DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE (1908-I910J COMMANDEE PAR LE D' Jean CHARCOT CARTE DES RÉGIONS PARCOURUES ET RELEVÉES PAR L'EXPÉDITION MEMBRES DE fÉTATMAJOR DU " POURQUOI PAS " J.-B. CHARCOT M. BONGRAIN Hydrographie, Sismographie, Gravila(ion terrestre, Observations astronomiques. L. Gain Z.oo\ogie (spongiaires, EcliinoJermes, Arthropodes, oiseaux el leurs parasHes), Planltton, Botanique. R.-E. GODFROY Marées, Topographie côtiere. Chimie de l'air. E. GOURDON . Géologie. Glaciologie. J. LIOUVILLE Médecine, Zoologie (PinnipiJcs, Cclacés. Poissons, Mollusques. Cœlentérés l'ermijiens, Vers et Protozoaires, .'tnatoniic comparée. Parasilologie), J. ROUCH Météorologie, Océanographie physique. Electricité atmosphérique. A. SENOUQUE Magnétisme terrestre, Actinornétrie, Photographie scientifique. OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE SOUS LA DIRECTION DE L. JOUBIN, ProrMseur au Muséum d'Histoire Naturelle. ^^^JO/* I j-1 / DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE (1908-1910) COMMANDEE PAR LE D' Jean CHARCOT SCIENCES PHYSIQUES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES INSTRUCTIONS NAUTIQUES PAR M. BONGRAIN Lieutenant de Vaisseau, détaché à l'Expédition par le Ministère de la Marine. MASSON ET C'^ EDITEURS 120, Bà SAINT-GERMAIN. PARIS (Vl«) 1914 1 0U9 droits de traduction et de reproduction réservés TIade in France LISTE DES COLLABORATEURS MM. Trouessart Mammifères. Anthony et Gain Documents embryogéniques. * LiouviLLE Cétacés (Baleinoptères, Ziphiidés, Delphinidés). * Gain Oiseaux. LiOUViLLE Phoques. * Roule Poissons. * Sluiter Tuniciers. * JouBiN Céphalopodes, Brachiopodes, Némertiens. * Lamy Gastropodes, Scaphopodes et Pélécypodes. * J. Thiele Amphineures. Vayssière Nudibranches. * Keilin Diptères. * IvANOF Collemboles . * Trouessart Acariens. * Neumann Mallophages, Ixodides. * Bouvier Pycnogonides. Coutière Crustacés Schizopodes et Décapodes. * M"e Richardson Isopodes. MM. Calman Ctimacés. * De Daday Ostracodes, Phyllopodes, Infusoires. * Chevreux Amphipodes. CÉPÈDE Copépodes. * QuiDOR Copépodes parasites. Calvet Bryozoaires. * Gravier Polychètes, Crustacés parasites et Ptérobranches. HÉRUBEL Géphyriens. * Germain Chétognathes. * De Beauchamp Rotifères. Railliet et Henry Helminthes parasites. * Hallez Polyclades et Triclades maricoles * Kœhler Stellérides, Ophiures et Échinides. * Vaney Holothuries. Fax Act iniaires. * Billard Hydroïdes ToPSENT Spongiaires. * PÉNARD Rhizopodes. * Fauré-Frémiet Foraminifères. * Cardot Mousses. * M"» Lemoine Algues calcaires (Mélobésiées). * MM. Gain Algues. Mangin Phytoplancton. Peragallo Diatomées. * Hue Lichens. Metchnikoff Bactériologie. GoURDON Géographie physique. Glaciologie, Pétrographie. BoNGRAiN Hydrographie, Cartes, Chronométrie. * GoDFROY Marées. * Mûntz Eaux météoriques, sol et atmosphère. * RoucH Météorologie, Électricité atmosphérique, Océano graphie physique. Senouque Magnétisme terrestre, Actinométrie. J.-B. Charcot Journal de l'Expédition. Les travaux marqués d'un astérisque sont déjà publiés. * DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES L\ STRICTION S NAUTIQUES Par M. BONGRAIN LIEUTENANT llE VAISSEAI , llÉTACIlÉ A I.'k\ l'I.I'l 1 lus l'Ail I.E MIMSTÉIIE llE LA MAIIINE AVANT-PUOPOS La région parcoui'uc cl cxploi'ée par lu Mission anlai'clic|U(' IVaiicaisc mOS-HHO comprend la partie Ouest de l'Antarctide Sud-AuK'iicaine, depuis Tile IJridgnian, dans les Shetlands du Sud. juscpiau l^ii^ degré de longitude Ouest de Paris. Cette région, di'ià visitée par de nomhi'eux e\ploral(>nrs, présentait encore de nombreuses lacunes à partir du (la^ de laliliide vers le Sud. Lîi vaste baie entrevue pai' la n lielgicu ", (jui lui avail allrilmi' h lort je nom de (b'ii'oil de iJismarck, n'avait |)U être e\plor('e (|ue de loin par rKxpédilion française n)03-100;i. On n'avait (pie de très vagues données sur la région au Sud de cette baie : ipielques-unes des iles Biscoë, le cap Waldeck-Rousseau et (juelques sommets de la Tei'i'e de (Iraham pei'metlant seuls de faire supposer sa continuité. Au Sud ettrès|)rèsdc la ligiuule côte appelée Terre Loubei, Biscoëavait placé une île à laquelle il avait attribué î) milles de longueur el (pi'il avait appelée île Adélaïde. Plus au Sud encore, Bellingshausen, de (lerlache et Evensen avaient vu la Terre Alexandi'e-i*''' sans pouvoir l'appiocber à plus de iO milles. Ex/iédilioii Charcol. — BiiNfiiiAiN. — DescriptiDn des cotes cl iMnijuisi.-. i 460^^ 2 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. La partie entrevue de cette terre marquait la limite Sud des connais- sances géographiques dans cette région. Enfin, dans la partie au Nord du 61»^ degré de latitude, aucune carte d'ensemble ne reliait les découvertes des divers explorateurs : Smith, Palmer, Bellingshausen, Bransfield, Powel, Dumont d'Urville, Ross, Dalmann, les baleiniers de la Dundee fleet, Larsen, Evensen, deGerlache, Nordenskjôld et enfin Charcot (1903-190li). Plus heureux que nos devanciers, profitant d'un bel été et d'un état favorable des glaces, nous avons pu relier et définir toutes ces décou- vertes en partant d'une station centrale dont nous avons déterminé la position en latitude et longitude absolues : l'île Petermann. Au Sud du 65^ degré de latitude, pénétrant dans les détroits qui séparent les découvertes de premier plan antérieures, nous avons étudié les arrière- plans, établissant la continuité de l'Antarctide Sud-Américaine, depuis la Terre Louis-Philippe jusqu'au 69^ degré de latitude Sud. Enfin faisantsuite à l'île Alexandre-F'" (Terre Alexandre-I^r), nous avons découvert, au 70^ degré de latitude, une terre nouvelle, la Terre Char- cot, qui marque actuellement la limite Sud des terres connues de l'Antarctide Sud-Américaine. Nous tenons à remercier ici les savants qui nous ont conseillé, et dont l'aide efficace nous a permis de mener à bien notre travail, et spécialement M. le directeur d'hydrographie Bouquet de la Grye, aujourd'hui disparu ; M. le directeur d'hydrographie Hanusse, qui nous donna ses meilleurs instruments d'étude et nous ouvrit les portes du Service hydrographique de la Marine, où nous pûmes rédiger cartes et travaux, soutenus et guidés par les conseils des éminents ingénieurs hydrographes; MM. Benaud, Favé, Mion et Bollet de l'Isle. Nous remercions également M. le vice-amiral Fournier et M. le capi- taine de frégate Guyou pour les facilités qu'ils nous donnèrent au Bureau des longitudes et pour leurs précieux conseils. Nous terminerons en remerciant le Dr Charcot et tous les membres de Tétal-major de l'expédition pour l'aide (ju'ils nous ont donnée, tant par leur concours direct que par les renseignements souvent précieux que chacun se faisait un plaisir de nous apporter. Enfin nous envoyons un DESCRIPTION /)E,S COTE'^ ET BANQUISES. 3 amical souvenir à M. liohuul. cipilMiiic au lim;^ cours, cuf'af^c comme matelot dans rexpédition, dont le zèle, l'initiative el l'inslruction loutà fait supérieure nous furent d'un si grand secours tant dans le lever tiue dans la rédaction de nos cartes. Lieulunanl Je vaisseau M. l!oNGnAi>. INSTRUCTIONS GÉNÉKALES Aspect général des terres. La côte Ouest de l'Antarctide Sud-Aiiiéi-icaine présente beaucoup d'analogie avec la côte chilienne de la Patagonie : Mômes hautes montagnes tombant presque à pic dans la mer, mêmes lignes d'îles rocheuses laissant enti-e elles et la côte des chenaux pro- fonds; même ceinture de récifs en défendant les approches. La ditVérence de latitude seule modifie sensiblement les aspects. La glaciation intense qui règne dans l'Antarctide nivelle les accidents de faible importance, ne laissant sortir de l'uniforme manteau de neige (|ui recouvre les terres que des massifs aux sommets déchiquetés surle bord de la côte. Plus à l'intérieur, les lignes semblent plus régulières, et Ton n'aperçoit plus que des dômes neigeux ou plutôt les ondulations plus ou moins élevées d'un plateau glacé. Les îles sont ou montagneuses avec leur base ensevelie dans la neige, ou basses avec une carapace de glace qui les recouvre entièrement, leur donnant cet aspect de calotte si commun dans l'Antarctide. Les points de débarquement sont assez rares sur les côtes de la terre ferme, surtout au Sud du cercle polaire. Partout où le rocher ne tombe pas à pic dans la mer, tle hautes falaises de glaces en défendent les approches. Seules quelques pointes, quelques presqu'îles, quel([ues dépressions sont accessibles, permettant de grimper avec beaucoup de ditlicultés sur des glaciers généralement assez crevassés sur le Ixud de la mer et qui ne mènent qu'à petite distance dans l'intérieur. 4 DESCRIPTWN DES COTES ET BAX{)UISES. l.es ilos sont plus alxir-dnljlos surloul du côté du Nord-Est, où l'on trouve assez souvent le roc à lui. I^a partie Sud-Ouest, au contraire, est généralement enfouie dans la neif^c, qui forme une carapace glacée tombant en falaise à pic sur la mer. (les phénomènes sont dus à la prédominance des vents de Nord-Est dans ces régions, vents qui sont presque toujours accompagn(''s de précipitations de neige. Platcdu (:(iiil'inoid(il . — l.e plateau continental Ouest de l'Antarctide Sud-Américaine est relativement restreint et très accidenté. Généralement, en partant de la côte, on rencontre tout d'abord une série de fonds rocheux très iri'éguliers, présentant de nombreuses émergences de récifs souvent ti'ès accores. Puis la sonde tombe brusquement entre 400 et (iOO mètres, avec des fonds vaseux s'étendant en pentes douces et plus ou moins régulières vers le large. A partir de 600 mètres, ces fonds tombent rapidement à 1 000, 2 000 mètres et plus vers la fosse du Pacitique Sud, où les fonds se main- tiennent entre iOOO et .'i 100 mètres. Un atterrissage à la sonde est donc tout à fait impossible dans cette région. Les lignes d'îles sont cou|)ées de chenaux souvent profonds. A terre des îles on rencontre des fosses quelquefois très profondes, comme celle du détroit de Mransfield, qui atteint 1700 mètres; celle du chenal Grandidier, qui dépasse 000 mètres, et celle de la baie Marguerite, qui dépasse 800 mètres. A partir de la latitude 6/0 30', le plateau continental prend une im|ior- tance i)lus considérai)le, s'étendant parfois sur 2 à3 degrés dans la région de la mer de la « IJelgica ». L'ile rierre-|cr jic parait pas lui être rattachée ; la ligiu' des fonds de 1 000 mèti'cs ex|)loré(; par la « Belgica » passe en efl'et à 2 degrés plus au Sud, et un sondage fait par le » Pourquoi Pas? » à 3 milles de sa côte Nord n'a pas rencontré le fond à 1 iOO mètres. Climat. — Tempêtes. Nous renvoyons pour ces questions aux travaux de M. le lieutenant de .DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 5 vaisseau Rey ot (1<»M. r('iisrii;iii' de vaisseau Kuiicli. iiii''l(''(ii'()|()i:,ucs dos deux ('\|M''(lili(iiis ri'Miicaiscs. Nous uous conlciileroMs de l'aiiM» r(Miiai'L|Ui'r que leurs ()i)servat ions ont porté sut' deux années 1res dissenii)laides. I/muikm' 1!)(M, où le « Franeais» hiverna à Waudel, lui une année froide piM'senlanl des étés déteslaldes el leni|)èlueu\, alors (|ue l'hiver médian lui rdalivement calme ot l'roid. L'année l'.IO'.l, où le « roui^iuoi l'as? ■ liivei'ua à Peterniann, nous donna au cnnlraire de beaux (■h's. mais un liivci' chaud ([ui ne fut qu'une suile inteiniiiiahle de [em[i("'li'. Il sérail donc dans ces condilions tout à l'ait ()r(''matur(' de lii'ei'uue loi |)ra!i(|ue (|uelconque de ces observations. Pendant l'été, on rencontre assez fréi|nenmienl - : ■■ liaromèlre en baisse, hausse rapide du thermomètre, houle quelquefois plusieurs jours avant les coups de vent, grande panne noire avançant jdus ou moins vite dans le détroit de Gerlache. » Dans l'île l'eleiinann, le coup de vent ne s'établissait qu'avec un retard de plusieurs heures sur les lies du large. Nous avons souvent constaté soit sur les sommets de Waudel, soit sur 6 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. les crouiics dos îles Vedel, des chasse-neige intenses, alors que nous étions encore dans le calme à Port-Circoncision. Courants. Il ne nous a étô donné de faire que très peu d'observations de courants dans le voisinage des terres. Dans le chenal de Lemaire, le courant de marée portant Nord était seul appréciable. Dans la baie Matha et la baie Marguerite, même courant de marée sor- tant des fjords et entraînant des morceaux de banquise au large. Près des terres, une observation d'iceberg idenlilié à vingt jours de distance, faite par M. Godfroy, semble prouver que le courant porte au Nord-Kst. Un rencontre d'ailleurs des nuées d'icebergs, depuis la mer de la « Belgica » qui semble être leur lieu de rendez-vous, jusqu'à l'archipel de Palmer, alors qu'au contraire les Shetlands et le détroit de Bransfield en sont très dégarnis; il faut donc un coui-ant Nord pour les amener sur ces côtes. Plus au large, à la hauteur de l'Ile Adélaïde et de la Terre Alexandre-pr, le courant semble porter Sud; on ne rencontre d'ailleurs que peu d'ice- bergs jusqu'à la banquise. Dans le voisinage de l'île Pierre-I^r, nous avons rencontré un courant Nord entraînant avec lui de formidables agglomérations d'icebergs. Plus à l'Ouest, le courant est très variable, et nous renvoyons pour tous renseignements à notre carte de la banquise, sur laquelle les cou- rants ont été indiqués en force et direction. Dans le Pacifique Sud, le courant porte au Nord-Est en s'infléchissant au Sud-Est dans les parages du cap Horn et à l'Est au milieu du détroit de Drake. Explication de quelques termes usuels. BaJK/insr. — Terme général s'appliquant à la glace formée sur la mer. Banquise solide ou côtièrr; Ikuj ice. — Glace de mer soudée à la côte et DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 7 no présentant que dos failles sans importance. Elle est séparée de la côte par la cassure de marée. /Irnit/i/r/fr rnlièro. — Portion de glace de mer reposant sur des rochers et qui, ne participant pas aux mouvements de inin'M', est séparée de la banquise côti«"'re par la cassure de marée, ou, si celte tlerniére n'existe pas, formant une [)elite falaise de glace. Pack ; hanquko de (Irrirc — Accumulation de tous les matériaux glaciaires qui llotteut sur la mer en fragments plus ou moins serrés. Isbpvfi^ ireherr/, fjlaçoii (Duniont crirvillo). — Bloc de glace de vastes dimensions provenant des glaciers flottants. Icehlocs, himrijiiujnnns. — Petits blocs de glace de terre provenant des glaciers ou des icebergs. Plaques., nappes., fines. — Morceau plus ou moins important de glace de mer. Icehlimk. — Teinte blanchâtre plus ou moins intense que prennent les nuages au-dessus de la banquise. Lamlhl'inck. — Même teinte, mais bien plus intense et d'une teinte légèrement jaunâtre, produite par de vastes étendues de neige sur la terre. Watersky. — Teinte gris bleu que prennent les nuages au-dessus des clairières d'eau libre englobées dans la banquise. Cette apparence du ciel est souvent très trompeuse. lluiuwnrk. — Accumulation de glace formée par les débris des plaques, qu'une pression de la banquise a serréesfortement l'une sur l'autre, et qui constitue des monticules sur le bord des plaques. Inlandsis., inlandiee. — Carapace de glace qui recouvre l'intérieur des continents en nivelant les inégalités du sol. Nunatack. — Pointe de roches peri;ant le manteau de neige des terres. Icebergs. — Les icebergs de l'Antarctide se présentent sous plusieurs formes : 1° Icebergs tabulaires aux formes géométriques et aux dimensions colossales : leur longueur peut atteindre 2 milles et la hauteur de leur partie émergée une (juarantaine de mètres. Suivant leur degré d'ancien- 8 DESCRII'TIUN DES COTES ET BANiJUISES. iiolé, ils sont plus ou moins rongés par la nier, pi'i'sentant des grottes, des arches de l'oniies vai'i(!'es et des éperons sous-niarins ; 2° Icei)ergs en foiiue diles, moins fréquents que les [jremiei'S, mais encore très importants, provenant probablement des falaises côtières ; 3" Icebergs aux formes inégales et contournées, comme ceux que Ion rencontre dans le Nord. Ces icebergs sont une transformation des précé- dents produits par chavirement, quand la partie immergée a été sulFisam- nicnt rongée par la mer pour nécessiter une nonvelle assiette, ils sont généralement moins importants (jue les précédents, mais souvent plus élevés, atteignant jusqu'à 80 mètres. Il y a lieu, dans le voisinage des côtes, d'accorder une attention spéciale à la position des icebergs, qui peuvent donner des renseignements très intéressants pour la navigation. Suivant leui's formes et leurs dimensions, les icebergs peuvent avoir un tirant d'eau allant jusqu'à 300 mètres cl peut-être plus. Cependant, en considération de l'inégalité des fonds dans le voisinage des côtes, nous allons indiquer dans quelle mesure le navigateur pourra se fier à ces balises flottantes. Très près d'une côte, on ne doit jamais se considérer en sécurité si l'on range à petite distance un iceberg, surtout entre la côte et Ini (échouage du « Français » en lOOo). Une côte garnie d'une accumnlation d'icebergs à faible distance de la falaise ou du rivage et libre de glaces vers le large, comme cela se rencontre assez fréquenuiient (côte Nord-Ouest de l'île Adélaïde), est presque sûre- ment saine à distance raisonnable (1 mille environ) de cette bar- r'ièi'c l ne |)()inte débordée par une ligne d'icebergs est presque sûrement malsaine. Une île présentant une ligne presque continue d'icebergs entre elle et la côte est réunie à cette dernière par des hauts fonds ou tout au moins un seuil. Si, au contraire, les icebergs sont concentrés sur l'île et sur la côte, laissant un large espar<' libre de glaces, cet espace est presque sûrement sain. DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. Une accumulation d'icebergs à une certaine distance de la cote penl indi(iuei' un haut tond. l'ne haie dans la(|uelle se ti'ouveid des icebergs présente sùreint-nl une passe d'accès. Un chenal dont les l'ives sont garnies d'icebergs et le centre libre de glaces est [jrestpie sùi<'nient sain. (les considéi'alions, (pii paraiiroiil un peu des ('vidcnces, nous ont send>l(' utiles pour permettre au lecteur de juger du rôle encore considé- rable (pie des icebergs peuvent jouer dans le balisage de l'Antarctidi', fi en le mettant aussi en garde contre Tatlribution d'une trop grande sécu- l'ité au fait de leur présence. lianquises. — ï^es Ijanquises de l'Antarctique se divisent en banquises solides côtières et lianipiises du large ou pdrL-iic. Les banquises solides côtières forment généralement, du fait de leur épaisseur, un obstacle absolu à la navigation. Elles sont souvent fendues de failles plus on moins larges et séparées de la banquette côtière par la cassurr de marée. Des icebergs emprisonnés s'y rcnconti'ent fréquennucnt, nageant dans un p<'tit lac d'eau libre et entourés j)arfois de troupeaux de Phoques ;i plus de ;{0 kilomètres de la mer libre. La banquise du large, formée d'élé- mciils Ir'és divers, flors variés, ii-chlocs et n'obrrus. peut être ou ne pas être navigable, suivant le degré de cohésion de ses parties constitutives. L<'s lloes sont de dimensions et de formes très variables. Au point de vue de la navigation, nous les classerons en trois catégories : 1° l'Ioes neigeux ne présentant qu'une mince couche de glace recouverte par une couche variable de neige et que l'élrave d'un bâtiment polaii-e rc>mpl avec plus vra des réactions très dures, (le sont des blocs à déplacer, mais non à briser ; 3° Floes Ideus, très épais, de 1 à i mètres au-des'sus de l'eau, [letits Expédition Charcot. — Bo.NcnAiN. — DuscripUoii des tôles et bamiuises. 2 10 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. icebergs en niiiiiature, proviennent probablement des terrasses cùlirres. Leur étendue peut atteindre plusieurs centaines de mètres. La partie innnergée présente l'aspect l)leuté de la glace de terre ; presque aussi durs que des icebergs, on peut essayer de les déplacer, mais il sera bon de s'écarter de leurs parages. Un navire surpris entre deux de ces tloes par une compression de la banquise serait infailliblement broyé. Ils sont (railleurs assez rares. Nous n'en avons rencontré qu'un groupe important dans la baie Marguerite, sur une étendue de plus de 2 milles. Limites des banquises. La banquise qui défend les approches des côtes de l'Antarctide est de situation et d'étendue très variables, suivant les circonstances atmos[dîé- riques qui ont présidé à sa formation et qui règlent sa désagrégation. La débâcle peut se produire en plein hiver, sous l'influence d'une série de coups de vent, comme elle peut ne pas se produire de toute l'année. Les observatoires subantarctiques seuls peuvent donner quelques indi- cations sur la probabilité de l'état des glaces telle ou telle année. Cependant, sauf Larsen dans l'été 1002, aucun navigateur n'a sigiuilé de banquise au large de la ligne Terre Alexandre-Archipel de Palmer et au Nord du 67e degré de latitude pendant l'été. Dans cette saison, les détroits de Rranslield et de Gerlache sont généralement libres dans leur partie Nord, ainsi que les côtes de l'archipel de Palmer et des Shetlands. Dans le détroit de Bismarck et dans les chenaux des îles qui lui font suite vers le Sud, l'état des glaces sera plus variable. C'est ainsi qu'en février 1909 nous avons vu la mer libre baigner toutes les côtes jusqu'au cap \\'aUl('ck-Rousseau. Le << l''ranrais -, au contraire, avait toujours vu la banquise envelopper, depuis le cap Albert-de-Monaco (île Anvers), le contour extérieur des côtes jus(prà rejoindre la grande bancpiise du Sud. A partir de l'ilt' Adélaïde, la banquise subit l'influence de l'intensité de la glaciation dans la mei' de la « Belgica '> et suivant les circonstances atmosphériques, on peut la rencontrer à |jartir du cercle polaire comme DESCRIPTinX DES COTES ET BANQUISES. ii ne la tiouvcr (|uau TOedoyrt' de latiliulc, en dehors des baies bien entendu. Nous doiuici'oiis pour chaque région un exposé (lélaiUé de létal des f^laces pciiilant notre séjour. Cartes. Nous tenons, avant de connnenccr TcHnde d(''taillée des côtes, à préve- nir le lecteur que nos cartes générales ne sont (|ue des croquis provenant d'une exploration ra})ide, sur lesquels nous avons placé tout ce que nous avons vu, en utilisant les procédés de l'hydrographie expéditive toutes les fois (|ne les circonstances atmosphériques nous l'ont permis. (l'est assez dire (pi'il existe encore de nombreuses lacunes, surtout au point de vue de la si'-cnrité de la navigation, et que tout navire voguant dans ces parages ne devra cherchiM' dans ces cartes qu'une indication et non une certitude. Il s'enlourcra de toutes les précautions (pi'il estd'usage de prendre dans les parages où l'hydrographie complète n'a |)n être faite. On ne saurait trop recommander, chaque fois que la mer sera calme et libre de glaces, de s'assurer d'une bonne veille dans la mâture, comme cela se faisait dans ranci<^nMe niarine; non |)ar l'olliciei' de quart, qui doit toujours se leiiir à portée à la fois de ses cartes et des moyens d'action du bateau, mais simplement parunhomuie intelligent et dou('' d'une bonne vue, connue le sont tous nos matelots. ÎLES SHETLANDS DU SUD Les ili.'S Shetlands du Sud. di-coiivertcs par Smith dans un voyage de Buenos-Ayres à Val[)ai'aiso, s'c'Iendent vers rOuesl-Sad-Onest, entre les méridiens 50 el ()5, comme en avanl-gai'de de l'Antarctide Sud-Amé- ricaine, (les îles, conslitu(''es de roches éruptives et volcaniques, sont à parlii' du Nord-Est : lilc Clarence, l'ile Éléphanl, rUr l'.ridgman, l'ile du Koi-George, l'ile Nelson, l'ile lioberls, l'ile Greenwicli, l'ile Livingstone, l'ile l)('ception, l'ile Snow, l'ile Sinilli el l'ile Low. Cette délimitation est d'ailleurs j)arfailement arbitraire, la jn^nurie de 12 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. soiula;^(*s dans cette région ne permettant pas d'affirmer que les îles Elé- pliîint et C.larence fassent parti du même plateau continental que les autres, ni que toutes ces îles soient reliées par un plateau sous-marin à l'archipel de l'aimer, dont il sera parlé plus loin. Le seul fait certain est qu'entre le groupe Ouest de ces îles et la Terre Louis-l'hilippe se trouve une fosse d'une profondeur maxima de 1 700 mètres, fosse qui se continue jusqu'à l'île lloseason, dans l'archi- pel l'aimer. Nous di'voiis cncor'*' constater que les rochei^ Kendal et Austin ne peuvent, dans VHiû actuel de nos connaissances, être reliés à cet archipel, pas plus qu'à la Terre de Palmer, aucun sondage n'ayant été fait dans les détroits f|iii les séparent. Les côtes Nord de l'archipel des Shetlands sont précédées d'un véritable labyrinthe d'îlots et de récifs ; les côtes Sud, au contraire, ne présentent de rochers que très près de terre. Ces îles sont séparées par des canaux généralement profonds et facile- ment navigables, sauf les détroits de Field, Mac-I^'erlune et Morton, et encore maiique-t-on un peu de précision à cet égard. La côte Sud des Sbetlands est, disent les Instrucfin/is >un soleil, et le tem[)s, peiidanl notre séjour, lui |ii('S(|U(' Idiijoiirs iiiaiii;il)li'. Bien rares sont les.jours 011 les baleiniers, en se Mieltant sous le venl des îles, ne penv, mais |)lutôt quelques bossesdéni- velant la carapace glacée ipii encroûte prescpie toute sa surface. 14 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. i'.h ot là. se détachant sur lo blanc mant(^au de nci^o, çmcri;ont quelques ntoiatarhs el ([uelqnes falaises rocheuses. I)<' la pdinle Xorlh-Foi-eland au cap Melville, la côte est formée par raboutis.seiiieut de la cara[)are ylncée de l'intérieur; elle présente de hautes falaises de glace bordées de récifs ou dilots, tels que l'île Simpson et les rochers de l'Orn. Le cap Melville est le seul accident de cette région formé par un petit sommet pointu, prolongé p;ir iiiie élioite langue locheui-e presque liori- zonlale, et aux falaises à pic du C('dé Sud. A partir de la pcdnte Melville, la côte court à l'Ouest, se creusant d'un premier golfe dans lequel la carapace glacée de l'île s'arrête à des éperons rocheux, dont le pied baigne dans une plaine basse de glace. Cette phiiiie envoie vers le Sud une langue de terre qui se termine par la petite île aux Pingouins, puis se recreuse d(^ nouveau pour former la baie Saint-George, profonde échancrure au fond de laquelle se trouve une dépression. Toute cette côte est hérissée de nW-ifs. Bransfield signale (jue, par vents d'Ouest et de Nord-Ouest, il y a mijuillage dans l'Ouest-Sud-Ouest de l'île aux Pingouins par f^ h 'Mi mètres d'eau, fond de galets. C'est dans tous les cas un mouillage forain. A partir de la dépression, b cMo se dirige vers le Sud. La carapace neigeuse vicMit aboutir au Sud à partir du cap Martin, dans une série de caps rocheux et de falaises à pic entre lesquels s'écoulent des glaciers. Les Inslitifliiuis /i(ni/i(/i/f>s signalent un mouillage entre la baie Saint-George et la baie de l'Amirauté; nous n'avons rencontré, dans cette région, aucune indenlation de la côte pouvant présenter un abi-i, et ce mouillage nous parait plus que douteux. I>a côte, après avoir couru à l'Ouest juscju'au cap Syzerol, s'échancre vcis le Ndi-d-Nord-Ouest pour former la baie de l'Amirauté, sur laquelle nous reviendrons plus loin avec détail. Après cette échancrure, la côte court de nouveau à l'Ouest en |irésentard, toujours le même aspect de cara|»ac(» neigeuse. Un cap rocheux de foi-nie li'ès caraciérisliijue marque une indentation DESCRIPTinX D/^s- COTES ET BANQUISES. 15 assez prolbnclc doiil le Iniu! est occuik' juir un placier cl <|iii (■(irrcs|)(iii(l à Polter-Cove ou Forl-Colliiis. [)(• nombreuses aiguilles de roche ijaiiseni ccl abri, sur I('(|uci nous ne pouvons donner aucun ronseignemenl. La côte s"ai)aisse alors doucemenl vers le détroit de Field, percée de place en |tlace par ((uciques nioiatdhs cl bordc'c de cailloux. Hau'. m: i."A\in!\ni;. — Celte vaste (''chancrurc, qui creuse prorondénient file du Ivoi-iieorge, |)résente les meilleurs mouilhijues des Shetlands. Son vestibule est large et profond, saut' dans le voisinage des pointes de rentrée et sur la côte Ouest, où des rochers la déboident à plus de 1 mille. La pointe Est de l'entrée est prolongée jjar un seuil à environ 2 milles au Sud-Ouest. A cette distance les fonds atteignent plus de 100 mètres. La côte Est présente lont d'aboid des falaises rocheuses tei'ininées par les capsLegru, Syzerol e| N'auri'al. Des lignes d'ilols et récifs prolongent ces pointes; le plus imporlanl, l'îlot Chabrier, est habité par une colonie de Pingouins. Entre la pointe Vaui('al e| la pointe Hennequin, la cote se creuse légè- rement poui' servir dissue à un vaste glacier, le glacier de Lii'ville. Aucun danger ne nous a pai'ii didiorder de la falaise de glace. La côte Ouest du vestibule pr(''sente. au large, le pâté de l'ochers sur leipii'l s'échoua le vapeur norvégien « Telefon ». Elle est assez découpée; (le nombreux caps réchancrenl en baies, qui peuvent peut-être oflVir un abri, mais elle est bordée de récifs et semble malsaine. Une importante colonie de Pingouins esta signaler dans sa partie Nord. Le vestibule de la baie de rAmirauté se prolonge au Nord par trois fjords : Vjord M((ifrl. — 0 fjord, siln»' à l'Est, semble le plus indiqué pour y fournir un bon abri; nous y avons tr(Uivé deux bons niduillages, où les plus grands bâtiments sont en sécurité. La |)ré(lonnnance des vents de Nord-Est oll'i'e d'ailleurs de fortes chances poni' (|ne ce fjord soit le pi'cmicr lilire des glaces de l'hiver. L'anse Lussi(di, dans l'angle Snd-I'lst du Ijord, oll're un mouillage le long d'un glacier crevasse'', mais dont les lancements ne sont pas à craindre à cause de la |)etite plage (pii le borde. i6 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. line avan('(''(> snus-iiinriiic |)rovonanl piobablenicnl dune aucionno moraine y lurnie un cMcllenl point de mouillage, avec des fonds variant de 8 à 30 mètres, suivant les besoins. Dans ces fonds, formés de vase gla- ciaire, l'ancre et la chaîne s'enfouissent profondément, assurantune excel- lente tenue. De petites plages, où nous avons trouvé des Phoques, sont à proximité, assurant de plus, lors de la fonte des neiges, un facile ravitaillement en eau douce dans les ruisseaux (pii viennent y aboutii'. L'anse Visca, dans le Nord du tjord, présente, à proximité de la plage Est du massif L'Ilmann, un bon mouillage par 2'.') mètres de fond, vase glaciaire compacte. A SOmètres de la grève, on trouve encore S mètres de fond. On doit se délier de la pointe Sud-Est de l'anse, qui est un peu débordée |)ar un caillou. Sur la carapace neigeuse au fond du fjord se dresse un monolyte très reconnaissable, l'aiguille Ternyck. Fjord Machrlhir. — (le fjord, séparé du précédent par le massif Keller, semble devoir fournir de bons abris contr(> tous les vents régnants. A la vérité, son aspect est peu engageant : du côté Ouest et Noi'd s'(''tend un vaste glacier aux falaises à pic, ne présentant de point de déban|uemeut que sur la grève de l'anse fornK'e par la pointe Crépin. Du côté Est, le massif Keller envoie de nombreux épei'ons dans le tjord. séparant de petites plages de galets et débordés par des rochers et récifs. Aucun sondage n'a été elVectué dans ce fjord; cependant nous conseil- lerons à un navire qui y chercherait un mouillage; de ne pas ranger la cote Esta moins de .300 mètres. Fjord Fzciirra. — (le fjord, dont le centre est occupé parî'ile Dufayel, semble ^/////o// peu abrité des vents d'Est. Sous l'ile an mouillage Montevideo, l'abi'i est (b'-testable ; les rafales venant de tons ceMés font donner de brusipies rappels à la chaîne, et l'une d'elles nous lit chasser, malgré l'excellente tenue du fond de vase gla- ciaire. Les Ijaleiniers avaient, paraît-il, l'halntude de n)ouiller entre l'île et l'éperon l'ocbenx du fond; mais si, en cet endroit, la bi'ise est plus régu- DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 17 lièrc, I;i inor y ost |)lus forte et devait les gêner considérablement dans leur travail. Faute de temps, nous n'avons pu sonder les deux petites anses de la côte Sud de ce tjord, ni constater si la langue de sable qui forme à l'entrée du fjord sur la côte Nord l'anse Denais, était l'anse signalée par les /nstruc- tions naKtifjues comme permettant la mise au sec d'un bateau. Cependant il n'y a que dans ce fjord que |)eut se trouver la baie en question. Nous ne pouvons donner d'indication sur le ryoment où les glaces per- mettent d'accéder dans la baie de l'Amirauté. Lors de notre passage en décembre, nous n'avons trouvé que quelques lignes de petites glaces et dice-blocs dans \o vestibule, (-es glaces, peu importantes, ne pouvaient gêner la navigation, même pour des bateaux enfer, dépendant, à maintes reprises, les baleiniers ont été entravés dans leur travail par ces glaces et ont abandonné cette baie en grande partie à cause d'elles. En l'.tll, un baleinier est retourné dans la baie tle l'Amirauté et a mouillé dans le fond du fjord PiZcurra, ayant trouvé le fjord Martel encombré de glaces. Iles Nelson, Roberts et Green^wich. (-es trois îles, dont la bruine nous a empêché de faire un levé suivi, se présentent sous l'aspect de trois carapaces de glace, sans sommets apparents. Leur côte Sud est formée par de nombreux contreforts rocheux, se ter- minant par des ca|)S et servant d'appui aux fronts des glaciers. De nom- breuses aiguilles de roches jalonnent les côtes. Ile Livingstone. Tout autre est l'aspect de l'île Livingstone, qui projette de puissantes chaînes de montagnes orientées NordEst-Sud-Ouest atteignant 9o0 mètres au mont Rowles et 1 O08 mètres au mont lîarnard. Os chaînes parallèles laissent au Sud, entre leurs contreforts, passage à deux Ijdfds [irofonds. Kalse bay ou baie de I^almer, dont le fond est occupé par un vaste glacier, et South bay, ou baie d'Ereby, qui se divise Expédition Charcul. — BoMiiiAiN. — Di^scriptioii îles cotes rt banquises. 3 i8 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. on deux branches, dont l'une, In Ijranche Nord-Est, contient, paraît-il, d'excellents mouillages utilisés comme abris par les baleiniers et même une espèce de pelit bassin à flot-le Johnson-dock. Nous n'avons pu, malgré notre désir, hydrographier ces baies, cl nous souhaitonsqu"unedes])rochainesexpéditions dans celte région commence son travail parce lever de toute première nécessité pour la navigation. Ile Déception. L île Déception est la plus connue du groupe des Shetlands, ayant tou- jours él(' le point de relâche principal des pêcheurs. Cette île, entièrement volcaiiicjue, affecte la forme d'un anneau coupé d'une étroite brèche au Sud-Kst. Elle ne présente actuellement d'autre trace d'activité que ses sources chaudes, des fumerolles (^t la ten)p('rature élevée de son sol. Ses collines atteignent au maximum îiOO mètres et projettent sur presque tout leur pourtour, du côté de la mer, des falaises glacées à pic. A signaler cependant quelques belles plages à l'Ouest correspondant à une dépression qui rejoint le lac intérieur et à l'Est au fond de deux ravins formés par les derniers contreforts des collines. Ces [)lages servent de pointd'atterrissage aux Pingouins, dont les énormes rocqueries couvrent les pentes voisines. Vu le manque de sondages et du fait de la découverte de nombreuses roches bordant la côte, il ne sera pas bon de la ranger à moins de 1 mille. La brèche de l'entrée du lac intérieur, ou j»asse du « Challenger » , s'ouvre au Sud-Est; sa largeur maxima est de GOO mètres; elle est encombrée sur sa côte Ouest par des pâtés rocheux qui rétrécissent sa largeur utilisable à un peu moins de 200 mètres. Cette passe est cependant accessible aux navires de tout tonnage et très facile à suivre, étant en ligne droite. Les instructions pour la pratiquer sont très simples: contourner l'île à boime dislance jusqu'à ce (pi'on ait reconnu la passe. Tourner de manière à venirranger le mouolitlic de l'entrée, entre 50et 100 mètres, puis suivre la falaise Nord-Est à enviidii 100 mètres eu tcnaid compte du l'ait (juc celle l'alaise, ayant un à-|)ic de WV.) mètres, on pourra avoir tendance à DESCRIPTIOX DES COTES ET BANQUISES. 19 s'en croii-c li'dp r;i[i|)i'och(''. Deux ((Mes tic cailloux soiil visiblos au pied (le la falaise, dont elles débordent de 10 mètres au plus. Arrondir la pointe intérieure Nord-Est, qui so proloni!,e un peu par une terrasse de cailloux débordant d'onviron "iO mètres le dernier l'ochei- visible; tous les dangers sont alors parés. Le bassin intérieui' l'orl-Fnstor ou Yankee-llarbour, suivant les cartes, est long d'environ (i milli's; sa profondfnir maxima est de 170 mètres, vase. Ses côtes sont sujettes à de nond^'cux changements, dus soit à des soulèvements, soit à des apports de cendres provenant d'éboulements ou déposés par les glaciers. La comparaison de notre cai'te avec ci'lle de Foster iiidi(|uera de nom- breuses modifications de la ligne de côte. Presque tout le pourtour du lac est occnpé par des plages de cendres 1res accores; les bas-fonds ne sont à craindre que dans le voisinage des falaises. Aussitôt entrés dans le lac en venant de la passe, nous trouvons, à l'I^^st, une profonde échancrure : lanse des IJaleiniers, encore connue sous le nom de New-Sandefjord. Oite anse n'est à recommander ({ue pour les bâtiments qui possèdent au moins dix maillons de chaîne sur chaque^ ancre, ou à ceux qui veulent s'embosser. La partie Sud est constituée par les contreforts de la falaise de l'entrée ; quelques rochers la débordent, mais seulement de quelques mètres. Le fond de la baie est formi' par une plage de cendres très accores. Au nord, se trouve une terrasse rocheuse horizontale, alUeurantà marée basse et très accore sur sa lisière; des sources chaudes en sortent (piand clic (b''c(ni\ rc. Si Ton mouille, ce sera au milieu de l'anse par des fonds de 7(1 à 80 mèlres de vase noiràlre d'excellente tenue, si l'on file assez de chaîne. Lors des coups (le veiil, les conmiunications avec la (erre seront assez diificiles. Si l'on (b'-sire s'embosser, on devra mouiller deux ancres, l'une au INord-î >ues( e| l'antre à l'Ouest, avec nue Ikumic louée de chaîne, les coups de veni de Nord-Ouest à l'Oue.sl ('(anl assez frtMpn'Uts, tandis (jue les vents tle Sutl sont gént'ralement faibles; s'eudjosser alors l'arrière au 20 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. Nord-Est, soit en disposant des ancres à terre, soit en utilisant comme point d(^ tournage le rocher noir du fond de l'anse. Les ancres à terre devi'ont (Mro enfouies profondénicnl, li's cendres n'ayant que peu de cohésion. Le plus mauvais poste dembossage est sans contredit le fond i\ord-Est de l'anse, car la terrasse rocheuse dont il a été question précédemment ne permet pas le mouillage d'une ancre au Nord-Ouest; c'est ce qui explique que [)ar vent de Nord-Ouest le vapeur chilien « Gohernador Bories », pris en travers par le vent, a été poussé à la côte, sans d'ailleurs se faire d'avarie. Nous insistons de nouveau sur le fait que les petits navires comme le « Pourquoi l'as ? » et les baleiniers, qui ne peuvent fder dans la partie vaseuse de l'anse que une fois et demie la hauteur du fond, la chaîne sur le bout, ne p<'uvent tenir au moindre souffle de vent. De nombreuses ancres et chaînes ont été abandonnées dans l'anse. Par tous les temps au fond de l'anse, le travail est possible le long du bord. On peut s'approvisionner d'eau douce, soit le long de la falaise Sud, soit en établissant des barrages dans les lits de torrent, au fond de la baie. A assez faible distance du rivage, ces torrents sont déjà au-dessus du niveau du pont des bateaux, de sorte qu'avec des manches en toile on peut tout au moins, à marée basse, amener directement l'eau des barrages à bord par simple différence de niveau. L'eau recueillie est excellente pour tous usages. A signaler, dans l'angle Nord-Est de la baie, à quelques centaines de mètres du rivage, une pyramide de maçonnerie élevée à la mémoii'e d'un capitaine de baleinier enlevé par une lame dans les parages de Déception. La terrasse rocheuse du Nord se termine un peu avant la pointe Nord- Ouest de la baie. Cette pointe est formée par \uw plage à pente raide et très saine à l'cnrontre de l'indication portée sur la récente édition de la côte anglaise. La côte se dirige alors vers le Nord en |)lages accores, que l'on peut serrer de très près, sauf à l'embouchure d'une |K'tite rivière qui donne issue à un lac intérieur, presque à sec à marée basse. DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. M On arrive ensuite à unelii^ne de falaises noirâtres, (|iii de loin semblent consliluées jtar du rocher, mais (|iii ne sont en réalité (jue rahoulissement (l'un j^laeier fossile, avec ses couches alternées de cendr<'s et de glaces. La |)lage reprend ensuite au pied des collines et présente un })etit enfon- cementsemi-circulaire, vestige de ce que fut autrefois le fjord bien abrité de Penduluni-C.ove, comblé depuis le passage de l'ester pai- des ébouli-- ments du massif du mont l*ond. Le fond du fjord existe encore sous la forme d'un petit lac. In navire peut y mouiller entre 100 et 200 mètres de la côte, par des fonds variantde 20 à30mètres, mais de médiocre tenue (cendres vaseuses). Un s'y trouvera à l'ouvert des ventsde Nord-Ouest et d'Oiu-st, qui envoient un gros clapotis dans la baie. Cependant un navire qui chasserait et irait à la côte n'aurait que peu de chose à craindre, la plage étant très accore et entièrement constituée par des cendres. La côte, bordée de mamelons, se continue en étroites plages de cendres jusqu'à la falaise au Nord. Plusieurs petits torrents issus des vallées peuvent fournir une eau chargée de cendres, mais excellente une fois reposée. Les Phoques semblent affectionner cette partie de la baie; nous en avons compté plus de 200 sur l'une des plages. On pourrait mouiller tout le long de cette côte comnu^ à Pendulum- C.ove, les fonds étant les mêmes, c'est-à-dire de 20 à 30 mètres à 200 mètres de la berge. La côte, un instant rocheuse, court à l'Ouest, puis redescend au Sud, en formant une baie dans laquelle les baleiniers avaient échoui' le << Téle- fon », pour pouvoir le renflouer l'année suivante. Cette baie présente des plages en pentes assez douces dans sa partie Nord ; sa partie Sud est occupée par une terrasse rocheuse, immergée de 1 à 2 mètres au-dessous du niveau de la basse mer et qui se prolonge jus- (ju'à la falaise qui termine la baie au Sud. Cette falaise, d'une couleur brun noirâtre, enserre un petit lac circu- laire d'une profondeur de 7 mètres qui occu()e l'emplacement d'tui ancien cratère. Lapasse qui coiuliiit à ce lac n'est praticable qu'a marée haute et seulement pour les embarcations. La falaise ne doit pas être approchée à moins de 200 mètres du côté du lac. 22 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. laix cà\o s(> civmsr d'une nouvelle haie aux plages accores ; puis après une nouvelle l'alaise, en loul seniMable à la préeédenle, se creuse d'une vaste baio, aufondde laquelle vient aboutir l'émissaire d'un lac intérieur. (^e lac occupe une dépression qui coupe de part en part la ligne des hau- teurs de l'île et permet d'accéder du côté du large sur la belle plage dont nous avons parl(' précédemment. Une petite colline contournée par l'é- miss'iirc (lu lac présente (|uel(]iies fumerolles. D(^ cette baie jusqu'à la passe du « Challenger », la côte est un peu plus rocheuse et les plages plus rares, jusqu'à la [lointe où est établie une rocquerie tie Pingouins. Nous retrouvons là une belle liaie faisant face à l'anse des baleiniers et dont la partie Sud à renlr(''e du goulet est encom- brée de pâtés rocheux. Kn fin décembre lOOS, Port-Foster (Hait libre de glaces. Le 2l\ no- vembre 1909, une banquise assez épaisse occupait tout le Nord du lac, mais elle était en voie de désagrégation (les baleiniers, quelques jours avant, l'avaient trouvée ti-ès compacte). Elle disparut le 15 décembre après avoir encombré la passe de sesd(''bris pendant deux jours. Quant à la côte extérieure de l'île, nous pensons Nord, l'aivle s'abaisse dourcinciit vers le Siul pour former la [xiiiile James, (]ue i)i'oloii!4eiit deux rochers à |)ie. I^a cote Nord de l'ile Smilli e.sl d(''li(ii'il('e à l milles en mer par des has- foiids décelés par des brisants ; il ni' laiidrail iVm*.- pas se rapproclier outre mesui'e de eette île (piand on [iraliiiue le dr'lroit d(.' Hoyd. V\\ sondage au milieu de ce d(''l('oil a domii' (lOO mètres. Ile Low ou Jameson. L'île Low est une calolle de i;lace (i-ès décou|)ée sur ses cotes et bordi'O d'uiu' glande (piaiilité de pàlés rocheux entre lesquels ou trouve, dit-on, de bons abris. Les contours de l'ile sont à peine esquissés sur les cartes. Dangers isolés. 11 nous reste nu mot àdii'e à [)ropos de trois pâtés rocheux qui jalonneni le détroit de liranstield. Sail-Rock, au Sud-Ouest de lile Ih'ceplion, est un petit rocher à pic d'une allilude de ()"i mèti'es. Les rochers Austin c(impr(M)nent un |)àté considérable de rochers et d'écueils. Ils nousoni paru sains à I milleau Nord et auSud des dernières roches visibles. Les rochers Kendal, situés au Nord-Est des précédents, uont pas été visités par nous. État des glaces dans le détroit de Bransfield lors des passages du « Pourquoi Pas ? » . En décembre 1!)U8, nous n'avons rencontré que quelques rares iccberf^s " dans le détroit et |»as de ijanquise. Eu novemjjre lUU'.l, la route du didroil de (jerlache à lilc Déce[)tion était com|)lètement libre ; (|ue|(|ues icebergs seuisjalonnaiont les îles. En décembre l!Mt!l, le « P(nii(pioi l'as? », se rendant de l'ile Déception au détroit de TAnlarctic l 'l'ci ir L(inis-l'liilippe), se heurta, à une vingtaine de milles de la côte, à un jjnk,-ke assez lâche, mais formé de blocs très 24 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. élevés et déchiquetés comme s'ils avaient été depuis longtemps battus par les tempêtes ; leur étendue était peu considérable. Très lâche sur la lisière, où de grandes dents se dirigeaient vers le Nord, ce pack semblait de plus en plus serré vers la Terre Louis-Philippe. 11 s'apj)uyait sur l'île Trinity, englobant la Terre Louis-Philippe, les lies Pendleton et Astrolabe, et sa lisière se dirigeant vers le Nord-Est passait à une dizaine de milles au Sud de l'ile Bridgman. Une banquise semblable, rencontrée en 1903 par l' n Antarctic », ne lui permit que de gagner la baie de l'Espérance, le détroit qui porte son nom étant infranchissable. Nous remarquerons qu'en cette année 1903, comme en 1909, l'ile Déception était, àlafinduprintemps, bloquée intérieurement par une banquise solide. ARCHIPEL DE PALMER. — TERRE DE PALMER. — TERRE DE DAN- 00. — DÉTROIT DE GERLACHE ET DE BISMARCK. — ARCHIPEL DU KAISER-WILHELM. Ces côtes et détroits ont été étudiés en détail par les expéditions de la « Belgica », de 1' « Antarctic » et du « Français » ; nous renvoyons aux travaux de ces missions, dont nous avons sur plusieurs points pu contrô- ler l'exactitude. Nous nous contenterons de signaler une manifestation volcanique qui fut observée par les baleiniers en 1910, au Nord-Est de l'ile Trinity, dans le détroit de Davis-Gilbert. Un petit baleinier, commandé par le capitaine Mikkelsen, fut soulevé par une colonne d'eau considérable qui s'elfondra sur le navire en brisant toutes les superstructures. Le capitaine y trouva la mort, mais le navire fut sauvé. Ce fait fut contrôh' par un autre balei- nier, qui se trouvait dans le voisinage et qui vit l'accident. Nous reprendrons la description des côtes au point où l'avait quittée M. le lieutenant de vaisseau Matha {Expédition française 1903-1 905) ^ c'est-à-dire à la baie Girard, au Sud de l'ile Wandel. Terre de Danco au Sud de la baie Girard. Le massif Scott borde la partie Sud de la baie Girard, formant une DhSCRIPTIOX DES COTES ET BANQUISES. 25 soi'lc (II' Ici' ;i clicv.il (loiil l:i coiivi'xili'' csl loiirm'i- vers celle Imic e| pré- seillaiil (k'S [uiiiiis |ii'es(|ue m |iic le Idiii; (les(|iielles (lesceiideiil de iiiiims- cules i^laciei'S en cascade. La h luieili' de ce iiiassil' vai'ie de S(HI -i I (1(1(1 iiièlt'e--. Il serl d'a|i|iiii à un vasli^ i;laciei' dont les falai- es Ixicden.! le Tond de la liaie (lirai'd el (|ui sendde |(i'endi-e naissance au |ded dune terrasse éievi-e ilonl nous pailei-ous plus loin. Lue aiii'uille rocheuse de ii7(l nièlres d'allilude se détaclie du massif à nii-|ienle du c()lé de la niiM'. Sur le (dieual de Leniaire, entre deux contre- forts, un i^lacier sus|)eudu de pelites diuiensiiuis forme une j.;rotle à sa [larlie iufi'rienre. Ce {placier, qui avait (Hé [)hoto;.!,ra|ihi('' par la •< lielgica ". ne seud)le avoir vari('' ni en forme ni en (Mendue d(>puis le passai^e de ce na- vire. Sépar('' du massif Scolt par une dépression occupi''e par un i;lacier. le |ielit massif l»us(dieri^-, beaucoup moins élevé (^470 UK-Ires , lernune une des liran( lies du fer à cheval sur le (lieual de l^emaire. 1/auh'e lir.iuche à l'inférieni' pi'(''sentc des pentes rocheuses à pic vers l'Ouest el des pentes neiiieuses beaucoup plus douces vers l'l']st. où sa base se noie dans le lilacier. La c(Me, juscpTaloi-s orieut('e au Sud-Sud-Ouest, se diriiije iMisuite au Sud-Sud- l^^st. Du massif Dusidjerjj; part un vasteyiacier assez plal, (pioi(|uetrés crevassé sur le bord de la mer et qui enserre le pi(>d de buis les massifs de l'inté- rieur. Après avoir présenté des falaises crevassées de Khi 20 mètres de hau- teur^ ce glacier s'abaisse brus(|uenu»nt prescpie au niveau de la mer, dans le pr(dongement de la coiicavib'' du 1er à (du'val, pour se ndevei- ensuite en falaises d(Mdiiiiuetées et chaotiques perpétuellement en (b'uiolilion pen- dant ['('II' el vai'ianl enire 20 et 30 mètres de hauteur. Nous ne re|r(Uive- rons delioi'dure rocheuse (pi"à la hauteur de ti'ois petits îlots b)rniant le prolongement en mer du massif lUamliard. Une pointe rocheuse eldeiix de ces ilôts constituentune petite bai(> (pu' nous n'avons pas sond('e, mais (pii e>| accessible [)Our les endjarcations et permet de grimper sur le glacier. Ex/jéililinn flinrriit. — fiii-Nciurs — llisciiplion (Jes ci'itos et lian.;u!ses. 'i 26 DESCRIPTIOX DES COTES ET BAXÇl^ISES. Lit falaise Je ylaoe re|ji'eiiil ensuite avec la même éli'valion pour se terminer au petit sommet Rasmussen. Lesommel Uasmusscn (232 mètres) n'est qu'un accident rocheux du massif Mill. l'ii r(»pli de roche forme un petit fjord {jouvant abriler un(^ embarcation à proximiti' d'un point accessible du glacier. i.e massif Mill est constitué par une dent rocheuse entourée de tous côtés de dépressions assez basses occupées par des glaciers peu crevassés ; il laisse entre lui et les massifs du cap Tuxen une vaste échancrure, la baie Waddington, dont le fond, occupé par un glacier, nous a toujours paru encombré de glaces, des icebergs de forte dimension s'y promenaient à l'aise. Le massif, ipii se termine au cap Tuxen, est bordé des deux côtés par la mer et constitué de plusieurs croupes et sommets aux parois à pic, en particulier sur la côte Sud. Faisant suite à un dos d'âne neigeux, nous renconti'ons d'abord au fond de la baie Waddington le pic Lumière ( i OiO mètres I, soi'te de cône neigeux sur sa face Nord, et couronné d'un chapeau glaciaire sur sa face Sud, où l'on voit le rocher à nu sur ses pentes. Un cône de moindre impoilance, S77 mètres, presque entièrement dé- garni de neige, le flanque au Sud-Ouest. Après une faille étroite et profonde, le massif se continue dans deux escarpements aux lignes ari-ondies, qui s'abaissent au Sud-Ouest dans une dépression élevée de 200 mètres. Un à-pic remarquable la domine, formant le sommet Demaria (;J9I mètres), remarquable par son aspect de chat acci'oupi ; ses pentes sont presque entièrement dépourvues de neige. L(»s dernières roches de ce massif forment le cap Tuxen. Plusieurs enfoncements ou ljoi-ds de peu d'importance et sur lesquels nous ne pouvons donner de renseigne- ments se trouvent dans les replis des roches du cap. La côte dans le voisinage paraît assez accore, sauf à l'Est de l'îlot, qui termine la pointe. Cependant nous avons pratiqué trop peu de sondages pour donner un r'enseignement sûr. A partir du cap Tuxen, la côte se dirige vers le Sud-Est, formée par un pied-mont glacier provenant des éboulis du massif. Le seul accident est (•(jusfifiK" |)arunc poi ni i' rocheuse : la |)t)iiiledela llélivi-ance, après laquelle DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 27 la (•(■||i' suit les coiitoiirs (lu pic Lumière, |iuis se creuse en servaul d'issue à un vasle i^laciei' (|ui vient de rinti'i'ieur. Ce i^laeiei'. assez |ilal et très crevassé, se termine sui' la nier par des falaises de 30 à 10 mètres de hauteur. l'iie longue ligne de sonnnets rnriieux lui sert dajipui au Sud et vient se tel iniiiei- |)ar les sommets du cap des Trois-l*erez. i.e cap des TiHiis-Perez u'ap Troo/ des cartes l:)(dges) est très remar- (pialde d'aspect avec sa haute falaise à |)ic sur la Ijaie Heascochea, ses deux sdinmets et son aiguille coni(pie très aigui- et dont Taxe est fortement incliné sur la vei'ticale^ Montagnes intérieures. Plusieurs excursions faites sur le glacier et raccordées ])ar notre trian- gulation côtière nous ont [x'rmis d'avoir une idée assez exacte de la lopo- gra|ihie intérieure. Le massif l'eary. (|ui n'est en r(''alit('' glacier, nous retrouvons le rebord d'une terrasse qui semble à peu près horizontale, avec des falaises à pic du coté de la baie, montrant le rocher à nu dans sa ])artie inférieure ; sa base est d'ailleurs noyée dans une plaine l)asse de glace. La hauteur de cette terrasse est d'environ 800 à 1 000 mètres; la croûte glacée qui la surmontai! el cpii clail iietlement dill'éreiicii'e de la partie rocheuse |)ouvait avoir une l'-paisseur d'une centaine de mètres. La terrasse ne nous a pas paru domiiu'e [)ar des sommets dans l'intérieur; elle forme (ont le fond de la baie, creusée de plusieurs cirques d'où sortent des glaciers. Elle est prêcédi'e sur la côte pai- des pâtés rocheux de couleur rosée ccjinplètement sé|)arés d'elle, aux lignes chaotiques, et doiil le pied baigne dans un glacier bas (jui vient se terminer en falaises sur la baie. La terrasse se termine au Sud-Ouest ou })Iutôt se relève assez brusque- ment sur les pentes d'un massif élevé d'environ 2 000 mètres et qui pré- sente beaucoup d'analogie avec le massif Peary. Ce massif, dont nous avons pu suivre le prolongement du sommet de l'île Petennann, descend en pentes douces vers l'Est jusqu'au plateau intérieur. Ce |)lateau, conq)lètement couvert de neige, étend à |)erte de vue ses vallonnements, ne présentant aucun accident saillant, mais seulement dénivelé de place en place par des bosses neigeuses de faible élévation au-dessus de son niveau moyen. Le massif précédent, ipii en forme comme le rempart, est pres(|ue à pic sur sa face Ouest, et le rocher est à nu sur la majeure partie de sa 30 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. liautcui'. Son [licd Ijai^iic dans une jilaiiio glacée, rt, de même (jn<' ]dns au Nord, toute une s('rie de aiassil's chaotiques et déchi(iuet(''s lui servent davaul-gai'de vers la \\\or. Deux de ces massifs, séparés par des dépressions glaciaires, bordent la haie au Sud. Une langue de glace, la pointe Nunez, dominée par deux petits mamelons rocheux idenli(|ues d'aspect, forme le cap Sud-Ouest de l'entrée de la baie. Iles au Sud de l'île "Wandel. Ii.E Ho\v(;.\Am). — Grosse lie ayant à peu près la superficie de Tile Wandel, mais beaucoup moins ('levée (300 mi-lres) et recouverte entière- ment d'une carapace de glace, présentant presque de tous côtés des falaises à pic. On ne peut guère débarquer sur cette lie qu'aux abords des pointes malsaines d'ailleurs ; elle ne semble offrir aucun abri sérieux. Ile Peti-hmanx. — Cette ile, sur laquelle nous avons hiverné, est de dimensions beaucoup plus faibles que la précédente. Elle est constituée par un pâté rocheux de 12o mètres d'altitude, flanqué de chaque côté de presqu'îles assez basses, creusées profond('ment de petits fjords dontl'un, celui de l'I^^sl (Port-C/irconcision^, offre un abri parfait pour un navire moyen, qui s'y trouvera comme dans un bassin accosté à l'une des berges rocheuses. Deux pâtés de roches en défendent l'enlri'e sans l'obstruer. La houle du large ne s'y fait que peu sentii-, suffisaunnent toutefois pour fatiguer assez rapidement les amarres que l'on aur;i toujours intérêt à remplacer par du grelin-chaîne pour un séjour de quelque durée. On devra toujours conserver au moin I>",.jO d'eau sous l'avant que l'on entrera le premier dans le fjord Xord-Ouest, plusieurs petits raz de marée, d'une amplitude de pi-ès de 1 mètre, s'étanl produits pendant notre séjour (provenant soit de retournements d'icebergs, soit de lancements des glaciers de la Terre de Danco). Ou trouvera à lerre soit sur la falaise, soif sur le livage, d(i nombreux points de tournage j)our les chaines et les amarres. Il l'audra, (juelque court que soit le s<'jour, établir un barrage à l'enlrc'e (le INiit-Circoncision, car de très gros ice-blocs peuvent s'y faufiler à tout instant et occasionner des accidents comme celui (p.ii nous enleva notre gouvernail. Les chaînes seules résistèrent un frottenienl des glaces; il ne DESCRIPTTOX DES COTES ET BAXQUISES. 31 sera donc pas exagéré de recomniandcr aux liàtiiiu'ids di'vaiil y séjoni'ner (r('ni|)orter au moins 20 maillons de ij,rolin-chaîn(\ La carte des inslallalions de la slalioii (riiivernage sera 1res utile à ce sujet: elle i]i(li(|uei'a eu même lem|)S les eiliplacemenls l'ax oraliles à l'inslallatiou des instruments. Trois piliers d'observation sont encore en place. L'un plein sei-vait de hase à la luuelte iiK-ridieuiie ; l(^s cooi'dounées géographiques absolues sdul gravées sur le marbre (pii la surmonte ^méridien de Paris). Deux aiilics |)iliers ei'eux sont aux extrémiti's d'une base liydrogrtiphi(pie mesurée au 111 invar (méthode du Hureau international des ])oids et mesures); deux plaques de plomb, portant deux traits à angle druil à l'iub'rieur des piliers et scellés sur la roche, mai'fpu'iil les exIriMuib-s de la base. Sa longueui, réduite au niveau de la nier, el sou oi'ientaiiou sont gravées sur les marbres (pii surmouleiil les piliers. I,e Fjord du Sud-Ouest de l'Ile est iulerdil aux navires, car, malgré sa gi'aude [)ror<)U(leur, un amarrage y serait très difïicile ; la boule s'y fait d'ailleui's seiilir; de très gros ice-blocs y pénètrent, et la falaise de glace du Nord envoie des laucemeuts im|)()rtants. Le Ijord du Nord-Kst est à l'ouveri des vents régnants, et la glace s'y accumule à cbaipie jempéte. L'île est prolongée an Sud par trois ilôts débordés eux-mêmes pai- des ré' cils. lu grand rair/i, sonvenii- de l'hivernage de la Mission 190S-I9I0, a été édifié sur la [letite colline rocheuse du Sud-Ksi de l'Ile. Ili:s AiiciKXTiNRs. — Ces Iles sont les |)remières roches d'un long chapelet d'îlots qui s'étendent en croissant t\u Xord-Kst à l'Ouest et premienl les iu)ms d'Argentine, Koca, (' lU'ii^c ol sans abris. Vnc coluiiio de Cormorans habile sur l'uno de ces ilcs. Ilk Darbiilx. — (i('iiH' neigeux aux falaises à pic. Tlks Vedel. — ('(' f:,roup(' d'iies, au large de l'ilo l'et<'rmaiin,est découpé et enchevèti'é à liidini. Il est fort probable, quoique nous n'ayons pu faii'c de sondages, que ses canaux et ses baies sont accessibles aux navires, auxquels ils ollViraient d'excellents abris. Cependant, en 1003 et lOOi, le « l'rançais » ne put y pénétrer à cause des glaces. En février et mars l!)0!>, la mer libre baignait toutes les côles. ROUTES. — MOUILLAGES ET AlUilS Nous donnons ici, à titre de renseignement, les routes suivies sans incident par le « Pourquoi Pas? ». L'absence presque complète de son- dages ne nous permet pas d'en alRi-mer la sécurité absolue, ("/est donc avec beaucoup de précaution que ces indications devront être suivies. De l'île Déception à Port-Lockroy. De l'île Déception au détroit de (lerlache, on pourra faire route directe en passant à 2 milles soit au Nord, soit au Sud des rochers Austin et entre les îles Uoseason et Intercurrence ; ces deux îles ne s<'ud)lent pré- senter que des dangers très rapprochés de leurs côtes. On pénétrera dans le détroit entre l'ile Liège et l'iledes Deux-llumocks, en rangeant de préférence l'île Liège. La côte Sud de l'archipel de Palmer semble saine; il faudra cependant ne pas trop l'anger le cap Kaiser, qui est débordé par deux petites îb^s. Le passage entre l'île Liège et l'île Brabantest(d'après le (' mètres. Ou devra, en s'y engageant, rallier la côte de l'île Liège pour i)arer les dangers de TiJol Davis, qui envoie à plus de 100 nu^tres de la côte des Ijas-fouds de 2 à .'{ uu"'ti'es, avec de nombreuses lètes déroches DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. . 33 émergeaiilcs. La liaie Houquet-clc-la-Cn yc, daiislaquellece chenal conduit, est très malsaine. Du cap Kaiser à Port-Lockroy, on longera tout d'abord la côte de lile lîrabant, à environ 1 mille, puis l'on prendra le milieu du chenal de Neu- mayer. La pointe Edwind-Astrup et le cap Félicie sont prolongés sur le chenal d(> Neumayer par des rochin-s émergeants, qui débordent la pre- mière à 500 mètres et la deuxième à 200 mètres. Le cairn élevé sur l'ilot Gasabianca, à l'entrée de l'anse Dorian, indi- quera l'approche de Port-Lockroy. La baie de Bulls, dans l'île Urabant, pourra, si elle se trouve libre de glaces, servir d'abri pour étaler sous vapeur un coup de vent du Nord-Est. Le chenal de Scollaert, qui sépare les îles Brabant et les Anvers, a été plusieurs fois suivi par le « Français ». Son accès est donc possible pour un bâtiment de même tonnage et probablement par tous les navires. Usera bon de consulter la carte d'itinéraire de l'expédition 1903-1905, qui indiciue les routes suivies par le « Français ». Deux groupes de petites îles réduisent la largeur de ce chenal à son entrée sur le détroit de Gerlache. Ces îles, non portées sur les cartes de la Mission 1903-1905, ont été ajoutées sur la collection des cartes de cette mission déposée au Service hydrographique de la Marine. Port-Lockroy. L'entrée de Port-Lockroy n'ollVe aucune difficulté, la passe étant large et saine, (^e port, où le << Français » et le « Pourquoi Pas? » ont séjourné en toute sécurité, aété utilisé en février 191 1 par une flottille de baleiniers; trois grands cargo-boats et huit navires baleiniers s'y trouvèrent réunis et se livrèrent à une pèche facile dans les environs, alors que le détroit de Branslield était intenable à cause du mauvais temps. Nous signalerons toutefois que, le 20 novembre 1910, Port-Lockroy était pris dans une épaisse banquise côtière ; il y a donc lieu de faire toutes réserves sur la possibiliti' d'y accéder en cette saison. D'après l'état des glaces que nous avons trouvées à l'île Déception, peu de jours après, et la débâcle que nous y avons suivie d'un l)Out à l'autre, Expédition Charcot. — BoMiiiAiN. — iJesciiption ili's eûtes et banquises. O 34 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. nous pouvons supposer tpio lu banquise de Port-Lockfoy dut disparaître vers le la décembre. 11 ne faut donc i^uère compter sur cet abri qu'en janvier, lévrier et mars. De Port-Lockroy à 1 île Wandel. Un navire sortantde Port-Lockroy peut utiliser soit le chenal de Roosen, soit le chenal Peltier. Le chenal de Roosen fut traversé plusieurs fois par la « Relgica » et le « Français » ; on devra se défier des dangers du cap Lancaster. Le « Pourquoi Pas? » ne traversa que le chenal Peltier, qui paraît très sain dans son ensemble. En venant de Port-Lockroy, on suivra tout d'abord le milieu du chenal ; puis on fera le coude en se rapprochant de la falaise de glace de l'île Wicncke, falaise très accore, pour parer la pointe de l'île Doumer, dont les abords n'ont pas été sondés; on suivra ensuite le milieu du chenal en laissant à gauche l'îlot Gœtchy. En sortant du chenal, on doublera le cap Errera à bonne distance, et l'on se dirigera sur le cap Renard, dont la pointe aiguë est facilement reconnaissable. (Ne pas confondre avec un sommet semblable situé un peu plus à l'Ouest sur le chenal.) Cette route sera suivie jusqu'à ce ipi'on ait doublé les lies Loïc de Lobel, dont le prolongement sous-marin s'étend assez loin dans l'Est. On pourra ensuite mettre le cap soit sur le chenal de Lemaire, soit sur le chenal Ouest de Pile Wandel. Pour gagner Port-Charcot, on devra se diriger tout d'abord sur les îlots Muinm, ])uis, après avoir doublé les îlots qui se trouvent au Nord de l'île Rothschild, on mettra le cap directement sur l'anse du « Français»). Port-Charcot. Le fjord où hiverna le « Prançais » en lOUi n'est à utiliser que par de petits bâtiments et pour un court séjour. Il faut, en effet, pour se mettre à l'alii'i (les glaces, que le bâtiment puisse s'enfoncer assez profondément dans le tjord pour (|u'niie cliaine puisse être tendue entre l'îlot Shôgen cl la colline du Cairn, ce (jui représente déjà une longueur de plus de U) mètres. DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 35 Au moindro sourilc de vont du Nord à l'Msf, do gros ioo-blocs se dirigeiU sur cet anso, et lo « l*our(|uoi Pas? », sui'|)ris dans oetto position, faillit être écrasé par les glacos. Lo clajiotis y est assez tort pendant les coups de vent, et le seul abri que l'on puisse espérer proviendrait des petites glaces que le vent y accumule; mais, en 1908, cette petite glace faisait tout à fait défaut. C'est assez dire que ce point d'accostage ne doit être utilisé que pour un court séjour, et encore quand on a la quasi-certitude de ne pas y être surpris par un coup de vent. Une cabane de l"i,')0 X l'^j.iO, contenant un pilier d'observation, se trouve à proximité de l'anse ; un dépôt de provisions a été installé sur son pourtour. Une embarcation on excellent état, loi-s do notre passage en 1008, se trouve à terre au fond de l'anse et au pied do la colline du Cairn. l^nfin un grand cairn, souvenir de l'hivernage du « Fram.ais », domine la collino du même nom. De l'île "Wandel à Port-Circoncision. Le chenal de Lemaire est sain du cap Renard à Port-Circoncision (île Petermann). Entre l'île Wandel et la Terre de Danco, il est souvent encombré de glaces de toutes sortes et môme quelquefois obstrué par des lign(>s d'icebergs qui forment barrage dans sa partie étroite au Sud de Wandel. La passe à l'Ouest de l'île Wandel se pratiquera entre cette île et l'îlot Rallier-du-Baty, en suivant le milieu du chenal ; puis, après avoir arrondi les pointes Sud-Ouest do la colline du Cairn, on travorsei-a la baie do la Salpétrière en se dirigeant sur lo sommet Gourdon, la partie Nord do Tilo Howgaard étant assez malsaine i^un rocher est d'ailleurs visible presque au milieu de la baie). La baie de la Salpètrièro est souvent encombrée d'éuDmics icebergs. On rangera ensuite; la côte de Wandel entre 100 et 200 mètres. En novembre 190!). nous avons trouvé la partie Sud de la baio occupée par uiio l)aii(|uiso côtièiT {jui 110 laissait qu'un étroit chenal d'eau libre de oO à 100 métros au piod do lilo Wandel, et lo » Pourquoi Pas? » dut utiliser ce chenal pour se rondro de Porl-I^irconcision à Port-Lockroy. La côte do l'île Howgaard sur lo chenal de Lemaire est saine à 200 mètres 36 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. jusqu'il la presqu'île du Sud. Celte presqu'île est débordée vers l'île Pe- termanii par un îlot et de nombreux rochers ; il sera donc bon de rallier le milieu du chenal pour la parer. On pourra passer entre les îles Petermann et Howgaard en ralliant la côte Nord de Petermann à 200 mètres; puis, après avoir doublé le Sud d'Howgaard, on s'éloignera jusqu'à oOO mètres de Petermann pour parer les récifs de la pointe Nord-Ouest de cette île. Passages au Sud de l'île Petermann. Le chenal entre l'île Petermann et les îles Argentines est assez large ; le " Pourquoi Pas? » y est passé deux fois sans accident, et nous avons vu d'immenses icebergs suivre cette passe d'un bout à l'autre. Un bon tour sera donné aux îlots qui prolongent l'île Petermann vers le Sud et qui sont débordés par des récifs. Seul l'îlot bas qui se trouve au milieu de chenal nous a paru accore vers le Sud, et nous en sommes passés à moins de 200 mètres. A l'Ouest de cet îlot, on tiendra le milieu de la passe entre les îles Vedel et Roca, une ligne de rochers semblant joindre et déborder un peu vers le Sud les îles Petermann et Vedel. Cette partie du chenal a été parcourue une fois par le « Pourquoi Pas? » en mer libre, et rien ne nous a permis de soupçonner des dangers en dehors des abords des îles, où d'ailleurs ils émergent en grand nombre. De l'île Petermann au cap Tuxen. On ralliera tout d'aboixl le cap Uasmussen pour parer les récifs épars des îles Jallour. Le « Pourquoi Pas? », passant dans une de ses traversées un peu trop près de ces îles, donna un violent coup de roulis qui fut sup- posé causé par la rencontre d'un haut-fond. Une éraflure de 13 mètres de longueur a d'ailleurs été relevée sur la coque et devait provenir de ce choc. La côte Norddu cap Tuxen en a été longée deux fois entre 50 et 1 00 mètres de la berge jusqu'à l'îlot qui termine le cap au Sud-Ouest. On donnera un bon tour à lîlol et aux pointes rocheuses qui le ilanquent DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 37 à l'Est |)oui' parer 1111 pâté rochoux assez accidenté qui les déborde et sue lt'(|u<'l s'échoua le « Pourquoi l*as? ". Ce plateau rocheux esl d'ailleurs très accore du côté de la mer, les fonds tombant brusquement à plus de (iO mètres à une centaine de mètres de sa lisière. De ces récifs, nommés sur la carte récifs du « Pourquoi Pas? » à la pointe de la Délivrance, la côte paraît saine à 100 mètres de la rive. Au delà, nous ne pouvons donner que des indications assez vagues pour la navigation. Il sera bon de doubler la pointe de la Délivrance à 200 mètres, puis de rallier le grand glacier, qui fait suite au pic Lumière, pour parer les dangers des innombrables ilôts qui débordent l'île Berthelot. Vers le cap des Trois-Pere/, un largt; passage dans lequel nous avons trouvé des icebergs monumentaux s'étend entre la côte et les îles Ber- thelot et Darboux. 11 est probable que ce passage est sain, ainsi que ses débouchés vers la haute mer, mais aucun sondage ne nous permet de l'affirmer. il est cependant à remarquer le fait de l'absence presque complète d'îlots dans cette région jusqu'aux îles Biscoë, GLACES DANS LES ENVIRONS DE L'ILE PETERMANN 11 nous semble intéressant, quoique cela n'ait aucun caractère de géné- ralité, d"indi(|uer la situation de la banquise pendant notre séjour à la station d'hivernage de 1909. A notre arrivée à l'île Wandel, le .10 décembre 1908, nous n'avions encore rencontré, en dehors d'ice-blocs de toutes sortes, que des floesoii pla(iues de peu d'étendue et sans cohésion dans le chenal Peltier. De la colline du Cairn à Wandel, nous ne voyons au large qu'une ban- quise paraissant peu épaisse, semée d'ice-blocs et d'icebergs, sillonnée de canaux d'eau libre et dont la lisière extrême semblait joindre le cap Albert-de-Monaco (île Anvers) aux îles Biscoë. Le o janvier, nous nous rendons à Petermann par le détroit de Lemaire, rencontrant seulement 38 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. deux bandes de petits ice-blocs ou bourguignons provenant sans doute des glaciers avoisinants. Le 8 janvier, allant de Port-Girconcision au cap Tuxen, nous naviguons dans des débris d'icebergs, des morceaux de banquise pourrie et un dédale d'icebergs de toutes dimensions. A Tuxen, nous rencontrons une pelli- cule de glace solide de 10 à lo centimètres d'épaisseur et non recouverte de neige, qui s'étend, coupée de quelques failles, jusqu'à l'île Berlhelot. Au delà, la banquise paraît assez épaissie, mais sillonnée de failles. Le 10 janvier, lors de notre retour à l'île Petermann, même état de glace dans les chenaux, mais la banquise du large a disparu. Le chenal entre les îles Argentines et les îles Vedel est encore très encombré le 13 janvier. Le 3 février, au retour de notre campagne d'été, nous retrouvons à peu près le même état de glaces. Petit à petit, les glaces s'éclaircissent à la suite des coups de vent de Nord-Est; le cap Tuxen, l'île Berlhelot, les îles Larrouy, Vieugué et Dnchaylard baignent en eau libre. Les icebergs et ice-blocs se concentrent sur la ligne des îles Argentines et Quintana et dans le fond des baies, laissant les chenaux presque entiè- rement libres. En fin janvier, une excursion en embarcation dans la baie lîeascochea ne rencontre de glace de mer qu'au fond de cette baie; l'île Lahille est encore soudée à la côte par une banquise côtière. En fin mars, la débâcle se continuant, l'île Lahille, l'île (Ihaves, l'île Ferin baignent en eau libre ; la côte de la Terre de Graham semble com- plètement dégagée et se perd vers le Sud, baignée par la mer. En avril commencent les premières gelées sérieuses : tout se |)rend en dedans de la ligne formée par les îles Biscoe-Quintana-A'edel et le cap Albert-de-Monaco. On peut circuler sur la glace du chenal de Lemaire. Fin avril, une série de coups de vent chaud brise la glîice, qui man- quait d'homogénéité ; le chenal de Lemaire est de nouveau libre jusqu'à l'île Uerthelot; les îles Vieugué, Dnchaylard et Vedel reparaissent bai- DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 39 giiées par lamop. dépendant, la baie Beascochea elles îles côticres restent prises dans la banquise. Pendant mai, juin («tjuillot, nous avons des alternatives de gel et de dégel et aucune i)anquise au large; le chenal entre les Quintana et les Vedel se remplit peu à peu de pack. Le 3 août, nous nous réveillons avec une grosse banquise arrivée du large pendant la nuit et qui semble englober l'ile Victor-Hugo. La houle des coups de veut (|ue nous ressentions est supprimée. Le 18 septembre, à Tallitude de 500 mètres, la banquise paraissait . s'étendre sur tout notre champ visuel; l'ile Victor-Hugo, cependant, sem- blait être en eau libre. Cette banquise n'était formée que de grandes plaques laissant entre elles de vastes clairières d'eau libre. Au large d<'s îles Vedel, une grande clairière d'eau libre, large de 3 ou 4 milles, s'éten- dait jus(iu"au cap Albert-de-Monaco. L(> délroit de Lemaire, à la hauteur de l'île Wandel, était libre de glaces vers le Nord. En fin Septembre, la banquise se casse entre Petermann et la Terre de Danco, laissant iiu lac deau libre qui se déplace et se déforme avec les courants de marée et au hasard des vents. Le IS octobre, nous pouvons aller à pied sur la banquise de l'île Peter- mann, aux îles Vedel et à l'île Wandel, en passant à l'Ouest de Ilowgaard. La croûte glacée de cette banquise n'existe pour ainsi dire pas; il n'y a guère qu'une couche de neige de oO centimètres à 1 mètre infiltrée d'eau de mer et soudée par les gelées; un bâton la traverse sans difficulté. Au large, la grande clairière derrière les lies Vedel s'étend vers le Sud, et, dans les périodes de calme atmosphérique, on constate un fort courant déri- vant vers le Nord les icebergs visibles à notre horizon. Une série de coups de vent de Nord-Est nous ramène la ban(juise du large, qu'une abondante chute de neige rend compacte. La banquise se démolit de nouveau rapidement, sillonnée de canaux et clairières. Après une série de beaux temps calmes, le chenal de Lemaire se dégage. On peut encon' aller aux iles N'edcl suc la glace, le l!l novembre, mais la banquise au large a disparu, et la houle des coups de vent se fait de nou- veau sentir. 40 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. Le 21 novembre, la pointe Ouest de l'île Peteruiann est en eau libre. Le 20 novembre, nous quittons Petermann, et le « Pourquoi Pas? » navigue dans le chenal de Lemaire, où il trouve un pack assez serré. A lu hauteur de la pointe Sud de Pile Wandel, le chenal est bouché par une digue d'icebergs dont les interstices sont fermés par des lloës très serrés. La banquise côtière qui s'appuie sur l'île liowgaard vient se terminer à 100 mètres de l'île Wandel, laissant un étroit chenal d'eau libre que nous prenons. La baie de la Salpêtrière est libre, mais encombrée d'icebergs. Au nord de l'îlot Rallier-du-Baty, nous tombons dans la bouillie gla- ciaire, dans laquelle nous ne marchons que 2 nœuds, la machine donnant toute sa puissance. Port-Gharcot paraît pris dans la banquise côtière comme en novembre et décembre 1904. Enfin, à 3 milles du cap Errera (île Wiencke), nous sommes en mer libre. Tous les chenaux du détroit de Gerlache sont dégagés jusqu'à l'île Déception. Nous n'y avons rencontré que quelques icebergs et des frag- ments de glace de dérive. Le 26 novembre, Port-Lockroy était complètement pris dans une épaisse banquise côtière. TERRE DE GRAHAM Nous avons, d'accord avec avec Biscoë, appelé Terre de Graham la partie de l'Antarctide Sud-Américaine située en arrière des îles Riscoë, c'est-à-dire limitée au Nord par la baie Beascochea et au Sud par le baie Auvert. Cette terre, prolongement vers le Sud de la Terre de Danco, présente le même aspect montagneux et chaotique sur la côte ; mais ses lignes sont beaucoup plus régulières dans l'intérieur. Sa partie Nord, que nous voyions de l'île Petermann, se composait d'un plateau neigeux assez mamelonné, d'une altitude moyenne de 1 «00 mètres, étendant à perte de vue sa surface blanche, qu'aucun mina- tak ne venait percer. Ce plateau se termine à une bonne distance de la côte par des falaises à pic dans une plaine glaciaire inclinée vers la mer et d'où émergent des DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 41 massifs chaoliqnes en tout seniMiiblcs à ceux île la p.-irfM' de l;i 'I'i^itp de Daiico, (jul nous faisait face. Nous avons mentionné plusieurs de ces massifs dans la description de la baie IJeascochea. Leur faisant suite au Sud, nous trouvons une longue ligne rocheuse surplombée par deux cônes aigus très voisins. In»' autre ligne de sommets située en arrière se termine sur la mer par un (îuiie surmonté de deux aiguilles rocheuses. Entin, soudé au plateau neigeux de l'intérieur, un massif arrondi, le mont Garcia, vient aboutir directement sur la mer, dans des falaises à pic. l»c la l.aic l'endleton, nous avons suivi la continuation vers le Sud de ce massif par une arête sensiblement horizontale paraissant former le rebord d'un plateau. Au delà, après une brèche assez accentuée formant probablement un cin|ue. nous n'avons pu distinguer dans la brume que la silhouette de deux hautes montagnes, en avant desquelles plusieurs petits pâtés rocheux formaient probablement des caps. Côte et îles de la Terre de Graham. Cette côte, que nous n'avons vue que de loin et dont nous n'avons relevé que les principaux accidents, s'étend vers le Sud-Ouest à partir de la pointe Nunez et semble très découpée. L'île Lahille, qui prolonge en mer la pointe précédente, est constituée de deux arêtes assez régulières soudées par une carapace neigeuse; elle se termine à l'Ouest par un cap à pic, au large duquel se trouve un petit îlot conique neigeux, l'île Lipman. L'île (^haves, au Sud-Ouest de l'ilc Laliille, présente un prolil dentelé très accidenté et où le rocher est partout à nu, sauf à la base, où se trouvent des cônes d'éboulis. La côte derrière ces îles est formée d'une série de caps (|ui terminent les massifs de l'intérieur et entre lesquels s'écoulent les glaciers. L'un d'eux, particulièrement important, dresse sa marche rocheuse presqueàpic dansle prolongement d'une grande montagne arrondie, qui fait partie du plateau neigeux intérieur, dont elle semble être un éperon avancé. Expédition Cliarcot. — Boxgbain. — Description des c6tcs et banquises. C> 42 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. Plus au Sud, la cote continue vers le Sud-Ouest jusqu'au cap ou ile Waldeck-Rousseau, où de l'île Petermann nous la perdions de vue. L'île Ferin est formée sur sa face Nord par une arête à peu près hori- zontale et dominée par un cône neigeux situé un peu en arrière. L'île Waldeck-llousseau est bordée de falaises régulières à pic vers l'Est; sa face Ouest, visible de la baie Pendieton, est beaucoup plus acci- dentée, présentant en particulier un monolyte incliné très semblable à celui du cap des Trois-Perez, quoique moins aigu. A cette première ligne d'îles correspond une deuxième ligne d'îles coniques rocheuses, les îles Vieugué, Duchaylard et Larrouy, dont la base est noyée dans une calotte de glace. Enfin une troisième ligne d'îles parallèle aux deux premières est formée par la chaîne des liiscoë. Iles Biscoë. Les îles Biscoë s'étendent vers le Sud-Ouest depuis les îles Martin jusqu'à la baie Matha. Elles sont coupées en deux groupes par une large brèche : la baie I*endIeton. Ces îles sont composées exclusivement de calottesde glace souvent très étendues de 2 à Ki milles et bordées de lignes d'écueils, où des quan- tités considérables d'icebergs viennent s'échouer. Vues du large, elles semblent chevaucher l'une sur l'autre, et les canaux qui les séparent doivent être très étroits. Aucun nunatak n'est visible sur ces îles où le rocher n'apparaît qu'au pied des falaises. Nous pensons pouvoir leur attribuer un altitude moyenne de 200 mètres, aucune mesure n'ayant pu être effectuée. Elles forment devant la Terre de Graham une véritable digue qui cache cette terre presque entièrement aux vues du large. Il est très probable que ces îles doivent oUVir de nombreux abris; Biscoë en signale d'ailleurs un dans l'île Pitt, du côté de la Grande-Terre. Le « Pourquoi Pas?» a longé ces îles à bonne distance et du côté du large, sauf au Nord de l'île Nansen, où il lut arrêté par le pack, et ne put découvrir de refuges. DESCRIPTION DES COTES ET BAXQUISES. 43 . Le « FiNiiicais », en l!M>;5- 100."), l'ut loiijdiu's Icnu à i;i';iiKlo distance de ces îles pat' le pack cl. en dt''|ii( de l'fs ril'oris, ne put los aU(Mndr(>. Le chenal Grandidier, (|ui sépare les îles Hiscoë de la leiTe Icrnie, nous pai'ul libre de glaces en février et mars l!)()!l. Kvcnsen semble d'ailleurs lavdir traversé quand il relate qu'il passa entre bîs plus Nord d(^s IJiscoë et de la tei're. Nos caries ne présentent qu'une esquisse assez vague de ces îles; nous nous sommes contentés, faute de [xinvoii' faire mieux, de limitei- leurs agglomérations et de mar<|uer les (juelipies caps, canaux et l'écifs que nous avons pu voir. Terre Loubet. La Terre Loubet forme la continuation vers le Sud de la Terre de Gra- ham et s'étend du cap Bellue, dans la baieMatha, au fjord Bourgeois, dans la baie Marguerite. Cette partie de l'Antarctide Sud-Américaine était tota- lement inconnue avant le passage de l'expédition française 1!I08-1()I0. IJien que nous l'ayons pénétrée assez profondément aussi bien au Nord qu'au Sud, nous n'avons rencontré nulle j)art de masse continentale pro- prement dite, comme plus au Nord, nuiis seulement un amas de pâtés rocheux séparés par des dépressions basses ou des fjords profonds. Plu- sieurs de ces pâtés ont été reconnus connue formant des îles d'étendues souvent très vastes. L'île Adélaïde en est l'accident le plus occidental. La banquise côtière, qui soudait toutes ces terres, ne nous a pas permis de vérifier si ces fjords étaieiit l'erniés ou si, au contraiie, nous avions alVaire à des canaux. Le seul fait certain est qu'ils se prolongeaieid au delà des points extrêmes fixés sur nos cartes, et la proximité de certain d'entre eux nous autorise à considérer connue possible leur réunion. Une autre raison militerait encore en faveur de cette division insulaire : l'absence presque complète de glaciers importants, (jui siM'viraient d'issues aux glaces de l'intérieur. Enfin, dans la baie Matha et dans la baie Marguerite, nous avons constaté l'existeMce de fosses sous-marines en dedans de la ligne d'îles d'avant- garde, fosses parallèles à la ente, c'est-à-dire orientées Nord-Esl-Sud- Ouest, à peu de chose près dans le |)rolongenient des fjords. C'est assez 44 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. dire que la reconnaissance de cette région n'est qu'ébauchée et qu'un très gros travail hydrographi(|ue y reste encore à faire. Nous étudierons en détail cette terre en nous plaçant aux différents points d'observation atteints par le « Pourquoi Pas? ». Baie Matha. La baie Matha est le profond enfonoeniont compris entre les iles Biscoë, le cap de Bellue, la Terre Loubet et l'île Adélaïde. Cette baie est bordée de hautes montagnes formant des massifs isolés ; plusieurs fjords ou détroits y aboutissent, découpant profondément la Terre Loubet. En parlant du Nord, nous rencontrons tout d'abord le cap Bellue séparé des îles Biscoë par la cuvette du chenal Grandidier. Ce cap, à l'aspect très caractéristique, se prolonge vers le Sud-Est par une chaîne de mamelons (jui disparaît en arrière le cap Bey dans une chute très nette. La baie Marin-Darbel, dont nous n'avons pu voir que l'entrée, semble creuser profondément la terre entre le cap Bey et le cap Bellue ; de petites îles en calotte bordent sa rive Nord. Le cap Bey, au protil dentelé et aux falaises à pic, se détache en noir sur la cote voisine et limite une calotte glaciaire qui baigne le pied d'une chaîne montagneuse dont le cap est l'aboutissement sur la mer. Cette chaîne court vers le Sud-Est sans accidents bien saillants, en présentant un sommet de 1 040 mètres après lequel se creuse une dépression occupée par un glacier peu incliné qui se déverse dans la calotte. In nunatack noir visible de loin, présentant la forme d'un cône légère- ment incliné, perce la croûte neigeuse en avant de ce massif. Une deuxième chaîne à peu près parallèle à la première lui fait suite après la dépression; sa base est noyée dans une plaine de neige dont les falaises forment la bordure Est du fjord Lallemand. La chaîne, d'abord assez accidentée et percée en maints endroits par les issues de petits glaciers de l'intérieur, semble se régulariser plus au Sud Cl) une espèce de plateau neigeux aux contreforts saillants qui pré- sentent le rocher à nu sur presque toutes leurs pentes. . DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 45 Une grosse île coiii(|iu', l'ilc Andresen, située en avant de la côte, est presque entièrcnienl enfouie^ dans la neii^e. Le petit ilôt Delaille la di'iioi'dc à rOuest; il (;st entoui'é de récifs et donne asile à une inipoilanle colonie de Pingouins d Adélie. Le fjord Lalleniand, cpii lors de notre passage était entièrement pris dans une épaisse banquise côtière semée d'icebergs, pénètre vers le Sud de IaTerr(> l.ouhet. Après avoir subi un étranglement entre deux massifs, il s'élargit de nouveau et se divise en deux tronçons dirigés l'un au Sud-Ouest, lautre à l'Ksl. Un plateau neigeux aux falaises à pic semble opérer cette division. Sur la rive Ouest du fjord Lallemand, nous rencontrons deux petits massifs, séparés par un vaste glacier issu des sommets Gravier. Le massif Nord, presque entièrement recouvert de neige, ne dépasse pas 575 mètres d'élévation. Il diMache au Nord une île arrondie, l'ile (Iharles-lloux, qui n'en est sépaiée que par un étroit canal. A l'Ouest de l'île C-harles-Houx, s'ouvre une vaste baie, (pie nousavons appelée fjord llanusse. La côte Sud-Est de cette baie est constituée par un vaste glacier con- vexe percé en maints endroits par les contreforts du massif Gravier et qui se termine à r( luest contre un petit uiassif rocheux. A l'Kst de ce massif s'ouvre une dépression profonde mais éti'oite, qui nous a |)aiu descendre au niveau de la mer et que nous supposons former communication entre les fjords llanusse et Laubeuf. C'est ce col ou détroit, dont la longueur ne dépasse pas 10 milles, qui sépare lile Adélaïde du continent. L'ile Liard, qui occupe le centre du fjord llanusse, se compose d'une arête rocheuse orientée Nord-Est-Sud-Ouest, détachant perpendicu- lairement quelques contreforts et dont la base est noyée dans une calotte glaciaire aux falaises à pic sur la mer. La cote Xoid-Ouest et Nord de cette île baignait en eau libre lors de notre passage. 46 DESCRIPJ ION DES COTES ET BANQUISES. ILE ADÉLAÏDE L'ilo Adélaïde lui découviM'li» par Biscoë le lo février 1S31. Le lo février 1S08, la « Belgica » la côtoya dans la brume et aporout oe loin quelques-uns de ses sommets et son extrémité Sud. Au delà, elle signala une vaste écliancrure au fond de laquelle elle n'aperçut pas de terres. Le 15 janvier iOO"), le « Français », croyant découvrir une terre nou- velle, hydrograpliia la pai-tie Nord de cette île. Cette erreur était d'ailleurs parfaitement justifiée par le fait quelîiscoë, ayant assigné une longueur de 9 milles à sa découverte, la partie de côte hydrographiée [)ar le « Français » se trouvait bien au Nord de la position indiquée pour l'ile sur les cartes anglaises. En réalité, cette île, vue par le navigateur anglais de beaucoup plus loin qu'il ne le supposait, a 60 milles de longueur. Dans sonensendjle, elle est constituée par une série de massifs presque à pic sur le versant Est, et dont la base vient se terminer sur In côte Ouest par une longue terrasse de glace prc'sentant des falaises à pic de 30 à 10 mètres sur la mer. Cette terrasse au profilconvexe est loin d'être régulière, et si, en debors des massifs eux-mêmes, on n'aperçoit aucun nunatack, par contre de nom- breuses bosses, des vallonnements assez accentués dénivellent sa surface, décelant des mouvements de terrain submergés par la glace en relation avec les massifs de la côte Est. L'allure presque géométrique que la côte Ouest all'ecte sur nos caries n'est pas tout à fait l'expression de la réalité; quelques indentations de faible impoi'tance rendent le contour de lîle un peu moins régulier. Ces indentations, visibles quand une nouvelle sinuosité débordait de ce que nous considérions jusqu'alors comme la terminaison de la terre, se fondaient rapidement dans la falaise de glace à mesure que nous avan- cions, et faute di- pouvoir faire mieux, nous nous sonnnes contenté de tracer la courbe enveloppée par les tangentes à la falaise prises pendant MoIre voyage. DESCRIPTIOX DES COTES ET BANQUISES. 47 11 semble, Jailleurs, que celle parlie de la cùlc doive èlie sujcUr à dos niodifieations incessantes du lait des lancements ou ••boulcments de blocs incidents qui doivent avoir d'autani plus d'iniiioi-tMiici" que la l'alaisi; de glace baigne directement dans la mer. Des îles Sillard au cap Adriasola, aucun rocbei- u'csl visihic au (licil de la l'alaise, ce qui ne veut pas dire, d ailleurs, que la colf soi! Iirs saine. L'écueiiil du « Français » en est la meilleure preuve ; il est à iioti'i' cepen- dant (jne celui-ci se trouve sur l'exliaussement rocheux qui [)rolonge l'ileAdélaïde versles Biscoë. A partir du cap Adriasola, qui est constitué par un rocher dépourvu de neige, la côte est bordée de petits îlots couverts de neige et de récifs : les îlots Ilenckes sont les plus importants. C'est également à partir de ce point que lile Adélaïde envoie très loin en mer des chapelets d'îlots et de récifs dans la direction de l'Ouest et du Sud-Ouest. Alors (pi'au Nord de ce cap les fonds descendent rapidement à iiOO mètres, ils restent au Sud très irréguliers et bien loin en mer les sondages du « Français », ii3 mètres à près de 70 milles, et de la « Belgica », 135 mètres à oO milles des côtes, décèlent le prolongement sous-marin de l'île Adélaïde. Cinq massifs ou tout au moins cinci accidents d'un même massif se dressent au-dessus de la plaine glacée de l'île, séparés par des cols ayant à i)eu |irès l'allitudedela croûte neigeuse, soit de 300 à 500 mètres. Ce sont à partir du Nord : Le sommet Vélain, d'environ 700 mètres, en partie noyé dans la neige, mais présentant cependant quelques pentes, où le rocher est visible. Le massif Houvier, d'une altitude maxima de 1 iiOO mètres, à |)ic sui' la baie Matha et sur le détroit présumé, constitué de mamelons arrondis et presque entièrement recouverts de neige. Le massif Mangin, terminé sur le fjord Laubeuf par un glacier (>u cas- cade et formé de plusieurs sommets assez aigus dont le plus important atteint 876 mètres. Le massif Gaudry, de beaucoup le|)lus (devé, érigeant ses deux cônes neigeux à 2 100 et 2185 mètres et se terminant sur la baie Marguerite par uiH> s(''i'ie de contreforts, d'où descendent des glaciers accident<''S et (•Ii;i(ili(iiies. 48 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. Le massif A. Ditto, beaucoup moins important et qui, grâce à l'abri du massif précédent, estpres(|ue totalement dépourvu déneige; il se termine au Sud par le cap Alexandra. BAIE MARGUEFilTE La baie Marguerite est la profonde échancrure qui s'étend entre l'île Adélaïde, la Terre Loubet, la Terre Fallières et la Terre Alexandre. La partie Nord et Est de cette baie se ramifie en plusieurs fjords, qui pénètrent profondément la Terre Loubet et la Terre Fallières. Vers le Sud, elle se prolonge à perte de vue entre la Terre Fallières et la Terre Alexandre, formant un véritable bras de mer dans lequel nous n'avons jamais vu l'apparence d'une terre. A l'Est de l'exhaussement qui semble relier l'île Adélaïde à la Terre Alexandre, la baie Marguerite présente une fosse dont In profondeur varie de 600 à 800 mètres. Plusieurs îles ou archipels occupent la partie Nord de la baie Marguerite, dans le prolongement de l'île Adélaïde. Ce sont : Les îles A/nio/, en face du cap Adriasola, petites îles basses entourées de récifs et paraissant réunies à la côte par un seuil sous-marin, si l'on juge par l'accumulation d'icebergs qui semblent former un mur entre la terre et les îles. Le récif //orr/, formé de deux tètes de roches peu élevées, souvent assez difficiles à distinguer dans le pack. Les îles De Dion et les îles Maufice-Faure, groupes d'îlots rocheux de 30 à 40 mètres d'élévation et hérissés d'une nuée de récifs. Le <( Pourquoi Pas?» s'est trouvé par deux fois au milieu de ces écueils, quoique à plus d'un mille des îles. Les îlots de Guébriant, formés de trois cailloux dépourvus de neige. L'île JeN/n/^ sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. L'île iJonie, située dans une espèce de cirque formé parles glaciers de l'île Adélaïde ; son élévation atteint 370 mètres. Elle est prolongée vers le massif Mangin par un chapelet de petits îlots bas et rocheux. DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 49 ILE JENNY L'île Jenny, longue d'un peu plus de 2 nulles, an'ectela forme d'un ci'ois- sant dont la concavité serait tournée vers le Nord; son élévation est en moyenne de 450 mètres; l'île présente sur presque tout son pourtour des parois abruptes noyées à leur hase dans des cônes d'éboulis. La ci'ète n'est accessible que du côté Nord par la pente neigeuse et les éboulis qui occupent le fond du croissant. Au Sud, un glacier de petites dimensions occupe sa base. Au Sud-Ouest, au pied du |)lus haut sommet, se trouve un accident très remarquable : une terrasse dont le plateau est rigoureusement plan, de iOO à iiOO mètres de longueur sur une largeur de ;iO h 100 mètres; son élévation est de 8 mètres au-dessus du niveau dr la mer. Celte terrasse est constituée par des galets arrondis et présente tous les caractères d'un ancien rivage. Un os de baleine ti'ouvé sur la terrasse tendrait à prouver que cet accident est dû à uu(> convulsion assez récente. L'île Jenny était à notre passage soudée à l'île Adélaïde et à la Terre Loubet par un isthme de banquise. Nous avions espéré trouver un abri dans ses environs immédiats. Mal- heureusement aucun mouillage n'est possible dans les parages de l'île, dont lés parois rocheuses descendent rapidement sous la mer à plus de 230 mèti'es. De nombieux éperons rocheux interdisent un accostage pour un bâtiment moyen. De plus, les mauvais temps y sont à craindre, non pas tant à cause de la levée, qui ne dépasse guère 1 mètre, que parce qu'ils ramènent dans la baie une foule d'ice-blocs et d'icebergs qui y ont champ libre à cause des grands fonds. Dans les environs du glacier de l'île Adélaïde, on trouverait des fonds vaseux de 00 mètres, mais là on serait menacé par les lancements de blocs énormes provenant du glacier, comme celui qui faillit nous écraser sur la banquise, le 20 janvier 1009. Il est probable que, danslesenvirons de l'Ile Léonie, un navire pourrait trouver de bons ancrages, la proximité du glacier faisant prévoir des Expédition V/iavcdl. — Bunuraix. — Description des cotes et banciuiscs. ' 50 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. fonds de vase, et de plus les sondages allaient incontestablement en dimi- nuant dans cette direction. Malheureusement plusieurs kilomètres de Itanquise côtière nous séparaient de ce point. Certaines années particu- lièrement favorables peuvent permettre d'atteindre cette région ; le grand nombre d'icebergs qui jalonnent cette banquise en sont la meilleure preuve. PARTI K SUD DE LA TERRE LOURET Le fjord Laubeuf, qui sépare l'île Adélaïde de la partie Sud de la Terre Loubet, était, lors de notre passage, complètement pris dans la banquise côtière. Une équipe de trois personnes le parcourut de l'île Jenny à l'île Webb (petit cône rocheux flanquant le massif Mangin); elle trouvait une belle banquise, permettant un traînage facile, semée d "icebergs plus ou moins enfouis sous la neige et autour desquels s'ébattaient des troupeaux de Phoques. Une crevasse de 2 mètres de largeur semblant tracer une ligne continue du massif Mangin à l'île Piniero coupait la banquise. Cette cre- vasse nous a semblé tirer son origine de la pression du glacier du massif Mangin, qui en cet endroit pénètre comme un éperon dans la banquise. Elle nous permit de constater qu'en cet endroit la hauteur de la ban- quise au-dessus du niveau de la mer atteignait à peine oO centimètres, c'est-à-dire à peu près l'épaisseur de sa lisière en débâcle près de l'île Jenny. Au delà et vers le Nord de l'île Webb, les icebergs englobés dans la banquise étaient encore fort nombreux, et la banquise se prolon- geait à perte de vue jusqu'au pied des massifs. La Terre Loubet présente sur ce versant des pâtés rocheux, chaotiques, ne fournissant que des glaciers insignifiants, et ses pentes abruptes sont en grande partie dépourvues de neige. Sur l'une de ces falaises rocheuses, nous avons remarqué des stries horizontales assez régulièrement disposées, formées soit par des gradins neigeux, soil par des roches d'une autre teinte, mais la distance qui nous en séparait ne nous a pas permis d'en distinguer l'origine exacte. Au fond du fjord Laubeuf se dressent les trois pics du massif Gravier (1 78o mètres). DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 51 Une montagne conique de !I70 mètres surplombe le cap Paëns-l'ena ; elle est prolongée par un chapelet d'îlots et une grande île aux arêtes déchicpietées, l'île l'iniero. Au Sud du cap Saëns-Pena, s'ouvre le Ijord Bigourdan, orie^ité au Nord-Kst. Ce fjord, beaucoup plus (Hroit que le précédent, est bordé de caps présentant des falaises très inclinées et dé- pourvues de neige. En arrière de ces caps et leur servant d'origine, nous trouvons quelques sommets neigeux, mais peu élevés. Le fond du fjord semble divisé en deux branches paj' une barrière montagneuse située assez loin en arrière du dernier cap visible. Un seul glacier mérite la peine d'ètie mentionné près du cap Lainez, glacier d'ail- leurs assez bas et encaissé entre le massif Sud du fjord et le petit massif qui forme le cap. (lgica » porte le plateau continental à 2° de latitude |)lus au Sud. Nous signalerons un fait extrêmement curieux et inexpliqué, à savoir la présence d'une nuée d'icebergs sur la côte Est et vers le Nord de l'île. 54 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. BANQLISE DE L'ANTARCTIDE SUD-AMÉRICAINE Au mois de janvier 1000, lors de notre première campagne d'été, toutes les côtes extérieures de la partie Ouest de l'Antarctide Sud-Américaine étaient libres de glace jusqu'au 68® degré de latitude Sud. Seuls les détroits et les baies étaient plus ou moins engorgés de pack et, derrière le pack, de banquise côtière. Au delà du ôS^degré, l'influence de la grande banquise de la mer de la » Relgica » se fait sentir, et les terres sont englobées dans un pack épais appuyé sur une banquise côtière de vaste étendue. Cette banquise côtière, large de 20 à 30 milb^s le long de la Terre Fallières, remplissait tous les fjords de la côte, soudant l'île Adélaïde à la Terre Loubet et paraissant même prendre appui sur la Terre Alexandre. Elle était semée d'icebergs prisonniers. Le pack était généralement constitué de plaques dune superlicie très variable, de 50 à 70 centimètres d'épaisseur au-dessus de l'eau et pré- sentant sous l'eau une teinte verdàtre. De nombreux icebergs, en général de petites dimensions, et des ice-blocs parsemaient le pack. Un banc d'énormes plaques fut rencontré près de la Terre Alexandre, et nous navigàmes au milieu d'elles pendant plus d'une heure. Ces plaques, d'une superficie de plusieurs centaines de mètres carrés, étaient élevées de 2 à 4 mètres au-dessus du niveau de la mer. Leur bor- dure était très nette et semblait provenir d'une cassure récente; leur teinte était bleutée sous l'eau. Nous pensons que ces plaques provenaient d'une banquise côtière non débaclée depuis plusieurs années. Les grands icebergs ne se rencontraient guère qu'au large et sur les côtes extérieures de la Terre Alexandre, de l'île Adélaïde et de l'île Biscoë. Il nous reste un mot à ajouter sur la possibilité de la navigation dans ces glaces. Il ne faudrait pas croire que le long des côtes et en particulier dans les baies le hasard seul guide les mouvements de la banquise. Pour une ban- quise donnée, deux éléments peuvent influer sur sa navigabilité, les vents DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 55 pt les courants de marée. Les vents en général resserrent la banquise contre les côtes qu'ils ont battues, mais ils peuvent aussi ouvrir des brèches dans le sens de leur direction, partout où la banquise est lâche et compressible. Les courants de marée, souvent très intenses dans les baies, produi- ront alternativement un resserrement ou une relâche dans les packs côtiers, laissant au jusant de gi-ands lacs d'eau libre devant les bancjuises solides. Autour de file Jenny et dans la baie Matha, nous avons eu fré(|uemment ce spectacle sous les yeux pendantles périodes de calme atmosphérique. Dans nos tentatives vers la Terre Alexandre, nous avons fait les mêmes constatations, sans pouvoir en profiter, dans l'ignorance que nous étions du régime des marées. Nous conseillons donc, pour la navigation dans ces glaces, de tenir un très grand compte de l'état de la marée, notion maintenant connue et dont on trouvera toutes les données dans le travail sur les marées de M. Godfroy. Nous devons aussi remarquerque,lelong de la côte de l'Antarctide Sud- Américaine, il semble que la banquise ne produit aucune pression appré- ciable. Nous n'avons pas rencontré sur notre route un seul /namnocA de pression; il est vrai d'ajouter que le vent du Nord-Est qui souffle le plus fré([uemment est à peu près tangent à la lisière de la banquise jusqu'à la Terre Alexandre et qu(^ les îles et les terres offrent au pack un abri presque complet. BANQUISE DES MEFiS DE LA « RELGIGA » ET Dl .. POLRQl'Ol PAS? » Le '( Pourquoi Pas? » venant du Noid rencontra la banquise par 08°. "iO' de latitude et 77° de longitude Ouest de Paris, le 10 janvier 1910. Au Nord de cette position, la mer était complètement libre, et de ti'ès rares icebergs furent rencontrés. Sur |ode longitude, la banquise proprement dite, à lisière très nette, était précédée de plusieurs milles de glaces de dérive très fragmentées. La banquise nous a paru dans cette région constituée de plaques beaucoup 56 DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. moins solides que l'année précédente; leur hauteur variait de 30 à 50 cen- timètres au-dessus de l'eau. Elles avaient l'aspect jaunâtre et étaient cons- tituées de neige agglomérée par les infiltrations d'eau de mer. Très peu d'entre elles avaient la teinte verte des plaques solides. T-àet là, quelques plaques élevées de coloration bleuâtre, débris de terrasses côtirres. Le « Pourquoi Pas? » s'engagea dans la glace pour tenter d'atteindre la Terre Charcot, mais, malgré le peu de résistance des plaques, nous ne pûmes avancer de plus de i mille en quatre heure dans une bouillie gla- ciaire, tellement serrée qu'elle paralysait les mouvements du bateau. Sortis à grand'peine de la banquise, nous longeâmes sa lisière, qui s'inclinait progressivement vers le Sud, semblant former une ceinture régulière à la Terre Charcot. Par 70» 12' Sud, nous fûmes arrêtés dans un cul-de-sac formé par une grande dent d'eau libre. Danscette encoche, la température superficielle de l'eau de mer reste au-dessus de 0°, alors que partout ailleurs le long de la banquise elle est au-dessous de 0°. La banquise, tout en conservant une lisière très nette, présente entre les méridiens 80° et 85° Ouest de Paris de nombreuses indentations semblant accomplir son travail de désagrégation en rejetant de vastes étendues de plaques vers le Nord, où les tempêtes achèvent leur destruc- lion complète. La lisière remonte un peu vers le Nord et court à l'Ouest jusqu'au 90e degré de longitude, semée de quelques icebergs. A partir du !>0e degré de longitude, d'énormes accumulations d'icebergs se montrent, si serrées parfois qu'elles constituent un mur infranchissable ; la banquise remonte en même temps vers le Nord. Près de l'île Pierre-ler, c'est dans un véritabl'e dédale d'icebergs que nous naviguons. Sur la côte Est de l'ile, ils sont en si grand nombre et si serrés qu'ils semblent former un véritable mur déglace. La banquise, très fragmentée et sans épaisseur, les réunit. Pendant 30 milles en remontant vers le Nord pour nous dégager, nous naviguons dans un labyrinthe dicebergs ; plus de GOOO furent comptés dans l'espace de quatre heures. Puis, vers le 08^ degré de latitude, après avoir traversé une banquise DESCRIPTION DES COTES ET BANQUISES. 57 de glace de dérive cU- iilusicuis milles de largeur, nous Irouvons l'horizon 1res dégagé. Nous redescendons alors au Sud-Ouest, rencontrant de place en place des éperons de banquise et encore pas mal iPicebergs; nous longeons de nouveau la lisière eniro (»!lo el 70" de latitude, sans pouvoir trouver un seul endroit où la banquise soit navigable. Par 107° de longitude, nous côtoyons une banquise assez lâche, qui nous ramène vers le Nord et der- rière laquelle un wa(ers/,-i/ très prononcé est visible. Vers 00° de latitude, nous apercevons la mer libre de l'autre côté de ce pack, eu même temps que notre route se trouve barrée vers le Nord. Nous gagnons la mer libre et redescendons au Sud le long de la lisière, jusqu'à 70° 23' de latitude. La lisière Kst est très lâche ; de grandes étendues d'eau libre se profilent vers le Sud-Est. x\u Sud et à l'Ouest, la banquise reprend au contraire très dense et remonte jusqu'à 69o :{()' de latitude, où nous la perdons de vue en [)renaut le plus près pour étaler un coup de vent de Nord-Est. Reprenant notre route à l'Ouest, nous nous heurtons par 08° 30' de lati- tude à un pack de dérive assez lâche, que nous contournons pour reprendre notre route au Sud-Ouest. Les icebergs redeviennent très nombreux, et nous gagnons 70° 03' de latitude par 121° de buigitude. Dans cette indentation, la banquise est moins dense que précédemment et semble navigable vers l'Ouest sur sa lisière. Depuis le 107^ degré de longitude, la température de l'eau de mer, jusqu'alors très irrégulière, reste assez uniforme; le pack forme-t-il bar- rière au large? A partir du 121^ degré de longitude, la banquise remonte franchement vers le Nord, projetant de nombreux éperons do glaces lâches justpi'au 09^ d. — Plan de l'île Déception. Échelle ^, ,,,,„.. Avec cartouches de Pendulum ' 50 000 Cove et de l'anse des Baleiniers. Cartes hors catégorie spéciales a la Mission 1008-1010. Plan I. — Carte générale de r.Vnlarctide Sud-.Vméricaine. Carlo en couleurs (projec- tion de Mercator, 3 centimètres au degré de long'itude), avec cartouches de l'ile Déception, de la baie de l'.'Vmirauté, de Port-Lockroy, de Port-Charcot et de Port- Circoncision. Plan IL — Carte g-énérale des terres explorées de la baie Pendleton à la Terre Charcol (projection de Mercator, G centimètres au deg-ré de longitude). Plan III. — Carte du secteur d'hivernage. Échelle .-^ . Plan IV. — Environs de la station d'hivernage en couleurs. Échelle OG G60" 1 Plan V. — Plan de l'ile Petermann. Échelle 7 ,„„ 4 0b5'_ Plan VI. — Plan de Port-Circoncision (île Petermann). Installations d'hivernage. Échelle j— j. Plan VIL — Carie d'itinéraire de la campagne d'été de 1000, avec tracé moyen de la banquise (projection de Mcrcalor, 3 centimètres au degré de longitude). Plan VIIL — Carte d'itinéraire de la campagne d'été de 1010, avec tracé de la ban- quise. Déclinaison et courants (projection de Mercator, 1 centimètre au degré de longitude). Deuxième Expédition Charcol (A/. Bongrain. Cùles et Banquises). PI. II Baie Saint-Georges .1. Penguiar Ile du Roi Georges (partie Est). Mont et Cap Meerillc Cap Martin C.ùU Sud (le nie du Roi Georges (Ouest). Baie Saint-Georges i'Uoto. Seiiou^ue Côté Sud de l'Ile du Roi Georges (suite Est). ni«i..Ui>i. l.fi!. ,.u>l, l'uni. Masson & C" Éditeurs. Deuxième Expédition (-harcot (M. Bongrain. Côtes et lianquiscs). Pointe Thomas lie Dufayel Baie de l'Amirauté. Fjord Ezcurra. Anse Denais P'' Demay La Tour Baie de l'Amirauté (suite). Pointu Thomas Photo. Scnouque. PktB{nt7pii Hirthiud, Pi,rii Unie d'Ercby (South Bay) Ile Levingstone. Masson &. C'', ÉdiKurs. Deuxième Expédition Charcol (A/. Boitgrain. Côtes et Banquises). PI. IV Passe du Challenger Ile Déception vue du Sud-Est. Ile Déception (pointe Sud-Est). Photo. Senouque. Pboiotypic Btrthud. Puii Rochers Austin vus du Nord-Ouest. Masson & C«, Editeurs. Deuxième Ejçédition CnarCOl . (^.Son^raùi -Cotes pt Banquises) 100 95 90 Ménéei, Je hns 85 Pl.V 80 âféridien de Parts . lis 110 120 US 110 105 Températures de l'eau de mer le long de la Banquise . Jtaison rj C"Edilair3. VUES DE CÔTES DESSIN'KKS l'Ail M. BONGRAIN, lieutenant de vaisseau {La vue 2.3 a iHp rlessim-f par M. Charroi, la Kue 2i /lar M. /loiir/i. /c.v nim :ii> e! Xi /,ar M. Cjf/fro'/. I 1 I 2 o ^' % w I ^ ■S B ai D c I \ \ 1 ■\ t I I f« 2 ,1 ■-«i I i < '5^ I I I I a. Cl i yi ■^ c / ff« c ^ c O s w: ■m a 5 > z o H W u •H Q U ,1 H a eu a a -1 a fs 1 i C ■yi a -5 2 = \^ J i (J'' j'i ■3: ^ 1 '■" ■î a «î ÏÏ S 5 / 3 ik. c ^ ■2: > ^ (*^,^ J H a a y. a z H Z 1 r Il t l! H Z &=3 te. i 11 S] a-: >''\i y. a z o 3 Q i d )'ii ^■. > L"!*^ ■5 Q 5. > Q < w J < ^ k : ,i,,_ . /- ^ 1^1 "53 *" i s Q s > a .g '< hj a a < 2 a a ■ë 3 S > ^'; 1 1 N> i \ S N i 10 n a H t a.,, 3-, = Q r^> o 1' i •^ ^ ■1^ a Q < a j Q ^ ce 2: s y: 5 s r X y li 4^1 i OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE Sous LA Direction DE L. JOUBIN PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE (I9a8-I910) COMMANDÉE PAR LE D^ Jean CHARCOT SCIENCES PHYSIQUES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES DESCRIPTION DES CÔTES ET BANQUISES INSTRUCTIONS NAUTIQUES PAR M. BONGRAIN Lieutenant de Vaisseau, détaché à l'Expédition par le Ministire de la Marine. MASSON ET C. ÉDITEURS 120, Bd SAINT-GERMAIN, PARIS (Vl«) 1914 JANVIER 1927 < sans majoration 35 fr. s s O N '& c- d'élaborer fteîmfique de l'Expeamôn ^^^^^■M. les Membres de l'Institut : 1IStÎ5wË?»e la Grye. GlARD. DE LaPPAREN I BORNET. GUYOU. Mangin. Bouvier. Lackoix. M ASC ART. Gaudry. MÛNTZ. Ed. Pf.ppii-b. Roux. Commission nommée par le Ministère de l'Instruction Publique pour examiner les résultats scientifiques de V Expédition MM. Ed. Perrier Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, Président. Vice-Amiral Fournieb. Membre du Bureau des Longitudes, Vice-Président. Angot Directeur du Bureau central météorologique. Bayet Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Enseignement supérieur. . . ^ . , BiGOURDAN Membre de l'Institut, Astronome à l'Observatoire de Paris. Colonel Bourgeois. . . . Directeur du Service géographique de l'Armée. Bouvier Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Gravier Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Commandant Guyou.. Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes. Hanusse Directeur du Service hydrographique au Ministère de la Marine. JouBiN Professeur au Muséum d'Histoire naturelle et à l'Institut Océanographique. Lacroix . . Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Lallemand Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes, Inspecteur général des Mines. LipPMANN Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. MûNTZ Membî"e de l'Institut, Professeur à l'Institut agronomique. Rahot Membre de la Commission des Voyages et Missions scientifiques et littéraires. Roux Membre de l'Institut, Directeur de l'Institut Pasteur. Vélain .... Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. Fascicules publiés ixritràs. — ii ..,i;v,, .^ ..,. ,,..i ..!. ;, ,..,i.. .i . '^'■. '■-- NÉMERTIENS, CÉPHALOPODES. BRACHIOPODES, MADRÉPORAIHES, par Cii. MVDROinES, par Ahm ANTARCTIQUES, par L. 0 '■■■ '■ I ^ '"— <-'"' -■' RHIZOPODES D'EAU DOUCR. ; FORAMINIFÈRES. lîTHROPODES, Acariens. par E.-L. Troi V parties. I ÉCHINODERMES. - ^^ici ies, Ophii (16 planches doubles). . . Holothuries, par Cl. Vaxey. / fasc. de J4 pagca (.i planclu;~ i VERS. — Polyclades et Triclades maricoles, par Hallez ; Ptévuui aw-iàc^. (j.u v.k. t.i, Cbétognathes, par L. Ghrmaiv ; Rotifères, par P. de Beauciiamp. / fasc. de tli> (9 planches) i5 />•. Aanélides Polycbètes. i 24 fr. CRVSTACÉS. —Crustacés isopo ; Crti.s/a Amphipodes, par E. Amphineures, par Joir. Tiiifle. / fa.ic. de .'i'i pas'c.t (/ planche) PROTOCORDÉS. — Tuiliri' I f',isc. de :i!) pai^caCi planches). 7 /r. POISSONS, p (4 planches en nmr ci en cnucurs) CÉTACÉS. — Baleinoiitères. Zinhiidés. DéiÎDbinidé.->. n.u ' (15 planches) BOTANIQUE. — Flore algologique autarotique et subaatarçtique. de 21 S pages {fi planches) -, Revisiondes Mélobésiées antarctique 7 fr. Mousses, par J. Caruot. / fasc. de .'i:^ pages lo piancne 6 fr. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOaiQUr.S. „,■ .T. n<.i< i.. / r.,.. -.^i fr. ÉTUDES SUR LES MARÉES, par li. OBSERVATIONS D'ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQLM (7 planches) OCÉANOGRAPHIE PHYSIQ^L. , .>i J. l.utv.ii. . , .,... i- ,,. EAUX METEORIQUES, SOL ET ATMOSPHF: de 'i : Mr\'TZ if DESCRIPTIO.N DES COinS UT BANQUISES. - lustructioas nautiques, \,. 1 fascic. de 6^i pages (4 cartes et 1 1 planche.^) CoKBKiL. — Imprimerie CuiTi. • o O' s.