! '^tM t ■S* /%'• COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE DES PROGRES DES SCIENCES Ce volume est la propriete exclusive de M. Tramblay. Toils les exemplaires non revetus de sa signature scront reputes contrefaits el poursuivis camme tels. TAMS. — ll!r;:IMEJUE VF. W. REMQUET ET C'e, RUE GARANCIEi.E, 5. COSMOS REVUE ENCYCLOPEDIQUE HEBDOMADAIRE PROGRES DES SCIENCES ET DE LEURSAVPLWA TIONS A UX ARTS ET A L INDUSTRIE. Fondee par II. B.-R. DE UOlloitl. Ifiedigee par JMf. I'abbe AIOIGHO. TOME SEIZIEME. — i860. 1" semestre. PARIS BUREAUX D'ABONNEMENTS, RUE DE L'ANCIENNE-COMEDIE, 18 A. TRAMBLAY, DIREC TEUIt. — Los elicits de traduction ion t reserrei. — Tous les exemplars non reveius de a s^nalur nipufes contrefaits et povrsuivis comma tels. PARIS.- 1MTMMFKI E BB..W. BEMQUET, GOUPT ET C,B, RUE GABANCIERE, TABLE ALPHABETIQUE PAR NOMS D'AtTEURS. Abbadie (Antoiue d'). Influence de In nourrilure animate sur ia coloration des negres, p. 339. — Tradm lion de la lellre de Mkas, roi d'Ei liiopie, p. 422. — Observation de I'eclipse toiale, p. 536. — Couleur des cicatrices des negres, p. 637. Abich. Ex|iloratiun geologique du Cau- case, p. 656. Achabd, p. 489. Adams, p. 3oo, 320, 53g. Aguado (comic), p. 6g, 434. Aguilar Eclipse t'.tale, p. 275, 536. Airy. Observation des petites planeles, p. 2. — Oppos tiun de Mars, p. 169.. — Calculs de M. Adams, p. 3oo. — Observations de I'eclipse tutale, p. 534. Albert (prince-consori). President dn conseil de l'Association brilannique , p. n3. Aliouaru. Lnmiere incolore, p. 35 r. Alluard. Chaleur specifique de la naph- taline, p, 569. Anciaux. Tables de logaiiibmes, p. 2', o. Anseemier. Application de I'aiguille ai- maniee a la recherche du fer dans I'or- ganisme, p 5; 1. Arago. p. il)o. AsTR,\KOFF.Coefricienlsdefroltement,p.66. Acer, p. 534. Baboagk. Sigtianx telegrapliiqiies, p. 3o8. Babei. (I'dbbc). Hiimaiiile des sauvages de FAmeriqne dn Nord, p. 5G2. Babinet. p. 524, 694. — Appreciation du Gusmos, |i. 1. — Nona de Vulcan, p. r 1 7. — 1 elegrapliie des ouragans, p. 197. — Lumiere des halos, p. 672. Bache, p. 5 35. Bau.lon. Fleur des i-onifcres, p. 470. Bakek. Analyse du guano, p. 34. Bai.urcy, p. 199. Bai.biani. Generation d'iufusoiies, p. 692. Ballentin. Fusion d'acier par la houille, p. 11. Barral, [>. 180, 199, 356, 480. Barnout. Calendrier ralionnel, p. 17. I'akth. p. 191. Baudrimont, p. 467. — Theorie de la cbaleur latente enseignee par lui , p. 4o5. Bazet. Appareil neo-gazogene, p. 52fi. Bazir, p. 45 r . Beau. Cause de la morl par submersion, p. 602. Beaumont (IClie de), p. 454. — Eloge liL.li nque de Beautemps-Beaupre , p. 355. BEAUTEnirs-BEAUrRE, Son cloge histori- qne, p. 355. Bechamp. Aniline, p. 494. Beclard. Temperature produile par la eon tract mn des nerfs, p. 268. Becquerei, (pere). Emploi des composes insolubles dans les piles voltaiques , p. 379. — Temperature relative de l'aii el des vcgclaux, p. 74, 182,579. — Collaboration ovec M. Chevreul , p. 5i 7. Becquerei. (Edmund), p. 20, 517. — Emploi du sulfate de plomb dans les p^ics voltaiques. p. 3Si. Belliani. p. 1 56. Bei.loc. Code de I'operaleur phologra- phiqne, p. 63i. Be.nard. p. 665. Benedek (van), p. 557. Benoit. Division du voiledu pnlais guerie, p. i56. — McthoJe arabesque du irai'ement de la syphilis inveteree , p. 6S2. Berigry ( le docleurj. Meteoiologie , p. 200, 3(1, 3 19, 3', 7. BERTHhLOT, p. 128, 461, 635 — Etudes sur le cauiphre de succin, p. 323, — IV COSMOS. Synthesede I'elheriodhydiique, p.3a5. — Causes de 1'inversion dn sucre de Cannes sous I'iufluence de la levuie de biere, p. 588. Bertholon (I'abbe). Elect ricite des vege- tans sgissaol sur les vers a soie , p. 665. Bertrand (de Grenoble), p. t55,4i.'i. Bertsch, p. 186, 677. Bessei., p. 579. Billiard, p. 43r. Binet. Precede d'etendage du verre , p. 5» 3. Bihgham, p. 3 i 7 , 662. Biot, p. 1 9 1. — Observation sur un Ira- vail de M. Regnault, p. 664. Bizin. La pourpie des anciens, p. 624. — Distension it force repulsive nioleru- laire, p. 625. — Rapport des equiva- lents aver la chaleur, p. 436. Blakiston. Pluii: de glace, ]). 5 34. BlancharD; p. 18, 3o4- — Arachnides , p. 4o6. Bi.axcoud, p. 544. Kl.ONDI.OT, p. 80. Blumenbach. Coloration des Africains . p. 6fi6. Uo.iibe-Devii.liers. Allumettcschimiques, P- 57. Bo»elli. Metier eleclrique, p. 3.',r. Bortschoff. Expedition dans les steppes aralienne et caspieuue, p. 637. Boui.ey, p. 61. Buuruon (Isidore). Eaux mineralcs , p. 635. Bourgeois (de Tourcoing), p. ag4. — Operation cesarienne, p. 10. Bocrguignon, p. ia3. Boussingault, p. 35, 208, 637. — Gi- senients du guano du I'erou, p. 5ig. — Assimilation de I azote par les planus, p. 69 i. Bultigny (d'Evreux). Sur I'elat spheroi- dal de la matiere. p. 386. Bocvard, j). 1 90. Bracbe, p. 483. Brachet, p. 554. — Microscope soluire dioplrique, p. 5g8. Branchok, p. 544. Brasseur, p. 308. Breton de Champ, p, 2,0. — Porismes, p. 56o, 587. Brongniart, p. 49. Brussette, p. 544. Brougham (lord) Trailes de 111.1thcm.1li- i|ues el de physique, |>. 353. Brown-Sequard. Service de Tbdpital des paralytiqueset des epileptiques, p. 1 18. Buffon. Sa collaboration, p. 445. Bugeaud (le inarcchal). Sa regie meleoro- logique, p. 47 7- Bllard, p. 536. Burcq (le docteui). Sur les idiosyncrasies, p. 43S. Burin-Dubuisson, p. 546. Buriicuf. Transmission de l'elcctriciie dans les fils telcgraphiqucs, p. loo. Bury (de), p. a35. Bu-k, p. 660. Bussun. Cone-turbinelle, p. 462. Bussy, p. i63. Buys - Ballot. Paraselene observee . p. 394. Cahours (Arsene), p. 128, 607. — Sur lesradicaux organo-metalliques, p. '126, 625. Cambaceres. Fabrication des acides grjs , p. 666. Caniza. Alcool amylique transforme en aldehyde amylique ; deeouverte de deux nouvelles bases oxygenees compo- sces, p. 638. I Catpa (Raphael). Sublimations vesuvien- nes, p. 554. Carre, p. 487. , C\riiington, p. 5 35. I Carron, p. 3o5. ! Carnallo. Tassement des mnblui- , p. 384. i Caselli (I'abbe), p. 453. Casoria, p. 235. Castelnau (comte). Observations faites an Hap, p. 440. ( Iavaii.le-Coll. Experiences sur les tuyaux d'oigues, p. 95. — Accord avec la thcorie deM. Wertheim, p. 1 5^ . Cazalis-Alllt, p. 629. l.'llAMURELEMT, p. 486. Chami'oulion. Amelioration des plantes medicates, p. 240. Changy (de). Ferments conserves par le noir animal, p. 570. Chariuere. Perfectionnement de I'hygro- melru a cheveux, p. 566. Chahrot, p. 49. Chasi.es, p. 35g, 617. — Sur les porismes d'Enclide, p. 56o, 587. — Suifans huniofocales, p. 63a, 6(5.',. Chassaignat. Opeiation d'un bee -de - lievre, p. 9. Chai fi.ain, p. 549. Ciiaii.Nj p. 247. — Degre d'elevation on TABLE DES NOMS D'AUTEURS. de perfection des especes vegetates , p. 494. Chaumji (freres), p. 628. Ghent. Coiicliyologie, p. 44 '>■ Chevalier. Neographie, p. 2',o. Chevandier. Foetus de vache momifie , p. 606. Chevreue, p. 75, 244* 3J7. — ClassiG- cation des couleurs, p. J 17. Chouveau. p. 240. Christofle, p. 25g. Civiale (le docteur). Operation faite sur M de Zach, p. 190. Civiale (fils), ;>. 126. — Vues des Alpes, p. 432. 466. Cleiset (mademoiselle). Guerison de la surdi-muliie. p. 423. Cloez. Culture de la glaucie, p. 3ag. — Caoutchouc vulcanise, p. 496- Cloqukt (liiles), p. 556. Coignet (freres). Allumettes chimiques, P 9, 57. C.OINORE, p. 490. Coi.I.ONGCES, p. 18. Comberousse (del. Cours de mathemali- ques, p. 634. Combis, p. 129. Coninck (de). Verification de la regie dn marei-lia' Bugeaud, p. 477. CoNSTANTlNOFF, |). 683. CoQCEREL (fits:, p. 637. Cokenwinder. p. i 7 9. — Migral ions du phosnbore dans les vegetaux, p. 670. CoRNAGLIA, p. 2 t 5. Covte. Transmission heredilaire des qua- liteset des \ices, p. fior. Coci.vier-C.ravier, p. u5, 393, 673. Cocrbon. Flore de I'Ahyssinie, p. 617. Cox-Worthy, p. 490. Croczet, p. i^g. Gumming fie docteur), p. 4^2. Cozstrr. Sa priorite dans la decouverte de la Karaine, p. 565. Czermak, p. 4o5. — Laryngoscope, P- 599- Dagcin. Traite elementaire de physique, p. 384. — Halo solaire, p. 672. Dailxy, p. 638. Dat.emagne, p. 449. — Allumettes chi- mKpies, p. 5;. — Siliraiisalioii, p. 553. Daui-hine. Nouveau chauffage, p. 438. Davanne, p. 348. Derray, p. 4;,6. — Platine fondu et motile, p. 607. Dechambre (le docteur). — Hypnolisme, p. 29. Delafo-ise, p. 357. — Os fogies deMoa, p. 649. Delahaye, p. 24 t. Delaunay, p. 587. — Variation seculaire du moyen mouvement de la lune , p. 558. — Dispute avec M. Le Ver- rier, p. 209, 21 5, 276, 299, 320, 355, 402, 559. Deleau. Emploi du perchlorure de fer, p. 439. DtLFREYssE. Vapeurs desmalades, p. 29'!. Di-lmas. Recheiches sur l'lmlrotherapic. p. 125. Dei.oynes, p. 4^9- Uemarquais. Hvpnotisme, p. C2. Demortaik. Composition des eaux cjii- rantes de la Lombarilie, p. 375. Deneyron. Mention honorable pour sou ouvrage sur le paupcrisme, p. 2o5. Denier, p. 126. Denizot. Pompes d'epuisement , p. 5+5. Derniame. M.ichiue a glacer le papier, p 5i8. Derrif.n. Engrais, p. 207. Desa, p. 617. Dks Mcrs, p. 667. Desormeaux. Pseudo-ccpliale, p. 241. Despeanqce. Pieries a aiguiser facticcs. p. 544. DeSSAIGNES, p. 4 12. Deville (Charles Sainte-Claire), p. i5S. — Influence de la chaleur solaire sur les oscillations du barometre . p. 244. Deville (Henry Saiote-Claire). Mecaniquc chimique, p. 294. — Chaleur de^agee dans les combinaisons rbimlques . p. 32fi, 377. — Densite des vapeurs, p. 343. ■ — Nitre daus le bioxyde de manguiese, p. 496. — Platine fondu et motile, p. 607. Didisr. Lavage parf ait des eprcuves pho- lographiques, p. 681. Digeon. Cercles et gammes chromaliques, p. 517. Digney (freres), p. r26. Telegraphe ecrivanl et imprimant, p. 486. Doat. Mouvements produits par I'eiectn- cite du jeu des affinites, p. 684. Doyere, p. 425. Drion, p. 32. — Nouvelle mclhodc de li- quefaction des gaz, p. 6o5. Drouinead (le docteur). Guerisou d'une fracture double, p. 10. Drocyw de l'Huys. Sur les jardius de-; anciens, p. 173. i.OSMOS. Dubois. Altrartiou el lepubiou uni-.ir- selles, p. ^ii). Do Bois-Raymohb, p. :• Dunoo., |>. ia6. Dubut (le 4PCV8UJ0. Cu'n-ondu CBOUp, p. 284. , . . Duchakwu:, p. 1S7. — Eau emjse par la a e, p. '198. Dccriis. Direction des areostats, p. i56. Ddffadd. Prix des grains a Poitie.s , p. 21)5. Ddbavbl. Elude dela recherche des ma- xima .'I minima, p. 4>4. — Xhcone das couples, i)e Poinsot, p. 'ii5. 1), j ,ki.[n (Felix). Annouce la moil de son pare, p- 1 1"- . . . . | Dl..vn...N(de\l»rainville).Yeuxartlhc:els en email, p. 5,44r Dumas, p. 3j>7, ^>5' — ^side^ dc la Sociele de rhimiej p. 14 ' - Dgmeril (fere), p. «jS».V Ses droits a I'egarddela classification des msectes, |>. 3-9, ',69. — Promo, an e,«de de commandeur de la Legion d'honneur, 5„5. — Moeurs des crapands , p. 58a. Du Mosci 1.. Tnlics deGeissler, p. too. — Forres directrices des ainianua I'egard dn fer doux, p. 27*. — Incrustations di s vases poreux dans les piles, p. 3 7 5 . — Ooiipement des piles, p. 599. Utmost, p. 664. Di >cvn, |). 12. Dopahloot (Mgr). Propagation de la foi, p. I'D. Dupre. Travail dc la cha'eur. p. 3 18. Doran. M01 vemenl p^pelMel, p. .Si. Durocihr, p. 24.. — Observations de temperature «u Ameiiq.'.e, p. 3 1 S , 3 7 5 . Dovillk»o«. F.venlads, p. 199. Ebbekberg (deBerliu), Flu a la place du baron Alexandre de Humboldt, p. 4 4->. Ericsson. Machine a air cliand, p. 5 ip. EscaYRAc de I.auturk (d'(. Comini sion scien iGque en Chine, p. 118, 199. — EM edition aux sources du INil Llano, p. 6">7. Eschricht. Raleines, p. 55:. Estocqpois (d' . Homologieenmecanique et double refraction, p, 585. Eui.tr., |>. iS.'i. Faivkk (de l.)on). Contrart'slilc et im- lalnlilc des iici Es apres la mor.t, p. 385 Faraday. Application de la hnmere elec- tiiipie au\ phares, p. 6, 337. 1 \i< BAMrs. Recompense uationale,p.368. Favre, p. 117. Fate. p. 169, 277, 688. — Discussion avecM. de Tessa n, 4 3,73. — H) polio- ses aslrononuques, p. 10S. — Kc- ponse a M. I'ape, 192* 22t< ~~ Ke" marque a I'occasion de I'induclion electro - magnet ique introduite par M. Jacabi, p. 57 S. — Expedition en Espagne, p. 191,442- — Force impul- sive du soleil. p. 4oo, 5 11, 5?.o, '7 >■ Fedor- Tiioman. Loganlhmes a vingt deci- mates, p. 5i3. Feilitzsch (le baron de). Explication par la diflraclion des phe- onieues observes dans les eclipses de sohil, p. 688. Ferrier. Stereoscope, p. 679. Feval (Paul), Oymnastique Trial, p.6i5. 1 Figuier (Louis), p. 18, 445, j77- Filhol. Matiere colorante des lleurs , p. 292, 686. Fizeau. Membie. del'Academie, p. 21. — Mouvement de translation de la teire, p. 43. Fr.EURY, p. 12.5, 200. Flourf.ns, p. 129, 157. 274, 582, 637, 66ft. — Coloration des os el du fuetus par le regime alimenlaire de la mere, p. fior. — Sur les manusciits de Buf- fon, p. 445. Foissac, p. 3S4. Fonssagrives. Oiganoscopie jholo-clec- triqne, p. 104, 1 18. FoNTA, p. 087. Forres, p. 600. Fordos. Fmp'oideschlonires d'or,p.349. Foster (le Neve). Metier eleclrique a la Ja* quart, p. 3 4i. FoURNET, p. 4 ' I) J52. Fournfyrie, p. .'|(l6. Fouknier, p. 617. — Fnite de gaz dans lesliiyaux de ronduile, p. 5'-'-4. Franck. Preparation de la fuclisine , p. 236. FllANR DE VlI.I.ECHnLI.ES, p. l5t. Frauenfei.d. p. 539. F'RiiMY. Nature des gimmes, p. 81,243. Fries, p. 63. Fries. C<>iupte rendu de 1 '.exposition d 'horticulture, P- 5y3. Fucns( le Virnnej. Laiyngi>st»pp, p.Sgg. I-'iicbs (de Munich). Silicaii.^aiion, p.49"- Furrh., p S^g. Gag.h. Fabrication des toiles impennea- bles, p. 488. Gagmom (Jet-leimont-Fcrranil;. Opi'ialion de la cataracte, p. 9. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Gaillard (le docteur). Appareil pour les fractures, p. 10. Gale. AnaIyM» du guano, p. 34. Galtter-Roissiere. De la goutte, de sa nature, de ses causes, de sun traile- ment preservatif , paliiatif et curatif, p.6,,8. Gand (Kdouard). Flottes terrestres, for- teresses mobiles, p. 440, 524. Garnter, p. 6o5. Gary, p. 552. Gasparin (de). Prinripes agronomiques , p. 3i8. Gaud™, p. 54. Gaudry, p. 81, 353. — Mission geolo- gique en Grece, p. 634. Galgain, p. 5^5. — Propagation de l'e- leclricita, p. 279, 3 14. Gavltier de Claubry. Vulcanisation du caoutchouc, p. 492. Gautier Cometes, p. 191. Gayot, p. 65g. Gussler. Tubes eleclriques, p. io5, n3. Gellis (fils), p. 535. Gellis (pere), p. 535. Gergonne, p. 08 r. Gf.OFFHOY SaINT-HiLAIRE, p. 79, 171. Gfrvais, p. 240. Oeuther. Action de la chaleur sur les chlorines de carbone, p. 569. Giffard. Pi ix oblenu pour son injecteur automatique, p. 128, 202. Girard, p. 240, 348. — Ecrevisses ron- gees par des cvclades, p. 90. Girardis, p. 162. GiraUD-TeULON, p. 62, l45, 220. Gladstone. Photographic de i'invisible, p. 63 1. Oloesener, p. 247, 36o. Goffin, p. 67. GoLDSCHMIDT, p. I 56. Goluchuwsky (le comte de), p. 538. Gosse, p. 468. Govi. Photometre analyseur, p. 81, 82, — Successeur de Nobiii, p. 368. Gras (Scipion), p. 414. Gratiolet, p. 461. — Encephale du gorilie, p. 598. Grove, p. 127. GuhriN, p 439. GuERIN (Jtlles), p. 571. Guerin- Meneville. Tissus chinois , p 5o. Goerineau. Hypnotisme, p. 29. Guerry. Hypni. tisane, p. 75, 92. GciGNET, p. 548. VII Goillemin, p. xor>, 525. — Propagation de l'electlicite dans les lils lelegraphi- qiies, p. 279. — Iiiteusile des courants d'indnction, p. 640. Gwinne, p. 12. Haidirger. Travaux de 1'Institut geolo- gique imperial et royal d'Autiiche , p. 537. — Gisemenl d'os fossiks de Moa, p. 649. Hammer-Purgstall. Memoires et corres- poudanre, p. 534. Hansen. Tables de la lune, p. 277, 299, 3^o, 355, 402, 557, 559. Hardy, p. 247. Harrison. Chambre solaire, p. 662. Hauer (Charles de), p. 5,'iS. Hauer (Fninc.'isde), p. 538. Hausmann (de Gaeitiugue). Sa mort, p. 20. Helmersen. Voyage en Finlaude, p. 656. Heljihoi.tz (Jc Kceuigsberj:). Mesure de la vite^se des courants nerveux, p. 391. Helot (le K. P.), p. 548. Hek,ipath. Iii-ulLtts des aicaloidrs de la ciuchonine et de la quinine , p. 57 0. Herland, p. 545. Hermite, p. 2S0, 357. Herpin. Petite poste de telegraphie elec- Irique a Paris, p. 5yi. Hesse. Chtreoculture, p. 557. Heurteloup (le baron). Physiologie na- rurelle, p. 98. — Dei'aillance uerveuse, p. 332, 43o. Hind, p. i(|r. HiRjt. Observation d'un boliJe, p. 85. — Biographic de Henri Loewel, p. 3i3, 357. t Hochstetter, p. 538. Hoeck, p. 673. HOI.LARD, p. 4o3. H'immmre de Hell (baron), p. 298. Horner, p. 538. — Antiquite du terrain brut de la vallee du Nil, p. 65o. Huet. Observations meleorologiques a Nantes, p. 209. Hiigon, p. 3l2. HirMBOLDT (Alexandre de). Patron du Cosmos, p. 2. — Iulroductiou du bouana 011 guano peruvien, p. 35. — Theorie desvolcaus, p. 64 — Jugement sur ITnstitut geologique de Vieune , p. 538. Husson, p. 406. Jacobi (vou), p. 261, 347, 5i3. — De rinducliou magnelo-eleclrique en jeu sur la terre et dans les cieux, p. 567. Mil COSMOS. , — Catalepsic , iG3, 409. Jam uowiTSCH. Terminaison des nerls , p. 49s- Jam is (Jiilts). Experience d'endosmose, ., q'(_ Equilibra des liijuides d.ins lcs corps porvux, |). if>9, 216. Jardin. Mi-da lie d'argenl pour les gra- viii cs a I'aridf Oii"i-hydriq'ii', p. 54 t. Jmkhouf.t. Explication des ladies du gnleil a I'oppo-iie de la theorie de Berschel, p 687. Jodard, p. 368, 482 p. i8fi. JOUERT UE LaMBALLE, p. JoDta, p. 1 24. Job.v (Tl.omas). Sysleme do telegraphe ecrivani, p. 489. Jokeli, p. 5J8j Joi.y (de Toulouse), p. 24:. — Genera- tion sponlanee, p. 352, 555. — Mons- Wtruosite (i sipede, p. 6*>5. .Tom i\d. Expedition astronomique t'es astn.nomes egypliens, p. 620. JuCBERT'le K. P. , p.56o, 638, 679. — . Functions ellipliques, p. 445, 468, 6u6. Jourdain, p. 993. — Appareil renal des oiseaux, p. 606. JousvELitj. Telegraphe continental entre Irs ileu\ monJes, p. 86. Jozoh, p. 628. Iso\rd. p. 2.58. Jblien. Courants de l'atraosphere, p. 492. IVAMTZKY, p. 347. KAKrrtuN (JeColmar). Medaille d'argent pour sa balance hydrosiatique, p. 546. Kauffmann. Moyen de diatinguer la bonne el la mauvaise graine, p, x58. K.EAK, p. 666. Kuimsoff (de), p. 4o3. KtRtuEii (leP.), p. 75, 9'. Ki.i.ber (le R. P.). Annates de la Propa- gation de la Fui, p. 5g. Kocu, p. 545. Koenig de KoEKiG<;iiERG(Rodolphe).Boiles a tesonnance, p. 307. Kill .1USK, p. 125. Komaroff, p. 126. — Horloge atmosh pberique, p. 638. Korr. Extraction de I'alizariue et de I'in- digolinc, p. 548. Kossxk (de Medio), p. 66. K.Roim. Experiences sur la nemei line, p. 66. K 1 ■n.kt" (de Berlin). Candidal pour la section ilegcunielrie, p. 604. KtcHMEisTER, p. 191. Rummer. Nonime correspondant dan.- f;. section de geometric, p. 604. — Ses reinerrimenls, p 6<3, Laborde (l'al)be). Transmission des moii- vemenls vibratnires, p. 376. Laboui.ave. Sur I'equi^alent mecauique de la cbaleur, p. 3 14, 369. Lacaze-Duthier , p. 280. — Pnurpit- des anciens, p. 624. Lagringe. Mouveincnt do boulet dans linlerieiir du canon, p. iS5. Laorkz.e- Fossat Nuphar Ititeum, p. 669. Lamari.e. Ecoulenient des eaux, p. 5i'i. Lamartne. Mepiis de la pliotograpliie, p. 6ti3. Lamazou (I'abbe), p. 65 1. Lame, p. 587. Lamont, p. 536. Lamy. Nouvelles machines a vapetir , !'• 477. Lannoy. Racines carrrei, p. 76. Lapassu (vicomte de). Essai sur la conser- vation de la vie, p. 77. Latlace, p. 170. Laprade, p. 628. I.arrey (le baron), p. 469. Lartet. Ancietinelede lVspece huinaiur, l». 4*8. Lartigue Theorie des vents, p. 4y'. Lauiier*, p. 7. Laugier, p. 668. Laulerie (Martin), p. 348. Laurent. Courauts liydio-eltcliifjue- ■. p. 357. Laussedat, p. 556. — Application de la photographic a la levee des plans, p. 668. Lavoisier., p. r3o, 69.5. Lebecf (de Biyunne), p. 69T. Leconte. Kecherclies sur le su;re dans le~ urines, p. 285. Le Coq. Spongille d'eau douce, p. 669, 686. Lfcooturier. Carle de !a lune, p. 42ft. Legrand, p. 353, 536. Legray, p. 127, [53. Legros. OEil de la baleine, p. 49^> Lemaire (Jules). Proprietes du coalta; de sapnnine, p. 695. Lrmenager, p. 547. Le Neve-Foster. Metier eleclrique a la Jacqoart, p. 34, 1. Lexoir (le doclenr). Appareil a gaz d'e- clairage, p. 255, 3i2, 3gt, cousiiuil en grand par M. Marinoni, p. 6(8. — Accouchement*, p. 692. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. ljEf.EBiiur.LET. Zoologie du jeuRe age, p. 556. Lssoox, p. 383, 407. — Cbaleur nais- san e tie la cessation du mouvement vibratoire du corps, p. 35o. Lescarbault. Decouverle de Vulrain, p. 19, 21-28, So-'iS, ii 5, 192,211, 3g3, 397, 4 1 1, 47^- — Banquet re- fuse, p. 171. — Cioup gueri par le bioine, p. 3g7. Iit>strs (de), p. 422. Leveau. Ainiautatioii de la vue, expe- rience microscopi pie, p. 6a3. Leveque, p. 17. Le Verrier (madame), grace paifaite, |>. 645. Le Verrier, p. 21, 47, 49, 155, 275, 408, 590. — Observation des pehtes planet es, p. 3. — Planele iniiaraerou- rielle, p 19, aa, 5/5, j»5, io»j »ir, 21 5. — piaintecontre la coinwnsance des temps p. i58, 168, 188. — Dis- putes avee M Deiannay, p. 209, 21 5, 2.76, 299, 320, 355. 402, 559. — Theone de Merctire, p. 210, 3oo. — Soiree a I'Observaloire, p. 645. — ' Nonnue vice-president degla section des sciences, p. 591 . Levert, p. ?4°. Liais. Decouverte an Bresil d'une nnii- velle co'nele double, p. 365, 633. — Elements el posilious de ce.ite plantle, •>. 393. — Protestation injuste con ire la decouverle de iM Lescarbault, p.3g i, 41 r, 473. — Visibilite. de Venus, p. 694. — Pioches de formation mo- derue, p. 524- Liebig, p. 3(i. Aeidile du pain bis empe- clne, p. 23;. i.is'iELuEFK. Calcul des variations, p. 44. LlSHEMAKN, p. 7. Liol'vii.i.e. Dispute avec M. Le Verrier, p iSS, 209, 214. Lipold p. 5 38. Lissajocs , p. 270. Loewel (Henry), p. 3 17. Loik, Nouvelle melhoJe de liquefaction des gaz, p. 6o5. Loise^u. Cosmogenie e! geogencse, ou oi'igniede I'lnuvers, p. oa-j. LoNGET, p. 220. I.ordat. Promotion au grade de corn- man leur de lu Legion d'lionneur , ]>. 0o5, LOUP, p, 545. Luca (de), p. .jo5. LtrOEOt (l'amiial), p. 3o. Luschka, p. 24°» Luther, p. 4n. — Prix oblenu pour ses decouvertes de planetes, p. 202, 209. — Decouverle done nouvelle planete, p. 337. Lyeil (sir Cliarle-0. Etnde sur les laves et sur les ciateres. p. 64. Macadam. Decapagede l'aluminium, p. S. Medi.er, p. 3ig, 4*6. Magron, p. 43i, p. Mahisire, p 237. Mailabd, p. 348. Main (Robert), p. 320, 53g. VIaingault, p. 356. Maisfranex (I'abbe). CJimat d'Altingard, p. 56.'. Maisonneuve. Ablation des macboiies. p. 638. Malaguti, p. ifi. VIandl. p. 35 1. .\lANGON;Hene). Vitesse du vent, p. 3io. Maniere. Bulletin meteorologique,p. 4p,, 320. Mantegazza, p. 406. j Marchand, p. 162. Marc .lle. Telegrapbie et vilicul tiif- . p. 5S9. Mahey, p. 35'7. Marguerit (le baron de). DecouveVte d'une comele, p. 672, 673, 6,<7. Margceritte, p. 4 1 5. — Fabrication industri -lie de Iamiuoniaque asec I'a- zote de I'air, p. 638, 642. Mahie, p. 240. Marie- Davy. p. 3S3. — Propagation d'eleclricile dans les fi Is cbnducteurs, p. 481. Mahignac. Cbimie philosophique, p. 5!»2. Marinoni, p. 620. Marloye. p. 3o6. Marscbal (le couite de), p. 538. Martin acq, p. 81. Martin de Brettes. Pendule balisticpie, p. 683. Martini, p. 2y3. — Lipome, p. 553. Martin-Villiers, p. 29*. Massiere, p. 547. Mathiec (de Marseille). Purification de la terebeuibiuc, p. 68. Mathieu. Bras artifioel de Roger, p. 16, 76. Mathieu, p. 557, 5S7. — Justification du bureau des Longitudes, p. 188. Mattiuccc, p. 245. Maury (de Wasbington), p. 5< <>. — COSMOS. Conference meteorologique interna- tional!*, 1 1 6gc. M»uzhze. ji. a38. M \vu hi. Simpson. Ombinaisous nnii- vrllri (In glycol, p. 569. MivtK, p, 454. Hmh (ile la R'ichelle), p, 267. Mini (Cli.), p. 4o7. .Mm. I is. p. 236. MEURGtY, p. 206. MnmtDHR. Equations; algebtiques , p. 587. Muni*. Poule livpnntisee, p. 3o. Middkndorff. Voyage eii Siberie, p. 637, JIid^e. Perfeclionnemeut a I'livgiometie a clieveu, p. 566. Mifge. Milieu d'or tin Kansas, p. 56 1. JMiLi.tT (Alexis), p. 681. MlI.LY (lie), p. '187. Mii.se - Ekvvards, p. 279, 384, 637. Vice-president de I'Aeademie des Sciences, p. 20. — Crapauds, p. 083. MlTIF.OT, p 4o6. MlTSCHtRLICB, p 143. Mo a. Ses os fo-siles, p. 64g. Mobs, p. 5 \~. Moigho (I'abbe), p. 1, i5'(, 282, 291, S>i, 343, ',16, 608, 632, 69't. — Protection des aiiiuiaux, p. 14, 3 S6. — Nouvtan guano, p. 33. — Cbambre solaire de Woodwards , p. 69. — Fluorescence, p. S3. — Telcgraphie meieurol canx de la Seine, de la Bievre et des eaux msalubres des usioes, p. 537. MosrMFioes (de), p, i/,5. MoimcnT, p. 65a. — Observations sur la <.ile-.se du brail du toimene, p. 2.X2, 072. MilUA[N\II,|,F. (,!,>, p. 5 j '( MoRtu (le general), p. 411. Morhfn. Crrlinisme, p. 598. MuM.tR, p. 124. i'Uurciiis'ion (air Roderick), p. 402. MomcTi p. 55 5. N'amyas, p. 4o5. — Poudre coaltarce, P- 4Qi- NirrANCi.uRT (cumlc de), p. »»5. Niepce de Saint-Victim;, llluminalion de I'eau , p. 223. — Action rbimiquc de I'electricile sur les substances en solu- tion aqiieuse, p. 2 18. — Actiule per- sislanle e'e la Inmiere, p. tifio. Nigoussie (ioi d'l'Jlnopie), p. 422. Nikles. Isuniorpbisme du liisniuib, de laniimoiue et de I'arseuic, p. 493. Nonat. (Jh'oro-anemie, p. 571. Ot ltzen. (lataogue d'eloiles, p. 169. Ohm. Tlieorie de la pile et des couranls elecinqu.es, p. 626. Or.L'ER, p. 79. Omlganch Receltes pbysicales, p. 3. 0«FIi.», p. 2C metric moleeulaire, p. 142. 227. — Gene- ration spuniauee, p. 1 5 7 , i63, 262, 33 1, 5oo. — Origine des ferments, p. 5oo, 4g5. — Nature des ferments, p. 658. Paiii.it, p. 41 4 • Pauvert, p. 68. P,\i;\vn.s, p. 28 r. Payen Moyms de vieillir levin, p. 235. Paysant, p. 24 1. Pe>n (Ie doctenr). Maladies de l'epaule, p- 683, TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Pei.et. Etudes etlmofrapliifjiies, p. 5?-;. Peli.ion (Pelilpierre). Fusion d'acier par l'amli ante. |>. ii. Penot, p 340. Perriit. Note sur I'cliiicelle d'inductioii, p 270. Perrtichot, p. 617. Pfsier, |i. .'I97. Pe-se (de Teheran). Vues ties monuments dela I'erse, p. 433. Peterssox (.van), p. 16. Pethekick., p. 197. Petit (de Tou ouse). p. 536. — E'lai- rage public des viiles, considere au point de vue aslronomupie, p. 064. — Transmission electrique de 1 heme, p. Soft. Petreqoin, p. 81. Petz.valu. Objeciif orthoscopique. p. 127. Peurelx (le P.). Annnles de la Proi>aga. lion ,.'e In Fo/, p. 59. Pfeiffir, p. 549. Philipeaux. Regenerated des filets ner- *eu\, p. 571. Philips, p. 617, Phillips, p. 5S7. — Theoried.s spi- ranx isorlirnnes, p. 6o5. Pbipshn, p i 56. PlGNACCO, p. 124. Piorf.rt, p. ,57, 184, 399. Piorky. Cuahilite de la plithisie pulmo- nale, p 572. PlRoGOFF, p. 597. Pitta. Si< reosrope, p. iq5. Plan* Elu a la place de Lejeune-Dirieh- let, p. 270, 37g. Plan if, p. 35g. Pl.UMKETT, p. 8. Poey, p. 4i.2. 5 36.— Aurora boreale du 2 septembre, p. 97. _ Eclipse d- lone du 6 lewier. p. 3 9.— Aurore boreale du 24 mars, p. 5S3. — Ardeur ft zele de M. Poey, p. 0S4. Pogoiale. Al, nineties clumiques, p. 57. Posumsy p 167. 66 5. Poissot Sa place vacanle, p. 3o5, 322 Si tliemie des couples atlaquee par M. deTcs-an, p. 40 i, 4 1 5 . Poisson, p. 1 8 5- PoiihviN, p. 125, i5i. — Procede nou- veau de plioiograpbie sur collodiou, p .33. POKCHUT. p. I 55. PONTECOULANT (de), p. 402, 407. — Re- poi.se anx objections ue M. Delaunay, P. 441,465. XI Porro (le marquis), p, 180, 469. Porro. Observation des passages an meri- dienau raujeii de la photographic, 577. Pouchet, p. 137, i9r> 293, 352, 607. Let I re sur la generation sponianee, p. 262. 33o. — Oorpusc.ulos llottant dans l'air, p 413, 6*7. — Mlex tall- ies, p. 65o Cicatrisation, p. 607. Pouillet, p. 8o, 25g, 495, 523. Polpinel (le R. P.), p. 309. P0UUTH1E, p. 3lO. PoUSSIN. p. 247. Power (James). Cable electrique sous- marin, p 60. 5go. Procjvost. Machine a vapeur, p. 477. Pucheran. Fouclions de la locomotion, p. 599. PuRKiNJt, p. 60 i. — Elu com-spondanl etianger, p. 66S. Plyseux. Dev. lnppemenl des coordon- nees des planeles, p. 76. — Candidal a la piae de Poinsot, p. 322. Quatrefagfs (le), p. 637. Malarlie des vers a suie, p. 40, 80, i58, 406, 444, A69. Que. in. Prairie artilicielle a la luzerne, p.65u. QoETELET, p. 69 1. Quinet. Objeciif multiple et diaphragme nouveau, p. 126. — QuiuetosCope tn- noculaire. p. 3^7. Racmaninoff. Machines a air rhaud , p. *og- Radao ( d'Angerbourg Y Planete intra — mei-curielle, p. 85, i4?, 169, 171, 270, 473. — Accioissimeii! inrgal des jours, p. 397. — Repute a M. Liais, p. 4:3. Raim.ard (I'alibe). Solution du probleme de M. Moutigny, p. 372, 675. Ramont. H ub'ouine, p. 237. Piathke (de K(Ei.igsber^). Nomme cor- lespondant dans la section de zoologie et d'anatumie comparce, p. O04. Redier. peiidule coiiuue. p. 5 6. Rjgnaud ue Saint-Jean d'Angely (le mai echal;, p. 4 1 1 Regn»uld (Jutes). Fluorescence des mi ieux de I'oeil p. 8S. Regnali.t, p. 406. M>4. — Forces elas- liques des vapeur?, p. 6.2. Reischauer. INouveau corps delonant, p. 570. Rtsnu. Fuchsine, p. 2.36. Renault. Typhus cj.niagieux des bctcs bovines, ]>. 210. XII COSMOS. KrNou. Suspension cJe la publication ilc-. observations meieorologiques,p.47. Reroixe. Rayons, apolliemes et volumes dt's cinq polyedres, p. 464. Rami s S.i moil, p. 533, 556. Kiche Acidrs polybasiqties, p. 468. Richm.ot (de Kumig-beeg). Candidal a la plare vacante de M. Plana, p. 604. Richier. Prix du coucoiirs agricolo de 1H60, p. 62g. I'ik 11 1 BOFEH (le baron de) p. 538. RmoF.K (le R. P.), Hypnolisme, p. 88. Riv,.i. Traitement des minerals, p. 4'|5. Robin, p. J77. — Causes de la fusion, lois qui la regis-ent et permeltenl de la prevoir, p. tig, 174, 241. — CokIoii onibilical, p. 56o. — Hois de noyer ma- liere coluranle, p. 5gg. ROBINSON, p. I I 3. Robiquet , p. 61, 200. — Sa mojt, P- 14 9- Roche, p. S5, 536. — Lellre a M. I'abbe Moigno, p. 170. — Observations uie- teorologiques, p. 367. Rohok. I ab'eaux geologiques, p. >5o. Rosenhain (de Kcenigsberg). Candidal a la place vacanle de M. Plana, p. 60-i. Kostaing (le baton de). Procedc de di- vision des corps a 1'elal de fusion , p. 546. RlH'CUET on Rouget, p. 76. Rucoel. Nomelle pile, p. gt. Rouge (vicomte de). Archeologie egyp- lienne, p. 62 1 . Rouget (Charles). Globules du sang, p. 7. Rodlahd (S. E ), p. lift, 117. Houtzes, p 66. Rotx (Jules), p. 410, 58;. Rouyek. Luxation de In mathoire, p g. Roy>r. Double crista I lisaiion du soufre, p. fi*7. RuHMRORFF, p. SO, igfi, Il8, 453,520 683, — Pboilio; bore electrique, p. io5, 107. — Obtient le pnx Tre- monl, p. 205. — Force repulsive, p . 5 7 3 . RiMKtR. \ouveIle comete, p. 4.1 1, Saixte-I'.fuve (det. Critique do M. Flou- rens , p. 446. Saiht-Vebaut (de). Modeles represen- lanl le iiniineiui lit des cordes souores el la surface des ondes lumineuses, p. 5i7. Sallbron. Appar.eil expliqnanl la Iran— mis-'on de I'cleclricitc dans les Dls le- legrapbiques, n. 104. Saussure (de). Ascension du pic d'Orizaba, p. 64. Sauvigny. Coneours propose pour la ron- struclion dun appareil aul oinotein sur la terre et snrl'eau, p. 6jj . Savareixo. Delerremeuts a Pomj eia , p. 412. Schehzer, p. 53g. Scheurhr-Kestner. Oxydaiion du pro- tochlurure el dissolutions de <|iiel- quesoxydes dans le bclilorure p. 2«)». Schiff (de Framfort^. Monas prodigiosa, p. f», 7. Schlof.sing. Combustibilile des feuilles de labar, p. 354, 606. SchoenbeiK. Ozonisation de I'air, p. 383. ScaooNBRODr. Rapports inlinies de- substances albuminoiJes et amyloides p. 687. Schouwaeoff (comte de). Images pboto- graphiques sur plaque collodionuee . p. 1 5 1. SCHWAMM, p. 699. Scott-Alison. Sletopbone differenticl p. 3o6. Secchi (le R. P.), p. 210, 536, 688 — Leitre sur I'ouragati du 27 fevrier, p. 365, 367. — Queues des cometes, p. 3gS. Seguif.r (baron), p. 17}. Seguin (aine), p. 5Sa, 625. — Crapauds. p. 554. Senarmont (de), p. 'o, 522. StRGE-HorKiNE. Manere roloran'e du sang et de la bile, p. 55g. ShRREs (de), p. 524. — Cosmogonie d< Moimi; coproliibes, p. 634. Serret, p. i55. — Elu a la place dft Pomsot, p. 322, 354. Serrin. Regulaleur aulonialique de la lumiere electrique, 5i5. Sieeold (de Muni h), p. 60S. SltBSRHAN. p. 5 ll). SiMMnsDi, Pain diia, p. 4- Sokby. Aeiion de la clialeur humide sik les mimr.uix, p. 587. Soijrueval (de). Fabrication indu trirlh de 1'animoiiiaque avee I'azQle de Fair, p. 6i8, 642. Stacke, 538. Siahii.eh. Pinar.one. p. 56g. Stfrry-Hi NT, p. ^87. Straoss-Durck.he(M, p. 33o. Strove, p 5 K. Siu^rt. Exploration de l'Auslralie,p. 3o. Stur, p. 538. TABLE DES NOMS HAUTEURS. Mil Sylvester, p. 35?.— Theorie ties resi- dus quadratiques, p. 407, SmcuW) p. 18. Tcbebicbef (de . Elu a la place deGer- noni>e dans la section de geometric , p. 58i. TESSAs(de), p. 18. Dispute avec M. Faye. p. /l3, 7^. — Ses altaques contre la throne des couples de Poinsot, p. 4o3, Testud de Beabregard. Vapeur spheroi- dale, p. 2j3. Tbarin (I'abbe), p. 108. Tiiknard (baron), p. 661. Eloge histo- ricpie, p. 128, 129. Tbinnfeld (de), p. 537. Xhirault. Coloration du fer et de l'acier, p. 547. Tbiredx, p. i3. Thompson. Chambre solaire, p. 66a. Tbuyssczian, p. 416. T16RI. Ress.mblaucesentre le magnet isme et l'liypnotisme, p. 18. Tisserand, p. 481. Tissier. Proprieles du nickel, p. 4". — Contraction des corps solubles , p. 271. TOETTERLE, p. 533. ToURNASSOL, p. 552. Tocssaint. Reproduction eleclrotypique ou gahanique des objets de la nature, p. 047. Teamehy, p. 6J1. Tremrlay. Fusees porte-amane de sau- vetnge, p. 545. Trochu, p. 628. Turner. Rotation des corps, p. 280. Tyndall. Experiences bid antes sur les decharges eleetriques, p. i&3, .33'.. Vaillant (le marechal). Insee.te perfo- rateur des balles de plomb, p. 247- — Industrie dps vers a soie, p. 3a3. — Ren tree a I'Academie, p. 682. Vaxade-Gabel, p. 44i. 469. Valdes. Manuel de lingenieur, p. 49- Valenciennes , p. 90. — Classification des madrepores, p. 601. Vallee, p. 25, 272. Valrkhx (de). Mauvais etablissement sur I'impol ties cluens, p 566. Valz. Deduc'ions relatives a Vulcain, p. 2-10. — Observation de l'cclipse future, p. 536. Va*derhoven. Catalogue des races hu- nii'ines, p. 43. Vard. p. 67. Yattemarl. I.es brevets des Ktals-Ums, pris en 1807, p. 4^4- Vee, p. 8. Aeiteau, p. 162, 692. Verdi", p. 247. Verrier (L,). Fixage des rpieuves pho- tograplnqnes, p. 682. Vertu. Fin de non-recevoir opposec aux objections de M. Liais, p. 633. Vidal (Mlle). Alcuolumetie ou ebullios- cope Vidal, p. 237. Vilcoq. Tarare-Tneur, p. 660. VllLARCEAU, p 674. Villiers de l'Ile-Adam (de). Observa- tions de Mans, p. 367. Vioi.ette, p. 76. Vogel. Nouveau corps detonant, p. 5-<>. Voigti.aender, p. 126, 127. Volant. Nouvelles propiieles de 1'electri- cite, p. 35 1. Voi.her. Disinfection des tonneaux , p. 5 ',9. Vulcian. Rcgenerateur des filets ner- veux, p. 571. Wagner. Eau de rose arlificielle , p. 1 3. Ward (d'Auburn). Telegraphe mariu. p. 1 3. — P-.eudo-di;iscope, p. 5. Warren, p. 269. Webb (de New-York). Nouveau guano, p. 33. AVeddell. Plantes parasites de I Arr.eri- que el de I'Alrique, p. 49- Weierstrass (de Berlin). Candidal pour la section de geoiuetrie. p. 604. WtRTBEIM, p. l57. Wheatstune. Theorie de la pile it des couraiils electiiques, p. 526, Wbitworth. Nouvelles boucbes a leu, p. 226. Wiedeman, p. 383. Wilson (de Londres). Huile de petiole, P • 2^7. Wilson (Georse). Sa niorl, p. 5. VVlNNECKE, p. 53 4. Wolf (de Zurich). Parages de plane.es sur le soleil. p. 85, 269. Wolfers, p. 269. Woi.ff, p. 538. Woodwards. Chnnibre solaire, p. 69, 127. 434, 662. Worsaae. Lettie sur les oulils cl les amies eu siiex, p. 1 35. WULLI R-TOKFF (de), p. 539. Wcrtz, p. 125. — Rerherches sur le glycol, p. 128. — Oxyde ethylene, p. 693. XIV Wurst ( Ic Washington;, p. *. Wtall, |>. 5j i. Win ants. Sonde el potassse, p. 67. \\ vs: . Fon Iniion lie Phopital des pa- ralyiiques el das epilepliques, p. 118. '/.\ca (le baron de). GiK'i'i a la lois m.i- icriellcmcnl et moralement, p. 190. COSMOS. Z.\LES\VR.t (le comte). Gravitation par l'e- lectricite, p. 240, 406 , 467. Zamb\. Cavernes en Sicile, p. 666. Zantedeschi (I'abbej. Lett re snr les pro- Inlicr lures roiigBS, p. 688. Zenger. Theorie mecanique do la lumiere p. :,u. Zei.ebor, p. 53g. TABLE ALPHABETIQUE PAR ORDRE DE MATIERES. Abeiltes. Leur intelligence, p. 336. Abyssinie. Collection dejdautesde I'Ahys- Siiiie, p. 617. — Lettre du roi Nikas, p. 422. — Eclipse totaleay observer, p. 536. Academie de Sainl-Petersbourg, p. 656. Acidesarsenicaux, p. 80. — manganiques, p. 3;6. — tarlnques et succiiiiqiies, p. /iT2. — |iol\basiques et noaveaux carbures d'hydrogene, p. 460. — Quo- rhydriques , p. 5i3. — iiitrique , p. 520. — gras. Lear saponification, p. 666. — pbeniques, p. 700. Acidile dn pain bis empecliee. p. 237. Acier de luiigslene, p. 236. Acou&Uquc de-. pliares, p. 3o5. Voir Ca- vaille-Coll, Kceuig, Marloye, Wertheim cl Lali. Acliviie persistants de la luniiere,p. 6G0. Agenis llnia|ieiiti<|iies. Leur passage dans le sang et les urates, p. 124. Aiguille aimautee , appliqm e a la re- cherehe du fer daus I'orgaui-ine, p. 57 1. Aimanlaiion de la \ue, expeiienee micros- cupique, p. 623. Alcool aniyliqtie, p. 638. Aluminium decape par une solution de polasse, p. 8. — Sa resistance et celle de ses alliages, p. 235. — Acetate d'a- lumine employe pour rendre les tissus impermeables, p. 1 3. — Action de l'aluinine bydratee, p. 243. Ammuniaiiiie. Sa fabrication iudustrielle avee l'azotede lair, p. 638, 642. Analyse microscopique de flocons de neige, p. 293. Anatomie tropique, p. 5g7. Augine couenneuse et croup, p. 284, 6,5. Aniline, p. 494. Aunales de la Propagation de la Foi , p. 5g, 6o, 309, 56i, 564. Anomalies rneieorologiques, p. 411. Antbracile, p. 11. Appareil hydrauhquu , p. 4^2. — neo- gaz 'gene, p. 5a6. — renal des oise.tux, p. 606. — Aulomoleur sur la terre et sur 1'eau, p. 62 1 . Apparition subite d'uu lac pres Tbonon , p. 226. Arabesque. Meibode arabesque de trailer la sj philis, p. 6S2. Araibuides, p. 406. Association britaniiiqiiepourl'avaucemeu! des sciences, p. 337, 533. Astronomic Voir : d'Ahbadie, Adams, Aguilar, Airy, Arago, Babmel, Bessel- R.uvard, Bulard,Carnngon, Coulvier- Gravier, Delaunay, Faje, Feiliizsch, Fizeau, Goldschiiuut, Hansen, Jacobi, Jeanjiquet, Lap ace, Lecoutui ier, Les- carbaull, Le Verrier, Liais, Liouville, Loiseau, Lullier, Maedler, Main, Ma- tbieu, iMargueril , Oeltzen, Pape, Pa- pillou, Petit, Plana, Foiilerou ant, Puy- seux, Horro, Kadau, Rumker, Secchi, Serret, Sircive, Valz, Villarceau, War- ren, Winuecke, Wolf, Woll'ers, Zach, Zanedeschi. — Am ore boreale, carte, cometes , Connaisance des temps , eclipse, expedition, force, lumiere, lune, Mars, Mercure, Neptune, observation, op'ique, passage, photographic, | lanete, soiree, tbeorie, Venus, vhibilite, Vul- cain. Atmosphere solaire, p. 109. Attraction et repulsion univeiaelles , p. 5i 1 . Aurures boreales. Leur explication, p. 9^. — observees a Stoikholm, p. 367. — du 9 avril, p. 394. — du 24 mars , p. 583. Azote. Son role dans fagriculture, p.i79- Buleines, p. 557. \VI COSMOS. Ballon trans-ether, |>. i -> i> - Baromelre. Sa variation dans les regions tropi rales, p. 344- Bases oxygeuees cmnposees, p. 638. Bisulfales des alcaloides de la cinclionine et de la quinine, p. 670. Bolide (In 20 Janvier a Plombieres , p. i55. Botanique. Voir; Baillon, Berlbolon , Boussingault, Champoulion , Chalin , Cloez, C iivnwiiider, Courhon , La- greze, Queuiu, Schloesing, Wed del I. — Abvs inie, chloropliylle , comferes, feuilles, dure, lunnere, matiere, pavot, plaitte, vegetaux. Bon Ins a feu merveilleuses, p. 225. Bowes, p. 2 5 2. Cable liausill .nlique, p. 368. — de la mer Rouge ; premiere drpeche, p.36S. Cal. Sd formation et nature, p. 274. — determine par liu setoil, p 409. Calcaiivs perfores par les helices, p. 05. Calcium. S:i preparation, p. 3o5. Caenlrier rationnel, p. 17. Cacii| h e desuccin, p. 323. Caju choue. p. 4;)2. — vulcanise, p.4g6. Cai le gi o ogique de I'Ecosse, p. 40*2. — de la Perse meridtunale, p. 4o3. — de la bine, p. 426. — de la Republique- Argentiiie, p. 494. Catalepsie, p. 586. Cere e» et gamines rhromaliques, p. 517. Ghaleur developpee dan-, la contraction des muscles, p. 2I1S ; dans les comlri- naisnns chimiqnes, p. 326 ; par la ces- sation du inouveineiii vibraloire. p. 35o, 407. — S.i transformation en iraxail, p. 3 1 3, 3 1 8. — lalenle el combine.', p. 377, 4n5. — s'pni ifique de la naph- taline. Son action sur les chlu'rures de carhonc, p. 56g, — Immidc, S01 action sue les mineraux, p. 5S7. — solaireei force repulsive solaire, p 3g8. Ses rapports avec les equivalents, p. 4'ifi; — en Afrique, p. 648, — en Amerique, p. 3 18, 375. Chambre sola ire, p. 6g, 127, ',.14, OG2. Cliamps-Elysces. Leur transformation en jaidius, |i 366. Cbemins de fer, p. 480. — des inonia- gnes, p. 209. Chenilles. Mewentpar lecoaltar, p. 699. — Iiiondation de chenilles a PorquerollcS, p. 6,6. Cheval. hag*' appareuto, p. 61. — C.lie- vaiix 1 yj-es, p. 65g. Cllimie pyrolechnique, p. 25o. — philo- sophiqne, p 552. — Soriele de clli- mie, p. 141. Foir: Raker, Barral, Be- champ, Berqiierel.Berthelot, Bourdon, Cahours, Camhareres , Caniza , Che- vieul, Cuzeni, Deeau , Denlle, Doat. Fillinl, Fluurens, Franck, Fuclis, Hera- palh, Kopp, Lavoisier, Li47- Coaltar sapnnine, p. 695. Collection d'ins'ectes rares, p. 210. Cdocasp, p. 498. Coloration des os et du foclus parte re- gime alimeiiia'ne de la mere, p. 601. Combinais >ns dn chlorure de zinc avec I'alcool, p. 469. — nouvelle-. du gly- col, p 569. Come es, p. no, 19 r. — Leur figure el acceleration de leurs mouvements, letlre de M. Faye, p. 192, 221. — Cnmele de Donaii, p. 3 10. — t.omcle de M. Liais, p. 365, 3(j3, 633 — Co- mcie de M. Ilumker, p. 421. — Co- mule de M.de Marguenl, p. 672, 673, 6»7, 694. — Theorie de M. I'upillon, p. 689. TABLE DES MATIERES. Wli Concordia, p. 4 1 1. — Theoriede M. Pa- pillnii, p 689. Concours pour un freiu d'nmnibus, p. 14. central d'awmaux de bouchei ie lenn a Pois. 617. Eclairage erouomique, p. 43. — de la surface deseaux.p. 225. — public de.-. villi's, considere au point de vueastro- nomiqtie, p. 564. — d"s voies oigani- ques au moyen des tubes de Oeissler, p. io5. — Macbiue a gaz d'eclairagc. p. 618. Eclairs sans tonnerre, p. 412. Eclipse parlielle de lune, p. 180, 3ig. — totale de soleil du iS juillet 1S60. p. rgi, Q75, 53',. — Calculs des eclipses anciennes, p. 32o. — L* cou- ronne. lumineuse du disque lunaire , p. 688. Ecole preparatoire de medei ine et de pharmacie d'Alger, p. 1 5 5 . Egypte antique. Progres accompli dans rinterpretatio:i des lextes egyptiens antiques, p. 621. Elasticile, p. 75. Electricite. Sa transmission dans les fils telegrapliiques, p. 100, 279,314, 481, 525. — Employeea Iransmetlre les vi- brations, p. 376. — Ses actions sur Ips subslances en solution aqneuse, p. 2 3S'. — produites par le jeu des alfiuiles, p. 6S4. — ExperieucesdeM. Tyndall , p. 19?., 33 3. — l.umieie eleclrique , p. 6, io5, 337. — Courants bydro- electriques, p. 357. — Chronoseopc eleclrique, p. 36o. — Action de I'elec- tricite sur les vers a soil-, p. 665. — Voir aussi : Curonosrnpe, elincelb , force, lumiere, macbine, pile, tclegra- pbie. vegetans. Eloges academiqucs, p. ?ou. Enceplialedu grille, p. 5g8. Encollage ix la glycerine, p. '*>'>'■ Rngrais, p. 207. COSMOS. win Fpidemie de constilulion raehidieuue , p. 2g3. Equation seculaire de la lune, p. 402. — Equations algebriqiias, p. 5.S7. Eqnilibreel BUMivement des liquides dans les corps pblis, p. i5o. — dans les COrpt poieux, p. 216. Equivalent Ihermique dn travail mecani- ii'.ie, p. 369. — chiniique. — Son rap- port a\ec la rhaleur, p. 4*6. Eruption du Vesuve, p. 4o*>. Elincelle d'iiiduclion, p. 80. — Nouvelles proprielcB, p. 270. Etudes ellinographiques, p. 537- Excursion photographing* dans les Alpes suisses, p. 126. Expedition en Espagne pour 1'eclipse to- tale, p. 19 1, 44 1. — Industrielle et scicnlifnpie en Chine, p. 118, 199. — des asli onomes egyptieus poor 1'eclipse totale, p. 620. Experiences relaiives anx generations di- les sponlane.es, p. i63. — brillantes sur la decharge eleclrique et faction exerceesur ellepar les ainiauts, p. 19 3. — - microsrnpiques, p. 623. Explosion d'un generaieur a vapeur , p. 618. Exposition du Palais de l'lnduslrie , p. 348. — universelle de Londres, p. 421. — imperia'e et cenlrale d'hor- licu'lure, p. 5g >. — agriiole au Palais de l'lnduslrie, p. 65o. — inlernalio- na!e de 1862, p. 534. Fabrication de la soude par uu procedtj nouveau, p. 4i5. Per. Sa conversion en acier naturel et en acier fondu, p. 68. — doux convert! en fer trenipe par le magnetisme, p. 80. ]'ermenta'ion,p. 4g5, 5oo. — par le noir animal, p. 570. — Nature des ferments, p. 635. Feuilles de tahac. Leur combustibilite, p. 354. Fievre puerperale,p. 81. — Fievres gue- ries par lelher quinique, p. 124. Klamauds, p. 5g3. Flore de l'Abyssinie, p. 617. Flotles terrestrcs, p. 440. Fluoredans les eaux, p. 407. Fluorescence des milieux transparents de I'ceil, p. 88. Feetus de vache momifie, p. 606. Fonclions pet tnrhatnees, p. 76. — ellip- tiques, p. 445, 468, 606. Force repulsive du soleil p. 399. — re- pulsive a mcltre en evidence par l'ex- perience, p. 572. — repulsive moleru- laire, p. 6i5. — elastique des rapenrs, p. 632, 664. — transported a distance, p. 453. Forteresses mobiles, p. 524. Fourrages. Conservation a lelal frais , p. 4 5 1 . Ficin d'omnibns, p. 14. — nouveau pour Ls chemins defer, p. 292. Fuchsine. Nouveau prineipe colorant, p. 236. Fusion. Sa cause, lois qui la regissent et permetlent dela prevoir, p. ng, 174. Gale. Son traitement simplifie, p. 123. Galvanisation par influence, p. 552. Galvanoplastie cu grand ; reponse aux doules de M. Pouillet, p. a5g. — Son veritable inveuteur, p. 261. Gammes chromatiques, p. 517. Gaz de la pouJre. Leur mouvement dans lame des b^uchts a fen, p. 184, 3gg. — Gaz eugeudre par faction de la vapeur surrhuiiffee sur le goudron de houille, p. 258. — Son analyse, p. 25g. — Fuiledesgaz dans lestuyaux deconduite, p. 524. — Appareil neo- gazogene, p. 526. — Nouvelle me- thode de liquefaction des gnz, p. 6o5. — Machine a gaz dilates de M. Lenoir, p. 618. Gazelles, p. 5g3. Generaleur a vapeur, p. 12. — a vapeur surchaulfee, p. a53. Generation spontanea, p. 1^7, i63, 262, 33o, 35j, 5oo, 555, 693. Geugenese, p. 599. Geological survey , p. 43. Geologic. Travaux de I'institut gpologique de Vienne, p. 537. — Questions de geologie, p. 552. — Mission gcologi- que en Grece, p. 634. Voir aussi : Gaudry, Haidinger, Horner, Hum- boldt, Lartet, Lyell, Miege , Rohde, Zanba.... — Houille, Kansas, mine, moa, ossemeDls, outils, rocbes, silex, volcans. Germes. Leur nature et origine, p. 5o3. Glare, p. 534. — Sa resistance, p. 3o. — Sa densitc, p. 5gg. Glande sublingale, p. 5ao. Glycol, p. 56g. Gommes. Leur nature, p. 81. Goutte. Sa nature , ses causes, son traite- ment preservatif, palliatif et curatif , p. 608. TABLE DES MATIERES. xtx Graine bonne et mauvaise des vers a si>ie ; — deslndesetdu Resale, p. 21 5. Gravitation par I'electricite, p. 406, 46;. Gravure sur verre, p. 5i3. Grippe. Ccnsiitutinn medicaid du premier trimestre de 1860, p, 353. Guano. Nouveau guano naturel, p. 33.— G'semenl du guano du Perou, p. 5 ig. Gyrnnasliipie Tnat, p. 6i5. Halo solaire, p. 672. Hippopotaiue, p. 5q2. Hisloire generate des regnes organiques, p. 79. — Des animaux eoialliens, p. 334. Homologie en mecanique et double re- fr;>clion, p. 585. Hopiia! des paralytiques et epilepliques, p. 118. Horlnge aimosplierique, p. 638. Houblonine, p. 237. Houille. GisemenU, p. ir. — Prepara- tion du noir, p. 67. — Goudrou de houille, p. 258. Humidile almospherique, p. 187. — Des apparlemen's, p. 237. Hybridite, p. 79. Hydrothcrapie rationnelle. Sa defini- tion ; sou entree a !a f.icuile de Paris, p. 125. Hygiene philosophique de I'amc, p. 384. Hygromelre a cheveu, p. 5(36. Hypu lisme, p. 18, 29, 3o, 62, 73, 88, 92, 1 /,5. Idiosyncrasies, p. 438. Impermeability des lissus, p. i3. Impol des cbiens, p. 566. fncombustittHitej p. 675. Incrustations des vases pattens dans les piles de Daniel), p. 375. Induction dans le syst«me du monde, p. 523. — electro-magnetique, p. 567, Influence des lunettes sur la vi-ion bino- culaiie, p 220. — de l'irradiation in- sensible, p. 474. losecles. Leur classificalion, p. 1 57 , 379. — Collection d insecles rares, p. 210. Iiiseele perforaleur ties balles de plomb, p. 2^7. — Histoire genern'e des in- seetes, p. 274. Insiitut geologique imperial et royal de 1 A.uti iebe, p. 537. Institution polylechnique de Londres, p. 5 5 4. Instruments en aluminium et en bronze d'aluminium, p. i56. lode dans l'air et les eaux, p. 247. Isomorphisms du bismuth, de 1'anliinoine et de 1 arsenic, p. 49 3. Jardin de la societe d'acclimatatiun , p. 65o. Justification du bureau des longitudes, p. 188. Kansas. Mines d'or, p. 56i. Kavaine. Priorite de la decouverte de M. Cuzenl, p. 565. Lait de vache, p. 432. — conserve des Alpe*, p. 495. — Experiences de M. Pasteur, p. 5o2. Lali des Tongiens, p. 3og. Landes. Leur transformaiion en prairies, P- '79- Laryngoscope, p. 4°-'') ^99. Lennlle simple, p 240. Lettre de M. Koche, p. 170; — de M. Faye, p. 221 ; — de M. Pmirhel. p. 2f>2 ; — de M. Strauss-Don Uheim, p. J.'io ; — deM. I iais, p. 365 ; — de M. Laboulaye, p. 36y ; — de M. Le "Veirier, p. 408 ; — du roi Nikas, p 422 ; — de M. Hirn, p. 65a ; — de i\I. Montigny, p. 675 ; — de M. le baion de Marguerit, p. 673. Leviire de bieie, p. 588. Lipojne, p. 553. Locomotion des niammifercs aqualiques, P- 599- Logariihmes, p. 587. Luwiere clectriqtie, p. 6, io5, 337, 5i5. de Diummonl, p. 6. — (1 ittantc, p. 25 1. — emise par les vegetaux. p. 6 5. — zodiacale, p. ir>6. — inenloie, p. 35 1. — Sou aclivite persislaule, p. 660. Lune. Discussion relative a l'acceleration seculaire du moyen, mouvement de la lune, p. 209, 2i5, 299, 3>o, 355, 402, 559. — Emploi des tables de M. Hansen p. 192, 557, 3o3. — Eelipse de lime du 7 fevrier, p. 180, 319. — Carte de la lune, p. 456. Machine on moteur a g.iz dilates de M. Lenoir, p. 2 55, 391, 61 8, — a va- peur, de MM. Tsuard, p. a58, — a va- peur surchaullee, de M. Teslud de Beauregard, |). 253, — a air ehaiid, svsteine E icson , p. 5<)t,, — a vapeur d'eau, de M Lamy, p 477, — a air ehaud, de M Prouvost, p. 477, — d'imluction nionslie, p. 453, — hu- maine, p. 39r . Machoires. Leur ablation, p. 638. COSMOS. w Madrepores. Leur classification, p. 60 1. Sill ill? iner prevenu par la ceinture M<»- senian, p. 368. Mai*. Sou opposition en i860 el 1862, p. i<>9- Matierescolorantes communes a toutes les fleurs, p. 292. — oblenues avec le prolo-ch'orure d'etain, p. 292. — en suspension d.ms Pair, p. 35a. — du sang et de la bile, p. 55g. — dn bois de noyer, p. 599. Mecariique cbimique, p. 294. Medecine. Voir: Anselmier, Benoit, Bour- geois, Brown-Sequard, BurC([, Cham- pouliou, Chas *aignac, Clerel, Czermak, Delmas,Drouineau, Dubut, FaiVre.Fe- val, Fonssagrives, Fuchs, Gagnon, Gail- lard, Oallier, Helmlioltz, Heiirteloup. .Jobanl, Jobert, Lapasse, Leveau, No- liat, Orliac, Ozanam, Pappenheim, Peail, Pitla, Purkinje, Renault, Rid'ler, Rouget, Rouyer, Tiqri, Velpeau, Vul- pian, Wyse. — Anatoraie, angine, ap- pareil,cal, calalepsie, ehloroforme, co- loration, cordon, disarticulation, eiole, epideraie, gale, glande, gouite, grippe, bopilal, bydroiberapie, hygiene, hyp- notisme, idio-yucrasie, laryngoscope, maihoires, mal tie iner, muscles, myo- lethe, nerfs, nevralgie, uourrilure, ope- ration, osmose, palais, paralysie, pi- qures, phtbisie, pouvoir, pseudar- tbrose, pulsation, regenerateur, repro- duclion, soiiinarnbiilisme, sourds-muets, stethoscope, syphilis, lopiques, tiaile- ment, typhus, ulceres, urine, vapenrs, vie, vitalisme, Vitesse, yeux. Metliode d'obtenlinn de positifs directs sur plaque coilodionnec, p, i5i. — des tangentes a maxima, p. 414. — de liquefaction des gaz, p. 608. Metier electrique de Ronelli, p. 34 r. Microscope solaire diopirique. p. 5g8. Milieu resistant, p. 109. Mine d 'argent decouverte en Califomie, p. 39^. — d'or du Kansas, p. 56 1. Mineralogie. Mnsee mincralogique de Vienne, p. 5 38. — Voir aussi : acier, aluminium, cristallisalioii, fer, geolo- gic, hotnlle, Kansas, mines, nickel, or, pierre, platiue, soufre. Miroirsen verre pla'ines, p. igg. Missiun geologique en Grece, p. 634. Modifications a apporter aux chambres noires a I aide desquelles or. obticnt les carles devisite, p. i53. Monnaiesenalliage de nickel, p. 14''. Monstre pseudo-cephale, p. 240. Monlyon, prix, 129. Moiivement des gaz de la pondre, p. 1 57 . — vibratoire et clialeur, p. 407. — perpetuel , 483. Muscles el nerfs. Leur contractilite et ir- ritabilileapresla mort, p. 385. Myolclhe, p. 99. Myopblame, p. i5. Nemertine du pilidium, p. 66. Neograpliie, p, 240. Neil's, leurs lerminaisons, p. 4o,5. Nevralgies i'aciales, p. 467- Neptune. Ooblie par la Connaissance des temps, p. 168. Nickel. Ses proprieles, p. 48. Nodules de phosphate de rhaux, p. 180. Noir prepare avec la boinlle, p. 67. — Noir animal, p. 180. Nourriture animate. Son influence sur la coloration de la peau, p. 33y. Novara. Voyage de la fiegate Novara ait • tour du momle, p. 538. Objeetif multiple el diapbragme nouveau, p. 126. Observations des petitcs planetes, p. 2, — de ['opposition de Mars, p. 169. — — des planetes inlramercurielles , p. 85, 147, 269. — meteorologiques iailes a Nantes, p. 209 ; a Montrcllier, p. 367; a Greenwich, p. 5go ; ail Mans, p. 367. — de la planete Mar- guerit, p. 674. — sur la vitesse du bruit du lonuerre, p. 372. OEil de la baleiue p. 4g3. Oiseaux. Leur utilite, p. i5. — Leur classification, p. 18. Oologie, p. 468. Operation de la cataracte, p. 9. — d'uu bee de-lievre, p. 9. — cesarienne, p. io, — faite sur le baron de Zach, p. 190. Optique des pbares, p. 248. Voir : Fara- day, Gladstone, Muiguo, Niepie, Porro, Quinet, Woodwards. — Aimanlation de la vue, lumiere, objeciif, plioto- grapliie, polarisation, phoiometre. Origine de I'Uuivers, p. 099. Or importe d'Australie et de Californie, p. 33g. — Mines d'or du Kansas, p. 56 1. — Chlorures d'or, p. 349, 460. Osino-e el eudosmose pulmouaires , p. 35r. Ossements fossiles, p. 8r. — de Moa , p. 539. TABLE DES MATIERES. O.slK'OcuUure, p. 557. Ouragan du 23 Janvier, p. i55. — du igfevrier, p, a8i, — extraordinaire a Paris, |». Sen, 3 1 1 . — du 27 fevrier, observe a Rome, p. 365. Ours inconnus d ins les moulagnes d'Afri- que, p. 35a. Ontils el armes ensilex, p. i3i. Ozonisation de Pair par le contact avec un fil de platiue rougi, p. 383. Pain. Dica.p. 4.— Tarb.es rouses, p. 6 — Moyrn d'empecher sou aeidite.p. 237. Palais. Division du voile du palais guerie, p. 556. Papier a ropier, p. 68. — posilif albumine sans taclies, p. 5. Paralysies consecutive* de la diphlherile, p. 356. Paraselene, p. 3p4. Passages au meridien observes au moyen de la philograpbie, p. 577.— de points noirs sur le disque du soleil, p. 85, 147, 170, 473- Paves calovifiques, p. 483. Pavot cornu, sa culture, p. 33o. Peudule b'llisliqiie, p. 683. Pensieroso de Michel-Ange, execute en ^alvanoplasiie, p. 259. Periodes nocturnes et diumes des varia- tions du barometre dans les Antilles, p. i58. Perturbations magnetiques des 28 et 29 mars, a Paiis, a Lisbonne, a Rome, p. 366, 367, — Du 9 avril, p. 3y3. Pelitstrailes physiques et malhemaliques, p. 353. Pbares, l.eur optiqne, acoustique et me- caniqtie; programme de questions pro- posees par la commission anglaise, el reponses, p. 248, 3o5. — Application de la lumiere e ectrique, p. 377. Phosphates des os. Leur role dans 1'agri- cuiturc, p. 179. — Poud.e de phos- phate mineral, p. 180. Phospliore, p. q, 57, 175. — Ses migra- tions dans les vegetans, p. 670. Phosphorescence, p. 7, i56. Photographie. — Appareils. — Procedes. — Introduction dune plaque chauffee, p. 3. — Objectif Voigdllamler, p. 12I. — Objeclil Quinet, p 126. — Quine- toscope liinoculaire, p. 347 - — Appa- reil amp'iGant, p. 286. — Chamb'e solaire de Woo.lwards, p. 6g, 127, 434, 661. — Posilif obtenu en place dun negalif, p. i5i. — Posilifs sur XXI plaque collo'lionnee, p. i5a; ei ono- uomiques , p. 55o. — Fixation des conleurs, p. i5 J. — Fixnge d^s rpreu- ves, p. 682. — Lavage par-fail des cpreuves, p. 681. — F.mploi des rhlo- rures d'or, p 349, 460. — Transport sur papier cire d<>s collodions negalifs, p. 458. — Voies nouvelles ouvertes, p. 680. Photographie. Applications. — Cartes de visite, p. i53. — Vues nl pest res, p. 432. — persanes, p. 433. — Eclipse partielle de lune photographiee, p. 180. — Passages meridiens photogra- phies, p. 577. — Photographie de I'in- visible, p. 6 3 1. — Portrait de Pio nono, p. 1 54. Pbotoc.haphii!. Seances de la societe fran- caisc, p. 125, i5o, 348, 432, 458, 549.677. — Dejiol avanl la mise en vente.p. i53. — Demande d'epreuves anciennes et mo lernes, p. 348. — Coniptes rendus de 1'aooee i85y, p. 348. — Prix du due de Luynes. i). 433. — Legislation de la photogra- phic, p. 63o, 637. — Me|.ns de la part de M. dc I.amartine, p. 663. Pbotometre analysenr, p. 81. Phthisie pulmonaire. Sa curabilile, P. 572. Pierre conservant la cbalt-ur, p. 292,482. Pile. Pile de Bunseu peifYclioonee, p. 4. — Nuuvelle pile a un seul liquide, p. gt. — seconddire et ses effets , p. 35g. — a sul'ate de plomb, p. 379, (170. — Gruupeiin'iit des piles en se- ries, p. ficjg. — Influence des incrus- tations des vases poreux, p. 37a. Pinacone, p. 570. Piqures anatomiques, p. 617, Plan de Paris, p. 32. Planeles. Observation des petites planelcs, ]i. 2. — Planete iniramercurielle. p 19, 22, 28, 52, 56, 85, 117, i47, I7°j 11 1, 2i5, 269, 411, 473. — Aste- roiJes decou verts', p. 202, 337. — Visibilite de Venus, p. 694. — Nep- tune oublie par la Connuissance des temps, p. 168. — Theorie de Venus, p. 2 1 3. — Theorie de^ Mercure , p. 2 10. Plnnte parasite, p. 49- — Amelioration des plan'es medicinales, p. 240. Platine. Foudu directemeut en gran les masses et motile, p. 607. Plegtonathes. Leur classification, p. io3. XXII COSMOS. Poissy. Concours, p. 37 5. Polai isarion de la lumfere, |i, 3 rr>. Tolls des aimaiiis. Lear force dircclricc, p. •273. Polyedres. p, 454. Pom J.- Kelil, p. 11. Porismes d'Euclide, p. 5&o,58i. Poiir;iii photngraphique Ju Sonveram- Pouiife Pie IK, p. i54. — Portraits et vnes de Tiflis, p. 347. — Portraits oris avec Fonjectil combine, p, 126. Poiiiif obienu en place tTuh ncgatif, p. 1 5 1 . — agraudi, p. 661. Poste. Pe«ite posle de telegraphie pour Piii is, 5g». Pofasse, p. li 7. Poudre coaltar.ee, p. 4g3. — desinfec- tante. Corneet Demeans, p. 3S5. Pourpre. Sa coulcur chez les anciens, p. 280, 6»'4. Pouvoir elect ro-moteur serondaire des nerfs , nouveau phenomcue electro- physiologique, p. 245. Prediction du temps, p. 49. Piinripes elect ro-physiologiques', p. 4o5. Prix piopo-e par le minisleie de l'lnsti uc- lion publiqne, p 198. — proposes ei dislribues pat I' Academic dans sa seance publiijue, p. 202, 23t. — Montyon, D. 5:>o, 3-6, 470. — du due de Lnynes, p. 't33. Prucede d'analvse de diverses terres, p. 268. — Carteron ; sou efficacite, p. 674. Proprieies absorbantes de la terre arable, p. 2uS. Protection ties animaux. p. 14, 336, 34 t, 420. Pseu (arthroses. Leur giierison, p. 293. Pseu lomorpbisme, p. 55'j. Pulsations du pools. Leur nornl)re et leur foi me, p. 357. Qnadricat bme d'hydrogene, p. 46 r. Ques'ions agricoleS, p. 467. — geolo- giqucs, p. 552. Qiiineloscope Iriimculaire, p. 347. Rarities cariees, p. 76. Radicaiix organo-melalliques , p. 426 , 6i5. Rafales extraordinaires des derniers jours de I'i'Yi ier a Paris, p. 226. Reboiseme'nl ties montagnes, p. 19s. Rt-gcnei aleiir des lilct^ uerveux, p. 5- r. Remercimehts de* laureats de PAcademie, p. 1 5 5, aog. Repodse a une question relative au prix des matieres tilamenleuses, p. 34o. — de M. Radau a M. Liais, p. 473. — de HI. de Poniecou'anl a M. Delannay, p. 465. — a M. Valade-Gabe?, p. 469. — de M. Radau a M. Liais, p. 47 3. — aux observations de M. Berlhelot , p. 655. — de M. Mouligny a l'abbe. Raillaid, p. 675. Reproduction des os par le perioste, p. 79. Residus quadraliques, p. 407. Kessort 'piial, p. 587. Roches lormees recemment sur le banc de Terre-Neuve, p. 467. — de formation moderne, p. 5?.5. Saumure de harengs consideree comme engrais, p 162. Sauvages de I'Ameriqne du Nord, p. 562. Sciences cosniiqnes, p. 491. Seismologie, p. 584. Siam. Chretiens du royaume de Sinm , p 563. Silex tailles et ossements Fossil es trouves a Paris, p. 468. — anlediluviens , p. 680. Silicilis 1: ion, p. 490, 553. — des bas- rt-lafs de Jean Goujon, p. 449. Singes. Leur caveat), p 461. Soeiete de ehiiuie a Paris, p. i4r, 227. — d'arcliinaialioii, p. 171, 656. — protectiice des animaiix, p. 14, 336, 341, 420. — de photographie. Ses seances, p. 11b, i5o, .!'(8, 432, 458, 5ig, 677. — de biologic, p. 424. — d'enruiiragement , seance publique, p. 484, 543. — royale de I. on lies, p. 533. — scientifique, indusir elle et agricole de 'a S.ii'tbe, p. 600. — meteo- rologique de France, p. 647. Soiree a I'Observaiuire de Paris, p. G45. Sorun imbiilisme, p. 3i. Sonde, p. 67. Soufre. Sa double cristallisation, p. G27. Souids-muets. Leur gue.ison. p. 4*3. Spiraux isQchrones, tbeorie de M. Phillips, p. Oo5. Spiriiualisnip, p. 006. Stethoscope, p. 1 25. Sublimations vesu vie lines, 554. Submersion. Clause de la mort par Slib- 1111 rsion, p. 602. Sucre. Resume des reclierchcs, p. 28.") — de belteiaves, p. 3g5, 559. — Sucre et matieres albnmiuoides, p. 4yr. — de Cannes, p. 588. Sulfate de plorub. Son emplui dans les piles voltaiques, p. 38i. TABLE DES MAT1ERES. XXIll Surfaces homofocales, p. 632. Syplii! is. Son traitement arabesque p. 6S2. Sysieme dentaire des oisraux, p. 3o4. — planetaire, p. 490. Taliaps. Leur comhustibilite, p. 606. Tables de bgarithmes, p. 240, 5 1 3. Tableaux mensuels des observaiions me- leorologiqoe\ p. 200. — geologiques de M. Kohde, p. 45o. Tarare-tneur, p. 6fio. Tassement des remblais, p. "584. Telegraphe marin, p. i3. — sous-marin entre Jersey et Saint-Malo, enire Syn- gapor et Balavia, p. 60. — continental enire I'Amerique et l'Europe, p. 86. — antogiaphique, p. 453. Telegvaphiemeteortilogique, p. u3, 197, 589. — eleclrique, p. 4 7°- — Pe,i,e posiede telegraphie eleclrique a Paris, p. 59t. Temperature. Changement extraordinaire, p. iS, 3 1. — desvegetaux, p. 74. — relative de l'air, du sol el des vegelaux, p. 182, 294, 579. — en Amenque, p. 3i8, 375. Teiebenlhine, p. 68. Theorie de Mercure, p. 210. — de Ve- nus, p. 21 3. — de I'ceil, p. 272. — des eaux et du barrage du Rhone , p. 272. — des 01'iples faussement at- taquee, p. 4o3 ; defendue, 4 i5. — de la lune demandee par M. le general Morin, p. 411. — mecanique de la lu- miere, p. 412. — de la grele, p. 465. — des venls, p. 49'. Thermo-genei aleur. Son application indus- trielle, p. 4S4. Tissns impermeable*, p. i3. — de soie chinois, p. 5o. Tongiens (les), p. 3og. Tonnerre. Viiesse de son bruit, p. 282, 652, 6;5. Topiques disinfectants, p. 162, 38 5, 4g3. Tortue bouibeuse. Sa multiplication , p. 198. Tourbe concentree, p. 236. Traineaux trausformes en toueurs a vapeur p. 66. Traitede physiologie, p. 220.— de physio- logie generalc, p. 279. — elementaire de phy-ique, p. 384. — de mineralo- gie, p. 357. Traitement des retentions d'uiine, p. 10. — dune fracture, p. 10. — de I'amau- rose par sanlouine, p. 293. — de la sy- pbilis par la melhode dite arabesque, p. 682. Transriiiisioue'eclrique de l'heure, p.5o6. — des mouvenients vibraloires, p. 376. Transmission heredilaire des qualilcs et des vices, p. 601. Treniblemenl de lerre a Belle-Isle, p.33g. — a Lima, p. 5g2. Tronc de cypres enfoui en 1779, p. 412. Tubercules du poumon, p. 587. Typhus coniagieux des betes boviues , p . 2 1 5 . Ulceres de 1'estomac gueris par l'eau de chaux, p. 4o5. Uuivers,p. 490. Son oiigine, p. 499. Urine, p. 5o3. Vanille. Principe odorant, p. 7. Vapeurspernicienses,miasmesdesmalades, p. 9g3. — Densiies des vapeurs et des temperatures elevees, p. 343. -Deusite des corps dans la vapeur de mercure, de soufre, de cadmium, de zinc, p. 345. — Forces elastiques des vapeurs , p. 632. Vegelanx. Lumierequ'ils emettent, p. 63. — Leiirs rapports aver I'humidile al- Bwspherique, p. 187. — Perfection de leurs organes, p. 494. Venus vi-ible a I'ceil uu, p. 694. — Sa theorie, p. 2 i3. Verre ardeni, p. 478. Vers a soie. Leur maladie, p. 4°, 80, 444,469, 491. — Carerlerede la bonne et de la mauvaise graine, p. i58. — Leur education, p. 322, 323. — Ponte solitaire, p. 406. — a Beyrouth , p. 648. — soumis a I'aclion de felectii- cite vegetale, p. 665. Vert de chrome, p. 2 35. Vesuve. p. 533. Vie. Essai snr sa conservation, p. 76. Vin. Moyen de le vieillir, p. 235. Vincennes. Son pare el bois, p. 366. — Ferine imperiale, p. 480. Visibilite de Venus a I'ceil nu, p. 694. Vilalisnie, p. 5o6. Vilcsse de propagalion du bruit du ton- nerre, p. 282, 652, 675. — du vent, p. 3 10. — des courants nerveux , p. 3gr. Volcans,p. 64. Voyage aux sources du Nil blanc, p. 197. — en Perse, p. 298. — au Caucase, p. 656. — en Fiulande, p. 656 — en Siberie, p. 657. — de la fregate Novava, p. 5 38. Y\U (COSMOS. Vnts penoramiqiifes des Alpes, p, \ ';■>, p. 466. — de Tillis, p. 433. Vulcain, p. 117, i47> 'fig, 170. 17', l8g, 192, •> l I, 269, 397, /| I I, i; J. Yenx ariificiels en email, 544. Zool"gie du jeiine age, p. 556. Z^o/V : Blumenhach , Chenu , Chevandier , Ehrenberg, Jourdaii), Lcreboullet, Mi- cluia, Milne-Edwards, Mnigno, Pourlici. Seguin, Siranss... — Abeille*, arachni- des, chenilles, cheval, napnudi, cygn.e. experiences, gazelle, generation, ger- mes, hisioire, bippopotaitie, inseetes, jardin, madrepores, monstre, myopo- lame, ceil, oiseaux, oologie, ours, ple'g- Ihonale-, singes, systeihe, torlue. COSMOS NOUVELLES DE LA SEJIAINE. Le Cosmos commence aujourd'hui son 16c volume, sa 11 2&0e page, nous nombrons ses pages parce que nous pouvons nous rcudre ce ternoignage consolant qu'elles ont ete ecrites par nous avec tout le soin, toute. l'attention , toute 1' exactitude dont nous e'tions capable, et que jamais les ciseaux n'ont compte parrni les instruments de notre redaction. Le seul reproche qu'on nous ait fait, et ce reproche est au fond notre plus grand merite, c'est de nous OArc trop efface nous-meme, d'avoir ete trop sobre d'articles sorlis de notre propre fonds, de nous etre trop attache a faire res- sortir les travaux des autres. En outre des nombreux tdmoignages de satisfaction qui nous ont ete adresses par nos abonnes et nos lecteurs, nous avons ete agre'ablement surpris de l'apparition inattendue clans le Journal des Debuts du 10 novembre 1859 d'une appreciation de notre ceuvre, sortie de la plume si spirituelle et si franche de M. Babinet. Nous la reproduisons ici sans aucun sentiment de vanite, surtout parce qu'elle a ete de la part de l'illustre savant un acte de spontaneite impartiale et grandement honorable, dont iln'a pas voulu meme que nous le reuiercions. « Puisque le Cosmos arrive ici, je suis bien aise de renouveler l'eloge que j'ai deja fait dans ce journal de cette publication heb- domadaire comme tout a fait appropriee aux besoins et a la cu- riosite de ceux qui veulent se tenir au courant de ce qui se fait dans le monde savant. On pent dire justement que sans eviter les questions de haute theorie mathematique, tout ce qui est d'une utilite generale se trouve dans le Cosmos. M. Arago en etait un des lecteurs les plus constants. Dernierement, M. le marechal Yaillant, academicien modele , ecrivait a l'lnstitut que le Cosmos lui tenait fidele compagnie loin de nos seances. On peut assurer que c'est par une vocation particuliere que le redacteur en chef, M. l'abbe Moigno, a suivi et popularise le mouvement scienti- lique general malgre lous les obstacles qu'il a rencontres et sans Neuvifcme annfie. — T. XVI, G Janvier 1860. 1 2 COSMOS. qu'aucune distinction honorifiquc, sans qu'aucune fonction lucra- tive ait paye son denouement a la science et son renoncementa la culture des hautes malhemaliqucs, ou il avait fait prcuve d'une grande capacite par des ouvrages de premier ordre. Les savants le renvoyaient aux ecclesiastiques et les ecclesiastiques aux sa- vants. « Parmi les patrons eclaires du Cosmos, il ne faut pas oublier Alexandre de Humboldt, dont l'ouvrage avait found le titre au journal et qui en faisait grand cas. Enlre les Academies et le public qui recherche de plus en plus les travaux de la science theorique et appliquce, je ne vois pas de plus utile intermediaire que le Cosmos. Voila ma reponse k ccux qui me demandent con- tiuuellement : Ou trouverons-nous en style intelligible une publi- cation qui nous tienne au courant da mouvement scientifique de lepoque? fividetnment le petit nombre de questions qui peuvent etre traitees dans la presse quotidienne est insuffisant pour em- brasser le domaine entier des travaux d'obscrvation. » — M. Airy adresse de Greenwich k tous les directeurs d'observa- oires la circulaire suivantc : » Le mode de construction des ins- truments meridiens et les dispositions generates de cet observa- toire presentent de grands avantagcs pour l'observation meri- dicnne des petites planetes, et j'ai concu depuis longtemps le desir de poursuivre ces observations avcc la plus grande regularite. Mais cette tacbe ne peut etre accomplie qu'avec l'aide d'epheme- rides vraiment approcbees. Les epbemerides des petites planetes ne manquent pas, en general; mais leurs erreurs sont frequem- ment si grandes qu'il est presque impossible pour l'observateur d'avoir la certitude que l'astre actuellement dans le champ de la lunette est bien la petite planete qu'il cbercbe. On perd ainsi le fruit d'un travail considerable, et, en fin de compte, j'ai ete force" d'ordonner qu'en regie generale les petites planetes ne seront pas chercbees dans le plan meridien, a moins que Ton n'ait deji pu evaluer avec une approximation suffisante les erreurs des epbemerides. 11 esl grandement a desirer que les informations relatives a la grandeur des erreurs me soient fournies avant que je fasse reprendre le travail des observations meridiennes. Gomme on obtient habituellement de bonnes observations extra-meri- diennes avant de pouvoirrecourir aux observations meridiennes, j'ose vous dcmander qu'aussitot que vous serez en possession d'une ou deux observations cerlaines d'une planete, vous ayez la bonte de me transmettre la comparaison des positions observees COSMOS. 3 par vous avec les positions correspondantes des ephdmerides deja publiees. Cette comparaison me snfOra probablement pour pou- voir observer la planete au meridien pendant tout le cours do son apparition.)) A cette circulaire, M. LeVerrier ajoute : «Les obser- vations des petites planetes offrent un grand interet; elles sont in- dispensables pour qu'on ne perde pas des astres dont la dccou- verte a donne tant de peine. Assurement, on ne peut espdrer que les theories des peties planetes seront toutes traitees avec une certaine rigueur; mais il arrivera sans doule que, dans la suite, on reconnaitra que quelques-unes d'entre elles offrent un interet special et particulier, et il est a desirer que, quand le moment sera venu, les observations ne fassent pas defaut pour la solution des questions qui seront posees. Les astronomes donneront done avec empressement leur concours a M. Airy. » Ges paroles , sous la plume de M. Le Verrier, sont comme un engagement de proceder a l'observation reguliere d'un certain nombre de petites planetes, de celles , par exemple , decouvertes en France par MM. Gold- schmidt,Chacornac, Laurent, non pas aux instruments meridiens, puisque leur pouvoir optique est insuffisant , mais aux lunettes equatoriales. II y avait plusieurs jours que ces lignes dtaient ecrites, quand le bulletin meteorologique de 1'Observatoire nous a apporte une premiere reponse faite a l'appel de M. Airy : ce sont trois observations de Partbenope (onzieme petite planete decou- verte par M. de Gasparis) faites les 21, 22 et 23 novembre par M. Folain a l'equatorial de la tour de l'ouest; nos previsions sont realisees, nos vceux sont remplis. M. LeVerrier est entre en cam- pagne, il ne s'arretera qu'apres avoir fait reprendre a notre Ob- servatoire un noble rang. — M. Omeganck nous adresse d'Anvers trois receltes ou trois ingenieux tours de main, qui nous semblent si considerables que nous leur faisons les honneurs de la chronique de la semaine. 1° Photographie sur collodion. Une plaque en cuivre jaune de 12 centimetres de longueur sur 8 de largeur et un centimetre et demi d'epaisseur, chauffee de 120 a 150 degres, et mise dans la chambre noire (demi-plaque) d'un appareil photographique, di- minue le temps de la pose des deux tiers, et permet de prendre en hiver des reproductions dans un lieu non cbauffe. 2° Galvano- plastie. Un bain de trois parties de sulfate de fer et une partie de sulfate de cuivre, acidule en raison d'une partie d'acide sulfuri- que sur deux cent cinquante parties de la double solution , est le bain le plus convenable et le plus economique pour les travaux i cosmos. ordinaires do galvanoplastie ; il donnc un cuivre magnifique qui, sous de faibles epaissours, resiste a la dechirurc avec la tenacite du cuir; le depot n'est jamais cassant, meme quand le bain n'est qu'a 5 degrds au-dessus de zero. Grace a ce melange , on peut obtenir a peu de frais des bains considerables, conduisant tout aussi bien que la solution pure de sulfate de cuivre. La quantite1 do metal reduit dans un temps donne pcutetre alors plus que dou- ble, iwcequ'on peut seservir d'une force reductrice deux fois plus forte sans avoir a redouter, soit un de"p6tdepoussiere, soitun de- pot cassant, soit des stries, soit des vegetations. En meme temps qu'unc moitie du courant reduit directement du cuivre, 1' autre moi- tie reduitdu fer qui , a son tour, par concentration, reduit du cui- vre ; il n'y a aucune force perdue, et en meme temps le degage- ment d'hydrogene est tres-faible. 3° Pile. L'addition de sulfate de mercure presente de grands avantages dans la mise en train de la pile de Bunsen. Quelques elements d'une pile au sulfate de mercure ayantete convertis en elements Bunsen, furent adjoints a d'autres couples Bunsen; on avait laisse dans les premiers elements la solution de sulfate de mercure qui baignait les zincs; la pile aiusi composee travailla constamment pendant dix jours; on renou- velait de temps en temps l'acide nitrique et on ajoutait un peu d'acidosulfurique au liquide dans lequel plongeaient les zincs. Or, les zincs des vases qui contenaient du sulfate de mercure etaient restcs parfaitement blancs; ils avaient toujours degage* la meme quantite d'electricite, landis que Taction des autres zincs, deve- nus rouges ou mieux noirfttres, avait ete sans cesse en s'affaiblis- sant. Le chlorure et le nitrate de mercure sont loin de donner les memes resultats satisfaisants que le nitrate. — M. P.-L. Simmoncls, a la suite de M. Aubry-Lecomte, officier de la marine francaise, appelle l'attention, dans le Journal de la Societe des arts, sur une substance alimentaire extraite d'un arbre analogue au mangifera indica, assez semblable par sa taille, ses formes et son port au cbene d'Europe. Cette substance , connue sous le nom de pain dim ou ordika, semble pouvoir devenir 1'ob- jet d'une industrie nouvelle et d'un commerce considerable. II est extrait du fruit de l'arbre appele iba, sorte de datte jaune de la grosseur d'un oeuf de cygne, contonant une amande plate a deux valves, dont on extrait un noyau lmilcux. Le pain dica est forme de ce noyau mele a d'autres substances, et il est la principale nourriture des habitants du pays. En le faisant bouillir dans l'eau ou en le faisant simplement chauffer, on en extrait par la pres- COSMOS. 5 sion 70 a 80 pour cent d'une graisse solide, assez semblable an beurre de cacao, au triplepoint de vue de la solidite, du gout et de l'odeur, fusible a 30 degres, brulant avec une flamme blanche, sans repandre ni fumee ni vapeurs odorantes , et sans laisser aucun residu. Cette graisse, qui pourrait servir a la preparation d'un chocolat du pauvre, ne coute au Gabon que 60 a 80 centimes le kilogramme. Le pain dica est tres-riche en principes nutritifs , et la graisse qu'on en extrait pourrait, en outre, servir a la fabrica- tion des chandelles ou bougies et du savon. — L' Athenaeum anglais nous apporte la triste nouvelle de la mort de M. George Wilson, l'historien de Reid et de Cavendish, avec lequel nous avons si agreablement parle" science et indus- trie a la reunion d' Aberdeen. II avait ete appele le premier aux fonctions de professeur royal de technologie a l'universite d'E- dimbourg et de directeur du musee industriel de cette ville. Ce musee, deja tres-riche, et pour lequel M. Wilson nous avait de- rnande divers produits francais, elait sa creation favorite ; il lui avait consacre son coeur et son genie, il fondait surlui toutes ses espe'rances de succes et de reputation ; sa mort a un age si peu avance (quarante et un ans) est prcsque un malheur national. C'etait un homme excellent et un serviteur devoue de la science pure et appliquee; en outre des vies de Reid et de Cavendish, il laisse un Traite elementaire de chimie, des Kecherches sur le daltonisme, et un opuscule intitule les cinq portes-cocheres de la science. Coincidence douloureuse', le jour meme ou nous avons appris la mort de M. Wilson, nous lui adressions un petit reproche, celui d'avoir oublie, dans ses recherches sur le dalto- nisme. le resume historique et theorique de cette curieuse aber- ration de la vue, que nous avons publie dans le second volume de notre Repertoire d'optique moderne. Si la mort ne l'avait pas si subitement frappe, noire bon et savant ami nous aurait certaine- ment rendu la justice a laquelle nous croyons avoir droit. — Dans une des dernieres seances dc la Societe philosopliiquc de Manchester, M. F.-O. Ward a presenle et mis en experience un curieux instrument appele par lui pseudodiascope, construitdans le but de mettre en evidence une propriete vraiment singuliere de la vision. On recoit sur l'un des yeux le rayon lumineux trans- mis par une petite ouverlure, tandis que l'autre oeil regarde fixe ment un objet opaque, la main par exemple tenue fermee devaut lui. Dans cette condition, on voit nettement le point lumineux, maisla sensation est transposed, e'est-a-dire qu'on place invo- 6 COSMOS. lonlnircincnt le point lumineux sur l'axe optique de l'oeil qui tvgarde lc corps opaque ; dc sorte qu'il semble, pour cet ceil, que I.- corps opaque est perce d'un trou a travers lcquel il voit la lumie-re. L'illusion a ete complete pour tous ceux des assistants qui ont regarde dans le pseudo-diascope. — La lumiere Drummond ou la lumiere resultant de la pro- jection sur la chaux d'un jet enflamme" de gaz tonnant, qui depuis ulusicurs mois sert chaque nuit a eclairer les travaux du pont de Wetsminster, a ele recemment sounds a de curieuses experiences ;ti! seio du Palais dc Cristal. On l'a fait servir a des cssais d'eclairage les plus varies et les plus extraordinaires. Cette lumiere, tout a fail continue, est tres-pure, tres-blanche, et semble donee d'un pouvoir penetrant considerable; on dit, en outre, que son prix tie revieut est tres-bas; elle semble convenir eminemment , soil pour l'eclairage des pbares , soit pour la production de si- gaaux pendant la nuit, et on en attend des avantages considera- bles pour la defense des villes ou des postes fortifies. On cite M. le piol'esscur Faraday comme lui elant particuiierement favorable. Nous traduisons ce petit article de YAihenamm anglais, mais sans parlager complelement son entbousiasme. La lumiere electrique est presque deux fois plus intense et plus facile encore a manier. Si M. Faraday a applaudi aux heureux resultats obtenus avec la lu- iniOre Drummond, il a applaudi beaucoup plus encore aux resul- tais deja obtenus par la lumiere electrique dans l'eclairage dupbare >s[)horique 116,01 — Acide sulfurique 107,52 Chlore 69,62 — Silice 365,72 — Total general.... 1282,00 kilogrammes. 1 282 kilogrammes de principes mineraux, voila ce que l'asso- lement ou la rotation complete de quatre annees enleve a chaque jicre imperial de terre; quoi de plus falalement naturel, done, que devoir le sol s'appauvrir de plus en plus et arriver a une sterilite compete, si on ne lui reslitue pas ce que les recoltes Jui ont enleve ? II' nous semble que les considerations precedents jeltent un grand jour sur cello, question capitale que la comparison ela- blie entre les deux guanos avait fait naitre : quel est celui qu'il taut preferer, le guano plus riche en azote ou le guano plus riche en sels mine'raux et surtout en phosphates solubles? A prix egab dans l'etat actuel de la science et de la pratique, il faudrait, sans besiter, donner la preference au guano des lies Pacifiques ou americains, dont 1 000 kilogrammes fournissent au sol plus de 250 kilogrammes de l'element ou principe constituant qui, a lui seul, forme les trois quarts de la valour de chaque hectolitre de froment recolte dans le monde; tandis qu'une tonne du guano lant vante" du Perou fournit a peine 75 kilogrammes de ce COSMOS. 39 mGme principe. Nous avons dit quo meme a prix egal il faudrait preferer l'exces do phosphate a l'exces d'azote; 1'hesitation sera done impossible, s'il est vrai, comme on nous l'affirme, que le guano amcricain avec exces de phosphate ne coutera au detail que les deux tiers du prix du guano du Perou. Un tiers de diffe- rence, e'est enorme ; les deux guanos d'ailleurs s'emploient dans les inemes proportions, que nous indiquerons rapidement. Pour terrain cultive en froment, avoine, riz, etc., de 250 a 350 kilogrammes; la poudre se verse dans les sillons en contact im media t avec la semence. Pour les prairies, de 50 a 100 kilo- grammes par hectare; pour coton, sucre et tabac, de 150 a 350 kil. par hectare, suivant la nature du sol et l'exposition ; le tabac exige plus de guano que le coton. La fumure avec le fumier de ferine revient en moyenne, en Amerique, a 200 fr. par hectare; la fumure avec le guano du Perou, a 100 fr.; la fumure avec le guano ame'ricain, a moins de 80 fr.; le double a peine du charroi et de la main-d'eeuvre necessaire pour la mise en place du fumier de ferine. Ajoutons, en finissant, que le guano des lies Baker et Jarvis a fait ses preuves. Nous avons sous les yeux un grand nombre de certificats authenliques, rediges par les agronomes les plus emi- nents des Etats-Unis d' Amerique; apres des experiences plus ou moins etendues, plus ou moins prolongecs , ils constatent non- seulement la bonte, rel'ficacite intrinseque du nouveau guano, mais sa superiorite incontestable sur le guano du Perou. Nous ne nous arreterons pas a les traduire, parce que ces noms, tout hono- rables qu'ils soient, sont pour nous des noms inconnus. Pour un homme competent , il suffira de la seule vue des analyses que nous avons donnees en commencant pour conclure a la realite d'un puissant agent de fertilisation auquel le prix de revient, moindre d'un tiers, donne une importance considerable. Nous nousbor. nerons done a consigner ce resultat general. Les essais en grand faits dans l'Amerique du Nord permettent d'affirmer que, dans une saison favorable, l'addition au sol de 250 a 300 kilogrammes du nouveau guano par hectare permet de compter presque a coup sur sur une recolte de 2 000 kilogrammes de coton; 6 a 8 hecto- litres de froment; do 1600 a 2 000 kilogrammes de tabac. Ces chiffres, que nous devons croire veridiques puisqu'ils nous sout afhrmes par des homines tres-dignes de foi , parleront plus elo- quemment que tous les discours. F. Moigno. &0 COSMOS. ACADEME DES SCIENCES. Seance du lundi 9 Janvier 1859. M. do Quatrefages lit un. resume du grand travail dans lequel il a consigne" les re altats de ses longues etudes de la maladie dcs \ers a soie. Nous avons deja rappele plusieurs fois qu'une commission academique, composee deMM. Decaisne, Peligot el de Quatrefages, avail cte cbargee d'aller etudier sur leslieux de pro- duction la terrible maladie qui, depuis douze ou quinze ans, l'rappe les educations de vers a soie et fait perdre a nos sericiculleursde 80 a 100 millions par an. M. Decaisne, botaniste, et M. Peligot, cliimiste, devaient plus parliculierement etudier l'elat des feuilles dcs muriers qu'on disait alteintes aussi de maladie ; ils ne ren- contre-rent partout que des arbres magniflques, couverts d'une feuille de la plus belle venue, proclamee excellente par les edu- cateurs eux-memes. Les ecbantiilons, pese's sur place et analyses a Paris, presenlerent une composition parfaitement normale, el force l'ut a la commission de declarer que la pretendue maladie des muriers etait imaginaire, qu'il fallait cbercber ailleurs que clans l'alteration des feuilles la cause cacbee de la maladie des vers a soie. Celte declaration mettait fin a la mission de MM. De- caisne et Peligot, et ouvrait celle de M. de Quatrefages. Apres une excursion a Sainl-Hippolyte, a Ganges et dans les montagnes de la Lozere, il sc fixa au Vigan et a Vallerangues, au centre de 106 magnaneries, grandes ou petites, qu'il visita tour a tour, et danslesqucilesil recueillit des versmaladesde toutes sortespour constituer un veritable hopital, ou chaque jour il faisait de nou- velles observations cliniques. therapeutiques, analomiques, mi- crograpbiques, etc. , etc. Le memoire dans lequel il a consigne 1'cnsemble et les details de ces observations, est un volume m-k° deAOO pages, accompagne de (5 plancbes lithograpbiees ou gravees. La premiere parlie est consacree a l'e'tude des maladies des vers a soie en general ; la seconde est spe'cialement consacree a la pe~ brine , maladie que l'auteur regarde comme constituant Tele- ment principal de l'epidemie actuelle, element constant clans sa nature intime, conservant partout les caracteres d'affection ende- mique et hereditaire qui le rendent si redoutable, mais variable dans les pbenomenes secondaires, surtout sous l'influence des autres maladies. En etudiant les vers malades, M. de Quatrefages ne tarda pas, cosmos. at en effel, a reconnaitre que si partout un tres-grand nombre de vers perissaient victimes des maladies deja co mines et decrites parCornagli.-i, la grasserie, la jaunisse, l'atrophie, elc, ces vers, atteints des maladies connues, e'taient partout aussi alteints de la maladie nouvelle, caracterisee par la presence de laches noires et comme gangreneuses ; desorte que la maladie dont ces taches sont le symptomo le plus apparent, etait absolument universelle, tandis que les autres etaient accidentelles et locales. II a doncete conduit a regarder le mal dont souffrent nos producteurs de co- cons comiflo dft a deux elements : l'un fondamental, qui n'est autre chose que la pdbrine ou la maladie caracterisee par les ta- ches noires; 1'aulre accidentel, represente par des maladies in- ter curr en Les. Les taches de la pebrine ne se montrent pas seulementa la peau. On les retrouve dans tous les appareils, dans tous les or- ganes, dans tous les tissus, et cela chez le papillon et la chrysa- lide, tout aussi bien que chez la larve. Partout elles presentent les memes caracteres. Le point taehe nepresenle plus la moindre trace d'organisation. La fibre musculaire, les cellules adipeuses, les granulations ovariques, les membranes stomacales disparais- sent pour faire place a un magma d'un bran noir seiiiblable a une matiere carbonisee. — II est evident qu'une affection de cette na- ture se montrant a la fois sur tous les points du corps, a linte- rieur comme a l'exterieur, annoncc une vicialion generale de l'organisme ; et Ton conceit que de parents aussi profondement atteints il ne saurait resulter des generations saines. Une autopsie de papillon pebrine, fait, pour ainsi dire, comprendre le phdno- mene si obscur encore de l'heredite pathologique. Et cependant cette maladie n'agit pas avec la promptitude fou- droyante que presentent certaines affections bien moms redouta- bles, comme l'apoplexie ou la ne'grone La pebrine tue ses vic- times lentement, peu a peu pourrait-on dire. Le ver qu'elle at- teint seule a le temps de parcourir la moitie, souvent meme le cercle entier de son existence; il peut faire son cocon, et un co- con excellent ; mais trop souvent l'animal est, pour ainsi dire, arrete en route par quelque autre affection. Affaibli par la pe'- brine qui le mine, il est inllniment plus soumis a rinfluence de toutes les causes morbides. Voila comment se developpent, an milieu des chambrees, ces affections intercurrentes, accidentelles, variables selon mille circonstances, qui viennent compliquer le mal primitif et tuent les vers bi+duidb> + K0h* + - •==T ~W et ainsi de suite, d'ou il resulte \ dx dy os Si Ton porte cette valeur dans la variation de l'integrale, et qu'on retablisse ensuite les variables primitives, on trouve l'ex- pression Iff ■ -hy^jm+'Mi) +<&! + . .]dxdyll:.. . L dx dy dz I On sait que M. Ostrogradsky est le premier qui ait etabli cette formule generate par la metbode infinilesimale. Plus tard, Caucby y est parvenu par des considerations un pea differentes. J'ai pense qu'une nouvelle demonstration de ce tbeoreme important, fondee sur les seuls principes certains du calcul diflerentiel, pouvait avoir quelque interet. » — M. Mahistre continue ses recbercbes de me'canique appliquee par une note sur le travail de frottement des divers organcs des macbines. — M. Charles Rouget, inspecteur des finances, demande l'exa- men, par une commission, d'une note sur la the'orie geometrique des surfaces cylindriques considered comme moyen de concen- tration ou de convergence d'un sysleme de rayons paralleles. COSMOS. hi — M. Renou, l'un de nos maitres en meteorologie, le membre le plus actif de la Societe meteorologique de France, exprime le regret que les tableaux mensuels des observations faites cbaque jour a l'Observatoire imperial aient cesse depuis sept ans d'etre imprimes re'gulierement dans les comptes rendus de l'Academie. A la fin de la seance, M. filie de Beaumont transmet ce regret a M. Le Yerrier en lui disant qu'il serait beureux de voir l'illustre successeur d'Arago reprendre une publication qui datait de l'ori- gine miime des comptes rendus, de 1836. M. Le Verrier repond qu'il n'a pas pu se resoudre a publier les tableaux dontilest question aussi longtemps qu'il n'avait pas la certitude qu'ils ne conlieudraientpas de lacunes. II croit pouvoir declarer, sans au- cun sentiment de vanite, sans vouloir aussi rien enlever a la gloirc d'Arago, que les observations meteorologiques se font aujourd'hui plus regulierement et plus completement qu autrefois ; qu'il a presque des a present la certitude, a laquelle il tenait tant, que pas un nombre ne ferait defaut dans les tableaux mensuels, et que, par consequent, le moment est venu ou il pourra combler une suspension vraiment regrettable, il le sait. M. Renou, en outre, sign ale quelques periodes reinarquables qui semblent presider a la succession des hivers, et nous regret- tons de ne pouvoir entrer, a ce sujet, dans quelques details pre- cis. — Les noms memes des auteurs d'une note theorique impor- tante sur la nature intime des etbers composes, sur les teles- copes a miroirs composes cylindriques; sur les terrains paleo-zoo- logiques du Piemont, sur la metamorpbose des rocbes, etc., etc., ne parviennent pas jusqu'a nous. — M. Gbarles Tissier communique une note sur quelques pro- prietes du nickel. Le nickel place pres du fer dans la table electro-cbimique de Berzelius, de meme que dans la classification par families d'Am- pere, se retrouve encore a cote de ce metal suivantl'ordre adopte par M. Thenard d'apres l'affinitc pour 1'oxygene. Cependant, s'il se rapprocbe duferparleuombre de sonpoidsatomique ainsique par l'analogie de ses composes et surtout de ses sels, il n'en est pas de meme lorsque Ton considere sa resistance aux divers agents chimiques que nous employons dans noslaboratoires. Ainsi, Ton croit generalement que le nickel, d'apres sa place dans l'ordre electro-cbimique, precipite le cuivre de ses dissolutions absolu- ment comine le feraient le fer ou le zinc. 11 n'en est rien-, j'ai 48 COSMOS. aissc du nickel fondu et bien decape pendant quinze heures dans une liqueur contenant un melange de sel ammoniac et de sulfate de cuivre, dans la proportion de une partie dece melange pour dix parties d'eau; au bout de ce temps la plaque de nickel qui pesait avant l'experience lSsr,925, n'avait pas prdci- pite de cuivre et pesait encore 18=r,925. Une lame de bronze d'aluininium avait perdu dans les rnemes conditions 0&r,060 , et une lame de maillechort blanc ( alliage de cuivre contenant en- viron un 1/3 de nickel ) avait perdu 0sp,072. Les acides a 1' excep- tion de 1'acide nitrique, n'ont qu'une tres-faible action sur le nickel fondu. En quinze heures je n'ai pu dissoudre par 1'acide sulfurique etendu de 2 fois son poids d'eau, sur 18§r de nickel, que 0sr,032 de metal ; et, en faisant reagir sur la meme quantite et dans le mfime espace de temps, de 1'acide clorhydrique ordi- naire du commerce fumant, je n'ai pu dissoudre que 0sr,15 de metal. Si Ton compare ces resultats a ceux que fournissent le fer, le zinc, le cuivre, le plomb cl l'etain, Ton voit combien le nickel est supeneur a tous ces me"taux et combien il se rapproche de l'ar- gent, puisque comme lui il n'est reellement bien attaque que par 1'acide nitrique. C'est d'apres les considerations prece'dentes queje me suis de- manded si le nickel que le commerce peut maintenant livrer au- dessous de 20 francs le kilogramme, ne pouvait pas recevoir des applications beaucoup plus etendues que celles qu'il a recues jus- qu'a ce jour, et qui sont presque limitees a la fabrication du maillechort, ou il entre beaucoup trop de cuivre pour que Ton puisse apprecier les qualites du nickel. Ce metal peut etre obte- nu assez pur pour que Ion puisse le forger, le laminer et l'eti- rcr; il possede sous cet etat a peu pres la merne resistance que le fer (1). C'est done a Tetat de purete' que le nickel devrait rece- voir les applications nombreuses dont il est susceptible. J'en cite- rai ici une seule comme exemple, c'est la confection des racles ou docteurs employes pour enlever aux rouleaux d'impi'cssion dans la fabrication des toiles peintes, l'exces de mordant ou de matieres colorantes dont on les impregne. Ces lames, oidinaire- ment en acier, sont detruitcs avec une tres-grande rapidite, sur- tout lorsqu'elles se trouvent en contact avec le sulfate de cuivre (1) D'apres M. Wertheim, Li tcnaciic du nickel serait a celle du fer comme 90 a 70 : ellelui serail done superieuie. COSMOS. H ou autres sels qui entrent dans la composition des couleurs ; en nickel elles presenteraient une grandc resistance a l'alteraiion. Si Ton refle'chit que, quoique possedant plusieurs mines de nic- kel, la France a ete jusqu'ici tributaire de l'Allemagne pour ce metal, on ne saurait trop souhaiter que 1'importance des appli- cations qu'il peut recevoiv devint un encouragement pour celte nouvellebranche dela inetallurgie. M. C. Tissier semble ignorer qu'en Amerique on fait avec le nickel une excellente monnaie de billon; les cens et double cens en nickel sent bien preferable a nos sous. — M. Adolpbe Brongniart donne l'analyse verbale d'un memoire considerable de M. le docteur Weddell, tres-connu par son bel ou- vrage sur les quinquinas; il s'agit d'une plante parasite qui vient surtout sur les plantes des marais salants de l'Amerique el de l'A- frique, et qui est remarquable par cette anomalie singuliere que, dans la germination, les radicules montent au lieu de descendre. — M. le general Morin lit un rapport verbal sur le Manuel de I'ingenieur, de M. Valdes, presente, il y a quelques mois, par M. Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire ; les conclusions du rapport sont tout a fait favorables, mais les usages academiques s'op- posent a ce qu'elles deviennentl'objet d'un vote officiel. — M. Le Verrior croit qu'il est de son devoir de reduire a neant certaines pretentions a la prediction du temps qui se sont mani- festoes dans ces derniers temps. Aurait-il en vue l'avenhireux M. Maniere, cbimiste, createur de la meleorologie nouvelle, de- couvreur des causes qui produisent les mouvements atmospberi- ques et demonstrateur par les faits de la re'alite de sa decouverte? M. Maniere nous a adresse son Bulletin metereologique don- nant, par avance, pour cliaque jour du mois de decembre, les oscillations barometriques et tbermometriques, ainsi que les va- riations du temps. Or, pour ne citer qu'un exemple, nousy lisons que le tbermometre haussera les 16 et 17, qu'il se mainiiendra eleve les IS, 19, 2U; baissera les 21 et 22. Or le 20 au matin, bien loin d'etre eleve, le tbermometre descendait si bas quel'alcoolou le mercure rentraient dans la boule, que la colonne avait com- pletement disparu. Esperons qu'apres cette rude lecon, M. Ma- niere a renonce a ses ionctions de propbete, qu'il n'a pas oll'ert a ses souscripteurs, memepour un prix tres-modique, le bulletin anticipe des trois premiers mois de l'annee 1860. — M. Le Verrier depose ensuite, dela part de M. Charrot, charge de surveiller a 1'Observatoire imperial la marche des appareils 50 COSMOS. photographiques et telegrapbiques, un Memoire sur la deperdi- tion de l'electricite par l'air. Un des resultats du travail de M. Charrot est que les experiences de Coulomb, qu'onavait crues inlirmees par des observations recentes, sont au fond exactcs. — M. Guerin Menneville prcsente a l'Academie, comme ila deja pn'-scnie a la Societe d'acclimatation, des ecbanlillons de tissus fabriques en Cbine avec la matiere textile provenant du ver a soie du vernis du Japon ou ailante. Parleur finesse et leur lustre, ces ctoll'es approcbent de celles que Ton fabrique avec la soie du mu- rier. Un ecbanlillop blcu-clair pourrait rivaliser avec nos plus jo- lies soieries europeennes; un autre, fait avec le fil ecru, semble elre d'une tres-grande force et d'un tissu tres-serre"; un troisieme, sorte de gaze assez semblable a la gaze de nos blutoirs, n'a pu etre fait qu'avec de la soie continue de la plus grande beaute ; un quatrieme, fabrique cependant avec de la bourre de soie, imite une soie tres-fine. Tout semble indiquer, mais ce fait n'est point encore h l'etat de certitude, que les Chinois font, avec les cocons de ce ver, quoique ouvcrts naturellement, une soie grege conti- nue, et ne l'emploient pas seulement a l'etat de bourre. S'il en etait ainsi , et si nos filateurs, ce qui n'est pas douteux, arrivent a filer aussi ces cocons, en apparence rebelles , l'acclimata- tion du ver a soie de l'ailante aura une importance beaucoup plus considerable. Une soie a bon marcbe remplacerait avec de tres-grands avantages le coton, en faisant gagner a nos pauvres ouvriers des campagnes les millions qui servent a payer cette matiere premiere achelee a l'etranger. YARIETES. Passage d'une plancte sur le disque du soleil , observe a Orgeres (Eure et Loir) Par M. Lescarbault, docteur m^decin. Lettrc a M. Le Verrier. Orgcres, 22 Uccembre 1S5D. «Penetrd d'admiration pour les inimortels Geometres qui de"cou- vrent, STaidedes principes de l'analyse, la route mysterieuse des mondes, j'ai, des mon enfance, ete pousse a m'occuper avec pas- sion de l'elude des grands pbenomenes celestes. Ayant remarque", des 1837 , que la loi de Bode est loin de re- COSMOS. 51 presenter exactement les rapports des distances des planetes au soleil, je m'imaginai qu'independamment des quatre petites pla- netesCeres, Pallas, Junon, Vesta, decouvertes par Piazzi, Olbers et Harding dans le grand espace compris entre Mars et Jupiter, il pourrait peut-etre bien s'en rencontrer ailleurs. Mors, il m'etait fort difficile de faire des recherches a ce sujet, et, sans y renoncer, je me resignai a attendre. Le passage de Mercnre sur le soleil, que je vis le 8 mai 1S45, me fournit 1'idee que, s'il existait enlre le soleil et nous quelque autre corps que Mercure et Venus, ce corps devait avoir aussises passages devant l'astre radieux, et qu'en observant frequemment les bords du soleil, on devait, a un certain instant elre temoin de 1'apparence d'un point noir empietant sur le soleil pour en parcourir une corde dans un temps plus ou moins long. A cette epoque, il me fut plus impossible que jamais de reahser mes projets d'observations. Je ne men occupai qu'a parlir de 1853 dans des conditions encore peu favorables; et, jusqu'en 1858, je n'appliquais que rarement l'oeil a la lunette. A daler de cette meme annee 1858, j'eus une terrasse a ma disposition. Je mefabriquai provisoirementuneespece d'inslrument peudehcat, a la verite, mais susceptible de donner, a un degie pres, un angle de position. Des mesures prises sur des taches da la lune et rapportees a une carte de noire satellite de Jean Dominique Cassini, m'ontpermis de compter sur cette approximation. Nature et disposition de mon instrument. 1° Une lunette portant un objectif de 10 centimetres d'ouver- ture, de 1 metre 46 centimetres de longueur focale, fabrique par Cauche en 1838, munie, lors de l'observation du 26 mars, d'un oculaire qui donne un grossissement de cent cinquante fois en- viron. 2° Un chercbeur grossissant six fois. 3° La lunette est montee sur un simple pied en bois, qui per- met deux mouvements dans des plans reciproquement pcrpendi- culaires, l'un horizontal, l'autre vertical. Les pointes, qui terminent infe'rieurement chacune des trois branches du pied, reposent sur un chassis egalement a trois divi- sions, avec des vis a caler a leurs extremites pour pouvoir niveler le plateau qui porte l'axe du mouvetnent dans le plan honzonlaL W Au foyer de l'oculaire de la lunette, sont deux fils crosses rectangulairement. La meme disposition a lieu au foyer de i'ocu- 52 COSMOS. lain- iln chercheur qui, de plus , porta parallelement au fil ver- tical, el de chaque cOte de lui, un fil a une distance telle, qu'elle sous-lend a Paul de l'observateur un angle fle 16' a 17'; cequi fait un intervalle de 32 ' a 3/t' entre les deux fils places de chaque c6te du fil vertical du milieu. Deux autres fils occupent des positions analogues de part et d'autre du fil situe horizontalement au milieu du champ. In disque de carton de Ik centimetres de diamelre, concen- trique avec le tuyau de l'oculaire du chercheur et mobile aulour de lui, est divise en demi-degres a sa circonference. 5° L'encoignure d'un bailment, dont la verticalite a ete preala- blemenl veriiiee ou corrigee, ou bien un fil a plomb place a distance dans la campagne, sert a regler la position des tils des deux oculaires en faisant tourner sur eux-memes les tuyaux qui les renferment. Le chercheur est d'ailleurs dispose comme a l'ordinaire, de maniere qu'une eloile vue a l'intersection des fils du cherclicur soit apercue en meme temps a 1'interscction des fils de la lunette. 6° A ma proximile , j'ai un support facile a changer de place (un pied de graphometre, parexemple). 11 porte en travers une tringle sur laquelle glisse une plaque percee d'un trou et une tige qui seprolonge obliquement en avant et en haut, a 25 ou 30 centi- metres de la plaque trouee. 7° Un petit a-plomb a fil tres-fin. Pour me servir de cet appareil : 1° .le commence par metlre de niveau le plateau de la lunette : 2° Je place vcrlicalcment l'un des fils de la lunette et Fun des fils du chercheur. 3° J'approche du chercheur le support de la plaque, de facon quel'exU'emite de la tige soit proche de l'oculaire de cette petite iuneile; je regarde par le trou de la plaque, et, tenant le fil a plomb entre le pouce et l'index, la main appuyee sur l'extremite anterieurc de la tige, je fais tourner le disque divise jasqu'a ce que son diamelre initial soit dans la veiiicale. k" Si quelquc objet se presente au bord du soleil, vu dans la lunette, je le mets au point d'entre-croisement des fils de celle-ci ; et, coimne son champ est trop restreint pour permettre d'y voir l'astre radieux dans son entier, je reporte vivement l'oeil a l'ocu- laire du chercheur, et je fais rapidement mouvoir le cercle divise jusqu'a ce que deux des fils paralleles soient tangents aux bords du soleil, ou bien les depassent ou les laissent empieter d'une COSMOS. 53 meme quantite. II ne s'agit plus que de rapporter le support avec sa plaque trouee et le fil a plomb. A l'aide de ce dernier, il est facile de savoir sur les divisions du disque de carton la distance angulaire du point observe a l'un des quatre points qui occupent les extremites clu diametre vertical ou du diametre horizontal du soleil et de faire la correction dans le cas de l'excentricite du som- met de Tangle a mesurer. Chaque fois que j'esperais du loisir pour l'apres-midi, avant d'aller terminer mes visites, je reglais ma montre sur le passage du soleil par le me'ridien, a l'aide d'une petite lunette meridienne, et je disposais mes autres moyens d'observation, comme je viens de le dire. A mon retour, je faisais parcourir, presque sans re- lache, a ma lunette, pendant un temps qui variait entre une demi- heure et trois heures, tout le contour du soleil, tenant 1' ceil appli- que a 1'oculaire. Observation du passage de la planete. Enfin, le 25 mars 1859, j'eus le bonheur de trouver ce qui suit : « L'espoir de revoir le petit astre, dont je vais parler, m'a fait diffe'rer jusqu'ici pour en donner connaissance ; je ne crois pas devoir attendre plus longtemps. » Je n'ai corrige les resultats suivants ni des effets de la refrac- tion, qui pouvaient etre negliges dans chaque observation partielle, ni del'erreur due au deplacement de notre globe dans son orbite ; car cette derniere rectification n'aurait pas apporteune ameliora- tion bien notable a des valeurs provenant de mesnres imparfaites. Mesurees sur la carte de France du Depot de la guerre, la lati- tude et la longitude de la station a Orgeres sont : Latitude boreale =48" S' 5b" Complement de la latitude = 41 51 5 Longiiude ouest = 0h 2ra 35s Temps moyen, a midi vrai a Orgeres . = 0h 5m 53',0o du soil' 1 Temps sideral, a midi moyen a Orgeres =r 0 13 35,47 J le 26 mars 1859 Temps vrai, a midi moyen a Orgeres. =: 11 54 6,87 du matin) La planete parait comme un point noir d'un perimetre circu- late bien arrete. Son diametre angulaire vu de la terre est tres- petit; je l'estime bien infe'rieur au quart de celui que j'ai vu a Mercure, avec le meme grossissement appliqud a ma lunette, lors de son passage devant le soleil, le 8 mai 1845. 54 COSMOS. Entree a 57° 22' 30" / 3h 59m 46s du suir (lemps vrai, a Orgeres) \ L'erreur pos- it l'occidenl de l'ex- 1 4 5 26 du soir temps solaire moyen J slide est de 1 a 5 tremile superieure du / d'Orgeres j secoudes rooyeu- diameire vertical du I 4 19 52 (temps sideral) I lies qu'il fau- soleil, it \4 8 11 du soir (t. sol. moyen de Paris) } drait ajouter. Sorlie, a 85° 45' 0'' / 5h 16m 55s du soir (temps vrai a Orgeres) \ L'erreur pos- it l'occidenl de I'ex- I 5 22 44 du soir (lemps solaire moyen I sible esl de 1 a 3 tremile inferieure du I d'Orgeres.) , secoudes nioyen- diameli e vertical du J 5 37 14 (temps sideral) I nes qu'il fau- goleil, a \5 25 18 du soir (t. sol. moyen de Paris) J drait relrancher. i' Temps vrai a Orgeres — 4h 38^ 20s du soir Au moment de la moindrel Temps soi. m0yeii d'Orgeres = 4 44 11 du soir distance de la planee an centre ^^ ^.^ = 4 58 33 J" solt'11 < Temp* solaire moyen de Paris = 4 46 45 du soir ! En temps vrai = lu 17"> 8' En lemps solaire moyen.. . . = 1 17 9 Eu lemps sideral = 1 17 22 Moindre distance au centre du soleil = 0° 15' 22", ,3. A 51' 22m Mx* de temps solaire moyen d'Orgeres, l'abaissement (a l'ouesl) au-dessous de rextremile" superieure du diametre ver- tical du meme astre, a kh 5m 36s de temps solaire moyen d'Or- geres, est de 3° 43' 30". Angle sous lequel est vu de la terre la ligne parconrue devant le soleil entre-les instants del'enlree et de la sortie =9' 13", 6. Le temps siddral necessaire pour parcourir le diametre entier du soleil cut ete = lxh 29n- 9s. J'ai la conviction que quelque jour on reverra passer devant le soleil un point noir, parfaitement rond, tres-petit, parcourant une ligne siluee dans un plan dont l'inclinaison a l'ecliptique sera comprise en tre 5° + 1/3 et 7° -|- 1/3, que l'orbite contenue clans ce plan coupera le plan de l'orbe tcrrestre vers 183°, en passant dusudaunord; qu'a moins d'unc execntricite enorme de l'or- bite ddcrite par ce point du noir autour de l'astre qui nous eclaire, il sera susceptible d'etre vu par nous parcourir le dia- metre solaire en quatre heures et demie environ. Ce point noir sera, avec un grand degre* de probalibite, la pla- nete dont j'ai suivi la marcbe le 26 mars 1859, et il deviendra possible de calculer tou3 les elements de son orbite. Je suis fonde a croire que sa distance au soleil est infe'rieure COSMOS. 55 a celle de Mercure, et que ce corps est la planete ou l'une des planetes, dont vous, monsieur le directeur, avez, il y a quelques mois, fait connaitre l'existence dans le ciel, au voisinage du globe solaire. » , t a;j Remarques, jugement et conclusions de M. Le Verrier. a Les details compris dans ce document permettent de lui accorder tout d'abord une cerlaine confiance. On pouvait etre surpris toutefois que M. Lescarbault, se trouvant en possession d'un fait aussi considerable, fut demeurd 9 mois sans en donner con- naissance. Cette consideration m'a determine a me rendre sur-le- cbampa Orgeres ou M. Vallee, ingenieur des ponts et cbaussees, a bien voulu m'accompagner, et ou nous sommes arrives le sa- medi 31 decembre sans avoir ete annonces. Nous avons trouve en M. Lescarbault un homme adonne de- puis longtemps a l'etude de la science, entoure d'instruments, d'appareils de toute nature, construisant lui-meme et ayant fait edifier une petite coupole tournante. M. Lescarbault a bien voulu nous permetlre d'examiner dans le plus scrupuleux detail les ins- truments dont il s'est servi; il nous a donne les explications les plus minutieuses sur ses travaux, et en particulier sur toutes les circonstances du passage d'une planete sur le disque du soleil. L'entree elle-meme n'a point ete observee par lui, la planete avait deja parcouru quelques secondes sur le disque du soleil au moment ou M. Lescarbault l'a apercue, et, c'est en tenant compte de la vitesse qu'il a juge du moment de l'entree. Les angles de position relativement a laverticale ont etemesu- res a l'entree et a la sortie par le proccde decrit par M. Lescar- bault ; c'est en rapportant ensuite ces observations sur unespbere celeste qu'il est parvenu a determiner la longueur de la corde parcourue par la planete et a en conclure le temps qu'elle eut mis a traverser le disque entier du soleil. Les explications de M. Lescarbault, la simplicite" avec laquelle il nous les a donne'es, ont porte dans notre esprit l'entiere convic- tion que l'observation detaille'e qu'il a faite doit etre admise dans la science; que le long delai qu'il a mis a la publier provient uniquement d'une reserve modesteet ducalme qu'on peul encore conserver loin de l'agitation des villes. Un article du journal le Cosmos relatif au travail que nous avons donne sur Mercure l'a scul determine a rompre le silence. En soumettant au calcul les donne'es fournies par M. Lescar- 56 COSMOS. bault, nous avons tronve qne la corde parcourue par la planete sur le soleil est de 9 ' 17"; qiva cc compto die eut mis 4b 26m 48" a parcourir le disque entier. Ces nombres different tres-peu de cenx donnes par M. Lescarbault. Ce resultat prouve que cet observateur a mis un grand soin dans lcs deductions graphiques tiroes de ses observations, et Ton doit des lors, esperer que les observations elles-inemes jouissent d'une ccrtaine exactitude, malgrd rimpcrfection des moyens dont robservateur disposait. La duree du passage ne peut nous faire connaitre avec exacti- tude la distance de la planete au soleil qu'en admettantque Tor- bite soit circulaire. Dans cette hypothese on trouve que le demi- grand axe est egal a 0, 1427, le demi-grand axe de l'orbite ter- rcstre etant pris pour unite. On en conclut que la duree de la revolution est de 19 jours, 7. Les angles de position donne's par M. Lescarbault permettent encore de calculer les longitudes et les latitudes geocentriques a l'entree et a la sortie. On en conclut, en admettantla distance au soleil determinee plus haut, les longitudes et les latitudes helio- centriques, ce qui permet de fixer l'inclinaison de l'orbite a 12° 10' et la longitude du noeud ascendant a 12° 59'. Suivant l'auteur qui a observe le passage de Mercure sur le soleil en 1845 , le diametre offer t alors par cette planete etait certainement quadruple du diametre apparent de la planete ob- served le 26 mars 1859. En considerant les masses comme pro- portionnellesaux volumes, on en conclurait que la masse de cette derniere planete ne serait que le 1/17 de la masse de Mercure; masse beaucoup trop petite a !a distance ou elle est place'e pour produire la totality de i'anomalie constatee dans le pcribe'lie de .Mercure : cc qui porterait a croire que, conformement a la der- niere partie de la discussion que nous avons donne'e, il y aurait un groupe de planetes et non pas une seule. Le nouvel astre, en raison du faible rayon de son orbite, ne s'eloignerait jamais a une distance de plus de 8° du soleil. Et la lumiere qu'il nous envoie dtant plus faible que celle de Mercure, on peut comprendre qu'on ne l'ait point apercue jusqu'ici. » Imprimerie de W. Remquet et Cie, A. TBAKBIAY rue Garaociere, 5. proprietaire-gcrani COSMOS. 57 NOUVELLES DE LA SEMAINIS. M. Poggiale, inspecteur general de pbarmacie , membre dm conseil de sante des arrnees, charge de faire a l'Academie de medecine un rapport complet sur la fabrication et I'emploi des allumettes cbimiques, a depose les conclusions suivanles: 1° Les vapeurs pbospborees qui se degagent dans les fabriques d'allu- mettes cbimiques exercent une influence facbeuse sur la sante des ouvriers, et les frappent d'une maladie cruelle, connue sous le noni de necrose pbosphorique. 2° La pate inflammable qui garnil les allumettes au pbospbore blanc, introduite dans I'esto- mac, dcnne lieu a des accidents graves : celte pate, qui est dans les mains de tout le monde, dontpersonne n'ignore les proprietes veneneuses, et quiadeja determine' un grand nombre de suicides et d'empoisonnemenls, est un danger public auquel il importe de remedier. 3° Les allumettes au phospbore amorpbe, ou sans pbospbore, ne contiennent aucuoe substance toxique, et leur fa- brication, sans danger pour les ouvriers , ne presente aucun des inconvenients des allumettes au phosphore blanc. k" La commis- sion exprime done le vceu que. dansla fabrication des allumeltes, on substilue au pbospbore blanc le pbospbore amorpbe, ou la pate inflammable sans pbospbore, et que l'autorite prononce la probibition des allumettes au pbospbore blanc. 5° Si, par des motifs qu'il ne nous appartient pas de discuter, l'autorite ne croit pas devoir interdire la fabrication et I'emploi des allumettes au pbospbore blanc, nous demandons qu'elle impose a tous les fa- bricanls les mesures les plus severes pour amoindrir les causes d'insalubrite dans les ateliers. — A propos dallumettes cbimiques, M. Francois Coignet nous adrcsse la lettre suivante : a Depuis quelques jours, les journaux publient des lettres de MM. Bombe-Devilliers et Leon Dalemagne, qui invitenl a fabri- quer du pbospbore rouge et des allumettes a frottoir special. Coimne nous sommes cessionnaires rdguliers de plusieurs brevets d'invenlion, soit pour la transformation du phosphore blanc en phosphore rouge, dit amorpbe, soit pour le sysleme nouveau d'albimetles a froltDir special , tous brevets pris bien anterieure- ment au brevet de MM. Bombe-Devilliers et Dalemagne, nous croyons de notre devoir d'avertir les personnes que pourraient entraiaer les invitations de ces messieurs, que nous portons cette Neuviiinie anni;e. — T. XVI, 20 jauvier 1860. 3 58 COSMOS. question (levant les tribunaux, el que nous poursuivrons de mc'ine en contrefacon quiconque i'abriquera ou vendra du phos- phore rouge et des allumettes a frottoir special ne proven ant pas de nos ateliers. » A cette protestation , MM. Bombe-Devilliers et Dalemagne rd- pondent par la declaration suivante : « Nous savons, depuis deux ans, que MM. Coignet freres ont voulu presenter l'allumette an- drogyne dont nous avons fait don au domaine public, comme rcntranl dans leurs brevets; qu'ils pourraient en revendiquer la propriete si elle paraissait avoir quelqae importance. La reponse que nous leur limes dans le temps les tint en respect. En renou- velant cette pretention aujourd'hui,dans des termes dont nous aurons a leur demander compte, ces messieurs attestent done l'importance de notre invention... Mais si nous acceptons avec empressement le certiflcat que MM. Coignet delivrent a. notre invention, il en est tout autrement de leur revendication que nous repoussons energiquement. Nous nous bornerons ici h leur repondre : 1° que notre allumette, qui se suffit k elle-meme, n'est pas la contrefacon de la leur qui , pour prendre feu, exige un frottoir special; 2° que le pbospbore amorpbe, invente en 1847, par M. ledocteur Scnroetier, secrelaire perpetuel de l'Academie imperiale de Vienne, est dans le domaine public. Nous serons plus explicates devant les tribunaux, si nous sommes appeles a y de- fendrele droit detous contre celui de MM. Coignet. » — Le Journal d'Indre-et-Loire signale comme une decouverte de portee immense, et devant immortaliser la noble cite de Tours, ou elle a pris naissance, l'emploi raisonne de l'eau en nature comme combustible auxiliaire. Les premieres applications de cet emploi, dans les foyers de l'industrie metallurgique, ont donne* les resultats les plus concluanls, en realisant une econo- mic de combustible de 33 k UO pour cent. A la suite de ces pre- miers resultats, on a procede a des essais dans les foyers des lo- comotives et des machines des vaisseaux a vapeur, et tout semble indiquer qu'on obtiendra le meme succes. Cequi ajouteraitenor- mement ti l'importance de cette ddcouverte, e'est que le piix de J'installation de l'appareil supplementally a tous les foyers, quels qu'ils soient, ne depassera pas 25 francs. Le redacteur de la feuille de Tours ne lirait-il pas le Cosmos ? Quand il parle d'eau on nature, il entend, sans aucun doute, la vapeur d'eau, et la vapeur d'eau transformee en gaz bvdrogene carbone, par l'ad- ionction d'un hydrocarbure quelconque. Mais alors, 1'heureux COSMOS. 59 inventeur retombe en plein dans les brevets de MM. Isoard et Mundo. — A notre grand regret, la livraison de Janvier des Annates de la propagation de la Foi ne nous a apporte qu'un tres-petit nombre de faits scientiiiques. Le P. Kluber de la Compagnie de Jesus, a visite les colonies allemandes du Ure'sil, Saint-Leopold, Hamburgerberg, Sammerthal, Buckerberg, etc., et il a ete heu- reux de constater la grande fertilite du sol , la salubritd extreme du climat. Un seul grain de seigle, de froment ou d'orge produit 30 , 40 et jusqu'a 60 e"pis ; le grain de millet donne de h a 600 grains. Les enfants, les adultes, les vieillards jouissent d'une sante parfaite ; les maladies sont extremement rares ; on ne meurt guere que de vieillesse ou d'accidents ; les centenaires et au dela sont vraiment communs ; des octogenaires, qui peuvent a peine enumerer leur posterity , paraissent aussi robustes que des homines de quarante ans et s'adonnent encore aux plus rudes labeurs. Le R. P. Peureux, de la congregation du Saint-Esprit, ecritd'un petit etablissement situe sur la rive droite du Gabon, a quatre lieues de son embouchure;: « Ce fleuve, large d'environ trois lieues, permet une entree facile aux plus grands navires,et leuroffre un port des plus agreables. Sur ses bords croissent des arbres de toute espece : le palmier, le sandal, le dragonnier epineux, l'ebe- nier,... de lourds manguiers, s'elevant du sein des eaux, porte's sur leurs longues racines comme sur des e'chasscs. Ce ne sont partout que forets impe"netrables, dont rien ne trouble le silence, sinon le cri aigu de nombreuses bandes de perroquets. . . Dans ces immenses solitudes se rencontrent ca et la de rares Tillages, ne communiquant entre eux que par d'etroits sentiers ou par de nombreux bras de rivieres, qui sont en ce pays nos routes les plus agreables et nos voies les plus rapides. Les noirs les par- courent sans cesse, soit pour la peche, soit pour des voyages de ne'goce, au moyen de pirogues faites d'un seul arbre et creusees avec plus ou moins d'art; quelques-unes peuvent facilement con- tenir de quarante a cinquante personnes. Ici regue une e'ternelle verdure ; elle est entretenue par huit mois de pluies assez abon- dantes.tombant a la suite defre'quents orages. Ces nuees, qui nous monirent parfois le ciel tout en feu et font entendre a nos oreilles la foudre grondant en vingt endroits divers, s'expliquent aise- ment par Taction brulante du soleil de la ligne, qui remplit l'at- mosphere de vapeurs et tient le thermornetre eleve quelquefois 60 COSMOS. jusqu'a Irentc-trois degree a l'oinbro, sans lui permellre de des- cenare jamais au-dessous de vingt-quatre degree cenligradcs. » Cette grande et belle ceuvre de In propagation de la l'oi a ins- pire i 51. Dupanloup, eveque d'Orleans, dcs pages graudeinent eloquentes : « He toules parts les distances se rapprocbcnl ; Dieu abrege les chemins et agrandit les pas de rbotnme. Tous les peu- ples senlent Je besoin de se voir de plus pres, de se rencontrer, de s'entretenir des grands interets de rhumanite. La vapeur el les chemins de fer ouvrent les voies les plus rapides a travers lc monde enticr; les niontagnes, les istbmes scmblent nc devoir etre bienlot plus que des expressions geographiques; on perce le mont Cenis, on traverse les Pyrenees; la volonte obslinee d'un Francais force les partes de Suez; un autre Francais prepare l'ouverture de Panama ; on parle de couper la presqu'ile de Ma- lacca ! A qui persuadera-l-on jamais que loutes ces barrieres se renversent, que ces grands rapprochements se preparent cnlre les hommes, afln qu'ils puissent mieux se bair, se declarer, se tuer les uns les autres? A qui persuadera-t-on que tout cela se fait uniquement pour porter plus vite nos machines et nos iou- ristes sur tous les points du globe? II est doux de penser que les hommes les plus eloignes, se rapprocbant les uns des autres, comme des parents qui ne se sont jamais vus, se sen tent de la mome famille a la premiere rencontre.... OEuvre de creation toute franchise, fondee il y a hente-cinq ans, l'OEuvre de la propagation de la foi repartit aujourd'hui, avec son sou par semaine, pres de cinq millions d'aumones entre cent quatre-vingt-dix-huit dio- ceses ou missions catholiques, en Europe, en Asie, au Liban, au Bengale, en Cochinchine, en Chine, au Tonking, en Coree, en Amerique, en Oceanie, en Afrique... » — M. James Power, agent general de la Compagnie du tele- graphe electrique sous-marin, annonce que le cable destine a faire le service des de'peches entre l'ile de Jersey et de Saint- Malo, a e'te attache a la c6te de France pres de Perou (Manche), avec un succes parfait. — Le cable qui devait unir Syngapor a Batavia, les Indes a l'ile de Java, a aussi e'te' pose sans encombres, de sorte que loutes les villes et villages de la grande et riche colonic sont ac- tucllement en communication entre elles et avec le continent indien ; p ur 1'iMre bientot par la mer Rouge, l'Egypte, la Medi- terranee et la France avec la mere-palrie. A Java, au lieu de po- teaux en bois mort que les termites auraionl bienlot devore, on COSMOS. 61 a eu l'heureuse pense'e de planter, pour soutenir les fils du tele- graphe electrique, des arbres au tronc elance, au feuillage ele- gant, qui font un etl'et tres-pittoresque. — Nous nous atltendions a apprendre a la fois et la nomination -de M. Berthelot a la chaire de chimie et la nomination de M. Ro- biquet a la chaire de physique de l'£cole de phannacie. Mais Ie Moniteur, qui publie les decrets rela til's a MM. Berthelot, Gaultier deClaubry et Gaventou, signalait en meme temps une sorte de sursis en ce qui concerne la chaire de physique : « Par decision de Son Excellence le ministre de l'inslruction publique, la chaire de physique a l'ficole superieure de pharmacie de Paris etant de- venue vacante, il sera procede, dans le plus bref delai, aux pre- sentations prescrites par Particle 2, du 9 mars 1852, pour le rem- placement du professeur. Le conseil de l'Ecole de pharmacie et le conseil academique de Paris, re'pondant a l'appel du mi- nistre, ont fait tons deux: leur presentation, et leur premier can- didat a ete, a une grande majorite, M. Robiquet » — M. Henry Bouley publie, dans le Moniteur des Sciences, l'ob- servation d'un chcval atteint, par suite d'une affection morale, d'une maladie singuliere simulant la rage. Ce cheval av.ait ete' amene de Caen a Saint-Germain par un marchand qui en avait acquis deux dans la meme ferme ; il fut achete le lendemain par un nouveau proprietaire, qui voulut l'emmener immediatement a Paris. Ce ne fut qu'avecbeaucoup de difflculte qu'on parvint a le separer de son camarade; il le regarda longtemps, souvent, et ,1'appela quand il fut sorli de l'e'curie. II arriva a Paris tres-fatigue', •triste, abattu ; il refusa ;le foin et la paille qu'on lui offrait, ne mangea que la moitte de la ration d'avoine et plongea hrusque- ment la tete, sans .en boire une seule goutte, dans l'eau qu'on avait apportee ; a partir de ce moment aussi il n'urina qu'avec beaucoup de peine, son urine elait rousse, epaisse, huileuse. Le lendemain, des qui! se vit seul clans l'e'curie, il fut pris d'un pre- mier acces de frenesie, sa physionomie exprimait Ja fureur : il hennissait, ilfrappait du pied le solavec colore, sejetait de temps en temps sur ses genoux, se relevait, s'abattait encore ; se mor- •dait les flancs en emportant quelquefois d'assez grands lambeaux de peau; refusant ou rejetant, apres les avoir effleures des dents, la paille, le foin, l'avoine mis a sa ported. A Alfort, ou on le condui- sit, les memes scenes se renouvelerent plusieurs jours de suite ; on aurait diagnostique la rage si plusieurs symptomes essentiels, 1'alleration de la voix, l'impossibilite de la deglutition, la saliva- 02 COSMOS. lion, l'excitation produite par la presence d'un chien, la persis- tence duitoal sans aggravation sensible, etc., n'avaient pas fait deiaut. Cette perturbation etrange durait encore lorsque le mar- chand auquel le cheval appartenait le retira de l'Ecole ; on le perdit depuis de vue. Cette observation, dit en terminant M. Bou- \ei, fournit un exemple extremement rare, unique meme peut- -Otre dans les annales vdterinaires franchises, d'une pseudo-rage Chez le cheval, et d'une pseudo-rage toute morale, determined /.v.hord chez une bete affectueuse et sensible par les regrets de sa Separation d'avec un compagnon affectionne, et en tretenue en- suite par l'isolement. — Une foule de mMecins et de physiologistes ont voulu savoir oe qu'il y avait de reel dans l'hypnotisme, si peu eclaire encore par des observations positives. Les experiences ont eu lieu dans un tres-grand nombre d'hopitaux et de maisons de sante. Dix- huitsujets, dontquinze femmes et trois hommes, pris dans le service de M. Monod, a la Maison municipale de sante, ont ete* sou mis a des essais tres-consciencieux faits par MM. Demarquais et (iiraud-Teulon ; il y a eu en tout quarante tentatives d'hypno- tisme, et dans quatre cas seulement le sommeil nerveux s'est montre avec quelques-uns au moins des principaux caracteres assignes par MM. Braid, Azam et Broca. Les quatre sujets a moi- tid endormis, devenus quelque peu cataleptiques ou insen- sibles, ont ete quatre femmes, tous les hommes se sont montre's ;ibsolument refractaires. Nous ne citerons que l'observation xv: inune demoiselle que Ton dit nerveuse ; elle s'endort au bout de dix minutes sans presenter d'autres indices qu'un etat nerveux peu prononce suivi d'un sommeil profond, pendant lequel regne une parfaite insensibilite. Nous la piquons et la pincons vaine- ment, une epingle enfoncde dans un repli interdigital est laissee a d( jiuiuve. Au reveil, elle manifeste un grand dtonnement et s'oc- mpe alors des trous des piqures. L'etat etait celui de resolution musculaire, mais plutot la resolution du sommeil naturel que l'iaipossibilite' absolue de remuer les membres. En dehors de ces quatre cas, les seuls effets produits ont e'te' ceux appartenant a un commencement de congestion ceYdbrale, ou mieux d'afflux du sang vers les vaisseauxcephaliques. La face, les^yeux s'injec- laient plus ou moins, les malades accusaient de la chaleur a la teter suivie plus tard de sueurs froides, de froid aux extremites, de s(;clieresse de la bouche, d'oppression, etc. On n'aurait pu etre tente que dans un seul cas d'essayer une operation chirurgicale COSMOS. 63 avec espoir de la voir accomplir sans douleur. La conclusion ge- nerate, commune a tous les observateurs, est qu'il n'est rien ou presque rien a esperer quant a l'application h la chirurgie de ce pretendu procede nouveau d'anesthesie, en ce sens qu'il exige pour reussir certaines conditions physiologiques ou patholo- giques qui semblent tenir de bien pres a l'hysterie, ou a la cafa- lepsie. Or, peut-on jouer avec l'hysterie oula catalepsie?Peut-on les manier innocemment? Ne doit-on pas s'effrayer d'un genre d'action qui ne sera efficace qu'aulant qu'on aura affaire a un systeme nerveux maladif et qui ne revelera son efflcacite qu'cn determinant un acces d'hysterie ou de catalepsie ? Pour M. Gi- raud-Teulon et pour la plupart des autres experimentateurs voici quel serait le seul resultat utile de tant de penibles efforts. Les experiences faites soulevent un coin du voile qui couvre les mer- veilles du magnetisme (merveilles, le mot est bien naif), elles montrent que des phenomenes du meme ordre, que les seuls ve- ritablement constates dans les faits du magnetisme peuvent etre produits sans l'intervention d'aucune communication d'une per- sonne a une autre ; elles s'accordent encore avec les pratiques magnetiques en ce sens que les circonstances predisposantes sont les memes de part et d'autre, et toutes de nature plus ou moins patbologique, un fonds commun d'hysterie, condition indispen- sable de perversion ou de perturbation du systeme cerebro- spinal. Fails des sciences naturelles. Des observations assez recentes semblent rendre incontes- table l'existence de phenomenes lumineux sur quelques plantes vivantes, la papaver orientate entre autres, le lilium bulbife- rum, etc. Le 18 juin 1857, vers dix heures du soir, M. Th. Fries, botaniste suedois, se promenant seul dans le jardin botanique d'Upsal , remarqua sur un grand groupe de pieds de papaver orientate, trois ou quatre fleurs qui lancaient de petits eclairs. Prevenu qu'il elait contre la realite de ce phenomene, it crut a une illusion d'optique ; mais les eclairs s'etant reproduits plu- sieurs fois dans l'espace de trois quarts d'heure , il fut force d'en reconnaitre la realite. Le lendemain , ayant vu les eclairs se pro- duire encore , il conduisit sur les lieux, sans la prevenir aucune- ment, une personne qui ignorait comple'tement que des pheno- 64 COSMOS. menes de ce genre pouvaient exister dans le regne vegetal, et cette pfeMWfne fut saisie d'elonnement. Plusieurs antres per- sonnes, non avert ins d'avance, amen^es egalement dans lc raeme lieu, s'ecrierent que les fleurs jetaient comme des flammes. Le 23, le temps etanl redevenu chaud, quatorze personnes ont ete" de nouveau lemoins de remission d'eclairs par les fleurs du pa- vot oriental et du lis. Cent cinquante personnes environ, pendant la lloraison du pavot, et toujours de dix heures un quart a onze heures un quart, l'ont apercu lumineux. La lueur se voyait sur- tout quand on regardait la toufl'e entiere de plantes sans fixer une fleur en particulier. — Tons les geologues qui ont jusqu'a ce jour visite le Mexique ont envisage les grands volcans comme des montagnes de sou- levement; Humboldt, en particulier, basait celte theorie sur 1'ab- sencede coulees partant des crateres. Or, M. II. de Saussure, qui a tenle recemment Tascension du pic d'Orizaba, et qui a cons- tate* l'existence de belles coulees de lave qui ont rayonne du cratere et se sont repandues sur les flancs du cone de cendres, part de cette observation pour declarer tres-erronee l'opinion qui a pour base la theorie du soulevement. 11 considere les vol- cans du Mexique, meme les plus grands, comme entierement for- mes par voie d'accumulation; il n'a jamais rien vu au Mexique qui puisse infirmer celte maniere de voir; comme aussi il n'a remarque aucun fait qui vienne a l'appui des soulevements. Quelle que sbit la hauteur exceptionnelle des volcans du Mexique, le phenomene volcanique n'est, dans la formation de la cordilliere et du plateau, qu'un phenomene secondare, on pourrait presque dire accessoire. Le Mexique est comme une ecuelle calcaire dont le centre se serait rempli de matieres rejetees pardiverses fentes et orifices. Le sol et la cordilliere sont calcaires; ce sont les cou- ches calcaires qui ont forme la chaine et la masse du pays qui s'eleve au-dessus des mers. Les depots volcaniques sont plus ap- parents, parce qu'ils tapissent la surface du sol, mais ils sont relativement minimes par rapport a l'epaisseur des montagnes calcaiies. — Des eludes de sir Charles Lyell sur les laves du mont Etna et sur les crateres de soulevement, M. Ch. Th. Gaurlin tire les conclusions suivanles : Les laves consolidees sur des pentes ra- pides el sous des angles, variant de 15 degre's a kO degres, ne for- ment pas une masse confuse de scories ou de maliere fragmen- taire, mais des parties distinctes, savoir : une couche superieure- COSMOS. 65 et une couche inferieure de scories, avec nne couche pierreuse, solideintermddiaire. La portion centrale presenteune nappe tubu^ laire et continue de pierre compacle , parallele aux formations scoriace'es superieure et inferieure, et passant a l'ordinaire, assez souvent, de l'une a l'autre. La masse inferieure de scories, la ou la pente esttres-rapide, est plus communemcnt divisee en strates distinctes que la masse superieure. 11 y a generalement une uni- formile' et un parallelisme plus grand entre les couches lorsque les lav;js se sont solidifiees sous un grand angle que lorsqu'elles se sont durcies sur un sol a pente plus douce. Quelques ravins ont ele formes par erosion aqueuse sur les flancs de l'Etna avant l'existence du val del Bove. Les premieres depressions qui ont donne naissance au Val del Bove ont pu se former par suite d'un affaissement du sol et des explosions paroxysmales sans emission de laves. Un soulevement graduel de la cote a porte a des hau- teurs considerables les formations alluviales plus anciennes situe'es a Test et au sud de l'Etna, en meme temps que les cou- ches marines terliaires sous-jacentes; ce mouvement s'est pro- longe jusque dans les temps modernes et continue peut etre encore maintenant. Les dep6ts d'alluvion du sommet sont a la fois ma- rins et fiuviatiles; ces derniers contiennent quelques restes d'ani- maux terrestres eleints, mais l'ensemble est probablement de date post-pliocene et contemporain de la partie sub-aerienne de l'Etna. Toutes les abondantes coquilles des couches tertiaires de la base orientalc de l'Etna appartiennent, a une ou deux excep- tions pros, a des especes vivant actuellement dans la Mediterra- nee; et les nouvelles couches pliocenes dans lesquelles les co- quilles sont renfermees, sont probablement contemporaines des plus anciens fondements de l'Etna. Dans certains tufs immedia- tement posterieurs aux alluvions les plus anciennes et les plus e'levees, on rencontre des restes de pinnies lerrestres encore vi- vantes actuellement. II n'existe aucune relation entre le mouve- ment general qui a accompagne l'acn'oissement de l'Etna et la forme conique ou en ddme de la montagne; la meme ou les Erup- tions locales ont traverse les couches terliaires et celles d'allu- vion, celles-ci n'ont pas ete souleve>s de facon a appuyer l'hy- pothese des crateres de soulevement! Nulle part le soulevement n'a joue dans la formation des cones et des crateres un role assez important pour justifier 1'emploi du terme cratere de soulevement, plutdt que celui de cones et crateres d eruption. — Dans les environs de Palerme, on voit beaucoup de roches 66 COSMOS. calcaires perforecs par I'Hclix Muzzuli; or chaque trou creuse par l'animal est rcmpli d'un cnduit pateux mould sur les asperites de ]a roe he. — La presence presque constante d'une jeune Nemertine {Alar- dus Rusch) dans l'interieur du pilidium ou micrum d'Ehrenberg, a donne lieu a di verses interpretations; ce pouvait etre ou un cas de simple parasilisme, ou un cas degeneration alternanle; des observations plus recentcs i'aites par M. Krohn ont prouve que la jeune ncmertine est reellement en gen dree par le pilidium. Fails de {'Industrie. M. Routzen , proprielaire a Orel (Russie), a eu l'idee d'appli- quer dans plusieurs contrees de son pays, qui, pendant trois a quatre mois de l'annee et souvent plus, sont couvertes de neiges et de glaces, un systeme de toueur a vapeur, lequel, fonction- nant comme les traineaux destines aux voyageurs, permeltrait, en marchant a de faibles vitesses, de transporter des charges con- siderables a de grandes distances et a des prix extremement re- duits. Le systeme propose par M. Routzen permettrait, d'un c6te, d'effectuer le transport des bois jusqu'aux rivieres navigables, et d'un autre c6te, de rapporter des farines ou des bles aux habi- tants, aux ouvriers charges des defrichements. L'appareil ferait reellement l'office d'une machine d'extraction, e'est-a-dire qu'elle pourrait servir, d'une part, a faire marcher au besoin les scieries propres a debiter les bois sur place , si on le jugeait convenable, et, de l'autre, a transporter ces memes bois aux lieux determines. Pour s'assurer jusqu'a quel point son projet pouvait etre rea- lisable, M. Routzen s'est attache" a faire avec un compatriote, M. Astrakoii', une serie d'experiences au sujet des coefficients de frottement sur des surfaces couvertes de neige tassee, et suscep- tible par suite de porter^des charges plus oumoins considerables. Le resultat de ces experiences a donne en moyenne 0,0i, e'est- ii-dire un coefficient moyen de k pour 100, en trainant les charges sur des patins en bois. II est a remarquer que ce resul- tat est superieur h celui obtenu par M. Kossak, de Rerlin, qui a trouvd une moyenne de 0,0365 avec les patins en bois, et celle un peu plus faible de 0,318, lorsque les patins sont garnis d'une bande de fer a leur milieu pour leur servir de guide. COSMOS. 67 Qu'on s'imagine done une machine a vapeur placee sur un long traineau construit d'une maniere analogue a ceux en usage dans differentes contre'es de la Rnssiepourle transport des voya- geurs , mais alors dans des proportions beaucoup plus conside- rables. L'appareil peut etre, suivant Pauteur, applique a un cable tendu sur tout son parcours, si les voyages doivent etre multi- plies, ou seulement a une chaine simple ou double de plusieurs centaines de metres de longueur, que Ton fait trainer par des chevaux chaque fois que Ton est arrive' vers son extremite. M. Routzen estime que, par son mode de touage, le prix dc revient de quintal porte a 100 kilometres ne serait pas de plus de 50 centimes, e'est-a-dire a peine moitie du plus bas prix paye sur les chemins de fer russes ou sur les meilleures routes. — M. Goffin apprend a preparer avec la houillo connue sous le nom de boghead-cannel-coal un noir a la fois dense ct di- visible, homogene dans toutes ses parties et pouvant se re'duire a la plus grande tenuite. La calcination dc la houille s'opere, soit en vase clos, soit dans des fours a gaz, ct selon les modes usites, afin d'en retirer le gaz d'eclairage qu'elle contient en quantite considerable et d'un pou- voir rcellement exceptionnel. Au sortir des vases ou la carbonisation a lieu, la matiere est passee sous la meule ou entre des cylindres, etreduite en poudre plus ou moins grossiere qui, separee au moyen d'un blutoir , est appropriee , selon le volume des grains, aux divers usages aux- quels le noir est destine. Le noir ainsi obtenu remplace avec avantage le noir d'ivoire, le noir animal et le noir de fumee, tant dans la decoloration des liquides sucres, la desinfection, que dans les couleurs, l'encre d'imprimerie, et une serie d'usages industriels. Apres avoir re- tird le gaz des matieres mises en oeuvre, on utilise ainsi des pro- duits demcures assez generalemcnt sans emploi. Le noir ainsi obtenu est un engrais tres-fertilisant. — MM. Wynants et Vard croient pouvoir arriver a produire cornmercialement de la soude et de la potasse extraites des sili- cates naturels, le feldspath potassique, orthose, les rocbes feld- spathiques les plus alcaliferes , le feldspath sodique , l'albite. Pour arriver a liberer les bases alcalines ils traitent successive- ment les silicates naturels, d'abord par la voie ignee, puis par la voie humide ou par fusion au contact de matieres terreuses pro- pres a abaisser le point de fusion, la chaux ou la magne'sie car- 68 COSMOS. bonatee, l'argjle riche en alumine, le fluorure dc calcium, €tc. — On a be&ucoufp parte" de la dccouverte de M. 1'abbe Pauvert, laquelle Consiste a convertir du fcv en acier nalurel et en acier fondu. Or, voici par quel procede" on opere cette conversion. On Cimente dans te creuset a fondre des fragments de toule espece de fer an moyen d'un melange intime ou solution concentree d'oxyde defer on do manganese, de charbon ordinaire ou mieux de char- bou hydrogen, la suie ou resine, et d'une matiere alcaline ou terreuse a l'etat d'oxyde ou de sel, potasse, soude, chaux, alumine ou autre. Le charbon impregne par les oxydes et les sels 11'est plus attaque* par l'air cxterieur et se combine intimement avec le fer; les metaux alcalins ou alcalino-terreux, sous l'influence d'une haute temperature au contact du charbon et du fer. arrivent & l'etat naissant et purifient l'acier en absorbable soufre, le phos- phore et les autres melalloidcs etrangers. — Le papier a copier dans la pate duquel, pendant la fabri- cation, on a incorpore unecertaine proportion de prolo-sulfate de fer; ou dans lequel apres la fabrication on a fait penetrer du proto- sulfate de fer en le passant entre des cylindres garnis de feutre impre'gnes d'une solution de sel de fer, est d'un usage beaucoup plus avantageuxque le papier a copier ordinaire. Lne leitre ecrite avec de rencrecommunecontenant une infusion de noix degalle, ou ayant pour base un tanno-gallate de fer, recouverte d'une feuille de papier a copier ferrifere, donne a l'aide de la presse un facsimile parfait. Si a l'encre ordinaire on ajoute un peu de sucre ou d'acide pyrogallique, il suffira de recouvrir l'ecriture avec le papier ferrifere et de comprimer legerement pour avoir une bonne copie, sans recours a la presse. II faut seulement avoir la precaution d'interposer entre la main et la feuille de papier a copier une troisieme feuille huile'e sur laquelle on frotte avec pression. — M. Malh;eu de Marseille est parvenu a purifier et a desin- fecter l'essence de terebenthine provenant de la distillation des bois resineuxen vaseclos. On ajoute a l'essence fortement colo- ree en bran et contenant en dissolution de 30 a hO pour cent de goudron, deux pour cent d'acide sulfurique a 66 degres, on agite fortement le melange pendant une minute; on laissereposer pen- dant une heure, on decante avec precaution la partielimpide; oa ajoute a ceite portion un peu de carbonate de chaux pour neu- traliser les deruieies traces d'acide sulfurique, et on la distille dans un alambic en cuivre ou en fonte. L'essence ainsi rectifiee COSMOS. 69 devient limpide corame de l'eau et tres-fluide; elle ne conserve qu'unc legere odeur empireumatique qui disparait par une se- conde distillation sur une huile grasse. PIIOTOGHAPIIIE. Chambre solaire ele MB. Woodward. Nous avons le premier signale l'apparition sur l'horizon pari- sien d'un charmant appareil photographique amencain, appele tout shnplement chambre solaire par l'inventeur M. Woodward. Tres-explieite au point de vue de l'admirable parti qu'on pouvait tirer de cette nouvelle combinalson optique pour produire avec de tres-petits ncgatifs des posilifs de grandeur nafurelle et menie au dela, noire article n'indiquait pas assez le mecanisme interieur de la chambre solaire, il ne la diflerentiait pas assez des appa- reils construits dans le meme but par d'autres opticiens ou d'au- tres pholograpbes, et nous n'avous etc nullement surpris de voir se produire de tous cotes des reclamations depriorite, adressees a nous direclement ou a la Socielefrancaise depbolographie. Ces reclamations nous font uu devoir de revenir sur ce sujet, d'ailleurs tres-interessant, et nous le faisons d'autant plus volonliers, que M. le vicomte Aguado nous a formellemenl declare, apresde nom- breuses experiences failes a la fin de l'automue dernier, que la chambre solaire ouvrait a la photographie des voies entieremen!: nouvelles. C'est vraiment un spectacle saisissant, nous disait le noble photographe, qui dans sa campagne s'estfait construire un atelier special, que de voir dans un appartement, ou Ton peut lire, ecrire, travailler, la lumiere acbever sous vos yeux par son travail silencieux, mais d'une efiicacile merveilleuse, un portrait gigantesque, qu'on n'obtient ordinairement et dans des pro- portions tres-reduites qu'au sein d'une obscurite absolue. Quant au principe, iln'y a, nous l'avouons sans peine, rien de nouveau dans la chambre solaire, c'est tout simplement une appli- cation de la theorie des foyers conjugues, dont nous donnerons une idee complete, par un simple rapprochement facile a saisir par tous. Concevons un modele assis en face de l'objectif d'un daguerreo- type, et doutle portrait se dessine sur la glace collodionnee place'e au foyer de la chambre obscure.. C'est une des lois les plus elemen- 70 COSMOS. taire dc l'opliquc que, si, apres avoir traverse une ou plusieurs series de milieux optiques el avoir subi un nombre quelconquc de refractions et de reflexions, pour atteindre un point donne, le iiunineuxrebroussechemin, en sens contrairede sa direc- tion derniere, il suivra exactement dans sa marche en arriere le cbemin qu'il a suivi dans sa marche en avant. Si done nous sup- posons que le petit portrait du modele en question forme par la convergence des faisceaux optiques partis des divers points dont l'ensemble constitue le modele, au lieu d'etre un produit de la lumierc devienne au contraire un foyer lumineux , tandis que le modele a son tour se trouve remplace par une grande feuille de papier sensible, les rayons partis du portrait transforme en source de lumiere , traceront sur la feuille sensible un nouveau portrait ayant exactement les proportions du modele. Dans le premier cas nous avions un petit portrait engendre par les rayons partis do modele, dans le second cas nous aurions un grand por- trait engendre par les rayons partis de la petite image. Voila tout le secret des reproductions en grand; etce secret n'est, repetons- le encore une fois, qu'une application elementaire du principe des foyers conjugues. Quelle que soit la combinaison particuliere utilisee dans le but d'obtenir cette reproduction en grand, on n'y trouvera pas au fond autre chose ; ce qui n'empeche pas que cha- cune de ces combinaisons puisse avoir son caractere particulier et original qui la differentie, lui donne son individuality distincte et la fasse la propriete" legitime de son inventeur. Ce caractere propre qu'on ne peut pas demander au principe meme de l'ap- pareil, puisqu'il est commun a*tous, il faudra, en cbaque cas par- ticulier, le chercber surtout dans la maniere dont le petit negatif est eclaire ; dans la proportion plus ou moins grande des rayons emis par lui qu'on recueille, qu'on concentre, auxquels on assure leur efficacite; et le plus parfait des appareils amplifiants sera incontestablement celui ou tous les rayons partis du negatif aussi eclaire que possible, seront rendus efficaces, et contribueront tous, absolument tous, a la production du positif sur grande echelle. Or, la chambre solaire de M. Woodward est dans cette condition parfaite d'utilisation et d' efficacite" de tous les rayons empruntes a la source lumiueuse, et voila ce qui constitue son merite considerable , pourquoi elle donne, dans un temps qui n'est pas trop long, des reproductions tres-grandes ou tous les details du negatif sont accuses avec leur valeur relative exacte. Pour demontrer cette assertion incontestable, le fait, un grand COSMOS, 71 portrait irreprochable, est la plus dloquente de toutes les preuves; mais coinme tous nos lecteurs n'auront pas comme nous ce por- trait sous les yeux , a la preuve du fait nous substituerons une preuve de raisonnement appuye des figures suivantes : Fi Janvier 1859. Nous avons relu la seconde reponse de M. de Tessan k M. Faye, et nous avouons qu'il nous a ete impossible d'y rien comprendre, parce que l'auteur evite meme de parler de ce qui constitue le fond meme du dobat , la translation totale ou parti el le de Tether. M. de Tessan essaie de prouver 1° que M. Fizeau admet implici- tement que le mouvement d'une source lumineuse influe sur la propagation des ondes qu'elle produit; 2° que M. Faye commet umeerreurevidonte lorsqu'il maintientles mouvements communs en ce qui concerne le corps qui recoit la lumiea'e, et les neglige en ce qui concerne le corps qui la produit. A cela , nous repon- 1U COSMOS. drons, une derniere fois, que le mouvement de translation du soleil ne sera evidemmcnt un mouvement absolument com- mun, et dont on nc devra par consequent pas tenir complc, qu'au- tant quo l'ether ou le milieu clans lequel s'executentles vibrations lumineuses participera lui-meme avec la terre au mouvement de translation. Et la preuve la plus frappante de la verite de cette assertion est l'accord etonnant du calcul avec l'experience, lors- qu'on fait abstraction du deplacement du soleil dans l'espace. M. Faye s'est borne a repondre qu'il n'y avait ni verite ni justice dans raccusation formule'e contre lui, d'avoir prete a M. Fizeau une opinion qui ne se Irouve pas dans ses ecrits , alors que le nouvel academicien comptait parmi ses meilleurs titres de gloire les experiences par lesquelles il croit avoir demontre l'entraine- ment partiel et non total de l'ether. — M. Becquerel communique un rdsume verbal de ses der- nieres recherches relatives au refroidissement et au re"chauffe- ment relatif des arbres et des plantes. Troisieme meinoire sur la temperature des vegetaux. (( M. Becquerel a introduit des perfectionnements clans la construction du thermometre e"lectrique, qui en fait un instru- ment de precision, puisqu'il permet d'evaluer des temperatures a moins de 1 vingtieme de degrd pres ! II a dtudie le mouvement de la chaleur dans les arbres pen- dant le froid rigourcux da mois dernier. En construisant graphiquement les observations de tempera- ture faites simultanement dans l'air et dans un marronnier d'lnde de 0m,5i de diametre, a 0m,i5 de profondeur, et en prenant pour abscisses lesheuresd'observations, pour ordonnees les tempera- tures, il est arrive aux conse'cpences suivantes : 1° La temperature de l'arbre suit une marche assez uniforme; la ligne qui en represente les variations est ascendante ou des- cendante, suivant que l'autre ligne montc ou descend, mais sans les changements de direction brusques ^et saccades qui caracte- risent celle-ci; cela tient a [ce que la temperature de l'arbre ne participe que faiblement aux variations de l'air. 2° L'abaissement de temperature dans l'arbre au-dessous de zero s'effectue tres-lentement ainsi que l'dchauffement qui le suit. M. Becquerel a determine' par le calcul les rapports entre les vitesses d'echauffement et de refroidissement de l'air et de l'ar- bre pendant les six pe^riodes du mois de de"cembre pendant les- COSMOS. 75 quelles la temperature a etc" montante ou descendante; ces rap- ports ontete 0,086; 0,16; 0,16; 0,009; 1,8. Les nombres 0,16 et 0,009 sont relatifs, l'un a la periode de grand froid, l'autre a la periode d'echauffement qui l'a suivie; ils indiquent que, dans la premiere, la temperature s'estabaissee 7 fois plus dans Pair que dans l'arbre, et qu'elle s'est elevee 100 fois plus dans l'air que dans l'arbre. Dans la seconde pe^ riode, les resultats indiquent que les vegetaux possedent, dans leur organisation, une cause independante de la conductibilite qui lutte contre le refroidissement au-dessous de zero et les pre- serve pendant un certain temps des efl'ets desastreux d'un grand abaissement de temperature. MM. Chevreul, Desfontaine et de Mirbel, dans des experiences entreprises en 1811 , sur l'ascension de la seve dans un cep de vigne, en suivant la methode de Hales , ont observe un fait qui trouve son explication dans les proprie'tes relatives au mouve- ment de la chaleur dans les vegetaux, voici ce fait : une fois que les causes exte'rieures ont determine le mouvement du sue dans les arbres, ces sues, malgre un abaissement dans la temperature atmospherique, continuent a se mouvoir pendant un certain temps, apres lequel , si les circonstances exterieures continuent a ne plus etre favorables a la vegetation , leur mouvement se ralentit jusqu'a une epoque oil les causes exterieures redeve- nant favorables, les sues se mettent de nouveau en mouvement. Ces effets montrent que les changements de temperature dans l'air, pres de zero, ne se manifestent que plus tard dans l'arbre. » — M. Flourens depouille la correspondence ; il mentionne seu- lement une note de M. le docteur Marthy, medecin a Rouffiac (Haute-Garonne), sur un moyen de pre"venir les rencontres de locomotives; un memoire sur les lois de la vision ; une combi- naison nettement definie du bichlorure de soufre avec le per- cblorure d'iode. — M. Guerry, le savant auteur des grandes recberches sur la statistique criminelle comparee, ecrit que l'liypnolisme ou le sommeil nerveux avec insensibilite et catalepsie, loin d'etre une nouveaute, se trouve tres-explicitement signale, du moins en ce qui concerne les animaux et certaines gallinacees en particulier, dans plusieurs auteurs desxvr et xvne siecles. A l'appui de son assertion il cite un curieux passage d'un ouvrage du P. Kircber ; nous le reproduirons dans notre procbaine livraison. - — Un mathematicien de Copenhague soumet au jugement de 76 COSMOS. l'Academie un me'moire sur I'elasiioile des corps homogenes en genoral, et sur l'olaslicile parliculiere a laquelle il donne le nom d'Olasticite continue. — M. Puisoux adresse la seconde parlie de son me'moire sur le devoloppement des coordonnees des planeles; son but est de montrer le parti qu'on peut tirer de l'introduction de deux nou- velles variables auxiliaires z et s, definies par les deux equations s = E''c, s = E''" E etant la base des logarithmes neperiens, i l'imaginaire V — 1, X, l'anomalie moyenne de la planete, u l'anomalie excen- trique, pour la recherche du terme general du developpement de la function perturbatrice. — M. Mathieu transmet une nouvelle lcttre dans laquelle Bf. &Qgee, relablissant la verite alleree des faits relalifs aux bras artificiels dont il a fait usage, maintientdenouveauque les mou- vements des bras en avant, de leur elevation simultanee vers le ciel, de lour croisenient sur lapoitrine,n'ont ele obtenusqu'al'aide du meeanismo poifeetionne el tres-ingenieux de M. Malhieu. — M. Violelto, coinmissaire des poudres et salpelre a Lille, fait hommage de la seconde edition de son Dictionnaire des ana- lyses chimiques , et de ses manipulations ckimiques simplifies. — Diverses communications sur une encre completement in- delebile, sur la guerison du cholera soi,t envoyees sans autre l'orme de prooes aux commissions deja nominees. — M. F. Lannoy avait envoye d'ixelles, Belgique , a l'Aca- demie, des tables des racines carrees a dix deeimales, en la priant de les faire examiner, mais av< c cello reslriction, que le manus- crit lui sorait renvoye apres l'cxamen sollieite. On lui avait re- pondu que lout travail qui a ele l'objet d'un rapport doit rester dans les archives de l'Academie. M. Lannoy repond a son tour qu'il consent a faire l'abandon de son manuscrit s'il devienl l'ob- jet d'un rapport. — M. Rouchet ou Rouget, que nous ne connaissons meme pas bien de nom, se pose comme candidat a la succession de M. Poin- sot,mais en faisant, nous croyoiis, des conditions inaccepta- bles. 11 se rendra au domicile dos membres ou au seiu des com- missions ohargees d'examiner ses litres, mais il ne 1'era pas de visiles individuolles. — M. le vicomle de Lapasse fait hommage d'un beau et bon volume qu'il vient de publier a la librairie de M. Victor Masson, COSMOS. 77 sous ce litre tres-significatif : Essai sur la conservation de la vie, avec celte epigrapbe tie Roger Bacon: Ullimus gradus est prolon- gate vitce humanie in magnum tenipus; quod atilem sitpossibile, multa experimenla docuerunt. On pent, sur divers points moins imporlanls, differer d'opinion avec l'auteur , mais tout homme attentif et impartial qui lira son livre, sera force de reconnaitre qu'il est profondement pense, et elegamment ou du moins tres- clairement ecrit. La possibilite de prolonger la vie humaine, ['in- dication des moyens a employer pour y parvenir, voila son but, et pour l'atteindre, il a parcouru l'Europe , cherchant dans la poudre des bibliolbeques les bouquins les plus oublies, les ma- nuscrits les plus obscurs pour en extraire les elixirs et les pou- dres de longevite. Mais les panacees preventives des infirmites de la vieillesse ne seraient utiles qu'au plus petit noinbie, s'il y avait des maladies verilablement incurables. M. de Lapasse a vu, de cette maniere, se dresser devant lui un second ordre de questions non moins epineuses que celles de la conservalion ou de la propagation de la vie. Existe-t-ilredlement des maladies incurables, si toutes les ma- ladies peuvent-etre gueries, quelle sera pour cbacune d'elles la medication specifique, et comment devra-t-on l'appliquer ? Ce nou- vel ordre de recbercbes, dit 1'autenr, a rempli dix annees entieres de ma vie; parce que je ne voulais pas me contenter de solu- tions theoriques, j'ai du manier tour a tour de mes doigts sexage- naires le scalpel des dissections, les bandages de pansement, le pilon de la pbarmacie. Ecolier en cbeveux blancs, assis sur le banc des Facultes, debout a la visite des hopitaux, j'ai demandc la source des guerisons au douloureux assemblage de toules les in- firmites bumaines. Grace en soient rendues an. divin maitre quia dit: Cherchez et vans trouverez, a Dieu quibenil des travaux con- sciencieux; ces penibles etudes ont recu leur recompense. Un grand nombre demalades atteintsde ces terribles affeelions repu- tees incurables ont ete gueris. Aiusi done, a la suite des tommies conservatives de la vie, assuratrices de la longevite, l'auteur expose longuemenl les traitements efficaces a opposer a la dyspepsie, aux nevralgies, aux spasmes nerveux, a l'epilepsie, a l'hysterie, aux bemonoiiJes, aux hemorragies, a l'asllnne, a la pbtbisie, a la goutte, etc. , etc. Son oeuvre est partagee en trois livres : le premier est consacre presque tout entier a l'examen des doctrines des anciens et des modernes, sur la conservation et la prolongation, de la vie humaine; la conclusion est que jamais 78 COSMOS. depuis les patriarches leprobleme de la longevitc n'ae'te' comple"- temcntresolu ; mais que considere dans un sens raisonnable ilne prescnle aucune impossibility Le second livre est une etude approfondie des forces qui president aux fonctions de la vie hu- maine ou qui sont de nature a l'influencer ; ce qui fait vivre, comme ce qui fait mourir, ce sont des forces, a dit un savant me'- decinde Monlpellier. Le troisieme livre enfln, complement etcou- ronnement du premier, est l'exposition franche et bardie des theories de l'auteur surles forces qui conservent et detriment la vie. Terminons par la citation de quelques passages ou nous trou- vons la confirmation desidees que nous avons souvent exprimees dans le Cosmos. Pour determiner les limites de la longe"vite hu- maine, l'auteur consulte les divines Ecritures , et il y trouve : 1° qu'avant le deluge la vie des hommes durait de huit a neuf cents ans; 2° qu'immediatement apres le grand cataclysme, les bommes ont vecu de cent cinquante a deux cents ans ; 3° que peu de siecles apres le deluge la vie humaine a ete reduite a ses propor- tions actuelles : soixante-dixansordinairement; quatre-vingt-dix ans pour les potentats de l'humalite, au debk peine et douleur. Pag. 77. Nous voudrions bien, mais nous n'osons pas reproduire l'ap- preciationfaiteparM. deLapasse, del'alimentation des gentlemen anglais : morceaux enormes de cbair boullie ou r6tie, avec pro- fusion d'epices, nombreux verres de vin d'Oporto, la goutte, la bile et le spleen, etc. Mais nous demanderons instamment qu'on profite de la lecon suivante, pag. 36^ : « Les maladies aigues n'e- tant qu'un incident pendant la duree d'une existence bumaine, il est essentiel de les traiter par des methodes qui n'aient pas l'inconvenient de transformer la maladie aigue en maladie cbro- nique. G'estce qui arrive, par exemple, dans les fievres ou Ton fait abus des sels de quinine qui souvent occasionnent des affections graves de la rate et du foie; dans les pleuresies, et les pneumonies ou par Tabus des emissions sanguines, la convales- cence degenere en pneumonic cbronique, quelquefois en phthisie.» Terminons par cette noble profession de foi qui fait le plus grand bonneur a M. de Lapasse : « L'auteur a ete onduit a expo- ser ses idees sur la nature de 1'ame (constituee par deux principes, leprincipede vie, amwa,leprincipederintelligence pure, spirilus; dont la fusion intime fait la vie, dont la separation fait la mort) ; il les croit parfaitement orthodoxes, mais si, contre son intention, il lui etait 6cbapp6 quelques expressions qui ne soient pas entiere- COSMOS. 79 ment conformes a la doctrine catholique, elle est desavouee et avecuneentiere soumission. a II serait plus catholique d'admettre que le principe d'intelligence est en meme temps le principe de la vie. — M. le docteur Guillon, et M. Dupre", professeur a la Faculte de Rennes, deposent deux paquets cachetes. — M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire,faithommagedela premiere partie du tome 3e de son Histoire naturelle generate des regnes organiques , et donne un apercu rapide de ce qu'il y considere commeplus nouveau et plus important. Les deux premiers volumes ont ete consacres en tres-grande partie a l'etude de l'espece ; or, celte e"tude appelle necessairement, pour se completer, l'etude des ano- malies ou modifications anormales de l'organisation; l'etude de la domesticite et de son influence ; l'etude de l'hybridite et de ses pro- duits. Anomalieou teratologic, domesticite, hybridite, tels sonten effet les titres des 3 chapitres principaux de ce volume de 262 pages. Dans le quatrieme et dernier chapitre M. Geoffroy Saint-Hilaire montre comment, en mettant a profit les donnees recueillies dans les premiers chapitres, on peut completer la notion positive de l'espece, but capital de ses efforts , et se resume ainsi : « L'espece nous apparait comme une collection naturelle et permanente, pre*- sentementdistincte, d'individusordinairement, maisnon toujours semblables. C'estla, en attendants notion philosophique de l'es- pece, sur laquelle on est encore si profondement divise, une no- tion detail sur laquelle on ne saurait l'etre ; et c'est la aussi toute notre definition. » Le chapitre sur 1'hybriditc est surtout interessant, et nous vou- drions pouvoir consacrer quelques lignes au moins a la demons- tration de ces trois propositions : 1° l'hybridite n'est pas rare ; 2° elle n'est pas elrangere a l'ordrede la nature, c'est-a-dire qu'on la rencontre a l'etat sauvage ; 3° elle n'est pas limitee aux especes d'un meme genre naturel. — M. le secretaire perpetuel de l'Acade'mie des inscriptions et belles-lettres invite 1'Academie des sciences a designer celui de ses membres qui devra faire partie de la commission du prix Louis Fould, relatif a la meilleure histoire des progres de la pein- ture, de la sculpture, de l'architecture, etc. — M. le doctenr Oilier combat par Tenume'ration d'un grand nombre de faits authentiques l'assertion de M. Sedillot, suivant laquelle il n'y aurait encore chez l'homme aucun exemple certain de la reproduction des os par le perioste conserve. II decrit en- 80 COSM06. suite de nouvelles experiences qu'il a faites sur la reproduction des os par des fragments de periosles, pris sur des animaux niorls depths une ou deux heures. Le periosle morl s'est oom- porte exactement corarae le perioste pris chez 1'animal vivant. — M. Roussel deinande le renvoi a une commission de ses recherches anatomiques et zoologiques sur les organes genitaux des insectes en general, des insectes du genre scarabee.en par- ticulier. — M. Blondlot de Nancy signale comme ayant une tres-grande importance en toxicologic l'infiuence des corps gras sur la solu- bilile des acides arsenicaux. 11 suffit en effet qu'un de ces acides arrive en contact avec un corps gras quelconque, pour que sa solubilile devienne quinze ou vingt fois moins grande, et que, par consequent, il soit d'une part moins dangereux, de l'autre plus difficile a mettre en evidence. — 1. de Quatrefages depose deux notes, l'une de M. Salle, avo- cat, l'autre de M. Seguin, professeur de physique a la Faculte de Grenoble, sur la maladie des vers a soie. — M. Bertrand presente la seconde partie des recherches de M. Briot sur la theorie mathematique de la lumiere, sa propaga- tion dans les milieux cristallises, etc. — M. Pouillet, au nom de M. le vicomte Du Moncel, fait hom- mage de la nouvelle brochure qu'il vient de publier sous ce titre : Reclierches sur la non-homogeneite de I'elincelle d 'induction. G'est une monographic interessante d'un phenomene petit en appa- rence, tres-important en realite. II faut savoir bon gre" a l'auteur d'avoir decrit avec le plus grand soin les mille particularites qu'il a vues et constatees ; nous regrettons de ne pouvoir au moins analyser les vingt-neuf propositions qui foment ses conclusions generales ; mais nous yreviendrons un jour. — M. Despretz signale d'abord un fait tres-curieux, decouvert par M. Buhmkorff. La bande ou bride de fer doux par laquelle on reunit, en les serrant fortement, les lames d'un faisceau ou aimant artificiel, passe en quelque sorte a l'etat de fer trempe, c'est-a-dire qu'elle acquiert une durete beaucoup plus grande, une resistance beaucoup plus grande a Taction de la lime. Se- pare"e du faisceau, elle reprend sa qualite' naturelle de fer doux. Bepe"tee avec un electro-aimant , l'experience serait plus frap- pante encore : pendant la circulation du courant ou l'aimanta- tion, la bride serait a l'etat de fer trempe ; par la cessation du courant et la desaimantation elle redeviendrait du fer doux. COSMOS. 81 — M. Despretz, en outre, au nom de M. Govi, notre ancien collaborateur, professeur de physique a l'lnstitut lechnologique de Florence, presente la description d'un photometre analyseur, a 1'aide duquel on cotnparera niieux les inlensites relatives de deux lumieres diversement )colore'es. Nous donnons plus loin en va- rie"te le travail de noire ami. — Jusqu'ici il n'y avait en chimie rien de moins defini, rien de moins connu, de plus mysterieux, que les gommes. Or, M. Fremy croit non-seulement avoir souleve un coin du voile, mais avoir eclaire d'une vive Jumiere l'importante question de la conslitu- tion intime des gommes. Nous attendrons, pour en parler avec une plus parfaite connaissance de cause, que nous ayons sa re- daction sous les yeux. Nons nous contentons de dire aujourd'hui que, dans la nouvelle maniere de voir du savant academicien, la gomme arabique, par exemple, ne serait qu'un gummate de chaux, combinaison d'une tres-petite quantile de chaux avec l'a- cide gummique dont la capacite de saturation serait tres-faible. Cet acide gummique serait l'isomerique soluble d'un autre acide insoluble; l'acide paragummique, que Ton obtiendrait directe- ment en traitant la gomme arabique par l'acide sult'urique dilue d'abord, concentre ensuite. C'est bien simple, nousoserions pres- que dire que c'est trop simple, et nous avons bien de la peine a croire a l'acide gummique, au gummate de chaux. — M. Velpeau communique deux observations remarquables d'ablations de tumeurs de l'epaule, d'extraction meme de l'omo- plate sans amputation de l'liumerus, par M. Petrequin. — M. Valenciennes fait une sorte de rapport verbal sur les os- sements fossiles recueillis par M. Albert Gaudry dans son explo- ration de lile deChypreetdes lies Ioniennes. Sesconclusionssont qu'il est grandement a desirer que l'habile naturaliste soit mis & meme de completer et d'etendre ses premieres recherches. — M. Jules Cloquet presente un opuscule de M. le docteur Martinacq de Toulon , ancien chirurgien principal de la marine, la fievre puerperale devant VAcademie imperiale de medecine. Apres avoir constate que cette terrible maladie prend un carac- tere epidemique, qu'elle peut exercer et qu'elle exerce quelque- fois de grands ravages dans les salles ou sont reunies un grand nombre de femmesrecemment accouchees, l'auteur croit qu'avec de simples moyens hygieniques on peut arriver a conjurer gran- dement le mal. -, 82 COSMOS. VARIETES. Photometre analyseur Par M. Govi, professeur de physique a l'Institut technologique de Florence. « Lcs difllcultes qu'on rencontre toules les fois qu'il s'agit de comparer entre elles des sources de lumiere difleremment colore'e, m'ont suggere l'idee d'un photometre, ou la comparaison n'a lieu qu'entre des rayons d'e'gale refrangibilite\ L'idee de cet appareil me vint en 1850, pendant que j'assistaisaux belles experiences d'e- clairage electrique, auxquelles M. Despretz m'avait fait l'honneur de m'admettre. J'en fis aussitot l'essai chez M. Duboscq, et il me sembla que le re'sultat etaittel quejel'avaisespe're; mais n'ayant pas construit d'appareil veritable, et m'etant contente d'une epreuve grossiere , la chose resta entre moi et l'habile opticien qui m'avait aide dans cette tentative. Je n'abandonnai cependant pas mon idee, et je me proposai des lors de la mettre a execution aussitot que les circonstances me l'auraient permis. Mais bien des annees se sont ecoulees, et mon photometre se trouve encore a l'etat d'ebauche. Cependant l'essai que j'en ai fait ne saurait me laisser aucun doute sur son efficacite et je pense qu'il vaut mieux le publier tel qu'il est, dans l'espoir qu'il ponrra 6tre utile a quelqu'un, plutot que de le garder a jamais par devers moi, sans qu'il soit d'aucune utilite. Le principe sur lequel repose la construction du Photometre analyseur, est facile a comprendre. II suppose, toutefois, que les lumieres a comparer ne sont pas des lumieres simples. Si ce cas pouvait se presenter, il faudrait s'en rapporter au jugement de plusieurs personnes et se contenter de prendre la moyenne de toutes les opinions ; car tous les yeux ne voyant pas egalement les differentes couleurs, il n'est guere supposable que tous puis- sent en apprecier rintensite" de la meme maniere. II est evident d'ailleurs que, pour les applications aux usages de la vie, les lu- mieres simples ne seraient pas d'une grande utilite, car elles de- truiraient d'un seul coup tout le charme du contraste et de 1'har- monie des couleurs, en remplacant la palette si varied de la nature par une teinte clair-obscure monochromatique, extreme- ment desagreable. II suffit, pour s'en convaincre, d'eclairer un tableau richement colore, soit avec la flamme d'alcool sale, soit avec la lampe monochromatique de M. Bunsen. II ne s'agit done pas dans la photome"trie ordinaire et pratique COSMOS. 83 de comparer entre elles les lumieres homogenes prises sur des points differents du spectre. II s'agit toujours d'apprecier l'inten- site comparative de deux sources lumineusescontenantbeaucoup de lumiere blanche, avec un leger exces de telle ou telle autre couleur. D'apres cela, void comment on peut y parvenir : Dans une bolte prismatique allongee dans le sens hori- zontal, on pratique deux ouvertures sur les deux petites faces verticales opposees. A ces ouvertures on adapte deux bouts de tube, dans lesquels peuvent glisser deux autres tubes portant a leur extremite libre deux fentes parfaitement egales, et a bords minces et paralleles. Au milieu de la boite, et precisement dans la direction des deux fentes, qui doivent etre verticales, sont fixes deux prismes rectangulaires isoceles en verre blanc tres- pur, lellement disposes que leurs faces hypothenuses soient en regard, et que deux des cathetes etant verticales, les deux autres se touchent par Tangle diedre aigu, et ne constituent qu'un seul plan horizontal. La ligne de jonction des deux faces horizontales ou les aretes des prismes doivent etre perpendiculaires a l'axe de la boite. Au-dessus de ces prismes se trouve une lentille achro- matique assez large pour embrasser tout le faisceau de lumiere qui, partant des deux fentes, y est renvoye par les prismes. Les rayons qui ont passe a travers la lentille sont recus sur un large prisme equilatere en flint-glass tres-dispersif et aussi blanc que posaiblo. Soe arutoe oont paralleles a l'axe de la boite, et on l'amene par un mouvement doux a la position qui donne le mi- nimum de deviation pour les rayons moyens du spectre (pour la raie E par exemple). Au sortir du prisme, les rayons disperses tombent sur une glace depolie ou sur un verre amidonne de M. Foucault, place perpendiculairement au rayon moyen du spectre. On obtient ainsi deux spectres d'egale longueur, se tou- chant par un bord, et n'en paraissant qu'un lorsque les deux fentes recoivent des rayonnements d'egale intensite". Mais aussitot que l'intensite de la lumiere qui frappe une des fentes vient a changer ou que sa couleur varie, le spectre qui en derive s'altere; il palit ou s'avive egalement dans toutes ses parties, ou bien on le voit s'allumer en certains endreits et pres- que s'eteindre sur d'autres. C'est alors qu'il faut approcher ou eloi- gner une des sources lumineuses jusqu'a ce que Ton aitegalisela lumiere des parties correspondantes des deux spectres. L'intensite de la source pour chaque couleur ainsi e'galise'e s'obtient par un 8& COSMOS. aloul fort simple, e-n parlant tlu principe admis que la force de la lumiere diminue proportionneHement a la r^ciproque des car- res des distances. Bien enlendu qtt'on doit determiner prealable- menl pour ch;i(|ue appareil la cons ante qu'ilfautajouter aux dis- tances, mesurees a partir des deux fentes, afin d'avoir la distance Traie de chaque source Inmineuse a la glace depolie. Afin de ren- dre plus facile la comparaison des parties homochromiques des deux spectres, on peut laire glissersur la glace depolie ou ilsvont se peindreunecran perce d'unefente elroite, perpcndiculaire aux coles des deux spectres. On he voit alors au travers de cettefente que juste ee qu'il faut de chaque spectre pour que l'ceil puisse enjuger sans effort. En marquanla l'avance sur la glace depolie ou sur les rainures entre lesquelles l'ecran est force de se mouvoir, la place des raies principalesdeFraunhofer, onpeutyarretersuc- cessivement la fente mobile, et avoir ainsi toujours les intensites des memes ondulations lumineuses. La longueur des spectres de- pend de la force dispersive du prisme et de la distance a laquel'le se trouve le verre depoli qui doit les recevoir. II faut placer d'a- bord les deux fentes a one distance telle de la lentille, que leurs images puissent se peindre tres-nettes sur la glace. Onremplilfa- cilement celte condition eueclairantles fentes avec la lumiere so- laire, et en s'arrangeant de facon a voirdistinctement sur la glace depolie les principals raies de Fraunhofer. On peut alors fixer les fenles dans cettc position, pourvu qu'on netouche plus aux autres pieces du photometre. L'emploi d'une loupe facilitera en certains cas I'appreciation de l'intensite. Quant a l'absorption qui a lieu a travers les prismes et la lentille, elle est inevitable ; mais en ayant soin de choisir des verres parfaitement incolores ettransparents, on pent la negliger dans presque tous les cas. On compense d'ail- leurs les legeres ine'galites d'action des deux c6tes de l'instrument, en tournant vers la meme source tantot une fente, tanldl l'autre. 11 serait facile d'imaginer d'autres dispositions des prismes, ou de remplacer les prismes rcctangulaires par des miroirs en verre argentes, afin d'avoir plus de lumiere. On pourrait aussi polariser la lumiere incidente, regarder les spectres avec un analyseur convcnable, et determiner les intensites d'apres le mouvement angulaire qu'il faudi ait imprimer a 1'un ou a l'autre des polari- se urs pour obtenir l'egalite des deux images. » Florence, le 10 decembre 1SS9. impniuerie de W. 1UMQOET et Ci«, A. XEAMBJ.AT, me Garanciere, 5. proprietaire-gerant COSMOS. 85 NOUVELLES DB LA SEMA1NK. M. Wolff do Zurich, dans la derniere livraison de ses communi- cations relatives aux tacbes solaires, a publie les observations anciennes qu'il croit se rapporter a des passages sur le soleil d<*. la planete intra-mercurielle. Scheuten de Crefeld, le 6 juin 1701; Staudacber, vers la fin de fevrier 1762; Lichtenberg, le 19 novem- bre 1762; Hoffmann, au commencement de mai 176/i; Dangos, le 18 Janvier 1798; Fritsch, le 10 octobrel801; Stark, le 9 octo- brelS19,etc, ontvu un point rood, tres-nettement termine, d'un diametre a pea pres egal au diametre apparent de mercure, tra- verser le disque du soleil dans un intervalle de temps qui a varie de deux a trois beures. En ne tenant compteque des observations tres-precises dn 18 Janvier 1798, du 10 octobre 1801, du 9 octo- bre 1819 , M. Wolff trouve qu'elles sont satisfaites par une planete dont le temps de revolution autour du soleil serai t de 58,5 jours, ou. ce qui evidemment revient au meme, de 19,21 jours; l'accord dc ce nombre avec lenombre 19,7 deduit de l'observation de M. Les- carbaultparM. LeVerrier, est extrfimement remarquable, et per- sonne n'osera 1'attribuer au hasard. Nous prenons date seulement de cette coincidence, nous reservant de publier, dans notre pro- chaine livraison, une note pins complete du savant collaborateur de M. D'Abbadie, M. Radau, professeur agrege de l'uiaiversite de Kcenigsborg, lequel nous fait remarquer que la formule empirique de M. Roche donne 0,135 pour la distance au soleil, et 18,1 jours pour la duree de la revolution de la planete intra-mercurielle. — M. Hirn nous ecrit de Logelbach pres Colmar , en date du 20 Janvier: « Ce matin vers h heures 3/ft environ, j'ai ete brus- quement tire d'un profond sommeil, par une lumiere tres-vive arrivant dans ma chambre par trois fenetres exposees au sud. Dans le premier moment du reveil , je crus le joiw deja avance et je me reprochais ma paresse ; bientdt cependant , je vis la lu- miere diminner et faire place a l'obscurite la plus profonde, le pensai alors que cette lumiere insolite devait etre attribuee a ub bolide de dimensions peu ordinaires; je ne sais pas encore si moil interpretation est exacte. Des le matin je suis aile aux rensei- guemeuts, j'ai Lnterroge nos gardes de nuit, et les ouvriers qui arrivaient du village. Voici ce que j'ai pu demeler au milieu de leursrecits pleins de terreur, de leurs descriptions de dragons blancs, de ciel en feu, de de"cbarges d'artillerie. A k heures 3/4, KeuvRme ann£e» — T. XVI, 27 Janvier 1860. h 86 COSMOS. le ciel s'est illumine d'une lumiere blanche tellement vive que Ton pouvait distinguer comme en plein jour lesobjets de la plaine et les sommets des montagnes ; cette lumiere a dure" une minute environ; un seul temoin, que je crois d'ailleurs exact, m'a af- jirme l'a'voir vue commencer a l'ouest, et marcher vers Test en passant par le zenith. Si , comme cela est probable , il s'agit d'un bolide, ce metgore ne s'est en tout cas pas abaisse au-dessous de la couche epaisse de nuages dont le ciel etait couvert ; car per- sonne n'a pu distinguer de forme proprement dite. Une deto- nation sourde comme celle d'un coup de tonnerre a ete' entendue bientc-t apres; elle a du 6tre d'une intensite prodigieuse, si l'on en juge par la distance d'ou elle nous est arrivee. En effet, il s'est ecould au moins cinq minutes entre la cessation de la lumiere et l'explosion. Dans cette estimation du temps, je ne parle pas de l'opinion meme destemoins, mais du chemin qu'ils ont parcouru comme pietons pendant l'intervalle indique. En supposant que l'explosion du bolide reponde a la fin de la lumiere, cette explo- sion aurait eu lieu a plus de cent kilometres de distance. Comme observation personnelle, ce qui m'a le plus frappe dans ce phenomene, est la blancheur de la lumiere, que je ne puis mieux comparer qu'a celle d'un ciel brumeux vers le milieu du jour. )) - Lorsque, deja plusieurs fois, nous avons entretenu nos lecteurs de projets russes et americains de communication parlignes tele- grapbiques continentales ou presque continentales, entre l'Ame- rique et l'Europe, nous ignorions qu'un projet semblable avait ete incomparablement mieux etudie par un de nos jeunes inge- nieurs, tres-intelligent et tres-actif, M. P. Jousselin, directeur du service telegraphique des chemins de fer de Paris a la Mediter- ranee. Sa brochure, imprimee seulement en septembre 1859, mais qui a ete redigee en Janvier, nous a vivemerit interesse, et nous nous empressons d'en publier une analyse rapide. Sans croire, comme lui, que la reunion teldgraphique sous-marine de l'Angle- terreavecle continent amcricain soit absolument impossible, nous comprenons les molii's qui l'amenent a desirer que cette reunion ne puisse pas s'effectuer, et que l'on songc serieusement a r^soudre autrementle magnilique probleme de la jonction de l'ancien monde avec lenouveau. « L'Angleterre, dit-i', qui avail enfante ce projet, ne s'est pas preoccupee d'une autre solution, par une raison bien simple, e'est qu'elle caressait avec orgueil l'idee d'une communication directe avec le nouveau monde par COSMOS. 87 TOcean dont elle a toujours pretendu conserver l'empire. Cette communication, en rend ant, par suite, les peuples tributaires de la Grande-Bretagne, faisait proclamer hautement sa superiorite morale et intellectuelle. a Heureusement, la solution proposee par l'Angleterre n'est ni la seule ni la meilleure. II sufflt de jeter les yeux sur un planisphere ou sur un globe terreslre pour voir qu'il en existe une autre plus simple, plus facile a executer, ou qui ne presentera que des dif- ficultes deja souvent vaincues; et qui, quoique quatre fois plus longue, n'exigera pas un capital beaucoup plus considerable. Partant de Londres, que Ton peut considerer sans inconvenient comme son point de depart, elle suivra de Londres a Paris et a Strasbourg le trace des lignes existantes, mais en formant une lignecompletement distincte, n'appartenantqu'aelle-meme ounc dependant que d'elle-meme. De Strasbourg elle va a Stuttgard. Nuremberg, Dresde; dessert Breslau, et entre dans l'empire russe ; touche Varsovie, Minsk, Smolensk, Moscou, Vladimir, Kasan; sort d'Europe par la route ordinaire de Siberie, franchit les monts Ourals pres d'Ickaterinbourg; va des monts Ourals a la mer d'Okhotsk par Tobolsk, Narym, Yenisseisk, Jarbinskaia, Yakoulsk, Okhotsk; remonte vers le nord et alteint par Tapuiskoi, Alansk, Anadyrskolost, le detroit de Behring qu'elle franchit au moyen d'un cable sous-marin long d'environ 100 kilometres. Elle traverse en diagonale l'Amerique russe; puis, longeant les cdtes elle penetre dans la Nouvelle-Bretagne qu'elle parcourt suivant une distance d'environ 700 kilometres; entre dans le nord des fitats-Unis, traverse l'Ore'gon, gagne, protegee par les forts, Wala-Wola, Hell, Laramie, la partie civilisee des Etats-Unis com- mencant a Westport; a partir de Westport la ligne suit la route de la Californie a New-York, par Jefferson, St-Louis, Colombus, Wasinghton, Baltimore, Philadelphie, et atteintenfin New-York, son point d'arrivee. Trois grands embranchements se dirigeront de Tobolsk en Siberie sur l'lndepar le Turkestan, de Yakoulsk aussien Siberie sur la Chine et Peking; d'Astoria aux Etats-Unis sur San Fran- cisco. L'artere principale aura cinq fils,deux pour les transmissions d'Amerique en d'Europe, deux pour les transmissions d'Europe en Amerique, et un fil de secours. Lesarteres d'embranchements auront de m6me cinq flls, deux pour Taller, deux pour le retour, et un fil de secours. Le reseau total aura 32 mille kilometres de longueur; il erigera dix millions de kilogrammes de fer galvanise 88 COSMOS. detrois millimetres de diametre , 350 000 poloaux injectes, of deux cables, l'un do 100, l'autre de 50 kilometres. Los irais d'ins- tallation pcuvent etre evalues au maximum de 30 millions de francs; les depenscs annuelles a 7 millions; M. Jousselm eroit ne rien exagcrcr en fixant a 9 millions le minimum des recelles an- nuelles , et il croit , en consequence, que l'entreprise serai I veri- tablement lucrative. La seule g*aW objection a ce projet gigantesque, ou la seule crainte serieuse qu'il nous impose, est la traversce de l'Ameri- que russe , conlree desolee par les glaces d'un hiver etemel ; habitee de loin en loin settlement par des pcuplades a demi sauvages. — A propos de l'hypnotisme des volailles , le R. P de Bidder nous ecrit : « Nous fimes, il y a environ douze ans, et avec succes, l'experience du coq et de la ligne blanche. Quelqu'un paria que le coq resterait egalement immobile sans ligne aucune; I'oxpe- rience fnt faite et le defenseur de la ligne;blancl► « Mais, dit Thenard, je... » « Je, je... n'ai pas de temps a per- dre, rcpreud Chaplal d'uii ton bourru; va-t'en et apporlc-moi mon bleu au plus vite. » A un mois de la , les riches nuances des plus beaux vases de Sevres temoignaient du succes obtenu. » Son entree dans l'enseignement de l'Elat n'est pas inoins cu- rieuse. « Apres une de ses lecons de l'Atheuee, alors qu'il etait encore . domine par le sommeil, sa porte s'ouvre brusquement : i Allons, allons, debout et quon se l'asse beau, » dit une voix a lui bien connue. « Qu'y a-t-il done? » articule le dormeur en fro I la u I ses yeux. « II y a, repond Vauquelin, que la loi sur le cu- innl me force a renoncer a ma chaire du College de France, et que je veux que vous alliez demander ma succession. » ;t Je ne le puis, je ne le clois pas, » reprend Thenard, dontle cceur s'eveille le premier. « Voyons, enfant, depechez-vous done; j'ai pris le ca- briolet a l'heure et vous me ruinez avec tous ces retards. » The- nard, trainc a la remorque, fit les visiles necessaires. Les choses allerent au mieux, et bienlot il monta dans cette chaire qui devait* tant conlribuer k sa prodigieuse popularile. » La premiere entrevue de Thenard et de Berzelius ne saurait etre passee sous silence ; car elle fait trop d'honneur aux deux grands chimistes. « L'eau oxygene'e etait acquise a la science; une voie nouvelle et feconde etait ouverte par Thenard. Le bruit en relenlit dans loute 1'Europe savante. Les chimistes etrangers vinrent assister aux experiences, et Berzelius arriva de Stockholm comme on ar- rive pour souhailer une bienvenue. Un matin il entre cbez Thenard : bien qu'ils ne se fussent ja- mais vus, aussitot ils se reconnurent. C'etaitmie application dela loi des afQniles. Bonnes gens Fun et l'autre, enflammes pour la meme idole, et incapables de jalousie, ils se trouverent imme- diatement vieux amis. « Je viens, dil le grave Suedois , recueillir des connaissances dans votre France chimique, que vous faites si grande, si riche! Votre eau oxygenee, je la verrai, n'est-ce pas? » II parlu de Gay-Lussac, de son iode, nouveau corps simple , dont loules les proprieles out ete par lui si netlement defmies, de son cyanogeue, substance composee qui, dans les combinaisons , affecle toutes les caracteres des corps simples. — « Et la belle iheorie des proportions delinies qui vous est due, l'oublicrons- nous ? reprit a son tour Thenard ; celte revelation des lois immua- bles d'apres lesquelles les corps sc combinent est devenue le COSMOS. 123 flambeau de la chimie. — Je conviens , reprit le Scandinave, que j'ai etc assez lieureux. — Savez-vous, ajouta-t-il, que vos recenls travaux et ceux de votre ami foot d i re a Davy : « Thenard et Ga\ - Lussac separe's sont plus forts que Thenard et Gay-Luss:;r reunis. » Encore une anecdote et nous arriverons au portrait de Thenard , aux qualites eminentes de son coeur, a ses joies, a ses douleurs a sa mort, a sa derniere ceuvre grande et bonne. « Thenard oubliait qu'un jour il avait e'te courtisan et courti- san tres-habile, son bon coeur l'y avait entraine. Plus que per- sonnc il avait admire les magnifiques peintures de la coupole du Pantheon, ces grandes legendes de notre histoire nationale, si in- genieusement, si gracieusement raconlees par le magique pinccau de Gros. .. Quelques mois a peine se succederent et Ion tiouva le sol de la nef jonche de plaques de couleurs differentes et de formes variees a l'infini. Gros averti avait compris aussitot la portee ilu de'sastre. Thenard, qu'une amitie sincere unissait a Gros, avait, a la premiere nouvelle, commence dans le secret une suite d'expe- riences qui le conduisirent a trouver un moyen de rendre imper- meal)Iesles pierres les plus poreuses. Stir du resultat, il se rend dans l'atelier de Gros. « S'il vous etait garanti que la couleur re- sistat, repeindriez- vous la coupole ? dit-il. — Allez-vous-en au diable et no me parlez plus de ca, » re'pond brutalement Gros. — Four- croy lui en avait fait bien d'autres! aussi Thenard s'en alla-t-il tranquillement dans son laboratoire y attendre Gros. La poile s'ouvrit effectivement bient6t pour livrer passage a i'arliste qui, d'une voix emue par la reconnaissance, articula : « Ge que vous m'avez ditserait-il bien possible ? » Thenard lui monlre son travail. Gros transporte se rend auxTuileries. Le soirThenard y est uiande ; on Tecoute, il parvient a convaincre et demande que Darcet lui soit adjoint; on le lui promnt; on lui prome't surlout un recon- naissant souvenir. » « Grand, vigoureux, M. Thenard portait haut une tete forte qu'oinbrageait une chevelure abondante et noire; ses traits, bien accenlues, etaienl animes par un ceil vif qui decelait la sagacite. On ne pouvait meconnaitre, en lui, l'unede ces constitutions aux- quelles la nature a prodigue tons les elements d'une complete existence. Les affections pouvaient-elles faire defaut a qui etait si digne de les inspirer? De sinceres attachements ont apporte, dans la 134 COSMOS. vie de M. Thenard, de douces joies. Pour lui, tout fut facile et simple, parce qu'il fut facile et bon : ni la plainte ni la rancune ne troublerent ce cceur que plus d'une fois emurent les expres- sions de la reconnaissance. Mais a sa Constance etaient reservees de terriblcs epreuves. Lorsque le grand age semblait lui promettre la part la nioins cruelle, il vit s'eteindre les objets de ses plus cheres affections : sa belle-mere, cette vieille amie qui avait pre- pare son bonbeur ; puis sa chere compagne, l'ange de sa vie , en- levee subitement; elle ecbappait au malbeur de voir succomber , dans toute la force de la jeunesse, le dernier enfant de M. The- nard ; un frere, une soeur, un neveu, suivirent. Un fils, un fils bien cher, bien digne, bien tendrement aime, reslait seul : « Je n'ose plus croire a son existence. » disait le malheureux vieillard. A de telles douleurs , tant do fois renouve- lees, il n'opposa que le contre-poids doux et sage de la compas- sion. (M. Flourens aurait pu, aurait du ajouter, et d'une religion sincere.) La fondation de la Societe des amis des sciences fut un hymne de reconnaissance inspire a cette belle ame par les souvenirs du passe. A quatre-vingts ans, apre.s lui avoir fait un legs considera- ble, apres y avoir affilie tous ses amis, M. Thenard s'eteignit en en murmurant les statuts. «J'espere, repetait-il, avoir forme un faisceau que rien ne devra plus rompre. J'espere que ceux qui cultivent les sciences, ceux qui les appliquent, ceux meme qui seulement en sentent le prix , resteront unis pour les proteger. Orphelins, veuves, ddbutants pauvres , saluez tous, de vos ac- cents reconnaissants, la tombe de cet homme de bien dont les dernieres pensees furent pour vous ! » Nous renvoyons a la prochaine livraison le compte rendu des prix proposes et decernes. VARIETES. Ocs outils et des amies en silex. La question des ceuvres d'industrie humaine, amies ou ou- tils en quartz, trouvees dans les sables d'alluvionetlescavernes a ossements en France ou enAngleterre, melees a des ossements d'animaux qui n'existent plus, est une de cellos qui ont le plus occupe les esprits dans les derniers mois de 1859. Elle est loin COSMOS. 135 d'etre eclaircie comme elle le sera certainement un jour. Mais la lumiere lui arrive deja de divers points de l'horizon , et nos lec- teurs trouveront que la lettre adresse'epar M. J. J. A. Worsaae, du chateau de Rosenborg, a I'Athenoeum anglais, lui fait faire un grand pas; nous la traduisons presque integralement. Les progres de l'archeologie , de nos jours, sont certainement dus, non-seulement aux efforts reunis des naturalistes et des archeologues , mais aussi a la methode des comparaisons si heureusement applique'e dans diffe'rentes contrees. Malheureu- sement les antiquaires de France et d'Angleterre ont ete jusqu'ici trop peu inities aux antiquites des contrees etrangeres correspon- dantes a celles qu'ils etudient dans leur pays, et voila pourquoi au sein de ces deux puissantes nations, l'archeologie nationale continue a beaucoup souffrir de la pression exercee par les pre- juges et les theories historiques tl priori. Dans la question actuelle et vraiment importante des outils en quartz trouves dans les sables et les cavernes a ossements, il me semble que les prejuges et les vieilles theories ont joue un trop grand rOle. Si les antiquaires et les naturalistes qui n'ont pas vu dans ces outils des ceuvres d'art ou d'industrie humaines, avaient connu suffisamment les phenomenes observes dans d'autres con- trdes, et specialement en Danemark, ils se seraient bien gardes de formuler des opinions si Granges et si curieuses. Dans la derniere reunion de l'Association britannique, sir Charles Lyell a fait mention d'un grand monticule indien, situe a Cannons Point, dans l'ile de Saint-Simon, en Gdorgie, de quatre acres de surface, d'une hauteur moyenne de deux metres, princi- palement compose de coquilles d'huitres rejetees, entre lesquelles on rencontre des pointes de fleches et des baches en pierre, avec des fragments de poterie indienne. De semblables monticules ont ete trouves en Danemark sur les e6tes , specialement sur les cOtes du Kaltegat, ses bords et ses baies. Ils ont ete examines par MM. Steenstrup et Forchammer, naturalistes justement celebres, et par moi, en notre qualite" de membres d'une conimissiun, chargee en 1848, par l'Academie royalede Copenhague, de poursuivre des recherches de geologie, a la fois , et d'antiquites. Ces monticules ont e"te trouves forme's de myriades de coquilles, rejetdes apr£s avoir etd ouvertes, d'ostrea edulis, mytilus edulis , cardium edule , littorina littor , helix nemoralis, et quelques autres helices ; melees a des os brisks de cerfs, de daims, de bceufs urox, de castors, de san- 136 COSMOS. gliers, etc., comme anssi a du charbon, des cendrcs, des pierres calcinees, des fragments de poterie tres-grossiere, ties hacheltes degrossies, des poinles de lances, des couteaux, des pointcs de Heches, des pilons, des morticrs , etc., en quartz • des cspeces de hachetles ou marteaux en corne de cerf, divers oiitils en os, et des ornemcnls Ires-simples anssi en os. Des vestiges de monti- cules semblables out ete decouverts dans ces di'x dernieres an- nees, sur cinquanle points au moins des c6tes du Danemark, et les descriptions de plusieurs d'enlre eux ont ete inserees dans les comptes rendus de notre Acade'mie. II est tout a fait evident que la plus grande partie des os d'a- nimaux trouves parmi ces coquilles , ont ete brises par un pro- C('d(; particulier, dans le but sans doute d'en extraire la moelle. La commission academique , sans rien connaitre des monticules indiens, decrits par sir Charles Lyell, avait adopte" a runanimitc la conclusion que les monticules du Danemark signalaient les lieux ou les aborigines sereunissaientrcgulierement pour prendre leurs vepas. Ees instruments en pierre et en os de'eouverts dans ces monti- cules ont en tres-grand nombre la meme forme, une forme tres- grossiire , tres-rude. Les outils en quartz ne sont en general ni unis ni polis; leur forme tres-simple differe completement de celle des baches et aulres outils, de la periode gauloise ou cel- lique connue sous le nom de' periode de pierre, stone age. Au commencement, lorsque Ton ne connaissail encore qu'un petit nombre de monticules, je pensais que ces differences de forme etaient accidentelles , et par suite, je rapportais les tertres avec leurs grossiers outils en silex a la meme pdriode qui a vu naitre les outils en pierre polis , les chambres de pierre , les crom- lechs, etc. Mais, il y a deux ans, en comparant les divers objets sortis des monticules avec les objets decouverts chaque jour en plus grand nonvbre dans les cromlechs , je conslatai, d'une part, que plu- sieurs des; outils grossiers en silex, trouves dans les monticules, ne se retrouvaient jamais dans les cromlechs et les tombeaux de Tage de pierre ; de l'autre, qu'un grand nombre des outils en pierre bien travailles et bien polis, trouves dans les cromlechs, uapparaissaient jamais dans les monticules. Dans des lecons faites en 1857 a l'universite de Copenhague, j'essayai de prouver que les outils grossiers en silex, trouves dans les monticules, etaient exactement semblables a d'autres outils grossiers et, COSMOS. 137 sans contredit, extremement anciens, trouves en grande abon- dance sur dilFereuls points des c6tes dc Danemark et en Suede au fond des tourbieres on marais anciens, actuellement, et pro- bablement depuis plusieurs mille ans, couverts de larges col- lines de terrains d'alluvion, de sable, de raarne, etc. , etc. ; comme aussi aux baches informes et aux autres outils en silex, decou- verts, dans des circonstances indiquant une tres-haute antiquite, dans diverses cavernes a ossements de France et d'Angleterre, dans les sables d'alluvion d'Abbeville et de Saint-Acheul. J'ai vu quelques-uns de ces outils a Abbeville, dans le musee de H. Bou- cher de Perthes, qui, plus tard, des que sa collection se fut gran- dement accrue, fit don, avec une 1res-grande liberalite, a noire musee royal des antiquites de Copenhague, d'un nornbre d'e- chantillons de cotnparaison bien choisis et tres-caracte'ristiques. J'ai etendu plus tard ma comparaison aux outils des tribus les plus sauvages de l'Ame'rique et de la mer du Sud, recueillis dans diffe'renls musees, et je suis arrive au meme re'sultat : que les outils bruts en silex, de forme speciale, trouves dans les monti- cules du Danemark , dans les cavernes a ossements et dans les depots de sable de France et d'Angleterre, doivent remonter a une epoque tres-anterieure a celle de l'age de pierre, des cromlechs, des monuments druidiques, etc. ; et que tres-probablement ils sont l'oeuvre d'une tribu distincte de sauvages qui ont ete les ve- ritables aborigenes du nord et de l'ouest de l'Europe, sournis et repousses plus tard par des tribus plus puissantes, plus avancees en civilisation, auxquelles il faut attribuer les outils en pierre si admirablement Iravailles, ainsi que les dolmens, les cromlechs et les autres monuments parlants, qui etonnent souvent par leur grandeur et leur hardiesse. Au mois de mars du printemps der- nier, dans une seance de l'Acaddmie royale, j'ai expose avec plus de developpements cette sous-division de l'age de pierre, precedee par une sous-division e'galementnouvelle de l'age de bronze. II y a six mois, j'ai rdussi a etablir de la meme maniere une sous-di- vision de l'age de fer, de telle sorte que, dans mon opinion qui ne manque certainement pas de probability, nous pouvons actuelle- ment, en nous bornant aux temps du paganisme, assigner tres- nettement six grandes pe"riodes tres-differentes de la civilisation dans ces contre"es, periodes qu'on retrouvera, j'en suis presque sur, dans Phistoire primitive des autres contrdes de l'Europe. Ge nouveau systeme cependant, etplus specialement la division en deux periodes de Page de pierre, etaient vivement combattus 138 COSMOS. par divers antiquaires, lorsque, quelques mois plus tard, les nou- velles decouvertes de Ja caverne de Brixham, et les rechcrches recentes poursuivies dans les dep6ts d'aliuvion d' Abbeville et de Sainl-Acheul se presentment subitement. Je fus alors agreable- ment surpris de voir mon opinion sur l'antiquite tres-reculee des outils grossiers en pierre, trouves dans ces diverses localitos, fortifiee par l'assentiment et l'autoritedeplusieurs naturalistrs et anliquaires celebres de France et d'Angleterre, MM. Preswich, Flower, Falconet, sir Ch. Lyell, Evans, Pouchet, etc. Ce fut pour moi une satisfaction tres-grande que d'entendre ces divers e'crivains declarer 'unanimement que les outils informes en silex du sable et des cavernes different considerablemenl des outils en pierre fabriques en France et en Angleterre pendant les periodes druidique ou celtique, et qui, par consequent, forment une classe a part... Les outils des terrains d'aliuvion et des cavernes d'ossements ne sont plus aujourd'bui des objets isoles et auxquels on ne puisse rien comparer. Nous sommes entre's en possession de centaines ou meme de inilliers d'objets semblables, trouves dans les mon- ticules dont il a deja ete question, dans les lacs, dans les marais ou lourbieres, sur les rivages du Danemark, et trouves dans un rapport intime avec des antiquites de nature telle que per- sonne desormais, quels que puissent etre ses prejuges ou ses idees preconcues , n'osera se hasarder a y voir autre chose que des oeuvres d'industrie humaine, n'osera les considei er comme des produits de causes ou agents naturels, Taction des eaux, de Pair, de la foudre, etc. La grande quantite d'outils en silex trouves dans les depots d'aliuvion de la vallee de la Somme, en France , plus de mille, dans les dix dernieres annees , sur une surface de vingt kilome- tres de longueur, est devenue un argument contre l'opinion qui en fait deveritables outils. Mais il importe d'avoir bien present a l'esprit que les aborigenes , comme on devait naturellement s'y attendre, entraines par les besoins de la pfiche qui devait leur fournir leurs principaux aliments, vivaient pres des rivages de la mer, des rivieres et des lacs, et que, par consequent, ils ont da iaisser certainement dans les lieux souvent parcourus par eux , quelquefois, pendant des siecles, les outils grossiers qu'ils s'd- taient confectionnes avec le caillou, matiere facile a tailler, et qui resiste a l'influence du temps. Nous sommes doncpleinemenl en droit d'admettre d priori qu'un grand nombre d'outils en COSMOS. 139 pierre doivent se renconlrer dans de semblables localites ; d'au- tant plus que cette supposition a dte completement confirmee par un grand nombre de fails des plus curieux observes en Eu- rope et en Amerique. Par exemple, dans le voisinage de Pittsbourg, en Pensylvanie, sur les bords de la riviere Delaware , on a trouve un nombre tel d'outils en pierre, que Ton a pu envoyer au musee de Copenbague, d'une seule localite assez limitee, plusieurs centaines de pointes de fleches et autres instruments. Un naturaliste danois tres-dis- tingue, M. Lund, qui a reside auBresil pendant plusieurs annees, annoncait, dans une lettre ecrite a la Societe royale de Dane- mark, que les bords du petit lac Lagoa Santa, a l'epoque ou les Europeens le visiterent pour la premiere fois , etaient tout cou- verts de hachettes en pierre, demontrant jusqu'a l'evidence que ces bords avaient ete le sejour de predilection des tribus abori- gines. A ces observations , je puis en ajouter beaucoup d'autres sem- blables faites sur les c6tes des mers du continent, sur les ties grandes et petites, sur les bords des lacs du nord de l'Europe, ou Ton a rencontre en tres-grande abondance des outils en silex. Mais je me bornerai a constater ici, qu'en Danemark, dans l'ile de Laaland, M. de Wickfeld de Engestoffe, chambellan du roi, et moi avons ete heureux, tout dernierement, de pouvoir recueillir en quelques semaines, sur un seul point, plus de mille outils tres-grossiers, exactement identiques avec ceux des monticules d'buitres, et tres-semblables a ceux qu'on a rencontres dans les sables d'alluvion et dans les cavernes a ossements de France et d'Angleterre. On les trouve epars en partie sur les bords du petit lac Maribo, en partie sur les petites lies ou promontoires de ce lac , ou Ton voit , en meme temps, des traces de piles de ponts probablement plus anciennes meme que celles decouvertes dans les lacs de la Suisse, en parlie, dans le lac lui-meme, et pres de ses bords lorsque l'eau est tres-basse. Ce lac a une longueur de 9 a 10 kilometres, sur une largeur d'un etdemi a deux kilometres, et les recherches ne se sont etendues jusqu'ici que sur un des c6tes du lac. Le nombre d'outils en silex decouverts en quelques semaines sur ce point est incomparablement plus grand que celui des outils semblables trouves en dix ans dans la vallee de la Somme. Une circonstance parliculiere ajoute beaucoup a l'interet des trouvailles faites dans le lac de Maribo ; c'est que, suivant toute MQ COSMOS. apparence, dans les temps aborigines on primitifs, le lac avait un autre niveau que celui qu'il a aujourd'hui; on voit, en effet, debout dans son sein des racines ct des troncs d'arbres qui, au- trefois, ont da etre implantes sur la terre seche on du moins sur un fond marecageux. D'aulres circonstances encore, recueillics sur ce meme lac et en diverses localites do la Suede et du Jutland, ou de grossiers outils enpierre ont etc aussi de'converts, semblent prouver que notre contrec , comme l'Angleterre et la France , a subi des changements geologiques considerables an moins par- cels et dans des temps tres-recules; alors que les pauvres san- vages aborigenes erraient sur les cotes des mers, sur les bords des lacs et des rivieres avec leurs miscrables outils en silex et en os. Ainsi done, on ne saurait plus douter que les fragments faille's de silex sont de veritables outils, des ceuvres de l'art et de l'indus- trie bumaine; er , comme on les trouve meles dans les terrains d'alluvion a des os de rhinoceros, d'ele'phants , ct d'autres races eteintes, il faudra conclure, si on admet la coexistence des tribus sauvages et des races disparues, d'une part, que la presence de 1'bomme dans nos contrees remonte a une antiquite conside- rable, qu'elle a ete anteYieure aux derniers cataclysmes qui onl medifld profondement la surface du sol; de l'autre, que l'exlinc- tion des races disparues ne remonte pas a une epoque aussi re- culeequ'on l'a cru jusqn'ici. F- Moigno. fcnprimcrie de W. }Umqc*T et Ci«, A. TBAMBJ.AY, rut Garanciere, 5. proprielaue-gerant COSMOS. ttil ■NOUVELLES DE LA SE.MINE. Dans noire livraison du 9 juil!et. 1858, nousavons (lit comment la Societe de chimie, fondee dans des proportions exlreme.»Me*?£ modestes par quelques jeunes chimistes etrangers , MM. naudon de Turin, Schiekhoff de St-IVtersbourg, Friedel, etc., avait grandi peu a peu ; comment elle dlait arrivee a ouvrirsoa sein aux chimistes francais de la seconde generation , pour s« constiluer a l'etat de Societe generate de jeune chimie. Depuiis cette epoque elle a grandi beaucoup plus encore, les inafires«UL ies savants de la premiere generation , MM. Dumas, Balatfd, Pelouzc, Regnault, ont repondu a 1'appel qui leur etait adresse par leurs fideles et glorieux eleves, MM. Tlienard, Wnrtz, 'Ber- thelot, Deville, Pasteur, etc., etc.; et la Societe de la jeune chiuik: est devcnue la Societe de la grande chimie, sous la presidence^lc M. Dumas. Elle tientregulierementses seances tres-suivips dans le \ aste local de la Socieled'encouragement, rue Bonaparte, hh\ die a son organe oftkiel, le Repertoire de chimie pure et appliqitee. publie sous la direction de MM. Wurtz et Barreswill, dans leqaei on trouve chaque mois un resume fidele de toutes tes cfuiiiiiuni- calions qui lui ont ele failes. M. Dumas, qui dirige taui d'autres reunions ou corps conslitues, le Conseil general de la Seine, la Socle!;: d'encouragement pour l'industrie nationale, etc., etc., ti";!l a piouver qu'il est plein de reconnaissance envers la belle et grande science a laquelle il doit ses succes, sa gloire, sa re- nominee, sa suprematie; il preside la Societe chimique de Paris avee un amour tout particulier, qui lui a inspire une pense'e emiuemment heureuse. II est encore toutvivant le souvenir de lacolebie Societe d'Arcueil, des savants salons de Berthollet fet de Laplace. La, les Biot, les Tlienard, les Gay-Lussac, les Malus, 5es De Humboldl, accueillis avec tanl de noble bienveillance, venalent exposer modestement leurs decouvertes encore au luTceau, les rcsultats non controles encore de leurs nouvelles experiences; les entendre discuter par les autorites souveraines, par les dieax du jour; recevoir des encouragements et des conseils qui rendaient plus parfaite et plus sure d'elle-meme la redaction definitive des communications academiques qui succedaient aux lectures des reunions intimesdu chateau d'Arcueil. Vouloir realiser en 1859 un salon lilteraire ou scientiflque qui rivalise avec les salons d'Ar- cueil et de l'Abbaye-au-Bois, ou les remplace; essayer de consli- .■Kcuvi^me annee. — T. XVI, 10 fevrier I860. 6 j 4&2 COSMOS. tuer un patronage comparable aux patronages de Berthollet ou de madame Recamier, ce serait peut-etre tenter l'impossible. Les ha- bitudes aristocratiques ont trop fait place aux habitudes bour- geoises ou democratiques pour qu'un pareil retour suit possible. Mais, par cela meme, aussi, la salle des seances dune Sociele savante pourrait peut-etre devenir le salon de tous; or, voila ce que M. Dumas a voulu tenter avec l'assentiment unanimc du conseil et des membres fondateurs de la Sociele chimiquo; voila comment a ete' prise la resolution suivanle : « Chaque annee la Sociele chimique de Paris tiendra un certain nombre de seances pouvant elre publiques, dans lesquelles les auteurs de decou- vertes importautes seront appeles a exposor avec deiail leurs travaux, accompagnes des experiences que reclame un enseigne- ment public. » Les deux premieres seances extraordinaires se sont lenues le 20 Janvier et le 3 levrier, et M. Pasleur, vice-president de la So- ciete, a ete invite a exposer ses brillanlcs recherchcs sur la dys- simetrie moleculaire. C'etait un spectacle vraiment solennel : M. Dumas occupait le fautouil, des acadcmiciens celtbres, MM. Ba- lard Fremy, Claude Bernard, s'elaient assis a ses cotes an bu- reau', et plus de deux cents auditeurs, tout ce que la jeune gene- ration eotnpte de noms deja connus par des oeuvres serieuscs, cbiinistes, physiciens, malhenialiciens, s'etaient volontaireinent conslitues al'etatd'eleves avides d'apprendre. M. Pasteur, comme M. Dumas l'a sibien dit, en lereinerciant aunomde tons, a loules lesqualitesqui constituent un prot'esseur eminent: maintiendigne et ferme, prononcialion nette et eclatante, parole concise et cor- rects, exposition lucide el imposante; aussi tout le monde a ete non- seulement satisfait, mais enlhousiasme ; et pas un des auditeurs de la premiere lecon n'a fait dcfaut a !a seconde. Nous n'analyse- rons aujourd'oui que la premiere de ces lecons. M. Pasleur a re- sume d'abord les fails les plus imporlants anlerieurs a ses recher- chcs et qui leur onl servi de base : la polarisation circulaire du quartz, constatee en 1811 par Aragp; la polarisation rolaloire des produits organiques naturels, decouvcrle par M. Biot en d<;cem- brel81^: I'existence, signalee aussj par M. Biot, dedeux varietes de quartz, possedanldes rotations egalesetopposoes; la presence dans la nature, de crislaux pjagiedriques de qnarlz, avec forme oppose etheuiiedrie dans deux seusdifferents, signalee par Hauy; la relation, mise en evidence par sir John Herschel, enlre le sens de 1'hemiedrie et le sens de la rotation imprimee au plan de po- COSMOS. ^3 larisation du rayon lumineux. Venant ensuite a ses propres tra- vaux et suivant l'ordre chronologique, le plus naturel de tous, M. Pasteur a donne la signification propre de chacune des obser- vations capitales qu'il a faites successivement. II a reconnu d'a- bord que les formes crislallines des tartrates sont hemiedriques, et de 1'hemiedrie non superposable , en ce sens, que chacune de ces formes crislallines, placee en face d'un miroir, donne une image qui ne pent pas elre superpcsee a l'objet. II a vu ensuite que rhemiedrie des elements cristallographiques communs auv divers tartrates etail orientee constamment de la meme maniere; ou que dans toutes ces formes dissymctiiques la dissyme'trie etail de meme sens. En 18W, M. Mitscherlich cominuniqua jH'Acade- mie des sciences cclte conclusion de longueset nombrenses ana- lyses. Le paratartrate et le tartrate double de soude et d'ammo- niaque ont la meme composition chimique, la meme forme cris talline, avec les memes angles, le meme poids speciGque, la meme double refraction. Mais le tartrate dissous fait tourner le plan de. polarisation de la lumiere polarisee, tandis que le paratartrate. est indifferent ou inactif. Invinciblement conduit, par une etude approfondie du fait constate par M. Biot que tous les tartrates devient k droite le plan de polarisation, du rapprochement etabli par Herschel entre le sens de rhemiedrie et le sens de la ro'ation , de l'importance attachee a rhemiedrie par M. de la Fosse, qui voit en eile non pas une anomalie mais une conse- quence de la structure intime du crislal, etc., a ne pas douter d'une relation necessaii-e entre rhemiedrie et la propriete rota- toire, M. Pasteur devait nalurellemcnt conclure de l'observa- tion de M. Mitscherlich que le tartrate aclif elait hemiedrique, et le paratartrate inactif non-hemiediique. Empresse de verifier cette consequence presque necessaire d'un ordre d'idees dans le- quel il avait une conflance absolue, M. Pasteur aborda coura- geusement l'examen crislailographique des formes elementairc-; des deux sels de Mitscherlich ; il vit avec bonheur que le tartrate double, actif a la maniere de tous les tartrates, etait aussi dyssi- meirique commeeux; maisil vit aussi, avec une surprise extreme, presque avec doulcur, que le paratartrate double inactif etait lui- meme dyssimelriquc. Mais combicn fut grande sa joie, quaud, en regardant de plus pres encore,, il decouvrit que parmi les cris- taux dyssimetriques elemental es du paratartrate, les uns etaieni. heiniediiiiues a droite, les nutres hemiedriques a gauche. La lu- miere et-iit faite, le triomphe etait certain et complet. M. Pasteur 4W COSMOS. d'une main oxercec separa les cristaux hemicdriqucs a droite des cristaux hemicdriqucs h gauche etil les observa sepaivmcntdans l'apparcil de polarisation. Les previsions dc la theoric fureni. pleincinent confirmees paiTexpe'ricncc, les cristaux hemiedriques adroitefaisaienttourneradroitedescrislauxhe'middriquesagauche faisaienttourner a gauche le plan de polarisation. Dcs sels, il fal- lait passer aux acides qui leur donnent naissance ; I\I. Pasteur les sepira des bases par les procedds connus et il entra en possession de deux acides tarlriques identiques au fond, mais dyssimetriques en sens inverse, dont les formes cristallines se rcssemblent comme la main droite ressemble a la main gauche. Cc soul; deux tetraedres irreguliers, symeHriques l'un dcTantre, dont Tun est comme l'imagc do l'autrc rcflechie par un miroir ; tous deux actifs ou agissanl su'r la lumiere polarisec avec la meme intensite abso- lue, mais actifs en sens contraire. Le premier de ces acides ou de ces tetraedres, le droit, ou celui qui devie, a droite est idcnli'pie avec l'acide tartriquc ordinaire ; le second, le tetraedre ou acidc tartrique gauche, apparaissait pour la premiere fois. Les met-on tous deux en presence, en dissolvant des poids egaux dc chacun d'eux et melantles deux solutions, ils s'unissenl en donnant. nais- sance a l'acide paratartriqne qui cristallise; et comme toutcs les cumbinaisonschimiquos, cette combinaison singuliere fre fait avec mi (ii''gagement sensible de chaleur. Repetee en seance publique, cette brillante experience a provoque de chaleureuxapplaudisse- rnents. — On nous signale une omission snr laquelle nous croyons devoir appeler Tattention du bureau des longitudes. Pour qui- conque ne consultera que la Connaissance des temps de 1860, telle qu'elle a ete publiee en son temps, il n'y aura pas, en 1860, d'eclipse totale de soleil. En effet, l'annonce officielle de l'eclipse lotale, si impatiemment attendue du 18 juillet ne differc absolu- ment en rien, sinon par la date, les heures et les nombres, de l'eclipse du 22 au 20 Janvier. La seconde, comme la premiere, est simplemcnt indiquee sous le nom A'eclipse partiel/e; et les navigateurs qui n'auront pas a bord d'autres donnees que celles de la Connaissance des temps seront grandement surpris de se voir atteints, en pleine Medilerrane'e, par une obscurite totale de plusieurs minutes. On comprend, sans que nous ayons besoin d'insister, combien est grave une lacune semblable a celle que nous nous tiouvons dans la neccssite de constater pour rdpondre a l'appel d'un correspondant de bonne foL Dans YAnnuaire du COSMOS. 1Z.5 bureau des longitudes, ou l'erreur a cte corrigee, on lit : Le lSjuillet. eclipse totale de soleil. Ce qui e'lonne le plus dans la distraction de la Connaissancedes temps, c'estque dans le chapitre explication et usage des ephemerides renvoyant aux pages rela- tives aux eclipses, on lit textuellement: Ontrouve p. 330, 331, 332, le commencement et la fin de 1'eclipse centrale, totale et annu- laire, la position des lieux qui donne ces divers pbenomenes , les limites nord et sud de 1'eclipse, etc.; tandis qu'aux pages in- diquees, toutes ces circonstances brillent par leur absence ab- solue ! — L'un de nos bienveillants lecteurs, M. de Monteliore, nous ecrit, a propos des experiences de M. Tissier sur le nickel fondu : « On ne fait pas, en Amerique, de monnaic de nickel, mais bien d'un alliage binaire de cuivre et nickel, dans lequel ce der- nier n'entre que pour 15 a 18 p. 100. Ces pelites monnaies sont Ires- belles, d'une teinte rougeatre, legeres et commodes. Depuis plusieurs annees, on emploie en Suisse, pour les uiemes mon- naies, un alliage d'argent, cuivre, zinc et nickel. Ce dernier metal entre pour une proportion de 10 p. 100. On va frapper, en Bel- gique, des pieces de 5, 10 et 20 centimes en alliage de cuivre et nickel, dans les proportions de 3 du premier pour 1 du dernier. Cet alliage ressemblc beaucoup a l'argent et est fort peu alta- quable. Je ne sache pas qu'on ait jamais employe le nickel pur pour des emplois industriels. Maintenant que, grace aux belles experiences de Deville et Debray sur la fusion, au moyen du gaz d'eclairage, des metaux les plus refractaires, le platine meme se fond avec facilite en grandes masses, le nickel fondu pourra trouver des emplois. « L'alliage imitant parfaitemenM'argent et en possedant toutes les qualites, pour lequel M. Rv.olz a obtenu un poincon spcicial, est compose <\& 20 a 30 p. 100 d'argent, avee 30 de nickel et 50 do cuivre ; il pent, dit-on, parfailement remplacer l'argent a 900 1 000. «On obtient du nickel d'une grande purete", contenant98 1,2 p. 100 de metal pur, a 15 fr. le kilogramme.)) — Avantd'abandonner eompletement l'liypnotismedont M. Gi- raud-Teulon se croit? fora- de dire, non sans regret, qu'il estaussi vulgarise qn'Une decouverte peut l'etre; nous citerons deux fails bien propres a faire ressorlir ses dangers, line dame de la vilJe, hypnotisee et interrogee, se prit, pendant son sommeil loquace, dit M. Giraud-Teulon, a repondre a notre curiosiUi scienliQque par des confidences faites pour satisfaire une toute autre sorU; 146 COSMOS. (1 > curiosite , et tellement graves, tellement dangereuses pour elLe-m&ne, qu'aussi efTraye pour la malade, que fiappede notre responsabilitd ainsi lalalement engagee, nous nous empressames de reveiller la malheureuse auteur de ces Irop librcs communi- cations. L'assislance, heureusement , n'y put rien comprendre, quoiqu'elle vit qu'il se passait quelque chose de singulier. L'ab- sence du libre arbitre , la perte de la conscience reunie avec la conservation des souvenirs, des passions affectives el de la pa- rolc ! Le profond embarras ou nous nous sommes trouve, en re- cevant ces graves confidences involontairement livrees, ne sortira pas de notre souvenir. » C'est toujours M. Giraud-Teulon qui parle : « Une dame du mondc vint visiter a la Maison municipale de sante une de ses amies malade ; temoin de quelques expe- riences d'hypnolisme, tres impressionnable et tres-impression- mr, elle en parle dans sa i'amille a son retour chez elle. Curieuse dc verifier sur elle- memo les fails dont elle a ete temoin, elle se p'rele a un essai du meme genre. Un objet brillant est place de- vanl ses yeux par un de ses parcnls, la chose se passe tout a fail dans rintimile et sans medecin present. Au bout de quelques minutes, la permanente hxite de son regard surprend; on inter- ronipt l'expe'riencc et on l'appelle ; pas de reponse ; on prend un de ses bras qui, souleve, retombe; on se regarde; reffioi com- mence a gagner. Que faire? Pas de medecin , pas d'indication vi- sible a remplir. Le inari, le his, commencent a s'efl'rayer; ce der- nier, les larmes aux yeux, se pre'eipite sur sa mere eleouvre son front 'de baisers. Madame de se reveille et tombe dans une belle attaque de nerfs. Apres la crise de larmes et la detente obte- nue, elle dit alors qu'elle a eu une rude epreuve a subir; qu'elle avait loute sa connaissance, voyait sa famille en larmes et dans rctfioi , sans pouvoir faire aucun signe qui mit un terme a celte siiuaiion penible. Un grand poids sur le creux epigaslrique lui semlilait opprimer sa respiration ; et quant a son systeme mus- culaire, elle elait, c'esl son expression, enveloppee comme d'une chcinise de plomb. Madame de s'est plaint de s'eire trouvee, a son re"veil, couverte d'une sueur froide generale; a la suite de cetle experience fantaisiste, elle a beaucoup souffert pendant deux jours : son caraclere ne permet aucun doute quant a la realite pat faite de toules les circonstances de ce recit. » (Gazette, medicate du 21 Janvier 1860. ) COSMOS. I hi Fnits dcs sciences. Nous sommes heureux de pouvoir inserer ties aujourd'hui la note sin* la planete intra-mercuiiolle qui nous avait ele promise par M. Radau, professeur agre'ge a l'univqrsitd de Koenigsberg. Nous l'avons soumise a l'examen des homines les plus compe- tents, et ils l'ont jugee tres-digne d'interet et d'attention. Ce debut du jeune et savant astronome allemand, i'cra, nous l'esperons, une certaine sensation. « On s'est beaucoup occupe, en Allemagne, de l'existence do planetes intra-mercurielles. M. Wolff a dresse, en 1859, une lisle de vingt observations ou affirmations, connues depuis 1761, qui constatent le passage d'un point noir au-devant du soldi; et il y a lieu de croire qu'il y a la au moins trois planetes. Le Cosmos, en 1853, a publie une loi cuiieuse et certaines analogies decouvertes par M. Kirkwood, lesquelles semblaient indiquer l'existence d'une masse planetaire au dela de Mercure, a peu pres e^ale it celle de celte planete et aussi de meme densite. M. Le Yerrier enfin a p'rouye' par le calcul la necessite de cette hypothese. L'observation de M. Lescarbault est la premiere qui ait uu ca- chet scientifique, et que Ton puisse soumeltre au calcul ; et voici ce que Ton peut en tirer. Soit c la cor.de parcourue par Vulcain sur le disque solaire, a le deplacemenf angulaire de la terre du- rant le, passage; d, d' les distances de Vulcain au soleil en mars et en octobre, e'est-a-dire lorsqu'on l'observe pres de ses nceuds descendant et ascendant, A sa distance moyenne, celle de la terre au sol 'il etant prise pour unite ; / la revolution siderale et e rexcentricite de son orbile. L'angle qu'il aura reellement decrit a l/A (1 — £2) pendant le passage, sera sensiblement = -^ , il sera en meme temps la somme de a et de Tangle sous lequel on verrait du soleil la corde c placee k la distance d, e'est-a-dire ~ a + c ^r • 0n aura encore AiCT) = I (a #af) ' ou bien A (1 — e2) = ~ t A,. II s'ensuit l'equation du passage La duree du passage observe a Orgeres etait de lb 17m 8*, cela JA8 GOS.UOS. donnc a=3'H"; la corde etait de 9' 17", par consequent (1). En faisaiit dtett?, et VA (1 — z'1) ^=x{\ -I-/.), on peut don- ner a cette equation la forme suivanle : x-\-;r2 = 0,521 (l H a c — a )91 = 3T6 = 0'521'et 1,521 j. , v pour indiqucr la grandeur de s. Puisque nous savons deja ques < 32, 917 ^17 il faudra choisir parmi les quotients -^ =31, - - = 27, 7 o 217 -Q- =24, etc., un nombre qui soit un diviseur commun de 6208 et de 1997. Malheureusement ces intervalles sont trop grands pour qu'on ne puisse pas facilement lour trouver des diviseurs communs tres-peu difl'erents de celui qu'on voudra parmi ces quotients. Je me bornerai done aux quotients 31 et 27, puisque 150 COSMOS. lis autres son! plus petite quo la rotation du soldi. On trouve pour lo premier : 0208 = 199. 31,197 — 20-2. 30,730 ■1793= 64. 31,197 = 65. 30,730 Pourl'autre, 6208=227. 27,350 = 230. 26,990 1997= 73. 27,350=74. 26,990 a tres-peu pros. La relation s= I ^+^2) moutre f*ue 0208= ms = 17. 365,2 contiendra m+17 i'ois t , on aura done 6208 = 2g de m6me 28;305) 25,443, 25,133 pour les. 216 trois autres cas. Les periodes do retour seraient respectivement (Vune anneo julienne + 9, + 4, + 8, + 13 jours. On en conclu- ,ait qu'il scrait possible qu'on revlt Vulcain lc h avnl procbain vers 2b du matin (visible en thine), ou bien le 29 mars vers midi, le 2 avril entre midi et 5 \ ou le 7 avril entre 10 ' et 3 ; ces passages, visibles a Paris, dureraient environ h \ En pre- nant t = 28,30 on = 25,44, ou trouverait k = 0,182 et = 0,169; e > 0,30 et = >0,15, A(l + e) > 0,236 et > 0,195 respectivement. Je n'ai pas employe 1' observation de M. J. Schmidt, qui a vu le 11 octobre 1847, a 9*u du matin, un point noir courir sur le soled; J'intervalle de 11 ans 1/2 ou do k 184 jours est de =153. 27,350 = 155. 26.990. On ne doit pas attacber une grantle importance a tous ces resullats, mais on .peut toujo.irs les prendre comme pis-aller. PH0TOGMPHIE. Perniere seance «le la Societe JVaneaase usculcs dont la forme et la structure annoneent qu'ils sont organises. Ce sont des curpus- •culcs analogues a ceux que divers microgra plies out signales dans la poussiere de'posee a la surface dos objets exlerieuis. Jl est tres-vrai , ainsi que M. Pouchet 1'aTeconnu pour la pous- siere ordinaire, 'que parmi ces corpuscules il y a des granules d'amidon; mais il yen a comparalivement un Ires-petit nombre. II est bien facile de le prouvcr en delayant dans une goulte d'acide sullurique concentre la poussiere de Fair, recueiilie comrac je l'ai indique tout a l'heure. Los granules d'amidon se •dissolvent en quelques instants, et kiiplupart des autres corpns- cules ne sont nullement alleres dans tears formes et leurs vo- lumes. Beaucoup memeresistent plusieurs jours a Taction de l'acide sulfuriqno concentre. Ceux-ci sont probablemenl les spores des muccdinees, car j'ai constate la memo resistance sur des spores qui s'elaient developpes dans les conditions ordinaires. II y a done dans l'air, a toutes les epoques de 1'annee, des cor- puscules organises. Sont-ce les germes feconds de productions vegdlales ou d'infusoires? Voila bien la question a rcsoudre. J'ai applique trois mdlbodes dillerentes. La premiere, qui ne- cessite l'emploi du mercurc, laisse des doutes dans 1'espiiL ; les •experiences a, blanc reussissent quelquefois; cepemlant elle est assez instructive et rend conipte de beaucoup d'experiences, mal interpretees jusqu'a ce jour. Je ne m'y arreterai pas ici. La deuxieme me"lhode parait inattaquable et tout a fait demon- strative. Dans un ballon de 300 centimetres cubes environ, j'in- troduis 100 a 150 centimetres cubes d'eau sucre'e, formee dans les proportions snivantcs < 100 eau; 10 sucre; matieres albumi- nokles et minerales, provenant de la levure de biere, de 0,2 a 0,7. Le col efflle du ballon communique avec un tube de plaline chaufle au rouge. On fait bouillir le liquide pendant deux a trois minutes, puis on le laisse refroidir completement. II se remplit d'air a la pression ordinaire. Puis on ferme le col du ballon a la lampe. Le ballon, place dans une eluve a une temperature cons- tante de 28 a 32 degres, peut y demeurer indeiiniment, sans que son liquide eprouve la moindre alteration. Apres un sejour d'un mois a six semaines a l'etuve, je l'adapte au moyen d'un caou- tcbouc, la poinle etant toujours fermee , a un appareil dispose1 comme il suit: 1° un gros tube de verrc, dans lequel j'ai place un bout de tube de petit diametre, ouvert a ses cxtremites, libre dc 166 COSMOS. se glisser dans le gros tube, ct renfermant une portion d'une des potitos bourres de coton, cbargdes do poussieres de l'air; 2* un tube enT, muni de trois robinets; 1'ari des robinels communique avec la machine pneumatique, un autre avec un tube de platine chanfle au rouge, le troisieme avec le gros tube dont je viens de parlor. Mors, apres avoir ferine le robinet qui communique au tube de plaline, je fais le vide. Ce robinet est ensuite ouvert, de facon a laisser rentrer peu a peu dans l'appareil de l'air calcine. Le vide et la rentree de l'air calcine sont repetes alternativement dix a douze fois. Le petit tube a colon se trouve ainsi rempli d'air brCde jusque dans les moindres interstices du coton, mais il a garde ses poussieres. Gcla fait, je brise la pointe du ballon a tra- vers le caoutcbouc, sans de'nouer les cordonnets, puis je fais cooler le petit tube a coton dans le ballon. Enfin je refcrme a la lampe le col du ballon, qui est de nouveau reporle a 1'etuve ; or, il arrive containment que des productions apparaissent dans le ballon. Voici les partieularites de l'experience qu'il imporle le plus de remarquer : 1° Les productions organisecs commencent toujours a se mon- Irer au boul de 24 a 36 heuros; c'est precise'ment le temps ne- cessaire pourquc ces memos productions apparaissent dans cette meme liqueur lorsqu'elle est exposee au contact de l'air common. 2° Los moisissures naissent le plus ordinairement ('ans le pelit tube a coton, dont elles remplissent bienldt les extreiniles. 3° ll se forme les memes productions qu'a l'air ordinaire. Pour les in- fusoires,c'estle bacterium; pour les mucedinees, ce sont des pe- nicilliitm, dos ascophora , des aspcrgillus et d'autres genres en- core, h'- De meme qu'a l'air ordinaire la liqueur fournit tantot un genre de mucedinee, tantot un autre, de meme dans l'experience,' il y a developpement de moisissures diverses. En resume, nous voyons dune part qu'il ya toujours parmi les poussieres en suspension dans l'air common, des corpuscules or- ganises, et d'aulre part que les poussieres de l'air, mises en pre- sence d'une liqueur appropriee, dans une atmospberc par elle- meme tout a fait inactive, donnent lieu a des productions diver- ses : le bacterium termo et plusieurs mucedinees, celles-la memes que fournirait la liqueur apres le meme temps, si elleetait libre- ment exposed & l'air ordinaire. Cependant le coton, en taut que coton et matiere organique, u'entre-t-il pour rien dans l'experience? Et qu'arriverail-il d'ail- leurs en repdtant la manipulation sur un ballon prepare comme COSMOS. 167 il vient d'etre dit, en eloignant les poussieres de l'air? J'ai alors remplace le coton par de 1'amiante, substance minfrale. Les bourres d'amiante, apres une exposition de quelques hemes au courant d'air de l'aspirateur, ont ele introdnites dans les ballons, comme je l'ai explique precedcmment, et elles ont donne les memes rcsullats que les bourres de coton; mais avecune bourre d'amiante prealablement calcinee et non chargee des poussieres de'a ir, il ne s'est produit ni trouble, ni bacterium, ni muce'dinee quelconque. Le- liquide a conserve une limpidite parfaite. La metbode suivante confirme et agrandit ces premiers resul- tats. Je prends un certain nombre de ballons dans lesquels j'in- troduis le meine liquide fermentiscible, en nieine quantite J'e- tire leurs cols a la lampe, en les recourbaut de diverses manieres, mais je les laisse tous ouverls, avec une ouverlure de 1 a 2 milli- metres carr^s de surface, ou davantage. Je fais bouiller le liquide pendant quelques beures dans le plus grand nombre de ces bal- lons. Je n'en laisse que trois ou quatre que je ne porle pas a l'e- bullition. Puis je les abandonne tous dans un lieu ou l'air est calme. Apres 24 ou US hemes, suivant la temperature, le liquide des ballons qui n'a subi aucune ebullition dans ces ballons (mais qui avait ete porte a 100 degres au moment de la preparation) se trouble et se couvre peu a peu de mucors divers. Le liquide des aufres ballons reste limpide, non pas seulement durant quelques jours, mais durant des mois enliers. Cependant tous les ballons sont ouverls. Sans nul doule, ce sont les sinuosiles el les incli- naisons de leurs cols qui garantissent leur liquide de la cbule des germes. L'air comtnun, il estvrai, est rentre brusquement a l'o- rigine, mais pendant toute la duree de sa rentrec brusque, le li- quide, tres-cbaud et lent a se refroidir, laisait perir les germes apportes par l'air. Puis, quand le liquide ful revenu a une tem- perature assez basse pour rendre possible le developpement de ces germes, l'air, rentrant tres-lenlemenl, laissait tomber ses poussieres a l'ouverlure du col, ou les deposait en route sur les parois anlerieures. Aussi vient-on a detacher le col de 1'un des ballons par un trait de lime et piace-t-on verticalement la por- tion restante; apres un jourou deux, le liquide donne des moisis- sures ou se remplit de bacteriums. Cette melhode, si facile a meltre en pratique, portera la con- viction dans les esprits les plus prevenus. Elle off re en outre, a mon a-vis, un interet tout parliculier par la pi-euve qu'elle nous donne que dans l'air il n'y a rien, en-dehors des poussieres, qui 168 COSMOS. soit unc condition de l'organisation. L'oxygene n'intervient que pourentretenir la vie des Otres founds par les germes. (iaz, fluides, electiicitc, magnetisme, ozone, Glioses connnes ou choses occultes, il n'y a quoi que ce soil dans Fair, hormis les germes qu'il char- rie, qui soit une condition de la vie. Je vais etudierd'autres liqueurs, la production d'autres plantes etd'autres infusoires. J'esperc arriver, en outre, a pouvoir suivre directement les rapports de la graine au vegetal, del'oeuf a I'ani- mal, dans plusieurs circonslances particulieres. » kLa Connaissanec des lemgts et V Aminuaire da iusrenu <5e.« IcngUoides. Nous croyons devoir publier le texte meme de la reclamation de M. Le Verrier. «.L'ona decouvert en 18i6 une tres-grosse pla- nete, a laquelle on a donne le nom de Neptune. Ayant besoin d'observer cette planete, un astronome s'adresse a la Connais- sance des temps, a l'usage des astronomes (e'est son litre); il la feuilletle depuis la premiere jusqu'a la derniere page, et ne par- vient a y decouvrir aucune trace, aucune mention quelconque de Neptune. Recourant alors a VAnnuaire du bureau, il s'est vu heureux d'y trouver les elements de l'orbite de la planete. Avec la position qui en resulte, il tourne sa lunette vers le ciel; inais alors une autre deception l'atlend. Apres de longues rcchercbes dans les endroils do la place indiquee, il ne trouve point Nep- tune. Que fa ire alors? S'il n'a point perdu patience ou s~il par- vient a se procurer l'une des ephemerides publiees a l'etranger, il reconnait que dans VAnnuaire ia position de Neptune estfausse de plus de 100 degres. En sorte que des deux volumes officiels, l'un passe Neptune sous silence, l'aulre le place a l'opposite du lieu qu'il occupe dans le ciel... Conclusion. — La Connaissancc des temps n'est plus d'aucune utilite aux astronomes. Unc rcforme profonde qui la releve de son inferior. te vis-a-vis des epbemerides etrangcres est urgente. )> Imprimerie de W. Kemquet et Ci«, A. THAMiiLAY , rue Garanciere, 5. proprietan e-^,erf.nt COSMOS. 163 NOUVELLES DE LA SEMAINE. M. Airy appellc l'attention des astronomes sur ies oppositions de Mars des 17 juillet 1860 et 5 octobre 1862 , dont il regards l'observation comme le meilleur moyen de determiner la paral- laxe de Mars, et par consequent celle du soleil, ou la distance du soleil a la terre. La methode nouvelle , proposee a M. Airy, con- siste a observer la planete a Test et a l'ouest d'un observatoire. La base du triangle est alors egale au diametre du parallele de l'observatoire, et Tangle a mesurer sera, par exemple, pour Madras (latitude N. 13°) environ de kh"; tandis qu'en faisant concourir suivantl'ancienne melhode les observations meridiennes de deux observatoires, la base du triangle n'est plus que la distance des deux observatoires, et dans la meilleure combinaison possible (celle de Pulkowaavec le Cap de Bonne-Espcrance) , Tangle a me- surer ne serait encore que de 33". Un autre avantage inappre- ciable de la nouvelle methode consistc en ce que les observations sont faites par une meme personne, et avec un meme instrument, en sorte que cbaque observateur pourra fournir a lui seul une serie de donnees independantes et completes pour la determi- nation d'un des plus importants elements du systeme solaire. L'anne'e 1860 sera plus favorable pour San Iago et pour le Cap de Botme-Esperance, 1862 pour l'Europe et TAmjerique du Nord ; pour Madras, dont la latitude est petite, la difference sera pen sensible. II faudra repeter les observations tous les matins et tous les soirs pendant un mois, aussi exactement que possible a six hemes d'intervalle du meridien, comparer l'ascension droite des deux bords de Mars avec celle de deux etoiles, l'une ayant une deciiuaison plus petite, l'autre une declinaison plus grande que la planete , et se servir, autant qu'on pourra le faire, des memes etoiles. L'instrument necessaire serait un bon equatorial , avec un bon mouvement d'horlogerie, s'il est possible; un excellent moyen d'observalion serait la methode chronographique , en usage a Greenwich. En outre, on aura a se procurer une carte assez complete des constellations par ou la planete passera; M. Main en a prepare une qu'ou trouve jointe a la brochure de M. Airy. Les etoiles y ont ete inscrites d'apres les zones de M. Aignlander, sur lesfjuelles se base le catalogue de M. Oeltzen, public par l'Academie de Vienne. — Interroge par M. Faye sur la position probable deVulcain au Ncuvii''me anniie. - l. XVI. 17 fuvrier 1860. 7 170 COSMOS. 18 juillet prochain, jour de l'eclipse totale du soleil, M. Radau vepond que, dans l'hypo these dcs quatre durees de revolution proposees par lui, Vulcain pourra sc trouver lei 8 juillet prochain a L'une des places suivantes , sauf toulefois les indgaliles ou per- turbations du mouvement : Latitude gtfocentriquc -+- 1°,1 -+-0°,6 + 1°,2 — 1°,3 Longitude geocentrique 112,5 122 119 125,5 On aura pour le soleil, lors de l'eclipse , latitude, 0, longitude, 116° : pour Jupiter, latitude + 0,5, longitude, 12/t". Partantde ces donnees, on chercherail Vulcain dans une zone qui commence a 2U ou h diametres du soleil au sud de Jupiter, passe un peu a l'ouest de cette planete en remontant vers le soleil dont elle ap- proche jusqu'a une distance de 1 degre ou 2 diametres, etseter- mine a h° au nord-ouest du soleil. Dans une lettre ecrite de Montpellier en date du 29 Janvier dernier, notre honorable et savant correspondent, M. Roche, nous fait remarquer que la distance 0,17 assignee a la planete Vulcain par les premiers calculs de M. Le Verrier, et la revolu- tion de 25i,5, qui en est la consequence, serait en contradiction ou une exception a la loi invoquce par Laplace, sur la formation dcs planetes et des satellites. Dans cette hypolhese, en effet, tous les corps qui circulent autour d'un astre ayant ete formes par les zones que son atmosphere a successivement abandonnees, el par suite, meme de cet abandon , le mouvement de l'astre e'tant de- venu de plus en plus rapide, la durce de sa rotation doit elre plus petite que les durees des rotations des planetes ou des satel- lites dont l'astre a found la matiere, comme cela a lieu reelle- ment pour toutes les planetes solaires aujourd'hui connues. Cette meme loi conjocturale se trouve veiilice defait pour les satellites de toutes les planetes, avrc la seule exception des mysterieux anneaux tie Sahirne, dont une partie, ot en particulier l'anneau nebuleux, se trouve a une distance inferieure a celle a laquelle, dans rbypotbese de Laplace, les nebulosites generatrices au- raient du s'arrcter. Cetle exception , ajoute M. Roche, aurait-elle pourraison d'etre le fait deja entrevu ou mis en avant par quel- ques astronomes, que les ; nneaux se sont peu a peu conlracles en se rapprochanl tie SatUrne? S'il en est ainsi, cette conli-action et cerapprochemcni doivent-ils conlinuer, etfaudrait-il erpliquer ainsi l'apparition re"cente d'un nottve] anneaU interieur? Si le sys- teme a, au contraire, atleinl par lui-meme un etat d'equilibre de- finitif, le rapprochement esl-il nc des effets de resistance des mi- COSMOS. 171 lieux si completement analyses par M. Faye ? Le milieu resistant serait-il l'atmosphere de Saturne , primitivement etendue jus- qu'aux anneaux a l'e'poque de leur formation? Quoi qu'il en soit de ces difficulles, on doit presumer, jusqu'a preuve du contraire, que la duree de la rotation de Vulcain est superieure a la dure'e de la rotation du soleil. M. Roche aura vu avec plaisir que M. Radau a tenu compte de sa remarque fort juste, et que l'hypothese la plus probable assignee a Vulcain a une duree de rotation plus grande que celle du soleil. — MM. les docteurs Roubaud, Legrand du Saulle et Caffe, en re- ponse a l'invitation qu'ils avaientete charges, par la presse scien- tiflque, d'adresser a M. le docteur Lescarbault, ont recu de lui la lettre suivante : « Je recois avec un vif sentiment de reconnais- sance les te'moignages flatteurs que vous m'adressez ; je suis fort loin d'en etre digne; je ne suis pas un savant, comme vous pa- raissez le croire. L'offre honorable que vous me faites d'un ban- quet ne s'accorde guere avec les habitudes de ma vie simple et retiree; d'un autre cote, de parcilles offres m'arrivent de la part de nos confreres de Chartres et de filois, que j'ai refuse'es. Les de- voirs de notre profession ne me permettent pas des absences aussi reiterees, ne jouissant pas comme vous de la possibilite de me faire remplacer aupres de mes chers malades. Je vous prie done instamment de ne trouver aucun mal dans mon refus. » MM. les commissaires du banquet ajoutent : « Nous regrettons vi- vementque l'extreme modeslie de M. Lescarbault ne lui permette pas d'accepter l'hommage confraternel qui lui etait propose. En presence de ce refus, et nous opposant formellement a changer la destination des souscriptions arrive'es, jusqu'a ce jour, au chiffre de 219, nous prevenons que le montant des souscriptions sera rembourse sur la presentation des cartes d'admission. — La Sociele d'acclimatation a tenu vendredi dernier, 10 fe- vrier, sa srance publique annuelle. M. Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, president, a fait une tres-interessante histoire de la So- ciete, de ses succes, de ses entreprises, etc. Elle compte aujour- d'hui plusde deux mille membres, en tete desqucls figurent vingt souverains; dix-neuf socieles ou comites repandus dans toutes les regions du globe se sont aflilies a elle, lui donnent un carac- tere iniernalional , et lui permettent d'etendre partout son action humanitaire et civilisatrice. Dans l'annee qui vient de finir, elle a e"labli en Auvergne un grand dep6t d'animaux reproducteurs ; et elle a assez avance les travaux de son jardin d'acclimatation du 172 COSMOS. Lois dc Houlogne, pour qu'il puissc etrc ouvcrt au public dans les premiers jours de l'ete prochain ; M. Gcoffroy Saint-IIilaire a meme, aujourd'hui, comme ouvert a demi ses portes pour nous laisser entrevoir ce qu'il sera : lieu d'expdrimenlation ctd'etude, mais aussi lieu de promenade et de delassement ; utile sous une forme qui plaise, ou lriieux , pour le definir en deux mots , sanc- tionne' par la plus haute des approbations, fume pare. II sera pare quand il abondera en antilopes, gazelles, cerfs, alpacas, he- miones, especes dont les formes elegantes ou majestueuses atti- rent et captivent le regard. II sera utile, quand le yak ou boeuf a queue de cheval, le tapier des marais, deskangourous, etc., vi- vront a c6te" de compagnons vulgaires choisis parmi nos meil- leures races domestiques ; quand pres des pares s'eleveront des ecuries , des etables , -voire meme une porcherie. On a menage aux gallinacees non-seulement d'elegantes volieres, de'jft cons- truites sur les dessius de M. Davioud ; mais une vaste basse-cour avec ses couvoirs et toutes ses annexes. Dans les unes seront, avec les ornements babituels de nos faisanderies, de brillantes especes encore inconnues en France ; on elevera dans l'autre les principales races gallines et colombines, la pintade, trop negligee dans le nord de la France, et le dindon , si magniflque dans son pays natal. Sur les eaux du jardin, les elegantes sarcelles de la Chine et de la Caroline, les bernaches indigenes et etrangeres; le cygne blanc de l'Europe, le cygnc noir de l'Australie, le cygne demi-blanc, demi-noir de I'Amerique du Sud, auront pour com- mensaux, ddt leur majeste s'en Irouver humiliee, 1'humble ca- nard , le lourd et musque palmipede americain, qu'une vieille erreur fait croire barbaresque ; et cet oiscau auquel nous avons inflige a la fois une injure el un supplice, en meconnaissant ses instincts jusqu'a en faire le type de la stupidite, en le torturant jusqu'a ce que malade, et pres de mourir, il livre a la sensualile de nos gourmets son foie endolori et tumefie : art cruel, deja pratique dans l'antiquite; il est d'invenlion romaine! Est-ce le prix que les Romains devaient a la liberation du Capitole? Aux e"tables, aux volieres, s'ajoute des a present un vaste aquarium, ou cbacun pourra penetrer les mysteres dc la vie sous- marine; il aura pour complement des bassins et des appareils de piscicul- ture et d'biiudiculUire, deux arts nouveaux, si importants, Tun pour l'aliinentation de rbomme, l'autre pour la therapeutique. Des ruches et une magnanerie seront attributes a la classe indus- trieuse des ins^ctes. La Sociele possede des aujourd'hui des es- COSMOS. 173 peces indiennes ct chinoises de vers a soie, vivant sur le ricin, le cheneet Failante; les donner, etpour toujours, a l'Europe, est une de ses espdrances. Quelques parties de l'elablissementseront consacrees a la culture des plantes economiques, industrielles et medicinales; le reste sera un de ces jardins comine sail en faire M. Barillet-Deschamps. « Des paroles, les miennes, du moins, dit en terminant M. Geoffroy Saint-Hilaire, ne sauraient suffire, et si notre jardin etait assez depourvu de charmes pour que je puisse d'ici vous le faire assez connaitre, il serait manque II va s'ouvrir, vous jugerez. » M. Drouyn del'IIuys, vice-president, a donne lecture d'une etude savante et pleine de faits curieux sur les jardins et les eta- blissements zoologiques dans l'antiquite et au moyen age. M. Au- guste Dumeril a pre'sente le coinpte rendu des travaux de la So- ciele en 1859. M. le baron Seguier, charge de rappeler le grand fait de l'importation au Bresil d'un Iroupeau de dromadaires et de cbameaux, a expose en quelques mots pleinsd'interet l'ulilite de ces pre'cieux solipedcs, soit dans la guerre, soit dans la paix. La seance s'est terminee par la lecture du rapport de M. le comte d'fipremesnil, au nom de la commission des recompenses. Une grande medaille d'or, exceplionnelle, a ete decernee a M. de Mon- ligny, consul general de France en Chine, ancien ministre pleni- potentiaire a Siam, pour ses innombrables envois. Des medailles de premiere classe ont ete donnees, a M. Ledger, pour l'introduc- tion, en Australie, de l'alpaca et du lama; a lord Hill, introduc- teur en Angleterre de l'antilope-conna; a M. Le Prestre, qui a ob- tenu de grands succes dans l'acclimatation des kangourous ; a M. Desmeure, direcleur de retablissement de M. le prince Demi- doff, a qui Ton doit la premiere reproduction, en captivite, de fautruche d'Afrique; a MM. Ailhammer, Hoeffely, Jacquesson. Chavannes, Rene Caillaud, Cuerin-Menneville, Michely, Andre Leroy, Jacquemard , Delislc, Daudin. Des medailles de seconde classe se rattachent aux noms de MM. Vogeli , Pichon, Joyeux, officier de l'armee d'Afrique, qui a domestique l'oularde-nour- bara, Lelong, Chrechguerault, Anjubeau, Mme de Puiberneau, le comte de Lamothe-Barace, Kauffmann, Mllc de Susini. Des men- tions honorables enfin recompensent les efforts de MM. le baron Anco, Teyssier des Farges, Ramel, Pelit-Huguenin, Perrin, Ba- riot, Churchilley, Lemoussu, Reveil, Berj , Koachlin-Schouch, de MUe Ortoli, de Mnw! la comtesseCorsideBanasco, dc MM. Philippe, le baron de Luitjens, Re*au, Giot. m COSMOS. Fails de science. Causes de la fusion. — Lois qui regissent et permettent, en gene- mi, de prevoir la fusibilite comparee des differents composes mineraux quand on connait celles de lews elements, par M. Edouard Robin. — (Suite.) Quelques mots maintenant sur la marchc suivie par la fusibi- lite dans les cas ou les termes de fusion des elements immediats qui constituent les composes ofFrcnt un dcart insuffisant pour determiner l'abaissement du point de fusion. Outre qu'alors 1'abaissement n'a pas lieu, les composes sont gendralement moins fusibles qne lenr clement immediatle moins fusible. La difference est faible ou memo nulle, quand cet element a une fusibilite voi- sine de la limite ou l'ecart des fusibililes deviendrait capable de produire l'abaissement du point de fusion. Ailleurs, elle est bien prononce'e, et elle croit beaucoup avec l'intimile des combinai- sons. K.rcmple. Los oxydes du cuivre, du fer, du nickel, du cobalt, jndtaux voisins de la limite pour la classe des oxydes (voir plus haut ce qui la concerne), ont une fusibilite pcu differcntc de ceKe de leur radical (le metal ). Au contraire, les oxydes reels de cadmium, CdO, de zinc, ZnO, d'elain, SlO2, de barium, BaO, de strontium, SrO, de calcium, CaO, etc., dont les me'laux sont beaucoup au-dessous de cetle limite, ont une fusibilite si differente de celle de leur metal qu'ils •leviennent infusiblcs a la forge, tandis que le metal est tres- fusible. Le plomb, le bismutb, montrent l'influence du degre d'intimite des combinaisons. Bien que tres-fusibles aussi, ces metaux demi- lourds et a equivalents tres-lourds, qu'on peul regarder commc faisant avec l'oxygene combinaison moins intime que les prece'- ileuts, nont plus qu'un oxyde reel (PbO-Bi203) fusible du rouge- brun au rouge-cerise, et le moins fusible des deux oxydes est cchii du radical le moins lourd, le bismutb. Quelle que soit la difference entre les termes de fusion des composes et celui de leur radical, la marche de la fusibilite dans les combinaisons que les regies montrent compatibles, est alors fa; ile a determiner et remarquable : elle reste tres-sensiblement la mime que celle des radicaux. Exemple. Les oxydes reels, HgO, KO, NaO, LiO, des metaux fusibles au-dessous de 200 degres (mercure, potassium, sodium, COSMOS. IT.", lithium) fondent vers Ie rouge-cerise. L'oxyde reel du plus fusible d'entre eux, le mercure, serait probablement aussi le plus facile a fondre, s'il n'elait pas decomposable avant fusion. En tout cas, les oxydes du sodium, metal moins fusible que le potassium, sont moins fusibles que ceux du potassium. L'acide antimonieuxetles oxydes reels des metaux assez legers et fusibles au-dessus de 200 degres, savoir : les oxydes terreux a metal fusible au feu de forge (A1203, Gl203), puis, comme nous venons de le voir, les protoxydes alcalino-terreux (BaO, SrO. CaO, MgO), les oxydes reels d'etain StO\ de cadmium, dezinc et' de silicium ne fondent plus a la forge. Le phosphore, moins fusible que 1'azote, donne l'acide phos- pborique, PhO5 moins fusible que l'acide azotique, AzO5. L'iode, moins fusible que le cblore, donne l'acide periodique, JO7, moins fusible que l'acide percblorique, CIO7. Et il en est de meme pour les oxacides correspondents de chaque famille des metalloi'des. Parmi les chlorures metalliques moins fusibles que leur radi- cal, le bichlorure de mercure HygCl, qui correspond aux proto- chlorures et possede le metal le plus fusible, est aussi le plus fusible des chlorures de sa formule. Les proto- chlorures corres- pondants (RC1) des metaux alcalins (potassium, sodium, li- thium), ceux de Main et du cadmium, metaux qui tous fondent au-dessous de 300 degres, sont fusibles du rouge nai sant au rouge-cerise. Les proto-chlorures des metaux alcalino- erreux, dont les radicaux sont moins fusibles que les precedents et n'entrenten fusion que du rouge sombre au rouge-cerise, fondent seulement vers le rouge-blanc, etc. Du reste, que le point de fusion s'eleve ou s'abaisse, on ob- serve constamment entre la fusibilite et le poids speciflque le rapport que j'avais signale en 1842, et qui se trouve expose au commencement de cette analyse. On prevoirait done les aulres particularites de fusion, en considerant d'une part que, toutes choses egales, plus est faible le poids de l'equivalent du radical, plus le fondant predomine; d'autre part, que pour chaque radi- cal et un meme metalloide, comme aussi que, pour les composes correspondants de corps analogues, la fusibilite augmente a me- sure que le poids specifique diminue. Le fait n'a rien de tres-remarquable quand on compare les chlorures aux bromures, aux iodures; lesbromures aux iodures, puisque si, pour chaque radical, les plus fusibles sont les plus legers, ils sont aussi generalement ceux qui presentent les ele- 176 COSMOS. merits les plus legers. L'dtroite liaison entre la fusibilite et le poids specifiqne se montre bien mieux quand on compare les oxydes aux sulfurcs, aux chloroidures, etc. Toujours , a moins que les differences dans les poids des elements nc soient considerables et supericurcs a k on 5, une fusibilite notablement plus grande s'accompagne d'une plus faible densite. Le soufre a un poids specifiqne qui egale deux fois celui de l'eau, l'oxygene est beaucoup plus leger que ce liquide; eh bien, tous ceux des sulfures qui fondcnt avec plus de facilite que Ips oxydes correspondants sont plus legers a volume egal. Quelques composes en are ont a peu pres la meioe fusibilite que les oxydes correspondants (ceux des trois premiers metaux alcalins, par exemple) ; ils ont a peu pres la merae densite tjtie ces oxydes. Abstraction faite de ces composes, Tout chlorure non gazeux , plus fusible qu'nn oxyde, est plus- leger que lui, et la difference est d'autant plus grande que la fu- sibilite est plus inegale. II y a plus, tout chlorure non gazeux qui, suivant ce qu'on observe en general, est plus fusible que le sulfure correspondant, est aussi plus leger. Bien que le rapport entre la fusibilite et le poids specifique soit d'un tres-grand secours pour faire pre'voir la fusibilite compare'e des corps non fondus, la science doit regretter de n'avoir pas le point de fusion de ceux qui se de'composent avant de fondre. Cette lacune ne semble pas impossible a combler. Ce qu'on a fait pour le carbonate de chaux montre que les composes mineraux, binaires ou salins, decomposables avant fusion, pourraient, la plupart, etre fondus, si on les chauffait dans une atmosphere condense'e de celui de lcurs elements que la decomposition rend libre et gazeux. Les oxydes, par exemple, seraient chauffes dans une atmosphere d'oxygene tres-condense". Par cette methode , la temperature de decomposition se trouverait retarded de facon que, dans la plupart des cas, la fusion la precederait. Cause des regies. II ne sufiit pas que les regies so'ient Texpression syntlietiquc des faits, qu'elles permettent de les prevoir; il est utile de re- monter a lcur cause. J'ai cherche a le faire, et celle que j'ai trouvee m'a paru simple. Commc on est port'i a le pcnser, quand on considere les com- COSMOS. 177 binaisons peu intiines et celles des combinaisons intimes dont les elements different beaucoup par leur fusibilite, un fait gene- ral se presente dans loute corabinaison, intime ou non : toujours 1'element imme'diat le plus fusible tend a produire l'abaissement du point de fusion relativemcnt a celui de 1'element immediat le moins fusible, son efficacite est, toutes cboses egales, d'autant plus grande que sa fusibilile est plus prononcee relativement a celle de l'autre element immediat. Dans l'union du calorique avec les corps ponderables, cc re- sultat est inevitable; pour l'atteindre, au conlraire, les autres corps ont besoin d'etre aides plus ou moins par ce fluide, etla quantite de calorique eliminee dans eerlaines combinaisons peut devenir un obstacle a sa realisation. Les combinaisons sont-elles peu intimes , elles degagcnt peu ou point de cbaleur, elles peuvent meme en absorber; l'abaisse- mcnt, pour elles, est si facilement produit que, comme on l'a vu, il se montre general D'ailleurs 1'element immediat le plus fusible tend alors a fondre comme s'il etait seul ct a entrainer dans sa fusion celui auquel il adbere. Les combinaisons sont-elles tres-intimes et presenlent-elles une grande difference dans la fusibilite de leurs elements imme- diats; l'abaissement du point de fusion est encore facilement pro- duit, parce qu'il est assez fortement sollicite par 1'element de beaucoup le plus fusible pour compenser la diminution d'effet caus.ee par la perte de calorique. Quand, au contraire, la difference de fusibilite entre les ele- ments immediats des combinaisons tres-intimes est trop faible, la cause d'abaissement due a la presence de 1'element le plus fusible ne suffit plus pour compenser la cause d'elevalion prove- nant de la deperdition de calorique effectucc dans la corabinai- son intime; par suiic, ou l'abaisseraemcnt dn point de fusion n'a pas lieu, ou meme il estremplace par une elevation sans doute proporlionnelle a la quantite de calorique eliminee. Telle serait la cause pour laquelle l'elevation du point de fusion est, en ge- neral, d'autant plus considerable que la combinaison est plus intime. Quoi qu'il en soit de ces causes, les fails nombreux generalises dans le Memoire dont je viens d'exposer l'analyse font voir qu'il existe evidemment une relation entre la fusibilite des composes et celle des elements; ces faits peuvent des lors concourir a mon- trer comment, meme pour les combinaisons les plus intimes, les 178 COSMOS. propricte's physiques des elements apparaissent souveot encore dans celles dos composes. Quand on aura lieu de penser qu'un corps repute simple rdsulte de l'union de certains elements, mes regies donneront un nou- veau moyen d'eclairer la question : on verra si, conforme'ment a ce qu'elles indiqucnt, la fusibilite de ce corps est celle que les elements presumes auraient ete capables de fairc naitre. Enfin, permellant de prevoir la fusibilite comparee des com- poses a decouvrir comme celle des composes actuellement con- nus, les regies nouvelles pcuvent souvent dinger l'expeiimenta- teur. Dans la division des corps simples infusibles a la forge, de nouveaux oxydes, par exemple, auraient quant a la fusibilite les earacleres suivants : moins eleves que ceux du radical, ils seraient moins fusiblcs que lui ; plus eleves, ils seraient plus fusiblea quand les oxydes connus ne fondent pas a la forge, moins fusiblcs quand le dernier est liquide ou gazeux. Telle proportion d'oxy- gene relative a celle du radical les rendrait fusibles au rouge (1) ;. telle autre, plus grande, les feraitentrer enfusion aux temperatures ordinaires et par consequent les rendrait liquides; telle autre plus grande encore, les rendant fusiblcs au-dessous des temperatures ordinaires, pourrait lesconvertir en corps gazeux a ces tempera- tures. Toutes cboses egales, plus 1'equivalent des radicaux serait leger, plus aussi l'oxydation les amenerait promptement a Fetat liquide ou meme a Petal gazeux. Qu'on decouvre de nouveaux corps simples , notablement moins fusibles que le manganese, ils auront des oxydes dont la fusibilite augmentera graduellemenl avee le degre d'oxydation jusqu'a ce qu'on arrive a produire des oxydes aisdment fusibles, peut-' l'eclipse du 18 juillet prochain. II s'agissail : 1° D'observer ocu- lairemcnt et micrometriquement a 1'cquatorial de 25 centimetres d'ouvertiire les empietements succcssii's de l'ombre lerrestre sur le disque lunaire; 2°de prendre soit a la grande lunette de 75 cen- timetres d'ouverture, soit avec des objeclil's plus pelits, des pho- tographies des diverses phases de l'eclipse; 3° d'enregistrer elec- triquement, par des instruments speciaux de MM. Baudouin et Digney, les instants precis des diverses observations. Blesse a la tete dans la soiree par la chute d'une des solives du dome de l'equatorial, M. Porro n'a pu ni achever de regler le mouvement d'horlogerie qui devait faire suivre a la plaque sen- sible le deplacement des astres dans leur mouvement diurne, ni prendre les mesures micrometriques qu'il desirait obtenir; le programme de la soiree a ete par la m^megrandemcntamoindri; la photographie, cependant, a joue son r61e, et dans des condi- tions qui prouvent une fois de plus les services considerables qu'elle peut rendre a l'astronomie. On avait dispose pour les essais photographiques la lunette gigantesque, une lunette de 25 centimetres, un appareil daguerrien a objectif stenallatique, de 18 centimetres d'ouverture. La grande lunette, malgre sa Ion- gue distance focale de 1 5 metres, a donne des images tres-intenses sur plaques collodionees, dans des temps de pose qui ont varie de trois a six secondes depuis le commencement de l'dclipse jusqu'a sa plus grande obscurite; mais, parce que la plaque ne suivail pas la lune dans son deplacement d'un millimetre par se- conde, les images sont superposees. La lunette de 25 centimetres a donne aussi des images tres-intenses en une seconde et demie vers le commencement, en quatre secondes vers le maximum de l'eclipse. L'objectif stenallatique de 18 centimetres a donne de bonnes images de la lune et des etoiles voisines, dans un rayon de 7 a 8 degre's, par un temps de pose moindre qu'une seconde, e'est-a-dire presque instantanement. C'estla un fait capital pour lequel nous nous empressons de prendre date, parce qu'il est im- possible qu'on ne Fulilise pas sur une large echelle dans la deter- mination astronomiquc des longitudes, et l'entree en possession de donne"es propres au perfectionnement de la theorie de la lune et la verification des tables lunaires. Nos lecteurs se rappellc- ront, en effet, que sur les negatifs photographiques pris le 15 mars 1858, pendant l'eclipse solaire,ona pu, en s'aidant d'un appareil mioroscopique construit specialement dans ce but, prendre des 182 COSMOS. mesures de distance des pointes des croissants et des centres dont M. Faye, aprcs une verification rigoureuso, a pu dire qu'elles etaient cent fois plus exactes que les mesures micrometriques prises a l'oculaire des lunettes astronomiques. La meine exacti- tude se retrouvera evidemment dans les mesures de distances de la lune aux etoiles prises sur les images photographiques dont il est ici question; et comme on pourra, dans la pratique, faireque ces images se succedent a des intervallesde temps aussi rappro- ches qu'on voudra, on obtiendra infailliblement des valeurs moyennes aussi peu diflerentes de la distance reelle qu'on pourra le desirer. M. Porro s'empresse de reconnaltre que le succes de la soiree photograpbique du7 fevrier est du, en tres-grande partie, al'ha- bilete de M. Dr Gastaldi, pbotographe amateur tres-distingue, qui a su preparer pour la circonslance un collodion d'une sensibilite exquise. Aide des neveux de M. Porro, M. Gastaldi a pris lui- m£me toutes les images et, grace a lui, une nuit de travail qu'un accident imprevu menacaitde rendre sterile, a donne au contraire des resultats inattendus. Sur une image obtenue dans les essais de la soiree precedente, par le meme procede,on distingue avecune simple loupe la lune, Jupiter et l'un des satellites. La rondeur parfaile du disque de Jupiter prouve que l'image a ete obtenue instanlanement, ce que Ton savait d'ailleurs; ce disque est en- toure d'une aureole due aux vapeurs atmospberiques ; toute faible qu'elle est, cette aureole a done assez de pouvoir pbotogenique pour impressionner, dans un instant presque indivisible, le collo- dion de M. Gastaldi; e'est une voie nouvelle ouverte a l'etudedes couronnes, desbalos, etc, etc., dont il est si difficile de mesu- rer le diametre par des moyens astronomiques. F. Moigno. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du Jimd* 13 fevrier I860. M. Becquerel lit une suite a ses experiences sur la temperature relative de l'air du sol et de l'interieur des vegetaux. Le fait prin- cipal, confirme par ses nouvelles mesures prises avec le tberino- metre electrique, dont M. Becquerel tire un si bon parti, est que 'a temperature des arbres est toujours inferieure de plusieurs de- gres k celle de l'air et du sol. Dans le nouveau Memoire que M. Becquerel a presente a l'A- COSMOS. 183 cademie des sciences, dans sa derniere seance, surla temperature des vegetaux, il s'est attache particulierement a elablir les rap- ports existant enlre la temperature de l'air et celle des vegetaux ct des parties du sol ou se trouvent leurs racines. Son but, en cherchant ce rapport, a ele de trouver les causes qui intervien- nent, en hiver, ^uand la temperature de l'air descend au-dessous de zero, pour retarder le refroidissemenl des arbres, abstraction faite de leur pouvoir conducteur. Deux causes seulement peu- vent etre invoquees : 1° la chaleur degagee dans les reactions cbimiques qui ont lieu dans les tissus des vegetaux ; 2° la tempera- ture un peu plus eleve'e que celle de l'air des regions du sol ou les racines vont chercher les liquides qui doivent constiluer la seve et partagent naturellement leur temperature. La premiere cause ne peut etre encore appreciee ; mais il n'en est pas de meme de la seconde, dont l'influence ne saurait etre mise en doute, surtout quand les vegetaux sont pourvus de leurs feuilles. Le seul moyen de resoudre celte question, quant a cette influence, etait d'eva- luer la temperature du sol jusqu'a 1"\50 de profondeur, la ou se trouvent les racines des arbres de premiere grandeur. Ott, a Zu- rich ; Leslie, a Leilh, pres d'Edimbourg; Pictet et Maurice, a Geneve; M. Quetelet, a Bruxelles, etc., etc., ont cherche la tem- perature du sol a differentes profondeurs; mais les resultats ob- tenus par M. Quetelet ont cet avantage sur les observations re- cueillies par les autres meteorologistes, qu'ils sont corriges des erreurs provenant des differences de temperature entre le reser- voir et les tiges des thermomelres places en terre. M. Becquerel, apres avoir discute ces observations, a expose les recherches qu'il a faites avec le thermomelre electrique, dont les indications de temperature sont tres precises et n'exigent au- cune correction ; il a constate que, pendant le grand froid du mois de decembre dernier, au moment ou la temperature des arbres a e'prouve' de grandes anomalies, la temperature du sol, a lm,25, a e'te en moyenne de 3 degres environ. Cette temperature a du in- fluer sur celle des arbres et retarder teur refroidissement ; mais comme le mouvement ascensionnel de la seve ne pouvait avoir lieu en hiver, il a attribue a un effet d'endosmose le deplacement du liquide, qui a du se produire par la difference de densite existant entre les liquides des parties inferieures des arbres et les liquides des parties superieures, d'ou resulte rechauffement de ces dernieres. M. Becquerel a resume comme il suit les consequences qu'il 18/i COSMOS. a une atmosphere quand l'eau se retire au-dessous de cette surface. De meme la pression moleculaire a sa base de l'appaieil est A.2 — xt. Cela pose je prouve que le liquide est chasse de has en haut par une force ascensionnelle F representee par le poids d'une hauteur d'eau egale a r — xt — />,, de sortc que Ton a F = .r — ,r., — h. En discutant celle formule on va diicouvrir toule lespropriete's de l'appareil factice et expliquer la plupart des experiences faites sur les vegelaux. I. La valeur de F est independante de l'epaisseur des plaques a et <7., qui terminent le cylindre et aussi de leur e'tendue, on 218 COSMOS. pourra done remplaccr ces plaques par une couclie extrememcnl: mince, e'est-a-dire par un epidemic analogue a celui qui couvrc les feuilles et les racines des planlcs. On pourra aussi leur donner une ctendue ct une forme quelconque; cela changera la quantity d'eau evapore'e ct absorbee, niais non la force ascensionnelle. Cette observation raincne l'appareil factice aux conditions de forme et de structure des vegetaux. II. La formule est encore inddpendante du milieu moyen a{; des lors ce milieu pourra n'etre point ho mogene comme nous l'avons suppose, il pourra varier d'unc maniere quelconque, depuis l'epi- derme des feuilles jusqu'a la surface des racines, sans que la force ascensionnelle change. Gonsequemment, la formule etablie pour un cas Ires-simple, s'applique aux arbres malgre leur complica- tion. Cette inde'pendance est limitee par une equation de condition ; en effet , si l'epiderme superieur n'existait point, l'eau s'eleverait dans le corps poreux moyen jusqu'a une hauteur ht = xi — xi et, si on faisait le vide au-dessus jusqu'a h%=xA —x 2+II. Par conse- quent, lorsque l'epiderme existera, il faudra qu'il soit a une hau- teur totale h moindre que h*, ou au plus egale a A.2, sans quoile liquide ne pourrait arriver ni se maintenir jusqu'a son niveau. Supposons maintenant qu'un vegetal ait une elevation h comprise entre /t, et h ., , il pourra fonctionner, et si on le coupe par le bas, l'eau continuera d'etre maintenuc dans rintcrieur ; mais si on tranche le sommet, elle s'abaissera jusqu'au niveau xx — x* ct s'ecoulera en grande quantitc. C'est precisement la celebre expe- rience que fit M. Gaudichaud sur une lianc tres-elevee. On voit a quelles conditions cette experience peut reussir. III. La surface inferieure etant plongee dans un sol humidc, tendra a lui prendre de l'eau; x% diminuera et deviendra nulle a la limite. La force ascensionnelle augmentera done par l'efletdes racines; elle sera d'autant plus grande que le sol conliendra plus d'eau ; elle aura pour limite x — h. IV. Si l'air est sec, l'eau s'evaporera au sommet ; la surface se dessechera ; x tendra vers son maximum M, et sa force ascen- sionnelle vers sa plus grande valeur M — h. Consequemment, Tac- tion des racines et celle des feuilles concourcnt a augmenter la force ascensionnelle qui est d'autant plus grande que Fair est plus sec et le sol plus humide. Ces faits sont connus depuis longtemps. V. Lorsque l'air sera salure, l'evaporation n'aura pas lieu ; x prendra une valeur determinee x = h +xt; la force F devien- COSMOS. 219 dra nulle, l'equilibre existera ct il n'y aura plus aucun mouve- ment de l'eau. C'est ce que Hales a constate. VI. Eufin, si les feuilles sont humecteesparlapluieoularosee, x deviendra mil et F sera negatif (F= - .r, — /<), l'eau devra done rentrer dans le sol, d'autant plus abondamment que celui- ci sera plus sec ou x% plus voisin de son maximum. Mais ce mouvement retrograde sera presque nul si le sol est humide ou si j-.,= 0. Cela explique les experiences anciennes de Hales, Miller, Guettard, Bonnet, etc., et n'est point en contradiction avec les resultats recemment annonces par M. Duchartre. VII. La formulc h, = x1 — jr., + 11, exprime la plus grande hauteur a laquelle un arbre peut s'elcver : elle est variable avec le degre d'humidite du sol ; s'il est salure, b%y=xl + H, elle peut etre plus grande que la hauteur almospherique II ; s'il est sec, a\, croit jusqu'a sa valeur maximum et h% diminue. Une meme espece d'arbre s'elevera done plus haut dans les terrains bien imbibes que dans les sols desseches. Les parties de la tige ou se trouvent de larges tubes peuvent etre assimilees a des corps po- reux tres-peu denses pour lesquels j', est tres-petit, par conse- quent, l'eau ne pourra s'elever dans ces tubes jusqu'a une grande hauteur, ce que je developpe dansmon memoire; ils seront done rempiis d'air ou s'ils recoivent du liquide par le haut, il ne pourra que descendre. VIII. Si Ton plonge la surface absorbante , e'est-a-dire les ra- pines" dans un vase ferine et rempli d'eau, 032 sera nul, et pen- dant que l'eau sera absorbee, la pressiou dimmuera dans le vase d'une quantite y, jusqu'a ce que la force ascensionnelle devenue F — y soit nulle. On aura, Y — y = x — h — y = o. Hales a, en effet, trouve que les racines d'un pommier scellecs dans un lube plein d'eau, y occasionnaient une diminution de pvession e'gale a 9 pouces de mercure. IX. Supposons qu'apres avoir perce un trou dans le tronc d'un arbre, on le metlc en communication avec un reservoir plein d'eau. Les parois de cetrou deviendront une surface absorbante, et si Ton designe par h , leur hauteur au-dessus du sol, elles de- lermineront une force ascensionnelle F' == x — h-\- h t qui sera plus grande que la force ascensionnelle normaleF= x — x« — h. J/eau s'elevera done par ce trou jusqu'aux feuilles, et si die est coloree, elle teindra le tissu ligneux. C'est l'experience primitive de M. Boucherie. X. Un manometre plein d'eau place dans ce trou indiquera 220 COSMOS. une diminution y de prcssion qui restcra constante lorsque la force F' — y sera devenue egale a F, ou lorsque y sera egal a k , +xv Cela est eonfinne par l'cxpdricnce directc. \f. Lorsqu'on coupera une branche a un niveau h, et qu'on la scellera dans un vase plein d'eau muni d'un manometre, clle aura une force ascensionnelle F' = x — /t-f-/t,; l'eau sera ab- sorbed, puis c'vaporee; il se fera done un vide partiel, et le mer- enre montera dans lc manometre d'une quantite y, jusqu'a ce que F' — y=0. On sait que Hales fit cetle experience, et qu'il vit le mercure monter de plusicurs pouces, soit qu'il mit la branclie dans sa direction normale, soit qu'il la retournat. XII. Toutes les fois que Ton coupera une brancbe sur un ve- getal, ou qu'on fera une blessure sur le tronc, et qu'ensuite on laissera la plaie exposed a Fair, la force ascensionnelle, a partir de ce point jusqu'au sommet, sera F' ~x — x, — h + h v Elle de- vra etre egale a la force ascensionnelle normale F=x— oc.2 — h, et par suite , on devra avoir xl=hl + sr2; ce qui prouve que la plaie sera d'autant plus pres d'etre seche, que ht sera plus eleve; mais jamais elle ne pourra donncr lieu h un ecoulement conlinu de liquide. Pendant Fete cette consequence est exacte, mais tout lemonde sait qu'avant le developpement des feuilles, la vigne et d'autres vegelaux pleurent. Ce phenomene, qui ne rentre pas dans la tbe'o- rie que j'expose, fera l'objet d'une procbaine communication. » — M. Giraud-Teulon lit le resume d'un memoirc ayant pour titre : Influences sur la fonclion visuelle de Vusage binoculaire des verres de lunette (concaves dans la myopie, convexes dans la presbylie) et de leurs rayons prismatiques. Grace a l'obligeance de 1'auteur, nous avons ce resume sous les yeux, et nous regret- tons vivement de ne pouvoir pas le publier aujourd'bui. — M. Andral presente la seconde edition du second volume du Grand Traite de physiologic de M. Longet, traite qui n'est pas seulement l'expression fldele et intelligentedela science actuelle, mais qui contient en outre un grand nombre de rechercbes tout a fait originales. Par un exces de delicatesse, et dans la crainte de gener, dit-on, certaines combinaisons d'interieur, M. Longet avait donne la semaine derniere sa demission de professeur de phy- siologie a la Faculte de medecine de Paris ; mais, et e'est une nouvelle grandement consolante, la Faculte et Son Excellence le ministre de Finstruction publique ont formellement refuse d'ac- cepter la demission donnde. COSMOS, 221 VARlMS. Figures des eometes et acceleration de leurs mouYemcnts. Lettre 3 NOUVELLES DE LA MAINE. Nos excursions industrleiles des semaines qui vicnuent de s'ecouler nous ont fourhl des renseignements precicux que nous nous empressons de transmeltre aux lecteurs du Cosmos. Nous tenons, on le salt, a avoir les premices de toutes les nouyelies decouvertes, et la leclure des autrcs journaux nous prouve , a notre grande satisfaction, que nous sommes en effetbien en avaut du progres. Nous avons d'abord retrouve M. Testud de Beauregard avec sa yapeur sphenoidale ou surchauflee qui nous a tant occupe et pre- occupe autrefois, a laquelle nous avons preditunbrillant avenir, mais qui, a notre grand regret, s'etail connnc eclipsee. L'eclipse a ete longue, elle a dure pres de six ans; notre ami, cependant. n'elait pas mort , loin de la , il dormait et pour se reveiller plein d'.une ardeur nouvelle. Nous l'avons revu installe dans un niagni- fique atelier et pourvu surabondamment de loutes les ressour.ces qui assurent le succes defmitif d'une induslrie e'minemmcnt bonne en elle-meme. Le genera teur a vapeur surchauffec de M. Testud de Beauregard n'estpas un serpentiu comme ceux de MM. Belleville et Isoard, c'est uh'e simple chaudierc ou plutot une marmite en fonte, en fer forge, en tole d'une certaine epaisseur. A l'aide d'une pompe appelee pompe a equation et donlle jeu, touiours identique, est regie par la cbute progressive d'un poids determine, on i'aitentrer dans la marmite et tomber sur son fond maintenu a une tempe- rature tres-elevee, de 500 a 1000 degre's et plus, la quantite d'eau qui doit s'evaporer presque instantanement. Ce qui avait arrete tout court M. Testud de Beauregard dans les nombreux essais dont nous avons rendu compte, c'est que la cTialeui* brusquement en- levee par l'eau, dans sa vaporisation au fond de la maraiile, la deformait, disloquait tous ses joints, la mettait bors de service au bout d'un asscz petit nombre d'beures ou de jours. Ri-'solu Iheori- quement et de la maniere la plus complete, au point de vue de la quantite de vapeur produite , de la regularite absolue avec laquelle cetle vapeur etait produile , de sa puissance mecanlque ou de reffet utile qu'elle devait engendrer, ie probleme important des moleurs a vapeur surchauffec ou spiieroldale manquait encore , dans cette premiere phase, d'une solution pratique el durable. Celte solution pratique et durable eiait cependant bien simple, mais il fallait la trouvcr, et rien nechappe plus longtemps a la Keuvftme annie. — 1. MI, 9 mars H60. 10 254 COSMOS. vue que la simplicity. M. Testud de Beauregard a iini enfin par se dire que si, apres avoir etame a l'inle'rieuret a l'exterieur le fond de sa marmite avec de I'dtain, il faisait plonger son fond dans un bain d'etain , d'une part il n'y aurait presque aucun retard dans la transmission de la chaleur, de l'autre, ce ne serait plus an for, mais a l'etain fluide, lequel, evidemment, n'a rien a souffrir des changemenls de forme causes par la soustraclion subite du calo- rique, que serait empruntee la chaleur necessaire a la vaporisa- tion instantanee de l'eau, et par la memo la marmite ne serait plus compromise, elle durerait presque indefiniment. Tentee d'a- bord elexperimentee pendant deux longuesannees a Saint-Elienne eta Lyon, cette modification capitale a parfaitement reussi. Nous avons vu de nos yeux une marmite qui, pendant deux ans, a donne des quantites enormes de vapeur, sans avoir absolument rien perdu de sa substance, a ce point, qu'on se croirail presque en droit de remplacer le for forge tres-epais par une tole mince de fer. Dans l'atelier que nous avons visite , deux gdnerateurs a bains d'etain mettent en mouvement deux machines a vapeur, l'une de trois a quatrechevaux, systeme Giffard et Flaud, a mouvements tres-rapides , l'autre de vingt chevaux , avec cylindre oscillant, a mouvements lents, systeme Kientzy : tous deux ont donne tout ce qu'on pouvait attendre , c'est-a-dire qu'ils n'ont rien laisse a de- sirer; la quantite de vapeur foui'nie, au double point de vue de l'abondance et de la regularity , a non-sculementsalisfait, mais surpris les ingenieurs tres-competents qui assistaient avec nous a l'experience ; la machine Flaud, sous la pression d'un puissant frein de Prony, a atteint et garde pendant aussi longtcmps qu'on a voulu des vitesses de 600 a 1000 coups de piston par minute. La pompe a air, le regenerateur, sortede systeme tubulaire dans lequel la vapeur surchauffee , apres l'exercice de sa puissance, cede son exces de chaleur a de l'eau qui se re'duit a son tour en peur dont la pression va s'ajouter a celle de la vapeur primi- tive ; le condenseur ou s'acheve, dans les conditions les plus excel- lentes, la condensation de la vapeur surchauffee, la pompe i\ equa- tion , etc., tous les appareils secondares, en un mot, coin me l'appareil principal ou le gdnerateur de la vapeur sphero'idalc, ont parfaitement rempli leurs fonclions, et nous osons dire sans crainte aucune que, dans ces conditions dejeu cntierement regu- lier, la vaporisation spontane'e de l'eau devient le mode le plus normal et le plus avantageux de generation de la vapeur : dimi- COSMOS. 255 nution enorme de la surface vaporisatrice , reduction enorme du volume de la chaudiere , impossibilite absolue d'explosion, dimi- nution immense de la quantite d'eau d'alimentation ; alimentation a l'eau distillee fournie par la condensation ; plus de depdts cal- caires, plus de nettoyage ou un simple nettoyage a la brosse, plus de retard dans l'ebullition , plus de perte de temps; vapeur entie- rement seche sans aucune eau entrainee, vapeur dont la tempe- rature fixe peut varier a volonte de 200 a 1000 degres; utilisation de la vapeur morte pour la generation d'une nouvelle force mo- trice ; condensation aussi absolue qu'elle peut l'etre avec produc- tion du vide qui ajoute la pression atmospherique a la pression de la vapeur ; regularite et stabilite de marche vraiment extraor- dinaire; possibilile de doubler, tripler, quadrupler, etc. la force obtenue a un moment donne, sans danger aucun; foyer natu- rellement fumivore, quel que soit le combustible employe; service des chauffeurs rendu beaucoup moins pdnible : voila les avantages incontestables que realise le generateur a bain d'etain. II s'adapte, sans aucune augmentation de frais , sans necessite aucune de transformations genantes ou onereuses , a toutes les machines a vapeur ; ses constructeurs garantissent une Economic de 50 p. 100 sur le combustible depense' anterieurement par eux , quelque re- duite que fut deja leur depense par le bon choix du generateur ou des bouilleurs; ils garantissent enfin la conservation des chau- dieres en marche normale pour une duree superieure a celle des chaudieresa vapeur ordinaires. — Voila done l'emploi de la vapeur arrive a sa plus haute perfec- tion! Mais cette vapeur surchauffee ou sphenoidale si here ne va- t-elle pas etre egalee par le gaz hydrogene, carbone ou non, mele a l'air atmospherique ? Nous nous faisions cette question en sortant des ateliers ouM. Lenoir, inventeur, bien connu de nos lecteurs, de la galvanoplastie des rondes bosses, a fait fonctionner sous nos yeuxun moteurnouveautres-economique, tres-simple, tres- efficace, au moins sur une petite echelle, car ilfaut bien faire la part de rimprevu qui surgit toujours dans le passage du petit an grand. L'idee principale de demander de la force motrice aux gaz de la poudre, aux melanges de'tonants de gaz hydrogene et oxygene n'est certainement pas nouvelle; sa realisation a ete tentee sous un tres-grand nombre de formes. L'idee secondaire de faire servir l'etincelle e'lectrique a l'ignition de la poudre ou a la detonation des melanges gazeux n'est pas neuve non plus; on trouvera, pages 311, 312, 313 du troisieme volume de YExpose %U COSMOS. des u)>i>!i<:ati.ims de ielerlriclte , tie Ai. Du Mouc el , Ja description du moleur eleclro-ehimique de M. Modi', alimonlo par uu nid~ lange d'oxyg.'ne et d'hulrogeue auquel l'elineelle Bee d'uue ma- chine dlortro-magnetique mellail le feu. ft!. rdoeiV ajoulail avec une louable modcslie : « Aos machines sont loin d'etre parfaites encore, el nous osons espercr que d'aulros oxi>i:i-imoiitaleui-s , inspires par le present article, pourrout marcher sur nos (races, nous devaneer peut-ctre; nous les verrons progresser sans jalou- sie ; nous ne pouvons, nous, dans l'interet de lous,'que ar suite, sul'usam- ment compact, puisque pris cent ibis, dans les laboiatoires de l'eeole des mines ou des ponls et cbausse'es, le cbillre de cette den- site a tou.jours depasse 7 , souvent atteinl 8. D'aiileurs, csl-ee que les fonlaines des Cbamps-Klysees recouvcrles de cuivre elec- trique par IU. Oudry, il y a plus dc Irois ans, n'ont pas re^iste a loutes les injures du temps? est-ce qu'e.lles n'out pas deiie la pousssiere etles depots des eaux selenileuses qui n'adborent nul- lement au cuivre pur, ou s'en detacbent sous l'ellbrt pen energi- que d'un coup de brosse? Sacbant cependant que robjeclion de M. Pouillet a ele et est souvent repetee, M. Cbrislolle a execute son Pensiefiuso avec la volunle forte d'obtcnir que, expose sur une place publique, il i'asse ses preuves d'inalleriibilite' absolue. 11 avaitd'abord songe a la place ou au square cree en face du Con- servatoire des arts et rq,etiers, mais lesarcbitectes lui ontobjecle que la symetric du square exigerait imperieusement un pendant du Poisieroso qui nexiste pas encore. M. ChristoOe, alors, s'c'st ra- batlu sur l'une des cours dc la Sorbonne, et il emploiera l'inter- cession de M. Dumas pour l'aider a venger une des plus belles conquetes de la cbimie moderne, des attaques inconsiderees de la routine ou del'incredulite systemalique. A noire tour, et pour cause, nous reclamerions pour le Pmsieros® rbonneur dc la grande cour intermediaire de l'Inslitut, si nous n'avions pas la certitude que M. Oudry procedera bienlot au cuivrage des deux lions qui deversent beau des lontaines du palais Mazarin. Quoi qu'il en soit, et dul-il reproduire a ses 1'raislc Moi'sc pour servir d'accompagnc- ment au Pensierosu, M. Cbrislofle ne s'arrelcra pas qu'il aitdemon- tre jusqu'a l'evidence la faussele et l'injustice de preventions d'aulant plus incroyables qu'elles sout exprimees par uu des juges nes desprogres accomplis. Nous avons ele vraiment ravi de voir l'exlcnsion qu'ont prise dansles aleliers de M. Cbristolle les applications des eoquilles gal- vaniqucs reul'orcees par la soudure delaiton; toutes les oeuvres de serrurcrie du salon de l'imperatrice, dans le nouveau Louvre, pavilion Turgot, soul en cuivre elcctrique; admirablemenl dessi- nees etsculplees, clles sont plus admirabiement reproduces en- COSMOS. -2U CfwelpttP^e inoulage galvaniquo, sans anlre travail dc risolure s ornomenls principalis do la iYmlainn Samt-MichpJ a couie plus de vingt-cinq mille francs. Yin-l-cinq ftujte franc? pour enlever a des neuvres d/art les savanlos et «ra- tims® silhouelies qui sont le nee, plus ultra du gdwte "des sculpiru.-s; vingl-oinq millo francs que la galvanoplaslie permot- Innt d'economiser si faeilemenl ot avoc laid d'autros avanfa-es Oh ! rouline ! routine ! que In es aveuglo et que tu es puissante • lo monde est veritablemcut ton entire et la j regncs en some- raine! — -\ous no quiLlcronspasIagalvanoplasliesanscxprimerun autre ■■egret, prolbml. On no lui a pas seulcmenl dispute sos quality in- contestables, on Jui a dispute sa iiiialion glorieuso, c'csl-a-dire que Ton en est arrive peu a pec a ntoconnailre son veritable in- venteur. Son perc, son invonleur uni(;ue et, veritable est U Jacobi <[m le 21 octobro 1838 annoncait a M. Fuss secretaire perpeluel de l'A:ademie de Saint-PriorsiNuirg, one decouverle dont 1'art cbalcograpluque lirerail un tres-grand parti ; qui cette meme aini.-e presentait an corps dont il est un des plus illuslres ...ombres des moulages galvaniqucs obtenus par lui; dont VAlhencnnn an- glais du |ft mai 1839disait qu'il rcproduisait en relief par i'eleetri- cifgles lignes les plus delicatemcnt tracecs sur une plancbo de ciuvre; qui eerivait onfin k M. Faraday en date du 2 juillet 1839 I « II y a longtemps qu'en poursuivant mes rechcrches sur lV!oc- tro-magnetisme, je fus conduit par un basard hcureux a cello decouverle imporlrmto qu'on pent obtenir a l'aide dV.n courant vollaique une premiere epreuve en relief de plancbes dc cuivre gravecs en creux, puis de nouvellcs planches en crcux de la premiere epreuve en relief; de telle sorte que Ton puisse multiplier a l'infini les eprcuves cl'une premiere plancbe de cuivre grave'e en creux. » Tout le monde en convient et e'est un fait aussi eclalant que la luintere du jour, il n'existe aucune publication officielle, aucune communication fade a un corps savant quelconque anlericure a la publication et aux com- munications dc M. Jacobi, et par consequent, d'apresles regies uni- veiseilcment admises comme souveraines en fait de proprie'te scientifique, la priorite et la gloire de Invention de la galvano- 262 COSMOS. plastie apparliennent tout entities a M. Jacobi. Et cependant. par un etrange oubli des principcs de la justice distributive, on "veut le forcer a partager cettebrillante paternitd avec un Anglais, M. Spencer, qui s'est efforce de prouver par les temoignages inac- ceptables de ses compatrioles etde ses amis de Liverpool, que des 1837, avantl838, il avait obtcnu des medailles galvanoplastiques, et songe meme serieusement a reproduire electriquement des cli- ches typographiqucs. Ouvrez le premier traite de physique venu, et vous verrez l'honneur de la decouverte de la galvanoplastie altri- bue par parts egales a MM. Jacobi et Spencer, ou a MM. Spencer et Jacobi; car helas ! on en est venu a ne plus accorder a M. Jacobi meme le privilege del'ordrealphabetique. M. Pouillet, parexemple, dans la 6e edition de ses Elements de physique, p. 70ft, s'exprime ainsi. et ce passage aurait contriste notre illustre amiM. Jacobi, sisesdroitsn'avaientpasetesolennellementconsacres : «M. Spen- cer en Angletcrre et M. Jacobi en Russie sont les premiers qui aient eu l'heureuse idee d' observer avec attention pendant les an- nees 1837 etl838 ce ;phenomene (le depot de cuivre dans les piles de Daniell); et ils ont l'un et l'autre suivi avec habilete le germe des nombreuses applications qu'ils pouvaient offrir aux arts... C'est ce fait qui est devenu fecond et qui a donne nais- sance a l'artnouveau de la galvanoplastie. » La galvanoplastie est devenue un art immense qui metenjeu comme sa brillante sceur laphotographie de nombreux millions; la patrie adoptive de ce bel art, la contree ou il a pris lous ses developpements, c'est la France ; et il n'est nullement impossible que la France rcconnaissante ait l'heureuse pensee d'acquitter une dette d'honneur, en (aisant pour l'inventeur de la galvanoplastie ce qu'elle a fait pour les Niepce, les Daguerre, les Morse; or, dans cette hypothese que nous croyons tres-susceplible d'une realisation prochaine, il importe grande- ment que la recompense ne fasse pas fausse route et qu'elle aille droit a son adresse. Voila, pourquoi nousavons tenu a retablir la verite de faits d'ailleurs incontestables. F. Moigno. Fails des sciences. Lettre sur les generations spontanees, tidressee a M. I'abbe Moigno par M. Pouchet. Monsieur l'Abbe, Pour bien juger des choses, il est indispensable de les envi- sage!' sous toutes leurs faces; aussi dans l'interet de voslecteurs, COSMOS. 263 je viens ajouter quclques lignes a l'article sur les generations spontanees que contient Tun de vos derniers numeros. D'apres les experiences de M. Pasteur, l'atmosphere est le receptacle des germes des proto-organismes, tandis que, d'apres nos travaux, celte mSme atmosphere ne recele nullement cos germes (1). La question est done nettement pose'e; voyons si elle est reso- lue. Chaque fait saillant qui se produit, quel qu'il soit, erreur on verite, commence par impressionner les masses; mais les hommes adonnes a l'etude et fortifies par la meditation s'emeu- vent moins facilement. A l'egard du sujet qui nous occupe, ceux- ci, n'ignorant pas que Burdach, Hensche, de Baer et Ehrenberg onl demontie, a l'aide d'experiences nombreuses et comme ils savent en faire, que l'atmosphere n'est nullement le receptacle des germes; ceux-ci, dis-je, doutent ethesitentlorsqu'unfaitnouveau s'eleve contre des doctrines professees par des savants d'un ordre aussieleve. Nous-meme, e'estpar cinquante experiences varices que nous avons demontre que la dissemination aerienne devait etre rele- guee au nombre desanciennes erreurs. Montesquieu, qui, comme Buffon, avait la faiblesse de croire aux generations spontanees, disait, avec beaucoup de tact, que l'emboitemcnt des germes, qui a fait tant de bruit durant le siecle dernier, rietait fonde que sur une raison de commodite. II en est de meme aujourd'hui de la Panspermia Si les germes des organismes remplissent reellement l'atmos- phere, la science a atteint untel degre de certitude, que ceux qui le prelendronl perdront immediatement leur cause, des l'instant ou ils ne pourront en donner la preuve tangible, soit physique- ment, soit physiologiquement, soit chimiquement. Physiquement, parce que les germes de certains Microzoaires et les spores de la vegetation cryptogamique, qui apparaissentdans nos experiences, sont parfailement connus, et ils ne peuvent echapper aux naluralistes. Physiologiquement, parce que les organismes sc developpent d'apres des lois qui ne permettent pas de se meprendre sur leur origine. (1) II ne fan! pas considcrer ceci comme absolu, car accidentellement l'atmosplit're charrie (juelques germes, comme on y voit nager tant de semences voyageuses. 2»>'t COSMOS. Knfin, cbimiquemenl, paree que, lorsque Ion sc rend eomple des myriades de grrnrs que ebaque parcelle do Talinosphero doit eonlcnir, ainsi que l'a dit !VI. Mantegazza, si la panspermia (Wait un fait, eg sorail, une lionlo pour les sciences i bimiqucs dc no. pas avoir pu encore nous signaler, par ]\u!a),\se, Piimnense quantity de matiere organiquc qui encombre l'air quo nous rcspirons. No pensezpas, monsieur I'abbe*, que tout ce que j'ai l'honneur dc VflUS dire doive 01 re eonsidere com me dc vagues assertions. Quand il s'agit d'beleregenie, je reftecbis beaucoup avant de, parler. Geci n'est que !e lvsullal d'experiences dans lesqueiles j'ai vu qu'avec un centimetre cubed'air, ile'lait possible d'oblenir d'mralc.ulables legions d'animalcules; ainsi quedequclquesautres dans lesquelles, avec an s t • 1 1 i dikiuuHi-o cul>e de ce ineme air, je n'obtiens pas oslonsiblemcnt an llit-roz-tvtirc de iHnins, que quand j'experimenle sur un volume d'atmospbere qui peul. elre evalue a cinq ou six millions de metres cubes. Rappe!ez-vous done, a ce sujet, que l'illustreR. Qwenia, caleule qu'il existait pari'ois plus de 500 000 000 de Monas crepusculum, et dans une seule goutte d'eau ! Happelez-vous aussi que l'expe- rience demonlre, presque malbcmaliqucmcnt, que si la disseub- nation aerienne etail reelle, il faudrait quecliaque millimetre cu- bique de l'almosphcre conllnt immensement plus d'eeufs qiril n'y a d'babitants sur le globe. Si i'on ad met que ebaque goutte recede 500 000 000 de monades, en rcprcsentant cclic-ci par buit milli- metres cubes, il en re'sultera que ebaque millimelre conlieudra (52 500 000 d'animalcuics. En supposant senlemcnt que l'atmos- pberc offre en suspension 100 especesde Microzoaires on de cryp- logames, pour fournir aux exigences de la dissemination, il fau- drait done que cbacun dc ses millimetres culuqucs renfermat 6 250 000 000 d'oeufs ou de spores en disponibilite. Ce sont la des supputa lions effrayantes. Les belerogenistes n'ont jamais pousse aussi loin leurs lemerites. Comme il s'agit lei d'un fait de biologie, essentiellement de la competence des naturalisles, permeltez-moi de vous dire que je crams beaucoup que l'expcrience du savant cbimisle ne soitune grande imprudence en presence de la science acluelle. Si celui-ci arrete reellement les germes dans ses globules de colon, il ne peut pas se bonier a dire que : ceux-ci stmt probablement des spores de muccdinees : il est tenue de le prouver. Ces spores, ayant des formes parfaitement connues, des diamelres striclement definis COSMOS. '265 et dcs colorations Sort ranees, ne peuvent felr'ii coniondus nl avcc lesparcelles minerales, in avec les detritus drganiq'dfes que char- rie 1'atinospliere. Plnsieurs routes conduisenl au itieme but : une ties-simple ex- perience suffit pour demontrer que l'e savant cbimisle s'est egare en croyant coin-cer les germes alinospheriques dans ses frCdes li- lcts de coton on ■.Varmante. Je n'entre pas ici dans des details qui ne peuvent circ disrates a fond que par des naturalisles exerces; parlous settlement du resullat malhemalique. Sous une cloche contenanl un decimetre cube d'air, je place une decoction qui produit des myriades de paramecies. Pour l'intelligeuce de la chose, disons seuleinent 1 ()0() 000. Au moment on je commence l'experience, je fais passer, a travers un globule de coton, at decimetre cube d'air. Jl est evident que ce coton, si les experiences de .M. Pasteur sont positives. devra arreter un nombre d'ocul's a pen pies equivalent an nombre de paramecies qu'on observe sous la cloche. Mais i'examen le plus at ten tifne fait, deoouvrir aucun oauf dans ce meme coton. Si au lieu d'un decimetre cube d'air fen fais passer 100, man petit filet de coton devra avoir arrete environ 100 1)00 000 degermes ; et cependant le physiologiste le plus exerce n'y decouvre encore aucun de ceux-ci. N-'allez pas dire qu'il y a eu la scissiparite, fdoondite miracu- leuse, oil dcs ceufs d'une imperceptible lenuile! Quand l'expe- rience sera discutee par des hommes du metier, je deiie que Ton sorte de ce dilemme : On ces animaux out ele apportes par lair , ou ils se sont produils Hmultancment et spontanement. Et comme leurs ceufs ont un diametre d'environ 0,0150 de millimetre, ct qu'aucun micrograpbe ne les peuL meconnaitre, comme ils ne se rencontrent pas dansl'air, ilfaut bicn qu'il y ait eu la production d'ovules spontanes. Si je fais la meme experience dans des conditions ou e!le pro- duise des moisissures, je devrai trouver le coton saupoudre de spores A'aspergiUus et de peiricilium, que leur forme et leur dia- metre qui varie ordinairement de 0,0028 a 0,003^ de millimetre, decedent si manifestement. II en sera cependant tout le contraire. Au lieu des millions de ces spores que le coton devrail constain- ment arreter au passage, nous reconnaitrons qu'il u en conlienl ordinairement pas un seul. Notcz bien, monsieur, que vous n'avez pas memo ici les res- sources dont on a abuse en zoologie; pas de scissiparite ou de 2(36 COSMOS. reproduction d'une rapidite qui de'passe tout ce que Ton peut imaginer; quand on opere largement, et non dans des ballons, on voit que tout est simultane' dans le developpement. Tout ceci est, je crois, fort simple et fort clair. Et la sera le coup le plus funesle que Ton puisse porter a la panspermie, car il n'y a plus a discourir sur ce sujet : certains germes sont con- nus. Ceux qui leur feront jouer un role doivent elre tenus de les monlrer. line scrupuleuse analyse des experiences du savant chimiste ne pourra elre faite consciencieusement que lorsqu'on les con- naitra en detail. Jusque-la nous ne pouvons que lui repro- cher quelques omissions qui, nous n'en doutons pas,ontete tout a fait involontaires. Ainsi, il se trompe lorsqu'il pretend avoir opere plus rigoureusement que ses predecesseurs, et que c'est au contact du mercure que ceux-ci doivent les animalcules qu'ils ont rencontres dans leurs appareils. A ce sujet M. Pasteur oublie totalement les experiences de M. Mantegazza, qui sont un veritable modele d'exactitude, et dans lesquelles ce pbysiologiste a non seulement cbauffe son mercure, a + 130°, mais encore chacune des pieces qui ont ete employees dans ses experiences ; et que de plus l'oxygene avait lui-meme passe dans des tubes de verre portes au rouge. Voici done l'etat actuel des cboses. L'expcrience de Schwann, sterile dans les mains de M. Pasteur, est, au contraire, leconde dans celles de M. Mantegazza. Jc pourrais dire que forces egales et opposees se detruisent; je pourrais meme dire un peu plus, car dans les miennes, de 1'air brule s'est cgalement montre fc- cond, et je le demontrerai ; et, ce qui est encore plus fort, dans les experiences d'Ingen-Houzz, de l'air deux fois brule a produit des proto-organismes. Je pourrais aussi faire quelques objections a ces filets de coton t aux experiences in vitro, dans lesquels on rcpand leur recolte. Si ratmosphere etait encombree de germes, les ceufs, je dis ce mot a dessin, je pourrais dire les embryons, car il y a des infu- soires qui sont vivipares ; si, dis-je, l'atmosphere etait encombree d'o3ufs, on ne s'expliquerait pas comment les experiences en question ne pre'sentent pas une plus diverse population d'ani- malcules ; car, sans doute, on n'accordera pas aux malieres inertes a travers lesquelles l'air se tamise, la puissance decboisir les especes. En meme temps que les filets de colon ont arrete COSMOS. 267 des bacteriums, ils eussent dii egalement se peuplcr de monades, de vibrions, de kolpodes, etc., etc. Je dois dire aussi que le procede de M. Pasteur pour recueillir les corpuscules atmospheriques, si seduisant au premier abord, me parait defectueux. On y reconnait la science dans laquelle excelle son auteur, mais la son application est fautive, et je suis certain qu'il en conviendra lui-meme. L'ether et l'alcool alterent immediatement les formes et la couleur d'une foule de corps qui llottcnt dans l'air, et ils en rendent la determination absolument impossible. Ces liquides deforment meme , de fond en comble, certains spores de mucedinees a la recberches desquels on pre- tend les employer; c'est encore la un argument fort serieux. J'ai ete beureux de voir M. Pasteur constater l'existence de la fecule, dont j'ai signale la presence dans l'almosphere. S'il n'en a pas trouve autant que moi, cela tient au moyen dont il se sert pour recueillir les corpuscules aeriens; moyen qui dans ce cas n'est pas plus scientifique que celui que j'emploie, et qui ne lui a pas permis d'agir, ni sur autant d'espace, ni sur autant de siecles. D'un autre cote, il faut aussi connaitre les localites ou out lieu les observations, sans cela elles sont insigniliantes. J'ai signale des endroils ou la fecule etait fort abondante et d'autres ou Ton n'en trouvait pas. A Paris, jetracerais a priori la topo- grapbie des rues oil il en existe beaucoup, et celles oil Ton doit moins en rencontrer. De meme pour la fecule colore'e spontane- ment en bleu. Cependant il y a des cas exceptionnels dont il est difficile de se rendre raison. Ainsi Ton ne parviendra sans doutequ'en fouillant la geograpbie et l'bistoire, a dechiffrer pourquoi j'ai rencontre tant de fecule dans des cranes d'animaux extraits des hypogees de Thebes, et pourquoi j'en ai rencontre aussi en abondance dans le crane d'une momie de Guanche. Agreez, etc. Pouchet, Du Museum (Thistoire nalurelle de Rouen. Le 4 mars I860. Faits d'agriculturo. Nous completons un peu tard les quelques mots inseres dans le Cosmos, sur l'appareil tres-simple par lequel M. Mazure, pro- fesseur de pbysique et de chimie au lycee de la Rochelle, faitl'a- jtf>8 COSMOS. nalyse physique des divorses terries. Got apparoil so compose: d'nn premier vase a e'couleinont constant, muni d'un robinet et destine a fournir l'eau do lavage; d'un second vase ayant pour objet de rocueillir l'eau ecoulee qui anra entraine les parties le- geres ou argileuses; d'un tube intermediairc dans lequel lc lavage s'opere et ou restent les parties lourdes ou sablcnscs. Le tube intermediaire est forme hii-meme de trois parties : d'une allonge large doublement c nique do laboratoire; d'un tube flexible en caoutcbouc qui forme la courbure inferieure; d'un tube droit verlical muni (Fun petit entonnoir pour recevoir l'eau do lavage ; l'allonge enfin so ferme par un boucbon perce d'un Iron dans lequel passe un petit tube rocourbo en forme de sipbon pour conduire l'eau et. les parties legeres dans le recipient. On fail secher la terre an solcil , on la fait passer dans un crible donl les trous ont V""\5 de diametre, et e'est sur la terre fine seule qu'on opere. Celle-ci dr>it 6trc dessechee pre'alablement a iihe temperature superioure a 100 degre's. On en pese 10 grammes et on les jette dans l'allonge ; on reboucbe celle-ci et on ouvre le robinet du vase a e'couloment constant. Le lavage s'opere par ce fail son]. 'Ouand on roil que l'eau coule tres-claire dans le vase recipient, l'operation est termine'e. On recuille a part l'argile de ce vase, et le sable qui restc dans l'allonge et le tube inferieur en caoutcbouc; on fail dessecber ces deux lots, et les deux poids obtem.s lournissent le rapport cbercbe de l'argile au sable. M. Mazure conscille de mcltre de l'acide cblorbydriquc dans le re'ci[)ient; il pense qn'alors le carbonate de cbaux entraine etant dissous, on aura d'une part l'argile, d'autre part le sable, et par la difference le calcaire. Dans beaucoup de cas ce serait vrai, mais, comme le fait rcmarquer M. Barral, ce serait souvent cr- rone ; il ne faut demander a l'appareil que le rapport des poids des parlies lourdes, le sable , aux parties le'geres, l'argile; il ne dit ricn de plus, mais ce resultat est inle'ressant a connaitre pour le cultivateur qui veut modifier par des apports de terre la consti- tution de son sol. AGADEMIE DES SCIENCES. Seance da lundi S mats I860. M- Becquerelpresenle, aunomdoM. le doctcur Jules F>eclard , une serie d'experiences nouvelles sur la temperature rroduile COSMOS. 269 pendant le travail do conlraclion dcs nerfs. L'habile physidogiste aurait constate que la contraction d;es muscles sans travai. exte- rieur produit , c'osl-a-dire sans effort exerce ou sans poids souleve, sorail accompagnee d'un engagement sensible de chaleur, landis que la contraction avec travail exle'rieur se fcrait presque sans elevation do temperature. Ce sera if nm pnidouse eonfirnu.lion de la lecondc ihoorie de l'equivalent mecanique de la chaleur, de la transformation du travail en force et de la force en travail. — M. le docteur Oriila fait hommage d'un cxemplaire du compte rendu de la gesfion, pendant Pawnee 1859, du conseil d'adminis- ira!ion de Passocialion du corps medical du department de la Seine, association fondee en 18:55 parM. Oriila, ancien doyen de la Faculte de medecine. — 31. Laugier communique une lellre dans laquelle U, WoliT, cle Zurich, enumerc les observations anciennes de passage sur le soleil de disques ronds pouvant s'identilier avec la planete Les- carbault ou les aulres planetes intra -mercuriclles. Nous ne pen- sons pas que la nouvelle note de M. Wolff differe de celle que nous avons publie'e dans le Cosmos*. — In astronome ame'ricain , j\t Warren , communique ses vues hypotheliques sur la formation de ces memos planetes intra-mer- curielles. — M. Le Verrier demande a joindre a la lettre de M. Wolff une lettre-dans laquelle M. le professeur Wolfers, de Berlin , montrc comment, en parlant de la seule observation de M. Lescarbault des valeurs qu'elle fournit pour les longitudes et les latitudes geocentriques et heliocentriques de la nouvelle planete, on peut arriver a calculcr son orbite elliptique. Le savant collaborateur fait tour a tour trois hypotheses sur la valeur de la moyenne dis- tance a de la planete, et chacune de ces hypotheses iui donne un orbite parliculier, Premiere lujpothese.'a = 0,147. e ou excentrieite = 0,2992 : lon- gitude hcliocentrique "/. de Pentre'e 485° 17' IV, '/! de la sortie 186° 43' 9"; longitude du perihe'lieco 16' 31' 40"; inclinaisoni 12° 6' 6"; temps de la revolution T 19i,69 ; moven raouvement diume p 18',28. Deu.ricmc iiypothese. a = 0,2.500, e = 0,0500 ; X = 185° 24' 9"; ).' = 185" 58' 2" ; w = 9" 48'; i --= 11° 19' ; T = 45;,67 ; y. = 7°,883. Troisieme hypothcse. « = 0,235'v; e = 0,1490 ; / = 185° 23' 15"; '/.' = 186° 3' 54"; w = 10° 44'; i = ll'1 16'; T = 41J,62; a = 8° 600. 270 COSMOS. «La question etanlindetermineepar sa nature, dit en flnissant M. Wolfers, je n'ose pas decider laquelle de ces trois hypotheses est la plus vraisemblable. Mais, considerant que vous connaissoz les irregularites qui ont lieu dans le cours de Mercure et qui se- ront reconnues pour etre les perturbations produites par une planete interieure inconnue jusqu'ici, je ne doute pas que vous decidiez a l'instant. S'il m'est permis d'avancer mon opinion, je dirai que la premiere hypothese sera celle qui, probahlement, sera trouvde par vous la plus vraisemblahle. » Nous regrettons que M. Wolfers ait connu par les Monthly notices seulement, et non par les comptes rendus et le Cosmos, l'observalion de M. Les- carbault, les deductions de MM. Valz et Radau. — L'auteur infortune d'une theorie complete de la turbine ou roue Poncelet, presentee a l'Academie, en 1*57, il y a plus de trois ans, exprimc son regret amer de n'avoir pas obtenu de rap- port, seule recompense qu'il eut ambitionneepourcet important travail. — M. Adolphe Perrot presente une nouvelle note sur retincelle d'induction. En etudiant les modifications apportees a l'etincelle, lorsqu'on remplace les electrodes de metal par des veines liqui- des, M. Perrot a observe les phenomenes suivants : la decharge de tension n'est pas influencee par le mouvement des molecules liquides entre lesquelles elle e'clate, la decharge de quantite, au conlraire, est entrainee dans le sens du mouvement. Cette ob- servation a conduit l'auteur de la note a ctudier retincelle en la faisant eclater entre deux electrodes animes d'une grandc vitesse. Dans le vide, comme dans l'air, on constate par ce procede que la decharge de quantite, comme l'a constate M. Lissajoux, n'est pas instantanee. Deplus, les differentes parties de l'etincelle, e'est- a-dire le point lumineux positif, l'enveloppe violette negative, et la lumiere qui reunit le pole positif a la partie obscure ne parais- sent pas avoir loutes la meme duree. Ces experiences tres-clis- tinctes, tres-delicates, sont loin d'etre terminees, leurs premiers resultats sont cependant assez importants pour que l'auteur ait cru devoir les presenter a l'Academie. Reparant une omission, nous dirons en quoi consiste l'experience de M. Lissajoux. Lors- qu'on regarde l'etincelle d'induction, dans un miroir qu'on agite a la main, on voit que l'atmosphere lumineuse s'etale en une longue bande de couleur fauve, dont l'etincelle proprement dite occupe rexlremite" posterieure sous forme dun trait de feu. L'ha- bile physicien en concluait que l'atmosphere commence oi'i l'e - COSMOS. 271 tincelle eclate, et persiste pendant une certaine fraction de se- conde; et que, probablement, la deuxieme partiede l'etincelle est composee de matieres ponderables arrachees aux p&los de l'exci- tateur, constiluant entre ces deux poles un arc incandescent et conducteur. — M. Cbaiies Tissier adresse une note sur la diminution de volume etraccroissement de densite, en nn mot, sur la contraction qu'eprouvent les corps solubles et en particulier les sels dans leur passage de l'etat solide a l'etat de dissolution. Pour constater cette contraction, jc prends, dit M. Tissier, la densite d'une liqueur saline saturee contenant a l'etat de melange une certaine quantity de sel pulverise non-dissous, dont on a eu soin de chasser prealablement l'air qui pourrait rester adherent aux mo- lecules, par une agitation sufflsamment prolongee avec un fil de platine; puis j'ajoute assez d'eau pour dissoudre le sel. Soient v' le volume de la dissolution saturee contenant l'exces de sel v', le volume d'eau ajoutee; le volume calcule V, apres l'addition du sel, serat> + v', c'est-a-dire que Ton aura V — u -f- ?/ ; par suite, en appelant d la densite de la dissolution saturee, D la densite calculee apres la dissolution et prenant la densite de l'eau pour unite, on aura W = vd + v d=^+i': Or, si Ton prend directement la densite D' dc cette meme liqueur, on ne trouvera pas en general D' = D, mais D' = D -+- o. En experimentant tour a tour sur le nitrate de potasse, le cblo- rure de barium, le phosphate de soude, le sucre de canne, M. Tissier, trouve pour d, ou ce qu'on pourrait appeler le coeffi- cient de contraction, desvaleursqui varientde0,0051 pourlesucre de canne, a 0293 pros d'un centieme pour le chlorure de barium. Nous enregistrons les nombres qu'il a obtenus, parce qu'ils peu- vent ctre utiles plus tard : Nitrate de potasse : densite reelle, 1,0800 ; exces sur la densite thdorique, 0,0185; chlorure de sodium, 1,1014; 0,0238; sulfate demagnesie, 1,1218: 0,082; sulfate dufer, 1,0845; 0,0202; chlo- rure de barium, 1,131)2; 0,0293; phosphate de soude, 1,0500; 0,0120; sucre de canne, 1,0975 ; 0,0051. M. Tissier ajoute : « L'on sait du reste depuis longtemps que le phenomene inverse, c'est-&-dire le passage des corps solubles, de l'etat de dissolution a l'etat solide, produit une dilatation ; exemple : la congelation fete I'ctou qui doime naissanco a une force d'expansion conside- i'.!!)!!1; la n du sulfalc do sonde qui produil le memo effrl, el c'ost d'apres eclte piopricle quo Ton a I'nnOj- un precede d'ossai des pierres dates s, en ]es imprcgnanl d'une disso- lulion dc sulfate do soude. Cetle contraction qui a lieu lorsqu'on dissoul un so!, l'orait presqnc croire qu'il y a verilablemeut eombinaison du gel avec IVau, si nous no savinns que la contraction n'implique pas mices- sairement 1'idde do eombinaison, puisquc certains corps so com- biiienl sans ipio Ton observe de diminution de volume, el. qu'au contraire il y a quclquefoi's dilatation eoinmc eela so pre'sente pour plusieurs alliagos. La liquefaction du sel est. la seulc cause de la diminuiion de volume qui a lien, el, une foiseeUc condition remplie, la eonlrac- tion cesse. Aussi, I'addition d'une qi;anli!e d'eau plus on nioins considerable, no produit plus do clwmgement appreciable. La liquefaction par voio de dissolulion serai! done differente i\i'. la liquefaction par lo calorique soul, laquelie est loujours accom- pagnee d'nne ccrtaine dilatation. Ilesie a savoir si le coefficient de contraction est proportionnel a la solubility du sol dissous, a son equivalent ou memo siinple- nicnt a la quanfite dissoule? » — M. Vallee, inspecleur general des pouts et cbaussees en re- liaite, demande inslamment que les memoires sur la theofie do Tceil qu'il a pre'sentes a l'Academie en 1852 ct 1853, il y a plus de sept ans, devbmnent enfin l'objel d'un rapport. W. Pouillct re- pond que la commission s'est deja reunie plusieurs ibis, qu'elle so rcunira encore procbainement, et qu'elle satisfera au desir exprimc par l'infatigable ingenieur. Proiitons de cetle occasion pour annoncer que M. Vallee, en collaboration avec son fils, in- genieur ordinaire des ponts et cbaussees, a publie reeemment sous ce litre : Dps eau.r, des travaux j)iib!ics et da barrage du Rhone a Geneve, un volume, auquel l'annonce des grands travaux: a realiser sur les grands cours d'eau de la Frame®, en vue de pre- venir les inondalions, doime un puissant inleret. Cel ouvrage est divise en deux parties : la premiere Iraite des inondations et des lois sur les caux et les travaux publics ; la deuxieme est relative au barrage de ftesiSve ct au.x result a Is qu'il pourrait procurer, soit qu'il fuL isolement construit, soil qu'il vint a etre combine avec une derivation de la riviere d'Arvo. Cetle publication est un veritable acle de courage, car l'bonorable veteran avoue, en ter- COSMOS. 27:; minant, qu'a defaut d'un examen suffisant, etl pour d'aulrcs rai- sons qu'il lui sernble inutile de scruler, son projet est eyidemment mal compris ct mal accueiili. — M. I)u Moiicel envoieune note sur les forces directrices des poles des aimants a 1'e'gard du fil doux: « Si Tun des poles d'un eleclro-aimant droit se terniine par une barre de ferre doux, un pen longue, bien dressee et. bien polie, et qu'on applique sur elleune autre barre un peuplus courte, mais legerement coffibe'e el disposes de nianiere a pouvoir aise'inent pivAter sur son centre, il arrivera, qnand cette derniere barre sera placee longitudi- nalement sur la premiere, quelle se Irouvera deviec avec force au moment des passages du courant a travers l'electro-aimant, soit a gauche, soit a droite, jusqu'a ce qu'elle sesoit mise en croix sur la barre fixe, position qui constilue son etat d'equilibre stable. Get effet vient de ce que la barre mobile se trouvant influenn'e par le pole de l'electro-aimant qui est epanoui sur toute la sur- face de la barre fixe, est polarise'e par celle-ci de telle nianiere que le fluide attire se trouve dissimule au point de contact des deux barres et que Jes surfaces exU'rieures de eelle-ci possedent une polaritp. semblable sur toute leur etendue. II en resulle done une repulsion qui s'effeclue dans un sens ou dans l'autre snivant que 1'axfe de la barre mobile croise a gaucbe ou a droile l'axe de la bane ii\e, croisemeut qui a toujonrs lieu puisque la superpo- sition 'parallels des deux lames conslitue unetat d'e'quilibre ins- talls" que la moindre cause pent trembler. Ce n'est que quand les deux axes se croisent a angle droit que les forces re'pulshes se trouvent equilibrees de part et d'autre. On peut s'assurer de la verite" de cette explication en piacant sous la parlie lombee de la barre mobile un peu de papier. Dans ce cas le lluide attire n'est plus tout a fail dissimule et se Pepar- tissant sur toute la surface inferieure de la barre mobile, il pro- voque antra les deux barres une attraction normale qui s'eil'ectue du cote ou la lame fixe est altachee a l'electro-aimant, en raison de la plus grande force polairedela barre de ce cote, alorsla force direclrice est complelement annihilee et la barre mobile n'est plus de'viee ni a droite ni a gauche. J'ai utilise cette force directiice a un tourniquet magne'liqiK' d'un nouveau genre ; com me elle fournit une course attractive considerable, on peut l'employer avantageusement dans certaiaes applicalions electriques. » 27/i COSMOS. 31. Du Moncel applique ensuite les memesprincipesarexplica- lion du fait signale par lui, il y a trois ans, l°qu'une masse de fer doux posee sur un des poles d'un electro-aimant droit, aug- mente considerablcment la force attractive de eel electro-aimant; 2° que celte augmentation dela force attractive, a poids egal, est d'autant plus grande que la surface libre de la masse de fer doux est plus grande, entre cerlaines limitesdu moins. — M. le secretaire perpetuel apprend a l'Academie que le tome xxxi de ses memoires contenant rhistoire generate des insecles, est en distribution; le vceu que le doyen de nos natura- listes exprimait il y a un mois avec un accent de regret si profond, est done exauce; liennes'opposeraplus a ee qu'ilprenneune noble place a cote desGeolTroy, des de Geer, des Linnee, des Fabricius. II n'exagerait rien quaud il disait que seul il a distribue les in- sectes en families nalurelles et donne h cbacun leurs noms; qu'il a propose pour arriver a la determination des genres un moyen nouveau plus commode el plus rapide. — M. Flourens communique de nouvelles experiences ayant pour hut d'etablir definitivement, et sur des bases incontestables, la theorie de la formalion ducal dans les fractures des os. 11 avail conclu, de ses premieres rechercbes, que le cal se formait dans le perioste et par le perioste, qu'il ne se formait pas bors du pe- rioste; que le cal, en un mot, n'etait qu'un os engendre parte perioste. Dans son Anatomic pathologique comparee, M. le doc- teur Gruveilhicr avait mis une restriction aux premieres conclu- sions de M. Flourens. 11 admeltait bien que le perioste seul prend part a la formation du cal, lorsque la fracture est simple, qu'il n'y a pas eu de maceration des parties molles ; mais il affirmait que, dans les fractures complexes, les muscles macdres contribnent pour une cerlaine part a la formation ducal. M. Flourens n'hesite pas a reconnaitre que celte restriction est fort juste, que les par- ties molles macerees font naitre une sorte de cal, et il part de la pour eludier a fond la question si importante de la reconstitution des organcs fractures. II examine tour a tour, a ce point de vue, les nerfs, les tendons, les vaisseaux, les muscles, le perioste, en- fin, etl'os; iletablit, par des experiences directes, qu'il n'y a bien reellement de cal que pour les muscles et les os; que le cal des muscles n'est qu'un cal provisoire, disparaissant le plus souvent avec la gnerison complete, tout a fait distinct du cal periostique qui reste le seul cal permanent. — L'Academie procede a l'election d'un membre associe etran- COSMOS. 275 ger, en remplacement de M. Lejeune-Dirichlel. La commission avait propose la liste suivanle de candidats : En premiere ligne, M. Plana, a Turin; en deuxieme ligne, et par ardre alphabetique , M. Airy, a Greenwich; M. Ehrenbcrg, a Berlin ; M. Liebig, a Mu- nich ; M. Murchison, a Londres ; M. Struve, a Pulkova ; M. Wohler, a Goettingue. Au premier tour de scrulin, et sur 50 votants, ma- jorite 26, M. Plana est elu membre associe par 30 voix contre 6 a M. Liebig, k a M. Ehrenberg, h a M. Wohler, 3 a M. Airy. M. Plana, auquel M. Vapereau a heureusement donne place dans le supplement de son Dictionnaire des contemporains, est ne en 1781, ilest done age de 79 ans; de 1800 a 1803, il fut eleve de notre Ecole polytechnique, et devint plustard professeur d'artil- lerie dans l'une de nos ecoles militaires; la paix de 1814 le rendi au Piemont, sa patrie. II n'a pas cesse un instant ses recherches scientifiques; l'annee derniere, encore, nous recevions cinq on six memoires tout recemment publies par lui; geometre eminent, ila pris place parmi les mathemaliciens les plus celebres de l'Eu- rope; son principal titre de gloire est sa Theorie du mouvement de la lane, imprime'e en 1832, et qui fut couronne'e, ainsi que celle de M. Damoiseau, par rAcade'mie des sciences. On sera peut-etre surpris de ne pas rencontrer sur la liste des candidats desnoms justement gloricux, ceux deMM. Wheatslone, de Londres; De La Rive, de Geneve, rnais la commission n'a rien voulu changer, cette fois, aux listes anterieuras; elle laisse ces adjonclions a la commission qui devra bient6t dresser la liste des aspirants a la succession du grand de Humboldt. — M. Le Verrier demande Tinsertion, dans les comptesrendus, d'une note de don Aguilar y Vela, directeur de l'observatoiro royal de Madrid, sur les avantages que prescnte la montagnc Moncayo, pour l'observation de l'eclipse totale du 18 juillet. M. Aguilar ajoute que celle station est aussi celle qu'a choisie la commission espagnole , que les astronomes de Madrid seront heureux de s'associer aux astronomes de Paris, que M. Fayc pent compter surleurconcours actif et de'voue. Ilya un mois environ, M. Aguilar nous a fait remettre par M. le doctcur Rubio; mede- cin de S. M. la reinc Ghrisline, le premier Annuaire de Vob- servatoire de Madrid, charmant et interessant volume par lequel nous avons appris que l'Espagne reprenait son rang dans 1'astro- nomie comme elle le reprend sur la scene politique et militaire. L'observatoiro de Madrid, place sous la surveillance d'un commis- saire royal don Gil de Zfctrate, dirige par M. Aguilar, comprend o76 COSMOS. deux aslronomcs titulaires: MM. Novella, Merino, et deux aides, MM. Cajclan Aguilar et Arifio; son enceinte en ferme 26 200 me- tres carres de terrain; ses principalis instruments aslronomiques sont nn teodolite de Repsold, un sextant do Oersing, une pendule siderate de Dent, deux cbronomelres de Dent, un cercle meridien complet de Uepsold qui a coute 16 000 fr., un equatorial de Mertz acquis au prix de 32 000 fr. En outre du calendrier et des tables, nous trouvons dans YAnniKiire de 1860, sous le litre d'articles di- vers, des notices sur la mesuredu temps et lc calendrier, sur l'e- clipsc totale du 18 juillet, sur les pronoslics et les predictions du temps, sur les nivellements barometriques, sur les observations meleorologiqucs. Les observations sont completement et parfai- tement organisees non-seulement a Madrid, mais sur un assez grand nombre de points de la peninsule, Santiago, Oviedo, Sala- manque, Saragosse, Alicante, Seville, Grenade, Villa Viciosa; un bulletin mensuel imprime les resume et Iransmet a tous les obscr- vatoires les donnees necessaires a la fixation du climat de cbaque lieu. — M. Le Verrier avaiL a repondre a la sommation de M. Delau- nay; el, nous avons regret, a le dire, la salle etait encombree de curieux qui avaient compte sur un debat personnel, peut-elre mijme, surun debat scandalcux; les sieges etaient tellementen- combres que, et jamais ce fait ne s'etait produit depuis vingt- quatre ans, beaucoup de personnesrestaient debout. Elles en out ele quiLtes pour leurs frais de deplacement. Voyant que M. Delau- nay est absent, M. Le Verrier pense qu'il entre dans la pensee de FAcademie que la discussion soit renvoyee a la procbainc seance; mais le president, M. Cbasles, lit une letlre ecrite du departement del'Aube, par M. Dclaunay, qui declare, que son ab- sence ne doit pas etre un obstacle a la reponse de M. Le Verrier, d'aulant plus qu'il est resolu a nc.lenir compte, dans ses repliques, que de ce que son adversaire formulera par ecritdans les comptes rendus, en regardant comme non avenue toute digression pure- ment orale. Gette lettre lue, force etait a M. Le Verrier d'entrer en matiere. 11 dit combien il a deplore rinlervention inutile de M. Delaunay dans une lutte a laquclle il pouvait ou devait rester etranger; combien il desire que l'Academie le dispense de repondre a une provocation malheureuse; la discussion sera tres-longue et occu- pera une ou plusieurs seances tout enliercs, les documents et imprimes sont nombreux et volumineux, ils encombreront les COSMOS. 277 eomptes renilas, el tout cela pour avrivcr a amoindrir 1'Academie dans la personne d'un de ses ntcirihres. Si la lutle est inevitable, je suis preta 1'engager, inais, s'il est temps encore .-l ■ tnez les ^livaulcs : « M. Q. Cu/.eul. pliarmacicu de pn micro cias^e ile la mai •ine a Iiorhrlurl, adi e*se wne nolo sur |a liavahine, nriiicuve crista lin, dorouvcit par lui d.ms la imciio du piper methp- t'lcum ow knva des Pol^nesiens. M. Cuzenl n'attrihue a ce priuci'pe provenunt d'unc subs lance i.leo-resinus ipie le vegetal ren ferine en ali.oudaiire anemic pt.oprielc medicate, II le signale conime iui corps cliim ;que nouveau. » Irapri.nerie dc W. F.KMQUfT ,1 Ci=, A'. TSAM2.1A? rue Garanciire, 5. srapritilUurt^ rar.i COSMOS. 281 NOUVELLES W LA SEMINE. En l'absencc de fails nouveaux dont les journaux ont comple- lement manque pendant la setnaine qui vient de s'e'couler, nous donnerons k nos lecteurs le depouillement de noire propre cor- respondance, avcc la certitude deles interesser vivement. — M. Octave Pauwels, professeur de chimie au college de la Sainte-Trinite, a Louvain, nous ecrit en date du k mars: « Le desastreux ouragan du 19 fevrier I860 figurera dans les fastes metcorologiques, parmi les eve'nements les plus extraordinaires. Jamais encore on n'avait signale', en Belgique, le fait incroyable de dix-huit clochers atteints et incendie's par la l'oudre, en moins de deux heures, sur une etendue de pres de 160 kilometres, et cela, en plein hiver. Dans quelques localiles, l'incendic a envahi memc l'eglisc; celledu village de Nazareth, entre autres, a etc en- titlement consumee. A Louvain, le vent, assez mode're, soufflait de l'ouest ou du nord-ouest, le barometre marquait 7A0 millime- tres, le tbermometre etait un peu au-dessus de zero. Le soir, il y eut quelques bourrasques accompagnees de neige et de gresil; on a entendu quelques coups de tonnerre, el, quoique la neige tombat assez epaisse, les eclairs etaient fort brLlanls. La l'oudre a commence ses ravages, en IVappantla tour deMoorslede, entre Ypres et Gourtrai; puis, so portant vers Test, elle a l'rappe suc- cessivement les tours de Gourtrai, de lierchein, Nazareth, Vor- degbem, Fuers, Acrtsclaer, Lierre, etc., Malines. Ici, I'orage s'est bifurque ; une de ses branches s'est elancec vers le sud-cst, en foudroyant les eglises de Wcsemael, Aersbot, Killaer, Iloegarde et Liege; grace a son paratonnerre, la cathedralc de Liege n'a pas pris feu. Ahandonnant Liege vers neuf heures, I'orage s'est di- rige vers l'Allemagne, continuant a frapper les lours des eglises. La seconde branchede Forage s'est dirige'e vers le sud, traversan Bruxelles, s'aballant succcssivement sur les tours de Saint-l.enelle, pres de ITal, de Marchiennes-au-Pon t, de Lobbes, etc. , de Walcourt. Les lieux situes sur les deux traces que jc viens de decrire, n'ont pas etc seuls visiles par la foudre; on a signale son apparition sur plusieurs autres points. Les habitants deboleghem, pres Com trai, auraient vu, dit-on, un brillant glol)C de feu, gros comme la lime, qui a persiste pendant plusieurs minutes, et qui a eclate en faisant explosion avcc un bruit comparable a celui des plus violents Keuvi&me anniie. — T. XVI, 16 mais 1S00. 11 282 COSMOS. coups do lonneiTO. Quelques-uns ont cru voir, dans cc pheno- mene, un bolide; d'autres I'ont considere comme une manifesta- tion de la foudre en boulc. » Francois Arago avail conclu, de do- cuments assez nombroux, que les tonncrres des mois chauds sbnt beaucoup moins dangereux que ceux des saisons froides. II cite Forage du 11 Janvier 1815, cinbrassant l'espace compris entre la mer du Nord et les provinces rhenanes, el qui frappa douze clo- chers, en incendia plusicurs, ct endommagea considerablcmcnl les autres. — SI. Montigny appelle noire attenlion sur une note presentee par lui reeemment a l'Aeademie de Belgique, sur la vitcsse du bruit du tonnerre. La question qu'il souleve est celle-ci : La vilesse du bruit du tonnerre est-elle bien comme cello du son ordinaire de 3io metres environ par seconde; n 'est-elle pas quelquefois beaucoup plus grande? Dans la nuit du 28 au 29 scplemlne der- nier, un violent orage eclata aux environs de Namur et la foudre incendia une ferine au village de Flawinne. SI. Monligny sc trou- vait alorsa Rhisnes, dans une habitation siluee i 5 200 metres de la ferine, tfveille des le commencement de l'orage, il vit lout a coup la vive lueur d'un eclair, ct prcsquc aussitol un violent coup de tonnerre eclata avee fracas, en produisant ce bruit si parlicu- lier qui annonce la chute de la foudre aux environs; l'intervalle de temps c'coule entre l'eclair et l'eclat de la foudre ne de'passa certainement pas deux secondes; qnelqucs minutes a pros, il apercuta l'horizon les premieres lueursde l'incendiequc la foudre venait d'allumer a Flawinne. Si la vitcsse du son avait etc de ?>k0 metres, ilaurait du compter 15, 3 secondes entre 1 eclair etle tonnerre; or, cet intervalle n'avait pas depasse deux secondes. SI. Raucoux, cure de Temploux, avait v.u l'eclair el entendu le craqucmenl de la foudre ; Tinlervallc enlre les deux phenomencs ne lui avait pas paru exceder deux secondes; or, le presbytere de Temploux , so trouvant a 5 030 metres do la ferine incendice,, le son aurait du employer ih,l secondes a parcourir celte dis- tance. Comme il est impossible d'attribuer a Taction du vent une acceleration de vitcsse si considerable, et que les differences enlre l'obscrvalion et le calcul sont trop considerables pour qu'on puisse les attribuer a des erreurs d'apprecialion , on pourrait essaycr d'expliqucr l'anomalie en supposant que la foudre, cinance d'un nuage clove de 680 metres au-dessus de l'habitation de llhisnes, serait alloc i'rapper la ferine de Flawinne en Iracant un sillon luinincux ties-incline a l'horizon; mais l'observalion simullanee COSMOS. 283 de Rhisnes et de Temploux, lieux silues a ^030 metres l'un de 1'autre, semble rendrc cette explication impossible. La veille, vers cinq heures du matin, pendant un autre orage, la foudre atteignit un arbre de la grande route, au dela du chateau de Boguet, situe a 1 500 metres de Temploux ; et M. Raucoux avaitaussi remarque que la detonation avait suivi immediatement 1'eclair; tandis que si le bruit de coup du foudre avait franchi cet intervalle avec la vitesse de 340 metres, l'intervalle entre 1'eclair et le bruit aurait ete' de k \\1 secondes, cette nouvelle ob- servalion conflrme done lesdeux premieres. M. Montigny cite un troisieme fait. Pendant 1'ete de 1859, la foudre tomba dans le fau- bourg de Borgerhout, pres d'Anvers, et commit beaucoup de de- gals dans une petite maison de la rue Digue-de-pierres. M. Monti- gny vit 1'eclair et enlendit le coup de tonnerre apresun intervalle. de temps tellement court, qu'il crut que e'etait la calhedrale qui etait frappee; or, comme la petite maison etait a 1 800 metres de distance, le bruit aurait du succeder a 1'eclair apres 5, 3 secondes de temps seulemcnt. II faudrait conclure des fails precedents, dit M. Montigny, que le bruit de la foudre, au moins quand elle frappe un objet ter- restre, se propage avec une vitesse beaucoup plus grande que oh0 metres... En recueillant leurs souvenirs, beaucoup de per- sonnes se rappelleront peut-etre avec quelle surprise elles ont connu le lieu que la foudre venait d'atteindre, sa distance ayant surpasse de beaucoup cclle qu'elles presumaient d'apres le court intervalle de temps ecoule entre 1'eclair et le tonnerre; nulle part cependant, pas meine dans la notice d'Arago, on ne cite de fait tendant a prouver qu'il faille attribuer au bruit du tonnerre une vitesse de plus de 340 metres. Get exces de vitesse ne serait pas la seule particularite qui distingue le bruit du tonnerre des autres bruits. Des eclats de foudre, dont le bruit formidable, entendu a proximite, a ete compare a la detonation de cent pieces de canon eclatant a la fois, no se propagent pas a plus de 26 ou Ik kilo- metres, tandis que le bruit du canon s'entend quelqucfois a 80 ou meme 120 kilometres. Admettant comme vrai le fait d'une vitesse bien superieure a 3i0 metres et arrivantal'explication theorique, M. Montigny invoque tour a tour la chaleur que la foudre deve- loppe en sillonnant l'air; lesiphenomenes chimiques , composi- tions et decompositions qu'elle determine; lefait rappcle en 1858 a Leeds, dans une des seances de l'Association britannique pour 1'avancemcnt des sciences, que le bruit du canon se propageait Ht COSMOS. plus vile que la voi.v humaine, la tbeorie enfin dc M. Earnsbaw, Cosmos, tonic xni, page 563 , suivant laquelle un son violent so propagerait plus vite qu'un son relativcment faible. Nous nc re- gardons pas connne resolue la curieuse queslion soulevee pour la premiere l'ois par i\I. Montigny, mais nous le retnercions serieuse- ment de son initiative, et nous faisons appel a ceux tie nos lectcurs qui out plus parliculierement observe le tonnerre. F. Mokjno. {La suite a tin proclutin numcro.) Vails «Ie medceine el de chirurgie. M. le docteur Dubut de Ponl-Chaleau tennine ainsi ses consi- derations praliques sur l'angine couenneuse et le croup : 1° L'an- gine couenneuse est une affection specifique consecutive a une atigine inflauimatoire, dont la nature et les produils out etc mo- difies par un agent miasmalique inconnu; 2° elle devient conta- gieuse lorsqu'elleregne sous forme epidemiquc; 3" la gravite de- pend de rintensite de l'epidemie, de l'age du sujet, de sa consti- tution et de la periode de la mahulic ; elle est d'autant plus grave que le sujet est moins avance en age, et dans ce cas elle tend constammeut a cnvaliir le larynx; U" la vesicule diphlheritique est. le point de depart d'une intoxication qui devient generate quaml elle n'est pas enrayee au debut, et constilue alors la dipb- tlierile generalisee; cetle ail'ection presente troisperiodes etablies d'apres le siege ties fausses membranes; la premiere est repre- sentee par l'angine couenneuse, la deuxieme par la laryngite couenneuse, et la troisiemc par la bronchite couenneuse; f>" la laryngite et la broncbite couenncuses presentent des caracteres distincls de ceux du croup proprcment dit; 6° la cause produc- tive de l'angine couenneuse est inconnuc; lc froid huinide pout elre regarde comme cause occasionnelle, et l'age des sujels comme predisposantc; 7° l'ang'mc couenneuse reclame un trai- tement local et un trailcmenl general ; 8° la cauterisation par le crayon tie nitrate d'argent rcmplit la premiere indication, qui est dedelruiiet.es fausses membranes; 9° l'adminislralion du calomel, que je considere comme le specifique des affections dipblbe- riliques, a dose allerantc, rcmplit la seconde indication, qui est d'empOcher la reproduction ties fausses membranes; 10' les COSMOS. 285 antiphlogistiques doivent etre reserves pour un petit nombre do cas; 11" les vomitifs seront employes comme agenls de desob- struction, mais avec beaucoup de reserve; 12° les revulsifs, tels que les vesicatoires, doivent etre abandonnes ; 13° la cauterisa- tion du larynx et I'administration du calomel constituent une medication capable d'arreter le progres de l'affection dipbtberi- tiquc, lorsqu'cllc n'est encore qu'a la deuxieme periode (laryn- gite couenneuse) ; 14° la broncbite dipbtheritique (troisieme pe- riode) etant surtout une affection generate, je crois devoir rester dans le doute sur l'efficacite des operations, tracbeotomie ou tu- bage de la glolte, jusqu'a ce que les fails en aient fourni la preuve. Comment M. Dubut oublie-t-il le brome si simple dans son emploi, si etonnant dans ses resultats ! — M. Cb. Leconte, agrege a la Faculte de medecine de Paris, resume en ces quelques mots ses recbercbes du sucre dans les urines : J'acidule tres-lcgerement l'urine sur laquelle j'opere avec l'acide sulfurique, j'e'vapore au bain-marie dans des assiettes peu profondes, et j'obtiens ainsi un residu pateux, auquel j'ajoute a cbaud une petite quanlite d'alcool a 33 degres pour le delayer; je l'introduis alors dans une fioie, et je l'epuise a l'ebullition par des traitemenls successifs avec de l'alcool a 33 degres; les liqueurs sont reunies, cbauffees ensemble et bltrees ; apres le rel'roidissement, j'ajoule alors peu a peu une solution recente et saturee de potasse caustique dans l'alcool, et j'agite fortement apres cbaque addition ; la liqueur, qui d'abord s'etait troublee, s'eclaircit par la separation d'une substance pateuse qui adbere aux parois de la fiole. Je continue ainsi les additions de potasse jusqu'a ce que la liqueur ne se (rouble plus; arrive a ce terme, je de'eante la liqueur claire, je lave a plusieurs reprises le magma de la liole avec de l'alcool; puis, apres l'avoir dissous dans un peu d'eau, je precipite la potasse par un leger exces d'acide tartrique et j'agite; le bitartrate de potasse est separe par le fdtre. La liqueur acide est mise en contact, toujours a froid, avec un exces de craie, et on l'y laisse, en l'agitant de temps a autre, jus- qu'a ce qu'elle soit parfaitement neutre au papier de tournesol violet; on filtre de nouveau, on evapore au bain-marie, et le residu est epuise par 1'alcool. La liqueur alcoolique evaporee spontanement laisse un sirop qui, apres un assezlongtcmps (un de mes echantillons a mis buit mois) donne de petits cristaux, primitivement a quatre pans, ter- 286 COSMOS. mines par des sommets diedres, qui occupent presque loule la messe. Si les precedes de Fromberz, de Barreswil, ainsi quo la chaux, la potasse, le sous-nitrate de bismuth, peuvent, par les colora- tions diverses qu'ils donnent en presence de plusieurs substances reductrices, guider dans la recherche du sucre, ils ne constituent que des caracteres d'un ordre inferieur, sur lesquels on ne saur rait se baser pour affirmer la presence du sucre dans l'urine normale. Les caracteres essentiels du sucre sont : 1° Une fermentation prompte en presence de la levure de biere avec formation d'acide carbonique pur et d'alcool; une operation comparative faite sans sucre et dans les memes conditions doit toujours controler la valeur de la levure; dans les cas douteux, il est absolument necessaire de traiter l'urine par mon procede. 2° L'extraction du sucre lui-meme, a l'aide du procede de M. Lehmann modifie. Enfin, toules mes recherches m'ont prouve de nouveau que si quelques personnes ont admis dans l'urine normale de I'homme et dans celle des femmes en lactation la presence d'une quanlitd notable de sucre, c'est qu'clles out donne a des caracteres insuf- iisants une valeur scientifique qu'ils ne possedent pas. PII0T0G11AP1IIE. Sur Ic grossissemcnl des epreuves posslivcs Par M. Certsch. Nous publierons dans une prochaine livraison le compte rendu de la derniere seance de la Societe" francaise de photographie ; mais nous croyons devoir en delacber aujourd'hui une disserta- tion tres-interessante de M. Bertscb, sur la question, a l'ordre du jour, du grossissement des cliches positifs ou negatifs. (( Quand on projette sur un ecran une section quelconque du c6ne do lumiere solaire transmis par une lentille convergenie non-achromatique, on remarque, si l'experience est faite en deca du foyer principal, que le champ se compose d'un disque central COSMOS. 287 brillant, representant le quart environ de la surface e'clairee, puis de cercles concentriques d'intensites diverses. Cette appa- rence est due a la dispersion. Le disque central est l'image des piuceaux qui traversent l'axe et les parties voisines sans etre sen- siblement refractes, tandis que la zone qui l'entoure, produite au conlraire par les pinceaux les plus inflechis, n'est plus qu'un melange de lumiere violette et de lumiere blanche; viennent ensuite et dans l'ordre que nous connaissons, les zones du bleu, du vert, du jaune, de l'orange, du rouge, en sorte que 1c champ de lumiere est toujours horde de rouge. Si l'experience est faite au dela du foyer principal de la lenlille collective, le phenomene sera inverse , les parties centrales devenant rouges et les bords violets. Masquee par la grande quantite de lumiere blanche re- sultant du melange d'un grand nombre de rayons de diverses couleurs, cette disposition ne sera reellement apparente pour 1'ceil que sur les bords du champ; mais nous allons voir qu'elle n'cn existe pas moins dans loutes ses parties. Supposons une lenlille eclaiiante en crown dont la distance focale principale soit dc 30 centimetres pour le rayon rouge, nous verrons que, pour les rayons violets, cette distance sera seulement de 27 cen- timetres. Les rayons moyens se trouvent compris entre ces deux points a des distances inegales. Prenons comme appareil ampliflant une simple lenlille achro- matique convergente et cherchons aprojeter surun ecran l'image agrandie du soleil, qui se trouve au foyer de la lentille collec- tive. Nous avous vu qu'a cause de la dispersion, ce foyer n'est pas unique, mais au contraire compris entre deux causliques d'une certaine longueur. Si done nous mettons au foyer le plus eloigne qui est par consequent le plus refracte , nous aurons sur l'ecran une image rouge du soleil. Supposons cette image au point a 30 centimetres, nous verrons que, pour obtenir la meme nettete pour l'image violette, il faudra rapprocher l'ecran jusqu'a 5 centimetres de la lentille ampli- liante, position ou le violet ccsse seulement d'etre divergent. Substiluons maintenant a l'ecran une glace sensible egalement placee a 30 centimetres, l'epreuve qu'elle nous donnera sera une sorte de cible composee d'anneaux concentriques d'intensites bien diilerenles. Le disque central produit par le rouge n'aura, bien qu'il ait para tres-lumineux a 1'oemI, que faiblement impressionne la glace, landis que la zone exterieure composee de lumiere vio- lette divergente aura donne un resultat inverse: les zones inter- 288 COSMOS. mediaires anront aussi donnc leur image dans la proportion de lour action chimiquo. 11 est inutile d'ajoulcr que si nous avons pris pour centre de 1'image le foyer le plus court, e'est-a-ciire les rayons les plus refractes, Pellet sera inverse et que nous aurons nn centre heaucoup plus impressionnc que les bonis. Un cliche on tout autre objet composes de parlies Iransparentes et dc par- ties trnnslucides, soumis a une amplification quelconque dans une seniblable lumiere, donnera done une epreuve inegalcment eclaiiee du centre a la circonference, le fond elant compose d'anneairv concentriques d'intensites differences. Nous allons voir que Tinegalite' de l'eclairage n'estpas le seul inconvenient que pre'sente la lumiere convergente. Deux autres phenomenes viennent encore dans ce cas concourir a troubler la nettete des images. Lorsque avec un grossissenient un pen fort on veut projeter 1'image d'un petit objet plan au moyen d'un ob- jectif dont on a Men comge l'aberration spberique, une chose qui surprend au premier abord, e'est qu'on n'en pent mettre a la fois au point toules les parties. Le foyer pour le centre est heau- coup plus court que pour la circonference. CPtte difficulLe s'ex- plique, non par un efi'et de l'aberration spberique, mais par celui de I'abei'ration cbromalique. Le champ dc lumiere est, nous l'avons vu, compose de zones dc couleurs d'inegalesrei'ran- gibilites; 1'objet n'envoie pas de lumiere speculairc et pen de lumiere ditfuse, puisqu'il est presque transparent; en sortequ'e- claire au centre par la lumiere transmise rouge, il Test successi- vcment a partir de ce point par le jaune, le vert, le bleu,le violet, dont les ondes n'ont ni la meine longueur, ni la rneme amplitude, ni la meme duree. L'appareil amplifiant nous montre done en- core dans ce cas que le champ de lumiere n'est que de la lu- miere blanche melangee avec les tons resultant de la dispersion. 11 n'y a done avec la lumiere convergente ou divergente aucun moyen d'eclairer et de mettre au point, egalement du centre a la circonference , toutes les parties d'un objet de quelque etendue et e'est une des raisons qui out fait que le microscope solaire tel qu'on l'a construit jusqu'a present, est reste un instrument de curiosite ; et sans les modifications que j'y ai apportees il scrait impropre a la photographic. II nous reste a ddinontrer qu'une troisieme cause de trouble, et une des plus importantes , re'sulle encore de l'eclairage conver- gent. Pour no pas compliquerla question et nous renfermer dans les Unfiles pratiques dc grossissements superficiels de cinq ou six COSMOS. 289 fois, nous admetlrons que los rayons convergonts qui emergent de la lentille collective sont de la lumiere blanche. En examinant cos rayons apies avoir interpose dans leur trajel une glace paral- lel, nous voyons que les causliques qui limitent le foyer s'allon- genl beaucoup et qu'en memo temps le champ de lumiere change d'aspecl. Nous sommes en presence d'un phenomene (interfe- rence; depuis le centre ou la refraction est nullejusqu'a la cir- confe'rence ou elle est a son maximum, les pinceaux tombentsur la glace avec des incidences bien diiffirentes, en sorte qu'a leur emergence le rapport de leur sinus do refraction avec celui de leur incidence est change; ils marchent alors moins parallele- ment entre eux et interferent les uns avec les autrcs avant d'r.r- riverau foyer; le resultat final est un nouveau trouble dans l'e- galile de l'e'clairage que complique encore cette circonstance que jamais la glace qui supporte nn cliche n'esta faces paralleles. Iln ous sul'tit de suhslituer a la glace transparent?, un objet mi- croscopique pour rcconnailre 1'influence de cette nouvolle cause de perturbation. Des bourrelets de diffraction so formeront sur tous les contours; les details seront vagues, les lignes cpanouies, epaisses et multiples. On a dit. qu'un eclairage convergent est la seule condition qui permettc d'employer toute la lumiere transmise, et Ton en donne pour raison que le foyer du cone d'eelairage se trouve sur l'axe optique de l'apparcil amplifiant, ou meme sur la premiere lentille du doublet dont il se compose. Pour nous convaincre au contraire que ce point luminpux est plus nuisiblc qu'utile, nous n'avons qu'a coller au centre de ce premier verre, la ou la lentille collective fait son foyer, un simple pain a cacheter. Aussitdtl'image s'ameliorcra. En effet, suivonsla marche de la lumiere dans l'apparcil amplifiant comme nous ve- nons de le faire dans celui de l'eclairage, qu'est-ce que ce point lumineux? C'est l'image du soleil que je suppose unique bien que la lentille convergente en fournisse un grand nombre, puisqu'elle n'est pas achroraatique ; elle ne conticnt pas l'image en petit du cliche comme il faudrait le supposer pour que la lumiere de ce point hit efficace. Elle resulte au contraire de la reunion au foyer de tous les pinceaux qui out pu traverser les parties transparentes de la glace. Pour examiner quel en sera 1'eQ'et, mettons-nous dans les cas qui peuvent se presenter. Cette image sera ou plus loin ou plus pres que le foyer principal du doublet dont se com- pose l'objectif, ou bien encore elle co'incidera avec ce foyer. Dans 290 COSMOS. cette dernicre circonstance, elle fournira sur l'ecran un faisceau de lumiere parallt'-le ou un disque plus petit que le champ de lu- miere necessaire a l'eclairage du clich6; plus loin que le foyer pi'incipal et grandie seulement par unc des lentilles a long lover composant l'objectif, elle formera une image ronde du soleil an milieu du cliche amplified plus pros, elle formera un faisceau de lumiere divergente qui couvrira d'un voile lumineux l'image pro- jelee. Loin de renforcer la lumiere efiicace, elle ne servira done qu'a voiler l'e'preuve en lui donnant moins de vigueur. D'apres ce que nous connaissons des interferences, nous pouvons dire que, penetrant dans l'appareil sous une incidence difleronte de cellede la lumiere transmise par le cliche, elle est une occasion supplementally de diffraction. L'etude quej'ai faite depuis longtemps de l'influence de l'eclai- rage sur la ncltete des re'sultals, nc m'aurait cependant pas amene a faire ces observations, si jc n'avais a proposer a la Sociele un moyen simple d'attenuer les inconvenients de la lumiere conver- gente. Peu sensibles dans la pratique avec d'aussi faibles grossis- semenls que ceux qu'on emploie, ces causes de trouble je ne les eusse pas signale'es s'il avail fallu, pour les faire disparaitre , re- count' a des instruments compliques ou coilteux. Comprenant qu'entre un appareil destine a des grossissements superficiels de dix ou quinze et celui dont je me sers pour l'eclairage des objels grandis plus d'un million, il pouvaity avoir degrandes dillerences, je n'eusse rien dit si je n'avais pense qu'on peut faire mieux sans plus de frais. J'avais prie M. Delahaye de nic faire construire, dans ses ate- liers, un instrument que je comptais presenter aujourd'hui, mais il n'est pas encore pret. Cependant, sa construction est si simple, qu'il me suffira de peu de mots pour l'expliquer. II se compose, commc le microscope, d'un reflecteur mobile suivant deux plans qui se coupent demaniere a permelti'e, a cha- que instant, d'amencr le soleil dans l'axe optique d'une lentille plane convexe et d'une lentille negative de diametrc el de foyer variables pour trois positions. Cette lentille, de meme force dis- persive que la premiere, est calculde, quant a sondiatnelreeta son foyer virtuel, pour la place qu'elle doit occuper dans le cone con- vergent dont elle est destinee a rendre a l'emergence les rayons paralleles entreeux. Pour nerien pcrdre de la lumiere transmise, et concentrer sur le cliche toute la lumiere parallele envoyee par le reflecteur sur toute la surface de la lentille collective, j'ai fait COSMOS. 291 aire Irois lentilles negatives de rechange : l'operateur est. done le maltre de li miter le diametre du faisceau parallcle & celuidu cliche a grandir. Par ce inoyen, on voit que, dans la limite de la prati- que, aucune partic de la lumiere incidente n'est perdue, l'inten- site du faisceau est en raison inverse du carre des diametres des lenlilles negatives employees, en sorle qu'il y a avantagc a so servir de cellesurla surface de laqucllclc cliche peut etreinscrit. Dansles conditions deparallelismeou jeme place, tanta Penlree qu'a la sortie, les rayons, dans leur passage a travers la glace, ne subissent pas de refraction, et l'interposition do cetle derniere n*y apportc aucune modification. Inexperience m'a depuis longlemps demontre que, dans cette luiniere, la plupart des phenomenes perturbateurs disparaissent; quel' aberration y est moins sensible et la mise au point plus rigoureuse, et qu'enlin les bourrelets de diffraction ne commencent a paraitre qu'a une distance dix fois plus grande qu'avec la lumiere convcrgente, e'est-a-dire a des grossissements cent fois plus considerables. Cependant, bicn que pre'sentant sur l'eclairage convergent des avantages qui me semblent incontcstables pour le but que nous nous proposons, elle donne lieu, dans les experiences tres-deli- cates et lorsqu'il s'agit d'oblenir une image dont les dimensions superficielles sontgrandies cinq ou six cent mille fois, a des effets qui ne permeltcnt plus de l'employer. En presenlant, si la Sociele veut bien me le permettre, le mi- croscope quej'ai fait construire pour mes experiences, j'indique- rai les modifications quu'eviennent alors necessaires, et qui sont commaudees par les lois plus rigoureuses de l'optique. » One M. Bertsch nous perinetle de le lui dire, sa note n'est pas complete. Nous admcttons pleinement que le cliche doivc etre eclaire par un faisceau de lumiere parallele; mais, pour arri- ver h amplifier, il faudra necessairement revenir a un faisceau convergent, et faire tomber lesommet du cone convergent sur la lentille amplificative. Ce que M. Bertsch ne nous dit pas, et ce que nous le conjurons de nous dire, e'est comment il amplifie et com- ment il donne, a l'image amplifiee, le maximum de lumiere pos- sible. F. Moigno. 2i>2 COSMOS. ACADEME DES SCIENCES. Silance du luudi 18 mars I8G0. M. Monier ajoule Ilia nouveau systemc de frein aux dix millc syslemes ddjA connus. Hclas! le frein leplus important a decou- vrir, ce sera t celui qui empecherait des milliers d'inventeurs de tenter l'impossible et d'epuiser leurs rcssources, dans l'espoir d'oblenir une fortune des compagnies de chemins de fer qui ne lenr donneront pas un centime. — Un medecin du Yar appelle l'attention sur une pi err e parti- culiere qui aurait a un baut degre la propriete de conserver tres- longtemps la chaleur qu'on lui a communiquee. — M. Filbol, de Toulouse, envoie le commencement de ses rechercbes sur une ma Here colorante commune a toules les fleurs. Presque incolore dans les acides, celte matiere prend clans les alcalis une nuance tres-vive ; il y aurait un grand interet a l'isoler, inais sa volaliiite semble s'opposer a ce qu'on obtiennece resul- 1at Ires-important. Nous n'avons pas bicn cntendu le nom que M. Filbol donne a cette matiere qui aurait des rapports tres-remar- quablcs avec la cblorophylle; en s'aidantdelametbode d'analyse immediate de M. Chevreul, il espere completer bientOt ses inte- ressantes rechercbes. — M, Scbeurer-Keslner a communique a l'Academie, dans la seance du 2 Janvier, quelques fails nouveaux sur les produils de l'oxydation duprotocblorure d'e'tain etla dissolution de quelques oxydes dans le bicblorure. On prepare le bicblorure d'etain en oxydant le protocblorure d'etain additionne de son equivalent d'acide cblorbydrique par l'acide azotiquc ou le cblorate de po- tasse; mais le produit obtenu n'en est pas pur. En oxydant par l'acide azolique le protocblorure d'etain sans addition d'acide cblorbydrique, les produitsoblenus varicntsuivantla concentra- tion des liqueurs. Avne des liqueurs concentrees , il y a simple oxydation , tandis qu'avec des liqueurs etendues il y a iixalion d'un ou plusieurs equivalents d'acide azotique. Les liquides oblenus avec des dissolutions concentrees abandonment des cristaux de bicblorure ; le liquide separe des cristaux contient l'acide stanni- que en dissolution dans le biehlorure. Le protoxyde d'etain se dissout dans le bicblorure avec la plus grande facililc ; en prenant des equivalents e'gaux de Tun et de l'aulre , il se forme du proto- COSMOS. 293 chlorure d'elain et de l'acide slannique qui reste dissous dans l'cxces do bichlorure. En ajoutant au bichlorure un exces do pro- toxyde, tout le liquide se prend en masse. La dissolution iiltree ne renferme plus de sel au maximum, mais simnlement du proto- cblorurequi cristallise; la pate restee sur le filtre est composee d'acide stannique. Ku oxydant lc protochlorured'eta'm par l'acide chromique , on obtienl un liquide epais d'un beau vert emeraude. Cettc note de M. Scheurer-Keslner a donne l'eveil a M. Jourdain , professeur de cliimie a Poitiers, et il prend dale pour quelques solutions litaniques colorees en rouge et obtenues de meme avec le prolocblorure. — M. Delfreysseaftirme que les vapeurs exhalees des personnes malades, des choleriques, par exemple , contiennent des animal- cules ou des miasmes organiques pouvant determiner une verita- ble contagion. — M. Martin-Villiers adresse l'bistoire d'une sorte d'epide'mie ou constitution rachidienne quia sevi pendant l'ete dans les envi- rons de Villefranche (Haute-Garonne). Beaucoup de moissonneurs en ont cte atteints, et tous presentaient le meme phenomene , une impuissance, une paralysie presque complete des membres ini'e- rieurs. Apres avoir essaye en vain la bclladone, la digitale, etc., M. Martin-Villiers a eul'idee de recourir aux preparations mercu- rielles qui se sont montrees efflcaces dans presque tous les cas. — Un medecin en chef de l'bopital de Manchester envoie pour le concours du prix Monthyon de medecine et de chirurgie une nouvelle methode de traitement et de gue'rison des pseudarthro- ses par l'autoplastie periostique : la condition de succes est que le perioste enleve pour 6tre remis intact en place soit conserve dans toute son integrile. — M. le docteur Martini, de Naples, qui, Fannee derniere, a communique a 1'Academie des observations interessantes de vision coloree produitc par la santonine prise a 1'interieur, annonce qu'il a eu la pense'e de faire servir cette substance au traitement de l'amaurose. Essayee dans trois cas, au mois de marsde l'anne'e derniere, la santonine a reellemcnt rendu la vue a des amauroti- ques , du moins, pour un certain temps, car M. Martini ne parte pas encore deguerisons completes et durables. — M. Pouchet adresse, de Rouen, une observation d'analyse microscopique de flocons de neige regardes au moment ou ils tombaient de l'almosphere. En outre de parcelles de fumee, on y distinguait des o?ufs et meme des cadavres d'infusoires, une ma- 291 COSMOS. tirro verte organique, des spores de divcrses mucedinees, peni- cidiiim, bracterium, etc. Nous regreltons que lc savant natura- listc nc nous ait pas envoye son observation, ainsi qu'il nous l'avait annonce", avcc la porlec qu'il lui donne, ou les conclusions qu'il en tire. — Les noms des autcurs de deux memoires importanls, l'un sur les consequences du mouvcmentde rotation de la terre, l'aulresur le moycn de prevenir les inondalions, en canalisaut les fleuves et les rivieres, ne sont pas arrives jusqu'a nous. — M; liecquerel perc resume, des observations fades an Canada par M. Bourgeois, sur les temperatures relatives del' air, du sol et des arbres. La conclusion est toujours la memo : les arbres ne prcnnent, qu'apres un temps plus ou moins long, la temperature de l'air ambiant; ils otl'rent une resistance vraimentremarquablc au lroid; le systeme foliace pout se developper, alors meine que les racines plongent dans un sol encore glace ou au-dessous de zero. — M. Henry Sainte-Claire Deville lit le resume suivant d'un memoire de mecanique cbimique sur la clialcur dcgagee dans les combinaisons chimiques : « Je prcnds un ballon de verre que je supposerai pour le mo- ment incapable de s'echauffer et de se dilater sous l'influence do la cbaleur; j'y verse avec precaution d'abord de 1'acide sulfurique monobydrate et pur, puis de l'eau ; les deux corps etant tous les deux a zero degre et se superposant sans se melnnger. Les quan- tity d'acide et d'eau mises en presence sont telles, qu'elles repre- sentent un equivalent d'acide ctdeux equivalents d'eau, et qu'elles rcmplisscnt le ballon jusqu'au col etroit qui le surmonte; on marque d'un trait le niveau du liquide; puis, operant brusque- ment le melange des deux corps, on observe : 1° l'elevation de temperature qui va jusqu'a 138 ou 139 degres; 2° l'invariabilile du niveau du liquide qui ne s'est ni contracte par suite de la combi- naison, ni dilate par cet ecbauffement. Ainsi, a la temperature de- gagee par la combinaison de deux equivalents d'eau etd'un equi- valent d'acide sulfurique, la densite de 1'acide sulfurique a trois equivalents d'eau est moyenne entre la densite des deux corps qui le constituent. Le nouvel acide se refroidit bientot, et s'il se trouvc a zero de- gre, on peut, en determinant son nouveau volume, calculer son coefficient de dilatation. II est clair, d'apres cette experience, que si on avait pu en prevoir le resultat, il aurait ete facile de COSMOS. 295 calculer, au moyen do ce coefficient de dilatation, la temperature a laquelle l'acide sulfucique a trois equivalents d'eau prend la densite moycnnc do scs elements, et par suite la temperature produile par la comb'maison d'un equivalent d'acide sulfurique monohydratee et dc deux equivalents d'eau. C'est precisement ce resullal que j'ai prcvu en m'appuyant sur des considerations de mecanique que je demande a l'Academie la permission de de- velopper. Enpartant delatheorie des ondulations, on admet que l'inten- sitcdela chaleur varie commele carrede la vitcsse des molecules de l'ether. En supposant que les temperatures representent a peu pres proportionnellemcnt lesintensitesdes sources de chaleur, on voit qu'elles representent aussi le carre de ces vitesses et par con- sequent les forces vivos. Dans l'hypothese de la materialite de la chaleur, je suppose que la chaleur latente est comme uu ressort bande entre deux molecules qui s'attirent en vertu de la cohesion, et de l'equilibre de ces deux forces resulte l'etat actuel du corps. Soit 1 une fo no- tion da temps qui represente l'espace que parcourrait dans le temps t la molecule m, si ellerecevait l'impulsion de ce ressort au moment ou il sede'bande, v=dl:dt etantla vitesse dont ellese- rait animee, mo- serait sa force vive ou l'intensite de cette cha- leur latente devenue sensible. Or, je croisqu'on ne pent, a moins de tomber dans Fcrreur des creations de force, admetlre d'autre source i\ la chaleur degageedansles combinaisons chimiquesquela chaleur latente enfermeedans les corps qui s'unissent. Du moment qu'il y a un echauffement produit, il y a une force mecanique de- veloppee dont il est meme facile de donner aujourd'hui l'exacte valeur, done le principe mecanique de la conservation des forces vives doit ici trouver son application. Or, la chaleur sensible, de- veloppee par deux corps qui se combinent sans changer d'etat et en secontraclant commel'acide sulfuriime, doitetrefournie par la chaleur latente qu'exhalentles deux corps au moment de la combi- naison; et cette chaleur est egale acelle queperd le compose pour passer de la temperature a laquelle s'est operee la reaction a la temperature initiate. 11 suffira done, quand il n'y aura pas de perLe de force vive , de connaitre le coefficient de dilatation du corps compose et sa contraction deduite de la densile de ses ele- ments, pour connaitre la temperature a laquelle le corps compose aura le volume de ses elements , par suite la temperature de la reaction. 296 COSMOS. Mais, de meme que dans les machines il y a des pertes deforce vive dues au frottement, do memo dans les coiubinaisons chimi- ques il y a des pertes de force vive ou de temperature qu'on peut calculer avec la regie quej'ai donnee; e'est do la chaleur perdue ouplutot absorbe'e en verlu de causes tout a fait connues. Ainsi la dissolution est une cause de froicl, non-seulementlors- qu'elle s'effectue enlrc un liquidc et un solidc qui so liquefic, mais encore entre deux liquides qui se dissolvent ou nieme, commel'a demon tre M. Perton, entre une dissolution deja faiteet 1'eau dont on l'etend. Done toutes les ibis qu'il y aura en meme temps com- binaison et dissolution, il y aura degagement de chaleur; mais perte de force vive, comme cela arrive pour les melanges d'eau et d'acide sulfurique autres que celuidontje viens de parler, et qui est l'acide sulfurique au maximum de contraction de Rudberg. J'ai etudie, sous le point de vue qui vient d'etre developpe, la chaleur produite par vingt-cinq melanges differents d'eau et d'a- cide sulfurique; j'en donncrai seulement quelques exemplespour Be pas allonger cet extrait. Ten.pe'ramro produile ,i parlir Temperature Fraction de la d«Q». perdue. force »i*e loial. AciJea 2 erf. d'eau 9.!",i 43o,2 0,30 — 3 — <13S°,5 2°, 7 0,01 ronibinaison oiif.rgique — 4 — 531V' ^9°,3 0,13 — 5 — 123°,2 16°, 3 0,12 indice d'une combinaison — 6 — 110°, 2 21°, 3 0,16 — 7 — 100", 7 1S°,7 0,13 indicc d'une combiuaison — S — 94°,6 22°,S 0,20 Je ne voudrais pas gdne'raliser les principes que je viens de conslater pour l'acide sulfurique, avant d'avoir etudie un grand nombre de corps divers et d'avoir analyse le resultat de tres- nombreuses experiences en voie d'execution. L'action de la cha- leur sur les corps produit des effets en apparence si discordants, dilatant la plupart, en contractant quelques-uns (l'eau, par exemple, entre certaines limites), qu'on ne sera peut-etre pas etonne d'apprendre que certains corps, comme l'acide acetique monohydrate, se dissolvent dans l'eau en se contractant etse re- froidissent en meme temps. D'autres, comme l'acide sulfurique et la soudedissous, se dilatent et s'echauffent en meme temps par la combinaison quand on les observe a un c'tat do concentration COSMOS. 297 convenable. II resulte aussi de mes experiences qu'il est indis- pensable, dans la mesuredes quantites de cbaleur produites par la combinaison, de tenir eompte de cet elatde concentration au- quel repond toujours nne cerlaine quantile de cbaleur latente va- riable avec la proportion ponderate du dissolvant; ce qui est d'ailleurs une consequence des experiences de M. Person sur la dissolution. Ces recbercbcs, deja nombreuses , ont necessite la determi- nation d'un grand noinbre de coefficients de dilatation et de cbaleurs specifiques de liquides. Dans une procbaine communi- cation, je ferai connaitre les precedes nouveaux au moyen des- quels je pcux opcrer tres-rapidement et avec une exactitude sufiisanlc. J'insiste sur ce point, que mon experience de l'enseignement me fait considercr comme a peu pres inapercu dans la science aujourd'hui, qu'a moins de creation de force, il faut admeltre que la cbaleur degagee pendant la combinaison persiste dans les elements a l'etat de cbaleur latente ou de force definie, comme je viens de le faire. Ceci admis, on voit que Facide cblorbydrique nepeut etre un gaz a la meme maniere que le cblore et l'bydrogene, ou que l'un des deux. Ces deux corps, en effet, s'unissent en produisant une quanlile considerable de cbaleur, mais sans cbanger de volume. II y a cu cbaleur degagee, force vive detrude. Qui l'a fournie? Est-'ce l'hydrogene, le chlore, ou tous les deux? Toujours est-il que l'acide cblorbydrique confient moins de cbaleur latente que l'un au moins de ses elements, et qu'il est peut-etre par rapport a l'bydrogene ce que l'eau liquide est a la vapeur d'eau; l'etat pbysiquc de ces deux, corps ne variant que par la difference des cbaleurs latentes. L'acide cblorbydrique d'une part, le cblore et l'bydrogene, ou au moins l'un des deux, d'autre part, doivent done differer entre eux par une proprielepbysique encore inconnue. C'estsansdoute quelquccbose d'analogue a ce quej'aiappelela dissociation dans les corps composes. Lorsqu'on e'ebauffe les corps, ceux-ci absorbent la cbaleur pour se dilater, et sans doule ils en rendent lalente ou, si Ton me par- donne cette expression, ils en enierment entre leurs molecules une certaine quantite, d'oii dependent les etats pbysiquesparticuliers, mollesse, eiat vilrcux, trempe, etc., que Ton remarque en eux. La cbaleur specifique doit etre une somme d'elemenls fort complexe 298 COSMOS. el la temperature, e'est-a-dire la dilatation de t air sous rinfluenco de la chaleur no doit done pas necessairement representor une intensite de chaleur, coniine e'est . l'opinionconnue. En ce moment je compare lesdivers points de rechellethermo- metrique compris entre zero degre et KViO degrespar lesmoyens photometriques employes pour determiner l'intensitc do la lu- miere, en cherchant, au moyen d'un appareil Ires-simple, ayant a son centre un thermometre de Leslie, a quelle distance il faul placer des surfaces chauflees successivement avec les vapeurs d'eau, de mercure, de soufre, de cadmium et de zinc bouillants pour produire le memo efl'et ibermomelriquesur un point donne. C'est la un travail pour lequel je me suis adjoint tin de mes eleves les plus dislingues, M. Hautel'euille, dontl'aide intelligent m'a ete de la plus grandc ulilite dans ces laborieuses rc- cherches. Lorsque Lavoisier a detruit le systeine de Stahl , il n'a eu le temps que d'cxpliquer les phenomenes chimiquesde la combustion, et si on degage l'oxygene du pblogislique , on voit qu'il n'y resle plus que la chaleur latente, que les idees de Stahl deviennent ab- solument justes. Les corps simples sont des composes de malierc et de chaleur; celle-ci se degage par la combinaison, et le compose devientde plus en plus stable etinerle a mesure que, s'etaut plus inlimement combine, il a perdu plus de chaleur ; ce qui fait que le sulfate de baryte est un corps qu'on ne peut plus ouvrir, suivant V expres- sion allemande, qu'en le soumettant aux plus hautes tempera- tures. L'affinite elant la cause, la chaleur de'gagce est l'ell'et pro- duil par cette force et lui estproporlionnelle; d'ouilsnitquesil'on veut prendre Telfet pour la cause et la cause pour l'efl'et, ce qui est permis ici, on arrive a admetlre que l'affinite n'est pas autre chose en intensile que la quantite de chaleur latente ou phlogis- tique enfermee dans les corps, et a identifier, avec uneancienne hypothese, toutes les forces physiques, comme le veulent Grove et les physiciens moderncs. — M. Daussy fait hommage de la prirtic geographique da voyage de Perse de M. le baron Hommaire de Hell en iSU2 : le grand nombre d'observalions baromelriquesfaites dans cette ex- cursion celebre et qui ont ete reduites avec soin par M. Daussy, presenteront un grand interet lorsqu'elles seront complelces par des observations astronomiques; carles longitudes ne sont ac- tuellement estimees qu'au chronoinetre. COSMOS. 299 — M. Delauiiay repond a la note inseree par M. Le Verrier dans les Comptcs rendus. II constate d'abord que cette note n'a- joute rien a ce qu'il s'est einpresse lui-ineme de reconnailre lorsqu'il a dit, Comptes rendus, tome xlyiii0, page 826 : « Les ob- servations tendent a montrer que ^acceleration seculaire du moyen mouvement de la lune est notableinent plus grande que celle que j'ai deduite de la theorie. Si cette discordance entre les resultats founds par la theorie et ecus qui se deduisent de l'ob- servation elait etablie d'une maniere definitive, il y aurait lieu de chercher la cause a laquelle on pourrait l'attribucr... » J'ai done admis, dit en substance M. Delaunay, que le resultat de ma tbeorie pouvait etrc defmilivcment en desaccord avec l'obser- vation; mais i'aut-il conclure de ce desaccord, comme le fait au- jourd'hui M. Le Verrier, que ma tbeorie est t'ausse, ou que mes calculs sont inexacts? Evidemment non. 11 faut tout simplement, comme je le disais, conclure a l'existence de quelque cause iu- connue dont on n'a pas encore tenu compte, l'influence de quel- que astre perturbalcur ou la resistance d'un milieu, etc., etc. Si quelqu'un devait etrc tente de conclure du desaccord avec I'ob- servalion a la faussete de la tbeorie ou des calculs, ce ne pouvait pas etre M. Le Verrier. Que lui est-il arrive, en el'fet? 11 a fait uue theorie de Mercure, et en reduisant en uombres et en tables les i'ormules de sa tbeorie, il areconnu qn'elles nerepre'sentaient pas les observations avec une exactitude sufdsanle; or, au lieu de proclamersa theorie fausse, il a conclubardiment aux perturba- tions produites par une planele intra -mercurielle encore incon- nue. 11 n'est done pas vrai pour lui que la verite d'une theorie depende de son accord avec les observations ; et M. Le Verrier n'etait pas en droit de declarer a l'avance qu'il tiendrait pour nulle et non avenue toule reponse dans laquelle jc u'etablirais pas que ma theorie n'est pas conlrcdite par l'observation. Entrant ensuite dans le fond du debat, M. Delaunay croit trouver des preuves certaines de la verite de sa tbeorie dans 1'accord vrai- ment extraordinaire, ou mieux dans l'identile de la serie par laquelle il calcule l'acceleration seculaire du moyen mouvement de la lune avec la serie a laquelle est arrive M. Adams par une melhode completement differente ; il est impossible que celle identite soit un elTet du hasard , et elle est en elle-meme on fort argument en faveur de l'exactilude de la tbeorie et des calculs. Mais il est un autre temoignage plus imposant encore qui vient s'ajouter a celui de M. Adams, le temoignage de M. Poisson, nom 300 COSMOS. glorieux et cH6r a l'Academio. Poisson, en iS3o, dans un menioire important eterlobre, a jotc les bases d'une tbeorie de la lunc, el. formule nne metbode nouvelle de determination des inegalitcs se- cnlaires; j'ai applique la melbode de Poisson, j'ai reduit ses for- mules en nombres, et j'ai rctrouve, pour l'acceleralion scculaire du moyen mouvement, une valeur identique a celle que nous avions donnee M. Adams et moi. Les developpcmenls de mescal- culs seront imprimes, grace a la bienveillance du Bureau des longitudes, dans le supplements la Con naissance des temps de 1862; el il me sera perinis de trouver dans ce resultat inattendu une conQrmation precieusc de la veritc de ma tbeorie. M. Delaunay lit ensuite des passages de lettres a lui ecrites par MM. Airy et Hansen , desquels il resulte que ces babilcs astronomes ne voyaient nullement dans la reduction considerable, de pros de moitie, apportec par lui au coeflicient de l'acceleralion, la con- damnation de sa tbeorie; tous deux se conlenU'iit de conclure du disaccord constate a la necessite d'en recbercber les causes. M. Delaunay lil encore quelques lignes des Monlhh.j notices, dans lesquelles, a l'occasionde la discussion soulevdcauseinde la Societe astronomique de Londres par une protestation de M. de Ponte- coulant contre le resultat numerique de M. Delaunay, le reve- rend docteur Main, premier assistant de l'Observatoire de Green- wich, donne la qualiiication do prematuree a ce qu'on appclait deja l'errcur de M. Delaunay, et. so borne a dire qu'il y avail la une dil'Qculle scrieuse dontil fallait chercber la solution. — M. Le Verrier repond d'abord a l'argument ad hominem mis en avant par M. Delaunay, et tendant a prouver que la verile ou la faussete d'une tbeorie ne doivent pas se conclure de l'accord ou du desaccord avec l'obscrvalion. J'ai fait, en eflet, dit-il, il y a dix-septans, une tbeorie de Mercure; elle a ete, de la part de M. Laugier, et je Ten remercie , l'objet d'un rapport favorable; mais elle ne me satisfaisait pas complelement; j'elais arrete par des difficultes que M. Laugier nepouvait pas apprecier, mais qui n'en elaient pas moins reellcs. Si a celte epoque un autre ge'ome- tre etait venu me dire qu'il etail en possession d'une theorie de Mercure representant exactement les observations, je me serais arrete, j'aurais abandonne la mienne qui etait loin de donner des positions rigoureusement exactes. Mais ma tbeorie etait unique; je l'ai revue avec le plus grand soin, je lui ai consacre tout mon temps dans le deuxie-me semestre de 1859 ; j'ai calculc les tables; alors seulement j'ai en la conviction que les perturbations dues COSMOS. 801 aux plgd&ee connues ne suffisaienl pas a rendre compte des ecarls considerables cntre la tbeorie et l'obscrvation ; j'ai con- clu a l'existence de planetes intra-mercurielles, comme cause inconuue du desaccord, et je n*ai pas balance a calculer de nou- velles tables, en tenant compte des 38 secondes ajoulees au mou\e ment seculaire da peribelie. M. Delaunay est-ildans lesmeme conditions que inoi, et peut-il arbiter de mon example? Evidem- nient non. D'une part, Laplace affmne et demontre que l'attrac- tion universelle sufilt pleinement a rendre compte du mouvement de la lane, de ses variations et dc ses inegalites ; Laplace memo, a combattu a I'avance !e recours a des causes perlurbatrices oc- culles on incormues, la resistance de l'etber, etc.; de l'autre, mi astronome eminent et qui fait grande autorite, M> Hansen, aftirme qu'il est en possession d'une tbeorie complete de la lune,basee sur la seule attraction universelle et les perturbations produites par les causes connues, qui satisfait pleinement aux observations ; des lors M. Delaunay ne devrait-il pas faire ce que j'aurais fait en pareil cas, abandonner sa tbeorie ou du moins la corriger pour l'amener a s'accorder avec celle de If. Hansen et avec les ob- servations? J'arrive maintenant, ajoute R§. Lc Verrier, au motif principal qui m'empeebe d'avoir conliance dans la tbeorie de M. Delaunay. 11 admet forcemeat que la valeur assignee par lui a l'acceleration seculaire. du moyen mouvement ne satisfait ni aux observations anciennes ni aux observations recentes. Or, dans l'bypotbese dc ce desaccord deiinitif, que disait-il lui-meme dans sa communi- cation du 25 avril 1859 : « L'acceleration seculaire de la lune n'est pas le seul element du mouvement de cet astre dont la valeur iu- flue directement sur l'explication complete d'une eclipse de so- leil anciennement observee : le mouvement du nceud et de Porbite jouc un role important dans cctte explication, et sa valeur n'est pas tenement lixee qu'elle ne soit pas susceptible de recevoir une certaine modification ; le moyen mouvement de l'astre lui-meme, tel qu'on le deduit des observations modernes, peut etre rendu inexact par suite de Fexistence de ccrtaines inegalites a longue periode dont la grandeur n'est pas encore parfaitement connue. Avant d'aller plus loin il est necessaire d'examiner completement cbacun de ces deux points importants de la question ; e'est ce que je me propose de faire dans de procbaines communica- tions. » M. Delaunay se met en effet a l'ceuvre, et le 29 avril 1859 il apporte a l'Academie le calcul acbeve des variations seculaires 302 COSMOS. des moyens mouvemenls du perigee et du noeud do l'orbite dc la lune; celte fois il se trouvc d'accord avec M. Hansen, de sorte que la difference considerable dans les valeurs de ^acceleration seeulaire ne se trouvanl. nullement compensce, la difficulty i este tout entiere, ou plutot la question est reellement resolue en l'a- veur de M. Hansen, car il devient certain des lors que le coeffi- cient d'acceleralion de M. Delaunay ne satisfaisait ni aux obser- vations recenles ni aux observations modcrnes. II lui rcslait la chance d'une compensation apportee par les inegalites lunaires a longue periodc dues a Paction perlurbatricc de Venus. 11 la lente et il croil trioinpher. a Des deux inegalites de M. Hansen la premiere est a peupresnulle, et il est extreinement probable qu'il en est de meme de la seconde. Ce resultat est. d'une grande importance relativement a la controverse qui s'cst elevee recemment au sujet de l'acceleration seeulaire du moyen mouvement de la lune. La valeur de cette acceleration, telle qu'on l'a deduite de la dis- cussion des auciennes eclipses, est necessaircmcntcnlacbe'e d'er- reur puisqu'on n'a pu la determiner qu'en partant des inegalites faulioes de M. Hansen... Quand on voit que les memes equations qui ont servi a M. Hansen pour determiner les inegalites secu- laires de la longitude moyenne du perigee et du noeud de la lune ont found des coefficients considerables pour des inegalites a longues periodes que jc trouve de mon cote etre a peu pres nulle, quel est le degre de con fiance qu'on pent accorder a la ua- teur que M. Hansen en a deduite pour V acceleration seeulaire du moyen mouvement de la lune? (1) » Malbeureusement le triompbe ne fut pas long ; car quinze jours apres, M. Delaunay qui avait dit : c Je n'ai rencontre aucune des difficultes qui avaient arrete ou embarrasse mes devanciers, et je n'ai pas cesse un soul instant d'avoir une plcine et entiere securite dans l'exaclilude des re'sul- tats auxquels mes calculs devaient me conduire , » reconnut spontanement que la valeur assignee par lui a la premiere inega- lite avait besoin d'etre modifiee, parce qu'il n'avait pas tenu (1) La force de la verile et le sentiment de la jusiiee distributive nous arrachent ici un rapprochement douloureux. Comment M. Delauuay, qui refuse sa confiance a la theorie et aux calculs de M. Hansen, alurs que 1'illuslre astronome de Oollia u 'raduit sa theorie el ses calculs en nombres el en tables pari'ailenieul d'accord avec les observations, s'indignc-l-il de ce queM. Le Verrier concoive desdoules, plus que des doulcs sur une theorie donl t«ms les resullats connus sont en disaccord avec les fails. COSMOS. 3«3 comple de l'inclinaison de l'orbite de Venus, laquelle a une influence notable sur le rdsultat a obtenir. Tel est , d'apres M. Delaunay lui-meme, l'etat de la question ; et Ton s'etonnerait qu'une valeur certainement fausse obtenuc pour la variation secu- laire du moyen mouvemcnt, que des valeurs fausses altribuees aux inegalites a longues periodes, que l'oubli d'un element aussi essenlicl que l'inclinaison de 1'orbite, m'inspirent des doutes, plus que des doutes. Non, je n'ai pas confiance, je ne puis pas avoir coniiance dans des calculs qui out une si inalencontreuse issue. Qu'aurait du faire M. Delaunay? Ce qu'a fait prdemment M. Hansen. Au lieu de donner au monde savant des series inter- minables de formules algdbriques oil se glisseront de uom- breuses erreurs : erreurs de calcul, erreurs de redaction, erreurs d'impression,il devait se metlrc en possession de toutes les don- ue'es numeriques ne'cessaires a la construction des tables, cons- truire ces tables, et s'assurer deleur exactitude en lescomparant aux observations anciennes et modernes; l'accord bien constate, Ja certitude de sa tbeorie et l'cxactitude de ses calculs complete- ment mises bors de doutc, il aurait publie sa tbeorie, laquelle, dans ces conditions, aurait ete a la fois un progres etun bicnfait. Et voila prdcisdment comment a agi M. Hansen : il y a plus dedix ans que la verile de ses tables est solennellement altestee par des niilliers de comparaisons, etsa tbeorie n'a pas encore vu lejour. Telle a eld, au fond, la replique de M. Le Verrier; nous la ferons suivre de quelques arguments que M. Delaunay devra u.6- cessaircment refuter. 1° Admetlons avec lui que la valeur, trop faible de moitid, de l'acceleralion du moyen mouvement doive et puisse s'expliquer par quelque cause inccnnue. Ou'en resultera- t-il? Que la tbeorie actuelle, celle que rAcaddmie fait imprimer a si grands frais, est au moins incomplete; qu'elle ne devicndra vraic et complete, qu'autant qu'on aura decouverl la cause per- l.nrbatrice inconnue, et qu'on l'auraintroduite dans les calculs par les elements qui la reprdsenleront. Jusque-la, la tbeorie sera non avenue. 2° Que prouve l'accord des resultats obtenus par les mdtliodes diffdrentes de MM. Adams, Delaunay et Poisson? Rien, parcequ'il ne s'agit nullement de 1'evalual.ion d'une quantitdtlon- nee par une equation renfermant un nombrc flni de termes ; parce qu'il s'agit, au contraire, d'une quanLite exprimde en fonction d'un nombre inddfini de termes, dont 1'influence individuellen'est nul- lement connuc a l'avance; parce qu'il peut arriver que, sans le soupcoimer, on prenne trop pcu ou trop de termes; parce que 3ft COSMOS. on un mot, il sul'fit qu'im autre tbeoricien, M. Hanson par exem- plo, el il lo fe*a bientol, en indiquantles termes qu'on a pu pren- dre et qu'on a ptfte, ceux qu'on n'aurait pas dA oinoltre ot qu'on a omis, fasse disparailrc d'un trait do plume le prestige de cet ac- cord apparent. P Si Ton veut que la discussion ait un terine, il l'aut necessairement que Ton procede suivant la forme syllogisti- que et scolastique ; de colte maniere : Une theorie qui ne repre- sente pas les observations, n'inspire pas de confianre; or, la heorie do M. Delaunay ne represenle pas les observations, done elle n'inspire pasdeconfiance. La majeure est commc un axiome, un premier principe, une verite de bon sens; M. Delaunay l'ac- eeptera, il distinguera la mineure, et il dira : Ma theorie ne repre- sente pas les observations : oui, si Ton ne tient pas compte d'une cause perlurbatrice inconnue ; non, si l'ontient compte d'une cause perturbatrice inconnue. 11 distinguera de meme la consequence, et il conclura que sa tbeorie n'est pas fausse, a la condition de tenir compte d'une cause perturbatrice inconnue. On insistera alors, et l'on dira : Latheorie de M. Delaunay n'est vraie qu'autant qu'on met en jeu une cause perturbatrice inconnue; or, dans la theorie, telle qu'elle est imprime'e dans les Memoires de V Acade- mic, celte cause inconnue ne figure pas ou n'est pas mise en jeu; done , la tbeorie imprimee dans les comptes rendus n'est pas satis- faisanle, done, les doutes ou le defaut de confiance sout pleine- ment justifies. Nous avouons, pour notre compte, que nous ne voyons rien a repondre a cette argumentation. Cette repliquc toute scientifique est a peine achevee, qu'une longue et bruyante procession partant du fond de la salle des sean- ces, se met en marche vers la porle de sortie. C'etaient les curieux avides de scandale qui sc reliraient peu satisfaits sans doute. Co defile; elait, pour FAcaddmie, une veritable bumiliation que M. Dumas sentait vivement, lorsqu'il a faitsortir de seslevrosin- dignces cette exclamation ironique : Je ne savais vraiment pas qu'il y eftt tant d'astronomes a Paris ! — M. Geoffroy Saint-Hilaire, au nora de M. Blancbard, aide au Museum d'histoire naturellc, communique les premiers resullats de recbercbes sur le systeme dentaire des oiseaux. On a cru long- emps que les oiseaux n'avaient pas de dents; Geoffroy Saint-IIi- laire, le premier, trouva en 1806, sur le foetus d'un oiseau, des dents que l'on ne retrouvait plus chez l'adulte; et admit l'exis. tence d'un systeme dentaire temporaire. Plus tard il constata chez un jeune perroquet de petiles pro COSMOS. 305 tuberances transparentes qui ne pouvaient etre que des dents ; mais tandis que les dents sont en nombre pair chez les mammi- feres, les protuberances chez lc perroquet etaicnt en nombre im- pair et sur une seule machoire, vers les bonds du bee. M. Blan- charcl, dont tootle inonde connait la patience ct l'habilete, a suivi ces premieres indications de Ceoffroy Saint-IIilaire, en prenanl pour objet principal d'etudc une jolie petite perruche ties en vogue aujourd'hui, la perruche ondulee, et quoiqu'il ne soit en- core qu'au debut, il croit pouvoir afflrmer l'existence chez cer- tains oiseaux d'un systeme dentaire d'un nombre impair de dents. — M. Dumas, aunom de M. le capitaine Carron, qui a autrefois parlicipe aux recherches de M. Henry Sainte-Claire Deville, expose un proccde nouveau de preparation du calcium, qui consisle essentiellement a trailer par une chaleur elevee un melange de chlorure de calcium, de zinc et de sodium; le sodium s'empare du chlore en formant du chlorure de sodium; le calcium et le zinc reslent melanges; comme le zinc estvolatil, tandis que le calcium est fixe, on s'en debarrasse a l'akle d'une temperature encore plus elevee, etil reste le calcium isole. M. Carron a obtenu de celte maniere des culots de calcium de 400 grammes et plus, il espere obtcuir de la meme maniere les metaux analogues, le barium, lc strontium, etc. Nous reviendrons sur celte importantc communication. M. le president annonce lamise en distribution du x\\L volume des Memoires de V Academic. A cinq hcurcs , l'Academie se forme en comiie secret pour la presentation et la discussion des litres des candidats a la place vacanle par la mort de M. Poinsot : on nous assure que la list<; est ainsi posee : En jiremierc ligne, M. J. Serret; en seconde ligne, Ml Ossian Bonnet; en tromeme ligne ex (pquo, MM. Planchet et Puiseux; en quatrieme ligne ex a>quo, MM. Bouquet Briot, Catalan. F. Moigno. i ; VAMETES. ^5»Jhani« ac«jaslaq«*5 et meejinique 3sar«s (Suite et tin). AcousTioui-. Quelle nature et quel timbre de son jugez-vous le plus proprc a transmettre des signaux a travers le brouillard? Quelle est la meilleure maniere de produtre le son le plus apte a 30(j COSMOS. etre entendu de loin? Quel mode de signalement par lc son, en temps de brouillard, conseillerez-vous comme le plus avanlageux dans la pratique? On s'cst servi jusqu'ici de cloches mises en braille par des machines, et de canons; on a eu rccours a des rc- flecteurs on a d'autres combinaisons pour dinger ct condenser lc son; on a propose d-cinployei' des sifflets a vapour, 'etc. , etc.? Jl y a encore beaucoup d'expeiiences a faire, avant de pouvoir donner a ccs questions une reponse satisfaisanlc. Nous dirons cependant. des aujourd'bui, qu'unson grave, conlinu, d'intensiterelativcment mediocre ou qui soit sans eclat, a beaucoup plus de portee qu'un son aigu, rapide, trcs-fort. Des eclats de foudre dont le bruit for- midable, entendu a proximilc, a etc quelquefois compare a la de- tonation de cent pieces de canon eclatant a la fois, ne se propa- gent pas a des distances de plus de 16a 2h kilometres, tandis que le bruit du canon s'entend quelquefois a 80 el 120 kilometres. Un timbre de tres-grand diametre, mis en vibration par un arcbet mil mecaniqueinent, et dont le son scrait renl'orce par un gios tube place en arriere du timbre, meriterait d'etre cssaye. On pourrait tenter aussi la construction de bouebes a feu dans les- quelles des melanges detonantsd'bulrogene ou de gaz d'eclairage et d'air rcmphceraient la poudre a canon. M. Marloye proposail de substitucr aux plus grosses cloches, memo aux bourdons, des triangles d'acicr rendant des sons tres-intenses ct tres-graves, sous la percussion d'un marteau. L'adjonction aux cloches de tubes renl'orrants n'a pas encore etc faite, ct me'rile de l'etre, ninsi que nous l'avons dit dans le tome n de VAnnuairc du Cosmos. 2" Quel moyen conseillez-vous pour concenlrer lc son, ou pour l'envoyer dans une direction donnee? Pcnsez-vous qu'il existe une methode a l'aide de laquelle les marins puisscnt dis- tinguer, avec une certitude suflisante, la direction dans laquelle un son est engendre? Les reflecteurs du son, dans notre opinion du moins, sont ct seront coinpletement inefheaces. La seule ma- niere de condenser le son est le tube renforcant, aujourd'bui sans application, et qui aurait, en outre, l'avantage demieux imprimcr au son une direction dans le sens de l'axe du tube. Nous sommes enclin a penscr qu'en s'armant les oreilles d'un double, stethos- cope seinblable a celui que M. Scott Alison a decrit sous le noin de sletophone diirerenliel, dans lc PJiilosophicnl magazine^ no- veinbie 1858, on arriverait a disccrner la direction de la source du son d'une manicre presque infaillible. II seraitimporlant aussi COSMOS. 307 d'essayer le pouvoir conducteur et condenseur de l'eau mis en evidence par Ies experiences de MM. Colladon ct Sturm, et de 31. Alison. 3° A quelle hauteur faut-il placer les signaux sonores des temps de brouillard, pour qu'ils soient entendus a la plus grande dis- tance possible? Nous n'hesitons pas a dire que les sons doivent etro produits a la surface de l'eau qui servira de plan reflecteur et directeur ; mieux vaudrait encore peut-etre le produire dans l'eau, ou il serait corarae emprisonne. Ajoutons que si chaque station de signal a son son propre, de ton determine et comiu a l'avance, l'appreciation facile de ce son, a l'aide de boites a resonnanee conime sait si bien les faire 31. Koenig, serait le meilleur moyen de determination du lieu, origine du son signal. 31£t£orologie. 1° A quelle hauteur est-il desirable que les bees lumincux soient places, en general, sur les cotes des royaumes- unis, en tenant compte de ces faits : que, plus la lumiere est ele- vee, plus est grande la distance a laquelle les rayons parviennent. avant d'etre intercepted par l'horizon ; que, plus la lumiere est basse, moins elle est exposde a etre obscurcie paries images? Nous pencberions pour une hauteur aussi grande que possible, en raison des brumes ou brouillards qui regnent trop souvent a une faible distance du niveau des iners. 2° Ensupposantquela telegraphic optique soitelendue a quel- ques phaivs ct a quelques vaisseaux a feux flottants pros des points les plus saillants des cotes; quclles sont les informations meleorologiques qu'il importele plus de transmettre aux vaisseaux en vue; comment et sous quelle forme ces informations peuvent- ellesetre recucs et transmises par les gardiens des feux? Les in- formations les plus importantes scront evidemment, lorsque le nouveau service sera etabli, cellcs relatives aux ouragans et aux tempelcs apparus dans des parages plus ou moins eloigncs, ct qui menncent de s'etendre aux regions vers lesquelles les na- vires font voile. Quant au mode de transmission ou de reception deces signaux, nous ne connaissons rien de mieux etudie que la lelegrapliie denuitde M. Jules Guyot. 3" Signau.r de marees. Quel systeme recommanderiez-vous comme devant elrc adopte generalement dans les phares ou sur les vaisseaux a feu places a l'entrec des ports, pour l'indication de 1'etat de la marec le jour et la nuit aux pcrsonnes naviguant au large? Divers syslemes comprenant des ballons, des pavilions, des lumieres colorecs, des figures illuminees mises en mouve- 308 COSMOS. meat par le flux ou reflux, sont aujourdhui employes on propo- ses? Le systemo dc signaux si ingenieux et si efiicace de M. Sudre n'a pas recu, il nous semble, toute ['attention qu'il merite, et nous le croyonsbien preferable aux imitations que nous avons vues mises a l'essai l'annec dcrniere sur divers points, en Angleterre et en Amerique. Nous avons suivi dc Ires-pres, a Edimbourg, la manoeuvre du ballon installe sur le monument de Nelson, et qui doit simplement signaler l'beure aux vaisseaux des ports voisins. Or, cette manoeuvre nous a semble bien complexe, bien absor- banle; ne pourrait-on pas atteindre le meme but beaucoup plus simplement? h° Connaissez-vous, ou pourriez-vous indiquer une bonne me- tbode de constaler rindividualite des pbares ou des vaisseaux a feux flottants pendant le jour? Pourriez-vous indiquer quelques peri'ectionnements au procede par lequel on s'assure de cette individualite pendant la nuit? Si nous avons bien compris, il s'a- gitdesavoir quel estle phare ou le feu flottant que Ton a acluel- leincnt en vue, ou, ce qui revient aumeme, le point sur lequel le phare ou le vaisseau sont places. Si c'est bien la la question, nous dirons nettement que la meilleurc solution du problems est cello proposee par M. Babbagc, l'illuslre membre de la Societe royale, qui, par des moyens trcs-simples, l'ait signaler au loin, par cha- que feu, son numero d'ordre ou son nom. Nousne comprendrions pas que ce perfeclionnement considerable eut 416 ajourne jus- qu'ici, s'il n'etait pas trop vrai que mil n'cst prophete dans son pays. Telles sont, a premiere vue, lcs reponses que nous croyons de- voir faire a la consultation qui nous est adressee. Nous la re'su- merons en disantque si la commission anglaise tient a s'aiderdes lumieres de la France et de l'experience acquise parmi nous, elle devra se mettre en rapport, pour la telegraphic optique de jour et de nuit, avec M. le docteur Jules Guyot; pour les pharos, source lumineuse, lentilles a echelons, reflecteurs, avec M. De- grand; pour la telegraphic acoustique, avec M. Wcrlheim; si elle suit nos indications, elle avancera considerablement sa besogne, et remplira micux sa grandc mission tout huinanitaire. F. Moic.no. cried. W. RkMQPEI el Ci«, A. TEAK'jii'. GaralK-it-re , 3. rnprtelai COSMOS. m NOUVELLES DE LA SE3JAINE. Un don annuel de 500 francs vient d'etre offert a la Societe imperiale et centrale d'ogricultare, pour uue periode de quatre amides, ]>ar M. Je comle de Caumont, membre associe de la Societe. Ce don est destine a la fondation d'un prix eonsistant en une medaille d'or de 500 francs qui sera decernee a la meilieure carte agronomique d'un arrondissement ou meme d'un canton, qui sera presentee a la Societe a parlir de 1860 jusqu'a l'annee I86Z1. — La livraison de mars des Annates de la propagation de la foi nous donne deux pelites nouvelles scientifiques a glaner. Lc R. P. Poupinel, un des nouveaux apolres les premiers arrives et les plus zelcs des lies de l'Oceanie, decrit comnie il suit le sysleme de cloches tongiennes , ou mieux , fidjiennes , car ce n'est pas dans l'archipel Tongu, mais dans l'archipel Fidji qu'on les fa- ]>rique : « Les Tongiens aiment beaucoupnos cloches a cause de leurs vibrations eclatantes et melodieuses ; mais pour la porlee du son, leur lali est bien superieur. Figurez-vous un tronc d'arbre, long d'un metre a un metre et demi, un peu amoindri par les deux bouts et creuse dans la forme d'une auge. On le pose a lerre sur quelque corps elastique, ordinairementsur un cordage roule, et pour le garanlir de la pluie on l'abritc sous un petit toil. Lors- qu'on veut donner le signal des offices, on frappe avec un maillet sur les levres du lali, qui produit un mugissement sourd et comme etouffe. 11 me semblail qu'on ne pouvaitl'entendre qu'a une tres- petite distance ; mon erreur etait grande. II y a des lalis dont le retentissement distinct va jusqu'a 15 ou 20 kilometres, lorsque l'atmosphere est calme. Chose etrange, le son qu'il produit lorsque vous en etes pres n'est pas assez fort pour vous fatiguer le moins du monde, et quand vous vous eloignez il devient plus clair, plus doux, plus harmonieux. Lorsque vous allez a un village et que vous eatendez son lali, ne diles pas, a la netlele du son qui frappe vos oreilles, que vous approchez de ce lieu, vous pourriez bien etre dans l'illusion. Done le lali a une grande vogue a Tongu, et il la merite. On lui donne un nom comme a nos cloches. Aux jours de solenuile, les artistes tongiens executent sur le lali des caril- lons qui ne manqucnt pas d'harmonie. lis font assaut d'habilele et d'adresse, et sans doute ils ne sont pas moins hers que nos carillonneurs de France. » Keuvitme annt-e. — T. XVI, 23 mars 1860. 12 310 COSMOS. M. Pourtbie, missionnaire apostolique dans le royaumc de Coree, signald'apparition dela cometcDonali: « Pour plus grande complication, voila qu'une brillante comete apparait a l'occident, court avec grande vitesse du nord au sud, double Arcturus dans la journee du 7 de ce mois (octobre 1858), et se trouve en ce moment (15 octobre) dans la constellation du Serpent. Ce bel astro a acbeve de decontenancer le peuple core'en. C'est presque une epouvante comme au jugement dernier. De tous cOtes Ton vous afiirmera qu'il y a guerre imminente; que les armees sont en marcbe ; beaucoup de pai'ens ont deja couru se cacber dans les montagnes les plus affreuses ; ceux qui restent sont pales de ter- rcur. Qu'arrivera-t-il? On ne peut rien assurer; mais l'histoire coreenne prouve que dans ces annees de panique il se trouve toujours des aventuriers qui, exploitant l'effroi general, en profl- tent pour piller, pour faire des levees en masse, mettre tout a feu et a sang, et meme parfois s'emparer du tr6ne. On n'en viendra peut-etre pas la, mais tres-probablement cette annee nous aurons beaucoup a soufi'rir, ne fut-ce que des voleurs, qui deja s'orga- nisent en bandes pour le pillage et au besoin pour l'assassinat. » — Dans la derniere seance de la Societe d'encouragement, HI. Ilerve Mangon a fait une communication interessante sur les vitesses du vent pendant la tempele qui a re'gne sur Paris le 27 fe- vrier dernier. Les mesures ont ete prises sur un anemograpbe que l'babile et zele ingenieur a fait etablir dans le voisinagc de Paris; elles ont ete traduiles en courbe des vitesses moyennes de demi-heure en demi-beure du 26 fevrier a minuit au 28 fevrier a lamemebeure. Cette courbe montre tres-nettement dans cbaque vingt-quatrc beures deux maxima qui rappellent assez ceux des mouvenients de la mer, et qui semblent constituer des marees atmospberiques ; ce rapprocbcment a deja ete fait par d'aufres meteorologisles. La plus grande vitesse moyenne par demi-beure a ete de Ik metres par seconde; elle paraitra peu considerable si on la compare avec les effets obtenus ; mais ce n'est pas la vitesse moyenne, ce sont les variations subites et considerables qui de- terininent les degats observes. Pour mettre ces variations subites en evidence, M. Herve'-Mangon a fait tracer la courbe continue des vitesses du vent de neuf beures a dix beures du matin, le 27 fevrier, beurc ou la tempete etait la plus violenle; et il a con- state ainsi qu'a dix beures quarante minutes la vitesse dn vent dtait de h\ metres 60 par seconde, qu'a d'autres instants elle avait depasse 20 ou 25 metres; que, par consequent, la prcssion exer- COSMOS. 311 cee sur un metre carre avait depasse de beaucoup 230 kilo- grammes par metre carre. La vitesse du vent pendant les plus terribles ouragans depasse rarement 45 metres, la rafale du 27 fevrier etait done un veritable ouragan, et il ne faut plus s'etonner de tous les ravages qu'il a produits. Pour mieux faire comprendre le role que doit jouer la vitesse du vent dans les phenomenes meteorologiques, l'influence qu'il doit exercer k la surface du sol, M. Herve Mangon admet un instant que la couebe d'air agitee et transported par le vent pendant la tourmente du 27 fevrier ait etc de 100 metres d'epaisseur; il en resulterait que de neuf beures et demie a dix lieures du matin une masse ou volume d'air de 252 millions de metres cubes, pesant 302 mil- lions de kilogrammes, aurait passe sur cbaque hectare de ter- rain; ce qui ferait plus de 20 mille millions de kilogrammes pom- la masse qui a traverse Paris pendant le meme intervalle de temps ; ces nombres approches suffisent a rendre compte des ebangements lents ou brusques de temperature que le vent peut amener ; ils font comprendre aussi l'importance du dosage des petites quantites de matieres inorganiques, organiques, miasma- tiques contenues dans l'air ; car les plus petites fractions multi- pliers par des nombres si enormes font de tres-grosses unites. — M. le docteur Berigny nous communique sur le meme oura- gan des renseignements tres-intcressants : (( Lelundi, 27 fevrier, a neuf lieures trois quarts un coup de vent nord-ouest tres-violent a ebranle toutes les babitations de la ville de Versailles, brise plusieurs vilres dupalais, renverse un tres- grand nombre d'arbres seculaires dans 1'espece de vallee com- prise enlre le coteau de Satory et le pare du chateau, depuis Saint-Cyr jusqu'aux portes de Versailles; le versant oppose de la colline semble avoir ete epargne. Tous les arbres etaient couches clans la direction nord-ouest; simplcment renverses ou brise's par le tronc, sans torsion niclivage, ce qui caracterisaitun sim- ple coup devent sans trombe ou electricite; la poussee avait ete si brusque que beaucoup d'arbres avaient entraine avec leurs racines des motles de terre hautes de trois metres. Sur le trajet de Saint-Cyr au mur d'enceinte de la piece d'eaudes Suisses, le nombre des arbres renverses est de quatre cents environ, dont cent vingt a peu pres sur les cotes de cette meme piece; un groupe de sept a huit arbres couches a terre indiquait une sorte de concentration du vent ; ailleurs ils etaient irregulierement abat- tus de distance en distance. D'oii est parti ce coup de vent? II 3T2 COSMOS. s'est Tail sentir sur beaucoup dc points dft department lie Seine- eL-Oise, toujours dans la memo direction ; il aurait souffle de memo en Anglelcrre, et, dc rAnglelerrc a Hade, il aurail iaisse des traces de son passage au Havre, Yvetot, Hitmen, Caen, i)ouai, 1c Mans; le nord de la France, a Salecs dans les P\ rences-Orien- lales, a 12 kilometres de Perpignan. En consullanllos registres tie robservaloire meteorologiquc de Versailles, on trouve pour les hauleurs baromclriques les nom- bres suivanls: 25 levrier, a dix heures du matin 755""", 73; qualrc heures du soir 754, 25 ; dix beures du soir 752, 59. 26 levrier, dix beures du matin 746, 51 ; quatre beures du soir 742, 05; dix beures du soir 738, 48. 27 levrier, dix beures du malin 734, 63; quatre heures du soir 742, 27; dix heures du soir 742, 87. Ces nombres conslatenl un abaissement progressii'et rcmar- quablc dubarouielre depuis le 25, dix beures du malin, jusqu'au 27, dix beures du malin, beure ou moment du minimum com- cidant avec l'ouragan, ct venant apres une cbule lotalc de 21 millimetres. — L'annonce de l'apparition de la machine a gaz d'eclairage dc M. Lenoir a fait dans le monde scicntilique et induslriel une trcs-<;rande sensation sur laquelle nous reviendrons plus lard. Mais il est aussi arrive celle ibis, comme pour loutes les grandes decouverles, que l'idee dela machine a gaz, apres avoir plane en quelque sorte dansl'air, s'etait aballuc sur plusieurs esprils a la fois ; que sa realisation etait a i'etude et a l'essai dans un grand nombre de laboratoircs. Parmi les reclamations qui nous sont adressees a ce sujet, nous consignons celle de M. Hugon, 1 'habile direclcur dc la Compagnie du gaz portali!', qui, depuis cinq ans, poursuitincessannnent, par une suite d'appareils de plus en plus peri'ectionnes, la solution du probltme capital de la substitution du gaz a la vapour. Nous avons lu les trois brevets pris par lui le ineine jour, en septembre 1858, et vu, non sans surprise, les plans dun mo- teur a gaz complet : cylindre vertical avec piston creiix parte has et contenant dans sou l'ond, aussi evide, une certaine quanlite d'eau deslinee,par sa reduction en vapeur, a lubrilier le cylindre et a enlever la chalcur cxcedanle ; pompe a gaz ct pompe a air amenant periodiquemenl les proportions de gaz et d'air, de Irois a dix d'air pour un de gaz, necessaires a la formation du melange COSMOS. .113 detonant , et introduisnnt ]e melange tout fait lantot en Iiaut, tantot en bars dn cylindre, ou tantot au-dessus, tantot au-dessous (In piston; machine d'indnction de Ruhmkorfl", faisant naitre l'e- tincclle an sein du melange, tantot en haut, tantot en bas ; petit appareil condenseur recevant, et refroidissant les gaz expul- ses; etc., etc. Ouoique deja assez simple, ce rnodele n'est pas le dernier mot de M. Hugon. II atlendait impatiemment la livraison des oiganes principalis d'un moteur definitif pour le monter et le prodnire, lorsque notre article est venu le surprendre, en lui apprenant que M. Lenoir etait en possession d'une machine reellc d'un cheval, et montait une seconde machine de quatre chevaux, Inquelle anjourd'hui t'onctionne parfaitcment. — Kn nous cnvoyant la notice biographique qn'il a consacre'e dans la Revue de I 'Alsace, a un savant eminemment modesle et eonsciencieux, Henry Loewcl, auteur de recherchcs si interes- santessurla sursatnration des dissolutions salines, M. Hirn nous ecrit : « Ainsique je vousl'avaispromis, lorsque j'aieuleplaisirde vous faire visite l'annee dernierc, j'ai repris mes experiences sur la machine a. vapeur; et, apres en avoir elimine quelques sources d'crreurs, je les ai reprises tout seul, a mes frais, puisque dans ce monde officiel et savant de Paris personne n*a meme fait semblant de m'appuyer. Avant de vouscommuniquerles resultats de cos experiences, j'altends Fachevement d'une machine de cent cheyaux, que je dispose de la maniere la plus convenable^our : rssais de cabinet, et avec laquelle je me propose do repeter entieremont les principales experiences. Pour anjourd'hui, je me borne a vous dire que, contrairement times premieres conclusions, les resultats dejti obtenus sont une admirable confirmation des donne'os fondamenlales de la Hieorie modcrne. » G'est-a-dire, et c'est pour nous une bien bonne nouvelle, que les anomalies que la commission de Berlin avait relevecs dans les premieres expe- riences de M. Hirn, out completcment disparu, et qu'il est bien demontre que la transformation de la chaleur en travail mecani- que se fait suivant la theorie et dans la proportion de l'dquivalent admis par MM. Seguin , Mayer, Joule, Clausius, Kupfer, etc. Gette theorie cependant, ou du moins la valeur admise de I'e'qui- valent, continue a trouver un adversaire implacable dans M. Gh. Labonlaye. L 'habile technologistc dit encore, dans la quatrieme et derniere livraison du complement de son Dictionnaire des arts el manufactures, page 252 : « Le chifiVe 430 introduit dans la science par M. Joule doit etre rejete et remplace par le ch i (ire 314 COSMOS. UO... Des determinations tres-precises, des verifications indt- rectes, pourront prouver que ce nombre doit elre corrige de quel- ques unites; mais il est, des aujourd'lmi, bien certain que ces modifications serontdepeu d'importance.... Une valeur erronee est une source d'erreurs faisant eclore une foule de projets d'ap- plications qui ne peuvent reussir, comrac l'experience l'a deja prouve, page 251. » Apres avoir rappele les diverses valeurs attri- butes a l'equivalent mecanique de la chaleur : Joule 430, Beau- mont ct Mayer 550, Him 370, Laboulaye 189, M. Laboulaye ajou- tait : a II est bien evident qu'a moins de nier completement la theorie de l'equivalent, ilfautadmettreles chiflres les plus faibles, comme ayant seuls de la valeur. » II nous semblait qu'au con- traire il fallait surtout se defier du cbiffre le plus faible, puis- que e'est celui qu'on doit rencontrerquandle travail dela chaleur n'est pas completement realise, et que Ton a toujours a craindre de n'avoir pas tenu compte de quelque circonstance particulicre. Dans ses experiences d'ecrasement, par exemple, M. Laboulaye n'a-t-il pas completement oubliede faire entrer en ligne de compte le rapprochement des molecules metaliiqnes qui absorbe ou dis- simuleune partie du travail de la chaleur? Fails des sciences. Note sur les lois de la propagation de I'elcctricite, dans I'elal variable des tensions ParM. J. M. Gaug.un. De toutes les questions qui se rattachent a la propagation de relectricite dans l'e'tat variable des tensions, la plus simple que Ton puisse poser est cellc-ci : ITnconducteurcylindriqueet homo- gene, de dimensions determinees, e'lant mis en coinmimicaliou d'une part avec le sol et de l'autre avec une source d'electricite constante, dont la tension est connue, determiner le temps qui s'ecoulera depuis l'instant ou les communications auront cleeta- blies, jusqu'au moment ou les tensions du conducteur arrivciont a l'elat permanent. J'appellerai, pour abreger, durec ds propaga- tion l'intervalle de temps que je viens de definir. J'ai precedem- ment fait connaitre la relation qui existc cntre cetle duiee ct la longueur du conducteur. Mais il me restait a recheicher rinfluence de la grandeur et de la forme de la section, Tin- COSMOS. 315 fiuence de la conductibilite cl l'influence de la tension de la source. J'ai successivement etudie ces diverses questions et je suis arrive a etablir par la voie de l'experience les lois qui suivent : 1° La duree de la propagation est independanle de la tension de la source (il faut bien remarquer que celte loi n'est vraie qu'autant que Ton definit la duree de la propagation commc je l'ai fait tout a l'heure ; si au lieu de demander quel est le temps ne- cessaire pour que l'etat permanent s'etablisse, on demandait quel estle temps necessaire pour qu'un point donne du conducteur par- vienne a une tension determinee, il est bien evident qu'alors la tension de la source cesserait d'etre indiflerenle). 2° Lorsque les dimensions du conducteur restentconslanles, la duree de la propagation varie en raison inverse de la conductibi- lite. 3° Quand la conductibilite et la section sont invariables, la duree de la propagation estproportionnelle au carre delalongueur du conducteur. h° Quand la nature et la longeur du conducteur restent cons- tantes ainsi que la charge dynamique, que l'aire de la section va- rie seule, la duree de la propagation est en raison inverse de cette aire. 5° Enfin, lorsque la conductibilite, la longueur et l'aire de la section sont invariables, mais que la forme de la section est mo- dified de maniere a l'aire varier la cbarge dynamique, la duree de la propagation est proportionnelle a cette charge. Ces diverses lois peuvent etre resumees dans la formule sui- vante : A: co dans laquelle T est la duree de la propagation, k la conductibi- lite, I la longucui-;du conducteur cylindrique, w l'aire de la section et enfin c la quautite d'electricite qui constituerait a l'etat slatique la charge du conducteur, si ce conducteur etaitreduit a l'unitede longueur, isole et mis en communication par l'une de ses extre- mitesavecune source don t la tension futegale a l'unite de tension: je propose d'appeler cette quanlite coefficient de charge. Ce coeffi- cient n'est a proprement parler qu'une fonction de la section, qui peut toujours en principe etre determinee au moyen de latheorie ^tabiie par Poisson; mais commc celte determination comporte, dans certains cas au moins, d'assez grandes difficultes d'analyse, 316 COSMOS. ilinc parait commode do considererla quantite c cciiiiiii" on coef- ficient a part qui dcvra dans cluujiie cas elre determine par ex- perience commele coefficient, do conducUbilite. has lois ;!. en allribuant aux t&&U ekirie .'" 'pttipftifati&k cctte ;';eaiion plus lar^e, que j'ai el;nb!i expe'rimontalomenl les lois don!, i'ai donno ia 1'onnule en commeneant; mais il est bien clair que si Ton poul determiner au moypn do cos iois le temps neces- sniro pour quo !a tension d'un point doime aoquiero une valour doimeequp.l^.onquo, on pourra drtenniner de la memo maniere le temps ne'eossnire -pour quo la tension dn memo 'point premie la va- lour partieuliero qui convient a l'e'tat permanent. La ibrmule d'OIim, reclifiee de la maniere quej'ai indique'e plus b.aut, conduit tivs-slmplemeii!; aux nouveilcs lois que jo vions de formuler en dernier lieu. Los experiences dont je vions d'indiquor les rosullalsge'iieraux out ete execute'es comme les prc'ceMcntes sur des conductours mediocres to!s que les ftis do coton, des rubans de sole, des co- lonnes d'lmile, maisjc suis persuade que les lcis oblenues s'ap- pliqueront egaloment aux conducteurs metalliques. Seulement, il i'aut bien remarquor que cos lois ne sont vraies qu'auiant qu'il est permis de conside'rcr comme nulles les quant: bis d'electricite enlove'es an circuit soitpar Fair, soit par les supports; c'cst dans oolte bypotbese qu'a ete etablie la formulc d'Obm dont j'ai parle'. Ouand la deperdition d'electricite n'est pas ne'gligeable, la distri- bution des tensions dans 1'etat variable se tronvo exprimecpar d'autres Tommies plus complique'csqui no scpreleraient que dif- ficilement aux verifications. ACABEMSE DES SCIENCES. Seance da lundl i9 mars I8(i0. M. le ministre de l'instruction publique autorise l'Academie a prelever sur les reliquats des prix Montbyon une somme de 11 500 francs; 6 500 francs seront mis a la disposition de M. Albert 318 COSMOS. Gaudry pour continuer ses recherches de geologie et de paleon- tologic en Grece, en Chypre etdans les autres lies de I'Archipel; 3 500 seront ajoute's au prix de physiologie experiinentale decer- ne a ML Pasteur, et 1 500 a la recompense accordee a M. Oilier pour ses experiences sur la greffe et la transplantation du pe"- rioste. — M. Paul de Gasparin, au nom de son venerable pere, fait hommage du volume qu'il vient de faire paraitre sous le litre de Principes agronomiques, formant le tome sixieme et dernier, el en meme temps le resume de son grand cours d'agriculture. Les principes agronomiques, en l'absence et a cause de l'etat de sante de l'illustre chef de l'Ecole franchise, ont ete publies sous la direction de M. Barral, qui, comme toujours, s'est monlre plein de zele et de capacite, et qui a en outre enricbi eel ouvrage important d'une table alphabetique el analytique bien precieuse pour ceux qui voudrontle consulter. M. Paul de Gasparin, en ler- minant, exprime le regret qu'eprouve le noble malade de se voir a si grande distance de confreres pour lesquels il a tant d'estime et d'affeclion. — M. Durocher, professeur de geologie et de mineralogie a la Faculte de Rennes, adresse les observations de temperature de Pair, du sol et des arbres, qu'il lui a ete donne de faire dans son excursion au Nicaragua et dans l'Ameriquc centrale. — M. Athanase Dupie, aussi professeur a laFaculle de Rennes, envoie la premiere partie d'un grand travail sur le travail meca- nique de la chaleur ou sa transformation en force mecanique; Phabile pbysicien et mathematicien se souviendra, nous l'espe- rons, de nos relations amicales, et il adressera au Cosmos, organe quasi officiel de la correlation ou de l'homogenese des forces phy- siques, un resume suflisamment etendu de ses principes et de ses conclusions. — M. Peligot, au nom d'un professeur d'Amsterdam , demande le renvoi a une commission de recherches experimentales sur la densile des melanges d'eau et d'alcool. — Encore M. Brachet sans son telescope et son microscope, mais avec un plan d'aerostat et un projet d'etude de la constitu- tion de ratmosphere terreslre ! — Nous entendons tres-vaguement qu'il est question d'un me- moire sur les formations geologiques des environs de Nice, d'une reclamation a l'occasion de la note de M. Cuzent surlaracine de kava, etc., etc. COSMOS. 319 — M. le docteur Berigny dc Versailles adresse, sur l'ouragan du 27 fevrier, une note que nous avons analysee aux nouvelles de la semaine. — M. Poey transmet de la Havane des observations interes- santes sur la coloration etla polarisation de la lumiere de la lune pendant l'eclipse partielle du 6 fevrier t'ernier. L'eclipse com- menra a 7 heures 32 minutes, atteignit son maximum 0,810 a 8 heures 59 minutes, et fm'it a 10 heures 26 minutes. Le premier contact de l'ombre eut lieu a 79 degres du sommet boreal vers l'orient, vision directs* Toute la bande eclipsee offrait une teinte rougeatre tres-prononcee, plus intense au centre, plus claire sur les bords : M. Poey voit dans celte difference d'intensite entre le centre et les bords une confirmation des vues dc M. Babinet, qui attribue la coloration rougeatre a un effet de diffraction. Les bords de l'ombre au contact du croissant non eclipse presentaient en outre une large bande bleuatre-verdalre, deja remarquee par MM. Beer et Msedler dans l'eclipse de lunedu 26decembre 1833, et qui n'est probablement qu'un effet de contraste influence par les circonstances atmospheriques. Les hautes sommites de la parlie eclipsee de la lune offraient des points brillants de lumiere radiee que Ton a pris autrefois pour des volcans en activite, mais qui ne sont, comme la lumiere cendre'e, qu'un effet de re- flexion double, des reflets de reflets. M. Poey n'a pas vu les va- riations d'eclairement de la bande rougeatre que Messier avail observers dans l'eclipse de 1783, ct qu'Arago attribue a des eclairciesde l'atmosphere terreslre donnantun plus libre passage aux rayons refle'ehis par la terrc etqui vont eclairer la lune. Dans celte meme bande rougeatre, les creux et les vallees offraient une teinte noiratre plus ou moins foncee, selon leur profondeur; les grandes surfaces planes, appelees mers, se dislinguaient par un clair-obscur intermediaire entre la nuance des creux et celle des hauts sommets. Examinee avec la lunette polariscope d'Arago, la lumiere de la bande rougeatre s'est montree distinctementpolari- see; les deuxlunules differaient sensiblement par leur coloration. M. Poey a cru meme enlrevoir, mais il le dit timidement, que la polarisation etait plus intense pour la partie centrale de la bande eclipsee ; ce fut Arago qui, le premier, en juin \Skh, reconnut des traces manifestes de polarisation dans la lueur rougeatre ou cendree qui eclaire la lune a l'instantde la conjonction; M. Zante- deschi dit avoir fait plus tard une observation de meme genre. M. Poey, en terminant , enregistre 1' apparition , immediatement .V20 COSMOS. apivslVelipse, d'un halo moyen qui n'existail pasavanl. l'dclipsp. — II pa rait que M. Maniero na so decouragc pas, at continue, au contraire, sos predictions du temps; il adresse a l'Academie un nomoan bulletin prophetiquo dc Fetal ineteorologique pour le second irimestra de 1SG0. — Nous ne pouvons saisir au vol un memoire d'un professeur de malhemaliques de Lausanne sur les proprieiivs de Follip.se dont I'excentricite est excessivemcnt grando ; des observations de M. Larlel sur les silax taillcs ou les animaux anlediluviens, dont les resles accoinpagnent ces silex; une resolution geome- fri<|uede Fequalion du cinquieme degre; des perfoclionnemenls appm tc's atlix locomotives, et qui ont pour objct de les mettre a Fabri des inccndies; un nouveau procede de gravui'o sur pierre par !a galvanoplaslie, mis en pratique avec beauconp dfe succes au depot des cartes du ministerc de. la guerre, etc., etc. — Nous ne suivrons pas M> Delaunay dans sa longne, tres- longne reponse a M. be Vender ; elle ne nous a rien appris, si ce n'estqne M. Delaunay persiste a mainteur comma exacte, comma, resultant necessairement de sa theorie de la lune, la valeur6",ll attribuec par lui a ^acceleration seculaire du moyen mouvement; a repousser comme fausse ou erronee la valeur 12", 18, deduite de la theorie de M. Hansen, adoptee pour le calcui de ses tables, ct que MMi. Hind, Main, Airy, ont declare s'accorder parfaitement avec les observations taut anciennes que modernes. Nous avons ete consterne quand nous avons entcndu M. De- launay trouver singulierqu'on lui opposat les anciennes eclipses de Thales, d'Agalbocle, deLarissa, et traiter ces eclipses comme des on dit de voyageurs dont on doit fort peus'inquieter. Espe'rons que celte parlie de sa reponse ne figurera pas aux Comptes rcn- dus. Le fond, la forme, le ton de cette apologicretentissante, dis- pensaient M. Le Vender de toute reponse. Place entre deux theo- ries, l'une cello de M. Hansen, dont tousles resultats connus sont parfaitement conformes aux observations, l'autra celle de M. De- launay, dont tous les resultals connus sont contredits par Fob- servation, comment ne donnerait-il pas toute sa conflance a la premiere, comment ne se deficraitil pas de la seconde? Au resle, la question est aujourd'hui resolue. Dans la derniere seance annuelle de la Sociele royal?, aslronomique dc Londres, le presi- dent, M. Main, a fait l'historique complet de tous les travaux e* reehcrches relatifs a la lune; et il n'a pas dit unmot, unseulmot du calcui de Facceleration seculaire du moyen mouvement par COSMOS. 321 MM. Adams et Dclaunay. Ce discours,au eonlraire, cstune glori- fication complete de M. Hansen, la juslilicalion solemieile de toutes les valeurs assignees par lui aux variations el anx inegaii- tes, etc., etc. La periode actuelle des theories de la lune, et ce sera probablement la derniere, a recu de M. Main le noni de pe- riods de Hansen. Pourqnoi faut-il, qu'en se mctlaut en contradic- tion avec M. Hansen, en osant declarer t'aulives, erronees plusieurs des donnees principales de ceue me me meorie qae le bpn sens pratique de rAngleterre adefmilivementconsacrees, M. Delaunay ne pnisse pas s'associer a celte grande gloire ! Quelle triste situation que celle ou il nous place, en nous con- damnant a regrelter qu'il ait fait quelqucs applications numeri- ques de ses equations ! Si ellc elait rcstee a l'elal abstrait ou la- tent, son innombrable armee deformules serait encore entouree d'un certain prestige, prestige abstrait, il est vrai, mais eniin prestige dcrriere lequel l'Acade'mie se serait abritee ! Pour clore a jamais cette discussion, nous iraduirons litteralemenl la pero- raison da discours inaugural de M. Main : « Jc vou; ai deja dit qu'il eslexcessivement difficile de trouver rennies dans un meoie iiomme tontes les qualites necessaircs a constituer a la fois un grand Iheoricien et un grand astronome pralicien ; mais il est bien plus rare encore de renconlrer un bomme qui, a ces quali- tes eminenles, joigne en outre l'induslrie paticnte d'un calculateur experimente, el assez de modestie pour descendre, quand il le taut, aux fonctions mesquines de transcripteur de cbiffres.... Aussi, soit que nous considerions le caractere moral et intellec- tuel de l'bomme que nous venons de couronner; soit que nous contemplions en lui, avec une attention plus particuliere encore, cettevolonte forte qui ne s'est laissee effrayer par aucun obstacle, quelque insurmontable qu'il fut; soit qu'il se montre a nous comme reunissant dans sa personne les qualites, presque incon- eiliables, du profond analyste et de l'ingenieux observateur. comme createur, a la fois, de nouvelles theories physiques et de nouvelles melbodes d'observation , partout et toujours il nous impose le respect et l'admiration. Amiral Manners , transmet- tez a M. Hansen cette medaille , faible expression de l'opinion que notre Societe s'est formee de l'excellence et de la grande im- portance de l'ceuvre a laquelle elle la decerne. Priez-le de l'ac- cepter comme un tribut de notre admiration sans bornes de eel immense travail, et des brillants talents, do la sagacile rare, de l'industriepatiente, qui out pu seules rendre sou achevement pos- 322 COSMOS. siblc; envoyez-lui en merne lemps nos voeux les plus sincercs de santc, tie bonheur et dc succes pour les antres ouvrages qu'il a deja entrepris. » — L'Academie procede a l'elcction du mcmbre qui doit rcm- placer MF. Poinsot dans la section de geometric. Le nouibrc des votanls est de 58; M. J. -A. Serret est elu au premier tour de scru- tin par une majorile considerable, 46 voix contre 10 donnees a M. Blanche*, et 2 a M. Puyseux. M. Josepb-Alfrcd Serret, ne en 1819, est sorti de r£colc polytecbnique en 1840, sous-lieutenant d'artilleric ; il quilla l'ecole de Metz au bout d'uu an et vint a Paris se consacrer irre'vocablement a l'enseignement des matbe- matiques. Ses succes forent tels que, des 18fi8, il etait nomine examinateur d'admission a l'ecole polytecbnique. Ses memoires sur la representation geometrique des fonctions elli[>tiques et ultra-clliptiques, sur l'inlegralion des equations differentiellcs du mouvement d'un point materiel, sur le nombrc des valcurs que prend une fonction , lorsqu'on permute les leltres qu'elle ren- ferme, etc., avaient, depuis longlemps deja, fixe sur lui l'atten- tion de l'Academie. Son meilleur ouvrage est son trade d'algebre superienre. M. Serret est, en outre, un bomme dc bonnes ma- nieres, aiYable, conciliant ; l'Academie fait en lui une Ires-bonne acquisition. — M. Flourens communique une note de M. Poucbet sur une matiere colorante, flottant dans l'atmosphere; a noire grand re- gret, nous avons egare la lettre de notre savant ami. — M. Millet, depute du Vaucluse, adresse de Gavallon une boite renfermant des cocons de vers qu'il a nourris avec des feuilles de mdriers cultive's en serre chaude. L'education s'est fade dans de tres-bonnes conditions. — M. le baron lleurteloup lit le resume d'un memoire sur la defaillance nerveuse, ses causes insignifiantes, cedes des troubles nerveux, etudiees au point de vue de la fievre dite cerebrale. — M. Pelouze presente au nom d'un de ses anciens et de ses plus babiles elcves, M. dorgeu , une note inte'ressante sur le ca- mele'on mineral ou permanganate de potasse. Au milieu de cris- taux de manganate et de permanganate de potasse, M. Gorgeu en remarqua quelques-uns d'aspect tout different appartenant a un autre systeme; l'analyse qu'il fit de ces crislaux anormaux l'amena areconnailre qu'ils constituaient une combinaison veritable et en proportions definies de manganale et de permanganate, deux equivalents du premier sel pour un equivalent du second. Crai- COSMOS. 323 gnant de se tromper, il a soumis ces memes cristaux a l'examcn de M. dc Sdnarmont, qui a constate" a son tour qu'ils diffe'raient essenliellement ties cristaux de manganate et de permanganate: mais ce qui dissipe tous les doutes, c'est que Ie sel double exerce le pouvoir oxydant et decolorant propre du permanganate dans la proportion seulement de l'equivalent de permanganate qu'il contient. — M. Dufour, educateur tres-distingue de l'Ardeche, en etudiant attentivement les causes de l'immunite observee dans certaines localile's, a reconnu qu'elle tenait a ce que la feuille elait prise sur des sauvageons, et aussi a ce qu'au lieu dc donner la feuille detache'e, on la donnait avec les branches a la maniere des edu- cations turques. M. Dufour evalue a plus de 50 pour cent l'eco- nomic qu'on realiserait par la substitution de la feuille de sauva- geon a la feuille de murier cultive, et par l'elevage sur branche. — 81 Maret, tres-habile agriculteur de Montpellicr, qui a le premier introriuit le soufragc des vignes dans les provinces du Midi, croyait ses vers completement a l'abri de la maladie en raison des conditions cxcellentes de ses educations; mais il a ete cruellement detrompc, de sorte qu'il en est arrive a son tour a reconnaitre l'universalite de la pebrine. II a en outre constate sur des chenilles sauvages l'existence de la maladie des vers connue sous le nom de grasserie. — M. le marechal Vaillant ccritque la Lombardie, celte annee, a e"te presque aussi cruellement eprouvee que la France pource qui concerne l'induslrie de la soie. Les educateurs, qui, dans les bonnes annees, faisaient des recoltes de 40 ou 50 mille francs, ont a peine alteint cette annee 3 ou k mille francs. Les localiles les moins desolees sont celles ou les educations tres-divisees se font par chambrees tres-petites. — M. Dumas depose une note de M. Lourenco sur 1'acide succinique et les glycols. — M. Bussy, au nom de MM. Berthelot et Buignet,.presente le resume dc leurs recherches sur le camphre de succin. La formation d'une maticre camphree aux depens du succin est un fait connu, mais qui n'a pas ete approfondi. « Ce qui nous a engages a soumettre cette maliere a une nou- velle etude, c'est l'interet qu'elle pouvait offrir au point de vue de 1'isomerie. En effet, on connait aujourd'hui plusieurs substances douees des memes apparences camphrees mais distinctes, les unes par leur composition, les autres par leurs proprieles physi- 32i COSMOS. qaes. Toules, d'ailleurs, so. raltachent par leurs fonnnles a ce carbine C-'H10, dont. Irs clals isomerism s, si multiplies, consti- tuent la plupart dr.s essences hvdrocaibouees. 11 pent allecter lai- meuie l'etat campbre; il on ost do memo de son ehlorlmlrate C:iJll"', 11C1; du campbre do. Borneo, qui dillore da cut bare par les elements do I'eau, G'-"H"\ IPO'; da campbre dos Laariuces, qui en aifiere par do l'oxyg6ne C"H**GS etc. Le campbre do saccin s'obliontcn dislillant la poudre de saccin avec le quart do son poids de polasse et one graadfi quaulite d'eau ; il so volatilise en memo temps qao ce liqaide, ct se con- dense avec lai dans le recipient. Cn kilogramme de saccin i'our- nlJt ainsi trois grammes de camphre. Sos proprietes physiques resscmblenl cxtreinement a cellos da campiiro ordinaire ; cepen- dant il s'en distingue, deja par one odeur speciale penetrant el tres-persistantc. D'apres ['analyse, sa formole serait C2ull's0'2; olle did ore par deux equivalents d'hydrogone do cello da camphiv ordinaire, et. e'est la iinime qae cello da campbre de Borneo, aa- tromontdit campbol oa alcool campholii|ao. Le campbre de Bor- neo et le campbre da saccin ne soul ccpomlanl pas idenliques, ils sont simplement isomeriques ; en eH'ol, le poavoir rolatoire da campbol de Borneo est egal a +f-3S%4j landis qae colai da cam- pbol de saccin est de -Hi", 5. Go car?ciere 1'ocarle egalement do deuxaulres corps isomeriques, savoir le campbol artiliciel, dont le poavoir est egal a -t-W,9, et le campbol de garance dont lo poavoir est represents par — 33",Ju Da restc, lo campbre de suc- cin csL an alcool comme les precedents; car noas avons pa oble- nir, par combinaison dirccto, son ether chlorhydrique G20H17,CI. et son elber sldariqae. II est vraisemblable qae e'est soas la forme d'an compose elbere da memo ordre qae le campbol de saccin preexiste dans celte maliere. La potasse Ten degage sans laborer ; l'acide nitrique, aa contraire, l'oxydc ct le metamor- phose en an isomere da campbre ordinaire. Les malidres cam- phrees formees aux depens da saccin dans ces deax conditions ne sont done pas identiqnes. L'etade des combinaisons e'therc'es i'ormees par les divers al- cools campboliqaes isomores donne lieu a une remarqae i'onda- mentale. En eflet, ces combinaisons ne sont pas idenliques, mais simplement isomeriques, comme les alcools dont elles derivenl. Ce qui le prouve, e'est qa'ellcs regenerent les alcools camphoii- qaes avec leurs proprietes primitives. C'est ce que noas avons \erifie, notamment avec Tether campbol steariqne, prepare au COSMOS. 325 moyen du camphol de succin. Decompose par un hydrate alca- lin, il a rcproduit Iq camphol g&ie>ateuE avcc sps proprietes, son odeur ct son ponvoir rotatoire originaires. Voila done un nouvel oxemplc de plusicurs alcools isome'riqucs qui fournissent dos de- rives isome'riques, et conservent leur diversite dans les combi- naisons somblablos. au sein desqueiies on pout fes engager. — M. iialard prosonto, au i:om do 11. llcrthelot, une note sir la synthase de Tether iodbydrique au moyen du gaz oleifiant. « Dans tries recherches sur la synlhese des alcools, j'ai montre que les carburos dnydrogeno, qui different des alcools par les (dements de l'ean, ofat la propriete de se combiner directement avec les hydracides ; les ethers chlorhydrique, biomhydrique, iod!iydri([ue, des divers alcools, se trouvent ainsi produits svp.- the'liquement. « Ces resuitafs sont facilcs ;'i constal"r avec !e propylene GGH6, avec l'amylene GWH'* avec le capiyiene C16II16, avec l'elbaiene C32H32. Le plus simple des carbures de cetle serie, le plus impor- tant peut-ctre de tons, le gaz oleifiant, C"H\ m'avait d'abord arre.le, et pour tan t je viens de con stater a ma grande satisfac- tion que sa combinaison avcc l'acidc iodbydrique s'effectue direc- toment avec une tivs-grande facilite et une tres-grando rapidite. « Voici comment on la realise : « Dans un ballon d'un litre, a long col, on introduit un tube scelle renfermant 20 centimetres cubes environ d'une solution aqueuse sature'e d'acide iodbydrique; on (Strangle le col a la lampe, on le remplitde gazoleifiantpur et sec, et on le scelle. On agite avec precaution de facon a briser le tube a acide iodhydri- que; puis on place le ballon dans un bain-marie, ct on le main- ticnta 100 degres pendant 50 beures. Au bout de cc temps, la combinaison s'est effectuee. On ouvre le ballon dans lequel le vide s'est produit; on y introduit une solution alcaline pour satu- rer l'exces d'hydracide, et on isole Tether iodbydrique. Le poids obtenu s'eleve a h grammes environ dans les conditions ci-dessus, malgre les partes qu'entraine la volatilite de Tether dans l'at- mospherc du ballon, et sa dispersion a la surface inle'rieure si considerable de ce ballon. On distille Tether pour le purifier com- pleteinent. Le point d'ebullition de Tether iodbydrique ainsi forme est compris entre 72 el 73 degres. Sa densite est egale a 1,98, h-\-h°. Ses proprietes, aussi bien que ses autres qualite's physiques et cliimiques, seconfondent avec celle de Tether iodby- drique ordinaire, obtenu avec Talcool. 326 COSMOS. « La formation au moycn du gaz oleifiant, est unc synthase dans le sens le plus parfait du mot, et die s'exprime par l'equation suivante : CH'-f-Hl (gaz oleifiant, acide iodhydrique) = C'lPI (ether iodhydrique). — M. Henry Sainte-Claire Deville communique les methodes par lesquelles il est parvenu a determiner, par des observations dircctes, la chaleur degagee dans les combinaisons chimiques ou au contact des corps qui se combinent. La chaleur specifique etant extremement variable avec les tem- peratures, il ne fallait s'en servir que pour les corrections dans lesquelles les variations deviennentnegligeablcs; le coefficient de dilatation etant lui-meme tres-variable avec la temperature il fallait calculer les volumes au moyen de donnees prises dans les limiles tres-voisincs des temperatures initiale et finale. L'esscntiel etait de trouver une methode sure et rapide d'oblenir la chaleur specifique des liquides meles ou combines avec une precision qui donnat au resultat final l'exactitude compatible avec les erreurs d'obscrvation. « Je supposerai que je determine la temperature produite par un melange d'eau et d'acide sulfurique, et la perte de force vive qui en resulte : les memes precedes d'experimentation et de calcul s'appliqueront sans modification aux melanges de l'eau avec l'alcool, l'acide acetique et l'acide chlorhydrique, de l'acide sul- furique avec la soude et la polasse, etc. Dans un vase de verre de Boheme tres-mince, contcnant 200 centimetres cubes environ, dont la valeur en eau est 10sr,6, je pese de l'eau a la temperature ambiante que je determine avec soin : Le poids du thermometre qui va servir est compris dans la tare du vase lui-meme. Ce vase est enferme dans un cy- lindre de verre et en est scpare par un matelas d'air qui, on le sait, est un excellent isolant. Je pese l'acide sulfurique monohy- drate prepare avecle plus grand soin et dont la densite et le coef- ficient de dilatation ont etc determines dans les limites de la va- riation de la temperature ambiante. Je melange alors les deux corps en les agitantrapidement au moyen du thermometre, eten quelques secondes l'elevation de la temperature est determinee sans que les pertes par refroidissement aient pu seproduire d'une maniere sensible, la masse du thermometre etant extremement petite. Je prends alors la densite de l'acide affaibli a la tempera- ture de l'experience et je chaufl'e le flacon a densite, il doit etre COSMOS. 327 assez volumineux pour qu'on puisse y introduire un thermo- metre tres-delie, jusqu'a ce que sa temperature depasse de 10 degres environ la temperature produite dans la reaction. II est bon de ne determiner le niveau dans le ilacon a densite (modele de M. Regnault) que lorsque la temperature de l'acide, et celle du bain d'huile ou on opere, sont sensiblement egales et cons- tan tes. Deux causes d'erreur existent dans ce genre de determination et il faut en tenir compte : 1° il se perd toujours une tres-petite quan- tity de vapeur d'eau exhalee du liquide echauffe au contact de l'air; on la determine par la pesee du vase plein d'acide affaibli apres la reaction qui l'a produite ; son poids est la difference entre le poids des matieres qu'on a employees et le poids de ces matieres apres leur echauffement; 2°le vase se met immediate- ment en equilibrc de temperature avec le liquide qu'il contient; la quantite de chaleur qu'il absorbe ainsi se deduit de sa chaleur specifique et de sa valeur en eau. Reste a faire l'operalion capi- tale, la determination de la chaleur specifique du liquide. Je prends un petit flacon tres-leger, a deux tubulures, fabrique avec un tube de verre mince a la lampe d'emailleur; je determine la valeur en eau de ce vase par les procedes que je vais de- crire ; cette valeur ne doit pas surpasser le dixieme du poids de la substance dont on veut connaitre la chaleur specifique, pour qu'on soit a l'abri de toutes les influences du vase. Une des tubulures de ce flacon laisse passer, au travers d'un bouchon de liege qui sort de fermeture, un thermometre tres- sensible dont la valeur en eau est comprise dans la determination prealable faite pour le flacon lui-meme; l'autre tubulure, fenne'e avec un petit bouchon de liege, servira pour l'introduction du li- quide qui va servir aux mesures. Dans ce flacon, on pese cinquante a soixante grammes de l'a- cide en experience, on abaisse la temperature de l'acide presque a zero en le plongeant dans un appareil refrigerant, consistant dans un petit cylindre de cuivre mince de meme forme que le flacon de verre et d'un diametre a peine plus grand, entoure de glace. Quand l'acide est convenablement refroidi, on fait sortir le flacon de son enveloppe ct on y verse par la tubulure libre de 5 a 600 grammes de mercure (1) chauffe a 40 ou 55 degres, jusqu'a ce (1) Le mercure pourrait etre remplace par de la grenaille de plaliue qu'on refroi- dirait, tandis qu'on meltrail daus le cylindre a chauffer le liquide en experience. BM COSMOS. que le triflange reviennc a la tempe'raiure ambianlc. Quelques assets imprimeos m ttacon suffiscnt pour Qp4ft(r If melange et rendre fixe la temperature qui en rcsullc; cr fte operation dure a peine quelques secondes. Je me sers pour cksiwruffep et verser te mercure d'un pelit, nppa- reil fort simple qui fouctionnc trcs-bien. G'esL uu cylindre ieure par un cone en forme d'entonnoir; fcel eiifiumoir est ferine par line soupape faite avec une baguette de verre garnie en caoutchouc a sa partie inferieure; la partie supe'rieurc du tube est fermee par uri bouchon de Ue#e que tra- v^rsent les tiges de la soupape et du thermoinetre destine a mesu- rerla fctope'fratrire du niercure » le tout est enferme dans une en- veloppe de peau de cygne et dans une eprouvette large percees a lour fond de maniere a laisser passer le bout de l'entonnoir que ferme la soupape. Tout le sysleme est QhtmtW dans mie eluve, et quand on Ten fait sortir, la temperature du mercure contenu dans le cylindre inte'rienr Be varie pas d'une maniere sensible pendant une demi-minute. Pour verser le mercure dans le petit calori- metre enntenant l'acide, on engage rapideinent {'extremite de l'entonnoir du cylindre a mercure clans la tubulure du flacon, on souleve la soup ;pe et le mercure s'ecoule en so divisant et Ira- versant leliquidefroidqu'il rechauffe avec une merveilleuse rapi- dile a cause de sa conductibilite propre et de sa division (1). Quand on a Ja temperature du liquids acide, la temperature du mercure, la temperature finale et le poidsdes matieres mises en presence, on a tout ce qu'il fan I pour oblenir la chaleur speci- ilque qu'on veut determiner. Avec la densite des matieres reagissantes et de la combinaison a la temperature ambiante, on determine a la maniere ordinaire le volume avant et apres la combinaison, et par suite la con- traction. En divisant le poids des matieres reagissantes par la densite eta liquids a la temperature vraie de la reaction, on obtient un nombre qui peut etre egal au volume avant la combinaison, et nlors il ya egalite entre la force vive perdue par les matieres reagissantes et la force vivo due a la clialeur degagee pendant la combinaison. Si ce nombre est plus petit que le volume avant la (1) Le liqtiidc acide ne doit avoir dissous ancune irnce de mercure, ce qu'il Fait* e ..instater cliaque foU. Jamais je n'ai observe d'altaque de ce genre par l'acide sulfu- riqne. COSMOS. 329 combinaison, il y a perfce de force vive, ct cello nerte est egale a Ja temperature a laquelle il faut porter ce volume ainsi calcule pour qu'il devienne egal au volume avant la combmaisqn, dimi- nue de la temperature observce. On so sert pour ce calcul, d'ail- leurs Ires-sensible, du coefficient de dilatation qu'on a determine dans lecours de ccs diverses operations. » — M. le prince de Polignac lit une note sur les hombres pre- miers compris en Ire des limiles donnees. — M. Cloez lit le resume d'un memoire sur la culture (Tunc nouvelle plante oleagmeuse dans les terrains inculles du ])ord de la mer. La plante donl il s'agit est la glaucie ou pavotcornu ; glducium /lacuin, voisine de l'oeil!ette, ct tres-communc le. long di't coies en Fiance, en Angleterre, etjusqu'en D'anemark. Elle est rcmar- quable par ses belles lleurs jauncs et ses largcs fruits siliqueux, remplis d'une multitude de graio.es pouvant fournir, comme les graiuesdepavot ordinaire, par la simple pression, une buile douce, comestible , saponifiable et propre a l'eelairage. Rustique. el tres-robuste, elle resiste parfaiiemcnt au froid le plus rigouroux de l'biver et aux grandes cbalcuis de l'cle; elle se plait dans les terrains laeilcment permeables a 1'air. La graine semen en au- tomne et enfouie par le binokHjc, germc au prinlemps suivant ; la jeune tige 1'ieurit et fruclifie la seconde amiee, 18ou20 mois apres renfouisseinent de la graine. La culture de la glaucie apparticnt a la classc des cultures pe- rennes; la ratine do la plante est vivace, cliaque pied peut durer de douze a quinze ans. La recolte se fait au moment ou les fruits commencent a jaunir, alors que les grainessouldeja noireselque les feuilles du sommet de la tige brunissent et se dessecbent : cbaque fruit renfcrmeen moyenne 0=',3 de petites grainesnoires, un peu plus voliunineuses que celles du pavot. L'essai de culture tenle en petit sur un cspace de dix metres a i'ourni 655 grammes de graines, soit655 kilogrammes par bectare. L'bectolitre de la graine de glaucie secbee a Fair libre pose (35 ki- logrammes, 6; la dessiccalion complete dans une etuve cbaufte'e a 110° Jul fait pcrdrc 7,97 ou pros de 8 pour 100 de son poids d'bumidite. L'n kilogramme de la graine secbe renfermc A25 grammes, d'buile; le meme poids de la graine, simplement secbee a l'air. n'en fournit que 391 grammes. Le procede d'extraction par la pression ne donne pas la totalite de l'buile, il en reste de 8 a 10 330 COSMOS. centimes dans les tburteaux ; en realilc lo rendement sc trouve reduit a 19 ou 20 kilogrammes d'huile par hectolitre do graine. Le poids la graine est an poids dc la tige mure et scchc dans le rapport de 1 a 3,6k ; il en resulte que pour un hectare, le poids de la tige s'eleverait a 2 384 kilogrammes pour 655 kilogrammes de graine. Celle-ci iburnit 9,32 pour 100 de cendres, soit 61 kilo- grammes par hectare; la tige laissc 4,58 centiemes de residua l'incineration, la culture de la plante dans les conditions de Fexperience enloverait annuellement au sol 170 kilogrammes de substances minerales sur une etendue d'un hectare. Le residu de la prcssion designd sous le nom de tourteau, est un engrais puissant; il renferme a l'etat sec, en outre du corps gras, 6 pour 100 d'azote, et il fournit 146 pour 100 de cendres phosphalees. Les frais de culture dupavot cornu, evalues approximalivement dans l'hypothesc d'une exploitation dc 100 hectares, s'elevent an- nuellement a 110 francs par hectare, y comprisles depenses gene- rales, la rente de la terre et la somme destinee a amortir le capi- tal depense pourelahlir la plantation. Le prixderevientdel'huile d'apres ces donneesse trouve porle a 45 fr. les 100 kilogrammes, ou environ 41 francs l'heclolitre, deduction faite de la valour des tourteaux; en douhlant ce prix de revienl, on est encore dans les liinites de la valour venale ordinaire des huiles de graines indi- genes, et on arrive a un henefice net annuel de 9 300, pour 26 000 fr, environ de capital engage dans une exploitation de cent hectares. C'est un revenu assure de plus de 35 pour 100. VAMETES. Ocs generations spontane.es. La derniere lettre de M. Pouchet a inspire a M. Strauss Durck- heim la pensee de nous ecrire a son tour; il nous demande d'ou- Trir a son epitrc les pages du Cosmos. Nous nous rendons a son desir, quoicpie nous sachions a l'avance la reponse que lui fera M. Pouchet, comme nous savions la reponse qu'aurait faite M. Pasteur a M. Pouchet s'il avait cm compromise la veritc de ses affirmations. <( Pcrmetlez que j'aie l'honneur de vous adresser ici quelques COSMOS. 331 remarques au sujet de la leltre de M. Pouchet, relative a la ques- tion de la generation spontanee des animalcules infusoircs, insere'e dans le Cosmos du 9 mars courant. Dans cette lcttrc, M. Pouchet, continuant a soutenir son opinion sur la possibilite de la produc- tion spontanee de ces petits etres microscopiques, opinion qu'il a deja soutenue l'annee derniere , d'apres des experiences qu'il a faites a ce sujet, repond aujourd'hui aux assertions de M. Pasteur, arrive de son cote, par des experiences qui me paraissent avoir etc parfaitement bien oonduiles, a des resultats entiercment con- traires; c'est-a-dire que l'exislence des infusoires n'est due, comme chez tons les autres animaux, qu'a des individus de memo espece qu'eux, ainsi que l'avait prouve Spalanzani, il y a pres d'un siecle. Deja lors des premieres experiences faites a ce sujet, par HI. Pouchet, il y a un an, j'ai cm devoir vous remettre une note en reponse a l'assertion de ce savant, oil j'ai expose les raisons qui no me permettent pas, en ma qualile d'analomiste et de phy- siologiste comparateur, d'admettre la possibilite de la generation spontanee, generation contraire au supreme degre a tout ce que nous enseignent les sciences naturelles , que j'ai etudiees a fond dans toutes les classes d'animaux, et cela jusque dans les plus minutieux details de leur organisme, ou les microscopes les plus puissants no nous permettent pas d'aller plus loin. Or, c'est dans la structure in lime des animaux de toutes les classes, qu'on trouve partout les preuves les plus e'videntes que la savante com- position de leurs corps ne saurait etre due a l'aveuglc hasard, qui peut reunir dans un meme lieu divcrses substances en voie de decomposition ou de fermentation ; hasard qui ne saurait jamais produire en pareil cas que des afflnites purement chimi- ques, et non l'admirable et savante structure qu'on decouvre dans les etres vivants, meme les plus simples. Je n'ai en consequence pas besoin de faire quelquc experience que ce soil pour prouver la possibilite ou 1'impossibilite de la generation spontanee d'unc espece quelconque : l'organisalion du plus petit animalcule etant pour moi un monde tout entier, fait pour confondre l'imagination la plus bardie devant son admi- rable structure , qu'on ose qualifier de simple, et considerer comme presque rien. Si le fait de la generation spontanee n'elait que l'objet d'une curiosite, je n'y attacberais pas d'aulre valeur que celle que cette meme curiosite inspire; mais ii s'agit ici d'une question bien plus 332 COSMOS. iniporfahle, a savoir si des etrcs organises pouvent se produire d'eux-mcmes ct perpelucr ensuite leurs races parvoiedc genera- lion; ou bien s'il est neeessaire de reeoniiatlrc que tons, sans en oxccpler le plus petit infusoire, doivent I'exislcnee de lenrs cspeees a Intervention d'une intelligence supreme, toute-puis- sante, qui les a cre'ees. C'est cetlc question fondainentale en phi- losopbic et en tbc'ologie qui divise les liommes en deux camps; Irs iiris, matcrialisles, qui cherclient a s'appuyer de la realilc de la generation spontanee pour soutcnir l'opinion qu'il n'existc point de Dieu; tandis que les autres, ou les spiritualistes, ne croient pas pouvoir admetfrc, contrairement a leur raison, que le merveillcux organisme des etres vivants puisse s'etablir sans rintervention d'une intelligence toute-puissante, omnisciente et d'une sublime sagesse, qui les a produits comme cause premiere. Arrive a cette dcrnierc doctrine par une etude non inlerrompue de plus de soixante annees des sciences naturelles, j'ai acquis la preuve irrefragable de riinpossibilite de la generation spontanee, et ne puis en consequence, sans manquer a moi-meme, par l'efl'et d'un coupablc silence, laisser prevaloir sans re'plique l'opinion opposee, qui pourrnit trouvcr quclquc creance cbez les bommes qui n'ont pas fait une elude approfondie des sciences naturelles. Pour amencr M. Pouchet a cettc meme opinion, je me conten- terai de lui i'aire une simple question a cot egard, question que j'ai d'ailleurs deja adresscea ce sujet aux spontaneistes, dans ma Theologie de la nature, ou j'ai precisement prouve 1'existcnce de Dieu par l'cxposition du merveillcux organisme des animaux de toutes les classes, qui lui doivent I'exislencc comme Grealeur. Dans eel ouvrage je detnande a ces memes pbilosopbes (t. u, ]). 337, et t. in, p. 29'i) s'ils seraient disposes de croire a la realite de ce fait, qu tin cbeval, tel que nous le connaissons par son admi- rable structure, se soil forme spontnnement au fond d'un marais, dans un bourbier en fermentation ? Je pense, avec la plus com- plete certitude; que M. Poucbet et tous les autres spontaneistes rcfuseraient formellemenl de le croire: or ce qui leur parailrait bien cerlainement impossible pour la generation du cbeval, est pour moi tout, aussi impossible a 1'egard du plus petit infusoire, tel (pie le morias termo, dont 125 000 000 reunis equivalent a peine au volume de la moindrc tete d'epingle, son corps n'ayant que 1.500 do millimetre de grandeur. Pour se convaincrc que cet animalcule, le plus petit connu, n'est pas aussi simple dans son organisme que les spontaneistes venlent bien le croire, il suffit COSMOS. 333 de le voir nager avec une celerite et une regularity fort reinar- quablc; on est alors certain qu'il est Ires-coinpliquc dans sa struc- ture, etpeut-elre autant que Je eheval dont je viens de parler; ce qui ne me permet pas de croire que jamais un seul termo se soit forme spoutanement sans rinlcrvcntion de la volonte crea- trice de Dieu. J'adresserai une seconde question semblable a tout sponta- neiste; celle de Jui clemander s'il serait dispose de croire que les horloges de nos edifices, les pendules de nos logements et jusqu'a nos chronometres, bien plus pelits encore, depassant a peine la grandeur de nos montres de poche, quoiqu'ils marchent avec la plus remarquable regularite, aient jamais pu sc former d'eux- memes par 1'efTet d'une fermentation quelconque ou tout autre moyen analogue sans I'intervenlion du genie des savants; et j'en dirai autant des metiers a la Jacquart, des machines a vapeur et des telegraphes electriques. Si je nomme ici ces divers appareils, c'est pour etablir une comparaison entre eux et l'organisation des elres vivants , beaucoup plus varies dans leur savante com- position : si ccux-la font admirer le genie de leurs inventeurs, on peut toutefois parfaitement apprecier les principes sur lesquels ils sont fondes, tandis que jamais I'intelligence des bommes nc saurait concevoir la cause agissant dans le moindre element or- ganique. Veuillez agreer, monsieur l'abbe, l'assurance de ma considera- tion la plus dislinguee, H. Straus Durckheim. » Experiences briilanlcs snr ies ducharges electriques Par M. Tyndall. — (Suite et fin.) 9. Un long recipient choisi dans la belle collection de M. Gas- siot.dans lcquel on a produit un vide parfait, en le remplissant d'acide carbonique, faisant ensuite le vide et determinant enQn l'absorption de l'acide carboniquepar des fragtnentsde potasse ame- nds a l'etat de fusion a l'aide d'une lampe aalcool, fut place equa- lorialement en travers des poles d'un puissant elcctro-aimant. Le recipient avait 15 centimetres de largeur, la distance entre les electrodes etait de 25 centimetres ; l'electrode negatif etait un disque de cuivre de 10 centimetres de diametre, l'electrode posi- 33i COSMOS. tif etait un fil de laiton. Le 16 Janvier, un accident survint a ce recipient; MM. Faraday, Gassiot, Tyndall etaicntoccupes a eludier la decharge que faisait naitre dans son sein la pile a acide ni- trique, un flot de lumiere stratified le traversait, lorsque lcs extre- miles de la pile etaicnt mises en communication avec les elec- trodes ; or, il arriva unc fois que ce flux lumineux prit un eclat ex- traordinaire, en raerae temps que le fil positif cmettait une lu- miere cblouissante, et donnait des signes evidents de fusion ; on interrompit le circuit et Ton trouva que le fil positif etait plus court d'cnviron 12 millimetres, que le metal fondu enlevc s'etait repandu sur la surface inferieure du tube. 10. Ce meme recipient, dans les conditions que l'accident lul a faites, a ete presente a l'auditoire et mis dans la position qu'il occupait,c'est-a-diretransversalement entre les poles del'electro- aimant puissant, de sorteque les extre'mites de la pile de i00 ele- ments etaient mises en contact avec les electrodes du recipient : il ne sefaisait aucune decharge, rien ne passait, mais chaque fois qu'on touchait avec le doigt la portion du fil comprise entre l'electrode positif du recipient etle pole positifde la pile, onvoyait passer une decharge brillante qui durait aussi longtemps qu'on maintenait le contact avec la pile. Re'petee plusieurs fois , celte experience reussit toujours; la connexion avec les poles de la pile ne suffisait pas a produire la decharge, mais dans tous les cas le simple con- tact du doigt avec le fil positif la forcait a s'elancer a travers le recipient. Avant la fusion partielle du fil de laiton dont il a ete question plus haut, la decharge etait sillonnee par des stratifica- tions fines; son caractere general actuellement est celui d'une illumination fixe ou continue, laquelle cependant se divise en flux lumineux inlermittents, presenlant dans leurs ensemble une apparence stratifiee. 11. En excitant ourendant actifl'electro-aimant entre les poles duquel le recipient est intalle, on voit l'illuminalion fixe se cour- ber en has ou en haut, suivant le sens de I'aimantation, et se resoudre ou se partager en series de bandes transversales de lu- miere brillante. Ces bandes semblaient parlir du ill positif et che- miner le long de la paroi du recipient. A la fin, le flux lumineux iiiflecht a ele eteint par Taction prolongee de l'aimant. 12. Lorsque le circuit de l'electro-aimant etait rompu immedia- tement apres avoir ete e'tabli , la decharge prenait un aspect extremement singulier. Les bandes stratifiees s'elanraient tout d'abord de l'electrode positif, suivaient la paroi supe'rieure dure- COSMOS. 335 cipient, s'arretaient cnsuite, et semblaient revenir sur leurs pas, pour etre commc reabsorbees successivement, et avec une loco- motion sensible, par l'electrode posilif. Elles etaient parfaitement detachees les unes des aiUres, et leurs engouffrements successifs au pole posilif se faisaient si lentetnent, qu'on pouvait les compter avec une tres-grande facilite. Cette retraite bien marquee des bandes stratifiees vers le pole positif etait due, sans aucun doute, a l'affaiblissementgraduel de la puissance de l'aimant; et, en re- courant a certains artifices, on pourra tres-probablement rendre de plus en pins lente cette marche en arriere. L'elevation graduelle de la puissance de l'ainiant etait de meme mise en evidence, dune manieretres-belle, par le transport accelere du courant ou de la ddcharge. Apres que le courant avait ete' une fois eteint, et aussi longtemps que l'electro-aimant restait excite, il ne passait aucune decharge; mais, en rompant le circuit de l'aimant, on faisaittou- jours reparaltre le flux lumineux. Dans ce cas done, il n'y a pas seulement une action de l'aimant sur les particules transporters parle courant eleclrique; l'experience ci-dessus met, en outre, en evidence une action re'ellc de l'aimant sur les electrodes eux- memes, action qui s'oppose a 1'ecbappement ou emission des par- ticules materielles, action aussi anterieure au passage du courant. 13. La de'ebarge de la pile a enfln ete lancee ou transmise a tra- cers un tube dont les deux poles ou electrodes de platine etaient termines par deux petites balles de charbon. Un flux lumineux se produisait tout d'abord; mais, en cbaufi'ant la portion dutube ou se tronvait un baton de potasse caustique, on voyaitla balle po- sitive emcttrect commc secreter une matiere lumineuse, laquelle, plus lard, se detacbait de la balle; puis, apres quelques instants, le lube etait entieremenl rempli de stratifications tres-brillantes. 11 elait impossible de ne pas voir que l'eclat bien superieur des bandes ainsi prodnites tenait a la nature des electrodes du lube; ees bandes, cindemment, etaient la matiere transportee deces elec- trodes. N'en est-il pas de meme dans tous les cas et avec tous les electrodes? II paiait qu'il n'y a pas dans la nature de flux ou ef- fluve continu. Nous ne pouvons pas faire que l'air et l'eau, coulant a travers un orifice, forment un courant absolument uniforme et continu; le frotlement excrce contre ses paroisest vaincu ou sur- monte par sauts successifs et disconlinus; et le jet est la resul- tantc d'une sorie de palsations. Faites passer vivement a travers l'air une cbandelle allumee, la flamme se resoudra ou se brisera d'elle-mcmc en une ligne formee de grains detacbes ou disposes 336 COSMOS. en chapclet; il pourra memo arriver quelle clmnle, Inal soul n;- guliercs les pulsations produites parson passage. L'analogie doit nous conduire a admetlre que relectricite, elle aussi, surmonlela resistance a la surface des electrodes d'une nianierc toule sem- blable, ct s'echappc par tremblements successes ; la malierc quelle transporle avec elle sera des lors disposee en bandes dis- tinctes comme la vcinc liquide est disposee on brisee en gouttcs separees. F. Moigko. Societe prolectrice d«?s anhuaux. S'ilfallait ajouter foi an recit d'un voyageur, Intelligence des abeilles serai t beau coup plus merveilleuse qu'on ne l'a cru jus- qu'ici. Unessaim de petites abeilles d'un gris brillant s'etait etabli dans un tronc d'arbre; on les voyait entrer et sortir, sans qu'il fut possible de decouvrir aucune ouverture ou issue. Le voyageur se mit en ambuscade, "vit bientot se soulever une trappe lilipu- tienne qu'il empecha de retomber, eny introduisanlle bout d'une petite brancbe; elle etait dessine'e tres-irre'gulierement, dentelee sur lesbords, large de 5 a 7 millimetres, longuc de 12 a 15 milli- metres; laillee dans l'epidenne de l'ecorce, et s'y raltachant par un cole, elle s'ouvrait et se refermait comme mue par un ressort. Sous la trappe, un espace vide conslituaitune veritable loge avec son petit portier a livree cendree, deux tunnels circulaires con- duisaient dans l'interieur de la place, d'ou sortaient les mur- mures confus d'une population nombreusc ct affairee. Refenaee, la trappe disparaissait completement, masque'e par le dessin ir- regulier de l'oeuvre. Quand une abeille voulait rcntrcr au logis, elle se lancait contrc l'entree, la l'rappait de ses paltes, s'elevait dans l'air, l'aisait le tour de l'arbre, revenait vers la trappe, qui se levait vivement et se refermait sur elle Pourquoi s'cnvolaient- elles au lieu d'attendre tran(]uillcmcnt a l'entree? C'est que de pelits insectes, parasites destructcurs de la rucbe, cspece d'ichneu- mons apicides, attendaient, caches dans lesrugosites de l'ecorce, le moment de se glisser a l'interieur; le jeu de la trappe, la vigi- lance de la portiere, le detour intelligent des abeilles, cle'montaient tous leurs efforts, et pour accomplir leur oeuvrc de mort, ils etaient reduits a coller adroitement !eurs ceufs aux petites boulcs de pollen que rapportait l'abeille. Impri.nerie d« W . IUmquilT , t Ci., A. TBAMBUT, rue GaraocUrt, 5. yroprititaii e-gemtu COSMOS. 337 NOUVELLES DE L\ SEMtNE. M. Luther ecrit de Bilk en dale du 25 mars : « Je vous annonce la decouverte d'une planele de Me grandeur, faito par moi le 1h mars, k onze heures. Cette planele sera la 58c du groupe. "Void sa position : Mars 24 : 121' l',m 2is,S Temps moven do Bilk Ascension droite : 12 1 ii3,72 Declinaison : -j- 2° 51' 27", 2. — line circulaire signee de MM. Wrotlesley, P.ob. Walker, John Philips, annonce que ^Association hritannique pour l'avancement des sciences tiendra sa 30e reunion a Oxford, le 27 juin 1860, sous la pre'sidence de lord Wrotlesley. — M. Faraday a pris pour sujetde salecondu 9 mars, dansl'am- phitheatre de Royal Institution, Implication de la lumiere elec- trique aux phares. II a fait d'abord l'histoire des diverses metho- des suivies successivement dans l'eclairagc des phares ; il a montre a son auditoire presque scandilise les vieux: reflecteurs dont on se servait encore il y a trenle ans a peine, dont on se Bert encore sur plusieurs cotes inhospitalieres; et revenant aux appareils de refraction, il a fail rebsortir I'iinperfection des lentil- les ordinaires au point de vue de leur aberration de sphericite ; il a fait apprecier experimentalemenl lenormc perte que Ton subitquand, au lieu defaire passer la lumiere a travers le verre, on la fait rcflechir a la surface ; il est entre dans beaucoup de de- tails sur les lentilles a echelons conslruites sur les plans de Fres- nel, formees de zones polygonales se'parees, de courbures diffe- rentes, pour lesquelles l'aberralion de sphericite est presque nulle. II a enumere les circonstances on conditions dans les- quelles la lumiere devait etre lancee par un phare pour etre veri- tablement utile; elle doit former uu cone dont Tangle, au som- met, n'ait pas moins de six degres et pas plus de quinze degres; avec un angle de moins de six degres, la lumiere occuperait trop peu d'espace pour etre apercue a distance ; avec un angle de plus de quinze degres, ellese disseminerailsur un trop grandespace, et manquerait d'intensile. Ces conditions exigent que la source de lumiere soit tres-intense et circonscrite dans un tres-petit espace, l'espace de la flamme d'une chandelle ordinaire. L'e'lectricite est eminemment apte a donner une semblable source kunineuse ; Neuviemc aiuioe. — T. XVI, 30 mars 13C0. 13 338 COSMOS. mais il ne fallait pas songcr a l'employer tant qu'on nc pouvait l'oblenir qu'avec des piles volta'iqucs; il a done 1'allu atlendrc que les machines magneto-cleclriques fussent assez perfeclion- nees pour pouvoir engrndrer une lumiere comparable a celle de cinquante ou soixante elements Bunsen, grand modele. Une de ces machines, mises en mouvement par un moteur a vapeur de deux chevaux, a etc experimentee pendant six mois, au phare Soulh-For eland, a Douvres ; la lumiere produile etait si intense, qu'on l'a souvent apercue des c6tes de France. La conclusion de M. Faraday est que, si la depense n'est pas un trop grand empe- chement, l'eclairage electrique sera employe dans un grand nom- bre de cas ou une lumiere intense devient necessaire. Pour micux mettre en evidence la necessite dune semblable lumiere, M. Fara- day a projete sur un ecran un large faisceau de lumiere nee d'une lampe electrique; et sur le passage de ce faisceau, il a fait naitre, au moyen d'un jet de vapeur a haute pression, un nuage artificiel representant aussi bien que possible un nuage ou un brouillard nature!. La lumiere electrique etait si brillante que la lumiere d'une bougie placee dans son voisinage etait completement invi- sible; que la lumiere d'une lampe k huile d'Argand de 9 centi- metres de diametre, avec quatre meches concentriques, appa- raissait a peine trouble et confuse, quoique, brulant a part, et lorsque ses rayons etaient rendus paralleles par l'inlerposition d'une grande lentille polygonale, elle donnat un flot de lumiere eblouissante. Ce flot nc suffisait cependant pas pour percer le nuage de vapeur, tandis que le Hot de lumiere electrique etait tres-peu affaibli. L'argument de la depense n'a plus aucune valeur depuis que notrc Compagnie francaise rAUiance a tant perfectionne ses machines magneto-electriques ; et l'objection de l'instabilite s'e- vanouit plus completement encore quand on a recours au regu- lateur que cette meme Compagnie a definitivement adople. II ne reste plus a resoudre que la question des cylindres de charbon sufflsamment conducteurs, homogenes et resistanls; ceux que la Compagnie possedeactuellementsuflisent deja a un excellent ser- vice. Pour nous, nous n'hesitons pas a declarer, sans crainte d'aucun dementi, qu'au moment actuel, et en tant qu'il s'agit des phares de premier et de second ordre, la lumiere electrique est le plus excellent, le plus economique et le plus stable de tons les eclairages. Nous avons (Taint, un moment, qu'elle ne trouvat une rivale redoutable dans la lumiere Drummond, telle qu'elle se pro- COSMOS. 339 duisait recemment en Angleterre; mais l'appreciation de ses pre- tendus perfectionnements qui consistent dans un mecanisme ay ant pour fonction de soulever le cylindre de chaux de la meme manierc que la bougie est soulevee dans les souches de nos cierges, et la discussion qui a eu lieu au sein de la Societe des arts, ont fait evanouir toutes nos craintes. Une machine unique- ment formee de pieces solides, et mise en mouvement par un moteur quelconque, a vapeur ou autre, est infiniment preferable a un procede qui exige, avant tout, la preparation de deux gaz oxygene et hydrogene, leur accumulation dans deux gazometres, leur melange, etc., etc. ; et tout cela, pour obtenir une lumiere moins intense. — A Strasbourg, le 25 mars, le thermometre etait descendu tres-bas ; un vent fort et froid avait souffle toute la journee ; le soir, vers six beures et demie, la tempete se dechaina j)lus violente, accompagnee de pluie et de neige qu'elle fouettait contre les mai- sons; la neige prit le dessus, le sol et les toits blancbissaiont, lorsque tout a coup la foudre est tombe'e avec fracas, suivie d'un grondement de tonnerre assez prolonge. — Un tremblement de terre s'est fait sentir a Belle-He, la se- maine derniere; le vent soufllait nord-ouest. — La valeur de l'or importe dans les douze dernieres annees est, pour l'or de la Californie, de 2 milliards 660 millions ; pour l'or d'Australie de 2 milliards 332 millions; ce qui constitue une importation totale de pres de6 milliards et demi en tenant compte de l'or qui est entre sans notification officielle; et de 8 milliards, au moins, en faisant entrer en ligne de compte l'or de la Siberie, du Chili, de la Colombie, de l'Afrique, etc. Comme il y avait, en 18/j8, dans la circulation generate, 1^ milliards de francs d'or, sa quantite actuelle est de 21 milliards; encore huit ou dix ans, et la quantite d'or du monde aura double, par l'apport de 650 a 680 millions qui s'ajoute chaque anne'e a ce quele monde posse- dait deja. — M. d'Abbadie, dans une lettre adressee a M. de Quatrefages, signale un fait anthropologique fort curieux, l'influence d'une nourriture exclusivement animale sur la coloration du negre. Au sud de la Nubie, les noirs qui ne se nourrissent que de viande ont un teint beaucoup plus clair que les autres tribus dont le regime est exclusivement vegetal. En Kabylie aussi, les negres, qui sont tous boucbers, se nourrissent constamment des debris d'animaux qu'ils debitent sur les marches; leur vie se passe au milieu du m COSMOS. sang ct des exbalaisons cliarnues; or, ils ont le leint Ires-clair. tout en conservanl, homines et l'enimes, les cbevcux crepus ct tousles caracteres do la race negre ; ce lait est d'autant plus si- gnificant', quo les negres do la Kabylic nc se niarienl qu'entre cux. — Un dc uos abonnes, docteur-medecin, qui ne nous a donnc ni son noin ni son adresse, nous avait prie dc soiuuollre a la Societe induslriellc dc Mulbouse un clonic qui lVmbairassait dans le programme du prix rclatif a line nou voile matiere fila- menleusc pouvant remplacer 1c chiffon dans Ja fabrication du papier. 11 lni semblait que la condition imposee aux concurronts de presenter unc certaine quantilc dc pale , les oldigcait a prendre un brevet d'invention, et, par consequent, a reveler leur noin , ce qui les metlrait bors de concours. Apres avoir consulte la commission du prix, le vice-president de la Societe, M. le docteur Penot, nous trammel la reponse suivanle : ris que le concours auquel il a pris part n'avait pour objet que de renverser une serie donnee par Laplace ; 3° que Laplace lui-memc s'etonnerait, s'il avait pu l'enlendre, de cequ'on oppose sa valeur dela variation sdculaire, reJuite au pre- mier terme tie la serie, au.v valours de ses eleves et tie ses suc- cesseurs, qui out calcule, M. Plana 28 termes, lui (M. Delaunay) 42 ; 4° que e'est fairc injure a Laplace que de supposer qu'il ait pu regarder comme complete, comme un nee plus ultra, une the'orie qui laissait encore subsister des differences tie 100 se- condes cente'simales, pres de 34 secondes sexagesimals, alors qu'il proclamait bautement la ne'eessite de reduire les erreurs a. une seconde centesimale; 5°enfin que, pour lui opposer Laplace, H. Le Verrier ne doit pas avoir lu, ou ne doit pas avoir compris, le livre de la mecanique celeste consacre a la the'orie de la lune ; il l'invite en consequence a demander ties lecons aux geometres de rAcademie ! Tout cela est-il bien autre chose que du vent soufflant en foudre ? L'academicien le plus en evidence actuelle- ment nous disait en sortant : Quelle singuliere et triste discus- sion ! Tant parler, tant s'indigner pour ne ncus rien apprendre! Six secondes, douze secondes; — douze secondes, six secondes ; et rien tie plus ! — M. LMie tie Beaumont fait hommage tie son eloge historique de C.-P. Beautemps-Beaupre, lu a la seance publique du 14 mars 1859, revu et imprime avec le plus grand soin, enrichi de notes tres-inte'ressantes qui font mieux apprecier les hautes qualites tie l'eminent ingenieur hydrographe. — M. D'Homalius d'Halloy fait hommage d'une notice historique imprimee d'Alexandre Brongniart. 356 COSMOS. — M. Haver depose, pour !c concours des prix Montbyon, unc monographic trcs-importanle, dit-il, ot tres-inle'ressantc des pa- ralysies conseculivcs do l'angine couenncusc ot dc la diphthe'rite ; rauteur, M. Maingault, quoiquo n'ayant quo six ans d'oxercice, a pris rang panni los praticiens lcs plus distingues. — M. Boussingault prdsentc le quatricme ot dernior volume de l'ouvrage que M. Barral a public sous ce titre : Drainage, ir- rigations, cngrais liquides. Celivre, dil 1'illastio agronome, merite les plus grands eloges, parce qu'il satisi'ait a toutes lcs exigences et qu'il repond a tous les hesoins qu'a fait nailro, unc fois sonle- vee, la question capitalc du drainage des tcrres. Le tome tro't- sieme comprcnd la statistique du drainage, la legislation du drai- nage et des irrigations ; le quatricme, lcs resultats financiers du drainage ot des ameliorations agricoles permanentes, les efTets du drainage, des labours profonds et des sous-solagcs, le finite des irrigations, la theorie du drainage et des irrigations. Le nom- bre des gravures sur bois, parfaiterncnt faites, inserees dans les quatre volumes, est de pres de CjOO ; deux tables alpbabetiqucs etendues les competent et rcndronf les recbercbes plus faciles. M. Boussingault croit devoir rappeler a PAcademie que M. Barral a le premier decouvcrt et signale le fait capital que les eaux sor- ties des drains contienncnt une quantile d'acide nitrique d'autant plus notable que le drainage est mieux fait, le sol plus acre, la furnure plus abondante; d'ou il fautnecessairementconclure que le principal effet du drainage est de determiner l'oxydation, la transformation en nitrate, des principes azotes emprunlos a l'air on apporte's par les engrais. Cette nitrification suffit a rendre compte de la fertilite consecutive du sol , depuis qu'il a ele de- montre que les nitrates sont des principes eminemment assimi- lables. Mais par cela meme que les eaux du drainage entrainent une certaine proportion des elements de fertilite, il est necessaire, toutes les fois qu'on le peut, de ne pas les laisser perdre, de les employer en irrigations. On aurait bien tort de s'effrayer de l'en- trainement de nitrate par les eaux dc drainage, puisqu'il est prouve que la quantile d'azote prdsente au sein des sols memo sterilcs est veritablement cnorme. Get azote est le plus souvent a un etat non-assimilable, inactif ; le passage de l'air et de l'cau le rend assimilable en tres-grande proportion; et tant qu'on nc ces- sera pas d'engraisser convenablement le sol, l'azote assimilable ne lui manquera jamais. Tout ce qu'il est permis de conclure, e'est que le drainage appauvrirait lesterres auxquelles on nc rcstiluc- COSMOS. 351 rait rien, on que Ton ne laisserait pas, par un temps de repos con- venable, refaire lcur provision d'azote emprunte a Fair par ab- sorption on autrement. — M. Delafosse fait bommage du second volume de son nou- veau Traite de mineraiogie , publie par la librairie P.orct : ce vo- lume traite de la classification des mineraux, de lenr formation spontanee dans la nature, de lour reproduction arlificielle. — M. Dumas, au nom de MM. Favre et Laurent de Marseille, depose une note sur les courants bydro-eleolriquos, conlinus ou inierrompus, directs ou indirecls, et leurs applications a la me- decine. — M. Ilermite presente une note de M. Sylvester sur le parti que Ton pent lirer de certaines series dans la tbe'oric des nombres. — Nous entendons vaguement M. Cbevreul exaller les bons cfTets d'un nouvel encollage dans lequel une proportion de glycerine vient s'ajouter a trois proportions a pea pros de dex- trine. — M. Cbevreul depose aussi sur le bureau Fexcellente notice que M. Him a consacrec a 1'expose des travaux de Henry Loevel, cbimiste trcs-dislingue' et en meme temps bommc de bien, qui a e"te le grand bienfaiteur de Munsler, sa ville natale. — M. Marcy, medecin et physiologiste Ires-distingue de la se- conde generation, lit le resume de ses Recherches relaiires a I'in- fluence de I'elal des vaisseaiix sanguins et du mouvement du cceur sur lepoids, d'apres les indications d'un nouveau spbygmographe. Ce nouvel appareil, tres-portatif, est a levier comme celui de Vierordt, mais ;"i levier tres-leger; et par la meme il enregislre, il ecrit, non plus seulement la frequence du pouls, mais sa forme, ses pe'riodes de dilatation et de resserrement, tous les cbange- ments qui survienncnt dans l'etat circulatoire. Cette forme du pouls comprend trois periodes : la periode d'ascension du levier correspondant a 1'augmentation de tension arterielle sous l'in- fluence dela contraction ventriculairc; le summum ou sommet dela pulsation a angle plus ou moins aigu si la systole est tres-breve, a plateau borizontal, si la systole est lente; la periode de des- cente, caracterisee presque toujours par le dicbrotisme, sorte de seconde pulsation, du a un reflux momentane' du sang lance du cceur. Par des experiences sur des pouls factices pris sur des tubes elastiques dans lcsquels on lancait des ondees de liquide, 358 COSMOS. M. Marey s'est assure qu'il y a un rapport intime entre la forme du pouls et l'etat de la tension arlerielle : par exemple, si la ten- sion haisse, le niveau general s'abaisse, l'amplitude des pulsa- tions augments, 1c dichrotisme se prononce davantage et appa- rait plus tardivement. Partant de la, M. Marey a etudie tour a tour les effets sur la frequence et la forme du pouls, de l'attilude du sujet, de la compression d'un on de plusieurs vaisseaux, des mouvcinents et efforts respiratoires, do la contraction musculaire d'un ou de plusieurs membres, de l'etat de la digestion et de la nature des aliments. Nous enumererons rapidement quelques- unes de ses conclusions : 1° La tension est plus grande clans la position horizontal que dans la position verticale; sans doute, parce que, dans la position verticale, Taction de la pesanteur fa- vorise le courant artenel ; la position horizonlale, en augmentant la tension, diininue, comme de raison, l'amplitude, mais aug- mente de beaucoup le dicrotisme, contrairement a ce qui arrive en general, sans doute parce que le reflux de 1'onde'e est plus fa- cile en l'absence de la pesanteur. 2" La compression d'une artere volumineuse, en augmentant la tension, amene un niveau general pluseleve, une amplitude un peu moindre, un dicrotisme moins prononce. 3C Sous 1'influence de la cbaleur, le pouls presente les caracteres de la faible tension; sous 1'influence du froid,il a les caracteres d'une tension forte. ft°Au moment ou l'effort d'expira- tion se produil, la tension s'elevebrnsquement; quand l'effort est a son maximum d'intensite, la tension reste elevee pendant quel- ques instants, puis decroitgraduellement, malgre la prolongation de l'effort; quand il cesse, la tension tombebrusquement, les pul- sations se traduisent a peine; elles reprennent enfin graduellc- ment leur inlensite, qu'elles depassent ordinairement pendant quelques instants. Les eilels de l'inspiration sont tout a fait in- verses : la tension basse, qui existe alors, amene la production d'un dicrotisme assez prononce. 5° La contraction des muscles, pendant le trace, produit en general une elevation du niveau de la tension, une augmentation de la force des pulsations. 6° Lors- que Ton a ete longtemps en repos, le trace donne les caracteres de la forte tension ; il donne les caracteres de la faible tension apres un exercice violent. 7° La frequence du pouls est d'autant plus grande, toutes cboses egales d'ailleurs, que la tension arle- rielle est plus faible; la digestion produisant, comme on le salt, une acceleration de la circulation , amenera done dans le trace les caracteres d'une faible tension. COSMOS. 359 — M. Chasles, president, Jit une note sur une methode nou- velle de me tire en evidence la propriete des coniques spheriques homofocales. — M. Gaston Plante lit la description d'unenouvelle pile secon- daire d'ime grande puissance, et Pexperimente en presence de l'Academie. « J'ai indique, dans une note precedente, les avantages qu'il y aurait a substitner le plomb au platine, pour l'application des courantssecondaires a latelegraphie electrique, recemment pro- posed par M. Jacobi. L'etude spe'ciale que j'ai faite de ces cou- rants m'a permis de reconnaitre que la force electromotrice in- verse, fournie par des electrodes de plomb dans l'eau acidule'e, est environ deux fois et demie plus grande que celle qui est four- nie par des electrodes de platine platine, et six fois et demie superieure a celle qui est donnee par des electrodes de platine ordinaire. Cette force electromotrice, quoique produite par des lames d'un meme metal, est aussi tres-superieure a celle de l'ele- ment de Grove ou de Bunsen, par suite de la grande affinile du peroxyde de plomb pour Phydrogene qui a ele deja si bcureuse- ment utilisee par M. De La Rive, dans les coupes volta'iques. J'ai trouve, pour la valeur de cette force electromotrice, a tres-peu pres le nombre 1,5, celle del'element de Bunsen etant represents par 1. Ces observations m'ont amend a construire une pile secondaire qui sera, je Tespere, utile auxpbysiciens. Celle que j'ai Phonneur de meltre sous les yeux de l'Academie se compose de neuf ele- menls presentant une surface totale de 10 metres carres. Cbaque element est forme de deux longues et larges lames de plomb rou- lees en belice, separees par une toile grossiere, et plongees dans l'eau acidulee au dixieme par Pacide sulfurique. Le courant prin- cipal, qui doit elre employe pour mettreen activite celle batterie, depend de la maniere dont les neuf couples secondaires sont associes. S'ils sont disposes, corame dans Pinstruinent que je prescnte, de maniere a former trois elements de surface triple, cinq petils couples de Bunsen, dont le zinc annulaire a moins de 7 centimetres de hauteur plongee, suffisent pour donner, apres quelques minutes d'action, une etincelle d'une intensite extraor- dinaire, quand on ferme le circuit de la batterie. Cet appareil joue done exactementle r61e d'un condensateur ; car il permet de rccueillir, en un instant, le travail effectue par la pile pendant un certain laps de temps. On se fera une idee de Pintensile de la sao cosmos. decharge, on songeant qu'il faudrait, pour en produire unc sem- blable, associer plus de Irois cents couples de Bunsen (du mo- dele le plus generalement employe, de 13 centimetres de hau- teur), de manicrc a former qualre a cinq elements de 3 metres canes et un tiers de surface, ou Irois elements d'une surface plus grande encore. Si la batterie etait niontee en tension, on devrait composer la pile principale d'un nombre de couples suflisantpour Taincre la force electromotricc inverse developpee; on emploie- rait, pour neuf elements secondaires, environ quinze couples de Bunsen, dont la surface pourrait etrc tres-pclite. Cetle pile secondaireest d'une construction tres-facilc, a cause de la malleabilite du metal qui la compose; el, en prenant du ploml) en feuilles asscz minces, on peut en faire tenir une tres- grande surface dans un petit espace. Les neuf elements que j'ai constants sont conlenus dans une boite carree de 36 centimelres de cole; remplis de liquide une fois pour toutes, et rcnfermes dans des bocaux bouclies, ils pcuvent se conscrvcr ainsi dans un cabinet de physique, to uj ours charges et prcls a servir toutes les fois qu'on voudra se procurer, a l'aidc d'une faible pile, des de- eUargBS puissantes d'electiicilc dynamique. » L'oxpe'rience de M. Planle, jeune pbysicien tnis-exerce et tres-ingenieux, a vive- ment intcresse ses uombreux spectateurs ; M. Jacobi, qui etait plus a tneme que personnc d'cn apprecier la valeur, l'a trouvec fort neuve et tort curieuse. VAIUETES. ^'oisveaux fhrono^cope* eBcctriqutes Par M. Gloesener, professeur de physique ii l'universitu de Liege. Voici la description des deux chronoscopes de M. Gloescner, dont nous avons dit quelques mots dans noire livraison du 2 mars, et qui ont etc presenters le 27 fe'vrier par l'inventeur a l'Aeademic des sciences. De cos deux appareils l'un est a cylindrc tournant et 1'aulre a peudule. Chronoscope a ctjliiidn' tournant. 11 se compose : 1° d'un cy- lindre de 10 centimelres de diametre et de 12 centimelres de lon- gueur, a\ ant sa surface divise'e en cinq cents parlies; 2° d'un sys- teme de roues et de pignons de difle rents diametrcs a dents Iieli— oo'idales; 3° d'un volant a ailettes. Le cylindre, imi par un poids, COSMOS. 361 Tait quatrc tours par seconde, ct peut tourner pendant vingl-cinq a trcntc minutes. Tout le systeme est renl'erme dans une cage vi- trei; une disposition parliculiere pcrmet d'embrayer ou de re- tablirle mouvement tres-promptement a l'aide d'une clef qui traverse la face superieure dc la cage. Pour rendre le mouvement du cylindre uniforme, M. Glce- senera ajoule un moderateur a force centrifuge qui, par 1'inter- mediaire d'un levier coude , souleve une plume ; cette plume s'approclie de plus en plus du cylindre, a mesure que la vitesse decelui-ci augmenle, et flnit par le toucher en moderant sa vitesse instanlancmcnt. Quelquefois la plume se separc du cylindre un instant, puis le touclie de nouveau, et continue derester en con- tact avec lui. L'action de cette plume contribue puissamment a realiser l'uniformite du mouvementdu cylindre, puisque cc mou- vement est sensiblcment moins regulier, conformement a l'ex- perience, si la plume a ele enlevee. Lorsqu'il s'agit dc mesurer des temps plus longs que celui que met le cylindre pour acbever une revolution autour de son axe, on a jusqu'ici imprime au cylindre deux mouvemenls autour d'une helicc : un mouvement de rotation ct un mouvement de pro- gression; or, la construction de cette helice est assujettie a detres- grandes difficultes, quand il s'agit d'obtenir un mouvement uni- forme. M. Gloesener atteint le mcine but en n'imprimant au cylindre qu'un seul mouvement de rotation. Pourcela, iladaptc : 1° perpeudiculairement a 1'axe du cylindre, un cercle vertical dont le limbe est divise en quatre cents parties et lourne buit fois plus lentement que le cylindre (il pourrait, si on voulaitle dis- poser en consequence, tourner cent fois plus lentement que le cylindre); 2° a cole de ce cercle vertical, on fixe un mullipli- cateur vertical a une aiguille armee, a sa partie superieure, au-dessus de son axe de suspension, d'un legcr contre-poids mobile dans une vis, et muuie a son extremite superieure d'une pointe borizontale; cette pointe est a environ 2 millimetres de distance du cercle , et une lame-ressort est adaplee a la face posterieure du mulliplicateur, de telle facon qu'clle n'est pas en contact avec la partie inierieure de l'aiguille. Si celle-ci est maintenue par Taction d'un courant clectrique dans une posi- tion a peu pros verticale et que le courant soit rompu, l'aiguille tombe en verlu dc son contre-poids, marque un point dans le noir couvrant le cercle, et deplace par son extremite inferieure la lame-ressort; celle-ci reagit alors sui l'aiguille et l'enipeche 362 cosmos. do rosier en contact avec le cercle apres qu'elle y a fait un point. Or, pour comprendre l'application du cercle vertical decrit ci- dessus, il faut savoir que M. Glcesener enregistrc sur le cylindrc tournantenveloppe de papier enduit de noir de fume'e les instants correspondant au commencement et a la fin d'un evenement tres-court, ail moyen do mulliplicateurs tout a fait semblables a celui que nous venous de decrire : 1° il en fixe trois verticale- ment devant le cylindre tournant; les pointes des aiguilles qui font des points dans le noir se trouvent a 2 millimetres ou meme a 1 millimetre etdemi de distance du cylindre; 2° le fil de chacun de ces multiplicateurs est en rapport avec le fil d'une des cibles placees sur le trajet du projectile; 3° le fil du multiplicateur fixe pres du cercle vertical est forme de deux fils superposes et en- roulds en sens contraire dont l'un communique avec le fil de la premiere cible et celui du premier multiplicateur, et dont l'autre est relie au fil de la derniere cible et a celui du dernier multipli- cateur; h" les deux fils du multiplicateur parcourus par deux courants egaux et diriges en sens contraire se font equilibrc; le courant qui passe par la premiere cible tend a eloigner l'ai- guille du multiplicateur du limbe du cercle vertical; le courant, au contraire, qui traverse la derniere cible et le dernier multi- plicateur, tend a rapprocber la m6me aiguille du limbe du cercle. De la il resulte : 1° qu'au moment ou le projectile traverse la premiere cible, l'aiguille du premier multiplicateur place pres du cylindre tombe, fait un point dans le noir et s'en eloigne; et qu'en meme temps l'aiguille du multiplicateur pres du cercle ver- tical tombe et decrit un arc dans le noir de fumee ; 2° qu'au mo- ment oil le projectile passe par la derniere cible, l'aiguille du der- nier multiplicateur pres du cylindre fait aussi un point dans le noir, s'en eloigne, et qu'au meme instant l'aiguille qui trace un arc sur le limbe du cercle vertical cesse de le toucher. La gran- deur de cet arc decrit etant lue dircctement, et sacbant que le cercle vertical tourne buit fois plus lentement que le cylindre, on reconnait immediatement, si le point fail sur le cylindre par l'ai- guille du dernier multiplicateur a ete trace pendant la premiere revolution du cylindre, ou pendant la seconde, la troisiemc, etc. Par consequent, connaissant le nombre des divisions correspon- dant aux instants ou la premiere etla derniere cible ontete per- cees par le projectile ainsi que la durde d'une revolution en- tiere du cylindre, on oblient le temps cberche par unc simple proportion. Le cercle vertical et le multiplicateur place a cotd COSMOS. 363 servent aussi a constater si le mouvement du cylindre est uni- form e. Supposons, en effet, celui des fils du multiplicateur qui tend a eloigner l'aiguille du cercle en rapport electrique avec un pen- dule qui bat le quart dc seconde, il arrivera qu'a chaque revolu- tion du cylindre le multiplicateur fera un point dans le noir de fumee sur le cercle vertical, et par consequent huit points pen- dant les huit revolutions du cylindre. Or, ces points se trouvent, apres que le cylindre a ete pendant cinq a six minutes en mou- vement, egalement eloignes les uns des autres, ce qui ne pourrait avoir lieu si le cylindre ne rnetlait pas le mOme temps afaire une revolution entiere. Mais un moyen simple direct et general de constater l'uniformite du mouvement du cylindre consiste a tracer au moyen d'un diapason normal des vibrations dans le noir de fumee sur une bande de papier enveloppant le cylindre. Or, l'ex- perience plusieurs fois repetees m'a m on Ire que si le cylindre tourne et que le diapason muni d'une petite plume soit mis en vibration et avance parallelement au cylindre, il se dessine dans le noir de fumee des courbes paralleles et contenant chacune le meme nombre de vibrations, ce qui demontre runiformite du mouvement du cylindre. Chronoscope-penduh de M. Glcesener. — Ce pendule bat le tiers de seconde; son liinbe est en aluminium, et porte &3 degre's de part et d'autrc du point zero fixe au milieu du limbe : cbaque dcgre est divise en trois parties. On colle sur le limbe une ban- delette de papier enduit de noir de fumee, et on adaple devant lui trois multiplicateurs semblables a ceux employees dans le cbro- noscope a cylindre. Les points des aiguilles se trouvent a 2 ou a 1 et derai millimetres de distance du limbe , Tune correspond au mi- lieu de celui-ci au repos, etles autres correspondent a des divisions situecs d'un cote et de l'autre de la division zero. Cbaque multi- plicateur est en rapport electrique avec une des cibles. On souleve le pendule au moyen d'un petit cordon de sole qui est brule quand la battcrie de l'arme fait feu, ou bien au moyen d'un fil melalliqua Ires-mince que la balleric coupe; il se met en mouvement au moment ou le projectile traverse une des cibles, l'aiguille du mul- liplicateur en rapport avec elle, tombe, fait un point dans le noir et s'eloigne du limbe, et ainsi de suite. M. Glcesener a rem place1 les multiplicateurs par un seul, en ajoutant une disposition telle qu'aussitot que le courant Iraversant la premiere cible est inter- roinpu, il se rdtablit immedialement dans le multiplicateur et 364 COSMOS. traverse la seconde cible, et que de memo le fil dc cello ci etant brise par le projectile, le courant sc retablit moincnlanemcnt dans le mulliplicateur en Iraversant la troisieme cible. Celte disposition est simple et tres-avantageuse; la memo aiguille lombant toujours de la memo hauleur , enregistre les instants successifs ou le projectile traverse les diverses ciblcs etablies surson Ira jet. On pent aussi reraplacer les multiplicateurs fixes pros du cy- lindre tournant par un seul, dispose de la meme manic-re que celui dans le cbronoscope-pendule. Mais dans l'un et 1'autre de ces chronoscopes il faudra employer deux ou trois multiplica- teurs, lorsqu'il s'agit de mesurer des temps tellcment courts que le courant ne peut se retablir a temps pour elre de nouvcau inlcr- rompu au moment ou le projectile perce la cible suivante. M. (iloesener et M. Hardy, l'babile constructeur des deux chro- noscopes ci-dessus, ont essay e difTcrentes maniercs de faire des points; ils en ont fait dans du noir de fumec sur metal el dans du noir sur papier eolle sur metal ; ils ont aussi fait des points a l'encre sur metal et sur du papier, et ils ont reconnu que lc mieux, est de s'en tenir aux points marques dans du noir do fumee sur papier, parce que e'est dans ce cas que les aiguilles peuvent etre au moins deuxfois plus pies du cylindre ou du limbe du pendule en mouvement que si Ton trace les points a l'encre ; par consequent le mouvement des aiguilles sera plus doux, plus prompt, el le courant dans le mulliplicateur unique peut se retablir dans un temps bien plus court. Nous re'pelons que dans les deux chronoscopes on opere par soustraction. itnprini?rie de W. Remqost «t Ci., A. ffP-AM rue GarantK'i e . 3. ; :, i: e-*c ran i COSMOS. 365 NOUVELLES DE LiV SEMINE. M, S. da Verga nous envoie de Rio-Janeiro, en date du 2 mars, l'extrait ci-joint d'un rapport adresse au ministre de la guerre, par M. E. Liais, directeur de Fobservatoire aslronomique et hydrograpbique de Pernambuco : Olinda, 28 fevrier 1860. J'ai l'honneur d'informer V. Ex. que dimanche 26 dans la soiree, j'ai, en faisant une revue du ciel austral, apercu pres de l'etoile ij. de la Dorade une nebulosite telescopique que je n'avais pas vue anterieurement a la meme place. Au bout d'une beure, j'ai constate que cette ndbulosite s'etait un peu deplacee. Conse- quemmentc'est une comete. Cet astrenouveau est forme de deux petites nebulosite's tres-voisines, Tune plus grande avec un point plus brillant dans l'interieur, l'autre beaucoup plus petite et en- titlement nebulcuse. C'est done une comete double. Hier 27 j'ai constate un tres-grand deplacement depuis la veille, et j'ai pu faire une bonne observation. L'astre a presente un petit change- ment de forme, la nebulosite principale ctait plus allongee que le 26. J'ai fait voir cette nebulosite aux dessinateurs de la commis- sion pour en faire un dessin. M. le premier lieutenant Pitanga a egalement observe son aspect physique. Des quej'aurai pu obtenir les trois observations de cet astre, necessaires pour calculer l'orbite, j'en transmettrai a V. Ex. les elements. Comme la comete marche ausud-ouest, c'est dans cette direction, a partir de u de la Dorade, qu'il faudraitla cbercherpour la voir a Rio de Janeiro. Elle est invisible avec des lunettes d'une ouverture inferieure a trois pouces. A moins qu'elle n'augmente d'eclat, je crains de ne pouvoir la suivre pendant la pleine lune , vu la faiblesse de sa lumiere. Cette comete est le premier astre nouveau qui ait ete ddcouvert au Rresil, et je prie V. Ex., monsieur le ministre, de vonloir bien informer Sa Majeste l'empereur de l'existence de ce corps. II serait bien que sa decouverte fut communiquee a l'Ob- servatoire et publiee dans les journaux. — Heureux des renseignements sur la tempete du 27 fevrier communique's au Cosmos par MM. Herve-Mangon et Rerigny, le R. P. Seccbi s'empresse de nous apprendre par une lettre en date du 29 mars, que l'ouragan a aussi souffle a Rome, mais quinze heures plus tard, de sorte que si sa presence a Paris avait ete si- Neuvifcme annfie. — T. XVI, 6 avril 1860. 14 366 COSMOS. gnaleeparletelegrapheclectrique, son invasion a Rome aurait etc ennnue treize beures a l'avance. Le maximum dc violence du vent ct le minimum barometrique onl eu lieu entre onze heures et minuit du 27 au 28 fevrier. Le vent soufflait alors nord-oucst, sa vitessc moyenne, de midi 27 a midi28, a etc" de 22,2 kilometres a 1'hcure ; le maximum horaire a etc dc 37 kilometres, mais par instants la vitcsse atteignait 40 ct 60 metres par seconde. Le vent a passe du nord a l'ouest, puis au sud-ouest, ouil s'est arrele" quel- quc temps vers minuit, pour revenir ensuite au nord par Toucst. Le barometrographeetranemographeduR. P. Seccbi fonction- nentadmirablementbien, les traces qu'il nous envoie, et qui sont de simples caiques du trace mecanique, ne laissent rien a desi- rer. . — La liste civile a defmitivement cede" a la vdle de Pans les parcetboisde Vincennes; l'acbat des terrains qui les separent des fortifications accroitra considerablement leur perimetre ; et les gigantesques travaux d'cmbellissement que l'on poursuit avec une^nctivite incroyable en auront bient6t fait la plus belle pro- menade du monde. — D'un autre cOte, la transformation en jardins des quinconces du cote droit de l'a venue des Champs-tilysees marche a pas de geant : on a deja trace les pelouses , les massifs et les allees qui encadreront de la maniere la plus pitloresque les etablisscments publics situes sur be vaste emplacement. Les deux gracieuses fontaincs qui le decoraient sont soumises , en ce moment, dans les ateliers de M. Oudry, a l'operation resurrectionnelle du cui- vragc galvanique. — Le 28 mars dernier a ete signale a I'Observatoire impeiial par de grandes perturbations magnetiques : a 10 beures 25 mi- nutes du matin, la dccliuaison a presente un minimum tres-pro- nonce inferieur de 35 minutes a la valeur qu'elle a acquise a midi 5 minutes. A la memo beure dc 10 heures 25 minutes, Tincl'mai- son ctait superieure de \h minutes hk secondes a ce qu'elle avait e"ld laveille a la meme beure. L'intensitc horizonlale.alO beures 25 minutes, avait eprouve une diminution considerable. ]Ces per- turbations rappcllent, quoiquc sur une echelle moins conside- rable, celles qui eurent lieu a l'epoque des aurores boreales de la fin d'aout et du commencement de septembrc 1859, visibles dans toutc l'Europe, et jusqu'a la Guadeloupe. On lit dans le bul- letin du 30 : « Nous avons mentionne les grandes perturbations magnetiques constatees le 28 a I'Observatoire de Paris. Hier, 29, COSMOS. 673 des phenomenes analogues se sont renouvele's, et les depeches telegraphiqucs de Lisbonne ont fait connaiLre qu'on les observait dans cette villc aux monies beures qu'a Paris. Aujourd'hui, l'Ob- servatoire imperial a recti la nouvelle qu'unc brillante aurore bo- reale a etc observee bier soir a Stockholm. » Hier 28 et aujour- d'hui 29, nous ecritle R. P. Seccbi, grandes perturbations magne- tiques, surlout de l'intensite horizonlale. — M. Roche resume comme il suit les observations meteoro- logiques faites a Montpcllier pendant l'annee 1859: « La plus gran.de hauteur barometrique 774""", 2 a etc observee le 10 Jan- vier; la plus petite 739m,",l le 25 decembre. L'annee est remar- quable par les grandes chaleurs des mois de juillet et d'aoiit; la temperature moyenne a ete de 15°centigrades; le maximum, 40°, a eu lieu le 15 juillet, le minimum, — 7", le 21 decembre. La quantile d'eau recue par le pluviometre, a 63 metres d'altitude, equivaut a une couche de ()m,506 de hauteur. Le degre minimum de l'hygrometre de Saussure, 31°, a ete observe le 5 avril a midi, par une temperature exceptionnelle pour la saison , 25°, et un vent N.-N.-E. Plusieurs aurores boreales ont brille sur l'horizon, notamment les 21 avril, 28 aoiit, 12 octobre. Sur 3G5 jours de l'annee, on en compte 28 de gelee, 175 de ciel ge'neralement heau, 110 nuageux, 80 couverts, 73 de pluie, 1 deneige, 13 d'o- rages. Les vents du nord ont ete deux fois plus frequents que ceux du sud; les vents d'est, plus frequents que les vents d'ouest, dans le rapport de h a 3, mais les vents d'ouest ont ete tres-forts. — M. de Villiers de l'lle-Adam , nous adrcsse, deson c6le, les observations faites au Mans du mois d'avril 1859 au 27 mars 1860. Le 26 de"cembre a 8 beures du matin, le baromotre est des- cendua 722n,n,,82. Le 19 decembre, a 8 beures du matin, le ther- momelre marquait — 18°, 3 ; le 21, un changement subit de vent amenait le dogel. Get intervalle de temps peut se diviser en trois periodes : d'avril 1859 a la fin de septembre, periodedes orages; de la fin de septembre a la fin d'octobre, periode des aurores bo- reales ; de novembre a mars 1860 , periode des tempotes. Les principales tempotes ont eu lieu : les 1, 5, 26, 29 novembre; les 5, 20, 23, 25, 28, 29 decembre; les 1, 3, k, 5, 20, 2k, 25, 30 Jan- vier; les 16, 17, 27 fevrier; 8, 16, 23 mars. Le mois de Janvier a etc extraordinairement doux, chaud et pluvieux; fevrier a ete beaucoup plus froid ; depuis les premiers jours de mars, la tem- perature est devenue un peu plus douce, mais clle s'elove avec beaucoup de lenteur, en sorte que la vegetation est fort en retard. 3CS COSMOS. — II y a longtemps dcja que Ton a attribue le mal de mer au mouveiuent ascensionnel de la masse intestinale qui a lieu au moment oil le navire plonge, ct semble se derober sous les pieds. On disait : L'inertie de cette masse, libre dans les cavites splan- cbniques, soulevant le diapbragme et comprimant le foie, force la vesiculate biliaire a deverser son contenu clans l'estomac, ce qui provoque le hoquet vomilif le plus insupportable, trouble la di- gestion normale, etc. « Or, M. Jobard afbrme que la ceinture electrique aromale de M. A. Mosselman, de Bruxelles, 98 fois sur 100, e'est-a-dire toujours lorsqu'elle a cte bien appliquee, previentle mal de mer. » Le spiriluel ecrivain ajoute : a Alors ce n'estplus un mal, mais un veritable agrement que le tangage ct le roulis, on les trouve toujours trop courts, comme les enfants sur la balancoire qui orient: Plus fort, encore plus fort! Tel est, du moins, le sentiment que nous avons eprouve pendant une vio- lente tempete, alors que tous les passagers se tordaient autour de nous dans les angoisses du vomito viricle, sans que nous ayons songe a soulagerleur peine enleur passant notre ceinture de surete, tant l'egoisme est fort dans le danger. » — Le grand promoteur des houilles, en Belgique, estun ancien officier des mines, M. Fatcbamps, aujourd'bui age de 77 ans. Le gouvernement beige propose de lui accorder une rente viagere, mais M. Jobard craint que le decret de recompense nationale soit signe le jour de la mort du noble veteran. II propose, en conse- quence, au ministre des travaux publics de prendre un arrete augmentant toutes les places de cbemin de fer d'un centime. Qui refuserait, dit-il, do payer le centime Fatcbamps jusqu'a sa mort! — On parle se'rieusement, en Angleterre, de la pose, au mois de mai, d'un nouveau cable transatlantique ; partant de l'Ecosse, le fil conducteur irait en Irlande, auGroenland, au Labrador, au Canada, et viendrait aboutir aux Etats-Unis. — Une premiere de'pecbe tele'graphique, date'e de Calcutta, du 10 mars, et transmise par le cable de la mer r.ouge, est arrivee a Londres le 16, apres six jours de traversee. Lorsque la ligne de Suez aux Indes sera termine'e, le temps de la transmission no sera certainement pas de deux jours. — Notre ami ct ancien collaborateur, M. Govi, nous annonce qu'il vient d'etre nomine professeur de physique au musee royal de Florence, place que le celebre Nobili a occupee jusqu'a sa mort, en 1835, et qui, depuis, est toujours reste'e vacante. Les collections et les ressources que celle nomination meltra a [la 1 COSMOS. 369 disposition de M. Govi, lcs loisirs quelle lui cre'era, le mettront a meme d'entreprendre des recherches nouvelles dont la science s'enrichira. Correspondance particuliere du Cosmos. M. Charles Laboulaye nous adresse la letlre suivante : « Per- mettez-moi quelques courtes observations au sujet des critiques que renferme le dernier numero du Cosmos, sur le nombre que i'ai adopte, pour la valeur de l'^quivalent mecanique de la chaleur, et qui n'est guere que le tiers de celui obtenu par M. Joule. Vous me reprochez de ne pas tenir compte, dans mon experience faite en etudiant la chaleur degagee par l'ecrasement du plomb, du rapprochement des molecules. Mais vous oubliez que le plomb n'augmente pas de densite par la compression; quelques experimentateurs ont cm plutot reconnaitre une dimi- nution de densite. Je n'avais done pas a tenir compte d'un effet qui n'existait pas. Vous criliquez ma proposition que pour des experiences analogues le chiffre le plus faible est neccssairement le plus exact; je la crois pourtant men fondee pour le cas ou je l'applique. Si dans une experience on employait un nombre de ca- lories connues a produire un travail mecanique , l'observation qui donnerait le plus de kilogrammetres serait certainement la plus exacte ; elle correspondrait an cas ou il se produirait le moins de pertes. De meme, dans une experience inverse, e'est le cas de celles de HI. Joule et de la mienne, cellc qui produi- ra !e plus de chaleur pour une quantite de travail determi- nee sera la meilleure, ou ce qui revient au meme, cellc qui pour produire l'unite de chaleur exigera la moindrc quantite de tra- vail. II me paraitra toujours impossible d'admettre qu'il faut &3() kilogrammetres pour produire nne calorie, lorsque le thermo- metre m'indique que je lui ai donne naissance avec un travail brut de 189 kilogrammetres. Je regrette que vous n'ayez pas donne quelque attention a la ve'rification du nombre 140, que me four- nit, dans le mfime article du complement de mon Dictionnaire des arts et manufactures, la chaleur latente de l'acide sulfureux ii- quide, ainsi que celle que je trouve dans la comparaison des chaleurs specifiques des vapeurs, et de celles des liquides qui servent a les former. J'arrive, en un mot, par plusieurs routes differentes a contrdler ma premiere determination, et je crois 370 COSMOS. plus que jamais a son exactitude. Cela ne me fait desircr que plus vivement de voir l'ingcnieux M. Him continuer ses belles experiences sur les machines a vapeur, et j'ai unc pleine con- fiance qu'elles conduiront au triomphe complet d'une verite, qu'on ne pourra pas me conteslcr l'honneur d'avoir proclaim} le premier. » Laisser sans rcponse les reproches et les assertions de M. La- boulaye, serait de notre part une sorte d'apostasie scientifique; nous repondrons done tres-brievement : 1° M. Laboulaye affir- me que le plomb soumis a 1'e'crascment n'augmente pas de den- site, il oserait meme presque dire avec certains auteurs qu'il diminue de densite : vieille erreur ; e'estun fait certain aujourd'hui que lorsqu'on comprime fortement le plomb dans une bague, sa densite" devient un peu plus considerable ; lorsque pour bouchev les trous qui existent dans un batis de fonte on y a coule du plomb, on constate dans tousles ateliers qu'en agissant surle plomb au moyen d'un poincon et d'un marteau on le tasse sans peine r on lui fait occuper un petit espace , on determine un nouveau vide qu'il faut remplir avec de nouveau plomb. Nous tenons ce fait de M. Froment. Le plomb jouit au plus haut degre d'une propriete singuliere, que M, Laboulaye oublie, et qui explique pourquoi on n'a pas reconnu son augmentation de densite ; e'est la lenteur aveclaquclle il s'allonge ou s'ecrouit ; ne citons que les experiences de Coriolis : en operant sur des cylindres de 2k milli- metres de diametre, de 19 milimetres de hauteur divises en 680 parties, de 100 grammes de poids, charges de 1760 kilo- grammes, il a vu que l'ecrasementles avait reduits apres une minute a 317 parties, apres une heure a 243, apres Ik heurcs a 253. Le plomb augmenle done de densite; II y a rapprochement des mo- lecules, mais il y aurait eu ecartement que notre objection sul - sisterait encore; M. Duprea dit depuis nous, que dans les solides et les liquides, il est indispensable de tcnir comptc du travail du a l'ecartement ou au rapprochement des molecules, parcc qu'il a une tres-grande valour. 2° ce que M. Laboulaye a cherche dans son experience, ce n'est pas, qu'il y prenne bien garde, l'equiva- lent mecanique de lachaleur, ou le travail mecanique produit par une calorie, mais bien requivalentthenniquedu travail; c'esl- a-dire la quantite de chaleur qu'engendre la depense d'un travail donne ; nous convenons que dans ce cas e'est le plus petit nombre qu'il faut prendre. Pour obtenir Tequivalent mecanique de la cha- leur, il faut, au contraire, meltre de la chaleur en jeu pour lul COSMOS. 371 faire produire da travail, et dans ce cas, M. Laboulaye convient avec nous que le plus grand nombre obtenu est le plus pres de la verite. Dans notre maniere dc voir, l'equivalent thermique du travail et l'e'quivalcnt me'canique de la clialeur ont entre eux un rapportintime, les deuxuombrcs sont reciproques 1'un del'autre, mais en est-il ainsi dans les ide'es de M. Laboulaye ? Nous avons relu attentivement son experience et nous avons encore mieux compris pourquoi elle n'a pas ele accepte'e par les homines com- pctents. Ce qui, pour nous et pour tous les initios aux doctrines nouvelles, ce qui produit de la chalcur, c'est l'extinction de la force inecanique, c'est la depense du travail dans des conditions oil il ne puisse engendrer que de la chaleur ; pour M. Laboulaye, c'est loute autre chose. Dans le travail depense, dans la force eleinlc, il fait deux parts: une part ne produisant pas d'ecrase- ment, et partant, n'engendrantpas de chaleur, une part produi- sant de l'ecrasement et engendrant dela chaleur. Nous sommessi peu d'accord, etM. Laboulaye est tant a cote dela question, qu'il demande la chaleur engendree ou l'equivalent thermique a ce qui dissimule une parlie de cet equivalent. Ecrasement, en cffet, c'est changementde forme, c'est l'ecartemcnt ou le rapproche- ment des molecules dont il faut absolument tenir compte, dit M. Dupre, parce qu'ilaunetres-grande valeur; ecrasement, c'est le resultat d'un travail me'canique qu'il faut necessairement at- tribuer a l'efibrt inecanique exerce, qui represente une partie de cet effort, aux depens de sa transformation en chaleur. Cette transformation, pour s'operer enliere et sans pcrte, exigerait avant tout un corps inecrasable, incompressible. La force eteinte, le travail absorbe par le plomb (en evitant, ou du moins en defalquant la perte due a l'ecrasement), par le support du plomb, par le sol, par le mouton, voila ce qui a du se convertir en chaleur, voila ou il faudrait, s'il etait possible, aller recueillir re'quivalcnt thermique du travail; l'experience de M. Lal^oulaye est une pure fiction. II en est tout autrement des experiences faites avec la machine thermogene de M. Beau- mont, queM. Laboulaye oseappeler grossieres, sans doute parce le travail mecanique depense a ete mal evalue par dynamometre, ce qui a donne un equivalent trop fort. S'il veut se convaincre de son inexactitude, et en meme temps bien meriter de la science, c'est avec le tbermo-generateur, qui sera mis de grand coeur a sa ■disposition, que M. Laboulaye devra operer. Une fois que le travail communique a la manivelle est bien mesure, l'equivalent 372 COSMOS. thermiquc est determine avec une exactitude tres-grande, car la il n'y a ni debasement, ni usure, rii perle possible de la chaleur cngendrec. Cene sera plus une mesquine elevation de temperature de trois quarts de degre sur laquclle on peut se tromper de moi- tie, mais une elevation graduelle de zero degre a 100 degres et pins, donnant d;ms une seule seance quarante ou cinquante de- terminations de 1' equivalent thermique cherche ; s'il rei'usait d'ac- cepter la proposition que nous lui l'aisons, M. Labonlaye nousde- sespe'rerait ve'ritablement. II n'y a que l'appareil de M. Foucault ou Ton trouve, encore plus que dans le thermo-generateur, absence complete d'ecrasement, e'est-a-dire de rapprochement ou d'ecar- tement des molecules, d'usure, etc., avec simple extinction de mouvement ou de travail. Ces considerations suffisent pour con- verts M. Laboulaye, s'il le veut bien. Quant a la pretendue coniir- mation tire'e de la chaleur latcnte de i'acide sult'ureux et des eha- leurs speciiiques des vapeurs, nous n'en dirons rien parce que, commel'ont tres-bien dit MM. Bourget, Dupre, etc., ce cote do la question ne pourra etre discule qu'autant qu'on connaitra avec exactitude les deux capacite's calorifiques des gaz, a prcssion cons- tante et a volume constant. On les connait ces deux coefficients pour Fair, et M. Laboulaye les a mis en jeu, comme d'autrcs l'a- vaientfait avantlui, page 241 ; or, ils l'ont conduit a une valeur de 1'equivalent mecanique de la chaleur egale a l\\U kilogrammes : h\k e'est bien pres de 430 ou 433. M. Laboulaye s'en debarrasse par cettc phrase dont le sens nous echappe : « Si cc calcul cu- rieux ne reposail jms sw une hypothese tout a fait erronee ; » dans le raisonnement en question, nous ne voyons, nous, rien que de tres-legitime. Repetons-le franchement, la valeur 189, asssignee par M. Laboulaye a 1'equivalent thermique du travail mecanique, est pour nous comme non avenue; elle ne repose sur aucun fon- dement, et nous ne comprenons pas qu'il s'en fasse un litre de gloire; bien avant lui M. Person et M. d'Estocquois sonl descen- dus a des chiffres tres-bas qui, pour nous, sont en contradiction manifeste avec les fails , et qui certainement ne sont pas les chiffres de l'avenir. F. Moigino. H'"nil«* de science. M. l'abbe Raillard nous donne la solution, et, nous le croyons, la solution complete, formulee par lui il y a plus de trente-trois ans, du probleme souleve par M. Montigny : COSMOS. 373 a Dans la livraison du 9 mars dernier, le Cosmos a publie des observations qui ont ete faites en Belgique sur le bruit du tonnerre, et d'ou il semblerait resulter, au dire des observateurs, que le bruit produit par la foudre se propage avec une vitesse beaucoup plus grande que la vitesse connue du son dans l'air, puisqu'ils ont cnlendu les eclats de la foudre apres un temps environ dix fois plus court que le temps correspondant a la distance qui les separait de l'objct foudroye. 11 y a bicn des annees deja que des fails de cette espece ont ete observes et expliqucs de la maniere la plus nalurelle. lis sont une consequence necessaire de la theorie des roulcments du tonnerre que j'ai fait connaitre et que j'ai enseignee dans mes cours de pbysique au grand seminaire de Langres, de- puis l'annee 1827, en l'appuyant sur des raisons pbysiqucs et sur des observations directes ; car c'est le 19 avril 1827 que cette tbeo- rie m'est venue a l'esprit, par suite d'une observation faite sur un eclair suivi de tonnerre. Je pourrais invoquer, par exemplc , le temoignage d'un de mes premiers eleves de physique, M. A. Perrey, professeur a Dijon, qui communiqua peu de temps apres mon explication d'abord a Braconnot et de Haldat, alors profes- seurs a la Faculty des sciences de Nancy, puis a Gay-Lussac. En 1836 M. Biot m'ecrivait : « Votre maniere de conccvoir la duree soutenue du bruit du tonnerre, el ses variations irregulieres d'in- tensites me semble aussi fort juste. Je crois avoir entendu M. Pois- son en exprimer dans la conversation une idee pareille, si meme il n'6n a dit un mot dans ses Memoires sur le son, ou dans les An- nates de chimie. Mais peu importe; presumer, soupconner, de- viner, tout cela est Men, mais prouver est mieux. Or, ici, je crois, rien n'est prouve encore, et Ton peut cependant arriver la par des observations analogues a celles que vous me dites avoir faites sur la correspondance de la figure de 1'e'clair et de son etendue, peut-etre de sa vivacite, avec la direction du bruit, son intensite, et la diversite du temps apres lequel l'observateur le percoit. II serait desirable que vous eussiez une montre, ou sim- plement un compteur a secondes pour repeter ces observations. Quclques fails ainsi constates par l'experience et rattacbes a l'idee que vous emettez, pourraient 1'aire l'objet d'une note inte'ressante que je communiquerais a l'Academie de votre part avec plaisir. » Ce n'est que deux ans apres qu'Arago a communique' a l'Acade'- mie les observations dont parle M. Biot. Dans YAnnuaire du bu- reau des longitudes de 1838, Arago a donne, sans me citer, une esquisse elementaire de ma tbdorie, et il ne l'appuie sur aucune 37/i COSMOS. observation directs. Quanta l'idee que M. Biot attrilmait a Poissom celui-ci m'a assure lui-memcqu'elleelait tout autre que lamiennc. Je l'etablissais sur les deux: propositions suivantcs, que je prou- vaisseparement : « 1° L'etincelle electriquedans les nuees cheque lair ct fait du bruit; 2° chaque partie du siilon lmnineux est un centre d'ebranlement, e'est-a-dire, que l'air est choquedans lonte la longueur de l'eclair. » 11 suit de la que si Ton voit un eclair sous un angle suiTisamment grand, on devra scnlir que le bruit vient toujours de tous les points de la trace lumineuse, et qu'il en suit exactement tous les rcplis; e'est ce que l'observation ne manque jamais de conflrmer. Et cornme la difference entre la distance du point de l'eclair le plus rapproche de l'observateur et cello du point le plus eloigne, atteint quelquelbis jusqu'a 25 kilometres, les roulements du tonnerre produit par un eclair peuvent se pro- longer pendant 75 secondes. J'en ai vu et entendu qui avaieni cette longueur. Parmi les observations que je rapportais dans ma note dont Arago entrelint l'Acadeinie dans sa seance du 6 aout 1838, et auxquelles les Comptes rendvs se sont contentes de faire allu- sion, en les qualifiant dacarauteristiques et importantes, je citerai la suivante qui rappelle et explique celles de la Belgique. Dans le courant de l'annee 1837, un eclair frappa une maison tie Bourg, pres de Langres, et y laissa des traces du passage de la foudre. Le memo eclair ebranla une maison de Verseilles, distante dc la premiere de plus de h kilometres; il renversa des pierres du toit, et lit fremir les goutlieres. Une jeune enfant assise au pied d'un arbre eloigne de Verseilles d'un kilometre, fut encore atteinte du meme coup etjete'e violemment a vingt-cinq metres. Bile fut promptement secourue par ses parents qui etaient pen eloignes d'elle, et elle vit encore. II est certain que ce fut le meme eclair qui produisit tous ces effets, car il n'avait e"te precede et il ne fut suivi d'aucun autre. Le image etait tres-peu menacant. Or, a Bourg l'eclat du tonnerre suivit immediatement l'eclair; mais a Verseilles, les personnes qui etaient dans la maison ebranlee , et les parents de la jeune fille frappce , se sont accordes a dire que l'eclat bruyant du tonnerre suivit nonpas im- mediatement, mais de tres-pres l'eclair. Le retard atteignit a peine deux secondes, au lieu de douze qui repondent a la distance de Bourg a Verseilles. Cela devait elre ainsi, car l'eclair avait tou- che Bourg et s'etait seulemenl approche de Verseilles, ou eut lieu COSMOS. 375 un effet de choc en retour. Les roulements durerent sans interrup- tion de 15 a 18 sccondes. Get expose ine semble suffire pour expliquer tous les faits ana- logues a ceux qui ont ete observes dernieremcnt en Belgique. » ACADEME DES SCIENCES. Seance du lundi 2 avril I860. M. le marechal Vaillant adrcsse la seconde partie du me'moire de M. Demortain, sur la composition des eaux couranles de la Lombardie, considere'es relativement a rinfluencequ'onpeulleur attribuer sur la production du goitre. Deux faits etaient tout d'a- bord ressorlis des analyses de HI. Demortain: le premier, 1'ab- sence absolue de sels de magnesic dans les eaux des localite's ou Ton avait observe le plus de goitreux ; le deuxieme, l'absence simultane'c du chlore. Ces eaux etaient en outre dnres, elles cui- saient mal les legumes et ne savonnaientpas; elles accusaient de notables proportions de carbonate et de sulfate de chaux. — M. le ministre de l'agricultnre et des travaux publics invite MM. les acade'miciens a honorer deleur presence le concours ge- neral annuel de Poissy. — M. Durocher adresse une note sur la climatologie de l'A- me'rique centrale. — M. Tb. du Moncel communique une note sur les effets qui resultent des incrustations des vases poreux dans les piles de Daniell. II demontre que les incrustations, loin d'etre nuisibles au de- veloppement electriqucproduit par la pile, lui sont, au contraire, favorables en diminuant la resistance interieure de celle-ci. En effet, une pile de huit elements, dont les vases poreux etaient in- crustes, donnait, a l'e'lectro-aimant de la balance magnetique de l'auteur, une force attractive de 135 grammes, tandis que la meme pile, avec des vases poreux neufs, ne donnait a ce memo electro-aimant qu'une force de 50 grammes. Ces memes vases poreux, ayant servi pendant deux mois, ont porte la force du meme electro-aimant a 85 grammes; ils etaient alors couverts de taches violettes indiquant des incrustations de cuivre. Une pile de seize elements neufs, de memes dimensions que la 376 COSMOS. piledc huit elements, ayant etc" ajoutee a ccttc derniere, la force elcctro-magnetique, resultant tie ces vingt-lrois elements groupes en tension, n'etait que de 132 grammes, e'est-a-direde 3 grammes infericure a celle resultant do la pile isolee de huit elements (1). Pour expliquer ce resultat bizarre, M. du Moncel a fait interve- ne, dans les formulesd'Ohm, les variations qu'il avait observers dans la resistance interienre des deux piles; et il a pu rendre parfaitement compte deseffets qu'il avait observes, et expliquer comment rintensite du courant dela pile de huit elements (vieux) peut etre plus considerable, ou moins considerable, que celle du courant de la pile de vingt-trois elements, suivant que la resis- tance introduite dans le circuit est plus ou moins grande. Les conclusions pratiques de ces expediences sont : 1° que les incrustations des vases poreux, quand elles n'empechent pas trop la permeabilite de ceux-ci, sont avantageuscs au point de vue de 1'intensite du courant protluit, mais, en revanche, elles occasion- nent une plus grande de'pense de sulfate de cuivrc ; 2° que, pour des resistances de circuit peu considerables, il faut eviter de grouper ensemble des elements d'inegale resistance, ou, ce qui revient au meme, des elements neufs avec des elements vieux, ce qui, d'ailleurs, n'a pas d'inconvenients avec les circuits tres- resistants ; 3° que le magnetisme remanent est presqu'aussi con- siderable, avec de faibles forces electriqucs qu'avec des forces considerables, quand, loutefois, la resistance de l'electro-aimant reste la meme. — C'est encore une inondation de demandes d'admission au concours des prix Monthyon de medecine et de chirurgie , du prix Breant pour la guerison des dartres et le traitement du cho- lera, etc., etc. — Un chimiste, qui n'est sans doute pas M. Gorgeu, combat la denomination d'acide permanganique en partantde ce fait qu'il n'y a que deux acides manganiques, comme il n'y a que deux acides chroiniques : l'acide chromique proprement dit et l'acide bichromique. — M. l'abbe Laborde, professeur de physique au petit se*mi- (1) Avec la pile neuve de seize elements, la force attractive augmentait avec le nomine des couples. Elle elait : 17 grammes pour quatre elements ; 42 grammes pour huit elements; GO grammes pour douze elements, et 77 grammes pour seize ele- ments. COSMOS. 377 naire dc Nevers, bien connu des lecleurs du Cosmos par ses com- munications relatives a la physique et a la photographie, adresse unc note dont le titre a vivement pique" notre curiosile, quoiqu'il ait etc a peine enonce, sur la possibility de transmettre a distance les mouvements vibratoires au moyen de l'electricite. Pourquoi faut-il que notre ami ne nous ait pas envoye copie de son tra- vail qui ne sera peut-etre que menlionne dans les comptes rendus ? — M. Edouard Robin, apres avoir constate ce qui d'ailleurs est evident, que les idees emises par M. Sainte-Claire Deville sur la cbaleur latente et la chaleur de combinaison sont un retour heu- reux et savant a la theorie de Lavoisier, croit user d'un droit legitime en constatant qu'alors que cette theorie etait abandon- ne'e ou combattue par les chimistcs et les physiciens en renom , il lui est reste ficlele et n'a pas cesse depuis vingt ans de la de- fendre, de l'enseigner, de la de'velopper et de la fortifier. En 1839, en effet, il disait, p. 15 d'une notice imprimee sur ses travaux : a Lorsque par le fait de leur combinaison deux ou plusieurs corps expulsent une quantite de calorique, qui, devenu libre, so degage, ils n'ont plus, lorsqu'ils sont combine's, le calorique qu'ils ont perdu en s'unissant; ils reliennent des lors moins de calorique qu'ils n'en avaient avant de s'unir. II s'est cependant trouve des hommes d'un grand talent (MM. Dulong et Petit), qui ont cru reconnaitre que l'eau, par exemple, contient plus de ce calorique que n'en contenaient l'oxygene et l'hydrogene qui la forment par leur combinaison... Les gaz ne contiennent pas seu- lement le calorique qu'ils absordent pour passer d'une tempera- ture a une autre calorique, qu'on nomme de capacite et qu'on pourrait appeler calorique de temperature ; ils en renferment en outre une quantite considerable qui les constitue a l'etatgazeux; ce calorique, qu'on nomme latent parce qu'ils ne l'abandonnent point, et par suite ne le manifestent point en s'abaissant d'une temperature a une autre tant qu'ils restent gazeux, est necessaire aumaintien de leur etat; il n'apparait qu'autant qu'on les fait passer a un autre etat, e'est-a-dire a l'etat liquide ou solide. » Plus tard, en 1853, dans sa Chimie generate, M. Edouard Robin disait, page 20fr : « On l'a vu prece'demment, les liquides, les gaz peuvent etre considered commc des combinaisons du calorique avecles subs- tances liquefiees ou gazeifiees (25); les corps solidifies en masse amorphe retiennent du calorique au-dessous du point de fusion; 378 COSMOS. cnfin, tons les corps, quel que soit leur etat, ont, a toutc tempe- rature, une quantite de caloriquc qui leur est parliculiere; les reactions chimiques nc s'operent point sans elimination plus on inoins grande de ce calorique specifique. » Nulleparl jc n'attribue une autre originc a la chaleur naissant des combinaisons chi- miques. )) Page 29 : « Les corps qui, a la suite de fusion, se soli- dificut en masse amorphe, rctienncnt du caloriquc de liquidite qui les rend mailables, ductiles, flcxibles, jusqu'a une certaine distance au-dessous du point de fusion. lis repienncnt ce fluidc quand on les chauffc, deviennent a'msi de plus en plus malleables, fmissent par se ramollir avant de fondre, ct se prescntent doues de transparence ou a i'elat vitreux quand leur poids specitique est t'aible (page 86, etc.). » M. Edouard Robin a done bien reellement soutenu avant M. Sainle-Claire Ueville qu'on ne peut, a moins de tomber dans l'crreur de creation de forces, admeltre d'autres sources a la cha- leur degagee dans les combinaisons chimiques, que la chaleur lalente enfermee dans les corps qui s'unisscnt; que la chaleur de- gagee pendant les combinaisons pre'existe dans les elements, que les corps renferment entre leurs molecules une certaine quantite de chaleur d'oii dependent les etats physiques parliculicrs, mol- lesse, etat vitreux, etc. Le dernier memoire de !\f. LMouard Robin sur les causes et les lois de la fusion, resume il y a peu de temps par le Cosmos , ajoute encore a ce qu'il avait dit preccdemment; il montre le ca- loriquc jouant un r6le dans la fusibilite des combinaisons, accom- pagnanttoujoursles elements, s'introduisantavec euxen propor- tion plus ou moins grande dans les composes, aidant d'autant plus a la fusibilite de ces derniers que dans leur formation ils en ont plus retenu, la retardant d'autant plus et rendant la combinaison d'autant plus intime que dans leur formation ils en ont plus eli- mine. Veut-on savoir, par exemple, pourquoi, dans le cas ou les composes sont nettement moins fusibles que leur element imme- diat le moins fusible, la difference de fusibilite entre eux et cet element croit beaucoup avec l'intimite des combinaisons ? On trouve que l'effet a lieu parce que, dans les combinaisons tres- intimes, la deperdition de caloriquc depouille fortcment de ce fluide les composes produits. M. Sainte-Claire Deville ne dit pas au fond autre chose : « Les corps simples sont des composes de matiere et de chaleur; la chaleur se degagc par la combinaison et le compose devient de plus en plus stable et inerte (lire difficile a COSMOS. 379 fondre, a dissoudre, etc.), au fur et a mesure que, s'elant plus inlimement combine, il a perdu plus de chaleur, cc qui fait que le sulfate de baryte est un corps qu'on ne peut ouvrir (lire fon- dre), suivant Texpression allemande, qu'en le soumettant aux temperatures lcs plus elevees. » Ces citations, ct on pourrait les multiplier considerab'.ement, prouvent d'une maniere certainc que M. E. Robin, reste fidele a la theorie de Lavoisier , n'a pas cesse un instant d'enseigner les saines doctrines auxquelles M. Sainte-GIaire Deville veut donner la certitude de (aits demontres par de nouvellcs experiences ap- puyees de donnees numeriques incontestables. — M. le secretaire perpetuel lit le decret imperial qui approuve l'election de M. Plana en qualite de membre associe" etranger. — M. Dumeril pere depose sur le bureau un extrait du bul- letin de la Societe enlomologiquc de France, et lit cette courte note : « Je depose sur le bureau, afm qu'il en soit fait mention dans les comptes rendus, une notice bistorique, imprimee, relative a mon dernier ouvrage sur les insectes, formantle trenteet unieme volume de nos Memoires. C'est aux membres de la Societe entomologique de France, dont j'ai l'bonneur d'etre le president honoraire, que j'ai cru devoir m'adresser, commc aux juges les plus competents pour cette brancbe speciale de la zoologie, afm qu'il soit bien reconnu et constate, comme j'ai cbercbe a le demontrer, que je suis le zoo- logiste qui ai le premier distribue en families naturelles toute la serie des insectes. Les principaux classiflcateurs, par ordre de date, elant Geof- froy, Degeer, Linne et Fabricius, il resulte des fails consignes dans la notice mise sous les yeux de l'Academie, que mes tra- vaux, dans cette serie chronologique, doivent prendre rang apres ceux de ces entomologistes. Je n'insisterais pas sur ces fails tout personnels, si les natura- listes, qui ont ecrit Tbistoire de la science, n'avaient neglige de les rappeler. » — M. Becquerel pere lit des observations sur l'emploi des composes insolubles dans les piles voltaiques : « Les pliysiciens s'occupent dans ce moment des piles a sulfate de plomb, que j'ai fait connaitre il y a longtemps, et dont je me suis servi frequem- nient depuis, particulierement pour le traitement des minerais de plomb argentifere. Des 1837, Comptes Rendus de l'Academie, t. h, 380 COSMOS. p. 824', en mettant divorses substances insolubles en contact, j'etais parvenu a re'duire en masse dillerentes substances metal- liques, notamment le cblorure et 1c sulfure d'argent, le sulfate de plomb et le phosphate de ce metal. En 1846, t. 22, p. 780, j'ai montre tout le parti que Ton pouvait tirer de 1'emploi des subs- tances insolubles dans la construction des couples voltai'ques a courants constants. Ces couples pouvant etre composes d'un me- tal oxydable (de zinc ou de l'er),d'un soul liquide, en general 1'eau salee, et d'un conducteur en fer-blanc ou autre cntoure d'une des substances indiquees dans le Memoire, notamment des mineraux a base d'argent, de plomb, de cuivre, et en particulier de sulfate de plomb. Je disais, page 785 : « En re'unissant voltai- quement un certain nombre d'appareils pour augmenter l'inten- site de Taction electro-chimique, on a une pile a courant cons- tant, semblable a cellos que j'ai formees il y a plus de quinze ans (en 1829) (1), et qui ont servi de types a toutes cellcs en usage aujourd'bui. » Depuis cette epoque, dans le cours de mes recherches electro- cbimiques, j'ai fait usage frequemment des piles a sulfate de plomb, j'ai expose les principes sur lesquels elles reposcnt dans les cours du Museum d'bistoire naturelle, mon fils les a exposes de son cote dans ses lecons du Conservatoire des arts et metiers. Ces couples a sulfate de plomb etaient a un seul liquide, ils fonctionnaient, en general, avecde l'eau sale'e; le metal alterable etait le zinc, le second element e'tait une tige de charbon, une lame de cuivre, de ferblanc ou de plomb plongeant an milieu d'un sac en toile a voile ou d'un vase permeable rempli d'eau sale'e sature'e de sulfate de plomb, ou de sulfate en suspension dans le liquide. L'intensite de Taction de ces couples provient de la depolarisation de la lame negative par le sulfate de plomb, avec reduction du metal par Thydrogene, de Tabsence de dega- gement d'hydrogenc; de ce que le sulfate de plomb est dissous par Teau salee saturee, dans le proportion de 1 de sulfate pour 50 de dissolvant, a la temperature ordinaire. La dissolution ren- ferme du sulfate de plomb qui est reduit en meme temps que le sulfate en masse. La cloison permeable est utile pour s'opposer a ce que le plomb, precipite' sur le zinc, quandon emploie Teau salee, ne ferine le circuit etne detruise reflet de la pile. (1) Annates de Chlm'ie et de Physique, sc scrie, I. 41, p. 19 et siiivnntes; Descrip- tion de la pile a sulfate de cuivre, premiere pile a deux liquides qui ait cte formce. COSMOS. 381 II y a quelqucs annees, a l'usine de Dieuze, on a reduit ainsi a l'etat metallique des masses de sulfate plomb provenant des chambres de plomb de la fabrique d'acide sulf'urique, et qui n'etaient d'aucun usage ; mais il importe d'indiquer qu'ilfaut user de cerlaines precautions pour operer la fusion du plomb ainsi reduit. a — M. Becquerel presenle ensuite une note de son fils, M. Ed- mond Becquerel, sur l'emploi du sulfate de plomb dans les piles voltaiques : «Le sulfate de plomb jouit de la propriete, lorsqu'on l'a delaye a l'etat de pate avec une dissolution saluree de chlo- rurc de sodium, d'acque'rir de la compacite et de durcir, comrae le platre, meme quand cette pate reste plongee dans la dissolu- tion. On peut mouler des cylindrcs avec cette pate de sulfate de plomb, en ayant soin de placer au centre une tige de cuivre, de plomb, de fer etame, ou meme de charbon de cornue. Ces cylindres, une fois dessecbes, sont permeables au liquide con- ducleur dans lequel on les plonge, et avec une plaque de zinc et ce liquide, ils constituent un couple a courant constant. On peute'galcment mouler des plaques avec cette matiere, et en fai- sant reposer ces plaques au fond d'un vase sur un support con- ducteur en cuivre, en plomb, ou en fer-blanc; si Ton suspend une lame de zinc au-dessus, et que le vase renferme une dissolution de chlorure de sodium ou de 1'eau acidulee, on forme egalement un couple a courant constant a un seul liquide et sans dia- pnragme. Mais la plupart du temps , la forme cylindrique me semble preferable, ainsi que l'emploi d'un diapbragme en toile ou en porcelaine d'un diametre un peu plus grand que celui des cylindres. Tous les ecliantillons de sulfate de plomb ne sc comportent pas de la meme maniere, probablemcnt en raison de melange de matiere etrangere ; il y en a qui deviennent tres-durs ; d'autres qui n'acquierent pas une resistance assez grande, et qui ne tar- dent pas a se deliter dans l'interieur des couples. J'ai remarque jusqu'ici qu'un melange de 100 grammes de sulfate de plomb prealablement desseche et broye , 20 a 30 grammes de cblorure de sodium, et50 centimetres cubes d'une dissolution saturee de cblorure de sodium, donnait de bons resultats; l'addition, dans la masse de 20 a 25 grammes d'oxydede plomb (massicot) m'a semble augmenter la durete de la masse. Lorsqu'on a moule ce melange, ;comme on le fait du platre, en ne lui donnant qu'une <;paisseur peu forte , on le laisse secber pendant deux ou trois 382 COSMOS. jours; il a alors une resistance suiiisante pour constituer des conducteurs pour des piles, surtout si dans la parlie centrale se trouve une tige metallique. Pour eviter que les conducteurs fails avec des sulfates impurs se dilitent dans les couples, il suffit de les enduire d'une coucho de pl&tre par moulage. Ce platre fait fonction tie diaphragmc, maintient le sulfate, et s'oppose a cc que le plomb reduit ne tou- che au zinc et ne ferine le circuit. Cette disposition peut e'galement s'appliquer a d'autres corps insolubles que le sulfate de plomb. C'cst une addition importante, surtout pour les couples dont les electrodes sont verticalcs. On peut former un couple avec un cylindre ou une plaque de sulfate de plomb ainsi prepare'e, et une lame de zinc amalgamee ounon, soit en se servant d'eau salee, soil d'eau acidulee par l'acide sulfuriquc, avec ou sans diaphragmc; quand on emploic l'eau acidulee, la force electro-motriee est un peu moindre qu'avec la dissolution de chlorure de sodium, mais le pouvoir clissolvant de ce dernier liquide pour le sulfate de plomb fait que le zinc se couvre de plomb reduit qu'il faut enlever de temps a autre; avec l'eau acidulee, cet inconvenient n'a pas lieu. Les forces electro-motrices de ces nouveaux couples, compa- rers a celles d'un couple zinc amalgame-platine, eau acidulee au dixieme, et acide azotique sont : Couple a acide azotique 100 Couple a sulfate de cuivre ordinaire entre 58 et 59 Couples a sulfate de/ avec une dissolution de plomb, en masses com- ) chlorure de sodium entre 28 et 30 pactes permeables, et avec l'eau acidulee par zinc amalgame. [ l'acide sulfurique entre 27 Dans les premiers instants de Taction des couples, la foree electro-motrice depend de la nature du conducteur en contact avec le sulfate de plomb ; mais aussitot qu'il y a du plomb metal- lique reduit, elle acquiert une valeur constante. 11 suffit done de prendre une tige de plomb pour tige metallique centrale de ces couples. Lorsque ces couples fonctionnent , les masses de sulfate de plomb sont reduites a l'etat metallique, et l'acide sulfurique qui en provient forme du sulfate de zinc; on peut obtenir le plomb par fusion. II est facile, d'apres les equivalents chimiqucs, de COSMOS. 383 connaitreles poids relatifsdes deux electrodes de chaque couple pour que Ie courant soit constant pendant loute la duree de Taction eleclrique ; pour 100 grammes de zinc il faut U1Q grammes de sulfate de plomb, e'est-a-dire, pres de 5 fois plus de sulfate que de zinc. Ces masses permeables aux liquides et employees comme electrodes negatives, en evitant la polarisation , jouent le meme role que les peroxydes de manganese et de plomb, l'acide azo- tique ct les sels metalliques reductibles; mais leur resistance a la conductibilite qui varie, du reste, a mesure que la reduction du sulfate est plus avancee, s'opposent a ce que ces couples, a an seul liquide , puissent etre employes aux memes usages que les couples a acide azotique. Cependant, je ne doute pas que, dans les circonstances ou on a besoin de piles de grande resistance et de longue duree, on ne puisse les utiliser avec avantage. » — L'intention de M. Becquerel est evidemment de reclamerla priorite de la pile a sulfate de plomb, presentee a 1' Academic des sciences par M. Marie-Davy et longuement decrite dans les comptes rendus. Celte reclamation, qui vierit un peu lard, est- elle parfaitemeni fondee? Nos lecteurs jugeront, ils ont mainte- nant les faits sous les yeux. Si Ton ne consulte que les documents imprimes produils par M. Becquerel , on conclura moins a la creation d'une nouvelle pile au sulfate de plomb qu'a une me - tbode de reduction du sulfate de plomb par l'electricile; le mot pile a courant constant est cependant prononce, et dans leurs lecons du Museum d'histoire naturelle et du Conservatoire des arts et metiers MM. Becquerel ont etebeaucoup plus explicites. Quoi qu'il en soit, M. Marie-Davy aura au moins l'bonneur d'une veritable resurrection. — M. Becquerel appelle encore rattention sur une tres-cu- rieuse experience de M. Leroux ; il prend un entonnoir a bee tres- effile, le dresse la pointe en l'air ; il fait traverser la base par un ill de platine, il porte au rouge ce fil par le passage d'un courant electrique intense, et constate que l'air, qui, apres avoir leche ce fil, sort par lebec de l'entonnoir, est fortement ozonise. M. Wie- deman de Bale, qui , place a nos c6tes, assiste a la seance, croit se souvenir que l'experience a e'te faite par M. Scboenbein : l'habile chimiste aurait deja; reconnu que 1° si la chaleur, de zero a 300 degres a pour effet de ramenerl'oxygene ozone a l'etat ordinaire, elle exerce au contraire, lorsqu'elle est pluselevee, une action ozonisante tres-prononcee. 384 COSMOS. — M. Milne-Edwards prdsentelclroisiemect dernier volume do son Histoire des coralliens. — it Despretz presente avec les plus grands dloges le troisieme et dernier volume du Traite clementaire de physique de M. Da- guin, professeur a la Faculte de Toulouse. Getle publication, dit- il, est un veritable service rendu a la science et a renseignement; elle donne a son auteur droit aux recompenses sur lesquelles devrait pouvoir compter toujours lc travail intelligent, cou- rageux et actif. — M. le docteur Jules Cloquet presente con amore l'cxcellent ouvrage que M. le docteur Foissac vient de publier sous ce titre : Hygiene philosophique de Vdme; nous rcgrettons de no pouvoir pas reproduire inte'gralement la spirituelle et fraiclie analyse que l'illustre professeur a faile cle celle oeuvre consciencieuse. Dans son premier chapitre l'autcur expose modestement son but : ci L'hygiene philosopbique de l'ame consiste a signaler les maux qui la troublent, et les vices qui, suivaut Platon, sont ses maladies. Elle consiste a la nourrir des prdecptes et des babiludes capables de faire aimer les biens qui de'rivent de la vertu, et a lui procurer les jouissances que promettent la verite et la sagesse. Ges biens ineslimablcs sont vraiment ceux qui contribuent, avec le plus d'efficacite, a rendre la vieheureuse; et puisque, cbez presque tous les liommes, la poursuite du bonbeur est le terme et le but de l'existence, nous rechercherons specialement dans quelles li- miles il nous est donne de le posseder, dans quelle mesure le sage doit s'en contenter, par quels secours il parvient a adoucir les penibles alleintes de certains maux sans remede; quelles sont, enfin, les consolations que l'dtude, la philosophic, la religion, re- servent a l'liomme qui s'adresse a elles dans les afflictions, dans les maladies, dans les naufrages de la fortune, dans les traverses de l'adversite, et qui font succeder aux jours orageux qui se sont enfuis des soirs tranquilles et sereins. » M. Jules Cloquet a parti- culierement l-ecommande les chapitres des passions et des vices, de la mauvaise humeur et de l'ego'isme, de rhypocondrie et de la melancolie, du suicide, des infirmites, des inconvenients et des consolations de la vieillesse. Ce qui nous a surtout frappe, dans le livre de M. Foissac, ccsont les tresors d'erudition sans preten- tion qu'il renferme, et l'entralnement qu'il fait subir au lecteur. — M. Babinet, au nom de M. Carvallo, ingenieur en chef des ponts et chaussees, pre'scnle, sur le tassement des remblais, un memoireriche de faits et des enseignements de 1'experience, re- COSMOS. 385 marquable aussi par la constatation de quelques faits nouveaux et inattendus. — M. Velpeau communique les resultals d'experiences nom- breuses et interessantcs faites dans 1'bopital de Milan, sur les heureux effets de la poudre desinfectante Corne etDerneaux, dans le traitement de la pourriture d'h6pital. Comparec a tous les agents connus, la poudre desinfectante s'est montree incompara- blement plus efficace ; les experiences ont ete presque toules faites sur des blesses autrichiens. — M. Faivre, professeur a ta Faculte de Lyon, lit sur la con- tractilite et l'irritabilite des muscles et des nerl's apres la mort, un memoirc qu'il a bien voulu resuiner lui-meme pour le Cosmos. Des experiences que nous avons exposees, nous croyons devoir tirer les consequences suivantes : A. Relativementala contractilite. mnsculaire : 1° La contractilite des muscles s'accroit en general, un certain nombre d'heures apres la mort, cbez les grenouilles; alors la fibre mnsculaire est devenue tres-exeitable sous l'influence des agents mecaniques et des courants electriques. 2° La contractilite maximum dure huit heures environ, elle se termine par la rigidite cadave'rique. 3° La contractilite maximum ne se produit pas, lorsque les muscles ont ete agitds par de violentes convulsions, lorsque les muscles sont humides et reconverts de rides. Dans ce cas il n'y a pas de rigidite cadaverique. U° Tandis qu'apres la mort, la sensibilite etla contractilite des muscles se developpent, donnentlieu a des manifestations particu- lieres, Texcitabilite des nerfs va au contraire en diminuant ; elle n'existe plus, ou existe a peine, lorsque les muscles sont arrives au milieu de leur periode de maximum de contractilite. Le curare, qui detruit les proprietes nerveuses, n'empeche pas ce developpement d'une extreme excitabilite. On en peut conclure avec une nouvelle evidence , l'independance de la contractilite des muscles et de l'excitabilite des nerfs. B. Relativement a l'excitabilite des nerfs : 1° Les nerfs sciatiques demeurent excitables plus de douze heures apres la mort chez les grenouilles : cbaque animal pre- sentc un degre particulier d'excitabilite primitive : la meme chose a lieu pour les muscles, qui demandent pour etre excites un cou- rant beaucoup plus fort que les nerfs. 2° La section des nerfs au debut est toujours suivie d'une aug- 386 COSMOS. menlalion notable d'excitabilite. 11 en est de meme de leur pre- paration, l'excitabilite plus grande semainticnt pendant uncertain temps. 3° On peut dans un nerf coupe fairc apparatlre ou disparaitre l'excilabilile, deux ou trois heures apres la inort. On rend l'exci- tabll'ile plus grande, soit par une action mecanique, comine la section, soit par la brulure, soil par Taction d'un agent connne le sel marin. On diminue l'excitabilite par 1'eiiiploi d'un courant continu, ou de courants intermittents energiques et longteinps prolonges. 4° Lorsqu'on separe de la moelle, une heure ou deux apres la mort, un nerf sciatiquc, on produit des convulsions spontanees, violentes et de longue duree dans les muscles corespondants ; mais il faut, pour obtenir cet efi'et, que le muscle soit pen con- tractile et que le nerf soit tres-excitablc. La galvanisation sus- pend la contraction. 5° II y a un rapport intime entre le degre" d'excitabilite du nerf et la production des convulsions dans un muscle. 6° Les faits qui precedent, indiquent avec evidence que cbaque nerf a son pouvoir propre, il agit dans certaines conditions, meme apres la mort, comme un centre special. 7" Enfln on ne saurait meconnaitre qu'un certain temps apres la mort, les muscles et les nerfs, loin de perdre leurs proprietes, donnent lieu a des manifestations nouvelles et speciales. — M. Boutigny, d'Evreux, lit une note intitulee : Quelques mots stir I'etat spheroidal de la matiere. « On lit dans beaucoup de traites de physique, que j'ai eus entre les mains : Etat spheroidal des liquides ; or, e'est la une locution erronee quine tend a rien moins qu'a diminuer l'interet du sujet et a donner une idee fausse de cet etat moleculaire; il faut done la modifier, et la meilleure maniere de le faire, a mon avis, e'est de lui opposer l'obstacle toujours infranchissable des faits. Cela me parait d'autant plus necessaire, que la repulsion as- tronomique, dont l'existence etait depuis longtemps soupconnee, vient d'etre mise tout a fait Iiors de doute par d'importants tra- vaux analyliqucs de M. Faye. Cette grande decouverle donne done une importance reelle au vaste sujet d'etudes que le hasard a mis entre mes mains, et qui admet, comme principe fondamen- tal, la repulsion a distance sensible. Qui done a donne cours a la locution que je critique? Je ne le COSMOS. 387 saisvraiment pas. Et d'abord, je nc crois pas avoir jamais em- ploye cette locution, je crois, au contraire, avoir loujours dit : Etat spheroidal de la matters, etat spheroidal des corps. Cost que, en effet, il n'est pas necessaire qu'nn corps soit li- quide pour passer a l'etat spheroidal. Tous les corps solides que j'ai essayds passent directement de cet etat moleculaire a l'etat spheroidal. J'en citerai quelques-uns : le chlorine ct 1'azotate am- moniques, lechlorure mercurique, le camphre, l'iode, les acides ste'arique et margarique, la cire, le snif, etc., etc. II en est un, et c'est un type parfait, l'eau a l'etat solide, sur le- quel j'ai l'honneurd'appeler plus particulierement labienveillante attention de l'Academie. Si Ton opere sur de petits morceaux de glace du poids de quelques grammes, et que Ton projette sur le dos de la main le produit, partie a l'etat spheroidal, partie a l'e- tat solide, on eprouve, dans un temps tres-couit, deux sensations trcs-dill'erentcs, d'abord celle d'unc chaleur tres-vive (+98°) , ensuitc celle d'un froid egalement tres-vif (0°). En operant sur de plus grandes quantites, et le Ihcrmometre a la main, on constate, d'une maniere certaine, les temperatures ci-dessus. » Nous revicndrons prochainement sur cette interessanle com- munication. 388 COSMOS. VARIETES. Correlation ct liomogeiicse des forces physiques. Le vendredi 9 mars nous avons fait, dans les salons du Cercle agricole, rue de Beaune, 6, en presence dun auditoire aussi nom- breux qu'eclaire, une conference ou lecon experimentale sur la grande queslion de la correlation des forces physiques. Nous avons demontre tour a tour et par des fails inconlestables ces propositions fondamentales. 1° Toutes les forces do la nature, mouvement, chaleur, lumiere, electricite, magnetisme, affinite chimique, ont entre elles des rapports ou correlations intiincs. 2° Ces forces s'engendrent Tune l'autre, de telle, sorte que l'une quelconque d'entre elles etant don nee , on pcut, en les mettant en jeu, faire naitres toutes les autres ; avec le mouve- ment, par exemple, nous avons tour a tour engendre de la cha- leur par l'appareil thermogene de MM. Beaumont et Mayer; de la chalcur, de la lumiere, du magnetisme, de l'affinile chimique, combinaisons et decompositions, par la machine d'induction de Nollct, que la compagnie 1' Alliance avaitmis a notre disposition, et a laquelle M. Joseph Vanmalderer a fait produire tous ses effets merveilieux avec une habilele remarquable. Entrant plus a fond dans notre sujet, nous avons constate 3° que cette genera- tion ou homogenese des diverses forces les unes par les autres a lieu en proportions definies , ou, suivant la loi des equivalents fixes, de telle sorte que la quantite de l'une quelconque de ces forces depensee dans l'acte de generation d'une autre force quel- conque, soit loujours representee par une meme quantite cor- respondante de la force engendree. Ainsi, par exemple, si Ton depense sans perte pour faire nailre de la force mecanique la quantite de chaleur necessaire a eleverd'un degre la temperature d'un kilogramme d'eau, la force mecanique produite sera capable d'elever dans une seconde k21 kilogrammes a la hauteur d'un metre; et reciproquement , si Ton depense pour produire de la chaleur, la force capable d'elever a nn metre de hauteur, en une seconde, un poids de ^27 kilogrammes, la quantite de chaleur engendree sera celle qu'il faut communiquer et qu'il suffit de communiquer a un litre d'eau pour elever sa temperature d'un degre : la machine de M. Beaumont seprele mervcilleusemcnt a la demonstration de ce principefondamental, qui aura recu tout COSMOS. 389 son developpement quandla science sera parvcnue a bien deflnir et a bien determiner les equivalents me'caniques, thermiques, photiques, electriques, magnetiques, synergiqucs, comnie elle est parvenue a deflnir nettement et a determiner rigoureusement les equivalents chimiques des diverses substances simples et compo- sers. Ce n'etait pas assez encore, et faisant un quatrieme pas en avant, nous avons etabli, comme une proposition certaine, que la generation ou l'bomogenese des diverses forces de lanaturese fait par veritable transformation de l'une dans l'autre; de telle sorte que la cbaleur, par exemple, se transforme dans des conditions donne'es en force motrice, en lumiere, en electricite, en magne- tisme, en affinite cbimique, ou mieux devienne de la force motrice, de la lumiere, de l'electricite , du magnetisme , de l'afflnite chi- mique. Pour nous la belle experience de M. Faraday, completed et eclairee de tout son jour par M. Leon Foucault, d'un cube anime d'un mouvement rapide et qui s'echauffe quand ce mouvement est subitement eteint, est la demonstration suffisante et certaine de la transformation de la quantite de mouvement en quantite de chaleur, transformation re'glee par le principe des equivalents. Arrivant enfin a la theorie ou a la raison metaphysique de ces re- lations intimes, de cette bomogenese, de ces generations ou trans- formations mutuelles, toujours suivant la loi des equivalents ; et abordant franchement la grande et magnifique synthese de M. Seguin, nous avons exprime notre conviction profonde de la ve'rite des principes suivants: I. Dans la nature on ne trouve en derniere analyse que trois choses : 1° la matiere sous deux formes, les in ou atonies lies par la cohesion et l'afflnite, les p ou atomes libres dans l'espace ; 2° l'attraction universelle de Newton, proportionnelle aux masses, en raison inverse du carre* de la distance, commune aux m et aux y.; 3° le mouvement lent et vibratoire chez les m, rapide et de translation chez les p.. II. Les phenomenes e'nu mere's du mouvement, de la chaleur, de la lumiere, de l'electricite, du magnetisme, de l'afflnite cbimique, ont leur raison d'etre dans la meme cause, une dans sa nature ou dans le genre, difl'erente dans la qualite ou dans l'espece; tel ou telmode de mouvement des p., sous tel ou tel mode de dependance des m. III. La generation ou la transformation des diverses forces les unes par les autres s'opere uniqutment par le passage d'un mode de mouvement des [j. en un autre mode de mouvement de ces memes jj.. IV. Le grand progres a accomplir parla science moderne consiste preci- 390 COSMOS. scment : 1° a definir cliaque rapport dcs m ct dcs p., chaquc mode de mouvement dcs y. qui conslitue ou engcndre chacune des forces de la nature, qui fait naitrc chacun des ordres dcs pheno- menes physiques ou chimiqucs, la chaleur, la lumiere, l'electri- cile, etc.; 2° iiassigner les conditions dans lesquclles sefaitle pas- sage d'un rapport a un autre des m ct dcs pr, d'un mode de mouve- ment des y.k un autre mouvement des p. V. En rdsume: puisque dans cellesyn these on a d'ime part 1'attraction entre les m et les m, enlre les p. ct les u, cntrc les m et les p.; e'est-a-dire entre tous les atonies etentre tous les corps dela nature; d'aulrepartla disten- sion ou dilatation des systemes des?7ipar le passage etl'influence ou attraction des p.; e'est-a-dire tout ce qui est necessaire pour rendre compte des phenomenes de repulsion apparente, qui ont fait croire a une repulsion reelle dont on peut se passer comple- ment; on entre vraiment en possession de toutes les donnees fon- damentales necessaires ct sufflsantes a l'explication de 1'immense seric de phenomenes qui sc produisent sous nos yeux. Notre con- •viction profonde, et nous croyons l'avoir fait partager a nos au- diteurs hienveillants et sympathiques, est que MM. Grove et Seguin ont mille fois raison quand ils al'firment qu'il n'y a dans la nature que deux choses, matiere et mouvement; maticre sous deux formes et soumisc a la grande loi de 1'attraction univer- selle, mouvement une fois imprime a la mati6re, qui ne peut s'augmenter ni dans sa quantite ni dans la somme de ses forces vives, inais qui peut sc modifier et se transformer succcssive- ment. Apres avoir rappelc la hcllc experience de M. Grove, reclamee a tort, il nous semhle, par M. Edmond Becquerel, etdans laquelle le rayon de lumiere qui tombe sur une plaque daguerienne faisant partic d'un circuit qui comprend un galvanometre et un ther- mometre nietallique de Breguet, fait naitre instantanement et si- multanemcnt Tcxercice de l'affinite chimique a la surface de la plaque, un courant electrique dans le galvanometre, une Eleva- tion de temperature dans le thcrmometrc, le mouvement des deux aiguilles du galvanometre et du thermometre, etc.; nous avons pris, comme exemple concret ct frappant de l'homogeiiese, ce que nous osons appcler la machine humaine, le chef-d'eeuvre dela puissance crealrice. Elle est uniquemententretenued'abord par la provision aliinentaire, composce de carbone, d'hydrogene, d'azote ct des principes mineraux assimilables, puis par I'air at- mospherique apporte" par la respiration. Le phdnomenc vital par COSMOS. 391 excellence est la combustion du carbonc et dc l'hydrogene par l'oxygene de Fair, combustion qui, pour nous, se resume dans un premier de'gagement, dans un premier mouvement, dans une premiere circulation des ju Or, voyons ce que ce premier mou- vement fait naitre : une cbaleur tres-intense qui maintient notre corps tout entier, meme en liiver, a une temperature de 34 degres; un courant eleclrique ou nerveux, dont M. Helmholtz a constate' 1'existence et inesure lavitesse; la circulation du sang dans le syslemc entier des arteres et des veines; la force me'eanique suf- fisante au transport du corps entier ou d'un poids moyen de 70 kilogrammes avec une vitcsse de plusieurs metres par seconde; la force musculaire exercee par les divers organes et qui fait de 1'homme grandement exerce un des etres les plus forts de la creation; l'affmite chimique, sous mille formes diffe'rentes, avec des series tres-complexes de combinaisonset de decompositions; d'assimilationset de secretions, etc., etc. Ici, evidemment, cen'est plus seulement la correlation des forces physiques, e'estbien leur homogenese, leur transformation mutuelle, leur identite de cause ou meme de nature, etc. Nousplaindrionscelui qui he verrait pas dans ce fait plus eclatant que la lumiere du jour, la demons- tration rigoureuse et palpable de notre grande et chere syn- thase. La machine humaine nous a ramene a la machine a gaz de M. Lenoir, qui en est une imitation aussi parfaite qu'elle peut l'etrc; la seconde, comme la premiere, s'alimente par un apport interne de carbone et d'bydrogene, par une introduction d'air atmosphe'riqueou d'oxygene puisea l'exterieur ; pour toutes deux, le phenomene immediat, principe de tous les autres, est une com- bustion de l'hydrogene et du carbone avec elevation considerable de temperature, avec formation de vapour d'eau et d'acide car- bonique, avec dilatation des gaz ne's de la combustion ou qui ont echappe h la combustion, avec pression interieure, avec genera- lion de force mecaniqueetde mouvement. Nous avions dit que le principal obstacle rencontre par M. Lenoir etait rcchauffement trop considerable de son cylindre, avec grippement du piston ; cet exces de cbaleur est un trait de ressemblance de plus avec la machine humaine. En effet, si la transpiration cutanee ne venait pas s'ajouter a l'expiration des gaz brilles, la temperature du corps irait sans cesse en augmentant, et son exces finirait par affiener une asphyxie complete avec cessation des mouvements du ca'ur; e'estcequi arrive en re"alite, comme l'ontprouve des ex- 392 COSMOS. pe'riences celebres, lorsqu'en recouvrant le corps de goudron ou d'un enduit impermeable, on s'oppose a l'exercice de la transpi- ration cutanee. 11 a sufli de meme a M. Lenoir de donner a son cylindre une sorte de transpiration cutanee en faisant couler a sa surface une tres-mince nappe d'eau pour qu'il cesse de s'echauf- fer, et que le piston continue de fonctionner indefiniment. Si, fer- mant le robinet d'ecoulement de Peautranspiratrice, on laretient autour du cylindre , on la voit bientOt se reduire en vapeur qui sort d'un jet continu, tres-condensee et tres-chaude. Des milliers de personnes, savants, ingenieurs, constructeurs, amateurs, etc., ont deja vu fonctionner le module de quatre che- vaux de la nouvelle machine a gaz, et toutes s'accordent a recon- naitre que le probleme, le grand probleme est resolu, meme au point de vue industriel. Croirait-on, si le fait de l'explosion ou de l'eclosionsimuUaneede toutes lesbrillantesdecouvertesn'etait pas en quelque sorte la regie generate, que le Mechanic's magazine nous apporte sous le litre de force molrice nouvelle et illimitee, la description faite par un Americain, M. S. B. Rogers, d'une ma- chine a gaz inventee en 1823 par M. Samuel Brown, employee a cette meme epoque au dessechement du canal de Croydon, et dont l'inventeur osait dire qu'elle serait un jour vingt i'ois plus puissante que la machine a vapeur? ML Rogers s'evertue a prouver qu'en substituant au gaz d'eclairage les gaz des hauts fourneaux formes , on arrivera a ce resultat incroyable que la force d'un cheval exerce pendant vingt-quatre heures ne coutera pas dix centimes. F. Moiaxo. Imprimerie de W. Remqcet «t Cic, rue Garsccitre . 8. A. TB.AIS3JCAX, proprie!a:i e-gtrant COSMOS. 393 NOUVELLES DE LA SEMINE. Une circulaire de M. Peters, directeur des Astronomische Nachrichten, nous apporte les elements de la comete double dc M. Liais calcules par M. Pape. Fevrier 16,7667 : temps moyen de Berlin : Longitude du perihelie 173° 26', 2 Longitude du nueud asceuJant 324° l',9 Inclinaison 79° 22' ,6 Logarilhme de la distance perihelie, 0,07652 Mouvement direct. Posirio/is de la comete, Fevrier 26,36 Ascension droite 76° 11 Declinaison. — 61° 5S' Eclat 1,00 Mars. 3,55 67 45 SS 31 ... Avril S,00 56 2 49 18 ... 0,1S La position du 8 avril a ete deduite des elements ; il en resultc que Ton ne peutnullement esperer de pouvoir continuer a suivrc dans sa marche cet astre si inte'ressant. M. Peters annonce, en outre, qu'il publiera dans la prochaine li- vraison de son journal un memoire de M. Liais tendant a prouver que la decouverte dc M. Lescarbault est illusoire. Si nous avons bien saisi une communication faite aujourd'liui, 16 avril, a l'Aca- demie des sciences, l'argument de M. Liais consisterait a dire qu'il observait le soleil en meme temps que M. Lescarbault, et que, puisqu'il n'a nullement vu passer Vulcain, e'est que M. Les- carbault a pris, pour la projection d'une planete extra-mercu- rielle, celle d'un corps voltigeant dans l'espace. Nous sommes vraiment surpris de voir M. Liais opposer une observation toute negative a une opposition positive sortie si victorieuse de l'e- preuve severe a laquelle M. Le Verrier l'a soumise. — Dans la journee du 9 avril, les perturbations mague'tiques^se montraient intenses a l'Observatoire imperial; tout faisait pres- sentir une aurore boreale que M. Coulvier-Gravier a vue, en effet, apparaitre dans le ciel, a 8 b. 30 m. du soir, sous forme d'un rayon blanchatre partant de 25 degres au-dessus de l'borizon, et s'etendant jusqu'a y et § de Gassiopee ; a 8 b. h5 m. comprise entre a de Cephee et a de la Lyre l'aurore couvrait un espace d'environ 30°. A 9 b., les rayons s'epanouissent et forment une nappe con- tinue et unie qui rappelle l'apparence que prennent les cirrus Keuvieine ann^e. — T. XVI, 20 avril 1860. 15 3% COSMOS. quand lc lemps se prepare a la pluie. De 9 h. 13 m. a 9 h. 40 m., l'aurore boreale envahit toute la portion du del comprise entre a du Cygne et e deTerseV, lesommet du grand arcalteinty de Ce- phce. A 9 h. 45 m., on n'apercoit plus qu'une faible lueur au nord-ouest; mais a 10 heurcs 7 minutes, de nouveaux rayons sur- gisscnt entre Persee et le Gocher ; le grand arc couvre un espacejde 60 degres, son sommet est a 34 degres au-dessus de l'horizon. A 10 h. 30 m., nouvelle extinction ; a 11 heures, nouvellc recrudes- cence; serres, les rayons sont rouges blancs;epanouis, ilsont la couleur du fer chauffe" au rouge ; le grand arc mesure 140 degres, son sommet atteint 48 degres d'ele"vation. Dans les moments d'in- tensite plus grande, on apercevait le sommet du petit arc eleve de 2 a 3 dogre's au-dessus de l'horizon; l'ensemble de l'aurore sem- blait aller de l'ouest a Test. Une etoile filanle de premiere gran- deur, avec trainee, partie de y de Cephee, a ete un moment obscur- cie par un rayon de l'aurore placee en avant et a repris tout son eclat apres son passage, derriere le rayon. Un peu avant et pen- dant toute la duree de l'aurore, des exlairs brillaient dans le ciel entre le nord-ouest et le nord-nord-est, les extremites des nuages orageux depassaient a peine rhorizon. La Vigie de Dieppe rap- porte qu'a minuit la foudre eclataitsur le clochcr de Tourville La Cbapelle et le reduisait en cendres, ne laissant debout que la tour carree en maconnerie. — II y a quelques jours, dit le Morning -Herald, une violente tempete s'est declaree sur Upper-Wasdah ; on entendait en l'air un bruit terrible, comme des decharges de mousqueterie. Une prairie apparut le lendemain matin toute couverte de gros blocs de glace qu'on aurait pris de loin pour des moutons; ils sem- blaient tombes entiers des nuages, et expliquent les bruits mys- terieuxquiavaienttanteffrayd les habitants. Ge faitnous rappeile un passage des voyages dans le Thibet de M. l'abbe Hue, mort subilcment, il y aquinzejours a peine, dans la force de l'agc. Le savant missionnaire raconte qu'il a vu au Thibet des blocs de glace gros comme des maisons; il les considere comme tombes de toute piece ; force dtait de les briser ft coup de hachc pour hater leur fusion. — M. Bujis-Ballottransmet a M. Le Verrier la description d'une magnifique paraselene observee par lui le 6 avril a Ltrccht, vers onze heures et demic du soir. C'etaient d'abord deux halos de 22 et 46 degres; au sommet des halos on distinguait deux arcs tan- gents et vivement colores jusqu'a 20 degres a droite et a gauche COSMOS. 395 dn point de contact. Le cercle paraselenique horizontal blanc passant par la lune etait tres-devcloppe ; plusicurs personnes, que la lumiere du gaz ne genait pas, l'onl vu complct. Lc cercle para- selenique vertical etait moins dcveloppe; il nedepassait pasl'an- neau circulaire du premier halo de 22 degres; maisil laissait voir dist'mclementia croix. Les deux paraselenes colorees auxcroi- scinents du halo interieur avec le cercle blanc horizontal avaient beaucoup d'eclat et montraient dcs queues de quatre degres en- viron. L'ensemble du phenomene semblait forme de la superpo- sition dcs apparitions celebres de Danlzig, 30 mars ct 17 decembre 1060, et rappelait la brillante apparition de Berlin, 30 avril 1836. A minuit et demi tout avait disparu, et le froid ne tarda pas a se faire sentir; la temperature elevee des 5 et 6 avril diminua beaucoup lc 8, et elle descendait au-dessous de la moyenne les 9, 10 et 11 avril. — Pour conjurer la disparition de l'argent, on etait, dit-on, sur le point de retirer de la circulation et de refondre les mon- naies d'argent actuel, pour fabriquer une nouvelle monnaie d'ar- gent a litre plus bas, ou n'ayant pas la valeur intrinseque indique"c par sa valeur nominale, lorsqu'une grande nouvelle, eclatant tout a coup sur Paris et Londres, a tout fait suspendrc. Celte nouvelle est la decouverle, en Californie, d'un gisementde mine- rais d'argent cent fois plus riche que tous les minerais connus; on donne en kilometres la longueur et la largeur tres-grandes du terrain argentifere, on donne en metres sa profondcur conside- rable; on affirme que la proportion d'argent est d'au moins 25 pour 100; que chaque tonne de mineral conticnt, par conse- quent, 50 000 francs d'argent; qu'elle s'est deja vendue sur la place de Londres 25 000 francs ; on assure que le travail du mi- neral et l'extractiou sont tres-laciles; que toutes les gran des mai- sons financieres de l'Europe se sont reunies pour l'exploilalion, et que quelques inois, quelqucs annees au plus sufliront pour combler lc vide d'argent qui se fait depuis longteinps sentir sur le continent, ct ramener a des conditions normalcs le rapport de la valeur de l'argent a celle de lor. i\ous n'entrerons pas aujour- d'hui dans plus de details, nous nc citcrons metne aucun chiffre autre que celui de la richesse du mincrai, parce que des hommes tres-hant places nous onl promis des renscigneinents positifs sur eclte decouverle inatlendue. — Quoique deja ties-perfeclionne'e, l'induslrie du sucre de beltcraves presentait encore deux grands desiderata; les casso- 396 COSMOS. nades brutes avaicnt ah gout aincr, cmpyreumatique, qui rendail impossible !cur emploi direct daus l'alimenlalion ; conlrairemcnt au sucre de Cannes, le sucre de bctteraves ne pouvait elre con- somme' qu'a l'^tat de sucre raffine. En second lieu, le sucre de betteraves ne pouvait atleindre cetle condition de sucre raffine ct blanc qu'a pros avoir ete soumis une sccondc fois a Taction du noir animal agissant cette fois comme decolorant : noir animal done dans la defecation , noir animal dans le raffinage , ct pour consequence des cassonades mauvais gout, un sucre cristallise cber. Kien n'est merveilleux, il faut bieu en convenir, comme Faction defecante, clarifiante, decoloraule de cenoir animal tanl maudit qu'on voudrait elitniner des sucreries ct des raffmeries; son introduction a ete un immense progres; sans lui, en realite, le sucre de betteraves n'existerait pas, au moins comme rival beureux et redoutable du sucre de cannes. Mais il a fait son temps, dit-on, parce que le commerce exige imperieusement des cassonades bon gout et du sucre blanc a bon marclie. Nous savions depuis longlemps qu'on avail mis a l'essai dans l'importante et eelebre fabrique de MM. Hamoir, de Valenciennes, nn procede nouveau de traitement par l'alcool et sans noir ani- mal des jus de betteraves ; nous savions que ce procede avait com- pletement reussi quant au resnllat tbeorique; mais on nous avaii tantefFray^ derimnicnsequantite d'alcool miseen jeu, du capital considerable qu'il fallait laisser dormir, des dangers d'ineen- die, etc., etc., que nous avons besile a prendre rinitiative de la glorification de ce nouvel ct grand progres. Mais voici que dans la derniere seance de la Societe d'encouragement, M. Dumas est venu apporter des boites pleines de cassonade, bonne quatrieme, d'un gout excellent, un pain de sucre blanc obtenu directement sans traitement nouveau, en declarant qu'a son jugement, formule apres examen qui a dure un an lout entier, et au jugement do lous les bommes compelcnts, le procede de M. Pesier avaitfait de'fini- tivement ses preuves et devait enlrer clans la pratique univer- selle, pour produire une veritable revolution. La quantite d'alcool ajoutee aux jus pour les defequer, pour precipiter les matieres al- bumineuses, les pigments colores, les principes empyreumali- ques, est en efi'et considerable, deux volumes d'alcool pour un volume de jus; mais, d'une part, eel alcool n'est nullement perdu; il se distille et on le recueille de nouveau dans Facte de la cuisson des jus; le deficit est trcs-faible, il ne represente pasle cinquieme de la valeur dunoir animal qu'il remplacecomplelement ; d'autre COSMOS. 397 part, reparation tout entiere se fait en vase clos, ce qui, en con- jurant les pertes, met en meme temps a l'abri dc tout incendie. La substitution de l'alcool au noir animal, ou le traitement des jus par l'alcool, a ete essaye sur les jus provenant de loutes les sources, pulpe, cosselettes fraiches, cosselettes desse'ehees, etc., et il a toujours re'ussi ; il a ete meme demonlre que des bettera- ves trop avancees ou de'ge'nerees, que des jus fermentes qui ne donnaientpas de sucre dans le mode ancien de traitement, don- naient encore par la defecation a l'alcool des rendements de quatre a cinq pour cent. A quelque point de vue qu'on l'envi- sage, la decouverte deM. Pe'sier, a dit M. Dumas, serait un grand bienfait, et son nom prendrait place a cote de ceux des Adam, des Parmentier, des Dubrunfaut, etc., etc. Correspondance particuliere du Cosmos. M. Lescarbault nous e'erit a la date du k mars : « Je vous sais beaucoup de gre d'avoir donne un nom a mon enfant qui n'est pas encore retrouve. Cela me tire d'un grand embarras. J'aime Vulcain ! J'ai lu avec regret dans le Cosmos que, par ma faule, on a pense a l'Academie que j'avais indique le diametre reel dela planeteinlra-mercurielle; cela m'etait bien impossible, puisque je n'avais pas pu trouver la distance. J'enlendais parlor du rapport de son diametre angulaire apparent avec celui de Mercure. » Voila done que sans l'avoir cberehe ni voulu nous sommes le parrain d'une nouvelle planete et d'unc grande pla- nete. Si on la retrouve, elle s'appellera Vulcain; en lui donnant ce nom, nous avons ete simplement l'echo de plusieurs de nos correspondants , l'ecbo meme de l'opinion publiquc, car Vulcain titait sur les levres de tout le monde. M. Lescarbault ajoute et nous transcrivons ces quelques lignes avec plus debonbeur en- core : « D'apres vos indications, j'ai traite dernierement avec le brOme une petite fdle atteinte du croup, et d'un croup qui m'a paru bien ave're; elle a gueri; e'est a vous (et plus encore a M, Ozanam) qu'elle doit et que je dois le succes de celte cure. » — M. Teisson nous pose cette question : « Voudrez-vous bien me dire pourquoi les jours qui croissent augmentcntplus le soir que le matin? Ainsi, dans le mois de Janvier, les jours augmentent de vingt-trois minutes le matin et de quarante-trois minutes le soir. » 398 COSMOS. La question est inte'ressante, on ne trouverait pas tie rc'ponse dans les ouvrages connus dc cosinographie; celtereponse meine, quoiqnc tres-simple, n'est pas facile a deviner; e'est a M. Radau que nous la devons, ct nous lui donnerons place dans le Cosmos. La difference d'augmentalion eutrele matin ct le soir n'est qu'ap- parente, et il ne peut pas en etre autrement, ellc lient a cc que, dans les Annuaires , les heures du lever ct du coucher du soleil sont donne'es en temps moyen; si on donne ces heures en temps vrai, e'est-a-dire, si, pour les ramenerau temps vrai, onajouteou Ton retranche l'equation du temps, la difference entre les aug- mentations disparait. Exemple, on a en temps moyen : Lever du soleil le 1" Janvier 7 li. 56 m. , le lrr fe'vrier 7 h. 34 m. ; difference 22 m. ; Coucher du soleil le ler Janvier 4 h. 11 m., le lcr fevrier h h. 55 m.; difference 43 m. L'augmentalion est done plus grandele soir que le matin; mais si, pour avoir les heures du lever et du coucher en temps vrai, on retranche l'equation du temps qui est en Janvier 4 minutes, en fevrier 14 minutes, on a : Lever du soleil lcr Janvier 7 h. 52 m.; ler fevrier 7 h. 19 m.; dif- ference 33 m.; Coucher du soleil ler Janvier 4 fa. 7 m.; ler fevrier 4 h. 41 m.; difference 34 m. L'inegalite s'evanouit done a une minute pres, qui disparai- trait h son tour si on poussait l'approximalion jusqu'aux se- condes. — En nous envoyant le numero xixc des Memoires periodiques de l'ohservatoire du College romain, le F«. P. Secchi nous dit: « Je vois avec etonnement que M. Faye, quiavaitrcpoussesi car- rement mon opinion sur la formation de la queue des cometes, l'adopte aujourd'hui completement, sans avoir l'air d'y prendre garde. Cette metamorphose m'est infiniment agreable. J'avais dit que les figures de ces astres seraient expliquees, sans aucun doute, si on tenaitcomptcnon- seulement des effetsde la gravitation universclle, mais aussi des effetsde la chaleursolaire, qui doitagir sur la matiere qui les constiluc, comme clle agit sur cede de tous les corps terrestres, gazeux et liquides ; or, e'est ce que M. Faye admet dans son dernier article, et sa lecture m'a fait un bien vif plaisir. II i'allait bien rcvenir la ; une repulsion proprement dite, ayant pour origine ou pour cause l'impulsion radiante ou la cha- leur rayonnante, me parait absurde; car les mouvements vibra- COSMOS. 399 loires ne peuvent point produire de dcplacements des molecules placees a de grandcs distances, comme on le voit chaquc jour v>our le son. » ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du liindi 9 avr'il 1 860. M. Piobert i'ait hommage d'un exemplairede son memoire sur le mouvement des gaz de la poudre. — M. Faye lit une longue dissertation sur l'hypothese de la force repulsive dans ses rapports avec la theoric des satellites. Le savant academicien a resume lui-meme ses etudes antcrieures sur la force repulsive dans les propositions suivantes : 1° Le soleil exerce visiblement une repulsion sur la matiere des cometes; '2° l'acceleration du mouvement d'une comete est connexe avec la formation de sa queue; V les phenomenes plus particulicrs (mulliplicite des queues, secteurs lumineux ct Jcurs balance- ments, enveloppes concentriques du noyau, etc.), doivent etre expliquees, non dans leurs moindres details, ce qui scrait assure- ment trop exiger d'une theorie quelconque, mais dans leurs traits les plus generaux, sans doter la matiere cometaire de proprietes toutes speciales; k° une force ne peut etre introduite hypotheti- quement dans le systeme du monde, qu'a la condition de n'en pas troubler sensiblementl'liarmonie actuelle ; 5° il convient de n'ac- cepter dans le systeme du monde que des forces connues ou des forces susceptibles d'etre veritiees experimenlalemcnt jusquc dans le mode d'action suppose. L'objct de la nouvelle dissertation est precisement de prouver que rintroduction dans le systeme du monde de la nouvelle force repulsive solaire n'en trouble pas 1'harmonie, harmonie qui consiste principalement dans l'accord intime de la force attractive avec les faits observes dans le sys- teme planetaire. L'auteur prend acle d'abord du fait capital que 1'introduction de cette force n'influe pas sur les inegalites perio- diques meme les plus delicates du systeme planetaire; qu'elle n'interessepas les plans des orbitcs, les directions des axes et les excentricite's; que les seuls elements qu'elle puisse affccter d'une maniere appreciable, cesont les durees des re'volutions, au moins pour les astres les plus rapprocbes du soleil. 400 COSMOS. L'acceleration se'culairc du moyen mouvement de la cometc d'Euckc alteint, sans qu'on s'ea doute presquejusqu'ici, le cliiiiVr enormc de 34 350 secondes; el dans la theorie de M. Faye, celte acceleration aurait pour cause predominante la force repulsive solaire. La force capable de produire unesi efl'rayanle accelera- tion ne doit-elle pas ou ne peut-clle pas troubler certaines har- monies tres-delicates du syslemc planetaire?Cclle, par exemple, qui oxiste entre les moyens mouvements des trois premieres sa- lelliies de Jupiter? Ces moyens mouvements ont entre eux une relation numerique que la theorie del'attraction a fait decouvrir a Laplace et que l'obscrvation a pleinement confirmee. Cette re- lation se maintienl inalterable dans loutes les perturbations que les satellites eprouvcntpar les efl'els de leurs attractions muluelles et de 1'attraction de Jupiter. Mais elle est si delicate, a dit M. Biol dans le journal des Savants d'oclobre 1846, que l'intervcntiun d'une force perturbatrice, meme Ires-faible, qui serait elrangero a ce sysleme de corps, la detruirait pour toujours. On puuvail done craindre qucrinlroduction de la force repulsive la detruisit; et des lors M. Faye a cru qu'il etait de son devoir tic cherciier si celte crainte etait i'ondee. Nous ne reproduirons pas ses calculs el la serie de ses raisoimemenls, que nous ne comprenons pas assez bieu, mais nous consignerons le resultat qui est, qu'aprescomme avant rinlroduction de la force repulsive, le moyen mouvcmenl du premier satellite augmente de deux fois le moyen mouvement du troisieme, est semblablement egal au triple du moyen mouve- meut du second satellite ; la force repulsive n'est done pas une force destructive de l'barmonie existante. M. Faye prouve en pas- sant qu'il n'en serait pas ainsi del'introduclion d'un milieu resis- tant, soit immobile, soit en rotation ; parce que, sous son influence, l'acceleration varierait d'un orbite a l'autre en raison directe du moyen mouvement, et le raccourcissement de la periode serait, toutes cboses egales d'ailleurs, inversement proportionnel au carre du temps de la revolution. M. Faye, qui altribue forcement l'acceleration enormc du moyen mouvement de la comete d'Encke a la force repulsive, a du naturellement se demander si cette force ne contribuait pas a l'acceleration du moyen mouvement de la lune etdes planeles inferieures. Nous le citerons textuellement, mais en abregeant : « L'action de la force repulsive sur notre satellite ne saurait elre absolument nulle, et des lors, son acceleration seculaire de'duile des anciennes eclipses doit se composer de deux parties, Tunc COSMOS. 401 qui n'est point au fond une acceleration permanenle, mais bien une inegalite a longue periode comme la "variation de Fexcentri- eite de l'orbite terrcstre qui la produit; l'autre qui est une acce- leration veritable, permaneute, de tous points analogue a celle de la comiite d'Encke, et dont j'assigncrais imme'diatement lavaleur si je connaissais la masse et le diametre du noyau de ce dernier astre. L'etat actuel de la science est-il en contradiction avec ce qui precede? Nullement : a quelque parti que Ton s'arrete pour Finegalile seculaire de Laplace, soit que Ton accepte la valeur donne'c par MM. Adams et Delaunay, soit que Ton prefere cclle de M. Hansen et de ses predecesseurs , on trouve toujours que Faction reflexe de Fexcentricite de l'orbite terrestre n'explique qu'une partie de Faccelcralion ctiective deduile des anciennes eclipses par M. Airy. II resle dans le premier cas 7", dans le se- cond cas 0"S, dont on ne saurait rendre compte actueliement que par 1'efi'et d'une cause etrangere semblable a celle dont je viens d'analyser les effets... ^acceleration permaneute dela lune, dont je viens d'indiquer la possibility, devra se retrouver reduite r'i moitie , aux cinquante-buit centtemes dans les mouvements de Mercure; si done il etait constant que la difference entre le cal- cul et Fobservation fut de 7" on de 0" 8'" pour la lune: on devrait retrouver une acceleration seculaire de h" on de 0" h%'" dans les mouvements de Mercure. » « En resume, dit M. Faye , on trouve dans les mouvements des satellites des indices faibles, mais serieux de la presence d'une force repulsive due a Fincan- descence du soleil, et Fon est autorisc a conclure que loin de troubler l'barmonie celeste, telle qu'elle existe aujourd'bui entre les faits et la tbeorie de la force attractive , la force repulsive vient, au contraire, y combler des lacunes en rattachant d'une maniere simple et naturelle les pbenomenes mystericux de la fi- gure et de Facceleration des cometes aux circonstances les plus dedicates du mouvement de nos satellites. » Nous avons relu plu- sieurs fois cette dissertation, mais elle est toujours restee pour nous a Fetat de nuage impenetrable. Apres avoir dit en commen- cant que Feffet de la force repulsive due a Fincandescence solaire ne pouvaitetre sensible que pour les planetes les plus rapprochees du soleil , pourquoi M. Faye s'inquietc-t-il de Feffet qu'elle peut prodnire sur les satellites de Jupiter? Pour ces satellites, qui sont sensiblement a la meme distance du soleil, cette force repulsive n'est-elle pas necessairement une force commune qui n'a aucune influence sur leurs mouvemenlsrelatifs, a quoi bon alors recourir 402 COSMOS. a des calculs delicats? Pour la terre et la lime, deja asscz eloi- gners dusoleil, la force repulsive doit etre faibleetsonsiblemcni la meme pour les deux astres, comment des lors leur demander ^ac- celeration seculaire du moyen mouvement relatif ? II y a heurcu- semenl errour dans cetle phrase : L'acceleration seculaire de la terre est 81 fois plus grande que cell e de la lime; car si l'acce- leration de notre globe etait de 7" x 81 = 567", ne produirait-elle pas des effet formidables, la duree de l'annee resterait-elle cons- tante, la terre n'irait-elle pas bientot se perdre dans l'incandcs- cence solaire, le mondc planelaire ne serait-il pas fataloment ins- table? Nos lecteurs se le rappellent, M. Delaunay avait conclu, en derniere analyse, a ('existence d'une cause encore inconnne, a laquelle il faut demander la difference entre l'acceleration obser- ved et l'acceleration deduite de la theorie. M. Faye aurait done degage cetle cause inconnue, elle ne serait pas autre que la force repulsive due a l'incandcscence solaire. — Dans une courte note qui a ele presentee sans etre lue et que nous retrouvons dans les Gomptes rendus, M. Delaunay explique pourquoi les savants anglais auraient passe sous silence la refuta- tion, essayee par M. de Pontecoulant, des recherches de M; Adams sur l'equation seculaire de la lime, inseree dans les Monthly no- tices da la Societe astronomique deLondrcs,cahierdejuilletl859; l'argumentation de M. de Pontecoulant ne porlerait que sur des quanlites que la correction de M. Adams n'atteint pas, et elle re- poserait en outre sur de singulieres distractions. — Sir Roderick iMurchison, le plus consomme des geologucs anglais, membre correspondant de noire Academic des sciences, presente la premiere esquisse d'une petite carte geographique de l'ficosse dressee par lui, encore inedite, et expose en quelques mots sa nouvelle classitication des anciennes roches du nord de l'Ecosse. Nous analysons rapidement celte communication inte- ressante. La roche fondamentale de la region nord-ouest de l'E- cosse est un gneiss tres-cristallin, renfermant beaucoup de born- blende et toute sillonnee de fdons de granite; cette roche est la plus ancienne des lies britanniques, elle est surmontee par de vastes nappes de gres et de conglomerats pourpres, plus ou moins horizontaux, constituant des montagnes e*levees, fausseinent con- fondues avec le vieux gres rouge ou devonien, cerlainement in- ferieurs & tous les dep6ts a fossiles siluriens. Les gres pourpres ou cambriens sont recouverts par des quarlzites cristallins etdes calcaires a fossiles qui recouvrent a leur tour, dans des escarpe- COSMOS. 403 ments d'une grande dtendue, des schistes micaces et chloriteux, et quelqaefois des gneiss essentiellement distincls du gneiss fonda- mental, avec lequel on les a confondus jusqu'ici dans toutes les cartes geologiques de l'Ecosse ; comme^on avait confondu le vieux gres rouge devonien avec les gres et les conglomerats pourpres reconverts de depots fossiles siluriens. En resume, dit cm tres-bon francais l'illustre geologue anglais, « j'espere avoir demontre l'existence d'un gneiss plus ancien que toutes les roches des lies britanniques, de l'Allemagne ou de la Russie. C'est un resultat qu'on n'aurait jamais pu atteindre sans la decouverte heureuse de fossiles siluriens dans les roches qui les recouvrent etsans l'etude cons- ciencieuse de l'ordre de superposition. » Plus galant envers la France qu'envers l'Allemagne ou la Russie, M. Murchison s'em- presse de constater dans une note que le vieux gneiss ecossais est probahlement represente chez nous par les schistes auxquels M. Elie de Reaumont a donne le nom de systeme vendeen. — M. de Tessan sape , par la base , la theorie des couples de M. Poinsot en affirmant que cette proposition fondamentale : « Un couple peut , sans changer d'action , etre transports parallele- ment a lui-meme dans son plan, pourvu que son nouveau bras de levier soit invariablement lie au premier, » n'estexacte qu'au- tant qu'on la limite a l'etat d'equilibre, et qu'en tout cas sa de- monstration est fausse. II nous semble impossible que MM. Rer- trand ou Serret laissent cette altaque sans reponse ; car autant vaudrait bruler en pleine Academie le beau livre de la statique; il ne sera pas difficile aux eleves de venger la gloire du maitre en prouvant que M. de Tessan joue sur le mot liaison , dont il ne doit pas etre question quand on ne considere que des systemes solides rigides. — M. Hollard lit un memoire sur les caracteres fournis par l'etude du squelette des plegtonatkes , et les consequences qu'on peut en deduirc pour la classification de ces poissons. Le groupe des plegtonathes comprend les balistides, les ostracionides et les gymnodontes; l'etude des squelettesde ces families, comme celle des caracteres fournis par l'ecaillure, conduit M. Hollard a con- server ce groupe cree par Guvier, malgre les objections dont il a ete l'objet, a determiner mieux sa place, a completer sa caracte- ristique , a coordonner ses elements avec quelque precision , a faire ressortir les distances relatives qui les separent les uns des autres, et les analogies qui les enlrainent dans un ordre serial. — M. de Khanikoff est un voyageur intrepide; il possede a m cosmos. fond les connaissanccs mathcmatiques et physiques qui font les geographes eminents, ct il est en outre plein d'ardeur. II pre- sente aujourd'hui a l'Academic unc carte somrnaire des levers fails en 1858 et 1859, dans des regions mal conuues encore, le Khorassan, 1'Afghanislan occidental, le Seistan ct le midi de la Perse , sur une surface de plus de hQQ 000 kilometres carres. Tous ces levers ont etc orienles a l'aide d'une base mesuree dans le voisinage d'Astrabad , d'un reseau de triangles se liant a la triangulation de la Transcaucasie, et de la determination astronomique faile par M. R. Lenz , de la latitude et de la longi- tude de cent points. Cetle vaste contree se subdivise en quatre terrasses, d'etendue inegale, d'une hauteur moyenne de 500 a 1000 metres, ayantchacune une depression centrale formantdes bassins separes. La premiere et la plus grande des terrasses contient le grand desert Sale entre Koum et Nichapour ; la se- conde, celle du sud-ouest, la plas aride de toules, est ce qu'on nomme le desert de Lout, entre le Khorassan et l'lraq; la troi- sieme, celle du Seistan , est oceupee a son point le plus has par le lac Hamoun; la quatrieme enfin s'etend entre les villes de Toun , de Khaf et de Selzar. Les montagnes qui sillonncnt ces terrasses sont composees, en grande partie, de roches cristallines, elles sonl remarquables par runiformite de leur constitution, ct par 1' extreme aridite de leurs pentes. La vegetation de la pre- miere et de la derniere terrasse est identique avec celle des plaines de la Transoxiane; les terrasses du Lout et du Seistan pre'sentent deja quelques plantes a formes tropicales, semblables acelles du sud de l'Arabie; partout ou le Lerrain estabrite contre les vents froids du nord, le dattier est cultive avec succes et donne d'abondantes recoltes Meteorologiquement parlant, Orembourg, dont la temperature moyenne de l'annee est a peu pres de 5 degres, peut etre considere comme un des points de la limite boreale des steppes de l'Asie centrale; dans toute la zone de ces steppes, ayant une largeur de 20 degres de latitude, la temperature moyenne croit de 7 degres centigrades, en allant du nord au sud ; tandis qu'a parlir de la , le meme accroisscment a lieu dans une zone qui a tout au plus 2 degres de largeur. M. de Khanikoff attribue cet accroisscment brusque a rinfluence du grand echauffement du sol dans le Lout, terrible desert, prive d'eau jusqu'a une profondeur Ires-considerable, et de vegetation, comme de toute vie organique. L'accroissement de temperature est accompagne d'unaccroissement plus considerable encore de COSMOS. 405 la secheresse de l'air. A Astrabad, l'hygromelre marque SO ou 90 degres, tandis qu'a Bastam, qui n'en est s6pare que par une chaine demontagnes, il ne marque plus que 22 et 25 degres, ct dans le Lout, meme au mois de mars, il marque a peine 13. — M.Baudrimont, professcur a laFaculte de Bordeaux, affirme et prouve que la theorie fondamentale de la clialeur latente et de la chaleur de combinaison abordee aujourd'bui par ;\I. Deville, est enseignee par lui sans interruption depuis l'annee scolaire 1829 a 1830. — M. le docteur de Luca adresse de Naples, pour le concours des prix Monthyon de medecine et de chirurgie, son memoire sur la diagnose et la guerison des ulceres de l'estomacet des mn- queuses en general; sa conclusion la plus importante est que l'eau de cbaux, si elle n'est pas l'unique et exclusif remede contre l'ulcere de l'estomac, en est du moins , jusqu'a present, le meil- leur qu'on connaisse. — M. Namias, de Venise, envoie, dans le meme but, son me- moire sur les principes electro-physiologiques qui doivent guider les applications mcdicalesderelectricite. Suivantlui, les courants continus trop prolonged laissent dans l'organisme une impression profonde qui use et peut aller jusqu'a detruire lentement la vie, tandis que les courants instantanes ou tuent subitement, ou ne laissent apres eux aucun trouble dans l'organisme. Cette propo- sition nous sembleun peuetrange. M. Namias, en outre, dit avoir constate, par des observations nouvelles, la superiorile des cou- rants directs pour mettre en action les nerfs du mouvement, et la snperiorite du courant inverse pour exciter les fonctions des nerfs du sentiment. — M. Czermak, professeur de pbysiologie de l'Universite de Pestb,presente son laryngoscope, cbarmant et excellent appareil qui donne a l'oeil le moyen d' explorer le larynx, l'interieur de la glotte, tousles points de l'ouverture laryngee, l'epiglotte, les cor- desvocales, et presque la bifurcation de la tracbee. Que l'on se figure un miroir concave plus large de surface et d'un rayon de courbure beaucoup plus long que celuide Tophtalmoscope, perce en son centre d'un petit trou; une lampe, placee derriere le sujet a examiner, ou ix cOtc, a la hauteur a peu pres de la boucbe, envoie ses rayons au miroir, qui les reflechit, a son tour, concentres au fond de l'arriere-gorge du sujet dont la boucbe est largement ou- verte, et la langue ddprimee par unespatule. L'observateur intro- duit au-dessus de la luette, et en contact avec elle par sa face 606 COSMOS. posterieure, un petit miroir place corame ceux dont les denlistes se servenl pour examiner la face posterieure, des dents incisives, monte" sur une longue tige mince, un peu inclinee pour ne pas demeurer dans l'axe de la bouche, et sur laquelle le plan du mi- roir fait un angle de U5 degrcs; le flot de lumiere lance horizon- talement dans la bouche du sujet, rencontre, au passage de l'isthme du gosier, le miroir plan a 65 degres, et est par lui re- flechi verticalement de baut en bas ; toutes les regions sont ainsi magnifiquement eclairccs ; et i'observateur, regardant a travers le trou central du miroir concave, les explore sans peine. — M. Husson envoie un supplement a son memoire sur le mou- vement de la population dans la ville eU'arrondissement de Toul. M. Rigault adresse ses rechercbes sur la statistique du canton de Wissembourg. M. Fourneyrie continue la description des nou- veaux projectiles coniques inventes par lui. M. Billiard, de Cor- bigny, continue sa theorie du phenomene de l'hematosc par une etude de Taction des principes immediats de l'organisme sur le sang veineux. M. le ministre de l'instruction publique invite Yk- cademie a faire le rapport demande sur la theorie de la gravita- ion par l'electricite, idee fixe de M. Zalewski. — M. de Qualrefages appelle l'attention sur le procede de ponte solitaire, au sein de capsules separecs, dont M. Mitiiiot a lire un si beureux parti pour l*obtention de bonne graine de vers a soie. — M. Palmieri, directeur de l'observatoire du Vesuve, e'erit a M. Ch. Sainte-Glaire De ville que, depuis le 1" mai 1858, le Vesuve n'a pas cessc de rejeter des laves par la base du grand c&ne. Le Fosso-Grande a disparu, la route n'existe plus ; les fu- merolles ont donne des sels ammoniacaux, des sels de cuivre et de plomb en quantite, tres-peu de fer , du selenium et du titane. — M. Mantegazza, de Milan, recommande son travail sur la vi- tality des zoospermes de la grenouille, et la transplantation des testicules d'un animal a l'autre. — M. Emile Blancbard, qui poursuil depuis quinze ans l'elude des araebnides, adresse une note sur la fecondation et le liquide sdminal cbez cette classe d'animaux, dont 1'organisation est si complexe et si variee. L'appareil femelle de beaucoup d'aranei- des, des especes notamment dont la vie ne dure pas au dela d'une saison, consiste dans les trous ovariques reunispres del'o- rifice, de facon a former un court oviducte commun.Mais cbez les araneides dont l'existence se prolonge durant plusieurs annees, COSMOS. i07 et dont la fecondite doit persister apres un seul accouplement, il ya un reservoir spinal, une sorte de poche copulatiice a parois fibieuses, s'ouvranL au dehors avec l'oviducte comraun, et dispo- sed ainsi pour recevoir directement la liqueur du male. Chez les mt'iues especes, qui doivent vivre plusieurs annees, on voit, na- gcant dans celte liqueur, de veritables capsules d'un centieme a un cinq centieme de millimetre de diametre, dans l'interieur des- quelles on distingue, avec des grossissements de trois cents et qualre cents fois, une immense quantite de spermatozoi'des flli- formes, disposes regulierement du centre a la circonference. — M. Le Roux revientsur lesphenomenesdecbaleurquiaccom- pagncnt le mouvement vibratoire des corps, pour bien constater que la chaleur observee vientbien de 1' extinction du mouvement, de la transformation du mouvement en chaleur, et non pas de frottements accidentels ou de courants tbermo-electriques. Inter- pretant les experiences de MM. Sullivan et Ermann qu'on aurait pu lui opposer, il est amene, et nous croyons cette explication tres-juste, a regarder les courants mis en evidence comme resul- tant de la chaleur degagee a la surface de contact de deux corps he'terogenes, qui cherchent a s'en trainer dans un mouvement vi- bratoire comraun, — M. Ch. Mene adresse une note sur la presence du fluor dans leseaux, etle moyen de constater silrement cette presence. Voici ce moyen. Le residu de l'evaporation de l'eau etant bien rassemble, on l'introduit avec de l'acide sult'urique pur, concentre et enexces dans un petit ballon, auquel on atlaptc un tube de verre plon- geant dans l'eau , puis on chauffe. S'il y a du fluor dans le residu, il se degage du fluorure de silicium, qui se decompose par l'eau en produisant de la silice gelatineusc ; ce dernier caractere de- cent plus evident et plus complexe en ajoutantde l'ammoniaque a l'eau ou se decompose le gaz. Pour arriver a mettre le fluor en evidence dans les eaux du Pdione, de la £aone, de la Loire, il a fallu operer sur le residu d'une cinquantaine de litres. Suivant M, Mene, cette quantite" est si petite, et tant d'eaux ne contien- nent pas de fluor, qu'on peut le regarder comme une matiere pu- rement acciden telle. — M. Sylvester adresse une demonstration tres-simple , pres- que intuitive de la proposition fondamcntale de la theorie des residus quadratiques. — M. de Pontecoulant croit avoir determine rigoureusement et definilivement, par la seule theorie, l'acceleralion seculaire du 40S COSMOS. moycn mouvement de la lune. La valour oblenue serait 7", 9886, ou plus simplement 8 secondes { moyenne entre les valcurs ex- tremes de MM. Delaunay et Hansen, presque identiques avee cclles de Maver. Lettre de M. Le Yerrier a M. I'abbe Moigno. Paris, !e IS avnl 1£60. Monsieur l'abbe, Vous m'avez demande s'il serait possible d'aceopter que le moyen mouvemcnt de Mercure eprouvat une acceleration secu- laire egalc aux 58 centiemes de 7 secondes ; soit environ h se- condes par siecle. Une pareille bypothese est absolument con- traire aux observations. A l'epoque ou ]c vis pour la premiere ibis que la theorie de Mercure presentait des difficultes, je trouvai que les observations me'ridiennes modernes donnaient un mouvement moycn lift pen plus faible que celui qu'on deduit des observations des passages, a partir de l'annee 1697. Ce resultat, fonde" sur les observations, conduirait done, si on voulait l'admettre, non pas a une accelera- tion, maisbien a une diminution du mouvement seculaire. Mais je n'ai point accepte cette consequence. Les observations des passages, observations si precises, au- raient du suffire, en cfl'et, pour mettre en evidence la diminution seculaire du mouvement de Mercure, si elle avait ete reelle. Or, lorsqu'on introduit un terme proportionnel au carre du temps dans les equations de condition de'duites des passages de la pla- nete sur le soleil, on trouve que ce terme ne peut avoir aucune influence. Ajoutons que s'il eut existe un terme seculaire dont le coeffi- cient serait de U", il eut etc impossible de n'en pas reconnaitre I'inlluence. En 1697, ce terme auraitajoute plus de treize secondes a la longitude vraie dela planete. La theorie de Mercure a ete amende a un etat de perfection ex- tremement safisfaisant, et tel qu'on ne trouverait peut-etre nulle part ailleurs un pareil accord entre la theorie et les observations. On en jugera par l'inspection des minimes differences qui restent entre la thdorie et l'observation, pour les sept passages complete- COSMOS. 409 ment observes. Ces differences represented l'incertitndede la dis- tance des centres de la planete et du soleil. En 1736 -}- 0",4 En 1789 -f 0",3 1743 — 0,0 1799 — 0,2 17S2 — 0,6 1S32 — 0,2 1786 — 0,0 Ces i'aibles differences proviennent tres-certainement, en ma- jeure parlie, des erreurs d'observation. On en demeure con- vaincu, lorsqu'on voit que la plus grande difference appartient a l'observation la plus incertaine. L'observation de 1782, qui pre'- sente l'ecart 0",6, a ele extremement difficultueuse. Je n'ai done point hesite a conclure que l'accord ci-dessus est une prcuve irrefragable non-seulement de l'exactitude des nouvelles tables de Mercure, mais encore de la precision des tables que j'ai don- necs pour le soleil. Veuillez agre'er, etc. U. Le Vkrrier. Seance du lundi 16 avril I860. M. Jobert deLamballe croit devoir 1'aire connaitre al'Academie un fait palhologique d'un tres-grand interet. Un homme de qua- rante-deux ans est jete, le 31 juin dernier, hors de sa voiture; et se fait, en retombant sur le sol, une fracture grave de la jambe droite. On reduit la fracture, et on entoure la jambe d'un appareil inamo- vible; l'appareil reste en demeure pendant deux mois; on remplacc l'appareil inamovible par un bandage platre, puis par un bandage amidonne; cette seconde periode du traitement dure un mois. Le malade croit alors pouvoir reparlir pour la Belgique, ou ses interets le rappelent. On croyait la fracture en bonne voie de guerison; mais on Unit par s'apercevoir que la reunion des os n'est pas faite, que le cal ne s'est pas forme. Le malade revieut a Paris; on lui applique l'appareil amovo-inamovible de M. Seutin, qui rend la visite du membre et les panscments beaucoup plus faciles. Mais la cicatrice ne fait pas de progres ; les os ne se consolidcnt pas. Ef- fraye de cette lenteur extraordinaire, et craignant d'etre force de recourir a l'amputation, M. Jobert de Lamballe a l'heureuse pensee d' exciter le pe"rioste endormi ; il glisse vers les extremites. MO COSMOS. des deux os un seton, mais de maniere qu'il n'attaque que le pe- riosle; la suppuration s'dtablit sans accident; sous son influence le pe'rioste retrouve son activite, le cal , uniquement produit par la reviviscence et l'ossification du periosle, commence a se for- mer, et fait chaque jour de nouveaux progres. Deux semaincs apres, il ivy a plus de traces de inobilite, le malade souleve sa jambe sans douleur; quelqucs jours apres il peut marcher, et sort bientot de l'hdpital entierement gue'ri. L'illustre chirurgien affirme qu'il n'yaeu ni bourgeons, ni cal secondaire ou passager; mais bien une cicatrisation directe avec cal permanent, resultant de l'ossification du perioste. Un travail que la scule nature etait impuissante a produire, s'est done fait comme par enchantcmenl, quand elle a ete aidee par l'influence excitatrice d'un revulsif, du seton. — M. Jules Roux lit six observations de de'.' articulation de la cuisse, dont quatre ont etc couronne'es de succes, ou suivies de guerison entiere, apres un temps qui a vane de cinquante-cinq a quatre-vingts jours. Les conditions generates de succes semblent etrel'anesthe'sie chloroformique, pousseejusqu'a rimmobilile etla resolution musculaire complete; l'absence de points de suture, des panseinents frequents et prolonged, aides d'iajections chloru- rees ou iodurees, de cataplasmes emollients, de poudre de quin- quina, etc., etc. Dans le cas de fracture du femur seulement, il faut se garder de recourir a l'operation, tres-grave en elle-meme, de la disarticulation, parce qu'il n'est pas d'exemples de gue'ri- sons obtenues dans ces conditions ; tandis que Ton peut citer un bon nombre de guerisons de fractures de ce genre abandon- nees a elles-inemes sans amputation. — Le fds de M. Felix Dujardin annonce la mort de son pere, naturaliste francais, justement celebre, membre correspondant de l'Academie, professeur de zoologie depuis 1839 a la Faculte des sciences de Rennes. Ne en 1801, il n'etait age" que de 59 ans; mais il etait mine depuis longtemps par une maladie grave, un ulcere peut-etre de l'estomac. Fils d'un modeste horloger de Tours, il s'etait fait lui-meme en quelque sorte. Ses principaux ouvrages sont : une Histoire naturelle des zoophijtes dans laquelle il combat les opinions d'Ehrenberg sur la formation de la terre vegetale, et les infusoires fossiles a carapace siliceuse ; son Ma- nuel de I'observateur au microscope ; son Histoire naturelle des hel- minthes ou vers intestinaux ; ses Promenades d'un naturaliste, etc. Personne ne maniait plus habilement, plus savamment que lui COSMOS. Ml le microscope ; personne ne savait mieux que lui ce qn'on doit demander aux puissants grossissements, et combien il faut s'en defier. — M. le general Morin prie l'Academic de vouloir bicn inscrire la bibliotheque du Conservatoire des arls et metiers au nombre des depdts publics auxqnels elle accordera la theorie du mouve- ment de la June de M. Delaunay. Celte theorie est e'minemment savante; mais nous etions loin de prevoir que la discussion re- cente lui ferait l'insigne bonneur de l'elever au rang de livre po- pulate. — Le conseil municipal de Saint-Jean d'Angely prie instamment l'Academie des sciences de s'associer a une souscription ayant pour but d'elever dans sa ville natale une statue a Regnaud de Saint-Jean d'Angely, comte de l'empire et membre de l'lns- titut. — M. Fournet, membre correspondant, adresse de Bone (Alge- rie), en date du 29 mars, une note sur les phenomenes ou mieux sur les anomalies meteorologiques de juin 1859 a avril 1860. Comme M. de Villiers de l'Ue-Adam, il distingue plusieurs perio- des successives : periode de chaud caracterisee par une cbaleur excessive de 37° a Lyon ; periode d'aurores boreales d'aouten no- vembre ; periode de froid en decembre, ou le thermometre est descendu a Lyon jusqu'a 21°, et sur les montagnes avoisinantes jusqu'a 24°; periode de vents, de tempetes, d'ouragans avec neiges tres-abondantes; adoucissement de la temperature en fevrier, re- crudescence de froid en mars, vegetation retardee a ce point qu'a Bone les boutons des platanes commencent !\ peine a se montrer. Ces anomalies semblent avoir etegenerales; on les a subies dans l'Amerique septentrionale et meridionale comme en Europe; et M. Thevenet, directeur de l'expedition du Nicaragua, a eul'occa- sion de constater un deplacement considerable de la limite des vents alises. — M. Luther, de Bilk , communique la decouverte faite par lui, le *U mars, de la cinquieme petite planete appeleeConcorcfi'fr, et dont le Cosmos a deja donne la position. — M. Liais envoie du Bresil les observations de la comete double qu'il dit avoir decouverte. Lui qui vent qu'on le croie sur parole quand il affirme l'existence d'un astre nouveau et tres-mys- terieux qu'il aura vu presque seul, a le singulier courage d'afGr- mer que l'observation de M. Lescarbault est une pure illusion. Nous Ma cosmos. avons dit ailleurs stir quelle raison il appuyail cetto negation, et nous ne comprenons vrainient pas que le Journal offtciel de Vas- tronomie ct des astronomes ait ouvert ses colonnes a cctte at- laque. Cost evidemmentune boutade, et M. Le Vcrrier etait l)ien inspire lorsqu'il soumettait a un cxamen si severe M. Lcscarbault et sou observation. Au restc, M. Liais traite de la meme maniere Jes passages de corps ronds sur le disque du soleil, rappclcs par MM. Herrick, Wolff, Carington, etc., etc. — M. Zenger transmet de Hongric ses memoires sur la theorie mecanique de la lumiere, deja soumis a 1'examen de l'Academie royale des sciences de Belgique, et dont nous avons donne depuis longtemps a nos lecteurs une analyse sufflsante. — M. Dessaignes, partant de cette idee theorique que l'acide succinique etait uue sorle d'acide oxytarlrique ou de l'acide tartrique suroxyde, a fait une longue serie d'experiences pour arriver a passer d'un de ces acides a i'autre, el annonce qu'il a en effet reussi a reduire l'acide tartrique a l'etat d'acide succi- nique. — M: Savarello, ministrc des travaux publics, envoie de Na- ples a l'Academie pour ses collections un des troncs de cypres pourvus de racines, mis au jour sous ses yeux prSs de Pompeia, a uneprofondeur de cinq metres au-dessous du sol, dans des tra- vaux de canalisation. Ces cypres, age's d'environ trente-six ans, out e'te cngloutis par la memorable eruption qui, dans l'annee 79 de noire ore, a detruit les villes d'Herculanum et de Pompeia ; ils sont restes debout a la place qu'ils occupaient; le depot qui les recouvrait etait forme de quatre couches ou stratifications dis- tinctes : terre vege'tale, terrain d'alluvion , gravier volcanique, gravier rouge; les portions des arbresqui plongeaient dans les trois couches superieures ont ete comme detruites ou dissoutes parle sol; la portion qui entoure le gres rouge , dont des echautillons sont aussi adresse's a l'Academie, est reste'e seule intacte depuis pres de dix-huit cents ans. M. Elie de Beaumont fait remarquer que les troncs d'arbres trouve's dans les terrains houillers sont aussi resles debout a la place qu'ils occupaient; le fait observe a .Naples et qui date des temps historiques a done ses analogues dans les temps geologiques. — M. Poey adresse de la Havane, en date du 14 mars, une note sur les eclairs sans tonnerre observes a. la Havane pendant l'annee 1859; au sein des cumulo-stratus isole's sur 1'horizon. COSMOS. ws Est-il vrai que les eclairs ne soient pas toujours accompagne's de tonnerre, ou qu'il y ait dcs eclairs sans tonnerre ? Arago admet- tait l'exislence d'eclairs sans tonnerre; M. Poey semble partager la meme opinion ; d'antrcs physiciens nienL absolument leur existence; M. l'abbe Raillard, qui a beaucoup observe, vent ab- solument que les eclairs sans tonnerre soient le reflet d'eclairs avec tonnerre silues si loin au-dessous de l'horizon, que le bruit se perd avant d'arriver jusqu'anx oreilles. Resuinant les donnees de la science su'r ce point delicat, nousdisions, il y a dix-lmit moi; « II ne nous semble pas impossible qu'au sein des nuages tres-dilaies, ou lorsqu'elle a lieu entre deux nuages tres-rappro- ches, une decbarge electrique de faible tension 'puisse rester si- lencieuse, et qu'il yait, par consequent, de veritables eclairs sans tonnerre. II peut arriver de meme, s'il n'y a pas de decbarge ou d'ecoulement vers la peripheric du nnagc , que les attrac- tions et les repulsions electriques exercees dans son sein ne donnent lieu qu'a des effets sonores, et qu'il y ait par conse- quent dcs tonncrres scms eclairs. » Quoi qu'il en soit, et ne s'arre- tant qu'au fait brut de lumiere sans bruit pereu, M. Poey, qui deja dresse des catalogues d'eclairs sans tonnerre d'apres les observations recueillies par lui, ou faites par lui a la Ilavane. en 1850 et 1851, adresse aujourd'hui une nouvelle serie d' obser- vations : Mois. Jours A^dai'rs. Mo:s. Jours dYclai.i Janvier 1 Juiliet 22 Fcvrier 3 Aout 25 Mars 1 Seplenibre 27 Avril 2 Oclobie 24 Mai -9 Novembre 8 Jnin 23 Dcecmbre 2 On voit que le nombre va constamment en croissant de mai en octobre ; le maximum a lieu en septembre ; il en fut de memo de 1850 a 1851. Le mois de septembre est d'ailleurs l'e'poque des pluies periodiques , de la saison des fortes cbalcurs , des orages et des ouragans gyratoires ou cyclones. II ne sera peut-clre pas inutile d'indiquer la direction dans la- quelle ces eclairs sans tonnerre sont apparus : 414 COSMOS. DnCWions. Cai, Dirait:on«. Ci.s. H H S.-S.-0 1G N--N.-K 25 S.-0 51 tf.-K 59 O.-S.-0 5 E.-N.-E. 12 o IS E 43 O.-N.-0 4 E.-S.-E 18 X-O 31 S.-E 86 N.-N.-0 17 S.-S.-E 17 S 26 Dans cc tableau on remarque quatre points principalis dc J'horizon vers lesquels lcs eclairs sans tonnerre ont le plus pre- domine, ce sont ; en premiere ligne, le S.-E., puis le N.-E., et le S.-O., avec le N.-O. Ensuite l'E. et l'O. francs offrent un plus grand notnbre d'e'clairs que loutes les autres directions. En sonune, la tolalile des eclairs vers l'E., en excluant le N. et le S. francs , l'cmportent de 118 cas sur ceux qui correspondent a l'O. Les eclairs vers le S. excedeut de 60 cas ceux de la partie N., en excluant alors les chiffres de TO. et de l'E. M. Poey signale aussi des coups de tonnerre sans eclairs sur- venus, en tnai, 3 jours; juin, 1; juillet, ft; aoilt, 1; septcmbre i. Joignant ccs nouvelles donnees aux premieres , on constate que les notnbres de jours sans eclairs ou sans tonnerre sont en juin et aout, 4; septcmbre, 2; mai, 9 ; juillet, 5. — M. Sci[)ion Gras adresse une note geologique dans laquclle il essaie d'expliquer la presence anormale dans les rocbes des mon- tagnes de la gran'de Cbarlreuse, vallee d'Entremont, de certains fossiles que Ton ne rencontre ordinairement que dans d'autres terrains. — M. Bertrand^Drofesseur de malbematiques a Grenoble, en- voie un memoire sur les inondations de l'lsere en novcmbre dernier; il y a bien longtemps que nous attendions ce memoire, dont M. Bertrand nous avait annonce l'apparition comine tres- procbaine. — M. Paulet, de Geneve, qui a tant appele l'attention de l'Aca- demie sur ses demonstrations du theoreme de Fermat, envoie une demonstration nouvelle de l'equivalence a deux droits des trois angles d'un triangle. — M. Duhamel a fait une etude retrospective de la recberche cosmos. - m;> des maxima et minima et de la melhode des langentes, questions si longtemps agitees entre trois mathemaliciens celebrcs du xvne siecle, Fermat, Descartes et Roberval. Tous trois avaient tort, tous trois avaient raison ; ils ne sont pas parvenus a se com- prendre et a se mettre d'accord; M. Duhamel fait a chacun sa part d'eireur et sa part de verite, s'eilorcant de tenir la balance bien egale. — M. Duhamel encore, dont l'autorile avait ete invoquee par M. de Tessan dans sa note sur la proposition fondamenlale de la theorie des couples, dit que la proposition est vraie absolument et sans restriction, que sa demonstration est tout a fait rigoureuse. Pour interpreter l'une et infirmer l'autre, M. de Tessan est force de prouver qu'il amal compris l'une et l'autre. Si, commenousle disions, le systeme auquel le couple est applique est a la fois so- lide et rigide, ce n'est pas autour du point milieu du bras de le- vier du couple, mais autour du centre de gravite du systeme qu'il tendra a tourner; et cette tendance evidemment sera complete- ment la meme quelque part que Ton transporte le couple dans son plan, pourvu que le nouveau bras soit invariablement lie au premier. Cette attaque de l'habile bydrograpbe a vivement contriste tous les geometres au sein et en dehors de l'lns- titut. — M. Pelouze communique, au nom de M. Margueritte, une note sur un nouveau procede' de transformation du chlorure de sodium en sulfate, et par suite en carbonate de soude et en soude, par I'inlermediaire du sulfate de plomb. Toute l'operation se fait par la voie seche; sous l'influence d'une chaleur intense, le me- lange de sulfate de plomb et de chlorure de sodium se decom- pose ; il se forme a la fois du sulfate de soude et du chlorure de plomb. Par une operation secondaire, le chlorure de plomb est economiquemcnt ramene a l'etat de sulfate, et le sulfate '.regenere peut servir a la transformation d'une nouvelle quanlite de sel marin. Nous reviendrons tres-prochainement sur ce procede par- faitement fonde en theorie, mais qui dcvra recevoir la sanction de la pratique sur une echelle suffisante. Est-il vraiment industriel, l'auleur le croit, mais rien ne l'a prouve encore. — M. Pouchet adresse une suite a ses recherches sur les corps ou corpuscules flottant dans l'air, entraines par la ncige ou par la pluie. II a amene a l'etat de melhode pratique, d'instrument fa- cile a manoeuvrer et donnant des resultats toujours semblables acux-memes, le mode d'investigation deja communiquee par lui M6 COSMOS. a l'Academie. Nous croyons entendre que dans ses noiwelles ob- servations, pas plus que dans les premieres, il n'a trouve" ni ceufs d'infusoires hi spores ou spornlcs. — Les heri tiers de M. Poinsot, principalement represented par Mi Provost, jnge a Rouen, et M. fiocquet, avocat a Lieuvilliors (Oiso), font don a l'Academie detous les manuscrits trouves dans les liroirs de M. Poinsot. Uue commission composee de MM Chasles, Dnpin, Liouville, Dubamel, Bertrand , est char- gee de faire l'inventaire de ces precieuses feuilles; et l'Academie adresse a la famille ses remerciments sinceres. Une note de M< Poinsot sur ses fameux polyedres e'toiles, et qui remontc a 1819, est transmise en meme temps a l'Academie par un corres- pond an I etranger. F. Moiono. VAMETES. Concours general d'aaalusaux de IjoucIjce'Ic Tenu a Poissy lc 4 avril 1860. Nous voudrions consigner ici quelques observations sur la grande utilite des concours regionaux en general et en particulier du grand concours de Poissy, auquel nous venons de consacrer une magnifique et laborieuse journee, heureux de pouvoir rendre compte a nos lecteurs de cette grande fete de rAgriculture. Nous voudrions aussi dire un mot sur la direction a donner a ces exhi- bitions zootechniques, pour en tirer tous les heureux resultats qu'on pent en attendre, el donner entin quelques conseils a nos cle- veurs sur la meilleure marche a suivre dansleurs etudes pratiques de l'amelioration du betail; mais l'espace dont nous disposons est trop limite, et nous sommes oblige de nous restrcindrc a la simple enumeration des fails que nous a offerts l'imposantesolen- nite d'aujourd'hui. Nous dirons tout d'abord que le concours de cette annee est tout a fait caracteristique, et bien dillerent de ses atne's. On n'y voyait point, fort beureusement, des croisements anormaux, des bandes de boaufs, ne prdsentant aucune marche logique, aucune idee saine de la zootechnie. L'ensemble du concours etait tres-sa- tisfaisant, les resultats etaient nettement marques par des sujets COSMOS. 417 d'elite. Laquanlite nous a para 6lre compensee par la qualite, et c'est un progres immense. Mais un fait tres-regrettable, c'est que certains noms d'heureux laureats que nous etions habitue a voir brilier sur le catalogue n'y figuraient pas cette annee. C'est ainsi que MM. de Falloux, Tachard et quelques autres ont crupouvoir se reposer sur leurs lauriers, et ccpenclant les succes obtenus obligeaient ces nobles vainqueurs a continuer, a perseverer. D'autres, com me MM. de Behague, Pluchet (de Trappes), avaient change leur speciality : le premier, au lieu de presenter sesmagni- fiques bceufs couronnes chaque annee des premiers prix, souvent meme du prix d'honneur, s'est contente d'exposer quelques lots demoutonsqui, nous l'avouons, ontete d'ailleursfortremarque's; M. Pluchet, cet infatigableapotreducroisement dishley-merinos, lequel est a notre avis un essai bien malheureux et n'a pas donne jusqu'ici de resultats bien appreciates et bien fixes, s'est contente d'exposer des pores. Ce sont des revirements qu'il ne nous appartient pas d'expliquer. Remarquons enfin que les heros du concours dans l'espece bovine etaient surtout nos bonnes races franchises, les charolais, la bonne petite race bretonne qui se dis- tingue chaque annee, les salers, les garonnais, les choletais qui pre- sentaient des progres immenses, et donnaient des preuves irrecu- sables d'une amelioration deja bien avancee. Le durhain, le devon, etaient en petiL nombre; les autres races anglaises manquaient tolalement, et c'est debon augure pour nous. Dans l'espece bovine le south-down et les croisements bien entendus de south-dovrn- berrichons ont remporte les principaux prix, et e'etait justice. Nous n'avons point admire deux lots de croiscs costvold-ber- richons qui nous ont paru decousus et cela devait etre; demerne que nous n'avons jamais compris les croisements durham-breton, tandis que les croisements ayr-bretons ont un bel avenir, abso- lument comme les soulh-down-berrichons.— Pour les pores, les races franchises ont eu un grand triomphe. Nous avons vu dispa- raitre avec satisfaction du champ de concours ces innombrables sous-variete's des races anglaises, et toute cette collection de croi- sements inintelligents avec nos bonnes races francaises. — L'Expo- sition des veaux a ete comme toujours vraiment insignifiante; le nombre de ces animaux etaitdurcsteiortpeu considerable, mais comme encouragements, on a donne quatre prix aux moins laids des onze exposes. Pour terminer ce rapide apercu, nous dirons que nous avons vivemenl regrette l'absence totale des animaux appartenant aux Z.18 COSMOS. etablissements agricoles du gouvcrnement, aux fermes-ecoles imperiales qui out la mission de montrer au nioade agricoie, par de beaux specimens, l'etat actuel des ameliorations realisees, et d'indiquer le but auqucl doit tendrc la science pratique de la zoo- lecbnie. Arrivons mainlenant a Enumeration des types parfaits d'ani- maux que nous avons admires au Concours de!860. Bceufs. Le prix d'honneur a ete decerne" an bceuf numero h appartenant h M. le prince de Wagram, pour un bceuf durbam- suisse, qui offrait surtout les caracteres saillants du durbam : 36 mois, 94(1 kilogrammes. Le boeuf devoninscrit sous le numero 115 et appartenant a M. Bellard a eu le deuxieme prix : il a une conformation admirable d'autant plus que cen'estpas essentielle- ment une race de boucberie. Nous passons sous silence, malgre les prix remporte's, les pro- duits des croisementsde trois et de quatre races; parexemple, des durbam-sebwits-cotentins, des ayr-durbam-bretons, car au point de vue de l'avenir agricoie, ces croisements sont complelement denues d'utilite. Parmi les magnifiqucs animaux charolais, nous citerons avec honneur, car il le merite, le bceuf cbarolais numero 233, appartenant a M. Danpbin, a qui ila valu un premier prix. Les durham-cbarolais inscrils sous le numero 181, appartenant a M. Bellard, et le numero 182, a M. Tiersonnier qui a eu le premier prix, sont aussi extremeinent remarquables au point de vue de la conformation tout a fai t aple a rengraissement precoce. Ces croise- ments intelligemment conduits ont deja j)roduit d'excellents resul- tals. Les bceufs garonnais, parlbenais, salerset limousins ont ob- tenudenombreuxsucces parmi lesquels plusieurs premiers prix: ces animaux sont en Ires-bonne voie d'amelioralions par in and in. Yeaux. Nous mentionnons seulement les deux premier prix des veaux (tous sont de la race cotentine) inscrits sous les numeros 282 et 283, ages de deux mois et pesant 1Z|5 kilogi-ammes cbaque. Cepcndant remarquons en passant que le premier prix a ete ac- corde a un engraisseur. Moutons. Arrivons a l'cspece ovine qui prcsente de magmfiques lots desujets d'elite. Le prix d'bonneur a ete- accorde 'i juste litre au lot numero 320 appartenant a M. le comte de Bouille et com- pose de tres-beaux soutb-down, race si precieuse pour les terres pauvres, pour les landes, le plus beau cadeau que TAngleterre nous ait fait bien cerlainement. A noire grand regret nous ne pouvons fake l'elogc du deuxieme prix donne au lot numero 316, COSMOS. M9 compose de ce qu'on est convenu d'appeler race charmoise; nous aurions vu de plus beaux specimens de celte cspece, du vi- vant du tres-regrettable M. Malingie. C'est encore un de ces tours de force zooteclmique que nous ne pouvons qu'admirer sans le conseiller, carcessortesde croisementsentreplnsieurs races es- sentiellementdifferentes ne nous paraissent pasappelesa un grand avenir. Parcontre, le numero 331, representant un lot de south-down- bencbons, qui a valu a M. de Bebague un premier prix, montre combien ce croisementestlogique, excellent etfecond en heureux rdsultats. Les croisements dishley-merinos n'etaient pas tres- beaux. — Quant aux croisements vaguement nommes anglo-ar- tesiens qui ont obtenu un premier et un second prix, ils ne nous ontpaspresentedescaracteresbien tranches, bien remarquables pour juslifier les recompenses. — Nous devons une mention au lot de merinos numero 299 appartenant a M. Crespel-Pinta qui nous avait habitue a un triomphe plus complet. — L'beureux laureat qui a obtenu l'annee derniere et plusieurs annees de suite le prix d'bonneur dontle nom nous gchappc, s'est aussi abstenu cette annee .' Nous le repetons, cette annee le south-down a eu un succes complet sous la forme de pur sang, et croise avec l'excellente race berichonnc. Espece porcine. Le prix d'honneur a ete justement decerne a un New-leicester d'unc tres-belle conformation et d'un'engraissement tres-fini (10 mois 25 jours, pesant 142 kilogrammes). Cetle belle race etait dominante a l'exposition zoologique de cette annee ct a remporte les principaux prix. La bonne race augeronne a eu le premier prix; le numero 347 qui l'a obtenu etait tres-rcmarquable, a douze moisil pesait 270 kilogrammes. — Les principaux et les plus beaux specimens des races francaises apparlenaient a la race augeronne et etaient exposes par des engraisseurs. Pour nous resumer, le concours de celte annee est tres-remar- quablc, extrcinement instructifct tres-encourageant. Nous enga- gcons vivement nos grands et intelligents eleveurs a perseverer dans la voie des heureuses ameliorations ou ils marchent a pas de geant; nous applaudissons de grand coeur aux beaux resul- tats qn'ils ont oblenus et que nous aimons a conslater ici. Nous donnons rendez-vous a ces dignes cmiules au procbain concours, espei'ant pouvoir admirer leurs nouvcaux et plus brillants succes ; 110 COSMOS. car les ameliorations agricoles sont de l'ordre le plus eleve et touchent aux intents les plus directs et les plus vitaux de la so- ciete tout entiere. Puisse notre voix elre entendue, puissions- nous les voir perseverer dans leur noble mission humanitaire et philanthropique, car le grand Sully a dit avec raison que l'agricul-- ture est la mamelle d'un titat. 0. Thuyssuzian. Socieie proleetrice des aniuiaux. Chaquc annee, le lundi de la Pentecdle, dans la petite ville de Quimperle, une foire aux oiseaux vendus par des enfants bra- conniers denichcurs, devient le prelude et le pretexte d'une fete champetre. M,,,e Giraud-Lesourd proteste avec raison contre cette coulume barbare qui stimule l'aclivite destructive desjeunesmar- chands et depeuple le pays des utiles allies du cultivateur. Elle espere que bient6t le clerge, les instituteurs et les institutrices prendront en main la cause des victimes qui, en somme, est la cause tie l'humanite; mais, en attendant, elle invite la Societe protectrice des animaux k intervenir aupres des autorite's com- petentes. — Francois PiTvot, garde-champetre de la commune de Saint- Bris, Yonne, possedait un petit chien de la plusinflme espece. II tomba gravement malade ; et cbaque jour on vit le cbien, matin et soir, s'agiler, aboyer commepour convier son maitre a la prome- nade babituelle, il partit seul pourfaire la ronde accoutumee. Prevot mourut et lorsque son corps eut ete renferme dans le cer- cueil, le cbien se mit amordreles planches pour Ten extraire en faisant entendre des cris de detresse. Au moment des obseques il fallut le renfermer dans l'ecurie qu'il remplissait de ses cris plain- tifs. Redevenulibre, le chien courutverslecimetiere, selintaquel- ques distances de la commune; trois jours apres il etait encore couche sur la fosse de son maitre ; on lui offrit des aliments qu'il refusa ; et depuis quatre mois, dit le nouveau garde-champetre, on voit lemalheureux et fidele animal entreprendrc chaque jour la tournee de surveillance, qu'il faisaiten compagnie de son maitre sans que soins, caresses ou friandises aient pu le distraire un instant de sa doulcur. lmprit:,erie de W. Uemqcet et Cie, A. TB.AS23I.AY, rue Gsrancitre. 5. proprie'aii e-gerant COSMOS. 421 NOUVELLES DE LA SEMAINE. M. Rumker , astronome tie 1'Observatoire de Ilambourg, a de- couvert, le 17 avril,'une nouvelle comete ties-faible, dont voici la position : Avril 17. 11 h ' G m., 33 s., temps moyen de Hambourg. Ascension droite. 2 h. 46 m., 20 s., 32 Declinaison + &8°, 21', 55", h. Le lendemain, le nouvel aslre a ete vu a 1'Observatoire d'Al- tona a travers des eciaircies de nuages dans la position approche'e suivante: Avril 18. 9 b., ok m., temps moyen d'Altona. Ascension droite. 2 b., 50 m., ^3 s., 5t. Declinaison + 48°, 56'. — La Societe des arts ponrsuit avec ardeur son projet assez po- pulate en Angleterre d'une exposition universelle de l'lnduslrie a Londres en 1862. Le conseil des trustees et des directeurs de l'Association forme'e dans ce but a fait appel a tous les membres de la Societe pour la formation d'un capital de garantie, fixe a la somme enormc de 6 millions 250 000 francs. Les soumissions montent deja a 4 375 000 francs; et Son Altesse royale le prince epoux, president de la Societe, vient d'annoncer que des qu'elles auraient atteint le chiffre de six millions, il completera le fonds de garantie, en souscrivant a son tour pour 250 000 francs. « J'ai recu ordre, dit le colonel Grey, de vous informer que Son Altesse royale le prince Consort a donne sa plus grande attention a la proposition faite par le conseil de la formation d'un fonds de garantie , dans le but de mettre la Societe a meme de poursuivre le voeu emis par elle d'une nouvelle grande exposition internatio- nale en 1862. Comme president de la Societe, le desir de Son Al- tesse royale a toujours ete de seconder autant qu'il est en son pouvoir tout plan bien etudic par elle, et ayant pour objet l'avan- cement de l'art et de la science appliques aux progres de l'indus- trie. Mais convaincu en meme temps que la faveur accordee par le public a cbacun de ces plans doit avoir pour mobile unique leur bonte intrinseque, Son Altesse a pris pour regie generale de s'abstenir de donner son nom a toute entreprise qui n'a pas recu du public un accueil tel que son succes definitif ne puisse plus etre l'objet d'un doute. Dans le cas actuel cependant et conside- rant les conditions auxquelles a ete soumise la proposition de Ncuviirae annee. — T. XVI. — 21 avril 1800. 10 ^22 COSMOS. souscription au fonds de garantie, et dont l'une est qu'aucunc obligation ne pesera sur les souscripteurs tantque le montantdes souscriptions ne s'elevera pas a 6 millions 250 000 francs; Son Altesse royale s'ecarte de sa pratique ordinaire pour declarer qu'il est pret, des que l'interet pris par le public au projet d'exposi- tion se sera manifeste par des souscriptions de six millions, a prendre a sa cbarge les 250 000 francs qui doivent completer le fonds de garantie. » — Nikas,roid'tfUiiopie,aecrit aM. deLesseps la lettre suivante, datce du 10 de'eembre 1859, traduite par M. Antoine d'Abbadie : « Depuis le commencement jusqu'a present, j'ai eu l'esprit at- tentif au travail que vous faites ct qui sera une grande joie pour toutle monde; et aujourd'hui que e'est une cbose decidce, au nom de mon pays que j'aime, et en mon nom, je vous rends grace. En faisant creuser la terre de Suez, e'est vous qui faites l'union mutuellc entre notre pays et les affaires d'Europe. Done votre nom ne pcrira pas aupres de nous; e'est pourquoi notre pays sera le pays de ble pour la contree d'Occident. Pnisqu'il en est ainsi, saebcz que moi et mon pays nous vous aimons. Je desire aider votre travail par du bewail ou d'autres moyens. Je supplie le Sei- gneur qu'il vous garde. » — La Societe imperiale des sciences, de l'agriculture et des arts'de Lille propose les sujets de prix suivants : Sciences phy- siques, fitudier sous le double rapport de la composition cbimiquc et des proprietes caloriques les diverses especes de bouille du nord de la France. Sciences appliquees al'industrie. l°Construire un inanometre facile a installer sur un cylindre a vapeur, graduc a parlir de zero atmosphere et donnant avec exactitude la pres- sion de la vapeur pendant l'admission et a la fin de la course du piston ; 2° rcchercher un moyen pratique propre a condenser les vapeurs nitreuses, l'acidesulfureux et legaz chlorhydriquc qui se degagent dans la fabrication de l'acide sull'urique ct du sulfate de soude; 3° indiquer un moyen industriel pour reparerdireclemcnt l'acide oxalique avec la betterave en nature; 4° etudier les meil- leures dispositions & adopter dans les filatures, afin d'empecher les accidents qu'engendrent les moteurs mecaniques et les di- vers organes de transmission. Agriculture. Faire l'analyse comparative de toutcs les especes de calcaires qu'on utilise dans le nord de la France, soitpourle chaulage, soit pour le marnage des terres; mentionner les gisements et les caracteres physiques de ccs calcaires. 2° Indiquer les differents modes de chaulage et COSMOS. A23 de marnage mis en pratique dans le nord dela France, en preci- sant pour chaque nature de lerre les doses de chaux ou de marne adoptees dans chaque localite, ainsi que la duree du chaulage et du marnage; dotmer le prix de revient de ces deux operations dans chaque localite. — En aoiU 1855, mademoiselle Cleret, institutrice privee, solli- cita du ministre de l'instruction publique un secours, et pour litre a la bienveillanccduministre, elle affirmaitetre en possession d'un moyen de faire entendre les sourds-mucts. M. le docteur Behier d'abord, puis une commission composee de MM. Lelut, Berard, Bitt, Valade-Gabel, Pillet, ayant M. Behier pour rapporteur, l'ut chargee d'examiner les procede's de mademoiselle Cleret, en constatant l'etat des enfants confies a ses soins. La commission remplissait sa mission avec un grand zele ; elle prenait plaisir a constator les heureux re'sultats du traitement suivi sous ses yeux, lorsque la pauvrc demoiselle l'ut tout a coup atteinte d'une alie- nation mentale dont rien ne fait esperer la guerison au moins pro- chaine. Elle avait achete un jour un objet de mercerie enveloppe dune feuille detachee d'un ouvrage de geographic, sur Iaquelle elle lut que, pour se guerir de la surdite, les paysans exposaient leurs oreilles sur diverses substances vaporisables. Sourde elle- meme depuis plusieurs annees, elle se livra a des experiences suivies qui la conduisirent a la me'thode suivante, formulee par elle avant sa cruelle maladie : ether sulfurique verse directement dans le conduit audilif externe a la dose de k, 5, 6, 8 gouttes par jour; d'ordihaire, cela ne determine quepeude sensihilite ou de douleur; apres seize ou vingt jours on peut, pour ne pas user l'e- nergie du moyen, suspendre son emploi pendant quelques jours et le reprendreensuite ; ^application peut en etrecontinuee sinon inddfiniment, du moins tres-longtemps. Etonneedu succes qu'elle avait obtenu sur elle-meme, mademoiselle Cleret traita de la meme maniere ses eleves, au nombre de vingt-neuf ; deux out ete completement gueris; chez sept autres, il y avait, apres huit ou neut' mois de soins, un changement manifeste. Les bruits, le son de la voix, etaient percus avec grande facilite ; si les enfants ne comprenaient pas toujours avec nettete ce qui leur etait dit, ils entcndaient positivcment; la commission s'enest assuree en pre- nant les soins les plus minulieux pour eviter toute cause d'erreur, pour se meltre a Tabri des perceptions obtenues a l'aide des autres sens si de'veloppes chez les sourds-muels. En dehors des eleves proprement dits, vingt personnes ont ete trailecs sous les U2k COSMOS. \eux (I'un des membros de la commission. Dans le nombre il y avait des vieillards donlToni'e avait diminue ou n'existait meme plus d'un cote; pour tous l'amelioralion a ete notable; cbcz un convalescent de fievrc typboide, 1'ou'ic oblure'e a ete reslaure'e tres-promptement. II est vraimcnl desolant que les experiences, commence'es sous de si lavorables auspices, aient etc interrom- pues avant que la commission 1'ut entree en possession d'un en- emblc de guerisons completes et deiiniiives. Elle appelle toule la bienveillancc du ministre snr la pauvre mademoiselle Cleret et sollicile pour elle une place a Cbarenlon ; elle declare que si qucique moyen analogue a ete propose ct employe dans d'autres conditions, la melhode de mademoiselle Cleret n'en estpasmoins digne d'etre l'objet d'une etude attentive et se'rieuse; d'aulant plus que de tres-nombreuses experiences ont prouve l'innocuite complete de la substance employee, ou de 1'etber : il doit avoir, il nous semble, pour principal eli'et, de dissoudre le cerumen so- iidilie, cause d'un nombre de surdites beaucoup plus conside- rable qu'on ne pense. Que do fois nous avons vu M. Recanuer rendre l'ouie a des personnes dont l'oreille etait plus que pares- seuse, en parvenant, non sans beaucoup de peine, a detacher des malieres presque ossiiiees ! — La commission chargec par la Societe de biologic d'exarni- ner la question des reviviscences, apres avoir repote avec grand soin et sous les yeux. de leurs auteurs les experiences de JIM. Doyere et Poucbet, apres avoir ensuile experimente elle- meme, a fait son rapport Ires-etendu, tres-detaille, tres-conscien- cieux , par l'organe de M. Droca , qui se resume lui-meinc comme il suit : « 1° Les animaux dits reviviscents sont ceux qui peuvent etre ranimes par l'humectation, apres avoir perdu, par suite d'une dessiccation plus ou moins complete, toutes les appa- rences, toutes les manifestations de la vie; 2° lorsqu'ils sont plonges dans uu milieu humide, ils vivent comme des animaux ordinaires ; ils ne s'en distinguent par aucun caractere anato- mique ou physiologique, et ne peuvent alors supporter, sans perir dednitivement, une temperature superieure a SOdegres; 3° lorsqu'ils ont cte prives de toutes les apparencesde la vie par uue dessiccation naturelle a l'air libre, ils peuvent supporter des temperatures beaucoup plus elevees , sans perdre leur propriete de reA'ivisccnce ; k° ils peuvent alors subir de brusques change- menls de temperature et franchir tout a coup un intervalle de 100 degres, sans perdre leur propriete de reviviscence; 5" les pro- COSMOS. 625 cedes les plus parfaits de dessiccation artificielle a froid no suffi- sent pas pour enlever a ces animaux leur propriete de revivis- cence ; 6° leur resistance aux temperatures elevees parait s'accroilre d'autant plus qu'ils ont etd plus completement desse- ches a l'avance ; 7° toutes les especes reviviscentes ne resistent pas an meme degre a la dessiccation artificielle el aux tempera- tures elevees ; 8° des animaux de la meme espece, suivant lc mi- lieu ou ils ont etc Aleves, peuvent presenter sous ce rapport des differences considerables; ceux qui ont ve'cu dans un milieu habiluellement humide resistent moins que ceux qui ont vecu dans un milieu babituellemenf sec ; 9° les anguillules des tubes perdent leur propriete de reviviscence plus aisement que les tardi- grades et les rotiferes, et c'eux-ci paraissent dene's d'une resis- tance superieure a celle des tardigrades; 10° nous avons vu une grosse' anguillule cbaufice pendant trente minutes a 78 degres, dansl'etuvede M. Pouchet, se rammer apres l'humectation ; 11° les tardigrades emydiums et surtout les tardigrades macrobiotes ont pu se ranimer apres avoir subi pendant cinq minutes une tempe- rature de 98° degres, dans l'etuve de M. Doyere; 12° les rotiferes peuvent se ranimer apres avoir sejourne quatre-vingt-deux jours dans le vide sec, et subi , immediatement apres, pendant 30 mi- nutes, une temperature de 100 degres. Par consequent, des ani- maux dessecbes successivement a froid et a chaud, parvenus au degrg de dessiccation le plus complet qu'on puisse obtenir dans l'etat actuel de la science, sans decomposer les matieres orga- niques, peuvent conserver encore la propriete de se ranimer au contact de l'eau. » La conclusion suivante a en outre ete redigee en seance et adoptee par la commission, qui prend d'ailleurs sous sa respon- sabilite l'exactitude des experiences consignees dans le rapport : « La resistance des tardigrades et des rotiferes aux tempera- tures elevees parait s'accroitre d'autant plus qu'ils ont ete plus completement dessecbes d'avance. Les rotiferes peuvent se rani- mer apres avoir sejourne quatre-vingt-deux jours dans le vide sec, et subi, immediatement apres, une temperature de 100 degres pendant 30 minutes. Par consequent, des animaux desseches suc- cessivement a froid dans le vide sec, puis a 100 degres sous la pression atmospberique, e'est-a-dire amenes au degre de dessic- cation le plus complet qu'on puisse realiser dans ces conditions et dans l'etat actuel de la science, peuvent conserver encore la propriete de se ranimer au contact de l'eau. » 426 COSMOS. — II n'a jamais etc fait en France qu'ane carte dc Ja June, celle de Cassini, qui ne repond plus aux besoins des etudes actuclles et que d'ailleurs on ne trouve plus dansle commerce. Dans notre siecle, les observateurs n'ont eu a leur disposition que les cartes selenograpbiquesqu'ils faisaientvenir a grands fraisdel'ctranger et particulierement de l'Allemagne. Deux astronomes amateurs, MM. Lecouturier et Cbapuis, dontle premier s'est deja fait connaitre par une foulc de travaux impor- tants, viennent de combler la lacune qui existait dans notre cn- seignement de l'astronomie. lis ont publie une carte de la lune dans laquelle on retrouve l'image ressemblante de l'astre, vu avec un grossissement de deux a trois cents fois. Son aspect pitto- resque n'empecbe pas les details de ses difl'erentes parties de ressortir avec une exactitude parfaite. Elle est accompagnee d'une notice interessante qui est en mOme temps une description de la lune et une explication de la carte. Fails des sciences. Nous reproduisons un peu tard la lecon de M. Arsenc Cahours sur les radicaux organo-metalliques, faite en seance publique de la Societe cbimiquede Paris. Elle a ete extremement remarquable au fond et dans la forme, par ses vues d'ensemble et la neltete do l'exposition; la modestie du savant cbimistc ajoutait un nouveau cbarme a cctte interessante soiree. « On donne le nom de radicaux a des corps particuliers qui, quoique possedant une nature complexe, presentent les carac- teres fondamenlaux des corps simples et remplissent des fonc- tions exactement semblables. Parmi ces radicaux il en est que Ton connalt a l'etat d'isolc- ment, que Ton peut iranier, que Ton peut engager dans des com- binaisons et en faire sortir sous les influences que nous mel- tons babilnellement en ccuvre pour produire les diflerents com- poses de la chimie, tels sont le cyanogene, le cacodyle, etc. ; mais le plus grand nombre ont une existence purcment bypotbe- tique. Au nombre de ces derniers figurcnt 1'acetyle, le benzoi'le, le metbyle, l'etbyle, l'ammonium, etc. En groupant les diflerents composes organiques en families ou series, dont cbacune renferme un noyau fixe ou radical, sorte de COSMOS. 427 pivot autour duquel tourncnt tous les termes do la famille , on a simplifie considerablemcnt l'etude au point de vue de l'enseigne- ment. C'est ainsi que dans l'alcool ordinaire et ses differents de- rives les chimisles ont adtnis l'existence d'un groupement parti- culier C" H» analogue au potassium auquel on donne le nom d'ethyle , encore bien qu'on n'ait pujusqu'a present isoler un type prdsenlant cetle composition, et qui soit susceptible de reproduire un seul terme du groupe. M. Franckland, en faisant agir le zinc sur l'ether iod- hydrique en vases clos a 130 dcgres, a bien pu rccueillir un gaz renrerinant k eq. de carbone + 5 eq. d'hydrogene. Mais celui-ci, loin de reproduire l'ether chlorbydrique, ainsi qu'on deVait s'y attendre, n'a fourni qu'un simple produit de substitution. Ce que nous venons de dire relativement a l'etbyle s'appliquerait egalement au methyle, a l'amyle, a 1'acetyle, etc. Lors done qu'on soumet ces divers radicaux a un examen serieux, on reconnait bien vite qu'il n'en est qu'un petit nombre qui satis- fassent aux conditions que doivent remplir de semblablcs pro- duits, savoir •. de former par la fixation de certains elements des composes bien definis dont on puisse ensuite les retirer parl'aile- ment intacts. » M. Gabours reserve exclusivement le nom de radicaux a des corps composes qui, consideres a l'etat de liberte (cyanogene, ca- codyle, stibetbyle, etc.), posseclentles caracteres de verilables ele- ments, se placant tantot a cole des melallo'ides, se rangeant tantut dans le groupe des melaux. Voici maintenant sommaire- ment comment M. Cahours explique le role de ces singuliers pro- duits: « Met-onen presence deux corps simples doues d'une affiniteplus ou moins grande; ils s'unissenl non dans toutes les proportions imagiuables, mais bien en proportions delinies et tres-limitees, ainsi que nous l'apprend l'experience journaliere. Quel que soit du reste le nombre de composes que deux corps simples soient susceptibles de former parleur union mutuelle, il en esttoujours un qui presente plus de stabilite que les autres et vers lequel ils convergent tous. Mais cette stabilite plus ou moins grande de tel groupement dependra bien evidemment des circonstances dans lcsquelles Ill COSMOS. s'accomplira sa formation. Des lors, loules les fois qu'on placera dans des conditions determinecs les differenls composes que deux corps sontsusceptiblesde former, ceux-ci serontconslamment ra- menes a cetle forme loutespecialcqui seulecst possible dans ces conditions. Chacun sait, par cxemple, que de toutes les combi- naisons que le pbospbore forme avcc l'oxygene.la plus stable est l'acide pbospboriquc : on pcut bicn unir le phospbore a d'aulres proportions de ce gaz dans des conditions toutes speciales; mais ces divers composes seront lous ramenes a l'etat d'acide ptiQS- pboriquc sous rintlucncc de temperatures elevees. Toutes les fois que le pbospbore ne so sera pas assiinile la proportion d'o.xygene necessaire a sa transformation en acide pbospboriquc, onpourra non-seulement le ramener a cette forme, mais mettre a la place d'unc portion de cet oxygene du chlore, du brome, du soufre, etc. , de maniere a produirc des corps qui tous appparliennent au groupement Pb X5 En un mot, lorsqu'on met en presence deux corps simples sus- ceptibles de s'unir directement dans des conditions delermiuees et de donner naissance a plusieurs composes deflnis, on observe qu'il existe toujours un etat de saturation presentant un equilibre qu'il est impossible de depasscr. Tant done que cet clat d'equi- libre n'est pas alteint, on pcut ajouter au premier une nouvelle proportion du second, jusqu'a ce que la saturation soit satis- faile. II est certain corps qui, eu s'unissant a lei autre, donne des produits tres-stablcs, lesquels n'etant pas arrives auteime de sa- turation, peuvent non-seulement fixer une nouvelle proportion de ce second corps , mais encore des quantites equivalenles d'unc autre substance simple. En effet, l'azote ayant une grande tendance a former des com- poses a saturation de la forme Az X3 on comprend que le cyanogene qui apparlient au groupement Az X' soil susceptible de fixer soitX, soit Y, soitZ, pour former des composes qui rentrent dans le groupement precedent, jouant a l'e'gard des uns tan lot le role d'element electro-posilif, comme dans l'acide cyanique et lecblorurede c\anogene, tanlol le role d'element eleclro-negatif, comme dans l'acide cyaubydrique et les COSMOS. 4£g cyanurcs. Si le cyanogene simnle ainsi de la maniere la plus complete les caracferes d'un veritable corps simple , cela tient d'une part a sa stability considerable, de l'autre a sa tendance a produirc des combinaisons an maximum de saturalion, tres- stableselles-memes, en s'assimilanlune molecule de divers corps simples pour rentrer dansle type primitif d'ou on l'a fait deliver. Le rule da cyanogene commc radical se trouve done explique de la maniere la plus simple, il en est de meme des difiercnts corps corinus sousle nom de radicaux. Lorsqu'un corps simple A forme, avee un autre corps simple B, plusieurs composes dont 1c terme a saturation est de la forme AB- (x etant un nombre entier fort simple), 1'expericnce apprend qa'on peut former avec ce corps simple et les divers carbures d'hydrogene connus sous le nom de melhyle, ethyle, amyle, etc., des composes a divers etats de saturation. Taut "que le nombre de molecules de ces corps qui cntrcnt dans le compose est infe- rieur a x, la combinaison formee [)ourra s'unir a l'oxvgime, au cblore, au soufre, etc. Si de plus ce groupement pentose se'pa- rer intact des combinaisons qu'il a contractees sous l'mfluence d'agents doues d'une affmite preponderante, ce corps presen- ter les caracteresfondamentaux des corps simples etconstituera par suite un verilable radical. M. Cahours, en faisant agir certaines substances simples, tellcsquele magnesium, le glucinium , l'alu- mmimn, l'etain, l'antimoine, l'arscnic, etc., sur Tether iodbv- drique en vases clos, a des temperatures comprises enlre 130 et 180 degres, a pu donner naissance a des composes nombreuxqui, toutes les fois qu'ils se trouvent au-dessous de la limile de satu- ration, i'onctionnent comme de veritables radicaux. Pour ne citer ici qu'un seul exemple et le plus saillant, l'etain forme avec l'oxygene les trois groupements SnO, Sn203, SnO2. Eh bien, ilae'te'reconnu que ce metal peut former pareillcment avecle methyle et l'ethyle les deux series SnMe, Sn2Me", Sn Me2 ; Snll, Sn-E3, SnE2. Les deux premiers termes de ces series s'unissent avec la faci- lite la plus grande a l'oxygene, au cblore, a l'iode, etc., les tendances du second a la combinaison etant superieures a celle du 430 COSMOS. premier. Si les vues e'nonce'es precedemmentsontvraics, le der- nier terme Sn Me" ou Sn E2 represenferaitla limite de saturation bt ne saurait contractcr au- cune combinaison ; c'esten eft'et ce que l'experience confirme. Si nous donblons les formules precedentes pour qu'elles repre- scntent h volumes dc vapeur, ce qui est lemode ordinaire de cons- titution des composes chimiques les mieux definis, et si nous l'aisons agir l'iode sur ces composes, nous obtiendrons Sn2E4 = 4vol. Sn2 E* + 12 = EI -J- Sn2 E' I = h vol. Sn2 E* + 14 = 2 EI 4- Sn2 E2 12 = 4 vol. Sn2 E4-J-I3 = 6 EI + Sn2 1" = h vol . Des resultats scmblables s'observent avec les composes etbvles et methyles, du plomb, de rantimoine, de. 1'arsenic, du pbos- pbore, etc. Ces composes sont-ils au-dessous de la limite de saturation, ils joucnt, comme on le voit, le r61e de veritable corps simples, forment des combinaisons netteinent defmies, dont on peut les retirer parfaitement intacts. Cette limite est-elle atteinte, ces composes se comportent comme des matieres neutres, inertes, mais susceptibles, en ecbangeant du metbyle ou de l'ethyle pour del'oxygene ou de cblore, de rentrer dans les composes produits en conservant leur groupement mecanique. Fails de nicdecinc ct dc chirurgie. Nos lecteurs liront avec interet 1'analyse suivante du me'moire de M. le baron Heurteloup sur la defaillance nerveuse. Dans sa charmante dissertation sur la myoletbe ou oubli du muscle , l'auteur montrait comment le systeme nerveux, sous l'empire de causes morales ou de la preoccupation du cerveau, cesse de commander aux muscles; cette foisilmontre comment, sous l'empire des causes les plus insignifiantes, et sans meme que le cerveau soit preoccupe , cette influence cesse completement, soit par suspension absolue de Taction nerveuse, soit par trouble del'innervation. Le fait singulier et important d'une creature hu- maine douee d'une sensibilite generale et de ses attributs , qui tombe subitement inerte parce que cette sensibilite l'abandonne, COSMOS. hH a e'tejusqu'a present plutdt un sujet d'etonnement passager et vulgaire qu'un sujet d'dtude profonde. Gependant ces faits,car ils se presenters journcllement en grand nombre, que Mi Heurteloup designe du nom collectif de defaiilance nerveuse, se produisent de manieres bien difierentes, tres-multiples, quelquefois sans cause apparentc, ou pardes causes tres-minimes: ungrincement qui alTecte l'ouie , l'eclat d'une lumiero trop vive, une senteur douce ou fetide, un toucber qui inspire l'horreur, la vue d'un chat, d'une souris, d'un araignee, d'un lievre r6ti, un souvenir, une cbaleur trop grande, l'inanition, une etude abstractive trop prolonge'e, une lecture attacbante et longtemps conlinuee, une position forcee, le strabisme volontaire longtemps prolonge, le tra- vail sur des objets ten us, la lecture sur de tres-petits carac- teres, etc., etc. ^De l'etude attentive qu'il a faite de ces phe'nome- nes, M. Heurteloup tire un grand nombre de conclusions. Nous enumererons seulement les principals. La deTaillance nerveuse n'est pas un sommcil; il n'est pas certain qn'elle soit une mala- die;c'est tout simplementune suspension de l'influence nerveuse; elle arrive le plus souvent subitement, et elle est alors plus com- plete, plus prolongee que si elle avait die provoquee ; c'est un phenomene physiologique pur , mais sur les confins de l'etat pa- thologii{ue; il est logique d'en profiler lorsqu'elle se ]>resente ino- pinementpour pratiquer des operations importanles; lorsqu'elle laissc aux organes une certaine action, elle ne fait jamais sortir leur exercice de l'ordre naturel, qu'il s'agisse de l'intelligence ou des sens; l'organe , la vue en raison de sa dualite , lu- retre en raison de sa sensibilite organique speciale, semblent plus aptes a la produire; elle agit souvent comme un calmant sur un organisme surexcite; elle est plul6t due a la qualite des causes qu'a leur intensilc ; en entravantl'effctde ces causes insignifiantes on previent quelquefois les acces d'hysterie, d*epilepsie, de cata- lepsie, etc.; lesmemes causes insignifiantes qui peuvent produire la defaiilance nerveuse, peuvent produire aussi le desordre ou le trouble nerveux. — M. Billiard de Corbigny a constate qu'un melange a l'etat pulverulent d'une partie de cblorate de potasse et de neuf par- ties de terre argileuse blanche , superposee sur une plaie gan- greneuse a de la cbarpie roulee dans la meme poudrc, produisait une disinfection presque complete, determinant l'elimination assez prompte des parties mortifiees, et conduisait vers la gue- rison. /,32 COSMOS. — M, Martin Magron lerminc corame il suit une elude des pro- ])i'k;I(;s physiologiques du curare : Le curare est une substance en- core plus complexe que terrible, dont la composition peu connue peut etre des plus variables. IN'y aurait-il pas des stryebnees dans Tun, du virus animal dans l'autre, etc., etc.? Ce n'est nullement improbable. Attendons, experimentons, et rendons justice a tous les fll'orts entrepris dans cette voie difficile. On doit deja a ces recbercbes le salut de deux malades voues a une mortcertaine ; voila plus qu'il n'en faut pour nous autoriser dans nos ditferents rOles qui, en somme, n'ont qu'un but, la verite. — M. le docteur Cumming croit qu'en operant comme il suit, on rend le lait de vacbe aussi semblable que possible aulait de i'emmc : On laisse reposer le lait de vache quatre ou cinq beures, on en retire le tiers superieur ; les deux tiers restanl contiennent cinquante-quatre parlies de beurre, trente-buit de caseine, cin- quanle-trois de sucre et buit cent cinquante-cinq d'eau; on njoule sucre 1/i2, eau 1 458, et Ton oblient le lait arlificiel com- parable au lait naturel ; il doit etre pris par succion au moyen d'un biberon dont le bout soit facile a neltoyer. Un enfant de dix jours doit prendre environ 1 000 grammes de cebreuvage en buit frac- tions de 125 grammes cbacune ; a trois mois, l'enfant fera sept repas de 250 grammes ; la temperature du breuvage sera de 37 a :I8 clegres centigrades ; il devra etre administre lenlement. II sera mieux de faire varier la composition du lait avec l'age d'apres les donne'es suivantes : 3 a 10 jours, laitl 000, eau 2 643, sucre 243; de 10 jours a 30 jours, eau 2 500, sucre 225; un mois, 2 250, 204; 2 mois, 1850, 172; 3 mois, 1500, 144; 4 mois, 1250, 124; 5 mois, 1 000, 104 ; 6 mois, 875, 94 ; 7 mois, 750, 8-'i ; 9 mois, 675, 78; 11 mois, 625 73; 14 mois, 550, 67 ; 18 mois, 500, 63. rilQTOGMHIIE. Seance tEe la Sociele franeaSse de pholo^rapliie du SO avril IS^O. M. Gabriel Cbatissian, de Tiflis et M. Raoul de la Gonniniere, a Saint-Germain de Varreville, sont elus membres de la Societe a l'unanimitd. — M. Civiale fits presente et donne a la Societe trois belles vues des Alpes, prises en fevrier dernier, alors que toute la campagne COSMOS. $SS &ait couvertcde neige. La vallec de Grindewald, la vallee aupied de l'Eiger, l'eglisede Grindewald, torment trois tableaux vraiinent interessants , jamais efiels ne neige '.n'ont cle mieux rendus. M. Civiale, etila raison, estreslefidele au papier cire dont il tire d'excellenLs partis; il faisait beau solcil, le i'roid etait de 6 a 8 de- gres; le temps de pose, qui en ete ou par un temps chaud etait en moyenne do 17 a 18 minutes, n'a etc en hivcr que de 15 a 16, et il aurait pu etre plus court encore, car les negatifs sont peut-etre un peu forts. Cetle acceleration est due sans doute a l'eclat de la neige •, dans les Alpes, lorsque la neige est abondante, il n'y a pas, a proprement parlor, de nuit; l'atmospberecst si claire qu'onlita une lieure du matin sans lumiere. M. Civiale a ete frappe aussi de rimmobilite absolue de l'atinosphere pendant les jours de grand froid dansdeslocalitesouenete 1'air est presque sans cesse agite. — M. Fournier presente, au nom de M. Pesse de Teheran, 53 vues des plus curieux monuments dc la Perse ancienne et mo- derne. Palais de la legation d'Angleterre, maison de campagne de la mission de Russie, mosquee de Teheran, mosquee des dervi- ches a Sullanick, tombeau de Darius a Nacki; ruines, bas-reliefs, inscriptions dc Persepolis ; tombeau du khan de Kbiva, bas-reliefs de Bakti-Bussin, vue generale de Teheran : lels sont lesprincipaux sujets de cette collection tres-interessante. Lespositifs sont en ge- neral bons, ils sont cependant un peu durs ou heurtes, ou man- quent de clair-obscur. M. Fournier desirerait que la Societe lui indiquat les moyens de tirer parti du travail de M. Pesse, mais e'est une (piestion financiere qui n'entre pas dans ses attributs. — Le moment est venu de nommer la commission photogra- phique chargee d'examiner les procedes et e'preuves envoyes pour le concours du grand prix de 8 000 fr. , fonde par le due de Luynes, dont le re"sultat, si le but etait completement atteint, devrait etre l'inauguration d'un procede mecanique d'inpression au carbone, ou a l'encre indelebile qui a le carbone pour base, des posilifs de la photographic. La commission du premier concours, celle qui a decerne le prix de 2 000 fr,, se composait de MM. Regnault, pre- sident, Balard, Paul Perier, Mailand, comte Aguado, Becquerel, Cousin, Leon Foucault, Hulot, comte Leon de Laborde, Peligot, Robert, de Sevres. II cut ete impossible de faire un meilleur choix, et I'ancienne commission, reelue a runanimite, terminera glorieu- sement son oeuvre. •• — M. Poitevin communique un procede nouveau de photogra- phie sur collodion, qui aurait l'avantage de dispenser de remploi Z.31 COSMOS. du grand bain de nitrate d'argent, ou qui permettrait dc scnsibi- liser les plaques collodion nees, au moment meme de s'en servir, en versant a leur surface unc petite quantite de solution de nitrate d'argent a h ou 5 pour 100. On prend du collodion normal avec exces d'alcool; avant de le verser sur la plaque, par 50 grammes de collodion on ajoule 1 gramme de nitrate d'argent; on verse ensuite a la surface de la plaque une solution a 2 ou 3 pour 100 d'iodure de potassium quclque peu sature d'iodure d'argent; on lave enfin a grande eau et on laissc se'cher. II s'est forme a la surface de la plaque du nitrate d'argent ; mais sous l'influence du collodion ce nitrate restecompletement insensible a Taction dela lumiere qui ne l'allere pas. Lorsqu'il s'agit d'operer, et pour sen- sibiliser la plaque, on verse a sa surface une solution ordinaire de nitrate d'argent, et on la met dans le cbassis. Ce precede a ete' accueilli avec beaucoup de faveur; M. Bertscb l'a trouve fortinge- nieux ; jusqu'ici c'est encore un procede de collodion bumide ; mais la facilite de sensibiliser sans bain lui donne presque lous les avan- tages du collodion sec. — M. le conite Olympc Aguado a fait porter dans le local de la Societe, pour les lui presenter, quatre belles reproductions sur tres-grandeecbelle,parla methodcetl'appareilde M. Woodwards, de petits negalifs pris sur des animaux vivants. Oblige de quitter la seance avant son tour de presentation, M. Aguado nous prie d'exposer en quelques mots sa maniere d'operer, et les resullats qu'elle lui a donnes. Les negalifs inslantanes ont ete pris sur quart dc plaque; ils sont tres-faibles, et leur faiblesse est une condition essenlielle ou absolument necessairc de succes. Les positifs sont obtenus sur papier simplement cblorure ; leur surface est celle de quatre plaques entiercs, de sorte que 1'agrandissement est d'en- viron seize fois ; le temps de pose pour cbacune de ces belles eprcuves a e"te en moyenne d'uneheure: elles sont reussies au dela de ce qu'on peut dire. A proprement parler, ce n'est plus meme l'aspect des pbotograpbies ordinaires, melange froiddenoir et de blanc, sans fusion, degradation, ou passages sufdsamment mdnages ; ce sont de verilables peintures ou dessins fails par le plus exerce des crayons ; les deini-teintes sont reproduites et ac- cusees dc la maniere la plus parfaite; les details sont infinis et supporleront sans deformation le grossissement de la loupe ou du microscope; 1'ceil arme distingue parfaitement les moucbes, que la pholograpbie a saisics au passage, des points colore's du pelage. Ces positifs represenlent un boeuf vu de face ayantderriere lui une COSMOS. 435 charrette rustique ; un boenf vu de cdte ; quatre boeufs atleles a la charrue et creusant vigoureusement leur sillon, avec les deux va- lets de charrue qui les menent ; un groupe de moutons tres-anime. M. Berslch constate lui-meme la perfection de ces reproductions agrandies ; quoique l'eclairage du cliche fut produit par un fais- ceau convergent, elles ne presentent aucune des deformations que la theorie indique peut-ofre comme inevitables , mais qui ne doivent apparailre qu'avec des grossissements de plusieurs cen- laines de fois. M. d'Alligny nous aoffert, il y a quelques jours, un portrait de Ravel, presque de grandeur naturelle, dont ie negatif a ete obtenu en moins de trois minutes, avec un objectif de seize centimetres sorti des ateliers de M. Jamin. C'est un chef-d'oeuvre sans aucun doule, un chef-d'oeuvre extraordinaire qui a frappe lous les amateurs auxquels nous l'avons montre ; quand on le regarde avec un ceil, cc n'est plus meme un portrait, c'est un homme vivant; et cependant il n'a pas la perfection materielle et artistique des epreuves agrandies de M. le comte Aguado. Les deformations sont visibles a l'oeil; les differences de foyer sont sensibles, et les transitions d'un ton a l'autre sont plus heurtees. Dans la conviction de M. le comic Aguado, la chambre solaire de M. Voodwards ne laisse rien a desirer, et il faudra, de toute ne- cessite, que Ton proclame bien haut sa superiority. Nous avons exprime l'espoir que Ton obtiendrait par cette methode des nega- tifs agrandis qui donneraient ensuite des positifs beaucoup plus facilcment et en grand nombre ; cet espoir ne s'est pas realise en- core ; et il resulte d'un examen altentif des positifs agrandis de M. le comte Aguado qu'il n'est pas a desirer qu'il se realise, parce que les positifs nes des negatifs agrandis n'auraient certainement pas la perfection presque ide'ale des positifs nes directement, de negatifs primitifs, tres-faibles et par lesquels la nature est presque saisie sur le fait. Une heure de pose, en apparence, c'est tres-eflrayant, mais, ainsi que nous l'avons deja explique, rien n'est agreable et saisissant comme la vue des rayons solaires tra- cant sous vos yeux un tableau magique dans une chambre par- faitement eclairee ou vous pouvez travailler, lire ourever. {La suite a un prochain 7iumero.) '»36 COSMOS. ACADEMIE PES SCIENCES. Snincu ilu lundi 23 avril I860. M. Bizio a adrcsse, il y a dgjft longtemps , a" l'Academie dps sciences, on memoirs sur Jes rapports des equivalents des corps simples avcc Ja chalcur qui entre dans leur constitution intime, et prcnd part a leurs combinaisons; lc memoire de M. II. Sainte- Claire-Dcville lui fait desirer bicn plus encore que son travail devienne l'objet d'un prompt rapport. Si nous avons fait peine a quelqu'un, en no nous pretant pas assez rapidement a la diffu- sion de ses idees et de ses theories, e'est bien certainenient a M. Je professeur Bizio, un des quarante de la Societe italienne des sciences, qn'une maladie cruelle tient enchaine depuis si lon?,temps sur son lit de douleurs. Heureusement que le savant maladc no repond a notre inertie que par une patience inalte- rable et les plus excelicnls proccdes. Nous allons enfin nous exe- cuter par une analyse rapide de sa derniere leltre. « J'ai appris par le Cosmos que M. Faye a enrichi le systeme du inonde d'une nouvelle force, la force repulsive solaire; celte nouvelle m'a fait le plus vif plaisir, parce que depuis longues annees je m'occupe de la force repulsive moleculaire et des eifets qu'elle exerce dans toute la nature. La physique et la chimie sont pleines de ses ma- nifestations eclatantes; elle entre dans la production de pres- que tous les phenomenes, mais la doctrine fantaslique des im- ponderables a empeche trop longtemps qu'on ne l'apercut. J'ai donne les preuves de son existence dans un memoire presente a l'lnstitut ve'nitien en novembre 1842. Les principales de ces preu- ves sont : l'expansion des gouttes liquides a la surface des corps polis; l'extension si rapide des substances huileuses a la surface de 1'eau; la tendance qu'ont les liquides a se disposer en lames minces; la compenetration des liquides et des gaz; le mouvement gyratoire des parlicules de camphre a la surface de l'eau, des parlicules de potassc a la surface du mercure, etc., etc. J'ai de- montre dans ma dynamique chimique, torn. I, pag. 157, que la force repulsive des molecules est d'autant plus grande que le volume de la molecule est petit et sa densite moindre, ou qu'elle est en raison inverse du volume et de la densite. J'ai constate', p. 225, que Faction chimique est d'autant plus ^nergique que la force repulsive de la molecule est grande. Celte loi est si generate, COSMOS. 437 si e'vidente, qu'on a peine a comprendre qu'elie n'ait pas fixe jusqu'icil'altenlion deschimistesetdesphysiciens. Comment n'a- t-on pas ele frappe plus tot de ce fait, que les molecules tres- petites, tres-peu denses, des metaux alcalins, potassium, sodium, lithium, s'unissent a froid a Toxygene si subitement et avec un degagement si grand de chaleur; tandis que les molecules grosses et lourdes des metaux precieux, or, platine, iridium, exigent pour s'unir a Toxygene l'emploi d'une chaleur excessivement elevee? U y a longtemps que j'ai revele ces verites capitales, et la science n'en a tenu aucun compte. J'altends de Tequite et de la cour- toisie de la science francaise, non pour moi, qui suis vieux et infirme, et, par la, mort pour ainsi dire a toutc idee d'ambition, mais pour l'amour de la verite et du progres, qu'elie rende jus- lice a la grande synthese dont je me suis fait 1'apOtre; qu'elie proclame bien baut avec moi qu'il n'y a dans le monde physique que la matiere ordinaire douee d'altraction ct de force repulsive moleculaire. Qu'apres cela, celui qui apres trente anne'es de- ludes a decouvert et nettement formule la force repulsive mole- culaire restc dans Tobscurite, je ne m'en plaindrai pas, ou je m'en consolerai, car mon but dernier a toujours ete le triomphe dela science. Dans ma dynamique chimique, je montre comment la force repulsive precede toujours Taction chimique et la pro- duit; comment la stabilite des composes est d'autant plus cons- tantc ou stable que la force repulsive des corps qui se combi- nent est grande elle-meme; comment, sous Taction de cette force, les molecules deviennent elastiques, sont jetees dans Tes- pace, s'entre-choquent, se combinent par suite de Tecrasement ne du choc. Celui qui etudiera attentivement les developpements que j'ai donnes au principe dynamiqiie des chocs molcculaires, verra avec quelle facilite ce principe rend compte de fails que la theorie vermoulue des affinites est impuissante a expliquer. Une de ses consequences immediates est le tremoussement vibratoire repulsif des molecules qui constituent la surface des corps; de ce tremoussement naissent tour a tour Telectricite, la chaleur obs- cure, la chaleur rouge, la chaleur blanche, la chaleur rayon- nante, la lumiere, etc., sans qu'on soit force de recourir a des fluides hypothetiques inadmissibles. La chaleur re'sulte essen- tiellement de la projection dans Tespace des molecules dechirees, divisees en parcelles tres-menues; la lumiere est le resultat de la division derniere des molecules s'e'ehappant dans toutes les directions et par ondes, etc., etc. a IM COSMOS. Puissc cet expose de ses doctrines fait par lui-meme, et dont nous no sommcs que le fidele echo, consoler le noble vieillard et nous obtenir le pardon de notre trop long silence ! Nous re- connaissons spontanement et volonliers que, sur un grand nom- bre do points delicats, la constitution de Ja molecule et des sys- temes moleculaires altraclifs , l'affinite, etc., etc., M. Bizio parlage les saines idees de la science moderne qu'il a souvent devancee. Mais nous avouons enmeme temps que nous ne com- prenons pas bien sa force repulsive moleculaire; que nous lui preferons incomparablement la distension de M. Seguin, comple- ment indispensable et suffisant de Tattraclion. — M. Lartet, le paleontologue si renomme, avait adresse a l'Academie, le 6 mars, une premiere note sur l'anciennele geo- logique de l'espece humaine dans l'Europc occidentale; et dont les comptcs rendus n'ont donne que le litre. M. Lartet appuie aujourd'bui sa communication de documents nouveaux. Son principal argument est qu'a cote des os fossiles de rhinoceros, de bceufs, de cerfs, il a trouve non-seulement des silex tallies, mais encore des traces d'opeYations executees sur ces os, que tout le monde rapporte a l'epoque geologique, lorsqu'ils etaient encore a l'e'tat frais ou pcu apres la mort de l'animal, et executees cer- tainement, dit-il, par des mains humaines. Nous avons deja admis comme un fait presque incontestable que l'homme avait ete contemporain d'especes animates aujourd'bui perdues ; mais nous avons maintenu qu'il resulte de cette contemporaneile non pas que la presence de I'botnme a la surface de notre globe remonte a une date anterieure a celle flxee par les Livres Saints, l'liistoire et les faits geologiques certains; mais que l'extinction des especes dont les os se trouvent mele's a des objets d'industrie humaine est beaucoup moins ancienne que ne l'attestent les geologues. — M. le docteur Burcq, dont le Cosmos a autrefois beaucoup parle , adresse un grand travail sur les idio-synchrasies de rhomme ; chacune d'elles, dit-il, est en rapport avec un certain metal, or, argent, cuivre, fer, de sorte que si elle est pre'domi- nante ou vicieuse, son exaltation ne puissc elre moderee, ses aber- rations corrige'es que par l'emploi convenable du metal sympa- thique. M. Burcq indique en detail par quels caracteres ou pro- cedes ce metal peut etre reconnu ou decouvert, et comment il doit etre applique dans le traiteinent. — M. le docteur Dauphine transmet les plans d'un nouveau COSMOS. 439 systeme de chauffage qu'il dit avoir des avantagcs considerables an double point de vue de 1 hygiene et de l'e'conoinie. — M. le docteur Guepin, de Nantes, a constate le plus grand nombre des proprieles physiologiques et tberapeuliques de la santonine, etudiees avec tant de soin par M. Martini de Naples. L'influence de cette substance prise a l'inlerieur dans des cas d'amaurose nest pas douleuse, inais a la condilion, suivant M. Guepin, qu'il s'agira d'amauroses particulieres qu'il importe grandement de bien definir. — M. Deleau, medecin de la prison de la Roquelte, comprend jusqu'a oft certain point la preference donnee par M. Jacquemot a la poudre de MM. Corne et Demeaux sur le perchlornre de fer dansle traitementdela pourriturc d'hopital ; mais il ne s'explique pas comment M. Jacquemot a pu dire que le percblorure de fer enleve, a chaque application, une couche de cbair, que Too ne peut pas toujours mesurer au juste la profondeur de 1'escarre a obtenir, que la plaie se creuse de plus en plus, et qu'ensuite il faut un temps enorme pour que le vide forme aux depens des cliaires saines puisse se coinbler. 11 n'a jamais men vu de semblable dans l'emploi de la solution normale prepareo par feu M. Soubeiran, et utilisee journellement avec tant de succes dans les hopilaux etles prisons de la Seine; le melange de percblorure de fer et d'axonge employe aussi et conseille par lui, n'enleve ancune couche de chair, ne creuse nullement la plaie, mais la rend inodore, la nettoie, lui donne une couleur franche, et fait bientot apparaitre de beaux bourgeons charnus. — M. Pappenheim, que nous avons vu avec bonheur reparaitre sur la scene scientifique, a repris dans des conditions nouvelles 1'etude desvaisseaux lymphatiques. 11 evite l'emploi de l'injection artificielle; pendant les quelques heures qui suivent la mort, ces vaisseaux sont encore injectes naturellement, ou sont pleins de lymphe, et e'est alors qu'il en suit les reseaux dans leur develop- pement complet. II a reconnu ainsi que la rate en general est tresabondamment pourvue de vaisseaux lymphatiques, que le foie Test un peu moins et les poumons moins encore, que le dia- phragme est aussi tres-pauvre. Dans une seconde note presentee aujourd'hui, il corrige et etend ses recherches au pericarde, au tissu pulmonaire, etc., etc. — M. Edouard Gand, 1'infatigable penseur et vulgarisateur d'Amiens, soumet au jugement de lAcademie un projet de forte- resses mobiles ou de ce qu'il appelle des flottes terrestres ; voici UhO COSMOS. comment, apres oil preambule auqucl l'imagination de nos lec- tcnrs suppleera, il expose lui-meme son idee. « Mais que seraient ces navircs terrestres? D'immenscs vdlii- cules a plusieurs elages; sortes de wagons bl'mdcs, amies cliacnn d'une machine a vapenr. Celte machine seraitplacee dans la par- tie la plus basse du vaisseau meme, de maniere a etre, le plus possible, a l'abri des projectiles de rcnnenii. « Ces wagons de guerre contiendraient dans leurs fiancs uue quanlile plus ou moins grande de canons rayes. « Des rails d'une force et d'un ecartement calcules sur les di- mensions et le poids de ces vaisseaux etranges, seraient munis a de faibles distances de plates-formes touvnantes, qui perinet- traient aux forleresses mobiles, non-seulcment de modifier la di- rection de leurs feux, mais encore de presenter alternativement chacun de leurs cotes a l'ennemi. Pour faire tourner ces plates- formes, on n'aurai t point recours a des homines ou a des chevaux. Un sysleme d'engrenage, immobile en dehors de la peripheric de la plaque tournante, et mobile sur le wagon, permeltrait a la ma- chine de ce wagon meme d'imprimer a la plate-forme la rotation -voulue. Le recul lateral que determ'merait la decharge serait an- nihile au moyen d'etais mis en fonction par la vapeur.... « Un mot encore, cependant : si, comme il est permis de l'ad- mcttre ou du moins de l'esperer, une voie de fer, jetee sur le lit- toral, doit un jour relier tous nos ports de mer, se figure-t-on le parti qu'on tirerait d'une flotlc terrestre (je ne trouve pas d'autre mot pour rcndre ma pensee) pouvant, avec la rapidite de nos locomotives actuellcs, se transporter sur tous les points? « Alors chacun de nos ports n'aurait plus besoin d'un arsenal en permanence. Des machines infernales, douees d'une effrayante velocite, deviendraient de veritables forteresses volantes, qui, comme des sentinelles perpetuellement en faction, pourraient nuit et jour inspecter noire littoral, le mettre par consequent a l'abri de toute suprise. « Puis, a un signal electrique donne, loutes ces forteresses mo- ]>iles partiraient de leurs stations respectives et se concentreraient aussitot pour foudroyer l'ennemi. » — M. de Tessan, au lieu de retirer son attaque inopportune, prend sur lui de repondre a la note si moderee et si vraie de M. Duhamel. — M. Dumerilfils communique une redaction abregee d'obscr- vations interessantes, faites auCap par M. le comte de Castclnau, COSMOS. ui sur la geographic, la ge'ologie, la climatologie, la flore et la faune de cos contre'es encore si peu connues. Le fait le plus frappant est la difference enorme de climat et de production entre deux regions simplementseparees par une chaine de montagnes; M. de Khnnikoff, on l'a vu, a constate une difference toute semblable dans la Perse meridionale.; — M. Valade-Gabe), qui a epouse une des nieces de l'illustre entomologiste Latreille, croit que la memoire de son oncle ve- nere n'a pas ele assez respectee par M. Dumeril dans sa notice historique adressee a la Societe entomologique de France ; il de- mande, en consequence, 1'insertion dans les comptes rendus d'une reclamation dout M. Flourens dit qu'elle est tres-moderee et ne peut offenser en aucuue maniere le venerable doyen d'age de l'Academic. — M. de Ponlecoulant fait distribuer a tous les menibres une brochure de 2k pages intitulee : Derniercs Observations sur la discussion qui a eu lieu entre MM. Le Verrier et Delaunaij, pen- dant les mots de fevrier et de mass. 11 essaye d'indiquerclairemenl la source de 1'erreur inconcevable dit-il, de MM. Adams et De- launay ; elle aurait pour point de depart l'oubli d'un des premiers principes du calcul diHerentiel. Nous ne rentrerons dans le debat qu'autant que M. de Ponlecoulant am'a repondu d'une maniere Tictorieuse aux objections contre la note des MontJdij Notices que M. Delaunay a formulees dans une des dernieres seances. Nous dirons cependant qu'il est resulte pour nous, de la lecture de cet opuscule par trop vif, une conviction plus profondc encoro del'cxaclitude du nombre 10 ",5 assigne a M. Hansen pour l'accele- ration seculaire du moyen mouvement de la terre. Quand on etu- die altenlivement les volumes des Annales de I'Observatoirc im- perial, on decouvre que M. Le Verrier est entre en possession. par ses propres methodes, de toutes les formules necessaires a la determination de cette meine acceleration; et Ton est tente de le pressor vivement d'achever un calcul devenu absolument ne- cessaire, ce calcul ne demanderait que quelques journees de travail, a lui et a ses calculateurs; ce serait la meilleure maniere de vider le differend. — On se rappelle que dans la seance du 13 fevrier M. Le Verrier avait annonce a FAcademie que M. le ministre de l'instruction publique et des cultesautorisait l'Observatoire imperial a envoyer une mission en Espagne, pour l'observation de l'eclipse totale du 18 juillet. M. Le Verrier avait ajoule: « Son Excellence a designe hhl COSMOS. pour conduire cette mission, notre confrere, M, Faije, el par la elle en a assure le succes. » M. Faye, qui depuis plusieurs mois deja sc preoccupaitgrandementde cct imposant pbenomene, qui, daus plusieurs lectures plcines d'interet, avait expose ses plans d'observations, qui s'etait associc plusieurs artistes tres-habi- les, qui avait fait construire sur ses idees et sur ses plans de nombreux appareils automatiques tres-ingenieux; que des de- penses peisonnelles considerables ct la perspective d'une lourde responsabilite materielle n'avaient pas effraye, avait accepte avec bonbeur la direction qui lui etait confiee. II mettait la deruiere main a ses appareils; il s'appretait presque a partir, lorsque des explications inattendues sont venues lui apprendre d'abord qu'il ne pouvaitpas compter sur le concours indispensable de l'Obser- vatoire imperial, etl'amencr bientOt a resigner cnlre les mains de M. le mmistrc de rinstruction publique l'autorisalion et les pouvoirs qu'il en avait recus. Sa nomination de directeur de la mission scienliiiqued'Espagnee'tant devenue. par la communica- tion de M. Le Verrier, un fait academique, il a pense qu'il devait en fibre de meme de sa demission. Mis dans l'impossibilite de remplir des engagements qu'il avait publiquement contractus, il croit de son devoir, dit-il, d'enumerer publiquement lesraisons de cette impossibility, resultant d'un disaccord survenu entre lui et M. Le Verrier; il promet d'ailleurs d'apporter dans ces explica- tions inevitables la plus grande moderation, de ne dire de son illustre confrere absent de la seance, dans le sein de l'Academie, que ce qu'il lui a dit dans le cabinet duministre. Cetexordc in- quie"tant eveille la juste susccptibilite du, president, M. Cbasles ; il lui semble que l'expose annonce sera essentiellement personnel et par trop en debors du reglement et des habitudes de l'Academie; il conjure done M. Faye de se borner a formuler ses plans defi- nilifsde la campagne scientifique a laquelle il se voit force de renoncer bien malgrelui. MM. Dumas, Dubamel, Liouvillememe, partagent les craintes du president, et cedant quoiqu'avec un regret profond, M. Faye se borne a lire son plan general, a decrire les instruments dont il devait se servir, a enumerer le nombre, la nature et le mode de ses observations. Nous donne- rons a nos lectcurs, dans le procbain numero, l'analyse que le savant astronome a bien voulu faire lui-meme pour le Cosmos. La mission en Espagne reste done completement a la cbarge de M. Le Verrier et de l'Observatoire imperial auquel le minislre ouvre dans ce but un credit de dix mille francs, en outre des COSMOS. hUZ huitmille francs mis a la disposition de M. Pay©. Ala place de M. Le Verrier nous serions passablcment effraye dc celle charge si lourde/d'autant plus qu'elle implique des pertes considerables que devront subir des artistes dignesde consideration etd'interet, et nous mettrions en ceuvre tous les moyens capables d'amener M. Faye a se charger de nouveau d'une mission qu'il aurait rnenee & bonne fin. II s'agitau fond non pas seulement des interets de la science , mais de la gloire nationale. — L'Academie procede a l'eleclion d'un membre associe etrangcr en remplacemcnt de l'illustre Alexandre de Humboldt. La com- mission, composee de MM. Liouville, Elie de Beaumont, Pouillet, Chevreul, Milne-Edwards, Flourens, et presidee par M. Ghasles, a presente la liste suivante de candidats, choisis parmi los prin- cipales celebrites europeennes. En premiere ligne, M. Ehrenberg, a Berlin. En seconde ligne, ex cequo et par ordre alphabetique, MM. Airy, a Greenwich; Agassiz, a Boston; de la Bive, a Geneve; Liebig, a Munich; Murchison, a Londres; Steiner, a Berlin; Struve, a Pulkova; Wamler, a Goettingue. Le nombre des votants est de 51 : au premier tour de scrutin, M. Ebrenberg oblint 2/4 voix seulement contre 16donnees a M. Liebig, k a M. Wcehler, 2 a M. Murchison, 1 a M. de la Bive, 1 a M. Airy, 1 a M. Steiner; il n'y a pas eu de majorite. Au second tour de scrutin, M. Ehren- berg est nomme associe etranger par 30 voix, contre 20 donnees a M. Liebig et 1 a M. Wcehler. In nombreux parti appuyait done la candidature du plus populaire des chimistes allemands, M. Lie- big; sa nomination aurait etc tres-favorablement accueillie par l'Europe entiere, ou mieux par le monde entier. Ce qui, sans au- cun doute, a entraine la majorite, c'est que M. Ehrenberg a ac- compagne Von Humboldt dans son exploration de l'Asie centrale et du plateau de l'Altai. Le nouvel elu est ne le 19 avril 1795, a Delitzch, en Prusse; il n'est done age que de soixantc-cinq ans. Ses grands titres de gloire sont ses.recherches microscopiques sur les animaux infusoires, qui 1'occupent entierement depuis de longues annees. Cree par lui , ce sujet d'etudes curieuses a etc aussi epuise par lui : formes exterieures, anatomie, habitudes, conditions d'existence de ces etres infiniment petits, il a tout de- couvert, tout reve; il leur a fait jouer dans la nature un r61e immense qu'ons'altendaitpeu a voir surgirde la lentillcdu micros- cope; il explique par eux une foule de phenomenes : la phospho- rescence de la mer, les pluies de sang, la coloration de la neige, la formation de la terre vegetale, des grandes tourbieres, de m cosmos. chafnes cntieres de montagnes, d'une grandc partie do I'ecorcc terrestre. Son principal ouvrage, presente a l'Acaddmie des sciences par de Humboldt, dans la seance du 27 aouM838, a pour tilre : Des petits animaux infusoires et de la perfection de leur organisation, avec atlas de 67 planches. Quelques-unes des exagerations de l'ardent micrographe prussien avaient rencontre, dans un micrographe francais qui vient, hdlas! do mourir, M. Du- iardin, un adversaire eminemmcnt habile et judicieux. — M. de Quatrefages fait hommage d'un tirage a part de ses Nouvelles recherches stir les maladies des vers a soie, imprimees dans le tome xxx des Memoires de V Academic. Ge second volume, comme le premier, est le resultat de la mission qui lui avait ele confiee. Apres une courte histoire du mal, il etudie sa nature, son heredite , ses complications et sa marche. II passe ensuite a ses causes replies ou prelendues; maladie, degenercscence ou management mauvais des feuilles; acariens; grandes educa- tions, influences climateriques. Sa conclusion, plus explicite en- core que cede de l'annee derniere, est qu'il n'hesite pas a regar- der les diverses circonstances auxquelles on a cherche a allribuer le developpement materiel de la maladie actuelle, comme n'ayant joue" a cet egard qu'un role assez insigniflant, sinon mil. II passe en revue les causes qui ont aggrave le mal, le tassement des vers, un seul delitage ct sans filet, le mauvais mode de chnuffage et la ventilation defectueuse; comme type du bon emploi des moyens de chauffage et d'aeragc, il cite et de"crit la magnanerie de M. David de Beauregard. Le chapitre qualrieme est consaci'e aux moyens de combattre et de prevenir le mal ; le cinquiemc a la production et a l'examen de la graine; le cbapitre sixieme, enfin, a pour titre : eiat sanitaire actuel, avenir probable. La re- colte de 1859 a eu a peu de chose pres les memes resultats que celle de 1858; a ne considerer que ce fait brut, on serait conduit a admettre que le mal a conserve toute sa force; mais plusieurs circonstances permettent de douter qu'il en soit reellement ainsi. On peut croire que les insucces ont ete dus cette annee bien plus a des circonstances accidentelles et locales qu'a l'epidcmie elle- meme; celle-ci ne pese plus d'une maniere uniforme surles con- trees ou elle sevit, elle presente des signes de decroissance sur quelques-uns des points qui ont ete jusqu'ici le plus rudement frappes; quoique afl'aiblie, elle peut cependant causer de nou- veaux desastres pendant plusieurs annces, etc. — Pnisquenous sommes sur la question des vers a soie, disons COSMOS. US que M. J. B. Lachaume, deja connu de nos lecteursparplusieurs inventions ingenieuses, nous a fait part confulenlielleinent d'un nouveau sysleme d'education qui, dans noire conviction intime, est appele au plus grand succes. — M. Scbullz adresse un memoire stir une nouvelle sorte d'e- ponge, prise jusqu'ici pour un polype. — M. Despretz pre'sente, au nom de Mi Siguier, la seconde edition de VAlchimieet les alchimistes, histoire de la Philosophic hermetique dans les siecles anterieurs, avec un aperc.u rapide des progres de la chiinie dans le xi\c siecle. — M. Despretz presente, en outre, une etude des forets par un auteur dont le noin nous a echappe. — M. Hermite, au nom du R. P. Joubert, presente une note d'une tres-haute portee sur les fonclions elliptiques dans leurs rapports avec la tbcorie des nombrcs. Le savant religieux serait parvenu a la demonstration tres-simple d'une loi deduite , par Gauss, de l'examen altentif de tableaux numcriques, mais dont l'illustre geometre de Gcettingue n avail pas pu etablir la verile d'une maniere generale. — M. de Senarmont, au nom de M. Pavot , professeur a l'Ecole des mines, faitbommage de la seconde partiedu premier volume des Principes generaux du traitement des minerais ; ou- vrage excellent, ou les meilleures methodes sont parfaitement exposees et eclairees par des exemples bien cboisis. Le volume acluei traite des minerais de plomb et d'argent. le premier etant consacre aux minerais de cuivre. — M. Delessert presente le second volume du Manuel de conchiologie et de paleontologie conchyologique de M. le docteur Chenu, cbarmant ouvrage, enrichi de plus de six mille dessins colories avec une tres-grande habilete, et ou la synonymie des genres et especes tientune place importanle. F. Moigjno. VARIETES. Collaboration tie ISuffon. A la premiere apparition des nombreux articles insures par Hi Flourens en 1858, dans le Journal des savants, surles collabo- rateurs de Buffon, nous avions ete, nous 1'avouerons franche- ment, etonne, scandalise quelque peu, grandement desole. En apprenant que M. Flourens avait pris celte meme tbese de la M6 COSMOS. collaboration de Buffon pour sujct de ses lecons au College de Trance en 1859, notre (51011116111001, nos scrupules, nos craintes avaient grandi ; et ils alteignirent leur maximum quand la librai- rie Gamier nous apporta, sous forme de charmant volume in-12, ces memos articles, qui de lecons devenaientlivrc, mais non sans avoir ele retouches , corriges et considerablcment augmenles. Quel avait cle le mobile du savant Academicien en ecrivant, en cnscignant, en publiant cc qui dans noire pensee et noire senti- ment ne pouvait servir qu'a amoindrir une des plus nobles, des plus pares et des plus brillantes gloires de la France? L'amour ardent de la verite sans aucun doule? Mais un de ces vieux pro- vcrbes qui sont le i'onds comniun de la sagesse des nations ne dit-il pas que toute verile n'estbas bonne a dire, qu'il est des veriles au conlraire qu'il faut avoir le courage desecacher a soi- raiimc, de cacber plus encore au public? Et puis, quand il s'agit de collaboration lilteraire, la verite est-elle bien facile a de'couvrir? les pretendues composition de l'abbe Bexon et de Gueneau de Mont- belliard ne sont-elles pas souvent ties dictees ou des amplifications de notes substantielles confides par le grand Buffon ? Comme il se poun-ait toutcfois , comme il faut meine croire a priori, aux bonnes intentions de M. Flourens, nous nous etionstu; nousn'a- vions exprime ni ctonnement, ni scrupules, ni effroi. Mais voici que le plus eminent de nos critiques litteraires aborde a son lour cette question brulante, avec des managements infinis, avec une adresse incomparable; il nous suffira de reproduire ce qu'il a ecrit, pour rendre a noire conscience troublee le repos qui la fuyait. C'esl M. de Sainle-Beuve qui parle dans le Moniteur uni- versel du 26 mars 1860 : « L'homme qui a le plus fait pour Buffon en C3 temps-ci, en commentant ses idees, en publiant ses oeuvres eten conferant ses nianuscrits, M. Flourens, a longuement parle des collaborateurs de Buffon et de la part que cbacun d'eux avait eue dans la redac- tion de VHistoire naturelle. II a paru croire que Buffon ne leur avait pas fait toujours cette part assez belle devant le public, et qu'il y avait lieu, a leur egard, a quelque reparation. Autant qu'il m'est permis d'avoir un avis en telle inatiere, je ne trouve pas que Buffon ait en rien manque a la reconnaissance ni a I'bom- magc qu'il leur devait, et que, ce me semble, il leur a tres-equi- tablement paye en temps et lieu convenable; ce qui n'empeche pas qu'apres coup il ne soitinteressant de se rendre mieux comple des services qu'il a dus a cbacun d'eux. Buffon avait essentielle- COSMOS. kkl ment besoin d'auxiliaires, de collaboratcurs. Nomine, a trente- deux ans, intendant du Jardin du Roi, physicieu et geometre jus- qu'alors, il est mis en demeure de s'improviser naturaliste, ce a quoi il n'avait guere songe auparavant; il le devient, comme le grand Frederic, quand il le fallut, devint general, par l'application d'un bon et haut esprit, et d'une opiniatre volonte. Buffo n, des Ten- tree, ordonnateur par vocation, reconstructeur augusle de la na- ture, sent le besoin d'agir en grand, de commander a des masses defaits; mais tous les i'aits n'dtaient pas prets, tant s'en faut! tous n'etaient pas rassembles, toules les levees decrelccs, pour ainsi dire, n'etaient pas sous le drapeau. Et cependant il ne sau- rait se contraindre a elre le collecteur, l'investigateur minutieux, l'observateur de detail; ses sens memes y faisaient obstacle : ses yeux etaient mauvais; sa taille droite et baulc dtait d'un mare- cbal de France, on l'a dit, plus que d'un bomme de laboratoirc ou de cabinet. Entre les i'aits et lui, pour peu qu'il y eilt retard, son imagination etait sujetle a projeter des systemes : combien de fois a ses debuts, quand il voulait decouvrir trop de cboses, et trop vite, avec les seuls yeux de l'esprit, le sourirenn deDauben- ton, l'homme du scalpel, l'avertit et 1'arreta ! G'est M. Cuvier qui nousle ditet nous le croyons sans peine.— « Gorvisart, pourquoi n'avez-vous pas d'imagination? » demandait brusquement Napo- leon, unjourqu'ilsortaitde causer avec Mascagni,unde ces savants italiens a qui rimaginalion ne i'aisail pas faute.— « Sire, repon- dit Gorvisart, e'est que l'imagmation lue l'observation. » [/imagi- nation no tue pas toujours 1'observation ; bien souventaussi ellel'e- veille, elle la provoque et la slimule; elie la devance. Daubenlon, lui, n'etaitpas;iacile a stimuler, etil n'allait jamais plus vile qucle pas ; Buffon, psrlant de ccs freres et neveux Daubenton, se plaint souvent de leur lenteur, de leur peu d'ardeur. Quand Daubenton sesepara do lui, il laissa pourtant un grand vide, un vide irrepa- rable dans la continuation de Yllistoire nalurcUe ; il ne fut point remplace. Mais pour ce qui est des collaboratcurs lilteraires, Buffon s"en etait pourvu, et il eut aupres de lui son ecole descrip- tive dans les Gueneau de Monlbelliard, maii et i'emme, et dans l'abbe Bexon. M. Flourens, et la Conespondance aujourd'hui publiee, nous appiennent la-dessus de curieuses cboses. Prenez garde de trop admirer les Oiseaux chez Buffon; n'allez pas vous dcricr que le grand peintre n'a rien e*crit de plus beau : 6 la plai- sante meprisc ! vous feriez justement ce que fit un jour lout Paris, vcnanlleliciter M. de Cbateaubriand sur un article non signc' qu'on Z1Z1S COSMOS. croyail dc lui etquietaitde RI. de Salvandy. Ceserait, jusquedans 1'ceuvre et la inaison de JJiillon, faire inl'raction et injorc a ce fa- meux axiome : « Le style, c'est l'homme meme; » car ces Oiscau.r sont d'une autre plume que la siennc : le Paon est de Gueneau, le Hossignol aussi; le Cijijne, cc Cggne tant vante, pourrait bien t'tre du pur Bexon ; ce petit abbe l'a beaucoup peigne, en effiftt, avant qu'd passat sous la main du maitre qui lui donna seulement son dernier lustre. On a les pieces probantes, les canevas en ma- nuscrit ( non pas celni du Cggne, mais ceux des autres oiseaux), on a les brouillons ; les rctoucbcs se peuvent compter et mesurer. L'avouerai-je? j'ai quelque regret d'assister a ces menus details, je ne blame point qu'on s'y livre, et meme il le faut bien, puis- qu'on les exige aujourd'bui et qu'une etude n'est pas censee complete sans cela; mais je regrette qu'ils soient devenus pos- sibles ; je regrette qu'on n'ait pas bride, une bonne ibis, tous ces brouillons, aussitut employes ; que tous ces copcaux tombes a terre n'aient pas ete' jetcs au feu. Avis aux grands ecrivains quand il en viendra ! Brulez, messieurs, tout cequivous est devenu inu- tile. Votre edifice est fait et superbe, votre monument est debout : a quoi bon laisscr a d'insatiables neveux les moyens d'en refaire un jour industricusementl'ecbafaudage et de masquer de nouveau la facade? Ilelas! pourle style meme, voilaqu'il nous faut repasser par les tatonnements du laboratoire. Nous avonsl'histoire des ra- turp$ tie Buffon. BulTon, grand ecrivain et homme de genie, a son genre, sa ma- niere, ses disciples. II y eut a l'origine de la lilterature classique uneEcolebomerique : tel Bhapsode, qui sans HomOren'aurait ja- mais rien ete ni rien laisse, a fait, grAce a Homere, telle descrip- tion, je ne sais laquelle, mais qui figure tres-dignement, je me l'i- magine, dans l'oeuvre homerique. Ainsi pour Buffon : sans lui qu'eussent ete, comrae ecrivains, Gueneau et Bexon? II les a dis- tingues, electrises, appliques et mis en valour chacun dans son emploi; en se les associant il les a adoptes, l'un comrae frere et l'aulre coinme fils, dans sa famille spirituelle ; jamais la ques- tion d'amour-propre ne s'est elevee entre eux et lui : que lui de- mandons-nous de plus? allons-nous etre plus susccptibles pour eux qu'ils ne l'ont ete? Ilouneur a eux, je le veux bien, mais au nom de BulTon ! honneur a lui jusque dans leur personne encore ! » lmprimerie do W . Remqbii ct Cie, A. TRABtBLAT rue Garanciere, 5. proprietaire-gernnl COSMOS. ftUO NOUVELLES DE LA SfiNAUNE. M. Henry Robiquct, pharmacien de premiere classe, docteur es sciences, professeur de physique a 1'EcoIe depharmacie, bien connu des lecteurs du Cosmos par son collodion sec, son Traite de photographie, son Pyrophosphate de fer, ses Recherches sur fas rates du spectre, est mort dimanche matin , enleve, apres deux jours a peine de maladie, par un calcul du foie qui a determine tour a tour et avec une rapidite effrayante une inflammation aigue, une peritonite et une perforation des intestins. Son nom, ses qualites physiques ct morales, la douceur de ses traits, sapo- litesse, sa bonte, son empressement a se rendre agreable ou utile a tons, lui avaient me'riteuneestime etune affection universelles. Sa mort, presque subite et a nn age si pen avance , trente-huit ans, a produit a Paris une veritable consternation. Le travail de sa pharmacie, une des plus grandes et des plus renominees de Paris, le faliguait beaucoup et s'accordait mal avec son amour pour les recherches plus purement seieniifiques; beoreox, au dela de ce que nous pourrions dire, de sa nomination toute re- cente a la chaire de physique de 1'EcoIe de pharmacie, enchante du riche et charmant laboratoire que M. Jules Regnault lui avait leguc, il avait resolu de vendre son fonds et de se consacrer tout entier a ses fonctions de professeur, d'examinateur, de chercheur de la nature. C'etait un de nos plus fuleles et de nos plus sym- pathiques abonnes. — Les nouvelles dispositions des halles centrales ont amend la suppression du marche des Innocents et le transport au centre du nouveau square de la fontaine de Jean Goujon. II e'tait facile de re- produce exactenient la fontaine demolie; mais il fallait respecter et conserver a tout prix les sculptures de Jean Goujon. G'est ce qui a ete fait avec un soin religieux et un succes complet par M. Davioud, architecte de la ville. En detachant ces sculptures, on a constate que deux bas-reliefs, la Nymphe et la Renomme'e, ainsi qu'un des ecussons, etaient menaces d'une decomposition prochaine; il fallait arreter a tout prix Taction du temps et des intemperies de l'air, et rendre a la pierre sa premiere solidite, en recourant au proce'de de silicatisation decouvert par le ce'lebreFuchs. M. Da- vioud a confie cette operation a M. Leon Dallemagne qui, le pre- mier en France, a marche sur les traces de Fuchs ; les deux bas- Neuviime annee. — T. XVI. — U mai 18C0. 17 A50 COSMOS. reliefs ct l'dcusson parfaitement nelloyes, silicatiscs el remis en place, teinoigncnl hauleincnt de la rc'ussilc dc cctle nouvellc ap- plication d'une invention dminemment pre'eieuse. — M. Rohde s'est decide de venir a Paris montrer la belle col- Icclion dc tableaux geologiqucs, par lesquels, matcrialisant en quel([ue sorte la Iheorie de la formation de la terre de Bufi'on, avec scs epoques successives ct les periectionncments que lui onl ap- porlcs les gcologucs de l'ecole plutonicnne, il montre aux yeux, par des images largement agrandies et splcndidcment eclairees, le developpement exterieur complet de la planete que nous habilons, depuis la solidification de sa surface jusqu'a l'apparilion de l'liommc Roi de la creation. Premiere e'eorce solide de la terre, depots marins des terrains de transition, couches de houillcs, schistes, depots salins, gres bigarre ou vosgicn, calcairc conchy- lieu, gr6s rouge, terrain jurassique, craie et calcaires; terrains terliaircs et lignites, depots diluviens et d'alluvions ; terre vege- tale : lout vient se ranger et se superposer tour a tour sous Tceil meme du spectateur. La demonstration oculaire de M. Rohde a etc accueillie en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Alle- magne, avec la plus grandc favour; dans les villes qu'il a tra- vcrse'es, il n'est pas un ami de la science qui n'ait rcpondu a son appel; csperons qu'il en sera de meme a Paris; aucune soiree ne sera au fond plus instructive, plus interessanle, plus alta- chante que la soiree a laquellc l'habile vulgarisaleur convic chacun de nos leclcurs. Quoique bicn convaincu de la perfeclion des tableaux dc M. Rohde, de Hambourg, par le temoignage des savans allemands, les plus illustrcs et les plus compelcnts, nous avons voulu juger par nous-meme son exhibition de la sallc Bar- thclemy. Nous avons vu et nous avons ete completcmenl satisfait. Ses tableaux, qui se projettent sur l'ecran suivant des cercles de 8 meti'es de diametre, sont parfaiteinent et Ires-uniforme- ment eclaires par un large faisccau de lumierc Drummond, jet d'oxygene et d'hydrogene toinbant enllammc sur un gros baton de craie. Sa lanteme est a deux corps; les changements de ta- bleaux se font a vue et sur place, de la maniere la plus salisfai- sante; les jeux de lumiere, chromascopes, Iraumalropcs, vues panoramiques , etc., qui termincnt la seance sont merveilleu- sement choisis; le piano de madamc Rohde, qui s'est fait la com- pagne inseparable des peregrinations scicnlifitpies de son epoux, rend des accords tres-sympathiques. Peul-etre qu'a un lecteur place derriere le tableau, dont la voix d'ailleurs est Ires-forte, COSMOS. Zi51 tres-nelte, tres-bien articulee, nous prefe'rerions un demonstra- teur place en avant et donnant, d'une maniere plus animee, ces memos explications simples et comprebensibles pour tous. Voila cependant le genre de lecons que nous aurions inaugure dans les salles du Cosmos, si nous n'avions pas e'te fatalement arrete dans noire elan. Jamais la geologie ne fut mieux enseignee ou monlree que par M. Rohde. — Dans la dernierc seance de la Socie'te imperialc et centrale d'agriculture, M. Bazin, proprietaire-directeur de la ferme-ecole du Mesnil-Sainl-Firmin (Oise), a fait connaitre, a la grande satis- faction des assistants, un procede' completement nouveau de conservation a l'etat frais ou sans dessiccation des organes folia- ces et des racines des plantes alimentaires, fcuilles et collets de belterave, troisiemes coupes de luzerne, de trefle ou de sainfoin, carottes, navets, pommes de terre, etc, etc. La nouvclle melhodc ne fait rieri perdre a ces substances de leurs qualites nutritives; cllc les place dans des conditions telles qu'elles sont plus recher- cbees et mangees plus avidement par les animaux que les simples residus de betteraves , qu'elles contribuent aussi plus efficacement a lenr developpcment et a leur engraissement. On creuse en terre, ou Ton constant en briques, des silos de 3 a 4 metres de profon- deur, de 2 a 3 metres de largcur, on place au fond sur le sol une premiere coucbe de paille ; une couche de residus de la distilla- tion des betteraves, ope'ree par le procede champonnois ; une coucbe de la substance verte ou des racines a conserver ; une coucbe de residus; une coucbe de substance verte ou de racines, et ainsi jusqu'a ce que le silo soit plein ; on recouvre le tout d'une derniere couche de paille et de terre qui surplombe. II s'etablit avec le temps au sein de cette masse une fermentation tres-active avee developpeinent considerable de cbaleur et degagement abondant d'acide carbonique; sous cette influence la substance alimentaire est en quelquesorte cuitesans decomposition aucune, sans alteration, sansmauvais gout; de vertes qu'elles e'taient, les feuillesdeviennentjaunes etrestent molles; apres cinq, six mois, un an, peut-elre plus,Ie contenu des silos est encore un excellent aliment. M. Bazin a invite ses collogues a venir voir ouvrir sous leurs yeux des silos formes depuis six mois, et a s'assurer de l'exactitude absolue de ses assertions. II est probable que les pulpes des distilleries ou Ton pratique les procedes de M. Du- bronfaut , produiront le memo effet que les residus du procede champonnois; a ces residus on peutajoulerdessiliques do colza, 452 COSMOS. des ballos d'asuine, do In paillc hachde, etc. Si Ton craignait quo Ja fermentation fut trpp lento a s'elablir, on pourrait la hater p»f addition d'une certainc quanlile d'eau salee ou de ItoeJasse rfiaw soule dans l'eau, etc. Voila done que la ferine du Mesnil-Saint- Firmin , deja jus'ement cclobro par ses cultures si avancees, scs induslrios agricoles, sa fouillcu.se, sa variele dcfiornent sans barbe si cstime, aura rendu un nouveau service a ragriculturo franeaise. — Nous nous sommes rendu a l'appel de M. Busson, ingenicur- mecanicien, qui nous invilaila venir voir en action dans les has- sins de l'Arscnal, derriere la colonne de Juillet, le nouveau pro- pulseur sous-inarin auquel il a donne le iioin de cdne-turbineU?, et qui a, dit-il, pour fonction, en aspirant l'eau ou faisanl une sorte de vide a l'avant ou vers la proue du navire, de nietlre en jcu a Farriere et sur les flancs la pression de l'eau qui les enloure, de telle sorte que, passant de l'etat statique a 1'elat rlynamiquo, cette pression devienne le veritable moleur du corps llottant ou immerge. L'embarcalion sur iaquelle M. Busson a fait l'applica- tion de sa lurbinelle est un bateau plat en tole de fer, long de cinq moires, large d'un metre dix centimetres, lirant, quand il est charge, einquante-cinq centimetres d'eau, avec une mailresse section immergee de vingt-cinq decimetres carres. La lurbinelle ou propulseur est de forme conique, large a sa base, ai'lile a son sommet , dont les Bancs sont je'gerement courbes en surface gaucbe comme les aiies d'un moulin a vent, qui porte a sa sur- face plusieurs filets helicoidaux. Lorsqu'elle tourne, la turbinelle se devisse , elle recule en quelque sorte devant l'eau fjn'ollo pe- nelre et 2 )• 90" 00' 00" GA2 A3 V2 Vl.r 109° 116" 28' 16",4 33' 50",GS 2 V^-k" 1(^-0(5 + 2^)^1 (\/5-i) \z$-?.\/z.r 3 1/(5 -+ 2 V^A2 v/o(3- V*)r 138° 11' 18", 13 5 V/3.A' ^(3+ VI) A' /i58 COSMOS. PIIOTOGMPME. Seance ar la combinaison des corps simples qui lcs constituent. La meme demonstration s'appliquc done a l'acetylene et a toute la serie des combinaisons que ce carbure forme a son tour par voie synlbelique. » — La Societe geologique et l'lnstitution royale de Londres, l'Aca- ddmie america'me des sciences et des arts de Boston et l'Acade- mie de Rouen remcrcient l'Academie des sciences de l'envoi de ses comptes rendus et de ses memoires. — M. Vattemare Iransmet, de la part du directcur du bureau des patentes des Etats-Unis, le volume contenant la description COSMOS. &65 de lous Igs brcvels pris en 1857 ; ce beau volume conslilue une hisloire lidele des progres de la science appliquee et de l'imlus- trie pendant ccttc annee. — Le nom de l'auteur d'un memoire sur la grele, la theorie de sa formation et les apparcils parlesquels on peut se defendre de ses ravages nous a echappe. — M. de Pontecoulant avail deja adresse a l'Academie une re- ponse aux objections formulees par M. Delaunay contre la note inseree par luidans les Monthly Notices, au sujet de la theorie de la lone et des resultats obleims par M. Adams. Cette reponse ayanl ete trouvee trop Iongue et un peu trop personnels, M. de Ponie"coulantadresscunenouvelle redaction, en demandant qu'elle soit inseree, en declarant meme qu'il est resolu a as3i" des droits que la loi donne pour obtcnir cette insertion ; nous doutons qu'il soil, fail droit a sa sommation car sa reponse a ete cnvoyee a Pexamcn d'une commission antericnrement nominee. Nousavon dans le Cosmos analyse brievcmentdeux des objections de M. De- launay ; et qui consistent : d'une part en ce que ^argumentation de M: de Pontecoulant ne porte que sur des quantites que la correction indiquee par M. Adams n'alleint pas; de l'aulre, que M. de Pontecoulant ne tirerait une conclusion absurde d'une des equations deM. Adams que parceque, dansun moment de distrac- tion, ilaurait regarde commo entrant reellementdans cette equa- tion des termes qui n'y sont qu'en apparence, qui disparaissent quand on a fait les substitutions dernieres. Notre resume, quoi- qu'il ne prejugeat tied, et que nous eussions mis au conditionnel les assertions de M. Delaunay, a peine et blesse M. de Pontecou- lant. Ce resultat etait a mille lieues de notre pensee, et lesrepro- chesque ce petit article nous a valus, nous out autantetonnequ'af- flige. Nous avons lu altentivement les explications que M. de Pon- tecoulant nous a donnees ; etnous les reproduirionsavec impartia- ble, avec bonbeur, dans le Cosmos, sinousn'avions pas la certitude qu'elles ne seraient comprises de nos lecteurs qu'a la condition d'une initiation, impossible pour eux, aux transformations les plus dedicates de la theorie de la lune. lis nous croiront sur pa- role quand nous leur dirons : M. de Pontecoulant ne s'est pas elance" au hasard dans des regions inconnues ; quand il traite de la lune, il est au contraire tout a fait sur son terrain ; s'il n'a mis en jeu que les termes explicites en m2, c'est uniquement parceque dans ce passage il n'avait nullement en vue M. Adams et que d'ailleurs son raisonnement se serait applique de la meme 466 COSMOS. manic-re aux termcsdu troisieme, du quatrieme ordre, etc., etc.; la 1'ormule dans laquello dcs termes settlement apparents dispa- raissent est essentiellement belc'rogene, en cc sens qu'elle con- tient une parlie seculaire et une partie periodique ; il aurait fallu par consequent l'eviter a tout prix ; et il n'est nullement e'tonnant qu'en la maniant on tombe dans certaines contradic- tions. Nous lei'ininerons en rappelant quelques-uns des titres du noble comte a la consideration des geomelres. En 1826, lorsque l'Academie comptait encore dans son sein Laplace, I.cgendre, Lacroix, Ampere, Poisson, Puissant, Fourrier, M. Plana pro- duisit sot les deux grandes inegalites de Jupiter etde Saturne un travail ou il contestait un rcsultat important obtenu par Laplace. Plusieurs de ces grands geometres s'everluerent pour trouver la raison de celle dissidence ; l'Academie de Berlin mit la question au concours ; M. de Ponlecoulant eut le prix, M. Hansen un ac- cessit. En 1835, quelques jours apres la reapparition sur l'horizon europecn de la comete de Halley, on avait conclu d'observa- tions faites a Home qu'elle atteindrait son perihelie vers le 29 ou le 30 oclobre conformement aux calculs et aux predictions de Damoiseau. M. de Ponlecoulant, au contraire, affirm a qu'elle n'arriverait a sa plus grande proximite du soleil que vers minuit du 16 novembre, moins d'un jour apres l'epoque qu'il avait assi- gnee dans un memoire recemment couronne par l'Academie. La comete lui donna raison ; elle passa au pcribelie le 16 novembre a 9 heures 36 minutes du soir. Fort de ces glorieux souvenirs, M. de Pontecoulant ecrivait il y a quelques jours a l'Academie des sciences, que s'il se permettait quelquefois de ne pas accueillir sans examen les resultats des savantcs elucubrations des jeunes astronomes qui sie'gent aujourd'hui sur ses fauteuils, il en avait acquis le droit, peut-etre, par la bienveillance dont 1'bonorerent autrefois les hommes les plus eminents de l'illustre corps et les encouragements qu'ils ont donncs a ses premiers pas dans la carriere. — M. Civiale fils fait bommage d'un magnifique album des belles vues des Alpes de l'Oberland bernois qu'il a prises dans sa courageuse campagne de 1859; et de vues panoramiques re- sultant de la juxtaposition d'epreuves prises successivement d'un meme point et dans des dimensions exactement les memes. L'habile pbotograpbe donne en mfime temps la direction de l'axe optique de son instrument et Tangle que ce meme instru- ment fait avec l'borizon. En outre done de la disposition generale COSMOS. /t67 des chaincs de montagnes, de leurs formes exterieures, de leurs coupures, de. leurs glaciers, de l'apparence superflcielle des ro- dies, on ponrra determiner les distances etles hauteurs, au moins approximativement, etablir une comparaison entre les cartes deja faites et les releves photographiques, et arriver ainsi a des don- nees beaucoup plus positives. D'autrcs epreuves donneront les details des inegalites du terrain, des roches particulieres, stiiees, polies, moutonnecs, etc. ; des crevasses, des falaises. Nous n'a- vons pas besoin de dire que cette brillante collection a excite un entbousiasme universel, qu'elle avalua M. Civiale pere des felici- tations empressees; que les amateurs ont surtout ete frappes de Faspect general des epreuves, de la degradation et du fondu de leurs teintes, dela distinction tres-netle des plans , de la perspec- tive aerienne des lointains et des sommcts neigeux, etc. Cette supe- riorite est due surtout au procede suivi par M. Civiale fils, a l'emploi pour les negalifs de papier iodure rendu transparent par un bain de ceroleine. — Un capitaine de vaisseau fait hommage d'ecbantillons de roches de formation recente que les ancres de son navire ont detachees du fond du grand banc de Tcrre-Neuve. — M. Baudrimont appelle l'altenlion sur un programme developpe de questions relatives au sol , aux amendements , aux engrais qu'il a die charge de dresser a l'occasion du concours regional de Bordeaux en 1860. — M. Poggioli demande le renvoi au concours des prix Monthyon de son memoire sur une nouvelle methode de trai- tement externe et de gue'rison presque infaillible des nevralgies faciales. — 11 est question fort vaguement d'une statistique du lerritoire du departement dela Moselle, d'un appareil a l'aide duquel un bomme place sur le dos peut facilement Hotter a la surface de l'eau ; de l'alcool et des composes alcooliques dans leurs rapports avec la chirurgie ; tie la culture induslrielle du glau- cium fldvurn ; etc., etc. — M. le comte Zaliwski-Mikorski secoue , dit-il , la fai- blesse d'une sante defaillante, qui ne lui laisse souvent d'autrc loisir que celui de souffrir, et tentc un dernier effort pour faire accepter la gravitation par relectricite , decouverte scien- tifique a laquelle il veut a tout prix allacher son nora. M. Zaliwski nous a adresse sa brochure , nous l'avons lue avec la plus serieuse attention ; elle contient un grand nombre /i68 COSMOS. . par lui. Si le service telegraphique avait ■ete etabli, les ports de la Mediterranee, de la Corse, de la Sicile, de l'Adrialique, auraicnt done e"te prevenus a temps et jiuraient pu se garer. Ajoutons que le service telegrapbique des ports exige imperieu- COSMOS. 473 sement, pour devenir reellement utile et efflcace, le recours aux instruments enregistreurs etmecaniquement enregistreurs, baro- metrograpbes , tbermograpbes, anemographes, mngnetographes. 11 faut done absolument que, prenant une giorieuse initiative, M. Le Verrier installc a l'Observatoire imperial d'abord, et fasse inslaller ensuile dans les stations mete'orologiques du reseau, des appareils de ce genre, parfaitement construits. C'estle grand besoin du moment, ct nous apprenons avec boabeur que ce beau probleine preoccupe beaucoup d'esprits sagaces et ardents. On a cru devoir compter sur la pliotograpbie, mais l'experience a prouve qu'elle peut dii'ficilement se preter a un service general et pratique; force est defaire appel au genie de la mecanique. SSepoiase a .M. Liais jj»ar M. ISasIaaa de liseHsi^swes-g. Ces pbrascs du memoire de M. Liais : « L'observation de M. le doctcur Lescarbault est partiellement fabriquee apres coup ; et des lors il n'y a pas de raison pour qu'elle ne le soit en totalite. Par consequent, clle ne merite aucnne creance... Si M. Lescar- bault eat possede une observation reellc de cettc importance, il 1'aurait publiec depuis longtemps. Ne doit-pn pas supposer que e'est parce que l'attention a ete appelee sur ce sujetpar le travail deM. Le Verrier surle mouvement du pe'ribelie de Mercure, que, certain d'ailleurs de trouver de l'appui, il a voulu arriver de suite a la celebrite (Astronomischc Nachrichten, N° 12^8, p. 372) ; » ces pbrases, dis-je, nous dispensaient de toute refutation. Cependant, pour ne laisser aucune place au doute, nous acceplons volonliers la courte reponse de M. Radau. F. Moigno. La leltre de M. Liais, imprimee dans le numero 12Zi8 des Astr. Nachr., ou l'auteur attaque la realile de la decouverle de Vulcain, nous a peniblement surpris par l'esprit peu bienveillant qui l'a evidemment dictee. Nous n'avonspasicia defendrela bonne foide M. Lescarbault dont personne ne saurait douter apres avoir lu le recit de l'examcn scrupuleux auquel s'etait livre M. Le Verrier, mais nous allons discuter les preuves sur lesquelles M. Liais pretend fonder sa protestation, un peu trop vive en tout cas. M. Liais nous dit qu'il a examine lui-meme la surface du soleil le 26 mars 1859 de 12 heures 42 minutes a 1 beure 17 minules temps de San-Domingos (dans la baie de Rio-Janeiro) ou il ob- tuk COSMOS. scrvait a cclte cpoque. D'apres M. Lescarbault , l'entree de Vul- ea'm out lion a h heurcs 5 minutes, temps d'Orgeres, ou bien a 1 houre 5 miDUtes, temps dc San-Domingos, en admellant cpie la difference des longitudes soit de 3 heurcs 0 minute; a la minute pros ainsi que le vent M. Liais sans aj outer de quelle manicrc cctte donneo a etc obtenue. (La table des posi- tions geographiques de la Connaissance des temps, si bien dressee par M. Daussy, assigne 3 heurcs 2 minutes a la longitude de Rio- Janeiro). Par consequent, Vulcain aurait du avoir para sur le disque du solcil pendant les dcrnieres 11 minutes des obser- vations de M. Liais, car la difference des parallaxes aurait seulcment retarde l'entree d'une demi-minute environ pour San- Doiningos. La moindre distance au Lord serait allee jusqu'a 20" ou a la moitie de ce qu'elle etait au milieu du passage ; le point noir serait ne a 7 degres vers l'Est du p61c nord du solcil, region queM. Liais cxplorait a ce qu'il dit. Or, n'ayant rien vu, malgrc un grossissement double de celui qu'omployait son compositeur hcureux, M. Liais se croit en mesurc de nier de la (aeon la plus netted la plus positive, le passage d'une planele a I'heureindiquee. Mais qu'est-ce done que cela prouve? M. Liais aurait joue de malheur, voila lout! II a compare differcntes regions du solcil, sans se douler dc 1'exislence d'une petite tache noire apparuc lorsqu'il allait terminer sa se'ric de comparaisons; qu'y aurait-.il done de si enorme a penscr que ce point obscur s'est derobe a son altenlion? De plus, dans les observations du genre do celles de M. Liais, l'heure exacte n'est-el!e pas tres-importante? Lors- que M. Liais a note5 le commencement et la fin dc la sdrie dont il s'agit, il serait asscz nature! dc croirc que ccs limiles ont ete prises un pen larges. Des lors ccs fatales 11 ou 12 minutes seraient peut-etre bien reduites, et le point noir aurait ele beaucoup moms detache du bord. Quoi qu'il en soit, ce temoignage negatifnepeut pas suffire pour annuler la decouverte positive a laquelle on l'op- pose. A l'occasion des inontagnes de Venus, vues par Schroeter et Ilerscbel, Arago dit : G'est un exemple a ajouter a tant d'autres, pour monlrer la faiblesse des preuves negatives, meme quand ellcs viennentd'un homme tel quellerschel. M. Liais ensuite insistc sur rincertitude trop petite attribueeparM. Lescarbault au temps de l'entree dc Vulcain; mais cette appreciation un pcu trop favo- rable de son observation n'a rien d'etonnantde la partd'un ama- teur. En second lieu, M. Liais veut demontrer qu'il n'existe pas de plancte intra-mercurielle dont on puisse voir le passage sur le COSMOS. 475 soleil, ctccla parccqu'on n'en voit jamais a cote du soleil. M. Liais a ])ii observer Mercure encore a 1 degre da soleil le 14juillet 1858, il l'a apercu a Tceil nu pres de l'horizon, et il elait alors a 7 degres du soleil. Solon M. Liais, une planete telle que Vulcain devrait Giro visible a fortiori dans les memes regions du ciel. Mais voyons sur quoi repose son arguinentnlion. En ad- metlant pour Vulcain la distance 1 ,427 qui resulle des observations de M, Lescarbault, M. Liais trouve que I'eclat de cette planete est 7,3Gfois plus grand que celui de Mercure; sansdouleilapris pour ce dernier la distance moyenne de 3,87. Le diametre apparent de Vulcain ayant ete estimc inferieur an quart de celui de Mercure Jors de son passage, e'est-a-dire a 2" 5, M. Liais regardecechiirre comme une limite inferieure, parcc qu'avec un grossissemenl de 150 fois il scrait impossible de distinguer la forme d'un disque plus petit. Le diametre apparent de Mercure elait de5", le 14 juillet 1858, done sa surface elait 4 fois ceilede Vulcain; mais I'eclat dece dernier etant 7,36 fois plus intense, la lumiere totale qu'il nous enverrait, serait encore le double de cello de Mercure le jour ou M. Liais l'a apercu. Par consequent, Vulcain serait plus brillant et bicn plus facile a voir que Mercure. Maintenant il faut nous rappcler que la distance 1,427 no re"- sulte nullement de l'observation et qu'on peut sans inconvenient la supposer egale a 2, 2. La distance vraie de Mercure etant 3,3 le jour indique,on trouve pour le rapport des distances 2 : 3, pour celui des eclats 9:4, au lieu de 7,36: 1. Ils'ensuit que la lumiere to- tale envoye'e par Vulcain serait la moitie et non pas le double de ceilede Mercure, en admctlant que ce dernier presenteun disque quatre fois plus grand que celui de Vulcain. Mais, en outre, les phases de ces planetes no seront pas les md-mes a des distances apparentes egales du soleil: Vulcain sera toujours moins plein que Mercure quand on les verra egalemep.t eloignes du soleil. Ensuile il n'est pas necessaire. de supposer que 2", 5 ou bien 6' dans un grossissementde 150 fois soil le minimum du diametre observe. Herschel distinguait la forme ronde de globules brillants dont Tangle des vision, amplifie, depassait 2', des globules sombres dont Tangle de vision etait de 5'. Ces experiences furent faites en plein air. Mais pourquoi la forme d'un disque obscur sur un fond brillant ne serait-elle pas aussi bien visible que cello d'un disque brillant en plein air? De plus, lorsqu'on rcgarde une petite lacbe surun fond blanc, nc croit-on pas toujours la voir circulaire des que la vision cesse d'etre dislincte ? En faisant la part de cette illu- Zi76 COSMOS. sion, on arrive a un disque apparent, bien inferieur a celui que Mi Liais joge indispensable, et la i'aiblesse tie la luiniere deYulcain hors du soleil s'explique encore d'unefacon asscz naturelle. H. Liais s'attaque enfm aux conclusions dc Le Verrier relatives a l'existence d'une masse au dela de Mercurc. II assure qu'on pent expliquer le mouvemeut du perihelie de cette planetc par dns cr- reurs de 1 a 2 secondes dans les mesures de l'obliquile de l'dclip- tique, introduites surtout par l'incerlitude des refractions. Ceci est une autre question. Mais il nous serable que M. Le Verrier, apivs avoir eludie la theorie de JYlercure pendant dix-huit ans, devait bien savoir si le desacord dans le mouvemeut de cette planete elait de nalure a disparaitre par l'bypotbese d'erreurs d' observations I Socictv protcpirice des anizmiaux. Un jour, Louis XIII enfant avait pris plaisir a ecraser lente- ment entre deux picrres la Lete d'un moineau vivant; Henri IV le fouelta d'iuiportance, en disant a Marie de Medicis, qui le blamait d'infliger a son bcriticr une si bonteuse punition: « Priez Dieu, madame, que je vive longlemps, car vous pouvez bien croire que ce median t garcon-la vous maltrailera fort quand je n'y serai plus. » Maria de Medicis est morte a cinquante-buit ans, a Cologne, exilee et reduite a la miserc par son propre ills! — Le marecbal due de Malakoff visitait il y aquelques mois le jardin zoologique de Marseille, lorsque tout a coup une chienne qu'il avait envoyee d'Afrique il y a cinq ans avec uncjeunelionne qu'ellenourrissait, le reconnut, elle tit force caresses et s'atlacba a ses pas, aboyant de temps en temps pour temoigner la joie qu'elle ressentait de lerevoir. — A rarrivee au Mans d'un train de marcbandises venant dc Tours, on trouva morls dans un wagon quinze pores gras ; il pa- rait qu'un des animaux enfermes etait atlcintdu charbon, et avait communique auxautres cette affection pestilenticlle. Avec un peu de surveillance et d'atlention on aurait prevenu ce cruel accident qui constitue une perte de pres de deux mille francs. Erratum. Le prenom de M. Cabours est non Arsene , mais Auguste; un souvenir d'eufance nous a troinpe. Imprimerie de W. KEMQStT et Cie, A. T2S. AIK32.AY . rue Garanciere, 5. proprietaire-gernnt COSMOS. 477 NOUVELLES DE L£ SEMINE. Un agriculteur distingue, M. de Con'mck, e'crit du Havre au Journal des Halles, qu'il s'est plu a contrOler depuis le mois de juin dernier, par des observations regulieres de chaque jour, la verite de la regie du marechal Btigeaud, qu'il avail vue enoncce dans la Presse , par M. Louis Figoier , rendant compte de YAnnuaire du Cosmos. « Le temps, disait l'illustre marechal, se comporte onze fois sur douze, pendant toute la duree de la lune comme il s'est comporte au cinquieme jour, si le sixieme jour le temps est reste le meme qu'au cinquieme; et neuf fois sur douze comme le quatrieme jour, si le sixieme jour ressemble au qua- trieme. » Dans ces termes la regie n'est pas toujours applicable ; elle cxige que le temps au sixieme jour soit le meme qu'au qua- trieme ou au cinquieme; celte condition n'a pas eteremplie pour les mois d'octobre 1859, de fe'vrier, mars et avril I860; mais elle l'a ete pour les mois de juillet, aout, septembre, novembre et de- cembre 1859, de Janvier 1860, et la regie s'est trouvee complete- ment veriflee. — Repetantun article vraiment extraordinaire du Journal des mines, plusieurs journaux ont annonce la decouverte par un in- genieur francais d'une nouvelle machine a air chaud, tellement puissante, tellement economique que, pour imprimer aux navires des vitesses de 12 a l/i nceuds, elle ne consommerait pas plus de charbon que n'en exige le service de la cuisine du bord. On evalue a 84 millions l'economie annuelle de charbon que realiserait le nouveau systeme applique h tous les navires de l'Elat, et Ton ajoute que Sa Majeste l'Empereur a donne l'ordre d'en faire l'essai dans le plus court delai possible. II nous serait tres-facile de montrer par un calcul bien simple combien ces assertions sont peu fondees; mais elles ne tromperont certainement aucun homme competent. Ce qu'il y a de vrai, c'est que l'etude des ma- chines a vapeur et a gaz rege'neres, ou de machines fonctionnant indefmiment avec une meme quantite de vapeur d'eau, ou d'air auxquels on rend par la chaleur la tension qu'ils ont perdue dans 1'exercice de la puissance mecanique, a fait depuis quelques mois des progres trcs-rapides et presque completement inaltendus. Deux de nos amis, M. Prouvost de Lille et Lamy de Clermont- Ferrand sontentres en possession de solutions tres-satisfaisantes Neuvifcme aunie. — T. XVI. — 11 tnai 1860. 13 478 COSMOS. de ce difficile el important probleme pose par de Monlgolfier, tres-nettement formule et aborde par M. Seguin aine. Provisoire- ment M. Lamy opere avec la vapeur d'eau. Deux premieres machines de son systeme out ete construites, l'une a Lyon, l'au- Ire a Paris, dans les ateliers de MM. Derosne et Cail ; toutes deux ont tres-bien fonctionne, toutes deux ont donne une economic de charbon qu'on peut ^valuer aux deux tiers de la consomma- tion actuelle ; mais le m^canisme de ces moteurs n'a pas atleint encore le dernier degre de simplicite auquel on peut aspirer, et Ton en construit un troisieme qui sera le modele defmitif, rcduit a sa plus simple expression. M. Prouvost, absolumcnt sur de sa combinaison, abordera directement, des qu'il ysera invite par le "ouvernement, les moteurs a air chaud rdgenere sur une echelle quelconque, depuis 2 chevaux jusqu'a 100 chevaux et plus. Ce que nous connaissons des plans de MM. Lamy et Prouvost nous donne la conviction que leurs machines sont beaucoup plus par- faites que celles d'Ericson sur lesquelles un ingenieur russe, M. Rachmaninoff, nous communique des details interessants, et qui sont aujourd'hui substitutes en Amerique, sur un ties-grand nombre de points, aux machines a vapeur lorsqu'il ne s'agit que de petites forces d'un cheval a six chevaux. — II est vraiment dommage que la redaction des nouvelles scientifiques publiees par les grands journaux d'Angleterre et de France ne soit pas soumise au contr6le d'un ecrivain compe"- tent; dies prennent presque toujours une forme bizarre, exa- gere'e, et peuvent cxercer sur le jugement des masses une in- fluence mauvaise. A c6te de l'annonce du merveilleux moteur i air chaud, ne consommant pas plus de charbon que la cuisine du bord, une de nos feuilles quotidiennes reproduit;d'un journal an- glais l'entre-filet suivant : « Un ouvrier anglais residant a Isling- ton vient de fabriquer un verre ardent d'une puissance extraor- dinaire. L'appareil mesure 3 pieds anglais de diametre; son action est prodigieuse, les matieres les plus dures et les plus so- ndes (l'auleurveutsans doutedire refractaires), tellesque le pla- tine, le fer, l'acier, la pierre, sont a peine exposees a ce foyer incandescent, qu'elles sont immediatement mises en fusion. » Sans s'inquieter de la distance a laquelle le miroir ou la len- tille, simples ou composed , operent la fusion des matieres, ou leur longueur locale, la feuille francaise ajoute : « En tenant ce fait pour completement exact, nons pensons qu'il ue serait pas impossible, en concentrant sur son {sic) foyer COSMOS. 479 unique le rayonnement d'une multitude d'autres foyers secon- daires, d'obtenir un appareil assez puissant pour renouveler de notre temps les prodigieux effets du miroir d'Archimede. II serait curieux, aprestant de siecles, de devoir precisement a un Anglais la resurrection d'un appareil qui, developpe dans les proportions convenables, pourrait, de meme que celui du celebre ingenieur de Syracuse, detruire a distance une flotte immense etfaire ainsi disparaitre toute suprematie navale. » Et tout cela a l'occasion d'un appareil qui a peut-etre la portee de celui de Bufibn, dix a quinze metres ; alors que le fer a pris la place du bois dans la coque des navires; alors que bientot les vaisseaux ne montreront plus de leur coque que des blindages en fer forge de plusieurs centimetres d'epaisseur, etc. ! C'est vraiment desolant ! Si au moins le redacteur avait eu 1'ide'e d'une experience ingenieuse qui nous a ete indiquee autrefois, il y a longtemps deja, par un vieux je- suite, professeur de physique aux petits seminaires de Bordeaux et de Montmorillon ? On armerait d'un petit miroir plan la main droite des sept ou htiit cents homines d'un bataillon de chasseurs a pied et on les exercerait a faire tomber sur un meme objet place a distance ces images reflechiesdusoleil, que les enfants projettent si habilement au grand desappointement des victimes de leurs jeux malins. Ici', la distance n'aurait de limite que la visibilite des objets, puisque le foyer du miroir plan est a l'infini ; et il se- rait curieux de voir 1'eiFet produit par ces sept ou huit cents images lumineuses et chaudes, condensees sur un espace tres- petit. Les grandes surfaces convergentes du P. Kircher et de Buffon, qui ont voulu repeter l'experience d'Archimede, e"taient des combinaisons de miroirs plans; mais le nombre de ces mi- roirs disposes en appareil etait necessairement tres-borne. — Sur le rapport du chef de la division des haras, M. le mi- nisfre de l'agriculture a arrete qu'nn concours d'animaux repro- ducteurs males et femelles, nes et eleves en France, des especes chevalinc et asine, se tiendra, en 1860, a Paris, en meme temps quejle concours general et national d'agricultuie. *'^_Le minimum d'age est fixe a quatreanspour les chevauxetju- mentspnrsang, a trois anspour tousles autres ; le maximum d'Age est fixe a douze ans. La reception et le classement des animaux auront lieu les 11, 12 et 13 juin. — Sur les cent millions que la Societe du credit fonder de France etait autorisee a avancer ou a preter aux agriculteurs pour travaux de drainage, il n'a ete reellement avance ou prete /,80 COSMOS. jusqu'a ce jour que la somme infmiment petite de 36 000, tanl les formaliles etaient difticilcs a remplir; aussi, une nouvelle Society de credit agricolc a-t-elle ete' fondee a cote et sous la direction du credit fonder. — M. Barral donne, dans lo journal ft Agriculture pratique, le classement de tous les departements de la France, d'apres le nombre de kilometres de chemins de fer qui les sillonnent. Lc plus favorise de tous les departements est le Nord ; il possedc trois cent trente et un kilometres de chemins de fer, c'est aussi le plus peuple et le plus riche. Quinze departements et parmi eux la Vendee, les Gotes-du-Nord, le Morbihan, qui sont cepenclanttres- pcu accidcntes, n'ont pas encore ete atteints par les voies ferrees. Sept departements out depasse la moyenne de deux cents kilo- metres, quisuflirait a la prosperity de chaque deparlement; pour que cette moyenne fdt a Heinle partout, il faudrait que le reseau francais fat tie 17 200 kilometres, ou double a peu prcs de ce qu*il est aujourd'hui , ou que Ton fit une nouvelle depense de k milliards. Mors, dit M. Barral, la France serait traversee en tous sens par ces voies merveilleuses, et Ton verrait se realiscr la plus bienfaisante des revolutions; pourvu, toutefois, que le reseau des chemins vicinaux de grande et de moyenne communication soit de son cute porle a 170 000 kilometres, 2 000 kilometres en moyenne pour chaque deparlement. Celte seconde extension exi- gent aussi un milliard, et il faudra un sixieme milliard pour l'a- chevementdes chemins de petite vicinite. — Nous empruntons encore a M. Barral, mais en la resumanl tres-succinclement, sa description de la ferme impcriale de Vin- cennes , creee sur remplacement du fameux camp de Saint-Maur. La superiicie totale des terres de la ferine est de deux cent cin- quante hectares ; le de'frichemenl a ete commence dans les der- niers mois de 1858, et le premier mai 1859, cent cinquante hec- tares elaient transformes en prairies ; quarante hectares etaient semes en fourrages melanges, vesces, feveroles, mais, sorgho, seigle et orgc; trente hectares en avoine; huit a dix hectares en racines et pommes de terre , etc. Quatre mille metres cubes de vidauges, provenant des forts et repandus en Janvier, avaient ie- conde lc sol comme par enchantement. La depense moyenne de deirichement a ete de 260 francs par hectare. Les travaux de construction des batiments ont marche plus rapidemcnl encore; commences a la fin de fevrier 1859, ils elaient compietement acheves le lcr mai. La cour, de forme reclangulaire, est fermee COSMOS. &81 par qualre bittiments distincts : unc grande vacherie avec un kiosque pour les consommateurs qui viennent boire lelait; la bergerie, la porcherie, les bfttiments de service et d 'habitation. Le tout forme un vaste rez-de-chaussee rectangulairc , avec des toitures tres-legcres, des murs pcu epais, mais tres-solides, a la l'ois elegants et commodes. La bergerie compte deux cent cinquante moutons de la race southdown, provenant directcment du celebre troupeau de Jonas Webb , de Babraham. La vacherie comprend cent quatre b£tes adultes de la race de schwitz , ayant coule de 'i00 a 600 francs par tete : cent vaches et quatre taureaux. Les cent vaches produisent ensemble en moyenne six cents litres de lait par jour; les deux cinquiemesdulaitsontvendussur place dans un joli kiosque ouvert aux visiteurs; les trois autres cinquiemes sontportes dans unelaiterie specialede la rue Richelieu. Laferme est pourvue d'eau par une des turbines elablies a Saint-Maur sur la Marne, pros des moulins de M. Darblay, et qui doivent alimen- ter les rivieres artificielles et les lacs du hois do Vincennes. Cette belle creation fait le plus grand honneur a M. Eugene Tisscrant, ancien eleve de l'lnstitut agronomique de Versailles, inspecteur des domaines agricoles de la couronne , qui a fait une etude serieusc des plus belles fermes de l'Angleterre. Correspondance particuliere du Cosmos. A l'occasion des experiences de M. Guillemin sur la propa- gation de l'electricite dans les fils telegraphiqu.es, M. Marie-Davy nous adresse la reclamation suivante : « Dans un travail execute par moi en 1854. sur des fils de platine, de cuivrc, de plomb et de fer, et sur des dissolutions de sulfate de cuivre, au moyen d'ap- pareils qui me permettaient d'atteindre a un cinquantieme de seconde, je suis arrive a la formule suivante, par laquelle, con- naissant l'intensite normale 1 ducouranl, le nombre n des cou- ples de la pile, la force elcctromo trice moyenne A de ces couples; la resistance totale p du circuit, le temps ecoule T depuis le mo- ment precis de la fermeturedu circuit, on determine l'intensite /, atteinte par le courant dans le circuit au bout du temps T. — ino» i = I (1_ 10-100 IT) =7li fa —10 i Cclte formule montre que i n'est jamais e'gal a I, on que le cou- 482 COSMOS. rant n'atteint jamais mathematiqucment sa valeur limite I, mais qu'il en approche indefiniment. En passant aux nombrcs, on conclurait que le courant d'une pile de dix elements Bunsen mcltrait une seconde pour atteindre son intensite normale dans un fil de cuivre de 2,5 millimetres de diametre, de 480 000 kilo- metres de long; dans un fil de platine de 0,1 millimetre de dia- metre, de 175 kilometres de longueur ; ou enfin dans une colonne d'eau saturee de sulfate de cuivre de 12 millimetres de dia- metre, de 1 kilometre de longueur : dans ces experiences, l'inten- site du courant etait mesuree a un millieme pres. On trouvait encore que dans un fil de fer de 2,5 millimetres de section, de 1 500 kilometres de longueur, le courant mettait 0",02 ou deux centiemes de secondea atteindre a une intensite qui ne differe que d'un millieme de son intensite normale. C'est, suivant M. Guille- min, le temps necessaire a l'etablissement d'un courant fourni par dix elements Bunsen a un fil telegraphique long de 520 kilo- metres. Pour comparer les deux resultats, il faudrait connaitre la resistance des fils, l'influence d'un isolement imparfait, et l'ap- proximation que M. Guillemin pouvait obtenir. « Ma formule, ajoute M. Marie-Davy, n'est applicable qu'aux fils rectilignes ; elle se complique d'un premier terme, quand une portion du til est enroule'e en helice, et d'un deuxieme terme quand on inlro- duit un cylindre de fil doux dans l'belice. Les memoires ou j'ai consigne ces resultats sont depuis quatre ans entre les mains d'une commission de l'Academic des sciences. » — Mon attention, nous dit M. Jobard, est attiree depuis nombre d'hivers sur certains paves plus fonce's et plus durs que les autres, qui fondent la neige au fur et a mesure qu'elle tombe dans la cour du musee, de sorte que quand tout est couvert de neige autour d'eux, ces paves presentent des taches noires, bien de'eoupees et couvertes d'eau. J'en aifait arracherun que jevous enverrai, si vous le desirez, pour en faire l'analyse; nous avons bien un savant cbimiste, mais il ne s'occupe que de l'analyse du diamant! — M. Brache, professeur a Bibe'rac (Dordogne), nous avait an- nonce qu'il avait invente un nouvel appareil bydraulique, et nous avait demande si nous consentirions a insercr dans le Cosmos une note relative a sa decouverte; nous avons ecrit que cc serait avee plaisir. M. Bracbe nous a repondu, mais au lieu d'une note des- criptive, il nous envoiedes considerations generales et un apercu tres-vague de son appareil. « L'hydrodynamique a fait un grand COSMOS. 483 pas; le probleme de l'ele'vation de l'eau par la pression atmos- pherique, a une hauteur quelconqne, avec une vitesse variable, est resolu; la depense de force estnulle, puisque la seule pression atmospherique est seule en jeu; l'appareil est extremement simple, moins couteux qu'une pompe qnelconque, produisant un resultat equivalent; peu susceptible de se deranger et ne dcvant presque jamais avoir besoin de reparations. » Avant d'aller plus loin, M. Brache attend que nous lui disions notre avis sur la por- tee de sa de'couverte. Elle est tres-grande, trop grande peut-etre, car 1'elevation de l'eau par la seule pesanteur de Pair, sans l'in- tervention d'aucune autre force, serait un miracle, le miracle de l'effet sans cause ou du mouvement perpetuel que personne n'a pu realiser encore, que personne ne realisera jamais. Mais l'au- teur se trompe; il fait intervenir quelque force etrangere, puisqu'il dit que les experiences tentees par lui ont toujours reussi, et il nous tarde de savoir son secret. — A propos de mouvement perpetuel, M. 13... nous ecrit : « M. Duran, des Basses-Pyrenees, a invente une machine nou- velle, qui estbien la solution du mouvement perpetuel, puisqu'elle se met d'elle-meme en mouvement, et ne s'arretera que par l'u- sure d'une ou plusieurs parties. Elle fait mouvoir une horloge et une tres-petite machine a chocolat. C'est le resultat d'un travail de vingt-cinq ans , et de depenses montant deja a plus de 50 000 fr. M. Duran est un ouvrier hor- loger... ; sa machine est toute construite; je l'ai vue se mouvoir avcc majeste, sans choc et d'une maniere continue; la force dis- ponible est d'environ 35 grammes... En presence de cet appareil ou la pesanteur se montre avec son energie constante, et qui se meut d'un mouvement uniforme que l'on peut ralentir ou acce- lerer comme on veut, par l'augmentation ou la diminution des poids, j'eprouve une sorte de regret de ne pas l'avoir a ma dis- position; avec elle j'etudierais la pesanteur, les frottements, la resistance des milieux, etc. ; je mesurerais les petites forces, etc. La pensee que cette roue tournait par la seule influence de rat- traction de la terre et que si M. Duran venait a desserrer les freins, tout l'appareil se briserait avec fracas , me preoccupait vive- ment... » Pauvre M. B..! les eloges que nous lui avons prodigues il y a quelques mois lui auraient-ils inspire des sentiments de va- nite,et avait-il besoin delesexpierpar une humiliation prot'onde? Quoi ! un mathematicien exerce" , un physicien habile, en est ar- rive a croire qu'une roue tournera indefiniment sous la seule ac- U8U COSMOS. tion de la pesanteur, en produisant un travail cxlerieur utile. Mais ce travail no peut cue quele resultat d'un poids qui tombe; le poids qui tombe, pour que le travail se continue, devraremon- ter; il ne remonlera pas evidemment de lui-meme, niais seule- mentsous 1'e/Tort d'un poids egal qui tombera a son tour; le tra- vail du a la chute dc ce second poids sera done completcmenl employe a relever le premier; il ne contribuera done en aucune manierc au travail cll'eclif de la machine. Disons micux, ce tra- vail sera unc chimere, a moinsque M. Duran ne suspende perio- diquement a sa roue un poids nouveau; s'il semblc npparaitrc, e'est par suite d'un premier effort emmagasine, en quelque sorle, dans la roue, mais qui s'epuiseia bientot. (Comment M. B... ne voit-il pas plus clair que le jour, que le seul mouveinent perpe- tuel possible par la seule action de la pesanteur, estle mouvement du pendule, mouvement sans force vive et sans travail exterieur? Poids qui tombe en produisant un travail, mais poids qui doit re- monter en depensant ou consominanl le travail qu'il a produil: voila toute la machine de M. Duran, etnous n'avons certesaucun desir de la voir; car die ne pourrait que nous altrisler. » {La suite prochaincment. ) F. Moigiso. Fnits tic E'iiidisstrio. Seance publique de la Societe tf encouragement pour i'industrie nationale. 28 mars 13G0. La Socie'te d'encouragement pour i'industrie nationale a tenu, le mercredi soir, 28 mars, sa seance publique annuelle, dont le principal objet est la distribution de ses recompenses. M. Peligot, en l'absence de M. le baron Dupin, lit le resume destravaux ac- complis pendant l'annec qui a precede ; ce resume, sous la mcil- leure forme possible, est l'ensemblc des courts rapports qui ont precede la delivrance des medailles d'or, de platine, d'argent et de bronze que nous donnons plus loin. M. Peligot cependant a cm devoir appeler l'altention d'une manierc toute particulieresur le rapport fait par M. Charles Laboulaye, au nom du conseil, sui- tes avantages que procurerait la publication immediate des brevets d'inventiou, h l'excinple de ce qu'on fait aujourd'hui en Anglc- terre. Bcaucoup de societes savantes ou industrielles ont adhere COSMOS. A85 aux principes poses par le rapporteur et a la demande conformc adressee par le conseil a Son Excellence le ministre de l'agricul- ture el des travaux publics. M. Delacroix, agent de la Societe, lit le resume* fait par M. Ta- vernier, notaire, de l'etat financier do la Societe au 31 decembrc 1857. La balance des recettes et des depenses prouve ftti etat vraiment prospere et le conseil approuve unanimement les comptes qui lui sont presentes. Cette date un peu vieille de 1857 reveille, quelquesscrupules; elle prouve que la Societe est en re- tard de deux seances publiques qu'elle aurait dft tenir et qu'elle n'a pas tenues. Nous qui l'aimons et qui l'estimons tant, cette ex- cellente Societe, nous osons lui faire un doux reproche de ce qui constitue au fond une negligence difficile a excuser. Les recom- penses sont un droit acquis aux industries et aux inventeurs qui ont sounds leurs ccuvrcs au conseil de la Societe ; ils ontcompte sur cette consecration solennelle de leur me'ritc et de leurs suc- ces ; si vous la leur faites trop attendre, vous les decouragez et vous les attristez. Pour que les seances publiques aient lieu en leur temps , il suffit d'un peu de bonne volonte, d'un le'ger effort fait sur soi-meme ; une ou deux seances publiques remises ou supprimees, e'estun signe de nonchalance ou de vie trop peu ac- tive; et ce ralentissement de la vie est un pas vers l'abdication de sa puissance. En nous exprimant ainsi nous ne sommes que 1'eeho do la majorile, nous dirions mienx, de l'unanimite du con- seil; il prendra sa revanche en organisant, avant la fin des va- cances, une seconde seance, dans laquelle nous entendrons les comptes de 1858 et de 1859, en meme temps que nous applaudi- rons au triompbe de nouveaux laureats. Vingt-cinq contre-maitres signales par leurs longs et honora- bles services dans les etablissements dont la direction materiellc leur est confiee, viennent tour a tour recevoir une medaille de bronze, un cachet d'honneur , et un lot de bons ouvrages pro- fessionnels. Ces nobles veterans qu'bonorcnt de 10 a h0 ans de devouement incessant et sans bornes, presquetous remarquables par une bonne tenue, d'une figure cminemment honnete, sont accueillispar de nombreux et chauds applaudissements. Avant de proceder ix l'appel des medailles, l'illustre president' M. Dumas, prend la parole et lit un discours qui est ecoute avec une attention profonde. Le sujet est tres-ddlicat, car raurlitoire est presque cnlierement compose de protectionistes , aussi la voix toujours si ferme de M. Dumas tremble-t-elle quclquc peu. 486 COSMOS. Mais il a tellement la conscience de la surete et de la sagesse de sa parole ; il sait si bien qa'il ne dira rien de trop, qu'il ne de- passera les bornes ni d'un cote ni de l'autre, que 1'inquietude inomentanee de l'audiloire ne le gagne pas ; il s'enhardit, au contraire , il va jusqu'au bout avec une animation sans cessc croissante , et reeoit sans etonnement les applaudissements les plus unanimes, les plus enthousiastes. Nous ne reproduirons pas, malgre sa brievete, cette sage et spiriluelle harangue, car elle touche a l'economie politique que le Cosmos ne connalt pas ni ne doit pas connaitre ; nous passerons done a la distribution des recompenses. m£dailt.es d'or. — 1° Telegraphs ecrivant et telegraphe impri- mant de MM. Digney freres. — MM. Digney, si activement encou- rages etsecondes par M. Baudouin, sont parvenus a faire produire au telegraphe Morse des signaux encres a l'encre d'imprimerie de la plus admirable purete ; et cela non-seulement sans compli- quer, mais meme en simpliliant et perfectionnant le systeine americain ; ils suppriment en effet, ou permeltent de supprimer le relais, cause perpetuelle de troubles dans l'echange des corres- pondances. Aujourd'hui, le modele de MM. Digney est adopte dans l'Europe entiere et chaque jour confirme de plus en plus sa superiority Ces jeunes et habiles ingenieurs ont en outre donne a l'industrie un telegraphe imprimant en lettrcs romaines dontla disposition est eminemment ingenieuse, dont le fonctionnement est rapide et sitr, pouvant s'adapter sans changementaucun a la manipulation usitee a tous les telegraphes imprimant. (Rapport de M. le vicomle Du Moncel.) 2° Assainissement et fecondation des landes de Gascogne, par M. Cbambrelent. — L'inondation permanente pendant l'hiver, la secheresse absolue d'un sable brulant pendant Tete, font des landes de Gascogne un vaste de'sert ou les cultures ordinaires sont impossibles, ou les essences forestieres elles-memes ne peuvent pas prosperer. M. Chambrelent a courageusement entre- pris de hitter contre ces difficultes naturelles. II a imagine un procede d'assainissement du sol tres-simple, tres-e'eonomique et parfaitement efficace. Le domaine de 500 hectares qu'il a cree et qu'il possecle dans la commune de Cestas (Girondc), ne peut laisser aucun doute sur le succes de ce genre d'operation. Les chenes cultives en futaie et semes en 1850 et 1851 ont aujour- d'hui de 6 a 7 metres de hauteur avec 50 centimetres de circon- COSMOS. 487 ference a la base ; ses semis de gland de sept ans donnent des brins de 8 a 10 centimetres de diametre ; apres quelques annees les semis de pins eux-memes donnent par les eclaircies un pro- duit qui paye largement l'interet a 5 pour cent des sommes en- gagers • enfin, a c6te de la culture forestiere, des cultures plus avancees forment une veritable exploitation agricole. M. Cham- brelent a rendu un autre service non moins important a ces con- trees en trouvantle moyen d'obtenir des eaux limpides et parfai- tement salubres, a l'aide de puits d'une construction ingenieuse et economique. Son exemple a trouve de nombreux imitateurs, plus de2() 000 hectares sont dejaassainis et fertilises par ses pro- cedes applicables evidemment aux 500 000 hectares des landes de Gascogne ; il est reellement le digne successeur du celebre Bremont, qui enseigna, il y a un siecle, a fixer et a planter les dunes de cette meme province. (Rapport de M. Herve-Mangon.) 3° Perfectionnemcnts apportes a la fabrication des acides gras employes a I'eclairage , par M. de Milly. — Des l'epoque de la premiere fabrication des acides gras, industrietoute francaise, a laquelle se rattachent les noms de M. Chevreul, son createur, de Gay-Lussac, de M. Dubrunfaul, etc., M. de Milly, alors associe a M. Motard, avait opere la saponification en vases clos, mais dans des conditions qui la rendaient presque inapplicable. M. de Milly a amene successivement cette^operation capilale a l'etat pratique le plus remarquable et le plus avantageux. Dans une chaudiere, au sein de laquelle la pression est de 8 atmos- pheres, on introduit de l'eau, les matieres grasses et une pro- portion de chaux qui s'eleve au plus a 2 pour 100 en poids; la saponification est complete et s'opere chaque jour sur 6 900 kilogrammes, avec une grande economie de temps, de main- d'ceuvre, de combustible, d'acide sulfurique ; avec gain conside- rable dans la quantite d'acides gras obtenus , avec production facile et profitable de glycerine, dont les usages se multiplient chaque jour. M. de Milly n'est pas arrive d'un seul coup et sans avoir a surmonter de nombreuses difficultes a cette fabrication perfectionnee eteminemmentindustrielle; les produils qu'il livre au commerce ne redoutent aucune concurrence et sont au pre- mier rang des plus recherches. (Rapport_ de M. Gautier de Claubry.) k° Fabrication artificielle de la glace par M. Carre. — M. Carre a resolu plus parfaitement qu'on ne 1' avait fait^avant lui le pro- bleme pose depuis si longtemps de la fabrication artificielle de^la A88 COSMOS. glace. Par nn systeme tres-ingc'nieux de fermelures hydrauliques et de valves pressees par une lame elastique, par d'autres disposi- tions encore, il a surmonte les difficultes que Ion rencontre a eonserver le vide au sein d'appareils ou les pressions sont mi- nimes, et que la plus simple rcntrce d'air rendrait inel'Qcaces. H a euen outre l'idee eminemment heureused'interposer entre les cyliiulres exterieurs et les cylindres intei ieurs pleins de l'eau qui doit se transformer en glace, de l'eau alcoolisee, e'est-a-dire un liquide incongc'lable, qui empeche les adherences et maintient la conduclibilite. Creation d'un appareil pouvant pratiquement fournir un froid de 12 et memo de 20 degres, comme avec un fonrneau on produit de la chaleur; constitution d'une industrie se"rieuse, progres scientifiques accomplis : tels sont les titres de Ml Carre a la plus haute des recompenses de la Societe d'encou- ragemont. (Rapport de M. Charles Laboulaye.) 5° Si/ndicat du canal d'irrigutiou de Carpentras. — Ce canal est destine a arroser une surface de plus de 6 000 hectares; il peat lburnir jusqu'a 9 000 litres d'eau par seconde; sa lon- gueur to tale est de 78 kilometres, et sa construction a coute pres de 3 000 000 de francs. Cette grande entreprise, appelee a decupler en peu d'annees la valeur d'un immense territoire, est le resultat de l'association volontaire des proprietaires interesses, et l'osuvre d'un syndicat compose des plus zeles et des plus hono- rables membres de l'association. Depuis 12 ans, sous la direction de son habile ingenieur, M. Conte, le syndicat poursuit son oeuvre avec un courage, une perseverance et un desinteressement bien rares et veritablement admirables. De semblables exemples ne sauraient etre assez honores; la Societe accorde au syndicat sa me'daille d'or ; a M. Giraud, president, et M, Conte, ingenieur, des mddailles de vermeil, a chacun des dix autres membres des me- dailles de bronze. >I£dailles de platine. — 1° Fabrication des toilesimpermeablcs, par M. Gagin. — Des 1836, M. Gagin appliquait le caoutchouc dissous a la fabrication des tissus impermeables et faisait avec ses tissus des abris pour les marchandises , des tentes pour les soldats, des toitures pour les wagons. Par leur duree, leur prix et surtout leur incombustibilite les toiles sable'es de M. Gagin of- frent des avantages considerables sur les autres modes de cou- vertures. 11 venait d'etablir a Saint-Ouen une usine modele, lorsque la mort est venue le surprendre ; son gendre, M. Cros, COSMOS. 489 continuera heureusement son utile industrie. (Rapport de M. Al- can. ) W Fabrication des tapisseries etablies a Neuilly par M. Plan- ckon. — Ancien dessinateur pour tissus et familiarise avec les procedes industriels les plus avarice's, Mi Planchon a grande- ment perfectionne les procedes de fabrication des eloffes facon- nees. Plus de trace a faire sur la chaine, plus de modele a con- suiter, plus de ill a chercher, plus d'hesiialion dans le choix de la nuance. L'emploi d'une chaine additionnelle dite de liage, dont les fits au lieu d'etre montes comme d'habitude passenl par des maillons isoles, de facon a suivre tous les contours du dessin , quelque delies qu'ils soient, permet d'orner beaucoup plus facilement et plus efflcacement que par la routine ordi- naire les differentes parties faconnees de la tapisserie de haute iisse. Une nouvelle disposition donnee au battant assure dans reparation delicate du serrage, meme sur des largeurs de sis metres, une cnergie et une regularity d'action que Ton demande- rait en vain dans les anciens procedes aux plus violents efforts dulisseur. Parl'ensemble de ces moyens, M. Planchon a pudimi- nuer do 50 pour cent le prix de revient de la tapisserie, et aug- menter des deux tiers environ la rapidite d'execution en laissant aux produits toute leur perfection. (Rapport de M. Alcan.) 3° Emploi varie de Velectricite a I'embrayage et a la regulari- sation des appareils mecaniques de toutes sortes, par M. Achard. — M. Achard poursuit depuis plusieurs annees deja la solution de divers problemes mecaniques, dans lesqucls l'introduction d'un courant electrique permeltrait, a volonte, de suspendre ou de mettre en jeu Taction de la puissance motrice. L'application qu'il vient de faire de ce principe au fonctionnement de la pompe alimentaire des chaudieres a vapeur, lui permet , d'une maniere essentiellement sitre, de maintenir entre les limites les plus etroites les variations du niveau dans les generateurs. Toute cessation des fonctions de l'appareil etant indiquee par une son- nette a l'egal des variations trop grandes de niveau, le chauffeur ne peut jamais se croire dans de bonnes conditions de marche, s'il n'y est effectivement. L'appareil de M. Acbard realise done un progres veritable , et la Societe d' encouragement le recom- mande tout specialement a 1'attenlion des proprietaires d'usine qui tiennent a employer les moyens les plus efficaces. (Rapport de M. Tresca.) li° Systeme de telegmphe ecrivant, par M. Thomas John. — 490 COSMOS. Depuis longtemps on rccherchait les moyens de tracer ou d'd- crire a l'encre ordinaire ou grasse les signaux du telegraphe de Morse. M. John a donne le premier, ou mieux, a produit le pre- mier en public la solution tres-simple de cet important pro- bleme. Par la combinaison d'une roue dressee verlicalement ou de champ, tournant dans un encrier, mise en mouvement par le telegraphe meme, et touchant par son bord la bande de papier amenee a l'aire angle aigu pour qu'elle ne soit touchee a chaque instant que sur un seul point, il obtenait des traits regulierement imprimes et tres-lisibles. Malheureusement deux jeunes artistes tres-habiles, qui avaient eu de leur c6te la meme pensee et avaient pris un brevet d'invention avant HI. John, ont construit sur ce principe un appareil si parfait qu'il est aujourd'hui em- ploye partoul. Le merite de M. John n'en est pas moins acquis, et en lui decernant une medaille, la Societe d'encouragement fait une bonne action. {Rapport de M. Du Moncel.) (La suite au prochain numero.) ACADEME DES SCIENCES. Seance du lundi 7 mai 4 860. M. Coindre, lidele aux traditions dn passe, adresse une tres- longue analyse microscopique des quatre elements de la vie. — M. le ministre de l'inslruction publique, sur une nouvelle invitation tres-pressante de l'auteur, M. Franklin Cox Worthy, paisible habitant d'un manoir breton, Lignerie, pres Saint-Brieuc, sollicite le prochain examen d'un memoire ayant pour titre : Notre systeme planetaire. — M. Fnchs, serait-ce le celebre chimiste de Munich, que nous croyions mort et que nous retrouverions vivant, envoie un grand travail sur la silicatisation applique'e a la conservation des monu- ments, avec de nombreux echantillons a l'appui de refflcacile de ce precicux procede; et sollicite, de la maniere la pluspressante, non-seulementl'approbation de 1'Academie, mais la consecration de ses droits d'inventeur. II esttrop vraiqu'en France surlout, et malgre les louables efforts de M. Dallemagne, on semble ignorer l'histoire de la silicatisation. — Un enthousiaste acharne, qui croit pouvoir embrasser 1'UmvERS dans ses speculations, voit aujourd'hui dans les mers COSMOS. 491 en general et dans chaque ocean en particulier, une pile immense dont les eaux sont le pole positif el la terre le pole ne'gatif. — M. Passager continue ses recherches sur l'ensemble des sciences cosmiques, l'histoire naturelle, l'anatomie et la phy- siologic — Pour etouffer enfln une vieille querelle, M. Passot demande qu'on lui rende ses notes sur une erreur grave qui se serait glis- see dans 1'equation fondamentaie du mouvement des corps sou- mis a l'attraction universelle, avec les notes marginales ou le quasi-rapport dont elles ont ete" l'objet de la part de M. Bertrand. Nous regrettons vivement que l'Academie n'ait pas cm pouvoir se dessaisir de ces manuscrits , trop heureuse d'echapper a des re- clamations incessantes, depuis dix longues annees. — Un pharmacien de l'Ariege croit avoir resolu le probleme de la conversion du sucre en albumine ou matiere albuminoi'de, et des matieres albuminoi'des en sucre. — M. Marco Osimo, de Venise, qui a beaucoup ecrit sur la maladie des vers a soie, exprime son regret d'avoir ete complete- ment oublie dans les publications ou les communications nom- breuses, faites dans les dernieres annees au sein de l'Academie, et dans lesquelles son nom meme ne ligure pas. — M. le capitaine de vaisseau Larligue fait bommage d'une brochure intitulee : Observations sur les donnees qui ont servi de base aux diverses theories des vents, et principa lenient sur le sys- teme de circulation atmospherique du lieutenant Maury. Aujour- d'bui, toutesles parties du globe sont connues, et la plupart sont sou vent frequentees par des navigateurs; et comme d'ailleurs des des observations mete'orologiques sont faites dans presque tous les lieux habites, on parviendra, dans un temps plus ou moins long, dit M. Lartigue , a se procurer sur les vents regnant a la surface de la terre et meme dans les regions elevees, assez de do- cuments pour en deduire un systeme general sur lequel on pourra baser une the'orie ; et representer d'une maniere tres-satisfaisante le mouvement general de l'atmospbere terrestre, independam- ment des circonstances accidentelles dues a 1'influence des terres ou a toute autre cause. « Apres un resume rapide de tout ce que Ton sait sur les vents des regions polaires oufroides, des regions temperees, des regions equatoriales ou chaudes; sur les calmes des tropiques, les vents alises, les calmes equatoriaux, les vents des regions supdrieures de l'atmospbere, M. Lartigue aborde d'une maniere speciale le systeme de circulation atmospherique de &92 COSMOS. M. Maury, en aualysant les donnees principales de l'infatigablc observateur ame'ricain, sur l'atmospbere, les brumes rousses, les pluies de poussiere , les vents, I'influence du gulf stream sur les climats ; les tourbillons aux poles, la direction des vents clans les regions superieures de l'atmospbere, lc croisement des vents polaires et des vents tropicaux aux environs des tropiques, la direction moyenne des vents allant de l'equateur vers les poles, pres des liinites exterieures des vents alises; les ell'els produils aux environs de l'equateur par la rencontre des vents alises des deux hemispheres; I'influence de la temperature de la mer sur les vents et les climats, etc., etc. Ceux de nos lecteurs que ces questions interesscront d'une maniere plus particuliere, trouve- ront le resume de M. Lartigue dans le Moniteur universel du 19 mars. Nous proilterons de cette occasion pour reparerune ne- gligence ou un oubli, qui est depuis longtemps pour nous un ve- ritable remords. Un de nos jeunes amis , bomme excellent, M. Felix Julien, lieutenant de vaisseau, a public de son cote, dans un charmant volume in-8° intitule : Coumnts et revolutions de latmospherc et de la mer, un expose fail a son point de vue et enrichi d'un grand nombre d'observations personnelles, des re- cbercbes si savantes a la fois et si populaires de M. le lieutenant Maury. Si nous avions plus d'espace, nous aurions consacre avec un immense bonheur quelques pages a 1'cEuvre de notre ami, comme nous l'avons fait pour la traduction de If. Terquem; qu'il nous soit du moins donne derepeter ici ce que M. Charles Fries a sibienditdansleil/om7curduleravril: «M. Julien, onlereconnait tout d'abord, aime la mer avec passion , ilia decrit en marin et en poete; cbez lui, la science, qui ne fait defaut a aucun des offlciers du corps distingue auquel il appartient, n'exclut nullement l'art d'exprimer elegamment sa pensee... Empreint d'une haute erudi- tion et murcment pense, son ouvrage inte'ressc et charme le lec- teur, qu'il ramene directemenl a la connaissance de Dieu par la revelation de ses oeuvres et par la contemplation de sa magnifi- cence et de sa grandeur. C'est la un merite assez rare par le temps et par les livres qui courent pour qu'on en tienne compte a l'auteur. » — M. Gaullier de Claubry transmet une nouvelle note sur la vulcanisation du caoutcbouc a froid ou a la temperature ordi- naire, au rnoyen d'un me"lange de fleur de soufre et d'hypochlo- rite de chaux. — Un medecin de Hochefort, que nous croyons etre M. Legros, COSMOS. 493 a eu la bonne fortune d'avoir a sa disposition une baleine,a l'etat frais, et il en a profite pour faire une etude anatomique tres- consciencieuse de l'oeil du grand celace, tres-peu connu encore. Presque cache par les lourdes paupieres, ou a peine entr'ouvert, l'ceil de la baleine parait tres-petit, et cependant il est enorme; extrait de l'orbite, il a la grosseur de la tete d'un enfant au maillot. L'auteur signale surtout comme n'ayant pas encore ete* remarque, il le croilduinoins, un appareil vasculaire et comme spongieux, quoiqu'il soit uniquement forme de vaisseaux tres- delies. — M. Namyas, secretaire dc 1'Institut de Venise, communique un nouveau succes obtenu avec le melange de platre ou de chaux etdecoaltar, dans un cas d'ulceres phageniques survenus aux deux bras d'un typhoique apres l'application de vesicatoires, et quiavaient pris un tres-mauvaiscaractere. II ne s'agissaitpas d'o- deur fetide a conjurer, mais de plaies a fermer ; elles avaient resiste a tous les moyens connus, et c'est ce qui donna a Mi Na- mias l'ide'e de recourir a la poudre coaltaree. II pansa l'un des bras a la maniere ordinaire et appliqua sur l'autre le melange Corne-Demeaux; des le lendemain, la plaie du second bras prit un aspect beaucoup meilleur, elle marcba rapidement vers une guerison complete. — M. Garoli demande l'examen par une commission d'un me- moiie sur la composition elementaire du tissu vasculaire des fougeres. — ML Nickles transmet une note sur l'isomorphisme du bismuth avec l'antimoine et l'arsenic. « L'iodure de bismuth, P Bi, que je viens d'obtenir directement a l'etat cristallise, possede la meme forme que Fiodurc d'anti- moine et celui d'arsenic, dont j'ai reconnu l'isomorphisme Tan- nee derniere {Cosmos, t. xiv, p. 472, 1859); de meme que ces io- dures, il derive d'un prisme a base d'hexagone, surmonte d'une double pyramide coupde par des faces terminales sous un angle de 120°; les deux pyramides se rencontrent ellcs-memes sous un angle de 133° 66'. Avec les iodures alcalins, le bismuth forme des composes doubles en cristaux rouges, de meme que l'iodure d'antimoine ; les cristaux derivent d'un prisme rhombo'idal, tout comme le bro- mure double, Br Bi + Br AsH4+ 12 HO, dont j'ai parle l'anne'e derniere et dont la coloration rappelle le nitrate d'urane. Semblables par la composition, les proprietes et les fonclions, li9U COSMOS. enfin, identiques par la forme crystalline, les iodurcsde bismuth, d'antimoine et d'arsenic reunissent tous les caracteres de corps ve'ritablement isomorphes ; leurs radicaux cristallisent d'ailleurs en rhomboedres de memevaleur, ainsi que l'a reconnu M. G. Rose, et j'ai fait voir, de mon c6te, que plus d'une analogie rattacbe entre eux les bromures correspondants. Par suite de ces faits, le bismuth , metal a tant de titres, vient se ranger dans le groupe de l'azote et se relier a ce rnetalloide par l'antimoine, l'arsenic et le phosphore qui forment des eche- lons intermediaires. II y a d'autant moins a hesiter a cet egard que deja M. Dumas l'a rattache a ce groupe par des considerations tirees des Equivalents de ces corps. Le bismuth est done un demi-metal : avec le tellure, l'arsenic, l'antimoine et le tungsiene, il etablit la transition entre les metal- loi'des et les metaux ; on peut remarquer d'ailleurs que, de raerae que ces derniers, il n'est ni ductile ni malleable, alors que la fa- culte de s'aplalir sous le marteau ne manque a aucun des corps simples dont la metallite est hors de contestation. — M. Vavasseur fait hommage d'une grande carte geographique et topographique de la republique Rio-Argentine, dressee avec le plus grand soin et en tenant compte des limites nouvelles etablies entre celte republique et l'empire du Rresil , par un officier du genie. — M. Chatin lit un nouveaumemoire sur la mesure des divers degres d'elevation ou de perfection organique des especes vege- tales. Comme caracteres de classification par ordre de merite des diverses plantes, ilavait d'abord considere la (lignite des fonctions, la variete des organes, la localisation des organes, I 'existence et la symetrie de I'axe, les appendices ; il examine aujourd'hui la va- leur ou la signification du nombre des organes semblables, et ar- rive a cette conclusion que le grand nombre des parlies sem- blables est un signe de l'abaissement des especes vegetales. M. Chatin est clone bien loin de placer au premier ranglafamille des renonculacees, comme le faisaient Linnee, de Jussieu et de Candolle. — En l'absencc de M. Dumas , M. EMie de Reaumont commu- nique une notice de M. Rechamp, professeur de chimie a la Fa- culte de Montpellier, sur la fabrication de l'aniline. Jusqu'en 1854, l'aniline n'etait consideree que comme une substance curieuse ; a cette epoque, M. Rechamp communiqua une nouvelle methode deformation des bases organiques artificielles de Zinn, et fit con- COSMOS. 695 naitre un procede qui permit d'obtenir l'aniline avec la plus grande l'acilite, et a bas prix. Depuis lors, celtebase, sansperdre son importance scientifique, en a acquis une autre qui fait hon- neur a l'industrie francaise, grace aux travaux de MM. Bechamp, Benard, Tabourin, etc. — M. Chevreul communique au nom de M. Pasteur une suite a ses recberches sur l'origine des ferments et les generations spontanees. Nous publions l'analyse faite parl'auteur lui-meme a l'article Varietes. — M. Pasteur nous a paru heureux d'apprendre que son ob- servation toute scientifique etait devenue depuis quelque temps le point de depart d'une excellente industrie. Le lait conserve de la Societe des Alpes , auquel l'Angleterre et la France ont fait le plus favorable accueil, qui est cbaque jour plus recberche", est prepare par une melhode complement analogue, au fond, a celle qui a si bien servi M. Pasteur dans ses essais de laboratoire, et qui n'en differe que par des lours de main , par des soins par- ticuliers qui seuls pouvaient assurer son application en grand. — La communication de M. Chevreul est suivie d'une petite dis- cussion alaquelleprennentpart: M. Pouillet, qui desire savoir si le ferment que la chaleur delruit ou rend sterile appartient au lait en propre, ou s'il vient du dehors; et M. Seguier, qui rap- pelle que, dans certaines usines du moins, il a fallu elever la temperature de quelques degres au-dessus de 100 degres, pour assurer la preservation des conserves alimentaires. Cette discus- sion amene M. Chevreul a faire ressortir l'esprit si net et si phi- losophique qui dirige toutes les recherches de M. Pasteur; il n'est encore qu'au debut de cette belle etude des ferments, et deja ce- pendanl il a obtenu des resultats plus importants encore que ceux qu'il soumet aujourd'bui au jugement de l'Academie. — M. Bernard communique une nouvelle suite des recherches d'un physiologiste russe tres-eminent, M. Jacubovvitsch. Dans ses premiers memoires, l'auteura surtout etudie lesnerfs a leur ori- gine ou a leur source, et dans leur constitution elementaire ; il les a montres forme's de trois sortes de cellules tres-distinctes et dif- ferentes suivant les fonctions que le nerf avait a remplir. Aujour- d'hui il etudie ces memes nerfs dans leurs terminaisons a la pe- ripheric du corps, ce qui l'a conduit a meltre en evidence un grand nombre de faits nouveaux. S'il s'agit d'un nerf de la sen- sibilite, on le voit tantot se terminer par une cellule, tant&t s'amincir en fibres extremement tenues qui s'anastomosent avec ',96 COSMOS. les filets des tissus ou s'epanouissent sous forme de reseaux. Parmi los nerfs qui se terminent par une cellule , les uns pdne- trent jusqu'au centre de la cellule, jusquc dans lc nucleole ou corpusculo de Pacini, tantot aucontrairc ils s'arretent a la paroi de la cellule ou du nucleole. Pour les nerfs des organes splaneh- niques, la terminaison est, en general, la memo que pour les nerl's de la sensibility, toutefois avec des particularity caracle- ristiques. Les cellules terminates, par exemple, sont tantot per- lnanentes, tantot transiloires , en ce sens qu'il s'en forme inces- samment de nouvelles qui se succedent par un renouvellemcnt indefini; ccttc mutabilite s'observe surtout pour les nerfs ou les cellules terminales qui sont la cause des sensations. Dans un prochain memoire, M. Jacubovitsch etudiera les terminaisons des nerfs du mouvement ou qui aboulissent aux tissus muscu- laires. — M. Regnault depose une note dans laquelle MM. Cloez et Girard examinent les moyens a l'aide desquels on croyait pouvoir dislinguer le caoutcbouc vulcanise a froid par le chlo- rure de soufre du caoutcbouc vulcanise a chaud. Ces moyens consistaient surtout dans la conslatation de la presence du chlore et du soufre; or, les deux cbimistes que nous venons de nommer etablissent que tous les caoutcboucs naturels non en- core vulcanises contiennent une petite proportion de soufre; il suffit de chauffer un petit morceau de caoutcbouc dans un lube de verre pour constater la presence du soufre par 1'odeur carac- te*ristique de l'hydrogene sulfure. — M. Charles Sainte-Claire Deville presente , au nom de MM. Henri Sainte-Claire Deville et Debray, une note sur la pre- sence du nitre dans le bioxyde de manganese naturel. A l'occasion des etudes dela metallurgie du platine par la voie seche qu'ils poursuivent sur la demande du gouvernement de Sa Majestd l'empereur de Russie, MM. 11. Sainte-Claire Deville et De- bray ont ete amends a constater, par des analyses multipliers, que l'oxygene extrait du peroxy;'e de manganese et ce peroxyde lui-meme sont des substances fort complexes. Nous les laisse- rons enoncer eux-memes les resultats principaux de leurs re- chcrcbes. « Tout le monde sail, depuis Scbeele, que l'oxygene obtenu au moyen du manganese, conlient de l'azote, et que ce gaz se degage au commencement de sa preparation. Berzetius avait meme ob- serve que le gaz du manganese possedait une legere odeur ni- COSMOS. 497 treuse, que nous avons d'abord attribuee a la presence de 1'ozone. Mais comme le gaz oxygene recueilli a une e'poque quelconque de l'operalion contient toujours de l';izote, nous avons da cher- cher dans le manganese lui-meme la niatiere tres-stable qui fuur- nit un gaz dont la presence pouvait elre fort genante dans nos operations. Les manganeses que nous avons examines jusqu'ici contiennent tous de notables quantitcs d'eau. Soixante kilogrammes de man- ganese de Giessen donnent cinq litres d'eau, dont la reaction est tres-sensiblement acide. Si on evapore cettc eau apres l'avoir exactement sature'e avec de la potasse pure, on oblient quinze grammes de nitrate de potasse et cinq grammes environ de cblo- rure de potassium. L'absence des nitrates dans les scls cristalli- se's nonsfait penser que le cblore et l'acide byponitrique sont les produits gazeux qui se sont condenses. II etait done bien probable que le manganese doit contenir de l'acide nitrique, a moins que rammoniaque, subissant au contact del'oxygene etdu manganese une combustion totale analogue a celle qui se produit dans la celebre experience de M. Kublmann, ne fut l'origine de l'acide nitrique condense. Nous avons lave avec de l'acide sulfurique faible deux cent cinquante grammes de manganese tres-finemenl pulverise, etnousn'avons trouve dans la solution quequatremillo grammes d'ammoniaque, que les deux litres d'eau distillee du laboratoire employes avaient bien pu y apporter. En faisant bouillir cinq cents grammes de manganese de Giessen pulverise avec un ou deux litres d'eau et dix grammes de carbo- nate de potasse, en traitant la liqueur filtree par de l'acide ace- tique en tres-leger exces et faisant evaporer a sec, on obtient un re"sidu salin qui, traite par l'alcool a 90° et bouillant, lui aban- donne du nitre qui cristallise par le refroidissement. Enfin, en faisant dissoudre cinq cents grammes de ce manganese avec de l'eau pure et evaporant la solution filtree, on obtient un depdl salin qui a la composition suivante : Sulfate de cbaux, 103; chlorure de calcium, 205 ; cblorure de nagnesium, 8U; cblorure de sodium, 174; nitrate de soude, 353 ; nitrate de potasse, 629. Total 1 548. Chaque kilogramme de ce manganese abandonne done a l'eau 3 grammes, 096 de substance soluble, parfaitement neutre. On est averti de la presence des nitrates dans ces matieres par une cir- constance importante a observer dans l'analyse. Quand on veut cbasser par la chaleur l'acetate et l'oxalate d'ammoniaque qu'on 498 COSMOS. a introduits dans l'operation, il se manifeste dans les derniers moments une vive combustion et une deflagration assez forte pour que, meme en couvrant ces vases avec un entonnoir, on ne puisse toujours eviter des pertes (1). On a de la peine a s'expliquer la for- mation du bioxyde de manganese naturel, qui ne se produit jamais par oxydation directe et que nous ne pouvons obtenir dans nos laboratoires que par la decomposition de l'acide manganique ou du nitrate de manganese. Notre analyse nous feraitcroire de pre- ference que le manganese derive du nitrate. En outre, le nitrate de manganese, neutre ou acide, dissous dans l'eau et chauffe a vases clos vers 150 degre's, laisse deposer du bioxyde noir iniroitant, mamelonne comme certains manganeses naturels, mais nulle- ment cristallise. Getle experience, que M. de Senarmont a faiteet que nous avons repetee, etant rapprochee de la presence de l'a- cide nitrique dans le manganese naturel, donne beaucoup de pro- bability a l'opinion que nous venons d'emettre. En essayant le pouvoir comburant de l'oxygene au moment ou il commencait a se degager, nous avons eu plusieurs fois, avec une certaine va- riete de manganese, une explosion tres-violente. Nous ne pouvons expliquer cette explosion que par la presence de matieres orga- niques melangees accidentellement ou par fraude au manganese. II sera done toujours prudent d'essayer le gaz au moyen d'une petite eprouvelte, quand on preparera de l'oxygene avec un man- ganese qu'on n'aura pas encore experimenle. Du reste, la prepara- tion de l'oxygene pur, en grande abondance et a un prix relative- ment tres-bas, au moyen du bioxyde de manganese, nous paralt aujourd'hui un probleme resolu economiquement, au moyen d'appareils dont nous soumettrons la description a l'Academie dans une prochaine communication. » — M. Ducbartre lit une note intitulee : Observations physiolo- giques et anatomiques surla Colocase des anciens (Colocasia anti- quorum, Scbott). Quelques plantes de la famille des aroi'dees presenlent le phenomene curieux d'une production de gouttes d'eau a l'extremite de Ieurs feuilles. C'est surtout chez les Colo- cases que ce phenomene devient interessant a etudier, a cause (1) Noire analyse ne donne pas exaclement la leneur en acide nitrique du man- ganese qui csl une maliere exltemement coiiipacle et par suite difficile a laver. En calculant, au contraire, d'opres la quanlile d'azote contenu dans l'oxygene fourni par le manganese, on voit que celui-ci doit renfermer 1,2 pour 100 d'acido nitrique au nioins. COSMOS. 499 de la nettete avec laquelle il se dessine, de la quantite de liquide qui en est le resultat. 11 a e'te constate et suivi pour la premiere fois sur la Colocase des anciens, Colocasia antiquorum (Schott), par un savant medecin de Stettin, Schmidt, qui a consigne" les resultats de ses observations dans un me'moire inse're dans le journal allemand Linncea, en 1831. Malbeureusement ces obser- vations ont ete faites dans des conditions peu favorables, puis- qu'elles ont eu pour unique sujet un pied de cette plante cultive en pot et tenu constamment dans une chambre. Les resultats principalis peuvent en etre exprime's de la maniere suivante : 1° la production d'eau a l'extremite des feuilles de la Colocase n'eut lieu que vers le commencement et vers la fin de la periode vegetative de la plante ; 2° elle se continua sans interruption pen- dant les vingt-quatre heures de la journee; 3° elle ne commenca pour chaque feuille que lorsque celle-ci eut pris tout son accrois- sement. — M. Duchartre a chercbe a se placer dans des condi- tions aussi analogues que possible a celles dans lesquelles s'ac- complit la vegetation des Colocases dans les contrees chaudes ou elles sont cullive'es communement pour leur tubercule alimen- taire. Dans ce but, il en a cultive dans un jardin, en pleine terre et a l'air libre, six pieds, appartenant a trois varietes diffe'rentes. II a pu suivre ainsi la vegetation de ces plantes pendant toute la belle saison en 1856, 1857 et 1858. Voici , en qnelques lignes, les principaux resultats de ses observations : C'est par de petits ori- fices ouverts sur la pointe par laquelle se termine chaque feuille de ces aro'ide'es, que l'eau est expulsee et vicnt se montrer en gouttes qui tombent aussitot que leur poids les entraine. Cette eau est parfaitement limpide. Schmidt la regardait comme « chi- miquement pure, sous tous les rapports. » M. Berthelot, ayant bien voulu en faire une analyse, a la priere de l'auteur, n'a pu, en operant sur environ 400 grammes de ce liquide, y reconnaitre que de faibles traces de chlorure de potassium, de carbonate de chaux, et d'une maticre organique mucilagineuse. La production de cette eau a commence aussitot que les Colocases ont de'veloppe des feuilles, et elle avait encore lieu , chaque annee, a l'epoque oil l'arrivee des premiers froids obligeait a retirer de terre les tu- bercules de ces plantes. Pendant tout ce temps elle a commence, chaque soir, quelque temps avant l'arrivee de la nuit , et elle n'a cesse que le lendemain matin , lorsque le soleil etait assez eleve' au-dessus del'horizon. La quantite de liquide produite par chaque feuille, pendant une nuit entiere, a varie selon diverses circons- m cosmos. tances, et aussl de Tune a 1'autre des trois varices observers. Les maxima ont ete de IS grammes 75 cenligr. pour une varieMe, de 1U grammes 35 centigr. pour une autre, de 22 grammes 60 cen- ligr. pour la troisieme. Le nombre des gouttes qui se sont suc- cede en une minute a beaucoup vane" ; il a dW frequemment de (i a 12; il s'est elcve en plusieurs circonstances a 15, 18, 20, memo 25 et 30, dans ce court espace de temps. Or, cbacune de ces gouttes provcnant de la reunion de plusieurs goutteleltes elementaires, qui etaient expulsees brusquement et comme par un coup de piston interieur, le nombre de celles-ci a ete quelquefois de 100, 110 et meme 120 en une minute. M. Duchartre dtudie plusieurs autres circonstances de cc pbenomene, ainsi que les diverses in- lluences exlerieures qui en augmentent ou en diminuent 1'inten- site. 11 recberche aussi la cause qui le determine, et il est condnit a penser que l'eau qui sort ainsi a l'dtat liquide est analogue a cede qui se degage des memos feuilles, a l'etat de vapeur, pen- dant le jour, et qui forme alors la matiere de la transpiration. — Dans la parlie anatomiqne de son travail, l'auteur expose la struc- ture de la nervure qui suit le contour des feuilles des Colocases et dans laquelle existent des canaux qui vont se rendre a leur pointe. II montre ensuite que les ouvertures nettement defmies par lesqueiles Teau est expulsee ont une nature tres-remarquable, puisque ce sont simplement des stomales qui subissent graduelle- ment une enorme amplification, lout en consei'vant, sans la moin- dre alteration, leur structure caracleristique. YAMEXES. flic roriginc «les fcrmieiils et «ie nouvelBes experiences relative*; aux generations dites spontatiecs Far L. M. Pasteur. <( b'oii viennent les ferments, ces agents mysterieux, si faibles en appareuce, si puissants dans In realite, qui sousun poids tres- miniine, avec des caracteres cbimiques exterieurs insignillants, possedent une energie exceptionnelle? Prenant une premiere liqueur tres-fermentesciblc, tres-proprc au developpement des infusoires et des mucedinees, une infusion d'eau sucree, melee de maiieres albumineuses, j'aiprouve' avec COSMOS. 50i une rigueur qui n'a ete l'objet que de contestations apparentes • 1° que les particules solides, cbarriees par Fair alniusphdrique etaient l'originc dc toutes Jes productions vegelales et animales propres a la liqueur en question ; 2° que ces particules examinees au microscope sont des poussiercs amorphes constamment as- sociees a des corpuscules dontla forme, le volume et la structure annoncent qu'ils sont organises a la maniere des ceufs des infu- soires ou des spores des mucedinees. Je puis aujourd'hui etendreles assertions de ma communica- tion du 6 fevrier a deux substances encore plus alle'rables, le lail et l'urine. J'introduis 100 centimetres cubes environ d'urine fraiche dans un ballon de 250 centimetres cubes. Le col eifile du ballon com- munique avec un tube de platine cbauffe au rouge. On fait bouillir le liquide pendant deux a trois minutes, puis on laisse refroidir. Lorsqu'il est rempli d'air ayant subi la temperature rouge, on ferme son col a la lampe. Ce ballon ainsi dispose peut demeurer indeTmiment dans une etuve, a une temperature de 30 degre's, sans eprouver d'alleration. Apres un sejour d'un mois a six semaines, je fais tomber dans ce ballon un peud'amiante cbarge'e des pous- sieres de Fair, puis le col du ballon etant referme a la lampe, je le porte de nouveau a Fc'tuve. Afin de m'assurer que la manipu- lation a laquelle je soumets ce ballon pour y introduire les pous- sieres de l'air, n'a par elle-meme aucun effet quelconque sur le resultat de Fexperience, je prepare un deuxieme ballon pared au precedent; seulement, au lieu d'y laisser tomber de l'amiante chargee de poussiercs de Fair, j'y place cetle memeamiante, prea- lablementcalcinee, quelques instants avant son introduction dans le ballon. Void lesresultats constants des experiences : Je liquide du ballon qui a recu l'amiante privee des poussieres de Fair reste inaltere a la temperature de 30 degre's, quelle que soil la duree de son exposition a cette temperature, si favorable a la putrefac- tion dc Furine. Au contraire, apres trente-six beures, Furine qui a recu les poussieres de Fair, renferme des productions organi- sed, mucedinees ou infusoires. Parmi ces derniers, j'ai reconnu principalement des bacteriums, de tres-petits vibrions et des mo- nades ; enfin , les memes infusoires que je decouvrais dans la meme urine exposee au contact de Fair commun a la tempera- ture de 30 degres. Les jours suivants, on voil sc deposer en abon- dance des cristaux de pbospbate ammoniaco-magnesien et des cristaux d'urates alcalins. L'urine devient de plus en plus ammo- 502 COSMOS. niacale. Son urde disparait sous l'influence du veritable ferment de l'urine, ferment que je prouverai etre organise, et dont lc germe ne peut avoir ete apporle que par les poussieres de Pair, aussi bien que celui des infusoires ou des muce'dinees. Repetons, sans changement, ces operations, non plus sur l'u- rine, mais sur le lait frais ; c'est-a-dire, qu'apres avoir fait bouil- lir ce liquide deux a trois minutes, et avoir rempli le ballon d'air rougi, nous le maintiendrons ferme a la temperature de 30 degres. Le lait va nous offrir des parlicularites encore plus interes- santes. J'ai dit qu'avant de remplir le ballon d'air porte au rouge et de le fermer a la lampe, je faisais bouillir l'urine deux a trois minutes. Cette duree d ebullition est sufflsante, et tout me porte a croire que Ton pourrait merae prendre moins de precautions pour priver de vie ulterieure dans l'urine les germes qui y sont tombes depuis le moment ou elle a ete emise. Apres un temps variable, ordinairement de 3 a 10 jours, le lait de tous les ballons ainsi prepares se trouvera caille. Dans les idees qui ont cours sur le phenomene de la coagulation du lait, il sem- ble qu'il n'y ait la rien qui doive surprendre. Lorsque lc lait, dit- on , est expose au contact de l'oxygene de Pair; la matiere albu- mineuse s'altere et devient ferment. Ce ferment reagit sur le sucre du lait, le transforme en acide laclique qui precipite alors la ca- serne. De la la coagulation. En realite, les choses se passent tout differemment ; car si Ton ouvre l'un de ces ballons ou le lait s'est caille, on constate d'une part que ce lait est aussi alcalin que le lait frais, et d'autre part, ce qui ferait croire aux generations spontanees, ce lait est rempli d'infusoires, le plus souvent de vibrions ayant jusqu'a un vingtieme de millimetre de longueur. Je n'y ai rencontre jusqu'a present aucune production vdge'tale. Ces faits nous obligent d'admettre : 1° que le phenomene de la coagulation du lait, ainsi que j'espere le montrer bientot avec plus de clarte, est un phenomene sur lequel nous n'avions que des notions tres-incompletes; 2° que des vibrions peuvent naitre dans un liquide de la nature du lait qui a subi une ebullition de plu- sieurs minutes a la temperature de 100 degres, bien que cela n'ar- rive pas pour l'urine ni pour l'eau sucree albumineuse. Est-ce done qu'il y aurait, dans des conditions particulieres, des generations spontanees ? Nous allons voir combien cette conclu- sion serait erronee. Que Ton fasse bouillir le lait, non plus deux minutes, mais trois, quatre, cinq minutes, on vena lc nombre des ballons ou le lait se caille par le fait de la presence des infu- COSMOS. 503 soires, diminuer progrcssivement au fur et a mesure que l'ebul- lition aura ete plus prolonged. Et enfin, si Ton pratique l'ebulli- tion de 110 a 112 degres, sous la pression de une atmosphere et demie, jamais le lait ne donnera d'infusoires (1). Par consequent, s'ils prennent naissance dans la premiere disposition des expe- riences, c'est evidemment que la feconditedes germes desvibrions n'est pas entierement detruite, meme au sein de I'eau, a une tem- perature de 100 degres qui dure quelques minutes, et qu'elle Test davantage par une ebullition plus prolongee a cette temperature, et supprimee entierement a la temperature de 110 a 112 degres. Mais qu'advient-il, en ce qui concerne le phenomene de la co- agulation dans ces conditions speciales d'ebullition , ou le lait, au contact de l'air calcine, ne donne jamais d'infusoires? Chose remarquable, le lait ne se caille pas. II reste alcalin, et conserve, j'oserais dire integralement, toutes les proprietes du lait frais (2). Puis, fait-on passer dans ce lait, reste pur, les poussieres de l'air, il s'altere , il se caille en offrant des particularites, sur lesquelles j'insisterai dans mon memoire, et le microscope y montre des pro- ductions diverses animates et vegetales. II y aurait un grand interet a savoir si les liquides de l'econo- mie, tels que le lait et Purine, renferment normalement ou acci- dentellement les germes de productions organisees. C'est une question que j'espereresoudre dans une communication ulte'rieure. La theorie des ferments gene'ralement admise, et qui, dans ces dernieres annees, avait recu un nouvel appui paries ecrits ou les travaux de divers chimistes, me parait done, de plus en plus, en desaccord avec l'experience. Le ferment n'est pas une substance morte, sans proprietes specifiques determinees. C'est un etre dont le germe vient de l'air. Ce n'est pas une matiere albumineuse que l'oxygene a alte'ree. La presence des matieres albumineuses est une condition indispensable de toute fermentation , parce que le ferment a besoin d'elles pour vivre. Elles sont necessaires a titre d'aliment du ferment. Le contact de l'air commun a l'origine est egalement une condition indispensable des fermentations, mais c'est a titre de vehicule des germes des ferments. Quelle est la nature propre de ces germes? N'ont-ils pas besoin (1) Pour le lait, ines experiences out en ce moment qnarante jours de duree; pour I'urine, plusieurs mois. (2) La seule alteraiion qu'on y remarque, est une legere oxydaliou direc'.e de la matiere grasse par 1'oxjgcne de l'air du halloa. 50& COSMOS. d'oxygenc pour passer de l'etat de germes a l'etat de ferments adulles, tels qu'ils sc Irouvent dans les produits en voie de fermen- tation ? Je ne suis pas encore fixe sur ces graves questions. Jo m'efforce de les suivre avec toute l'attention qu'clles me>itent. Mais la difticulte vraiment capitale de ces etudes consiste dans la production isolee, individuelle de divers ferments. Je puis affir- mer qu'il existe un grand nombre de levures organisees dis- tinctes, provoquant des transformations chimiques variables sui- vant leurnature et leur organisation. Mais le plus souvent l'aliment qui convient aux unes permet le developpement des autres. De lii les phenomencs les plus compliques, les plus cbangeants. Reussit- on a degager l'un de ces ferments, a le faire developper seul , la transformation chimique qui lui correspond s'accomplit alors avec une nettete et une simplicite remarquables. J'en donnerai bientot un nouvel exemple en faisant connaitrc la levure organisee propre a la fermentation que Ton a appelee visqueuse. Errata. — Page 655, ligne27, apres le mot rayon, lisez : est les deux tier's du cote du triangle regulier inscrit dans la circonferencr dont le rayon est le rayon des faces. Page ^56, ligne 12, apres les mots pentagone regulier, lisez : construit avec la diagonale du pentagone des faces. Page hid, ligne 26, au lieu de n'est-elle pas, lisez : nest pas; et a la fin de la ligne 33, ajoutez : niees par. Imprimerie de W. Remquit et Cie, A. TBIHBIAY. rue Giranciere, 5. proprietaire-geraiu COSMOS. 505 NOUVELLES DE U SEMINE. Nous avons la avec une satisfaction bieu grande, dans le Mo- niteur du 13 mai, les deux de'crets de promotion dc MM. Dumeril et Lordat au grade de commandeur dans l'ordre imperial de la Legion d'honneur. lis sont precedes du rapport suivant, qui fait le plus grand honneur a son excellence M. le ministre de l'ins- truclion publique, et qui sera accueilli avec des applaudissements unanimes par lous les amis sinccres de la science et de la loyaute. Jamais hommage plus legitime ne fut rendu au merite vrai et modeste. « M. Dumeril, membre de l'lnstitut , professeur lionoraire au Museum d'bistoire naturelle, professeur de pathologie medicale & la Faculte de medecine de Paris, apparlient a l'enseignement depuis cinquante-neuf ans. II a eu, pendant sa longue carriere, l'honneur de suppleer Cuvier aux Ecoles centrales, et Lacepede au Museum, ouil a occupe pendant trente-deux ans, comme titu- laire, la cbaire d'herpetologie et d'icbtyologie. En 18C&, l'empereur Napoleon 1" le designait pour accom- pagner en Espagne le baron Desgenettes, charge d'y e'tudier la fievre jaune. M. Dumeril est, en outre, auteur de plusieurs ou- trages considerables qui lui ont acquis, a juste litre, les suffrages du monde savant. Ne vers la rneme epoque que M. Dumeril, M. Lordat est encore aujourd'imi, apres cinquante-huit annees d'enseignement, pro- fesseur de physiologic a la Faculte de medecine de Montpellier. Publiciste distingue, professeur eloquent, il demeure, a quatre- vingt-sept ans, le repre'sentant le plus autorise d'une ecole dont il personnifie les doctrines et dont il est la gloire. J'ai l'honneur, sire, de proposer a Votre Majeste la promotion de MM. Dumeril et Lordat au grade de commandeur dans l'ordre de la Legion d'honneur. Par leur caractere, par la valeur et la duree exceptionnelle de leurs travaux, ces deux professeurs jus- tiflent la haute distinction que je sollicite. Elle serait la conse- cration d'une vie toute de travail qui peut servir d'exemple, et la juste recompense d'un devouement que 1'age n'a point affaibli et dont la science et l'enseignement ont si largement profite. » Qu'on nous permette un rapprochement douloureux, mais instructif. Au moment ou l'hommage rendu au venerable M. Lor- Neuvitme annOe. — T. XVI. — 19 mai 1SG0. 19 506 COSMOS. dat nous parvenait, nous lisions dans les derniercs livraisons (11 mai et 12 mai) de deux feuilles medicates franchises, signees ties noms de deux dcrivains distingue's, des appreciations un pcu Irop dedaigneuscs; pour l'un, la chaire de H. Lordat est la der- niere chaire que le moyen age possede encore en Europe; pour l'aulre, l'ecole de M. Lordat a fait plus que son temps. Et savez- vous pourquoi lc respectable doyen de la Faculte de Montpellier est traite de la sorle? C'est que, par faiblesse ou entetement d'es- prit, sans doute, il enseigne le spiritualisme et le vitalisme; la force vitale etl'ame ! Vous qui le combattez, vous ne le coinbattez done que par l'exercice d'une force physique et des secretions de votre cerveau? — Le conseil municipal de Toulouse, sur le rapport de M. Petit, directeur de l'Observatoire, vient de voter la somme de 22 000 fr. pour 1'ctablissement de cinquante cadrans eleclriques dans les divers quartiers do la ville. En outre, moyennant une faible retri- bution annuelle, chaque particulier pourra se procurer dans sa demeure l'heurc electrique et voir ses pendules, toujours parfai- tement reglees, marcher completement d'accord. La capilale de la Gascogne sera done mieux partagee que la capilale de la France. II y a bien longtemps que Ton parle a Paris de la trans- mission electrique de l'heure, mais rien ne semble etre encore definitivement arrete. Au reste, c'est depuis quelques jours seulc- mentque tons les Elements necessaires a la solution complete de ce beau et grand probleme sont reunis, et nous sommes bien heureux de l'occasion qui nous est offerte de signaler a l'atten- tion de nos lecteurs une charmante decouverte faite par un de nos mcilleursamis, M. Redier, horloger. Ellea ete presentee a l'A- cadeinie dans sa derniere seance, mais si timidement, si silcncicu- scment que, quoique prevenu a Tavance, nous n'avons pas pu la saisir au passage. Elle aurait du etre accueillie avec enthousiasmc et elle a passe completement inapercue. Heureusement que le Cosmos est la pour la relever de sa chule d'un instant et la lancer a toutes les extre'mites du monde. Void l'interessant probleme que M. Redier a rcsolu pour la premiere fois par une ingenieuse application des theories de MM. Leon Foucault et Rravais, la fixitd du plan d'oscillalion du pendule ordinaire ou plan; la fixite de la periodc orbilaire du pendule conique. Une horlogc etant donnee semblable aux hor- lo^cs ordinaires, mais dans laquelle le pendule conique est subs- titue au pendule plan , la disposer de telle sorte que, par une COSMOS. 507 simple action mecanique exterieure, un mouvement de rotation communique a l'ensemble, sans toucher en aucune maniere au mecanisme ou aux rouages interieurs, on fasse qu'clle marque le temps exact d'un autre lieu, ou plus generalement un temps qui difi'ere, dm temps du lieu, d'une fraction quclconque de seconde ou d'un nombre quelconque entier ou fractionnairc de secondes assigne d'avance. Supposons, pour fixer les idees, qu'il s'agisse de transmeltre de Paris a Orleans, par le moyen de l'electricile ou par la telegraphic electrique, l'heure exacte d'Orleans, a la minute et a la seconde pres. Dans l'e'tat actuel de la science et de Fart, le probleme ne peut etre resolu qu'a la condition que, violentant la marche du regulateur de Paris, on lui fera marqucr l'heure d'Orleans ; M. Redier, lui, sans toucher aux aiguilles du regulateur, i'era faire un ou plusieurs tours au plateau tournant de son regulateur, l'amenera ainsi, sans action directe, a marquer l'heure d'Orleans, et transmeltra cette heure; il fera faire au pla- teau en sens contraire les memes tours et fractions de tours qu'au de"but, et le regulateur marquera de nouveau exactement l'heure de. Paris com me si on n'y avait pas touche. II est memo un probleme beaucoup plus simple, dont la solu- tion a ete cherchee en vain depuis bien longtemps et qui, grace a M. Redier, n'est plus qu'un jeu. Amener a battre exactement la memo seconde deux horlogesvoisines, et evaluer a un centieme de seconde pres leur difference de marche : on fera tourner len- tement dans un sens ou dans l'autre le plateau mobile de l'hor- loge a penduleconique, ses battemenls s'accele'reront ou se ra- lenliront, et Ton arrivera bientOt a saisir leur coincidence avec ceux de l'autre horloge; on lira sur les divisions du plateau mobile la fraction de tours a un centieme pres, ce sera aussi a un centieme pres la fraction de seconde qui fera la difference de marche. Mais laissons maintenant M. Redier decrire la disposition meca- nique qu'il a adoptee. Nous l'avions mis en rapport avec un ex- cellent horloger de Rordeaux, M. Lorendeau, qui etait accouru a Paris, croyant avoir invente le pendule conique, et qui l'avait seulement perfectionne ou applique dans des conditions meil- leures ; et voila comment M. Redier a dte amene a etudier lui- meme cette jolie creation du genie de Huyghens. Le premier pas qu'il a realise estde s'assurer d'un fait que beaucoup d'hommes competcnts revoquaient en doute, le fait que le pendule conique donne comme regularite des resultats comparables aux meilleurs 508 COSMOS. resultats obtcnus avec le pendule plan ou ordinaire. Cola pose : « Si au-dessous d'un pendule conique termine par une tige fine, on dispose un inouvement d'horlogerie dont le dernier axe vertical mene un bras le'gcr qui pourra conduire cette tige etpar elle le pendule; on aura l'ensemble du mecanisme adopte. Supposons que le pendule soit d'une longueur telle que cbacune de ses oscillations circulaires se fasse en une seconde et que la lentille en oscillant marche a droite ; si nous ajoutons a l'en- semble de ce mecanisme un rouage special pour battre la seconde entiere a cbaque revolution du pendule, comrae cela se pratique dans les montres dites a secondes inde'pendantes, l'oreille saisira aussi exactement le commencement et la fin de chaque seconde, ct pourra sentir les moindres differences de coincidence avee un autre pendule ordinaire. Ainsi comprise, cette borloge, sans aucun mecanisme, sans la- tonnement et sans difficultes quelconques, pourra etre avancee ou retarde'e d'une quantite voulue, depuis la plus petite fraction de seconde jusqu'a un cbiffre illimite de secondes entieres. Cette solution repose sur la propriete qu'a le pendule de con- server son plan d'oscillation et decoule des experiences que M. Bravais a fades autrefois a l'Observatoire de Paris sur la meme propriete dans le pendule conique. Si l'horloge a pendule conique decrite plus baut est places sur un plateau borizontal et lournant sur son centre; des qu'on fera mouvoir ce plateau dans le sens ou le pendule oscille, on retar- dcra la pendule ; si on le fait mouvoir dans l'autre sens, la pen- dule avancera. Le pendule marcbant a droite pour un tour a droite de l'ensemble de la pendule , on fera retarder d'une se- conde; pour deux tours, deux secondes; pour un dixieme de tour, un dixieme de seconde, etc. Le succes de l'expe'rience ne demande aucune precaution delicate. On pent done, sans le secours d'aucun mecanisme et par le soul deplacement de l'instrument, eu changer l'elat d'une quan- tite quelconque donnee. Ce resultat, entitlement nouveau dans riiorlogerie , se pretc a toules sortes de combinaisons pour la transmission de l'beurc a distance, pour la rectification des pen- dules du service d'un observatoire, etc. Le deplaceuienl d'ensemble d'une pendule prcsente toutefois quelques difficultes, surtout pour un instrument d'un grand for- mat. Dans ce cas, on peut laisser le pendule fixe et ne fairc tour- ner que le mouvement qui le conduit. Les cboses se passent COSMOS. 509 d'ailleurs exactement de la meme maniere, et on fait avancer ou retarder l'horloge d'une quantite en rapport avec le mouvement angulaire de l'ensemble durouage. L'un des instruments que je presente est dans ces conditions et malgre le deplacement necessaire des cadrans, la lecture de l'heure est rendue facile par un cadran auxiliaire qui ne change pas de place. On peut aussi, par un petit mecanisme, obtenir les memes effets et sans avoir recours ou au deplacement de l'ensemble de la pendule ou au deplacement seul du mouvement. J'ai execute" une pendule avec cette addition mecanique, et elle repond aussi a toutes les conditions du probleme. II serait fort difficile d'en donner la description sans une figure; elle est decrite avec details dans le memoire que je soumets a l'Academie. Ainsi, grace au pendule conique, on pourra mettre reellement ot rigoureusementune pendule a l'heure, minute, seconde et frac- tion de seconde. Si on veut, d'apres l'Observatoire de Paris, transmettre a Lyon, Bordeaux, Marseille, etc., l'heure de ces villes memes, on pourra retrancher de l'horloge de Paris ou y ajouter la difference resultant des diverses longitudes, en negli- geant les minutes que Ton connalt, ce qui reduira la rotation du plan tournant a un petit nombre de tours. On pourrait ainsi faci- lement verifier les donnees des divers points de la carte. A Paris , les horlogers n'ont aucun moyen d'avoir l'heure. Un cadran place" clans un etablissement central de la capitale, ne fonc- lionnant que de midi a une heure, par exemple, tous les jours, serait mis en marche de l'Observatoire de Paris ou du dep6t de la marine, et metlrait ainsi a la disposition de tout le monde ce qui n'estle privilege que de quelques-uns. >» Correspondance particuliere du Cosmos. M. de Rachmaninoff, ingenieur russe tres-distingud , nous a transmis , comme nous ie disions il y a peu de jours, quelques details interessants sur les petites machines a air chaud du nou- veau systeme Ericsson. Le piston mofeur ou travailleur et le pis- ton d'alimentation d'air se meuvent dans un meme cylindre horizontal; ce cylindre est ouvert a sa partie ante"rieure; il donne asile, dans sa partie posterieure, au foyer entoure d'une enve- loppe metallique. La flamme sortant du foyer leche et chauffe 510 COSMOS. l'enveloppe avant de s'dchapper par le tuyau de la cheminee. Le piston moteur est place du ccHe ouvert du cylindre ; le piston ali- mentateur se meut entre le piston moteur et l'enveloppe du foyer; une soupape, installed dans le piston moteur et qui cede a la pression atmospherique pendant le retour du piston, donneacces a l'air froid dans l'espace compris entre les deux pistons. La tete creuse du piston est remplie de charbon de bois, faisant fonclion de corps mauvais conducteur; ce piston se prolonge sous forme de tube presque jusqu'au fond du cylindre ;sa circonference, sur le bord superieur, est munie de cannelures ou dents tres-obliques, tantot donnant passage a l'air froid comprime ou pousse par le retour du piston moteur et l'introduisant dans l'espace compris entre l'enveloppe metallique et le piston alimentateur, tant6t fer- mees par un anneau glissant le long de ce meme piston, quand la pression interieure au sein de l'espace dont il vient d'etre ques- tion est plus grande que la pression de l'air contenu entre les pis- tons. Un second cylindre metallique, entourant la prolongation tubulaire du piston alimentateur, fait fonction de regenerateur, c'est-a-dire qu'il enleve a l'air, qui a exerce son effet mecanique et qui doit sortir par une soupape que la machine ouvre elle- meme, au moment voulu , sa chaleur excedante pour la rendre dans le coup suivant a l'air froid nouvellement introduit. Les tiges des pistons sont reliees entre elles et avec l'arbre principal qui porte le volant, par un systeme tres-ingenieux de leviers, de bielles, de manivelles; ces deux pistons, places ainsi sous la de- pendance l'un de l'autre, se meuvent simultane"ment. La machine est a simple action, le piston moteur, chasse par l'expansion de l'air chauffe, revient par Taction de la force vive emmagasinee dans le volant. Au moment oil ce piston va revenir sur ses pas en- tralne par le volant, l'air qui a agi sort du cylindre apres avoir cede aux parois du tube rege'nerateur la plus grande portion de la chaleur qui n'a pas dte transformed en force motrice ; pendant le retour du piston moteur, le piston alimentateur fait une course plus longue, de sorte que l'air est rarefie dans l'espace compris entre les deux pistons; sous la pression plus grande de l'air exterieur, la soupape du piston moteur s'ouvre et donne pas- sage a l'air froid; en meme temps que le mdcanisme fait fermer la soupape de sortie de l'air epuise. Pendant que le piston mo- teur revient toujours sur ses pas ou continue son mouvement in- verse, le piston alimentateur a marche en sens contraire ; l'air compris entre les deux pistons est comprime, il pousse devant lui COSMOS. 511 l'anneau soupape et s'^coule dans l'espace compris entre l'enve- loppe du foyer et le piston alimentateur, reprenant au tube rege- ne'rateur la chaleur laissee par le gaz sorti ; le nouvel air s'e- chauffe, se dilate, repousse l'anneau soupape, etagit sur le piston moteur qui va donner un nouveau coup positif. L'air expulse n'a pas laisse toute sa chaleur aux parois me'tal- liques; il en conserve une partie qu'on peututiliser pour rdchauf- fer Fair de l'atelier, pour chauffer de l'eau, pour alimenter le foyer ou faire que sa temperature ne s'abaisse pas quand il est traverse par Pair froid amene par la soupape. Dans ces condi- tions, M. Ericsson evalue a 30 pour cent l'economie de combus- tible de sa machine calorique comparee a une machine a vapeur a haute pression. La machine calorique a encore d'autres avan- tages, elle est facilement transportable, elle n'exigepas de chauf- feur special; elle fonctionne sans manomelre aucun parce qu'au- cune explosion n'est a redouter; dans ces conditions, la substitu- tion dc l'air a l'eau est en realite un grand bienfait. — La theoriedes cometes de M. Faye afaitnattre dans l'esprit de Mi Ed. Dubois, professeur a l'ecole navale de Brest, quelques doutes pour lesquels il nous demande l'hospitalite du Cosmos : « Le savant academicien rappelle la ne'cessite de joindrc a l'at- traction newtonienne une force repulsive emanant dela surface in- candescente de l'astre radieux; il ajoute que cette repulsion, qui, avec l'altraction, constitue la dualite de la physique moderne, se manifeste dans la dilatation des corps, dans l'expansion des gaz, etc... II est un fait incontestable, c'est que presque tous les mouvements que nous observons a la surface de noire planete semblent le resultat direct ou indirect des deux principes : abac- tion, repulsion; seulementla repulsion n'a pas encore ete formu- lae en loi generate comme l'attraction ou la gravite. Quand les tourbillons de Descartes ont ete officiellementvaincus par l'attrac- tion de Newton, et ce!a pres de soixante ans apres la publica- tion du livre des Principes, une reaction generale des esprits vers la grande loi newtonienne s'est fait jour avec tant de force, que, physiciens et analystes , ge'ometres et astronomes, ont immedia- tement admis, comme principeimmuable, que les molecules de la matiere s'attirent toutes egalement avec la meme intensite , en raison inverse du carre de leurs distances. Ainsi que deux corps soient solides, liquides ou gazeux, qu'ils soient a une tempera- ture ou a une autre, qu'ils soient dans des etats magnetiques ou electriques plus ou moins differents ; il est admis d priori que les 512 COSMOS. molecules de ces corps s'attirent de la ineme maniere tant que leur distance ne change pas. Voila, malheureusement, le principe qui ne me parait pas de- montre. Puisque les substances telles que l'eau , l'alcool, les ethers, se volatilisent instantanement dans le vide, quelle que soit la chaleur ambiante, bien que la tension ne soit pas la meme pour les differentes temperatures, un e'tat de repulsion reside done en gdne'ral dans les liquides et dans certains corps solides> le camphre, le muse, etc., etat de repulsion qui ne peut pas se manifesto" librement en raison des pressions exterieures. Pour- quoi done admet-on a priori que l'attraction est la memo pour tous les corps, quels que soient leur nature et leur etat physique? II me semble bien plus rationnel, par exemplc, d'admettre que les molecules des gaz, molecules qui semblent se repousser les unes les autres, agissent aussi par repulsion sur les corps environ- nants. En admettant ce principe , il est inutile , pour se rendrc compte des phenomenes cometaires inexpliques jusqu'a ce jour, de supposer dans le soleil une double action d'atlraction etde repul- sion, mais simplement de considerer que la comete etant une masse gazeuse, developpe sur la masse solaire une action repul- sive dont elle recoit les effets par reaction ; a cette force repul- sive viendrait se joindre celle emanant de la surface solaire, con- sideree comme matiere gazeuse d'apres les travaux d'Arago. » M. Dubois, nous le voyons avec regret, n'a pas lu le premier volume de notre Annaaire du Cosmos; il continue a confondre la molecule avec l'atome. Ce ne sont pas les molecules, mais les ato- mes dont la nature est une, dont l'etat est un, qui s'attireraient de la meme maniere en raison inverse du carre de la distance. Les molecules sont des 6tres composes ayantchacune leur masse pro- pre, leur volume propre, et, par consequent, leur attraction passive ou active propre, dependante ne'eessairementdes autresforces, cha- leur, electricite, magnetisme, etc., etc.. Quoi de plus simple que de completer {'attraction par la distension, qui est la consequence necessaire de l'attraction unie au mouvement, et qui rend compte de tous les phenomenes qu'on serait tente d'attribuer a une re- pulsion a laquelle nousne croyons pas du tout? C'est bien assez d'admettre l'attraction universelle et de l'admettre seulement comme force explicative, dont il faut trouver la raison dans une force reelle, ce que nous esperons faire bientfit avec le secours d'un ami eminemment ingenieux, M. le docteur Jules Cuyot. — Le brave et modeste peintre en batiment, qui lit avec tant COSMOS. 513 d'aviditele Cosmos a Bourg-en-Bresse, nous communique un pro- cede facile de gravure sur verre, sans reserves, de tous les des- sins que le pinceau peut tracer. II est parti de cette idee que les traits formes sur verre avec une substance conductrice de la chaleur, sounds, en meme temps que les portions non recou- vertes, a Taction des vnpeurs d'acide flurohydrique, devaientetre plus rapidement et plus proibndement attaques. La maticre avec laquelle il trace le dessin est tout simplement un melange in- time de Wanes de plomb et d'huile de lin, facile a etendre au pin- ceau. Au moycn du decalque d'une gravure et de cette matiere colorante, il a trace sur verre une figure du Christ; il a laisse son dessin secher, puis il a recouvert du verre portant ce dessin un vase contenant de l'acide sulfurique saupoudre de fluorure de calcium, et l'a laisse" pendant quelques instants expose aux va- peurs d'acide fluorhydrique. En enlevant ensuite la plaque de verre, il a ete heureusement surpris de voir que scs previsions etaient re'alisees; les trails qu'il avait traces avec le blanc de plomb etaient seuls graves sur le verre , les portions nues du verre n'etaient nullement attaquees. Ce qui distingue ce procede des precedes anciens, c'est precisement que les parties non at- teintes sont cedes qui ne sont nullement recouvertes ; que les par- ties atteintes sont cedes que Ton croirait preservers, parce que seuleselles sont recouvertes d'un enduit; il est encore dans l'en- fance, nousditnotre bon correspond ant, mais peuUHre qu'entre des mains babiles il pourra donner d'excellenls resultats. (La suite au prochain numeru.) ACADEMiE DES SCIENCES. Seance du lundi 1 £ mat 1 860. M. Bertrand depose, au nom de M. Lamarle, un memoire sur l'ecoulement des eaux qui circulent a la surface de la terre, ecrit a l'occasion de la discussion que souleva au sein de l'Academie l'experience curieuse de M. Perrot de Rouen ; et dans lequel il donne et l'hislorique et la the'orie complete de cette importante question. Nous analyserons procbainement ce bon travail. — M. Bertrand, au nom de M. Fedor-Thoman, depose sur le bureau, en demandant leur insertion dans les Comptes rendus, les logarithmes avec vingt decimales des soixante-neuf premiers 514 COSMOS. nombres de Bernoulli. Ces nombres jouent conjointement avec les deux nombres, e base des logarithmes nepe'riens, et tt rapport de la circonferencc au diametre, un role tres-important dans l'ana- lyse pure et appliquee a la geometric lis entrentcomme elements determinants dans les series trigonometriques et logaritbmiques; dans les developpements en series des integrates aux differences finies ; dans la sommation des fonctions alge"briques et des fonc- tions transcendantcs; dans le developpement en series et reva- luation des integrates delinies; dans le calcul des fonctions in- verses du nouveau calcul des augments dont M. Fedor-Thoman a eu l'heureuse idee et sur lequel nous reviendrons plus tard. lis jouissent en outre de proprites tres-remarquables, etudiees tour a tour par leur in venteur Jacques Bernouilli, par son fils Jacob Ber- nouilli, par Euler, Laplace, Lacroix, Libri, Grunnert, Roht, Eytelwein, etc. M. Fedor-Thoman les a rencontres sans cesse dans les importantes applications pratiques de l'arilhmetique et de l'analyse algebrique qu'il a ete amene de faire a des pro- blemes tres-complexes de finance et d'interets composes ; et comme il les a toujours trouve's associes a un plus ou moins grand nombre de facteurs dont ils ne se separent presque jamais, il a senli par la la necessite de calculer leurs logarilbmes avec un nombre de decimales inusite. Un; geometre allemand a pu- blic les Iogaritbmes de dix-buit de ces nombres avec dix deci- males ; mais soit erreurs de calcul, soit fautes d'impression, ces Iogaritbmes sont inexacts. M. Fedor-Thoman les a calcules de nouveau, par deux procede's differents et tres-expeditifs qui lui font le plus grand bonneur; les nombres obtenus se sont trouve's les memes pour les vingt premieres decimales, et il n'a pas voulu se borner aux dix-huit premiers nombres ; il est alle jusqu'aux soixante-ncuf premiers, e'est-a-dire qu'il atteinttous ceux que Ton peut etre expose de trouver sur son cbemin dans les mille ques- tions dans lesquelles ils seglissent. Evidemment, etc'estl'opinion enoncee avec une vive conviction par M. Berlrand, M. Fedor- Thoman a rendu un service important aux geometres. Tout recemment, l'Universite de Cambridge a fait imprimer a ses frais un charmant petit volume de notre ami, intitule Theorie des interets composes et des annuites, avec tables de logarithmes , ecrit en anglais , et qui a recu au dela du detroit l'accueil le plus sympathique. — M. Becquerel pere presente le regulateur automatique de la lumiere eUectrique de M. Serrin. Cetle presentation a etc faitc COSMOS. 515 dans des conditions tres-inusite'es et qui ont fait une grande sen- sation. Trois lampes electriques avaient etc instaUecs dans la salle des seances; Tune sur la table de lecture, la scconde au sein d'un vase plein (fair et dont les bords plongeaient dans l'eau ; la troisieme a une certaine hauteur, avec un miroir parabolique qui devait projeter ses rayons sur une statue placee a Tangle op- pose de la salle. La premiere lampe representait l'eclairage dans des conditions ordinaires; la secondela montraitdans son appli- cation facile et grandement avantageuse a l'eclairage des mines; la troisieme en/in devait indiquer ie parti qu'on pouvait tirer de ce foyer intense de lumiere pour produire a distance un signal de correspondence. Une pile de Bunsen de cinquante elements, placde danslacour de l'Institut, envoyaitson couranttres-intense a celle des lampes qu'on mettait dans le circuit. Les experiences ont parfaitement reussi; sous la simple pression a distance du doigt de M. Serrin, les trois lampes se sont allumees tour a tour sans hesitation aucune et elles auraient continue a repandre sans s'eteindre une lumiere extremement intense pendant tout le temps que les charbons terminateurs des poles auraient mis a se consu- mer. Le caractere essentiel du regulateur de M. Serrin est pre- cisement qu'il n'exige en aucune maniere 1'intervention d'une main bumaine, soit pour s'amorcer ou s'allumer et se regler, soit pour serallumer etse regler de nouveau quand par la rupture des charbons ou une autre cause quelconque le foyer lumineux s'est e'teint. Son mecanisme tres-simple constitue une sorte de balance tres-sensible, qui penche tant6t d'un cote, tantot de l'autre, mais dans des conditions de stabilite parfaite, ou de maniere a retablir automatiquement l'equilibre necessaire a la production d'un eclairage partant constamment d'un meme point de l'espace. II est forme de deux parties distinctes, mais dependantes l'une de l'autre dans ce sens que l'une commence ses fonctions quand l'autre les cesse, et reciproquement. La premiere, la balance ou systeme oscillant, a pour destination de produire l'dcart des charbons place's naturellement en contact dans l'e'tat de repos, et de determiner leur rapprochement quand leur ecart, devenu anor- mal, amenerait Interruption du courant ou la cessation de lu- miere. La seconde, commande"e par la premiere, se borne a pro- duire le rapprochement des charbons aussitOt qu'il est devenu ne- cessaire. Les deux tubes porte-charbons, places verticalement l'un au-dessus de l'autre, communiquent, celui d'en haut au p6Ie positif, celui d'en bas par l'intermediaire du rouage et du systeme 516 COSMOS. oscillant avcc le pole ncgatif : en descendant par son propre poids, le charbon positif fait monter d'unc quantitc moitie moindre le charbon negatif qui s'use deux fois moins vile, ct par la le foyer lumineux reslc constamment a la meme hauteur dans l'espace. Le systeme oscillant forme un rectangle a angles arti- cules, avec deux cotes verticaux et deux cdtes horizontaux; l'un des cAtes verticaux est fixe ; l'autre mobile, et suspendu tres-deli- catement, peut ceder tour a tour a son propre poids qui le solli- cite vers laterre on a un ressort qui le pousse en sens contraire. Ce meme systeme oscillant porle a sa partie inferieure une arma- ture en fer doux, en rapport avcc un electro-aimant que le pas- sage du courant de la pile rend actif. Quand le courant ne passe pas, les deux charbons se touchent ; mais des que Ton ferme le courant, l'electro-aimant devient actif, l'armature est attiree en has, le systeme oscillant s'abaisse entrainant avec lui la charbon inferieur qui s'ecarte du charbon superieur reste immobile; l'arc et la lumiere electrique apparaissent entre les pointes. A me- sure que les charbons se consument, leur distance augmente, le courant devient plus faible, l'electro-aimant moins puissant, Far- mature moins attiree; aussitot, le systeme oscillant remonte; en montant il degage le rouage, et les charbons se rapprochent de nouveau. Ce sont moins des rapprochements et des ecartements reels que des tendances opposees, se neutralisant Tune l'autre a chaque instant et maintenant les charbons a la distance voulue pour que la lumiere electrique. ait son maximum d'intensite, tant qu'il n'y a en jeu que la combustion lcnte des charbons. Si une cause etrangere intervient, si l'un des charbons ou tous deux se rompent, le courant est brusqucment interrompu, l'electro- aimant est inerte, l'armature se detache et remonte avec le sys- teme oscillant ; le rouage est degage, les charbons, devcnus libres, se rapprochent au contact, le circuit alors se ferme, l'armature attiree descend entrainant avec elle le systeme oscillant; le char- bon superieur s'arrete; l'inferieur s'ecarte, et la lampeserallume. Le jeu des divers organes du regulateur de M. Serrin est si fa- cile, qu'il fonctionne meme, et c'est un avantage considerable, avec le courant sans cesse renverse ou alternalif des machines magneto-electriques; qu'il s'eteint et se rallume instantanement des qu'on rompt ou qu'on retablit le circuit sur l'un quelconque de ses points et a distance. Dans ces conditions, la lampe elec- trique se prete merveilleusement a la production de signaux tele- grafiques; on pourra eteindre le feu des phares ou obtenir des COSMOS. 517 Eclipses periodiques sans rotation ou sans aucun me"canisme ad- ditionnel ; les interruptions regulieres des feux pourront servir a fixer la position du phare qui les emet, etc., etc. — M. Chevreul depose sur le bureau les feuilles imprimees et les planches de son grand ouvrage sur la classification et la de- termination rigoureuse d'une couleur quelconque, naturelle ou artificielle. Cet ouvrage a pour base un tres-bel atlas de cercles et de gamines chromatiques, executees primilivement en laines teintes sous la direction de M. Lebois, chef de 1'atelier de teinture des Gobelins ; reproduits aujourd'hui avec une perfection tres- grande, une identitd absolue et en aussi grand nombre qu'on voudra a l'aide de planches gravees sur acier et imprimees en taille-douce. M. Chevreul a trouve dans un artiste, aussi modeste qu'habile, M. R. H. Digeon, l'homme qu'il lui fallait pour conduire a bonne fin cette vaste entreprise, et il lui a rendu au sein de l'Academie un solennel hommage. Tous ceux qui examineront attentivement l'atlas des cercles ou gammes chromatiques que M. Digeon n'est arrive a multiplier a coup sur qu'apres avoir cree de nouveau en quelque sorte l'art de l'impression polychroma- tique par superposition de couleurs reduites au plus petit nombre possible, reconnattront que rien de si parfait n'avait encore ete produit; e'est un veritable monument eleve paries mains reu- nies du savant et de l'artiste, faisant appela toutes les ressources de la science et de l'art. C'est maintenant seulement qu'on peut aborder et re'soudre ces problemes si delicats : definir les cou- leurs ; se rendre compte de leurs melanges, et des efiets de leur contraste ; apprecier leur degre de solidite ou de persistance ; mesurer 1'affaiblissement qu'elles ont subi sous la double in- fluence du temps et des agents de decomposition interne ou ex- terne, etc. Pour que les couleurs des cercles et des gammes ne fussent pas arbitraires , il fallait les comparer a leurs prototypes, ou re- monter a la source, au spectre solaire lui-meme, et c'est ce que M. Chevreul a fait tres-heureusement avec la collaboration de M. Becquerel pere et de M. Edmond Becquerel. Entete de l'album, sur une premiere feuille de longueur double , M. Digeon a re- produit un spectre solaire incomparable, imitation beaucoup mieux reussie qu'on n'avait jamais pu 1'espererdu spectre obtenu avec un prisme de sulfure de carbone ; avec ses raies et la com- paraison de ses couleurs a celles des cercles chromatiques. L'identification n'est absolument certaine que pour quinze cou- 518 COSMOS. leurs : le rouge pur, le cinquieme rouge, le quatrieme rouge- orange ; le cinquieme orange, le jaune, le quatrieme jaune, le jaune vert; le troisieme, jaune-vert, le vert, le troisieme vert, le troisieme vert-bleu, lebleu; ledeuxieme bleu ;le cinquieme bleu, etc., etc., lebleu violet; mais heureusement ces quinze points de repere suffisent completement pour achever a l'ceil le travail de l'identification et de la classification. Apresle spectre, viennent dans l'atlas les cercles cbromatiques. Le premier, consacre aux couleurs tranches, comprend soixante-douze nuances, les trois couleurs appelecs communement simples, rouge, jaune, bleu ; et soixante-neuf nuances ou couleurs composees intermediaires formant une transition suffisamment continue du rouge au vio- let par l'orange, le jaune, le vert et le bleu ; c'est en rdalite un spectre circulaire du plus bel effet. Dans les neuf cercles, suivant les couleurs du premier, reparaissent ternies ou rabattues par addition tour a tour d'un dixieme, deux dixiemes, trois dixiemes, neuf dixiemes de noir.... A la dixieme addition, toutes les cou- leurs ont presque disparu, on les devine cependant sous le voile ombre qui les couvre ; le jaune, en raison de son eclat plus grand, est la couleur la moins eteinte. Les gammes cbromatiques offrent presque plus d'interet en- core. La premiere montre le blanc passant, par addition succes- sive d'un vingtieme de noir, au noir absolu, a travers une serie de dix-neuf gris, depuis 0 ou blanc jusqu'a 21 ou noir. Les douze autres gammes formees aussi de vingt-dcux bandes numerotecs 0 a21,montrent a l'ceil comment les couleurs principales bleu, vert-bleu, vert, [jaune vert, jaune, orange-jaune, orange, rouge- orange, rouge, violet-rouge, violet, bleu-violet, occupant franches la dixieme bande, passent successivement en montant au noir, en descendant au blanc quand elles sont rabattues par addition gra- dueede un, deux, trois.... dix dixiemes de noir; ou lavees par addition gradueede un, deux, trois.... dix dixiemes de blanc. Sur la demande de M. Chevreul, 1'Acade'mie a fait a M. Digeon une commande de planches destinees a accompagner le texte imprime de ses mdmoires. Mais cette commande est bien loin de suffire a compenser les sacrifices enormes que le courageux ar- tiste s'est imposes pour mener a bonne fin cette grande et longue entreprise ; et nous faisons des vceuxsinceres pour que son oeuvre en se popularisant le recompense enfin de ses peines. Nous don- nerons en terminant les tilres des chapitres ou categories de l'ou- vrage de M. Chevreul : 1° noms vulgaires et determination des COSMOS. 519 couleurs utilisees dans la peinture ; 2° noms vulgaires et determi- nation des matieres colorantes du commerce ; 3° determination de la couleurdes especeschimiques; k" determination de la cou- leur des especes minerales; 5° determination des couleurs des fleurs de la nature; 6° determination des couleurs des differentes classes d'animaux. — M. Boussingault resume de vive voix une notice tres-inte"- ressante, redigee par lui, sur les gisements de guano du Perou, des cOles du Pe"rou, et des iles de 1'ocean Pacifique; la nature des divei's guanos, et les precautions a prendre dans leur emploi. Les guanos sont de deux genres principaux : guanos terreux dont le phosphate de chaux est la base principale, ou l'azote n'est que secondaire; guanos ammoniacaux ayant pour base principale l'azote sous forme d'ammoniaque, pour accessoire le phosphate. Les de'pGIs de guanos ammoniacaux sont ou anciens, et le guano a alors une couleur foncee, une odeur penetrante; ou nouveaux, et le guano est alors presque blanc. II parait que les Peruviens, qui, de toute antiquite, ont fait servir le guano a la fertilisation de leurs terres, avaient la coulume de n'employer que le guano blanc. Les lois prenaient sous leur protection les oiseaux dont les excrements constituent les depots de guano; il etait defendu de les tuer, de descendre sur les iles ou ils font leur nid aux epoques de la ponte, de s'emparer de leurs ceufs, etc., etc. Le fait capital que M. Boussingault a signale et sur lequel nous reviendrons, c'est la presence de proportions plus ou moins considerables de nitrates dans les guanos des iles Jarvis, Baker et Gallapagos, etc., de 1'ocean Pacifique, dont l'efficacite a ete demontree par des ex- periences certaines, quoiqu'ils semblassent presque totalement formes de phosphates, et que l'analyse faite par la chaux sod£e n'y eut pas mis d'azote en evidence. II ne suflira done plus, pour apprecier la valeur d'un guano, de rechercher l'azote libre ou a l'etat d'ammoniaque ; il faudra doser les nitrates par l'une des methodes et les reaclifs connus, la teinture d'indigo, etc. Nous avons vu avec plaisir M. Boussingault proclamer lui-meme la ve- rite d'un principe que nous rappelions dans notre article sur les guanos des iles Pacifiques importers par MM. Webb et Sardy, qu'un guano riche en phosphate et pauvre en apparence en azote, mais qui renferme une proportion suffisante de nitrate, peut etre plus fertilisant qu'un azote tres-ammoniacal, alors meme qu'il renfer- merait une certaine quantite' de phosphate. — M. Boussingault, en outre, a l'occasion de la note sur la pre*- 520 COSMOS. sence de l'acide nitrique dans le bioxyde de manganese naturel, fait remarquer : 1° qu'il avait lui-meme constate il y a longtemps cette presence d'acide nitrique, mais jamais en proportions aussi considerables que celles signalees par MM. Deville etDebray; 2° qu'au lieu d'attribuer cette presence au fait que le peroxyde de manganese deriverait du nitrate de manganese, il se l'etaitexpli- que a lui-meme par ce fait que le manganese forme a etemouille par une eau contenant des nitrates ou de l'acide nitrique, comme presque toutes les eaux de riviere. Toutes les fois, dit M. Bous- singault, qu'une substance quelconque, le papier, la colle, etc., apres avoir ete mouille'e, est ramenee ensuite al'etat de siccite, on est assure, par une analyse bien faite, d'y decouvrir des nitrates ou de l'acide nitrique. — M. Jules Cloquet, au nom de M. Burel de Verdun, presente un petit calcul trouve dans la glande sublingual d'un enfant age seulement de trois semaines : c'est une preuve nouvellc que ces sortes de concretions peuvent prendre naissance pendant la pe- riode intra-ulerine. — M. Faye lit une note sur une experience faite avec la machine de Ruhmkorff pour mettre en evidence la force repulsive des sur- faces incandescentes : « Depuis deux ans j'ai presente a 1'Acade'mie une serie de tra- vaux sur la figure et l'acceleration des cometes , et j'ai montre que ces phe'nomenes grandioses accusent nettement, dans les es- paces celestes, l'existence d'une force nouvelle, totalement diffe- rente de la gravitation, dont on n'a pas tenu compte jusqu'ici dans la mecanique celeste. La perfection actuelle de cette belle science devait m'opposer, dans l'opinion des astronomes, un grand obstacle. Aussi n'ai-je guere reussi a faire adopter mes idees. La seule adhesion pu- blique dont je puisse me flatter est celle d'un savant, M. Roche, qui avait deja applique l'analysc a une des questions particulieres de la figure des cometes... Dans ces circonstances, il m'a paru que lameilleuremaniere d'a- vancer la question et de porter la conviction dans les esprits, serait de chercher dans les phenomenes qui nous entourent cette force repulsive queje croyais avoir decouverte dans leciel. Ilnepouvait, en effet, entrcr dans ma pensee d'imaginer une force purement celeste. Si le soleil, par son incandescence, exerce a distance une repulsion dont les effets se fontparticulierement sentir sur la ma- tiere reduite a une tenuite excessive, effets qui disparaissent pour COSMOS. 521 nous a cause del'inlerposition de l'almospbere; toute surface incan- descente doit exercer la meme repulsion sur une matiere quel- conque, et pour la rendre visible, il suflira d'amener celte ma- tiere a un degre suffisant de rarete ou de tenuite. La matiere des cometes est d'une rarete excessive, meme dans le noyau; dans les queues, elle est iniuiaginable. On a vu que je suis arrive par plusieurs voies a poser en fait que cette rarete de la matiere du noyau d'une comete est assez comparable a celle du vide au cen- tieme de la macbine pneumatique... Si reflet altribue par moi a la repulsion est reel, et si sa raison est precisement, comme je l'ai moulree, la rarete excessive de la matiere cometaire, en soumettant un gaz rare'fie au cenlieme et plus encore dans une cloche i'ermee a Paction d'une surface incandesccnte, je devais observer une repulsion sensible : car, si d'un cote la temperature de la plaque reste enormemeut au-des- sous de celle du soleil , de l'autre , j'opererais a une distance enormemeut plus petite que les intervalles celestes. Mais il fallait avant tout rendre visible la matiere repoussee. Je songeai a la lumiere stratiiieo fournie par la macbine de Rubmkorff, et des lors le plan de l'experience se trouvait arrete ainsi que le cboix de l'artiste a qui il fallait m'adresser. L'appareil se compose d'une cloche en verre armee d'un robi- net superieur pour mettre en communication avec la machine pneumatique. Elle esttraversee par deux tiges de cuivre borizon- tales terminees par des boules dont la distance peut etre reglee, et que Ton met en communication avec les poles de la machine d'induclion. Geite cloche est masliquee sur un fond metallique, au centre duquel a ete soudee une rondelle mince de platine d'environ deux centimetres de diametre. Un double courant d'air et de gaz d'eclairage enflamme permet de porter le platine au rouge. Notre celebre constructeur , si bon juge en pareille matiere, me prevint que l'experience ne reussirait pas; qu'il y aurait at- traction et non repulsion; que le courant lurnineux s'inflechirait vers les regions chaudes. Cependant il y avait la une tentative nouvelle, et il voulut bien s'y preter avec le zele qu'il met h tout ce qui peut interesser la science. Les cboses se passerent comme il l'avait dit : le courant s'inflechit fortement vers le bas, et ce fut tout. Cet echec ne me decouragea poiut : il me semblait qu'en rapprochant davautage la plaque incandescente des stratifica- tions electriques, j'apercevrais peut-etre quelque trace de Feffet 522 COSMOS. cherche. M. Ruhmkorff voulut bien se preter encore a mes de- sirs, il fitrogner la cloche pour la raccourcir, et nous recommen- cames. Mais alors, il se produisit un fait qui nous frappa tous deux au meme instant, les stratifications qui se trouvcnt dans cette disposition perpendiculaire a la plaque , etaient comme re- poussees a la distance d'un centimetre environ au-dessus etautour de la plaque, de maniere a former un intervalle obscur que M. Ruhmkorff compare a celui qui se produit d'ordinaire entre la lueur violette qui recouvre le p61e negatif et les stratifications, mais qui est beaucoup plus marque et plus large. II se presente une autre difference, et c'est meme la ce qui m'a le plus frappe, les stratifications sont repoussees sans etre de- vices. S'il se formait une issue partielle au courant par la plaque de platine incandescente, les stratifications tendraient a prendre la une direction plus ou moins parallele a cette plaque, absolu- ment comme au pole negatif : or, cela n'existe pas, les couches, alternativement obscures et lumineuses sont interrompues presque brusquement , sans degradation d'intensite, comme si elles etaient repoussees en masse , et qu'aucune cause ne tendit a de\ier sensiblement leurs plans paralleles entre eux et perpen- diculaires a la plaque. Cette repulsion augmente avec l'incandescence de la plaque; elle diminue, au contraire, quand on retire le jet de gaz enflamme et qu'on laisse la plaque se refroidir. Je ne presenterai pas cette experience comme decisive. II y a dans les phenomenes des courants tant de details qui peuvent echapper a ceux qui , comme moi , ne sont pas profondement verses dans leur etude , que je n'oserais pas afflrmer que la re- pulsion de la plaque incandescente soit seule en jeu. Mais j'ai consul te des hommes bien plus comp&ents que moi en pareille inatiere, et j'ai eu la satisfaction de constater que leur experience ne leur suggerait point immediatement d'explication differente de la mienne. M. Ruhmkorff, qui a construit l'appareil et fait des experiences, parait dispose" a l'admettre.Enfin, notre savant con- frere, M. de Senarmont, m'encourage a presenter ces faits nou- veaux a l'Academie ; je les signale done a l'attention des physi- ciens qui s'occupent plus particulierement de ces etudes dedicates et brillantes, avec l'espoir qu'ils voudrontbien s'interesser a ma recherche, et suppleer a mon insuffisance. 11 me sera permis du moins de faire remarquer que le pheno- mene a re"pondu a mon attente. Mais, je le repete, pour ce qui est COSMOS. 523 dc savcir si j'ai reussi effectivement a montrer en action, par cette experience , la force repulsive qui regne dans les espaces celestes a cote* de la gravitation newtonienne, elle qui porle a 20, 30, 60 millions delieues les queues des comeles, qui trie delica- tement leur matiere suivant la densite de leurs particulesen les etalaut en queues separees, plus ou moins courbes, plus ou moins longues, qui aplatit vers le soleil les couches concen- triques de leurs nebulosite's, qui a produit le dedoublement de la comete de Biela et de la comete de Seneque, qui imprime a la comete d'Encke une acceleration seculaire de 5 635", et qui ex- plique au moins en parlie la difference dont on se preoc- cupe entre l'observation et le calcul pour l'acceleration de la lune, etc. ; e'est ce que 1'examen que je sollicite des physiciens pourra seul decider. N'est-il pas evident que ce que Ton aura reconnu pour un disque de platine simplement rouge, comp- tera a plus forte raison pour le soleil, dont un savant anglais, en parlant des mesures de M. Pouillet, estimait dernierement la temperature a 12 000 000 dc degre's. » — Par une faveur exceptionnelle, mais accordee a de nobles services rendus, la parole est donnee a M. Jacobi de Saint-Peters- bourg : il juge opportun d'exprimer une pensee relative a la necessite d'introduire dans les calculs sur le systeme planetaire unenouvelle force, l'induction, en dehors de la gravitation. Tous les corps sont magneliques a un degre" plus ou moins prononce ; la terre est un vaste aimant, et il en est sans doute de meme des autres planetes, de leurs satellites et du soleil lui-meme. Or, e'est une loi generate, un fait aussi constate par l'experience de chaque jour, que lorsque deux corps par- courus tous deux par des courants magneliques s'approchent ou s'eloignent, leur rapprochement ou leur eloignement font naitre des courants d'induction de sens contraires. Tout corps, par exemple, dit M. Jacobi, qui en tombant s'approche de la surface de la terre fait naitre un courant trop faible peut-etre pour etre apprecie avec les instruments dont la science dispose acluellement, mais qui n'en est pas moins reel. Or, il y a long- temps deja que M. Jacobi a propose a l'illustre Bustel de faire enlrer ces courants d'induction avec leurs attractions ou leurs re- pulsions consecutives et perturbatrices dans l'explication des phe- nomenes contraires. (Nous y reviendrons.) — MM. Pouillet et de Senarmont prennent aussi la parole et expriment des doutes sur l'interprdtation donnee par M. Faye 52/» COSMOS. a son experience. Celte modification de forme donnce a l'amas de lumiere stratifiee nc pcut-elle etre attribute a un cbangement de conductibilite ou a des couranls gazeux, determines par la cale'faction/etc. ? M. Cabinet, au contraire, est d'avis que Ton ne peut pas faire inlervenir les courants gazeux, parce que leur ac- tion, si elle existait, s'exercerait en sens contraire de Taction observee. — M. Fournier, caissier au minislere de la guerre, demande le renvoi au concours des prix de Montbyon de sa methode de mise en evidence des fuites de gaz dans les tuyaux de conduite, par la reaction du gaz acide chlorbydrique et de l'aminoniaque gazeux, manifestee, on le sait, par l'apparition d'un nuage blanc de cblorbydrale d'ammoniaquc solide tres-divise. Nous rcviendrons sur cette tres-curieuse ct tres-utile application de la cbimie. Nous dirons seuiement aujourd'hui que pour decouvrir les i'uites , 31. Fournier fait nallre ou introduit d'abord du gaz ammoniac au sein des tubes, que tenant ensuitea la main un flacon remplid'a- cide cblorbydrique et non boucbe, il leche en quelque sorte avec le goulot onvcrt le tuyau de conduite sur toule sa longueur. Si dans cette excursion il n'a vu apparailre nulle part de i'umees blancbes, e'est qu'il n'y avait point de fuite ; si, au contraire, sur un point du parcours la fumee blancbe apparalt, e'est qu'il y avait une fuite. — Mj Marcel de Serres ecrit qu'il a constate , il y a bien longtemps, la presence sur les c6tes du Bre'sil des rocbes de for- mation modernesignaleespar M. Liais. — M; Edouard Gand complete ses premieres indications sur la creation et les avantages de forleresses mobiles ou de vaisseaux terrestres. — M. Despretz presente au nom de M. fmillemin une note sur les modifications qu'on peut faire subir a la duree de la transmis- sion des courants dans les fils telegrapbiques. II est re'sulle des premieres experiences de M. Guillemin que la duree de l'elat variable du courant est d'autantmoindre, pour un meme fil de ligne, place dans des conditions identiques, que la tension de la pile est plus grande. « Ce principe, dit-il, vient de recevoir une confirmation et une extension nouvelles par des experiences que j'ai faites recem- ment , pendant les belles journees du 3 au 7 mai courant. Le 5 mai dernier, sur la ligne de Paris, le Mans, Lisieux, avec retour a Paris, fils directs, d'environ570 kilometres, 150 elements COSMOS. 525 Daniell ont donne, pour la duree de l'etat variable, 0",01S1. Vendredi k mai, merae ligne, flls omnibus, 150 elements Daniell, dans lesquels la tension a ete diminuee en ajoutant de l'eau fai- blement acidulee dans les deux compartimenls, ont donne 0"030 pour la duree de l'etat variable. Puis en etablissant une faible de- viation permanente du pole de la pile a la terre 0",033; une forte deviation du meme pole de la pile a porte ce nombre a 0",038. II a paru resulter de la comparaison de toutes les experiences faites sur les memes His, avec la meme pile, mais dans des con- ditions atmospheriques diverses, que la duree de l'etat variable augmente quand l'air devient bumide et diminue lorsqu'il contient moins de vapeur d'eau. Cette observation peut se dcduire du prin- cipe qui vient d'etre siguale. En effet du moment ou le temps ne- cessaire a l'etablissement de l'etat permanent augmente avec le travail dela pile, que le fil perde par l'air, par les supports, ou par une deviation quelconque a la terre, le resultat final doit etretou- jours une augmentation du temps observe. D'apres ces memes donnees, il etait facile de prevoir que si, apres chaque contact du pole positif de la pile et du fil, au lieu de ramener le fil a l'etat naturel, en le dechargeant par les deux bouts, on lui donnait au contraire une charge negative, la duree de l'etat variable augmenterait par le fait de l'augmentalion de travail de la pile. C'est en effet ce qui a eu lieu. Le 3 mai, meme ligne, fils omnibus, 150 Daniell donnaient, dans les conditions ordinaires, 0",023, et en chargeant dans les inter- valles de ligne avec le p61e de nom contraire de 20 Bunsen, ce nombre est devenu o",038, et en chargeant avec le pole de meme nom 0",018. Enfin ces experiences ont de nouveau confirme ce principe dejii enonce : l'etat permanent s'e'tablit en meme temps dans tous les points du fil. En resume, on peut a volonte modifier la duree de la propaga- tion du courant, augmenter ou diminuerla duree de l'etat variable, en augmentant ou en diminuant le travail que la pile doit produire, quelque soit d'ailleurs le moyen physique que Ton employe pour atteindre ce but. — M. Despretz encore presente, au nom de M. Joseph Gaugain, la traduction qu'il vient de faire paraitre de la celebre theorie mathematique de la pile et des courants electriques de Ohm. Dans cette introduction historique, M. Gaugain prouve que Ohm n'a pas seulement formule le premier les lois qui ont immortalise 526 COSMOS. son nom, mais qu'il les a lc premier aussi constatees ou verifiees par des experiences faites avec des piles thermometriques. Les re- cherches experimentales deMM. Pouillet, Fechner, etc., sont cer- tainement posterieures a celles de Ohm. M. Gaugain a cru qu'il etait bon d'etablir autrement que ne l'a fait Ohm l'equation fon- damentale de cette belle synthase; il a done donne place a la der- niere instruction que Fourier en a donnee le premier dans son Traite mathematique de la chaleur. M. Gaugain analyse aussi avec soin les travaux qui ont eu pour objet la verification des lois d'Ohm, ct donne avec quelque etendue les experiences qu'il a faites lui-meme dans cette direction ; il montre comment en ajoutant un terme de plus a l'equation finale on peut generaliser la theorie de Ohm et lui faire reprdsenter des phenomenes qu'elie semblait ne pas embrasser. Cette publication, a dit M. Despretz, est un veritable service rendu a la science, et dont il faut se mon- trer reconnaissant. Nous ferons remarquer a M. Gaugain, qu'il semble n'avoir pas connu les recherches, tres-dignes d' attention, de M. Wheatstone, pour la determination des constantes de l'elec- tricite; elles sont cependant les plus remarquables peut-etre des verifications des lois de Ohm que nous connaissons. Nous les avons publiees dans notre Traite de telegraphie e/ectrique. VAMETES. Science appliquee a S'ieduslrio Appai'eil neo-gazogene universel de M. Bazel C'est toujoursun spectacle inte'ressantet instructif que de voir un homme actif, intelligent, infatigable, entreprendre la solu- tion d'un probleme, petit en apparence, tres-grand en rdalite, entoure de rnille difficultes theoriques et pratiques qu'il faut vaincre tour a tour ou tourner habilement. Or, c'est ce spectacle que nous donne, depuis cinq anneesdeja, M. Bazet, ancien in- terne des hOpitaux de Paris. Le probleme qu'il aborde, apres tant d'aulres esprits inventifs, est celui de la fabrication simple, effi- cace, dconomique de toutes les eaux gazeuses ou mousseuses qui peuvent servir a l'alimentation ou a la therapeutique ; de la pre- paration rapide et commode de tous les gaz que Ton emploie comme agents anesthesiques ou disinfectants. Nous l'avons vu COSMOS. 527 apporter a la Societe d'encouragement la premiere ide'e de l'ap- pareil unique qui devait en remplacer tant d'autres et se preter a mille usages; nous l'avons entendudevelopper sa pensee avec en- thousiasme , quoiqu'il sentit bien qu'elle ne f ut encore qu'a l'etat naissant. Nous avons vu grandir peu a peu cet enfant genereux, et, ces jours derniers , alors que l'enfant £tait devenu un adulte vigoureux, nous avons assiste avec bonheur au deploiement de toutes ses forces, aux mille evolutions qu'il execute sous le com- mandement de la volonte forte et de la main sure qui l'ont con- duit a son developpement parfait. Nous donnons a l'appareil de M. Bazet le nom de neo-gazogene universel, parce que ce n'est pas seulement de l'eau chargee d'a- cide carboniqueoude l'eau de seltz artificielle qu'il produit, mais toute liqueur gazeuse ou mousseuse, mais un gaz quelconque ob- tenu par la voie bumide; en second lieu, parce qu'il se prete a la fabrication de ces eaux gazeuses ou de ces gaz par tous les moyens que fournissentles reactions chimiques; en troisieme lieu, parce qu'il est egalement et un ustensile de menage et une machine d'a- telier ou d'usine ; parce qu'il engendre et qu'il emmagasine a la fois; parce qu'il fournit, en un mot, sous toutes les formes pos- sibles, et l'eau gazeuse qui doit etre preparee et bue sur place par le consommateur , et l'eau gazeuse qui, devenant l'objet d'un commerce ou d'une consommation considerable, doit etre trans- ported a distance. En lui-meme cet appareil est tres-simple ; on peut dire qu'il est d'une seule piece, parce que les deux moities en verre dont il se compose ont ete soudees au feu et n'en font reellement qu'une. II est aussi homogene, parce que l'epaisseur du verre recuit qui le constitue est la meme sur tous les points et que le verre n'a subi aucune des tortures qui le font changer de densite ; c'est une condition essentielle de solidite et d'un long service sans accidents possibles. Sa forme generate est celle d'un cylindre allonge, termine par deux calottes spheriques. II comprend inte- rieurement trois comparliments : 1° un compartiment inferieur, appele' generateur, ou le gaz nalt de la reaction chimique des substances introduites ou mises en contact dans son sein; 2° un compartiment moyen ou intermediaire, appele epurateur, con- tenant une certaine quantite de liquide faisant fonction de laveur, ou arretant au passage les substances etrangeres ou dele"teres que le gaz sorti du gendrateur entraine avec lui ; 3° un compar- timent supdrieur ou condensateur, ou s'accumule le gaz engendre, 528 COSMOS. soit dissous, ou absorbe par un liquide introduit a l'avance, s'il s'agit d'obtenir une eau gazeuse; soit a l'etat fibre et sous une pression proporlionnelle a sa quantite, si le terme de 1'operation est l'obtention d'un jet de gaz ou d'un courantgazeux. Place entre le generateur et le condensateur, l'epurateur a la forme d'uue lentille bi-convexe ou plan-convexe. Sa surface inferieure faisait primitivement partie du generateur qui n'etait initialenient qu'une sorte debouteille obtenue par insufflation, avec un cul renfonce ; sa face superieure faisait de meme partie du condensateur for- mant lui-meme bouteille a fond ou cul plat ou concave ; il est ne, l'epurateur, du soudage ou du rapprochement apres ramollisse- ment des deux fonds du generateur et du condensateur portes au bout des tuyeres de deux verriers et reunis pour constituer le cylindre a calottes spheriques, qui est tout l'appareil gazogene. Ce mode tout nouveau de fabrication d'un recipient a trois com- partiment est un tour de force de verrerie qui fait le plus grand honneur a M. Bazet ; il a du mettre lui-meme la main a la pate et entralner en quelque sorte les ouvriers dans ces voies nou- velles. Au centre des deux faces superieure et inferieure de la lentille epurateur, on a menage deux orifices ; l'orifice de la face superieure est ferme simplement par un boucbon recouvert d'une toile metallique fine divisant mieux que tout petit orifice, par laquelle le liquide du condensateur ne peut pas penetrer quand la pression est egale dans les deux comparliments, mais qui donne issue aux bulles de gaz lave'es ou purifiees. L'orifice de la paroi inferieure de l'epurateur, babituellement ou- vert, est ferme, quand il s'agit d'operer, par un bouchon a tige, au- quel M. Bazet donne le nom de robinet moderateur. Ce robinet est l'organe principal, Fame en quelque sorte de son appareil; ce qui le distingue de tous les appareils connus et lui donne son efficacite merveilleuse, son incontestable superiorite. Quand on opere avec des matieres relativement inertes et des acides faibles, l'obturateur ou robinet moderateur est en caoutchouc; quand on opere avec des acides energiques, sulfurique ou chlorhydrique, l'obturateur est en gutta-percha : la tige qui le porle sort par l'o- rifice infe'rieur du neo-gazogene ; elle est munie d'une tete ou bouton que Ton fait tourner et qui la fait avancer ou reculer. Au maximum d'avancement, le bouchon mode"rateur ferme bermeti- quement l'orifice inferieur de l'epurateur, pas une seule goutte du liquide que cet epurateur contient ne peut descendre dans le generateur; la production des gaz n'a pas commence ou elle est COSMOS. 529 completement suspendue : si, enfaisant tourner la tete ou bouton, on retire quelque peu la tige, 1c liquide de l'epurateur commence a couler dans le generateur, il coulera plus abondamment si Ton tourne encore, et au minimum d'avancement de la tige le liquide coulera librement de l'epurateur dans le generateur. En general, le gaz nalt de la reaction d'un liquide sortant de l'orifice inferieur de l'epurateur sur unepoudre ou sur un liquide introduits a l'a- vance dans le generateur. On voit des lors, comment, par l'inter- mediaire du robinet moderateur, on devient mailre absolu de la production ou de remission du gaz; on la differe, on la suspend, on la ralentit, on l'accelere, on la fait surabondante ou nulle, lente ouinstantane'e, a volonte, et de la maniere la plus efficace. Par la meme aussi, et parce qu'il est toujours facile de re'gler ou de mesurer la quantite de liquide reagissant sorti de l'epurateur pour entrer dans le generateur, parce que Ton connatt la quan- tite de gaz qui peutet doit naitre de la reaction des que Ton connait les volumes ou les poids des substances re'agissantes; on obtient sans peine et infailliblement ce resultat capital, soit que l'eau du condensateurcontienne toujours en dissolution la meme quantite ou une quantite voulue de gaz; soit que le gaz accumule a 1'etat de liberte dans le condensateur soit toujours a la meme pression et produiseaubesoinunecoulement constant. Recipient unique, tout en verre non contourne ou violente, d'epaisseur uniforme, naturellement divise en trois compartiments formant un tout solide; robinet moderateur, par lequel on inaitrise absolument; et on regie a volonte la production du gaz et son introduction dans le condensateur : voila ce qui fait essentiellement la nou- veaute et le me'rite du neo-gazogene universel ; voila ce qui, sui- vant le langage de l'ecole, constitue son genre propre, et sa dif- ference tres-prochaine. II fallait que les orifices superieur et inferieur du recipient fus- sent munis de douilles avis qui donnassent passage : la douille superieure aux tubes de distribution ou d'ensipbonement de l'eau gazeuze ou des gaz; la douille inferieure a la tige dubouchon moderateur et aux bees des entonnoirs d'introduction des reactifs cbimiques. Or, M. Bazet, et e'est encore un perfectionnement considerable, n'a pas voulu que ces douilles fussent fixees par des soudages ou des coulages de metal au verre du recipient; il les fait adherer a deux anneaux qui entourent les orifices et qui sont reunis par deux brides ou tringles metalliques descendant de l'orifice superieur a l'orifice inferieur le long de deux aretes 530 COSMOS. diametralement opposees des cylindres. L'ensemblc des anneaux et des brides forme line sortc de sanglage qui ajoute conside- rablement a la resistance de l'appareil; il rend ces douilles ou fermetures capables de rdsister a unc pression de 15 atmos- pheres; or, la pression dans le condensateur ne doit et nc peut jamais, en raison des poids des substances employees, depas- ser 5 atmospheres. Cepcndant, sous cetle pression de 5 atmospheres, etquoiqucrc- cuites avec soin, les parois du cylindre peuvent accidentellement eclater; il fallaitmettrel'operateur et le consommaleur a 1'abri de tout eclat de verre. Un enchemisage en fil ou grillage de fer, qui, grAce a la forme continue et ronde du neo-gazogene universel, peut s'etendre sur toute sa surface, remplitmerveilleusement ces fonctions protectrices. Jamais, quoi qu'il arrive, il n'y aura pro- jection violente de fragments de verre ail dehors. La securite est absoluc, et e'est la premiere fois qu'elle est obtenuc, parce que e'est la premiere fois aussi que l'enchemisage ou le grillage de fds de fer recouvre absolument tout l'appareil. Si nous avons etc bien serviparl'expression, chacun denos lec- teurs voit tres-neltement le neo-gazogene universel de M. Bazet ; cyliudre en verre, termine par deux calottes spheriques, avecses trois compartiments : condensateur en haut, epurateur de forme lenticulaire au milieu, generateur en bas; avec son sanglage ou les deuxbrideslateralcs en fer qui reunissent les anneaux et les douilles des orifices inferieur et superieur; avec son enchemisage on le grillage en mailles de fil de fer qui s'etend sur toute sa surface; qu'on se figure en outre les deux brides re'unies vers leurs mi- lieux par un anneau central cntourant le cylindre et portant deux axes diametralement opposes, autour duquel le gazogene peut tourner, parce que les deux extremites de ces axes s'engagent dans des trous, me'nages au sein de deux montanls verticaux, portes par un trepied ; et l'on verra l'appareil pret a fonclionncr. Ce mode de suspension, cette possibilite de prendre toules les inclinaisons possibles et de tourner autour d'un axe horizontal, est un avanlage considerable qui n'appartient aussi qu'a cct ap- parcil. Jusqu'ici, la quanlite d'eau de seltz fournie par les appareils por- ta til's dans une seule operation n'a jamais depasse deux litres; M. Hazet a choisi pour limite inferieure un litre et demi, et il a pu atteindre quatre et demi et meine cinq litres. Ses grands appa- reils fonctionncnt a l'acide sulfurique et au carbonate de ehaux; COSMOS. 531 la production du gaz est tres-prompte et tres-energique ; l'ensi- phonage ou la mise en bouteille se fait au fur et a mesure de la production , tres-efficacement, tres-rapidemcnt. Rien ne manque done pour un service considerable pour suffire, etdans les condi- tions les plus economiques, aux besoins d'un Ii6pital, d'une am- bulance, d'une infirmerie, d'une pharmacie, d'un hotel, etc., etc. Quatre ou cinq appareils portatifs de cinq litres remplaceraient certainement les grands appareils fixes qui occupent un espace e"norme. Nous voudrions maintenant, si l'espace nous le permeltait, re- peter a nos lecteurs la lecon expdrimentale que M. Bazet a faite devant nous; montrer comment, avec le nouvel appareil, on peut tour a tour fabriquer l'eau gazeuse : 1° a la maniere ordinaire avec le melange de deux poudres , bicarbonate de soude, acide tartrique ou bitartrate ; 2° ce qui coute beaucoup moins, avec un bi- sulfate et le bicarbonate de soude; 3° ce qui sera une ressourcc immense pour les contrees meridionales et les colonies, avec le jus de citron, du bicarbonate de soude ou de la craie; h" avec de l'acide sulfuriquedilueou etenduet du bicarbonate do soude; 5° avec de l'acide sulfurique etendu de trois fois son poids seulement et du carbonate de chaux. Cette derniere operation est le triomphe de M, Bazet, le nee plus ultra de l'art et de l'economie dans la pro- duction. La manipulation est tres-simple et tout a fait inoffensive; la fiole a acide, Introcluite a travers le condensateur et l'epura- leur, se visse par son goulot a l'orifice que doit former le robi- net moderateur en gutta-percha ; on renverse l'appareil en le fai- sant tourner autour de son axe et Ton verse l'acide dans la fiole on moyen d'un petit enlonnoir en gutta-percha; on serre forte- ment l'ohturateur du robinet moderateur contre le goulot de la fiole ; on rainene l'appareil a sa position premiere avec le genc- rateur en has; en appliquant la bouche a l'orifice du condensa- teur et soufflant fortement, on determine un exces do pression qui fait penetrer dans l'epurateur, a travers les petits trous du hou- chon, l'eau qui doit laver le gaz engendre ; on incline quelque pen et Ton projetle le carbonate de chaux ou la craie dans le ge- nerateur; il ne tombe pas une seule goulte d'acide : on tourne la tete du robinet, l'acide commence a couler; quand l'acide, en descendant, a alteint la premiere division de la cloche, graduee sur toute sa longueur, e'est-a-dire quand la quantite d'acide arri- vee au contact du carbonate , est celle qui est necessaire pour saturer le liquide du condensateur, on ferine le robinet, on pro- 532 COSMOS. cede a l'cnsiphonement cm au rcmplissage du premier siphon. On ouvre de nouveau le robinet moderateur , on laisse couler l'acide jusqn'a ce que son niveau atteigne la seconde division ; on ferine, le robinet, on remplit le second siphon, et ainsi de suite jusqn'a ce que les cinq siphons soient pleins , et pleins de gaz a la meme tension voulue; a quatre atmospheres en moyenne, completement dissous ou diffus. De l'eau de seltz, nous passerions aux eaux minerales, aux limo- nades gazeuses , aux vins mousseux, etc. Nous verrions ensuite le condensateur change 1° en reservoir de gaz acide carbonique e'pure, pret a servir soit a la production de l'anesthesie par la me- thode de M. Ozanam ; soit au traitement des plaies et a l'apaise- ment des douleurs; soit a des douches comme l'a conseille M. Herpin; 2° en reservoir d'hydrogene ou de chlore, alimen- tant un chalumeau, ou repandantdes vapeurs antiputrides. Mais arretons-nous , et laissons M. Bazet enumerer rapidemcnt lui-meme ses conquetes. Appareil tout en verre uniformement epais, de forme ronde et continue, sans joints, sans mastic, sans soudure ou couiure me'tallique, n'ayantjamais besoinde repara- tion; enchemisage complet du gazogene et du siphon reduit a la forme d'un simple ballon avectrepied en fil defer; securite abso- lue;possibilite' de faire servir les armatures ou chemises a d'autrcs recipients; suspension oscillatoire; manipulation facile et sure ; maniement inoffensif des acides les plus energiques; maitrisation absolue de 1'emission gazeuse, pouvoir de la suspendre ou de la reprendreavolonte, de revenir toujours au meme degre de satu- ration ou de pression; ensiphonage immediat; application uni- Terselle, satisfaction donnee a toutes les exigences de l'alimen- tation, de la therapeutique , de la pharmacie, de la chimie, de l'industrie; enfin, prix des appareils et des produits reduits dans line proportion considerable, etc. : c'etaient bienla les conditions que l'etude attentive de cet important probleme amenait a for- muler, et nous osons dire sans crainte que le neo-gazogene uni- verse' les remplit parfaitement. F. Moigno. Imprioierie de W. Remqobt et Cie, A. TBAMBI.AT, ru« Garanciere, 5. proprietaire-gsrant COSMOS. 533 NOUVELLES DE L\ SEMINE. Le vendrcdi 27 juin sera definitivement le jour d'ouverture de la trentieme reunion, a Oxford, de 1' Association britannique pour l'avancement des sciences. Les officiers de la reunion sont : president, lord Wroltesley; vice-presidents, MM. le comte de Derby, le reverend F. Jeune, le due de Malborougb, le comte de Rosse, l'eveque d'Oxford, le reverend H.-G. Liddell, E.-G.-B. Danbeny, II.-W. Acland, W.-F. Donkin ; secretaire-general, le reverend R. Walker ; secretaire-general assistant, M. J. Pbillipps; tresorier general, M. J. Taylor ; secretaires locaux, MM. G. Rollis- ton, H.-J.-S. Smith, G. Griffith. — Andre Retzius, professeur d'anatomie et de physiologie a lTnstitut Carolin de Stockholm, correspondent actif de notre Academie des sciences, est mort le 8 avril dernier, age de soixante-quatre ans. II etait fils du prol'esseur Retzius de Lund ; il prit ses grades en 1819 et fut attache immediatement apres comme prol'esseur d'anatomie a l'institulion veterinaire de Stockholm ; il echangea cette chaire en 1830 contre cello de lTnslilut Carolin, qu'il illustra par un enseignement justement celebre. II est auteur d'un grand nombre de monographies ana- tomiques et physiologiques. Sa description des cranes des races scandinaves attira surtout l'attention des ethnologistes ; il y fit connaitre les deux modifications principales dolichoce'phaliques et brachycephaliques que subit le cerveau d'une meme race dans la serie des ages. — Le conseil de la Societe royale a arrete son choix pour la future nomination de membres residents sur les quinze candidats suivants : MM. F.-A. Abel, T. Raring, J. -F. Bateman, E. Brown- Sequard, B.-C. Carrington, F. Galton, J.-H. Gilbert, sir W. Jar- dine, T. -II. Key, J. Lister, Rev. R. Main, R'.W.Mylne, R. Palmer, J.-T. Queck, E. Smyth. — Le cratere du Vesuve est en pleine activite ; son tonnerre gronde incessamment, et chaque detonation est suivie de la pro- jection de pierres enflammees. On voit au fond une masse de feu qui emet successivement des cercles devapeurs enflammees corn- parables a des roues de voitures. Les exhalaisons d'acide chlor- hydrique sont si abondantes et si concentrees qu'il est presque impossible d'approcher. Au pied de la montagne, roulentdes cen- Neuvifeme annee. — T. XVI. — 25 mai 1860. 20 534 COSMOS. tainos do conrants de lave liquide. Les petits crateres scmblent avoir disparu et s'etrc fondus en un seul , plein de lave prfite a s'ecoulcr. Les petits proprietaircs sont grandementalarmes; deja le courant a depasse le vicux lit de 1792, qui engloutit Torre del Greco et s'avance dans la mer a pres de mille metres. — Les memoires lilleraires et la correspondance du cdlebre savant autrichien, le baron Hammer-Purgstall , seront bicnt6t livres a la publicite , sous la direction de son ami le conseiller aulique M. Auer. — Le capitaine Blakiston ecrit de Singapour, 22 fevrier 1860, au general Sabine, la lettre suivanle : « Le \h Janvier, a deux journees du cap de Bonne-Esperance, par 38° 53' de latitude sud, et 20u 25' de longitude est, nous avons ete atteinls par un violent ouragan accompagne de pluie, qui a commence a dix beures du matin et n'a cesse qu'a une beure; le vent soufflait de Test vers lenord vrai. Pendant l'ouragan on vit deux ou trois eclairs tres- brillants, l'un apparut tres-pres de nous et au meme moment une pluie de glace tomba sur le navire et dura trois minutes en- viron. Ce n'etait pas de la grfile, mais bien des morceaux irregu- liers de glace solide, de diflerentes dimensions jusqu'a celles d'une grosse brique. L'ouragan etait si violent qu'il fallut amener les voiles ; il semble n'avoir ete indique par aucun pbenomene meteorologique,car abuit beures, dix beures et une heure, le ba- rometreetle tbermometre marquaient presquc le meme degre, et ne commencerent a baisser qu'alors que le ciel redevint serein. Les voiles du navire etaient criblees de trous; une glace tres- epaisse qui couvrait la boussole fut brise'e; plusieurs personnes, frappees par les gros morceaux de glace, furent renversees sur le pont, mais aucune, beureusement, ne fut serieusement blessee. — L'etablissement tant regrette de Royal-Polytechnic-Institu- tion sera tres-procbainement restaure sous la direction de M. Wyall, arcbitecte, etdeviendra de nouveau une des splendeurs de l'iinmense metropole. — La souscriplion du fonds de garantie de l'exposition interna- tionale projetde pour 1862, a atteint le chiffre de 239 950 livres sterling, 5 999 750 francs; quelques jours encore, et il ne man- quera plus Hen aux six millions demandes. — Nous sommes aujourd'bui en mesure de dire, en partie du moins, par qui, comment et ou sera observec l'eclipse totale du 18 juillet prochain. L'astronome royal d'Angleterre, M. Airy, ac- compagne" de MM. Otto Struve de Pulkova, etVinnecke de Berlin, COSMOS. 535 a choisipour station Reynosa ou un lieu peu distant sur les mon- tagnes qui entourent Reynosa. II est convenu tacitement entre MM. Airy et Olto Struve que le premier fera tous ses efforts pour determiner exactement la position angulaire des protuberances rouges sur les portions duliinbede la lune quisont sensiblement parallels au mouvement apparent de la lune sur le soleil ; tandis que le second s'efforcera de mesurer la hauteur de ces memes pro- tuberances a partir du bord de la lune. Void par quelle methode M. Airy se propose de mesurer les positions angulaires. De la longueur focale connue de la lunette, et du diametre angulaire connu de la lune, il deduira le diametre lineaire de notre satellite. Quatre tils ou quatre lignes graveessur verre seront place's dans le champ de la vision de maniere a com- prendre exactement l'image determined a l'avance ; a l'aide de ces fils et d'un mouvement a cremaillere ordinaire il croit pou- voir amener rapidement l'image de la lune a occuper dans le champ une position nettement definie. Chacun des quatre fils circonscrits aura son fil parallele situd a une minute de distance pour l'estimation des hauteurs. Douze fils rayonnant du centre et separe's par des angles e'gaux de 15 degres comple'teront cette sorte de micrometre ; les quatre fils paralleles aux c&tes du carrd circonscrit auront un diametre un peu plus gros pour mieux ser- vir de lignes de repere. M. Airy renonce a monter la lunette pa- rallactiquement ; il se contentera du mouvement altazimuthal, et s'assurera la verticalite de l'axe a l'aide d'un niveau a esprit de vin. Ajoutons qu'il resulte du calcul de M. Hind que vers le mi- lieu de l'eclipse la lune se mouvra sur le disque solaire suivant une ligne inclinee d'environ 16 degres sur l'horizon; et qu'on regarde aujourd'hui comme certain que les protuberances rouges font veritablement partie du corps du soleil ou de l'at- mosphere solaire, qu'elles n'appartiennent nullement a la lune. D'aprcs les ordres de M. le professeur Rache, MM. Davidson et Gillis fils se rendront a l'embouchure de la riviere Colombia par 129 degrds de longitude ouest, 46 degres 20 minutes de la- titude nord, et choisiront une station sur le passage, a 10 ou 15 minutes plus loin, vers lenord, de la ligne centrale de l'ombre. M. Gillis pere, de Washington, en verra deux autresastronomes au cap Chadleigh, par 60 degrds de latitude ouest et 60 degres de latitude nord. II demande en outre au gouvernement anglais, par l'intermediaire de M. Carrington, que la Compagnie de la baie d'Hudson fasse observer de son cOte dans une station voisine de 536 COSMOS. la forteresse d'York, par 91 degres 8 minutes do longitude ouest, 56 degres 5'2 minutes dc latitude nord. On await ainsi trois en- sembles d'observations americaincs convcnablement espacdes. M. Carrington et quelques astronomes anglais ont choisi San- lander; il est decide que la grande lunette de l'observatoirc de Kew a l'aide de laquelle on prend chaque jour des vues pholo- grapbiqucs des taches solaires sera transported dans cette ville ou aux environs, aux frais du gouvernement, anglais et que Ton meltra tout en ceuvrc pour obtenir de bonnes photograpbies de la lune, et si meme cela est possible , des protuberances rouges. La mission francaisc tres-nombreuse sera rejointe dans les environs de la montagoeMoncayo par plusieurs astronomes espa- guols. Le savant directeur de l'observatoire de Madrid a sans doute organise de son cote une expedition pourvue de moyens sul'iisanls d'observations. M. Poey, directeur de l'observatoire meteorologique de la Havane , actuellement en mission scienli- lique a Paris, ou il vient completer sa precieuse collection d'ins- truments et d'ouvrages relalifs a la meteorologie, ira se placer sous les ordres de M. Aguilar. M. d'Abbaclie, astronomc amateur tres-exerce, qui a deja pris part a une semblable expedition en 1852, a aussi choisi sa sta- tion et dresse" scs plans de campagne; enfant des Pyrenees, il saura trouver le bon coin, mais, et nous Ten felicitous , il garde son secret, secontentantde recommander aux aulres astronomes une excellenle station, cclle de Pancorbo, separee de Miranda par une passe etroite de montagne, situee a l'extremile nord d'une plainc elevee ; et peu distante du village de Cubo, attcint par l'obscurite totale ; Altotero, une des stations geodesiques de la nouvelle triangulation de l'Espagne, est situe tout pros de la. MM. Petit de Toulouse, Roche et Legrand de Montpellier, Valz de Nlmes, le prol'esseur d'astronomie de la faculte de Bor- deaux, ne resteront sans doute pas l'arme au bras. En Algerie, M. Bulard i'era certainement avec bonneur sa premiere cam- pagne; on parle encore de M. Lamont, de Munich, du R. P. Secchi de Rome, de plusieurs astronomes allemands, napolitains, siciliens, comme se disposant a partir ; le mouvement est done general dans l'ancien et danslenouveau monde. Le nombre des astronomes, et des amateurs touristes anglais prets a s'elanccr vers l'Espagne, est si grand, que rAmiraute a resolu de frcter deux grands vapeurs du commerce pour les expedier sur Bilbao et Santander. COSMOS. 537 Correspondance particulierc du Cosmos. Notre noble et illustre ami , M. Haidinger, regrettc de nous transmettre si tard son discours inaugural sur lcs travaux accom- plis dans les deux demiers lustres par l'Institut geologique impe- rial et royal de l'Aulriche. Nous reproduisons presque inte'grale- ment sa lcttre , parce qu'elle renferme un apercu inte'ressant, quoique rapide, des progres qu'ont fails dans cevaste empire les belles sciences de la mineralogie et de la geologic Le point de depart de ces progres est la fondation de l'Institut Joanneum de (iratz, par l'arcbiduc Jean, mort quelques jours apres Alexandre de Humboldt, universellement regrette; et la nomination du sa- vant Mobs a la premiere cbaire de mineralogie d'Autricbe. Mobs commenca son premier cours en 1812; M. Haidinger etait un de ses eleves; il suivit son maitreaux mines de Freiberg qu'il ciiri- gea en 1817. En 1826, Mobs passa de Gratz a Vienue pourre- prendre sur un plus grand tbeatre ses lecons de mineralogie. On lui confia en outre la reorganisation du grand Cabinet mineralo- gique imperial; on l'encouragea dans la creation d'une collection plus vaste qui embrassat les productions minerales de tout 1'empire autricbien ; on l'autorisa a faire aux frais de lElat un grand nombre d'excursions geologiques. II mourut, helas ! trop tot, ag" seulement de soixanle-six ans, au milieu d'une de ses explorations si fecondes, a Agordo, dans la Venelie, le 29 avril 1839. M. Haidinger fut appele a Iuisucceder en avril 1840; il de- buta, avec l'aide des jeunes eleves et ingenieurs des mines, par la creation du Musee des montagnes, qui preluda avec des moyens incomparablcment plus modestes aux travaux de l'Institut geolo- gique actucl. Ses cours faits successivement pendant sept anue'es devinrent un centre de mouvemenl et de propagande d'ou sortit bientot la Societe des amis des sciences nalurelles. Ouoiqu'elle allat toujours en elargissant son sein etetendantses programmes, cette Societe devint impuissante a suivre le progres scientifique sous toutes ses formes, et cette insuffisance eut pour bienbeureuse consequence la fondation tant desiree de l'Academie imperiale des sciences de Vienne. Plus tard , un decret de Sa Majeste Francois Josepb I- rendu sur le rapport d'un ministre tres- eclaire, M. deTbinnfeld, ordonna la creation de l'Institut geolo- gique, sous la direction de M. Haidinger, qui resume aujour- d'bui les travaux accomplis pendant les dix dernieres annees : 1° Recbercbes faites ft la demande des proprietaires de mines 538 COSMOS. ou de sols ; 2° analyses chimiques faites dans les laboratoires ; 3° organisation du vaste Musee mineralogique, geologique et paleontologique, dont les arraoires sont si nombreuses que, ran- gees a la suite l'une de l'autre elles formeraient une ligne de 680 metres , dont les gradins sont couverts de richesses incalcula- bles; W liste de ses publications, qui so composent du Jahrbnch, annuaire ou comptes rendus des seances, formant cbaque annee un gros volume in-octavo, et des Memoires de ses membres, trois volumes in-folio, avec planches ; 757 exemplaires des annuaires et 2/i9 exemplaires des Memoires sont echanges chaque annee avec les publications scienlifiques de l'etranger ; 5°sa bibliotheque dont le catalogue comprend pour les livres 2 715 numeros, etplus de U0 000 volumes; pour les cartes et atlas 373 numeros; 6° le personnel de ses membres, places sous la haute surveillance du ministre de l'interieur, M. le comte de Goluchowski, sous la di- rection de M. Haidinger, MM. les conseillers des mines, Francois de Hauer, Lipoid et Toetterle, M. le comte de Marschal archiviste , MM. Stur, Jokeli, Hochstetter, qui a fait le voyage autour du monde sur la fregate la Novara, le baron de Ricbtbofen, attache a l'ambassade de Prusse, au Japon, qui, apres avoir explore 1'empire japonnais, reviendra en Autriche, a travers le continent asiastique ; Stacke, Wolff, Charles de Hauer, directeur dulabora- toire; Homes, directeur des publications paleontologiques, etc.; 7° la necrologie ou liste avec une courte notice historique des membres ou collaborateurs qu'il a perdus; 8° jugements favo- rables dont l'lnstitut a ete l'objet de la part des savants de l'Eu- rope les plus competents : Alexandre de Humboldt dit de lui : « L'lnstitut geologique de Vienne estun inslitut modele qu'il sera bien difficile d'egaler , qu'on peut a peine esperer d'imiter dc pres. » Oserons-nous accepter l'honneur que M. Haidinger nous faitd'inscrire notre nom sur la lisle des protecteurs et correspon- dants de cet Inslitut modele? Notre noble ami nous communique en finissant quelques nouvelles scientifiques dignes d'inteiet. Les objets d'histoire naturelle recueillis par l'expedition de la fregate la Novara, sont arrives a Vienne, et il s'agit de les etudier, deles decrire, de les classer, de les exposer provisoirement dans un musee qui recevra le nom de Novara, et que Ton conslruit dans le chateau Augarten, maison de campagne imperiale, bati sur l'ile du Danube, aux environs de Vienne; d'ou ilsviendrontenri- chir les collections des musees imperiaux. Celte expedition fera l'objet de plusieurs publications importantes. On commence par COSMOS. 539 un compte rendu historique, populaire et illustre, confie a la plume a la l'ois technique et elegante de M. Scherzer. Les descrip- tions savantes, redigees par MM. de Wullerstorff, Fraucnfeld, Zele- bor, Hochstelter, Scherzer et des collahorateurs speciaux, parai- tront successivement. Vienne savante a proflte de la presence pas- sagere de tous les metnbres du corps de 1'expedition autour du monde, pour leur donner un grand banquet auquel presidait le commodore baron de Wullerstofl'. MM. Scherzer , Frauenfeld , Zelebor, savants attaches a 1'expedition, etaient de retour depuis le mois d'avril 1859 ; M. Hochstetter n'est arrive que le 13 Janvier dernier, apres un sejour de sept mois dans la province d'Au- ckland, parlie septentrionale de l'iledela Nouvelle-Zelande, etde deux mois dans la province Nelson de File de Milila. 11 avait ete charge par le gouvernement de ces iles d' explorer les gisements de liquide ou de houille qu'elles pourraient renfermer, et faire l'e- tude geologique de ces contrees inconnues. Ses recherches ont ete couronnees du plus grand succes et lui ont valu des remer- ciements sinceres. II a eu la bonne fortune de rencontrer deux cavernes d'ossements de Moa non encore visitees, ouil a deter- mine plusieurs especes, dont les dimensions allaient en augmen- tant a mesure que les fouilles devenaient plus profondes. Les ri- chesses mineralogiques, geologiques, paleontologiquesde Vienne se sont tellement accrues dans ces diverses annees, qu'on se voit force de construire de nouveaux musees. 11 est question aussi d'elever de vastes batiments sur un tres-bel emplacement me- nage dans les nouveaux plans de la ville, pour donner a l'lns- litut geologique une demeure digne de son importance et de son activite. Fails des sciences. La discussion soulevee au sein de notre Academie des sciences, relativement a la valeur de l'acceleiation seculaire du moyen mouvement de la lune, preoccupe grandement les astronomes au dela du detroit. La derniere livraison des Monthly notices de la Societe royale astronomique contient, a ce sujet, deux commu- nications, l'une du Reverend R. Main, president de la Societe, 1'autre de M. Adams ; toutes deux sont favorables a M. Delaunay, et nous manquerions au devoir sacre de rimpartialite si nous ne les analysions pas en substance, dans tout ce qu'elles ont de 5/»0 COSMOS. contraire, non pas a noire opinion, car nous navons pas le droit d'avoir, a proprement parlor, uric opinion sur des matieres si de- licates ; mais a nos impressions et a nos scrupnles. Un astronome allemand, M. Hartwig de Schwerin, dans le but de mieux faire ressortir l'exactitude des tables de la lune de M. Hansen, a compare l'epoque et la grandeur de 90 anciennes eclipses de la lune deduites de l'Almageste de Ptolemee avec l'epoque et la grandeur calculee d'apres les tables de HI. Hansen et de M. Damoiseau. Sa conclusion generale est que les tables do M. Hansen l'emportent en effet de beaucoup sur les tables de M. Damoiseau, mais que cependanl, pour 12 de ccs eclipses, le temps calcule est notablement plus petit que le temps observe', ou que l'eclipsc dans les douze cas est arrivee 26 minutes plus tardquenel'indique le calcul,de telle sorte que, pour representor les observations , il faudrait diminuer de 2 secondes la valeur 12", 12 assignee parM. Hansen au coefficient de l'acceleration lu- naire. Tel a ete le point de depart des explications donnees par M. Main, surl'appel fait a son nom et a son autorite dans la dis- cussion entre MM. Le Verrier et Delaunay : « Dans le Cosmos des 16 et 23 mars, le redacteur, M. l'abbe Moigno, qui s'est joint a M. LeVerrier pour contesler l'exactitude des resultats de M. De- launay, a fait allusion a mon opinion, ou mieux a la reserve que j'ai gardee en me dispensant d'enoncer une opinion arretee sur ce sujet si difficile; cette allusion a ete faite dans des termes qui ne rendent pas fidelement ma pensee; et, je serais injuste envers M. Delaunay, si je ne protestais pas contre la portee donnee a mes paroles ou a mon silence. II s'agissait d'abord de mon me- moire sur l'etat present de la controverse relative a la valeur de l'acceleration du moyen mouvement lunaire , insere dans les Monthly Notices du 10 juin 1859 Or, dans ce memoire, j'ai exprime tres-nettement la haute opinion que je m'etais formee des travaux de M. Delaunay, etl'altente ou j'etais de voir se con- firmer definitivement l'exactitude de la valeur assignee par M. Delaunay a l'acceleration lunaire, ou du moins a la valeur de la portion de cette acceleration qui depend de la diminution de l'excentricite de Torbitc terrestre. Nous avons en efiet des preuves si fortes de l'exactitude de ce resultat, que le fait seul de sa dif- ference avec les resultats d'autres analystes eminenls qui ont obtenu une valeur satisfaisant mieux aux observations anciennes, fait besiter a l'accepter. Yoici en effet l'dtat de la question. Dans un memoire publie en 1853, M. Adams signala une erreur com- COSMOS. 5M uiise par M. Plana, dans le calcul de l'acce'leration par la m£- thode de Laplace, erreur re'sultant de l'omission de 1'efTct produit par la variation de la vitesse are'olaire. M. Adams prouva que cette variation produisait un effet seculaire qui alterait d'une ma- niere sensible la valeur de Pacceleration obtenue par Laplace sans en tenir compte. La nouvelle valeur de l'acctfleration corri- gee de l'influence de la vitesse are'olaire s'est trouvee identique avec celle a laquelle M. Delaunay est arrive par une methode toute dilTcrente, et avec celle que ce meme geometre francais a obtenue en achevant des calculs indiques par Poisson. Cetle concordance est une forte raison d'accepter les conclusions de MM. Adams et Delaunay, en depit de la difficulle que souleve le fait que la valeur de Plana satisfait mieux aux observations an- ciennes, et de la necessite qu'elle impose de recourir a une cause distincte de la gravitation universelle. En tout cas, e'estun devoir pour moi que de protester contre le jugement defavorable que Ton aessayedem'atlribuer au sujet du grand ouvrage de M. De- launay avant sa publication; car, quelle que soit l'opinion que Ton sefasse dans la discussion entre MM. Plana, Hansen, de Pon- tecoulant, d'un c6te, MM. Adams et Delaunay, del'autre, un juge- ment dans ces circonstances serait, il me semble, anti-philoso- pbique au plus haut degre, et injurieux a la science... On a essaye en second lieu de tirer un argument defavorable contre M. Delaunay du silence que j'ai gard£ relativement a ses travaux dans le discours que j'ai prononce a l'occasion de la me- daille ddcernee a M. Hansen. Cette conclusion ou cette interpre- tation sont completement illegitiines , car, premierement, mon but n'etait nullement dediscuter en detail les diverses theories do. la lune qui ont ete publiees ; secondement, il etait plus loin encore de ma pensee de donner une place prceminente a un point controversy qui tient beaucoup plus A la speculation qu'a la pra- tique. J'ai fait allusion avec tout le respect possible aux travaux de M. Delaunay; j'ai meme cite la question de 1'acceleration lu- naire comme restant toujours ouverte aux rechercbes des ana- lystes futurs, comme ne pouvant e\re resolue que par un analyste eminemment habile. La valeur actuellement attribuee a Pacceleration et dont on se sert, n'influe en rien sur la valeur pratique des tables de M. Han- sen en tant qu'il s'agit des interets de la navigation; mais e'est au moins une circonstance heureuse, alors meme que nous se- rions definitivement contraints d'adopter la valeur donne'e par 5U2 COSMOS. M. Delaunay, que celle employee dans les tables comme celle de- duitc de la theorie de la gravitation satisfail aux observations an- cicnnes et modernes, et que par consequent, en sc phuantsurle terrain de la pratique, il n'y a par consequent lieu ni a l'exclusion de l'une aux depens de l'autre, ni a dispute. Jo le ivpete de nou- veau, rien de ce que j'ai dit a la louange des tables ne peut ctre une offense a la reputation de M. Delaunay ; le silence general que j'ai garde relativcment au sujet discute de l'acceleration lunaire, a eu pourraison unique la necessitedeneparlerqu'avecbeaucoup de reserve d'ouvrages non encore publies ; enlin j'applaudis d'a- vance et avec le sentiment du plus vif interet a la publication procbaine des theories de MM. Delaunay et Hansen. » Nous serons plus rapide dans le resume de la note lout ana- lytique de M. Adams, parce que nous n'avons pas ici d'inter- prelation hasardee a nous reprocher. <( Le fait controversy, dit M. Adams, est purement mathema- tique, et les observations ancienncs ou modernes n'ont ici rien a faire. On peut la poser comme il suit : Si l'excentricite de l'orbite terrestre varie avec une vitesse uniforme et tres-lentement, quelle sera la variation correspondante, dans la theorie de la gra- vitation, du moyen mouvcment de la lune ? Or, la solution de cette question s'obtient par des procedes purement algebriques; eta cbaque pas que Ton fait en avant, on peut avoir la certitude ab- solue que Ton ne s'est pas trompe. S'il arrive que les anciennes observations accusent une variation seculaire du moyen mouve- ment differente de celle produite par la variation connue de l'ex- centricite de l'orbite terrestre, que faudra-t-il en conclure ? Tout simplement que le moyen mouvement est influence par une ou plusieurs autres causes, en dehors de la variation de l'excentri- cite. GeLte influence, si elle etait constatee, presenterait un grand interet; elle pourrait mettre sur les traces de quelque decouverte physique importante. II n'est pas difficile d'imaginer diverses causes pouvant influencerle moyen mouvement de la lune; mais la realitc de leur influence est aussi une question purement ma- thematiquc; elle doit etre constatee par l'analyse seule, indepen- damment de tout accord ou desaccord avec l'observation.... On croit ge'ne'ralement que, dans la controverse tant agilee, il s'agit simplement de choisir cntre la valeur assignee par M. Delaunay et moi et la valeur assignee par MM. Plana, de Pontecoulant, Hansen. Or , il n'en est pas ainsi , car si M. Delaunay et moi nous sommes parfaitement d'accord, MM. Plana, de Pontecoulant, Hansen, COSMOS. 543 ne lesont nullement; chacun de ces geometres a propose tour a tour plusieurs valeurs de l'acceleration, et ces valeurs sont tres- loin d'etre egalcs ; celle de M. Hansen est de beaucoup Ja plus grande... L'erreur de M. Plana n'est pas une erreur de calcul, mais une erreur de principe; il a admis que la vitesse areolaire de la lune est absolumcnt conslante ; or, j'ai demon tre que la va- riation de l'excentricite de laterre, admise par M. Plana, enlrai- nait une variation seculaire de la vitesse areolaire, et j'ai calcule celte variation qui est loin d'etre egale a zero. MM. Plana, de Ponlecoulant et M. Hansen lui-meme ont admis tacitementqu'une constante introduite par une premiere integration etait une quantile constante absolument, tandis qu'elle ne l'elait que relati- vement... M. Hansen a suggere que la difference entre sa valeur et celle de M. Delaunay pouvait provenir de la divergence de la se'rie ordonnee suivant les puissances de m; M.Adams prouve d'abord que cette serie est convergente de fait, puisque les par- ties du coefficient de l'equalion seculaire correspondanles aux termes m, ms, m\ m5, ?nG, m\ sont respectivement — 10", 66; — 1", Zk ; — 1",58 ; — 0",71 ; — 0",25 ; puis il calcule ce meme coef- licient d'une maniere completement exempte de developpement en serie, et il trouve la meme valeur 5", 70, que M. Delaunay a por- te'e a 6",11 en poussant l'approximation encore plus loin. Fails de 1'iudustrie. Seance publique de la Societe (V encouragement pour Vinduslrie nation ale. 28 mars I860. — (Suite.) M£dailles d'argent. — 1° M. Binet, au Bas-Meudon, procede d'elendage du verre. Dans la fabrication du verre a vitre, les man- cbons, coupes suivant une generatrice, sont places sur une pierre parfaitement dressee qui fail le fond du four a etendage; et Ton se contente, lorsque le verre est ramolli, de passer a sa surface une sorte de regie qui l'aplatitet l'etend. M. Binet, en faisant des- cendresur lafeuilleetendue une masse suffisamment pesante dont la surface inferieure est parfaitement dressee et plane, et qui fait fonction de presse, a lieureusement perfectionne ce procede par trop defectueux. 11 obtient des verres bien plans et sans ondula- tion, qu'il est facile de dresser d'une maniere expeditive et peu couteuse. (Rapport de M. Salvetat.) 5l\k COSMOS. 2° MM. Brossette et O, argenlure des glaces. Les premiers essais d'argenture sur glace remontent a 1836, et sont dus a If. Drayton en Angleterre , a M. Tonrasse en France. Depuis cette e'poque, on n'a pas cesse de travailler a perfectionner le procede primitif pour arriver a substituer definitivementl'argen- ture a 1'dtamage ancien au mercure. M. Brossette exploite a Paris le procede' decouvert en 1855 par M. Petit- Jean, qui consiste es- sentiellement a substituer l'acide tartrique aux essences em- ployees jusque-la. Ce procede, d'une grande simplicity d'exe'eution, reussit parfaitement et donne des resultats dont le commerce semble entierement satisfait. (Rapport de M. Levol.) 3° M. Dujardin de Morainville, yeux arti fields en email. Conti- nuatenr de l'oeuvre de son pere, qui a rendu de veritables services a I'humanite, M. de Morainville a beaucoup perfectionne une fa- brication entouree de difficulte's tres-grandes. Les yeux artificiels qu'il a sounds au jugement de la Societe ne blessent en aucune inaniere l'orbite qui les porte etfont une illusion complete. (Rap- port de M. Salvetat.) h° M. Briancbon, procede de decoration desporcelaines. M. Brian- chon a modifie tres-habilement et tres-heureusement la prepa- ration des lustres metalliques; il les a amends a communiquer aux divers objets ceramiques, sur lesquels on les applique, les couleurs de l'or, de la nacre blanche ou nuancee, les reflets irises et changeants des differentes coquilles qu'on rencontre dans la na- ture, etc. Sesproduils sont e'minemment remarquables par l'eclat et le feu des couleurs ; leur brillant est tel qu'on dirait que les couleurs sont passees sous l'email; ils sont tres-goutes du public que leur caractere de nouveaute a vivement se'duit. (Rapport de M. Salvetat.) 5° MM. Jardin et Blancoud, gravures a l'acide fluorhydrique et incrustations metalliques. La gravure par l'acide fluorbydrique appliqude au decor des pierres dures, de la porcelaine, des pla- ques emaillees ; et rehaussee soitpar des emaux colores, soit par des dep6ts galvaniques d'or et d'argent formant incrustation, dont MM. Jardin et Blancoud ont fait les premiers l'application , a donnd des produits entierement nouveaux. Les bijoutiers et les fabricants d'articles de Paris tirerontun grand parti de cette char- mante invention ; elle sera pour eux une source de ricbesse ines- perde. (Rapport de M. Albert Rarre.) 6° M. Desplanque, pierres a aiguiser factices. Avec le caout- chouc durci, adroitement combine avec les matieres anciennes, COSMOS. 5^5 M. Desplanque, fabrique des meules el des pierres arlificielles que I'industrie recherche parce qu'elles perfectionnent el simpli- flent le dressage et le polissage des metaux, le repassage des outils tranchants, etc. (Rapport de M.Salvetat.) 7° M. Herland, monte-courroie. Sous la simple action d'unlevier a fourchette, place a la portee de la main de l'ouvrier, la courroie quitte instantanement la poulie qui l'entrainait et vient flotter sur l'arbre ou axe de la poulie. Un mouvement inverse imprime au levier, au moment voulu de la mise en marche, enleve la cour- roie a l'arbre et la ramene presque immediatement sur la circon- ference de la poulie qui l'entraine de nouveau. Le monte-courroie de M. Herland fait ainsi disparaitre de la maniere la plus efficace et la plus elementaire une cause d'accidents non moins terribles que frequents; elle procure en meme temps une economie de force motrice en permetlant de suspendre a volonte le travail quand il ne serait plus utile. L'Academie des sciences a deja cou- ronne l'excellent mecanisme de M. Herland , et il semble impos- sible qu'il ne soit pas bientdt applique partout, tant sont douces les conditions imposees par l'inventeur aux me'caniciens qui vou- dront l'adopter. (Rapport de M. Faure.) 8° M. Tremblay, fusees porte-amarre de sauvetage. L'impor- tance des travaux de cet officier distingue, sa courageuse perse- verance, son entier desinteressement, sont dignes des plus grands eloges. Pour rendre moins couteux et plus general l'emploi de ses appareils, il les a faits proprietes de l'Etat, qui les fabrique dans ses arsenaux et les de"livre au prix- de revient. (Rapport de M. Trelat.) 9° M. De'nizot, pompes d'epuisement. Grace a des modifications tres-ingenieuses et a une diminution considerable des frotlements, les pompes de M. Denizot, de Nevers, donnent un excellent ren- dement; elles ne sont pas engorgees par la presence des corps etrangers, et dans les travaux d'epuisement de quelque impor- tance elles procureraient une economie notable. (Rapport de M. Tresca.) 10° MM. Loup et Koch, de Givors, compieur hydraulique el magneto-moteur. L'emploi d'un aimant pour transmettie a dis- tance et a travers une paroi solide, a l'appareil qui compte, le mouvement de la turbine soumise a la pression de l'eau qui coule et qu'il faut mesurer, a permis de supprimer le stuffing box avec les garnitures essentiellement defectueuses. La marche du comp- 546 COSMOS. teurestainsi plus certaine, plus rcguliere et plus continue. {Rap- port de M. Baude.) 11° M. Kappelin , professeur de physique a Colmar, balance hydrostatique. M. Kappelin a si bien perfectionne cet appareil usite surtout dans- les filatures, il l'a rendu tenement pratique, qu'il fonctionne parfaitement bien entre les mains les moins ha- biles. {Rapport de M. Silberman.) 12° M. Burin-Dubuisson, preparation en grand du fer reduit par Vhydrogene et des sels de fer et de manganese. Les preparations de fer reduit et de sels de fer ou de manganese, sont demandees en si grande quanlite par lc commerce, qu'il a fallu arriver a une fabrication vraiment industrielle et sur large cchelle. M. Burin- Dubuisson n'a attcint ce but qu'en luttant plusieurs annees conlre des difficultes de tout genre; ses produits ne laissent rien a de"si- rer et sont recherches partout. {Rapport de M. Gaultier de Claubry.) 13° M. le baron de Bostaing, procedede division des corps aVetat de fusion. M. de Bostaing a eu une idee tres-originale et qui sera feconde. En faisanttomber surun disque en terre refractaire tour- nant avec une grande vitesse, deux mille tours par minute, les mctaux et d'autres corps fondus, on les fait passer a un etat de division extreme qui permet de les employer a divers usages aux- quels, dans leur etat ordinaire, ils se pretent plus ou moins diffi- cilement; on les rend, par exemple, plus facilement oxydables, plus aples a se combiner avec d'autres substances ou a entrer en melange plus in time avec ellcs. La fonte de fer oxydee par le procede de M. Bostaing, melee, comme l'a indique Brcant, avec de la fonte naturelle en fusion, donnera peut-etre un acier de tres- bonne qualite. {Rapport de M. Gaultier de Claubry.) 14° M. Oudry, cnivrage galvanique. En recouvrant la surface des metaux oxydables, et particulierement la fonte de fer, d'abord d'un vernis isolant,puis d'un depot de cuivre galvanique avec epaisseur, d'un demi-millimetre a un et deux millimetres, M. Oudry rend ces me"taux ou cette fonte complelement inaltd- rables ou inattaquables par les agents atmospheriques. Les fon- taines des Ghamps-Elysees et de la place Louvois, les supports des lanternes de gaz et les indicateurs de route au bois de Boulogne, ont demontre jusqu'a l'evidence l'efficacile de cet ingenieux pro- cede; il est applique aujourd'hui sur la plus grande echelle par la ville de Paris pour la conservation indeTinie de ses fonlaines, de ses statues, de ses candelabres, etc., etc. M. Oudry n'a pas COSMOS. bUl cesse un instant de le perfectionner j il a tant ameliore ses piles et la maniere de s'en servir, qu'il obtient aujourd'hui en trois ou qualre jours ce qu'il ne pouvait obtenir d'abord qu'en un mois. (Rapport, de M. Silberman.) 15" M. Toussaint, reproduction electroty pique ou galvanique des objets de la nature. An moyen d'un systeme de moulage tres- perfectionneet de plusieurs combinaisons ingenieuses, pour obte- nir un bon metallisage des moules et un groupement solide des objets delicats qu'il s'agit de mouler, M. Toussaint est parvenu a reproduire par la galvanoplastie et avec les details les plus mi- nutieux, les feuilles, les fleurs, les fruits, les insectes, les ani- maux, et a former avec ces objets naturels groupes avec art, des ornements d'une perfection remarquable et d'un tres-bel effet. (Rapport de M. Du Moncel.) 16° M. Tbirault, procede de coloration du fer et de I'acier em- ploye comme preservatif de la rouille. Le fer s'altere avec facilite au contact de l'air et surtout de Fair bumide; pour le soustraire a cette alteration, M. Tbirault a recemment eu recours a un pro- cede chimique tres-ingenieux. Apres avoir transforme arlificielle- mentla surface de la partie de metal a conserver en peroxyde de fer bydrate, il la maintient pendant un temps suffisant dans l'eau porte'e a l'ebullution; le peroxyde passe alors a l'etat d'oxyde ferroso-ferrique , a peine attaquable par Pair bumide, et dont la belle couleur noire s'allie parfaitement a la damasquinerie en or ou en platine. Ce procede simple a la fois et economique est exe- cute en grand dans la manufacture d'armes de Saint-fitienne, ou il a deja ete applique a quatre mille fusils et ba'ionnettes destines a l'Angleterre, k quinze cents revolvers pour notre marine, a mille fusils pour le gouvernement egyptien, a six mille fusils pour les voltigeurs corses. (Rapport deM. Gaultier de Claubry.) 17° M. Henri Leme'nager, emporte-piece et gaufroirs graves pour fleuristes. Par ses outils graves, M. Lemenager a fait faire a la fabrication des fleurs artificiclles des progres presque incspere's ; il est un de ces ouvriers intelligents dont les ellorts mainliennent la supe'riorite de nos industries de luxe. (Rapport de M. Albert Bar re. ) 18° M. Massiere, fabrication d'etain en feuilles etde double d'e- tain. Le double d'etain, forme interieurementd'un alliage d'e'tain et de plomb, entierement couvert d'etain sur loutes ses surfaces, est un produit nouveau, resultat d'une fabrication tres-ingenieuse qui, en raison de son bas prix , peut etre et sera tres-employe 5hS COSMOS. pour la preservation de l'humidite des murs. Latelierde M. Mas- siere est conduit avec un soin el une intelligence tres-remar- quables. (llappurt de M.Levol.) 19° Le R. P. Helot, jesuite et missionnaire en Chine, renscigne- ments foumis sur le vert de Chine. Le vert de Chine sert a la peinture et a la teinture de la soie, signale d'abord par Daniel Koechlin , il a ete etudie chimiquement et completement par M. Pong. Grace aux renseignements transmis par le R. P. Helot, nous savons aujourd'hui produirc avec les ncrpruns la teinture verte des Chinois; et nous arriverons certainement a extraire de varietes bien choisies la couleur verte ou le vert de Chine dans tout son eclat et son inallerabilile. La Sociele est heureuse de pouvoir temoigner au savant missionnaire sa reconnaissance sin- cere pour son devouemcnt aux sciences et aux arts industriels. (Rapport de M. Barresivil.) 20° M. Kopp, extraction de V alizarine et de I'indigotine ; prepa- ration da vermilion d'antimoine. Jusqu'ici , on n'avait reussi a preparer l'alizarine au moyen de la garancine que d'une maniere tres-couteuse ; en recourant a Taction de la vapeur surchauffe'e, M. Kopp a rendu cette transformation beaucoup plus rapide et plus economique ; il espere perfectionner par la meme maniere la preparation de I'indigotine. Sa methode de preparation du ver- milion d'antimoine est tout & fait pratique et industrielle. [Rap- port de M. Gaultier de Claubry.) 21° M. Guignet, repetiteur a l'ficole potylechnique, preparation d'un vert de chrome propre a Vimpression des tissus. Le vert d'oxyde de chrome hydrate, connu sous le nom de verl-emeraude ou vert-Pannetier, est une couleur magnifique, eminemnient so- lide, d'un vif eclat qu'elle conserve A la lumiere artificielle ; elle peut former , avec les jaunes ^application, des melanges dont la purele n'est nullement alteree. 31. Guignet a decouvert, l'anne'e derniere, une methode qui permet de preparer en grand, et a des prix qui n'effraieront pas l'industrie, cette couleur si belle; sortis du laboratoire du chimiste, la methode et son produit sont entres dans le domaine de la pratique , et rendront de ties grands ser- "vices aux imprimeurs sur etoifes. (Rapport de M. Salvetat.) 22° M. Derniame, machine a glacer lepapier. Une connaissance parfaite des manipulations typographiques a permis a M. Der- niame, contre-maltre laborieux d'un des plus beaux ateliers de presses mecaniques de la capitale, de perfectionner considerable- COSMOS. 549 merit la machine a glacer Ie papier. (Rapport de M. Ch. La- boulaye.) 23° M. Pfeiffer, machine a rogner les livres. Apres des efforts inou'is, M. Pfeiffer est parvenu a executer mecaniquement les operations les plus dedicates de la reliure; a couper les tranches automaliquement des livres; ce probleme tres-difficile nepouvail etre re'solu que par un pralicien habile, doue d'un esprit inventif et d'unerare perseverance. (Rapport de M. Ch. Laboulaye.) 2k° M. Hippolyte Monier, bee a gaz. Par une judicieuse appli- cation d'une matiere plastique infusible, la terre de pipe, M. Mo- nier est arrive a remplacer la matiere melallique et oxydable qui lennine les bees par une grille inoxydable , et dont les pelits trous ne s'engorgent jamais. II a substitue en outre aux parties opaques placees au has des bees de gaz, une garniture ou panier en verre; son nouveau bee, deja adopte dans un grand nombre d'etablissements, a l'immense avantage de donner une flamme presqne completement immobile, et de procurer la meme in- tensite de lumiere avec une consommalion rnoindre d'un tiers. Rapport de M. Silberman. ) 25° MM. Chatelain et Vollier, proeede de disinfection des ton- neaux. Le nettoyage des tonneaux, surtout de ceux a l'usage de la brasserie, presentait des difflcultes serieuses. MM. Chatelain et Vollier les ont tres-heureusement surmontees, et out ainsi rendu service au commerce des liquides et a re'eonomie domestique. (Rapport de M. Chevallier.) (Les medailles de bronze a une prochaine livraison.) PII0T0GRAP1I1E. Seance «Ic la Sociele franeaisc dc photographic dii 1U mai SSQO. M. Hubert a fait a Venise la rencontre tres-agre'able d'un profes- seur de physique, homnie serieux et considere, qui lui a dit 6tre en possession d'un nouveau proeede de tirage et de fixage, a l'aide duquel il obtient des epreuves completement inalte'rables, sans emploi de l'hyposulfite de soude et des sels d'or, avec une promp- titude telle qu'il produirait par son proeede vingt epreuves pen- dant le temps qu'on mettrait a en produire une d'apres les me- ihodes connues ; avec une economie si grande, que le prix de 550 COSMOS. revient dc chaque epreuve n'est plus que 1c vingtieme de ce qu il dtait. Le savant professeur ne veut pas ou no pcut pas encore se noinmer; mais il se presentera au concours du prix du due de Luynes, etexecutera son procede devant la commission nominee. S'il envoie anjourd'hui des epreuves, e'est pour qu'on puisse les soumcttre des maintenant a l'experience et se convaincre deleur inalterabilite. Le papier posilif sur lequel il opere a l'avantage de conserver presque indefiniment sa sensibilite; des epreuves prises apres six mois sont aussi belles que si elles avaient ete tirees le jour de la sensibilisation. On peut en outre oblenir dans le virage toutes les teintes depuis le bleu fonce jusqu'au noir d'imprcssion. — M. Davanne, aunom de M. Aleo, communique une note pra- tique sur la preparation des papicrs positifs albumines sans ladies ou cornes. Comme l'efficacitedu procede de M. Aleo depend prin- cipalement ou uniquement des precautions minutieuses qu'il prend, nous altendrons pour le decrire que sa note ait paru dans le bulletin de la Sociele. — M. Poitevin, dans une note substantielle dont M. Girard donne lecture, indique comment il est parvenu a perfectionner son procede de tirage direct des positifs au gallate de fer, et pre- sente des epreuves obtenues par son procede perfectionne. Nous reproduisons integralement, en raison de son importance et de l'avenir qui lui est reserve, la note de M. Poitevin : « Dans le principe de mon procede de tirage photographique au gallate de fer, j'employais, pour preparer le papier, un me- lange a volumes egaux de dissolutions a 10 pour 100 d'eau, de perchlorure de fer et d'azotate d'urane. Ce dernier sel se redui- sant assez promptement sous 1'influence de la lumiere et en pre- sence des matieres organiques, reagissait ensuite sur le perchlo- rure de fer qui passait a l'etat de protochlorure, ne se colorant pas en noir par les acides tannique, gallique ou pyrogallique. Le perchlorure de fer applique seul sur le papier est egalement reduit par la lumiere, mais beaucoup plus lentement. J'ai, depuis, remplace avec avantage le sel d'urane par d'autres corps, tels que la glycerine, l'oxalate d'ammoniaque et l'acide tartrique ; ce dernier surtoutm'a donne des resultats tres-satisfaisants. Mainte- nant je fais une dissolution contenant 10 grammes de perchlo- rure de fer, pour 100 d'eau, j'y ajoute 3 gr. d'acide tartrique; j'applique le papier sur ce bain, el je laisse secher spontane- ment; avant de l'employer, je le seche complelement a une douce COSMOS. 551 chaleur. Le papier, ainsi prepare, est de couleur jaune fonce'e ; lorsqu'il est sec, il blanchit entierement et tres-promptcment a la lumiere. Pourobtenirune epreuve d'apres un posilifsur verre, dix a douze minutes suffisent au soleil : on est guide d'ailleurs par la decoloration du papier. Pour faciliter et meme pour acce- lerer le tirage, j'ajoute a la dissolution de percblorure de fer et d'acide tartrique, du sulfocyanure de potassium en quantitc suf- fisante pour que le papier que Ton recouvre de ce nouveau me- lange soit d'une couleur rouge de sang apres sa dessiccation. Lors de l'impression, cette couleur rouge disparait proporlion- nellement a la quantite de lumiere qui traverse le cliche, en meme temps que le persel de fer est reduit, et Ton obtient ainsi un dessin en rouge sur fond blanc. Celle couleur rouge d'ailleurs n'est pas stable ; elle disparait apres quelques jours, meme en conservant le papier prepare dans l'obscurite. Le dessin etant ainsi obtenu, pour le rendre permanent et le faire apparaitre en noir d'encre, je lave rapidement, a l'eau ordi- naire, et mieux a de l'eau contenant de la craie en suspension, la feuille impressionnee; la couleur rouge disparait, la majeure partic du protocblorure de fer qui s'est forme s'en va et il se forme du sesquioxyde de fer dans les parties non influencees par la lumiere. Je plongeensuite la feuille dans une dissolution d'acide gallique additionnee de tannin. L'image apparait peu a peu en noir d'encre, et lorsqu'on la juge sufiisamment intense, on lave la feuille a l'eau ordinaire, ou mieux a l'eau de pluie ou distillee. On eponge entre desfeuilles de papier buvard, on l'y laisse secher, et le fixage est definitif et complet. Si, au lieu de plonger l'epreuve dans la solution d'acide gallique, on l'immerge dans une solution faible de cyanoferride de potas- sium (prussiate rouge de potasse), il se forme du bleu de Prusse dans les endroits oil la lumiere a reduit le percblorure, et Ton peut ainsi avoir avec un cliche negatif une positive en bleu sur fond blanc. On peut aussi transformer les epreuves ainsi cbtenues en des- sins bleus, en les plongeant dans de l'eau faiblement acidulee d'acide sulfurique et additionnee de quelques goultes de cyano- ferrurede potassium (prussiate jaune de potasse). J'ai aussi remarque que certains papiers prepares au percblo- rure defer eta l'acide tartrique sont rendus impermeables a l'eau une fois sees, et qu'ils le deviennent dans la presse sous les parties du cliche qui laissent passer la lumiere. Si done on applique au 552 COSMOS. sortir du cliAssis la fcuillc imprcssionnee sur une cuvette d'cau gommee, cctte eau pcnetre seulemcnt dans les parties insolecs en y formant une buee a la surface portant 1c dessin. On peut alors appliquer, avcc un tampon de coton, des poudres sechcs de carbone, ou d'oxydes colorcs ou de couleurs vegetales, qui ne se fixeront qu'aux endroits ou la lumiere a agi. Si au lieu de poudres on emploie une encre grasse que Ton applique avec un tampon, le corps gras ne se fixe qu'aux endroits non mouillds, et par consequent on peut avoir un moyen de report photogra- phique sur pierre ou sur planche metallique, sur bois, sur ivoire, etc. Je pense devoir dire en terminant cette note que les papiers fortement encolles a Famidon m'ont paru les meilleurs pour l'impression au gallate de fer. Cette impression se fait aussi sur tissus de laine ou coton en- collescomme on les trouve dans le commerce. Je me suis servi des broderies elles-memes comme ecran pour produire les des- sins sur etofle que j'ai l'bonneur de presenter a la societe. Quant aux dessins sur papier, je les ai obtenus avec des posi- tifs sur verre pour ceux en noir et avec des negatifs pour ceux oblenus en bleu. » (La suite au prochain numero.) ACADEMIE DES SCIENCES. Sea?ice du lundi 21 mat 1860. M. Marignac, de Geneve, adresse un mdmoire de cbimie pbi- losopbique sur les notations, la valeur a assignor aux accolades et la formule de 1'aceHone. — M. Fournet adresse une suite a ses recbercbes sur les cou- leurs dans l'atmospbere et dans le ciel. — M. Tournassol envoie pour le concours des prix Monthyon un essai sur la statistique de 1'arrondissement de Valenciennes. — Un pbysicien amateur de Geneve expose les theories et les avantages du procede de galvanisation qu'il a appele galvanisa- tion par influence, et appuie ses affirmations de divers specimens de son art. — M. Casimir Gary appelle l'attention sur son memoire in- titule' : Diverses Questions de geologic ; il le croit digne de con- courir pour le prix quinquennal, fonde par SaMajeste Tempereur COSMOS. 553 Napoleon III. Pour concilier plus de bienveillance a son oeuvre, M. Gary rappclle quelques conversations qu'il cut jadis avec Francois Arago. Nous avons lu la brochure imprimee de M. Gary; et nous l'avons lue avec la plus grande attention. ;il est tout a fait orlhodoxe au point de vue de la religion, mais les argu- ments auxquels il a recours, les theories, ou mieux les supposi- tions qu'il etablit pourmettre la science d'accord avec la religion nenous semblentpas acceptables,etnous regrettons vivement de ne poiiYoir pas partager les opinions d'un boimne pour lequel nous nous sentons beaucoup d'estime et d'affectiou. — Le nom du savant auteur de recherches sur le pseudo- morphisme en mineralogie et en geologie nous a malbeureusement echappe. Sa conclusion principale est que la pseudomorphose est beaucoup plus rare qu'on ne le pense, et qu'elle est trop souvent confondue avec le simple enveloppement. II expose ensuite les caracteres auxquels le veritable pseudomorphisnie se reconnait. — M. Martini, de Naples, adresse un memoire anatomique et physiologique sur le liponie, ou loupe, sa nature, son mode de formation, etc., etc.; chaque lipome est une espece de sac resul- tant de l'agglomeration de granules composes en partie d'amidon ou de cellulose animale. — M. Pappenheim demande qu'on accepte pour le concours des prix Monthyon de medecine et de chirurgie un memoire sur les tubercules du poumon. — Ge n'etait ni M. Fuchs pere qui, helas! est bien mort, ni son fils, mais M. Dalemagne qui avait adresse a l'Academie la recla- mation relative a la silicatisation. Voici sa note : « La reconnais- sance me fait un devoir de rendre hommage a Fuchs, inventeur du verre soluble et de la silicatisation qu'il appliqua a la preservation des bois et des decors du theatre de Munich et a sa ste'reochro- mie... Quoique reconnu des lors satisfaisant, ce systeme nou- veau etait susceptible de perfectionnement... Lorsqu'il survenait des pluies abondantes ou continues apres la silicatisation , il y avait entrainement d'une partie de la silice introduite dans les pierres; j'ai recherche le remede a cet inconvenient et je crois l'avoir trouve en combinant un produit nouveau, compose de phosphate et de silicate de potasse, que j'appelle acide phospho- silicique et que j'applique comme derniere operation... Sur une pierre silicatisee en 1854, il parait s'etre produit un phenomene particulier, on y remarque des especes de petits rognons siliceux resultant du durcissement artificiel provoque par l'intervention :>54 cosmos. du silicate introduit. » Nous croyons entendre aujourd'hui qu'a 1854 M. Leon Dalemagne demande qu'on substilue 1852. — M. Raphael Cappa, professeur adjoint a la chaire de cliimic de l'Universite de Naples, transmet l'analyse chimique de deux sublimations recueillies dans l'eruption du Ve"suve de 1858. Ges deux sublimations A et B, de couleur jaunatre, et ternes, ressem- blent extrerieurement a de la cotunnite. Sublimation A, corps electro-nega tit's : chlore, grande quantite; acide sulfurique et si- licique , traces. Corps electro-positifs : plomb, grande quantite. cuivre et sodium en petite quantite. Sublimation B : chlore, plomb et cuivre. On peut regarder la sublimation A comme de l'oxy- chlorure de plomb mele a une petite quantite" de chlorure de cui- vre et de sodium avec des traces de sulfates et de silicates. On trouve deja dans la nature Pb 0 + Pb CI , et Pb02 + PbCl; A semble plutot appartenir a la premiere espece. On sait d'ail- leurs que Ton prepare artificiellement l'oxy chlorure de plomb en traitant l'acide plombique par le chlorure de sodium au contact de l'eau ; et que l'oxychlorure hydrate" ainsi obtenu passe au jaune quand on le calcine. Or, n'est-il pastres-probable que dans les emissions volcaniques le plomb rencontrant a la fois du chlo- rure de sodium et do l'eau a pu et a du donner naissance a l'oxy- chlorure de plomb qui constitue dans sa presque totalitc la subli- mation A ? La sublimation B est elle-meme un oxychlorure de plomb melange a du chlorure de cuivre. M. Raphael Cappa se propose de mieux etudier encore ces deux oxychlorures meialli- ques et de rechercher s'ils sont nouveaux ou s'ils ont deja ete signales. II nous fait remarquer que les emissions volcaniques du Vesuve ont ete beaucoup mieux etudiees jusqu'ici au point de vue mineralogique qu'au point de vue chimique. II nous adresse en meme temps, au nom de M. Palmieri, le premier fascicule extremement interessant des annales de l'observatoire du Vesuve; nous l'analyserons dans une prochaine livraison. — M. Brachet entre dans de nouveaux details sur son projet de construction de microscope dioptrique a immersion. — M. Seguinaine, membrecorrespondant, adresse de sa solitude d'Annonay deux notes relatives, l'une aux crapauds retrouve's vivants au sein de cavites inaccessibles a l'air atmospherique; l'autre, aux pretendues pluies de crapauds ou de tetards. Nos lecteurs savent que pour controler une assertion souvent repro- duite sans demonstration suffisante, l'habile et savant ingenieur avait a Fontenay, pres Montbard, renferme dans des cavites re- COSMOS. 555 serve'es ausein de platre gache, et huile apres solidification, une vingtaine decrapauds pris vivantsdanssesbois; qu'apreslOoul'2 ans il avait brise les pierres artificielles et que plusieurscrapauds e'taient sortis vivants de leurs prisons si etroites. L'expe'rience semblaittout a fait concluante. M. Seguin, dont l'esprit exact ne se contente jamais d'une demi-preuve, a voulu la renouveler; comme nous l'avons dit ailleurs, il tenait captifs de la meme maniere depuis plus de dix ans une nouvelle serie de batraciens; et nous l'engagions naguere a les faire mettre en liberte, si tant est que quelques-uns au moins aient resistea cette rude epreuve, sous les yeux memes de 1'Academie dont il est un des membres les plus justement celebres. Malheureusement, dans les recon- structions dont les vieilles habitations de Fontenay ont etc l'objet depuis quelques annees, les platres renfermant les crapauds ont disparu en tres-grande parlie, il n'en reste plus que deux; et M. Seguin demande aujourd'hui a 1'Academie si elle l'autorise a\ les lui envoyer pour les faire ouvrir et briser en presence d'une commission de naturalistes. La proposition a ete acceptee, et nous attendons avec quelque impatience le resullat de celte expe- rimentation. A en juger.par la premiere, iln'est nullement impos- sible que les deux platres preserve's ne montrent au jour que des crapauds moils, tandis qu'il etait presque certain que sur dix ou douze platres deux ou trois eussent revele des crapauds vivants. H. Jobard et bien d'aulres croient a de veritables pluies de grenouilles, de crapauds, depoissons a l'e'tat d'embryon ou d'etres naissants. Nous serions presque tente de dire que nous parta- geons lcur credulite, tant sont clairs et formels les recits de ti- moins oculaires dignes de foi. M. Dumeril cependant, et en general tous les naturalistes, maintiennent que les tetards qu'on voit comme surgir par enchantement et en nombre immense sur le sol, sont eclos ou nes sur place et ne tombent jamais des nues. L'observation transmise par M. Seguin aine donne raison h l'in- terpretation de M. Dumeril. — MM. Joly et Mussel adressent de Toulouse denouvelles expe- riences sur les generations spontane'es. Les premiers essais que ces messieurs ontfaits en commun avaient pour objet l'etude des corpuscules floltants dans l'air; ils etaient arrives commeM. Pouchet a cette conclusion, que l'atmospbere, au moins en biver et dans les circonstances ou ils s'etaient places, ne cbarrie qu'une tres-petite quantite de corps organiques , une quantite e'videm- ment insuffisante pourrendre compte du nombre immense des 556 COSMOS. etres mieroscopiques qui fourmillent dans les infusions. Aujour- d'hui ils ont fait un pas de plus : ils decrivent les immensites d'etres, et les transformations ou successions d'etres qui sont npparues, au foyer do leur microscope quand ils regardaient une eau contenant des ovaires de fruits ou dcs graincs amcnees par la trituration a un etatde division extreme, et qui avait subi la i'ermenlalion organique. Si nous avons bien compris,les deux ha- biles observateurs de Toulouse prendraient parti pour M.Poucbet contre M. Pasteur et admettraicntles generations spontanees ; les transformation des Monas en etres de plus en plus parfaits, etc., etc.; mais nous craignons de nous tromper. — M. Laussedat, capitaine du genie, professeur a l'ficole poly- tecbnique, fait hommage de la traduction d'un ouvrage espagnol relatif a la triangulation de ce royaume si accidente. — M. Lereboullet, professeur d'anatomie comparec a la Fa- culte des sciences de Strasbourg , prie aussi l'Accademie d'ac- cepter un cxemplaire de sa Zoologie du jeune age; ouvrage ele"- mentaire dans lequel il a eupour but d'initier, non pas l'enfance, mais la jeunesse des deux sexes a tout ce qu'il importe de savoir de l'bistoire naturelle des animaux ; ce sont au fond des etudes serieuses, mais vulgarisees et rendues plus attrayantes par une sorte de vernis litteraire que ne comporterait pas un traite clas- sique. Ce beau volume in-^° est accompagne de planches fort bien dessine"es et gravees. — M. Fiourens annonce, dans les termes les plus respec- tueux et les plus justement elogieux, la grandc perte que l'ana- tomie vient de faire dans la personne d'Andre Retzius, que l'A- cademie n'a pas eu le temps de nommer membre correspondant. — M. Jules Cloquct fait un rapport sur l'obscrvation de gueri- son d'une division congeniale du voile du palais par la cauterisa- tion successive , observation communiquee par M. Benoit, pro- fesseur a Montpellier, dans la seance du 29 aout 1859. La division n'atteignait heureusement que les parties molles, la voilte char- nue du palais et la luette; l'enfant tres-jeune atteint de cette infir- mite n'articulait aucun mot, et ses parents eux-memes ne pou- vaient pas reussir a lc comprendre; la deglutition aussi elait presque impossible ; on avait essaye bien des traitements quitous avaient e"choue. TrentCrtrois cauterisations faitcs successive- ment avec le nitrate de mercure et Lazotate d'argent, d'apres la mdthode de M. Cloquet, qui consiste surloul a promener le caus- tique sur les bords ou les levres de la division, ont amene en COSMOS. 557 moins de deux mois un rapprochement complet. Le timbre de la voix laissait encore a desirer , mais l'articulation des mots etait distincte ; l'enfant a pu , des les premieres semaines, suivre les cours de son age, et il les a si bien suivis, qu'a la distribution des prix il a obtenu six nominations. La rapidite de l'amelioration etait pour lui-mome si sensible, qu'il se pretait sans repugnance aucune a la cauterisation. M. Cloquet cite plusieurs aulres cas de divisions congeniales des pieds, des mains, des doigts, dans les- quelles les cauterisations successives ont donne d'beureux re'sul- tats ; et il conclut en demandant que l'Academie vote des remer- ciments a M. Benoitpour son inte'ressante communication. — M. de Saint-Venant met sous les yeux de l'Academie six excellents modeles en platre construits d'apres ses calculs et sous sa direction, et representant des prismes tordus, le mouvement des cordes- sonores, la surface des ondes lumineuses, etc. II lit ensuite un memoirc d'analyse appliquee sur les deux genres d'homogene'iles, scmi-polaireoucylindriquepolaire ou spherique des corps solides elastiques. — M. Eschricht, medecin et zoologue danois tres-distingue, que la monograpbie des cetaces occupe depuis si longtemps, avait rec.u mission d'aller etudier une baleine echouee l'annee der- niere dans le port du Passage. II rend compte de son examen, des conclusions nouvelles qu'il en a tirees relativement aux moeurs, aux migrations et a la classification des diverses sortes de baleines. Celle recueillie au Passage semble etre une espece nouvelle. M. Eschricht a visite en outre tout le litteral de l'ocean fran- cais, etudiant avec soinles essais d'ostre'oculture de M. Coste. Sur les cotes de la Bretagne, le succes est encore douteux, mais les resultats obtenus dans la baie d'Arcachon sont tres-dignes d'at- tention. A Brest, le savant professeur et son compagnon de voyage, M. Van Beneden, se sont mis en rapport avec M. Hesse; tousdeux ont e'te vraiment emerveilles des savantes etudes, des beaux des- sins que notre ami a consacresaux crustaces microscopiques. De son 0616*, M. Hesse nous e'crit qu'il va mettre a profit les loisirs de sa retraite pour multiplier ses tresors et les ouvrir aux natu- ralistes de tons les pays. — M. Mathieu fait hommage a l'Academie de la Connaissance des temps pour 1862 ; elle parait un peu tard, dit-il, mais ce retard est du uniquement aux ameliorations que le Bureau des longi- tudes a voulu realiser. Pour la premiere fois, les tables de la lune de Mi Hansen remplacent celles de Burchkardt; et cette substi- 558 COSMOS. tution obligeait a modifier prol'on dement les calculs do tous les elements qui dependent do la position dc la lune, les distances aux eloilcs, les occultations, les culminations, etc., etc. Le pro- gres sera plus grand encore dans la Connaissance des temps de •1863 , les ascensions droites et les declinaisons de la lune seront donnees non plus de jour en jour, mais d'heure en heure; des interpolations faciles permcttront alors de les calculer pour un instant quelconque, et les navigateurs n'auront plus rien a desi- rer. Maintenant que le Bureau a toules les ressources necessaires, il ne negligera rien pour que la Connaissance des temps reprenne son rang dans le monde nautique et aslronomique. — M. Delaunay depose stir le bureau un exemplaire de l'addi- tion a la Connaissance des temps de 1862, qu'il a consacree au de- vcloppement de la methode par laquelle Poisson avait etabli qu'on pouvait calculer rigoureusement la variation se'culaire du moyen mouvementde la lune. « Ge calcul est si simple, dit M. Delaunay, quej'ose conjurer tous ccux qui ont l'habitude des operations analyliques de le repeler. II leur suflira de quelques heures pour s'assurer de l'entiere exactitude duresultatobtenu par M. Adams et moi, de la realite des erreurs signalees d'abord par le savant astronome anglais. L'accord qui existe entre sa valeur et la mienne etait pour moi une preuve plus que suffisante de sa verite ; les attaques dont elle a ele l'objetn'avaient pas meme fait naitre un doute dans mon esprit ; et je n'invoque la continuation apportee par la mise en nombre des formules de Poisson que commc une preuve surabondante. Le memoire de M. Cayley sur le developpement de la fonction pcrturbatrice, m'a inquiete un instant, parce que plusieurs de ces termes differaient des miens, ct il importait de savoir qui dc nous deux avait tort ou raison; j'ai rei'ait les calculs avec le plus grand soin, et je puis dire avec assurance que les legeies erreurs sont du fait de I'illustre geo- metrc anglais. Rien done n'est de nature a me faire cbanger d'avis, tout se re unit au contraire pour me donner raison. Geux de mes adversaires qui voudront lire la derniere livraison des Monthly notices de la Societe royale astronomique de Londres , ver- ront comment sont jugees au dela du detroit les attaques dont ma tbeoiie de la lune a ete l'objet. D'une part, le Rev. R. Main, presi- dent de la Societe, proleste energiqnement contre la pensee que Ton aeue depuiser des arguments contre moi etla cause que je de- fends dans ses paroles et dans son silence; de l'autre, M. Adams dont on avait dit qu'il abandonnait sans doute ses corrections COSMOS. 559 au coefficient de Plana, releve vigoureusement legant qui lui a ete jete\maintient plus que jamais l'exactitudedesescalculs,etmontre a chacun des geometres dont on opposait les resullats aux siens et aux miens, en quoi consiste l'erreur quils ont commise. » Plusieurs jours avant que M. Delaunay signalat a l'Acade'mie l'appui genc'reux qu'il a rencontre en Angleterre, nous avions redige l'arlicle que Ton peut lire aux faits de science. Nous ne demandons pas mieux que d'etre eclaire etconvaincu, nous nous empresserons de proclamer la verite de quelque part qu'elle nous vienne; nous serons'aussiheureux,plus heureuxmeme, car nous sommes Francais, de proclamer le triomphc definitif de M. De- launay, que nous 1'aurions ete de proclamer le triomphe definitif de M. Hansen. Si M. Delaunay avait re'pondu a M. Le Verrier comme M. Adams repond a M. de Pontecoulant, par des raison- nements appuyes de calculs faciles, sans declamation aucune, sans aucune pcrsonnalite, la discussion ne se serait pas enveni- mee, et la discorde n'aurait pas trouble la paixde l'Academie des sciences. — M. Debray, pharmacien a Fougeres, avait propose une nou- velle methode d'extraction du sucre de la betterave, fondle sur les proprietes detersives bien connues du sous-acetate de plomb. M. Payen, au nom d'une commission, declare non-seulement que cetle methode ne merite pas l'approbation de l'Academie , mais qu'elle n'est pas neuve; elle a ete dejaproposeeen Prance et en Angleterre; et apres avoir ete appliquee, elle a ete proscrite apres enquete comme tres-dangereuse, comme contraire a la salubiite publique, parce qu'elle avait pour resultat d'introduire des sels de plomb dans l'economie animale. — M. Claude Bernard, au nom de M. Serge Botkine, commu- nique des experiences tres-interessantes et tres-importantes sur les matieres colorantes des globules du sang et de la bile. Si Ton met les globules du sang ou la bile en contact avec certains liquides, le sulfate de magnesie par exemple, et des solutions sucrees, il n'y a aucun cpanchement ou diffusion au dehors de la maliere eolorante, le liquide ne se colore pas. Mais si au sulfate de magnesie et aux solutions sucrees on substitue des dissolu- tions de sulfate de soude ou de cblorure de sodium, il y a cpan- chement, diffusion immediate de la matiere eolorante, le liquide se colore en rouge ou enjaune. En meme temps les globules du sang, si e'est sur eux qu'on experimente, se contractenl, dimi- nuent de volume et tombent au fond de la dissolution. L'expe- 560 COSMOS. rience se fait mieux encore en mettant les globules du sang ou de la bile dans un vase ou lissu endosmotique ; il y a bien ecbange entre les liquides places en dehors et en dedans du vase, mais la matiere colorante prend part a l'echange et se diffuse quand le liquide cxterieur est du sulfate de soude ou du cblorure de sodium dissous ; non pas quand il est en presence du sulfate de magnesie ou de la solution sucre'e. Ces proprietes remarquables, qui rentrent, il nous semble, dans celles que M. Figuier a signa- ges il y a longtemps, peuvent servir a expliquer comment l'e- panchement de la bile peut ne pas determiner ou determiner la jaunisse ou l'ictere , en tenant compte du liquide sucre que le sang cbarrie avec lui en proportion plus ou moins grande. — M. Bernard encore, au noin de M. Charles Robin, agrege d'anatomie a l'Ecole de medecine, presente une etude complete de la retraction et de la cicatrisation du cordon ombilical; il etait interessant d'expliquer comment, apres la chute du cordon, les deux vaisseaux sanguins, la veine et l'artere, se retractent et se ferment; comment naissent les ligaments, etc., etc, — M. Hermite presente unenouvelle note du R. P. Joubertqui lui semble presenter uutres-grand inleret. — M. Breton de Champ, a l'occasion du livre annonce du pre- sident de 1'Acade'mie M. Cbasles, sur les Porismes d'Euclidc, a cru devoir adresser une reclamation de priorite ; mais M. Chasles s'empresse de declarer que quand M. Breton aura hi son livre, il reconnaitra lui-meme qu'il n'a rien dc commun avec ses propres publications sur les porismes. ft Moic.no. Errata. — M. Gaugain , l'auteur de la traduction de la Theorie de Ohm, a pour prenom non pas Joseph, mais Jean-Mothee. A l'epoque de sa naissance, le maire de sa commune n'avait pas fait de nouveau connaissance avec saint Timothee. rue Garanciere, 5. proprUtaire-gtrarU COSMOS. 561 NOUVELLES DE LA SEMAINE. Nous recevons la livraison tie mai des Annales de la propaga- tion de la Foi, et nous nous empressons d'en extraire ce qu'elle renfcrme d'un peu scientifique. M. l'abbe Maisfranex transmet quelques details sur le site, le climat et la vegetation d'Altin- gaard, centre des missions catholiques du p61e arctique. « Cebourg est situe au 70° degre de latitude septentrionale, clans une vaste plaine bornee au nord par la mer, arrosee a Test par le fleuve Altin, et entource au midi par des forets de sapins. C'est le bassin le plus pittoresque cle ces contrees boreales ; il forme une veri- table oasis au milieu des glaces ou des neiges qui limitent son ho- rizon ; aussi l'a-t-on appele le Paradis du Nord. Quoique place plus au nord que les glaces elernelles ou s'est perdu Franklin, Altingaard jouit en general d'un climat plus cbaud que les capi- tals de la Russie et cle la Prusse. En ce moment, 9 octobre, il fait si chaud qu'on transpire m6me sous une simple blouse. Le ciel est clair, et la nuit venue, il s'illumine aussitot des magnifiques splendeurs cle l'aurore boreale. Des colonnes et des gerbes de feu, des globes eblouissants et mille autres figures lumineuses parcourent l'horizon, changeant a chaque instant cle formes et donnant un aspect aussi elrange que varie a cette scene grandiose. La vigueur de la vegetation n'est pas moins etonnante. Les pommes de terre et autres tubercules plante's a la fin de juin sont recueillis au commencement de septembre; c'est-a-dire apres deux mois de soleil contirmel; leur grosseur n'a d'egale que leur quantite; on en retire de quaranle a cinquante sacs pour une. Le seigle introduit par les missionnaires et seme seulement a titre d'essai, a donne trente epis pour un grain. Le gouvernement local a ete si emerveille cle nos produits agricoles, qu'il en a envoye quelques-uns a Christiania pour figurer a l'exposition generate de rindustrie. » — M. Miege ecrit de Leavemvorth a l'ouest des Etats-Unis : « Jusqu'ici le territoire indien n'etait envahi que par les emi- grants; mais voici que la decouverte de nouvelles mines d'or a rcxtremite' du Kansas et au pied des montagnes Rocbeuses, va livrer le pays non plus aux colons qui le defrichent, mais aux aventuriers qui le bouleversent. Au printemps de 1859, plus de cinquante mille homines se dirigerent vers Pikes-Peak (c'est le Ncuvicme annu point de vuc scientiiique le plus vaste; je n'ai aucun scrupule de la placer a cute de celle de la gravitation. Cependant son illustre auteur n'ajamais enonce la loi de rinduclionmagnelo- electrique dans toule la gcneralite dont elle est susceptible. Je m'appuie sur des fails en parlie connus, en partie non encore constates paries experiincnlateurs, pour parvenir, par une suite de considerations qu'il n'est pas ici le lieu de developper, a cet enonce qui consistc en ce que, dans chaque systeme de corps materiel, tout changement deposition donne lieu a naissance de forces, dont la direction est toujours en sens inverse du mouve- ment : repulsions si les corps s'approchent, attractions s'ils s'e- loignent. Cet enonce tient compte seulement de l'existcnce de ces forces et de leur direction ; il ne s'exprime ni sur leur intensite, ni sur lamaniere dont elles dependent de 1'cspace et du temps, ou des masses et de leur constitution. » COSMOS. 569 — M. Alluard, profcsseur au lycee de Clermond-Ferrand, s'est livre a de tres-nombrcuses experiences pour arriver a determiner aussi exacleiuent que possible les chaleurs specifiques a l'etat solide on liquide, et la chaleur latente de fusion de la naphta- line; nous ne pouvons indiquer ici que les nombres auxquels il est parvenu. La temperature de solidification de la napbtaline est 79°, 91 Sa temperature de fusion la meme. Sa chaleur specifique a l'etat solide de 20 a 66° 0,32'j9 — - ■ de 0 it 20' 0,3207 Sa chaleur specifique a l'etat liquide de 80 a 130° 0,M76 Sa chaleur latente de fusion 35,6792 Sa densite 8 l'etat liquide, a 99% 02 0,9628 — Lorsqu'on chaulfe pendant plusieurs jonrs au bain d'huile a 210 ou 220 degres un melange de sesqui-chlorure de carbone C4C16 avec de l'hydrate de potasse en poudre dans le rapport de un equivalent du premier corps et lmit equivalents du second , il se forme duchlorure de potassium et de l'oxalate de potasse sans produits accessoires : C4 C1G + 8 KO, HO = 8? O2 C4 Oc -J- 6 KC1 + 8 MO. Lorsqu'on chauffe pendant quelque temps a 200 degres un equi- valent de protochlorure de carbone C4 CI4 avec au moins six equivalents d'hydrate de potasse en poudre , il se forme egale- ment de l'oxalate de potasse et il se degage de l'hydrogene : G4 CI4 + 6 KO, HO = K2 O2, G" 0G + k KCH- h HO + 2 H. Ces observations sont dues a M. Geuther (Annalen der Chimie unci Phar made, aout 1859). — M. Maxwell Simpson , en etndiant Paction des acides sur le glycol, a oblcnu un tres-grand nombre de combinaisons nou- velles quenous enumereronsrapidemcnt;le sulfo-glycolate deba- ryte, analogue au sulfo-glycerate de baryte ; la chloracetine de glycol, le butyro-acetate de glycol, le chloro-butyrale de gly- col, 1'iodhydrine de glycol, etc. (Proceding's de la Societe royale de Londres, mars 1859). — Dans ses recherches sur l'acetone, M. Staedler croit avoir reconnu que le produit obtcnu en faisant reagir le sodium sur l'acetone et distillant le melange,"est non un hydrate d'acetone, C6H1208 = GcH602 + 6HO, 570 COSMOS. mais unc substance nouvelle, la piuacone , C"H**0* cristalltnc tant qu'elle contient encore de l'eau, et se translormant en unc matiere oleagineuse quand elle est completement ddshydralee; elle prend naissance par la desoxydation qu'eprouve l'acetone sous l'influence du sodium. M. Staedler admeten outre que l'ace- tone est de l'aldehyde dans laquelle Taction d'bydrogene esl remplacee par du methyle. II etudie ensuite la pentachloracetone Cc HG102 + 8 Aq; liquide incolore possedant une saveurbraianle et aromatique d'une odeur particuliere; l'acetone ammoniaque, le bisulfite d'acetone ammoniaque, l'acetonine, l'acide aceto- nique, identique probablement avec l'acide butylaclique de M. Wurtz [Annalen der Chimie und Pharmacie, septembre 1859). — En dissolvant dans un melange d'alcool et d'acide aceiique ou sulfurique etendu d'eau les bisulfates des alcalokles de la cin- chonine, ajoutant une solution alcoolique etchaude d'iode; lais- sant cristalliser par le refroidissement, recueillant les cristaux sur un filtre, lavant a l'alcool et sechant finalement a 93 uegre's, M. Herapathobtientce qu'il appelle des iodo-sulfates de ces alca- lo'ides ; tous doues de proprie'tes optiqucs tres-remarquables, ces sels composes renferment de l'acide sulfurique, de l'iode et unc certaine proportion de la base organique plus ou moins modifiee dansses caracteres. L'iodo-sulfate de quinine estcaraclerisepar sa couleur d'unvertcantbaride vue par reflexion, etpar 1'energie de son pouvoir absorbant sur la lumiere. L'iodo-sulfate de cincboninc cristallise en longues aiguilles d'un bleu violet par reflexion, d'un rouge pourpre fonce pas transmission ; la lumiere transmise est en outre presque completement polarisee. — Lorsqu'on melange intimement, dit M. de Changy, avec des ferments soit liquides, soit solides, une certaine quantite de noir animal ou vegetal, et qu'on fait sccher le melange soit par un courant d'air, soit dans une turbine a rotation, on oblient une poudre qui conserve toutes ses facultes fermentescibles pendant un temps illimite. La levure de biere, par ce moyen, garde tres- longtemps son efficacite, et la presence du noir dans la cuve a plus d'avantages que d'inconvenients. — MM. Vogel et Reischauer, en faisant passer un courant de gaz de bouille ordinaire a travers une solution neulre de nitrate d'ar- gent, ont obtenu un precipite cristallin forme d'une grande quan- tite de petits prismes, detonant lorsqu'il est sec sous Taction de la chaleur ou sous le choc du marteau, comme le fulminate d'ar- gent ; laissant degager , quand il est traite par l'acide chlorhy- COSMOS. 571 drique, un gaz combustible qui n'est sans doute que le gaz de houille; et renfermant de 78 a 84 pour cent d'argent. Fails de nicdccine ct de ehirurgie. M. Nonat dit elre arrive a cette conclusion desolante que la chloro-anemie, loin d'etre un fait rare et exceptionnel chez les enfants, est au contraire la regie ; car on la rencontre au moins huit fois sur dix, depuis l'age d'un an jusqu'a la puberte. — M. le doctour Anselmier s'est servi avec succes de l'aiguille aimantee pour decouvrir des corps etrangers ausein des organes, en fer, en acier, en fonte , tels qu'eclats d'obus, fragments d'ai- guille a coudre, etc. II suspend a un point fixe, au moyen d'un fil sans torsion, une aiguille aimantee de 15 a 20 centimetres de longueur; lorsqu'elle est devenue immobile, il approche avec precaution l'un des p61es de la region ou il suppose que le corps etranger peut etre loge ; la deviation ou l'immobilite de l'aiguille confirme ou detruit les soupcons. M. Anselmier a pu preciser ainsi : 1° le point qu'occupait dans l'avant-bras gaucbe un petit eclat d'obus qui determinait depuis dix mois un oedeme conside'- rable de tout le membre chez un voltigeur de la garde qui fut gueri en quatre jours apres l'extraction de ce corps elranger; 2° la presence de fragments d'aiguilles a coudre enfouies dans la main ; 3° la presence dans l'estomac de pelits clous en fer, etc. — On a fait a Thospice des alicnes de Zurich l'essai de surmon- ter la resistance de certains malades pour la nourriture, en les soumeltanta l'effet du chloroforme, et cela avec un plein succes, puisqu'il n'a pas ete necessaire de renouveler l'operation plus de deux ou trois fois. — MM. Philipeaux et Vulpian croient avoir demontre experi- mentalement que des nerfs separes des centres nerveux peuvent, apres s'etre alteres complc'tement, seregenerertouten demeurant isoles de ces centres, et recouvrer leurs proprietes physiologiques. Cette conclusion comprend trois resultats : la regeneration des nerfs divises ou alteres, le relablissement de la fonction, la pro- duction de ce double fait dans la condition de separation com- plete et permanente de la branche peripherique du centre ner- veux. Les deux premiers resultats etaient acquis a la science; a l'egard du troisieme, contraire a ce que Ton croit et Ton enseigne, M. Jules Guenn souleve le doute suivant : « En examinant ce qui 572 COSMOS. se passe a la suite des sections sous-culanees des nerfs, et princi- palement du nerf sciatique, nous avons constate deux i'aits : le premier, ce sont des anastomoses des filets nerveux voisins qui apparaissent d'une maniere tres-evidente; le second, c'cst le de'- veloppement sensible et quelquefois considerable de branches nerveuses collaterales qui acquierentparfois un volume double ou triple de ce qu'il etait auparavant. » S'il en est ainsi, n'y a-t-il pas lieu de demander a MM. Pbilipcaux et Vulpian s'ils se sont bien assures que la regeneration des nerfs separes deleur centre n'au- rait pas pour origine et pour mecanisme les anastomoses d'une part, le devcloppement des branches collaterales de l'autre. — M. le docleur Piorry a hi dans une des dernieres seances de l'Academie de medecine un memoire important sur la curabilite et letraitement de la phthisie pulmonaire, question pleine de gra- vile et d'actualite. La phthisie est-elle curable? Par quels moyens l'est-elle? Autrefois, la phthisie pulmonaire represenlait, dit M. Guerin, un ensemble de phenomenes morbides dontlestuber- cules du poumon ne constituaient qu'une portion. Plus tard, le tubercule pulmonaire a constitue toute la phthisie. Aujourd'hui, on revient sur ses pas, on s'habitue a ne plus voir seulement dans la phthisie des tubercules et des cavernes ; on considere les causes gene'rales et specifiques, les symptomes preliminaires, la periode d'incubation, l'elat general, lalievre,la resorption purulente; l'ensemble enfin de la maladie , affection tuberculeuse generate ayant son siege principal dans les poumons; a ce point de vue, la phthisie reclame un traiteinent en rapport avec sa nature, son etendue, sa generalite, son siege, elle devient curable. — M. Orliac, vice-president de la Societe d'Agen, attribue a l'intervention du chloroforme employe a l'exterieur, par l'inler- mediaire de deux compresses pliees en trois et appliquees l'une surl'epaule, l'autre dans le creux de l'aisselle, la facilite avec la- quelle il a reduit deux luxations graves. La quantite de chloro- forme versee sur les compresses a ete de 10 a 12 grammes. On evite ainsi, dit-il, les tiraillements violents, ladouleur, toujourssi vive, parfois intolerable, la frayeur causee par la vue d'un plus ou inoins grand nombre d'aides, les dangers enfin de l'inhalation du chloroforme. COSMOS. 573 ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du lu?idi 28 mai 1860. M. Faye lit une nouvelle note sur une experience faite avec la machine de Ruhmkorff pour mellre en evidence la force re- pulsive des surfaces incandescentes. « Les seules circoustances que Ton m'ait signalees comme pou- vant influer sur la production da phe'nomene de'erit dans lc compte nmdu de la seance du Ik mai sont les courants d'air et le passage de l'electricile a l'etat de de'eharge obscure au-dessus de la plaque de platine rougie. Examinous d'abordla seconde objection : Ledome obscurest-il du au vide produit par la surface incandescente dans un milieu extremement rarefie, ou a la conductibilite extraordinaire qu'une portion du milieu ambiant aurait acquise par l'influence de la chaleur? Mon appareil primitif pourrait servir a letudc de cette question; mais la cloche s'est felee, et il faul le reconstruire. Voici comment je compte proceder. En isolant un des p61es de la machine de RuhmkorlT, on determinera !e courant fourni par l'au- tre p<51e a l'electrode de la cloche a aboulir en un point quel- conque du fond metallique, mis en communication avec le sol. Cela pose, si l'onporte ce point a l'incandescence, le courant de- vra passer \h plus facilement, sirobjectionestfondee ; dans le cas contraire, il sera repousse late'ralement par le vide forme au- dessus de la surface incandescente, et sera force de passer par un point du fond plus ou moins eloigne. On tiendra compte d'ailleurs de la faible diminution de conductibilite du metal echauffe. J'oserai dire que l'experience a deja prononce en ce sens dans des circonstances peu diffe'rentes ; je ne la repete done, dans d'autres conditions, que pour obtenir encore plus d'evi- dence, en supprimant les forces energiques qui naissent de I'em- ploi simultane des deux poles de la machine d'induclion. Un second appareil egalement en construction se composera de deux cloches communiquant par un tube inferieur, ct munis d'electrodes semblables. Le courant d'induction sera partage entre ces deux cloches, de maniere a fournir deux etincelles avec la meme machine, ou plutot on 1'arrangera de maniere a ce qu'une certaine resistance place'e sur 1'arclumineuxactuellement produit dans l'une des cloches determine aussitot le passage du 574 COSMOS. courant par l'autre cloche. Une spirale de platine, rendue incan- descente pendant quelques secondes par un courant voliaique aussitot supprime, produira sur le trajet du courant un vide et par suite une resistance, du moins selon mes idees : selon l'objec- tion, clle facilitera le passage du courant par suite de l'extreme conductibilite de la couche d'air chaud que la spirale formera autour d'elle. Dans le premier cas, le courant passera en totalite ou en partie par l'aulre cloche ; dans le second, le courant per- sistera en presentant le plxmomene d'une decharge obscure dans son milieu. Je me hate de dire que je dois a M. Jamin l'idde pre- miere de ce second appareil, et a M. Edmond Becquerel cello de la spirale de la platine. Maintenant que j'ai montre tout mon empressement a mettre a l'epreuve l'objection qu'on a bien voulu me faire, on me permettra de dire a ce sujet toute ma pensee. Sans doute la cha- leur augmente nolablement la conductibilite des gaz, mais son effet est bien peu sensible quand il s'agit de gaz tres-rardties. Au contraire, a la pression ordinaire , l'air etant rentre par accident dans mon appareil, j'ai vu l'etincelle se partager de la maniere la plus singuliere entre le jet direct et un jet deux fois brise qui allait de l'electrode positif au fond metallique encore chaud, pour remonter, plus loin, da fond a l'electrode negalif. Bient6t meme tout le courant prenait ce long chemin, au lieu de la ligne droile, -presentant ainsi, pendant quelques instants, sur son pas- sage, un exemple frappant d'une decharge obscure a travers le fond metallique lui-meme. Mais les choses se passent tout autre- ment dans le vide pneumatique : on n'y voit rien qui indique le passage d'une partie du courant par un meilleur conductcur, mais Fa simple suppression d'une petite partie du faisceau lumi- neux dont la large section livre, de slrate en slrate, un passage permanent a l'electricite. Dans tous les cas, si l'air echauffe of- frait au-dessus dela plaque chauffe'e une conductibilite telle qu'il put s'y produire un effet de decharge obscure, le phenomene presenterait a partirde la plaque et dans le sens vertical une de- gradation successive que Ton n'observe pas. Telle est aussi sur ce point la maniere de voir de M. IUihmkorff qui a rdpete si sou- vent l'experience sous les yeux dcs physiciens; et je pourrais encore invoquer les belles experiences de M. Gassiot sur l'effet de la chaleur dans le passage de l'elincelle d'induction a travers les tubes de Gcissler; car M. Gassiot n'a point produit de decharge obscure en elevant la temperature a UQQ degres. COSMOS. 575 Le deuxieme appareil, moins la bifurcation des rheophores, servira a l'etude des courants d'air. En mettant lcs deux cloches en communication par un tube inferieur,et en faisant le vide par le robinet superieur adapte a l'une d'elles, chaquecoup de piston produira un courant d'air qui passera par le lube de communi- cation. Sans plus de detail, on comprend qu'il est aise de faire varier ainsi la force ou mfime le sens de ce courant, la tempera- ture et la nature du gaz en mouvement, tout en le faisant agir, a l'aide d'ajustages varies, sur les stratifications electriques pro- duites dans l'une des cloches. Ce n'est pas que mon experience donne reellement prise a cette objection : il n'y a rien de commun entre le dome obscur que la plaque incandescente decoupe au-dessus d'elle dans les stries lumineuses et 1'agitation produite par les courants ascendants d'air echauffe. Cette agitation existe assurement, mais elle se produit a parlir du dome obscur et non a parlir de la plaque. Ce qui me decide a experimenter dans ce sens, c'est un sentiment de deference pour Tauteur de l'objection ; c'est aussi que cette ob- jection a ete jusqu'ici la pierre d'achoppement de toutes les ten- tatives faites en vue de mettre la force repulsive en evidence. Ace sujet, je desire entrer dans quelques developpements. On a cherche plus d'une fois, depuis phis d'un siecle, si la cha- leur ne developperait pas dans les surfaces incandescentes une force repulsive agissant a distance. Les analogies les plus simples puisees dans les phenomenes de la dilatation des corps et l'elasti- cile des gaz conduisent en effet a cette hypothese que viennent encore confirmer, pour les matieres en contact, des faits de ca- pillarite bien connus, et surtout l'etat spheroidal si bien etudie par M. Boutigny. En examinant ces faits, on se persuade aisement que la repulsion produite ou exaltee par la chaleur est une force aussi generate, aussi essenlielle que l'attraction elle-meme, et pourtant les experiences qu'on a institutes jusqu'ici pour la mettre en evidence a l'aide de la balance de torsion sont restees infructueuses. Rien n'est plus loin de ma pense'e que de vouloir rentrer dans une voie defmitivement condamnee paries demons- trations decisives que la science doit a M. Pouillet. Je dois meme me hater d'indiquer la cause de cet insucces et d'expliquer com- ment une force universelle a pu et du echapper aux recherches des physiciens. Cette cause est le vague ou Ton se trouvait quant a la nature de cette force. Ainsi, on la faisait agir sur des disques de clinquant 576 COSMOS. oil de mica, sans savoir qu'on employait une matiere plu- sieurs millions de ibis trop dense. Ainsi on operait directement avec les rayons solaires , sans se douter quo ces rayons ne par- viennent dans noslaboratoiresque depouilles dejadctoule action repulsive. On coucentrait ces rayons avec des lenlilles, parce qu'on ignorait. que la force repulsive ne se refracte ct ne se refle- chit pas plus que la gravile. Au lieu de cette force, on n'a done trouve que les eflets d'ailleurs fort analogues des courants d'air engendre's par la chaleur. Si mes tentatives aboutissent a un plus beureux resultat , cela tient uniquement a ce que des eludes anlerieures m'avaientdonne quelques notions precises sur la nature de cetle force (1). Dans le ciel, en effet, l'experience se fait devant nous sur une echelle im- mense ; elle estde'gagee des complications inevitables de nos ap- pareils terrestres. Aussi, la loi de la force so dessine-t-elle bien nettement a nos yeux. Par exemple, de ce que ses eflets, nuls ou tres-i'aibles pour les planetes ou leurs satellites, deviennent enor- mes pour les comeles, il faut en conclure qu'il s'agit d'une action de surface et non d'une action de masse comme celle de la gra- vile. Les details do la figure de ces astres singuliers montrent bien qu'unecran meme transparent suflit pour alfaiblir ou meme pour annuler cetle force, en sorte qu'elle n'agit point a travers la matiere , comme la gravite. EnGn, 1'acceleration de la comete d'Encke exigcant la presence d'une composante tangentielle, il en re'sulte que la direction de cette force pour un corps en mouve- ment ne coincide pas avec celle de la pesanteur, ce qui ne peut (i) Quelquos personnes pensent que I'idee d'une force repulsive est incompatible avec le mode dc propagation de la chaleur par les vibrations de 1'elher, attendu que ces vibrations ne sauraieiit d£ placer la matiere. C est confondre la force repulsive avec la cbaleur qui la produil. Par lui-ineme, un rayon de chaleur ne repousse pas les corps; il les echaufl'e, el en les echaiil'fant il y determine des(inouvemenls, il y deve- loppe des force* qui ne .'■out mil'emcnt ideutiques avec la chaleur. Nous en avons lYxempie dans Irs rayons qui nous parviennenl a travers Talmosphere. Dans les es- paecs celestes, au contain-, la chaleur so'aire se propage avec la force repulsive cxer- cee par la surface incandesrente du soleil, et avec l'atlriction exercce par sa masse; mais elle ne se confond pour cela ni avec la premiere fcice n! avec la seconde. Le su- jet que je traite est done complctement independant de* idees qu'on pcut se faire sur le mode de propagation de la chaleur, soit dans Tether, soit dans les corps; il ne louche pas da vantage a l'elat des molecules malerit lies en equilibre plus ou moiris stable sous Taction de forces opposees, on en vibration ccntinuelle avec des ampli- tudes variables. COSMOS. 577 s'expliquer qu'en admettant qu'elle se propage avec une vitesse iinie et non pas instantanement corame la gravite. Telles sontles lois principals que les phenomenes astronomiques pouvaient seuls nous reveler, et qui seuls pouvaient indiquer les conditions experimentales ou il faut se placer pour mellre en evidence au- tour do nous son action a distance. Au lieu de prendre un disque aussi dense que le globe terrestre, j'ai opere sur le vide de nos machines pneumatiques, e'est-a-dire par l'analogie en fait de densite de la maliere cometaire. Au lieu de 1'aire tomber sur ce disque les rayons solaires qui echauffent ici-bas, mais ne repous- sent point, j'ai pris une surface materiellechauffee par une source de chaleur quclconque. Au lieu de chercher un mouvement qui aurait pu se confondre avec d'autres mouvements, j'ai cherche a rendre visible la surface de separation entre le vide absolu pro- duit par la force repulsive et le milieu ainbiant repousse. Or, jus- tement la science nous offrait, depuis peu d'annecs , un agent nouveau dont le propre est de manifester les moindres traces d'un milieu materiel partout ou il en exisle, et une machine mer- veilleusement appropriee a l'emploi de cet agent. » — M. Faye prcsente ensuite les premiers resultats de Implica- tion faite par M. Porro , sous ses yeux, de la photographie a l'observation, en quelque sortc automalique, des passages au meridien du soleil et des etoiles. Lorsque tout est pret pour une observation meridienne, que la lunette est bien au foyer, on re- tire l'oculaire ordinaire, et on le rcmplace par un autre, adherant a une petite chambre photographique, formee d'une lentille double acbromatique. Le fond de la chambre est ferme par un chassis longitudinal dont l'axe ou la ligne mediane et les coulisses sont paralleles a la tangente a la courbe que le soleil parcourt dans le ciel; on introduit dansle chassis une plaque de verre, preparee au collodion sec ou preserve par addition de mieletsensibiliseeplusieurs jours a l'avance, sil'onveut. La pla- que de verre peut glisser dans le chassis, de maniere a recevoir et a fixer successivement plusieurs images du soleil ou d'une portion de la surface solaire comprenant les deux bords; il suffit de deplacer avec le doigt un petit arret pour faire avancer la plaque d'un pas. Lorsqu'il s'agit de prendre une image, le meca- nisme qui, sous la pression du doigt ouvre 1'instrument, ferme en meme temps le circuit dun courant en rapport avec une hor- loge ou regulateur a pendule conique, de maniere a enregistrer l'instant precis de la formation instantanee de l'image. Cette image 578 COSMOS. noire ou negative dela bande equatoriale solaire, est sillonne'e par les images blanches des fds dela lunette meridienne ; rien de plus facile, quand 1'iinage estfixee, que de mesurcr avecune approxi- mation presque indefinie les distances du bord aux divers fils; et comme l'instant dela formation de l'image a ete enregistre1, on entre en possession de toutes les donnees necessaires pour one observation meridienne complete, pour la determination cxacte dumidivrai. Dans ces conditions 1'observation si delicate de pas- sages devient une sorte de jeu d'enfant, et Ton elimine toute in- fluence d'erreurs personnelles. Nous reviendrons plus tard stir cette importante communication ; nous dirons les modifications a apporter a la methode quand il s'agit d'enregislrer le passage au meridien, non plus du soleil et de la lune, mais d'une planelc ou d'une e'toile. La plaque presentee par M. Faye a l'Academie portait dix images parfaitement nettes de la bande solaire equa- toriale et des fds ; quoique faite par un apprenti photographe , cette observation du passage du soleil au meridien ne laissait rien a desirer. — M. Faye lit une Iroisieme notedont voicil'analysesuccincte : « L'importante communication de M. Jacobi souleve deux questions bien distinctes. La seule que je puisse traiter ici con- siste a savoir si les lacunes qu'on ne saurait meconnaitre aujour- d'bui dans la mecanique celeste et dont je me suis occupe depuis deuxans peuvent etre rapportees au jeu des forces nalu- relles signaleespar M. Jacobi. « Les travauxdugrand astronome deKoenigsbergsurlescometes paraissent a premiere vue devoir resoudre cette question affir- mativement. fls portent, ce me semble, l'empreinte des conver- sations dont M. Jacobi 'nous parlait dans une des dernieres sean- ces, puisqu'ils ont pour but de rapporter a des forces polaires developpees dans le corps des cometes par Taction du soleil la figure de ces astres singuliers. Mais, chose singuliere, lorsqu'il s'est agi d'expliquer l'accele'ration de leurs mouvements , Bessel a quittela voie que M. Jacobi entrevoyait des cette epoque, pour adopter des vues toutes differentes, dont l'origine remonte, jc crois, a un article de M. Biot dans le Journat des Savants. Ce qu'il y ade plus remarquable, c'est que lesidees de Bessel, surce sujet, repondent, sinon dans les premisses, du moins dans les conclusions, a la formule generale que M. Jacobi deduit de la decouverte de Faraday, puisqu'il s'agit dans les deux cas d'une perturbation radiale du mouvement. Mais d'une part, M. Encke, COSMOS. 579 a demontre qu'il s'agissait la des effets d'une composantc tangen- tielle; d'autre part, les forces polaires de Bessel nerendentcompte de la figure des cometes qu'a l'aide d'une supposition gratuite et inadmissible. Je me crois done autorise a conclure par cette double raison que les phenomenes dont j'ai donne la theorie ne rentrent pas dans le domaine des forces indiquees par M. Jacobi, sans toutefois porter atteinte a l'expression sifrappante du grand fait general que l'illustre pbysicien aformulee; etjepersiste a soutenir qu'il s'agit dans ces questions du jeu de deux forces simples, la gravite et la force repulsive, combiners avec le deve- loppement, deja signale par Newton, que la chalcur solaire donne aux couches dont la tete et le noyau des cometes sont formees. >» — M. Becquerel pei'e lit un memoire sur la temperature de l'air au nord, et a une certaine distance au-dessus du sol, par- ticulierement au-dessus des arbres de premiere grandeur. Les observations ont e'te faites avec le thermometre electrique, concurremment avecle thermometre ordinaire et le thermometre a maxima dit a etranglement. La premiere serie d'observations, faites du \k mars dernier au 28 mai, avait pour but la temperature de l'air a une certaine hauteur sous l'influence du rayonnement solaire. Son resultat general est que les diverses causes perturbatrices existant pres du sol n'ont qu'une faible influence sur la temperature moyenne de Pair, deduites d'observations faites au nord, comme il est d'u- sage. Cette temperature, en eflet, a ete la meme que celle donnee par le thermometre electrique a 16m, abstraction faite, toutefois, des effels dus au rayonnement solaire ; ces effets ne sont pas aussi considerables qu'on aurait pu le croire, car ils n'ont pas affecte la temperature moyenne de l'air pendant les mois de mars, avrilet mai de plus de 31 centiemes de degre; la methode employee jusqu'ici pour determiner la temperature moyenne est done exacte. Cette evaluation tres-precise n'est pas sans quelque importance puisqu'elle permettradeconnaitre lenombre d'unites de chalcur absolue, dont les plantes ont besoin pour accomplir toutes les phases de leur existence. La seconde serie d'observations avait pour but de connailre les variations de la temperature de l'air au-dessus des arbres de premiere grandeur (21m de hauteur), comparers a celles de Pair a une certaine distance et a la meme hauteur ; question que je rattache a celle de l'influence exercee par les bois et les forets sur les climats. 580 COSMOS. On savait deja par lcs observations de Wilson et dc Wells que, pendant lc rayonnement nocturne sous un ciel sans images, la temperature de Fair en contact avec lcs herbes d'un pre qui jouissent d'un pouvoir emissif considerable s'abaissc quelque- fois de 7 a 8° au-dessous de cclle de l'air a lm au-dessus. M. de Humboldt en avait conclu que les arbres refroidissent lescoucbes d'air en contact avec leurs ciines ; que les couches d'air refroi- dies en raison d'une densite plus grande descendent vers le sol, mis a l'abri du rayonnement celeste parl'ombrage qui le couvre, etquec'etaitla une cause de refroidisscment. Mais les cboses ne se passent pas ainsi, M. de Humboldt avait fait abstraction de la chaleur acquise par les arbres pendant le rayonnement solaire. Les observations de M. Becquerel, faites de deux heures en deux heures, et quelquefois d'heure en heure, depuis cinq beures du matin jusqu'a neuf beures du soir, out mis en evidence les faits suivants : 1° Du 19 avril jusqu'au lcr mai, periode pendant laquelle le ciel a ete" tres-frequemrnent couvert, la temperature de Fair, en moyenne, au-dessus de l'arbre, a ete' superieure de 0°, 25 a celle de l'air a la meme hauteur , a une certaine distance ; du 1" au 15 mai, le ciel s'etant decouvcrt, la difference a etc de 0°95 en faveur de l'air au sommet de l'arbre. 2° La plus grande difference a en lieu de trois a cinq heures du soir; le maximum a ete de W, et il sera probablement plus considerable aux approches du solstice d'ete. On voit par la que la temperature de l'air, toutes choses egales d'ailleurs, se maintient toujours plus elevee sous l'influence du rayonnement solaire, au-dessus des arbres que plus loin. La diffe- rence va en diminuant jusque vers le lever du soleil on elleest a son minimum, et quelquefois en sens inverse quand le ciel a eHe tres-pur pendant la nuit, a cause du grand pouvoir emissif des feuilles; en moyenne, a cinq heures du matin, la difference est nulle. Tous ces effets s'expliquent sans difficulty, en admettant que les arbres, comme tous les corps qui se trouvent dans l'air s'e- chauffent sous l'influence du rayonnement solaire el se refroi- dissent apres deux on trois heures du soir, suivant la saison, jusqu'au lever du soleil. Cette explication au reste rdsulte d'obser vations faites a l'appui de cctte theorie. Les forets et les groupes d'arbres doivent presenter des effets COSMOS. 581 semblablcs qui varient ne'anmoins, suivant l'exposition, l'etendue des branches et la nature du sol. II doit se produire au-dessus des arbres un courant d'air cbaud superieur et un courant d'air frais inferieur qui descend vers le sol. Ces courants sont empor- tes par d'autres courants lateraux, qui re'agissent d'une maniere inconnue sur la temperature moyenne locale. Sous l'equateur et les tropiques, ces effets doivent etre tres- exaltes en raison d'un rayonnement solaire plus direct etd'unciel presque toujours sans nuages. M. Becquerel rapporteun fait de culture remarquable qui tend a prouver que le voisinage d'un bois convenablement expose peut faciliterla maturite de certains fruits. Dcpuis S ou 10 ans, il a cherche a acclimater differents cepages de vignes dans une localite du departement du Loiret, ou Ton n'a jamais cultive la vigne ni pour via ni pour table ; parmi les cepages qui ont reussi, se trouve le Pulsard ou Plusard qui produit les meilleurs vins du Jura, et qui no re'ussit bien que dans cette partie de la France, dont le sol a pour base principale les marnes irisees. Ce cepage est ties-impressionnable aux intempe'rics du prin temps et la fleur coule fre'quemment. Dans la localite ou M, Becquerel le cultive, le sol est silico- argileux meld de marne, le climat est froid et bumide en hiver et au printemps, dc sorte que la vegetation en est retardee d'une quinzainc de jours ; les bourgeons echappent ainsi aux gelees tardives; le soleil approcbant du solstice ecbautfe fortement un bois quin'est eloigne des ceps que de 200 metres environ, lequel rayonne assez de cbaleur pour faire arriver a maturite le raisin qui donne un vin de bonne qualite. — L'Academie procede a la nomination d'un membre corres- pondant dans la section de ge'ometrie, a la place vacanle par le deces de M. Gergonne. La section avait propose, et l'Academie avait adopte la liste suivante de candidats : En premiere ligne, M. de Tcbebicbef, a Saint-Petersbourg; en deuxieme ligne, ex ce> — Nous avons ete bienheureux d'entendre M. le vicomte de Rouge affirmer netlement dans son discours d'ouverture du cours d'arebeologie egyplienne que de'sormais, grace aux progres suc- cessivement accomplis par Young, Cbampollion, Roselli, Savo- lini, L'Hoste, Lenormand, Letronne, Raoul Rocbette, Wilkinson, Leemans, Hencks, Rircb, Runsen, Lepsius, de Saulcy, Rrecgscb, Biot, de Rouger, il n'cst aujourd'hui aucune sorte de texte e'gyp- lien dont la traduction ne puisse etre entreprise si Ton y veut meltre le temps et la patience necessaires. Correspondance particuliere da Cosmos. Nous transmettons a nos lecteurs , dans toute sa simplicile et avec la certitude, belas! qn'il ne sera jamais rempli, le pro- gramme de concours que nous adresse 51. Sauvigny de Dax (Landes) : » Obtenir par des combinaisons de rouages, sans recourir a la vapeur ou a l'electricite, une force motrice suffisante pour une infinite d'usages journaliers ou personnels, au nombre desquels figure au premier rang la locomotion sur la terre et sur l'eau. Les appareils locornoleurs constructs jusqu'ici doivent finir par occasionner a ceux qui en font usage une, fatigue plus grande que celle de l'exercice normal et naturel qu'ils ont cherche" a remplacer. N'cusse-je qu'aremuer constamment le petit doigt sans effort aucun pour faire agir un me'canisme qui me transporte- rait, je prefercrais a ce minime travail celui de lamarcbe. Leba- telier qui navigue sur nos ileuves en (lira autant si on lui parle de remplacer le jeu de ses rames par un mouvement quelconque de sa part, qui devrait avoir lieu d'une facon continue. Mais lorsque je vois courir sur le plancber d'un appartement un jouet meca- nique qu'on a monte au moyen d'une clef de montre, et qui roule delui-meme pendant un temps donne; lorsque je vois une vieille et grossiere horloge fonctionner quinze jours sans qu'on ait a s'en occuper, je me dcmande si, par analogie. tin ;ie pourrait pas faire aller au moyen d'un poidsoud'un ressott puissant, soitun bateau. 622 COSMOS. soitunevoiturc de dimensions ordiuaires pendant un certain nom- bre d'heures, au boutdesquclles il suffirait, grace a une manivelle, de remontre la machine pour qu'elle fonctionnat pendant une pe- riode egale, de facon a ce que, durant de longs intervalles, l'homme n'eut d'autre travail continu que celui de diriger une roue anterieure dans l'appareil terrestre, le gouvernail dans l'ap- pareil fluvial. Si une voiture ordinaire a quatre places, d'une part; un bateau de pareille capacile, de l'autre, munis d'un sem- blable systeme, pouvaient faire obtenir la rapidite moyenne d'un cheval au trot, marcber pendant deux beures sans avoir a faire usage de la manivelle, n'etre point fragiles etne couter que trois ou quatre fois plus qu'une voiture ou un bateau semblable, mais non munis de l'appareil moteur, il me semble qu'il y aurait la un progres immense accompli. » Dans lcs termes ou le pose M. Sauvigny, le probleme est abso- lument impossible. A l'aide des bras et d'une simple manivelle emmaganiser dans un mecanisme la force necessaire pour faire. pendant deux beures, le travail d'un cheval, e'estdemander aux bras la force de cent, de mille cbevaux peut-etre. II faut, en cfl'et, une force double, quadruple, decuple, centuple, pour produire un meme travail dans un temps deux fois, quatre fois, dix fois, cent fois plus petit. Impossible mecaniquement, la solulion du probleme est plus impossible encore econoiniquement; la voiture ou le bateau autoinaliquement mus par des rouages ne coute- rait pas quatre fois, mais dix fois et plus que la voiture ordi- naire. M. Sauvigny, enfin, qui, pour s'entrainer dansl'espace, no voudrait pas etre condamne a remuer le petit doigt d'une ma- niere absolument continue, ne voit pas qu'il s'impose, avec le moteur automatique, un travail continu incomparablement plus pe'nible, celui de la direction. Les moteurs anime's, doues d'ins- tinct ou d'intelligence, rendent encore plus de service au point de vuc de la direction qu'au point de vue de la traction ou de 1'eflort exerce. Jamais, les poids,les ressorts, les rouages, ne fournironl une solution efficace du probleme pose par M. Sauvigny ; celle solution, au contraire, pourrait ou potirra plus tard etre deman- ded a l'eau soumise a de fortes pressions, a Fair comprime, au gaz d'eclairage ; il est tres-probable qu'un jour les vehicules aulo- matiques pourront emporter de nombreux voyageurs sur les routes ordiuaires, a la condition de faire, de distance en distance, sur la route, leur provision d'eau pressee, d'air comprime ou de gaz d'eclairage, si Ton arrive a re"soudre en meme temps le pro- COSMOS. 623 bleme beaucoup plus difficile de la direction du vehicule, donl Wf. Sauvigny devraitse preoccuper davantagc. — M. Leveau, de Cloyes (Eure-et-Loir), nous avait ecrit que depuis vingt ans il etait parvenu , par un procede chimique, a modifier (I'auteur dit aimanter) sa vue d'une maniere si avanta- geuse, qu'il pouvait suivre dans l'air lous les mouvements des matieres etrangercs qui y flottenl, et dont le nombre ainsi que la nature varientavecla temperature ou sous diverses influences me- teoriques. Le but de M. Leveau est d'arriver a montrer dans l'air les miasmes contagieux, ceux, par exemple, qui determinent les invasions du cholera, et a les detruire ou neutraliser apres les avoir montres ; ce serait evidemment une dccouverte immense, tellement immense, que nous la croyons bien au-dessus des forces de l'humanite; et il est tout naturel que l'Acade'mie des sciences ait demande a M. Leveau les prcuves authentiques dela puissance acquise par lui. II ne refuse pas ces preuves, mais il veut aller pas a pas, etse contente, pour le moment actuel, d'ap- peler l'attention sur une experience microscopique curieuse qu'il croit enlierement neuve. Au fond d'un vetre de montre ou sur le porte-objet enverred'un microscope, on verse une petite quantite d'un liquide volalil qticlconque, l'alcool, par exemple, addilionne d'une poussiere excessivement fine ou divise'e; et, l'oeil applique a l'oculairc, on examine attentivement cequiva se passer. Bienlot le liquide manifeste un premier mouvement d'ensemble , resultat de la tendance a se mettre de niveau; a ce premier mouvement general succede un second mouvement intime ou moleculaire; toutcs les molecules s'agitent et tournent individuellement et dans tous les sens; c'est quelque chose de semblable au mouve- ment Brownien, mais plus materiel. Enfin, quand le mouvement de giration a cesse, lagoutte liquide devient le siege d'attractions et de repulsions apparentes aussi tres-sensibles ; il se forme ca et la des centres ou noyaux autour desquels la poussiere se groupe a mesure que le liquide s'evapore de plus en plus. Nous avous vu avec un vif interet l'experience de M. Leveau ; elle consiste au fond a rendre manifeste aux yeux, par l'addition de la poussiere tres-divisee, l'evaporation moleculaire du liquide; mais de la a la vision des miasmes, il y a une distance enorme , et essayer de franchir cette distance nous semble une enorme temerite. Pour faire un second pas dans la meme direction, M. Leveau demande a Son Excellence le ministre de l'instruction publique les fonds necessaires a la construction d'un microscope entierement 62/i COSMOS. nouveau; puissc sa demande elre favorablement accueillic ! — Le venerable HI. Bizio nous adresse de Venise une humble et jusle reclamation a loccasion dc la note de M. Lacaze-Duthiers, sur la pourpre des anciens. « Les anciens, dit-il, possedaicnt une pourpre violette, mais la pourpre qui a rendu Tyr si celebre etait rouge, d'un rouge ressemblant a celui de la rose de Damas. Pline, en effet, compare sa couleur a celle du sang coagule, et distingue nettemcnt deux pourpres, Tunc amethyste ou violette, l'aulre rouge, la pourpre proprement dile. Ce n'est pas sculemcnt le temoignage de Pline quej'invoque, mais mespropres experiences. La pourpre des anciens etait perdue; on ne savait pas cbez quel mollusque elle etait prise, ni si le mollusque existait encore dans la mer Adriatique et la Mediterranee, lorsqu'en 1832je decouvris dans le Murex Brandonis la pourpre de Tyr, c'est-a-dire la rouge, et dans le Murex Trunculus, tres-rare dans l'Adriatique, la pourpre violette ou amethystine de Pline. Dans l'espoir de l'aire revivre une noble etriche Industrie, j'aipoursuivi mcs recherches et j'ai trouve en outre la pourpre dans le Buccinum echinoplio- rum, dans le Helix Janthina,\e\.c. J'ai etudie avec soin cesmalieres colorantes, j'ai etabli une distinction tres-nctte enlre la pourpre naissant de la transformation ou de la coloration par Paction subsequente de la lumiere d'un liquide primitivement incolore, et la pourpre sortant toute rouge du sein de l'animal; la pre- miere appartient aux murex ou pourpres des anciens, la seconde aux buccins. Un resume suffisamment etendu de mes recherches a paru dans la Revue de zoologie, t. viii, p. 3d, 1856, et dans le Moniteur univcrsel du lundi 4 octobre 1856; j'ai done quelque droit de m'etonner qu'elles ne soientpas plus connues en France. Ce qu'il reste a faire maintenant, e'est de passer de la connaissancc des faits a la pratique en grand, et de reconstituer au sein d'une puissante nation de l'Europe , la belle et riche industric de la pourpre des anciens. II importe aussi de ne pas oublier que la matiere colorante rouge ou violette constituait une sorte de fond general des prdcicuses etoffes, mais qu'elles etaient grandement rehaussees par les couleurs accidenlelles que faisaient naitre les mille pelits sillons , raies ou entailles du fond. Les jeux de lu- miere par diffraction ou interference nes de cette structure raye'e faisaient apparaitre, suivant l'incidence , les couleurs les plus eclatantes du spectre ou de 1'arc-cn-ciel, comme je l'ai demontre parbeaucoup de documents aulhentiques. » M. Bizio, dans salettre, nous exprime son regret de ne pas nous COSMOS. 625 voir nous rallier franchement a sa force repulsive moleculaire, oude nous voirlui prefe'rer la distension de M. Seguin. Mais que pouvons-nous y faire ? Nous avons une idee tres-nette de la dis- tension ; nous la voyons partout en jeu dans la nature • landis que nous ne voyons nulle part une repulsion absolument reelle, et par- tout seulementune repulsion apparente. Au roste, nous avons cte agreablement surpris 1'autre jour en relisant les lecons de Lavoisier, de voir que ce grand genie avait entrevu lui-meme et clai- rement e'noncc, que toutes les repulsions apparentes dela chimie et de la physique pouvaicnt n'etre au fond que des efMs ou des resultats d'attraction, commele veutct lemontreM. Seguin aiue. Basils «Ie scsesaoe. Suivant notre promesse, nous publions le resume des nouvelles recherches de M. Auguste Cahours sur lesradieaux organiques. « L'azote et ses congeneres (phosphore, arsenic, antitnoine) forment avec les difierents corps simples des composes tres-nom- breux dont la limite de saturation est representee par la formule RXS. C'est-a-dire que dans les diverses conditions ou l'on a place l'a- zote, le phosphore et les differents corps simples, on n'a pujusqu'a present realiser de combinaison renfermant pour 1 equivalent d'azole, phosphore, arsenic, etc.; plus de 5 equivalents d'un autre corps. L'azote et ses congeneres forment avec l'hydrogene quatre composes gazeux bien definis represented par les formules" AzH3 Phil1 AsII3 SblP dans lesquelles on peut remplacer l'hydrogene par lc mcthyle, l'ethyle, etc., ce qui donne naissance a" des composes paralleles represented par les formules AzMe3 PhMe3 AsMe3 SbMe3 AzE3 PhE3 AsE3 SbE3. Ces composes etant au-dessous de la limite de saturation pour- ront done fixer 2 equivalents d'une substance quelconque pour salisfaire cette saturation, et comme on pourra lesretirerintacts de ces combinaisons, ils simulerontles caracteres des corps sim- ples, de la le nom de radicaux qui leur est donne. Si nous mettons un de ces composes, l'arsenic tri-me'thyle 626 COSMOS. AsMc5 en presence de l'iodc, il en fixera deux equivalents pour former lc compose AsMe 3P , il s'unira pareillement a l'iodure de methyle pour former le compose AsMe'' I, qui tous deux appar- tienncnt au groupement AsX5. Or, le groupement AsMe'1 presentant les analogies les plus etroites avecle potassium, le compose AsMe 4I devra, comme l'io- dure de ce metal, pouvoir absorber 2 equivalents d'iode pour for- mer le compose" AsMc'l, I2 parallele a KI, P. (Vest ce que l'experience coniirme. Maintenant soumet-on a Taction de la cbaleur le compose AsMe'' Is, l'afflnite de l'iode pour le methyle determine une scis- sion dans la molecule, de l'iodure de methyle se separe, il se de- gage en meme temps de l'iodure de cacodyle; e'est ce qu'exprime l'equation As Me* I3 = 2 Me I + AsMe2!. iu.W d'iihvle. lodurc de ca.-o.hli-. et nous retombons ainsi dans le groupement AsX3. Distillons-nous l'iodure de cacodyle avec 2 equivalents d'iode, de l'iodure de methyle devra se degager encore, tandis qu'il se formera necessairement l'iodure d'un compose monomethyle de l'arsenic ; e'est ce qu'exprime l'equation AsMe2 1 + 12 = Mel + AsMeP. Ce nouveau produit serait a son tour decompose par 2 Equiva- lents d'iode, ce qui donnerait flnalement l'iodure d'arsenic AsP, appartenant comme les precedents au groupement AsP. Puisqueles composes AsMe'I, AsMe2 1, AsMeP,peuvent echanger l'iode conlre du chlore, du broine, du soufre, del'oxygene, en pro- portions equivalentes, et qu'on peut les faire ressortir intacts de ces combinaisons ; puisque les composes AsMe40, AsMe20\ AsMeO', se comportent, le premier comme une basepuissante et les deux derniers comme des acides, nous considerons les groupements AsMe4, AsMe2, AsMe, comme des radicaux, ce qui veriiie pleine- mentla conclusion que j'avais posde dans mon memoire sur les stannethyles, savoir : que si les corps qui fonctionnent comme radicaux, presentent, quoique complexes, les allures des corps simples, jouanttant6t le role d'elemcntelectro-negatif, tantotcelui d'dle'ment dlectro-positif, cela tient d'une part a ce qu'ils posse- dent assez de stabilite pour qu'on puisse les engager dans des COSMOS. 627 combinaisons et les en faire ressortir intacts, et que d'une autre part les substances simples qui entrent dans leur constitution n'ayant pas atteintle termede la saturation tendent a la satisfaire lorsqu'on les place dans des conditions convenables. — On sait que le soufre affecte deux formes cristallines com- pletement dislinctes, la forme prismatique et la forme octaddri- que ; la premiere resulte leplus souvent de la fusion, la secondc dela dissolution ; M. Roger est parvenu a obtenir a volonte l'une ou l'autre avec du soufre simplement dissous. On introduit dans un ballon 15 grammes de soufre en canon pulverise, et 250 grammes d'essence de terebenthine ; on porte le tout a la tem- perature de 158 degres, point d'ebullilion du dissolvant; et on partage la liqueur en deux parties. La premiere est verse'e im- mediatement dans un verre a pied a la temperature ambiante ; elle eprouve un refroidissement rapide, et des que la tempera- ture est descendue a 90 ou 80 degres, elle laisse deposerde longs cristaux prismatiques analogues aux cristaux de fusion. La se- conde portion est refroidie dans le ballon meme d'une maniere tres-lente; et, apres le refroidissement complet, on obtient une quantite considerable d'octaedres brillants et bien determines sous un seul prisme. C'est done la meme liqueur qui, refroidie brusquementou lentement, donne des prismes ou des octaedres. IFaits d'agriculture. Nous empruntons au Moniteur uniuersel le compte rendu de la premiere serie des concours agricolcs re'gionauxde 1860, close le 12 mai. Ces expositions ont eu lieu a Troves, Vannes, Poitiers, Lons- le-Saulnier, Bordeaux et Montpellier. Les resultats, d'apres les premieres nouvelles qui nous par- viennent, depassent les esperances et teinoignent des progres remarquables obtenus dans la pratique agricole. Dans cbacun de ces concours une prime d'honneur, consistant en une soinme de 5 000 fr. et une coupe d'argent d'une valeurde 3 000 fr., a ete decernee, comme en 1858 et 1859, a l'agriculteur dont l'exploitation, compareea celledes autres domaines ruraux du departement ou le concours est tenu, est la mieux dirigee et a realise les ameliorations les plus utiles et les plus propres a elre offertes comme exemple. 628 COSMOS. A Troyes, ou la distribution des recompenses a ele presidee par S. E. le president dn conseil d'Etat, celte prime a cte" obtenue par M. Jozon flls, pour son exploitation de la Cbapelle-Godefroy, commune de Saint-Aubin, arrondissement de Nogent-sur-Seine. A Vannes , la meme recompense, a ete decernee a M. Trochu pour son domaine de Brute, a Belle-Isle-en-Mer. En 1807, ce proprielaire se rendait acquereur de 430 hectares de landes, qu'il defricha successivement a raison de 10 hectares par an, et avec lesquels il constitua son exploitation acluelle. Sur ses defriche- menls, M. Trochu lit emploi d'engrais marins, goemon et sables calcaires, et par des semis de pin, crea des abris. Aujourd'hui on trouve sur ce domaine les cultures agricoles et foresliercs les plus avancees, le mais, le chanvre, le colza, l'ceillette, le chene- liege et quelques arbres exotiques. M. Trochu ne s'est pas borne a ameliorer ainsi la culture : ses soins se sont etendus au betail. II a place a Brute des animaux de races bretonnes, qu'il a ame- liores par eux-memes d'abord, puis par une importation de races etrangeres, Ayr et New-Leicester. Les batiments de ferine sont tres-convenables , les instruments nombreux et perfectionnes. Commeresultat, M. Trochu presente les chimes suivanls : valeur primitive du domaine, 1 7C0 fr.; valeur actuelle, 200 000 fr.; ca- pital primitif d'exploitation, 3 000 fr. ; capital actuel, 50 000 fr. Bevenu actuel par exploitation directe, lOOOOfr. ; revenu pri- mitif, a peu pres nul. A Poitiers, la prime d'honneur a ete donne'e a M. AbelLaprade, proprietaire-cultivateur a Mazerolles, canton de Lussac, qui, de- puis vingt annees, pratique, sur une etendue de cent hectares, une culture ameliorante dont il a obtenu les meilleurs resultats au point de vue des benefices et de la fertilite du sol. II a su realiser de magniflques cultures fourrageres dans une terre de nature tres-mauvaise et autrefois impropre aux le'gumi- neux. Ses luzernes sont atlmirables et occupent une surface de 48 hectares. La porcherie est tres-remarquable et offre de bons exemples a suivre. La vacherie et la bergerie renferment de tres- bons types des meilleures races. Les recoltesont une superiorite incontestable sur celles des cullivateurs du pays. La valeur qu'a obtenue le sol etl'augmentation considerable du revenu sont dues aux melhodes perfectionnees que le laureat a introduces dans son exploitation. A Lons-le-Saulnier, c'est a MM. Chauvin freres, fermiers pres Salins, que la prime d'honneur a ete decernee. Le jupy a trouve COSMOS. 629 chez eux un exemple remarquable de l'application d'un bon asso- lement de inontagnes, des prairies et des cullures fourrageres dont l'etendue a ete' portee de trente a cinquante et un hectares. Un beau betail, des instruments perfectionnes, l'inlroduction du marnage, sont autant d'ameiiorations qui signalent l'exploitation de MM. Chauvin freres. Les benefices qu'ils ont obtenus de leur pratique intelligent^ doivent etre cites : leur capital, qui n'etait a l'origine que de 10 000 francs, s'est eleve a plusde 50 000,malgre les charges resultant de l'entrelien et del'educalion denornbreux enfants. A Bordeaux, la prime d'honneur est echue a M. Richier, pro- prietaire du domaine d'Agassac, commune de Ludon-en-Medoc. M. Richier, un des agriculteurs les plus intelligents que possede notre pays, exploite lui-meme depuis vingt ans ce domaine qui est considerable. II y a realise constamment de tres-nombreuses et tres-utiles ameliorations, nolamment dans la culture des vi- gnes quiproduiscnt un vin apprecie par les connaisseurs. Enhn, a Montpellier, c'est M. Cazalis Allut, proprietaire du do- maine des Aresquies, communes de Vic et de Frontignan, qui a obtenu la prime d'honneur. C'est par la culture de la vigne que M. Cazalis Allut, sans negliger les autres branches de Findustrie rurale, a surtout ameliore son domaine, dont le sol, reposant sur des roches calcaires, ne presentait en 1816, lors de l'achat que ce cultivateur en a fait, qu'un amas de pierres. Les vignes, qui cou- vrent une surface de plus de 160 hectares sur les 350 composant le domaine, fournissent maintenant des produits de premier or- dre livres a la consommation a l'etat de vin. M. Cazalis Allut a ete l'un des premiers a pratiquer en grand la greffe de la vigne. 11 cultive le ble, les plantes fourrageres et quelque peu de pommes de terre et de betteraves. Les plantations de muriers occupent une superficie de pres de quatre hectares. Aresquies, qui ne pos- sedait, lors de la prise de possession, que dix-neuf pieds d'oli- viers, en compte aujourd'hui deux mille cinq cents. Les bergeries sont bien disposees ; le troupeau, compose de sept cents betes de Larzac, est en bon etat, les agneauxsont particulierement beaux. Par son ensemble, autant que par ses ecrits, le laureat a puis- samment contribue a faire progresser l'agriculture dans l'He- rault, et les memoires qu'il a publies temoignent tous de la jus- tesse de ses observations. Enfin, le jury apureconnaitre combien avaient ete grands les benefices obtenus. Pendant la periode ecoulee de 1816 a 1858, les depenses comprenant le pavement de 630 COSMOS. la propriele, les interets des capitaux empruntes, le rembourse- ment de ceux-ci, et enfin le raontant de toutes les ameliorations et de tous les frais se sont eleves a .... 1 685 156 fr. Les recettes ayant ete de 2 571848 La difference des receltes sur les depenses a ete de 886 689 Le revenu net actuel est d'environ U0 000 fr. La seconde et derniere serie des concours regionaux s'ouvre le 22 mai, et ces giandes exhibitions auront lieu a Amiens, Caen, Colmar, Aurillac, le Puy et Tarbes. PII0T0GRAPH1E. legislation do la photographic. On lit dans le Courrier du Das-Rhin : <( Les images photographiques sont-elles comprises dans les dispositions de l'art. 22 du decret organique sur la prcsse, du 17 fevrier 1852, aux termes duquel aucuns dessins, aucunes gra- vures, lithographies, medailles, estampesou emblemes, de quel- que nature ou cspece qu'ils soient, ne pourront etre publies, ex- poses ou mis en vente sans l'autorisation prealable du ministre de la police a Paris, ou des prefets dans les departements? Cette question vient d'etre resolue affirmativement par un ju- gement rendu, le 31 mai, par le tribunal correctionnel de Stras- bourg dans les circonstances suivantes : Le 16 mai avait eu lieu sur la place d'Austerlitz , a Strasbourg, l'execution de la femme Haumesser, condamnee a la peine de mort par les assises duBas-Rhin. Un sieur Aron Gerschel, photo- graphe en cette ville, eut l'idee de reproduire cette execution ca- pitale par le procede photographique. II exposa ensuite ses pho- tographies a Tangle de la rue des Grandes-Arcades et de la place Kleber, sans avoir au prealable obtenu l'autorisation prefectorale. Traduit a raison de ce fait devant le tribunal de police correc- tionnelle, Gerschel a ete declare coupable de la contravention prevue par l'art. 22 du decret sur la presse, et condamne a un mois d'emprisonnement et 100 fr. d'amende, ainsi qu'a la confis- cation des photographies saisies. Cette decision du tribunal de Strasbourg devra s'appliquer ne- COSMOS. 631 cessairement a tous les portraits, vueset images photographiques exposes publiquement dans les rues. » Photographic tie Pinvisiltle. M. Gladstone nous ecrit de Londres, en date du 29 mars 1860 : « Pendant ces jours brillants du printemps, j'ai reporte mon at- tention sur la photographie de l'invisible ; et je me rejouis de pouvoir vous envoyer les deux epreuves qu'il m'a e'le donne de pouvoir prendre. La premiere est la reproduction de dessins traces sur du papier blanc avec des matieres fluorescentes tout a fait incolores, le tarlro-sulfate de quinine, la cbloropbyle des feuilles, la teinture de datura stramonium, et le comenamale de potasse. La seconde epreuve a ete obtenue de la maniere sui- vante : Sur un papier colore en bleu par le cobalt, on a colle des lettres decoupees dans du papier blanc; el Ton a imbibe les let- tres des solutions suivantes : Q, solution de quinine ; C, solution de comenamate de potasse; S, solution de sulfo-pbostilbate de baryte ; E, solution d'esculine. Comme vous le voyez, le papier bleu s'est reproduit photogra- pbiquement par un fond blanc; tandis que les lettres blancbes impregnees de substance fluorescentesontrcproduites par des let- tres presque noires. Ainsi s'est trouvee accomplie ma prediction d'Aberdeen ; qu il devicndra possible d'ecrire en lettres blan- cbes sur un papier colore de telle sorte que dans la reproduction pbotograpbique les lettres blancbes apparaissent plus foncees on plus sombres que le fond. J'ai obtenu le racrae resultat avec du papier colore par l'outremer artificiel ; mais dans la pbotograpbie, le fond etait plus accuse qu'avec le papier colore au cobalt. Ce que j'ai appele des pbostilbate de baryte est le sel d'un acide aveclequel M. Perkins, inventeur de le coloration par l'aniline, vient de preparer tout recemment avec la paranapbtaline ; mais sa composition intime n'est pas encore bien connue. Code de I'operatcur photographique par 81. Bclloc. M. Tramblay a eu l'heureuse pensee de fairetirer a part, et a un tres-grand nombre d'exemplaires le petit traite si substantiel, si judicieux, si complet, si pratique de photographie sur collodion, 632 COSMOS. que la plume taut exercee de M. Belloc avait redigee pour le troisieme volume dcYAnnuaire du Cosmos. Le code Belloc ne de- vra pas settlement se trouver dans tous les laboratoires de la pho- tographic ; chaque photographe l'aura dans sa pochc et ne s'en separera pas plus que l'avocat de son code Napoleon. Nous re- grelLons seulement que M. Tramblay n'ait pas converti en table la liste des chapitres de son pelit volume. F. Moigino. ACADEME DES SCIENCES. Seance du lundi II juin 1860. M. Chasles lit un meinoire relatif a la theorie des surfaces bo- mofocales et de leurs lignes de courbure; leur caractere principal est qu'elles sont inscriptibles dans une des developpautes qui a pour une de ses sections un cercle imaginaire situe a l'infini. On ne saurait croire a quel degre de simplicite la consideration ou 1'introduclion de ce cercle imaginaire situe a l'infini • amene des demonstrations jusque-la transcendanles et complexes. — ML Regnault, avant le terrible accident qui a excite tant d'Cmoi dans le monde scientifique tout entier, avait fait une tres- grande serie ^'experiences ayant pour but d'arriver a mettre en evidence les lois i?es forces elastiques des vapeurs. Les resultats de ses recherches euient en grande partie imprimes, et il avait communique a l'Academie ceux de ses resultats qui se ratta- chaient a la grande question de la chaleur, consideree comme agent de travail me'eanique. Le long temps exige" pour la confec- tion d'une planche de cuivre gravee qui doit representer les nombres des expei-iences sous forme graphique l'a empeche jus- qu'ici de publier le volume qui renferme la premiere partie de ses recherches; mais il croit devoir, sans plus attendre, enoncer verbalement devant l'Academie les donnees relatives a l'ebulli- tion, a la capacite caloriflque, a la dilatation, a la chaleur latente des liquides vaporisables ; a la temperature et a la pression de liquefaction des vapeurs issues de ces liquides, etc., etc. M. Regnault considere tour a tour les liquides de volatilite moyenne, les liquides de grande volatilite', les liquides qui s'al- terent dans l'acte de la vaporisation; il decrit les deux methodes statique et dynamique qu'il a suivies tour a tour pour deteraii- ner d'une maniere exacte les temperatures d' ebullition; la me- COSMOS. 633 thode statique consiste a vaporiser le liquide dans un espace ab- solnmcnt clos ; la methode dynamique, au contraire , consiste a faire faire aux vapeurs qui se degagent un certain travail, a les faire hitter contre des pressions ddterminees; il enumere loutes les difficultes qu'il a eu a vaincre pour arriver a des temperatures d'ebullilion bien constantes; les moyens employes par lui pour obtenir la liquefaction des vapeurs, etc. Dans presque tous les Gas, il lui a suffi de mettre en jeu une pompe a compression et un melange refrigerant ; la necessite d'operer sur de tres-grandes quantites de liquide, 60 ou 80 kilogrammes de mercure, ne lui permettait pas de recourir aux procedes ingenieux que M. Drion et M. Loir ont appliques avec tant de bonbeur. Nous nous borne- rons, pour aujourd'bui, a cet apercu general, nous ^servant de reproduire la note que 1'ilbistre pbysicien inserera dans- les comptes rendus. Nous avons vivement regrette que MM. Drion et Loir ne nous eussent pas adresse directeinent un resume' de leurs si interessanles recberches; les comptes rendus n'en ont pas dit un mot, et elles ne seront connues dans le monde scien- lifique que par les trop courtes lignes du Cosmos. — M. Kummer adresse de Berlin ses remerclments pour l'hon- neur qu'on lui a fait en le nommant correspondant dans la sec- tion de geometric Nous nous sommes plusieurs fois servi de l'expression membres correspondants, or, M. Cbasles a cru devoir nous faire remarquer qu'elle n'etait pas legale. Nous savionsbien que, d'apres les reglements les correspondants ne peuvent pas prendre le titre de membres de I'Insiitut, que cette qualite est re- served atix membres titulaires, aux academiciens Fibres, et aux associes etrangers ; mais nous ne pensions pas que membre cor- respondant fut absolument la meme cbose que membre de l'lns- titut, et nous avions souvcnt entendu des academiciens eux- memes parlerde membres correspondants. — M. Liais adresse du Bresil un dessin repre'sentant la comete double de"couverte par lui , et les derniercs observations qu'il a pu en faire, avant sa disparition. Puisque l'occasion sepresente, consignons ici une remarque fort juste qui nous est adressee de Derby, en date du 8 juin i860, par un astronome franco-an- glais, M. Vertu; elle a pour objet les objections de M. Liais contre la decouverle de M. Lescarbault. « M. Liais dit qu'il observait avec une force ou un grossissement double, c'est-a-dire de 300 fois; or, avecun semblable grossissement, le cbampdela lunette est si restreint qu'il ne comprend qu'une bien petite parlie du 63Zi COSMOS. disquc solairc, de sorte que pour le bien examiner, il faut, commc l'a tres-bien dit M. Lescarbault, Cosmos, page 53, promenerla lu- nette horizontalement et verlicalementtour a tour. Deplus, avec de tels grossissements, il faut necessairement employer des verres colores tres-fonces, ce qui rend le contraste produit par les taches moins tranche. De ces deux circonstances, il rdsulte, en supposant meme ce qui n'est pas, que M. Liais eiit cherche la planetc pendant les cinq ou douze minutes durant lesquclles il aurait pu la voir, la possibility, sinon la probabilite extreme- ment grande qu'elle lui a echappe. J'en ai souvent fait l'expe- rience, quand j'observe les taches avec des grossissements de plus de 150 a 200 fois, appliques a une lunette de trois pouces trois quarts , a triple objectif de Dollond , done la definition est parfaite. II me semble done, sans meme faire entrer en ligne de compte la veracite de M. Lescarbault et les calculs de M. Le Ver- rier, que les delegations de M. Liais se reduisent a une valeur absolument infmitcsimale. » — Par une leltre en date du 28 mai, M. Albert Gaudry rend compte a l'Academie des premiers resnltats de sa mission geolo- gique en Grece et dans les lies de l'Archipel. II s'agit d'un gise- ment important de fossiles, plantes, arbres, ossements, poissons, coquilles trouveespar lui dans une ile non encore exploilee dans le voisinage de 1'ile Palamos. — M. Marcel de Serres faithommage de la 3° edition de la Cos- mogonie de Mo'ise, ouvrage tresestime et devenu presque popu- laire; ilsignaleenmeme temps denouveauxgisements de fossiles, coprolithes, ou excrements tres-riches en phosphates de chaux. — M. Charles de Comberousse, en priant l'Academie d'agre"er le premier volume de son Coursde malhemaliques, principalement destine aux candidats a l'Ecole centrale, expose le plan qu'il a cm devoir suivre. Ce n'est pas un manuel, mais un livre special comprenant toutes les theories gene'rales qu'un ingenieur doit posseder, et que toute pcrsonne distingue'e devrait au moins comprendre. Le premier volume comprend l'arilhmetique etl'al- gebre elemenlaire. Le second volume renfermera la geometrie elementaire, la tiigonome'trie, un complement de geometrie, un complement d'algebre. Le troisieme volume enfin embrassera la geometrie analytique, la geometrie descriptive et des notions de physique servant d'introduction au cours de mecanique ration- nelle. « Etre clair, dit l'auteur, a ete notre preoccupation cons- tante ; nous avons cherche a elucider chaque theorie par des COSMOS. 635 exemplcs appropries, et nous n'avons rien neglige de ce qui, en interessant le lecteur, doit lui faire prendre gout aux malhemati- ques, et des lors assurer son succes. — M. Isidore Bourdon envoie pour le concours du prix Mon- thyon son Traite des eaux miner ales de France ; leur tempera- ture, leur composition chimique, deduites d'analyses directcs et indirectes, leurs proprieles therapeutiques, etc., etc. — M. Pasteur adresse quelques observations en re'ponse aux objections de M. Berthelot. « M. Berthelot a soumis a l'Acade'mie, dans sa seance du '28 mai dernier, une note inlitulee : Sur la fermentation glucosique du Su- cre de cannes, au sujet de laquelle j'ai besoin de presenter quel- ques observations. Chacun sait que le sucre de cannes mele a de la levure de biere eprouve deux modifications : l'une qui le change en sucre deviant a gauche la lumiere polarisee, c'est ce qu'on appelle l'inversion du sucre; l'autre, qui est la fermentation pro- prement dite, c'est-a-dire la production de l'alcool, de l'acidc carbonique, de la glycerine... La note de M. Berthelot a pour objet de montrer que 1 'ex trait liquide de la levftre peut intervertir le sucre sans lui faire eprouver la fermentation propreinent dite. « L'extrait de levure, dit-il, se borne a intervertir le sucre sans lui faire eprouver la fermentation alcoolique, et sans donner lieu au developpement immediat d'etres organises. » Puis il ajoute : « L'extrait de la levure renferme done un ferment particulier so- luble dans 1'eau et capable de changer -le sucre de cannes en sucre interverti. » Je rapporte Iesresultats de M. Berthelot telsqu'illes donne. On voit, dans tousles cas, par les paroles memos deM. Berthelot, qu'il appelle ici ferment, des substances solubles dans l'eau, ca- pables d'interverlir le sucre. Or, tout le monde sait qu'il y a une foule de substances jouissant de cette propriete, par exemple tous les acides. Pour moi, lorsqu'il s'agit de sucre de cannes et de leviire de biere, je n'appelle ferment que ce qui fait fcrmenler le sucre, c'est-a-dire ce qui produit de l'alcool, de l'acide carbonique, etc. Quanta l'interversion.jenem'en suispas occupe. Belativementala cause qui la determine, je n'ai fait que proposer un douteen pas- sant, dans une note du Memoirc ou je viens de resumer trois an- nees d'observations sur la fermentation alcoolique. Par conse- quent, l'opposition que M. Berthelot croit trouver enlre mesenon- ces et les faits reels tient seulement a l'extension qu'il donne au 636 COSMOS. mot ferment, tandis que jc l'ai toujours et uniquement appli- que" aux substances qui produisent lcs fermentations proprement dites. » — Deux dames aujourd'hui ont pris rang dans le de'pouillement de la correspondance, mais leurs noms nous ont dcbappe. L'une adressait des observations sur la maladie des vers a soic; 1'autre, une reclamation a l'occasion du me'moire adresse par M. le professcur Bizio, sur les rapports des equivalents des corps sim- ples avec la chaleur. — M. Mahistre, communique le calcul des efforts supported par la tOle des generateurs a vapour. — M. Tavignot e'tend au traitement du strabisme 1'application du cautere galvanique de M. Middcldorps qui lui a si bjeri re'ussi dans la guerisonde la paralysie de l'ocil ctl'occlusion des conduits lacrymaux. — M. Emile Monnier presente une note intdressante sur la de'termination des rnatieres organiques des eaux de la Seine, de la Bievre, et des eaux insalubres des usines. Le rdactif employe par lui avec beaucoup de raison, est le permanganate de potasse. Le poids de ce sel decompose etanl sensiblement proporlionnel a celui des rnatieres organiques, le probleme est ramene a deter- miner, en milligrammes, le poids du permanganate dccolore pour 1 litre de ces eaux. Les eaux des puits de Paris decomposent (quartier du Marais) de 3 milligr. a 12 milligr. par litre ; les plus cbargees de rnatieres organiques sont celles de la rue Saint-Antoine. La Seine a Bercy (amont) decompose 6 milligr., de permanganate par litre, et a Passy (aval), 7,1; l'augmentation est tres-notable, elle est due evidemment aux rnatieres organiques dont se cbargent les eaux de la Seine en traversant Paris. Ces substances etrangeres d'une composition fort complexe proviennent des egouts et surtout de la Bievre ; en effet les eaux insalubres de la Bievre decomposent par litre 58 milligr. de reactif, elles renferment done dix fois plus de rnatieres oxydables que celles de la Seine en amont. Pour determiner le degre d'alldration des eaux d'une riviere traversant les usines, telles que : distilleries, amidonneries, etc., il suffira de faire l'essai comparalif des eaux prises en amont et en aval, on aura immediatement, d'apres le permanganate de- compose, l'accroissement approximatif des rnatieres organiques en aval. Une distilleric, dans le departement du Nord, deversant ses produits dans une petite riviere, nous a donne" : en amont de COSMOS. 537 l'usine, 6 milligrammes pour le reactif decompose par litre- en aval, 16,5 pour le meme volume. Cet accroissement conside- rable prouve qu'il y a environ deux fois et demie plus de matieres organiques oxydables dans ces dernieres eaux. § Les eaux distille'es, et pour les photographes surtout, c'est mi inconvenient grave, renferment souvent des quantiles appre- ciates de matieres organiques; cclles du commerce decompo- sent par litre de 1 a 3 milligr. de permanganate, on peut obtenir une eau totalement privee de ces substances en la distillant avec un peu de permanganate. La liqueur titre'e que nous employons pour nos essais se pre- pare en dissolvant 1 gramme de permanganate pur dans 1 litre d eau distiilee, chaquc centimetre cube de cette liqueur corres- pond a 1 milligr. de ce sel. Marche a suivre dans l'essai d'une eau. On verse dans un matras un demi-litre d'eau que Ton porle a 70°, on y ajoute, a 1'aide d'une piquette, 1 centim. cube d'acide sulfunque pur, puis on verse la liqueur titre'e de maniere a obtenir une coloration bien persistante; le nombrede centimetres cubes verses donne immediatement en milligrammes le poids du reac- tif decompose pour un litre d'eau. A 70- environ, l'oxydation des matieres organiques marche rapidement; a la temperature ordi- naire, d faudrait plus de 2/. beures pour qu'elle fut complete. La sensibilite du permanganate de potasse est extreme ; 1 gramme de tannin dans 2 metres cubes ou une partie de tan- nin dans 2 millions de parties d'eau, et meme une partie en poids dbydrogene sulfure dans 11 millions de parties d'eau le de'co- lorent. — M. Cloquet lit un rapport sur des etudes ethnograpbiques adressees de l'Egypte par M. Pelet, en re'ponse aux questions formulees dans les instructions quei'Academieredigea pour l'ex- pedition aux sources du Nil blanc de M. d'Escayrac de Lauture. Nous emprunterons a ce rapport ses details les plusinteressants ■ il conclut a ce qu'on vote a 1'auteur des etudes les remerciments sinceres auxquels il a droit. Une pbrase du rapport relative a la couleur des cicatrices des plaies donne lieu a une petite discus- sion a laquelle prennent part MM. Milne-Edwards, Boussingault, Flourens et de Quatrefages. M. Pelet affirmait que les cicatrices des races noires ou cuivrees et meme cedes des blancs dans le Soudan egyptien, e'taient le plus souvent noires. MM. d'Abadie et Coquerel fils avaientfait la memeremarque en Abyssinie eta Ma- 638 COSMOS. dagascnr. M. de Quatrefages affirmait, d'apres un renscignemcnt queluiavaitdonne'M. Cesar Dailly, architectc, que, dans l'Amerique centrale, les cicatrices des blancs elaient souventnoircs; M. Bous- singaull affirme le contraire d'apres ses propres observations souvent re'pete'es. M. Flourens rappelle qu'il a etabli, il y a long- temps de'ja, que la cicatrice des negres etait noire lorsque la plaie n'dtait pas profonde, qu'elle ne descendait pas au-dessous de la couche pigmentaire ; qu'elle etait blanche, au contraire, dans le cas do plaies profondes descendant au-dessous de la couche de pigment. — Le grand evenement de la science aete l'annoncc faite par Mi Pelouze au nom de MM. Margueritte et de Sourdeval, du succes complet des experiences faites par eux dans le but de produire abondamment de l'ammoniaque avecl'azote emprunte a l'atmos- phere. Cost la melhode proposee autrefois par MM. Possoz et Bois- siere, cssaye'e en grand en Angletcrre, mais qui ne pouvait deve- nir industrielle que par la substitution du carbonate de baryte naturel a la potasse. Nous donnons a ce progres tant desire la place d'honneur qu'il merite; nous ne voudrions pas l'amoiudrir par une analyse incomplete. — M. Serret depose sur le bureau une nouvelle suite auxre- cherehes du B. P. Joubert. — M. Balard communique une note de M. Caniza, chimiste ita- lien tres-distingue, sur la transformation de l'alcool amylique en aldehyde amylique, ou reciproquement; et la decouverte de deux nouvellcs bases oxygenees compose'es, jouissant de presque toutes les proprietes physiques et chimiques des alcalis inorganiques. — M. Babinet, au nom de M. Komaroff, croit devoir faire les honneurs d'une presentation academique a l'atmosphere-clock ou a l'horloge atmospherique devenue si populaire en Angleterre. Nous en publierons prochainement la description. — M. Maisonneuve, chirurgien de la Pitie, soumet a l'Acade- mie la relation d'une operation dans laquelle il a pratique avec succes l'cxtirpation simultanee de l'os maxillaire supcrieur gauche, de la plus grande parlie de l'os maxillaire inferieur, ainsi que de toutes les parties molles correspondantes. Ce fait prcsente un vif intent en ce que d'abord il vient corro- borer l'opinion des chirurgiens modernes, et de l'auteur en parti- culier, sur l'innocuite relative des operations pratiqueessur la face, et d'autre pari, en ce que depassant, sous le point de vue de l'dtendue toutes les operations analogues, il agrandit les res- COSMOS. 639 sources de l'art et peut enhardir les chirurgiens dans leurs en- treprises contre les affections cancereuses. Pierre Bonnet, sabotier, Age de 59 ans, ne dans le departement de la Lozere , atleint de surdi-mutile, enlra dans les salles de M. Maisonneuve, a la Pitie, le 24 aout 1859, pour y elre traite d'un large ulcere epithelial du "visage. MaJgre plusieurs cau- terisations e'nergiqucs, et l'eraploi de l'iodure de potassium a l'inte'rieur, la maladie n'en continua pas inoins ses progres, de sorte que, au mois de fe'vrier 1860, cet homme avait tout le c6te gauche du visage envahi par un vaste ulcere cancroide, qui s'etendait, d'une part, depuis la paupiere inferieure jusqu'a la' region sous-maxillaire, et, d'autre part, depuis le voisinage de l'oreille jusqu'a l'aile du nez, et jusqu'au dela de la ligne me- diane sur les levres superieure et inferieure. Les parlies corres- pondantes des os maxillaires, superieur etinfe'rieur, participaient elles-memes a la degenerescence; les gencives etaient en partie detruites ou transformers en productions fongueuses et saignan- tes; les quelques denls qui persistaient encore etaient dechaus- sees et vacillanl.es; enfln les ganglions sous-maxillaires elaienl considerablement tumefies. Malgre cet effroyable desordre, mal- gre la secrelion incessante d'un ichor sanie.ux et fetide, l'etat general du malade ne presentait pas d'allcration profonde ; il n'y avait pas de fievre; l'appelit se soutenait ainsi que le sommeil ; le moral surtout e'tait excellent, et le malade implorait avec ins- tance unc operation. Dans ces conditions, M. Maisonneuve crul pouvoir tenter encore un dernier effort, et lit comprendre au ma- lade qu'on pourrait peut-etie lui conserver la vie; mais qu'il lui faudrait pour cela subir une enorme mulilation. Cette proposi- tion ayant die accueillie, M. Maisonneuve proceda A 1'operation le Ti ievricrl860. Nous ne ferons pas le recit de 1'operation, tour de force incomparable ; des chirurgiens pourraient seuls le supporter ; sa lecture nous a fait mal. Apres celte enorme mutilation, il n'eilt ete ni prudent ni mOme possible de pratiquer une operation auloplastique. M. Maison- neuve se contenta de panser la plaie a plat, en recommandanl de surveiller allentivement la langue , qu'il avait pi is !a precau- tion de fiver aux pieces exterieures de l'appareil au moycn du fil passe dans son epaisseur ; puis , comme la deglutition etait deve- nue impossible , il chargea l'interne de garde d'introduire plu- sieurs fois dans la journee la sonde cesophagienne pour alimen- tcr le malade, et lui donner quelques boissons. 6/tO COSMOS. Nous epargnerons aussi a nos lecteurs l'examen anatomique et pathologique des tissus malades. Les suites immediates de cette operation furent beaucoup plus simples qu'on n'eut du s'y attendre; e'est a peine s'il se manifesta de la fievre ; le raalade reposa mGme une partie de la nuit. Les jours suivants, la plaie se detergca graduellement; une bonne siqipuration s'etablit, et le travail de reparation commenca a se manifester. Le fil qui retenait la langue etant devenu inutile, fut enleve le quatrieme jour, mais la deglutition restait toujours im- possible. Seulement le malade qui etait plein d'intelligence et d'e*nergie s'exerca a inlroduire lui-meme la sonde oesophagienne, de sorte qu'il lui etait facile de prendre a volonte des boissons et des aliments liquides. Versle Ik mars, les attaches de la langue ayant acquis une solidite suffisante, la deglutition commenca h s'cxercer d'une maniere convenable, et Ton put supprimer 1'usage de la sonde. Un peu plus tard, la langue, les levres et la partie droite de la machoire recouvrerent leurs mouvements de maniere a rendre assez facile la prehension des aliments. Pendant quel- ques scmaines encore, on surveilla attenlivement l'etat de la ci- catrice; et voyant qu'elle restait parfaitement pure de toute reci- dive, on fit construire un obturateur en forme de demi-masque, destine a reconstituer la forme du visage. Lorsque le malade sortit le 20 avril 1860 pour relourner dans son pays, il se trouvait, quant a sa sante generate, dans l'etat le plus satisfaisant, et la cicatrice ne presentait rien qui put faire soupconner une repro- duction de la maladic. — M.Despreiz communique une notedeM. Guilleminsurles cou- rantsd'induction.dLe circuit inducteur d'une bobine a deux fds de cuivre egaux et de 600 metres chacun est fermc par la lame trian- gulaire de l'apparcil que l'auteur a fait connaitre anterieurement (seance de l'Academic du 23 Janvier 1860, voir le N° du Cosmos du26). Les deux bouts du fd induit sont reunis par rintcrme- diaire d'un fil de fer de 1|3 de millim. de diametre et de 300 met. de long. La lame de derivation forme un circuit de derivation pris sur le circuit induit aux deux extremiles du fil de fer, a des temps variables a volonte', a partir de la fermeture du circuit in- ducteur. Dans toutes les experiences, cette derivation dure le meme temps, en sor!e que le galvanometredonne des derivations permanentes donl les inlensites correspondantes rcprdsentenl les intensites successives des couranls induits aux differents mo- ments de leur developpement. COSMOS. 641 Void quelques nombres qui peuvent donner une idee de la marche gdnerale du phenomene : Couranls induits de fermeture. 1,5 3 5 6 10 13 16 19 21 23 31 36 42 52 98 124 83° 33" 33°,5 32" 23" 19" 13" 9° ? 0" a— 30 3" 1" 0°,5 0 28° 35° 37" 40" 40" 39" 37" 36" 0" a 40" 0" a 60° 33" 27" 26" 25" 18° 11" 11" 19° 26" 31° 33" 34" 35" 35° 33" 33" 33° 32° 30" 30" 23" 17" Courants induits d'ouverture. 7 8 9 11 14 17 21 24 27 30 35 41 47 55 98 123 3i° 24° 16° 11" 5" 2" 1" 0",5 0" 59° 57" 56",5 5S" 54" 52" 49" 47" 44° 43" 38" 34° 30° 25 5° 1" 51" 50",o 50" 49",5 4S° 47° 46°,5 46" 45" 44",5 43° 41° 3S" 36° 18° 5" Les rdsultats presenters quelques differences suivant la dispo- sition des bobines et la pile qu'on emploie. Courants induits de fermeture. La premiere ligne represente les temps exprimes en dix-milliemes de seconde, comptes a par- tir du moment de la fermeture du circuit inducteur. La deuxieme ligne contient les deviations qu'on obtient avec la bobine a deux tils egaux de 600 metres , sans armature de fer, avec 24 petits elements Bunsen. Pour le temps 21, la deviation prc'sente une e'gale tendance a se faire a droite ou a gauche de la ligne du zero, ce qui est indique par le signe?. A 23 dix-milliemes, elle change de sens, mais elle est instable, et l'aiguille oscille de zero a — 30°. Pour le temps 31, la deviation reprcnd le sens qu'elle pre'sentait primitivement, et devient nulle pour le temps 52°. La troisieme ligne contient les resultats qu'on a lorsque la bobine porte a son centre une armature de fer; les deviations sont augmen- ted, 1'induction dure beaucoup plus longtemps, il n'y a pas d'in version pour les temps 21 et 23 ; mais l'aiguille perd a ce mo- ment sa stabilite, et oscille de 0° a 20° et de 0° a 60, pour la re- prendre ensuite quand la duree du contact augmente. La qua- trieme ligne represente les deviations du courant induit de l'appa- reil Ruhmkorff anime par 2 elements Bunsen. Courant induit de rupture. Les qualre lignes successives cor- respondent aux quatre precedentes. Les temps sont comptes a partir de la rupture du circuit inducteur. II n'y a pas, dans ce cas d'inversion cornrae pour le courant de fermeture. » M. Guillemin annonce qu'il obtient des renversements dans le 602 COSMOS. sens du courant induit plus prononces encore, lorsque le fil in- ducteur fait parlie d'un fil telegrapbique ; il attend qu'un temps favorable lui ait permis dc repeter avec soin ses experiences avant de lcs fa ire connaitre a 1'Acadcmie. YAIUETES. Sur la production «le l'aiiinioniaquc an moycn de l'azote dc Fair. Decouverte et procijde de MM. Margderitte et de Sourdeval. Depuis les remarquables travaux de MM. Liebig, Scbatlcn- mann el Kublman sur Taction fertilisante des sels ammoniacaux, la production de l'amruoniaque a bon marcbe est dcvenue un probleme dont la solution interesse au plus baut degrc l'agricul- ture. iMais on concoit que, pour arriver a ce resultat, il faille pui- ser l'azote ailleurs que dans lcs matieres azotees qui, pour la plupart, peuvent etre employees directement comme engrais, et dont les quantitcs limitees et le prix eleve ne permettraient dans tons les cas qu'une fabrication restreinte et coiUeuse. L'air atmospherique est une source ine'puisable et toute gra- tuite d'azote. Toutei'ois, cet element presente dans ses reactions chimiques une indifference telle, que,malgre les nombreuses ten- talives qui out etc faites dans ce but, on n'a pas pu jusqu'a pre- sent le combiner avec Tbydrogene pour produire l'atnmoniaque induslricllement. Cependant MM. Margueritte et de Sourdeval preparent aujourd'hui l'ammoniaque avec l'azote de l'air; etils sont arrives a ce resultat si desire en employant un agent dont les proprietes remarquables et les reactions nettes et precises leur ont permis de reussir la oil tant d'autres avaient ecboue'. Cet agent est la baryte dont nous avons souvent parle h 1'occa- sion des recentes applications que M. Kuhlman en a faites dans la peinture, mais dont personne ne soupconnait le r6le qu'elle etait appelee a jouer dans le developpement dc la richesse agri- cole de notre pays. En cffet, la fabrication de l'ammoniaque est basee sur un fait entierement nouveau, la cyanuration du baryum. On avait cru jusqu'ici que la potasse et la soude avaient seules la propriete' dc determiner la formation du cyanogene ; que les bases alcalines COSMOS. 6W terrcuses, la baryte, par exemple, ne pouvaient dans aucun cas se cyanurer. MM. Margueritte et de Sourdeval ont reconnu que cette opinion etaitcomplctementerronee, et que la baryte, beaucoup mieux que la potasse qui sc cyanure difficilement, et que la soude qui ne se cyanure pas, fixe l'azote de l'air ou des matieres animales dans des proportions considerables. On comprend deja que pour la preparation du bleu de Prusse, la cyanure de baryum prdsente de grands avantages sur celui de potassium, car l'equivalent de la baryte coute environ sept fois moins cher que celui de la potasse. Ainsi se trouvera obtenu pratiqucment et reellementleresultat annonce pour la premiere fois par Desfosses et vainement pour- suivien France et en Angleterre, la fabrication des cyanures avec l'azote de l'air almospberique. Cette solution si importante depend uniquement de la diffe- rence essentielle qui existe entre les proprietes de la baryte et de la potasse : la premiere est infusible, fixe, poreuse, se cyanure profondemcnt sans perte ; la seconde est fusible, volatile, ne se cyanure qu a la surface et subit, par volatisation, des decbets qui vont jusqu'a 50 pour cent. Mais pour MM. Margueritte et de Sourdeval, le cyanure de ba- ryum n'etait qu'une matiere azotee, dont la source illimitee de- vait leur permettre de fabriquer l'ammoniaque en quanlitcs qui n'avaicnt d'autres limites que les besoins de l'agriculture et de l'industrie; et le grand probleme a re'soudrc etait la transforma- tion du cyanure en ammoniaque par un moyen qui fut a la fois simple, rapide et pcu couteux. Voici les dispositions sommaires de l'operation : On calcine dans une cornue de terre, a une temperature elevee et soutenue, un melange de carbonate de baryte, de limaille de fer, d'environ 30 pour cent, de brai de houille et de sciure de bois. On obtient ainsi la reduction a l'dtat de baryte anhydre de la plus grande partie du carbonate employe. Ensuite a travers la masse poreuse, on fait arriverlentementuncourantd'air dontl'oxygene est converli en oxyde de carbone par son passage sur une colonne de cbarbon incandescent, et dont l'azote, en presence du charbon et du baryum, se transforme en cyanogene, et produit des quanti- tes considerables de cyanure. En effet, la matiere refroidie k l'abri du contact de Pair et lessivee a 1'eau bouillante, donne avec les sels defer un abondant pre"cipile de bleu de Prusse. 6Zi4 COSMOS. Le melange ainsi calcine et cyanure esl recu dans un cylindre^ en fonte on en t61e qui sert a la fois d'etoufToir et d'appareil pour la transrormalion du cyanure. On fait ensuile passer a travers ce cylindre, a une temperature inferieure a 300 degres, un courant de vapeurd'eau qui degage sous la forme d'ammoniaquela tota- lite de l'azote que renfermele cyanure de baryum. Les agents principaux de Foperation sont done : Fair atmos- pberique, l'eau, la cbaleur, e'est-a-dire le charbon, que la nature nous offre en quantites inepuisables. Quant a la baryte, elle sert indefiniment, si tant est qu'il puisse exister une fonclion indefi- nie, pour fixer intermediairement l'azote et le rendre bientOt apres a l'etat d'ammoniaque. II est difficile de rencontrer en industrie des conditions plus economiques, et il est permis de croire que cette fabrication, qui s'annonce d'une maniere serieuse, donnera les resultats qu'on est en droit d'en altendre. II faut ajouter que le cbarbon barytique, apres avoir donne le cyanure ou l'ammoniaque , contient comme residu une cer- taine quantite de baryte qu'on pourra uliliser : 1° pour obtenir de l'acetate de baryte qui remplacerait bient6t les sels de plomb dans la preparation de l'acetate d'alumine; 2° pour fabriquer les savons par la decomposition directe des sulfates de potasse et de soude ; 3° pour F extraction du sucre des melasses par le pro- cede de M. Dubrunfaut. On peut, des a present, prevoir tout le parti que les arts et Fa- griculture peuvent tirer de l'emploi de la baryte, reduite aujour- d'hui par des moyens pratiques , du cyanure de baryum, et enfin de l'ammoniaque a bon marcbe. Nous ne saurions, quant a nous, trop encourager les efforts de MM. Marguerilte et de Sourdeval, et les engager a perseverer dans la voie pleine d'avenir qu'ils viennent d'ouvrir par l'experience nouvelle et capitale de la cyanuration du baryum. Ge sera un grand service a rendre a la science, a l'industrieet a l'agriculture que d'avoir demontrelapossibilile de puiserrammoniaque, dont les applications sont si importantes, a la source inepuisable de l'air atmospherique, et par suite de l'acide nitrique que Ton peut faire naitre de l'ammoniaque par oxydation. F. Moigno. jy.rin.erie de W. Kemqcet et Cie, A. TIS,AKlW&,£.S- , rue Garanciflre. 5. prnvrietaire-gtrnnt COSMOS. 645 NOUYELLES DE LA SE3IAINE. Nonvclle comete Visible a l'ceil nu. (Voir p. 672). — M. Le Verrier a donne, le mardi 5 juin, une brillante soiree, a l'Observatoire imperial do Paris, a l'occasion de la visite an- nuelle de Son Excellence M. le ministre de l'instruction publique. La reunion etait aussi nombreuse que brillante. En outre de M. Rouland, deux autres ministres, M. Billault, ministre de l'in- terieur, etM. le marecbalRandon, ministre de la guerre, des ge- neraux, des amiraux, des membres de loutesles classes de 11ns- titut, des notabilites medicales et cbirurgicales en grand nombre, des representants de la presse scientifique,etc, etc. , avaient ac- cepte' avec empressement l'invitation qui Icur avait cte adressee. Le salon circulaire, les galerics, les salles d'observations, les ter- rasses voyaient se croiser en tous sens des ce'Iebrites europeen- nes, des savants de toutes les nations. Mme Le Verrier a fait avec une grace parfaite les honneurs de sa maison unique au monde. Comme dans les soirees precedentes, le personnel de TObserva- toire etait a son poste ; cbaque astronome et chaque pbysicien montaient comme une garde d'honneur aupres des instruments qui leursont confle's, et ciceroni pleins de prevenance et de pa- tience, ils faisaient aux profanes la splendide exhibition du firma- ment. Le grand telescope de M. Foucault, dressevers le ciel par soncreateuretpar M. Chacornac, attirait surtoutles amateurs, et Ton pent dire sans exageration que jamais instrument n'a mon- tre la lune et les planetes sous un jour plus favorable, n'a reve'le autant de details mysterieux. Les medecins e'taicnt en grand nom- bre, parce que le but secondaire de cette fete astronomique etait d'honorer l'excellent docteur Lescarbault, modeste medecin de campagne devenu grand homme malgre lui. Ses confreres de Paris ont remercie avec effusion l'illuslre geometre, qui avait entrevu le nouvel astre dans ses formules transcendantes et ses laborieux calculs, de la justice spontanee, entiere et eclatante qu'il avait rendue a l'liumble observaleur qui l'avait pre'venu, et qui avait a peine ose lui communiquer sa decouverte. — Un interne de l'bApital Sainte-Eugenie est mort il y a quel- ques semaines, d'une angine couenneuse ou croup gagne au che- vet d'un petit malade sansmemequ'on ait employe le brome dont M. Ozanam a cependant de'montre re*tonnante ei'ficacite. 0 rou- tine ! 6 inertie ! le Cosmos ne t'ebranlera done pas ? Neuvifeme annfie. — T, XVI. — 22 juin 1880. 24 6/,6 COSMOS. — On ecrit de Porquerolles au journal le Toulonnais : « Vers le milieu du niois de mai dernier, nous voyions voltiger el planer sur l'ile de Porquerolles, quantity d'oiseaux exotiques, es- pece d'hirondelles de la grosseur d'un merle que les gensdu pays appellent sirene. Cet oiseau est reellement un des plus beaux de la creation par la richesse de son plumage aux couleurs vives et brillantes, vert, bleu clair, jaune, couleur de feu ; il a le pied couit comme l'hirondelle, le bee long, effile et un peu recourbe. La presence de ces oiseaux nous fut expliquee par les papillons que nous leur vlmes cbasser dans les airs. En abordant un vaste champ d'artichauts, je vis s'&evcr tout a coup une telle quantite de ces papillons rouges, que j'en fus saisi, effraye : e'etait comme un nuage, comme un rideau qui couvrait tout le champ. Je son- geai a l'instant a ces nudes de sauterelles qui constituerent une des grandes plaies de l'figypte : les sirenes ont disparu avec les masses inimaginables de papillons qu'elles poursuivaient et dont elles se nourrissaient, mate il est restd les consequences qu'il nous avait die facile de prevoir. Les champs sont litteralement couverts d'une couche de chenilles noires et velues. Ciuquante mille pieds d'artichauts, divises en plusieurs vastes champs, ont ete entierement devore's en tres-peu de temps ! Heureusement que la recolle touchait a sa fin. La perte ne sera done pas tres- considerable. Si, comme nous l'esperons, la destruction totale des feuilles et des tiges n'entraine pas la mort de la plante, qui, dans ce cas , repoussera a la saison prochaine comme a l'ordinaire, on n'aura a regretter que la pature qu'auraient fournie pour le gros et le menu betail les feuilles de cinquante mille pieds d'ar- tichauts. Les vignes, les luzernieres, les champs de legumes sont envahis, couverts par les chenilles; on tremble, on a peurde voir toutes les recoltes perdues. Cependant, excepte les artichauts, qui semblent faire la nourriture de predilection de ces insectes des- •ructeurs; excepte" les feveroles et, parmi les plantes sauvages, ia mauve, rien n'a ete' ronge par eux; ils rampent sur les tiges deluzerne, sur les ceps, sur les feuilles de vigne sans les toucher. Si cela finit ainsi, ce sera un fait curieux a constatcr. Beaucoup de ces affreuses chenilles semblent avoir termine leur oeuvre de destruction et vouloir s'enfermer dans leur tissu pour subir la metamorphose que la nature leur impose; mais un plus grand nombre, et ce plus grand nombre est quelque chose de fabuleux, d'incroyable, a fait tout a coup, comme par l'effet d'un comman- dement general, irruption sur les routes, dans les rues du village, COSMOS. 647 dans les maisons, partout. Le sol est couvert de cette verminc noire qui roule avcc une vitesse rotative surprenante. Les ond il- lations saccadees et precipitees de ces chenilles, dans leur mar- che, ont quelque chose de frenetique. Si vous arriviez ce matin a 1'ile de Porquerolles, vous seriez temoin du plus curieux spec- tacle : vous verriez les soldats de la garnison et la population ci- vile armes de halais pour defendre les casernes, les maisons contre Finvasion des chenilles qui , rnalgre les efforts de l'en- nemi, triomphent par leur masse prodigieuse, grimpent le long des murs et s"introduisent par toutes les issues. Une telle avalan- che de chenilles est, au moins pour nos contre'es, un veritable phenomene. Jamais, de memoire d'homme, rien d'approchant ne s'etait vu. » — M. Berigny, president de la Socidte meteorologique de France, dont le siege est 24, rue du Vieux-Colombier, nous prie d'inserer la petite circulaire suivante : « La Societe meteorologique de France croit utile, dans l'inte"- ret deia science, de faire un appel a toutes les Societe's savantes, a tons les professeurs de physique, a tous ceux qui font des ob- servations meteorologiques, comme a toutes les personnes qui relatent un phenomene almosphenque quelconque, avec priere de vouloirbien donner a la Societe les details les plus circonstan- cies surle phenomene observe, et surlout de preciser le jour et I'heure auxquels ce phenomene s'est manifesto. On lit, en effet, tous les jours dans les journaux de la capitale, des nouvelles ex- traites des feuilles departementales, nouvelles ainsi concues : « Hier, un ouragan s'est manifesto" a...., etc., » sans que rien in- diquc en combien de jours la feuille departementale est parvenue a Paris, ni, une fois cette feuille arrivee, apres quel laps de temps le journal de la capitale a enregistre la nouvelle. Des dates exactes peuvent seules permettre de faire des recherches et des analyses au moyen desquelles on pourra peut-etre remonter a la source et suivre la marche des orages, des trombes, des ouragans, des tempetes, des averses de pluie et de grele, etc., etc. Si la Societe meteorologique avait ete en possession de ces details , il lui eut etd possible de faire des travaux inldressants sur les tourmentes atmospheriques qui ont ete si frequentes depuis le mois d'octo- bre dernier. La Societe recevra avec interet ces sortes de com- munications, ainsi que les observations meteorologiques qui lui seraient adressees par des observatours isole's, et, en re"ciprocite des renseignements circonstancies qu'elle demande, elle fera bus cosmos. connailre par lcs voies de publicity dont elle dispose les resullats des rccherches qu'elle aura fades sur ce sujet, ainsi que les mo- difications dont les observateurs pourraient profder pour le per- fecuonnemeut de leurs observations mcteorologiques. II sera utile, par cxcmple, de voir si l'equinoxe de l'aulomnc prochain, qui se prcsentc presque dans les memes conditions astronomi- qui's que celui qui vient de causer la baute maree du mois de mars de celte annee, sera precede, accompagne ou suivi des ouragans que nous avons subis vers l'equinoxe du prinlemps dernier. » — Depuis trois semaines environ, le temps est vraiment ex- traordinaire pour une saison aussi avamiee. Paris, depuis lemois de novembre, n'a pas cesse de ressembler a un port de mer de l'Ocean, lant les rafales de vent ont ete nombreuses et violentes. Les ouragans, les tempetes, les orages se sontdeciiaines, partout en Angleterre et en France; partout aussi la temperature a ete tres-basse. L'ouragan du samedi 2 juin a sevi dans nos ports avec une violence vraiment inouie. A Cherbourg, dans la matinee, le ba- rometre descendit presque tout a coup a tempete; le vent, jolie brise , d'abord a l'est-nord-est, passe au sud-sud-ouest, et vers onzebeures, la brise, changee en un ouraganfurieux, souffle pen- dant deux beures et demie avec une impeluosile extreme, enle- vant les toits, enfoncant les fenetres, brisant et deracinant les arbres. A Cartera, vers dix beures du matin , le baromelre des- cend a plusieurs degres au-dessous de tempete ; et une beure apres, le vent est comme la foudre qui renversc tout sur son pas- sage; ce sont partout aussi des toits emportes, des arbres abat- tus; les bommes les plus robustes peuvent a peine rester de- bout. La mer offreun aspect cffroyable, elle est furieuse, d'enormes lames deferlentsur le rivage, couveilesde cetteecume epaisse qui ne se montre que dans les convulsions de la nature. A Saint- Malo, les vents, la tourmente, rappelaient aux marins les horri- bles tempetes de la mer des Antilles; la cbarpentc de la nouvelle Bourse a ete enlevee comme une paille, les murailles en brique ont ete balayees; tout l'edifice est rase, il ne reste plus que les assises en grand; les lames furibondes s'elevaient a une hauteur inusitee, s'enlre-choquaient les unes les autres avec un bruit formidable. — On ecrit de Beyrouth : « Dans la plaine qui environne notre pays, tout le monde s'occupe des vers a soie; demain ou apres- demaiu, 7 mai, ils commenceront a filer, et si les vents du sud COSMOS. 6W continuent, nous aurons une excellente recolte, qui surpassera beaucoup celle des annees prdcedentes. » D'un grand nombre de lettres ecrites des centres de 1'industrie scricicole, dans le midi de la France, il resulte que la situation n'a rien d'alannant, que la maladie n'apparait pas rcdoutable. — Comme exemple d'un climat vraiment extraordinaire, on peut citer Mosesikatse, dans 1'Afrique centrale, contree recemment visitee par M. Livingstone et plusieurs missionnaires anglais : « La cbaleur est grande, le soleil envoie ses rayons presque ver- lieaux, et cependant il pleut plus que partout ailleurs. L'eau tombe pendant tout l'ete\ Le pays est luxuriant, un manteau de verdure le couvre de forets verdoyantes. La riviere Mepebeze, qui coule a un quart de mille de l'etablissement des missionnaires, est un cours d'eau tres-pittoresque. En hiver, l'ecoulement de l'eau se fait tres-difficilement; il se forme d'immenses maraisou se refugient les crocodiles. Nos terres semblent la demeure de predilection des centipedes, scorpions, tarentules et autres animaux d'une societe e"galement peu desirable; de sorte qu'il y a ici, comme partout ailleurs, une egale proportion d'agrements et de desagrements. — Dans sa lettre, M. Haidinger signalait un gisement d'os fos- siles de Moa ; ce nom a effraye quelques-uns de nos lecteurs qui nous en demandent la signification ; nous repondons a leur appel par une lettre que nous devons a la bonne amitie de M. Delafosse : « Moa est le nom que les babitants de la Nouvelle-Zelande don- nent a un oiseau gigantesque qu'on trouve a 1'etat fossile dans les cavernes du pays, et dont M. Owen a fait le genre Dinornis. Ce savant en a distingue plusieurs especes dont une, le dinornis giganteus, devait avoir plus de quatre metres de bauteur. Le genre appartient a la famille des brevepennes, comme le casoar de la Nouvelle-Hollande. » — M. Georges Poucbet a public dans les actes du museum d'histoire naturelle de Rouen et fait tirer a part le recit de son in- teressantc excursion aux carrieres de Saint-Acheul, a la recbercbe des silex tallies par la main des hommes qu'il ne craint pas de proclamer antediluviens. Nous lisons page hO de sa brochure : (i J'ai mis aussi a profit mon sejour aux carrieres pour etudier a l'aise le gisement de ces anciens debris dont l'anliquite depasse sans doute les quinze mille annees assignees par M. Horner aux plus anciens debris de terre brute de la vallee du Nil. » Et en note : « Ce passage a ete snpprime dans le Cosmos. » M. Horner a en 650 COSMOS. effet trouve a Memphis des poleries qui reraontent a 13 371 ans avant Jesus-Christ. II est arrive a cette date en calculant sur une base connue le temps que la couche de terre qui rccouvrc les po- teries a mis a s'amonceler. » Cetle note demandc de nous une ex- plication. Nous avons supprime revaluation de M. Horner, parce qu'elle avait ete* demontree completement fausse par un de ses plus savants compatriotes , et demontree fausse par des faits completement contradictoires observes dans les memeslieux, les faits de monuments ayant une date authentique posterieure a l'ere chretienne et qui sont ensevelis a des profondeurs plus grandes que les poteries de M. Horner. Sur les bords du Gange comme sur les bords de plusieurs rivieres des royaumes-unis, on voit des terrains de diluvium tout a fait comparables a ceux d'Abbeville ou de Saint-Acheul, et dans les profondeurs desquels on rencontre des coquilles ou debris de coquilles semblables a celles qui vi- vent encore sur les rivages des mers ou des fleuves. II en sera de ces diluvium comme des monuments d'Esne et de Denderab. nous aurons bientdt leur Age veritable, et Ton sera tout surpris de voir qu'ils sont relativement recents ou qu'ils appartiennent a la periode actuelle du globe terrestre. Le seul fait bien constate au- jourd'hui est que l'homme a ete conternporain de beaucoup de races eteintes; le cerf acluellement disparu, qui porlaitdans son tibia un silex taille en fleche, est un document authentique de cette contemporaneite irrecusable. Nous n'avons aucune peine a admettre la possibility de l'homme fossile , si par homme fossile on entend des debris humains mele's a des debris animaux dans les cavernes a ossements ou au sein des diluvium amonceles au sein des vallees ou vers l'embouchure des fleuves. — La Societe d'acclimatation poursuit avec une grandeaclivitc'' les travaux du bel etablissement qu'elle fonde au bois de Bou- logne, et Ton peut deja prevoir le jour prochain ou elle en ou- vrira les portes au public. Quand ce vaste pare de zoologie vivante sera acheve, avec sespaysages, sesfabriques, ses eaux, ses pers- pectives, ses pelouses et ses massifs ; quand les mille voix des animaux innombrables qui le peupleront se feront entendre, le bois de Boulogne, non-seulement n'aura plus rien a envier a Be- gent's Park, mais on peut dire qu'il laissera loin derriere lui ce jardin dont Londres est sifiere. (Patrie.) — Depuis lundi, les arrivages se succedent sans interruption au Palais de l'lndustrie, et offrent un spectacle plein d'admiration qui attire une foule de curieux aux abords du Palais. Des le ma- COSMOS. 651 tin, on a vu se dinger vers les Champs-Elysees de nombreux con- vois d'animaux, de machines, d'instruments et de produits de loute sorte. Des mardi, les animaux de l'espece bovine, qui se comptent par cenlaines, emplissaient du bruit de leurs mugisse- ments la vaste nef du Palais. Les compartiments affectes au loge- ment des moutons, des pores et des animaux de basse-cour commencent aussi a se garnir. Des quantites considerables de produits ont deja pris place au premier etage de I'edifice. Les ap- pareils agricoles s'installent rapidement sur tout l'espace compris entfe le Palais et les immenses annexes etablies le long du Cours- la-Reine pour abriter leschevaux. Sur les huit cents stalles envi- ron que renfermentces annexes, un grand nombre sont occupies. {Moniteur universel. ) Nous commencerons des jeudi apres-midi notre etude de Im- position agricole et nous ne laisserons rien ignorer a nos lecteurs de ce qu'elle presentera de veritablement neuf et digne d'interet. — On lit dans le Moniteur : « Dans sa recente excursion en Pa- lestine, en Syrie et en Egypte, M. 1'abbe* Lamazou n'a pas oublie les interets des etablissements scientifiques. II vient d'envoyer au Jardin des Plantes deux gazelles de Nazareth avec un petit ne en route ; a la Bibliotheque imperiale une collection de vieilles monnaies et medailles ; au Musee des antiques au Louvre une urne funeraire trouvee a Sidon dans un tombeau du temps des Pbeniciens. » — Encore un aeronaute qui pe'rit comme ont peri et comme pdriront tous les aeronautes celebres. M. Augustus O'Connor etait a peine monte, le 12 mai dernier, dans son ballon la Vfiivus, mal repare apres une grande dechirure, qu'une violente rafale s'ern- para de lui, le jeta contre les murs, et le laissa retomber a terre tellement conlusionne, qu'il expira quelques heures apres. Correspondance particuliere du Cosmos. La question si delicate et si interessante souievee par M. de Montigny, nous a valu un grand nombre de lettres que nous re- produirons aussi integralement que possible; elles nous prouvent, de plus en plus, d'une part, que la portee du Cosmos va grandissant sans cesse, de l'autre, qu'un grand nombre d'esprits ardents et ju- dicieux profitent de toutes les occasions qui se presentent pour defendre ce qu'ils croient etre la verite. La premiere lettre, par 652 COSMOS. ordrc dc date, est dc M. Hirn ; cllc est e'critcdeLogclbach, pres Col- mar, 18 mars I860. « J'ailuavecbeaucoupd'interet dans le Cosmos du 16 mars Ics observations de M. Monligny sur le bruit du ton- nerre. Toujours attentif a ce qui peut contribuer au progres de la science, toujours impartial ct pret a ouvrir vos colonncs a ceux qui vous secondent dans votre belle tacbe, vous faites un appel a ceux de vos lecteurs qui sont le plus a memo d'observer les oragcs, et vous les invitez a eclaircir la question seulevee par M. Montigny. Dans la localite que j'babite, et probablement en raison de la proximile des Vosges, ou se forment presque lous nos orages, la foudre tombe tres-frequemment; je ne me sou- viens pas d'unc seule annee ou je n'aie vu trois ou qualrc coups de foudre au moins, dans un rayon qui ne denasse pas quatie ki- lometres autour de Logelbach. Je m'empresse done de repondrc cle mon mieux a votre appel. Comme fait, 1'observation dc M. Montigny est tres-juste en general, et m'avait frappe depute tres-longlcmps deja. A quelque distance de notre localite que. j'aie vu tomber la foudre, pourvuque la nuee orageuse alia t jus - qu'au zenith, j'ai remarque que le bruit arrivait, non pas tou- jours, ceseraittrop absolu, maisfort souvent, beaucoup plus vile que ne semblait le comporler ma distance au lieu frappe. Est-il neccssaire, pour interpreter ce fait, de recourir a une bypotbese nouvelle sur la vilessc du son? C'est ce que je ne crois pas. Re- marquons d'abord que ce que nous nommons la foudre n'estpas autre cbose qu'unc decharge qui, au lieu de s'operer entrc deux nuages electrises de noms contraires, eclate entre le nuage et le sol. Si la vitesse du son produit par la foudre elait plus grande que la vitesse ordinaire (340 m.), celle du son produit par les eclairs devrait l'etre aussi. Or, comme tout lemonde peut l'obser- ver, c'est ce qui n'a pas lieu, ct Ton est tres-souvent etonne au con- traire du temps qui s'ecoule entre l'eclair et le tonnerre, pendant des orages qui passent au zenitb. Dans la plupart des cas (dans notre localite), on peut compter de 5 a 12 secondes; cetle remar- que semble rendre encore plus difficile Implication du fait dont nous parlons : il n'enest rien pourtant. Le sillon, droit, courbe, sinueux ou brise qui marque l'eclair peut etre represente en di- rection par deux droites,l'une verlicale, rautrehorizontale, la lon- gueur relative de ces deux composantes varie pour cbaque cas. Lorsque la ligne verticale attaint lesol, lorsque la foudre tombe, la composante borizontale peut etre excessivetnent longue par rapport a la premiere et passer par le zenitb de l'observateur, COSMOS. 653 tandis que la branche verticale et par suite Ic lieu frappe seront tres-dloignes. Corame l'eclair en sillon ne dure pas, d'apres les essais de M. Wheatstone, un millieme de seconde, l'inlervnlle qui separe la lumiere du bruit dependra de la distance minimum de l'observateur a la composante borizontale ; l'explosion d'un coup defoudrc attcignant le sol a trois kilometres de distance pourra elre entendue au bout d'une seconde si cette distance minimum n'est que de trois cent trente-ncuf metres. II reste maintenant a expliquer, et c'est la 1'imporlant, pourquoi, dans les casdecoup de foudre, la composante borizontale est presque toujours plus rapprochee du sol que pour les eclairs ordinaires. Or, il est clair qu'au moment on la foudre va eclater, 1c sol so cbarge par in- fluence d'e'Icclricite de nom contraire a celle du nuage ; I'etendue de la surface ainsi cbargec depend evidemment de I'etendue du nuage superpose, et peut, dans certains cas, elre tres-grande ; mais parce fait que 1'electricite du nuage attire celle du sol, elle en est elle-meme attirce et tend a s'en rapprocher le plus possi- ble; l'electi'icite doit done se porter sur la partie la plus basse du nuage, et peut ainsi se rapprocber considerablement de la terre. Au moment de l'explosion, la composante borizontale du sillon de la decbarge pourra done, et devra meme, danslapbipart des cas, elre tres-rapprochee de la terre, et par suite de l'observa- teur ; tandis qu'il n'en est pas necessairement ainsi pour les eclairs ordinaires. Voila, je crois, une explication tres-simple et tres-claire du fait, singulier en apparencc, signale par M. Monti- gny. Je reponds maintenant a une autre question pose'e dans votre numero, etportant sur ce fait connu depuistrcs-longtemps : c'est le peu distance a laquelle s'entend le tonnerre. L'cxplication est icitres-facile, en partie du moins. et ne m'appartient pas (Pois- son, Mecanique,\. n,p. 703, 1833) : En considerant la propagation du son dans un air compose de coucbes de diffe'rentes densites, on trouve, qu'a distance egale, son intensite ne depend que de la densite au lieu de l'ebranlement primitif ; d'ou il resulte qu'une personne placee dans un ballon doit entendre le bruit qu'on fait a la surface de la terre comme si elle etait a cette surface ; tandis que le bruit qu'elle ferait scrait cntendu a cette surface, corame si Ton etait dans la coucbe atmospherique ou se trouve l'aerostat. Des decbarges d'artillerie qui s'effeclucraieut a 6 kilo- metres du sol ne s'entendraient probablement pas plus que le tonnerre lui-meme. Toutefois, il faut aj outer ici que Tenonce ge- 65/i COSMOS. neral dePoisson ne*suffil pas completementpourlecasparticulicr. En effet, la detonation de la foudrc ne semblc pas s'entendro pins loin que le bruit de l'eclair ordinaire, bien qu'elle ait lieu a la surface du sol, et qu'elle se propage ainsi dans des couches d'air de mcme densite. Permettez-moi done d'ajouter quelque chose ici , de prendre la question d tergo, et d'un peu plus haut. L'egale viiesse de la propagation d'un son fort oufaible dans PcnV sec est la plus belle confirmation d'un des principes fondamen- taux. de la theorie des effets dynamiques de la chaleur. La for- mule de la vitesse du son est g designant la gravite, -jr le rapport des densites du mercure el de l'air, B la hauteur du barometre, 9 la temperature. Ges quatre valeuis sont des constantes pour chaque cas. Pour que l'inten- site du son ptit faire varier la vitesse, il faudrait que 7 fiit une fonction de cette intensity ou, en d'autres termes, une fonclion de la rarefaction et de la compression plus ou moins grande de l'onde sonore. Or, qu'est-ce que 7 ? C'est le rapport : des capaci- te's calorifiques de l'air a pression et a volume constants. D'a- pres la theorie moderne, on a c — & — |^ '■> a ^tant le coefficient de la dilatation de l'air, A la densite, p la pression repondant a A. Or, a, p et A sont des constantes, d'apres les belles recherches de M. P.egnault, c' est aussi une constante. Pour que le rapport c' 7 = — ap Al put varier, pour que la vitesse du son put etre une fonction de l'intensite, il faudrait done que I fat une variable. Mais I n'est autre chose quel'equivalent mecanique de la cha- leur; c'esl-a-dire la constante par excellence dans la theorie mo- derne. L'dtude de la propagation du son dans Vtiir sec est done un moyen de verification d'une des affirmations les plus essen- tielles de cette theorie. Je dis : Voir sec ; car la meme theorie nous prouve que dans l'air humide la loi de propagation est necessairement autre , et quant a l'intensite et quant a la vitesse. On admettait autrefois que la vapeur reste a l'etat sature lorsqu'on la comprime ou COSMOS. 655 qu'on la rarefie sans soustraction ni addition de chaleur. Mori ami , M. Clausius, a le premier demontre qu'au contraire la va- pour saturee se surchauffe, lorsqu'on lacompiime, et se con- dense en partie lorsqu'on la rarefie ; j'ai mis cctte remarquable affirmation hors de doute par l'observation directe. II en est de m6me quant a la vapeur d'eau contenue dans fair humide : lorsque celui-ci est sature, il se trouble pour peu qu'on le rarefie. Jl suit de la : 1° que le coefficient d'elasticitd est autre pour l'onde comprimee que pour l'onde rarefiee ; 2° que l'onde rarefiee con- tient necessairement de l'eau en poudre, a un etat de division extreme; et de ces deux faits eux-memes il resulte : 1° qu'il peut y avoir une le'gere difference de vitesse entre un son tres-intense et un son faible, lorsqu'il a lieu dans Fair tres-humide; 2° que la densite du son qui eclate dans un air tres-humide doit rapide- ment diminuer avec la distance au point d'ebranlement primitif. Cette derniere conclusion est vraie, a bieu plus forte raison, lors- que le son eclate dans un air contenant deja des particules d'eau (nuage, pluie); et dans ce cas, elle nous explique tres-bien la diminution si rapide du bruit du tonnerre. Une fois parvenu a une certaine distance du lieu de l'orage, une fois arrive dans l'air sec ou moyennement humide, le bruit du tonnerre doit suivre la loi ordinaire de diminution du son, en raison du carre des dis- tances, etse propager probablement tout aussi loin qu'un autre son. Dans le lieu meme de l'ebranlement, la ou l'air est non-seu- lement sature de vapeur, mais ou il est charge de globules d'eau ou de gouttes de pluie, la loi de diminution doit necessairement etre bien plus rapide. C'est ce qui explique pourquoi un orage qui produit un fracas assourdissant, lorsqu'il passe au-dessus de vous ne produit plus qu'un bruit tres-modere, lorsque le lieu des eclairs est seulement a 1 kilometre de distance horizontal de l'observateur. Tout ce que je viens de dire sur la diminution de l'intensite du son pour- rait etre aisement verifie experimentalement en faisant faire des exercices d'artillerie pendant un temps de pluie, et en observant si le son se propage alors aussi loin qu'en operant par un beau temps. » (Auprochain numero la letlre dcM. Montigny). Fails de science etrangere. Le Journal du ministere de I'instruction publique de'Saint-Pe- tersbourg contient, dans sa livraison de fe"vrier, le comptc rendu 656 COSMOS. general de l'Acade'mie impcriale des sciences, section physico- mathemalique, pour l'annee 1859, lu dans la seance annuelle de l'Academie du 29 de'eembre 1859. Nous empruntons a ce travail les notions suivantes : Changement dans le personnel. — L'Acade'mie a perdu deux membres : le baron A. de Humboldt et le celebre geographe Ch. Ritter, morts a Berlin, et trois membres correspondants : G. Lejeune-Diricblet, directeur de 1'Observatoire a Goctlingue, le vicc-amiral Bcineke et le baron Macaulay. Expeditions et voyages. — L'acade'micien Hchnersen, qui pen- dant les trois annees pre'eedentes s'est occupe de 1'etude geolo- gique du gouvernement d'Olonetz , a acheve |ses explorations dans la quatrieme excursion de celte annee, qui s'est etendue a une partie de la Finlande. L'academicicn Abicb a continue l'exploration geologique du Caucase, entreprise sur l'invitation du prince Bariatinsky. Aussi- tot apres son arrivec a TiQis, il s'est occupe de 1'etude des condi- tions pbysiqucs et geognostiques qui accompagnentl'apparition des sources chaudes dans la valle'e de Sololak. Des faits tres-im- portants qui so sont manifested inopinement, et qui se trouvent en rapport avec tout le systeme thermal des monts Trialetes, Font engage a entreprendre la confection d'une carte geologique spe- ciale des environs de Tiflis. Le de"sastre qui a frappe la ville de Schemakba a fait naitre la question de savoir si cetle ville devait rester le centre de Fadmi- nistration du gouvernement. La solution devait evidemment de- pendre du resultat des investigations savantes qui avaient ete confiees a M. Abich. Voici l'opinion qu'il manifeste a ce sujet. L'effet destructif dutremblement de terre qui a ebranle le terri- toire de Schemakba, les 30 et 31 mai, s'est manifeste.', comme toujours, sur une etendue relativement restreinte ; la ville de Schemakba et Baskaly, a 30 verstes de la, ont prescnte le foyer d'un espace clliptiqucment allonge, que Ton peut conside'rer comme le centre de la zone des tremblements de terre dans le sud-ouest du Caucase. L'hnportance specialc du sujet a porte M. Abich a etendre ses explorations au nord-oucst, sur toute l'etendue des monts La- hitch jusqu'i la chaine princi])ale du Caucase, et ensuite a Test jusqu'aux salines bourbeuses, e'est-a-dire a tout l'espace du triangle forme par Schemakba, Salian et Bakou. Une maladie contracted dans ces courses a empeche M. Abich de profiter de COSMOS. 657 la saison favorable pour faire une excursion dans les hautes montagnes; mais cepcndant, aussitot qu'il fut relabli, il a fait en aulomne une excursion geognostique sur la plaine elevee d'Erz- roum et dans la vallee des sources de rEuphralc, afin d'y faire, sur les points centraux du tremblement de terre de cetle annee, des investigations pareilles a celles qu'il avait faitcs clans la zone des tremblements de terre au sud du Caucase. Une expedition savante a ete envoyee par l'Academie dans les steppes des mers d'Aral et Caspienne, pour les explorer sous le rapport de l'bistoire naturelle. M. Borstcboff, qui fait partic de l'expedition en qualite de botaniste, a presente un rapport gene- ral tres-inleressant sur la vegetation des contrees en question; les specialites sont elaborees par lui sous la forme de monogra- phies, dont une, celle du genre calligonum, representant tres- caracteristique de la flore des steppes , contient beaucoup de de- tails nouveaux pour la science; une autre monographic, qu'il a deja terminee, a pour objet les planles ombelliferes, qui donnent dela resine et qui sont tres-importantes aussi sous le rapport de la pharmacologic En sToccupant de la mise en ordre des mate- riauxrecueillis, M. Borstcboff a desire donner a son travail plus de portee, en comparant la flore des steppes de l'Aral et de la mer Caspienne a la vegetation d'autres contrees, et, dans ce but, il a entrepris a ses frais, avec l'autorisation du ministre des finances, un voyage dans l'ouest de l'Europe, pour etudier les ricbes materiaux que contiennenent les musees botaniques les plus connus. La description du voyage en Siberie de M. Middendorf se con- tinue avec succes. Le dernier volume, actuellement sous presse, contient les resultats gene'raux des investigations speciales rela- tives a difierentes parties de l'bistoire naturelle, exposees en de- tail dans les trois premiers volumes, et offre en outre l'histoire du voyage et un apercu critique de la lillerature en Siberie. L'au- teur avait pour but d'expliquer bistoriquement les resultats de ses investigations locales, et de les relier aux renseignements founds par d'autres auteurs et voyageurs. Ceci se rapportc par- ticulierement a la premiere livraison de ce volume, qui a deja paru, et qui est consacree a la geographic et a l'bydrograpbie de la Siberie. Apres avoir esquisse l'bistoire de la geographic de la Siberie, dans laquelle la plaee la plus honorable appartient a la grande expedition du nord, l'auteur presenle l'analyse de toutes les 658 COSMOS. donnees sur lesquelles repose la cartographic de la contree Taimyr, et prouve ce fait remarquable que les cartes des xvr et xviie siecles reprdsentent cette contree avec plus d'exactitude que les cartes postdrieures. Apres avoir donne une description exacte de la contree Taimyr, laquelle evidemment a ete pluspeu- plde qu'elle ne Test maintenant, l'auteur se transporte a la mer d'Okhotsk etdecrit en detail la cOtemeridionale, dont il a le pre- mier fait la levee, a Test, jusqu'au golfe de l'Academie, ainsi que celles des lies Schantares qu'il a 71811(563. Le port Mamga, decouvert par M. Middendorf, etait alors le seul port commode sur la cote mdridionale de la mer d'Okhotsk; mais malgresa position sous le 54" de latitude nord, il est ferine par les glaces flottantes , quel- quefois meme jusqu'au milieu de l'ete. Apres une description du voyage de Yakoustk jusqu'a Oudskoy Ostrog, et du passage par le Stanovoy Khrebete, l'auteur conduit le lecteur dans les deserts alors totalement inconnus de la Mand- jourie cliinoise, qu'il a parcourus pendant trois mois et demi, et dans lesquels il a fait le premier pas pour etablir la connais- sance d'une contree qui bientot apres a attire l'attention gene- rale. Les renseignements qu'il a recueillis ont eclairci les rap- ports, inconnus jusqu'alors, entre les peuplades lirnitrophes de la contree de l'Amour, rapports qui n'etaient pas tout a fait con- formes aux traites ecrits, d'apres lesquels, avant ce voyage, on envisageait tout aulrement la situation et la signification de la contree. Apres M. Middendorf, d'autres expeditions encore ont etc diri- gees dans ce pays, pour cnrichir la geographie et l'histoire na- turelle de donnees imporlantes ; mais c'est a lui qu'apparlient le merite incontestable de la premiere exploration savante de la contree, et, par rapport a plusieurs parties du versant meridio- nal du Stanovoy-Khrebete, c'est encore lui qui sert jusqu'a pre- sent d'unique autorite ; car l'occupation de la contree de l'Amour a e"te dirigee de preference vers les sources du fleuve et les plaines situees au sud de ce versant. Un autre voyageur de l'Academie, qui s'est dirige vers la con- trde de l'Amour, le docteur L. Schrenk, s'occupe de la redaction et de l'impression de la description de son voyage, dont il a acheve la partie ornithologique sous le rapport du systeme et de la gdographie ornithologique. L'analyse critique des materiaux recueillis a demontre que le nombre des especes d'oiseaux trou- vees dans la contree de l'Amour s'eleve a deux cents. Dans ce COSMOS. 659 nombre, M. Schrenk n'a trouve qu'une espece nouvelle, apparte- nant au genre calamoherpce. ( La suite prochainement. ) Fails d'agricultiire et d'acclimatation. A propos de deux chevaux grandement remarques dans le con- cours de la Normandie, l'un etalon anglo-normand, trop leger par exces de sang, par abus de l'etalon pur sang anglais; l'autre pouliniere anglo-normande, demi-sang, type superieur de la fa- mine, M. Eugene Gayot fait la remarque suivante : « Ces portraits sont des types qui doiventfaire beaucoup re- flechir les faiseurs de systeme. L'un represente la race telle qu'on la fait en ce moment; l'autre la race telle qu'on la voulait et telle qu'il faudrait encore l'obtenir. L'un trop avance dans \e sang et trop fin n'a plus de valeur; l'autre est au degre de sang qui cons- litue la famille puissante et ricbe; ils represented tous deux des systemes de reproduction differents; les e'leveurs les ont juges, mais ce n'est point assez; il faut encore que ceux qui ont pris en main la direction des interests hippiques du pays, lui don- nent les moyens de conserver une precieuse race. » — M. Quenin recommande comme excellent de tout point le procede suivant de creation d'une prairie artificielle a la luzerne : En biver on defonce a la beche ou a la cbarrue un terrain de na- ture calcaire, condition d'absolue necessite; au printemps on ameublit la terre par des labours et des hersages. On seme a la volee de la graine de sainfoin, a raison de 2 bectolitres par hec- tare, et imme'diatement apres la graine de luzerne, 8 kilogrammes par hectare. La premiere annee la vegetation est faible ; la faux peut a peine atteindre la principale tige du sainfoin. La deuxieme annee les deux plantes croissent a l'envi, cberchant mutuelle- ment a se depasser pour jouir du soleil. On retarde un peu la fauchaison pour donner au sainfoin le temps de prendre tout son developpement. La premiere coupe est prodigieuse, en moyenne, de l\0 a 50 quinlaux metriques par hectare; dans la seconde coupe on trouve encore un peude sainfoin; la luzerne fait seule les frais des autres. La troisieme annee, le sainfoin, etouffe par la luzerne, a disparu en grande partie; les detritus de ses racines et de ses tiges ont fertilise le terrain et tiennent lieu de fumier a la luzerne, qui s'etale et remplit les vides ; celle-ci subsiste encore en bon etat pendant deux ou trois ans; a son tour elle enrichit le terrain au profit de la cereale qui doit lui succeder. 660 COSMOS. — Le Journal d'agriculture pratique fait un grand eloge du tararc-trieur dc M. Vilcoq. II permet de cribler et de trier le grain, et pcut, dans les petites fermes, remplir l'office du crible de MM. Vachon; son prix assez modique le met a la portee de tous les cultivateurs; manoeuvre" par deux homines il nettoic 30 hec- tolitres de hie par jour; on peut l'employer pour toules espices de graines en changeant le cylindre tricur. — Le meme journal resume ainsi lesre'sultats de l'annee agri- cole 1858 a 1859. En moycnne la recolte du ble a ete mediocre ; la vigne n'a pas donne plus du tiers ou de la moitie d'ime annee moyenne; les fourrages sont redevenus plus abondanls ; les re- coltes des racines sontsatisfaisanles; les chataignes abondantes et de bonne qualite. Les pluies ont ete assez frequenles pour permettre de faire les labours et les semailles dans de bonnes conditions. PIIOTOGMPIIIE. AeJiiile peirsistantc «!o In lumiere. II y a quelques semaines, M. Niepce de Saint-Victor vint nous voir, apportantavec lui un large tube en fer-blanc, non plus im- parfaiteinenl ferme a la cire d'Espagne, mais hermetiquement clos et rendu inaccessible a tous les agents exlerieurs, les varia- tions de temperature exeeptees, par une soudure complete a re- tain ou au plomb. II ouvrit devant nous le tube, mit a decouvert, sans la derouler, la feuille de papier prepare'e a l'acide lartrique et insolee, qu'il y avait enfermee pres d'une annee auparavant, versa sur cette feuille quelques goultes de nitrate d'argent et nous fit constater que ce nitrate etait presque immediatement noirci, absolument comuie il le serait par une lumiere vive. II etait impossible de ne pas atlribuer cette action instantanee a Taction persistante de la lumiere absorbee un an auparavant par le papier trempe dans la solution d'acide lartrique. Si l'expe- rience reussissait mieux cette fois, quoique apres un temps de conservation beaucoup plus long, c'elait evidemment parce que le tube avait ete bien plus parfaitement clos; et ce qui arrive apres un an, arriverait bien certainement apres cinq et dix ans. De son cote, M. Busk a constate le fait suivant: On plonge une feuille de papier dans une solution d'acide organique ou inorga- COSMOS. 661 nique couvenablement choisi , l'acide tartrique ou acetique, par exemple; on seche, on sensibilise surlebain de nitrate d'argent, on seche de nouveau ; on met la feuille en contact avec le dessin qu'il s'agit de reproduire, pendant une demi-heure ou un peu plus ; on expose ensuite le papier aux rayons du soleil et Ton voit apparaitre une image negative du dessin, que Ton fixe en lavant a l'eau ordinaire. 11 n'est pas meme necessaire que l'exposilion a la Jumiere ait lieu immediatement; le papier mis en contact avec le dessin original peut etre conserve plusieurs jours entre deux feuilies de papier blanc, sans perdre la propriete de reveler l'iaiage latente sous l'influence des rayons solaires. Une circons- tance plus difficile a expliquer est que le dessin primitif n'a pas besoin d'etre prealablement insole ou expose a la lumiere. M. Busk cmploie ordinairement les tommies suivantes : solution d'arideorganique: eau, 90 grammes ; acide acetique cristallisable, 30 grammes; on y plonge simplement la feuille. Bain sensibilisa- teur: eau, 25 grammes; nitrate d'argent, 3,60 grammes; acide ace- tique cristallisable, 3,50 grammes; on peut soit e'tendre sur le bain des deux cdles, soit laver les deux laces de la feuille avec un pinceau. A ces faits ou a l'interpretation de ces fails, M. le baron The- nard opposerait l'experience suivante, communiquee par lui a la Sociele pbilomatbique : 1° En pleine nuit il a de'sinsoleune feuille de papier ordinaire en l'exposant a la vapeur d'eau pendant une heure; 2° il a divise ensuite la feuille en deux parties; Tune a ete mise de cote pourservir de temoin; la seconde, roule'e sur elle- meme, a etc mise dans un tube de verre a l'extremile duquel on faisait arriver de l'oxygene ozone; au bout d'un quart d'beure, l'oxygene ozone se faisait parfaitement sentir a l'autre extremite; la feuille alors a cite retiree ; 3° cette meme feuille, employee a la maniere des papiers insoles de M. Niepce de Saint-Victor, a, de tout point, produit les memes effets; la demi-feuille garde'e pour temoin n'en a produit aucun ; 4° un papier au chlorure ou au ni- trate d'argent trade par l'ozone n'a donne au contraire aucun re- sultat sensible; 5° le papier ordinaire ozone possede d'ailleurs toutes les proprietes des papiers insoles; 6° un papier ozone main- tenu quelque temps dans une eprouvette laisse de'gager une odeur qui n'est pas de l'ozone, mais celle d'une matiere essen- tielle ou d'une essence, d'ailleurs tres-diffusible. Que conclurede la? ajoutait M. Thenard. G'est que les phenomenes d'insolation decrits par M. Niepce sont des phenomenes chimiques, determi- 662 COSMOS. ne's directement par la lumiere, qui n'agit la que comme agenl intermediate. Posit I fs agramlis. La chambre solaire de M. Woodwards, que nous avons le pre- mier fail connaitre en France, que nous avons cbaleureusement defendue contre les critiques ou les reclamations de priorite dont elle a ete l'objet, vient de remporter le plus eclatant triomphe; elle est entree dans la pratique a la fois artistique et industrielle; etMM. Thompson, Bingbam, Harrison, qui l'ontimporlee, qui font fait leur, peuvent compter sur un grand succes de popularity et de vogue. MM. Mayer et Pierson ont fait disposer une vaste piece ou se font toutes les operations ; la chambre solaire est appliquee a la muraille; le iniroir, que Ton peut atteindre en ouvrant une petite lucarne et que Ton fait tourner sansouvrir, par un bouton, recoit au dehors les rayons du soleil et les renvoie dans l'appa- reil optique qui seul eclairc l'appartement, veritable chambre noire. Un ecran mobile, place en face de l'objectif, glisse sur des rails en bois; on l'approche ou on l'eloigne, suivanl que 1'image a obtenir doit etre plus ou moins grande. Comme les yeux voient 1'image directement, qu'ils peuvent d'ailleurs s'armerd'une loupe, la mise au point est extremement facile et precise ; le papier sensible estetendu sur uneglaceque Ton applique contre l'e'cran. MM. Mayer et Pierson ont choisi pour papier sensible le papier negatif, qui s'impressionne en quelques secondes, de 2 a 15. On peut au reste diriger a volonte l'operation en masquant pendant l'exposition les parties qui tendraient a s'impressionner trop rapidement. Les portraits ainsi obtenus grandeur nature , quand il s'agit du buste seulement; demi-nature, s'il s'agit d'une representation en pied, sont, comme les reproductions de M. le comte Aguado, dignes de prendre rang parmi les resultats" les plus complets que les proce- des photographiques aient donne's jusqu'ici. Le modele est tel que les figures apparaissent en relief; les details tres-fins, les contours harmonieux, la vigueur extreme. Sa Majeste l'empereur a daigne poser pour le tres-petit negatif instantane qui devait servir a son portrait de grandeur naturelle, et elle a ete emer- veillee de ce nouvel et immense progr6s du bel art qu'clle a taut encourage. Quelques jours auparavant, M. Edouard Delessert avait fait mettre sous les yeux de l'empereur un tour de force bien plus COSMOS. 663 extraordinaire encore , execute do meine avec l'appareil Wood- wards. C'est un portrait en pied et de grandeur naturelle sorli d'une toute petite carte de visite. Pour se dispenser de manier une (jpreuve de deux metres de long sur un metre de large, M. Deles- sert opere sur trois feuilles qu'il e'tend l'une apres l'autre sur l'e- cran. Comme les feuilles sont preparees dans le mfime bain, qu'elles recoivent la meme image lumineuso, on obtient sans peine aucune que les trois images aient identiquement le meme ton et la meme nettete, de sorte que quand on les superpose en- suite, et qu'on les colle pour n'en plus faire qu'une, les raccords sont completement invisibles. Plusieurs portraits semblables, sortis du laboratoire de M. Delessert et exposes dans une vitrine de M. Giroux, ont excite une admiration euthousiaste ; cbacun criait a l'incroyable, a 1'impossible ! Nous avions done mille Ibis raison quand nous nous obstinionsa voir dans la cbambre solaire de M; Woodwards une veritable creation ; et coinbien les artistes intelligents cites au debut de cette note doivent s'applaudir de l'avoir si spontanemeut comprise et adoptee. Quel dementi aussi donnea ces tristes paroles do M. de Lamartine : « Le peintre no serait pas un createur s'il se bornait, comme un pbotograpbe, a calquer la nature, sans la choisir, sans la sentir, sans l'animer, sans l'embellir. Cette servilite me fait profondement mepriser cette invention du hasard, qui ne sera jamais un art, mais un plagiat de la nature par l'optique. » Nous plaignons vivement lc grand poete, si pour lui les chefs-d'eeuvre de la photograpbie nc sont pas des ceuvres d'art. Repertoire general de photographie pratique et methedique. M. Van Monckboven , dont le succes depasse toutes ses espe- rances, vient de faire paraltre sous ce titre la troisieme edition tres-perfectionne'e de son Traite general de photographie. Que pourrions-nousdire de cette ceuvre veritablement classique, mar- chant toujours du connu a l'inconnu, analysant philosophique- ment et experimentalement les causes avant de deduirc leurs effets, qui n'ait deja ete dit mille fois? Apres une large part faite a la tbeorie, l'auteur traite tour a tour de la photographie sur col- lodion, sur papier positif ou negatif, sur plaque, sur albumine, sur collodion albumine , de la gravure heliographique et des autres applications de cet art magique entre tous. 66.'» COSMOS. II reserve pour une autre publication Fetude complete de l'ac- lion chimique de la lumiere. Rien n'a ele publiesur la photogra- phic sans que M. Van Monckhoven l'ail lu et relu, l'ait compris, se lc soit assimile, l'ait reproduit dans cc qu'il avait desubslan- tiel et de vc'ritablcment utile. Son repertoire est done un livre vraimentunivcvsel; s'il ne dispense pas Jes maitrcs de la science ou de Part de recourir aux sources originales, il cxclut,pour les praticiens de profession ou amateurs, tout sentiment de regret, en raison de l'impossibilitd ouils sontde refaire cet immense tra- vail de compilation, de coordination, d'elucidation, dissimila- tion, de vulgarisation. Sachant combienles figures bien execute'es aident a Fintclligence du texle ; M. Monckhoven n'a rien neglige pour que les dix planches de son atlas representassentiidelement, artistiquement, agreablement, tous les objels essentiels qui de pres ou de loin se rattachent a la photographic: epreuves posi- tives et negatives, netles ou voilees, noires ou colorees; appareils d'optiqueou de laboratoire, etc., etc. ACALEMIE DES SCIENCES. Seance du lundi 18 juin 1SG0. M. Biot, aPoccasion del'important travail deM. Regnaultsur la force elastique des vapeurs, travail dans lequel se trouve rappele'e sa formule d'interpolation a deux exponentielles et a cinq cons- tantes, annonce qu'il a quelques observations a presenter, et pour donner a ces observations une plus grande utilite, il de- mande a les renvoyer a la seance prochaine. — M. Flourens, au norn de 31. Chasles absent, presente une suite a ses reherches sur les surfaces homofocales, dans laquelle il enumere les conclusions des quatre tbeoremes generaux qu'il a deja deduits de sa theorie. — M. Dumont, cure de Vergenne, avail ecrit a l'Academie qu'il tenait a sa disposition une sorte de pierre ou caillou ayant la pro- priete de conscrver tres-longtemps la chaleur qu'on lui a commu- niquec. Sur la reponse qui lui a etc adresse'e, il envoie trois de ces cailloux qui ne semblent etre que des galets roules. Or, Ton sait depuis longtemps qu'en effet les galets se refroidissent tres- lentement. — M. le docteur Poggioli adi'csse trois observations nouvelles COSMOS. 665 de nevraigies trifuciales et intercostales tres-rapidement gurries par sa methode d'applicationde l'electricite statique. — M. Pappenbeim revient encore sur la grave queslion dela tu- berculisation des poumons. — M. Joly, de Toulouse, a rencontre un Iroisiemc cas de mons- truosite fissipede, e'est-a-dire de solipede, preseniant deuxdoigls; e'est encore sur un mulet, et l'anomalie se presente toujours au membre anlerieur. L'habile anatomiste s'est assure de nouveau que cbez les animaux monodaclyles le doigt et l'os correspon- dants, en apparence uniques, soul reellement doubles et sont lc resultat d'une veritable soudure. — M. Benard a rencontre dans l'ouvrage de l'abbe Berlbolon sur l'electricite des vege'taux, des observations curieuses qui, au moment actuel, presented un grand inleret. II s'agit des elFets produits par l'electricite sur des vers a soie a l'etat de graine ou a l'etat de vers ; effets qui consistent dans un accroissement de vigueur vraiment remarquable, un developpement beaucoup plus rapide. Les observations du savant abbe avaient ete confir- mees par Acbard d'abord, parCbaussier ensuile; etl'insertionde ce passage remarquable dans les comptes rendus serait peul-etre utile aux sericiculteurs. Coincidence singuliere, a la fin de la seance, M. Claude Bernard a communique une experience toule re- cente, dont la conclusion serait lout a fait conforme aux assertions de l'abbe Berlholon. M. Hippolyte Sauvageon, dans, une masse de ■vers tres-affaiblis et qui avaient passe avec difficulte leurs pre- mieres mues, a pris cinquante-trois vers; dans l'intervalle de la troisieme a la quatrieme mue, il leur a applique l'electricite, et aujourd'hui il est en possession de cinquante-trois beaux cocons. Le reste des vers a si mal traverse la quatrieme mue, que unlle d'entre eux ne donneront peut-etre pas cinquante-trois cocons comparables a ceux des vers electrises. Nous regrcttonsviveuient de ne pouvoir pas iudiquer des aujourd'bui a nos lecteurs de quelle maniere l'abbe Bertbolon et M. Sauvageon ont applique relectricite aux vers. — M. Georges Poucbet communique une observation recueillic par lui a l'Hotel-Dieu de Rouen et qui confirmc l'asserlion de M. le docteur Peney, sur la cicatrisation des plaies dansle Soudan egyptien. II s'agit d'un negre atleint d'un abces grave a la face pabnaire de la main gaucbe. L'epiderme noir tomba et celui qui lui succeda apparut d'abord blanc, d'un blanc mattres-pur; il prit bientot une teinte rose"e et passa au brun terne, sans rede- 666 COSMOS. venir noir. M. Flourens a cru devoir se montrcr un peu severe envers le jeune observateur; sa note prouve trop qu'il n'est pas assez au courant dc !a question qu'il aborde; les casdu genre de cclui qu'il signale ne son t pas vares ; il semble ne pas savoir que chez les negres mGmes l'epiderme est blanc et transparent, que la coloration est tout enliere dans la couclie pigmentaire placee a une cerlaine profondeur au-dessus de l'epiderme , et que la coloration de la paume des mains est tres-legere en compari- son de celle du visage et du dos de la main. A cette occasion, M. Flourens rappelle une anecdote assez piquante. Personne n'a plus rassembledemateriaux etn'a plus ecritsur la race noire que l'illustre Blumenbach; il arriva dans l'un de ses voyages a Lon- dres qu'on lui presenta le celebre acteur Kean, qu'il avait vu jouer le rfile d'Othello dans le grand drame de Shakspeare. Heureux de se trouver en presence d'un si bon juge, Kean de- manda a Blumenbach s'il avait repre'sente au naturel le type et le caractere de l'Africain.— Vousavez non-seulement,reponditlespi- rituel naturaliste, imite parfaitement la nature; vous l'avez outre- passee ; pour simuler les mains d'Othello, je vous ai vu mettre des gants noirs, sans doute parce que vous ignoriez que chez les negres la paume des mains est presque blanche. — M. Dumas, qui n'esperait pas assister a la seance, transmet une note de M. Cambaceres, l'homme qui en France a peut-etre etudie le plus longtemps et le mieux la question si interessante de la saponification des acides gras, leur solidification etleur trans- formation en bougie stearique. M. Cambaceres a decouvert qu'en substituant a l'acide nitreuxou a l'acide nitrique concentrd, dans l'ope'rationqui precede la saponification, de l'acide nitrique dilueou etendu d'eau, et aidant Taction de l'acide par un contact prolonge sous l'influence de la cbaleur, on augmente dans une proportion considerable la quantite du corps gras qui passe a l'etat solide. Cette observation toute nouvelle deviendra peut-etre dans la fabri- cation des acides gras une source d'economie considerable. — M. Zanba annonce qu'en outre des cinq cavernes ou grottes a ossemenls que l'on sait exister en Sicile depuis le xive et le x\T siecle, il en a decouvert, en 1851, deux autres dont l'exis- tence etait comple'tement ignoree. Ces deux grottes, appele'es l'une la grotte Perce'e, l'autre la grotte de Saint-Theodore, sont situees dans les environs de Palerme; elles renferment des os fossiles de mammiferes, de pachydermes, de rongeurs, d'oiseaux, de reptiles, etc. Ces os ont e"td vus par notre celebre paleontolo- COSMOS. 667 giste M. Lartet, qui a reconnudeux especes de bceufs, une espece de cheval, des hippopotames , etc. , etc. On a cm pendant des siecles en Sicile, comme presque partout ailleurs, que les os des grottes etaient desos de geants, et que ces geants avaient ete les premiers habitants de File ; a ces os sont meles quelques restes d'industrie humaine. — M. Favre et un collaborateur dont le nom nous ecbappe adressent un memoiresurlesaffinite's chimiques, question tout a fait a l'ordre du jour. — M. Pouchet pere, vraiment infatigable , et qui ne s'arretera que lorsqu'il aura fait partager ses convictions inebranlables, adresse une longue serie d'experiences sur les corps introduits par l'air dans les organes respiratoires des animaux. II a cboisi pour principal sujet de ses etudes les oiseaux, parce que d'une part ils sont raieux plonge's dans le milieu atmospherique et qu'ils res- pirentlibrement; parce que del'autreleurs poumons sont perce's et en communication avec le systeme osseux. Dans les poumons el dans les canaux medullaires, il a trouve ce qu'il trouve dans l'air : 1° de la fecule sous deux formes , fe'cule normale colorable par l'iode, lecuie deja coloree ; 2° des corps menus, debris de plantes, de tissus, etc., etc. Chez un paon, les corpuscules cons- litues en grande partie de debris de soie blanche, rouge, verte, temoignaient du luxe des habitations quilui donnaient 1'hospita- lite. Mais la conclusion capitale de ces experiences s'etendant aux poumons des oiseaux, des mammiferes, de l'homme lui-meme ; c'est que M. Pouchet n'y aurait pas decouvert les pretendus germes des prolo-organismes, ceufs, seminules, spores, ou que du moins il les y aurait rencontres en quantites infiniment petites, hors de toutes proportions avec les multitudes d'etres or- ganises qu il voit apparaitre au sein des vases qui lui servent dans ses experiences d'helerogenie. — M. Des Murs fait hommage a 1'Acade'mie de son Traite gene- ral d'oologie ornithologique, dedie a la me"moire du prince Charles Bonaparte, l'illustre auteur du Consjieclus avium. — M. Figuier presente le troisieme volume de son Histoire du merveilleux, consacrespecialement au magnetisme animal. Parmi les documents precieux que ce volume renferme, M. Flourens signale d'abord le celebre rapport de Bailly sur Mesmer et le mesmerisme, rapport qui fait honneur a la fois, dit-il, a son sa- vant et judicieux auteur, a l'Academie des sciences, au bon sens francais ; puis une lettre tres-eloquenle par laquelle Bertholel 668 COSMOS. proteste avec energie contre toute participation de sa part aux jonglerics du mcsmerisme. — M. Laugier lit an rapport tout a fait favorable sur un mg- moire presente, dans la seance dd k novembre 1859, par M. Laus- sedat, capitaine du genie, professeur de topographic a l'Ecole po- lyteclmique, sur l'applicalion de la photographie a la levee des plans, surtout dans les reconnaissances militaires. II rappelle comment M. Laussedat avait ete" amene* a subslituer tour a tour a la plancbette ordinaire, d'abord la chambre claire qui simplifia les operations et les rendit plus exactes, puis la chambre obscure de la photographie bien plus expeditive , plus fidele que la chambre claire, et qui devient non moins facile dans la pratique quand on a recours au collodion sec de M. Quinet ou autres. Les essais faits avec les deux melhodes de M. Laussedat, chambre claire et chambre obscure, ontprouve que ces deux instruments, le dernier surtout, pouvaient remplacer avec avantage la plan- cbette et le theodolite , au moins en ce qui concerne les recon- naissances militaires; elles ont recu l'approbation du comite des fortifications, et elles sont tres-dignes de l'approbation de l'Aca- demie des sciences. Ces conclusions sont adoptees. — L'Acade'mie procede a la nomination d'un correspondant dans la section de zoologie et d'anatomie compare'e, a la place de M. Ehrenberg, devenu associe etranger. La section de l'Aca- demie , sur le rapport de M. Milne-Edwards, avait arrete la liste suivante de candidats : En premiere ligne, M. Nordmann a Hel- singfors (Russie) ; en seconde ligne, ex aequo, et par ordre alpha- be tiquc , MM. Dana a New-Haven (Etats-Unis d'Amerique) , M. Delle Chiaje a Naples, M. Purkinje a Pragues, M. Siebold a Munich, M. Van Beneden a Louvain. Au premier tour de scrutin, M. Nordmann estelu correspondant par trente voix contre douze obtenues par M. Purkinje. Nous avons constate avec bonheur que l'Academie tout entiere etait tres-favorablement disposee en fa- veur de notre illustre ami, M. Purkinje, quetous le proclamaient grandement digne de figurer sur les listes de l'lnslitut, auquel son nom fait reellement defaut; que s'il n'etait pas nomine cctte fois a une grande majorite, e'est parce que l'Academie avait deja ouvert son sein a deux cmbryogenistes ; mais que sur la premiere liste de candidats, il figurerait certainement au premier rang. — M. Le Coq,de Clermont-Ferrant, correspondant de l'Acade- mie, lit une longue notice sur une nouvelle espece de spongille COSMOS. 669 d'eau douce, de'couverte par lui dans le lac de Palein, Puy-de- D6me, et analogue, qnoique reeliement differente, aux spongilles des grands lacs da nord. Cette spongille s'allache surtout aux branches d'arbre qui sont restees longtemps submergees dans les eaux dulac. M. Le Coqen a fait une etude tres-approfondie et si- gnale un grand nombre de particularile's tres-remarquables de son organisation ; il decrit tour a tour la matiere glaireuse qui est le fond de sa substance, ses stipules, ses corpuscules repioduc- teurs , sa vie generate et la vie individuelle des innombrables globules qui floltent dans sa masse encliaines sans autres liens par la matiere glaireuse. — M. A. Lagreze-Fossat lit une note sur le travail respiratoire du nuphar luteum, Sm. Lorsque les feuilles du nuphar luteum s'elevent du fond de l'eau, leurs bords sont recourbes du cdte de la face snpe'rieure, de maniere a former une sorte de cornet qui s'ouvre d'autant plus qu'il se rapproche davantage de la surface du liquide. Le 13 avril dernier , M. A. Lagreze-Fossat ayant remarque a Moissac, dansun bassin de son jardin, une feuille de cette plante dontles bords etaient recourbes en sens inverse, c'est-a-dire du cote de la face interieure, et observe, en meme temps, que cette disposition anormale determinait la reunion en une seule de toutes les bulles d'oxygene produites par cette face inferieure, a profite de cette circonstance favorable pour doser l'oxygene ex- pire en un temps donne. La face inferieure d'nne feuille de nuphar luteum produit en une heure \h millilitres, 16 centiemes d'oxygene, et 16 centili- tres, 992 centiemes en douze heures. Or, comme un pied de nu- phar luteum, est compose, en moyenne, de quinze feuilles, il en resultequ'un individu de cette especc verse dansl'atmosphere, du ler mai au ler septembre, 267 litres, 62 centilitres d'oxygene, par la face inferieure de ses feuilles, et 535 litres, Ik centilitres, si Ton admet que la face superieure fonctionne dans le memo temps, ce qui ne parait pas douteux, avecune activite semblable. Comme consequence pratique de cette objection, M. A. Lagreze- Fossat conseille de multiplier le nuphar luteum, dans les marais que Ton ne peut dessecber, afin de modifier le plus possible la composition de l'atmosphere qui les environne. — M. Edmond Denis, physicien-amateurde Nancy, adresse une note sur la pile a plomb ; elle est renvoyeea 1'examendeMM. Des- pretz et Becquerel; mais M. Becquerel se recuse parce que, 670 COSMOS. comme nous I'avons (lit, il se croit en droit derevendiquer, pour lui ct son Ills, la priorite de decouverle et de construction de la pile au sulfate do plomb. Nous regrettons que M. Denis ne nous ait pas donne communication de sanole. S'agil-il de la pile a sul- fate de plomb de M. Marie Davy, ou de la pile secondare a lames de plomb de M. Planted Nous ne saurons le dire qu'apres que les comptes rendus auront publie , s'ils la publient, la note de noire ancien correspondant. — M. B. Corenwinder lit un resume de ses etudes sur les mi- grations du phosphore dans les ve'getaux : « 1° Les plantes dansleur jeune age donnent toujours des cen- dres riches en acide phosphorique. Apres maturity des graines ou des fruits, la tige et les feuilles n'en contiennent plus qu'une faible proportion. Ces faits sont en harmonie avec les observations de Saussure, celles de M. Garreau de Lille et les miennes. J'ai remarque" meme que lorsquc la vegetation d'une plante s'est accomplie dans des conditions regulieres, c'est-a-dire lorsque toutcs les graines ont atteint une maturite complete, la tige, les feuilles, les racines, ne renfermentplus d'ordinaire aucune trace d'acide phosphorique (1). 2° L'acide phosphorique existe dans les vegetauxen combinai- son intime avec la matiere azotee. En dissolvant celle-ci par l'eau ou d'autres reactifs, on dissout en meme temps les phos- phates; on les fixe, au contraire, si on coagule les substances albumino'ides en plongeant les vegetaux dans l'eau bouillante. 3U Les organes des plantes ddpourvus d'azote et impropres a l'alimenlation paraissent egalement depourvus de phosphates. On ne trouve pas de traces de cessels dans le pericarpc ligneux de certains fruits, lels que les amandes, les noisettes, les noix, elc, dont la cendre est composee en grande partie de silice et de chaux. U° Les matieres vegetales excretees par les plantes ne contien- nent pas le plus souvent d'acide phosphorique. Au moins peut-on affirmer ce fait pour la manne et la gouime arabiquc. Celle-ci, d'apres certains auteurs, renferme des traces d'azote etde phos- fi). II ne landrail pas conclure de cetle phrase on d'autres analogues, que j"af- lirme que I acide phosphorique ou plulot les phosphates prcexistent dans la plante. L'elat sous lequel le phosphoie se liouve dans la malicrc. vivanle est pour moi un pro- bleme dont la solution est encore hien eloignee. COSMOS. 671 phates, mais on doit considdrer leur presence comme accidentelle et resultant de l'impurete du produit. Si on considere done la gomme ou la manne comme des matieres excrementitielles, on peut admettre que tout le phosphore a ete" absorbe dans la nutri- tion vegetale. 5° On saitqu'enbroyantdejeunes plantes, desracines, tellesque betteraves, carottes, navets, etc., et en lessivant la pulpc avec de l'eau, on obtient la fibre vegetale contenant encore la pectose et les matieres incrustantes. Par cette operation, on enleve avec les principes proteiques tout 1'acide phosphorique; car il n'en reste pas sensiblement dans les cendres du tissu cellulaire ou fibreux, qui sont formees en grande partie de silice etdecbaux. Le sque- ette des plantes ne doit done pas sa solidile a des phosphates comme celui des animaux superieurs. Les feuilles seches qui ont sejourne pendant l'hiver dans les ibrets, donnent des cendres riches en fer, silice et chaux, mais depourvues d'acide phosphorique. 6" Les plantes marines qui croissent surles roches contiennent notablement de phosphates. Ce fait a ete annonce aussi par d'au- tres observateurs. Le plus souvent elles ne peuvent puiser ces sels que dans la mer, et cependant aucune analyse connue n'y signale sa presence. J'ai vainement cherche aussi 1'acide phosphorique dans l'eau de la mer du Nord et meme dans des croutes de gencrateurs de bateaux naviguant sur la Manche etsur l'Ocean. Dans la mer et meme dans les cours d'eau, les phosphates doivent se trouver, cela n'est pas douteux , en combinaison avec ces matieres azo- tees, transparentes, debris d'organismes detruils, qui echappent, par leur tenuile, a nos moyens d'analyse, mais dont l'existence au moins n'est pas douteuse. 7U Le pollen des fleurs, les spores des cryptogames. contiennent des proportions considerables d'acide phosphorique. Aucune graine ne donnc des cendres qui en renferme davantage que le pollen du lis (liliam candidum). II est remarquable que°les cen- dres de la liqueur seminale des animaux sont e'galement riches en phosphates, comme l'a observe Vauquelin, ct ce qui ajoute a 1'interet de la remarque, e'est que les caracteres chimiques des cendres de pollen et de celles de la liqueur seminale sont a peu pres identiques. — M. Hermite depose sur le bureau avec des eloges plus expli- cites encore, et avec une demande plus pressanted'insertion, une 672 COSMOS. suite des recherches du R. P. Joubert sur lesfonclionselliptiques et leur application a la theorie des nombres. Jamais correspon- dant etranger , jamais raeme membre titulaire de l'Academie des sciences n'a ete traite avec antant de faveur, et nous nous en re'- jouissons, que ce jeune et savant jesuite ; le nombre des pages accordecs a ses recberches ddpasse de pins du double le nombre fixe par le reglement pour les academiciens eux-memes. — M. Babinet, au nom de M. Daguin, professenr de physique a la Faculte de Toulouse, communique une observation de halo solaire faite le 31 mai 1860. Les halos solaires sont bcaucoup plus rares que les halos lunaires, par la raison toute simple que la chaleur solaire fait fondre les prismes de glace qui donnent naissance aux halos. Le diamelrc du halo observe par M. Daguin a varie de U0° 50' a 43° ; le chiffre thdorique est 22°, pour le petit halo, hh ou 46 pour le grand ; M. Babinet attribue ces variations a l'eau qui coule a la surface des glacons quelquepeu fondus. La lumiere du halo etait si fortement polarisee par refraction, qu'une plaque de tourmaline I'eleignait presque entierement; M. Daguin a ete frappe de l'obscurite qui regnait a l'interieur du halo, mais M. Babinet fait remarquer qu'elle n'a rien d'extraordinaire ; on retrouve cette meme obscurite dans l'interieur des arcs-en-ciel. Comete visible a IVmI du. Mardi 19 juin, M. le baron de Marguerit, udele abonnc du Cosmos, chef d'escadron d'etat major, au camp de Chalons, vers dix heures du soir, apercut, dans la constellation ;du Cocher, entre la Chevre et les Gemeaux deja couch e"s, une comete diffici- lement visible a l'oeil nu, mais parfaitement visible avec une lor- gnette de spectacle. Le noyau est tres-nettement termine ; la queue est dirige"e de has en haut, presque verticalement, dans la direction de l'e'toile metres au-dessus de Habitation de Rhisne , ou j'elais, « ait etc frapper la ferme de Flawinne, en tracant un sillon lumi- « neux Ires-incline a l'horizon? Alors l'audilion del'eclat du ton- (i nerre aurau1 pu succeder a l'eclair apres deux sfcondes, comme « je l'ai observe, parce que la plus courte distance du sillon ful- (( minanl au lieu d'audition cut ete egale au double des 3fr0 me- (i tres que le son parcourait en une seconde. Mais si telle etait la « cause de la difference signalee, le bruit du craquement de la « foudre aurait du persister pendant 13 secondes environ. Jen'ai « rien observe de semblable : la foudre produisit un bruit sec « tres -fort, mais de courte dure'e. II fut suivi de roulements de a tonnerre assez prolonges. » a Ce qui rend cette supposition tout a fait impossible, comme je le dis plus au long, c'est que M. Raucoux, cure de Temploux, village silue a 1'ouest de Flawinne, entendit le craquement de la foudre deux secondes aussi apres avoir vu la lueur de l'eclair. Or, le presbytere de Temploux se trouvant a 5 030 metres de la ferme incendiee, et a k 030 metres de Rhisne, on ne peut ad- meltre, en presence des temps evalues a Temploux et a Rhisne, que l'eclair eut emane d'un nuage au-dessus de l'un de ces vil- lages, ni meme entre ces deux localites, vu leur eloignement. « Je ne puis done admettre ici Implication de M. I'abbe Rail- lard, qui revient evidemment a celle que j'ai examinee. « Vous avez reproduit dans voire premier article du 16 mars les faits que j'ai signales avec toute la precision desirable, en les restreignant toutefois a 1'etendue que comporte votre estimable journal. J'ai cependant regrette, monsieur, que vous n'ayez pas cru devoir donner place a la remarque suivante, contenue dans ma notice. Dois-je en conclure qu'elle n'a point l'importance que jelui ai accordee? Dans sa notice sur le tonnerre (p. 83, Notices scienfiques,t. I), Aragodit: « En consultant mespropres souvenirs, « je suis certain de rester dans les limites de la verite, je me flatte , qu'on pourrait appeler sulfurant, donnat une stabilile tres- grande et des tons tres-riches. ACADEMIE DES SCIENCES. Seance du Iwidi 25 jmn I860. M. le marechal Vaillant, apres une longue et glorieuse anne'e d'absence, vientreprendre son modeste fauteuil et recoit les feli- citations empressees de ses plus illuslres collegues. - M. Jules Cloquet presente al'Academie, de la part de M. Be- noit, professeur a Montpellier, deux opuscules recemment publies. Le premier est relatif aux bons resullals obtenus de la melhode dite arabesque dans le traitement de la syphilis invetdree et des affections congeneres. Cette melhode, dont un medecin arabe donna, il y a plusieurs annees, la formule a un medecin de Mar- seille, consiste essentiellement dans l'administration de pilules d'opium et demercure eteint, et dans un changement de dieteou de regime. La nourriture du malade se compose presque exclu- sivement de galettes, d'amandes, depruneaux, avecdel'eau pure pour boisson. Le nombre des cas dans lesquels ce traitement s'est montre efficace est deja tres-considerable. Le second opuscule a pour objet une operation d'autoplastie pratiquee sur une main qu'une brillure grave avait complement estropiee et defiguree; les doigts, reunis par la cicatrisation, ont tHede nouveaudejoints et la main a recouvre sa souplesse. COSMOS. 683 — M. Cloquet offre en outre, au nom de M. le docteur Pean, une monographie complete des maladies de l'epaule, comprises, generalement, sous lenom de scapulalgie. L'auteur n'a rien oublie de ce qui cdncerne les causes, les symptomes, le traitementet la guerison de ces affections graves, en y comprenant l'amputation scapulaire, et la resection ou ablation de plusieurs portions le'sees du scapulum ; le texte de cet important ouvrage est enrichi de 23 planches dessinees sur nature avec le plus grand soin. — M. Despretz presente et decrit en quelques mots le nouveau chronographe a pendule d'induction par lequel M. Martin de Brettes mesure d'une maniere tres-simple la vitesse, aux divers points de sa course, de la balle lancee par un fusil. L'appareil consiste essentiellement dans un cadre rectangulaire devant lequel oscille un pendule en rapport avec le courant d'induction d'une machine de M. Ruhmkortf. Le pendule porte une pointe, laquelle, entrainee par un petit electro-aimant, chaque fois que le courant est elabli ou cesse, que le circuit est ferme ou rompu, penetre a travers une feuille mince de papier, atteint une surface metallique recouverte par la feuille, et y trace un point rond tres-visible. Deux cibles a reseau de fil de cuivre ou de fer sont placees sur le trajet de la balle, l'une a droite, l'autre a gauche du point auquel on veut mesurer la vitesse. Un courant mis en jeu par la detente meme du fusil determine l'impression sur la plaque d'un premier point qui indique la position iniliale de la tige du pen- dule ; deux autres points, determines par la rupture des fils des deux cibles, donnent les deux positions de celte meme tige au mo- ment precis ou ces cibles ont ete frappees par la balle; les angles compris entre ces trois positions joints a la duree connue de l'os- cillation du pendule, foumissent les elements necessaires au cal- cul tres-simple de la vitesse. L'appareil, acquis par le comite d'artillerie, a deja fonctionne en presence du general directcur du comite, de M. Becquerel, de M. le general russe Constantinoff, qui le premier fit construire en France un chronoscopeelectrique, et a dcpuis grandement perfectionne ce genre d'instrument. Les resultats de l'experience ont ete" tres-satisfaisants, et l'habile professeur de 1'Ecole d'artillerie de la garde imperiale a Versailles a recu les compliments qu'il meritait, en raison del'extreme sim- plicite de son appareil. M. Martin de Brettes a voulu que M. Despretz remerciat pu- bliquement en son nom M. Ruhmkorff du desinteressement et de ask cosmos. l'obligeancc avec lesquels il a mis a sa disposition son temps et ses instruments. — M. Doat, physicien amateur tres-distingue et tres-zele, que nos lecteurs coimaissent deja par sa nouvelle pile a iodure de mercure, dont on aurait obtenu de plus excellenls resultals si on avaitsu la manier avec la meme babilete que son auleur, avait prie M. Despretz de communiquer en son nom des experiences tres-curieuses que plusieurs des physiciens de l'Acaddmie ont suivies avecbeaucoupd'interet. II s'agit au fond, ce qui n'a jamais ete fait encore, de meltre en evidence les mouvements produits par 1'electricite ou les electricites que l'affinite cbimique met en jeu, en plarant en presence, dans des conditions nouvelles, les acides et les oxydes qui doivent donner naissance a un sel. M. Bo;it monire quel'altraction de l'oxyde est tantot preponde- ranle ou plus forte, tanldt deftciente ou plus faible; ou, ce qui revient au meme, que e'est tantot l'acide qui va trouver l'oxyde, tantot l'oxyde qui va trouver l'acide. II croit avoir decouvert en outre que la preponderance d'attraction de l'acide ou de l'oxyde est en rapport direct avec le mode de crystallisation du sel, qui se monlre sous forme d'aiguillcs, sous forme de tables polygonales, ou sous forme de grains paleux. Mais laissons M. Doat nous ou- vrir lui-meme l'enlree de cet ordre des phenomenes compleie- ment imprevus, et le jeu de ce qu'il appelle son rbeoscope gal- vanique: « L'oxperience nous ayant demontre qu'il y avait production d'electricile toutes les fois qu'il s'operait une combinaison entre deux corps, je me suis attacbe a recbercher s'il ne se produisait pas, principalemenl entre les acides et les oxydes dont les affinile's sont si puissanles, un mouvement d'attraction au moment ou leur combinaison va s'effectuer. Les acides tres-puissants reagissent trop rapidement et les acides trop faibles ne produisent que des effels incomplels, les acides intermediaires, principalementl'acide acetique, donnent le meilleur resultat. Les oxydes doivent etre mis en presence des acides, a l'dtat naissant; ce qui oblige a recourir aux amalgames, a ceux surtout produits par la pile, parce qu'ils sont tres-bomogenes. Les prin- cipaux amalgames que j'ai employes sont ceux de plomb, de cad- mium, dezinc, de sodium et d'etain. Je place ces amalgames dans des capsules en verre Ires-evases et je suspends a 2 millimetres, sur la surface du mercure, un petit pinceau en fd de platine cu meme de coton, en ayant soin dele tremper dans l'acide acetique. COSMOS. 685 Les phenomenes qui se produisent alors peuvent etre divises en trois modes d'action : 1° Attraction par Vacide ; mouvement de Voxyde de la circonfe- rence au centre ; cristallisation en aiguilles. — Les oxydes de plomb, de cadmium, etc., forment avec 1'acide acetique des sels cristallisant en aiguilles; aussi, lorsqu'on tient suspendu 1'acide acetique sur le centre de l'anialgame, on voit une infinite de li- gnes formees par les molecules enlrainees par le courant electri- que qui se manifeste au moment de la combinaison , se diriger dela circonference du mercure vers son centre, e'est-a-dire, vers 1'acide acetique ; en meme temps un certain mouvement de repul- sion rejette en arriereet transversalement d'autres lignes, dema- niere qu'il est facile de reconnaitre comme un trace geometrique des lignes elementaires des cristaux en aiguilles. 2° Attraction par Voxyde; mouvement de Vacide du centre a la cir -conference ; cristallisation en cube. , prismes, stries et tables po- lygonales. — L'amalgame de sodium, ou seul, ou combine avec le bismuth, presente un phenomene complet d'attraction de 1'a- cide par l'oxyde. On voit 1'acide se diriger rapidement du centre a la circonference, sans aucune trace de repulsion de la part de l'oxyde. Les lignes qui se forment laissent sur le mercure une quantite tres-abondantede stries ou d'aretes triangulares, tellcs que seraient des lignes representant les dernieres limites de la decomposition des cristaux prismatiques ou cubiques. Nouspou- vons ranger dans celte deuxieme classe les phenomenes qui se produisent lorsqu'on opere sur l'amalgame de zinc; Taction, dans l'ensemble, se produit du centre a la circonference, mais quel- ques lignes semblent rentrer vers le centre. La cristallisation en tables polygonales parait provenir de ce mouvement. 3° Inertie ou equilibre de Vacide et de Voxyde ; absence de cris- tallisation.— Les amalgamesdont les metaux donnent des oxydes ne formant pas avec 1'acide acetique une cristallisation bien de- terminee, ou bien formant des sels deliquescents ou pateux, ne presentent, lorsqu'ils sont soumis a Taction de Tacide acetique en suspension sur leur surface, que des actions negatives comme l'amalgame d'etain ou bien un melange salin sans forme comme l'amalgame de potassium. Les phenomenes que je viens d'indiquer comme appartenant a la premiere classe provenant d'un double effet d'atlraction et de repulsion , je me suis applique a les mettre en evidence en ren- dant leur mouvement aussi lent que possible. L'amalgame do 686 COSMOS. plomb estle plus proprc a cet ordrc d'experience. Seulement, au lieu de porter l'acide acetique sur le centre de l'amalgame, je le mets en contact avec lui en placant l'acide a la circonference; il se forme un ties-beau disque d'oxyde de plomb qui prend un mouvement de rotation en laissant voir une se'rie d'attractions et de repulsions. L'acide acetique doit etre tres-affaibli. Lemeilleur est sans conlredit celui qui provient de l'acetate de plomb qui a servi a faire l'amalgame par la pile. » — M. Fremy, fait au nom de M. Filhol, de Toulouse, deux com- munications interessanles. La premiere est une etude complete des proprietes de la cyaninine, substance qui colore en bleu et en rouge un grand nombre de fleurs de la nature, et d'une nouvelle substance jaune, exlraite du safran. Dans la seconde, M. Filhol annonce qu'il a reussi a extraire des fruits de l'arbousier un prin- cipe immediat la para-pectine et un acide organique, l'acide metaleptique que M. Fremy avait deja rencontre's dans ses nom- breuses et savantes analyses des feuilles et des fruits. — L'eminent malhe'maticien russe, M. do Tcbebicheff, adresse ses remerciemenls pour l'honneur que l'Academie lui a fait en le nommant son conespondant. — M. Kuhlmann , correspondant, envoie pour les comptes rendus une note sur une nouvelle matiere colorante dont nous regreltons de ne pouvoir rien dire aujourd'hui. — M. Durocher, de Rennes, continue ses communications sur la climatologie et la geologie de l'Amerique centrale. — M. Le Coq, de Clermont-Ferrand, complete ses observations de la grandeespecede spongille. trouvee par lui dans le lac Pavin (Puy-de-D6me),et dont l'organisation est des plus remarquables. C'est un tissude spicules ou tubes transparents, allonges et amin- cis par les deux bouts, se touchant, se croisant de diverses ma- nieres, enloures d'une matiere glaireuse, se dirigeant en grand nombre a l'exterieur de la masse ; portant a leur base, au mois de septembre ou d'octobre, une immense quantite de globules d'un fauve assez vif, transparents, lisses ou herisses de quelques spi- cules, qui sont les organes de reproduction de cette spongille. Sa couleurgenerale est le fauve, comme celle des eponges marines, et non le vert couleur ordinaire des spongilles. Les spicules sont pleins sans aucun vide; on n'y decouvre pas les cristaux hexa- gonaux de silice ou quartz byperoxyde de M. Raspail ; mais leur tissu est siliceux et non calcaire comme dans d'autres especes : COSMOS. 687 ils laissent entre eux des vides ou oscules qui sont comme les ca- naux de sortie de I'eau. — M. FJiede Beaumont communique diverses observations de la comete, toutes posterieures a celles de M. le baron de Mar- guerit. — M. Jean Jacquet defend contre plusieurs astronomes mo- dernes l'explication des taches du soleil donnee par le grand Herschel. — M. Laugel, geologue tres-distingue, adresse un memoire sur la geologie du de'partement de Maine-et-Loire. II croit avoir de- termine avec une grande exactitude l'age veritable ou l'epoque de formation des plateaux siliceux de la Beauce, du Perche et de la Normandie. — M. Fonta, de Turin, envoie une etude geologique et paleon- tologique de la base calcaire des terrains myocenes du Piemont. — MAI. Vallee , pere et ills , demandent l'insertion dans les comples rendus d'une note rectiQcative ou interpretative des conclusions que M. Becquerel a tirees de ses experiences sur la temperature de 1'air, relativement a l'influence des bois sur le climai et la quantile d'eau fournie par les forets aux rivieres ou aux ruisseaux. — Dans la seance du 7 mai , M. Scboonbrodt avait annonce la possibilite de convertir le sucre en substance albumino'ide. II croyait, en outre, avoir entrevu que les substances albuminoides, la fibiine, l'albumine, la caseine et leurs congeneres, seraient de vrais nitrites des substances amyloi'des corresponciantes, la cellu- lose, l'amidon, la dextrine et le sucre. Frappe, disait-il, de l'ana- logie du rdle que jouent les substances albuminoides dans l'organisalion animale, avec celui que jouent les substances amy- loi'des dans l'organisation vegetale, et de la variation des quantite's de gluten dans les graines des cereales d'une meme espece, sui- vant que la planle a pu absorber une plus ou moins grande quan- tite d'ammoniaque , j'ai ete porte a supposer une grande connexite entre les substances amylo'idesetles substances albuminoides, et a cbercber a les convertir les unes dans les autres. Qnoique de date tres-re'cente, cette communication ou cette conjecture est deja parvenue au Canada, et M. Sterry-Hunt, qui, sans doute, etait entre dans la meme voie, adresse a son occasion quelques observations dont nous ne connaissons pas encore la portee. — M. le vicomte Du Moncel continue ses experiences sur les piles en serie. 688 COSMOS. — M. l'abbe Zantedescbi, de Padoue, met a la disposition des aslronomes et des physiciens plusieurs exemplaires d'une lettrc adressee parlui au direcleur de l'Observatoire royal dc Madrid, sur les pbenomenes de la couronne luiuineuse qui entoure le disque lunaire dans les eclipses totales de soleil, et des protube- rances rouges. Son but principal est de rappeler qu'il altribue la couronne a la luniiere rellecbie ou refrac Uie par l'atmospbere de la lune, opinion a laquelle se seraicnt rallies, plus tard, M. Faye et lc R. P. Secclii. « Alors meme , dit-il, que la lune n'aurait pas une atmospbere gazeuse, elle n'en serait pas moins cntouree d'une atmospbere de matiere tres-tenue produite par l'expansion ou la diffusion des molecules superficielles du corps lunaire ; or, celte derniere atmospbere suffit pour reflechir dans toules les direc- tions et polariser la lumiere solaire, de maniere a larendre \isible sous forme d'anneau ou de couronne aux yeux des observaleurs situes dans la zone cclipsee. J'ai eld assez heureux dans mes ex- periences pour reproduire et imiler dans une grande cbambrc obscure , avec de la poussiere ties-fine, la couronne de la lune, comme aussi la cbevelure et la queue des comeles, avec leur lu- miere polarisee artificiellement. >» — Nous profiterons de cette occasion et de la proximite de l'eclipse pour communiquer a nos lecteurs le resume d'une lettrc qui nous a ete adressee par M. le cbevalier Von Feilitzscb, pro- fesseur de pbysique a riJniversite de Greisswald, en Prusse. Dans un opuscule receinment public, le savant physicicn s'efforce de prouver que la couronne, les colorations et les protuberances rouges, observe'es dans les eclipses totales, sont des effets ou pbe- nomenes de diffraction et d'interferences , trouvant leur explica- tion naturelle dans les lois de l'optique moderne. Dans cette ma- niere de voir, les proeminences seraient tout a fait comparables aux coulem^s des fils minces ou des menus objets que rasent les rayons solaires; elles resulteraient de la diffraction que font subir a la lumiere du disque solaire les eminences et les creux du bord du disque lunaire; leur couleur rouge aurait pour raison le fait connu que la lumiere rouge, en raison de sa plus grande longueur d'onde, serait moins eleinte paries interferences snccessives, que les autres couleurs correspondantes a des longueurs d'onde plus peliles. Nous donncrons une autre fois le programme des obser- vations que M. Von Feilitzsch recommande a 1'allention des astro- nomes, et dont il attend la confirmation ou la negation de sa tbeorie. COSMOS. 689 — M. le docteur Papillon , medecin principal en retraite , avait adresse a M. Le Verrier, sur la theorie des coineles, une letire don I il fait aujourd'hui honneur a l'Academie des sciences. II a confiance dans sa theorie, d'autant plus qu'il n'arecours nia des hypotheses ni a des forces nouvelles. Sa note est tres-netle. « Un nuage dans le vide est 1'image dune comete; si l'astre e'tait lihre d'inlluences exlerieures, il conserverait la forme sphe- rique sous laquelle il nous apparait et le volume determine par l'antagonisme de ees propres forces de contraction et d'expan- sion; en approchant du soleil il s'enfle et se deforme. Les cometes sont loin d'acquerir la temperature qu'on leur suppose, attendu qu'elles ne s'echauflent point comme 1'almos- phere terrestre au contact d'un corps solidc, et n'absorbent qu'une minime proportion des rayons solaires dont Taction se fait principalement sentir au noyau. Une comete se partage,sous ce rapport, en deux regions sans demarcation fixe : l'une australe, ou la matiere s'echauffe, l'autre boreale, ou elle se refroidit. Quels que soient les envahissements de la region australe, la dilatation a une limile, parceque la force qui la produil s'epuise par son exercice; la gravite en triomphe par sa perseverance, et garanlit la stabilite du systeme du nionde en prevenant la diffu- sion des fluides elastiques dans l'espace. L'inegalite d'attraction qui allere sensiblement la sphericite de la surface liquide de la terre, produit sur une comete le rneme effet amplifle par lesdisposilious les plus favorables; l'astre s'al- longe dans la direction du rayon vecteur et le resultat apparent est le meme pour les parties les moins attirees que si elles etaient repoussees. Pour saisir la loi suivant laquelle la puissance de l'atlraction solaire decroit dans l'epaisseur d'une comete, il faut comparer les carrcs des distances. Soit, a un instant donne, D la distance au soleil de rextremile australe, D + n celle de rextiemite' boreale, D + l, D + 2, D + 3, etc., les distances interme'diaires. En re- trancliant D2 du carre dc chacun des autres termes, les differences form en t la serie que voici : 2D + 1, liV + h, 6D + 9, 5D + 16 In D + n2 II suit de ces differences que, si a raison de sa petitesse le noyau d'une comete n'est pas visiblement affecte" dans sa forme par l'inegalile d'attraction, il est derange de sa position centrale pour avancer a la place ou nous le voyons. 690 COSMOS. La figure des couches concentriques au noyau portel'empreinte manifests d'une degradation de la gravitd, et l'aplatissement de leurface auslrale n'a pas d'autre cause. L'extension meme la plus prodigieuse de la queue ne paralt pas dcfier le pouvoir de l'aitraction differentielle, quand on con- sidere qu'il a pour auxiliaire la force centrifuge, que reflet s'a- joute incessamment a ia cause, que n grandit a la fois en valour absolue et en valeur relative, enfin que les flots de matiere rare- fied se portent naturellenient vers l'extremite caudale, laquelle est en realite le c6te de la moindre pression. En effet, dans une atmosphere ou la gravitation heliocentrique 1'emporle sur la gravitation autocentrique, l'equilibre inlerieur veut que la densite decroisse moins du centre a la peripherie, que dulieule plusproche au lieu le pluseloignedu soleil. Le defautde coincidence du centre de gravite avec le centre de figure ne se- rait-il pas le secret de certaines anomalies du mouvementdes co- metes ; et les semblants de phases que presente le noyau ne sont- ils pas dus en partie a l'exces de densite d'un hemisphere sur l'autrc? Ghaque comete a sa physionomie qui change avec l'age et qui depend de sa constitution primordiale ou acquise, du climat qu'elle habite, des influences qu'elle subit. La multiplicity des queues, quand elle ne correspond pas a la pluralite des noyaux, les couches concentriques , les noyaux se- condaires proviennent sans doute de cette tendance a se grouper, a se stratifier, qui semble un attribut de la matiere rarefiee outre mesure et privee de ressort; e'est ainsi que les vesicules aqueuses s'amassent en nuages dans les bautes regions de l'air. Un gioupe de nouvelle formation peut se trouver relativoment a la masse principale dans des conditions telles, que l'inegalite d'altraction amene une solution de continuity, voila comment je comprends les dedoublements que l'histoire menlionne. Dans mon humble opinion, les lois connues suffisent pour ex- pliquer toules les circonstances du mouvement et de l'aspectdes cometes, sans excepter l'immensite de l'arc que deceit la queue, au mepris des lois de Kepler, pour doubler le soleil. Ceite anomalie n'a pas seulement une cause finale, elle doit avoir une raison mecanique semblable a la raison qui empeche une chaine pendue a un clou de s'infle'chir en oscillant. Au fait, une comete ne passe-t-elle pas au perihelie comme un pendule suspendu au soleil par le fil elaslique de la gravitation et soute- COSMOS. 691 nant une chalne, tendue par la force centriluge, tlont Ies anneaux se transmettent de proche en proche l'exces de leur vitesse vir- tuelle, pour regler leur mouvemenl sur celui du centre d'oscilla- tion? La simplicity de la cause l'aura dissimule aux yeux des as- tronomes eblouis par la grandeur du phe'nomene. » — M. Quetelet transmet une letlre imprimec de M. Maury, directeur de l'Observateur de Wasingblon, sur un projet de con- ference internationale, pour etendre sur le globe en tier le systeme des observations meleorologiques adopte pour la mer, dans la conference de 1853. Nous avons deja cite quelques lignes de cette lettre, nous la reproduirions integralement dans ce qu'elle a d'important, si M. Quetelet voulait bien faire faire pour le Cosmos un tirage a part des deux plancbes qui accompagnent la lettre. En attendant, voici la petite preface du savant directeur de l'Obser- vatoire deBruxelles: «On sail que legouvernementdes Etals-Unis avait fait, en 1853, un appel aux differentes nations maritimes du globe en vue d'unir leurs efforts et d'etablir un systeme unifonne d'observalions meteorologiqucs pour simplifier la navigation. M. Maury futle promoteur de ce vasle systeme, et Bruxelles le lieu cboisi pour point de reunion de la conference. Lesprincipales nations repondirent a l'appel ; les £lats-Unis, la France, l'Angle- lerre, la Russie, la Suede, la Norwege, le Portugal, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, envoyerent des representants. On sait quel fut le succes de cette premiere conference et les services im- niensesqui en sont re'sultes pour la navigation ; les trajets furent generalement abreges, quelques-uns meme du quart ou du tiers du parcours d'autrefois. M. Maury fait actuellement un nouvel appel aux differentes nations; il demande cette foisque cbacune d'elles envoie des delegues, pouretablir d'un commun accord un systeme universel de rcckerches meteorologiqucs sur mer et sur lerre, et pour generaliser les beaux resultats obtenus deja par quelques-unes d'entre elles. » Nous voyons par le resume de M. Maury, 1° que plus d'un million d'observations de la direction des vents, recueillies sur toute la surface desmers.ont permis de determiner pour des zones de cinq degres en cinq degres, depuis l'equateur jusqu'aux paralleles de soixante degres, la direction dominante des vents pour les quatre quarts on periodes de buit heures qui composent la journee de vingt-quatre beui es , et de representer sur un planispbere la direction normale des vents, dans l'atmospbere terrestre; 2° que Ton a mis completement en evidence une relation intime enlre la direction et 1'intensite des 692 COSMOS. vents et les hauteurs barome'triques : Deja M. Bujis- Ballot avait dit : La relation numerique qui exisle enlre les differences des hauteurs simultanees et la force du vent s'est confirmee pendant les deux dernieres annees, et la direction a cHe exactement pre- dile sans exception. C'est, dit M. Maury, que le vent de surface souffle tou jours du lieu ou se trouve une accumulation d'air vers celui ou l'air est plus rare. — M. Velpeau fait hommage des premieres livraisons d'un grand travail sur les accouchemenls entrepris par M. Lenoir, chirurgien tres-eminent de Paris, qui vient de mourir dans la force de l'Age et du talent. La distinction de ses manieres, la loyaute de son caractere, sa probite et sa delicatesse extreme avaient merite a Lenoir l'estime et l'affection de tons ses con- freres. Son but dans I'ouvrage qu'il n'a pu achever avait etc non une theorie complete du grand art des accouchements, mais la description exacle et la representation fidele, par la liihographie, de toutes les anomalies et difformites du bassin et des organes genitaux de la femme, de l'oeufet du foetus, de toutes les fausses positions sous lesquelles le foetus peut se picsenter, elc. , eic. — M. deQuatrefages communique des observations d'une tres- grande portee faites par M. lodocteur Balbiani. Ce savant micro- graphe a deja en l'honneur insigne de decouvrir la generation sexuelle des infusoires, que d'aulres physiologisles dont 1'Acade- mie a cependantcouronne les travaux n'avaientfait qu'entrevoir. Ses nouvelles observations onteu pourobjetla generation non plus sexuelle, mais par scissiparite de ces memos etres inferieurs; il s'est applique surtout a poser neltement les conditions clans les- quelles les infusoires doivent etre places pourqu'ilsse mulii[)lient par scissiparite. II a pris trois paramecia aurelia, et il a place la premiere dans une goutte d'eau pure; laseconde dans une goutte d'infusion propre a son de"veloppement; la troisieme dans quel- ques centimetres cubes de cette meme infusion. La premi6re n'a donne naissance a un second individu, en se divisant, qu'apres huit jours; la seconde apres dix jours avait procree dix-sept in- dividus; la troisieme enfin dansce m<5meintervalle de temps avait fait naiLre plus de deux mille paramecies nouvelles. La maniere dont M. Balbiani compte le nombre total des nouveau-nes par scissiparite est tres-ingenieuse : il prend un premier individu, le place dans un milieu appioprie et compte 1c nombre, cinquante, par exemple, de ses produits; il prend un de ces produils, 1'isole a son tour et compte de nouvcau le nombre des etres qu'il en- COSMOS. 693 gendre. II continue ainsi jusqu'a e'puisementcomplet, c'esl-a-dire jusqu'a ce que la generation per scissiparite cesse; car,et e'est la un fait capital, cette generation n'est pas illimitee; elle s'arretc et force est de revenir a la generation sexuelle. Ces observations si curieuses n'embarrasserout-elles pas quelque peu M. Pouchet? Deja M. Pasteur avait fait allusion a la generation par scissi- parite comme pouvant rendre compte dece fait, qu'il n'ya pas de proportion entre le petit nombre des gerraes de l'almosphere el le nombre immense des infusoires engendres au sein des solu- tions; la fin de non-recevoir opposee par le savant direcleur du musee de P.ouen, a cette possibility, ne nous avait pas salisfait. — M. Peligot depose une nouvelle note de MAI. Wurlz sur les propriele's de l'oxyde d'elbylene. Get oxyde est une veritable base organique sans azote, s'unissant aux cendres cblorbydrique, sulfurique, ace'tique, etc.; pour former de verilables chlorby- dralcs, sulfates, acetates, etc., monobasiques, bibasiques, triba- siques, analogues, par exemple, aux acetates de plomb ; de plus, la nouvelle base deplace les anciennes bases de leurs combinai- sons, etprecipite, par exemple, la magnesie,l'alurnine, le fer, etc. — M. Boussingault lit un long resume de ses dernieres expe- riences sur la terre vegetale, et l'assirnilation de l'azote par les plantes. Nousdonnerons, avec quelque etendue cette communica- tion dont les conclusions sont pour nous une veritable victoire. Le savant academicien a rencontre, presque au terme de son travail, un fait completement imprevu et qui l'a grandement in- trigue. II a constate que le sol dans lequel il avait fait germer ct se developper une graine de lupin, installe au sein d'une atmos- pberc confmee, contenait apres la vegetation achevee et malgre la petite quanlile d'azote absorbeeparlaplante,notablementplus d'azote qu'au debut de l'expe'riencc. Cet excedant imprevu d'a- zote ne doit pas etre considere comme le resultat, ou le produit de la vegetation, car on l'a retrouve dans un sol tout a fait sem- blable, place aussi dans une atmospbere conflnee, mais qui n'a- Tait recti aucune graine ; il faut done necessaircment l'atlribuer a une veritable nitrification, a l'absoi'ption par le sol d'azote qui se transforme tour a tour en ammoniaque d'abord, en acide ni- trique ensuite par oxydalion. Ainsi s'expliquent les quantiles considerables d'azote et de combinaisons d'azote dont MM. Way et Isidore Pierre ont constate la presence dans toutes les lerres, et qui augmente si nolablement quand la terre divisee reste a l'elat de jachere ; ainsi s'ecroule aussi le brillant ecbafaudage 6% COSMOS. sur lequel reposaicnt la theorie chimique des engrais et leur classcment, leur valeur intrinseque d'apres la proportion d'azote qu'ils ren Penmen t ; ainsi Ton comprend pourquoi des guanos qui ne contenaient qu'une l'aible proportion d'azote et beau- coup de phosphate soluble dans les acides faibles, comme les guanos des lies Backer et Jervis, imporles par M. Amoux de Ri- viere, sont plus fertilisants ou plus cfflcaces que les guanos am- moniacaux contenant une proportion enorme d'azote. M. Nere* Boubee a mille fois raison, ce n'est pas 1'azote qui rnanque au sol, ce n'est pas de 1'azote qu'il faut s'inquieler; mais bien des prin- cipes mineraux que les recoltes emporlent et que l'atmosphere ne rend pas. M. Boussingault a rappele en finissant que Lavoisier, de Saus- sure et autres avaient constate que la combustion de 1 hydro- gene en presence de l'air atmospherique donne naissance a une petite quantite d'acide nitrique; il ajoute qu'il s'est assure par des experiences positives que la combustion du carbone est sous ce rapport analogue a celle de l'hydrogene; elle s'accompagne aussi de traces d'acide nitrique. Ce qui a lieu pour des combus- tions actives a lieu sans aucun doute aussi, quoique dans des pro- portions plus faibles, pour des combustions lentes; et il est par consequent tout naturel qu'il se forme de l'acide nitrique dans le sol ou l'oxygene et le carbone sont sans cesse brutes. — M. Babinet donne quelques details sur les observations de la comete; nous en avons parte ailleurs. II apprend a la trouver dans le ciel ; il reproche assez durement aux compositeurs du Cosmos d'avoir appele etoile c sigma, l'etoile d delta de la Petite- Ourse , et d'avoir e"crit g et y sigma et gamma de la Grande- Ourse au lieu de g et y, beta et gamma. II nous avait ete impos- sible de voir l'epreuve de cette petite addition. — M. Liais signale l'apparition, au Bresil, de deux phenomenes meteorologiques interessants. L'un est une serie de courants d'air chaud et de courants d'air froid, se succedant rapidement sur le bord de la mer ; Tautre est un obscurcissement ou un affaiblissement tel de la lumiere solaire, survenue le 11 avril sans images apparents, que Ton voyait Venus en plein jour. — M. le docteur Jules Lemaire lit le resume d'un memoire theorique et experimental sur les importantes proprietes du koal- tar saponine de M. Lebeuf de Bayonne, inventeur de la saponine. Nous publions integralement ce resume'. F. Moigno. COSMOS. 695 VAIUETES. l>u Koal-tar saponine Par M. le Dr Jules Lemaire, « La propriete anti-seplique du koal-tar est generalement re- connue; mais ce qui a manque jusqu'ace jour, c'estun moyen fa- cile d'employer cette substance poisseuse, qui tache et salit tout ce qui la touche, qui est insoluble dans l'eau et d'un manie- ment difficile. Les differents melanges plus ou moins pulverulents ne parent que mediocrement a cet inconvenient. D'un autre c6te, pour le pansement des malades, il est difficile, quelquefois meme impos- sible de les employer, et d'autres inconvenients ont ete signales. lis sont tels qu'un grand nombre de medecins ont renonce a leur usage. Ce serait done un progres de substituer a ces melanges une forme liquide ayant l'eau pour vehicule. C'est le but de ce travail. M. F. Lebeuf, pharmacien de Bayonne, a reconnu, des 1850, que toutes les substances insolubles dans l'eau et solubles dans l'alcool, forment avec l'eau des emulsions stables , lorsqu'on ajoute de la saponine a leur solute alcoolique. C'est cette pro- priete de la saponine qui a ete appliquee par cet habile pharma- cien an goudron mineral pour en faciliter l'emploi. Je me suis charge d eludier les proprietes de cette nouvelle preparation et les applications qu'on en peut faire. Ce sont les resultats de mes recherches que je viens soumettre a l'appreciation del'Academie. M. Lebeuf prepare d'abord de la teinture de quillaya saponarin de la maniere suivante : Prenez : Ecorces de quillaya saponaria. . . 2 kilog. Alcool a 90 degres 8 litres Chauffez jusqu'a ebullition et filtrez. C'est cette preparation qu'il designe depuis longtemps sous le nom de teinture de saponine. C'est elle qui sert a preparer la teinture de koal-tar saponine de la maniere suivante : Prenez : Goudron de houille 1 hh'e Teinture de saponine (de quillaya) 3 — 696 COSMOS. Fakes digerer pendant huit jours dans l'eau tiede, en agitant de temps en lemps, et filtrez. C'est cette teinture qui serta prepa- rer l'emulsion au ls ou Y emulsion mere de M. Le Beuf. Prenez : Teinture de koal-tar saponine . . 1 partie Eau de fontaine k — Melez. Une simple agitation suffit pour obtenir une emulsion durable. On peuty aj outer autant d'eau que Ton veut, elle ne se se'pare pas. J'en ai fait une au^^ air aPP°rte subisseotle meme sort et la decomposition n'est plus possible. On peut aussi expliquer pourquoi la fermentation n'a pas lieu * une basse temperature, ni dans les malieres a 1'elat de siccile. Cebt que dans ces deu* cas les fonctions des infusoires sont suspendues et la fermentation n'est pas possible. de-!infiial",tar P?SS"de P,USi6UrS Principes actifs> soit comme disinfectants, soit pour arreter les fermentations. Dans la disinfection et dans l'arret des fermentations ce sont lacide phemque et la benzine qui occupent la premiere place La naphtaline possede aussi une action desinfectanlcassezgrande' ma.s elle n empeche pas les fermentations. Kile les retarde seu- Jement un peu. 700 COSMOS. Dans la disinfection, il n'y a pas settlement substitution d'o- denr, il y a action chimique. L'acide pbenique decompose instantandment l'liydrosulfate d'ammoniaque, en d^gageant de Thydrogene sulfure et de l'arn- moniaque, en precipitant du soiifre. C'est a celte action que le koal-tar doit en grande partie son pouvoir disinfectant, lorsqu'il agit sur les malieres animalesen putrefaction. Dans les liquides putrefies soumis a Taction du koal-tar sapo- nin^, il s'opere un de*gagement lent de mauvaise odeur qui dis- parait si le liquide communique directemenl avec l'air, mais qui s'accumule si le vase est ferme, de maniere a faire croire que la matiere n'est pas desinfectee. Ce pbenomene est probablement du a un deplacement comme on l'observe avec les carbonates soumis a Taction d'un acide energique. L'alcool et la petite quantile de charbon que contient le koal- tar saponine ont aussi une petite part dans la conservation et dans la disinfection. La saponine ne possede aucune proprie'te desinfectante ni con- servalrice. C'est. comme agent emulsif a un haut degre, adoucis- sant et detersif qu'elle agit. La viande se conserve sans alteration dans un vase clos dont les parois sont eriduites d'acide pbenique. L'acide pbenique combine a un alcali perd une assez grande partie de sa propriele desinfectante. L'acide pyroligneux, dans un but d'economie, peut 6tre subs- titue a l'alcool dans le koal-tar saponine pour cerlaines applica- tions a Thygiene. ___ UN DO SEIZIBUE VOLUME. ie de W. Keuqsit et Ci«, A. TRAMB1AT, rue Garancicre, 5. proprietaire-gerant