' ■ \Y^ ht ■ MF '^f^ r^ %À'^ '^ ^4. -*»%. ^ ^ 'M ^ DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE (1908-1910) COMMANDEE PAR LE D^ Jean CHARCOT CARTE DES RÉGIONS PARCOURUES ET RELEVÉES PAR L'EXPÉDITION MEMBRES DE L'ETAT-MAJOR DU " POURQUOI-PAS? J.-B. Charcot M. BONGRAIN Hydrographie, Sismographie, Gravitation terrestre. Observations astronomiques. L. Gain Zoologie (Spongiaires, Échir.odermes, Arthropodes. Oiseaux et leurs parasites). Planltton, Botanique. R.-E. GODFROY Marées, Topographie côtière, Chimie de l'air. E. GOURDON Géologie, Glaciologie. J. LIOUVILLE Médecine, Zoologie (Pinnipèdes Cétacés. Poissons. Mollusques. Cœlentérés Vermidiens, Vers Protozoaires. Anatomie comparée. Parasitologie). J, ROUCH Météorologie, Océanographie physique. Electricité atmosphérique. A. SENOUOUE Magnétisme terrestre, Actinométrie, Photographie scientifique. OUVRAGE PUBLIE SOUS LES AUSPICES DU MINMSTÊRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE SOL'S LA DIRECTION DE L. JOUBIN, Profesteur au Muséum d'Hisloirc Naturelle. G^d , L.^1^ i DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE (1908-1910) COMMANDEE PAR LE D' Jean CHARCOT SCIENCES NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES RHIZOPODES D'EAU DOUCE Par E. PENARD MASSON ET C'\ EDITEURS 120, Bd SAINT-GERMAIN, PARIS (VI') Tous droits de traduction et de reproduction réservés 1913 IJado în France LISTE DES COLLABORATEURS MM. Trouessart Mammifères. Anthony et Gain Documents embryogéniqties. LiouviLLE Phoques, Cétacés (Anatomie, Biologie). Gain Oiseaux. Roule Poissons. Sluiter Tuniciers. JouBiN Céphalopodes, Brachiopodes, Némertiens. * Lamy Gastropodes et Pélécypodes. Vayssière Nudibranches. Keilin Diptères. * IvANOF • Collemboles . Trouessart et Berlese. Acariens. ■ * Neumann PédicuUnes, Mallophages, Ixodides. Bouvier Pycnogonides. CouTiÈRE Crustacés Schizopodes et Décapodes. * M"« Richardson Isopodes. MM. Calman Cumacés. De Daday Entomostracés. * Chevreux Amphipodes. CÉPÈDE Copépodes. QuiDOR Copépodes parasites. Calvet Bryozoaires. * Gravier Polychèies, Alcyonaires et Ptérobranches. HÉRUBEL Géphyriens. Germain Chétognathes. Railliet et Henry Helminthes parasites. Hallez Polyclades et Triclades maricoles. * Kœhler Stellérides, Ophiures et Échinides. Vaney Holothuries. Pax Actiniaires. Billard Hydroïdes. Topsent Spongiaires. * Pénard Rhizopodes. Fauré-Frémiet Foraminijères Cardot Mousses. jyjme Lemoine Algues calcaires * MM. Gain Algues. Mangin Phytoplancton. Peragallo Diatomées. Hue Lichens. Metchnikoff Bactériologie. Gourdon Géographie physique. Glaciologie, Pétrographie. Bongrain Hydrographie, Cartes, Chronométrie. * Godfrov Marées. MÙNTZ Recherches sur l'atmosphère. * RoucH Météorologie, Océanographie physique. Senouque Magnétisme terrestre, Actinométrie. J.-B. Charcot Journal de V Expédition. Les travaux marqués d'une astérisque sont déjà publiés. RHIZOPODES D'EAU DOUCE Par E. PENARD Les collections que M. L. (Jaiii a bien voulu ni'envoyer pour la déler- minalion des Rhizopodes d'eau douce rapportés par la deuxième expé- dition antarctique française étaient représentées par 17 paquets de Mousses sèches, ou plutôt de terre mêlée de Mousse, puis par 5 tubes renfermant du sédiment, et par un bocal à moitié plein de terre humide, avec parcelles de Mousses également. De ces 23 récoltes, je crois devoir, pour donner plus d'homogénéité à mon rapport, qui ne traitera alors que des terres antarctiques proprement dites, en éliminer immédiatement 2, qui provenaient de la Terre de Feu (baie Edwards, 18 décembre 1908). C'était d'abord une petite pincée de sable, avec quelques fibres de Mousses, où je n'ai pu découvrir que deux ou trois fragments de coquilles d'un Rhizopode peut-être assimilable à Centropyxis arcelloides, puis un tube avec du sédiment, où se sont trouvées des enveloppes vides d'un Plagiopyxis indéterminable. Toutes les autres récoltes, 16 paquets de Mousses, 4 petits tubes et un grand bocal, provenaient soit de la Terre de Graham, soit du complexe d'ilos qui bordent cette terre elle-même, et que le « Pourquoi Pas ? » s'était surtout donné pour mission d'explorer. Voici quelles sont, en précisant quelque peu, et en indiquant les loca- lités avec le numéro d'ordre que portaient les paquets reçus, les stations d'où les Mousses ont été rapportées : N° 21. — Adiniralty Bay, île du Roi-George, Slietlands du Sud. — L. 62M2'S. ; G. 60° 55' W. P. — 25 décembre 1909. Un peu de terre, avec quelques bribes de Mousses. i' Expédition Chorcot. — I'enah». — Rhizopodes li'eau douce. 1 45991 2 RHIZOPODES D'EAU DOUCE. N° 22..— //e /h'cf'/j/ion, Slu'llaiids du Sud. — I.. (»2°;iii' S. ; <1. 60";i;)' W. P. —28 décembre 1909. Surtout de la terre, avec li'ès peu de Mousses. N° 4. — flot Goiidier, Port-Lockroy (ile Wiencke). — L. 64" 49' 33" S. ; G. 65° 49' 1 8" W. P. — 28 décembre 1 908. Mousse et terre, petite récolte. N° 4'. — Même récolte, mais sédiment dans un tube, provenant du lavage des Mousses. No 7. — IleDonth-Wandel. — L. OS^OS' 45"S. ; G.66°21'58"W. P. — 30 décembre 1909. Terre et Mousses relativement (1) bien fournies. No 17. — Cap des Trois-Pérez, Terre de Graham. — L. 05° 27 ' S. ; G. 66° 28' W. P. — 6 mars 1909. Quelques bribes de Mousse avec beaucoup de terre N° 10. — Cap Tuxen, Terre de Graham . — L. 65° 1 5' S. ; G. 66° 30' W. P. — 8 janvier 1909. Bonne récolte. Mousses relativement assez longues. N° 20. — Cap Hmmmsen, Terre de Graham, en face l'île Petermann. — 10 mars 1909. Terre et Mousses, petite récolte, mais l'une des plus productives. N° 20. — Cap Rammssen. Même récolte, mais sous la forme de sédiment dans un tube. ^og^_/l(,Berthelot. — L. 65° 21 'S. ; G. 66° 30' W. P. — 6 janvier 1909. Mousses, relativement assez fournies. N° 16. — /les Argentine (quelques milles au sud de l'île Petermann). — 8 février 1909. Quelques rares fragments de Mousses, No 791 . — Ile Petermann. — L. 65° 10' 34"S. ; G. 66° 32' 30" W. P. — Février 1909. Bocal renfermant de la terre encore humide^ des coquillages [Patella] et des bribes de Mousses. Bonne récolte. (1) Tout cela est très relatif en réalité, et, comparées aux Mousses que Ton peut recueillir dans des conditions cliniatériques plus favorables, ces petites touffes rares et cliétives de l'Antarctide feront toujours une assez pauvre figure. RHIZOPODES D'EAU DOUCE. 3 ,\o 9, — //e Petermami. — 10 janvier 1909. Nombreux fragments de Mousses; bonne oollcdion. ]\;o 19. — lie Petermann. — 1 i mars 1909. Bonne récolte de Mousses assez fournies. No 15. —Ile Jenrni, baie Marguerite. — L. 67°43' 17"S. ; G. 70° io' i2' \V. P. — 30 janvier 1909. Terre et débris de Mousses. N° 14. — lie Jemiy. — 30 janvier 1909. Terre et Mousses, en assez gros fragments. N° 11. — Ile Jenny. — lo janvier 1909. Bonne récolte, Mousse et terre. ^0 10,2. — Ile Jenny. — 30 janvier 1909. Sédiment dans un tube, provenant d'un lavage sur place. L'une des meilleures récoltes. N° 569. — Ile Jenny. Lavage sur place de Mousses récoltées en des lieux humides, altitude 100 mètres, N» 13. — Petite île dans la baie Marguerite. — 24 janvier 1909. Terre et quelques bribes de Mousses. N° 12. — Ile Léonie, baie Marguerite. — L. 67° 3(3' S. ; G. 70° 14' W. P. — 17 janvier 1909. Petites pelotes de Mousses en filaments serrés. Les Rliizopodes récoltés dans ces différentes stations sont les suivants: RHIZOPODES D'EAU DOUCE. •sinojT 91] + + + + + + ■aiijdnSjvjg orag + ■Xnaaf 9\i + + ++ + •Xnuôf aii + + ++++ + +f + +++ - ++ '.(audf 9|[ ++ ++ + + + + ■Âatta[ 311 + + + + + •,CuU8f d\\ +- +++ + + + + + + uuBuijaiaj aji +++ + + + + + -nueuiJ9i8j d[i ++++++++ + -QncuiJdjoj 31) + +.+ + + + + -saiiosâjy Bdii + lOisqiJag au + ++ + ++ + + •aassnuiSBy da^ + + + + ++ ■nassnuisTîy dc^ + ++ + ++ ■usinj dB3 + + + - +-+++ + + 'zaj^j-siojj, sap de^ + + + + ■|3puBA\-q)oog 9|i + + + + ++<= ■jaipuoi) )oii + + + + + ■jaipuoo loii - + + + + + ■uot)d3o?a «Il 11 ■sSjOBn-ioa np 3|i j; + -2-2 s «s '-■ -ï • -■§-« £ * c se 5- g -« tç =~ ~ e « fe .* .S !5 Oî ~ -~ s B te s ^ ë^ •^ s 5! «j ■~ ^^ -^ -^ X ^ < Q, (1, C. fv. RHIZOPODES irEAU DOUCE. 5 Observations sur 1rs espèces i/ici'o(|uevill(''c, plisser ou f1( rliiiM'c, cl l'on ne croil y voir qu'un débris (luclconque '^ans slrucUire bien marqu(îe. Difflugia piriformis Perly v:ir. hryoïilnld l'(>nard. La Difflugia piriformis ne se rencontre guère dans les Mousses non submergées, et, quand on l'y trouve, c'est sous une forme particulière, une petite variété d'apparence très |)eu piriCorme, et qu'en 1902 j'avais décrite comme var. hrijapluUi. C'est bien comme telle aussi ([u'elle est apparue dans les Mousses antarctiques, et cela seulement dans les récoltes 15 et 792, où elle était d'ailleurs fort rare. Difflugia spec. Dans la collection 569, qui provenait d'un lavage de Mousses récollées dans un milieu humide, se sont montrées deux petites Difflugies qui ne semblent pas appartenir à la faune propre des Mousses, et dont l'iden- tification n'a pas été possible. La première, de 40 \j. de longueur, ovoïde aliongt-e avec ouverture terminale ronde, et formée de chitine incolore, que recouvraient de minuscules fragments de silice, rappelait de très près la Difflugia piilex Penard. La seconde, de 57 rx, globuleuse allongée, brune, chitinoïde avec particules siliceuses très petites, semblerait qualifiée pour le nom, toujours si vague, de Difflugia glohulosa; mais, en l'absence de toute indication sur la nature des pseudopodes, il faut se borner à mentionner ces deux formes sans chercher à les identifier à des espèces connues. Genre D/PLOCI/LAMYS Greeff. Si l'on excepte Di/jl. tiinida Penard, dont un exemplaire bien caractérisé s'est trouvé dans la récolte 17, puis Dipl. vestitaPonavà, qui s'est montrée très rare dans les récoltes 9 et 792, puis encore quelques exemplaires typiques de Dipl. Gruberi Penard, dans 9 également, on peut dire que ce genre ne s'est vu représenté (|ue |)ar des spécimens indéterminables, étant donné le mauvais état de leur conservation; aussi me suis-je contenté, dans le tableau général, du terme générique tout seul. RHIZOPODES D'EAU DOUCE. Il faut dire quelques mots cependant d'un Rliizopode se rattachant sans aucun doute à ce genre, très commun dans la récolte 791, dans ce bocal plein de terre encore humide et qui s'est trouvé renfermer plusieurs organismes intéressants. Dans cette Diplochlamys, l'enveloppe, de 60 à 70 y., constituait un feutrage clair et très lâche d'éléments variés, paillettes siliceuses ou fragments minuscules arrachés aux Mousses. C'était, si l'on veut, le feutrage de la Dipl. fragilis Penard, mais beaucoup plus lâche encore (peut-être simplement désagrégé par le long séjour dans la terre humide?). Sous ce feutrage, dans une vaste chambre bordée d'une ligne circulaire bien nette (la paroi interne de l'enveloppe), on voyait un plasma rétracté en boule et pourvu d'un gros noyau unique, granulé lui-même dans sa masse, et de 10 ^ de diamètre. Or, dans le genre Diplochlamys, tel qu'il nous est connu à ce jour, toutes les espèces, sauf Dip/. timida et Dipl. Gruheri, sont plurinucléées. Mais D. timida est plus petite et d'une apparence tout autre, facilement reconnaissable à son enveloppe interne d'une structure particulière ; et D. G/'uberi, avec sa forme trapue spéciale, sa forte enveloppe brune et faite d'un feutrage serré d'éléments noyés dans un ciment compact, se montre bien différente également. Peut-être y a-t-il là, à l'île Petermann, une Diplochlmnys qui n'a pas encore été décrite, mais sur laquelle, étant donné le mauvais état des individus, il ne serait guère possible aujourd'hui d'établir une diagnose sérieuse. Euglypha rotunda Wailes (i). On trouve quelquefois dans les Mousses et les Sphagnums une petite Euglypha, à coquille très régulière, lisse (dépourvue d'aiguilles), légèrement comprimée, mais conservant une ouverture buccale circulaire. (I) Clare Island Survey {Proccedings Royal Irish Academy, vol. XXXI, pari 65, 1911). Cet article des Proceedini/s n'est pas encore publié, mais le sera sans doute avant l'automne. C'est aujour- d'hui même (22 juillet) que me sont parvenus, grâce à l'obligeance de M. Wailes, les clichés pi'.'parés pour le Clarc hland Survey, et qui m'ont obligé à remanier le paragraphe que je venais d(,' consacrer ici à celle Ewjlyph'i. Je traitais ici de cette espèce comme d'une Euglypha alveulata, mais considérée comme une petite variété spéciale, qui, disais-je, « méritera peut-être un jour les honneurs d'une dénomination spécifique particulière •). RHIZOPODES D'EAU DOUCE. 9 et que l'on a toujours rapportée à VEin//. a/rco/n/a. M. H. 11. W ailes, cependant, après avoir fait du genre Eiajljjpha une étude approfondie, vient d'élever cette petite forme au rang d'espèce, sous le nom de Euglijpha rotwida. C'est bien alors VEuf//i/pha rotunda qui s'est rencontrée, toujours rare, dans cinq des récoltes de M. Gain, et avec ses caractères spécifiques bien nets. A l'île Jenny, les exemplaires mesuraient 40 u. environ ; au cap Tu\en, ils étaient en général un peu plus grands. Euglypha ciliata Ehrenberg. L'un des Rhizopodes les plus communs dans les Mousses, où il est bien rare qu'on ne le rencontre pas. En principe, cette espèce est surtout caractérisée par son armature de « cils » ou aiguilles fines, qui cependant peuvent exceptionnellement manquer. Or, dans les matériaux rapportés par le « Pourquoi Pas? » on pourrait l'aire à cet égard les observations suivantes : 1° Partout la taille était très petite ; 2° Partout les aiguilles étaient courtes, peu nombreuses, et dans certaines stations elles manquaient absolument. C'est ainsi que je trouve sur mes notes originales les mentions : « généralement sans aiguilles » (récolles 14, lo, 19), ou bien : « quelquefois avec aiguilles » (20), ou bien encore « sans aiguilles ou avec quelques aiguilles courtes » (4j, et enfin: '< toujours sans aiguilles » (12, 10). ? Euglypha compressa Carter. Cette espèce est surtout caractéristique des Mousses bien fournies des forêts de sapins, ou des tourbières à Sphagnum, où elle est de forte taille et présente des caractères bien nets ; mais, dans les Mousses courtes et chétives où les conditions d'existence sont difficiles, elle manque tout à fait, ou bien aussi perd ses caractères spéciaux etfinit par ne se distinguer qu'avec peine de sa proche parente, E. ciliata. Ce n'est que dans la récolte 10 (cap Tuxen) que j'ai cru pouvoir 2' Expédition Charcot. — I'enahu. — Rhizopodes d eau douce. * p 10 R.HIZOPODES D'EAU DOUCE. reconnaître VEug/i/p/ia compressa^ et encore suis-je obligé d'accompagner ma détermination d'un point de doute. Euglypha Isevis Perty. Très caractéristique des Mousses, cette espèce s'est montrée dans un bon nombre des récoltes. Elle est très petite el passe facilement ina- perçue. Probablement m'aurait-il fallu la signaler dans d'autres stations encore. Euglypha lœvis var. minor Penard. En 1890 (1), j'avais indiqué comme variété spéciale de l'espèce lœvis une Euglypha extrêmement petite (15 \>. environ de longueur), peu comprimée, à première apparence dépourvue de structure précise, mais cependant une Euglypha sans aucun doute, el qui se reliait au type lœvis par de nombreux termes de passage. Plus tard, j'avais crudevoirrenoncer à cette var.- minor, qui certainement n'oflfre aucun caractère distinctif bien net. Mais, en la retrouvant dans quelques-unes des récoltes de l'Antarctide (10, 20, 9, 12), je me suis demandé s'il n'y avait pas là quelque chose de spécial en efîet, et si, puisque ce nom de minor existe, il ne faudrait pas le reprendre aujourd'hui. Euglypha strigosa Leidy. Seulement dans les récoltes 20 et 792, où les exemplaires étaient très rares et peu caractéristiques. Nebela lageniformis Penard. Ce Rhizupode, très caractéristique des Mousses en général, s'est ren- contré dans un bon nombre des récoltes, et cela sous les formes les plus diverses. C'est une espèce en effet très polymorphe, non pas tant peut- être en Europe que dans l'hémisphère austral, où les déviations de forme arrivent à donner à la coquille une apparence très difTérente de celle du type. En principe, cette Nebela se distingue des autres espèces du genre par ■ (1) Méin. Soc. l'hys. Ilist. Nnt. Genève, t. XXXI, n" 2, p. 182. RHIZOl'ODHS D'EAU DdUCE. Il la possession d\in col lubulaiic, quelquefois légèrement étranglé à sa base, qui se détache tout droit de la panse arrondie de la coquille. Mais si ce col vient s'élargir dans sa région basale, si la constriction disparaît, la coquille finira par revêtir une apparence toute nouvelle et par se l'approcher, par exemple, de la Nehela collaris. C'est ce que montraient, mieux ici (|u'on n'a jamais pu le constater ailleurs, les différentes récoltes de M. Gain. Dans la station 10 ^cap Tuxen), par exemple, on trouvait, assez commune, la forme typique i fig. 1 , puis aussi des formesde passage, à col Fis. 1. FiK. 2. FiK. 3. large et renflé. Dans la plupart des autres collections, la forme était normale encore, mais toujours, cependant, avec col plus ou moins renflé à la base ; ou bien aussi, à côté de cette forme normale, on trouvait des variétés renflées. Dans la station 10 (île Peterinann), le col avait pour ainsi dire complètement disparu, et seuls les nombreux termes de passage montraient que l'on avaitencore Va. Nelielalageni forinis . Au cap Rasmussen (20j, c'était encore cette même forme sans col (fig. 2), et la coquille, iv reliefs fortement dessinés, semblait indiquer un Rhizopode tout spécial, que certains exemplaires ramenaient pourtant encore à la Neh. lageni- fhrmis. Mais c'est à l'ilot Goudier (4) que la forme s'était le plus modifiée : l'on avait encore, à coup sûr, \aîVef). lar/etiiformis, mais grande, très renflée, à col très peu indiqué (fig. 3); une variété, enfin, que — ici comme dans tant d'autres Nehela où le type passe à une forme large — on pouvait appeler var. flahellnhnn. Cette variété flabelluloïde, alors, rappelait quelque peu, à première 12 RHIZOPODES D'EAU DOUCE. vue, la Neholn vas, si commune dans rhémis|)lière austral, mais doni l'espèce de l'îlot Goudier se distingue cependant par des caractères très nets ; par la structure de la coquille, la taille beaucoup plus faible, la compression caractéristique, la forme du col, etc. (1). Phryganella hemisphserica Penard. Ce petit Rhizopode, très fréquent dans les Mousses où on ne le trouve d'ailleurs presque toujours que sous forme de coquilles vides, et que — grâce à sa forme à peu près globuleuse — les auteurs ne manquent jamais d'indiquer comme Di/f. glohulua ou g/obulosa, s'est rencontré dans la moitié environ des collections. Il est très petit, peu apparent, et probablement aura passé inaperçu dans d'autres récoltes. ? Plagiopyxis... Penard. Une seule coquille vide, trouvée à l'île Booth-Wandel, m'a paru devoir se rapporter à ce genre, sans qu'il me fût possible d'y appliquer un nom d'espèce. Pseudochlamys patella Clap etLachm. Dans la récolte 791 (île Petermann), on trouvait cette espèce en grande abondance, sous forme d'enveloppes vides, de 43 [/. de diamètre en général : ou bien ces enveloppes renfermaient plusieurs petits kystes sphériques, lisses, jaunâtres, analogues à ceux qu'on rencontre quelque- fois dans le genre Arcella (2). Trinema enchelys (Ehrenb.) Leidy. Cette espèce s'est rencontrée dans cinq des récoltes, et toujours repré- sentée par une forme très petite, commune dans les Mousses en général. (1) La /Ve6e/(i lagetiiformia, si fréquente dans les Mousses, a niinqué dans toutes les collections rapportées par J. Murray du cap Royds (Expédition Shakleton), où les conditions d'existence étaient sans doute plus dilliciles encore que dans les régions visitées par le « Pourquoi Pas? ». (2) C'est la première fois, à ma connaissance, que des kystes sont signalés dans le genre Pstii- dochlamys. RHIZOPODES D'EAU DOUCE. 13 Trinema lineare l'cnard. Assez commune dans beaucoup de récolles, mais si petite qu'elle passait facilement inaperçue. Presque partout, la coquille était relative- ment large et renflée. Clathrulina Clenkowskii Mereshkowsky. Dans la récolte 792 (île Jenny) s'est montrée à plusieurs reprises une Clathrulina de Ai y. de dvdmèlre, et que l'on pouvait rapporter, plutôt qu'à la Cl. elegans' beaucoup plus connue, à la Cl. Cienkowskii, plus petite, à tige beaucoup plus fine, etc., et que l'on a rencontrée plusieurs fois dans les Mousses (1). CONCLUSIONS GÉNÉRALES. Les Rbizopodes d'eau douce rapportés par la deuxième expédition antarc- tique française ont été au nombre de 26. C'est peu, et en même temps, on pourrait le dire, c'est beaucoup. C'est peu, parce que ce total ne représente guère que la moitié environ des espèces rencontrées jusqu'ici dans les Mousses; c'est beaucoup, car nous avons là une liste qui n'est pas loin d'être complète des espèces essentiellement bryophiles. De plus, en regard des Ui espèces rap- portées en 1909 de l'Antarctique par James Murray, — qui lui-même enrichissait de 12 espèces la liste alors connue, — ce chilTre de 26 constitue une avance qui n'est pas sans intérêt (2). Les régions visitées par le « Pourquoi Pas? » marquent en fait une sorte de terme milieu entre la richesse des régions tempérées et la pauvreté des latitudes atteintes par l'expédition Shakleton. Les Mousses, comparées à celles du cap Royds, sont ici plus abondantes, plus longues, plus fournies, et du même coup les organismes animaux y ont été plus nombreux, en espèces comme en individus. (1) Par exemple au Spilzberg. — Voir Penard, XrrM. f. l'rotistenkunde, vol. Il, 1903, p. 281. (2) Avant Murbw, le P' Hichters avait cité, comme provenant des lerres anlarrtiiiues polaires, Amfffta tenicolaetCoryciaflava (Deutsche Sûdpolar E.\ped. 1901-1903), puis Arcetlaarenaria (Victoria Land, 77° latitude sud). 14 RHIZOPODIÎS D'EAU DOUCE. El pourtant, quelle pénurie encore, quelle misère dans la végétation ! Combien ces petites Mousses rases, ces pelotes collées au roc, d'où sans doute il a fallu- les arracher péniblement, sont loin des tapis épais du Spitzberg, où la vie est exubérante encore! A l'île d'Amsterdam, par exemple, sous le 79" degré de latitude nord, ce sont encore de larges touflPes bien fournies, dans lesquelles les Rhizopodes montrent non seulement les espèces des Mousses proprement dites, mais encore quelques-unes de celles que, dans les régions tempérées, on rencontre dans les tourbières à Sphagnum. C'est que là- bas, dans l'Antarctide, il n'y a pas de Gulf-Stream, et que les vents glacés du sud y produisent un effet diamétralemeut contraire à celui du grand courant du nord ! Outre la pénurie en espèces, il faut relever celle, encore plus caracté- ristique, en individus; pour 20 exemplaires qu'on eût trouvés sous l'objectif dans une récolte des pays tempérés, on n'en rencontrait guère ici qu'un seul ; le travail de recherche, en fait, était une œuvre de patience; moins ingrate pourtant qu'elle ne l'a été pour les Mousses de l'Expédition Shakieton, où cette proportion de 1 à 20 aurait pu s'exprimer \ à 100. Dans certains cas, cependant, les individus se sont montrés nombreux, par exemp]o Assn/ina micscorun/ dans plusieurs des récoltes, Cori/cia flava dans la récolte 9, Diplochlamys.. spec. en 791, Nehola InçiPmformh dans différentes stations, Pseudocldamys patella en 791. Toujours ces individus étaient morts, ou bien quelquefois peut-être simplement enkystés ; ils ne sont en tout cas jamais revenus à la vie active. Il faut faire une exception, toutefois, pour la Corycia flava, qui s'est montrée vivante; toi avait été le cas, du reste, au cap Royds (Expédition Shakieton), où les animaux, dans cette espèce, s'étaient retrouvés, après deux ans, bien portants et actifs. Presque partout, également, on avait alfaire à de petites formes, et qui parfois revètaientdes caractères spéciaux ; par exempledans Corythiun duhium, une tendance à la forme orbiculaire ; dans Eughj[iha riliata, une réduction dans le nombre et la longueur des aiguilles. Enfin la Nebela laqeniformis s'est montrée sous les apparences les plus diverses, sous la forme de variétés si difïerentes du type que l'on eût pas hésité à y voir RIIIZOPODES D'EAU DOUCE. 15 des espèces spéciales si do nombreuses transitions ne les avait rattachées à ce type même. Il semble, en fait, que, dans ces îles glacées de l'Antarctique, le genre Nebela ne soit représenté que par une seule espèce, Mehela /agenifoimiis, mais que cette espèce y soit plus variable que partout ailleurs, en train peut-être de se différencier en formes distinctes, dont l'une au moins, cette grande forme flabelluloïde de l'îlot Goudier, aurait presque déjà droit au titre d'espèce. Une dernière remarque, enfin, et dans un tout autre ordre d'idées, mais dont le côté pratique peut avoir son intérêt : Parmi les récoltes rapportées par M. Gain, il s'en est trouvé quebjues- unes qui étaient non pas à l'état de Mousses sèches, mais en tube, dans un liquide, sous forme de résidus de lavages opérés, — je le suppose du moins, — sur place, avec des matériaux frais. Ce sont ces récoltes, alors, qui se sont montrées les plus riches; non pas en espèces peut-être, mais en tout cas en individus. Pour prendre un exemple, nous citerons l'îlot Goudier: si l'on se reporte au tableau général, on y verra, sous les numéros 4 et 4', deux colonnes exactement semblables, mais dont l'une concerne des Mousses sèches et l'autre un résidu provenant de lavage à l'état frais; or, tandis que, dans le numéro 4, la .\chela lagenif'ormis était rare, on la trouvait assez nombreuse dans le nu- méro 4'. Ce fait me paraît pouvoir être expli([ué de la manière suivante. Dans les lavages opérés peu après la récolte, sur des Mousses encore fraîches, les animaux sont encore vivants, relativement lourds, et vont rapidement au fond du récipient, où l'on veut les recueillir; mais, après quelques mois ou quelques années, les coquilles, absolument sèches, réduites à un état de légèreté extrême, et par surcroît déformées et se remplissant facile- ment d'air, flottent presque indéfiniment et se perdent en nombre con- sidérable au cours des décantations que l'on est obligé de leur faire subir. Il faudrait donc, me semble-t-il, et pour autant que cela serait possible, rapporter chaque récolte sous doux formes : d'abord les Mousses au naturel dans lesquelles on aurait chance de retrouver les organismes 4b ^ • » 16 RHIZOPODES D'EAU DOUCE. vivants, puis un résidu i?i vitro provenant de lavage opéré sur les maté- riaux encore frais (1). Telles qu'elles sont, les récolles de M. Gain, tout en témoignant de l'activité du biologiste et du zèle qu'il amis à récolter ses matériaux dans des lieux où sans doute il n'était pas aisé de se les procurer, apportent quelques renseignements de plus sur la faune de l'Antarctide, et tout en faisant ressortir encore une fois le caractère cosmopolite des Rhizo- podes en général et des Rhizopodes bryophiles en particulier, montrent que ce cosmopolitisme est doublé, suivant les circonstances, d'une ten- dance à la déviation du type, à la production de formes spéciales, qui seront fixées un jour. A mesure que se précisent nos connaissances sur les infiniment petits, s'affirme aussi la conviction que ces êtres, jusqu'ici presque absolument négligés dans les discussions relatives aux théories évolutionnistes, ont sous ce rapport une importance qu'on ne leur a pas soupçonnée; et les recherches dans les contrées polaires, où la lutte pour l'existenceest plus dure et où l'adaptation pourrait peut-être être prise plus directement sur le fait, sont destinées à fournir sous ce rapport des renseignements du plus haut intérêt. (1) Ce qui vaudrait bien mieux encore, d'ailleurs, ce serait de rapporter ce résidu dans l'essence de girofle, après traitement général au carmin et à l'alcool absolu. Un petit tube de 3 ou 4 centimètres carrés de capacité fournirait, après des années entières, des e.xemplaires en parfait état et en grand nombre, *vec noyaux colorés, quelquefois pseudopodes, etc. %■ ^ OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE Sous LA Direction de L. JOUBIN PROFESSEUR Atl MUSÉUM D'WISTOIRE NATURELI.K DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE 1908-1910; COMMANDEE PAR LE D^ Jean CHARCOT SCIENCES NATURELLE^ : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES RHIZOPODES D'EAU DOUCE Par E. PÉNARD MASSON ET C '. ÉDITEURS 120, Bi SAINT-ÛERMAIN. PARIS (VI') 1913 BANS MAJORATION 7 FR. 3 S O N & C" Commission chargée par l'Académie des Sciences d'élaborer le programme scientifique de l'Expédition iVlM. les Membres de l'Institut : Bouquet dé la Grye. GlARD. DE LaPPARENT. MÛNTZ. BORNET. GuïOL. Mangin. Ed. Perrier Bouvier. Lacroix. Mascart. Roi'x. Gaiidry. Commission nommée par le Ministère de l'Instruction Publique pour examiner les résultats scientifiques de V Expédition MM. Ed. Perrier Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Président. Vice-Amiral FouRNiER, Membre du Bureau des Longitudes, Vice-Président. Angot Directeur du Bureau central météorologique. Bayet Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Enseignement supérieur. BiGouRDAN Membre de l'Institut, Astronome à l'Observatoire de Paris. Colonel Bourgeois. . . . Directeur du Service géographique de l'Armée. Bouvier Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Gravier Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Commandant Guyou.. ,Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes. Hanlsse Directeur du Service hydrographique au Ministère de la Marine. JouBiN Professeur au Muséum d'Histoire naturelle et à l'Institut Océanographique. Lacroix Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Lallemand Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes, Inspecteur général des mines. LipPMANN Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté dés Sciences de l'Université de Paris. MûNTz Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut agronomique. Rabot Membre de la Commission des Voyages et Missions scientifiques et littéraires. RoLx Membre de l'Institut, Directeur de l'Institut Pasteur. VÉLAiN Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE (1908-1910) Fascicules publiés en 1911 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, par J. Rouch. / fascicule de 260 pages {16 planches) 34 // . VERS Annélides Polycbètes, par Ch. Gravier. / fascicule de 165 pages .{12 planches) 24 /; . MOLLUSQUES Gastropodes prosobrancbes, Scaphopode et Pélécypodes, par Ed.^ Lamy. Amphîneures, par Joh. Tiuelk. / fascicule de S4 pages ( / planche) 4 // . Fascicules publiés en 1912 ÉCHINODERMES. . Astéries, Ophiures et Écbinides, par R. KctiiLtK. / fascicule de 270 pages { 1 6 planches doubles) . 34 />•. BOTANIQUE Flore algologique antarctique et subantarctique, par' L, (iUN. / fascicule de SI S pages {S planches) . ÉTUDE SUR LES MARÉES, par R.-E. Godfboy. / fasrirnif de ' 1 p'Kj'-^ - ' jiLuif.i,^!.: 16 />•• Fascicules publiés en 1913 CRUSTACÉS Crustacés iaopodes, par H . Richaruso.n ; Cruatacéa parasites, par Ch. Gravibr; Ampbipodes, par Ed. Chevreux ; Mallo- pbaga et ixodidœ, p^' Neumann ; Collemboleà, par IVA.NOF. ; /(/ iQiis 16 /'r. RMIZOPODES D'EAU DOUCE, par K. I'Lnard. 1 fascicule de 16 pag^ » 2 /r. 'uRomi,. Imprimerie Crktc V V ^ •^ \. \"»à -^A .— ifi«- >^ V* r v** J iK? A\. / ^. r^ Ul r-a IP1 i "A ï V- . / :)c- M V, 5^ ^^^ t^^^^ X T F: .^ r ^ "•<<. :a -V