ff #,
ITA LS PLIS RTL,
PSTPS) 1 #
4 1) VU,
PATLL IIS IP LES LA
LI 4 SÉLT IL IITES 7
TA 7 RÉ IR x,
LA # /
r d 4 L |
00
V0
f.
é
4
/
4
#,
PT À
TX
29 PF,
PIALIIISL.
UT,
1
, 1, HT AL,
WU LL hp
GILLISS # LAN
7
VW
Library
of the
University of Toronto
CULTURES FOURAGERES
PATURAGES
\ ET
PELOUSES
MERCIER:& CIE
IEPRIMEURS, LIBRAIRES, RELIEURS, ETC.
17-23, Côte du Passage
LÉVIS
ce | Enregistré ner rene ue du Parlement du Canad
bureau du ministre de l'Agriculture à do
INTRODUCTION
Dans la province de Québec, l’agriculture est
en train de subir une transformation, nécessitée
par les changements profonds qui, dans ces
derniers temps, se sont produits dans l’éco-
nomie rurale de certains pays, ainsi que dans les
conditions du trafic international. Depuis l'ou-
verture des immenses contrées à blé: Manitoba,
Territoires du Nord-Ouest, Etats-Unis, les Indes,
les prix du blé sont déterminés par des facteurs
qui ont leur siège dans des régions le plus sou-
vent bien éloignées de chez nous. La concurrence
que nous en éprouvons fait que ces prix sont plus
bas qu'ils ne l’étaient 1l y a une vingtaine d'années
pendant que nous payons plus cher la terre et la
main-d'œuvre et que les frais généraux d’exploi-
tation Vont toujours en augmentant. Mais le
revenu de la culture des céréales se réduisant
ainsi de plus en plus, il s'ensuit naturellement
que l’agriculteur s’adonne davantage à celle des
fourrages. Aussi cette branche de l’économie
rurale prend-elle, dans notre province, un déve
RIT 0e"
rfi LE LE ; TER AERNENS
. 4 >
ÉCRIT SR
loppement qui va grandissant d'année en année
et bientôt elle l’emportera sur toutes les autres.
Cependant, malgré la haute importance qu’on lui
reconnait, zos cultivateurs ont encore beaucoup à
apprendre pour pratiquer rationnellement cette
exploitation agricole.
Dans le présent travail, nous allons nous efforcer
d'expliquer, en style simple et intelligible à tous,
de la manière la plus détaillée et la plus complète,
comment il importe de procéder pour constituer
des prairies d’un rendement considérable. Les
préceptes énoncés sont fondés sur une grande
quantité d'observations scientifiques recueillies
par les stations expérimentales et de contrôle des
semences, dans différents pays ainsi que sur les
expériences agricoles faites avec divers mélanges
de graines fourragères dans les conditions Les plus
diverses. | |
Nous avons cru devoir entrer dans bien des dé-
tails sur les méthodes suivies dans d’autres pays
qui ne sembleront peut-être pas praticables dans
le nôtre, mais notre but étant de faire une
étude aussi complète que possible de la question,
ces digressions étaient nécessaires.
Tout cultivateur soucieux de ses intérêts fera
donc bien d'étudier la composition des mélanges
a . —
dont il est question dans cet ouvrage, en ayant
soin de ne pas les prendre comme des recettes in-
variables, mais comme des exemples propres à l’é-
clairer sur la matière et à lui apprendre à composer
lui-même les mélanges les mieux appropriés aux
conditions locales dans lesquelles il travaille.
L'ouvrage comprend les divisions suivantes :
I. Réduction de la culture des céréales et
extension de la culture fourragère.— Production du
blé dans les prairies de l'Ouest.
IT. Conditions climatériques de la culture
fourragère.
III. Engazonnement naturel.
IV. Semis de graine de foin.
V. Théorie et calcul des mélanges.
VI. Choix des plantes.
VII. Mélanges de graines fourragères.
1. Trèfles et graminées.
2. Mélanges pour prairies temporaires.
3. Mélanges pour prairies permanentes
4. Considérations générales.
VIII. Achat des semences.
IX. Préparation du terrain.
1. Du sol.
2. Du sous-sol.
8. De la configuration du terrain.
4. Du drainage.— Assainissement.
X. Culture préparatoire ou récoltes précéden-
tes, à base de plantes annuelles, sarclées et amé-
liorantes.— Engrais et préparation du sol.
1. Engrais.
2. Engrais liquides.
8. Comment engraisser le sol.
4. Les composts, les balayures, les boues
et les limons.
5. Restitution du sol.
6. Saison propice à la restitution du sol.
XI. Epoque des semailles. - Diverses manières
de semer.—Semailles sans grain.
XIT. Semailles avec grain.—Récoltes protec-
trices.— Enterrement de la semence.
À. Enterre torte.
B. En terre légère.
XIII. Soins d'entretien des prairies.
1. DESTRUCTION DES MOUSSES
Nous avons en outre ajouté quelques cha £
pitres touchant l'utilité des prairies et les meil-
leurs moyens à employer pour en augmenter le #4 :
rendement, tant sous le rapport de la quantitéque …
sous celui de la qualité. Nous avons aussiétudié
l'herbe sous le rapport de sa valeur pour la nour-
riture du bétail.
Ces chapitres ont pour titres :
CS Etre
© XIV. L’herbe.
. Importance d’un bon pâturage.
. Qualités nutritives de l’herbe des prés.
. Foin.
. L’herbe et-le foin, fourrages à encou-
HR ©) IN 1
rager. É
XV. Exploitation et produit des prairies.
1. Alternance des modes d'exploitation.
2. Fauchage des prairies tous les ans.
3. Prairies et pâturages.
4, Alternat des pâturages.
XVI. Fauchage des prairies. —La fenaison.
XVII. Les fourrages verts.
De plus, nous avons joint au présent travail,
une étude qui se rapproche sous tous les rapports
du sujet déjà traité, nous voulons parler des
“ Gazons d'agrément.”
Ce sujet comporte les points suivants :
XVIII. Les belles pelouses des parcs et des
jardins.
1. Préparation du terrain, tasseme nt.
2. Semis.
8. Le sarclage.
4 La tonte.
J. B. PLANTE
”
RÉDUCTION
CULTURE DES CÉRÉALES
EXTENSION DE LA CULTURE FOURRAGÈRE
PRODUCTION DU BLÉ DANS LE MANITOBA, B:
LES TERRITOIRES DU NORD- OUEST
ET LES Érars-UNIs.
| A outre, la province de Québec récohes 18%
blé nécessaire à sa consommation. Il n’en est
plus de même aujourd’hui. En effet, les immenses
territoires de l'ouest produisent des millions de
minots de blé à un prix de revient nominal.
Sur tous ces domaines, il n’y a que les bâti- a
ments les plus indispensables pour le logement $
des ouvriers et le remisage des machines et outils
quelconques. Il n'existe que peu de petites fer.
mes. Sur les grands domaines, la plupart des
NT ES
travaux sont exécutés par des machines, et, par
conséquent, ne coûtent pas cher.
Au petit fermier, il manque souvent le
capital nécessaire pour se procurer l'outillage
nécessaire, ce qui l’entrave et le rend incapable de
se soutenir longtemps.
Comme dans les grands domaines on ne possè-
de généralement presque pas de vaches, de bœufs
ou de chevaux et que les bêtes de trait se bornent à
des mulets très mal soignés, il n’y reste en hiver
que peu de personnes, souvent dix hommes seu-
lement sur des propriétées d’une très grande
étendue. À l’époque des semailles, durant tout
le mois d'avril, on engage exprès de cent à deux
cents ouvriers et, de nouveau, de deux cents à
trois cents pour la moisson, du ler août au 15
septembre. Dans l’entre-temps, ces pauvres gens
restent à peu près inoccupés. —Il n’est pas question
de restituer au sol les éléments nutritifs enlevés
par les récoltes, le fertile terrain des prairies
pouvant donner les plus riches rendements de
froment pendant une longue suite d’années, sans
recevoir de fumure d’aucune sorte. Iiest évident
que, dans de telles circonstances d’exploitation, les
frais de production sont réduits à peu de chose.
Le prix de la terre est à peu près nul, de sorte que
540 & DR
les frais ne consistent principalement que dans les …
intérêts et l'amortissement du capital des machines.
Et depuis ces derniers temps, le commerce fournit
ces machines, à la fois puissantes et pratiques, à
un prix relativement très bas.
Pour ces causes, les frais de production se ré-
duisent en uu si bas prix que nous ne pouvons en
aucune manière soutenir la concurrence. Il est
de fait que la culture du blé ne paie plus dans
notre province. Aussi, y a-t-il tendance générale
à laisser la culture du froment pour s’adonner à
celle des plantes fourragères
Nous ne pouvons lutter contre les prairies de
l’ouest pour la production du blé mais nous n’avons
pas de rivaux possibles pour la production des
fourrages.
II. Conditions climatériques de la culture fourragere.
C’est le régime des pluies qui exerce la plus
grande influence sur la végétation herbacée d’une
contrée. Plus elles sont fréquentes et abondantes,
plus aussi est intense la pousse des graminées
sauvages et cultivées, à condition d’ailleurs que la
température soit favorable.
Notre province est bien partagée sous ce
rapport. L'’immense vallée du Saint Laurent est,
en Amérique, la zône par excellence pour les four: =
7
æ
M,
rs STE
rages et les pâturages ; à nous d’en profiter. L’in-
dustrie laitière n’est pas seulement obligatoire
pour nous ; elle est, de plus, d’une grande facilité.
III. Engazonnement naturel.
Il paraît qu’en certains pays et même en cer-
tains cas dans notre province on se borne après la
moisson des céréales d'abandonner à elle-même la
terre destinée à la culture du fourrage.
Le sol s’engazonne plus ou moins dans la
première année ; mais celle production ne consiste
qu'en graminées médiocres, entremélées de mau-
vaises herbes très nombreuses. N1 l’on examine un
‘ pré naturel ” de cette sorte, on voit que les gra-
minées dominantes sont le palurin commun (Poa
trivialis, L.) ainsi que la houlque laineuse (Holcus
lonatus, L.) qui est une espèce de très peu de
valeur. Si l’on s’imagine en avoir récolté une
grande quantité, l’on est dans l'erreur car le
recours à la balance réduit très fort ces belles
illusions. À cause des poils dont les feuilles sont
revêtues, la houlque laineuse n’est pas mangée
volontiers par le bétail, quoique le contraire soit
affirmé par certains écrivains agricoles. À côté de
cette espèce, l’on voit la flouve odorante (Anthox-
anthum odoratum, L.) qui ne vaut guère mieux et
dont la semence mürit dans la céréale et tombe :
ht:
—_A127—
elle aussi ne donne qu’un fourrage médiocre. Le
sol de ce pré pitoyable est recouvert par les tiges,
étendues en tous sens, de la renoncule rampante
(Renunculus repens, L.) à laquelle est associée
d'ordinaire la petite oseille (Rumex autosella, L.), et
l’uneet l’autre sont des herbes très nuisibles. (Ça
et là se trouve aussi la forme du fromemtal (Avena
elatior, L.) dite avoine à chapelet, distinguée par les
renflements superposés du pied de sa tige, et dont
les racines ont persisté dans le champ, même après
plusieurs années de culture. Voilà l’état du pré,
la première année. Mais celui-ci change immé-
diatement et d’une manière avantageuse après
qu'on l’a gratifié d’un premier arrosement de
purin ainsi que la chose se pratique dans la plu-
part des pays d'Europe. Cet excellent engrais liquide
contient une quantité de graines, nolamment de trèfle
rougeæl blanc encore capable de germer, qui, sorties
de l'organisme animal sans avoir été digérées, sont
arrivées dans le purin avec les déjections solides,
Pour donner une idée de l'importance de
l’arrosage d’une prairie avec du purin, comme
semis, on a fait l'expérience suivante :
On garda et l’on mit sécher le dépôt resté
dans une tonne à purin après un arrosage.
L'examen qui en fut fait constata que ce résidu
consistait en 98 o7o de terre, mais avec laquelle il
GATE
y avait aussi {,19 oo de graines diverses. Un four-
rage, on le sait, contient toujours des semences
müûres, et c’est notamment le regain qui est très
riche en graines parfaitement développées, surtout
des trèfles rouge et blanc. Celles-ci passent avec
le fourrage dans l’estomac de l’animal mais, comme
elles ne sont digérées qu’en partie et qu’une
certaine quantité ressort de l'intestin, avec toute
sa vitalité, on s'explique comment ces graines se
trouvent dans le purin.
Une livre du résidu en question contenait :
Trèfle blanc .....,5,908 graines Houlque laineuse. . 8 graines
Trèfle rouge...... 721 AIVSSOR, 2% den 5 ee OS
Dane... 15 « Pissentit.. ie, 52706
-Gesse des prés. 32 | LS Flouve odorante.... 5 «
Petite oseille..... 94 Renoncule âcre.... 5 - ‘«
Plantain lancéolé. 47 “ Cumin des prés... 2? “
Oseille des prés... 18 MOSGrIME TER Peas DUR
Quintefeuilie...... 42 ‘ Promesses de
MONS, e04 eh) 26 DUT UN AT E RE TE ml
os 320 ‘6 Carotte sauvage... 3 «
Ray-grass anglais. ZA Espèce de’silène.::.. 2 "2":
Renouée persicaire 10 “ Galéope des champs. 2? «
10 Perl dône::i1.. 4" 2:02
Sétaire glauque... 10 Graines de raisin.. 2 «
Centaurée des prés LE PASE 3. INCONNUES . so coon 29
Total 32 espèces en 7,038 graines.
S1 l’on compte que chaque tonne de purin, de
la contenance de 100 gallons, ne contient qu’une
livre de ce résidu, mais qu’en deux fois l’an, dans
les pays où l'excellente méthode d'épandage du
sé
Re 7 >. 7 .
LL,
128 TV
BALE Ç RU
purin est pratiquée, un acre de prairie reçoit la. à
décharge de trente-trois de ces barils, il suit que.
de cette manièreil n’arrive sur la prairie pas moins
de 232,254 graines, qui proviennent presque toutes
des trèfles blanc et rouge, puisque celles-ci sont
au nombre de 218,757.
Les graines de ces trèfles recueillies du résidu
du purin ont été examinées avec le plus grand.
soin pour déterminer leur faculté germinative.
En dix-huit jours. |
Trèfle blanc Trèfle rouge
Ont germé.……… .... 62 92
Ont pourri... . ie 5 4
Sont restées dures... 33 4
Total...... 100 7 100 %
Si, de ces graines restées dures, l’on admet
comme capables de germer, un tiers de celles du
trèfle blanc et la moitié de celles du trèfle rouge,
et qu'on les porte aussi en compte, il résulte que
la faculté germinative est pour la première de
74070. Celle-ci y atteint donc un chiffre qui ne
s’observe que chez les meilleures qualités de la.
semence du commerce. Cette faculté germinative
ne se serait pas trouvée aussi grande chez les
autres graines, parce qu'elles avaient en partie
souffert beaucoup ou avaient été déformées au.
point d'être méconnaissables,
"RATE 5 Ne
Il est vrai que celle des trèfles n'auraient pas
présenté un degré si haut de faculté germinative,
si elles avaient été essayées immédiatement après
avoir été retirées de la tonne à purin; mais c’est
là une question qui a besoin de recherches ulté-
rieures. Quand elles passent dela tonne sur la
_ prairie, où elles sont exposées à des alternatives
ultérieures d'humidité et de sécheresse, de chaleur
et de froidure, la faculté germinative n’en est cer-
certainement pas moins grande.
Ce qui vient d’être exposé prouve de nouveau
la haute valeur des engrais liquides pour les prai-
ries ; nous voyons par là qu’ils ne s’en tiennent pas
seuiement à les doter de principes que la chimie
démontre être indispensables à la nutrition des
plantes, mais que leur influence favorable consiste
aussi en grande partie dans l'apport de nombreux
organismes végétaux. Du reste, personne n’est
mieux convaincu de ces vérités que le paysan
de la Suisse, qui estime que pour un nouvel enga-
zonnement de son pré. un arrosement au purin
vaut autant que de l’ensemencer à moitié de trèfles.
Il résulte des déterminations botaniques commu-
niquées ci-dessus, que la collection de graines con-
tenue dans le purin est très uniforme et se compose
comme on l’a constaté pratiquement, en majeure
partie de trèfles blanc et rouge, surtout du premier.
.— 16 —
Les cultivateurs feraient donc mieux de commencer
par semer un mélange convenable de graines afin
d'obtenir nn bon rapport dès les premières années.
Par là, la semence de purin ne sera nullement
perdue: car, comme on le sait, le rendement des
trèfles étant sujet à diminuer aprés la deuxième :
année déjà,il est utile d’en repourvoir constamment
la prairie par les apports de cet engrais liquide.
Si les excréments solides sont portés au
fumier, où ils restent pendant plusieurs mois, les
graines y périssent en partie. En outre celles qui
résistent perdent toute leur valeur, parce que, le
plus souvent, le fumier est enfoui au labour et si
profondément que les graines fines sont mises dans
l'impossibilité de germer. Et même si elles lèvent,
elles produisent des plantes qui doivent être regar-
dées comme des mauvaises herbes préjudiciables
à la culture du pré.
La conséquence de l'emploi du purin est que,
dès le premier arrosage, la végétation de la jeune
‘ prairie naturelle ” prend un aspect plus satisfai-
sant et qu’elle gagne à chaque répétition qu’il s’en
fait. Le sol se garnit peu à peu de trèfle blanc
(Trifolium repens, L.), qui trouve assez de place
pour pousser au loin ses tiges couchées et radi-
a
cantes et en recouvrir peu à peu le champ tout
entier. Îl a pour associé le trèfle rouge (Trifolium
pratense, L.), mais celui-ci n’est pas aussi en-
vahissant que le blanc, et sa souche n’émet pas
des tiges allant ramper de tous côtés; il se con-
tente de renforcer son pied et 1l n’en détache que
des rameaux courts. C’est pourquoi le trèfle rouge
ne devient jamais aussi prédominant dans un pré
que le trèfle blanc.
Mais le purin apporte encore d’autres
semences, tant de mauvaises herbes que de bonnes
plantes. Les premières toutefois en petite
quantité.
Une graminée qui apparaît souvent dans les
bonnes terres sans y avoir été semée est le paturin
commun (Poa trivialis, L) Dans les prairies
grasses, 1l se présente à la première coupe en
touffes serrées, et, quoique ne s’élevant guère, il
ne laisse pas d’être d’un bon rapport. Mais il est
plus réduit à la seconde coupe, où il ne fait que
ramper sur le sol en prenant la place de plantes
plus développées.
Il y a un autre procédé d’engazonnement
naturel, suivi dans certaines régions d'Europe,
qui est plus fréquemment employé que celui-
là. On commence, il est vrai, par un semis
de trèfle ; mais, après que, au bout de quelques
années, ces plantes se mettent à on disparaître
— 18 —
laisse à la nature le soin de les remplacer. Nous
appellerons cette méthode celle de l’engazonnement
naturel perfectionné, pour la distinguer de la pré:
cédente, qui est celle de l’ergazonnement na-
turel primitif. Cependant, ici encore, surtout si.
l’on arrose de purin souvent et fort, il pousse
peu à peu certaines herbes, mais qui ne comptent
pas parmi les plus productives ni celles à recom
mander. En toutes circonstances, c’est toujours
un moyen très coûteux que de vouloir augmenter
la production fourragère à force d'engrais, parce
que le rendement n'est pas en juste proportion
avec la dépense de matières fertilisantes. Sur
une terre qui n’est pas déjà garnie de plantes,
l’'engrais perd son utilité, tandis que, si nous
commeucçons par semer les plantes convenables,
les frais de la faumure seront bientôt compensés.
Il est inexact de soutenir qu’un semis de gra-
minées ne fait pas un engazonnement serré, au
contraire, si l’on a recours à un juste choix de
graines, l’ensemencement artificiel, avec une
dépense égale d’engrais, produit un gazon bien
meilleur et un rapport plus considérable.
IV. Semis de graine de foin
La coutume assez répandue en Suisse d’ense-
ue ÿ 1 Ds
_ mencer en graine de foin ne constitue pas un
progrès sur l’engazonnement naturel primitif,
quoique beaucoup d'agriculteurs pratiques vous
soutiennent que ce procédé est encore le meilleur :
faut, disent-ils, rendre au sol la semence qu'il a produite
lui-méme.
Le moyen rationel le plus sûr de juger de la
valeur de la graine de foin, c’est de l’examiner
botaniquement. Des recherches ont été faites et
publiées dernièrement dans un Journal €’Agricul-
ture, de Paris. Nous n’en citerons que deux ex-
emples. Un échantillon de graine de foin pas-
sant pour bonne, contenait :
Balles, poussière et impuretés.....,......,..,....:.. 66,52 %
0001 10000020 ss. ss... 33,48
ROME So tete es es > 100
Graines diverses......
Paturins...:......e. 2.89 Ÿ | Ray-grass anglais... 0.16 F4
Houlque laineuse .... 1.49 Fétuque ovine ...,.,.. 0.16 k
Fétuque des prés.... 0.64 Flouve odorante..... 0:16
- Avoine jaunâtre. ... 0.48 Trèfle rouge. ......., . 0 16
Ne st... LE Frèfle jaunes... 2 0:16
Vulpin des prés......
Total des bonnes-graines...,,,.,,..,.,,7.14 #
Sa": es
Plantain lancéolé....., 24.327 | Renoncule âcre.....…. 0. 12 9 a
Brome doux......,.... 0.48 Grande pimprenelle. 0. 115
rte de côogAEe 2 0 52 Myosolis 2, , 45 078
Eperviaires........... 0.32 Chrysanthème des
Oseille,. : der 0 16 MOISSONS ...… se. OU
Boucage à grandes
IPReS. Grece: 016
Cumin des prés.,..... 0.16 Imconnues 1.00 F
Total des mauvaises herbes.......... ee 26.34% +
Total général Les: 52 5 -frerèr: TEE
Il y a donc prédominence des mauvaises plan-
tes, parmi lesquelles on trouve le plantain lancéolé
pour près d’un quart (24,32 00.)
Une livre du mélange contenait :
| Report. . 97936 graines
Plantain lancéolé. 91,934 graines|Boucage à grandes
Eperviaires ....., 3,060 « feuilles... 805 «
Cumin des pre és.. 966 ‘“ |Grande pimpre-
Crête de coq... 966 « née: «805
Brome doux. . ee 805 -« Renoncule âcre... 161 “
Myosotis.... :... 805 .# Chrysanthème.... 161 «
[inconnu .... …,... 161 «
A reporter... 97,936 | Total...,.. 910,020 e Re
Une livre de cette graine contenait donc |
100,029 graines de mauvaises herbes. ce
Celles-ci étaient fort bien constituées, tandis
que les bonnes semences étaient très légères et 4
menues. 178
De l’avoine jaunâtre, il n’a germé que Too
De la houlque laineuse 2000 vd
er à
CT
AC à: DE)
_ Il est facile de comprendre qu’un tel mélange
n’est d'aucune valeur pour le culture fourragère
et que c’est dommage de sacrifier un seul pied
carré du sol à un semis de cette nature.
Ilest vrai qu’on peut, comme ça a été fait
souvent, nous objecter avec raison que la graine
de foin n’a pas’ toujours la même composition ;
mais il n’est pas vrai de‘soutenir qu’il peut s’en
trouver de bonne qualité ; cette semence ne peut
être que mauvaise, tantôt plus, tantôt moins, et,
dans ce dernier cas, le paysan la regarde d’ordi-
naire comme ‘bonne ”. Mais nous venons de faire
voir comment est composée cette prétendue bonne
graine de foin.
Autre exemple. Un agriculteur, l’un des
auditeurs des plus zélés d’un cours sur la culture
fourragère, envoya à analyser un paquet de grai-
ne de foin. Jusqu’alors, commela plupart des culti-
vateurs, 1l avait eu l’habitude de faire une prairie
simplement par un semis de graine de foin; mais
le peu de valeur de cette semence lui fut démon-
tré au cours de ces leçons, et il fit l'expérience
qu'il était plus avantageux d'employer un mélan-
ge convenable de graines de graminées et de trè
fles pures et capables de germer. Cependant plus
tard, ayant considéré combien était belle la graine
de foin trouvée au printemps sur son fenil, il eut
la tentation de revenir à l’ancien procédé, et c’est
pourquoi il en expédia un échantillon à examiner,
avec la remarque qu’elle ne pouvait pas être aussi
mauvaise qu'il l’avait entendu affirmer dans Île
cours par lui suivi, et que certainement’elle était
meilleure que celle recueillie ordinairement, puis-
que les prairies d’où elle provenait étaient toutes
bonnes et grasses. Il importait donc beaucoup
de rechercher la vraie valeur de cette semence
et 1l pouvait être intéressant à d’autres cultivateurs
de savoir, une bonne fois, quelle est la composi-
tion d’une ‘ bonne graine de foin.”
L'analyse à trouvé :
Balles nr nm 2866 0e nus severe ssecce 60: 49,802%
Houlque Jaineuse ...... een. nes serre sus scrss .eves. 49.909
Autres graines ...... ERAERMAELLLLELLLE ere ren 001... 4,271
99.988
Pertes .5.. 5.250
— — ——
100
Elle consistait donc à côté des balles, pour la
plus grande partie, en graine de houlque laineuse.
Or, sur 800 de celles-ci 47 seulement germèrent,
soit 6070, de sorte, qu’en nombre rond, cette
graine ne contenait que 3010 des dites graines capables
de germer.
Mais il y a d’autres raisons, plus importan-
tes encore, de déconseiller l’emploi de la graïi-
ne de join comme semence pour les prairies
2
DE / se af CCR
AT CS
La houlque laineuse n’a aucune valeur :
elle doit être regardée absolument comme une
mauvaise herbe. D'ailleurs, cette mauvaise
plante, comme toutes celles qui lui ressemblent,
s'introduit d'elle-même dans les prairies, en quan-
tité toujours beaucoup trop forte. Et si, de plus,
elle y est encore semée par la main de l’homme,
on la verra pulluler et l'emporter sur toutes les
autres plantes meilleures qu'elle, former de gros
coussins de gazon et devenir une mauvaise herbe
des plus nuisibles. Le foin de la houlque laineu-
se, comme nous l’avons déjà remarqué, étant léger
comme de la laine, on se tromperait fort en pen-
sant évaluer le rapport d’après le volume. En
outre, la qualité même de ce fourrage est médiocre ;
aussi n'est-il pas mangé volontiers par le bétail,
qui probablement ne le digère que d’une manière
incomplète. —C'est pourquoi il ne faut attribuer
à de telles graines de foin aucune valeur.
Cependant, parmi les autres graines, il y en
a aussi environ 20 o7o de bonnes, et ce sont:
Dont ont germé
Hémiqueides prés :,.... ose soc 0,510 37
don son orè eee 0,255 7
nee noce 0,127 30
Ray-grass anglais..,..,...........e 0,127 25
pas]
Autres bonnes semences ..,,:9 .° 0,151 25
Vo
La proportion des bonnes graines est donc si
minime, et elles sont si peu capables de germer,
qu'elles doivent être considérées comme sans
valeur. La fleur contenait en outre 0.510 oo de
graines de Lupuline, mais dont aucune n’a germé.
Malgré ces résultats défavorables, cette graine
de foin compte parmi les moins mauvaises, parce
qu’elle ne contient proportionnellement qu’un
petit nombre de mauvaises herbes, soit par livre
seulement 26,174 graines des espèces suivantes :
Pantin Jancéolé, rt. lets 2 T0 10,710 graines
Grande mareuérilé AAC ML CSSS nine 4,717 &
Crepide 58e eme lee tente OS 2,805
Renoncule ACTE SL LS IR SR SR EEE 2,040 “e
Se Tr AR D DC UN On 1,785 “
Petite oseille.. RP TES LS STE NT 1,020 «
Oseille des prés. HE PL TS et: 765 <
Avoine jaunàtre, carotte : sauv age, amourette,
brome doux, scribe des bois, etc. PPT ET - 2,932 LL
Total des mauvaises graines... 26,714 par livre.
En semant sur un acre de terre la graine de
foin de 20 sacs de 33 livres, l’on y apporte aussi
18 millions de graines de mauvaises herbes: or
même en admettant qu'il n’en lève que le quart,
l’on sera toujours affligé de : million âe pieds de
plantain lancéolé, de ? de million de grande
marguerite, de + million de crépide, de + de
million de renoncule âcre, etc., etc. En vérité, à
.
PER NE
ce compte, le peu de graines de bonnes espèces,
capables de germer, sont encore payées beaucoup
trop cher!
Tels sont les résultats de l’analyse d’une
. graine de foin passant pour ‘“ bonne ” ; on peut se
. faire une idée de ce que sont les mauvaises.
Dans une seule livre d’un mélange bien compo-
sé de semencesdu commerce, nousavons en graines
de bonnes plantes, capabies de germer, autant que
dans un quintal de graines de foin, et de plus, par
là, nous n’apportons sur le champ aucune des
mauvaises herbes, tandis que, avec ce quintal de
graine de foin, nous semons aussi au moins 24
millions de mauvaises herbes, qui compromet-
tront fort la récolte. Ce n'est que grâce à une
semence, pure de mauvaises herbes et d’une haute
faculté germinative, que nous pourrons tirer de
notre terrain le plus fort rendement de fourrage.
Et ce fourrage aura d'autant moins de valeur que
_ celle-là sera plus impure et plus mauvaise.
Tout le monde pourra se convaincre par des
. essais que le semis de graine de foin est non seu-
lement d’un rendement fort inférieur, mais encore
de moindre qualité que le produit d’un mélange
- de graminées et de trèfles bien appropriés au ter-
_ rain.
»
er
Ë
AR
Po” lus
+
TPS
er De
À. Nowacki a fait comparativement des semis
de graine de foin et de trois différents mélanges, |
il à obtenu les résultats suivants :
| Graine
FoIN PAR 4CRE MÉLANGES
de foin
I II III IV
Livres | Livres | Livres Livres
3189 2968 2836 1868
1876 en ? coupes... | 8360 | 8519 | 8052 1375
1877 “# 3 -ssa»] 1916 7396 7696 5826
TON CRU ETES SE el RO 8681 9081 6604
|
Er LAON PC LES |
D’après la valeur vénale
le revenu moyen ol
|
l’acre a été par an... 837 20 |38.49 | 37 12 24.88
Ce tableau démontre que le rendement des
graines fourragères est, non seulement d’un tiers -
supérieur à celui de la graine de foin, quant à la
quantité. mais que sa valeur vénale lui est aussi
supérieure de $12.73, à l’acre. De sorte que le
rapport de la graine de foin constitue une perte
sèche de $76.38, pour une période de six ans. -
Cela étant, il est donc évident qu’il y a tout à
gagner de faire, une fois pour toutes, un semis de
graines mélangées, lequel coûte environ six piastres |
à l’acre.
Par conséquent, le semis de graine de foin ne
constitue pas un grand progrès sur l'engazonne-
À
ee.
Z
|
EL Eat UN FI n : À
AROUND PQ NC TANT UE ATEN
ae Dh,
ment naturel : dans les deux cas, surtout dans
les premières années, le produit est très médiocre,
de peu de qualité et mêlé d'innombrables mau-
vaises herbes et de plantes suspectes. Il est clair
que la culture fourragère, pratiquée d’après cette
méthode, ne peut être remunératrice et n’est pas
une culture conforme à nos idées actuelles. Cette
manière irrationnelle de produire des fourrages,
pouvait se justifier il y a uu siècle et plus; mais
elle est absolument contraire aux conditions dans
lesquelles nous nous trouvons aujourd’hui, par
suite du prix de la terre, de la main-d'œuvre et
de la vente des produits. Actuellement, il faut que
dès les premières années, la culture fourragère soit d’un
plein rapport, si l'agriculteur veut en avoir du bénéfice;
et il faut aussi que le fourrage soit exempt, le plus pos-
sible, de mauvaises herbes et de plantes de peu de valeur.
V. Théorie et calcul des mélanges
Pour l’engazonnement artificiel d’un terrain
l'on peut suivre deux voles principales: l’une
. consiste à mettre en semis pwr, et senle, telle ou
telle plante fourragère; l’autre, à mettre un
mélange de deux ou plusieurs espèces. En semis
purs, on emploie généralement le trèfle rouge, le
sainfoin, la luzerne ou le fromental. Mais quant
à la culture du trèfle, celle-ci ne peut recevoir plus
à.
ADR VE
d'extension, parce que le trèfle rouge neréussit
d’une manière sûre qu’à la condition de ne revenir
sur le même champ que tous les huit ans. En
outre, cette espèce est d’un produit très incertain.
D'après une expérience de quarante ans, BLOCK.
aflirme que, même sur un sol très bien approprié
à la culture du trèfle rouge, l’on ne peut compter
en quatre périodes que sur trois récoltes complètes.
Ce que BLoCKk disait il y a vingt-cinq ans,
s'applique encore mieux aux circonstances
actuelles. La luzerne est excellente comme four-
rage vert; mais il faut la faucher à l’époque où
les fleurs commencent à s'ouvrir: avant cette
époque, la plante est trop aqueuse ; après, les tiges
en sont trop dures. La luzerne cultivée, la seule
variété qu'il faut semer, réussit très bien dans un
sol argileux. | - ? |
En général, les plantes fourragères cultivées
isolément, c’est-à-dire en semis purs d'une seule
espèce, ne donnent point les plus forts rendements.
mais le produit le plus grand, le plus sûr et le plus sou-
tenu ne s'oblicnt que par le semis de graminées convena-
bles et de bonne qualité, mises en mélange avec des
égumineuses en de justes proportions. Ces dernières
poussent leurs racines dans les plus profondes
couches du sol, pour y puiser, en grande partie,
les éléments minéraux et l’eau nécessaires à leur
vx
f
à
4
L
3
4
4
“4
Ÿ
;,
“ CA
ro
MR OMR
à TAUX +
de ft its
r
ass dec. Et
Le
subsistance et à leur accroissement. La souche
du trèfle rouge descend à 2 pieds ; celle de la
luzerne à six pieds, et l’on en a même trouvé des
racines longues de vingt à trente pieds ; celle du
sainfoin s'enfonce à vingt pieds et davantage.
Les graminées robustes étendent leurs racines
dans les couches moyennes du sol végétal, tandis
que la couche supérieure est occupée par celle des
graminées fines. [l en est de même des organes
aériens des plantes. Les graminées élevées, telles
que le fromental, le dactyle, la fétuque des prés,
* etc., portent leurs chaumes et leurs feuilles haut
dans les airs, pour en utiliser les gaz, la lumière
et la chaleur ; les graminées de taille moyenne
et les lécmineuses tirent leur nourriture atmos-
_phérique de la région intermédiaire ; et enfin les
graminées et les léscumineuses basses vivent dans
la partie inférieure. De cette façon, on utilise les
différentes couches du sol et de l’air de la manière
la plus avantageuse, et c'est pour cette raison
qu'on obtient le plus grand rendement d’un mé-
lange composé rationnellement. En ne semant
qu’une seule espèce, on n’'utilisera pas complète-
ment l’air et le sol ; ainsi, par exemple, dans un
semis pur de fléole des prés (mil, {imothy), ce ne
sont que la couche supérieure du sol et la couche
A
moyenne de l’air qui sont mises à profit, tandis
3
be: de
+ Pt
a ON COS a
27 BD LS
que les autres restent sans usage.—Dens cette es-
quisse nous n'avons admis que trois divisions de
la profondeur du sol et de la hauteur de l’eau;
mais 1l serait plus exact de diviser le sol et l'air
ambiant en autant de couches qu’il y a d'espèces.
végétales vivant à leur dépens, attendu que les
plantes d'un mélange bien composé ne se prêtent
pas à des séparations aussi précises, mails présen-
tent d’insensibles transitions entre les espèces ;
les unes à racines profondes ou superficielles ;
les autres à taille :basse ou élevée, plus ou moins.
Les mélanges ont aussi moins à souffrir des
influences nuisibles extérieures, telles que l’humi-
_dité, la sécheresse, les gelées, les maladies, les in-
sectes, etc. .
Si telle plante est compromise par la sécheres-
se, uue autre, qui y résiste mieux, en prend la pla-
ce ; et, au contraire, l’espèce qui ne s’accomode pas
d’un excès d'humidité est remplacée par une autre
à laquelle elle est favorable. Les mélanges souf-
frent moins aussi de la cuscute, de l’orobranche,
des champignons, des insectes. Si certaines de ces
plantes en sont attaquées, 1l en reste d'autres pour
remplir le vide qui en résulte. Lesselées sont aus-
si.moins dangereuses pour les espèces mélangées,
parce que les moins sensibles forment un abri pour
celles que sont plus délicates. Par conséquent, le
PAR Co es
1 produit des mélanges est à la fois plus abondant
_ et plus assuré que celui des semis purs.
4 Mais ce n’est pas seulement sous le rapport
. physique que les diverses espèces de plantes usent
- différemment du so! ; il en est de même sous le
è - rapport chimique. Lee légumineuses lui enlèvent
beaucoup plus de magnésie et de chaux que les
. graminées, tandis que les cendres de celles-ci sont
£ _ plus riches en silice.
D’après Emile Wolff, 1000 parties des plantes
suivantes, desséchées à l’air, contiennent :
+
ë Bainfoin.... ...... 3,40
< Potasse Chaux | Magnésie | Silice
_ Fléole des prés. 7,40 1,60 | 0,70 7,10
Trèfle rouge. ....., 4,40 4,80 | 1,50 0,03
k Trèfle alsique. 2,40 3,00 1,10 0,40
MAUZErRO Se... ... 4,60 7,90 1,00 1,10
4,40 0,80 1,00
|
C'est pourquoi, par un mélange de légumi-
- neuses et de graminées, le sol étant, chimiquement
aussi, utilisé d'une manière plus générale, est
d autant moins sujet à un épuisement partiel.
si Dans un mélange bien entendu, il entre à ]a
- lois des plantes précoces et tardives ; l’une donne
_son plus grand rapport à la première coupe, tandis
a une autre réserve au regain son plus grand
agit re
&hal
30
développement. Il s'ensuit qu’on a une première
et une deuxième coupe de bon rendement.
Telle espèce se développe bien et rend beau-
coup déjà, la première année ; telle autre n’arrive
à son entier développement que l’année suivante ;
tandis que d’autres encore ne donnent leur ren-
dement principal que la troisième ou la quatrième
année. On voit donc qu’un mélange composé
rationnellement rapporte beaucoup dès la première
année et encore les suivantes.
Un fourrage mélangé est aussi plus profitable
au bétail que des graminées ou des légumineuses
servies séparément. Les dernières, prises pures,
causent souvent la météorisation (gonflement du
ventre chez le bétail), ce qui entraîne de grands
dommages pour l’agriculteur. Or, il est bien
moins exposé à ce danger par l'emploi des
mélanges. D'un autre côté, les graminées pures
ne sont pas mangées volontiers par le bétail, qui
prendra avec plaisir un mélange de graminées et
de légumineuses. - Un mélange bien composé
profite mieux également à la nutrition des bêtes.
—J] y a cet avantage encore que les légumineuses
un peu mélangées de graminées, sèchent "plus
facilement et se laissent aussi mieux conserver.
Quand, dans un pré ne portant exclusivement que
du trèfle rouge, de la luzerne ou du sainfoin, ces.
7.
RE. 6 dner
plantes ne réussissent plus bien, elles ne cesseront
de donner un bon résultat au moyen d’un
mélange qui les contient en proportions conve-
nables.
La quantité à employer de graines en mélanges doit se me-
surer sur la quantité de celles d'un semis pur fixé par
l'expérience et des essais.
Dans le tableau TJ, colonne V, est indiquée, à
l’acre, la quantité moyenne de semence de dix-
huit espèces de graines, déterminée d’après les
données de nombreux écrivains agricoles et de
marchands grainiers, ainsi que d’après les essais
et la pratique des principaux agriculteurs de la
province.
Les quantités de semence indiquées dans la
colonne V ne doivent pas être prises comme fixes
et invariables, mais elles peuvent être modifiées,
suivant les circonstances locales. En tenant
compte de ces circonstances, tout agriculteur
devrait établir à son usage un tableau semblable,
pour y noter la composition de ses mélanges. De
cette manière, il deviendra, en peu de temps, à
même de déterminer les mélanges les mieux ap-
propriés au terrain qu’il exploite.
Lt ve Th Te On OR dd A EE RP DE de na PR AR D POETTE ee NE vi Lg
“a pra ne rt A7S LT ME ; RARE Sr Er
péril ie
»
DÉS es
TABLEAU TI. j
QUANTITÉ DE SEMENCE A L'ACRE.
y
I | IT IT “IV
Espèces de graines F P
ST
Graminées tr. =
F . COÉEEE ©
© indigènes SÉE
= GE
E| Noms vulgaires | Noms botaniques | Noms anglais =
7, français latins
| Lbs.
1,Fléole des prés,|/Phleum pratense,...|Timothy, Herd's
115 1 PRET PRES Grasse
2|Paturin comprimé|Poa compressa...….|Canada Biué-Gr. 35
3|Paturin des prés..|Poa pratensis,.... [Kentucky B.-G...|21 à 28
4|Paturin tardif... Poa serotina,......!Fowl Meadow G.. 33
GRAMINÉES ÉTRANGÈRES.
[Avoine élevée,
fromental. .…|Avena elatior, ..... Tall Oat Grass... 39
6|Avoine jaunâtre..|Avena flavescens...|Yellow Oat Grass, 35
7|Brome inerme..…|Bromus inermis,| Austrian Brome G| 32
8|Dactyle pelotonné|Dactylis glomerata|/Orchard Grass... .|28 à 42
9/Fétuque durette..,|Festuca duriuscula.|Hard Fescue..... 25
10/Fét. des brebis...|Festuca ovina...… .{Sheep's Fescue...| 25
1l|/Fétuque élevée..|Festuca elatior....|Tall Fescue.…..... 25
12|Fétuque des prés..|F. pratensis......../Meadow Fescue.. 35
13|Vulpin des prés...|Alopecurus prat....|Meadow Foxtail.| 25
|
L'EGUMINEUSES.
| :
14 Tr rouge commun|Trifol. pratense,.. .[Red-Clover, Com-
15 mon red Clov. 21
16 T.hybride,alsique|Tri. hybridum...,.|Alsike Clover.... 14
|Trèfie blanc, T. de
17) Hollande....|Trifolium repens...| White Clover.... 14
18 L'uzerne cultivée..| Medicago sativa,...|[Lucerne Medick. 32 *
(Sainfoin cultivé... Onobrychis sati....[Hedysarum.....…"40à100
Nous avons vu précédemment qu’un mélan-
ge de graines fourragères produit un plus grand
nombre de plantes, sur un espace donné, que si ces
mêmes graines eussent été semées séparément. Il
faut donc une plus forte semence d’un mélange
que d’une seule espèce de graine, mais chaque
espèce doit entrer dans le semis pour une moindre
quantité.
L’agriculteur intelligent pourra fixer d’une
manière rationnelle, la quantité de semence requi-
se pour chaque mélange de graines, en tenant
compte des considérations suivantes :
lo Plus le mélange est complexe, c’est-à-dire
composé d’un plus grand nombre d'espèces, plus
il faut augmenter la quantité de chacune d'elles.
S’1l ne consiste qu’en deux espèces presque iden-
tiques, un supplément n’est pas nécessaire, mais
plus le mélange contient d'espèces et plus en est
différente la végétation, plus grand doit être aussi
le supplément, parce qu’en ce cas, il peut se déve-
lopper plus de plantes sur un même espace.
20 Plus est médiocre la nature du sol, plus
grand doit être le supplément. Il faut le renfor-
cer d'autant plus que le sol est plus différent de
ce qu'on entend par ‘“ sol normal ou moyen ” :
pour une lerre froide et pesante, ainsi que pour
celle qui est légère, il faut plus de supplément
MR Tire
que pour une terre chaude et de compacité
moyenne.
30 Le taux du supplément se règle en outre
sur l’engraissement du sol: cette addition peut
être moindre sur un sol bien fumé que sur une
terre maigre, parce qu'ici le tallage des plantes
est moins fort.
40 Le supplément doit aussi être en raison
de la préparation du sol. Sur une terre travaillée
grossièrement, il se perd plus de graines que sur
celle qui l’est finement ; par conséquent, la pre-
mière en exige une quantité plus forte.
Un champ insuffisamment préparé est moins
bien doté d’une quantité de cent livres que ne
l’est avec cinquante une surface égale qui a été
bien préparée.
5o Pour une semaille tardive au printemps, et
surtout en automne, le supplément doit aussi être
plus fort que là où l’on a semé en temps conve-
nable, parce que dans le premier cas la tempéra-
ture défavorable fait périr les panseess en plus
grande proportion.
60 Pour le supplément lon tient compte
aussi de l’exposition du champ au soleil ; il peut être
plus faible que dans les situations froides et
élevées.
70 Dans les contrées qui reçoivent peu de
CAE - Les
pluie ainsi que dans celles à basse température
d'été, il doit être plus fort que dans les régions
chaudes et favorablement arrosées d’eau pluviale.
80 Quoique la faculté germinative ait été
prise en considération tout d’abord, il faut noter
toutefois que, pour l’emploi d’une semence vieille,
légère et généralement d'une médiocre faculté ger-
minative, il faut un supplément plus fort que
quand il s’agit de graines bien constituées, lour-
des, pleines et de germination régulière, car celles
qui sont vieilles, légères et à germination indécise
fournissent d'ordinaire des plantes débiles, souvent
maladives, dont l’existence est délicate et qui suc-
combent au moindre accident. Cependant celles-ci,
comme les meilleures, comptent parmi les graines
capables de germer. Combien sont plus vigoureu-
ses au contraire, les plantules produites par une
semence saine, fraîche, pleine et pesante ; com-
bien sont-elles mieux en état de résister aux in-
fluences qui les menacent du dehors et plus pro-
pres à donner bientôt des plantes robustes. C’est
pourquoi nous donnons toujours la préférence à la
bonne marchandise, quand même, à poids égal, la
semence pure et capable de germer coûterait plus
cher que celle de moindre qualité.
Nous venons d’exposer les principes qui doi-
vent présider à la composition des mélanges de
== 38 - —
graines fourragères,et nous allons maintenant,pour
mieux élucider la question, composer un tel
mélange. Supposons qu'il s'agisse de faire un
pré de trèfles et de graminées sur une bonne terre
franche ou de glaise, même humide, il nous
faudra procéder de la manière suivante : |
10 D'abord, choix des plantes appropriées au
sol, au mode d'exploitation, ete., ( Tableau I, colon-
nes IT, IITI et IV).
20 Fixation de la proportion dans laquelle
on veut que chaque plante soit représentée sur le
pré. En cela, naturellement il faudra avoir plus
égard aux espèces qui réussissent le mieux sur ce
sol qu’à celles qui viennent moins bien. L'étude
de la flore du pays pourra fournir de bonnes indi-
cations ; mais on ne peut s'y fier qu’en autant
qu’elles s'accordent avec l'expérience, et la fin
qu'on se propose. (colonne V).
Pour obtenir les résultats insérés dans les
tableaux suivants, on détermine d’abord la quan-
tité de graines que l’on se propose de semer par
acre de terre, soit 20 à 26 livres ; puis, prenant en
considération la quantité proportionnelle de cha-
que graine à employer dans le mélange, on établit
le problème suivant : 100: 40 (trèfle rouge) : : 22
(la quantité à semer) : X (ie nombre cherché).
SE GPA De LE LT DL EN D CROP AT or ir +, L. N) J°, mL TA FES
CR RTE NT ne Te M D ES AU
- - ë ‘ s Eee
CIRAET: AS
100: 240733 22:7%
x 40
— 100 880-—S8 livres et 80 centièmes. :
Pour convertir ces 80 centièmes en onces, on
multiplie ce nombre par 16 et on divise par 100:
80
x 16
| 480
80
= +0Ù 12 80—ou égale, 123 onces.
La quantité de trèfle rouge à semer dans le
mélange sera donc de 8 livres, 12? onces.
Ainsi, s’il s'agit de faire un mélange de 40 070
de trèfle rouge, comme ci-dessus; de 30 070 de
trèfle alsique, de 10 o70 de dactyle; de 10 o7o de
fromental ; de 10 070 de fléole des prés (timothy,
mil), le calcul se fera simplement de la manière
suivante :
Quantité nécessaire à l’acre.
40 070 trèfle rouge 40 x 22 — 8 livres 123 onces.
( D 4
a —
100
30 070 trèfle alsique 39x 22—6 “ 92 y
100
10 070 dactyle 10x22—2 « 3E s
100
10 070 fromental 10x22—2 « 31 .
100
10 070 fléole des prés 10x22 —2 31 L
100 070 99 «6 1
LE ADES
< 724
Exemple de composition et de calcul d’un tel 3
mélange. -
;
TABLEAU II
Trèfles et graminées dont la durée est d’un à 7
trois ans.
IT III | IV
| Doivent entrer ;
D |
o Le mélange dans le mélange
‘Z| Espèces de graines.
= consiste en à l’acre
7
Y livres onces 4
{| Trèfle rouge... rs 40 8 12£
2} Trèfle alsique........./ 30 6 92
3 Dactyle..….. e. :-1:.,. 10 2 : 31
MOBrOMeNntal ue. 252 ee 10 2 31
5| Fléole des prés (mil)... 10 2 31
TOM. .... 100 2 +
Résumé du tableau précédent.
A l’acre
Frèile rouge. s sers. livres 8 onces 125
Trèfle'alsique ;..::3; sur 6 de 92
Dactyle ...... cosees dal p base 2 ca 31
Fromental 1, 22% ne SUN 2 s 31
Fléole des prés (mil). ........... 0 "2 “ 31
Ensemble..,... ‘“ 2
ESS ere
VI.—Choix des plantes.
Pour composer un mélange dont le rendement
soit le plus fort possible, il importe avant tout
de déterminer les plantes les mieux appropriées
au terrain qu'il s’agit de mettre en prairie. Il y
en à qui ne prospèrent que dans un sol léger, ou
compact; d’autres qui en veulent un qui soit sec
ou qui soit frais ; et elles sont diverses encore par
leur durée plus ou moins longue. Toutes ces cir-
constances doivent être prises en sérieuse considé-
ration. C’est pourquoi la composition des mélan-
ses de semences fourragères doit être fondée sur
une exacte connaissance des plantes qu’on y fait
entrer. , Par conséquent, il nous faut commencer
ici par une étude succincte des principales espèces
employées à cet effet.
Les plantes fourragères cultivées jusqu’à
présent soit pour être fanées, soit pour servir de
pâturage et dont nous nous occuperons ci-après,
appartiennent à deux familles bien distinctes,
savoir: à la famille des Graminées et à celle des
Légumineuses où Papilionacées. Cette dernière
comprend plus spécialement les trèfles, la luzerne,
le sainfoin.
A.—(Graminées.
Les graminées appartiennent aux monocoty-
ML. ES,
lédones ou plantes à embryon avec un seul coty-
lédon. Leur tige est ordinairement creuse, ayant
des nœuds d’où partent les feuilles, qui sont le
plus souvent linéaires et longues. Les contre-
nœuds varient de quelques lignes à plusieurs
pouces. Courts au bas de la tige, ils deviennent
plus longs vers le haut. A chaque nœud est in-
sérée une feuille. La partie inférieure de la feuille
entoure le chaume comme dans un étui, et s’appel-
le, à cause de cela, gaine, tandis que la partie supé-
rieure, le /imbe, est parfaitement libre. A l’inser-
tion de la gaine au limbe, qui compose la feuille
proprement dite, se trouve un prolongement mem-
braneux transparent, nommé ligule, ayant diffé-
rentes formes et structures, suivant les espèces.
Les jets de graminées sortent toujours de l’inté-
rieur de la gaine, des nœuds de la base de cha-
que chaume, rarement des nœuds supérieurs. La
formation de ces jets s'appelle le éallage.
Quelques graminées ont un tallage plus fort
que d’autres, comme c’est le cas des céréales,
qui appartiennent, comme on sait, à la famille des
graminées. La force du tallage dépend de la
fertilité du sol, de la température et d’autres cir-
constances. En vertu de cette faculté qu'ont les
plantes de taller, un seul grain peut produire un
grand nombre de tiges. Les jets se forment à
D —
l’intérieur de la gaine, soit en perçant celle-ci et
en se développant en dehors perpendiculairement
ou en stolons, c’est-à-dire en rampant sous le sol
ou à sa surface.
Ces différents caractères sont d’une grande
importance au point de vue de la valeur agricole
des graminées. Ainsi par exemple, le paturin des
prés pousse de longs stolons souterrains, tandis
que le paturin commun les a sur terre; et d’au-
tres espèces, entr’antres le vulpin des prés, ne font
que des stolons courts, tandis que la plupart des
graminées importantes ne produisent que des jets
droits. Si l’on n’emploie à la création des prairies
artificielles que des graminées dont les tiges pous-
sent en touffes hautes, on n'obtient pas un gazon
consistant et serré ; ces plantes laissent entre elles
des vides. En outre, il se forme souvent un
gazon à toufles élevées, comme c’est le cas pour le
dactyle et pour le fromental. Pour avoir un pré
bien constitué, à gazon serré, il faut ajouter aux
graminées à touffes compactes des plantes stoloni-
fères et, entr'autres, des petites légumineuses qui
donneront de la valeur au fourrage en éloignant
la renoncule rampante, le lierre terrestre, la véro-
nique à feuilles de lierre, etc.
Nous avons dit plus haut que la tige des
graminées ne pousse des jets qu’à sa base. Cela
sn
MNT Dee
ñe se rapporte pas à l’inflorescence du sommet de
la tige, car beaucoup de graminées ont une rami-
fication à leur sommet, portant des épillets, des
fleurs et des semences. Les graminées dont les
épillets se trouvent directement sur l’axe principal
se nomment des graminées à épis ; si les épillets
sont portés au moyen de pédoncules sur les ra-
meaux du chaume, les graminées sont dites pani-
culées. iles rameaux de la panicule sont très
A
courts et très rapprochées, celui-ci ressemble à
première vue à un épi et s’appelle, à cause de cela,
faux-épi, (féole, vulpin des prés.)
La fleur des graminées est toujours étroite-
ment enfermée entre les glumelles et les glumes,
chez la plupart des espèces s'ouvrant au temps de
de la floraison. |
On désigne cette inflorescence sous le nom
d’épillet. Le nombre de fleurs d’un épillet est
très variable. Au centre dela fteur d’un épillet
se trouve l'ovaire, qui porte à son sommet deux
stismates garnies de papilles. En dehors, sur
l'ovaire, sont les étamines, au nombre de trois.
Celles-ci sont entourées de deux glumelles sou-
vent aristées. Le tout est enfermé dans deux
glumes. Fréquemment, les glumes renferment
deux et plusieurs fleurs avec glumelles.
La graine des graminées se trouve, dans le
*
È
;
é
Aus
commerce, ordinairement enveloppée des glumel-
les, et quelquefois même elle est, de plus, renfer-
mée dans les glumes (vulpin des prés.) Ce n’est
qu'exceptionnellement qu'on rencoïtre dans le
commerce de la semence dépouillée des glumelles
(le dactyle pelotonné, tout à fait sec, est dans ce
cas); cependant, il peut se trouver dans chaque
marchandise quelques grains nus. Les graminées
ayant des épillets multiflores (le fromental, le dac-
tyle, les fétuques, paturins, brômes, ctc.), conser-
vent à la base de la glumelle intérieure du fruit
mûr, un tronçon de l’axe de l’épillet nommé pédi-
celle. Le fruit enveloppé des glumelles est mûr.
Par une trop grande maturité, le fruit devient
‘orné, tandis que, à l’état frais, la graine verte est
laiteuse à l’intérieur. Les graines peu mûres, sé-
chées avec soin, peuvent encore germer, mais ne
produisent que des plantes faibles et maladives.
Ces graines sont petites, ratatinées, et perdent bien-
tôt leur faculté germinative, tandis qu’une semen-
ce parfaitement müre, grosse et pleine, conserve
cette propriété plus longtemps.
Les principales graminées fourragères, dont
les diverses espèces ont une valeur plus ou moins
grande pour l’agriculture, sont les suivantes,
+
.— 46 —
Gramninées indigènes
1. La fléole des prés, mil (Phleum pratense ;
Timothy, Herd’s-Grass).
Le Dr. Gray et plusieurs botanistes américains
donnent ia fléole comme introduite d'Europe ; ce-
pendant Hooker dit lavoir rencontrée à l'état sau-
vage à Terreneuve, sur les bords de la Saskatche-
wan et en plusieurs autres endroits de l'Ouest. La
fléole prospère surtout dans les terres lourdes,
froides et humides, même marécageuses. La va-
riété venant des Montagnes-Rocheuses exige un
terrain plus sec. La fléole est à bon droit le four-
rage le plus estimé, principalement pour la nour-
riture des chevaux, et c’est aussi celui qui est le
plus généralement cultivé en Canda. La tige de
la fléole atteint 3 pieds et davantage dans les bons
terrains. Comme fourrage, on en obtient fréquem-
ment de 300 à 400 bottes de quivze livres à l’acre.
On doit toujours la semeren mélange. Il faut +
minot de semence à l’acre. Cultivée pour sa graine,
elle peut en produire jusqu’à 20 minots dans un
acre, chaque minot pesant de 40 à 50 livres.
2.—Le paturin comprimé (Poa compressa ;
Canada Blue Grass) est une graminée vivace,
assez ressemblante au paturin des prés ; cepen-
dant il s'en distingue facilement par ses nom-
. 4, PSS
TRE 7 $
MAT =
breuses tiges plates et peu élevées. C’est une gra-
minée très rustique, qui résiste à la sécheresse et
vient bien dans presque toute espèce de sol. On
la rencontre souvent dans les terrains secs et sa-
blonneux, sur le bord des routes.des sentiers, dans
les champs arides, sur les coteaux, etc., où la plu-
part des autres graminées ne pourraient résister.
Ainsi, elle convient particulièrement aux endroits
rocheux, sablonneux et aux montagnes. Le foin
qu’elle fournit, quoique court, est abondant, très
nutritif et très recherché du bétail. Cette grami-
née est encore appréciée à raison de sa précocité.
8.—Le paturin des prés (Poa Pratensis ; June
Grass, Kentucky Blue Grass).
Le paturin des prés est une graminée vivace.
Il se rencontre fréquemment dans les pâturages
et les prés, il est recherché par tous les animaux.
Il fournit un foin d’une bonne qualité, mais il
faut le faucher pendant sa floraison ; autrement
il ne perdrait pas moins d’un quart de sa valeur,
surtout si on laissait mürir sa graine. C’est la
plus précoce de toutes les graminées fourragères,
sa graine étant souvent mûre Vers le 20 ou le 25
juin. Ses racines traçantes et souvent stolonifères
lui permettent de résister assez bien à la sécheresse.
Il doit toujours être cultivé en mélange. “Nous
co nsidérons le paturin des prés comme étant
AT ==
indubitablement la meilleure graminée à pâturage
du pays. Si elle est tenue broutée, elle produit
d’une manière plus continue qu'aucune autre
graminée, une grande quantité de feuilles succu-
lentes depuis le commencement du printemps
jusque tard en automne. Le paturin ou foin bleu
du Kentucky est, croyons-nous, une des meilleures
herbes, surtout au point de vue de la production
du lait. Quand vous jugez bon de labourer votre
pâturage, il laisse une couenne épaisse de bonnes
matières fertilisantes. Le paturin des prés, ou foin
du Kentucky, doit, à notre avis, former la base de
tout mélange pour pâturage.” (J. Fletcher.)
Ajoutons'ici l'éloge qu’en fait M.I. J. A.
Marsan, directeur du collèsce d’agriculture de
l’Assomption. ‘C'est, dit-il, la plus vivace, la
plus hâtive et la plus rustique des herbes fourra-
sères ; celle qui résiste le mieux aux excès de
température, à la sécheresse et aux froids; elle
est très nutritive et contient en forte proportion
les éléments du beurre et du fromage. (C’est cette
plante qui influe le plus sur la qualité du beurre
et qui lui communique au plus haut degré un
arôme remarquable et un goût délicieux d'amande.
‘Le paturin est une herbe indigène qui
pousse partout dans la Province et dans presque
on
D" Z +
ae
07 L: D
tous les sols. —$Sa semence pèse 13 livres au
minot et l’on en compte 244,000 dans une once.
4.—Le paturin tardif des marais (Poa serotina,
Fowl Meadew-Grass).
Ce paturin fait un excellent fourrage, plus
mou, plus tendre et par conséquent plus facile à
presser que la fléole. Il réussit surtout dans les
sols bas et humides, et possède le précieux avanta-
ge de ne rien perdre de ses qualités, quand bien
même on retarde à le faucher ; car, une fois la grai-
ne tombée, la tige se couche le plus souvent, et con-
serve sa vitalité au lieu de se dessécher, émettant
de nouvelles branches de chacun de ses joints.
Ainsi bientôt une seconde végétation succède à la
première, et presque aussi abondante. De sorte
que ce foin peut être fauché de juillet à octobre
ce qui lui a valu son nom spécifique de éardif.
Il est surtout recherché, comme plus délicat,
pour les bœufs, les vaches et les moutons. Lors-
qu'il est fauché de bonne heure, il donne, à la fin
d'août, un regain presque aussi abondant que la
première coupe au commencement de juillet. Son
foin est très nutritif. La semence peut donc en-
trer avec avantage dans les mélanges pour les prai-
ries. Il est vivace ei se rencontre dans les prés
_ humides.
SET RS
Graminées étrangères
5.—T[/avoine élevée ou fromental (Avena ela-
tior. Tall Oat Grass.) |
Le fromental, ou ray-grass français, est l’une
de nos plus grandes graminées fourragères. Elle
peut fournir u fort rendement si elle est cultivée
dans une terre qui lui convienne, c’est-à-dire dans
les prés hauts et moyens ; car elle redoute un ex-
cès d'humidité. Elle est peu vivace, mais sa graine
müûrit assez tôt et se ressème, de sorte qu’elle ne
disparaît jamais entièrement des prairies, une fois
qu’on l’a semée. Elle prospère dans tous les sois,
même dans les plus ingrats. Elle supporte assez
bien la sécheresse.
Le fromental est une graminée à panicule sem-
blable à celle de l’avoine cultivée, avec des tiges
lisses et vides, de 3 à 4 pieds de hauteur. Il fleu-
rit de bonne heure et se durcit vite ; c’est pour-
quoi on doit le faucher pendant sa floraison. Il
fournit alors un foin d’une excellente qualité. Il
donne après la fauchaison un regain des mieux
fournis. Aussi l’emploie-t-on souvent dans les
grands jardins comme le ray-grass d'Angleterre
(Lolium perenne), pour former des tapis de verdu-
ré qu’on soumet à la tonte plusieurs fois dans la
même saison. Il est donc excellent pour les pâtu-
0 ons ed obdis de dtull ‘ft d'inodts
Je
LE; | EE
rages. Il forme un gazon élargi et peu dense, par
suite de son faible tallage, en sorte qu’il ne doit
pas être semé seul. Il se développe très vite et
donne, dès la première année, un produit considé-
rable ; la deuxième année, le produit diminue sen-
siblement, et les plantes commencent à disparaître.
Le fromental est donc à sa place dans les prairies
temporaires de courte durée.
6.-— L'avoine jaunâtre (Ave na flavescens;
Yellow Oat Grass).
L’avoine jaunâtre appartient aussi aux meil-
leures graminées ; elle réussit fort bien dans les
terrains chauds. Elle prospère dans les bonnes
terres des régions montagneuses, ne supporte pas
une grande humidité dans le sol, maïs elle est
assez résistante à la sécheresse. Les tiges sont
bien feuillées et les jets stériles sont très nombreux
ce qui en fait un fourrage de bonne qualité. Elle
est très recommandée pour les mélanges ; elle
donne un pâturage très recherché du bétail. Mal-
heureusement, la semence fournie par le commerce
est rarement pure; elle contient presque toujours
une plus ou moins grande proportion de dactyle.
Cependant on obtient, même avec cette graine,
de très bons résultats. Quand on peut s’en procu-
rer de la bonne à un prix convenable, on peut recom-
DE —
mander de la faire entrer dans les mélanges en assez
forte proportion.
7.—Le brome inerme (Bromus inermis, Aus-
trian Brome Grass).
Le brome inerme est une graminée de Russie
extrêmement rustique et de grande valeur : VIVAa-
ce à souche longuement stolonifère (tiges longues)
prospérant fort dans les terrains sableux secs et
riches en humus. En Hongrie, il se cultive en
mélange avec la luzerne. Elle est très hâtive et
donne un fort regain. Elle a donné à Ottawa,
104 livres d'herbe à la verge carrée, qui s’est
réduit par le fanage à 47 livres d’excellent foin,
ou 83? tonnes à l’acre.
8.—Le dactyle pelotonné (Dactylis glomerata ;
Orchard Grass).
Le dactyle pelotonné ou aggloméré est une
graminée fourragère des plus précieuses, malgré
son apparence ligneuse. Son fort rendement et sa
faculté de repousser sans diminuer de vigueur en
font un fourrage des plus rustiques.
Le dactyle est une graminée à panicule, mais
les épillets nombreux sont rapprochés ou agglo-
mérés en fascicules compactes d’où lui vient son
nom. Les feuilles sont longues, larges, consistan-
tes et nombreuses. A la deuxième coupe, les jets
}
HEC N C VRES
de feuilles stériles atteignent souvent une lon-
gueur de trois pieds, ce qui ajoute la quantité à la
qualité. C’est dans la seconde ou la troisième année
que le dactyle fournit son plus fort produit, car il
se développe assez lentement. Très vigoureux dès
sa base, il donne avec le temps des touffes com-
pactes et très saillantes ; aussi n’est-il pas propre à
être employé seul. Il ne convient qu’en mélange
avec d’autres graminées et légumineuses, tant pour
prairies permanentes que pour prairies temporai-
res, si toutefois on veut utiliser ces dernières au
moins pendant trois ans.
Le dactyle est très estimé en Angleterre com-
me fourrage, Il fait une excellente herbe, tant
pour prairies que pour pâturages, surtout dans les
endroits ombragés. Le meilieur parti à tirer des
prairies où il domine, comme on en voit plusieurs
sur la côte de Beaupré, serait d’en faire la récolte
lorsqu'il est encore vert comme on le pratique en
Angleterre. Cette plante croît à peu près naturel-
lement dans tous les terrains.
9. — La fétuque durette. (Festuca duriuscula,
Hard Fescue).
Herbe petite, mais de grande valeur pour les
pâturages élevés, ainsi que sur les sols sablon-
neux. On la rencontre dans les terrains secs, à
St-Joachim, par exemple.
HR EL
10.—La fétuque ovine ou des brebis (Festuca
ovina, Sheep’'s Fescue.)
Cette espèce doit son nom spécifique à la
qualité et à la finesse de son herbe qui la fait sur-
tout rechercher des moutons. Elle sert avec la
précédente à garnir les pâturages, surtout dans
les endroits secs, sablonneux et rocheux; leur
petite taille ne permet guère d’en former des
prairies. C’est une graminée rustique à feuilles
filiformes. On la trouve dans les pâturages secs.
11.—La fétuque élevée (Festuca elatior, Tall
Fescue).
12.—La fétuque des prés (Festuca pratensis,
Meadow Fescue).
Ces deux graminées, introduites d'Europe,
sont vivaces et des plus recommandables pour le
Canada. Elles sont parfaitement rustiques. Ce
sont de hautes herbes, fournissant un foin abon-
dant, très nutritif, de bonne qualité et très estimé
du bétail. Elles fournissent aussi une excellente
pâture au commencement du printemps et tard en
automne. On considère maintenant la fétuque
des prés comme étant simplement une variété de
la fétuque élevée. Elle est plus grêle et d’un ren-
dement un peu moins élevé, maïs le foin en est
plus fin. Tlfaudrait toujours faire entrer ces gra-
minées nutritives dans les mélanges pour prairies
et pâturages d’assez longue durée. Ces deux
oœraminées sont bien appropriées aux terrains frais
et humides, aussi bien de la plaine que de la mon-
tagne. Ces deux fétuques ne sont cultivées
qu’en mélange. Lestiges ont jusque trois pieds de
hauteur ; l'inflorescence est en panicule rameuse.
Les feuilles sont longues et assez larges, finement
striées. Ces herbes se développent vite et don-
nent, déjà la première année, un bon rapport. Au
printemps, elles commencent à végéter de bonne
heure, surtout la fétuque des prés ; tandis que la
fétuque élevée fait mieux à l’automne. Elles
croissent promptement, de sorte que, si la terre
est bonne, on peut en faire deux coupes dans la
même année. La graine de chacune de ces fétu-
ques pèse 14 livres au minot, et l’once en con-
tient 26,000. On trouve ces deux herbes dans les
prés, les pâturages.
13.- Le vulpin des prés (Alopecurus pralensis
Meadow Foxtail).
Le vulpin des prés est assez semblable à la
fléole des prés (timothy), sinon qu’il a l’épi un peu
plus court et doux au toucher et que sa fleur n’a
qu'une glumelle. La semence ne se séparant pas
des balles (ce qui est beaucoup mieux, car l’on ne
devrait jamais semer de graine dépouillée de son
enveloppe), ne pèse guère plus de cing livres au mi-
hs es 2 is
RE LS 0 5. "0 Of
ETES RER EE
- Es
1
not, et cependant une once n’en contient pas moins -
de 76,000. C'est, avec le paturin des prés (Poa |
pratensis) la plus hâtive de toutes les graminées,
il épie de deux à quatre semaines plus tôt que le
fromental. Le vulpin des prés ne prodit pas une
grande abondance de foin, mais ce foin constitue
un excellent pâturage en raison de sa précocité et
de la rapidité avec laquelle il repousse après avoir
été fauché ou brouté, ce qui lui permet de donner
un riche regain. Malgré sa croissance assez rapide
dans l’année de la semaille, ce n’est que dans la à
troisième année que la plante acquiert son entier
développement. Il forme un gazon assez serré et
pousse des stolons rampant sur un court espace:
Les tiges peuvent atteindre une hauteur de trois
pieds. Beaucoup de graines sont déjà müres avant
la fenaison et se ressèment d’elles-mêmes. Le vul-
pin des prés cst une précieuse graminée dans les
terrains argileux et humides. C’est surtout dans
les endroits froids et élevés qu’il donne d’excellents
résultats. Il supporte un climat rigoureux mieux
que n'importe quelle autre graminée. Il est viva-
ce et on Je rencontre dans les lieux froids et élevés,
dans les prés, les pâturages. |
B.— Légumineuses |
Les légumineuses ont une structure entière-
PR EE
ment différente de celle des graminées. Leurs
racines principales pivotent aussi profondément
que possible dans le sous-sol (racines pivotantes).
Ces racines sont elles-mêmes garnies sur toute
leur longueur de radicelles fibreuses. Les racines se
ramifient et sont, pour la plupart, droites (trèfle
rouge, luzerne, sainfoin), ascendantes ou couchées
(trèfle alsique), ou rampantes (trèfle blanc). Les
_ feuilles se composent de trois folioles (trèfle rouge,
trèfle alsique, trèfle blanc, luzerne), ou sont tail-
lées, c’est-à-dire composées de plus de trois folioles
{sainfoin). Les légumineuses appartiennent à la
famille des papilionacées. (Chaque fleur est
. composée de quatre pétales irréguliers ; le plus
grand, dirigé vers le haut, est nommé l’éfendard,
le deuxième en grandeur, qui occupe le bas, est
dit la carène, et ceux des deux côtés sont les ailes.
Les étamines sont au nombre de dix ; le plus sou-
vent, neuf d’entre elles sont soudées en un seul
tube fendu à sa partie supérieure et renfermant
le pistil. Les fleurs sont réunies soit en capitules
soit en grappes. Le fruit est une gousse contenant
une ou plusieurs graines. Cette gousse est ordi-
nairement éliminée par le battage et l’on en ob-
tient la graine nue (il en est ainsi pour le trèfle
rouge et la luzerne), ou bien la gousse entoure
sl, 12
2 Li
1
LEON
encore la graine après le battage, comme au sain-
foin.
Toutes les légumineuses fourragères en usage
dans la province ont été introduites d'Europe et
naturalisées ici
14.—Le trèfle rouge.
De tous les trèfles, le plus estimé comme four-
rage. Il en existe deux variétés: Île petit trèfle
rouge ordinaire ou commun qui convient mieux
pour pâturage et le grand trèfle rouge qui est en
général consommé à l’état vert ou comme fourrage
sec. C’est dans les sols marñeux, ainsi que dans tout
terrain d’une certaine consistance, contenant du
calcaire, que le trèfle réussit le mieux. Il peut
même se mettre sur l’argile la plus compacte, à
condition qu’elle soit en bonétat de culture ; mais
il ne s'accomode pas d’un terrain retenant l’eau
trop longtemps, de même qu'il ne croît qu'avec
peine dans les terres trop légères et sablonneuses.
Il est plus sensible au climat que les grami-
nées, et comme tous les trèfles il supporte bien la
sécheresse. C'est pourquoi, dans les années sè-
ches, nous voyons sur nos prés les graminées peu
apparentes, tandis que les trèfles prennent le des-
sus. Dans les années favorables 1l se développe
déjà assez la première année pour donner, en au-
tomne, une petite coupe. L’année suivante, il
N
ne Éd pe nn ni
A
ET À 2e
donne au moins deux coupes, puis en automne
on le retourne. Le trèfle rouge n'étant que bis-
annuel, ne doit entrer que dans les mélanges pour
prairie de courte durée.
15.—Le trèfle alsique doit être semé de pré-
férence dans les terres franches on formées de
glaises fraîches et même humides. Il est
beaucoup moins sensible que le trèfle rouge et
fournit un bon rendement. Plus tardif, il ne se
durcit pas aussi facilement que ce dernier. Les
tiges du trèfle alsique sont ascendantes ; d’abord
coudées à leur base, elles se redressent peu à peu.
Ses fleurs en capitules sont blanches au centre et
roses couleur chair en dehors. Il se conserve
mieux comme foin que les autres espèces de trèfle.
Il est vivace. |
16.— Le trèfle blanc est une plante qui n’a de
valeur qu’en mélange avec d’autres trèfles et
graminées, comme herbe basse. Cultivé seul, le
produit en serait médiocre. Dans un mélange, les
tiges rampantes du trèfle blanc poussent et s'en-
racinent partout où elles trouvent une place vide.
il constitue de cette manière un fond de pre-
mière qualité pour les pâturages. Le trèfle blanc
. dure de trois à quatre ans en semis purs, mais en
mélange, il est vivace et ne disparaît jamais com-
plètement. En fumant avec des cendres de bois
SN es
ou de l’effgrais minéral un vieux pré dans lequel
le trèfle blanc est à peine visible, on verra bientôt
ce fourrage se développer vigoureusement ; ce qui
provient de ce que la plante est mise tout à coup
dans des conditions favorables à sa végétation.
Mais c'est surtout l’arrosage au purin qui est pour
le trèfle blanc d’une efficacité surprenante. Par
cette opération,le sol reçoit non seulement l’engrais
mais souvent encore une assez grande quantité de
graines de cette même plante provenant du four-
rage donné au bétail, lesquelles germent et se dé-
veloppent sur le pré. |
Le résidu sec d’un engrais liquide de ce genre
ayant été examiné botaniquement, 1l a été trouvé
qu’une livre contenait environ six mille graines
de trèfle blanc. Cette légumineuse se trouve par-
tout dans les terrains riches.
La luzerne vient dans notre province pourvu
qu'on lui donne une terre bien profonde, riche en
principes minéraux (chaux, acide phosphorique,
potasse), et un sous-sol perméable et bien drainé.
Elle a été cultivée à la Ferme expérimentale
d'Ottawa, où elle a donné annuellement trois récol-
tes d’un excellent fourrage. Dans les montagnes
à climat humide, elle est sujette non seulement
à être étouffée par les mauvaises herbes, mais
l'humidité lui nuit aussi directement. D’après la
ts
. nature du sol et du climat sa durée varie de trois
à vingt ans. Elle ne doit entrer que dans les
. mélanges qui sont coupés trois fois par an ; sans
_ cela, elle devient dure.
18.—Le sainfoin cultivé est une plante rus-
tique, qui se rencontre dans les pâturages jusqu’à
. une grandeélévation au-dessus du niveau de la mer.
Le sainfoin est un fourrage de premier ordre
- s’il provient de graines sûres. |
Le sainfoin demande avant tout un sous-sol
calcaire parfaitement sain ; à ces conditions :ïil
réussira, même dans les terres légères, soit sablon-
neuses ou graveleuses. (Comme la jeune plante
craint plutôt la sécheresse que le froid, on sème de
bonne heure. La graine et son enveloppe doivent
avoir une teinte brun-clair. Une innovation con-
*siste à livrer la graine décortiquée, c’est une mau-
_ yaise opération.
Pour le faucher, il faut se souvenir que ses
feuilles sont d’autant moins adhérentes qu'elles
sont plus humides. Son foin quoique un peu
grossier, est de première qualité lorsqu'il a été
fait dans de bonnes conditions. Son regain n’a
- pas de rival pour la production du lait.
VII. Mélanges de graines fourragères.
Nous les divisons suivant la composition,
l’emploifagricole et la durée du rapport en ;
ÿ
re
AU
&
F7 AA ÿ
CEE Rs PRET ST RE TT RER AS OU LR ER LT
Fa 2e , ge: È
10 Mélanges de trèfles et de graminées. 4
20 Mélanges pour prairies temporaires.
30 Mélanges pour prairies permanentes.
1o Trèfles et graminées.
(durée de 2 à 3 ans)
Nous comprenons dans cette classe les mélanges
où le trèfle domine ou bien est dans la proportion
d’au moins 40 oo. Comme d'ordinaire la végé-
tation de cette plante dure peu, le temps qu’un
tel mélange reste en bon rapport est seulement
de 2 à 3 ans.—Mais il est préférable au semis de
trèfle pur, parce que la réussite en est plus assurée
et qu’il donne un fourrage avec lequel le bétail.
est moins exposé à la météorisation (enflure géné-
rale de l’abdomen, chez les ruminants, vaches, «
etc. due à des gaz qui s'y trouvent accumu-
lés). Un champ qui a porté du trèfle il y a
peu d’années, n’est point propre à en recevoir de
nouveau : on risquerait de n’en avoir que peu de.
profit, tandis qu’il sera considérable par le moyen
d'un mélange de trèfle et de graminées. À cet.
effet, on associe à la légumineuse des graminées
bien appropriées au sol. Quand celui-ci est trop
médiocre et que le trèfle serait sujet à ne pas bien”
réussir, on le sème également en mélange avec.
des graminées, telles que ia fléole des prés (mil,
timothy), pour une terre forte, et le paturin des:
degree deilte, dt DAS ee’ AUTRE 2 ba vite
Een Ta
—
_ prés, pour une terre plus légère. Le trèfle rouge
peut, en partie, être remplacé aussi par d’autres
espèces de cette légumineuse ; par le trèfle alsi-
. que, par exemple, pour un sol compact; quand il
> s'agit d'un pacage uniquement, c’est le trèfle
- blanc qui doit dominer. Le sainfoin et la luzerne
- entrent rarement dans la composition des
mélanges en question.
4
Re
,
|
À
Les graminées qu’on y emploie le plu: sou-
vent sont : le fromental ou avoine élevée, la fléole
des prés (mil, pros le dactyle, le paturin des
prés.
Les Eine suivants sont donnés comme
exemples de mélanges de trèfles et de graminées,
le lecteur ne devant pas perdre de vue la manière
+ de procéder que nous avons indiquée aux pages
: 38, 39 et 40. Cependant, dans ces tableaux, nous
n'avons inscrit que les résultats obtenus au moyen
de ces calculs. En outre, afin d’être plus pratiques
et pour exempter au cultivateur la peine et la
perte de temps qu’exige un semblable travail,
nous avons éliminé de la compesition de ces
. mélanges toutes les quantités moindres qu’une
_ demi-livre.
Voici les tableaux en question :
GE
A.—Mélanges de deux espèces.
LR =
| I
Espêces de graines.
Quantité de semence à l’acre.
Livres
Trèfle rouge. 19 1
a
2
Fromental (avoine élevée). | 2
be
Mélanges destinés à une bonne terre.—Plus le
sol est léger, plus on renforce la dose de fromental
mais ce n’est qu’exceptionnellement qu'il s’en met
plus de 33 00. La durée est de deux années.
IT |
Espèces de graines.
Quantité de semence à l’acre.
|
|
| Livres
|
Trèfle rouge. 19 4
Fléole des prés (timothy). 2 ?
* — 65 —
Si le mélange de trèfle rouge et äe fromental
Eu mieux approprié à un sol léger et chaud, ce
_ deuxième mélauge réussit mieux sur une terre
._ froide et forte, notamment pour fourrage vert.
ÉPtns la terre est forte, plus on met de fléole,
mais en ne dépassant 50 oo qu’exceptionnelle-
ment.
bi
Quantité de semence à l’acre
—
Espèces de graines iso
Trèfle alsique. | 141
Fléole des prés (timothy).
Mélange destiné à une terre humide et froi-
. de où le trèfle est d’un rapport incertain.
2
._. Nota.—Un mélange de sainfoin et de fromen-
+ tal n’est pas à recommander, parce que la semence
- en est chère et que le rendement serait faible et
_ de peu de durée.
IV | Quantité de semence à l’acre
Espèces de graines ST
P SH RES Livres
Dactyle 2.20 |
Trèfle rouge 6
À
+!
(PA
, AL
Co 92 —
CO 90 C9 CO mes 49 O0 —ù 20
—
[ms
—
| LH 9/4
+2
Æ
——————— le 1
DC da
5 Où la luzerne risque de ne pas réussir, on
peut la remplacer par une autre lézumineuse.
_ B.—Mélunge pour une bonne terre argileuse,
riche en humus
Quantité de semence à l’acre
| Espèces de graines —
| Livres
Trèfle rouge
Trèfle blanc
Trèfle alsique
Fétuque des prés
Fétuque élevée
Dactyle
Vulpin des prés
Fléole des prés
Paturin tardif
© © -J © O1 à © 29 ——
Loi
CT
NI & 0 4 © = C0
Ÿ 12/4 12] 19 het 9 bi C
;
à 1. Plus la terre est forte, plus le trèfle rouge
É peut être remplacé par le trèfle alsique.
2. La fléole des prés et le dactyle sont les
_ types des plantes propres aux terres fortes, et c’est
_ la fléole des prés qui convient le mieux pour être
substituée à une espèce ce on voudrait laisser de
côté.
AA ES ge
C.—Mélang e pour une lerre de sable limoneux,
profond et riche en humus. à
| Quantité de semence à l’acre
Espèces de graines —
Livres
I Luzerne 2 1
2 Trèfle rouge a
3. Trèfle alsique 21
4 Fromental a
5 Fétuque élevée Ve
6 Fétuque des prés Ce
7 Dactyle | 3 ;
8 Fléole des prés l |
9 Paturin des prés 3 4
10 Brome inerme 4 .
24
1. Si l’on veut substituer une espèce de gra-
minée à une autre, le dactyle mérite la préférence.
2. Où la terre n’est pas assez profonde pour
la réussite de la luzerne, ii faudra une légumi-
neuse mieux appropriée.
D .— Mélange pour une bonne et profonde terre calcaire
marno-calcaire où marno-sablonneuse.
Quantité de semence à l'acre
Espèces de graines —
Livres
{ Sainfoin 3
2 Luzerne 3
3 Trèfle blanc 2
4 5
Fromental
bu dt € 4
ï
”
:
SR) À d'éaré
F
»o Dactyle Re
6 Fléole des prés LE:
7 Paturiu des prés 4
8 Brome inerme 3
1. Les méianges où le sain foin domine sont
toujours chers, et le rapport en est dispropor-
tionné à la dépense; partout où c’est possible, il
faut chercher à le remplacer, jusqu’à concurrence
de moitié, par du trèfle blanc et rouge.
2. Là où le sainfoin réussit sûrement, le fro-
mental convient aussi.
E.— Mélange pour une bonne terre humeuse, drainée
et accessible au voiturage de fumier et de marne.
Quantité de semence à l'acre
Espèces de graines —
Livres
Trèfle rouge
Trèfle blanc
Trèfle alsique
Fromental
Fétuque élevée
Fétuque des prés
Dactyle
Vulpin des prés
Fléole des prés
CLEO CET CET CET OT QE
© O0 =1 D 07 BR © 9 —
|
[2e] > 29 CO DT = me fe = #9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
LE r
LE PET
Suivant la nature du sol, le trèfle alsique, le?
«
dactyle et la fléole des prés tiennent icile premier
rang. | EE 4
F.— Mélange pour une terre argileuse, humide et
froide. à n
8 | Le 10f ee
ameublir le sous-sol, sans le porter à la surface, au
moyen d’une charrue fouiileuse. Quand on n’a pas
de charrue fouilleuse, on peut arriver au même
résultat par l'emploi successif de deux charrues :
l’une avec son versoir, et l’autre sans versoir ni
avant-trailn, mais avec le fer incliné de 8 à 16
pouces à droite. On fait un tour entier avec la
charrve complète , puis on refait ce même tour, en
plongeant l’autre charrue dans la rai: tracée d’a-
bord ; et on continue ainsi pour chaque tour. Le
sous-sol se trouve alors suffisamment ameubii, sans
qu'on ait eu à craindre de nuire au sol.
Cette opération se nomme le défoncement. On
emploie ensuite de nouveau la charrue ordi-
naire. On continue ce mode d'amélioration du
sol, labourant de plus en plus profondément,
jusqu’à ce qu’on ait atteint le fond de la couche
ameublie du sous-sol.
Les façons culturales, en vue d’un semis de
graines fourragères, doivent se faire en automne,
si possible : car, après l’hiver, la terre est bien di-
visée, et 1l suffit d'y faire un léger labour, suivi de
hersages énergiques, pour qu’elle soit prête à l’en-
semencement. Si l’on ne peut procéder ainsi, il faut
émietter le sol par des travaux répétés avec
la charrue, la herse, le scarificateur, etc.; car on
ne peut attendre de bons résultats de l’ensemence-
4
_
Lt
;
s, ? x +
— 104 —
ment d’un champ mal préparé et couvert de
mottes plus où moins grosses.
Dans un tel terrain, les graines plus fines
tombent à une profondeur trop grande et s’y
perdent inévitablement, tandis que celles qui
restent sur les mottes ne lèvent au’en partie et
périssent plus tard.
Un semis de graines fourragères exige donc
que le sol soit préparé presque aussi bien que la
terre d’un jardin potager.
LES COMPOSTS, LES BALAYURES,LES BOUES ET LES
LIMONS. .
Presque toutes les herbes aiment la frai-
cheur, non seulement aux racines, mais aussi aux
feuilles ; il:s’ensuit que notre climat ne satisfait
exactement pas à ces conditions. Voilà la pre-
mière et la plus grande difficulté, contre laquelle
on luttera souvent en vain.
Pour c° qui est du sol, plus il sera léger,
moins 1l conviendra ; au contraire, s’il est argileux
les herbes y réussiront.
Tandis que par conséquent sur une côte aride
et sablonneuse, il est presque impossible d'obtenir
une belle prairie, une vallée basse et argileuse est
très propice. Cela ne suffit pas cependant ; il faut
encore bien préparer le sol et soigner les herbes.
— 105 —
Voici, d’après M. Van Hulle, ce qu'il y a de
mieux à faire, indépendamment de ce qui a été
recommandé ci-dessus, non seulement pour créer
un beau pré dans les situations favorables, mais
encore pour lui assurer de la durée, même dans de
très mauvaises conditions :
“Ne pourrait-on pas attribuer, en très grande
partie, la beauté du gazon le long dela voiepublique
à la poussière que le vent y chasse et qui recou-
vre et abrite constamment les racines supérieures,
les plus importantes, au fur et à mesure, pour ain-
si dire, qu’elles se forment, tandis que, dans nos
prairies et pâturages, ces racines supérieures sont.
rôties par le soleil? Dans l’affirmative,--et nous
croyons que cela n’est pas douteux.—il suflrait
d’imiter plus ou moins ce qui se passe dans la na-
ture, c’est-à-dire de répandre de temps à autre une
légère couche de terre sur le pré. Il va de soi que,
plus cette terre sera fertile ou substantielle mieux
cela vaudra; toutefois, au besoin, durant l'été
surtout, toute terre, quelque légère qu’elle soit, doit
produire un excellent effet. Tâchons donc tou-
_ jours d’avoir quelque part en dépôt un tas de
terre, et chaque fois que, par ci par là, une
place laisse à désirer, répandons-y environ quatre
lignes (un demi pouce), de cette terre, durant tout
l’ét é As
— 106 —
“Le temps le plus propice pour transporter
les boues sur les prairies, est l'hiver; en voici les
raisons : la première, c’est que par là on évite de
briser le sol des prés avec les roues des voitures
d'été, qui fouleraient trop violemment et trop iné-
galement le terrain ; la seconde, et c’est la prin-
cipale, c’est que l’hiver est le meilleur pulvérisa-
teur, et que, le printemps arrivé, il laisse un en-
grais-amendement admirablement préparé pour
être répandu sur les prés, prairies et pâturages.
De fait, c’est au printemps, de bonne heure, avant
la reprise de la végétation, qu’il convient de li-
moner les prairies.”
RESTITUTION AU SOL DE SA FERTILITÉ
Nous ne saurions mieux faire que de reprodui-
re, à ce sujet, les paroles de M. Fouquet, membre
du Conseil Supérieur d'Agriculture et professeur
à l’Institut Agricole de Gembloux, Belgique, appe-
lant, au congrès national d'agriculture, l’attention
de l’assemblée sur les soins à donner aux prairies:
‘ Elles sont généralement mal soignées, dit-il,
surtout au point de vue des engrais. On les consi-
dère trop souvent comme des magasins fourragers
inépuisables. On croit que les prairies n’ont pas
besoin de fumures, ce qui est une erreur : les plan-
— 107 —
tes des prairies ont les mêmes exigences que celles
de nos cultures annuelles, d'autant plus même
qu’elles occupent le sol d’une façon permanente.
“ Le rendement moyen des prairies est peu éle-
vé, et c’est à l’augmenter surtout que le cultiva-
teur doit chercher à arriver; l’augmentation de
produits équivaut, en effet, à une extension en
surface et permet de nourrir un plus grand nom-
bre de têtes de bétail sur une exploitation donnée.”
M. Fouquet rappelle que des expériences fai-
tes à Rothamsted (Angleterre), sont eoncluantes
et que, par des fumures convenablement fournies
aux prairies, le rendement de celles-ci doit aug-
menter. Il prouve que le fumier de ferme fabriqué
avec les seules ressources de l’exploitation, n’est
pas suffisant pour maintenir la fertilité des terres
arables et des prairies tout à la fois, et il indique
des sources auxquelles le cultivateur peut avoir
recours pour suppléer au manque d'engrais de
l'exploitation.
Voici quelques chiffres qu’il a empruntés aux
nombreux travaux de Lawes et Gilbert, à Rothams-
ted. Ces chiffres se rapportent à l’acre,
RE Er 1:
FOIN Bottes.
Sans engrais, tn... con .neus-s sens cropere ses nes 140%
Sulfate et chlorhydrate d’ammoniaque.......... ...……. 18514
Nitrate de soude: :i5.1:.1.1: co rsos tres sese cuves :-| 1891
Siperphosphate de chaux .,.3...... Le 15744
Mélange de superphosphate de chaux, de sulfate de po-
tasse, de soude et de magnésie....45%2170 0 19514
Même mélange avec addition de sels ammoniacaux....| 310
Mème mélange, le nitrate de soude remplaçant les sels
AMMORIACGAUX . Sens comes eoseedoset ee ee EE
23,533 livres ou 111 tonnes de fumier deferme.. .....| 238
| 23,333 livres ou [11 tonnes de fumier de ferme et sels
aMMONIACAUX .sss cos PRE RES ER JT ses...) 27224
“ Ces chiffres, dit M. Fouquet, ne laissent au-
cun doute sur les avantages qu’il peut y avoir à
traiter les terrains enherbés avec moins de parci-
monie que nombre de cultivateurs n’ont l’habitu-
de le faire. ”
| Les graminées, qui constituent la base des
plantes de prairies, ont les mêmes besoins que les
céréales ; elles sont cultivées, en général, pour
leurs tiges, lesquelles doivent être consommées
sur pied ou fauchées au début de la floraison, qui
_ coïncide avec le maximum de valeur alimentaire
_ de la récolte. Le cultivateur ne peut donc pas per-
- dre de vue que la teneur élevée de la récolte en
acide phosphorique, en chaux et en potasse, est
une preuve certaine de leur valeur nutritive éle-
. vée et que, au contraire, là où les minéraux ont été
fournis et absorbés par la récolte en quantité insuf-
_fisante, la valeur alimentaire est faible.
Dans beaucoup de cultures, dit le Guide du
Cultivateur- de France, on adopte un engrais in-
complet dosant environ : azote, 6 pour cent, acide
phosphorique soluble et assimilable, 6 pour cent.
En revanche, l’addition de potasse produit
habituellement un effet très marqué dans tous les
. terrains légers et pauvres en minéraux.
La dose de potasse ajoutée varie alors de 2 à
L pour cent.
Voici la formule de M. Georges Ville pour
l’engrais complet :
then Ti àt, Eur LE PEAR © .. »
}
Livres,
Superphosphate à 15020 d'acide phosphorique, soluble
le Len du spas du cms 7100
On Lo dd étend é n pviee 3 8 à ; 75
Sulfate d'ammoniaque .... ...... mme, re .
D ntate de chaux. :...1:.......... 0.0 ei.
RP AE ES re NÉ Sd
ue ls
27,
sn
— 110 —
Ces chiffres s'adaptent à la quantité d'engrais
nécessaires pour un acre de terre et épandus en
couverture sur les prairies déjà établies.
‘ Cette proportion de potasse est considérable,
ajoute le Guide du Cultivateur, et n’est justifiée que
là où le sol en est très appauvri par une culture
épuisante, sans restitution suffisante ou s'il en con-
tient naturellement très peu, ce qui est surtout le
cas d’un grand nombre de sables. ”
SAISON PROPICE A LA RESTITUTION
AU SOL.
Il faut, autant que possible, appliquer ces
amendements-engrais avant l'hiver. Épandus en
octobre, ces engrais deviennent plus facile-
ment assimilables pour que la première coupe
en profite largement, dès que l'herbe se réveille
en avril-mai ; tandis que, employés seulement au
printemps, ils ne produiraient leur effet que plus
tard.
Cependant, les sels ammoniacaux, et les nitra-
tes surtout, de même que les engrais liquides, ne
doivent être épandus qu’au commencement du
printemps. Le sulfate de chaux, ou plâtre, ne doit
même être employé que lorsqu'il n’y a plus aucu-
ne gelée à craindre.
— 111 —
Nous croyons devoir donner ci-après un
exemple de préparation et de fumure d’un terrain
devant servir de prairie, avec du fumier de
ferme et des engrais chimiques combinés.—
D'abord, la première chose à considérer pour la
création d’un pré (prairie et pâturage), est l'espèce
de terre qui convient le mieux. La compacité du
sol est une condition rigoureuse d’une forte pro-
duction herbacée. On choisira donc une terre assez
fortement arcileuse, pas à l’excès cependant, mais
très bien drainée, ou avec un bon sous-sol perméa-
ble.
En l’absence de l’une de ces deux conditions,
il faut pratiquer le défonçage, opération qui consiste
à remuer le sol avec une charrue fouilleuse ou par
l'emploi successif de deux charrues ordinaires. De
cette manière le sous-sol se trouvera suffisamment
ameubli et mettra à même d’assécher assez bien le
terrain, en supposant toutelois que les drains fonc
tionnent bien et que les canaux et les rigoles soient
dans un bon état. De fait, les meilleures espèces
d'herbes ne croissent jamais dans les endroits hu-
mides. Tous les animaux de ferme profitent plus vi-
te dans les terres sèches (parfaitement égouttées, as-
sainies), ils s’y couchent plus à leur aise, et la sa-
_veur de l'herbe y est pius appétissante ; par suite
les produits sont supérieurs. Il faut choisir une
Met À TES 57
nn
— 112 —
terre forte et riche, car il faut que le terrain soit
saluré des éléments fertilisants des plantes qu'on a
l'intention d'y cultiver. Il faut de plus que la cul-
ture des plantes-racines, qui doit toujours précé-
der l'établissement d'un pré, ait mis la terre dans
un bon état de culture. Si l’on veut obtenir des
rendements extraordinaires, il faut que la terre ait
été rendue aussi meuble que celle d'un jardin. Les
racines de toutes les espèces d’herbes de prairies
et de pâturages sont excessivement fines, et ne
peuvent pénétrer aisément les mottes de terre.
Il faut commencer à préparer la terre pour
l'établissement d'un pré, l’automne qui précède
l’année du semis, en labourant et défonçant le ter-
rain, après avoir épandu sur le champ une bonne
quantité de chaux vive en poudre (40 minots à
l’acre, en moyenne). Si la terre est très forte, on fait
un nouveau labour sur la largeur du champ, le
premier ayant été fait sur la longueur, ce second
labour devra être le plus profond ; enfin, on en fait
un troisième, mais léger, (environ deux ou trois
semaines après le premier), et on y enterre 25 à 30
tonvues de fumier pailleux. Car ici il ne s’agit pas
seulement d’engraisser la terre, il faut de plus Pu-
mener, la rendre meuble aussi profondément que
possible, si ce travail n’a pas déjà été fait d’une
manière satisfaisante pour les plantes-racines (pa-
Ba LL DR L 4
OO TT AN CE 635 aa 2
— 113 —
tates, navets, etc.) On ajoute au fumier d’étable
300 livres de poudre d'os, à l’acre.
La saison la plus propice pour les labours est
l'automne, parce que nos fortes gelées ont pour ef-
fet de désagréger le sol. De fait, l'hiver est le meil-
leur des scarificateurs.
Au printemps suivant, nouveaux labours sur
les deux sens, à la profondeur du dernier labour
x
fait l'automne précédent, qui à servi à enterrer
l’engrais. Ensuite on herse énergiquement en tous
sens avec la herse-bêche, la herse à disque, la her-
se ordinaire, et on roule fortement avec le rouleau
brise-mottes et le rouleau ordinaire ; puis on laisse
réchauffer la terre au soleil pendant quelques jours.
—
XI.—EPOQUE DES SEMAILLES.—DIVERSES MA-
NIÈRES DE SEMER. —SEMAILLES DES GRAINES FOUR-
RAUÈRES SANS CÉRÉALES.
La semaille des graines fourragères deman-
de de l'attention Le temps le plus favorable
pour les semaïlles des mélanges est la fin de l'été
(mois d'août.) En voici les raisons. D'abord les
graines venant de mürir sont plus fraîches et ont
par suite une faculté germinative plus grande ;
ensuite, les semis de fin d’élé, étant favorisés par
l'humidité et la bonne température de 4 saison
— 114 —
lèveront mieux que ceux faits au printemps, où l’on
a toujours à redouter les temps secs, chauds et ven-
teux, si desséchants et si désastreux, qui font sou-
vent que les semisde printemps échouentcomplète-
ment. La nature sème toujours à la fin de l'été, sui-
vons ses indications et les jeunes plantes seront dé-
jà assez fortes, assez robustes, assez bien enracinées
et installées à l'automne, pour se bien défendre.
contre les froids de l'hiver ; et la prairie sera éta-
blie au retour de la belle saison. Dès le mois de
juin, elle pourra fournir un très bon pâturage
pour vaches laitières, ou, si l’on attend le mois
suivant, une b'nrne coupe de foin ; tandis que,
d'un semis de printemps, on ne peut espérer qu’une
petite herbe qu'il est préférable de ne pas faire
pâturer du tout avant les neiges. Par le semis de
fin d'été, on peut donc, comme on le voit, gagner
presque une année.
Ily a deux modes de semer les mélanges,
avec ou sans semence de céréales. Selon nous, la
dernière manière est de beaucoup préférable, pour
la raison suivante : chaqüe graine aura la chance
de profiter de la nourriture qui lui convient, sans
crainte que les racines des grains l’en privent. La
nature sème toujours les graines d’herbes sans
mélange de grains. Imitons-la done, elle connaît
bien son métier.
= TA, Lg DE Les NO nan ins 5 ee : ges ER |
L
— 115 —
Si l’on emploie le deuxième mode de semailles,
celui de confier les graines à la terre sans additions
de céréales, on doit semer dans le courant du mois
d'août.
XII SEMAILLES AVEC CÉRÉALES. —RÉCOLTES
PROTECTRICES.—ENTERREMENT DE LA SEMENCE.
À ceux qui ne voudraient pas risquer de semer
les graines de mélanges sans orge, hlé, ou avoine,
par la crainte que l’herbe ne manque et ne fasse
perdre ainsi tout le profit de l’année, bien qu'il
soit certain que l’herbe pousserait plus vite et de-
viendrait plus touffue étant semée seule, à ceux-là
nous recommanderons de faire un léger ensemen-
cement d'avoine, qui sera fauchée ex vert. Dans ce
cas les semailles doivent se faire au printemps.
L'avoine en vert est bien en effet la céréale
protectrice la plus propre et la plus sûre, tant
pour les graminées que pour les légumineuses.
Elle donne un bon abri aux jeunes plantes four:
ragères, sans occuper la place longtemps, et
fournit elle-même, à l’époque où celles-là ne sont
pas encore développées, un bon rendement de
fourrage.— L’avoine se sème dans la proportion
d’un miaot environ à l’acre. Mise au printemps,
elle acquiert en quatre où six semaines, une
hauteur d'environ six pouces, et doit alors, dans
Les. À" Ent ) Ps he Tu Tl, 17770
éd ris
une journée chaude, être coupée un peut hawt,
afin que les jeunes plantes fourragères, reçoivent
de la lumière. Si on laisse l’avoine s'élever beau-
coup plus, la réussite d’un semis si dru est
compromise, tandis que, en fauchant de bonne
heure, non seulement toutes ces plantes prennent
un meilleur aspect, mais aussi le rapport en avoine
verte est plus considérable, parce qu’al!ors l’avoine
fournit deux coupes. Après cela l’avoine repousse
dru et rend considérablement. On peut laisser
cette dernière grandir plus que la première fois,
mais sans toutefois trop attendre pour la seconde
coupe, de crainte qu’elle n’affaiblisse trop les
jeunes plantes fourragères. Comme la première,
la seconde coupe doit aussi être pratiquée haut,
afin de favoriser le tallage des graminées. Après
cette seconde opération, l’avoine reste en arrière,
et les graminées et les légumineuses dominent,
s’enracinent fortement, forment un bon gazon, et
pourraient même fournir une troisième coupe de
fourrage ; mais il vaut mieux les laisser sur pied
pour protéger les racines des jeunes plantes contre
les froids de l'hiver.
Si la première coupe se fait trop tard, ce n’est
pas seulement le mélange qui en souffre, mais
Javoine devient trop maigre à la seconde coupe
: SIREN “ ous
et
EC
LL
#
1
4
|
À
.
4
-
1
2 LT EE SR TE Le he x Den DE +.”
— 117 —
et rend moins que par le procédé que nous recom-
mandons.
Quand on fait simultanément la semaille
d'un mélange et de la récolte protectrice, il faut
commencer par mettre et enterrer la semence
de celle-ci, parce que toutes les graines ne veulent
A
pas être enfouies à une égale profondeur. Une
graine minuscule, qui est de cent à deux cents
fois plus menue qu’un grain d'avoine, ne doit pas
être enterrée aussi profondément que celui-ci.
Si la récolte protectrice est une céréale pour
grains, 1l est à recommander de semer en lignes,
parce qu’alors les plantes fourragères auront moins
à souffrir de l’ombrage. Si l’on sème à la volée,
la récolte protectrice doit être hersée d’abord. S1
on met du sainfoin (esparcette) dans le mélange,
on peut le semer et le herser avec la récolte pro-
tectrice, parce qu'il exige d’être couvert autant que
la céréale. Ce n’est qu'après l’enterrement de ces
deux semences qu’on peut semer les trèfles et les
graminées, car leurs graines périraient pour la
plupart si elles étaient enfoncées aussi pro-
fondément que la céréale : 1l n’y a que les grami-
nées à grosses graines, comme le fromental, qui
germeralent en partie. Dans les terres fortes, le
semis des trèfles et des graminées ne reçoit qu’un
roulage; mais dans une terre légère, tous les semis
— 118 —
doivent être hersés, sauf ceux du paturin des prés
qu'il faut toujours se borner à rouler.
De ce qui précède, 1l ressort déjà que les di-
verses espèces d’un mélange ne doivent pas être
semées ensemble, et cela non seulement à cause
de l’enterrement des semences mais aussi par suite
des différentes natures de sol. Les graines lourdes,
comme celles des trèfles et de la fléole des prés
ne se laissent pas bien mêler avec les lécumi-
neuses ; elles descendent au fond du mélange
et, semées à la volée, sont lancées bien plus loin
que le fromental ou les autres graines légères,
garnies de glumelles et de poils. C’est pourquoi les
graines lourdes et les légères ne doivent pas être se-
mées ensemble, même quand il les faut enterrer à
la même profondeur : la semaille des unes et des
autres doit se faire séparément.
Ce qui précède doit être mis en pratique aussi
bien pour les semailles de mélanges sans céréales
que pour celles avec grain.
Voici maintenant un aperçu de la manière de
procéder :
À.- EN TERRE FORTE
1 D'abord, semaille et hersage de la récolte
;
;
à me. pa EST PS ET AE ag AS d'à YA RE et l'a. DS is no tle, PR in PTE TENINE
mu A CORALIE £ 7} r ‘ Le c
— 119 —
protectrice (avoine, etc.) et de l’esparcette (sain-
foin).
2. Ensuite mélange et semaille des graines
lourdes.
Portion I
(a). Toutes les espèces de trèfles et d’autres
légumineuses ;
(b). La fléole des prés ;
4 (c). Le dactyle, en graines sans 9 lumelles
(enveloppes) ; |
. (d). Le paturin des prés, ie la graine a été
battue, nettoyée, et si elle est à peu près pure.
EL La. Lol LD
3. Toutes ces graines étant semées, on passe
> immédiatement au mélange et à la semaille de la
. portion IT qui comprend :
Portion IT.
(a). Le fromental ;
(b). La fétuque des prés ;
(c). Le dactyle, en graines à glumelles ;
(d). Le vulpin des prés ;
(e). Les fétuques fines ;
(f). L’avoine jaunâtre ;
| (g). Le paturin, à graine légère ; «
Après quoi, les deux portions (I et II) su-
_ bissent un roulage commun.
x
ns
SR
= A0
B.— EN TERRE LÉGÈRE.
1. Comme ci-dessus, d'abord semaille de Îa
récolte protectrice; et si l’esparcette (sainfoin)
doit entrer dans le mélange, elle peut être semée
et hersée en même temps
2. Ensuite, semaille de toutes les espèces de
légumineuses et de graminées, sauf le paturin,
(portion II1)—bien entendu en mettant séparé-
ment la semence lourde (portion I) et la légère
(portion I[)—avec hersage extrêmement léger.
3. Enfin, semaille de la graminée réservée
(portion III), et roulage du champ.—Il est clair
que l’ensemble de ces opérations n’a lieu que
lorsque le mélange comprend toutes les graines
en question.
Afin que la semence soit répartie également,
il importe de faire de chaque portion un ense-
mencement £roisé, qui consiste à en répandre une
moitié dans le sens de la longueur du champ et
l’autre moitié dans le sens de la largeur ou en
travers; car rien n’est plus ennuyeux que de voir
plus tard des lacunes apparaître dans le champ.
Mais ce qui est surtout très fâcheux, c’est que le
rapport en est diminué et que ces lacunes sont
difficiles et coûteuses à combler. C’est pourquoi
il ne faut pas craindre le surcroît de travail exigé
— 121 —
| par l’ensemensement croisé, car on le regagne
largement dans une exploitation qui dure plu-
sieurs années.
Il y a un excellent instrument, le semoir à
trèfle qui ne devrait manquer dans aucun grand
domaine et dont l’acquisition est à recommander
aux sociétés agricoles.
* Avec son aide, un homme peut ensemencer
dans un jour dix-huit acres, et la semence étant
ainsi répandue plus également qu’à la main
semant à la volée, il résulte non seulement une
économie de graine, mais encore un engazonne-
ment plus uniforme et un rendement plus con-
sidérable. Le semoir à bras ne peut naturellement
être employé que pour les petites surfaces ; pour
les grandes exploitations on se sert de semoirs à
cheval.
Bien que ces instruments soient construits
spécialement pour la semaille des trèfles, ils peu-
vent aussi, sans rien y changer, servir pour les
graines de graminées, à l’unique exception de
celles du fromental. Mais il faut avoir soin
d'ouvrir entièrement les orifices. Il est bon de
semer séparément les graminées et les trèfles,
auxquels on peut joindre la fléole des prés.
Toutefois, ce n’est pas absolument nécessaire,
surtout si la caisse ne se remplit pas complètement
de semence et si on ne fait qu'en ajouter aux
deux bouts du champ.—Il existe un semoïr à trèfle
à orifices ovales et plus grands, avec lequel on
peut semer toutes les graminées, y compris le fro-
mental.
XIII—SOINS D'ENTRETIEN DES PRAIRIES.
Si l’on veut qu’une prairie présente un beau
œazon bien fourni et qu’elle rapporte le plus pos-
sible, 1l faut qu'après la semaille elle soit l’objet
de soins convenables, et nous allons maintenant
donner là-dessus quelques conseils.
Pendant la première année, la prairie ne
devrait pas être arrosée de purin, à moins que cet :
engrais liquide ne soit bien fermenté et fort étendu
d’eau, sans quoi il serait préjudiciable aux jeunes
plantes, notamment aux graminées fines. Au lieu
de cela, 1i vaut mieux couvrir le champ de fumier
pailleux par lequel, non seulement il sera fertilisé,
mais aura l'avantage d’être protégé pendant
l'hiver. Il ne convient pas non plus d'y amener
du compost, la première année, si ce n’est quand
il y a des lacunes auxquelles on veuille remédier
le printemps suivant par de petits semis supplé-
mentaires
Il importe de soumettre le sol à un roulage
ON TP PRE EI PNR PIS MS D ME CN oO ee D: Li OISE
a
|
ps
LO
Q9
|
avec un instrument des plus pesants, non seule.
ment après la semaille mais encore après la pre:
mière coupe et en automne ; mais cela est surtout
très utile -au printemps suivant, quand la terre
est devenue sèche, car alors il se trouve souvent
que les plantes ont été en grande partie déchaus-
sées pendant l'hiver et montrent leurs racines dé-
nudées à moitié ou entièrement ; or, celles-ci
doivent êire enterrées de nouveau, sinon, une
partie des plantes qu’elles sont chargées de nour-
rir dépériront ou resteront feibles. Beaucoup
de graminées telle que la fétuque durette, etc.
ont la propriété de se former un pied en touffe
épaisse et d’une certaine hauteur, et de produire
par là des inégalités dans la surface enherbée. Au
moyen du rouleau, ces saillies sont aplanies au ni-
veau du reste, et le gazon de ja prairie redevient
uniforme et plus commode à faucher. L'emploi
du rouleau sur les prairies et les pâturages, est
donc fort avantageux, quoique rarement pratiqué.
Il à non seulement pour but et pour résultat de
refouler le gazon soulevé par les gelées, mais
encore celui de chasser devant lui l’excès d’eau
qui peut se rencontrer sous ce gazon. Les prés
consolidés et ressuyés par ce moyen, à la sortie
de l'hiver, végètent plus tôt, plus vigoureusement,
l'herbe se garnit mieux du pied et croît plus
CRE |
x '
2 .
D Ts,
CE 0, a -
Dr Mis. 1 1 cd
— 124 —
tard à l'automne, que si l’on négligeait le roulage.
Ce roulage devrait étre répété pendant les premières an-
nées, et méme il est avantageux de le faire chaque prin-
temps deux ou trois fois, “ainsi que chaque automne.
Pour les prairies permanentes, notamment
celles qui sont de vieilles prairies naturelles, ilest
souvent très avantageux de donner un hersage
superficiel avec la herse à pré. Quand le sol est
recouvert d’un feutrage formé par les tiges radi-
cantes, soit du paturin commun, soit de l’agrostide
commune ou trainesse, les graminées autres et
plus productives en souffrent considérablement.
Elles finissent par être étouffées dans les mailles
de ce tissu serré, qui ne laisse qu’un accès insuff-
sant à l’air et à la chaleur. À cet inconvénient se
joint souvent celui d’un développement de mousse,
d'acides végétaux nuisibles, qui, à leur tour, favo-
risent la pousse de mauvaises herbes acides. C’est
ainsi que nous voyons souvent les meilleurs ter-
rains punir la négligence du cultivateur en se
recouvrant de mousses et de laiches, devant les-
quelles les bonnes graminées ont disparu peu à
peu. Le produit, comme quantité et comme qua-
lité, n’est plus que très médiocre. C’est alors qu'il
s’agit d’avoir recours aux bons offices de la herse
à pré. Après qu'elle a déchiré la couche de
.
+
mousse et d'herbes feutrées, la terre est ouverte de
nouveau à l'influence de l'air et de la chaleur et,
en peu de temps, il apparait une toute autre végé-
tation : les graminées et les légumineuses revien-
nent en bonnes et productives espèces, et le ren-
_ dement de fourrage va s’accroissant de plus en
_ plus.
‘“ La herse, dit Joigneaux, détruit la mousse
_ sil y en à, coupe un certain nombre de racines,
_ de façon à en faire repousser quantité de petites;
. la herse ouvre les raies qui donnent de l'air au
œazon en dessus et en dessous, qui permettent à
l’eau chargée d'engrais de pénétrer parfaitement
dans le sol et de produire une végétation vigou-
- reuse.”
F. Andcrege à fait les expériences suivantes,
- qui attestent de la manière la plus frappante la
; grande utilité du hersage.
|
2
.
ÿ
ère parcelle: ni hersée ni fumée, rapport: 151 bottes de foin.
?e de fumée et non hersée 111 “6 «
_ 3e Je non fumée, mais hersée 1022 «
_4e «e hersée et fumée 2081 “ “
C’est surtout dans les prairies vieilles et
infestées de mousse et d'herbes feutrées, que le
moyen du hersage. L’acquisition d’une herse à
. pré est donc fort à recommander aux cultivateurs.
ns ss Ch Ed ES Reg ss
— 126 —
Il serait bon surtout, de la part des petites sociétés
locales (cercles agricoles), de s’en procurer une,
pour mettre à la disposition de leurs membres ;
ou bien plusieurs cultivateurs pourraient s'associer
pour l'acheter et l’employer tour à tour, l’un d’eux
étant chargé de la garde de linstrument.——
Jusqu'ici l’on a fait usage principalement de deux
sortes de herses à pré: l'une à dents en fonte,
faisant corps avec les membres, et l'autre à dents
en acier vissées dans les membres et pouvant se
remplacer quand elles sont usées. (Cette dernière
est préférable.
Un instrument très recommandable et bien
plus avantageux que le précédent, est la erse
à ressort. Les membres ne sont pas sujets à se
casser et les dents sont par paires; celles que le
travail a émoussées, peuvent être changées facile-
ment par le premier ouvrier venu. |
La herse à enccre pour but l’extirpation
d'autres mauvaises herbes, notamment de celles
qui s'étendent en rampant sur le sol, telles que
la renoncule rampante, les véroniques printanière
et à feuilles de lierre, la bugle rampante, le lierre
terrestre, etc. KElles servent aussi à niveler les
déjections des vers de terre, les taupinières et les
fourmilières, ainsi qu’à diviser le compost ou le.
fumier apporté sur le champ, et ce sont des
F
PUR NE DT CU CTP en
vo fin: 27
CR ST D RS TE Tee Us
— (re
instraments très propres à cet usage. Le hersage
se fait au printemps, à la fin d'avril. Les parcelles
de mousse arrachée et les mauvaises herbes sont
_ ramassées pour la fosse à compost. Après que la
… prairie a été hersée, on peut encore y semer un
mélange de graines convenables, d'environ } à :
de la aus ordinaire, suivant que le gazon est
déjà plus ou moins dru; cependant 1l ne faudrait
pas trop espérer de ces semis supplémentaires,
_ quoique dans certaines circonstances favorables,
on les ait vus souvent donner de très bons ré-
sultats. En tout cas, il faut faire suivre le hersage
d'un énergique roulage, même quand on ne donne
point un semis supplémentaire, parce que les
bonnes plantes qui ont été mises à découvert par
la herse doivent de nouveau être pressées dans le
sol.
Quant aux mauvaises herbes, dont la souche
ou les bulbes sont à nne assez grande profondeur
dans la terre, elles ne se laissent pas, il est vrai,
extirper par la herse à pré, et 1l faut recourir à
d’autres procédés.
Pour la destruction du colchique d'automne.
- (Colchicuwm autumnalei, lon nous à déjà recom-
- mandé une multitude de moyens, mais nous n’en
connaissons aucun avec lequel on puisse, sans
trop de peine, se rendre maître de cette plante si
cŸ dci 2 cri ss ee NA E oh RÉ RER dE 7
Fe,
,
eg à date dur nt VE
— 128 —
détestée des cultivateurs. Le plus sûr encore
c’est d'améliorer l’état physique du sol par le drai-
nage et, si possible, par un labour suivi d’un
nouveau semis. Îl en est de même de la RENON-
CULE ACRE (Ranunculus acris.). |
Les grandes espèces de PATIENCES (Rumex
obtusifolius, R. Patientia, s'extirpent le mieux avec le
levier à deux dents.
Le PERSIL D'ANE (Anthriscus sylvestris) et
la BERCE BRANCURSINE ( eraclum Sphondylium)
abondent dans le voisinage des fermes et dans les
vergers, et cela vient principalement d’un usage
exclusif du purin comme engrais ou de l'emploi
de ce liquide à l’état non fermenté ou par trop
concentré. Si, en place de purin, l’on se sert
pendant quelques années de poudre d'os sulfaté,
(superphosphate de chaux), ces mauvaises herbes
disparaissent peu à peu. Mais le procédé d’ex-
tirpation le plus simple serait de labourer le sol,
d'enlever soigneusement les fragments de racines
et de semer à nouveau.
Les prairies irrigables (susceptibles d’être
arrosées) nouvellement ensemencées, ne doivent
être arrosées que très peu pendant les deux pre-
mières années.
DESTRUCTION DES MOUSSES DANS LES PRAIRIES.
Des essais faits en Angleterre par M. Edgson,
dit M. l'ingénieur P. Marguerite-Delasharbonny,
dans le Journal de l'Agriculture, auquel nous em-
pruntons ces renselgnements, ont montré que
le sulfate de fer (couperose verte) répandu sur les
prairies, les débarrassait complètement de ce pa-
rasite. Cette destruction, suivant M. Grifhiths,
était due à la grande quantité d'oxyde de fer ab-
sorbée par les mousses, leur cendre en contenant
plus de 10 pour cent, dose estimée, par cet expéri-
mentateur, mortelle pour les végétaux.
Aussitôt que M. Gustave Michiels eut con-
naissance de ces résultats, il institua des expérien-
ces pour les contrôler: il répandit en mars, sur
une partie infestée par les mousses, du sulfate de
fer à la dose de 170 livres à l’acre. Un mois après
elles avaient disparu complètement, sans que
l'herbe eût souffert de la présence du sulfate de
fer.
Depuis cette époque, les mousses ayant re-
poussé en quelques points, il leur appliqua un
nouveau traitement avec 70 livres de sulfate de
fer, ce qui porta à 240 livres la dose employée.
Les places, où la mousse noircie et desséchée
était morte, se sont peu à peu couvertes de nouvelle
— 130 —
herbe, qui a complètement remplacé la mousse
détruite. Les racines des graminées, débarrassées
de l'espèce de feutre qui les couvrait, semblaient
passer de l’inertie à l’activité.
La mousse qui ne séjourne pas trop longtemps
sur la terre, n’a donc qu’un effet superficiel : par
l'occlusion du sol, elle empêche les racines d'émettre
des jeunes pousses, mais ne les tue pas immédia-
tement. Aussi, l'emploi des charrues émousseuses
donne-t-1il souvent d'excellents résultats ; en grat-
tant la surface du sol, elles le débarrassent du
couvert des mousses, et les racines sous-jacentesdes
herbes peuvent alors produire de nouvelles tiges.
Mais aucune charrue émousseuse n’est capa-
ble d’un effet aussi exact, aussi mathématique que
celui du sulfate de fer. :
Sous son action, toutes les parties mousseuses,;
même les plus tenaces, se trouvent noircies et
séchées ; il découvre sous les plantes encore
vivaces les taches cryptogamiques, dont on ne
soupçonnait pas la présence, et partout il s’atiaque
au parasite en respectant absolument les plantes
utiles. Jamais machine à découper n’aura, dans
un tissu, séparé plus exactement la broderie du
fond ; jamais épierreuse n’aura débarrassé avec
M
— 131 —
plus de soin le grain de ses impuretés; il fouille
tous les recoins de la prairie, et pas une place
attaquée ne lui échappe. Son action enfin semble
merveilleuse, tant elle présente de sûreté dans le
résultat et d'intelligence dans son mode d'opérer.
L’essai a été comparatif: une partie égale
non traitée a été laissée comme témoin ; elle est
restée infestée de mousse. Dans la partie sur
laquelle on a opéré, les places anciennement
couvertes de mousse ont été, bien avant la fenaison,
totalement engazonnées d’une herbe fine et serrée.
Après le fauchage, le résultat pratique a com-
plètement répondu à l'aspect extérieur: on a ré-
colté sur la partie traitée au sulfate de fer, un
poids d'herbe correspondant à 140 bottes de foin
à l’acre, tandis que la partie non traitée donnait
81 boites +.
En même temps que M. Michiels procédait à
ces essais, il les signalait à M. Lambin, le savant
et sympathique professeur de la Société d’horti-
culture et de petite culture de Soissons, et le priait
d’en faire exécuter d’analogues dans le jardin de
la société.
Ces essais, faits avec la même dose de 135 à
200 livres à l’acre, ont donné des résultats tout à
fait remarquables, L'un des derniers bulletins de
‘
LA
e
ASE
cette société publie une conférence de M. Lambin,
qui en rend compte dans les termes suivants :
“ Dans certains terrains ét quoi qu'on fasse, la
mousse, ce fléau des prairies, ruine et appauvrit
rapidement le gazon. L'un des agents les plus
actifs pour s’en débarrasser est, sans contredit, le
sulfate de fer employé à la dese de 400 à 600 kilo-
grammes à l’hectare (135 à 200 livres à l’acre).
Cette année, nous avons obtenu ici des résultats
vraiment surprenants, non seulement pour la
destruction de la mousse, qui a été complète, mais
encore pour la végétation de l'herbe, qui a été in-
comparablement vigoureuse, et cela grâce à l’em-
ploi du sulfate de fer. Nous ne saurions trop re-
commander l’usage de ce sel, d'autant plus que
son prix n’est pas élevé, T francs les 100 kilogram-
mes (ici à Québec. il faut lire: un centin la livre,
en prenant un bari] de 285 livres).
Pour obtenir tout son effet, il faut semer en
mars (ici dans la province de Québec, c’est le mois
d'avril qui convient le mieux), en choisissant une
journée plurieuse.”
Les résultats observés à Soissons ont donc
été identiques à ceux notés par M. Michiels,
quoique vraisemblablement les circonstances fus-
sent différentes. Comme ceux de M Michiels, ils
confirment ceux obtenus par M. Griffiths. Ces
i
wi SR
d
È
+
:
À
È
A
AT EL à 6 Die Es nt Der | ps de
+77 2 LA] Eau x à REC. arr Fr" ; 1 | à
i : Ê - £
— 133 —
résultats apaisent en même temps des craintes
manifestées sur l'emploi du sulfate de fer en
agriculture. Non seulement, sous l’action &’une
dose de 170 à 225 livres à l’acre, les plantes n’ont
pas souffert, mais elles ont grandement prospéré, le
rendement de la prairie ayant été presque doublé.
Nous ferons remarquer, toutefois, qu’une dose
aussi élevée peut avoir quelques inconvénients
généraux, celui, par exemple, de rendre le sol trop
acide et de faciliter le développement des prêles
et autres plantes des terrains où l'acide domine.
Le but à atteindre semble être la neutralité du
sol, la présence des mousses paraissant être l’apa-
nage des terrains trop alcalins, puisque la po-
tasse favorise, dit M. Griffiths, le développement
des végétations cryptogamiques.
Aussi, nous bornons-nous à recommander
seulement les doses de 150 à 200 livres environ à
l’acre, en nous appuyant sur le succès que nous
yenons de signaler, l'emploi du sulfate de fer dans
ces conditions ayant détruit les mousses et pres-
que doublé le rendement en foin.
Il existe encore un autre moyen de débarrasser
les prairies de la mousse qui les infeste. Ce
moyen consiste à herser en automne, tout en em-
ployant le tan épuisé des tanneries.
— 134 —
XIV.--L'HERBE.
L
Pour indiquer les diverses qualités que doit
avoir l’herbe, nous ne pouvons faire mieux que de
citer une partie de l’excellente conférence, que
M. James Fletcher, botaniste des Fermes expéri-
mentales de l'État, a donnée à la troisième
convention annuelle de la Société d’Agriculture
du Canada, tenue à Montréal le 6 février 1894.
Cette conférence, qui porte le titre que nous avons
mis en tête de ce chapitre, se lit comme suit :
“ L'importance de l’herbe n’a jamais été aussi
bien démontrée que de nos jours.
“ Ce qu'on demande d'abord à une bonne herbe,
c’est de donner une forte récolte, de manière à ce
qu’elle soit payante. En second lieu il faut qu’elle
soit d’une résistance au froid proportionnée au cli-
mat. En troisième lieu, de bonnes herbes doivent être
nourrissantes, c’est-à-dire riches en albuminoïdes
ou éléments producteurs de viande et pauvres en
ligneux, matière dure et indigeste. Enfin, ex qua-
{rième lieu, elles doivent être appétissantes, pour
être recherchées du bétail.
Nous trouvons, sous tous ces rapports, de gran-
des différences entre les différentes variétés d'her-
bes. Dans certaines circonstances données, certai-
7 L
. SE
Une Er
+. = lu
nes herbes réussissent bien ; dans d’autres circons-
. tances, elles ne sont pas payantes. Il faut donc que
- le cultivateur réfléchisse à ce qu’il doit faire, et
- n’aille pas prendre la première espèce venue, que
- Jui offre le grainetier, parce qu'il l’a sous la main.
_ Les gens se plaigent des mélanges des grainetiers ;
quelques-uns vont jusqu’à dire qu’ils ne sont bons
à rien ;, mais c’est aller trop loin. Quelques-uns
des mélanges d’herbe offert par les grainetiers
sont réellement excellents et la plupart d’entre
eux réussissent bien ; mais il faut aussi recon-
naître qu'un bon nombre contiennent des espèces
d'herbe, auxquelles notre climat ne convient
pas du tout. Le commerce des grainetiers est de
satisfaire aux commandes ; les commandes doivent
- être basées sur l'expérience des cultivateurs ;
ceux-ci doivent savoir ce qui leur convient, et, lors-
qu'ils le savent, les grainetiers sont heureux de le
leur fournir. Je suis d'avis que la plupart des
renseisnements dont ils ont besoin pour faire un
choix de bonnes espèces, les cultivateurs peuvent
_se les procurer dans des établissements tels que les
fermes expérimentales du Canada. Les expérien-
ces que nous y faisons sont entreprises dans
l'intérêt de tous les cultivateurs du pays.
Meta À PANTERN IPN,
À 7 :
— 136 —
suivi à Ottawa en faisant ces expériences. Nous
avons pris une pièce de terre de qualité ordinaire
moyenne et l’avons divisée en parcelles d’une
perche carrée chacune, chaque parcelle étant des-
tinée à une seule espèce d'herbe. Dans d’autres
parcelles, nous avons fait des essais de mélanges, y
compris ceux des grainetiers. Ces parcelles ont
beaucoup attiré l'attention des cultivateurs qui
ont visité la ferme, l'été dernier.
“ Nous prenons soigneusement note de tout
et recueillons ainsi de précieux renseignements,
tels que : le rendement en poids à l’acre de telle
herbe donnée ; sa valeur nutritive d’après l'analyse
chimique, afin de voir si nous pouvons en recom-
mander la culture. Nous la faisons aussi consom-
mer au bétail, non seulement pour nous assurer
qu'elle est appétissante et que le bétail en est
friand, mais encore pour vérifier son degré de di-
gestibilité. Cesont là autant de choses importan-
tes abondantetes. Si une herbe ne donne pas une
récolte assez pour qu’il soit profitable de la culti-
ver à quoi nous sert qu'elle soit rustique ; si elle ne
pousse pas, elle ne nous sert à rien ; chacun de ces
deux points est aussi important que l’autre.
“Ces expériences nous ont révélé que beau-
coup d'herbes indigènes méritent d'être culti-
4
AR
ét ut
— 137 —
vées et nous ont prouvé que certains mélanges
des grainetiers sont assurément avantageux aux
cultivateurs ; mais il leur sera toujours plus avan-
tageux d'acheter les graines séparément et d’en
faire le mélange eux-mêmes. Nous avons aussi
trouvé qu’il y a nombre de variétés recommandées
en Europe, qui n’ont pas de valeur pour nous,
parce qu'elles ne résistent pas assez longtemps
Nous en avions introduit un grand nombre dans
les mélanges pour prairies permanentes, et comme
résultat, une forte proportion de ces herbes, qui
se font remarquer dans le pâturage la première
année, disparaissent la seconde ou la troisième
année après le semis. En Ecosse, il n’y a peut-
être pas d'herbe considérée comme ayani
plus de valeur que le Ray-grass d'Italie ou vivace ;
il y donne de 3 à 5 récoltes sur certaines fermes,
mais pas icl Le Ray-grass vivace, à Ottawa, du
_ moins et dans quelques autres localités, n’a pas
résisté au premier hiver. Ce fait est important à
. connaître, puisque cette herbe formait générale-
ment cinquante pour cent en volume de tous les
mélanges d'herbes, que vendent les grainetiers.
J'apprends de M. Ewing qu'il ne met plus mainte-
nant de Ray-grass vivace dans ses mélanges Nous
pouvons cependant cultiver ici avec succès et
profit quelques-unes des meilleures espèces d'herbes
— 158 —
d'Europe. J'en mentionnerai deux auxquelles
J'accorde une grande importance : la Fétuque des
prés et le Dactyle pelotonné (Orchard grass) ; la pre-
mière devrait figurer dans les mélanges pour pa-
turages.
“ La Fétuque des prés et le Dactyle nelotonné sont
deux espèces d’herbes à introduire, à mon avis,
dans tous les mélanges d’herbes cultivées, au
moins dans cette partie du pays.
“ Le Dactyle pelotonné a une valeur spéciale
à cause de la rapidité avec laquelle il repousse
après avoir été coupé ou fauché. Ilse plait sur-
tout dans les terres riches, plutôt humides.
“ Dans les districts montagneux, comme les
cantons de l'Est, dont le climat convient peut-être
mieux à l’industrie laitière que celui d’aucune
autre partie du Canada, avec une atmosphère
toujours fortement chargée d'humidité, une mer-
veilleuse abondance d’eau, et la nature accidentée
du sol, le Dactyle pelotonné a été essayé par beau-
coup de cultivateurs avec les meilleurs résultats.
Fané, il fait un foin un peu dur et léger de
poids ; mais ce défaut est plus que compensé
par ses bonnes qualités. Il fait un précieux
mélange avec le trèfle et vient à maturité presque
en même temps que le trèfle rouge ordinaire.
Vous savez qu’un des arguments sérieux contre
mat.
herbes.
— 139 —
le mélange de mil et de trèfle, est qu'il est difficile
de trouver une variété de trèfle qui arrive à
maliurité avec le mil. Depuis deux ans nous
avons essayé tous les trèfles portés au catalogue
de tous les grainetiers de France, d'Allemagne et
d'Angleterre. La plupart des graines d’herbes
vendues en ce pays’ viennent d'Europe, et: cela
parce que nos grainetiers sont incapables de se
les procurer dans le pays. Ilest peu de graine-
tiers qui aient d’assez grandes fermes pour récolter
leurs graines, c'est pourquoi il sont obligés de les
importer. Ce serait une bonne chose pour les culti-
vateurs de produire pour le marché d’autres
graines meilleures et mieux adaptées à notre cli-
“ J'ai cultivé la même espèce d'herbe, de grai-
ne importée d’Ecosse, d'Angleterre et de France,
et en même temps de graine récoltée dans différen-
tes parties du Canada, et il y a un avantage bien
apparent à cultiver des graines obtenues dans no-
tre pays. En somme, les plantes sont meilleures
par le fait qu’elles commencent à s’acclimater ; cet-
te influence de l’appropriation aux circonstances
environnantes se fait sentir sur tout l’ensemble
de la question. Un autre point en faveur de la
graine récoltée en Canada, serait qu'on couperait
ainsi court à l'importation de nouvelles mauvaises
— 140 —
“IL est pris note de tout le travail fait à la
ferme et ces notes sont conservées pour l’informa-
tion des cultivateurs qui peuvent en avoir besoin.
‘ En ce qui concerne les mélanges commer-
_ciaux des grainetiers, nous avons trouvé, comme
je l’ai déjà dit, que beaucoup d’espèces qui y fi-
gurent disparaissaient après la première année,
notre climat ne leur convenant pas ; mais il restait
un nombre suffisant de variétés pour garantir leur
emploi au cultivateur, et, si j'ai un conseil à don-
ner à ceux qui veulent semer des graines d'herbes,
soit pour prairie, soit pour pâturage, c’est de choi-
sir eux-mêmes les espèces qui leur conviennent et
de faire le mélange eux-mêmes. S'ils ne connais-
sent pas les meilleures espèces, qu'ils m'écrivent.
à Ottawa ou qu'ils consultent les grainetiers: car
ceux-ci ont intérêt à trouver ce qui convient à
leurs clients ; peu leur importe ce qu'ils vendent,
pourvu qu'ils donnent satisfaction. Dites-leur ce
dont vous avez besoin, quel est votre sok le but
auquel votre récolte est destinée, et n’ayez aucune
crainte de consulter les grainetiers ; il n’y a aucun
antagonisme d'intérêt entre eux et vous; vous
avez besoin les uns des autres.”
Maintenant que nous venons de voir les di-
v erses qualités de l’herbe, nous allons jeter un
— 141 —
coup d'œil sur sa haute utilité et l'emploi que l’on
en fait.
L’herbe est utilisée de deux manières: verte,
dans les champs, elle sert au pâturage des ani-
maux de la ferme, principalement du bétail ;
séchée, à l’état de foin, elle est la nourriture de
tous les animaux ruminants pendant l'hiver.
Nous allons donc examiner l'herbe sous sa
forme naturelle, sur pied, dans les champs, sous
forme de pâturage ; ensuite, à l’état de foin.
IMPORTANCE D'UN BON PATURAGE.—La meil-
leure nourriture que l’on puisse donner au bétail,
principalement aux vaches laitières, c’est la bonne
herbe des champs, sous forme de pâturage. L’her-
be fraîche est un aliment doux, succulent, riche en
principes alibiles (propres à la nutrition), des plus
faciles à digérer et par conséquent des plus assi-
milables.
Prenez deux vaches à lait de même taille et
de mêmes aptitudes ; nourrissez l’une dans un
bon pâturage, et l’autre avec du fourrage vert, à
satiété, ou même d’un mélange d'aliments quel-
conques ; vous obtiendrez beaucoup plus de lait
riche de la vache nourrie dans un bon pâturage
CPR
que de celle à laquelle vous donnerez la même
quantité de fourrage vert, sans compter que la pre-
mière aura plus beau poil, ce qui annonce un bien
meilleur état de santé. Le lait de la vache nourrie
au pâturage donnera un beurre d’une couleur et
d'une saveur agréable, au lieu que celui de la vache
nourrie exclusivement au fourrage vert fauché, ou
de quelque autre fourrage que ce soit (stabulation
permanente), ne produira qu’un beurre de qualité
inférieure.
Le pâturage est la nourriture la plus raturel-
le, la plus facile et la plus économique du bétail.
En Suisse, on estime qu’une prairie qui peut nour-
rir irois vaches au pacage, ne peut en nourrir que
deux, si elle est fauchée. Les Anglais croient aussi
qu'une prairie pâturée fournit plus de substance
alimentaire que celle fauchée deux fois. Les
premières pousses sont plus nutritives que les
suivantes. Block estime à 8 pour cent cet excédent
de valeur nutritive. Dans les pays de produits
laitiers, comme la Suisse, la Hollande,le Dane-
mark, la Normandie, les vaches sont nourries
presque entièrement d'herbe, et elles donnent de
grandes quantités d’excellent lait.
En outre, lorsque l’herbe a été broutée, elle
e
“ ve
ee
“
ee ART De
— 143 —
croit immédiatement avec une plus grande rapidi-
té. L’herbe d’une prairie est coupée presque tous
les jours par les dents de l’animal qui y pâture,
tandis que, si elle est fauchée, elle n’est coupée
qu'une ou deux fois dans le cours d’un été.
QUALITÉ NUTRITIVE DE L'HERBE DES PRÉS.—
D’après le docteur Kühn, une herbe est d’autant
plus nutritive qu’elle est plus 7eune, qu’elle a été
plus fortement fumée et qu’elle est venue dans des
terrains plus riches. Cela étonnera beaucoup cer-
tains éleveurs qui s’imaginent que le foin de pre-
‘mière coupe est plus fortifiant que le regain. D’a-
près le même docteur Kühn, une plante très déve-
loppée et arrivant vers la fin de sa croissance dans
un terrain pauvre ou médiocre et peu fumée, ne
vaut pas à beaucoup près une plante jeune, élevée
dans de bonnes conditions. La jeune herbe de
prés arrosés de purin, le jeune trèfle, pâturé
ou fauché avant la floraison, le regain des prairies
fumées sont les fourrages par excellence.
Les feuilles et les fleurs sont ordinairement
deux ou trois fois plus riches que les tiges, dans
une plante coupée à la floraison, et c'est parce qu’ils
font surtout développer les feuilles que les engrais
azotés accroissent la richesse en protéine. En effet,
les engrais azotés produisent une végétation luxu-
riante, riche en matière grasse et en protéine.
SA
En général, les herbes sont d'autant plus
riches en principes alimentaires, protéiques sur-
tout, qu’elles sont plus feuillues, plus fines, moins
ligneuses et croissent dans un sol mieux fumé en
engrais azotés. Elles sont plus riches dans les an-
nées sèches que dans les années humides, dans les
sols fertiles ou secs que dans les sols pauvres ou
marécageux.
Isidore Pierre ajoute que pour chaque espèce
de fourrage le regain est beaucoup plus riche en
matière azotée que le fourrage en pleine floraison,
et que la différence est à peu près comme du sim-
ple au double.
La: différence entre les regains et les fourrages.
plus développés de la première coupe de l'été, ré-
sulte de ce que les premiers sont plus riches en
feuilles, par suite, plus riches de 30 à 40 o7o en ma-
tières azotées.
Nous croyons pouvoir ajouter que les regains
sont supérieurs aux foins ordinaires parce qu'ils
renferment moins d'insectes de toutes sortes.
FoIx.— Le mot foin est un nom générique par
lequel on désigne les plantes herbacées, coupées
avant la maturité et desséchées pour l’alimenta-
tion des animaux.
De même que l'herbe verte des pâturages
est la nourriture la plus naturelle du bétail, de
— 145 —
mème le foin constitue aussi la nourriture la meil-
leure, la plus économique et la plus avantageuse
que l’on puisse donner au bétail en hiver.
Au printemps, de bonne heure, le bétail aime
et recherche avec avidité l’herbe très jeune et très
tendre. Au milieu de l'été, il mange assez volon-
tiers l'herbe fleurie, c’est-à-dire un peu plus dure,
et à mesure que l’automne avance, il mange avec
œoût les herbes les plus dures et même mûres.
Si, pendant l'hiver, on fait sortir les vaches,
elles n’ont rien de plus pressé que de chercher les
quelques brins d'herbe séchée qui ont échappé à
la faux.
L’herbe verte pour l'été, l'herbe séchée ou
foin pour l’hiver, telle est la loi de la nature qu’il
faut suivre pour l’alimentation du bétail, comme
en toute autre chose.
Le foin est un aliment naturel, qu'aucun au-
tre ne peut remplacer avec avantage.
Dans le bon foin, les principes les plus essen-
tiels— les matières azotées, les corps gras, les gly-
_cosides (sucres), les substances salines—se trou-
vent dans les proportions les plus propres à flatter
_ le goût des animaux, puisqu'ils ne s’en lassent ja-
mais, et les plus favorables au développement du
corps animal comme à l’entretien de la santé. En
— 146 —
effet, de tous les aliments, c’est celui qui convient
le mieux aux herbivores ; c’est même le seul qui,
administré exclusivement, peut les entretenir in-
définiment en bon état.
L'HERBE ET LE FOIN, FOURRAGES À ENCOURA-
GER.—Trop souvent, les primes attribuées aux
animaux ne sont que des primes données à un ef-
fet, sans récompense pour la cause qui le produit.
L'étât des animaux en effet, n'est que la consé-
quence de la production, de la multiplication du
fourrage.
Si l’on donnait des primes pour encourager
cette multiplication, ce serait, il nous semble, bien
plus logique que de ne les donner qu'aux animaux,
qui ne sont qu'un résultat. À la rigueur, on n’au-
rait pas même besoin de primer les animaux, si
l’on primait les fourrages au point de vue de leur
multiplication ; car, en faisant des fourrages, on
serait rigoureusement forcé d'augmenter son trou-
peau, pour les consommer.
“Il ne faut pas se méprendre, dit Richard,
Dictionnaire d'Agriculture : les animaux ne sont
qu'un effet, qu'un résultat de la quantité des pro-
duits dont on les alimente et des soins constants
dont on lesentoure. Si les produits sont riches et
abondants, les animaux qui en résultent sont beaux
sus métisse hs.
.1
, À
de LC
$ a
— 147 —
et forts ; si au contraire, il sont maigres et rares, si
on lésine sur la quantité de nourriture qu’on leur
donne, les animaux seront petits, chétifs et mai-
gres comme les aliments qui leur ont été adminis-
trés ayec une parcimonie forcée,
‘“ Pour arriver pratiquement à l’amélioration
du bétail, qu’on ne l’oublie pas, il faut songer à
améliorer le sol qui améliorera ses produits directs ;
le perfectionnement et le maintien des animaux
en seront une conséquence directe. Si vos végé-
taux ne sont pas d’une espèce supérieure, il faut
s’en procurer ailleurs ou d’autres variétés.
“Ilne faut pas non plus oublier que le climat
et les influences de la localité ont des conséquen-
ces sur les animaux. On ne devra pas croire qu’en
transportant sur nos sables secs des vaches de la
Flandre française, on leur fera produire du lait en
aussi grande quantité que là où elles sont nées.
Petit à petit ces vaches prendront le caractère des
races de leur nouvelle patrie. On luttera vaine-
ment contre cette action de la nature des lieux, elle
s’opérera malgré vous, parce qu’elle est la consé-
quence d’une loi naturelle immuable. A force de
science et d’art nous pouvons quelquefois modi-
fier les effets’de cette loi: un agriculteur intelli-
gent étudie ces effets et sait en faire une heureuse
— 148 —
application au but qu’il doit se proposer et qui est
toujours subordonné à ses ressources. Que d'élé-
veurs peuvent échouer après bien des efforts et des
dépenses, s’ils ne tiennent pas compte des condi-
tions agricoles ou climatériques dans lesquelles ils
opèrent. Ne croisez donc pas des types importés
mal adaptés aux animaux que vous avez déjà. Si
votre race est bonne, le meilleur moyen de la con-
server, c'est de la perfectionner par elle-même,
sauf quelques exceptions bien étudiées. Lorsqu'el-
le a besoin d’être modifiée pour une raison quel-
conque, choisissez des reproducteurs qui se rap-
prochent le plus du type que vous avez déjà et
améliorez le régime alimentaire. La nature ne vous
donnera qu’en raison de ce qu’elle recevra ”
On ne pourrait donc pas assez insister sur les
avantages que le cultivateur canadien retirerait,
s’il se livrait à la eulture de bonnes prairies.
Les cercles agricoles ne devraient pas man-
quer d'appliquer la plus grande partie de leurs
octrois à encourager de toutes leurs forces l’éta-
blissement des bonnes prairies.
Nous espérons aussi qu'ils accorderont une
prime pour la meiileure prairie.
D LU LA de de
.
dédie ns te fu pin ÉD) NS ES Sd de TT © dt à dt EP cms à gd dat
FFF AT
|
-
«
— 149 —
- XV.—EXPLOITATION ET PRODUIT DES PRAI-
RIES.
Il nous paraît incontestable, et c’est un fait
d'observation pratique, que le produit des fourra-
ges artificiels va constamment décroissant depuis
un certain nombre d'années ; non seulement le pro-
duit annuel est moindre, mais encore la durée du
plant va toujours diminuant. Tandis qu’une luzer-
nière bien établie et bien entretenue peut durer et
durait dix, quinze, vingt ans et plus, sa durée mo-
yenne n’est plus guère aujourd'hui que de cinq à
six ans : encore, les dernières récoltes laissent-elles .
souvent à désirer dans le produit en fourrage. Il
en est de même aussi pour le sainfoin qui, de six
à huit ans de durée, est descendu à trois ou qua-
tre. Yvart, en 1809, disait encore que la longevité
naturelle du sainfoin peut aller, dans quelques cas
jusqu’à 27 ans et peut-être même au-delà, ainsi
que l’atteste un fait cité par M. Bonneau ; et celle
de la luzerne, à trente ans, comme il s’en est con-
vaincu lui-même. Et il en est de même pour
toutes les autres herbes fourragères.
La première et la principale cause de cette
dégénérescence, c’est l’effrilement (épuisement) du
sol et du sous-sol par la culture des mêmes plan-
tes pendant un temps trop long ou à intervalles
— 150 —
trop rapprochés. Ceci s’applique surtout aux her-
bes fourragères cultivées seules, sans mélanges.
Outre cette cause, il en est d’autres encore que
nous devons signaler ici.
ALTERNANCE DES MODES D'EXPLOITATION.—
De même que le régime d’un animal doit être aus-
si varié que possible, que les engrais rendus au
sol doivent être alternés dans leur composition,
que l'alternance des récoltes est une des lois de la
nature, de même aussi le mode d’exploitation des
prairies doit alterner par le fauchage et le pâtura-
ge. Le fauchage, coupant la plante assez près de
son collet, favorise la repousse de nouvelles tiges ;
le pâturage tasse et raffermit le sol, qu’il enrichit
en outre de quelques engrais. Mais tous deux doi-
vent être surveillés dans la pratique, sous peine
de devenir préjudiciables : le fauchage ne sera
exécuté ni trop haut ni trop près de terre; le pâ-
turage se fera seulement par les temps secs, en
excluant les poulains, les chevaux et surtout les
moutons, c’est-à-dire en n’admettant que les bêtes
à cornes.
Puisqu’il faut faire alterner le fauchage et le
pâturage, il faut donc toujours combiner les mélan-
ges de plantes fourragères de manière à avoir une
coupe (prairie) et un pacage (pâturage). De fait
dns if là à
1
<
|
J
— 151 —
une bonne prairie doit donner, outre une coupe
abondante de foin, un bon pâturage pour le bétail ;
et un bon pâturage, outre le pacage qu’il doit pare
nir au bétail, doit donner une bonne coupe de
fourrage.
On arrivera à ce double résultat, d'abord en
employant les mélanges indiqués dans cet ouvra-
ge, ensuite en fauchant et faisant paître alternati-
vement les prés ainsi ensemencés.
FAUCHAGE DES PRAIRIES TOUS LES ANS.—Lors-
que les prairies sont fauchées tous les ans, elles
deviennent plus sujettes à produire des mauvaises
herbes. En effet, disent certains praticiens, le fau-
. chage des prairies chaque année favorise la pousse :
de la mousse et des mauvaises herbes de toute
espèce, tout particulièrement celles à fortes raci-
nes, qui changent graduellement et détruisent la
nature et la qualité de l’herbage; le trèfle blanc
disparaît et les plantes grossières se disputent le
terrain avec les bonnes plantes fourragères.
En opérant comme il a été dit au précédent
paragraphe, on est donc à l'abri d’un pareil état
de choses.
Prairies et pâturages.—Au point de vue du
maintien de la fertilité du sol, le fauchage et le
pâturage n’agissent pas de la même manière. Le
+,
F2
4,7 "20
VENTE
— 152 —
pâturage, surtout s’il est alterné avec le fauchage,
conserve indéfiniment l’herbage dans son état de
fertilité ; il l’'améliore même.
Au contraire, le fauchage, seul, tend à appau-
vrir davantage le sol, et tout particulièrement si
l’ou vend tout le foin au lieu de le faire consom-
mer sur la ferme; car alors le cultivateur n’a pas
autant d'engrais à disposer pour la bonne tenue des
prairies. L'expérience a démontré que pour conser-
ver d’une manière presque permanente le même
degré de fertilité aux prairies fauchées,en moy-
enne, il leur fallait la moitié de l’engrais résul-
tant de leur produit en foin.
ALTERNAT DES PATURAGES.-—[’époque où
l’on doit livrer la prairie au pâturage doit varier
avec la température, le sol, la disposition du ter-
rain, les herbes dont elle se compose, le mode d’ex-
ploitation du domaine, etc ; tantôt on se trouvera
mieux de faire paître au printemps, tantôt l’autom-
ne sera préférable.
En général, cependant, il vaut mieux faire pâ-
turerles prairies vers le commencement de juin, fau-
cher à la fin de juillet ou au commencement d’août ;
alors le foin est de qualité supérieure, ayant rete-
nu les meilleures plantes, parce que les sécheres-
be
— 153 —
ses de l’été ont détruit une partie considérable des
mauvaises herbes au profit des bonnes. Pour pà-
turer une prairie que l’on doit faucher dans la
même saison, voici comment l’on opère. On met
dans le champ autant de têtes de bétail (principa-
lement äes jeunes animaux) qu’il en faut pour que
l'herbe soit totalement rasée en huit à dix jours.
Plus on fait raser l'herbe nettement, plus elle
repousse vite et touffue. Toutefois, 1l faut
veiller à ne pas laisser brouter l'herbe trop près de
la racine, ce qui cauzerait un tort grave aux
prairies en détruisant les racines.
On changera le bétail d’enclos assez souvent
pour éviter que l'herbe ne soit rasée trop près de
la racine, ce qui lui ferait grand tort, et aussi afin
que l’odeur des déjections du bétail disparaisse.
XV[I.—FAUCHAGE DES PRAIRIES. —LA FENAI-
SON.
“ Avant d'envoyer les faucheurs ou les fau-
cheuses mécaniques, dans un pré, dit dans un ex-
cellent article le savant M. Gayot, on a dü s’assu-
rer que le moment favorable était venu de couper
l’herbe pour la convertir en foin de bonne qualité.
Quelle est donc la phase de végétation qui offre à
ce point de vue le plus d'avantage à la pratique ?
i
ea
\
nr.
Pa >
ACT EL -,
ETIENNE
Re ES eo à.
— 154 —
Celle, à n’en pas douter, où la plante, après avoir
développé à leur maximum toutes ses feuilles,
ouvre aussi toutes ses fleurs. C’est alors, en effet,
qu’elle possède, aussi également répartis que pos-
sible, dans toutes ses parties, les principes alimen-
taires qui lui sont propres, et qu’elle peut les offrir
à l’animal dans leur plus grand état de perfection-
nement pour la nutrition.
“ Avant la floraison, les plantes renferment
trop d’eau de végétation ; après ia fleur, la vie du
végétal se concentre trop exclusivement dans un
seul fait, la fructificatiôn. Alors, le reste de Ja plan-
te se dessèche et devient cassant; les manipula-
tions du fanage, celles qu'entraînent le transport,
l’'emmagasinement, le bottelage, font tomber et les
feuilles et les graines ; les tiges dures et ligneuses
restent seules et ne constituent qu’un fourrage peu
recherché et peu nutritif.” (Encyclop-prat. de l'A-
gric, art Fenaison). Faucher trop tard, c’est le tort
général des cultivateurs canadiens, et il faut une
surveillance bien active pour ne pas laisser passer
le moment précis qui seul peut donner du foin sa-
voureux et aromatique. Ecoutons plutôt M. de
Dombasle : “ On peut remarquer, dit-1l, qu'en gé-
néral, on est disposé à faucher trop tard ; on croit
gagner en quantité, et l’on perd beaucoup plus sur
la qualité du foin. Le moment de faucher une
BAT
4
|
‘.{, ALTER
| APE Ÿ “ES mé.
RER
. — 155 —
- prairie est celni où les plantes y qui abondent le
plus, et qui produisent le meilleur fourrage, com-
mencent à fleurir ou au plus tard sont en pleine
fleur. Lorsqu’elles sont à ce point, quelques jours
de retard font une différence très considérable dans
la qualité du fourrage, car toute plante qui a ame-
né sa graine à maturité ne produit plus qu’un foin
dur, peu savoureux et pen nourrissant pour le bé-
tail ; et les meilleures plantes des prairies, princi-
palement les graminées les plus précieuses, pas-
sent avec une rapidité étonnante de.la floraison à
la maturité.” (Calendrier du bon Cultivateur, Te édi-
tion, p. 190.)
“Il y a cependant une exception à cette règle
générale, continue M. Gayot, exception tirée de la
nécessité de travailler à l’amélioration du produit
de certaines prairies assises sur un fonds humide,
qu'on n’est pas disposé à assainir par un moyen
plus expéditif et plus efficace. Alors, il faut fau-
cher de bonne heure, avant l’époque que nous
avons soigneusement déterminée plus haut, car en
les dépouillant ou en expose la surface à toute l’in-
tensité des rayons solaires qui en opèrent le dessé-
chement et permettent de recueillir, à la seconde
coupe, des plantes qui ont poussé dans des circons-
tances plus favorables. D'ailleurs, dans ce cas, les
végétaux propres aux lieux humides dépérissent
de
tes > d
ee
MES 0.
T2 ren SRE CU
6 . Re » > me
— 156 —
sous l'influence d’une humidité moindre, et cèdent
la place à d’autres dont la sorte et les qualités ali-
mentaires, très supérieures aux premiers, produi-
sent aussi de meilleurs résultats quant à la nutri-
tion.
I] faut encore que l’on sache ceci, par exem-
ple: Les plantes parasites ou nuisibles, malheu-
reusement si nombreuses dans les prairies perma-
nentes, sont généralement consommées avec impu-
nité dans les premières phases de leur végétation.
Les principes doux, aqueux, mucilagineux, iner-
tes, prédominent alors, tandis que la naturité dé-
veloppe les sucs âcres, amers, narcotiques, vireux,
qui les rendent dangereuses. C’est un autre motif
à invoquer en faveur des fenaisons un peu préco-
ces.” (Ut supra.)
En général, c'est à la fin de juin ou au com-
mencement de juillet qu’on doit commencer la fau-
chaison, quelquefois plus tôt, quelquefois plus
tard, suivant que l’année est sèche ou pluvieuse;
les prés hauts sont les premiers mürs, puis vien-
nent les prairies moyennes, ensuite les prairies ar-
rosées, en quatrième lieu les prairies basses, et en-
fin les prés tourbeux et marécageux. Cependant,
cet ordre n’a rien d’invariable et peut être influen-
cé par l’exposition, les engrais, etc.
PA
Ë
1
L
|
ir os
— 157 —
Ainsi, une prairie fumée en couverture au
printemps, devient par cela même un peu plus
tardive que les années précédentes ; à sol et à pen-
tes égaux, un pré exposé au nord est moins hâtif
que celui exposé au sud. L'essentiel est de se
guider sur la floraison des plantes BEDICLERISS et
les plus nombreuses
Nous avons donc mis la faux dans jl’herbe :
“On doit apporter une grande attention au tra-
travail des faucheurs, pour qu’ils fauchent Le plus
près de terre qu'il est possible ; un pouce de lon-
gœueur près de terre produit bien plus de foin que
plusieurs pouces au haut des tiges, parce que
l'herbe y est bien plus garnie : c’est pourquoi l’on
éprouve une perte considérable dans le fauchage
des prés où le sol n’est pas bien uni, où l’on a né-
gligé d'étendre les taupinières et les fourmilières,
où on à laissé des pierres, etc.” (De Dombasle,
comme ci-dessus, p. 190.)
FENAISON.-— Le temps le plus propice pour la
coupe de l’herbe est celui où toute la rosée est dis-
parue. [l faudra naturellement, au préalable, com-
mencer à examiner soigneusement l’état du ciel,
afin de s’assurer si, d’après les signes ordinaires,
bien connus de tous les cultivateurs, on va avoir
quelques journées de temps séchant. On commen-
cera donc à faucher vers dix heures du matin. On
— 158 —
éparpillera le foin à mesure qu’il sera coupé, puis
on le retournera vers deux heures de l’après-mid1.
Plus le foin est étendu également et mieux 1l
est divisé, plus la dessiccation s'opère prompte-
ment et résulièrement.
La rosée, comme la pluie, fait blanchir le foin.
Pour le soustraire à cet inconvénient, on le ras-
semble en tas (veillottes) assez tôt dans l’après-midi
pour que ce travail soit achevé avant que la rosée
du soir tombe, puis on couvre chaque veillotte avec
une couverture ou chapeau en pulpe ou en toile
cirée.
Voici une très bonne manière de procéder:
Prenez une fourchée de foin, soulevez-la et placez-
la sur le terrain libre le plus voisin; soulevez-en
une nouvelle fourchée, puis une troisième que
vous placerez les unes au-dessus des autres, de
facon à leur donner un bon appui. Si le foin a
séché convenablement dans la journée, on peut
entasser l'équivalent de cinq à six bottes par veil-
lotte ; ce sera trop pour du foin encore fort humi-
de. La veillotte ne devrait jamais mesurer plus
de cinq pieds de diamètre à sa base. Ainsi faite,
on aura le soin d’en faire le tour battant le foin de
la jambe et de la fourche, de manière à la mettre
autant que possible à l’abri du mauvais temps.
LR CA SSL SSP AE à, SL 4. 5, D RSS Rs y 2) cf ;
.
a Le Lun dé a cmt cle. su 24
|
— 159 —
Cela fait, on apportera les couvertures ou chapeaux
en pulpe ou en toile cirée, et on en couvrira ; la
veillotte ainsi couverte est à l’abri du vent, ne
peut plus se défaire, même dans les forts coups de
vent, et l#pluie la plus abondante s’écoulera à l’ex-
térieur, sans la pénétrer. [1 est important de ne
pas placer les tas de foin dans un trou, mais sur
les planches et même sur l'endroit le plus élevé
des planches. La manière indiquée pour la forma-
tion des veillottes a sa raison d’être et ne procède
pas du caprice. En effet, en procédant par moyen-
nes fourchées, le foin se superpose par couches à
peu près égales, de sorte que par le foulage, la
pluie n’a plus d'accès par les côtés de la veil-
lotte et ne peut la pénétrer.
Le lendemain matin, un peu tard, on enlève
la couverture des veillottes, et on laisse ainsi le
foin toute la journée, afin de le préparer à se sécher
plus facilement et plus rapidement, la journée
suivante, de manière à ce qu’il conserve toutes ses
feuilles et toutes ses fleurs, et ensuite pour amol-
lir ses tiges par la fermentation modérée qui s’y
développe et peut aller jusqu’à brunir le foin, ce
qui le rendra de digestion plus facile, plus nutri-
tif, et plus agréable aux animaux, enfin de beau-
coup supérieur pour la production du lait.
Le soir, on recouvre de nouveau les veillottes
?
e
Me
Der" + L 2,
RL «=
— 160 —
avec les chapeaux. Le lendemain matin, vers dix
heures, la rosée étant disparue, on enièveles cou-
vertures, puis on ouvre les veillottes et on étend
le foin, mais seulement juste le temps nécessaire
pour qu’il achève de se sécher, ce qui n’est pas long,
si l'opération a été bien conduite. Puis, enfin, on
ramasse et on rentre le foin ainsi séché et en
excellent état, avant la rosée du soir.
Le foin ainsi préparé ne laissera rien à désirer
sous le rapport de la couleur, de la qualité et du
parfum, et c’est celui qui se cotera au prix le plus
élevé.
Le plus grand nombre des cultivateurs de
cette province ont pour habitude de laisser sécher
le foin dès qu’il a été fauché, sans le mettre en tas.”
Le foin est alors plus ou moins décoloré et n’a pas
l’arome qui distingue le foin de première qualité ;
il se vend par suite moins facilement et moins
cher.
Le procédé indiqué ci-dessus est celui suivi à
la Ferme expérimentrale centrale d'Ottawa, ainsi
que dans une partie de la province d’Ontario et
des Etats-Unis.
NN VE
dé
+ , s ’
ARR ts Hd dl fe
ééa sebasto ibid) ie) à
— 161 —
% XVI—FOURRAGES VERTS
Comme nous l’avons déjà dit plus haut, le
meilleur de tous les fourrages verts est la bonne
herbe tendre et jeune que les animaux prennent
eux-mêmes au pâturage.
Mais comme la plupart de nos cultivateurs
n’ont à exploiter que des terres qui ont été com-
plètement épuisées ou par une mauvaise culture,
ou par une répétition trop fréquente des récoltes
de grains, et que l’herbe, une fois rasée par le
bétail, refuse de repousser pendant une tropgran-
de partie de la belle saison, il serait téméraire
d'espérer une production assez forte de fromage
et de beurre sous forme d’une grande abondance
d’un lait riche et savoureux. Il faut donc lui
venir en aide d’une manière prompte et efficace.
On y arrivera par la culture des fourrages verts,
dans le sens ordinaire de ce mot, qui comprend
toutes les herbes fourragères, graminées et
légumineuses, que l’on fauche de bonne heure au
printemps, immédiatement avant la floraison, et
dont les coupes subséquentes, faites dans le cours
de l’été et au commencement de l'automne,
permettent de fournir du fourrage vert au
PTE
bétail, principalement aux vaches laitières,
pendant toute ia belle saison, c’est-à-dire depuis
le mois de mai jusqu’au mois de novembre. Ce
mot sert aussi à désigner les fourrages verts dont
on emplit le silo, afin que les vaches aient à leur
besoin, toute l’année, une Cou douce, ra-
fraichissante et succulente.
La culture de ces herbes ou plantes n’est pas
dispendieuse, à raison du prix peu élevé de la
semence, mais elle est assurément très profitable,
si elle est faite avec intelligence et suivant un
système raisonné, et elle pourvoit au plus grand
besoin de notre industrie agricole, celui de pro-
curer au bétail une nourriture bonne, succulente
et fortifiante, pendant les mois les plus secs de
l’année.
De plus, l'alimentation aux fourrages verts,
en premier lieu ceux que les animaux paissent
eux-mêmes au pâturage, et ensuite ceux fauchés
et servis comme addition au pacage, coûte moins
cher que l’alimentation aux fourrages secs consom-
més à l’étable, et même que les fourrages verts
ordinaires, mais donnés aux animaux en stabula-
tion permanente. L'expérience générale ne per-
met pas le moindre doute à cet égard.
A
Les meilleures herbes à semer pour fournir
un fourrage vert au bétail, sont :
Là PORATT ES p2 FPT
— 163 —
Le seigle, avec trèfle rouge :
La luzerne, avec brome inerme ;
Le dactyle pelotonné, en mélange avec du
trèfle rouge ;
Le sainfoin, additionné de fromental ;
Le maïs (blé-d’Inde) canadien.
LE SEIGLE—Chaque cultivateur devrait se-
mer un petit champ de seigle, nous devrions dire
deux ou trois petits champs; car ce grain arrive
si vite à maturité, que huit ou au plus dix jours
après qu’il est bon à être fauché les animaux ne
veulent plus le manger.
On devrait toujours ajouter au seigle une
certaine quantité de trèfle rouge. Les mélanges
de légumineuses et de graminées, surtout si on le
fait avec soin et que l’on associe des plantes viva-
ces (trèfle rouge) d’un côté, et des plantes
annuelles (seigle, blé) de l’autre, sont fort pro-
ductifs.
On sème le seigle ordinairement sur un retour
de chaume, après avoir donné une vingtaine de
_ charges de fumier ou 200 livres de sulfate d’am-
_ moniaque à l’acre ; on herse jusqu’à ce que la
terre soit bien émiettée, et l’on y passe le rouleau
pour achever la besogne.
&
PAL
LE
— 164 —
Il faut toujours semer le seigle à raison de
trois minots à l’acre. Quoique la graine en soit
petite, cette quantité de semence n'est pas trop
forte, car plus on le sème fort, plus vite on pourra
le faucher, et ce point est important quand il
s’agit de nourrir des vaches à lait au fourrage vert.
Quand on sème le seigle à l'automne, ce qui
est beaucoup mieux, attendu qu'il peut donner
une coupe alors que l’on ne viendrait que de
confier la semence à la terre, si l’on avait attendu
le printemps pour faire les semailles, il faut enter-
rer la semence à trois pouces de profondeur, chose
peu difficile à faireavec un drill-semoir àrangs. Si
vous n'avez pas de semoir, il vous faudra l’enter-
rer à la charrue, en tirant de très petits sillons.
Tout l’ouvrage pour l’ameublissement du terrain
devra être fait avant l’enterrement du grain, de
sorte qu'il n’y aura pas besoin de herser ni de rou-
ler après la semaille. Au printemps suivant, le
seigle profitera plus vite après un petit coup de
herse et le passage du rouleau.
Il serait avantageux de remplacer un minot
de seigle par un minot de blé. Quoique le blé ne
profite pas aussi vite que le seigle, le rendement
en serait plus copieux, surtout vers la fin de la sai-
son, et l’on sait bien que tous les animaux de Ia
de E- mtid, dt nd rte ji et à 6 ie: à à,
— 165 —
ferme préfèrent le blé en vert à n’importe quel au-
tre fourrage.
La quantité de semence que nous conseillons
peut paraître trop grande, mais soyez assurés que
si vous épargnez la semence en cultivant l’herbe
ou le fourrage vert, vous n’aurez que très peu de
profit quand l'heure du fauchage arrivera. En
Angleterre, on sème toujours quatre minots de
seigle d'automne à l’acre, et l’on trouve non seule-
ment que la masse récoltée en est plus forte, mais
encore que la végétation en est beaucoup plus
précoce, chose très importante pour obtenir un
bon fourrage vert de bonne heure le printemps.
Au printemps, le champ de seigle doit être
semé à deux reprises, séparées par un intervalie
de quinze jours. Un arpent de seigle, si le terrain
est fertile et bien travaillé, peut nourrir vingt va-
ches pendant dix jours, en y ajoutant un peu de
bon foin. Il faut absolument laisser faner tout
fourrage vert pendant plusieurs heures avant de
le faire manger aux animaux, à moins de le mé-
langer avec du foin haché, ce qui vaut encore
mieux. Au commencement de la saison, il ne
faut employer ce fourrage vert que peu à peu,
après que les animaux auront fini leurs repas et
auront la panse bien remplie, ou bien encore le
mélanger avec du foin, comme ci-dessus.
4
No
A 72 { ?
Ro #.d:1!
— 166 —
Pour les chevaux, quand le printemps arrive,
ils vous sauront gré d’une bonne botte de seigle
par jour. Après avoir passé un long hiver, sans.
sœoûter ni carottes ni choux de Siam, les chevaux
commencent à se fatiguer d’une nourriture toujours
sèche, et quand même les pauvres bêtes seraient
obligées de reprendre bientôt leur ancien repas de
foin, etc, le changement opéré par quelques bottes
de seigle leur procurera un rafraîchissement bien-
faisant.
Le seigle pèse 56 livres au minot ; le blé et
le trèfle pèsent 60 livres au minot.
LUZERNE—La luzerne,ou trèfle de Bourgogne,
ne convient pas à tous les sols. Quant au froid,
elle s’en moque assez ; mais l’eau du sous-sol la
tue. C’est une des plus-:anciennes plantes fourra-
Ϗres dont on ait connaissance.
Les trois coupes abondantes par saison que
donne cette plante, quand le terrain et la culture
lui conviennent, doivent engager chaque cultiva-
teur, dont la terre est propre à cette culture, à
semer deux ou trois acres de ce magnifique green
meat.
La luzerne réclame un terrain dont le sous-
sol soit sec. Les bonnes terres franches, de sable,
de glaise ou de terreau lui conviennent parfaite-
ment ; mais la semer sur des terrains d'argile o
— 167 —
l'eau séjourne au printemps et à l’automne, c’est
gaspiller son temps et son argent.
_ Après avoir choisi une pièce de terre pas trop
loin du pâturage, nettoyez-la. parfaitement, sans
y laisser un seul morceau de chiendent. L’au-
tomne arrivé, étendez-y une bonne couche de
fumier en l’enterrant aussi profondément que
possible. Pas de danger de la trop enterrer, car les
racines de la luzerne pénètreront jusqu’à quinze
pieds et même davantage dans le sous-sol, s’il n’y
a pas d’eau. On en a même vu de trente pieds
dans les terres tout à fait propres à cette culture.
Ce sont de bons chasseurs que ces racines.
Au printemps, quand la terre est devenue
sèche, semez-y de l’orge, et quand la herse aura
bien— mais très bien—émietté la pièce, semez-y à
la volée seize livres de luzerne à l’acre, en l’enter-
rant au moyen de la herse-à-chaînes ou d’une herse
à branches. La herse à branches achève si bien
et d’une manière”si parfaite toutes les opérations
qu'on lui confie, que nous conseillons à chaque
-cultivateur de s’en procurer une. Finalement,
passez-y le rouleau.
L'orge une fois engrangée, une légère couche
de fumier aidera à la jeune luzerne à résister aux
attaques de la gelée. Une récolte protectrice
d'avoine coupée en vert conviendrait encore mieux
— 168 —
qu’une récolte d'orge pour grain, parce qu’elle
occuperait la place moins longtemps, ce qui per:
mettrait à la jeune luzerne de croître plus vigou-
reusement et, par suite, de mieux résister aux
rigueurs de l'hiver. Pour plus de détails voir au
chapitre XIE.
Le printemps suivant, 1l vous faudra herser
la pièce avec une moyenne herse et, cela fait,
vous y passerez encore le rouleau. A l'automne,
après la dernière coupe, hersez énergiquement
avec une herse à dents bien aiguisées, jusqu’à ce
que toute mauvaise herbe soit déracinée et que la
terre ait l’air d’un jardin bien cultivé. Pas de
danger de faire tort à la luzerne en Ia traîtant de
cette facon; à cette époque, les racines auront
tellement pénétré le sous-sol que la herse la plus
pesante ne saura les en arracher.
Une plante qui vous donnera trois coupes par
été, mérite d’être bien nourrie; vous ferez donc
bien de lui fournir une fumure tous les ans.
La luzerne doit être fauchée avant que la
fleur s'épanouisse, et cela arrive vers la dernière
semaine de mai dans les saisons ordinaires en cette
province.
Le plâtre répandu au printemps sur la lu-
zerne, de même que pour les autres légumineuses,
— 169 —
Jui imprime une végétation vigoureuse et luxu-
riante. E
On doit ajouter à la luzerne une petite quan-
tité de brome inerme qui est une graminée vivace
prospérant fort dans les terrains secs et riches
en humus. En Hongrie, on cultive beaucoup ce
mélange.
DACTYLE PELOTONNÉ ET TRÈFLE ROUGE MÈLÉ.
— Pour suivre la première coupe de la luzerne, on
ne trouvera rien de plus utile que le dactyle pe-
lotonné, semé à raison de deux minots à l’acre et
mêlé avec huit livres de trèfle rouge. Le dactyle
pousse toujours en touffes, c’est pourquoi il faut
y ajouter du trèfle pour remplir les lacunes laissées
par le dactyle. D'ailleurs, la quantité d'azote
contenue dans le trèfle remédiera aux qualités
alimentaires inférieures du dactyle. On doit
semer ce mélange à la volée avec de l'orge, ou
mieux avec de l’avoine destinée à être coupée er
verl, au printemps, en l’enterrant au moyen de la
herse à branches, après le dernier hersage donné
à l'orge ou à l’avoine, et puis y passer le rouleau.
TRÈFLE ROUGE VIVACE—(Cette espèce de
trèfle est la plus propre à semer avec le dactyle.
En l’achetant, il ne faut pas se laisser tromper
par une autre espèce de trèfle rouge, le frifolium
— 170 —
medium, dont la graine est meilleur marché, mais
dont le produit ne vaut rien.
Ee 1889, les MM. Dawes, de Lachine, donnè-
rent à M. A. R. J. Fust, rédacteur du Journal of
Agriculture, la permission de semer un arpent en
trèfle rouge sur leur terre, et ils s’en trouvèrent fort
bien. Depuis le 12 juin 1890, au dire du fermier
de ces messieurs, ils ont continué à faucher ce
trèfle en vert, et sans lui, leur laiterie aurait beau-
coup souffert. Le 14 octobre, il y avait beaucoup
de trèfle sur le champ.
Nous venons de dire qu'un des meilleurs
fourrages verts pour faire produire du lait aux
vaches est un mélange de trèfle rougc vivace et de
dactyle ; en voici un exemple : M. Henry Stewart,
agronome distingué des Etats-Unis, confiait à un
de ses amis le fait suivant :
“Quand, au lieu du trèfle et du dactyle, j'ai
fait manger du mil à mes vaches, le rendement
en beurre a baissé de 25 livres à 17 livres par
semaine, et je n’ai jamais pu remettre mes vaches
dans leur premier état de production, quelle que
fût la quantité de grain et autres fourrages que
j'ajoutai au mil.”
D'un autre côté, nous voyons dans le rapport
que M. G.. À. Gigault, assistant-commissaire de
#
ve
ne e »
' 14 7,
Due, À
VUE
l’Agriculture, a fait de son voyage en Europe
en 1894, ‘ qu’on ne doit pas donner autant de mil
que d’autres cspèces d'herbes, car la sécrétion du
lait en serait diminuée. ”
Nous lisons dans le Journal of Agriculture, nu-
méro de juin 1894, ce qui suit :
# Mil—Pour notre Jat, nous voudrions voir
le mil remplacé par quelques autres herbes, excep-
té le cas où on le cultive pour le marché : une her-
be qui ne fournit pas de pâturage, qui ne donne
qu'une récolte par saison, n’est guère avantageuse
pour le cultivateur, surtout lorsque l’on considère
que l'usage principal de ce fourrage est limité à la
nourriture des chevaux ; car aujourd’hui tout le
monde sait, les plus routiniers même savent que
le bon trèfle est bien préférable au mil pour les va-
ches. De fait, beaucoup d’autres herbes fourragè-
res sont non seulement tout aussi bonnes, mais
même bien meilleures pour l’alimentation des va-
ches laitières que le mil, surtout tel qu’on le vend
sur nos marchés. ”
SAINFOIN-—-Ceux qui habitent les côtes arides
du fleuve ou autres terrains semblables, peuvent
s’épargner la peine de labourer trop souvent leurs
champs éloignés, en y semant du sainfoin. Une
chose digne de remarque pour cette herbe, c’est
PEN Le
qu’elle produira deux fois autant d’herbages pen-
dant la troisième année de son ensemencement
qu'elle en aura produit la première année.
Cultivé sur un terrain propice, le sain foin du-
rera de six à dix ans Sur les côtes du nord de la
France, et sur les côtes opposées de l’Angleterre,
dans le mois de mai, on voit de loin les belles
fleurs rouges du sainfoin Ÿle sous-sol de ces para-
ges est composé de craie et c’est là que cette plan-
te réussit le mieux. Voilà pourquoi ceux qui cul-
tivent le sainfoin ici, où la craie n'existe pas, doi-
vent toujours le saupoudrer avec du plâtre, car
la craie est un carbonate de chaux et le plâtre
est un sulfate. La marne est ici très utile.
La graine de sainfoin se vend sous deux for-
mes : en balles, et nue ou égrénée. De cette der-
nière, 40 livres suffiront pour l’ensemencement
d’un acre ; mais, e balles, il faut en semer 34 mi-
nots. Il faut enterrer cette semence assez profon-
dément.
En 1880, M. À. KR. J. Fust sema une petite
pièce de sainfoin. Malgré les avaries que les ge-
lées et les dégels lui firent subir, malgré sa des-
truction partielle, ce qui échappa profita merveil-
leusement au printemps, et le sainfoin fut prêt à
être fauché dix jours plus tôt que le trèfle rouge
du champ voisin.
— 173 —
Pour en faire du foin, on doit faucher le sain-
foin quand les fleurs sont à la veille de s'épanouir.
Afin d'obtenir un plus fort rendement des
prairies semées de sainfoin, il convient de joindre
à cette lécumineuse le fromental. Cette graminée
se développe très vite et donne, dès la première
année, un produit considérable ; la deuxième an-
née, le produit diminue sensiblement et les plan-
tes commencent à disparaitre. La quantité de
semence à ajouter au sainfoin est de 10 livres.
Si, par hasard, au printemps de la première
année, après l’ensemencement, le sainfoin n’a pas
l'air bien vigoureux, il ne faut pas désespérer. Si
le terrain est libre de mauvaises herbes, le sain-
foin reprendra bravement avant la fin de la belle
saison, et, la troisième année, il occupera toute
l'étendue du champ.
Maïs (blé-d'Inde).—On a tant discuté les
qualités de cette espèce de fourrage, dans les con-
ventions de la société d'industrie laitière et dans
les journaux d’acriculture, qu'il n’est pas néces-
. æ 2
saire de nous étendre sur ce sujet. Mais on nous
pardonnera si nous osons faire observer, confor-
mément à l’opinion de M. Fust et de M. Tuck,
fermier de MM. Dawes, de Lachine, Montréal, qui
a toujours au moins cent cinquante bêtes à cornes à
— 174 —
surveiller, qu’un arpent en trèfle rouge et dactyle
mêlés, fauché en vert, fera produire autant de lait
et de meilleure qualité, qu’un arpent et demi de
blé-d’'Inde vert. Nous ne parlons pas ici du blé-
d'Inde destiné au silo, où les épis, presque mûrs,
sont hachés et mêlés avec les feuilles et les tiges,
mais du maïs vert que l’on fauche pour donner
aux vaches dans le cours de l'été. Il ne faut pas
oublier que le blé-d’Inde, avant l’époque du /ustré,
n’est qu’un fourrage rempli d’eau. “Ce n’est qu'un
moyen coûteux de faire boire vos vaches que de
leur donner du blé-d’'Inde très vert,” dit M. W.
Robertson, de la Ferme Expérimentale. On peut
faucher le trèfle et le dactyle trois fois dans Île
courant de la saison, et chaque coupe doit donner
au moins six tonnes de fourrage vert, ou, en tout,
dix-huit tonnes.
Nous venons de dire que le blé-d’Inde fauché
trop vert ne contient guère de matières nourris-
santes ; il ne faut donc le couper que lorsqu'il est
à peu près mür, mais alors une partie de sa tige
est devenue dure, coriace, fibreuse, indigeste et ne
saurait être profitable. C’est pourquoi 1l faut tou-
jours donner la préférence aux fourrages verts
mentionnés en premier lieu.
Mais comme on peut être tenté quelquefois
de faire usage de blé-d’Inde, et que le blé-d’Inde
— 175 —
_ est même presque indispensable pour le silo, il
importe de connaitre celui qui est le plus nutritif.
D'abord, on ne doit jamais employer que des
plantes müûrissant parfaitement sous notre climat,
si l’on veut en obtenir tout le profit qu’elles peu-
vent donner. Pour cette raison déjà, le blé-d’Inde
canadien doit être celui dont nous devons nous ser-
vir. Ensuite, l'analyse a prouvé que notre blé-
d'Inde canadien, surtout le Jaune ,est beaucoup
plus riche que celui provenant des contrées plus
chaudes. Le blé-d’Inde canadien cultivé à la fer-
me expérimentale du Minnesota, doublait en ma-
tière nutritive le blé-d’Inde américain. Et le pro-
fesseur Groegman a démontré que le blé-d’Inde de
l'Est valait deux fois le blé-d’Inde de l'Ouest.
Le blé-d'Inde demande un terrain meuble,
très fertile, riche surtout en acide phosphorique
et en azote. On doit semer les grains à trois pieds
de distance, ce qui fait à peu près un demi-minot
à l’acre, si on veut avoir un fort rendement de
bonne qualité.
FOURRAGES VERTS MOINS UTILES QUE LES
PRÉCÉDENTS. - Ce sont :
L’avoine ;
Les féveroles ;
Les vesces :
Les lentilles ;
Les pois.
— 176 —
L’avoine, qu’elle soit donnée verte, ou sèche,
à l’état de foin, le tige seule, ou avec le grain, ou
le grain seul, diminue la sécrétion du lait. Il en
est de même des pois.
Les féveroles, (en vert), de même que toutes
les espèces de fèves, ne doivent pas non plus être
données aux vaches laitières, d’abord parce que ces
dernières ne les mangent qu'avec répugnance et
qu'il est bien connu qu’il ne faut pas forcer la satu-
re, les animaux connaissant ce qu’il leur faut bien
mieux que nous ; ensuite, ‘parce qu'il est admis gé-
néralement que les fèves ont une influence nuisible sur les
qualités du beurre, qu'ils rendent sec et amer.” (Extrait
d’un ouvrage danois cité dans le rapport de M. G.
À. Gigault).
Les vesces ne valent pas beaucoup mieux;
coupées ex vert, elles ne doivent être données aux
vaches laitières que hachées et bien mélangées
avec de la bonne paille ou de la balle d'avoine bien
propre, parce qu'elles contiennent, de même que
les lentilles, un principe amer qui nuit aux vaches
et à la qualité de leur lait. Données à l’état de foin,
plus mûres, elles ont d’autres inconvenients, dont
l’un est de faire maigrir souvent les vaches. Il
vaut donc mieux ne pas les employer.
La lentille constitue un meilleur fourrage
Fr
or abtté dte. dét l'm à-
MAT.
— 177 —
que la vesce, mais elle ne vaut pas les bons four-
rages verts mentionnés dans cet article.
MANIÈRE DE SERVIR LES FOURRAGES VERTS
AU BETAIL.—On ne devrait jamais distribuer les
fourrages verts au bétail sans les avoir passés au
hache-paille afin de les po:voir mélanger très bien
avec du fourrage sec, bon foin, bonne paille, son,
tourteau de coton, de lin. De cette manière non
seulement il n’y aura rien de perdu, non seulement
la quantité de lait sera beaucoup augmentée, mais
surtout la richesse du lait en crème sera beaucoup
plus forte, et la santé de tout le bétail sera floris-
sante, robuste. Enfin, c’est un des principaux
moyens d'obtenir un bétail qui surpassera telle-
ment le bétail des autres pays, que tous les étran-
gers nous l’envieront.
XVII, LES BELLES PELOUSES
DFS PARCS ET DES GRANDS JARDINS
GAZONS D'AGREMENT
Le plus bel attrait des jardins et des pares, ce
sont incontesiablement les pelouses. Celles-ci sont
aux jardins ce que les tapis sont aux salons ; de là,
selon M. Van Hulle, l'expression ‘un gazon
comme un tapis.” Seulement, pour que cette
expression soit applicable, il faut que l'herbe
vienne bien et surtout qu’elle soit entretenue d’une
façon tout à fait irréprochable. Dans notre pays,
cela se rencontre rarement, tandis qu’en Angleterre
les belles pelouses sont de rigueur, se voient pres-
que partout.
Tout amateur ayant visité ce pays a voulu, en
rentrant chez lui, imiter les pelouses anglaises ;
rarement il a réussi complètement, surtout avec si
peu de peines ; car, en somme, nous savons que, là-
bas, on est loin d’y mettre autant de soins qu’on
serait tenté de le croire. On rase constamment, il
est vrai, on roule, on tasse, on durcit les contours,
mais c’est à peu près tout. Fh bien ! on le sait par
MR 2:
‘ÈS
Rs Æ
En"
Ga
— 179 —
expérience, cela est loin de suflire chez nous.
Même en arrosant nos pelouses de temps à autre
nous ne parvenons pas à les faire ressembler tant
soit peu aux gazons anglais (english lawns.)
Que de fois nous nous sommes demandé
quelle pouvait bien en être la cause. Sans aucun
doute, le climat, qui est brumeux, et ia nature du
sol, qui est humide et calcaire, sont pour la plus
grande part dans la réussite générale des gazons,
chez nos voisins d'outre-mer. Sans doute, encore,
la façon dont ils préparent leur sol, le choix de
leurs herbes, l’entretien de leurs pelouses, tout
cela se fait avec soin. Mais, encore une fois, quan-
tité d'amateurs ont imité ces procédés sans succès
complet, et surtout durable. M. Van Hulle, dans
son Jardin qui n’est pas très étendu, (et l’on com-
prend que, sur une aussi petite échelle, il est rela-
tivement facile d'apporter tous les soins possibles.)
est parvenu à avoir ce qu'on peut appeler un beau
gazon. Cependant, à son vif regret, il n’a pu arri-
ver à un résultat tout à fait satisfaisant. Il est
vrai que son jardin est assez élevé, fort en pente,
et que le sol en est léger ; mais pour une si petite
étendue, ces défauts ne doivent pas être des obsta-
cles insurmontables.
Où faudrait-il donc chercher les causes de ces
— 180 —
demi-résultats ? Dans le climat d’abord, dans le
sol ensuite, et enfin dans la manière d’opérer.
Presque toutes les herbes aiment la fraicheur:
non seulement aux racines, mais aussi aux feuilles ;
il s’en suit que notre situation, ne répondant pas à
ces conditions, péche par la base. Voilà la première
et la plus grande difficulté, contre laquelle on lut-
tera souvent en vain.
Pour ce qui est du sol, plus il sera sablonneux,
plus aussi il sera défavorable ; plus, au contraire, il
sera argileux et mieux les herbes y réussiront, s’y
étaleront surtout ; ce qui est l'essentiel.
Ni donc, sur une côte aride et sablonneuse, il
est presque impossible d'obtenir un beau gazon,
une vallée basse et argileuse y est très propice.
Cela ne suffit pas cependant : il faut encore bien
préparer le sol et soigner les herbes.
Le tassement
Chacun peut observer qu'ordinairement c’est
le long des sentiers, où la terre est plus dure, qu’on
trouve le plus beau gazon ; ne pourrait-on pas en
conclure que le sol n’a nullement besoin d'être
labouré pour créer les pelouses ? Non, ce serait une
erreur ; ii faut non seulement un labour, mais il
en faut plusieurs, et même assez profonds. Seule-
NE D:
LEE
4
— 181 —
ment il importe de laisser le sol longtemps s'asseoir,
se tasser ; puis avant de le semer, il convient de le
piétiner, de le rouler, de durcir les contours assez
fortement pour que le talon de la botte n’y pénètre
plus. Ensuite on continue la même opération à
mesure que le jeune gazon lève et se forme. Qu'on
ne se fasse pas l'illusion de croire pouvoir réussir
dans une terre légère et sans consistance; non, il
n’y aura de succès durable qu'autant que le sol
aura été suffisamment durci et demeurera tel.
Les contours des pelouses à créer ne pourront
être durcis que s’ils sont en talus, même dans les
terrains compacts. Ailleurs, il n’y faut pas songer.
Que faire alors? On peut employer plusieurs
moyens, comme de faire des bordures avec des
tranches de gazon pris le long de la voie publique,
en ayant soin de bien réunir les soudures, de les
arrêter par des chevilles, et de les protéger contre
la sécheresse, contre les rayons solaires, tant que le
tout n’est pas pris en uné seule masse. Ça deman-
de beaucoup d'ouvrage et de soins, mais c’est bien
beau.
N. B. Tout ce que nous avons dit touchant la
création des gazons, moins ce qui regarde les
contours, s'applique également aux prairies; cela
va de sol.
— 182 —
Semis
Quelques personnes ne sément que du ray-
grass pur, qui forme, à la vérité, de jolis gazons ;
mais pour la première année seulement, cette herbe
ne résistant pas au climat de notre Province. Iiest
donc préférable de semer un mélange spécial, si
l’on veut obtenir une pelouse persistante.
Ce mélange étant un composé de graminées et
de légumineuse, forme un gazon beaucoup plus
fin et plus serré que le ray-grass pur, ainsi que
toute autre herbe, graminée ou légumineuse, semée
seule, séparément; il résiste mieux à la sécheresse ;
il dure également plus longtemps.
M. James Fletcher, botaniste des Fermes
Expérimentales, dans dans son Rapport pour 1892,
s'exprime ainsi :
“Nous sommes arrivés à la conclusion très
satisfaisante que, pour créer de bons gazons en
Canada, aucune graminée n’est à comparer avec le
commun paturin des prés, qui garnit le bord des
routes. Pour sa couleur vive, permanente, pour
l’uniformité de la pousse et le moelleux de la
texture, aussi bien que pour sa rusticité à toute
épreuve et sa résistance aux mauvais traitements,
il n’a pas son pareil. Il a aussi presque invariable-
ment été désigné comme le plus beau par tous
— 183 —
ceux à qui on demandait leur opinion, soit qu'ils
connussent les difiérentes graminées, ou non. On
s’en procure facilement la graine, qui est peu
coûteuse et presque toujours pure; car elle mürit
avant celle de la plupart des herbes qui croissent
parmi les graminées. A la fin de juin, quiconque
veut s’en donner la peine peut, en une heure de
temps, recueillir sur le bord d’un chemin assez de
graines pour une grande pelouse. Au bout d’une
semaine, cette graine sera assez sèche pour se
détacher toute de la balle par le frottement entre
les doigts, et on peut aussitôt la semer. Pour
réussir à créer un gazon, 1l faut que le sol ait une
bonne profondeur et soit bien drainé, Il faut
labourer la surface, niveler, semer et passer le
rouleau en automne. Au printemps, il faut de
nouveau rouler.
I] faut semer dru, afin que les feuilles pous-
sent épaisses et fines, à raison d’au moins 3 à 34
boisseaux (minots) de graines de paturin des prés
à l’acre, (la graine du paturin des prés pèse 14
livres au minot) ; on peut y ajouter + de livre de
trèfle blanc. Si le sol est humide, on peut rempla-
cer moitié environ de la quantité ci-dessus par la
graine de l’une des nombreuses agrostides à
feuilles fines, telles qu’Agrostis stolonifera ; mais la
couleur de cette dernière est un vert de teinte
— 184 —
distinctement différente, et il faut se rappeler que
l'agrostide, si elle convient mieux au sol, finira
par supplanter le paturin. ”
Dans les très grandes pelouses, pour enterrer
la graine on peut employer une herse légère; on
recouvre le semis d’un peu de terreau, si l’on en a
à sa disposition, et on roule ensuite.
Le semis d'automne est préférable au semis
de printemps. |
Le sarclage
Bien que toutes les conditions ci-dessus aient
été scrupuleusement remplies, et quelle que soit
l'espèce de graines d'herbe qu’on ait semée, on
verra peu à peu apparaître dans la pelouse, non
seulement une foule de plantes qui ne sont pas des
herbes et qu'il faut, par conséquent, arracher au
plus tôt, mais aussi des herbes dont on ne peut
tolérer la présence à aucun prix. De ce nombre
sont le chiendent, et toutes les plantes indistinc-
tement qui semblent vouloir dominer par leur
végétation, ou être peu disposées à s’étaler, à faire
gazon, comme on dit. Sauf à tasser de nouveau, il
faut donc, au besoin, arracher hardiment tout ce
qui ne convient pas, sans s'inquiéter des petits
vides que l’on fait ainsi; ils se rempliront par la
suite. Si, cependant, ces vides sont trop considéra-
— 185 —
bles, il y faudra répandre quelques graines ou, ce
qui vaut mieux, y planter un petit morceau de
beau gazon, qu’on trouve presque toujours, sans
peine, le long de la voie publique.
C’est déjà un grand point d'être parvenu à
avoir une herbe, encore clair-semée peut-être, mais
plus ou moins régulière et æmblant se plaire
quelque peu dans le terrain. L’espèce d’herbe doit
convenir au sol: cela est tellement important, qu’en
Angleterre, des amateurs façonnent simplement
leur terrain, puis l’abandonnent à lui-même.
Comme toujours, ce terrain ne tarde pas à se cou-
vrir de végétation. Alors, ils arrachent au fur et
a mesure toutes les herbes qui ne conviennent
pas. C’est ainsi que, dit-on, même dans les
situations les plus défavorables, on débute pour
former les gazons les plus beaux et les plus
durables.
Et de fait, nous n’en sommes pas absolument
surpris. En effet, tous les jours n’avons-rous pas
l’occasion de voir du beau gazon le long de la
route, où aucun soin quelconque ne lui est donné
tandis que, dans nos jardins, maloré toutes nos
peines, nous n’arrivons qu’à un demi-succès ? On
doit en chercher l’explication moins dans la com-
position de notre sol, qui ne conviendrait pas à
notre herbe, que dans la nature de notre herbe,
— 186 —
qui ne convient pas à notre sol. (Voir le troisième
paragraphe, au mot semis.)
La tonte
Dans le principe, on ne doit pas songer à
laisser monter l’herbe pour l'utiliser, du moins
comme fourrage fané : 1l faut, au contraire, durant
tout l’été, la raser très souvent avec une de ces
ingénieuses machines tondeuses ou faucheuses
pour gazon, qui sont aujourd'hui d’un usage
général dans les jardins et les parcs bien tenus.
On pourrait aussi enlever, partout où ils existent
encore, ces écritaux si peu rationels portant:
‘“ Défense de circuler sur les pelouses”. Qu'on
empêche de faire des sentiers à travers les gazons,
ce que le public ne fera d’ailleurs pas quand
l'artiste aura été assez bien inspiré pour tracer
convenablement les allées,—soit; mais, à part
cela, plus un gazon est piétiné, mieux il se
portera, à moins qu'on ne s'attache à l’user litté-
ralement. Si, en outre, il pleut assez souvent, ou
si, à défaut de pluie, on arrose suffisamment, le
soir tard, surtout avec un peu d'engrais liquide, on
peut être certain d’une réussite complète.
Les composts, les balayures, les boues et les limons
Voici, d’après M. Van Hulle, ce qu'il y a de
mieux à faire, indépendamment de ce qui a été
*
ir
F0
— 187 —
recommandé ci-dessus, non seulement pour créer
une belle pelouse dans les situations favorables,
mais encore pour lui donner de la durée, même
dans de très mauvaises conditions :
“ Ne pourrait-on pas attribuer, en très grande
partie, la beauté du gazon le long de la voie
publique à la poussière que le vent y chasse et
qui recouvre et abrite constamment les racines
supérieures, les plus importantes, au fur et à
mesure, pour ainsi dire, qu’elles se forment, tandis
que, dans nos pelouses et nos jardins, ces racines
supérieures sont rôties par le soleil? Dans
LT
«+
DAT
l’affirmative, —et nous croyons que cela n’est pas
douteux, —il sufhrait d'imiter plus ou moins ce
qui se passe dans la nature, c’est-à-dire de répandre
de temps à autre une légère couche de terre sur
le gazon. Il va de soi que, plus cette terre sera
fertile ou substantielle, mieux cela vaudra;
toutefois, au besoin, et durant l'été surtout, toute
terre, quelque légère qu'elle soit, doit produire un
excellent effet. Tâchons donc d’avoir toujours
quelque part en dépôt un immense tas de terre et
chaque’fois que, par ci par là, une place laisse à
désirer, répandons-y environ quatre lignes (un
demi pouce), de cette terre, durant tout l'été.
‘“ La grande saison, cependant, pour appliquer
aux pelouses ce soin important, c'est l'hiver.
°
A"
— 188 —
Charriez donc sur votre gazon, durant les mois de
décembre, janvier ou février, soit du fumier quel-
conque, soit des balayures de rues, soit ce qui
surpasse tout, des boues de dragages ou limons
des cours d'eau.*% Quand ces boues sont bien
grasses et qu'on continue à en mettre tous les
hivers à l'épaisseur d’un demi-pouce, on finira par
avoir un beau et durable gazon dans les terrains
les moins propices ; nous sommes même d'avis
qu’il n y a que ce moyen pour réusir. C’est que
la plupart des autres ingrédients organiques
auxquels on recourt d’habitude, se décomposent
et, par conséquent, s’en vont totalement, tandis
que le limon, tout en engraissant, consolide en
même temps le sol par les substances minérales
dont il est composé et qui restent acquises.
‘ Il importe donc d’amasser du limon, durant
l'été, par exemple. Laissez ces boues s’esswinter (se
ressuyer) d’abord ; remuez les deux ou trois fois à
un mois d'intervalle et, l'hiver venu, conduisez et
répandez-les sur les pelouses sans vous inquiéter
beaucoup si elles restent en grosses croûtes. Vers
le commencement d'avril, passez sur votre gazon
avec la herse ou le rateau, et la boue d'autrefois
s'émiettera d'elle-même et constituera à ]a surface
du gazon une légère couche de terre grasse, à
travers laquelle l'herbe ne tardera pas à pousser, à
(*) Quand aux boues et limons des fossés d’égouttement, qui
contiennent toujours beaucoup de graines de mauvaises herbes,
on ne peut les employer qu'après en avoir fait un compost (avec
de la chaux, cendres, etc.,)—suffisamment muri pour qu il n° Y me
plus de graines vivantes. 5)
— 159 —
devenir vert foncé et à être de plus en plus serrée.
Roulez, tassez, consolidez alors et le gazon et les
contours de rechef, entretenez bien la tonte, et,
peu à peu, vous formerez un gazon indestructible.
Il va de soi que, dans les années très sèches, il
devient nécessaire, à moins de voir souffrir plus
ou moins la pelouse, d’arroser le soir. Ilest vrai
encore qu'administrer un peu d'engrais liquide
par un temps pluvieux ne peut qu'être favorable :
mais le plus grand point, c’est de /imoner, si nous
pouvons employer ce terme, tous les ans quelque
peu.”
Nous venons de dire que le temps le plus
propice pour transporter ces boues sur les pelouses,
est l'hiver. En voici les raisons; la première,
c'est que par là on évite de briser le sol des
pelouses avec les roues des voitures d'été, qui
fouleraient trop violemment et trop inégalement
le terrain ; ensuite, et c’est la principale raison,
parce que l'hiver, sous notre climat rigoureux, est
le meilleur scarificateur (pulvérisateur), qui, le
printemps arrivé, a achevé son travail et laisse,
en se retirant, un engrais admirablement préparé
pour être répandu sur les pelouses. De fait, c’est
le printemps, de bonne heure, avant la reprise de
la végétation, qu'il convient de limoner les
pelouses.
J, B, PLANTE.
à on
504 FRREL f- LR Ÿ- ; #2
PL e ”
TABLE DES MATIERES À
A.
TRS are à DRE DE TER LT SPP R LIEN SETRNES 13
nissement............ Fais du sera Revenons 89
élevée Au RE ee se red = 12-50
DABUNALTO. à css use EG der Pre R ESS 19-24-51
e en vert........ TORRES BR DE PS EDS fs D 115
+ B. |
OT OPA ER ETS RES RARTA dei rie 104 RTE
Dee grandes feuilles .…. SRE RS PERTE RE 20-24
SAR ERP EC SR AA R 104 2
_ e doux. Press soesspesrseubervesrren ss... ss... ..
_ inerme. secs...
rotte sauvage IR REE PA RO EE NP CL
_ FER RE LU NSP RTS
“2 .....
itions climatériques des cultures fourragères.
ss...
Du ce HR TRES PEER NT PES
es préparatoires........... LENS CONTES E
20-24
52-163
15
13-24
31-98- 112-188
41
20 :
x 7
104
10
24
20
10
91
HSE QEES
D: es
2 ire
Dactyle.......... Res RES LE 19-23-29-39-40-43-45-52-138-163-169
Défoncement............... deg 2 A ne PASSE ATOS 102-103-111 £
Bramaré :: Motonet on De RS RÉ ERSRS ES | |
E.
Engazonnement naturel .....:...: .....4....7500 1 “HE
Engazonnement naturel perfectionné............ | RE
Engazonnement artificiel ....................... ....... ED
RU ose na du Learn que AT ME ee CEE ER - 95-100
Engraissement du sol...... Pete su 6n 5 VIS CARE 36.
Enbrotièn des prairies. 2 Moatuens cr 122
BHBETITOS. 15 RE. LIN PR RE TTC, PER eee RS 20
NE 5 FOR OS PATNRE APRES Le: DEP N Ce 44
Exposition du champ...... an es Sol ae LES e PSS TS LION EE 36: 7. 228
F'auchage des prairies - 2.541: 151-153
DÉRMSOR:-2T3. 4 27e. scrérrante que ENCRES ES Re
TR TETE RE CET Le done TORRES ne |
Fétuque des DÉ68.:-2.. ie Eden cC 19- et RE
Fétuque ovine .... ....... séccur sde. o eee sc 2 Se08 08e
Fétuaquée duretfe...".:.:..0.4 02.0 e22. 200000 53 .
Fétuaue élevée........ RE SRE af ce SAVE Terre À
HeVerDies.: 7. Si ICS. eh 22 OS RE 175
Hibale dés PBEÉS EE es, Air, SAR Eee 29-31-36-39-40-44-46
Flouve odorante......…...........::..:...... 2.400 11-13-19.
FOR Re PRES NE LT Te PRESS STATS MEET ÉOEEE 14
Fourrages verts. AR RE RSR ES ec se 8 > SR RTE 161-163
FrOMeRE ES ENS sr Mon see + 12:13-29- 39-40-43-45-50
Fur LP RCE, Ne SITES REA RE %
G.
Gien 0e Rte et ITS RER pe: LE +
Éaléope-des champé 2... 2 Lo 200 is. 5
Gazons d’ornement...... sbNsctatuens Les SE ARE
Gosse dos PTÉB ser dener s2 50207238 EUR soie ce 13
DU Ta diese à ë= 34-46-50
144
des prairies. LEE Me Ne SE ARE RENE» D 124
| ie EN RS Te Ron 11-13-19-20-21
M usés... 1.0 AA Em AE MURS ..... 29-31-34-57
mineuses (petites]............ PAS REA EE: 43
re... nn nn _s...... 13-23
27-28-31-163-166
33
31
SR rennes RNA RE
20
nges de graines ASE ER RERENTONeE PE 258 6?
8 nges pour prairies PORT De 7 a 70
RS . ir LRO 19h
PRE RE ER TL Te IP PL EM PEL al SE DE
* ru À , " ae # 5 Der
” 4 À
ÿ + ed
=: xs
#4 PE
OM dé prb EE LE RS JE 13-20-24 are
Ke: pofite 21 RE RS NE PS sal ise se RCE
Ovaire............. : |
ss... nn nn nt Dotrm nantes.
PROPRES ner NET se ue es SLTÉ CT ERE PS. A 131945
Paturin comprimé. METRE
Patarin Hrdit 2 US RU Re Er ee
Pattrin e0mmuUR::.; 24e ER RS 5 ct A
Paturin des prés... RESRPEEST FE CN RE sense
PAAHPOIS Se nee de Cons ch Sete rico <
Pelouses.........
FerBsif'anp. 5.2 AN LE SRE PE AR ARE PRE 28
Petite oseille.. PARA PERS RARE AR Re 12-13-24
Pissenlit....... Sade MURS RUE pires see
Plâtre. PR RER Re He Se 3e MS PE NT. me
ir ET DÉRSI T4 «sed es
Quant À mer. 1. LS RER ar sec Sde ‘
Quantité de semence à l’acre (en livres et onces). oi
Quintefeuille...... en ER SRE CU ES AGE cereeesess
K.
Ray-ÉrAS HOPIIis se = LL. dore ART -
Ray-grass d'Halie =... id ner ..
Réduction de la culture des céréales............ Se :
Renoncule rampante..... PE PPS evT
#4, _ ee e  4 127 ‘ à:
ECM is NA SET TA *e +. pis
Er mn ? RES LE Me - af
: Re NE Pie
Îi AE à Lt RU, à C4 =
CL eQ « LE +
“ne A Le : -
+ Es a 2
; & F L
Fe 5 =
— a
M AO LT ours dose dos on RÉ RANEAT 13-20-34
e persicaire...... LARMES ARE RUES AB € 13
jon Au SOI. ............ssvosesssesses. SE TT € 106-110
e des prairies..............ss.s... RE PUR 2e 122
: se 163
née vieille, légère, ete ........ ..... ........ RE 37
C once saine, fraîche, pleine et pesante.............. 37
ge en terre forte.... ........ Er PRES PE 118
_enterrelégère.....…. SPA NAN CRT Te re
sde graine de foin......... LEE SEE RES PRES s 18
A
iéorie et calcul des mélanges.............. PS RATES 27
rèfle a1sique (hybride) da» VIA ae DENT) RUE 31- 94-39-40-59
es et graminées....... .... :--.…. rase “ssv4t 40-62
e blanc........ PPT TUE 54 mat DER 13-14-16-17-59
'jaune................ RES PE TL LOL . .…. 11-29-3446
TOUSE....son.s.. te 13-14-19 -23-27-28- -31-34-38-39-40-58-169
V.
à Lence UD... de DTATDI S de » Ppnis av: sareenrr een
A (Ipin des prés... .… 19-44-45-47-54
Les bois... se. Le sie se © se TENEILIEL .. .....
LE un “or ln
/
PL,
TÉ12
1f
Fr#
OO
19/99
/ LL 6
4, VÉLÉLÉ, PLLÉÉL,
HU, LAN 4 D
RALIITÉ " #4 # 0 W, LP, : LATE, A) LALLÉÉ,
LS, LÉ WELL
WE, VD, / #
/ # 1f. f
LD
LD
#
2
7
#