitc magnetique.

Les variations irregulieres locales dumagnetisme terrestre sont dans ces contrdes si accidentees plus rarcs et plus restreintes qu'on ne I'aurait cru a priori. Bur un seul point, les montagnes Khiisa, I'aiguille de declinaison d^vie de qualre degres a I'ouest de la direction normale.

Dans rinde occidentale et centrale , principalement dans le Dek- kan, de m(.*mequ'au sein desmasscs cristallines deBehar, les roches SB sont montrees niagneliques, et nous avons cru remarquer que presque toujours les p61es se trouvaient aux points d'intersecfion des ditTerents plans de clivnge ou de jonction. Dans nos collec- tions nous avons pris soin d'indiquer sur certains echantillons les directions de ces plans de jonction et de clivage, de sorte que nous pourrons plus tard et par des observations directes etudier les ra()ports qui peuvcnt exister entre la structure exterieure des roches et le magnetisme que nous leur avons vu produire.

Pour ce qui concerne la meteorologie, nous dirons d'abord k I'Academie qu'en outre des observations que nous avons faites nous-mc^mes, nous sommes entres en possession des o])servations thermomelriques laitcs avec soin par le corps des officiers de saute du service des Indes. Avec ces doubles series dobservations nous pourrons tracer la carte delaillee des lignes isothermes de rinde. Lorsqu'il s'agira des parties montagneuses de I'lnde pro- premenl dite et des contrdes de I'Himalaya , nous tracerons k la

COSMOS. hkl

fois sur les cartes et les ligncs isotliermes et les lignes de con- tours topographiques , h'xen plus aptes que de simples profils k faire ressorlir la forme des lignes isolhormcs et a montrer com- ment la temperature varie avec I'altilude.

Des observations regulieres de I'electricite atmospheriqne ont ete faitesprincipalementdans les parties orientates del'lliaialaya.

J'ai eu aussi I'occasion de constater une uniformite tres-remar- quabledans la largourapparente d'lm eclair fulgurant parti d'un nuage situe a environ 500 metres au-dessus de moi , et qui est venu irapper un arbre a une assez petite distance de ma tente. La ligne tracee par la foudre etait comme a i'ordinaire une ligne continue , et cette ligne n'allait pas en s'elargissant a niesure qu'elle s'approcbait de moi; or ce fait prouve qu'elle n'av;iit pas de dimensions sensibles, que le volume de ia decliarge qui cons- titue la foudre est cxcessivement petit, puisque, s'il avait cu des dimensions reclles, je I'aurais vu croltre par le rapprochement; si done dans Tcspace il apparalt visible et neltement defmi, c'est non pas en raison de sa forme et de ses dimensions sensibles, mais en raison de I'eclat de sa lumiere.

Sur rilimalaya, meme a des hauteurs de 17 000 a 20 000 pieds (de 5 000 a 6 000 metres), le maximum et le minimum des varia- tions diurnes du barometre se montraient a des heures tres- voisines de celles ou ces maxima et minima ont lieu dans la plaine; mais les ditferences entre les variations extremes maxima et minima (ilaient moins grandes. Nos observations prouvent done que sur THimalaya a des hauteurs de 5 200 niOlrcs , on ne ren- contre pas cette inversion des courbes de la variation diuine que la theorie indiquait comme devant se produire dans I'atmosphere iibro de I'Europe 4 des hauteurs de 2 700 i 3 000 metres, et dont Bous avons constate I'existence reelle sur tons les points eleves des Alpes. Cetle difference entre les Alpes et rilimalaya nous semble s'expliquer par ce fait resultant de nos observations que pour rilimalaya, du moins dans la partie ou Ton rencontre les pics les plus eleves, la portion soulevee comprise entre le pied et une hauteur de 6 000 metres est beaucoup plus grande relative- ment & la masse soulevee totale que dans les Alpes la portion comprise entre la plaine et une hauteur de 3 000 metres.

La transparence de I'atmosphere a ete mesuicc au moyen d'un diaphanometre, semblablea celui dont nous nous sommcs servis dans les Alpes; et qui se compose de deux disques noirs de dif- ferent diamfitre, peints sur un fond blanc. Dans des elevations

hlxS COSMOS.

au dessus de 17 000 pieds(5 000 metres), les deux disques dis- paraissaient constamment sous le m6me angle, oe qui montrc qu'i celte hauteur, la diminution de transparence produite par une couche d'air de 1 000 metres n'est plus appreciable ci I'oRil.

Lors des orages de poussiere qui survicnnent souvent dans rinde, i'ai toujours remarque que le soleil se colorait d'une ma- niere singuliere. Son disque prenait une teinte bleue tres-pro- noucee comnie si on I'avait regarde h travers un verre de cette couleur , et les petits objets projetaient sur une surface blanche des ombres d'une teinte orang^e complementaire de la teinte bleue ■du soleil. Cette teinte bleue se manifestait regulierement et infail- liblement toutes los fois que le soleil etait descendu assez has pour que ses rayons eussent k traverser une dpaisseur suffisante Ae I'amas de poussiere.

Qu'il me soit permis de rapprocher de ces fails relalifs & la transparence de Fair quelques observations de transparence des eaux que nous avons faites sur divers points. Nous faisions des- cendredansl'cau une pierre blanche, quelquefois colorde de tein- tes diiferentes sur divers points de sa surface, et nous examinions a quelle profondeur s'eteignaient, soient les portions blanches, soient les portions colorees. La plus grande transparence notee par nous est celle de la mer dans les environs de I'ile de Corfou, la pierre descendait sans disparaitre jusqu't'i la profondeur de 16 metres. Dans les mers des tropiqucs , elle disparaissait regulie- rement a une profondeur de 10 mrtres. Dans les rivieres des Indes, le Gange; le Brahmapoutre, I'lndus, qui charrient une si grande quantite de matieres fines en suspension, la pierre deve- uait invisible des qu'elle etait descendue de 12 a 15 centimetres.

Je suis heureux en fmissant de pouvoir annoncer ci I'Academie que les arrangements sont pris pour la publication immediate de toutes nos observations dans un ouvrage special qui aura pour litre : Piesultats de I'expklition scientifiqne executee par les freres' Schlagintweit dans I'lnde, la Hautc-Asie, par les or- dres et aux frais de S. M. le roi de Prusse et de la Compagnie des Indes. »

Imprimerie de W. Remquet et Cie, A. TRAMBIjAY ,

rue Garanciere, 5. proprielaiie-geranl.

T. XI, 23 octobre 1857. Sixiime aon^e.

NOUVELLES DE LrV SEMIINE.

Par decret rendu a Saint-Cloud le 17 octobre, ont ete nomm^s a la Faculle dcs sciences : Professeur titulaire de la chaire de mecauique, vacante par suite du deces de M. Sturm, M. Liouville, membre de I'Institut; professeur titulaire de la chaire d'astro- nomie malhematique, vacante par suite du deces de M. Cauchy, M. Puiseux, docteur es sciences mathematiques; professeur titu- laire de la chaire de geologie, vacante par suite du deces de M. Constant-Prevost, M. Hebert, docteur es sciences naturelles.

M. Garreau revendique coutre M. Doyere la decouverte de ractiou toxique du sulfare de carbone sur Ics insectes qui de- vorent le ble et son mode d'eraploi; ii invoque en sa faveur une note iuseree dans les Arddves de I'agricuUure du nord de la France, dont 11 afflrme avoir adresse une copie k M. Doyere, en 1854.

Notre Compte rendu de la derniere seance de I'Academie conlient une legere inexactitude. Nous avions cru entendre que M. Jacubowitscb appelalt de nouveau I'atlention de I'Academie sur ses preparations histologiques du cerveau ; mais il s'agissait d'un autre anatomiste etranger, M. Jules de Lenhossek.

M. Fiourens presentait en sonnomun ouvrage sur la structure intime du systeme nerveux central chez I'homme, ct iijoutait, qu'en venant en France, il a apporte avec lui une serie de tres- belles preparations anaiomiques executees pour les recberches dont il a couMgne les resultats dans cet ouvrage. A la suite de cette presentation, M. le president invita une commission, com-. posee de MM. Serres, Fiourens, Milne-Edwards et Claude Bernard, a prendre connaissance de ces recberches, et a examiner egale- meiit un travail sur la structure du systeme nerveux, presente dans la seance du 31 aout dernier, par M. Jacubowitscb. Yoili comment nous avons ete amene a parler, un pen indiscretement, du savant anatomiste russe, des succes qu'il a oblenus en AUe- mague, de I'accueil si bienveillant et si genereux qu'il a recu de S. M. I'empereur de loules les Russies. II est a mille lieues de la

U5Q COSMOS.

pi>nsc'e de M. Jacubowitsch de se prevaloir anpres des jiiges eclaires ctsouverains qu'ildemande a notre Acadeinie des sciences des approbations qu'il a deji recues; il veut, au contraire, ab- solumenl, qu'on nc considerc que son oeuvre, depouillee de I'eclat exterieurdonlellea deja puelre entourec; il declare accepter d'a- vance, comme deflnitif et irrevocable, le jiigement qui sera for- mule par les maitres de I'ecole francaise, qui a le merite eminent d'etre avant tout I'ecole des fails, et de savoir se defendre da prestige des systemes ou des theories aventurees. M. Jacubowitsch nous prie aussi instamment de faire remarquer que la muni- ficence cxercee a son egard par S. M. I'empereur et le gouverne- ment russe n'est nullement un fait exceptionnel; un assez grand nombre de savants sont comme lui autorises a sejourner a Tctran- oer, soit pom^ continuer des Iravaux commences, soit pour sol- liciter la sanction et la consecration plus solennelle de decou- vertes imporlantes; et tons recoivent des indemnites de sejour egales ou superieures h cello que nos habitudes francaises nous ohtfait trouver extraordinaire.

Ces lignes ctaient ecrites quand nous avons rccu de M. Jacu- bowitsch la leltre suivante :

Pnrif, 19 oclobre 18o7.

(( Je dois vous remercier d'abord de la maniere evidemment trop flatleuse dont vous avez bien voulu parler de mes trnvaux dans le dernier numcro du Cosmos. Mais 3'ai le regret d'avoir en meme temps a vous demander la rectification d'une erreur que je considerc comme fort prejudiciable pour moi.

Anterieurement k la seance dont vous rendez compte dans le dernier numero du Cosmos, et non dans cette seance, mestravaux ont etc presentes a I'Acadcmie par M. Flourens, avec une bien- veillance que je ne saurais oublier; mais je n'ai rien ecrit et je n'avais rien ;^ ecrire depuis a I'Acadcmie. Dans tous les cas, si je lui avals ecrit, je me serais garde de I'informer de la haute appro- bation que mes recherches ont recue en Allemagne : tout en es- timant a sa valeur octte approbation, j'aurais desire qu'elle ne fut connue que de moi et de mes amis; car ma haute estimepour les savants iVancais me fait d('sirer qu'ils jugcnt mes travaux avec une complete independance, et je serais desolc qu'on piit croire que j'aie I'espoir ou le desir de les influencer eninvoquant les noms considerables de Humboldt et de Muller.

u Puisque le nom de notre souverain s'est presente: sous votre plume, permettez-moi de reclilier encore I'crrc'uV que vous avez

COSMOS. ^51

commise en donnant comme tres-rare la prenve cle haute protec- tion (jiie Sa Majeste a donnee <i la science- dans cette occasion, Les cxemples de cetle nature sont, au contraire, frequenls dnns noire hisloire. »

Faits «Ies sciences.

Voici en quels termes M. le marechal Vaillant expose le projet de mesure d'un arc de parallele terrcstre, qui etait le ])ut piin- cipal du voyage de M. de Struve :

« Une chaine non interrompue de triangles existe aujourd'hui depuis les bords de I'occan Allantique jusqu'aux rivngi's de la mer Caspi^nne, de Brest jusqu'a Astrakhan, traversant la ii'rnnce, la Belgique, la Prusse et la Russie. II importc qu'on utilise cette chaine pour le calcul d'un arc de parallele qui n'embrasse pas moins de 55 degres en longitude ; car, en comparant les lon- gueurs geodesiques des diverses parties de cet arc avec lours amplitudes astronomiques, on arrivcra, de la manicre la plus certaine, h constater si la terre est Yeritablenient un corps do revolution, ou bien si elle s'ecarte de la forme simple qu'on lui avail attribuee. Telle est I'enireprise que propose M. de Struve, et a laquelle il demande au gouvernemeiit I'rancais de vouloir bien concourir. Tons les materiaux necessaircs au calcul de la longueur geodesique de la porliou franraise de cet arc out ete publies dans leurs parties principales, et les minutes en sont conservecs au Depot de la guerre. Cet etablissement s'empres- sera, soit de mettre a la disposition des savants etrangers les documents qui pourraient etre reclames, soit de concourir, pour sa pait, aux travaux de calcul et de discussion necessaires k raccomnlissement de Toeuvre i)roietee par le savant directeur de robservatoire central dc Russie. Quant h la parlie astronomique et aux observations nouvelles qui pourraient etre necessaires, il sera d'autant plus facile d'y pourvoir que le travail de revision des longitudes francaises a, depuis trois annees deja, ete propose par le directeur de FOIisprvatoire imperial de France dans un but parfailcment concordant avec ccluide M. de Struve, Le projet a memo recu un com.mencemerit d'exeruiionpar la mesure de la longitude de Bourges, faitc dans I'automne dernier par M. Le Verrier; et si le travail a ete suspendu cette annee, sous I'enipire de circonstances particulieres, nul doute qu'il ne puisse etre re- pris prochainement et etcndu avec activitc, non-seulement a la

Zi52 COSMOS.

meridicnne de la France ct a notre parallele moyen, mais oncore ^ la longitude de Brest.

I'ne commission inteinationale, reunie en 1853 a Stockholm, avail charge M. Struvc de la redaction de Toiiviage tlelaillc qu'il s'agissail de publier sur la lotaUle de Tare russo-scandinave du meridien, de 25" 20', compris enlre Fuglenaes sur la mer Glaciale, latitude 10" hO', et Tornea, latitude 65° 51'. L'illustre astronome se mit a Toeuvre des 185^, et en 1857 les travaux de calcul et de redaction sout assoz avances pour qu'il ait pu ineltre sous les yeux de I'Academie, dans sa derniere sdance, les deux proniiers Yolumes de ce grand ouvrage, accorapagne de 29 planches; il a pour titre: Arc du meridien de 25° 20', entre le Danube et la mer Glaciale, mesure, depnis 1816 jusqu'en 1855, sous la direction de C. de Tenner, general de Vetat-major imperial de Russie ; Ch. Eansteen, directeur du departement geographique de Norwege ; N. H. Selander, directeur de VObservatoire royal de Stochkolni ; F. G. W. Struve, directeur de I'Observatoire central de Faissie. ouvrage compose sur ces differents materiaux, et redige par F. G. W. Struve, public par I'Academie des sciences de Strasbourg. II manque au premier -volume I'expose hislorique des operations, et quelques additions relatives aux melhodes de calcul employees. Le troisieme volume renfermera le resultat pour la figure de la terre , deduit de la comparaison de tons les arcs du meridien dignes de confiance, et qui ont ete mesures jusqu'ii present.

(( C'est a la page xxix de I'introduction du grand ouvrage public en 1821 sous ce litre : Recueil d'observalions geodesiques, as- tronomiques et physiques, exccutees par ordre du Bureau des lon- gitudes de France, que MM. Biot et Arago ont signale la ])0ssibi- lite de prolonger Tare meridien de France jusqu'en Afrique. » Notre operation aura peut-utre, dans I'avenir, des consequences plus etendues. Si la civilisation europcenne parvient a s'implan^ ter im jour sur les coles de I'Afrique, rieu ne sera plus iacile que de travei-ser la Meditenanee par quelques triangles, en prolon- geant notre chaine dans I'ouest jusqn'ti la hauteur du cap Gate; apres quoi, remonianl la c6te d'Al'rique jusqu'i la ville d'Alger, qui se trouve sous le meridien de Paris , on pourra mesurer la latitude et porter Texiremite australe.de noire meridien sur le sonunet de I'Atlas.

M. Schwann, membrc de I'Academ'e de Belgique, signalait reconunent un fail meteorologique curieux. A Liege, sur une etendue de terrain de 2 a 300 metres dc longueur, de 4 a 5 de

COSMOS. 453

lai-geur, de'2 a 3 de profondeiir, il se prodnit une tempdrafura de pres de 52 degres, bieii que les couches avoisinantes conservent leur temperature normale. L'dlevationde temperature est accom- pagnee d'uno odeur de moisissure; elle a commence a se mani- fester depuis I'annee derniere, a une dpoque ou le courant de I'eau dela Greuscparait avoir ete interrompu de ce cote. Des ema- nations de gaz inflammable ont ete observees a Liege sur les hauteurs d'Ans. A Ougree, a une demi-lieue de la ville, il y a ega- lement des orifices terrestres qui donnent passage a des gaz d'une temperature fort clevee.

'Faiits <le i'BKdtislric. LES LAUREATS DE l'INDUSTRIE EN 1857. {SuUe, VOIJ. p. 3Zt2 h 347.)

MEDAILLE.S DE PLATINE.

Publication indiistrielle des machines, outils, etc. La pu- blication industricUe de M. Armengaud aine est entrc les mains de tous les mecaniciens, de tous les ingenieurs qui retirent le plus grand profit de la nmltitude de renseignements qu'elle ren- ferrae. En s'enrichissant chaque jour de nouveaux dessins d'ap- pareils qui reussissent dans les ateliers, dessins ^Fechelleet tout a fait convenables pour passer a I'execution, le Portefemlie des constructeiirs gagne, chaque jour, en valeur et devient de plus en plus utile aux progres de I'industrie.

Publications sur les habitations ouvrieres. L'ouvrage de M. l^mile Miiller sur les habitations ouvrieres et agricoles renferme des documents nombreux et importants qui ont attire I'attenlion de la Societe par I'interfit extreme de leur actualite et par I'utilite qu'ils presentent. Le jeune auteur est entre dans une voie hen- reuse, et c'est un acle de devouement charitable que d'aroir ose abordcr une ceuvre aussi coiiteuse, alors que les elements d'uu hvre etaient encore aussi vagues.

Fabrication d'engrais a titre constant. La fabrication des engrais commerciaux pent rendre d'importants services a I'agri- culture, en lui livrant un supplement de matieres lertiUsantes ; mais elle offre bien des dangers a cause de la facihte de la falsifi- cation. Garantir aux cultivateurs un dosage constant des memes elements, c'est leur donner le moyen de s'assurer si un engrais est bien loyal; c'est aussi les guider sur I'emploi qu'ils en peu- Tent faire. Le Conseil de la Societe a youIu recompenser M. Der-

454 COSMOS.

rien, fabricant d'cngrais & Chanlenay, pr^s Nantes, de son heu- reusc idcede livrer au commerce des engrais a litre constant, et de sa bonne fabrication. En 1856, M Derrien a vendu un million de kilogrammes d'cngrais, conlenant 5 pour 100 d'azote el 28 pour 100 de pbospliate de cliaux; et il a organise ses moyens de pro- duclioa de maniere k pouvoir livrer, en 1857, deux millions de kilogrammes, chiflfre qui represente les commandes recues par lui en fevrier dernier. Lors d'un premier rapport que nous avons eu I'honneur de faire a la Societe, ajoute M.Barral, nous consla- tions que, en 185^, M. Derrien avail fabrique ^00 000 kilogrammes de son engrais. Ces cbiirres tres-significatifs demontrent que ce fabricant est digne de vos encouragements ; car la pratique ne se laisserait pas prendre, durant plusieurs annees, a i'emploi d'un engrais qui ne rcmplirait pas complelement les promesses du yendeur. II serait desirable que la vente de tons les engrais et du guano lui-meme se fil par la melhode qu'a suivie M. Derrien, et que tout acheteur conniil d'une maniere cerlaine la fumure qu'il Ta mettre sur ses terres.

MEDAILLES D APGENT.

Piano a sons prolonges. M. Gaudonnet a soumis a IVxa- men du Conseil un piano dans lequel une pedale parliculiere per- met de tenir leves, & la volonte de I'execulanl, les etouffoirs qui correspondent h certaines notes. Ce mecanisme a pour objcl de fournir au pianiste des ressources nouvelles, car il permet de tenir certaines notes du chant ou de la basse d'un morceau, lan- dis que les autres mains restent libres d'agir sur d'autres notes et sur d'autres parlies du clavier. Le probleme que M. Gaudonnet a resolu avail deja ete aborde et resolu par d'aulres facteurs ; mais la solution qu'il en donne difiere complelement dc celle de ses predecesseurs; elle a paru digne d'encouragement au jury de I'Exposition universelle, et a merite ci son auteur une medaille de deuxifeme classe ; depuis celle epoque, M. Gaudonnet a travaille avec perseverance a simplifier son mecanisme, et il y esl par- venu; ingenieusement dispose, il fonclionne avec facilile el pre- cision.

Imitation de fruits, de racines, etc. Ce n'cst pas au point de vue artistique qu'il convicnt d'examiner les produils de M. Le- dion, mais comme pouvant conslituer une reproduclion tr6s- lidele des objets, et par consequent, de tres-bonnes figures scieutifiques, ou, quant au r^sultat final, la dcscrip lion la plus

COSMOS. 455

minutiousft et la plus exacte possible de I'objet k reproduire. Consideres sous ce point de vue, les fruits de M. Ledion sont ce que la Societe connait de uiieux en ce genre ; ils doivent au talent personnel de I'artiste une verite d'imitation tout h fait remar- quable; et h la nature parliculiere des couleurs qu'il emploie, quelques avantages de detail tres-appreciables pour I'usage au- quel ils sont destines : commc de pouvoir etre manies, essuyes, et meme, au besoin, laves sans alteration, et de resister, sans se rompre ni s'ecailler, a des chocs menic assez violents.

3" Lavis lithographique. M. J. B, Tripon, dessinateur indus- triel , ancien eleve de I'ecole des arts et metiers d' Angers, est I'inventeurd'unprocedede lavis sur pierre donnant des imitations remarquables de lavis a I'encre de Chine. Depuis plusienrs an- nees, M. Tripon applique lui-meme son precede a la reproduction de planches dont les sujets sont empruntes al'architecture et aux arts industriels. Ges lavis lithographiques, mis, par la modicitd de lem^s prix , h la portee des ouvriers, peuvent etre introduits comme d'excellents modeles dans les ecoles de dessin profes- sionnel.

Objets en basalte et lave fondus. M. Stanley vient de fixer en France I'attention publique sur la fabrication de divers objets propres k la decoration, au moyen des laves et des basaltes fon- dus, puis moulds. Cette Industrie interessante, que les matieres trouvees sur le sol peuvent permettre d'etendre sur une grande echelle, fournit en Angleterre des materiaux d'une tres-grande durete et des revetements d'un prix bien inferieur k celui que coiltent les ravalements ordinaires. L'avenir de ces produits utiles ne peut pas etre douteux.

Four a cuire le pldtre. Le four a plfilre de M. Dumosnil se distingue essenliellement par une construction parfaitemcnt rai- sonnee, une installation pen dispendieuse, et surtout par I'eco- nomie notable qu'il realise, tout en produisant dupkltre do bonne qualite et d'une cuisson uniforme. On remarque surtout dans ce four la distribution symdtrique des carneaux autour de la voilte du foyer; la cloche, vers les echancrures de laquelle aboutissent les carneaux replies en S; le travage des moellons, dont le vo- lume diuiinue graduellemcnt k mesure qu'on s'eleve, jusqu'& I'em- ploi des menus. La fabrication du piatre de bonne qualite inte- resse I'entrepreneur quant a sa rcsponsabilite, ainsi que la popu- lation tout entiere quant aux dangers toujourstrop frequents que presentent les constructions provenant d'un platre fraude ou de-

^56 COSMOS.

fectueux. Or, d'apres les experiences suivies par le Comity des arts chimiques, le lour a piatre de M. Duinesnil realise unc reduc- tion de 10 pour 100 dans le prix de vente de ce prodiwt, saas prejudice aucun pour sa bonne quality.

6" Machine a fabviqner ks tuyaux de drainage. Un meca- nicien qui s'occupait depuis longlemps , avcc succes, de la fabri- cation dcs malaxeurs el des decoupoirs a Icrre, employes chez les briqueliers, M. Schlosser a ete nalurelkment conduit a dtudier les machines a i'abriquer les tuyaux de drainage; il est arrive, pour ces machines, a une disposition nouvelle et fort heureuse. Sa machine est a double effet, c'est-a-dire que deux pistons mon- ies sur une meme cremaillere, commandee par des roues den- tees, refoulentsuccessivementla terre placee dans deux cylindres horizontaux en tole, et la forcent a sorlir faconnee en tuyaux par des lilieres disposees k cet effet. Les filieres sont precedees d'un crible, en sorte que la terre est en meme temps epuree et facon- nee en tuyaux. Le neltoyage des cribles , si difiiclle dans les ma- chines ordinaires, se fait d'un seul coup de racloir, au moment ou Ton change de cylindre. Dans aucune machine, I'epuration ne se fait aussi facilement que dans celle de M. Sclosser. Son prix, relalivement a sa puissance de production, est assez mo-

dere.

et 8" Systeme de clous dor es pour tapissiers,parM. Carmoy, et machines pour la fabrication de ces clous, par M. Clement Colas. M. Carmoy est auteur d'un nouveau clou pour tapissier, compose d'une tige en fer,surlaquelle setrouve sertie une calotte hemispherique en cuivre, zinc ou acier. Ce nouveau clou, con> pose de deux metaux differents, resume, pour I'usage auquel il est destine, tons les genres d'avantages qu'il etait possible de de- sirer, et, en dehoi s de ses qualites precieuses, comme produit, il temoigne, en faveur de son auteur, par les combinaisons qui out preside a sa conception, d'un talent silr, exerce, et d'une suite d'idees des plus heureuses et des plus habilement coordonnees. L'usage de ce nouveau et bon produit eat peut-elre ele rcstreint s'il se fat obtenu par les procedes manuels ordinaires. Le com- prenant, M. Carmoy dut recourir a I'assistance d'un mecanicien expdrimentd pour arriver k une production manufacturiere, et il a fait preuve, ici, encore d'une tres-grande perspicacite en s'a- dressant k M. Clement Colas, qui a rcpondu a son appel de la maniere la plus brillante. Grace a cet habile mecanicien, une seule machine peut aujourd'hui produire vingt mille clous par

COSMOS. ft^

jour, tout en ne laissant rien a desirer, tant sous le rapport de la duree des organes de la machine que sous celiii de la perfection des produits. Quant au prix de revient , il est, a lui seul, le te- moignage le plus eclatant du merite de la conception premiere et de refficacitc des moyens de production : toutes les facons, depuis I'abatage des Hans jusqu'au dernier emboutissage , se payent 25 centimes pour millo clous termines. 11 se trouve done ici, bien que concourant au meme resultat, deux (Euvres parfaitcment dis- tinctes : la creation d'un nouveau produit d'une part, et de i'autre les machines a I'aide desquelles on I'obtient mecaniquement. Aussi, bien qu il n'y aurait qu'a se feliciter, pour deux intelligences de cette valeur, do se trouver confondues dans une meme recom- pense, la Sociele d'encouragement, appreciant la diversile des services rendus et voulant doancr aux deux auteurs de ces pro- gres un temoignage de Festime qu'elle fait de chacune des oeuvres en particulier, decerne a chacun d'eux isolement une medaiUe d'argent.

9" Me her a [aire des paillassons. M. le docteur J. Guyot, administraleur interesse du domainc de Siilery et des impor- tantes cultures de MM. Jacquesson pere et fils, est I'auteur d'un in- genieux systeme de paillassonnage en plein champ , applicable a la Tiliculture, h la culture maraichere et espaliere, a toutes les cultures delicates. II a su resoudre, avec bonheur, I'interessant probleme de la fabrication economique des paillassons, en appli- quant a cette fabrication le metier de tisserand, h son etat rudi- mentaire, avec ses deux lisses pour lever et abaisser alternative- ment les fils metalliques quirelienllesbrins de paille parallelises. Au fil continu lance par la navette pour former la trame du tissu ordinaire, M. J. Guyot a tres-heureusement substitue un mode de livraison completement neuf, ingenieux, simple et rapide d'ail- leurs, des brins de paille prealablement coupes de longueur. Une caisse a fond-grille recoit la paille jetee et parallelisee a la main; un peigne, a dents de bois, la separe en lots ou faisceaux de grosseur appropriee, que I'ouvrier pent prendre sans hesitalion pour les juxtaposer successivement, en meme temps qu'au moyen d'un jeu de pedales il fait mouvoir les fils de chaine qui etablissent la solidarity entre ces faisceaux successifs. Avec un metier du prix de 100 fr., etablipar M. Bonnevie, qui a prete au docleur Guj ot un habile concours dans cette remarquablc instal- lation, on produit au prix de 7 & 8 centimes le metre courant, des paillassons de longueur indeflnie sur une largeur de 0'",70,

ft58 COSMOS.

qui pr-ut 6lre varice d'ailleurs. Les documents communiques au Conscil, par IM. Guyot, nc paraisscnl pas laisser de doiite sur les hcureux cffels du paillassonnage imagine par cet invenleur fe- cond, au point de vue de la viticulture notamment.

10° Laveuse par 2iression. M. Benet, appreciant les dangers que courent sans cesse les personnes cliargees du lavage des linges de pansement dans les h6pitaux, a trouve le moyen de les en preserver. Ce moyen consiste dans I'emploid'nnnouveau pro- cede de lavage agissant par pression, et dont raclion est telle que le linge, quelle qu'en soit la faiblcsso, n'a a supporter que des trempages en paquel ct des pressions alternatives qui ne pcuvent rendommager; en sorte que, sans le secours immediat des mains, il est parfaitcment lave. Ce sysleme presente, en outre, I'avantage d'operer avec celerite; car en quatre minutes, un homme , donnant soixante coups de pressoir, lave a la fois 5 ki- logrammes de linge pese sec, ou, en une journee de dix Iieures, un poicis de linge d'environ 500 kilogranuucs.

11° Etablissements institues pour la ventede portions d' aliments a 5 centimes. M. Klein, membre de la Societe, ancien juge au tribunal de commerce de la Seine, et auquel il a ele accorde, en 1837, une mddaiile d'argent pour les perfectionnements qu'il a apportesdans I'artde la teinture, s'est occupe, depuis longtemps, d'uue question etudiee aujourd'liui par tons les cconomistes, celle de ramelioration de I'existence des classes ouvrieres; il a cliercbe par quelle combinaison d'une rigoureuse economic on pourrait arrivcr k leur fournir, au prix d'une excessive modicite, une alimentation ordinaire, dont la simplicite n'exclut pas la qua- lite. La Societd temoigne a M. Klein son approbation et ses sym- pathies pourl'oeuvre utile etphilanthropique qu'il a creee, en lui decernant la mcdaille d'argent.

12° Atlas de physique et de meteorologie. V alias deM. Nicolet, qui est destine a fournir sur la physique etsur lameteorologiedes dilferentes regions de la terre,et de la France en particulier, tons les documents gcneraux qui doivent entrer dans I'enseignement de I'agriculture, est indispensable &l'agronome ou au cuUivateur qui veut se rendre compte des ressources d'une contree et des hmites climateriques au dela desquelles certaines cultures cessent d'etre possibles. {La suite a un prochain numero.)

PIIOTOGRAPHIE PHYSIOLOGIQBE.

Sur Ic mecanisme de la p.odueliou du relief datss la vision bisioeulairc

Par M. le docteur GiraudTeulon.

« Appelons harmoniques ou idcntiques les points dcs deux re- ttnes propres a ne porter au cerveau qu'une impression unique.

Si I'on suppose les deux hemispheres posterieurs des yeux superposes geomelriijuement I'lin a I'autre, les points geometri- quement correspondantsouhomologues seront (cela a ete expose il y a longtemps deja) en meme temps harmoniques ou idcnti- ques, et, reciproquement, les points harmoniques seront, en meme temps, geometriquement homologues.

[Si I'on empruntait les notations geographiques, on pourrait appeler puleharmoniquc le point milieu de tons ces homologues, et formuler la loi precedente en disant que tons les points har- moniques out meme latitude inferieure ou superieure dans les deux yeux et meme longitude droite ou gauche.]

Pour tout objet a distance finie, les axes optiques harmoniques sont necessairement convergents. Le p61e ou centre relinien est done habitueilcment place un pen en dehors du plan vertical an- tero-posterieur passant par le centre du cristallin.

D'autre part, \e punctum ccecum de Mariotte est, au contraire, en dedans de ce plan. Dans la vision binoculaire, un point quel- conque ne sera done jamais enlierement cache, les deux points aveugles ne pouvant etre harmoniques , puisqu'ils ne sont pas

homologues.

Cetlc determination tres-rationnelle de I'impression unique dans la vision binoculaire connue sous le litre de principe des points identiques semble pourtant moins absolue que I'enonce precedent ne le comporte : elle offre les exceptions suivantes si- gnalees par Wheatstone et qui ont jusqu'ici empeche qu'elle ne fill admise a litre de loi reelle incontestable.

Premier fait. Deux droites paralleles , verticales , de meme longueur, sont tracees sur un carton pour etre vues par un ffiil; deux autres droites toutes semblables, mais un pcu plus ecar- tees, sans sortir cependant de certaines Umites du voisinage, dessinees sur le meme carton, sont placees devant I'autre oeil. Les deux paires de lignes sont alors separees par un diaphragme vertical.

Ii60 COSMOS.

Si maintenant on les considerc, comme dans I'usage du ste- reoscope, soil avec un appareil de ce genre, soil avec une carte percce de deux Irons d'epingle devantchaqne pnpille, on observe qu'un leger effort d'altention permet de les amener ci superposi- tion parl'aite.

Ce plicnoni6ne semble absolnment incompatible avecla theorie des points hannoniques; et c'est lui qui en a fait jusqu'ici re- pousser I'adoption unanime. II nous olTre, en effet, un exemplo d'une concordance barmonique incontestable de points qui ne peuvent etre bomologues, au moins dans les hypotheses ordi- naircs; car, si deux points sont harmoniques deux a deux, c'est qu'ils comprennent entre eux des arcs retiniens egaux, sans cela lis ne seraient pas homologues. Or, comment deux lignes placees ^ la nicme distance des yeux, mais inegalement espacees a droite et a gauche, pourraient-elles intercepter sur la retine des arcs egaux?

Cela est inconcevable effectivement dans les idees recues et naturelles qui conooivent dans les retines des surfaces fixes, in- compressiblcs et inextensiblcs en quelque sens que ce soit, en un mot, inalterables dans la situation relative de leurs points. Mais cela no Test plus, si Ton s'ecarte de cette hypothese.

Car imaginons qu'un petit effort d'adaptation (nous cherche- rons tout k I'heure en quoi consisle cet effort, et comment il est produit) fasse intercepter sous ces faisceaux luraineux, compre- nant des ccarlements angulaircs differents, des portions dgales des deux retines, en distendant partiellement I'une, en resserrant, pUssant I'autre, cette premiere dilflculte sera ecartee. L'barmonie des lors sera produite, puisque les faisceaux lumineux similaires ■viennent reucontrer des points homologues.

Mais cette double modification, et c'est un point notable, devra, en meme temps, etre suivie d'une sensation d'ecai'tement antero- posteiieur des lignes considerees : car si le plissement de la re- line d'un cote a ramene un point de sa surface de dedans en dehors par rapport au pole harmonique , la sensation imprimee au ccrveau par le mouvement de ce point aura di\ etre celle meme qu'eut determinee le mouvement du point lumineux s'il se flit eloigne de I'oeil.

Inversement, la distension synergique operee dans I'autre ceil aura produit I'effet coniraire, une sensation de rapprochement de la part du point lumineux observe.

Or, cette solution, en apparence hypothetique , est fort loin

COSMOS. ^61

d'etre imaginaire. Dans I'experieiice relatee ci-dessus, au moment ou s'opere la fasiou des deux paircs de lignos, Tmie dcs lignes fusionnees parait s'eloigner de I'ccil, I'aulre s'en rapprocher.

Dcuxieme fait. Au lieu des groupes de deux lignes de I'exemple precedent, prenons des groupes de trois lignes : les deux ex- tremes etant k egale distance entre ellesja troisieme ou mterme- diaire, plus pres a gauche de celle de gauche, et a droite de celle dedroite, les inegalites etant d'ailleurs les iliOmes.

Cesdeux groupes de trois lignes presentent a la vue un pheno- mene aussi curieux que le precedent. Elles arrivent aussi a se fusionner, malgre I'inegalite des ecartements angulau'es des faisceaux lumineux disposes, a droite et h gauche, dans un ordre reciproquement inverse.

Comme dans le cas precedent, il est done necessairc que des arcs reliniens naturellement inegaux soient rcsserres ou disten- dus, entre deux points fixes homologues, de facon i\ faire tomber sous les faisceaux similaires intermediaires des points homolo- gues. Si notre point de vue est exact, cette modification devra Itre accompagnee d'une sensation d'eloignement ou de rappro- chement des points ainsi fusionnes; car les mouvementsdu point median de Tare retinien devront etre executes dans les deux yeux a la fois, ou de dedans en dehors, ou de dehors en dedans, par rapport a des points qui demeurent fixes.

II en est effectivement ainsi, les deux groupes de lignes places devant chaque ffiil presentent a I'esprit, au moment de la fusion, I'image d'un prisuie triangulaire vertical, ayant son arete md- diane, suivant les cas, ou en avant, ou en arriere du plan du

dessin, Notre hypothese a done ia un fait bien important pour la jus-

tifler.

Ce que nous venous de constater dans le stereoscope, ou an moyen de la carte percee, ne ditK-re aucunement de ce qui se passe dans I'acte de la vision binoculaire re:eile.

Les images qui ont servi aux deux experiences ci-dessus de Wheatstone que sont-elles, si ce n'est les traces mGnies sur le plan de la perspective parallele a Tobservateur : des plans ver- ticaux passant par chaque ceil et deux droites verticals prises dans I'espace i\ des distances inegales de I'oeil; 2" de ces memes plans verticaux passant par chaque wil et les aretes'd'un prisme solide place devant les yeux, dans le deuxieme exemplc ? »

(La suite au prochain numero.)

AGADEMIE DES SCIENCES.

Seance dn 19 oclolre 1857.

La correspondance est depouill^e pai^ M. Flourens. Si les noms des auteurs des diverses communicalions nous echappent, c'est que les conversations particulieres sont animees et bruyantes. Nous entendons qu'il- est question d'une premiere letlre geolo- gique adressee a I'Academie des sciences, dans laquelle M. Guiet attribue a I'electricite de la terre et des mondes les elTets attri- bues jusqu'ici j'l la chaleur centrale ; de I'operation de la taille chcz lafemme; de la resolution des equations numeriques, etc.

M. Ossian Bonnet adresse un nienioire dans lequel il com- plete le celebre theoreme de Jacobi, relatif a I'integration des dquations differentielles du premier ordre.

Un doctcur en medecine, dont le nom nous estechappe, transmet la curicuse observation d'un enfant qui, apres une ce- phalalgie violente, a rendu par le nez uncertain nombre de larves d'inscctes, des coleopteres, des diptercs, etc., et entreautrespiu- sieurs scolopendres. Tons ces insectes ont etd vus et determines par M. Brulle, professeur d'histoire naturelle a la I'^aculte de Dijon. Apres qu'on eut fait fumer a I'enfant des cigarcUes conte- nant une petite quantile d'arseniate de polasse, il rcndit de nou- veau par le nez de nombreux insectes morts.

M. Bobierre, de Nanles, adresse un memoire sur le raffinage et la purification parfaite des sucres. .

M. le professeur Tigri, de Sienne, appelle I'atlention sur sa theorie de I'anesthesie et son explication de la mort par asphyocie causee par V inhalation du chloroforme on de Vamijlcne; il signale en outre une maladie assez singuliere ayant son principal siege dans la rate.

M. J. de Lenhossek adresse un complement manuscrit k son ouvrage Sur la structure intime du systeme nerveux central chez I'homme. M. Flourens profite de cette occasion pour e^poscr en quelqucs mots rapides ce qu'il y a de plus esseoUel et deplus nouveau dans les recbercbes du savant physiologisle allemand. II a Hurtout etudic la constitution iniime de la moclie epiniere et de la moelle allongee considerdes comrae organes ou colonnes de transmission' de la sensibilite et de la motilile. AussisouvenI; que dans le developpemcnt de I'organisnie il nail un nouvel organe de sensation ou de mouvement, un nouveau faisceau s'ajoute soit

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a la moelle epiniere, soit h la moclle allong^e ; en s'approchant dii ccrveau, les deux coloniies so modifient : elles etaieut d'abord superposees en ce sens que I'une ctait anterieure et I'autre pos- terieure, elles devicnnent maintenant laterales; les pyramides ct les decussations des fibres, les corps olivaires, ont aussi ete etudies sous un Jour nouvcau par M. Lenhossek ; il est arrive ci voir dans chaque corps olivaire une sorte de lobe cerebral en petit.

M. le docteur Begin prie I'Academie d'inscrire son nom sur la liste des candidats a la place d'academicien libre devenue va- cante par la mort de M. Largeteau.

~ M. Blanchard, aide-naturaliste au Museum d'histoire natu- relle, fait actuellenient en Allemagne, avec des instructions et des encouragements de I'Academie , une excursion scientifique dont le but principal est la poursuite de ses Recherches sur I'osfeologie des oiseaux. II ecrit de Francfort qu'il a trouve dans le musee de cette ville une collection remarquable et precieuse de squelettes d'oiseaux , reunie par M. Rupen. L'etude de cette collection lui a fait decouvrir un oiseau reste jusqu'ici presque inconnu et qui diflfere tant des autres especes par ses caracteres osleologiques qu'il sembie necessaire d'en faire le point de depart d'une famille nouvelle. L'Academie apprendra avec plaisir, dit M. Flourens, que cet observateur si zele, si laborieux, si sagace, remplit avec conscience et succes la mission qu'elle lui a confiee.

M. Barral , en son nom et au nom de M. Gide, fail hommage de deux nouveaux volumes de la collection des OEuvres com- pletes d'Arago. II appelle surtout I'attention sur le quatrieme et dernier volume de VAstronomie populaire, oeuvre poslhume et capitale de I'illustre savant. Le volume comprend douze livres : livre XXIII : theorie de Vuttraclion universelle; livre xxiv : etude complete de la planete Mars; livre xxv : etude des petifes planetes comprises entre Mars et Jupiter ; livre xxvi : etude des nieteores cosmiques ; aerolit/ies, bolides, etoiles fUantes ; livre xxvii : etude de Jupiter; livre xxviii : vitesse de la lumiere et aberration; livre XXIX : etude de Saturne; livre xxx : etude d'Uranus; livre XXXI : etude de Neptune; livre xxxii : saisons et climats; livre xxxiii : le calendrier; livre xxxiv : melanges uranogra- pliiques; astronomie pour des observateurs situcs au centre et a la surface du soleil, sur Mercure, sur Jupiter, sur Saturne, sur lalune; de I'astrologie; des observatoires, principales decouvertes astronomiques.

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Nous avons commence, il y a quelques jours seulement, la lecture de ce beau volume, et nous en sommes vraimcnt cmer- Tcillc; M. Arago salt raslronouiie physique et Texpose comme pcisonne ne la jamais sue et exposee. Ce que vous avez cru posscder le mieux vous apparait sous uu point de vue entiere- ment nouveau, et I'interet va sans cesse croissant. MM. Gide et Barral ont droit aux plus grands dloges et h la reconnaissance sincere du monde savant; il est impossible de poursuivre une plus belle publication avecplusde zele,de conscience etd'ardeur.

M. Charles Laurent avait appele I'atlention de I'Academie sur un remede contre la rage, prepare dans le monastere grec Phaneromene, non loin d'Eleusis, et qui jouit dans tout I'Orient d'une grande reputation. Ce specifique pretendu infaillible est compose d'un insecte, le mylabris bimaculata, pile avec le cijnanchum excelsum, plante de I'ordre des asclepiadees, sur la- quelle il vit. M. Dumeril, charge de prendre connaissance de cette communication, et de decider s'il y avait lieu aessayer par voie diplomatique d'entrer en possession d'echantillons de I'in- secte, de la plante et du remede, fait aujourd'hui un rapport fort pen favorable. Le nuilabris jouit des proprietes des insectes ve- sicants, le ajnanchum est purgatif , mais il n'est nullement pro- bable que la preparation grecque ait reellement la propriete de neutraliser le virus rabique.

M. Tissier, membre de I'Academie des inscriptions et belles- lettres, presente un fragment de bois petrifie provenant d'une foret submergee par la mer sur les c6tes de Normandie. II insiste sur ce fait si important que, pendant que la Medilerranee s'e- loigne de plus en plus de nos cotes et accroit sans cesse nos ri- vages par des alterrissements rapides et considerables; I'Ocean, au contraire, devore de plus en plus nos falaises et penetre dans les terres en les envahissant. Le phare de Boulogne, eleve sous Caligula, qui etait encore deboul au xv^ siecle, et que Ton appe- lait avec un certain orgueil la Tour d'or, est aujourd'hui comple- tement detruit et envahi par la mer.

M. Babinet, au nom de M. le vicomte Du Moncel, presente la troisieme edition de sa Notice sur rappareil d'indtidion elec- trique de Ruhmkorff. C'est un opuscule de 222 pages formant une veritable monographic complete de ce genre d'appareils si riches d'avenir. Pour en donner une idee suffisante, il nous suf- fira d'enoncer les litres des chapitres : considerations sur la machine de Ruhmkorff ; transmission des courants induitsdans

COSMOS. i65

les milieux aeriformes ou liquides; transmission des conranls induits a travers les corps isulants ; W transmission des couranls induits dans le vide ; transmission des courants induits a tra- vers les corps de conductibilite secondaire ; effets chimiques des courants d'induction ; application de la machine de Ruhm- korff; liste des experiences les plus curieuses a reproduire avec la machine de M. Ruhmkorff. Nous aurons bicniot I'occa- sion de revenir sur cet interessant volume, quand, apres avoir donne la description de I'interrupleur double de M. Leon Fou- cault,nous examinerons la critique severe et Irop peu londee que M. Du Moncel a cru devoir faire de ce charmant appendice a I'apparell qu'il a prls pour mission de populariser.

M. Brown-Sequard lit un memoire de physiologie, ayant pour but principal les proprieLes composees des sangs rouge et noir, et le r61e que chacun joue dans I'organisme vivant. En attendant que nous analysions ce nouveau travail , nous sommes heureux de pouvoir donner un court apercu de nombreuses notes presentees par I'habile physiologiste a la Societe royale de Londres, dans le courant de I'ete dernier : Recherches experi- mentalessur la corde spinale consideree comme conducteur de la sensibilite et des mouvements volontaires. Resume : les pyra- niides anterieures de la moclle allongee contiennent le plus grand nombre des fdDres nerveuscs des mouvements volontaires. Dans la region cervicale de la corde spinale, les fibres nevveuses des mouvements volontaires sont en plus grand nombre dans les colon nes laterales et la corne {cornua) grise anterleure. Dans les regions dorsaleetlombaire de la corde spinale, les fibres nerveuses sont placees dans la colonne anterleure et la matiere grise. Les corps olivaires de la moelle allongee sont a la fols sensibles et mo- ' teurs, quoiquils ne soient pas conducteurs de la sensibilite et des mouvements volontaires. Les fibres nerveuscs de la colonne blanche anterieure sont completement depourvues de sensibilite'. Sur la ressemblance entre les effets de la section du nerf sym- pathique dans la region du cou ; et de la section transversale de la moitie lateralc de la corde spinale. Resume : les premiers faits ont ete observes par M. Claude Bernard, les seconds par M. Brown-Sequard. Dans les deux cas, il y a paralysie des nerfs Tasculaires, et, par suite, paralysie des vaisseaux sanguins; en consequence de cette paralysie , le sang arrive en plus grande quantite, et, par suite, la temperature s'eleve; la nutrition est accrue, ainsique les proprietes vitalesdes nerfs, des muscles, des

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vaisseaux sanguins. D'autres causes contribncnt t^ I'accroisse- inent dcs proprietes vitales des nerfs et des ninscles dans le liinbe postericur apres la section de la moilie laterale de la corde spinale; parmi ces causes figurent rinfluencc de I'oxygene de I'air sur la corde spinale , la paralysie des vaisseaux sanguins de cet organe, ct I'clat do repos des muscles et des nerfs moleurs du lonibc. Si Ton compare le c6te on la face sur laquellc le nerf sympalliique n'a pas etc divise, avec le limbe posterieur du cote lion entame de la corde spinale, on trouve encore qu'ils se res- semblent en divers points. Tons deux recoivent moins de sang qu'ik rordinaire, leur temperature diminue, leur nutrition est moins active, et leurs proprietes vitales sont affaiblies. 3" Re- cherches experimentales relatives a Vinfluence des efforts d'inspi- ration sur les mouvements du cceur. Resume : des faits observes par M. Brown-Sequard chez les animaux nouvellement nes et les oiseaux , par MM. J. MuUer, Bonders et autres , il resulte que, dans les efforts de I'inspiration, unc influence nerveuse passe le long de la paire de nerfs vagues de la moelle allongee au cceur, en produisant une diminution des mouvements de cet organe. Done, puisque par une action de noire \olonte nous pouvons produire des inspirations energiques, il en resulte que nous pouvons, par I'influence de notre volonte, diminuer Taction de notre cceur, comme nous faisons contracter notre pupille en retirant nos yeux en dedans. W Influence de I'oxygene sur les ■proprietes vitales de la corde spinale, des nerfs et des muscles. Resume : des faits observes par M. Brown-Sequard et de beau- coup d'autres, il resulte que, dans la corde spinale, les nerfs sen- sitifs et moteurs, ainsi que le nerf sympathique et les muscles, il y aurait accroissement de proprietes vitales produit par I'oxy- g6ne. 5" Faculte que possklent les nerfs moteurs et sensitifs de conserver plus longtemps que les muscles leurs proprietes vitales lorsciu'ils out ete prives de sang. Resume : lorsque la quantile de sang qu'ils contiennent est reduile au minimum , les nerfs mo- teurs conservent leurs proprietes vitales beaucoup plus long- temps que les muscles. Si, dans un limbe separe du corps d'un animal vivant, les nerfs moteurs semblent perdre leurs proprietes vitales plus ])romptement que les muscles, c est que la transmis- sion de la force nerveuse des dernieres ramifications des nerfs aux elements contractiles des muscles devient bientot inq)ossible en I'absence de sang cliarg(^d'oxygene. Mais iln'cn est pas moins certain que les proprietes vitales des nerfs du mouvement et de

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la spnsibilile persevere plus longtemps sans sang que cellos de rirritabilite inusculaire. Nous ne doutons pas que le memoire lu hicr ne fasse suite c'l ceux que nous venons d'analyser.

M. Poncelet , en presentant au nom de M. Manlieim un opuscule imprime cliez M. Mallet-Bachelier et qui a pour litre : Transfonnallon des proprietis melriques des figures a I'aide de la theorie des polaires reciproqucs , s'cxprime ainsi : « La theorle des polaires reciproques a principalement pour objet la decou- verte, sans calculs ni raisonnements speciaux, de proprietes nouvelles des figures descriptives ou metriques, au moyen de pro- prietes deja connues, et se rapportant plus parliculierement k la categorie de celles qui concernent la direction indeflnie de lignes ou surfaces, et les relations generales d'angles formes autour d'un meme point , do distances segmenlaires rangees sur une lueme droite. L'auteur des polaires reciproques (cet auteur a ja- mais illustre eat M. Poncelet lui-meme) avail principalement con- sidere dans ses menioires les relalions ou proprietes qui, de leur nature, sont susceptibles de se conserver dans les projections centrales ou coniques de ia figure, et il avait monlre comment toute une classe de relations mdli'iques de ceite dcrniere espece, et dont le caractere exaclement deiini se rapportait specialement a la tlieorie dite des Iransversales, pouvait recevoir d priori Tap- plication de cetle metbode en prenant pour la directrice des poles et polaires la circonference meme du cerclc a laquelle on a sub- slitue depuisl'liypcrbole equilalere ctlaparabole afin d'arriver a des relations metriques plus speciales encore. Mais bientot on laissa la cetle route facile de decouvertes, pour se rapprocber de la methode des anciens relative ci la demonstration directe des memes proprietes ou relations metriques entre les lignes trigo- nometriques el les segments de certaines figures composees de lignes droites ou de points ranges sur une droite. C'est ainsi, notamment, que furent traitees en dernier lieu la division liar- monique ou anharnionique des droites, I'involulion de Desar- gues, etc., par noire savant confrere, M. Chasles, dans un ou- vrage de geomelrie superieure bien connu.

(( M. Manheim, dans I'opuscule dont il est ici question, s'est propose un but bien moins general et moins etendu. Par les expressions diverses qu'un meme segment d'une figure plane obtient dans la transformation polaire de celte figure, prise rela- tivement h une circonference de cercle, il arrive i transformer directement et sans preparation prealable, non pas seulement

ii68 COSMOS.

les relations mefriqnes envisagees dans le traile des propri^tes projectivps, ou dans les Memoires de '182/i sur la Iheorie des po- laires reciproques, niais un grand nombre d'aulres relations ou theor6mes, panni lesquelles se trouvent la relalion entreles seg- ments de trois points arbitrairement situes sur une droile, le rapport anharmonique, la division homographique qui en derive, le theoreme de Pythagore relatif au triangle rectangle, les aires de triangle, et jusqu'au systeme des coordonnees de Descartes. II arrive ainsi, par de simples substitutions de formules ou seg- ments dans les relations donnees, h un grand nombre de propo- sitions qui avaient auparavant dejfi occupe M. Chasles et d'autres geometres, etquine nianquerontpasd'allirerrattention des ama- teurs d'un genre de geometrie qui auvait eu besoin d'etre un peu plus developpe dans I'expose de ses principes fondamentaux. »

Nous n'avons pas besoin de faire remarquer combien ce petit traite fait d'bonneur au jeune lieutenant d'artillerie, qui s'associe glorieusement au noble exemple donne recemment par un offi- cier de marine, M. de la Jonquiere. Dans une introduction courle, mais suffisante, 11 repond tres-netlement pour ceux qui ne sont pas inities au langage et aux theories de la geomelrie moderne, a ces trois questions : Qu'est-ce que la Iheorie des polaires reci- proques? Qu'est-ce qu'une propriete melrique? Qu'est-de qu'une transformation?

M. Pelouze presente au nom de M. Gelis, chimiste theoricien etpraticien tres-habile, un Memoire relatif a Taction de la cha- leur sur les matieres organiques neutres , les gommes, les su- cres, etc. II a etudie d'une maniere speciale le sucre brule connu sous le nom de caramel, et 11 a trouve qu'il etait compose de trois substances solubles differentes, conlenant de I'hydrogene et de I'oxygene dans les memes proportions que I'eau, et d'autres substances insolubies. Nous reviendrons sur cette importante communication.

La Connnission chargee d'arreter le programme du grand prix des sciences mathematiques se compose de MM. Liouville, Chasles, Poinsot, Lame, Berlrand et Duhamel.

M. Giraud-Teulon lit un Memoire sur les causes de la sensa- tion du relief dans la vision binoculaire. Nous en publions I'ana- lyse ailleurs.

M. Regnault, au nom de deux chimistes anglais tres-connus, MM. Grace Calvert et Richard Johnson , presente un memoire fort important sur les changements chimiques que la tonte de

COSMOS. . ^69

fer suhit dans sa transformation en fer malleable. Le but des au- teurs L'st de jeter quelnue jour sur I'operation capilale de la fa- briGallon du fer. lis commencent par decrire les methodes par lesquclles ils determinent exactement les quantites defer et de ma- tieres etrangeres, carbone, silice, soufre, phosphore, aluminium, manganese, etc., etc., contenues dans la fonte aux diverses phases do sa transformation. lis deciivcnt ensuite d'une maniere rapide les conditions physiques par lesquelles la fonte passe successive- ment. Lorsqu'on commence a la chauffer dans un four h puddler, elle forme une masse epaisse , pateuse , qui bientot devient plus deliee et aussi fluide que le mercure. Lorsqu'elle a atteint ce point, elle subit une agitation violente, appelee dans le langage technique bouillon, produit sans doule par I'oxydation du car- bone et le degagement de I'acide carbonique ainsi engendre'. Pendant cette periode de Toperalion, la masse se gonfle de ma- niere a occuper plusieurs fois I'espace prlmitif; I'ouvrier change alors d'outil et prend sa cuiller a puddler avec laquelle il ras- semble les granules de fer malleable qui flottent dans la masse fondue de scories et d'ecume. Les granules ou globules de fer s'unissent ensemble pen a peu et se separent des scories; cette separation est favorisee par la cuiller du puddleur qui rassemble les globules en grosses masses, appelees balles ou boulets, pesant environ 80 livres, et d'ou les scories fondues s'ecoulent goutte a goutte. Cette portion de I'operation demande de la part du puddleur une Ires-grande adresse, car alors le charbon contenu dans la fonte est en tres-grande partie oxyde, de sorte que si le courant d'air n'est pas menage avec le plus grand soin, le fer lui-meme pouri-ait s'oxyder a son tour, ou, suivant I'expression technique, se brilier; il n'en resulterait pas seulement une grande perte dans la quantite produite de fer malleable, le fer obtenu contiendrait infailliblement une certaine proportion de fer oxyde, qui le rendrait cassant et de qualite inferieure.

Ces preliminaires poses, UM. Calvert et Johnson ctudient avec le plus grand soin les divers changements cbimiqucs que la fonte subit dans sa conversion en fer malleable. Le plus essentiel k constater etait la proportion de carbone et de silice que Ton y rencontre dans les diverses phases de I'operation. Un fait totale- ment impreva, c'est que la proportion de silice diminue la pre- miere tres-rapidement , tandis que la proportion de carbone commence d'abord par augnienter pour diminuer ensuite gra- duellement. Le tableau suivant resume d'une maniere tr6s-nette

470 . COSMOS.

les resultats qu'ils ont obtenus. L'dchanlillon de fonte de fcr sur lequelils ont opere contenait inilialomcnt et avant I'operation da puddlage 2,275 de carbone, 2,720 de silice, et void ce qu'on y a trouve successivement :

12'', 40""

rarboue

2,726

silice

0,915

1

2,903

0,197

1,5

2,444

0,194

1,20

ii,305

0,182

1,35

1,647

0,153

1,40

1,206

0,163

1,',5

0,963

0,163

1,50

0,772

0,!58

Barre tie veil

re puddle

0,296

0,120

Fil (le fcr..

0,111

9,088

M. Davoivt a fait dans Ics Alpes I'essai de sonbarometre repe'- titeur, II a compare les resultats donnes par cot instrument avec les observations faites avec un tres-bon barometrede Fortin. Sur plus de quarante stations ellectuees a des hauteurs dont la plus elevee depassait 3 000 metres ; le plus grand ecart des deux ins- truments s'csteleve t'l 2"'™,8 ; il y a sculement cinq ecarts depassant 2 millimelres, et il y a eu plus de 20 ecarts au-dessus du milli- metre. A la hauteur depassant 3 000 metres I'ecart a cte seule- ment de i.lO de millimetre. Voici un tableau representant les differences des hauteurs barometriques des premiSres et der- nieres stations de chacune des dixjournees d'observations

Barometrc Fortin,

Barometre repetileur.

DIITeieiK

194™'", 4

ige-^.o

1"'

121,0

122,3

1,3

99,0

98,7

+ 0,5

96,6

96,S

-j-0,1

84,6

85,7

1,1

51,4

51,4

0,0

70,4

71,3

0,9

142,3

142,0

+ 0,3

139,7

138,3

+ 1,4

206,0

207,1

1,1

Get instrument parait done tres-apte S remplir les conditions pour lesquelles il a ete construit; c'est-^-dire les conditions d'un bon barometre de voyageur. 11 est d'une exactitude suffisante, tres-leger, tres-peu fragile; si le tube venait t'l se briser, on le remplacerait facilenient. Noslccteurs serontheureuxd'apprendre que M. Kruines, opticien du Dep6t de la guerre, quai de I'llorloge, s'est engage h le construire.

COSMOS. ^71

M. Lory, professeur a la Faculte des sciences de Grenoble,

lit un Memoire snr le geologic de la vallee eL des montagnes de ritalie.

M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire appelle I'atlention sur les progres qu'a faits depuisun an I'acclimatation des vers a soies du ricin, et sur Tintcret qu'elle prescnle, Cette variete de bombyx originaire, conime on le sait, des Indes, a d'abord ete intro- duite en figypte, elle est venue successivement d'l^lgypte a Malle, de Malta en Italic, d'ltalie en France, et c'est ^ la France que I'Europe devra sa conservation , par les educations qui ont ete faites & Paris et dans les pepinieres d'AIger, par M. Hardy. Ce ver, comme on le sait , quoique vivant normalement sur le ricin, se nourrit de feuilles d'un certain nombre de plantes parrai lesquelles nous citerons le chardon a foulons. M. Isidore Geof- frey presentait aujourd'hui a I'Academie des echaniillons de la sole de cette chenille, recueillie et peignee a Mulhouse, par MM. Sacc et Henri Sclilumberger. Ces babiles industriels en font le plus grand eloge, iis la croient appelee a remplacer, non pas les belles soies de I'Europe, mais la bourre de sole, et avec avan- tage. lis voudraient nienie que la Societe de Mulhouse fondat un prix pour hater sa production. La graine du ver qui la donne (bombyx cynthia) a ete tellement mullipliee par les soins de M. Vallee, gardien au Museum, que le Conseil de la Societe d'ac- climatation avait charge de I'elever, qu'on a pu en faire une dis- tribution tres-etendue. Les membres de la Societe, ct toutes les personnes recomniandees par des membres, ayant a leur dispo- sition du ricin ou du chardon a foulon, ont pu obtenir immedia- tement et gratuitement une quantite de graine sufflsante pour un commencement d'education.

M. (Seoffroy Saint-Ililaire presentait en meme temps une cer- taine quantite de sole du ver du chene, envoyee par M. Sacc, qui regrettait vivenient de n'avoir pas pu la bianchir et la colorer en couleurs autres que le noir et le gris. Get insucces est d'autant plus dtonnant qu'a la demande de M. Guerin-Menneville, des teinturiers de Paris ont colore cette suie en rose tendre, en rouge, en jaune, etc.

M. Henri Bonnet lit sur la glycogenic un Mdmoire dont le but est de refuter les objections que MM. Figuier et Sanson ont sou- levees contre la production exclusive du sucre par le foie. Ses con- clusions sont : l" II n'y a pas de sucre dans le sang de la veine porte d'un animal nourri avec la viande ; il y en a dans le foic

A72 COSMOS.

et les veines sus-hepatiques; 2" lo formation posthume du sucre par le foie, decouverte par M. Bernard, est parfailenient exacte; il n'y a pas de sucre dans le sang de la circulation generale d'aninianx nourris avec la viande; i" cliez un animal nourri de f^culents, on ne trouve pas de sucre dans la veine porte quand la digestion est terminee. II y a la une coincidence remarquable avec les resultals negalifs qu'on oblient chcz I'animal nourri avec la viande ; 5" on a prelendu que le foie n'avait pas de proprietes rigoureusement glycogeniques; que dans le sang de la veine porte il existait un sucre non fermentescible, ou une matiere se rappro- chant du sucre, mais qui ne deviendrait sucre qu'a son passage dans le foie : mais aloi's le foie serait capable de rendre le sucre fer- mentescible ou de changer en sucre la substance en question, ce qui sera encore remplir une fonclion glycogenique; 6" quand Tine decouverte s'appuie sur des experiences controlees et recon- iiues vraies, qu'on ne pent pas repondre a des experiences don- nant un resultat par des experiences donnant un resultat con- traire, la decouverte doit rester acquiseft la science; 1^ de cequ'il existe de la dextrine dans la viande, il ne s'ensuit pas qu'il y en ait dans le sang des animaux qui s'en nourrissent; 8" I'exislence de la dextrine dans le sang n'entraine pas necessairement I'exis- tence d'une diastase capable de transformer cette dextrine en sucre; I'economie ayant l)esoin de sucre, il faut qu'elle fasse elle-meuie sa matiere glycogene, et probablement aussi son fer- ment; elle fait sans aucun doute I'un et Tautre avec les elements qu'elle s'assimile. Comment ces elements vicnnent-ils se grouper entre eux pour former la matiere glycogene du foie ? Comment cette matiere glycogene devient-elle du sucre dans le foie ? La est le mystere de la nature et il n'est en aucune sorte extraordinaire que nous ne puissions le percer.

M. Regnault, au nom de M. de Marcilly, ingenieur en chef des ponts et chaussees, presente une longue etude theoiique et pratique des diverscs sortes de combustibles mineraux, houilles, cokes, anthracites, lignites, etc., employes dans I'industrie, leur composition chimique, les alterations qu'ils subissent au contact de Fair, leur pouvoir caloriflque , etc. , etc. ; nous savons trop peu de chose de cet important travail pour essayer de I'ana- lyser aujourd'hui ; nous attendrons done le resume que les Comptesrendus en donneront.

M. de Polignac continue Texpose de ses recherches sur les

COSMOS. 473

series diverses de nombres premiers, ct des re'sultals imprevus auxquels il a ete conduit. Le jeune mathematicien est entre dans une route completement neuve et qui n'a jamais efe frayee; les noinbreuses series qu'il rencontre sur son passage et qu'il arrive sans peine a sommer n'ont encore ete rencontrees par personne.

On a dislribue pendant la seance deux opuscules de IVI. le professeur Volpicelli. Le premier a pour objet des formules gene- rales qui reglent la construction et I'emploi du manometre a air comprime et du stcreometre, instrument propose par Say, en 1797, pour la mesure du volume apparent dun corps. L'analyse de ces deux applications du calcul k la physique n'aurait pas assez d'interet, et elle est presque impossible; il faudrait le tra- duire iutegralement en ajoutant, ce que M. Volpicelli fait sans doute pour ses eleves, la figure et la description des deux appa- reils. Le second opuscule est une notice necrologique iue au sein de I'Academie pontiflcale des Nuovi Lincei, dans sa seance du 7 juin 1857, le jour ou M. Volpicelli lui annonca la mort d'un de ses plus illustres membres, M. le baron Auguslin Gauchy. Nous remercions cordialement le savant professeur du vceu qu'il emet de nous voir continuer I'oeuvre de Caucby, et nous le lelicitons de son ardeur toujours conslante; la physique pure, la physique appliqiiee, les malheinatiques pures, les mathemaliques appli- quees so)jt tour a tour de sa part I'objet de publications nouvelles ct tres-interessantes, que le Cosmos, en raison de son cadre trop restreint, regrette de ne pouvoir pas toujours analyser, rnais que nous lisoiis avec soin et avec fruit.

M. Segnin ahie s'est empresse do transmettre a I'Academie une leltre dans laquelle M. Napoli de Naples reclame pour lui la prioriie de Tobservation theorique des qualites cbimiques du phosphore rouge, tout en laissant a M. Schroetter le merilc d'a- voir appris a preparer en grand cette modification allolropique, et d'avoir fixe I'alt^nlion sur les proprietes precieuses qu'elle pos- sede. A I'appui de sa reclainalion, M. Napoli cite di\ers docii- menis pubiies en 1847, entre aulres une note insen'e dans les Comptes rendus deTAcadcmie, dans laquelle ildit: aJ'aireconnu que le phosphore rendu rouge, parl'exposition des flacons qui le contieiinent a la lumiere d'un soleil assez vif, sie se recouvre plus de la couche laiteuse et opaque qui se forme habituelleinenl a la surface; bien plus, le phosphore rouge ne s'allere en aucune facon et meme apres plusieurs inois ne cede rien a I'eau qui le recouvre. »

VARIETES.

Star rBiidiiclion iiaiagnetic|iic tics cri^lncart Par M. J. Pluckkr [do Bonn).

Au debut de son Memoire, M. Plucker rappelle sa de'couvcrte de Faction particulierc dcs ainiants sur les corps cristallises, et les recherclies auxquelles celte d^couverte I'a conduit. En ce qui conccrne la forme sous laquellc il enonca d'abord la loi qui rfegle Taction d'un aimant sur un cristal uniaxe, h savoir que I'axe optique est atlire on repousse par les poles de raimant, il affirme n'avoir eu, en aucune maniere, Tintention d'assigner aux pheno- menes una cause physique reelle; il voulait tout simplement exprimer les resultats de I'observation, qui sont les memes que si I'attraction ou la repulsion existait. Dansle casdecristauxd'un caractere plus complique, il fut conduit tout d'abord a admoltre I'existence de deux axes magndliques attires ou repousses, comnic Test I'axe unique d'un cristal a un axe optique. S'aper- cevant plus tard que la loi eooncee par lui comme loi gencirale, se trouvait en defaut lorsqu'on examinait le cristal sous toutes les directions et non plus seulement parallelement aux axes, il abandonna, il y a deux ans environ , une supposition deji'i depuis longtem[)s I'objet de doutes tres-serieux. A rbypolbd'sc d'un ou deux axes attires ou repousses par Taimant, il a done substitue une hypothese analogue, mais plus rationnelle. Dans le cas d'un cristal uniaxe, il conceit maintenant un ellipsoide de revolution, forme d'une substance magnctiquc ou diamngnetique amorphe, dont I'axe principal au seiu du cristal coincide avec I'axe cristal- lographique principal. II est facile de v('iilipr que tons deux, cris- tal et ellipsoide, lorsque les poles de I'ainiant no sont pas trop rapproches I'un de I'aulre , sont diriges de la meme maniere. Dans le cas le plus general, on sul)s!itue h rellipsoide de revolu- tion un ellipsoide a trois axes inegaux. Cetle hypothese une fois adraise, le cristal entre en possession de deux axes magnetiques, c'est-a-dire, suivant la definition nouvelle, de deux directions qui jouissent, en commun avec I'axe cristallographiquc unique d'un cristal uniaxe, de cette propriete qui, si Ic crislal est sus- pendu de telle sorte que I'axe soit vertical et que le corps puisse tourner librement autour de cet axe vertical, il ne se manifeste aucune action magnetique extraordinaire, en cescrsquele cristal se comporte comme une substance amorphe.

COSMOS. U15

L'observation prouve que, places dans des circonstances faro- rables, les plus pelits fragments du cristal se dirigent de la meme manierc que le cristal lui-mOmc. II en resuUe, dans I'hypotliese nouvclle, que chacune des paiticules du crislal peut etre regar- dee comme infiuencee de la mOnie maniere qu'un ellipsoide amorphe. Or, un seniblable ellipsoide moleculaire amorphe, sou- mis a rinfluence d'un pOle magnetique situe a une distance flnie, se dirige de la meme maniere qu'un ellipsoide de dimensions fmies soumis a I'influence d'un pole place a une distance infinie. La tlieorie de Poisson se presenlait naturellement comme moyen de verilicallon de I'hypoLiiese londamentale et des consequences auxquelles M. Plucker avait ete conduit par des considerations de nature toute differente. Cette verification s'est faite avec le succes le plus complet. Mais avant d'y proceder, M. Plucker avait juge necessaire de confirmer la theorie de Poisson e'lc-merae, ou micux, de la suivre dans les resultals auxquels elle conduit, rela- tivement a un ellipsoide de dimensions finies infiucnce par un pole situe a distance infinie. Partaut du beau theoreme enonce recemment par 31. le professeur Beer, suivant lequel les resultats relatifs a I'ellipsoide influence sont simplement ct elegamment exprlmes par le moyen d'un ellipsoide intermediaire, M. Plucker a pu deduire immediatement les expressions analytiques de Pac- tion exercee. II les a ensuite comparees avec les faits deduits experimcntalement de l'observation d'ellipsoidcs en fer doux, travailles avec le plus grand soin par M. Fessel (de Cologne).

Les resultats ainsi deduits de la.tbeorie et verifies par i'expe- rience, relativemtnt & rellipsoi'de amorpbe , out ele compares avec les resultats des observations faites sur le cristal, el I'accord a etc aussi complet qu'on pouvait le desirer. Suivant cette theo- rie done, Finduction magnetique au sein du cristal, comme I'elasticite de Tether lumineux, est determinee a Paide d'un ellip- soide auxiliaire. De meme qu'il y a trois axes rectangalaires d'elasticite optique, il y a trois axes principaux d"induction ma- gnetique, caracterises par cette propriete que, si le crislal est sus- pendu le long d'un de ccs axes, les deux autres se dirigent, I'un axialement, I'autre equatorialemenl. De meme qu'il y a deux axes optiques situes dans le plan des axes de plus grande et de plus petite elasticite, il y a deux axes magnetiques caracterises par la propriete ci-dessus enoncee.

Parmi les cristaux divers, M. Plucker a choisi le ferro-cyanurc rouge de fer, le sulfate de zinc ct le formiate dc cuivre, pour

476 COSMOS.

en faire robjet d'un examen special. Le premier est paramagne- tique, le second diamagnclique, et, pour tous deux, les axes principaux de I'induction magnetique sont determines par les plans de symelrie cristalline.

L'aulcur decrit en detail les positions que prennent des prismes allonges, des cylindres longs et courts, des plaques circulaires taillees dans les crislaux de ces sul)stances suivant diverses directions choisies. On a fait usage, tour k tour, de cylindres et de plaques circulaires, tallies avec leurs axes dans la meme direction, pourprevenir I'objeclion qu'aurait pu faire naitre I'opi- nion suivant laquelle on allribue a la forme exterieure la direc- tion que prend le cristal ou portion du cristal; si, en elTet, la forme etait seule en jeu, un cylindre et une plaque circulaire se dirigeraient de telle sorte que leurs axes fussent perpendiculaires entre eux.

Le formiate de cuivre dilfere des deux premiers cristaux, en ce qu'il n'a qu'un plan de symetrie cristalline, et, par consequent, un sen! axe principal d'induction magnetique determine par la forme cristalline. L'existencc de trois axes paramagnetiques prin- cipaux, doues de la propriete deja mentionnee, n'en a pas moins ^te demontree experimonlalement , et la direction des deux axes qui ne sont pas determines par la forme cristalline, a ete deter- minee par I'observation. Dans ce cristal, les axes de plus grande et de moindre induction, et par consequent les axes magne- tiques, sont situes dans le plan de symetrie; I'existence de deux axes magnetiques a ete mise en evidence, et leur position nette- ment fixee.

Comme conclusion, I'auteur donne une lisle de cristaux classe's suivant leurs caracteres paramagnetiques ou diamagnetiques, et I'ordre de grandeur de I'induction magnetique dans la direction des axes principaux. II consiate aussi que plusieurs cristaux, dont il cite les noms, quoique apparlenant par leur forme & la classe biaxiale, ont deux de leurs inductions magnetiques prin- cipales si sensiblcment egales, qu'on ne peut pastes distinguer des cristanx a un seul axe magnetique; tandis que d'autres, quoique n'appaitonant pas au syslemn lesseral ou cuhiqne, ont toules leurs inductions principales si sensiblement egales qu'on ne peut pas les distinguer des substances amorphes.

Impii.iiprie de W. Kemquet et Cie, A. TI1.AWIBI.AY ,

riie Garanciere, S. propnetaii i- -^einnt.

T XI, 30 octobre 1857. SixUme annt'e.

NOUVELLES DE L.\ SEMAINE.

A 1.1 date du 27 septembre, le Courrier italien a rem de M. Newall, I'ingcnieur cHarge de la pose du cjlble mediterraneen, la nouvelle que le supplement de cftble destine h completer la ligne sera pres dans quatre jours. II a deja donne ordre a un paqucbot a Marseille d'aller Fattendre a Cagliari le Ih octobre, jour auquel 11 arrivera avec I'Elbe pour achever immediatement ia ligne de Bone c'l Spartivento, et poser le cable de Cagiiari a Malte.

Nous regrettons de ne pouvoir reproduire integralement le reeit de la pose de ce meme cable mediterraneen, adresse par M. Bonelli h la Gazette de Genes, mais ce serait par trop revenir sm- un meme sujet et nous repeter. II nous suffu-a de redire que M. Bonelli se declare tres-satisfait de la reussite de Tentreprise : les ingenieurs anglais, pour lesquels cette reussite avail une im- portance de 1 250 000 francs, sont aussi completement rassures. P.ien u'est plus facile, suivant eux, que de repecher le bout du c&blc submerge , et d'etabllr houreusement les communications.

Deux decrets imporiaux, en date du 8 octobre 1857, reorga- nisent I'administration du College de France, et maintiennent le privilege acquis aux professeurs de cet etablissement d'obtenir des suppleants, soit apres vingt ans de services, soit en cas d'in- firmites graves et d'i\ge avance. o Ce privilege, dit M. le ministne dans son rapport a I'Empereur, est un bommage rendu aux sa- vants ; il cree pour eux la plus honorable retraite ; et en le con- servant, Sire, voU'e Majesle donnera un nouveau gage desa haute protection et de sa vive soUicitude pour Tune des plus belles et des plus utiles institutions du pays. » La demande d'un sui)pleant est transmise auministre par Finlerniediaire de I'admlnistrateur; il est nomme pour une annee seulement; son traiteinent est pr(^- leve sur celui du professeur qu'llestappele^ suppleor; le chilTre en est fixe par M. le ministre. L'arlicle 5 du nouveau decrel porte ■que tout professem' est dans I'obligalion de faire deux lecons par semaine, et que la duree de chaque lecou est d'une beure au

18

his COSMOS.

moins. Si des exceptions a cette r6gle sont demandees, elles de- vronl etre soumisos au jugcmeiit de I'asseinblec des profcsseurs et accordees par M. le minislre,

M. Ic general Sabine nous apprend que le R. P. Secchi vicnt de lui (leniander la collection complete des appareils necessaires a I'observation , sous toutes leurs formes , des plienomenes du magnetismc terrestre. Cette collection, construite a Londrcs, vd- rifiee et comparee h I'Observatoirc de Kew, est destinee k I'Obser- valoire metcorologique que la munificence de sa Saintete , Pie IX, permet d'adjoindre a I'Observatoire astronomique du College remain.

M. Millot-Briilc nous signale en ces termes une charmante decouvertc dont il est I'auteur :

« On voyait chez moi, il y a quelques jours, deux belles cor- bcilles de fruits, I'unecliargee de peclies qui encadraient do loute la richesse de leur coloris des portraits remarquables, notam- ment ceux de leurs majestes I'Empereur et I'lmperatrice ; des aigles, etc., etc. Lereste des p6ches faisant socle a la corbeille, etait enjolive de dessins analogues et de circonstance , porlant )m signature. II pent resulter de cette decouverte, qui esl la pho- fographie appliquee aux fruits colores par la nature, que le pro- prietaire , I'artiste , le producteur , I'achcteur, I'amateur enfm, pourront exercer leur talent et revetir leurs reuvres de leur ca- chet. Les commercants pourront egalement, en certaines cir- constances, utiliser ce precede, en imprimant, par exemple , sur leurs acquisitions leurs signes particuliers. Je ne doute pas que des fruits de luxe, histories avec gout, n'acquiSrent plus do valeur; car, en general, ce qui flatte. ce qui interesse, obtient toujours la preference.

La deuxieme corbeille contenait du chassclas Napoleon, ame- liore par la greffe, et poll pendant la maturite. Chaque grain etait a I'exterieur aussi limpide que le cristal ou I'agate, la resine in- terne de chaque grain, sous le poli, produlsait, comme dans Ta- gate, des images reguheres et de bon gout. A I'aide de ce pro- C(5de, on evite, au mieux, le tripotage apparent qui deprecie tant le raisin, la poudre glauque si fugace ne serait plus si enibar- rassantc dans le colportage.

Si cette double d(?couverte vous parait de nature k interesser le public, je liens k voire disposition le procdde dont je mesuis- servi ; 11 est aussi simple que facile ci exdcuter ; les moyens d'ac-

COSMOS. 479

tion elant puises dans la nature, je n'ai besoin d'aucun agent chimique. »

Nous remercions M. Millot-Brule de sa communication , en lui affirmant qu'il nous sera tres-agreable de transmettre h nos lec- teurs la description de ses precedes.

M. Millot-Brule ignore-t-il I'anecdote suivante , qui fut pour un de nos habiles photographes, M. Bayard, I'origine de sa vocation et de ses brillantos decouvertes : « M. Bayard pere, honorable juge de pais, cultivait unjardin, ou despeches admirables muris- saient au soleil d'automne. II se plaisait chaquc annee a envoyer S ses amis quelques corbeilles de ses beaux fruits, et dans son orgueil de proprietaire, il tenait, en les envoyant, a indiquer par un signe irrecusable que ces fruits sortaient bien de son verger. II avait imagine pour cela un moyen singulier, et qui n'elait, a I'insude son auteur, qu'un veritable procede photograpliique. Sur I'arbre en train de miirir ses produits, il choisissait une peche, et coUait k sa surface les deux initiales de son nom, artistement de- coupees en caracteres de papier. Au bout de quelques jours quand on venait ^ enlever le papier protecteur, les deux initiales se dplachaient en un blanc vif sur le fond rouge du fruit, qu'elles marquaient ainsi d'une estampille irrecusable dont le soleil avait fait les frais. » (Figuier, Applications notwelles de la science, p. 212.) Qu'a ajoule M. Millot-Brule a ce procede primitif et en- fan tin ?

Dans sa derniere reunion, le com.ite general de 1' Association britannique reunie k Dublin a arrete la liste suivante de travaux h executer, de recherches h entreprendre sous son patronage et par ses membres :

I. Questions ou rapports mis a I'etude avec allocation de fonds. 12 500 francs h la disposition du conseil pour le maintien de rObservatoire deKewet la poursuite au sein decet etablissenient de recherches speciales. 250 francs a la commission composee de MM. Maskelync, Ilardwich, Llewellyn et Hadow, chargee de faire un rapport sur la chimie de la photographie. 625 francs a M. Voelker, invito a faire des recherches et des experiences sur la composition des fumiers. 500 francs k M. le professeur 0' Sullivan, charge de faire des experiences sur la solubiiite des sels a des temperatures au-dessus de 100% et sur Taction mu- tucUe des sels en dissolution. 1 250 francs a M. Mallet, pour la continnation de sos experiences sur les tremblements de teire. 250 francs a MM. Wright, Melville et Kinahan, charges de faire

480 COSMOS.

mi rapport sur les pechcries il'huiti'es des coles do Tlrlande. 7" 250 francs a Mi'\i. Keddie etConnal, pour un rapport sur les importations vegetales de I'ficossc. 2'yi) francs a la disposition de MM. Henslow, Phillips, Jar(iine, Babington, Balfour, Owen, Hooper, Bowerbank, Berkeley, Huxley, Lankester, forniant la commission chargee de fnire un rapport sur les formes types i adracttrc dans les musees d'histoire naturelle. 625 francs c'l MM. Miles, Balfour, Crreville et Eyton, charges de faire un rapport sur les peclieries d'Iraitrcs des cotes ouest de I'Ecosse. 10" 625 francs a MM. Bell, Williams, Lankcslc}-, charges de faire un rap- port sur les annelides de la Grande-Bretagne. 11° 625 francs 25 centimes 'i M. le docteur Daubeny , pcur I'achevement de ses experiences sur la vitalile et la germination des semences. 12" 250 francs a MM. Daubeny, Babington, Eucksnan et Voelker, charges de faire un rapport sur le developpement des plantes. 13° 250 francs a MM. Kinahan, Wright, Green et Carte, charges du rapport sur les pecheries d'huiires du district de Dublin. ik" 500 francs a MM. Patterson, Dickie, W. Thomson etHyndman, charges du rapport sur les pecheries d'huiires de la c6te nord de rirlande. 15" iOO francs a M. Rennie pour la continuation de ses experiences sur le degagement de la chaleur par le mouvement au sein des Quides. 10" 250 francs aM. James Thomson pour ses experiences sur la mesure des ecoulements d'eaux.

H. Demarchos a tenter, rapports a faire, sans allocation de fonds. 1" Le reverend docteur Lloyd, le reverend docteur Piobin- son et le major-general Sabine sont charges de solliciter, au nom de I'Association brilannique, la cooperation de la Societe royale et de sou President dans Ic but do faire aupres du gouvo'nement les demarches necessaires pour la continuation des observations magnetiques faites jusqu'ici i ses frais dans les colonies anglaises. Lord Wroltesley, le docteur Robinson, M. Osier, le general Sa- bine, M. Welsh, Sir W. Snow-Harris et le docteur Whcwell sont charges d'cxprimer au Ministere du Commerce, au nom de I'As- sociation brilannique, le vceu que des instruments enrogistreurs de la direction, de la vitesse et de la force du vent solent etablis sur diverses iles de I'ocean Atlantique. 3" Le reverend docteur Lloyd, sir R. L Murchison, sir H. Rawlinson, le general Sabine, M. Mac-Gregor Laird sont charges d'obtcnir du gouverncmcnt de Sa Majeste I'expeditiou d'un navire avec mission d'examiner, de sonder remboucliure de la riviere Zambesi dans le sud do I'A- frique, et de remonter cette riviere aussi loin qu'il pcurra. Le

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COSMOS. 481

reverend docteur Lloyd, lord Wrottesley, le tres-Iionorable J. Napier, le docteur Robinson et le major-general Sabine uniront leurs efi'orts ponr obtenir du gouvernement I'envoi d'un vaisseau dans le voisinage dc la riviere Mackensie avec mission de faire une serie d'observations magnetiques ayant sui^tout pom* but la determination des lois actuellemcnt connues comme presidant aux lempetcs magnetiques. 5" L'amiral Moorsom, MM. Scolt Russel, M'Connel, Cbarles, Atherton, William Fairbain, J. Perry, Henry Wrigbt, Ilanderson, feront aupres du Ministere du Com- merce les demarches necessaires pour obtenir les donnees et les documents relatifs aux navires a vapeur , et sans lesquels la science scrait impuissante a hater le perfectionnement de ce mode de navigation si ricbe d'avenir. 6" Sent en outre charges de preparer des rapports : M. le docteur Odling, sur les progres re'cents de la chimie organique; MM. Haughton et David Forbes, sur nos connaissarxes actuelles relativement .'i la composition mineralogique et chimique des roches d'origine ignee ; M. Oldham, sur I'etat de nos connaissances relativement a la geologie des Indcs; MM. Haliday, Kinahan, Wright, sur la Faune de I'lrlande, pour completer le rapport de M. William Thompson ; M. Andrews, sur les especes de poissons que Ton rencontre sur les cotes ouest del'Irlande; M. Green, sur I'etat present de nos connaissances relativement aux medusides discoides des mers britanniques, M. Kinahan, sur les crustacees de la bale de Dublin; BI. Oldham, sur la navigation a vapeur a Hull.

Dans une carriere ouverte de la mine du Treuil, pres Saint- £tienne (Loire), a quelques metres au sud de I'ancienne mairie d'Outre-Furens, des ouvriers ont mis a decouvert prcsqu'au ni- veau du sol deux portions inferieures de troncs, ou plutot les monies en gres de deux troncs d'arbros ou vegetaux fossiJes. Ces deux troncs ont 3™, 5 de hauteur; lo plus gros al'",5 de diametre, le plus petit 1'"; lis sontl'un et I'autre tronques brusquement au sommet, et reconverts comme d'un toit horizontal par une couche de gres micace; leur distance est d'environ 3 metres; identiques de structure et de forme , avec leurs c6tes longitudinales cou- vertes de cicatrices espacees reguUSrement, avec leurs racines tres-grosses et tres-nombreuses , implantees dans une meme couche de schiste, au meme niveau, ils se montreut sans aucua doute sur le sol meme ou ils ont vecu. L'ecorce carbonisee de chaque tronc I'entoure encore, elle a persiste sous forme de houille, d'epaisseur tres-mince, mais uniforme et tres-friable. Le

482 COSMOS.

tronc, moule en gres, noyau interieur de I'ecorce, en represente tous les details. M. Rousse, professeur de physique et de chimie au lycee de Saint-fitienne , a fait une etude attentive de ces beaux restes de la ilore antique, il les a compares avec le plus grand soin aux echantillons decrits et figures dans I'liistoire des Tegetanx fossiles de M. Alexandre Brongiilart , et il croit pouvoir affirmcr qu'ils appartiennent i\ la famille eteinte des sigillarice, Toisine de la famillc actuelle des cycadees. Sur la demande de M. Grilner, direclcur de I'ficole des mines de Saint-filienne, les deux troncs ont etc enleves de la carriere et transportes dans le musee de cet etablissement.

Le Moniteur inclustriel et apres lui YAmi des sciences ont re- produit une lettre dans laquelle M. Sorba, de Colmar, decrit, sous le nom de conservateur du calorique pour la cuisson des ali- ments, un appareil invents par M. Maire. Cet appareil est tres- simple et en meme temps tres-efficace ; c'est tout bonnement une sorte d'etui c\ chapeau forme lateralement dans ses parois, en dessus dans son couvercle et en dcssous dans son fond, d'une en- Teloppe double, remplie interieurement de substances non con- ductrices du calorique. La marmite dans laquelle on doit faire euire les aliments, viande, pot-au-feu, legumes sees, etc., est en terre ou en metal du genre autoclave, c'est-a-dire qu'elle est a Tolonte presque hermetlquement fermee, de telle sorte que la Tapeur du liquide puissc atteindre une pression superieure a la pression atmospberiqae, et que la temperature inlerieure puisse par consequent depasser de 15 a 20° dcgres la temperature d'un liquide bouillant k Fair libre. Aussit6t que ce degre de chaleur a ete obtenu, on enleve la marmite du feu, on la place dans I'etui conservateur du calorique; la cuisson se continue loin du feu, et apres quatre ou cinq heures Ton obtient un bouillon, du bouilli ou des legumes qui ne laissent rien a desircr, ayant meme plus de saveur et d'arome que les aliments cults par le procede ordi- naire. La chaleur est si bien conservee dans I'etui de M. Maire, que 23 litres d'eau bouillante verses dans la marmite marquaient encore 52° vingt-quatre heures apres leur sejour dans I'appareil. L'inventeur affirme que si Ton versait de I'eau bouillante dans une baignoire entouroc comme la marmite de sa double en- veloppe isolante, la chaleur apres une semaine serait encore bien au-dessus de la temperature normale d'un bain. L'idee de M. Maire est entierement nouvellc, el il est etonnant qu'elle n'ait pas surgi plus t6t; elle recevra bien certainement de nombreuses applica-

COSMOS. 485

tions. II ne faut pas s'effrayer de la necessite cl'elever un peu au-dessus de la pression atniospherique la pression interieure de la marmite , parce que cet exces de pression ne doit durer qu'un temps assez court, et non, comme dans les marmites au- toclaves anciennes, tout le temps de la cuisson.

\j Independance beige annoncaitrecemment qu'un Hongrois, M. Ludewig, avait invente une leviire artificielle a effets cons- tants, d'un emploi facile, d'un prix relativement moins eleve, bien superieure, par consequent, & la levure de bicre qu'elle rem- placerait dans tous ses usages, en nous aOranchissant du tribut que nous payons a I'Angleterre et i\ la IloIIande. Lc nouveau ferment est extrait d'orge, de haricots, de feves on de feveroles que Ton a fait genner. G'est a Paris, et sous le patronage bien- veillant du syndicat de la boulangerie , que rinventeur serait parvenu k mener ses experiences a bonne fin; 1' application du nouveau ferment a la fabrication du pain aurait dej^ parfaite- ment reussi, et les essais relatifs h son application a la distillerie se poursuivraienten grand dans I'usine deM. Decrombecque, &Lens.

L'un des fourneaux des machines a vapeur de i'lmprimerie imperiale a ete muni, il y a quelques semaines, d'une grille furai- vore construite par M. Guillemet aine de Nantes. Nous ne nous arre- terons pas ci decrire le mecanisme du nouvel appareil; complexe en apparence, 11 est en realite tres-simple d'execution, tres-regu- lier et tres-SLQ' dansl'excrcice desesfonctions. Le chauffeur, com- pletement a I'abri de la chaleur excessive que font naitrc les fourneaux ordinaires, n'a d'autrc soin que de remplir la tremie d'alimentation en evitant d'y jeter de trop gros morceaux; le rencardage n'est meme plus ni^cessaire, parce que les barreaux sont agites automatiquement d'un tremblement qui degage les escarbilles et fait tomber les cendres. Des que le charbon a de- passe la vanne d'entree il s'allume ; les gaz et les particules de charbon rencontrent immediatement une vaste nappe de feu, et se consument entifirement; aucune trace de fumee n'apparait au sommet de la cheminee pendant tout le temps que la grille est en mouvement; une large prise d'air, menagee entre la grille et I'autel, rend plus active encore la combustion des poussieres et des gaz degages, de sorte que I'oxyde meme de carbone est entierement brule et converti en gaz carbonique invisible. Comme les barreaux de la grille sont mobiles et independants les uns des autres, rien n'est plus facile que de les remplacer des qu'ils sont hors de service.

684 COSMOS.

Dans la livraison de septembre du Bulletin de la Societe •protectricc des onitnaux, M. Charricr, medccin veterinaire, decrit un procdde nouveau d'ablalion des cornes des animaux des es- peces bovine ct ovine, imagind par un veterinaire beige, M. Da- pont. L'ablation doit se fairevers la fin du premier, on an com- mencement du dcuxieme raois de la vie, en ampulant les mame- lons cornes avec leur appareil secrcleur et le rudiment de la eheville osseuse qui supporte le tout. L'inslrument est un trepan secateur, dispose de maniere h faire une incision annulaire au- tour du niamelon corne, i Tisoler completement ct h I'enlever tout cntier. A cetage le mamelon osseux est encore tendre et ne communiiiue pas avec les sinus frontaux ; I'os est pen sensible et pea irritable ; I'operation se fait done, dit M. Cbarrier, sans grande doulcur et sans danger; il y a tres-peu de fievre, la plaie se cica- trice promptement et sans presque aucune suppuration. M. Ghar- rierentre dans de grands details pour prouver que chezles animaux domcsliques les cornes sontinutiles,genantes etdangereuses; etil conclut h la generalisation absolue, a la pratique universcUe de l'ablation. II no nous a pas converti a son sysleme et nous ne poTivons nous dei'endre de signaler son projet comme vraiment barbare. Aussi, nous comprenons a peine que la Societe protec- trice des animaux lui ait fait un si bienveillant accueil. Ge n'etait pas h elle evidemment a cncouragr-r cettedangereuse innovation. Qu'clle propose des encouragements pour I'obtention de races nouvelles sans cornes, comme la race d' Angus ; a la bonne heure ; mais autoriscr I'arret brutal d'un developpementnaturel, ce n'est plus proteger, c'est martyriser, Apres avoir recommaude l'abla- tion des cornes, la Societe protectrice en arriverait a encourager la castration des vaclies, autre operation inventee et pratiquee sur une immense echelle par M. Cbarrier. Voyez jusqu'ou va le desir aveugle de faire prevaloir la cause qu'on defend. M. Cbar- rier osc recourir a cet argument : « La suppression du travail nourricier des cornes pourrait augmenter le produit de la laine, de la viande et peut-etre du lait, puisque I'economie animale profile ordinairement de la cessation d'une secretion, lorsque celle-ci n'est pas indispensable. » II est vrai que M. Barral a emis la memo pensee; mais nous ne la repousserons pas moins. Ne se peut-il pas, au contraire, que la suppression du travail nourri- cier des cornes araene des accidents ou des infirmites graves ? II ne fant pas etre grand pbysiologiste pour savoir que toute sup- pression dans I'organisme est dangereuse parce qu'clle determine

COSMOS. 485

une repercussion dont on ne pout pas prevoir Ics effets. Qu'arri- verait-il, si chez I'hommevousarretiez le developpementdes clie- veux, des poiis, des oogles, etc. ; le savez-vous? L'ablatioa ge- nerale des cornes serait une monstruosite, et c'est aussi en notre qualite preciseinent de membre du conseil de la Societe protec- trice que nous la rcpoussons. Ceux de nos honorahles confreres qui president a la redaction du Bulletin, nous permettront aussi dc leur roprocher d'avoir donne place dans leurs Varietes'au pro- cede de massacre mecanique, d'elranglage sanglant a la vapeur des pores, aux l?;tats-Un{s. G'est vraiment horrible ; et, si ce n'est pour cire fietri, rien d'horrible ne doit depasser le seuil de la Societe protec'iice. Nous avons ferme, nous, les pages du Cosmos •k cet odieux recit fait d'une maniere brutale et qui d'ailleurs n'est peut-elre qu'un mauvais canard auiericain.

E'aits (3es sciences.

Les observations do P,I. Duroclier sur les gites stauniffires de la Bretagne se resunient comme il suit :

Les principaux gites connus en Bretagne se trouvent reparlis sur une zone ayant environ 6 myrianietres d'etendue et allongee du nord au sud, semblant former un prolongemont loinlain de la region stannifere de Cornwall , dans le midl de I'Anglelerre. lis sont an nombre de quatre : 1" I'enscmble des filons quarlzo-stan- niferes, avcc gangues de mica blanc, d'emeraude, tourmaline et mispickel, qui se trouvent, pour la plupart, sur le pourlour du massif granitique separant la valiee de I'Oust de celle de laClaye; le groupe des lilons quartzo-stanniferes et tour- maliniferes decouverts recemment par M. Durocher, aux en- virons de Questembert et qui sont situes les uns dans le granite, les autres dans le mica-schiste; S- I'amas, ressemblant aux fath- handes de la Scandinavie, qui od're des lits ou plaque ties de mica interstratifiees dans ranrpbiboliic epidotiiere et grenalifore de i'em- bouchure de la Villaine; k" les fiions quartzo-sUmnileres situes aux environs de Piriac, a la separation du granite et du mica-schiste; ceux-ci oiTrent des caracteres analogues a ceux des environ de Josseliii et de Questembert; mais ils presenlent des veincs diri- gees difTeremmont, et ils conticnnent avec Tovyde d'etain une laeaucoup plus grande quantite dc feldspath qu'on n'en trouve ailleurs. Nous sommes surpris que le savant mineralogiste ne soil

486 COSMOS.

pas entre dans quelques details sur I'importance des glsements stanaiferes de notre Bnitagne, et rexploitation dont ils peuvent dCTcnir robjet. Combien, cependant, n'est-il pas h desirer que cetle cbere Brelagne nous exeuipte du lourd tribut que nous payons ci la Grande-Bretagne pour rimportalion de ses etains!

Le nouveau Memoire de M. Mahistre avait pour objet les limites de la pression dans les niacbines travaillant h la detente du maximum d'effet. Quelques propositions assez neltement for- mulees par i'auteur donneront une idee de ses recherches. La vaporisation mecanique d'une machine est la meme que si, de- pourvue d'espaces libres, la machine travaillait ci pleine vapeur sous la pression qui s'exerce derriere le piston ; la vaporisation independante de la pression d'admission reste constante tant que la Vitesse et la pression derriere le piston restent elles-memes constantes; 3" les machines a un scul cyhndre, a condensation, timbrees a cinq atmospheres et plus, et marchant k la detente du maximum d'effet (celle qui fait sortir la vapeur sous la pression qui s'exerce derriere le piston) pourront generalement develop- per tout le travail que leur vaporisation constante est capable de produire. En aucun cas les machines sans condensation ne pour- ront utiliser tout le travail relatif a leur vaporisation , parce qu'il faudrait porter la pression beaucoup an dela du timbre de la chaudiere; k" une machine de Wolf, marchant & la detente du maximum d'effet, ne pourrait jamais developper tout le travail que sa vaporisation constante est capable de produire. Mais, dans deux machines du meme systeme, I'une a condensation, I'autre sans condensation, et travaillant h la detente du maximum d'effet, une meme quantite d'eau vaporisee produirale meme travail aus limites de la pression , si les volumes engendres par les pistons sont egaux, ainsi que les espaces libres homologues : si les ma- chines sont a un seul cylindre, il sufflt que la somme des espaces libres soit la meme ; la machine>ans condensation n'est desa- vantageuse que parce la pression ne pent y etre portee jusqu'& ses dernieres limites.

Dans un premier Memoire sur le developpement de la ma- tiere verte des vegelaux et la flexion des tiges sous I'influence de la lumiere , M. Guillemin avait cru pouvoir enoncer ces proposi- tions : Les rayons ultra-violets determinent la formation de la matiere verte des vegetaux; 2" les memes rayons operent la flexion des tiges plus rapidement que les rayons de la partie vi- sible du spectre. D'autres recherches faites a Versailles pendant

COSMOS. hSl

I'dte remarquablement beau qui \ienl de flnir, el dans lesquelles, pour reconnaitre le mieux possible I'action de chacune des radia- tions, il faisait usage tour a tour de prismes de quarlz, de sel gemme, de Hint et de flint pesant, ont conflrme ses premiers aper- cus et I'ont conduit a des consequences nouvelles. En prenant, dit-il, les resultats du spectre du prisme de quartz, pour les rayons, tres-refrangibles, ceux du spectre de sel gemme pour les moins refrangibles, ceux du spectre du flint pour les rayons de refrangibilite moyenne , on arrive aux conclusions suivantes : Les jeunes planles eliolees se courbent sous rinfluonce de tous les rayons de basse temperature; le premier maximum de flexion est situe entre les raies H et I, dans les rayons ultra-vio- lets; 3" le second maximum, moins prononce et moins constant, est tres-pr6s des rayons E et 6 dans le vert; 3" ces deux maximum sont separes par un minimum dans le bleu pres de la raie F ; 4°le maximum du developpement delamatiere verte est dans le jaune; il diminue lentement en allant vers le violet et devient nul dans les rayons fluorescents ; 11 diminue plus rapidement encore en allant vers le rouge et cesse dans les rayons calorifiques , pr6s du maximum de chaleur; 5" les rayons bleus, verts, jaunes, oranges et rouges font verdir plus rapidement les feuilles eliolees que les rayons solaires directs ; Taction du jaune est presque egale a celle de la lumiere difi"use atraospberique ; 6" les rayons polarises paraissent agir, a I'intensite pres, comme les rayons na- turels.

Le 2k septembre, au matin, un orage coramenca a gronder sur la ville de Montpellier; des nuages gris ardoises, cliasses vio- lemment par le vent de sud-est, ecbangeaient des eclairs avec une couche superieure d'un gris blanchatre qui paraissait immo- bile; cet orage dura pres de trente-six heures ; la foudre tomba sur une maison du faubourg Saint-Dominique, et une pluie tor- rentielle fournit 130 millimetres d'eau en six lieures. La pluie continua les 25, 26 et 28 avec de courtes interruptions ; la quan- tite totale d'eau tombee dans ces cinq jours s'est elevee a 371 mil- limetres, c'est-a-dire aux 7 dixiemes de la quantite moyenne d'eau qui tombe i Paris dans tout le cours de I'annee .

M. Anatole de Caligny s'est propose ce problemc : Conce- vons au sommet d'une maison un reservoir contenant de I'eau, et un tuyau de gouttiere descendant de ce reservoir ; concevons un second reservoir dont il faut elever I'eau a une hauteur moins grande que celle du premier reservoir ; on demande comment

Z,88 COSMOS.

avcc unc longueur minimum de tuyanx, sans pistons ni pompe» sans clian!;cmeiU brusque do vitesse, ct dans les cas ou le belier aspiraleur dc Montp;o!rior nc pourrait Otre opplique en raison de la haulcur dc la chute, on voudrait faire servir I'cau du reservoir superieurc'i relevaliondcs eaux du reservoir infericur. 11 resout assez simplement ce problemc h I'aide d'un seul organe, nne capacite en parlic remplie d'air , situee un peu au-dessus de I'orifice ouvert du luyau qui descend du reservoir superieur; ccttecapacilerenferme dans son sein un flolteur arme d'une tige qui sort de la capacite sans ouvrir passage h Fair, et agit sur des declics en rapport avec des clapels d'admission. II lui semble qu'nne machiae ainsi constituee peut rendre de grands services quand 11 s'agit d'epuisement h faire h I'aide de grandes chutes d'eau.

Dans son elude de Taction de la chaleuf sur les matieres or- ganiqucs ncutros, M. Gelis a voulu prouvcr que, contrairement a I'opinion adraise,les dill'erentes matieres organiques neulres dont la composition peut se representor par du carbone et de I'eau ne donnent point des produits semblablos lorsqu'on les soumot a Taction dc la chaleur. En agissant sur les sucres, I'amidon, le li- gueu.v, la chaleur ne donne pas seulement des produits distincts ; ces produits, en outre, conservcnt apres la decomposiiion un certain nombre do proprictes fondamentales qui rappellont leur origine. Traites par Tacide azotique, les produits du ligneux, da Sucre et de I'amidon se trausforment en acidc oxalique comme les corps qui les ont formes ; tandis que les produits de la lactine et de la gomme se trausforment en acide mucique; leligneux ne fournit que des composes insolubles dans I'eau, les sucres don- nent des composes solubles pour la plupart, tres-diflerents de ceux de la fecule amylacce.

Le produit hnW. de faction de la chaleur sur Ic sucre est Ic ca- ramel, dont la coloration est attribuee k une substance unique; qui ne contieadroit en outre qu'une petite quantile de sucre indd- compose et des traces d\me mafierc a laquelle 11 dcvrait sa sa- Teur et son odeur i)articii!iere. M. Gelis a recnnnu que le caramel est au contraire un melange de plasieurs substances colorecs, les unes solubles, les autrcs insolubles; ces substances sont : le caramelane CMP 0% Ho, qui differe du sucre anhydre par un dquivalenl d'eau en moins, et se combine avec les bases dans certaines conditions; 2" le caramelenc CMr-'0^\Ho, sohdc, cas- sant, d'une belle couleur rouge acajou, six fois plus colorant que

COSMOS. ^89

le earam^lane, soluble dans I'eau et I'alcool affaibli ; la cara- meliiie C"H=°0'»,2IIo, a trois etats isomeriques differenls, se comportant avec Ics dissolutions metalliques comme un acide bibasiq-ue. Le sucre de glucose place dans les memes conditions que le sucre cristallisable , produit des composes analogues , mais non identiques.

Les eludes de M. Bobierre sur quelques fails relalifs au raf- linage des sucres se resument comme il suit :

Les sirops clarifies au moyen du sang infect et dont I'albu- ffline a snbi un commencement d'aiteiation cominuniquent aux noirs des proprietes que de? revivifications multipliees rendent extreinemcnt manifestes et facheuses. Le noir dans lequel s'ac- cumulenl des corabinaisons a base de soufre peut alterer la lim- pidite el la nuance des solutions sucrees et concourir a faug- jDcntalion de la proportion de meiasse. 3" L'emploi de I'acide chlorhydrique etle dosage du soufre a I'etat de sulfure de cuivre Ijermeltent de comparer et de juger d priori de la qualite des iioirs. W 11 faut avoir soin de mettre h la base des filtres una couehe suffisamment epaisse de noir entierement neuf. 5" 11 con- vient de conservcr le sang des rafiineries pendant fete en y in- corporant une portion calculee du noir fin destine a la clarifica- tion, 6° L'additiou de faibles quanlites de platre pulverise denature suffisamment les noirs neufs qui seraient importes en France pour les besoins de ragriculture, et Ton pourrait ainsi les faire entrerdans la categorie douaniere des engrais proprement dils.

Dans un memoire sur la resolution des equations numeii- ques presente a I'Academie dans sa derniere seance, M. Duprez a eu pour but de donner h la metbode de Budan la rigueur qui lui manque, et d'assigner une limite que ne peut depasser le nombre des operations a faire pour arriver k separer les racines reelles. L'auteur exposait en outre une methodc plus avantageuse que la raethode de Newton pour approcher rapidement des ra- cines apres la separation. II y a longtemps que M. Cauchy a donne une semblable metbode tres-simple, tres-facile, ou donnant une appromixation de plus en plus grande, suffisamment rapide, et nous avons la douleur de voir que la routine I'a exclue jusqu'ici de renseignement. Quel monslre odieux que la routine !

PIIOTOGRAPHIE.

Sur le mi'canisme dc la production du relief dans la vision iiinoculaire

Par M. le iloctcur GiraudTeulon. —(Suite et fin, voy. p. 459 a 461.)

« Nous ne pouvons done voir ]es unes autrement que nous ne ■verrions les autres ; en leur position geometrique relative exacte, les images nous cacheraient exactement, pour chaque oeil, les objels reels.

Le menie plienomene physiologique , exactement, s'accomplit done dans la vision binoculaire reelle et dans la vision st^reos- copique des traces perspectives des lignes observees.

Ajoutons que si Ton renversele sens des figures en transposant rccarlement d'un roil & I'autre , les efTets sont renverses : la liguo qui fuyait va avancer, et reciproquement ; ce qui confirme encore noire principe, car alors le plissementretinien doitsepra- tiquer dans le second cas, en sens inverse de eelui suivi dans le premier cas. II est d'ailleurs, dans I'exemple du prisme, syme- trique dans les deux yeux.

Ges considerations renferment I'explication complete de la pro- duction des images converses de M. Wliealstone.

Ce que nous venons de dire d'un prisma se repetcrait exacte- ment pour deux ou trois prismes accoles, etc.

Maintenant il est temps de se demander comment peuvent etre produits ces plissements, ces froncements, ces distensions de la reline , indispensables a admetlrc, pour expliquer comment se pent operer a la tendance naturelle qui existe dans les deux yeux a unir ensemble deux images semblables et h les conserver unies, pourvu qu'elles ne soient pas trop distantes entre elles. » (Wheats- tone.)

Car tout en rccounaissant I'existence de ce principe, qu'il croyait d'ailleurs en opposition avee celui des points harmoniques, I'auteur anglais n'a pas penetre plus avant dans le mecanisme qui le produit.

Or, si la convergence plus ou moins prononcee des axes op- tiques harmoniques est due a Taction des muscles droits de I'ceil, prenant appui sur la ceinture posterieure que fournissent au globe oculairc les muscles obliques, ces axes optiques etant fixes pour une position donnee de I'objet a considerer, I'aecommoda- lion transvcrsale de certains points de la retine rapproches ou

COSMOS. 691

^loign^s de leur p61e harmonlque devra s'operer par le jeu des muscles, sans action possible sur I'axe meme du globe oculaire. Ces muscles devront done etre intericars au globe meme de I'oeil. Comme d'autre part les effets que nous avons constates ont ete demontres etre absolument independants de quelque change- ment que ce soit, observable dans I'appareil cristallinien ante- rieur, ces muscles devront etre eux-memes independants de cet appareil. Qu'on se rappelle que toutes les experiences o*nt ete faites au moyen de la carte percee qui transformait les yeux en deux chambres obscures sans lentilles.

Or, dans cette condition nous ne rencontrons dans I'anl que la portion superieure externe du muscle ciliaire, decrit par Briicke et Bowmann, et nomme par eux, d'apres la direction antero-pos- t^rieure et la situation de ses fibres, muscle tenseur de la choroule. En examinant les insertions de ce muscle annulaire fixe par son bord anterieur i I'union de la sclerotique et de la cornee, et se fondant par son bord posterieur dans la choroide, en suivant ses fibres dirigees suivant les grands cercles meridiens de rhemi- sphere oculaire, on ne pent s'empecher de lui reconnaitre pour principale distinction la tension de la cboroide dans son ensemble DU sur certains meridiens, selon qu'il agit uniformement ou par- tiellement. Le role du muscle tenseur de la choroide n'est pas une simple induction theorique, quelque frappante et logique qu'elle soit. On pent verifier cette action par I'applicalion d'un courant d'induction de mediocre intensite aux extremites d'un des diametres du cercle ciliaire. Un objet examine pendant cette application perd de sa nettete dans les regions situees sur ce diametre et celles immedialement voisines; preuve d'un clian- gement dans I'accommodation suivant ce diametre.

II est facile , sur ces donnees , de presenter un tableau precis des differences qui distinguent la vision binoculaire simple de la vision monoculaire.

On salt d'abord que dans la vision binoculaire reelle I'oeil gauche voit d'un objet place devant I'observateur un pen plus de la surface de gauche que n'en percoit I'oeil droit, et reciproque- ment. L'image unique formee doit done etre entouree , sur tout son contour, d'une zone qui n'appartient pour chaque cote qu'a un seul ceil, et qui est, par consequent, pour nous servir de I'expression de Leonard de Vinci, semi-lumineuse ou semi- transparente.

Quant a la partie commune aux deux yeux, la distance reelle

692 COSMOS.

de deux quelconques de ses points est vue par les deux yeux sous dcs angles differents. Trois points volslnslnegalement distanls de I'observalour, constitueront done les elements d'un prisme conime ceux que nous avons etudies ci-dessus. Tons les points sltues d'unc facon siuiilaire seront fusionnes sans effort, naturelle- ment; les points ou les lignes intermediairos cxigeront, au coa- traire, pour etre amenees a fusion, ce travail d'accommodatioa transversale que nous avons decrit, et qui est du au muscle len- seur de la clioroide ; travail necessairement accompagne d'une sensation d'eloignemont ou de rapprochement relalif du point lumineux qui en est I'objet.

Ce travail d'adaptation transversale est doncle secret de la vi- sion binoculaire avec sentiment de relief, coinme il est celui des effets du stereoscope qui necessite sa production au meme degre que la vue reelle, comme nous I'avons surabondamment de- montre.

Or, ce travail d'adaptation synergique des points harmoniques et la formation de I'aureole semi-transparente, no se renconlrant pas dans la vision monoculaire, la dilferentient ainsi de la vision reelle et de la vision stereoscopique. La vision monoculaire ne peut done se procurer un sentiment ou une notion du relief que par un travail d'accommodation antero-posterieur que ra?il fait successivement pour tons les points d'un objet inegalement dis- tant de lui, et qui I'avertit de leur situation relative. Ce travail, qui se fait tres-vilc, est complete par.Ies notions que fournissent riiabitude, la memoire, la connaissance prcalable de la forme des objets, les efl'ets de la perspective aericnne et des couleurs.

Des notions exactes sur ces points delicats et inconnus jusqu'ici donnent lieu a des consequences importantes pour la perfecli- bilite des sensations fournics par les images photograpbiques planes, uniques. 11 est clair d'ailleurs qu'elles rendent un compte precis et net de tons les points de la tbcorie des stereoscopes, ne- cessairement incomplete, tant que demeurait obscure la cause meme du relief dans la vue binoculaire naturelle. »

Etudes photographiques

Par M. DE La BLANCHERii.

Sous ce titre, I'babile et zele photograpbe commence une pu- blication dont il fait connaitre les tendances et le but dans cet avant-propos :

COSMOS. A93r

« Pour siiivre la photographic dans la marche si rapide que lui impriment les progres de chaque jour, un des plus excellents moyens est cokii des ecrils periodiques publies a des opoques plus ou moins rapprochees. 1! nous a semble qu'une brochure resumaat chaque annee les etudes photographiques de ce laps de temps et les methodes do plus en plus simplifiees auxqueUes nous nous arreions temporairement , aurait do Tinteret pour la masse des photographes. Nous commencons done nujourd'hui le premier volume de ce recucil.

(( Sans aucune pretention a I'inventioa absolue des methodes operatoires que nous decrivons, nous ne pouvons pas cependant nous dispenser de constater qu'en passant par nos mains elles ont revetu un cachet parliculier, unemaniere d'etre speciale, qui fournit en defmitive a I'a'uvre de chaque artiste sa Taleur parti- culi6re. Nul ne pent plaire a tons. G'est une vieillc ct vraie maxime, mais elle doit consoler quand on cherche le bien, et surtoutsou- tenir dans les recherches actives qui m6ncnt au meilleur.

« Nous abordons ainsi notre travail avec confiance , bien con- vaincu dn dcsir d'etre utile, et trop heureux si nous y reussissons.

(( 11 ne pent pas entrer dans le plan d'un ouvrago compris, comme nous le disons plus haut, d'adopter un ordre extreme- ment methodique. Cc sont ici des parlies distincles qui se succe- deront : diverses par elles-memes , unes par I'ensemble. Nous ne toucherons done pas a tout un peu. Ce qui ne se rencontrera pas cette annee sur notre clieniin, y viendra peut-etre I'annee pro- chaine ; mais nous ne quitterons pas une methode sans y deve- iopper tout ce qui peut 6tre utile pour y reussir. »

M. de la Blanchere nous communique un chapilre interessant et inedit de son livre; nous nous empressons de le pubher :

Deueloppement des negatifs.

(( Prenez garde que les eaux de lavage, qui sont la base du bain, aient ete abondantes, car il faut une tres-petite quantite d'azotate d'argent pour devclopper un negatif ; ce que la feuille a emporte du bain d'argent, mis dans une quantite d'eau qui doit former le bain, est suffisant. Vous devez done faire a peu pres le calcul suivant : pour avoir, dans la cuvette c^ developpement, un centi- metre de hauteur, il faut, je suppose, un litre d'eau de lavage ; si je sensibilise la feuille, les trois lavages reunis devront au moins representer 10 litres, Je me hate de dire que I'eau de riviere iiltree, pourvu qu'elle ne contiennc pasdeprincipesulfureux, est

&9i COSMOS.

bonne pour tout cela. On devra pr^ferer I'eaii de pluie quand il est possible, mais le precipite plus ou moins abondant qu'on ob- tient avec la premiere, reste sur le filtre ou Ton verse et ou Ton jette Tacide gallique. Quoique I'cau de lavage, de fontaine ou de riviere, n'ait point change de couleur et n'ait donne lieu, en pre- sence de I'azotale que le negatif y a opporle, qu'i une nebulosite blanche, il arrive souventque quand on introduitl'acide gallique, meme en quantite tres-minime, le bain tourne au brun, puis au noir. II faut alors prendre de I'eau distillee. Celle que vous aviez tout ci I'heure contient des particules animalcs qui la rendentim- propre a soulTrir la precipitation reguli6re de I'argent sur I'e- preuve. Ce fait est tellement remarquable que vous voyez la re- duction s'operer rapidement h la surface du bain, et une poudre noire (argent reduit) se precipitcr sans que I'epreuve se montre. La feuille demeure blanche, et sa propriete de se laisser deve- lopper est quelquefois tellement emoussee par une ou deux ten- tatives qui se sont passees ainsi a sa surface, qu'elle n'est plus susceptible de donner une image complete, et qu'elle reste terne, sans vigueur , comme dedoublce, malgre tous les renforcements connus. 11 y a la une action moleculaire evidente, mais inconnue. Le seul moyen, ai-je dit, quand pareil accident se produit, estde retirer rapidement la feuille a developper et de la plonger dans un bain d'eau distillee qui permette k la reaction de marcher regulierement.

Les eaux sulfureuses font aussi virer le bain gallique au noir- vert. Si, faute des precautions ci-dessus, I'eau de lavage est trop chargee d'argent, le bain se couvre de moirures d'argent reduit en pellicules extremement minces qui, si elles touchent k I'e- preuve, y adherent d'une maniere ineffacable. Quand ce pheno- mene se produit, couvrez le bain d'une feuille de buvard flottant que vous retirez pour visiter I'epreuve, et avant de remettre celle- ci au bain, assurez-vous qu'une nouvelle pellicule n'est pas formee, ce qui arrive avec une grande rapidite. Mais comme cet effet n'a lieu, en general, que sur des bains qui virent au jaune ou deja au brun, on I'evite en plongeant I'epreuve dans de I'eau et renouvelant le bain. Craignez egalement les gouttes reduiles au bout de I'entonnoir, changez le filtre souvent parce que la reduction d'argent y commence. Ce sont de petits soins qui evi- tent des accidents irremediables.

Nous devons k M. I'abbe Despratz, amateur aussi modeste qu'ha- bile, I'id^e d'une m^thode de developpement par bain en retour

COSMOS. ^95

qui donne d'excellenls resultats; nous I'avons modifiee ainsi qu'il suit : I'expositiou de la lumiere etant terminee, avant de deve- lopper, il indique de plonger la feuille dans I'eau distillee, puis de la mettre quelques minutes aa bain d'argent sensibilisateur. Je prefere, par experience, surtout comme les bains restent au logis et n'embarrassent pas en campagne, en faire un second plus faible que le premier en azotate et plus fort en acide acelique ; en voici la formule :

Eau dislillee * - . 100 grammes

Acetate d'aigeni ciislallisal)le. .. . 4

Acide acetiqiie crisliillisable 8

Au sortir de ce bain, la feuille est plongee dans le bain d'eau de lavage, ou Ton va verser I'acide gallique comme nous avons dit plus liaut.

En employant I'acide pyrogallique au lieu de I'acide gallique, on pent arriver k developper des images prises en des fractions de minutes; mais il est k craindre d' avoir des taches plus sou- vent. Voici la methode qui y obvie le mieux. On opere en mettant dans une cuvette de porcelaine suffisammeut de developpement ainsi compose :

Eau distilles 100 grammes

Acide ])yroi;allic]ue 0,3

Acide acetique cristallisahle 5

Au sortir du bain d'argent de retour, on lave legSrement ete'ga- lement I'epreuve dans une eau distillee que Ton met k part, on place alors la feuille au fond de la cuvette que Ton souleve de facon que le liquide soit amasse au bas ; puis, en abaissant brus- quement, I'acide pyrogallique baigne d'un seul coup la feuille pre- disposee par son humidite k le recevoir. Rarement on oblient par ce moyen une intensite suflisante, mais on ajoute tout ou partie de I'eau de lavage que nous avons mise k part. Si cela ne sufflt pas, cette epreuve se laisse tr6s-bien continuer par I'acide gallique a la maniere ordinaire. »

P. S. Nous avons insere avec plaisir la communication de M. Giraud-Teulon, quoique nous soyons loin d'accepter sa theo- rie. Nous ne croyons nuUement a la realite des plissements de la retine. Si le savant physiologiste admet leur existence et s'efforce de les expliquer, c'est qu'il a cru a la superposition d'une seule piece de lignes d'une certaine etendue, tandis que la superposi- tion n'a lieu que pour des points en succession tres-rapide , comme uous I'avons explique avec sir David-Brewster.

ACADEMIE DSS SCIENCES.

Sciinr.e da 27 oclolre 1857.

M. \o minislre du coinmevce envoie a I'Academie on nouveau volume des Brevets d'inventions; M. le directcur general des douanes adresse son dernier Rapport officiel des rnouvemcnis du cabotage. M. Hausmann, le mineralogtste celebre, remercie I'Academie, au nom de la Societe des sciences de Gosttingue, de renvoi de ses publications.

M. Luther, directeur de rObservatoirc dc Bilk, pres Dussel- dorff, annonce la decouverte d'une noiivcUe petite planete qui sera la cinquanti6me du groupe; son aspect est celui d'une etoile de dixieme grandeur, elle a deja ele observee depuis sa decou- Terte par M. Argelander, a Bonn.

M. Alexandre Wattemare, qui continue avec ardcur sa graiide OBUvre des echanges internationaiix, fait hoinmage, an nom du gouvernemenl des fitats-Unis, d'un grand ouvrage public t\ ses frais, sur I'exploration du Nil.

M. Daubree, professeur de mincralogie et de geologie a la Faculle des sciences de Strasbourg, annonce la deconverte impor- tantc, pres de Luxeuil, dans le gres bigarre dc Saint-Valder, d'empreintes de pas d'un mammifere giganlesque qu'il croit etre le cheirotiferum. Ces empreintos sont adniirablement consorvces et I'oeil y relrouve sans peine tons les details des pieds de I'ani- inal; les dessins qu'en a fails M. Daubree, et qui passent de main en main, sont grandement curieux; tout est si net que le doute n'est pas possible; il s'agit bien cette fois d'un animal an- tique auquel ricn nc ressemble dans la faune actuelle, et qui a laisse ses traces dans un Union en voie de solidification.

M. de Tchilurtcheff adresse la seconde partie de ses Re- cherches sur la vegetation des liautes montagnes de I'Asie-Mi- neurc et de I'Armenic. Le noble voyageur, qui d'unc6te a dej^ si bien merite de la science, qui de I'autre a recu de gloricuses recompenses honorifiques, puisqu'il est deja associe eti-angcr de I'Academie des sciences de Berlin, membre des Socieies geo- graphiques de Londres et de Berlin, de I'lnstitut imperial geolo- gique de Viemie, de rAcademie de Bonn, a vlsitd ou explore neuf fois la peninsule anatolique, et il est i\ la veille de la parcourir en tons sens une dixieme fois.

Parmi les precieux resultats de ces paticntes et courageuses re-

COSMOS. 493 -

clierclies, il attache surtout une tres-grande importance a ceux qui ont pour objet la geologie et la botanique de ces contrees, avant lui iocounues aa point de vue de I'histoire naturelle. Les deux gros volumes qu'il a deja publies sur la geograpliie physique et la climatologie comparee ne sont en realite que des prolegomenes ou des avant-propos necessaires a une etude ap- profoadie de la constitution du sol et de la nature e.vceptionnelle deses produits. IVI. de Tchihatclieff, et nous Fen remercions coi'- dialement, a bien voulu analyser lui-meme pour nous les deux memoires presentes dans les seances des 12 et 26 octobre. II s'agit principalement d'une etude comparee de cinq chaines de monta- gnes : lOlympe en Bythinie, le Bulgardagh en Gilicie, le mont Ali et le mont Argee en Gappadoce, le mont Ararat en Armenie, etude ayaut pour but dc constaler que la flore de ces massifs se dis- tingue par des caracteres d'individualite extremenient tranches : {( Sur presque toutes les cinq chaines Ics proportions nume- riques entre les especes dicotyledones et monocotyledones, ainsi qu'eulrc les families dominantes et celles qui constituent la tota- lite de la flore, ne s'accordant point avec les proportions obser- vees ailleurs et admises comme regies normales dans la distribu- tion des especes du regne vegetal. 2" Les chiq chaines offrcnt entre elles des discordances botaniques bien plus marquees que celles que presentent dans d'autres pays des massifs espaces a peupres de la mOme maniere, et ayant des differences lalitudi- nales, altitudinales et mineralogiques semblables. Les pheno- mene de localisation et d'individualisation des especes atteint son plus haul degre dans le massif du Bulgardagli, situe dans la Gilicie; ce plieaomene s'affaibUt de plus en plus a mesure que Ton s'eloigiie du massif dont il s'agit, soit a I'ouest, soit a Test, en sorte que les deux montagnes qui forment les deux points ex- tremes , c'est-a-dire I'Ararat k Test, et I'Glympe a I'ouest, sont celles qui possedent proportionueliemeut le plus grand nombre d'especes europeennes et \e nombre le moins considerable d'es- peces locales. Ce fait cmieux suggere naturellement rhypothese que les regions de I'Asie-Mineure qu'embrasse le grand massif du Bulgardagh sont le foyer principal des agents physiques, sans doute d'une nature tres-compliquee, qui determinent le pheno- mene de localisation des especes, hypothese qui s'accorde avec les fails meleorologiques exposes dans le deuxieme volume de mon Asie-Mineure , relativement aux anomalies qui caracterisent le chmat de la CUicie et de la Gappadoce. W En observant que

1x98 COSMOS.

certaines especes sont reparties entre les cinq massifs demani^re a figurer sur ccux d'enlre eux separes le plus des uns des autres, et de manquer completement aiix massifs intermcdiaires, bien que places dans des conditions analogues, on est naturellement conduit h une autre hypothose qui se rattache aux plus hautes questions de la philosophie botanique, c'est celle qui voit dans le phenomene des especes disjointes I'effet des changemcnts que le relief de notre globe a eprouves lors des derni^res epoques gdologiques. Tant k cause de I'originalite et de la richessc de sa flore, qu'ci cause des particularites qui caracterisent la distri- bution geograpbique des especes qui la composent, I'Asie-Mineure ofTre aux botanistes des sujets d'etude et de meditation plus nombreux peut-etre que tout autre pays de memes dimensions, situe sous une latitude quelconque. C'est ce quej'espere pouvoir prouver un jour dans un ouvrage special que je serai heureux de soumettre ix I'appreciation de I'Academie, en appelant toutefois son attention sur ce fait tres-essentiel, que cet ouvrage et ceux que j'ai publics ulterieurement sont le resultat des efforts d'un seul homme, livre exclusivemcnt c'l ses propres ressources person- nelles n'ayant jamais soUicite ou reeu I'appui moral ou materiel d'aucun gouvcrnement, pas memo de celui de son propre pays. »

M. t\ie de Beaumont lit ensuite trois lettres de M. de Sis- monda, relatives a la g^ologie des Alpes; il y etait aussi question, il nous semble, d'empi^eintes de pas, mais que dire de ce qu'on n'apas entendu?

M. Biot demande la parole, et, dans un silence profond, d'une -voix limpide et claire, il lit un travail tres-babile dans la forme, mais dont le but n'est peut-etre pas tres-louable. C'est une sorte de proces de tendance qu'il intente a M. Struve avec toutes les precautions oratoires et Ics managements imaginables. L'il- lustre directeur de I'Observatoire de Pulkova a dit tres-laconique- ment que son troisieme et dernier volume renfermera le resultat pour la figure de la terre, deduit de la combinaison de tous les arcs du meridien dignes de confiance et qui ont ete mesures jus- qu'd present. Or, ces termes si generaux font craindre k M. Biot que M. Struve ne fasse que ce qu'ont fait ses predecesseurs, Bessel et autres; qu'il considere ci son tour la terre comme un ellipso'ide abstrait de revolution, dont il s'agit uniquement de calculer I'ellipticite, que Ton semble prendre plaisir a niveler, k polir, comme si on avait interet par des compensations habiles k faire disparaitre toutes les inegalites de sa surface. M. Biot sem-

COSMOS. 499

blait supposer que M, Struve ne deduirait des immenses travaux, des innombrables observations qu'il est cbarge de discuter, que ce qu'un observateur place sur la lune obtiendrait en prenant opliquement la mesure des angles sous-tendus par les divers diametres de notre globe, ou que ce qu'un geometre habile con- clurait des formules ou des series qui lient certaines inegalites lunaires avec les dimensions du globe terrestre. II ne s'agit plus cependant, ajoutait le doyen de I'lnstitut, pour les besoins de la science nouvelle, de polir, de niveler, de compenser, de cons- truire de toutes pieces une terre ideale raoyenne ou geome- trique. Nous ne sommes plus au temps oii Ton pouvait faire abstraction de I'enorme depression de la mer Caspienne et de la plaine du Sahara, du mouvement de bascule des cotes et du sol de la Scandinavie, etc., etc. Ce qu'il nous faut, c'est notre terre telle qu'elle est, telle que Font faite les grands mouvements geolo- giques, avec ses ejevations et ses creux, avec ses variations dans la direction et I'intensite de la pesanteur. Pour nous mettre en possession de ces resultats, ce n'est plus seulement de la grande geodesie, de la haute topographie, ce ne sont plus des triangula- tions h perte de vue qu'il s'agit d'entreprendre ; et si c'est 1^ ce que M. Struve nous apporte, comnie il semble qu'on doive le conclure de sa lecture a I'Academie, 11 ne repondra nullement aux besoins actuels. Ce n'est pas, en un mot, un travail d'astro- nomie, de geometrie, d'analyse, mais de la physique terrestre avec une etude complete des fails et de leurs causes que la science nouvelle appelle imperieusement. Nous avons essaye et nous avons reussi, il nous semble, h bien mettre en lumiere les craintes et les reproches de I'illustre vieillard. Nous dirions beaucoup moins bien que lui, si nous voulions I'entreprendre, ce qu'il a fait lui dans cette voie nouvelle, soit experimentalement, quand, il y a pres de cinquante ans, il allait dans I'ile de Lipari au centre des grandes agitations volcaniques, en face du Stromboli, entre le Ve- suve et I'Etna, faire osciller son pendule pour mesurer I'intensite de la pesanteur et determiner les variations que pouvaient faire naitre ces feux souterrains ; soit la plume k la main quand, dans le second et le troisifeme volume de son astronomie, en discutant de nouveau les observations faites pour la mesure du meridien de Paris, de Dunkerque h Formentera, il s'appliquait avec le plus grand soin a faire ressorlir les anomalies de forme ou d'action. M. Biot est sans aucun doute dans le vrai, quant aux exigences de la science actuelle ; mais, n'a-t-il pas tort de preter ou de

fgOO €OSMOS.

snpposer (x M. Struve des tendances qu'il n'a pas pu avoir et qu'il n'a certainemcnt pas ? La charite ne fait-elle pas a M. Biot un devoir de penser que son savant confrere marchera sur ses traces, et fera ce qu'il a fait, c'est-&-dire, qu'il nous donnera non une terre Active, mais une ten-e reelle?

En terminant M. Biot demande h exprimer un des derniers Toeux de sa vie, celui de voir mesurer toutes les longitudes du parallele moyen, de Bordeaux & Fiume ou de Zj5°; et do voir de- terminer avec les instruments et les moyens actuels les latitudes et les azimuts des deux extremites orientale et occidentale de Tare du meridien, mesur^ au Perou, par de La Condamine, Godin et Bouguer. II espere que le gouvernement actuel, eclaire, puissant et riche, sera heureux de prendre sous son patronage une double entreprise dont la science tirera grand profit.

M. Le Verrier croit devoir faire remarquer que tres-pro- Lablement M. Struve avait d'autres intentions que celles que lui a pretees M. Biot; que lui, M. Le Verrier, sollicita le premier, il y a Mjk plus d'une annee, la mise & execution du travail pro- pose par M. Biot. L'Academie se rappellera, dit-il, que, de con- cert avec I'administration de la guerre, nous avons fait I'etude d'une nonvelle mcthode plus exacte de la determination des lon- gitudes, au moyen de deux instruments meridiens, relies par une communication telegraphique h I'aide de laquelle les observa- teurs enregistrent simultanement Icurs observations sur un meme appareil electrique. Les perfcctionnements que nous avons apportes a cette metbode ont etc proclames bons; ils ont rccu I'approbation des bommes les plus competents h I'etranger. Des appareils ont ete meme construits sur nos modeles pour I'Angle- terre, la Belgique etl'Autricbe, dansle but d' operations a faire en commun dans I'avcnir. Deux premiers essais ont ete faits, I'un entre deux lieux situds sur la terrasse de I'Observatoire ; I'autre entre Paris et Bourges, et its promettaicnt un succes certain. Oq allait aborder la determination de la difference do longitude entre Paris et Bordeaux, lorsque I'administration de la guerre a notifie que des circonstances imprevues forcaient a suspendre les ope- rations. Seront-elles reprises dans un temps plus ou moins eloigne, M. Le Verrier rosperc, mais il ne le salt pas.

M. Bertrand donne quclquos explications verbales sur la note deM. Ossian Bonnet presentee dans la derniere seance; il rappellc comment il etait parvenu a dccouvrir I'insufflsance des demons- trations des lemnes sur lesquelles reposaient les methodes gen^-

COSMOS. 501

rales d'integration des equations differentielles de MM. Jacob! et Cauchy; les deux illusLres geometres avaient eula memo distrac- tion. 11 s'agissait de prouver qu'un produit de deux facteurs dtait mil ; on arrivaitbien h constater que I'un des facteurs se reduisait <i zero ; mais on ne demon Lrait pas que I'autre factenr ne deve- nait pas infini. M. Ossian Bonnet n'a reuipli qu'imparfaitement la lacune mise en evidence par M. Bertrand, qui complete au- jourd'hui son observaiion critique.

M. Bertrand presenle en outre une demonstration tres- simple, donnee par M. Catalan, dej la convergence de la serie du binome, dans le cas d'egalite des deux ternies; Abel elait parvenu au meme resuUat, mais par un moyen tres-complique.

M. Milne-Edwards fait honnnage de la seconde partie du se- cond volume de ses elements de physiologie ; celte seconde partie traite du mode et des organes de la respiration chcz les zoophiles, les cephalopodes, les antozoaires, les anneles, les arachuides, les vertebres aquatiques, terrestres et aeriens; chez lesvertebres pul- mones et les mammiferes en genera!; cbez I'iiomme en particu- lier, i'auteur etudie tour a tuur la constitution du tiiorax, la puissance mecanique de i'appareil respiratoire, les effets chimi- ques de la respiration, etc., etc.

M. Flourens au nom de M. Georges Ville, professeur au Mu- seum d'histoire naturelle, presente un volume qui a pour tilre : Recherches expcriinentalcs sur la vegetation; c'est une reimpres- sion de memoires soumis au jugement de 1' Academic et public's dans les Annates de chimie et de ijhijsique, augmentee de notes importantes sur la production agricole , le role des matieres azotees, les proprietes de la chaux sodee, etc.

M. Bernard expose en quelques mots les etudes de MM. Comte el Faivre sur la composition chimique des elements et des lissus nerveux de la sangsue medicinale; en prenant pour reac'.if lliy- pochlorite de soude, ils out constate une dill'erence essentielle entre la nature du ganglion et celle des nerfs lateraux.

M. Chevreul annonce que M. Terret, preparateur de chimie au Museum d'histoire naturelle, a rendu beaucoup plus precises et plus efilcaces les melhodes de dosage de metaux difficiies i separer, le cobalt, le nickel, le zinc, le manganese.

M. Argelander de Bonn adresse les premieres planches de ses cartes des etoiles de Themispbere nord, le temps et I'espace nous font seuls defaut pour rendre compte convenablement de celle importante publication qui n'est au reste qu'ci son debut.

VARIETES.

Iteoliorclios sur In ((uantito (I'nir respii-ec dc jour ot do. niiit, et sous TiuJluenfe <5e IVxercieo, dc I'alHBiBeniation, des uiedicniucnts, dc la temperature, etc.

Par M. Edward Smith.

Nous nous boniGrons a enoncer les conclusions de rautour, conclusions ddduitcs de mille deux cents series d'observations. II a ete lui-memc le sujet de cette vaste experimentation. II a trente- huit ans ; sa taille est de 6 pieds anglais, l'",82 ; il est bien portant et Tigoureux ; la capacite vitale de ses poumons est de 280 pouces cubes anglais {k 592 centimetres cubes).

La quantite d'air respiree en vingt-quatre heures a ete 711 060 pouces cubes, pres de 12 metres cubes; en moyenne 29 627 pouces cubes, 485 litres parheure; Zi93,6 pouces cubes, pres de 8 litres par minute. La quantite respiree a ete nioindre pendant la nuit que pendant le jour. II y avait augmentation le matin, diminution sensible vers liuit beures trente minutes du soir ; puis une diminu- tion brusque ou soudaine a onzc heures du soir. Pendant Ic jour la quantite d'air respire augmentait immediatement apres chaque repas, et diminuait ensuite pour augmenter encore avant le re- pas suivant. Le chiffre de la frequence de la respiration corres- pond en general au chiffre de la quantite d'air respire ; mais les chiffres extremes du jour et de la nuit sont plus grands pour la frequence que pour la quantity. La periode de plus grand paral- lelisme est entre le the et le souper; un soul repas, le dejeuner, determine une augmentation de la frequence de la respiration. La profondeur moyenne, ou le volume moyen d'une respiration est de 26 pouces cubes et demi, 430 centimetres cubes avec un minimum egal h 18,1 pouces cubes dans la nuit, et un minimum egal k 32,2 pouces cubes a une heure treule minutes apres-midi. Le nombre des pulsations du pouls est en moyenne de soixante- quinze par minute, le minimum a lieu h Irois heures trente mi- nutes avant midi, le maximum a huit beures quarante-cinq mi- nutes apres-midi; la difference entre lo nombre maximum et mi- nimum est un tiers du nombre minimum. Le sommeil survint dans deux series d'observations continues, et le moment de son arrivee coincida toujours avec un mininmm de la quantite d'air respire.

COSMOS. 503

La quantity de la respiration est plus grande quand on est de- bout que quand on est assis, et plus grande assis quo quand on est couch^. EUe augmente quand on va a cheval, plus on moins suivant le pas de I'animal ; elle augmente aussi quand on clrcule en omnibus. Dans les voyages sur les chemins de fer , I'accrois- sement de respiration est plus grand dans les wagons de sc- conde classe que dans les wagons de premiere, et plus grande encore dans les wagons de Iroisieme et sur la locomotive. II y a accroissement dans I'acte de ramer, de nager, de marcher, de courir, de porEer des poids, de monter .'et de descendre des rampes, de tourner une roue ; et dans plusleurs de ces cas on a constate que la proportion d'augmentation "varie suivant que I'ef- lort exerce est plus on moins grand. Lire et chanter a haute voix, praliquer les mouvements recommandcs par M, Marshall-Hall pour ranimer la respiration suspendue, amene une augmentation ; se courber en avant pendant qu'on est assis, amene nnc diminu- tion.

La quantite d'air inspire est augmentee par rexposition a la chaleur et a la lumierc du soleil ; elle est diminuee dans les tene- bres. Les augmentations ou diminutions de chaleur aiiificielle produisent des efl'ets correspondants ; une grande chaleur aug- mente considerablement la profondeur de la respiration. II y a augmentatioti encore de quantite sous I'influence d'un bainfroid, des imbibitions d'eau froide avec une eponge, des douches froides , du dc'jeuner, du diner et du the, sic'est vraimonl du the que Ton boit, car le cafe determine une diminution, ainsi qu'un souper au pain trempe dans du lait; le lait seul ou une soupe au lait et a la graisse amene une augmentation avec les divers aliments sui- vants : ocufs, beefsteak, gelee de viande, pain blanc de menage , gruau d'avoine, pommes do terre, sucre, the, rhum. 11 y a dimi- nution quand I'aliment est le beurre, la graisse do ba:'uf , Fhuile d'olives, Fhuile de foie de morue, I'arrow-root, rcau-de-vie, le kirschwasser. L'ether, I'ammoniaque, la tcinture d'opium,la morphine, rantimoinc stibie,le chlorure de sodium, delerminent une diminution.

Le carbonate d'ammoniaque, a la dose de 15 grains, 0=,97, determine d'abordun leger accroissement, suivid'un petit decrois- sement; les febrifuges produisent le meme elTct. Le chloroforme» administre par I'estomac, produit un eilet qui, h la dose de 0s,i3, varie depuis un accroissement moyen de 28 pouces cubes, ^50 c. c. , jusqu'a un decroissement de 20 pouces cubes, 32S c. c. ; avec un

50i COSMOS.

accroissemcnt maximum de 63 pouces cubes, 1023 c. c, par mi- nute. L'efleL de relher clilorhydrique est aussi variable; c'est en moyenne un accroissemcnt de 17 pouces cubes, 280 c. c, par minute; dans la quaulite de Fair respire; avec une diminution de la Vitesse de respiration de 1,8 par minute, et de 1,7 du nom- bre des pulsations du pouls. Le chloroforme aspire jusqu'a perte momentanee du sentiment , diminue un peu la quantite de I'air respire, pendant I'inbalation, et de plus en plus ensuitc. Le nombre des respirations reste le meme , mais le nombre des pulsations du pouls diminue en moyenne de 1,7 par minute. L'amylene ad- ministre de la meme maniere et en meme proportion, a determine pendant I'inbalation un accroissemcnt de 60 pouces cubes, 98/1 c. c. , par minute, bientOt suivi d'une diminution de 100 pouces cubes, 16/iO c. c, de moins que pendant I'inbalation; la vitesse dela res- piration etait reslee la meme; le nombre de pulsations du pouls avail diminue de six par minute a la fin de I'observation. Une in- fusion de digitate determine aussi d'abord une augmentation suivie d'une diminution; la vitesse de la respiration ne cbange pas, celle des pulsations du pouls augmente, au contraire, quelque peu.

,e.ie de W. Hemquet et Cie, A. THAMBIAY i

rue Garanciere, a. r l "

T. XI, 6 novembre 1857. Sixi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LiV SEMAINE.

Le recit suivant doiit le Cosmos aura les premices est une preuve frappante d'une part, de I'empressement du gouverncment de Sa Majeste I'Empereur S courir aii-devant des besoins des popula- tions, de I'autre, de I'utilite incomparable des communications electriques en cas de dangers, inondations ou autres.

Le gouveniement a ete prevenu quatre jours d'avance, a Paris, qu'on prevoyait k Blois, k Tours, k Angers, etc., des crues de la Loire qui pouvaient amener de grands desastres. Les autorit^s de ces localiles avaient effectivement recu des depeches electri- ques euYoyees du haut Allier et de la Maute-Loirc annoncant que ces deux rivieres venaient d'atteindre un niveau bien superieur a celui qui, au printemps de 1856, avait cause de si terribles inon- dations. Aussitot le Ministre de la Guerre, par ordre de I'Empereur, a envoye, a Tours et a Blois, d'Arras, deux compagnies du genie pour diriger les travaux, de Paris, deux bataillons d'infanterie qui avaient pour mission, non-seulement de maintenir autant que possible Fordre dans les douloureuses circonstances que Ton redoutait, mais encore d'ajouter leur travail et leurs efforts au travail et aux efforts des ouvriers civils. Son Excellence en meme temps expediait de Paris plusieurs milliers d'outils de ter- rassiers qui sont venus augmenter les ressources des localites.

Les troupes et les oulils sont arrives a destination plusieurs jours avant que la crue se produisit; car la Loire n'a commence a monter k Tours que le 23 octobre, au moment precis indique quatre jours auparavant par les depecbes telegraphiques. L'ar- rivee de ces renforts en bras et en outils a produit le meilleur effet; celte preuve ^clatante de la sollicitnde si cmprcssee du gouvernement a puissamment contribue a rassurer les popula- tions et k redoubler le z61e des travailleurs. Les crues, au reste, n'ont pas atleint a Blois et'ii Tours la bauteur dont on se croyait menace parce que , trfes-beureusement, les bassins secondaires ou les affluents de ia Loire, dans la partie inferieure de son cours, n'avaient pas recu des pluies comparablcs a cellos qui etaient tombees dans la Haute-Loirc ct le haut Allier.

10

506 COSMOS.

Joudi, 29 octobre, vers six heures du soir, un phenom6ive curicux atUrait rattention dc quelques passants sur la place VendOmc. Un globe de lumiere d'un diamiMre apparent I'l peu pres egal a cclui d'un boulet de huit, ot se dirigeant de Test a I'ouest, traversalt les airs laissant derrifirc lui une trainee lumi- neusc. Bienlot ce globe se divisa en quatrc ou cinq boules de feiv qui scmblaient sautiller, se depassant I'une I'autre dans le sens vertical, et courant en quelquc sorte apres le noyau principal qui continuait sa course dans la mOme direction et avec la raeme Vitesse apparente. La trainee lumineuse s'eteignait assez rapide- 3nent apres le passage du globe, etun instant avant sa disparilion, elle se montrait comme formee d'innombrables etincelles. Ua speclateur, place presque au coin de la rue de la Paix et de la place Vend6me, voyait le bolide au-dessus de la colonne sous ua angle de 60 a 75 degres.

Cette observation nous a ete communiquee d'abord par un neveu, M. Ernest Brouard. M. le marechal Vaillant, qui se trou- vait au menie instant sur la rue de Rivoli prolongee, pres I'eglise Saint-Paul Saint-Louis, et suivait en voiture de I'est a I'ouest une direction sensiblcment perpendiculaire a celle de la rue de la Paix, a vu le bolide venir h lui sous la forme d'une eloile qui augmentait sans cesse de volume. Son Excellence a vu aussi tres- disUnctement le globe se partager en boules de feu assez regu- licrement espacees et d'une couleur rouge tres-intense; en passant devant le portail de I'eglise Saint-Paul Saint-Louis, il a lu sur le cadran 6 heures 2 minutes.

Voici d'un autre cote I'observation du meme pbenomene faite- par M. I'abbe Paumard, professeur de sciences au seminairc d^ Precigne (Sarthe) :

(( Un magnifique bolide a etc aperru de Precigne (Sarthe), jeuds 29 octobre, vers six heures du soir. Apparu a I'ouest-sud-ouest h une hauteur d'environ /lO", il s'est elevejusqu'^i 70 ou 80" ausud,. puis s'est abaisse vers I'est en passant au nord du disquc de la lune. Enfin, i une hauteur d'environ 35° i\ Test, il s'est divise en trois fragments qui out semble se diriger vers la terre comme les- 'etoilee d'une fusee d'arlifice, et se sont eteints apres quelques se- condcs de temps.

Malgre le beau cloir de lune qui illuminail I'horizon, ce brillant meteore a repandu une lumiere eclatante et est reste visible pen- dant 10 i 12 secondes. 11 avail la forme d'une boule enflammee^ et son diametre apparent semblait de 12 ;a 15 centimetres. II

COSMOS. 507

laissait apres lui une trainee lumineuse d'une longueur de r",50 a 2 metres, mais d'un eclat beaucoup moins vif. Son passage et sa''disparition n'ont dte accompagnes d'aucun bruit sensible. )>

M. le baron Seguier faisait lundi a I'Academie le recit d'une apparilion plus extraordinaire encore. II s'agissait d'une veritable chute d'aerolithes dont il avait ete le temoin, sinon oculaire, du moins auriculaire. Le 1" octobre, vers U beures trois quarts de I'apres-midi, il ctait avec quelques-uns de ses ouvriers dans une des avenues de son cbateau d'Hautefeuille, pres Gharny (Yonne), lorsque retentirent tout a coup dans I'air cinq ou six detonations precipitees non suivies de roulements, et qu'il etait impossible de confondre avec des coups de tonnerre. II semblait que le sol en meme temps trcmblAt, et que les arbres fussent agites d'un mouvement d'oscillalion. Aux detonations succedaun bruit assez violent que M. Seguier dans son souvenir compare au bruit tres- sonore que le lest de sable ou de menus cailloux fait en tombant d'une grandebauteur dans la calle d'un navire. Ge bruit et ces de- tona'-ions causerent aux ouvriers une emotion vive et profondc. Au retour au chateau, on vit que les vitres des chassis des serres avaient etefortementebranlees et s'etaient meme detachees sur plu- sieurs points. On ne savait comment s'expliquer cette commotion etrange, quand bientdt on apprit que le mOmo jour et a la meme heure une pluie de pierres venues du ciel etait tombee dans la commune Des Ormes, canton d'Ailland-sur-Tholon (Yonne), a quelques lieues d'Hautefeuille. lAI. Seguier courut aussilot aux renseignements, et il apprit en cffet qu'un macon, place sur un ^chaflaudage, avait distinctement entendu comme un sifflement de projectiles nombreux, lances a grande vitesse; que ces projec- tiles en tombant avaient produit sur lui I'effet d'une botte de cailloux que I'on jetterait violeumient ix terre, que I'un meme de ces projectiles avait effleure son chapeau et etait alle s'enfoncer en terre ix une petite distance de son echelle; qu'il etait descemlu et qu'il I'avait trouve enfoui a une profondeur de sept a huit centimetres. M. Seguier est entrd en possession de cette pierre, il la montrait a I'Academie et nous I'avons eue nous-meme entre les mains. G'est incontestablement un aerolithe, a cassure grenue et bleuatre, fondue et noircie sur sa surface exterieure, tout i fait semblable aux pierres recueillies & I'Aigle; la section de chimie est invitee acnfaire I'analyse. M. Seguier, revenant& ses fonctions de magistrat, a commence une enquete, et il se propose de la suivre avec le plus grand soin. II a deji appris qu'un proprietaire

508 COSMOS.

dc Chateau-Renard avail vu b. la mfime heure un globe de feu dont il evaluait le diametrc a pres detrois metres, fendre I'espace et s'avancer rers Vernisson dans une direction qui devait en effet le conduire au lieu ou la chute de pierre a et^ observes. M. Sc?uier regrette de n'avoir pas eu la pensde de domander h I'ouvrier macon si I'ac^rolilhe elait cliand au moment ou il I'a decouvert; mais il suppleera ^cette lacune et k toutcs los autres, et s'empressera de presenter a I'Academie I'ensemble el les de- tails de cette precieuse observation.

Une depeche, datee de Cagliari, 30 octobre cinq heures cinq minutes du soir, par le consul anglais, M. Craig, a M. .John Brett, disait : « Le cftble est arrive a Spartivento (Sardaigne) ; I'o- peralion a reussi completement; la communication avec I'Algerie est parfaite. » Aussitot cette nouvelle recue a Paris, un message a ete envoye h Compiegne pour annoncer k Sa Majeste I'Empereur que la communication entiere etait etablie entre I'Europe et I'A- frique. VoiU\ done que la grandiose [cntreprise ;de M. John Brett estenfm couronnee d'un plein succes, et la France sera heureuse de lui exprimer sa reconnaissance en lui faisant parlagcr, avec son frere Jacob Brett, la decoration que celui-ci recut & I'Exposi- lion universelle, sur la proposition de M. Babinet, vice-president

du jury.

Un des abonnes du iournal de la Societe cles Arts pose au redactcur la question suivante : u Je serais heureux qu'un de vos lecteurs voulut bien me dire si, parmi les. plans divers et les per- fectionnemenls apportes aux appareils en France et en Angle- terre, dans le but d'ameliorer la production de la lumiere elec- trique, il en est qui rendent cette production suffisamment permanente, industrielle et economique, de telle sortc qu'elle puisse entrer dans I'usage domestique et general. G'est, il me semble, un sujet d'imporlance immense surtout pour I'eclairage des phares. » Nous avons deja plusieurs fois repondu h de sem- blables questions, et nous aliens encore y repondre en quelques mots. Les appareils de MM. Duboscq, Deleuil, Lacassogne et Thiers, le nouvel appareil surtout de MM. Duboscq et Marsais, aliments par le pile hongroise , sont assez perfectionnes pour qu'on puisse faire des applications utiles et dconomiques de la lumiere dlectrique a divers usages : & I'eclairage des chanliers ou s'execulent des travaux de nuit, des grands ateliers, des salles d'exercices publics, des phares, etc., partout enfm oil le jet de lumiere electrique est facilement accessible, oit il peut ne pas

COSMOS. 509

etrc abandonne completement i lui-mcme. Les renseigiiement!s suivants, puises dans le Conrrier de Saone-et-Loire du 31 octobre que nous recevons a I'instant meme, repondront mieux encore k la question adressee au iournal de la Societe cles Aiis.

Les experiences d'eclairage electrique des chanlicrs et ateliei*s du Creuzot se conlinuent et prennent un caractere d'application permanente. II n'est plus douteux qu'on ne le realise d'une ma- niere avantagense , puisque I'appareil Thiers et Lacassagne reunit toutes les condilions d'intensile, de flxitc et de regularite desirables. Les essais qui se prolongent n'ont plus pour objet que de determiner la position la plus convenable a donner aux lampes et aux reflecteurs... Les inventeurs doivcnt s'estimer heu- reux, apres tant de travaux, de rencontrer dans I'industrie des hommes d'intelligence assez eclairee, de volonte assez forte pour ne pas besiter k prendre I'initialive d'applications industrielles, initiative si rare en France, oiiune limidite exageree s'oppose tant a la mise en pratique des plus belles decouTcrtes. Ce sera une gloire pour I'administration du Creusot, celebre deja par tant d'initialives et de progres heureux que d'avoir encourage cette premiere application. Cbaque nuit au moment ou les ouvriers quittent les travaux, on projette sur la Saone, a I'endroit ou ils doivent la traverser, le jet lumineux d'une des lampes qui eclai- rent le cbanlier. L' autre soir, a Tinstant oil le bateau avapeur de Lyon virait de bord pour aborder, manoeuvre toujours difficile et souvent dangercuse, on I'a puissamment aide en I'inondant de lumiere. Aucun precede d'eclairage n'est aussi rapidement allume, puisqu'il suffit de fermcr le courant pour faire jaillir la lumiere; aussi portatif, puisqu'un seul homme sur un chariot roulant pent trainer sans peine la pile et la lampe, et I'installer partout oil besoin est; aussi puissant, puisqu'une seule lampe equivaut a plusieurs centaines da bougies. Quelles ressources D'oilrira done pas un semblable appareil dans les incendies, les travaux d'urgence des ponts et chaussees, da genie militaire ea campagne, par les temps brumenx oii les abordages sont si fre- quents et causent de si grands desastres !

M. Le Verrier a communique a i'Academie des sciences un(i lettre par laquelle M. Maury, directeur de i'Observatoire de Wa- singbton, lui annonce que le 3 octobre, M. Fergusson avait d^- couvert une nouvelle petite planfete qui devait Otrc, selon lui, la quaranle-seplieme, parce qu'il ignorait encore les decouTertes de M. Pogson et Goldschmidt. M. Le Verrier ajoute qu'une com-

510 COSMOS.

paiaison faitc <\ I'Ohservatoire imperial entre les positions de la planfite de IM. Fergusson et la cinquantieme de M. Luther, ten- drait a faire penser que ces deux astres n'en font qu'un. En re- montant en ellot au 3 octobre, on voit que les coordonnees de la cinquantieme planetc ne different que de Tingt minutes au plus des coordonnees de celle de M. Fergusson, et cette difference de vingt minutes s'explique sans peine par le mouvement propre de I'astre. II n'est pas impossible cependant que les deux planetes soient distinctes, et dans ce cas celle de M. Fergusson serait la cinquantieme, celle de M. Luther la cinquante et unieme ; si elles sout identiques, I'honneur de la decouverle appartiendra a M. Fergusson.

Le journal de la Societe des Arts donne dans sa derniere livraison une analyse de la statistique des naufrages survenus sur les cotes et dans les mers des Ues-Britanniques en 1856; nous puisons h notre tour dans cette analyse quelques nombres bien dignes de fixer I'attention. Voici d'abord la liste des accidents graves, naufrages, collisions ou rencontres releves dans les cinq dernieres annees.

AuneeJ.

Kaufiogps.

Collisions.

EuseinMe.

Pcrtes de »ie,

1832

958

57

1015

820

1853

759

73

832

989

1854

893

94

987

1549

1855

894

247

1141

469

1856

837 Total 4 341

316

787

1153

821

5128

4 348

On voit que le nombre des collisions ou chocs en mer a ete sanscesse en croissant dans une proportion vraiment effrayante; de 57 en 1852 il est devenu 316 en 1856 ou cinq fois plus consi- derable.

Pour 1856 les naufrages et collisions se repartissent par mois comme il suit : Janvier, 149; fevrier, 154; mars, 96; avril, 74; mai, 57; juin, 32; juillet, 48; aofit, 51; seplembre, 98; octobre, 99 ; novembre, 129; decembre, 166; total, 1 153. L'ensemble des tonnages de ces navires s'elevait k 229 936 tonnes; le nombre des hommes k bord k 10 014 dont 521 ont peri. Parmi les navires naufrages on compte 546 navires de long cours; 432 navires c6- liers ou caboteurs non charges de charbon; 139 navires c6tiers charges de charbon; 34 navires k vapeur. Sur ces navires, 145 portaient moins de 50 tonneaux; 388 de 50 k 100 tonneaux; 472 de 100 k 300 tonneaux; 137 de 300 k 600 tonneaux; 34 de 600 k

COSMOS. 511

900 tonneaux; 15 de 900 a 1 200 tonneaux; 12 plus de 1 200 ton- neaux. 31i des navires naufrages servaient uniquement au trans- port du charbon, c'est presque le tiers des navires perdus. Le commerce de charbon est done pour I'Angleterre le plus dange- reux de tous, celui qui entralne le plus de pertes de vies, sans aucun doute parce que les navires qu'on y emploie sont mal choisis, mal surveill^s, en tres-mauvais ctat, et souvcnt meme incapables de tenirla mer.

Les lieux des naufrages se distribuent de la maniere suivante : sur la cote est de Dungeness h Pentland-Fritb, 506; sur la cote Quest de Land's-end k Greenock, 307 ; sur la c6te sud de Land's- end ci Dungeness, 119; sur la c6te d'Irlande, 155; sur I'ile de Scilly, 12; sur I'lle de Lundy, 11 ; sur I'ile del'Ilomme, 5; sur les lies du nord, Orkney, etc., 36.

Quant aux causes de naufrages ou de pertes totales indepon- danles des collisions, on compte l/i8 pertes produites par le gros temps ou la tempele ; 17 abandons pour impuissance a tenir la mer; 37 coulages a fond pour impuissance h tenirla mer; 10 pertes dues a I'absence de lumiere sur les bouees ou les bas- fonds; 33 par suite de brouillards ou de courants; 5 par la mau- vaise condition des boussoles; 3 par le mauvais trace des cartes;

6 par erreur dans le calcul du point; 12 par erreur d'estimation ;

7 par erreur des pilotes; 3 par absence de pilote; 21 par negli- gence de sondagc; 2 par suite d'intemperance; 9 par suite de ne- gligence en general; 10 par manque ci virer; 1 pour avoir donne sur un navire deja sombre; k par incendie; i pour avoir chavire ou coule bas ; 7 causes sont restees inconnues.

Faits des sciences.

M. Brown-Sequard a un tres-grand merite , celui de savoir for- muler nettement et en quelques lignes les conclusions de ses recherches les plus etendues. Si tous les auteurs de Memoires ayant la science pour objet prenaient la peine de I'imiter, si ja- mais ils n'adressaient un travail a un corps savant ou a un recueil scientifique sans resumer dans un petit nombre de propositions nettes et precises, ce qu'ils croient avoir ajoule a I'oeuvre de leurs devanciers, les faits nouveaux qu'ils croient avoir decouverls ou les explications nouvcUes qu'ils croient avoir donnees, ce court resume trouverait une place facile dans toutes les revues perio-

512 COSMOS.

diquGS specialcs, cbacun scrait parfailemcnt au courant de I'elal actuel de la science ; nous ne serions pas afllige sans ccsse par le triste spectacle d'une ignorance honteiise que la prolixite des auteurs de recherches originales rend seule excusable, d'appro- priation ou d'usurpalion d'idees qui ontpu etre neuves, raais qui ii'ont pas cte clairement exposces ou sufiisammentpubliees, de reclamations de pviorile dont la responsabilite retombe surtout sur rinventeur qui n'a pas su prendre assez carrement posses- sion des voies nouvelles qu'il ouvrait. II y a [Men longtemps que nous avons la pensee de nous raettre a la tete d'une genereuse croisade, d'une association entre les savants de I'Europe et du monde ayant pour but de faire prendre a lous les travailleurs rengag2ment solennel de ne jamais lire ou rediger un livre , un m^moire, une note, un rapport sans les terminer par une analyse rapide et lumineuse des points de vue qui leur semblent neuls, et sur lesquels ils appellent plus specialement I'attenlion de leurs auditeurs ou de leurs lecteurs. l;n journaliste vulgarisateur est excusable de ne pas trouver le temps ou de n'avoir pas la pa- tience de lire, la plume a la main, pour le condenser en quelques lignes, un Memoire de 20, 30, /lO et 50 pages, ecrit dans une langue etrangere ou meme dans sa laugue maternelle , quand surtout il a raison d'etre indigne que I'auteur n'ait pas pris la peine de se rcsumer lui-meme ; mais il ne pourrait pas se pardonner de ne pas examiner avec soin, pour en bien saisir le sens , de ne pas transmettre a ses aboimt's, qui out droit a ce qu'on les lienne au courant duprogres accompli, un petit nombre de propositions formant la quintessence des nouvelles recherclies. Nous faisons appel des aujourd'bui, a tons les physiciens, chi- mislcs, naluralislcs, pbysiologistes, anatomistes, etc. , etc. , qui savent condjien nous sommes heureux de nous faire I'ecbo de leurs decouvertes et de leurs succes, nous les prions instamment de iious autoriser a prendre en leur propre et prive nom, aussil6t qu'ils nous y auront autorisd par une adhesion formelle, I'engagement de ne rien publier sans I'accompagner d'un resume ou d'une analyse succincte. line page sera ouverte chaque semaine dans le Cosinos, pour renrcgislration des noms des savants qui voudront s'associcr a cette sage et utile coalition, et nous verrons cbez nos confreres de la prcsse scientifique une preuve certaine de la vo- lontti si souvent exprimee d'un accord serieux et sincere pour la poursuite d'un but coramun , le progres reel et incessant sans .acceplion de personnes, dans I'accueil qu'ils feront ^ la pensee

COSMOS. 513

que nous exprimons, dans Ic retenlisseraent qu'ils accorderont a une idee qui ne peut etre qu'eminemment feconde. Pour donner un bon exemple, nous resumons nous-mcme cette digression, tres-courte cepcndant, dans ces quclques mots : De la part des auteurs engagement d'honneur d'enoncer brievement les propo- sitions nouvelles de ieur travail; de la part des vujgarisateurs engagement d'honneur d'accorder aux auteurs qui se seront re- sumes, la publicite dont ils disposent ; indiQerence ou meme si- lence systemalique pour les recherchcs que les auteurs oublieux d'un devoir sacre n'auront pas pris la peine d'analyser eux- memes, Ce que nous proposons est peu de chose en apparence, et cependant ce serait une revolution complete, une ere toute nouvelle ouverle au progres. F. Moigno.

Pour en revenlr a M. Brown-Sequard, voici comment il resume sa derniere lecture a I'Academie : « Nous croyons qu'il ressort des faits mentionnes dans ce travail, que le sang rouge augmente les proprietes vilales, mais qu'il est incapable de les mettre en jeu en les stimulant; que ie sang noir, au contraire, est un stimulant energique des centres nerveux , et aussi , mais h un moindre degre, des nerfs et des tissus contractiles, mais qu'il n'a point ou du moins qu'il n'a qu'a un tres-faible degre le pouvoir de main- tenir et encore moins de regenerer les proprietes vitales. »

Fails de Tinda^trie.

LES LAUREATS DE L'INDUSTRIE EN 1857.

{Suite voy. p. 342 a 347 et 353 a 358.)

MEDAILLES DE BRONZE.

Compas ou regie a cuber les bois rands. M. Vitard, ouvrier charpentier, employe dans les ateliers des houillercs d'^pinae (Saone-et-Loire), a soumis a I'appreciation dc la Societe un instru- ment (|u'il nomme compas ou regie a cuber, au cinquiihne reduit, les bois ronds. Le Conscil a vu avec satisfaction qu'un simple ou- vrier, assidu a son travail, ait consacre ses moments de repos a combiner un instrument que ses confreres pourront uliliser dans le commerce des bois en grume.

Pistolet-revolver. M. Devisme , dont le nom est si Jiono- rablement connu dans rarquebuseric parisienne, a combine un nouveau pistolet-revolver dans lequel 11 a fait une hcurcuse

514 COSMOS.

application des inventions qui ont fait de la carabine des chas- seurs de Yincennes unc arme si remarquable. En forcant les balles sur des tiges , il a augmente la portde du revolver, et la balle ne peut plus quitter le canon par suite dc quelques se- cousses, inconvenient reconnu k la plupart des aulres systemes.

3" Lit mecanique pour malades. Le lit de M. Pouillien a ete employe avec succes pour plusieurs malades, entre autres par M. Locke, membre du jury de I'Exposition universelle, qui en a rendu un bon temoignage, apres en avoir fait usage lui-meme pendant plusieurs semaines. Son utilite a ^te constatee plus tard par de nouveaux resultats favorables.

l\" Chalumeau a jet continu. M. de Luca a presente a laSo- ciete un cbalumeau dispose de facon k obtenir un jet continu, sans exiger de la part de I'operateur aucun effort special, ni fatigue, ui meme un long apprentissage. L'auteur a interpose, entre le grand tube conique et le recipient cylindrique, une boule en caoutchouc vulcanise, munie, a I'interieur, d'une soupape qui se lerme du dedans au dehors et qui est placee k I'extremite du tube-embouchure. Cette soupape, qui permet I'entree de I'air, en empeche la sortie par le tube adducteur. Comprime a la fois par le souffle et la boulc de caoutchouc distendue qui tend a repren- dre son volume primitif, I'air s'echappe regulierement et d'une maniere continue h I'extremite de la pointe du chalumeau, sans qu'il soit necessaire de souffler constamment, comme cela est indispensable avec le chalumeau ordinaire.

5" Modrrateur regulateur des lampes. Le moderateur de M. Franchot, qui a ete exclusivement employe jusqu'ici par les fabricants de lampes, est cylindrique, et c'est en proportionnant aussi exactement que possible son diametre avec celui da tube d'ascension qu'on a cherche k regulariser la marche du piston; 11 fallait que I'huile n'arrivit pas en surabondance k la meche, et qu'elle y arrival, k chaque moment, en quantitd non-sculement suffisante, mais encore constante. Ce resultat n'etait point ob- tenu; pour y arriver, M. Troccona propose d'adaptcr aux lampes un moderateur regulateur k tige conique mobile, pouvant servir k regler I'ascension de I'huile selon la nature du liquide et selon les influences diverses qui peuvent agir sur la marche du piston.

6" Regulateur de lampe electriqiie. Le regulateur de lumiere ^lectrique, oulampe photo-dlectrique deMM. Lacassagneet Thiers, quoique volumineux, et d'un poids assez fort, a paru devoir bien fonctionner, surtout quand il est destine k rester k poste fixe ; c'est

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flonc une nouvelle forme de regulateur a ajouler a celles qui sont deja connues et qui pcuvent etre utilisees. Nous engageons, toute- fois, les auteurs & poursuivre leurs etudes, surtout en vue de Femploi de conducteurs en charbons qui donneraient une action oniforme, car c'estla condition essentiellea reniplir pour que les appareils photo-electriques puissent fonctionner regulierement.

Appareil pour ecr ire avec une jwinte, dl'usage cles aveugles. M. de Bruno a combine un appareil tres-siuiple, d'un excellent service et d'un prix peu eleve, pour perinettre aux aveugles d'6- crire a I'aide d'une poinle et d'un papier a decalquer. Get appa- reil sei^a surement tres-apprecie , surtout des personnes qui au- rout su ecrire avant d'avoir eu le nialheur de perdre la vue.

Appareil pour ecrire avec cles caracteres d'imprimerie, a I'usage des aveugles. M. Masse, de Tours , a applique son es- prit ^ combiner un ingenieux appareil avec lequel les aveugles peuvent ecrire aux clairvoyants sans jamais avoir appris a ecrire, par un decalque des caracteres d'imprimerie. Prive de la vue, il a su combiner un appareil simple, renfermant des combinaisons ingenieuses qui feraient honneur aux plus habiles mecaniciens.

9" Appareil permetiant aux aveugles d'ecrire la musique. M. Colard-Vi^not a construit un appareil a I'aide duquelles aveu- gles peuvent ecrire la musique comme ils tracent des caracteres a I'aide de I'appareil de M. Masse. Le probleme etalt assez com- plique pour que sa solution demandat des combinaisons multi- ples. Les efforts de M. Colard-Vienot ont ete couronnes d'un succes que la Societe d'encouragement s'empresse de reconnaitre.

10° Fabrique d'outils a Vusage des fJeuristes. —Les oulils que M. H. Lemenager, graveur, fabrique pour les feuiilagistes et les fleuristes, se distinguent par un goiit remarquable et par un soin tout particulier.

11° Procedes de peinture sur zinc. II avait ete impossible, jusqu'aux recherches de M. Heilbronn, d'obtenir sur zinc des peintures aussi solides que celles dont on revet la tOie do fer, L'ingenieux inventeur s'est parfaitement rendu compte de la dif- ference que presentent I'une et I'autre surface. Tandis que le zinc est propre et lisse, le fer est graveleux et reconvert d'une pellicule noire qui lui est forteinent adherente. M. Heilbronn, par lemploi intelligent des acides hydrocliloriques faibles, a realise sur le zinc ces deux conditions de solidite que presente la tdle de fer. Le zinc, prepare selon son systeme, est peint et verni au four par

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les procedes ordinaires. Les produits fabriqaesparM. Heilbronn, sontexcellents el Ires-gOLiles par la consommation.

Jusqu'ici rinventeur n'a recu pour prix de son travail que de cruelles deceptions; la Societe a ete lieureusc de lui donner une marque de sa sympalhie en adoucissant I'amertume d'un temps d'epreuve dont clle espere la fin : aujourd'hui elle lui donne uii temoignage public de son approbation en lui decernant la rae- daille de bronze.

12° Globe flexible pour letude de la geographie. M. More, de Gray (Haute-Saone), secretaire de la chanibre de commerce, a imagine un globe tervestre portatif, solide, quolque de grande dimension, et rendu flexible au moyen d'un mecanisme analogue a celui des parapluies. Cette idee fort simple n'avait pas encore ete appiiquee ; M. More a construit un appareil qui reunit plu- sieurs avantages assez importants : economic, simplicite, solidite. Vulgariser les connaissances geograpluques, encore trop peu repandues en France, serait un service rendu au pays, et on ne saurait trop encourager les efforts tentes dans cette direction.

13° Pianos scandes, par MM. Lenz et Houdard. La modifi- cation apportee par ces facteurs au mecanisme ordinaire du piano, consiste dans un systeme de pedales et de conlre-pedales qui permet de produire simultanement, dans les diverses parties du clavier, les nuances les plus opposees, et de faire dominer h volonte, suivant le developpement de la pensee musicale, les basses, le medium ou les dessus de rinstruraent. Sans priver I'artiste des moyens habituels d'execulion, on ajoute ainsi au piano des ressources nouvelles.

ilx" Cuisson economiqae des briques. M. Tiger, architecte, s'est occupe de la fabrication des briques, dont il a voulu rendre la cuisson plus economique. Ses procedes permettentd'employer a la place de combustibles d'une certaine valeur, des residus de combustibles; les conditions toutes particulieres dans lesquelles il se place lui laissent conime cendres des squelettes qui ont eux- memes la forme de briques, et que le consommateur pout accep- ter comme materiaux de construction.

15° Objets en zinc moule, par MM. Lambin, Saguet et Fouchet. Ces messieurs s'occupent avec succes de la fabrication des ob- jets en zinc moule, dits de composition. Leur etablissement est bien monte, conduit avec intelligence, et il a pris sous la direc- tion des trois associes un developpement tres-impotrtant. Us sont

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parvenus a etablir,"a tres-bas prix, des produits reunissant h I'elegance dcs formes une bonne execution.

PRIX EXTRAORUINAIRE.

/. Concours relatifs a la maladie de la vigne.

Apres un examen attentif et approfondi des pieces du concours, le Conseil decerne :

Le prix de 10 000 fr. (7 000 fr. du gouvernement et 3 000 fr. de la Societe), donne pour I'invention du moyen preventif ou des- tructeur le plus efficace pour la maladie de la Yigne, a MM. Kyle, Duchartre, Gontieret Mares, qui recevront cbacun 2 500 francs;

2" Le prix de 3 000 francs pour le meilieur travail sur la nature de la maladie qui attaque la vigne, a M. Mares;

Un encouragement de 1 000 fr. a M. Gamille Leroy pour ses recherches sur la maladie au point de vue de la nature du mal ct pour ses experiences sur les moyens curatifs a employer;

Un encouragement do 1 000 fr. a M. Kopczinski pour ses expe- riences relatives a I'emploi d'un melange de platre et de soufre;

Une recompense de 500 fr. a M. Bcrlceley pour son etude de Voidium Tucheri;

Une rrkompense de 500 fr. a M. Chancel pour son precede d'essai des soufres en fleurs et des soufres tritures du commerce ;

Uue recompense de 500, ir. a M. Albert Gaudry pour ses re- cbercbes sur la propagation de la maladie de la vigne en Orient ;

Un encouragement de 500 fr. a M. Hardy pour sa cooperation aux experiences de M. Duchartre, relatives k la guerison de la vigne par le soufre ;

Des recompenses de 500 fr. chacune, a M. Tabbe Money et M. Benoit Bonnel pour leurs experiences sur I'efiicacite du soufre dans des localites tres-differentes de celles ou I'invention a ete faite et propagee ;

Des encouragements de 500 fr. chacun a MM. Robouam et Lom- bardi pour leurs experiences sur une certaine eflicacite du cou- cliage de la vigne.

C'est I'Angleterre qui a inocule la maladie de la vigne k I'Eu- rope; mais chose remarquable , cest aussi en Angleterre que le mal a ete etudie par M. Berkeley, et c'est encore dans ce pays oii le mal a pris naissance, que M. Kyle a decouvert le moyen effi- cace de le combattre. La Societe d'encouragement a voulu re- compenser exceptionnellement M. Kyle, en lui decernant une medaille d'or de 500 fr., outre la part qui lui a ete attribuee dans

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Je piix do 10 000 fr., fonde a la ft)is par le gouvernement et par ta Society.

[La suite au prochain numero.)

Fails tic inedeeiiK; et dc c'liiriirgic.

M. \o docteur C. Devilliers resume lui-mOme, dans les lermes siii- vants, ses recherches sur I'iiifluence medicale des cheuiins defer. La proportion generale des maladies a ete la plus elevee chez les ouvriers du service du materiel et de la traction; elle I'a ete moins chez les employes du service actif, moins encore chez ceux des garcs; elle a ete bien inferieure chez ceux de la voie. La propor- tion des journees de maladies a donne exactement les memes resuUals. La duree du travail pour les employes el ouvriers est telle en general, qu'elle ne peut etre une cause de frequence des maladies. 11 ne parait exister de maladies speciales aux profes- sions, que chez certains ouvriers en metaux et chez les peintres. Le rapport entre le nomhre des malades et celui des valides a varie de (i a 10 pour cent, ct chacun des 13 588 employes et ou- vriers n'a ete malade, en moyenne, qu'une fois et un huitieme pendant cinquante-quatre mois. Le nombre des deces a ete k peu pres egal pour chacun des trois services, et les employes du ser- vice actif n'y sont entres que pour une proportion faible, un hui- tieme. La proportion generale des deces n'a rien d'anormal; elle a ete, en effet, de 1 sur 115 individus, tandis que la mortalite pour toute la France est dc 1 sur 40,90.

Les maladies internes ou medicales, trois fois plus nombreuses que les maladies externes ou chirurgicales chez toutes les pro- fessions, out eu : pour causes g^ncrales, les influences epide- miques selon les anne'es, les saisons et les phenomenes meteoro- logiques, la situation, I'exposition des etablissements, la nature du sol, quelquefois modifies par les travaux d'art; 2" pour causes hidividuelles, souvent les refroidissements par absence des pre- cautions necessaires, lesecarts de regime ou la mauvaise alimen- tation, quelquefois les efforts, tres-rarement les emanations et poussiercs metalliques, celles de la voie, des combustibles, des colis, la chalcur des rayons solaires, et presque jamais celle des foyers. Le nombre des deces fourni par ces maladies est peu -^leve, puisque son rapport a ete 1/120 pour leur total, et 1/148 pour le chifl're total du personnel. Les maladies externes ou chi- rurgicales, inferieures des 2/3 par le nombre aux pre'cedentes,

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ont dte en grande partie le resultat de travaux , d'imprudences ou d'accidents fortuits. Elles se sont mon trees par consequent plus frequentes dans les sections ou existent des ateliers et de grandes gares, principalement en 1855 et 1856, pendant la saison d'automne pour les employes et ouvriers des services dii materiel, de la traction et du mouvement; vers la lin de I'hiver ot le com- mencement du printemps, pour ceux de la voio. Le nombre des blessures ayant occasionne la mort a ete relativement tres-faible, puisqu'il est reste dans le rapport de 1 a 169 pour le total des maladies chirurgicales; de 1 a 522 pour le total du personnel, enfm de 2 a 9 pour le total des deces de toutes maladies.

Ces resultats relativement heureux sont dus en bonne partie a I'ensemble des mesurcs prises par une administration vraiment paternelle ; I'observation severe des precautions prescrites par les reglements; I'amenagement des eaux accumulees dans les deblais; I'adoption des fdtres k charbon dans les ateliers; la dis- tribution pendant les chaleurs d'une boisson hygienique et tonique, composee de cafe en poudre, 3 parties, extrait de gentiane, 5, eau-de-vie, 10, cassonade, 20, pour 100 parties d'eau. La four- niture des medicaments d'apres un larif raisonnablc; la bonne direction des soins donnes auxmalades; la paye entiere ou la demi-paye pendant la maladie, suivant que I'employe est ou non charge de famille; une indemnite pecuniaire dans les cas de ma- ladies graves.

M. Devilliers nous apprend que sur la ligne de Lyon, ligne construite de I'aveu de tons dans les conditions les plus savantes et les plus habiles, il y avait sur 288 kilometres de voie du ver- sant occidental, 236 kilometres construits en remblais, ayant produit li8 kilometres, c'est-a-dire un sixieme de la longueur to- tale, d'emprunts submerges. En 1854, les fievres intermittentes avaient atteint un douzieme du personnel, en 1855, elles n'avaient frappe qu'un quatorzieme, et en 1856, un seizieme seulement, quoique cette annee fut plus mauvaise que les precedentes sous le rapport du climat. Cette diminution notable d'un mal tres-grave a ete obtenue par I'emploi energique de tous les moyens propres k favoriserl'ecoulement, le renouvellement ou Tassechement des eaux contenues dans les emprunts submerges. Mais cela ne suffit pas, il faut absoluraent que dans la construction des voies nou- velles on evite a tout prix la formation des mares d'eau le long de la voie, et les cahiers des charges devraient contenir a cet egard des prescriptions formelles.

PIIOTOGRAPIIIE.

Societe francaise de photograpliie.

Seance du 23 octobre 1857.

M. Bertsch fait hommage a la Societe de plusieurs epreuves au microscope dont quelques-unes out deja, pendant les vacances, etc presentees a rAcadeniie. II fait observer qu'il a obtenu des grossissemenls de plus de buit cents fois en diamelre, non avec la lumiere directe , ce qu'il fait depuis longtemps, mais avec la lumiere oblique, sans qu'aucun pbenomene d'aberration ou de diffraction soit venu troubler la limpidite des images.

A de semblablcs grossissements et avec des lentilles achroma- tisees pour les rayons superieurs du spectre, Taction cbimique sur I'iodure d'argent du collodion le plus sensible s'exerce sou- vent a 20 et niemc a 30 cenlimelres du foyer des rayons sensibles. Cependant, malgre cc grave inconvenient, il prelere cet acbroma- tisme, pouvant par une metbode simple determiner pour une substance sensible connue les di.ierences focales. Toutes les fois, dit-il, que j'ai chercbe la coincidence des deux actions en achro- matisant mes lentilles pour les couleurs coniplementaires de la partie moyenne et inferieure du spectre, j'ai eu, ce qui devait etre, moins de lumiere refractee, et j'ai obtenu des images moins pures; d'ou j'ai conclu que, ne pouvant arriver & la coincidence reelle des deux foyers, il valait mieux tenir ces deux actions a de grandes distances I'une de I'autre. C'estpour cela, ajoute-t-il, que, malgre le grand avantage en pliotograpbie, des objeclifs a foyer unique, les instruments qui out ce qu'on nomme un foyer chi- mique, presentent en general une nettete plus parfaite. M. Fou- cault dit qu'il a reconnu la verite de cette assertion. M. Bertscli pense que pour la photograpbie ordinaire les objectifs sans foyer €liimique suflisent dans la plupart des cas, mais il affirme que pour ses experiences, ou il s'agit non plus de diminuer les objets, mais d'en augmenter la surface, quelquefois de six cent mille fois et plus, il donne la preference k I'acbromatisme qui separe le plus possible les foyers. II montre k I'appui dc son opinion des navicules grossics de six cent quarante mille surfaces , dans les- quelles il ne pent obtenir aucun detail avec des lentilles achro- matisees assez bas pour ne pas donner de foyer cbimique appre- ciable. M. Foucault fait observer qu'on ne pent conclure des de-

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tails tres-nets de ces epreuves, a la puissance de I'iastrument, a cause du phenom6ne des reseaux. M. Bertscli repond que, malgre la tenuite et la finesse des losanges que presente la surface de ces petits etres, on ne peut admettre que les ondes lumineuses ne les traversent pas, et qu'il a reconnu, au moyen d'un micrometre compose de quinze groupes de lignes diversemcnt espacees, que iusqu'au neuvieme groupe les lignes se detaclient au grossisse- ment de neuf cents fois. Comme les losanges des navicules appar- tiennent, ajoute-t-il, au huitienie groupe par le rapport de leurs dimensions, je conclus qu'il n'y a la aucune illusion a invoquer. II presente aussi les memes cristaux obtenus dans la lumiere po- larisee les uns avec le rayon ordinaire, les autres avec le rayon extraordinaire, de maniere que la premiere image soit comple- mentaire de la seconde. II fait rcmarquer a ce sujet que lorsqu'un ton est pliotographique, son ton complemenlairc ne Test pas, et toujours sans exception. Cela explique, dit-il, pourquoi, jusqu'a ce qu'on ait trouve une substance egalement sensible i tons les rayons, quel que soit leur degre derefrangibilile, il faut renoncer a la reproduction textuelle des tableaux, et comment ceux qui sont les plus harmonieux, ceux des coloiistes qui savent par instinct associer les couleurs de maniere a presenter h VceU, a c6te d'un ton, son complementaire, dans une mesure rationnelle, sont justement ceux que la photographie peut rendre le moins bien. M. Bertsch entretient encore la Societe des experiences qu'il a entreprises sur les diflerentes actions de la lumiere homo- gene et regrette que le mauvais temps en ait interrompu le cours. II croit pouvoir afflrmer que dans cette lumiere certains ob- jets acquierent un tres-grand degre de purete; en variant les tons suivant la nature et la coloration des preparations microscopiques a reproduire, il a obtenu des elTets inleressants dentil entretien- dra la Societe aussitot que quelques journees de soleil lui auront permis de completer ses recherches. M. I'abbe Moigno pense que si la Societe pouvait mettre a la disposition de M. Bertsch une source de lumiere eleclrique, ses experiences qui ofi'rent un grand interet pour la science, pourraient etre reprises sans interruption. M. Bertsch remercie son coUegue de sa bonne pensee, mais il ajoute que les dispositions du local qu'il habite ne lui permettent pas d'installer chez lui une pile qui devrait etre au moins de cent elements.

AGVDEMIE DES SCIENCES.

Seanre du 2 novemhre 1857.

M. BagdanofT, de Saint-Pdtersbourg, annonce qii'il est parvenu, par une methode nouvclle, h extraire des plumes des oiseaux, ce que pcrsonne n'avait fait avant lui , los pigments qui les colorent. De plumes rouges, jaunes, vertes, etc. , il a extrait les pigments rouges, jaunes, verts, auxquels ces plumes devaientleur colora- tion. Ces pigments sont, en outre, une matiere organique, assez stable pour qu'ils aient pu, sans s'alterer ou se decomposer, faire le trajet de Saint-Petersbourg a Paris. Cette decouverte merite ^videmment qu'on y fasse gran de attention; dans rimpossibilite oii Ton avail ete jusqu'ici d'isoler les matieres colorantes du plu- mage des oiseaux, on avait ete amene a rattacher les brillantes nuances qu'il presente , vu soit par reflexion , soit par refraction, k des phenomenes optiques, k des actions de lame mince ou de reseaux. II n'en sera pas moins viai , sans doute , que les jets des rayons lumineux peuvent joucr un rOle important dans la pro- duction de ces brillantes coulcurs, et que, par consequent, jus- qu'a un certain point, elles n'ont pas toujours et essentiellement une subjectivite propre et indepcndante; mais il sera vrai aussi que, dans beaucoup de cas, elles sont subjectives dans toute la force du mot, et ont leur raison d'etre dans la presence d'un pigment. M. Pelouze est prie de prendre communication de cette note, d'eludier la nature du pigment adresse k I'Academie, et de s'initier aux precedes a I'aide desquels I'auteur du memoire a pu isoler ces pigments.

M. Puech, mddecin militaire principal de Toulon, adresse la description d'un cas nouveau deteratologie.

M. Doy^re ecrit pour affirmer que , quoi qu'ait pu dire M. Garreau, il n'avait eu aucune connaissance des recbercbes de ce publiciste sur I'emploi des anestbesiques , en general, et du sulfure de carbone,en particulier, pourla destruction desinsectes qui devorent le ble : s'il les avait connues, il n'aurait pas manque de rendre a leur auteur la justice qu'il a rendue a tous ccux qui ont emis sur cette importante question des idees plus ou moins heureuscs.

M. Gagnage adresse une note sur un mode d'assolement qui lui semble apte ci donner k la Champagne Pouilleuse une fertility tant d^siree.

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M. le docteur Colombe rappellc avec une courageuse insis- tance les droits qu'il croit avoir comme inventeur de labalayeuse mecanique, & etre adniis k parliciper au bienfaitdu legs Tremont. Ce serait de la part de I'Academie un grand acte de charite, que d'accorder h ce noble vieillard, qui a compte longtemps parmi les plus habiles accoucheurs, qui, le premier, a decrit le principal symptome du cholera et mis sur la voie de I'expUcation de la veritable nature de cette redoutable maladie, qui, aujourd'hui, est atteint d'un tremblement nerveux, cruel au delft de ce que nous pouvons dire , une indemnitc ou un secours qui le defende d'une misere par trop acharnee.

M. Decharmes, professeur de physique au lycee d' Amiens, qui, marchant courageusement sur les traces de M. le docteur Aubergier, de Clermont-Ferrand, a voulu introduire et repandre dans le departement de la Somme, la production de I'opium indi- gene, extrait de Toeillette et du pavot, croit devoir appeler I'at- tention de I'Academie sur les progres qu'il n'a pas cesse de faire. En 1853, 11 n'extrayait du pavot que la pour centd'opium, cette quantite s'est elevee successivement, en 185/i, a 16, en 1855, a 20, en 1856, a 22, en 1857 enlin, ft 23, ixd pour cent.

Un inventeur adresse, pour le concours des prix insa- lubres , la description d'un foyer fumivore dejft adopte , et fonc- tionnant de la maniere la plus satisfaisantc, dans plusieurs hauls fourneaux et usines diverses. M. deRuolz, dansuncertiflcat tres- laudatif, garantit I'efficacite du nouvel appareil.

Un des medecins de Sa Majeste I'empereur d'Autriche en- voie de Pesth, Hongrie, pour le concours de statistique, un me- moire malheureusement ecrit en hongiois, etqui, par conse- quent, ne peutpas etre accepte. M. Flourens propose de renvoyer le memoire ft I'un des membres , pour qu'il devienne I'objet d'un rapport verbal ; un autre membre demande avec raison , il nous semble, s'il ne serait pas plus convenable d'inviter I'auteur a accompagner son travail original d'une traduction francaise ou latine.

Nous n'entendons pas les noms des auteurs de deux notes, I'une sur un mode particulier de transmission du mouvement a un nombre quelconque de pendules, au moyen de I'electro-ma- gnetisme ; I'autre sur un appareil destind a rendre plus rapide la manoeuvre des voiles, au moyen de la vapeur.

M. Wethered, de Wetheredville , pres Baltimore, ancien membre du CongrSs americain, adresse, pour le concours du

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prix extraordinaire de 6 000 francs sur I' application de la vapcur a la marine militaire, un memoire dcscriptif d'un nouveau sys- teme ou mode d'empiol de la vapeur, qui presente des avantages considerables , et que le Cosmos a le premier fait connaitre en France.

Ce systeme, nos lecteurs se le rappelleront, consiste & sur- cliauQer la moitie ou le tiers de la vapeur sortie du generateur, et k melauger la portion surcbaulfee avec I'autre portion de va- peur saturee ou ordinaire, au moment de I'entree dans les cy- lindres. II a ete experimente d'abord en Amerique, sur une machine fixe et un navire a vapeur ; en France , dans le Palais de rindustrie, et dans les ateliers du Gouvernement, k Brest, sur une machine iixe de douze chevaux ; en Angieterre , par ordre de I'Amiraute, sur le navire a vapem- de la marine anglaise, le Dee; a Vienne, Autriche , sur le navire ci vapeur le Newsatz , de la Compagnie du Danube. Toutes ces experiences s'accordent k constater, a travail egal, une economic moyenne de combustible de 50 pour 100, quand on compare I'emploi des vapours combi- nees a celui de la vapeur ordinaire ou saturee; et une (iconomie de 25 pour 100, quand on compare I'empioi des vapeurs combi- nees a celui de la vapeur surchaufTee en totalite. Ces experiences ont, en outre, eu pour resultat I'adoption definitive du systeme Welhered sur dix-huitfregates nouvelles, mises en construction par le gouvernement americain ; sur les trois paquebols traus- atlantiques de la Compagnie Colins, qui font le service de lamalle entre Liverpool et New-York, le Baltic, I'Adriatic et I'Atlantic; sur cinq des navires & vapeur de la compagnie Danubienne, etc. Enfin , au jugement de tons les ingenieurs qui ont experimente ce nouveau systeme, et en particulier, au jugement de M. Martin, ingenieur en chef de la marine des Etats-Unis , le temps n'est pas eloigne, ou tons les navires a vapeur seront forces de demander a I'emploi des vapeurs combinees, le double avantage d'une Vitesse plus grande et d'une economie notable de combustible.

M. Gratiolet et M. Masson, editeur, fonthommage du second Toiume de YAnatomie comparee du systeme neroeux , ouvrage dontun savant physiologiste,M. Leui'et, euleve, helas! premalu- r^ment h la science dans laquelle il etait passe maitre, n'avait pu achever la redaction. M. Gratiolet, qui supplea autrefois M. de Blainville avec tant de suce6s, auteui' lui-meme de recherches profondes et originales sur I'anatomie comparee du cerveau, candidal de I'Academie aux dernieres elections, soil de membres

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de rinstitut, soil de profcsseurs h la Faculte des sciences, au Col- lege de France, au Museum d'histoire naturelle, si digne enfin, commc professeur tilulairc, d'occuper a son tour une des cliaires de renseignement de Paris, n'a pas recule devant la difficile mis- sion qui lui etait confiec de completer ra?uvre de Leuret; le second volume abonde comme le premier en fails anatomiques et phy- siologiques exposes dans un excellent esprit et avec une grande purete de style. Deficiente uno non deficit alter... Aureus.

M. Flourens avait attendu que I'Assemblee filt plus nom- breuse, pour annoncer combien il etait heureux de deposer sur le bureau le discours prononce par M. de Varennes, maire de la Tilie d'Elampes, le jour de I'inauguration de la statue d'Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire. II serait impossible, dit M, le secretaire perpetuel, mi des quarante de I'Academie francaise, de trouver un tact plus delicat, une dignite plus douce, un langage plus touchant; enrellsant ce petit chef-d'oeuvre d'esprit, de gout et de sentiment, j'ai compris I'eliet, I'emotion qu'il a dil produire sur tous ceux qui Font entendu.

M. Moquin-Tandon prie rilluslre corps d'accepter de ses mains le depot d'mi paquet cachete. C'est toujours un evenement gu'un depot cachete, depose par un des illustres membres, il devrait lot ou tard en sortir quelque evenement bienheureux ; aussi attendons-nous avec quelque impatience qu'on ouvre les paquets de ce genre, deposes depuis longlemps deja par MM. Babinet, Despretz, Becquerel, etc., etc.

M. Faye demande la parole au sujet de la presentation faite par M, Slruve, et de la discussion soulevee par M. Biot. « II me semble, dit-il, que les debats manqueraient de conclusion et n'a- boutiraient a aucune action vraiment efflcace, si Ton devait se borner a signaler des desiderata, a indiquer des entrcprises, sans en venir a y interesser direclement I'Academie elle-meme, en sa qualite de corps constitue pour promouvou- en France les grandes recherches scientiflques, en leur assurant le haul patro- nage du chef de I'fitat. » M. Faye rappelle que le premier en 1852 il a propose d'appliquer les methodes nouvelles bien superieures aux anciennes, a la revision et & I'extension du reseau francais. Une noble modestie lui a defendu sans aucun doute de faire re- marquer que son programme, deja vieux de cinq annees, etait plus expUcite et plus complet que celui de M. Biot qui date d'hier. Nous n'avons nous aucun motif pour ne pas le constater. M. Faye disait : « Je propose de determiner par les procedes

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nouveaux, nonseulement les longitudes, mais encore les lati- tudes astronomiques de tous nos chefs-lieux, de les comparer aux coordonnees geodesiqucs deji connues pour mettre en relief les irregularites locales dont la surface du sphemide terrestre pent etre affectee siir notre sol, en poursuivant, s'il le faut, les centres ouleslignes do perturbations locales, de trois en trois metres; en rapprochant les observations des cartes gdologiques; en cher- chant les traces des causes perturbatrices jusqu'au-dessous de I'e- corce de la croute terrestre. » Mais, ce programme etait a peine formule, qu'il soulevait un double orage : Arago sembla inquiet de voir qu'on revoquftt en doute Texactitude de la carte de I-Yance; le corps d'etat-major declara, par I'organe de son chef, M. le colonel Blondel, que le nouveau projet avait deji occupe ses pensees, et reclaraa I'honneur d'en poursuivre I'execution sous le patronage et avec le concours de I'Academie. M. Faye, qui songeait a entre- prendre ces operations avec quelques amis, resta sous sa tente et n'en sortit que lorsque M. Le Verrier I'associa a la belle ope- ration de la mesure de la difference de longitude entre Londres et Paris. « Aujourd'bui, ajoute M. Faye, les choses out bien change de face; ce n'est plus comme en 1852 un membre Isold qui eleve une voix bien faiblemcnt autorist^e, ce sont les plus gi-andes autorites scientifiques qui proclnment devant vous [la necessite de reprondre les travaux geodesiques du dernier demi- siecle, de les verifier, de les etendre, de les mettre au niveau des exigences actuelles. C'est le directeur de I'Observatoire cen- tral de Russie, qui vient demander h la France la jonction com- plete des reseaux europeens; c'est le doyen de i'Academie qui reclame la prolongation de son arc espagnol jusqu'aux sommets de r Atlas; c'est le directeur de notre Observatoire imperial qui s'oflFre a completer astronomiquement la triangulation de la France; c'est notre illustre confreie, M. le mareclial Vaillant, ministre de la guerre, qui garantit k ces grandes oeuvres le con- cours de son administration. Les circonstances exterieures sont aussi completement favorables; les voeux exprimes par des auto- ritds si imposantes no pouvaient se produire dans un temps plus propice. Leur realisation exige si bien une situation euro- peenne telle que celle dont nous jouissons aujourd'hui, qu'elle devenait un corollaire presque necessaire de la paix de Paris. II y a quelques annees, au contraire, les suggestions de cet ordre etaient ou inopportunes on prematurees, et c'est une des gloires du regne actuel, qu'elles paraissenttoutes naturelles, toutes sim-

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pies, toutes faciles aujourd'hui. Je crois done avec les savants offlciers du Dep6t de la Guerre et avec M. Le Verrier, qu'on peut et qu'on doit reprendre par la telegraphic elcctrique et par les methodes astronomiques nouvelles la determination des coor- donnees des points principaux du reseau francais; je crois avec M. Biot que la France et la science sont interessees & plusieurs litres k la prolongation de Tare espagnol jusqu'aux limites de nos possessions algeriennes, ou elle ira se confondre avec la triangu- lation que notre savante armee ne manquera pas d'y faire; je crois avec M. Struve que la jonction des triangulations euro- peennes donnerait a la geodesic d'indispensables verifications, et que la prolongation de Fare russo-scandinave jusqu'au centre de la Me litcrranee fournirait a I'etude geometriquc du globe ter- restre un precieux complement, Mais je crois aussi, si je ne me trompc pas, etre I'interprete de la majorite de mes honorables confreres en emettant le voeu que I'Academie, par la nomination d'une commission mixte composee de geometres, d'astronomcs, de pliysiciens et de geologues , prenne sous son patronage des propositions emanees des plus hautes autorites, apres s'etre fait rendre compte des plans, des voies et des moyens. »

Le defaut d'cspace ne nous a pas permis de reproduire ou d'a- nalyser la portion de la lecture de M. Faye, dans laquelle il venait en aide a M. Struve dans le proces de tendance jque M. Biot lui intente. M. Biot n'a fait que reproduire le fond d'un memoirc public par lui il y a vingt-cinq ans, que tous les hommes competents et speciaux ont etudie, qu'aucun d'eux n'a certaine- ment [oublie, M. Struve moins que tout autre, au moment de parler devant son illustre auteur. Bessel n'a pas pu proceder au- trement qu'il n'a fait, et il est impossible que M. Struve puisse faire mal en adoptant une marche qui a recu I'assentiment de I'immense majorite des juges competents en pareille matiere.

M. filie de Beaumont appuie la proposition de M. Faye, et nous nous attendions a la voir mettre aux voix, mais il n'en a rien dte. L'Academie veut sans doute agir avec maturite.

M. Le Verrier annonce d'abord la decouverte d'une petite planfete faite en Amerique par M. Fergusson.

II croit en outre que le moment est venu d'appeler I'atten- tion de I'Academie sur le bulletin meteorologique de la France et de I'etranger dresse a I'Observatoire imperial sur les observa- tions transmises par la telegraphic electrique. Cc bulletin, dit en substance M. Le Verrier, n'a pas cesse de s'accroitre et de se de-

528 COSMOS.

Tclopper depuis sa crealion; il s'est enrichi dcpuis plusieurs jours de la station de Geneve, et il comprcnd pour la premiere fois celle de Bruxelles. Aujourd'hui l"'' novembre, nous donnons I'elat de I'atmospliere, non-seulement dans les quatorze stations de France, Duukerque, Mezieres, Strasbourg, Tonnerre, Paris, le Havre, Brest, Napoleon-Vendee, Limoges, Montauban, Rayonne, Lyon, Besancon; mais encore & Bruxelles, Geneve, Turin, Rome et Madrid. Nous pouvons compter que celte liste s'accroitra pro- chainement par les soins de I'Observatoire imperial de Paris et de I'administration des lignes telcgraphiques, secondes par les observatoires et par les stations tdl^graphiques a I'etranger. Nous rendrons compte alors des efforts qui ont die necessaires pour arriver a ce resultat. Le public aimera sans doute h connaitre comment ont ete organisees les stations francaises, comment fonc- tionnent les stations de I'etranger, quels savants et quels admi- nistrateurs ont donne leurs concours h cette entreprise natio^ nale. M. Le Verrier est assure de la cooperation tres-prochaine des observatoires meteorologiques de Vicnne, de Rerlin, de Saint- Petersbourg et de Lisbonne; cette derniere station I'interesse lout particuliercment parce que, situee le plus a I'ouest dans le reseau europecn, elle est le point de depart ordinaire des grandes ondes atmospheriques venues de I'ouest et nees peut-6tre [sur le Gulf stream. M. Airy, en Angleterre, attend pour forcer la main aux Compagnies privees de lelegraphie electrique, que le nombre des gouvernements ayant acquiesce aux propositions de la France soil un pcu plus considerable. En outre des oliservations de Lon- dres, celles de rextremite ouest de I'lrlande presenteront un tres- grand inleret commc autre point de depart des vents et des ondes atmospheriques. Desormais h chaque seance, M. Le Ver- rier deposera sur le bureau de I'Academic la serie des tableaux dc la semaiue ecoulee, ou de mardi a lundi, inclusivement. Ce sera alors pour le Cosmos le moment de combiner un moyen simple, facile, abrege d'enregistration reguliere de ces precicuses donnees meteorologiques.

M. Le Verrier demande ensuile h presenter, k son tour, en I'absence de M. Struve, quelques observations relatives aux re- marques critiques de M. Riot. Sa lecture, parfaitement etudiec, tres-moderee dans la forme, tres-claire aufond, est ecoulee avec une grande aitcnlion. Essayons de resumer en quelques mots sa longue argumentation. Lorsqu'il s'agit de faire servir k la deter- mination de la figure de la terre I'ensemble et les details des ob-

COSMOS. 52^

senations faites dans la mesure d'arcs de meridiens ou de pa- ralleles, y a-t-il deux voies a suivre, I'une bonne, Tautre mau- vaise? En supposant la possibilite de deux Yoies, M. Biot etait-il autorise par les travaux anterieurs et la derni6re communication de M. Struve a supposer qu'il clioisirait la mauvaise, et a lui re- procher h I'avance un choix malheureux? Aux deux questions ainsi posees, M. Le Verrier repond tres-nettement par la negative. Non, il n'y a pas deux voies, il n'y en a qu'une, et c'est celle suivie par Bessel, voie non-seulement bonne, mais necessaire; voie qui, loinjde conduire k une compensation, a une dissimulation des deformations locales duspberoideterrestre, qui, loin d'amener le polissage speculatif dont nous menace M. Biot, peut seule, au contraire, mettre en evidence les inegalites et les anomalies dont I'existence est aujourd'bui un fait certain. Pour prouver cette premiere partie de sa these, M. Le Verrier a fait en quelque sorte une lecon de haute geodesic. Arrivant ensuite au debat, il prouve, que bien loin que les antecedents de M. Struve pussent faire craindre qu'il prit une voie mauvaise, laquelle d'ailleurs n'existe pas, ces antecedents etaient an contraire une preuve certaine que I'illustre directeur de I'Observatoire imperial de Russie marche- rait d'un pas ferme et hardi dans la voie droits qui doit conduire a des resultats definitifs. SI M. Biot n'avait pas modifle substan- tiellement le texte cependant si court de M. Struve; si h cet enonce sansambiguite aucune : u Le dernier volume renfernm^a , en outre, le resulfat pour la figure de la terre , dedtiit de la combinaison de tousles arcs de meridiens dignes de confance et qui ont ete mesures jusqu'd present, » M. Biot n'avait pas substitue cet autre : « M. Struve annonce qu'il combinera le nouvel arc de me- ridien russo-scandinave avec tousles antres arcs analogues ante- rieurement mesures, qui sont dignes de confiance, comme Bessel avail procede en 1837 et 1840, avec les donnees moins etendues qui existaient alors; » si M. Blot avait tcnu compte de ce fait ca- pital que I'objet de la mission de M. Struve etait la mesure d'un arc parallele, embrassant au moins 55 degres en longitude, dans le but formellement exprime en son nom par M. le marechal Vaillant, de constater, en comparant les longueurs geodesiques des diverses parties de cet arc avec leurs amplitudes astronomi- ques, de la maniere la plus certaine, si la terre est veritablement un corps de revolution, ou bien si elle s'ecarte de la forme simple qu'on lui avait attribuee; si M. Biot avait daigne remarquer qu'au lieu de se conlenter dans la mesure de Tare russo-scandinave de

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la d(^tcrmination dcs latitudes extremes et de la latitude ci I'in- tersection du parallele nioycn, M. Struve avail exige qu'on prit les latitudes le long de Tare entier de deux degres en deux de- gres, que la meme exageration de precautions et de mesures avait eu lieu pour les longitudes; si enfln M. Biot s'elait souvenu que M. Struve a pris uue grandc part aux operations qui ont mis en evidence la depression de la mer Caspienne, il aurait su a priori combien la pensee d'un polissage speculatif etait loin de I'esprit de I'illustre astronome; il ne lui aurait pas intente ce proces de tendance contre lequel M. Faye et lui vienncnt protester, et (jui sera pour M. Struve la cause d'une douloureuse surprise.

M. Babinet demande non pas & prendre part au debat, mais a parler sur la question. II ne comprend pas qu'il puisse etre question encore de compensation ou de polissage quand c'est un fait solennellement acquis k la science que la terre n'est pas un ellipsoide de revolution; quand dcs travaux de premier ordre et qui ont eu un grand retentissement, celui de M. Airy en Angleterre; celui de M. Encke de Berlin en 1852, n'ont pas eu d'autre objet et d'autre resultat que de constater des inegalites et des deforma- tions locales enormes. M. Encke surtout a fait precisement ce que demande M. Biot, ce que M. Struve ne manquera pas de faire a son tour. 11 a determine d'abord par la discussion de toutes les mesures connues et acceptables d'arcs meridiens, quel devait etre le coefficient d'ellipticite ou Taplatissement de la tcrre en la supposant un ellipsoide de revolution ; il a trouve que cet a- platissement etait sensiblement egal k un trois-centieme; compa- rant ensuite ce resultat general et moyen, pour un grand noinbre de stations, avec le resultat des obseivaiions individuclles il a constate des dilTerences qui se sont elevees jasqu'a cinq secondes, qu'il etait par consequent impossible d'aUribuer a des erreurs d'observation, qui accusaient forcement des deformations locales grandement sensibles. Comment ces deformations pourraient- elles etre douteuses quand on voit que sur un arc de 60 se- condes seulement, mesure sur I'ile de Wight, oa a roconnu aux deux extremites des dilTerences de trois secondes ou d'un vingtieme de Tare? Young, qui ne s'avsnlarait jamais, a affirme il y a plus de trente ans que sur la portion de la surface du sphe- roide lerrestre, occupee par notre France, I'aplalissement elait d'un cent-cinquantieme au lieu du trois-centieme Iheorique ; et ce meme ecart s'cst manifesle sur plusieurs autros points. Puisque les observations iailes dans I'ile de Wigiit et sur diverses cotes,

COSMOS. 531

sur les c6tes de Brest, par exemple, semblent prouver que le pen- dule est attire et devie, quelquefois de plusieurs sccondes, du c6t^ de la terrc, M. Babinet pensc qu'il serait neccssairc de me- surer un arc du meridien en pleine mer s'il est possible; et il propose dans ce but les iles Marquises dout la France a pris possession et qui sont sous tons les rapports dans une position exceptionnellcmeut favorable.

M. Elie de Beaumont appuie la proposition de M. Babinet, ct croit qu'il ne serait pas impossible d'attribuer la deviation du fil a plomb, observee sur liie de Wii^lit , a la presence d'une grande faille qui la traverse dans toute sa longueur, et qui est le resul- tat d'un boulcversement geologique intense.

M. Biot, qui, sans I'exprimer formellcment, parait regretter sa sortie intenipestive, affirme qu'au fond il est d'accord avec ses confreres, MM. Faye, Le Venier et Babinet, qu'il n'a pas voula dire autre chose que ce qu'ils ont dit. En voyant I'aunonce si laconique de M. Struve , en enlendant M. le marechai Vaillant parler d'ellipsoide de revolution, alors qu'il est certain que la figure de la terre n'est en aucune maniere un solide regulior, il a cru que I'Academie devait niontrer qu'elle etait parfaitoment au courant de la question, et il s'est fait hon organe. II n'a pas I'ha- bitude de deguiser sa pensee ; il a dit , en I'absence de M. Struve, ce qu'il aurait dit en sa presence , s'il avait assisie a la seance, ce qu'il lui aurait dit a lui-meme dans une conversation parliculiere; ses remarcjues critiques auront eu du moins pour eli'et de mieux faire ressorlir les besoins et les tendances de la science actuelle.

M. de Qualrefages communique les resultats d'cxperienccs qu'il a failes en commun avec M. Tripier, pharmacieu en chef de I'hopital du Gros-Caillou, sur les qualites de la sangsue d'Afrique, comparee a la sangsue de France, et sur les avanlages que semble presenter, pour le transport ct la conservation des sangsues, un appareil Ires-simple, propose par M. Vaisson, sous le nom de marais domestique. Nous avons deja, depuis quelque temps, sous les yeux le rapport de MM. Tripier et de Quatrefages, uouspourrions done I'analyser completeraent; mais comme, d'une part, notre compte rendu est deja tres-long, que , de Tautre, le savant aca- demicien est entre dans de nouveaux details, pleins d'interetsur rel6ve, I'emploi etla conservation des sangsues, nous nousreser- Tons de faire de son travail I'article Variete de notre procluiine iivraison. Nous dirons done tres-brievement que les conclusions du rapport sont entiSrement favorables et h la sangsue africaine,

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qui peut rivaliser avec les meilleiires esp^ces connues , et au marais domestique de M. Vaisson, qui a donne les plus cxcellenls resultats.

M. Seguier raconte la chute d'aerolithe, clont il a ^te t^- moin auriculaire; nous avons dit aux nouvelles di verses tout ce que nous savions h ce sujet.

M. Pelouze prcsente une note de M. Tcrreil, preparateur de ■chimie au Museum d'histolre nalurelle, sur quelques cas de de- Titrlflcation ou de cristallisation du verre observes par lui dans I'usine deMM. Maes et Glemandot, a Clichy; nous sommes force d'en renvoyer I'analyse a la prochaine livraison.

M. d'Arcliiac, au nom de M. de Rouville, presente sur la geologie de I'llerault un Memoire, d'ou il resulte que cette contree et principalement les environs de Lodeve presentent un interet tres-considerable; il est impossibleljde rencontrer sur un aussi court espacc autant de formations, de terrains, d'accidents, etc., dignes d'etude et riches en renseignements importants.

M. le general Poncelet presente au nom de M. Lorenzo Prezaz, professeur de mecanique a I'ecole industrielle de Barcelone, les des- sins, details de construction ct calculs d'un hygrometre ou unite DE FONTAiNiER. G'est UH vasc d'ccoulemeut qui donne en douze heures un metre cube d'eau par un orifice circulaire de cinq millimetres de diametre, pratique dans une cloison a mince paroi d'un millimetre d'epaisseur, sous une charge de trente-quatre millimetres exacts, correspondante i\ la latitude moyenne et qui ne varie du pole a I'equateur que de deux dixiemes de milli- metre, quantite que Ton distingue a peine a la vue. Une partie essentieile dc I'hygrometre est Tentonnoir ayant pour but d'em- pecher les oscillations de I'eau dans le deverseur. M. Prezaz lui a donne la forme cyclo'idale theorique la plus apte a rendre mi- nimum la contraction de la veine et le fi-ottement de I'eau contre les parois. Pour construire son hygrometre, M. Prezaz a mis a profit toutes les recherches experimentales ct theoriques rela- tives a Fecoulenient des fiuides : les observations de MM. Poncelet <3t Lesbros, de Yease, de MM. Morin, dc d'Aubusson, de Dupuy; les theories de Poisson, de Lacroix, dcMendoza deLescary Pelago.

M. le docteur Herpin, de Metz, presente pour le concours des prix Monthyon un Memoire imprime et ayant pour litre : De Fa- Toine considerec comme substance alimentaire pour I'homine. Nous publierons ses conclusions dans notre prochaine livraison.

Iiiiprimerie de W. IVemquet et Cie, A. TRAMBtAY ,

rue Garanciere, 5. prop) tela: re-geran!.

T. XI, 13 novembre 1857 a- -x

aixirme ano^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

Le direcleur-propi-ietaire de la Science adresse a ses abonnes ^a lettre suivante:

« Le journal la Science cesse de paraitre a compter de cc jour <. Les abonnes recevront en echange le journal le Cosmos revue « encyclopedique des progres des sciences, pour la meme duree <c de temps restant k courir sur leur abonnement a la Science « Dans le cas ou des abonnes du journal 5«ence seraient auss'i « abonnes au Cosmos, leur abonnement au Cosmos sera prolono-e « pour toute la duree restant a courir sur leur abonnement a li « Science. »

Par suite de conventions, le Cosmos a done bien voulu se char ger de continuer le service des abonnements dans les termes ci dessus relates. ^ Tramblay/

Au moment ou il heritait de la succession de sa sceur cadetle le Cosmos recevait d'un ami, il est vrai, mais d'un ami eminem- ment eclaire et impartial, M. Babinet, membre de I'Institut de venu 81 populaire par ses piquants articles de la Revue des Deu.r- Moncleset du Journal des Debats, un temoignao-e de svmnathie un ccrtificat de bonne redaction, qui I'a agreablement surpris' L illustre savant termine ainsi son bulletin astronomique du 4 no- vembre dernier :

<. Je fmirai en renvoyant les lecteurs qui voudraient se tenir au courant des sciences, a I'excellent journal hebdomadaire re- dige par M. I'abbe Moigno, qui a pour litre : Cosmos La pliv- sique, la meteorologie , I'astronomic et les arts v sent passes en revue dans leurs nouvelles et lenrs resultats les plus importanls L auteur etant un mathematicien d'un ordre tres-elev(- on v trouve aussi des notes sur les progres des matbematiques et di- la mecanique theorique. Le style en est autant que possible de- gc-igedessymbolesalgebriques, et les seances des Societes sa- yantes y sont analysees avoc claite et inlere!. M. /Vraoo etait un lecleur fort assidu du Cosmos, qm", par la variete des objels scien- tifiques et mdustdels qu'il embrasse , doit echapper a h qualifi- cation de journal de specialite , qui est un litre d'effroi pom-bion des gens. J'ai eu souvent a repondre a cette question Quelle

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]Hiblication faul-il adopter, pour suivre les progrcs de la science ? Kt apr^s miire reflexion, j'ai toujours ete conduit ft indiquer le Cosmos. »

II n'a rien.moins fallu que la circonstancc prdsente, pour nous jaire deroger a nos habitudes, et nous amener & parlerlelangage de la reclame, dont nous nous sommes toujours si efficacenient defendu jusqu'ici.

L'Akbar d'Alger constate avec bonlieur qu'il a recu do Mar- seille, ci quatre heures du soir, la reponse h une depechc expd- diee par lui d'Alger, k dix heures du matin. Dans cet intervalle de six heures, le message avail franchi, aller ct retour, I'Algerie,^ d'Alger a Bone; la Mediterranee, de Bone a Cagliari ; la Sardaigne el la Corse, avcc le detroit de Bonifacio et le golfe de la Spezzia; le Piemont et la Savoie, de la Spezzia jusqu'a Chambery; la Sa- voie et la France, de Chambery a Marseille.

Par ordre de Sa Majcstc I'Empereur, M. Rouland, ministre de rinstruction publique, avait ecrit k M. Agassiz , le celebre natu- ralisle, la Icttre suivante : « Une chaire de paleontologie est vscante au Museum d'histoire naturelle de Paris , par la mort de M. d'Orbigny. Vous etes Francais , vous avez honore et enrichi •votre pays par a os travaux eminents et vos laborieuses recher- ches. Vous etcs membre correspondant de I'lnstitut; I'Empereur sera heureux de rendrc A la France un savant distingue, un pro- fesseur justemcnt rcnomme. Je vous oOVe en son nom la chaire vacante. Votre pays serait lui-meme heureux de recouvrer un de ses enfants les plus devoues a la science. » Le Courrier de Boston, qui a le premier publie cette lettrc , ajoute que M. Agas- siz a rehise cette offre si flatteuse , ne voulant pas briser les liens de gloire et d'or qui I'atlachaient aux Etats-Unis. Cette initiative du gouvernement francais si genereuse et si rare , cette recon- naissance si noble et si sincere du savant envers sa patrie adop- tive, sont des fails au-dessus de tout eloge. Plusieurs personnes ont ete fort etonnees d'entendre donner a M. Agassiz les quahtes de Francais, car il est ne a Orbe, canton de Yaud; mais a I'epo- que de sa naissance le canton de Vaud faisait partie d'un de nos ddpartcmenls-, voila pourquoi sans doule on a pu le considerer comme Francais. Deja I'Anglcterre lui avait offert la chaire d'fi- dimbourg, avec la succession d'fidouard Forbes et des appointe- menls considerables; mals il avait egalemenl decline cethonneur.

M. Pasteur, doyen de la Faculte de Lille , a etc tout recem- jnent appele a remplacer M. Hcbert a I'Ecole normale de Paris ;

COSMOS. 53S-

M. RoulancI, ministre de I'lnstrucUon piiblique, dans son discours d'installalion, exprime en ces tenues sa haule o])inion du meritc de I'auteur a jamais celebre des Recherclies sur les acides race- mique et paracemique : (( J'ai ete charmc de pouvoir appeler au poste d'administrateur de I'Ecole normale et de direcleur des etudes scientifiques, I'un des hommes les plus devoues k la science, les plus capables d'en propager Ic goftt, les methodes et les applications. »

Le 20 octobre , le cone , baut de 45 metres, apparu en mai dernier, dix-huit mois apres le debut de la derniere eruption du Vesuve, a saute en Fair. L'explosion a ete si forte, qu'ellc a occa- sionne un tremblement de terre. Pendant vingt-deux mois, la lave n'avait pas cesse do remplir completcment I'ancien cratrre ; on pent desormais regarder reruption comme terminee. On aclieve en ce moment, a I'Observatoire du Vesuve, fonde et si babilement dirige par M. Palmieri, une tour destinee a recevoir uiie serie complete d'instruments meteorologiques. Sa Majeste Napolitaine,. qui s'interesse vivement aux developpements de cet etablisse- ment, unique en son genre, et cree par sa munificence, a donne des ordres pour que rien ne manquiit de ce qui est necessaire ou utile pour les observations, et que la bibliotheqae futpourvue de tons les ouvrages propres a faciliter les rechorcbes du savant directeur et de ses coUaborateurs. Dans une de ses dernieres lettres, M. Palmieri annonce , contrairement aux assertions de plusieurs geologues, que, dans les boucbes de fumee, il a cons- tate la presence d'un acide liquide et de divers prodnits ammo- niacaux. II a aussi mesure la vitesse maximum du torient de fumee qui sortait du cone, et I'a trouvee egale a 15 metres par minute. L'oriflce qui lui donne issue a un metre et demi de diametre, et sa temperature est de 1 200 degres. Avec ces don- nees, cbacun pent calculer le nombre de metres cubes d'eau que le plus grand des deux cones reduit cliaque jour en vapeur, et la force mecanique que cette vapeur represcnte.

Jeremie Hon'ock est un astronome anglais de grand merite et de grande reputation, qui mourut en 16il dans la force de rage. Les habitants de la Title de Preston, qui a eu I'bonneur de compter Horrock au nombre des membres de son clerge, desire elever un monument k sa memoire ; et dans ce but elle invite tons les savants et amis de la science de I'aider par leur sous- cription a reunir les 7 ou 8 mille francs necessaires a I'ereclion du monument. Get appel indigne VAthenceum anglais. « Si le Lan-

536 COSMOS.

cashire, dit-il, qui jouit. d'aneprosperit-c aupres de laquclle paii- raicnt Ics richesses tant exaltees de Tyr et de Sidon, ne peut pas fournir h lui seal la inince somme de 300 livres sterlings pour honorer un de ses eiifants les plus illuslres, c'est une preuvc par trop evidente que le Lancashire n'est pas encore digne de voir s'elever dans son sein le monument projete. II est temps qu'on en finisse dans notre pays avec ces levees generales de contribu- tions organisees dans un interet par trop local. II est temps que nous n'ayons plus le triste spectacle d'une contree enrichie par le commerce au dola de toutes les previsions, et travaiUanl a pui- ser dans les poches des pauvres savants, I'argent qu'elle pretend consacrer i\ I'erection d'une statue, comme si x, y, z etaient 1, s, d, livres, schellings et deniers. Le Lancashire doit toute sa pras- perite h la navigation ; la navigation doit tous ses perfectioime- ments <^ I'astronomie; Vastronomie doit toiiles ses conquetes mo- dernes au genie de Newton, et Horrock a ele un des astronomes qui ont le mieux ouvert les voies au grand Newton. Si le Lanca- shire consacrait soixante quinze millions h honorer la memoire de Newton, il n'auraitpas encore acquitte sa dette. Qu'il s'impose done a lui seul les 7 500 francs par lesquels il pretend honorer la memoire d'Horrock, et qu'il ne vienne pas pressor le Londres commerrant, encore moins le Londres savant, d'acquitler une dette qu'il peut et qu'il doit acquitter lui-meme. » Quoique rude et meme un peu brutal, ce langage au fond n'est pas depourvu de justesse et nous nous en sommes fait I'echo. Nous aurions plus de peine, en face d'un engouement general, k nous associer a notre confirre de Londres, quand il crie avec un peu trop de mauvaise humeur aux habitants de Preston et de Grantham : « Ce que vous faites n'est rien moins qu'absurde, Newton et Horrock n'ont aucun besoin de vos temoignages de sympathie. Comment ou en quoi leur reputation serait-elle rehaussee par Tercction d'une statue mediocre ou d'un monument imparfait dans vos murs si e'roils? Et quelle singuliere manie que celle qui, pour honorer les savants morts, vous amene a faire peser un trop lourd tribut sur les epaules des savants vivants ! »

L'Acad^mie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen propose les sujets de prix suivants : Pour 1858. Histoire phy- sique et chimique comparative des huiles d'olive, d'arachnide et de sesame, de muniSr ; i\ indiquer des moyens efficaces, prompts et faciles pour reconnaitre les melanges de ces trois sortes d'huilcs, non-sculement pour les qualites qui servenl a I'alimen-

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tation, mais au'ssi pour celles qui portent les noms d'huilcs lour- nantcs, d'huiles de fabriqne; Ic prix est de 500 francs. 2" Pour 1860. Tracer la fibre cryplogamique des cotes maritimes de la Seine-Inferieure ; prix 300 francs.

On a trouve recemment a Vory-Noureuil, departement de I'Aisne, une tfite fossile de cerf a bois gigantesque, cervus mega- ceros dans un etat presque parfait de conservation. L'envergure des bois est de plus de trois metres, le merain est cylindrique, immediatement au-dessus de la couronne nait un andouiller quelquefois bifurque qui se porte en avant et en haut. li ne manque a cette tete si reniarqnable que I'extremite du muffle et des naseaux etles deux dernieres dents du cote gauche.

Nous pensons etre agreable h nos lecteurs, au moment ou toutes les distilleries sont en pleine campagne d'hiver, en leur apprenant une nouvelle bibliographique importante. L'etude de la fermentation n'avait ete abordee jusqu'a present que dans des notes ou des memoires necessairement incomplets; et cet acte supreme de la dissociation avait ete envisage comme soumis a la dependance de la force catalytique ou de Taction de contact.

M. N. Basset, connu deja du public scientifique par son Traite cValcoolisation generale et par divers travaux d'agriculture et d'e- conomie agricole, a songe a combler cette lacune. La librairie Victor Masson met en ce moment en vente un volume de 600 pages, ayant pour titre : Traite theorique et pratique de la fermentation, consideree dans ses rapports generaux avec les sciences et I'in- dustrie. La gravite dos questions etudiees dans ce travail lui im- prime un haut interet, et cet ouvrage est de nature a etre egale- ment utile a i'homme de recherches et a I'industriel.

Fails des sciences.

La carte ge'ologique du Dauphine ou de ITsere (et non de ritalie, comme une faute d'impression nous I'a fait dire), de M. Charles Lory, contient vingt-six livraisons representees par vingt-six teintes ct ayant toutes une importance reelle, alors meme que quelques-unes seraient synchroniques.

L Alluvions modernes : remaniemenls d'alluvions anciennes, lits de dejections des torrents actnels ou d'anciens torrents.

IL Serie quaternaire : depots erratiques et diluvions, blocs erra- tiques, cailloux roules, polls et stries ; lehm de la vallee du Rhone,

538 COSMOS.

terre i\ pise des environs de Lyon; lerrasses d'alluvions, nappes do diluvium alpin.

III. Serie tcrtiaire : ierram de transport d'anciens poudingues, molasse marrine, molasse d'eau douce, groupes de sables bigar* res et argiles plastiques ; terrain nummulutique.

IV. Serie. cretacee : groupe de la craie caracterisee par des ga- hritcs vulgaris, des mivraster , tor-anguinum, des anancijtes gibba, des trigonna scabra, des actionnella levis, des ostrea vesi- cularis, des orbitoides media, des belenmites mucronatus , des ananchytes ovata, des baculites, etc.; gault avec fossiles mou- les en phosphate de chaux ; marnes aptiennes avec belenmites semi-canaliculatus ; etage neocomien supdrieur avec chama ammonia el orbitolines ; etage neocomien inferieur.

V. Serie jiirassique : etage corallien ; 2" etage oxfordien avec schistes et posidonies; elage oolitique; lias, comprenar..t les schistes argilo-calcaires, les calcaires compactes, les dep6ts de gres ci anthracites ; les gres multicolores, les roches de cristal- Jisalion, granites, gneiss ; les roches metamorphiques, plus ou nioins schistcuses avec assises de calcaire saccharoide ; les roches piutoniques, speUles, porphyre vert, serpentines avec variohtes et eupholides.

M. Lenhossek resume ses etudes du systemenerveux central dans seize propositions dont nous enoncerons les principales : le systeme nerveux central se compose de substance grise, de substance blanche et d'uae substance intermediaire, dite substance gelatineuse de Rolando; 2" la substance grise est formee d'une masse hyaline generate avec des cellules nerveuses de trois es- peccs ; la substance blanche est formee de fibres primitives qui se terminent dans les divers organes du systeme nerveux central en forme de radiations; la substance gelatineuse est formee par la substance grise qui traverse les faisceaux de la subsiance blanche sous forme de fdets ; dans la moelle epiniere la substance grise constitue quatre colonnes, deux anterieures motrices, deux posterieures sensitives, reunies les unes aux au- tres par la commissure grise. Dans la moelle allongee les co- Jonues anterieures deviennent internes et les colonnes poste- rieures externcs. Au dol^ du sinus rhomboi'dal les colonnes mo- trices se continuent seules au fond du troisieme ventricule pour so terminer dans I'infundibulum ; les colonnes sensitives passent dans les couches optiques et les corps stries ; les fibres primi- tives des racines de tous les nerfs prennent naissance dans la

COSMOS. 53ff

substance grisc; elles sont quelquefois les prolongations de cel- lules nerveuses, le plus ordinairement elles prennent naissance par groupe et sans qu'on puissc determiner leur origine ; les racines motrices des nerfs spinaux et des nerfs moteurs cerebraux prennent naissance seulement dans les colonnes motrices; les racines sensitives des nerfs spinaux et des nerfs sensitifs cere- braux proviennent seulement des colonnes sensitives; 9" les ra- cines des nerfs cerebraux mixtes prennent leur origine aussi bien dans les colonnes sensitives que dans les colonnes motrices; 10° il y a quatre sortes de croisements : un dans la moelle epiniere, celui des fibres primitives des racines motrices ; un dans la moelle allongee et dans le pont de Varole , celui des fibres primitives des racines des nerfs moteurs cerebraux et de la portion motrice des nerfs cerebraux mixtes ; un dans la cloison de Vicq-d'Azir, ce- lui de quelques fibres de la substance blancbe, de la moelle allon- gee et du pont de Varole; un en avant du canal central ou de la decussion pyramidale , celui des six parois de faisceaux de la sub- stance blanche et de la moelle allongee; 11° les fibres primitives des racines du plexus veineux de la pie-mere proviennent de toute la Peripherie de la substance gi'ise ; 12" les deux corps oli- vaires sont composes de deux substances, I'une externe grise avec circonvolution, I'aulre interne blanche; 13° le canal central de la moelle epiniere parcourt toute la longueur de celle-ci et s'ouvre dans le calamus scriptorius ; Ih" de chaque c6te du canal cen- tral il y a une grosse veine qui se bifurque successivement dans la region de la moelle allongee d'une part et dans celle du cone meduUaire de I'autre.

Le fait principal consigne dans les lettres de M. de Sismonda k M. Elie de Beaumont, etait la presence, pres de Tuninge, en Savoie, d'empreintes de fougeres caracteristiques de I'epoque houillere , au sein d'une marniere qui appartient presque certai- nement a I'epoque cretacee ; d'ou le savant geologue conclat que les fougeres houilleres vivaient encore alors que la mer deposait les roches de la partie moyenne du terrain nummulutique.

M. Fournet appelle I'attention sur une cause de deperdition des minerals plombiferes et argentiferes dans les lavages. La cause en question est la tendance a la flottaison , en quantity considerable, de poudres cependant tres-deases. Ainsi , a la surface de I'eau pure, de I'eau salee, du vitriol et duvinaigre di- lues, la poudre de gal6oe , quoique si lourde, peut flotter presque indefiniment ; elle peut former sur ces divers liquides une pelli-

5iO COSMOS.

cule tenement serree, qu'elle supporte des corps assez lourds pour deprimer la partie sur laquelle ils reposcnt. 11 en rcsulte une sorte de bateau , assemblage do parties desagregees , et dont la solidite provoque une certaine surprise. Sur I'alcool, au con- traire , et I'essence de terebentliine , la poudre de galene descend instanlanement et completement; sur I'huile, son Immectation est encore rapide et la chute assez prompte. On coacoit que, si la poudre de mineral a une si grandc tendance a flolter , les eaux de lavage peuvent en emporter une proportion considerable , et qu'il y aurait, par consequent, de I'interet a trouver le moyen de favoriser , par des moyens eflicaces , la precipilation des pulvi- cules, qui tendent a flotter ou a nager entre deux eaux.

On s'est souvent demande , en presence de la gravite des accidents occasionnes par la rencontre des convois de chemins de fer, s'il ne serait pas possible d'aniortir , ou au moins d'alte- nuer forlement la collision , au moyen de parachocs ou de res- sorts en acier extremement puissants, places a I'avant et a I'arriere des trains. M. Piiillips a voulu resoudre cetle question, a I'aide des regies qu'il a donnees pour la conslruction et la theorie ma- thematique des ressorts de toute espece. II est arrive sans peine a demontrer que le poids t donner aux ,parachocs devrait etre si enorme, que leur eraploi serait completement impossible. II trouve, en elTet, que ce poids devrait etre, pour un train express, de 30 8^5, pour un train omnibus, de 21 590 , pourun train mixte, de Ih 255 , pour un train de marchandises , de 22 850 kilogram- mes. De 21 k 31 tonnes, voila done ce que devrait peser le para- choc, c'est-a-dire que sa construction serait une oeuvre gigan- tesque, et qu'il faudrait plusieurs wagons pour le porter, et presqu'une seconde locomotive pour I'entralner.

En soumetlant le systeme nerveux de la sangsue medicinale a Faction de divers reactifs , I'hypochlorite de sonde, la Uqueur d'elain, I'acide azotique, le melange d'acide azolique fumant et d'alcool, I'acide sulfurique, I'ether sulfurique, etc., MM. Leconte et Faivre croient avoir prouve que ce systeme est compose d'ele- ments chimiques assez nombreux, et jouissant de proprietes essentiellement di/Terentes. Les ganglions , par exemple , difTerent des nerl's lateraux qui en naissent ; la matiere granuleuse differe des nevrilemmes, les nevrilemmes different des lubes, etc., etc.

M. Joly a cru devoir signaler a 1' Academic un nouveau cas de monstruosite, observe sur un chat : un seul corps, tete unique en arriere, formee en avant de deux moities de face tout k

C0S3I0S., 541

fait conligues, mais non completement soudees sur la ligue me- dianc; appareil ociilaire atrophie ou nul du cOie de I'axe d'union ; nez contigus. Le moustre a tete sa mere, ii a vecu deux jours; on I'a enlendu miauler comme uii chat regulieremenl forme. Sa mort si prompte est une confirmation de cette loi generale, que plus un monslre double s'approclie de I'unile, moins il a de chances de viabilile.

On a cru jusqu'ici que lecercle senile est une espece d'atro- phie dela cornee. Cette opinion est eombattue a pnon" par ce raisonnement bieu simple : L'atrophie ne pourrait arriver que par defaut de nutrition; or I'opacite nee d'un defaut de nutrition devrait apparailre vers le centre de la cornee, et non a la peri- pherie, puisque la cornee ne se nounit qu'aux depens dcs mem- branes environnantes. Apres avoir montre le peu de probabilite de I'opinion recue, M. Castaroni etablit : que le cercle senile est le produit d'une imbibition immediate de la circonlerence de la eornee, paries secretions plus ou moins abondantes de la conjonctive; que I'imbibition requiert, comme condition in- dispensable, le contact plus ou moins permanent des paupieres avec la cornee ; S'^que ce travail d'imbibition est en raison inverse de la resistance de la cornee etde la densile des liquides secretes. Cette explication exigeait qu'il lut avant tout demontre que quand la cornee est baignee par des liquides plus ou moins abondants, plus ou moins denses, elle devient opaque par un travail d'im- bibition, et que cette opacite est plus prompte et plus complete, quand la cornee est a I'abri de I'evaporation. Des experiences directes, faites sur les animaux, ont prouve qu'il en est reellement ainsi. La theorie de JL Castorani est done complete. Cette infir- mite du cercle senile est assez commune cbez les vieillards, et maiheureusement elle est incurable. On ne peut, en effet, ni diminuer la secretion plus abondante de la conjonctive , ni mo- difier la disposition des paupieres retrecies et peu mobiles, ni rendre a la cornee toute sa tension.

M. le docteur Deleau jeune croit avoir rigouceusement etabli que la paralysie essentielle du nerf facial est probablement tres-rare; 2" que sa cause pi'ochaine est I'etranglement de son tronc dans son passage dans Taqueduc de Fallope ; 3" que I'exal- tation de I'ouie, qui accompagne la paralysie, estun symptome de I'otile interne ; qne pour guerir la paralysie faciale, il faut trailer activement Fotite. M. Deleau est, en outre, intimement convaincu que beauconp de nevralgics n'ont pas d'auti-es causes

542 COSMOS.

que r^tranglement des nerfs sensitifs ou moteurs dans les con- duits osseux, par inflammation et par epaississement.

De nouvelles rechcrclies auraient conduit M. Bobierre, de Nantes, i\ admettre, contrairement ^ ses premieres impressions, I'efficacile, comme engrais ou comma amendements, des nodules de phospliate de chaux des Ardennes. Reduits en poudre fine, dit-il, et exposes quelques mois h I'air, ils sont assimilables par les TCgefaux. lis seront employes avec avantage, tantot associes ^ des substances organiques , pour fertiliser les terres pauvres en agents dissolvants , tantot seuls dans les defrichements oil abon- dent les detritus vegetaux. L'addition de sang desseche aux no- dules donne des resultats excellents au triple point de vue du rendement en grains, dela vigueur de la paille et dela precocite. La dernierc recolle a montre que la poudre de nodules est assi- milee partout oil le noir d'os en grains est rapidcment dissous.

M. Barthelemy resume, comme il suit, ses observations et ses experiences sur Teducation des vers a sole : La maladie des vers doit surtout etre attribute aux conditions conlre nature, dans lesquelles on les place: incubation artificielle , temperature cons- tan te, obscurite souvent complete, fecondation forcee ; la graine eprouve des commencements d'incubation pendant les mois de juillet, d'aoiit ou de septcmbre ; une education en aoiit, ou en septembre, prcsenterait toutes chances de succes, et la graine qui en resulterait, seraitsoustraite au danger d'incubation; les villes devraient etablir des primes pour la graine, comme elles en ontetabli pour le cocon.

M. Darcy , par des modifications heureuses , a rendu plus facile et plus precise la mesure , h I'aide du tube de Pilot, de la Vitesse des filets liquides dans les cours d'eau. Son appareil mo- difle est forme de deux tubes verticaux , recourbes a angle droit vers le bas, et dont les branches liorizontales sont pourvues d'a- jutages teiiuines par des orifices de tres-petit diametre. Dans I'experience , on fait en sorte que des deux normales aux plans des orifices , I'une soit dirigee dans la direction du filet liquide, I'autre perpendiculairement k cette menie direction. M. Darcy deduit la hauteur due a la vitesse du filet de la difference des hauteurs du liquide dans les deux branches , en la multipliant par un coefficient qu'il a prealablement determine par I'expe- rience.

En adressant a I'Academie les premieres feuilles de son Anmiaire de I'Institut meteorologique des Pays-Bas, pour 1857,

COSMOS. 5li5

M. Bujis-Ballot indique 1 aforme qu'il donne h la publication des resultats des observations simultanees. II s'appliquc surtout a computer Ics ecarts, c'est-a-dire les dilTerences avecles valeurs moyennes dc I'annee , du jour ou de I'heure, telles qu'elles re- sultent de plusieurs series d'annees d'observations. Si les diffe- rences sont positives , si la temperature , par exemple , ou la pression atmosphcrique est plus elevee que la moyenne, ilia fait imprimer en gros caracteres ; il I'imprime, au contraire, en petits caracteres, quand elle est negative. Ces diderenccs sont indiquees pour trente ou quarante localites de I'Europe; et on voit alors d'un seul coup d'ceil cellcs de ces localites ou la tempera- ture et la pression atmospherique sonttrop elevees, celles ou elles sont trop basses; etil devient beaucoup plus facile de reconnaitre les causes des anomalies. 11 y a bien longtemps que nous appe- lons de nos vceux ce mode d'enregistration des observations meteorologiques; que nous exprimons le desir de voir indiquer, pour chaque jour , dans les annuaires ou meme dans les alma- nachs, la temperature et la pression normales deduites , soit de la theorie et du calcul , soit de longues series d'observations. Quand il s'agit de doser le manganese , le nickel , le cobalt et le zinc contenus dans une dissolution saline, on a le pltis sou- vent recours au sulfhydrate d'amraoniaque, qui les precipite completement k I'etat de sulfures insolubles dans un exces de sulfbydrate. Mais M. Terrell a constate que cette reaction n'etait nette et efflcace, qu'autant que la solution ne contient pas d'exces de sels ammoniacaux et d'ammoniaque ; que la quantite dc metal retenue en solution est d'autant plus grande, que le suU'hydrate d'ammoniaque qu'on emploie est plus sulfure, et que les pro- portions de sels ammoniacaux et d'ammoniaque sont plus con- siderables. D'ou il conclut que , pour doser exactement le man- ganese , le nickel, le cobalt et le zinc d'une dissolution saline, il sera necessaire d'evaporer h sec cette liqueur, et de chasser par la chaleur tons les sels ammoniacaux qu'elle pourrait conle- nir. Quand il s'agit done de retirer tout le metal d'une liqueur ammoniaco-sulfuree , on la fera bouillir, jusqu'^ ce qu'elle soit entierement decoloree ; il se precipitera alors du sulfure metal- lique melange de soufre. On pourrait separer ce sulfure par fil- tration, mais il vaut mieux evaporer les liqueurs a sec et calciner pour chasser I'exces de soufre et les sels ammoniacaux ; on ob- tient alors les sulfures metalliques comme residus.

PKOTOGHAFHIE.

Reohcrcbes pholo-chiuiiqucs

Par yi. BuNSEN et Roscoe. {Troisieme i'ditiun.)

Nous appelons d'uue maniere speciale I'nttention de iios lec- teurs sur I'analyse du nouveau travail de MM. Bunscn et Roscoe; nous n'avons voulu y rien changer, nous I'avons traduite fldtle- ment des Comptes rendus de la Societe royalc de Londrcs, tout eu regreltant qu'ellc ne fut pas aussi claire qu'elle aurait pu I'etre. Mais 11 nous sera permis d'exprimer, en quelques mots tres-nets, le butpoursuivi et le resultat capital obtenu paries au- teurs. La lumiere, on le salt, est douee de la laculte de determi- ner des combinaisons chimiques, c'est-a-dire qu'elle a son activite et son intensile chimiques , comme elle a son activite et son intensile luniineuses. II s'agit de savoir , si, lorsqu'elle a produit ou qu'elle a determine une combinaison chimique , la combinaison, par exemple, du chlore et de I'hydrogene, la lu- miure a perdu une partie de son intcnslte chimique proportion- nelle a I'elfet chimique qu'elle a produit ; si dans la determination de la combinaison chimique il y a travail, et travail exigcant la depense et la disparition d'une quantite proportionnelle de I'in- tensite chimique de I'agent mis en jeu; ou bien si la lumiere de- termine Taction chimique sans rien perdre, par un simple acle de presence k la facon des agents des phenomenes catalytiques? MM. Bansen et Roscoe ont prouve que dans la detei-mination de la combinaison chimique il y a travail, depense, et depense pro- portionnelle a reil'et produit. lis I'ont prouve en mesurant Tin- tensile chimique d'une menie radiation lumineuse apres son pas- sage a travers deux milieux : I'un au sein duquel elle n'avait determine aucune combinaison chimique, I'autre au. sein duquel elle avait determine une combinaison chimique; I'intensile chi- mique de la radiation etait constamment moindre a la sortie du second milieu, et moindre dans la proportion de rintensite de la combinaison chimique determinee parte passage de la lumiere dans le premier.

(( Dans le but de delerminer si Facte de la combinaison photo- chimique exige la depense d'une certaine proportion de travail mccanique, dont une perle de lumiere devra representer I'equi- valent, ou si ce phenomone est simplement une rupture d'e- quilibre elTcctuee sans perle d'un equivalent proporlionnel de lumiere, il devient necessaire d'etudicr maintenant les pheno-

COSMOS. 5ti5

menes qui se passent aux surfaces limites ou dans I'inlerieur du milieu expose aux rayons chimiquement actifs.

Si Jo reprdsente la quanlite de lumiere a I'entree et I la quan- tite de lumiere a la sortie du milieu, ou aura I := alo , en d(^si- gnant par a la fraction de la lumiere primitive qui sort du milieu, et en admettant toutefois que la lumiere eteinle est proportion- nelle & I'intensite de la lumiere incidente. Les premieres expe- riences de la nouvelle serie ont eu pour objet de s'assurer de la realite de cette proportionnalite. L'intensite dcs rayons chimiques provenant d'une source constante de lumiere a ete mesuree avant et apres son passage a travers un cylindre rempli de clilore sec, et ferme h ses deux extremites par des verres plans. La quantite de lumiere transmise a ete determinee pour diverses intensites

de la lumiere incidente lo, etla fraction :?- a ete trouvee constante,

lo '

■ce qui prouve que I'absorption des rayons chimiques est directe-

ment proportionnelle t\ l'intensite de la lumiere incidente. On

pent deduire de ce resultat la loi generale de I'extinction des

rayons chimiques et lumineux dans les milieux translucides ; car,

comme il a ete prouve que la quanlite de lumiere transmise k

travers un milieu d'epaisseurfmie est proportionnelle a I'inlensite

de la lumiere incidente, on pent admettre que cette meme relation

subsiste encore pour un milieu infmiment mince. Or , en parlant

de cette supposition, on etablira sans peine que la relation entre

la lumiere transmise et I'epaisseur h du milieu est donnee par

1 lo I'equation I = lo 10 - '" ; d'ou Ton tire a = ^ log -p* dans laquelle

lo est la lumiere avant la transmission a travers le milieu d'e-

1 paisseur h, et- une epaisseur du milieu absorbant, telle que l'in- tensite chimique de la lumiere incidente soit reduite au dixiSme decequ'elle etait; car, dans ce cas seulement, on a Io = 10I

lo 11

log. -jT =log. 10 = 1, a = y-, h = -. Dans tout ce qui suit on ap-

\ pellera coefficient d'extinction cette longueur h ou qui a reduit

l'intensite chimique au dixieme.

La difference entre la lumiSre incidente etla lumiere transmise, c'est-&-dire la quantite de lumifere perdue dans le passage & tra- vers le milieu, se compose d'une portion (1) reflechie, et d'une .portion (2) absorbee ou eteinte. Nous avons determine experi-

546 COSMOS.

mentalement les valeurs du coefficient r de reflexion et du coef-

\ flcient- d'extinction pour les plaques de verre employees dans

nos cylindrcs. Nous avons trouve que 4,86 pour cent des rayons chimiquos d'unc flamme de gaz d'eclairage qui lombe perpendi- culaireinent sur la surface d'un crown-glass sont pcrdus dans Tacle de la premiere reflexion, et que la quantite de lumiere ou de rayons chiniiques absorbee par nos plaques etait si petite qu'elle restait au-dessous des limites des erreurs d'observations. La valeur de r pour nos plaques de verre etait 0,0509. D6s que ce coefficient /• do reflexion est connu, la quantite a de lumiere transmisc par nos plaques est donnee par la formule

l + (^2,._l)

d'ou Ton conclut que la quantite de lumiere transmise par deux plaques est 0,823. Nous avons verifie I'exactitude de ce resultat du calcul par une experience directe qui nous a donne 0,800, ou niieux en moyenne 0,811 pour le coefficient de transmission de nos plaques.

Si tons les milieux transparents n'ont pas le menie coefficient de reflexion, I'ordre dans lequel les milieux seront places exer- cera une influence sur la quantite de lumiere transmise. Nous donnons dans notre Memoire un exemple de la maniere dent le calcul doit ctre conduit dans ce cas, en determinant le coefficient d'extinction de I'eau. Nous avons trouve que la quantite de la lu- miere absorbee par une colonne d'eau de 80 millimetres d'e- paisseur etait inappreciable. En suivant la methode que nous avons adoptee, on pent determiner le coefficient de reflexion de tous les milieux transparents pour les rayons chiniiques. Nous nous sommes bornes a faire le calcul pour le mica d'Amerique ou a un axe, et nous avons trouve que, pour les rayons chiniiques d'une flamme de gaz, le coefficient r etait egal ii 0,1017. De la va- leur du coefficient de reflexion on deduit la valeur de I'indice i

de refraction au moyen de I'equalion r =

1 + V 1+ 1/ F' L'indice de refraction du crown-glass ainsi deduit de la valeur r=: 0,0509, est i = 1,583. Ce meuie hidice de refraction pour la raie II de Fraunhofer, deduit d'experiences optiques, a varie entre 1,5466 et 1,5794. Un autre element important dans la recherche de rextinction

COSMOS. 5kl

photo-chimique est la loi suivant laquelle le coefficient oplique de rextiuction varie avec la deiisile du milieu absorbant. Une serie d'experiences aprouve que la quanlite de rayons chimiquestrans- mise A travcrs un milieu absorbant varie proportionncllement a la dcnsite de ce milieu.

Nous arrivons maintenant a la solution de la question que nous avons posee en commencant. Dans la couibinaison du cblorc avec riiydrogene produit par la lumiere, les rayons cbimiques perdus sont-ils proportionnels a la quantite d'acide chlorbydrique qui se forme? Le premier point a determiner pour pouvoir repondre a cette question, est le coefficient d'extinction du gaz-chlore pur pour les rayons cbimiques de la flamme de gaz d'eclairage ou extrait da cbarbon. La quantite de lumiere a (5te mesuree avant et apres la transmission a travers les cylindres remplis de cblore. On commence par relrancberde la lumiere incidente la portion de lumiere perdue par reflexion , ce qui, comme on I'a vu, ramene la lumiere transmise a la fraction 0,811 ; il devient facile de cal- culer ensuite le coefficient d'extinction du chlore. D'une suite de

determinations nous avons conclu que la valeur de -, c'est-a-dire

I'epaisseur du cblore h 0", et sous la pression de 76 centimetres, a travers laquelle la lumiere doit i)asser pour que son intentite cbi- mique soitreduite au dixieme de ce qu'elle etait, est sensiblement egale a 171,7 millimetres. Nous avons fait une autre serie de de- terminations avec du cblore dilue dans I'air, dans le but de prou- ver experimenlalement que la lumiere absorbee varie, dans le cas du chlore, proportionnellement a la densite. La quanlite de cblore contenue dans le melange a ete evaluee, dans tousles cas, par les procedes de I'analyse volumetrique. Une moyenne de six

1 experiences a donne pour -, 17/i,3 millimetres. Nous avons cru

d6s lors pouvoir prendre pour coefficient d'extinction la moyenne 173,3 de ces deux series d'experiences.

S'il n'y a pas de lumiere depensee dans I'acte de la combinai- sonphoto-cbimique, la valeur trouveedu coefficient doit roster la menie, lorsqu'au cblore pur on substitue un melange de cblore et d'bydrogene. Si au contraire la lumiere n'est pas perdue scu- lement par I'exlinction optique, mais qu'une certaine quantite de lumiere soit employee a produire Taction chimique, I'experience doit fournir une plus gi'ande valeur de ce coefficient,

Dans le but de resoudre cette question importante, nous avons

548 COSMOS.

eurecours a un appareil k I'aide duquel nous pouvions exposer des colonnes de gaz sensible, de differentes longueurs, a I'in- fluence d'une source constante de lumi^re. En determinant la quautite d'aclion produite dans ces colonnes de longueurs diffe- rentes, nous pouvions obtenir la valeur du coefficient d'extinction du melange sensible. Une serie d'experiences nous a montre que lorsque la lumiere a passe a travers 23^1 millimetres du melange sensible de chlore et d'hydrogene k 0°, et sous la pression 0,76, elle est reduite au dixieme de son intensile primitive : si au lieu d'hydrogene nous prenons du chlore melange k un autre gaz transparent, mais chimiqueraent inactif, la profondeur a laquelle les rayons devraient penetrer pour que leur intensite filt reduite a un dixieme, serait, d'apres les experiences faites sur le chlore pur, de 346 milhmetres; d'ou ronconclut que pour une quantite donnee d'actiou chimique produite au sein du melange de chlore et d'hydrogene, il y a absorption ou extinction d'une quantite equivalente de lumiere. Nous avons trouve, en effet, que dans le cas du melange etalon de chlore et d'hydrogene, cas danslequel, en outre de I'absorption oplique, il y a action chimique de la lu- miere, la valeur du coefficient il'extinction etait 0,00427 ; tandis que dans un melange de chlore egalement dilue, mais avec ab- sence d'action chimique, le menie coefficient etait 0,00289, ou beaucoup plus petit.

Il y avail un grand interet a repeter ces experiences avec des rayons emprunles a d'autres sources lumineuses. Dans ce but nous avons opere avec la lumiere diffuse du matin reflechie du

zenith par un ciel sans nuages. L'experience a donne pour -

45,6 dans le cas du chlore; c'est-4-dire que la lumiere du matin etait reduite au dixieme en traversant 45,6 millimetres de chlore. Une serie d'experiences faites avec notre appareil et le melange etalon de chlore et d'hydrogene a donne 73,5 pourl'epaisseur qui reduisait au dixieme la lumiere transmise. Ce resultat prouvait que la lumi6re zenithale du matin est beaucoup plus facilement absorbee par le chlore que la lumiere du gaz. On dtait aussi amend par Ik k penser que la lumiere diffuse doit varier dans ses proprietes avec I'epoque de I'annee et I'heure du jour. L'expe- rience a completement veritie cette conjecture. Des observations faites avec la lumiere du soir ont prouve qu'il suffisait d'une epaisseur de 19,7 millimetres de chlore pour reduire la lumiere au dixieme de son intensite primitive ; et qu'il fallait une epais-

COSMOS. 5Z,9

seur de 57,^ millimetres da melange etalon ponr prodnire la memo redaction.

La conclusion qae nous tirons de toutes nos observalions, est que les coefficients d'exlinction du chlore pur pour les rayons cliimiques des dlverses sources de lumieres sont tres-differents. L'epaisseur de chlore a 0- et a 0,76 de pression que la lumiere doit traverser pour etrereduite aa dixieme de son Intensite pri- mitive est :

i" I'our In flamme du gaz dVclairage 173,3 niillimelies

Pour la liiniiere du zenith au matin /(o,C

Pour In liiiiiiere du zenilli an soir l:),?

On voit par la que les rayons chimiques reflechis a dilTerentes epoqnes et a differentes heures diHerent non-seulement en quan- tite, mais aussi en qnalites semblables a ceiles qui distinguent les divers i-ayons colores du spectre visible. Si la nature nous avait dote d'un moyen de discerner les rayons visibles en les revetant de diverses couleurs, nous verrions les teintes roses du matin passer dans le cours du jour a travers toutes les variations de nuance pour attcindre enfin les teintes chaudes du soir.

11 ne faudra rien moins qu'une serie longue et continue d'ob- servations pour nous mettre a meme d'apprecier I'influenee que ces dilierences qualitatives des rayons chimiques exercent sur les phenomenes photo-chimiques. Ce qui prouve que cette diilerence a une tres-grande importance, ce sont les variations d'effets que fontnaitre, dans d'autresordres de phenomenes photo-chimiques, les difTerences de la lumiere solaire. 11 nous suftira d'enoncer, en preuve de cette assertion , le fait bien connu de tons les photo- graphes, que la quantite de lumiere evaluee photometriquement ne donne nullement la mesure du temps neeessaire i la produc- tion d'un eftet photo-chimique, et qu'une lumiere matinale moins intense est toujours preferable, pour i'obtention rapide d'une epreuvc, a la brillante lumiere du soir,

Nous sommes heureux de pouvoir annoncer a I'avance a nos lecteurs la publication dans notre prochaine livraison des expe- riences neuves et belles, par lesquelles M. Kiepce de Saint-Victor met en evidence, au moyen de la photographie, les phenomenes si pleins d'interet de la phosphorescence et de la fluorescence.

AGADEMIE DES SCIENCES.

Seance dti 9 novembre 1857.

M. Sedillot, membre correspondant et professeur a la faculte de medecine de Strasbourg, adresse un Memoire sur une methode par laquelle il croit pouvoir s'opposer plus efficacement h la re- sorption du pus dans les cavites de la poitrine.

MM. Burdin et Burgess, de Clermont-Ferrand, demandent le renvoi ^ une commission de leur theorie nouvelle des machines a air cbaud.

M. Gagnage, de Montrouge, prie instamment la commission chargee d'examiner ses divers Memoires relatifs aux perfectionne- ments de I'agriculture, surtout son plan general d'assolement et de regeneration des terres incultes de la France, de faire son rapport, Le progres que M. Gagnage appelle de ses voeux les plus ardents, est la creation d'une brigade geologique ayant sa direction a Pa- ris, stationnant par compagnies suffisamment nombreuse?, avec leur train et leur materiel, \k ou besoin serait. Elle aurait pour mission de regenerer les terres incultes, de gazonner et de reboi- ser les montagnes, de canaliser les vallees, d'etudier et de sonder le sous-sol, de mettre en evidence les gites deminerais, etc., etc. On ne peut evidemment qu'applaudir aux nobles efforts de M. Gagnage, tout en lui faisant remarquer qu'il a bien peu ci at- tendre de I'Academie des sciences, et qu'il a tort par consequent de la tant importuner. Elle a, il est vrai, sa section d'economie rurale ; mais nous ne nous souvenons pas que cette section ait pris une initiative quelconque en fait de progres agricole.

Un correspondant, dont le nom est restd dans I'ombre, croit trouver une preuve nouvelle et peremptoire de la rotation de la terre dans la disposition par bandes horizontales de certains nuages.

II y a pres de vingt ans, une discussion tr6s-vive s'etait ele- vee, au sein de I'Academie des sciences, b. I'occasion de deux cartes differenles du pic deTeneriffe, presentees I'unepar M. Leo- pold de Buch, I'autre par MM. Webb et Berthelot. M. Arago dd- lendaitl'exactitude de la carte de M, de Buch, M. Bory de Saint- Vin- cent soutenait que celle de MM. Webb et Berthelot etait seule cor- recte. Le debat roulait surtout sur les hauteurs relatives du pic et des creles du cirque, II s'agissait de savoir si, pour un navigateur venu du sud au nord, et arrive k 80 kilometres environ du centre

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de rile, a 54 kilometres de la c6te, le pic commencerait k dispa- raitre comme derriere un immense paravent; de sorte que de plus pres on ne verrait aucune trace du pic , et que Teneriffe se pre- scnterait comme un vaste plateau. M. Pentland , dans une lettre e'crite S M. Arago, en date du Ik mai 1837, k bord du vaisseau le Stag, au sud de Teneriffe, avait donne completement raison a M. de Buch. Aujourd'hui, M. Pentland encore, qui assisteala seance, estheureux de pouvoir demontrer plus completement I'exactitude de la carte de I'iliustre crealeur de la geologic moderne par un argument irresistible : les vues slereoscopiques prises sur les lieux memes par M. Piazzi Smyth. Nous n'entrerons pas aujour- d'hui dans de plus grands details a ce sujet, mais nous promet- tons a nos lecteurs de leur parler assez longuement, dans notre prochaine livraison, de la belle collection des stereoscopies de I'astronome royal d'Ecosse; nous I'avons sous les yeux, et nous en sommes tout emerveille.

MM. Leblanc et Charles Sainte-Claire-Deville, comme suite a leurs premieres recherches, ont eludie la composition chimique des emanations gazeuses qui accompagnent la formation de I'a- cide borlque dans les lagones de la Toscane. Nous n'avons pas assez bien entendu cette communication , comme toute la cor- respondance, au reste, pour en parler sciemment.

M. Wattemare poursuit avec plus d'ardeur que jamais ses echanges internationaux ; il fait hommage de nouveaux volumes du lieutenant Maury; il exprime aussi son regret de n'avoir rien ou presque rien obtenu de I'Academie, qu'il puisse offrir aux gouver- uements etrangers, en reconnaissance des richesses deja si nom- breuses dont il a enrichi sa bibUotheque. Sa lettre est envoyee a la commission administrative, qui bien certainement y fera droit.

M. Th. Du xMoncel envoie un Memoire sur I'energie des elec- tro-aimants, suivant que les armatures se meuvent parall61ement ou angulairement par rapport a la ligne de leurs poles, et suivant que ces armatures sont posees a plat ou sur champ. Dans ce tra- vail, qui a exige la construction d'un appareil particulier d'une grande precision, decrit avec soindans son Memoire, M. DuMon- cel demontre, par de nombreuses experiences, les proposi- tions suivantes : La force attractive k distance produite au mo- ment de la fermeture d'un courant est infmiment plus energique que celle d'un courant continu agissant a la meme distance, et dont on apprecie la force par I'arrachemcnt de I'armature. Contrairement h leur action au contact, les electro-aimants at-

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tirent t'l distance unc armature plus energiqucment, qiiand elle sc presente a eux suivant sa largeur, que quand elle se presente de cliamp. 3" Les armatures articul(^es dans le voisinage de Fun des poles des electro-aim ants ont plus de force que quand elles se meuvent parallelement a la lignc des poles, surtout quand le pAlele plus rapproche d'elles est ^ un centimetre environ en de- hors de Taxe autour duquel elles pivotent : mais il faut pour que cet avantage existe, que le pole le plus rapproche soit presque au contact de I'armature, a 1 millimetre seulement. U" Pour les electro-aimants, dont un pole actif est pies de I'articulation de I'armature, I'ecartement du second pole, par rapport a cctte ar- mature, est souvent moins prejudiciable a la force attractive que I'eloignement du premier, ce qui est precisement le cas inverse des electro-aimants boiteux doul la branche sans bobine est la plus rapprochee de I'articulation de Tarmature. 5" La force at- tractive des electro-aimants, dont I'armature se mcut parallele- ment i la hgne de leurs poles, est plus energique quand ils ont deux bobines que quand ils sont boiteux, bien qu'ils soient i\ peu pres de la meme force quand les armatures sont placees angu- lairement. 6" Les rapports entre la force des armatures posees a plat et celle des armatures posees sur champ, sont toujours plus grands lorsqu'elles se meuvent parallelement a la ligne des p61es de I'electro-aimant, que lorsqu'elles se meuvent angulairement; et cette loi esl aussi bien applicable aux electro-aimants a deux bobines, qu'aux electro-aimants boiteux. 7" La rapidite de de- croissance de la force attractive h distance est toujours plus con- siderable pour les armatures posees A plat que pour les anmatures posees sur champ : elle est plus grande relativement chez les electro-aimants boiteux que chez les electro-aimants h deux bo- bines, du moins quand ils se meuvent angulairement, car Tin- "verse a heu quand ils se meuvent parallelement; dans tous les cas, cette rapidite d'alfaiblissement se modere considerablement avec la graruleur de I'ecart. Le rapport entre la force attractive a distance par aspiration, et celle mesuree par I'an'achement de I'armature, est toujours plus considerable pour les armatures posees sur champ lorsqu'elles se meuvent parallelement a la ligne des poles de I'electro-aimant; mais i'inverse a Ueu lorsque ces armatures se meuvent angulairement : du reste, comme precd- demmcnt, ces rapports tendent k se rapprocher de I'unite ci me- sure que I'ecart augmente, surtout pour les armatures poshes a plat. 9" La force attractive presque au contact avec une araiature

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posde de champ a ete representee dans les experiences que j'ai rapportees par 870 grammes, tandis que cette meme force, avec la meme armature posee k plat, n'a pu atteindre que 720 grammes.

II est remarquable que la force des armatures posees a plat, qui decrolt plus rapidement i partir d'une certaiue limite que celle des armatures posees sur champ, croisse, a partir de cette limite jusqueau contact de I'electro-aimant, plus lentementque la force des armatures posees sur champ. Cette circonstance du phenomene pourrait peut-etre conduire a I'explication de la ma- ni^re dont se fail rinduclion dans les deux cas.

M. Guerin-Menneville adresse une nouvelle note sur la ce- toine doree, remede presume efiicace contre I'hydrophobie.

« Je crois qu'il est toujours de mon devoir d'appeler I'attention sur tousles indices tendant k etablir que cet insecte, convenable- ment employe, pent avoir une action favorable sur les sujets me- naces ou atteints de i'affrcuse maladie de la rage.

« Si je ne porte pas comme Arago une forte canne pour me defendre des chiens enrages, j'avoue comme M. de Saulcy et comme Arago, que je fremis toujours a la pensee qu'ci tout ins- tant, moi, mes parents, mes amis et mes concitoyens, nous sommes exposes k une mort aussi horrible que certaine, s'il arrive qu'un inutile roquet de salon nous fasse la plus petite morsure. Comment ne pas eprouver un profond sentiment de terreur en songeant k I'imminence continuelle d'une mort aussi atroce, quand on salt que la medecine estresteejusqu'iciimpuis- sante conlre ce fleau qui enleve, chaque annee, un trop grand nom- bre d'hommes dans le pays que Ton dit le plus civilise du monde! Pour marpart, j'avoue que j'en ai la plus grande peur : c'est pour cela, autant que par pUilanthropie, que je demande une enquete et des etudes serieuses sur des moyens de conjurer un si grand mal, quelque vagues que paraisseat etre ces moyens jusqu'i present, car si on ne cherche pas, on ne trouvera pas.

« A ceux qui me disent : Au lieu d'en parler tant, essayez d'a- bord, je puis repondre que de telles experimentations sont im- possibles k un particulier, et qu'elles ne peuvent etre tent^es fructueusement, et surtout sans danger pour la securite generale, que dans des etablissements speciaux. En effet, que diraient mes contradicteurs, surtout s'ils etaient mes voisins, et que dirait I'autorite, si Ton apprenait que je conserve dans mon apparte- meutpour ces experiences une meute de chiens enrages?

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« Aujourd'hui, je no viens pas discuter, je me borne a apporter un nouvel indice qui s'ajoutera a ceui que j'ai deja publics et sera suivi d'autres encore. C'est une lettre que m'a adressee .M. A. Bogdanow. membre de la Societe imperiale d'agriculture de Moscou et secretaire de son comite zoologique d'acclima- tation :

« Monsieur, vos recherches et communications faites a I'Aca- demie des sciences ont deja attire Tattention des naturalistes sur la cetoine doree, qui est employee contre la rage. Permettez-moi de Tous communiquer un fait qui pent avoir quelque interet pour Yous. Dans les gouvcrneraents de Yoroneji et Kourslc, je connais quelques amateurs de chasse qui ont Thabitude de donner de temps en temps a leurs chiens, comme preservatif contre la rage, une moitie de cetoine mise en poudre ajoutee au pain ou meme a un peu de vin. On croit que c'est un moyen tres-efficace et tres-utile.

<i J'ai cru de mon devoir de vous annoncer ce fait, dontj'ai ete temoin et qui pent avoir quelque signification. En meme temps je crois devoir attirer votre attention sur ce que parmi le peuple russe il existe des personnes qu'on assure guerir cette majadie avec le sue d'une plante qui doit etre tout a fait frais. Je pense que dans cette derniere condition on pent trouver Texplication de lanon-reussite des memos remedes conserves dans des pharma- cies, ces remedes populaires n'agissant dans les mains des mede- cins-paysans que parce que ceux-ci administrent les sues de plantes qu'ils viennent de cueillir.

(( J'ecrirai a Yoroneji pour avoir des renseignements plus de- tailles sur cette matiere , mais malbeureusement la personne dont j'ai besoin, est absente pour quelque temps.

« Des que j'aurai recu les renseignements que mon savant confrere me promet, je m'empresserai deles porter a la connais- sance du public, et je continuerai ainsi jusqu'a ce qu'il ait ^te fait des etudes assez serieuses et varices pour que Ton arrive a la counaissance de la verite sur une question qui interesse tout le monde. »

Nous n'avons pas pu saisir le nom de I'auteur des recher- ches sur I'inspiration des gaz par les vegetaux.

M. Faraday fait hommage d'un exemplaire de sa lecture Ba- kerienne , faite a la Societe royale de Londres, le 5 fevrier 1S57, et qui avail pour objet : Les relations etablies par Vexperience cntre lor ou d'autres metaux et la lumiere. Nous avons recu nous

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aussi cebeau Memoire , dont nos lecteurs connaissent deja quel- ques lesultats; nous en acheverons I'analyse tres-prochaine- ment.

M. le marechal Vaillant lit une leUre par laquelle M. Hardy, directeur des pepinieres d'Alger, lui annonce qu'il tient ii sa dis- position 127 000 cocons de bombijx cijnthia ; illes expediera, des qu'il en aura recu ordre. Son Excellence, par I'intermediaire de I'Academie , pourra les offrir a MM. Sacc et Schlumberger, pour la continuation de leurs utiles experiences. Tout est pret, dans I'Algerie, pour Veli-ve en grand de cette race de vers a sole, des qu'il sera bien demontre que I'industrie peut, e'conomiquement parlant, en tirer un parti avautageux,

M. Biot communique, au nom de M. Marbach, de Breslau, une troisieme note sur la polarisation rotatoire observee dans de nouveaux cristaux apparlenant au sysleme regulier. Nous alten- drons d'avoir le texte de cetle note pour la publier.

M. Dumas lit la premiere partie d'un grand Memoire sur les equivalents des corps simples, leur valeur exacte, leurs rela- tions, etc. Ces savantes recberches, auxquellesl'illustre auteur tra- vaille depuis plusieurs annees, ont ete accueillies avec une im- mense iaveur. A'ous pourrions les analyser longuement des au- jourd'liui, mais nous craindrious de les dellorer et de les aflaiblir, de ramener a la condition d'accident ce qui a ete' un veritable evenement; c'est avec les mots memes de M. Dumas que nous voulonsresumersabrillante discussion, si tant est que nous ne puissions la donner integralement.

M. Le Verrier annonce que M. Lulbcr a reconnu lui-meme I'ideutite de sa derniere planete avec celle de M. Fergusson qui devient deiinitivement la cinquantieme.

M, Le Verrier presente, en outre, de la part de iM. Chacornac d'admirables dessins de la planete Jupiter. Quoique trop laco- nique, la note suivante de notre jeune et infatigable ami donnera une idee du but qu'il a voulu altcindre :

(( Depuis lemois d'aout 18ia jusqu'a present, quand la trans- parence du ciel I'a permis, j'ai etudie avec nos grandes lunettes les apparences de la planete Jupiter. Je me suis attache surtout a suivreles cbangcments qu'eprouvent lesbandes blanches, leur deplacement, leur substitution aux bandes noires, c'est-a-dire leur formation. J'ai mcsure I'Jnclinaison que certaines presentent par rapport a I'equatcur de la planete, ainsi que la distance de chacune aux bords inferieur et superieur. Tout cela m'a pris

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bieii des heures d'observations et uVa fourni cent dix-huit dessins, semblables h ceux que M. Le Verrier a montres h I'Academie.

(( Pour vous donner line idee de la lunette employee depuis 1855, i'observe le troisi^me satellite de Jupiter avecun grossisse- ment de mille fois, comme un disque parfailement bien deiini et jaunatre, mais sans tadie; d'autre part cette lunette montre tres- distinctement les deux composantes de retoile double tr6s-faible, comprise entre P, et {\ du Capricorne. »

M. Despretz, au nom de M. Palagi, de Bologne, depose une note sur sa nouvelle pile a charbon et a zinc, et sur les expe- riences recentes dont elle a ete I'objet. Nous la reproduisons en variete.

M. Despretz, encore de la part de M. Guillemin, presente une note sur les phdnomSnes de fluorescence. Nous regrettons vivement de ne pouvoir I'inserer des aujourd'hui, quoique nous I'ayons entre les mains. Voici du moins les conclusions de I'ha- bile experimenlateur :

« 1" Le phenomene de la fluorescence peut se produire dans I'epaisseur des corps, a une dislance de la surface d'autant plus grande que les rayons sont moins refrangibles.

Les rayons qui ont traverse un milieu fluorescent, peuvent produire une seconde fois le menie phenomene, en tombant sur la meme substance, ou sur d'autres substances douees de pro- prietes semblables, pourvu que la premiere ne presente pas une trop grande epaisseur. »

Le president, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, annonce qu'aux termes des reglements le moment est venu de remplacer M. Thenard dans la section de chimie, et M. Caucby dans la sec- tion de mecanique. II demande aux doyens des sections si elles sont pretes k declarer la vacance et a dresser les listes de candi- dats. M. Chevreul, au nom de la section de chimie, promet une reponse formelle a ces deux questions pour la prochaine seance de lundi 16 novembre.

La commission chargee de decerner, s'il y a lieu, le prLx de 6,000 francs pour le perfeclionnement de la navigation a vapeur, se composera de MM. Dupin, Combe, Poncelet, Piobert et Morin.

La commission trouvera dans la grande experimentation, et dans les resultats inattendus des vapeurs combinees de M. We- thered, une occasion de decerner le prix et de hater un progres considerable.

VARiETES.

Courants obtcnus en ploiigcaiit (hins I'eau dcs niorceaux t!c eSiarbosi et ile zinc

Par M. A. Palagi.

((Depuis Kempd'Edimbourg, qui le premier, en 1828, reconnut la faculte electro-motrico de la terre, un grand nombre de physi- ciens^se sont occupes Ae cet interessant sujet sans I'avoir epuise.

C'cst dans I'elude cxperimentale de celte question que je rc- connus, en avril 1856, I'inconslance du courant produit par des lames metalliqucs do meine nature, ou de natures dilTerentes, plongees dans I'eau stagnante ou courante. L'intensite de ce cou- rant est irreguliere et sa direction variable, non-seulement avec les points d'immersion, comme I'a demontre M. Becquerel dans une communication faite a I'Academie le 14 avral 1856, mais en- core avec le temps dans les memos lieux.

J'avais plonge dans deux puits, h 20 raelres de distance Fun de l"autre, deux lames de cuivre semblables, et je les avals reunies par un fil de cuivre de 170 metres de longueur. Au moyen d'ua galvanometre multiplicateur j'observai le courant qui traversait ce circuit; je le vis changer de direction, sans que pendant trois mois d'observations faites regulierement quatre fois par jour J'aie pu decouvrir une marche reguliere du phenomene. Les circons- tances atmospberiques ne paraissaient pas avoir d'influence im- mediate sur le courant.

Je repetai cette experience avec une lame de cuivre d'un c6te et une lame de zinc de I'autre; je trouvai la meme irregularite, les memes cbangements de direction, que ces lames fussent plon- gees dans I'eau ou simplement enfoncces dans la terre.

Ce sont les cliangemenls continuels des courants oblenus de cetle nianiere qui n'ont pas permis de les utiliser dans la pra- tique, comme M. Bain I'avait espere.

Des experiences que j'avais faitos sur les proprietes electriques du cliarbon, et communiquees a I'Academie de Bologne le 27 mars 1856, m'amenercnt a sul)Stituer a Tune des lames metalliques un morceau de coke, et a etudier les phenomonos nouveaux qui font I'objet de la presentc note.

En niai 1857 je plongeai dans un puits A un morceau de coke de forme irreguliere et pesant environ 3 kilogrammes, et daus un autre puits B une plaque de zinc de 23 centimetres de longueur

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sur 17 delargeuret 2 millimetres d'epaisseur. Dans ces nouveaux essais je dus faire usage d'un galvanometre beaucoup moins sen- sible que dans les premiers, en raison de I'intensite relativement considerable du courant que j'obtenais, la distance des puits et la longueur du circuit restant les memes. Je transportai le char- bon dans le puits B ct le zinc dans Ic puits A, et j'obtins un cou- rant de meme intensite que le premier, et marcbant comme lui du charbon auzinc dansle fil motallique. Pendant plusieurs jours consecutifs je mesurai a differentes beures la force du courant, je la trouvai invariable ; je trouvai seulement qu'au moment de I'immersion elle etait un peu plus grande etne prenait sa mesure definitive qu'au bout de quelquc temps.

Ces faits ont cte confirraes par toutes les experiences que j'ai faites depuis.

Je trouvai ensuite qu'en rcmplacant le morceau de charbon employe par un fragment que j'en avals detache, I'intensite du courant restait presque la meme. Je lis le meme essai sur le zinc et je trouvai un resultat semblable.

Sans cbanger la masse du charbon ou du zinc je ne les plon- geai que partiellement dans I'eau, et, si petite que filt la partie plongee, la deviation ne cbangea pas sensiblement, du moins tant que la masse entiere du charbon resta humide. Desirant augmen- ter I'intensite du courant que j'avais obtenu, j'essayai d'altacber simultanement les deux morceaux de charbon k I'extremite du fd metallique; qu'ils fussent en contact plus ou moins iutime ou eloignes I'un de I'autre, je n'obtins pas une deviation plus grande qu'avec le charbon entier; j'essayai avec trois charbons, j'arrivai au meme resultat; enfin je pensai a suspcndre au moyen d'un fil de cuivre le second morceau de charbon au-dessous du premier, et j'obtins un courant plus energique. Je suspendis de la meme maniere un troisieme charbon, puis un quatrieme, et ainsi de suite les uns au-dessous des autrcs, et jo vis I'intensite croitre progressivement.

Je fis de meme avec les lames de zinc, et j'observai une aug- mentation progressive du courant comparable a celle des prece- dentes experiences.

Enfin dans une serie d'essais qu'il serait trop long de detainer je trouvai les resultats suivants :

Un morceau de charbon ou de zinc de certaines dimensions ne donne que peu d'intensite de plus qu'un morceau plus petit.

Le courant electrique crolt avec le nombre des charbons

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reunis les uns aux autres en forme de chaine, ainsi que nous I'a- vons explique; il croit egalement avec le nombre ties lames dc zinc composant la seconde chaine.

Les parties d'un meme cliarbon rdunies en chaine par des fils de cuivre donnent une intensite plus grande que celle donnee par ce charbon avanl qu'il eut ete casse ; et cette augmentation ne tient pas a I'augmentation de la superficie, car on peut couvrir de gomme laque les nouvelles faces obtenues par la division sans changer le resultat.

li" Si les morceaux de zinc touchent la terre, le courant cesse completcment ou devient tres-faible et change de direction. Les morceaux de charbon, au contraire, peuvent toucher la terre sans que le courant en soit change; il tend plutot a augmenter. Si cependant un des flls qui les reunissent touche le sol, I'in- tensite devient la meme que si on supprimait les charbons places a la suite de ce fll.

5" Plus les zincs ou les charbons reunis en chaine sont eloignes les uns des autres, plus le courant est energique,

Si les lames de zipc se touchent entre elles, le courant cesse completement; si au contraire les morceaux de charbon se tou- chent, le courant n'est que notablement diminue, il reste beau- coup plus fort que si les charbons ne formaient qu'une seule piece.

7" Si les zincs sont retires de I'eau et plonges de nouveau sans avoir ete cssuyes, le courant diminue d'energie et ne reprend sa force premiere qu'apres que les zincs ont ete essuyes puis replon- ges. Les charbons peuvent etre retires de I'eau puis replonges sans avoir ete essuyes, sans qu'aucun changement ait lieu.

8" L'amalgamation des zincs augmente I'intensite du courant.

La chaine des charbons et celle des zincs peuvent etre plon- gees dans un meme puits, dans des puits plus ou moins eloignes, ou dans des rivieres. Elles peuvent etre placees verticalement ou horizontalement en les soutenant par des flotteurs.

10° La deviation de I'aiguille aimantee n'est pas diminuee quand on sort de I'eau la chaine des charbons, pourvu qu'ils soient tous humides et que le dernier d'entre eux au moins soit plonge en totalite ou en partie,

11° Elles peuvent meme etre placees dans des vases d'eau pure isoles de la terre.

J'ai fait quelques tentatives heureuses pour utiliser cette source d'electricite; elle a paru applicable a la galvanoplastie : on est

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parvenu & faire marcher des pendules ct des sonneries ^ec- triques.

Void le detail de trois experiences faites a distance sur des ap- pareils telegraphiques :

Le 20 seplcmbre dernier, dans un puits a Batignolles, on fit plonger douzs lames de zinc d'enriron 20 centimetres de longuenr sur 10 de largeur. A Asnieres, doiize charbons de pile de Bun- sen de 20 centimetres de longueur sur h de diametre furent mis dans la Seine. Ces deux cliaines furent rcunies aux deux extre- mites d'un lil de la ligne lelegraphique (la distance etait de 3 ki- lometres environ). Deux appareils Breguet a cadran, places dans le circuit, fonctionnerent d'une maniere satisfaisante.

Le 16 octobre, a Asnieres, on fit usage d'une chalne de qua- rante-cinq charl)ons. A Chatou, une chaine de vingt-quatre zincs fut mise dans la Seine. Le fil telegraphique entre ces deux points a environ 12 kilometres de longueur. L'appareil Breguet fonc- tionna d'une mani6re imparfaite, mais l'appareil a aiguilles de Wheatstone fonctionna parfaitcment.

Une boussole des sinus donna de devia'tion avec un seul char- bon, et 15° avec la chaine entiere, quarante-cinq morceaux. Entre ces deux extremes la deviation augmenta progressivement avec le nombre des charbons plonges.

Le 31 octobre, une chanie de vingt-quatre zincs fut mise dans la Seine au pontd'Oissel, pres de Bouen, et une de quarante charbons a Asnieres. La distance etant de 120 kilometres, le te- legraphe Wheatstone put fonclionner, il fonctionna meme avec un seul charbon.

Cette experience etait faite de jour par un beau temps. Une autre faite le 22 octobre, de nuit, par un tres-mauvais temps, avail donne les memcs resultats.

Je ne puis terminer sans reconnaitre hautement le bienveillant concours que m'ont prete fadministration des lignes telegraphi- ques et celle du chemin de fer de I'Ouest. »

Que cette pile si simple donne ounon des resultats avantageux e't definitifs daia« son apphcation a la telegraphic dlectrique et h la galvanoplastie, ses reclierches et ses experiences n'en senwit pas moins, pour I'ingenicux et devoue physicien, un litre de sloire veritable.

ImpriL.erie de W. KtJIQUET el Cie,, A. TE5.AMBLAY ,

rue Garanci6ie, 5. propiUtalre-germit.

T„ XI, 20 novembre 1857. Slziime ann^e.

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NOUVELI.ES DE L.\ SEMAINE.

Le cable transatlantique qui doit unir I'lrlande i\ TAmdrique, a ete extrait des flancs de Y Agamemnon et du Niagara, et depose dans les docks de Plymouth au sein d'une vaste cale couverle, de 120 pieds de long sur 50 pieds de large, divisee en qualrc oom- partiments ou bassins completenient etanches et qu'on lemplira d'eau de mer k volonte. On pourra de cetle maniere eprouver de temps en temps la conductibilite de I'enorme conducteur, appre- cier I'effet que le contact de I'eau doit exercer sur la transmis- sion des depeclies; apprecier les influences de I'elevation ou de I'abaissement de la temperature, I'etat electiique de I'atmo- sphere, etc., etc. Conduites par un physicien aussi habile, aussi intelligent et aussi exerce que M. Wliitehouse, ces experiences qui se repeteront souvent pendant I'hiver conduiront sans aucun doute a de precieux resultals; jamais aucun experimenlateur n'aura eu a sa disposition nn si immense appareil, 3 000 kilome- tres ou plus de sept cents lieues, d'un conducteur melallique re- convert de gutla-percha, place tour a tour dans I'air ou dans I'eau, ou meme si on le juge necessaire dans d'autres milieux plus ou moins condncteiirs. La nouvelie immersion du cable am-a lieu des les premiers juurs de juillet 1858, afln qu'en cas de non reussite on puisse recommencer I'operation en septembre. La construction des machines destinees a regulariser le debit du cable, etson depot au sein des mers, est de nouveau a I'etude et recevra de nouveaux perfectionnemems a moins que Ton ne se rende a I'avis du vieux capiiaine du Niagara, qui ne veut pour machine que les bras de ses matelols. On n'a pas repeche, comme on salt, qiioiqu'on I'eut pu peut-etie sans Irop de peines et de depenses, les cent lieues de cable attacbees a la cole d'lrlande; mais il parait qu'elles sont restees en communication avec un ap- pareil telegraphique pour observer les couranls spoidanes que les ci: Constances atmospberiques font naitre tres-frequemment, et reunir ainsi des donnees precieuses sur les pbenomenes ma- gn^ti(iues ou electriques qui peuvent se produire au sein des mers.

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A cclle occasion reclifions une erreur qui s'est generalement repandiie el que nous avons nous-menie partagdc un instant quoiqu'elle fill contrairc f'l toutes nos previsions. On a afnrmo que la conduclibililc du cable transallaniique diniinuait ^"1 me- sure qu'une plus grande portion de sa longueur airivait a plonger dans I'eau, de telle sorte que pen d'instanls avanl la rup- ture il etait devenu presque impossible de comniuniqucr du na- vire qui le portait avec la station organisee sur le rivage irlan- dais. Dans uae leltre ecritc par lui au directeur de YObscrvaieiir de New-York, M. Morse, honuac competent s'il en fut jamais et I'un des peres de la telegraphie electrique, avail dit : « Nous avons recu a bord, le courantenvoye de terre jusqu'au moment de la rup- ture, la conductibilite du cftble n' avail pas cesse d'exister; cepen- dant plus nous deroulions de cable, et plus le courant devenait fai- ble. 11 a done surgi une difiiculte; je ne la regarde pas comme se- rieuse, mais elle estde nature a demander un examen altentif. » Ainsi s'exprimait M. Morse, mais il a ete demonlre depuis que son appreciation et ses craintes etaieut le resultat d'une sorte de malenlendu. 11 est certain en eflfet que le soir de la rupture, avant I'accident, les operaleurs installes sur le rivage a rextremile du cable, avaientjuge qu'il n'elail nuUemenl necessaire qu'ils en- voyassent des depcchcs au navire; quoiqu'ils en recussent cons- tammeut de pariaitemenl intelligibles. Voila ce qui fit croire a bord du Niagara, au capitaine et a M. Morse, que la conductibi- lite avail graudement diminue; une comparaison faite plus tard entre les messages recus sur le rivage et a bord a demontre, de la maniere la plus evidente, que I'isolemenl n'a pas cesse d'etre parfait, que les depeches out continue a etre rerues avec une Vi- tesse tres-suflisante jusqu'au moment ou le cable s'csl rompu. II est vrai qu'a ce moment la portion plongee n'etait encore que de cenllieues, le huitieme de la longueur totale; etque de ce qui s'est pasbti dans ce huitieme on ne pent p;is conclure absolument a ce qui se passera quand le cable immerge aura huit cents lieues ; mais il n'en est pas moins certain que les craintes expri- mees jusqu'ici reposenl sur un I'ondemenl errone, et sont par Irop prematurees Nous sommes heureux par ce qui precede de ras- surer M. Alexandre, directeur general de nos lignes telegraphi- ques, qui prend le plus vif interet a cetle immense entreprise, d'autaiit plus que les hommes qui doulent encore du succes ou inieux qui le regardent comme impossible ne sout pas rares. Ce qui nous a surpris, c'est de rencontrer parmi les incredules les.

COSMOS. 563

deux plus habiles constructeurs d'appareils d'inducLion, appa- reils aiixquels on a demandc la solution de ce gigantesque pro- bleme. M. Ruhmkorff dc Paris et M. Hearder de Plymouth ne croyent pas du tout k la possibilite dc communications suffisam- ment rapidcs a travers un cable de buit cents licues immerge dans I'cau de mer.

On revientbeaucoup en Angleterre a Tidee de donner au noyau metallique en fils de cuivre ou de fer, une enveloppe de cordes de chanvre tordues au lieu do cordes de fer, afni de diminuer dans une proportion considerable Ic poids du cable ; il faut, dit-on, que sa densite ou son poids ne depasse la densile ou !e poids de I'eau de mer que de I'excedant necessaire a son immersion lente, et qu'on puisse le derouler a la main ou sans le secours d'engins puissanls. Mais n'y aurait-il i)as d'autres raisons plus graves qui necessiteraient la suppression de I'armure en fer; cette armure s'aimante neccssairement par le passage du courant, d'une ma- niere transitbire ou permanente; or cetle aimantation d'une masse enorme ne peut-elle pas reagir a son lour par itiduction sur le courant transmis par les fils du noyau et retarder sa pro- pagation? Nous voudrions bien que notre si habile abonne M. WhiLehouse levAt nos scrupules a cet egard. On redoute I'en- tourage de I'eau de mer, on craint qu'elle ne Joue le role de I'annature de la bouteille de Leyde ; pourquoi des lors ne i)as re- douter bien davantage cette epaisseur dc plasieurs millimetres de fer ?

Nous nous rendons a I'invitation d'un savant ami qui nous demande d'ouvrir les pages du Cosmos a I'excentricite suivante, publiee par le Courrier de Boston, livraison du 31 octobre, sous ce litre : Lettre d'un Fran(;ais.

(( La discussion soulevce dans ce journal sur les pretcntions- du spirilualisme, semble avoir attire rattention de I'autre cote de rOcean. Nous avons recu par le dernier paquebot une lettre de Caen, France, sur ce sujet. Ce qui nous frappe d'abord, c'est que le spirilualisme en France, el lorsqu'il s'exprime en francais, montre pour la correction du style grammatical cetle meme an- tipathic qui caractei-ise gcneralement ses productions cbez nous. Voici la lettre en question, aussi fldelement traduite que nous avons pu le faire : « J'apprends par les journaux qu'un certain nombre do membres de I'Universite de Cambridge-Harward a pro- pose nn prix de cinq cents dollars a toute personne qui ])ar- viendra a demontrer d'une maniere victorieuse le commerce des-

564 COSMOS.

csprlts avec les homines par I'inlermediaire des agents commu- nement appeles mediums. J'oflVc do prouver que 33 puis decou- Ti-ir Ics operations inlerieuves dii cerveau, exprimer les pensees intimes sans le secours de la parole, et transmettre un ordre i plus d'un kilometre de distance par la seule force dc la volonte. JolTrc en oulre de faire apparailre cinq esprits, deux femmes,, deux lionnncs et un enfant; cliacun pourra converser avec ces esprits en toule liberie, cc sont des esprits celcbres et les plus serieux que Ton ait jamais connus. Daus le cas ou ces epieuves decisives paraitraient suffisanles aux meml)res de lUniversile,, je vous prie de me le faire connaitre, et j'irai immediatement a Boston faire la preuve de ce que i'affirme. Je vous demande de donner de la publicile ci cette letlre, si vous n'y voyez pas d'in- convenients, et de faire en sorte qu'elle parvienno aux membres de rUnivei-siie, auleurs de la proposition de prix. Agreez,. Monsieur, la consideration avec laquelle ]'ai I'honneur d'etre voire de\oue serviteur. A. A. Caen, poste restante, Calvados, Erance, aux iniliales A. A. »

Nous publions cetle letlre, ajoule le redacteur du Couirier, eomme A. A. le demande. Mais en meme temps nous ne pou- vons qu'etre graiidemimt surpris que cinq esprits celebres et serieux aient, pu laisser croire a A. A., que les membres de I'U- nivcrsite notre voisine aient ete assez niais pour proposer un prix ^ toule persoune qui leur demonlrera la realile du commerce des esprits avec les hommes par rinlermodiaire des mediums. Nous serious gnmdement beureux d'enlrer en conversation avec les cinq esprits celebres et serieux menlionnes dans cetle cu- rieuse epitre. Mais nous ne pensons pas qu'il fiit poll de creer k A. A. les embarras d'un voyage si dispendicux. Adniettanl qu'il reussisse dans son appel aux esprils dout il dispose, et a gagncr les cinq cents dollars, les frais de traversee et de sejour devore- raient plus de la moitie: de celte somme; ets'il nereussissail pas, ce qui est certainement possible, il supporterait une perte qu'on pent appelej' ti es-lourde dans le temps malheureux qui court. Qu'il nous permelle <lonc de lui proposer un plan qui sera pour lui plus convenable el plus economiqiie et qui nous salislera pleinemeul. II sulfira d'un voyage de Caen k Paris, bien plus agreable pour un liomme ne en France qu'un voyage a Iravers I'ocean Allaiitique, avec tons les dangers d'une navigalion dhiver. Si A. A. veul faire ses evocations devant les membres d'une tommission de i'Academie des sciences de Paris, et nous en-

COSMOS. sm

voyer nn ccrSificnt anllientique, redige en due forme, qui constate qu'il a pu los faire converser avec les cinq esprits serieux et ce- 16bres; nons lui cnverrons aussitot une lettre de change ou un mandat de 2 500 fr., piyable a Paris en bons napoleons. En outre, pour lui facililer encore les arrangements qu'il aura a prendre, nous joignons ici la liste des membresles plus proeminents (stc) des dillerentes sections de I'Academie, gentilshommes connus par leur talent, leur science acquise et leur conscioncieux devoue- ment k la Teritc dans le monde cnticr. Ce sont MM. Biot, Dupin, Le Verrier, Duperrey, Becquerel, Babinet, Dumas, Brongniart, Rayer, Boussingault, Dnmeril et Milne-Edwards. Mais comme il pent etre difficile de reunir a la fois tous ces savants dans une seance de nccromancie, il nous suffira que le cerlilicat soit signe par trois de ces illuslres membres. »

Ce qu'il y a de plus piquant dans cette lettre du journ^lisle americain, c'est le certificat de proeuiinence ou de notoriete pu- blique qu'il decerne a dix de nos soixante-cinq immortels !

Ce n'est pas sans quelque surprise et sans cjuelque peine que nous avons trouve dans le Moniteur de ce matin, 17 no- vembre, nn long Communique de M. le directeur de I'Observa-

toire de Si, comme le savant directeur, nous ne visions

qn'h I'effet, nous nous empresserions de reproduire sa notice si pittoresque, mais nous voulons avant tout la verite etla science; or, comment trouver verite et science dans les assertions incon- sidereesquc nous allons enumerer rapidement? « ... Le bel ete de Saint-Marlin dont nous avons joni cette annk. est dn an voisi- nage des asteroides qui passent en ce moment tout pres de la terre et qui nous renvoient une grande partie de la chaleur rayonnee par le soleil. Ces asteroides sont tellement nombreui que quelques astronomes n'ont pas lvalue a moins de trois ou quatre millions, en vingt-quatrc heures, ceux, qui a Vepoque ac- tuellc, penetrent j usque dans I'atmospliere terrestre et la tra- versent sans tomber sur notre planete. Independamment des ef- fets thermometriques qu'iis produisent, les corpuscules meteo- riques pres desquels nous nous trouvons, manifestent quelquefois leur presence par des apparitions lumineuses... etoiles filantes ou bolides... Quelques bolides sont volnmineiix comme nos plus gros hatiments... Les dimensions des etoiles fllantes varient de- puis la grosseur dun bloc de pierre jusqu'a celui de simples gi-ains de poussiere; elles s'abattent quelquclois en veritables averses et occasionnenl souvent alors des incendies tres-propres

566 COSMOS. '

assurdment k rendre les iures et les magistrats tres-circonspects dans leurs decisions.

(( EUcs sontboaucoup plus nombrcuses dans les niois de juillet, d'aout, de septeinbre, d'octobre, de uovembre et de decenibre, c'est-a-dire dans les mois ou le soleil se rapprocbe graduellemenl de la lerre , que dans les six autrcs niois do I'annee, qui corres- pondent a des distances continuellement croissantes enlre le soleil et nous. Elles forment autour du soleil une sortc d'enveloppe, qui, vue de loin, doit donner k cet astre I'apparence d'une nebu- knse, et qui, pour nous, babitants de la terre, pourrait bien etre la cause du phenomene designe souslenomdeluniierezodiacale. Leur influence sur les pbcnomcnes atmospbeiiques ne parait plus d'ailleurs etre contestable; et si, comme il semble perrais de Tesperer aujourd'bui , on parvient jamais a determiner assez approxiraativement, pourunnonibre suffisamment grand d'entre elles, les diverses parliculariles de leurs mouvements , le temps de leurs revolutions autour du soleil, les elements, en un mot, de leurs orbites, on aurait fait faire a la meteorologic un de ces pas decisifs, qui, seuls, pourraient sans doute fournir a I'agriculture certaines indications , dont elle serait susceptible de tirer utile- ment parti, n Nous ne nous arreterons pas a retablir la verite sur cbacune de ces assertions si legeres ; nous nous bornons a constater que , sans le vouloir, le Moniteur a joue a I'astronomc un tour pendable, en faisant suivre sa note de celle de M. Coul- vier-Gravier. Le rapprocbement est v^ritablement ecrasant. Cbez Tun, savant de profession, vous ne trouvez que des conjectures; ebez M. Coulvier-Gravier, vous ne trouvez que des fails , et des fails tres-scieuliliquemenl exposes. L'astronome, dans ses reves, attribue notre bel ete de la Saint-Martin a la presence de plu- sieurs millions d'etoiles lilantes. M. Goulvier-Gravier, dans ses Gonsciencieuses veilles, a constate que le nombre des etoiles fi- lantes qui a bribe sur notre borizon de novembre est excessive- ment petit; qu'un maximum autrefois tumuUueux s'est abaisse aujourd'bui i\ un minimum presque bonleux de lui-meme. Quel dementi et quel conlrasle! Un ami intime de M. Coulvier-Gravier Bous disait, pas plus tard qu'liier, que dans sa petite vanite, pardon, dans le sentiment de sa valeur observatrice et combina- trice, I'humble guelleur du palais du Luxembourg convenait assez ?olon tiers qu'il n'elait pas iawaJ, mais se posait carrement en sachant. La disliuclion est piquanle, et nous la lancons auxbords de la Garonne sur les ailes du Cosmos.

PIIOTOGRAPHIE.

Pliospliorcsconcc el llHorescenee inises on evidence an uioyen de In photo^rapliie

Par JI. NiEPCE DE Saint-Victor.

(( Un corps, apres avoir efd frappe par la lumiere, ou soumis k I'insolation, conserve-t-il dans robscurite quelque impression de cette lumiere ?

Tel est le probleme que j'ai cherche a resoudre par la plioto- graphie.

La phosphorescence et la fluorescence des corps sont connues ; mais on n'a jamais fait, que je sache, avant moi les experiences que je vais decrh'e.

On expose aux rayons directs du soleil, pendant un quart d'heure au moins, une gravure qui a ete tenuc plusieurs jours dans I'obscurite, et dont une moitie a ete rccouverte d'un ecran opaque ; on applique ensuite celte gravure sur un papier photo- graphiquc tres-sensible ; et apres vingt-quatrc heures de contact dans I'obscurite on obtient en noir une reproduction des blancs de la partie de la gravure qui, dans I'acte de I'insolation, n'a pas ^te abritee par I'ecran.

Lorsque la gravure est restee plusieurs jours dans I'obscurite la plus profonde, et qu'on I'appUque sur le papier sensible sans I'exposer a la lumiere, elle ne se reproduit pas.

Certaines gravures apres avoir ete exposees a la lumiere se reproduisent mieux que d'autres, selon la nature du papier ; mais tous les papiers, meme le papier a filtrcr de Berzelius, avec ou sans dessins photographiques et autres, se reproduisent plus ou moins apres une exposition prealable a la lumiere.

Le bois, I'ivoire, la baudruche, le parchomin, meme la peau vi- vante, se reproduisentparfaitementdans les memos circonstances; mais les metaux, le verre, les emaux ne se reproduisent pas.

En laissant tres-longtemps une gravure exposee aux rayons so- laires, elle se saturera de lumiere, si je puis m'exprimer ainsi. Dans ce cas, elle produira le maximum d'effet, pourvu qu'en outre on la laisse deux ou trois jours en contact avec le papier sensible. J'ai obtenu ainsi des intensites d'impressions qui me font esperer que peut-etre on arrivera , en operant sur des papiers tres-sensibles , comme sur le papier prepare k I'io- dure d'argent, par exemple, ou sur une couche de collodion sec ou d'albumine, et en developpant I'image avec I'acide gallique

56a COSMOS.

©n pyrogallique, h obtcnir ties epreuves asscz vigonreusos pour pouvoir en forinor iin cliche; ce serait uii nouveau moycn de leproducfion des gravures.

Je reprends la scrie de mes experiences. Si on interpose nne feme de verre enlre la gravure et le papier sensible, les blaucs de ia gravure n'impressionnent plus le papier sensible. II en est de m^me si on interpose une lame de mica, ou uno lame de crislal de roche, ou une lame de verre jaune colore a I'oxyde d'Urane. On verra plus loin que I'inlerposition de cesmenies substances arrete egalenient I'inipression des lumieres pbospborescentes placees dtrectement en face du papier sensible.

line gravure enduite d'une couche de collodion ou de gelatine se reproduit; niais une gravure enduite d'une couche de vernis a tableaux ou de gonmie, ne se reproduit pas.

line gravure placee a trois millimetres de distance du papier sensible se reproduit tres-bien; et si c'esl un dessin a gros iraits, il se rcproduira encore h un centimetre de distance. L'impres- sion n'est done pas le resultat d'une action de contact ou d'une action chimique.

Une gravure coloree de plusieurs couleurs se reproduit tres- inegalement, c'est-a-dire qne les couleurs impriment leur image avec des intensiles difTerentes, variables avec leur nature chi- mique. Quelques-unes laissent une impression tres-visible, tandis que d'autres ne colorentpas oupresquepas le papier sensible.

II en est de meme des caracteres imprimes avec diverses en- cres : I'encre grasse d'impression en relief ou en laille-douce, I'encre ordinaire formee d'une solution de noix de galle etde sul- fate de fer, ne donnent pas d'images; tandis que certaines encres anglaises en donnent d'assez nettes.

Des caracteres vitrifies, traces sur la plaque de porcelaine Ternie ou recouverle d'email, s'impriment sur le papier sensible, sans que la porcelaine elle-meme laisse aucune trace de sa pre- sence ; mais une porcelaine non recouverte de vernis ou d'email, telles que le biscuit ou la pate do kaolin, produit une impression iegere.

Si apre? avoir expose une gravure h la lumiere pendant une heure, on I'applique sur un carton blanc qui est reste dans I'obs- curite pendant quelques jours ; si apres avoir laisse la gravure en contact avec le carton pendant vingt-quatre heurcs au moins, on met le carton h son tour en contact avec une feuille de papier sensible, on aura, apres vingt-quatre heures de ce nouveau con-

I

COSMOS. 569;

tact, line reproduction de la gravure un peu moins visible, il est Trai, que si la gravure eut ete appliquee directement sur le pa- pier sensible, mais encore distincte. Lorsqu'une tabletle de marbre noir, parsemee de taclies blanches et exposee a la iumiere, est appliquee ensuite sur le papier sensible, les parlies blanches du marbre s'impriment seules sur le papier. Dans les menies con- ditions, um? tablettedecraie blanche laisse aussi une impression tandis qu'une tablette de charbon de bois ne produit aucun eftet sensible.

Lorsqu'une plume noire et blanche a ete exposee an soleil et appliquee dans I'obscurite sur un papier sensible, ce sont encore les blancs qui seuls impriment leur image.

Une plume de perruche, rouge, vei*te, bleue et noire, a donne ime impression presque nuUe, comrne si toute la plume avait ete noire. Certaines couleurs cependant avaient laisse des traces d'une action tres-faible.

J'ai fait quelques experiences avec des etolTes de differentes natures et de diverses couleurs, et j'enoncerai rapidement les re- sultats qu'clles m'ont donnes :

Colon blanc, impressionne le papier sensible.

brun, par la garance et I'alumine, n'a rien donne.

violet, par la garance, I'alumine et le sel de fer, presque

rien.

rouge, par la cochenille, rien.

rouge lure, par la garance et I'alun, rien.

bleu de Prusse sur fond blanc; c'est le bleu qui a le plus

impressionne.

bleu, par la cuve d'indigo, rien.

chamois, par peroxyde de fer, a impressionne'.

Des etoflfes de fil, de sole et de laine donnent egalement des impressions differentes , selon la nature chimique de la couleur.

J'appelle d'une maniere toute particuliere I'attention sur I'ex- perience suivante, qui me paralt curicuse et imporlanle :

On prend un tube de metal, de fer-blanc, par exemple, ou de toute autre substance opaque, ferme k une des extremites et tapisse k I'interieur de papier ou de carton blanc; on I'expose, I'ouverture en avant, aux rayons solaires directs pendant une heure environ; apres I'insolation, on applique cette memo ouver- lure contre une fcuille de papier sensible, et Ton constate, ai)res vingt-quatre heures, que la circonference du lube a dessine soa

570 COSMOS.

image. II y a plus, uae giavure sur papier de Chine, inlerposee entre le tube ct le papier sensible, se Irouvcra elie-meaic repro- duite.

Si on ferme le tube hernietiquement aussitot qu'on a cesse de i'exposer a la lumiere, 11 conservera pendant un temps indefini la faculte de radiation que I'insolaUon lui a communiquee, et Ton Tcrra celtc faculle s'exercer ou sc maniresLcr par impression, lorsque Ton appliquera ce tube sur le papier sensible, apres en avoir enleve le couvercle qui le fermait.

j'ai repcte sur les images lumineuses formecs dans la chambre obscure les experiences que j'avais d'abord i'aites a la lumiere directe. On tire uu carton blanc de i'obscurite pour le placer, pendant trois lieurcs environ, dans la chambre obscure, ou se projette une image vivement eclairee par le soleil ; on applique ensuile le carton sur une I'euille de papier sensible, ct Ton ob- tient, apres vingt-quatre lieures de contact, une reproduction assez visible de I'image primitive de la chambre obscure.

II faut une longue exposition pour obtenir un resultat appre- ciable, et voila sans doute pourquoi je n'ai rien obtenu en rece- vant seulement pendant une heure et demie I'image d"un spectre solaire sur une feuille de carton blanc; je n'en suis pas moins persuade qu'une exposition de plusieurs heures avec une feuille de papier ou de carton tr6s-absorbant donnerait une impression du spectre; et Ton pent regarder comme acquis h la science ce fait qui n'est pas sans porlee.

II ne m'a pas encore ete donne d'experimentcr avec la lumiere, soil de la lampe electrique, soit del'oeuf electrique; mais je me propose de le faire aussitot que je le pourrai.

Dans quelques cssais, encore pen nornbreux, j'ai cru remar- quer que la lumiere absorbee et conservee dans un vase exercait egalement une action sur les plantes, entre autres sur les fleurs quis'ouvrentde jour et se ferment la nuit.

II me reste k parler des experiences que j'ai faites avec des corps fluorescents et phosphorescents.

Un dessin trace sur une feuille de papier blanc, avec une solu- tion de sulfate de quinine , un des corps les plus iluorcscents connus, expose au soleil et applique sur papier sensible, se re- produit en noir beaucoup plus intense que le papier blanc qui forme le fond du dessin. Une lame de verre interposee entre le dessin et le papier sensible empeche toute impression. Une lame de verre jaune colore a I'oxyde d'Urane produit le meme eflfet.

COSMOS. 571

Si le dessin au sulfate de quinine n'a pas ete expose a la lumiere, il ne produit rien sur le papier sensible.

Un dessin lumineux trace avec da pliosphore sur nne feuille de papier blanc, sans exposilion prealablc a la lumiere, impres- sionnera tres-rapidement le papier sensible; mais si on interpose uue lame de verre, il n'y a plus aucune action.

Les memes effets out lieu avec du fluate de chaii.r, rendu phos- phorescent par la chaieur.

Tels sont les principaux fails que j'ai observes. L'espace me manque pour enumerer toules les experiences que j'ai laites; il en reste encore beaucoup plus a laire, etvoilapourquoije m'em- presse de publier cclte note sans attendre qu'elle soil plus com- plete. 11 m'est permis, je crois, d'esperer que ma nouvelle ma- niere de mettre en evidence des proprieles de la lumiere a peine soupconnees ou imparfaitement conslatees jusqu'lci , cxcitera I'attention des physiciens et amenera d'importantes recherches. »

i\ous citons, sans assez les comprendre, quelques experiences de M. Volpicelli, dont le Bulletin de la Societe de pholO'jraphie a emprunte le recit a un journal americain :

((On place en contact avec une plaque daguerrienne un disque de cire a cacheter electrise, et sur lequel on a i)ris I'impression d'une medaille; apr(is vingt-quatre heures de contact, la plaque metallique a acquis la propri(^.t(3 de condenser la vapeur de mer- cure; les parties correspondantes aux parties les plus creuses de la cire causent la condensation la plus forte. L'experience reussit de meme avec une plaque daguerrienne iodurcje : apres quarante- huit heures de contact, la plaque, soumise aux vapeurs de mer- cure et lavee ensuile a I'hyposulfite de sonde, presente une image due a ce que I'argent s'est plus fortenient amalgame en face des creux de la medaille. Des disques de soufre on de resine, electris(3s par frottement et places sur une feuille mince de verre, communiquent a sa surface la propriet(i de condenser le mercure et de reproduire ainsi I'lmage du disque. »

ACADEMIE DSS SGiENCES.

Seance da 16 norcmlre 1857.

iM. Lambert, geologue a Ghaiilny, adressp, surla decouverle de la tete lossile de cerf gigantesquefaitederniereuient dansFAisne, une note semblable a celle que nous avons publiee dans notre derniere livraison.

M. Semola, de Naples, adresse un travail relalif ^ Faction de la glycerine sur diverses combinaisons metalliques.

M. Berlin, professeur a la faculte de Besancon, adresse, par Finterinediaire de M. Begnault, une note sur la polarisation des electrodes et la decomposition eleclrolytique ; elle n'a point ete analysee, et nous ne pouvons en rien dire. Pourquoi notre ami M. Bertin n'a-t-il pas eu la bonne pensee de nous en faire faire une copie?

M. Brachet adresse un nouvel exemplaire de la notice sur le microscope d'Amici. Nous Favons recueaussi; mais que pour- rions-nous en dire d'instructif pour nos lecteurs, d'agreable pour Fauteur? L'eftort le plus energique de la bonne volonte ne peut pas aller jusque-la.

M. Boutigny, d'Evreux, croit pouvoir se poser a cote de M. Wetbered dans le concours pour Fapplicalion de la vapeur a la marine militaire, en cc sens 1" qu'il aurait eu de son c6te, et avant I'inventeur americain, la pensee de meler a la vapeur ordi- naire de la vapeur spheroidale, qui n'est autre que la vapeur sur- chauffee; 2" qu'il aurait sollicite duministre de la marine la mise en experience de celte idee. Nous avouerons franchement que nous avons vu avec peine notre excellent ami M. Boutigny entrer dans la lice, pares que sa reclamation ne peut avoir qu'un effet, celui de dispenser les juges de donner le prix. Ce que le pro- gramme demande en teimes formels, et ce que M. Wetbered ap- porte, ce sont des inventions et dcs perfectionnements constates et eprouves par V experience en ^rand, et non pas des idees. M. Bou- tigny devait cette fois s'abstenir.

M. Goulvier-Gravier transmet le resultat de ses observations des etoiles iilantes, dans leur prelendu retour periodique du 13 novembre :

« Malgre un ciel pen favorable, nous avons cependant pu ob- server, de maniere i\ apprecier a sa plus juste valeur Fapparition des etoiles Iilantes, du 12 au 13 novembre. Comme je Fai deja dit

COSMOS. 573

en 1849 et 1850 , cette apparition , qni, en 1799 et 1833, avail Irappe d'elonnement , n'est plus mainlenant qu'un veritable mi- nimum; en effet, le nombre horaire moyen d'etoiies filanles a minuit, ramene k un ciel serein, etait, le28 octobre, de 17 etoiles 3 dixiemes; la moyenne, pour les k, 5etl0novembre, de 12 etoi- les 5 dixiemes, et la moyenne des 11, 12 et 14 novembre, de 9 etoiles.

« Dans ma communication du mois d'aoiit dernier, en entrete- nant I'Academie de la variation de la resullants des meteores d'aoLit, je lui annoncai que cette niarche de I'E sur le S etait conlirmee par la variation de la resultante des autres jours de I'annee, pour les etoiles fllantes et les globes filants. En effet, je me suis depuis livre a de longues et laborieuses recherches sur cet important sujet (les journees d'aout etant elimifiees), et je peux aujourd'hui en presenter le resultat sur des courbes polaires quej'ai rhonnelir de faire passer sous les yeux de I'Academie. On y voit : 1" la marche de la resultante des etoiles filantes pour chaque heure de la nuit; la marche de cette resultante de k lieures en 4 heures ; 3" la resultante generate ; enfm la marche de la resultante des globes de 4 heures en 4 heures.

(( En examinant la premiere partie de ce travail, qui comprend une periode de 12 annees, de 1846 au 1" novembre 1857, on voit que de 5 heures du soir a 7 heures du matin, on en d'autres termes, en 14 heures , la resultante a marche de I'E a I'O, c'est- ^-dire qu'elle a decrit un arc de 180" , environ 13° a I'heure, en tenant compte de I'indecision de cette marche, pendant les premieres heures de la nuit. Actuellement, si on considere la marche de cette resultante , seulement a partir de 10 heures du soir, heure k laquelle sa course devient extremement niguliere, on Toit que cette course atteint 140", ou 10" a i'heure , resultat parfaitement conforme a celui que j'avais annonce dans ma com- munication precedente.

<( La resultante generate de toutes les heures reunies se Irouve entre SSE et SE, 2" du SSE.

« La marche dela resultante des globes filants, dontlc nombre s'eleve aujourd'hui a 256, varie ainsi qu'il suit : de 6 heures a 10 heures du soir, on la trouve entre NE et I'ENE, de I'ENE ; de 2 heures a 6 heures du matin , elle se trouve a I'OSO, elle a done decrit un arc de 180°, prise de 4 heures en 4 heures.

<( La resultante gdnerale des etoiles filantes, prises de 4 heures en 4 heures, se trouve, de 6 heures a 10 heures du soir, entre

•574 COSMOS.

SSE et SE , du SE ; de 2 heures h 6 licures du matin , entre S et SSE, 2" du S; Tare decrit par celte resuUante est done de 1x5°, c'est- a-dire le quart de Tare parcouru par la resultante , pour chaque heure de la nuit.

(( Si on considere la resultante des dtoiles filantes sous le rap- port des saisons, on trouve qu'elle approcheleplus pres possible du Sud dans I'aulomne, qu'elle remonleiin pen vers I'E en hiver, continue cette marche vers I'E au printemps, et en approche le plus pres en ete.

(( L'Academie verra, j'on suis certain, combien do tels resultats etaient iniportants ^ connailre , car ils aideront puissamnient a i'etude de la connaissance pbysique du globe. »

Nous n'entendons pas les nouis des auteurs de remedes pour la guerison du cholera, de I'liydrophobie, des dartres, etc. ; de I'invenleur d'une nouvelle methodede mesurcdes distances inac- cossibles, etc.

M. Morren, medecin en chef dans Tarmee beige, fait hom- inage d'un grand travail sur les caracteres auxquels on peut re- connaitre la degenerescence des races humaines : une diminu- tion notable de la puissance de reproduction on de la fecondite; une diminution notable de viabilite chez les nouveau-nes-, la mulliplication des infirmiles congenitales, etc., etc. Dans les ge- nerations acluelles, cos caracleres sent asscz saillanis pour que M. Morren soil tente de conclure a une degenerescence commen- cee, sinon deja avancee. M. Flourens presente ce travail avec quelque complaisance.

M. Flourens fait aussi un tres-grand eloge des etudes de M. Hollard, professeur k la faculte de l^oitiers, sur les caracteres .distinctifs et !a classification des gymnodontes, famille de poissons de I'ordre des plectognatbes, qui ontles macboires garnies d'une couclie d'ivoire provenant de la soudure des dents. M. Hollard n'a pas seulement etabli les caracteres de la famille, mais ceux des ordres, sous-ordres, tribus, genres et especes; c'est une mo- nographic complete.

M. Laignel demande I'envoi a la commission des arts insa- lubres do son IVein peri'ectionne. uLe systeme des freins actuels, dit I'infatigable vieillard, consiste a arreter les roues des tenders ou wagons, et a les forcer de ghsser sur les rails. Or, ce systeme a le grand inconvenient d'occasionner une grande perte de temps, de provoquer le prompt et inegal use des jantes des roues, en faisant sur ces janles des facettes qui contribuent promptement

COSMOS. 575

^ les faire passer au tour pour qu'on enleve sur tout le reste de leur circonference une e£;alc parlie de fer d'environ 3 a 5 millim. , afin de les rendre de nouveau cyliiidriques, sans pour cela qu'on ait pu parvenir a arrctor un convoi a moins de 1 000 j'l 2 000 me- tres, suivant la vilesse. Mon frcin, au contraire, ne coinporte pas tons ces defauts; il evile les grandes charges ; il n'arrelc point les roues et les soulage ; il arretc k toute vitesse, a toule distance, si rapprochee qu'elle soil, et progressivement, etc., etc., etc. II est employe dans sept royaumes dillerents a descendre sans cable des plans inclines de 2 a 3 centimetres, et a arreter les convois dans un cas de rupture du cable de remonte, partout, toujours il a ete efflcace ; et les ingenieurs francais s'obstinent a ne pas Tadopter. » G'est contre cette repulsion que M. Laignel demande la protection de I'Academie.

M. Flourens etend aujourd'hui au discours prononce par M. Levy, representani I'Academie de medecine a la solennite de Finaugm-ation de la statue d'^tienne Geoffroy Saint-Hilaire, les ^loges qu'il a donnes au discours de M. le maire d'Etampes : « C'estune oeuvrelres-elevee, dit-il, tres-eloquente, remarquable surtout par le bonheur avec lequel son savant auteur a saisi I'esprit des doctrines du grand naturaliste et en a faitressortirlaportee. »

M. Flourens encore presente, non sans tristessc ou plutot avec de vifs regrets, a I'Academie, le catalogue dela bibliotbique desde Jussieu, qui seramise en vente dans le courant de I'biver. « Pourquoi faut-il, helas! dit-il, que le gouverneinent n'ait pas pu conserver dans son integritc ce monument bistorique et a ja- mais celebre qui suraboude en materiaux precieux, auxquels un fatal eparpiliement retircra beaucoup de leur valeur? Au moins faudrait-il que les manuscrits qu'elle renfcrme, uniques en leur genre, et qui sont ecrits de la main des contemporains les plus ce- lebresdes de .lussieu, entrassent dans une de nos grandes collec- tions publiques; cenx de Touniefort, de Le Vaillant, etde Joseph Geolfroy sur les sexes des plantes , des missionnaires iesui- tes,etc., etc., belles perles de ce vaste ecrin, devraienl I'ester ac- cessibles aux recherches des amateurs. »

M. Bouillier, correspondant de I'lnstitut, president de I'Aca- demie et doyen de la Faculte des lettres de Lyon, fait hommage d'un discours lu par lui le 29 juin 1857, et qui a pour titrc : L'lnstitid et les Academies de proomce. La pensee fondamentale de ce discours est d'amener une sorte d'association, une quasi- fusion des Academies de province avec I'lnstitut de France. » L'i-

5cl6 COSMOS.

solcment dcs savants et des Academies a ete, dit-il, dans le passd, une des principales causes du retard des sciences. L'association pour I'avenir est un des plus grands motifs d'esperance, Partout dans nos provinces des Academies plus ou moins bien organisees se sont fondees ; mais ces petiles republiques, qu'aucun lien fe- deralilne ratlache Ics unes aux autres, n'ont pas su faire encore cause commune pour la recherche de la verile. L'Inslitut de France, par la gloire individuelle, par la science et par le genie de ses membres, ne le cede a aucuii autre corps savant du monde; mais ne pourrait-on pas lui reprocher de trop demeurer enl'erme en lui-meme, et de laisser echapper de ses mains celte grande magislrature scientiiique qu'il devrait exercer sur la France tout entiere? En I'aisant appel aux principales Societes savaules des departements , en les conviant a travailler de concert avec lui pour la decouverte de la verite, il dependrait de lui d'accroitre beaucoup ses forces et son empire.... Qu'il ne so manifeste done pas au dehors seulement par le genie et I'eclat des otuivres indi- viduelles de ses membres, mais aussi par la grandeur des oeuvres collectives, par un puissant ensemble de recherches et d'expe- riences, par I'impulsion donnee a tons, parl'union sous ses aus- pices de toutes les forces intellectuelles de noire patrie; qu'il se souvierme, en un mot, du nom qu'il porte el du but pour lequel il a ete fonde. » Nous sommes desole d' avoir i'l le direct M. Bouil- lier, mais son projet d'association n'est qu'une belle et brillante ulopie, pour ne pas ajouter une d^cevanle illusion. Les eloges excessifs donl il accable les membres de I'lnstitut, le genie et I'e- clat qu'il leur prodigue h pleines mains, ne produiront et ne peuvent produire aucun effet.

M. Daubree lit un Memoire intitule : Observations sur le met amor phisme des roches, et recherches experimentales sur quel- ques-uns des agents qui out pu le produire. Nous regrettons vive- ment de ne pouvoir reproduire des aujourd'hui I'analyse de son travail, que I'auteur a bien voulu rediger pour le Cosmos; mais la place nous manque absolument. La conclusion tout a fait remar- quable de ces belles et nombreuses experiences est qu'un grand nombre de silicates composant les roches cristaUines, et peut- etre lous, peuvent se former par voie humide, a des temperatures elevees, et cependant Ires-inferieures a leur point de fusion. Ajou- tons que la methode experimentale de M. Daubree consiste a ex- poser en vase clos les matieres reagissantes a une temperature de ^00 degres, et pendant un mois environ.

COSMOS. 577

Ui) medpcin d'Athenes, en atlrcssant ses recbcrclies theolo- giqiips et inedicales sur les scrapules et les superstitions, formule, & son tour, un grand plan d'associalion entre la theologic et la science , la morale evangelique et la medecine. C'est une entre- prise aatrement colossale encore que celle de M. Douillier, et ce- pendant quelle alliance plus naturelle !

M. Payen, en deposant sur le bureau la seconde edition de son Traite de la distillation, apprend que son travail ne com- prend plus seulement la distillation dcs betteraves, mais qu'il I'a etendu k la distillation de toules les matieres propres a engen- drer I'alcool : les grains , le sorgbo , les marcs de raisin , etc. II decrit avec le plus grand soin les precedes k suivre, et donne, autant que la science actuelle le permet, la theorie de toutes les operations. L'industrie de la distillation est devenue, dit-il, une Industrie immense; dans la derniere campagne , plus de deux millions de kilogrammes de betteraves ont ete distilles, laissant a I'agriculture quinze cent mille kilogrammes de residns , dont la valeur alinientaire est au moins egale a celle d'un meme poids de betteraves. Quel profit net et quel accroissement de la richesse publique ! Ce volume est editp: par M'"' V'' Boucbard-IIuzard.

M. Girard, medecin-velerinaire de la garde de Paris, signale le massage des muscles qui enlourent I'articulalion , comme un remede tres-cfficace centre les enlorses , et a gueri de cette ma- niere un tres-grand nombre de soldats.

M. Boussingault fait hommage, au nom de Mgr Mislin, cha- noine du chapitre de Groswardein , des trois volumes de son Voyage k Jerusalem, aux Lieux-Saints et dans diverses autres parties de I'Orient. C'est un tres-savant ouvrage, et M. Boussin- gault doit a son noble auteur d'avoir pu se procurer une grande quantiic d'eau de la nier Morte. Le jour memo de cette presen- tation, la Patrie annoncait que Mgr Mislin, actuellement a Paris, estun descandidats a Teveche vacant de Jerusalem.

M. Pouillet demande Tadjonction de M. Bertrand a la com- mission chargee de juger les Memoires envoyes pour le concours relatif aux phenomenes capillaires.

M. Kublman, de Lille, lit un Mcmoirc sur les chauxbydrau- liques, les pierres arlificielles et la formation des roches par la voie humide. Dans cette nouvelle serie de ses recbercbes, le savant cbimiste manufaclurier traite tour a tour, des iuQltra- tions siliceuses et des concretions calcaires; 2" des epigenies;

t5J,8 COSMOS.

3" de I'eau de carriere; k" de la cristallisatioii spontanee des corps

amorphes.

Nous lie pouvons aujourd'liui qu'enoncer ccs deux proposi- lions fondamcnlales : 1" le plieiiomene de durcissement par la soustraction de I'cau tie carriere ne serait pas dA seuleinent a revaporalion de Toau , mais ^ une crislallisation plus complete des masses minerales; et cette consolidalion serait subordonnee aux conditions exigees pour toute crislallisation, le rapproche- ment lent des molecules et le repos. Des corps separes de leur dissolution , dans un etat gelatineux on amoridie, peuvent, par la seulc tendance des molecules a affecter un etat cristallin, se modifier lentcment et se presenter enfin a I'elat de cristaux, d'autant plus beaux , que le phenomene de cette transformation s'est accompli plus lentement et plus trauquillement, et que, dans quelques circonstances, elle se trouvc I'avorisee par la clialeur.

AI. Despretz presente, au nom de M. Pelican, des recherclies experimenlales, relatives a la cause des contusions produites par ce qu'oii appelle le vent do boulet. El'cs ont eu pour resultat que le passage des projectiles a quelques centimetres d'un piston, que la moindre pression del'air aurait pu reibulcr, a laisse le piston immobile. II i'aut done chercher ailleurs que dans la compression de I'air la cause de ces contusions,

M. d'Archiac, au nom de sir Roderick Murcbison, presente une note sur la decouverte a la partie superieure de terrains silu- riens de crustaccs fossiles, analogues a ceux du bassin de Paris, et qu'on n'avait pas encore rencontres dans les anciens terrains, L'un de ces crustaces, VAnthopterus maximiis, est vraiment gigantesque, son diametre est de plus d'un metre.

M. Milne-Edwards presente les deux premiers volumes de son Ilistoire naturelle des corallieres ou polypes proprement dits, grand ouvrage faisant partie des nouvelles suites a Buffon, pu- bliees par M. lloret. iM. Milne-Edwards en avait commence la redaction, en collaboration avec M. Jules Aymes, enleve par une mort prematuree; il est oblige de le publier seul. Nous avons ete ■vivement louche en lisant cette dedicacemise par I'illuslre savant en tele du premier volume : « A la memoire de Jules Aymes, zoo- logiste accompli, homnie d'un esprit delical et eleve, ami sur et aimable, ne a Tours le 28 mars 182-'i, mort a I'aris le 28 septcmbre 1856. » 11 n'avait done que 32 ans.

M. Le Verrier annonce la decouverte d'une nouvelle comete,

COSMOS. 579

la sixieme de 1857 , faite a Florence, par M. Donali, dans la nuit du 10 novenibre. Apres qu'il eut signale t Rome, par le tele- graphe eleclrique, la decouverte d'une des dernieres planetes, M. Le Verrier fut surpris de se voir^presenter une note de 60 fr., reclames par les fitats interrnediaires pour frais de transmission. L'Observatoire est assez ricbe pour pouvoir payer cette depense, mais I'interet de la science exigeait une prolestalion. M. Le Ver- rier protesta done et le resuUat do sa reclamation fut I'engage- ment pris par tons les Etats interrnediaires de laisser passer librement et gratuitement ti I'aveair toutes les annonces de de- couvertes dc corps celestes nouveaux. M. Donati a doncpu signa- ler la comete, par le telegraphe eleclrique, a M. Le Verrier; et M. Le Verrier, par I'ensemble complet des lignes lelegrapbiqucs, a pu don- ner a son tour sa position aux Observatoires de Rome, de Naples, ae Berlin, de Goettingue, d'Altona, de Greenwich, etc. Le nouvel astre a ete obsei've a Paris par MM. Villarceau et Lepissier, mais 11 est presque invisible aux instruments meridiens. II n'est que trop vrai de dire que jusqu'ici I'Observatoire imperial n'est pas encore entre en possession d'un instrument a I'aidc duquel on puisse observer sans peine et avec loute I'exaclitude voulue les astres dont I'eclat est au-dessous de celui des etoiles de neu- vieme et dixiSme grandeur.

M. Le Verrier annonce, en outre, qu'a part I'Angleterre, le concert europeen de transmission des observations meteorolo- giques est completement organise. Saint-Pelersbourg figurera dans les tableaux a partir du 17 ou du 18, et alin que le service se fasse avec une regularite parfaite, le grand-due Gonstantin a Toulu se faire lui-raeme correspondant de noire Observatoire. C'est par lul que tout sera transinis, c'est a lui que tout sera adresse. Nous avons ete assez heureux pour pouvoir annoncer a M. Le Verrier qu'une petite lettre ecrite par lui h M. Power, se- cretaire general delaCompagnie de telegraphie sous-marine, 83, rue Richelieu, aurait pour resultat de determiner immediatement les administrations des lignes telegraphiques de I'Angleterre, de I'Ecosse et de I'lrlande a lui preter leur concours gratuit pour I'echange des observations meteorologiques.

M. Le Verrier, encore, annonce que la cinquante-huitierae petite planete, decouverte par M. Fergusson, arefulenomde Virginia. II presenle, au nom de M. Winnecke, de Berlin, un Me- moire sur I'orbile du satellite de I'etoile double, eta de la cou- ronne. Le temps de la revolution du satelHte est encore incertain ;

580 COSMOS.

il ppiit etrc de qnarante-lrois aiis on do soivante-six ans. M. do Villarceau avail poiise quo le tomps vorilahle diait qunranle-lrois ans; M. Wiiniecko domontre que la periode de soixante-six ans satisfjiit aiissi a toiitos les ohsorvalions. II depose une thcorie nouvelle des lunettes equatoriales, par M. Ragona-Scina, de Pa- lernie. 11 annonce la fondation i Atlienes d'un Ohservatoire, fonde par un riclie particiilier.

M. Chevrenl presenle, an nnni de M. Niopce de Saint-Victor, le Memoire experimental sur la pliosphoroscence et la fluores- cence inises en evidence par la photographie. Nous les publions ailleurs.

M. Becquerel presenle de son cotd, au nom de son flls, M. Edmond Becquerel, un tres-curieux Memoire sur la phospho- rescence et la lluorescence. Nous le donnerons dans noire pro- chaine livraison.

M. Dumas presenle, au nom de MM. Henry Sainle-Glaire, Deville et Troost, un Memoire sur la densite des vapours d'un certain nombre de matieres niinerales.

« La determination des dcnsites des vapours, parle precede de M. Dumas, s'effeclue avoc une Ires grande facilite, tonics les fois que la volatilite des corps que Ton etudie, permet I'emploi d'un bain d'huile et d'un vase de verro, Dans cos conditions, I'opera- tion est si simple, si rapide, que dans tons les laboratoiros ou Ton s'occupe de chimie organique, elle est praliquee journelle- menf. II n'en est pins de mrme pour le plus grand nombre des matieres minerales, dont le point d'obullition est presque tou- jours tres-eleve ; et qui, par consequent, nepeuventquerarement etre volatilisees , soil dans un bain d'huile, soil dans un vase de verre, dont la fusion on au nioins le ramollissement commencent d une temperature rolativement si basse.

« Un grand nombre d'oxperioncos que nous avons failes sur diverses matieres communes oi bouillanl a basse temperature, nous onlprouvc que rien n'elait plus facile que do so procurer des temperatures Invariables , en plongeant des thermomelres a airdans leur vapour, k\a condition expresse de prendre cerlaines precautions pour eviter I'innuence do la chalour du foyer ou de la temperature de I'air ambiant. La disi)osition do nns appareils annule cntierement cette cause d'erreur. Les sni)stances qui nous out paru le plus propres k des experiences de ce genre, dans lesquelles on emploie le vcrre, sont la vapeur de mercure, qui bout a 350% d'apr^s les experiences de M, Reguault, et la

COSMOS. 581

vapeur du soufre, dont le point d'ebuUition a ete fixd a i^iO^pac M. DuQias, mais que nous fixerons un pen au-dessus de UUO de*- gres.

(I Dans lesdenx cas (1), on se sert du meme appareil, compose avec une boiUcille a mercure, sciee pres du col, de maniere a figurer un cylindre fcrme seulemcnt par le bas. Dans I'inlerieur, se li'ouvent deux diaphragmes , perces de Irous, enlre lesquels est maintenu le ballon de yerre, a une hauteur de 12 centimetres au-dessus du fond de la bouteille. De petites lames cylindriques maintenues parallelement aux parois de la bouteille a mercure, font des matelas de vapeur, quienlevent toute influence a I'exces de chaleur fournie par le foyer. La partie supeiieure de I'appa- reil est fermee par une plaque defonte, munie de deux trous, I'un qui laisse sortir le col efflle du ballon, Tautre qui donne passage a la tige d'un Ihermometre a air, qui n'a pas besoin d'etre gradue, parce qu'il ne dolt servir qu'a conslater la fixite de la tempera- ture (2). Ln tube en fer de 2 centimetres de diametre est visse le plus baut possible sur la bouteille a mercure, de manierequ'a son origine, il y ait entre son ouverture et la naissance du col du ballon une distance verticale d'au moins 8 centimetres. Quand on opere avoc du soufre, il est bon de faire traverser I'appareil par un tube de fer plus gros, fixe au premier, et dans lequel se condense la vapeur de soufre; le soufre liquide se refroidit alors, de maniere a couler hors de I'appareil, sans prendre feu.

(( L'operation se conduit facilement; il seraittrop long de don- ner a cet egard tons les details qui sont decrits dans notre Me- moire. En general , nous evaporons 1 kilogramme de soufre environ, et 1 ou 2 kilogrammes de mercure. On est averti que I'experience est terminee, quand la poinle du ballon, qui est maintenue cliaude au nioyen d'un morceau de charbon allume, ne laisse plus exbaler de vapeurs.

« Voici quelques densites de vapeur obtenues par ce procede :

<( Le chlorure d'aluminium parfaitement pur se volalillse facile- ment, et ne laisse qu'un residu insigniflant quoique volumineux; il nous a donne les nombres suivanis, moyennes de trois experien- ces : dans la vapeur de mercure, 9,35; dans la vapeur de soufre,

(1) Le soiifid n'ullaqiie pas du lout les vases de fer. seulement ri's diaphragmes s<j reconvrent d'liiie sorte de liaililire jauiie, coninie la pyrite magMCiique ci qui out pour cunipositiou Fe^ S'*, ce qui roufjriue les ana yses et I'opiiiiou de M. Werllieim.

(2) Dans nos derneres experienoes nous avuns >upprinie le llicrniumclre qui nous avail servi de conlrole el qui ne variail jamais daus les operations bien conduites.

582 COSMOS.

9,3^1. Ces nombres correspondent h la forniule Al~ C/' = 2 vol. ; d'oCi I'on conclurait par le calcul, pour la densite de la vapour, 9,31, nombre tres-pcu different dcs premiers.

« Le sftsquichlorure de fer a une densite de vapour correspon- dantc ;\ la formule Fe2C/^ = 2 vol., ou egale a 11,25, En ope- rant avoc la vapour de soufre, on a en effot trouve en moyenne 11,38.

(( Le chlorure de fer restait dans le jjallon cristallisd cngrandes tables hexagonales de couleur rouge grenat tres-riche par trans- parence, et vert cantharide par reflexion. Le oblorure d'alumi- nium parait avoir la niome forme, et presente on sus dos facettes pyramidales qui out la symetrio du systome rhomboedrique. C'est aussi un Iros-boau corps dont les cristaux sont d'une trans- parence parfaite et tout a fait incolores.

(( Le prolocblorure de mercure que nous avons experimente, quoiquela densite de sa vapour ait ete observee par M. Mitscher- licb, nous a donne le nombre 8,21 au lieu de 8,15, correspon- dant k la formalo Hg- CI = U vol. W. Mitscborlich avait trouve 8,35. C'etait une excollente verification que nous ne devious pas man- quer de faire subir au procede que nous proposons.

« Nous donnorons encore un oxcmplo assoz curieux que nous tirons de la densite de vapeur du cbloi-ure de zirconium, pour montrer combion est importante celte donneo pour I'etablisse- ment des analogies, et par suite dcs formules chimiquos. Nous avons trouve pour le chlorure de zirconium, chauffe dans la va- peur de soufre, une moyenne egale a 8,15.

« La formule adoptee aujourd'hui pour le chlorure de zirconium est Zr- 01% ou en nombres 174,5. Comme Ics donsilds de vapeur sont (a un facteur simple pros, qui est toujours ',1 ou 2) oxacte- ment proportionnolles aux eqnivalonts, d'apros la loi de Gay- Lussac, il s'onsuil quele produitde I'equivalent 17/i,5 par la den- site 0,0692 de riiydrogene, produit qui est 12, devrait, d'aprSs la regie commune, etre ou egal au nombre trouve plus haut, ou en etre le double ou la moitie; tandJs que 8,15 est les deux tiers de 12. La memo observation est a faire pour le chlorure de sili- cium; de sorte que pour avoir une condensation en nombres en- tiers on est oblige d'ecrire pour la formule du chlorui-e de sili-

cium StC/^ = 'ivol. (en faisant Si = ~ 22), et pour la formule

9

du chlorure de zirconium ZrCP = 2 vol. (en faisant Zr = ^. 68),

COSMOS. 583

ce qui donne pour la densite theorique du chlorure de zirconium 8,02 au lieu de 8,15 trouve par experience.

(( Nous considerons comme resolu de la niani6re la plus pratique et la plus facile le problemc de la determination dcs densites de vapeur aux temperatures fixes produites par I'ebullition du mer- cure ou du soufre, et nous engageons vivement les cliimistes qui ont a etudier des matieres organiques volatiles resistant h ces temperatures de 350° ou menie de /j60, d'effectuer leur operation dans les conditions ou nous nous metlons, et dont il resulte une grande securite pour Toperateur, une economic de temps consi- derable, I'emploi d'appareils quon chauffe faciiement au gaz, et enfln I'avantage d'agir a des temperatures assez eloignees de leur point d'ebullition pour qu'on n'ait pas ii craindre les anomalies bien connues aujourd'hui depuis le travail de M. Cabours.

Dans un prochain Memoire, nous donnerons le resultat de ten- tatives que nous effectuons en ce moment pour employer comme source de chaleur la vapeur de zinc, et comme vases des ballons de porcelaine termines en pointe assez fine pour pouvoir etre fermes instantanement au moyen du cbalumeau a gaztournant. »

M. Le Verrier a bien voulu nous communiquer les observa- tions suivantes de la nouvelle comete :

Leu. Date. Temps iiioycn Ascension diolle. DeeMiiaisr.n. Obsenatlont.

No.enibie. du lieu.

riorence. 10 .s''ol'"5b» isl" 30"" 29^00 _{-55"41' b",6 Donali.

Id 10 9 33 34 15 31 12,28 -f-oS 39 42 ,0 Id.

Paris. .. IS 9 17 55,5 17 23 47,94 -f- 49 12 19 ,8 Yvoii Villareeaii.

Id 15 10 11 31,0 -f49 8 38,9 Dqiissier.

id 15 10 17 34,0 17 24 32 ,7fi Id.

Les observations dull, transmises de Florence et de Rome, etant en discordance d'environ 2' pour les declinaisons, nous nous abstiendrons de les communiquer avant reclilicatioQ des erreurs dont I'un ou I'autre pent etre affecte.

TAIUETES.

Snr qiiclqiics evpericncc^* relatives a I'einploi <lcs sang^iues algeriennes ct si la conservation des san^sucs en general

Par M. A. dk Qc/.trefages (Resum^ ou abr^ge avec les propres parolns de I'auteur).

<( Les sangsues de I'Algerie, connues dans le commerce sous le uom de dragons {sanguisnga troctina, Moquin-Tandon), sont- elles, au point de vue du service medical , comparables aux au- tres esp^ces qui figurent sur le marche de la France? Cette ques- tion a dil etre posee des les premiers temps de notre sejour en Afrique. Elle ne tarda pas h etre resolue negativement, et depuis cette epoque tout avait paru confirmer ce resullat.

En 1856, M. Vayson, eleveur distingue, apporta k Alger, en employant les moyens de conservation dont il sera question tout h I'heure, 900 sangsues bordelaises choisies dans les marais de la Gironde. Ces sangsues iurent comparees k leurs congeneres d'A- frique. M. Millon presidait aux experiences, et c'est assez dire que celles-ci presentent toutes les garanties desirables. Les re- sultats furent que 109 sangsues bordelaises, pesant en moyenne \sr^UU, avaient absorbe en moyenne 8s',55 ; et que 178 sangsues d' Alger, pesant en moyenne ls',/i2, avaient absorbe en moyenne Ss^ee de sang. Ces chitlres, bien loin de confirmer I'opinion ge- neralement recue sur I'inieriorite dcs sangsues d' Alger, accusent en leur favour une legere diflerence de Os'",!!. Ce resultat est d'autant plus remarquable, que les sangsues bordelaises avaient ^te choisies par un homme tres-exerce, et que leur poids moyen etait quelque peu supdrieur au poids moyen des algerieniies.

Mais on devait se demander si les sangsues girondines n'avaient pas souft'ert de leur transport en Algerie, et si par suite elles jouissaient bien de toutes leurs qualites naturelles au moment des experiences. Une contre-epreuve etait necessaire, et elle a eu lieu dans des conditions qui ne laissent prise k aucun doute.

Dans le courant d'avril 1857, 1 000 sangsues-dragons furent envoydes d' Alger a la pbarmacie centrale des bopitaux de Paris 5 200 d'entre elles furent remises ft I'hOpital du (iros-Caillou, et M. Tripier, pharmacien en chel' de cet dtablissement, les mit en experience.

De recherches precedentes, failes en tr6s- grand nombre,

COSMOS. 584

M. Tripier avait conclu que les sangsues de la Gironde, d'excel- leate qualite, appliquees par lots de 10 a 20, absorbent de 7 a 8, 9,10 et 11,5 grammes desang, soit en moyenne environ 9 gram- mes. Or, deux lots, I'un de 10, I'autre de 20 sangsues algeriennes, pesant en moyenne lS',Zi5 , out donne pour le chifl're moyen du sang absoibe lOs^Zi. Toutes les aulres experiences out donnti des resultals analogues.

Ainsi des sangsues-dragons, transportees d'Alger a Paris, se sont montrees au moins les egales des meilleures sangsues bor- delaises. En France comme en Afrique, les resultats fournis par une comparaison attentive out die exaclement les niemes, et en disaccord complel avec la maniere de juger univcrsellement adoptee.

M. Vayson, charge par radminislration de la guerre d'e.xplorer nos possessions alVicaines au point de \ue de I'industrie (!out il s'occupe, a signale plusicurs points qui, d'apreslui, se preteraient parfaitcment soit a I'elevage artificiel des sangsues par les proce- des usiles dans la Gironde, soit a une production nyturelle qu'il suffirait d'exploiler sagement pour qu'elle rendit de verilables et grands services. Les uiarais d'Afrique pourraient bien jouer d'ici a quelque temps le role rempli pendant un certain nombre d'an- nees par ceux de I'Europe orientale.

En constalant ces ricliesses, il est bon de songer a les conser- Ter. Ce serait les dilapider a plaisir que de laisser s'etablir un systeme de peche continue et sans frein. M. Vayson voudrait qu'on ne pechflitchaque niarais que tousles deux ans. Si la peche devait etre continue pendant la seconde annee, s'iletait en outre perniis d'enlever indislinctement toutes les sangsues, la mesure proposec seiait insuffisanle. li serait de beaucoup prel'ej-ablc d'ap- pliquer ici les principes qui out inspire les lois sur Ja chasse et sur la peche maritime. Que la peche des sangsues soit annuelle, mais qu'elle soit inlerdite pendant I'epoque des grandcs pontes; qu'il soit en outre defendu de prendre les filels ou petiles sang- sues de I'annee, et il en sera des niarais algcriens comuie des bancs d'huitres do nos coles : ils donneront chaque aunee lout ce qu'ils peuveni donner, sons pour cela s'epuiser.

La necessite de laisser reposer les marais annuellement pendant plusieurs mois entraine celle de conserver les sangsues pendant le meme laps de temps. Aux procedes de conservalion deja con- nus, M. Vayson vient d'en ajouler un qui, lout en se prelaut aux applications en grand, sera de la plus grande utilile pour le trans-

586 COSMOS.

port et le detail. Son appareil, qu'il appelle r?mj'fl?.s clomesHque, est des plus siinplcs : il se compose d'un vase en lerre cuite en forme de cone Ironque renverse. L'extremile inferieure est per- cee de quclques Irons assez etroits pour ne pas laisser passer les sangsnes. On remplit ce vase de terre tourbeuse ct on y dd- pose los sangsues, qui no lardent pas a s'inslaller de leur mieus dans ce milieu, seinblablc a ceiui qu'elles habitant naturellement; puis on ferme I'orifice superieur du vase avec une loile grossiere. Veut-on expedier au loin, on humecte la terre dans toute son epaisseur et on emballe le vase dans une caisse on un simple pa- nier. Veut-on conserver les animaux sur place, on pose I'extre- niite inferieure du vase dans un baquet dont I'eau s'eleve a 1 de- cimetre environ , et on I'abandonne ainsi sans autre soin. Grace a rinfiltration, les couches inferieures du petit marais sent bien- tot presque delayees ; les couches superieures demeurent presque sSches. Entre ces deux extremes, les sangsues savent fort bien choisir la zone qui leur convient, et y creuser des galerics ou elles vivent pour ainsi dire en famille.

Nous avons vu plus bant comment 900 sangsues bordelaises etaient arrivees a Alger : elles avaient ete placees dans deux appa- reilsVayson, qui en contenaient par consequent i50 chacun. M. Millon constata que pas une des sangsues n'etait morte en chemin, et que toutes au moment du deballage etaient pleines de vigueur et aptes au service medical. L'envoi des 1000 sangsues algeriennes a la Pharmacie centralc de Paris a fourni les memes resultats analogues. Gomme moijen de transport, I'appareil de M. Vayson repond done a tout ce qu'on pent desirer. II est egale- ment remarquable comme moyen de conservation. M. Tripier a suivi pendant plus de deux ans, du 26 mai 1855 au 10 juillet 1857, 200 sangsues bordelaises qu'on y avait placees. Durant la pre- miere annee, la mortalite fut nulle ; elle ne se montra que lorsque ces annelides, qu'on laissait privecs de toute nourriture, com- mencerent a soullrir d'une diete aussi prolongee; lorsqu'elles ne renfermerent plus que r^^ de leur poids de sang.

Le 2 juillet de cette annee, je recus de M. Vayson doux marais doniestiques places dans des paniers entoures de paille et renfer- mant chacun 50 sangsues bordelaises. Ces deux marais furent transportes dans mon laboratoire au Jardin des Plantes, et laisses sans les deballer, dans un cabinet ou le soleil donne pendant une grande partie de la journde. Le premier panier fut ouvert le 11 juillet, le deuxieme le 25 du meme mois. On sait quelle a dte

COSMOS. 587

a Paris la temperature de cette epoque. Les sangsncs, apres leur voyage, etaient done restees privees de tout soin , les imps dix jours, les autres vingl-quatre jours, dans une atmospliere bru- lante. Conservees par les procedes ordinaires, et eussent-elles ete entourees de toutes les precautions qu'on emploie genei-ale- ment, la plus graiide partie, latotalite, pourrais-je dire, eilt ccr- tainement peri; grace ci I'apparcil Vayson, toutes se trouverent intactes, en parfait etat de sante, et dans la lerre du deuxiemc panier je ramassai une douzaine de tres-beaux cocons recem- ment pondus.

Les deux vases servant de marais furent alors disposes, comme je I'ai dit plus haut, c'est-a-dire que I'extremite inlerieure ful plongee dans un decimetre d'eau environ. Tons deux furent en- suite abandonnes, sans qu'on en prit d'autros soins, que de main- tenir a peu pres le niveau du liquide. Je les examinai le 27 oc- tobre , c'est-a-dire pres de quatre mois apres le connnencement de I'experience. Une seule sangsue etait morte , probablenient au moment de la ponte. Toutes les autres etaient remarqaablement vigoureuses. En outre, je recueillis dans les deux vases quatre- vingt-quatorze cocons, tons remplis de petites sangsues. Quelques autres, deja tletris, avaient laisse echapper lours filets. Les pre- miers , mis dans un bocal et places dans mon cabinet, sont eclos au bout de deux jours. Ainsi j'ai en ce moment chez moi au moins un millier de jeunes sangsues, qui se sont developpees dans ra[)pareil, aussi bien qu'elles I'eussent fait dans la berge d'un veritable marais.

Des fails precedents il resulte que le marais domestique de M. Vayson place les sangsues dans des conditions aussi sembia- bles que possible h celles qu'elles rencontrent dans la natui'e. Cette consequence doit conduire a d'importantes applications. En voici une, que des experiences deja commencees permettent de regarder comme facilement realisable, et dont les consequen- ces pour I'abaissement du prix medical des sangsues se feraient promptement senlir.

A I'hopital du Gros-Caillou, et dans bien d'aulres, sans doute, les sangsues, apres uno premiere applicalion, sont mises a dtgor- ger dans de I'eau faib'ement vinaigree. On les laisse reposer en- suite quelques jours, et on les rcinel en service une seconde fois. Des sangsues vigoureuses et hieii soignees peuvent fournir ainsi trois, quatre, et jusqu';i cinq applications; niais k partir de la seconde, la quanlite de sang prise au malade va en dimiuuant,

58a, COSMOS.

tandis qu'il se declare unc mortalile rapidement croissante, pen- danl el apres le degorgement. Or, Irappe , corame j'avais da Telre , des premiers resullats oblenus par M. Tripier , je Ic priai de placer dans uu appareil Vayson quelques-unes de ces saiigsues bors de service. 11 m'ecrit aujourd'hui qu'apres une experience de deux mois, il a relrouve dans le marais domesliquc plus d'uii tiers des sangsues qu'il y avail deposees , el que ccs sangsues employees sur le malade, out donne les memes resultals que des sangsues neuves. Si, au lieude placer dans I'appareil des sangsues presqu'^ bout de forces, par suile d'un cuq)!oi Irop repele, on les y avail mises apres la premiere, ou tout au plus apres la seconde application , il me paralt liors de doute que la mortalite eill ete ioflniment moindre. Si le resullat de ce que je viens d'indiquer dtait une iois acquis , son influence ne s'arreterait certainement pas aux grands etablissements. La conservation et la remvifica- Hon des Sangsues etant assurees, les pharmaciens, les deiniers detaillants , auraient un interet evident a racheter cedes qui au- raient deja servi. Le commerce de consommation se transformerail ainsi en une sorle de location, egalement avantageuse aux malades et au debitant , et les classes pauvres pourraienl bient6t employer de nouveau un moyen therapeutique , auquel elles ont dvi j-enoncer , parce qu'il est trop cber En resume :

1. La sangsue algerienne, dite dans le commerce dragon d' Al- ger, est aussi bonne pour le service medicale que la sangsue

bordelaise ;

2. L'Algerie peul devenir nn dcsprincipaux centres de produc- tion de sangsues ;

3. La peche des marais de I'Algerie devrait elre reglementee; en parliculier, elle devrait elre interdite ^ I'epoque aes pontes, pom- prevenir I'epuisement;

4. Les marais domestiques de M. Vayson rempiissent toutes les conditions d'un excellent appareil de transport et de conser- vation pour les sangsues;

5. II serait vivement a desirer que I'Administration de la o-vierre Ol continuer les experiences commencees par M. Tripier, au Gros-Caidou, sur la revivification des sangsues. »

U. le uiarechal Yaillant a deja donne I'oidre formel de pour- suivre les essais si heureusement commences par son collegue M. de Quatrefages.

~~[Z~^erie de W. Remquet el Cie, A. TaAMBtAY ,

rue Oaranciire, 5. pi-oprictancgerarU.

T, Xlt 27 novembre 1857. Sizi^me aon^e.

COSMOS.

I

NOUVELLES DE LiV SEMAINE.

Nous appelons d'une manifere toute speciale I'attention de nos lecteurs sur la nouvelle suivante, inseree dans le Mxhanic's Magazine du ih novembre, avec ce tilre : Le cholera asiatique ef son remede preventif a la fois el curatif. C'est un des medecins de I'hdpital des choleriques de Belfast , M. M'Cormac qui parle : (c A la fin de la derniere invasion , un remede nouveau et tres- efficace surgit tout k coup. 11 consiste dans I'emploi des acides dilues; on a prefere communement I'acide suU'urique. Le nom de la personne qui a suggere ce remede, comme celui d'un tres- grand nombre de bienfaiteurs de I'liumanile, est reste inconnu. Ce qu'il y a de certain , c'est que I'elixir de vitriol, compose sim- plement d'acidc sulfurique dilue, additionne d'alcool, et qnelque peu aromatise, est, par rapport an cholera, dans un Ires grand nombre de cas du moins, en verite et a ia lettre, un elixir de vie. On prend vingt gouttes de cette potion dans un peu d'eau, toules les fois que les entrailles sont malades , et on la renouvelle de deux en deux heures. Une partie d'acide sulfurique diluee dans sept parties d'eau produit exactement le menie effet; on verse trentc gouttes de cette dilution dans un peu deau, et Ton prend ia nou- velle potion comme I'elixir; pour un enfant, la dose est d'autaut de fois deux gouttes qu'il compte d'annees. Ce remede n'est pas seulement curatif, it est encore preventif. Le cholera se declara dans I'asile des alienes de Belfast; i)lusieurs de ces infortunes etaient deja morts; elTraye, je resolus, dit M. M'Cormac, dc sou- mettre tous ceux qui resiaient a un traitement prophylactique. Je lis un melange d'une partie d'acide sulfurique avec vingt- quatre parties d'eau ; et je lis avaler chaque matin a tous ies alienes une cuilloree k soupe du melange; quelques jours apres le cholera avait completement cesse dans I'asile. Faut-ii admettre que I'invasion avait cesse sponianement et d'elle-meme , ou que sa disparition est reellement I'effet de I'acide sulfui'iquc, agissaot comme moyen prophylactique? Je co.iclus pour la derniero cause de disparition, d'autant plus qu'il me semble naturel qu'une substance dnergique, antiputride et astringente, puisse

590 COSMOS. ,„,.-.-., r-

combaltre efficacement le cholera , dont un des sympt6mes prin- cipaux est la diarrhce. Quelle conquele, s'il en ctait ainsi! I'acide sulfurique se Irouve partout et ne coute prcscpic rien ; avcc un litre d'acide concentre , on pourra preparer assez d'aclde dilne pour preserver tout un regiment. »

Nous avons fldelement rendu la penscc de M. M'Gorniac, mais nous ne prctendons en aucune maniere nous constituer sa cau- tion. Ce qui nous rend plus circonspcct encore, c'esl que dans cette mrnie livraison du Mechanic's Ma(jazine,]ouvm\\ cependant tres-bien rcdige, tres-serieux ettres-interessant, on emprunlc au recueil Les Confemporains ,\e recit fanlastique, ridicule, absurde du prclendu voyage en I'air de notre celebre artiste Paul Gavarni,

Fails des sciences.

Les vestiges ou empreintes de cheirolberium, decouverlcs a Saint-Valbert, pres Luxeuil, resscmblcnt tout a fait ti cellos do la Saxe. Ce qui en rehausse I'interet, c'est que le limon sur Icquel marchait I'animal a etc assez plastique pour saisir les inegalites de la peau qui sont memo reproduites dans la contre-emprcinte laissee sur le gres. Ghaque patte antcrieure et postcrieure oITre •dans toutes scs parties, sur la plante comnie sur les doigts, une granulation d'origine certainement organique; cette granulation rappellc tout a fait les pnpilles do la plante du pied de certains mammiferes, tels que le chien ; elle vient par consequent a I'ap- pui des zoologistes qui ont vu dans le cheirotlierium un mamnii- fere conteniporain du depot des plus anciennes couches de la periode du trias.

Dans la caverne de Pontil, pres Saint-Pons (Herault), ou Yon avait rencontre des ossements de rhinoceros et d'autres especes perdues, des fouilles nouvelles, dirigees par M. de Rouville, ont fait decouvir divers objets de I'industrie gallo-romaine : une .hache en jade ancien, un anneau en argent sans soudure, ou sorte de bracelet; une pointe de lance en bronze, des debris de poteries grossicres, des traces d'un foyer de charbon, des cendres et enfni un crAne humnin. Ces divers objefs, places dans la ca- verne k des niveaux differents, s'y trouvaicnt dans I'ordre de leur date relative : au niveau sup(=rieur le foyer, au niveau moyen les produits de I'industrie gallo-romaine, au niveau inferieur les os- sements de mammiferes. C'est toujours dans ce menie ordre na- turel que se superposent les os humains, les produits de I'indus-

COSMOS. 591

trie et los os de races perdnes; nieme alors que Ton trourerait ces debris confondiis, ce strait une errour grave, dit M. Marcel de Serres, que de les faire remonter h la meme epoque, leur me- lange est toiijours accidcntel.

Fails dc rindusti-ie.

LES LAUREATS DE E'INDUSTSIE EN 1857.

{Suite etfin, vo<j. p. 342 a, 34'/ et 353 a 358 et 5!3 a f.lS.)

II. Prix sexennal de 12 000 francs, fonde par M. le marquis d'Argcnteuil, en faveur de la decouveiie la plus impurtante pour I'industrie nationale.

Ce prix a ete decerne a la peigneuse dc feu Josue Hcilmann; et dans un rapport que nous ne pouvons qu'analyser, M. Alcan a parfailemont fait ressortir le merite de cette invention capitale.

(( Les substances textiles se presentent avec des caracteres varies et dans divers etafs. Tantot ce sont dos organcs definis, indivisibles, formant un duvet epais, compose de fil)i-iiles emi- nemment flexiblcs, comme celui du colonnicr. Tantot ce sont des fibres longues , peu elastiques , divisibles h rinflni , comme la filasse du chanvrc , du lin , elc. Dans les matieres aniinales, les unes ont les brins riigaeux, vrilles, de longueurs variables et tel- lement lasses et adherents, qu'ils presentent une resistance con- siderable h la penc'trabilile ; les laines, en general , sont dans ce cas. La bnurre de sole et les duvels animaux possedent , au con- traire, une propriele de glissement tres-remarquable. Quelle que soil, d'ailleurs, la nature de la substance, elle se comp(»s-3 d'une masse de fibres noueuses, d'inegales longueui's, se croisant dans toutes les directions. Trier ces filaments , les redresser , les epu- rer, enlever les nneuds et boutons apparents ou microscnpiques, reunir parallelemont entre eux ceux d'egale longueur , enfm les diviser et les affiner , lorsque la matiere le comporte, telle est la tAclie reservee au peignage.

Le travail a la main est reste en possession exclusive de cette operation delicate, jusque vers 1830.

Avant Heilmann , nul n'aurait suppose qu'un meme systeme pouvait elre indistinctement applique aiix diverscs fibres, ct bien moins encore que I'operalion automatique dislanccrait bientot les resultats les plus perfectionnes. oxceotionnelloment fournis par I'ouvrier le plus habile.

532 COSMOS.

II a imagine deux machines : Tune ebauche le travail par uii demelage, ct raulro. recoit le produit de la premiere sous forme de ruban : celle-ci le fractionne , en redresse el epure les fibres presqu'une & une , reunit celles d'egale longueur, les parallelise, et }es soude par juxtaposition, pour reformer un ruban peigne dans lous les sens. Les proprietes de la machine sont telles, que les fibrilles les plus oourles, melees aux impureles conslituant les etonpHS , les blousses ou les dechets du colon , I'cserves ius(iu'ici a Faction de la carde , peuvent etre desorinais poii;m's. Cette facuUe toute nonvelle de travailler avec nn egal succes des (ila- awnls d'une longueur quelconque , a eu des consequences ines- perties pour I'industrie. Des rebuts sont devenus ainsi propres aux fdsles plus eslimes.

Le genie de Heilmann parait s'elre resume dans celte dernito' fiBuvre de sa vie. Des demonstrations geometriques, aussi nouves qB'ingenieuses, en exposent le principe; plusieurs solutions ele- gantes et sures , et des combinaisons de details d'une precision aiathematique , en assurent la realisation. Apres avoir traverse les phases plus ou moins penibjeSi reservees surtout aux grandes decouvertcs, elle fait aujourd'hui le profit de toutes les nation.^ iadustrielles du monde. Heilmann meme a die plus heureux que ja plupart de ses devanciers. A peine la conlrefacon crut-elle pouvoir se produire, que les tribunaux en furent saisis. La police aaglaise n'hesita pas entre le devoir et un faux amour-propre national; elle constata d'une maniere eclatante les droits de I'in- Tenteur francais a I'ceuvre qu'on voulait lui ravir. Ge jugcmenl, celehre dans les annates indusLrielies, restera comme unc preuve de rimpartialile des magistrals anglais, et la constalation irre- cusable de I'originalite de ^invention de notre corapatriote.

Notre importante Industrie des laines lisses eut ete serieusemeait menacce par I'elevation croissante des cours de la matiere pre- miere, si le procede nouveau ne luiffit venucn aide, en augraen- tent d'une maniere notable la quanlile et la ({ualite du rende- ment, et on diminuant les frais de plus de 100 poiu' 100. De 2 ir. 50 c. qu'il coulait en moyemie, le peignage imparfait d'un kilogramme de laine est descendu a 1 fr., pour uu travail d'une Tare perfection , sans que les affaires aient soufferl. La France emploic plus de huit cents nouvelles machines Iransi'ormant , eu ffioyenue, ZiO 000 kilogrammes par jour, representant une valeur depresde 100 millio'is de francs |)ar an. L'importance de son appucation aux laines est plus grandc encore peiU-elre dans les

COSMOS. 58J

Royaumes-Unis : les Etats d'Allemagne en font mouvoir Irois cents environ, et la Russie plus de cinquante.

L'invention de M. Heilmann vient non moins en aide k 1 Indus- trie du colon. Restee a peu pres statlonnah'e depuis (xiielques an- nees, ses progres ou ses perfectionnemenls sebornaient&des de- tails, on la croyait en possession d'elle-meme et c^ I'apogee du progres, lorsque la machine Heilmann est venue lui donner use impulsion inatlendue. Les plus beaux colons de la Georgie et d'K- gypte ne pouvaient etre tries, epluches et battus qu'a la main; ces operations insalubres reservees aux ouvrieres etaient une pro- testation contre I'art mecanique, et un reproche bien plus grave a I'liumanile ; ce sera pour Heilmann un eternel honneur d'avoir simultanement alTranchi les femmes d'un travail penible, et d'a- voir substitue au cardage et a ses preparations incompletes un peignage si parfait qu'il imprime au colon une purete, une nettete, un brillant et, en un mot, un caractere nouveau. La limite de Ja finesse et de la solidite a ete reculee d'une maniere remarquable. On fabrique avec une matiere premiere donnee, non-seulemea£ des fils plus fins et plus resistants, mais les dechets qui tombeat des machines, melanges a toutes sortes d'impuretes et vendus jusqu'ici de Ifr. 50 a 2 fr. , subisseiit une telle metamorphose qu'iJs remplacentdes matieres premieres de 6 a 8 fr. le kilogramme.

L'industrie anglaise possede plus de deux mille quatre cents peigneuses Heilmann , et notre Industrie de coton , cinq fois moins importante , plus de sept cant cinquante; les autres con- trees manufacturi^res entrent ilans cette voie avec la meme activite.

Les services rendus h la filature da lin seront bientOt aussi im- portants. Les etoupes qui forment a peu pres moitie de la matiere, tant en quantite qu'en valeur, traitees ^ la machine Heilmann, donnent des fils plus beaux que ceux du long brin et d'un prix aussi eleve.

Ellc fonctionne dans beaucoup d'etablissements ; un seul da Yorkshire en fait travailler cent cinquante au moins.

Enfin, Ic travail de bourre de sole, frison, galette, chappe, etc., particulierement insalubre, imparfait, perdant des dechets d'un grand prix, a subi une transformation economique et hygienique des plus heureuses; les ouvriers sont desoimais a I'abri des de- gagements nuisibles, et des dechets d'une valeur de 0'%\0 k 0^%75 se vendent aujourd'hui de 2 h 9fr. Plus de cinquante peigneuses fonctionnent en France, ou le travail de la bourre est assez res-

59a COSMOS.

treint. La Suisse, rcnoinmee dans cette spdcialite, et si positive

dans SOS appreciations industiielles, en cniploie Ic double.

Cette regeneration des matieres, d'un rapport insignifiant, est, selon nous, bien plus encore que les resuUats principaux de la macbine, le criterium de I'elendue du progres. iN'est-ce pas en donnaiil a des debris sans emploi et souvent meme nuisibles une Taleur serieuse , que la nature parliculiere des services rendus par I'inventeur devient evidente, ct que sa faculte creatrice doit le placer au premier rang de I'huuianite ?

Le jury international dc I'exposition de 1855 a considere cette decouverte comme la plus importante qui ait eu lieu depuis qua- rante ans dans I'art de la filature.

Josuc Heilmaan, avec une perseverance ct un courage inouis, consacra la fin de son existence, si courte par les annees et si reinplie par les travaux , au perfectionnement de sa peigneuse. Que de travaux interessants ne devait-on pas esperer du ccl6bre ingenicur qui, a une epoque oil I'industrie des tissus etait dans I'enfance, meme en /Vlsace, ne se contentapas de creer et de diri- ger un ctablissement important, mais inventa un systeme de me- tier k tisser des plus apprecies encore , malgre les innombrables rechercbes et les perfeclionnements survenus depuis ; de I'auteur de cette I'ameuse macbine a broder, dont la decoration de la Legion d'bonneur lut la recompense h I'Exposilion de 18ii, ([ui ne fut pas moins appreciee a cede dc 1855; de I'inventeur de la macbine a plier et a melrer, et de tant d'autres creations inge- nieuses ; de cet esprit synthetique par excellence a qui nuUe re- forme utile, nulle amelioraiion pratique, n'ecbappaient; de l"ob- servateur qui, I'un des premiers, compriL la necessite de bien preciser les caracteres des matieres textiles. »

lil. Concours rclaiif a Veinde des mortiers dejd employes aux constructions a la iner.

La Sociele avait mis au concours :

1" La decouverte d'un precede pour reconnaitre les matieres bydrauliques susccptibles de resister a Taction de la mer i;i'etat de rr'pos et d'agiiation ;

. 2" Les etudes sur les mortiers dcja employes ou destines aux constructions a la mer.

Toul le monde connait le nom dc M. Vical et les importanls et perseveranls ti-avaux qui out conduit ce savant ingenieur k signa-

COSMOS. 595

ler les substances iiaturelles snsceptibles de fournir des chaux hydrauliqucs.

C'est cet ingenieur distingue auquel, pour la premiere fois, la Societe a decerne le prix fonde par M. le marquis d'Argenteuil, qui a fourni la solution des questions mises au concours.

En consequence, le Conseil decerne h M. Vicat :

Un prix de 2 000 fr. pour la decouverte d'un procedc d'ap- preciation, relativement rapide, de la resistance des composes hydra uliques a I'eau de mer ;

Un second prix, egalement de 2 000 fr., afiecte a recompen- ser le meilleur memoire snr les niorliers et composes hydrau- liques dejh employes ou destines a la mer.

Discours du president , M. Dumas.

Apres la distribution des recompenses, M. Dumas a prononce un discours vivement applaudi, auquel nous emprunterons quel- ques passages plus saillants :

« Josue Heilmann, dont vous avez -voulu honorer le memoire, vient de recevoir le prix fonde par M. le marquis d'Argenteuil. En le decernant pour la troisiemefois, la Societe montre par ce nou- veau choix, objet d'un examen si scrupuleux et si severe, qu'elle veut en faire toujours la recompense de grands services rendus k la science et h la patrie, d'une vie desinteressee et pure, consa- cree tout entiere au bien et ;'» I'honneur.

« Qui n'a cte touclie de voir flgurer encore, parmi les concur- rents heureux de vos concours, M. Vicat, I'eminent ingenieur dontle nom, venere de I'Europe entiere, a deja pris place depuis si longtemps parmi ceux des marechaux de la science, et pour qui toutes les recompenses semblaient epuisees? Si I'art des constructions s'elevant a notre epoque, dans I'emploi des mor- tiers, a une precision que les Remains n'ont jamais connne, par- vient a executer en tons lieux, dans les terrains submerges comme dans les terrains sees, & la mer comme dans les eaux deuces, des travaux rapides, solides et durables, k des prix re- duits, c'est au genie et a la perseverance de M. Vicat que I'hon- neur en revient tout entier et a lui seul, ne I'oublions pas.

(( Un mal que I'Angleterre, chose etrange! connut la premiere et qu'elle inocula au continent, ravage et mine nos vignobles ; il porte meme la desolation au loin, par del& les mers, dans des contrees dont la vigne avait pris possession de temps immemo- rial. L'antiquite , voyant le pays qui prefere la biere souffler ce

596 COSMOS.

Ilfeu sur ces heureuses contrecs qui produisont le vin, eut poe- tise celte epideaiie I'unosle ; elle cfit iinmolf! des ■viclimes expia- toiies sur les aulols dc Ceres, pour desavuicr la vengnance de la deesse, olfensee, sans doule, des dedains des favoris dc Bacchus. Les temps tnodernes ont d'autres precedes. La science dc la vie, aidee du microscope, a fait de si grands progres, elle a penetre siprofondement dans les mysteres les plus caches de I'organisa- tiojj, que sous celte poussiere blanchatre qui s'attache aux fcailles, aux fruits, aux sarmcnls de la vigne, qui en pompe les sues, en lord les fdDres, en desseche les tissus, en desorganise la ti-ame, elle a tu une vegetation parasite s'etablissant sur la vigne comra'e sur un sol fait pour elle, et s'y muUipliant avccune puis- sance cruelle et nne fecondite sans relftche.

« Aussltot I'ennemi connu des vegetations microscopiques de cet onJre, le soufre fut essaye pour combaltrc ce nouvel oidium, et a souiint sa vieille renommee. A peine le mal fut-il defini, que le remede en fut trouve. La verile apparaissait done, des 1850, daire et incontestable aux esprits prepares par de longues etudes ; mais combien son triomphe etait encore eloigne ! La foule ne prefere-t-elle pas toujours I'erreur compliquee a la verite nue? <Jnc dc ruines accomplies avant que la foule ait consenti a les ecoaier, ces jeunes adeptes de la science que vous venez de cou- ronner, qui lui repetaient avec une conviction si bien fondee pourtant : Le mal, c'est I'oidium; le remede, c'est le soufre.

« L'agiiculture saura-t-elle enfln, par ce grand et severe chftti- i»eat, ce que I'ignorauce coute et ce que la science rapporte? Ses praticiens, souvent Irop flers de la connaissance familiere des faits que chaque jour ramene, comprendront-ils, par cetexemple eloquent, qu'il faut en croire une science plus profondeet plus ^evee lorsqu'il s'agit d'apprecier ces pheuomenes qui sortent de la marche commune de la nature? La science desbergers suffit i>{>Kr rendre compte du cours ordinaire des astres, mais celle des astronomes seule pent calculer avec precision le retour des eclipses et apprendrc aux peuples a les envisager sans terreur. « Oui, nous aimons ix le proclamer au sein d'unc societe, vivante expression du xir siecle; oui, si le culte de la science pure etait Jaaiais delaisse, les besoins des sciences appliquees le remet- traient en honncur. Vos fondatcurs n'en doulaient pas. N'est-ce pas a i'elite des hommes qui representaient la science pure au commencement dc ce siecle,- que Napoleon associait son nom ilej^ si grand, et pretait le concours de sa puissance naissante.

COSMOS. SSI

lorsque votre Conseil etait constitue pout" la premiere foisT

« Ouand vons avez decerne des prix extraordinaires k Vicat, ^ Ghevreul, a Heilmann, n'avez-vous pas prctendu aussi les fairc remonler aux sources les plus elevees de la science? et n'es£-c« pas a I'observation, a I'analyse, au calcal, fecondes par un gc^nje heurcux, que vous adressiez vos paliiies et vos couronnes?

« La Societe d'encouragement, qui sert de lien entrela sciei^ce pure et la science appliquee, attentive au mou^vement qui s\ic- complit aulour d'elle , constate avec bonheur que I'enseigne- ment polytechnique , qui grandit et s'etend, prepare plus q«e jamais a ces intelligences d'elite vivant dans le domaine abs- trait de la science pure, des interpretes capables de faire accep- ter par la foule les Veritas dont eiles enrichissent lour temps at leur pays.

(( Les souyerains de I'Asie aiment h accumuler des tresors qu'ils laissent sans emploi dans des cai^es gardees avec un soin jaloux. On croirait, a entendre les fanatiqucs de la science pure, que ses verites dcvraicnt de meme rester cachees aux yeux des profanes et deiueurer preservees de tout contact grossier.

« Tel n'est pas notre avis. Loin do considerer les nobles vcrites de la science pure comme ces tresors qu'il appartient au caprice d'un despote de frapper de sterilite, vous voulez qu'emises au grand jour, et passant de main en main comme nne monnaie di? l)on aloi, elles se fccondent par de nombreuscs applications, ainsi que ces pieces que ['el'tigie du prince garantit, on ces valeurs qu'une banque bien organisee met en circulation, et qui, pour avoir servi au bien de tons, n'en sont pas appauvries.

« Et c'est ainsi que vous maintenez intacte lagrandepenseede vos fondateurs, I'etroite et ferme alliance de la science eld«e' I'indusli'ie, celle de I'lnstitut de France et des ateliers. »

ACADEMsK DSS SCIENCES.

Seance da 23 novemlre 1857.

M. Dumeril , au nom de Tassemblee des professeurs adminis- trateurs du Museum d'histoire natuielle , remercie rAcadcmie et M. le marechal \aillant, du precioux dep6t fait entre leurs mains de balles percees par des insectes. el d'un individu de ce genre de coleopleres.

L'Academie des sciences de Viennc adresse quatre nouvelles livraisons des proc^s-verbaux de ses seances. Ce sont quatre enormes brochures in-8% magnifiquement imprimecs , plcines de documents scientifiques tres-imporlants, que nous regreitons Tivement de ne pouvoir analyser reguliei'emcnt ; mais le temps et I'espace nous maiHpient & la fois.

M. Fournet fait hommage da recit d'une excursion recem- ment faile par lui en Algerie et sur le littoral de la Mediterranee, de Stora aux conQns de Tunis.

Le R. P. Secchi adresse ses observations de la sixi^me comete de 1857 , decouverte k Florence par M. Donati. Pendant qu'il obscrvait la com6te , il a eu la bonne fortune tres-rare de ■voir deux etoiles lilantes traverser le champ de sagrande lunette equatoriale. L'une soustendait un diamfetre de quinze secondes environ , toutes deux etaient sans queue et presenlaient I'aspecl de masses de platine incandescent; leur vitesse n'etait pas tres- grande , et comme on observail avec un grossissement de deux cents fois, il a ete facile de distinguer leur forme.

M. Villarceau adresse les elements de I'orbite de cette meme comete, calcules d'aprfes les observations de Florence et de Paris. II resulte de ces elements que la comete avait atteint sa distance, minimum h la terre , avant son passage au perihelie , ct qu'il n'y a, par consequent, aucun espoir de la voir devenir plus volumi- neuse et pins brillante ; clle etait si faible, que ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on la voyait dans les lunettes des cercles meridiens.

M. Jamin adresse des determinations qu'il a faites au moyen de son refracteur interferentiel entre des coefficients de com- pressibilile de I'eau et de refraction de la vapeur d'eau.

M. de Polignac adresse une nouvelle suite I'l ses recherches sur les nomhres premiers.

Un ingenieur des ponts et chaussdcs en retraite adresse une

COSMOS. 599

serie deformules nouvelles a I'aide desquelles on determine plus facilement les rayons , les apothonies et les volumes des polye- dres reguliers.

M. de Caligny continue la description de ses machines hy- drauliques sans soupapes ni pistons.

M. filie de Beaumont presento avec de grands eloges les La- cons elementaires cVeleclricite par sir Snow-IIarris, donl M VI. Lieber et Commelin ont public une traduction francaise. Ge petit traife fidelement traduit do I'anglais par M. E. Gainault, professcur de physique h I'ficole navale imperiale, qui I'a auguiente de notes nombreuses, est destine a donner unc idee saine, pratique et llieo- rique des lois fondamentales et des faits principaux de releclri- cite ; le savant physicien anglais montre ces faits et etablit ces lois a I'aide d'experiences faciles .'i repeter. Ce petit livreremplit completement le butqu'il s'agissait d'atteindre, et combleune la- cune regrettable; nous n'avions pas en France de bon manuel d'electricite statique. GrAce a laliberaliteducomte de Burlington, I'auteur a pu enrichir cette quatrieme edition d'extraits impor- tants, des manuscrils inedits de Cavendish, Fun des savants les plus distingues que I'Angleterre ait jamais vus naitre.' Les Le- qons elementaires d'elcclricite sont ornees d'un grand nomhre de dessins nouveaux lepresenlant les appareils inventes et si blen manies par Tauteur. M. E. Garnault a fait son possible pour ne pas justifier le provcrbe italien : Tradultore traditore, et grftce k lui, I'ouvragede notre savant ami, sir Snow-Harris, acqucrra en France la reputation meritee dont il jouit depuis quatre ou cinq annees en Angleterre.

Lors de notre excursion en Angleterre, en septembre dernier, il nous a ete donne de recevoir a Plymouth, de sir Snovz-Harris, la plus aimablehospitalite. Nous ne perdrons jamais le souvenir des jours et des heures que nous avons passes si agreablemcnt pres de lui. II a voulu faire fonclionner devant nous les beaux appareils a I'aide desquels il demontre d'une maniere si simple et si ele- gante toutes les lois des actions electriques, sa balance bifilaire, son electro-metre-balance, son eleclro-metre-dechargeur, son unit^ de mesure, sa bouteille de mesure, son thermo electro-me- tre, etc., etc. Avant de I'avoir vu, nous n'aurions jamais pensd qu'on put arriver a jauger une decharge electrique conime on jauge une prise d'eau ou de gaz. L'iliustre electricien nous a fait esp^rer que dans le courant de I'hiver il viendra presenter ses ap- pareils a notre Academic des sciences, et les faire fonctionner sous

€00 COSMOS.

le patronage do M. Desprctz, dans le grand amphitheatre de la Sor- bonne; ce sera une occasion unique pour le savant professeur, dc rt'iidre seiisibies a tous les yeux des lois qu'on ne pent qu'enoD- cer et ecrire sur le tableau, tant qa'on n'a a sa disposition que les appareils actuels dc nos cabinets. Personne n'aime plus que M. Despretz le progres dans I'enseignement., II sera done heurrux du concours que lui pretera sir Snow-Harris.

M. Marchal de Galvi signale ^ TAcademie un nouveau cas d'empoisonnement par I'essence de terebenlhine. 11 s'agissait, si nous no nous Irompons, d'une personne qui a eu I'imprudence dc coucher la nuit dans un apparteoient nouvellement peint, des cloisons duquel s'exhalaient d'abondantes emanations d'essence de lerebenthine; on la trouva le matin asphyxiee dans son lit. AI. Marchal de Calvi desire ardemment que 1' Academic appuie de son autorite les ellorls qu'il a tentes pour appeler d'une maniere el'ficace, I'altention publique sur cette cause d'empoisonnements plus nombreux qu'on ne le croil generalcment.

M. Pisani , direcleur du laboratoire fonde autrefois par Charles Gerhardt, adresse une note sur les essais aux chalu- meaux ameliores par I'emploi de I'alcool lerebenthine.

M. Boussingault lit un Memoire sur I'influence qu'exerce le phosphate de chaux sur la vegetation. Ses nouvelles experiences onL ete faites sur des hclianthus et des chanvres cullives dans des sols steriles formes de quartz ou sable pur, auquelonajoutait soil du nitrate de potasse seul, solt du nitrate et du carbonate d'am- nioniaque a la fois, soit enfin du nitrate de potasse, du carbonate d'ammoniaque ct du phosphate de chaux reanis. Tant que le sol ne contenait que de I'engrais azote, le nitrate de potasse on le carbonate d'ammoniaque, le developpentent de la planle etait in- complet, elle restait a I'etat de planle limite; les nouvelles feuilles u'apparaissaient qu'apres la disparition et aux depens des pre- mieres ; le poids de la plante n'elait qu'un tres-petit multiple du poids de la scinence, et I'azote de la plante ne surpassait que d'une petite fraction I'azote de la graine. Quand au contraire le sol recevait a la fois i'engrais azote ct Tengiais mineral, le phos- phate de chaux, la vegetation se faisait avec une certaine vigueur, la plante attcignait prcs(iue son devcloppement normal. Ces re- sultats, qu'il etait facile de prevoir, ont deja ete formules en ces termes par M. Georges Ville dans ses rechcrches cxperimentales sur la vegetation , presentees le mois dernier a I'Academie : <( r Les matieres salines eiercent une action tres-faible sur le hU

COSMOS. 601

cultive dans le sable calcind; levir action est & peu pr^s indepen- dante de leiir nature; les inalieros azotees employees dans les memes conditions, c'est-c'i-dire en I'absence de toute matiere sa- line, produisentegalement peu d'effet; si Ton associe ces deux sortes de matieres, le poids de la recolte augmente beaucoup, et la nature des matieres salines employees determine alors des dif- ferences considerables; h" de tons les mineraux, le plus actif est I'acide phosphorique , puis viennent les alcalis , et enfin les terres. »

Mais il y a toujours entre les conclusions de M. Boussingault et celles de M. Ville nne opposition formelle. M. Boussingault persiste a aflirmer, comme r<^sultat de ses experiences, que I'a- zote gazeux est completement inassimilable, et n'est jamais assi- mile par les plantes; taiidis que M. Ville affirme avoir demontre de la manierela plus evidente : 1" que les plantes cultivees dans un sol fume absorbent plus d'azole que le fumier ne produit d'ammoniaque; que I'excedant d'azote accuse par les recoltes a ete absorbe a I'etat d'azote gazeux.

M. Boussingault depose, au nom de son preparateur M. Hou- zeau, unc Note relative a une methode analytique nouvelle, tres- sftre et tres-exacle, de dosage de I'ozone. Nous regreltons de ne pouvoir pas la publier des aujourd'hui.

M. de Candolle, membre correspondant, fail, bommage des derniers volumes de son Prodrome universe^ du regne vegetal, traite de botanique vrairaent colossal, redige d'abord par son il- lustre pere, et dont il vient d'achever la seconde edition, gran- dement augmentee,

M. Henry Sainte-Claire Deville lit I'analyse sommaire d'un Memoire sur la decomposition spontanee des corps sous I'in- fluence de ia cbaleur. Apres avoir rappele conmient, dans son la- boratoire, il a reuni tons les elements d'une elude complete des reactions chimiquesaux temperatures les plus elevees; comment, a I'aide d'appareils entierement nouveaux, ouheureusement modi- fies, il est parvenu h operer des combinaisons de corps porles a rincandescence, avec autant de facilite qu'on combinait autrefois les corps a basses temperatures, il defmit le but special des re- cherches qu'ii soumet au jugement de I'Academie. La chimie, b. la temperature du platine, prend un caractere tout particuiier, devient comme un monde nouveau ; la cbaleur, qui a d'abord dilate les corps et eloigne leurs molecules, flnit par separer brus- quement leurs elements conslituants : 11 y a alors decemposition

602 COSMOS.

spontanoe ou dissociation, commc I'appelle M. Dcville, par la seule action delachaleursans intervention d'aucune alTuiitecliimiquc; 11 est tres-probable que ce phenomenc est general, ou que tous les corps se decomposeraient si on los souinettait a une tempera- ture sulflsanunent elevee; pour quolques-uns, la tem|!eralurc de dissociation pent etre plus ou nioins facilement determinee. L'acide nitriquc anliydre se decompose spontanement a la tem- perature ordinaire; le carbonate anhydre d'ammoniaque se dis- sent a 50 degres environ ; I'ammoniaque so resont dans ses ele- ments au rouge.

<c M. Grove a fait voir que le platine, a la temperature do sa fusion, determine la decomposition de I'eau en ses elements. Cette experience, que j'ai repelce sur une grande cclielle en ver- sant dans de I'eau de fortes masses de platine fondu, ne donne, relativement i la quantite de chalenr depensec, qu'une petite quanlile de gaz tonnants. La plus grande partie se combine pen- dant le i-efroidissemont, quelque ra[)ide qu'il soit; ctil n'ecbappe evideniment que les poitions de gaz qui sont arrivees brusque- ment a la temperature ordinaire par le contact immediat de I'eau ambiante. Guide par I'observalion capitale de M. Regnault, d'ou il resulte que I'argent decompose I'eau, j'ai essaye de tlelerminer, par I'expeiience suivante, la tempej'alure a laquelio nait cette dissolution. J'ai pris un oxyde melallique ties-1'acilemcnt reduc- tible par I'hydrogene a basse temperature, et par consequent inapte ti determiner la decomposition de I'eau par lui-meme, I'oxyde dc plomb ou litharge pure: jc I'ai fondu dans im creuset de platine, et je I'ai coule dans une large et longue nacelle de platine qui entrait ix frottement dans un tube de porcclainc dc h millimetres dc diametre qu'elle remplissait aux deux tiers. Ce tube etait chauffe au rouge vif et chauffe par un courant de va- peur assez rapide, fournie par une petite cornue contenant de I'eau distillce et un peu de sulfate d'alumine. Apres I'experience, le tube, examine dans toute sa longueur, prescntait des traces de vitrificalion par la vapeur de litharge aux endroits chauffes le plus violemment , puis de I'oxyde de plomb pulverulent, et enfin un depot noir brunatre compose de ploinb metallique, dont les globules etaienttres-visibles a la loupe et solubles dans l'acide ni- trique avec degagement de vapours nitreuses. Enfin , un peu d'oxyde de plomb avait ete entraine jusque dans le tube de dega- gement qui terminait I'appareil. Ainsi I'eau avait ete manifeste- ment dissociee dans le tube de porcelaine; un de ses elements,

COSMOS. 603

devenii libre, s'etait dissous dans la litharge : c'est I'oxygene. L'hydrogSne, eniporle par le courant de gaz, avait reagi sur I'oxyde de ploinb, mais a I'endroit seulement ou reau dissociec s'etait regeneree. C'est a ce point precis que se produit le pheno- mene, et la temperature qui lui correspond, et que j'ai o])serv^e, etre tres-proche, d'apri^s men eslime , du point de fusion de r argent.

« Ainsi I'eau n'existe plus a la'temperature de fusion de I'argent, et cependant I'hydrogene et I'oxygene, en se combinant, pro- duisent des quantites de clialeur considerables et une tempera- ture telle que leur flamme met en fusion I'iridium. Comment done se fait-il que cette flamme fonde le platine, et que le platine fondu decompose I'eau? Si Ton pouvait comparer la quantite de p'atine londu par un poids donne de gaz tonnants au poids de i'eau dissocie'e par le platine ainsi fondu, on pourrait conclure I'elat probable de ces gaz au moment du developpement de la chaleur, moment ou il ne pent encore se former de I'eau; mais ces elements numeriques manquent, et je me bornerai a signaler ce fait inexplique a I'attention des physiciens. »

M. Deville dit ensuite brievement comment, en repetant dans des conditions particulieres I'expcrience de MM. Gay-Lussac et Thenard sur la decomposition de la potasse par le fer incandes- cent, dans le but d'obtenir du potassium, il a pu constater : que la potasse bydralee est entierement dissociec quand elle passe au travers du fer incandescent, qui n'en subit aucune alte'- ration; 2" que sur le fer des parties moins chaudes de I'appareil il arrive un melange de potassium , d'bydrogene et d'oxygene; que la, si I'opejation ne marche pas avec une vitesse extreme, la potasse se reconstitue entierement et on n'a pas de potassium; k" que si au contra ire les gaz affluent rapidement, le fer prend une portion de I'oxygene qu'il rencontre pour former de Toxyde, lequel est preserve mecaniquenienl d'une reduction ulterieure par la potasse qui se reforme. C'est pour cela que ce precede donne si peu de potassium; il ne se produit pour ainsi dire qu'ac- cidentellement, et i la condition que la vitesse de I'operation sera tres-grande. M. Deville constate ainsi une fois de plus I'influence de la vitesse sur les reactions cbimiques qui dependent plus ou moins completement des phenomenes de dissociation. Il avait deja fait voir qu'on pouvait distiller de I'oxyde de zinc sans alte- ration aucune dans un courant lent d'bydrogene , quoique dans un courant rapide d'hydrogene la reduction de I'oxyde s'effectue

60^1 COSMOS.

avec production de zinc metallique, sans qu'on puisse faire inter- venir dans Fexplication de ces fails contradictoires les idees de masse emisos par Bcrlhollet. II avail en outre explique I'efTet utile du carbonate de chaux dans les melan2;es d'ou ii extrait le sodium, par la quantile et la vilesse d'ecoulement du gaz oxyde de carbone qui s'en exhale au contact du charbon. Cette etude de I'influence de la vitesse sur les reactions devra former un chapiire entier et tout nouveau de dynaniique chimique.

M. Deville annonce en finissant que, de concert avec M. De- bray , il etudie en ce moment la dissociation de I'acide carbo- nique.

M. Dumas presenle, au nom de MM. Henri Sainte-Claire De- ville et Woehler, des recberches nouvelles sur le bore et ses afflnites, et en parliculier, son aflinite pour I'azote.

« La matiere qui nous a servi est le bore amorphe de MM. Gay- Lussac etThenard, prepare par un moyen tres-rapide et qui nous a donne tres-facilement de 5 a 600 grammes de ce corps simple. Pour I'obtenir, nous melangeons 100 grammes d'acide borique fondu et grossierement concasse avec 60 grammes do sodium , et nous jetons le melange dans un creuset de fonte bien rouge. On recouvre le tout d'abord avec /iO ou 50 grammes de sel marin fondu , et on i'erme le creuset. Quand la reaction est operee , on agile la matiere fondue avec une tige de fer. II se forme du bore, nageant au sein d'une masse parfailement fluide d'acide borique, de borate de sonde et de sel marin. On verse celte masse toute rouge d'abord dans de I'eau acidulee d'acide chlorhydrique con- tenue 'dans une terrine profonde , puis sur un fillre qu'on lave avec de I'eau acidulee , jusqu'^ ce que tout I'acide borique en exces soil dissous , ce qui n'est pas long , et enfin avec de I'eau pure. Le bore reste sur le fillre, on le fait secher sur des bri- ques, et a la temperature ordinaire; car sans cela il pourrait s'enflammer et brDler a I'air avec la plus grande activite.

Le bore amorphe pent etre Iransforme en bore cristallise par un procede Ires-simple On brasque un creuset de terre avec du bore amorphe, comme on le ferait avec du charbon , et on y introduit un morccau d'aluminium. A une temperature elevee, I'aluminium se charge de bore el le laisse cristalliser par refroi- dissement. On en extrait facilement les cristaux en dissolvant I'aluminium, soil dans la soude, soil dans I'acide chlorhydrique.

Si Ton chaufTe du bore amorphe dans un courant d'ammo- niaque, bienlOt le bore parait s'enflammer , une incandescence

COSMOS. 605

manifeste se produit , et rammoniaque est decomposee en azote qui se combine au bore, pour former de I'azoture de bore blanc, et en hydrogene qui se degage et que Ton pent enllanimcr a I'extremite de I'appareil. L'azoture de bore aiiisi produit degage des torrents d'amuioniaque avec la potassc causliquc.

Le bore on un melange d'acide borique et de cbarbon forte- nient chauffes dans des appareils en charbnn do cornue, au milieu d'un courant d'azote provenant , soit de lair prive d'oxy- gene, soit de I'ammoniaque decomposee par le feu, se trans- formera entiorement en azolure dc bore blanc et infusible, si, dans le second cas , la proportion de cbarbon est exactement celle qui est necessaire a la reduction de I'acide borique

II est done impossible de chauffer du bore dans des creusets et des fourneaux ordinaires , sans le voir se changer en azoture dans une atmosphere reductrice. La seule maniere d'echapper a cet inconvenient consiste dans; Temploi d'une brasque com- posee d'un melange de rulile et de cbarbon qui arrete aussi bien I'oxygene que I'azote, et dans laqaelle on plonge le creuset contenant du bore, et destine a etre chauffe. C'est dans ces con- ditions qu'il faut se mettre, lorsqu'on veut operer avec I'alumi- nium la transformation du box'e>morphe en bore cristallise.

Au rouge bien prononce le bore prend feu dans la vapeur d'eau, avec production d'hydrogOne et d'acide borique, dont une partie se volatilise avec I'eau, et dont I'autre en fondant protege beaucoup de bore contre Taction de la vapeur d'eau. L'acide borique volatilise cristallise a une assezgrande distance du point oil le tube, dans lequel se fait I'experience, est chauffe, ce qui eloigne I'idee d'un transport mecanique de l'acide borique.

Dans I'hydrogene sulfure, I'absorplion du gaz par le bore avec degagement d'hydrogene , se fait aussi avec une grande energie, mais sans production de chaleur sensible. Le sulfure de bore forme est volalil dans I'hydrogene sulfure en exces, comme l'acide borique est volatil dans la vapeur d'eau , de sorle qu'on obtient par cette experience du sulfure de bore volatilise, Ires- loin du point on 11 s'est produit.

L'acide chlorhydrique est decompose par le bore amorphe avec degagement de lumiere, et une assez faible temperature suffit a determiner le phenomene. II se produit du chlorure de bore que Ton peul condenser dans un melange refrigerant et qui est identique a celui qu'on obtient en faisant passer du chlore sur le bore, ou sur un melange d'acide borique et de cbarbon.

606 COSMOS.

Le bi'omure se produit dans les mfimes circonstances au moyen du bore et du brOme.

Le chlorure et le bromure do bore no sont pas des gaz, comme onl'a cru jusquici, mais dos liquides. Le chlonirp de bore bout k 17°, et le bromure de boi-e a 90". lln grand nombre d'analyses conduispnt pour cos corps aux fornmles B CF ou B Br' = i vol.

Le bore amorphe possede des propiletes curieuses qui le rap- prochent comme reducleur en memo temps du charbon et des m^laux les plus voisins des metallo'ides. Son afflnite pour le dilore est telle que les cblorures metalliqucs de morcure, de plomb et d'argont sont reduits a baute temperature , avec pro- duction de chloriire de bore , qui se reconnait facilement k ses fumees epaisses et piquantes. La galene est egalement reduite par le bore : il se forme du plomb et du sulfure de bore.

Nous ne terminerons pas cet extrait sans faire remarquer combien le role de I'azote qu'on considerait a b:in droit comme un corps passlf et inerte , ne servant qu'a atlenuer par sa pre- sence dans I'air les ettets comburants de I'oxygene, pout devenir actif dans certaines circonstances. Deja MM. Tbenard et Despretz avaient montre que, dans des conditions donnees, 11 pouvait agir sur les metaux, et en particulier sur le fer. Les combinaisons quel'un de nous avait reussi a former entre I'azote, le titane et le bore , I'avaient montre comme intervenant par une voie de- tournee dans la composition des matieresminerales. Aujourd'bui, comme deja dans notre Menioire sur le titane , nous montrons I'azote agissant directement sur certains corps, avec tous les pbe- Domenes qui accompagncnt ordinairement les combinaisons ener- giques , pour former des composes doues de la plus grande sta- bilite. L'azoture de silicium que nous preparons maintenant avec la plus grande facilite , et qui sera pour nous I'objet d'une pro- chaine communication , augmentera encore la liste de ces com- binaisons qui meritent , nous le croyons, de fixer I'attention des chimisles. »

M. Balard, au nom de M. de Luca, communique une etude toute nouveile do Tessence de mandarine.

Les fruits du citrus biijaradia sinensis et du citrus bigaradia myrtifolia, connus plus communement sous le nom de manda- rines, sont de petites oranges dont I'ecorce exhale une odeur tres-suave, et dont le fruit interieur a une saveur tres-delicate et legerement sucree. Les pjantes qui fournissent ces fruits sont tr6s-abondantes dans la Sicile, dans certaines parlies des Ca-

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labres, en Algeiic et dans d'autres conlrees de I'Europe. Dans son elude coinmencee I'annee derniere, M. de Luca a opere sur deux poilioiis d'essence, Tune preparee par lui et extraite de I'ecorce comprimee de 500 mandarines, I'autre qu'un do ses amis lui avail envoyee de Sicile.

L'essence de mandarine preparee par expression possede une legere leinte jaune doree; elle est limpide el extrememenl mobile; son odeur esltres-suave el diO'erenle de ceiles des essences de ci- tron et d'orange; sa saveur nuliemenl desagreable rappelle celle de I'ecorce d'orange ; elle boul el disliile exaclement a la temperature de 178 degres, sans presque d'autre residu que la petite quanlite de matiere qui la colorail en jaune. Le pi'oduil disliile est un 11- quide incolorc, done de la meme odeur el de la memc saveur que l'essence brute; sa densite a la temperature de 10 degres est egale h 0,852. La moyenne de trois analyses donne pour sa com- position 81,5k de carbone et 11,97 d'hydrogene, ce qui corres- pond a la formule C'° H'" d'ou Ton deduirait par le calcul carbone 88,2, hgdrocjene 11,8.

Cette essence est insoluble dans I'eau a laquelle elle communique cependant son arome par I'agitalion; elle est soluble dans 10 fois son volume d'alcool; elle est soluble en toute proportion dans le sulfure de carbone qui pent etre employe avail lageusement et economiquement pour I'extraire pour les besoins du commerce; elle se dissout enlin facilement dans I'etber el dans I'acide ace- tique.

L'acide sulfurique concentre a froid la colore en rouge; mais a cliaud 11 la decompose et la carbonise avec degagement d'a- cide sulfureux. L'acide azotique ne I'attaque pas a froid et ne la colore pas en rouge, mais il prend la leinte jaune de l'essence brute : a cbaud le meme acide I'allaque facilement et degage des vapeurs nilreuses. L'acide cblorbydrique en solution concentree la colore en brun a la temperature ordinaire et donne naissance h une maliere cristallisee ayant la composition indiquee par la formule C'-° H", 2HGI, ce qui represenle le bi-chlorbydrale de l'essence.

L'essence melangee avec I'alcool et l'acide azotique pioduitun hydrate cristallise.

L'essence de mandarine devie a droile le plan de polarisation de la lumiere, et ce pouvoir, determine plusieurs fois avec les appareils de M. Biol, est egal a 85,5.

L'essence de mandarine est fluorescente presqu'au meme

«06 COSMOS.

degre que Ic sulfate de quinine; et elle communique cetle prc- priele a loutes ses solutions qui, convcnablement oclairees, •lonnentconniicles dissolutions de sulfate de quinine uneluini^re bleufttrc.

En resume, I'essence de mandarine, dou^e d'une dcnsite cons- lante, d'un point d'ebullition invariable, d'une composition de- finie, d'un pouvoir rotatoire constant, ne contenant pas de mo- tieres oxygenees, se presente avec tonsles caracteres d'un corps unique et homogene; elle se distingue par consequent de toutes les autres essences qui ordinairenicnt ne sent que des melanges de plusieurs essences unies a divers composes oxygenes.

M. Videt d'Aoust, ingenieur civil des mines, lit un Memoire ayant pour titre : iSotc, snr des mufs de mouches servant a I'ali- ■mentation de I'homme et donmtnt lieu a la [orinalion d'oolithea dans des calcaires lacustres.

« On salt combien la structure granulaire ou globuliforme que presentent un grand nombre de couches ealcaires de toutes les epoques geologiques, et plus particulierement de la grande for- mation qui lui doit son nom cVooUlhiqne, a de tout temps eveille Tattention des geologues. C'est un fait bien digue d'atteniion que ces myriades de petits spheroides dissemines plus ou moins abou- danunent dans les masses calcaires, et recouvrant des regions tr^s-etendues de la surface du globe; ils nous font voir comment, a I'aide d'elements pour ainsi dire atomiques, et du temps avec iequel elle ne compte pas, la nature a pu creer I'un des traits les plus caraclerisliques de la structure de I'ecorcc terresire, et qui n'a de comparable que ces immenses depots d'infusoires reveles par les beaux Iravaui de M. Elirenberg.

<( En 18^4 , nous avons cherche H expliquer la formation des oolithes ferrugineuses qui se rencontrent dans certaines assises jurassiques. Plus recemment, M. Fournet, en isr)3, adressait a I'Academie des observations relatives ;"» des oolithes calcaires for- 'mees dans une terre vegetale des environs de Lyon, dans les- quelles I'auteur cherche & demontrer qu'elles sont formees par concretions au milieu du terrain qui les renferme. Nous nous ran- gions d'autant plus volontiers a cette manifire de voir, que des 18^5 et 18/i(i, a I'occasion des mouvemcnls moleculaires qui s'o- perent dans les roches {Bulletin de la Soc. zoolog. de France, t. 1,2 et 3), nous avons egalement cherche k demontrer que les silex meulieres, les rognons siHceux, les sph(^ro-sicleriles, etc. , etc. , qui ne sont que des oalithes, s'etaient formees par une esp^ce

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d'imbibilion danslf^s couches quiles renferment posterieurement ci la formation dc celles-ci.

« Aous sonmies porle cependant aujourd'hui k altribuer aux Dolithes calcaires ct ferrugineuscs une toute autre origine. Depuis les remarquables travaux de M. de Humboldt sur la Nouvelle- Espagne, on salt que la plaine de Mexico a une altitude de 2 300 metres, et que soii centre est occupc par deux grands lacs, dout I'un d'eau douce, I'autre d'eau salee. Lcfond de ceslacs est forme par des bancs d'un calcaire lacustre d'un gris blanchiltre, qui continue a se former acluellement, ainsi que cela nous a ete de- montre par les traces de I'industrie humaine qui s'y trouvent en- clavees. Partoutounous avons ete a meme d'observer ces depots calcaires, nous avons ete frappe d'y trouver dcs oolithes plus ou moins clair-semees , parfaitement ideniiques d'aspect, de forme, de grosseur avec les oolithes du sysleme jurassique; et un jour que nous nous trouvions chez M. J. Bowring, directeur des sa- lines de Texcoco, et que nous lui signalions cette circonstance, il nous fit observer a son tour que ces ooUlhes etaient tout bon- nement des oeufs de mouches qui sc trouvaient incrustcs par les concretions calcaires que deposent journellement les eaux du lac. Co fait nous pariit assez important pour que nous tinssions ^i le verifier par nous-meme, et ci I'epoque de la ponte la plus abon- danle, qui a lieu dans le mois d'octobre, nous retournames a plusieurs sur les lieux. Nous avons pu effectivement voir, dans les endroits peu profonds, comment des milliers de i)etits mou- cherons amphibies, dela famille des notonectes, voltigeant dans I'air, vont, en plongeant de plusieurs pieds et meme de plusieurs brasses, depose;- leurs ceufs au fond de I'eau, d'ou ils ne sortent que pour alter probablement mourir k quelque distance de IS. Nous eilmes en meme temps I'avantage d'assister h la peche do ces oeufs qui servent d'aliment aux Indiens (sous le nom d'Hau- tles, Haoutle). Geux-ci preparent communement cette graine en foi'me de gateaux, qu'ils mangent avec une sauce relevee par du chile ou des piments verts ecrases. Pour en operer la recolte, ils forment, avec des joncs plies en deux, des especes de faisceaux qu'ils plongent ensuite verticalement dans le lac. Douze ou quinze jours sufljsent pour que chaque brin de ces faisceaux soit entie- remeut reconvert d'oeufs, qu'on retire ainsi par millions et qu'on fait secher au soleil.

« Cette formation d'ooUthes par de petites mouches nous porte maintenant i admettre que le meme phenomSne a bien pu

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se proilnire a tontes les epoques g^ologiques. Cela cxpliqnorait parfaitenient le mode irregiilier.de distribution dos oollthes dans les couches, ici ties-abondanles, la au contrairo assez rares; et de plus, les pelites caviles centrales qu'on observe dans un grand nomlro d'entre elles, et I'eclat nacre que presentent ces cavites dans dcs oolithcs fcrrugineuses des Ardennes, lequel serait dil a leur nature aniniale, qui aurait egalement contribue par des reactions chimiques a fixer concentriqueinent les elements dufer et du calcaire, »

M. le docteur Levy transmet une note sur la composition chimique des emcraudes du Perou. Voici les fails les plus saillants de cettc communicalion. Quand les emeraudes sortent de la mine, elles soiit loin d'avoir la durete qu'elles prennent plus tard, elles sont au contraire fragilcs, IViables, faciles a reduire en poussiere par la pression des doigls; elles ne deviennent dures qu'apres qu'on les a laissees un temps sufflsamment long dans un repos absolu et dans I'obscurite; on ne saurait douter par consequent que ces cristaux sont dos formations aqueuses; elles contienncnt environ deux pour cent d'ean. On a cru longtemps que cettepierre precieuse devait sa coloration a de I'oxyde de cobalt; M. Levy est convaincu que son principe colorant est au con- traire une matiere verte organique. M. Boussingault confirme cette opinion en faisant remarqucr que, dans ces memes mines du Perou, il a vu du sulfale de cbaux cristallise se colorer en un beau vert au contact de ceilaines plantes aquatiques. II rappelle aussi que lors de la conquete, les plus belles emeraudes pos- sddees par les indigenes furent brisees et dctruites, parce qu'es- timant la valeur d'une pierre precieuse h sa durete, les conque- rants cssayaient les emeraudes au marteau.

M. Combes presente, au nom de M. Dupuy , inspecteur divi- sionnaire des pouts et chaussees, un Memoire theorique h la fois et experimental sur la poussde des poutres. Lorsqu'une poutre de bois louche par ses deux extremites deux murs ou parois ine- branlables, et qu'on vient k la charger de poids , elle exerce une poussee tres-appreciable, qui cbranlera et deplacera les murs sans les renverser, pour qu'cUe s'exerce alternativement en sens contraire ; cette poussde est meme plus forte que la traction qu'exercerait la poutre, si ses deux extremites traversaient le mur, et que des barres implantces s'opposassent & leur retrait.

VARIETES.

Nous donnons la description dii tube de Pitot, modifie par M. Darcy, tel qo'il a ete constrait par M. J. Saleron, pour les services hydrauliques dcs ponls et cliaussees.

Pitot avait propose de deter- miner la Vitesse dcs courants d'eau en mesurant la difference de niveau dans deux tubes plon- gesdans I'eau. L'un deces tubes etait coupe droit a sa partie infe- rieure etsa section elaitparallele au courant. L'extreniile du se- cond tube etait recourbee a angle droit el sa section etait pei-pondi- laire au courant. II est evident que I'eau doit s'elever dans ce se- cond tube plus haut que dans le premier etd'une quanlite qui de- pend do la pression exercee par le courant. Voici comment M. Darcy a dispose sur ce prin- cipe un instrument exact et d'un usage commode. Dans une planche de chene, AB, sont in- crustds deux tubes de verre , C et D; la partie inferioure de cos tubes est mastiquee dans unc mOme piece de cuivre, traversee par une clef de robinet E qui ferme k la fois les orifices des deux tubes.

Au bas du robinet et sous les orifices des tubes sont soudes deux luyaux de cuivre prolonges hors de la plancbe recourbes ii angle droit, aiin que leurs ex- tremiies se trouvent frappees par le meme filrt d'eau, et pla- cees hors du contre-conraiit produit par rinstrmnent. La sec- tion de I'extremite a du tube G est dirigee perpendiculairement

I

612 COSMOS.

au coiirant, I'extremite a' du tube D est recourbec verticalement et sa section est parall61e au courant.

D'apres ce que nous avons dit plus baut, le niveau dc I'eau doit etre plus eleve dans le tube G que dans le tube D. Pour faire une experience, on fixe I'instrument k une llgc de fer, FG, et on le descend dans I'eau jusqu'A ce que les orifices a et a' des tubes soieut h la profondeur dont on desire connaitrc la vitesse. La plancbe de cbene, AB, elant mobile autour de la lige de fer, est enlralnee par le gouvernail, J, parallelementau courant, de sorte que les orifices a et a' sont toujours dans le fil de I'eau, on ouvre le robiuet E, en tirant un des cordons, I'eau prend son niveau dans les tubes; lorsqu'il est bien etabli, on tire le second cordon qui ferme le robinet et on releve I'instrument.

Solent h et h' les bauteurs des deux colonnes liquides et V la Vitesse cbercbee, on a V A.B. La quantitc A s'obtient par la for- mule de Toricelli A = ^ 2g {li + h') qui se trouve dans les tables ordinaires.

B est une constante determinee par le tarage de I'instrument; ce tarage s'aflectue en promenant I'appareil dans une eau tran- quille et en lui faisant parcourir un espace determine avec des vitesses dillerentes. Au moyen des differences de niveau ainsi ob- tenues dans les deux tubes, on possede tons les elements pour le calcul.

II arrive souvcnt, lorsque Ton cbercbe la vitesse d'un courant a de grandes profondeurs, que riiistrument doive etre descendu au-dessous du niveau de I'eau; il faudrait alors faire usage de tubes d'une tres-grande longueur. M. Darcy y supplee en com- primant par le robinet H de Fair dans les deux tubes; comme lis communiquent entre eux par leur partie superieure, il en re- sulle que la difference de niveau des deux colonnes liquides n'est pas cbangee malgre la pression qui s'excrce au-dessus d'elles. La meme ditficuUe.se presente, mais en sens inverse, quand il s'agit de mesurer la vitesse de I'eau a la suiiace ; on aspire alors I'air contenu dans les tubes, afin d'elever le niveau de Feau au-dessus du robinet E.

Becherches relatives a divers efTets luinineax qui rcsuSSenI de Taction de la liimierc sur les corps

Par M. Edmo d Bfxquerel.

Nous ne pouvons qu'enum^rer les fails principaux decouverts et decrlts par I'habile physiciea.

COSMOS. 613

Premier fait. Le soufre et la strontiane anhydres, en propor- tions necessaire pour donnerlemonosulfure,etant mis en presence k la temperature de 500 degres environ, jusqu'a ce que la reac- tion ait eu lieu, donnent un phosphore emettant une lueur jaune apres Taction de la luniiere diffuse ou solaire. Si la temperaturf- est portee a 7 ou 800 degres, meme pendant tres-peu d'instants, la masse, sans changer de composition, acquiert plus de compa- cite, et elle emet une lumiere violette apres I'influence prealable du rayonnementlumineux. Mais sil'une etl'autre de ces preparations 5>ont trai'.ees d'abord par I'eau, qu'on evapore ensuite la partie so- luble, et qu'on la chauffe jusqu'a 7 ou 800% elles donnent toutes deux des residus phosphorescenls verts, comme tons les rcsidus [)rovenant de I'evaporalion des dissolutions de sulfure de stron- tium dans I'eau. Dans ce dernier cas, I'arrangement moleculaire. autre quecelui des preparations precedentes, estevidemment seul cause des differences observees. Ainsi done la refrangibilile ou h> couleur de la lumiere phosphorescente emisepar la combinaisoii du soufre et de slronliura depend ])lus de son etat moleculaire que de sa composition cbimiquc; et x^l. Becquerel, en continuant el valiant ses experiences, est arrive a obtenir a volonte, par phosphorescence, avec une meme substance, preparee differevi- •ment, une quelconque des nuances prisma (iques, a I'exception des rayons rouges extremes, d'une refrangibilile analogue a celles des raies A et B.

Deuxieme fait. En general, une substance phosphorescente emet de la lumiere d'une seule couleur, quelle que soil la rclVangibilite des rayons actifs. M. Becquerel a trouve quelques substances qui font exception a cette regie et qui presentent des teinles dif- ferentes suivanl les parties du spectre qui les frappent. Le sulfure de calcium, par exeraple, obtenu par la reaction du persulfure de potassium sur la chaux et qui donne une lumiere violette quand il est excite par la partie violette HG du spectre, emet une lu- laiere bleue lorsqu'elle a rccu rinfluence des rayons invisibles ultra-violets.

Troisie-me fait. Dans leur action sur les substances phospho- rescenles, les diverses portions du spectre produisent des effets tres-differents.

En effet, 1" la portion qui s'etend depuis les raies F et G jusque dans la region invisible du spectre, est proprement la portion phosphorescente. Chaque matiere est impressionnable par elie entre des limites differenles, raais on remarque en general avec

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lessulfures de calcium ct do strontium deux maxima d'action, et un seul maximum avcc Ics preparations do sulfiiros do barium ; d'au- tres corps prdsoiilont dos cITols du mome genre. La lumiere emise par cos substances, apros rinflucncc des rayons aclil's, dure pen- dant phisieurs minutes pour quelques-uns, et une beureet meme plus pour d'autres.

La partie la moins refrangible da spoclre, dopuis E jusqiie bien an dela de A, agit demanierea defruire la moditicalion pro- duite par les rayons les plus refrangibies ; mais cette deslruction ne se produit pas en rendant immddiatemenl ol)scure la matiere devenue phospborescente sous Taction do laluniiere dilluse; elle a lieu apres I'aYoir rendue lumineuse pendant quelqiies instants. Certaines substances, le sulfure de stronlinin et de barium, par exomple, deviennent lumineuses dans certaines parties du spectre, surtout dans la portion comprise entre I'extrdme violet jusque bien au dela de P, mais seidement pendant que la lu- miere les frappe; c'est le pbenomene (jue M. Stokes a vu sere- produire sur des substances non pbospborescentes telles que le sulfate de quinine, la chloropbille, et auquel il a donne le nom de fluoresci'nce. M. Edmond Becquerel a constate pour les substances qui sont k la fois pbospborescentes et fluorescentes, que la lumiere de la fluorescence est toujours de memo nuance que celle de la pbospliorescence qui suit Faction du rayonnemcnt; eg qui montre que cos deux genres d'effets, en eux-memes tres-ditrerents, sont cependant bes I'un a I'autre; quoiqu'il y ait des corps qui presentent avec quelque intensile nn seul de ces pbenomenes, soitla pbospborescence, soitla iluorescenco.

Quatrieme fail. Plusieurs des pi-eparatioiis do sulfure de stron- tium, vues par ditlusion a la lumiere du jour, ofTrent une teinte analogue, quoique plus faible, a celle de la lumiere qu'elle emet- tent par pbospborescence a Tobscurite; ce qui en eilet semble indiquer une disposition des moldcnlos du corps a produire un elTet lumineux determine, soit par diriiision, soit i-ar pbospbo- rescence, ou vibrations propres.

Cinqtiieme fait. En general, la refrangibilite de la lumiere emise par pbospborescence est moindre que celle des rayons excita- teurs ; ou du moins, les longueurs d'onde des rayons que les corps euiettent apres avoir ete frappes parte rayonnement sont plus grandes que cellos des rayons aclifs; dans quelques cas, cependant, la refrangibilite de la lumidre emise est la meme, et Ton peut citer un exemple oii elle est moindre.

COSMOS. 61")

Sixieme fait. Des points d'nn corps qui n'ont pas recu dirccte- ment une influence de la part des rayons lumineux, peuventnean- moins recevoir par reflexion et indirectenient des parlies voi- sines une impression telle qu'il en resulte one eaiission delumiere.

EEecBierohes cxpve-iigientalcs siir Ics aj^cnts qui peiivofst proiiuire le ssselanioi'phii^iiie dvs roclies

Par M. Dai'dkeh:.

M. Daubree etait arrive dcpuis longtemps a penser que cer- taines masses cristallines, el un grand nonibre de mineraux de- laient elre le resullat d'aclions comparables a celles de la voie humide; et cepcndant la voie humide dans nos laboratoires n'a- vait jamais produit ces silicates anbydres qui abondent dans la nature. II est certain qu'a PlombiSres, par exemple, il s'est forme depuis les temps des Remains, par voie luimide et k des tempe- ratures relativement basses, des silicates alcalins anliydres et d'autres mineraux; comment des lors serail-il impossible d'ar- river t6t ou tard a obtenir a volonte des rcsullals analogues? M. Daubree a fait dans cette direction une longue serie d'expe- rienccs couronnees d'un premier succes. Sa melbode experimen- tale consiste essentiellement a enfermer en vase clos les malieres qui doivent reagir, et a les exposer pendant environ un mois a une temii^haiure d'au moins ZiOO degres. A'ous enumererons ra- pidement les resultats auxquels il est parvenu.

« Place dans les conditions enoncees, le verre sans perdre sa forme devient opaque, terreux et friable corame le kaolin; il se gonfle reguIiSrement et n'est plus compose que d'aiguilles cris- tallines perpendiculaires aux anciennes parois; ces aiguilles sont de la wollastonite ou silicate de cbaux, 5 Ca 0, Si 0'.

Les alcalis et I'exces de silice entrent en dissolution ; mais la silice cristallise en grande partie a I'etat de quartz hyalin et forme des incrustalions loutes semblables, au volume pres, a celles de la nature. Ces crislaux de quartz, d'une nettete par- faite, atleignent cependant quelquefois deux millimetres de lon- gueur. Cette decomposilion interviendra done par ses produits dans toules les reactions ou Ton employera le verre.

Une particularile remarquable, c'est la Ires-petite quanlite d'eau necessaire pour decomposer entierement le veri'e. Il sufiit d'un poids egal au plus a la moitie du sien. La desaggregation

616 COSMOS.

aussi met en evidence des particularites de structure, qui dans I'etat primilif du veiTe sont tout a fait inaperrues : il dcTient. parallelemeut a ses surfaces, schisteux et divise en feuiilets trt'S- miuces; ce qui expliquerait le schistage de certaines roches me- taniorphiques.

Lobsidienne traitee comme le verre se transforme en une masse opaque, composee de petits cristaux de feld^path, et res- semblaut a du trachyte a grains fais. L'argile et le kaolin, parl'ai- temeut purifies par levigatiou, eprouvent une transformation du meme genre, pourvu qu'une dissolution convenable leur four- nisse de I'alcali, lefeldspath alors se produit en cristaux. Les ac- tions de I'eau sur le feldspath et sur le ven-e sont done essentielle- ment diHerentes, puisque I'un se decompose et que I'autre se forme dans les memes circonstaoces. Cette dissemblance est due evidemment a la stabilite du compose feldspathique.

(. Dans des pxperiences ou du yeiTe s'est trouve decompose en presence de I'oxyde de fer. il ne s'est plus forme simplement dr- la wollnstonite ou du silicate de chaux; mais le silicate double de cliaux et de fer qui conslitue le pyroxene diopside. Ce pyroxene cristallise regulierement avec ses formes, sa couleur xerte et sa transparence habituelle.

II est done vrai^HMn grand nombre des silicates composant le^ roches cristallines, et peut-etre tous, pertvent se former par voie t'UViiide a des temperatures elevees et cependant Ires-inferieures o kur point de fusion. La presence de I'eau parait etre la comme ailleuis une condition essentielle de facile cristallisation.

il ne serail pas difficile, ajoule M. Daubree. d'expliquer ainsi iiufluence de I'eau meme dans les phenomenes de fusion ignee. En effet, landis que les feldspalhs n'ont pu rtre encore produits artificieliement par voie de fusion seche, ces silicates se ferment avec une extreme facilite dans les laves de tons les volcans. Ce coutraste nous est explique par la grande tendance du feldspath a se former eo presence deau surechauffee. En outre, sous I'ln- fluenc* aqueuse les silicates peuvent cristalliser dans une succes- sion qui est opposee a leur ordre de fusibilite comme cela a lieu notamnient pour I'araphigene.

Celte derniere conclusion peut etre etendue aux roches gra- nitiqiies dont deux des elements au moins cristallisent si facile- ment en presence de I'eau. ■»

Imprimerie de W. Remqcet et Cie, A. TaAM;BI.AY ,

rue Garaociere, 5. proprietai' e-^erant.

T. XX, 4 decembre 1857. Sizi^me ann^e.

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

Nous n'avons jamais cache la repugnance ou I'antipalhie que nous eprouvons pour I'invasion de la chimie moderne dans le domaine de Tantiquc medecine. Le Sage nous apprend que Dieu a cree de la terre les medicaments, et que riiomme prudent doit se garder , par consequent , de les prendre en horreur ; Do- minus creavit de terra medicamenla , et vir prudens non abhor^ rebit ilia. Le Sage ajoute que nous devons accepter les medica- ments et honorer les medecins, parce que, dans des cas donnes, leur intervention est absolument necessaire. Mais les medica- ments sortis du lahoratoire de la nature sont bien differents de ceux qui sortent du laboratoire des cliimistes , et il n'est pas ecrit deceux-ci, qu'il ne faille ni les redouter, ni les avoir en horreur. Presquc tous les medicaments de la nature nous sont fournis a Tetat organique, et par consequent, dans certaines conditions d'assiinilabilite, ou noyes dans une gangue, envcloppe ou milieu neutre, qui tempere leur action sans nuire a leur efficacite. Le chimiste, au contraire, nous ofire ses inedicaments nus et a I'etat de poison violent, si violent, que c'est a peine si on aurait pu les administrer avec I'aide impuissant des vieilles balances. Nous tremblons a la seule pensee de ces alcalo'ides formidables, qui tuent & dose presque infmiment petite ; de ces sels organiques qui font crisper les membranes de I'estomac et les irritent a I'exces, quand ils sont purs ; qui se pretent a des falsifications ou sophis- tications indefinies , et anxqucis cependant I'organisme semble tenement s'habituer, que, al'iieurequ'il est, on doutequelVfrica- cite du sulfate de quinine soit gi'an dement supcrieure a celle reconnue autrefois dans le quinquina, et que le nombrc des fievres refractaires a son action va croissant de jour en jour. Mais la n'est pas la question que nous recommandons aujour- d'hui a I'attention des bommes intelligents et amis de Fhuma- nite. Acceplons, puisqu'il le faut, de la chimie ses quintessences therapeutiques, mais qu'elle fasse grace au moins a la medecine ct h la pliarmacie de sa nomenclature vraiment homicide, si elle

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sorlail dcs laboratolres ou des amphithditres. Qui nc comprend (lu'autant il est naturcl de rapprocher, dans une nomenclature scientifique, des substances de meme genre , prcsquc do meme espece, qui se rapprochent intimenient par leur composition chi- mique , autant il est absurdc et dangcreux de ne pas distinguer ces memcs substances par des noms qui n'aient rien de commmi dans une science ou un art qui ne prend en consideration que leurs proprietes th^rapeutiques , essontiellement difl'erentes , alors surtout que le rapprochement pent amener une confusion deplorable et des consequences desastreuses?M. Victor C.argnier, phaimacien , a vu deux fois des praticiens, pourtanl trus-hono- rabies, ecrire deutochlorure de mercure, au Wcu de protochlo- rurc , et prescrire ainsi , sans s'en douter , pour I'usage interne, le deutochlorure de mercure a des doses qui auraient infaillible- raent tue le pauvrc malade. Si, au lieu de I'argot scientifiquer qu'une distraction pent rendre assassin, on avail conserve la vieille et sage langue de nos peres, qu'on se lilt habitue h ecrire calomel , au lieu de protochlorure, sublime corrosif, au lieu de deutochlorure de mercure , I'erreur n'eiU pas ete possible , el un malheur irreparable n'eilt pas ete imminent. Ne confondez done pas ce qui doit rester separe ; au lit des malades, faites do la- bonne medccinc et non de la mauvaise chimie; redigez des ordonnances et non des formules alomiqucs; formulez et ne combinez pas ; n'abandonnez pas la vieille matiere medicale, et ne prenez pas de rhomoeopalhie, que vous detestez tant, ce qu'elle a de mauvais, sans prendre ce qu'elle a do bon. Ajoutons en fmissant que , sous les doigls des medecins, la nomenclature chimique ecrile est d'autanl plus fatale que, pour la pluparl et pour les plus savants, formulcr c'est griffonner ; ce n'est plus une ecriture, mais un veritable grimoire.

—Une association dedaines, d'dVAthencpum. anglais, s'estformee tout receuimcnt pour la diffusion des connaissances hygieniques et sanitaires ; elle a pour fondalrices des ladies appaitcnant ii la classe elevee de la societe, qu'anime un dcsir sincere d'ap- prcndrc aux basses classes a vivre ou ft mieux vivre. C'est un fait reconnu, disenl-elles, que la tres-grande parlie des faiblcsses de temperament, dcs maladies et des rnorts prematurees, dans cette contree, est le resullal de causes qu'il serail facile de prevenir; et c'est un fait non raoins palpable que tres-peu de mesures pre- Tentives ont ete adoptees el sont entrees dans les habitudes du peup'.c. Les damos fondalrices se font les missionnaires de cette

COSMOS. 619

importante verite. Elles proposent d'atteindre leur but en eta- Wissant des institutions dans lesquelles les maitresses et sous- maitresses, atfachees aux ecolcs des classes pauvres, suivront gratuitement un cours tlieorique et pratique dans lequel on trai- tera de toules les matieres en rapper I avec la conservation de k sante, et des regies qui doivent presider au developpement de k nature physique; afin que ces maitresses, a leur tour, puissejxt transmetlre ces notions si importantes a leurs eieves; 2' en redi- geant et publiant des traites simples, interessants, tout a fait pra- tiques, sur les conditions essentielles de I'hygiene, la vcntilatioit, I'exercice, les bains, I'habillement, la nourriture, la preparation des aliments, les soins a donner aux petits garcons et aux petites lilies, etc., etc. ; en etablissant des bibliotheques giatiiiles reja- fermant tons les livres bien fails et relatifs a ces memes sciences si importantes de I'hygiene et de I'education physique.

Le conseil de la Societe royale de Londres a pris recemment pour sujet de ses deliberations la question de savoir s'il n'y aurait pas pour elle quelque moycn de tirer, dans I'inleret de la science et de la societe, un meilleur parti des sommes que I'excedant d-& ses recettes sur ses depenses laisse chaque annee a sa disposition, Dans ce but, le tresorier de la Societe a dresse I'etat general d<? ses finances pendant ces neuf dernieres annees, c'est-i-dire pen- dant la periode de temps qui s'est ecoulee depuis que les slaluts actuels relatifs k I'admission des membres out ete mis en vigueur. II resulte de ce document que les recettes de la Societe, dans ces neuf annees, independamment des fonds en reserve pour des destinations speciales, se sont elevees en nombres ronds a 639 000 francs, ou en moyenne, par annee, a 70 000 francs ; la totalite des depenses a ele de 534 350 francs, ou, par aniiee moyenne, de 59 350 francs. L'exces des recettes sur les depenses a done ete, pour les neuf annees, de 105 525 fr., et en moyenne, pour chaque annee, de 117 25 francs. Les recettes probables] pour I'annee qui commence, sont evaluees k Ik 100 francs, les depenses h 60 550 fr., avec mi excedant de recettes de 13 550 fr. Dans la reunion dont nous parlous, il s'agissait precisement de savoir si la Sociele royale continuera de placer ses econoniies en rentes sur I'filat, ou si e!le avisera a quelque moyen de de- penser chaque annee la totalite de ses recettes en commandos ou en encouragements de travaux; en pensions ou en secours, etc Le nombre total des membres de la Societe etait, au 30 no- Yembre \%kl, de 76ii; au 30 novembre 1856, de 660 : il avail done

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f}iminu(^ do lOi en dix-nonf ans, de 11 a 12 chaque annde.

Voyez a quel point nos voisins d'outre-Manche sonl aimahles ! Voici ce que nous lisons dans Vj[then(Ptim : « La speculation fran- <;aisc prend tendremcnt a creur les interfits de rAnglcterre aux deux extremites de 1' Europe. M. Lesseps (la particule est sans doute supprlmce par depit) parle de fortifier noire pouvoir dans rinde en percant I'isthme de Suez. M. Gamond (lenom patrony- mique Thome de est confisque probablement par hnmeur) parle de nous marier avec la civilisation continentale par un cheinin de fer sous-niarin entre Calais et Douvres. Nous leur sommes tres- obliges de leur bonne intention, meine alors qu'elle prend une forme aussi fantastique que le projet de faire rouler des ondes sur im desert, on de lancer des trains express sous la mer. Mais, comme nous preferons, nous, de faire une partie de desert entre la Mddilerranee et le golfe Persique, el vingt milles de maladie de mer entre le camp de Boulogne et les vergers du comte de Kent, nos allies ne doivent nuUenient compter que nous les aidions de notre argent. Nous previendrons offlciellement nos lecteurs de I'ouverlure du canal de Suez, et nous nous hasardons h prophe- tiser que cet evenement arrivera le jour meme oii le chemin de fer sous-niarin unira la France et I'Angleterre. »

Disons I'l notre tour, pour donner une idee de la part faite a la science par les journaux anglais, que les trois articles qui pre- cedent sont tout ce que nous avons trouvc a reproduire des trois dernieres livraisons de YAthena'xim.

Dans la seule journee de mardi 17 novembre, M. le docteur Phipson et son frere, M. Wilson Phipson, ont fait, le premier vers cinq heures, le second vers trois heures et cinq heures apres- midi, des observations de pluies sans nuages. Les gouttes etaient grosses et tiedes; on voyait au sud qaelques cirro-cumulus tres- eleves; -k I'ouest, un grand nimbus peu epais et tresrdistant; k Test et au zenith, il n'y avait aucnne trace de nuage; I'air etait calme, et les goultes de plnie qui tombaient verlicaJement ne pouvaiont pas etre amences par le vent : elles etaient sans doute le r^sullat de la condensation des nuages invisibles de Peltier, plus frequents qu'on ne le pense.

Nousapprenonsavecjoierapparitionprochaineen Angieterre d'un nouveau journal scienliflque mensuel The geologist; a popu- lar monllij magazine of geology and paloeoiitology, ayant pour objet unique ou principal la diffusion des connaissances geolo- giques acquiscs, et la popularisation des progrts de cette belle

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scieiicp. II servira d'intermediaire facile en Ire les geolognes qui seront heureux de se communiquer ainsi muluellement lours tra- vaux ct leurs decouvertes reciproques. On y publiera reguliere- ment des analyses et des revues des ouvrages et des travaux geo- logiques de tous les pays. Le Geologist prendra done un carac- tere d'universali!^ qn'aucun journal n'a encore obtenu. II sera enriclii de nombreuses illustrations et les fossiles les plus reniar- quables seront reproduits par la photographie. Pour remplir ses vues, I'editeur, M. G. -J. Bodington, de Kenilworth, s'est assure la collaboration des ecrivains speciaux anglais et etrangers ies plus connus et les plus estimes. Nous mentionnerons en passant le reverend M. Brodie, M. le prol'esseur Harkness, sir Charles Hastings M. D. , M. Calvert, M. Bose, M. le professeur Buckman, etc. Lacorrespondance parisienne et francaiseest coniieea notre ami, M. le D'' Phipson, qui remplira parfaitement sa tadie.

Faits des sciences.

Nous appelons d'une maniere toute parliculiere Tattentioa de nos lecleurs sur la lettre que M. Bourget nous ecrit de Cler- mont-Ferrand, en date du 26 novenibre. Le jeune et habile ma- thematicien n'a fait que nous surprendre, car ncus etions aa moment de lui rendre pleine et entiere justice, quand sa reclama- tion nous est parvenue. La lecture attentive de son Memoire, pre'- sente sous i'honorable patronage de 51. Burdin, nous avait frappe; il y a en ell'et, dans ces quelques pages, une idee drainemment heureusc, et le germe d'une revolution dans rexposition de !a theorie mecanique de la chaleur. Nous n'avons pas doute un instant de la verite de ces apercus tout a fait originaux; le temps nous manque pour verifier si MM. Clausass et Thompson, dans leurs savantes dissertations, n'ont pas donne des formules qui contiennent explicitement ou implicitement celles de M. Bourget; mais nous ferons bientOtcette verificatiou. C'est aussi une grande satisfaction pour nous d'apprendre que M. Bourget est com- patriote de Montgollier et de M. Seguin aine, les veritabies peres de la theorie mecanique de la chaleur.

« Je vols dans votre estimable journal men nom denature eu celui de M. Burgess, qui rappcile, par sa physionomie, une ori- gine dlrangere; je suis Francais, de la patrie de Montgolficf (Annonay), et je m'appelle Bourget.

S5-2 COSMOS.

« Le Iravail dont vous failes mention est pass6 inapercu pour fous; je crois cependant qu'il est cxtrAmement curieux au point devue theorique. Jusqu'a present, la theorie de la Iransforma- tion de la chaleur en travail, et du travail en chaleur, claitregar- de'e comme independante des lois connues de Gay-Lussac, Ma- riolte, clc. C'elait en quelque sorte un noiiveau principe introduit «5i physique, une loi nouvelle de la nature, que Ton faisait d^- touler, par une suite d'ingenieux raisonnements, de cette loi metaphysique que riiouimc ne saurait rien faire avec rien.

(c Or je montre dans mon Memoire, par I'analyse algebrique, sans hypotliese, et en m'appuyant seulement sur les lois connues fie Faction de la chaleur sur les gaz, que la loi de la transforma- tion, de la chaleur en travail, et du travail en chaleur, decoule aaturellement de ces lois connues. Je Irouve meme I'expression

Ha

analylique de I'equivalent mecanique d'une calorie E=^ ic—c'Y

H, pression atmospherique sur un metre carre; «» coefficient de dilatation du gaz ; D, poids d'un metre cube & et ^ la pression II; c, eapacite caloriflqae a pression constante ; c', eapacite calorifique a volume constant. Je fais voir que si Ton adraet par induction que cet equivalent est constant, il faut, par consequent, admettre aussi ces deux lois

'^ , = const, pour un meme gaz h toute pression ,

const, pour tous les gaz.

D(c 6-')

Ces lois nouvelles sont excessivement simples dans leur for- aiule, et I'experience prononcera sur leur v6'ite.

La formule ci-dessus, mise en nombre pour I'air atmosphe- irique, donne ti2k km. environ. G'est le nombre donne a M. Joule par des experiences directes.

Ainsi je prouve mathematiquement, sans rien emprunter a des considerations philosophiques plus ou moins plausibles, que le ealarique, quelle qu'en soit la nature, ne pent pas etre assimile k un liquide renferme dans une eponge qui serait formee de la juxtaposition des molecules des gaz ; le piston du briquet a air u'e&t point la main qui presse I'eponge, sans rapport direct avec Je fluide qui s'ecoule, II y a entre le travail et le calorique homo- gen^ite, de telle sorte que I'un peut se transformer dans I'autre, par e'quivalent, et k raison de 1 calorie par /rii km. environ.

COSMOS. €S»

De l;i, j'ai ete conduit a cxaminor les experiences do M. Moria sur la machine de MM. Mayer et Beaumont, et j'ai vu que cett« invention admirable, loin d'etre inapplicable, comme le pretend I'illustre academicien, rend des le debut tout ce qu'elle peut rendre, puisque dans cette machine, en vertu meme des nombres donnes par le general, /i2/i km. y produisent de 0%50 & O^SO, de telle sorte que cetle machine a un rcndement de 50 a 80 pour 100. II n'existe pas de machine hydraulique meilleure.

De la, j'ai ete conduit a etudier le rendement des machines i air chaud et des machines a vapeur.

Les machines a vapeur sont encore si imparfailes, que les plus I'emarquables ne transforment pas en travail plus de 10 k 12 pour 100 de la chaleur qu'on leur donne.

II est possible, grftce a la connaissance parfaite qu'on a des gaz permanents, de constituer une machine a air qui rendrail ZiO, 50 pour 100 de la meme chaleur. J'indique les conditions a remplir.

Je crois meme qu'en adoptant un systeme de circulation con- tinue de I'air dans la machine, on pourrait attendre 60 pour 100,

Telle est, monsieur, le resume des conditions les plus impor- tantes de mon etude. Comme vous paraissez caresser cette idee de I'identite de tous les agents naturels, vous accueillerez peut- etre avec courtoisie une theorie mathematique qui donne a ces larges et belles inductions modernes un piedestal inebranlahle. »

La note de M. Catalan sur la convergence du developpe-

ment du binome a + b, quand b est egal a ± a ou du bineme \-^-x, quand x est egal a ± 1 , se resume dans les trois proposi- tions :

m etant une quantite positive quelconque, on a

„, mlm—l) , , m(OT 1) (m— 2) ... (m n+'l ,

9,, 1 J 1 ^ 4- ... A ^ T

-'" ~~^1^1 2 T--r 1.2.3 ri '

m etant une quantite positive quelconque, on a

m , m{m l) m (m i) (m n + 1)_

I'l.a 1.2.3 n ^

3" in etant une quantite positive moindre que I'unitd, on a

1 _ m m{m-\-l) m [m -\- I) {m -\- %) ^ m (m-fl) •("' + " ~ ^)1_

i;;i" ^"T + TTa 1.2.3 '' ' ' 1.2.3...« "*""

niOTOGRAPHlE.

Concoi*c3ancc «1h f«yop cSilnilqiic avpe 3o foyps" ojjtiqne dan^ les objeclSfs de iiiieroscopcs

Par M. Naciiet.

<i Permeltez-moi de presenter i voslccteurs quelques observa- tions aa sujet du complc rendu que vous avez public sur I'inte- ressante discussion qui a pris place dans la seance du 23 octobre dernier dc la Societe de pbotograpbie, afln de vepondre a I'opi- nion eujise , qu'on obtiendrait de moilleurcs epreuves de micro- i^raphie avcc des objeclifs doucs d'un foyer chimique tres-distant du foyer opiique. N'etant pas pholographe, je n'ai rien a dire sur celtc asserlion, pour ce qui regarde la photographie ordinaire; maisje puis certifier ce fait, que dans un objecLif foi-t Hen corrige, le foyer chimique est toujours en concordance avec le foyer opti- quc, et qu'il n'y a qu'a bicn metlre au foyer I'image de I'objet pour avoir une epreuve parfaite.

Les exceptions i!i cette regie u'existent quo dans les objeclifs tres-faibles. Cette observation, qui avait etc faite par plusieurs per- sonnes, a surtout ete parfaitement decrite par M. Wenbam dans le Slicroscopical journal, Janvier 1855. Les epreuves obtenues par cet habile micrographo, avant cette epoque , ainsi que par M. Delocs, de Londres, ctaient dcs navicukt pctromizon angu- lahi des ecailles d'insectes, etc. J'ai eu moi-meme occasion de •verifier ces fails, lorsque, en 1854, nous fimes M. Duboscq et moi, a linsligationetsous la direction de M. Milne-Edwards, une serie de reproductions dcs globules du sang des aniniaux les plus re- marquables. Les negatifs sur collodion etaient produits par un objectif 7 donnant a 70 centimetres 300 fois de grossisseraent ; jamais nous n'avons ete arretes par une distinction a faire cntre le foyer chimique et le foyer optique.

Les epreuves positives obtenues de ces negatifs ont une telle nettete, que, miscs dans une lanterne polyoramique electrique de M. Duboscq, elles peuvent etre projetees jusqu'a 8 ou 9 000 fois d'amplicalion lineaire, sans cesser d'etre des images parfaites.

Maintcnant il est certain que si on opere avec de la lumiere exlremcment oblique, produite par les procedes indiques par Amici, c'est-a dire par des prismes ou des cones de vcrre refrin- gents, on cliange considerablement les conditions d'impression photogenique ; mais, pour faire des reproductions de navicules,

COSJK)S. 635

i] n'est pas besoin de ces nioyens exliemes, imagines par lepere et le inaitre de la microoraphie pour lesoudre des difiicuit^s presque insurmontables. 11 suffit de concentrer la lumiere a I'aide d'un objeclif place sous I'objet ; on oblient ainsi pour les navi- cules, non pas des apparences d'espaces bexagonaux ou de lo- sanges, ma is des points isoles sur la surface des carapaces, qui en meme temps perdent dans cet eclairage ces contours eslom- pes, si contrairesa la verile, et si desagreables a I'aMl. »

Collodion sec

Par M. Dupuis,

wQuand j'etais a Rome, pendant I'hiver dernier, dit sir Da- vid BreAvster, j'ai fait connaissance avec M. Dupuis, pbotographe amateur fort distingue , qui a le premier produit des epreuves stereoscopiques des monuments de cette Tille. II m'a appris qu'il employait habituellement avec succes un nouveau precede sur collodion sec, possedant Ions les avantagesduprocede Taupenot, sans ses inconvenients. Ge procede a ete public d'abord en ISoj, et plus tard, en 1856, par le Cosmos et la Lumiere, avec quelques perfectionnements. La redaction que M. Dupuis m'a adresse'e differe cependant considerajjlement de celle deja publiee.

(( Son collodion se compose de :

Ether, deus. sp. 60 ...... . SO cenlilitres.

AIcool, (Icnsiiesji. 36 40

Poddic colon 1 gramme.

Iodine de zinc . . . , 1

(( L'iodure d'ammonium est plus rapide, mais ne donne pas d'aussi beaux noirs.

<( Le bain sensibilisateur se compose de :

Nitrate d'argent foiidu ..... 10 grammes.

Laii distillee JoO

Acide acelif|ue dii cornuipice. . . lo

c( On lave la plaque sensibilise'e dans de Feau dislillee, et puis on Teaduit d'nne solution de dextrine d'une consistance qui la fait marquer 3" au pesc-sirops des chimistes.

« La solution pour le developpement de I'imagc est formee de :

.^.eide pyrogalliqiic. ...... 1 gramme.

Eau distillee. ......... 300

Acide citrique crystallise .... 1

« L'imagc est rendue plus force par I'addition de quelques gouttes de nitrate d'argent. On pourrait n'empioyer que la moilie

fas, COSMOS.

sle la quantite d'acidc citrique que nous venons cl'indiquer, et dans ce cas le temps d'exposition serait plus court.

« Le mode de developpement est le meme que celui dej& pu- Wie dans le Cosmos du 28 novembre 1856.

(c Afln d'essayer la valeur de ce precede , M. Dupuis prepara six plaques : une fut expos^e et developpee a Rome ; deux furent preparees et exposees c\ Rome ; et trois autres furent preparees a Rome, mais non pas exposees. Ces plaques furent preparees le 6 mai, et la boile qui les contenait ne fut ouverte que lorsque i'arrivai a Londres, le 27 juin. A mon arrivee, deux des plaques qui avaient ete exposees k Rome , furent developpees par M. Da- Tis , de la Compagnie stereoscopique ; une autre plaque fut ex- posee et developpee a Londres. II arriva cependant un accident a cette derniere plaque et k une autre de meme espece, de sorts qu'il ne resta plus qu'une seule des plaques preparees; le negatif qu'elle a donne a ete presente k la Societe ecossaise, qui Fa beaucoup admire.

« Le temps d'exposition, d'apres M. Dupuis, varie dans une iM)nne lumiere au soleil, et en operant avec une simple lenlille de pelitedimension, de deux et demie k trois minutes. »

Hettoya^c des taclies sans cyanure de potassium

Par M. Lacombe.

Dans une quantite donnee d'eau distillee, on fait dissoudre d'a- hoTd 10 pour 100 de chlorhydrate d'ammoniaque, etapres disso- lution on y ajoute 10 pour 100 de bichlorure de mercure. Cette «ombinaison se conserve indefiniment dans un flacon bouclie a I'emeri, soigneusement etiquete et mis a part comme substance teneneuse, tr6s-dangereuse k I'interieur, mais inolTensive a I'ex- ierieur, ne pouvant empoisonner par absorption, comme le cya- aure.

On s'en sert pour enlever completement les taches de nitrate sur le linge et les vfitements, soit toile, coton ou laine. Lorsque le linge a et^ passe a la Icssive, lareussite est moins complete.

On s'en sert egalement pour enlever les taches de nitrate sur les mains. Ces taches sont enlevees completement, si le nitrate a'est combine avec aucune autre substance , et si Ton se lave les mains avant que la peau soit brftlee. Si les taches proviennent de nitrate combine avec des acides gallique ou pyrogallique, le succes est moins complet, comme cela arrive meme avec le cyanure.

ACADEMIE DSS SCIENCES.

Seance dii GO novemhre lSa7.

Quoique la correspondance soit depouillee par M. Flourens, uous n'entendoiis, siirtout au debut de la seance, que les litres des communicalions sans pouvoir saisir les noms des auteurs, sans doute parce qii'ils nous sont trop peu connus ou trop pea familiers.

Nous savons done qu'il s'csl agi du dosage des guanos et des nitrates; dela physiologic del'oidium ; d'analjse dela houille; des dangers de la niethode de cauterisation dite lineaire; des fonc- tions du systeme nerveux chez les animaux articules; de racines mysterieuses trouvees en terre a une certaine profondeur, dont on ignore la nature et rorigine, et que TAcadeniie est priee de definir; de monstruosites nouvelles; de monnaies de bronze; d' alienation men tale et de refonne du traitement des aliends ; de modificalions a la machine pneuaiatique qui rendcnt I'epuise- ment de Fair plus rapide et plus complet ; de la potasse comme moyen h employer pour detruire tous les gaz deleteres qui se de- gagent dans les mines de houiile; etc., etc. Nous savous, repe- tons-le, qu'il s'est agi de tout cela, mais il nous serait impossible de rattacher ces diverses rccherches a des noms propres; il devient evident par la que le depouillement public de la corres- pondance n'atteint pas le but pour lequel il a ele institue, et que les correspondants de I'Academie se trompent grandement s'ils ont corapte sur le retentissement de leur nom.

M.ThomedeGamond fait hommage h I'Academie de son grand memoire imprime, sur i'etude d'un chemin de fer sous-marin, entre la France et I'Angleterre; nous I'analysons plus loin.

Nous croyons comprendre que M. Du Moncel adresse une suite a ses reclierches experimentales sur les reactions secon- daires operees dans les electro-aimants en fer doux.

Profltons au moins de cette circonstance pour annoncer que M. Julius Dub continue en AUemagne des recherches commen- cees il y a longtemps dans le meme but que celles de M. Du Moncel. La derniere livraison des Annales de Poggendorff con- tient un nouveau memoire du savant physicien sur rintlueuce de la longueur dans les electro-airaants, ou nous trouvons enon- cees les propositions suivanles : 1" L'attraction et la force por- tante de divers syst^Dies d'electro-aimants §ont proportionnelles

628 COSMOS.

anx longueurs de ces divers syst6mes, en supposant qu'ils soiciit parlagcs proporlionncllement, c'est-A-dire que le rapport enlre la longueur de I'electro-aimant et la longueur de rarmalure soil constant; la force d'attraction ct la lorce porlantc de divers systemes d'electro-aimants de meme longueur sont proportion- nelles i la longueur de la plus courte partie qui pcut etrc ou I'electro-aimant, ou I'armature; que les deux parties (I'electro- aimant et I'armature) ou une seule soient recouvertes surtoute leur longueur de la spirale galvanique. Comme d'ailleurs, ajoute M. Buir, la plus courte parlie alteint son maximum lorsqu'elle est egale a la plus grande, il en resulle : que parmi des systemes d'egalc longueur, celui chez lequel I'electro-aimant et I'armature sont de meme longueur exerce le maximum de force d'attraction ot de force portante ; que les maxima de force d'attraction et de force portante de divers systemes sont proportionnels aux longueurs de ces divers systemes; que la force d'attraction et la force portante de systemes de longueurs quelconques sont egales lorsque les plus courtes portions sont egales entre elles, que ces plus courtes portions soient I'electro-aimant ou I'arma- ture.

M. Louis Fleury medecin de I'Empereur par quarlicr, an- cien direcleur de retablissement hydrotherapique de Bellevue, appelle I'attention sur les heureux resultats qu'il oblient depuis dix ans do I'application de I'hydrotlierapie an traitement des fievres iutermittentcs opinii\trcs; 114 casde guerisons inesperees lie laissent aucun doule possible sur Tefficacite de cette medica- tion. Les lecteurs du Cosmos connaissent depuis longtemps les succes de M. Fleury.

M. Lecanu fait homuiage de ses souvenirs de M. Tlicnard lus en seance de rentree de I'ficole de pharmacie le 11 novembre 1857. M. Lecanu, ancien preparateur de M. Thenard au College de France, etait pour son illustre maitre un second fils; ses sou- venirs sont pleins d'interet, d'alTection filiale, d'appr^ciations elevees, d'anocdotes toucliantes, etc. M. Lecanu exprimait en outre h I'Academie le regret qu'il epvouvait de n'avoir pas recu de reponse ci ro/Tre qu'il faisait d'une somme de 500 fr. comme souscription a I'ereclion d'un monument, que I'Academie sans aucun doutc ferait elever en I'honneur de I'un de ses plus illus- tres raembres. M. Flourons ropond que I'Academie a cru plus sage de ne pas prendre elle-meme I'initiative de celte souscrip-

COSMOS. 629

lion et de laisser I'opinion publiquc se manifestcr par iiac plus glorieuse explosion.

M. Bonnet, do Lyon, correspondant de rAcademie, reclame la priorite de la melhode de U'ailement des epanclicments puru- lentsintra-lhoraciquesde M. Sedillol. aL'Acadeinie, ditM. IJonnet, admettra d'autant plus I'acilenienl et d'autant plus volontiers ma reclamation, que le Memoire, dans lequel sont consignes mes litres de priorite, a recu d'elle un prix Monthyon. » M. Sedillot, cependant, avail evite d'ecrire le mot injections iodees , qui pou- vait seul motivor la reclamation de M. Bonnet. Ce qu'il donnait comme neuf, c'elait un i^ouveau Modus operandi , qui consiste a perlbrer une cote dans laquelle on place une canule d'argent ou une sonde de gomme elastique. Au reste, M. Sedillot avail si brutalement condamne la methodc de Iraitement de M. Jules (lUerin , si ra-tionnelle el si efficace , qu'il meritait bien d'etre un pen mallraite a son tour. Croirait-on qu'apres plusieurs succes vraiment merveilleux, M. Sedillot ait dit de la metbode de M. Guerin : « G'est peut-elre la plus daugereuse de toates,)> apres avoir dit des autres : « Ge sont desmoyens palliatifs, qui rc- lardenl a peine la mort des malades ? »

M. Maxime Guyon ou Guillen adrcsse une note sur les mouvements que prennent au contact des corps electrises i)nr eux-memes les corps electrises par influence.

M. Mandl recommande une nouvelle methode de guerison prompte des bronchites aigues par les fumigations , au moycu de vapp.urs sortant d'uu liquide additionne d'acide acetique el de creosote.

M. Brown-Sequard continue ses recherches sur le role dif- ferenliel du sang arteriel et du sang veineux , et propose de pra- tiquer Toperalion de Tinfusion du sang dans des conditions lou- tes nouvelles, qui assureraient son efficacite.

M. Gagnage , de Montrouge, adresse dans des flacons des ecbantillons de Union des egouts de Paris.

M. Doyere et M. le docteur Phipsou deposent cbacun un pa- quet cachete. Nous croyons savoir que ce dont M. Pbipson veut s'assurer la priorite , c'est un moyen entieremenl nouveau d'ob- tenir des photograpbies, donl les noirs produits direclemenl ou dans I'acle meme de rexposilion a la lumiere, soient dessines par ducharbon inalterable. Puisse-t-il reussir!

M. Bayer lit une note tres-courtc sur des infnsoircs trouves dans le canal intestinal de malades atteints du cbolej'a ou autres

630 COSMOS.

affections tres-graves , par divers medecins allemands , francais, anglais, etc.

U. Balard lit, au nom dc M. Polonze, un rapport entieremciit approbalifdes belles recherches de M. de Luca sur la cyclamine et domnnde, ce que I'Acadeinie accorde a riinanimitf', leur inser- lion dans los Memoires des savants elrangers.

M. I'asteur lit, sur la fei-mentation laclique, un Memoire qui est ecoutc avec la plus profonde atlention, parce qu'on sent, au simple recit des experiences du savant chimiste, que son nou- veau travail a une portee iunnense. Analysons, anssi bien que possi])le, ces belles recliercbes. On salt qu'il suftit d'ajouter h de I'eau sucree une matierc azotee, du caseum, du gluten, des mem- branes animates, etc., et de la craie, dostinee t'l maintenir la liqueur neutre, pour que le sucre se transforme en acide lactique. II avait ete impossible jusqu'ici d'expliquer d'une maniere satis- faisante le mode d'aclion de la maliere azotee. L'explication le plus gencralcmcnt adoptee est celle de M. Licbig; a ses yeux, le ■'erment est une substance excessivement alterable qui se decom- pose, et qui excite la fermentation par suite de I'alteration qu'elle prouve elle-meme, en ebranlant, par communication et desas- emblance, le groupe moleculaii'c de la juatiere fermentescible.

Les cbimistes qui ont partnge la maniere de voir de M. Liebig, MM. Fremy, (ierhard, Berlbflot, etc., excluent completement I'idee d'une inlluence quelconque de I'organisalion et de la vie dans la production de la fermentation. M. Pasteur pense tout au- trement ; et, pour faire un premier pas dans le developpement de sa tbeorie, il ctablit d'abord : r que, de meme qu'il existe un ferment alcoolique, la levure de biere, qu'un ceil exerce retrouve partont ou il y a du sucre, qui se dedouble en alcool et en acide carbonique, de meme il y a un ferment ou levure lactique tou- jours present quand du sucre se transforme en acide lactique ; que, si toute matiere plastique azotee peut operer cette trans- formation du Sucre en acide lactique, c'est qu'elle est, pour la levi\re ou ferment lactique, un aliment convenable.

La moilleure preuve qu'on puisse donner de I'existence de la levure lactique, consisle evidemment a la montrer, a apprendre a la preparer ou k I'isoler, a I'appliquer ensuile, ou a lui faire produire les phenomenes de la fermentation lactique. Or, c'est ce qu'a fait M. Pasteur. Si Ton examine avec attention une fer- mentation lactique ordinaire en action, on y decouvre une subs- tance grise, en poids toujours tr6s-faible; or, cette substance

COSMOS. 631

grise est precisemcnt la levOre lactique. Prise en masse, ellc est molle, un pen visqueuse, analogue a la levilre dc biere; au mi- croscope, elle apparait forniee do globules beaucoup plus petits que ceux de la levure de biorc, disi)oses en flocons ou isoles, et animes alors d'un mouvpment rapide, qui n'est que le mouve- ment brownien commun a toute matiere solide en suspension dans un liquide, lorsqu'elle estamenee a un etat de division suf- fisant.

Pour obtenir cette matiere en grande quantite, faites dissoudre de la leviire de biere dans 15 ou 20 fois son poids d'eau bouil- lante; a chaque litre de la solution flltree, ajoutez 50 grammes de Sucre, puis de la craie, semez dans le milieu une trace de la maliere grise en question rccueiliie dans une premiere fermen- tation lactique, et porlez le melange dans une etuve a '60 on 35°. Des le lendemain, une fermentation vive et reguliere se manifeste avec degagement de gaz ; le liquide, primitivement tres-limpide, se trouble, la craie disparait peu a peu, et, k mesure de sa dispa- rition, 11 se forme un depOt toujours croissant de nouvelle ma- tiere grise, qu'on pent obtenir ainsi en telle quantite qu'on vou- dra. Si les proportions de craie et de sucre ont ete convenal)lement cboisies, le gaz qui se degage est de I'acide carbonique pur, et, au lieu de craie, on obtient une masse volumineuse de lactate de chaux. C'est de cette masse qu'on separe la matiere grise; on la lave ensuite 6 grande eau par decantation. On entre bien ainsi en possession du principe actif de la fermentation lactique; en effet, si on en delaye une petite quantite avec de I'eau sucree pure, en quelques heures 11 y a assez de sucre transforme pour que la liqueur rougissc le papier bleu de tournesol; I'acldite augmente peu ci peu, et, au bout de quelques jours, ily a de I'acide lactique en quantite sufflsante pour que I'on puisse constater ses proprie- tes. Si Ton fait intervenir la craie qui maintient la neutralite du milieu, la transformation du sucre est gtandement acceleree; en moins d'une heuro, le degagement de gaz commence, et la liqueur se cbarge de lactate de cbaux qui cristallise tres-rapide- ment. Si en outre il y a, dans le milieu qui fermente, une matiere albumineuse propre i la nourriture et au developpement de la substance grise, on la voit se developper, et Ton en recueille des quantites qui n'ont de limite que dans le poids du sucre et celui de la matiere albuminoide. Les proprietes suivantes, que nous ne ferons qu'enoncer, etablissent entre les deux, levures de biere et lactique, une analogie remarquable. Si dans le liquide sucre

632 COSMOS.

albumincnx, limpide, on seme line trace de levAre de biere an lieu de levure lacUque, c'est de la Icvure de bierc qui se deve- loppe, et avec elle la fermentation alcoolique, sans qu'il ait ete rien change aux autres conditions de I'opdration. Comme pour la levure de biere, I'aclivite de la levure lactique est afTaiblie quand on la desseclie ou qu'on la fait bouillir dans I'ean, Comme la le- yilre de biere, elle prend naissance spontanement et avec facilite desqne les conditions sont favorables. Que Ton dissolve du sucre dans de I'eau de levAre limpide et qu'on ajoute de la craie, la fermentation s'y ctablira ; elle sera en general lactique, et Ton Terra apparaitre la niatiere grise. M. Pasteur remarque toutefois que Ton assure niieux le caractere uniquement lactique de la fer- mentation, et la formation alors abondante de la levure lactique, en semant prealablement dans ce liquide un peu de matiere grise, par cette raison facile k comprendre que la presence , au debut, d'un ferment determine et pur, favorise beaucoup la mani- festation d'une fermentation unique et correspondante. On a beaucoup moins a redouter alors un melange dc plusieurs fer- mentations, la formation de plusieurs ferments, et meme I'appa- vition d'animalcules qui devoreraient les petits globules de ces ferments en ralenlissant la fermentation.

Dans la seconde partie de son Memoire, M. Pasteur resout k I'avance plusieurs questions qu'on pourrait lui faire , plusieurs difticultes qu'on pourrait lui opposer. L'acide lactique n'est pas le seul produit de la fermentation a laquellc il a donne son nom; on le trouve constamraent ou presque toujours accompagne d'a- cide butyrique , d'alcool, de mannite, de matiere visqueuse, etc.; et CO qu'il a de plus etrange, c'est que les quantites de ces di- verses substances, apparues dans la fermentation, sontsoumises aux variations les plus capricieuses. Celle de ces substances que Ton trouve aujourd'hui en grande masse , se trouvera demain en proportion tres-minime, et apres-demain pourra etre absente. C'est tant6t I'une, tantot I'autre qui domine, et semble empecher la formaLion ou operer la transformation des autres. Ce qu'il y a de plus extraordiiiaij-c encore, c'est que Ton voit ces substances apparaitre dans les circonstances memes oil, dans d'autres cas , on les voit se decomposer. Ainsi , on voit apparaitre dans la fer- mentation lactique la mannite qui , comme M. Berthelot I'a montre, se transforme par la fermentation lactique, en alcool, en acide lactique et en acidc butyrique. Comme point de depart dc son explication de toutes ces anomalies , M. Pasteur ctablit avant

COSMOS. 633

lout un fait fondamental. La levijre lactiqne, lavee h grande eaa, et ajoutee a de I'eau sucree pure, acidifie la liqueur progressive- ment; ce premier effet est tout naturel, car, on le sait, I'acide lactique et le sucre sent iscmc'res. Si, apr6s que cette acidifica- tion a continue pendant assez longtemps, on sature I'acide appa- ru avec de la craie , qu'on detruise le sucre non transforme par de la levure de biere, qu'on filtre et qu'on fasse evaporer le liquiderestant, on y trouveradeux produits dislincts : la mannite d'une part, une gommc on matiere visqueuse do I'autre. La man- nite , lorsque la liqueur pent s'acidifier , est done bien un des produits de la fermentation lactique. Mais si on repete cxactement la m6me experience avec la precaution d'ajouter un pen de craie, pour niaintenir le milieu neutre , il ne se forme ni gomme ni mannite; ou mieux, si ellcs se sont formees, elles ont disparu a mesure, parce que les conditions do leur propre transformation sont reunies. Ce resultat, dit en passant M. Pasteur, est plein d'enseignements precieux pour la pbysiologie, aussi bien que pour la chiraie organique.

Enumerons encore deux experiences importantes, etl'on verra clairement pourquoi I'acide butyrique, I'alcool ,1a mannite, ac- compagnent si souvcnt la fermentation lactique. On prcnd une solution aqueusc de lactate de chaux pur; on y ojoute un pen de levilre lactique fraiche et lavdc; la fermentation commence au bout de quelques heures, elle continue ensuite, lente et progres- sive, avec depot de carbonate de chaux et formation de bu- tyrate de cbaux.

On mele h cette solution de mannite pure de la craie en poudre et de la levilre lactique fraiche et lavee; au bout d'une heure, le degagement gazeux et la transformation cliimique de la mannite commencent; il se forme de I'acide carboniquc , de I'hydrogene, et la liqueur renferme de I'alcool, de I'acide lactique, de I'acide butyrique, tous les produits , en un mot, de la fermentation de la mannite.

Tout est done explique, dit en linissant M. Pasteur, c'est la levilre lactique qui fait apparaitre I'acide butyrique, et le butyrale de chaux par sou action sur le lactate ; c'est encore elle qui fait apparaitre I'acide butyrique, I'alcool, etc., par son action sur la mannite; tel ou tel produit se forme ou se ddforme sous I'action de la levure, Suivant que le milieu est acide ou neutre, etc.

M. Berthelot lit un Memoire sur la synthese dc I'alcool methy- lique ou esprit de bois. Nos lecteurs savent deyh que I'habile et

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infatigable preparateur du College de France, qui, k lui seul, a fait faire a la chimie synthetique plus de progres que tous ses predecesseurs ensemble, etait parvenu a preparer de toutes pieces i'alcool ordinaire en agissant sur Ihydrogeue bicarbone ou liqueur des Hollandais, U annonce aujourd'hui qu'il a resolu le memo problemc i)our I'alcool melbylique, niais en prenant pour point de depart lliydrogene prolocarbone ou gaz des ma- rais. Nous regrettons de ne pouvoir decrire des aujourd'hui la serie des reactions qui I'ont conduit a ce resultat important.

M. Despretz, au nom de M. Breguet, avaitpresente unenote sur I'application de rdleclricite i la transmission du temps. Au lieu de simples cadrans dont les aiguilles, mues par un courant elec- trique, reproduisent I'heure, la minute, et jiisqua la seconde d'une pendule regulatrice, M. Dreguet proposait de cpnserver aux diverses stations de veritables horloges qui recevraientde la pen- dule non plus le mouvement, maisla regularite. A des intervalles de temps reguliers, t midi et a minuit, par exemple, toutes les aiguilles seraient ramenecs a marquer exaclement la meme mi- nute, par deux goupilles placees a droite et a gauche de I'aiguille, que le courant electrique parti de la station centrale ferait avancer du centre aubord des cadrans. M. Despretz etait entre dans trop peu de details pour que nous eussions pu saisir ce qu'il y avait vrai- ment de neiif dans la proposition de M. Breguet. Le probleme lei que le posait M. Despretz, avait ete formule et resolu par M. Stein- heil, qui assistait h la seance, des les debuts de la telegraphie electrique, en 1842, et par des moyens a peu pres semblables.

M. Le Verrier demande aujourdhui a presenter quelques ob- servations sur le nouveausystemed'horloges electriques presente par M. Breguet dans la dei'niere seance ; il se propose de prouver que ce systeme n'est nuUement nouveau; mais M. le president I'arrete en lui faisant remarquer que le Memoire de M. Breguet ayant ete renvoye i une commission, ne peut devenir I'objet d'une discussion qu'apres la lecture du rapport. Les usages de I'Academie a cet egard sont constants et font loi. M. Le Verrier trouve etrange que des membres de I'Academie ne puissent faire, sur des communications lues dans son sein et inserees dans ses comptes rendus, des remarques critiques que tout le monde a le droit de faire en dehors d'elle, que les journahstes admis a ses seances se permettent chaque jour ; il est pret cependant a ajour- ner ses observations si M. le president declare qu'elles seraient contraires aux usages academiques. M. le president maintient

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qu'il doit s'abstenir. M. Faye fait alors ressortir les inconvenients graves de I'insertion dans les comptes rendus, avaiit le rapport des commissions, des recherches presentees par les savants etrangers; elles peuvent, et cela arrive bien souvent, contenir des erreurs de doctrine ou de fait que I'Academie aura contribue a propager, et qui ne pourront pas etre signalees si M. le presi- dent persiste a declarer toute observation inoppoitune elinsolite; qui ne seront presque jamais relevees, puisque les rappor Is des com- missions sontexcessivementrares. M. le presidentreponda M. Faye qu'il ait a formuler une proposition, qui sera soumise au juge- ment de I'Academie. Cette proposition est tres-simple, il nous semble, et il ne s'agit au fond que d'appliquer un des reglements les plus anciens et les plus sacres de I'Academie. 11 lui est interdit de renvoyer k des commissions les recherches qui out recu de la publicite par voie d'impression. Quoi de plus naturel, des lors, que de decider que les Memoires soumis a son jugement, ou ne seront inseres que par leur titre, sans qu'on puisse en donner une analyse elendue, ou ne seront pas I'objet d'un rapport? Au fond, la publicile qui repugne le plus a un examen serieux et indepen- dant, c'est celle que constituent les comptes rendus, d'autantplus que c'est presque toujours une des autoritesles plus competentes qui reclame I'insertion de i'analysc faite par I'auteur. Et puis, que peuvent etre les rapports, si tautest qu'on en fasse, sinonune reproduction ou un commentaire sans porlee, sans autorite au- cune, d'une analyse connue de tout le nionde, et classee defini- tivement bien des annees avant?

M. Le Verrier demande au moins a donner lecture d'une lettre qu'il ecrivait k M. le prefet de la Seine il y a pres d'un an. Mais M. Becquerel I'arrete en faisant remarquer que tons les documents relatifs a une communicalionfaite a I'Academie doivent etre pure- ment et simplement renvoyes la commission chargee de faire le rapport. Voici le passage sur lequel M. Le Verrier voulait appe- ler I'attention : u II ne me parait pas impossible, au reste, de dispo- ser des horloges onlinaires, qui seraient ramenees, au moyen de I'electricite, une fois par heure, a marquer le meme temps. Ces horloges pourraient facilement etre construites avec assez de soin pour ne pas se deranger d'une maniere sensible en une heure. Si alors I'electricite venaita manquer, elles conthmeraient a mar- cher ensemble et sans ecart appreciable jusqu'au retablissement du courant electrique. Cette solution aurait I'avantage de faire sonner toutes les horloges ensemble. » Cette citation prouve que

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I'idde de M. Brcgiiet n'est pas neuTe; mais notre Traite de tele- graphie electrique le prouvc inieux encore, puisque, memo dans la premiere edition, nous montrons le probleme pose par M. Br^- guet completement resolu par M. Steinheil, i Munich. Un sys- teme senibiable fonctionne aussi depuis longtemps a Londres.

M. Breguct le salt, et repondra qu'il ne donne commenouveau, ot ne place sous la protection d'un brevet d'invention que le me- canisme ou dispositif parliculier au moycn duquel il ramene p^- riodiquement toutes les horloges a indiquer la meme minute ; son seul tort alors serait d'avoir donne h sa note ce titre : Siw une nouvelle horloge electrique.

L'Academie se forme en comitc secrcl. et declare vacante la place de M. Thenard, dans la section de chimie. La liste de candidats sera prdsentde dans la prochaine seance, ils sont nombreux et imposants; on comprend que le choix devient tres- difficile en presence de noms comme ceux de MM. Fremy, Wurtz, Henri Sainte-Claire-Deville, Berlhelot, Pasteur, Cahours, etc., auxquels se rattachent tant de travaux imporlauls et celebres; il parait que la lutte s'engagera surtout entre M. Fremy, qui, il y a quatorze ans, obtenait presque autant de voix que M. Balard, et M. Wurtz, auteur de quelques decouvertes de premier ordre.

M. Marc-Antoine Gaudin lit, sur Ic groupement des atomes dans les molecules, et sur les causes les plus inlimes des formes cristallines. un Memoire dans lequel il resume la theorie qu'il poursuit avec perseverance drpuis plus de vingt-cinq ans.

II enonce quelques principes tres-simples , qui, appliques aux formules atomiques , engendrent un polyfidre geomelrique regu- lier conforme au cristal du corps considere.

II a, d6s I'origine de son travail, etabli le nombre vrai des atomes, en tenant compte dc I'erreur du simple au double que comporte quelquefois la theorie des equivalents, si utile pour un autre ordre de faits. II a ete force d'admettre la formule Si 0- pourla silice, parce que le chlorure de silicium renferme autant de chlore que le chlorure d'etain correspondant ci son bioxyde, qui est bien S/ 0\ de I'aveu de tout le monde.

De considerations sur I'etat biatomique des molecules des gaz permanents, demontre par AmpCre, il a conclu que le poids de Vatome d'hydrogene etant pris pour unitd, celui dc I'atome d'oxy- g6ne est 16 et non 8, comme le donne la thdorie des dquivalents. Par suite, la moldcule d'eau en vapeur est OIF, comme la si- lice, c'est-a-dire une molecule lineaire composee d'un atome

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d'oxygene place sur une meme droitc entre deux atonies d'hy- drogene CHjuidistants. CtiUe molecule lineaire, qu'il nomuie axe de pvcniier ordre, ligne d'aninile ou d'equilibre, est I'elemenl dont lor.Lcs les niolecules sontcomposees, sans aucune exception. II y a uiie foule dc molecules lineaires analogues qui existent a I'etat de vapeur, coumie I'acide carbonique, Tacidc sulfureux, riiydrogene sulfure, eic. ; mais dans la dissection d'un groupe moleculaire on en troure de ficlives qui representeut, par exem- ple, les bioxydes di>s metaux, bien que ces bioxydes n'existent que dilTicileinent k I'etat isolc.

Outre les axes de premier ordre, il y a les axes de deuxieme et troisieme ordre, composes de 5 et 7 atomes. Ces axes represen- tent d'une facon fictive la ligne d'affinite deja cilee; parexemple, la molecule du sesquioxyde d'aluminium (ou alumine k I'etat li- neaire) forme trfe-souvent un axe de deuxieme ordre. L"un des atomes d'oxygene est au centre et entre deux atomes d'alumi- nium, comme chaque atome d'aluminium est entre deux atomes d"oxygene; ce qui verifie trois fois la loi d'afilntle dans cet axe de deuxieme ordre.

L'axe de troisieme ordre est compose tres-souvent par une mo- lecule d'aluminatc, de monoxyde lineaire, Tatone du metal cen- tral etant place entre deux atomes d'oxygene, aussi l)ien que cha- cun des atomes d'aluminium; ce soiit les grands axes des mole- cules fcldspathiques et des zeolithes.

Ces axes de premier, deuxieme et troisieme ordre, en se pla- cant parallelement entre eux, sans exception, forment les polye- dres reguliers de toutes les molecules, et ces polyedrcs sont tou- jours en rapport innnediat avec la forme des cristaux.

Citons quelques exemples. Lechlorurede calcium hydrate cris- tallisant en prisme hexaedrique regulier, est compose d'une mo- lecule de chlorure avec six molecules d'eau; le chlorure de cal- cium qui comprend 1 atome de calcium et 2 atomes de chlore, forme un axe de premier ordre, aussi bien que cbacune de* mo- lecules d'eau; placant done ces sept axes d'egale longueur paral- lelement entre eux, le calcium au centre du solide, nous aurons un prisme bexaedrique regulier (il n'y a pas d'autre solution d'a- pres les principes poses) conforme au cristal de la nature.

Dans cette molecule, la loi est deja verifiee sept fois parallele- ment a l'axe : dans le plan passant par I'atome central et qui lui est perpendiculaire, plan que rauteurnomme equatorial, I'atomc dc calcium est au centre d'un bexagone regulier forme par les 6

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atomes d'oxygene. Dos 6 molecules d'cau, d'ou 3 molecules fic- tives de bioxyde de calcium formant d'autres axes d'affinite, I'au- teur pronve que dans les molecules les plus simples, en ne tenant comple que des lignes paralleles a I'axe et A celles sitnees dans le plan equatorial, la loi d'affinite est verifiee un uombre de fois exprime par un demi de {n 1), n etant le nombre des atomes de la molecule.

La molecule d'acide stearique point culminant des corps gras, composee de 7 atomes d'oxygene, 68 atomes de carbone et 136 atomes d'bydrogene (formant evidemment 6S axes de premier ordre), donne immediatement etforcement une table bexngonale reguliere composee de 61 axes, 7 de troisieme ordre et5i de pre- mier ordre, soit un assemblage solidaire et indivisible de 7 prismeshexaedriques bipyramides entoures d'une ceinture d'axes de premier ordre. Ces axes de 7 atomes sont tout a fait analo- gues, par substitution, k I'axe de 9 atomes du feldspatb potas- sique, et les 6 molecules d'bydrogene carbone qui forment cein- ture an pvisme bexaedrique regulier correspondent aussi aux 6 molecules lineaires de silice qui remplissent la memefonction; en demembrant cette molecule (qui est pour I'auteur un mica de la cbimie organiqne, par la forme etTapparcnce de ses cristaux), il trouve une foule de molecules des deux regnes en raisonnant par substitution.

Danscetlc molecule, M. Gaudin a compte ^26 axes de symetrie de premier ordre; son memoire est accompagne d'une figure en relief qui les met en evidence.

En resume, I'auteur dit que la raison des combinaisons est une raison purement geometrique ou de gravitation universelle , il donne la nomenclature de toutesles formes moleculairos qui sont des doubles pyramides, des prismes ou des prismes doublement pyramides, ft 3, 4 et 6 c6tes, les polyedres pentagonaux ne pou- vant pas cristalliser et ne se trouvant pas lorsqu'il applique ses formitles atomiques. II explique la generation des divers types cristallins, et pronve que la distance entre les molecules des corps liquides, solides ou cristallises, ne depassepasune distance d'atome, c'est-a-dire que les cotes de deux molecules contigues sont aussi rapprocbcs que les atomes composant les molecules le sont entre eux; il le prouve en montrant que la pesanteur spe- cifique de tous les corps liquides ou solides, est sensiblement pro- portionnelle au poids de la molecule divise par le nombre de ses atomes, c'est-a-dire au poids moyen atomique des corps.

VARIETES.

Etude d'un eheniiii de fcr sou.s-uinrin ciiti*e la France et I'Anglelerrc

Par JI. Thome de Gamond.

En lui-meme, le pi'ojet d'un percement sous le detroit de la Manche semble monstrueux, ct peut-ctre meme chimerique, et cependant il a recu du gouvernement Irancais un accueil, qui fait a tous les gens serieux comme un devoir de le prendre en consi- deration.

II a ete soumis, par une haute initiative, al'exanien d'ane com- mission officielle niixle, formee par le Ministre des travaux pu- blics, de la reunion des cunseils generaux des ponts et chaussees et des mines, et assistee d'un ingenieur hydrographe de la ma- rine. Citer les noms de MM. Elie de Beaumont, secretaire per- petuel de TAcademie des sciences, de M. Combes, direcleur de ri&cole des mines, ceux de MM. Mallet et Renaud, inspecteurs gene- raux des ponts et chaussees, et celui de M. Keller, ingenieur hydro- graphe de la marine, commissaires charges de cet examen, c'est dire que le gouvernement n'avait rien neglige pour que la compe- tence fut complete. A la suite de cet examen, la commission a conclu ci I'utilile d'une depense de 500 000 francs, pour la verifi- cation et le complement de cette etude par des travaux qu'elle a precises. Elle a emis en outre le voeu que le gouvernement an- glais flit consulte sur la part qu'il voudrait prendre a ccs travaux preliminaires.

Le projet se divise en trois parties principales : les milieux, le trace, le percement.

Milieux. Le systeme des terrains stratifies de la cOle francaise, dans la region du detroit de Calais, appartient a la periode jurassique. Ces couches jurassiques continuent de s'enfoncer sous le detroit. EUes sont voilees sur la plus grande partie de leur surface par les terrains crayeux, dontl'e- paisseur depasse 200 metres. Ces terrains crayeux forment ac- tuellement une grande lentille qui repose sur une cuvette, dont le terrain jurassique occupe les bords et le fond. Sous Paris, cette lentille decraie, traversee parlepuits de Crenelle, a plus de 500 metres d'epaisseur. La lentille parait beaucoup moins epaisse

640 COSMOS.

en Angleterre, ou cllc a 6le amincie par erosion a sa zone supe- rieure; elle ne depasse guere dans ce pays une puissance de 200 metres.

L'inclinaison generale des terrains jurassiques anglais dans rOxforshire, etant dc trois milliemes, il est impos-iblo de raccor- der sur un Ihalweg commnn normal l'inclinaison des affleure- ments franoais , qni plongeut an sept niillieme, et cette forte inclinaison autorisait Thypothese d'une grande faille sous-marine due a une dislocation qui aurait trouble I'horizontalite des depots sous le delroit.

L'exploration reiterde des bancs du detroit a heureusement pcr- mis de reconnat tre que ces intumescences sous-marines, reputees jusqu'i present des atterrissements sablcux, elaient au contraire les cretes des collines subniergees qui ont resiste h I'erosion. L'etage jurassique etnnt ainsi ressaisi par son sommet, il deve- nait possible de constaterque la cuvette oolithique passait sous le detroit sans decbirement, et d'estimer a quelle profondeur on pouvait rencontrer la coucbe de grande oolithe sous la region de ces bancs.

L'examen de soixante-quatorze exlrails de tons les terrains, a travers lesquels le tunnel devraetre perce, revelequele massif du detroit de Calais, pour les denx cinquiemes environ, se compose de roches pierreuses qnisontdes calcairesooiithiques, identiques a ceux dont sont construites la plupart de nos calhedrales, et des gres tres-consistants, analogues aux paves des villes. Ces gres coniprennent deux groupes distincis et profondement separes : ce sont les gres portlandiens et les gres verts de l'etage crayeux. Le reste du massif, les trois cinquiemes environ, sont des argiles de trois ages, occupant trois zones suporposees : I'argile d'Oxi'ord, la puissante coucbe d'argile de Kimmeridge, epaisse de plus de 50 metres, et le weald-clay. La presence et la superposition al- ternative de ces chapes coloissales dans le detroit paraissent une disposition ])ruvidentielle des plus favorables pourle percement, eta determine I'auteur, apres Texamen de sixlignes differentes, a proposer le trace du tunnel par les formations jurassi(|ues.

2" Trace. Le trace du tunnel sous-marin part da continent, sous le cap Grinez,etse dirigesurla pointe Tartware, entre Dou vres et Folkestone, en passant par le banc de A'arne, oil est proje- teel'Eloilede Varne, station maritime du tunnel. Cette station, ou les trains pourront fairebalte a ciel ouvcrt, consistc en une gare situec au fond d'une vaste tour; cette tour est ouverte dans le

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terre-plein d'an ilot factice couslruit sur la crete du banc de Varne.

A ce terre-plein est annexe un port convert par dcs moles fai- sant quai a la mer. L'etablissement deceport, oeuvre la plus mo- numentale du projet, est le complement du tunnel sous-marin dont 11 agi'andit la signiiication et en fait un des plus puissants orga- nes de trafic et de circulation entre les peuples.

Le fond de la tour de Yarne inscrit une cour de forme ellip- tique. Le grand diametre de I'ellipse, dans le sens de la circula- tion des trains a 200 metres, et le petit diametre 100 metres seu- lement. C'est du fondde cetle gare spacicuse, qu'au moyen d'une spirale ascendante, les wagons de marcliandises pourront mon- ter par une pente modereejusque sur le quai de I'Etoile de Yarne, ou ils sei'ont en contact avec le Lord des navires.

Suivant le profil, le trace du tunnel decrit une courbe souter- raine concave dont les pontes, maintenues au-dessous de cinq milliemes, sont de beaucoup inferieures a celJes des chemins de fer exploites.

Les voies d'accession du tunnel sont deux galeries souterraines inclinees au sept millieme. Lagalerie anglaise se dirige de la sta- tion d'Eastware, par un parcours de 5 500 metres sur Douvres, ou elle prend jour. La galerie d'accession du c6te de la France a 8 800 metres de parcours entre la station de Grinez el la ville de Marquise, ou elle se relie a ciel ouvert a deux sections d'embran- chement, dontl'une est la route de Paris, par Boulogne et Amiens; I'autre section se relie pres de Calais aux chemins do fer de la Belgique et de I'Allemagne.

Le profit du tunnel decrit sous la coupe geologique aura a tra- verser obliquement dilleients etages de terrains inclines, a la li- niite desquels pourront se produire des iufiltrations normales. Leur presence ne parait pas devoir etre redoutable du c6te de la France dans les trois quarts du parcours, mais deviendra sans doute plus genanle dans Ic voisinage de la plage anglaise. Les conditions qui president a ragissement de ces infiltrations ofTrent un grand inleret.

Les diverses couches geologiques traversees par le profd afTec- tent chacune un caractere distinct dil a la nature des troubles mis en agitation par les mers qui se sont succede jadis en ce lieu. Ces couches ne sont done autre chose que I'accumulalion de ces troubles sous forme do limons au fond de ces mers anieiieures. Ces limons, par Taction du temps et d'une pression considerable,

642 COSMOS.

so. sont succcsshenicnt consolides comme les argiles , etmeme ngreges cliimiqnomont conime les calcaires ct les gres. Mais un fait tres-remarquablc ct qui est attribue ^ la presence anlerieure etperiodique d'un milieu liquide soumis & une tr^s-faible agita- tion, c'est I'apparitlon, en alternance successive, de couches d'ar- gile considerables , parfaitement stratifiees, entre les formations de roches agregees de calcaires ct de gres , dont les argiles sont des lignes de separation.

Les depots d'argile eux-memes reposent presque constamment sur des lits de sables meubles, pourvus d'une faible agregation, et qui sont par cela meme des milieux favorables aux infiltrations capillaires de I'eau. Si Ton ne rencontrait que des infiltrations d'eau douce, les obstacles provenant de renvabissement des eaux seraient de meme nature, moins effrayants mOme, que ceux que Ton a si victoriousement vaincus dans le percement du tun- nel de Saltwood.

Le plan du massif traverse etant inferieur au plan de la mer, 11 est possible que des inliltrations d'eau marine, comme celles d'eau douce, et en vertu de la meme loi, pen6trent dans cesvoies capillaires. Mais en raison du peu d'inclinaison du systeme stra- tifie , ces infiltrations capillaires de la mer ont k parcourir, de- puls le biseau d'affleurement sous-marin jusqu'a la galerie du tunnel , des distances variables de deux k quatre mille metres d'etendue, Heureuse disposition naturelle par ou ces infiltrations, si dies se produlsent, echappent aux effets de la pression di- rccte de la mer, et rentrent dans les conditions normales des in- filtrations d'eaux douces du continent.

3" Percement. Le percement du tunnel, pris dans son accep- lion theorique absolue, c'est I'envoi d'une galerie de mine, a trovers un systeme de roches stratifiees sous le plan d'eau de rOcean.

Tout porte a croire que si cette execution est decidee, on vou- dra faire de grands efforts pour qu'elle soit accomplie dans le plus court espace de temps possible.

De la I'utilile ou mieux la necessite d'atlaquer I'oeuvre par plu- sieurs points k la fois.

Le plan d'attaqucs multiples suppose I'ereclion, dans la masse liquide du detroit, d'une serie de treize Hots facticcs, d'enroche- ments conglomeres par I'argile, k travers lesquels seraient fences dans le solide treize puits de mine blindds en fonle et en macon- nerie. Sur ces treize ilots seraient installes les ateliers d'extrac-

COSMOS. 6/(3

lion et des obscrvatoires pour le raccordement e.ttericnr dcs sec- lions, ainsi que pour la transmission rectiligne de Taxe dans les galeries souterraines. G'est au moyen de cette subdivision de I'oeuvre en quatorze sections que I'attaquc parcollaire pent otre entreprise sur vingt-buit ateliers A la Ibis, dont la longueur n'ex- cedera pas 1 500, metres et que Ton pent cntrevoir I'acbevement du tunnel en six annees.

Premiere annee. Construction des treize ilot.s et foncement des puits.

Deuxieme annee. Percement des cinq sections directrices,

Troisii'me, quatrieme , cwquUnne et sixicme annee. Perce- ment des neuf grandes sections du tunnel.

Apres cet acbevement, les ilots factices, devenantdesormaisua ecbafaudage superflu pour I'exploitation du tunnel, i\I. Thome de (lamond a propose d'enfaire sauter le sommet par des cbambres de mines pour en debarrasser le detroit.

Le tunnel sera un cylindre parfait, voiite en nioellons appa- reilles, offrant dans son arc superieur une section ouverlc do. 9 metres de largeur sur 7 metres de baut. Le segment inferieur des cylindres inscrit un conduit d'assainissement pratique dans un massif en blocage, supportant un double railway.

La depense du tunnel sous-marin , echafaudages sous-niarins, percement , construction , est evaluee en cbilTres ronds a 112 000 000 francs ou, en raison de 33 kilometres, a 3 /lOO francs par metre. La depense totalc jusqu'i la niise en activite de la \oie complete atteindra probablement 170 millions.

Le projet de tunnel n'est pas sans adversaires. Les nns disent : Le tunnel est impossible. D'aulres ajoutent: Le tunnel est inutile. Combien ne doit-on pas preferer i\ ces arguments , dit M. Thome de Camond, la prediction moins doctorate, mais de meilleur goiit, d'un bomme d'l^ltat connu par I'enjouement de son esprit, qui occupe une position tres-elevee dans les adaires de son pays: « Ce projet reussira , disait-il recemraent, parce qu'il est respec- « table, et qu'il a en sa faveur toutes les ladies de I'Angleterre! »

A ceux qui prefendent que ce projet est inexecutable , parce qu'il est colossal , I'auteur repond qu'il n'est aiicune partie de cette (Euvre qui n'ait son equivalent realise dans les travaux exe- cutes depuis trente ans. En ajoutant les uns aux autres par la pensee, les tunnels de la Bouzanne , la Nerthe, Bleekingley, Salt- wood et Rolleboise, dans I'ordre presentement indique. Ton aura les Equivalents identiques, par natures de terrains et comme

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COSMOS.

autant de specimens des grands anneaux du tunnel sous-marin.

Mais les ilols a la mer? Les ilots? repoud M. Thome : voyez Cherbourg, Plymouth, Alger, voyez surtout Portland! les digues representenL un ensemble de Iravaux bien autrement considera- bles que les treize cOnes proposes dans le delroit. Prcnez treize sections d'une seule de ces digues. Jetez-les a la mer sur un meme axe dans le detroit, et voili nos Hots ! avec cette difference pourtant, toute a I'avantage du projet, que ces pyramides cons- truites dans la haute mer y seront exposees h une agitatioi' moins dangereuse que sur la plage lillorale ou la proximite des cOtes souleve une agitation plus intense.

Le projet est colossal, oui! mais les deux nations qui ont mis- sion de le mener a bonne fin ne soat-elles pas non plus des na- tions colossales?

Cnnaux fertilisnteurs.

M. Gagnage, a I'occasion de I'egout coUecteur que la ville de Paris fait executer en ce moment, a adresse a I'Academie quelques remarques sur I'emploi du limon des egouts. 11 y a beaucoup d'analogie, dit-il, entre le limon des rivieres, qui est, comme on ie salt, le plus permanent et le plus puissant des eograis, et le limon des egouts; de sorte que nous possedons sous notre sol des rivieres constammentcliargees de limon, qui vont jouruelle- menl se rendre en pure perte dans la Seine. 11 serait k desirer que la ville de Paris fiit enrichie de plusieurs egouts coUecleurs, qui, au lieu d'avoir leur embouclmre dans la Seine, iraient se rendre dans d'immenses bassins, numis de deversoirs et de ca- naux a ciel ouvert. Le limon se deposant, les eaux chargees de sets se rendraient dans les canaux , et de \ix dans les ruisseaux traversant les terrains en cuUure; ces eaux se purifleraient encore dans leur parcours, en deposant un sediment dont I'agri- culture pourrait profiter. Le limon des bassins serait drague et souslrait immediateinent a I'influence des variations atmosphe- riques, seche i I'aide du limon precedemment rccueilli, soumis a Taction de la presse hydraulique, et emmagasine pour les besoins de I'agriculture. M. Gagnage repond aux objections que I'on pourrait faire contre I'insalubritf^ des egouts k ciel ouvert, par des iaits deja acquis , et que cbacun pent verifier a Montpel- lier et a Londres.

Imprimerie de W. Remqcet et Cie, rue GaraDciere, 5.

A. TRAMBI.AY ,

proprielaire-geraiti.

T. XI, 11 decembre 1857. SIzi«

me anaee.

COSMOS.

NOUVELLES BE LA SEMAINE.

La Sociefe royale tie Lonrlres a lenu, le 20 novembre, sa seance annnelle de renlree dans Burlington-house, sous la presidence de lord Wrottesley. En term i nan t son discours accouluine, le presi- dent a remis enire les mains de M. Miller, secretaire pour I'etran- ger, la medaille de Copley, pour la iransmeltre a M. Michel-Eu- gene Chevreul, de I'Acadeinie des sciences de Paris, a qui elle est decernee , en" reconnaissance des travaux de ce savant si distin- gue. En lui accordant celte memorable distinction, la Societe a Toulu surtout couronner ses recherches ,') jamais celebres de chi- mie organique, sur la composition des corps gras, et ses recher- ches de physique physiolog que et appliqu(ie sur le contraste des couleurs. La premiere medaille royale a ete decernee k M. Franckland, qui , le premier, a isole les radicaux organiques des alcools , et pour ses recherches sur les derives metalliques des alcools. La seconde medaille royale a el^ donnee a M. John Lindley, pour ses nombrcuses rechei'ches ct ouvrages sur toutes . les branches de la botani(pie scientiiique, et specialement pom- son Vegetable kingdom, son Regne vegetal, et ses genres et espe- ces des oichidees. On a ensuite procede a relection du conseil et des officiers de la Societe , pour i'annee qui commence. Ont ele elus a I'unanimite des suffrages : president , lord Wrottesley; tresorier , major general Sabine; secretaires, MM. Sharpey , Stakes ; secretaire pour Ictranger , M. mWev ; membres du con- seil : MM. Aniolt, Busk, Farre , Frankland , Gassiot , Grove, Hardwick, Hooker, Horner, Joule, Owen, Percy, Playfair, Rev. Price, Smyth, Wheatstone.

Un petit troupeau de chevres d'Angora et de chevres de Nubie, que la Societe d'acciimatation doit a la bienveillance de M. le marechal Vaillant, minislre de la guerre, a ete embarque, il y a un mois, a Marseille , pour la Sicile , oii il va etre con/ie aux soins d'un membre de la Societe, le baron Anca. Un autre petit troupeau de chevres d'Angora vient d'etre envoys c'l Stutt- gard, AS. M. le roi de Wurlemberg, que la Societe a I'honneur

24

(i;,{) COSMOS.

(|p compler paniii ses membres, et qui possede ile]^ des ani- innnx raves cl utiles do plusieurs cspeces.

Pai'ini Ics cniplois que Ton commence a faire de la toison de ]a clievre d'Angora daus Tindustrie, I'un des principaux est la i'abricalion do velours, qui out I'aspect de velours de sole, et sont rcmarquables par leur solidite. M. Sacc, ancien prot'esseur de cliiniie a Neufcbftlel, sur I'initiative duquel la Sociele d'accli- malation s'est decidee a faire riutroduclion de cette chevre a laiue soyeuse, a conslale que sa cbair est excellenle pour la bou- cherie; sou lait est aussi tres-bon et exempt de tout mauvais gout , mais il est peu aboudaut; et la race, si elle se naturalise en Europe, aura besoin d'etre perfectionnec h cct egard.

On lit dans le GaUgnani's messenger, du k decembre :

<t }.e bateau a vapeur Avon , de Royal mail Company , qui a subi une reparation complete et des modifications essentielles, avanl de partir pour le Bresil, Ie9 uovembre, a quilte aujourd'hui les eau.x. de Southauqjtou, pour faire une excursion d'essai, dans lebut principal d'eprouver I'eflicacite des vapeurs combinees de 31. Wetbered, essayees dejc^ avec taut de succes sur les bateaux a vapeur de I'Amiraate anglaise, le Black eagle et le Dee. »

(( Sur le conseil donne par M. Mills, avant qn'il se demit de ses

(( fonctions d'ingdnieur surveillant de la Compagnie, le systeme

« Welbered a ele applique sur VAvon, el I'essai qui devait avoir

« lieu aujourd'hui etait allendu avec impatience par les per-

a sonnes competentes. An depart, les machines marcbaient a

M toute Vitesse, faisanl 1(5 revolutions par minute, et apres qu'el-

<i les eurent travaille pendant Irois heures avec la vapour ordi-

<. naire, on appliqna les vapeurs melangees. Cette application a

(, donne tout aussiiot le resultat le plus satisfaisant, an jugement

<( de toutes les personnes a bord. II a ele directement prouve

(( que la puissance exercee etait plus forte d'environ cent che-

a vaux, en raeme temps que la consommation de combustible

.( (5tait reduile de 20 pour cent. 11 ne pout plus elre doutoux,

o apres cct cssai, que Tapplicalion generate des vapours melan-

« gees doive etre un grand bienlait pour la navigation oceanique,

« puisqu'elle procure le double avantage d'une consouunalioii

<: inoindre de combustible et d'une augmentation de puissance

(( (Times). »

Nous avons, en outre, sous les ycux une lettre de M. Ed. R. Col- lins, de New-York, dans laquelle il affirme que, sur un de ses paquebols transatlanliques, \c Bailie, on a obtenu autant de puis-

COSMOS. 647

sances avec Irois generaleurs seulement et les vapeurs melangees qu'avec tons les generateurs an nombre de six et la vapeur ordi- naire.

Le capilaine du Baltic, M. Comslock, ayant appris qu1l y avait beauconp de glace pres du cap Race , et qu'en ineine lemps d'epais brouillards rendaienl la navigation encore dangereuse, ordonua qu'on ralentit la niarche, eii veduisanl lo nombre de revolutions a neuf; mais on ne put y reussir aussi longtemps qu'on employa la vapeur surchaullee. II fallut, ce qui, d'ailleurs, etait facile, revenir pendant douze heures a la vapeur ordinaire. Ce meme capitaine, qui s'opposait vivement a ce qu'on appliquat le systenie Wethered au Baltic, admet deja qu'on gagne deux revolutions par minute, et al'firme bautement que tout navire a vapeur qui voudra gagnei- de la vitesse sera force de rempioyer. Le Baltic a perdu la moitie des rondelles de ses pistons pendant son dernier voyage, et pour epargner les autres , on a dO , dans le retour, diminuer de deux, ou trois le nombre des revolutions pendant buit jours; nonobslant ccla, ce paquebota gagne trois heures sur le Persia, comme le Persia avait gagne sur lui trois heui'es dans Taller, alors que le Baltic employait la vapeur ordi- naire. — Les modifications que subii I'Adriatic sont acbevees, ajoute M. Collins , et je me propose de le faire partir dans une quinzaine de jours, plein de confiance daus Tcxcellent effet de vos vapeurs conibinees.

Nousapprenons avec une vive doiileur la mort de M. Peclet, professeur fondateur de I'Ecole ccntrale des Arts ct Metiers, au- teur si eslimdd'un Traite de physique elementairc , du Traite de la chaleur appliquee a I'indaslrie et aux arts, du Traite de I'eclairage, etc., etc. M. Peclet etait un travailleur infatigable; I'exces de I'application etde profonds cbagrins auraient-ils altere de bonne heure sa constitution si rol)uste? II ne quittait presque pas son cabinet d'etude ou son laboratoire de I'ficole centrale. II kii repugnait de publier une seule donne,' numcrique qu'il no I'eut veriflee lui-meme par de nombreuses experiences ; aussi passail-i! des semaines et des mois a etudier les lois de Tecoulenienldes fluides, do la propagation de la cbaleur, etc., etc. II est mort 4 soixante-cin([ ans, le lundi 7 decembie, presque an moment ou la Iroisieme edition de son Traite de la chaleur allaitetre livree a rimpiession. Une foule inmi'use assislait k ses obscques ; elle prouvaitparsa Iristesse que la France venaitde perdre un hommc vraiment utile, une de ses g'o res Ires-pure.

(5f,8 COSMOS.

M. James Murray expose, clans la derniere livraison du Jour- nal de la Socicte des arts, unc idee henreuse et qu'il croit riche (lu plus grand avonir : il s'agit de faire servir le gaz carbonique, I'amnioniaque, le gaz acide sulfureiix, et les autres gaz qu'on ei- trait par calcination ou par reaction chimique des carbonates, des sulfures et des matieres organiques, h elever, sans machines il vapeur et sans piston, de grandes masses d'eau destinees soil k ralimentalion des villes, soit h I'irrigation des terns; on meme temps qu'avec les residus de la calcination ou des reactions chi- miques on prepare de grandes quanliles de cristaux Ires-em- ployes dans Teconomie domeslique, la medecine, les arts, I'agri- cullure, etc., etc. Par exemple, le gaz acide carbonique extrait de la dolomie, traitee par des acides mineraux ou la calcination dans des cornues avec d'autres carbonates, pent exercer a I'inte- rieur d'un reservoir piein d'eau de fumier une pression capable d'elever en un jour plusieurs centaines de tonnes d'engrais li- quide. Un metre cube de dolomie ou de marbre contient 400 me- tres cubes d'acide carbonique, qui, au moment de son expulsion des cornues chauffees au rouge, peul deplacer plus de 1 000 me- tres cubes d'eau represenfant mille tonnes d'engrais liquide. Une tonne d'os desseches pent donner naissance & 8 400 decimetres cubes d'acide carbonique, dont les fabricants de super-phos- phate de chaux ne liennent aucun compte, et qui cependant, par des manipulations faciles, peuvent etre amends au sein des fosses de fumier des fermes, et incorpores aux engrais dont ils accroi- tront la valour dans une grande proporlion, puisque I'acide car- bonique est un des principaux elemenls naturels des plantes. On perd anssi assoz communement I'ammoniaque resultant de la distillation des os; or, M. Murray, en le combinant a des phos- phates et k du bicarbonate de magnesie provenanldela dolomie, le Iransforme en sels doubles ou triples d'une grande valeur. A I'appui do ses assertions, M. Murray presente une collection de six sdi'los de ciistanx deposes dans les eaux-meres qu'il ohtient en I'aisant dissoudre dans des bassins les residus de ses opera- tions ; ce sont : 1" un phosphate d'ammoniaque et de magnesie, tres-efficace dans le traitement des cachexies scrofuleuses et du ramtillissemont des os; 2°un sulfate d'ammoniaque et de magne- sie; '■)" un chlorate double de magnesie et d'ammoniaque; 4" une combinaison en parties egales de phosphates d'amnioniacpie et de magnesie; 5" un phosphale double de sonde et de magnesie; 6" un phosphate double d'ammoniaque et de potasse.

PIIOTOGRAIMIIE.

Coilotlion sec

Par M QuiNET.

La derniere seance de la Socicle francaise de photograpliie, du 23 novcmbre, a ete signalee par un evenementdont nous devons rendre compte aux photographes abonnes au Cosmos.

M. Quinet affirme avoir resolu, de la manierela plus complete, et avec un succes inespere, le probleme capital de la pliotogra- phie sur collodion sec. II prepare aussi longlemps a I'avance qu'on le vent, des plaques petiles et grandes, Louies sensibilisees, toutes pretes a etre exposees a la lumiere, et dont on pourra se servir & volonte pour negatifs ou pour posilifs. L'epreuve, soit positive, soit negative, pourra, a son tour, n'etre developpee qu'apres huit jours ou plus. Seulement , comme apr6s la pose I'action chimique se poursuit memo dans Tobscurite, on devra avoir egard au delai qu'on mettra entre I'instant ou Ton posera et celui ou Ton developpera I'image , et abreger d'auLant plus la pose que ce delai devra etre long. Dejii M. Quinet a depose entre les mains de divers mambres de la Sociele, de M. Forlier enlre autres , des glaces sensibilisees depuis trois mois , et qui ont donne de Ires-bons resultats. II a apporte avec lui des plaques sensibilisees, et demande a operer devant I'Assemblee, seance tenante, k la simple lumiere de la lampe moderateur. CcUe favour lui est accordec, et en trente secondes, M. Quinet oblient ua positif solarie ou brule par la lumiere; ce qui prouve quele temps d'exposilion a ele trop long. On recommence , en ne laissanl la plaque dans le chassis que quatorze secondes , et I'lmage se de- veloppe parfailement. Celte rapidite d'impression, celte facilite de developpement , excilent une vive admiration parmi tons les membres presents, et M. Quinet recoit des felicitations unanimes. Son invention comprend deux choses : un collodion simple, mais prepare d'une maniere speciaie , dans des conditions parti- culieres, avec uneniatiere cboisio; 2''des agents revelaleurs nou- veaux, au nombre de deux ou trois. La nouvelle melhode possede d'ailleurs les avantages suivants : 1" comme on I'a deja dil. la plaque collodionnee et scnsibilisce, sans plus de peine que par ics precedes ordinaires, sc conserve indefiniinent, et est toujours prete h recevoir TimprCssion de la lumiere ; 2" la sensihilite du nouveau collodion sec n'est inferleurc a celle du collodion bumido

650 COSMOS.

que d'lin cinqni6me environ, d'nn tiers au plus ; de sorte que le temps d'exposition rostera sensiblement le menie; 3" on estenlie- renient mailrc du developpement de Tepreuve, on la renfoi'ce, onrallaiblit, on lafonce, on Feclaire a volonte, on la fait , en un mot, virer de ton avec une facilite extreme, et de tres-faible de- Tenir ires-forte, comme dans les procedes de developpement cliimique les plus perfeclionnes. M. Quinet ne dit pas et ne vend pas son secret, il est resoiu h exploiier lui-meme sa decouverte, en metlant dans le commerce des plaques ou glaces preparees d'avance , comme on vend aujourd'hui des papiers sensibilises, etdes flacons doses, contenant ses agents revelateurs.

II nous semble tres-important que , sans exiger , en effet , de M. Quinet qu'il sorte de la reserve dont il s'est fait une loi, la Societe consente a verifier olTicielleraent les resultats qu'il annonce , et formule son opinion dans un ties-prochain rapport. SiM. Quinet ne s'illusionne pas,s'iln'exagere pas, et ce que nous avons vu se produire sous nos yeux enleve deja a cetegard pres- que toute inquietude , il aura fait faire a la photographie un grand pas , il aura realise un des progres le plus ardemment desires.

M. Bertsch comprend qu'on puisse preparer avec le collodion sec de pelites plaques de verre, de maniere i ce qu'elles con- serventleur sensibilite; mais il a peine a croire que Ton puisse reussir de la meme maniere sur de grandes plaques. Interpelle par M. I'abbe Moigno , M. Quinet repond que la grandeur de la plaque n'est nuUement pour lui un obstacle insurmontable, que la difficulte ne croit nuilement avec les dimensions ; il s'engage a deposer entre les mains de M. Bertsch des plaques sensibilisees aussi grandes qu'il le voudra, et qu'il pourra soumettre itoutes ks epreuves qu'il jugera utiles ou necessaires.

a*os5tiis sur collodaoM par luiprcssion dii-ecte

ProceJe de JI. W. Jackson.

he Journal de la Societe phofographique de Londres ayaut, dans son numero de juin, afflrme qu'il n'existe aucune methode con- nue pour produire des positifs par lumifere transmise et dans une seule operation, M.; Jackson rappelle qu'il a produit de sem- blables images^il y a deux ou trois ans, par une leg6re modifica- tion apportee dans le procedd sur collodion pour les negatifs.

Sa methode consiste a suivre le procede ordinaire, avec I'acide pyrogallique comme developpement, mais aussitot qu'on apcrcoit

COSMOS. 651

que le developpement commence a s'operer, la plaque dolt etre immediatement portee au lavage, et puis plongee de nouveau dans le bain de nitrate d'argent. En traitant la plaque encore par la solution developpante, les tons du posilif commencent a se laisser apercevoir, tant par Inmiere reflechie que par lumiere transmise.

Una autre methode plus expeditive consiste a laisser subir aux plaques, aussit6t que I'lmage apparait sous Taction du bain deve- loppant, rinfluence de la luuiiere diffuse du jour. L'effet est man- que cependant si I'image est deja Irop developpee, car, dans ce cas, le negatif se fonce davanlage.

Un collodion couleur d'ambre vaut mieux pour ces expe- riences; on doit aussi employer le nitrate d'argent ordinaire, et non le nitrate fondu. Le collodion mince est le plus sensible, mais ne donne pourlant pas des tons aassi fonces que du collo- dion plus epais. Quant a la force du bain de nitrate, I'auteur I'a varie de toutes les manieres; il a trouve que les solutions faibles sont plus faciles t\ manier, mais ne donnent pas des ombres aussi fortes que les solutions plus concentrees. 1^,35 de nitrate pour 31 grammes d'eau additionnes de U gouttes d'acide acetique cristallisable, donnent les meilleurs resultats. On ameliorera le ton des epreuves et on rendra leurs ombres plus foncees, en cbassant par le lavage le liquide developpant, et plongeant la plaque dans une solution de nitrate contenant environ 2 grammes de nitrate pour 31 grammes d'eau; puis en appliquant de nou- veau le liquide developpant. Geci doit etre fait avant qu'on ait 6te la coucbe d'iodure d'argent.

Si l'effet entier s'est produit, I'image (apres que la plaque a et^ lavee avec une solution de cyanure de potassium) apparait comme xm negatif in forme lorsqa'elle est vue par la lamiere reflecbie; si l'effet n'est que partiel, I'image apparallra comme un positif faible dans une lumiere transmise ou reflecbie. La couleur des teintes varie beaucoup selon la proportion de nitrate employee et de I'acide acetique; le negatif revet souvent une-teinte couleur complementaire de celle du positif.

Pour empecber les ciels de se developper trop, I'auteur couvre ces parties d'un ecran, de mani^re que les autres parlies de I'e- preuve soient plus longtemps exposees. La couleur des epreuves depend encore beaucoup de la quantite d'iode libre qui se trouve dans le collodion employe.

ACADEMIE DSS SCIENCES.

Seance du "i decemhre 1857.

L'illustre aslronome M. Plana, de Turin, par rintermediaire de M. Elie do iloauinont, fait lioinmage do ccux de scs ouvragesque la bibliolhwiuede I'Institut ne possede pas encore, ct qu'il a pu se procurer; il transmet, en outre, une liste complete de lous les volumes et Memoires qu'il a publics, soit separement, soit dans les divers recueils scientifiques. Dans une des dernieres notes publiees par lui , M. Plana a (^ludie physiquement et mathemati- qnementla question delicate de la formation des petites planetes. Entre les deux hypotbeses qui les font naitre, la premiere de I'e- clatd'unegrosse planete dontelles seraient les fragments disper- ses par le cboc d'un autre astre ou par explosion ; la seconde, de la rupture d'un anneau de matiere nebulcuse condensee, suivant la Cosmogonie de Laplace. M. Plana se prononce en faveur de cette seconde bypotliese.

M. le major Poll croit que sa decouverte du tannate de fer comme succedane du quinquina et du sulfate de quinine est digne d'un prix. Monlhyon ou du prix Breant; il attend en consequence un de ces prix de la bienveillance de I'Academie.

M. Steinheil croit pouvoir reclamer sur M. Foucault la prio- rite des telescopes en verre argente a leur surface interieure ou anterieure. 11 invoque h I'appui de sa reclamation un article de la Gazette universelle d'Augsbourg, du 2^ mars 1856, dans lequel il a decrit les resultats qu'il avait obtenus d'un premier miroir de 4 pouces argente par la methode de Liebig, et poll a la brosse impregnee de rouge. M. Steinheil afflrme que la beaute des images des astres, vus dans ce miroir, I'avait frappe ; qu'il avait, des ce moment, augure le brillant avenir de ce nouveau genre de teles- copes, et qu'il avait vivement presse les artistes d'en faire I'objet d'eludes approfondies. M. Foucault ne connaissait certainement pas les essais de M. Steinheil quand il a eu de son cote, et tout k fait indcpendamment, cette meme idee si beureuse; nous ne la connaissions pas nous-meme, qui suivons cependant si attentive- ment le mouvement scientifique de I'AUemagne. S'il perd la prio- rite, le pbysicien francais conserve au moins, dans toute sa pureld et son inviolabilite, I'honneur de ne s'etre pas arrete un instant dans la poursuite de sa decouverte, de I'avoir perfectionnee 0t agrandie chaque jour; d'avoir franchi d'un pas ierme et presque

COSMOS. 653

sans tatonnements la distance qui separe un U pouces d'un 7 pouces, un 7 pouces d'un 17 pouces, etc. La melhode d'argen- ture de M. Licbig, employee par M. Steinheil, ne didV're an reste qu'accidentellcnient, ou par la nalure differeiite de la subslance organique servant, a precipitcr I'argent, de la melhode de Drayton suivie par M. Foucault.

M. Marqfoy, ingenieur de la Gompagnie des chemins de fer du Midi , adresse la description imprimee d'un nouveau systeme d'appareils e'lectriques destines a assurer la securite de la circu- lation sur les cliemins de fer -^ une ou ci double voie. Ces appa- reils sont de quatre sortes et ont pour but : d'empecher les accidents dus aux erreurs d'aiguilles; 2" d'empt'cher deux trains d'aller a I'encontre Fun de I'autre ou de se rejoindre sur la voie unique; d'empecher deux trains, allant dans le menie sens, de se rejoindre sur la voie double; de couvrir les stations, ainsi que le font les (hsques mecaniques actuellement en usage. « On a propose, diL M. Marqfoy, bien des syslemes pour prodiilre des signaux k distance a I'aide de relectricite; mais tous, sans excep- tion, ont un defaut essentiel : micun d'eux ne donne la preuve de I'eorecution du signal; des lors, on ne peut leur atlribuer la moindre confiance, et, a I'heure qu'il est, les trains coureni: des dangers permanents. Mes appareils procurent une securite abso- lue, parce qu'ils remplissent les conditions snivantes : l" lors- qu'on manoeuvre un signal A distance, un repetiteur, mil par le signal lui-meme, indique d'une maniere certaine si le signal a ete reellement fait ; I'execution des signaux est confiee a la main de I'homme, et, quand le signal ne fonctionne pas, il y a toujours un agent present qui le constate; 3" sur la voie unique, les appa- reils sont places contre le mur exierieur des stations : les signaux sent ainsi en vue des agents de la station, des agents des trains et meme des voyageurs; sur la voie double et aux aiguilles, de naeme qu'a I'entree des stations, les appareils sont encore en vue de tous les agents qu'ils interessent; en aucune circonstance, les appareils n'indiquent de faire partir un train s'il doit etre re- tenu; 5" lorsque, par une cause quelconque, rupture de til, mau- vais etat des piles, etc., I'appareil ne fonctionne pas a distancf, il accuse toujours son derangement; 6" lorsque Telectricite at- mospherique pdnetre dans I'appareil, et est assez forte pour le faire mouvoir, elle ne peut jamais detruire le signal qui annonce que la voie est engagee; les signaux s'executenlau passage de tous les trains et non dans les cas speciaux d'irregularitcs de

654 COSMOS.

marche; le maiivais Pntrctien dcs appareils, les oublis ile ma- nceuvre ne sont plus possibles. » Ces conditions sont reolloment tres-bien formulees, et leur ensemble, en les supposant toutes remplies, doit procurer une securiie aussi grands qu'il est pos- sible de I'atteimlre.

La solution nouvellc d'un difficile et important probleme, donn(^e par M. Marqfoy, semble done plus complete que toutes cellos qui ont precede. Huit de ses appareils de voie unique et quaire appareils de voie double, parfaitement construits par M. Breguet, fonctionnent deik tres-regulierement sur les sections de voie fenee de Dax ^ Saint-Vincent et de Bordeaux. La serie entie.e s'l xperimente en ce moment comme demonstration dans une des salles de la direction des telegrapbes, et comme appli- cation sur le chemin de fer du Midi. M. le directeur general des telegrapbes nous a otfert de faire manoeuvrer lui-meme devant nous les appareils -modeles; nous nous rendrons ci son invitation et nous en parlerons alors avec connaissance de cause. Conten- tons-nous de faire un enumeration rapide des agents electriques et des manoeuvres qui protegent chaque service. Service de la voie unique : un disque & deux faces blancbe et rouge de 25 cen- timetres, une aiguille, trois commutateurs. Lorsque le courant passe, un instant, \m declanchement a lieu, le disque tourne de 180". Lorsque le courant ne passe pas, I'aiguille est verlicale ; lorsque le courant passe, I'aiguille s'incline k ^5". Le signal donne par un chef de station a ete fait , si son aiguille s'incline immediatement Le depart d'un train ne peut avoir lieu qu'a la double condition que le disque soil blanc, et I'aiguille inclinee. Service de la voie double : un disque rouge et blanc de 25 cen- timetres, un levier pouvant prendre deux positions. Chaque levier agissant seul donne k son disque et k celui du garde precedent des couleurs contraires. Ouand le courant passe , le disque est blanc; quand le courant cesse , le disque est rouge. /Vussitot le passage du train , le garde met son levier dans la seconde posi- tion, etson disque se met aussitot au rouge. D6s que ce premier garde est averti par la remise de son disque au blanc, que le train a depasse la maison de garde suivante, 11 remet son levier dans la position de repos, et cesse son signal d'arr6t. Quand le train passe, le levier est deplace ; quand le disque se remet au blanc , le levier est remis a sa position de repos. Service des aiguilles : un contact electrique placd sur le support de I'aiguille, wn disque rouge et blanc, de 50 centimetres de diam6tre, place

COSMOS. 655

a 500 metres de raiguille, du cole d'ou vient le train, et relie par un fll conducteur. A I'etat de repos, le courant iie passe pas, le disque est rouge; quand le courant passe , le disque est blanc. Ouand I'aiguillc est bieii fdite, le courant passe, le disque estau blanc; quand I'aiguille est mal laite, le courant ne passe pas, le disque est forcement rouge. II est absolument impossible que le disque soil blanc, si Taiguilleest malfaite. tv" Service des stations : un disque de 50 cenlimelres, rouge des deux cotes, un disque repetiteur de 25 centimetres de diametre, un levier. Chaque fois que le courant passe inslantaneiuent, le disque tourne de 90". Le disque repetiteur est parallele a la voie, quand le courant ne passe pas; perpendicuiaire , quand le courant passe. Quand la station est ouverlc aux trains , les deux disques sont paralleles ii la voie ; quand la station est termee, les deux disques sont per- pendiculaires ti la voie.

M. delaP.once, enseigne devaisseau, qui, quoiquejeune en- core, a beaucoup navigue etpeut deja monlrer de beaux etats de service, a ose aborder, de son cote, pour le resoudre cldcacemenl, un problenie d'hydrographie tres-diilicile, si dilficiie, que des of- ficiers de marine ires-distiiigues et tres-exerces ne croyaient pas a la possibilite de sa solution. II s'agit de construire un instru- ment qui, en pleiue mer, indique non-seulement la direction des couranls a la surface et a differentes profondeurs, mais permette de mesurer avec une approximation sufiisaiite la vitesse de ces courants marins ou sous-marins. Les hydrographes americains out reussi k constaier I'existence d'un assez grand nombre de courants sous-marins , mais par un procede imparfait, et qui ne donne aucune mesure. La sonde qu'ils emploient est tres-lourde, et descend avec une tres-grande vitesse de chute ; si celte vitesse est raientie par la presence d'un courant , si la sonde est enlrai- nee, la main exercee du sondeur le sent, et a la rapidite plus ou moins grande avec laquelle son til de sonde se deroule, 11 se fait une idee de la vitesse du courant. M. de la Ronce, lui, a la pre- tention bien fondee d'arriver & construire un instrument complet; il y parviendra , parce qu'il a ete assez heureux ou assez habile pour decouvrir un principe nouveau et simple, qui pent, en eOet, servir de point de depart dans la construction d'un indicateur mesureur des couranls sous-marins. Indiquons rapidement la serie des idees qui out conduit noire jeune et habile compatriole au but qu'il voulait atleindre. Considerons dans une mer quel- conque deux courants superposes ; tout corps grave, obeissant k

656 COSMOS.

Taction tie la pesanteur , cprouvera dans un certain sens, en pas- sant du courantsuperieurdans lo courant infericur, une pression hoi'izoiitale , resultant dc la dlU'erence dcs qaanllles de mouvc- mcnt des deux masses d'eau. Si le corps lemonte en repassant du couranl inferieur dans le courant superieur, une diflerence de pression se fera de nouveau senlir. Ces dillerences de pression dans le passage d'un courant^ un autre, on t leurraison d'etre dans la tendance d'un corps quelconque, en vertu de son inerlio, h prendre la vitesse des milieux qu'il traverse, ou a ceder a I'en- trainement des courants.

Cette tendance a I'enlrainement par le courant est necessaire- ment proporlionnelle au carre de la vitesse v du courant, et varie par consequent dans le passage d'un courant k un autre. Elle est aussi proportionnelle i\ la surface s du corps , en raison inverse de sa masse m; elle sera evideniment d'aulant plus petite, c'est- &-dire que le corps pesant mettra d'autant plus de temps ^

prendre la direction et la vitesse du courant, que le rapport ^

de la masse m du corps pesant a sa surface s sera plus petite. Cela pose, admetlons que Ton place I'un au-dessus de I'autre, pour les faire penetrer presque ensemble dans un menie courant, deux corps de masses et de surfaces tres-differentes, telles que les rap-

ports -7,-7-, dont dependent les prcssions subies par le cou- rant et les tendances a I'cntrainement, different autant que pos- sible; une sonde lourde, par exemple, de forme allongee, et une girouellc en metal tres-leger adaptee au sommet de la sonde; la sonde el la girouette pouvant tournor autour d'un axe commun. Si cet ensemble, en descendant dans la mer, rencontre un cou- rant, la girouette evidemment cedera plus rapidement que la sonde a I'impulsion du courant; les axes dc figures, d'abord pa- ralleles, cesseront de I'etrc, il y aura deplacement relatif et de- placement dependant a la fois de la direction et de la vitesse du courant. Pour apprecier cette direction et cette vitesse, il suffit done d'apprecicr le deplacement relatif de la girouette, de le rendre visible a la surface, de le faire apparaitre a I'oeil de I'ob- servateur qui a jete la sonde : cette seconde partie du problerae exige I'intervention de Telectricile. Notre habile artiste, M. Fro- ment, affirme qu'elle ne presente aucune difficulle serieuse; que I'appareil indicateur des courants, construit sur les principes que nous venous d'etablir, sera bientOt realise et fonclionnera parfai-

COSMOS. 657

tement. Rien n'empechera meme que Ton arme d'un rheom6tre la partie anterieure de la girouelle pour mesurer directcment la Vitesse du courant sous-marin. En resume, ce qui rendait presque impossible, ou du moins tres-diCdcile, en pleine mer, la consta- tation de Texistence et de la vitesse des couranis, c'elaitl'absence de toute direction fixe; et le merile de M. de la Honce consiste dans la substitution, a laquelle personne n'avait songe avant lui, d'un appareil forme de deux parties relalivemenl mobiles ou se deplarant inegalement, une sonde et une girouelte, a une masse unique; decettemaniere, la sonde devient comme le point fixe oa la direction llxe par rapport h laquelle la girouette se deplace, en mettant en evidence la direction et jusqu'a un certain point la Vitesse du courant.

M. Correnwinder, de Lille, adresse des recherches sur la belterave, etudiee surtout au point de vue des changements, ac- croissements, elaborations, transformations de fliiides, etc., qui se produisent dans la seconde periode de sa vegetation; nous regreltons de ne pouvoir les analyser des aujourd'hui.

M. Garreau afflrme de nouveau qu'il est impossible de lui refuser la priorite de la decouverte des proprietes toxiques ou insecticides du sulfure de carbone, et croit avoir le droit de se poser comme concurrent a I'un des prix Monthyon.

~ M. I'abbe Fortoul presente un savant Memoire d'analyse ayant pour objet la tbeorie matliematique des pbenomenes de la capillarite.

Les actions moleculaires qui se passent au contact des solides et desliquides ont ete I'objet des travaux denos plus grands geo- metres : Clairaut le premier a essaye d'en donner la tbeorie; apres lui, le celebre auteur de la Mecanique celeste a consacre k ce chapitre intdressant de la physique une section importante de son immortel ouvrage. EnQn I'illustre Poisson en a fait le sujet d'une publication speciale, dans laquelle il a passe en revue la plupart des cas ou se produit la capillarite. Apres ces grands tra- vaux, le sujet semblait epuise ; toutefois, s'il n'y avait pas lieu de reprendre par la base la tbeqrie do la capillarite, il restait bien des details a ameliorer. La tbeorie des pbenomenes capillaires avait ele jusqu'ici consideree comme un chapiire isole dans la question generale des figures d'equilibre des liquides, ilelait im- portant de I'y raltacher plus etroitement. Laplace et Poisson tirent tres-peniblement de I'equation difl'erentielle de la surface capillaire la loi de 1' elevation ou de la depression en raison in-

658 COSMOS.

verse des rayons des tubes etroits. line demonstration plus simple etail (lesirce. Enfin I'accord de rexperience ct de ia theorie avait etc plus d'une fois coiitesle, ct pout-etre avec raison, en s'en te- nant aux conclusions et aux hypotheses de Laplace et de Pois- son. M. I'abbe Fortoul s'est elForce de demontrer que I'accord existe, lorsque la theorie, laissant de c6te toute hypotliese, prend sinipleuient en consideration toutes les donnees de la question.

Lc Ucuioire commence par relablissemenl de la formule qui rattache les phenomenes capiilaires k la liieorie generate des fi- gures d'equilibre desliquides. Apres avoir modific celte formule de maniere a tenir compte des differences de densite des liquides aux divers points de leur masse, I'auteur, par un procede rapide iiidiquc par Gauss ct developpe dcpuis avec elegance par M. Ber-= trand, en deduit Tequation dinerenticlle generale de la surface capillaire. Par Tintegration de cette equation, ct a I'aide de ce qu'on a appele la loi de Tangle, il arrive ensuite tres-simplement

elablir que I'elevation ou la depression capillaire, dans les tubes etroits, est en raison inverse des rayons de ces tubes. L'expres-

sion z = -— r '- que donne le Memoire , pour la hauteur

2go,n r ^

capillaire moyenne, c'est-a-dire pour la hauteur prise en un cer- tain point intermediaire entre le contour du menisque et son point le plus has, est d'une extreme siuiplicite. Cette expression

s'est aussl presentee sous la forme z. = - ^-^, w etant Tangle

de deux lignes menees en dehors du liquidc, et normales, Tune a la surface capillaire sur son contour, Tautre a la surface inte- rieure du tube, au point ou elle est coupee par la surface capil- laire. Cette derniere forme fait ]-essortir d'une maniere sensible I'etroite parente qu'il y a entre I'elevation et la concavile de ia surface capillaire d'un c6te, entre la depression et la convexit*^ de Tautre cOte.

9p2_f/ 2 I

Dans Texpression z -^ , p est le coefficient de Tat-

2go,„ r '

traction de la matiere du tube sur le liquide; ai est le coefficient

de Tattraction du liquide sur lui-meme. L'auleur arrive done a la

conclusion que la matiere do lube a une influence rdelle sur la

hauteur capillaire. Si cette influence a ete contestee, cela vient

de cc que, avant de plonger un tube dans un liquide, on le mouille

avec le liquide dans lequel on doil le plonger. La colonne ascen-

dante n'est reellement pas alors en contact avec le tube, et Ja

COSMOS. 659

couclie liquide, prealablement appliquee sur celni-ci, annule son action sur cette colonne. Aiiisi I'auteur explique tres-bien com- ment on apu conclnre a la non-action dn tube; mais la maniere dont s'y sent pris ceux qui ont nie cette action ne pronve reelle- ment rien conti-e la tbeorie. Qu'on prenne done des tubes parfai- tement propres, que par tels moyens qu'on aura & sa disposition on debarrasse leurs parois de la couche d'air adherenle, et qui pourrait empecher le contact entre le solide et le liquide; on verra alors que I'elevation et la depression cbangent avec la ma- tiere des tubes. D'ailleurs, les physiciens qui nient I'influence de la matiere des tubes sur I'eievatiou capillaire, reconnaissent cette influence sur la depression. Or, ces phenomenes sont-ils de na- tures diverses, I'un et I'autre sont en raison inverse des rayons des tubes ; la temperature tend a nous faire passer de I'un k I'autre, dono I'analogie senible autoriser c'l conclure de I'un h I'autre pour I'influence dont nous parlous.

L'element theiuiomelrique a ete introduit dans les formules du Memoire que nous analysons. Si Ton appelle ^o la bauteur ca- pillaire a la temperature du maximum de densite du liquide, I'auteur etablit que, a la temperature f la hauteur capillaire sera

z, = z.- Qi,

Q etant fonction des coefficients de dilatation de la matiere du lube et du liquide. L'auteur a trouve que sa formule s'accorde avec les formules empiriques etablies par MM. Brunner et Wolf pour exprimer Taction de la cbaleur dans les phenomenes ca- pillaires.

Enfin les lecteurs a qui la tbeorie capillaire de Laplace est presente, saisiront un trait de ressembiance entre I'equation

__2^^j-_ar 1 g^ jgg conditions d'attraclion que Laplace assigne

2 g On, 1' pour que la surface capillaire soit concave, plane on convexe. L'auteur ayant tcnu compte lui-meme des differences de densite, ce trait de ressembiance I'a porle h croire que ceux qui ont re- proche a Laplace de n'en pas avoir tenu compte pourraient s'(5tre mepris et n'avoir pas bien saisi sa pensee.

M. Lapeyre appelle I'attention sur les moyens a I'aide des- quels 11 est parvenu a preserver les vegetaux des effets de la gelee. II s'agit tout simplement de cornets en papier que Ton ins- talle au sommet de batons ou de tuteurs.

M. Violet, de Lille, adresse une note ayant pour objet, si

€60 COSMOS.

nous avons bien entendu, Temploi des capsules enflammees par des moycns chimiqucs.

M. Giicrin Meiuieville, & qui I'ordre du jour des dernieres stances u'a pas pennis de prendre la parole , depose uii Memoire ou note trc's-etendue sur trois especes d'insectes hemipteres, du groupe des punaises aqualiques, dont les oeiifs, au iMexique, servent a faire une sorle de pain, et, suivant M. Virlet d'Aoust, serviraicnt de point do depart ou de noyaux aux globules des fonnalions oolithiques. M. Guerin lAIennevilie a entendu parler pour la premiere lois, en 18^6 , de ces insecles et de leurs oeufs transformes en aliment; et c'est en 1851 seulement qu'il a pu se procurer , grSce a JM. Gheliani , de Turin , les details necessaires pour pouvoir en parler avec connaissance de cause. Ces details etaient consignes dans une lettre ecrite a M. I'abbe Craveri par son frere, preparatcur de cbimie et de physique a I'ecole de Me- decine de Mexico.

(c Ces insectes et leurs oeufs sont tres-communs dans les eaux douces des lagunes qui avoisinent Mexico, et dans d'autres en- core. On va cbercher dans la lagune de Chalco une sorte de jonc nomnie Toule , sur les feuilles duquel ces insectes aiment ci pon- dre. On fait de nombreux faisceaux de ces joncs el on les porte daus une autre lagune, celle de Tesaico, ouon les aligne en grand nonibre dans I'eau. Les insectes netardent pas a venir y deposer leurs oeufs; au bout d'un certain temps, on retire les faisceaux, on les fait secher, et on les bat sur de grands draps pour en deta- cher les myriades d'oeufs dont les insectes les out converts. Ces ceufs sont ensuite niondds et tamises , mis en sacs comme de la farine, et vendus au peuple qui en fait des gateaux ou des sortes de galettes nommees Hautle, qui sont assez bonnes a manger, mais qui ont un goiit de poisson assez prononce et legerement acide. Quant aux faisceaux de joncs, on les replace dans la lagune, ils donnenl une autre recolte, et cela se continue indeli- niment. Les Mexicains prennent, en outre, des quantites de ces insectes enfauchant, pour ainsi dire, dans I'eau, au moyen d'une truble ; on les seche et Ton s'en sert pour la aourrilure des oi- seaux. A Mexico , on vend cette marchandise dans les rues et au marche en criant : Hloschitos! Moschitos I comme on fait en Eu- rope en vendant du inouron pour les peiits oiseaux.

Les insectes dont on transfurme les oeufs en galettes sont de deux sortes appartenant au genre Corise, de Gecffroy, hemipteres de la tribu des Notoneclides , de la famille des h\drocorises ou

COSMOS. 661

punaises d'eau, qui compte plus de soixante-dix especes tr^s-diffi- ciles a disiinguer entre elles par dos caracteros cxlericurs. La premiere forme une espece nouvelle, bien disUncle par les cuisses anlerieures des males qui sont tres-epaisses, ainsi que par d'au- tres caracteres mentionnes dans la description detaiilee quej'en donne, et dans les figures qui accompagncnt mon Memoire. Je lui ai donue le nom de Corixa femorata. La seconde a ete decrite d'apres des individus aclieles au marclie de Mexico, ct publiee en 1831, par Thomas Say, entomologiste araericain, sous lenom de Corixa mercenaria.

Les oeufs de ces deux especes sont fixes en quanlites innom- brables contre les feuilles triangulaires du jonc dont sont formds les faisceaux que Ton depose dans I'eau. lis sont de forme ova- laire avec un petit bouton au bout el un pedicule a I'aulre extre- mile, au moycn duquel lis sont fixes sur un petit disque arrondi que la mere coUe a la feuille.

Parmi ces oeufs, qui sont fres-rapproches et quelquefois fixes I'un sur I'autre, comme on le voit dans une des figures de mes dessins , on en observe d'autres considerablement plus grands, allonges et de forme cylindriquc , colles par le flanc contre ces memes feuilles de joncs , el qui appartiennent a un autre insecte plus grand, a une veritable i^Jotonecte tres-voisine des Notonenta americana et variabilis des auleurs. Cependant , comme elle ofTre des caracleres qui la dislinguent de ces especes , je la decris et represente comme une espece nouvelle que i'ap|)ellerai Notonecta unifasciata , a cause de la large bande transversale blaiiche du milieu de son corps en dessus. »

M. Le Verrier, faisant completement abstraction de la dis- cussion soulevee dans la derniere seance, dcmande a exposer les perfectionnements apportesal'horlogerie eleclrique par M. Liais, et qui sont en cours d'execulion a I'Observaloire imperial. Le probleme qu'il s'agissait de resoudre etait celui-ci : Un lieu elant donne, a une distance quelconque de I'Observatoiro, la Bourse de Paris, par exemple, montrer sans cesse en ce lieu I'heure avec la minute et la seconde exactes. M. Liais a trouve de ce probl6me deux solutions : dans la premiere, I'borloge regulalrice est ins- taliee k I'Observaloire ; il n'y a a la Bourse qu'nn cadran avec ai- guilles des heures, des minutes et des secondes. L'cxaclilude absolue des indications est assuree par une disposition inge- niense qui fail que le mouvement s'arrete sur le cadran de la Bourse des qu'il n'indique pas exactementla m6me seconde que

662 COSMOS.

la pendiile de FObsorvatoire , qui signale eel arret a I'Observa- toire, et pormot de retalilir, A unc fraclion de soconde pres, I'uni- formite des indications. Dans la seconde solution, le regulaleur est (itahli a la liourse et transmet ses indications, heure, minute, seconde, sur un cadran installe dans I'Observatoire imperial. A I'aide d'une disposition non moins ingenieuse et sure que la pre- miere, en agissaut sur les aiguilles du cadran on rcagit sur les aiguilles du n'gulateur de maniere a ce que leurs indications soient toujours parfailement concordantes. Ces solutions sont evidem- ment toules nouvelles, ct nous n'avons qu un regret, celui de ne pouvoir les exposer plus explicitement. M. Ce Verrier affirmc qu'en ce qui concerne I'agencement electrique elles peuvent etrc regardees des aujourd'hui comme completes; I'agencement me- canique seul laisse encore a desirer; mais dans ces termes ce n'est plus qu'une question d'horlogerie, ou mieux, puisque les habiles horlogers ne nous font pas defaut , qu'une question de temps.

L'Academie se forme en comite secret potu' la discussion des litres des candidals a la place devenue vacante par la mort de M. Thenard. La section a ete unanime pour placer en premiere ligne M. Fremy seul; en seconde ligne, ex a'quo, MM. Henri Sainte- Claire Deville el Wurtz; en troisieme ligne, ej; tef/uo, MM. Ber- theiot et Cahours. Cette liste a recu I'approbation complete de TAcademie, et la discussion n'a fait nailre aucun dissenliment. Dans une allocution parfailement conciliante et admirablement improvisee, M. Dumas a fail ressortir avec un bonlieur inoui les litres de chacun des candidals, les proclamant tons vraiment di- gues du choix de I'Academie, declarant que si cinq places etaient vacantes a la fois elles pourraient elre remplies immediatement toutes cinq, au plus grand honneur de rilluslre corps.

Dans le courant de la semaine, le president, M. Isidore Geof- froy Saint-Hilaire, a annonce que M. Berthier avail fait une chute grave, et que son etal inspirail des inquietudes serieuses a ses amis. Ne en 1782, M. Berthier compte soixante-quinze ans.

VAIilETES.

nienioire »>ur lei^ equivalents de.^ corpsi simpies

Tar M. J. Dumas.

Anahjse faile avec mots memes <le I'autctir.

Les chiffres exacts qui representent les equivalents des corps simples semblent ouvrir a la philosophic iialurelle, par les rap- ports singuliers qui s'y revelent, de nouveaux et profonds ho- rizons.

Berzelius, qui a fait de cette question I'objet des experiences et des meditations de toute sa \ie, etait reste convaincu que les chiffres representant les equivalents des coi'ps simples n'avaient entre eux que des rapports fortuits, lesquels meme s'evanouis- saient le plus souvent a niesure que I'experience, mieux interro- gee, permettait h robservateor de serrer de plus pres les valeurs veritables de chaque ecjuivalent.

Au contraire, un chimiste anglais, le docteur Prout, signalait, il y a longtemps, une relation singuliere qui se manilestait entre ces chiffres si disparates au premier abord, et montrait que, I'equi- valent de I'hydrogene etant pris par unite, ceux des autres corps simples s'expriment generalement par des nombres enliers, et meme le plus souvent par des nombres pen eleves.

En outre certains equivalents, ceux des corps les plus analo- gues par leurs proprietes, sont quelquefois egaux, ou du moins lies entre eux par des rapports tres-simples, tels que celui de 1 :2. De plus, si Ton considere trois corps tres-rapproches les uns des autres par leurs allures chimiques, I'equivalent du corps inter- mediaire est assez souvent represente par la moyenne exacte des poids equivalents des deux elements extremes. Ainsi, deux opi- nions sont en presence : I'une, qui semble avoir ete suivie par Berzelius, conduit ti envisager les elements simples de la chimie minerale comme des etres distincts independaiits les uns des au- tres, dont les molecules n'ont rien de commun, sinon leur fixite, leur immutabilite, leur eternite : il y aurait alors autant de ma- tieres distinctes qu'ily a d'elements chimiques. L'autrepermet de supposer, au contraire, que les molecules des divers elements chi- miques actuels pourraient bien etre constituees par la condensa- tion d'une matiere unique, telle que I'hydrogene, par exemple, en acceptant comme vraie la relation remarquable observee par

66Z, COSMOS.

le docteur Prout, et comme fond^ le choix de son unilc^. Elle condiiirait h admetlre que des qiiantilds sernblables de cette ina- li^re unique pourraieni, par des arrangeiuents did'erenls, consti- tuer des elements de tneine poids, mais doues de proprietes dis- lincles. Elle ne r^pngnerait pas a envisager ]a molecule d'un ^l^ment iniermediaire enlre deux autres elements de la meme famine, comme etant produite par I'union de deux demi-inold- cules des elements extremes. Enfin elle assimilerait, par leur constitution presumee, les radicaux supposes simples de la chi- mic minerale aux radicaux composes de la cliimie organique dont la constitution est counue, Ics premiers dilTerant loulefois des seconds par una stabilite infiniment plus grande, el telle, que les forces dont la chimie dispose seraient insunisantes pour en ope- rer le dedoublement.

Premiere question. Les equivalents de tons les corps simples sont-ils des multiples de celui de V hijdrogene par des nomhres en- tiers? Deux equivalents font exception d'une maniere remar- quable ^ la regie de Prout : ce sonl celui du chlore parmi les me- talloides et celui du cuivre parmi les metaux. L'equivalent du chlore devait enlrer dans beaucoup de mes determinations comme moyen de controle, et 11 m'a paru indispensable de le verifier par les niemes methodes qui devaicnt etre mises a profit plus lard pour d'autres corps.

L'hydrogene etant pris pour unite, I'oxygene est represente par 8, ainsi que je I'ai demontre par la synthese de I'eau; le car- bone est represente par 6, aiusi que je I'ai demontre par la syn- these de I'acide carbonique faite de concert avec M. Slas; I'azote est represente par \h, je I'elablis par la combustion de I'ammo- niaque et par celle du cyanogene, en m'appuyant sur les equiva- lents dejft determines de l'hydrogene et du carbone. L'argent est des lors represented par 108 : les experiences si parfaites sur la composition du nitrate d'argent, effectuees par M. de Marignac, ne laissent aucun doule a cet egard; 11 sufflt de les calculer en prenant \h pour l'equivalent de I'azote, et 8 pour celui de I'oxy- gene.

Ceci admis, j'ai cherche combien 108 d'argent exigeaicnt de chlore pour se convertir en chlorure d'argent. 108 grammes d'ar- gent ont exige, pour se convertir en chlorure d'argent, So^^O de chlore.

La loi de Prout n'est done pas generalc : elle ne s'applique pas au chlore. Les experiences que j'ai laites sur le cuivre, soil en

COSMOS. 665

reduisant le bioxyde de cuivre, soil en transformant le cuivre en sulfure, placent I'equivalent de ce metal entre 31 et 32.

Les aufres corps simples que j'ai eu occasion d'eludier sem- blent rontrer au contraire sans difliculte dans la loi de Prout, et fournissent des equivalents exaclement multiples de celui de rhydrogene.

La loi de Prout n'etant pas confirmee dans son expression ab- solue, les equivalents de corps simples n'etant pas tous des mul- tiples de celui de I'bydrogene par uu nombre entier, faut-il en conclure que Prout n'avait inscrit dans I'histoire de la science qu'une illusion el non pas une verite? Telle n'est pas mon opinion.

La premiere partie de la loi de Prout demeure toujours viaie. Les elements des corps simples sont tous des multiples par un nombre entier d'une certaine unite; seulement cetle unite pour le chlore, et peut-etre pour le cuivre, serait representee par un corps inconnu dont I'equivalent aurait un poids egal a la moitie de celui de I'bydrogene.

Nous dirons done r/ne les equivalents des corps simples sont presque tous des multiples par desnombres entiers de ^equivalent de riiydrogene pris pour unite; que cependant, lorsqu'il s'agit du chlore, au moins, I'unite a laquelle it convient de le comparer est egal a 0,5 seulement de I'equivalent de I'hydrogene.

Deuxieme question. Existe-t-il des corps simples dont les equi- valents soienl entre eux en poids comme I : \ ou comme 1:2? La reponse a cette question ne semble pas douleuse quaud on jette un coup d'ceil sur une table des equivalents; mais 11 est si facile de faire nailre de tels rapports ou de les delruire eu dimi- nuant ou en augmentant les equivalents qui les presentent, sans sorlir des limites indiquees par I'incertitude ordinaire des resul- tals de I'experience, qu'on ne peat en realite, le plus souvent, rien conclure avec securite. Pour le prouver, je n'ai qu'a faire connaitre les faits que j'ai observes au sujet du molybdene et du tungstene. Ces deux corps simples passent pour avoir des equi- valents tenement pres de realiser le rapport de 1 : 2, que, jusqu'i ces derniers temps, la seule hesitation a leur egard consistait a savoir s'il fallait les representor par 46 et 92, ou par 47 et 94. Comme 11 me semblait facile d'obtenir en quantile considerable et k I'etat pur I'acide molybdi(iue cl I'acide tungstique, et qu'ils sont reductibles par I'liydrogene, je choisis d'abord ces deux corps comme base de la verification quej'avais en vue. En ce qui concerne le molybdene, je n'avais rencontre aucun embarras

666 COSMOS.

s^rieux; son equivalpnt, determine au moycn de Irois echantil- lons distincls d'acide niolybdique, s'est loujoiirs moiitre egal a U8. Le tungslcne m'a donne d'abord les resullats Ics plus discor- danls. Mais apres avoir ecart^ successivemcnt les nombrcuses causes d'erreni' , j'ai obtenu 92 pour equivalent du tungstens d'une maniere trop constante, pour qu'il puisse rester le moindre doute sur rexaclitude de ce chifTre.

Ainsi le molybdene el le tungsleno, unis par I'eLroite analogic de toutes lours proprietcs chimiques, par les rapports non moins complets de leurs proprieles physiques, deux corps dont les densites sont dans le rapport de 1 : 2, dont les volumes alomi- ques sont identiques, qui, en un mot, semblaient fails pour scrvir de type a tons les corps a equivalents en rapport sim])le, ont pour equivalents kS et 92, nombres entre lesquels aucun rapport simple ne saurait s'etablir. Faut-il conclure de cctte discus- sion que des rapports simples du genre de ceux que Ton admet- tait entre le molybdene et le tungstene ne peuvent jamais exister ? Je ne le pensc pas.

En eflfet , Foxygene etant represente par 8 , le soufre est repre- sente par 16, par exemple.

Berzelius, ii est vrai, toujours un pen dispose a nier I'existence des rapports scmblables, considere I'equivalent du soufre comme representd par 16,10 ou 16,06, d'apres des experiences qui lui sont proprcs, et qui, etant posteripures i\ celles qui ont ete eirec- tuees pour la rectification de I'eqaivalent du carbone, ont ete diri- gdes en vue de controler la regie du docteur Prout.

Cependant, ayant ramene le probleme a la simplicite la plus grande qu'on puisse lui donner , j'ai probablement pu me rap- procher davantage de la verite. J'ai cherche, en effet, combien 5, 10, 20 grammes d'argent pur exigeaient de soufre pour se con- vertir en sulfure. II est impossible de douter, d'aprfes le resullat de mes experiences, que si on represente Foxygene par 8, le soufre doive Fetre par 16. II exisfe done entre ces equivalents le rapport simple de 1 : 2, dont la chimie organique nous offre de si nombreux exemples , et qui reparait toutes les fois qu'on rencontre deux corps isoraeres, dont Fun derive dela condensa- tion de deux molecules de I'autre.

Ainsi, il existe des corps simples, dont les equivalents sont entre eux exactement dans le rapport de 1 : 2.

II en existe, en outre, dont les Equivalents sont tout a fait sem- blables. Le manganese et le chrome , dont les equivalents se re-

COSMOS. 667

presenlent egaleraent par 26 , nous en donnent la preuve.

Des corps analogues par leurs pfoprieles peuvent done avoir des equivalents exactement lies entre eux par des rapports Ires-sim- ples, tels que 1 : 1, 1 : 2, mais ilpeut arriver aussi que de tels rap- ports n'existent pas, meme pour les corps les plus analogues, quoique les nombres qui representent les vrais equivalents semblent aussi pres que possible de les realiser.

TROisitiME QUESTION. Etant donnes 3 corps simples apparlenant a la meme famille naturelle, I'equivalent du corps intermediaire est-il toujoui's egal a la demi-somme des equivalents des 2 corps extremes ?

Tant d'exemples semblent conflrmer cette regie, que Ton au- rait pu considerer comme inutile toute recherche effectuee en vue d'en verifier la valeur. En effet, 16+6i equivalents du soufrc et du tellure dojinent 80, dont la moitie iO represenle a tres-peu pres I'equivalent du selenium. 20+68, equivalents du calcium et du barium, donnent 88, dont la moilie hk representc I'equivalent du strontium. 7 et 39, equivalents du Uthium et du potassium, donnent 46, dont la moilie 23 est I'equivalent du sodiiun.

Mais un exemple suffira pour deuiontrer combien il faut etre circonspect , avant d'inscrire de tolles relations dans la science, autrement qu'a titre de precede mnemotechnique ou de provoca- tion a un examen pk;s approfondi. 11 est trois corps, le chlore, le brdme et I'iode, qui sont lies, comme on sait, par les affiniles nalurelies les plus elroites. Les proprietes physiques et les pro- prietes chimiques de ces Irois corps sont telles, que le brOme se montre toujours intermediaire entre les deux autres, et que I'histoire du chlore et celle de I'iode etant connues , on en pent deduire celle du brdme, sans se tromper.

J'ai contrOle par une melhode d'unegrande simplicite les equi- valents du br6me et de I'iode. En aduiettant pour le chlore I'equivalent 35,5, determine plus haut, j'ai trouve exactement 80 pour le brOme e' 127 pour I'iode , nombres conformes a ceux que M. de Marignac avait obtenus dans ses experiences d'une perfection absolue. II est done parfaitement certain que I'equi- valent du br6me n'est pas la demi-somme des equivalents du chlore et de I'iodi', encore bien qu'il s'en rapproche de si pres, que la difference ait pu sembler negligeable.

Pour trois corps de la meme famille, lepoids de I'equivalent du corps intermediaire pent done etre egal a la demi-somme des poids des equivalents des deux corps extremes ; mais le contraire peut

668 COSMOS.

aussi se realiser a Vegard des corps les mieux unis par des affinites notitrelles.

QuATRiEME QUESTION. Les jiomhres qui representent les equiva- lents des corps simples proprement dits , appartenant a la meme famille naturelle, offrent-ils dans leur generation quelqiips Ms analogues a celles qii'on decouvre dans la generation des nomhres reprcsentant les equioalents des radicaax organiques de la meme serie naturelle?

II existe plusieurs series de radicaux organiques, dont les equivalents sent parfaitement connus , et dont le mode de gene- ration n'a rien d'equivoque. Considerons d'abord les radicaux des ethers, le methylium, I'elhylium, le propylium, le butylium, etc. : C-H', C'fP, C^H', C^H^... U"+\

I. L'equivalent du premier de ces corps est egal a 15, celui du second ^ 29, celui du troisieme a Zi3 , el; ainsi de suite : en ajou- tant toujours 14 h celui qui precede , on forme l'equivalent de celui qui suit. II y a done un point de depart commun et une diflerence constante entre tons les termes de celte serie : ce qui revient a dire qu'elle represente une progression ascendante par dilference, dont la raison est 14, et dont le premier terme est 15. La formule a+nd represente done la generation de tous ces radi- caux, a etant l'equivalent du premier d'entre eux, et d la difT^- rence qui existe entre le poids de cet equivalent et celui du se- cond.

II. Mais les radicaux organiques ne se forment pas toujours par addition , comme dans le cas precedent : ils se produisent aussi par substitution , ainsi qu'on le voit dans les ammoniums composes. Un second radical, I'ammonium, AzH*, donne, en effet, naissance ci un grand nombre d'ammoniums composes , dans lesquels 1, 2, 3, 4, equivalents d'hydrogene, peuvent etre rem- places par 1, 2, 3, k, equivalents de methylium, d'ethylium, de propylium, etc, chacun de ces carbures d'hydrogene pouvant intervenir pour une ou plusieurs molecules, pourvu que la som- me de celles-ci ne depasse pas h. Cependant , si Ton considere les resultats numeriques produits par ces substitutions, on voit qu'ils se representent exactement , comme si Ton ajoutait h AzH'' des quanliles egales i"i 1, 2, 3, U fois C" II" : nous aurions done comme ibrnuile des ammoniums composes, produits par ces carbures d'hydrogene d avec I'ammonium a, la formule generate : a-hnd, a+nd', a+nd", a+nd'", etc.; n etant un nombre entier egal a k ou aii-dcssous, et d, d', d", d"', les poids des equivalents

COSMOS. 669

respcctifs de chacun des carbures d'hydrogene de la serie G" H" . En resume : la serie de radicaux des ethers se represente par la for- mule : a+nd, n n'ayant pas de limilc connue, et d etant inva- riable. La serie des ammoniums se represente par la formule : a+n {d, d', d", rf'"...), n etant egal a k, 3, 2 ou 1, ct d, d' , d", d'" , etant des nombres dislincts, souvent multiples enlre eux. La serie des stannethyliums se represente enfln par na+nd' , oii les nornbres a q\ d penvent etre repetes I'un et I'aulre un certain nombrede fois, et oule remplacement de I'elhylium parun autre quelconqne des radicaux des ethers permet de remplacer d'ail- leurs la quantile d' par les equivalents d, d", d"\ etc.

Ces falts etant constates, jetons un coup d'ceil sur les equiva- lents des corps simples, en prenant la precaution de ne compa- rer enlre eux que les elements bien connus pour appartenir k la meine famille naturelle, ainsi que nous I'avons fait, lorsqu'il s'a- gissait des radicaux composes de la nature organique. Com- mencons par un exemple qui ne puisse pas etre represente par les termes d'une progression simple. 1'' Tel est le cas du groupe forme par le fluore, le chlore , le brome et I'iode. Nous avons reconnu deja que les equivalents des trois derniers de ces corps sent representes par .S5,5, 80 et 127; reste a preciser celui du fluor. .I'ai trouve qu'il est egal a 19, tant par I'analyse d'un (luo- rure de calcium nalurel, d'une purete extraordinaire, que par celles de deux lluorures de potassium et de sodium , prepares avec des soins extremes et en cristaux volumineux. Or, les h chiffres 19, 35,5, 80, 127, que rien ne semble rattacher les uns aux autres , sont pourlant lies par des formules tout ix fait sem- blables a ceiles que nous ont offertes les trois genres de series ou progressions des radicaux organiques. En representant le fluor par a, la difference du Iluor au chlore par d, et par d' une diffe'- rence complemenlaire qui est necessaire pour passer du chlore au brdme, on trouve pour le fluor, le chlore, le br6me et I'iode : a, a->fd, a-i-2d-\-d', 2a-h2d-\-2d' ; ou en nombres : 19 fluor, 19_l_16,5=35,5, chlore, 19+33-1-28=80 brome, 38-F33+56=:127 iode.

L'azote, le phosphoro, I'arsenic, I'antimoine, et le bismuth, dont les equivalents respectifs sont representes par l/i, 31, 75, 120, 208, rentreraient dans la formule a, a+d, a+d-hd', a-\-d-\- 1d', a+d-i-kd': soit en nombres : Ik azote, 1^1+17=31 phos- phore, 15+17+4^=75 arsenic, 14+17+88=119 antimoine, 14+17+176=207 bismuth.

670 COSMOS.

3" Le caii)one, le boro, !e silicium et le zirconium ont pour I'quivalents les nombics (i, 11, 21, 33. Or, ces nombres parais- sent lies par les formules suivantes : a, a-\-d, a-\-Zd, 3a-f-3f/; ou bicn, 6 carbone, 6+5=11 bore, 6-1-15=21 silicium, 18+15=33 zirconium. Mais je n'ai pas encore examine si I'equivaient du zir- conium, en efTet, ne doit pas C'lvo. modifie, et je ne reponds pas que sa place soil ici.

W .I'ai reserve pour dernier exemple i'oxygene, le soufre, le seldnium et le tellure, dont les equivalents respeclifs sont 8, 16, /(O, 6/i; celui du selenium est porle a UO par des experiences dlrectes sur la formation du cfilorure de selenium, qui different sensiblement de cellos de Dorzelius.

Dans ce groupe do corps , I'equivaient du premier, I'oxygene, etant represente par 8, et la difference entre 8 et 16, premier et second terme de la progression, elant aussi dgale h 8, les valeurs de a et de d sont les memos. Oa pourrait done tout aussi bien les representer par n, 2a. 5a, Sa, que par a, a + d, a -i-Ud, a+-ld. L'analogie indique cetle derniere forme comtrre ccUe qu'il con- vient de prelerer, car on ne pourrait pas representer avec la seule valeur de a les divers corps compris dans les 3 series pre- cedentes. II faut n^cessairement y faire intervenir la valeur de d. Des lors, il parait peu probable que la sdvie de I'oxygene et du soufre ecbappe a la regie commune, et il reste seulement ^ re- marqner a son sujct que a=d, c'est-a-dire que le premier terme de la progression et sa raison sont i'un el I'autre represenl(\s par 8. On a d'ailleurs 8 oxygene, 8+8=16 soufre, 8+32=^0 sele- nium, 8+56=61 tellure.

C'est encore par une difference egale a 8 ou a ses multiples que sont relies entre eux le magnesium, Ic calcium, le strontium, le barium et le plomb, qu'on peut representer para, a+d, a+Ud, a-hld, 2a+10d: 12 magnesium, 12+8=20 calcium, 12+32=14 strontium, 12+56=68 barium, 21+90=10'i plomb.

Le lithium, le sodium et le polassium se raltachent a cette se- ric, parce que la valeur de (/ y est egale a 16, double de 8, et on a pour ces 3 metaux : a, a+d, a+2rf. 7 lithium, 7+16:=23 so- dium, 7+32:=39 polassium.

Dans les i-adicaux de la chimie organique, on voit reparaltre pour des series tout a fait dissemblables, telles que celles qui doivent leurs origines respectives an mi'tbylium et h Tammonium, des differences de meme valeur, 1/i par exemple, ou ses mul- tiples. Parmi les corps simples proprement dits, cette circons-

I

COSMOS. 671

tance se fait aussi remarquer, et 8 ou ses niuUiplos servent egalement de transition , a I'oxyg^ne, au soufre, an selenium et au tellure; 2" au magnesium, au calcium, au strontium, au barium et au plomb ; au lithium , au sodium el au potasslnui.

Ces exemples ne sent pas les seuls. l<]n eOet, j'ai cxamimi avec le plus grand soin {'experience par laquelle Bcrzelius a di;- termine I'cquivalent de I'etain. Toutes les precautions prises, j'ai toujours relrouve cependant 58,8, c'est-a-dire I'equivalent dc Berzelius. Mais, porte a une temperature elevee dans un creusel de platine, I'acide stannique, obienu dans chacuno de mes expe- riences, change de nuance et i)erd quelqucs (races d'eau que Ton ne peul jamais chasser en le chaull'ant dans un ballon ; cette correction operee, I'equivalent de I'etain remonte a 59.

L'equivalent de I'etain etant ainsi fixe a 59, celui de titane qui lui ressemble sous tant dc rapports, I'ayant ete d'autre part k 25 paries experiences si bien discutees de M. Is. Pierre, la difference entre ces deux corps demeure egale a 3'i. Or, entre I'azote et le phosphore, nous avions trouve une difference egale a 17, dont 3'i est exactement le double.

La serie fournie par le titane, I'etain et Ic lanlale donne, da reste, 25, 59, 92 ou 93, ou cette difference de 3i se reproduit egalement entre le premier et le second terme, entre le second et le troisieme.

Enli'c le chrome et I'uranium, dont M. Peligot a recliiie les ••quivalenis par dcs motils si irrecusables, et (lu'il a lixes a I'o et t)0, c'est encore '6li qui constitue la difference.

Entre le molybdene ^8 , et le tungstene 92, que nous avons deja cite plus haut, la difference est egale a hk. C'est cememe chilTre qui separele chrome 26 du vanadium 70. Si Ton iulercalait ces corps, cequi ne serait pas en desaccordavecleurs proprietes, on aurait la progression 26, UB>, 70, 92, dont la raison est 22.

Ces exemples suffiscnt pour demontrer que les analogies qui se revelent entre les families des corps simples non-metalliques, et les families des radicaux de la chimie oiganique, peuvent se retrouver dans les families nalui'elles fournies par les metaux.

La conclusion que je crois pouvoir tiier des r('sidlats quej'ai deja ohtenus, est favorable a la viie primitive du docteur Prout, qui admetlait que les equivalints des diveis elements connus etaient tons des multiples par nn nombre enlier d'unc certaine unite; seulementil I'aiit reporter, pour certains corps, cette unite a un element d'un ordre itif^rieur a I'liydrogene pour le poids.

672 COSMOS.

Elle ne Test pas raoins k I'opinion que je professe depuis long- temps, au sujet de la conlormite de constilntion qui me sembk* exister entre les radicaux de la chimie organique et ces radi- caux de la chimie minerale qu'on d^signe sous le nom de corps simples.

Lorsqu'on etudie les diverses progressions dont nous venons de constater Texistencc et de defmir les principaux termes, un caraclere general s'y montre toujours, soit qu'on prenne les exemples fournis par la chimie organique, soit qu'on envisage ceux que la chimie minerale elle-meme manifeste. G'est que le premier corps de la serie , le point de depart de la progression ascendanle, determine le caractere chimique do tous les corps qui en font partie. L'ammonium est reproduit, dans toutes ses qualites essentielles, par tous les ammoniums composes. Le me- thylium prete sa forme et ses allures a lous les radicaux des al- cools et des ethers.

Le type du fluor reparait de mOme dans le chlore, le brome et I'iode ; celui de I'oxygene dans le soufre, le seleniiun et le tellure; celui de Fazote dans le phosphoic , I'arsenic et Tantimoine; celui du tilane dans I'etain; celui du molybdeno dans le tungstene, etc., etc. ; comme si, en appelant a le premier terme de la pro- gression, et d sa raison , on elait autorise h dire que, dans tout equivalent a-i-nd , c'est a qui donne le caractere chimique fon- damental et qui fixe le genre, tandis que nd determine seulement le rang dans la progression et precise I'espece.

Ces considerations prendront plus d'autorite, quand j'aurai public I'elude d une famiile naturelle , dont I'hydrogene est le premier terme, ainsi que les experiences qui montrent que les proprieles physiques des corps simples sont liees a la place que chacun d'eux occupe dans la serie dont il lait partie. Quant a present, je conclus de ces etudes :

Que si les equimlenis des corps simples appurtenant a une mSme famiile natareUe, constituent toujours une progression par difference, a la maniere des equivalents des radicaux de la chimie organique; la raison de cette progression, sovvent constante, est parfois remplacee, dans quelques-uns des termes de la progression, par une raison equivalente, ce qui cache la simplicile de la loi.

i™p..i...erie de VV. IVemquet el Cie, A. TRAMBtAY ,

rue Garanciere, 5. propnelaue-gerant.

T. XI, 18 d^cembre 1857. Sixi^me ann^e.

G0SMOS.

NOUYELLES DE LA SEMAINE.

L'evenement dc la semaine scientifique a ete I'election qui avail pour but de remplacer dans la section de chimie I'illustre Thenard. Ainsi que nous I'avons deja dlt, cinq candidats, MM. Fremy , Henry Sainte-Claire Deville , Wurtz , Berthelot , Cahours, tous parfaitement dignes d'un des fauteuils du palais Mazarin, tous justement celebres, aspiraient a cetie glorieuse succession. Place au premier rang, M. Fremy se prdsentait dans <Jes conditions exceptionnelles ; car on se rappelait qu'il y a treize ans, dans la seance du 4 novembre 1844 , il ne lui avail manque qae deux voix, et deux voix d'amis, retenus par une indisposi- tion grave, pour I'emporter sur M. Balard, et succeder k Darcet. II est dur, quand on s'est vu si pres du seuil academique, d'at- tendre Ireize longues annees, avant de pouvoir le franchir; et il eut cte par trop cruel de s'en voir repousser une seconde fois et pour toujours peut-etre. Ce souvenir encore present a tous les csprits et h tous les coeurs , car M. Fremy est universellement estime et aime , rendait toute lutle impossible. Aussi , des le pre- mier tour de scrulin, le savant collaborateur de MM. Pelouze et Valenciennes, I'habile et consciencieux professeur de I'^cole polytechnique el du Jardin-des-Plantes, sur 59 volants , a obtenu 45 voix contre 7 donnees a M. Berthelot , 6 & M. Wurtz, 1 k M. Henry Sainte-Claire Deville, qui avail tout fail pour que ses amis , meme les plus inlimes , ne songeassent pas a lui. M. Fre- my a done ete proclame elu a une majorite imposante, qui equi- vaut presque a I'unanimite ; sa nomination sera soumise a I'ap- probation de SaMajeste I'Empereur, el dans la prochaine seance, il prendra possession de son fauteuil , aux applaudissements uni- versels des chimistes de la France el de I'elranger. Nous avons pu nous assurer par nous-meme, en Allemagnc el en Anglelerre, qu'au jugemenl dcsmaitres de la science, M. Fremy etail classe parmi les gloires futures de noire Acadcmie.

Dans quinze jours, nous assislerons a une election nouvelle, car dans le comile secret , la section de geologic et de mine- ralogie a declare 'd I'unanimite qu'il y avail lieu k remplir la place

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674 COSMOS.

devenue vacante par la moil de M. Dufrenoy. Cette fois, la lutte sera phis vive, le terrain bcaucoup plus dcballu, ;'i moins toute- fois que la section iie place au i)remier rang do sa lisle I\l. Pas- teur. Les autrcs canditlals sont MM. Charles Sainte-Glairc Deville, Dclesse, Descloizeaux, Daubrce, llebert, elc.

On a annonce, il y a quelques jours, la mort de M. de Bouche- porn, ingenieurtres- distingue, esprit profond, auteur de theories transcendantes, et qui jouissait, a Bordeaux, d'une reputation ex- traordinaire. II a ete enleve a .'16 ans, dans la force de TAge etdu talent, au moment ou il mettait la derniere main a la demonstra- tion d'une decouverte qui, dans la pensee devait le rendre a jamais cclebrc. Depuis les temps de Newton, on s'est habitue a regarder la pesanteur comme constanle ou invariable en chaque lieu parti- culier, comme changeant seulement d'un lieu i un autre, suivant une fonction connue de sa latitude, de son altitude, etc. Dans uq moment d'inspiration , M. de Boucheporn s'etait dit que si la .erre est emportee aulourdusoleil, par son mouvement de trans- jation dans I'espace, avecune vitesse quivarie chaque jour, plus grande au pe^-ihelie, plus petite a I'aphelie, il etait impossihle que cette vitesse variable ne se fit pas senlir par des variations correspondantes dans la pesanteur ou dans la gravitation des corps places a sa surface. II avail done affirme que, meme en un lieu donne , la pesanteur varie sans cesse el; varie en raison du cai'rede la vitesse de translation de la terre dans son orbite. JI faisait executer des appareils delicals, qui devaient demon-- trer la verite de sa loi, consequence nouvelle, mais inattendue, ou inapercue des grandcs lois de Kepler, lorsque la terrible mort s'est dressee devant lui, en lui criant qu'il n'y avail plus pour lui de temps, Tempus non erit amplius. 8a famille demandait dans la seance de lundi dernier qu'on ouvrit un paquet cachete, de- pose par lai, il y a quelques annees, ct c'est par la violation du sceau academique, dans ces circonstances si douloureuses , que son secret a ete devoile. Ne s'est-il pas fait illusion? Nous le di- rons bientOt.

Encore la mort qui nous demande audience : un medecin distingue, qui coinmencait h se fairc un nom par les cures mer- veilleuses de couperoses et d'achnees , qu'il allait multipliant chaque jour, grace a I'habilete avec laquelle il maniait I'agenl therapeutique si energique, que son auteur, M. Boutigny , d'Evreux, a baptise du nom barbare d'oxychiorured'ioduremer- cureux, M. le docleur Sellier etait plein de vie, il y a cinq jours,

COSMOS. 673

el CG matin, marcli, ses amis si devoues , ses clients si recon- naissanls, reunis en grand nomijre dans I'eglise dc Saint-Roch, pleuraient sa perte inattendue. Cette mort a ele pour nous coinme un coup de foudre ; nous ne pouvons nous faire a la pensee que nous ne verrons plus cet excellent homme, qui nous souriait avec tant de bonte ; qui accueillait avec tant de bienveillance les ma- lades que nous lui adressions.

Faisons sortir de notre compte rendu de I'Academie, pour le mettre en plcine lumiere, un fait tres-curieux, Ires-important, decouvert par M. Leroux, repetiteur a I'Ecoie polyteclmique, pre sente et decrit par M. de Senarmont. Vous prenez une bande en caoutchouc, une de ces bandes doubles, par exemple, dont on fait des serre-papiers ; yous la tenez par ses deux extreniiles, dans son etat de tension nalurelle ct sans efforts, vous TapprKjiiez contre les levres ou contre le bout du nez, et vous conslatez qu'elle est froide ou fraiche au contact. Vousreloignez', a une petite distance des levres ou doi nez, vous la tirez vivement, brusquement, par les extrdmitesi; alors qu'elle est tendue violemment, vous la ramenez au contact des levres ou du nez, ct vous constatez qu'elle est cbaude, ou que sa temperature s'est elevee de plu- sieurs degres. Vous I'eloignez, toujours tendue, a quelques milli- metres, vous faites cesser la traction , vous laissoz la bande reve- nir k son etat primitif, el quand elle louche de nouveau les levres ou le nez, vous constatez qu'elle est redevenue IVaiche ou froide. Vous obtiendrez les memes resultats aussi souvent que vous re- peterez I'experience. Quelle est la signification de ce fait singu- lier? II demontre de la maniere la plus frappante une des grandes iddes de M. Seguin aine, souvent developpee dans le Cosmos, et qui a enfin pris possession du monde: ridenlile de la force et du calorique, la transformation de la force en chaleur et de la cha- leur en force, I'equivalence mecanique de la force et de !a cha- leur. En effet, quand vous avez tendu la bande de caoutchouc, vous avez exerce un e(Ti»rt, vous avez fait agir une force; cette force n'a pas pu etre aneantie, ellc ne pent etre que dissimulee, transformee, et voila pourquoi vous la retrouvez sous forme de chaleur sensible. Quand la bande chaude revient sur elle-meme, c'est elle qui, ci son tour, produit un travail; ce travail ne pent pas etre produit de rien, il ne pent etre qu'une forme nouvelle d'une force anterieurc ; et, en ciTet, apres son travail accompli, la bande est redevenue h'oide; pour Taccomplir, ell a depense la chaleur qu'elle possedait. C'est ainsi que lorsque vous compri-

676 COSMOS.

mez im gaz, cc gaz cMe aux corps euTironnanls la clialeur equi- valente A la force depensee dans I'acle de sa compression; 'que lorsqu'un gaz se dilate, il emprnnte aux corps environnanls la chalcur neccssaire pour le travail de sa dilatation. II y a cepen- dant cntrc le gaz et la bande de caoutchouc unc dilTerencc capi- tale. C'est quand on la dilate que la bande de caoutchouc s'd- chaufTe; die se refroidit quand elle se contracte. Le conlraire a lieu pour les gaz, et cela doit etre, car c'est quand il se dilate que le gaz travaiUe, tandis que la bande travaille en se conlrac- tant. Ces ellets contraires peuvent cependant etre ramenes a un enonce connnun, ainsi que nous lefaisaitremarquerM. Foucault, dent Tesprit est si fin et si penetrant : I'etat naturel du gaz c'est la dilatation, I'etat naturel du caoutchouc c'est la contraction; on peut done enoncer comme un theoreme general qu'un corps donne de la chaleur quand on I'ecarte de son etat naturel, qu'il emprunte de la chaleur quand il revient a son etat naturel.

Fait^ ties sciences.

Les recherohes de M. Levy sur la formation et la composition des emeraudes de la mine de Muso (Perou), I'ont conduit ^ ad- mettre comme deux fails certains qu'elles sont formees par Toie humide; 2" qu'elles sont colorees parune matiere organique qui ne semble pas renfermer d'oxygene, et qui, par consequent, suivant loute probabilite, serait un carbure d'hydrogene. Sept analyses lui ont fourni, pour la quantite d'eau contenue dans le cristal, les nombres suivants : 2,13 ; 1,67; 1,93; 2,06; 1,65; 2,15; 1,67 ; moyenue, si en pared cas il est permis de prendre des moyennes, 1,89. En faisant abstraction de I'eau, on a, pour le carbonc et I'hydrogene representant la matiere organique, car- bone : 0,09; 0,06; 0,07; 0,08; hydrogene: 0,05; 0,03; 0,0^; 0,05. Les difl'erenoes, du reste assez legeres entre ces nombres, s'ex- pliquent tres-bien, dans I'hypothese admise, par la coloration plus ou moins foncee des divers echantiUons. La composition minerale moyenue semble etre : silice, 67,9; alumine, 17,9; glu- cine, 12, Zi; magnesie, 0,09; sonde, 0,07: les traces do chrome et d'acidc titanique sont comptees avec I'alumine. La quantite d'oxyde des bases est d'ailleurs, k la quantite d'oxygene de la si- lice, couime 1 : 1 : Zi. M. Levy a, en oulre, analyse le calcaire qui sert de gangue aux emeraudes, et il a trouve la composition sui- vante : carbonate de chaux, ^7,8; carbonale de magnesie, 16,7;

COSMOS. 677

carbonate de protoxyde de magnesie, 0,5; silice, '2k,h; aluminc, 5,5; glucine, 0,5; sesquioxyde de fer, 2,6; pyrite, 0,6; alcali, 2,6; total : 101,2. Le calcaire de Muso est noir avec veines blanclies, et contient, en outre des emeraudes, une certaine quanlite de pyrites dont la proportion en argile est tres-yariable. Ce q>ii prouve encore que I'emeraude est coloree par une matiere orga- nique, c'cst qu'elle perd sa transparence et sa couleur a une tem- perature tr6s-faible ; tandis que les pierres precieuses qui, comme I'ouwarovite, sont colorees par I'oxyde de chrome, reslent trans- parentes et colorees, meme sous Faction du chalumeau.

M. le docteur Gigon, d'Angouleme, avait afflrme, dans YUnion mecUcale, que I'urine a I'etat normal contient toujours de Falbumine, etque, si on n'a pas mis jusqii'ici ce fait en Evidence, c'est qu'on n'a pas eu recours au veritable reactif de I'albmnine, le chloroforme. M. Alfred Becquerel a prid M. Barreswill de I'ai- der a controler ces assertions singulieres, contraires ci lout ce que Ton avait enseigne jusqu'ici; et, apres des experiences nom- breuses faites avec toutes les precautions imaginables, le savant medecin et I'habile chimiste croient poiivoir fonuuier d'une ma- niere absolue les propositions suivantes : les urines normales additionnees de chloroforme et agitees avec lui, donnent un pre- cipite qui n'est qn'ime simple dmulsion, constitnee d'une part par le chloroforme, de I'autre par le mucus et la matiere orga- nique toujours contenus dans la secretion urinaire ; les urines normales ne conliennent aucune trace d'albumine; le chloro- forme est un reactif tres-infldele; il ne precipite qa'une parlie de I'albumine ; il laisse intact et en dissolution dans la partie supe- rieure du liquide I'albumine qui s'y trouve contenue.

Le cofficient de compressibilite, deduil par Xi. Jamin, du de- placement des bandes d'interference, est, par atmosphere, pour I'eau distillce ordinaire, 0,0000500; pour I'eau purgee d'air, 0,0000511; M. Grassi avait trouve, par des mesures directes, 0,0000504.

Le cofficient de refraction de la vapeur d'eau, determine de la meme maniere, et ramene par le calcul a 0, 760 millim. de pres- sion, est 0,000521 ; le cofficient thdoriqne deduit de celni de I'eau serait 0,000547; deduit de la composition cliimiqno, 0,000549. La difference entre I'indice de refraction do I'air ser et celni de Fair sature est, a 0% 197; a 10", U'l'i; h 20", 805, precedes de six de- cimales.

L'air sec est done plus refringent que I'eau; meis, comme Fres-

678 COSMOS.

nel et Arago Tavaient dej;'i trouvee, la diirerence ne se manifeste qu'ii la seplleine decimale.

G'csl on subsliluant, dans la lampe pourlcs cssaisau chalu- meau, al'alcool oua I'huile, dcl'alcool terebentliiiie, jirepareavec alcool ci 85°, 6 volumes, ou esprit de bois, h volumes, et essence de terebenlbine, 1 volume additionne de quelques gouttes d'ether, queM. Hsaniobtient, du chalumeau, dcs elTets caloriflques beau- coup plus considerables. 11 fond et arrondit en globule un fil de plaiine de 2 dixiemcs, un fil de I'er de 3 dixiemes de niiilinietre de diametre; 11 fond dans une cavite de charbon jusqu'a /»ls,6 de cuivre et 23",5 d'argent; les essais deviennent ainsi incompara- blenient plus faciles, et la flamme de reduction conserve toutes ses nuances caracterisliques. Pour que la lampe ne fume pas, ilfaut que le melange d'alcool et de tiirebenthine soil limpidc.

Dans ces dernieres annees on a commence e'l employer avec avantage, pour produire la detente variable de la vapeur dans les machines locomotives , une modification de la coulisse de Stephenson connue sous le nom de coulisse reiwersee. La coulisse ordinaire a sa convexite tournee vers le tiroir et sa concavite vers les excentriques; dans la coulisse renversee, au contraire, le tiroir est dans la concavite de Tare dont elle est formee, et la convexite do cet arc fait face aux excentriques. M. Phillips, qui avait donne la theorie de I'ancienne coulisse, s'est cru oblige d'honneur k donner aussi la Iheorie complete de la seconde. II a tres-savamment resolu les deux problemes suivants : etant donues les elements d'une distribution, c'est-a-dire le rayon d'ex- cenlriciti', Tangle de calage, les recouvrements exterieur et inle- rieui' du tiroir, la longueur des barres d'excenlriques, celle de la coulisse et la position du coulisseau dans celle-ci pour chaque cran, chercher de quelle maniere s'opercra la distribution pour les diilert-nls crans de delente, c'est-a-dire calculer pour chaque cran de la marche en avant et en arriere et pour chacune des faces du piston I'avance lineaire, I'admissoin, la detente, I'avance a rechappement, la compression, I'ouvcrture maximum des lu- mieres d'admission et la course du tiroir; chercher ce que doivent clre les Elements de la distribution qui doit satisfaire poui- cerlains crans k des conditions donnees, d'avance lineaire, d'ouverlnre maximum de lumieres, d'admission, de detente, d'e- cha;»pement et de conq)ression.

' L" resnltat ie plus accessible de ce grand travail, c'est qu'avec la coulisse renversee, et en faisant usage de barres d'excentriques

COSMOS. 679

droites, on pourra pousser la detente plus loin qu'avcc I'ancienne coulisse.

MM. Sclilagdenhauffen et Freyss, de Strasbourg, resument, dans les propositions suivantes, une longue serie de recherches sur I'intensite et la Constance dcs diverses piles : I'intensite de I'element de Wollaston decrolt avec une extreme rapidile; I'a- malgamation du zinc augmentc considerablement I'intensite ct la rend plus constante: 3" si on anialgame a la fois le zinc et Tune des faces du cuivre, rintensite devient plus constante, niais moindre en valeur absolue ; h" les elements de Bunsen sont tres- peu constants malgrc I'amalgamation da zinc, mais ils sont plus energiques : la force electromolrice se maintient aux environs d'une valenr constante; 5" lorsqu'on laisse epniserun element de Daniell par la reduction du sulfate de cuivre, il presente avant la reduction un element a deux liquides, etse comporte comme tol; apres la reduction, il presente un element a nn liquide pareil a celui de Wollaston, ou le zinc et une des faces du cuivre sont amalgames, et il se comporte d'une facon presque identique; en general, la principale cause de I'inconstance du courant est I'augmentation progressive de la resistance.

M. Houzeau, a qui M. Thenard a confie, il y a plus de deux ans, le soin de resoudre d'une maniere complete le probleme important du dosage de I'ozone ou oxygene electrisd, croit avoir enfin reussi. Le reactif qu'il a deiinitivement adopte est I'iodure de potassium ou I'iodure potassique rendu complelement neutre, L'efficacite de sa metliode repose sur les fails suivants :

I. L'oxygene naissant est absorbe rapidement et en totalite par I'iodure de potassium neutre en dissolution dans I'eau.

II. Lorsque I'acide sulfurique et I'iodure neutre sont suffisam- ment ^tendus d'eau, ils ne reagissent pas I'un sur I'autre, soil a froid, soit a cbaud.

III. Sous I'influence de l'oxygene naissant et en presence de I'acide titre, I'iodure de potassium se decompose nettement en iode rendu libre et en potasse qui s'unit tout de suite h I'acide, ainsi que I'exprime I'equivalence KI + 0 = KO + 1.

L'operation comprend trois phases successives : L'absorption de roxijgme naissant par I'iodure potassique neutre en presence de I'acide titre en execs. C'est dans un ou deux tubes Will ordinaires que cette operation s'accomplit. Com- munement, pour une pipette de 10 centimetres cubes d'un acide sulfurique titre contenant 0s%0061 SO"' HO capable de saturer

680 COSMOS.

0"',00r)9 KO equivalent a Os',0010 d'oxygeiie naissant, on ajoute 1 centhnclrc cube d'une dissolution d'ioduic polassique neutre contenaut au maximum 0s',02() IK... En general, Fabsorption de Toxygene aclif est instantanee.

2" L'elimination de Viode lihre. Apres avoir verse dans un petit ballon do 50 a 100 centimetres cubes de capacile le contenu acide du tube a boules, ainsi que les eaux de lavage, on soumet la liqueur a rebuUition jusqu'i ce qu'elle se colore au point de ne plus presenter qu'unc teinte jaune-paille tres-faible. De la fiole, la dissolution acide ioduree est transvasee avec les nouvelles eaux de lavage dans le verre ou doit s'opercr le litrage.

."5° L'evaluation de la polasse produite. Apres avoir colore la dissolution avec quelques goutles d'une teinture de tournesol bleu sensible, on verse, a I'aide d'une burelte graduee, et jusqu'li I'apparition passagere de la teinte bleue, la liqueur alcaline nor- male dont le litre est deji connu. La diiference cntre ce litre trouve apres I'experience et le litre primitif determine avant I'o- peration, fait connaitre la potassc mise en liberie, d'ou I'oa eva- lue par le calcul roxygene actif qui lui a donne naissance.

N'oublions pas de dire que dans la premiere partie de son me- moire, M. Houzeau a demontre rinsulflsance complete des divers reactifs proposes jusqu'ici pour rapprecialion de la quantite d'o- zone conlenuc dans Fair; tous sans exception se modiiient sous les infiueiices les plus diverses; le papier de Scboeni)ein surtout, ioduro-auiidone, se colore au contact d'un grand nombre d'agents autres que I'ozone, et se decolore meme au contact de I'air hu- mide. On ne peut done accorder qu'une tres-faible confiance a toutes les observations ozono-metriques faites jusqu'ici.

Dans cbaque sysleme cristallin , les formes diverses ne sont pas distribuees au hasard. EUes semblent, au contraire, se reunir de maniei'c h former un certain nombre de groupes, en dehors desquels on ne Irouve qu'un petit nombre de formes assez dis- lantes les unes des autres, et qui deviendront peut-elre un jour des types de genres nouveaux. Quelle est la cause qui determine I'analogie do forme dans les diverses substances d'un meme groupe? Est-ce I'analogie de constitution atomique ; esl-une rela- tion simple entre les volumes atoniiques? La reponse calegorique a cette question ne sera peut-elre pas possible de longtemps. Tout rcceniment I'atlenlion de M. Marignac, de Geneve, a ete altiree sur un groupe du sysleme rhomboedrique tres-nombreux, coniprcnant des corps simples et des composes ti'es-divers, affec-

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tant toules des formes rhomboedriques, ou derivees de rhom- bo^dres, dont les angles sont compris entre 83" et 87" kO', et presentant tous ce caractere commun , que , par leur nature, ou par I'analogie de leur constitution avec d'autres composes , on serait conduit h leur supposer une cristallisation cubique , et k voir, avec M. Laurent, dans tous ces cristaux des formes trt-s- voisines du cube, et, par consequent , isomorplies du cube. Mais s'il en etait ainsi, les rhomboedres devraient osciller aulour du cube dans les deux sens , c'est-^-dire que leurs angles devraient ^tre tantdt inferieurs, tantot superieurs k 90 degres. Or ces angles sont tous , au contraire , comme on I'a vu , compris entre 83° et 87" !xO' ; leur valeur moyenne est de 85° 30' ; pour un seal de substances se liant par la nature a des composes appartenant au systeme cubique , Tangle du rhomboedre dopasse 90 degres. M. Marignac ne pense done pas que I'opinion de M. Laurent soit I'expression de la verite , et il attend avec patience qu'une etude plus approfondie des faits permette d'en formuler une autre.

M. Alexis Perrey a cru devoir transraettre h I'Academie une description de I'eruplion du volcan I'Awoe, dans la grande San- gir, les 2 et 17 mars 1856. Le 2 mars, entre sept et Imithoures du soir, une detonation d'une violence impossible k dccrire, et que rien ne faisait prevoir, retentit tout i coup. AussitOt la lave incandescente se precipite de tous cotes avec une force irresis- tible , le long des flancs dc la montagne , detruit tout ce qu'elle rencontre sur son passage, et fait !)Ouillonner les eaux de la mer, partout oil elle les atteint. Des sources chaudes s'ouvrent avec Tiolence, et repandent des masses d'eauxbouillantes, qui rava- gent et entrainent tout ce que Ic feu a epargne, Soulevee avec une force extraordinaire , comme par un tremblement sous-ma- rin, la mer se brise avec un fracas epouvanlable contre les rocbers; elle s'elance sur la tcrre, inonde le rivago, et ravit au feu ses conquetes desastreuses. L'nc lieure plus tard , surviurent des eclats de tonnerre , qui flrent trembler le sol ; c'etait un tumulte h ne plus s'entendre. Une noire colonne de pierres et de cendres s'elancant do sommet de la montagne, s'rflova jusqu'au ciel, et retomba en plaie de feu sur les flancs du volcan, qu'e- clairait seule la lave incandescente. A ce pbenomenc succeda une obscurite qui n'^tait interrompue que par les eclairs qui brillaient de temps en temps; ro3il ne pouvait dislinguer les objets les plus proches. La confusion etait generale, le d^sespoir

682 COSMOS,

a son comblc. De grantlcs pierres, lancees en Tair, brisaient tout ce qu'elles vencontraient dans lour chute. Habitations et recoltes, lout ce qui n'avait pas cle detruit par le feu , fut cnscveli sous la ccndre el les pierres; les torrents qui se precipitaionl de la mon- tagne, arrctes par les obstacles, s'etcndaient en formant des lacs, dont les rives s'elargissaient sans cesse, el bientot gonfles outre nature, acqueraient une nouvelle force devastatrice. Toul cela fut I'affaire de quelques lieures; vers minuil, les elements irrites reprirent leur repos. Le lendeniain, cependant, a tsiidi, ils recom- mencerenl avec une force nouvelle leur oeuvre de destruction; la pluie de cendre dura tout le jour; elle fut si intense, que les rayons du soleil ne purent la penetrer, et que I'obscurite fut ci pen pres complete. Le 17 mars, il y eut une nouvelle eruption, et le volcan reprit son repos. On ne vit plus d'aulre preuve de son ac- tivite, que la vapour (\m continuait a s'elever incessamnient des fentes eLdes crevasses. Le nombre des victimes de I'eruption a ete de 2 806 hommes , femmes el enfants. Toutes les terres de Taroina, de Kandhar, de Taljoekan, si bien cultivees, toutes ces charmantes plantations ont disparu sous la lave, les pierres et la cendre. Nous avons entre les mains un ecbantillon de lave vomie par le volcan et nous serious beureux que quelqu'un en fit Fa- nalyse.

Fails tie rindustric.

Mercredi 2 decembre, la Societe d'encouragement, tenait une seance exceptionnelle et extraordinaire dans laquelle U. Morin, directeur de la fabrique d'aluminium de Nanterre, devait montrer le nouveau metal sous toutes les formes que I'in- dustrie et I'art sont parvenus a lui donner, en I'appropriant a une foule d'usagesauxquels, ily a deux ans, on n'aurait peul-elre pas songe a I'appliquer. On savait aussi que M. Henri Sainle-CIaire Deville, I'illustre inventeur (cette qualification n'a rien d'exagere, car c'est bien une invention nouvelle) de I'aluminium, devait faire riiisloire de sa decouverle, enumerer et demontrcr les proprieles du metal dontil a dote I'industrie; on savait, enfln, que M. Dumas presiderait la seance, et qu'il se livrerait de nouveau aux inspi- rations de son enthonsiasme. Aussi I'assemblee etait choisie, nombreuse, condensee, conime aux grands jours des distribu- tions des recompenses; tons les membres du conseil, sans excep- tion, etaient presents. II n'y avail, en un mot, aucune place vide.

COSMOS. 683

Le bureau, et la longue table qui occupe le milieu de I'enceinte, etaient couverts d'objets fabriques en aluminium : de bassines et cornues de laboratoiro, d'uslensiles de cuisine, d'instrunients de physique, de bijoux de toute ospece. Cette variete incsperce elait a elle seule la preuve eclalante d'un p;rand progres accompli, d'une sorte de conquete inatLendue ; ct il est h notre connaissance que, si on avail fait appel a d'aulres promoteurs ardents de I'in- dustrie de I'aluminium, a M. Bishop, par exemple, I'agent si zele de I'usine d'Amtrevillc-la-mi-voie fondee par M. Martin, dirigee par MM. Tissier freres, I'exposilion improvisee aurait ete beau- coup plus riche encore, plus artislique et plus biiilante.

Nous etions k notre poste tout dispose a admirer, tout pret a transmeth'e a nos lecteurs nos impressions et nos jugements ; nous voulions, sans perdre de temps, analyser la lecon savam- ment timide de M. Deville, I'expose elincelant de M. Dumas, quand notre ami M, le colonel Komarolfnous a appris qu'il avait reussi a stenographier la seance entiere, et qu'il la publierait dans un des prochains numeros du journal le Nord, dont il est le correspoudant et le redacteur scientifique. 11 a tenu pro- messe, et nous sommes heureux de donner A son travail I'hospi- talite du Cosmos. Voici d'abord i'improvisation de M. Dumas :

L'ahiminiuiii est le metal de I'aiumine; I'alumine est la rouiUe de I'aluminium. L'alumine se trouve en grande quantite dans toutes les argiles; certaines en renferment jusqu'& 78 pour iOO de leur poids;or, 52 parties d'alumine contiennent 28 parties d'a- luminium; par consequent, '11 est des argiles qui fourniraient au besoin 33 pour 100 d'aluminium. Les meilleurs minerals de fer, en Angleterre, ne rendent pas plus de 33 pour 100 de metal, lei, ce n'est pas la richesse du mineral qui fait defaut : I'obslacle est dans la dilTiculte de I'extraction. Le metal aluminium peut etre fondu au rouge & I'air sans s'oxyder; plonge dans I'acide azotique, il ne s'oxyde pas davantage ; chauflfe au rouge-blano dans un tube ou Ton fait passer de la vapeur d'eau, il ne prend point I'oxygene a cette vapeur : le metal aluminium est done un de ceux qui se rouillent le plus difficilement, mais aussi c'est uh de ceux qui se derouillent avec le plus de difhculte. D'un autre cOte, mis en presence du chlore, I'aluminium se transforme aise- ment en chlorure, et le chlorure ainsi forme se decompose tout aussi facilement.

Lorsqu'il s'est agi d'obtenir I'aluminium, la premiere idee qui 4ut se presenter fut de copstiluer un chlorure crj^luuiinium et de

68^ COSMOS.

defaire ensuite ce meme chlorure, afin d'isoler le metal. Rien n'est pins simple que de defaire un uxyde de fer ou de cuivre; le charbon avec la chaleur amene une prompte ddsoxydation; mais le charbon est impuissant lorsqu'il s'agit d'aluminium et de chlo- rures. II I'allait songer h nn autre ingrediont. Le potassium peut etre employe dans les laboratoires ; mais c'est une substance chere et pou maniable. Son plus pres voisin, le sodium, pouvait remplir Ic meme office; mais ce metal se payait autrefois jusqu'a 5 000 francs le kilogramme ; son emploi devenait impossible dans celte condition. Pour arriver h la fabrication induslrielle de I'alu- liiinium, M. Deville devait, avant tout, organiser la production economiquc du sodium. Le sodium est le metal du selmarin: 58 kilogrammes de sel marin renferment 23 kilogrammes de so- dium et 35 de chlore; M. Deville est arrive k obtenir la totalite du sodium contenu dans le sel marin. II transformait d'abord le sel marin en carbonate de sonde, le melangeant avec du carbo- nate de chaiix et de la houille pulverisee ; il enfermait le tout dans un cylindre que Ton porlait au rouge. Le sodium se produisait par une distillation aussi tranquille que celle de I'eau; 11 se pro- duisait a peu de frais, sans aucun intermediaire dispendieux.

{La suite a un produiin numero.)

Waits ngricolcs.

Parmi les clioses utiles qui figuraicnt au palais de I'lndustrie en 1855, se trouvait le barrage-omnibus de M. Bel, dont nous avons deceit tons les avantages dans notre 1" volume. Simple et peu coQteux, nous pensions qne cet appareil serait bientot universellement adopte, surtout dans un moment ou chacun s'efforce d'inventer des moyens pour pievenir les desastres des inondations. Malheureusement il n'en est point ainsi; car voici ce que nous ecrit I'excellent M. Bel (nous le prions de nous excu- ser de reproduire ce passage desa lettre) :

« Malgrc son efficacite et son bas prix, mon barrage-omnibus se borne a mon utilite particuliSre, En sera-t-il de cet appareil, ainsi quo me le disait M. Jobard , de Bruxelles, comme de toute invention d'utilite capitale? Les decouvertes de premiere utilite ne prennent que difficilement et avec une extreme lenteur. Pour- tant il y a la, de I'aveu de MM. Dausse, Nadault de Buffon, de Lagournerie, Mangon, etc., du bon, du tres-bon. J'ai vu en juin i856, ^ D61e, h Auxerre et k Gray, la pointe des herbes dominer

COSMOS. 689

la superficie des inondations immenses qui couvraient les riches prairies avoisinant ces localites, et jc me dis : Si les deversoirs de derivation des usines de ces villes etaient baisses d'environ 1 metre et remplaces par mes ventaux hydromobiles, les eaiix ne i-eflueraient point, ne deborderaient pas; et ces belles prairies ne seraient pas perdues, et les usines ne s'en trouveraient que niicux. J'ajoutais : Et il ne serait pas necessaire de construire a grands frais des digues monstres , au risque de noyer les riches vallons des gorges desmontagnes, etc., etc. »

Unegrande discussion s'est elevee dansleJounifd d'agricul- tiire pralique de M. Barral, sur le prix de revient de I'liectolitre de ble. MM. Guillet et Lobit, proprietaires dans I'lndre et les Landes, avaient declare que I'hectolitre de froment qu'ils ont pu vendre 30 a 35 francs, ne leur coiitait que de 9 a 10 francs. M. RouYiile de la Grange, au contraire, afflrme que, dans le Va- lois, pres Gr-epy (Oise) , le prix de revient de rhectolitre de ble est de Ik francs; et conuue le prix de vente est descendu a 16 ou 18 francs , il faut se resigner a perdre le prix de ses capitaux, Tivre avec parcimonie , s'astreindre soi et sa famille a des pri- Tations de chaque jour, mener en un mot une vie de miserable. M. Bovis affirinc a son lour que, dans la Provence, le prix de revient de I'hectolitre de ble est de 22 francs 80 c. Or, il se vend actuellement 20 francs 20 c; la perte du cullivateur est done de 2 francs 20 c. par hectolitre. Suivant M. de Thou, dans le Loiret, on ne peut pas cultiver les terres, dont la moyenne est de 12 hec- tolitres , tant que le prix de vente de I'hectolitre de froment ne depasse pas 22 ou 23 francs; car il faudrait que le proprietaire se resignatci payer rimp6t, sans toucher de revenu. Resumantet fermant la discussion , M. Barral conclut que le ble ne doit pas descendre au-dessous de 20 francs I'hectolitre , pour que le pro- ducteur soit couvert de ses frais ; t ce taux de 20 francs, il y a benefice pour une agriculture progressive, mais il y a perte pour une agriculture arrieree.

Rohiou de la Trehonnais s'indigne de I'opposition que ren- contre encore la question vitale de I'amelioration de nos races francaises par les Durhams. Il appellc cette opposition specicuse, irreflechie, insensee, fatale. IMais prenons patience, s'ecrie-t-il tout a coup ; la lumiere finira par triompher des tenebres des prejuges. La cherte de la viande, qui entre de plus en plus dans la nourriture des classes laborieuses, finira par eclairer les plus recalcitrants, et lesforcera d'entrer dans la seule voie qui puisse

686 COSMOS.

assurer ;'i nos marches des approvisionnemcnls indigtoes suffi- sanls. 11 faudra bien qu'on en vienne au ci'oisement Durham, car la consommation iie peut plus altendre sepl ou huit ans pour la maturile d'un bopuf ; il liii iaut deji plus de precocltd; et plus nous irons, plus les exigences seront imperieuses, plus elles de- termineront le progres dnns la production.

M. Jacque exalte sur tons les tons les avantagcs de la race gallinc, dite de Creveca'ur. Gette admirable race, dit-il , produit certainement les plus excellentes voiailles qui paraissent sur les marches de France. Ses os sont encore plus legers que ceux de la race lloudan; sa chair est plus fine, pluscourte, plus blanche, cl prend plusi'acilement la graissc. Lespoulets sontd'une preco- cite inouie, puisqu'ils iseuvciit clre mis a rengraisscment a deux mois et demi ou a trois niois, et etre manges quinze jours apres. A cinq mois, une volaille de celle race est presque complete comme taille , poids et qualite. La poularde de cinq a six mois atteiut lo poids de 3 kilogrammes ; le coq de six mois, celui de 3 kilogrammes 500 grammes. Croisee avec le cochinchine pur, ou avec le produit issu du ci'evecffiur pur et du cochinchine pur, elle donnc des sujets rustiques, d'un beau volume et d'un gout tres-delicat. Lanourrilure qui convientlemieux a celle race est : les premiers huit jours , patee d'ceufs ; jusqu'a deux mois , patee de farine d'orge ; on connneiice alors a douiier graducliement de la grainc aux individus destines a la reproduction; pour les au- tres, on continue la patee jusqu'a I'engraissemenl complet.

M. Barral termine aiiisi son resume dela meleorologie agri- cole de la France, en octobre 1857 : A quelques rares exceptions pres, le mois d'octobre a ete assez favorable aux labours et aux semailles. Les recoltes de la saison se sont faites dans de bonnes conditions, notamment pour la betterave et le sorgho. Les chi- taignes ont etc partout tres-abondantes. La situation du betailest egalement salisfaisante ; on signale toutefois quelques cas de pleuro-pneumonie dans le Nord.

PIIOTOGRAPniE.

in des abonnes da Cosmos, M. Piallat, de Paris, nous commu- nique les fails suivants, en nous piiant de les publier. Nous nous rendons a son desir, niais en faisant remarquer que I'iiiiage ob- servee par lui a la surface de I'argent est une image do Moser, produile par les radialions obscures, el non ua effet de phospho- rescence.

« En lisant dans le Cosmos du 20 novembrc dernier, d'apres les recentes decouvertes de M. Niepce de Saint-Victor, que « le bois, (( I'ivoire , la baudruche, le parchemin , meme la peau vivante , (( se reproduisent sur un papier sensible, ajjres une insolation (( sulTisante; mais que les metaux, le vei're, les eniaux, ne se « reproduisent pas , » je me suis souvenu d'une observation que le hasard meflt faire , il y a plus d'un an , et qui se rattache aux memes phenomencs. J'avais chez moi une feuille mince d'argent bruni, dont les joailliers se servenl pour augmeuler I'eclat des diamants , en en cmprisonnant des fragments sous ces derniers. Cette feuille se trouvait tians uu papier imprime , et le tout enfer- me dans une boite de bois , par consequent , dans une complete obscurite. Au boui, de six mois, j'avais besoin de cette feuille d'argent ; je vis que les intervalles de I'impression se trouvaient reproduils sur la feuille d'argent, comme si cellc-ci avait etc sul- luree ; mais les mots etaient parfailement restes blancs et bril- lants; et on lisait tres-bien au rebours le lexte du feuillet dans lequel la feuille d'argent avait ete enfermee. Je fis voir cette feuille a plusieurs personnes, mais la cause m'echappa. Le papier avait probablement ete expose au grand jour, avant d'avoir ete par moi enferme dans I'obscurite; et ce phenomene est une modification de ceux decouverts par M. Ni'^pce de Saint-Victor.

« J'ai cherche a retrouver cette feuille d'argent, mais inutile- ment.

(( 11 est encore d'autres eftets qui se produisent journellement en photographie. Un papier sale et albumine, expose d'abord k la lumiere meme diduse, puis sensibilise cnsuite et conserve sus- pendudans unlieu obscur, sera jaune au bout de trois ou quatre heures, et par la impropre a donner de beaux blancs dans le tirage d'un cliche; tandis qu'un morceau de la memo feuille de papier qui aura ete tenu dans I'obscurite avant sa sensibilisalion, pourra se conserver tres-blanc, une fois sensibilise et place dans

688 COSMOS.

les memes conditions que le premier, pendant un temps trois ou quatre fois plus long. Mais je crois qu'ii part Icffet resultant do la condensation ou de remmagasinagc de la lumiere dans les pores du papier, d'autres causes concourcnt h la production ou h I'acceleration des mfimes phcnomenes.

)) J'ai sensibilise une feuille de papier sale et albumin*^ du com- merce ; une fois sechee, je I'ai enfermee dans un chassis , afm de reproduire un cliche. Ce chassis a etc place sur ma table, 11 faisait dej& nuit. II y est reste deux nuits ot deux jours ; le temps etait sombre, ma table assez eloignee de la fenelre. Le troisieme soir , mon epreuve etait assez venue , et avant de la mettre a I'hyposulfite , j'en rognai les marges qui elaientjusqu'alors res- lees blanches: un quart d'heure apres, dies claient violcttes. Une seule bougie eclairait ma chambre.

« J'attribue k roxygenc de Fair un changeraeut aussi rapide. Le papier avail du emmagasiner une certaine quantite de lumiere qui n'a pu agir sur le chlorure d'argent que hors du chassis, c'est-a-dire dans un milieu fournissant assez d'oxygene pour accelerer la revivification de rargent. II est vrai que ceci n'est pas d'accord avec la theorie chimique, car cc serait plutot au r6le de Vhydrogene d'operer une revivification : or Fair n'en conlient pas habituellement d'assez grandes quantitds pour que Ton puisse lui altribuer ces effets. Je ne sais si I'experience a die faito, mais je suppose que dans le vide de la machine pneuma- tique, un papier sensible ne doit que peu ou pas s'alterer, meme etanl expose aux rayons directs du soleil. »

lEuipIol de ralS>iia»!nc ammoniacalc daiss le tlrage des i»osl4ifs

Par j\l. Davanne.

L'idee d'employer en photographic I'albuminc melangee d'am- monia que, n'est pasnouvelle; MM. Humbert de Molard et Bayard I'ont indique dcpuis longtcmps. Mais , nulle part encore on n'a indique son emploi pour le tiragedes epreuves positives, quoiqu'il soil bien preferable a I'emploi de I'albumine seule. Pour preparer le bain, on prend: blancs d'oeufs, 300 centimetres cubes; eau, 200centim6lres cubes; sel, 25 grammes; on ajoute25 centigrammes d'ammoniaque pure. Les quantites d'albumine et d'eau varient suivant le brillant qu'on veut donner a I'epreuve. Communement les proportions d'albumine sont egales. En donnant de la fluidite au melange, I'ammoniaque lui enl6ve de son briUanl; ilfautajou-

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ter une certaine quantite d'albuniine pour rctablir roqiiilibre. Apres avoir enleve les germes des oeufs, on bat Ic lout en neige, et on fait usage du liquide apres douze heures de repos ; seulement, on doit eviter de se servir de cuvettes vernies, parce que I'ammo- niaque les attaque rapidement. Ainsi preparee , I'albiimine presente I'avantage de ne pas former de fils , de donner moins de builes, de passer assez facilement a travers des filtres en pa- pier; enfin,de se conserver parfaitement, plusieurs mois, sans s'alterer, ce qui permet de se servir d'un meme bain jusqu'a epuisement. L'ammoniaque ajoutee etant tres-volatile, disparait completement pendant la dessiccation des feuilles : il n'y a done pas lieu de craindre son action sur les bains posilifs. On pourrait seu- lement redouter qu'elle n'alteratrencoUage du papier, mais rien n'a indiquejusqu'ici qu'elle eut une action nuisible. Le bain pent se conserver un temps tres-long , car apres quatre mois de pre- paration, il est aussi bon qu'au premier jour. II faut avoir soin de lelillrerou decanter au moment de s'en servir; et ajouter de temps en temps quelques gouttes d'ammoniaque jusqu'a ce qu'il en repande forlement I'odeur. Quand il commence a s'epuiser on le complete avec de i'alburainefraiche preparoe conune ci-dessus.

Recompenses dislribuees uuj: pliolographes exposanls.

MfiDAiLLES d'EXCELLENCE. MAI. Charlcs Negre, Paris; Baldus, Paris, rappol ; Nadar, Paris, rappel.

MfiDAiLLES. Bertscb et Arnaud, Paris, rappel; Roger-Fenton, Londres, rappel; Paul Perier, Paris, rappel; Delehayeet Sluyts, Anvers; Giroux, Paris; Alary, Alger; Mailand , Paris; Paul De- londre, Paris; SouUier et Clouzard, Paris; Paul Gaillard, Paris; Maxwell-Lyte , Bagneres-de-Luclion , rappel; Ivan-Izabo, Edim- bourg; marquis de Berenger, Paris, rappel; Wothly, Aix-la- Chapelle; Jean Renaud, Paris, rappel; Ghemard et Severin , Bruxelles; Richebourg, Paris; Lemercier, Paris; Rylander, Londres.

Mentions honorables. Radoux, Bruxelles, rappel ; Toulouse, Paris; Pretscb, Londres; Davanne, Paris ;De la Blanchere, Paris; Jouet, Paris; Crelte, Nice; Duboscq , Paris; comte de Favieres, Lille ; Flottwell, Dantzig ; Burne et Judje, Londres ; Dartois, Pari.s; Gerotliwohl et Tanner , Paris; Johnson, Blackburne; Hermann Krone, Dresde; Michelot, Paris; Dieudoy, Namur; Jamin, Paris; rappel ; Marion, Paris.

ACADEMIE DES SCIENCES.

Seance du 14 de'cemhre 1857.

MM, Meyer et Pierson appellent rattention sur le precede de photographie par lequcl ils obticnnent sur toile de Ires -belles epreuves de portraits, auxquelles Ic i)inceau d'un peintre habile peut ensuile donner la coiileur et la vie.

M. Varnier eavoiela copied'un memoire dejapresenlepar lui au grand-due GonstaiiUn, sur les causes des accidents si nom- breux qui dans ces derniers temps ont assiege la flottc russe.

11 est question ensuite de raemoires sur la degeneration phy- sique et mentale de I'especehumaine, sur la statistique medicale, mais nous n'entendons pas lesnoms desauteurs.

-M. Georges Ville souleve contre M. Boussingault unereclama- tion solennelle de priorite relativement au role des phosp!iates dans la vegelation. II demande instamment qu'une commission soitchargeedeprononcer sur la realite de ses droits. :\1. Boussin- gault accepte la commission et declare en outre qu'il n'a jamais eu la preteniiou d'avoir mis le premier en evidence la necessite des phosphaiGs, necessite reconnue de tout Ic monde el depuis longtemps. Dans ses dernieres recherchcs, il a voulu tout simple- men t rapprocher les effets des engrais mineraux de ceux des en- grais azotes, pour montrer leur insulTisance individuelle. II est certain neanraoins, et nous avons ete le premier a le constater, que les conclusions du dernier mimoire de M. Boussingault sont tenement semblables a celles formuUies longtemps auparavant par M. Georges Ville, qu'il y a lieu de la part de celui-ci h une reclamation de priorite.

La famine de M. de Boucheporn demande I'ouverture d'un paquet cachete depose autrefois par lui. Nous rendons compte aiheurs de cct incident.

M. Mounier, professeur au Val-de-Grftce, depose la premiere parlie de ses recherches sur I'hygiene du soldat; en tant qu'elle depend de la forme, dc la nature, de la couleur de ses vetements.

M. Delavergne adresse la description d'un nouvel appareil de soufrage dc la vigne.

M. Jacquelin communique des documents pour serving This- toire de I'acide urique.

M. le comte Jaubert demande que son nom soit inscrit sur la liste des candidats a la place d'academicien libre devenue vacante

COSMOS. 691

par la mort de M. Largeteau, et adresse renumeration de ses titres scienlifiques; litres considerables, dit M. Flourens, et qui meritent de fixer Tattention de I'Academie. M. Biot ditfi son tour, a la louange de M. le comte Jaubert, quelqucs mots que nous n'entendons pas, mais qui contribuent a rendre plus sympa- thique encore la nouvelle candidalure.

M. le docteur Boulu adresse un nouveau resume des succes qu'il a obtenus dans le traitement electrique d'un grand nombre d'affictions diverses, et entre autres des adenites cervicales.

M. Fairbairn fait hommage de I'ouvrage qu'il vient de faire parailre sur I'application du fer fondu et forge a la construction des batiments.

M. Delesse prie rAcademie de le compter au nombre des candidats k la place vacante dans la section de mineralogie el de geologie.

M. Dumas depose au nom de M. Maumene , professeur de cliimie a Rheims, les premieres feuilles de son Traite de la fer- mentation alcoolique; son but, par ce depot, est de ])rendre pos- session dequelques ideesnouvelles, qui se font jour en ce moment sur plusieurs points a la fois.

M. Dumas presenle, au nom de M. Henri Debray, profes- seur au lycee Charlemagne, un Memoire relatif a Taction exercee sur les metaux et leurs oxydes par le melange d'un corps oxy- dant et d'un corps reducteur.

(( Les melanges que Ton pent ainsi concevoir sont nombreux, mais il en est deux surtout, le melange d'acide carbonique el d'oxyde de carbone , le melange de vapeur d'eau et d'hydro- gene, qui meritent un examen special , a cause du grand nombre de cas ou ils se trouvent naturellement produits et interviennent alors dans les reactions de la chimie.

(( Je n'ai pas i indiquer ici comment on se procure des me- langes d'acide carbonique et d'oxyde de carbone ;3e dirai seule- mentquelques mots du procede qui me sert a former des melanges en proportions connues , de vapeur d'eau et d'hydrogene.

» Je fais passer de I'hydrogene h travers un tube de Liebig, contenant de I'eau, portee au bain-marie, a une temperature constante pendant toute la duree de I'experience.

« Le gaz se sature d'humidite h la tension qui correspond a la temperature du bain-marie , et passe ensuite dans un tube oi'i se trouve la raatiere sur laquelle on experimente. On empeche la Yapeur d'eau de se condenser, eu chauffant les parties de Tap-

692 COSMOS.

pareil traversees par le melange qui s'ecliappe ensuite par im tube ouvert. Si le Ijain-marie est a la temperature de 82% par exemple , la tension de la vapenr d'eau est, d'apres 'SI. P.ognault, de 384""", '435 , c'est-a-dire 12 atmosphere environ. La tension de I'hydrogene est done aussi de 1/2 almospliSre , de sorte que la composilion du melange pent sensiblement se representer par la formule H + HO. Elle serait representee par la formule 2 H -h HO, si la temperature ctait de 72°,

<{ Voici maintenant quelqucs-uns des resullats que j'ai obtenus par I'emploi de tels melanges. Si Ton fait passer sur du sesqui- oxyde de fer chauffe au rouge, les melanges H + HO, 2 m- HO, 3 H + HO, on obtient toujours du protoxyde noir de fer, que Ton pent reconnaitre a quclques caracteres bien simples. Le barreau aimante est sans action sur lui, quoiqu'il agisse avec tant d'ener- gie sur le fer et I'oxyde magnetique ; il est facilcment combustible, et le produit de sa combustion est de I'oxyde magnetique, que Ton reconnait avec I'aimant. Enfm , on peut le dissoudre sans degagemont de gaz dans I'acide clilorhydrique, tandis que I'acide oitrique etendu I'attaque , en degageant des vapeurs nilreuses.

« Le melange represents par la formule 4 H + HO, ramene le sesqui-oxyde de fer k I'etat metallique ; et si Ton fait passer sur ce fer les melanges 3 H + H 0, 2 H + H 0, H+ H 0, le metal reste inattaque. H y a done un parfait equilibre entre Taction inverse de I'eau et de I'hydrogene, agissant dans ces diverscs proportions sur le fer ou sur son proloxyde.

« Le melange CO' + CO produit aussi du protoxyde de fer, quand on le fait agir sur du sesqui-oxyde ; il n'allere pas le fer metallique, il reduit, au contraire, les oxydes de nickel, de co- balt, de zinc, qu'il ram6ne h YeHal metallique.

(( On admet au moins implicitement que tons les oxydes des metaux qui ne peuvent decomposer I'eau , sont inaptes a operer cette decomposition. Cette supposilion qui n'a etc verifiee par aucune experience , est , en effet, erronee. Les oxydes rouges de tungstene et de molybdene peuvent decomposer I'eau h la tem- perature rouge, et se transforment alors en acides tungslique et molybdique.

(( ,\insi , en faisant agir des melanges sur les acides de tung- stene et de molybdene, on peut facilement obtcnir les oxydes intermediaires. Je me suis assure egalement que dans les melan- ges C0- + 2 CO, I'acide tungstique se transformait en oxyde rouge H 0 ^ d'une belle couleur.

COSMOS. 693

« Me bornant a ces quelques faits , je forai remarquer seule- ment que romploi de ces melanges en proportions convenables pourra toujoars permeltre d'obtenir tel oxyde que Ton voudra, pourvu que , dans les conditions de temperature ou peut agir le melange, I'oxyde cherche soit stable. »

M. Dumas encore fait hommage au nom de M. Salvetat, des deux volumes des lecons de cerami(iue profcssees a I'J^lcole cen- trale. La position que M. Salvetat occupe a la manufacture de Sevres ajoule beaucoup a Finteret de ce petit livre ; c'est un tres- grand avantageque de pouvoir puiser les documents a leur source premiere, et d'avoir vu de ses propres yeux. Le premier volume traite de la chimie de la ceramique, le second de sa pratique.

M. Despretz, aunom deM. Fortliomme, professeurde physique aulycee imperial de Nancy, presenle la traduction da Traite d'op- tique si estime que M. Beer de Bonn a public sous ce titre : Intro- duction a la haute optique. Cette traduction manquait reellement, et nous avions souvent regretle de ne pouvoir I'entreprendre. Tres-peu de personnes en France sent au courant de la theorie matbematique de lalumiere, loulc francaise cependant; M. Beer I'a tres-bien exposee, ei comme il est aussi physicien habile, il expose en meme temps les faits avec precision et nettete. L'edi- tion francaise a herile des cliches de ledition allemande, et con- tient un nombre considerable de figures parfaitement faites.

M. Faye lit un memoire relatif a la constilulion physique du soleil et aux eclipses de 1858 ; nous Ic donnons presque integrale- ment, en raison de son interet et de son importance.

((Detout temps les eclipses centrales de soleil ont excite un vif interet a cause de la magnificence du spectacle qu'elles ofirent a I'observateur, et des services qu'elles rendent soit a I'aslronomie, soit k la geographie , pour le perfectionnement des tables et la determination precise des longitudes; mais, dans ces dernieres annees cet interet s'est accru de toutes les esperances que ces beaux phenomeucs ont fait concevoir de penetrer enfin le niys- tere de la constitution physique du soleil.

En rattachantles protuberances rosacees vues dans les eclipses a I'explication des taches, et de la diminution graduelle de I'intensite lumineuse vers les bords du disque solaire, on est arrive a la conception suivante sur le soleil : Ln globe obscur, opaque, en- loure de Irois atmospheres distinctes et superposees, ayant chacune leurs nuages particuliers ; I'intcrmediaire est lumineuse, elle porle le nom de photosphere , et forme le contour apparent du soleil.

694 COSMOS.

Les nnages de ratmospherc interieure ne sont pas lumineux, mais ils sont douds d'un grand pouvoir rcflecteur de la himiere que leur cnvoie la pholosphere. Du noyau parlent des eruptions qui traversent les nuages opaques de la premiere couclie, dissi- pent egalcment les nuages lumineux de la photosphere et viennent lancer jusque dans la Iroisieme enveloppe transparente ces tor- rents giganlesques de fnmee ou de vapeurs rosacees qui consti- tuent les taches et les nuages dont les eclipses on I rdvele I'exis- tence.

Si malgre la distance qui nous separe du soleil ces phenomenes sont perceptibles, on le doit a I'echelle prodigieuse sur laquelle ilss'accomplissent: il me suffira de rappeler que les laches ont des diame'.ressouvent doubles, Iriples, parl'ois meme decuples de celui de la terre ; landis que les torrents de funiee acquierent dans la derniere enveloppe aerifonne du soleil un volume [mille fois plus grand que celui du globe lerreslre lui-meme.

Les choses se passent-ellesreellement ainsi sousnosyeux dans le soleil? C'est ce que I'observation attentive des eclipses peut seule nous apprendre. Nous sommes loin en efTet de la demons- tration; des dilTicultes de toutes sortes, des objections plausibles. des faits nombreux s'elevent centre cette Iheorie. II est done essentiel de ne negliger aucune occasion do voir et do veri- lier. Or I'annee prochaine nous en fournit deux, i'echpse centrale et annulairc du niois de mars, et I'eclipse totale de septembre.

La derniere ne sera visible que sur le continent austral de rAmeriqueoul'on trouve pen d'astronomes et pen d'observaloires. Pour celle-la ie me bornerai aux remarques suivantes. En cons- trnisant sur une grande carte la courbe de I'eclipse centrale qui se trouve dans le Nautical Almanach, on voit aussitot la possi- bilite d'envoyer des astronomes, ou plut6t des marins de nos stations navales en trois points principaux d'un facile acces. D'abord au Bresil, au-dcssus de Rio-Janeiro, pr6s da petit port d'Equipe ; ensuile au Perou, au sud de Quito, oil Ton pourra choisir deux stations voisines I'une de I'autre, la premiere au bord de la mer, la seconde sur une des cimes des Gordillieres, ou du moins sur le plateau si eleve qui se termine brusquement k cette chaine de montagnes, bien au-dessus des brouillards qui couvrent la cote du Perou dans cette saison. En marquant sur ma carte ces dernieres positions ou la France, I'Angleterre, les J'llals-Unis surtout dirigeront peut-etre des observateurs, je me rappelais Tare du meridien que 1' Academic fit autrefois mesurer

COSMOS. 695

dans celte meme contree, un pen plus au noid, prOsde Quito, ainsiquele voeu do M. Biot qui demandait ces jours-ci avec tant d'instance qu'on en veriflat enlin ]es latitudes extremes. J'oserai recommander ce noble voeii aux astronomes qui iront au Perou observer I'dclipse totale au niveau de la iner et S 5 ou 6 000 metres d'altitude.

Mais la premiere eclipse, celle du muis de mars procliain, est plus a notre portee. Elle n'est pas tolale, il est vrai, comme la seconde,mais on sait que les phenomenes des eclipses totales se manifestent encore dans les occultalions partielles, ou le croissant solaire est reduit k de tres-minimes dimensions. La difficultede voiraugmente alors, et c'est pour cela que je demande la permis- sion de sHggerer tout a I'beure ccrtaines precautions indispen- sables a mon avis.

Si on reporte sur unc carte de France la courbe de I'eclipse centrale du mois de mars, dont les elements out ete publies dans le Nautical Almanack, on verra qu'elle passe hors de notre terri- toire, maistrcs-pres, A o2 kilometres environ de I'ile d'Ouessant. J'ai done desire de savoir si I'dclipsc pouri'ait elre observee avec avantage dans cette station extreme. Void les resultals du calcul que j'ai fait pour la station la plus occideulale, surle parallele du pharede cetteile,par 2""ol*de longitude, a I'ouestde Brest. La plus grande pbase est de 0,992 du diametre. du soleil; c'est-i-dire, qu'a I'instantdelaplus grandeobscuration la distance des centres des deux aslres etant de '13",6, Tepaisseur du croissant solaire se trouvereduite a 15", 0 un quart environ de minute.

A ce moment le bord o!)scur de la lune coniprend cent solxantc- dix degres d'etendue et ne deborde le disque du soleil que de la petite quantite d'un quart de minute. Celte situation est eminem.- ment favorable ; car, d'unc part, les protLd)crances rosacees qui bordent le soleil vont bien au dela de quinze secondes; d'autre part, I'amplitude du cliamp observable, d'oii le soleil peut eire entierement exclus, est consiilerabl(% elle permet a I'observateur d'eviter toute cause d'eblouissemenl; enfin, la duree meme du pbenomene est suftisante, car pendant une minute enliere I'epais- seur de la phase resle au-dessous d'uu tiers de minute.

J'ai fait les memes calculs pour Brc^l ou se trouve un observa- loire dirige, me dit-on, par un astronome distingue du corps de la marine imperiale. Mais la, repaisscurininima du croibsant est de vingt-cinq secondes, rilluminalion de latmosphere est done plus considerable, ella lune cache sous sou bord obscur une plus

696 COSMOS.

grande etendue de la region interessante. Cependant IS aussi I'ob- servation des parlicularites physiques pourra acquorir line grande valeur. Quant k Paris, oii, d'aprSs la connaissance du temps, la phase sera de 0,896, I'epaisseur du croissant solaire ne tombera pas au-dessous de Irois minutes un quart, et il y a peu d'espoir d'en tirer parti. Un calcul facile prouve d'ailleurs que, si on repre- sente parll'intensite de rillnmination pour I'eclipse annulaire, cette intensite sera 4 k Ouessant, 6 i Brest et 50 S Paris.

S'il etait possible d'expedier d'Ouessant on plut6t de Brest un naviresurlaligno de I'eclipse centrale, il sufflrait de s'avancerde dix-sept miles ou de huit lieues de poste dans I'azimut de cin- quante-quatre degres, comple du nord vers I'ouest t'l parlir de la pointe nord-ouest d'Ouessant, puis de gouverncr da'ns la direc- tion perpendiculaire, pour suivre la ligne ou I'anneau doit se for- mer, alors I'observation astronomique aurait de I'importance. A Ouessant, au conlraire, comme a Brest et h Paris, les seuls con- tacts exterieurs seront observablcs, et I'on salt combien ces phd- nomenes sont difficiles a saisir avec precision. Mais je le repete, au point de vue physique, la station d'Ouessant peut jouer un role, quand bien merae I'observation de I'eclipse centrale reussi- rait en Angleterre et en Norwege, dont les territoires sont sur le passage des centres des deux astres.

Or, celte dernierc supposition n'est nullement certaine. Au mois de mars, mois de giboulees et de variations meteorologi- ques incessantes, le nord de I'Europe pourrait fort bien etre cou- vert de nuages h I'instant du phenomcne, tandis que le ciel serait pur a la hauteur de la pointe occidentale de la France. Plus loin, au sud, il n'y a plus de station utile; I'ombrc de la lune parcourt rOcean et nous quitte au rivage meme de I'Amerique.

Je passe maintenant aux suggestions qne je desire soumetlre aux observateurs.

I. Ma premiere recommadation porte sur la disposition d'esprit qu'il convient d'apporter dans I'observation de ces interessants phenomfenes. L'astronome doit garder son independance d'esprit vis-a-vis des theories les plus seduisantes, mais non encore de- montrees. II n'est nullement certain que la penombre d'une tache disparaisse du c6te du centre et subsiste au contraire du c6t6 du bord ; 2-^ que le soleil soit ontoure d'une atmosphere comme I'in- diqucrait la Gloire des eclipses totales et la faiblesse d'eclat relatif des bords de son disque apparent ; 3" que les protuberances rose-

COSMOS. 697

cees soienldes nuages suspendus dans cette'atmosphfere hypothe- tique, etc., etc. II ne faut done pas s'obstiner h ne clierclier ces protuberances qu'en dehors du disque lunaire, car ellcs se mon- trent quelquefois renversees sur le bord du disque obscur de la lunc elle-meme. La theorie veut des nuages lumineux, roses ou Tiolels ; mais les faits moutrent parfois une obscurite complete, la oula theorie attend lalumiere, temoin I'observation de M. Moesta au ChiU, qui a signale une protuberance noire comme le disque meme de la lune, dont elle semblait eire une excroissance anor- male.

II. Je conseille aux observateurs de renoncer a etudierle crois- sant solaire, et meme de ne pas admeltre les pointes des cornes dans la lunette, sans les plus grandes precaulions. L'eblouissement cause par Ic moindre jet de la lumiere du soleil, ferait evanouir toutesles apparences qu'il s'agitd'etudicr; il dure plus longtemps qu'on ne croit d'ordinaire, et ferait a lui seul manqueri'excellente observation dul8 mars prochain. Les contacts exterieurs n'ayant point d'importance, a cause de leur manque de precision, on peut les negliger. La lunette peut avoir ete mise au point dans la matinee sur des etoiles, elle doit etre munie d'un lube assez court, noirci inlerieuremenl, afin d'eliminer une portion de la lumiere diffuse. Enfln, il i'aut se tenir jusqu'a la minute qui precede la plus grande phase dans une demi-obscurile. Un assistant muni d'une petite lunette, qui qui surveillerait de son cote la tronca- ture des cornes et les phenomenes signales par Bailly, avertirait a temps I'observaleur principal. A ces conditions on peut esperer de voir parfailement a Ouessant I'aureole, les lignes de nuages rouges qui vont d'une corne k Tautre, les protuberances roses de 18Zi2, ou la protuberance noire du Chili; les indentures de M. Pares, letrou d'UUoa, les coruscations de Louville. Bien plus, je suis convaincu que toutes ces apparences se dessineraient fidelement elles-memes par la photographic, si on savait tirer parti du progres que cet art admirable a fait dans ces derniers temps.

III. Ma troisieme remarque portera sur un fait pen connu dont les astronoraes n'ont gueres tenu compte jusqu'ici, malgre son importance tres-reelie. Je veux parler des refractions anormales que I'air contenu dans les lunettes fait souvent eprouver aux rayons lumineux. Si la lunette deslinee a I'observation restc ex- posee en plein air aux rayons de soleil, longtemps avant le mo- ment que je viens d'indiquer, on peut etre certain que, sous Fin-

698 COSMOS.

fluence de la radiation solaire, I'air s'y dlsposcra en conches ine- <;alementchaudes, parallelcmentaux tuyaux, c'est-^-dire danslc sens meuie de la marche dos rayons. Alois ces rayons, traver- sant ces couches sous unc incidence rasante, y eprouveront les refractions progressives que j'ai calculees dans diverses hypo- theses et que j'ai trouvees tres-sensibles. Ce sont ces refractions qui ont produit dans le telescope d'Herschel (ou lour induencc est encore plus ti craindre que dans nos lunettes) et dans I'equa- torial do Greenwitch, la singuliere deformation du disque de Sa- turne en un carre arrondi sur les angles ; et qui donnaient aux etoiles vues h I'aide de la grande lunette de Cauchoix, de I'obser- vatoire de Cambridge, de magnifiques appendices rayonnants d'une symetrie parfaite. U n'est peut-etre pas d'observations astro- nomiqnes ou son inQuence ne se fasse sentir. Elle expli(iue, par exemple, comment les mesures exccutees dans la meme soiree sur les etoiles doubles avec un plein succes, discordent neanmoins avcc les observations de la soiree snivante, malgre I'identite des circonstances exterieures. Elle agit sur les mesures des disques des planetes, sur celles des coordonnees absolues, et surtout sur les qualites'optiques des meilleures lunettes. S'il etait possible d'cn garantir enlierement les grands telescopes de lord Ross, je ne doute pas que ces merveilleux instruments ne se montrassent Men superieurs a ce qu'ils ont ete jusqu'tci. Ces assertions sont bashes sur des experiences dircctes et sur le calcul de la marche d'un rayon lumineux a'incidence rasante dans des couches de meme sens ou la chaleur varie seulement de quelques milliemes de degre par millimetre d'epaisseur.

Or cette cause d'erreur doit atteindre son maximum dans I'ob- servalion des eclipses, surtout si le lube de ces lunettes est conique et fixe sur une forte planche en hois. Dans tous les cas, il est aise de s'en garantir en abritant avec un drap blanc la lunette et son prolongement centre les rayons du soieil, jusqu'au moment ou lobservation devra commencer. Le petit ciiercheur suffira a I'as- sistant pour diriger d'avance la lunette sans y laisser penetrer les rayons du soieil. S'il y avail une planche de support on la ferait evidor enlierement par quatre traits de scie; et Ton aurait, en outre, rattention de faire tourner de temps en temps la lunette dans ses collets, meme pendant qu'elle est abritee. »

_ M (iautier, de (leneve, fait hommage de plusieurs notices astrouomiques recemmeiil publiecs par lui sur les dtoiles chan- «eantcs ou variables, sur le diamelre de Saturne, etc.

VAR1ETE8.

Syuthc<<c «!!e l'es|>!'!t de bois on aleooS BJneiiByisJjue Par M. Berthelot.

Celte syntliese repose sur les reactions suivantes, faciles a pres- senlir, maisdont la realisation offre lie grandes difficultes, on raison de la nature gazeuse des suiislances sur lesquelles on opere. En traitant le gaz des marais CMI" par le chlore, on 0I3- lient, entre aulres produits de substitution, I'ether methylclilor- hydriqueC-ir^Cl:

C- H'-faCI^C^H^Cl + HCl.

Get ether, decompose convenablement, five les elements de I'eau en perdant ceux de I'acide clilorhydrique, ct se cliange en psprit de bois :

C- H- Cl -}-2 II O H Cl zz: C2 H '• 0-.

En faisant agir le chlore sur le gaz des marais, divers chiniistes ont observe la formation d'uu compose gazeiix renfennanl du chlore parmi ses elements; mais ce gaz n'a jamais ele I'objet d'aucune analyse, ni d'aucun examen approfoiuti. Cost cc com- pose que M. Berthelot prend pour point de depart. Pourl'obtenir, il melange h volumes dgaux, dans des flacons d'un liire, M litres de chlore et io litres de gaz des marais purifie pai- I'acide sulfu- rique et recueilli sur I'eau; il place les flacons, exaclement bou- ches, dans uu lieu ou ils puissent recevoir la iumiere solaire re- llechie irregulierement, sur un mur, par exemple. Ouand le me- lange est decolore, on ouvre les flacons sur le mercure, pour evi- ter Taction dissolvante de I'eau; on y introduit des fragments de polasse et quelques gouttes d'eau. Le volume gazeux se trouve ainsi reduit a peu pres a moitie; on agite le melange gazeux avec de I'acide acetique ciistallisablc dans la proportion de 250 gram- mes pour 8 litres du melange gazeux; on fait passer le gaz suc- cessivement dans des flacons d'un litre, renverses sur la cuve a mercure et contenant le dissolvant; on agite, puis on rejette le residu gazeux dans I'atmosphere, a I'aide d'un syphon renversd. L'acide acetique, soumis a rdbullitiou,degage la plus grande par- tie du gaz qu'il a dissous; on pent exiraire le reste , en salurant I'acide par une lessive de sonde tres-concenlree. On recueille le gaz sur le mercure et on Tagite avec quelques morceanx de po- tasse humectee, pour enlever les vapeurs d'acide acetique.

On oblient, en definitive, un gaz doue d'uue odeur speciale.

700 COSMOS.

brAlant avec une flamme vertc caracteristique et production d'a- cide chlorliydriquc ; soluble dans l/i de son volume d'eau, dans 1/35 d'alcool al)solu , dans l/^iO d'acide acelique cristallisable, liqucliable ;"! 30 dogres, etc., en un mot, presentant les memes proprietcs que I'elher methylcblorbydrique. II en possfede egale- ment la composition ; car un volume de gaz bri'd^ dans Teudio- m^lre, a I'ourni un volume d'acide carbonique, en absorbant tres- sensiblcment 1 1/2 volume d'oxygene :

C- H"' CI -f- QO = C- O* 4- 2 H O -}- ] J CI

L'identite du compose clilore, derive du gaz des marais et de I'ether melhylcblorhydrique , etant ainsi recounue par Tanalyse et par I'etude des proprietes pbysiques , il restait h la contrCler en transformant ce compose en esprit de bois.

Trois procedes permettent de changer I'elher methyl chlorhy- drique en esprit de bois :

Get ether, dissous dans I'acide acetiquc et chauffc ft 200 degres avec de Facetate de sonde , se change en ether methyla- cetique; mais on ne peut agir dans ce procede que sur de tres- petites quantites de matiere ; L'ether methylcblorbydrique, chauffe a 100 degres durantune semaine , avec une solution aqueuse de potasse, regenere I'esprit de bois :

C2 HS Cl + K O + H O = C- H* O'^ -f K CI

En operant sur deux litres de gaz, M. Bertbelot a puisoler pr6s de deux grammes d'esprit de bois ; mais une partie notable de I'esprit de bois regenere se perd durant les traitements, en rai- son de sa volatilite et de la surface considerable des vases neces- saires pour les experiences sur les corps gazeux.

On fait agir a 100 degres sur I'acide methylchlorhydrique un melange d'acide sulfurique concentre et de sulfate d 'argent ou de mercure ; et Ton obtient de I'acide methylsulfurique, et a I'aide de cet acide, du methylsulfate de baryte crislallise et par- faitement defini. Avec ce ssl , il est facile de preparer, soit de I'esprit de bois, soit l'ether methylbenzoique, soit l'ether methyl- oxalique, que M. Bertbelot a forme de toutes pieces avec du car- bone et de I'hydrogene.

Ainsi, le gaz des marais C^ H' peut etre change en alcool me'- thylique C- IP 0' , de meme que le gaz oleifiant C H" peut etre change en alcool ordinaire C IP 0=; le propylene G^ W en alcool propylique H^ 0% etc.

Impriinerie de W. Remquet et Cie, A. TRAr^IBLAY ,

rue Garanciere, 5. proprielaire-gerant.

T. XX, 25 decembre 1857. ,- a.x;.t™« - a

COSMOS.

NOUVELLES DE LA SEMAINE.

M. Pietro Pigorini nous apprend que par ddcret de Son Altesse la grande-duchesse il a ete appele a remplacer M. Golla dans ses doubles fonctions de directeur de I'Observatoire astronoaiique et meteorologique, et de professeur d'astronomie a I'universite de Panne. M. Pigorini n'a pas encore vingt et un ans,mais il est plein d ardeur et de talent; il a subi avec la plus grande distinction les epreuves du doctoral es sciences, et il ne s'effraie pas d'etre .chaige de Fnistruction matbematique des eleves de troisieme annee. 11 nous promet, et nous nous en rejouissons, de continuer la correspondance scientifique de son infatigable predecesseur qui analysait avec tant d'intelligence et d'ardeur les pro-r^s et les decouvertes de I'astronomie. °

~M. Scbroeter nous apprend qu'il nous enverra regulieremen les comptes rendus des seances de I'Academie imperialede Vienne classe des sciences matbematiques et nalurelles, qu'il publie^ chaque semaine dans la Gazette officielle ou moniteur du gouver- nement. Le savant secretaire perpetuel accompagne son annonce de louanges pour le Cosmos; nous Ten remercions, et nous pre- nons de notre cote Tengagement d'analyser immediatement les communications interessantes que la gazette allemande nous ap- portera; de sorte que nos iecleurs seront parfaitement au cou- rant des progres de la science dans le Taste empire autrichien.

Un decret insere au Bulletin des lots ouvre au ministre'de I'mstruction publique un credit extraordinaire de [^2 000 francs, qui seront consacres lout entiers a I'inslallalion complete du nouveau cours do physique vegelale cree au Museum dliistoire naturelie. Galerie d'experimentation, laboratoire d'analyses, ma- teriel complet et independant, rien ne manquera done au nouvel enseignement, et on ne peut que feliciter M. Rouland de n'avoir pas voulu faire ks cboses a demi.

Samedi dernier, vers les six beures du soir, un brouiilard extremement intense a subitementenveloppeuue grande partiede la capitale. L'obscurite elait telle qu'on ne decouvrait rien a dix

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])as ; la clarle du gaz etaitimpiiissante ^percer ces sombres t^ne- bres. Sur les places, sur les quais, sur les boulevards on ne mar- chail qu a talons; la circulation des voitures a ete Ibrceuient inter- rompue sur divers points; ailleurs lescochers ont dil mettre pied a terre pour conduire leurs cbevaux par la bride ets'averlir rdci- proquoment de leur approche par des cris assourdissants. On se serait cru transporte k Londres ; des seigenls de ville, places de distance en distance, portaient des torches allumecs, et sans ce secours beaucoup de personnes n'auraienl pas relrouve leur che- min. Ce qu'ily avaitde plus singulier, c'est que le brouillard etait en quelque sorte localise ; aux abord de TAmbigu, sur le l^oalevard par exemple, il etait tres-epais, et a vingt metres plus loin I'almos- phere etait presque transparente;le brouillard, un peu odorant, rasait en outre la terre; en levant les yeux on voyait briller les

ptoiles.

_ Nous avonsoublie dedire, dans notre dernier numero, que- ls quarante-septieme petite planete, decouverte par M. Gold- scbmidt, venait eniin de recevoirun nom. Le parrain designe par rheureux astronome etait M. tWe de Beaumont, qui proposa d'abord de designer les deux astres du nom commun de Jumelle n" 1, Jumelle n'^' 2. Ces denominations anli-astronomiques n'avaient pas'pu litre acceptees; M. Babinet, a qui M. Goldschraidt avail de- fere I'honneur de nonimer la quarante-luiitieme petite planete jivait d' ailleurs choisi le nom de Pales, il ne voulaitpas, il ne pou- vait pas y renoncer. M. Elie de Beaumont sembla s'elre retire sous sa tente et le nouvel astre reslait sans nom. Interpelle et presse par M. Babinet, rilluslre secretaire perpetuel a enfm rompu le silence et a chosi le nom de Doris, deesse des mers, :fiUe de I'Ocean et de Thetis, epouse de son iVere Neree, et mere des cinquante belles Nereides. II ne s'est pas execuK^ sans pro- tester sans exprimer de nouveau son regret de voirrepousser la denomination de Jumelles ; et il a trouve un echo de sa douleur dans M. Despretz qui tenait a ce qu'on ne separat pas ce qu'uu bonheur inoui avait uni.

\vec un peu plus de bonne volonte et d'erudition mytholo- gique, on serait parvenu a s'entendre et k consacrer complete- ment le souvenir d'un ev(5nement memorable en effet, la de- couverte en une seule nuit de deux pelites planetes par un mfime astronome, et I'astronome le plus mal pourvu d'instruments. II sutTisait pour cela de donner aux deux astres les noms de deux deesses jumelles, d'Anaxandre et de Lathrie, par exemple ; de

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Clytemnestre ot d'Helene, filles de Leda, sorties au meme instant d'un menie oeuf. Nous croyons savoir que M. Elie de Beaumont avait songe au nom d'Helene, qui mallieureusemenf , a en ce mo- ment une signification politique. C'etait un scrupulc mal fonde, qui n'aurait pas du I'arreter, si M. Babinet, de son cute, avait ac- cepte Clytemnestre, car la quality dominante dejumclles sauvait tout. Le mieux certainement, puisque M. Babinet tcnait a Pales, etait d'appeler la kl" petite planete Par^s, nom qui, comme celui de Pales, n'est qu'un pseudonyme de Cybele ; Pal6s et Pares, ce rapprochement efroit conciliait tout.

La section de mineralogie et de geologic a presente sa liste de candidats. Elle place au premier rang M. Daubree. profosseur & la Faculte de Strasbourg; au second rang, M. Charles Sainte- Claire Deville ; au troisieme rang, MM. Descloiseaux, Durocher de Renoes et M. le commandant Rozet. La discussion a ^t^ longue et animee ; la lutte , comme nous I'avions prevu , et par le fait que M. Pasteur est reserve, sera tres-vive. S'il triom- phe, M. Daubree ne I'emportera que d'un petit nombre de voix.

Les travaux qui s'executent en ce moment sur le boulevard St-Denis ont necessite le deplacement du bureau du surveillant de la station des voitures de place dans lequel etaient la pile electrique et la pendule en communication avec les trois lan- ternes S cadrans d'heures et minutes que M. Detouche a instal- lees il y a dix-huit mois sur le boulevard de Strasbourg. Depuis I'ouverture des travaux, le courant Electrique qui donne le mon- vement aux aiguilles ayant etE interrompu, elles ont necessaire- ment cesse d'indiquer I'heure. Cette raison pouvant etre ignoree du public, nous nous empressons de la signaler et de constater que les cadrans electriques de M. Detouche, si simples et si bien combines, ont donne tous les resultats qu'on attendait ; aussi nous semble-t-il impossible que le progres important qu'elles r(falisaient ne soit pas bientfit definilivement adopte.

Fails des sciences.

II y a quelques mois, on annonca avec quelque eclat a la Soci^te d'encouragement, que M. LEon Scott, simple correcteur d'imprimerie, avait resolu un grand probl6me, la parole s'ecri- vant elle-meme; et cree un art inconnu, la phonographic. Le re- cit des premieres experiences de I'ing^nieux inventeur ne nous

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avait pas sMuit; nous ne pouvions y voir qu'iine vieille expe- rience de physique exdculee plusieurs fois sous nos yeux par Sa- vart, qui I'avait apprise du vicux P. Mersenne, beaucoup dlen- due et perfectionnee par 31. Scott. Mais quclques-uns de nos lecteurs nous onl reproche notre silence, et comme le nouvel art s'est produit il y a quinze jours dans la stance hebdoraadaire du ccrcle de la presse scicntifique, comme notre habile confrere M. Figuier I'a parfaitement expose dans son feuilleton de la Presse du 28 novcnibre, nous nous somnies resolu a extraire de cet article ce qui est necessaire pour raellrc les abounc's du Cos- mos au courant de ce progres. L'appareil employe par M. Scott pour obtenir I'impression graphique des sons, se compose d'un conduit evase a son extremite en une sorte de pavilion qui sert a recueillir les sons de la voix ou d'un instrument en elat de so- Doritd. L' extremite qui termine ce conduit est fcrmee par une membrane mince convenablement tendue, et qui porte un crayon ou style excessivement leger. Ce crayon, mis en mouvemont par les vibrations de la membrane provoquees par les sons, mscrit la trace de son mouveraent sur du papier reconvert de noir dc fumee, et qui, placd au-dcvant du crayon , se deroule lentement et uniformement par I'effet d'un rouage d'horlogerie. Les traces laissees sur le papier peuvent ensuite etre reproduites et fixees S jamais, grace aux procedes de reproduction photographique.

Voila l'appareil ; voici maintcnant quclques details sur les re- sultats obtenus par son moyen :

La question du timbre, sur la quelle on est si pen d'accord, a deja recu quelques lumieres de cette graphic des sons. M. Scott a reuni un certain nombre d'epreuves qui presentent les sons de la voix compares a ceux du cornet a piston, du hautbois, du diapason, etc. Les instruments, comme on pouvait le presscntir, se distinguent d"avec les voix par les caracteres de leurs vibra- tions, Ainsi, I'accord parfait donne par le cornet h piston, re- cueiUi sur le noir de fumeo, donne des figures fort disscmblables, par lours formes et leurs dimensions, de cedes que fournit le meme accord parfait emane d'un instrument a cordes ou de la voix humaine. La meme difference se remarque dans le trace graphique que donne le chant compai e avec le trace des cris ex- plosifs, des rugissements, etc.

M. Scott a coi, slate ce fait cuiieux, que le son d'un instrument ou d'une voix fournit une sdrie. de vibrations d'autant plus regu- li6ies, plus egales, <.'t par consc(]uent plus isochi ones, qu'il est

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pins pur pour rorcille et mieux file. Dans le cri dechirant, dans les sons aigres des instruments, les ondes de condensation sont irregulieres, inegales , non isociirones. Aussi pounait-on dire qu'ii y a a ce point de vue des sons faux et discords d'une ma^- nlere absolue. Dansune epreuve de M. Scott, qui niontre les man- vais sons de la voix, c'est-i-dire les sons voiles, on reconnalt avec un pen d'atlenlion, une, quelquefois deux et meme troiis vibrations secondaires, combinees avec I'onde principale.

Faitȣ tie I'iiulustrie.

(Suile et fin. Voyez p. 682 a 681.)

<( Le deuxieme probleme consistait a transformer I'aluminiumen chlorure d'aluminium. C'etait encore une operation simple et pen couteuse.- II suflisait de faire passer un courant de chlore a travers uo melange d'alumine ct de charbon portes a une tcmpe, rature rouge. II se produisait de I'acide carbonique et du chlo- rure d'aluminium ; le gaz s'en allait, le corps solide restait seul apres la separation. II y avail IS cependant une petite diificulte. Le chlorure d'aluminium est en edet un corps peu maniable. Mais ce chlorure est susceptible, en se combinant avec le sel ma- rin, de se transformer en un chlorure double d'aluminium et de sodium, substance des plus faciles a manier. C'est ce procede qu'a employd M. Deville. Autrefois, dans les laboratoires, on prenait les plus grandes precautions lorsqn'on mettait le potassium ou le sodium en contact avec quelquo autre corps ; on n'arrivait pas toujours a eviter des accidents dangereux pour les operatcurs. Aujourd'hui, on prend h la pelle le sodium el le chlorure double d'aluminium et de sodium pour les jeter dans un four a reverbere chauffe au rouge ; on fait marcher & la fois sept ou huit fourneaux, et il ne s'est pas produit jusqu'ti present un seul accident.

En resume, dit i\I. Dumas, on ne rencontre aujourd'hui, dans la fal)ricalion de 1' aluminium, que des precedes tres-simples et des ingredients tres-communs. Ces ingredients sont : le charbon, I'argile, qui produit jasqu'a 33 pour 100 d'aluminium; le sel ma- rin, qui produit jusqu'a ^0 pour 100 de sodium; enfin le chlore, que Ton obtienl avec de I'acide sulfurique, du sel niarin et da pcroxyde de manganese. Ainsi done, si ralurninium ne deviant pas un metal tres-usuel, ce ne sera pas sa faiilc bien certaine- ment. En quatre annees, on a fait que ralurninium put elre livre a 300 francs le kilogramme environ; le moment est venu pour

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I'induslrie de s'occupcr des applications. La presentation des rc- chcrches sur I'almninium i\ I'Academie des sciences (itait un fait pureraent scicnliGque; la communication, qui est faite aujour- d'hui h la Sociele d'cncouragement a surtout pour ol)jet d'appe- Icr I'attention sur ce qui reste a trouver, au point do vue des applications el des procedes iadusti'iels. »

Nous avons reproduit d'abord les developpemenls donnes par iVL Dumas, parce qu'ils presentent la question de I'aluminium sous une forme propre a en faire saisir toute I'imporlance. M. Deville 3'est attache surtout a reti'acer I'histoire de ses recherclies per- sonnelles, et a monlrer Ics dilTerentes applica lions dont I'alumi- nium lui parait susceptible.- Ce fut en 1827 que Vcubler, I'habde chimisle de GaHtingue, decouvrit I'aluminium et donna une me- Ihodepour preparer, non-seulement ce corps, mais plusieurs au- ires egalement. Sa decouverte, ditmodeslemenlM. Deville, laissait quelque chose k faire. M. Voehler obtenait quelques globules, dont des malieres etrangeres masquaient le veritable aspect. A cette epoque, le sodium et le potassium coCttaient quelque chose comme 15 francs le gramme. II elait impossible de voir encore quelque utilite industrielle dans la production de I'aluminium.

En cherchant theoriquement le protoxyde d'aluminium, M. De- ville reussit h reunir en spheres, puis en lingots, les globules decouverts par M. Vffihler. Lorsque, le lU aout 185i, les premieres experiences relatives a raluminium furent soumises a I'Academie des sciences, M. Dumas comprit tout I'interet qui pouvait se rap- porter k ces recherches. L'Empereur ouvrit a M. Deville un credit iUimile sur les fonds de I'Etat : 30 000 francs furent ainsi employes a des recherches dans I'usiue de Javelle, et Ton parvint k pro- duire le sodium dans des conditions inesperees de bon marche. Ce metal ne rcvenait plus qu a 9 ou 10 francs le kilogramme. Plustard,travaillant avec ses propres lessources et aide de quel- ques amis devoues, dans une petite usine de la barriere de la Sante, a Paris, M. Deville perfeclionna encore ses precedes d'ex- traclion, de sorte que le sodium et le chlorure d'aluminium pu- renl se fabriquer dans de vaslcs fours, a la maniere des produils habiluels de la metallurgie.

Dans la question de I'aluminium, la fabrication du metal ne- tait pas encore la chose la plus difficile; il s'agissait d'introduire, de Vive force, un metal nouveau dans les usages, et de lui creer une place entie le fer, le cuivre etl'argent. iVien n'est plus difficile k vaiucre que les habitudes invctciees. Si le verre n'existait pas,

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s'il venait a elre decouvert aujourd'hui, il faudrail peuUetre cin- quante annees pour I'mtroduire dans la consomnialion. Ce sont ies fabricants, les ouvriers, particulierement ceux des industries oil on emploie des vasps d'argent, ou Ton craint I'hydrogene sul- furp, qui ont montre le plus d'cmpressement ct d'intelligence pour la propagation de I'aluminium. Dans Ic principe, M. Deville avail eu peine a reunir 50 centigrammes de ce metal; aujourd'Iiui, ilen existe enapprovisionnement phisieurs centainesde kilogrammes.

L'aluminium est presque aussi blanc que I'argent. C'est ce que Ton peut voir sur les ecliantillons fondus, ciseles, et mis en cou- leur, qui sont places sous les yeux de la Societe. La mise en couleur n'est pas moins necessaire pour I'argent que pour l'alu- minium. L'argent, s'il ne subissait pas cette operation, serait un metal fort laid. II faut remarquer que Ton ne sail pas encore operer d'une maniere satisfaisante la mise en couleur de l'alumi- nium ; les procedes employes pour I'argent ne lui sont pas appli cables. Sous le rapport de I'eclat, M. Deville reconnait I'inferiorite de l'aluminium. L'argent, apres plusieurs reflexions successives, donne une lumiere jaune; tout porte h croire que l'aluminium, dans les memes conditions, donnerait une lumiere bleu^tre.

Quant aux autres proprietes physiques, l'aluminium offre plus d'elasticite que I'argent; il peut etre etire en Ills aussi fins, plus lins meme. Sa tenacite est plus grande encore. Dans cette compa- raison on oppose l'aluminium pur a l'argent allie ; s'il s'agissait de l'argent pur, on le trouverait tres-inferieur sous presque tous les rapports, memo pour sa beaute, a l'aluminium pur. Les al- liages d'aluminium n'ont pas encore ete bien etudids. Lorsqu'on aura trouve les corps et les proportions qui conviennent le mieux pour les alliages, I'induslrie en tirera sans doule un parti tres- avanlageux. 11 est inutile de repeter ce qui a ete dit deja tant de fois sur la legerete extraordinaire de l'aluminium, quatre fois moins dense que l'argent. Ce n'est jamais sans une veritable sur- prise que Ton souleve un gros lingot de ce metal, qui renverse toutes nos idees sur la pesanteur traditionnelle des metaux. L'a- luminium, exposd k I'air, jouit d'une inaUerabilite complete. Lne lame a ete laissee dans une cour pendant un an; on n'y a re- marque aucune alteration, aucun changement de poids. L'hydro- gene sulfure n'exerce aucune action sur l'aluminium, qui, sous ce rapport, est bien supdrieur h l'argent. Lorsque Ton veut pro- duire des bijoux qui no changent pas, on est oblige d'oxyder, c'est-a-dire de salir l'argent. Les objets ciseles, fabriques depuis

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trois ans avcc raluminimxi, ont conserve absoliiraent le m^me Ion. L'acide azulique u'agit pas sur raluminium, iioo plus que racido sulfurique. A .\ancy et dans plusieurs endroits de I'AUe- magne, on se scrt de piles vollaiques ou rakinjinium remplace le platine, et qui dnrcnt infiniment plus longlemps. L'acide cblorhy- drique altaque I'aluminium, mais lenlement, si le metal est pur. Les alcalis I'atlaqacnt lorsqu'ils sent dissous dans une grande quanlile d'eau. Un melange d'acide acelique et de sel marin at- taque raluniiniuni, mais moins vile assurement que I'argent. Si Ton fait bouillir longlemps de I'eau salee dans un vase d'alumi- nium, le chlorure de magnesium contenu dans le sel altaque toujours un peu ie vase; mais le meme fait se produirait s'il s'a- gissait d'un vase d'argcnt.

Une circonslance bienimportantepourleconomie domestique, c'est que raluminium est le plus inoffeusif de tous les metaux. En admeltant que les vases de cuisine puissent en laisser dis- soudre une petite quantite , aucun accident n'est a craindre, et c'est un avanlage enorme que I'aluminium possede sur le cuivre. L'etain meme n'est pas inollensif. M. Deville a vecu plusieurs annees en Franche-Comte, ou Ton emploie a peu pres exclusive- ment pour la cuisine des vases de i'er; il trouvait aux aliments un gout ferrugineux tres-prononce. D'un autre cote, les Francs- Coratois qui viennent & Paris Irouvent a la cuisine parisienne un goilt de poisson non moins caracterislique. Ce gout de poisson est le gout de protochlorure d'etain, et il devient tres-sensible, lorsque i'elamage est neuf. L'aluroinium , qui pourrait etre dis- sous dans la preparation des aliments, serait k I'elat d'acetate d'alumine, et cet acetate, par I'ebullition, se dccomposerait en acide acetique et en alumine ou argile , deux substances egale- ment inoffensives; la premiere, du reste , s'echapperait sous forme de vapeur.

Le point de fusion de raluminium est le rouge Men franc; ce ■point est inferieur au point de fusion de I'argent. Mais le feu de cuisine le plus vif serait insufiisant pour fondre des vases d'alu- ^.miniura. Ce metal est un de ceux dont la clialour speciflque est la plus considerable. On fondrait plus vite trois kilogrammes d'ar- gcnt qu'un seul kilogramme d'aluminium. L'aluminium, une fois chaud, conserve tres-longtemps sa temperature. 11 faut plusieurs Iieuix?s pour que des barreaux d'aluminium retires de la lingo - tiere puissent etre tenus impunement dans les mains. L'alumi- nium se coupelle comme I'argent. On pent le couler ci Fair sans

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aucune alteration. Le metal dans cette ope'ration presente I'appa- rence d'une matiSre un pen grasse. Des experiences sont faites sous les yeux de la Societe d'encouragement.

II a dejci etc question de la sonorite de I'ahi minium ; cette sonorite egale celle de Targent. Le son est presque cristallin. L'aluminiam peat etre dore an moyen de la pile; le ton blenfttre de ce metal se marie bien avec celni de I'or. On approcherait peut-etre par li de la solution du problerae de rornementation or et argent : ces deux derniers metaiix ne peuvent etre associes , I)arce que I'argont noircit, tandis que Tor reste inaltere.

Parnii les diderenls objets exposes par M. Deville, on remar- quait des tubes emboutis , fabriques dans les usines d'Haudin- court, et qui sont destines d la confection des lunettes d'ap- proche ou de spectacle ; I'aluminium serait tres-precieux pour cet emploi, a cause de sa leg^rete, les instruments pcrdraient ainsi une partie du poids qui les rend incommodes. Nous avons Tu encore une cuvette et un pot a eau dont les formes rappellent celles du moyen Age. Ces objets ont ete fabriques au tour et au marteau. Sous ce rapport, le travail est irreprochable; mais les soudures sont encore imparfaites. On a dtl employer I'etain , qui donne peu de solidite. II y a Iti un progres h faire ; c'est a I'in- dustrie k le realiser. En attendant, on rapporte les pieces avec des rivets, comme on faisait , il n'y a pas bien longtemps encore, pour I'orfevrerie d'argent. L'anse du vase est coulee crense ; cela montre la ■facilite avec laquelle on peut travailler I'aluminium.

Pour les usages industriels , on n'emploie pas encore I'alumi- nium pur. Malgre les perfectionncments apportes k la fabrication par M. Morin, ce metal renfeiTne toujours une petite proportion de cuivre. Du reste, I'alliage du cuivre avec I'aluminium fournit des bronzes susceptibles d'un emploi tres-avantageux. Ces allia- ges se font dans des proportions variables. Celui qui a donne les meilleurs resultats contient 10 pour cent d'&luminiura. II res- semble au fer par presque toutes les proprietes physiques, et peut etre etire en fds dont la tenacite depasse la tdnacite de flis de fer pur. Lorsqpi'on aura determine le pouvoir conducteur de cet alliage au point de vue de I'electricite , il est tros-probable que Ton songera a I'employer pour la fabrication des conducteurs destines a la telegrapbie electrique. Comme I'a fait remarquer M. Dumas, ces fils, h cause de leur legerele , pourraient etre tres- precieux dans I'etablissement des cables sous-marins. M. Deville, en terminant son expose sur I'aluminium, n'a pas neglige de

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payer un juste tribut de remerciements aux ouvriers et aux industriels qui ont coopere au developpement de son oeuvre. Cost un exemple qui dcvrait etre suivi ; les inventeurs oublient trop souvent les auxiliaires obscurs sans le concours desquels leurs decouvertes seraicnt restees peut-etre a I'etat de theorie, et sans aucun avantage pour la societe.

M. Tison a eu I'idee de subslituer a la cornue fixe dans laquelle on distille la houille pour la production du gaz d'eclai- rage. unc cornue mobile, ou tournant sur elle-mcme entre deux foyers dontelle recoit successivement Taction. II parait que, dans ces conditions , la distillation est beaucoup plus parfaite, qu'il se forme moins de goudrons et d'hydrocarbures , et que le rende- ment en gaz est plus considerable dans la proportion d'au moins un quart. La cornue tournante qui recoit le feu egalement sm" tous les points de sa surface dure, en outre, plus longtemps.

La Science exaltait beaucoup le vernis, i I'aide duquel M. Carteron communique aux bois ct aux etofles une incombus- tibilite relative tres-grande, ou du moins, dans tous les cas, la faculte de bruler sans flamme. Des experiences serieuses, disait- elle, ont ete faites en presence de I'autorite superieure, et jamais 11 n'y a eu d'insucces ; c'etait quelque chose d'etonnant que de voir des planches de sapin revetues de cet enduit et exposees a la chaleur intense d'un bee de gaz , pendant cinquante minutes enyiron, se carboniser sans aucune flamme. Quelle est la com- position de ce vernis merveilleux? M. Jacob nous dit simplement que I'inventeur le prepara d'abord avec du sable , de la sonde brute , de la chaux , du charbon en poudre , de I'eau d'alun et des sels de plomb ; que plus tard il eut recours aux silicates de potasse et de soude, aux sels de zinc, au phosphate de soude et au borate de magnesie ; c'est beaucoup dire et ce n'est rien dire. lAL Carteron garde son secret , el il a raison, si sa recelte est bonne et infaillible.

M. Cailletet, maitre de forges ^ Chatillon-sur-Seine, annonce qu'il est sur la voie d'obtenir du fer parfaitement pur , depouille de force coercitive, et eminemment propre, par consequent, i la construction des ^lectro-aimants et des machines narquito-elec- triques.

PIIOTOGRAPHIE.

Solubilitc des prinoipaiix agents einployeis en pholographie

Par M. Aiin6 GirarD; ^'ecretairc de la Society de photographu'.

Les corps employes en photographie sont en petit nombre, et cependant on ne connait pas encore Ires-bien leurs proprietes, pas meme la plus importante de toutes, au point de vue des preparations , Icur solubilite dans I'eau , dans ralcool ou les autres v^hicules. M. Aime Girard a voulu combler cette lacune, et il s'est condamne, dans ce but, a un long travail de recherches experimen tales. II a employe aussi souvent qu'il I'a pu, le pro- cede de Gay-Lussac , consistant , comme on sait , a ^vaporer un volume donne de la liqueur saturee ; mais le plus souvent il a ete force de recourir aux melbodes plus delicates de I'analyse chimique. Nous ne pouvons donner ici que les resullats de ses rechercbes, en renvoyant au bulletin de la Societe francaise dc photographie, novembre 1857.

Acetate d'amwoniaque crislallise. Soluble dans I'eau en toutes proportions. 11 est diflicile et dispondieux de I'obtenir a I'etat de cristaux ; mais on pcut lui substituer I'acetate liquide , esprit de Minderius , obtenu en saturant peu k peu I'acide acetique du commerce, rendu tiede, par du carbonate de potasse en poudre, jusqu'a ce que la liqueur cesse de rougir le papier bleu de tour- nesol ; la solution saturee renferme un douzieme de son poids d'acetate d'ammoniaque.

Acetate de chaux, satured'acide acetique. A 15 degresla quantity de ce sel dissoute dans 100 parties d'eau est de 33,3 pour cent. A 100 degres, il est soluble en toutes proportions. L'acetatede chaux du commerce contient un exces de chaux ; pour le satu- rer, on ajoute de I'acide acetique, jusqu'a ce, que le papier bleu de tournesol rougisse dans la liqueur.

Acetate neutre de plomh. A 15 degres, 59 pour cent ; au deli de 75°, il est soluble dans toutes proportions.

Acide acetique. 1" S il est completement anhydre, sa densite est 1,0630, au pese-acide Baumd. A 10 pour cent d'eau, densite 1,07^12 ; au pese-acide , 10°, 5. A 22,5 pour cent d'eau, densite 1,0770 ; au pese-acide 11°. k" A 32,5 pour cent d'eau, den- site 1,0791 ; au pese-acide, 11% h. A 43 pour cent d'eau, densite 1,0753; au pese-acide, ir. 6" A 55 pour cent d'eau, density

712 COSMOS.

1,07Zi2 ; ail p6se-acide, 10°,15. A 112 pour cent, d'eau, densUt; 1,0630; au pese-aoide, 9". L'acide aqueux possude iin maximnm de densite egal i\ 1,0791 ; l'acide cristallise et l'acide i'l 50 pour cent d'eau ont la nieme densite.

Acide chlorhydrique. A 57,57 d'eau, densite 1,21 ; au pese- acide, 27". 1" A 61,62 pour cent d'eau, densite 1,19 ; au pese-acide, 25°. A 69,62 d'eau, densite 1,15 ; au p6se-acide, 20". W A 79,80 d'eau, densite 1,10 ; au pesc-liqueur, 1^". 5" A 89,90 d'eau, den- site 1,05 ; au pese-acide , 8". A 97,98 d'eau, densite 1,01 ; au pese-acide, 2".

Acide citrique. A 15", 133 pour cent; a 100", 200 pour cent Tres-soluble egalement dans I'alcool.

Acide gollique. A 15°, 1 pour cent d'eau; a 100", 33,3 pour cent d'eau. A 12°, 25,2 pour cent d'alcool a 36 degres : a 100°, 37,5 pour cent d'alcool.

Acide nitrique. A 14,13 d'eau, densite 1,513; au pese-acide, 52°. A 27,11 d'eau, densite 1,478; au pese-acide, 49°. A 37,11 d'eau, densite 1,434; au pese-acide, 46°. A 48,11 d'eau, den- site 1,376; au pese-acide, 42°. A 57,8 d'eau, densite 1,310; au pese-acide, 36°.

Acide pyrogallique. A 15 degres, 44,4 dans cent d'eau , un pen moins soluble dans I'alcool et dans I'ether.

Alcool. La valeuren centiemes de I'alcool est indiquee exacte- mentpar le degre de I'alcoolometre de Gay-Lussac; ainsi I'alcool a 85"renferme 85 pour cent d'alcool absolu,'et 15 pour cent d'eau.

Ammomaque. A 67,15 d'eau, densite 0,875 ; au pese-esprit de Baume, 31°. A 77,93 d'eau, densite 0,916; au pese-esprit^ 23°. A 84,12 d'eau, densite 0,938; au pese-esprit, 20°. A 87,60 d'eau, densite 0,951 ; au pese-esprit, 15°. A 89,18 d'eau; densite 0,957 ; au pese-esprit, 16°.

Azotate d'argent. Dans I'eau, a 15", 100 pour cent ; h 100°, en toute proportion. Dans I'alcool , k 15°, 10 pour cent; a 100°, 25 pour cent.

Acetate de zinc. En toutes proportions.

Bromure de potassium. A 12°, 63,4 pour cent; a 100°, 120,'3 pour cent.

Chlorhydraie d'amirtoniaqu.e. Dans I'cau, k 15°, 37,02 pour cent; a 100°, 80,27 pour cent. Dans I'alcool, a 11°, 2,10 pour cent; a 100°, 4,50 pour cent.

Clilorure de barium. A 15°, 43,5 pour cent; ft 104'',4, 70,36 j)our cent.

COSMOS. 713

Chlorure de mercure. Dans I'eau, ci 15", 7,39 pour cent ; h 100% 53,05 pour cent. Dans ralcool marquant 36 a;i5°, 33,3 pour cent. Plus soluble dans I'ether que dans I'eau; I'ether I'enleve a I'eau. Excessivement soluble dans I'acide clilorhydriquc.

Chlorure de sodium. Dans I'eau, k 15°, 35,84 pour cent; a 110", 40,38 pour cent. Dans I'alcool marquant 40 degres, a 15", 1,59 pour cent, Le sel marin n'est done guere plus soluble a chaud qu'ci froid.

Chlorure d' or. Soluble dans I'eau en toutes proportions.

Chromate (bi-) depotasse. A 19°, 10 pour cent. Insoluble dans I'alcool.

Cire. Insoluble dans I'eau ; soluble en touLcs proportions dans la benzine , les essences, les huiles, les graisses. L'alcool ne la dissout pas, mais la decompose en deux parties : i" I'une soluble, formee (Macule cerotique, fusible a 78 degres, tres-soluble dans I'alcool , et de ceroleine , dont la cire renferme 4 a 5 pour cent ; I-' I'autre presque insoluble, la mi/ricine, fusible ^ 72 degres, se dissolvanl dans 200 parties d'alcool.

Cyanoferrure de pulassium. A 20°, 37,17 pour 100; a 100", 104,79 pour 100.

Cyanure de potassium. Dans I'eau, soluble en toutes propor- tions; dans I'alcool marquant 40, k 15°, 1 pour 100.

Fluorure de potassium. Soluble dans I'eau en toutes propor- tions; tres-peu soluble dans I'alcool.

Hyposulfde de sonde. A 12°, 81,4 pour 100 ; a 50", en toute pro- portion.

lode. Dans I'eau, a 15°, 0,7 pour 100; dans I'alcool, a 15° 7,20 pour 100.

lodure d'ammonium. Soluble dans I'eau, en toutes propor- tions.

g' lodure d'argent. Insoluble dans I'eau , dans I'alcool, dans I'ether. Dans une solution aqueuse ou alcoolique d'iodure de po- tassium, pour chaque equivalent d'iodure de potassium il se dis- sout 1 equivalent d'iodure d'argent.

lodure de cadmium. A 15°, 54,9 pour 100 d'eau.

lodure de potassium. Dans I'eau, a 20°, 143,62 pour 100 ; i 117°, 223,50. Dans I'alcool, marquant 40, a 15°, 19 pour 100,

Phosphate de sonde. A 20°, 37,17 pour 100 d'eau; h 100° 108,20.

Protosulfate defer. A 15°, 76,9 pour 100; h 100", 333 pour 100.

Sucre de lait. Dans I'eau, a 15°, 20 pour 100; k 100°, 40 pour 100. Insoluble dans I'alcool et dans i'ether.

AGADEMIE DES SCIENCES.

Seance dii 21 decemlre 18o7.

M. le ministre de rinstruction publique transmet le decret par lequel Sa Majeste I'Empereur confirme I'election de M. Fremy ; sur rinvitalion de M. le president, le nouvel dlu prend place a c6te dc ses confreres.

M. le docteur Pander transmet, sous le convert de Son Ex- cellence le ministre des finances de Hussie, ses etudes du systeme devonien de Tempire moscovite.

M. le professeur Agassiz fait hommage des deux premiers volumes du grand ouvrage qu'il publie par souscription sous ce litre : Contribution a I'hisloire naturelle des Etats-Unis, et qui n'est que la misc en oeuvre des nombreux et precieux documents qu'il est parvenu a reunir pendant les six premieres annees de son sejour en Amerique. L'illustre naturalisle se loue beaucoup de I'accueil qu'il a recu dans sa patrie d'adoption, de I'interet presque universel que ses travaux excitent, du grand nombre de ses souscripteurs, etc. Les sciences natiirelles, dit-il, comptent dans ce pays beaucoup plus d'adeptes et d'amateurs qu'ou pour- rait le croire ; elles y sont ro])jet d'etudes profondes, elies y font des progr^s rapides.

Je me suis attacbe par-dessus tout, dit-il, en revenant a son livre, ^ suivre dans leurs developpemenls les divers etres organise's, ceux en particulier, que Ton ne rencontre pas en Europe. .le suis con- vainca plus que jamais que I'embryologie et les caract^res dis- tinclifs que Ton ne pent saisir que dans le jeune Age, peuvent seuls servir de base ci une classification rationnelle. C'est ainsi seulement, par exemple, que je suis parvenu a jeter quelque jour et quelque ordre dans la grandc famille des cbeloniens. J'ai donne, dans mon premier volume, un resume complet de mes recberches. II etonnera au premier abord; quelques-unes de mes propositions fondamentales paraitront basardees, peut-etre meme paradoxales, tant elles sont eloignees des idees recues. Mais qu'on ne s'empresse pas de les condamner et de les rejeter, elles sont la consequence necessaire de dix annees d'observations, et je me fais fort de les justificr completement. Les divers systemes zoologiques proposes jusqu'ici reposent en grande partie sur I'ar- bitraire; or, je me crois sur la trace des principes qui auront pour premier resultat beureux son elimination absolue, et le regne de-

COSMOS. 715

fsnitif de la realile. J'espere que, (i6s I'annee prochalne, ma pu- blication sera assez avancee pour qu'il me soit permis de faire une courte visile en Europe, ct do rcnouer des relations qui me sont si cheres. Est-il vrai qn'insistant sur sa proposition pre- miere, sur sa glorieuse initiative, le gouvernement francais ten- terait de nouveaux etlorts pour enlever M. Agassiz ;"i I'.Vaierique du Nord , qu'il lui aurait fait oflrir dans ce but et un faulcuil au Senat, et la place de directeur du Museum d'histoire naturelle? Nous I'avons entendu dire et nous le repetons sans vouloir en aucune maniere prendre sm" nous la responsabilite de cette grande nouvelle.

M. Domeyko, ancien eleve de notre Ecole des mines, plein de respect et de reconnaissance envors ses illustres maitres, ac- tuellenient professeur a Santiago, capitale du Cliili, adresse un memoire descriptif et une collection d'ecbantillons de nouveaux amalgames natifs decouverts pour lui. II annonce I'envoi pro- chain d'une etude complete, avec echantillons aussi, des solfa- tares du Chili qui, dans les temps anterieurs, ont ele le point de depart d'une serie de faits geologiques comparables a ceux aux- quels ont donne naissance Ips volcnns actuels. M. Domcyko a trouve dans I'agent do Franco, M. Limperani, un intermediaire plein de bonte, et il en profitera pour multiplier ses communica- tions et ses envois.

Nous n'avons pas entendu le nom de I'auteur d'un memoire surle valerianate d'ati'opinc.

M. Barthelemy, de Toulouse, adresse une nouvelle note sur I'education automnale des vers & sole.

M. Pulvermacher soumet au jugemcnt de I'Academie trois nouvelles dispositions de ses piles electriques portatives iVun seul liquide. II s'agissait d'abord d'obtenir un courant galvanique d'intensite moderee, mais d'une tension suftisante pour vaincrela resistance des tissusdu corps humain ; d'obtenir cc courant a Taide d'un appareil flexible, tres-leger, qui pent se mouler sur toutes les parlies du corps,', decrire une courbe quelconque, etc., etc.; il fallait enfln que le prix de I'appareil fill assez reduit pour devenir accessible aux classes moyennes de la Societe et que la fabrication ne se laisst\t jamais deborder par la consomniation. Force etait des lors do recourir a I'emploi des machines et c'est ce que M. Pulvermacher a realise avec le plus grand succes. Ses nouvelles chaines sontle resultat d'un travail mecanique vraiment merveiileux. Les fils de cuivre et de zinc, qui sont les m^taux

716 COSMOS.

electro-moteurs ou genera teurs du courani, sont enroul^s me- caniquement et syslematiquement aulour d'une bande flexible en gulla-percha, qui ieur sort a la fois de support et d'isoleur. Gette bande, toujours mecaniquement, est percee d'un grand nombre de trous circulaires qui donnent acces au liquide excitateur unique, I'acide acclique etendu d'eau ou le vinaigre , et lui servent en meme lemps de reservoirs. Par cette disposition simple, les chaines electriques sont devenues a la Ibis plus puissantes etplus continues ou plus conslanles dans leurs cflets; elles constituent un appareil electro-medical efflcace et universel. Comme d'ailleurs on pent, a volonte, augmenter la largeur du lissu uielallique, la chalne, qui, en raison du grand nombre de ses elements, donnait deja un courant de forte tension, pourra, quand le besoin s'en fera scntir, produire aussi de la quantite, et satisfaire par conse- quent a toules les exigences du medecin.

Malgre son prix, grandement abaisse, la nouvelle chaine ne constitue pas encore un appareil populaire ; I'habile constructeur a done, il y a quelqucs annees, concu I'idee, aujourd'hui rea- lisee, d'une pile, n'ayant pour support qu'une simple feuille de pa- pier epais, surlaquelle on depose ou Ton fixe par impression, et enbandes paralleles, les metaux electro-moteurs reduits en feuilles minces ouen poudre, le zinc et le cuivre, ou For et le fer, disposes de maniere a ce que I'cfl'et des divers couples s'ajoutc et produise une resultante proportionnelle a Ieur nombre. Au fond c'est la pile de Zamboni composee non plus d'elements superposes et formant une colonne cylindrique; mais juxtaposes en rangees etroites, formant une surface aussi grandeqa'onlevoudra,etdont I'elTet pourra s'accroitre a volonte par I'intervention d'un liquide excitateur plus ou moins energique. Ainsi se trouve realise, mais dans des conditions d'efilcacite certaine, Theurcuse idee des topi- ques ou cataplasmes electriques de I'illustre Recamier.

Les appareils qui precedent donnent des courants continus, et, au jugement d'un grand nombre de medecins, c'est le meilleur mode d'application de Telectricite. Dans certains cas, cependant, dans les cas de paralysie, par exemple, on sent la necessite de faire agir sur le sysleme nerveux des courants intermittents, lances h intervalles isochrones, plus ou moins rapproches, au gre de rexperimeutateur, et il fallait satisfaire h ce besoin imperieux. Dans ce but, M. Pulvermaclier a combine avec les memes assem- blages de fils de zinc et de cuivre, une pile qu'il appelle ci triple contact, et qu'il suffit de plonger pendant quelques instants dans

COSMOS. 717

du vii^aigre plus ou moins dilue pour obtenir un courant a haute tension que rinterruptcur regie du meme artiste, si admirablement construit et si etonnant dans ses resultats, suspend ou retablit & volonte. Les fils de cuivre sont lamines a plat, les fils de zinc en spires serrees les i-ecouvrent sur toute leur longueur; on obtient ainsi beaucoup de surface sous tres-peu de volume, et quantit(§ abondante eu meme lemps que tension tres-forle. Un autre avan- tage considerable, c'est que comme cette pile est continuellement exposee a Fair, traversee par I'air, on n'a plus a rcdouter I'accu- mulation de I'bydrogene a la surface des fils electro-negatifs, etcet etat de polarisation qui a pour consequence necessaire la diminu- tion incessante du courant; ellejouitaucontraired'une Constance vraiment remarquable, et bien superieure a celle que Ton obtient avec les piles a un seul bquide dans lequel les elements sont sans cesse plonges.

M. le docteur Phipson adresse une note relative a des fails curieux de putrefaction a 20 et 25 degres au-dessous de zero, et a I'explicalion qii'on en pent donner. Dans ses excursions au pole nord, a la recherche de Franklin, le docteur Kane raconte qu'il a vu la chair d'animaux recemment tues, de rennes, par exemple, apres une courto exposition a Tair, et quoique la temperature fftt au-dessous de 20 degres centigrades, arriver a un etat de decora- position telle, qu'il devenait impossible de s'en nourrir. C'est une conviction acquise pour les indigenes du Greenland que le froid estun excitateur puissant de la putrefaction ; aussiles Esquimaux, d6s qu'ils out abattu un animal, s'empressent-ils de lui arracher les visceres et de I'emplir de cailloux I'espaee que les visceres occupaient. II sufflt quelquefois d'un contact de cinq minutes A fair libre pour que la chair du ba?uf musquo i)renne une odeur et un goiit ddsagreables. Comment expliquer ces fails si con- traires a ce que nous voyons se passer sous nos yeux dans nos latitudes moyennes, ou des volailles et du gibier restent glaces des semaines et des mois entiers sans rien perdre de leur goilt fin et delicat? 11 est vrai, d'une part, qu'c'i une temperature basse Fair a une densite plus grande ; qu'a volume egal, il contient plus d'oxygene; il est vrai, d'aulre part, que I'oxygene est un agent de putrefaction, puisque, dans la theorie si saine de M. Edouard Robin, la putrefaction est le resultat d'une combustion lente par I'oxygene humide. Mais cela ne suffirait pas encore, puisqu'il reste'- raitk savoir pourquoi I'oxygene condense parte froid n'engendre pas la putrefaction chez nous comme dans les regions hyperbo-

COSMOS.

reennes. C'est alors qi.ie M. Phipson, faisant un pas de plus dans son explication, fait intervenir I'ozone. 11 a contribu^ pour sa part ii deuiontrcr que, pour agir sur les composes organiques et y determiner la combustion lente, I'oxygene doit avant tout etre dans cet etat particulier que Ton designe par le mot ozonise, et que Ton catacterise niieux parle mot electrise: que I'oxygene n'est actif qu'autant qu'il renferme une cortaine quanlite d'electricite libre. Or la chaleur constitue pour I'oxygene ozonise une sorte d'anlagonisme ou le ramene de I'etat actif a I'etat neutre ; par contre, le froid est favorable k I'oxygene ozonise, comme il est favorable aussi au developpement de I'electricite, puisque Ton voit souvent, dans des regions tres-froides, les llocons de neige repandre des lueurs electriques. II n'est donc'pas impossible que, par des temperatures extremement basses et des temps tres-secs, I'ozone soit en assez grande abondance dans I'air pour faire naitre, meme presque subitement, la combustion lente qui deter- mine la putrefaction. SI M. Phipson avait appuye ces considera- tions un peu trop vagues de quelques experiences positives, il aurait bien inerite de la science ; il faut lui savoir gre neanmoins d'avoir siguale k I'attention des savants des anomalies singulieres dans le but de provoquer une explication compl6te qui ne se fera pas longtemps attendre.

M. Perreaux. constructeur d'appareils de precision, a expose dans la salledes conferences et soumis au jugeraentderAcademie sonCoMPARATEUR PERFECTiONNfi ayaut pour objet de comparer en- tre elles : les divisions supposees exactes d'une m6me echelle divisee ; 2" les subdivisions de deux r&gles ; deux mesures ter- minees par des traits ; U" deux mesures terminees par deux bouts, dont on doit pouvoir, avant tout, verifier le parallelisme exact et la perpendicularlte rigoureuse & I'axe de la regie. Nous ne nous arrelerons pas ci decrire en detail cet instrument, qui se compose d'un banc horizontal port^ par deux supports enfonte, d'un cha- riot glissant sur des rails et muni de deux microscopes verticaus k vis microraetriques ; nous dirons seulement que le modele de M. Perreaux se distingue par des dispositions aussi ingenieuses qu'utiles qui rendent les operations plus faciles et plus exactes ; la Societe d'encouragement a constate qu'il accomplit toutes les fonclions avec une precision qui ne laisse rien k desirer, et lui a accorde son approbation ; si la commission acad^mique daigne en faire I'objet d'un rapport, nous pouvons annoncer k I'avance qu'ii sera completement favorable.

COSMOS. 719

M. de Semahoff, h I'occasion des Memoires de M. Doyere sur la conservation des bles, doone la description des silos creus^s en terre , qui sont si communs en Russie , et qui donnent de si excellents resultats.

Un brave ouvriercordonnier, M. Rigaud, si nous ne nous trompons, avail communique a I'Academie une idee qu'il croyail neuve et feconde. U s'agissait de faire , avec I'aide do construc- tions geometriques , tres-elementaires et tres-rapidement execu- tees, toutes les opeialions de I'arithmetique. 11 complete aujour- d'hui sa pensee, en envoyant les demonstrations des theoremes fondamentaux, sur lesqucls repose sa substitution de la r6gle et du compas k la plume ou a la craie des calculateurs.

M. Vargnier, et non Varnier, adresse une nouvelle descrip- tion de I'appareil, a I'aide duquel il espere attenuer les terribles effels du choc produit par la rencontre de deux navires a voiles ou k vapeur.

M. de Paravey continue ses recherches de documents scien- tifiques, perdus dans les anciens livres chinois, assyriens, phe- niciens, etc. II a trouve dans de vieux auteurs, qu'a I'epoque oii la taille des hommes etait de huit pieds, la taille moyenne des hyenes etait la tailJe actuelle des lions, ete., etc.

~ M. Dally appelle I'attention de la Commission des prix Mon- thyon sur son Traite de cynesiologie , ou science du mouvement, appliquee a I'hygiene et a I'ameJioration des races humaines.

M. Thevenin adresse ses etudes de la region moyenne de I'Oural.

M. le docteur Bayle , un des principaux representants, k Paris, de I'lficole de Montpellier, fait hommage de son Traite de pathologie medicale , concu et redige dans les principes du vita- lisme.

M, Ducommun , directeur de la pepini6re militaire de Ne- mours , signale ce qu'il croit plus neuf et plus important dans sa Notice sur la maladie de la vigne , et la decouverte des principes de cette maladie. En meme temps que M. Ducommun, M. James Busby gtudiait, de son cote, cette grave question ; il est arrive A cette conclusion par trop tranchante, que la disposition qu'ont nos vignes k se laisser envahir par I'oidium, est un symptome de faiblesse senile, et qu'on ne pent y remedier efficacement qu'en substituant aux varietes vieillies des plants ayant toute la vigueur de la jeunesse.

M. Brown-Sequard a reprls ses recherches sur les capsules

750 COSMOS.

surrenales, les fonctioiis qn'elles out a remplir, lenr impor- tance, etc. ; il les resume dans cette conclusion, de nature a con- cilier les divei'ses opinions contradictoires, queces petits organes jonent un role essentiel et qu'on ne pout interrompre, sans com- promettre la vie, chez les animaux qui sont dans leurs conditions normales, on qui ne sont pas albinos; que cliez les albinos, au contraire, ce rOle est bien amoindri, de sorle que Tablation peut avoir lieu sans accidents graves.

M. Faye revient aujourd'bui sur sa communication, pour faire remarquer que la station d'Ouessant a pour I'observation de I'eclipse du 15 mars prochain une importance beaucoup plus grande que celle qu'il lui a assignee. Au large, en elTet, a 32 kilo- metres de cette ile, I'eclipse ne sera pas seulement annulaire, mais totale. Dans ses premiers calculs il avait employ^ non le diametre reel du soleil, mais celui des tables qui est plus petit d'environ 3 secondes. En donnant a ce diametre reel sa valeur la plus pro- bable, celle de 960 secondes, deduite, par M. Le Verrier du calcul des observations des passages de mercure, il a troiive qu'a 17 mi- nutes au sud d'Ouessant, dans I'azimut de Six" comptes du nord vers Touest, I'eclipse sera totale. Une observation faite en ce point, en supposant qu'elle ait lieu dans les meilleures conditions possi- bles, en outre de la mise en Evidence des phenomenes pbysiques qu'elle a pour objet principal de constater, aurait done I'avan- tage considerable de contribuer h lever les incertitudes qui exis- tent encore sur la verilnble valour du diametre reel du soleil. On aurait pu penscr qu'il sera par trop difficile d'amener un navire, meme h vapeur, au lieu precis fixe par le calcul, et M. Faye a juge necessaire d'cntrcr ci ce sujet dans quelques details. La position du navire est determinee par deux coordonnees, sa distance a la pointe d'Ouessant et I'azimut. Pour qu'il puisseregler sa distance, on tirera de la cote des coups de canon a des intervalles regulie- rement espaces, de dix minutes en dix minutes, par exomple. A huit lieues au large les coups seront facilement entendus , et par I'avance ou le retard dans la perception du son, le commandant du navire saura s'il est trop pres ou trop loin. En second lieu, h I'aide d'un heliotrope on peut projeter sur la mer k cette meme distance un rayon de lumiere qui atteignc le point voulu ; le navire evoluera jusqu'c'i ce que le rayon tombe sur son pout ou h pen pres, il sera alors dans I'azimut cherche, il pourra attendre le moment de I'eclipse.

M. Balard lit le rapport redig^ par l\r.' Dumas au nom de la

COSMOS. 721

commission chargee d'examiner le memoire de M. Charles Sainte- Claire Deville et Felix Leblanc, sur la composition des gaz rejeles par les events volcaniques de lllalie meridionale et les Lagoni de la Toscaue. Les conclnsions du rapport sont que la mission confiee par rAcademie a M. Cliarles Sainte-G!aire Deville a produit ses fruits, et que les recherches qu'ila faites en commun avec M. Fe- lix Leblanc sont dignes de prendre place dans le recneil des memoires des savants etrangers. Ces conclusions son adoptees ci I'unanimite.

. M. de Quatrefages decrit verbalement la methode par laquelle M. Gaillet, educateur de vers a sole dans le Loiret, est parvenu S obtenir, meme cette annee, une bonne recolte, avec de la graine qui, chez presque tons ses confreres, a donne de tres-mauvais resultats. Averti par un de ses voisins, M. Caillet consulta son journal d'eclosions, et ne vit pas sansquelque surprise que toutes les annees ou il avail reussi I'education avait ete prdcoce, c'est-&- dire qu'il avait fait eclore ses oeufs de tres-bonne heure ; tandis qu'au contraire les annees mauvaises etaient caracterisees par une eclosion tardive. FoiH deceprecieuxenscignementil a avance cette -annee de quinze jours I'epoque ordinaire de ses eclosions, et il aobtenu 200 kilogrammes de cocons, chilTre assez rapproche du maximum de 2,50 kilogrammes, sur lequel il aurait pu compter, si ;quelques accidents survenus i la troisienie mue n'avaient pas fait ■fperir un grand nombre de vers. La recette est tres-simple, on le voit, et cliacun pent en tirer son profit.

M. Balard, au nom de M. Pasteur qui, en raison du comite

secret, n'a pas pu prendre la parole, presente un memoire sur la

-fermentation alcooliqae, faisant suite aux belles recherches sur

la fermentation lactique que nous avons analysees dans une de

nos dernieres livraisons.

Le caractere general des phenomenes designes sous le nom de -fermentation est qu'ils se montrent correlatifs du depot progressif .d'mie substance particulierc variable avec le genre de fermenta- tion. Cette matiere est-elle organisee? La fermeniation est-elle un acte parallele ci son developpement, ou est-ce cette matiere qui, formee d'abord, provoque ensuite la fermentation? A la premiere question, M. Pasteur repond : Tout me porte a croire ■que la substance en question est organisee comme M. de Ca- gnard Latour I'a le premier aflirme. II resout la seconde d'une maniere plus nette encore en affirmant et en demontrant que le dedoublement du sucre en alcool et en acide carbonique est un

722 COSMOS.

acte correlalif (Van phenomene Tital, d'une organisation de glo- bules, orgiinisalion a laqnclle le sucre prend une part directe, en fournissant unc portion des elements de la substance organis^e. L'opinion contraire de Liebig, adoptee par Berzelius et The- nard, doit done elre definilivement rejetee; il n'est nullement vrai que les ferments alcooliques, pas plus que les ferments lac- tiques et tons les autres, agissent par simple presence, sans rien ceder et sans rien prendre a la malierc fermentescible. Nous allons dccrire rapidement les principales experiences par les- quelles M. Pasteur demontre ces deux propositions fondamentales.

II prend deux quantites egales, 5 grammes de levure de biere fraicbe, et les lave h grande eau ; il verse la premiere dans de I'eau pure contenant un poids connu de sucre. II fait bouillir la seconde dans beaucoup d'eau pom- en extraire toute la partie soluble, il fiUre pour eloigner tons les globules, il prend un volume de la solution fillree contenant la partie soluble de 5 grammes de levure, quantite employee dans la premiere opera- tion ; il y ajoute le merae poids de sucre, et une trace seulement de levure fraicbe, trace tout a fait insignifiante comme mati^re ponderable et qui ne pent rien cbanger au resultat de I'expe- rience. II place en lieu de fermentation les deux liquides sucres, et voici ce qu'il constate :

Dans le second vase comme dans le premier, le liquide se trouble, un dep6t de leviire se forme, peu ^ pen et parallelemeot s'elTectue le dedoublement du sucre qui est deja sensible apres quelques beures.

En six jours les 5 grammes de levtlre avec les globules ont fait fermenter 12,9 de sucre et sont epuises : en neuf jours, la partie so- luble et filtree de 5 grammes de levure sans globules a fait fermen- ter 10 grammes de sucre ; et la levure developpee par la semence dans I'acte de la fermentation est egalement epuisee. Entre les effets des deux operations, il n'y a done en realite qu'une diffe- rence tres-secondaire. La seconde exige un peu plus de temps, sans doute parce que le developpement des nouveaux globules est lent dans I'eau de levure tres-diluee; elle est un peu moins riche en quantite, sans doute parce que les globules ecartes par le fillrage oni emporte avec eux un peu de levure soluble; mais au fond les resultats sont les memos. Ce n'est done pas la pre- sence des globules qui determine la fermentation ; la formation de globules a lieu, au contraire, parallelement a I'acte cbimique de la fermentation ; lentement et progressivement comme elle.

COSMOS. 723

2o On prend deux quantites egales de levure fraiclie et lavee; on desseche I'une dans la capsule de pesee, et apres qu'elle est seche on prend son poids exact a 100°. On fait agir la seconde sur du Sucre en exces, jusquace qu'elle soit epuisee; on la lave alors de nouveau, on la seche et Ton prend son poids a 100°. On compare ces deux poids et Ton constate que le second est toujours plus fort que le premier, quelquefois d'un tiers en sus, ou dans le rapport de 3 a 2. Done la levilre eniprunte quelque chose au sucre, done le sucre est un de ses aliments, done il n'y apas egalile enlre Ics quantites d'alcool etd'acide carbonique d'unepart, le poids total du sucre devenu incrislallisable de I'autre; done le feinient n'agit pas seulement par sa presence, done il n'est pas vrai qu'il ne cede rien et ne perde rien.

On prend de I'eau de levAre de biere limpide, dont on con- nait exaclement la teneur en malieres solides dissoutes, tant organiques que minerales, par I'evapoialion k 100" d'une egale portion de la liqueur; on y dissoutdu sucre et on y seme une trace de levure fraiche ; la fermenlalion achevee on trouve que correlativement au dedoublement de 10 grammes de sucre, et s'organise de 7 ci 22 centigrammes, ou en moyenne \k centi- grammes et demi de levilre.

SuivautThenard et M. Liebig, le dedoublement de 10 grammes de Sucre delruirait ^"^ centigrammes de levure supposee seclie; done le poids de levure forme pendant le dedoublement de 10 grammes de sucre est sensiblement egal au poids de la levilre qui disparaitrait si la theorie de M. Liebig etait exacte.

Nous constaterons simplcment, sans nous y arreter, quelques autres resuitats des experiences de M. Pasteur : il a complete- ment explique comment de la levilre dessecbee a 100 degres, ou portee a TebuUition, ne perd pas sensiblement de son energie. Qu'on supprlme de fait, dit-il, les globules deja organises par la filtration, ou qu'on detruise leur vitalite par une temperature elevee, n'est-ce pas la meme chose ? Or, la filtration n'empeche pas la fermentation, done elle peut s'etablir aussi dans le second cas, meme sans addition de trace de levilre fraiche, spontanement, comme elle s'ctablit dans un liquide sucre naturel, jus de raisin, de canne a sucre, etc., mais plus leutement, comme quand on a exclu les globules. II rend parfaitement compte de la pretendue perte d'azote de la levilre; elle n'est qu'apparente et due princi- palement k son augmentation de poids par assimilation du sucre, matiere privee d'azote. 11 est arrive a reconnailre dans les le-

724 COSMOS.

Tilres de biere des vari^tes, des races, qui sont le rdsultat non d'alleralions diverses et faciles a prevoir, niais Inen de la quality du milieu qui leur est oll'ert. k" 11 a decouvert un mode de fer- mentation de I'acide tarlrique qui rdussit tres-bien sur I'acide tartrique droit ordinaire, et tres-mal ou pas du tout sur I'acide tartrique gauche ; de telle sorte que si Ton fait fcrmenter par ce procede I'acide paratartrique forme dc la combinaison molecule a molecule des deux acides droit et gauche, I'acide droit se de- doublera, tandis que I'acide gauche restera intact; c'est m6me le meilleur moyen actuellement connu de se procurer I'acide tartri- que gauche. 5" M. Pasteur, enfin, en comparant la nature des produits de la feimentation de I'acide tartrique et de la fermen- tation du Sucre, est arrive k penser que le sucre-candi a proba- blement la meme constitution moleculaire que I'acide tarlrique.

M. Rayer, au nom de M. Camille Daresle, expose les resul- tats d'une serie d'experiences sur I'incubation des ceufs dont la coque a ete vernie ou enduite d'huile.

Reaumur avait affirrae que les embryons ne se developpaient pas au sein d'oeufs dont la coquille avail ete rendue impermeable a Fair. Voulant verifier ce fait, M. Dareste avait reconvert les co- ques de plusieurs ceufs de collodion ou de vernis a chaussure, et 11 les avait mis & couver. Les embryons s'etaient developpes, mais le developpement s'etait toujours arrete apres I'epoque de retablissement de la premiere circulalion vitelline. Ce fait sem- blaiten contradiction avec les conclusions de Reaumur. Mors, au collodion et au vernis, M. Daresle a snbstitue I'huile, il a enduit les oeufs d'huile; cettefois I'incubation n'a jamais amene le deve- loppement de I'embryon. On devait conclure de ces experiences comparatives que le collodion et le vernis ne ferment pas tout passage a Fair : or c'est ce qui a lieu en effet, comme M. Dareste I'a verifie par plusieurs melliodes. La plus simple consiste t cons- tater que les oeufs vernis perdent chaque jour un peu de leur poids, et qu'il s'y forme une chambre d'air comme dans les oeufs qui n'ont pas 6te vernis. La perte est beaucoup moindre pour I'oeuf huile; ainsi, tandis que la perte moyenne par jour est de 51 mil- hgrammes pour un reuf naturel, de 32 milligrammes pour un oeuf collodionne et vernis, elle n'est plus que de 8 milligrammes pour I'oeuf huile. On comprend tres-bien par la que sousl'influcncede I'incubalion le developpement commence dans I'oeuf vernis, mais qu'elle ne commence meme pas dans I'oeuf huil^, puisque I'huile ferme beaucoup plus cfficacement le passage a I'air.

VARIETES.

Solution du probleiue de la transmission exacte du temps au luoyeii de I'clpctrioite

Par M. LiAis.

Nous n'avions pu parler que tres-vaguement des perfectionne- ments apportes a I'lioiiogerie electrique exacte, par M. Liais, et nous croyons devoir completer noire apercu par les details sui- vants empruntes aux comptes rendus. Void d'abord en quels termes M. Liais decrit son appareil d'acceleration et de retard :

« Le pendule de I'horloge a regler porte deux coupes coniques : I'une un peu au-dessous du point de suspension, I'autre un peu au-dessus. Ces coupes sont tres-legeres, de juaniere a ne pas al- terer sensiWement la compensation du pendule, compensation qui peut, d"ailleurs, ctre combinee en consequence. Au-dessus des coupes sont suspendus, par de pelites chaines semblables a celles de la fusee des montres, de petils poids spheriques qui, en s'abaissant, peuvent, a volonte, Tenir reposer dans les coupes. Celui de la coupe superieure ralentit d'un centieme de seconde la duree de I'oscillalion, et celui de la coupe inferieure augmente cette duree d'un centieme de seconde. Les chaines supportant les petits poids passent au-dessus des poulies et vienuent s'atta- cher a des chevilles fixees sur les roues, de telle sorte que, dans la rotation de ces roues , les poids montent ou descendent d'uii diametre de la roue , et peuvent ainsi tant6t reposer dans les coupes, tantot clre suspendus au-dessus.

(( Des poids moteurs, notablement plus pesants que le poids accelerateur ou relardateur , tendraient a faire tourner les roues continuellement dans le menie sens, sans les arrets dus a deux butoirs porles par chacune d'elles, aux deux extremites d'un meme diametre , et appliques sur leur contour suivant le prolon- gement de ces diametres. Ces deux butoirs ne sont pas dans le meme plan ; ils viennent reposer alteruativemeat sur la palette d'un electro-aimant pour cliaque roue, palette dont le mouve- ment est perpendiculaire a celui de cette roue. L'un des butoirs repose sur la palette , quandelle est altiree pgr releclro-aimant et collee sur lui ; I'autre sur cette meme palette , lorsqu'elle est ecartee par le ressort anlagouiste. Par cclte disposition, on voit

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que chaqiie mouvenicnl de I'armature donne lieu a une deuii- r(5volution de la roue, ct par consequent , k un abaissement ou a nne elevation dn poids modificateur de I'oscillation. Les choses sont combinees de telle maniere, que quand les palettes ne sont pas altirees, les poids modificateurs sont souleves. On voit done que chacun de ces poids repose dans sa coupe, quand son elec- ti'o-ainiant est aimanle, etse releve, des que raimanlation cesse.

«( Quand le poids accelerateur ou le poids retardaleur viennent reposer dans les coupes, il y a une petite perte de force vive pour le pendule, et de plus, une petite augmentation de resis- tance. Pour eviter que I'amplilude soit notablement modifiee,il convient alors de I'aire en sorte que la puissance du moteur subisse une augmentation correspondante. Dans ce but, de cliaque c6te de la poulie du moteur sont deux autres poulies plus petites , porlees sur le meme axe que celles du moteur, et entrainees chacune par un moteur additionnel qui les fait tourner dans le meme sens que la grande poulie. Chacune de ces deux poulies auxiliaires est assujcUie sur une roue a rochet epaisse et de meme centre , de faoon que la poulie et la roue a rochet ne psiissent tourner qu'ensemble. L'une des poulies auxiliaires appartient a I'accelerateur, I'autre au retardateur , et des encli- fjuetages commandes par les palettes des ^lectro-aimants de chacun de ces appai*eils empechent les poulies auxiliaires de tourner sous I'inlluence de leur moteur , quand les electro- aimants ne sont pas aimantes, c'est-&-dire , quand les modifi- cateurs de I'oscillation ne sont pas en prise; mais ces memes encliquetages laissent les poulies libres dans le cas contraire. Sur la grande poulie du moteur exisle de chaque cote un cliquet qui lui permet de tourner sans les poulies auxiliaires, mais qui ne laisse pas ces dernieres tourner seules. L'epaisseur de la roue A rochet emp6che, d'ailleurs, que ce cliquet et celui qui depend de I'armature ne se rencontrent. On voit par la que chacun des deux moteurs additionnels s'ajoute au moteur de I'horloge, quand I'appareil modificateur de I'oscillation correspondante est en prise, et que cette action des moteurs additionnels cesse, des que I'hoiioge reprend sa marche ordinaire. Voici maintenant comment on devra se servir de I'appareil.

«( A la station de depart que , pour abreger , j'appellerai I'ob- servatoire , on disposerait une pile dont le pole positif serait en rapport avec la terre, etlepOlcnegatif en communication avec un interrupteur. En sortant de cet interrupteur, le courant traver-

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scrait un appareil de signal quelconque , soit eleclro-aimant, soit boussole, soit chronograplie , et se rendrait de ]k snr la ligne. A la station oii serait riioiloge munie d'un acc(Meratenr ct d'uu retardateur, la ligne serait en communication avec ie moiivement de I'horloge qui serait isole. Dans ce mouvement exisferait une roue faisantun tour en 10 minutes et portant une dent en platine. Cette dent rencontrerait, a la fin de chaquc rotation de cette loue, I'extremite en platine d'un leger ressort en communication avec la terre. Ainsi , toutes les 10 minutes, quand, a I'observa- tcire, la pile serait en communication avec la ligne , le sio-nal de I'observatoire fonctionnerait et permettrait de determiner, par comparaison avec la pendule siderale, I'etat de I'horloge a ie"-ler.

(( Deux minutes aprfes le signal donne a I'lieure, un rebord en platine de la roue des minutes soulevorait I'extremite en platine d'un ressort en communication^avec I'une^des cxtremites du fil de I'electro-aimant de I'accelerateur, fil dont I'autie exti'emite serait en rapport avec la terre, et cet ed'et durerait 7 minutes. Si le courant n'a pas ete coupe par I'observaleur, a I'aide do I'interrupteur de I'observatoire, I'accelerateur se n)et en prise, et y reste tout le temps qu'on n'interrompt pas le courant a I'obser- vatoire. Dans le cas de retard , I'horloge peul done etre remise a I'heure en cet instant, mais en cas d'avance , on aura soin d'in- terrompre le courant pendant 9 minutes, apres io premier signal. A 9 minutes 12, on jetabiira le circuit, et un second signal sera <lonne a 10 minutes. Si I'horloge a ele reglec exactement, le second signal le fera connaitre. Si, au contraiio, eile avanrait et n'avait pu etre encore reglec, on verifiera le calcul de I'erreur, et a 12 minutes , un deuxieme reboid de la roue des minutes,' place h une distance du centre diJferente du premier, rencon- trera un second ressort, qui fera passer le courant dans I'clectro- aimant du retardateur. Ce courant y restei-ait 7 minutes, si on ne I'interrompait pas a I'observatoire; on profitera de cet instant pour regler; on arretcra le courant apres le nombre de secondes voulu, et a 19 minutes 1/2, on retablira le circuit pour recevoir un signal qui fera connaitre si la correction convenable a ete appliquee. »

M, Liais ajoute : a Le systeme de detente eiectrique que je viens de proposer pour les accelerateurs et les retardateurs des oscillations des pendules, pent aussi servir dans le cas ou Ton se propose de ramener plusieurs horloges a la meme heuro a peu pres, en agissant sur les aiguilles. 11 suffit pour cela de rem-

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placer le poids acceldrateur ou retardate ur par une lige cyiin- drique terminee en coin, et poussee dans un tube par un ressort, de rnaniere & s'engager dans une entaille en coin faite aux roues des minutes et des secondes de I'horloge a rcgler. L'horloge reguialiice portera alors sur la roue des minutes une dent en platine, qui, rencontrant un ressort eu communication avec la ligne, lancera sur cette ligne un courant. Ce courant, agissant sur les detentes , ramenera a chaque heure au zero les aiguilles des minutes et des secondes de toutes les horloges placces dans le circuit. Si Ton veut savoir si toutes les horloges ont die reglees il sufllt que cliacune d'elles ait sur sa rone des minutes une dent en platine, qui, une ou deux, ou cinq minutes apres I'heure, ren- conti-e un ressort, et ferme pendant deux secondes le circuit d'une seconde ligne, transmettant un signal a I'observatoire; si toutes les horloges sont d'accord, le circuit sera ferme dans toute son etendue, et le signal se metlra en marche ; si I'une d'elles n"a pas ete reglee, le signal ne hougera pas. »

FIX DU 0N7.IEME VOLUME.

Imprimerie de W. Kemquet et Cie, rue Garaociere, 5.

A. THAMBtAY ,

propriciaire-gerani.

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