From the Estate of Professor H. J. Van Cleave GG .26!1 And NATURAL SZ 2: 4 OZ CAO) s'ANe | sn But AU à s “à dy Le, ape + DER GENERATION DESVERS DANS LE CORPSDE L' HOMME. DE LA) NATURE ET DES ESPÈCES de cette maladie ; des Moyens de s’en préferver & de ?, guérir. TROISIÈME EDITION, Confidérablement augmentée, & for Rigur un Ouvrage nouveau , avec Figures. PAR M. ANDRY ,; CONSEILLER DT ROT, Lecteur Profefeur en Médecine au Collége Royal, Doëfeur Régent, d ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris SE Tome SECOND. MIN GG A PARIS, la Veuve Aix , au-deflus de la rue "+ des Noyers , au Griffon. ue Li LAMBERT & Duran», à la Sagefle Jacques, & à Fiat 1t TAGS M. D. ECKER AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DT ROI; | fr & Vermiculi vivos nos torquent ; Sr mor ®u0s confumunt sut verè. Job. Cap. VIIL. v. $. Caro mea undique verminofa ef. Thom. Barth. A&a Med. & Philofoph. d, V7% à Les Vers nous tourmentent: pendant notre vie, & nous confument après no- tré mort : ce qui confirme bien la pa- role de Job, chap. VIIL v. $. Ma CHAR N’EST QUE POURRITURE. Thom. Barth. AG, de Med. & de Philofoph. T. F° * Ce paffage n'eft pas dans la Vulgate , [elon les mêmes germes que le cite ici Bartholin. Elle porte : CARO MEA REPLETA EST PUTREDINE ; MA CHAIR EST PLEINE DE POURRITURE. Mais l'Hébreu porie : MA cHaIR EST CHARGEE DE VERS; @ la Ver/ion des Septante, Mon CORPS EST COUVERT DE POURRITURE ET DE VERS PR DE : LA GENERATION DES VERS Dans le Corps de l'Homme. CHAPITRESIXIEME. Des Moyens de fè garantir des l’ers. = N ne peut être préfervé il des Vers après fa mort ; =: | & celui qui meurt au mi- = Jieu de l'abondance , plein de force & de richeffes, dont le corps eft rempli du meilleur fuc, (4) (a) 1fle moritur robufins , dives @felix 3 vifcera Tome IZ. 398 De.la Génération & dont les os font comme pénétrés _ de la moëlle quiles a nourris ,(4) {era mangé de.ces Infectes dans le tombeau, comme le plus malheu- reux & le plus pauvre. Tout ce que l''omme peut prétendre , eft de s’en garantir pendant fa vie ; c’eft de quoi nous allons tâcher de donner quelques moyens. Trois chofes nous rendent fujets aux Vers ; le mauvais air, les mau- vais alimens, & Île mauvais ufage desbons,; c’eft-à-dire , que pour fe préferver des Vers, 1l faut refpirer un bon air, éviter certains alimens, & ufer avec regle de ceux qui con- viennent. La qualité que l'air doit avoir par rapport à CC QUE nous nous pro- pofons ici, c'eft d’être pur & {ub- til: un air de cette forte eft moins rempli de femences de Vers; il ré- veille la chaleur naturelle, favorife ejus plena funt adipe, € medullis ofa illius irri- gan'ur: alius vero moritur in amaritudine animæ , eïfque ullis opibus ; ©@° tainen frmul in pulvere dor- micnt, 9 Vermes operient eos. Job Cap. 21. v. 24. (a) Voyez Chap x1v. Art. 1 où j'explique en quel fens on peur dire que la moëlle nourrit les os. | L des Vers. 399. le cours du fang, empêche les hu- meurs de fe corrompre par le repos, &z Ôte aux femences vermineules , qui font dans le corps, ce qui pour- roit faire éclorre les Vers qu'elles renferment. L'air épais &z impur au contraire, outre qu'il eft tout chargé de femences de Vers, cor- rompt les humeurs en les arrétant par {a groflicreté, & en les altérant par fon impureté ; & ainfi prépare aux Vers, dont il introduit, ou dont il rencontre déja dans le corps les femences, toute la matiere nécef- faire à leur nourriture & à leur ac- croiflement. Les alimens qu'il faut éviter, pour fe garantir des Vers , font les laitages, excepté le beurre; ce font les chofes fucrées , les viandes vi- naigrées , le cidre, les pignons, les _melons, les champignons, &c. Je dis les viandes vinaigrées, rien ne réveillant plus les Vers que le vi- naigre, ainfi que l'expérience le fait voir, d’ailleurs cette liqueur étant elle- même toute pleine de ces Ani- maux, ne peut qu'introduire dans lc corps une grande quantité de À ij 400 Deîa Génération Vers, & de femences à Vers. Qu'el- le foit remplie de Vers, c'eftunfait dont tout le monde fe peut con- vaincre par Îes yeux : Et puifque nous en fommes là-deflus , il ne fera pas inutile de rapporter tout ce qui s'obferve à ce fujet dans le vinaigre par le moyen du microf- cope. La premiere chofe eft, qu'il y a dans le vinaigre un très-grand nombre de Vers faits comme des Anguilles , dont les uns font vi- vans, & lesautres morts ; que les premiers vont & viennent, ainfi que des Poiffons, & que les autres demeurent au fond, où ils fe cor- rompent peu à peu, & où ils for- ment comme une légére fange, d’où naiflent enfuite d’autres Vers. La feconde , que plus le vinaigre eft fort, & plus on y remarque de Vers. La troifiéme, que quand le vinaigre eft dans Îe tonneau , il y a plus de Vers vivans , & que quand il eft en bouteïlles, 11 y en a plus de morts. La quatriéme , que fi on pañle le vinaigre par un couloir , on n’y remarque de trois jours au- cun Ver , aprés quoi il en vient des Vers. 40% d'autres. La cinquième , qu’un gros de Thériaque, jetté dans deux pin- tes de vinaigre, en tue tous les Vers: La fixiéme, que fi aprés avoir mêlé cette Thériaque dans le vinaigre , on laifle pendant un mois au Soleil ce mélange dans un vaifleau bien bouché , ayant foin d’agiter le vaif- feau de temps en temps , & qu'au bout du mois on filtre la liqueur >: on auraun vinaigre exempt de Vers pour toûjours, & un excellent 29 - tidote contre Îa pelte & contre les fiévres malignes. Ea feptiéme, que Yon obferve plus de Vers dans le vinaigre rofat, que dans aucun au- tre : toutes expériences quechacun peut faire, & dont on peut tirer bien des conféquences utiles pour ha: fanté. Quoiqu'il faille éviter le vinar gre quand on.veut fe garantir des Vers , il ne s'enfuit pas que toutes. les chofes aigres doivent être évi- téés dans ce deflein ; lefprit de‘ni: tre, par exemple, l’efprit de fouf- fre, l’efprit de fel dulcifié, font bons contre les Vers , aufli-bien que le jus de citron & de grenade. à À uj 402 De la Génération Nous avons un grand nembre d’e- xemples de perfonnes que l'ufage de certaines chofes aigres à rendu fujettes aux Vers; & Spigelius ra- conte qu'ayant été appellé, pour voir cette Dame Allemande (4#)dont nous avons parlé dans le Tome I. laquelle rendit un morceau de Ver plat, qui fit tant de mouvemens, &c l'ayant interrogée fur l'état où elle s’étoit trouvée auparavant, & fur fa maniere de vivre, il apprit d'elle qu'étant fille , elle étoit fort fujette aux Vers ronds ; qu’alors elle mangeoïit fouvent du lait cail- Ïé, aimoit fur-tout le lait aigre, & tous les alimens aigres. La plupart des aigres engendrent des Vers, & fi on lobferve bien, on verra que tous les enfans, qui ont des Vers, ont l’haleine aigre. Quant aux pignons , dont on af faifonne la plüpart des viandes en plufieurs Provinces, ils engraiffent, font une bonne nourriture, con- viennent dans la phthifie, dans la ftrangurie, dans l’âcreté de Puri. ne ; mais cependant font plus pro- (a) Spigel. de Eumbr, lat, Cep.x3. des Vers. 493 pres qu'aucunes chofes à nourrir certaines fortes de Vers; l’expé- rience l’a. fait voir, & je pourrois en citer plufñeurs exemples. Pana- rolus en rapporte un, affez digne de remarque: En 1652. à Rome au mois de Mars, une Religieufe Capucine , qui avoit été fujette à des fyncopes & à plufieurs autres: maladies, rendit par la bouche un Ver vivant, qui avoit deux cor nes comme un Limacon , & fix pieds ; il étoit rond & long, ne pañlant pas néanmoins la longueur de deux doigts. Panarolus voulut voir ce qui feroit contraire à ce Ver, & fit dans ce defein plufeurs effais, qui méritent bien d’être rap- portés. Il chercha d’abord com- ment il le pourroit nourrir ; il s’a- vifa de lui donner des pignons, ce qui réuffit fi bien, qu'avec cela il le fit vivre treize jours ; pendant ce temps-là il recourut à divers re- medes pour le tuer : il commença par la thériaque feule, puis la méla. dans du vin, enfuite dans du vi- naigre ; il vintaprés cela à l'oignon, à Pail, à Peau thériacale , à l’efprit: : À iv De la Génération de vitriol mêlé dans l’eau de char- don. bénit, au: mercure, au fel; mais tous ces remedes furent inuti- les, & le Ver mangeoit toüjours les pignons. Douze jours fe pañle- rent ainfi , & le treiziéme une Dame de qualité pria Panarolus (4) d’éprouver d’une huilequ’elle avoit. qu'elle difoit être extrémement bonne contre les Vers. Panarolus en fit l’expérience le même jour , & la feule odeur de cette huile tua le Ver. C’étoit une huile qui fentoit la thériaque, & qui s’évaporoit ai- fément : ce qui fit juger à Panaro- lus que ce pouvoit être quelque ex- trait de thériaque bien préparé; quoi qu’il en foit, cette huile fit mourir le Ver, & les pignons le conferverent vivant contre tous les autres remedes. Pour les melons , l'expérience ne confirme que trop ce que dit Car- dan, que c’eft un fruit qui produit beaucoup de corruption , & qui renferme enfemble toutes les mau- vaifes qualités qui fe trouvent fc- parément dans les autres : un fruit Ca) Panarol, Tatrolog. Pentecof}, à, Obferv. 25. des Vers. 410$ qui nuit à l’eftomac, au foie, à la rate , aux inteftins, aux poumons:, aux reins , à la veflie : un fruit qui remplit le corps de venin, caufe des fiévres peltilentielles ; qui ne s’aflocie bien avec aucun breuvage'; qui avec le vin, engendre des hu- meurs pernicieufes, produit des phlegmons , & plufieurs autres ma- Jadies : qui avec l’eau , caufe des lienteries, & d’autres flux de ventre: dangereux. Je voudrois pour la fanté publique, dit Panarolus , que les Magiftrats interdififfent l’entrée de ces fruits dans les Villes: car quelle plus grande pete, dit-il, a- on à craindre que celle de ces fortes de fruits, qui font mourir tous les ans plufieurs milliers d’hom- mes? Ce que fouhaitoit ce Méde- cin , fe pratique en partie aujour- d’hui à Paris. Le fage Magiltrat , par les ordres duquel la Police y eft fibien entretenue, voulant pré- venir les maladies qui pourroient courir parmi le peuple, a foin tous les ans de défendre l’entrée des me: Jons pañlé le mois de Sertembre, qui cftIe temps après lequel ils fonc 406 De La Génération plus dangereux. Les melons ne font point {ujets à étre mangés des Vers, mais ils ne laiflent pas d’en produi- . re beaucoup dans le corps par les. crudités qu'ils y caufent. Au regard des Champignons, c'eft une regle générale qu'ils font trés-indigeftes ; or, tout cc qui eft indigefte, à moins qu'il ne le foit par fa dureté, comme les noyaux: de cerife & les pepins de raifins fait beaucoup de corruption , & par conféquent doit être évité quand: on craint les Vers. Les Chamoignens font un fang groflier & épais, forment des ob- firuétions, demeurent long temps dans l’eftomac, & empéchent la digeftion des autres alimens par un mauvais fuc qu’ils rendent , & dont Peftomac eft toûjours fatigué ; quel- quefois même ils reftent plufeurs jours dans l'eftomac fans fe digé- rer , & alors ils peuvent produire _des maladies très-dangercufes. J'en ai vu, il y a quelques années, un tri- fte exemple en la perfonne d’un Auditeur des Comptes , nommé M.Bonnet de Cuviers, lequel mou- des Vers. 407 rut fubitement en revenant de la FoireS. Laurent, vers la fin de Sep- tembre de lannée 1699. I pañloit en fon Carofle, à neuf heures du foir , dans la rue Briboucher, pour s’en retourner au Faubourg S. Ger- main, où il demeuroit. Commeil étoit à l’eñtrée dela rue, il fut faifi d'un afoupiflement profond , qui ft croire d’abord à deux de fes amis, qui étoient avec lui, qu'il faifoit femblant de dormir; mais ces Mrs ayant peu après reconnt que leur ami fe trouvoit mal, firent ” arrêter le Caroffe au bout de la rue, devant la boutique d’un Chirur- gien , nommé M. Dupati : on prit le Malade qui n’avoit plus de force ni de connoiffance, on le tranfpor- ta chez ie Chirurgien, qui lui don- na aufli-tÔôt l’émétique , lequel ne fit nul effet , parce que la gorge étoit tellement engagée , qu'il ne put pafler. Je fus appellé fur ces entre- faites ; je fis d’abord fa'gner le Ma- Jade ; le fang fortit fort épais, fe f- geant dans les palettes en même temps qu'il y tomboit. Quand la faignée fut faite, le Malade s’agita 403 De la Génération ; beaucoup , & je m’appercus d’ant effort qu'il fit, pour rejetter quel- que chofe du fond de l'eftomac ; aufli-tôt je pris une ferviette, que je trouvai fous ma main, & la lui préfentant à la bouche , je recus dedans,un quartier de champignon;- je demandait d’abord sil n’avoit point mangé de champignons ce jour-là, & fes amismedirent, qu'il y avoit trois Jours qu'il en avoit mangé dans un ragout, qu’au refte 1] n’avoit fait aueun excès; fes la- quais , que j'interrogeai me répon- dirent la même chofe. Enfin apres bien des agirations , on mandaæ M. de Frefquieres, qui étoit fon . Médecin , lequel fit réiterer la faï- gnce. Mais tous ces fecours furent inutiles ; Ja connoiffance ne revint point au Malade, & il mourut fur les-dix heures du foir: chez le Chi- HISICR.. : +: + IL eft difficile de ne pas juger que les champignons furent la caufe de cet accident ; puifque le Malade en: rendit un morceau qui s’étoit con- fervé trois jours dans fon eftomac, fans s'y digérer. Je neprétends pas des Vers. 409 conclure de-là , que tous ceux qui mangent des champignons ayent à craindre un fitrifte fort ; mais du moins on peut connoitre par cet exemple . combien cette nourriture eft indigefte , & par conféquent ca- pable de cette corruption qui peut donner lieu à la sénération des Vers. On trouve dans Îles Journaux de Bartholin, (+) une hiftoire prel- que femblable , d’un homme, qui après avoir mangé des champi- gnons à fon {éuper , tomba en apo- pléxie, mais qu’on fit revenir heu- reufement en lui brulant du fouphre fous le nez. On en trouve un au- tre dans Pierre Gontier , (b) au fu# jet d’un neveu qu'il avoit , lequel penfa périr au milieu de Ja nuit, . d’un étranglement qui lui prit pour avoir mangé des champignons le foir. 5 Les truffes ne font pas moins dangercules que les champignons, & l’on peut voir la-deflus Ice Cha- pitre IV. de ce Traité, Obferva- tion huitiéme. (a) Thon. Barth. Tom. lIIl. Cap. CXT/L. (b) Petr. Gont, de Cibir ab olerib, Pet, Cap. X XF. 41O De la Génération 11 n’eft pas toujours en notre pou- voir de nous garantir des Vers; ces Animaux fe forment fouvent en nous, dans un âge , ou l’on eft in- capable de veiller à ce qui nous peut nuire. C’eit aux meres & aux nourrices d’avoir ce foin pour leurs enfans, & de prendre garde de ne leur rien donner qui puiffe produi- re en eux de la corruption. Ce qui fait que la plüpart des enfans font fujets aux Vers, c'eft le lait trop vieux qu’on leur préfente dés qu'ils font nés, & la bouillie dont on les nourrit trop tôt. Le premier lait .. que doivent fuccer les enfans, eft celui qui fe trouve aux mammelles des nouvelles accouchées, c’eft un lait purgatif qui délivre Flenfant de toutes fes humeurs fuperflues , & quine chargeant point l'efto- mac, n'y caule point ces crudités, qu'un laït plus vieux & plus nour- riffant , ne manque jamais d'y pro- duire. On a recours , dit Spige- lius, (4) à des médicamens pour purger les enfans nouveau nés, & l'on néglige la meilleure de toutes (a) Spigel. de formato fætu parte [ecundä, Cap. 3. des Vers. AYT les médecines, qui eft le lait que la nature prépare dans les mam- melles des nouvelles accouchées. Ce lait elt un aliment médicamen- teux. proportionné à la foibleffe des enfans nouveaux nés, & qui devenant tous les jours moins pur- gatif, ne devient nourriture qu'au- tant que l’eftomac à la force de le digérer; d’ouilarrive que le ven- tricule n’eft point furchargé, & qu'il eft exempt de ces crudités, qui tombeñt dans les inteftins, € y font éclorre des Vers. | Quant à la bouillie, cette nourri- ture grofliére , donnée aux enfans avant qu'ils ay ent atteint le troifié- ime ou le quatriëme mois, caufe beaucoup de crudités en eux, fur- tout lorfque la farine, dont on la fait , n’a pas été cuite dans le four ; caralors labouillie en eft plus pefan- te & plus indigefte : ce qui la rend propre à la génération des Vers. La farine qu’on deftine à la bouil- lie des petits enfans , doit être mife au four dans une terrine après que 1e pain eneft tiré, & étre alors re- muée de temps en temps pour 412 De la Génération qu'elle cuife également. Quoique. la bouillie faite de cette farine foit fort légére, ileft bon néanmoins dc n'en donner aux enfans qu’une ou deux fois par jour, & encore faut-il que les Nourrices ayent foin de les faire tetter peu aprés ; afin que cette même bouillie {oit dé- layée par le lait, & fe digere plus facilement. | Ce n’eft pas affez de prendre de bons alimens, pour fe préferver des Vers ; il faut obferver de certaines regles dans l’ufage qu’on en fait. Cet ufage confifte en trois chofes ; la premiere , à manger dans un temps qui foit favorable à la dige- ftion ; la feconde, à obferver dans les viandes un ordre , qui ne puiffe point troubler la coétion qui s’en doit faire; car tout dépend de la bonne diceftion, les crudités fai- fant prelque toute la corruption, qui rend nos corps fujets aux Vers; & la troifiéme à ne point trop man- ger , ou trop boire à chaquerepas; ce qui empécheroit encore plus la digeftion que toutes les autres fau- tes qu'on pourroit commettre; à quoi des Pers. 4ALS quoi je puis ajoûter pour quatriéme précaution , de ne point manger trop de viande. Pour le temps, if y a trois cho- fes à obferver; la premiere, c’efk Pappétit , J'entendsun appétit fair, & non malade; un apétit qui vient: du befoin de: la nature, & qui fait que les. viandes fe mangent avec: plus de gout, qu’elles font plus. étroitement retenues dans l’efto- mac, & qu'elles s’y digérent plus. parfaitement : ce qui fait dire x Hippocrate , que lorfque l'appétit nous invite à une chofe , il-la faut préférer à toute autre’, (4) quand. même elle ne feroit pas- d’une fi: bonne qualité, parce qu’en effet. cet appétit fait qu'elle fe digere: mieux. La feconde, ef la co@ion des. alimens du dernier repas qu’on a. fait ; car il ne faut jamais fe mettre- à manger qu’on n'ait lieu de croire: que ces premieres viandes {ont di gerées ; autrement la coûtion ef. troublée., il fe fait des crudités, .&c: tout Îc corps fe remplir. dhumeurs. {23 .Avhor, 38. fe, 23 Tome L 5: AT De la Génération corrompues propres à nourrir des Vers. Aufli voyons-nous parexpé- rience , que Ceux qui mangent à toute heure, fans obferver aucun temps , font plus fujets aux Vers que les autres. La troifiéme , eft d’avoir l'efto- mac dégagé avant que de manger ; ar s’il eft plein d'humeurs corrom- pues, les viandes, au lieu de s’y bien digérer , y contracteront le vice de ces humeurs : ce qui a fait dire à Hippocrate ;, que plus on nourrit un corps impur, & pluson-. lendommaÿe. (+) Le moyen de chafler cette corraption, ou de la prévenir, eft de prendre quelque- fois avant le repas un peu de cafe, ou quelque autre chofe d’équiva- lent, pour vuider l’eftomac. Pour ce qui regarde lPordre des viandes , il faut commencer par les plus faciles à digérer ; parce que celles-ci n'étant point retenues par d’autres d’une digeftion plus lente, fortent de leftomac aufli-tôr qu’el- cs font_digérées , & ne s’y cor- rompent pas conne elles feroient (a) Apbhor. IT. 10 LR des Vers. ut ATE fi. elles y fjournoient après la co- étion faite. Ainfi les chofes molles. {€ doivent prendre ordinairement avant les dures, les humides avant les féches, les liquides avant les. folides , celles d’une qualité chaude avant celles d’une qualité froide, prenant garde toutefois de ne point trop donner dans la variété des mets : çette diverfité de viandes, qui fait la douceur des repas, ne: produifant que la corruption (4) &. les Vers. pe HS J'ajouterai ici qu’il eft bon de fe tenir en repos quelque temps après le repas, parce que le prompt exer- cice, après qu'ona mangé, caufe beaucoup de crudités, & par con- féquenc beaucoup de corruption. La digeftion ne fe fait pas toute dans l’eftomac , elle fe perfedionne “encore dans les inteftins grefles, & cela par le moyen de la bile, qui y vient par le conduit &z par le pore bilaire; enforte que lorfque le foie, ou que 1e conduit dont nous venons de parler , ne font point obftrués, cette bile entrant dans le (a) Dulcedo iles Permes, Job: 22. Vs 24 D: 1}: 416 De la Génération duodenum , & de-là dans le refte- des inceftins , y acheve Fouvrage de la digeftion , & es par ce moyen, qu'il ne s'y fafle de la cor- ruption. il s'enfuit de-là, que c’eft une bonne précaution , pour fe ga- rantir des Vers , de prendre de temps en temps des chofes qui puif- fent prévenir , ou corriger lés ob- ftructions du foie. On demandera peut-être com- - ment il fe peut faire que certaines chofes foient meilleures au foie qu'aux autres vifcéres ; & fi c’eit qu’elles ayent de l'intelligence, pour s'attacher au foie plutôt qu'aux poumons ou ailleurs ? Cette raillerie ,,qu’on fait fur la vertu de certains remedes , eft mal fondée , & voici une expérience ui montre comment les remedes,, Ane avoir une intelligence qui Îles conduife, vont porter leur effet 4. ane partie plütôt qu'à une autre: Que l’onjette de Peau-forte fur: an cempolé d’or & d'argent , cette gau-forte s’attachera à Fargent, le: difloudra , & caulera fur l'or {ans y faire impreflion. Jettez de leaa des Vers. - 417 regale fur ce même compolfé, cette: eau ira porter fon action fur l'or ;- & ne touchera point à l'argent ;. d’ou vient cette différence ? Eft-ce- que ces eaux ont de l’inftinét, pour: aller difoudre', l'une l'argent plütôt , que l'or, & Fautre l'or plütôt que l'argent ? non fans doute : mais c’eft que les parties infenfibles de ces eaux font de différentes figures & les pores de ces corps aufli; en- forte que lorfque l’eau-forte, par exemple, trouve un corps comme For , dont les pores ne font pas pro- portionnés à la figure de fes poin- tes, elle coule deflus fans y faire d’impreflion , & fi-tôt qu’elle en: trouve un , dont les pores font fi- gurés d’une maniere propre à rece-. voir fes pointes, comme eft l’'ar- gent, elle s’infinue dedans, & er fépare les parties. Il faut railonner ainfi de l’aétion des remedes fur des parties du corps, plütôt que- fur d’autres. Et pour mettre la cho- fe dans un plus grand jour , imagi- nons un corps artificiel , fait de verre , dont les poumons foient or & le foie de fer. Suppofons. 418 De la Génération : , dans les vaifleaux de ce corps, de : l'eau-forte au lieu de fang , ne con- çoit-on pas que cette liqueur , étant portée aux poümons , n’y mordra: point ; & que fi-tôt qu'elle rencon- tre:a le foie , elle s'y attachera, & agira deflus ? Imaginons encore la chofe autrement. Suppofons les poûmons de verre , & le foie d’or, & en même temps les conduits de ce dernier embarraflés de petites. parties de fer difficiles à ôter, com- ment s’y prendre, pour lever les obitacles que ces parties de fer fe- ront dans le foie ? C’eft dejetter de: Feau-forte dans ce corps artificiel ; car alors nous concevons que cette’ eau , fans endommager les poû- mons , ( aufquels je fuppofe qu'elle: fera portée par une circulation: qu'on peut imaginer ) & fans en- dommager la fubftance du foie... difloudra les parties de fer qui fe- ront dans ce dernier vifcére , & en rendra les pañfages libres. Voilà unc image de ce qui fe pañle dans: le corps animé , lorique les reme- des agifert fur certaines parties. plüutôi que fur d’autres. | des Vers. 419 Si ces exemples ne fuffifent pas, pour faire comprendre la chofe ;. en voici un plus clair, rapporié par Mr Tournefort dans cette {çavante: Thefe, qu'il fit foûtenir le r4. de Novembre de l'année 1697. dans. les Ecoles de Médecine de Paris, Prenez deux couloirs de papier gris, dont l’un foit imbibé d'huile, & l'autre d'eau; verfez dans cha- cun , de l’eau & de l'huile meélés: enfemble, l’eau feule coulera: au- travers de celui qui fera ( 4) péné- tré d’eau, & l'huile feule au-travers de l’autre. Sippofons que ces cou- loirs communiquent enfemble par plufieurs tuyaux , qui portent à Fun , le réfidu de l'autre, n’eftil pas vrai que toute l’huile contenue dans le couloir abreuvé d’eau , paf- fera au-travers du couloir abreuvé d'huile, & que toute l’eau conte- nue dans Îe couloir imbibé d'huile, pañlera à travers le couloir imbibé d’eau. C’eft ainfi qu'il faut raifon- ner de l’effer des remedes qu'on pré- fcrit , les uns pour pañler à travers. (a) Quaeff, redic. an morborum curatio ad:-leges Mecharica referenda ? 479 De la Génération les reins & les nettoyer, les au tres pour purger le foie , les autres pour humeéter & rafraîchir les poumons. Ces remcedes font por- tés à toutes les parties; mais ils pénétrent les unes plürôt que les au- tres , felon le rapport qu'ils y trou- ventavec la matiere , dont ces par- ties font abreuvées , ou compo- fées. Les excés de Venus font uns des chofes les plus contraires à la bonne conftitution du foie, & les plus propresiäy produire des obftru: étions. Ces excès afoibiiflent:outre cela leftomac, en diffipant la cha- eur naturelle , & caufent par ce moyen une corruption, qui peut produire beaucoup de Vers. La trop grande application d’ef- prit, & les grands efforts d'étude , font quelquefois plus de tort à la digeftion , & caufent plus de cor- ruption que les excès , dont je viens de parler , fur-tout quand on fe met à des lectures longues & appliquan-- tes , d’abord aprés les repas. CHAPITRE des Vers. 421 Déssshesé dt PAR CHAPITRE VII De la fortie des Vers ; & des prognoffics qu'on eh doit tirer. N Ous ne parlerons dans ce Cha- pitre,que de la fortie des Vers qui font dans les inteftins : ce qui regarde celle des autres étant peu confidérable. 11 y à plufieurs cir- conftances à examiner dans la {or- tie des Vers; les unes concernent la perfonne , les autres le temps, les autres le lieu , les autres les excré- mens , les autres les Vers mêmes. Les circonftances de la perfonne {ont : fielle cft en fanté ou malade, fi elle à pris quelque médicament, ou fait quelque chofe à quoi on puifle attribuer la fortie de ces V'ers, Celles du temps : fi les Vers {or- tent dans le commencement , dans Pétat , ou dans le déciin de la mala- ie. Celles du lieu : s’ils fortent par Tome II. 422 De la Génération haut ou par bas , & en cas que ce foit par haut, fi c’eft par le nez, ou par la bouche... 152 Celles des excrémens : files Vers fortent mélés dans les matieres , ou tout feuls ; & la qualité des déjec- tions qui. en ont ou précédé, ou ac- compagné , ou fuivi la fortie. . Celles des Vers : s'ils fortent mofts Où VIVans , entiers ou rom- pus, enfermés dans: quelque enve- lope, ou entierement libres : fon- dus, ou dans leur forme naturelle, d'une couleur plürôt que d’une au- tre, épais ou menus , en grande ou en pctite quantité : toutes cir- conftances néceflaires à remarquer, & que nous allons examiner par ordre. | La Perfonne. Si la perfonne eft en fanté, & que les Vers foient fortis par la for- ce de quelque médicament, ou pris en dedans , ou appliqué en dehors, il y a lieu de juger que ce n’eft point tant la chaleur naturelle rou- te feule , que le fecours étranger qui les a chaflés, & par conféquent | des Vers. 423 que le corps dépourvu d'une cha- Jeur naturelle fufifante , pour ém- pêcher la corruption qui entretien cesinfectes , eft en danger de mala- die, fi lon1a foin de recourir aux évacuans & aux altérans. Si au con- traire la perfonne n’a rien fait qui puiffe avoir chafle les Vers, il'en faut bien augurer , puifque c’eft une marque que la nature a eu aflez de force pour fe débarrafier elle- même fans être aidée. Si la perfonne eft malade, & que les Vers fortent d'eux-mêmes , il faut avoir égard à la feconde cir- conftance , dont nous allons parler, qui eft celle du temps. Du Temps, S'ils fortent fur le déclin de 12 maladie , le figne eft bon, parce que les forces fe rétabliffant alors, il y à apparence qu'ils ne fortent qu'à caufe de la chaleur naturelle ne s’augmente, & qui ne leur laif- € plus afez de corruption pour s’en- tretenir.S'ils fortent dans le com- mencement de la maladie, le figne C à 424 De la Génération cft mauvais , parce que la fermen- tation des humeurs n'étant pas en- core faite , ils ne peuvent guère fortir qu'à caufe de l’âcreté de la maticre , ainfi que l’obfervent la plupart des Médecins. Levinus Lemnius (4) voulant ren- dre raifon de ce figne, dit que les Vers connoiffent par une certaine fagacité naturelle, la ruine prochai- ne ducorps où ils font, & que c’eft pour cela qu’ils abandonnent la pla- ce. Il ajoute qu'ils font en cela fem- blables aux Loirs & aux Souris, qui prévoyant , dit-il, que la mai- Fe où ils font va tomber , l’aban- donnent quelquefois plufieurs mois à l'avance. Sans mentir, Levinus Lemnius juge bien favorablement de la prudence & de la fageñle des Vers, de celle des Loirs , & de celle des Souris ; pour moi , qui ne fcaurois croire que ces animaux foient fi intelligens , j'eftime qu'il vaut mieux s’en tenir à la raïfon que nous avons apportée. (a) Levin. Lemn. de eccultis nature mirac. lib. 1. £aps 2% IX des Vers: 413 Du Lieu. Dans une maladie le figne eft meilleur quand ils fortent par bas, que quand ils fortent par haut, par- ce que d’ordinaire quand ils fortent par haut, cela vient de l'une de ces deux caufes , où de quelque obftru- tion confiderable dans les gros in- teftins , laquelle empêche qu'ils ne prennent leur chemin par le ventre, ou de quelque obftruttion, foit dans le meat cholidoque , foit dans le pore biliaire , laquelle empêche la bile , qui eft fi contraire aux Vers, de defcendre dans le duodenum , & permet ainfi à ces mêmes Vers de remonter jufques dans l’eftomac, & de pafler de-là dans la bouche. Les Vers ne remontent pas feule- ment des inteftins dans la bouche, mais vont quelquefois pendant le fommeil jufques dans le nez lorfque la bouche eft clofe , & fortent par les narrines ( 4) : ce qui ne doit pas furprendre , ni paroître d’un plus mauvais prognoftic , que s'ils for- Le] Ferncl, de morb. inteffin. de Lumbr. C üj 426 De la Génération toient par la bouche, vü la commu: nication qu'il y à du fond du palais avec le nez. Quand la perfonne eft en fanté ,il n'y a pas lieu de croire qu’il puifle y avoir detelles obftruétions, puifque ces obftruétions caufent toujours de grandes incommodités , ainfi il eft à juger que fi les Vers fortent alors par haut, cela peut venir de ce qu’on aura Cté trop long-temps fans man- ger , ce qui oblige les Vers, mal- gré le fiel qui fe décharge dans le duodenum , de remonter jufques. dans f'eftomac, pour y chercher à manger , &.de fortir enfuite par Ja bouche. Levinus Lemnius (4) dit. avoir vu plufieurs fois des Vers re- monter ainfi ,. & fortir par le nez ; mais il ajoute que c’a toujours été avec danger dans les malades, & fans péril dans les perfonnes en {anté, . Quelquefois Ies Vers fortent par haut , attirés dans l’eftomac par les alimens qu’ils y trouvent , & un exemple , que nous rapporterons Ch] Levin, Lemn. lib. x. cap, 22. de occulé, natur, ITA» : F4 des Vers. AT plus bas d’une Religieufe , qui en vomifloit prefque tous les jours: quand l'heure de fes repas appro- choit, en eft une marque affez évi- dente. On lit dans le Voyage de Rafilly , qu’en Afrique on voit des Serpens, qui aux heures des repas viennent dans les maifons manger ce qui tombe fous la table , & s’en retournent après fans faire mal à perfonne ; c'eft ainfi que les Vers viennent quelquefois dans l’efto- mac et a ces mêmes heures: de quoi manger. Quant au vomiffe- ment qui'arrive alors , il eft facile’ de voir qu'il vient du picotement que ces animaux affamés font à cet-- te partie. Les Déjethons. Il vaut toûjours mieux que les Vers fortent avec les déjeétions que tout feuls |, lorfque c’eft dans le commencement , ou dans l’état de Ja maladie. La raïfon en eft, que quand ils fortent avec les excré- mens, il eff à croire que ce n’eft pas par l’âcreté feule des humeurs, mais par le mouvement même des ma-- C1v. \ 428 De la Génération tieres qui les entraînent, au lieu que: quand ils fortent feuls , on ne peut guère foupçonner autre chofe que la malignité de l'humeur ; il n’en va _ pas de même quand c’eft dans le dé- clin de la maladie ; il n’en faut ti- rer alors, felon Hippocrate, aucun mauvais augure (4). Il arrive quelquefois qu'après avoir jetté des Vers par haut ou par bas, on vomit une matiere noire {emblable à de l'encre, ce figne eft mortel, fur-toutau commencement de la maladie. Quand les Vers for- tent mêlés dans les excrémens., & que ces excrémens qui les accompa- nent font jaunes , lefigne eftbon, Li dans la fanté , foit dans la mala- die , pourvu toutefois qu’en mala- die , ce ne foit pas au commence- ment. Ce qui fait que ce figne eft bon, c’eft que la jauneur des ma- ticres marque que c’eft la bile qui a Chaffé les Vers , & par conféquent que cette humeur étant dans fa for- ce naturelle, peut réparer le vice des autres. Je dis la même chofe £a] Hipp. Prænot, art, 16, | des Vers. _ 428 des matieres, qui précédent la for- tie des Vers. | | Quand les Vers fortent feuls, dans une maladie, & que c’eft par l'effort de quelque médicament , le figne eft bon; nous remarquerons que c’eft ainfi qu’eft forti le Solum , repréfenté dans la Planche 7. Il vint feul & fans aucun mélange d’excrément.. Les Vers. Quant aux circonftances qui re- gardent les Vers mêmes, la pre- miere que nous avons rapportée , Cf s'ils fortent morts ou vivans, & c'eft par celle-là que nous commen- CErons.. ÂMorts où vifs. On ne fçauroit tirer de cette cir- conftance aucun prognoftic, fans avoir égard à celles qui regardent l'état de la perfonne, & en cas que Ja perfonne foit malade , à celles qui regardent le temps de la mala- die. Voici donc ce qui eft à obfer- ver. Si la perfonne fe porte bien , 430 De la Génération | il n'importe que les Vers foient morts ou vivans, parce qu'il eft à. juger , s'ils fortent morts , que c'eft faute d’avoir trouvé aflez de cor- ruption pour vivre; & s'ils fortent vivans, que c’eft pour chercher aiïl- leurs la nourriture corrompue qu'ils ne trouvent pas. Si la perfonne eft malade , il faut examiner les divers temps de la maladie, & fcavoir que dans le déclin du mal , les Vers peuvent fortir morts ou vivans fans rien préfager de mauvais, & cela: pour les mêmes raïfons que lorf- w'ils fortent du corps de ceux qui te portent bien; mais dans le com- mencement de la maladie, ou dans: état’, il en va tout autrement ; caf alors c'eft toujours un plus mauvais figne de les voir fortir morts que vivans , y ayant apparence, que c’eft plurôt le venin de la maladie qui les à tués, que la force de Ia chaleur naturelle qui les à chaflés.. Eñtiers ou rompus. JT n'arrive guère qu'aux Vers plats de fortir rompus , @c même | des Vers. 437 ils ne viennent prefque jamais au- trement ; mais pourvu que la tête: ne refte pas dans le corps, iln'en faut pointtirer de mauvais augure, parce que ce qui elt refté meurt bientôt, & eft enfuite entraîné par les maticres, ou par quelque léger purgatif; au lieu que quand la tête demeure, le Ver reprend de nou- velles forces, & croît toûjours. J'ai quelques-uns de ces Vers, où lon voit manifeftement par certai- nes marques, qu'ils ont été rom- pus, & qu'ils ont recrus à peu prés comme les plantes qui repoufñent à côté de l'endroit où on les a cou-- | pées. Enfermés dans des envelopes. S'ils fortent enfermés dans une: envelope , c’eft un bon prognoftic, parce que d'ordinaire ils fe trou- vent tous enfemble dans ces enve- lopes, fans qu'il en refte aucun au- tre dans Île corps : de maniere que- quand ils fortent ainfi fur le déclin d’une maladie’, on en doit bien au- gurer. Aufi remarque-t’on que les 432 De la Génération | Malades qui rendent de ces poches de Vers, pourvu que ce ne foit pas dans le commencement de la mala- die , fe rétabliffent quelquefois plus promptement que ceux qui les ren- dent feuls & féparés. Un enfant de quatre ans réduit à lagonie , & dés auparavant abandonné des Méde- cins , (4) rendit tout à coup par les felles, fans qu'on s’y attendît , une veflie de la grofleur d’une bale de Jeu de Paume , dans laquelle fe trouverent des rnilliers de Vers; aprés quoi il fe rétablit prompte. ment. Îf arrive quelquefois qu’au lieu de trouver plufieurs Vers dans ces envelopes, on n’entrouve qu’un, mais le figne n’en eft pas toujours. plus mauvais pour cela, vü qu'il arrive fouvent qu’un feul Ver pro- duit d’abord cette envelope ; & qu'après y avoir été enfermé feul quelque temps, il y engendre en- fuite d’autres Vers, qui font cette fourmilliere qu’en y da : en- forte que quand il ne s'y en trouve qu'un , cela peut fouvent venir de ce que le Ver n’y a pas été enfermé ba} Amat, Luft, cent, 1.cur, 4e, des Vers. 433 affez long-temps, pour y en engen- drer d’autres. Benivenius(4#) dir, qu'un Médecin étant tourmenté d'une grande douleur d’eftomac, & faifant tâter par un de fes Con- freres, l'endroit de fa douleur , ren- dit par le vomiflément un morceau de chair fait comme une petite boule, dans lequel fe trouva en- fermé un Ver, comme une graine dans fa goufle , & dont la fortie lui rocura une prompte guérifon. Ébultis (b ) rapporte un exem- ple femblable d’une Dame de qua- lité. Ces veflies fortent quelquefois fans renfermer des Vers, ce qui eft un mauvais figne, à moins que le Malade n'ait rendu des Vers aupa- ravant, ou n'ait pris quelque mé- dicament qui puiffe faire juger que fi l’on n’a pas remarqué des Vers dans fes déjeétions, c’eft qu'ils ont été tués dans le corps par l'a@ion du médicament , & font enfuite fortis en coîle , & hors d’état d’être remarqués ; car il faut obferver ici (a) Beniv..cap. 88. de abditis. {b) Gabuc, Comment. de Lumbr, Cap, 13, 434. De la Génération que ques ces corps membraneux , ue le vulgaire appelle poches à Vos , fortent {euls enfuite d’un mé- dicament propre contre les Vers, ileft à juger que ces corps membra- ncux fe font rompus & déchirés par l'action du remede ; que les Vers contenus dedans , étant fondus par la force du même médicament , {ont fortis par les felles fans avoir figure de Vers; mais quand ces membranes fortent d’elles-mêmes fans être détachées par aucun mé- dicament , il eft à craindre que les Vers mêmes n’ayent percé la mem- brane, ne fe foient répandus dans la capacité des inteftins , & que cette membrane ne fe foit féparée d'elle-même à force de vieillir , comme on voit de vicilles peaux fe lever quelquefois de deflus les mains. Or , je dis qu’aiors, le pro- gnoftic eft mauvais , parce que c’eft une marque que les Vers fe font engagés ailleurs dans les inteftins ; & qu'ayant eu aflez de force, pour percer la membrane qui les renfer- moit , ils peuvent faire des érofions dangereufes dans les parties ou ils font allés. des Vers. 435 Ces corps membraneux font 1f- fus par les Vers comme la toile de J'Araignée ef tiflue par l’Araignée, comme la coque du Ver à foie, €f tiffue par le Ver à foie, & com- me les envelopes dans lefquelles on trouve les petits des Chenilles , font tiflues parles Chenilles mêmes. Ces membranes , comme le remarque Hollier , (4) tiennent quelquefois toute l'étendue des intcftins; en- forte qu'elles couvrent les extrémi- tés des veines laëtées, empêchent par-là le chyle d'entrer dans ces vaifleaux , & par conféquent pri- vent le corps de fa nourriture ; ce qui eft fouvent caufe de la maigreur extraordinaire , où tombent ceux qui ont des Vers; de maniere que quand ces corps membraneux {or- tent, le Malade en retire toùjours cer avantage , que les veines laëtées n'étant pas recouvertes, la diftribu- tion du chylen’eft plus empêéchée. Quelquefois ces membranes s’en- gendrent fans qu'il y ait des Vers dans les inteftins; alors c’eft toû- jours un bon figne qu’elles fortent + [a] Hoblier, de Morb. intern. Lib. 1. Cab, ça. 436 De la Génération de quelque maniere que cela fe fañle , foit d’elles-mêmes, foit par Ja@ion de quelque purgatif. Fer- nel ( 4) parle d'un Ambafladeur de Charles-Quint , qui après avoir été incommodé pendant fix ans d’une tumeur, qui alloit depuis l’hypo- condre droit , jufqu’à l’hypocon- dre gauche, & avoir tenté inutile- ment toutes fortes de remedes, rendit enfin, par le moyen d’un fort lavement , un corps dur & ferme de la longueur d’un pied, cave dans le milieu, que Îles Affi- fans prirent d’abord pour une por- tion des inteftins , mais que le prompt foulagement du Malade, fit voir n'être qu'un corps étranger. Le même lavement fut réitéré, & le Malade rendit un autre corps membraneux comme le premier , aprés quoi il recouvra Îa fanté. Paul Pereda { b ) afure avoir vu une femblable membrane , laquelle avoit une aulne de long, & étoit d’une cavité à y mettre la main: (a) Fernel, de Morb. inteflin. in initie. ES (b) Fetr. Paul Pereda, Schol. ad method, ve- cad, Joaun. Mich. Pafchal, Lib. 7. cr } En ‘des Vers. 437 fen conferve une qui a environ um tiers. d’aulne , laquelle eft faite comme un boyau, & a une cavité à y mettre le pouce. Elle a été ren- due fans douleur, par M. * * de- meurant chez M. de Ferrari , Avo- cat au Confeil, rue des Noyers , lequel m'envoya querir fur le champ. Celui qui Fa rendue fe porte bien, & ce n’eft pas la feule qui {oit fortie de fon corps. Ceux qui ont lu: la vie de Jean Heurnius , fcavent ce qui y eft rapporté de Jufte Lipfe , qui après une médeci- ne fut délivré d’une longue & fà- cheufemaladie, par la fortie d’un corps membraneux fait comme un: inteftin , & qui lui donna d’abord tant de frayeur, que fans Heurnius: qui le rafüura, il ne croyoit pas de- voir compter {ur un moment de vie. I ne faut pas oublier de remar- quer qu'il arrive aufli quelquefois que ces membranes font une por- tion desinteftins rongés par quet- que humeur âcre ; figne très-dange-. reux. dans les dyflenteries, & pref- que toujours mortel, Je conferve Torre 11. L> 435 De la Génération dans de l’eau-de-vie une membrane- de cette forte , qui a été rendue dans une dyffenterie invétérée, fans que Île Malade qui la rendue ait: pu échaper par aucun remede. : Fondus ou entiers. Les Vers du corps fe fondent quelquefois de telle maniere après être fortis , qu'il n’en refte pas la. moindre apparence ; ce qui eft fou- vent caufe, felon la remarque de- Monardus (4 },que les Gardes vou- lant montrer aux Médecins les Vers qu'elles ont remarqués dans les déjeétions de leurs Malades, ne trouvent plus rien quand.elles les cherchent. Lorfque cela arrive, c'eft une marque que les Vers ne font pas d’une fubitance forte, & qu'ainfi ceux qui reftent dans le’ corps, céderont aifément à l’aétion des médicamens. | Quelquefois ils peuvent fe fon- . dre dans le corps-même par le moyen de certains remedes , & for- tir enfuite tout en colle & en glai- (a) Marard, Epifl, Lib. 4. ‘ des Vers. | 1439 res. Que les Vers fe puiflent ainft fondre , l'expérience le fait voir, & voici un fait qui ne pérmet pas: d'en douter. M. de Caën , Do- éteur de la Faculté de Médecine’ de Paris, m'a raconté qu’une Reli- gieufe , qui prefque tous les jours, un peu avant fes repas, vomifloit une grande quantité de Vers , le vint un jour confulter aux Ecoles: de Médecine , ou il étoit de vifite avec feu M. Perreau de l'Académie: des Sciences , Docteur de la même Faculté ; que comme elle y fut ar- rivée ,.elle vomit en leur préfence beaucoup de Vers : que M. Perreau en emporta quelques-uns dans une boëte , qu’il mit dans fa poche ; que quand il fut arrivé chez lui , il trouva que ces Vers , réveillés par fa chaleur de la poche, étoient plus vifs qu'auparavant : qu’alors il effaya divers remedes fur ces infe- “es, pour voir ce qui les pourroit tuer le plus promptement ; & qu'ayant Jette de la glace fur quel- ques-uns, ceux là coulerent auf tôteneaux , & difparurent prefque dans le moment, Il rapporta ce fait” D 5: 440 De l4 Génération dans l'Académie des Sciences, com- me une chofe digne d’être remar- quée, & M. Duhamel, membre célébre de cette Académie , m'a dit avoir été préfent à ce récit. La couleur. Les Vers fortent ou rouges, ot blancs, ou jaunes, ou livides; les. rouges font d’un mauvais progno- ftic ; parce que cette couleur dénote qu'ils fe font nourris de fang, & qu’ainf ils ont fait érofion à quel- a portion dés inteftins; ce quine çauroit avoir que des fuites fa- cheufes. Les blancs ne préfagent ni bien: ni mal , les jaunes & les livides font d'un mauvais augure ; caril faut remarquer que les Versfe tei- gnent ordinairement de la couleur des chofes, dont ils fe nourriffent. Les Chenilles qui viennent fur l'écorce des arbres. , font grifes; celles qui mangent les herbes font vertes ; celles qui naïflent {ur les fleurs font de diverfes couleurs, fe- lon la couleur des fleurs, où elles des Vers. 44T. ont pris naïflance. Il en eft ainfi des Vers du corps ; ceux qui {e nourriflent de fang font rouges ; ceux qui fe nourriflent de chyle ou: de pituite font blancs ; ceux qui fe nourriflent de bile font jaunes & livides. Or, comme la bile eft une humeur que les Vers fuyent, & que cette bile eft un baume, qui empêche toutes les autres humeurs de fe corrompre, il eft impoflible que les Vers fe nourriffant de bile, ce baume ne foit corrompu & affà- di; & qu'ainfi te Malade n'ait tout à } ERP , puifqu’il my à point de corruption plus dangereufe, & plus difficile à corriger , que celles: des chofes , qui fervent à conferver es autres. Minces ou épais, S’ils font fort gros, c’eft une mar-- que qu'ils n’ont pas manqué de nourriture ; & qu'ainfi la corrup- tion. ayant été fort grande, il eff. ._ difficile qu’elle ne le foit encore, & que le Malade n’en recoive du dommage, fi on n’a pas foin d’éva-. Euer promptement. 422 De la Génération À La groffeur des Vers vient auft- très-fouvent de ce qu'ils en contien- nent d’autres dans le ventre : ce qui: fe peut connoïître en les ouvrant. ou en les écrafant. Quand cela eft,. le figne eftencore plus mauvais .. parce qu'il dénote une plus grande pourriture ; aufli la plupärt de ceux qui rendent de ces fortes de Vers, meurent peu aprés. * Amatus Lufitanus (4) parle d'une: petite fille, qui rendit un Ver long: & rond que l’on écrala avec le: pied, & du ventre duquel forti- cnt aufli-rôt plufieurs autres Vers ;° il ajoute que la fille ne vécut pas: Iong-temps aprés. | * Panarolus { b) rapporte deux exemples de la même nature, Pan d'un jeune homme de feize ans, & Pautre d’un jeune homme de tren-- te s il dit que le premier. devint heëtique, & mourut aprés avoir rendu quatre mois auparavant , un Ver , dans le ventre duquel sen trouva un autre enfermé : que le fecond tomba dans une fievre tiers du (a) .Amat, Lufit, en’. s. curat. 46. Ch) Panar, Pentecoff; s. Objerv. 50 des Vers- 443% ce, & mourut au bout de dix-fept jours , après avoir été délivré d'un femblable Ver. Nous avons rap- porté dans le Chapitre Iif. Art. I. quelques exemples de Vers ainft: remplis d’autres Vers. En grande, ou en petite quantité. Quand ils fortent en grand nom- bre, le figne eftbon & mauvais: tout enfemble ; il eft:bon, en ce que c'eft tôtijours autant de corru- ption de fortie, 8 mauvais en ce que ce grand nombre de Vers ne peut avoir été dans le corps, fans que quelques-uns ayent fair cro- fion aux inteftins : je dis , ayent fait érofion , parce que quand les Vers font en fi grand nombre , ils s'affament les uns les autres, & que les plus afamés ne manquent guè- re de s'en prendre au lieu qui les renferme. | Après avoir parlé des moyens de fe garantir des Vers, & avoir rap- porté les prognoflicstau’on peut ti- rer de la fortie de ces Animaux, i} nous refte à marquer les remc- 444 De la Génération des propres pour s'en délivrer. Nous obferverons qu'entre ceux qu'on a coûtume d'employer pour cela , il y ena debons, & de dan- gereux ; C’eft pourquoi nous ferons un Chapitre expres des remedes. qu'il faut éviter , & un autre de ceux que l’on peut pratiquer avec fuccés. De lot de die db ii CHAPITRE WIII. De certains remedès qw'on a cot- tume d'employer contre les Vers. des intelins ; &@° qu'il faut Éviter. : L y a bien de l'erreur: fur fe fait . des remedes qu'on employe con- tre les Vers ; quelques Auteurs (4') confeillent ie vinaigre pour les tuer, d’autres la poudre de Vers defit- chés , d’autres de l’eau où a trempé du mercure, d’autres le mercure en fubftance:, d’autres la poudre nom- mée., Semen contra, d'autres le tabac, &a) Perdwle.pertioul, Therap: Lib, TIl'eap. 21° d’autres. les Vers, 443. d'autres l'eau-de-vie , * d’autres le fel, trous remedes dont il eft bon de s’abitenir. Le vinaigre ne tue pas toutes for- tes de Vérs, & il y en a qu'il fait revivre quand ils meurent, ainfi que nous le remarquerons dans le Cha- pitre neuvième. D'ailleurs ,.ce que nous avons dit du vinaigre dans le Chapitre fixiéme , fuffit pour faire foupçonner qu’il pourroit bien être plus favorable que contraire aux Vers. La poudre de Vers deffléchés fait rendre , je l'avoue , beaucoup de Vers quand on en -ufe quelque temps, mais ce font ceux qu'elle produits. Et comment n’en produi- roit-elle pas, n'étant elle-même qu'un amas de femences à Vers ? Ainfi il nefaut pas tout-à-fait s'en rapporter à ce que les Auteurs nous difent à l'avantage de cette poudre, & à ce qu'en dit entrautres Levi- aus Lemnius, qui en parle comme du meilleur de tous les remedes.' L'eau où le mercure a trempé eft bonne contre les Vers ; mais com- me ilen faut ufer plus d’une fois, Tomell. 446 De la Génération pour qu’elle fañle fon effer, il arri- ve que les parties fubtiles du mer- cure , qui y {ont mélées, offenfent à la longue le genre nerveux , & caufent des tremblemens: J’ajoûte à cela que la plüpart des Malades , à qui j'ai fait prendre de cetteeau, fe font plains à moi qu’elle leur laifloit des pefanteurs d’eftomac , & des gonfiemens très-incommo- des. { Le mercure préparé que l’on prend en fubftance , s'appelle 4qwi- la alba, ou mercure doux; on en donne fix, fept, huit, & jufqu’à vingt & trente grains, {elon les âges & les tempéramens, dans quel- que conferve. Ce remede pris feul, peut caufer le flux de bouche, étant ” fouventréitéré. Ainfi ileft bon de le mêler avec quelque purgatif, autrement on doit l’éviter, ou du moins n'en pas faire un ufage fami- lier, s’il n’y a quelque foupçon de Vers vénériens ; car. alors le mer- cure doux eft à confeiller. Le Semen-contra eft contraire aux Vers; mais il eft en même gemps contraire aux Malades ; car des Vers. 447 äl échaufie confiderablement , & peut caufer des fiévres violentes, Quelques perfonnes difent que fi l'on met de cette graine dans du pain chaud ,elle y produit une fort grande quantité de Vers; ce pour roit bien être une fable. Je ne dé- cide rien néanmoins là-deflus. Pour ce qui eft du Tabac, je ne prétends pas nier qu'il ne puiffe étre bon contre les Vers; mais s'il a quelque vertu contre cette mala- dic , Ceft par un endroit, qui le rend en même temps très-dange- reux ; car il contient en lui-même un fel cauftique fi mordant, que ce {el confume même les chairs les plus dures qui s’'amaflent dans les ulcéres : enforte que fe mêlant avec la falive qui coule dans l’eftomac, laquelle ie mêle elle-même avec les alimens , il en pañle une partie dans les inteftins avec le chyle, & une autre fe difiribue avec le fang à tout le corps, d'où il'arrive que quelque part que foient les Vers, il et difficile qu'ils échappent à Ta@ion de ce fel , qui eft porté par tout. Maisce même {el s. qui rend Eÿ. 443 De la Génerxiio ù Le tabac bon contre les Vers, le send en même temps pernicieux au _æorps ; car il picote fi violemment les parties tendres &c délicates , où ils'attache, qu'il les relâche & en dérange toute la tiflure; il excite aufli à la longue dans les nerfs, des mouvemens convulfifs , qui ap- prochent fort de ceux de l’épilep- fie ; ainfi que le remarque M. Fa- gon dans fa fçavante Thefe fur le Tabac ; d'où je conclus que les maux que produit le tabac, quand on en ufe fouvent , étant béaucoup plus grands que les avantages qu’on en peut retirer contre les Vers , on n’en doit point confeiller le fré- quent ufage dans cette maladie. J'ajoûte à cela avec le célébre Mé- decin que je viens de citer, qu'il y a dans le tabac un fouphre nar- cotique encore plus dangereux que fon fel. Ce fouphre eft de la na- ture de celui de lopium, qui fe diflout également dans l'huile, dans l’efprit, dans les fels, & dans l’eau; ce qui n'arrive pas aux autres fou- hres. Le fouphre du tabac étant du de ce caraétete , n’eft pasplü- F . des Vèrs: 449 tôt entré dans le corps, qu'il s'y diflout par le moyen de la Iymphe, ou de l’efprit qu'il y rencontre ,; & alors dcbarrafic És féls qui le lioient , fes parties branchués s’en- gagent les unes dans lesautres , & caufent des obftructions & des en- gourdiflemens , qui ralentiflent le cours des efprits animaux. Ainfi , felon la diverfe difpoftion dés corps, Fune de ces deux chofes ne manque prefque jamais d'arriver 3 ou les fels piquans du tabac déchi- rent les parties , & en rompent Ha tiflure, ce quine peut que hâter la ruine du corps; ow les fouphres narcotiques , dont il eft compofc , ralentiflent le mouvement du fang:, & par ce repos caufert des apo- pléxies , & fouvent , comme le remarqué le mème M. Fagon, des morts foudaines ow prématurces, Ce ne font-point iei dés conjeétu- res fondées fur des idées de Cabi: net , ce font des faits certains ; en voici urrentr'autrés qui mérite d'être remarqué, En 1696. dans la rue S. Denis a Sépulchré , je traitois qn. Malade : ii] 450 De la Génération qui tomboit fouvent d’apôpléxie ; après lavoir traité quelque temps ; fans qu’il recut tout le foulagement que je m'étois promis, j'appellaien confultation M. de Saint - Yon , Docteur de la Facuïté de Méde- cine de Paris , lequel ne trouva pas à propos de rien changer dans les remedes que j'avois prefcrits, ni dans la méthode que je fuivois. Je gontinuai donc , mais le mal s’opi- piâtrant toûjours, comme le Ma- lade prenoit beaucoup de tabac, je craignis que ce fouphre narcoti- ue n’agît trop fur lui, ouque ce fe à force de picoter les parties dur cerveau , ne les tint trop relichées; & qu'ainfi, ou ce fel ou ce fou- phre , ne fût une des principales caufes de la maladie. Je confeillai: &onc au Malade de fe defaccoû- tumer peu à peu du tabac, & de s’en abftenir enfuite abfolument ; sl fuivit mon avis , & il n’eut pas été un mois fans en prendre, qu'il fe porta mieux, fes attaques furent moins fréquentes & moins longues, .& au bout de fix mois il fut guéri. Comme la Thefe que M. Fagon: CR UN dE CCE 2 à ä donnée furle tabac , fait Voir au long tous les accidens que:peut cau- fer le fréquent ufage de certe plan- te , j'ai cru que les Lecteurs feroient bien aifes de trouver cette Thefe dans ce Livre : Je l'ai traduite en François à la fin de ce Volume. - Bontekoc eft du nombre de ceux Qui recommandent le tabac contre les Vers ; il le regarde mêmecom- me un des plus fürs moyens de pro: Jonger la vie. Cet Auteur a toû= jours des fentimens qui lui font particuliers ; il outre des chofes, jufqu'à dire que comme on doit continuellement refpirer l'air, on doit aufli recevoir fans cefle la fu- mée du tabac, qui ne nous eft pas moins utile , dit-il, que la refpira- tion. Il ajoûte que les femmes doi: vent fumer aufli-, & que d’ailleurs C'eft un parfum fi agréable, que ceux qui jugent des chofes fans pré- jugé, le préférent à tous les autres. Ce difcours eft trop outré pour mériter qu'on le réfute ; & il eff affcz digne d’un Homme, qui ne fait pas difficulté d'avancer dans ün autre endroit de fon Ouvrage , | E 1v 452 De la Génération que la teimpérance n’eft pas üns chofe fi néceflaire à la fanté, & que quand on a mangé avec excès, comme la faim tarde davantage à venir, & qu'ainfi l’on‘prend moins d'aliment dans: le repas fuivant, ik arrive qu'on n'en: a pas trop pris pour tout un jour; aprés quoi il ajoûté , qu'à bien juger des chofes , l'intempérance n’eft point nuifiblé à la fanté. (4) | Quant à leau-de-vie , comme elle eft plus capable d’épaiflir les humeurs, que de les faire circuler, cile ne fçauroit être bonne contre les Vers : le principe eft certain: Mais on doutera peut-être que cet- te eau foittelle que nous difons,, c'efti-dire , qu'elle épaiflife les fucs de notre corps, au lieu de les difloudre, &z c’elt ce qu'il eft facile de prouver. Il eft fi pe vrai que Peau-de-vie fubtilife les humeurs, que fi lon en feringue feulement deux onces dans la veine jugulaire d'un Chien, on lui trouvera un moment aprés , les poumons rem- plis de grumeaux de fang coagulé. 6a) Bontichoë , Paré, 3 Chap. 4 | des Vers. 453 L’eau-de-vie épaiffit la glaire d’œuf 7 fr Von en tient quelques gouttes dans la bouche , elle coagule la fa- hive , & la fait devenir comme en cole. Il y a dans Feau-de-vie un acide domimant, qui fait même qu'elle arrête le fang des plaïes = ‘c'eft doncune erreur de croire qu'ek. le fubrilife les fucs de notre corps. Au regard du fe, c’eft le fenti- ment commun qu'it eft bon contré les Vers ; mais on fe trompe. Les Poiflons dé mer font attaqués de Vers comme ceux d’eau douce. Le’ fromage le plus falé n’en eft pas exempt , témoin le plus fort gruye- re, & le Rochefort. Aïnfi ceux-là fe trompent , qui pour fé guérir , ou fe préferver des Vers, mangent tou- tes leurs viandes extrémement fa- es. Il feroit même facile de mon trer que l'ufage exceflif du fel pro: duit des: défordres dans le corps, qui-peuvent être très-favorables à la génération des Vers, mais cela nous écartcroit. Il y a un autre remede dont j'ai . vu quelques perfonnes fe fervir , ff toutefois on peut l’appeller un re AS4 De la Génération mede , c’eft de boire de l’eau , dans laquelle ayent trempé des écorces vértes de noix : Ce que je puisaflu- rer de cette eau, c'eft qu'elle n’a d'autre effet que de béaucoup é- chauffer, & qu’elle ne chafle du corps aucun Ver. La raifon pour- quoi on a cru qu'elle pouvoit tuer les Vers du corps, ou les chafler, c'eft que fi l’on en jétte dans ur jardin , on voit aufli-tôt tous les Vers de l'endroit où l’on en a jétté, fortir en foule, (4) ainfi que le rap- porté Charles Etienne dans for Agriculture, Erafme dans fon Col- Toque fur la Chafle, dit la même chofe ; ( & ) mais il fe peut bien faire que ces Vers fortent ainfi, plûtôt attirés que chaflés par cette eau, & qu'ils viennent fur terre, comme ôn les y voit venir lorfqu’il com- mence à pleuvoir, & comme on voit fes Poiflons fauter au-deflus de l'eau quand la fraîcheur de la nuit s’avance. On peut oppofer que cette eau étant fort amere , il eft & éroire que lorfqu’elle fait fortir de (a) Carol. Steph. Agricult. Lib. 3. Cap. Lao (b) Erafm, Collog. in venar, DENT MNT aa. : 1 y terre les Vers, c’eft plütôt parce que les Vers la fuyent, que parce qu'ils la recherchent. Je réponds à cela que toutes lés chofes ameres ne font pas contraires aux Vers , & encore moins à toûtes fortes de Vers ; témoin l’abfynthe , dont la tige & les feuilles font toutes cou- vertes de petits Vers, ainfi qu'on s’en peut convaincre par le microf- COpEs | | Mr Baglivi rapporte quelques ex- ériences qu'il a faites fur les Vers; fquelles , felon lui, peuvent beau: coup fervir à nous faire connoître Finutilité ou le peu de force de cer: fains remedes. _ | _ En 1694. à Rome, il prit des Vers vivans fortis du corps d’un Malade , il.en mit quelques-uns dans de l'efprit de vin, où ils vé= eurent cinq heures entieres ; il er mit d’autres dans du vin:', d’autres dans une diflolution d’aloës , d’ex- trait de chamædrys ; & de tabac, & ils y vécurent neuf heures ; il en mit d’autres le foir dans de l’hui- le d'amandes douces, & il les trou- va en vic le lendemain matin, mais 456 De la Génération Hanguwiffans ; d’autres dans dujus de Hmon!, & le jour fuivant ils étoient éncore fort vigoureux : d’autres dans un vaifleau à moitié plein de mercure, &:'il les trouva vivans le léndemain, qui tâchoient de gagner lé haut du vafe. (4) M. Rédy rapporte auffi plufieurs expériences de cétte nature, par lef: quelles il prétend prouver que la plüpart des remedes qu’on employs contre lés Vers, doivent être évi- tés , Om comme dangereux ou-com- me inutiles. Le fentiment commun éft que l’aloës , la coralline , la thé- riaqué , le mithridate, l’orviétan, & plufieurs autres médicamens def- agréables ; font excellens. contre les Vers : que ke fucre aucoñtraire, le miel, les fruits font pernicieux dans cette maladie; mais Mr Rédy foûtient ( nous verrons fré’eft-avec raïfon ,.) qu’on fe trompe en cela ; & qu'il n’y a rien que les Vers fuyent davantage , que lé fucre, le miel & les fruits. Pour le prouver , (a) Georg. Bagliv. de praxi medicä ad erans db'erv. ration. revocand, Cap. 9. Art. de Luribricy pueror. Tr PT des Mers 457 fl rapporte diverfles expériences qu'il a faites fur les Vers de terre ne doutant point que ce qui eft con- traire à ceux-ci, ne foit également contraire à ceux du corps. Voici quelques-unes de ces expérien- ces. (4) | : Premiere Expérience. TH méla de la terre avec de la thé. riaque , & la mit dans un vaifleau dé verre, puisil y Jetta quatre Vers deterre , qui n’y furent pas plütôe, qu'ils fe cacherent dans la terre, MrRédy vingt-quatre heures aprés, ajoûta de Îa thériaque , les Vers de- meurerent toûjours tranquilles ; il augmenta peu à peu la dofe pen- dant quatre jours, mais cela ne f{er- vit de rien, & les Vers n’en furent pas moins vigoureux. II fit la même expérience avec du mithridate & de l’orviétan ; elle n€ réuffit pas mieux. Après cela, dit Mr Rédy, dans quelle erreur n’eft-on pas de (a) Francifct Redy > de Animalculis quæ in Lots poribus Animalinm vivorm reperiuntur ,-Qbferwss FI9RES, 458 De la Génération battre les enfans pour leur faire prendre de la thériaque ou du mi- thridate contre les Vers? Il avoue néanmoins que fi.on met des Vers dans de la thériaque mêlée avec de l’eau , ils y mourront ; mais il pré- tend que ce n’eit qu'à caufe que le miel qui entre dans la thériaque, “venant à fe détremper , touche plus immédiatement le Ver; & il avertit qu'il vaudroit bien mieux donner du miel tout pur aux en- fans, que de leur faire avaler une aufli grande quantité de chériaque qu'il en faudroit,, pour que le miel qui entre dans cette compofition , pût produire dans le corps des Ma- lades le même effet qu’il produit. dehors. Seconde Expérience. IL délaya de bon miel d'Efpagne dans un peu d’eau, & il y jetta quatre Vers qui y moururent en moins d’un quart d'heure ; il réiteræ la même expérience fur pneus autres , qui moururent prefque tous cn aufli peu de temps. Après cela, des Vers - 459 dit-il, comment ofe-t'on foûtenir que les chofes donces nourriflent les Vers ; & pourquoi ne pas don- ner de l’eau miellée aux enfans qui ont des Vers, plütôt que de leur faire avaler tant de breuvages âmers qui les révoltent? Troifieme Expérience. H mit des Vers de diverfes grof- feurs , dans de l’eau fucrée : les plus petits y moururent en une heure, & les autres en deux. Mais ce qui fait bien voir, dit-il, combien le fucre cft ennemi des Vers , c’eft _quefivousjettez fur un Ver, du fu- cre en poudre , le Ver meurt pref- que aufli-tôt. M. Rédy remarque ici que les fangfues craignent auf le fucre, & que fi on les met dans de l'éau fucrée , elles y meurent avant vingt-quatre heures. Quatrième Expérience. I jetta quatre Vers dans une dif- #olätion d’aloës , & les y laiffa Wingt-quatre heures, après quoi il + LA L60 De la Génération Les retira tout vivans , & les mit dans de la terre où il avoit mêlé de aloës, ils y vécurent plufieurs jours. Cinquième Expérience. Mäâchez quelques morceaux de pommes, de poires, d’abricots, puis mêlez quelques Vers dans ce que vous aurez mâché, ils y mour- ront en peu d'heures. Ti Comme ces expériences ont été faites fur des Vers deterre, lacon- féquence qu’en tire Mr Rédy pour les Vers du corps, pourroit bien m'être pas afez quite ; il l'avoue lui- même : mais ildit fur cela, que comme on trouve plus aifément des Vers deterre, que des Vers du corps, illui a été plus facile de faire fur ceux-là , fes expériences. Il en rapporte néanmoins quelques-unes qu'il à faites fur des Vers du corps: & comme elles font en cela même de toute une autre force que les au- tres, nous rapporterons (4) les prin- cipales. .{a) Nous avons déja rapporté tout cela dans fe dix feptiéme Jourual de 170 9. mais nous ÿ répon £a grens ici, des Vers. _ 464 17. Des Vers du corps mis dans’ de l’eau froide, y ont vécu les uns foixante & les autres foixante & deux heures. | 2°, Dans de Feau ou l’on avoit jetté une grande quantité de terre figillée’, ils ont vécu autant ; la terre figillée cependant pañle pour être ün bon remede contre les Vers. .. 3%. Dans de Peau de fleur d’o- range, & dans de l’eau-rofe, ils font morts: en dix heures. 40. Dans de Feau fucrée , épaiflie: en confiftance de julep:, is ne vi- vent pas plus de trois ou: quatre heures. Hs oboôvs Sc niv s°. Sion les mctdans du vin ,ils y vivent quelquefois prés de deux: jours, au lieu que les Vers de terre: ÿ meurcit prefque d'abord ::12,4 . . 6°, Dans de l’eau où l'on-avoit: broyé de la coralline:; sont vécu: plus de foixante heures, &, dans -üne infufion-d’aloës ; plus detrente.. Voilà les expériences les: plus: confidérablesqueMrRédy ait faites pour découvrir ce qui peut-être eo: traire aux Vers; (4) mais ces ex- (a) Francifci Redy, de Animhlsulis quæ&: in Cor=" Tome IL. E z De la Génération périences de Mr Rédy & celles de Mr Baglivi ne font point aufli dé- cifives qu'ils l'ont cru, pour la con- clufion qu'ils en tirent. Car il fe: peut bien faire que certaines chofes- dans lefquelles on aura jetté des: Vers fans qu'ils y meurent, ou qu'ils: en foient contrariés , tuent ou con- trarient néanmoins les Vers lor{- qu’elles feront entrées dans le corps. parce qu'alors étant mélées avec les: fucs de l’eftomac ou des inteftins ,. elles peuvent par le moyen de ces fucs qu’elles rencontrent , acquérir une qualité contraire aux Vers. Le vin mêlé avec du lait | ou avec du ‘bouillon, :eft & plufieurs de ceux: qui aiment Fun & lautre féparc- ment , un breuvage infupportable.. L'eau depourpier tout de même .. &c ‘plufieurs autres dans lefquelles- nous voyons: vivre fi Jlong-temps: les Vers.que nous y avons jettés , peuvent être contraires à ces Ani- maux, lorfqu’elles font mêélées avec les différentes liqueurs qui fe ren- Æontrent dans l'eflomac & dans les: peribus Animalinn vivorme reperinniur , Oblérvæs Ê4Q ES M des Vers. #63; inteftins. De plus, par le mélange de certains fucs , qui feuls ne feront re contraires aux Vers, il peut e faire des fermentations capables de les chafler ou de les tuer. Jettez de l'huile fur de la chaux, nulle ébullition : jettez-y de l’eau , ils’exe- cite une fermentation violente. J'a- joûte à cela qu’à l’occafion de cer- taines chofes avalées: qui entrent dans les inteftins , ces inteftins font: capables de plufieurs mouvemens: qu'ils nautoient peut-être pas fans: œela. Or de ces mouvemens 1 peut y'en avoir quelques-uns qui déta- chent les Vers adhérens aux mem-- branes des inteftins, & les chaffent plus infailliblement que’ne fait l'ir- ritation de certains purgatifs , qui aes corps même les plus remplis de Vers , ne chaffent fouvent aucun: Ver , & qui ne purgent que les hu- meurs & les excremenss De plus , les diflolvans de l’efto-: mac en agiflant fur les médicamens: ue nous avalons , en tirent des ubftances qui fouvent ont une qua- lité toute’autre que celle des médi- éamens d'ou ils les ur Si l'or y 464 De la Génération met, par exemple, dans une diflo- lution d’aloës , des Vers de terre, ils y vivent long-temps , mais fion les jette dans un verre d’eau, où l’on mette feulement une goute d'huile d’aloës, on les voit fur le champ faire des contorfions incroyables, fe battre les flancs avec les deux extrémités de leurs corps, puis tom- ber morts tout à coup au fond du verre ; l'expérience elt conftante , je l’ai faite pluficurs fois. Cela pofé, ik n’eft pas étonnant qu’une dofe d’a- loës , qui étant difloute dans an pew d'eau, ne fera pas fuffifante pour tuer , ni peut-être même, pour in- commoder des Vers qu’on y jettera, puifilé néanmoins étant avalée , tuer ou chafer les Vers qui feront dans le corps ; il n’y a pour ke compren- dre , qu'à fuppolfer une chofe très- vrai-femblable, qui eft.que cette huile , ou autre fubftance équiva- lente, vienne à fe féparer de l’aloës, par l'opération des diffolvans de leftomac, laquelle furpaffe en ver- tu toutes les opérations de Chymie. Quant au miel & à l’eau fucrée, où les Vers meurent en peu. de des Vers. 1 46f temps ; il y à tout lie de croire’ que.ces Infectes n’y périflent que parce qu'ils s'en enyvrent.Or quand on avale du miel, ou autre chofe femblable dont les Vers s’accom- modent , onn'en avale pas ordinai- rement aflez, pour que ces Veis: puiflent s'en enyvrer & y étre fub- mergés : ils s'en nourrifent feule- ment, On dira peut-être qu'il n'y a qu'a avaler tant de miel que ‘les Vers s’en enyvrent & s'y noyent. L’expédient {eroit bon. s'il ne s’ÿ agifloit fimplement que de tuer ou de chafler les Vers: mais ikeft aifé de voir qu’on:ne pourroit, fans nui- re à fa fanté , avaler la quantité de micl qui feroit néceflaire pour que: Les Vers s'y noyaflent dans notre corps. Voilà ce que javois à re- marquer fur les remedes qu'il eft à -propos d'éviter ; pañlons à:ceux qu'il eft à propos de faire. 466 De la Génératioh CHAPITRE IX. Des Remedes propres contre roures Jortes de Vers du corps humain. Ÿ Onime les Vers du corps bu | main, ainfi que nous l'avons: 6bfervé , ne naiflent pas tous dans: les inteftins, mais que plufieurs s’én- gendrent ou réfident dans Îa tête. dans le foie, dans le cœur, &c. nous partagerons ce Chapitre en: deux Articles # Dans le’ premier nous marquerons les Reméedes pro- pres contre les: Vers qui occupent d’autres parties que les: inteftins 5; & dans le fecond , les remedes: ÿropres contre ceux des inteftins. + CvAFA des Vers: 46 , La ARTICLE PREMIER: Remedes contre les Vers exentéraux C'efl-a-dire , qui font ailleurs que dans Les sntefins. ”. Es Vers exentéraux fe divifent A, en cinq clafles, comme nous l'avons vu ; fçavoir , r°.-les Encé- phales, proprement dits , puis les: Rinaires , les Ophthalmiques, les Auriculaires & les Dentaires. 2°. Ées Pulmonaires, les Cardiaires ,; Jes Sanguins , les Véficulaires & les Élcophages. 3°. Les Cutanés ; fça-- voir, les Crinons:, les Cirons, les: Bouviers, les Soyes:, les T'alpiers & ks Toms. 4°. Les Umbilicaux & les Vénériens. 5°. Les Oefopha- giens, & les Spermatiques: Parmi les Vers de ces cinq'clafles ,. il n'y a que ceux de la premiere , de’ la feconde , de la troifiéme, & de: R quatriëme, qui foient nuifibles: au corps. Les autres , ainfi que nous. Favons remarqué plus haut, font re: gaudés comme amis du corps, & A6 De la Génération pour cette raifon , n’ont pas befoir: de remedes; c’eft pourquoi nous ñnë les comprendrons pas ici, Remedes contre les Vers Encéphales.… Les Encéphales proprement dits ,, c'eft-à-dire, qui s’engendrent dans: le-cerveau ; ou fur fes membranes, font très - difficiles à chafler | vu qu'ils ne peuvent fortir par lenez , qui cft-la feule ifue qu’ils pourroient avoir, s'ils eh avoient quelqu'une. D'un autre côté , fi par l'effet de quelque rémede . ils viennent à mourir dans la tête, ils n’y peuvent caufer qu'une corruption capable de tuer les malades. Aïnfi de quelque rnaniere que l’on confidere la cho- Le , ce maleft d'une difficile guéri- on; je dis difficile , car abfoiument parlant, il n'eft pas incurable, & Schenckius (4) prétend qu’un excel- lentremede contre cesVets eft le vin de Malvoifie dans lequel ont bouit- li des raiforts. On en donne au ma- laide une fuffifante quantité à jeûn. F Ca] Schenck. lib. 2, Obferv. Medic, de capit. dolor. méferr, 4 N 5 N OTS” 1 des Vers: 469 Nous avons parlé de ce remede dans. l'Article premier du'Chapi- tre troifiéme; de fcavoir comment ce vin ou autre remede quel qu’il foit , peut tuer le Ver, fans que le cadavre de cet infécte caufe dans le cerveau aucune corruption mor- telle, c’eft ce qui eft trés-diffcile. Contre Les Rinaïres. Les Rinaires , c’eft-à-dire, ceux qui font dans la racine du nez, peu- vent être chaflés par des errhines : le fuc des feuilles de Bétoine tiré ar le nez eft bon pour cet effet, a poudre de Bétoine, & celle de la plante nommée par les Botaniftes Doronicum plantaginis folio , {ont en- core de bons remedes dans cette occafion , tant pris par le nez. Le Doronicum plantaginis folio , elt rare, & il fautorendre garde de s’y laifer tromper. Comme j'en ai une gran- de quantité que j'ai cueillie moi- même aux environs de Plombiere, eu elle croît en abondance dans les prairies ; J'en ai fait diverfes expé- riences , & je puis dire qu'il n’y 4 Tome IL. G 479 De La Génération point de fimple qui foit fi bon que celui-là pour dégager fans émotion, le cerveau par le nez. On peut met- tre la fleur de cette herbe dans le nez , foit fraiche ou féche , comme l’on veut ; une pincée fuffit. Elle dé- charge beaucoup de pituite , non- {eulement par le nez, maïs encore: par la bouche, & elle foulage con- fidérablement Île cerveau. On n’en #çauroit trop confeiller l’ufage aux perfonnes-replertes , & à celles que da pituite incommode. L'huile, & felon quelques-uns, le tabac , font fpécifiques contre .ces dortesde Vers 15 Il faut fe rappeller la-deflus les deux hiftoires que nous avons rap- portées depuis la page 75. jufqu'à la page 88. On y voit de quelle maniere ont Cté chaflés deux Vers Rinaires du nez d’une femme, l’un: par du tabac , & l'autre par de Thuile. | Voici ces deux faits en abregé ; 1°. cette femme don: il eft parlé dans la premiere hiftoire , rendic fon Ver après avoir mis inutilement en ufage pendant quatre années tou è des Vers. 47€ tes fortes de remedes , excepté le tabac, qu'elle s’avifa de prendre au bout de ces quatre années, & dont elle ufa l’efpace d’un mois. Elle le prit en poudre par de nez , & à pei- ne le mois fut-il fini, qu'ayant un matin éternué avec éflort , elle moucha fon Ver, qui forti tout roulé en pelotton. Voyez la page 5. où la chofe cft contée au long. 2°. Cet Officier dont il eft parlé dans la feconde khiftoire rendit le fien par le moyen de quelques gou- tes d'huile d'amandes douces qu'il fe fit verfer dans l'oreille gauche, où fon Ver , quoique logé dans le nez, lui caufoit un bourdonnement confidérable , ce qui ne laifloit pas foupconner au malade, d’avoir un Ver dans le nez. Nous avons rapporté aprés un habile Phyficien |, page 87. de quelle maniere ce Ver étant dans le nez, a pu être chaffé par un re- mede infinué dans l'oreille. L’expli- cation eft méchanique’, & peut beaucoup fervir dans la pratique de Médecine , nous y renvoyons. Gi 472 De la Génération Contre les Auriculaires. Quant aux Vers des oreilles , ce font de bons remedes pour les tuer ou pour les chafer , que le jus d'oi- gnon, ou QUES goutes de vieïlle urine , melée de miel , ou comme Yenfeignent Diofcoride , Galien & Âetius, un peu de fuc de Calamen- the : le lait de femme feringué dans l’oreille eft encore très-bon pour les faire fortir : la fumée des chofes ameres, reçue par le nez &z par la bouche font aufli de bons fe- cours. Salmult rapporte (+) queces fumées firent fortir nn jour à un ma- ade onze Vers par les orcilles. On peut faire des parfums avec la fe- mence de Jufquiame & la cire , ré- duites en petites bougies , qui étant jettées fur les charbons, rendent une fumée excellente contre ces Vers : on l’introduit dans les oreilles , par le moyen d’un petit entonnoir. Mais pour bien juger de ce qui peutréuflir contre les Vers des oreil. « jes , il faut examiner ce qui peut . La] Salmulk. cent. 2. obferv, 3 9e | des Verss 473 féuflir contre les pérce-oreilles lorf: qu'il y en eftentré quelqu'un : il fe préfente fur cela une expérience qui ne fçauroit être trop confultéc. Le perce-oreille n’eñtre dans l'oreille, & ne s’y plaît quand il y eft entré, ue parce qu'il y eft attiré par le uc même qui fe trouve dans Foreil- le; & le Ver qui cft produit dans Poreille ne s’y produit non-plus & n'y demeure , que parce que l’hu- meur contenué dans l'oreille leur eft favorable. Aïnfi ces deux fortés de Vers peuvent être régardés comme de même nature par rapport à ce qi peut réuflir pour les faire fortir e l'oreille. Cela pofé , voici l’expé- rience dont il s'agit. On y trouve- ra en Fexaminant dans toutes fes circonftances , une lecon fidèle de ce qu'il eft à propos de faire ou de ne faire pas contre les Vers Auricu- laires. Pre NE _ En 1723. au mois de Mars, dans le Bourg de Domard,'Diocefe d’A- miens , un jeunc Garçon (4), âgé (a) Lettres fur des Perce-oreilles , par M. dé Sa- voye , Cuté de S. Ouen, imprimées à Paris. Premiere Éettre en 1725. Seconde Lettre en 1726. Troifiéme G ii} 474 De ia Generation alors de neuf ans, fils de M. Laffite: Maître Chirurgien du lieu, fe plai- gnit d’un mal d'oreille , & ditqu'il croyoit avoir fenti entrer , étant couché fur l'herbe , quelque petite bête dans fon oreille droite. Peu de jours après on en vit for- tir un de ces infeétes qu’on nomme perce-oreilles, & quelques autres jours aprés , il en fortit fucceflive- ment jufqu'à quarante. Le pere de l'enfant furpris d’un tel évenement, fe mit à chercher quelle pouvoit être fur la terre la nourriture de ces infeétes , & il trouva qu'ils aimoient beaucoup une certaine pomme douce. Inftruit de cela, il mit de temps à autre à cet enfant dans l'orifice de l'oreille , de petits morceaux de cette pomme , ce qui parut avoir quelque fuccès, mais les Vers ne délogeant pas aflez vite, il voulut chercher quelque autre Lettre en 1718. Quatriéme Lettre en 1731. chez Guillaume Cavelier , au Palais; Guillaume Cavelier fils, rueS. Jacques ; la Veuve Piflot , Quay dé Con-- ti ; Jean dé Nulli, au Palais. Mercure d'Août 1725.pag. 1761. Mercure de Juin 1726.pag. 355. Mercure de Septembre 1728. pag- 2000%. Mercure de Janvier 1731. pag. 58. | des Vers: ATS moyen. Il confulta pour cela les Livres de fa Profeflion, & n’y trou- vantrien qui lui convint , il prit lé parti de confulter les Médecins d’A- miens & d’Abbeville: Les uns lui ordonnerent d'introduire dans l’o- reille de fon fils , l'huile d'amande douce ,. l'huile de cumin , l’eau-de- vie; lesautres, d’y féringuer l’eau de mercure , avec l'huile de tére- benthine. I fuivit ce dernier avis, & dès le lendemain , il vit avec étonnement fortir cinq de ces infec- tes par l’oreille gauche ; car aupara- Vantils ne fortoïent que par la droi- te. L'enfant en rendit enfuite plu- fieurs autres | après quoi il fut huic à neuf mois fans reflentir aucune douleur , & fans rendre aucun Ver, mais depuis la fin du mois de Mai 172 5.jufqu'au 24. Juillet de la mé- me année , il en rendit indiftinéte- ment par l’une &z par l'autre oreille. au-moins cent vingt. | Les douleurs dont le jeune gar- çon fe plaignoït alors, & qui ne du- roient qu'un moment , fe faifoient fentir, ainfi qu’il le défignoit, le’ long des mufcles cretaphyles, juf- Giv 476 De l4 Génération qu’à la future coronale , aufli-bien. w’à la furface coronale , depuis la be jufqu’à la racine du nez. IL étoit d’une bonne fanté, & d'une complexion plus forte que les au- tres enfans de fon âge. IH avoit eu cependant deux foibleffes depuis ces jours-là , fans perdre la raïfon, & fon teint devint plus blanc qu’il m'étoit auparavant. Le pere de l'enfant tenta enfuite un nouveau remede, qui fut de fe- - xinguer dans les oreilles de fon fils , une expreffion d’amers. Ce remede fit d’abord peu d’effet,mais M. Laf- fite, (e’*eft le nom du pere) ne vou- Jant point y renoncer , crut devoir Je fortifier par de nouveaux amers , & y faire entrer une dofe d’eau de mercure. Il en fit l'épreuve le pre- mier Oobre 1725. & l'ayant con- tinuée pendant fix jours , lui & fa femme virent fortir des oreilles de leur enfant pendant ces fix jours, quatre-vinot-deux Perce-oreilles , outre plufieurs autres qui furent trouvés dans fon lit; & il ne fe paffa prefque aucun jour, jufqu’à la fin de l’Automne , qu'il n’en fortit de : des Pers. 277 temps à autre , & même pendant l'Hyver. Aurefte, parmi le grand nombre de ceux qui fortirent en différens temps des oreïlles de ce malade , il s’en trouva plulieurs qui étoient une fois plus gros que ceux qui fe trou- vent ordinairement fous les pots de fleurs , & dans les coins des fené- tres, L Un de ces gros Perce-oreilles ” FPayant fait beaucoup fouffrir pen- dant huit ou neuf heures , avant que d'arriver à l’orifice de l'oreille, où il parvint enfuite, le jeune hom- me le voulut prendre, & en le pre- nant , il fe fentit violemment pi- _ qué à un doigt , ce doigt s’enfla à. l'inffant , & il s'y forma du pus. Une autre circonflance remarqua- ble , c’eft que ces infeétes fortoient des oreilles en reculant, & faifoient d’abord paroître leur fourche ou croiffant de derriere. LE Le remede tiré des amers & l’ea de mercure ayant enfuite paru trop forts à l’enfant, qui ne pouvoit plus les fupporter , le pere eut recours à d’autres moyens. Un Prêtre du voi- 478 De la Génération finage lui confeilla l'huile de cheriez- vis, mais avant que d’en feringuer dans l'oreille, on voulut en éprou- ver la vertu fur plulieurs de ces in: feétes qui éroient {ortis vivans , on: en toucha plufieurs avec cette hui- le & ils moururent fur le champ. Après une telle expérience on fe- ringua de l'huile en queftion dans les oreilles de l'enfant, & il en for- tit plufieurs Perce-oreilles morts ; mais foit que l’huile de chenevis ne: püt fe répandre dans tous les finus ;. où ils fe trouvoient renfermés, ou: qu’elle ne foit pas aufli mortelle , qu’elle parut Pêtre d’abord par l’ex-- périence que l’on fit, la fource n’en: tarit point. Ce qui obligea-de fouf-- fler dans les oreilles de cet enfant de la fumée de tabac & de fouffte. Mais ce remede ne fut pas plus effi- cace que les autres pour exterminer abfolument ces infe@tes, qui fe mul- tiplioient fans fin.. On s’avifa donc d'un autre expédient, qui fut d’appli-- quer aux oreilles des morceaux de poires de bon chrétien, pour attirer ces infectes ; & voici quel fut léve- nement de ce remede. Les Perce-- des Vers. 479: ercilles venoient pendant la nuit . manger ces morceaux de poires , puis rentroient fi fubtilement dans les orcilles | qu’il n’étoit pas pofli- ble d’en attraper aucun, quelque mefure que l’on prît pour cela. En- fin {oit que le conduit par lequel ils: fortoient & ils rentroient aupara- vant füt depuis devenu calleux, où rs par quelque autre caufe , ils fuf- ent moins nléépibles de: fenti- ment , il y avoit déja long-temps que l’enfant ne les fentoit plus ni {ortir ni rentfer. Ce jeune homme, qui l’année de devant fouffroit peu; fouffrit enfuite beaucoup, & éprou- va une infommie prefque conti-- nuelle. Depuis le commencement du Printemps , le nombre de ces. - petits animaux s’augmenta de plus en plus. Mais voici un évenement bien extraordinaire, l'enfant s'étant fait par une chuteune contufion fur Je fourcil gauche , cette chute ou- vrit un nouveau chemin aux Perce-- oreilles , & il en fortit plufeurs par le nez. So L’Hiftorien de ces faits et M. de Savoye., alors Curé de S. Ouen, . 4% De la Génération & Doyen Rural de Vignacourt. Ils font outre cela, certifiés dans le me me-temps par les Officiers de la Ba- ronnic de Domard', qui en ont été témoins oculaires (4). Il y a plufieurs réflexions à faire fur cette Hiftoiré qui n’eft pas encore finie, & dont nous rapporterons la fuite quelques pages plus bas. Cés réflexions regar- dent les remedes que noûs venons de rapporter , & qui furent em- ployés pour chafler lés Perce-oreil- les, dont il s’agit. | _ Les amers , dit-on dans cette Hiftoire ; ayant fait d'abord peu d'effet , on crut devoir les fortifier par de nouveaux amers, & alors on vit fortir pendant fix jours quaire- vingt - deux Perce-oreilles, outre plufieurs autres qui fe trouverent dans le lit de l'enfant. REMARQUE. On ne peut douter que tes Perce- oreilles n'aiment l’'amertume , puif- que le dedans des oreilles étant er- Le , comme il eft, d'un fuc amer, C4] Mercure d'Août 1714, & deJuin 1736, des Vers. 433 ui eft.ce qu’on appelle Cerumen , {e .plaifent dans les oreilles. Cela Mi il eft à croire que les amers qu'on feringua dans les oreilles de J'enfant , n’en firent fortir les Perce- orcilles que parce.que ces animaux accoururent à J’amertume qu’on leur préfenta ; enforte que fi cette amertume Jeur avoitiété contraire, elle les auroit plütôt obligés à s’en- foncer davantage dans l'oreille qu'à en fortir. Il faut faire le même rai- fonnement de tous les Vers quide trouvent dans les oreilles. Ils ne s’y plaifent que parce qu'ils aiment l'a- mertume qui y eft ; ainfi pour les attirer dehors, il faut leur préfenter des chofes ameres , comme celles qu'on préfenta à ces Perce-orcilles. Il eft vrai qu'on dit dans la rélation, qu'ils fortoient en reculant ; ce qui ourroit d’abord faire croire qu’ils be ainfi pour éviter les amers, bien loin d’y accourir. Mais il y a bien plus d'apparence , qu'inondés de ces amers qu’on leur lançoit avec force , ils ne fe tournoient de:la for- te, que pour défendre leur tête con- tre l'abondance & la violence de AS2 Dre la Génération Tinjedion , & mieux goûter par ce moyen la liqueur qu'ils recevoient. On n’a point marqué quels étoient -ces amers qu'on feringua ; on dit -en général que c’étoit une expref- fion d’amers qu'on feringua dans * les oreilles, ce qui n’eft pas aflez di- re: mais pour fuppléer à ce filence, nous croyons*pouvoir avancer ici une chofe qui furprendra fans doute quelques perfonnes , mais qui ne laiffe pas d’être aufli propre dans le ças dont il s’agit , pour attirer de- hors les Vers desoreilles, qu'aucun autre remede que ce puifle être.C’eft de faire un onguent avec un peu de fiel de bœuf, decire jaune, & de beurre, & d’enduire de cet onguent l'entrée de l'oreille ; c’eft une com- polition qui imite l’enduit nommé cerumen, dont l'oreille eft revêtue en dedans , & par cela même elle. ne peut, pour les raifons que nous avons alleguées ci-devant , qu'être capable d'attirer les Vers. Du fiel de bœuf pour attirer les Vers !Quel semede , Bon Dieu, s’écrieront là- deflus certainesgens.Il eft vrai que la chofe paroît extraordinaire ; puif- des Vers. 483 que le fiel de bœuf appliqué fur le nombril des enfans qui .ont des Vers dans lesinteftins , fufhit quel- -quefois feul pour chafler du corps ces animaux ; mais il faut confide- rer que ce qui-eftcontraire aux Vers contenus .dans les boyaux , ne l’eft pas pour cela à tous les autres |, & que les Vers Auriculaires fe nourrif- Le comme ils font dans un lieu plein d’un fuc amer, & s'y trou- vanthbien , ne peuvent étre contra- riés par un remede qui a de l’ana- logie avec le fuc amer de Foreille, mais qu'au.contraire ils doivent être attirés par là,.comme par un appas : ainfi.c'eft une bonne méthode à fui- vre, pour faire fortir les Vers Au- riculairess que de frotter legere- ment l'entrée de l'oreille, avec l’on- guent que nous venons de décrire. Quant à Fhuile de chenevis que: l'on feringua dans les oreilles de l'enfant ; comme cette huile con- trarie plus que toute autre les Vets desoreilles, la bonne méthode dans ces occalions feroit de tirer l’huie par le nez ; elle s’infinueroit dans l'oreille par le tympan, où il y a 484 De la Génerarion À ne ouverture qui communique au rez , ainfi que nous l'avons remar- qué pas: 75. 83. 84. parlant d'un Ver forti par le nez, & elle chafle- roit parce moyen, ces infeétes de loreille , l'huile leur étant contrai- re ; mais de la feringuer dans l’o- reille, c’eft le moyen de les faire fuir jufques dansie nez. Aufñli dit-on dans cette hiftoire que les Perce- oreilles , après qu’on eut feringué l'huile dans l’oreille, n’en fortirent pas aufli abondamment qu'on s'y attendoit, & que ceux qui fortirent, _étoient la plüpart morts. On ajoute dans la même relation, que l'enfant s'étant fait en tombant une contu- fon far le fourcil gauche, les Per- ce-ofeilles fortirent lon partie par le nez. Ce qui confirme la re- marque que nous venons de faire touchant l’ouverture qui communi- que du tympan au nez. Au relte , il faut éviter de faire mourir les Vers dans le nez ou dans l'oreille , lorfqu’on peut les en faire _fortir vivans , car leurs cadavres cauferoient une pourriture dange- xeufe, Il n’en eft pas de même des Vers | | des Vers. 435 Vers des inteftins , on en voit aifé- meñit la raifon. Au refte, les Perce- oreilles dont il s’agit, ayant été pro- duits par le premier qui entra dc l'oreille de cet enfant, & qui s'y donna famille, il n’eft pas étonnant que plufieurs d’entre eux fuffent de- venus plus gros que les Perce-oreil- les ordinaires, vu l’abondante nour- riture que dés qu'ils furent éclos, ils trouverent dans cet endroit. Mais ce n'eft pas la principale ré- flexion qu’il y a ici à faire. La plus importante , eft que ces Vers étant nés dans l'oreille de lenfant, ce métoient plus de Vers étrangers, mais de véritables Vers Auriculai- res ; enforte que les remedes qui ont réufi à les faire fortir , doi- vent être regardés comme de véri- tables remedes contre les Vers des oreilles ; & que ceux qui n’y ont pas réufli, doivent au contraire , être regardés comme des remedes à éviter contre les. Vers Aumiculai- res. 11 fe préfente ici une grande dif- ficulté fur la fortie de ces Perce- oreilles’, qui d’abord fortoient par Teme IL. H 486 De la Génération’ Fereille gauche, & dont cinq fer: tirent enfuite par l'oreille droite. Quel pañlage ceux-ci. purent - ils- trouver: de l'oreille. gauche à l’o- reille droite ? Il y a lieu decroire: que l'huile de térébenthine chaña: d’abord ces-cinq Vers dans le nez, par la petite ouverture que nous. avons dit être au tympan de l’oreil- le, & avoir communication avec: le nez: 2°. Que ces Vers étant dans: le nez, s‘enfuirent de-là dans l’oreil-- le gauche, par l'ouverture du tym- pan de cette orcille; ouverture à: la vérité bien petite, mais qui peut: fans-doute prêter, s’élargir dans le: corps vivant, lorfqu'un Ver vient à la picoter & à faire effort pour y’ entrer: L'on fit fort mal deferinguer cette huile dé térébenthine dans: . Poreille. C'eft dans: Ie nez: qu'il la: falloit glifler ; & il n'y a pas d’ap- parence, en confidérant la future: du fez & de loreillé, que fi on s'y étoit pris de la forte, aucun Perce-- oreille eût pañlé à Foreïlle gauche, &c qu'ils ne fuffent tous fortis par- Voreille droite, jufqu'au dernier, pourvu qu'on eût continué quei-- | ide Prés \ 487 ues jours à infinuer de cette huile ans lenez. Au refte l'explication uenous avons donnée de la fortie de ces Infeétes par l'oreille gauche, en les faifant pañler d’une oreille à l'autre par l'entremife du nez, au moyen de l'ouverture du tympan ; cette explication, dis-je , n’en ex- elud pas une autre, qui paroït affez naturelle ; fcavoir , que ces Infectes qui fortirent par l'oreille gauche ,. y étoient centrés par dehors, aprés. être fortis de l'oreille droite, & s'être difperfés alors autour de la: tête du Malade ; d'où enfuite , ils. s'étoient infinués dans l'oreille gau- che. Cette explication paroît aflez’ vraifemblable. Nous avons encore’ à rapporter quelques endroits de” cette Rélation , qui ne font pas d’u-- ne petite conféquence pour ce qui: concerne la pratique de la Méde-- cine. . Suite de la Rélation ‘ci-deffus. En +727. le me du jeune kon: me, de l'oreille: duquel: il fortoit: toijours une gtande: quantité de’ Hiÿ) 483 De la Géncration Perce-oreilles , s’avifa de faire prendre à fon fils, matin & foir, endant quinze jours de fuite , un bol fait avec fept grains de mer- cure doux & autant de diaphoré- tique minéral incorporés dans de la gelée de grofeille ; ainfi ce fut par jour , quatorze grains de mer- cure doux , ce qui monta à deux cens-dix grains. Ces bols mercuriels chafférent une grande quantité de Perce-oreil- les; mais le Malade tomba dans un état déplorable. Son: corps de- vint couvert d'abfcès , & dans des parties dangereufes, ce qui dcter- -mina le fieur Laffite , pere du Ma- laide , à renoncer à un tel remede. Mr de Savoye, en parlant de cet inconvénient , dit que le Mala- de n’obfervoit point le régime con- venable en tel cas; qu'auçontraire tantôt il mangeoït un gros chan- teau de pain, tantôt de la viande ou des fruits, à l’infcu de fon pere & de fa mere. Il ajoute que non- feulement on ne put compter le nombre complet des Perce-oreitles qui fortirent de la tête de ce jeune des Vers. 489 homme , pendant l’année 1727. mais que le nombre en a été encore plus confidérable dans l’annéer 728. Le fieur Laffite & fa femme décla- rent qu’ils en ont vu fortir 62. le 30. Juillet de la même année, & ue la veille il en étoit forti plus e 20. Ce qui doit plus étonner, c'e qu'il y avoit déja plus de cinq ans, que le jeune homime étoittra- - vaillé de ces. Infeétes. 11 en fortoit peu l’hyver, mais le mois de May 1ls recommencoient à fe montrer, & ne cefloient de paroître qu’à la fin de Novembre. Ils ne fortoient pas tous les jours , mais il étoit rare qu'une femaine , ou au plus, une purine fe paflât fans qu'il en ortît. Ils ctoient la plüpart fort gros, & plus gros que les Perce- oreilles ordinaires. Depuis deux ans le Malade ne les fenteit plus, ni quand ils fortoient , ni quand ils rentroient. Au refte 1l n’étoit point fourd , & il fe portoit d’ailleurs aflez bien. H'avoit toûüjours grand appétit, mais fon teint pâlifloit beaucoup , & l’on croyoit voir en lui, comme un commencement de ftupidité. 490: De la Génération, Quoiqu'il fouffrit beaucoup . en: Eté, il fouftroit encore plus en Hy- ver , & fon pere crut le perdre: lHyver de 1727. Ce jeune homme, qui: pendant: cinq à fix ans avoit été tourmenté- -de ces Perce-orcilles., engendrés. fucceflivement dans fatête, & for-. tans tantôt par les oreilles, tantôt par le nez, s'eft trouvé en 1730.- parfaitement guéri, & cela par un: pur effet du hafard; s'il faut s’en: fier là-deflus, aux conjetures. Le: jeune homme s'étant trouvé au: mois de Janvier 1730. dans la mai- fon d'un des amis de fon pere , où: l’on buvoit de l’eau-de-vie , boifion. familiere dans ce lieu-là, fur-tout parmi lès petites gens ; on lui en. #t boire plulieurs coups, qui lui porterent à la tête. On vit peu aprés fortir de fes oreilles, une quantité prodigieufe de ces Perce-oreilles, &z depuis ce temps-là, jufqu'à la: fin d'Avril, qu’il en rendit un qui: étoit apparemment le feul qui re- ftoit : il n’en eft plus forti. Sesche- veux qui étoient bruns dans leur: longueur, &. blancs aux extrémi= des Vert. 49% tés, reprirent une couleur égale. Toute cette Rélation eftatteltée: par un grand nombre de. témoins... Remarques fur la fuite de cette Rélation.- Le mercure doux que le fieur- Eaffite Chirurgien, ft prendre à: fon fils, ne convenoit point en fi: grande dofe, & pendant un fi grand: nombre de jours... On ne doit attri-- buer les abfcès qui couvrirent le- corps du Malade, qu'à ls fonte ex-- traordinaire que le mercure doux: : donné en fi grande quantité , pro- duifit dans ies humeurs. Si Fon. avoit mélé ce mercure avec quel-- que purgatif pourentraîner par bas. ces humeurs , à mefure que le mer-- cure lesauroit fondues,, 1l ne feroit point furvenu d’abfcés ; mais de le” mêler avec le diaphorétique miné- ral feul qui pouffe les humeurs à la: circonférence ,.on ne pouvoit pren dre un meilleur moyen pour cau-- fér les abfcès qui furvinrent. Deux cens dix grains de mer- cure doux donnés'en deux femai- nes à un jeune homme de quinze- 49? De la Génération ans, pour luï faire fortir des Vers qu'il a dans les oreilles, la dofe cft exorbitante. Quant à leau-de-vie dont on'fit boire plulieurs verres .au jeune homme , & qui l’enyvra , c’eft une grande queftion, fi l’on doit attri- buer à cette yvrefle, la guérifon dont il s’agit. En cas que cela foit, la guérifon eft finguliere : mais il feroit dangereux. d'en. faire des. effais.. Contre Les Dentairess * Le meilleur remede contre les Vers des dents, eft detenir les dents propres, de fe les laver tous les matins ,. & aprés les repas, & s'i y a des croutes fur les dents , d’ô- ter ces écailles, ou avec un fer , où avec quelques gouttes d’efprit de fel dulcifié, qu'on met dans un peu d'eau. La racine de plantain mäâ-. chée eft encore un bon remede, aufli-bien que Paloës & lamyrrñe, mélés avec un peu de miel , & ap- pliqués à l'endroit où l’on fent du mal à la dent , la douleur. ceffe pour s | des Vers. 493. pour long-temps, & même nere- vient plus fion à foin de réitérer quelquefois le même remede. Quel- ues Auteurs confeillent de bruler ds graines de Jufquiame , & d'en. faire aller la fumée aux dents: ils difent qu'on voit fortir aufli-tôtde la bouche , des Vers , que cette fumée emporte ; mais ce fait eft. une pure fable. Foreftus (4) écrit que ces prétendus Vers ne font qu'une apparence de Vers, laquelle {e voit toujours dans la fumée de la graine de Jufquiamc. J'ai voulu en faire l’eflai , & je n’ai point vu cet- te apparence de Vers. Foreftus a fans doute rapporté le fait fans l’a- voir éprouvé, mais ce qui me fur- rend, eft qu'un autre Auteur af re enavoir fait l'expérience , & avoir vu effeétivement ces Vers. Voici comment il s'explique : »Sou- » vent les mains demangent fort à » caufe de petits cirons & tignes » qui s’y nourriflent, & caufent ce » prurit. Pour les faire choir, j'ai » vu prendre de la graine de cette (2) Foref. de «Ægritud. dentium, Lib. 14, Obe Lrv. 7: 10 Schol, pag, 56, columné fecunda. Tome II. L LIBRARY GarvERSITY OF ÎE LINOÏ 494 De la Génération » herbe, que pour l'amour de ceia #» ils nomment tignée , c’eft la ha- » ncbane ou jufquiame , qui a de » petits godets pleins de petits #orains, & on En ufoit de cette » facon. Ayant des charbons allu- » més en un réchaud, & tout au- » prés un baflin plein d’eau ; on jet- #. toit cette graine fur le feu, & on » mettoit les mains à la fumée , » puis après que l'on les avoit te- » nues aflez à cette fumée , on les #trempoit en l’eau froide, & in. # Continent paroifloient en la fu- » perficie de l'eau une infinité de # Vermifléaux, & difoit-on affir- » mativement, que ces Vers Ctoient » les tignes qui étoient forties de » la peau. Quand j'eus bien confi- » déré ceteflet, & vu de prés les: » mains, Où il n’y avoit aucune ap- » parence que cela füt avenu, je fis »tant que je découvris la finefle, » Je pris une petite piéce de bois, nqueje mis à cette fumée de juf. »quiame , puis je Îa trempai en: »l'eau, & ilenfortit aufli des Vers » tout de même que l’autre fois : j'y » préfentai aufli. une pantoufle , un@, des Vers. 495$ #piéce de fer, & plufeurs autres : chofes , qui toutes enfin rendoient » le méme effet; car ayant mis ma » main, Où je ne fentoïs aucune in- » commodité, je vis qu’il en fortoit “autant que de celle de ceux qui » étoient tourmentés de demangeai- #{on : je pris rélolution que ceci xétoit une impolture, & cepen- » dant je concluds que ces grains Érant en fumée, il y avoit en icelle »unc humeur craffe prête à fe con- »geler , qui fe géloit à la froideur »de l'eau , & qu'ainfi il fembloit : nque ce fuffent tignes. Nous avons remarqué plus haut que le meïileur remede contre les Vers des dents , eft de fetenir les dents propres, & de fe les laver : tous les matins ; nous ajoüterons ici à ne fçauroit mieux faire que e fe les laver avec quelques cuil- lerées de cette eau de fougere que. je’ fais préparer contre les Vers. ? de Elle Ôte toute la pourriture des dents., les empêche de {e gâter, & les affermit. Il eft vrai qu’elle laifle alors pour quelques momens un - peu d’amertume fur la langue , mais li 96 De la Génération on eft bien dédommagé de ce petit inconvénient par le bien qu'elle procure aux dents, aux gencives êz à toute Ja bouche, : Contre Les Pulmonaires. Les Vers qui s’'engendrent dans la poitrine , & qui caufent des toux violentes, ainfi que nous l'avons obfervé ailleurs, font très-diffici- les à chafler ; il y a un remede ce- endant que divers Médecins con- cillent pour les faire fortir par le. cracher ; c’eft de donner au Mala- de du fuc de marrube mêlé avec un: peu de miel, & de lui faire fuccer un peu d’oximel fcyllitique en fors me de looch. Contre les‘ Hépatiques. On peut prendre contre les Vers du foie, plufieurs matins de fuite dans un bouillon , environ douze grains de poudre de Cloportes , ou un bouillon au Veau,ou l’on ait fait bouillir un peu d'hépatique. des Vers. 497 | Contre les Cardiaires. _ Contre les Vers du cœur faites boire du fuc d'ail, de raifort, & de creflon, ou bien prenez racine de gentiane & de pivoine , de cha- cune deux gros; myrrhe, un gros : mettez le tout en poudre fubtile, mêélez-en une pincée dans une goutte d’eau , & frottez de cetté eau le dedans des lévres du Malade plufieurs matins de fuite. Heben: ftreit dans fon Traité de la Peñte ; dit que l'ail tout feul eft le plus prompt de tous les remedes contré certe maladie, & il rapporte là- deflus une expérience aflez remar- uable. Un grand Seigneur, dit-il, étoit tourmenté de plufieurs maux qu'on attribuoit au cœur, & com- me il ne recevoit aucun foulage- ment, un jeune homme, qui étu- dioit en Médecine , & qui étoit connu du Médecin ordinaire , étant venu , dit qu'il fe fouvenoit d’avoir lu qu'il y avoit un genre de Ver, qui fe trouvoit quelquefois au cœur, & contre lequel la plüpart des re- l'iij 493 : De la Génération medes étoient inutiles , excepté l'ail, que ce Seigneur-pouvoit bien avoir un Ver femblable, & qu'on devoit tenter ce remede. Le Mala- de ne tint nul compte de l’avis-d’un jeune homme {ans expérience ; il s'opiniâtra à vouloir étre traité à l'ordinaire, & il mourut. On l’ou- vrit, & on lui trouva dans le cœur un Ver tout blanc , qui avoit une tête longue, dure comme de la cor- ne: on prit le Ver tout vivant, & on le mit fur une table au milieu d'un cercle, qu’on décrivit avecdu fuc d'ail. Le Ver commença à fe rraîner de côté & d'autre, s’éloi- gnant toûjours de la circonférence du cercle, & enfin chaffé par l'o- deur de l'ail, fe retira au milieu du rond, où il mourut par la force de cette odeur. Contre les Sanguins. Rien n'eft meilleur contre les Vers qui s’engendrent dans le fang , que le jus de cerfeuil; on en peut prendre une cuillerée trois fois par jour pendant une femaine; le ma- MST des Vers: 499 “tin à jeun , l'après midy deux heu- res apres le dîné, & le foir un peu avant que de fe coucher. Contre les Véficulaires. . Le fel végétal eft bon contre les Vers qui font dans les reins & dans la veflie ; on en peut prendre ün demi gros le matin dans un bouil- Jon. Le chryftal minéral y eft bons encore. Contre les Elcophages: * Lefuc de Calamenthe y convient, & l'huile d'amandes ameres. Contre les Cutanes. Les Cutanés , comme nous l'a- vons vu, font les Crinons, les Ci- rons, les Bouviers, les Soies & les Foms. | | Il n'y a pas de meilleur remede contre les Crinons , que de baigner le Malade dans dé l’eautiede, puis de le frotter de miel auprès du feu, & de pafler enfuite fur le corps un linge un peu rude. Liv $00 De la Génération On peut laver les puftules avec. de l’eau où l’on aura mis du fiel de bœuf , ou bien les baffiner avec ce qui fuit. Prenez fix dragmes d’eau de millepertuis , une demie dragme de miel commun, & une dragme de poivre ; mélez le tour enfemble. Il eft à propos quelquefois pour fe défaire des Cirons & des Cri- nons , d’en venir aux rémedes inté- rieurs, & cela pour corriger laci- dité & la vifcofité du fang , & des autres liqueurs nourricieres , la- quelle entretient ordinairement ces Infedes. Ces remedes font, de mettre dans fon vin un peu de tar- tre foluble , avec un peu d’oxymel {cillitique ; de prendre quelquefois . dans du vin d’Efpagne , ou dans de Yhydromel , un demi gros de la compofition fuivante : Deux drag- mes d'élixir de vie, une dragme d'extrait d’abfynthe , une dragme d'yeux d’Ecrevifle , fept à huit gout- tes d'huile de faffafras ; remuer le tout jufqu'à ce qu'il foit bien mêlé. des Vers. soi Contre les Bouviers. Il faut employer les mêmes re- medes qui conviennent contre les Cirons. Quant aux Soies & aux Toms, j'ai rapporté dans le Cha- pitretroifiéme , par quel moyen on s'en guérit. Contre les Umbilicaux. Voyez le Chapitre II. Contre les Vénériens. L’ Aquila alba , eft un excellent re: mede contre ces Vers; la doze eft depuis fix jufqu’à trente grains en ARTICLE SECOND. Des remedes contre les Vers des intefins. N Ous commencerons par les remedes contre les Vers ronds & longs; nous viendrons enfuite à "foi De la Génération ceux des Afcarides, puis à ceux du Tænia ou Solitaire; ce qui fera ter- miné pour conclufion entiere du Chapitre, 1°. par des remarques générales fur le traitement des Ma- lades attaqués de Vers, & fur la manicre dont agiflent les remedes “anthelmintiques, c’eft-à-dire , an- tivermineux. 2°. par une lifteuni- verfelle de cesremedes rangés dans leurs clafles, felon qu'ils fetirent, ou des plantes, oudes Animaux, ou des minéraux; qu'ils font fim- . ples ou compofés, & autres diffé- rences. 3°. Par des réfléxions de pratique fur la quantité extraordi- faire de ces mêmes remedes. Iz v À Dés REMEDES dont l'effet ordinaire eft de tuer les Vers. fans les chafer , & d’autres qui ordinai- rement les tuent & Ies chaffent ; car ne laifle pas d'arriver aufli quel- quefois que les uns & les autres les chaflent vivans ; nous parlerons des premiers dans une Section à part, & des autres dans une autre Section. ET? des Vers s#3 SECTION I. Des Remedes qui tuent Les Vers des intefiins. D E ces remedes les uns fe pren- nent en dedans, & les autres s'appliquent en dehors; nous rap- porterons d’abord ceux qui fe pren- nent intérieurement, & puis nous viendrons à ceux qui s'appliquent à l'extérieur. Remedes internes. Ces remedes font le vin blanc, la biere , le verjus , le pourpier, la graine de pourpier , celle de chou, de citron , l'écorce d'orange amere, Vail , les oignons, la poudre de ra- cine de gentiane, l’eau dans laquel- le on à fait infufer de la racine d’an- gclique , la coraline , la rafure de corne de Cerf & d'yvoire, la corne de Cerf brulée, les trochifques de corail & de corne de Cerf, le beur- re, l'huile, [a moutarde, la graine de tanaifie dans un peu de fyrop 04 De la Génération ‘té violat, le bol d'Arménie , l’eau 4 la glace , le jus de citron, &c. On peut prendre l’une de ces chofes , ou quelpues- unes enfemble: Comme graines de citron , d’o- feille, de pourpier, de coriandre pulvérifée , de chacune un gros ; poudre de diamargaritum froid un demi gros, rafure d’yvoire & de corne de Cerf, de chacun demi- fctupule ; fucre rofat, une once; & s'il y a un couts de ventre qu'il foit à propos de modérer, corail 8 poudre de rofes , de chacun un demi-gros: mêler le tout en pou: dre fubtile, & en faire une opiate avec de Foxyfaccharum , & de la conferve de rofes & de chicorée. Le jus dé plantain, la vieille thériaque, les amandes ameres , le fuc de grenade mêlé avec de l’huilé d'olives, font encore de bons re- medes. L’efprit de nitre, celui dé. fouphre , l'efprit de {el dulafié, . réufliflent heureufement ; onen peut prendre quatre ou cinq gouttes des uns ou des autres dans un peu d’eau commune , évitant de méler ces ef: prits enfemble. L’huile de bois de des Vers. sos geniévre prife à jeun, eft très-bon- nc contre les Vers, aufli-bien que celle de bois de coudrier ; on'en donne quatre ou cinq gouttes dans un peu de vin; & davantage, fi c'elt pour des perfonnes avancées en âge. Quand les enfans ont dela fiévre, voici un julep qu’on leur peut don- ner pour tuer leurs Vers : eaux de pourpier & de chicorée, de chacu- ne deux onces; confe&ion d’hya- cinthe un fcrupule ; poudre de co- raline autant ; corail préparé demi- fcrupule; fyrop de limon, demi- once ; mêler le tout, & le donner à boire. | Quand la fiévre eft maligne , & qu'il y à lieu de craindre qu'il n’y ait des Vers , comme cela arrive uclquefois , il faut faire ce qui fit : Prendre une fuffifante quan- tité d'eau de fcorfonaire , de fca- bieufe 8 de pourpier ; fix gros de fyrop de limon , demi-fcrupule de poudre de Vipére , & autant de poudre de coraline, demi-gros de fel de prunelle , un fcrupule de con- fcion d'hyacinthe , & faire de. 506 De la Génération tout cela unjulep. Dans les mala- die; de pefte, (4) lorfqu'il y a des Vers, lejus de citron eft d’un grand fecours. Si avec les Vers & la fiévre , il y a convulfion & vomiflement , il faut faire le remede fuivant. Prendre quatre onces d’eau de pourpier , trois gros d’eau thé- tiacale , un gros de confection d’hyacinthe, & autant de poudre de coraline, mêler letout cnfem- ble , & en faire une potion que l’on prendra en une fois ou en deux , fe- ion l’âge du Malade. La coraline, dont nous parlons , eft fi bonne contre les Vers, qu'il arrive fou- vent qu'un feul gros pris dans du vin, les tue & les chafle en même temps. | La vertu de ce fimple a été in- : connue à Diofcoride , à Galien , : & à tous les Anciens. Nous en: devons la connoifflance aux Mo- dernes , qui en ont fait diverfes expériences. Mathiole, Antonius- (a), Peflem vienneflem nuperrime à vermiculis or- £am Medicinotarunt, & fucco citri profligari, Thom Batihs An Medie, tom. Ve p. 83%. QU des Vers. . soy Mufa , Mercurial, (4) relevent l'excellence de ce remede par-def- fus celle de tous les autres, & en rapportent plufieurs effets furpre- nans , dont ils ont été les témoins. L'huile eft un excellent remede contre les Vers, ilen faut prendre. quelques cuillerées à jeun ; je dis à jeun , parce qu'alors l’eftomac & les inteftins étant vuides , cette huile touche les Vers plus facile- ment. Le Ver meurt fitôt qu'il ne peut plus refpirer ; or, il ne refpire que par le moyen de certaines petites trachées, qui font rangées le long de fon corps : enforte que fi l’on bouche ces trachées avec quelque chofe d’onétueux, qui empêche le commerce de l'air , il faut néceflai..… rement que l’Animial meure faute. de-refpiration , fans même. que la. tête, & tout ce qui n'eft pas tra-. chée, foient frottés. Cela eft fi vrai, : que:fi l’on met de l'huile à un Ver, ailleurs qu'aux trachées., fans même épargner la tête, le Ver vivra, &. (a) Mereurial , Lib. III, Cap; 10. de Morb, - Pheror, "430 8:20 1:19701 508 De la Génération Ê aura fon mouvement ordinaire. Si on en met à quelques trachées feu- lement , on verra les parties, où feront ces trachées , devenir fans mouvement propre; & fi on en met à toutes les trachées, le Ver demeurera immobile , & mourra prefque fur le champ. ? M. Malpighi à fait toutes ces expériences ; jen dis autant du beurre, lequel produit le même effer , & qui étant pris à jeun, tuc les Vers mieux que ne fait l'ail, Nous pouvons remarquer ici que l'effet de l'huile fur les Vers n’ef point une chofe , que les Modernes ayent découverte Îes premiers , les Anciens l'ont reconnue comme nous ; & Ariftote dit en termes ex- près dans le Chapitre 27. du huitié- me Livre defon Hiftoire des Ani- maux, que tous les Infeétes meu- rent quand ils font touchés d’nuile : il ajoûte même une chofe, dont il eft facile de faire l'expérience , qui eft que fi l’on ne fe contente pas de toucher tout le corps avec de l’hui- Je, mais qu'on en touche aufi la. cête, & qu'enfuite on “pol, le 67 4 des Vers. : s09 . Ver au Soleil , il meurt encore plus promptement ; Pline écrit la même chofe. | De toutes les huiles ordinaires , celle denoix cft la meilleure contre les Vers; & à Milan les meres ont coûtume de donner une ou deux fois la femaine à leurs petits en- fans, des roties d’huile de noix, avec un peu de vin, SE mourir les Vers. Nous remarque- rons ici que Phuile d'amandes dou- ces ne fait pas fur les Vers un effet fi prompt , ainfi qu’on le peut voir par l'expérience que nous avons rapportée dans ke Chapitre huitié- me : ce qui vient fans doute, de ce que les parties de cette huile font plus poreufes , & par confé- quent moins capables: d'empêcher l'entrée de l'air dans le corps du Ver. Au refte il ne faut pas croire que l'huile lorfqu’elle eft dans notre corps, puifle tuer les Vers, comme elle tue un Ver de terre que nous en frottons , ou que nous y jettons ; car ilen faudroit avaler une trop grande dofe pour cela, & cette quantité feroit dangereufe ; mais Tome IT. $10 De la Génération toûjours elle les tue, à la longue ; quand on en prend plufieurs jours de fuite. Quelques goutes de vin le matin à jeûn font bonnes contre les Vers ; fur-tout il n’eft pas à propos quand on eft attaqué de cette maladie, de boire de l’eau pure aux repas , il faut y méler un peu de vin, pour- vu toutefois que ce ne foit pas du vin verd , car celui-là loin d’être contraire à la vermine , eft capable d’en engendrer. Il vaut bien mieux boire de l’eau feule , que d'y mêler du vin qui n’ait pas aflez de maturi- té. Au moins l’eau feule , pourvu qu'elle foit bien pure, & qu’on n'en boive point trop, n’eft point malfai- fante , & c’eft une erreur grofliere de penfer que cette boiflon , quand elle eft ordinaire , rende les gens chagrins &c de:mauvaife humeur, comme fe l’imaginoient les Grecs , qui traitoient Demofthene d’hom- me épineux & difficile , parce qu'il ne buvoit que de l’eau ; çar c’elt le reproche qu’ils faifoient à cet Ora- teur , lorfqu'il leur repréfentoit un peu vivement leur devoir. : des Vers. S1E Si l’on y fait réflexion ; on verra que le vin a dérangé bien des cer- veaux , qu'il a abruti bien des gens d’efprit , & fouvent changé en fé- focité les mœurs les plus douces. Auf les perfonnes les plus fages ont toujours été fobres fur vin. Dé- mofthene dont nous venons de par - er, n’en buüvoit point, & on l'ap- elloit le buveur d’eau, comme il e témoigne [lui-même fur la fin de fa feconde Philippique. Ciceron en buvoit très peuaufli ; en effet, le vin peut fournir quelques bons mots, il rend pour Fordinaire les gens agréables dans les repas, il donne de la facilité dans les converfations , ainfi que le remarque le même Ci- ceron(« ). Mais, comme l’infinue fà bien cet Auteur , il y a une grande différence entre ce qui fair un hom- me de compagnie , & ce qui fait un homme gravé & fenfé. Lors donc que je confeille ici le vin contre les Vers , je prétends qu'on en ufe fo- brement, & qu'on le regarde com- me un breuvage fur lequel il fau grandement fe ménager. Du reîte (a) Cicer. pro Cœlio. verfns finem.. K ij s12 De la Génération on a un grand nombre d'exemples de l'efficacité finguliere du vin con- tre les Vers, & en voici un bien remarquable qu’un Médecin de la Ville de Todi dans le Duché de Spolette, a écrite à M. Baglini fur le fujet de cette boiflon donnée dans une maladie vermineufe épidemi- que. M. Baglini me l’a communi- quée dans une fcavante Lettre qu’il m'a écrite fur le vingt- deuxième Aphorifme de la premiere Section ; laquelle Lettre eft auffi imprimée dans fes Oeuvres. Obfervation importante fur l'ef- fet du Vin contre les Vers, laquelle ma été communi- _-quée par M. Baglivi, Méde- cin de Rome. Circa finem epiftole , utilem de lumbri- cis obfervationem adjicere vifum'ell , de qua elapfo anno 1700. eruditus Male Tudertinorum in Umbria Medicus ad me feripfir. Conflitutio ferè epidemica febrium putridarum d malignarum erat , ægroté circa feptimum vel decimum quartum mur- des Vers. s13 bi diem moriebantur | @>* continuo vexa- bat illos ingens peétoris anxietas, Vermes teretes magna copia excernebant finguli. Hi Vermes in vino pofiti flatim peribant ; in oleo, aqu4 faccharata | [piritu vini), aceto , fucco limonum per plures horas at- que dites vivebant. Qui vinum biberunt ægroti , omnes convaluere. Inter eos mu- lieres atque [enes major numero interiere. Vimum itaque antidotum fuit morbi, morbi caufe. C’eft-à-dire. Un fçavant Médecin de la Ville de Todi m'a écrit l’année derniere 1700. l’obfer- vation fuivante. Il regnoit dans ce pays-là des fiévres malignes épidé- miques : les malades qui en étoient attaqués mouroient vers le fept ou vers le quatorze ; ils fentoient de grandes oppreflions de poitrine, & rendoient force Vers longs & ronds. _ Ces Vers mis dans du vin y mou- roient aufli-tôt : jettés dans de lhui- le , dans de l’eau fucrée , dans de l'efprit de vin , dans du vinaigre, dans du jus de limon , ils vivoient plufieurs heures , & quelques-uns mème plulieurs jours. Les malades à qui on fit boire du vin guérirent tous. La mortalité fut plus grande $r4 D: la Génération fur les femmes & fur les vieillards, que fur les autres. Enfin, comme on voit , le vin fut l’antidote de ces maladies , & de la caufe de ces ma- Jadies. Je remarquerai i€i à cétte occa- fion , qu'encore que le vin foit un bon remede contre les Vers , ce n’eft pas un remede univerfel con- tre ce mal, & voici là-deflus un fait que les Lecteurs ne feront peut-être pas fâchés que je rapporte. . Le mois de Seprembre 1703. on m'écrivit de Bar-le-Duc, que pendant tout le Printemps & tout l'Eté de cette année-[à, des mala- dies caufées par les Vers, ayant re- gné dans le Barroiïs , Ics Malades avoient recus de grands foulage- mens par Pufage des remedes indi- qués dans mon Livre, Que Mada- me fa Comtefle de Nétancourt, qui étoit alors dans le pays. , s'étant employée elle-même au foulage- ment des pauvres , avoit fait avec Je fecours des remedes que je mar- que, plufieurs cures confidérables, & celle entre autres d’urm Boucher deRevigni.à une ticue de chez elle, des Pers. 0 S1$ lequel, jetta un Ver femblable à celui de la premiere planche de mon Livre, & long de huit aulnes, fans y comprendre plulieurs mor- ceaux rompus , qui fortirent en ft grand nombre , que les perfonnes qui les virent , jugerent qu'il falloit jue ce Ver eüt eu dans le corps d'où il venoit de fortir , plus de douze aulnes de long. Le Malade avoit une violente fiévre continue, avec tranfport au cerveau; c’étoit un homme accoûtumé au vin. En fanté il en buvoit abondamment ; & il ne voulut pas même s’en pri- ver pendant fa maladie. Son mal augmentant de plus en plus, Ma dame la Comtelle de Nétancourt , lui fit ufer d’un desremedes mar- qués dans le Traité de la Généra- tion’ des Vers, & le Malade rendit le Ver dont nous venons de parler. La fortie de’ cet Infeéte fut fuivie d'une guérifon fi prompte , qu'au bout de 24. heures, la fiévre cefa , & que peu de jours enfuite le Ma- lade fe porta mieux que jamais. La | perfonne qui m'écrit fut mandée pour confcfler le Malade qui étoit s16 De la Génération abandonné, & pour le difpofer à Ka mort. Ce qui furprit davantage, c'eft que cet homme eût des Vers ; car il eft à remarquer, m’écrit-on, qu'il avoit fon corps aviné; qu’en fanté il buvoit du vin avec excés; & que nonobftant fa fiévre toute violente & continue qu’elle étoit, il n'avoit jamais voulu quitter le vin , quoique défendu par tous ceux qui le voyoient , lefquels di- foient que c’étoit le vin qui le rédui- foit à cet état : mais il a bien fait voir , me mande-t-on, que l’on fe trompoit ; car dés le moment qu'il eut mis bas le Ver, il commenca à dormir, ce qu'il navoit fait de- puis long-temps ; la fiévre le quitta au bout de vingt-quatre heures, & quelques jours aprés il ne parut pas qu'il eût été malade. Je l'ai vu plu- fieurs fois depuis , m’ajoute la perfon- ne qui m'écrit (4), & 4l eff dans une parfaite fanté. La graine de chanvre eft encore très-bonne contre les Vers. On la pile bien , & on la jette dans une fuffifante quantité d’eau , puis on la (a) Voyez la Lettre ci-après , i remue des Vers. S17 remue jufqu’à cequ'’elle fafñe une ef- éce de pâte claire. Enfuite on paf- ie le tout par un linge , & il en fort un jait, dont il faut prendre un ver- re à jeün. Le millepertuis eft admirable contre les Vers ; il en préferve mé. me le fromage, fi l’on a foin de l’en- veloper de cette herbe. (4) Querce- tan & quelques autres Auteurs re- commandent ce remede. La manie- re de prendre le millepertuis eft de le faire bouillir dans de l’eau, & de boire de cette eau avec un peu de facre. On en peut faire aufli du fy- rop. Bartholin confeille les feuilles de millepertuis infufées dans de l’ef- prit de vin, & données dans quel- que liqueur convenable (4). L’eflen- ce de millepertuis eft encore excel- lente pour chafer les Vers , & mé- mc les Vers plats(c). Ca] Quercet. Rediviv. (b ) Barthol. Aa Aphnienfa , vol, 1. cap. 40. (c) Sed necinfantes ab his monfiris prorfus immu- nes efle docuit me filia bimula que anno 1674. poft ufüm Hypericonis aliquandin continustum , particu- Lam de lumbrico lato, fpithamam longam per aluum rejecit, C9 hoc ipfo abomni qué antea affiigebatur molef- ti, liberata eff. Joann. Henr. Brechtfeld | in Ass Th, Barth. tom. . c. 71, Tome II. L 518 De la Génération : Le pourpier eft un fouverain re- mede contre les Vers des inteftins , mais on ne devineroit pas par quel endroit : c'eft parce qu'il contient du mercure qui eft fi bon contre les Vers. On doit cette découverte à un Auteur Chinois. I y 4, dit-il (&), un moyen de fe procurer du mercu- re à peu de frais : il n’y a pour cela qu'à prendre de petites feuilles de cette plante, Îles broyer dans un mortier, avec un pilon de bois d’A- cacia , les expofer au foleil levant, & les laiffer à cette expofition du- rant trois JOUrS Où Environ ;-pui$ lorfqu’elles font féches , les faire bruler legerement ; enfermer en- fuite cette poudre dans un vafe de terre verniflé , le bien boucher , lFenfouir dans la terre, & l'y laif- fer quarante-neuf à cinquante jours; après quoi retirer le vale , l'on y trouvera le vif-argent bien formé. L'on vend à Pekin deux fortes de mercure , l’un qui fe tire des mines, & qu'on appelle Chan-chour-in , & l'autre qui fe cire de certaines plan- (a) XXII. Recueil des L. Ed, & Cur.pag.458; çe. & fuiv, des Vers. st tes, entre autres du pourpièr, & qu'on nomme 7 fdo-chou-in. L'Herbier Chinois, qui en cela s'accorde avec le fentiment des Bo- taniftes d'Europe , donne au pour- ier les mêmes vertus qu'on attri- be au mercure. On y lit que le pourpier eft froid de fa nature, qu’il fait mourir touté forte de vermine, qu'il diflout les vifcofités, qu'il eft volatil, qu'il debouche & tient ou- verts les différens canaux du corps humain. Quoi qu'il en foit, le vif-argént tiré des plantes , & entre autres du pourpier , doit être plus dégagé d’impuretés que celui qui fe tire des mines , parce que pour s'exal- ter dans une plante , il faut qu'il fe décharge des fibres rameufes & ful- phureufes qui l’'embartaflent ; en- forte que cette exaltation le puri- fie , & produit le même effet que la peau de chamois , à travers laquelle les Chymiftes le font pañer. Les feuilles de pourpier, quand on les regarde au grand jour , pa- roiflent comme pointillées d’ar- gent ; Ce qui pourroit +. venir 1} $2a De la Génération des particules de mercure qui y font contenues. | Le pourpier fe peut prendre en falade , il fe peut prendre dans des bouillons , on en peut mettre dans les potages ; il faut employer les feuilles & les côtes enfemble, les côtes , fur - tout, ont plus de vertu contre les Vers ; elles imitent affez la figure des Vers ordinaires, ce qui paroitroit favorifer le fenti- ment de ceux qui prétendent que les plantes portent la fignature des cho- fes contre lefauelles’elles font pro- pres , CE QUE nous ne remarquons qu’en paflant. L'eau de pourpier diftillée , la déco&ion , & l'infu- fion de pourpier font encore de bons contre-Vers. En voilà bien affez pour ce qui regarde les remedes qui fe prennent en dedans, venons à ceux qui s'em- ployent en dehors. Remedes extérieurs, ou topiques contre les Vers. __ Ces remedes extérieurs font le fel de bœuf , l'huile d’abfynthe, celle deruë , ou celle d'amandes des Vers. 21 ameres , avec quoi on peut mêler de la poudre de cumin , de la poudre d’aloës , ou de celle de petite cen- taurée. Ces topiques fe mettent fur lenombril; Femplâtre fuivant peut encore être fort bon. Farine d'orge , fuc-de vermicu- laris ,-une demi-Hivre de chacun, fu- meterre broyée groflierement , vi- naigre blanc quatre onces, faire de cela un emplatre, qu’on appliquera fur le nombril. Cet emplâtre ap- paife auffi la fiévre. Ces remedes , tant intérieurs ; qu’extérieurs , tuent quelquefois les Vers, mais ils ne les chafent pas toûi- jours , c’elt pourquoi il faut fe pur- ger après. Venons aux remedes qui les tuent & qui les chaflent, SECTION II. Remedes qui tuent > qui chaffent les Vers. FH Esremedes qui tuent & qui chaf- L fent les Vers , fe prennent pref- que tous en dedans.Ces remedes font l'aloës,l’hiere picre,la poudre d’écor- ce d'orange amere, la one OGC ii] $22 - De la Génération On difflout l'hiere picre dans un peu de vin blanc, ou bien on la mêle avec un peu de diaphænic , ouon en fait des pilules avec un peu d’agaric & de fyrop d’abfynthe. La poudre d'orange amere fe prend dans du vin. Borel la recommande fort, & il dit avoir vu un Ethique abandonné de tous les Médecins , auquel ce reme- de pris jufqu’à trois fois , fit rendre force Vers, & procura la guérifon (4), Ja dofe eft un gros chaque fois. Pour les enfans bien jeunes , on peut faire infufer dans l’eau de pour- pier a {crupules de rhubarbe, avec fix grains de canelle , pañèr le tout à travers un linge , & dans la colature difloudre une once de fyrop de chicorée fimple, & avant que l’en- fant prenne ce breuvage , lui donner un lavement de lait , pour attirer les Vers par bas. Ou bien. Faire infufer un gros & demi de rhubarbe. dans un verre d’eau de pourpier , pafñlèr cela à travers un linge le lendemain matin , & le Ca] Borcll. obferv. medicophy, cent, x. obferv, 90. + des Vers. 523 donner à boire à l’heure ordinaire du réveil ; réiterer le breuvage deux fois par femaines , jufqu’à ce que la cor- ruption du corps foit évacuée. On peut ajouter à cette purgation , pour la rendre plus forte ; une once de fy- rop de chicorée , compoié de rhu- barbe ; fi C’eft un enfant délicat , il fuffira de demi-once. Le fuc de ver- - veine eft encore un bon remede (4). J'ai mis le fucre au rang des chofes qu'il faut éviter , pour fe garantir des Vers ; mais cependant quand il eft pris en grande quantité , il ne laifle pas quelquefois de tuer les Vers, & de les chafer. Aldrovandus parle d'u ne petite fille, qui pour en avoir man- gé un gros morceau, rendit un grand nombre de Vers par bas ; le miel fait le mêmé effet quand il eff pris à plei- ne cuillere. Mais il eft bon la-deflus d’avoir égard à la remarque que nous avons faite p. 216.120. 21. &c. - Les pommes douces, nommées en Latin Æ£elimela , font faire aufli beau: coup de Vers ; les raifins féchés au foleil ont la per vertu , étant 2 (a) Monard. lib. 3. fimfl, medicam. ex novo orbe delator, cap, de verbena, L Liv $24 De la Génération pris à jeûn en grand mombre, Levinus Lemnius dit que c’eft une expérience qu'il a faitéavec fuccès (4): la raifon de cela eft, que Les Vers atti- rés par ces nourritures douces s’en rempliffent fi fort, qu’ils font obligés de crever ; & comme les chofes dou- ces , Étant prifes avec abondance, lâchent le ventre, il faut néceflaire- ment que les Vers fortent ou morts ou mourans. Nous avons déja touché cette raïfon dans le Chapitre VIII. On parle d’un certain moyen, pour tirer du corps les Vers, comme on ti- reroit des poiffons de l’eau: c’eft d’at- tacher à un fil quelque appas , qui at- tire les Vers, & puis de faire avaler cet appas , ayant foin auparavant que Je malade demeure quelque temps fans manger , pour affamer les Vers, & les obliger à venir à ce qui fe pré- {ente : on tire enfuite le fil, &le Ver vient, dit-on, avec lappas. Schenchius rapporte un exemple de cet artifice , & dit qu'on tira un jour par ce moyen, un ferpent du corps d’une femme, en fe fervant (a) Leuin, Lemn, de occult, natur. mirac. Lil, 3e cap. 21, Re o des Vers. s2$ d’un appas compofé de miel & de fa- rine. Cet expédient peut être bon, pour tirer de l’eftomac, des animaux entrés par la bouche, commeilen eft entré quelquefois à quelques perfon- nes qui dormoient fur l'herbe ; mais pour tirer des Vers engendrés dans le corps, c’eft une pratique fur laquelle je ne veux rien dire ; quelques per- fonnes aflurent l'avoir vu reuflir de- puis peu , en mettant pour appas des cœurs dé pigeons ; mais Ce que je puis . aflurer aufli , eft qu'il s’eft vu des Charlatans impofer au peuple, en ca- chant adroitement des Vers dans le prétendu appas qu'ils faifoient ava- ler. | Contre les Vers de la jauniffe. Dans la maladie de la jauniffe les inteftins font fouvent remplis de Vers , parce que la bile, qui eft f contraire à ces animaux , ne fe dé- tharge pas alors dans les inteftins ; le meilleur remede contre ces Vers eft de prendre pluficurs matins de fuite un verre de la décoétion fuivante. Cheïidoine, une poignée ; feuilles & fleurs de millepertuis , de chacune 26 De la Génération demi-poignée ; rafure d’yvoire, fien- te d'oye pulverifée , de chacun trois gros ; fafran,un demi gros; ces deux derniers dans un noûet : jetter le tout dans un pot où il y aitune chopine de vin blanc , & une chopine de vin d’abfinthe, mettre le pot fur le feu, & quand cela aura bien boiilli, le pañler, & dans un verre de la cola- ture difloudre une once & demie de bonne manne, avec un fcrupule de diagrede : 1l y en aura là pour trois . matins. Ce remede ne chaffe pas feule- ment les Vers , mais gucrit en même temps la jaunifle. Je ne puis m'em- pêcher , à cette occafñon, de blä- mer ici un remede que certaines perfonnes confeillent centre cette maladie, & qui à la vérité la guerit effectivement, mais dont les fuites font fi mauvaifes qu'on ne fcauroit trop le comdamner. C’eft de don- ner adroitement au malade , dans un demi Verre de vin blanc, buit ou neuf poux. Car j'avertis que ce re- mede remplit quelquefois de vermi- ne les inteftins, & qu'aprés avoir Ôté la jaunifle au malade, il le fait des Vers $z7 tomber dans une maigfeur extraor- dinaire , & lui caufe une faim devo- rante , que rien ne peut aflouvir : George Hannæus rapporte là-deflus l'hiftoire d'un homme gueri de la jaunifle par ce moyen, & mort peu de jours enfuite, dans le corps du- quel on trouva un nombre inom- brable de poux vivans qui lui devo- roient les inteftins. (4) La bile qui tombe dans le duo- denum , eft fouvent ce qui empê- che les vers de monter “ufqu'à lef- tomac: mais dans la jauniffe com- me cette bile eft retenuë au foye, ils vont plus facilement dans le ven- tricule ; c’eft ce qui fait que quand où donne quelque remede contre les vers à © oh pas de malades, ils en rendent quelquefois par haut. Le 17. de Juillet de l’année 1699. chez M. Dugono, Secretaire du Roi, vers S. Landry, un Domeltique que je (4) Ex Epiflolä Georgii Annei ann. 1674. -Ægtum äctero laborantem , pediculis ore fumptis feptem aus novem fanatum fuifle per aliquot dies ; ‘fed brevt fames canina eum cepit @ atrophia,unde mors. In aperio bu- Îus cadavere innumeri pediculi in inteflinis viventes œife ns Thom. Barthol, AGa Medice ; Volume. 3. Cap. ’ "528 De la Génération | traitois , qui avoit une jaunifie uni- verfelle, en vomit un fort gros après avoir pris d’an fyrop contreles vers. Il faut avoir foin dans ces occafions , de donner des lavemens de lait, pour attirer les Vers par bas; car il faut les empêcher autant qu'on peut, de monter dans l’eftomac, parce qu'a- lors ils font plus difficiles à chafler,& qu’ils peuvent nuire davantage. Contre les Vers dans la Pleurefie. Quand la pleurefie eft mêlée de Vers, ce qui arrive quelquefois , comme nous l'avons remarqué, il faut fuivre la pratique qu'obfervoit Rulandus, (4) & que Quercetan{) recommande fi fort, qui eft de com- mencer d’abord par la purgation , c’eft la principalement que doit avoir lieu l’Aphorifme d’Hippocrate, (c) que lorfqu'il eft befoin de purger dans une maladie , il faut le faire dans le commencement. Les fre- quentes faignées en cette occafion font très-dangereufes : il n’en ef fa) Ruland. centur. ‘ (b) Quercetan.rediviv,tom. 3. de pleuritide. (c) .4ph. 19. [eët, 1. des Vers. 529 pas de même dans les autres pleu- refies. Remedes contre les Afcarides. Les Afcarides font des Vers diffi- ciles à chafler , & cela pour plufieurs raifons. La premicre, c'eit que ces animaux font fort éloignez du ven- tricule; en:forte que les remedes perdent leur force avant que de par- venir jufques où font ces vers. La fe- conde , c'eft que les Afcarides font envelopez dans des humeurs vif- queufes , qui empêchent l’a@ion des medicamens. La troifiéme , e’eft que ces Vers montent quelquefois dans le cœcum. Or, cet inteftin étanten forme de cul- de- fac, les Afcarides sy tiennent comme re- tranchez. Quoi qu'il en foit , il vaut mieux les attaquer par bas , & pour cela il nya rien de meilleur que de mettre au fondement un fuppofitoi- re de cotton, trempé dans du fiel de Exuf, ou dans de l’aloës diflout. Ou un petit morceau de lard atta- chè à un fil: on l'y laifle quelque temps, & aprés on le retire tout rempli de vers. On peut, au lieu de 30 De la Génération lard, prendre de la vieille chair fa- lée. Les lavemens de décoction de fumcterre font très-bons contre les Afcarides; on peut joindre à la fu- meterre l’ariftoloche, la chicorée, la tanaifie , la perficaire , l’atriplex, & en faire la décotion avec de l’eau & du vin blanc: quand elle eft fai- te, il eft bon d'y joindre un peu de confection d’hiere. | . Pour les enfans, voici le lavement qu'on peut faire. Prendre feuilles de mauves & de violiers , de chacune une poignée ; fetilles de choux , une ou deux; graines de coriandre & de fenoüiil , de chacune deux gros; fleurs de camomille & de petite centaurée , de chacune une pincée : faire une décoûtion du tout avec du lait, & difloudre dans la colature une once de mielcommun, & deux gros de confection d’hiere. | Hippocrate (4) confeille, pour chafler les Afcarides, de prendre de la femence d’agnus caftus , de la bien broyer avec un peu de fiel de bœuf , des Vers. $ 31 buis de délayer le rout avec un peu d'huile de cedre, enfuite d’en faire un fuppofitoire avec de la laine grafe. Rémiedes contre le Ver Silitairte , ou Tant. Les remedes que nous avons rap- portés jufques ici, font la plüpart 4nutiles contre le Tænia. Les autres Vers fortent quelquefois d’eux-mé- mes, mais Je Solitaire ne fort pref- que jamais ainfi : &. comme le re- marque Hippocrate, quand on ne le chaîffe par aucun médicament, il vieillit avec fon hôte. Avicenne dit qu'il réfifte à° l’ab- fynthe, & que la fougerc eft un re- mede efficace pour le chafér. Cer Auteur a raifon, mais il faut fca- voir préparer la fougere. L’écorce de racine de fougere femelle & de meurier , pulvérifées, & données tantôt féparément, tantôt mélées enfemble , tantôt accompagnées de quelques autres fimples , font d’ex- cellens remedes contre le Solitaire, C'eft avec ces déux racines que je . 32 De la Génération fais préparer l’eau de fougere, fi connue aujourd'hui par fes bons ef- fets contre les Vers, & même con- tre la maladie qui noue les enfans. Je me flatte qu'on me pardonnera bien de ne pas divulguer la prépa- ration de cette eau , dont je n'ai donné la recette qu'à M. Dionis mon gendre, Docteur-Régent de Ia Faculté de Médecine de Paris, & qui demeure avec moi depuis long- temps : je m'en flatte d'autant plus, que j'enfeigne dans ce Livre la ma- niere de préparer plufieurs autres remedes qui peuvent étre fubftitués avec fuccès à celui-là. Quand on voudra employer la poudre de ra- cine de fougere femelle, on pourra y Joindre, s'il eft néceflaire , un peu de poudre de tanaifie pour fortifier leftomac. Mais il y a ici deux cho- fes à cbferver ; l’une , qu'il eft bon de choifir la tanaifie la plus cham- pêtre, parce qu’elle a plus de vertu. Et généralement parlant , les her- bes de la campagne ont plus de for- ce. Ce qui fait dire à un Ancien, que la nature eft la mere des plan- tes des champs , & la marûtre des plantes | des Vert. 33 plantes domeftiques. (4) L'autre , c'eit qu'il faut prendre l'écorce de la racine de meurier avant que les meures foient en maturité , fans quoi cette écorce elt privée de la meil- leure portion de l'humeur qu’elle contenoit auparavant. Ce qui s’ac- corde avec ce que remarque Pline, que les racines ont moins de vertu étant cucillies après la maturité da fruit, (4) que devant. Pour les enfans à La mammelle. On peut donner aux enfans à Ia mammelle , un demi gros de pou- dre de racine de fougere femelle, Fe matin dans ur peu de lait, ou de bouillie , en deux prifes , d’une heure à l’autre, ayant foin de les purger le lendemain avec quelque chofe qui ne foit pas violent. Pour les enfans un peu grands. Aux enfans un peu grands , on (a) Dici folet tellurem efle matrem Sylveflrium , no- vercam autem urbanorum. sAlexandri .Aphrodifes pro- blémat. Lib. 1. problem. 52. (b) Ne illud quidem dubitatur omnium radicum vim efeufque minui, k fruffus prits maturefcant. Plin. Hiff. natur. Lib. 17. Cap: ultime. Tome IL. M 534 De la Génération peut donner cette poudre dans du {yrop de fleur de pêcher , ou dans de l’eau de centinode, ou de plan- tain , felon les circonftances que nous allons marquer. Si les enfans ont le ventre referré, il faudra mettre la poudre dans le fyrop de fleur de pêcher : mais s'ils ont le cours de ventre , il faudra la leur donner dans l’eau de centino- de, ou de plantain ; car il faut ob- ferver , quand on veut chafler les Vers, de méler des aftringens avec les remedes qu'on donne ,: lorfque le ventre eft trop libre, parce que fans cela le médicament fortant trop tôt, n’a pas le cemps d'agir fur les Vers. Remarque fur La racine de Jougere. La racine de fougere femelle cit une des chofes les plus propres con- tre les Vers plats , ou Solitaires , &z contre tous les autres; elle a cela d’avantageux , qu'elle convient à toutes fortes, de perfonnes , à ceux qui ont la fiévre, comme à ceux quai ne l'ont pas, âux enfans , aux « | des Vers. 535 jeuncs gens, & aux vieillards; elle fait venir outre cela le lait aux now rices. Quelques Auteurs ont écrit qu'elle étoit dangereufe aux femmes grofles ;: mais ils fe font trompés; - comme le fait voir Spigelius, dans - fon Traité de Lumbrico lato, Opiate contre le même Ver. Prenez coralline, verveine, fcor- dium, pouliot , origan , de chacun ane demi-poignée : racine de di- étamne blanc, de fougere, d’angé- lique , & de gentiane , de chacune deux gros ; écorce de racine de meurier, un gros & demi ; graines de moutarde , de pourpier & de creflon , de chacune un gros ; poi- vre ,un demi gros 5 fafran , un demi fcrupule : faire de tout cela une pou- dre, & avec du miel écumé méler le tout en forme d’opiate; à quoi on peut ajoûter un demi fcrupule d'huile de vitriol : la doze eft d'u demi gros , d’an gros , & d’un gros & demi : c’eft aflez d’un demi gros pour les petits enfans. L'huile d'amandes douces que nou M ij 536 De la Génération. avons dit être moins propre contre les Vers, que celle d'olive ou de noix, ne laifle pas cependant d’être fort bonne contre les Vers plats. IL femble même , nonobftant ce que nous en avons dit, qu’elle foit fpé- : cifique contre ce Ver. Un Malade que j'ai vu au mois de Juin 1734. & qui avoit le Ver Solitaire, prit par le confeil de fa mere , à qui on avoit fort vanté l'huile d'amandes douces, deux onces de cette huile, & peu de temps après, il rendit quinze aulnes de fon Ver. Quelques jours enfuite , il reprit [a même quantité d’huile d'amandes douces, & il rendit plufieurs aulnes du même Ver. Comme ce Malade n'étoit pas de Paris, & qu'il s’en retourna dans fon pays, je n'en ai pas eu de nouvelle depuis. La graine de citrouille & de con- combre, prife en émulfion , eft d’un grand effet contre le Ver Solitaire 5 ce qui eftappuyé du témoignage d’E- douard Tyfon , qui dit dans fa Dif- fertation Angloife fur le Ver plat, qu’il a un morceau de Tænia de 24. des Vers. S37 pieds de long, qui a été rendu par un jeune homme de 20. ans, après que ce jeune homme eut avalé un “verre d'émulfion, préparée avec ces deux fortes de graines. Edouard Tyfon remarque à ce fujet, que ceux qui croyent que les fimples portent la fignature des maladies auxquelles ils font propres , ne manqueront pas de tirer de ce fait, un grand argu- ment en faveur de leur opinion. Nous avons dit la même chofe du pourpier , page 520. Les côtes du pourpier reffemblent aux Vers ronds & longs , & les graines de concom- bre & de citrouille aux petites por- tions que rendent ceux qui ont le Tænia , lefquelles ne font que des morceaux qui fe féparent de ce Ver. Ces remedes ne font pas les feuls qu'on puifle employer contre le So- litaire. Guillaume Fabricius, Phili- bert Sarrazenus , Jean Jacques Craff- tius , Olaus Borrigius, rapportent des exemples de Vers femblables qu'ils affurent avoir fait fortir; & eomme ils difenc les remedes dont ils fe font fervis . & en méme temps. 538 De la Génération les fymptômes des Malades, avec plufeurs circonftances utiles à fça- voir ; je crois qu'on ne fera pas fâché de voir ici les remarques deses Au- teurs fur ce fujet : les voici traduites en François. 2 Remarques de Guillaume Fabricius, (a ) écrivant à Philibert Sarrazenus , traduites du Latin. . + À mon retour de Lyon, je vis ici un Ver plat, d’une longueur fur- prenante ; comme le fait eft curieux, je me ferai un plaifir de vous le rap- porter. Une Dame de cette Ville, âgée d'environ vingt ans , d'une compléxion affez délicate , avoit de grandes douleurs de ventre, des foi- blefles d’eftomac, des naufées, des rapports, & un dégout général pour tous les alimens. Elle me fit appel- ler fur la fin du mois d'Avril de cette année 1609. Je lui fis prendre le premier jour de May d’une poudre: compofée de rhubarbe, de turbith , & de fenné ; à quoi j'ajoutai du fy- rop de rofe laxatif, compofé de rhu- (2) Guill, Fabrice. cent. 2. Obferu. 70. des Vers. s33 barbe , d'agaric, & de fenné. Ce re- * mede lui fit rendre par bas , un Ver lat, qu’elle me montra, & dontje fus étonné ; car il avoit vingt palmes de long ; étoit large de fix grains , & épais de deux ; maintenant qu'il eft defléché , il n’eft pas fi large : il z des interftices tout le long du corps. & ces interftices font de l’efpace de deux grains, & élevés d’an côté en forme de dents de fcie : il eft tout blanc , & a au milieu de ces interfti- ces de petites taches noires ; une des: extrémités eft mince comme on fil. & l'autre large comme le refte du corps; je n'y ai point vu de tête , & je n’en ai jamais trouvé à ces fortes de Vers, Aprés que le Ver fut forti, je purgeai la Malade, & lui ayant donné enfuite pendant quelques jours , des fortifians, elle fe rétablir entierement. Elle eft à préfent dans: une fanté entiere. Pour le Ver je le conferve deffléché , & le regarde comme une des cholfes les plus rares que j'aye. Voila, Mr, lhiftoire fuc- cinéte de ce Ver, dont joppole Ia defcription à ce bruit faux & ridi- cule, qui s'eit répandu dans la Suife, $40 De la Génération & jufques dans la Bourgogne , di monftre de Payerne. | À Payerne , ce 28. Août 1609. Il y a une chofe à obferver ici, c'eft le dégoût qu’avoit la Malade pour toute forte de nourriture; quel- ques-uns de ceux qui ont ce Ver étant tourmentés d’une faim extraor- dinaire. Réponfe de Philibert Sarracenus , à Fabricius | traduite du Latin. (a) Uand jai recû la Lettre où vous me parlez de ce Ver plat, favois en même temps une Malade attaquée de la même maladie. Com- me j'attendois le fuccès des remedes que je lui faifois, j'ai differé à vous écrire jufqu’à ce que je püñle vous en donner des nouvelles. Voici en peu de mots ce qué j'ai obfervé dans cette maladie, & la conduite que jy ai tenue. La Malade eft âgée de trente-quatre ans, aflez replette, & a été dans fes premieres années fi fujette aux Vers, qu’elle en rendoit fouvent par les felles, de tout plats, (a) Guill, Fabric. cent. 1. Obferv, 30. Jongs: des Vers. sai longs d’une aulne , d'une aulne & ‘demie, quelquefois de davantage, & larges du doigt ; quand elle a été mariée, elle a eu pluficurs en- fans , qui font tous morts peu de . mois après leur naïiflance , ce que nous avons attribué à la mauvaile difpofition de la mere. Ce fond de vermine s’eft acru en elle à un point, ue ces dernieres années elle a ren- du des Vers par le fondement, par la bouche, &c par le nez. Quand il en devoit fortir , le ventre de cette femme enfloit, & fouffroit les mé- mes mouvemens que celui d’une femme grofe , lorfque le fœtus change de place ; peu de temps après ils montoient à la bouche, & elle en tiroit avec les doigts deslongueurs confidérables ; ce mouvement de ventre perfévéroit quelquefois , & alors la Malade’tomboit en délire : C'eft quelque chofe d’incroyable, que le nombre de remedes qu’on lui a faits, les fréquentes médecines, l'ail , la coralline , la poudre à Vers, la thériaque , l'abfynche , tout a été mis en ufage , maïs inutilement. Cette pauvre femme afigée de fouf£- Tome IL, $42 De la Genération Hair fi long-temps , m’envoya querir il y a quelques jours, je lui ordonnai Fapozeme fuivant. | Re. Racine de didamine ,. de fou- sere , de polypode de chêne, de chacune uné once; écorce de raci- me de caprier, de tamaris, écorce moyenne de frêne, de chacune fix gros; germandrée , chamæpitys , ab- fynthe , fauge, de chacune un ma- nipule ; petite centaurée , une pin- cée ; graines d’anis, de citron , de pourpier, femen-contra, de chacun deux gros ; coralline , une demi-pin- cée ; fenné , femence: de carthame , de chacune deux onces:; agaric tro- chifqué, une démi-once; écorce de myrobolans citrins, de chacun trois gros : Faire une décoction du tout, dans une fufifante quantité d’eau, réduire la décoétion à dix onces de liqueur , dans la colature difloudre une once & demie de fyrop de chi- corée compolé de rhubarbe , autant de fyrop de fleurs de pécher, oxy: el fcillitique, une once : méler le tout , en faire un, apozeme pour quatre doféss mettre fur le tout quatre fcrupules de poudre de dia- des Pers. s48 margaritum froid ; ufer de cet apo- zemc quatre matins de fuite, une dofe chaque fois , dans laquelle on difloudra cinq gros de diacarthami, & une once LT. fyrop de chicorée, compofé de rhubarbe. Trois heures après avoir pris de cet apozemc, je lui faifois mettre .. fur le ventre bien chaudement, un peu de l’onguent fuivant. Onguent d’Agrippa, trois onces 5 pulpe de coloquinte pulvérifée , fix gros ; fcammonée, demi-once ; myr- rhe, aloës, de chacun trois gros; agaric blanc, cinq gros ; poudre de racine de cyclamen , un gros & de- mi; faffran , autant; huile d’aman- des ameres , fix onces; fuc d'ail & de fcordium , de chacun demi-once; méler le tout fur le feu jufqu’à con- fomption des fucs, y ajoûtant une once de pétrole, avecune fufffante quantité de cire, & enfaire un on- guent. M Sur le foir je lui faifois prendre un lavement de lait , compofé de plufieurs chofes douces propres à at- tirer les Vers en bas. Ainfi attaqués de tous ie , ils 1} $44 De la Génération {ont fortis en pelottons. IL y enavoit des longueurs qui pañloient. vingt sicds.La Malade depuis ce temps-là, te porte micux, elle a meilleure cou- leur , fes douleurs de ventre font ap- paifées , elle dort, & ne tombe plus en délire. Outre tous ces remedes, je lui ai fait prendreun gros & demi de mer- cure en fubftance, tout pur , pañlé à travers le cuir, & depuis ce temps- R, eîle n’a plus été tourmentée de Vers. Mais voici une chofe à remar- quer au fujet du mercure, c’eft que la Malade , qui portoit alors un em- plâtre pour la matrice, trouva peu de temps après, cet emplâtre tout rempli de mercure : ce qui fait voir combien les parties du mercure font fubtiles, pour traverfer ainfi les in- teftins , les mufcles, & tous les té- gumens. Nous avons confeillé à pré- {ent à la Malade de manger du pain dé fégle, d’ufer de thériaque de temps en temps, & de prendre des püules fuivantes. rm. Mañe de pilules d’hiere, com- poiéce d’agaric, demi-once ; extrait d'efula , deux gros ; myrrhe , un des Vers. $£s gros & demi ; coralline , quatre ‘Æcrupules ; fafran , un fcrupule ; re- duire le tout en mafñle avec du fyrop de chicorée , compofe de rhubarbe ; RAR en cinq pilules , une dragme e cette compolition , & prendre deux de ces pilules de deux jours Jun , le matin à jeun. Adieu, je vous manderai quel fera le fucces de tout ceci; j'attends de vous un peu d'extrait d'élula de votre façon. À Lyon ce 12. Décembre 1609. : Autres Remarques de Guï!l. (a) Fabricius, écrivant à Craffiins , traduites du Latin. ] L faut que je vous communique ce que j'ai remarque fur les Vers: plats. En 1604. la fille d’un Bour- qe de cette Ville , (4) nommé aniel Romay , âgée de neuf ans, étoit malade d'un bubonocele : com- me je vouluis faire imcilñon à la partie, je préparai le corps à cette opération , par desapozemes & des médecines ; & ayant donné à la - (a) Guill Fabr. cent: 2. Obferv. 70. tè) De Psyerne. + N ii $46 De la Génération Malade un breuvage fait avec le fyrop de rofe laxatif, compofé de rhubarbe, d’agaric, & de fenné ; elle rendit par bas un morceau de Ver plat, long de fept palmes environ. Peu de jours après, qui éroit le 8. de Novembre , je fis Fopération , & ayant conduit la plaie à une parfaite guérifon , l'enfant fe rétablir, & elle s’eft toüjours bien portée depuis. Jai chez moi ce Ver tout defléché, & je le conferve avec foin dans mon Cabinet. L'année derniere, une Dame de qualité de cette Ville, me confulta fur un mai de matrice qu’elle avoit : elle me dit qu’elle fentoit un fro'd incommode à la région du nom- bril, & au bas ventre : comme elle fe plaignoit outre cela, d’une dou- leur de tête, je lui ordonnai des pi- lules céphaliques, qui la purgerent bien , & lui firent rendre par les fclles un morceau de Ver plat, long de neuf palmes, de la même lar- geur , & dela même figure que celui dont je vous ai parlé dans ma pre- miere Lettre. ru 11 y a quelques années que je dé- Ne des Vers. : S47 fivrai d’une dangereufe & longue maladie une petite fille, qui fit un Ver tout femblable ; la négligence de céux qui étoient auprès d'elle , fut caufe qu'on jetra une partie de ce Ver, dont il ne refta qu'une por- tion, qui eft venue jufques à moi. Quand on pañle le doigt fur ces for- tes de Vers, on les fent raboteux d’un côté, & unis de l'autre : ne m'eft jamais arrivé d'en voir d'en- tiers. Je laifle plufieurs exemples femblables , à caufe de mon peu de loilir. Adieu. Aüres Remarques de Guill.(a) Fabricius, écrivant à Crafftinus , traduites du Latin. P Our ne pas vous écrire fans vous rien mander de particulier, il faut qu'à préfent je vous faffe part de ce que je n’eus pas le remps de vous: marquer dans ma derniere Lettre, au fujer des Vers plats. Je vousdirai donc qu'une Dame, nommée Ma- dame Macè, à préfent Veuve de M. Rohault , qui étoit un célébre Apoticaire de Laufanne , fut fort {u- ; (a) Guill.. Fabr. cent, 2. Obferv. 70. N iv 1438 De la Génération jette pendant fa jeunefle à des palpita- tions de cœur, à des foibleffes d’efto- mac, & à des obftruétions de vifceress elle fit divers remedes par l’ordon- nance des Médecins , & de temps ên temps aprés un certain purgatif , qu’elle prenoit quelquefois, elle ren- doit des morceaux de Vers plats aflez longs. Quand elle fut mariée, & qu'elle eut commencé à avoir des cnfans , fes palpitations ceflerent , fon vifage devint meilleur ; mais elle demeura incommodée d’une lienterie , pendant laquelle elle ren- doit quelqufois par bas, des mor- ceaux de Vers rompus, qui étoient longs , les uns de fix palmes , les au- tres de neuf, les autres de dix. Or, ce .qui eft à remarquer, cet que toutes. les fois qu’elle en rendoit, elle les fentoit fe rompre dans fes inteftins. Cela ne l'empêécha.pas d’a- voir pluficurs enfans , & fur-tout des garcons, dont plufieurs vivent. Un certain jour , aprés avoir pris une midecine, clle rendit un morceau de Ver qui avoit fept aulnes , me- fure de Laufanne, c’eft-à-dire , fix palnes * le refte du Ver demeura 4 des Vers. (Pr) dans le corps : mais peu de jours après, elle en rendit la plus grande partie, fans fentir comme aupara- vant , que rien fe rompit : ce qui lui fit juger qu’elle étoit entierement délivrée de ce Ver; en effet , il ne lui eft plus rien arrivé de femblable depuis cetemps-là, & même le flux de ventre, dont elle avoit toûjours - été incommodée , s'arrêta : enforte que depuis douze ans , elle a été en parfaite fanté. J'ai appris cela de fon mari même , qui me le dit en préfence de fa femme. Ils m'ajoû- terent l’un & l’autre , que fi tous les morceaux qu’elle avoir rendus, étoient joints.enfemble , ils feroient: plus de vingt anlnes. | CAR Chez M. de Villadin le Geuver- neur, il y a une Servante , âgée de trente-un ans, laquelle eft tour- mentée depuis long-remps par cette forte de Ver plat : & ce qui cft di- gne de remarque, c’eft que depuis quelques années , elle ne manque point tous les ans, vers. la S. Jean- Baprifte, d’en rendre des morceaux fort longs. … Madame Marguerite de Mulli- / cé NT à du $$0 De la Génération | nen , femme de M. de Villadin, que je viens de nommer, me montra en 1607. trois de ces morceaux de Vers plats, que cette Servante avoit rendps, lefquels faifoient plus de fix aulnes. Je n’oublierai pas de vous dire, que cette Servante fent conti- nucllement dans le ventre un certain froid qui l’incommode beancoup , fouvent aufli elle eft attaquée de Diarrhée, & quelquefois elle eft trop reflerrée ; à cela prés, elle jouit d'une affez bonne fanté , elle eft ro- bufte , & ne s’inquiete pas beaucoup: de fon mal. Je lai purgée quelque- fois avec des pilules faites d’aloës .. de rhubarbe, d’agaric, & d’extrait de coloquinte. Je lui ai fait prendre auñi d’une poudre pour tuer & pour chafler les Vers ; mais une chofe furprenante , c’eft qu'un certain Em- pirique lui ayant fait boire trois où AS fois d’une ptifanne faite avec a feule coloquinte , elle fut purgée: Violemment fans rendre aucun Ver ; & cependant lorfque la S. Jean ap- proche , ces morceaux de Ver {or- tent d'eux - mêmes comme par un mouvement critique de la nature. Adieu. des Vers. $ ft Remarques d'Olaus Borrigius. TN jeune homme de 26. ans, tourmente d'une faim dévo- rante, qu'on nomme Boulimie, le- quel fe plaignoit de différentes dou- leurs dans le dos, & dans les inte- ftins, fentoit un fi grand froid au nez, qu'il croyoit que le nez lui al- loit tomber. Je fusmandé pour voir le Malade : je lui ordennai une jufte dofe de diacatholicon & de dia- phœnix , mélés dans des eaux con- venables , & je lui fis rendre par ce moyen deux lambeaux de Ver plat tout vivans , de la longueur de 24; pieds, mais morts quand ils me fu- rent apportés. Les incilions de ce Ver , lefqueilles étoient en grand nombre , ne compofoient pas une ligne droite comme celles de Sen- nert.& Tulpius,mais elles Étoientcre- nelées & dentelées, & le long du mi- lieu du dos la bande n’étoic pas diftim- guce par des interfettions contigues comme celles de la figure que Sen- nert a fait graver ; mais entre cha- que inter{cétion., on veyoit 44 mi- LT De la Génération heu certains points élevés , tantôt trois comme dans la figure de Tul- pius, tantôt davantage. Ces points étoient quelquefois exagones , & tout remplis d’une liqueur épaïfle, qui le premier jour paroifloit blan- che comme du lait, & enfuite ap- prochoit de la couleur du fang. Mais ce qu'il y a de furprenant, c’eft que le Malade n’a pas feulement rendu pour cette fois, de tels morceaux de Vers, mais que toute Fannée il z continué d’en rendre, feit de plus longs , foit de plus courts:, toutes les. fois qu'il aréitéré la même médeci- ne : or, il l’a réitérée environ quaran: te fois : mais ce n’eft pas encore la fin, & fi l’on fupputoit tout ce qu'il a rendu de ce Ver jufqu'a préfent , cela monteroit à plus de huic cens pieds. Quant à moi, j'en conferve dans mon Cabinet environ la lon- gueur de deux cens pieds. Au refte je n’y aï point remarqué detére, & il y a bien apparence qu’il n'eft pas tout forti, car le Malade fent de temps en temps des morceaux de ce Ver fe rompre dans fon corps: Faï eflayé contre l'Infe&e dent il des Vers. 53 s'agit, le mercure doux , & autres remcedes ordinaires qu'on employe avec fuccès contre les Vers Stron- gles & contre les Afcarides ; mais cela n’a fervi de rien. Je n'ai jamais pu chafler que par des purgatifs ce mauvais hôte. La même chofe m’eft arrivée à l'égard de la femme d’un Marchand de Biere , & d’une Dame de qualité. Enfin après avoir mis le jeune homme à l’ufage fréquent des amers, je fuis venu à bout de {e guérir de fa boulimie , & depuis l’on n’a plus vuen lui de fignes deVers.(4) Fabricius , 8 Olaus Borrigius, comme nous venons de voir , difent qu'ils n'ont point vu de tête au Tæ- nia, c’eft que cette partie s’en fépare aifément,& refte ordinairement dans le corps du Malade. Après tout ce détail , il eft impor- tant de faire ici une remarque géné- rale ; fçavoir , que dans la plüpart des maladies des Vers, foit Vers plats, foit Vers ronds & longs, ou autres, il faut {ouvent avoir moins d'égard aux Vers mêmes, qu’à la (a) Thom. Bartholin, Aa Medica &r Philofoph, Hafnierfin. volumen 2, auni 1673, s54 De la Génération matiere vermineufe, parce que cette matiere, comme nous l'avons déja remarqué plus haut, eft la princi- pale caufe du mal; ainfi dans letrai- tement de ces maladies, on doit fon- ger fur-tout, à deux chofes , & c'eft ce que nous allons voir dans la Se- tion fuivante. Section IIL. Remarques générales fur le traitement des maladies vermineufes. E viens de dire que dans le trai- ÿ tement des maladies de Vers,on doit, fur-tout , fonger à deux cho- fes; voici ce que c’eft. La premiere eft d’évacuer la plus grande quantité _ qu’il fe peut, de cette matiere ver- mineufe dont nous venons de par- ler; & la feconde de corriger ce qu'il en refte après l'évacuation. Si donc. cette matiere caufe des con- vulfions, des affections foporeufes , des tranfports, de: grofles fiévres, comme il arrive quelquefois, felon la. remarque que nous avons faite dans le Chapitre IV. il faut d’abord des Vers. SS5. défemplir les vaifeaux par la fai- gnée , pour faciliter l'ofcillation des Vaifléaux , & favorifer par ce moyen Ja circulation du fang , laquelle eff toüjours embarrafléc dans ces occa- fions, à caufe de l'épaifleur des fucs produits par cette humeur vermi- neufe , qui eft un acide coagulant;, puis venir à la purgation des pre- mieres voyes., pour enenlever cette matiere, dont quelques parties s’in- troduifant dans la mañle du fans, deviennent un des plus forts obfta- cles à la tranfpiration, & par con- féquent une fource de maladies. La, feconde chofe à quoi il faut fanger ,. eft de recourir aprés la purgation à. lufage des amers: ces amers trou- vant alors moins d’empêchement, font tout autrement efhicaces, foit. pour. corriger l’aigre pernicieux qui. refte ,. foit pour chaffer les Vers qui. ont échappé à. la purgation. Je confeille ici:la purgation aprés: la. faignée , parce que. l'expérience m'a. appris que cette méthode eft la meilleure qu'on puiffe fuivre pour guérir radicalement. ces maladies ; quoi: qu'en dife un: Auteur Moder- L' 556 De la Génération ne, (4) qui prétend que la purga- tion ne fcauroit être d'aucun fecours, dans quelque maladie que ce foit, &c qui foûtient contre toute raifon, & toute expérience, que l'avantage qu'on attend de la purgation, fe doit uniquement attendre de la faignée. Comme ce fentiment , s'il avoit cours , feroit d’une funefte conféquence pour la vie des hom- mes , & que l’Auteur qui le vou- droit introduire , s'appuye d’un rai- fonnement fpécieux , qui pourroit impofer à quelques jeunes Méde- cins, nous croyons qu'il eft de notre devoir de montrer ici le faux d’un tel raifonnement. Nous avouerons d’abord avec l’Auteur dont il s’agit , que la tranf- piration eff la plus abondante & en même temps la plus néceflaire de toutes les évacuations. Enforte que lorfque cette évacuation eft trou- blée, foit par l’épaifleur que l'acide d’une matiere vermineufe produit dans le fang, foit par quelqu’autre (4) Mr H*%* dans. fon Explication Phyfque & méchanique, des effets de la faignée & de la:boiflon dans la cure des maladies, caule, Dub PRE PTT S 57 caufe , il ne peut arriver que du dé- ordre dans les fonétions du corps. La vérité de cette propolition eft juitifiée par des expériences incon- teflables, & il n’y a aucun Méde: cin qui la révoque en doute. Mais notre Auteur abufe vifiblement de ce principe , pour le faire fervir de preuve à fon opinion. : Ce qui doit, dit it, parfaicement convaincre de l'inutilité de la pur- gation dans lës maladies même où H faut évacuer, c’eft que la purga- tion vuide infiniment moins que là tranfpiration, & voici, continue- til, comment on peut le démon: trer. | » L'évacuation du bas-ventre , eft. »€n proportion avec la tranfpira- »tion, comme d'un à dix, c’eft-à- » dire, que la tranfpiration évacue » dix fois autant que l'évacuation du bas ventre ; de forte qu'une per- » fonne qui'dans un certain intervale » de temps, perdtoit quatre onces » de matiere par les (fes s cette > même perfonne dans un égal ef- »pace detemps , fe déchargeroit de: »-quarante onces de matiere par 14 Zome:lZ.. O- S 55 De la Génération | » tranfpiration. Il feroit donc vrai » de dire que fi l’on tranfpire d’un » dixiéme moins qu'à l'ordinaire »on en fera autant incommodé que » fi lon n’alloit point du tout à la » {elle. Donc on foulagera un Ma- » Jade en le faifant tranfpirer d'un » dixiéme plus qu'il ne faifoit, au- » tant que fi on lui rendoit une plei- »ne & parfaite liberté de ventre. » Mais fur ce principe, cette der- »nicre évacuation doit beaucoup » perdre de fon crédit; car quand »on parviendroit à la rendre cent » fois plus copieufe qu’à l'ordinaire , » on ne feroit pas plus que fi on avoit »rendu la tranfpiration dix fois plus » abondante que de coûtume. Ainfi »une perfonne à qui. il fufifoit » pour fe conferver en fanté, d'aller #unc fois à la felle, fera obligée d'y naller cent fois pour guérir d’une » maladie, & fi elle avoit coûtume » d'y aller deux fois, il faudra l'y » faire aller deux cens fois, De plus, »“ajoûte-t'il, s'il eft vrai que la fai- » gnce , comme on l’a obfervé , vui- » de autant en un moment, que la » tranfpiration en fix heures ; la fai- à 7 des Vers PR 121 x gnée doit être préférée au-deflus de » la purgation, (4) d'autant qu’elle »aura plus de facilité que le bas- » ventre, pour fuppléer au défaut de » là tranfpiration. | . Voilà ce que Mr Hecquet nous donne pour une Démonitration dans fon Livre intitulé : Explication Phyfi- que € méchanique des effets de la faignée, € de La boiffon dans La cure des maladies. 11 dit donc que l'évacuation du bas- ventre eft à l'égard de la tran{pira- tion comme uh à dix, enforte que fi quelqu'un qui aura coûtumé en fanté, d'aller tous les jours deux fois a lafelle, &' de fe délivrer par-là d'environ quatre onces de matiere chaque fois, vient à tranfpirer d’un dixiéme moins qu’à l’ordinaire, il faudra pour le guérir par la purga- tion, le faire aller deux cens fois à: la felle, c’eft-à-dire, lui faire éva- cuer huit cens onces de matiere par le bas-ventre. Mais fi ce principe eft vrai , il ne conclud pas moins contre la faisnée , que contre la purgation. En effer, dès qu'il faut une évacua- La ] Préférée au deffus de la purgation”, il ver: FE doute, préférée à lapurgation. O 3 $6o De la Génétation tion de huit cens onces pour fup- pléer ici, par le moyen des felles au défaut de la tran{piration, iln’en faudra pas une moindre pour fup- pléer à ce même defaut par le moyen. de la faignée; & par conféquent ce fera huit cens onces de fang qu'il faudra tirer à ce Malade, fi on veut fuppléer par la faignée au défaut du dixiéme, dont on fuppole que fa tranipiration cit diminuée; c’eft-à- dire, qu'il faudra lui faire quatre- vingt faignées de neuf onces cha- cune. L'Auteur fe trompe donc vilble- ment. & fon erreur vient de deux méprifes. La premiere, de fuppofer , comme il fair , qu’un purgatif, pour remédier au défaut de la tranfpira- tion, doive évacuer d'autant, plus: par les felles , que la tranfpiration eft diminuée ; ce qui eft ablurde. Car: une médiocre évacuation du bas- ventre, peut donner affez de liberté aux liqueurs & aux vaiffeaux quiles contiennent, pour que Îcs humeurs. reprennent leurs cours, & fe filtrent dans leurs différens couloirs, moyen- nant quoi, la tranfpiration fe réta- L . des Vers s6x. blira,. & fera d'autant plus abon- dante , qu'il y aura eu plus de ma- ticre tran{pirable retenue. C'eft ainfi. qu'on voir quelquefois une evacua- tion légére , rappeller tout d’un coup. la circulation., procurer. d’heureufes. fuceurs, & calmer de grands fymptô- mes. Ceux qui ont quelque expé- rience dans la pratique de Mcdeci- ne, fçavent par exemple , avec.quel. fuccés on-purge , foit par haut, foit. par bas , aux. premieres approches. de la.petite vérole, & avec quelle promptitude l'humeur maligne qui: ne pouvoir {ortir auparavant , fe fait jour enfuite au travers: de la reau .. qu'elle couvre de puftules. C’eft que: la purgation ne dégage pas feule- ment. le bas-ventre, mais oblige les. glandes inteftinales en les. picotant ,. a fe décharger de l’humeurue la. male du fang y dépofe, ce qui leur. donne plus de facilité à en recevoir. d'autre, & met.par conféquent plus. à l’aife le fang & les vaifleaux. L’Au- teur ne melure ici le bon effet de la purgation ,. que fur la quantité qui s'évacue par les {elles, fans fe fouve- air. du fage. avis d'Hippocrate, que. $62 De laGénération . P c'eft par la qualité, & non par fx uantité de l’humeur évacuée, qu'if. faut juger du fuccès d’un purgatif. En effet , l'évacuation d’une petite quan-- tité d'humeur qui fera de Pobftru- tion quelque part , ou qui fournira quelque levain coagulant, capable: de retarder le mouvement des liqui- des, fuffira fouvent pour rétablir le: cours de toutes les humeurs, tandis qu'une plus grande évacuation qui: enlevera une autre humeur ; dans laquelle ne réfidera pas la caufe de la maladie, ne fervira de rien, ou fera même dangereufe. La feconde méprile de l’Auteur, c’eft de fuppo-- fer que plus on-va à la felle, quand on fe porte bien, & plus on diffipe par la tranfbiration. » Celui, dit-il, » à quigil fufifoit pour fe bien por- » ter Marter une fois à la felle, fera: » obligé d’y aller cent fois pour gué- »rir d'une maladie où la tranfpira- stion fera diminuée d’un dixième ; » & s’il avoit coûtume d'y aller deux » fois , il faudra l'y faire aller deux » cens. J1 fe fonde fur ce’ que quel- ques Médecins difent que la tranfbi- ration diflipe. dix fois autant que des Vers. s63 l'évacuation du bas-ventre ; mais il ne prend pas garde que lorfque ces: Médecins parlent sin , c'eften fup- pofant que l'évacuation du bas-ven+ tre ne pañle pasune certaine mefure : ainfi dès qu'on fera monter cette évacuation au double & au triple, ce ne fera pas la méme proportion, & la tranipiration ne pourra plus l'emporter de dix fois autant. Les Médecins dont il s’agit , ont obfer- vé à peu prés ce qui fe difipe cha- que jour par les divers endroits du corps pour l'entretien de Îa fanté ; & aprés avoir fupputé en général, ce qui s'évacue par les urines, par le cracher , par les felles, 1ls ont con- clu, que fuppolé qu'il forte chaque jour tant de matiere par les urines, tant par le cracher , tant par les fel- les, la tranfpiration doit être en telle & telle proportion à l'égard de cha- cune de ces évacuations ; d'ou il eft facile de voir que fi on vient à chan- ger leur fuppofition, & à vouloir qu’il s'évacue plus ou moins de ma- ticre par Île bas-ventre, il ne doit plus y avoir la même proportion chtre l'évacuation qui fe fair par les $64 De la: Génération felles, & celle qui fe fair par latranf-- piration; cela eft conftant.. Ainfic’eft fe méprendre étrangement , de croire: que pour: rétablir la tranfpiration: dans un Malade qui avoit coutume: en fanté, d'aller deux fois par jour à: la felle , il failte l’y faire aller deux cens fois , fi on veut venir à bout de: le guérir en le purgeant. Mais-une remarque qu'il ne faut pas oublier: ici, c'eft qu'il eft faux que l'évacua- tion du bas-ventre, {oi à la cranfpi: ration, comme r1..à 10. felon San@o- rius, Aph. 4 6 7.Seë. r. elle n’eft que comme 3. à 5, c'eft-à-dire, que la tranfpiration paffe d’un peu plus que de la: moitié:, l'évacuation du bas-ventre 1l faut de plus confidé- rer que Sanétorias étoit Italien, & qu'il écrivoit ceci dans un paÿs où Fon tranfpire beaucoup: - Ce que l'Auteur ajoute, fcavoir; ds s’il eft vrai, comme on l'a ob- crvé, que la faisnée vuide autanten: un moment, que la tranfpiration en: fix heures, la faignée' doit être pré- férée à la purgition , ou; pour nerier changer dans [es termes, au-deflus de la purgation ,. n’eft pas plus exa&@, Nous: des Vers. 565$ Nous remarquerons. d’abord , que cet Auteur dit à la page 17.(4) que .cé qui s'évacue chaque jour par.le bas.ventre , ne va pas à plus de qua- tre onces ; & page 12. qu’on ne perd pas plus en quinze jours par les fel- les, qu'en un feul par la tranfpira- tion ; d'où il s'enfuit, que la tran{pi- ration doit difliper foixante onces .de matiere en un jour , & par confé- quent quinze onces en fix heures. Or, fur ce principe , une faignée ordinaire , qui n’eft que de Late on- ces , ne fcauroit donc évacuer autant enun moment, que la tranfpiration en fix heures. Mais l’Auteur , voyant bien que pour ce qui regarde fa pré- tendue Démonfiration, il ne fçau- roit trouver fon compte à ce calcul, s’eft avifé d'en fuivre un autre : nous nous y tiendrons. Selon ce calcul, l'évacuation du bas ventre n’eft plus en proportion avec la tranfpiration, comme d’un quinze ; elle l’eft feu- . lement comme d’un à dix. Enforte qu’en fix heures, ce n’eft que dix onces de matiere qui s'échapent par l'infenfible tranfpiration , au lieu de (4) Thefe fur la faignée, Tome IL. P. s66 … De la Génération | ‘quinze , ce qui répond aux neuf à dx onces de fang qui s'évacuent par ‘une faignée de trois palettes. Mais quoique {elon cette fupputation , il {oit vrai que la faignée enleve autant “en un moment, que la tranfpiration “en fix heures, il ne s'enfuit pas pour cela , que la faignée doive étre pré- férée à la purgation, puifque une fimpie médecine fait rendre fans “peine par une feule felle , plus du double & du triple de ce que peu- “vent tenir trois palettes de fang. Ain- fi unc purgatien qui fera faire quatre ‘ou cinq felles en un matin, évacue- ra plus alors que quatre ou cinq fai- gnces. Si donc on n'a égard ici, comme fait notre Auteur, qu'à la ‘quantité de l'évacuation , bien loin ‘que l’on doive préférer la faignée à la purgation, on doit au contraire, “préférer la purgation à la faignée, puifque pour évacuer autant en un matin par la faignée , “qu’on évacue- roit par la purgation , il faudroit au moins trois faignées en un matin. . La prétendue Démonftration de notre Auteur n'a donc rien de concluant , bien loin d’être une Dé- D des Vers s6? monitration. Ainfi ellene doit point nous empéchér de demeurer toù- jours dans le fentiment où nous fom- mes fur l'utilité de la purgation dans les maladies vermineufes ; pourvu “toutefois qu'on ne néglige point la faignee , qui eft icitrés-fouvent d’un “grand fecours , comme nous l’ayons “remarqué plus haut : mais ce reme- de , aufli-bien que le purgatif, veut -être fagement ménagé : car de croire avec le même Auteur , qu’on puiffe fans rifque, tirer prefque tout le fang d'un Malade, c’eft renoncer aux lu- mieres les plus claires de la raifon & de l’expérience , pour ne rien dire de plus. Aufli les preuves que cet Au- teur apporte pour juftifier une ‘fi “étrange propoftion , ne font pas moins Ctranges, que la propofition même qu'il veut établir. » 1] fuffit, ‘#dit-il, dans fa Differtation fur la » Saignée , de faire attention au peu » de forces & de fang qu’il faut pour » empêcher un Malade de mourir. #» Car cnfin un Malade n'étant obli- # gÉé à AUCUN mouvement , OÙ Exer- » cice confidérable , & n'ayant à fai »rc que de ne point mourir , ilné Pi; 568 De.la Génération > Jui faut ni plus de fans, ni plus de » force qu'a un .homme endormi, » par la raifon que vivre, pour l’un » & pour l’autre , n’eft que refpirer ; » ou pour parler plus exaétement. la _» vie dans tous les deux ne conififte que dans le pouls. & dans la refpi- » ration ; en un mot, dans lacircula- “tion du fang.... Donc un Mala- » de n’a befoin que de très-peu d’ef- » prits & de fang , puifqu'il vit avec » fi peu de force.... La vie fe son- .» fervant donc pendant le temps du » fommeil & dela maladie ,moyen- » nant le mouvement de fi peu de » parties folides, on doit conclure _.» que três-peu d’efprits & de fang eft s deftiné pour faire vivre un Mala- » de, & un homme qui dort. Sup- » pofons qu'une perfonne vienne à » tomber malade ; alors tout le fang » qui devoit être employé pour faire » agir tout le corps , demeure oifif » & fans ation. Or , fuppolé que » de vingtlivres de fang qui fe trou- » vent dans le corps, cinq livres fuf- » fifent pourentretenir la circulation » & la vie dans ce Malade, ce fe. » ront quinze livres de fans qui ne des Vers. “\ GS » ferviront pas alors à le faire vivre. » Ajoûtez à ces quinze livres ce qui # fera retenu dans les vaifleaux , par- » ce que la tranfpiration, comme 1} » arrive ordinairement dans les ma- »ladies, fe trouvera arfêtée, cette » quantité de fang inutile à la vie, » devra grofir confidérablement. Il faut prouver ici trois chofes. La premiere , qu'un Malade eft fembla- ble à un homme qui dort. La fe- conde, que dans un homme quia vingt livres de fang , cinq livres fuf- fifent pendant le fommeil, pour faire la circulation ; & la troifiéme , que de vingt livres de fang qui feront dans le corps d’un homme éndormi, il y en doit avoir par conféquent quinze d’oifives , & qui ne fervent derien, Après cela, on pourra pro-- noncer hardiment que pendant le fommeil & pendant la maladie, les trois quarts du fang font fuperfius , d’où s’'enfuivra que le fommeil qui eft fi nécefaire pour rétablir les:for- ces., ne fera plus qu’un déréglement de la nature , & la fource d’une infi- nité de maladies , puifque la plus grande partie des liquides demeu- P iij #70 De la Génération fant oifive alors > fans attion-, ne pour- ra plus fe dépurer. Cependant, felon les Obfervations de Sanéorius, la tranfpiration augmente du double dans le fommeil ; jufques là même. que felon cet Auteur , elle eft quel- quefois plus grande alors , que dans les plus grands exercices. de la veil- le , en fuppofant prefque légalité de temps. Or, comment pourroit-il arriver que pendant fept heures de fommeil , on tranfpirât infenfible- ment & fans peine le double de ce qu’on tranfpire pendant la veille , fi ans le fommeil , la plus grande partie des liqueurs étoient oifives & fans aition. Mais quand on-pourroit prouver toutés ces chimeres, cela ne ferviroit qu'à détruire le fyftéme qu'on veut établir ; car enfin, fup- pofer qu’un homme endormi & un Malade n’ayent befoin. pour vivre, que de cinq livres de fang ; & que xs. livres demeurent en eux, oifi- ves & fansaétion, c’eft fuppoler que lorfqu’on. dort , ou qu’on eft mala- de , l’équilibre des liquides & des folides n’eft pas néceflaire à la vie : cependant l’hypothefe de celui à qui des Vers s71. appartient cette compafaïfon , roule entierement fur l'équilibre des liqui- des & des folides , dans lequel con- fifte la vie & la fanté. Cet Auteur foûtient dans fa même Differtation fur la Saignée, que vingt livres de Hiqueurs font néceffaires pour fépon- dre à la force des folides; & que cette force eft naturellement bornée à faire circuler vingt livres de liqui- de ; de forte, dit-il , que pour faire fubfifter la vie , & pour entreténir La fanté , il faut que les liquides & les folides foient toûjours dans cette proportion. Il ajouté que le Méde- cin ne doit avoir d'autre vue que de rétablir cet ordre & cet équilibre entre les folides & les liquides. Ces principes une fois pofés, comment peut-il avancer qu'il n’y a nul dan- ger à diminuer destrois quarts la mañle du fang , & de laréduire à cinq livres dans les Malades qui en ont vingt ? Eft-ce-là un moyen bien fur de remettre les liquides & les folides en proportion les uns avec les autres > Car fi l'augmentation des liqueurs au-deflus de ce qui eft né- ceflaire pour l'équilibre des folides ii ‘1: APN 572. De la Génération &c des liquides , eftun déréglement'; l diminution de ces mêmes liqueurs au-deflous d’un certain point , fera un autre déréglement. Ainfi les fup- poriqne que nous venons de com- attre , font non*feulement abfurdes dans la fpéculation , mais d’une con- féquence dangereufe dans la prati- ue. J'ajouterai même, fans crainte dérre défavoué par la fcavante Fa- culté qui m'a inftruit , & dont je fais gloire de fuivre 1 Doérine, qu'il n'y a point de Médecin zélé pour l'honneur de fa Profeffion, & pour la vie des hommes , qui ne doive s'élever avec force , contre des maximes fi téméraires , & fi meurtrieres. $ ” Je terminerai ce Chapitre, enre- marquant que fi la purgation eft d'un grand fecours dans les maladies vermineufes, c’eft fur-tout lorfque Ja maladie eft aigue , & qu’elle com- mence ; parce que c’eft alors ordinai- rement que fe préfente l’heureux mo- ment de l’orgafme , dont nous avons fuMifamment parlé ailleurs ,(4) & (4) Voyez Remarques de Médecine fur l’orgafme dans les maladies, fur la faignée, fur Ja purgation des Vers. $73 dont pour cette raifon , nous ne di- rons rien ici. Qu'il nous foit pérmis feulement , de finir par ces excellen- tes paroles d’un des plus fçavans Mé- cins de la Faculté de Paris, Pur- &ationem fanè in acutorum initits [epius ” fuadet vera medendi ratio ,comprobat felix experientia , nec prohibet , quin imo paf]im praftribit, &imperat divinus Senex. (a) Paroles qui ne peuvent trouver d’au- tres adverfaires, que ceux à qui la raifon, l'expérience, & Hippocrate, font abfolument inconnus. SECTION IV. Sur la maniere dont agifent les remédes | antivermineux. D E ces remedes , Îles uns agif- fent par une vertu manifefte, les autres par une vertu cachée, dont onne peut découvrir la raifon. En- tre les premiers, on compte toutes les huiles, parce qu’elles bouchent & la boiffon , imprimées chez d'Houry , rue de la Harpe , au Saint Efprit. (a) Quafl. Medic. M, Petro Bourdelot Præfide. An per-acutis ut plurimum purgatio per [upcriors & Art, 3. versus finem. 574 De la Génération Ne les pores des Vers, & qu'il eft vifi- ble que fielles tuent ces Infe&es, comme elles font, c’eft:parce qu’en bouchanit leurs pores | ou leurs tra- chées , dont toute leur peau eft par- femée , elles empêchent ces Ani- maux de tirer l'air au-dedans de leur corps, ce qui les doit étouféer. Ces trachées, comme nous l’a- vons remarqué plus haut, & que le remarque Mr le Clerc dans fon Hiftoire des Vers plats, ont été ob- fervées & décrites par Mr Malpi- ghi . dans fa Diflertation fur le Ver à foie. Ce dernier a en mème temps découvert par plufieurs expériences, que l'huile étoit un poifon, pour les Vers. Ayant touché , dit-il , avec un pinceau trempé d'huile ,. les tra- chées de quelques Vers à foie, je les vis tomber fur le champ en con- vulfion, & expirer. Pour mieux. m'aflurer de cette propriété de l’hui- Je, j'oignis d'huile, les trachées fupé- rieures d'un Ver à foie, depuis la tête jufqu’au milieu du corps, & alors il devint paralytique de cette partie, remuant feulement l'autre moitié du corps , que je n’avois pas Q des Vers: s7$ touchée d'huile. 11 demeura une nuit en cet état, mais le matin il reprit fon mouvement entier. Jelui donnaï de la pâture, & il fabriqua fa coque. Je fis la même expérience fur d’autres Vers à foie, & la même chofe arriva. | Comme j'avois frotté d'huile les parties fupérieures de ces Vers, je frottat à d’autres , les parties infé- rieures jufqu’au même endroit , & je vis alors ces Vers. à foie remuer Ja moitié fupérieure de leur. corps, fans pouvoir remuer Finférieure, celle-ci étant devenue toute. para- Iytique. Une circonftance bien di- gne de remarque, c’eft que dans ceux-ci que j'avois oints. d'huile par en-bas, la moitié fupérieure du corps tiroit l’autre à foi, au lieu que dans Jes premiers, l’inférieure ne tiroit point la fupérieure. Au refte le bat- tement du cœur fe faifoit très-rare- ment fentir dans les parties d’en-bas, Quelques-uns de ces Vers , après avoir demeuré. deux heures ainfi perclus de la moitié inférieure de leurs corps, commencerent à man- ger, & fc mirent à faire leur coque, "76 De la Génération Li. qu'ils acheverent dans le temps or- dinaire. Deux d’entre eux meuru- rent plufeurs jours après, & unau- tre ayant vécu long-temps au-delà, jetta fa foie , & puis mourut. Je touchai avec de l'huile tout le côté droit de quelques autres Vers à foie, & tout le côté gauche de quelques aûtres :ils devinrent tous engourdis, & à peine pouvoient-ils fc mouvoir lorfquw'on les excitoir. Enfin le haut de leurs corps ayant repris vigueur , car le bas étoit toû- jours fans mouvement , ils commen- cerent à manger , & acheverent eur ouvrage. Pour avoir là-deflus unéclaircifife- ment entier, je me conténtai de leur mettre de l’huile feulement à la tête, à la queue ; & au dos , fans toucher aux trachées ; il n’en mourut aucun, & rien d’extraordinaire ne leur ar- riva; Ce qui m'a fait conclure que s'ils mouroient lorfque leurs tra- chées ‘étoient couvertes d'huile , cet parce qu'elles ne pouvoient plus recevoir l'air , ce qui caufoit une fuffocation. Mais pour n’aflurer da- vantage de la chofe, j'oignis avec … des Vers. S77 du beurre tous les orifices des tra- chées, & ces Infeétes moururent fur le champ. Le même effet arriva par J'ufage du lard, du fuif, & autres graifles, | Le miel liquide , quand on en frotte ces Vers, les tue tout de même. Je tentai fur des Sautcrelles, fur des Grillons, & fur d’autres Infetes femblables , les mêmes expériences de l'huile , du beurre, & du miel, & elles réufirent de la même maniere. Voilà ce que rapporte Mr Malpi- ghi; plufieurs autres expériences de même nature ent été faites par le célébre Mr Rédi ( # ) fur des Vers de terre, & elles ont eù le même fuc- cès ; avec cette différence néanmoins qu'ils ont réfifté un peu plus long- temps à l’huile que les Vers à foie. Voici comme s'explique là-deflus ce fcavant Auteur. J'oignis plufieurs fois d'huile d'olive , quatre Versde terre; puisje les mis dans une phiole de verre , avec un peu de terre, & ils y vécurent plus de quinze jours, MJe ne m'en tins pas à cette épreuve, (a) De gli animali viventi dentre gŸ animali vi- vents. | $78 De la Génération je remplis d’huile d'olive deux aw- tres vales de verre, dans lefquels je jettai deux gros Vers de terre bien vigoureux : Ils y devinrent vingt- quatres heures après, tout engour- dis, mais ils ne laifférent pas d'y vivre. Voyant cela, je les tirai de huile, & les mis dans un autre vafe avec dela terre fraiche ; l’un y mou- rut au bout de trois jours, & l’au- tre en vécut fix, mais très-languif- fant. 11 eft donc certain, conclud Mr Rédi, que Fhuile eft contraire aux Vers deterre, mais qu'elle ne eur eft pas un poifon aufli préfent qu’elle l’eft aux Mouches ; par exem- ple , aux Guêpres , aux Abeilles, aux Scorpions, aux Grillons, aux Limaces , aux Vers à foie , à toutes des fortes de Chenilles , aux Scolo- endres marines, aux Sangfues, & à plufeurs autres Infeétes fembla- “bles. Au refte , ainfi que Île remarque fort à propos Mr le Clerc, il faut bien diftinguer d’avec l'huile d'olive toutes celles qui font compofées dé particules âcres & pénétrantes ; parce que celles-là agiflent moins par leur des Vers. 579 “onétuofité , que par leurs particules falines, bitumineufes , qui font trés- adives. Telle ft l'huile de pétrole, ‘laquelle par les pointes de fes fels, “perce tout d’un coup le corps tendre ‘du Vers enforte que fi vous verfez feulement deux ou trois gouttes de _cette huile dans le fond d’une phio- ‘le, & que vous jectiez enfuite dans cette phiole plufieurs Vers , vous les “voyez périr prefque fur le champ. Toutes les huiles tirées par le feu, produifenr le même ft ; telles font par exemple, les huiles de fuc- cin , de bois & de bayes de genié- _wre, de coudrier , & toutes les huiles “extraites d’aromates, & de plantes ‘ aromatiques. C'eft par la même caufe que le fei commun , le fel gemme , & plu- ‘ fieurs eaux minérales, foit froides, foit chaudes ; dans lefquelles regne un fel fixe , font fi contraires aux Vers. Mais il faut écouter encore là- deflus le fcavant Mr Rédi, cité fort à propos à ce fujer par le même Mr lé Clerc. Si, dit-il, l’on fait fondre dans * de l'eau de fontaine, autant de fel 580 De la Génération qu'elle en peut difloudre, & que dans cette diflolution, l’on jette des Vers de terre, ils y meurent à l’in- ftant. Si à cetre même eau falée , l’on ajoûte une égale quantité d'autre gau, où il n’y ait point de fel, les Vers qu'on y jette, y meurent en aufli peu de temps. Si l'on y ajoûte pour la troifiéme fois autant d’eau nouvelle , ils meurent en un quart d'heure. Si l’on réitere une quatrié- me fois , ils demeurent deux heures fans mourir. Le fel gemme, le vi- triol de Chypre , l'alum, le nitre, font le même efet ; nrais la diflolu- tion de fel commun, celle de fel ‘ gemme, celle de nitre, a plus de force ; le vitriol en a un peu moins, :&c l’alum un peu moins encore. On voit par - là , conclud Mr Rédi, pourquoi certaines eaux minérales, telles par exemple, que les eaux de Tetucium , Aqua Teilucn, les eaux de Bagnols , del Bagnuolo, étant bues, tuent fi puiffamment les Vers du corps humain ; étant facile de com- prendre que cette vertu leur vient du fel fixe qu’elles contiennent : el, au refte qui les rend en même temps purgatives , des Vers. sèr purgatives, ce qui eft caufe qu’elles €hañlent aufñli les Vers qu'elles tuent, Ces expériences que Mr Rédi a faites fur la vertu antivermineufe des fels fixes naturels, ont porté Mr le Clere à en faire de femblables fur la vertu des fels fixes préparés par le feu, & al a trouvé qu'ils avoient contre les Vers, la même vertu; fur quoi il cite le fel detartre (4). Il a trouvé de plus que l'efprit volatil de fel de Vipére, & autres volatils fembla- bles , ne font pas moins efficaces contre ces Infectes. | Si l’on jette dans de l'efprit de vin des Vers deterre , ils y meurent tout -d’un coup; ils vivent très-peu dans Je vin foit rouge ou blanc, foit doux -ou non; ils ne s’accommodent pas mieux du vinaigre. Plongés dans de Peau poivrée, ils n'ont guëre qu'un ‘quart d'heure de vie, fi l'eau eft bien chargée de poivre; maisfrelle left: ‘peu, ils y durent quelques heures Selon le plus ou le moins de poivre qu'on y à mis. | (2) Quod autem de [alibus fixis naturalibus obfer- wamit vir celeberrimns , comperi Co ipfe falia fixa ui “38935 parata [al sartariputa ; adbibens. T orme IL, 582 De l4 Génération Ils meurent trés-vite, lorfqu’on leur jette deflüs de la poudre de poi- vre, ou de canelle, ou de tabac; celle de tabac leur eft plus contraire. Dans le jus de limon aigre, ils vi- vent quelque peu de temps; mais ce qu'il y a de furprenant, ils périfilent beaucoup plutôt, dans le jus de li- mon doux, & dans celui d'orange de Parwmgal.(s) :4::2 L'eau de vif-argent eft fort con- traire aux Vers, comme l’on fcait ; mais comment agit-elle fur ces In- fetes ? C'eft ce qu'il n’eft pas facile d'expliquer , non plus que la raifon pourquoi le jus de limon doux & d'orange douce, leur eft plus con- traire que celui du limon aigre & de l'orange aigre. Que l’eau de mer- cure foit ennemie des Vers, voici R-deffus des expériences qui ne per- mettent pas d'en douter , fur-toutà Fégard des Vers de terre ; ear pour ceux du corps, on ne peut pas s’en convaincre aufli certainement par les mêmes expériences ; ces Vers ne vivant pas tous aufli long-temps hors du corps, que vivent hors de terre les Vers de terre, & n'ayant pas la . des Vers. 58 même vigueur. Enforte qu'on peut les comparer en cela aux Poiflons de mer, dont la plüpart meurent dés qu'ils font hors de la mer. Quoi qu’il en foit, voici les expériences qu’on eut faire fur les Vers de terre avec eau de mercure, & qu'a faites Mr Rédi. hp: _‘Jejettai, dit-il , une grande quan- tité de mercure, dans une bouteille de verre pleine d’eau commune, prefque bouillante ; jy laiffai lé mercure infufer pendant douze heu- res. Après quoi, l’eau étant froide, fy mis quatre gros Vers de terre, fans Ôter le mercure , ils y vécurent vingt heures. _ Je mis dans unautre vaiffleau de verre une quantité beaucoup plus confidérable de mercure ; enforte que tout le fond du vaiffeau en étoit couvert, puis je gliffai doucement fur ce mercure un gros Ver deterrex FInfete commença aufli-tôt à s’a- giter avec force, rendant beaucoup d'écume & d’eau épaifle ; enfin au bout de 24. heures, ïl mourut en convulfon. ee. Ce qu'on peut dire de ds pro | ÿ s34 De la Génération | bable pour expliquer lation du mercure fur les Vers, eft qu’étant compofé comme il left, de particu- les extrèmement fines & pénétran- tes, ces particules fines s’accrochent avec les fucs épais & vifqueux dont Ie Ver eftcompofé, & y font une divifion., qui rompant toute la liai- fon des parties du Ver , ne permet plus par confèquent à l'Infecte de vivre. _ La raifon pourquoi la plüpart des amers tuent ou chaflent les Vers, éft bien plus facile à rendre ; la mor- dacité de ces amers parle d’elle- même fur ce fujet, fans qu’il foitbe- foin de faire là-deflus de grands rai- fonnemens ; mais ils ne font pas tous également /umbricides, (a) où lum- brifuges ; c'eit ce qu'on va voir par les expériences fuivantes. Je délayai, dit Mr Rédi,une affez grande quan- tité d’aloës dans de l’eau, pour la rendre bien amere. Je jettai dans cette eau quatre Vers de terre ; ils en parurent d’abord trés-contrariés , mais ils ne laifférent pas d'y vivre * (a) Lumbricides, c’eft à dite, qui tuent les Vess ;. Luwmbrifrges, e'elt à dire, qui les chaflens.” 7 des Vers, 58 affez tranquillement pendant 24. heures. L'un d'eux commenca à fe dépouiller de fa peau depuis la queue jufqu’au milieu du des & du. ventre ; Ïà cette peau fe renverfa & fe ramafla, de maniére qu’elle e tour comme un cercle tout le cor du Ver : autres vingt-quatre heures s'étant pañlées , je tirai de cette eau amere les Vers en queftion, & les mis dans un vaifleau de verre, avec on peu de terre fraîche , où j’avois mélé quelque peu d'aloës pilé : ils vécurent plufieurs jours dans cette phiole. Je réitérai la premiere expé- rience fur autres quatre Vers de ter- re, & ils vécurent dans l’eau amere quatre jours entiers. Qui croira après cela , dit Mr Rédi, que l’aloës foit aufli contraire aux Vers du corps, que l'ont écrit quelques Auteurs ? Mais fi ce fuc, tout amer qu’il eft, eft f foible contre les Vers, lors même qu'il les touche, quel effet , deman- de le même Mr Rédi, doit-on atten: dre , lorfqu’on l’applique en cataplä- me fur le ventre,ou qu'on y applique des amers-encore moins forts, tels que les feuilles de pécher broyées $3G De la Génération avec du vinaigre, & autres remedes: femblables , fi fort vantés parmi le vulgaire. La décoétion de Iupins,qui eft fi amere, n’eft pas plus ennemie des Vers; ceux de terre qu'on y jette: iv plufieurs jours. * Dans une forte décoétion-d’abfyn: the, ces Vers vivent quelquefois des: vingt-quatre & des trente heures. Dans une infufion de pomme de coloquinte, ils vivent un-peu moins, &c ne pañlent guère quatorze heu- HS: + Ed ad Dans de l’eau où l’on à laiffé trem per un jour ou deux., du femen contra; autrement , dit Barbotine , ils ne vi- vent guère plus de fept ou huit heures. | Dans de l'eau où l’on: fait infu- fer du fenné ou de la rhubarbe, les Vers de terre meurent en quinze où vingt heures. Dans une infufion de quinquina , ils vont quelquefois jufqu’à quarante- fix heures. On voitpar-là 1°. que les amers: n’ont pastous la même vertu contre: Jes Vers. 2°. Que ce n’eft pas préci- fément à leur amertume qu'il faut des Vers. 557 attribuer cette propriété ,. puifque . Faloës beaucoup pes amer que le femen contra, leur ft cependant moins contraire , que le femen contra. On dira peut-être que la force de ce dernier , vient de fon odeur, qui eft fort pénétrante ; au lieu que celle de: Paloës ef fort foible: : mais l’abfyn- the , quin’a pas moins d’amertume que le femen contra , & qui n’a pas non plus une odeur moins fenfible , eft cependant , comme le remarque Mr Rédi, moins bonne contre les Vers, que le femen contra. Bien plus ;: le trifolium fibrinum , quin’a prefque point d’odeur , & qui eft très-amer, cpargne beaucoup moins les Vers de terre , que ne fait le femen contra , ni labfynthe. C’eft de quoi s’eft con- vaincu Mr Rédi par plufieurs expé- riences, en jettant dans une forte décoétion de cette herbe même def- féchée, un certain nombre de Vers de terre ; car ils y {ont tous morts en deux, trois, ou au plus vingt- quatre heures , & cela après de vio- lentes convulfions , & un dépouille- ment entier de leur peau , enforte qu'ils paroifloient tout écorchés. LS 588 “De la Génération | La racine d’énula campana , qu a beaucoup d’odeur , & encore plus d'amertume , eft fi contraïre aux Vers dont il s’agit, que dans une décoétion de cette racine, ‘ils meu- rent En quatre ou cinq heures de temps , & fe dépouillent tout de même de leur peau. Ces fortes d’a- mers agifient donc violemment con- tre les Vers. Il faut avouer cepen- dant , que dans d’autres amers abfo- Jlument dénués d’odeur , on ne trou- ve pas la même propriété; c’eft de- quoi Mr Rédi s'eft aufli convaincu par plufieurs expériences. La petite centaurée , qu'à caufe de fon extrême amertume, quelques Auteurs ont appellée Fiel de terre, n'a pas plus de force far-les Vers en queftion, que l’aloës dont nous avons parlé. Car fion en met quelques-uns dans une décoétion de cette plante, on les y trouve encore vivans trois Jours après ; quoique cependant peu apres qu'on les y a jettés, leur peau fe fépare prefque toute , comme Mr Rédi à obfervé qu’elle fe fe- pare dans l’infufion d’aloës. Cette Obfervation des Pers: s89 Obfervation eft de Mrle Clerc. (4} __ Si les amers en tant qu'amers, font fi différens entre eux, par rap- port à leur vertu anthelmintique , ceux qui fe diftinguent particulierement ‘par leur odeur, foit qu’à cette odeur il y ait peu d’amertume mélée, ou qu'il y en ait beaucoup, ne font pas moins différens entre eux , par rap- port à la même vertu contre les Vers. Nous avons là-deflus , parlé de l’abfynthe & du femen contra , qui font de ce genre ; quant aux autres amers, () quicomme ceux-là, frappent fortement l’odorat, les per- {onnes qui ont lu Diofcoride, & les autres anciens Auteurs , {çavent combien la menthe, qui eft du nom- bre de ces amers odorans, eft recom- mandée contre les Vers. Mais fa vertu en cela eft telle, qu'on peut feulement la comparer à celle de s'abfynthe ; car fi dans une décoétion de feuilles de menthe defléchées , l'on jette des Vers de terre , ils y vivent environ vingt heures. La même chofe arrive dans une déco- (a) Damsel. Clerici Hifloria , later. lumbr.Cap. AW (b) Daniel. Cler, ibid, Tome IL, R fo De la Génération | étion de feuilles féches d’auronne, foit mâle ou femelle : la décoétion de fleurs decamomille, a une vertu femblable ; mais de toutes les her- bes de ce genre, la tanaifie eft celle qui a le plus de vertu contre les Vers, aufli-bien que le marrube blanc & la matricaire, dont la décoétion, lors même qu’ elle eft faire de ces herbes feches , tue les Vers de terre en cinq ou fix heures, aprés les avoir auparavant dépouillés de leur peau. Le fcordium defléché perd “4 odeur , & la décoction de cette her- be ainfi defléchée, & fans odeur , ne produit aucun effer fur les Vers, fi ce n'eft qu’elle les dépouille de leur peau. La décoûion de rhue fraîche tue les Vers'en cinq ou fix-heures. Cette herbe cependant perd toute fon odeur, & en même temps la plus grande partie de fon amertume : par lébullition. La méme perte luiar- rive parle defléchement.; .en quoi elle differe bien du marrube blanc, & de la tanaifie , qui étant fecs , ne laiflent pas de ‘Conferver toute des Vers. $9T leuramertume , & toute leur odeur. Il fembleroit par tout ce qui 2 été dit ci-deflus, que les feuilles de fabinc qui ont une odeur & une amertume trés-confidérable que la décotion ne leur ôte point, de- vroient avoir une grande force con- tre les Vers; cependant les Vers de terre jettés dans l’eau où cette herbe broyce toute fraîche a bouilli, y vivent environ douze heures. (4) On peut mettre au rang des amers propres. contre les Vers , la déco- &ion de café ; les Vers de terre y vivent cependant environ vingt- quatre heures, mais auparavant ils y quittent leur peau , & deviennent mols & flafques , comme tous les autres dont il a été fait mention juf- qu'ici. | - Quoique l’infufion de thé ne foit as amere , nous fuivrons ici l’exem- ple de Mr le Cler, qui croit en de- voir parler à l’occafion du café ; les Vers de terre y vivent quinze à vingt heures, quelque forte que foit l’in- fufon , mais ils n’y quittent point leur peau comme dans la déco&tion (a) Daniel, Cleric. ibid. Ri $92 De la Génération de café ; ils y deviennent feulement trés-lifles & très-refplendiflans ; ils rennent de plus comme une cou- leur d’amétifte, (4) & au lieu de tomber mols & flafques au fond du vaifleau , ils acquierent au contraire lus de dureté; d'ou il eft à juger, lon Mr le Clerc, qu'aux particu- les dérerfives du thé, font jointes des particules aftringentes qui refler- rent lestrachées de l’Infeéte , & les empêchant de recevoir l'air , le font mourir faute de refpiration. La décoétion de fœnu-grec a beau- coup d’amertume & d'odeur; elle fait mourir en douze heures au plus tard les Vers de terre qu'on y jette, & les rend mols & flafques. La grai- ne de cette plante bouillie dans de l'eau, rend la décoction mucilagi- neufe; mais ce mucilage n’eft pas fort contraire aux Vers, .& généra- lement parlant , on peut dire que les liqueurs mucilagineufes ne nuifent pas beaucoup d'elles - mêmes aux Vers de terre, & c’eft ce qu’a éprou- vé Mr le Clerc par diverfes expé- riences qu’il à faites à ce fujet, & (a) Daniel, Cleri. ibid, | © des Vers 93 dont nous aurons plus bas occafion de parler , auffi-bien que de plufieurs que MrRédia faites fur la coraline, qui eft fi amere , & d’une odeur & pénétrante. | Tous ces amers font plus où moins contraires aux Vers , felon qu’ils abondent plus où moins en particules abfterfives , autrement di- tes favonneufes , lefquelles dépen- dent d’un {el fixe mêlé dans une ma- _ticre grafle & fulphureufe. Quant à l'ail, dont la faveur Âcre femble plas pencher du côté de la- cide, que de celui de l'amer, & donc l'odeur fétide, peut être regardée comme Ja pefte du nez : voici com- me s'en explique M. Kédi. Je fis frotter d'ail tout Ie dedans d’un pot de terre, & jetter au fond du vaiffleau les morceaux d'ail qui <étoient reftés, puis je mis dans ce pot, fix Vers dec terre , dont trois étoient fort gros, & trois plus pe- tits. Sitôt qu'ils y furent , ils parurent #rappés de l'odeur & de l’attouche- ment de l'ail , puis ils devinrent en- gourdis. Je les couvris alors de bon- ne terre, où j'avois mêlé plufieurs | Riij B27; De la Génération morceaux d'ail bien broyés & écra- fés. Je les tiraï de là vingt jours aprés tout vivans ; il y a apparence qu’ils auroient vécu encore un grand nombre de jours , fi je lesavois laif- fes dans le vale , car ils étoient très- “vifs. ik On voit par cette expérience ; que Fail n’eft pas fi contraire aux Vers detérre, qu'on fe l’imagine- roit d’abord ; & que fi on leur laifle de la terre qui eft leur nourriture, ils éludent par le moyen de cette terre , les coups mortels que l'aïl Jeur pourroit porter ; en quoi ils seflemblent , dit Mr le Clerc, à ce Géant Antéé, fils de la Terre, qui attaqué par Hercule, reprenoit fes forces fitôt qu'il touchoit la terre ; c’eit la comparaifon de Mr le Clerc. Il conclud de-l , que c’eft fe trom- per, de croire qu'en frottant avec de l'ail le nombril des enfans qui ont des Vers , on les guérit de cette maladie ; mais cette conféquence ne doit pas être regardée comme bien certaine , les Vers de terre & les Vers du:corps étant de différente BATUTE ; enforte que ce qui eft peu des Vers. $9$ contraire aux Vers de terre, peut bien l'être davantage aux Vers du corps , qui font plus foibles & plus tendres ; joint à cela que Fail appli- uée fur le nombril, fait faire aux mufcles du bas-ventre, des mouve- mens qui peuvent beaucoup aider Fa@ion de l'ail pour chafèr les Vers. Quoi qu'il en foit., pour bien s’af- farer de la force ou de la foibleffe de Yail contre les Vers de terre, il faut faire bouillir légerement quel- ques goufles d’ail dans de Peau, & quand la décoction cft froide , y plonger deux ou trois de ces Vers ,. . on verra qu'ils y vivent plufieurs heures ; lesuns plus, les autres moins. Mais felon une expérience que rap- porte la-deflus Mr le Clerc, & qu'il a faite, ils y vivent environ fix heu- res, & demeurent roides après la mort. ne : Dans la décoétion de racines de biftorte pulvérifées | ils vivent envi- ton vingt-quatre heures , & dans celle deracine de tormentille , auffi Ivérifée , ils vont jufqu’à trente heures. Mais foit dans l'une, foit dans l’autre, ils fe durcifient & fe Riv 526 … De la Génération | _ roidiffent en mourant ; ce que Mrie Clerc attribue avec raifon , à la qua- lité aftringente de cesracines. (4) . On voit aifément pourquoi les chofeshuileufes , falées , âcres, aci- des , aftringentes , tuent les Vers; mais on ne conçoit pas deméme d’où vient que les chofes douces, telles. que le miel , le fucre, & autres fem- blables, produifent cet effet, & le produifent même plus efficacement que la plüpart des amers. | Ayant délayé du miel d'Efpagne dans un peu d’eau, dit Mr Rédi, & dans cette eau miellée, ayant jetté quatre Vers, je les y at vu mourir tous quatre en moins d’un quart d'heure. J'ai réitéré l’expérience un grand nombre d’autres fois, & je J'ai vu réuflir de même pour l’efpace de temps. L'eau fucrée produit le même effet , comme le remarque cet Auteur ; il conclud de-là, qu'au lieu de tourmenter les enfans com- me l’on fait , par des remedes amers qui les révoltent, il vaudroit bien mieux leur donner du miel, du fu- ere, & autres chofes femblables, {a} Daniel, Cleris, ibid, des Pers, f97 qu'ils avaleroïient avec plaifir , & ui les délivreroïent plus furement de leurs Vers. Nous avons touché cet Article.p.46 $.on y peut recourir. Mr Rédi confeille de même con- tre les Vers des enfans, les fucs qui fe tirent des fruits doux : il faut Fen- tendre fur ce fujet. | Je pris, dit-il, des raifins que j'a- vois fait fufpendre depuis long- temps au plancher , & qui étoient trés-doux ; j'en exprimai le jus, & dans ce jus je jetrai quelques Vers; je les y vis mourir en une demi- heure , & ils devinrent durs & fecs. » Croyons aprés cela , ajoüte-t'il , » que les fruits doux, produifent des » Vers dans le corps des enfans ! bien » Join de-Jà : Si lon mâche des pom- mes, des poires, des abricots, des pé- ches,que l’on tire de fa bouche ce qui aura étéainfi mâché,& que dans cette bouillie , on mette des Vers vivans, j'attefle qu'on les y verra mourir en peu-de temps. Comme ces expériences ne regar- dent que les Vers deterre, & que ces Vers font d’une nature difftren- te de celle des Vers du corps ç93 De la Génération R Mr Rédi ne s'en eft pas tenur air épreuves que nous venôns de rap- porter. Ilen a faites far les Vers du corps, & voici ce que ces dernieres nous apprennent. Si lon prend des Vers récemment fortis du corps, qu'on les mette dans un lieu où if n’y ait point d’humi- dité , ils y meurent en peu de temps ; mais fi on les met dans de Feau, & de l’eau qui foit bien pure, ils y vi- vent des foixante , & quelquefois des foixante & dix heures. Nous rappellerons fur cela ce que nous avons rapporté ci-devant , au fujet de ce Ver’ qui fut rendu par une Penfionnaire de l’Affomption, le- quel vécut pendant près d’un mois dans une cuvette d’eau fur une fe- nêtre ; c’eft bien plus que de vivre foixante & dix heures. Dans l'eau où l'on a mêlé de Iæ terre fisillée , qui pañfe pour étrefi contraire aux Vers du corps, ils vi- vent environ ce nombre d'heures. Dans celle où l’on a mêlé de la co- raline , qui pañle tout de même pour être un fi ES remede contre les Vers, ils vivent jufqu'à des fix & fept des Vers. vos jours ; & dans l’eau où l’on'a diflout de l’aloës , ils ne paflent guëre trente heures. | La poudre de corne de Cerf mife dans de l’eau , .ne fait rien à ces Vers, non plus que celle de l’ongle. de pied d’Elan, n1 ceile d'yvoire; le Bézoar » foit Occidentai , foit Oriental, eft également inutile con- tre ces Vers ; mais ils meurent prom- ptement dans l’eau falée , & plus promptement encore dans Feau-de- vie ; ce qui arrive de même aux Vers de terre, avec cette différence, que les Vers du corps réfiftent plus à l’aétion des médicamens , que ne font les Vers deterre; ce qui paroî- troit incroyable , fr des expériences certaines & conftantes n’en étoient la preuve ; vu qu'il eft certain auf cpar lexpérience , que Îles Vers de: terre, ont un mouvement plus fort ; foht plus vigoureux & plus agiles , & que les Vers fortis du corps, font au contraire lents , engourdis, & “prefque fans action, en comparai- fon de ceux qu'on tire de terre. : Nous avons remarqué que ces Vers fortis de terre , mouroient 660 De la Génération promptement dans le vin ; il n’en eft pas de même des Vers fortis ‘du corps : Mr Rédi obferve qu'ils vi- vent dans le vin, les uns vingt-qua- tre heures, les autres quarante , les autres foixante, plus ou moins. Mais il y à ici une circonftance à examiner , qui eft que les Vers for- tis du corps, viennent d’un lieu où Hs ont pu s’accotitumer au vin, y ayant peu de perfonnes qui n’en boï- vent; au lieu que les Vers de terre, n'ont que l'eau &c la terre pour nour- riture. Il faudroit pour pouvoir raifon- ner jufte là-deflus , mettre dansun verre de vin, des Vers rendus par de petits enfans , & dans un autre verre de vin, des Vers rendus par des per- fonnes qui buffent du vin, on ver- roit alors lefquels de ces Vers vi- vroient plus long-temps dans la li- queur dont il s'agit; & encore ne faudroit-il pas s’en tenir à une feule expérience , il faudroit réitérer læ chofe plufieurs fois. Les Vers ronds & longs du corps humain, vivent au plus dix heures dans l’eau-rofe, dans celle de fleurs des Wers. 6or d'orange , dans celle de myrte, mais les ronds & courts , qui font les Afcarides , y meurent fur le champ. Dans l’eau fucrée en confiftance de julep , les Vers du corps vivent environ trois heures, ou au plus, quatre ; c'eft ce que Mr Rédi aflüre avoir éprouvé un grand nombre de fois. Au refte quand on fait les expé- riences dont nous avons parlé juf- qu'ici, il faut prendre garde de noyer les Vers dans les liqueurs où on les jette; car alors , comme ils ne peuvent manquer d'y étouffer par la trop grande abondance de la tiqueur qui les couvre, on n’a pas lieu d’attri- buer leur mort à la qualité de la li- queur , & tout ce qu'on peut juger, c'eft que ces Vers étouflent plütôt les uns que les autres dans les liqueurs où on les noye ; ce qui ne fert de rien pour fe régler dans le choix des remedes qu'on doit employer con- tre les Vers; ces remedes ne fe pre- nant pas, & ne devant pas non plus fe prendre dans la quantité qu'il fau- droit pour noyer ces Vers dans le corps. ! Quoi qu'il en foit |, comme il y a très-peu de différence entre l’ofet oz De la Génération ue certains médicamens produifent rs les Vers de terre, & celui que ces mêmes médicamens produifent fur les Vers du corps , nonobftant la différence qu'il y a éntre la ftruêture intérieure des Vers de terre , & celle des Vers du corps ; on peut fans erreur , regarder en général comme contraire aux Vers du corps, ce qui eft contraire aux Vers de terre. La difiérence qu'il peut y avoir là- deflus, FE tfane en peu de chofe. L'eau où l’on à fait bouillir de la guimauve , €ft bonne contre les Vers; mais comme elle agit foible- ment ,( car f1 dans cette décoGion on met des Vers deterre , ils y vi- vent quelquefois jufqu'à trente & trente-fix heures ) iléft bon d'y mé- ler du vin ; la guimauve en acquiert alors plus de force : on peut même faire infufer la guimauve dans du vin pur, elle fera alors un puiflant -remede contre les Vers. Ce que je dis de la guimauve , fe doit entendre aufi de la mauve ; & ce vin de mau- ve aura pour Je moins autant de vertu, que celui de malvoilie. Quelques Critiques , faute de fca- __ des Vers. 603: voir , & je puis dire même , faute de foupconner. que l2 mauve für bonñe contre les Vers, fe font à ce fujet répandus en déclamations con- tre moi , aprés s'être inftruits par l’er- rata de la premiere édition de mon Livre, qu'au licu de vin de mauve, qui s’y étoit gliflé par erreur d’im- prefion, il falloit lire vin de mal- voific ; ne s'imaginant pas que le vin préparé avec la mauve, püt être en fait de contre-Vers, l'équivalent du vin de malvoifie ; enforte qu’ils ont cru que la faute en queftion, dontils ne fe font inftruits que dans mon errata , choquoit non-feulément la Grammaire , mais la Médecine. Au refte, c’eft unevoye bien facile pour critiquer les livres , de vifiter les crrata , d’expofer enfuite les fautes qu'on ya vues, & de faire fem- blant dene les y avoir pas vues. On prépare un excellent vin de mauve contre les Vers avec la graine. de cette plante : on fait bouillir Ié- gérement la graine dans du vin rou- ge, & on donne quelques cuillerées de ce vin. Il a outre cela la pro- priêté d’être bon contre lesnaufées, 604 De la Génération TRS & contre un nombre confidérable de maladies. Les Anciens ont re- gardé la mauve comme un remede prefque univerfel, (+) ce qui eft caufe qu'ils l'ont appellée , Omni- #iorbie. Dans la décoétion de polypode, les Vers de terre ne vivent guére plus de huit ou neuf heures. Dans celle de {ébeftes, ils vivent aufli très- peu; & voici là-deflus une expé- rience de Mr le Clerc. Je mis, dit- il, dans une livre d’eau bouïilfante , trois onces de fébeftes avec les. noyaux, dont j'avois feulement dé- taché la pulpe; je laïiffai réduire lz décoction à moitié , puis l'ayant life réfroidir, j'en pris une fuffifan- te quantité , où je jettai quelques Vers deterre, ils y moururent en- viron fix heures après. Je fis enfuite une femblable déco- &tion, maïs plus forte, & dans la colature quand elle fut froide , je (a) Mathiol, Comment. in Lib. fecuxdum Diofco- ridis, Cap, CXI. Semen malvæ ex vino rubro potum naufeam tollit. Malva ad multa utilis ef}, ideoque non immerità an- tiqui malvan omni-morbiam appellarunt. jettai des Vers, 605$ jettai cind Vers; ils n'ÿ vécurent pas au plus, sp heures. Dans une forte infufion de régue- life , fraîchement tirée de terre, ils vivent plufieurs jours, & tout au- tant que fi c’étoit dans de l'eau fim- le , avec cette différence que dans a décoétion dout il s’agit, toute leur peau s'enteve. Mais dans la dé- coétion de régueliffe feche, ils ne vivent guêre au-delà de quinze ou feize heures, quelquefois cependant ils vont jufqu'a vingt heures, mais c’eft tout le plus; leur peau fe déta- che de même de deflus tout leur corps. Nous avons fouvent parlé jufqu’ici de cette féparation de peau; mais une réfléxion que nousn’avons point encore faite li-defius , non plus que Mr le Clerc , & qui paroîït aflez im- portante, c'eft que certaines pelli- cules que rendent dans leurs déje- étions la plüpart de ceux qui ont des Vers, pourroient bien venir de ce que les Vers du corps, par l'action de certains remedes fur ces Vers fe dépouilleroient de leur pean, com- mc fe dépouillent de la leur, les Vers Tome IL. ETHEUTS 606. De La Génération de terre: la chofe paroît aflez vraï- fembliable , & quand on voit de ces pellicules & efpeces de membranes dans les déjeétions , il n’y a pas d’ap- parence que ce fut fe tromper, k les regarder comme des fignes cer- tains de Vers. Mais en fait de régueliffe , iln’y a rien de plus contraire aux Vers de terre, que la poudre de cette racine. Elle les tue en un quart d’heure lorf- qu'on en afperfe leur corps.On pour- roit croire que cet effet viendroit de ce que la poudre en queftion, bouche les pores de leurs corps , & empêche par ce moyen, Fair d’en- trer dans les trachées ; mais voici üne expérience de Mr le Clerc , la- quelle ôte tout lieu de ke penfer. Il prit de la poudre de bouisextréme- ment fine , il en couvrit toute la fu- perficie du corps de quelques Vers, & ces Vers bien loin de mourir en ün quart d'heure , vécurent les uns fix heures, les autres fept; d'ou il faut conclure que la caufe pourquoi la réguelifle en poudre jettée fur ces Vers , atant de vertu, eftautre que le bouchement des pores des Vers. 607 Si l'on demande pourquoi le miel, - le fucre, la réguelifle , la mauve, le _polypode , & autres chofes douces, gr dont les particules qui s’en déta- chent fur la langue , picotent & ébranlent vivement les papilles ner- veufes de cet organe , font contrai- res aux Vers ; je réponds avec Mr le Clerc, que cela provient d’un fet particulier, renfermé dans les fub- ftances dont il s’agit , lequel s’intro- duit par fes pointes dans le corps tendre & délicat des Vers, & y pro- duit des déchiremens. | . Le fucre , par exemple, qui ef fi doux, ’eft autre chofe, qu'un fuc épaifi qu’on peut regarder comme le fel eflentiel de la plante d’où on le tire , & comme tres-peu diffé- rent du fuc que les Abeilles tirent des fleurs. Or , lé miel, ainfi qu’on fcait, eft une fubftance faline ful- phureufe , qui fermente aifément , qui fournit un efprit ardent, ce qu’on découvre de même dans le fucre. Quant à la réguelifle, on y {ent au milieu de fa douceur dominante, une faveur déterfive, qui ne peut proccder que d’un principe falin & | Si 6e$ De la Gén ération des Vers. oléagineux , dont les particules véi nant à fe répandre fur les Vers, dérangent néceffairéement la tiflure de leur corps. Cette propriété de la réguelife eft. far-tout indiquée par une amertume fecrette qui sy dévelope , lorfque la râcine eft feche. La mauve ou guimauve a tout de même , des particules abfterfives très-propres. à déranger Îa tiflure tendre & délicate du corps des Vers. Mais le polypode l'emporte en cela. fur la mauve & fur la réouelifle; aufli renferme-t'il dans {a douceur , une amertume afflez fenfible. Le fucre étoit inconnu aux An- ciens. Aldrovandus pañfe pour le pre- mier des Modernes, ( 4) quil'aitre- commandé contre les Vers. Il n’y a guërede maladies contre lefquelles la Médecine fe foit mife plus en peine de chercher des reme- des, que contre ces Infeétes. 1} eft. étonnant à quel nombre on a fait monter les remedes dont il s'agit: c'eft ce qui fe va voir par la life fui- vantc.(b} _(a) Alärov. de Infe, Eib, VI. Dan. Cleric, Hiffers. Let. Lumbr. Cap. XF... byDan. Cleric. Hif. lator.. Lumbrice Eoÿ Lifie des Remedes contre les Vers. CE remedes fe tirent ou des plan- tes , ou des Animaux , ou des minéraux. Les uns & les autres font ou fimples , ou compofés. Les fim- ples que fourniffent les plantes font ou racines , ou feuilles, ou fleurs . ou fruits, ou fuc de ces fruits, ow graines, ou bois, ou écorces, ow gomines , ou rélines , ou gommes- réfines, ou huiles: nous les allons expofer par ordre. REMEDES ANTIVERMINEUVE tirés des Racines. Racines de RACINES de Ache: :Calamus aromatique: Acorus. :Carline. Ail. kChicorée fauvage. Androfemum. Contra-yerva. Angélique. Croifette. e Anthora. €Cyclamen. Ariftoloche, Daucus de Crete. Arum. | Enula-campana. Afphodele. * |Efule. Az + Fougere femelle: Barbe de boue... Fraxinelle. Biftorte, Fumeterre, Brione.. ‘ |Galanga. O1S Remedes antiverminenx: Racines de |. Racines de Garance. Petafites, ‘Gentiane, Polypode. Gingembre Porreau. Gramen. -Prime-verres. Gratiole. Pyretre, Hyflope. Raïfort. Ieble. Réponce. Impératoire. Romarin.. L Fpecacuanha. Sanicle. Xris. :Scorfonaire, Méchoacan, Scrophulaire. Murier. Souchet.. Oignon. Succife. Ozeille. Terre-mérite, Patience. Tormentille. : REMEDES ANTIVERMINEUX qui fe tirent des feuilles. FEUILLES de FEUILLES de Abfÿynthe. Betule, dont on fait Âgripaume. cuite| un extrait. 4ans de l'huile d'ab-\Bugloffe. fynthe, & appliquée| Buis, dont on fait ur fur le‘nombril, extrait ce ane huile. Alliaria. €alamenthe. Apiaftrum. Calega. Armoife. Cataputia Cataria. Arnogloffe, Chamædris.. Artichaux. €Ehamæpitis. Auricula muris: Chardon benit# Aurone , mâle. Chicorée fauvage Bete blanche. Conifa. | Bétoine, Coralline, Remedes antivermineux. FEUILLES de Coftus hortenfs. Creflon. Dent de Lion; Eftragon. Eupatoire.' Fuméterre; Garance. Gingembre, Gui. Héliiotrope.. Hyfope. Iéble. Joubarbe. Laitue fauvage, Lavende. Laurier. Linaire. Marjolaine, Marrube. Matricaire. Meliffe. Menthe. Mercuriale: CTE FEUILLES de Millepertuis. Myrthe.. : NET Noyer. Origan.. Ortie. Perficaire, Fkcher. ‘Phntain. Pilium montanuns.. Pouliot. Pourpier. | Reine des prés. Sabine. EE. Sariette. Scabicufe, Scordium, Seneçon. REMEDES ANTIVERMINEUX qui fé tirent des Fleurs. EFLEuRrSs de Camomille. FLEURS de Mille Pertuis. Centaurée. ( petite ) “fi h Houblon. Jacinthe, Pêc €T. Safran. 61z Remedes anfivermineux! REMEDES ANTIVERMINEUX qui fe tirent des fruits. Fruits de FRUITS de Amandes douces. les de buifon. Amandes ameres. ; À Myrobolans. Amande de Pêche.” 1 Noifettes. Citrons, 1 Olives & leur huile. Coins. Orangesaipres & dow- Coloquinte. ces. Concombre fauvage. | Pignons. Dattes, Pifaches. Epine vinette. Poivre. Figues feches. Prunes fauvages. Gérofles. Rajfins & leur vin. Grénades. Sebeftes. Mures ordinaires, cel-' Tamarins. REMEDES ANTIVERMINEUX qui fe tirent des graines. GRAINES de GRA1INES de Âche. Courge. Ammi. -Creflon. Anet. Cubebes. __ Arroche. - FCumin. Bañlic. Epine vinette, Chanvre. Eupatoire. Chou. Fenouil. Citron. Fœnugtec, Concombre, Galega. €oriandte. Genef. _Genièvre Remedes antivermineux: 613 “GRAINES de GRAINES de Geniévre. Ozeille. Herbes aux poux. Perfil. Herbes aux puces. |Plantain. Houblon. {2 cendre de| Pois rouges , en déco- Jon farment bue dans\ ion. du lait. Porreau. Laurier. Pourpier. Lin. - | Queue de pourceau. Lupin. Ricin. fon huile mife Maniguette. fur le nombril y [ur Mauve & Guimauye.| l’effomac,tue les vers. Melon. Roquette. Mille-pertuis. Rue. Moutarde. Santoline. Myrthe. | Seigle, ez décoitions Navet. Sumac. Orange. Tanafe. Ortie. Vefle, en decoétion. REMEDES ANTIVERMINEUX tirés des bois & écorces. Bors,Ecorces. | Bois,E’corcEs. Ages. Oranger. Caprier, écorce de [| Picea. racine. Quinquina , /z moyer- -Chêne. | ne écorce. Citronier. | Santal. Coulevrée. | Sapin , fes branches Frêne. tendres, &œ fon écor- Genevrier. ce, en décottion Grenadier. Saffafras. Guaïiac. Tremble , fon écorce Lierre , en décoët. dans | : moyenne. du lait, fon écorce. | Turbith. Tom. IL. G14 Remedes Autiverminenx. REMEDES ANTIVERMINEUX qui fe tirent des Gommes , des Rc- fines, & des gommes-refines. Gomes ET RESINES, GomMEs RESINES. Acacia. Cerifer , gomme. Âloes. Euphorbe , zemme re Ammoniac, pee Affaftœida, à deux on | Geniévre, gomme. trois grains , diffouts | Lierre , gomme. dans de l'eau, Maftich. Baumes , toss Les bs- | Myrche. mes naturels. Scammonée. Bdellium. . -:[Suye de cheminée. Camphre. Térébenthine. Cedria , refine. Î REMEDES ANTIVERMINEUX tirés des huiles. Huizes de Huizes de Amandes donces d a-| Noix. meres. Noyaux de pêche. Buis. Ricin. Geniévre , tirée des |Succin. bayes. Thym. Fin des Remedes antivermineux » tirés des plantes. KEMEDES ANTIVERMINEUX compofés , qui fe tirent des plantes. Remedes compoles , qui Je tirent des plantes rincipalesnent. Confetion hamech. Diacurthani. Remedes antivermneux: G 1$ Diaphenix. Philonium. Diafcordium. Syrop de chicorée , Diaturbith, c#m Rha-| comp. de Rh. _ barbaro. Syrop de fleurs dePé- Elixir de proprieté. cher. Hiere picre. Thériaque. ‘Opiat de falomon. | Vin d’abfynthe. Orviétan. REMEDES ANTIVERMINEUX tirés. des animaux. Beure frais. chée. Bézoard. 1 Graifle d’ oye. Caftoreum. {Ivoire rapée. Corne de cerf, Miel. Fiel de Bœuf. Ongle d’élan. Fiente de chevre fé-| Poudre de vipéres. « REMEDES ANTIVERMINEUX tirés des mineraux. Bol d’Armenie. Sel. “Corail. Souphre. Eau de chaux. Vitriol , f#r tout le Limaille de fer. blanc. Pétrole. MEDICAMENS ANTIVERMINEUX compofés, qui {e tirent des minéraux. Eau où l'on à jetté de | Saphran de mars; l'étaim d du plomb| Tartre ftybié. fondus, Ti 1616 Remcdes antivermineits. RE'FLE'XIONS-PRATIQUES [ur La quantité extravrdinaire des re- snedes contre Les Vers. Ous venons de doñner une grande lifte deremedes ; mais cette lifte demande beaucoup de choix. Voici fur cela quelques ré- fléxions. | | La coralline eft un desplus puiffans & des. plus innocens remedes qui s'offrent dans lalifte dont il s’agit. Braflavolus , Mathiole , Mercurial, & les plus fameux Auteurs de Mé- : décine , regardent avec raifon, cette herbe comme une des plus fouverai- nes centre les Vers, ainfi que le re- marque Mr le Clerc {4). Mathiole(s) parle d’un petit enfant, qui pour avoir pris une dragme de coralline , ‘rendit jufqu’à cent Vers ; & Brafa- volus fait mention d’un vieillard de 82.ans{c), réduit à l'extrémité, le- uel rendit cinq cens Vers par l'effet du médicament compolfé de fcor- dium & de coralline. {a) Daricl. Cleric. Hifloria Lator. (b) Mathiol, in fimpli. examine. L (£) Brafau. in fimplir. examine. | * … des Vers. Er 7 . Mr Rédidit, qu'ayant mis quatre Vers dans une forte infufion de co- ralline , ils y vécurent jufqu'à fix jours ; d’où il conclud que la vertu de cette herbe n’eft pas aufli fouve- raine contre les Vers qu’on fc l’ima- gine. Mr le Clerc fait à cela une ré- ponfe qui paroît bien jufte , fcavoir,, que la coralline en poudre & prife en fubftance ; peut avoir beaucoup plus de vertu contre les Vers, qu'é- tant prife en infufion, ou en déco- tion ; aufli les Auteurs qui confcil- lent cette herbe contre les Vers , ne confeillent jamais de la prendre en infufion , mais toûjours en fubftance. En effet, comme l’obferve le même Mr le Clerc, & que nous l'avons aufli obfcrvé ailleurs dans ce Livre page 463. il y a une grande différen- ce entre les diflolvans de l’eftomac, & l’eau commune; celle-ci ne peut tirer qu'une légére teinture des mix- tes, au lieu que la liqueur flomacha- le agit fur les principes les plus inti- mes de ces mixtes & les fépare. Les principes de la coralline ainfi déta- _€hés,. & rendus à eux-mêmes, font portés du ventricule dans tout le con- Ti # 618 De la Génération | duit inteftinal, où ils ne peuvent manquer de contrarier les Vers qu'ils rencontrent , ces principes étant dé- gagés de tout ce qui pourroit retar- der leur action. Le femen contra, & autres fim- ples d’une amertume & d’une odeur trés forte, font d’une nature dif- férente de celle de la coralline ;. Icur décoétion ou infufion agit au- tant que fi on les prenoit en fub- flance, parce que l'amertume dont ils font remplis , & l'odeur qu'ils répandent, qui eft ce qui les rend contraires aux Vers, fe communi- quent facileiment aux liqueurs où on les fait infufer ou bouillir. La tanaifie tient le premier rang après la coralline , ce qui lui a fait donner avec raifon, comme à la coralline, le nom d’Herbe aux Vers. La rhue , le marrube blanc , Pénu- la campana , approchent de la vertu de ces herbes, aufli-bien que les au- tres amers dont les noms font rap- portés dans la lifte précédente ; ce qui leur vient de leur qualité amere. Quant aux médicamens doux & huileux , nous avons fuffifamment des Vers: 619 marqué plus But d'où vient qu'ils font contraires'aux Vers; c’eft pour- quoi nous n’en dirons rien davantage ici , non plus qu de ceux qui font à- cres.acides, ou falés, dont nous avons fait voir que les pointes s’infinuoient aifément dans le corps tendre des Vers, & en dérangeoient la tiflure. Mais il y en a d’autres dans le ca- talogue ci-devant, qui ne paroifient agir contre les Vers par aucune qua- lité manifefte. De ce genre eft le pourpier , qui étant prefque infipide, ne femble pas devoir etre fort con- traire aux Vers , & qui cependant eft un des remedes les plus efficaces contre ces Infectes; ce qui lui vient des particules de mercure qu'il con- tient, comme nous l'avons remar- qué plus haut page 518. où nous reœnvoyons. Cette herbe cependant renferme quelque chofc d’auftere, qui pour: roit bien auffi contribuer à fa quali- té antivérmincufe. Le gramen, ou chiendent n’a non plus aucune faveur marquée , & ce- pendant il ne laifle pas d’être con- traire aux Vers; fon eau même di- Tiv 620 De la Génération ftillée eft fort bonne contre ces In:- fetes. Elle les fait môurir quand on les en arrofe; ce que ne font pas bien des eaux ameref. ” Nous paflons pour la briéveté , plufieurs autres plantes marquées dans le catalogue ci-deflus, & nous. venons aux remedes. tirés des Ani- maux. | Ces remedes font en petit nom- bre ; car nous en excluons la poudre de Vers. defléchés,, foit de Vers de terre, ou de Vers fortis du corps ; cette poudre , comme nous en avons- averti page 445. ne pouvant intro- duire que des femences de Vers dans. le corps. Nous en excluons les-cor- nes & les.os tant de Cerf, que des autres Animaux, comme d’un fort petit fecours , à moins que ces cor- nes & ces os ne foient brulés; ce. qui les rend un peu plus propres contre les Vers, mais aflez cepen- dant , pour qu’on doive les mettre au rang de véritables remedes anti- vermineux: quoique l’aétion du feu leur ait donné un peu de pointe &. d’âcreté. : Nous en excluons les cantharides, des Vers. GT comme capables de produire dans les vifcéres des érofions trés-dange- reufes, & de nuire encore plus aux Malades qu'aux Vers. Le caftoreura eft prefque Îe feui des remedes tirés des Animaux, qui puiffe être employé utilement con- tre les Vers. . Quant aux minéraux, le mercure eft un bon remede contre les Vers ;. on en fait bouillir une certaine quan- cité dans de l'eau, & on donne à boire cette eat; mais il faut le faire bouillir long-temps , & en mettre beaucoup ; fans quoi, cette déco- étion n’a pas beaucoup de vertu. Il faut au refte prendre garde de donner de cette eau de mercureaux: enfans; nous en avons dit fa raifon dans le Chapitre des remedes qu'il faut éviter , nous y renvoyons. Le mercure doux , autrement dit, aquila alba , eft bon aufli contre les Vers; mais il faut y apporter des: précautions ; nous les avons mar- quées dans le même Chapitre, nous y renvoyons tout de même, c’eft Page 444- Les médicamens qui évacaent 622 De la Génération | fourniflent un grand nombre de re- medes contre les Vers, mais il faut bien de la prudence pour choilir ceux qui conviennent. Il y en a de dangereux, rels que font parmi les. plantes , lhellebore , l'épurge , Îa coloquinte, le concombre fauvagc, Péfule, leuphorbe, la gratiole, le ricin, @&C. Tous les violens évacuans , foit par haut, foit par bas, tant ceux qui font tirés des plantes, que ceux qui font tirés des minéraux , doivent être évités ici, de peur qu'en vou- lant tuer les Vers, on ne tueles Ma- fades nièmes. Mais pour les éva- cuans doux & modérés, tels que le fenné, la rhubarbe , le fyrop de fleurs de pêcher, celui de rofes, celui de chicorée compofé de rhubarbe!, & autres remedes femblables ; on peut s’en fervir fans crainte, pourvu qu'on n’excede pas dans les dofes. Il y a des remedes évacuans fi forts & fi vifs, qu’ils produifent même leur effet, étant feulement appliqués fur le ventre; tels font la bryone , le concombre fauvage , la gratiole, Firis , le cyclamen , ou pain de pour- des Vers. 613 eau, l'épurge , l’ieble , la lauréole, -leuphorbe , la coloquinte, le ricin. On fait avec ces remédes diver- fes fortes d’onguens , & entre autres celui de Atharnita, qui étant mis fur le ventre , purge abondamment ; mais ces purgatifs extérieurs qui pa- roiflent d’ailleurs fi: commodes , en épargnant la péêine de rien prendre par la bouche , font très-dangereux, & on ne fcauroit trop approuver ce que dit là-defflus Jacques Sylvius, qui, en parlant de ce dernier, dit que c’eftun remede peu fur pour les tempéramens qui ne font pas extrè- mement robuftes. Parum tutum nifi im robuffe corpore. Mais ce qu'il y a en- core de ficheux dans ces remedes . c'eft 1°. qu'ils caufent quelquefois des fuperpurgations , comme l’ob- ferve Mr le Clerc ; 2°. qu’ils caufent fouvent de rudes tranchées , de vio- lens tenefmes fans évacuer aucune matiere ; ainfi il vaut mieux s’en te- nir aux purgatifs doux qui fe pren- nent par la bouche. IL y a d’autres remedes , qui ,ap- pliqués fur le ventre , ne Mr au- cun accident , & qui chaflent les - 624 De ba Génération Vers : ceux-là fe peuvent em- ployer en toute occafion, & à l'é- gard de tous les tempéramens, tel- les font toutes les efpéces d’abfyn- the & de menthe, la tanailie, l’an- rone. la rhue, les feuilles d’artichaud, Pail , Poignon, le fiel de bœuf , la fuye de cheminée , le fouphre, le fel ammoniac, la myrrhe , laffa fœtida, les huiles de-pétrole * de coudrier, de genitvre, le vinaigre, lefprit de vin. hop db HORDE 10 Ha PET RUES Des précautions à obféruer quand on fait des remedes contre Les lers. L ne fuffit pas pour tuer ou pout chafer les Vers, de faire les re- medes que nous avons marqués dans le Chapitre précédent. I pourroit y avoir du danger de s'en tenir à ces feuls fecours ; parce que les Vers at- taqués ne mourant pas d’abord , ou nc mourant pas tous à la fois du À des Vers. 625$ même coup, il arrive fouvent que ceux qui ont réfifté à l'effort des imédicamens , étant ainfi contrariés, mordent les inteftins & les percent. Il y a une précaution à prendre con- tre ce danger, c’eft de ne point de- meurer long-temps fans manger. Bien des meres ont befoin de cet avis; elles a la plüpart , que quand leurs enfans ont des Vers, il faut faire jeüner ces pauvres enfans, pour éviter, difènt-elles , la corruption: ne prenant pas garde , qu’en voulant ainfi éviter un mal, elles en caufent un autre. Les Vers lorfqu'ils font trop affamés, ne manquent güère de percer tôtou tard, la cavité qui es renferme. Il faut donc tenir pour certain, ne ceux qui ont des Vers , ont be- foin d’être plus nourris que les au- tres ; il faut faire alors ce qu’on fait quand on a des Rats dans un Cabi- net, où font des papiers de confé- quence, qu'on veut garantir de la dentde ces Animaux : On y laifle du pain & de Feau, les Rats s'en raflafent, & on'les empêche par ce 1oyen, de faire leur proye d'autre 626 De la Génération chofe. Mais autant qu'il eft avanta- geux de beaucoup manger lorfqu'on a des Vers, autant il eft dangereux de le faire lorfqu’on en eft délivré ; Au regard du fecond point, qui eft que les douleurs.que ces Infe@es. produiroient. , feroient bien diffé- rentes de celles que reflentent ceux qui ont des maux vénériens ; l’Au- tour de la Lettre pouvoit bien juger que comme dans la pleuréfie caufée: par des Vers, jattribue la douleur : de côté à l'inflammation que l’hu- meur corrompue qui accompagne toujours les Vers, produit dans là: 68 Ml. ci céiérniin plévre ; de même aufli dans les matx: vénériens , lorfqu’il y a des Vers, je: puis bien attribuer une bonne partie: des douleurs de cette maladie aux: humeurs corrofives qui: accompa-- gnent roûjours les Vers vénériens., comme nous venons de dire:- Enfin pour ce qui eft du troifiéme,. fcavoir , que peut-être je n'étois pas- bien fur que ce jeune homme eût un: mal vénérien ; on'peut répondre que: peut-être aufli en étois-jé fur. Mais je ne fuis point entêté :: j'accorde- rai volontiers que je n’étois pas bien fur de la chofe. C’eft pourquoi: j'ai: retranché dans cette nouvelle Edi-- tion , PArticle dont il s’agit. Le fixiéme Article que l’Auteur de la Lettre reprend , eft que les grains de la petite vérole font rem- plis de Vers ; que plus il y ade Vers dans ces grains, & plus les grains. marquent. Que pour les empêcher: de marquer , on n’a qu'à frotter ke vifage d’une eau qui tue ces Vers. Que quand au commencement dela petite vérole on fe baigne les pieds. dans du lait chaud, toute la petite vérole fe jette fur les pieds , parce’ dès Vers …* Es que les Vers qui font dans les puftu- les , courent au lait. | . L’Auteur de la Lettre ne dit rien: de particulier fur. ces propofitions , . il # taxe feulement d'affectation. Cependant la derniere pourroit bien: n'être pas feulement affedtte, mais. fauffe & infoûtenable; d'autant plus que felon monfentiment même , sil y a quelquefois. des Vers dans les: grains.de la petite vérole, il ne: s'enfuit pas que les grains de la pe- tite vérole viennent de Vers. Aiïnfi: mon Cenfeur m'épargne plus que je: ne mérite. Le feptiéme , Que le Ver plat, ou: le Solium., contient dans toute {on étendue un amas de petits corps glo-- buleux, qui font de yéritables œufs. Que ces œufs après être fortis du: ventre du Ver, grofliffent infenfi- - blement dans l'inteftin de l’homme, & fortent quelquefoisen abondance avec les excrémens de ceux: qui ont. ee Ver. 1 , 4 L’Auteur de la Lettre s'applique à combattre ce fentiment , & il foû- tient que cela ne s'accorde pas avec: ce que je dis ailleurs , après Spigé… 660 De la Génération lius, de Lumbrico lato, fçavoir, que * Je Solium eft toûjours feul de fon-ef£- péce dans le’corps de l'homme; & : que quand il en eft une fois forti, il ne s’y rengendre plus. Pout prouver que cette opinion: eft faufle, il dit que fi les œufs dont je‘parle, fonten: fi grand nombre, rien ne peut em- pêcher que quelques Vers n'éclo- fent de ces œuïs, ou pour parler fon langage rien ne peut empêcher quelques-uns de ces œufs de s’éclore : car feroit-ce , continue-t'il, comme le prétend l’Auteur de la Génération des Vers, parce que le Ver d’où viennent ces œufs, confume lui feul tout le chyle qui leur eft néceffaire pour fe déveloper entierement; mais cette raifon pourroit tout au plus avoir licu pour expliquer comment les Vers éclos, ox pour parler encore avec l’Anteur de la Lettre, comment les œufs éclos & devenus Vers ne peu- vent atteindre à la grandeur de ce- lui dont ils viennent ; mais elle ne fair point {entir pourquoi ces œufs ne fe dévelopent point du tout. Car pour fe déveloper , reprend-il, ils ont proprement befoin que de “rs ur. $ des Vers. 661 leur. La raïifon dont l'Auteur de [a Lettre fe fert ici pour combattre mon fentiment , fe réduit donc à fuppofer que les œufs de ce Ver n’ont proprement befoin que de cha- leur pour fe déveloper entierement. Il auroit été à propos que l’Auteur n'eut pas feulement fuppofé la pro- pofition, mais qu'il l'eûr prouvée. Quoi qu’il en foit, quand méme if feroit vrai que les Vers contenus dans ces œufs n’auroient befoin que de chaleur pour éclore , il ne feroit pas vrai pour cela, que toute cha- leur y füt propre. Or la chaleur étant différente , felon 1a nature des matieres où elle fe rencontre , la chaleur du chyle , par exemple, étant autre Va celle des autres fucs, - & celle du chyle, différente de celle du chyle même , felon qu'il eft plus ou moins mélé de bile, äl s'enfuit que le Solium dévorant une bonne partie du dx avant que ce fuc s'introduife dans les inreftins , & quil s’y mêle avec la bile , ainfi que je l'ai remarqué , ne laifle à fes petits qu'un chyle plein débile, & par conféquent un chyle , dont 1 Tome IL. ; 662 De La Gencrasion chaleur différente de l’autre , n’eft peut-etre point prôpre à faire éclo- re les petits Vers dont nous par- ons. t-à Ù L'Auteur de la Lettre revient un peu de fon fentimenr fur la chaleur; il avoue enfuite qu'il faut quelque nourriture pour faire eclore ces Vers, mais 1] dir qu'il n’en faut point tant, & qu'il en refte toujours aflez dans les inteitins pour cela Ce qu'il dit, feroit vrai fans une circonitance. C'elt que je remarque que le Solium fe nourrit du chyle avant que ce fuc foir mélé de bile, & que c’eit ce qui ef caufe que cet Infc&e tient fa téte vers le pylore, ceit-à-dire, à l’orifice inférieur de Peftomac, où il trouve.ce chyle tel qu'il le cherche. Car fi cela et, if. pe fert de rien d’opnofer que le So- dim n’eft point affez gourmant pour confumer tout le chyle ; puifque La partie qu'il laifle , étant deitituée de _ celle qu'il a dévoréc, devient par . .conféquent trop amere par le mé- Jange de la bile, pour être propre à faire éclore ces Vers, ou à les nour. sir. dés qu'ils font éclos, des Vers _ 665 ‘Notre Cenfeur n'en demeure pas à ; il dit qu’au moins faut-il avouer que quand le Solium eft une fois forti EX corps, lesœufs dont ils’agit, peu- vent fe nourrir fans obftacle , &c qu'ainfi rien n'empêche que cette ef- péce de Vers ne fe rengendre. Ce raifonnement feroit démon- ftratif, fi par malheur je n’avoisdit, ainfi qu'on le peut voir dans ma Pré- Face , &c ailleurs, que ce Ver ne fort point de lui-même , & que pour echafñler , il faut recourir à des re- ‘medes ,ce qui eff le fentiment d'Hip- ‘pocrate. car cela fuppofe, il eft.fa- cile de juger que le remede qui chafle de Solium des inteftins de l’homme, en chaffe aufñli les œufs , ou que s'il en refe quelques-uns , il les tue. L’Auteur de la Lettre, après des ob- jc&ions fi foibles, conclut d’un air triomphant , que le raifonnement que j'ai fait pour accor ‘er non ob- {ervation fur Le Solium , avec ce que j'appelle les œufs de ce Ver , eft tout- à- fait infoutenable. | Au refte, après avoir propolé ce que j'ai avancé fur le Solium ; je rap- porterai ici un doute que j'ai fur ce | Zi] 664. De la Génération fujet. Hippocrate dans le quatrième Livie des Maladies, Art. 27. & Spi- gelius dans fon Traité du Ver plat, Chapitre dixiéme , difent que ce Ver fe produit dans l'homme dès le ventre de la mere; & qu’enfuite fi on ne le fait fortir par quelque re- mede , il vieillit avec l’homme, & Picconpagne juiqu’au tombeau : fuverroyeasuet, S1 À chofe eft ain- li, 1e reur-on pas dire , que ce qui fair que le Soliur eft leul de fon ef- péce dans le corps où til fe trouve, & ne s’y rentendre pas meme après en etre forti,c’eft que les fucs dont le Solium deja grand s’accommode dans le corps de l’homme fait, ne font pas tels qu’il les kni faut avant que d’éclore, ou d’abord après qu'il eft éclos; parce qu'apparemment il a befoin alors d’une nourriture telle que le fœrus eft capable de la four- nir > Car on ne peut nier que les fucs ui fe forment dans le fœtus ne foient par leur qualité, très-différens de ceux qui fe forment dans l'homme adulte. Cette explication eft aufli vrai-femblable , pour le moins , que celle que nous avons donnée : elle nue des Pers: 663 s'accorde de plus , avec le fentiment d'Hippocrate , qui dit que le Ver plat s'engendre dans le fœtus, lorf- que le lait & le fang de la mere vien: nent à fe corrompre. Au refte , quoi- ue nous foyions fort du: fentiment ‘Hippocrate & de Spigelius fur x folitude du Ver plat ; nous remar- querons qu'il n’eft point f1 néceflai- rement folitaire., qu'abfolument par- lant , ilne puifle avoir compagnie: En effet , ne fe peut-il pas faire que de plufieurs œufs de Solium , qui fe trouveront dans le-corps d'un enfant encore au ventre de fa mere, il en reufifle deux: que les deux Vers qui feront éclos fe nourriflent & croif- fent enfemble pendant plufieurs an- nées, fans que l’un prévale-aflez fut l’autre pour lui voler fa nourriture & le faire mourir ; qu'enfuite en: donnant à la perfonne qui les aura. quelques remedes contre les Vers .. on lui fafe rendre deux Solium ; & c'eft pour cela que dans cette nou- velle Edition: , au lieu de mettre comme dans la premiere , que le Solium eft feul de Ee efpéce dans le corps où il fe trouve, j'ai mis qu'il Züj 666 De la Génération eft ordinairement feul. Au refté , ce: fait étant trés-rare, fans doute, ne détruit point la vérité du fentiment d'Hippocrate & de Spigelius , que le Solium eft feul de fon efpéce dans. le corps de Fhomme; parce qu’il en: eft de cette propofition comme de- plufeurs autres ;.-dont la vérité fe doit tirer du cours ordinaire de la nature, & non des exceptions qui y arrivent par des cas rares & fin- guliers. Ee huitième Article que l'Auteur- de la Éertre juge digne de cenfure ;. eft qu'on ne peut être préfervé des. Vers après fa. mort : Que celui qui: meurt au milicu de l’abondance, plein de force & de richefles, dont le corps eft rempli du meilleur fuc,. &c dont les os font comme pénétrés de la moëlle qui les à nourris, fera: mangé de ces Infeëtes dans le tomr- beau , comme le plus malheureux & le plus pauvre. L'Auteur de la Lettre remarque: ici que Job , que j'ai cité comme Auteur de ces paroles , ne dit point que la moëlle nourrit les os; & à éette occafion, il demande pourquot: nn ut d1£E EL. , donc je m’avife de le dire : il ajoute que cela m'eft bien moins pardon fable , qu'il ne l’auroit été à Job ÿ parce que je {uis Profefleur d'Anato- mie au Collége Royal, & que je dois fcavoir que les os du corps fe ñourriflent par des vaifleaux fan- guins. | ” Je remarquerai que fi l’Auteur de’ là Lettre avoit affifté à-mes Confé- rences dans le Collége Royal, il au roit fçù qu'encore que les’ os , où: pour parler avec lui, les os du corps fe nourriflent par des vaifileaux fan- guins ; je prétends qu'ils fe nourrif- fent de moëlle ; que la matiere de’ cette moelle leur eft portée par les Vaifleaux fanguins ; que quand l'es cft folide , comme font, par exem- ple , les offelets de l'oreille , Ilebois des Cerfs & des Daims,, les vaifleaux fanguins verfent cetté matiere feu- Iement dans le corps de l'os ; & que quand il eft creux, ils la verfent aux was dans le corps de l'os feulement, comme à ceux dont font compofées- les pattes des Homars & des Ecre- vifles, &' aux autres dans le corps & dans ie creux de l'os tout enfemr- Z iv LA 663 De la Génération ble. 11 auroit appris qu’au dedans de ceux dont la eavité eft remplie de moëlle, il y a, felon mon fenti- ment , divers petits trous par où pafent plufieurs vaifleaux qui vien- nent de la moëlle ; que comme dans les os des vieux Animaux, il ne laifle pas d’y avoir des vaiffleaux fan- guins diftribués dans leur fubftance, quoique ces vaifleaux ny paroiffent pas; de même dans les os où l'on pe remarque pas de moëlle, foit parce qu'ils ne font pas creux, ou que létant, l'œil n’y en découvre point ; il ne s'enfuit pas que dansle corps même de ces os, il n’y en ait une véritable. En effet il n’eft pas déraifonnable de.penfer que ce qui nourrit l'os , eft un extrait de ce qu'il yade plus délicat & de plus fin dans la portion buileufe du fang ; & que cette partic fine & délicate extraite de la portion huileufe du fang, en quelque lieu qu'on a fuppoie, où dans le creux, ou dans le corps de l'os , n’eft autre chofe que la moëlle. IL eft facile d'expliquer comment les vaiffleaux fanguins portent le fang dans le corps & dans la cavité de: : des Vers. 65 Fos; comment la partie la plus dé- licate & la plus fine de la portion: huileufe de ce fang, fe filtre dans. la fubftance des: os folides ; com- ment dans ceux qui font creux, &. dont la cavité eft pleine de moëlle, elle fe filtre & dans la fubftance de l'os, & dans.un tiflu fpongieux & véficulaire que la cavité de cet os. renferme. Ces derniers. fe nourriflent. comme les plumes.des Oifeaux ; car le creux du tuyau de la plume n'eft. pas féulement formé pour accorder enfemble la foupleffe, Ia force & la. légereté , mais encore pour fervir comme de magafin à la nourriture: qui. doit être diftribuée dans toute la: plume ; en forte qu’un même moyen,, ainfi que l’obferve un Auteur mo- derne, fatisfait icitout à la fois à plufeurs vues différentes. Je conclus. de-là que mon Cenfeur au lieu de: s'étonner qu'on puifle dire que la moëlle nourrit les os, devroit re-- garder comime une erreur le fenti- ment oppofé. Quoi qu'il en foit,. puifque.cet Auteur eft fi furpris qu'un: Profefleur d’Anatomie au Collége Royal, croye que la moëlle nouriit: 670 De la Génération V2 les os, nous remarquerons qu'il lé _feroit bien plus, s'il fcavoit que ce même. Profefleur enfeigne que la: moëlle n’a point de fentiment : ‘car ceux qui Ôtent à la moëlle Favanta-. ge qu'elle a de’nourrir les os , lui er donne un autre qu’elle n’a pas, qui eft d’être d'un-fentiment très-exquis,. & ils infiftent beaucoup plus fur cer article que fur l’autre. Comme cette’ erreur n'eft pas moins grande que la: première, peut-être que les Leéteurs- ne trouveront pas mauvais que nous: en difions ici un mot par occafion. : _La moëlle eftune matiere huileu= fe, coulante & liquide, renfermée en plufieurs véficules membraneufes trés-déliées , communiquant les unes: aux'autres, dans le tiffu defquelles: cette même matiere eft filtrée. Quel: ques Anatomiftes la définiflent un: amas de plufieurs véficules mem-- braneufes trés-déliées, ouvertes les: unes dans les autres , & remplies d'une matiere huileufe, coulante & hquide. Mais cette définition con- fond le-contenant avec le contenu ,. &c n'eft pas plus exate que celle’ qu'on donneroit. du jus de citron. des Pers. : 1 7 en difant que c’eft un amas de plu-- fieurs véficules membraneufes rem-- lies d’un fuc acide & tranfparent.. D'ailleurs clle ne s'accorde pas avec: le langage de ces mêmes Anatomi- ftes , lorfqu’ils difent que ia moëlle: tranfpire , qu'elle pañle à travers le: corps de l'os, que c’eft ce qui rend: les os jaunes après la mort de PAni-. mal ; que pour éviter cet inconvé- nient, les Ouvriers qui employent. des os dans leurs ouvrages , ont la: précaution de les fcier en long pour: en Ôter toute là moëlle même: le tiffu fpongieux & Nr. afin que la blancheur de l'os ne foit point. altérée : que la moëlle eft un fuc: d'une faveur douce & d’une confi- ftance onétueufe, &c. Par ou lon: voit qu'ils diftinguent là moëlle d’a-- vec le tiffu membraneux & véficu- faire ou elle eft filtrée, & qui la: renferme. Cela pofé, il'eft facile de- voir que fa moëlle étant un fuc,. elle ne fcauroit avoir de fentiment,. & qu'il n’y a pas moins d'abfurdité: à lui en attribuer, qu'il y enauroit à en attribuer au fang. Il eft vrai qu'on allegue des expériences poux: 672 De la Génération prouver que la moëlle a du fenti- ment; mais il fuffit d’expoler ces expériences , pour faire connoître qu'elles ne prouvent nullement ce qu'on en conclut. On: dit premie- rement, & on le dit avec vérité, qu'en voyant panfer ceux qui ont perdu un bras ou une jambe , on s’ap- perçoit qu'aufli-rôt que la moëlle eftrudement touchée , les Malades- donnent des marques d'une nouvel- le douieur. Secondement , que fi on: fait fcier los de la cuiffe d’un Ani- mal vivant, qu’on mette le bout de: los enti nt à nud, & qu'en- fuite après avoir attendu que l’Ani- mal ne crie plus, on lui plonge un ftilet dans ia moëlle, alors P Animal donne des figne; d’une très-vive douleur. Cette derniere expérience a été faite dans l’Académie Royale des Sciences ; mais. il eft facile de voir que fi l’Animal crie fi fort quand on touche rudement la moël- I, ou qu'on y enfonce un füilet, c'eft qu'en même temps on-touche & on pique le tiffu membraneux & véficulaire qui renferme cette moël- le, & qui aun fentiment très-vif.. des Vers. 673 Mais pour revenir au propos que nous avons quitté , l'Auteur de la Lettre dira peut-être, que puifque Job, dans le paflage que j'ai cité, n'eft point entré dans la queftion dé kR nourriture des os, au moins pour cette raifon, je n’y devois pas en- trer non plus en traduifant comme j'aifait, @medullis offa illius irrigan- tur , par , @ dont les os font comme péné- trés de La moëll: qui Les a nourris. 1 eft vrai que j'aurois pu me difpenfer de traduire de la forte, & que fi je me fufle contente de mettre, dont les os font tout pénetrés de moëlle , ÿ'auroïs tra- duit plus littéralement. Mais c’eft tout l'avantage qui en feroit arrivé; car à confidérer le pañlage & l’oc-. cafion où il eft placé , on ne fent nullement que ces mots, & dont les os font comme pénétrés de la moëlle qui les à nourris , rappellent aucune que- ftion d’Anatomie. En effet, ces ter- mes , qui les a nourris , ne paroiflent point être mis là fcholaitiquement, maïs feulement par rapport à un cer- tain ufage commun , qui fait qu'on dit qu'une chofe en nourrit une au-. tre, lorfqu’elle lui fournit une hu- GTA. De ‘la Génération meur qui l'entretient, & qui l’em- pêche de fe deflécher. C'eft ainfi qu'on dit que l’eflence nourrit les «cheveux ; que l'huile nourrit la cor- pe; que certaines pomimades nour- riflent la peau, &c. Or, perfonne ne niera qu’au moins en-ce fens , la moëlle ne nourrifle Îesos On voit par là, comme il ne faut pas toû- jours prendre à la rigueur certaines lui donner enfuite le petjt Lait , il auroit peut-être encore [on V'er , ou féroit mort. . Le treiziéme article eft, que je dis que l'huile de vitriol & celle de des Vers. 687 tartte mélées enfemble , deviennent infpides. L’Auteur de la Lettre aver- cit ,qu'à la véritéelles perdent beau- coup de leur acrimonte , mais qu’el- les ne font pas abfolument infipides pour cela. Cet Auteur a raifon, & je devois dire prefque infipides. Lc quatorziéme eft, que pour ex- pliquer comment un remede pris in- térieurement , peut agir fur une par- tie plütôt que fur une autre, Je dis qu€ fil’on jette de leau-forte fur un compolfé d’or & de fer, cette eau- forte s’attachera au fer, le difloudrz, &coulera fur l'or fans y faire im- preflion : que c’elt-là une image de ce qui fe pañle dans le corps humain ; lorfqu'un remede s'attache , par é- xemple, au foie plütôt qu'aux poû- mons. L'article tombe fur ces mots, Un compofe d'or & de fr. L’Auteur de la Lettre dit là deflus , que la grande connoiïflance que j'ai dela Chymie ; m'a fait avifer depuis quelque temps, de diftiller la fougere . au lieu que Diofcoride ne la donnoit qu’en pou- dre ; mais que cette grande décou- verte eft un peu flétrie par une autre opération de Chymie , qui ne vange Bbi; 683 De la Génération que trop les demi-fçavans du mépris que j'ai pour eux. Cette opération de Chymie au refte, dont l’Auteur de la Lettre parle ici, c'eftlc compo- fe d'or & de fer, que nous venons de voir. Il ajoute que fi mes ordonnan- ces étoient toutes aufli difficiles à exécuter que ma prétendue opéra- tion , mes Malades feroient en grand danger de mourir ou de réchaper , avant que le remede füt préparé. L’Auteur de la Lettre veut dire fans douite ; que je ferois moi-même en grand danger de voir mourir ou réchapper mes Malades avant que mon reme- de fut prêt, Mais cela n’eft rien. II mc demande ici que je lui apprenne donc la maniere de faire un compofé d'or > de fer; & enfuite il dit , qu'on mélera bien enfemble tous les au- tres métaux , mais que pour le fer, on n’a point encore trouvé le fécret de le mêler avec aucunautre métail. Après ces paroles, il admire com- ment donc j'ai pu apprendre à faire des compofés fi merveilleux. On voit par-là que l’Auteur dela Lettre ne croit pas'qu’il foit poflible èe faire aucun compofé, quel qu'il des Vers. 689 foït , qu’on puifle appeller un com- poié d’or & de fer. Si cela eft, j'ai eu fans doute, grand tort de propo- fer, pour faire mon expérience , de jetter de l’eau forte fur un tel com- pofé. Mais d’un autre côté, fi pour faire un coinipofé d’or & de fer, fur lequel mon expérience puifle réufir, il fuffifoit dé mêler enfemble de la limaille d’or & de fa limaille d’a- cier ; s'il fuffiloit de faire un tout, dont quelques parties fuffent d’or, & quelques autres dé fer ; s’il fuff- foit de fouder de l’or & du fer, Y'Auteur du Livre de la Génération des Vers pourroit bien n'avoir pas tant de tort, puifqu'il ne doit point s'embarraffer de quelle maniere foit fait ce compofé d’or & de fer, pour- vu que c'en foit un fur lequel on puifle voir leau-forté s'attacher à üne partie de ce compolé, & épar- gncr l’autre. Ce clou de Florence moitié or & moitie fer, qu'on mor troit autrefois comme un exemple inconteftable de la vérité du grand œuvre , & qu’on ne montre plus, au- jourd’hui que les microfcopes font en ufage , étoit un clou où l’on avoit * Bbiij ‘690 De la Génération foudé ou enté délicatement une pointe d'or; & par conféquent ce clou étoit un campofé d'or & de fer. I] faut être terriblement Chymifte, pour croire qu'on ne puifle-demeu- rer d'accord de cela fans igmorer la Chymie. C’eft pourtant là l'erreur que l’Antcur de la Lette me repro- che; c'oft là, poyr me fervir defeg termes , ce qui flétrit Ja grande décor verte que j'ai faite de difiler l& fougere ; au lieu que Dipfcoride la donnoit en poudre..Il eft façile de voir que la méprife de notre Chymifte vient de ce qu'il a confondu les compofés d’alliage avec ceux de jon&ipn , qui font néanmoins bien différens. Une maifon cft un compofé de pierre & de bois, fans que cette pierre & que ce bois foient incorporés enfemble. Peut-être que l’Auteur de la Lettre dira qu’il convient qu’en ce fens on peut dire un compofé d’or & de fer; mais qu'aufli je devois donc m'expliquer. Une telle réponfe ne mettroit guêres à couvert notre Au- teur ; Car outre que je ne pouvois pas me croire cbligé de m'expliquer fur un point où il étoit impofñlible D des Vers. 69. . de deviner que quelqu'un fe puüt méprendre , je dis ua pr plus bas, que pour donner plus de jour à ma penfée , iln’y à qu'à imaginer un corps artificiel fait de verre , dant les poûmons foient d’or , & le foic de fer. Cela pouvoit àter à l’&u- teur de la Letrre tout Neu de fe mé- prendre. | Le dernier article eft fur un point ounotre Cenfeur a bien plus de rai. fon. Après avoir dit dans là pre- miere Edition, que fi on jette de l'eau-forte fur un çompofé d’or & de fer , cette eau s’attachera au fer, & épargnera Por. J'ajoûte que fiau : lieu d’eau-forte, on fe fert d’eau ré- gale’, cette eau ira porter fon ation fur lor, & ne touchera point au fer ; car c'eft-là une véritable inad- vertance , en forte que j'ai mérité qu'on me confeillât de choifir une autre fois l'argent comme plus pro-. pre à étre rcfpeété par l’eau ré- gale. Entre les artickes que l’Auteur de la Lettre reprend dans le Livre de la Génération des Vers, voilà ceux qui s’y trouvent ; venons à CEUX qui | Bb iv 692 De la Génération nc s’y trouvent pas. Ces articles fe réduifent à douze, dont fix feront compris dans-le quatriéme. M. Le premier , eft que l’Auteur du Livre de la Génération des Vers, pour rendre raifon des furoncles , des élevures , & de ces galles uni- verfelles qui afligent tout le corps, a recours aux Vers fanguins , & en- core à des femences de Vers infi- nuées dans les pores des chairs. Mais la chofe r’eft nullement ainfi : j'ex- plique comment les Vers peuvent caufer des furoncles , des élevures & des galles univerfelles, quand il arrive que ces maladies font produi- tes par les Vers ; & qu'elles ne vien- nent pas d’ailleurs. Or , eft-ce-là re- courir aux Vers pour expliquer ces maladies? Dire , par exemple ,com- . ment l’homme perd la raifon quand il a pris trop de vin, eft-ce recourir au vin , pour expliquer comment Fhomme perd la raifon? Décrire comment le fréquent ufage du tabac abrege la vie , eft-ce recourir au tabac., pour s'expliquer comment la vie s’abresge ? Faire voir com- ment les liqueurs qu'on boit aujour- des Vers. CLÉS d'hui avec tant d’excès , alterent les arties nobles, eft-ce recourir-à.ces ous. pour expliquer l’altération: des parties nobles ? Enfin, s’il m’eft permis d'ajouter encore une compa- raifon , décrire comment ure maïi- fon tombe quand les Mäçons la dé- moliflent , eft-ce recourir aux Mâ- cons , pour expliqner comment tom- >e une maifon ? Le fecond eft, que parce qu’Ap- pien Aléxandrin, en parlant d’une certaine maladie qui afHigea un jour l'armée des Romains, dit que cette maladie fut incurable faure de vin; jinfere de-là, qu’elle venoit de Vers engendrés dans: la tête ; je-n’infere point qu’elle en venoit , mais qu'elle en pouvoit venir, ce qui ceft bien différent. Appien Aléxandrin racon- te que les Romains dans la guerre contre les Parthes, fous la conduite de Marc-Antoine, furent réduits, faute de vivres , à manger les her- bes des champs, & fe trouverent enfuite attaqués d’une maladie épi- démique, confiftant dans une fureur qui leur faifoit foiir la terre à belles mains, & rouler de grofles pierres .. 694 De la Génération comme fi c’eüt été pour les faire’ fervir à quelque grand deffein. L'Hi- ftorien ajoûte , que ce mal fut incu- rable faute de vin, qui étoit, dit- il , le feul remicde à cette maladie. Après avoir rapporté le fait tel que Je voilà , je dis que cette fureur pou-- voit bien venir de quelques Vers engendrés dans la tête des Romains par le mauvais fuc des herbes qu'ils avoie_t mangées. Je remarquerai ici à cette occafion, ce que j'ai re- marqué ailleurs dans ce Livre, qu’'en- core que le vin foit un bon remede contre les Vers, ce n'eft'pas un re- mede univerfel contre ce mal , témoin la Lettre fuivante qui m'a. été écrite fur ce fujet. De Bar-le-Duc le 18. Sep- tembre 1703.- IDÉES fept ou huit mois , des’ maladies caufées par des Vers, ayant jufqu’à préfent régné dans tout le Barois, les Malades ont recu de grands foulagemens par les remedes marqués dans le Livre de la Généra- tion des Vers , {ur-tout aux environs des Vers. 69% de chez Madame la Comtefle de: Nétancourt , laquelle s'étant em- ployée elle-même au foulagement des pauvres, a fait par le moyen des remedes de ce Livre, beaucoup de cures, & entre autres celle d’un Boucher de Revigni, à une lieue de chez elle , auquel elle à fait jetter ur Ver plat long de huit aulnes & plus. Car avant que le tout fortit , le Ma- lade commença à en rendre par bas des morceaux de la longueur d’un doigt , d’un poulce , de deux poul- ces, d'un demi poulce, & en une quantité extraordinaire, ce qui fit juger aux afliftans que ce Ver étant entier , pouvoit avoir près de douze aalnes. Il étoit de même forme & blancheur que celui qui ef décrit dans le Livre de la Génération des Vers, avec les mêmes féparations & petits boutons au milieu. Je fus: .mandé pour confefler le Malade &c le difpofer à la mort. Sa maladie le prit par une fiévre continue avec tran{port au cerveau , &c il étoit abandonné. Ce qui nous furprit da- vantage, c'eft que cet homme eût des Vers ; car il eft à remarquer e 696 De la Génération | u’il avoit fon corps aviné, qu’en fanté ilbuvoit du vin entrés-grande quantité, & que nonobitant fa fié- vre , toute violente & continue qu'elle étoit , 1l n’avoit jamais voulu quitter le vm , quoique défendu par tous ceux qui le voyoient , lefquels difoient que c’étoit le vin qui le ré- duifoit à cet état ; maïs il a bien fait voir qu'on fe trompoit, car dés ke moment qu'il eut mis bas le Ver, À commenca à dormir. La fiévre ceffa au bout de vingt-quatre heu- res, & quelques jours après il fe porta mieux que jamais. Je l'ai vu plufieurs fois depuis, & il eft dans une parfaite fanté, &c.Je fuis, Mon- fieur , Votre, &c. Remy de Bar. Capucin. : Le troifiéme article, eft que lorf= ue je dis que la pleuréfie vient tres- fouvent de Vers , je n'avance cette. propolition, qu’à loccafon d’un feul pleurérique que j'achevai de guérir, en lui faifant fortir un grand Ver ap- pellé Solium. Mon Cenfeur fetrom- pe, je n'avance point cela {ur le feul exemple de ce pleurétique ; car je E) des Vers. 697 dis formellement que pluficurs Au- teurs font mention de pleuréfies ver- mineufes ; que Gabucinus entre au- tres, aflure avoir guéri une fille pleu- rétique €n lui donnant un médica- ment contre les Vers , lequel lui en fit rendre une grande quantité , après quoi la pleurélie cefa. Il ajoûte de _ plus que Quercértan ayant fait ouvrir lufieurs vieillards morts de pleuré- ke , ce Médecin leur trouva les inte- ftins remplis de Vers, & qu'il re- garda ces Vers comme la vraie caufe de leur mal : ainfiau lieu d’un pleu- rétique , en voila plufieurs. Au refte, il eft étonnant que notre Auteur ait ici pu fe réfoudre à confeffer que j'ai fait fortir ce grand Ver, & qu'il n'ait pas fcu trouver quelque moyen ingénieux pour nier le fait. Il faut convenir que cct Adverfaire eft bien peu inventif quand ïl parle fur le papier. Le quatriéme, s’il faut croire mon Cenfeur, c’eft que parmi les Apho- rifmes du Chapitre précédent , j'ai inis ceux-ci. | 1. La fiftule lacrymale vient de Vers. 698 De la Génération 2. Les cancers viennent de Vers. 3. L'hydropifie vient de Vers. 4. Les tumeurs & les excroiflan- Avertir tout de même, de ne point prendre de mercure doux contre les Vers, fans y méler quelque purgatif ; eft-ce défendre le mercure doux , & le placer, comme conclud notre Auteur, au rang des mauvais remecdes contre les Vers ? Le fixiéme, cft que j'avoue que Tome 11. Cc 702 De la Génération le femen contra cft contraire aux Vers, & cependant que je ne veux pas que l’on s’en ferve, parce que je prétends u'il échaufie beaucoup. L’Auteur de la Lettre demande là-deflus pour- quoi donc j'approuve l'ail, l'oignon, Ja moutarde , & fi c’eft que je croye que ces drogues n'échaufent pas pour le mOins autant? S1 je condam- ne Ice femen contra, ce n'eft point par la feule raifom qu'il échaufie beau- coup, je le condamne parce qu'avec cela il caufe la fiévre; car je dis en termes formels , que le feren contra, eft à la vérité contraire aux Vers, mais qu'il eft en même temps con- traire aux Malades , parce qu'il €- chauffe confidérablement, & qu'il caufe fouvent des févres violentes. Cela étant , il eft facile de ré- pondre à la demande de notre Au- teur , & de ‘lui expliquer d'ou vient qu'en condamnant le fée contr« , je ne condamne pas aufhi loïgnon & Tail qui échauffent beau- coup. ‘C'eft que tout ce qui échaufñe : ne caufe pas la fiévre, & que le fe- men contra non-feulement échaufe , mais qu'en même tornps il catfe [a- des Vers. 703 fiévre. Si l’'Auteur de la Lettre s’é- tonnoit de cette propolition , que tout ce qui échauffe ne caufe pas la fiévre , on pourroit Jui alléguer l’e- xemple de la gentiane , du quinqui- na, & de quelques autres remedes échauffans , qui loin de caufer la fié- vre , la guériflent. Le feptiéme reproche qu'on me fait, c’eft que je mets l’eau à la glace au nombre des remedes excellens, & que j'ai éprouvés contre les Vers. Quand j'aurois dit que l’eau à la glace.eft un excellent remede contre les Vers; quand j'aurois ajoûté que je lai éprouvé ; pourvu que je ne lJeufle point confeillé pour :toûtes fortes d’âges & detempéramens, je n’aurois rien dit en cela que de fort croyable x mais comme je ne Pai point dit , je mets cetarticleaurang dé ceux qui ne fe trouvent. point dans mon Livre. Au refte dans le Chapitre des Prognoftics qu’on peut former au fujet de la maniere dont les Vers fortent du corps, je dis:en- tre autres chofes, qu'il faut confi- dérer s'ils fortent fondus ou entiers ; &c afin qu'on ne doute point.que les é Ccij + 704 De la Génération Vers ne fe puiflent fondre, je rap- porte que feu Mr Perreau de l’Aca- démie Royale des Sciences, racon- ta un jour dans l’Académie, qu'ayant emporté chez lui dans une boëte SAR Vers prefque morts,qu’une Ile venoit de jetter par le vomifle- ment ; il trouva quand il fut arrivé chez lui, que la chaleur de fa po- che les avoit réveillés : qu’alors il effaya divers remedes fur ces Infe- êtes , pour voir ce qui les pourroit tuer plus promptement , & qu'ayant jetté de la gtace fur quelques-uns, ceux-là coulerent tout en eau, & difparurent prefque dans lemoment: c'eft page 198. A l’occafion de ce fait , je mets dans mes aphorifmes, page 326. que de l’eau à la glace jettée fur des Vers nouvellement fortis du corps, les fait quelquefois tomber tout d’un coup en eau. Voilà tout ce que je remarque fur l’eau à la glace à l'égard des Vers. Quoique ces articles ne foient point dans mon Livre, mon Cen- feur n’a pas laiflé de les y voir, & de les y voir fibien, qu'il ne les cxcepte pas même du nombre de des Vers. 70$ ceux qui lui ont , dit-il , fauté aux. yeux. Quant aux articles qu’il-reprend, & que j’avois marqués dans l’Errata, il y ena deux. La mauvaife fortune de mon Cenfeur a voulu que ce füt. fur ces deux-artieles qu'il s’'applaudit. le plus. Le premier, eft vin de Afau- ve , pour vin de Æfalvoifie ; & le fe- cond , l’huile de vitriol & l'huile de tartre, qui font chacune fort acides. Nous n’examinerons point s'il a eu befoin de FÆErrata de. mon Livre, pour connoître deux fautes d’ailleurs fi vifibles. La recherche eft peu im- portante. Il fuffit que je r’aye pas eu bcfoin ici des lecons de mon Cen- eur. Peut-être fera-t’on bien aife. de fcavoir d’où font venues ces-fau- tes. Au lieu de mettre dans mon Ma- nufcrit , vin de Malvoifie tout au long , je mis vin de Mal. en abrégé, felon la coûtume que j'ai de-couper ainft la plüpart des mots pour les écrire plus vite. L’Imprimeur voyant AMaly. crut qu'il y avoit Adalve, & imprima ainfi. Un Correcteur qui examinoit les épreuves à ma place, car les empêchemens de ma Profef- 706 De la Génération fion me détournerent alors de ce foin , crut bien faire de corriger Malve, par Aauve, parce qu’on dit des Mauves, & non de Æ{alves , quoique en latin cette plante fenomme 44/- va. J'appercçus la faute quelques jours avant que l'ouvrage füt achevé d’im-- primer , & je la marquai dans l’&r- rata. Voilà le fait comme il eft ar- rivé. Au regard de l’huile de vitriol & de l'huile detartre , qui font cha- cune fort acides, l’Errata avertit qu'il faut lire: dont l’une eff fort acide, &> l'autre fort acre. X] ÿ avoit dans mon Manufcrit , qui [ur La langue font cha- cune fort attives. L’Imprimeur au lieu d’aélives, mit acides , & le Correéteur d’Imprimerie ayant jaiflc pañler la faute , je trouvai à propos de la cor- -riger dans l'Errata , en mettant dort l'une eff fort acide , & l'autre fort acre: Comme ces huiles cependant ont toutes deux de l'acrimonie , nous pourrions trouver à redire à cette correétion méme , & montrer qu'el- le n’eft pas afez exacte; mais il faut laifler cela à l’Auteur de la Lettre, qui a plus de loifir que nous. On avertit même que dans la fuite, quel _ des Vers. 707 que foin que ce Cenfeur, ou quel- ques autres comme lui , prennent d'écrire , ou de déclamer contre le Livre de la Génération des Vers, on ne répondra point. Ce font des- Auteurs mécontens , il eft jufte de leur laiffer pafñler un peu leur cha- grin. On fcaït bien que le Livre de la Génération des Vers, n’eft pas ce qui les incommode le plus. Ce qui les blefle véritablement , font les ex- traits que j'ai donnés fur leur fujet, dans le Journal âes Scavans. Quel- qu'un dira peut-être que la corre- tion dont il s’agit, eft défetueufc par un autre endroit que celui que nous venons d'indiquer ; puifque fi je dis que l'huile de vitriol & l’hui- Je rtre , font, l’une fort acide, & l’autre fort âcre , ce n’eft que dans le deffein de montrer qu'elles ont. une même qualité, ce qui eft ab- furde; mais ikelt facile de voir que cette qualité que je prétends leur étre commune, n'eft que de faire une forte impreflion fur la langue ; puifque pour prouver enfuite que lorfqu’on les mêle enfemble, elles perdent cette qualité commune , Fa- eee en 2m mn 708 De la Génération £ vertis qu’elles deviennent infipides: Ce n’eft donc qu'än'’être point infi- pides, & à faire au contraire une grande impreflion fur Forgane du goût, que confifte ici la qualité que je dis être commune à ces deux huiles. Le Cenfeur finit fa Lettre, en di: fant qu’il feroit à fouhaiter que je ne mifle pas ainfi les Vers:àtoutes for- tes d’ufages : fi cela eft, il a lieu d’é- tre content, puifque, comme nous venons de le voir, les reproches qu'il - m'a faits -deflus, font faris fonde- ment. Il ajoute que c’eft le défaut commun de tous les faïfeurs de fy- ftêmes ;, dès qu’ils voyent qu’une hy- pothefe peut expliquer deux ou trois. phénomenes , de l'appliquer Aout À & d’une bonne chofe, d’en faire fou- vent unc trés-mauvaife. Il dit que pour lui, il eft convaincu que cet excès ft la fource la plus féconde _ & la plus ordinaire de nos erreurs , & il avertit qu'il travaille préfente- ment à une Diflertation particuliere fur ce fujét, de laquelle il fera part "au Public. Ce quecet Auteur remarque: fur les | des Pers. #09 des faifeurs de fyftêmes eft très-véri- +able.Et de la maniere que dans mon . Traité, je déclame contre ceux qui mettent à toutes fortes d’ufages , les acides & les alkalis ; il feroic bien difficile que je fuffe d’un autre fen- timent que notre Auteur. Voilà une partie des réfléxions qui fe font offertes dans la ledture de cette Lettre. IL feroit à fouhaiter pour celui qui Fa écrite, qu'il eût été un peu plus fidéle dans fes cita- tions, & qu'ilne füt pas, comme il eft prefque toûjours , le Cenfeur & l'Auteur de ce qu'il rapporte. Cet inconvenient étoit facile à éviter. Mon Livre eft bien éloigné d’être affez parfait, pour réduire un Cen- feur à lanéceflité ou defe taire, ou d'inventer. Mais c’eft le défaut com- mun de prefque tous les faifeurs de critiques : dés qu'ils lifent, ou qu'ils entendent quelques propofitions qui leur déplaifent, & qu’ils ne peuvent reprendre dans les termes qu’elles font , ils les changent, ou en fabri- quent d’autres à la place ; pour avoir lieu de critiquer ; & d’une bonne chofe , ils en font à deflein une très- Tome IL. Dd 310 Dela Génération des Vers. mauvaife. Nous fommes convais- .cus que cet excès eft la fource:la plus féconde & la plus ordinaire des mauvaifes critiques. Nous ne-.pro- mettons cependant là-deflus aucune Différtation ni générale , ni parti- culiere. C’eft beaucoup que le peu de loifir que nous avons, nous ait permis de donner nos réfiéxions fur cette Lettre. LETIRES ÉCRITES À L'AUTEUR Par M HARTSOEKERS & par Mr BAGLIVA, fur le fujet des Vers. Bai 713 LETTRE De Mec. Nicozas HARTSOEKER à de l’Académie Royale des Sciens: ces , écrite d'Amflerdam: Mo NSIEUR, 11 faut fans doute que le Ver dont vous m'avez envoyé l’eftampe, foit: plus rare chez vous qu’il ne l’eft dans ce climat; car je connois plufieurs perfonnes qui ont été attaquées de cette maladie , & qui ont rendu des Vers d’une prodigieufe longueur ; & femblables au vôtre. Mr Tulp, autrefois fimeux-Médecin d'ici, en fait mention dans fes Obfervations. Un Médecin de nos amis ena tiré un du corps d’un. homime il n'y a pas encore quinze jours, & ce Ver excede la longueur du vôtre. Mais Mr Ruifch., Profeffleur d’Anatomie en cette Ville d’Amfterdam , m'en a fait voir deux, dont l’un a plus de quatre-vingts aulnes de ce Pays, qui font plus de quarante aulnes de Fran Dai. 714 Lettres écrites à l’ Auteur: ce, ce que faurois de la peine Z croire , {1 je ne l’avois vu ; ear cela. pañle toute croyance : & pour dire: la vérité, Monfieur, cela me déran- gc entierement dans les penfées que- jai toûjours eucs , & que je ne fçau- rois encore rejetter, que tout ce qui: a vie , foit Animal, foit plante, vient par femence, & que rien ne s'engendre jamais de pourriture ; car fi ces penfées font vrayes , où voit- on fur terre des Vers de cette efpé- ce, qui ayent une longueur fi déme- furée ? On aura beau dire que les alimens qu'ils trouvent dans les boyaux , où ils ont pris leur demeu- re , font changer leur figure, & les allongent fi exceflivement; cela ne contente pas. On pourroit croire: ce Ver, puifqu'il ef. commu chez vous ; & plusordinaire dans ce Pays aquatique & bourbeux , ré- fide au fond des eaux bien avant dans le limon, & qu'ainfi il peut arriver qu’on avale de fes œufs par- ha boiflon , ou autrement ; mais fi cela étoit , n’en auroit-on jamais trouvé dans la boue > Pour moi, Monfieur , je crois qu'ils ont été _ farle pires Pers ré éféés avec les Hommes, & qué leur efpéce eft aufli ancienne qué la race humaine , de même que cette forte: de Poux , qui ne fe trouve que fur Fhomme , & dont fans doute la race’ fe petdroit , fi celle de Fhomme ve- noit à manquer. Je penfe que ces: Vers s’engendrent par mâle & par femelle dans les boyaux , & que’ et D a4 uns de leurs œufs venant à: ortir avec les excrémens , & à tom- ber fur quelque herbe, ou fur quel- qu'autre chofe , font avalés par un autre, dans les entrailles duquel les- Vers renfermés en ces œufs éclofent. & fe nourriflent. On trouve des In- feétes par-tout, dont quelques-uns: s’attachent à un feul Animal, pour y preñdre leur nourriture ; d’autres’ à plufieats, comnie la'Puce’, qui fe: trouve fur l’homme, furles Chiens. &c fur beaucouts” d’autres’ Animaux. On voit quelquefois des millions de Vers dant Moules: le fray de la: Morruc' en eft parfemé ; on en a. trouvé dans toutes les parties du corps de l’homme , même jufques dans [a glande pineale, s'ileft vrai cc qu'on m'en a aflüuré. Enfin il fem- ; Dd iv 716 Lettres écrites al’ Auteur ble que tous les Animaux ayent été faits , pour fe fervir de nourriture les. uns aux autres; les grands mangent les petits & en font mangés. J'efpere avoir bientôt l'honneur de vous en- tretenir plus amplement de bouche fur cette matiere, & de vous aflurer que je fuis avec refpe& .. MONSIEUR, Votre très-humble &très- obéiffant ferviteur, Nicozas HARTSOEKER.. Æ° Anfierdam , ce 26. de Févr. 1699. Autre Lettre de Mr Hartfoeker.. Monsieur. Je crois que tout ce qui eft amer & purgatif, eft bon pour faire fortir Jes Vers desentrailles; de forte que. Ja rhubarbe feule pourroit être em- ployée avec effet. Quand on la don- nc à mâcher aux enfans, on dit que | fur le fujet des Vers T17 c'eft pour fortifier leur eftomac ,. mais je penfe qu’elle ne fer à autre chofe , qu'à tuer les Vers qui s'y trouvent, On peut aufli donner avee fuccès le mercure doux; car ce n’eft: pas un poifon. afflez violent pour tuer le Malade, mais il left pour- tant aflez pour tuer les Vers, pour peu qu'ils.en avalent. Mon enfant: étant dangereufement malade , & fans efpérance de guérifon ; je lui donnai quelques grains detartre é- métique, ce qui en apparence , ne fit-ce jour-là aucun effet fur lui ; mais le lendemain il rendit deux ou trois gros Vers morts, & fut guéri aufli- tôt. Pour vous dire. ma penfée Monfieur , je crois que les Vers cau- fent a plüpart des maladies dont le- genre humain eft attaqué , & même que ceux qui.ont les maux , que Fon: appelle vénériens , nourrifflent dans. leur corps, une infinité d’Infeêtes in- vilibles , qui rongent & mordent tout ce qu'ils trouvent, & fonttous: les ravages que l’on fçait ; aufli ne peut-on bien les chafer que par le mercure, qui devient dans notre- corps un poilon qui les tue... Mon- J18. Lettres écrites àT Auteur fieur Ruifch ne na {cu dire du Vers. dont je‘vous ai déja- écrit, aücune- particularité qui mérite que je vous: en entretienne; mais il n’en: a of: fert un morceau, que je vous en- voyerai, fi vous fouhaitez , afinque vousipuifliez voir s'il reflemble au: vôtre. Je fuis avec tout le zele & toute la pafion imaginable ;- MONSIEUR, Votre trés-humble & trés obéiffant ferviteur., Nico: LAS HARTSOEKER, À Amfrdam: le xx. Juin 16994 PEN RES ne ES À due LEE TRES DE M GEORGESBAGLIVI Mes oecinw ne Roms. len:, Monfieur , ne m’a été plus: agréable’ que votre Lettre. J'ai: toüjours aimé l’illuftre Arionio Al- *' L'Original en litin.eft à. la fin du volume. AE, für le fujet des Vers. 71e berti, à caufe de fon érudition pro- fonde , de la douceur finguliere de: fes mœurs, & de fa tendrefle pour: moi ; maïs je l'aime encore davan- mge depuis qu'il m'a procuré l'oc- cafion 22 vous connoïître ; & entre: plufieurs marques d'amitié que j'ai recües de lui , je regarde celle-ci: comme une des plus fingultieres. Je refléns un extrême plaifir de cclui que vous avez goûté dans la. Icéture de mon Livre. Je n’ofois me: flater d’être parvenu à quelque de- gré de perfetion dans la pratique’ de la Médecine ; mais peu s’en faut: à préfent , que je ne change d’opi- nion : [a crainte d’ètre d’un: autre avis que le vôtre, me réduit com— me par force à juger favorabiement: de moi-même. Quoi qu’il en foit',. Monfieur , je n’oublierai rien, pour acquérir les qualités que vous m'at- tribuez , & je ferai tous mes efforts: pour rendre conformes à la vérité. . les fentinaens. que vous avez de: moi. Je me réjouis d'apprendre que vous travaillez à un Traité fur les Vers. du corps de l’homme, & que vous #20 Lettres écrites à L'Autèur Fappuyez de l'expérience & dé Fobfervation. Comme c’eft un fujet important ,. fur lequel'on n’a point: encore écrit à fond, & que-la ma- niere dont vous:vous y prenez , eft une Mérhode que jufqu'ici peu de: gens fe font donné la: peine de fui- vre; votre travail ne peut manquer d’avoir une approbation générale: Hâtez - vous donc , Monfieur, de donner au Public un Ouvrage fi né- ceflaire. J'ai reçu l'Eftampe du Ver plat que vous avez fait fortir du corps d’un Malade attaqué de pleurélie & de tranfport au- cerveau, Vous me demandez mon fentiment fur cette cfpéce de Ver. 1°. Si'je penfe qu'il vienne d’un œuf. 2°. A. quoi j'at- tribue fa longueur extraordinaire. 3°. Si je crois qu'il s'engendre dans: l'homme, dés le ventre de la mere. comme l'écrit Hippocrate:, & sil eft rare ou commun à Rome. Vous me demandez encore fi.c’eft fur des Vers de terre, ou fur des Vers du corps., que j'ai fait Les expériences. que je rapporte dans le premier Livre de: ma Pratique. Je vais vous répondre, Jur Le fujet des Vers. 724 Monfieur , fur ces cinq articles , Le plus clairement & le plus fuccinéte- ment qu’il me fera poffible. Je fuis fort de votre avis fur la génération des Infeétes. Tous les Animaux & tous.les végétaux tirent leur origine d’un œuf. Que font tou- tes les graines des.plantes , finon au- tant d'œufs, qui.renferment en abre- gé tous les principes de la plante qui doit fortir? La fermentation du ce nourricier qui fe préfente, le reflort de l'air, la chaleur du Soleil, & le feu central de la terre , font dévelo- per enfuite ces principes ; les met- tent en mouvement , & les font croître peu à peu jufqu'à l'étendue ui leur eft prefcrite par la nature, elon les différentes efpéces des plantes. : Si tous:les Philofophes & tous les Médecins conviennent fur ce point à l'égard des végétaux , à plus forte raifon doit-on penfer la même chofe des Animaux, tant de ceux que l’on appelle imparfaits, que de ceux que l’on nomme parfaits. Car outre qu'en toutes chofes il y. a un. grdre toûjours égal, toüjours fem- #12 ‘Lettres écrites à l’Auteur -blable à lui-même , que tout vient d'un même «principe ; .& après un certain cercke de mouvement , -re- tourne au MÊME LCTME ; .On:remar- -que dans les Infeétes une ftruéture , une liaifon d'organes ,.des opéra- tions & des mouvemens qui les mettent fort au-deflus des:plantes. Ainfi , puifque les végétaux ne s’engendrent point de pourriture , c'eft une confêquence que les Infe- tes n’en viennent point non plus. Il feroit honteux :à un Philofophe, äun Médecin , dans un fiécle auf éclairé que celui-ci, où Fexpérience & les folides préceptes.-des Mathé- matiques, ont apporté tant de lu- -miere, pour la découverte des caufes, d'attribuer à un arrangement for- tuit de matiere corrompue ; ce que da loi invariable de la nature Baie d'une maniere fi conftante & fi re- glée dans toutes les femences. Ce n’eft donc rs la pourriture qui produit les Infcétes :mais ce qu'il faut remarquer , c’eft que la chaleur & la fermentation des chofes qui pourriflent, contribue à la fécondi- té des œufs des Infeétes, ou plûtôs ur le fwyet des Vers. 723 æxcite & réveille les parties imper- -ccptibles de lAnimal,, cachées dans œuf déja fécond, & leur donne comme le premier foufle de vie. Cette chaleur fait le même effet que celle du Soleil, ou que celle d’une Poule quicouve. Ce que nous difons des Infectes en général , fe peut dire en particu- lier des Vers qui s’engendrent dans de corps humain ; ils ne viennent point d’un fuc corrompu , comme 3 limaginent les faux Galéniltes ; mais un fuc corrompu échauffe .& réveille les œufs de ces Vers, qui éclofent par ce moyen. Le Ver platitire donc fon-origine d’un œuf de fon efpéce ; & comme tous les êtres-ont des-propriétés, qui ne les abandonnent jamais, à .çaufe des loix immuables de Ja nature, le Ver plat a ceci de particulier, qu'après s'être engendré dans les en- fans, lorfqu'’ils font encore au ven- tre de leurs meres, il croît peu à peu dans la circonvolution des inte- fins , jufqu’à ce que, femblable à up ruban , il ait atteint toute l’éten- due des boyaux. Il ne parvient à - “724 Lettres écrites a l’ Auteur cette longueur qu'après plufieurs ane nées , parce qu'il faut que fes par- ties commencent à {e déveloper & à croître peu à peu , avant que de pouvoir fe manifefter d’une maniere & fenfible. | On ne doit point s'étonner qu’un fi long efpace de temps foit néceflai- re pour l’accroiflement parfait de cet Animal, vu que c’eft la coûtume de la nature, ainfi qu’on le voit dans le germe de l'œuf , dans les graines des plantes, &-dans l'accroifiement des végétaux, de tracer d’abord les premiers linéamens de ce qu’elle veut mettre au jour ; c'eft-a-dire , de former premierement de petits facs membraneux , qu'elle remplit d’une humeur délicate, & qu’elle manifefte après dans le temps arre- té. L’humeur ainfi renfermée , fe trouve défendue contre les injures extérieures; elle s'épaiflit & reçoit enfin , par le moyen des envelopes qui la refférrent , la figure qu’elle doit avoir, C'eft ainfi que tous les Animaux & tous les végétaux , fe- Jon les différentes efpéces qui les di- ftinguent , & felon l'ordre établi pat = fur le Juget des Vers. 72, par la nature , arrivent chacun en plus-ow en moins de temps , à la. grandeur qui leur eft propre. | Ce fentiment fe trouve confirmé par les métamorphofes admirables du Ver à foie : car encore que fes aîles , fon aiguillon., & les autres parties qui paroïiflent quelque temps, après fa-naïflance , foient déja aupa- ravant dans cet Animal ; elles fe débrouillent néanmoins par degrés, & ne fe montrent qu'aprés un cer- tain nombre de jours; Les dents demeurent cachées plu- fieurs années dans leurs alvéoles les cheveux font long-temps enfer- més comme en pelotons dans leur bulbe, ou dans leur racine , jufqu’à ee qu'après un-certain point de ma- turité , ces petits corps viennent en- fin à forcer leurs prifons, & à crof- tre à la maniere des plantes. C’eft ainfi que la longueur extraordinaire du Ver plat , quoique renfermée toute entiere dans le petit œuf qui la reflerre , ne paroît néanmoins qu'après que l'œuf eft parvenu à ar certain terme , par où l’en voit qu'it faut attribuer l'étendue de cet Infe- Tome. IL. Ée 26 Lettres écrites à l’Auteur. &e , non à Flabondante nourriture qu’il prend dans fes inteftins, ainf que fe limaginent mal -à - propos quelques Philofophes, mais à une propriété particuliere qui le diftin- gue des autres Vers. En effet, qu'un Pigmée , par exemple , mange tant qu'il voudra , qu'il s’engrañle des meilleures viandes , il demeurera toûüjours Pigmce.. | Vous me demandez ici, fije crois que cet Infeéte s’engendre en l’hom- me dés le ventre de la mere >? Hip- pocrate le penfe de la forte dans le IV. Livre des Maladies, Nombre 27. ainfi que vous le remarquez dans votre Lettre. Or, comme les paro- les de ce grand homme font pref- que toûjours l'écho de la nature, je ne voudrois pas m'écarter facile- ment de fon opinion, ou fi je m'en éloignois, ce ne feroit point pour me laiffer aller aux frivoles fubrili- tés du raifonnement , ni aux vaines fiétions des hypothefes, que je fais gloire de méprifer ; ce feroit pour m'attacher à quelque expérience conftante , qu’une longue fuite d’ob- fervations m'auroit fait eonnoître fur le fujet des Vers. 72% iafaillible. 11 y à plufieurs maladies qu'on apporte du ventre de la mere, comme font celles que nous appel- Jons héréditaires ; pourquoi ne pen- ferons-nous pas que le Ver plat foit de ce nombre, fur-tout lorfquenous avons pour nous l'autorité d’un homme aufli éclairé qu'Hippocrate. Cet Auteur au même endroit que ous venons de citer , dit que ce Vu s’engendre dans le fœtus , lorfque Ie fang & le lait de la mere étant trop abondans, viennent à fe corrompre, & il ne paroît pas avancer cela fans raifon ; car en’ effet, comme on l’a découvert: certainement par plu- fieurs obfervations modernes, l’en- fant dans le ventre de la mere, fuce &'tire par la bouche , une lymphe, qui tient de la nourriture du lait , & dont fans doute la corruption & la fermentation réveille les œufs des: Vers plats, & les difpofe à la vie. ce que la corruption des autres cho- fes n’eft peut-êtré pas capable de: ONE | | Je crois que c’eft la raifon pour: quoi ce genre de Ver eft plus com mun en Hollande , parce au’on y’ ei, 728 Letiresécrites à Auteur abonde en laitage, & que les Habi-- tans n’y vivent prefque que de lait & A M J'ai connu à Rome en 1696 , un jeune homme de vingt ans, extrémement pâle, fort maigre, grand cracheur, lequel faifoit excés. de toutes fortes de laitages. Un ma-- tin, comme il coupoit un oignon ,. lodeur luien vint fi fortement au nez, qu'il demeura comme fuffoqué…. | > & qu'ilcroyoit mourir; mais quel- ques momens aprés il lui furvint un. vomiflement , &il jetta un: Ver plat de trente pieds de long, tout roulé commeun peloton, après quoi 1] revint à lui. De fçavoir fi les Vers plats s’en- gendrent aufli quelquefois dans les. adultes , c'eft ce que je n’oferëts dé- cider., l'expérience ne m’en apprend rien ; j'eftime cependant que cela n’eft pas impoflible, quoique Hip- pocrate ne nous en parle pas. Pour s’éclaircir du fait, il faudroit quand les. malades rendent de. ces Vers, examiner s'ils ont donné des fignes. de cette maladie dès leur enfancc,ou s'ils n’en ont donné qu'aprés ; dans. le premier cas il y auroit lieu, fans. \ fur Le fujet des Vers. 729? doute , de conclure que les Vers au- roicnt été formés avant la naiflance de l'enfant ; & dans le fecond, qu'ils: ne fe {croient produits que long- tems aprés : Car il n’eft pas-probable qu’on puifle apporter dés la naiflance: un. Ver de cette forte , fans être d’a- bord attaqué des fymptômes qu'il a. coûtume de caufer. Ces fymptômes font , un crache- ment continuel , des.tranchées , une grande pâleur , une foiblefe de tout. le corps , tantôt des dégouts ,. & tantôt des appetits exceflifs pour les. mêmes viandes, des douleurs que l'on fent à jeun vers la resion du: foye , & dont la violence fait quel- quefois perdre tout à eoup laparole,. de petites portions vermiculaires en: forme de graines de concombre, lefquelles font des fragmens du Ver plat, & que Dodonée après Hip- pocrate regarde comme les fignes cara@eriftiques de cette maladie. Le Ver plat n’eft point commun à Rome, nf danse refte de Fltalie, comme en Hollande ; ce qui vient: peut-être.de ce que les Italiens n’ha- birent pas , comme les Hollandois,. 73@ Lettresécrites à l’ Auteur un-pays froid, humide & marèca- seux, & que d’ailleurs ils ne font. pas fi intemperans qu'eux à l'égard. des laitages; car il m'y a pas contre: lès Vers, de préfervatif comparable: à la fobrieté. | FarvüaRome., il y a quatre ans ;. un enfant de deux ans qui‘rendit par: bas ,un ver vivant ,. long de vingt pieds ,. que j'aurois encore: trouvé plus grand, fi la mere de l'enfant n'avoit rompu le Ver. » Cet enfant étoit pâle & fort lan- guiffant.. Dans le même tems une femme fut attaquée de fiévre, & d’une grande douleur à la région du foye , avec tuneur ; j'ordonnai d’a- bord une faignée du bras, nrais elle fat inutile. Je fis mettre enfuite,. fur la partie malade , de l’huile d’ab- fynche ;.il furvint aufli-tôt à cette: femme, un vomifilement avec une diarrhée, & elle rendit cent afcari- des , aprés quoi elle fut guérie.. Cinq jours aprés , le mal recommenca ; je fis piler trois poignées d’abfynthe,. qu'on appliqua fur la région du foye: ce quine fut pas plutôt fait, que la. malade rendit ins dut ES fur Le fujet des Vers: 731 & recouvra la fanté. Pour moi, je’ crois que cette douicurde la région du foye,. n'étoit point du foye mê- me , mais de la partie de l'inteftin:- colon, qui pañle à la cavité de ce: vifcere.- Spigelius & Senneft ont: écré au long du’ Ver plat ; ce der-- nier fait aufli mention du Ver umbi-- Hcçal : il y a des Vers qu'on appelle: crinons , dont parlent quelques Au- teurs. Panarolus rapporte l'hiftoire d'unmalade, qui dans le tems d’une fiévre maligne épidemique,, rendit: dés milliers de Vers vivans,, dont: les uns avoient des becs , lés autres: étoient velus, & les autres reflem.-- bloient à des Vers cucurbitaires.. Quant aux expériences que j'ai! rapportées fur les Vers dans le pre- mier Livre de ma Méthode Prati- que , je les aï faites non fur des Vers de terre , mais fur des Vers du corps humain. En 1694. une bonne fem- me , âgée de cinquante ans, malade ici à Rome, d’une fiévre & d’une dyflenterie, rendit environtrois cens: Verstout vivans, longs commetdes: féves, & prefque faits comme des Vers cucutbitaires, J'en jettai quek- #32 Lettres écrites à l’Auteñr ques-uns dans de l’efprit de vin, & dans une infüufion de fantoline ow poudre à Vers, où-ils moururent'au- bout de cinq heures. J'en mis d'au tres dans du vin, daris de laloës dif- fout , dans de Fextrait de camædris dans de l'extrait de tabac, & ils y vécurent neuf heures. D’autres ( c’é- toit un Jeudi fur les neuf heures du: {oir ) dans de l'huile d'amandes dou- ces, dans du fuc de limon , dans un: vafe à moitié plein de mercure, dans. de l’eau de Te&tucium , quieft une: eau minérale fort chargée de fels ;. & le Vendredi matin, je trouvai en- gourdis ceux que j'avois mis dans de l'huile d'amandes douces ; agiles & vigoureux , ceux qui étoient dans de l'eau de Te@ucium , dans le firop de limon , & dans le vafe de mercure : il faut remarquer que ces derniers fuyoient le mercure , & s’efforcoient de gagner le haut du vafe: Jen mis: d’autres dans de l’eau de fleurs d’o- ranges, & dans: de l’eau rofe; huit heures après ils y moururent avec des convulfions. Voilà pour ce qui regarde les Vers. ) Je fuis ravi, Monfieur, de voir par au fujet des Vers 733 par votre Lettre, qu’en ce tems , où la Médécine eft comme fur le point de périr par les fpeculations & les Hypothéfes, dont on l’accable, il £e trouve en France des efprits éclai- rés, qui voyent le danger qu’elle court , qui connoiflent que l'unique moyen de la conferver, c’eft de fuir le fafte des opinions , & de recourir à Hippocrate , pour apprendre de lui , comme de l'interpréte de Ia na- ture , le chemin de la vérité. Jene fais point furpris qu'il y ait ainfi en France des Genies élevés, que l’er- reur ne fçauroit furprendre ; car quand eft-ce que cette illuftre Na- ton n’a pas été fertile en grands hommes ? Vous voyez par le programme que je vous envoye, que j'ai été re- çü l’année derniere dans la Societé Royale de Londres; je le fuis à pré- fent dans l’Académie d'Allemagne : je crois que cette nouvelle vous fera plailir. Je viens d'écrire à notre cher ami l'illuftre Antonio Alberti : Je vous prie de l'en avértir. Adieu, Mon- fieur. De Roie , ce 14. Juillet 1699. Tome II. FF 734 De la Génération de l'Homme | DISSERTATION l SUR LA GENERATION DE L'HOMME Par les Vers Spermatiques. Annoncée pag. 187. | L Si l'Homme tire fon origine d un F er? De mouvement , qui eft le princi- pe de la vie, eft tout enfemble le principe de la mort. La vie con- fifte dans l’action reciproque des par- ties folides contre les fluides, & des parties fluides contre les folides; & cette action méme eft ce qui dé- truit infenfiblement les reflors dont nous fommes compofés. La fermen- tation qui entretient dans le corps la fluidité des liqueurs , diffipe en mé- metems ce qu'il y a de plus fubtilen nous. Cette perte inévitable fait que pat les Pers Spermatiques: : 735 les liquides s’épaifliffent peu à Es que les folides ont moins de force pour les repoufler, & que les par- ties du corps perdant enfin leur jeu & leur fouplefle, deviennent fujet- tes à la vieillefle & à la mort. Il fem- ble que tout concoure à avancer ce terme : l'air que nous refpirons ; les alimens que nous prenons fans regle & fans mefure , le fommeil & les veilles dont nous abufons fouvent , les pañlions continuelles qui nous agitent , & mille accidens dont nous nc {caurions nous garantir , tout cela fert à abréger le cours naturel de nos jours. D'un autre côté , fi nous con- fiderons la compofition de notre corps, la fineffe de fes organes, la dépendance que tous fes reflorts ont les uns des autres; en forte qu’un feul arrêté les arrête prefque tous, nous admirerons comment une ma- chine fi délicate peut fe foutenir un moment , encore plus comment tant de fortes d'animaux que la mort ménace à chaque inftant , peuvent fe conferver par la multiplication , {ans qu'il s’en perde une feule efpéce : c'eft un effet de la fagcñle du Créa- Ffig 736 DelaGénération de l'Homme teur, qui ayant fait le monde fujet à ÿne continuelle viciflitude, à difpo- fé'lés êtres corporels de telle manie- re , que la deftruétion des uns eft auf- fi10t réparée par la produétion des autres. Cette Providence eft fur tout admirable dans les plantes : on les voit fe multiplier à linfint , non {eu- tement par le fecours que leur four: nit la nature dans ce fonds inépuifa- ble de graines , mais encore par plu- fieurs reflources que l’art a décou- vertes , & qui ne font toutes qu’une fuite des femences. Virgile dans le fecond Livre des Georgiques, décrit en détail les différentes manieres dont on procure cette multiplication artificielle. | Elle fe fuit, dit-il , fantot par des re- jettons qu'on arrache du corps de l'arbre, <> quon met dans des foffes ; tantot par des fouches qw'on enfoiits tantôt par des pieux plantés dont on 4 fendu la porte en quatre , ou par des perches aiguifées par le Las, @ qu’onenfonce dans la terres tan- - tôt par des provins où marcotes > tantôt par debontures , @* quelquefois même, ainfi qu'il fe pratique fur l'Olivier , par des ti- ges prefque féches que l'or coupe ; & qui parles Vers Spermatiques. 337 étant mifes en terre fe renouvellent d'une maniere [urprenante , & pouffent des raci- nes. Ajoutons à cette fécondité des plantes , celle qu’elles reçoivent par le retranchement de leur bois fuper- flu ; fécondité qui nous fait voir fen- fiblement que chaque plante n’eft autre chofe au-dedans , qu'un tiflu merveilleux d’une infinité d’autres plantes de même efpéce. Tandis que les végétaux ont tant de reflources pour leurreprodu&ion, les animaux pour la leur n’en ont qu'une feule, qui eft celle des femen- ces, & qui leur eft commune avec les plantes ; mais il ne leur en faut pas davantage pour fe perpètuer , parce que veillant eux-mêmes à leur propre confervation , ils fe défen- dent fuffifimment des dangers où les plantes font à touts heure expo- fées. Ils fe produifent donc par le feu moyen des femences. Ce moyen, ainfi que nous le montrerons , eft'le même en eux que dans les plantes. Il eft vrai qu’il y paroît différent en quelques circonftances particulieres, F F 1j 738 De la Génération de Homme mais il ne laifle pas d’être toûjours uniforme eflentiellement ; en forte que pour bien connoître l’origine du. corps de l’homme & celle de tous les animaux , il ne faut que bien examiner l'origine des autres corps. ‘vivans, I. On n'aura pas de peine à fe con- vaincre de cette uniformité de la na- ture dans ce qui regarde la plus con- fidérable fonction des corps vivans, qui eft la génération, fi l’on confi- dere le rapport admirable qui fe trouve entre ces mêmes êtres , dans ce qui concerne leurs autres fon- étions principales & les organes né- ceflaires à leur vie. Les corps vivans, foit animaux ou plantes, vivent , fe nourriflent & croiflent tous de la même maniere. Les uns & les autres font des tifflus de vaifleaux arrofés par des liqueurs dont la fermentation continucïHle entretient la vie :en un mot , ils ont tous une même ftructu- re eflentielle. Cette convenance, qui de l'aveu de tout le monde , pa: roît parfaite entre l'homme. &c les par les Vers Speïmatiques. 739 autres animaux, . n'eft pas moins en- tiere entre les animaux & les plan- tes. Les fibres des plarites font de pe- tits canaux qui conduifent chacun leurs liqueurs : ces canaux ont en dedans, des inégalités qui font le même office que les valvules dans le corps des animaux, c’eft-à-dire, qui foutiennent les liqueurs ; & en em- pêchent le reflux fur elles-mêmes. Un grand nombre de veficules fem- blables aux glandes veficulaires des animaux, & attachées les unes aux autres en-maniere de chaîne, tra verfent les fibres dont nous parlons : ee font des refervoirs où les fibres verfent. les fucs qu'elles apportent & où ces mêmes fucs féjournent quelque tems, & acquierent le dé- gré de perfeétion qu’il faut pour l& nourriture de la plante. : Perfonne n’ignore que e’eft l'air qui entretient dans les corps vivans le mouvement des fucs, & qui exci- te la fermentationnéceffaire à la vie. Auf tous les corps vivans font-ils pourvüs de poumons où d'organes propres. à recevoir cet air par le moyen de la refpiration. Si ces or F£iv 740: De la Génération de l'Homme. ganes paroiflent un peu différens, {e- lon les différens fujets où ils {e ren- contrent , ils s'accordent tous en un point, qui eft de tirer l'air & d’en tranfmettre la partie la plusfubrile, dans le fang , ou dans les liqueurs qui en tiennent lieu. - Les animaux à quatre pieds ont aufli-bien que l'homme, deux poû- mons compofés de trachées & de véficules membraneufes , {ur lef- quelles fe répand un fi grand nom- bre de vaiffleaux fanguns, qu’elles en paroiffent charnues. Lefang qui coule dans ces vaifleaux , eft non- feulement broyé & divifé en paffant entre les véficules dont nous parlons, mais il y reçoit encore quelques par- ties fubtiles de l'air qu’elles contien- nent. Dans les oifeaux, outre ces fortes de poumons , on remarque des cavités membraneufes contenues dans la capacité du ventre , lefquel- Jes renferment une grande quantité d’air deftiné à d’autres ufages. Dans les animaux amphibies , comme dans les Tortues, & dans les Gre- nouilles, les véficules pulmonaires font plus grandes à proportion que par les Vers Spermatiques. 34% dans les animaux terreftres, & el- les paroïflent membraneufes , ou parfemées de moins de vaifleaux fanguins. Ees Poiflons ont des pou- mons d’une ftruture merveilleufe ; c’eft ce qu’on appelle Îles ouies, ou les branchies : comme ces animaux ne peuvent refpirer d’autre air que celui qui eft mélé entre les parties de l’eau où ils vivent , les organes de leur refpiration font faits de manie- re , que cet air s’y fépare d'avec toutes les parties de l’eau. Ce font des feuillets placés les uns fur les au- tres , quatre de chaque côté , com- pofés chacun d'une grande quantité de petites lames offeufes , longues, étroites , doubles , rangées l’une con- tre l’autre comme les filets de la barbe d’une plume , & recouvertes d’une membrane qui eft parfemée d’un nombre innombrable de rami- fications d’artéres & de veines. L'eau qui entre dans la bouche du Poiflon, & qui fort enfuite par les ouvertu- res des ouies , fe filtre à travers les barbes de ces ouies ; elle s'y divife en plufeurs parcelles, &.fe fépa- rant enfin de l'air qui y eft mélé, 442 De laGénérañion de l'Homme elle le laiffe tout pur au Poiffon:. Cet air ainfi dégagé de toutes par- ties aqueufes , frappe immédiate- ment les vaifleaux fanguinis , & lorf- que lés ouies viennent à fe reflerrer ; la compreflion qu'il fouffre entre urs lames qui s’approchent alors les unes des autres, le pouffe dans le fang. Les Poiffons à coquilles , comme par exemple , les Huîtres , ont des outes à peu prés femblables , mais qui tiennent plus de volume que le refte du corps. Dans les Infe- étes,, les organes de la refpiration ne fe trouvent pas raffemblés. en une feule cavité comme dans la plüpart des autres animaux; mais ils font répandus par tout le corps, (c’eft ce qu'on appélle Trachées,) on les voit tantôt longs & étroits comme des eanaux , & tantôt dilatés en forme de cellules membraneufes.. Ces or- _ ganes diftribuent à tout le corps'de l'Infeéte l’air néceffaire pour y ani- mer & y faire couler certaines li- queurs groflieres & vifqueufes. Les: végétaux ont auñli leurs trachées., ê& ils en ont une fi grande quantité qu'on y en découvre prefque par- par les Vers Spermariques. 745 tout. Elles y paroïflent faites par les différens contours d’une lame min- ce & un peu large , qui fe roulant fur elle-même en figne fpirale, ou en maniere de vis, forme un tuyau aflez long, tantôt large, & tantôt ferré, tantôt uni dans fa longueur, &c tantôt partagé en plufieurs cellu- les : l'air porté par ces conduits 4 toute la plante , pénétre Ia féve, la fabtilife , & pour ainfi dire , la ré- veille , par la fermentation qu'il y excite. D'ailleurs les trachées venant à s’enfler par la raréfaction de l'air ii les remplit, & enfuite à s'affaif- Ér par la condenfation du même air, compriment, à diverfes repri- fes, les vaifleaux prochains ; & avancent parce moyen la circula- tion des fucs. Les plantes ont leurs vifcéres com- me les animaux. Ces vifcéres font - les racines , le tronc , les feuilles . les fleurs & les fruits. Les trois pre: miers, fçavoir , lesracines , letronc & les feuilles , fervent à la nourri- ture ; & les deux derniers, fcavoir,,. les fleurs & les fruits, fervent à {x génération. Les plantes ne pouvant 344 De la Génération de | Homnie aller chercher leur nourriture , fup- pléent à ce befoin, par le fecours des racines qui puifent par leurs orifices comme par autant de bouches, le fuc que la terre fournit. Ce fuc recoit fa premiere coétion dans les racines 5 il y eft broyé & digéré par fe mou- vement continuel des trachées qui s'y rencontrent en abondance. L'air fubtil avec lequel il fe mêle , le fait fermenter dans des véficules , qui font comme autant de petits efto- macs , où il eft retenu jufqu’à ce qu'il ait acquis affez de fubtilité pour s’in- finuer dans les fibres du colet de la ra- cine : car ces fibres font des lacis & des contours difficiles à périètrer , & qui imitent parfaitement les glandes conglomerées des animaux. Le fuc de la plante ainfi préparé, pafñle dans Île tronc & dans les branches , où il fe digere de plus en plus : il eft por- té de-là dans les feuilles qui ache- vent de le perfectionner , & de le rendre propre à nourrir tout le corps du végétal ; car ilne faut pas croire que les feuilles ne fervent que d’or- nement à la plante ; elles lui font fi néceflaires, aw'on ne fcauroit l'en * par les Vers Spermatiques. 74$ dépouiller entierement , fans lui cau- fer un deffléchement total. Ce font dés parties qui par leur ftru@ures & par leur office , ont beaucoup de rap- port avec la peau des animaux ; & ce rapport , que nous examinerons ici en pañlant , fervira encore à mon- trer la convenance merveilleufe qu'il vyacntre les animaux & les plantes. La peau eft un tiflu d’extrémités de nerfs, d’artéres, de veines & de tendons. Elle eff toute parfemée de glandes, & percée d'une multitude prodigieule de canaux excrétoites ; les fucs qui y font apportés, s’y fil- trent à travers les glandes, & tan- dis que le fuperflu de ces fucs, deve- nu la matiere de la tranfpiration, s'échappe par Îles canaux excrétoi- res , les liqueurs duement préparées dans la peau , vont porter à tout le corps une nourriture convenable, Les feuilles des plantes ne font tout de même, que destiflus de fibres, de trachées, de véficules, & d’au- tres vaifleaux qui s’y réuniflent. Les fucs qu’elles reçoivent s’y partagent en une infinité de routes , & préfen- tant ainfi plus de furfaces à Pair, en 46 De le Génération de l'Homme font plus aifément pénétrés. Par ce moyen , la fermentation d’abord commencée dans la racine , puis un peu ralentie dans le tronc, £ rani- ne de nouveau; & le fuperflu des fucs eft obligé de fortir par la tranf- piration : ce qui fe fait quelquefois d'une maniere fenfble , ainfi que dans les feuilles de FErable, fur lef quelles on voit fouvent une liqueur mielleufe , échappée de leurs pores. La féve après avoir recu fa derniere coion dans les feuilles , rentre dans le corps de la plante , defcend même jufqu’aux racines , où elle fe mêle avec le nouveau fuc qui vient d'être -puifé de la terre. Puis remontant par les mêmes canaux qui l'ont déja con- duite , elle fuit un mouvement de circulation , affez femblable à celui qu'on a découvert dans le fang des animaux. Cette ancicnne féve fert de levain au nouveau fuc; elle lui donne le premier changement, & on peut la comparer à la falive qui vient préparer l'aliment dans la bou- che. La Nature, comme on voit, fuit en général un même plan dans ce + parles Vers Spermatiques. 54% aui regarde la ftruëture, l’accroifle- ment, & l'entretien de tous les.corps vivans. Pourquoi voudra-t’on qu'el- le fe démente dans ce qui regarde leur génération ? N'y a-til pas en eflettout lieu de juger que puifque les animaux & les végétaux vivent, fe nourrifflent & croifflent de la mé- me maniere ; ils fe reproduifent auf tous d’une maniere femblable > Or, comme nous montrerons que les plantes conçoivent par des germes, qui {ont eux-mêmes autant de peti- tes plantes , nous ferons obligés de conclure quela conception de l’hom- me, fe doit donc faire aufli par de petits corps organifés , qui foient eux-mêmes autant de petits ani- maux. Le récit de ce qu'on décou- vre par le microfcope, dans l’hu- meur deftinée à la génération des animaux, difpoiera par avance l'ef prit à tirer cette conclufion. {IL La génération des corps vivans , -n'eft que le dévelopement de leurs femences, & leurs femences ne font 748 De la Génération de l'Homme que de petits corps vivans formés dès le commencement du Monde, & renfermés alors dans les premiers individus mäles de chaque efpéce. La premiere plante mâle, par exem- ple, qui fut créée, ne contenoit pas {eulement Îa plante qui en devoit venir d’abord , mais elle renfermoit encore toutes les autres plantes, qui dans la fuite des fiécles , pouvoient fortir de celle-là, & les renfermoit toutes envelopées les unes dans les autres. Le premier homme , tout de même, contenoit en ui, non- feulement tous les defcendans qui en font fortis, & qui en fortiront,, mais encore tous les defcendans.pof- fibles. Cette regle s'étend fans ex- ception , à toutes Îles différentes ef- péces de corps animés ; en forte que ia génération de chaque animal & de chaque plante, eft moins la pro- duction d’un nouvel être, que le dé- velopement d’un être très-ancien. La génération à fes loix ; elle fe fair dans l'homme & dans tous les animaux par Ie moyen des deux fe- xes : l’un & l’autre fournit une ma- ticre abfolument géceffaire à la con- ception. par les Vers Spermatiques. 745$ ception. Celle que fournit le mâle, eft unc portion extraite du fang des artéres , & du fuc des nerfs, travail- Ice dans une longue fuite de vaif- fcaux fins & délicats, qui forment dans l’homme, & dans la plupart des autres animaux, deux pélorons ovales , fitués l’un à côté de l’autre, & fufpendus chacun au fond d'une envelope membraneufe faite com- me une bourfe. Quelques Philofophes regardent feulement cette matiere comme une liqueur qui contient une grande abondance d’efprits ; mais fi l’on confulte les découvertes de la Diop- trique , on la regardera comme con- tenant unamas infini de petits ani- maux qui font faits comme des Vers. On les difcerne dans Fhoim- me, & dans la plüpart des bêtes. Ceux de l'homme ont la tête grofe, & le corps trés-délié : ceux des bru- tes ont la tête plus petite, & le ven- tre plus gros : les uns & lesautres font dans un mouvement trés-a@tif, Si lon ouvre le corps d’un animal fain & vigoureux , & qu'avec le microfcope on examine Îles vaifleaux Toine II. Gg 750 Dr la Génération de l'Homme féminaires , on appercevra. dans fa liqueur qu’ils contiendront ; un fi prodigieuxnombre de Vermifleaux, qu'une petite portion de cette ma- tiere , quand elle feroit moins groffe qu'un grain de fable , en:laiffera voir plus d'un million ; ou. s'il arrive qu'on n’en découvre point , c’eft que l'homme étoit ftérile: Ces Vers ti- és hors du cadavre avec la liqueur où ils nagent, & mis à part pour être confervés, vivent quelquefois jufqu'à quatre jours; mais dans le cadavre 1ls ne pañlent pas vingt-qua- tre heures. Si l’on fait le mmêmeexa: men furle cadavre d'un vieillard , on trouvera moins de ces Vers, en: core feront-ils languiffans , quelque: fois même n’en trouvera-t’on point. Si c’eft fur celui d’un enfant de douze à treize ans, H s'en préfentera une grande quantité; mais: ils feront là” -plüpart pliés & envelopés comme des Infeétes dans leurs nymphes : au lieu que dans tes corps qui ne font ni trop jeunes nitrop vieux, on les. trouve dévelopés:& avec un mouve- ment trés-fenfible. Toutes circone- fançes , qui femblent déja nous don par Les Vers Spermatiques. 751 ner lieu de conjecturer que ces pc- tits animaux pourroient bien être lasmatiere effentielle d immédiate de la génération d'autant plus que les mê- mes expériences faites fur des Cogs , fur des Chiens, & fur d’autres ani- maux.qu'on peut ouvrir vivans , rufliffent-de la même maniere. . “Quelques Médecins prennent pour matiere immédiate de La Génération, celle dont il fe fait dans le fexe une éva- cuation réglée ; mais ils n’obfervent pas qu’elle ne contribue en rien à formation de. l'enfant. D’autres. donnent ee nom à. une humeur vif queufe que. fourniffent les glandes Vaginales des. femmes , mais c’eft avec aufli.peu de fujet; puifque cette humeur ne fert qu’à. ramollir les parties qu’elle arrofe, & à lesren- dre gliffantes., conformément aux ufages que la nature en doît faire. D'autres enfin, appellent ainfi une Bumeur épaifle, contenue dans les veflies qu:compofent les ovaires des femmes. & connue, aujourd'hui fous le nom d'œufs : ils prétendent que ces, œufs renferment en petit , toutes. les.partics de l'enfant , comme Ggip 752 De la Génération de l'Homme la grainc renferme la plante. Leur fentiment , quoique vraifemblable, n'eft pas néanmoins vrai , puifque- ces œufs, qui ne font point encore fécondés , ne contiennent par confé- quent aucune partie du fœtus ; au lieu que les graines des végétaux: aufquelles ils les comparent, ont déja recu ce qui doir les rendre fécondes. Mais fi l'œuf n’eft point cette ma- tiere immédiate dont nous parlons, il eft toujours le lieu où elle eft ad- mile & fomentée , &-ainfi ne con: tribue pas peu à la génération. L’œuf eft un corps membraneux, fait en forme de petit fac, & rempli d’une liqueur qui s'épaiflit au feu. Il ya deflus, un point blanchâtre prefque imperceptible, que l'on nomme C- éatricule. C’eft une cellule propre à recevoir quelqu'un des Vermiffeaux contenus dans la fubftance duimâle. Elle ef faite de maniere à n’en pou- voir admettre qu'un feul. On la di- ftingue fort fenfiblement dans les œufs des Oifeaux. Ce qu'il y a de remarquable ; c’eft que quand l'œuf a été fécondé par le mäle , on apper- çcoit dans la cicatricule un petit ani- par Les Vers Spermatiques.” 753 mal; & que lorfqu’il ne l'a pas été, on n’y en apperçoit aucun. De forte qu'il femble que la conception de l'enfant ne s’accomplifle, que lorf- que parmi un fi grand nombre de petits animaux renfermés dans la fubftance du mâle, il s’en introduit quelqu'un dans l'œuf de la femme, pour s'y déveloper enfuite , & y ac- quérir la figure d'homme. Cette hy- pothefe , comme on va voir , ne fup- pole rien dont on ne trouve une fi- delle image dans Ja maniere dont les plantes concoivent. 1 V. La génération fi variée en appa- rence dans les différentes efpéces de corps vivans, ne fuit eflentiellement dans tous, que les mêmes loix. On obferve dans tous diverfes parties qui conftituent les fexes , & fans lef- quelles la génération eft impoflible. Ces parties fe trouvent également dans l’homme , dans les animaux à quatrepieds , dans les Oïfeaux , dans les Poiflons, dans les Infectes, & dans les plantes ; avec cette circon- 754 De la Génération de l'Homihe ftance toutefois , que les deux fexes nc fe rencontrent enfemble que dans un petit nombre de fujets, qu'o® nomme pour cette raifon Hermaphro- dites , où Androgynes. Parmi les hom, mes, & parmi les animaux &qua- tre pieds , il n'y a point de parfait hermaphrodite ,| qui renferme exa- étement & diftinétement les parties internes & les parties externes du mâle & de la femelle: Il #y en a point non plus parmi les Oifeaux & parmi les Poiflons connus; mais on trouve les deux fexes réurris dans quelques efpéces d’'Infees, entre lefquels font les: Limaçons de terre, les Sangfues , les Vers de terre , &c. Cependant aucun de ces Infetes ne: peut concevoir fans le fecours de Pautre. Ce qu'il y a feulement ici de particulier, c’eft que les deux Infetes peuvent concevoir en même temps l’un de l'autre par un double accouplement. Les plantes ont leurs fexes aufli-bien que les animaux: Les parties mâles des plantes , font Fes Eramines, garnies de ‘leurs fom- mets; & les parties femelles , font: les Pifiles On-entend par Erariines.. -* par l'es Vers Sperimatiques. . .T$$ ces petits filets placés ordinairement - au milieu de la fleur : par Sommes, ce qui termine le haut des filets ; ês par Pifliles, une petite tige verte qui s'éleve entre les filets dont nous par- ons. Dans le Zis, par exemple, les petits corps Jaunes qui occupent le -milieu de la fleur, font les fommrets : les filets blancs qui les foûtiennent , font les Etamines ; & ces parties en- #femble font les parties mâles. La ‘poudre jaune qui fe détache. de ces. ommets , & qui tient aux doigts quand on y touche , contient les. germes du Lis, La tige verte & min- ce qui paroît entre ces petits corps. jaunes , eft ce qu'on nomme le Pi- file. Cette tige eft creufe & termi- née en haut par trois coins arrondis & fendus ; elle reçoit les germes qui fe détachent des fommets du: lis, & elle les conduit jufqu’au ré- fervoir des graines : car le bas du _piftile cache dans fa cavité de petits. -œufs , ow autrement des véficules féminaires , qui font les graines de -fa plante. Ces graines deviennent . fécondes par l'intromifion des ger- mes qu'elles. reçoivent; &. toute 1& +56 De la Génération de l'Homme partie enticre qui comprend le haut & le bas du piftile , cit la partie fe- melle du lis. | La plüpart des plantes portent {ur fa même fleur les deux fexes. On peut nommer celles-là Plantes Andro- gynes. Il yen a d’autres efpéces, où les deux fexes font féparés en diffé- rens endroits du même pied; & d’autres, où ils fe trouvent fur des - pieds différens , & tout-à-fait déta- chés. Entre ces dernieres, on peut appeller mâles, celles qui portent les étamines garnies de leurs fom- mets ; & femelles, celles qui por- tent les piftiles. Parmi les plantes qui produifent fur le même pied , les parties mâles & les parties fe- melles féparées les unes des autres , on compte le Blé de Turquie , la Larme de Job , les efpécesde Ricin, Je Tournefol, FAmbrofie , le Sapin, le Noifetier , le Chêne , l’Aune, &c. “Æntre celles dont les parties mâles & les parties femelles croiffent fépa- rément fur les différens. pieds de. la même efpéce , on comprend la Mer- curiale , le Chanvre , l'Epinard , FOrtie , le Houblon , le Saule, le Peuplier , — ‘par les Vers Spermatiques. 75% Peuplier, &c. Dans les fleurs à feuil- les, les Ertamines prennent leur ori- gine des feuilles de la fleur. Dans celles qui font fans feuilles , & qu'on nomme Chatons , comme par exem- ple , dans les fleurs du Noyer, elles artent du Pédicule , c'eft-à-dire , de a queue même de la fleur, & quel- quefois fe trouvent fi courtes , qu'à peine paroiflent-elles. Pour ce qui eft-des fommets , il y à des fleurs où ils ne font que l'extrémité même des Etamines , laquelle eft élargie &z ap- platie. En quelques autres , les fom- mets paroïflent faits de l'union des filets ou Etamines , qui fe confon- dant enfemble, formént un petit tuyau. La plüpart des fommets font divilés en deux bourfes , qui, le plus fouvent s'ouvrent en deux par les côtés , comme une porte brifée. Elles renferment une poufliere fine & réfineufe, qui étant fouffée au travers de la flamme d’une bougie, s'enflamime aifément. Cette pouffic- re, felon ce qu’elle paroît par le mi- crofcope , cft un amas de petits glo- bules , dont la couleur & la groffeur varient felon la diverfité des plantes, Tome IL. Hh 75% De la Génération de l'Homime à dont les furfaces font quelquefois tout hérifices de pointes. Onn’à pu jufqu'ici découvrir dans ces globu- les aucun germe de plante. Il y a néanmoins tout heu de juger, par les effets qu'ils produifent , que cha- que globule renferme en racourci une plante de la même nature que celle où ikcroïît. Le piftile tient lieu des parties, qui dans les animaux femelles font deftinées à la généra- tion : il occupe ordinairement le centre de la fleur. I n’a pas la même figure dans toutes les plantes. En quelques-unes il eft rond; en d’au- tres, quafré; en d’autres, triangu- Jaire , ovale, femblable à un fufeau, à un chapiteau , à une piramide. Cette partie eft ordinairement fiftu- leufe , & ouverte en haut par plu- fieurs fentes garnies de petits poils, & enduires d’un fue gluant. Le fond du piftile eft le réfervoir des graines. Ce réfervoir peut être appellé du nonx d’ovaire , à caufe du rapport qu'il a avec lesovaires. des animaux. Il femble aufli que nous pouvons normmer Trompe, le canal qui fort de cet ovaire, & dont l'ouverture par les Vers Spermatiques. 75e eft à l'extrémité du piftile; puifque par fon ufage il paroït femblable aux trompes de la matrice ; & ce font aufli les termes dont nous nous fervirons en parlant de ces mêmes parties. Nous remarquerons donc, que comme dans les animaux on rencontre autant de trompes que d'ovaires ; aufli dans les plantes on trouve prefque toüjour$ autant de ces partiés que nous ÿ appellons Trompes, que de celles que nous y nommons Ovaires. À l'égard des fleurs, où les deux fexés font réunis, le piftile eft placé entre les étamines. Cette fituation fait qu'il fe couvre aifément de leur pouflieré féconde, dont quelques grains s’infinuent dans la cavité ‘de la trompe. Mais lorf- ue les parties mâles & les parties che. au lieu de fe trouver en- femble, font féparées en différens endroits d'un même pied , ou fur différens pieds d’une même efpéce , c'eft par l'entremife du vent que les plantes concçoivent. L'on comprend affez que les fommets venant à être fecoués par le vent dans le temps de leur maturité , répatident la pouffic- Hhij 769 Dela Génération de l'Homme re qui les couvre: & que cette pouf licre cft enfuite portée par Je moyen de l'air fur les piftiles, où la glue qu’elle y rencontre, fert à la retenir, C'eft alors que ces petits globules , ou plutôt ces petits germes de plan- tes, paffant par les cavités des trom- pes, vont chacun s’infinuer dans une raine ou. véficule féminaire, dans Éiauclle ils fe. confervent,. comme dans un œuf , & commencent à prendre quelque accroifflement. Les plantes femelles, où cette poufliere ne peut parvenir. demeurent ftéri- les. Toutes les plantes dont les fleurs n’ont point de fommets , font ftéri- les aufli, comme on peut le remar- quer dans la Pivoine à fleurs dou- bles, &z dans le Grenadier fauvage, Il eft vrai que la Pivoine à fleurs doubles produit quelquefois des gouflés, où l'on voit des apparen- ces de graines , mais ces prétendues graines ne viennent point à maturi- té. Nous ajoûterons, que fi on Ôte à une planté les fommets de fes fleurs, on lui Ôte en même temps tout moyen de multiplier : c’eft ce qu'il eft facile d'éprouver fur Le Blé ‘par les Vers Spermatiques. 61 de Turquie & {ur le Ricin, en en coupant les étamines avant qu'elles foient mures ; car alors fes pifiles , au lieu de porter des grairies fécon- des , ne porteront que quelques vé- ficules vuides ; qui ne tarderont pas même à fécher. Si entre les plantes d’une même efpéce, dont Ics fleurs & les fruits croiffent fur des pieds féparés , l’on en cultive en particu- lier quelqu’une de femelle , en forte qu’elle ne foit point à portée de re- cevoir aucun grain de la poufliere qui fe détache des fleurs du mâle ; cette plante folitaire, ou ne condui- ra point de fruits à maturité , ou n’en donnera que de ftériles , qui feront femblables à ces œufs que font les Poules fans le fecours du Coq, dans lefquels il n’y a point de germe. C’eft une obfervation qui fe peut faire aifément fur la mercuria- le, furle chanvre, & fur d’autres plantes. Que l’on confidere avec foin Jes graines ou véficules des végétaux avant qu'elles ayent été rendues fe- condes , on ne les verra remplies que d’une liqueur claire, & on n'y remarquera jamais ce corps opaque Hb ii} L 4] 762 De la Générarion de l'Homme que l’on difcerne dans les autres, le- quel fe dévelopant à mefure que la graine croît, laifie affez voir qu'il cft le principe de la plante, ou plü- tôt la plante même en abregé. Ajoû- tons que lorfque les fleurs font dans leur perfection, non-feulement les extrémités des piftiles fe couvrent de la poufliere qui échappe des fom- mets; mais que fi l’on ouvre lestrom- pes des piftiles, on rencontre alors dans leurs cavités jufques vers les graines ou véficules féminaires , une grande quantité de cette pouflierc. il ne refte plus qu'à découvrir par où le petit globule, ou autrement ha petite plante , peut entrer dans la graine pour la rendre féconde. Ce paflage eft trés-fenfible dans la plû- part des graines : elles ontune petite ouverture près de l'endroit qui les attache. Cette ouverture eft une cel- lule femblable à celle que l’on nom- me Cicarricule, dans les œufs des ani- maux; & elle n’eft pour l'ordinaire. capable de contenir qu'un feul ger- me. Soit donc que le petit globule de poufliere qui eft arrivé par la trompe jufqu’à l'ovaire de la plante, par les Vers Spermatiques. 363 s'introduife tout entiér dans la cel- lule dont il s’agit, foit que la ma- tiere réfineufe du même globale ve. nant à être difloute par la liqueur qui enduit la trompe, laifle échap- per la petite plante route nue, cette plante s’infinue toûjours ; d’une ma- niere ou d’une autre, dans la cellule. _ n'y a qu'à examiner les pois & les féves d’haricot, pour y diftin- guer fenfiblement cet orifice , ou cette cicatricule , avec la jeune plan- té cachée dedans , laquelle femble en défendre l’entréc par fa petite ra- cine. Que ce qui fe pañfe dans la géné- fation des végétaux, ferve donc À nous faire jugcr de ce qui fe pañé dans les autres corps vivans ; & puif- que la conception des plantes fe fait par des germes , qui font eux-mêmes de petites plantes, & qui fe déta- Chant des parties mäles du végétal , cntrent dans les œufs , où autre- ment dans les graines de la plante ; la conception de l'Homme & des autres Animaux , fe fait de même par de petits animaux * qui de la fubftance féminaire du mâle, dans Hhiv 764 De l4 Génération de l'Homme laquelle on en découvre un fi grand nombre , aiafi que nous l’avons re- marqué, s’introduifent dans les œufs de la femelle , comme de petites plantes dans leurs graines. Quand ces petits animaux fe font ainfi introduits dans leurs œufs , ils y croiflent infenfiblement , & y de- meurent jufqu’a ce qu’ils ayent ac- quis un certain point de grandeur & de maturité. Ces œufs font de deux fortes ; les uns envelopent & nourriflent le fœtus dans le corps anême de la mere ; les autres l’enve- Jopent & le nourriflent hors du corps de la mere. Les animaux qui pro- duifent les premiers, font appellés Vivipares, parce qu’ils enfantent leurs tits tout vivans. Ceux qui produi- {ent les feconds , font nommés Ov: pares , parce qu'ils enfantent leurs petits encore enfermés dans l'œuf. L'Homme, les Animaux à quatre pieds, quelques Poiflons, & quel- ques Reptiles , font des animaux vivipares. Les Oifeaux, : la plüpart des Poiflons, & tous les Infeétes font des ovipares. Entre les œufs des ovi.. pares ; les uns font fécondés dans le: par Les Vers Spermatiques. 965 corps même de la mere, commeles œufs de tous les Oifeaux ; & les au- tres ne le font que hors de la mere, comme ceux de prefque tous les Poiflons. Car parmi ces derniers , le mâle fuit ordinairement la femelle dans de temps qu’elle pond, & ik Jaïffe échapper alors une liqueur qui rend féconds les œufs fur lefauels elle fe répand. Dans les œufs des Oifeaux , le blanc ou le fuc glaireux fournit la nourriture au petit fœtus. Ce fuc glaireux fe fond peu à peu par la chaleur; il pañle enfuite par les deux cordons qui tiennent le jaune fuf- pendu, & traverfant ce jaune qui fert à l'Oifeau de Placenta , il fe glifle par les vaifleaux umbilicaux . jufqu’au corps de l'Oifeau. Tous les petits des autres animaux ovipares fe nourriffent dans l'œuf à peu près de la même maniere. Pour ce qui eft des vivipares, leurs œufs rendus fé- conds dans les ovaires, venant à s’é- chapper de leurs loges, defcendent par les trompes jufques dans la ma- trice ; ils n’y font pas plütôt tombés, qu'ils s’y attachent par l'endroit qui 366 De la Génération de FHonmme les lioit à l'ovaire ; puiÿ par le moyen du cordonumbilical , & des petites bouches du'placenta, le foœ- u$, toüjours contenu dans l'œuf, tire fa nourriture des vaifleaux la- étés de la matrice, comme le Poulet tire la fienne du blanc de l'œuf , par le moyen du jaune qui eft fon pla- centa. . Au regard des plantes, on peut dire qu’elles font tout enfemble & ovipares, & vivipares. Elles fonc ovipares, en ce qu'elles produifent des graines qui ne différent guères des œufs des Oifeaux ; car la petite plante n’eft-elle pas contenue dans la cellule de Ia graine , comme l’em- brion dans l4 cicatricule dé l'œuf? Les lobes des femences ne renfer- ment-ils pas la premiere nourriture de la plante, comme le blanc de l'œuf renferme celle du Poulet? Les vaifleaux qui compofent ces mêmes lobes , ne tiennent-ils pas lieu de placenta à la jeune plante en lui fil- trant fon fuc nourricier ; & les con- duits qui lui portent ce fuc ainfi pré- paré, ne font-ils pas ce que fait dans le Poulet le cordon umbilical > Elles par les Vers Spermatiques. 767 font aufli vivipares , puifqu'elles produifent des bourgeons, c’eft-à- dire, des plantes déja toutes éclofes & toutes formées. On ne finiroit pas, fi l’on vouloit fur ce fujet examiner à fond toute Ja conformité qui fe trouve entre les animaux & les végétaux. Elle eft {4 grande dans ce qui regarde la loi cflentielle de la génération, qu'à cet égard , on peut dire que ce qui fe pañle dans les uns , eft une image de ce qui fe pañle dans les autres. V. On fçait, & on ne peut le confi- dcrer fans plaifir, avec quelle indu:- ftrie les rejettons des plantes , gar- pis de leurs feuilles, de leurs fleurs & de leurs fruits ; font arrangés dans les bourgeons. On fçait que le plus petit œuf d’un Infeéte , cache un Ver qui s’y dévelope d’abord peu à. peu, & qui enfuite y quitte la for- me de Ver pour fortir fous celle de Mouche, de Papillon , ou de quel- que autre Infeëte femblable. On {çait enfin que les œufs des animaux 368 De la Génération de l'Homie plus grands , renferment , dans une partie à peine vifible, tout l’Anï- mal qui en doit naître. La connoif- fance de ces merveilles doit dimi- nuer l’étonnement ou l’on pourroit être fur la Génération de FHomme par le Ver Spermatique. Pour bien fuivre une métamorphofe d’abord fi furprenante , il faut confidérer ce Ver dans le corps d’un enfant. Tandis que l'enfant eft dans fes premieres années, le Ver Sperma- tique dont il s’agit , n'eft encore qu'un Ver engourdi & fans aétion, cout replié fur lui-même , & qui pour fe déveloper & fe mouvoir , a befoin d’une nourriture plus conve- nable. L'enfant eft-il parvenu à un âge plus fort, & a-v'il atteint le ter- me que la Nature à fixé à l'Homme pour fe reproduire, le Ver réveillé alors par des fucs piusac@ifs , fe dé- brouille; il. prend un mouvement fenfible, & ne laïfle plus douter de ce qu'ileft. Il perfévere dans le mé- me état tout le refte du temps qu'il perfévere dans le même lieu. Mais il change bien-tôt de fort, lorfque à la faveur du liquide où il nage, il. ” par les Vers Spermatiques. 769 vient à pañler du corps de l’homme dans celui de la femme. Il eft alors porté dans les trompes jufqu'à l’o- vaire : l'œuf qui s’y trouve mur le . premier, & dont fa cicatricule eft la plus ouverte , le reçoit fans peine ; le petit Ver s'attache par fa queue aux membranes de la cellule où il vient d'entrer. Cette queue eft un cordon compofé de plulieurs petits tuyaux , qui font déja le cordon umbilical de l'enfant , & par lef- quels les fucs nourriciers font por- tés de l’Animal à l'œuf, & de l’œuf à l'Animal. Dans ce commerce ré- ciproque , l’'Animal & l'œuf ne font qu'un feul corps, qui Venant à crot- tre , eft obligé de s'échapper de l’o- vaire , & de defcendre par lestrom- pes dans la matrice. L’œuf ainfi ar- rivé dans un lieu que la Nature lui a deftiné particulierement, s’y colle par l'endroit qui auparavant lPunif- foit à l'ovaire. L’Animal nourri alors par de nouveaux fucs , fe dévelope de plus en plus; & bien-tôt ce n’eft plus un Ver Spermatique , mais un fœtus humain. L’œuf, de fon côté, forme le placenta de l'enfant. La 70 De la Génération de FHomme pellicule extérieure du Ver recoit une extenfion confidérable, & fait l'enveiope que les Anatomiftes ap- pellent 4munios , laquelle renferme le fœtus immédiatement : la mem- - brane de a cicatricule forme cette autre envélope que les mêmes Ana- tomiftes nomment Chorion, & qui eft par-deffus l'amnios. Quand plufieurs œufs fé trouvent murs à la fois; chacun de ces œufs reçoit fon Ver Spermatique , & il fe fait des ju- meaux. La cicatricule , ainfi que nous l'avons remarqué , eft conftrui- te de maniere à n’admettre ordinai- rement qu’un Ver ; mais fi par quel- que cas extraordinaire , il arrive qu’elle foit affez grande pour en ad- mettre davantage , il fe forme des montres à plulieurs têtes, & dont les autres membres fe multiplient plus ou moins, felon le nombre des Vers introduits. Le fœtus eft ordinairement neuf mois dans le fein de fa mere. Pen- dant ce temps , il croît & fe per- fe&ionne infenfiblement : maïs au bout du terme, ileft fi grand & fi vigoureux , qu'il ne peut plus fe con- À , t} par les Vers Spermatiques, 74 £eni r dans un fi petit efpace. Il cher- che alors un féjour plus libre; & aprés divers efforts pour fe dégager de fa prifon, il s'échappe, & com- mence à refpirer, devenu homme enfin de Ver Spermatique qu’il étoit dans foncommencement. Fin de la Difertation. Cette Thefe compofée en Latin par Mon- fieur Geoffroy , de l’Académie Royale des Sçiences de Paris, & Docteur Régent dela Faculté de Médecine de Paris, a été foûte- nue fous la Préfidence de ce Do&eur, le Jeudi treiziéme jour de Novembre mil {ept cent quatre. Il en eft parlé au long dans le vingt-neuviéme Journal des Sçavans de mil fept cent cinq, & dans les Mémoires de Trévoux du mois de Novembre mil fept cent cinq, page 1846. $ LA 772 ces L° ET RARE DE M GEOFFROY De L'Académie Royale des Sciences , Do- eur-Régent de la faculté de Médeci- ne de Paris , en réponfe à quelques dif-- ficultés qui lui ont été faites contre la précedente Difertation [ur le fyfiême de La Génération de l'Homme par les Vers Spermatiques. Laquelle lettre 4 été en- poyée par M. Geoffrot à l’ Auteur de ce Livre. Monsieur, Puifque la lettre que j'ai écrite à un de mes amis de Province fur la Génération de l'Homme par les Vers Spermatiques, vous paroît propre à éclaircir & à confirmer ce fyftême, j'accepte avec reconnoiflance l'offre obligcante que vous me faites de l'inférer dans la nouvelle édition de votre Traité de la Génération des Vers avec la théfe que j'ai déja don- née fur cette matiere, & que vous n'avez Lettre de M1. Geoffroy. 773 savez pas jugéc indigne du foin que vous avez pris de la traduire en notre. hingue. Voilà donc cette lettre, Monfieur , que je vousenvoye tranf- crite au net. Je vous prie de Ja reli- re encore une fois ; vous la produi- rez , ou vous la fupprimerez, com- me vous le jugerez à propos : je vous Fabandonne. Je fuis, &c. , MONSIEUR, Votre trés-humble & trés- obéiffant ferviteur , GEeor- FROY. É ne faut pas croire, que jaie avancé le fyftème de laGénératiom des corps vivans dans les plantes , dans les animaux, & particuliere- ment dans l’homme ; comme une vérité inconteltable, bien loin de cela je n’aï prétendu la propoler que comme une queftion problematique, telle que doivent être les queftions de nos Thefes de Médecine , dont on peut foûtenir prefque également laffirmative & la negative, & com me le font en effet les Bacheliers. Tome IL. | 5 FTA Lettre de M. Geoffroy. qui font obligés de parler dans ces fortes d’Aétes. On peut donc ne regarder ce fen- timent que comme une hypothefe un peu hazardée, mais qui cepen- dant , toute hazardée qu’elle eft , ne manque pas de vrai-femblance, j'o- fe dire même qu’elle en a plus qu'au- cune opinion qu'il y ait eu jufqu'à préfent fur la génération. Ce qui rend une hyvothefe plus vraifemblable qu’une autre , c’eft lorfqu’on y fuppofe moins de chofes, Jorfqu’on y explique un plus grand nombre de faits & d’une maniere plus fimple. Or ce fentiment fur la reproduétion des corps vivans eft plus fimple que tout autre , plus ge- néral & fuppole moins. If eft plus fimple , puifque dans ce fentiment, tous les corps organifés font formés. dés le commencement de monde par lAuteur de la nature, au lieu qu'il ctoit trés-difficile de concevoir leur formation dans l’ancienne opi- nion qui mettoit Îa génération dans Parrangement fortuit de quelques parties de matiere mêlées confufe- ment, Il eft plus général , puifque ‘ « Lettre de M. Geoffrey. 775$ ar ce fentiment , on explique éga- ment la génération dans tous Îes corpsorgani{és. À la vérité , le fyfte- me des œufs & des graines paroît aufli fimple & aufli général, mais il fuppofe le point principal de tout le fyftême, c'eft l'animal & ta plante tout formés dans l'œuf & dans la graine , ce qui n'eft point fuppolé, dans ce fentiment-ci. Je dis que les Défenfeurs du fyfté- me des œufs fuppofent le petit ani- mal dans l'œuf, mais ils ne peuvent Je démontrer qu'après la féconda- tion : & pareillement ils fuppofent dans les graines les petits germes des plantes, mais ils ne peuvent faire voir ces rudimens de la plante dans les graines avant leur fécondation. Au contraire , fi l’on examine les œufs des animaux avant qu'ils ayent été fécondés par le mâle, on n'y peut découvrir aucuns prémices de animal. Dans les œufs que les pou- les pondent fans le coq , queïque ces œufs paroiflent aufli beaux & auf gros que les autres , cependant onne voit qu'une cicatricule vuide & dans Faquelle on ne trouve point ce petit A5 ij 776 Lettre de M. Geoffroy. corps, qu'on reconnoît par le déve- loppement qui s’en fait dans lafuite, étre le corps déja formé , du poulet. Ceux qui ont élevé des vers à foye fçavent que fi un papillon vient à pondre des œufs fans l’aide du mâle, ces œufs font clairs tranfparens, & qu'on n'y voit pas ce petit point noir .ou opaque, { qui elt le commence- ment du petit. Ver ou dela petite chenille, ) qu'on découvre dans les œufs féconds ; ce qui eft caufe qu’on rejette ces œufs clairs qui font toù- jours fiérilés. On rencontre même fouvent de ces œufsftériles parmi les œufs féconds pondus tous par le mê- me papillon, parce qu'apparemmert ces œufs n'ont pu être fécondés com- me les autres pour jquelque caufe particuliere: | … tn I : Dans les graines on obferve la mé- me chofe: On rencontre fouvent des graines-fans germes , & par confe- quent fiériles. Et on en trouve mé- me au milieu de quelques fruits aufli beaux en apparence, que les autres. Si on obferve d’ailleurs toutes les graines dans leur commencement avant que la fleur foit tout-à-fait Lettre de AM. Geoffroy. 777- épanouie , on les trouvera claires & tran{parentes , & fion les-examine quelque tems après que la fleur eft. pañlée , c'eft-à-dire , après leur fé-. condation , ces graines font rendues opaques par un petit corps qui eft. apparemment le germe. - Les Ovariftes fuppofent que ces germes n'ont fait que croître, & qu'ils étoient déja dans les œufs & dans les graines , mais-ce n’eft ane fuppoñtion gratuite, & puifqu'on ne-peut par aucun moyen: les apper-, cevoir dans les œufs & dans les grai-. nes avant leur fécondation , quoi-. on les y découvre aifément par la fuite , il eft bien plus naturel de croire que ces germes n’étoient au- paravant ni dans les œufs ni dans les. graines , & qu'ils n’y font ariivés. que dans l’inftant de cette féconda-, tion. »7 Pour fe convaincre de ce que j'a- vance, il n’y a qu'à confidérer ce qui: fe pañe dans le tems de la fécon- dation chez les animaux. Parmi les Poiflons, qui ne s’accou- plent point, la liqueur , qui danse: mâle eft deftinée à la génération , ne 778 Lettre de A1. Geoffroy. fait que fe répandre fur les œufs que Ja femelle vient de pondre | & qui flotent dans l’eau. Parmi les autres animaux, où l’on ne peut obferver les chofes de li même maniere, on fait feulement que la liqueur du male fe porte non-feulement dans la cavité de la matrice, mais même jufques dans les trompes, où on la trouve fouvent dans les animaux que l'on ouvre peu de tems après Faccouplement ; & il eft à préfamer qu'elle arrive jufqu’aux ovaires, où elle arrofe quelques œufs de la fe- melle. La fécondation fe fait donc par l'épanchement de cette liqueur du mäle fur l'œuf; d’où on peut con- clure fort naturellement que effet que éêtte liqueur produit far les œufs des animaux, eft principalement d’y porter le petit Ver ou le petit ani- mal qu'on découvre dans l'œuf après: ce tems-là , & d’autant plus qu'on Je diftingue déja dans cette liqueur fécondante. Nous avons d’autant plus de rai- fon: de croire que ces petits Vers ow animaux, dont la liqueur du mâle eft Lettre de M. Geoffroy. 77æ remplie, font les principes de la gé- nération ou le commencement de J'Homme & des autres animaux, que nous le trouvons toüjours con- ftamment dans les liqueurs qui rem- pliflent les vaifleaux fpermatiques de: tous les animaux , qu'ils varient fe- lon leurs differentes efpéces, & qu'ils manquent dans ces liqueurs , lorfque par l’âge ou par les maladies, elles deviennent fteriles. En établiffant de cette maniere. le fyftème de la génération des Ani- maux, nous ne raifonnons que fur des faits conftans & fans rien fuppo- fer d’incertain , au lieu que les Ova- riftes fuppofent , 1°. Les commence- mens de l’anima! danslœuf , quoi- qu’ils ne les voyent point , & de plus un efprit fécondant dans la liqueur du mâle deftinée à la génération, ce qui eft très-incertain. Car felon eux, cet efprit féminal doit être très-fub- til &c trés-volatil , & cependant par- miles animaux aquatiques, cet ef- prit tout volatil qu’il eft, n’eft ni énervé ni diflipé par les eaux avec lefquelles la liqueur fe mêle ; ce qui paroît tout-à-fait impofñlible. Parmi 780 Lettre de M. Geoffroy. Ja plüpart des Poiffons il n’y a poinit d'accouplement; la femelle jette fes œufs , &c le mâle qui la fuit répand le frai fur ces mêmes œufs; or avant que l'eau aïît étendu cette liqueur fur: tous ces œufs , lefprit fécondant doit en avoir été diflipé par les eaux. Ea difficulté de la fécondation eft encore plus confidérable pour les: huitres &c les autres coquillages qui {e tiennent attachés aux rochers ow au fond de la mer, fans avoir que très-peu de mouvement, Le frai des mâles eft porté au gré des eaux de côté & d'autre, & enfin le hazard fait que lesteufs des femelles en font touchés & rendus féconds. Que de- viendroit pendant ce tranfport l’ef- prit féminat, fi la génération fe fai- foit par fon entremife? Ilauroit tout le tems de s’exhaler, & jamais les œufs des huitres & des autres co- quillages de cette nature, ne pour- roient être rendus féconds. Nous évitons donc dans notre {y ftême ces deux fuppofitions , & par confequent jufques ici ce fyftème eft plus fimple que celui des Ovariftes pour la génération des animaux. Voyons Lettre de M. Geifror: 78% Voyons préfentement s'il n’en eft pas de même pour la génération des plantes. Jufqu'à ce que la fleur commence à pañler , on n’apperçoit aucun corps ou germe de plante dans les em- bryons des graines ou veficules fémi- maires ; & on ne commence à apper- &evoir du changement dans ces em- bryons , que lorfque la poufliere des étamines efttombée. . Cette poufliere des étamines eft mécefaire à la fécondation , puifque ‘dans les plantes où les étamines naif- ent fur le même pied en des lieux différens , ou fur differents pieds , fi ‘on vient à couper ces Étamines dans Je tems qu'elles commencent à pa- æoître , & avant qu'elles foient-ou- vertes , les fruits ne viennent point à maturité , ou s'ils meurifient , ilsne contiennent point de germes , & font par confequent ftériles. La néceflité de la poufliere des étamines pour faire croître les grai- nes , pour les faire venir à maturité, -& pour les rendre fécondes , eft con- Yrmée par les obfervations de tous Tome IL. Kk 78e : Lettre de M. Geoffroy. les Botaniftes {ur le Palmier qui pro- gées d'étarmines, fléuries , &:de.les atracheraux branches du Palmier fe- imelle ; quelquefois mêmeonine fait que fécouer, ces branches fur celles du Palmier femelle ,.& pour lors il produit de bonsfruits ; en abondan- ce & féconds. Cetre obfervation fut confirmée à M. Tourneforten r697. par Hadgi Mufapha Aga home | Lettre de M. Geoffroy. 783 d'efprit & curieux , Ambafladeur de Tripoli vers le Roi, comme ce fca- vant Botanifte le rapporte dans fes Inftitutions Botaniques. Ce n’eft pas feulement fur les Palz miers que ces obfervations fe véri- fient. Cela eft encore tres-fenfible fur la plûpart des plantes qui por- tent les fleurs & les fruits fur d (ou rens pieds ou fur differens endroits du même pied, pourvü que l’on ait un très-grand foin de couper les éta- mines avant qu'elles ayent cominen- cé à fe déveloper , ou pourvû que l'on tienne les plantes femelles dans des endroits où la poufliere des éta- mines ne puifle avoir aucun accès, comme ila été dit dans la Thefe. Je {çai bien qu'on pourra m'objetter ce “que rapporte M. Tournefort dans ces mêmes Inftitutions, qu'il a vû un pied de femelle de houblon produire des graines dans le Jardin du Roi, où il n’y avoit point de pied mâle: mais on peut lui répondre que les ctamines ont pü être apportées d’ail- leurs fur ce pied femelle par le vent, comme nous en avons un bel exem- ple rapporté par Jovianus Pontanus, K K ij 784 “Lettre de A1. Geoffroy. Précepteur d’Alphonfe Roi de 'Na- ples , qui raconre.que l’on vit de fon tems deux Palmiers ; l’un mâle culti- ve à Brindes, & l’autre femelle éle- ve dans :les bois d'Ortrante ; que ce dernier futplufieurs années fans por- £er de fruits ,jufqu’à ce qu'enfin s'é- tantélevé au-deflus des autres arbres de la forét, il put appercevoir (dit le Poëte ) le Palmier mâle de Brin- des, quoiqu'éloigné de .plufieurs Jlieuës. Car alors il commença à por- ter des fruits en abondance. Il n'ya aucun lien de douter qu'il. ne com- aneénça pour lors à porter des fruits , que parce qu'il commença dés-lors à recevoir fur fes branches Ia pouf- fiere des étamines que le vent enle- voit de deffus le Palmier mâle , & qui étoit emportée par-deflus les au tres arbres. Nous expliquons par-là d’une maniere naturelle & fenfible _ cette fécondité qui a bien.:embarraffé es anciens Phyficiens, & qu'ils at- tribuoient à la fympathie ou à l'a- _mour qui ferençontroitentre let ar- bres. Voici les paroles de l’Auteur.: Brundufii fatis longè viret ardua terris Axtbor , Idumaæis ufque petita Jocis, Letire de M.Geoffr. 385 ‘Alteta hydruntinis in faltibus æmula Palma ;, Jlla virum referens, hæc muliebre decus: Nonuno crevere folo , dfftantibus agris, * Nulla loci facies , néé foctalis amtor. Permanfit fine prole diu , finefruétibus arbor Utraque:, frondofis , & fine frugée comis.\ At poftquam patulos fuderunt brachia ramos . Cæœpere & cœlo liberiore-frut , | Frondofique apices fe confpexere , virique la fui vultus, conjugis illefux Haufere & blandum, venis fitientibus, igném;. _Optatos fœtus fponte tulere fuä Ornarunt ramos gemmis , mirabile di&u , Implevere fuos melle liquènte favos. Cettehiftoire, en prouvant la né< ceflité des étamines pour-la féconda= tion du Palmier ,. fait voir que l’é- loignement n’eft point une-raifon à oppofer à la fécondation des autres: arbres par la poufliere de-ces mêmes: étamines.- 10) 200 Op 3 On dira que je n’ai point de preu ves que chaque grain de cette poui- fiere foit une petite plante en racour- ci, puifque le microfcope ne me montre chaque’ graïi que comme: une petite boulle lifle & hériflée: dé pointes, pleine: ou percée dans fon milieu, ou enfin de quelqu’autre maniere. Je conviens qu'il eft difi- cile de diftinguer dans chacun de- | K'kiij 786 Eettre de 21. Geoffroy. ces petits grains les prémices de la. plante , parce qu'elle eft repliée fur elle-même, & peut-être enveloppée d'une membrane, ou du moins ré- vêétué d’une matiere refineufe & fé- che , qui s'embrafe trés-facilement lorfqu’on la foufle fur la flâme d’une chandelle, de même que feroit de la raifine en poudre. Peut-être qu’a- vec le tems on trouvera le moyen de développer ce petit germe, & de le découvrir à nud. Mais cependant fi on s’opiniitre à ne vouloir regarder que comme une fuppofition cette propofition , on conviendra du moins qu’elle eft très-vraifembla- ble, puifque ce n’eft qu'après l'intro- miflion de ces petits corps dans les piftiles , qu'on commence à apper- cevoir un corps opaque dans les veli- cules féminaires ou embryons de graines , lequel en croiflant fait ap- percevoir dans la fuite qu’il eften ef- fet le germe de la plante. Enfin ce quiacheve de confirmer cette hypothele, c’eft l’uniformité qu'elle nous découvre dans la géne- ration de tous les corps vivans : uni- formité qui feule {croit un grand pré- Leftrede M. Geoffroy. 787 jugé en faveur de cette opinion, Mais qui jointe à tant de faits & à tant d'apparence de vérité , tient Heu d’une parfaite démonftration ; fi toutefois on en peut efpérer dans ces fortes de matieres. | Aprés avoir établi les preuves de notre hypothele & fatisfait en mé- me tems à plufñeurs objetions , il faut répondre à quelques autres qui demandent un détail particulier. 1°. n'y a ges d'apparence ; dit- on ,qu'un Infeéte quitte fa nature d’'Infete pour prendre celle d’un animal parfait. | C'eft un ancien préjugé , de diftin- guer lesanimaux en parfaits. & im- parfaits ; préjugé dans lequel l’igno- rance où l’on étoit autrefois fur la ftructure de leur corps, & particu- herement de ceux qui font les plus: petits , a long-tems entretenu les: hommes. Les yeux ne découvroient point dans les Vers, dans les papil- ons, dans les mouches & dans les: autres infeétes , les mêmes parties: que dans lesautres animaux, & on croyoit qu’elles y manquoient. On: voitordinairement ces Infeétes pren KKk iv 788 Lettre de M. Geoffroy. dre naïflance dans la bouë , dans le fumier, dans les chairs corrompuës ou les herbes pourries, & ona cru que ces petits corps n'avoient point d'autre origine que l’affemblage for- tuit des parties de matieres qui fe, pourrifloient. On a même été jufqu’à croire que les animaux plus gros. comme des srenotiilles, des macreu- fes, &c. n’avoient qu'un pareil com- mencement, fans faire réfléxion que. ces animanx forment des. efpéces conftantes, qui font toüjours pro- duites de même , & qu'il eftimpof- fible qüe le hazard produife un ar- rangement de parties toûjours uni- forme & toüjours conftant. Nous avons l'obligation au fcavant M. Re- di, d’avoir un des premiers débrouil-- lé cette maticre, & vérifié que la gé- nération des Infeûtes vient de male & de femelle, & qu'elle fuit le {y- ftême des œufs, de même que par- mi les autres efpéces: d'animaux. Plufieurs habilesPhyficiens, & parti culierement M. Swammerdam, ont. commencé à anatomifer les Infeétes,, & nousavons l'obligation à ce grand, homme de nous avoir démontré Lettre de M. Geoffroy: 789: dans ces petits animaux des parties: fémblables aux nôtres, ou qui en. font les fonétions. La mort l'a pré- venu avant qu'il ait pü terminer ce grand ouvrage, & M. Duverney,. qui le continue aujourd’hui , & qui. fuit ces petits animaux depuis. le: commencement jufqu’a leur-fin, bien: loin de nous repréfenter les-Infeétes: comme des animaux imparfaits ;. nous y découvre:tant d'art qu'on: peut dire qu’ils font plus parfaits que: les animaux les plus confidérables.. Dans les chenilles , dans les vers qui: fe changent en papillon, ou: enfin: dans les'animaux qui de reptiles de- viennent volans , il eft furpremaut de voir quel changement arrive en. toute la ftructure interieure de feurs: petits corps. Une: infinité de parties: quireftoient pliées fe dévelopent au: ‘bout d’un certain tems; quelques-- unes deviennent abfolument inuti-- les, fe defféchent & tombent ; quel-- ques autres deviennent méconnoi{- fables. Rien n’eft plusadmirable que: de fuivre tous ces changemens. La. grenouille eft poiflon dans fon com- mencement, c'eft ce petit animal 790: Lettrede M. Geoffroy. | qu’on nomme térart,qui a une grofle tête , une geule de poiflon, des na- geoires & une queuë comme les poiflons : elle refpire par des oüiies qui font les poumons ‘particuliers aux poiflons. Quelque tems aprés , fa. queuë & fes nageoires tombent & laiflent voir des pattes, avec lef- quelles elle peut marcher & nager. Tout le devant de fatéte ou plutôt fon mafque rambe de même queles oies , pendant que fes poumons femblables à ceux des animaux ter- reftres fe développent, & devien- nent non-feulement vifibles , mais. même confidérablement gros, d’in- vifibles qu'ils étoient anparavant. Ne peut-on pas regarder comme: une plus grande perfeëtion dans ces. animaux ,ce don de pouvoir goû- ter la vie fucceflivement dans diffe- rens états & dans differens élémens > Le plus fouvent létat des vers. n’eft qu'un état de paflage pour arri- ver à uneautre forme. Ainfi la plü- part des Vers qui s’engendrent dans: la chair pourrie, fe changent en: mouches. Certains gros Vers qui fe äcnnent affez long-tems cachés dans: Ecttre de A1. Geoffroy. 707 la terre, {e changent par là fuite en hannetons. Les Vers à foie & les chenilles deviennent papillons. Et je ne connois que les Vers de terre qui puiflent conftituer une efpéce qui ne fouffre point de métamorphofe. Celaétant ainfi, on pourra doref- navant regarder la forme deVer dans. les animaux , comme un indice pref- que certain d’une métamorphofe fu- ture , bien loin de la regarder com- me un obftacle à ce changement. 2°, On objeéte en fecond lieu. que j'attribue au petit animal unin- ftinét imaginaire pour le faire mon- ter dans fa cellule. J'avoue qu'il eft difficile de développer un myftére auffi caché que celui de la Généra- tion , fans y rencontrer bien des dif- ficultés qu'on a beaucoup de peine à réfoudre. Mais lorfqu’on ne voit pas. une oppolition formelle à ce qu'on: donne pour la caufe d’un effet évi- dent , il femble qu’on n'ait pas droit dé la contefter. Telle eft la difficulté en queftion. Il ne s’agit point ici a’in- fin, je n’en ai point attribué au petit animal pour entrer dans fa cel-. fule ; je fçai trop bien qu’en matiere 792 Lettre de M. Geoffroy: | de Phyfique il faut des loix de Mé: chanique, & je tâche. d’en donner de probables. SL La prodigieufe multitude d’ani- maux qüé la liqueur Spermatique: charrie , inondant l'œuf qui fe trou- ve prêt à être féconde , il cft prefque impoflible qu’il ne s’en préfente un à. a petite ouverture de la cicatricule.- Et de cette prodigieufe multitude il: d'y en aqu’un qui y puifle trouver pla- cé, parce que là cicatricule n’eftpas capable d'en contenir davantage. Si: par hazard eile eft aAez grande pour en admettre. deux , il en viendra déux fœtus fous une même envelop- pe . où un monftre de deux: fœtus: joints par quelque endroit du corps. Etla facilité avec laquelle cetévéne- ment d’ailleurs affez commun sex- plique par ce fyftème, eft encore une preuvé dé fa vraifemblance. _ _ 3%. On dit que c’eft aller chercher bien loin l'ufage.de ces petits Vers. que d’en faire [es prémices de l’hom- me , qu'ils peuvent être produits. dans la liqueur féminale pour d’au= tres ufages, comme d’agiter la li- queur & d’en faciliter l'exhalation: des cfprits.. - Lettre de M.Geofroy. 793 - :Outre que j'ai déja fait voir qu'on fuppofe fans preuve , des efprits dans cette liqueur , il me paroît oien plus naturel .de tirer cette confequence , que les petits animaux .ou vermif- {eaux qui fe trouventen très-grande quantité dans une liqueur fi néceflai- re à la Génération , font eux-mêmes la caufe prochaine .& immédiate de Ja Génération , que descroire qu'ils n'en font que de foibles inftrumens & très-éloignés , fur-tout lorfqu’on n’en découvre point de caufe plus prochaine. Après cela l’autre ufage qu'on leur afligne n’eftnullement né- ceflaire , & cette caufe finale n’eft point du tout vrai-femblable. Tout ce qui.eft liquide eft dans un aflez grand mouvement fans avoir befoin d’un aide aufifoible.que celui qu'il recevroit du mouvement .des ani- maux qui pourroient sy mouvoir. Dira-t-on que les poiflons ont été créés dans la mer , les oifeaux dans l'air , pour empêcher par leur mou- vement ces liquides de fe corrom- pre ? L'un n’eft pas plus plaufible que l'autre. 4°, On trouve que la conception 794 Lettre de A1. Geoffroy. par le moyen du petit Ver, charge trop le fyftême du développement. Mais en quoi le fyftéme du dévelop- Jement elt-il plus chargé dans cette RS que dans le fentiment or- dinaire des œufs ? Si nous admettons dans Adam tous les petits animaux enfermés & comme embaités les uns dans les autres ; les Ovariftes ne fup- pofent-ils pas de même tous leurs œufs enfermés les uns dans les autres &. contenus dans Eve? On ne peut donc -trien nous objeéter fur cela, qu'on ne puifle oppofer de même à l'opinion des œufs déja recüë. Mais pour défendre préfentement l’une & J'autre de ces opinions contre ceux qui trouvent trop d'embarras dans 1c développement, qu'ils confiderent avec moi ce qui fe pañle dans la na- ture, & ils verront combien en effet le fyftêème du développement eft chargé ; mais en même tems ils [e- ront forcés de convenir que quelque {urchargé qu'il paroifle, il n’en eit pas moins vrai. Voyons ce que dit M. Dodart fur la fécondité desplan- tes , démontrée particulierement dans l’orme , & dont le Mémoire TAPER Lettrede A1. Geoffroy. 779$ “cit inferé dans les Mémoires de l’A- æadémie Royale des Sciences de l'année 1700. En voici l'extrait. Une merveille affez expoféce aux yeux de tout le monde & peu obfervée, c’eft Ja fécondité des plantes; non pas feu- Jément la fécondité naturelle des plantes abandonnées à elles-mêmes, maïs encore plus leur fécondité ar- tificielle procurée par la taille & par le retranchement de quelques-unes de leurs parties. Cette fécondité ar- tificielle n’eft autre que la naturelle ; car-enfin l’art du Jardinier ne donne pas aux plantes ce qu'elles n’avoient point , il ne fait que leur aider à dé- velopper & à mettre au jour ce qu'elles avoient. Voiei un exemple de la fécondité que peut avoir un atbre , en fait des graines feulement, qui fonrcomime fon fçait, le dernier terme & l'objet de toutes les produ- €ions de l'arbre. | On fcait que:les ramaux de l’Or- me ne font que des glanes de bou- quets de graines extrêmement pref- {ées l’une contre l’autre. M: Dodart ayant pris au hazard un Orme de fix pouces de diamêtre , de vingt 796 Lettrede 21. Geoffroy. «pieds de haut, jufqu’à la naiffance -des branches, & qui pouvoit avoir douze ans, en fit abattre ; avecun -croiflant , une branche de huit pieds -de long , & ‘négligeant les graines qui avoient .été abbatuës. par: les coups redoublés du croiffant , & par la chûte de da branche, il fit compter ce qui en-éftoit. On:trou- -ya fur cette branche 16450. graines. Il y a fur.un Orme de fix pouces -de diametre, plus de dix branches de huitpieds , mais fuppofé.qu'il n'y “en ait que dix , ce font pour chacune de ces dix branches 164500. graines: Toutes les branches qui n'ont pas huit pieds, prifes enfemble , font une furface qui eft beaucoup plus que double de la furface des dix branches de huit pieds. Mais en ne la pofant que double , parce que peut-être ces branches moindres font moins fecondes, ce font pour tou- tes les branches prifes enfemble 329000. graines. or Un Orme peut aifément vivre ‘cent ans, & l’âge où il.a fa fécondi- té moyenne n’eft aflurément pas ce- Jui de douze ans. On peut donc compter Leïtre de M. Geoffroy: 797 éompter pour une année de fécon-- dité moyenne, plus de. 329000. & n’en mettre au lieu de ce nombre ot 330000. c'eft bien peu: Mais ik aut encore multiplier ces-336000, par les cent années de la vice de FPOr- me. Ce-font done 33000000. de gaines qu'un Orme produit -ntoute a-vie, en mettant tout au plus bas: pied. Et ces trente- trois. millions: font venus d’une feule: graine. | Ce n’elt-là que la fécondité natu- relle de l'arbre, qui n’a pas fait. pa roître tout: ce qu'il renfermoit... Si on l’avoit-étêté, ik-auroit re-. pouffé de fon tronc- autant de bran- ches qu’il en avoit auparavant dans- fon état naturel; & ces nouveaux, jets feroïient fortis: dans l’efpace de fix lignes de hauteur. ou environ, à- lextrémité du tronc étêté.. ,, À: quelque endroit & à quelque hauteur qu’on l’eût étêté, il auroit: toûjours repouffé également ; ce qui, aroît conftant par l'exemple desar-:! res nains, .qui font coupés prefque: rés piedsirés terre... AM Tout le tronc dépuis la terte juf- qu'à-la naiffance. des branches , ef: Tone IL... LE 798 Lettre de M. Geoffroy. * donc plein de principes où de petits embrions de branches, qui à la vé- rité ne peuvent jamais paroître tous à la fois ; mais qui étant concûs comme partagés par petits anneaux. circulaires de fix lignes de hauteur compofent autant d’anneaux, dont chacun en particulier eft prèt à pa- roître , & paroîtra toûjours dés que le retranchement fe fera précilé- ment au-deffus de lui. Toutes ces branches invifibles ca- chées , n’exiftent pas moins que cel- les qui fe manifeltent ; & fi elles fe manifeftoient , elles auroient un nombre égal de graines, qu'il faut parconféquent qu’elles contiennent déja en petit. me Donc en fuivant lFexemple pro- pofé, il y a en cet Orme autant de fois trente-trois millions de graines. qué fix lignes font contenues dans Ja hauteur de vingt pieds ; c’eft-à- dire , qu’il y a 1 5. milliars 840. mil- lions de graines, & que cet arbre contient aétuellement en lui-même de quoi fe multiplier & fe reprodui- re un nombre de fois {1 prodigieux. L’imagination eft épouvantée de le | Lettre de M: Geoffroy. 709 voir conduire jufques-là par lexpe: rience & par la raifon. Que diront à ces Obfervations, ceux qui craignent de trop charger le fyftême du dévelopement ? Ne feront-ils pas forcés d’avouer qu’ils: ont cu'une idée trop bornée de ai prévoyance infinie du Créateur pour: la propagation des Etres vivans > Mais qu'ils permettent à préfent à notre raifon de pénétrer au-delà de: ces bornes , où les fens nous ont con- duits, & où ils commencent à nous: abandonner. Ils reconnoïitront que: tout ce que les fens viennent de leur montrer, n’eft encore rien en com- paraifon de ce qu’elle leur va dé- couvrir, Car fi lon vient à penfer que chaque graine d’un arbre con- tient en elle-même un fecond arbre .. qui contient le même nombre de: graines; que l’on ne peut jamais ar-- river ni à une graine qui ne Con- tienne plus d'arbres, ni à un arbre qui ne contienne plusde graines, ou: qui en contienne moins que le pré- cédent , & que par-conféquent voilà une progreflion géométrique croif- fante., dont lepremier terme eft 1:- L Li; 8oo Lettre de M. Geoffroy. le fecond :5840000000. letroifié- me le quarré de 1 5840000000. le quatriéme fon eube, & ainfi de fui- te, à l'infini; la raifon & l’imagina- tion ‘feront en quelque forte per- dues & abimées dans ce calcul im- men{e. “mituet 1Él Cette fuite prodisieufe de nom- bre eft capable d’effrayer deselprits ui, ne font pas accoûtumés à pouf- er bien loin leur méditation ; mais ceux qui ont coûtume de creufer foit en Phyfique, foit en Mathéma- tique , fçavent qu'ils ne vont pas bien loin fans rencontrer bien-tôt quelque. infini; comme fi l'Auteur. de la Nature avoit pris foin de ré- pandre par tout fon principal ca- ractere. Si donc on demeure d’accord du fyfême du. dévelopement dans les plantes, tout furchargé qu'il eft, comme on n’en peut pas douter, on lPadmettra très-aifément dans les ani- maux , Où il paroït moins chargé. & on l’admettra d'autant plus faci-, lement, que ce fyflêéme.eft le plus fimple de tous. Car fuppofant, une fois tout créé en même temps, com. | Letire de M. Geoffroy. Sox me femble le marquer ce pañlage de: l'Eccléfiaftique [ 18.1: | Deus creavit: omnia fimul il ne faut pas fe donner: la torture, pour trouver de quelle- maniere ie peuvent former les corps:. organifés, qui ne font plus que fe deéveloper les uns ‘aprés les antres.. Au lieu qu'il fera toûjours aufli dif. ficile d'expliquer leur formation for- tuite, que de démontrer qu'en met tant dans un creufet de l’or, de l’ar- gent, du cuivre, de l'acier, & de l'émail, les parties de chaque ma- tiere fe rangeront de telle. forte... qu'elles formeront une montre. . 4°. On fait une cinquitme ob- jcétion; {cavoir, que l'animal que. Von commence à. découvrir dans: l'œuf après la conception , ne paroît- point un Ver. | }.: Je répondrai à cela, que fi l’on pouvoit ouvrir la cicatricule de l'œuf un inftant après la conception, c'eft- a-dire , immédiatement après len- trée du Ver, on y découvriroit en- core le petit animal fous. la forme. de Ver. Mais comme il commence. àa-groflir prefque aufli-tôt qu’il com- mence à prendre une nouvelle nour- 802 Lettre de M. Geoffroy. riture dans l'œuf , & comme: de nouvelles parties commencent en: même temps à fe développer enlui H n’eft:pas étonnant qu’on ne le voye- plus fous la forme de Ver, mais dans les différens états où il pafe de cette: forme à celle de l'animal, de l'ef-- pece duquel il doit étre. On à obfervé des fœtus tout for-- més dans l'ovaire & dans les trom- pes de la matrice au bout d'un temps. fort court aprés la conception; mais. cela ne détruit point mon hypote- {es & tout ce qu'on en peut con- clure, c’eft que les petits animaux: qui font kes prémices de l'Homme, uittent peu de temps après qu'ils: ont arrivés dans l’œuf , la forme: de Ver, pour commencer à pren dre la forme humaine. Entre les cbfervations des fœtus inférées dans les Mémoires de l’A- cadémie , la plus circonftanciée eft celle qui eft rapportée par Mr Do- dart en l’année 170r. d’un embrion: de vingt-un jours. IF n’avoit encore: que fept lignes de long, maisà pei-- ne y pouvoit-on difringuer les par ties , on n'y difcernoit bien que a: Lettre de M. Geoffroy. 803 tête & le tronc : les cuifles & les bras n’étoient point encore dévelop- pés., & {a tête avoit le tiers detouté: fa longueur. Dira-t’on que cet Em- brion fut un Homme formé? Et n’a- voit-il pas en cet état plusde rapport: avec la forme de Ver qu'il avoit en: premier lieu, qu'avec celle de l'Hom-- me ? Suppofant que la tête du petit Ver füt devenue la tête du fœtus, dont le refte du corps avoit été ca- ché dans ce qui faifoit la queue de ee même Ver. Mais je dis plus, ce: Ver n'eft pas encore homme parfait, . au bout de neuf mois qu’il vient au: monde ; car on peut dire qu’il n’eft dans cet état de perfettion, que vers les vingt ans, qui eft à peu prés le terme où le corps de l'homme a ac- quis toutes fes proportions. . 6% Onattaque enfuite le fyftême des:Plantes, & onobjeéte que la dif pofition de certains piftiles qui s’al- longent beaucoup au-delà des fom-- mets des étamines, ne permet pas. l'entrée de là petite farine prolif- LL Ua ER g"\ Je conviens que quelques ‘piftiles farpaflent de beaucouplès fommets; So4. Lettre de M. Geoffroy. Fi mais cela n'arrive ordinairement: que dans les fleurs panchées ou ren: verfées , & pour lors cette- fituation de piftile_ favorife. la: fécondation ; car dans ces fleurs la poufliere ne peut tomber des caplules des éta- mines , fans qu'il s'en: attache une grande quantité aux piftiles. Quel- ques-uns mêmede ces piftiles pro- Iongés font garnis de petits poils dans leur-longueur ou à-leur extré- mité, pour mieux retenir ces petits : grains, & prefque tous-font enduits: d'une légére glu , ou thérébentine, à quoi les petits grains s’attachent ai- fément.. Dans la Tulipe & dans: quelques autres fleurs, le piftile ne. commence à s'élever au-deflus des: fommets des étamines , qu'après que: les étamines étant murés, ont déja. verfé leurs pouflieres. Ainfi dans ces: fleurs l'allongement du piftile né nuit: plus à la fécondation - qui, l’a. pré-: cedc. À À Je conviens que ce n’eft pas affez: d'avoir prouvé que la poufliere pro- Hfique des étamines peut s'attacher: aux pifhles des fleurs : qu'il-refte cucore à la conduire jufques dans: - Lettre de M. Geoffroy. Sos les cellules des graines, & j'avoue qu'il eft très-difficile de comprendre comiment ces petits grains y parvien- nent. Mais de ce que l’on a peine à découvrir comment une chofe fe fait, doit-on la conclure impoñi- ble , fur-tout lorfqu’on découvre au- tant d'appareil pour la faire réuñir ; que nous en voyons dans les plantés pour préparer cette poufliere proli- fique dans les étamines, pour la ré- pandre dans un certain temps, pour la recevoir dans ce même remps fur les piftiles , & pour l’y retenir ? Ne voyons-nous pas dans les animaux quelque chofe d’auffi difficile à con- cevoir , lorfque nous trouvons dans les Oifeaux l'entrée de l’infundibu- lum , ou entonnoir de leur matrice _ fort éloigné de l'ovaire. On a peine à s'imaginer comment les œufs fe détachant de l'ovaire, viennent cher- cher l’ouverture de cet entonnoir, quoiqu'on ne puiffe pas douter que cela ne fe fafle. Tout l'appareil des fleurs doit nous perfuader dela né- ceffité des pouflieres prolifiques pour la fécondation des graines; & les autres preuves que j'ai déja rappor- Tome II. M m 806 Lettre-de A1. Geoffroy. tées ci-devant , achevent de nous ei convaincre. Quelques :obfervations Ieveront avec le temps, les doutes qui peuvent refter encore fur cette maticre. | | 7°. Ondit avoir obferve que des fleurs, d’abricotier , dont les fom- mgts des étamines avoicnt, été ron- gés.par des Mouches, ne laifferent pas de porter du fruit; mais étoit- on. bien afluré que tous les fommets ayvoicnt Cté entierement mangés, & qu'ils l’avoient été avant qu'il fe fût épanché aucun grain. de poufliere des.capfules de ces fommets? Et fup- pofe que cela füt,, on nepeut rien conclure contre ce {yftème , de ce que des: fruits. ont fuccedé à ces fleurs. ;, car fouvent des pieds d’ar- bres femelles portent. des fruits fans le fecours des, étamines.; mais ces fruits avortent ordinairement, ou s'ils viennent à une efpéce.de ma- turité., ils font âpres &, de mauvais goût, comme j€ l'ai déja fait obfer- ver dans les Palmiers , & ils font firiles, comme je l’a obfervé moi- même daus, plufeurs. poires, pom- mes; & autres fruits, dont. les-pe- Lettre de M. Geoffroy. 8oy trteart 11 pourtant ftériles. 89. On ne peut s'imaginer que l'air puifle être l'entremetteur de cétte fécondation. ‘7° ‘7 1° * Mais y at'il plus d'inconvénient à rendre l'air l’entremetteur de la fécondation de quelques plantes , qu'a rendre l’élement de l’eau entre- métteur de celle des Poifléns, & particulierement des Huitres & des autres animaux qui reftent immo- biles attachés au fond de la mer D'ailleurs fi quelques plantes , faute de vent , demeurent ftériles , eft-ce à l'obfervateur de la Nature , qu'ils’en faut prendre, & le malheur eft-il fi grand ? $ 9°. On ajoûte enfin, que fi ces petits grains de poufliere étoient autant de plantes , ils devroient , en tombant à terre, y produire autant de petites plantes ; mais pourquoi n'avoir pas fait la même difficulté touchant la liqueur deftinée à la pro- M m ij 808: Lettre de M1. Geoffroy. pägation des animaux ? Car énfin fi le petit animal ne rencontre pas dans la terre , où dans l’eau, une nourriture convenable pour le faire croître , & s’il ne la trouve que dans l'œuf de la femelle, le petit germe de la plante ne rencontre. pas non plus dans la terre, une nourriture: propre pour fon dévelopement, il ne la trouve que dans l’'embrion de la graine. : Silon veut comparer préfente- ment., fans préjugé , les diverfes opinions fur la Génération des Plan- tes & des Animaux ; fi l’on pefe bien les preuves des unes & des autres, & les difficultés qui fe rencontrent dans toutes ces hypothefes , je ne doute pas qu'on ne convienne aifé- ment que la nôtre eft plus fimple, plus générale, &: admet moins de iuppofitions. Je ne fuis point entêté de mon opinion; & comme je n'ai ris ce. parti qu’en attendant mieux , - 1 l’on a quelque chofe de meilleur à me propoler, je le fuivrai avec plai- fir; la vérité étant l'unique but que je me propofe. Je fuis, &c. J'ai dit dans le Chapitre huitième, Lettre de M. Geoffroj. - ‘Bo9 qu’encore que le tabac püt être bon contre les Vers, en en prenant fou- vent, il falloit néanmoins ufer mo- dérément de ce remede;: parce que le fréquent ufage en étoit dangereux à la fanté. Comme les raifons que j'ai ap- portées pour faire voir ce danger , {ont tirées de la fcavante Thefe la- tine que Mr Fagon premier Méde- cine Louis XI V. à fait foutenir fur le Tabac; j'ai cru que j'oblige- rois les Lecteurs, fi je mettois ici cette Thefe que j'ai traduite en Fran- çois pour l'utilité de ceux qui n’en- tendent pas le latin. M m ii 810 Des bons @ des inauvais effets QUESTION A G ITÉE le 26. de Mars de l'année 1699. aux Ecoles de Médecine de Pa- ris , fous la Préfidence de Mon- fieur Fagon, Confeiller du Roi en tous fes Confeils d'Eflat , Pre- mier Médecin de Sa Magcfe. Scavoir fi le fréquent fige du Tabac abrege fa vie. | TRADUCTION DU LATIN. É P Our porter un jugement jufte des effets que peut produire le Tabac, ilfaut avoir une connoiffan- ce parfaite de l’'Anatomie. Cette connoiffance eft même fi néceflaire dans toute la Médecine, que fi l’on n’en fait pas le premier fondément de cet Art, c’eft en vain qu'on tra- vaille à la confervation du corps humain. Mais il ne faut pas confon- dre la Mae Anatomie avec les .# dun Tubar. Br7 légers commencemens où étoit cet- te Science du témps de Galien, ni par conféquent s’applaudir de-ce que l’on connofîtra la figuré , la couleur, la fituation des principaux vifcéres , lestendons , & la mañle charnue des mucles. Ce feroit n’en fcavoir guéres plus que ceux que leur Profeflion fervile oblige à démeéler en général, fes par- ties' des animaux} pour diftinguer celles qui fe peuvent vendre plus cher ; ou qui font les plus propres à Ja délicatefle des mets. Le Médecin doit déveloper dans le corps ce qu’il y a de plus caché ; il faut qu'il chérche les premiers principes qui éompofent les vifcé- res ; qu'avec le ftilet & les initru- mens les plus fins, il dilate les plus petits vaifeaux ; que dans un nom- bre prefque infini de glandes, à pei- ne vifbles, il débrouille les diffe- rens cribles , par lefquels elles fil- trent les fucs qu’elles reçoivent. Il faut qu'il fuive les plus petits filets des nerfs; que la diftribution qui s'en fait aux diverfes régions du corps , lui apprenne la correfpon- Mmiv 812 Des bons & des mauvais effets dance des organes les uns avec les autres ; qu'avec toute l'attention des yeux , ilremarque jufqu’à la dernie- re tiflure des mufcles; qu’aidé du microfcope , il obferve les vis, les voutes, les fpirales, les cellules que forment les fibres les plus déliées, &c que par la fragilité & la finefle de toutes ces parties, il fcache juger de ce qui eft capable de les rompre, ou de les conferver; & par confé- ques d’affoiblir , ou de fortifier la anté ; d’abreger , ou de prolonger la vie. Avec ces lumierés , on découvre facilement leseffcts que peuvent pro- duire dans le corps les chofes qui y entrent ; on voit l’ordre ou le dé- rangement que peuvent y apporter le vin, leau-de-vie , l'opium., le tabac; mais on en juge bien plus à fond , lorfque fans s'être arrêté à la diffection des corps privés de vie, on a pañlé à celle des animaux vi- vans; car autrement , On ne peut guères avoir appris que la ftructure & la fituation des parties folides ; & cela ne fuffit pas pour donner.une connoiflance entiere de tout ce qui du Täbace $13 fe pañe dans le corps humain, [faut donc pour bien juger de tout ce qui peut, ou ruiner , ou entretenir la vie, avoir creufé jufques dans les entrailles des animaux vivans , y avoir vu comme le corps eftentre- tenu dans fes fonétions par l'accord, & en même temps par le combat des parties fluides & des parties fo- lides, dont la machine vivante eft compofée : il faut y avoir obfervé comme les fluides font un effort continuel contre les parties folides qui les renferment , comme les fo- lides réfiftent fans cefle à la violence des fluides qui les heurtent ; & comme rien par conféquent ne fçau- roit être plus contraire à la fanté & à la longue vie, que ce qui eft ca- pable de ralentir trop le mouvement des fluides , ou de l’augmenter outre mcfure ; d’où l’on peut voir ce qu’il yaàcraindre, ou à efpérer de l'u-, fage fréquent du Tabac. : Mais pour tirer de l’Anatomie ” tout le fecours néceflaire, non-feu- lement en ce qui regarde cette que- fon, mais encore en ce qui cor- cerne toutes les autres de la Méde- 814 Des bons d des mauvais effets cine ; il faut confiderer fans prévert- tion, ce qui fe pañle dans les corps ani- més , écouter d'autre interprete de la Nature , que la Nature même ; & ne point préférer l'autorité des An- eiens aux témoignages de fes yeux ; encore moins négliger l'étude de la vérité , pour fe laïiffer aller aux vains difcours de certaines gens, qui te- nant de la grofliereté de Faïr où ils font nés, s’imaginenr qu'il eft de fceur honneur de conferver dans leur vicilleffe.les erreurs de leurs premic- res années , & qui pour donner quel- que crédit à leurs faufles opinions , ne ceflent de publier que c’eft un cri- me de s'écarter le moins du monde de Ja Doctrine des Anciens. Qui ne voit qu'un refpe& fi aveugle pour FAntiquité, n’eit qu'un mafque, dont fe couvre leur pareffc & leur igno- rance ? Ils font profeflion de fuivre les Anciens, mais fuivent-ils les ma- ximes de probité que leur ont laïffé ces premriers Maîtres > Sercglent-ils fur les mœurs de ces grands hom:- mes ? Dira t’on } parexemple , que lefprit noble d’'Hippocrare , que ce défintereflement, dont il fait lélo- du Tabac. Sr "ge, foiten eftime parmi ceux qu’une Biche & fordide avidité rend infen- fibles à l'honneur , jufqu’à leur faire employer la fraude , pour fupplanter ceux dont le mérite leur fait ombre, & courir enfaite fur leurs dépouil- les > Si zelés en apparence pour les Dogmes des Anciens , en font-ils plus dociles aux maximes de bien- féance, que les Anciensobfervoient fi religieufement ? Gardent-1ls ces dehors graves & modeftes , fi recom- mandés par Hippocrate ? Ne don- nent-ils pas les premiers dans les ex- cès du Tabac ; ne diroit-on pas même qu’ils cherchent à autorifer cet abus par leur exemple ? Eux, qui par un regard ferain , par un air doux & tranquille, devroient ani- mer la confiance de ceux qui les con- fultent; ils n’ont pas honte de fe préfenter avec un vifage tout cou- vertde Tabac, & où l’onne difcer- ne quelquefois que les traits diffor- mes que cette poudre y a tracés. Ils font auprés d’un Malade plus occu- pés de leur tabatiere, que de l’exa- men de ces fignes redoutables, qui ne vont pas moins qu'à décider de 816 Des bons & des mauvais effets la vie, ou de la mort, & ils ne s’ent- barraflent nullement qu’on les voye ainfi tout enyvrés d’une vapeur , qu'ils refpirent fans cefle, exercer comme par maniere d’acquit un mi- niftere , où toute Fapplication de lefprit humain feroit à péine fuffi- fante. I I. S'il ne faut pas s’entêter des An- ciens , ilne faut pas auffi leur refufer notre eftime. It eft vrai qu’ils ont ignoré plufieurs chofes que notre fiecle plas heureux 4 découvertes ;. mais en récompenfe, nous leur eñ- devons plufieurs autres, qu'ils ont trouvées les premiers. D’ailleurs ils ont cherché la vérité par eux-mé- mes , & ils l'ont fait avec tant de bonne foy , que cela feul devroit fuffire , pour nous les rendre recom- mandabies. A quel degré de perfe- étion penfons-nous que ces grands hommes ne porteroient point léurs premieres découvertes, s'ils renaif- {oient aujourd’hui au milieu de tant de fecours qui leur ont manqué ? Que de corrections ne feroient-its à du Tabac. 817 point dans leurs Ecrics, s'ils les éclair- cifloient par des Commentaires 2 Que d'erreurs , que d’obfcurités , ne banniroient-ils point , pour faire place à la vérité , à l'évidence? Ils chafleroient , fans doute , du Tem- ple d’Efculape, ces vaines Idoles de ualités & de facultés, fi fouvent & ( vainement invoquées contre li- gnorance ; ils ne perdroient plus le temps à examiner , comme la ba- lance à la main, les divers mélan- ges des élemens ; ils ne reconnofi- troient d’autres caufes de la vie & des fon@ions de l'animal , que celles. qui {e tirent de la ftruture merveil- leufe des nerfs, de la circulation du fang, & des rencontres mutuelles de ces corps qu'Hippocrate a recon- nus , l’'amer, l'acide, le doux, & le falé, | Voilà le parti qu'auroient pris les. Anciens, s'ilsavoient eu les mêmes. fecours que nous; c’eft celui par con- conféquent que doivent embrafer leurs partifans. Ces zéles Sectateurs refpectent, difent-ils, l’antiquité,s, qu’ils refpeétent donc la vérité ; qui cft fi ancienne; qu'ils en infpirent 818 Desbons d des mauvais effets l'amour aux jeunes gens , en ne leur enfeignant rien que de vrai; qu'ils’ ne s'imaginent pas qu'il foit permis de s’abandonner au caprice dans le choix des opinions, d'attaquer en pleine Chaire des Maximes univer- fellement recûes, d’en fubftituer de faufles , & de remettre fur la {cene, à la honte d’un Ârt tout divin, des. erreurs ridicules , que le temps a en- fevelies. Un Médecin judicieux mé- prife tout ce qui ne fert point à l’in- telligence des Loix de la Méchani- que; de ces Loix, dis-je, qui font tout l'ordre , & fur lefquelles eft ap- puyée toute l'œconomie du corps animé. Uniquement attaché à Fex- périence de fes fens, il mene par- tout ces fidéles témoins; il examine avec eux ce qu'une ferme, ou une lâche tifflure de parties, ce qu'un mouvement uniforme , ou tumul- tueux de liqueurs , peuvent contri- buer de leur part, pour prolonger ou pour abréger la vice. . Dans la jeuneffe , la ftruéture fer- me, & la trame folide des parties avec la couleur vive de la peau, font des fignes vifibles d’une fanté par- du. Tabac. 819 faire, & d'un tempérament fort & vigoureux. Dans la vicillefle au contraire , les infirmités, dont on ef alors accablé , nous apprennent les défordres qu'entraîne aprés foi le relichement des parties nerveu- fes, & nous font voir que la circu- lation naturelle du fang une fois af- foiblie , eft la caufe la plus prochai- ne de la mort. | , En effet, dans cet Âge, non-feu- lement les mammelons de la peau fe fétrifient, & les rides font des. fillons {ur le corps , non-feulement les voutes des nerfs s’affaiflent, & unc chair molle & pendante défi- gure des membres déja dénués de force; mais encore les ligamens fe relâchent , & une humeur lente, qui tombe fur les articles des pieds ou des mains, y forme la goutte ; les fibres rompues, ou affoiblies , ne confervent plus aux vifcéres. leur premicre folidité ; le reffort du cœur fe ralentit, Le corps perd fon a&ion, tout tombe en ruine, & les routes du fang fe bouchent de telle manie- re, que la circulation. diminue tous les jours, & fe termine enfin avec la chaleur &c la vie. je $20 Des bons é> des manvais effets Quand ces accidens viennent de la Loi inévitable de la Nature, ils n’approchent que pas à pas, & après une longue fuite d'années; mais ils fondent tout à coup dés la jeuneffe même, & malgré la bonne com- pléxion , lorfqu’on les appelle par les voluptés , je veux dire, lorfque par l'abus des plaifirs, on débilite les parties nerveufes , qu’on en dé- range la ftruture par le choc fré- quent de ces liqueurs volatiles, qui à force d'’irriter les fibres des mem- branes, de les piquer , de les déchi- rer , ou à force de les engourdir , les defféchent à la fin, & les privent du fuc nourricier qui les doit péné- trer comme une oie Or, la caufe la plus propre à produire tous ces pernicieux effets, c'eft l’ufage im- modéré du vin , c’eft celui de l’eau- de-vie, de l’opium ; c’eft fur-tout , comme nous le verrons, celui du Tabac. | , IIL L'Amérique, vaincue par les Ef- pagnols , triompha de la fierté de fes Conquérans | & leur infpira fes . propres du Tabac. 821 propres mœurs ; elle hâta le'trépas de ces nouveaux Maîtres ; par le don qu'elle leur fit dé la maladie vé- nérienne , & d’uñe pernicieufe plan- te , qui la vangerent bientôt de Ia fervitude & de la mort de fes habi- tans. Cette plante, qu’il feroit à fous haiter qui fût toûjours demeurée inconnue , eft'appellée dans le pays Picielt & Petun , & en Efpagne, Ta- bac. Elle fut apportée par une flote Efpagnole , qui amena en même temps une troupe de gens attaqués d’une maladie honteufe. Cette flo- te répandit donc malheureufement deux fortes de maux fur nos Terres ; & l’Europe vit aufli-tôt fondre fur elle une foule de maladies, qu’elle n'avoit point encore connues. Le Tabac , dont la graine fut envoyée de Portugal par les foins de Nicot!, Ambaffadeur de François I]. &'de- puis fémée fous fe nom de Nico- tiane, crut auffi facilement dans no- tre climat , que la jeuneffe Françoife, fi docile au mal, fat prompte à en abufer. Gette herbe, fi l'on en exa- mine Ja feuille & la racine, reflem- ble affez bien à la petite jufquiame ; Tome 11. Na CL 822 Des bons d des mauvais effets mais fi.lon en confidere les effets , on la doit mettre au rang des pa- vots & des morelles ; elle furpañe même.par fon fouphre, & par l'hui- le dangereufe qu'on en diftille, la mandragore , le folanum que nous appellons furieux , & le ftramo- num, : cependant lor{qu’on en {çait ufer avec prudence. elle eft à efi- mer, pour les grands avantages qu'on enretire, & doit renir rang parmi les meilleurs remedes de la Méde- cine. Introduité à propos dans les narines., foit entiere ou pulvérifée , elle picote doucement la membra- ne, dont les énfoncemens du nez , & les petits os qui le compofent , font revêtus ; cette membrane fe reflerre alors, & par l'effet de plu- fieurs fecoufles fucceflives, compri- me les mammelons & les glandes . dont elle eft parfemée, &'en ex- prime , comme d'autant d’'épongés la mucofité fuperflue qui s'y eft amañfée. Cet excrément étant chaflé, les {érofités ne trouvent plus d’obfacle à leur fortie, elles fuivent le mou- vement qui vient d'être imprimé; du Tabac. + 623 & comme une eau qui coule -par dés fiphons , elles fortent avec abon- dance des vaifleaux & des glandes d'alentour. 11 arrive par le même icotement , qu'en mâchant le Ta- ven , ou en le fumant , les glandes dé mâchoires, & les vaifilcaux fa- hivaires , fans cefle ébranlés, laiflent échapper une grande quantité de fa- live, qui émporte avec foi la ma- tiere des fluxions. Il fe communi- ne en même temps aux membrancs es poumons une cértaine impul- fion, qui les débarrafle d’une pituite vifqueufe, ‘dont la fortie fait fou: vent la guérifon de l’afthme , & de plufieurs autres accidens.. | Le Tabac contient un fouphre narcotique , par lequel il appaife la douleur des dents ; il produit outre cela, par le moyen de ce fouphre ; ane telle tranquillité dans le corps 8&c dans lefprit, qu'on peut regar- der cette plante comme Fherbe fa- meufe , dont parle Homere ; la- quelle avoit la vertu de changer la trifteffé en joyé ; car le Tabac, par la force ‘de ce fouphre:, diflipe les ennuis, fait trouver an bonheur {cn- Naij 824 Des bons. des mauvais effets fible au milieu de Ha pauvreté ;.il fe glifle agréablement dans les veines, fait concevoir.de douces efpérances, confole l’efprir ;: &c. Ceux même qui manquent du néceflaire , trou- vent dans le Tabac de quoi oublier leur néceflité. Une pituite, qui:léur tombe fans cefle dans, l’eftomac , leur rend l’abftinence fupportable, foit que cette pituite y tiénne lieu d’alimens, foit qu’elle engourdifle les nerfs du ventricule, & les rende infenñbles à la faim. Le Tabac n’eft pas feulement pro- pre à pluficurs incommodités. du dedans , il guérit encore les ulcéres du dehors ; il mange les mauvaifes chairs, conduit le mal à une heu- reufe cicatrice, & fait ce que très- fouvent les.autres. remedes n’ont pu faire. Mais les mêmes -eaufes, qui le rendent capable, de- tant de bons effets, quand on, le fcait em- ployer à propos , ne fervent qu'à ic rendre d'autant plus dangereux quand on en abufe ; car puifqu’il renferme un fel cauftique , par le; quet il purifie les ulcéres, mange les carnolités. és plus dures , & décou- du Tabac. 825$ vre jufqu'à la chair vive; quel dé-. fordre ne caufera-v'il pas, fi à force d'en ufer; il vient à mordre par fon fetâcre , fur des membranes tendres & délicates? Il ne pourra manquer alors d’exciter des convulfions dans les nerfs de la gorge &z du ventri- cule , & d’ébranler tout le genre nerveux. Quel tort ne fera poirit la falive , qui coulera dans l’eftoinac, fi une fois chargée de ce fel , elle en répand par-tout l’âcreté , en fe mélant avec les alimens, qui doi- vent être convertis en chyle , & portés enfuite avec le fang, à toutes les parties du corps? - Le fouphre narcotique da Tabac n’eft pas moins à craindre que fon fel ; 1l eft vrai que ce fouphre, par l'engourdiflement qu'il caufe aux parties , afrête, comme nous l’a- vons remarqué , les plus violens maux de dents , émoufle la pointe. de la faim, affoupit de telle. manie- re les fens & toutle cerveau, que quand on en eft une fois enyvré à. force de fumer , on oublie fes cha- grins, on fe croit heureux , & les miferes dela vie ne touchent non 826 Des bons ddes mauvais effets plus, que fiFon avoit bu de l’eau de ce fleuve qui faifoit perdre tout fouvenir. Mais filon examine bien tous ces avantages , On verra qu'il ne faut pas beaucoup sy fier , & qu'il faut appréhender ici les Grecs & leurs préfens, 2 231 IV. II falloit que celui-là eût une fanté bien à l'épreuve, qui , aprés avoir cfluyé les horribles fymptô- mes que caufe d’abord le Tabac, of& le premier continuer: lufage: d’une plante fi dangereule. Il vou- jut fans doute braver la mort, lorf- que fans craindre la pernicieufe fa mée de la pipe, ïl eut le courage de tirer à pleine haleine; un poifon plus dangereux que celui de la cigue. Difons plitôt qu'il faut’ avoir un corps autrement fait que celui des: autres homines , pour fe croire au- deflus des maux qui fortent de cette botte de Pandore , par lémiffion d'une fimple poufliere ; où qui avec [à famée d’une pipe , vont porter Icur mortelle imprefon juiqu'aux … du Tabar. _ 827 endroits du corps les plus reculés. Quels affauts ne fouffrent point ceux qui commencent à fumer? Je ne bé quel venin fecret fe fait aufli- tôt fentir au-dedans : l'eftomac eft ébranlé par des naufées , renverfé par des vomifflemens ; le cerveau eft attaqué de vertiges , la tête devient, chancelante , les yeux obfcurcis ne peignent plus d'autre image que celle de la mort, le corps génut fous divers accès de chaud & de froid; le cœur prefque fans aétion, refufe aux parties le fang &c les ef- prits, dont elles ont befoin; & ce qu'il y a de plus déplorable, la mé- moire , ce précieux trélor, eft le premier bien que la fumée du Tabac enleve à l'homme ; de forte que, pour être initié à ces noirs myftce- res, il faut commencer d’abord par facrifier lufage de fes fens &c de fa raifon. Si aprés s'être réveillé d'un tel affoupiflement , on confidéroit com- bien tous ces ravages font capables d’altérer les principes de la vie, ii p’eft perfonne fans doute, en qui le défir de vivre ne l’emportât fur la 828 Des bons @ des manvais effets paflion qu’il auroit pour Le Tabac: Le plaifir qu’on y trouve , eft un en- chantement qu'it faut laïffer à ceux à qui la vie eftonéreufe , & qui n'ont pas de quoi fournir à fes befoins. C’eft aux Matelots, c’eft aux Soldats, à chercher dans la fumée du Tabac de quoi fe diffimuler les ennuis de l vie 5 cette oifive occupation con- vient encore à ur certain vulgaire inutile , qui femble n'être au non- de, que pour confumer ce que la terre produit de plus mauvais. Mais un homme d’efprit, qui a de l’édu- cation , de la politeffe , & de la fan- té ; qui a recu de Dieu , du bien & de la fageffe pour en-ufer, doit évi- ter avec foin cet appas trompeur, & ne jamais infecter fa bouche de h puanteur d’une pipe. Que s’il n’eft pas capable de fe conduire ainfi par Jui-même, il faut qu'il permette à fes amis de le reprendre librement ; il faut que leurs reproches lui faflent confulion, & le tirent comme par force, de cet enchantement, quand même par {es plaintes, il diroit qu’ils Ïe tuent , en voulant ainfi larracher à une habitude fi douce. Que du Tabac. Que fi leur trop de complaifanc le laifle à la merci du Tabac, non- feulement fa raifon toute fpirituelle, toute divine qu’elle eft, deviendra grofliere ; non-feulement le corps accablé , accablera l'efprit, mais ce corps déja ruiné dés la fleur de l’âge, & vieux avant letemps, deviendra dans peu la proye de la mort. Ces avertiflemens ne font nulle impref- fion fur ceux que le Tabac à une fois féduits; & s’il s’en trouve quel- ques-uns qui approuvent ouverte- ment des confeils qu’on leur donne là-deflus , & qui réfolus de rompre une habitude fi dangercufe, jettent au vent cette poudre qu’on leur à décriée tant de fois comme un poi- fon; ils ne font pas plütôt feuls ; qu'ils retournent à la tabatiere & à la pipe. Ils reprennent ces inftrumens: _funeftés ,avec lefquels ils fe font déja débilité le «cerveau & les nerfs; & comme fi en trompant leurs amis, ils parvenoient à fe tromper eux- mêmes, ils reviennent à leur pre- miere coûtume dés qu'ils ne font plus fous les yeux de ceux qui les ont repris. D'où peut venir la caufe Tome II. Oo 830 Des bons cd des mahvais effets d’une conduite fi peu fage , finon de ce que la volupté ennemie dela rai- fon, empêche toüjours que la pru- dence n’agifle; elle Cblouit les yeux de l’efprit , & dérobeaà la vue les re- gles qu'on doit fuivre. Le fort de ceux qui font ainfi aveusglés , va juf- qu’à leur faire aimer leur propre mal, ce qui eft le dernier de tous lesmaux. Lesautres plaifws ne nous féduifent pas long-temps ; le chagrin les fuit dé près, & le moment ‘vient qu'au lieu de:les rechercher, ion fe repent de des avoit gotités:;:ilrm'en: va pas ainfi du plaifir que l'on trouve dans Pufage du Tabac; c’eft um charme qui devient tous les jours plus puif- fant, une habitude qui fe changeen nécefüité, un amufement des ;pre- micts jours , & cnfuite:une occupa tion -férieufe,: dont onne peut plus 1e pañler. Où f@repréfente alors le Tabac , comme: un des plus furs moyens de prolonger ‘la vie. On s'imagine de multiplier par:là le nombre-de fes annécs, de vivre ac: tant que Neftor,- &de couler des jours éxempts d’infirmités ; ‘on fe fait accroire qu'en détournant ainfi du Tabac. 831 par la bouche & par le nez , toutes les férofités fuperflues qui ont coû- tume de fe décharger par la tranf- piration infenfible, & par les autres voyes générales , on confulte plus fa fanté que fon plaifir ; mais on ne prend pas garde que cette diftilla- tion continuelle d'eaux qui pañlent par les narines, détruit à la fin l’or- gane de l’odorat. Le nez eft fait pour recevoir les odeurs, comme fa figure le marque, & non pour fervir d’'émonéoire aux férofités , ainfi que d’autres par- ties , qui deftinées à cet ufage, font faites en forme d’entonnoirs. C'’eft aux enfans & aux. vicillards à être attaqués de ces diftillations 5 l’hu- midité de ces premiers eft fi abon- dante , qu’il faut qu'elle coule par la premiere iffue. Dans les feconds, les parties relâchées font comme des cribles ouverts, qui ne pouvant rien retenir, laiflent couler fur les narines & fur les autres organes, l'humeur pituiteufe qu'elles recoi- vent. | | Mais pour les jeunes gens, à mois qu'ils ne foient malades de cathar- Ooi 832 Des bons > des mauvais effets res, jamais ils ne doivent avoir le nez fujet à ces écoulemens, & cette partie ne fe décharge en eux que de ce qui pourroit ralentir l’aétion de Podorat ; c’eft donc bien s’oppofer au deflein de la Nature ,, que d’é- moufler par le fouphre narcotique du Tabac, & par cette eau que l’on attire fur le nez, le fentiment vif & délicat d’une membrane deftinée au difcernement des odeurs, & d’em- barrafler par une férofité continuelle les cellules de cet organe travaillées avec tant d'artifice , pour retenir les particules qui exhalent des corps odoriférans. Ajoütons à cela que par le poids des humeurs, que l’on dé- termine à prendre ce chemin, on -appéfantit la tête, ce lieu deftiné aux fonétions de l'efprit ; & que plaçant ainfi un égoût à la partie du corps la plus fublime, on fait un cloaque du fiége même de l'ame. J'avoue qu'il eft à propos quelquefois de provoquer à fonlever, par un peu de Tabac, la fortie des mucofités qui fe font amaffées dans le nez pen- dant la nuit, & de chaffer par des éternuemens la lymphe trop abon- du Tabac: : 833 dante ; dont regorgent les glandes voifines. Mais quand fous ce pré- texte , on fait de ce remede une coû- tume, on ne dégage plus la tête , on laccable; fous Fefpérance d'arriver à une meilleure fanté, on fe rend tous les jours plus infirme ; & la Iymphe fans cefle provoquée à for- tir , fe fépare tellement de la mafle du fang , que les fibres de ce fang, deftituées de humeur qui leur fer- voit de véhicule , s'embarraffent en- femble, perdent prefque tout mou- vement , & caufent par ce repos fu- nefte , des morts fubites. Voila les fuites ordinaires des évacuations qu’on fe procure par le Tabac. ÿ. Les meilleures chofes deviennent mauvaifes. par Pabus que l’on en fait ; celles qui nous fervent de nour- riture ordinaire , & qui par la con- formité de leur fubftance avec la nôtre, par le mélange proportionné de leurs principes, nous convien- nent le plus , font pour nous autant de fources de maux, lorfque nous Ooi 834 Des bons & des mauvais effets en abufons. Elles fe changent alors en un poifon mortel, qui renverfe quelquefois tout à coup les princi- pes de la vie, & nous livre à une prompte mort. La chaleur naturelle n'eft-clle pas fouvent opprimée par les excés du vin , & par ceux que Fon fait des meilleures viandes ? II én eft ainfi des odeurs; étant bien ménagées ; elles flattent l’odorat , & fortifient le cœur; mais fi-tôt qu’on en abufe, elles allument le Ube troublent le cerveau, font tomber en pamoifon, & caufent quelque- fois des épilepfies. De quelle fureur ne faut il donc pas être tranfporté, pour abufer de telle forte du Tabac, qu’on n’en prenne pas feulement plus de fois & en plus grande quantité, qu'on ne prend les alimens les plus péceffaires, mais qu'on en tire la poudre par le nez prefque à chaque fois que l’on refpire. Il arrive de-là que les narines font toûjours pleines de Tabac, & par conféquent que tout l’air qui entre par le nez dans les poumons , n’y entre que mélé du fouphre narcotique, & du fel âcre de ce Tabac. L'air ainf infeété, in- du Tabac. 835 feéte la maffe du fang , avec laquelle il fe mêle; le fang agité par les ef- prits fouguceux que Vair y a portés, fait effort pour les éloigner , & fe trouve la viétime de mille mouve- mens {éditieux , dont il n’eft point la caufe. Le chatouillement qu'excite dans le nez cette herbe funefte , qui a tellement triomphé de la liberté des hommes , qu'ils ne font plus maîtres de s’en pañler , peut être ap- pellée avec raifon , une feconde Ve- nus. Mais comme la volupté que fait goûter la premiere, .eft appellée par les Anciens , une courte UE fie , on peut dire que celle qui Îe trouve dans l'ufage du Tabac, eft une longue & prefque continuelle épileplie. Car la membrane délicate des narines , fans cefle picotée par Les fels âcres de cette poudre, tranf- met fon mouvement jufqu’aux mem- branes du cerveau , & par une dé- pendance néceflaire, fecoue toutes les parties nerveufes du corps & des vifcéres; ce qui arrive fi fouvent, ue dans la fuite la moindre occa- An à OR pour réveiller dans ces parties le mouvement auquel elles Ooiv 836 Des bons > des mauvais effets font accoûtumées. Que la commu nication des membranes du nez, avec les nerfs des vifcéres , puifle être caufe de tant de défordres, c’eft un fait dont on ne peut douter après ce qu'on voit arriver tous les jours dans les prompts fymptômes de la paf fion hyftérique , & dans ceux de la mélancolie; puifqu'il ne faut que l'impreflionlégére d’une odeur agréa- ble , pour les faire venir {ur le champ comme un.coup de foudre , & qu'une ‘odeur défagréable pour es difliper enfuite avec la même romptitude qu’ils font venus. C’eft a cette caufe, qu'il faut rapporter Vindifpofition fi cennue aujourd’hui fous le nom de Vapeur; & que le Vulgaire, peu foigneux d'examiner ce qu’il penfe , attribue mal à pro- pos à des fumées , qui s’élevent fou- dainement du bas-ventre au cer- veau ; car il n’y a aucun chemin par où ces prétendues vapeurs puif- fent monter dubas-ventre à latête, pour produire ces tempêtes fubires, qui ébranlent tous les nerfs du corps. Ce n’eft donc pas à des fumées , c’eft ‘à des mouvemens convulfifs qu'il du Tabac. 837 faut attribuer ce tumulte des vifcé- res; c’elt-à-dire , que les fibres & les membranes, dont les vifcéres font compofés.& foûtenus, venant à être referrées par quelque acide , ou à fe froncer par lâpreté de quelque fuc auftere | ou à s'agiter par le choc violent de quelques efprits cor- rompus qui les heurtent , fe racour- ciflent, & par un ébranlement fuc- ceflif, communiquent leur mouve- ment de convulfion , non-feulément à toutes les membranes des autres vifcéres, lefquelles ont commerce enfemble par la liaifon des nerfs, mais encore aux meninges, qu’elles fecouent avec violence , & par cou- féquent au cerveau qu’elles compri- ment par la contraction: qui s’y fait des tégumens qui le couvrent. Or, comme ces fymptômes s’excitent bien plus aifément dans des parties que plufieurs irritations précédentes ont déja difpofées à la convulfion ; il eft facile de comprendre que la continuelle émotion , où le fréquent ufage du Tabac entretient les par- ties , peut tellement difpofer les nerfs aux mouvemens convulfifs , 833 Des bons & des mauvais effets que la moindre occafion ou d’une humeur picotante , ou d’une odeur fubtile , fera capable de produire ces mouvemens de convulfion que lon appelle vapeurs. Les parties ainfi agitées par tant de fecoufles réite- rées , fe lâchent à la fin , perdent leur reflort , & les fibres qui les compofent , fouffrent tant de mou- vemens contraires , fe racourciflent & s'étendent fi fouvent avec effort, qu'elles ne tardent pas à fe rom- pre. Elles tombent les unes fur les autres ; les petites cavités des tuyaux ne fe foûtiennent plus, les voutes s’affaifent , les pores fe bouchent, Ïes voyes ouvertes auparavant com, mencent à fe fermer, & ne permet- tent prefque plus au fang ni aux ef- prits de circuler : ce défordre met les parties hors d'état de réparer par une nouvelle fubftance celle qu’elles perdent tous les jours; le fang qui fort des artéres rentre moins libre- ment dans les veines ; alors les mem- bres privés de nourriture plient fous un poids qu’ils ne peuvent plus por- ter ; & le corps abbatu tombe dans une langueur univerfelle. Ajoûütons du Tabac. 839. à cela que la plüpart des fibres des nerfs engourdies par la vapeur nar- cotique du Tabac, dont elles font remplies, perdent prelque tout fen- timent , & ne Jaifent plus de paffa- ge libre aux efprits animaux ; car comme le fouphre de lopium fe dif: fout également dans l'huile , dans les liqueurs fpiritueufes, dans les falées, & dans l’eau , ce qui le rend difft- rent des autres fouphres ; de même le fouphre de Ia nicotiane , d’une nature femblable à celui-ci, entrant dans les petits conduits des fibres nerveufes par le moyen des {els qui le lient, s’y diflout par la Ilymphe, ou par lefprit qu'il y rencontre. D'ou il eft aifé de comprendre que les parties branchues du fouphre , fe dégageant des liens du fel , s’em- barraffent par conféquent les unes dans les autres , & bouchent les. conduits où elles fe trouvent. Il ar- rive de-là que les efprits animaux ne peuvent plus fe faire jour à tra- vers ces fouphres, à moins qu'il ne vienne une affëz grande quantité d’efprits, pour forcer les obftacles. Mais fi les vapeurs narcotiques du Tabac furviennent fans celle, fi el- 840 Des bons é> des mauv. effets du Tab. les fe fuccédent toujours les unes aux autres , 1l eft certain qu'elles boucheront les conduits des fibres à un tel point, que les efprits ani- maux , quelque abondans qu’ils foient , n’y trouveront plus d’entrée, & que les nerfs engourdis ne pour- ront plus être réveillés. Aufñli la plü- part des jeunes gens, qui prennent trop de Tabac, font attaqués de: tremblemens dès leur jeunefle me- me. Leurs mains mal aflurées., n’a- giflent plus avec la même: vigueur ; leurs: pieds chancelans. femblent fe refufer au fardeau dur corps ; les par- ties nobles fe flétriflent, les fibres fpirales du cœur n’ont prefque plus de jeu, où ne jouent que par fail- lies ; a tiflure & la trame des par- ties fe déchire, ou fe relâche ; la machine vivante fe détruit ainfi peu à peu; fon mouvement , fans le- quel elle ne peut fubfifter , s'affoi- blit de plus en plus , en forte que la mort , qui fans l’ufage fréquent du Tabac, auroit été moins promp- te, vient d’un pas précipité , termi- ner une vie quine fait que de com- mencer. Donc le fréquent ufage du Ta- bac abrêge la vie. Lettre de M. Baglivi. 4x NICOLAO ANDRY, Confiliario & Lectori Regio, Do- &ori Medico Parifienfi. SF. P. M. GEORGIUS BAGLIVUS Set [. Itteris tuis humaniflime atque elegan- tiflime fcriptis nihil his diebus accepi jucundius. Antonium Albertum virum doctif- fimum , quem ob incredibilem morum fua- vitatem , & fummam erga me fidem ac be- nevolentiam amavi femper & colui, nune obfervo magis, & in oculis, licet à me lon» ge remotum , perpetuo fero. Nam præter innumera quæ ipfi débeo beneñcia , nova quotidie , quæ fua eft humanitas, mihi con- ferre non defnit. Nuper enim occafionem mihi dediffe eruditiffimum Nicolaum Andry, Galliorum Æfculapium,per Litteras cognof- cendi, beneficium ejus puto inter maxima profeéto collocandum. Ad te igitur ut proxime accedam, Do- &iffime Andry , gratæ certe mihi Litterx tuæ funt , fed gratiflimus qui te ad fcribendum animus impulit. À liberali enim & prolixà erga me voluntate tua profectum efle credi- derim ftudiofum te effe opufculorum meo- rum , & mihi aliquid atque adeo tantum tri- buere in praxi medicä quantum optavi equi- 842 Lettre de M. Baglivi. dem femper , fed aflecutum me id effe nun- quam putavi. Nunc fi tu vir auctoritate & doétrina apud Galliarum medicos celeberri- mus ita de me fentis, in dubium pene re- voco judicium meum , nec me prorfus au- deo contemnere , ne àte diflentiam, &eni- tar multo etiam quäm antea diligentius ut accedam proxime , fi ullà ratione potero , quo tu me pervenifle jam exiftimas , ut ali- quando veritati jure des , quod fortafle nune humanitati magna ex parte largiris. Valde gaudeo traétationem de Lumbricis per obfervationes & experimenta à te fuf- ceptam, quam primum elegantiflimis Pa- rifienfibus typis edendam effe ; quod quidem argumentationis genus cum omnino novum fit & à paucis tali methodo exornatum , magnam ex eo te laudem & exiftimationem à cun@is reportaturum efle confido. Age igitur, opufque utilitati publicæ fummope- re neceflarium quam citiflime poteris ex- pedias. Cum Epiftoli accepi quoque fchema Lum- brici lati , plurium ulnarum longitudine , à triginta circiter annorum viro , pleuritide ac delirio laborante , excreti. Latus itaque Lumbricus cum non occurrat frequenter in praxi, quatuor funt quæ de illo à me petis. 1. Quidem , an ab ovo ducat originem ? 2. Deinde undenam tanta ipñ longitudo ? 3. An ab utero matris, ut Medicinæ parens obfervavit, ferant ipfum ægroti. Denique, frequenfne fit in urbe Romi, utin Hollan- dia effe foiet? An vero rarus ut in Galliis ® Quæris iterum utrum experimenta à mere- Lettre de M. Baglivi. S4s Aata circa Lumbricos, db. 1. Praxeos, fue- rint circa Lumbricos terreftres ; an circa Lumbricos humanos? De finoulis breviter, pro ingenii tenuitate , nonnulla dicamus. Omnium animalium ac vegetabilium prin- cipium & origo ab ovo eft; quid enim aliud' plantarum femina quam ovum., in quo ve- uti in compendio quodam univerfa futuræ plantæ rudimenta contrahuntur , eaque, ac- cidente nutritii fucci fermentatione , aeris elatere , duplicique calore , altero quidem folis, altero verd telluris magnæ centrali, fenfim valuti foluta compedibus excitantur , crefcunt, & ad tantam, debito tempore, perveniunt magnitudinem, quanta unicui- que-plantarum generi ex congenitis naturæ Jegibus debetur. | Si talia Philofophi ac Medici ad unum omnes de vegetabilibus opinantur, quantà magis fentiendum id erit de viventibus non folum perfectis ; verum etiam de imperfe- is quæ vulgo vocant infeéta. Nam præter- quam quodidem rebus in omnibus ac æqua- libus ordo fit, &.ab uno oriantur omnia principio , & omnia in unum , poft genera- Jem quemdam definant circuitum : Infe&ta admirabili partium nexu, & conftruétione, iifdem nobiliori vitalium operationuim exer- citatione, non folum plantis minime ce- dunt , fed ea in re illis longe antecellunt. Quamobrem cum nemo plantas à putre- dine oriri flatuerit , ne quidem infe@a alia- que vilia animalcula ab eadem origine de- ducere debere fuam , cum ratione æftiman- tur. Pudet enim Philofophum ac Medicum 844 Lettre de A1. Baglivi. feliciffimo fcientiarum hoc fæculo , in quo per experimenta ; folidaque Mathematices præcepta , rerum caufæ illuftrantur, fortuito putredinis cafui tribuere , quæ conftans & perpetua feminibus inhærens naturæ lex moderatur & dirigit. | Non enim putredo eft quæ.viventia pro- ducit imperfecta ; fed putrefcentium rerum ealor & fermentatio , rerum femina unde- quèque vagantia per orbem , fœcundat , ut ita dicam , five potius futurt animalculi pri- mordia fæcundato in ovulo torpida & iner- tia excitat, fermentat , ac veluti primam vitæ auram eifdem infpirat , idemque cum illis agit quod calor folis, aut gallinæ in- cubatio gallinaceis cum ovis & in Bombi- cum ovulis. Quzæ fuperius de Infe&tis univerfe dixi- mus , ad Lumbricos quoque in homine naf centes jure quodam poflunt accommodari, ut pote qui non à putrefcente generantur , xaxoyvne ficuti vulgo putant Pfeudogaleni- ci, fed ab eodem Lumbricorum ovula in in- teftinis latentia excitantur , & ad vitæ aûus reducuntur. Latus itaque Lumbricus ab ovo fui gene- ris originem ducit fuam , & ficuti fingula- rum rerum fingulæ funt proprietates , à qui- bus ne minimum quidem defleétere queunt ob inviolabiles naturæ leges iifdem impof- tas ; ita & lumbrici lati, naturà fuâ , pro- gigni folent in fœtu hærente adhuc in utero matris ; paulatim crefcunt in orbiculos, do- nec fafciarum, more univerfam inteftino- rum molem adæquent. Non nif poit plurium | annorum Lettre de M. Baglivi. 845 annorum curfus ad debitam perveniunt lon- itudinem , crefcentibus enim fenfim hujus infeéti particulis , fenfim quæ jam creverunt manifeftantur. Nec mirum tam longo tempore propriam acquirere magnitudinem , familiare nam- que eft naturæ, prout in ovorum cicatrici- bus, plantarum feminibus , & in ipfä vege- tatione obfervamus , partium lineamenta primÔ defcribere , facculos nempe membra- naceos quos deinde , humore replendo , fta- to tempore manifeftat ; reddito enim craffo- re, contento in facculis five utriculis i icore , ab ambiente membranà figuram & tutamen obtinet, atque ita pro naturæ ordine, vif cera & partes omnes , fuo quæque tempore, breviori aut longiori, pro animalium ac vegetabilium varietate exolefcunt. Opinionem hanc confirmant admirabiles: Bombycum, formicarum , aliorumque in- feftorum Metamorphofes , 1pforum enim alæ , fpicula , variæque corporis partes licet antea extiterint , non nifi paulatim, & fta- tuto quæque tempore , fe nobis produnt. Dentium femina in alveolis ». plures per annos , ficuti & pilorum glomeramina : in bulbo five radice fuà ,în fubcutaneä pingue- dine implantata reconduntur , donec tandem: accedente neceffarià maturitate, veluti ve- getando foris erumpant. Ita & lumbrici lati longitudo ingens, quamvis in ovulo tota, veluti in compendio quodam, contraëta fit ; non apparet tamen antequam debitam ma- suritatis fuæ metam acquifiverit. Unde non ab uberiori quo vefcuntur ali- Towa IL P p 846 Letire de M. Baglivi. mento , incredibilis eorum Jongitudo dedu- cenda , prout nonnulli fals opinantur , fed à congenitis proprietatibus huic lumbrico- rum generi præ alis familiaribus ; vefcan- tur enim & faginentur cibis quantum velint Pigmæi, Pigmæi tamen femper erunt. Sed hic ulterius quæris an ab utero ma- tris eum adferant infantes, an vero poftea in illis generetur. Summus Medicinz pa- rens lib. 4. de Morb. primam , ut obfervas, tenet opinionem, & cum ip ius præcepta haturæ oraculo confrmata funt , haud facile ab ejus fententiä recedo ; &f recedam non me profeéto rationes , aut vana hypothe- feon ( quas flocci pendo ) figmenta , ad re- cedendum moverent. Sed propria experien- tia , per multiplicem obfervationum feriem conftans reddita & infallibilis, Quare ficuti plures dantur Heréditarii morbi , qui ex Utero fua ducunt principia, quid ni etiam de latis lumbricis hoc idem fentiendum ; multo magis cum divinum fenem hujus rei habeamus autorem ? Ait hic, loco jam laudato , ex late & fanguine redundante & corrumpente fe , hos vermes in fœtu, uteri clauftris Conelufo L produci ; idque non fine ratione opinatus effe videtur : fugit enim puer in utero la- éteam lympham, ut certis recentiorum obfer- vationibus,probatum eft ; à cujus putrefcente fermentatione excitantur latentia horum lumbricorum ovula , & ad vitam difponun- tur, quod quidem aliarum rerum putref- cens fermentatio præftare forfan non poteft. Eademque de caufa fa@tum efle puto ut Lx. Lettre de M. Baglivi. 847 hic vermis epidemice graflerur in Hollandia præ aliis regionibus, nimium abundante laéticiniis ; cujufque incole late & cafeo fere perpetud faginantur. Cognovi Romæ anno 1696. juvenem viginti annorum , pal- lidum , macie affetum ; fputatorem, &in omni la@ticiniorum ufuintemperantem ; hie cum mane cœpamn cultro refecaret , ejus odore ita vehementer commotus eft, & adeo ingenti fuflocatione correptus , ut brevi fe moriturum putaret, nifi fuperveniente vo- mitu , ejeciflet lumbricum teretem , tres pedes longum, & rotundam in pilam con- globatum , quo exclufo flatim convai luit. An præterea generari quoque poflint lati Jlumbrici in aduitis, nihil audeo dicere;, cum nihil hac de re, mihi adhuc conftet ex- perientia. Puto tamen impoffbile non effe, . licet Hippocrates fuo tempore non obfer- vaverit, & utinre difhcili clare & diftin- &e procedamus , obfervandum eft an æger figna det lati lumbrici ab ineunte ætate , an vero poftea & annis jam gravis. Si pri- mum fit, ab utero effe credas ; fi alterum: non nifi eodem adulto genitum efle exifti- mandum. Difficile enim adducor ut cre- dam puerum ab infantia in inteftinis lumi- bricum gerere, nec afhici fymptomatis quæ cum hoc vermium genere conjunguntur. Sunt autem dolor circa jecoris regionem: jejuno tempore , ingens fputatio 5 & fi do- lor nimis excruciet , aphonia fupervenit.. Tormina circa ventriculum ferociunt : pal- kidi funt & imbeciiles ; ad. labares pigri., Ppij 848 Lettre de M. Baglivi. quandoque faftidiunt cibos, quandoque ap- petunt inordiratè , vermiculos figurà cu- curbitina excernunt , qui cum fnt refciffæ partes lati lumbrici , illos dum apparent pro figno horum pathonomonico habet Doéif- fimus Dodonæus cum Medicinæ parente, Joco citato. In Urbe Romä, & in reliquà penè Italià, non ita frequens eft latus lumbricus ut ia Hollandiä, quia Itali humidam , paludo- {am , frigidamque non incolunt regionem, nec forfan funt nimium intemperantes ficuti Hollandi, præftantiusenim pharmacum con- tra lumbricos fobrietate non datur. Quatuor ab hinc annis obfervavi Romx puerum duorum annorum , excrevifle per alvum, vermem vivum duos pedes lon- gum, quem, nifi fuiflet à matre refciflus, multo longiorem vidifemus. ‘ Puer erat pallidus & multum imbecillis. Eodem tempore mulier corripitur febre cum ingenti dolore, tumoreque in hepatis re- gione , vena brachii tunditur, fed fruftra : dolentem locum ungi juffimus. oleo abfyn- thii per coftionem faéto ; paulo poft vomi- tus & diarrhæa fuperveniunt , & centum vermes ex afcaridum genere ejecit, & fa- nitatem recuperavit. Quindecim poft dies recrudefcunt omnia ut fupra; de vermi- bus denud fufpicamur, contufs tribus ma- nipulis abfÿynthii romani, & affetæ parti appoftis quindecim vermes emifit , fatim- que convaluit , hunc vero dolorem circa regionem Hepatis, non ipfus Hepatis , fed inteflini colon è regione hujuice vifceris, Lettre de M. Baglivi. 849 fuiffe arbitramur. Multa de: lato lumbrico videntur apud Spigelium , & Sénnertum ; multa apud hunc de verme umbilicali, de crinonibus fub cute. Apud Panarolum de vermibuseucurbitinis, roftratis ac pilofis ad mille per alvum vivis excretis , fæviente malignà febre , epidemici , ab uno folum ægrotante. Experimenta quæ circa lumbricos feci & in praxeos noftræ lib. 1. defcripfñ. Non fuere: circà lumbricos terreftres , fed humanos. Muliercula enim quinquaginta ann. nata febre & dyffentarià correpta , ter centum circiter vermes vivos ejecit Romæarnor694.. Erant longitudine Fafeoli , figurä fere cu- curbitini. Injeéti in fpiritum vini & in in- fufionem feminum fantonici poft quinque horas periere. Poft novem, in vino , diffolu- tione aloes , extraéti Camædrios ,. & extra- &i Tabaci. Die Jovis, horà decimi quinta, pofiti fuere in oleo amygdalarum dulcium an fucco Limonum , in aqua tetuccia- na ( mineralis eft , & falinis principiis abundat) & in vafe , mercurio vivo femi- pleno. Sequenti die Veneris horâ matutinä in oleo amygdalarum dulcium inveni vi- vos ;, fed valde torpidos & imbecilles : vivos verd , vegetos & valde mobiles in aquä te- tucciani , in fucco Hmonum, & in vafe mercurii. In hoc tamen, mercurii contaûum fugiebant , & ad fummitatem vas progre- diebantur. Immerfi inaquam florum auran- tiorum & rofarum ,, poit oéto horas convul- fionibus correpti , obiere. Atque hæc de Jambricis. 8so Eettre de M. Baglivi. Mirifice deleétatus fum non defuifle im Galliis, (fed quaado illuftris & inclita Gal. liorum Regio claris viris ferax non fuit ?) acres ingenio viros qui mecum fentiant dif- ficillimis hifce praxeos medicæ temporibus, in quibus omnia fpeculationum & hypo- thefeon flu&tibus agitata turbataque vide- mus , non ante ceflaturam tempeftatem , quam Medici fpretä opinionum arrogantiâ & faftu, ad Hippocratem clavum tenentem & moderantem confugiant , & ab eodem naturæ voce loquente difcant , quä vià pro- grediendum fit ut ad veritatis metam in Me- dicina , tandem perveniamus. Elapfo anno in Regiam Societatem An- glicanam adfcriptus fi , ut vides; nuncin Academiam Germanorum, quod adte f{cri- bo propterea quod gratum id tibi fore con- fido. Hoc eodem tempore fcripfi Epiftolam ad amiciflimum Antonium Albertum , de quä illum moneas rogo. Vale Galliarum Ocelle , & Reipublicæ bone., faluti tue con- fulere non definas. Rome. Pridie Idus Julias , 1699. Abe E DEG MATIERE S, ÆContenues dans ces deux Volumes. A. Igres.. Si les aigres engendrent desVers. ' age 402. Ail. Si Pail eftcontrai- re aux Vers, 594. Alimens qu’il faut évi- ter pour fe garantir des Vers. 399. Amers. Pourquoi la plûpart des amers tuent ou chaffent les Vers. 584. Andry (Nicolas ) Ana- gramme de fon nom.350. Animal, Si le grand nombre de parties qui compofent un animal , eft toûjours ce qui en fait la perfeérion. 7. Animaux. Des différen- tes efpéces de Vers qui s'engendrent dans lesani- maux SANŸTe Que tous les animaux ont d’au'res animaux qui les dévorenr. 168. Génération desanimaux par les Vers Spermati- ques. 172. Æphorifmes fur les Vers du corps de l’homme.s3r, Apophyfe vermiforme, pourquoi ainfi appellée. FX Apoffume. Ver velu for- ti d’un apoftume venue à la cuiffe d’un jeune hom- me... 114. Appétit. Ce que ceit. qu'un appétit fain. 413. Aquila alba. Ce que c'eft.” Afcarides. Remedes Éontre les Vers appellés Afcarides.. 529. Auriculaires, Remedes contre les Vers appellés Auriculaires.. 472. B. Baglivi. Ses Expérien- ces fur les Vers pour prou- ver l’inutilité ou le peu de force de certains reme- des. 45 5°. Ses Obfervations im- portantes fur l’éffer du vin contre les Vers. S 12e 852 Ses Lettres écrites à l’Auteur fur le faiet des Vers. 711. Sa Lettre Latine. 841. Barres , Médecin de Montpellier , fes Obferva- tions pueriles fur unnom- bre de petits Vers plats. 220. Bourdelot. Sa Thefe.4n peracutis ut plurimum pur- &atio perfuperrora? 573. Bouillie, Ses bonnes & mauvailes qualités. 411, Bouviers. Remedes con- tre les Vers appellés Bou- VICIS.. for, €, Cardiaires, Remedes contre les Vers appeliés Cardiaires. 497. Catalepfie. Si cette ma- Jadie vient quelquefois de Vers. 340. Champigrons.Leur mau- vaife qualité. 406. Chanvre. Sa graine bon- ne contre Îes Vers. $s17. Charollois, Lettres de ce Médecin au: fuier d’un Ver fanguin. 107 100. Ciron, Définition de cet Infeête ; pourquoi appel- JE en latin .4carus, 128. Cxur. Peniée où étaient les Anciens qu’il n’y avoit point de cœur en plufieurs infeétes. S- Infecte dans lequel il fe trouve un fi grand nombre de cœur, que ce a'eit prefque qu'une cliaî- # TA PBEE ne de cœurs depuis la tête jufqu’à l'extrémité du COrps: Ibid. Colaffon. Letrede Mon- fieur Colaffon Chirurgien à Vatan, fur ün Ver fan- uin. TOM Coralline, Sa propriété- contre les Vers. f06. Cutanès. Remedes con- tre les Vers appellés Cu- tanès. 493 D, Daval Doéteut en ME decine de la Faculté de Paris ; fes Obfervations fur les Vers. 315 Dentaires. Remedes. contre le; Vers appellés Dentaires. 492. Dents, Vers qui fe trou-- vent d'ordinaire fous la carie des dents, 94e. Default Médecin de Bourdeaux; fa Differta- tion fur la rage. 361. Deflandan premier Me- decin de la Reine pre- miere Douairiere d'Efpa- gne ; fa Lettre: écrite-de Bayonne au fujet du Tæ- nia. 214, Digeffion. Qu'elle ne fe fait pas toute dans l’efto- mac, An. Digeflion. En quel tems nâquit le fyftème de la digeftion par le broye- men“. 630, Doronic. Obfervations curieufes faites à Plom+ bieres fur le doronic à feuiltes: DES MATIERES. #euïlles de Plantain. 43. Dragoneau. Définition de cet Infeëte felon Ame broife Paré, 136. E. Eau pet Que la préparation de cette eau n'eft pas divulguée. 532. Que Mr Dionis Do- &teur Régent de la Fa- culté de Médecine de Pa- ris, eft feul qui en ait la recette de Mr Andry. Ibid, Remarque fur la ra- cine de fougere. 554. Ver canin rendu par l'eau de fougere ; Let- tre d ce fujei. 58. & 241. Eau de Mercure , autre- ment dire de vif-argeat. Si elle eft bonne contre les Vers. Eau-de vie. Si ell bonne contre les Vers. 452. Eau, D'où vient l'a- verfion que les enragés ont pour l’eau. 362. Eléôphages. Remedes contre les Vers appellés Elcophages. 499. Encéphales, Ce que c’eft que les Vers appellés En- céphales. 671. Remedes contre les Vers appellés Encéphales, 468, Enragés. L’où vient l’a- verfion que les enragés ‘ont pour l'eau. 362, Efomac. S'il s'engendre Tome II, 448$. e eft des Vers dans Ro 248. Exentiraux, KRemcdes contre les Vers nommés Exentéraux. 467. Expériences de Mr Ba+ glivi & Redy , pour prou- ver que la plüpart des re- medes qu'on employe contre les Vers, doivent être évités ou comme dan- gercliX, ou comme inu- tiles, 456. € niv. F, Fabricins ( Guillaume.} Ses Remarques au fujet du Ver plat. 533 SAfe Fagon premier Méde- cin de Louis XIV. Qu’on lui doit la connoiffance de l'orig.du Kermés par la piquure d'un Ver. 411, Sa Thele fur le Tabac. $10. Faim que caufent les Vers. 303 306. Femme. S'il eft vrai que le corps de la femme foit un ouvrage impar- fait. 8. Feux follets, Ce que c'eft. 6$. Fiévre. Julep qu’on peut donner àun enfanc pour tuer les Vers quand ilade la fiévre. sos. Fose . Quelles font les chofes qui contribuent le plus à produire des ob- ftru&ions dans le foie, À 420. Vers trouvés dans le Q9. $54 TA BILIE foie d’un enfant de deux ans; Obfervation de Gaf- per Baubin à ce fujer. 96. Fougere. Que la prépa- sation de J'eau de fou- gere n'eft pas divulguée. S32. Que Mr Dionis Do- eur Régent de la Facul- té de Médecine de Paris, eft feu! qui en ait la re- cettede Mr Andry. Ibid. Remarque fur la racine de fougere, 534. Fourmis qui percent en une nuit des portes de ca- binets & d'armoires , & qui rongent même le cuivre & l'argent. Ale Frayeurs. Si les Vers caufenr quelquefois des frayeurs , & files frayeurs euvent aufli quelquefois leur tour donner lieu à la produ&ion des Vers. 329. Fromage. Moyen , de préferver le fromage des Vers. 577: G. Génération. Differta: tion fur la Génération de l'Homme .par les Vers Spermatiques. 734. Génération des animaux par les Vers. L72 . Génération de l’'Hom- me par les Vers Sperma- £iques. Objettions contre -Cé fyftême, 173. Geoffroy. Sa Lettre à l’Auteur de ce Livre tou= chant laDiffertation fur le fyftême de la Génération de l'Homme par les Vers Spermatiques, 772 Glande pinéale. S'ilfe trouve des Vers jufques dans la glande pinéale. 7le Goiffon Médecin de Lyon; fon fentiment fur la caufe de la pefte. 348. Grencuilles Si elles fe produifent dela pluye. 14. Groffefle. Pourquoi les femmes fe trompent f fouvent lorfqu'elles veu- lent juger du tems de leur pa 162, 1e 5. Hartfoeker. Ses Lettres écrites à l'Auteur fur le fujet des Vers. 711. Hecquet. Son Livre in- titulé : Explication Phyfs- que Cr méchanique des ef- jets de la faignce € de le boiffon dans la cure des maladies. 559. Hépatiques. Remedes contre les Vers appellés Hépatiques. Hippocrate. Que ce Mé- ecin a reconnu le pre- mier que le Vet plat étroit feul de fan efpéce, 245. Huile, Excellent reme- de contre les Vers. $o7. Propriété. de lhuile fur les Vers; Expérience cu- ricufe à ce fujet. $ 74 Que les huiles font un 496%. _ DES MATIERES. bon temede contre Îles Vers des inceftins. 85. } » Jauniffe. Rerede con- ére les Vers de la jaunifle. s2$. Infeële. Ce quec'elt 5. Si les Infeétes refpi- rent. 3. Si les Infeétes ont du ang. 4e Obférvations qui font voir que les Infeëtes ne font pas desébauches de Ja Narure. ; Penfée où étoient les Anciens qu'il n'y avoit l'en de cœur en plu- ieurs Infectes. 1bid. Inteflhins. Des Vers du corps humain qui naiflent hors des inteftins, 67. Des fignes des Vers qui font ailleurs que dans les inteftins. LA 0 Des fignes des Vers qui font dans les inteftins, 376. Des remedes contre les Vers des inteftins. soi. De certains remedes qu'on a coûtume d’em- ployer contre les Vers des inteftins , & qu’il faut €viter, - 444: Joli de Fleury Procu- reur Général. Lettre qui Jui aété écrite d’Alais par Mr de Rochebouet , au fujet d’un Ver. 232. Julep qu'on peut don- la fiévre. 85$ ner à un enfant pour tuer les Vers quand ils ont de DE K. Kermes. À quieft dûe la connoiffance de l’ori- rigine du Kermés par la piquure d’un Ver. 42. E, Lait Que le tait des nouvelles accouchées eft un aliment médicamen- teux proportionné à la foibleffe desenfans. 411. Lémeri Eclairciflement fur une Lettre de Mr Lé- meri contre la premiere édition de ce Livre. 649, Lettre de Mr Geoffroy à lP'Auteut de ce Livre tou- chant laDiffertation fur le fyftême de la Génération d: homme parles Vers Spermatiques. 772. Lettre de Mr Lémeri contre la premiere Edi- tion de ce Livre. 649. Lettres écrites à l’Auteur par Mrs Hart{oeker & Baglivi fur le fujet des Vers. 71l. Littre (M.) Médecin de la Faculté de Pariss fes curieufes Obferva- tions fur des Vers for- tis du nez. 76. Longchamp Officier du Roi à Orbec. Sa Lettre fur de petits Vers plats qu'il a rendus. 219 Qqi 856 M. Macrenfes. Si elles en- endrent du bois pourris des vieux vaifleaux, 14. Malades. Que lon n’exa- mine pas aflez s'il y a des Vers dans les Mala- des, 339. Maladies Vencriennes. Si elles ôtent la fécondité. F7 Maladies Vermineufes. Remarques générales fur leur traitement. $54. Malcet Médecin de la Faculté de Paris. Ses Ob- fervations fur un Ver touvé dans les Sins frontaux. 84. Malvoifie. Vin de Mal- yoife bon contre les Vers. 68. Médecins. Ignorance de certains Médecins mo- dernes , au fujet du Ver Solitaire. 258. Melon. Si ce fruit p'o- duit beaucoup de corrup- tion. 404, Mercure. Si l'eau de mercure eft bonne contre les Vers. 445. Moyen de tirer le mer- cure du pourpier. 578. Millepertuis. S'ileftbon contre les Vers, $77. Minéraux, Des diffé- rentes cfpéces de Vers qui s’engendrent dans les mi- Déraux, 1739 Moëlle, En quel fens TABLE on peut dire que Ja moëile nourrit les os. 398. Montabourg Médecin de la Faculté de Paris ; fa Lettre écrite le 30. Mars 1735. au fujet de‘blufieurs lambeaux d’un Ver Soli- taire , qui pouvoient fe monter à la longueur de 40. aulnes. ae Moutons. Sorte de Vers finguliers qui fe trouvent dans le foie des moutons. 1.162. Met. Que les Vers font fouvent une des caufes qui peuvent rendre muet, 300, N. Nex. Vers fortis du nez, 67, Noix. Si l’eau si la- quelle on a trempé des écorces Je noix eft bonne contre les Vers. 454. O, Oeuf. Comment le Ver Spermatique s'attache à l'œuf, er. Opiate contre le Ver So'itaire. 535. Oreilles, Vers fortis de l'oreille. 92. Orgafme. En quel tems fe préfente l’heureux mo- ment de l’orgafme. 572, Os. En quels cas on peut dire que la moëlle nourrit les os, 398 DES MATIERES. P. Perce-oreilles. Lettres fur des Perce-oreilles, par Mr le Curé de St Ouen, 473 © fuiv. Remarques à ce fujet. 480 & 491. Pefle. Si la pete eft cau- fée parles Vers. 342. Pignons. S'ils font pro- pres à nourrir les Vers. 403." Pitois Médecin de Beaune en Bourgogne. Sa Lettre fur le Ver Soli- taire. 238. Pleuréfie. Définition de cette maladie, 312, Pleuréfie vermineufe,. 310. Poumons. Vers trouvés dans les poumons, 95. Infeétes qui ont plu- fieurs poumons, Si: Pourpier. Pourquoi ïl eft bon contre les Vers, 518. Puce. Particularité con- æernant cet Infeéte, 6. Pulmonaires, Remedes contre les, Vers appellés Pulmonaires. 496, KR. Rage. Si la rage a pour caufe les Vers. 361. Redi. Curieufes Obfer- vations de ce Médecin touchant des Vers trou- vés dans les inveftins de différens animaux. 60, 857 Remedes. Commentles remedes fans avoir une intelligence qui les con- duife , vont porter leur effet à une partie plütôt qu’à une autre ; Expérien- ce àce fujet, 416. Maniere dont agiffent les remedes antivermi- neux. 5734 Lifte des remedes con- tre les Vers. 603, Réfléxions Pratiques fur la quantité extraordinaire des remedes contre les Versiit;7 616. Précautions à obferver quand on fait des reme- des contre les Vers. 614. De certains remedes qu'on a coûtume d'em- ployer contre les Vers des inteftins , & qu’il faut évi- ter. A44a Remedes extérieurs ou topiques contre les Vers, $20. Remedes internes bons contre les Vers. $03. Rinaires. Ce que c’eft que les Vers Rinaïires, 72, Rinaires. Remedes con- tre les Vers nommés Ri- naïires. 469, Rougeard Médecin de l’Aigle en Normandie. Ses Obfervations fur les Vers que l’on trouve dans les Tanches, $2. Rongerolle Chirurgien de Verneuil. Sa Lettre écrite à la Faculté de Mé- decine de Paris touchant un Ver d'une figure & Qq ii 8538 longueur extraordinaire. C 3 23e s, Saignées. Vers fortis par les faignées. 104, Sang. méprife des An- ciens qui ont écrit que la plüpart des Infeétes n’a- voient pas de fang. 4. Si l’humeur appellée fang , eft telle par fa cou- leur ou par fon ufage, Ibid, Si tous les Vers qui s’en- gendrent dans le fang font d’une même figure ? 105. Sanguins. Remedes con. tre les Vers appellés San- guins. 498. Sel, Si le fel eft bon centre les Vers. 453: Semen-contra. S'il eft contraire aux Vets. 446. Solitaire ,ou Tænia.Ce qui peut donner lieu à la génération de ce Ver. 36. Si c’eft un animal uni- que, ou une chaîne de Vers. 47. Lieu où fe nourrit ce Ver. 242, Signes du Solitaire, 386. Qu'il produi: dans les femmes des effets plus fi- cheux que dans les hom- mes. 309. Ridicule raifon , Pour- quoi le Ver Solitaire eft plat. 270 174. Sourd, Enfant de dou- TABLE ze ans, qui tous les ma4- tins étoit fourd de l'oreille gauche, & cefloit de l'ê- tre aprèslediner, 91. T. Tabac. Si le tabac eft bon contre les Vers. 447. Tradu&ion de la Thefe de Mr Fagon fur le tabac. 810. Taænia , ou Solitaire, Ce ‘qui peut donner lieu à la génération de ce Ver, 36 Que c’eft quelque cho- fe de curieux que la ftru- £ture intérieure du Tæ- nia. 265$. Que ce n'eft point un fait gare ni extraordi- naire de voir rendre des Tænia ou Vers Solitaires à des femmes en couche. 317e Signes du Tænia. 385. Sa répullulation. 23r. Remedes contre le Tæ- nia. 531 Tanaifse. Pourquoi ap- pellée lherbe aux Vers, 618 Que la poudre de ta- naifie eft bonne pour l’e- ftomac. s22. Tanches. Fort fujettes aux Vers plats , & qui refflemblent au Tænia où Solitaire pour la lon- gueur. Le Tartre émétique. Bon contre les Vers. 316. Taupe, S'il eft vrai DES. MATIERES. qu'elle foit fans yeux. 8. Tournefot. Sa Thefe in- citulée : An morborum cu- ratio ad leges Mechanicæ referenda. 419. Tyfon ( Edouard.) Sa: Differtation Angloife fur le Ver plat. 212, V. Végétaux. Des différen- tes efpéces de Vers qui s’engendrent dans les vé- gétaux. 37 42. Veine porte. Vers trou- vés dans le tronc de la veine porte. 349. Fer. Ce que c'eft, r. Comment s'engendrent les Vers dans le corps de lhomme, Ne Siles Vers & plufieurs autres Infeêtes s’engen- drent de la feule corrup- tion. 13. Quelle eft la matiere la plus propre à faire éclore les Vers dans le corps de l'homme , & à les y nour- tir quand ils y font une fois éclos. 27 Des différentes efpéces de Vers qui s’engendrent dans le corps de l'hom- me. Des Vers du corps hu- main qui naiflent hors des inteitins, 67. Des différentes formes que prennent les Vers 281. Des effets des Vers dans Je corps humain, 291, 37°. 85s Des effets des Vers qui font dans les inteftins, 299: Des moyens de fe ga- rantir des Vers, 397e Quelles font les chofes qui nous rendent fujets aux Vers. 398. Alimens qu'il fautévi- ter pour fe garantir des Vers, 399. Qu'il n’eft pas ennotre pouvoir de nous garantir des Vers. 410, De Ia fortie des Vers, & des prognoftics qu’on en doit tirer, 427, Vers des inteflins, Qu'il y en a de uois fortes. 188. Vers Strongles. Pour quoi ainfi appellés, Ibid. P'er Plat. À quoi il reffemble ; pourquoi 2p- pellé Tænia, 194. Combien il y en a d’ef- péce. Ibid. Vers Plats, appellés Cucurbitaires, & pour- quoi 20: Ver Solitaire. Que le Ver Solitaire s’engendre dans l'enfant au ventre de la mere felon l’opi- nion d'Hippocrate, 34. Qu'il s'engendre dans lhomme à toute forte d'âge felon Sennert, 35. Ce qui peut donner lieu à la génération de ce Ver. 36% Ver Solitaire. Ridicule taifon, Pourquoi il eft plat. 270 274 Qaiv 860 Efpéce de Vers qui ron- gent le bois des vaiffeaux. So. Si la rage a pour caufe fes Vers. 361. Des fignes des Vers, 370. Si lPhomme tire fon origine d’un Ver. 734. Aphorifmes fur Les Vers du corps de l’homme. 631. Ver Spermatique. Com- ment il s'attache à l'œuf. 17$. Differtation fur la gé- nération de l'homme par les Vers Spermatiques. 734. Vers trouvés dans la geflie du fiel. 243. Ver d’une figure & lon- gueur extraordinaire, Let- tre à ce fujet de Mr de Rongerolle Chirurgien de Verneuil. 323: Vers trouvés dans les fnus frontaux. 84. Vers fortis du nez, 73. 75. Ver vel forti d’une apoftume venue à la cuif- fe d'un jeune homme, 124. Vers V’énériens, 147. Si toutes les maladies wénériennes viennent des Vers. 147. Vers V'éficulaires. Qu'il y en a de plufeurs figu- ges différentes, 120. Pers fortis par, les uri- nes. 121. #Wers Elcophages, Où F:A'BÈNE ils naiffent ; pourquoi ainfi appellés. 1239 Vers appellés Crinons. 125, Vers appellés Bouviers. 129 Vers appellés Soies.Ibid, Vers appellés Talpiers, 137. Vers appellés Toms. 140, Vers appellés Vmbili. Caux. 141, Vers appellés Oefopha- gens. 151 Vers Spermatiques. Leur figure. 153 Vers fortis parles fai. gnées. 401. Vers. Ophthalmiques. Pourquoi ainfi appellés, 88. Vers fortis de l'oreille, “ Vers Dentaires, Pour- quoi ainfi appellés. 94. Vers appellés Dalberes. Ce que c’eit que ces Vers, 10$, Vers Hepatiques. Pour- quoi ainfi appellée, 96. Vers Spléniques. Pour- quoi ainfi appellés. 98. Vers Cardiaires. Pour- quoi ainfi nommés Ibid. Vers Péricardiaires, Ce que c’eft ; pourquoi ainfs appellés. 100, Vers Sanguins. Pour- quoi ainfi appellés. 103. Lettres fur les Vers Sanguiñs. 106. Vers trouvés dans les poumons, LE DES MATIERES. De certains remedes qu'on a coûtume d’em- ployer contre les Vers des inteftins, & qu'il faut éviter, 444. Des remedes propres contre toutes fortes de Vers du corps humain, 466. Des remedes contre les Vers desinteftins. sor, Maniere dont agiflent Ja plüpart des remedes que l’on donne contre les Vers. 573. € fur. Lifte des remedes con- tre les Vers. . 609. Réfléxions Pratiques fur la quantité extraordinai- re des remedes contre les Vers. 616. Précautions à obferver quand on fait des reme- des contre les Vers. 624. V’ers compofes. fur Mr Goiffon Médecin. 360, Petite Vérole. Que les grains de la petite vérole font quelquefois remplis de Vers. Obfervations de Borelli à ce fujet. 123. V'éficulaires. Remedes contre les Vers appellés Véfculaires, - 499. Vieufflens Médecin de Montpellier. Son expli- cation de Ja ftruture du Ver Solitaire. 270. Vif-argent. Pourqioi Le vif-argent tiré des plan- KES 5 & entre autres du 861 pourpier, doit être plus dégagé d’impuretés que celui qui fe tire des mi- nes. 19. Vin. Obfervation im- portante fur l'effet du vin contre les Vers par Mon- fieur Baglivi. 572. Vin de Malvoifie bon contre les Vers. 68. Vinaigre. Ce qui s’ob- ferve dans le vinaigre par le moyen du microfcope. 400. Sile vinaigre tue toutes fortes de Vers. 445: Vinaigre. Comment il peut ronger la pierre. 40. Vipere. Pourquoi la poudre de Vipere fe rem- plit de Vers quand elle a été gardée quelque tems, 25e Umbilicanx. Remedes contre les Vers appellés Umbilicaux. SOI. V'rayet Médecin d’Ab- beville, Ses Lettres au fu- - jet des Vers Sanguins, 40 106. UVrines. Vers fottis par les urines. II. Winflow. Sa découver- te anatomique au fujet du Ver Solitaire. 252. Lettre de ce Médecin à ce fujet. Ibid. Autre Lettre du même fur un Ver trouvé dansle ty pan de l'oreille d’une fille de trois ans. 93. Fin de la Table des Matieres. re LEE ECRÈR CAT Il eft important de confulter cet Errata , & principalement les endroits qui y font marqués d’une Etoile: PURE FACE: ind P Age xx. ligne 14. J'en examine les efpéces dans le troifiéme Chapitre, ajoñtez , où je traite au long des Vers fpermatiques. * Page xxj. ligne 16. On voit dans le on ziéme , quelles précautions il faut appot- ter quand on fait des Remedes contre les Vers, lifez , le onziéme Chapitre eft fur la maniére dont agiffent les Remedes an- tivermirreux. * Même page xxj. ligne 20. Je traite par oc= cafion dans le douzième , de certains Vers nommés fpermatiques , dont plufeurs Phyficiens croyent quefont formés tous les Animaux , L/ez, Je traite dans le douzié- me, des précautions qu’il faut apporter quand on fait des Remedes contre les Vers. Page xxiv. ligne 6. Je me contente de rap- porter fimplement fa Critique à la fin du Volume , H/e2, je mecontente de rappor- ter fimplement fa Critique à la fin du Livre. Page xxvij. ligne. 10. A la fin de ce Volume font trois Lettres qui m'ont été écrites fur le fujet des Vers, /ifez, j'ai renvoyé aux derniéres pages de ce Traité, trois Lettres qui m'ont été écrites fur le fujet des Vers. Page xxix. ligne 14. J'ai mis à la fn du Vos lume une Lifte exaéte de ces réformes , difez , je finis par une Lifte exaûte deces réformes. CORPS D ÜU LIVRE, Page 3. ligne 6. infcifum , lifez , incifum. Page 25. 1. 15. muflage, lifez , mucilages Page 32. ligne r6. Hippocrate niant, lifez, Hippocrate ajoûte. Page 45.ligne premiére de la citation mar- ginale , Afnienfia , l{ez, Hafnienfa. Même page 45. ligne demiére de Ia citas tion marginale, albas //ez , albos. Page $4. ligne 7. ayant , lifez , ajoûte. Page 64. lig. 18. Mathrole, lifex , Mathioles Page 65. lig. penult. curiofe , lifez , curiofa. Page 69. ligne 25. & au plütard , L/ez , ou au plütard.. Page 72. ligne antepenult. Fernés , Lifex, Fernel. Page 95. ligne 14. Brafluvolus, /i/ez Brafla- volus. Page 149. ligne 17. il faut en cet endroit un à linea. Page 152. lig. 13. vircelloni , Zf. vercelloni. Page 187. ligne antepenult. à la fin de ce Volume , fez , à la fin de ce Traité. Page 197. ligne 2. fe laifflent appercevoir ; lifez , fe laiffent appercevoir fans peine. Page 198. ligne 10. Il a deplusune épaiffeur & une confftance que la plñpart des au- tresTzænia n'ont pas, lifez ,il 2, aufi-bien que celui de la Figure 2. une épaifleur & _ @ne confftance que Îa plüpart des autres - Tænia n'ont pas. : : Page 200. ligne 2. le côté plat y eft marqué par la lettre À , & le côté boffu par la jet. tre B. Lfez , le côté boffu y eft marqué par la lettre A. & le côté plat par la lettre B. Page 201. ligne 11. la Planche fuivante ; lfez, la Planche que voila. Page 216. ligne 13. Mr de Fermethuy, //ez, Mr de Fermeluy. Page 289. ligne 3. fvammeidam, lfez, {vammerdam. | Page 318. Mr Centugi ,/ifez, Mr Contugi. * * Page so2. lignes 3. & 4. pour conclufon entiére du Chapitre, lifez , pour conclu- fion de cette matiére. * Page 554. lig.8. dans la Se@tion fuivante, lifez , dans le Chapitre fuivant. * Même pag. 554. lig. 9. Seétion III. Lez, Chapitre X. * Page 573.1. 14. Se&t. IV. hfez , Chap. XI. Page 611.colonne 2. ligne 13. lifez, Rue. Page 624. ligne 6. Rhue , lif/ez , Rue. Meme page 624. ligne 13.Chapitre X. li/ez Chapitre XII. Mème page 624. 1.19. les Remedes que nous avons marqués dans le Chapitre précé- dent, /:fez , les Remedes convenables , a efficez , que nous avons marqués dans le Chapitre précédent. Page 727. ligne 20. une lymphe aui tient de la nourriture du lait , {;/ez , une lymphe qui tient de la nature du lait. | Page 728. ligne 14. un Ver plat de trente pieds de long , /ez, un Ver rond & long, ayant trois pieds longueur. px > Sa À ai st J Lames FC et EE FE "9 me ne mo ES bec eh I SCRE Re see a} É UNIVERSITY 0F ILLINOIS-URBANA 616.961AN2D1741 co02 VO02 DE LA GENERATION DES VERS DANS LE CORPS Tnt 3 0112 0102