7: \n ^ r-^ y~ ^r\^f/^ '^k Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/dictionnairedepo001lero DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE Droit de traduction ou de reproduction fox-mellement réservé. ANGERS, IMPRIMERIE P. LACHÈSE, BELLEUVRE ET nOLBEAlT DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE CONTENANT l'Histoire, la Description, la Figure DES FRUITS ANCIENS ET DES FRUITS MODERNES LES PLUS GÉNÉRALEMENT CONNUS ET CULTIVÉS ANDRE LEROY PÉPINIÉRISTE Chevalier de la Légion d'honneur, Administrateur de la Succursale de la Banque de France, Ancien Président du Comice horticole d'Angers, Membre des Sociétés d'Horticulture de Paris, de Londres , des États-Unis Et de plusieurs antres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'Étranger. TOME r" - POIRES A-C 389 VARIÉTÉS ANGERS CHEZ l'auteur , PRÈS LA STATION DU CHEMIN DE FER 1867 A la Mémoire de mon vénéré Maître André THOUIN, Ancien Professeur de Ctiltur-e au Muséum d'Histoire naturelle de Paris; Et de mon Ami et Condisciple Oscar LECLERC-THOUIN, Ancien Professeur d'Agriculture au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris; Souvenir de profonde reconnaissance et de sincère affection. ANDRÉ LEROY. INTRODUCTION Lorsqu'on entreprend une tâche aussi longue, aussi ardue que celle de publier un Dictionnaire Pomologiquey il est indispensable d'exposer le mobile qui vous a poussé , les raisons sous l'empire desquelles on a conçu et arrêté son plan. C'est ce que je vais faire dans les trois para- graphes suivants : I. Nécessité d'une Pomologie très-étendue et peu goûteuse; 11. Examen de nos principaux Recueils Pomologiques ; m. Plan de ce Dictionnaire. Ainsi divisée, notre Introduction gagnera du moins en clarté, si ce n'est en intérêt. INTRODUCTION. I Nécessité d'une Pomologie très-étendue et peu coûteuse. Charles Linné, l'ilinstre naturaliste suédois que son immense savoir fit surnommer le Pline du iSord, écrivait en 17ol : « Tous nos arbres fruitiers ne sont que le produit des inventions humaines; et, comme tels ^ indignes de l'attention du plus modeste botaniste. » [Philosophia bûtanica.) S'il vivait encore, Linné modifierait sans doute cette façon de penser, en voyant de tous côtés surgir des publications, des Sociétés consacrées à l'étude, à la propagation des variétés de fruits; et particulièrement en rencontrant au premier rang des pomologues, un botaniste aussi distingué que M. Decaisne, membre de l'Institut et professeur de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris. J'ignore si la boutade scientifique de Linné influença ou non la généralité de nos botanistes et de nos arboriculteurs ; mais on le croi- rait volontiers , car si l'on en excepte trois , le Berriays , Noisette et Poiteau, il en est peu, de 1778 à I80O, qui se soient sérieusement occupés de Pomologie. Depuis vingt ans, cependant, le monde horticole sent chez nous le besoin d'un 31anuel spécial pouvant aider le pépiniériste, le jardinier, l'amateur à déterminer l'identité, la synonymie des variétés; et qui surtout précise consciencieusement les qualités ou les défauts d'un arbre, d'un fruit, ainsi que les époques de maturité. Pour moi , dont la vie s'est passée à propager , entre autres arbres , des milliers de variétés fruitières, j'avoue que j'ai déploré si souvent le manque d'un tel Recueil, qu'à la fin, tout en craignant de me heurter à des difficultés peut-être insurmontables, je me suis efforcé INTRODUCTION. 9 de réunir les éléments nécessaires à la composition du Dictionnaire que je publie actuellement. c( Nos neveux — écrivait Poiteau en 1846 — n'attendront probablement pas le siècle prochain poui' établir la généalogie de leurs nouveautés en Pomologie. » {Pomologie française i t. I, Introduction, p. 16.) En parlant ainsi, ce regrettable auteur prophétisait. Et je n'en suis nullement surpris , sachant à quel point il connut le véritable état de l'horticulture; combien il désira réaliser lui-même l'œuvre dont il sentait qu'on allait se préoccuper, par ces temps où chacun s'ap- plique à accroître, au moyen des semis, les richesses de la Pomone française. Poiteau, comme tous nos écrivains spéciaux et beaucoup de nos jardiniers, n'ignorait pas, effectivement, que les ouvrages pomologiques les plus modernes, les plus estimés même, sans excepter le sien, étaient devenus insuffisants , en raison du nombre si restreint de leurs descriptions. Duhamel, le Berriays, Louis Noisette, Prévost, Couver- chel ont rendu certes d'excellents services à l'arboriculture fruitière en publiant des Recueils auxquels on aura recours longtemps encore. Mais comment, lorsque le moins incomplet d'entre eux mentionne à peine 237 poiriers, 89 pommiers, 63 pêchers, 34 vignes, etc., comment ouvrir ces Recueils avec l'espoir d'y puiser quelques rensei- gnements sur la majeure partie des 900 poiriers, des 500 pommiers, des 200 pêchers, et enfin des 500 vignes qu'aujourd'hui l'on cultive en France?... En présence de cet immense accroissement de nos richesses horti- coles , il reste évident qu'un nouvel inventaire pomologique est devenu nécessaire. J'ai donc essayé de l'établir. Toutefois, pour rendre efficace la publication d'une œu\Te renfer- mant la description et le dessin au trait des fruits présentement connus, une chose est indispensable : il faut que cette œuvre puisse devenir, par la modicité de son prix, accessible au simple jardinier aussi bien qu'au patron et qu'au riche amateur, sinon elle n'ira pas chez ceux qui en ont le besoin le jilus réel. 10 INTRODUCTION. Répandre à profusion, populariser la description et l'histoire des arbres fruitiers, c'est pourtant l'unique moyen de débarrasser la Pomologie d'une plaie dont elle souffre cruellement, depuis un demi- siècle surtout : de ces milliers de synonymes, produits de l'ignorance ou de l'erreur, et quelquefois aussi — malheureusement — du plus blâmable esprit de mercantihsme. Placé depuis cinquante ans à la tête des pépinières les plus peuplées, les plus riches en collections de ce beau pays d'Anjou, si favorable à l'horticulture par son climat tempéré , je ne pouvais oublier que non-seulement je suis pépiniériste, mais que depuis 1698 cette profession fut celle de ma modeste et laborieuse famille. Je devrais donc à ce souvenir, si mes propres sentiments ne me le commandaient déjà, ce témoignage de sollicitude pour les intérêts horticoles. Mais analysons maintenant les œuvres de quelques-uns de nos devanciers, et montrons combien elles sont devenues forcément incom- plètes, malgré le mérite de leurs auteurs. INTRODUCTION. H II Examen de nos principaux Recueils Pomologiques. Si l'on veut, en France, remonter à l'origine de la première Pomologie proprement dite, il faut aller jusqu'à l'année 1667, qui fut celle où Jean Merlet, écuyer, publia un opuscule vraiment remar- quable par ses descriptions, et tellement apprécié depuis, qu'on le réimprimait encore en 1771. Avant Merlet, on rencontre bien quelques livres sur les arbres fruitiers, ceux, entr'autres, d"01ivier de Serres (1600), de Nicolas de Bonnefonds (1651 ) et de dom Claude Saint-Etienne (1660) ; mais le nom seul des variétés cultivées y figure , ainsi que les époques de maturité. De Merlet jusqu'à nous, les pomologues qu'on a le plus consultés^ sont : la Quintinye (1690), Duhamel du Monceau (1768), le Ber- riays (1785), Louis Noisette (1821 ), et Poiteau (1846). Ouvrons donc leurs ouvrages , voyons comment ils les conçurent et ce que chacun d'eux offrit d'original à tunique point de vue de la Pomologie^ et non de l'Arboriculture ou du Jardinage. r — Jean MERLET, Ecuyer. l'Abrégé des bons Fruits; Paris, 1667-1690, 1 volume petit in- 12. Des trois éditions faites du vivant de l'auteur , celle imprimée en 1 690 étant la plus volumineuse et la plus complète , nous l'analysons de préférence aux autres. Voici la liste des arbres fruitiers dont il 12 INTRODUCTION. y est traité, le nombre des vai'iétés qui s'y trouvent décrites, et celui des synonymes mentionnés : Crenre«) i Abricotier Amandier . Cerisier Châtaignier Cognassier Cornouiller Figuier Fraisier Framboisier Grenadier Groseillier à grappes — épineux. . Néflier Noisetier Noyer Pêcher Poirier Pommier Prunier Yisne Totavjc : 20 Variétés 3 15 3 3 2 19 7 2 2 4 4 3 2 3 49 187 51 69 49 481 Synonymes » » 1 1 » 15 » » 2 » 7 134 12 15 24 211 Ces chiffres, en raison surtout du nombre de descriptions qu'ils rappellent, justifient déjà le grand succès qu'obtint Merlet. Cependant on pourrait s'étonner de ne pas les trouver beaucoup plus élevés, quand on sait qu'antérieurement dom Claude Saint-Etienne, dans son Catalogue de fruits, avait donné, notamment, les noms de 700 variétés de poires et ceux de 200 variétés de pêches. Aussi croyons- nous que ce dernier auteur se renseigna fort mal sur l'identité de toutes ces variétés; et Merlet nous y autorise lorsqu'il dit, après avoir caractérisé 187 variétés de poires : « La pluspart de ces dernières ne devroient pas estre comprises dans cet Abrégé des bons Fruits, puisqu'elles sont de peu de valeur; mais ayant remarqué que presque tous nos Jardins en sont remplis et infectez, j'ay crû qu'il estoit à propos d'en parler, pour les en affranchir. » (Page 113.) Ce passage prouve en effet que si la France eut alors possédé réellement 700 variétés de poires , un pomologue aussi zélé se fut bien INTRODUCTION. 13 gardé d'en mentionner seulement 187 , quand sa conscience le forçait précisément à déclarer que beaucoup d'entre elles devaient être bannies des jardins. Merlet, quoique concis dans ses descriptions, dépeint néanmoins les fruits de façon à les rendre très-reconnaissables. Grosseur, forme, couleur, chair, goût , époque de maturité , tout cela se trouve signalé et semblerait une page détachée de quelque Pomologie moderne, si l'arbre n'y était pas toujours, ou presque toujours, passé sous silence. Mais ce défaut est racheté par les renseignements que cet auteur fournit sur la synonymie, sur l'historique des variétés; renseigne- ments que ses successeurs eurent le tort de reproduire fort rare- ment, quand au contraire il aurait été fort désirable qu'ils essayassent de les étendre, de les compléter. Et les synonymes, au xvif siècle, exigeaient déjà une étude sérieuse \ on l'a vu par les chiffres énoncés dans le tableau ci-dessus. Quant aux faits historiques se rattachant à l'origine, à la découverte, au gain des variétés, il enregistra tous ceux dont il put certifier l'authenticité, persuadé avec raison que de tels détails avaient un vif intérêt. r — Jean DE LA QUINTINYE. Instructions pour les Jardins fruitiers et potagers; Paris, 1690, 2 volumes in- 4°. Créateur et directeur des vergers de Louis XIV, la Quintinye fut aussi un érudit, un lettré; on le reconnaît en rencontrant dans son ouvrage nombre de citations puisées chez les écrivains de la Grèce et de Rome. Très-volumineux, son livre est plutôt un Traité généi^al ^my le jardi- nage, l'arboriculture fruitière et d'ornement, qu'une Pomologie. Tout ce qui a trait au parterre, au potager, à l'orangerie, à la taille, à la plantation, s'y rencontre; mais on s'aperçoit aisément, en l'étudiant, que l'auteur, subitement enlevé, ne put revoir son travail avant l'impression. Chargé de satisfaire, de flatter le goût d'un roi, la Quintinye se montra naturellement très-difficile dans ses choix, et parfois même injuste à l'égard d'une foule de variétés que nous sommes loin, nous 14 INTRODUCTION. autres, de dédaigner, malgré l'abondance des nouveautés. Aussi n'a-l-il cultivé, n'a-t-il décrit qu'une faible collection de fruits, comprenant surtout les arbres auxquels le sol, si humide et si froid, du potager de Versailles, était le moins défavorable. Voici l'inventaire de cette collection : Genres : Abricotier. Cerisier. . . Figuier.. . Pêcher — Poirier... . Pommier. . Prunier. . . Vigne Totaux : 8 Variétés : Synonymes : 3 » 6 2 13 2 30 11 67 47 23 5 6 2 5 1 153 70 Dans ses descriptions, le directeur des vergers de Louis XIV parle longuement de tout ce qui se rapporte au fruit, et se tait presque toujours sur l'arbre, de l'histoire duquel il est également bien rare qu'on le voie s'occuper. Pour étudier les variétés, il est donc probable que les horticulteurs du xvif siècle durent recourir à Merlet plutôt qu'à la Quintinye, qui du reste ne mentionna rien que son devancier n'eiit déjà mentionné. Cependant le mérite des Instructions n'en sau- rait être affaibli? car si la Quintinye ne fut pas aussi complet que Merlet sur le chapitre des fruits, il rendit néanmoins un grand service à ses confrères. Il leur légua une œuvre traitant toutes les questions de nature à les intéresser, et renfermant des conseils exempts, cette fois, de l'aveugle routine et des pratiques superstitieuses antérieurement professées. 30 _ DUHAMEL DU MONCEAU. Traité des Arbres fruitiers, contenant leur figure, leur description, LEUR CULTURE, ctc....; Paris, 1768, 2 volumes in-l". Membre de l'Académie des sciences, inspecteur de la marine, botaniste et agronome, Duhamel laissa de nombreux écrits. L'un des INTRODUCTION. 15 principaux fut celui qui va nous occuper. A n'en regarder que le titre, on le croirait destiné à présenter la description de tous les fruits cultivés au xviii" siècle ; mais il n'en est rien , malheureusement , et Duhamel offre même à cet égard beaucoup moins de renseignements que Merlet, quoiqu'il soit venu soixante-dix-huit ans après lui. Dans sa Préface, il explique du reste les motifs qui le portèrent à rejeter de son ouvrage une foule de variétés. Il dit : « Nous ne nous sommes point proposé de faire une longue énumération de tous les fruits bons , médiocres et mauvais. Nous avons exclu toutes les poires et pom- mes à cidre, et tous les raisins qui ne sont propres que pour faire du vin. Les fruits de table font seuls la matière de ce Traité; et quoiqu'entre ceux-ci même, nous ayions fait un choix des meilleures espèces^ et que nous en avions omis un grand nombre qui sont plus connues qu'elles ne méritent de l'être, nous ne conseillons à personne de cultiver toutes celles dont nous faisons mention. « (Pages vj et vij.) De telles exclusions durent , on le conçoit, réduire à de faibles proportions la liste des fruits que cet auteur eut ensuite à décrire ; on ne s'étonnera plus alors qu'il n'ait caractérisé que le nombre, assez restreint, de variétés ci-après : Crenres : Abricotier Amandier Cerisier Cognassier Figuier Fraisier Framboisier Groseillier à grappes — épineux. . Néflier Pêcher Poirier Pommier Prunier Vigne Totaux : 15 Variétés: Synonymes t H 5 9 6 34 23 3 » 4 1 17 19 2 » 5 4 4 » 3 » 43 28 119 57 41 17 48 11 14 10 357 181 Ainsi, là encore nous sommes en face d'un choix d'arbres fruitiers, 16 INTRODUCTION. et non pas d'une Pomone française ; là encore nous lisons des descrip- tions connues : celles que nous ont offertes Merlet et la Quintinye. Le descripteur fait preuve , il est vrai , d'un mérite exceptionnel ; ses observations sont plus exactes, plus étendues que les observations de ceux qui l'ont précédé. Oui, mais c'est à peine si dans ses deux volu- mineux in-quarto sept ou huit études inédites apparaissent ; et par surcroît on n'y dit pas un mot de l'histoire des variétés. Il semble aussi qu'on pourrait reprocher à Duhamel d'avoir surchargé ses descriptions de maints détails oiseux , surtout en ce qui concerne la longueur, la largeur des feuilles ou des fleurs de l'arbre, le dia- mètre et la hauteur du fruit. Ces dimensions, il les précise en effet mathématiquement — et par pouces, et par lignes — oubhant trop que la nature, si capricieuse à l'endroit de la végétation, fausse annuel- lement l'exactitude de semblables indications. Le Traité de Duhamel fut toutefois original par les planches gravées qu'il contient. C'est la première Pomologie qu'on ait, chez nous, publiée avec la figure des fruits et celle du bois, des fleurs et des feuilles de l'arbre. A ce point de vue, l'auteur eut droit à la recon- naissance des horticulteurs ses contemporains ; seulement il est pro- bable que très-peu d'entr'eux possédèrent son livre , qu'il fit imprimer avec un luxe, une magnificence bien propres à lui rendre difficile l'accès de toutes les bibliothèques. 4" — L'abbé René LE BERRIAYS. Traité des Jardins, ou Le Nouveau de La Quintinye; Paris, 1785, 3 volumes in- 8". Ce titre le dit suffisamment : le Berriays présenta au public une œuvre calquée sur le plan des histructions du jardinier de Louis XIV. On se tromperait étrangement, cependant, si l'on croyait qu'elle en fut ou la reproduction complète ou la reproduction partielle. Botaniste, INTRODUCTION. 17 agronome , arboriculteur, élégant écrivain , le Berriays ne se fit point le rééditeur de la Quintinye; il voulut être, au contraire, d'autant plus original pour le fond, qu'il savait ne pas l'être pour la forme. Et certes il y réussit admirablement, surpassant même le modèle dont il s'était inspiré. Chez cet auteur, la méthode se joint à la science, à la bonne exposition du sujet; la concision règne sans nuire à la clarté des développements; aussi regrettons-nous vivement qu'il ne nous ait pas transmis une véritable Pomologie. Ce fut dans son premier volume qu'il parla des arbres fruitiers et de leurs produits ; l'examen que nous en avons fait nous a permis de dresser le tableau suivant, résumé des descriptions qu'il y a consignées : Genres i Abricotier Amandier. , Cerisier Cognassier Figuier Framboisier Groseillier à grappes Néflier Noisetier Pêcher Poirier Pommier Prunier Vigne Totaux : 14 Variétés t Synonymes t 9 6 5 » 45 20 4 » 3 2 3 j) 6 2 3 » 4 » 33 17 91 46 39 14 25 8 11 8 281 123 L'abbé le Berriays, ainsi q,ue le démontre ce tableau, décrivit beau- coup moins de variétés que Merlet, que Duhamel du Monceau, et ne fit connaître, comme nouveautés, qu'une dizaine de cerisiers. Il ne donna aucune figure de fruits, aucun détail historique sur la provenance ou le nom des arbres, mais il releva plusieurs erreurs notables commises par ses devanciers, et même par quelques-uns de ses contemporains. 18 INTRODUCTION. 50 __ Louis NOISETTE. Le Jardin fruitier, Histoire et culture des Arbres fruitiers, des ananas, MELONS ET FRAISIERS; Paris, 1821-1833, 2 volumes in-S". A l'époque où parut la seconde édition de cet ouvrage, en 1833, nos jardins étaient infiniment plus riches en fruits, qu'au temps de le Berriays (1785), où la Révolution avait paralysé durant quelques années les progrès de l'horticulture. Ce qui contribua surtout, dès le commencement de notre siècle, à doter la France d'une grande quantité de fruits nouveaux, ce furent les rapports qui s'établirent entre nos pépiniéristes et ceux de la Bel- gique, où le professeur Van Mons, si connu par sa passion pour la Pomologie, était arrivé, au moyen de semis constamment renouvelés, à posséder en 1815 plus de 80^000 sauvageons (1), dont quelques-uns lui donnaient chaque année d'excellents produits, qu'il perpétuait par la greffe. Or, parmi nos arboriculteurs, nul mieux que Louis Noisette ne se trouvait alors en position, tant par sa fortune que par ses relations, d'accroître nos richesses pomologiques. Ami de Van Mons, ce dernier lui offrit des sujets de ses meilleurs gains , et tout aussitôt il les pro- pagea ; comme il propagea aussi plusieurs nouveautés provenues , soit de ses semis particuliers,' soit d'Angleterre, de Hollande, de Belgique, pays dont il alla étudier les collections horticoles. Enfin il tira de l'Amérique, où résidait l'un de ses frères (Philippe), et de l'Italie, où il avait des correspondants, quelques espèces également inconnues chez nous. Ses pépinières, qui avaient leur siège à Paris, rue du faubourg Saint-Jacques , acquirent donc promptement une légitime réputation ; et cet habile horticulteur put un jour, dans le recueil dont on a lu le (l)yoir M. Alexandre Bivort dans sa notice intitulée : Théorie Van Mons, insérée en 1854 au tome I" des Catalogues de la Société Van Mo7is, pp. 67-80. INTRODUCTION. 19 titre, décrire maintes variétés non moins inédites que méritantes. Quant au chiffre de ses descriptions, il doit être ainsi présenté : Genres » Abricotier. Amandier, Ananas . . . Cerisier. . . Châtaignier Cognassier Cornouiller Figuier Fraisier Framboisier Groseillier à grappes. — épineux... Néflier Noisetier Noyer Pêcher Poirier Pommier Prunier Vigne 7'otanx : 20 Variétés ; 19 6 12 54 6 5 3 4 30 5 5 35 4 3 5 63 238 89 76 34 696 5 2 » 12 1 2 » 1 5 » 1 » 1 » 1 7 28 22 7 9 104 Les genres Abricotier, Cerisier, Groseillier épineux. Pêcher, Poirier et Prunier sont ceux, principalement, dont Noisette augmenta les variétés. Pour l'Ananas, personne avant lui n'en avait parlé chez nous avec un tel développement. De tout ce qui précède, on a déjà conclu que le Jardin fruitier dut être fort recherché, fort estimé?... 11 le fut, et contribua à faire naître le goût des études pomologiques , car son auteur eut l'heureuse idée d'y consigner les renseignements historiques, et de toute sorte, qu'il put rencontrer sur les fruits anciens ou modernes, ce qui rendit la lecture de cet ouvrage réellement attrayante. De nombreuses figures coloriées accompagnaient le texte et ajoutaient à sa valeur. Mais les descriptions, surtout celles des poires et des pommes^ sont en général trop abrégées, trop incomplètes. Ajoutons que Noisette a très-rarement parlé des arbres. 20 INTRODUCTION. 6° Antoine POITEAU. POMOLOGIE FRANÇAISE. ReCUEIL DES PLUS BEAUX FrUITS CULTIVÉS EN FrANCE, aveC gravures et texte descriptif ; Paris, 1846, 4 volumes in-f". Né le 23 mars 1764, à Amblemy (Aisne), et mort à Paris le 27 février 1854, dans sa 90' année, Poiteau fut longtemps attaché comme directeur, soit en France, soit aux Colonies, à l'administration des jardins et pépinières de la Couronne. Sa longue existence se passa à étudier, à enseigner la botanique et l'horticulture. Doué d'une prodi- gieuse mémoire, d'un remarquable esprit d'observation, il écrivit de nombreux articles dans les Recueils spéciaux de la Capitale et fit paraître divers ouvrages dont le plus important est celui qui va nous occuper. Il se compose de quatre volumes grand in-folio ; voici le relevé de tous les fruits comestibles qui y sont décrits : Genres ■. Abricotier. . Amandier . . Cerisier. . . . Châtaignier Cognassier . Cornouiller. Figuier Fraisier. Framboisier Groseillier à grappes. — épineux. . . Néflier Noisetier Noyer Olivier Pêcher Poirier Pommier Prunier Vigne Totaux : 20 Variétés ; 9 13 26 2 3 1 2 25 4 4 27 4 8 3 1 39 107 57 49 13 397 Synonyaues i 2 3 17 1 » » » 9 » » 2 » » » 15 40 23 11 12 135 Pourquoi Poiteau , si bien placé pour se procurer tous les fruits, tous INTRODUCTION. 21 les renseignements pomologîqiies qu'il pouvait désirer, n'a-t-il pas offert dans son livre la description à peu près complète des variétés modernes généralement cultivées?... Comment s'est-il borné, par exemple, à mentionner seulement 39 pêchers, 107 poiriers, 57 pom- miers, 13 vignes?... Ce fut évidemment la vieillesse qui paralysa le bon-vouloir de ce laborieux écrivain. Il entrait dans sa 79' année lorsqu'il entreprit cette dernière tâche, et ce n'est plus l'âge des déplacements ni des longues recherches. Disons toutefois que sur les 397 variétés comestibles qu'il décrivit, on en compte 96 dont personne n'avait encore parlé. Elles se répartissent comme suit, sur chacun des genres ci-après : Abricotier : 1.— Amandier : 6. — Cerisier : 6. — Fraisier : 3. — Framboisier : 2. — Groseillier épineux : 24. — Néflier : 1. — Noi- setier : 5. — Olivier : 1 . — Pêcher : 3. — Poirier : 1 8. — Pommier : 20. — Prunier : 4. — Vigne : 2. Le recueil de Poiteau , malgré le nombre si restreint de ses descrip- tions, n'en reste pas moins une œuvre capitale, savamment élaborée. Il occupe même un rang distingué parmi nos publications artistiques, tellement les planches de fruits qui s'y trouvent ont été traitées, au double point de vue du dessin et du coloris, avec une rare perfection. Seulement cette perfection, à laquelle vinrent s'ajouter les dépenses d'un format in-folio et d'une typographie de choix , éleva le prix des quatre volumes à l'énorme chiffre de 600 francs C'est dire que très-peu d'horticulteurs purent les acquérir. Là s'arrête l'examen auquel il nous a semblé bon de soumettre les œuvres des pomologues anciens et des pomologues modernes les plus estimés. Il aura eu pour principaux résultats de donner un aperçu de la Pomologie depuis deux siècles ; — de prouver que la partie historique et synonymique fut excessivement négligée chez ces écrivains ; — puis enfin que deux d'entre eux, Duhamel et Poiteau, restèrent I. 2 22 INTRODUCTION. inconnus de la plupart des jardiniers, vu l'extrême cherté de leur livre. Ajoutons, avant de clore ce paragraphe, que depuis 1846 l'étude de la Pomologie a pris en France un sérieux développement. On s'y est, surtout, beaucoup occupé des Poires, de la Vigne, des Pêches; mais personne encore n'a pu nous présenter un ouvrage contenant la description, l'histoire de la généralité des variétés fruitières cultivées dans nos jardins. Rappelons cependant que plusieurs publications volumineuses, imprimées avec luxe et tendant au même but que celle-ci, sont maintenant en cours d'exécution. INTRODUCTION. 23 III Plan de ce Dictionnaire. J'ai toujours cru qu'en toutes choses les collections ont une extrême utilité : elles permettent d'étudier comparativement les objets de même nature, d'établir sûrement entr'eux les divisions qu'ils comportent; puis elles facilitent l'examen et conduisent ainsi à reconnaître assez vite une erreur. il ne paraîtra donc pas surprenant qu'ayant conçu dès 1830 le projet que j'exécute aujourd'hui, je me sois appliqué à rassembler dans mon École fruitière tous les genres, toutes les espèces, toutes les variétés anciennes ou modernes , indigènes ou exotiques , qu'il m'a été possible de trouver, et dont le nombre s'augmente chaque jour; aussi suis-je en possession d'au moins trois mille variétés de fruits. J'ai hâte de le dire, d'ailleurs, les circonstances m'ont puissamment servi : Van Mons et M. Alexandre Bivort, son successeur, sont venus d'abord, par leurs ouvrages et leurs Catalogues , me permettre de pui- ser largement dans les pépinières belges, dotées par eux d'un très- grand nombre d'excellents gains sortis de leurs semis. Puis l'Amérique, l'Allemagne et l'Angleterre m'ont également fourni d'autres nouveautés qu'il m'a été possible d'étudier dans mes collections. Enfin, l'on doit penser que des nombreux fruits nés en France pendant ces derniers temps, il en est peu qui m'aient échappé. Tels sont donc, pour mes descriptions d'arbres et de fruits, les matériaux auxquels j'ai eu recours. Quant à la partie historique et synonymique, je n'ai reculé devant 24 INTRODUCTION. aucun sacrifice : j'ai réuni la presque totalité des ouvrages français, latins, allemands, anglais, italiens et hollandais publiés depuis la fin du XV' siècle, sur ce sujet; je me les suis fait traduire; puis, sous ma direction, de minutieuses recherches ont été efïectuées, à Paris, dans un grand nombre de livres devenus fort rares et dans de précieux manuscrits. Voici quelles sont les divisions de cette Pomologie : Tomes I et II : Poires ; Tome III : Pommes ; Tome IV : Fruits a Noyau ; Tome V : Raisins et Fruits Divers. Les différents genres compris dans un même volume, se présentent suivant leur rang alphabétique, et la description de chacun d'eux y forme un chapitre particulier où les variétés, oi^i les synonymes sont à leur tour placés alphabétiquement — classificafion qui explique notre titre : Dictionnaire. Quant au second mot qui en faille complément : Pomologie^ je me suis appliqué à ne jamais dépasser les hmites qu'assignait sa véritable signification. On chercherait donc vainement, dans ce livre, des principes, des conseils sur l'arboriculture, le jardinage ou l'organisa- fion des pépinières : de tels sujets sont essentiellement du ressort des Traités de Taille et d'Horticulture. Mais à l'égard des fruits, rien n'a été négfigé. J'ai décrit tous ceux de ma collection et tous ceux que j'ai pu me procurer, même les variétés de qualité inférieure que l'on rencontre encore dans les jar- dins. Il faut en effet le reconnaître : nombre de fruits dont le mérite est nul dans une localité , sont parfois très-appréciés dans une autre, où la nature du sol convient mieux aux arbres qui les produi- sent. D'où suit qu'il pourrait y avoir injustice à proscrire de tous les jardins, une variété de poire, par cela seul qu'on l'eût trouvée, dans quelques-uns, dénuée de parfum, de qualité. INTRODUCTION. 25 En ce qui touche les descri plions proprement dites, telle est In forme sous laquelle elles sont présentées : 1 ° Nom généralement adopté ; 2" Synonymes; 3° Description de F arbre; 4° Figure et description du fruit ; 5" Historique ; 6° Observations, Et de ces six divisions, voici quel m'a paru devoir être l'esprit, la portée : 1° — NOMS. On a beaucoup abusé, dans la nomenclature des fruits, de certains termes dont la disparition serait désirable, sans doute ; mais peut-être serait-il inopportun , aussi, de les rayer soudain et systématiquement des Catalogues et des Pomologies. Tels sont par exemple, pour les Poires, les mots : Bergamote, Besi, Beurré, Délices, Doyenné, Fondante; — pour les Pommes : Calville, Reinette ; — pour les Prunes : Damas, Reine-Claude, etc. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on a signalé les vices et les fâcheuses conséquences d'une semblable nomenclature. Dès 1768 Duhamel s'en plaignait ; mais lui non plus ne pensait pas qu'à cet égard il fût sage de tenter une réforme. Il disait : (' Quelques Amateurs auroient désiré une nouvelle nomenclature : mais auroit- elle été de quelque utilité?... Il est vrai que le nom de plusieurs Arbres varie d'une Province à une autre : mais une nouvelle nomenclature , bien loin de remédier à cet inconvénient, auroit encoi^e augmenté la confusion. On peut être certain que les Jar- diniers préféreront toujours les noms qu'ils tiennent de leur Maître, auxquels ils sont accoutumés dès leur entance, à ceux que nous mettrions dans notre Traité... La plupart des noms des Arbres sont vuides de sens, nous en convenons : mais peut-on espérer de leur composer dans notre langue des noms qui expriment leur nature et leur caractère?... Ainsi nous avons conservé les noms communs; et lorsqu'un Arbre en a plusieurs, nous les avons marqués, en ayant attention déplacer le pre- mier celui qui est le plus usité. La liberté qu'on s'est donnée de changer le nom 26 INTRODUCTION. des Plantes, a fait un grand obstacle au progrès de la Botanique, ou du moins en a rendu l'étude très-difficile. » [Traité des arbres fruitiers ^ 1768, t. I, Préface, pp. xij etxiij.) La résolution que prit alors Duhamel, de « conserver les noms a communs, » prouve qu'il tint compte de l'esprit de routine et du manque d'initiative qui régnait parmi les jardiniers de son époque. Un siècle s'est écoulé depuis le temps où ce savant agronome s'expri- mait de la sorte, mais le scrupule qui l'arrêta possède encore toute sa force Témoin l'opinion que Poiteau émettait en 1846 dans sa Pomologie, où comme Duhamel il se refusait à porter la main sur la nomenclature fruitière : « Oui — déclarait-il — on parviendrait plutôt à faire remonter une rivière vers sa source , qu'à faire changer un nom reçu dans les pépinières et chez les jardi- niers. » (Tome I, article Prune de Perdrigon hâlif.) On comprend donc pourquoi, nous qui sommes né, qui vivons au milieu des pépiniéristes et des jardiniers, nous avons imité la réserve de Duhamel et de Poiteau. Mais nous souhaitons ardemment — et la chose est urgente — qu'à l'avenir aucun horticulteur, aucune Société d'horticulture n'attache au nom d'un fruit l'un de ces termes, prétendus génériques, dont on a fait jusqu'ici l'abus que chacun sait. 2° — SYNONYMES.- -' * L'importance des synonymes a de tout temps préoccupé les horti- culteurs ; il en existe notamment une preuve dans le de Re rustica que faisait composer, en 950, l'empereur d'Orient Constantin VII, et que traduisit à Lyon, en 1550, Pierre Anthoyne sous ce titre : les Vingt livres d agriculture . Or, au livre X' on lit ce passage : « Les hommes ayant eseript du labourage , appellent les fruicts par aultre nom que nous n'avons coustume, et aucunes foys ilz font mention de ung au lieu de l'aultre... J'ay pensé qu'il estoit nécessaire de déclarer desquelz ilz vouloient parler. » (Ghap. Lxxm, p. 331.) INTRODUCTION. 27 Dans notre France, les traités sur l'agriculture ne continrent, au moyen âge, rien de particulier relativement aux fruits ; mais Charles Estienne, en 1530, et Olivier de Serres, en 1600, commencèrent à fournir, outre d'assez nombreux noms de variétés, quelques rares synonymes. Néanmoins, il faut bien le dire, s'il est un point qu'aient négligé les pomologues dont nous avons analysé les ouvrages, c'est assurément la synonymie. Tous mentionnent plus ou moins de syno- nymes, on l'a vu dans nos statistiques, mais aucun n'indique la source à laquelle ils les puisèrent. Oubli très-regrettable, en ce qu'il enlève à ces synonymes beaucoup de leur autorité, et nous prive d'une foule de renseignements historiques et bibliographiques sur la Pomologie avant le xvii^ siècle. Poiteau, semble-t-il, eut dessein dans son dernier travail de donner en tête de chacune des variétés qu'il y décrit, une liste chronolo- gique et probante des synonymes s'y rapportant. Sa sagacité le lui conseillait ; pourtant il ne l'a pas fait, quoique les lignes suivantes se lisent aux pages 32 et 33 de l'Introduction de sa Pomologie : « S'il nous faut renoncer à l'espoir d'avoir jamais une synonymie complète, nous apercevons au moins la possibilité d'en obtenir une infiniment meilleure , et surtout plus instructive que toutes celles qu'on a vues jusqu'ici sur les fruits... Pour qu'une synonymie soit aussi utile qu'elle est susceptible de l'être , il ne suffit pas, en la faisant, de rassembler sous chaque espèce de fruit tous les noms qui lui ont été appliqués , . . . il faut encore que chaque nom soit accompagné du nom de l'auteur qui l'a créé , ou qui le premier l'a recueilli dans la pratique pour le consi- gner dans son ouvrage. C'est par ce seul moyen que nous pouvons remonter à l'origine d'un certain nombre de fruits; et pour les autres, dont l'existence date d'une époque antérieure aux premiers écrivains , que nous pouvons les saisir du moins à une époque certaine de leur vie , les suivre et les étudier pendant le reste de leur existence... » Nous l'avons dit précédemment, Poiteau était octogénaire lorsqu'il publia le recueil auquel ce passage est emprunté. Il dut sans doute, puisqu'on rencontre seulement 96 synonymes dans les quatre volumes in-f de sa Pomologie, penser que le temps lui manquerait pour exé- cuter le travail dont il signalait l'utilité. Les matériaux, d'ailleurs, lui firent défaut. Il le laisse entendre en avouant a que les voyages, que 28 INTRODUCTION. « les tourmentes révolutionnaires le dépouillèrent de la plus grande « partie de ses notes et de ses livres (1). » Or, partageant complètement les vues de cet écrivain, au sujet de l'établissement d'une synonymie historique et générale des fruits, nous avons accepté, et tenté d'accom- plir, l'immense labeur auquel Poiteau ne put se condamner. Aussi trouvera-t-on chacun des synonymes que nous citons — et nous en citons des milliers — immédiatement suivi du nom de l'auteur qui le premier nous l'a montré, et du titre, de la date, de la page du livre dans lequel il est contenu. Qu'il nous soit donc permis de l'observer : une telle synonymie est chose entièrement nouvelle ; et pour n'avoir pas reculé devant les dif- ficultés de sa composition, qui nous a pris plusieurs années, il a fallu que nous fussions bien convaincu de son extrême utilité. Espérons alors, si dans un tel travail il nous est échappé des omissions ou des erreurs — et la chose est certaine — qu'on nous tiendra compte des obstacles de toute sorte qui depuis des siècles encombraient les voies que nous avions à parcourir. 3" — DESCRIPTION DE L'ARBRE. Si l'on veut connaître la véritable physionomie d'un arbre, l'en- semble des caractères qui constituent sa forme primitive, naturelle, c'est au milieu d'une pépinière qu'il faut se transporter, c'est devant un sujet de deux ou trois ans de grefTe ou d'écusson qu'il faut s'arrêter. Ici, la serpette n a pas encore , sous la main de l'amateur ou du jardinier , opéré les transformations que le caprice, la mode, et quelquefois aussi la raison ou la nécessité, font subir aux arbres fruitiers. Toutes les descriptions d'arbres que nous donnons, ont donc été faites dans nos pépinières, et sur des sujets de deux ou trois ans. Quant aux renseignements de culture que nous y joignons, rappe- lons aux personnes qui les trouveraient trop abrégés, ce que nous avons dit plus haut : Nous ne publions pas un Traité de Taille, un Cours d'Arboriculture — nous publions une Pomologie. {{) 'Pomologie française, \M%, t. I, Introduction, p. 17. INTRODUCTION. 29 Pour ce qui est de la fertilité, c'est uniquement d'après les produits des variétés de notre École fruitière, et non d'après des Catalogues ou des Recueils pomologiques, que nous l'avons constamment étudiée, puis précisée. 40 — FIGURE ET DESCRIPTION DU FRUIT. Jaloux de mettre, par son prix modéré, cet ouvrage à la portée de chacun, il ne nous a pas été possible de faire colorier la figure des fruits qui y sont décrits. Mais si l'œil en est moins flatté, l'exactitude de la reproduction n'en reçoit aucune atteinte. La nature , en effet, se plaît trop à diversifier les couleurs, les nuances, les tons dont elle revêt la robe de certains fruits, pour que jamais, par exemple, les Abricots, les Pêches, les Poires, les Pommes nous apparaissent sur le même arbre, sur la même branche, avec un coloris, une diaprure complètement identiques. De là vient, pour le peintre, un extrême embarras : celui de choisir, au milieu de toutes ces dissemblances, le fruit qu'il doit copier, qu'il doit offrir comme un prototype de variété. Et à cet égard, quelque choix qu'il ait fait, il verra presque toujours le soleil lui prouver, chaque année, que les couleurs dont il avait chargé sa palette, n'étaient pas assez nombreuses. Tous nos fruits sont représentés de grandeur naturelle, et avec une vérité de dessin ne laissant rien à désirer. Pour l'obtenir, après les avoir coupés longitudinalement en deux parties égales, c'est à l'aide de l'une de ces parties que nous avons tracé les contours remis au gra- veur. De plus, chaque fois que l'inconstance de forme d'une variété l'a rendu nécessaire, au lieu d'un seul type, deux types ont été repro- duits. Si les collections de mon École fruitière ont fourni les matériaux qu'exigeait la description des arbres, c'est à la même source, répé- tons-le, qu'ont été puisés les moyens de décrire et de figurer les fruits. Exceptons-en, toutefois, quelques variétés n'ayant pas encore fructifié chez moi , et pour lesquelles il m'a fallu , nécessairement , recourir à la complaisance de diverses personnes. Les époques de 30 INTRODUCTION. maturité indiquées, les qualités ou les défauts mis en relief, sont donc inhérents au sol et au climat de la contrée que nous habitons. Du reste, l'Anjou jouissant d'un climat peu différent de celui du Centre et du Midi de la France, il ne doit exister qu'un faible écart entre l'époque de maturité de nos fruits, et celle des mêmes variétés dans la majeure partie des autres départements de l'Empire. 5« - HISTORIQUE. Grâce au nombre toujours croissant des Sociétés horticoles, ainsi qu'au zèle de quelques pomologues, on est parvenu, ces derniers temps, à dresser F état civil d'une assez grande partie des variétés cultivées en France depuis la Révolution. En le constatant, nous nous sommes aperçu, néanmoins, qu'il y avait encore beaucoup à faire pour achever d'éclairer ce point important de la Pomologie ; et de plus, qu'on igno- rait généralement la provenance, l'origine des fruits anciens. Combler cette double lacune nous a paru fort désirable. Ne serait-il pas d'un sérieux intérêt, en présence de nos innombrables arbres frui- tiers, de savoir, pour chacun d'eux : S'il est indigène ou étranger ; — s'il poussa spontanément ou fut obtenu de semis, — et à quelle époque, — par qui, — dans quel lieu? — puis encore, d'où lui vint son nom?... Toutes ces particularités, nous les avons minutieusement cherchées dans les recueils spéciaux où nous pensions les rencontrer. Souvent aussi, pour compléter nos informations, nous avons dû nous adresser à quelques-uns de nos confrères qui nous ont répondu avec une obligeance dont nous leur offrons ici nos plus vifs remerciements. Mais pouvons-nous dire qu'il nous a été donné de présenter l'histo- rique de tous nos fruits?... Non Toutefois il est rare que nous n'ayons pas toujours eu certains faits inédits à produire ; et nous en sommes heureux , en ce sens qu'à leur aide on peut désormais établir avec assez de certitude la part revenant à chacun, pays et particuliers, dans la propriété, la propagation ou l'obtention des fruits les plus connus. INTRODUCTION. 31 6" - OBSERVATIONS. Sous ce titre, le dernier dont nous ayons à parler, sont réunies diverses remarques qui par leur nature se recommandent à l'attention du lecteur. Ainsi nous y signalons, quand il y a lieu ; Les faux synonymes attribués à la variété décrite ; Les noms pouvant la faire confondre, par une similitude plus ou moins grande, avec quelqu'autre de ses congénères ; Les mérites, les défauts, les usages exceptionnels du fruit, et aussi les appréciations inexactes qui nous ont semblé avoir été portées sur lui ; Enfin, les conseils dont il faut tenir compte, les moyens qu'il faut employer pour lui permettre d'acquérir toute sa qualité, ou pour pro- longer la durée de sa conservation. En terminant, je tiens à constater qu'ayant emprunté maints détails historiques aux pomologues français ou étrangers, et souvent fait appel à leur opinion, je n'ai jamais oublié de les nommer, ni de citer leurs ouvrages, les associant ainsi, selon que le veut l'équité, à mon propre travail. DU POIRIER Désirant écrire l'histoire du Poirier, nous avons patiemment interrogé les auteurs qui dans l'antiquité se sont occupés d'agriculture ou d'horticulture. Leurs réponses, il faut bien le déclarer, ont été loin de nous satisfaire. L'incertitude y règne habituellement; et si, pour la détruire, on cherche à rapprocher les dires, les opi- nions qu'émettent au sujet de cet arbre ces différents écrivains, ce n'est pas la lumière qui naît d'un tel examen : c'est la contradiction et la confusion. Il devient donc fort difficile de composer pour le Poirier, surtout en ce qui concerne son origine et ses migrations, un historique dégagé de toute hypothèse. Aussi celui que nous allons donner a-t-il besoin d'une excessive indulgence. En voici le cadre : Chapitre I". — Histoire. = 1° Temps Anciens : Origine du Poirier. — Variétés cultivées chez les Grecs et chez les Romains. — Variétés cultivées en Itahe, au xv*" siècle. — Variétés cultivées en France, depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII. = 2° Temps Modernes : De la propagation du Poirier depuis Louis XIV jusqu'à la Révolution. Ses variétés en 1628, 1775 et 1790. — Importance actuelle de sa culture. Causes auxquelles elle est due. Chapitre II. — Culture : 1° Temps Anciens. — 2° Temps Modernes. Chapitre III. — Usages, Propriétés du Fruit et du Bois. Chapitre IV. — Du Fruitier et de sa Disposition. Chapitre V. — Description et Histoire des Variétés du Poirier. ORIGINE DU POIRIER. HISTOIRE. Y\ _- TEMPS ANCIENS. Origine du Poirier. La Bible est le premier ouvrage où le Poirier apparaisse (1). On l'y montre, au temps de David (1071 ans avant J. C), dans la vallée de Raphaïm, sous les murs de Jérusalem. Mais si la généralité des traducteurs ou des commentateurs de l'Écriture sainte s'accordent à cet égard, il en est cependant quelques-uns qui ont cru trouver, dans le texte original, la preuve qu'il s'agissait là du Mûrier, et non pas du Poirier. Si l'on veut ensuite, à ces époques tant de fois séculaires, rencontrer de nouveau le Poirier, ce n'est plus en Judée qu'il le faut chercher, c'est sur les confins de l'Europe, dans l'île de Phéacie — aujourd'hui Corfou. Le poëte Homère nous l'y fait voir (2) , mais la forme trop imagée sous laquelle il le présente, autoriserait presque à le prendre pour un Oranger ou pour un Citronnier, sans la précision du mot employé, qui ne laisse aucune place au doute. Les Grecs sont du reste, parmi les anciens peuples, ceux dont il importe le plus de consulter les auteurs pour essayer de découvrir l'origine du Poirier, considéré par quelques-uns d'entr'eux comme un de leurs arbres indigènes ; prétention que pourtant n'a pas soutenue Théophraste, le plus accrédité de leurs agronomes. Quant à nous, il ne nous semblerait nullement impossible que ces peuples l'eussent rapporté de l'Asie-Mineure , alors qu'ils furent y fonder, dès les premiers âges, d'importantes colonies. Nombre de savants l'en ont jadis déclaré originaire, et ce sentiment paraît aussi celui de l'un des botanistes allemands les plus célèbres, (1) IP livre des Rois , chap. Y, versets 22-24 ; et !«' livre des Paralipomènes, chap. XIV, versets 14-16, (2) Odyssée^ livre Vil. VARIÉTÉS CULTIVÉES CHEZ LES GRECS. 35 du docteur Karl Koch, notre digne ami, qui le 9 mars 1865 nous écrivait de Berlin : « Je sais avec certitude, maintenant que j'ai passé plusieurs années dans les contrées les moins peuplées du Caucase, de l' Asie-Mineure, de l'Arménie et de la Perse, que tous les Poiriers de l'Europe sont des espèces devenues sauvages dans nos forêts, comme celles du iDarwin, mais nullement des espèces primitives. » Les Romains, si voisins des Grecs et venus si longtemps après eux prendre rang parmi les peuples civilisés, durent probablement à ce voisinage leurs premiers Poiriers. Il faut bien le supposer, quand on voit Caton, 200 ans avant J. C, en montrer déjà six variétés dans les jardins de Rome. D'où suit, nécessairement, qu'ils cultivaient cet arbre depuis un temps assez long lorsque , peu après la date ci-des- sus, ils pénétrèrent dans l'Asie -Mineure , et qu'ainsi ils n'eurent pas à l'en rapporter. Pour la Gaule, et pour ceux qui présumeraient que le Poirier y fut introduit, disons qu'à notre sens les Grecs, auxquels Marseille doit son existence, pour- raient fort bien l'y avoir importé. Mais à leur défaut les Romains sont là, qui, maîtres de ce pays pendant des siècles, eurent également la possibilité de Ty planter. Une chose, toutefois, demeure certaine : c'est que depuis des milliers d'années il croit spontanément chez nous; et Louis Bosc, ancien professeur de culture au Jardin des Plantes de Paris, le rappelait de la sorte en 1809 : « Le Poirier — disait-il — pousse naturellement dans nos forêts On voit peu de Poiriers sauvages dans les bois de nos plaines; mais ils sont quelquefois extrêmement communs dans ceux des pays de montagnes. 11 l'étoient jadis tellement dans ceux qui sont sur la chaîne qui est entre Langres et Dijon, par suite du principe établi de toute ancienneté, qu'il falloit tou- jours laisser sur pied les arbres fruitiers des forêts, que quelques années avant la Révolution on fut obligé de les faire couper par un arrêt du Conseil, parce qu'ils nuisoient à la repro- duction des taillis, {Nouveau cours d'agriculture^ t. X, p. 235.) Mais la question d'origine nous semble épuisée ; occupons-nous alors des ancien- nes variétés. Variétés cultivées chez les Grecs. Théophraste, dans son Histoire et ses Causes des plantes^ œuvres composées 287 ans avant l'ère chrétienne, dit que les Grecs possédaient quatre variétés de poires fort en renom : i° La Myrrha, ou poire de Myrrhe, à chair très-musquée; 2" La Nardinon^ ou poire de Nard, ayant une eau des plus aromatiques; 3" L'Onychinon, ou poire d'Onyx, qui par la couleur de sa peau rappelait la 36 VARIÉTÉS CULTIVÉES CHEZ LES ROMAINS, couleur de l'Onyx , pierre précieuse dont la nuance ressemble à celle de la nacre de perle ; /i:« La Talentiaion, ou poire de Talent, ou poire de Balance, ainsi appelée à cause de sa grosseur, ou peut-être de sa forme allongée, participant de la forme conique des poids et des balances. Variétés cultivées chez les Romains. Nota. — Nous ferons suivre de courtes remarques toutes les variétés dont l'origiae ou le nom nous paraîtra nécessiter quelques éclaircissements. Caton, le plus ancien agronome des Romains, faisait à ses compatriotes, 178 ans avant la naissance du Christ , la recommandation suivante au chapitre vu de son de Re rustica : « Quant aux arbres fruitiers que vous mettrez dans votre verger, , « n'oubliez pas ceux dont les fruits sont de garde, comme les poires ci-après, par « exemple : 1° La Volemum, ou Monstrueuse ; [Elle recouvrait, par sa large base, la majeure partie de la main; d'où vient qu'on l'appela Volemum, mot dérivé de vola, qui signifie paume de la main.] 2° L'Anicianum , ou l'Anicienne ; [Elle portait le nom de son obtenteur, a dit Pline {Histoire naturelle, liv. XV, cliap. xvr); et il existait effectivement, à Rome, une famille Anicia fort illustre. C'est donc à tort qu'on a voulu, de nos jours, que ce fruit soit sorti d'Anicium, notre ville du Puy, dans la Haute- Loire.] 3° La Sementinum , ou des Semailles ; [C'était probablement une poire d'hiver, les ensemencements ayant lieu au début de cette saison.] 4° La Tareniinum , ou poire de Tarente ; [On la cultivait surtout aux environs de Tarente, dans la terre d'Otrante.] 5° La Musteum, ou poire de IVIoût, ou Sucrée-Douce; [Ainsi appelée de la saveur de son eau, qui rappelait celle du vin nouveau dont la fermen- tation n'a pas encore eu lieu.] 6" La Cucurbitinum , ou poire Courge. Maintenant, si de Caton nous passons à Pline le naturahste, venu deux siècles plus tard, ce n*est pas six variétés de poires que nous voyons dans les jardins romains, mais bien quarante et une; et cet auteur, en les mentionnant au VARIÉTÉS CULTIVÉES CITEZ LES ROMAINS. 37 XVI* chapitre du livre XV de son Historia naturalisa accompagne leurs noms de cer- tains détails descriptifs qu'il devient impossible de négliger. Traduisons donc le passage qu'il leur consacre, mais éliminons-en, pour éviter une inutile répétition, les six variélés dont Caton nous a déjà parlé. C'est alors 35 poires qu'il nous reste à présenter, et les voici dans l'ordre même que Pline leur afTecta : 1" « Superbe e.st la dénomination de la plus hâtive de nos poires, qui rachète son très-petit volume par son extrême précocité ; 2° « La Crustumienne, que chacun recherche; » [Elle était originaire de Crustumium ou Crustumerium, aujourd'hui Marcigliano-Vecchio, à 20 kilomètres de Rome.] 3° « La Falerne, mûrissant après les précédentes, et ainsi appelée de la qualité de son eau, c^ui lui a fait appliquer également le surnom de pirum Lacteum (poire de Lait) ; » [Elle avait la douceur et le paiium du vin de Falerne, alors le meilleur de l'Italie, mais que n'ont pas connu les modernes, car le vignoble qui le produisait fut détruit complètement au v" siècle.] 4" « La Syrienne , dite aussi Falerne et ayant la peau d'un brun noirâtre ; « Parmi les autres poires dont les noms ont cours à Rome, les suivantes valu- rent une grande popularité aux citoyens qui les propagèrent : 5", 6" « La Décimienne et la Pseudo-Décimienne ^ dédiées à leurs obtenteurs; » [Trop de personnages ont, à Rome, porté le nom de Decimius, pour qu'il soit possible d'indiquer ceux dont il est question ici. ] 7° « La Bolabellienne , au très-long pédoncule; » [Ce fut au gendre de Cicéron^ P. Cornélius Dolabella, que l'on dédia cette variété.] 8" « La Pomponienne , ou poire Téton; » [Diverses familles Pomponius ont existé; on ignore à laquelle appartint l'obtenteur de ce poirier. ] 9° « La Licérienne ; » [Licerius. Ce nom ne se rencontre daiis aucun Dictionnaire biographique.] 10° « La Sévienne ; » [Sevius. Ce Romain s'occupa spécialement de la culture des fruits.] ir « La Turanienne^ variété de la précédente, dont elle s'éloigne surtout par la longueur du pédoncule ; » [Dédiée à Niger Turannius, cité par Varron comme un agriculteur distingué, dans la Préface du livre II de son de B.e rustica. ] 3 38 VARIÉTÉS CULTIVÉES CHEZ LES ROMAINS. 12° « La Favonieme rouge, un peu plus grosse que la poire Superbe; » [On ne sait rien du Favonius dont ce fruit porte le nom.] 13" « La Latéranienne, douée d'une délicieuse saveur acidulé; » [Elle eut pour auteur le Plautius Lateranus qui fit bâtir à Rome la somptueuse demeure appelée aujourd'hui encore, palais de Latran.] IA° « La Tibérienne^ que Tibère préférait à toute autre. On la confondrait aisé- ment avec les poires Licériennes, si ces dernières n'étaient plus petites et bie.i moins colorées ; « Il existe aussi certaines variétés qui portent le nom de leur pays natal ; ce sont : 15° (( h'Amérim, la plus tardive de nos jardins; » [D'Ameria, actuellement Amelia, aux environs de Spoleto, dans les États de l'Église.] 16" « La Picentine; » [De Picentia, petite ville située près Sorrento, non loin de Naples.] 17° a hdL Numantine ; y) [Rapportée d'Espagne par les Romains, où elle était principalement connue dans la fameuse ville de Numance, qui s'élevait sur l'emplacement du village actuel de Garray, près Soria. ] 18° « L'Alexandrine; » [D'Alexandria, capitale de la basse Egypte.] 19° a La Numidique ; » [Trouvée dans la Numidie, région africaine que présentement nous appelons province de Constantine.] 20° « La Grecque; c( Puis nous avons encore : 21°, 22°, 23° « La Signine ou Testacée, VOny chine et la Ptirpurine , appelées ainsi de la couleur de leur peau ; 24°, 25°, 26° « La Myrrhapie^ la Lauréenne, la Nardine, dénommées d'après le parfum de leur eau ; » [Voir page 35 ce que nous avons dit des poires grecques Myrbha, Nabdinon, Onychinon.] 27° « h'Hordéaire, tirant son nom de l'époque à laquelle elle mûrit; » [Du temps où l'on coupe l'orge [hordmm), ce qui, habituellement, a lieu en Italie vers la fin de juin ou le commencement de juillet.] VARIÉTÉS CULTIVÉES EN ITALIE, AU XV" SIÈCLE. 39 28" « UAmpul/acée, devant le sien h la forme qu'elle affecte (celle d'un flacon, d'une bouteille ) ; 29° « La Brute, ainsi qualifiée pour sa peau duveteuse ; » [Pline est le seul auteur qui jamais ait parlé d'une poire à peau duveteuse. Nous croyons qu'il faut lire : a corio rudi (à peau rude), et non pas : a corio laneo. ] 30° « L'Acidulé, dont l'eau justifie, par son aigrelet, la dénomination. » Enfin restent les poires ci-après, sur lesquelles, quant à l'origine de leur nom, Pline ne possédait, observe-t-il, aucun renseignement : 31° «La BarbmHque ; 32° « La iDoire de Vénus , bien colorée ; 33° « La Royale , aplatie et à pédoncule peu développé ; 34° « La Patricienne ; 35° « Et la Voconienne, oblongue, à peau verdâtre. » Variétés cultivées en Italie, au XVe siècle. C'est Agostino Gallo, né à Brescia en 1499 et regardé comme le restaurateur de l'agriculture chez les Italiens, qui va fournir les détails dont nous avons besoin sur les poires anciennement connues dans cette partie de l'Europe. Il a été pour ses compatriotes ce qu'un siècle plus tard notre célèbre Olivier de Serres fut pour les siens : un guide pratique, un professeur éclairé. Aussi son principal ouvrage , le Vinti giornalo deW agricoltura , et de' piaceri délia villa, fit-il longtemps autorité. Ouvrons donc les Vingt journées de l'agriculture, et les agréments de la vie champêtre , afin d'en traduire les passages où l'auteur parle du poirier (1 ) : « Les meilleures poires de l'Italie — dit Agostino Gallo — sont, pour la saison d'été : 1° « Les Moscaielli, ou Petit-Muscat. Elles mûrissent à la fin de mai. Quoique leur goût soit agréable, les médecins les proscrivent. Du reste, elles se gâtent très-promptement ; 2" « Les Cavalieri, ou poires de Chevalier, se mangeant au commencement de juin et dignes de leur nom par leur excellence et leur innocuité ; 3° « Les Ghiacciuoli, ou poires de Glace ou de Neige, délicieuses, surtout étant crues ; (1) C'est à la V" Journée, pages lOGet 107 de la 2^ édition, volume in-4'' imprimé à Venise en 1575. 40 VARIÉTÉS CULTIVÉES EN ITALIE, AU XV* SIÈCLE, 4" « Les Cicognini^ ou poires de Cigogne, plus jolies que savoureuses; toutefois, les moins grosses sont aussi bonnes que la poire de Neige et possèdent en outre un parfum musqué ; 5" « Les péri da Gnmello , ou poires de Tufeau , volumineuses et douées d'une eau exquise ; 6° « Les Moscatelli grossi, ou Gros-Muscat, à chair musquée et non moins déli- cate que la chair de la poire de Chevalier. « Je pourrais citer encore — continue cet agronome — d'autres variétés mûris- sant en été^ mais je crois convenable de m'arrêter là, pour passer ensuite aux poiriers dont les fruits se mangent pendant l'automne et pendant l'hiver ; savoir : 7" « Il Bergamofo, ou la Bergamote, la meilleure peut-être de toutes les poires d'automne ; 8" « // Caravello, ou poire de Caravelle; elle est parfaite crue ou cuite, et mûrit après Noël ; » [ Caravello est le nom d'ua petit navire de transport, fortement arrondi, et qui était alors particulièrement en usage sur les côtes d'Italie. Cette poire afïectait donc une forme plus ou moins globuleuse.] 9" « Les Bazzavareschi , recommandables par leur grosseur, leur coloris, leur qualité, et encore par le long temps qu'elles peuvent se conserver; 10° « // Buon Ckristiano^ ou le Bon-Chrétien, aussi estimé cru, qu'en compote, et que chacun cultive ; 11* « Les Garzignoli, ou poires de Garzignole, délicieuses crues et se conservant jusqu'en mars ; 1:2° c( Les péri di Spina, ou poires Franches, dont je fais grand cas, car elles sont toujours fort abondantes, et bonnes cuites, ou confites soit dans le miel, soit dans le sucre. » Ici se terminent les courtes descriptions d'Agostino Gallo sur les poires connues en Itahe au xv° siècle et au xvI^ C'est peu, que ces douze variétés, lorsqu'on a vu que Rome, au temps de Pline, en possédait quarante et une. Mais cet auteur, il ne faut pas l'oublier, déclare en avoir négligé plusieurs parmi celles qui mûrissent au cours de l'été. On sait d'ailleurs quel coup funeste le démembrement de l'empire romain, au v" siècle, vint jjorter à la civilisation, aux arts, à l'horticulture. L'Europe entière en souffrit à ce point, qu'il lui fallut sept ou huit cents ans pour secouer l'engourdissement intellectuel dont la domination des Barbares l'avait frappée. Voilà pourquoi tant d'excellents fruits se perdirent, et comment aussi les noms primitifs des variétés furent généralement altérés, modifiés ou complètement changés. VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE ; DE CHARLEMAGNE A LOUIS XIII. 41 Variétés cultivées en France, depuis Gharlemagne jusqu'à Louis XIII. Le IX'' siècle est l'époque où l'on commença à s'occuper quelque peu des fruits , dans notre patrie. Cliaiieinagne y régnait, et son vaste génie le portant à tout voir, à tout organiser, il créa dans ses nombreux domaines des jardins, des vergers qu'il peupla d'arbres fruitiers dont il désigna le genre et les espèces. Ces faits nous ont été minutieusement transmis par les Capitulaires, recueil authentique renfer- mant, entr'autres documents émanés de nos rois, les ordonnances, les arrêtés, les prescriptions administratives de ce grand empereur. Si donc on parcourt le Capitulaire intitulé de Villis (1) , on y lit au chapitre lxx, que Gharlemagne , en ce qui concernait les poiriers, fit la recommandation suivante à ses intendants : « Plantez «les espèces Dulciores, Cocciores, et Serotina. » C'est-à-dire les poiriers dont les produits, par leur agréable saveur, peuvent être mangés crus, puis ceux qui fournissent des fruits pour la cuisson, et enfin les variétés donnant des poires à maturité tardive. Après Charlemagne , l'arboriculture fruitière cessa brusquement d'être en hon- neur, excepté chez les moines. Mais là du moins, dans les immenses jardins des abbayes, on s'appliqua à conserver les bonnes espèces, et même on s'efforça d'en augmenter le nombre. C'est ainsi qu'on rencontre encore aujourd'hui plusieurs fruits qui portent le nom des monastères où ils furent obtenus de semis il y a des siècles, ou trouvés inopinément, à l'état de sauvageons, dans les bois et dans les champs voisins du couvent. Toutefois , si quelques noms de poires passent de temps à autre sous les yeux de l'érudit qui s'attache à la lecture des Chroniques, des Annales jadis écrites par nos religieux, surtout au moyen âge, il ne s'ensuit pas, mallieureusement , que l'on puisse dresser une hste quelconque des poires cultivées on France, du x" au xv^ siècle. Charles V, cependant, aurait pu nous faciliter un pareil travail, car ce monarque témoigna le plus vif intérêt à l'agriculture ainsi qu'au jardinage. Il avait fait bâtir à Paris, en 1365 , le fameux hôtel Saint- Paul, puis le palais des Tournelles, somp- tueuses demeures dans les enclos desquelles il rassembla les plus précieuses collec- tions d'arbustes, de fleurs et de fruits. Mais ce fut surtout la première de ces rési- dences, qu'il préféra. Il l'habitait presque toujours et la nommait plaisamment « l'hostel solempnel des grands esbattemens . » Le passage ci-après va montrer, du (1) Il est imprimé, notammcut , daus les Monumenta Germaniœ historicu d'IIeuri Pertz, t, I, pars Legum, p. 187 ; édition de Hanovre, 1835, iu-4°. 42 VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE, DE CHARLEMAGNE A LOUIS XIII. reste, que l'hôtel Saint-Paul était bien fait pour récréer l'esprit et les yeux d'un roi : « C'était moins la magnificence du bâtiment, que l'aspect riant de ses jardins, étendus le long des bords de la Seine, qui faisoit de ce séjour un lieu de délices pour Charles V. L'art du jardinage n'avoit pas encore été porté à ce degré d'élégance et de perfection, qui restrei- gnant les agréments d'un jardin au seul plaisir de la vue et de l'odorat, en a banni absolu- ment ce qui peut flatter le goût. Les arbres fruitiers, les plantes utiles, les légumes y dispu- toient aux fleurs, aux ifs, aux tilleuls, l'honneur d'embellir le verger Des treilles, des tonnelles ou pavillons de verdure, s'y voyoient, et des arbres fruitiers de toute espèce à haute tige : l'usage des arbres nains et des espaliers n'étoit pas encore connu. Charles y fit mettre en une seule fois 100 poiriers, tl5 pommiers, 1125 cerisiers et 150 pruniers. Ces fruits étoient destinés pour les tables du roi et des grands commensaux de leurs maisons : on ne servoit que des noix aux tables des officiers inférieurs. ■» (Villaret, Histoire de Frame; 1767, t. X, pp. 107 et 108.) Combien il est fâcheux, pour l'histoire de la Pomologie, que les noms des divers arbres fruitiers qui furent ainsi, d'après les ordres de Charles Y, achetés et plantés, n'aient pas été transcrits par Villaret. Mais cet historien les eut-il, ou non, sous les yeux?... Il indique à quelle source il puisa les détails qu'on vient de lire : à Paris, dans les archives de la Chambre des Comptes. On doit penser alors que tous ces arbres y sont uniquement portés en bloc, et par genre; autrement Villaret, fort prodigue d'éclaircissements , aurait eu soin , nous le croyons , de copier tous ces noms, dont l'intérêt ne lui eût certes pas échappé. A la fin du xiv* siècle, il nous est donc impossible encore de savoir quelles variétés de poires possédait la France. Mais voici le xv* siècle qui commence, et avec lui notre ignorance va cesser, grâce à Guttenberg, grâce à l'invention de l'imprimerie. De tous côtés les livres surgissent. La science, les arts, les lettres voient leur domaine s'agrandir rapide- ment, sous les efforts de la pensée humaine, si longtemps confinée dans de rares et coûteux manuscrits, peu lus, peu répandus. Or, si nous examinons attentive- ment ces premiers livres, nous en trouvons déjà — et ce fut une gloire pour elle — où de nombreuses pages sont consacrées à l'horticulture. C'est d'abord en 1482, le Propriétaire des choses, très utile et prouffitable aux corps humains (1), ti^aduict du latin par le moine Jean Corbichon; — puis les Prouffits champestres et ruraulx, tou- chant le labour des champs, vignes et jardins, qu'en 1486 Jean Bonhomme emprun- tait aux Italiens (2) ; — et aussi le Jard in de la France , dû au médecin Symphorien Champier, en 1523, tous ouvrages où l'on mentionnait les fruits de notre pays. Toutefois, il faut arriver à l'année 1330 et lire le iSemmarmm que Charles Estienne publiait à cette date (3), pour obtenir sur les poires d'intéressants renseignements. (1) De Barthélémy de Glanville, célèbre philosophe anglais, né vers 1350, et qui se fit moine. (2) De Pierre Grescenzi, agronome ué à Bologne en 1230. (3) Seminariuni et plantarium fructiferarum prœsertim arborum quœ post hortos conseri soient , l'e édition; Paris, 1530, 1 vol. in-12. 9. Poire d'iîstranguilloii. 10. — de Fin-Or. 11. — de Hastiveau. 12. . — Musqiiette. 13. — de Nostre-Dame 14. — de Rose. 15. — de Saint-Martin. 16. — de Tuffeau. VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE, DE CHARLEMAGNE A LOUIS Xlll. 43 d'utiles descriptions. Ainsi, déjà l'on y remarque les variétés suivantes : 1 . Poire A deux testes. 2. — d'Angoisse. 3. — Bergamotte. 4. — de Bon Chrestien. 5. — de Calliot. 6. — de Champagne. 7. — de Certeau. 8. — de Chiot. Et sur chacune de ces poires sont données de curieuses notes dont nous parlerons ailleurs, au chapitre de nos Descriptions. Si maintenant on désire se rendre compte de la promptitude avec laquelle se généralisa, dans les jardins français, la culture du poirier, et des efforts que l'on tenta pour y accroître le nombre des variétés recommandées du temps de Charles Estienne, on doit interroger l'homme qui dans les dernières années du xvi^ siècle contribua le plus à l'enrichissement de notre Pomone. Ce fut un magistrat, le Lectier, procureur du roi à Orléans , et qui dut être pour beaucoup , pensons - nous , dans le développement que prirent vers la moitié du xvii" siècle les pépinières de cette ville. Le Lectier fit preuve d'une véritable passion pour l'arboriculture fruitière. Il com- mençait à former ses collections vers 1598, et trente ans plus tard — en 1628 — il adressait de tous côtés, aux amateurs de fruits, le Catalogue imprimé des genres et des variétés dont il était possesseur, stimulant ainsi , à la fin de cet opuscule ( p. 25 ) , le zèle de ses correspondants : « Je prie tous ceulx qui auront des fruicts exquis (non contenus au présent Catalogue), lorsqu'il tumbera entre leurs mains, de m'en donner advis, afin que j'en puisse avoir des greffes pour eschange de celles qu'ils n'auront pas, lesquelles ils désireront de moy, et que je leur fourniray. « Signé : Le LECTIER, Procureur du Roy à Orléans. « Fait ce 20 décembre 1628. » Contemporain d'Olivier de Serres, le Lectier laissa loin derrière lui , pour l'étude des arbres fruitiers, ce dernier agronome, qui n'ofîrit, en son Théâtre d'agriculture^ que les variétés mentionnées dans les ouvrages parus antérieurement. Aussi contient-il beaucoup moins de fruits que le Catalogue du magistrat d'Orléans. C'est à l'extrême obhgeance de M. Eugène Forney, professeur d'arboriculture à Paris , que nous devons la communication de ce Catalogue^ dont le seul exemplaire connu existe à la Bibliothèque Impériale (1). M. Forney ayant copié cet exemplaire unique, et si précieux , nous avons suivi son exemple ; ce qui nous permet de reproduire (1) Série s, n" 1180. M VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE, DE CHARLEMAGNE A LOUIS XIII. les noms des nombreux poiriers qu'avait rassemblés, il y a trois cents ans, leLectier, ce magistrat-pépiniériste. En le faisant, nous allons conserver fidèlement la classification et l'orthographe de ces noms , jaloux de ne dénaturer en rien un document que l'on peut regarder comme inédit, et dont l'intérêt, répétons-le, est immense pour l'histoire de la Pomologie. Extrait du Catalogue des Arbres cultivés dans ic Verger et Plant de le Lcctier , Procureur du Roi ii Orléans, en 16 %8. Poiriers dont le fruict est en maturité en Juillet et commencement d'Aoïist. 37. Deux testes. 38. Coquin rozat. 39. Royales rozates. 1. Pernant rozat, poire rousse. 2. Ronde à longue que. 3. Pucelle de Xaintonge. 4., Citron. Poiriers dont le fruict est en maturité en 5. Friquet. Aoust et commencement de Septembre. 6. Petite Musquette à trochets. 7. Muscat en i^erle. 40. Bergamotte d'esté ou Milan de la 8. Muscat long, double de l'autre. Beuverière. 9. Musquat à longue que. 41. Gracioli ou Bon Chrestien d'esté. 10. Grosse Musquée, blanche et jaune. 42. Gros Blanquet. H. Petit Blanquet. 43. Coule soif ou Gros Mouille bouche. 12. Madeleine ronde, verte et jaune, ro- 44. Forest ou Amy-don baulme. zatte. 45. Fourmy musqué. 13. Poire Rozatte jaune, verte et rousse. 46. Beuré d'Aoust jaune. 14. Poire Jaune, des Granges, hastive. 47. Beurré d'Aoust, ronde et rousse. lo. Rozatte Rouge, émaillée de verd. 48. Belle et Bonne. 16. Gros Amyret ou Realles. 49. Daverat rosate. 17. Petit Amyret. 50. Pera Giaccole, de Rome. 18. Fin Or d'Orléans, 51. Brute Bonne. 19. Espargne. 52. Muscat rond et rosat. 20. Chère à Dame. 53. Eschalettes blanches. 21. Roy d'esté rozat. 54. Gillette longue ou Sucrin blanc. 22. Cuisse Madame ou Musette. 55. De Cire. 23. Chère à Dame tout rond, jaune et 56. Garbot rozatte et muscatle. verd, musqué, très hastif. 57. Amazonnes. 24. De Madères, isle des Canaries. 58. De Merveille, rouge et jaune, ronde. 25. Perdereau. rozatte. 26. Provence. 59. Jargonnelle. 27. Bonne deux fois l'an. 60. Amours. 28. Perle ou Camouzine. 61. Jouars. 29. Amyret Joannet. 62, Chair de fille. 30. Du Vacher, rondes, rozattes. 63. Sauvages douces. 31. Gros Fin Or rond, rozat. 64. Rozatte ronde, émaillée de verd et 32, 33. Deux sortes de Poires Douces. rouge. 34. Cloutes, de Gap. 65. Dorées. 35. Autre Fin Or rond et roux, à longue 66. De Fosse. que. 67. Sanguinolles. 36. Sainct Jehan musqué. 68. Cypre. VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE;, DE CHARLEMAGNE A LOUIS XIIL 45 69. Espice. 70. Rozatte d'Ingrandes. 71 . De Palma, isle des Canaries. 72. Putes. 73;, 74;, 75. De trois diverses sortes de Poires musquées et rozates, de Xaintonge. 76. Besi de Mouillières ou Trompe friant. 77. Orenge. 78. Orenge de Xaintonge, semblable à une orenge d'Espagne. 79. Orenge plat et verd. 80. Galeuses. 81. Muscattes de Nançay. 82. Portugal d'esté. 83. De Rozes, oblongues, grosses, vertes, espèce de Beurée. 84. Gasteau. 85. Seurre. [Sûre?) 86. Muscadelle de Piedmont. 87. Piedmont blanches et rouges mus- quées. 88. Oignonnet musqué. 89. Tx^ezorerie, rozatte. 90. Passe bon de Bourgongne. 91. Caillou rozat très musqué. 92. Pépin. 93. Beau-Père. 94. Turquie. 95. Cadet. 96. Bon Mycet, de Coyeux. 97. Beurré Verd. 98. Poires Grasses. 99. Rozatte rousse, de Xaintonge. 100. Amentières. 101. Nouvelles d'esté. 102. Oignon d'esté, de Bretagne. 103. Or ou Jalousie. 104. Soreau. Poiriers dont le fruict est en maturité en Septembre et commencement d'Octobre. 105 , 106. Gros et Petit Liche-Frion. 107. Petit Mouille bouche. 108. Petit Rousselet ou Girolle. 109. Gros Rousselet. 110. Ognon de Xaintonge ou Monsieur. 111. Vilaine d'Anjou. 112. Angleterre. 113. Rozatte longue, semée de rouge. 114. Beurrée rousse ou Clairville ronde. 115. Beurrée longue, verte. 116. Poire aux Mousches, espèce de Beur- rée. H7. Vilaine, du sieur de la Reate. 118. De Poitiers, espèce de Bergamotte et Beurrée rozatte. 119. Roland ou Rebets, espèce de Beurrée. 120. Guamont, rozatte. 121. Beau-Père. 122. Cadet. 123. Septembre, rozatte. 124. De Sainct-Michel. 125. Beurrée ronde et rozatte. 126. Beurrée ou Ysambert, 127. Crapaut. 128. D'Espine. 129. Ancy. 1 30. Caillou rozat. 131. Grain. 132. Jargonnelle autumnale. 133. Suprêmes. 134. De trois gousts. 135. De Calville, musquée. 136. De Kerville, rozatte. 137. Poire musquée, verte et jaune, espèce de Liche-Frion. 138. Caillouat rozat de Champagne. 139. Galoré. 140. Sans nom, de Champagne, excellente. 141. Longues muscattes, jaunes et rouges. 142. Saussinottes. 143. Haulte-Saveur. 144. Girofla. 143. De la Moutières, poire rozatte du Dauphiné. 146. Trouvées. 147. De la Milleraye, musquée. Poiriers dont le fruict est en maturité depuis Octobre jusques au commencement de Novembre. 148. Roy de Saussay. 149. Messire Jehan. 150. Messire Jehan gris. 151. Poire Vigne. 132. De Vendanges. 153. Marion d'Amiens. 134. Pucelle de Flandres. 155. Double Pucelle. 136. Roy musqué, tout jaune. 157. De Saigneur. 138. Saffran autumnal. 159. Lède-Bonne. 160. Serteau. 46 VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE, DE CHARLEMAGNE A LOUIS XIII. 161. Glace. 162. Petit Mouille bouche. 163. Poires Pesches. 164. De Madame. 165. Du Soleil. 166. Tant-Bonnes, Poiriers dont le fndct est en maturité en Novembre et commencement de Décembre. 167. Sucrin noir ou Angleterre. 168. Pucelle ou Chat bruslé. 169. Sucrin blanc ou Aleaume. 170. Besi d'Airy. 171. Bergamotte rond. 172. Bergamotte long. 173. Girogille. 174. Estouppes ou Fuzées. 175. Chat. 176. Roy autumnal. 177. De Nostre-Dame ou Cartelle. 178. Double orengé autumnal, rozat, d'ex- quise beauté. 179. De la Charité. Poiriers dont le fruict est en maturité en Décembre. 180. Bon Chrestien musqué. 181. Bergamotte musqué. 182. Messire Jehan d'hyver. 1 83 . Oiguoiinet nuisqué, plat, vert et j aune, à courte que. 184. Martin sec. 185. Voye aux Prestres. 186. Isle. 187. Roy doux. 188. Santé. 189. Orient. 190. Anonymes, longues, vertes, maculées de pointes rousses. 191. Franc real. 192. Plomb. 193. Trompe Coquin, jaune et verd. 194. Gros et Petit torturé. 195. Poire d'Escarlatte. 196. Estoupes. 197. De Bonne foy, vulgau'es en Cham- pagne. 198. Safiran rozat, poire longue, espèce de Milan. 199. Serteau Madame, de Moulins, ou le Gros Cuisse Madame. 200. Sainct Denys, rozat, jaune et rouge. Poiriers dont le fruict est en maturité es mois de Janvier et Febvrier. 201. Dame Houdotte ou Poire de Grène. 202. Musette d'hyver, rosatte. 203. Poire rousse, grosse, muscatte et ro- zatte, ou Dagobert de M. de Miossan. 204. Vilaine d'hyver. 205. Légat d'hyver ou Mouille bouche. 206. Gros Oignon musqué, de Vervant, près Sainct Jehan d'Angely. 207. Muscat de Mazeray, près ledict Sainct Jehan d'Angely. 208. 209. Deux sortes de Poires rousses, rozattes ou Beurrées, de Xaintonge. 210. Petite poire verte ou Beurrée de M. Yveteaux. 211. Portail, ou Caillou rozat musqué, ou Poire de Prince, ou d'Ambre. 212. Pera Fiorentina, rozatte et muscatte. 213. Caillolet rozat et musqué, ou Caiilouat de Varennes, près Langres. 214. Gros Muscat de Gascongne, à longue que de chair. 215. Mycet ou Fin Or d'hyver. 216. Besi du Quassoy. 217. Gourmandines de Thoulouze. 218. Rozatte longue, jaune et rouge, de M. de la Massuère. 219. 220. Deux sortes de Poires longues, vertes et rousses, rozattes, de Xain- tonge. 221. Poire de Limon, douce et franche. 222. Hongrie, grosse comme un Melon sucrin. 223. Fremon. 224. Périgord rozat. 225. Bouvert musqué. 226. D'Agobert. 227. Rabu blanc. 228. Chasteau-Gonthier. 229. Alençon. 230. Orenge d'hyver, 231. Carcassonnes. 232. Besi de Privillier. 233. Longue Verte, de Berny. 234. Poire ronde, grosse, rouge et jaune, rozatte. 235 . Poire de Prunay, prés Sillery, très belle . 236. Plotot. VARIÉTÉS CULTIVÉES EN FRANCE, DE CllARLEMAGNE A LOUIS XIII. il 237. Poires Suisses^ à bandes rouges^ vertes et javmes, 238. Amouts. 239. Garay, vulgaire en Haussoy. 240. Fuzée d'hyver, ronde et jaune, longue. 241. Verdureau. 242. Nanterre. 243. De Condom. 244. Eschalettes rouges. Poiriers dont le fruict dure jusques en Mars, Avril, Mai et Juin. 245. Bon Chrestien. 246. Musc. 247. Gastelier. 248. Gros Kairville. 249. Parmeiu. 250. Calot rozat. 251. Rille. 252. Gros Trouvé. 253. Petit Trouvé. 254. Cliesne Galon. 253. Liquet. 256. Salfran d'hyver. 257. Longue-Vie. 258. Saint Pair. 259. Bezi. 260. Longues Vertes. On peut juger, par ce chiffre de variétés, à quel point le verger de le Lectier dut exciter l'émulation des amateurs et des horticulteurs. Il régnait alors un véritable engouement pour le poirier; chacun s'en occupait; et, cet engouement, Olivier de Serres fut un de ceux qui contribua le plus, non pas à le faire naître — en 1600 il existait déjà — mais à le développer, à l'a'fîermir par le charmant article que voici : « 11 n'y a Arbre entre tous les privés qui tant abonde en espèces de fruits, que le Poirier, dont les diverses sortes sont innumerables, et leurs différentes qualitez esmerveillables. Car despuis le mois de Mai jusques à celuy de Décembre, des Poires bonnes à manger se trouvent sur les Arbres. En considérant particulièrement les diverses figures, grandeurs, coulem's, saveurs et odeurs des Poires, qui n'adorera la diverse sagesse de l'Ouvrier? Des Poires se voient rondes, longues, goderonnées (1), pointues, mousses. Des petites, moiennes, grandes. L'or, l'argent, le vermillon, le satin vert reluisent aux Poires. Le sucre, le miel, la canelle, le girofle y sont savourés. Et flairés, le musc, l'ambre, la civete. Bref, c'est l'excellence des fruits que les Poires, et ne seroit digne Verger, le lieu auquel les Poiriers defaudroient. » [Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, livre VI, cbap. xxvi, pp. 627-628.) A-t-on jamais écrit, sur le poirier, rien de plus vrai, de plus gracieusement naïf, que ces lignes?... Qu'elles soient donc le dernier mot de ce long paragraphe, dans lequel nous avons essayé de dissiper un peu l'obscurité qui dès les premiers âges s'est faite autour de cet arbre, actuellement si répandu, si connu de tous. (1) Goderonné: de godron, ornement sculptural ayant la forme d'un œuf allongé. 48 PROPAGATION DU POIRIER, DE LOUIS XIV A LA RÉVOLUTION, IL -_ TEMPS MODERNES. De la propagation du Poirier, depuis Louis XIV jusqu'à la Révolution. Si l'on a dit avec raison, du siècle de François I", qu'il fut celui de la renais- sance des arts et des lettres, on peut aussi, sans altérer la vérité, déclarer que le siècle de Louis Xllf et de Louis XIV fut celui de la renaissance de l'arboriculture fruitière. Jamais en effet, depuis l'époque où les Romains achetaient au poids de l'or, leurs fruits, et surtout leurs poires , jamais ces dernières ne furent l'objet d'autant de soins, que sous ces deux rois. Ainsi Claude Mollet, intendant des jardins de Louis-XIII, nous apprend que ce prince « prit plaisir par plusieurs fois, et particulièrement en son parc de « Fontaine-Belle-Eau, » à lui voir planter « toutes sortes de bons poiriers, » alors que « Sa Majesté » lui avait enjoint de placer dans cette résidence la « quantité de « sept mille pieds d'Arbres fruitiers. » [Théâtre des plans et jardinages, 1652, chap. iv, page 18.) Ainsi encore la Quiiitinye, créateur et directeur des vergers et potagers de Louis XIV à Versailles, disait au fils de Louis XIII, dans une Épître qu'on lit en tête de son ouvrage : « SIREj Les Jardins Fruitiers et Potagers m'ont été trop favorables pour cacher l'ex- trême reconnoissance des biens que je leur dois Mais comme mon bonheur ne vient que parce que Votre Majesté est assez touchée des divertissements du Jardinage, peut-être n'est-il pas hors de propos qu'on connoisse q\\Elle sçait quelquefois descendre de ses plus grandes occupations, pour godter les plaisirs de nos premiers Pères. » [Instructions pour les jardins fmitiers et potagers, 1690, t. I, Épitre au Roy, pp. 2 et 3.) C'est qu'en effet Louis XIV aimait avec passion l'arboriculture; il passait chaque jour de longues heures dans ses jardins; souvent même il taillait ses poiriers, les Mémoires du temps l'attestent. Comment donc un tel exemple n'eùt-il pas trouvé d'imitateurs?... Il en trouva un tel nombre, que l'horticulture atteignit, pendant les soixante-douze années que régna cet illustre monarque, un développement qui, la sortant de la routine, lui ouvrit une voie nouvelle dont les jardiniers eurent ensuite le bon esprit de ne pas trop s'écarter. Ce fut également à cette époque que l'on commença à pressentir quelles ressour- ces les semis pouvaient offrir. Aussi plusieurs pépiniéristes consacrèrent-ils tous PROPAGATION DU POTRTER , DK LOUIS XTV A LA RÉVOLUTION. 49 leurs soins à accroître, particulièrement, les variétés du poirier. Un personnage non moins dévoué à la Pomologie que ne l'avait été, précédemment, le procureur du roi le Lectier, encouragea ces tentatives en s'y associant, puis en donnant d'ex- cellents conseils aux semeurs. Nous voulons parler du docteur Nicolas Venette, de la Rochelle, connu par un très-bon livre sur les fruits, livre dans lequel on lit ce passage , témoignant de la persévérance alors déployée pour obtenir de nouveaux et méritants poiriers : « Janaais l'industrie de nos Jardiniers n'a paru plus admirable que dans les diverses espèces de Poires que nous avons en France. Ils ont pris des soins particuliers à semer des pépins, et à en conserver les arbres qui, à leurs bois et à leurs feuilles, leur donnoient des marques d'une espérance heui^euse. Car, comme à force de semer des graines de fleurs, il en vient de toutes sortes, et même quelques-unes de belles et de doubles, de même à force de semer des pépins de Poires, il semble que la Nature se plaise à nous donner une infinité de différences de Poiriers, qui produisent tous des fruits nouveaux, et quelques-uns des fruits délicieux au goût L'artifice de nos Jardiniers nous a multiplié les Poires d'Été, d'Automne etd'Hyver; il nous en a donné plus de cassantes et de beurées; il nous en a fait paroître plus de douces, d'aigres et d'acerbes j et enfin il nous a procuré l'avantage d'en avoir plus de vineuses, d'am- brées et de musquées, que nous n'en avions auparavant. » {L'Art de tailler les Arbres fruitiers, suivi d'un traité intitulé : De l'usage des fruits des arbres; 1683, 2^ partie, pp. 47-49.) Louis XY et Louis XVI se montrèrent beaucoup moins partisans de la serpette et de la bêche, que Louis XI Y; toutefois, l'élan étant donné, la culture des arbres fruitiers n'eut point à en souffrir. Le public se fût du reste , au cours du xviii" siècle, difficilement refroidi pour l'horticulture, en présence des innom- brables volumes que firent paraître sur le jardinage des théoriciens et des prati- ciens dont la compétence douteuse donna souvent prise à de mordantes critiques. Ce que constatait dès 1776, Jean Mayer, pomologue bavarois qui par sa science et son érudition eut le droit incontestable de s'ériger en censeur , et d'écrire , à l'adresse des Français surtout, la petite méchanceté que voici : « Jamais le Jardinage n'a plus exercé, qu'aujourd'hui, la plume des écrivains de tous les pays, de tous les calibres H y a cent ans environ que la Quintinye se plaignoit de ce qu'on étoit inondé d'une foule de livres sur ce sujet, parmi lesquels il n'en distingua qu'uN : les Mémoires sur la culture des arbres fruitiers... Et maintenant l'abbé Roger (1), gémissant sur le même abus, dit (en 1767) ; « Une manie assez singulière dans le jardinage, et de laquelle « on n'a point ou que très-peu d'exemples dans les autres professions, c'est la démangeaison « d'écrire, espèce de tic ou de frénésie qui, comme une maladie contagieuse, se gagne et fait « progrès. » {Pomona franconica, 1776, t. I, Préface, p. xx.) De tous ces ouvrages, bien peu sont lus de nos jours, excepté ceux de Merlet (1667), la Quintinye (1690), Duhamel (1768) et le Berryais (178S), dont nous avons donné une analyse dans notre Introduction (pp. 9 à 20), ce qui nous dis- pense de revenir ici sur leur contenu. Rappelons seulement que les poires y eurent la meilleure place, et que Merlet en décrivit 187 variétés — la Quintinye, 67 — Duhamel, 119 — le Berryais, 91, (1) L'abbé Roge)^ Scluibol, du diocèse de Paris, fut un des horticulteurs les plus remarquables de son époque. Il mourut en 1708. 50 PROPAGATION DU POIRTF.R , BE LOUIS XTV A LA RÈVOLUTIONo Mais il est une Communauté religieuse qui de l'enceinte même de Paris propagea par toute la France, ainsi qu'à l'étranger, de 1675 à 1789, plus d'un million de poiriers. Le lecteur a sans doute nommé déjà les pères Chartreux, car la célébrité qu'ils surent acquérir pour leurs pépinières, fut universelle, et le souvenir en sub- sistera longtemps encore parmi le monde horticole. Etienne Calvel pubha en 1804 une Notice sur l'établissement arboricole de ces religieux, et l'on y voit qu'en 1789, au moment où l'on se disposait à le fermer, « en « semis, en plants et en arbres, on y comptait par millions ; et que dès 1712, il « en sortait annuellement plus de 14,000 arbres fruitiers. » Comme « il est notoire « aussi — continue le même écrivain — par les comptes qu'ont laissé les Chartreux^ « que dans les vingt dernières années le bénéfice qu'ils faisaient sur leur pépinière « était annuellement, tous frais déduits, de 24 à 30,000 francs. » [Notice historique sur la pépinière des Chartreux, pp. 4, 12 et 18.) En 1775 ils possédaient 102 variétés de poires, qui toutes furent alors parfai- tement décrites , avec mention de leurs synonymes , dans un Catalogue qu'ils publièrent, et dont nous allons reproduire le chapitre Poirier, en supprimant tou- tefois les descriptions, les noms des fruits devant suffire ici, où il n'est question que d'histoire : Extrait du Catalogae de la Pépinière des Chartreux de Paris , pour l'année 1995. Vmes d'Été. 17. L'Épine-Rose ou poire de Rose. 18 La Bergamotte d'Été ou Milan de la \. Le petit Muscat ou Sept-en-Gueule. Beuvrière. 2. L'Aurate. 19. L'Orange rouge. 3. L'Amiré Joannet ou la poire St-Jean. 20. L'Orange musquée. 4. La poire de Madeleine ou Citron des 21. Le Salviati. Carmes. 22. La Chair-à-Dame, 5. La poire à Deux-Têtes. 23. La Cassolette ou Friolet, ou Muscat 6. Le Muscat Robert ou poire à la Reine, vert, ou Lèchefrion. ou poire d'Ambre. 24. Le Roi d'Été. 7. La Cuisse-Madame. 2b. La Robine ou Royale d'Été. 8. La Bellissime ou Suprême. 26. Le Parfum d'Août. 9. Le Bourdon musqué. 27. La Grise-Bonne ou la poire de Forest, 10. Le Gros Blanquet ou Blanquette. ou la Crapaudine, ou l'Ambrette H. L'Épargne ou le Beau-Présent, ou de d'Été, ou la Rude-Épée. Saint-Samson. 28. La poire d'Amiral. 12. L'Ognonnet ou Amiré-Roux, ou Ar- 29. Le Rousselet de Reims, chiduc d'Été. 30. L'Inconnu-Chêneau ou Fondante de 13. La Suprême. Brest. 14. Le Blanquet à longue queue. 31. Le Bon-Chrétien d'Été ou Gracioli. 15. La Fleur de Guigne ou poire Sans- 32. Le Bon-Chrétien d'Été musqué. Peau. 33. L'Épine d'Été ou Fondante musquée 16. Le Rousselet hàti f ou poire de Chypre, (en Italie Bugiarda). ou Perdreau. 34. La poire d'CEuf. IMPORTANCE ACTUELLE HE LA CULTURE DU POIRIER. SES CAUSES. 51 33. L'Orange Tulipée ou la poire aux Mouches. 36. Le Benvé d'Angleterre ou l'Angleterre. 37. Le Finor. 38. La Cramoisine. Poires d'Automne. 39. Le Beuré. 40. Le Bezy de Montigny. 41. La Verte-Longue ou Mouille -Bouche ordinaire. 42. La Veiie-Longue panachée ou Suisse. 43. Le Doyenné ou Beuré blanc^ ou Saint- Michel de Bonne-Ente. 44. Le Bezi de la Motte. 45. Le Messire-Jean. 46. La Bergamotte Suisse. 47. La Bergamotte d'Automne. 48. Le Sucre Verd. 49. La poire de Vigne ou de Demoiselle. 50. La Bergamotte d'Angleterre. 51. Le Besid'Héri. 52. La poire de Lansac ou Dauphine. 53. La Franchipane. 54. La Bellissime d'Automne ou Vermillon. 55. La Jalousie. 56. Le Doyenné gris. 57. La Rousseline. 58. La Marquise. 59. Le Bon-Chrétien d'Espagne. 60. La Louise-Bonne. 61. La Crasane ou Bergamotte crasane. 62. La Crasane panachée. 63. La Pastorale ou Musette d'Automne. 64. La poire d'Ange. 65. La Belle et Bonne. 66 . Le Chat-Brûlé ou Pucelle de Xaintonge . 67. Le Saint-Lezin. 68. La poire de Tonneau. Poires d'Hiver. 69. L'Épine d'Hyver. 70. La Merveille d'Hyver ou Petit-Oin. 71 . Le Bezi de Quessois. 72. La Virgoideuse. 73. L'Anibrette. 74. Le Solitaire ou la Mansuette. 75. Le Bezi de Chassery ou le Chassery. 76. Le Martin-Sire ou poire de Romeville. 77. La Royale d'Hyver (en Italie Spina di Carpi). 78. Le Martin-Sec. 79. La Bergamotte de Soulers. 80. Le Bezi de Chaumontel. 81. Le Colmart ou poire Manne. 82. Le Saint-Germain. 83. L'Orange d'Hyver. 84. Le Rousselet d'Hyver. 85. Le Bon-Chrétien d'Hyver, 86. L'Angélique de Bordeaux ou Saint- Martial. 87. La Bergamotte de Pâques ou d'Hyver. 88. Le Muscat allemand. 89. La poire de Naples. 90. L'Impériale à feuille de Chêne. 91. La poire de Saint-François. 92. La Bergamotte de Hollande. 93. La poire de Malthe ou Caillot rosa d'Hyver. Poires excellentes à Cuire. 94. Le Franc-Réal. 95. La Catillac. 96. La Double-Fleur. 97. La poire de Livre. 98. La Douville ou la Poire de Provence, 99 . Le Parfum d'Hyver ou Bouvard musqué . 100. Le Gilogille ou la Garde d'Ecosse. 101. La Bellissime d'Hyver. 102. La Sanguinolle, Importance actuelle de la culture du Poirier. Causes auxquelles elle est due. Au début du xix® siècle, le nombre des poires le plus généralement cultivées, danë nos jardins, n'était pas encore très-élevé. Le docteur Claude Tollard, qui possédait aux portes de Paris une vaste pépinière où il se livrait à l'étude de Thorticulture, l'observait dans son Traité des végétaux, paru en i803. Il y disait : « De nos jours, 32 IMPORTANCE ACTUELLE DE LA CULTURE DU POIRIER. SES CAUSES. « le nombre de bonnes poires à manger au couteau, ou à cuire, s'élève seulement « à 120 espèces à peu près. » (Page 132.) Ce chiffre est assez exact, car si je le contrôle par celui du Catalogue que quinze ans auparavant — en 1790 — mon grand-père faisait imprimer à Angers, je vois que la collection de ses poiriers, qui jouissait d'un certain renom, contenait en tout 96 variétés. Et comme la date de ce Catalogue lui donne une véritable valeur histo- rique, surtout pour l'Anjou, je vais insérer la liste des poires alors connues dans cette partie de la France : Extrait da Catalogue da siear Leroy, jardinier-fflenrîste-péplniérlste à Angers, pour l'année 1990. Poires qui se mangent en Juillet. i . Le Petit Muscat. 2. Le Muscat de Nancy ou Aurate. 3. Le Citron des Carmes. 4. Le Muscat à longue queue. 5. La poire de Magdeleine. 6. Le Bourdon musqué. 7. La Bellissime ou Figue musquée. 8. La Petite-Cuisse-Madame. Pour le mois d'Août. 9. La Petite-Blanquette ou poire de Perle, 10, Le Gros-Blanquette. H. Le Beau-Présent ou Epargne. 12. La Mii'é-Roux {l'Amiré roux). 13. La poire Sans-Peau ou Fleur de Guigne, ou Parabelle musquée. 14. La Suprême. 15. La Chair à Dame ou Perdreau musqué. 16. La Liquette ou poire de Vallée. 17. La Deux-Têtes. 18. Le Gros-Oignonnet. 19. Le Petit-Oignonnet. 20. Le Bon-Chrétien d'Été ou Gratioly. 21. L'Orange Royale. 22. La Petite-Orange musqu.ee 23. Le Parfum d'Août. 24. Le Mouille-Bouche ou Milan blanc. 23. La poke d'Esse. 26. La poire de Rose ou Cailliot royal. 27. La RoLin musquée. 28. Le Gros-Muscat vert. 29. La Royale d'Été. 30. L'Inconnu-Chèneau ou Fondant de Briste {Brest), 31. L'Épine-Maflée. 32. Le Giraul ou Ervilet. 33. La Crassanne d'Août. Pour le mois de Septembre. 34. La Brune-Bonne ou poire de Pape. 3o, La poire d'Am.ond\eu{d'Ah-mon-Dieu) 36. Le Salveatis. 37. L'Inconnue Lafarre, 38. La poire Sanguine. 39. La Beurée d'Angleterre. 40. L'Épine d'Été musquée, 41. La Bergamotte d'Été. 42. Le Gros-Rousselet. 43. Le Petit-Rousselet. 44. La Beurée rouge d'Anjou. 4o. La Beurée grise, 46, La Bezie de la Motte, Pour le mois d'Octobre , 47, La Bezie d'Héris. 48, Le Oin. 49, La Bergamotte plate ou Galeuzé. bO. La Verte et longue ou Mouille-Bouche d'Automne, ol, La Verte et longue suisse ou Panachée. 52. Le Messire-Jean gris. 53. Le Messire-Jean blanc. 54. Le Sucre-Vert. 55. La Frangipane. 56. Le Lansque ( Dauphine. 57. La Ronville. la Lansac ) ou poire IMPORTANCE ACTUELLE DE LA CULTURE DU POIRIER. SES CAUSES. 33 58. Le Bon-Chrétien musqué. 59. La Jalousie. Pour le mois de Novembre. 60. Le Saint- Augustin. 61. La Louise-Bonne. 62. La Crassanne. 63. La Marquise. 64. Le Saint-Germain. 65. L'Épine d'Hiver. 66. La Rousseline. 67. La poire de Fosse. 68. Le Bezie de Quessois. 69. Le Martin-Sire. 70. Le Bon-Chrétien d'Espagne ou poire de Janvier {Janvry). Pour le mois de Décembre et le suivant. 71. La Virgouleuse. 72. La Bezie de Chasseris. 73. L'Amhrette épineuse. 74. La Grosse-Ambrette. 75. La Bezie de Chaumontelle. 76. Le Colmard. 77. La Royale d'Hiver. 78. L'Angélique de Bordeaux ou Saint- Martial. 79. L'Orange d'Hiver. 80. Le Bon-Chrétien d'Hiver doré. 81. Le Bon-Chrétien d'Ausche. 82. Le Muscat-Noir ou Muscat allemand. 83. La Bergamotte de Pâques ou de Bugis. 84. L'Impériale, à feuilles de Chêne: Poires à Compote. 85. Le Gillot-Gille. 86. Le Gros-Fromont. 87. La Pastorale. 88. Le Franc-Réal ou Saint-François. 89. Le Râteau gris. 90. La Flem--Double. 91. Le Parfum d'Hiver. 92. La poire de Prince, dite Rousselet d'Hiver. 93. Le Cadillac. 94. Le Martin-Sec. 95. La Bergamotte de Pâques. 96. Le Fontarabie. On touchait toutefois, en 1805, au moment où les pépiniéristes français, nouant des relations suivies avec les Flamands et les Anglais, allaient propager subitement une quantité considérable de nouveaux fruits. En Flandre, Yan Mons, le semeur par excellence pour les poiriers, répandait d'une main généreuse les greffes de ses gains les plus méritants. En Angleterre, la Société horticole de Londres se montrait non moins libérale; et ses richesses étaient grandes, dès 1826, puisque le Catalogue de son célèbre Jardin, publié par Robert Thompson, nous apportait alors les noms de 622 espèces ou variétés de poires. Ce furent là les principales sources où puisa Louis Noisette, pépiniériste qui rendit, pendant les quarante premières années de ce siècle, de notables services à l'horticulture par son zèle, son intelligence et ses relations. En analysant dans notre Lntroduction (pp. 18 et 19) la Pomologie qu'il publia en 1833, nous avons relevé les chiffres des diverses variétés fruitières dont on y lit les descriptions. Or, on se souvient peut-être que le chapitre Poirier contient 238 variétés, nombre suffisant pour démontrer avec quelle rapidité s'augmentaient chez nous les poires de tout genre et de toute saison. Cependant, de 1840 jusqu'à l'époque actuelle, leur importation prit encore un plus grand développement. La Belgique — où Van Mons avait trouvé beaucoup d'imitateurs, principalement dans MM. L. Berckmans, A. Bivort, S. Bouvier, le major Esperen, X. Grégoire, etc. — la Belgique peupla nos pépinières d'une foule de nouveautés. Puis chez nous quelques semeurs gagnèrent aussi d'excellentes poires ; I. 4 54 IMPORTANCE ACTUELLE DE LA CULTURE DU POIRIER. SES CAUSES. tels , entr'autres , MM. Léon Leclerc , de Laval ; Sageret , de Paris ; Goubault , d'Angers; Briffault, de Sèvres; Boisbuiiel fils, de Rouen; le Comice horticole de Maine-et-Loire, etc., etc. Enfin, une circonstance particulière vint encore accroître nos richesses fruitières. En 1849, alors que le commerce horticole était complètement anéanti chez nous, j'envoyai à mes frais, en Amérique, M. Baptiste Desportes, attaché à ma maison, afin d'y ouvrir à notre industrie les débouchés qui lui manquaient en Europe. De là datent nos relations pomologiques avec ce pays. M. Desportes, selon mes instruc- tions, visita la plus grande partie des États-Unis et du Canada^ en explora les prin- cipales pépinières et y étudia avec soin les espèces nées dans le sol américain même. Il en trouva un certain nombre, dont plusieurs, complètement inconnues de ce côté-ci de l'Océan, étaient excellentes ; aussi les ai-je introduites dans mes pépinières. C'est ainsi qu'en moins d'un demi-siècle le nombre des poires cultivées en France, se quadrupla. Il s'élève effectivement, aujourd'hui, à plus de 900 variétés, pour lesqueUes, grâce à la synonymie, on compte environ 3,000 noms différents ! . . . CULTURE DU POIRIER. — TEMPS ANCIENS. 85 II CCLTURE. r. __ TEMPS ANCIENS. Plus de trois siècles avant l'ère chrétienne, Théophraste, dans les ouvrages que nous avons cités page 35 , recommandait aux Grecs d'apporter une extrême attention au greffage et à la taille de leurs poiriers (1). Il s'ensuit donc qu'une méthode quelconque de culture exista dès les premiers âges , pour le poirier. Seulement, parmi les écrivains de l'antiquité dont les œuvres nous sont parve- nues, il n'en est aucun qui en ait présenté l'ensemble et les règles. Les agronomes romains Caton, Varron et Cohimelle furent très -sobres de détails sur ce sujet. Pline loua les procédés arboricoles en usage à son époque ; mais s'il en parla quelquefois, il les définit toujours imparfaitement. C'est ainsi qu'après avoir décrit les poires dont il a été fait mention ci-dessus (pp. 36 à 39)_, il ajoutait : » » Depuis longtemps, la culture des fruits a chez nous atteint la perfection, sous les expé- riences multipliées des jardiniers. Quand Virgile affirme qu'il a vu greffer le Noyer sur l'Ai'bousier, le Pommier sur le Platane, le Cerisier sur l'Orme, est-il rien de plus à désirer?... Et il y a de longues années déjà que l'on a obtenu tout ce quil était possible d'obtenir, en fait de nouveautés fruitières. Du reste, il ne nous serait pas loisible de pratiquer toute espèce de greffe. Ainsi, greffer sur l'Épine est chose iUicite, car cet arbre attire si facilement la foudre, que, le cas échéant, on la verrait frapper à la fois tous les sujets qui auraient été grefiés de la sorte. » {Eistoria naturalis, lib. XV, cap. xvii.) On sent trop ce qu'il y a d'erroné et de superstitieux dans ce passage, pour qu'il soit besoin de le commenter. Pline, voulant être universel, ne put tout approfondir; (1) Histoire des plantes et Causes des plantes, édition de Leyde, 1613, un volume in-f". S6 CULTURE DU POIRIER. — TEMPS ANCIENS. aussi commit-il de graves erreurs, et particulièrement à l'égard du poirier. Il en a fait un arbre croissant avec une extrême rapidité, mais vivant peu. Or, chacun sait qu'il eût fallu dire le contraire, pour être d'accord avec la vérité. Dans le n® siècle, Palladius, autre agronome romain, s'occupa également du poirier, de ses semis, de sa plantation, de son greffage ; mais très-brièvement, et il en donna cette raison, des plus plausibles : - « Je crois qu'il est inutile de détailler toutes les diverses sortes de poiriers que nous possédons, puisqu'il n'y a aucune différence dans la plantation et dans la cixlture de chacun d'eux. » (De Re rustica, lib. 11^ cap. xxv.) Puis Palladius ajoute ce qui suit, que nous rapportons pour montrer à quels procédés singuliers les anciens soumirent leurs poiriers : « Lorsqu'un poirier languit^ déchaussez-le, percez sa racine à l'aide d'une tarière, puis enfoncez-y une cheville de bois. Ou encore, faites un trou dans le tronc et bouchez-le avec un coin de pin, ou tout au moins de chêne. — Si les vers s'attaquent à vos poiriers, vous les détruirez, ainsi que leurs œufs^ en appliquant du fiel de taureau sur les racines de ces arbres. — Comme aussi les fruits se noueront bien plus facilement, pour peu que, trois jours de suite, vous arrosiez, quand la floraison commence, les racines de ces mêmes arbres de lie tout récemment provenue d'un vin déjà vieux. — Enfin, au cas où vos poires seraient fortement granuleuses, dégagez soigneusement les racines, et cela jusqu'à leur extrémité, de la terre qui les recouvre, épierrez ensuite à l'entour, puis prenant un peu plus loin de nouvelle terre, passez-la au crible avant de lui faire tenir la place de l'ancienne. Toutefois, si vous n'arrosiez pas abondamment, et souvent, ce procédé resterait sans effet. » [Idein, ibid.) Nous croyons facilement qu'il y resta toujours, et n'apporta que la déception à ceux qui le pratiquèrent... Mais à ce sujet, ne rions pas des Romains, car en plein xix^ siècle les poires pierreuses sont encore, chez nous, l'objet d'une naïve superstition : nombre de personnes refusent d'en manger, redoutant de voir les petites pierres dont ces fruits sont remplis, s'arrêter dans leur corps et y développer la gravelle 1 1 Du reste nos jardiniers, en 1564, partageaient aussi une autre erreur des jardi- niers romains, à l'endroit du poirier. C'est Charles Estienne qui nous l'apprend, lorsqu'il dit dans son Agriculture et maison rustique : « Pour avoir poire d'Angoisse, ou de Parmain, ou de Sainct-Rieule un mois ou deux plus tost que les autres, et qui durent et soyent bonnes jusques aux nouvelles, entez-les en Coignier pour les avoir tard, et en franc Meurier pour les avoir tost... Entez en poirier d'Angoisse des greffes de Pommier, et vous aurez pommes de Blondurel et de Chastaignier. » (Livre III, chap. xvii, pp. 72-73, verso, de l'édition de 1564.) Mais inutile de parler plus longuement des pratiques étranges auxquelles se livrèrent jadis les arboriculteurs. Depuis longtemps la physiologie végétale en a démontré l'inanité. Quand il n'est plus besoin de les combattre, à quoi servirait alors de s'en occuper ? CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. 57 II. _ TEMPS MODERNES. Ce fut au xvn^ siècle, et dès le commencement du règne de Louis XIII, que l'espalier, qui devait rendre de si grands services à l'arboriculture fruitière, apparut' chez nous. Jacques Boyceau, sieur de la Baraudière, est le premier auteur qui l'ait mentionné ; et probablement aussi le premier jardinier qui l'ait utilisé à Paris, vers 1615, dans le Jardin des Tuileries, de l'entretien duquel il était chargé. Cepen- dant il n'en parla qu'en 1638, et même assez laconiquement, comme le montre le passage ci-après, le seul qu'il lui consacra : « Reste de traicter des Espalliers, qui ne servent pas setdement à rembeliissement et orne- ment des jardins, mais aussi sont de profit et utilité Afin de prévenir les inconvéniens qui empêclient les fleurs des fruictiers de nouer et de produire, on s'est avisé de chercher des abris contre des murailles qui, par leur hauteur et épaisseur, garantissent du mauvais vent, et, recevant les rayons du soleil, augmentent sa chaleur. Et les arbres plantés contre telle muraille, treillissés et agencés convenablement sur des perches y attachées, c'est ce que l'on nomme espalliers. » [Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l'art; Paris, 1638, in-fo, p. 84.) On a dit qu'Olivier de Serres avait cité les espaliers en -1608, avant Boyceau de la Baraudière. Oui, mais l'on s'est mépris sur la signification que le célèbre agronome donna au mot espalier. Il l'employa uniquement pour désigner les Contre-Espaliers^ et lui-même va le prouver : «Telle ordonnance de Fruitiers est appelée — observe-t-il — Espalier et Palissade, par laquelle les Arbres 'plantés en haie s' entre-embrassent et s'entre-lient les uns les autres, sans dis- tinction d'espèce, jettans en toute liberté leur bois, leur fleur et leur fruit, depuis terre jusqu'à la hauteur qu'on leur veut donner.... Plaisante est cette ordonnance, par laquelle les Arbres s'accommodent fort proprement en murailles et barrières, droites, curves, en toutes figures, selon que diversement l'on les désire.... On adjoindra au nouveau Espalier le bois nécessaire pour le façonner.... comme les cintres servent aux maçons bastissans leurs voûtes.... puis, avec des bons oziers seront fermement attachées aux paux [pieux], des perches ou lattes droites, qu'on disposera en quatre ou cinq rangées transversantes.... » [Le Théâtre d'agricul- ture et mesnage des champs, édition de 1608, livre VI, chap. xx, pp. 593-594.) Ici , le doute devient impossible ; et comme cet espalier est le seul dont Olivier de Serres se soit jamais occupé, il faut bien admettre qu'en 1608 les murs des jardins français n'étaient pas encore couverts d'arbres fruitiers. D'où nous vint l'espalier ? Le père René Rapin, savant jésuite, prétendit en 1666, dans son poëme intitulé Horiorum (livre IV, p. 107), que ce fut un curé de la Normandie qui l'inventa, puis le fit connaître à Paris, d'où il se répandit ensuite par tout le royaume. Mais cette assertion n'offrant pas toute l'exactitude désirable, nous la rectifierons par 58 CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. l'intermédiaire, précisément, de ce curé, que le père Rapin — chose singulière — oublia de nommer. Il s'appelait le Gendre, et son extrême aptitude pour l'arboriculture lui valut le titre de contrôleur des jardins fruitiers du roi. Quant à la paroisse qu'il gouverna, ce fut, près Rouen, celle d'Hénouville, dans laquelle il mourut en 1687, presque octogénaire. Il avait, en 1652, publié la Manière de cultiver les arbres fruitiers^ qui compta cinq éditions. Nous en transcrivons les lignes ci-dessous, où l'on verra s'il est possible ou non de regarder cet ecclésiastique comme le créateur de l'espalier : « L'affection que l'on a prise une fois pour les arbres — dit le Ge ndre — augmente tous- jours avec eus.... Cette inclination, que j'ay eue dès mon enfance^ s'est tousjours depuis aug- mentée en moy^ par la suite des années. Aussi puis-je me vanter d'avoir esté un des premiers qui ait recherché avec application la véritable méthode pour faire réussir les arbres, particu- lièrement en espallier et en buisson. Car je me souviens que dans ma jeunesse ma curiosité me portoit à aller voir tous les Jardins qui estoient en réputation... Je vois dès ce temps-là quelques grands arbres assez bien tenus.... mais ceus qui se mesloient d'en planter le long des murailles, les mettoient avec la même confusion que s'ils eussent planté des bayes d'es- pine : et quand ils commençoient à s'eslever, les uns les tondoient avec le ci-oissant, comme on tond les pallissades de charme, les autres les laissoient venir en liberté, en sorte que le teste {la tête) excédant incontinant la muraille, il n'y avoit plus que le tronc qui fust à l'abry, et toutes les branches qui rapportent le fruict n'en recevoient aucun advantage.... Ainsi, je fus bientost persuadé que, pour bien faire, il falloit chercher un ordre tout conti-aire à celui qu'on pratiquoit.... Je m'appliquay principalement à la culture des espalliers sur ces principes,.... en quoy j'ay esté beaucoup aidé par l'invention de greffer sur le Coignassier, pouvant dire que j'ay esté aussi un des premiers qui les ait mis en vogue, et qui en ait reconneu le profit et la commodité. « (Préface, pp. 10 à 44. ) Ainsi le Gendre ne créa pas l'espalier, il s'appliqua seulement, dès l'apparition de ce nouveau mode de culture, à le perfectionner, puis à propager les procédés dont il s'était servi pour obtenir un bon résultat. Ce n'est pas lui non plus, quoi- qu'on l'ait avancé, qui songea à se servir du cognassier, comme sujet. Du reste, on a pu se convaincre que le modeste et sagace curé ne cherche nullement à reven- diquer la gloire de ces deux découvertes : « J'ay esté un des premiers qui les ait mis « en vogue, » observe-t-il ; et ce simple aveu suffit à contenter son amour-propre d'arboriculteur. Pour en finir avec l'espalier, nous dirons que ce mot vient du terme italien spalliera, et que l'Italie pourrait bien être aussi le pays auquel nous serions rede- vables de ce genre de culture. Justifions notre supposition en reproduisant les lignes suivantes, empruntées au célèbre médecin et voyageur Pierre Belon, du Mans, qui les traçait en 1558 : « Qui a veu, en ces pays de Rome, quelque muraille bien tapissée de Lauriers, de Grena- diers, de Troësnes, et de tels autres, et do?it ne nous en avisons point? Qui engarderoit aussi, à noz hommes, de les couvrir aussi bien que les Italiens? Entendez celles que les Italiens nomment spalieres. » ( Les Remonstrances sur le default du labour et culture des plantes, chap. xiiii, p. 50.) CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. 59 Si l'abbé le Gendre ne fut pas, chez nous, le premier qui plaça les poiriers en espalier, Voltaire, lui, paraît y avoir été, pour ces mêmes arbres, le novateur de la forme pyramidale. Etienne Calvel le déclarait en 1805 : « Voltaire — écrivait-il — est, à ce que je crois, le premier en France qui a fait donner une forme pyramidale ou conique aux poiriers, dans ses jardins. Il le prétendait du moins. Ce qu'il y a de vrai, c'est que 7iuUe part, avant lui, on n'avait vu en France ces belles allées d'arbres pyramidaux régulièrement conduits, qui, à l'époque de la floraison et de la maturité des fruits, offraient le plus ravissant spectacle.)) {Des arbres fruitiers pyramidaux, i^^p. 3 et 4.) Vers le milieu du xviii^ siècle, la culture du poirier était entrée déjà dans une voie rationnelle fort satisfaisante. On dénaturait encore trop la forme de l'arbre , mais par contre on se préoccupait beaucoup, et plus peut-être qu'on ne le fait actuellement, des soins à donner aux poires pour leur procurer un beau coloris et toute la saveur possible. Angran de Rueneuve, conseiller à Orléans, où par ses études horticoles il se montra le digne successeur de le Lectier (voir p. 43) , a laissé un ouvrage devenu très-rare, dans lequel se retrouvent les procédés alors employés par les jardiniers, afm d'obtenir d'excellents et jolis fruits. Transcrivons ceux qui concernent les poires, on verra qu'à vieillir ils n'ont rien perdu de leur utilité : « Pour avoir de bons et beaux fruits, l'expérience m'a appris qu'il faut le découvrir vingt à vingt-cinq jours avant la maturité, afin de luy faire acquérir une couleur rougeâtre, laquelle est fort agréable à la vîië. Il est constant qu'un fruit qui aura été perfectionné par la chaleur, et qui n'aura pas toujours été à l'ombre, sera d'une couleur plus vive et deviendra plus excellent que celuy qui n'aura pas été eflfeiiillé dans le temps que je viens de dire, parce que son suc aura été mieux digéré, et que l'évaporation de son humidité superflue aura été plus aisément faite. Le temps, selon moy, le plus propre pour découvrir les poires qui sont aux arbres, est dès les premiers jours de Juillet, si elles sont d'Été, et au 12 ou 15 d'Août, si elles sont d'Automne; mais si elles sont d'Hyver, il ne les faudra découvrir qu'au 8 ou 10 Sep- tembre. On coupera d'abord avec des ciseaux quelques feuilles qui sont sur les poires, et on continuera de suite jusqu'à ce qu'on voye qu'elles ont acquis presque toute leur grosseur. Ensuite on ôtera la plus grande partie des feuilles qui sont autour, afin que les rayons du soleil, la pluye, et les rosées du matin et du soir, puissent plus aisément donner sur ces poires Les poires ne peuvent, dans un terrain humide et gras, naturellement acquérir un pareil coloris que celles qui sont produites dans un sec et sablonneux. Cela étant constant, il est bon que j'enseigne un moyen sûr pour faire prendre à ces sortes de fruits un aussi beau coloris dans ce premier terroir que dans le dernier. Pour y parvenir, on prendra un long bâton, au bout duquel sera attaché un linge blanc qu'on trempera dans de l'eau claire, avec quoy on touchera un peu à ces fruits dans le temps que les rayons du soleil dardent le plus fortement, c'est-à-dire depuis dix heures et demie du matin jusqu'à deux heures après midi. Il suffira de faire ce que je viens de dire trois fois au plus la semaine, pendant tout le mois d'Août seulement. Il y a des Jardiniers qui, pour faire acquérir à leurs fruits un beau coloris, les arrosent avec des seringues dont les pommes sont faites de la même manière que celles des arrosoirs.. Je ne doute pas que cela ne puisse faire le même effet que ce que j'ay dit plus haut, mais j'estime que ce que j'ay marqué réussit mieux que de les seringuer. )) ( Observations sur l'agriculture et le jardinage, 1712, t. II, chap. ii, pp. 16 à 19 et 24-25. ) Ces conseils, répétons-le, seront toujours bons à suivre lorsqu'on voudra aider au perfectionnement de la fructification. Mais il est prudent, néanmoins, de ne 60 CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. commencer à effeuiller qu'au moment où le fruit vient d'atteindre son complet développement. Les remarques ci-après ;, faites en 1732 par Saussay, inspecteur des jardins du duc de Bourbon, sont aussi d'un observateur intelligent et méritent l'attention de ceux qui tiennent plutôt à la qualité qu'à la quantité de leurs poires : « Vous avez souvent de trois sortes de poires sur un même arbre^ en voici la raison : Les premières sont des poires qui paraissent jaunes et qui sont mûres un mois plus tôt que les autres ; ouvrez-les, vous verrez que cela provient d'un petit ver qui se forme dans le cœur, et qui pique le pépin, sans qu'il paraisse rien au dehors. C'est ce qui les fait mûrir à contre- temps; mais elles n'ont point de goût. La seconde sorte est de celles qui sont sur de petites branches ti-ôp faibles, qui ne leur fou.rnissent pas assez de sève pour les nourrir : elles sont ordmairement sèches et vertes. Ces sortes de poires sont pour l'ordinaire sans goût, et très- souvent amères. La troisième espèce est de celles qui se trouvant sur les bonnes branches, d'où elles tirent toute la substance nécessaire, mûrissent à loisir; et on les cueille à propos. Ces dernières ont tout le goût qu'elles doivent avoir ; elles se gardent bien et se conservent toujours belles. Il est donc de conséquence de ne jamais laisser de fruit sur de mauvaises branches, d'avoir soin, dans le temps, d'ôter de vos arbres les poires qui ne font pas bien, et de ne laisser que les plus belles : il vaut mieux en avoir moins. » ( Traité des jardins, pp. 86 et 87. ) De nos jours, la culture du poirier laisse bien peu à désirer. Connue par toute la France , elle s'y fait sur une immense échelle et y donne lieu à de nombreuses opérations commerciales, desquelles nous parlerons plus loin, au chapitre intitulé Usages du Fruit. Quant aux principes de cette culture , disons qu'ils ont pour base la physiologie végétale, si riche maintenant de faits et d'observations, puis essayons brièvement de les définir. Brièvement, car ce sujet a été traité par les maîtres, dans des ouvrages spéciaux auxquels nous renvoyons nos lecteurs; et qu'aussi, pour demeurer fidèle au titre de ce Dictionnaire, nous devons nous écar- ter le moins possible de la Pomologie. Les Semis, qui ont été l'objet de tant de théories, vont d'abord nous occuper. Parmi ces théories, l'une des plus connues est celle de Van Mons, le célèbre pro- fesseur belge. Elle consiste à semer des pépins quelconques de poires, puis à prendre, pour les semer également, les pépins des fruits produits par les poiriers ainsi obtenus , et à continuer de la sorte pendant plusieurs générations , après les- quelles on doit finir par gagner de très-bons fruits. Mais , outre que cette méthode ne permet de recueillir le bénéfice de ses travaux, qu'au bout d'un grand nombre d'années, le succès, il faut le reconnaître, n'a pas souvent confirmé les espérances conçues par Yan Mous. D'autres personnes ont attribué à la qualité du sol, et à la température élevée, une grande influence sur l'obtention des nouvelles variétés de poirier. Suivant elles, les pépins semés sous un climat chaud, dans des terres profondes et riches en humus, produiraient bien plus fréquemment d'excellentes variétés, que les pépins qui, pro venus des mêmes sources, auraient été semés dans de mauvaises terres et sous un climat froid. CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. 61 La chose est possible; mais nous dirons néanmoins qu'ici encore il n'est pas à notre connaissance que l'expérience ait démontré la certitude absolue de cette théorie. En effet, si nous cherchons quel a été le lieu de naissance de nos nouveaux poiriers, nous trouvons qu'ils sont, pour la plupart, nés en Belgique, pays très- fertile, à la vérité, mais froid et humide, et beaucoup plus, assurément, que la France. Enfin, il est des arboriculteurs qui ont préconisé avec assez de raison, ce me semble, l'hybridation artificielle, pensant que les pépins donneraient alors nais- sance à des espèces qui participeraient et des qualités du père et des qualités de la mère. On a même cité quelques résultats heureux obtenus par ce procédé, qui nous paraît rationnel et de nature à ne pas, dès l'abord, soulever d'objection radicale. Mais ce principe admis, il ne faudrait pas se flatter, cependant, de voir sortir de ces mariages autant d'espèces qu'on le voudrait, et dotées surtout de qualités déter- minées à l'avance. De telles obtentions ne sont point aussi faciles à préparer, aussi communes qu'on pourrait le supposer ; la nature a ses secrets , que l'homme pénètre difficilement, et dont il est loin alors de disposer à sa volonté. S'il en était autrement, serions-nous toujours à la recherche, pour les mois de mars et d'avril, de poires ayant les excellentes qualités de nos variétés d'automne?... A quels essais ne s'est-on pas livré, pour se procurer de pareils gains?... Tous les semeurs l'ont tenté : combien en est-il qui aient vu leurs efforts récompensés ? Il faut donc bien l'avouer, les espèces ou variétés nouvelles naissent avec les qualités qu'il plaît à la nature de leur donner, et si la puissance humaine peut, à cet égard, jouer parfois quelque rôle, il doit être fort secondaire. Les travaux des savants non-seulement nous l'ont appris, mais encore notre expérience ; car nous aussi nous avons fait depuis plus de cinquante ans, et cela par millions, des semis de poirier à l'aide de pépins provenant de poires sauvages ou de poires à cidre, dans le but d'obtenir des plants de poirier franc pour greffer en pépinière. Or, l'on a généralement choisi, chaque année, les plus beaux sujets pour les enter sur cognas- sier, afin d'en hâter la fructification. Cinq ou six ans après, quelques-unes des poires si impatiemment attendues commençaient à se montrer; mais beaucoup d'arbres ne fructifiaient pas avant dix ou douze ans ; et je n'ai jamais recueilli que de très-mauvais fruits, complètement indignes de la culture. Néanmoins, d'autres semis ayant été faits avec des pépins provenant de poires choisies parmi nos meilleures espèces, j'employai le même procédé pour hâter la fructification, et fus plus heureux avec cette dernière catégorie. J'en ai obtenu, j'en obtiens annuellement des fruits très-remarquables par leur beauté et leur excellence. 62 CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. Tous les sujets ainsi gagnés ne furent cependant pas dignes de la culture : le nombre des médiocres et des mauvais dépassa excessivement, au contraire, celui des bons. Ces semis ont été faits, du reste, avec un soin extrême. Les pépins de chaque espèce, minutieusement étiquetés, puis semés à part, m'ont permis de reconnaître l'origine de tous les égrasseaux, dont plusieurs ont donné des fruits de premier ordre et tenant visiblement du type par quelques côtés, bien que s'en éloignant toutefois sous certains rapports. Je pourrais citer beaucoup d'autres exemples à l'appui de mes dires, si cela ne me semblait superflu. Résumant donc mon opinion sur les semis effectués dans le but d'obtenir de nouveaux poiriers, j'observerai : 1° Qu'il m'en a fallu faire un très-grand nombre pour acquérir seulement quel- ques bonnes variétés ; 2° Que les gains réunissant toutes les qualités désirables, me paraissent des exceptions qu'on doit s'estimer très-heureux de rencontrer ; 3° Que ceux, au contraire, dont le mérite est nul, sont dans une proportion infiniment plus considérable ; 4° Enfin, l'expérience m'a prouvé que les chances de faire naître de bonnes poires, sont toujours bien plus certaines en semant des pépins de variétés de première qualité, qu'en utilisant ceux des variétés de deuxième ordre ou ceux des poires sauvages. Et la croyance que je manifeste ici s'accorde parfaitement avec les prin- cipes posés par M. Decaisne, membre de l'Institut, dans le remarquable Mémoire qu'il lut à l'xicadémie des Sciences, le 6 juillet 1863, sur la variabilité dans l'espèce du poirier. De nouvelles variétés étant obtenues, il est facile ensuite de les multiplier par la greffe. Appelons alors l'attention sur les sujets qui doivent être choisis pour fixer la greffe du poirier. Aujourd'hui chacun sait qu'il ne faut chercher un sujet que parmi les genres de la même famille. Il est bon de rappeler, cependant, qu'il ne faut pas exagérer ce principe, en supposant que chaque genre rapproché peut fournir le sujet. Ainsi le Pommier, le Néflier et le Sorbier ne sauraient aucunement, l'expérience l'a démontré, nourrir longtemps la greffe du poirier, malgré qu'ils soient très-rappro- chés sous le rapport botanique. Mais l'expérience a démontré également que le Poirier Franc (égrasseau) et le Cognassier étaient presque les uniques sujets qu'on put employer avec succès pour la multiplication des variétés de ce genre. Nous disons presque uniques, parce que la greffe du poirier peut réussir encore sur les différentes espèces de Cratsegus ( Aubépine ) , d'Aronia et de Cotoneaster. Toutefois, l'adoption de ces divers sujets présenterait de sérieux désavantages : CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERXES. 63 leur faible vigueur, d'abord, puis leur prompt dépérissement. Ainsi, à peine ont- ils, après le développement de la greffe, donné quelques récoltes de fruits, qu'on les voit vieillir rapidement et périr au bout de quelques années, Yoilà pourquoi nous nous occuperons seulement — comme sujets — du Poirier Franc et du Cognassier. S'il est positif qu'un petit nombre de variétés ne sauraient vivre que sur le franc, il ne s'ensuit pas moins, généralement, que c'est la nature du sol et la forme qu'on veut donner à l'arbre, qui nous doivent guider dans le choix du sujet. Le Poirier Franc s'obtient de semis et veut, en raison de sa vigueur, un terrain profond. Le Cognassier, lui, doué d'une végétation beaucoup plus faible, n'a nul besoin d'un pareil sol ; mais il réclame un terrain plus substantiel et supporte moins facilement, que le franc, l'épuisement et la sécheresse. Du reste, aucune espèce de sujet ne prospère suffisamment s'il n'est placé dans une terre riche et assez fraîche. Aussi les sols pauvres exposés à la sécheresse, et surtout par trop calcaires, conviennent-ils peu au poirier franc, et moins encore au cognassier. C'est la terre argilo-siliceuse, ou silicéo-argileuse, contenant de l'humus et un peu de calcaire, qu'il faut, de préférence à toute autre, pour ces deux sujets. Après le sol, c'est la forme, nous l'avons dit, ce sont les dimensions sous lesquelles on veut obtenir le poirier, qui doivent nous influencer dans le choix du sujet. Désire-t-on obtenir de grandes pjTamides? Désire-t-on, particulièrement, élever des plein- vent pour le verger? Il faut alors greffer sur le franc. A-t-on besoin, au contraire, de posséder des arbres pouvant aisément se prêter à des formes variées et de faible dimension : petites pyramides, gobelets, palmettes, éventails, cordons obliques ou horizontaux, espalier ou contre-espalier ? En ce cas, c'est au cognassier qu'on doit recourir, autrement vos poiriers dépasseront bientôt les limites dans lesquelles vous aurez cru pouvoir les circonscrire. Enfin, observons aussi que les poiriers greffés sur cognassier sont plus précoces que les poiriers greffés sur franc et donnent des poires plus belles, plus sucrées. Mais par contre le cognassier \deillit et s'épuise plus vite que le franc, et réclame, on le sait, un sol plus substantiel ainsi qu'une taille raisonnée. Cela est si vrai, qu'un poirier greffé sur cognassier ne tarde pas, quand on l'a planté en plein vent dans un verger, à se couvrir de mousse ; son écorce devient épaisse, il ne produit que des fruits médiocres et dépérit sensiblement. Tandis qu'un sujet franc, placé dans les mêmes conditions, se développerait et prospérerait parfaitement. Ajoutons que dans le nord l'excès du froid est nuisible au cognassier. Comme toute chose d'origine organique, le poirier a ses ennemis et ses maladies. Parmi les premiers on rencontre particulièrement : les lapins, les lièvres qui rongent l'écorce de ses jeunes pousses, surtout dans la saison où la neige recouvre la terre; les oiseaux, toujours fort avides de ses fruits; puis, selon le pays et certaines influences atmosphériques, nombre d'insectes attaquant la cellulose des poires et de 64 CULTURE DU POIRIER. — TEMPS MODERNES. l'arbre lui-même. De ces derniers ennemis, voici les plus redoutables pour leurs dégâts : le tigre, diverses espèces de charançons, le hanneton et ses larves, le petit kermès, les chenilles des différents bombyx et de quelques autres papillons, les guêpes, les fourmis et les perce-oreilles. Quant aux maladies dont cet arbre fruitier a le plus généralement à souffrir, les principales sont les chancres, la jaunisse, la carie et les ulcères. Pour défendre le poirier des attaques des animaux ou de l'invasion de la maladie, on a, de tout temps, préconisé mille moyens, mille remèdes dont l'emploi n'a que bien rarement produit d'heureux résultats. Quelques-uns, cependant, sont assez efficaces; ceux de nos lecteurs qui voudraient les connaître pourront consulter l'excellent Cours d'arboriculture de M. Alphonse du Breuil, ils les y trouveront parfai- tement formulés et défmis ; ainsi que les principes de la greffe, de la taille, et que les procédés en usage pour donner au poirier toute forme possible. En terminant ce chapitre, faisons observer d'une manière générale — ce qui n'est pas sortir de notre cadre — que les variétés d'été et d'automne aiment le plein- vent ; que celles d'hiver se plaisent en espalier, et même exigent assez ordinai- rement l'exposition du midi; enfin, que le poirier vit très-longtemps et peut acquérir une grosseur excessive. C'est ainsi que Louis Bosc, dont nous avons déjà parlé, remarquait en 1826 à Hereford (Angleterre), plusieurs poiriers âgés d'au moins trois siècles, et dont l'un, encore très-fertile, mesurait six mètres de circonférence. USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU BOIS. 63 III USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU BOIS. § I". _ FRUIT. Presque tous les historiens ont affirmé qu'aux âges les plus reculés, le gland forma la principale nourriture des Européens. On ne saurait alors regretter de n'avoir pas vécu à cette époque, même en présence de l'opinion d'un auteur alle- mand, Jean-Mathieu Bechstein, qui prétendit en 1813, dans sa Botanique des forêts (Forstbotanik), que ces glands ne furent autres que les fruits du poirier sauvage. Sentiment que partageait l'abbé Rozier. Il dit en effet, au tome YIII de son Dictionnaire d'agriculture : « Les Gaulois, nos ancêtres, étaient réduits à manger « des fruits âpres et durs : ceux des poiriers dans leur état sauvage. » Avec les années, la culture de cet arbre en rendit les produits moins désagréables. Cependant, au commencement du xii^ siècle, Messieurs les docteurs de la fameuse école de Salerne (Italie) n'étaient pas encore très-convaincus de la parfaite innocuité des poires. Ils disaient dans leur petit traité sur l'Art de conserver sa santé: « La poire crue est un poison Elle charge trop l'estomac. Étant cuite, Elle y porte la guérison Quand on a mangé de la poire. Que le premier soin soit de boire. » (Traduction de Brunzen de la Martinière, édition de 1749.) Un siècle et demi plus tard, en 1683, le docteur Yenette, déjà cité par nous à propos de la culture du poirier (voir page 49), se montrait moins sévère en ce qui concernait l'usage que l'on pouvait faire des fruits de cet arbre. Il les recom- mandait à ses contemporains, mais non, toutefois, sans formuler certaines obser- vations, certaines réserves contre lesquelles la Faculté ne s'inscrirait probablement pas aujourd'hui : « La poire en général — écrivait-il — rafraîcliit et humecte les entrailles échauffées, et par sa légère astriction elle contribue beaucoup à la coction de l'estomach, en resserrant doucement 66 USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU BOIS. son orifice supérieur, et en lâchant un peu le ventre; c'est la raison pour laquelle on la doit toujours manger à dessert; car si on la mange l'estomach vuide, elle nous embarrasse et nous charge beaucoup, et de plus elle nous resserre le ventre; mais de quelque manière que Von en use à dessert, elle nous cause toujours de grands biens On doit toujours choisir les plus colorées, et rejetter celles que l'on trouvera percées de vers. Enfin on doit prendre après la poire un coup de bon vin, afin de faire valoir icy l'axiome latin Posx crudum, merum : Après les crudités, le vin pur. {L'Art de tailler les arbres fi^itiers, suivi d'un Traité de l'usage du fruit des arbres, 11'= partie, pp. 49 à 51 .) Il faut bien, du reste, que chacun soit persuadé maintenant que la poire est réellement, comme on l'a si souvent affirmé, la reine des fruits, autrement on ne saurait accepter les chiffres ci-dessous, que nous relevions en 1862 dans un journal parisien : « On a vu rarement le marché de la Capitale aussi abondamment pourvu de poires, que cette année. En dehors des quantités considérables de ces fruits fournies par les environs de Paris, c'est à pleins wagons, sans parler des arrivages par eau, que la Picardie, l'Auvergne, Bordeaux, Châtellerault, Saumur, Tours, Nantes, Angers, le Mans, nous en expédient. Pai'mi les fruits de saison, les poires sont ceux qui entrent pour la plus forte part dans la consom- mation de notre ville. Cette part était représentée, il y a dix ans, par le chiffre de 150,223,000 kilogrammes; nul doute qu'elle ne soit de beaucoup supérieure aujourd'hui. » (Journal l'Union, octobre 1862.) Actuellement, en effet, Paris doit absorber chaque année plus de 200 millions de kilogrammes de poires. Angers, que l'on vient de voir classée parmi les villes dont les jardins approvisionnent surtout le marché de la Capitale, Angers va nous en fournir une preuve bien convaincante. Elle ressort d'une statistique publiée en 1864 par M. Baptiste Desportes, dans les Bulletins du Comice horticole de Maine-et-Loire, et dont voici les passages le plus en rapport avec notre sujet : « L'extension qu'a prise à Angers — dit M. Baptiste Desportes — le commerce des arbres et des fruits, m'a engagé à relever le chiffre de ces produits expédiés par notre gare... Je vais donc mettre sous les yeux du lecteur, entre autres documents, un tableau des expéditions faites par les pépiniéristes et les marchands de cette ville. Ce ta.bleau a été relevé sur les registres du chemin de fei% il offre par conséquent toutes les garanties d'authenticité dési- rables Notre ville expédie environ deux millions de kilogrammes d'Arbres par an; quant aux Poires, elles fournissent au chemin de fer le tonnage suivant : « Tableau de celles qui ont été chargées à notre jusqu'à janvier 1862, inclus : gare depuis le mois de juillet 1861, MOIS : GRANDE VITESSE : PETITE VITESSE : TOTAUX : 1861 Juillet 15,200 kil. 65,050 38,688 19,698 3,648 2,685 150 10,487 kil. 248,218 160,827 115,000 15,500 » 25,687 kil. 313,268 199,515 134,698 19,148 2,685 150 — Août — Septembre — Octobre — Novembre — Décembre 1862 Janvier Totaux 145,119 kU. 550,032 kil. 695,151 kil. USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU ROIS. 67 « En jetant un coup d'œil sur ce tableau, on voit que l'expédition des poires commence en juillet, et que c'est pendant le mois d'août que cette exportation atteint son maximum, soit 65,050 kilogr. parla grande vitesse, et 248,218 kilogr. par la petite vitesse. Au total, 313,268 kilogr.; et, en moyenne, 10,000 kilogr. environ par jour. On sait que c'est pendant ce mois que donne la William, cette excellente espèce si répandue dans tous les jardins de l'Anjou, et si recherchée sur les tables de la Capitale. C'est à peu près elle seule qui a été chargée en grande vitesse, et cela tient à ce qu'étant meilleure, plus belle et plus estimée que les autres poires de cette époque, elle se paie plus cher et peut mieux supporter le surcroît de frais qu'entraîne ce mode d'expédition. « Il ne faudrait pas croire, cependant, que toutes celles qui sont chargées en petite vitesse, soient de qualité inférieure; on estime qu'il y en a bien encore 1/5 de f^ qualité. « Les autres, dites poilues à la pelle, moins belles et beaucoup moins chères, sont chargées en vrac, c'est-à-dire à même le wagon, sans autre emballage qu'un peu de paille. Elles sont vendues dans les rues de Paris, et à prix assez bas pour être accessibles à toutes les bourses. « En poursuivant notre examen, nous voyons que l'exportation continue encore activement en septembre et octobre. Ce sont alors les Bonne-Louise d'Avalanches, les Duchesse d'A7igou- lème, les Beurré Diel ou Royal, les Beurré d'Arenberg, les Doyenné d'Hiver qui forment le fond de cette exportation pour celles de la grande vitesse, dites poires de luxe. Presque toutes les autres espèces prennent la petite vitesse, et, à peu d'exceptions près, tombent dans la catégorie des poires à la pelle. « En novembre, on n'expédie plus que 19,148 kilogr.; en décembre, 2,685 kilogr.; en janvier, 150 kilogr. ; enfin plus rien en février. On le voit, après octobre, la chute est sensible, et de 134,698 kilogr. dans ce mois, on ne trouve plus que 19,148 kilogr. en novembre. En décembre et en janvier, il n'y a plus que des poires de grande vitesse, ou poires de luxe. « En résumant ces chiffres, on trouve qu'il est parti par la gare d'Angers, et de la dernière récolte, 695,151 kilogr. de poires. « On peut estimer ces poires au prix moyen de 30 centimes le kilogr., ce qui donne une somme de 208,545 francs pour les poires seulement de nos jardins. Et si l'on ajoute une somme égale pour celles qui ont été chargées dans les autres gares de notre dépaiiement, on obtient un chiffre de 417,090 francs. « Ces poires suivent à peu près toutes la même route jusqu'à Paris. Celles de la petite vitesse restent dans cette ville, ainsi qu'une partie de celles de luxe. Les autres sont dirigées sur le Havre, et là embarquées pour l'Angleterre et la Russie » De cette intéressante statistique, il résulte donc que la seule ville d'Angers laissa en 1861-62, sur les marchés de Paris, « toutes\Q9, poires qn'elle avait expédiées par « petite vitesse , » soit 550,032 kilogr. , « puis partie de celles de luxe remises à la « grande vitesse, » et qui offraient un tonnage de 145,119 kilogr. Or, si l'on admet que la moitié de ces dernières — et cela dut être — restèrent également dans la Capitale, on trouve ainsi qu'Angers fournit cette année-là 622,591 kilogr. de poires aux Parisiens. Qu'on juge maintenant, en songeant aux innombrables envois de même nature partant de tous les points de la France, pour Paris, quel doit être présentement le poids annuel des poires consommées dans cette immense et populeuse cité 1 68 USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU BOIS. Les poires sont utilisées, chez nous, de toutes les façons. Non-seulement elles occupent dans les desserts, crues ou cuites, la première place sur nos tables et forment un des aliments les plus recherchés des classes pauvres, mais encore, dans les ménages, on en fait des confitures ou marmelades, du raisiné, puis une espèce de ratafia agréable et digestif. Elles passent aussi chez les confiseurs, qui les convertissent en une pâte déli- cieuse ou les conservent mi-cuites dans un sirop fortement étendu d'alcool. Un autre mode de conservation beaucoup moins onéreux, et comme tel très- répandu, existe également pour ce fruit. Nous voulons parler de la préparation des poires tapées, constituant une véritable industrie qui donne annuellement lieu à de nombreuses aflaires. Enfin, le distillateur utilise à son tour quelques-unes de nos variétés les plus communes, surtout en Normandie et dans le nord de la France : il en tire une assez bonne eau-de-vie ainsi qu'un vinaigre généralement estimé. Pour chacun des usages ici spécifiés, toutes les poires ne sauraient être indis- tinctement employées. On le comprend; et sans doute serait-on surpris de ne nous voir fournir à cet égard aucune espèce de renseignements, si nous ne disions qu'on les rencontrera plus loin. En décrivant les diverses variétés du poirier, nous avons eu soin, effectivement, de préciser l'utilité particulière dont certaines d'entre elles étaient douées. Évitons alors tout autre détail de ce genre, il serait superflu. Celte réserve ne saur.iit concerner, toutefois, les variétés dont les produits sont spécialement consacrés à la préparation du Poiré, boisson si chère aux Normands, car ces fruits ne figurent pas dans notre Dictionnaire. Le poiré, qui mousse et pétille à l'égal du Champagne et des vins blancs d'Anjou, est en usage dans maintes contrées de la France, mais les départements de Y Orne, de la Seine- Inférieure, de Y Eure et du Calvados^ sont renommés surtout pour sa fabrication. Dès les temps les plus reculés on le trouve cité chez nos écrivains, notamment au vi'^ siècle par Fortunat, évêque de Poitiers. Il en parle au livre P ^ de la Vie de la reine Radegonde, abbesse et fondatrice, en o45, du monastère de Sainte- Croix, et dit : « Le poiré formait, avec l'hydromel, l'unique boisson de cette femme « célèbre. » Le nombre des variétés de poirier affectées à la préparation du poiré, est assez grand, mais les noms qu'elles portent sont peu ou mal connus. Comme aussi l'on en voit beaucoup qui d'un département à l'autre sont totalement étrangères aux agriculteurs. Pour le Calvados, voici les noms des principales poires destinées au pressoir ; nous les devons à l'obligeance de M. Lelaudais père, pépiniériste à Caen. Il y a joint un USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU BOIS. 69 utile renseignement : l'indication de la localité où chacune de ces poires est le plus parliculièrement récoltée : Noms des Variétés : Poire d'Angoisse. ( Voir poire d'Yvry. ) — d'Argent — d'Avoine — de Blanc — Blanc-Bocage — Blanc-Collet. ( Voir Grosse-Grise.) — de Branche — Carisi blanc ou Pochon blanc — Carisi rouge ou Pochon rouge — Catillon. ( Voir poire d'Ectot. ) — de Chemin — de ClevUle — d'Ectot ou Catillon : — de Fer — Furonnet (recherchée surtout pour fabriquer l'eau-de-vie. ) . . ■— Gris-de-Loup — de Griset — de Gros-Entricotin — de Gros-Gris — de Gros- Vert — Grosse-Grise ou Blanc-Collet — d'Ivry ou d'Angoisse — de Loup — de Louise — de Mézeray — d'Oignonet — d'Oignonet blanc. ( Voir Trochet blanc. ) — Patte d'oie — de Petit- Entricotin — de Petit-Longuet — de Platet — Pochon blanc. ( Voir Carisi blanc, ) — Pochon rouge. ( Voir Carisi rouge. ) — de Trochet — Trochet blanc ou Oignonet blanc — Trochet rouge — Trompe-Gourmand liieux de cnlture i Beaumont-en- Auge . M. Id. Lisieui. » Clécy. Pays d'Auge. Id. » Dozulé. Beaumont-en-Auge. Ectot et Epinay-sur-Odon. Vallée d'Auge. Clécy. Beaumont-en-Auge. Id. Clécy. Id. Beaumont-en-Auge. Falaise. Dozulé. Beaumont-en-Auge. Héritot-en-Auge. Beaumont-en-Auge. Pays d'Auge. » Beaumont-en-Auge . Clécy. Id. Héritot-en-Auge. Clécy, Lisieui. Id. Id. Enfin, dans l'Orne, les poiriers dont les produits servent à faire du poiré, sont ceux désignés ci-dessous. Nous en dressons la liste d'après une brochure (1) sur l'arboriculture Ixaitière, publiée en 1856 par M, Anatole Massé, horticulteur à la (1) Notions sur l'art de bien planter les arbres fruitiers et d'agrément, et sur la culture complète des pommiers et des poiriers à cidre en Normandie, avec la description des meilleures variétés de fruits pour la fabrication du cidre; Domfront, 1856, in-S" de 29 pp. I. S 70 USAGES, PROPRIETES DÛ FRUIT ET DU BOIS. Ferté-Macé ; brochure que notre estimable confrère a bien voulu nous offrir. En parcourant cette liste, on verra qu'il s'y rencontre seulement six des variétés cultivées dans le Calvados; et nous les avons marquées d'un astérisque afin qu'on les distinguât immédiatement. Quant à la croix qui suit les noms de certaines autres variétés, elle est là pour indiquer les poiriers les plus répandus, les plus estimés en ce genre,, dans le département de l'Orne : Voire d'Agneau, — Aigre. — d'Avare. — Barbot. — Baril. — de Baudet. — de Bergère. — Bernard. — Biberon. — Binot. — '^ de Blanc, -j- — Blanc-Perné. — Bon-Jus. — de Bons-Parents. — à Bourdin. — Branle-Tout. — Erignolet. — Brise-Tout. — Capote. — de Carcan. — Casse-Dent. — Casse-Pot. — Casse-Tête. — de Catalan. — de Catau. — * de Chemin. — de Cheval, -j- — de Chien. — Clichard. — de Cloche. + — de Cochon. — de Coing. — de Crapaud. — * d'Entricotin. -\- Poire Farineuse. — * de Fer. — Griseau. — Gros-Blanc. -|- — Gros-Calais. — de Gros-Court. — Gros-Hie. + — Gros-Jean. — Gros-Vanneau. — Gros-Vignon. + — à Grosse-Queue. — de Guibray. — Hantin. — Hector. — d'Héritage. — Ivas. — Jean. — Langue. — Licorne. — de Limaçon. — de Loge. — Longipot. — * de Longuet. -{- — à Longue-Queue. -]- — * de Loup. — Manette. — Marron-Gris. -\- — Marron-Roux. — Martinet. — Mathurin. — Mauvais-Gars. — Mauvais-Jus. — Mirette. — Nabouin. Poire d'Octobre. — de Parent. — Patou. — de Pendu. — de Perche. — Perrot. — d"e Petit-Hie. + — de Petit-Vignon. -\~ — Picard. -1- — Pincette. — Pinot. — de Pucelle. — Ragnet. -\- — Ravenel. — Robin-d'Ane. — Robin-de-Cochon. — de Rosée. — Rousset. 4- — de Sable. — Sabot. — de Sang. — Sapin-Doux. — de Sauge. — Sirol. — Têtard. — Tête-Longue. — Tout-Vend. — Trochet-de-Fer. + — Tue-Chien. — Valant-Tout. — Valicot. — Vinot. — Volant. USAGES, PROPRIÉTÉS DU FRUIT ET DU BOIS. 71 § H. -_ BOIS. Le bois du poirier cultivé est aujourd'hui presque aussi fréquemment employé que celui du poirier sauvage, par les ébénistes, les luthiers, les graveurs, les tourneurs, les menuisiers, etc.; mais le second l'emporte néanmoins en qualité sur le premier. En 1809 le professeur Louis Bosc, du Jardin des Plantes de Paris, le reconnaissait et fournissait sur ces deux bois les intéressantes, les savantes observations que voici : « Le grain du bois du poiiner sauvage est plus fin, plus rouge que celui des variétés culti- vées. Ce bois ^èseverd, d'après Varennes de Feuilles (i), 79 livres o onces 4 gros (39 kilogr 671 gr. 876 mil.), et sec, 83 livres 2 onces (26 kilogr. 562 gr. 500 mil.) par pied cube (34.... décimètres cubes). Il se tourmente et diminue d'un douzième de son volume, mais se fend rarement par la dessiccation. 11 prend très-bien la teinture noire, et alors il ressemble si fort à l'ébène, qu'on a de la peine à l'en distinguer. Après le buis et le cormier, c'est le meilleur de ceux que puissent employer les graveurs en bois. On en fait aussi un grand emploi dans la marqueterie, pour le tour et pour les oiitUs de menuiserie. Il est facile à tra- vailler. On ne doit pas le faire macérer dans l'eau, comme quelques ouvriers le pensent, parce que cela altère sa couleur et sa dureté. Sa qualité est excellente pour le feu. » {Nouveau cours d'agriculture, t. X, p. 236. ) Du xvi^ siècle au xviii% nos ébénistes utilisèrent surtout le bois du poirier com- mun pour la fabrication de ces charmants et artistiques buffets, bahuts, coffres, actuellement si recherchés des antiquaires et des amateurs. C'est dire qu'ils durent l'employer en très-grande quantité. De nos jours, c'est la gravure sur bois qui peut-être en dépense le plus. Elle a pris un tel développement , que le vieux poirier, non moins estimé que le buis par les graveurs, se vend fort cher à ces derniers, particulièrement quand il a atteint une grosseur au-dessus de la moyenne. (Ij Varennes de Fenilles, agronome et arboriculteur né dans la Bresse et mort en 1794. Il est connu par d'excellents écrits sur l'agriculture, la pisciculture et l'améûagement des forêts. 72 FRUITIER. IV FRUITIER. De tout temps on s'est appliqué à rechercher les moyens les plus convenables pour prolonger la conservation des fruits, mais celle, particulièrement, des poires et des pommes, qui par leur maturité diverse, leur nature spéciale, se corrompent vite ou lentement, selon les espèces et les soins qu'on leur donne. Aujourd'hui , chacun sait à peu près quels sont les procédés dont il faut user en pareil cas, et combien l'expérience a rendu simple, facile, l'établissement et la surveillance d'un excellent fruitier. Jadis il n'en était pas ainsi ; aucune méthode régulière n'existait ; on gardait ses fruits de façon ou d'autre , selon sa fantaisie , selon les traditions locales. Devant la perfection de nos fruitiers actuels, il deviendrait inutile de rappeler les moyens employés par les anciens peuples pour conserver leurs poires, si nous n'avions pas à nous préoccuper ici , comme dans les précédents chapitres , de la partie historique du sujet traité. Mais outre ce motif, il en est un également qui ne saurait rendre inutile cette revue rétrospective : beaucoup de personnes sont souvent dans l'impossibilité de posséder un fruitier ; or, quelqu'un des procédés autrefois en usage pourrait peut- être, judicieusement choisi, leur permettre de tenir quand même, en réserve, un plus ou moins grand nombre de fruits? Les Grecs se montrèrent fort ingénieux à cet égard, et surtout fort économes. On en va juger par l'extrait ci-dessous, qui fut, il y a bien des siècles déjà, emprunté aux écrivains spéciaux de cette nation : « Pour garder longuement les Poyres, il fault : — « Poiser la queue des poyres et pendre icelles ainsy. — «Les aultres mettent les poyres dans ung vaisseau neuf de terre, et y versent du vin cuyt, ou du vin, tant que le vaisseau est plein, et ainsy les gardent. — « Les aultres gardent les poyres couvertes de limeures ou de sieure de boys. — « Aulcuns les mettent avec fueUles de noyer seiches. — « Aulcuns mettent les poyres dans ung vaisseau de tei-re, qui ne soit gueres cuict, et y versent du vin et du moust, et estoupent bien le vaisseau, et le gardent. — « Les aultres les mettent parmy du marc de vin doulx, en sorte qu'elles ne se touchent FRUITIER. 73 l'une à Faultre. » [Les Vingt livres de Co7îstantin César, auxquelz sont traictez les bons enseigne- ments d'agriculture : traduicts en françoys par M. Anthoine Pierre, licentié en droict; Lyon, 1550, livre X,chap. xxv, pp. 324-325.) Quant aux Romains, leur façon de conserver les poires était un peu plus compliquée que celle des Grecs, tout en demeurant, cependant, non moins dispen- dieuse. Au 11° siècle, Palladius, un de leurs agronomes, la décrivait ainsi : — « Renfermez ces fruits dans un vase poissé , après les avoir cueillis à la main dans un temps où ils étaient secs ; séporez avec soin ceux qui seront sains , presque durs et un peu verts, de ceux qui seront tombés d'eux-mêmes; ensuite, mettez un couvercle sur ce vase et enterrez-le, l'ouverture renversée par en bas, dans une petite fosse creusée dans un lieu arrosé par quelque eau de source. — « Chercbez les poires qui ont la chair et la peau dures, puis, lorsqu'elles commencent à s'amollir, placez-les dans un vase de terre cuite que vous aurez bien poissé; fermez-le d'un couvercle enduit de gypse, et enfoncez-le dans un trou pratiqué en tel endroit que bon vous semblera, pourvu que le soleil vienne chaque jour le frapper de ses rayons. — « Ou encore, arrangez vos poires, quand elles commencent à mûrir, dans du miel, et de manière à ce qu'elles ne se touchent pas mutuellement. » (De Ee rustica, lib. III, cap, xxv. ) En France, on fut longtemps indifférent à l'égard de la conservation des fruits; aussi nos plus anciens ouvrages agricoles ou horticoles sont -ils complètement muets sur ce point. Olivier de Serres, croyons-nous, est l'auteur qui le premier donna quelques conseils pour l'organisation d'un fruitier. Voyons comment il le comprenait, et par quels moyens on essayait chez nous, en 1600, de garder ses poires , après la cueillette : « La garde des Poires est semblable — nous dit-il — à celle des Pommes :.... les saines et entières seront tout doucement portées au Grenier, où elles reposeront par races distinctes, sans meslange. « Aucuns les gardent estendues sur des aix, avec ou sans paille, ne souffrans qu'elles s'entre-touchent. « Autres, par contraire usage, les emmoncellent comme bled, sans les remuer que pour en prendre à manger : croians que la curiosité de les revoir, pour en séparer les pourries d'avec les saines, gasteroit tout le monceau. « Geste facon-ci est aussi receue par aucuns : les Pommes [ou Poires] sont enfermées dans des tonneaux défoncez d'un bout, assis sur l'un de leur fons, l'autre regardant en haut; et parmi elles est mise de la paille pour les garder de s'entre-froisser : le tonneau est après r' enfoncé, si justement quel' aer n'y puisse entrer , non plus que s'il estoit rempli de vin.... « Mais plus asseurément et plus longuement se gardent les Pommes [et les Poires] dans les tonneaux, enceste manière : sans y mettre aucune paille, l'on les amoncelé dans le ton- neau, les y arrengeant doucement l'une de après l'auti-e, sans les presser : puis est le tonneau fermé assez grossièrement, sans se soucier de respirer ou non. Geste curiosité y est ajoustée, que l'humeur que les Pommes, ainsi pressées, rendent en suant, est sechée avec un linge blanc, avec la sueur ostant la cause de leur pourriture. De dix en dix jours l'on les visite une aune, les essuiant sans les presser, tout doucement les remuant de lieu en autre : ce qu'on réitère par trois ou quatre fois, et en somme jusqu'à ce qu'on recognoistra les pommes ne suer plus; dont deschargées de telle humeur nuisible, se garderont sainement tant qu'on voudra. « Ghacun consent à ceci , que le lieu auquel l'on garde les Poires et les Pommes, doit estre tempéré de chaleur et de froidure, non humide, mais sec et modérément aéré. » {Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, livre VI, chap. xxvi, pp, 626, 627 et 629.) Un siècle plus tard, ces recommandations, ces avis d'Olivier de Serres avaient 74 FRUITIER. déjà, devant les progrès de l'arboriculture fruitière, perdu presque toute leur opportunité. Ce n'était point dans les greniers qu'on proposait alors de serrer les fruits, mais bien dans des salles spéciales, bâties avec art et avec soin. La Quintinye, directeur du verger de Louis XIY, prenant à son tour la parole, traçait en 1690, à tous les amateurs de jardins, ce plan d'un bon fruitier : « .... Que dès l'entrée delà porte on découvre premièrement une manière de Chambre bien tournée et dont la grandeur est proportionnée au besoin , où on voit ensuite une belle table rebordée, qui occupe le milieu de la place et est commode et nécessaire pour dresser les Corbeilles ou Pourcelaines qu'on veut servir; où l'on aperçoit enfin les quatre murs garnis de tablettes bien ordonnées et, dans l'Automne et l'Hyver, chargées de beaux fruits, diver- sement placez avec des étiquettes volantes, pour marquer leur espèce et leur maturité.... « Venons maintenant à établir quelles sont les principales conditions d'une bonne Fruiterie : « 1° Avant tout, qii'elle soit impénétrable à la geléô, le gros froid est l'ennemi mortel des fruits ; ceux qui ont été une fois gelez, ne sont plus bons qu'à jeter ; a 2° Elle doit être exposée surtout au Midy ou au Levant, ou du moins au Couchant; l'exposition du Nord lui seroit très-pernicieuse ; « 3° Les murs seront pour le moins de 24 pouces d'épais, une moindre épaisseur ne garantiroit pas de la gelée ; « 4° Les fenêtres, outre les paneaux ordinaires, doivent avoir de fort bons châssis doubles, et sur-tout de papier, et qu'ils soient bien calfeutrez, et qu'en même temps il y ait une double porte pour l'entrée, en sorte que jamais, dans le temps du péril, l'air froid de dehors ne puisse entrer, car il détruiroit l'air tempéré qui est de longue main au dedans; « 5° 11 faut défendre nos fruits du mauvais goût : le voisinage du foin, de la paille, du fumier, du fromage, de beaucoup de linge sale, et surtout de linge de cuisine, tout cela est extrêmement à craindre ; et ainsi il faut que notre chambre en soit tout-à-fait éloignée. Un certain goût renfermé, avec une odeur de plusieurs fruits mis ensemble, sont encore un grand désagrément, par conséquent il faut que la salle soit bien percée et élevée de 10 à 1 2 pieds, et ouvrir souvent les fenêtres quand le grand froid n'est point à craindre ; « 6° Je crois pouvoir dire que tant la Cave que le Grenier ne sont pas propres pour faire une Fruiterie ; la Cave à cause du goût de moisi et d'une chaleur humide, et le Grenier à cause du froid. Ainsi un rez-de-chaussée est très-bien ou tout au moins un premier étage accompagnés de logements habités dessus, dessous et avix cotez ; (c 7° Qu'il y ait beaucoup de tablettes, tenant enchâssées les unes dans les autres, afin d'y loger les fruits séparément les uns des autres, les principaux dans le plus beau côté, les Poires à cuire dans le moins beau, les 'Pommes encore faisant bande à part. La distance de ces tablettes doit être de 9 à 10 pouces, avec une largeur de 17 à 18 pouces; « 8° Que les tablettes soient un peu en pente vers la partie du dehors et bordées d'une petite tringle d'environ 2 doigts, pour empêcher les fruits de tomber ; « 9° Visiter chaque tablette de deux jours l'un, pour faire la guerre à ce qui est gâté ; « 10° Que les tablettes soient garnies de quelque chose, par exemple de mousse bien sèche ou de 1 pouce de sable fin, pour que chaque fruit, -posé sur la base, comme il doit, se fasse une niche qui le maintienne droit et l'empêche de toucher à ses voisins ; « H° Enfin je demande qu'on ait grand soin de nettoyer et bailler souvent la Fruiterie, d'en ôter les toiles d'Araignée, d'y tenir de petits pièges contre les rats et les souris, et même il n'est pas mal-à-propos d'y laisser quelque entrée secrette pour les chats, autrement on a souvent l'affliction de voir les plus beaux fruits attaquez par ces maudits petits animaux. » {Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, t. II, chap. ix.) Depuis la Quintinye , l'expérience a fait introduire quelques changements dans l'organisation des fruitiers. Après avoir étudié pratiquement les divers systèmes recommandés par les hommes les plus compétents de nos jours , pour ces sortes de • FRUITIER. 75 construction, il nous a semblé que le plan proposé en 1862 par M. Alphonse du Breuil, dans son Cours d'arboriculture^ présentait les conditions désirables. Mais si l'on veut réellement posséder un fruitier d'une perfection achevée , c'est au somptueux château de Ferrières (Seine-et-Marne), appartenant à M. le baron James de Rothschild, qu'il faut se rendre pour en rencontrer le modèle. Sa dispo- sition intérieure m'a tellement frappé, que j'ai ijrié notre éminent financier de vouloir bien me permettre de la reproduire dans ce Dictionnaire. Cette autorisation m'a été gracieusement accordée. Plus même, M. de Rothschild a eu la bonté de me faire remettre le plan des étagères de son fruitier. Les deux planches ci-contre (page 78) sont donc calquées sur ce plan, dont les explications suivantes rendront l'exécution très-facile : 4° PLAN. — On voit sur le plan l'agencement des tablettes dans le local, fort irrégulier du reste, de la fruiterie, et l'emplacement des deux portes destinées à empêcher l'introduction à l'intérieur d'une trop grande quantité d'air et à y maintenir l'égalité de température. Ce plan est à l'échelle de 1 à 50, ou 0,02" pour l'^jOO. 2° ÉLÉYATION. — Coupe sur la ligne A ^ du plan. — Échelle de 1 à 10, ou 0,10c pour lin,00. — La longueur de chaque tablette est divisée en quatre travées par cinq poteaux supportant chacun dans leur hauteur huit étages de consoles. Ce bâti est composé des pièces ci-après ; C. ( Voir les lettres correspondantes, sur le dessin.) Cette pièce est un patin reposant sur le sol. Chaque poteau est supporté par une pièce semblable,dans laquelle il est assemblé à tenon et mortaise. Ces patins sont reliés entre eux par les deux tringles 1 1 allant de l'un à l'autre. — DD. Poteaux ou montants, occupant toute la hauteur^ du patin au plafond. Leur section est de O^.IO" en carré et leurs angles sont abattus en chanfrein. Lorsque les tablettes sont obliques , comme 0 0 du plan, les faces des poteaux sont normales aux hgnes des tablettes. — EF. Consoles assemblées à tenons et mortaises dans les poteaux, et formées de deux pièces : les pièces FF ne dépassent pas en hauteur le dessous des lames ou tringles qu'elles supportent. Le tracé // représente une bordure qui n'existe qu'à chaque extrémité des tablettes, et dont le but est d'empêcher les fruits de rouler en dehors du gradin. — HH. Lames ou tringles destinées à supporter les fruits; elles vont d'un bout à l'autre des tablet- tes, excepté au gradin supérieur, où elles sont interrompues par les poteaux. Leur coupe et leur éloignement sont indiqués sur le détail grandeur d'exécution, et on y a figuré un fruit, pour en mieux faire comprendre l'emploi. Ces lames ne doivent pas être peintes. —■ LL. Petites lames très-minces, formant bordure de chaque côté des tablettes. Qu'on se représente maintenant un meuble exécuté suivant ces données, et chargé de beaux fruits dont l'œil saisit tous les détails , sans que l'un puisse cacher l'autre; où, de plus, l'air circule librement autour des fruits, au-dessous entre les deux lames, aussi bien qu'au-dessus, et l'on verra qu'il est difficile d'imaginer rien 76 FRUITIER. de mieux approprié à la conservation des fruits, ni d'offrir un ensemble plus agréable, plus complet. La disposition du fruitier de Ferrières, m'a rappelé ce passage du Jardinier français , publié en 1655 : Cl Les plus curieux de ramasser les fruits, ont une armoire qui ferme extrêmement bien, dans laqiielle ils mettent leurs poires de Bon-Chrétien. Elle est garnie de tablettes, et sur chaque tablette il -y a de petites tringles de bois qui se croisent en forme de treillis, dont les quarrez sont à peu près de la grandeur qu'une belle poire peut être grosse. Sur chaque quarré ils y mettent une poire à part, de crainte qu'elles ne se touchent, et, s'il y en a quel- qu'une de pourrie, qu'elle ne gaste sa voisine. » {Édition d' Amsterdam.) Il existe certainement là quelque analogie avec le fruitier de M. de Rothschild ; mais si pour le construire on s'est inspiré du Jardinier français, il faut avouer qu'on a bien amélioré I'armoire dont il donnait la description ! De tout ce qui précède, il résulte donc qu'un bon fruitier doit réunir les conditions suivantes : Murs. — Toujours doubles; le premier, d'une épaisseur de 50 à 60 centimètres; le second, celui de l'intérieur, à l'état de simple cloison faite à chaux et plâtre, ou mieux à chaux seulement, et séparé de l'autre par un intervalle de 5 à 10 centimètres, suffisant pour que la couche d'air qui séjourne entr'eux fasse obstacle, étant un mau- vais conducteur, au froid et à l'humidité. C'est ainsi, du reste, que je construis le mur nord de mes bâches à un toit, et jamais la gelée n'y pénètre par ce côté-là. Couverture. — En chaume, fortement étabhe, et autant que possible avec grenier. Plafond. — A soliveaux de sciage , reliés en dessus et en dessous par des lattes très-rapprochées; le vide existant sera minutieusement rempli de mousse ou de guinche [Mellica cœrulea. Linn.) ; le dessus des soliveaux recevra seul un enduit assez épais, composé de terre et de paille hachée. Sol. — Bitumé ou macadamisé soit en cendre de chaux, soit en béton, et de 40 à 50 centimètres plus bas que le terrain environnant. Parois. — Lambrissés, à 1 mètre de hauteur, en bois de peuplier plutôt qu'en bois de sapin. Portes. — Deux, l'une au mur extérieur, l'autre à la cloison intérieure; elles doivent s'ouvrir de façon opposée. Fenêtres. — Une seule, et à doubles volets. Étagères. — Telles que les veut la Quintinye ou que les trace le plan ci-annexé. Table. — Une, au milieu de la pièce. Température. — Constamment égale, variant entre 8 ou 10 degrés centigrades au-dessus de zéro. Lumière natwelle. — L'introduire rarement et le moins longtemps possible. Atmosphère. — Exempte d'humidité, sans être cependant excessivement sèche. Tels sont les différents points, les détails essentiels sur lesquels doit se porter l'attention, quand on établit un fruitier. Mais, répétons-le, une semblable disposition n'est pas indispensable pour la bonne conservation des fruits. On la remplace, sans grand inconvénient, soit par une Grotte., soit par une Cave voûtée, soit par une FRUITIER. 77 Salle au rez-de-chaussée, quand ces divers locaux sont exempts d'humidité et pourvus de murs très-épais. Alors on peut y poser des étagères comme celles de Ferrières ; et même — ce qui nous semble fort utile — y élever une cloison de briques pour former le double mur dont il est question ci-dessus. Enfin, il existe encore un procédé aussi simple qu'économique, pour garder longtemps les poires ou les pommes ; On prend de grands vases soit en terre cuite, soit en grès, ou mieux des barriques très-sèches et n'ayant aucune espèce d'odeur , on dépose au fond une couche assez épaisse d'un mélange de charbon et de sulfate de fer réduits en poudre, ou du sable fin et de la chaux éteinte , puis on place dessus , ses fruits ^ de cette façon : premier rang, les pédoncules en haut; quand il est formé, on le recouvre du mélange pré- paré , et de telle sorte que tout vide disparaisse entre les poires ou les pommes ; ensuite on dispose le deuxième rang, mais en mettant les pédoncules en bas. Cela fait, on comble de nouveau, avec la poudre, les endroits restés libres, et l'on continue de la même manière, en n'oubliant pas de bien isoler chacun des rangs par une couche de poussière d'environ deux centimètres d'épaisseur. La barrique ou le vase une fois remplis, il faut les fermer avec le plus grand soin et les déposer dans un endroit où ne puissent les atteiiidre ni le soleil, ni le froid, ni l'humidité. Une précaution nécessaire, lorsqu'on commence à puiser dans cette réserve, c'est de toujours recouvrir abondamment de poudre les fruits placés à la surface , et de refermer très-hermétiquement l'ouverture de ce fruitier improvisé. Si quelquefois, par la rigueur de l'hiver ou par le manque de soin, la gelée s'emparait de vos fruits, il est un moyen facile pour remédier à cet inconvénient : Emplissez en partie, d'eau légèrement froide, un grand vaisseau de terre ou de cuivre, placez-y la quantité possible de poires ou de pommes gelées, puis portez le tout dans un lieu modérément chauffé; peu après il se formera, autour des fruits, une couche de glace; vous l'ôterez, et ces derniers auront alors retrouvé leur qualité. La Cueillette des Poires, les diverses époques où il est opportun de l'effectuer, voilà encore un point à traiter ici; mais il me semble — pourquoi ne pas l'avouer? — presque impossible de fournir à cet égard des instructions précises. Voyons d'abord quel fut, sur ce sujet, l'opinion de nos anciens pomologues : En 1690, Merlet faisait à ses lecteurs les recommandations suivantes : « Les fruits d'Automne veulent estre cueillis dès le commencement d'octobre , et ceuï d'Hyver sur la fin de ce mois, selon les années. Surtout, bien prendre garde de les cueillir tous en deeours, et non en croissant et pleine lune, que le fruit profite et prend sa nourri- ture. » {L'Abrégé des bons fruits, 3" édition, chap. ix, pp. t09-ilO.) En 1712, Angran de Rueneuve se montra moins concis que Merlet, car il consacra plusieurs pages à la cueillette des fruits : « La maturité de la plus grande partie des Poires d'Été — écrivait-il — se connoît quand elles paroissent ornées d'un beau coloris mêlé d'un jaune doré, et lorsque celles qui sont odorantes se font sentir. Quand cela sera, il ne faudra faire aucune difficulté de les cueillir. <( Quant aux Poires d'Automne, si on veut qu'elles soient excellentes, il faut absolument les cueillir douze à quinze jours avant leur maturité. 78 FRUITIER. « Celles d'Hiver ne sont jamais bonnes quand on les cueille, quoy qu'on les laisse à l'arbre jusqu'au 6 et 8 novembre. Elles ne le peuvent être que quand leur fermentation les a fait meurir dans la fruiterie ce II faut cueUlir les Poires d'Hiver après la moindre gelée, parce qu'elles tombent deux ou trois jours après, faute de nourritm'e, et cboisir pour cela un temps sec et beau, afin qu'elles puissent mieux se conserver; le faire avec attention, en sorte que toutes ayent leur queue, et les mettre doucement dans un panier pour être ensuite placées sm" les tablettes du fruitier les unes après les autres tt Les Poires d'Hiver seront néanmoins cueillies dès le 15 ou le 20 d'octobre, si l'année est chaude et sèche; ayant pris beaucoup de maturité sur les arbres, elles passent pour l'ordi- naire en peu de temps et deviennent souvent cotonneuses, pâteuses et moUes. J'en excepte la poire de Bon-Chrétien, laquelle ne doit être cueillie qu'au 15 ou 20 novembre, s'il ne survient aucunes gelées avant ce temps. » {Observations sur l'agriculture et le jardinage, t. II, chap. II, pp. 26 à 30.) Les conseils ainsi donnés, surtout ceux d'Angran de Rueneuve, sont fort ration- nels. Cependant ils ne sauraient être regardés, non plus que beaucoup d'autres du même genre, comme une règle exempte d'exceptions. Les exceptions, au contraire, sont toujours si nombreuses sur ce point, gouverné par la nature seule, que c'est là, précisément, ce qui me faisait dire plus haut : Il nous semble impossible de fournir, pour la cueillette des fruits, des instructions précises. Mais je ne suis pas le premier qui l'ait cru et publié. En 1859, M. Paul de Mortillet, pomologue des plus distingués, ayant fait imprimer un opuscule intitulé Quarante poires pour les dix mois de juillet à mai, se vit adresser cette question : — Pourquoi n'avez-vous pas indiqué l'époque précise de la cueillette de chacune de vos variétés? — à laquelle il répondit : « Une pareille indication n'aurait eu rien de certain, attendu que, pom' une même espèce, l'époque la plus convenable de la cueillette varie suivant le sol, suivant l'exposition, et sur- tout suivant l'année. C'est essentiellement une affaire d'observations personnelles. Mais on peut poser cette Règle Générale : a Toutes poires, même celles de Premier Été, sont meilleures lorsque leur maturité s'achève au fruitier que si elles ont mûri sur l'arbre. «. Les poires d'Été doivent être cueillies seulement cinq ou sis jours avant leur maturité. Celles du commencement de l'Automne, dix ou quinze jours avant cette même époque. ft Pour les fruits d'Été et du commencement de l'Automne, l'approche de la maturité est signalée par la chute des fruits véreux et par un changement dans la couleur de la peau. « Pour les poires de la fin de l'Automne et du commencement de l'Hiver, la difficulté est plus grande; il faut les diviser en deux groupes distincts : 1" les poires qui se conservent d'autant mieux qu'elles sont cueillies plus tôt à l'Automne; 2° celles qu'il faut cueiUir le plus tard possible, et qui sont très-tardives mais, pour ces dernières, l'extrême limite est la fin d'octobre, ou mieux l'époque qui précède les premières gelées. » [Revue horticole, année 1859, pp. 563-564.) En insérant cette réponse dans la Revue qu'il dirigeait alors, M. J.-A. Barrai, si compétent pour im tel cas , la fit suivre de ces seuls mots : « Tout cela est parfaitement et sagement dit. » Or, c'est aussi là notre avis. On voit donc que nous partageons complètement les opinions de ces deux écrivains, sur la Cueillette des Poires, V DESCRIPTION ET HISTOIRE DES VARIETES DU POIRIER. CL> f-^ ]■ ; -Q rd f=î b-< (=! P-H F-^ PxH POIRES rVota. — En lisant nos descriptions d'arbres, on devra toujours se rappeler qu'elles sont faites dans la pépinière, et sur des sujets de deux ans. A 1. Poire ABBE DE BEAUMONT. Description de l'arbre. Bois: mince. — Rameaux: nombreux, étalés ou réfléchis, faibles, longs, flexueux, jaune verdâtre, lavés de rouge-brun , finement ponctués , à coussinets saillants. — Yeux : petits, ovoïdes^ pointus, écartés du scion. — Feuilles: petites, ovales-arrondies, régulièrement dentelées en scie ; leur pétiole est long et grêle. Fertilité. — Abondante. Culture. — En le greffant sur cognassier on obtiendra d'assez jolies pyramides. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée, régulière, ventrue, complètement obtuse. — Pédoncule : court, assez gros, droit inséré dans une étroite et profonde cavité. — OEil : grand, ouvert, bien formé, très-enfoncé. — Peau .-jaune verdâtre, marbrée de fauve, largement maculée de même autour du pédoncule , lavée de rose vif ponctué de jaune d'or du côté du soleil. — Chair : très-blanche, très-fine, juteuse, ferme, fondante, montrant quelques pierres au-dessous des loges. — Eau: fort abondante, délicieusement sucrée, acidulé, musquée, douée d'une saveur particulière qui la rend d'une extrême délicatesse. 82 ABB Maturité. — Fin août et commencement de septembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce fruit, obtenu de semis dans notre école^ y a mûri pour la première fois le 30 août 1864, et a été livré au commerce en 1865. Nous l'avons dédié à M. l'abbé de Beaumont, ancien vice-président du Comice horticole d'Angers, et l'un de nos fleuristes amateurs les plus distingués. 2. Poire ABBE EDOUARD. Description de l'arbre. — Bois : gros. — Rameaux : touffus, érigés, assez longs, forts, flexueux, lisses, gris ver- dâtre, à coussinets bien développés, à lenticelles blanc sale. — Yeux : co- niques, pointus, petits, brun clair. — Feuilles: vert foncé, ovales-lancéolées, à dents écartées et prononcées , à pétiole gros et long ; elles sont de grandeur moyenne. Fertilité. — Bonne. Culture. — Il réussit non moins bien sur franc que sur cognassier; sa vigueur est peu commune. Description dn fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée, régulière, obtuse. — Pédoncule : assez court, mince, arqué, obliquement inséré dans un étroit évasement entouré de faibles gibbosités. — (EU : petit , mi-clos , mal développé , presque saillant. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de roux foncé, et montrant souvent quelques taches brunes non squammeuses. — Chair : très-blanche, ferme,, juteuse, mi-fine, mi-fondante, rarement pierreuse. — Eau : des plus abondantes, sucrée, parfumée, un peu douceâtre. Maturité. — Commencement de novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Yoici, d'après M. Alexandre Bivort, l'origine de cette variété : « L'ai-bre-mère provient des pépinières de Van Mons, il a environ huit mètres de hauteur, est presque entièrement dépouillé de ses épines, a poiié chez moi son premier fmit en 1 848, et il était classé dans la pépinière de Louvain sous le n° 2015. » [Album de pomologie , t. IV, 185i, p. 70.) observations. — On a dit que cette poire rappelait assez bien, par sa forme et le parfum de son eau, la forme et le goût de la poire Jaminette. Dans l'Anjou, il n'en est pas ainsi ; la Jaminette y diffère beaucoup, au contraire, sous ces deux rapports, du fruit décrit ci-dessus. Poire ABBÉ MONGEIN. — Synonyme de poire Belle-Angevine. Voir ce nom. ABB 83 3. Poire ABBÉ PÉREZ. Ilesci*ii)tioii de l'arbre. — Bois : gris jaunâtre, lisse et fort. — Rameaux : régulièrement étalés et nombreux, gros, assez longs, flexueux, brun olivâtre, à coussinets généralement sail- lants , à lenticelles petites et très-espacées. — Yeux: ovoïdes ou obtuS;, de moyenne grosseur, écartés du bois, et, versla base du rameau, ressortant largement en éperon. —/^(?w27/es .• d'un beau vert , ovales , dentées , ayant le pétiole court et fort. Fertilité. — Elle est « très- ce grande, » selon le promoteur de cette variété récemment dé- couverte. Culture. — Il paraît devoir se grefTerplus avantageusement sur cognassier que sur franc; toutefois, il est encore impossible de préciser quel sujet on devra lui donner de préférence. Sur cognassier, il forme de belles pyramides. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : ovoïde, bosselée, aplatie aux extrémités. — Pédoncule : assez long, gros, arqué, très- charnu à la base , continu avec le fruit , obliquement inséré dans un faible évase- mentoùle comprime une forte gibbosité. — Œil : grand, bien ouvert, bien déve- loppé, à peine enfoncé. — Peau: vert jaunâtre, ponctuée, striée de roux, maculée de fauve autour de l'œil. — Chair : blanchâtre, fine, ferme, fondante, juteuse, légèrement pierreuse au-dessous des loges. — F au : abondante, sucrée, acidulé, délicatement parfumée. Maturité. — Fin novembre, et allant jusqu'en février. Qualité. — Première. Historique. — C'est M. l'abbé D. Dupuy , professeur de botanique et d'horti- culture, qui le premier a fait connaître ce fruit dans l'Abeille pomologique, revue mensuelle créée par lui en 1862. Les détails qu'il a transmis sur le pied-mère, sont aussi complets qu'intéressants : « Il a été trouvé — dit M. l'abbé Dupuy — dans l'un de nos départements méridionaux, et se voit dans un petit jardin en terrasse, exposé au midi, et appartenant à M. l'abbé Pérez, curé de la paroisse du Saint-Esprit, à Lectoui^e (Gers). Ce petit jardin faisait partie, avant la révolution de 1789, du couvent des Carmes... Ce poirier est-il un reste des arbres de l'ancien jardin du couvent dans lequel il était planté?... C'est ce que nous ignorons.... Cette excellente poire n'a été greffée par aucun amateur de Lectoure ou des environs. Elle est demeurée entièrement inconnue de tous, excepté de son propriétaire, jusqu'à ce que, il y a trois ans (en 1859), nous l'avons signalée, et engagé quelques personnes à la greffer. Aujourd'hui, 84 ADA cet arbre unique ne risque plus de se perdre, il est multiplié chez un certain nombre d'amateurs, et particulièrement à la pépinière de la ferme-école de Bazin (Gers), » [Abeille \ pomologique, an. 1862, pp. 358-361.) j Poire d' ABONDANCE. — Synonyme de poire Ali-mon-Dieu ! Voir ce nom. Poire ADAM. — Synonyme de Beurré Adam. Voir ce nom. 4. Poire ADAMS. description de l'arbre. — Bois : très-faible. — Bameaux : rares et étalés, légèrement flexueux, gris jaunâtre, cliétifs et des plus menus ; à coussinets peu apparents, à lenticelles petites et clairsemées. — Yeux: moyens, coniques, très-pointus, bien écartés du bois et ayant les écailles excessivement pro- noncées. — Feuilles : exiguës, rarement nombreuses, ovales ou allongées , fine- ment dentées ou crénelées, à pétiole court et grêle. Fertilité. — Très-grande. Culture. — Le sujet qui lui convient, est le franc ; il s'y développe passable- ment en pyramide , tandis qu'il pousse à peine sur le cognassier. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : tur binée, obtuse , légèrement bosselée vers le sommet. — Pédoncule : court, gros, arqué, charnu à la base, obliquement implanté à la surface du fruit, avec lequel il est presque toujours continu. — OEil : petit, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau: jaune verdâtre, ponctuée de roux, maculée de même autour du pédoncule. — Chair : blanchâtre, très-fine, fondante, juteuse, sans pierres. — Eau : des plus abondantes, vineuse, bien sucrée, d'un goût agréable. Maturité. — Allant du commencement de septembre jusqu'à la mi-octobre. Qualité. — Première Historique. — Hovey, auteur estimé d'une pomone américaine [The fruits of America, 1847-1856) , s'est longuement occupé de la poire Adams , originaire des Etats-Unis , dans une publication périodique consacrée à l'horticulture , et dont il est l'éditeur. Traduisons ce qu'il y dit de la provenance de cette excellente variété : « Elle vient de Massachusetts, où M. le docteur H. Adams, amateur zélé, l'a gagnée dans sa propriété de Waltham. Et voici, d'après lui, comment il l'a obtenue : de pépins de la poire Seckle, dont un arbre se trouvait, dans son jardin, à côté d'un poirier Bartlett *. Ces pépins furent semés en 1836, au cours de l'automne, et la première fructification eut lieu en 1848. » [Magazine of horticulture , 1854, p. 464.) Hovey ajoute qu'en ayant reçu des greffes , il la multiplia et lui donna le nom 1 Le poirier Bartlett n'est autre que le poirier William' s, l'un des plus recherchés pour sa fertihté, pour ses délicieux produits. ADE 85 de son obtenteur. Puis il a soin de noter, avec raison, que le gain du docteur Adams est indubitablement le résultat d'un croisement des espèces anglo-américaines Seckle et Bartlett. — A son tour, Hovey nous en ayant envoyé un sujet, nous le plantâmes. Il donna des fruits en 1854, mais ce ne fut qu'à partir de 1858 qu'il nous devint possible de le répandre, ne l'ayant greffé qu'après avoir étudié ses produits. Observations. — Il importe de ne pas confondre la poire Adams avec le Beurré Adam, variété française connue depuis plusieurs siècles, et dont la descrip- tion se trouve ci-après, à son ordre alphabétique. Poire ADÈLE. — Synonyme de poire Adèle de Saint-Denis. Voir ce nom. Poires ADELE DE SAINT-CÉRAN et ADÈLE DE SAINT-CÉRAS. nymes de poire Adèle de Saint-Denis. Voir ce nom. Syno- 5. Poire ADELE DE SAINT-DENIS. Synonymes. — Poires : 1. Adèle (Decaisne^ le Jardin fruitier du Muséum, 1. 1, 1858). — 2. Adèle de Saint-Céran {Id. ibid.) 1859, p. 23). dehors de l'axe du fruit. — (EU. 3. Adèle de Saint-Géras (J. de Lirou d'Airoles, Notices pomologiques , Description de l'arbre. — Bois : de moyenne grosseur. — Rameaux : assez longs , extrême- ment coudés, minces, contournés, olivâtres , à coussinets à peine marqués, à lenticelles jaunâtres , arrondies. — Yeux: petits, aigus, coniques , écartés du bois. — Feuilles: grandes, oblongues-lan- céolées, à pétiole roide et court, à bords fortement dentés. Fertilité. — Des plus abon- dantes. Culture. — Le greffer sur franc, le cognassier ne lui convenant que médiocrement , et souvent même paralysant complètement sa vigueur. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : pyriforme, obtuse, ventrue, ayant souvent un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : court, mince, arqué, obliquement inséré dans une faible cavité surmontée par- fois d'un renflement considérable, et alors il est toujours placé eu grand, bien ouvert, bien développé, presque 86 ADE saillant. — Peau : jaune verdàtre , fortement ponctuée et marbrée de fauve , maculée de même autour du pédoncule. — Chair : blanc jaunâtre, fine, ferme et juteuse, fondante, assez pierreuse au centre. — Eau : des plus abondantes, sucrée, acidulé, d'une saveur beurrée ne laissant rien à désirer. Maturité. — Début d'octobre, plutôt que fin septembre, et se conservant jus- qu'en novembre. Qualité. — Première. Historique. — Gagnée aux portes de Paris par M. Guéraud, propriétaire habitant la petite ville de Saint-Denis , cette poire est demeurée longtemps sans état civil. En 1849, M. A, Bivort disait déjà, en la décrivant : « Je l'ai reçue de « France il y a peu d'années, sans désignation d'auteur. » {Album depomologie, t. II, p. 153). En 1852, le pépiniériste américain P. Barry, annonçait dans son Jardin fruitier (The fruit garden, p. 312), qu'elle venait d'être introduite aux Etats-Unis, et la supposait d'origine belge. Enfin plus tard, en 1859, M. de Liron d'Airoles, la mentionnant dans ses Notices pomologiques (p. 23), ne pouvait également pré- ciser qui l'avait obtenue. Cela prouve que les meilleurs fruits sont souvent, sous ce rapport , moins favorisés que les mauvais, car il en est un grand nombre de cette dernière catégorie dont la naissance eût dû passer inaperçue , et pour lesquels on a prodigué renseignements et réclames. Mais, se recommandant par sa seule bonté, la poire Adèle de Saint-Denis a conquis , malgré ce silence , une place distinguée parmi les variétés de choix. C'est dans leur rang que nous la classions dès 1847, époque à laquelle nous la dégustions pour la première fois, l'ayant reçue des pépi- nières de M. Laurent Jamin, vers 1844. Elle porte le nom de la fille de son obten- teur, et celui de la locahté où le semis a été fait. Observations. — On a donné dans plusieurs Catalogues la poire Baronne de Mello pour synonyme à la poire Adèle de Saint-Denis. C'était une complète erreur, aujourd'hui généralement reconnue. Nous avions, du reste, aidé quelque temps à la commettre, ayant multiplié en 1846 un pomer vendu sous le nom d'Adèle de Saint-Denis, lorsqu'il n'était autre que le poirier Baronne de Mello. 6. Poire ADÈLE LANCELOT. nescription de l'arbre. — Bois : grêle. — Rameaux : abondants , courts , irréguhèrement étalés, faibles, flexueux, et gris jaunâtre lavé de roux; ils sont semés de quelques points très-fins ; leurs coussinets ressortent peu. — Yeux : ovoïdes-obtus, cotonneux, assez gros, assez rapprochés du scion. — Feuilles : chétives, légèrement jaunâtres, ovales-allongées, souvent contournées, ayant le pétiole court, mince, et les bords bien dentés; en général ce poirier n'en est pas très-fourni. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le cognassier doit être préféré, comme aussi toute autre forme que la pyramidale , à laquelle cet arbre se prêtera toujours difficilement. Description du fruit. — Grosseur : variable , mais généralement au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée, ventrue , obtuse, bosselée. — Pédoncule : très- long, assez gros, arqué, obliquement inséré, fortement charnu à la base, continu avec le fruit. — Œil : grand, bien ouvert, bien développé, à peine enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau : jaune verdàtre, entièrement ponctuée et striée de roux, et ADE 87 souvent couverte de macules noirâtres. — Chair : blanche, mi -fine, un peu molle, juteuse, fondante, pierreuse au centre, — Eau: abondante, sucrée, acidulé, _ . Aj-i T 1 * douée d'une saveur Poire Adèle Lancelot. beurrée assez déli- cate. Maturité. — Vers la fm d'octobre. Qualité. — Pre- mière. Historique. — Elle vient de Belgi- que , où elle a été gagnée de semis en 1831, à Geest-Saint- Rémy - lez - Jodoi - gne, par M. Alexan- dre Bivort. Ce qui nous étonne, c'est qu'aucune note n'ait encore paru , sur cette variété, dans les ouvrages spé- ciaux. Mentionnons toutefois , comme ayant annoncé qu'il l'étudiait pour la dé- crire, M. Jules de Liron d'Airoles. En 1859, cet honorable pomologue la signa- lait aux horticul- teurs, page 5 du 1" supplément de sa Liste synonymique des diverses variétés du Poirier. Depuis lors, il l'a laissée dans l'oubli. Mais tout récemment, sur notre demande, M. Bivort nous a transmis ces renseignements complémentaires : « Elle resta inédite de 1851 à 1858, époque à laquelle on en délivra des scions aux membres de la Société Van Mons. Elle a été dédiée à M^^'^ Lancelot, de Monceau-sm^-Sambre (Belgique), par ma fille Emilie, le peintre de \'Albur)i et des Annales de pomologie belge et étrangère. Dès la première production de l'arbre, les finiits furent de différentes formes, comme il arrive presque toujours pour les nouveaux gains, et cela même pendant une dizaine d'années. Votre dessin présente bien le caractère distinctif de ma description de dégustation, surtout en ce qui concerne le pédoncule. Je crois donc que vous possédez en réalité la vraie poire Adèle Lancelot. » (Lettre du 17 mai 1865.) Observations. — La qualité de cette poire, varie, paraît-il, car M. Charles Baltet, pépiniériste à Troyes, nous écrivait le 13 mai 1865 : « Nous ne la considérons 88 ADO « pas comme parfaite, et la classons de troisième ordre. » — On a mis en vente il y a quelques années, sous le nom d'Adèle Lancelot, un poirier dont les fruits n'ont rien de commun , que l'époque de maturité , avec ceux de la variété gagnée par M. Bivort. Il existe dans notre école , mais nous ne saurions dire quel pépi- niériste nous l'a fourni. Afin, cependant, de rendre plus difficile toute confu- sion entre le vrai et le faux poirier Adèle Lancelot, nous allons décrire briève- ment les fruits de ce dernier : — Ils sont petits , turbines , à long pédoncule , à peau jaune orangé, lavée de rouge vif. Leur chair est fme, fondante, pâteuse; et leur eau, pour être insuffisante , ne manque ni de sucre , ni de parfum. Ils mûris- sent, nous le répétons, dans le même mois que les autres ; en octobre. Poire ADMIRABLE DES CHARTREUX, nom. Synonyme de poire Catillac. Voir ce 7. Poire ADOLPHE CACHET. Descriptioii «le l'arbre. — Bois: peu fort ou mince. — Rameaux: nombreux, réfléchis, légèrement con- tournés ou arqués, grêles, mais assez longs, flexueux, vert clair, semés de quelques petites lenticeUes, et mon- trant des coussinets bien développés. — Yeux : très-faibles , arrondis , et souvent ovoïdes; aplatis, pointus, à écailles des plus saillantes ; appliqués ou écartés, et parfois ressortant en éperon. — Feuilles : ovales, de dimen- sion exiguë , à pétiole assez gros et assez long, ordinairement rougeâtre; leurs bords sont denticulés ou cré- nelés. Fertilité. - être indiquée. Elle ne peut encore Culture. — Cet arbre est si nou- veau dans nos pépinières, qu'il nous serait difficile de déterminer quel sujet lui conviendra le mieux, du franc ou du cognassier; mais il semble devoir pousser vigoureusement sur l'un et sur l'autre. Observons cependant qu'il n'y donne que de médiocres pyramides. Description dit fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée , obtuse , bosselée, irrégulière. — Pédoncule : court, mince, renflé au sommet, droit, obli- quement inséré dans un faible évasement où le comprime une forte gibbosité. — Œil: petit, mi-clos, mal développé, presque saillant. — Peau: d'un jaune brillant très-clair, ponctuée de roux , tachée de même du côté du soleil ainsi qu'autour du ADO 89 pédoncule. — Chair : blanche, fine, ferme, juteuse, fondante, pierreuse au centre. — Eau : extrêmement abondante , fraîche , sucrée , acidulé , douée d'une saveur musquée d'autant plus délicieuse qu'elle n'a rien de trop prononcé. MATumTÉ. — Fin août, se prolongeant jusqu'à la rai-septembre. Qualité. — Première. Historique. — Obtenue de semis dans notre école, nous l'avons dégustée pour la première fois le 29 août 1864^ et dédiée à M. Adolphe Cachet, fleuriste angevin connu de tout le monde horticole par ses belles cultures de Camellias, vraiment uniques en France. 8. Poire ADOLPHINE RICHARD. Synonyme. — Pon-e Alphonsine Richard (de Lirond'Airoles, iVoh'ces powo%27Me5, 1859, p. 5). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nom- breux , érigés , longs , flexueux et cotonneux, d'un roux très-foncé, faiblement ponctués de jaune pâle; leurs coussinets sont peu marqués. — Yeux: gros, aplatis, coniques, obtus, légèrement écartés. — Feuilles : de moyenne grandeur, ovales-allon- gées, à bords profondément dentés, à pétiole court et généralement faible. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Sur cognassier, il se développe parfaitement en pyramide ; sa vigueur et sa fertilité le recom- mandent spécialement pour être placé dans les vergers. Description du fruit. — Gros- seur : petite ou moyenne. — Forme : turbinée, obtuse , et parfois quelque peu cylindrique. — Pédoncule : assez long, mince, arqué, régulièrement implanté dans un étroit évasement. — OFeV.- moyen, mi-clos, mal développé, rarement très-enfoncé. — /'eai* ; jaune d'or, ponctuée de roux, striée et marbrée de fauve. — Chair: blanchâtre, ferme, mi -fondante, non pierreuse, mais manquant de finesse. — Eau: sucrée, acidulé, aromatique, sans nul arrière-goût. Maturité. — Octobre et novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Peu répandue, la poire iVdolphine Richard, que M. de Liron 90 AGA d'Airoles avait erronément signalée en 1859 sous le nom d'Alphonsine Richard, est un gain de M. A, Bivort, Il nous l'affirmait en ces termes le 4 mars 1865 : « La poire Alj)lionsine Richard m'est inconnue, mais j'ai gagné Adolphine Richard, fruit de verger, moyen, turbiné, mûrissant en novembre et décembre » C'est donc bien là le fruit ici décrit, et nous compléterons son historique en empruntant les lignes suivantes au Catalogue de la Société Van Mons : « U Adolphine Richard a été dégustée pour la première fois en 1855, sous le n° 6238, dans le jardin social, à Geest-Saint-Rémy (Belgique). On l'a admise comme fruit de verger, malgré sa bonne qualité, à cause quelle miuissait en septembre et octobre, époque où nos jardins sont déjà encombrés d'une quantité de beaux et bons fruits » [Catalogue de mars 1856, pp. 100 et 101.) Le nom que porte cette variété lui a été donné, conformément à l'article 19 des Statuts de la Société Yan Mons , par un des membres fondateurs de ce cercle horti- cole. Quant à sa propagation, elle n'a eu lieu qu'en 1858. 9. Poire AGATHE DE LESCOURT. liant du Description de l'arbre» — Bois : ordinairement faible. — Rameaux : peu nombreux et étalés, gris jaunâtre, courts, forts, légèrement flexueux; ils sont largement ponctués et pourvus de coussinets assez saillants. — Yeux : à écailles très -apparentes, gros, co- niques , aigus , écartés du bois. — Feuilles : de grandeur variable, ovales ou allongées, à bords crénelés ou unis, et d'un vert clair parfois maculé de rouge-brun; leur pétiole, fort et long, est ordinairement rougeâtre. Fertilité. — Moyenne. Culture. — Sur cognassier, cet arbre forme presque toujours de laides et ché- tives pyramides. Itescrifition du fruit. — Gros- seur : moyenne, et souvent beaucoup plus volumineuse. — Forme: pyriforme, obtuse, généralement déprimée à la base. — Pédoncule: assez long, mince, arqué, obliquement inséré, continu avec le fruit. — Œil : petit , ouvert , à peine enfoncé. — Peau .-jaune verdâtre, ponc- tuée, striée de roux, marbrée de même autour de l'œil et du pédoncule, et pre- côté du soleil une teinte verte plus foncée. — Chair : blanche , un peu AGL 91 grossière, mi-fondante, ferme, contenant quelcjues pierres autour des loges. — Eau: suffisante, sucrée, aromatisée, trop douceâtre pour être complètement savoureuse. Maturité. — Vers la mi-septembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Nous n'avons pu^ malgré de patientes recherches, connaître l'origine de cette variété, que nous cultivons depuis 1855, et croyons avoir reçue de Belgique. M. de Liron d'Airoles est le premier pomologue qui l'ait citée , mais il n'a fait qu'en donner le nom, page 82 de la Liste des fruits à l'étude qu'il insérait en 1857 dans ses Notices pomologiques. 10. Poire AGLAË ADANSON. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : peu nombreux , régulièrement érigés , longs , gros , flexueux , marron foncé , ponctués de jaune obscur, à coussinets très-pronon- cés. — Yeux: -petits, coniques, excessive- ment pointus et détachés. — Feuilles : ovales-allongées, profondément dentées, à pétiole court et faible. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Ce poirier prospère sur franc et sur cognassier, mais ses pyra- mides sont trop dépourvues de rameaux . llescription du fruit. — Gros- seur : petite ou moyenne. — Forme : généralement pyriforme et très-irré- gulière, contournée, bosselée^ obtuse. — Pédoncule : assez long, mince, arqué et obliquement inséré dans une faible cavité. — OEil: petit, clos, mal développé, placé au fond d'un étroit évasemen t. — Peau .• jaune ver dâtre, entièrement ponc- tuée de gris-brun. — C/meV ; blanchâtre, grossière, pierreuse , mal fondante. — Eau : insuffisante, manquant de sucre et de saveur. Maturité. — De la mi-août à la fin de septembre. Qualité. — Troisième. Historique. — Le pomologue allemand J. G. Dittrich nous a conservé sur ce fruit les renseignements ci-après, que nous traduisons littéralement de son excel- lent ouvrage : « La poire Aglaë Adanson fut obtenue de semis en 1816, par Van Mons; elle portait dans son catalogue le n" 1709. J. D. Poiteau, en 1834 [Annales de la Société d'horticulture de 92 -^GL Fans, t. X^ p. 373 >, lui a reproché le manque de délicatesse de sa chair, qui l'empêche de prendre rang parmi les meilleures poires. Van Mons, au contrake, en vanta le fondant, le eoùt exquis. Pour nous, cette chair est -sTaiment granuleuse et mi-cassante. » {Systematisches Eandbiich der Obstkunde, t. III, 1841, p. 146.) Ajoutons que le nom donné à ce poirier est celui de la nièce de l'illustre naturaliste français .yichel Adanson, né en 1727 à Aix, mort à Paris en 1806; et regrettons qu'un fr'uit aussi peu digne d'être recommandé, lui ait été dédié. Observations. — Nous partageons l'avis de Poiteau et de Dittrich, sur la qua- lité de la poire Aglaë Adanson : plus même, nous l'avons ti'ouvée si constamment mauvaise^ que depuis longtemps on a cessé, dans l'Anjou, de la multiplier. lî. Poire AGLAE GRÉGOIRE. Description de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ra- meaux : très - nombreux , arqués, ordinairement éta- lés , gros , courts , peu flexueux, roux grisâtre, fai- blement parsemés de points cendrés, à mérithalles très- courts, à coussinets excessi- vement prononcés. — Yeux: gros , noirâtres , ovoïdes , à large base, placés en éperon et ayant les écailles forte- ment ressorties. — Feuilles : petites ou exiguës, ovales, acuminées, à bords profon- dement dentés , à pétiole gros et peu long. Ferulité. — Abondante. Culture. — Greffé sur cognassier, il se développe admirablement en pyra - mide. Description du fruit. — Gi^osseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée , obtuse , et souvent arrondie. — Pédoncule : assez court, mince, arqué, parfois renflé à la base, obliquement implanté dans une étroite ca\ité. — Œil : grand, mal développé, ouvert, un peu enfoncé. — Peau : jaune clair, ponctuée de roux, veinée de même autour de l'œil et du pédoncule. — Choir : blancbàtre, demi-fine, ferme, fondante, non pierreuse. — Eau : suffi- sante, douce, sucrée, peu parfumée, entachée d'un arrière-goùt herbacé. Maturité. — Fin septembre et partie du mois d'octobre. Qualité. — Deuxième. AHM 93 Historique. — Gagnée de semis vers 1832, par M. X. Grégoire, tanneur à Jodoigne (Belgique!, et li\Tée au commerce en 1853 , elle porte le nom de lune des filles de son obtenteur. ObserT-ations. — En décrivant cette poire dans les Annales de pomologie belge et étrangère, page 69 du tome VllI (1860 . M. Alexandre Bivort a dit que « sa maturité « avait lieu fin février, et se prolongeait souvent jusqu'à la fin de mars. » Chez nous, il n'en est pas ainsi , puisque nous l'y avons toujours dégustée dans la dernière semaine de septembre ou dans la première quinzaine d'octobre. Il faut donc la con- sidérer comme fruit d'automne, et non point comme fruit d'hiver. 12. Poire AH-MON-DIEU! Synonymes. — Poires : 1. De Mon-Dieo (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, éàit. de 1675, p. 87). — 2. BÉNiTi: (Knoop, Fructologie, 1771 , t. II, pp. 97 et 136). — 3. Beixe-Fertile {Id. ibid.). — 4. Petite-Fertile (Id. ibid.). — 5. Jaegoî»eixe d'Automne {Id. ibid.). — 6. Mont-Diec {Id. ibid.). — 7.MAKDIEU (Bosc, Nouveau cours d'agriculture, 1809, t. X, p. 244). — 8. D'ABONDANCE (Tliompson, Catalogue of ihe fruits of London, 1842, p. 122). Description de l'arbre. — Bois : assez gros. — Rameaux : peu nombreux, érigés ou légèrement écartés, forts , assez longs, cotonneux, rouge-brun, parsemés de quelques petits points; leurs coussinets ne sont pas très-ressortis. — Yeux : de moyenne grosseur, coniques, aplatis, sou- vent obtus, presque entièrement appliqués contre le bois. — Feuilles: ovales-allon- gées , cotonneuses , à pétiole court et gros . à bords faiblement dentés ; celles du sommet du rameau sont habituellement canaliculées. Fertilité. — C'est peut-être là le plus fécond de tous les poiriers. Culture. — On lui donne indistincte- ment, tant sa"\igueur est excessive, le franc ou le cognassier. Abandonné à lui-même, en plein champ, il y réussit au mieux et n'y acquiert jamais un développement nui- sible. Ses p^Tamides sont remarquablement belles. description dn frnit. — Grosseur : petite ou moyenne. — Forme: pyriforme, ordinairement ventrue et contournée. — Pédoncule : assez long , assez gros , arqué , obliquement implanté à la surface , au milieu de quelques gibbosités^ — Œil: large, saillant, ouvert, très-développé. — Peau : jaune-citron, finement ponctuée de roux . lavée de rose vif du côté du soleO. — C/ia/r .-blanche, grosse, peu juteuse, cassante, rarement pierreuse. — Eau : suf- fisante, ne manquant pas de sucre, mais plutôt de parfum et de saveur. Matltrité. — Fin d'août et commencement de septembre. Qualité. — Troisième. 94 AHM Hifstorique. — Jean Merlet, gentilhomme français grand amateur d'arbres fruitiers, est le premier qui ait signalé la présente poire, dans la seconde édition qu'il publiait à Paris^ en 1675, de son Abrégé des bons fruits, avec la manière de les connaître et de cultiver les arbres. Et pour montrer à quel point il posséda le talent si rare de caractériser brièvement, quoique exactement, une variété, nous allons trans- crire la description qu'il donnait, il y a deux siècles déjà, de la poire Ah-mon-Dieu : (c La poire de Mon-Dieu est belle et médiocrement bonne, d'un jaune-rouge, avec assez d'eau, et sans pierres; charge des mieux et mûrit sur l'arbre l'une après l'autre. » [Loco citato, page 87.) Malheureusement, notre gentilhomme ayant négligé de dire d'où il avait tiré ce fruit, et depuis quelle époque il était alors connu, on en est aujourd'hui réduit à cet égard aux simples conjectures. Toutefois les Allemands, chez lesquels il est également fort ancien , le prétendent « originaire de l'abbaye de Mont- « Dieu, et pensent qu'on lui en a donné le nom. » (Oberdieck, Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, t. II, p. 243.) Opinion que nous partageons fortement, en voyant Merlet, et divers autres écrivains après lui, appeler précisément ce fruit, poire de Mon-Dieu ou de Mont-Dieu. Du reste, la chartreuse de Mont-Dieu, construite en 1130 au milieu des bois, sur les confms de la Champagne, aux portes de Sedan, put bien enrichir de quelques variétés la pomone française, car elle fut renommée pour ses vastes vergers. Et chacun sait aussi que les chartreux tinrent en singulier honneur l'arboriculture; témoin la célèbre pépinière qu'ils créèrent à Paris en 1650, pépinière dont les bénéfices nets dépassaient annuellement 28,000 francs, lorsque la Révolution vint l'anéantir. (Voir Etienne Calvel, Notice historique sur la pépinière nationale des Chartreux, au Luxembourg, 1804, p. 12.) — Quant au second nom que reçut cette poire, et qui lui est demeuré, on l'attribue assez généralement à Louis XIV. Yisitant un jour ses magnifiquesjardins, le grand roi, surpris par l'innombrable quantité de fruits dont un arbre de cette variété était chargé, s'écria : « Ah mon Dieu î quel poi- « rier ! » et tout aussitôt l'exclamation du monarque vint modifier, grâce à la courti- sanerie du directeur du potager royal ou de quelque seigneur présent, le nom sous lequel, en 1675, Merlet avait inscrit dans sa petite pomologie, la poire de Mon-Dieu. tt Plus tard — dit Poiteau — jplusieurs amateurs éclairés, frappés de l'inconvenance d'une exclamation dans la nomenclature des fruits, ont proposé de nommer ce fruit, poire d'Abon- dance, terme qui exprime parfaitement la grande fertilité de l'espèce. « {Pomologie française, t. III, 1848.) Oui, mais cette appellation n'ayant pas prévalu, on l'a reléguée au rang des synonymes, et chacun a continué d'appliquer l'exclamation de Louis XIV — ou de tout autre personnage — à la poire dont nous traçons l'historique. Cependant, constatons-le, la qualification de poire d'Abondance appartenait essentiellement à notre variété, dont il est fort commun de rencontrer des arbres qui rapportent, en moyenne, une soixantaine de francs par an à leur propriétaire. Observations. — On a avancé à tort que Duhamel donnait à la poire Ah- mon-Dieu, pour synonyme une poire d'Amour, d'été. Non, cet auteur — ce qui est bien différent — a fait uniquement remarquer « que dans quelques provinces on 0 appelait poire Ah-mon-Dieu, la poire d'Amour, miirissant en décembre. » [Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, p. 155.) Mais en Allemagne, par exemple, elle est cultivée de tous côtés sous cette dernière dénomination, qu'il faut se garder d'in- troduire dans notre synonymie, déjà surchargée de plusieurs poires d'Amour. ATG 95 13. Poire d'AIGUE. Synonyme. — PoiVe Coudaigre (Prévost, Cahiers de pomologie, 1839, p. 23). Descriiitioin de l'arbre. — Bois: de moyenne grosseur. — Rameaux : nombreux , irrégulièrement étalés , longs et minces, très-flexueux, rous- sâtres , ponctués de gris -blanc, à coussinets faiblement accusés. — Yeux : pointus, coniques , assez gros, sortis en éperon. — Feuilles : ovales- acuminées, bien dentées, grandes, au pétiole coton- neux, court et menu. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Le franc lui convient parfaitement ; et sur ce sujet, abandonné à lui-même dans les haies ou les ver- gers, il fournit d'amples récoltes. Description dwi fritit. — Grosseur : petite. — Forme : ovoïde, généralement un peu pointue au sommet. — Pédoncule: assez court, moyen ou menu, rarement arqué, renflé à sa partie supérieure^ obli- quement inséré. — Œil : petit , bien ouvert, biea développé, à peine enfoncé. — Peau : entièrement bronzée, rude au toucher, se ridant aisément à l'époque de la maturité. — Chair : jaunâtre, ferme, cassante , légèrement pierreuse. — Eau : suffisante , acidulé , mal sucrée , parfois presque insipide, et parfois douée d'une saveur musquée assez délicate. Maturité. — Novembre ; se gardant jusqu'en mars. QuALrrÉ. — Troisième comme fruit à couteau, deuxième comme fruit pour la cuisson; mais toujours très-variable. Historique. — Feu Prévost, qui en 1839 décrivit cette espèce sous la dénomi- nation de Coudaigre, n'en connut pas la provenance. M. de Liron d'Airoles nous parait être le seul pomologue qui jusqu'ici l'ait indiquée ; et nous croyons avec lui la poire d'Aiguë originaire de la Vendée. « C'est — écrit-il — dans la commune de Saint-Germain, canton de Sainte-Hermine (Vendée), que nous l'avons trouvée en abondance. On en voit, dans les champs, bon nombre d'arbres pouvant avoir de cent à deux cents ans. Ce petit fruit n'est bon qu'à cuire; mais sa longue et facile conservation en fait une véritable ressoiuce pour les besoins journaliers de la ferme, pendant plus de six mois ; considération qui nous permet d'en recommander la culture. » [Notices pomologiques, 1862, t. III, p. 24.) Observations. — En Anjou, ainsi qu'en Vendée, cette variété est généralement appelée Coudaigre ; si donc nous lui conservons le nom de poire d'Aiguë, c'est uni- quement pour rester d'accord avec M. de Liron d'Airoles, son véritable promoteur. 96 AIM — ALE 14. Poire AIME OGEREAU. Description de l'arbre. — Bois : peu fort , gris jaunâtre. — Rameaux : nombreux, arqués, étalés, très-courts, assez gros, brun obscur lavé de rouge clair; ils sont semés de quelques points des plus prononcés ; leurs coussinets manquent de caractère bien constant. — Yeux : ovoïdes, pointus, de force ordinaire, à écailles renflées, écartés du bois. — Feuilles : petites, ovales ou arrondies, acuminées, à bords entière- ment unis ou denticulés , à pétiole mince et court. Fertilité, — Satisfaisante. Culture. — Le cognassier lui convient parfaitement ; il se montre vigoureux sur ce sujet et s'y développe rapidement en pyramides qui n'ont que le défaut d'être un peu trop basses. Description dn fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : turbinée, ventrue, déprimée à la base. — Pédoncule : de longueur moyenne, menu, droit, obliquement inséré. — Œil : grand, mal développé, mi-clos, presque saillant. — Peau : jaune-citron, tachée de fauve auprès du pédoncule, parsemée de points bruns, rarement colorée du côté du soleil. — Chair : blanche, ferme, fondante, remar- quable surtout par son extrême finesse. — Eau : abondante, sucrée, acidulé, douée d'une délicieuse saveur musquée. Maturité. — Vers la mi-septembre. Qualité. — Première. Historique. — Gagnée dans notre école , elle y a donné ses premiers fruits en 1862, et le nom sous lequel nous l'avons propagée , est celui du neveu de M. Henri Desportes, directeur de nos pépinières. Observations. — Cette poire vraiment exquise a mûri deux années de suite en août, avant la William's; mais de 1864 à 1866, sa maturité, devenue plus tardive, n'a été complète que du 12 au 15 septembre. Poire d'AIX. — Synonyme de poire Gros-Muscat. Voir ce nom. Poire ALBERT. — Synonyme de Beurré d'Amanlis. Voir ce nom. Poire ALBERTI. — Synonyme de poire Fusée d'Automne. Voir ce nom. Poire ALEAUME. — Synonyme de Blanquet à longue queue. Voir ce nom. Poire d'ALENÇON. — Synonyme de Doyenné d'Alençon. Voir ce nom. Poire ALEXANDRE BERCKMANS.— Synonyme de Beurré Berckmans. NoivcQuom. ALE 97 15. Poire ALEXANDRE BIVORT. Deuxième Type. Premier Type. Description «le l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, habituellement étalés, longs, un peu faibles et flexueux, marron foncé , finement ponc - tués, à coussinets saillants. — Yeux: gros, écrasés, à écailles renflées, écartés du bois. — Feuil- les : ovales-arrondies, faiblement dentelées, ayant le pétiole gros et très-court. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Les pyramides de ce poirier sont généralement assez belles sur cognassier, quoiqu'il soit de moyenne vigueur. Description dn frnlt. — Grosseur : moyenne. — Forme : sphérique ou turbinée, quelquefois aplatie et légèrement côtelée, — Pédoncule : assez court, mince, arqué, obliquement inséré, sou- vent comprimé à sa base, où il est alors fortement renflé, par une gibbosité prononcée. — Œil : petit, clos, contourné, faiblement enfoncé. — Peau : jaune clair, ponctuée de roux, largement ma- culée de fauve autour du pédon- cule. — Chair : blanche, fine et juteuse, des plus marcescentes. — Eau : extrêmement abondante, musquée, à peine sucrée, enta- chée d'une âcreté détestable. Maturité. —Commencement de novembre. Qualité. — Troisième. Historique. — D'origine belge, la poire ici décrite porte le nom du fondateur de la Société Yan Mons, M. Alexandre Bivort, qui en 1849 la fit connaître en ces termes dans un ouvrage spécial : « Cette variété, obtenue par M. Louis Berckmans, un de nos amis, nous a été dédiée au mois de décembre 1848, et nous avons été à même d'en constater les éminentes qualités C'est un fruit exquis , qui a beaucoup de rapports avec la poire Joséphine de Matines ; il se i. 7 98 ALE fond littéralement dans la bouche, et n'y laisse aucun marc. L'époque de sa maturité a lieu vers la fin de janvier. » (A. Bivort, Album de pomologie, t. 11^ pp. 107-108.) Observations. — Malgré la qualification d'exquise donnée en 1849, par M. Bi- vort, à la poire qu'alors on lui dédiait, et qui plus tard, en 1855, était également déclarée « excellente » par M. de Liron d'Airoles [Notices pomologiques, t. I, p. 79), nous avons dû la classer de troisième ordre. Chez nous, en efïet, elle s'est montrée plutôt mauvaise que médiocre, depuis dix ans que nous la multiplions ; comme aussi l'époque de sa maturité n'y a jamais dépassé la mi-novembre. Poire ALEXANDRE HÉLIE. — Synonyme de poire Belle-Julie. Voir ce nom. 16. Poire ALEXANDRE LAMBRE. Deseription de Tarbre. — Bois : de moyenne force. — Ra- meaux : peu nombreux , réguliè- rement étalés, faibles, longs, lé- gèrement flexueux, brun clair, rarement très - ponctués ; leurs coussinets sont peu saillants, — Yeux : assez gros , ovoïdes , obtus , ordinairement appliqués contre le bois. — Feuilles : petites ou moyen- nes, ovales-allongées ou arrondies, vert clair , et entièrement dentées ; elles ont le pétiole court, fort, et ne sont jamais abondantes. Fertilité. — Extrême. Culture, — Il veut le cognassier, pousse convenablement en pyra- mide, et, par sa vigueur, réclame une place dans les vergers. Hescriptiou du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : tur- binée, obtuse et ventrue. — Pédon- cule : long, mince, arqué, renflé à la base, obliquement inséré dans un assez large évasement, et par- fois continu avec le fruit. — Œil : grand, mi-clos, contourné, mal développé, légè- rement enfoncé, — Peau : jaune verdâtre clair, finement ponctuée de roux, marbrée de même autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanche, un peu molle, fon- dante, juteuse, non pierreuse, — Eau : fort abondante, fraîche, sucrée, acidulé, possédant une saveur musquée des plus déUcates. Maturité. — Fin octobre et commencement de novembre. Qualité, — Première, ALE 99 Historique. — Van Mons, le célèbre semeur belge, en fut l'obtenteui^ et M. A. Bivort, le parrain. « J'ai dégusté ce fruit pour la première fois en 1844 — écrivait en 1847 ce dernier pomo- logue — cependant il est possible qu'il soit de quelques années plus vieux, car l'arbre-mère parait avoir une vingtaine d'années : il portait dans la pépinière Van Mons le n" 2194 J'ai dédié cette poire à feu Alexandre Lambré, mon aïeul, grand amateur d'arboriculture, et dont le vaste jardin, qui existe encore en partie, renfermait presque tous les bons fruits connus à cette époque. » [Album de pomologie, t. I, pp. 56-57.) Obser^ratious. — La maturité de cette délicieuse poire s'est d'abord montrée variable : elle allait de décembre à mars ; mais dans notre contrée elle a fmi par devenir uniquement un fruit de fin d'automne. — On a cru, à Paris, que le poi- rier Alexandre Lambré n'était autre que l'ancienne variété nommée Muscat Lalle- mand. Une étude comparative, plusieurs fois renouvelée, n-ous a prouvé que nous avions bien là deux espèces dont les caractères n'ofïraient entre eux aucune confu- sion possible. 17. PoTRE ALEXANDRINA BIVORT. Desci'iptioii de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ha- meaux : assez nombreux, légèrement flexueux et faiblement étalés , gros , longs, jaune obscur par- fois lavé de rouge-brun ; ils sont peu ponctués et leurs coussinets n'ont qu'une mince saillie. — Yeux : de moyenne grosseur, arron- dis, obtus, cotonneux, pres- que adhérents. — Feuilles : ovales-allongées , à bords finement denticulés ou cré- nelés, à pétiole court et fort ; vers le sommet du scion elles sont contournées et canaliculées. Fertilité. — Remar- quable. Culture. — On a dit qu'il était « de vigueur moyenne « sur cognassier , et que , « n'allant pas bien en pyra- « mide , il serait mieux en « haut vent ou à mi-tige. » (De Liron d'Airoles, Notices pomologigues , 1835, t. I , p. 73.) Dans nos pépinières, cependant, il donne sur le cognassier des pyramides irréprochables, et s'y montre plein de force. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne, et quelquefois moins volumineuse. — Forme : turbinée-arrondie. — Pédoncule : assez long, peu 100 ALE gros, arqué, renflé à la base, obliquement implanté dans un étroit évasement mamelonné d'un côté. — Œil : petit, ouvert, bien développé, placé dans un large bassin plissé sur les bords. — Peau : jaune-citron, ponctuée de fauve, souvent tachée de même;, et lavée de carmin du côté du soleil. — Chah' : blanchâtre, tine, fon- dante, rarement pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, acidulé, très-par fumée. Maturité. — Au cours de septembre. Qualité. — Première. Histoi'iciue. — M. Jules de Liron d'Airoles a puissamment aidé, en France, à la propagation de cette variété d'origine belge, à laquelle il consacrait, dès 1855, les lignes ci-après : « Ce poirier est un gain des semis particuliers de M. A. Bivort, qui l'a dédié à sa femme. Son premier rapport remonte à 1847. Il est complètement inédit^ et seulement annoté au Catalogue de l'obtentem', notre excellent ami, comme d'exquise qualité J'ai envoyé à l'Exposition de la Société centrale d'horticulture de Paris, une corbeille de ce délicieux et charmant fruit. » [Notices pomologiques, t. I, p. 75.) 18. Poire ALEXANDRINE DOUILLARD. Slynonyine. — Poire DouiLLARD (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonne' des arbres fruitiers et d'ornement, ancées 1852 à 1863). Desci'iptioii de l'arbre. — Bois: assez gros. — Rameaux : nombreux, étalés vers la base, érigés vers le som- met, courts , forts , gris jaunâtre, peu ponctués, ayant les coussinets bien dé- veloppés. — Yeux: pointus, volumi- neux, presque adhérents. — Feuilles: abondantes, ovales-aUongées , créne- lées , légèrement canaliculées ; leur pétiole est court et roide. Fertilité. — Des plus grandes. Culture. — Les multiples et vigou- reux rameaux de ce poirier, le ren- dent, en pyramide, extrêmement buis- sonneux. On le greffe généralement sur cognassier. Desieriptiou du fruit* — Gros- sev,r : moyenne , et quelquefois dépas- sant de moitié celle de l'exemplaire ci-dessus. — Forme : allongée, irré- gulière, obtuse, ventrue vers la base , amincie près du sommet, et tellement côtelée que le milieu du fruit devient pentagone. — Pédoncule : court , arqué, obliquement implanté, mince à son point d'attache, souvent renflé à son point d'insertion. — Oë'îV .• moyen, ouvert, à peine enfoncé, mal développé. — Peau : jaunâtre, finement ponctuée de roux, tachée de même autour du pédoncule, et marbrée de fauve ou lavée de rose tendre du côté du soleil. — Chair : blanche. ALO 101 fine, juteuse, fondante. — Eau: très-abondante, très-sucrée, ayant une saveur beurrée fort délicate. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Elle est de provenance française, et due à un amateur d'horti- culture, nous apprenait en 1854 M. de Liron d'Airoles : « Cette nouvelle poire — annonçait-il alors — a été obtenue de semis par M. Douillard jeune, architecte à Nantes. La première récolte date de 1849, mais la mise dans le commerce n'a eu lieu qu'en novembre 1852. » [Annales de pomologie belge et étrangère, t. II, p. 41.) Observations. — Sa maturité se prolonge rarement jusqu'en décembre, ainsi qu'on l'indique généralement dans les Catalogues. C'est surtout en octobre que se mange cette poire, qui n'a qu'un défaut, celui de devenir pâteuse ; et encore peut- on le combattre en ne la laissant pas mûrir sur l'arbre. 19. Poire d'ALOUETTE. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Hameaux : peu nombreux , légèrement étalés , grêles , courts , -flexueux , coton- neux , vert olivâtre assez foncé , finement ponctués, à coussinets fort apparents. — Yeux: petits, ovoïdes, aplatis, obtus, écartés. — Feuilles : ovales, parfois canaliculées, à bords dentés ou crénelés, à pétiole gros et long. Fertilité. — Peu commune. Culture. — Doué d'une vigueur moyenne, cet arbre, sur cognassier, donne généralement d'assez faibles pyramides. Description dn fruit. — Grosseur : petite. — Forme : ovoïde, très - régulière , quelque peu bosselée. — Pédoncule : long , mince, arqué, renflé à la base, inséré à fleur de peau. — Œil: grand, ouvert, bien formé, extrêmement saillant. — Peau : jaune ver- dâtre, parsemée de points cendrés, finement lavée de rose carminé du côté du soleil. — Chair: grosse, blanche, cassante, peu pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, fort agréable. Maturité. — Vers la mi-septembre. Qualité. — Deuxième. Historique.— Nous cultivons cette variété depuis 1850, époque où nous l'avons trouvée, due au hasard, sur la ferme du Barbancinet, commune de Saulgé-l'Hôpital (Maine-et-Loire). Le pied-mère paraissait alors âgé de quatre-vingts ans. Il produisait annuellement plus de quatre mille poires, ce qui représente environ douze doubles- décaUtres, ou un poids de deux cents kilogrammes ; le tout rapportant une vingtaine i02 ALP de francs. Aujourd'hui^ ce poirier mesure dix mètres, est très-vigoureux, complè- tement pyramidal, et n'a rien perdu de son excessive fertilité. En le livrant au com- merce en 1855, nous lui avons donné le nom du champ dans lequel il est né. Observations. — La poire d'Alouette ressemble un peu à la poire Ah-mon- Dieu ; mais, en les comparant, on verra que cette dernière est plus grosse et beau- coup plus allongée que l'autre, dont elle diffère aussi par une moindre qualité, une maturité plus précoce, et surtout par les caractères de l'arbre. La variété ici décrite doit avoir place dans les vergers pour sa fertilité merveilleuse et pour la bonté de ses produits, dont on ne saurait trop approvisionner les marchés. 20. Poire ALPHONSE KARR. Deseription de l'arbre. — Bois : assez faible. — Ra- meaux : peu nombreux, étalés, grêles, de moyenne longueur, légèrement flexueux et cotonneux , vert olivâtre , rarement très - ponctués , et montrant des coussinets fort ressortis. — Yeux : des plus gros, coniques, pointus, à lar- ge base, bien écartés , souvent même formant éperon. — Feuilles : arrondies ou ovales, et dentelées en scie, elles ont le pétiole court et fort, mais sont rarement abondantes. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Le cognassier lui convient mieux que le franc , et l'amène à former d'assez jolies pyramides. Description du fruit. — Grossew^ : au-dessus de la moyenne. — Forme : pyrif or- me, obtuse, ventrue, déprimée à la base. — Pédoncule : long, assez fort, arqué, obliquement inséré dans une large cavité en entonnoir. — Œil : grand, ouvert, souvent contourné, peu enfoncé. — Peau: jaune d'or, ponctuée et veinée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et striée de brun dans le bassin de l'œil. — Chair : blanchâtre, très-fine, très-fondante, juteuse , non pierreuse. — Eau : abondante , fraîche , bien sucrée , acidulé , déli- catement parfumée. Maturité. — Mi-novembre, se prolongeant jusqu'à la fin de décembre. Qualité. — Première. ALP — ALT 103 Hitstoriciue. — Nous avions allribiié l'obtention de cette variété, que nous savions originaire de Belgique , à M. de Jonghe , horticulteur à Bruxelles. C'était une erreur. La poire dédiée à notre spirituel littérateur Alphonse Karr, est due au continuateur des vsemis du major Espéren, à M. Louis Berckmans, l'un des rédac- teurs de l'Album de pomologie belge. Elle date de 1849, et figurait dès 1853 parmi les poiriers de la Société Van Mous. Malheureusement — ainsi que nous l'écrivait de Fleurus, le 4 mars 1865, M. A. Bivort — « malheureusement l'arbre est resté si peu « productif, que je n'ai pu présenter encore ses fruits à la Commission royale de « pomologie belge; ce qui vous expliquera également pourquoi je n'ai pas décrit « ladite variété dans nos Annales. » Toutefois, ce manque de publicité ne l'a point empêchée de pénétrer promptement chez les Allemands , et d'être fort appréciée de leurs pomologues, puisque nous lisons cette phrase dans un ouvrage spécial imprimé en 1854 à léna : « La poire Alphonse Karr est l'un des fruits les plus y recommandables que nous connaissions. » ( Biedenfeld, Handbuch aller bekannten Obstsorten, p. 78.) Poire ALPHONSINE RICHARD. Voir ce nom. Synonyme de poire Adolphine Richard. 21. Poire ALTHORP CRASSANE. Description de l'arbre. — Bois : de grosseur moyenne. — Rameaux : très-nombreux, régu- lièrement érigés, longs , faibles, flexueux , gris foncé , lavés de roux clair, et généralement peu ponctués ; leurs coussinets sont assez saillants. — Yeux : petits ou moyens, ovoïdes-arrondis, extrê- mement écartés du hois.-^ Feuilles : grandes, lancéolées, mal dente- lées, fort larges auprès du pétiole, qui n'est ni des plus longs ni des plus gros. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le franc et le co- gnassier lui sont propres , et sa vigueur est telle, qu'il se déploie, sur l'un et l'autre de ces sujets, en hautes pyramides des mieux ramifiées. Description du fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : arrondie, ventrue, ayant ordinairement un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : long, menu, arqué, implanté dans un étroit évasement. — Œil : petit, ouvert, bien formé, placé au fond d'un assez vaste bassin. —Peau : vert pâle, finement ponctuée de fauve, lavée de rouge-brun du côté 104 AMA du soleil. — Chair : blanche, fondante, très-juteuse, assez fine, à peine pierreuse. £;au : extrêmement abondante, sucrée, acidulée, délicatement parfumée. Maturité. — Fin octobre et commencement de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Elle a été gagnée en Angleterre, vers 1830, et M. Downing, pomologue américain fort distingué, le constatait ainsi en 1849, en appréciant le mérite de ce fruit, qui pour lors était encore peu répandu aux États-Unis : « Cette belle poire anglaise a été obtenue de semis par feu M. T. A. Kniglit, président de la Société d'horticulture de Londres. Il l'envoya en 1832 à M. John Lowel^ de Boston. Elle est fort estimée en Angleterre, et son arbre est recommandé comme très-rustique. Jusqu'ici les sujets de cette espèce qui ont fructifié chez nous, ont montré qu'elle était de bonne qualité, mais quelque peu inférieure, cependant, à sa réputation. Nous ignorons s'il existe deux variétés de l'Althorp crassane; seulement, nous voyons qu'elle est de qualité variable, car nous en avons dégusté plusieurs exemplaires qui réellement étaient mauvais. » {The fruits and fndt trees of America, 9^ édit., p. 352.) Observations. — C'est avec raison que M. Decaisne a dit en 1863 : «Je ne puis c( admettre la manière de voir de M. Willermoz, qui donne la poire Thompson « comme synonyme de la poire Althorp crassane décrite par M. Thompson lui- « même. » [Le Jardin fruitier du Muséum, t. V.) Nous avons pu nous convaincre, en elïet, que ces deux poiriers n'avaient entre eux aucune ressemblance ; mais nous devons, à la décharge de M. Willermoz, certifier qu'on nous envoyait , il y a quel- ques années, un arbre étiqueté Crassane Althorp, qui n'était autre que le poirier Thompson. D'où suit qu'un étiquetage tout aussi fautif a bien pu causer l'erreur signalée par M. Decaisne. Poire AMADONTE. — Synonyme de poire Pelit-Oin. Voir ce nom. 22. Poire AMADOTE. S^ynonymes. — Poires : 1. Dame Houdotte (le Lectier, procureur du roi à Orléans, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 18). — 2. De Graine (de Bonnefond, le Jardinier français, édit. de 1731, p. 81). — 3. Fortunée d'Été (Prévost, Cahiers de pomologie , 1839, p. 9). — 4. Madot {Id. ibid.). — 5. Saint-Germain blanc, d'été {Id. ibid.). — 6. Beurré blanc des Capucines (Bivort, Album de pomologie, t. I, 1847, n" 4). — 7. Comte de Friand (Willermoz, Obser- vations sur le genre Poirier, 1848-1849, p. 3). — 8. BEURRÉ d'Iedan {Id., ibid.) — 9. Angobert DE Mantoue (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. I, 1858). — 10. Damadote {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, habi- tuellement érigés, surtout vers le sommet, longs, gros, extrêmement flexueux, roux verdâtre, semés de larges points gris, et montrant des coussinets bien déve- loppés. — Yeux : de grosseur peu commune, ovoïdes, souvent obtus, courts, sortis en éperon, et munis d'écaillés des plus apparentes. — Feuilles : elliptiques ou ovales, légèrement dentées, parfois cotonneuses, à pétiole petit et très-nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Greffé sur cognassier, ce poirier, qui est d'une grande vigueur et tourne naturellement à la forme pyramidale, devient d'une rare beauté. Description du fruit. — Grosseur : moyenne , et quelquefois assez volu- mineuse. — Forme : ordinairement ovoïde, elle se montre souvent aussi allongée, obtuse, bosselée et contournée. — Pédoncule : assez long, assez fort, arqué, habi- tuellement renflé à la base , inséré obliquement dans une étroite cavité. — Œil : large, ouvert, bien conformé, faiblement enfoncé. — Peau : jaune-orange, marbrée, AMA 105 Poire Amadote. — Premier Type. Deuxième Type. ponctuée de fauve, surtout vers l'œil et le pédoncule , et pres- que toujours lavée de carmin du côté du soleil. — Chair : blanche, ferme, cassante, peu juteuse. — Fau : rarement abondante, suffi- samment sucrée, ayant une légère saveur musquée qui n'est pas sans délicatesse. Maturité. — Fin octobre, pou- vant parfois se prolonger jusqu'en décembre et janvier. Qualité. — Comme fruit à cou- teau, on la doit mettre au troi- sième rang; et parmi les fruits à cuire, au second. Historique. — Le premier de nos anciens pomologues qui ait signalé la présente variété, c'est le Lectier, procureur du roi à Orléans en 1620, et amateur pas- sionné de la culture des arbres fruitiers. A ce point même, qu'il fit imprimer en 16281e Catalogue des variétés de son « plant et verger ; » opuscule si rarissime, qu'on n'en connaît encore qu'un seul exemplaire , classé à la Bibliothè- que Impériale sous le n" 1180 de la série S. Or, à la page 18 de ce Catalogue, on lit : « Poire Dame affoudotte, ou poire de grène, « estant en maturité es mois de « janvier. » Nul autre renseigne- ment n'est donné , mais la quali- fication de grène (graine) appli- quée par l'auteur, à cette poire, indique suffisamment qu'alors elle était nouvelle et provenait de semis. Ce fut Merlet, quarante- sept ans plus tard , qui en la dé- crivant révéla le nom de son obtenteur ; et déjà, par une syn- cope assez fantaisiste, poire Dame Houdotte s'écrivait poire d'Ama- dote : « Elle est ainsi appelée (d' Amadote) — disait Merlet — par l'arbre, qui fut trouvé en Bourgogne, chez dame 106 AMA Oudotte^ dont le bois sauvage était tout épineux; mais le temps^ avec la culture, et sur le cognassier, lui a fait perdre les épines, qu'elle conserve encore sur le franc, qui lui donne plus d'eau. » {L'Abrégé des bons fruits, 2^ édit., 1675, p. 96.) Devant des renseignements aussi positifs, on doit donc rejeter la version de feu M. Prévost, horticulteur rouennais, qui croyait que la poire Aniadote avait été nommée en 1652 par l'abbé Legendre, curé d'Hénouville. Et s'il pouvait exister un doute à l'égard du témoignage de Merlet, il disparaîtrait devant cette autre asser- tion puisée à la page 48 de VAr( de tailler les arbres fruitiers, ouvrage publié en 1683 par le docteur Venette : « La poire Dame Houdotte, ou Amadote, est venue de « semence, et a eu l'honneur de porter le nom de la personne qui l'a élevée. » Observations. — 11 est parfaitement reconnu que le Beurré blanc des Capucines, figuré en 1847 dans V Album de poniologie belge, t. I, n° 4, et qu'on y attribuait à Van Mons, n'est autre que la poire Amadote. — Une variété qu'on doit également se garder de confondre avec ce dernier poirier, c'est VArnadonie, ou Petit- Oin, car si elle en est voisine par l'ancienneté, par une homonymie presque com- plète, elle en diffère totalement par la forme, la grosseur et la qualité. — Cueillie à temps, l'Amadote — qui devient pâteuse lorsqu'on la laisse mûrir sur l'arbre — offre, en raison surtout de sa fertilité, de beaux bénéfices pour la vente sur les marchés, où parfois nous l'avons vue livrée pour le Saint-Germain, dont elle a souvent l'aspect, à défaut de la bonté. 23. Poire AMAND BIVORT. Description de l'arbre. — Bois : des plus gros. — Rameaux : très-nombreux, éri- gés, assez longs, forts, légè- rement flexueux , brun oli- vâtre, parfois lavés de rouge clair au-dessus des yeux, fai- blement ponctués , à cous- sinets peu marqués. — Yeux : petits ou moyens , ovoïdes , pointus , presque adhérents. — Feuilles : ovales ou ellip- tiques , allongées , générale- ment acumiuées , ayant les bords crénelés ou denticulés, le pétiole fort et assez long. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il veut le co- gnassier, qui lui fait acquérir, en pyramide, un bel aspect; mais sa vigueur n'est pas excessive. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne, et souvent aussi plus petite. — Forme : ovoïde ou AMA 107 turbinée, ventrue, régulière. — Pédoncule: assez long, assez fort, arqué, obli- quement implanté. — OEil : petit, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau: vert jaunâtre , ponctuée, striée de fauve , maculée de même autour de l'œil et du pédoncule, finement lavée de rouge-brun du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, demi-fine, très-fondante, légèrement pierreuse au centre. — Eau: suffisante, fraîche, acidulé, bien sucrée, extrêmement savoureuse. Maturité. — Novembre. Qualité. — Première. Historique. — D'origine belge , elle provient des semis de Yan Mons ; mais comme les pépinières de cet arboriculteur furent après son décès — en 1842 — achetées par M. Alexandre Bivort^ c'est à ce dernier, qui vit la première fructi- fication du pied-mère, que revint le droit d'en nommer, d'en propager les produits ; et il dédia en 1850 cette excellente espèce, à son frère. Poire d' AMANDE. — Synonyme de Beurré d'Angleterre. Voir ce nom. 24. Poire d'AMANDE DOUBLE. Synonymes. — Poires . 1 . Double d'Amanda (A. J. Downing, The fruits and fruit irees of America, édit. de 1849, p. 333). — 2. d'A- mande RÉGÉNÉRÉE (A. Bivort, Annales de pomologie belge et étrangère, 1856, t. IV, p. 97). — 3. Walker {Catalogues de la So- ciété Van Mons, 1857, p. 146; et Downing, The fruits and fruit trees of America, édit. de 1863, p. 558).— 4. Elizabeth Walker (André Leroy, Catalogue des- criptif et raisonné des arbres frui- tiers et d'ornement , 1865, p. 37). Uesci'iption de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ba- meaux : nombreux, légère- ment arqués et étalés, gros et longs, peu flexueux, brun- roux foncé, cotonneux, for- tement ponctués , et ayant les coussinets à peine indi- qués. -- Yeux : ovoïdes, poin- tus, cotonneux, à écailles bombées et quelquefois dis- jointes, appliqués, de moyen- ne grosseur. — Feuilles : grandes, acuminées, de for- me arrondie, finement den- tées ou crénelées, à pétiole court et très-nourri. 108 AMA Fertilité. — Abondante. Culture. — Sur cognassier, ses pyi'amides sont bien garnies et d'agréable aspect ; mais, quoique rustique, ce poirier pousse lentement. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : allongée, régu- lière, légèrement obtuse. — Pédoncule : assez long, assez fort, arqué, renflé aux extré- mités, obliquement inséré à fleur de fruit. — Œil : petit, ouvert, placé dans un large évasement plissé sur les bords. — Peau : jaune d'or, faiblement ponctuée de fauve , lavée de rouge carminé du côté du soleil. — Chair : blanche, demi-fine, fondante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, peu acidulé, douée d'une saveur d'amande qui la rend délicieuse. Maturité. — Fin septembre, allant aisément jusqu'en novembre. Qualité, — Première. Hitâtorique. — Peu connue , peu cultivée en France , cette poire vraiment méritante est beaucoup plus répandue aux États-Unis, où le semeur belge Van Mons, son obtenteur, en avait envoyé, avant d842, des sujets ou des greffes à M. Manning, horticulteur habile et zélé. Mais à quelle époque la gagna-t-il?... Voilà ce que nous ignorons, et ce qu'ignorent également les rédacteurs des Annales de pomologie belge, auxquels ce gain de leur compatriote est même demeuré presque étranger. Ainsi, étudiant en 1836 la Grosse poire d'Amande, différente de celle ci-dessus, M. Alexandre Bivort, disait : « Van Mons a aussi trouvé dans ses semis un fruit qu'il a désigné sous le nom de poire d'Amande régénérée, ou Amande double. Nous ne connaissons pas ce fruit, mais la description qui en a été faite aux États-Unis par M. Manning, qui l'avait reçu de Van Mons, ne se rapporte nullement à la Grosse poire d'Amande que nous décrivons. » [Loco citato, t. IV, p. 97.) Néanmoins, si nous ne pouvons préciser la date de l'obtention de cette espèce, nous pouvons éclaircir deux points fort intéressants de son histoire. Le premier, c'est qu'à peine arrivée en Amérique, elle y vit son nom plaisamment défiguré par suite d'une mauvaise lecture du mot amande ; et le second, qu'il demeure certain, aujourd'hui, que les Américains nous font retournée munie d'une tout autre étiquette que celle sous laquelle Van Mons la leur avait complaisamment offerte. Et nous justifierons nos dires par la reproduction des articles consacrés dans le recueil pomologique de Downing, en 1849 à la poire d'Amande double , en 1863 à la poire Walker, positivement la même que cette dernière : « Poire d'Amande double. — C'est un gain provenant des semis de Van Mons, et que M. Manning a reçu de ce pépiniériste, qui, nous le supposons, l'aura ainsi nommé par allu- sion au double pépin qu'on lui voit. Ce très-beau fruit, par un fâcheux malentendu, a été appelé ici, non poire d'Amande double, mais bien poire Double d'Amanda ! {By misconceptio7i it has been called hère Amanda's Double.) — Voici la description telle que l'a donnée M. Man- ning : « Pyriforme et de grosseur moyenne, il a le pédoncule court et charnu à la base ; la « peau, jaune et rouge vif; la chair, à gros grain, douce, tendre, parfaite j et sa maturité « commence à la mi-septembre. » — L'arbre a les scions très-nourris , droits, forts, et cou- leur brun-olivâtre foncé. Nous devons ajouter qu'un second examen de cette poire nous laisse penser qu'elle doit être, parfois, de qualité inférieure. » ( The fruits and fruit trees of America, édit. de 1849, p. 353.) Maintenant, passons à la citation qui concerne la variété venue d'Amérique sous l'étiquette Walker : « Poire Walker. — Ce fruit est gros, pyiiforme et des plus allongés j sa peaM, jaune, se colore en rouge du côté du soleil ; son pédoncule, assez long, augmente de volume aux AMA 109 extrémités; l'œi/! est placé dans un bassin bosselé; la c/tai/', beurrée, exquise, dégage une saveur d'amande toute particulière; sa maturité se fait bien, et il se conserve de septembre en décembre. — Arbre rustique, ne croissant pas vite, formant de jolies pyramides, et ayant les scions très-gros et brun grisâtre. » [Ici. ibid., édit. de 1863, p. 558.) Notre description, rapprochée des notes américaines qu'on vient délire, démontre suffisamment , croyons-nous , l'identité de la poire Walker avec la poire d'Amande double. Mais si nous ajoutons : 1" que dans son édition de 1863 Downing remplace par la poire Walker la poire d'Amande double qu'il décrivait en 1 849 ; et 2" qu'en 1857 on suspectait déjà fortement en Belgique, comme l'attestent les lignes ci- dessous, l'originalité du poirier Walker, la démonstration, nécessairement, sera complète : « Poire Walker. — Fruit gros, excellent, mûr en septembre. Arbre très-fertile. Cette variété, qui pourrait bien être la poire d'Amande régénérée, de Vaii Mons, a été nommée aux États- Unis, où on l'avait reçue sous le n° ? » {Catalogues de la Société Va7i Mons, année 1857, p. 146.) Enfin , comblons la lacune qui existe encore ici , en disant que le numéro affecté par Van Mons, dans ses pépinières, au pied-mère de la poire d'Amande double, fut le n" 135. C'est Downing lui-même qui nous l'apprend à la page 558 de son édition de 1863. Observations. — En dégustant cette poire, nous n'avons pas remarqué qu'elle fiît pourvue, comme l'ont avancé les Américains, « d'un double pépin, » caractère qui — toujours suivant eux — lui aurait valu sa qualification de double. Cependant, ce caractère peut fort bien nous avoir échappé, comme il peut n'être aussi qu'une anomalie. Poire d' AMANDE RÉGÉNÉRÉE. — Synonyme de poire d'Aiiiande double. Voir ce nom. Poire AMANDEL. — Synonyme de Grosse poire d'Amande. Voir ce nom. 25. Poire AMANDINE (DE ROUEN). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, diver- gents, longs, peu nourris, flexueux , brun obscur, ponctués de gris-blanc, ayant les coussinets bien développés. — Yeux: coniques, aigus, faibles, écartés. — Feuilles : de moyenne grandeur, ovales-allongées, fmement dentées, contournées, canaliculées, à pétiole gros et assez long. Fertilité. — Convenable. Culture. — Sur cognassier, il laisse parfois à désirer pour la beauté des pyra- mides, mais il s'y montre vigoureux. Description dii fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : pyri- forme, obtuse, ayant un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : d&^ez long, mince, arqué, renflé au sommet, obliquement implanté. — Œil : petit, rai-clos, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de fauve, semée de quelques taches de même couleur. — Chair: très-blanche, ferme, demi-fme, fondante, rarement pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, fort savoureuse. Maturité. — Septembre et octobre. Qualité. — Première. 110 AMA— AMB Historiiiue. — Obtenue au concours de 1857 par M. Boisbunel fils, pépinié- riste à Rouen, d'un semis remontant à 1846, son obtenteur même l'a décrite dans „ . . j- yj T, X l6 Bulletin du Cercle pratique d'horti- Poire Amandine (de Rouen). , ,, . ,,%,. ,., culture et de o<)tanique de la beine-lnfe- rieure (année 18o8, page 155) ; et nous y lisons « qu'après l'avoir nommée « Amandine (de Rouen), il la présenta « au Cercle horticole le 19 septembre « 1858 , 'OÙ elle fut jugée de première « qualité, » Observations. — Le « léger goût « d'amande » trouvé par M. Boisbunel fds, à cette poire , goût qui l'engagea à lui donner le nom d' Amandine, ne nous a pas semblé bien caractérisé, quand nous l'avons dégustée. Et l'on peut croire qu'il en a été ainsi pour M. de Liron d'Airoles, car dans l'article où il a parlé de ce fruit , il a simple- ment constaté que la chair en était « blanche, très-fine, fondante, et l'eau « très-abondante et très-sucrée. » {No- tices pomologïgues , t. II, année 1859, page 65.) — Il est bon de faire remar- quer qu'en 1855 le Catalogue de la Société Van Mons mentionnait page 87, comme classée parmi les fruits à l'é- tude, une poire Amandine, qu'il attri- buait à M. Louis Berckmans. Nous ignorons si cette poire, dite alors de première qualité, grosse et mûrissant en novembre, a rencontré depuis beaucoup d'acquéreurs; mais on doit regretter de voir introduire ainsi à deux ans de distance, dans la nomenclature de nos variétés, un poirier Amandine (de Bruxelles) et un poirier Amandine (de Rouen). — Enfin, il faut se garder de confondre la poire Amandine, de M. Boisbunel, avec celle appelée Grosse poire d'Amande^ qui mûrit également en octobre. Ces deux espèces n'ont effectivement entre elles aucun rapport quant à la forme, la grosseur et la couleur; comme elles diffèrent aussi complètement pour le bois de l'arbre, et même pour la saveur de la chair. Poire AMANLIS. — Synonyme de Beurré d'Amanlis. Yoir ce nom. Poire d'AMBLETEUSE. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire d'AMBOISE. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire d' AMBRE, D'ÉTÉ. — Synonyme de poire Muscat Robert. Voir ce nom. Poire d' AMBRE GRIS. — Synonyme de poire Ambrette d'Hiver. Voir ce nom. AMB m 26. Poire AMBRETTE D'ÉTÉ. S»:fnon7nics. — Pov'es : 1. Besi de Houillères (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1C28, pp. 7 et 8). — 2. Trompe-Friand {Id. ibid.). — 3. Crapaudine (Merlet, VAbrégé des bons fruits, édit. de 1675, p. 83). — 4. Rude-Epée [Id. ibid.). Descriiition de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, légèrement étalés, gros, longs, vert-brun ou vert jaunâtre, sou- vent lavés de rouge obscur, ponctués de gris, et montrant des coussinets bien développés. — Yeux: moyens, ovoïdes, pointus, renflés à la base, non appliqués. — /^eMï7/es.- ovales ou arron- dies, acuminées, assez grandes, à bords unis ou très-fmement denticulés, à pétiole long et faible. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Il lui faut le cognassier, sur lequel il est de moyenne vigueur et prend une forme pyramidale rarement défectueuse. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : sphérique, se rétrécis- sant un peu vers le sommet du fruit. — Pédoncule : court, mince, droit, charnu à la base, obliquement inséré dans une étroite cavité que surmonte une gibbosité des plus prononcées. — OEil : petit, ouvert, régulier, saillant ou faiblement enfoncé. — Peau : jaunâtre, souvent rude au toucher, parsemée de points gris , et habituel- lement lavée de rouge-brun clair du côté du soleil. — Chair: blanc mat, cassante, contenant quelques pierres autour des loges. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, assez délicatement musquée. Maturité. — Fin août et cours de septembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Nous la croyons , comme le Besi d'Héric , originaire de la Bretagne. Le Lectier, qui le premier l'a mentionnée, l'appelait en 1628, on l'a vu plus haut, Besi de MouiUères. Or, il existe une localité de ce nom commune des Crouais (lUe-et- Vilaine) ; puis, outre que cette espèce est cultivée de temps immé- morial dans tout l'ouest de la France, le mot besi, qu'on lui appliquait à sa nais- sance, et qui signifie poire sauvage, est de plus un terme appartenant essentielle- ment à la langue bretonne. Quant au synonyme Trompe- Friand , que le Lectiei- donnait également à ce poirier en 1628, il a cela de particulier qu'il forme le pen- dant de ceux-ci : Trompe-Coquin, Trompe-Valet, s'appliquant à la seconde variété d'Ambrette, dite Ambrette d'Hiver, ou Ambrette épineuse. Et ce sont probablement les épines dont les arbres de ces deux espèces furent longtemps couverts, qui leur auront valu de tels surnoms ; car le gourmand ou le fripon, en se hâtant d'en fouiller les branches, devaient naturellement se piquer aux dards dont elles étaient garnies. — Les Allemands aiment beaucoup l' Ambrette d'Été. Le docteur Diel, de Stuttgardt, la reçut d'un horticulteur de Nancy, en 1790, et ce fut par lui qu'elle se propagea dans les divers États de la Confédération germanique. C'est là du moins le dire de M. F. Jahn dans Y lllustrirtes Handbuch der Obstkunde (t. II, 1860, pp. 235-256). Mais on concevrait difficilement l'estime des Allemands pour cette 112 AMB petite poire, qui chez nous est à peine de deuxième qualité, si nous n'ajoutions pas qu'elle se montre, dans leur sol, fondante, juteuse, et d'une saveur sucrée rappe- lant celle de la Bergamote. Obiservations. — Nos anciens pomologues , Merlet et de la Quintinye entre autres, ont cru et imprimé que l'Ambrette d'Été devait être regardée comme le même fruit que la poire Grise-Bonne ; ce que leurs compilateurs ont eu soin de répéter. Cette opinion est erronée ; la poire Grise-Bonne , comme on peut s'en convaincre en la comparant ici même avec l'Ambrette d'Été, diffère totalement, tant pour l'arbre que pour le fruit, de cette dernière variété. Mais notre savant botaniste Poiteau, lui, ne s'y était pas trompé, car il disait en 1848, décrivant la Grise-Bonne: « On ne doit point la confondre avec l'Ambrette (d'Été), ainsi que font quelques « personnes. » {Pomologie française, t. III, n"* 50.) Et l'auteur allemand que nous venons de citer, M. F. Jahn, est aussi de cet avis. 27. Poire AMBRETTE D'HIVER. Synonymes. — Poires : 1. Trompe-Coquin (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 16). — 2. Trompe-Valet (de la Quiûtinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édit. de 1739, t. I, p. 233). — 3. Ambrette épjnecse (de Launay, le Bon Jardi- nier, 1808, p. 133). — 4. D'Ambre gris (Tougard, Tableau analytique des variétés de poires classées par ordre mensuel de maturité, 1852, p. 44). — 5. Ambrette grise (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). — 6. Belle-Gabrielle ild. ibid.). — 7. De Chine {Id. ibid.). Descriptioii de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : très- nombreux, généralement étalés, gros, longs, un peu flexueux, roux verdâtre, semés de larges points gris, à coussinets bien marqués. — Yeux : de grosseur plus que moyenne , ovoïdes , pointus, écartés du bois. — Feuil- les : petites , ovales , faiblement crénelées, portées sur un pétiole court et épais. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Il pousse vigou- reusement sur cognassier et y prend une assez jolie forme pyra- midale. Description du fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : arrondie , régulière , habituellement plus ventrue du côté du soleil, que du côté de l'ombre. — Pédoncule : assez long, assez gros, droit ou arqué, renflé aux extrémités, presque toujours obliquement implanté dans une faible dépression. — Œil: grand, très-ouvert, très-dé veloppé, à peine enfoncé, entouré AMB — AMÉ H 3 de quelques bosselettes. — Peau /jaune olivâtre, ponctuée, marbrée de fauve, et généralement couverte de taches roussâtres fortement squammeuses. — Chair : jaunâtre ou blanc verdâtre, mi-fondante, ferme, juteuse, pierreuse au centre. — Eau : des plus abondantes, fraîche, sucrée, douée d'un arôme particulier qui la rend quelquefois extrêmement délicate. Maturité. — Décembre, mais se conservant jusqu'au mois de février. Qualité. — Elle varie tellement chez ce fruit, qu'on ne peut le déclarer de pre- mier ordre, parmi les espèces à couteau ; aussi le recommandons-nous plutôt comme fruit de choix, pour la cuisson. Historique. — Ainsi que l'Ambrette d'Été, l'Ambrette d'Hiver n'avait pas été citée avant 1628, date où le Lectier la montra cultivée sous le nom de Trompe-Coquin, que l'auteur allemand Mayer fit plus tard, en 1774, et avec raison, synonyme de cette variété, dans sa Pomona franconica. — Au cours de 1675, quand notre vieux Meiiet en parla, il dit : « Elle vient d'un sauvageon, dont elle conserve encore le « bois piquant et épineux » [V Abrégé des bons fruits, p. 100) ; caractère qui dénotait combien, alors, sa propagation était récente. Cependant, s'il fallait accepter l'opinion d'un Prussien, d'Henri Manger, érudit du xviii^ siècle qui s'est longue- ment occupé de l'histoire des fruits, l'Ambrette d'Hiver remonterait jusqu'aux Romains, et ne serait autre que la poire Myrapia mentionnée par Pline, et ainsi nommée du parfum de son eau, rappelant celui de la myrrhe. Or, comme l'ambre a la même odeur, parait-il, que la myrrhe, cet érudit en conclut que pira Myrapia et poire Ambrette d'Hiver forment une seule et unique variété [Sysiematische Pomologie, 1780-1783, H'' partie, p. 172). — Nous accepterions plus volontiers son ingénieux rapprochement, si d'autres savants ne venaient le combattre, en prétendant, à leur tour, voir dans le Caillot rosat, dans le Petit-Muscat , dans la Bellissime d'Été, cette même poire Myrapia, connue bien avant l'ère chrétienne. Aussi, devant de semblables hypothèses, nous en tiendrons-nous sagement au témoignage de Merlet, qui nous présente, en 1675, l'Ambrette d'Hiver couverte encore des épines attestant son jeune âge. Mais nous dirons avec le botaniste anglais Philippe Miller, quant au nom dont on l'a dotée : « Il lui a été donné à cause de « son goût musqué, ressemblant à l'odeur de la fleur Doux-Sultan, qui, en France, « est appelée Ambrette. » (Dictionnaire des Jardiniers, 8^ édit., 1786, t. YI, p. 168.) Enfin nous constaterons que ce poirier n'a plus droit, depuis longtemps, à la quali- fication d'épineux, qui jadis servit à le distinguer de ses congénères. Poire AMBRETTE ÉPINEUSE. — Synonyme de poire Ambrette d'Hiver. Voir ce nom. Poire AMBRETTE GRISE. — Synonyme de poire Awôre^^ec^'iTewer.Yoir ce nom. 28. Poire AMÉDÉE LECLERC. Description de l'arbre. — Bois : fort, gris foncé. — Rameaux : nombreux, érigés, marron , souvent lavés de roux clair , gros , longs , droits , finement ponctués, à coussinets peu ressortis. — Yeux : assez petits, ovoïdes, générale- ment obtus, faiblement écartés, ou placés en éperon. — Feuilles : ovales-allongées, I. 8 114 AMÉ acuminées, dentées ou crénelées, et presque toujours canaliculées ] leur pétiole est grêle et très-coiu't. ..,.,, Fertilité. — Ordinaire. Poire Âmedee Leclerc. Culture. — Les pyramides de ce poirier, qui est d'une assez grande vigueur, sont belles et touffues ; il veut le cognassier. nescriptioit du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : cylindrique , bosselée , légèrement étranglée vers le milieu de la bau- teur. — Pédoncule : court, droit, mince, charnu à la base, continu avec le fruit, obliquement implanté dans une vaste cavité entourée de gibbosités. — Œil : petit, ouvert , très- développé, à peine enfoncé. — Peau : jaune d'or, ponctuée, striée de roux, veinée de même auprès du pédoncule et fortement maculée de fauve autour de l'œil. — Chair : blanchâtre, fine, molle, demi-cassante, faiblement pier- reuse au centre. — Eau : suffisante, douce, sucrée, peu parfumée, peu savoureuse. Maturité. — Fin février. Qualité. — Deuxième, et parfois troisième. Historique. — Semée vers 1835 , par Léon Leclerc, ancien député de Laval, et grand amateur d'horticulture, cette variété n'a fructifié qu'en 1849. Après la mort de ce personnage, en 1858, ses semis pas- sèrent à M. Louis Hutin, son jardinier, maintenant pépiniériste même ville, et il s'empressa de les propager. La poire Amédée Leclerc porte le nom de l'un des fils de son Obtenteur; elle a été livrée au commerce en 1861. Observations. — En 1862, M. Liron d'Airoles [Notices pomologiques, t. II, 2^ supplément, p. 4) citait ce fruit parmi ceux qu'il avait alors à l'étude, et le disait « gros, fondant, de premier ordre. » Chez nous, il ne s'est jamais montré ainsi ; tout le fait donc supposer de qualité très-variable. — Notons également que les pépins des exemplaires ayant servi à nos dégustations étaient complètement avortés. 29. Poire AMÉLIE LECLERC. Description de l'arlire. — Bois : de grosseur moyenne. — Rameaux : jaune rougeâtre, assez nombreux, grêles, étalés, courts, légèrement flexueux, et souvent un peu arqués ; ils sont semés de quelques larges points gris-blanc et munis de coussinets bien prononcés. — Yeux: très-nourris, longs, coniques, pointus, extrêmement écartés du bois. — Feuilles : petites ou moyennes, de forme incon- stante, parfois ovales-acuminées, parfois ovales-lancéolées, généralement dentelées en scie et maculées de rouge clair ; leur pétiole est court et grêle. Fertilité. — Abondante. AMI 113 Poire Amélie Leclerc. Culture. — Ce poirier, greffé sur cognassier, donne de belles pyramides, malgré la faiblesse et le manque de longueur de ses rameaux. llesci*i|>tioii du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée - arrondie , obtuse, ven- true, et souvent quelque peu bos- selée ou contournée. — Pédoncule : assez long, assez gros, faiblement arqué , renflé à son point d'inser- tion et obliquement implanté au milieu d'une légère dépression. — Œil: presque saillant, grand et mi-clos, ordinairement mal déve- loppé. — Peau : jaune pâle, ponc- tuée, striée, veinée de roux, ta- chée de même autour du pédon- cule , et largement lavée , du côté du soleil, de rose carminé. — Chair : blanche, fme, ferme et juteuse, fondante, rarement très- pierreuse. — Eau : des plus abon- dantes , sucrée , acidulé , délicieu- sement parfumée. Maturité. — Fin septembre ou commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Comme la poire Amédée Leclerc, ci-dessus décrite, elle pro- vient des semis de feu Léon Leclerc, de Laval, et porte également le nom de l'un de ses enfants. Le pied-type s'est mis à fruit en 1850 ; il paraissait alors âgé d'une douzaine d'années. M. Hutin, promoteur de cette variété, n'a commencé à la répandre qu'en 1861; et c'est fâcheux, car elle occupe assurément le premier rang parmi les gains de Léon Leclerc dont ce pépiniériste a entrepris la multiplica- tion. 30. Poire d'AMIRAL. ISynonymes^ — Poires : 1. De Portugal, d'Été (de la Quintinye, Instruclmis pour les jardins fruitiers et potagers, édit. de 1739, t. I,p. 814). — 2. De Prince {Id. ibid.). — 3. Cardinale (Poiteau, Pomologie française, 1846, t. III, n" 32). Description de l'arbre. — Bois : faible, — Rameaux : vert jaunâtre , peu nombreux , étalés, arqués ou contournés, grêles, assez longs, très-flexueux, semés de larges points grisâtres, et ayant les coussinets prononcés. — Yeux : gros et coniques, fort écartés, habituellement pointus. — Feuilles : elliptiques-allongées, grandes, crénelées ou dentées, à pétiole bien nourri et de longueur moyenne. Fertilité. — Convenable. 116 AMI Poire d'Amiral. Culture. — De moyenne vigueur , ce poirier ne réussit que sur franc ; ses pyramides sont rarement fortes et touffues. Deseriptioit du fruit. — Grosseur : assez volumineuse. — Forme : turbi- née, obtuse, ven- true , bosselée. — Pédoncule : peu long, gros, droit , oblique - ment inséré en dehors de l'axe du fruit. — Œil: petit, souvent mi-clos, mal dé- veloppé , placé dans un bassin vaste et profond. — Peau : jaune verdâtre foncé , fortement mar- brée de fauve au- tour du pédon- cule, et presque toujours lavée de rouge brillant du côté du soleil. — Chair : blanche , fine, tendre, fon- dante, non pier- reuse. — F au : Extrêmement abondante, acidulé, sucrée, parfumée, des plus savoureuses. Maturité. — De la mi-septembre à la mi-octobre. Qualité. — Première. Historique. — Dans son Théâtre d'agriculture, Olivier de Serres cite en 1600 le poirier d'Amiral, le dit répandu chez nous, et se tait sur l'âge et l'origine de cette variété. Les divers auteurs qui depuis l'ont mentionnée, ayant imité ce silence, il devient impossible, aujourd'hui, de le rompre sans recourir à l'hypothèse. Il est du reste assez probable, aucun ouvrage n'en ayant parlé avant celui d'Olivier de Serres, qu'elle date de la moitié ou de la fin du xvi* siècle. Quant à son nom, en la dédiant ainsi aux amiraux, pour lors les plus grands dignitaires du royaume, il est permis de supposer qu'on eut surtout dessein d'indiquer par là l'excellence du nouveau fruit. Quoi qu'il en soit, ce nom lui est constamment demeuré ; et lors- qu'on essaya de l'appeler, il y a vingt ans, poire Cardinale, par allusion à la couleur purpurine dont le soleil revêt sa peau, cette autre dénomination fut repoussée ; l'ancienne prévalut — et nous croyons qu'il serait sage de se montrer toujours aussi sévère en pareil cas. AMI i M Observations. — Il est excessivement rare que la poire d'Amiral se conserve jusqu'à la iln d'octobre; on doit donc relever l'erreur commise par Poiteau, qui la fait aller jusqu'au mois de mars (Pomologie française, 1846, t. III, n" 32). — Plusieurs pépiniéristes ont regardé et regardent encore le poirier Arbre courbé comme un synonyme de la présente espèce, mais c'est à tort, les caractères de ces deux poiriers et de leurs produits sont parfaitement distincts. — Enfm^ disons qu'on trouve souvent les pépins de la poire d'Amiral complètement avortés, sans qu'on soit fondé , pour cela, à l'en prétendre dépourvue, cet avortement étant tout exceptionnel. 31. Poire AMIRAL CÉCILE. Description de l'arbre. — Bois: un peu î^ïhlQ.— Rameaux : de moyenne grosseur, généralement étalés, assez longs, flexueux, vert obscur, striés et ponctués de gris- blanc ; ils ont les coussinets fort res- sortis et sont munis parfois de dards bien caractérisés. — Yeux : petits ou moyens , coniques , très- pointus, entièrement adhérents. — Feuilles : grandes, ovales-allongées, contournées,profondémentdentées, à pétiole court et grêle. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Cet arbre, dont la vigueur est grande, prospère par- faitement sur cognassier, et prend une jolie forme pyramidale. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : sphérique, bosse- lée et contournée vers le sommet du fruit. — Pédoncule : court, mince, faiblement arqué, inséré dans une assez large dépression. — OEil : grand, ouvert ou mi-clos, bien développé, presque saillant. — Peau : vert jaunâtre, entièrement ponctuée et marbrée de fauve. — Chair : blanchâtre, juteuse, fine, fondante, pierreuse au centre. — Fau : des plus abondantes, fraîche, délicatement sucrée et parfumée. Maturité. — Fin octobre, se prolongeant jusqu'en décembre. Qualité. — Première. Historique. — Cette poire est due à M. Boisbunel fils^ pépiniériste à Rouen, et nous empruntons le passage suivant à la note qu'il lui consacrait le 12 décembre 1858, àan& les Bulletins du Cercle pratique d'horticulture et de botanique du département de la Seine-Inférieure : « Ce bon fruit mûrit très-lentement au fruitier ; novis avons mangé les premiers vers le 20 octobre, et nous en possédons encore quelqiies-uns qui ne sont pas trop avancés. Je pense que, dans une année plus favorable à la conservation des fiaiits, celui-ci pourra attendre 118 AMI facilement à la fin de décembre. C'est un semis de 1856 qui a fructifié cette année pour la première fois. Je l'ai dédié au brave amiral Cécile, notre illustre compatriote, qui après l'avoir dégusté a bien voulu en accepter la dédicace. » [Loco citato, t. XIV, p. 182.) Poire AMTRÉ. — Synonyme de Gros-B langue t rond. Voir ce nom. 32. Poire AMIRE JOHANNET. Synonymes. — Poires : 1. Petit-Johannet (Claude Mollet, Théâtre des jardinages, 1660 et 1678, p. 28). — 2. Hativeau {Id. ibid.). — 3. Petit-Saint-Jean (de Launay, le Bon Jardinier, 1808, p. 129). 4, Saint-Jean (Brébisson, Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique, 1809, t. X, p. 238). — 5. De Johannet (Couverchel, Traité complet des fruits de toute espèce, édit, de 1852, p. 462). Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Bameaux : assez nombreux, régulièrement érigés , courts , minces , peu flexueux , vert-brun , lavés parfois de roux clair, finement ponctués de gris cendré , et munis de coussinets rarement très-développés. — Yeux : triangulaires, aigus, bien nourris, généralement appliqués contre le bois. — Feuilles : assez grandes, oblongues , acuminées , planes ou contournées , ayant les bords denticulés et le pétiole court et grêle. Fertilité. — Abondante. Culture. — Greffé sur cognassier, il pousse len- tement, mais forme néanmoins de remarquables pyramides. Sur franc, il acquiert généralement beaucoup plus de vigueur. Deseription dit fruit. — Grosseur : petite. — Forme : pyriforme , légèrement obtuse et ventrue, régulière. — Pédoncule: assez long, menu, droit ou arqué, implanté à fleur de peau. — OEil : petit, fermé ou mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : jaune clair, parsemée de points roux excessivement fins, montrant souvent quelques marbrures de même couleur, et se colorant souvent aussi de rose pâle, quand la maturité s'accomplit. — Chair : blanche, demi-fine, mal fondante, non pierreuse. — Eau : suffisante, douceâtre, sucrée, imprégnée d'un parfum musqué peu prononcé qui la rend assez agréable. Maturité. — De la fin de juin à la mi-juillet. Qualité. — Deuxième. Historique. — Claude Mollet, le créateur, en France, des parterres à compar- timents, et qui, directeur des jardins d'Henri lY et de Louis XIII, avait réuni, rien qu'à Fontainebleau, plus de sept mille pieds d'arbres fruitiers — Claude Mollet fai- sait connaître en ces termes, dès 1660, la variété dont nous nous occupons : « Il y a deux sortes de poiriers de Johannet, un desquels s'appelle Hastiveau, c'est le Petit- Johannet. Il porte son nom de Johannet à cause qu'il se mange à la Saint-Jean. 11 n'est sujet AMI— AMO H9 aux incommodités du temps ; vous pouvez le planter dans vos vergers ; mais si vous voulez en avoir de la satisfaction, faites faire de bons trous. « [Théâtre des jardinages, 1660-1078, p. 28.) Ce passage de Claude Mollet montre pour quel motif on avait appelé Johannet la poire qu'il appelle aussi Hâtiveau. Merlet, qui peu après citait le même fruit, en lui donnant le nom d'Amiré Johannet — sous lequel on le cultive encore ac- tuellement — fut moins précis : il se tut sur l'origine du mot Amiré, appli- qué également, à cette époque, à deux autres variétés de poirier. Nous ne connaissons donc que la moitié de ce problème étymologique, car il serait témé- raire, sans doute^ de penser qu'Amiré vient d'Awma — aujourd'hui Amelia — localité avoisinant Viterbe (États de l'Église) , et qui possédait^ selon Pline en son Histoire naturelle, certaines variétés de poires dites Amérines S'il en était ainsi, • l'Amiré Johannet aurait alors figuré sur les tables romaines. Mais qui voudrait l'affirmer?,.. L'un des plus savants annotateurs de Pline, le père Hardouin, jésuite du xvn^ siècle, n'a pas craint, lui, d'avancer que la poire de Saint-Jean (lisez Amiré Johannet) était positivement la poire Hordeacea des Romains. Il fondait son opinion sur le sens même de l'adjectif latin hordeaceus : pira Hordeacea^ poire d'Orge ; qualifiée de la sorte parce qu'elle se mangeait , en Italie, à l'époque où Ton y récolte l'orge. D'où s'ensuit, selon l'érudit jésuite, que la maturité de notre Johannet coïncidant avec la maturité de l'orge, chez les Italiens, ce Johannet doit être la poire Hordeacea La conséquence tirée de ce simple fait d'une maturité identique , semble fort hasardée ; aussi rapportons-nous le dire du père Hardouin à titre de curiosité historique, et non autrement ; avouant de plus que s'il fallait opter entre les deux hypothèses ici présentées, nous adopterions la nôtre, celle qui s'appuie sur la ressemblance du nom. Amiré peut bien, à la rigueur, dériver d'Ameria, dont il est une quasi-traduction. Observations. — Prévost^ de Rouen, dont l'autorité pomologique fut grande et méritée, étudia beaucoup cette vieille variété, et ce qu'il en a dit est telle- ment exact, qu'il y a profit pour tous à le reproduire : « Si cette poire — écrivait-il en 1839 — n'a pas la chair aussi succulente qu'on pourrait le désirer, elle a au moins sur les variétés Madeleine et Petit-Muscat, qu'elle égale en préco- cité si elle ne les devance, l'avantage d'avoir une forme, un coloris agréables, une saveur assez prononcée, et de ne pas blettir aussi promptement Sa maturité se manifeste très- vite par le changement de couleur de la peau vers la pointe ; alors elle exhale une odeur agréable et tombe facilement de l'arbre ; ce à quoi il faut veiller, car les limaçons en sont très-friands et ne tardent pas à la creuser. » [Cahiers pomologiques, p. 55.) Poire AMIRÉ ROUX. — Synonyme de poire Archiduc d'Été. Voir ce nom. Poire AMOSELLE, — Synonyme de Bergamote de Hollande. Voir ce nom. Poire d' AMOUR. — Synonyme de poire Belle-Angevine. Voir ce nom. Poire d' AMOUR. — Synonyme de poire Bon-Chrétien d'Auch. — Voir ce nom. Poire d' AMOUR. — Synonyme de poire Duc de la Force. Voir ce nom. Poire d' AMOUR. — Synonyme de poire Gîle-ô-Gîle. Voir ce nom. Poire d'AMOUR. — Synonyme de poire de Livre. Voir ce nom. 120 AMO 33. Poire d'AMOUR. Synonymes. — Poires: 1. De Hon- grie? (le Lectier, Catalogue des ar- bres cultivés dans son verger et plant, 1628, page 19). — 2. Trésor (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 117). — 3. D'Horticulture (Alfroy, cité par Noisette, le Jardin fruitier, édit. de 1839, p. 164). Deseription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nom- breux , assez gros, étalés, très- flexueux , gris - brun , ponctués de roux^ ayant les coussinets peu prononcés. — Yeux : moyens, coniques , poin- tus , légèrement appliqués contre le bois. — Feuil- les : moyennes ou petites , ova- les-allongées, fi- nement denticu- lées, portées sur un pétiole roide, grêle et court. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le francluiconvient mieux que le cognassier; mais sur l'un et sur l'autre de ces sujets il se développe fort mal en pyramide. Ses fleurs très-délicates, et la pesanteur de ses fruits, demandent qu'on l'abrite avec soin, et même qu'on le place en espalier. Sa vigueur est moyenne. AMO 121 DescpiptioM dii fiaiit. — Grosses : des plus volumineuses. — Forme : affec- tant généralement celle d'un coing-, et presque toujours allongée, pentagone ou fortement bosselée. — Pédoncule : de longueur moyenne, droit, gros, régulière- ment implanté dans un vaste évasement bordé d'énormes renflements. — OEil : très-grand, très-ouvert, très-développé, placé au fond d'un large bassin qu'entourent des cannelures extrêmement prononcées. — Peau : jaune obscur, ponctuée, striée, marbrée de fauve, et montrant parfois quelques taches brunâtres. — Chair : blanc mat, mi-fondante, juteuse, non pierreuse. — Bau : excessivement abondante, sucrée, douceâtre, manquant habituellement de parfum. Maturité. — Allant de la fm de novembre au commencement de février. Qualité. — Deuxième , comme fruit à couteau ; première , comme fruit à compote. Historiciue. — Cinq poiriers ont reçu fautivement ou frauduleusement, jus- qu'ici, le nom de Poirier d'Amour, au préjudice de la variété dont on vient de lire la description, et qui seule a droit de le porter. Le' Catalogue des arbres cultivés dans le verger et plant de le Lectier, en 1628, parle d'une poire de Hongrie « grosse » comme un melon sucrin, et se mangeant en janvier et février. » Cet énorme fruit — que nul auteur n'a mentionné depuis — ne saurait être confondu avec la petite poire Chat brûlé, mûrissant en octobre, et comptant parmi ses synonymes ce même nom de poire de Hongrie. Quel est-il donc?... Serait-ce l'énorme poire d'Amour ou Trésor?... A cela, rien d'impossible... On a dit, nous le savons, cette dernière syno- nyme de Bon-Chrétien d'Auch. Mais outre que ces deux poiriers sont parfaitement distincts les uns des autres, ainsi que leurs produits, on les trouve encore, de 1675 à 1852, décrits comme espèces non identiques par Merlet, la Quintinye, Duhamel, Noisette, Poiteau, Couverchel. En dehors de notre propre opinion, de notre propre examen, nous avons alors pour appui l'autorité de ces pomologues. Constatons-le, et couvrons-nous-en. Seulement, il reste entendu que nous n'émettons qu'une simple supposition à l'égard de la poire de Hongrie cultivée par le Lectier ; car il est difficile, on le conçoit, de se prononcer en pareil cas sans autres points de comparaison que l'époque de maturité, que la grosseur d'un fruit. Si cependant notre supposition devait plus tard se changer en certitude, le premier nom qu'au- rait, chez nous, porté cette poire, indiquerait qu'elle fut tirée de la Hongrie. Quant à ceux sous lesquels Merlet l'enregistra, on devine les motifs qui les lui valurent. Un tel fruit, à une époque où l'on n'en possédait qu'un choix très-limité, put en effet recevoir à bon droit les noms d'Amour, de Trésor. Et ne blâmons pas nos pères de les leur avoir octroyés, lorsque journellement nous en voyons appliquer de plus louangeurs encore, à nombre de fort mauvais gains. — Mais un troisième baptême était réservé à cette même poire. Elle le subit en 1828. Toutefois , Louis Noisette , pépiniériste expert et consciencieux , ne l'ayant pas jugé nécessaire, s'inscrivit en ces termes contre la fausse variété qu'on essayait de propager : « M. Alfroy, pépiniériste à Lieusaint, a présenté, il y a quatre ans, la poire d'Amour ou Trésor, comme un fruit nouveau, sous le nom de poire d'Horticulture, quoique MM. Poiteavi et Turpin l'eussent figurée, il y a plus de vingt ans, dans leur Traité des arbres fruitiers, sous son véritable nom. » (Le Jardin fruitier, édit. de 1839, P'' partie, p. 164.) Observations. — En 1860, M. Charles Baltet, horticulteur à Troyes, disait à la page 617 de la Revue horticole publiée par M. Barrai, « qu'on rencontrait souvent « aux expositions la poire d'Amour ou Trésor, sous la dénomination de Bon-Chrétien 122 AMY— ANA « de Vernois. » Il a dû en être ainsi, puisque M. Baltet l'a remarqué. Néanmoins, le poirier classé dans notre école sous le nom de Bon-Chrétien de Vernois, n'offre aucune ressemblance avec le poirier d'Amour ; et l'on pourra s'en convaincre aisé- ment en comparant ici même les descriptions que nous donnons de ces deux arbres et de leurs fruits. Du reste, le poirier d'Amour est généralement peu cultivé, sans doute à cause de la difficulté avec laquelle ses fleurs se nouent ; ce qui , plus haut, nous faisait recommander de le placer en espalier, pour corriger autant que pos- sible un défaut aussi capital. Poire d'AMYDOU. — Synonyme de poire Grise-Bonne. Voir ce nom. 34. Poire ANANAS. Stynonymes. — Poires : 1. De Bouchet (de la Qaintiuye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édit. de 1692, p. 180). — 2. Compérette (VanMons, en 1818, cité parOberdieck et Jahn, Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, 1860, t. H, p. 301). — 3. Favori musqué du Conseiller (Willermoz, Nouvelles observations sur la poire, 1853, p. 6). — 4. Ananas d'Été (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques, 2* édit., 1855, pp. 56-57). — 5. Ananas français (Idem, Table des variétés du poirier dont l'historique n'a pu être complété, 1857, p. 25). — 6. Favori MUSQUÉ (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. I, 1858). Premier Type. Description de l'arbre. — Bois: de force moyenne. — Ra- meaux : nombreux , étalés , très- gros et très - courts , légèrement flexueux , brun clair , fortement ponctués, ayant les coussinets peu ressortis et les mérithalles ou entre- nœuds excessivement courts, — Yeux : coniques, pointus, bien nour- ris, très-allongés, non appliqués, à écailles souvent renflées et faible- ment disjointes. — Feuilles : moyen- nes, ovales, acuminées, coriaces, finement denticulées; portées sur un pétiole roide, épais, petit, lavé de rouge et complètement dépourvu de stipules. Fertilité. — Remarquable. Culture. — En lui donnant le cognassier, sur lequel il est vigoureux, il se développera parfaitement en fortes pyramides bien ramifiées. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : assez variable ; elle est globuleuse ou turbinée, et se montre généralement bosselée et ventrue. — Pédoncule : court ou très-court, mince ou moyen, légèrement arqué, parfois charnu à la base, et parfois aussi continu avec le fruit, à la surface duquel il est implanté au milieu d'une faible dépression. — Œil : petit, ouvert, bien développé, placé peu profondément dans un bassin arrondi. — Peau : vert grisâtre, ponctuée. ANA 123 marbrée de fauve, lavée de rouge-brun au soleil, et montrant souvent du côté de l'ombre quelques taches jaunâtres. — Chair : fine, ferme, juteuse, fondante, odo- rante, rarement pierreuse. — Eau : Poire Ananas. — Deuxième Type. . , , , , n » i excessivement abondante, fraîche, très-sucrée , vineuse , habituelle- ment douce, d'une saveur exquise ayant à la fois le parfum de la cannelle et celui du musc. Maturité. — De la mi-septembre à la fin d'octobre. Qualité. — Première , et quel- quefois deuxième^, lorsque le par- fum musqué de ce fruit est par trop prononcé. Historique. — Hermann Knoop , horticulteur hollandais connu par de savants ouvrages, fit paraître en 16S0 un Abrégé de la Frmtologie qu'il devait imprimer seize ans plus tard. C'est dans cet Abrégé, traduit en allemand par Georges-Léonard Huth, au cours de 1760, que nous rencontrons pour la première fois la poire Ananas ci-dessus décrite. Knoop dit « l'avoir reçue sous cette déno- « mination, qui vraisemblablement « n'était pas la seule qu'on lui eût donnée, » puis observa «qu'à cet égard rien n'était «venu le renseigner. » Et il eut raison de s'exprimer ainsi, car cette variété étran- gère à la Hollande, on la cultivait en France depuis plusieurs années déjà ; elle y était appelée poire de Bouchet par le directeur des vergers de Louis XIV, par la Quintinye. Hermann Knoop se tait sur le lieu d'où lui vint le présent fruit ; on ignore donc en quelle contrée il portait alors ce nom d'Ananas, que lui fit attribuer, évidemment, la saveur toute particulière de sa chair. Remarquons-le, cependant, cette saveur n'est pas précisément celle de l'ananas. Aussi eût-il été préférable de laisser à ce fruit son ancienne appellation — poire de Bouchet — l'eau qu'il contient rappelant fort bien, elle, le parfum du bouchet, breu- vage que nos médecins , au xvii" siècle , ordonnaient aux fiévreux , et qui se composait uniquement de sucre, de cannelle et d'eau. — Quoi qu'il en soit, ce der- nier nom, rayé maintenant de presque tous les Catalogues, de presque toutes les Pomologies, ne saurait être repris sans inconvénient. Nous le comprenons, et nous conformons à l'usage; ajoutant : 1° que les Allemands prétendent avoir reçu en 1818, de Van Mons, un poirier Compérette qui n'est autre que le poirier Ananas (voir Oberdieck, Illustrirtes Handbuch der Obstkunde^ t. II, 1860^ p. 301); — 2" que les variétés dites Ananas d'Été chez les Anglais, les Belges et les Américains, ne diffèrent aucunement de notre poire Ananas, dont la maturité, d'ailleurs, a rare- ment lieu en automne. . Observation». — Nous avons vu souvent l'Ambrette d'Été rangée parmi les synonymes de la poire Ananas. Une telle erreur surprend, le bois de ces poiriers 124 ANA ne permettant nullement de les confondre, et la première de ces poires se man- geant un mois au moins avant la seconde, qu'on doit avoir soin d'entre-cueillir et de placer au fruitier, si l'on veut éviter qu'elle ne blettisse aussitôt mûre. — On a considéré également comme synonyme de cette même variété, une poire appelée Pouchet^ en Angleterre. Pour nous, n'ayant rencontré que Miller qui ait parlé d'un fruit de ce nom, il nous a paru sage de passer outre. La description qu'en fait le vieux jardinier anglais s'applique bien, il est vrai, à notre poire Ananas; seule- ment les traducteurs du Dictionnaire de Miller ont si malheureusement défiguré, parfois, les noms des espèces fruitières qui s'y trouvent mentionnées, que Pouchet doit avoir été écrit, là, pour Bouchet. Ainsi qu'on y lit encore, poires : Empire rose, Bonvar, Virgule, Besi de Cassoy, Pastorelle, etc. — au lieu de poires : Épine rose, Bouvard, Yirgoulée, Besi de Caissoy, Pastorale, etc. (Yoir Philippe Miller, Diction- naire des jardiniers et des cultivateurs^ traduit de l'anglais sur la 8^ édition, par le président de Chazelle, le conseiller Holandres, etc., 1786, t. YI, pp. 161, 167, 168, 172.) 35. Poire ANANAS DE COURTRAI. Sleiscription de Tarbre. — Bois : de grosseur moyenne. — Rameaux : très-nombreux, érigés ou légèrement étalés, un peu grê- les, longs, flexueux, brun verdà- tre, ponctués de jaune pâle, et parfois lavés de gris-roux; leurs coussinets sont généralement bien marqués. — Yeux : petits , coni- ques, extrêmement pointus, non appliqués contre le bois. — Feuil- les : plutôt moyennes que petites, ovales-allongées, acuminées, lar- gement et profondément dentées, à pétiole court, faible, et souvent lavé de carmin. Fertilité. — Abondante. Culture. — Quoiqu'il ne soit pas fort vigoureux , cet arbre, en raison surtout de sa belle ramifi- cation, forme de jolies pyramides ; le cognassier lui convient mieux que le franc. Deseription du fruit. — Grosseur : moyenne , et quelque- fois beaucoup plus volumineuse. — Forme : variant entre l'ovoïde ou la turbinée, mais constamment obtuse et bosselée. — Pédoncule : de longueur moyenne, assez nourri, arqué, renflé aux extré- mités, obliquement implanté à fleur de fruit. — Œil : grand, généralement ouvert et bien développé, placé dans un évasement peu profond à bords entièrement plissés. ANA — AND 125 — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, finement veinée de fauve , maculée de même autour de l'œil, et habituellement coloriée, du côté du soleil, d'une faible teinte rougeâtre. — Chair : blanc mat, fondante, rarement pierreuse. — Eau : parfois insuffisante, très-sucrée, très-savoureuse, ayant un arrière-goût musqué des plus délicats, mais qui s'éloigne complètement du parfum de notre poire d'Ananas. Maturité. — Du 25 août au 13 septembre. Qualité. — Première. Historique. — La Belgique revendique comme sienne, cette espèce, sans en pouvoir fournir, néanmoins, l'acte de naissance dûment authentique, ainsi que vont le démontrer les lignes ci-dessous, empruntées à M. Alexandre Bivort, son premier descripteur : « Plus d'une fois un fruit précieux, produit par le hasard, n'a dû d'être connu et propagé qu'à la publicité d'un journal périodique sur la matière. C'est le cas de la poire Ananas de Courtrai, à laquelle nous ajoutons cette dernière épithète afin de la distinguer d'une autre variété portant le même nom. Elle est cultivée à Courtrai et dans ses environs depuis très- longtemps. M. Six, qui s'établit jardinier en cette ville vers 1784, l'y trouva déjà répandue. Il est probable, cependant, qu'elle serait restée plus longtemps encore presque inédite, si M. Reynaert-Beernaert, pomologue, n'en avait soumis quelques exemplaires, en août 1833, à la Commission royale de pomologie belge. » {Annales de pomologie belge et étrangère, t. II, 1854, p. 13.) L'Ananas de Courtrai est de toute récente introduction en France, où son nom même était inconnu avant l'article qu'on vient de lire. M. de Liron d'Airoles a con- iribué à l'y faire multiplier, en reproduisant en 1833, dans ses Notices pomologiques (p. 36), la description de M. Bivort. Depuis, nous ne croyons pas qu'on s'y soit beaucoup occupé de cette poire, si nous exceptons la Revue horticole, qui le 16 octo- bre 1863 disait par la plume de M. Théodore Buchetet, à propos des fruits à goût musqué : « La Belgique — elle nous contrefait en tout — a voulu aussi avoir sa poire d'Ananas ; et elle l'a eue, ma foi ! l'Ananas de Courtrai, avec une autre forme, plus de grosseur peut-être, mais moins de parfum, moins de musc (que la nôtre). » (Page 389.) Observations. — M. Bivort, en s'occupant dans ses Annales de pomologie de la poire Ananas de Courtrai, sur la culture de laquelle il avait été, nécessairement, fort bien renseigné, a fait diverses recommandations dont il est urgent, chez nous, de tenir grand compte, puisqu'on commence seulement à l'y propager : « A Courtrai — dit-il — on se sert d'un très-bon moyen pour jouir plus tôt et plus long- temps de cette poire. A cet effet, on cueille, dès les premiers jours du mois d'août, les fruits les plus gros ; on les place au fruitier ou sur la tablette de marbre d'un meuble ; et, au bout de sept ou huit jours, ces fruits acquièrent leur matmité parfaite. En renouvelant ainsi la cueil- lette de huit jours en huit jours, on parvient à consommer cette variété pendant un mois, c'est-à-dire du 15 août au 15 septembre. Ce procédé donne, de plus, l'avantage de récolter tous beaux fruits, car l'arbre étant dépouillé de ses plus gros exemplaires dès les premières cueil- lettes, la sève se reporte dans les fruits restants et les rend en peu de temps aussi beaux que les premiers cueillis. » (Loco citato, p. 14.) Poire ANANAS D'ÉTÉ. — Synonyme de poire Ananas. Voir ce nom. Poire ANANAS D'HIVER. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Voir ce nom. Poire ANANAS FRANÇAIS. — Synonyme de poire Ananas. Voir ce nom. Poire ANDERSON. — Synonyme de poire Belle- Angevine. Voir ce nom. 126 AND 36. Poire ANDOUILLE. Synonyme. — Poire Polyforme (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques, 3^ édit.,1858,t. ], p. 12, et Poiriers les plus p7^écieux, 1862, p. 56). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : étalés , surtout vers la base, assez gros, assez longs, très-flexueux, vert olivâtre, largement ponctués de gris cendré^, à coussinets saillants. — Yeux : moyens et coniques, obtus, écartés. — Feuilles : gran- des, ovales-arrondies, légèrement canalicu- lées , souvent maculées de rouge-brun , régulièrement dentées, et portées sur un pétiole roide, épais et court. Fertilité. — Constante et grande. Culture. — Sa vigueur est extrême, il réussit aussi bien sur le franc que sur le cognassier , mais acquiert rarement une forme pyramidale très-satisfaisante. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : allongée, cylindrique, bosselée, un peu plus renflée à la base qu'au sommet, et légèrement étranglée vers la moitié du fruit. — Pédoncule : court , assez gros, droit, obliquement implanté, coudé à son point d'insertion. — Œil : moyen, contourné, généralement mi-clos, faiblement enfoncé. — Peau : jaunâtre, presque entiè- rement lavée de fauve, et rude au toucher. — Chair : blanche, pierreuse, man- quant de finesse, mais juteuse et assez fondante. — Fau : des plus abondantes, sa voureu sèment sucrée et parfumée. Maturité. — Fin septembre, allant jusqu'en octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Cette espèce, très-probablement originaire du département de Maine-et-Loire, y était cependant presque inconnue, lorsqu'en 18o8 M. de Liron d'Airoles, mis à même de l'étudier, appela sur elle l'attention des horticulteurs. « Nous devons — leur dit-il — la communication de cette excellente variété à M. l'abbé Cornet, habitant la commune de Montigné, près Montfaucon (Maine-et-Loii'e), qui la cultiva depuis quinze ans. Il l'avait tirée des pépinières de M. Lauglois, à la Brûlais, près Beaupreau, lesquelles n'existent plus depuis longtemps. — M. l'abbé Cornet n'a pas connu le nom de ce fruit, qu'il n'a jamais vu dans ses envii'ons; et, présenté par nous à plusiem's expositions, il n'a pas été reconnu Le premier rapport remarc[ué, date de plus de vingt ans, vers 1837 Cette poire a quelque analogie avec la Calebasse Bosc; seulement elle est plus petite et telle- ment difforme, c|ue nous avons cru devoir lui donner le nom de poire Andouille, à cause de la forme qu'elle affecte le plus communément. » [Notices pomologiques, 1. 1, 3^ édit., 1858, p. 12; et, du même auteur, les Poiriers les plus prédeux parmi ceux qui peuvent être cultivés à haute tige, aux vergers et aux champs, 1862, p. 56.) AND 127 Ce fut en 1852 que M. de Liron d'Airoles reçut de M. l'abbé Cornet, le fruit que nous décrivons; et d'abord il l'appela poire Poly forme ^ parce qu'elle lui parut sans doute de forme très-variable. Mais ensuite il adopta le nom sous lequel on la multi- plie présentement, nom de beaucoup préférable au premier, en ce sens qu'il carac- térise parfaitement la configuration habituelle, et si particulière, de cette poire. Observations. — Les produits de ce poirier, qui, crus, sont d'assez bonne qualité , peuvent également , selon le pomologue que nous venons de citer , « devenir d'une grande ressource, séchés au four ou tapés ; » et il assure « avoir « dégusté ce fruit, vert, à la mi-septembre 1853, époque de sa maturité ordinaire, « et mangé les fruits de la récolte de 1852, séchés au four et encore délicieux. » [Id. ibid.) 37. Poire ANDRE DESPORTES. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nom- breux , régulièrement érigés , des plus gros et des plus longs, fle- xueux, cotonneux, largement ponc- tués , et d'un vert foncé tournant au grisâtre; leurs coussinets sont excessivement marqués. — Yeux : moyens, coniques, souvent obtus, bien développés à leur base, coton- neux , non appliqués. — Feuilles : grandes, ovales-allongées, profon- dément dentées, parfois canalicu- lées; leur pétiole est assez long, assez nourri; elles sont du plus beau vert, et l'arbre en est toujours amplement pourvu. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Ce poirier, dont la vigueur et la ramification sont peu communes, atteint presque tou- jours sur cognassier une forme pyramidale aussi élevée qu'élégante. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée , ventrue, obtuse, régulière. — Pédoncule : peu long, assez mince, arqué, renflé à la base, obliquement implanté, en dehors de l'axe du fruit, dans un étroit évasement. — Œil : petit, bien ouvert, bien développé, placé dans un large bassin rarement très- profond. — Peau : jaune verdâtre, légèrement ponctuée et striée de fauve , et quel- quefois bronzée du côté du soleil. — CAoïV .• blanc jaunâtre, très-fine, juteuse, fondante, fibreuse autour du cœur. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, douée du plus délicieux parfum. Maturité. — Vers la mi-juillet. Qualité, — Première. 128 AND Historique. — Elle provient de mes semis. Obtenue en 1854 de pépins de la William's, elle a l'exquise saveur de cette poire, mais non son goût musqué. Je l'ai dédiée au fds aîné du directeur de la partie commerciale de mon établissement, de M. Baptiste Desportes. Observations. — On peut la considérer comme Un des meilleurs fruits de la saison, par sa précocité, par sa délicatesse, et aussi par sa fertilité, qui dépasse souvent celle du poirier William's. 38. Poire ANDREWS. Description de l'arbre. — Bois : de moyenne grosseur. — Ra- meaux : chétifs , peu nombreux, éta- lés ou réfléchis, contournés, assez longs, flexueux , gris verdâtre , for- tement ponctués^ et lavés parfois de rouge-brun ; leurs coussinets sont rarement saillants. — Yeux : petits , coniques, très-aigus, généralement écartés. — Feuille!>: elliptiques-arron- dies, ayant les bords excessivement dentés, et le pétiole long et grêle; mais elles ne sont jamais canaliculées ni fort abondantes. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Ce poirier ne réussit que sur franc ; et encore y est-il de vigueur moyenne et n'y donne-t-il que de faibles pyramides. Description dn fruit. — Gros- seur: moyenne. — Forme: pyriforme, obtuse, souvent un peu ventrue. — Pédoncule : assez long, mince, droit, renflé aux extrémités , continu avec le fruit, obliquement inséré dans une étroite cavité où le comprime habi- tuellement un mamelon plus ou moins prononcé. — Œil : grand, ouvert , mal développé , placé au fond d'un large évasement en entonnoir. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, veinée de roux, entiè- rement lavée de carmin du côté du soleil. — Chair : blanche, fine, ferme, juteuse, fondante, à peine pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, acidulé, d'une saveur beurrée très-délicate. Maturité. — Au commencement de septembre, et pouvant se prolonger une huitaine de jours. Qualité. — Première. .ANE 429 lIistoi'iq[ue. — Les Américains la regardent comme née sur leur sol, mais ne peuvent encore indiquer exactement sa provenance ; témoin les deux passa- ges que nous allons traduire dans Downing et Hovey, leurs plus compétents pomologues : « La poire Andrews est le meilleur gain d'un semis qui avait été fait dans le voisinage de Dorchester; ce fut un gentilhomme de Boston qui le premier appela l'attention sur elle, après lui avoir donné son propre nom. Ce fruit, depuis quinze ans surtout, est devenu chez nous l'un des plus estimés, des plus cultivés. » (Downing, the Fruits and fruit trees of Ame- rica, 9e édit., 1849, p. 349;) « L'historique de la poire Andrews, quoique fort acceptable, n'est pas exempt, néanmoins, de quelque obscurité. M. Samuel Downer la décrivit pour la première fois en 1829, dans le New England farmer (t. VII, p. 266), et la fit connaître aux jardiniers après l'organisation de la Société horticole du Massachusetts, qui eut lieu à cette même époque. Dans son article, M. Downer dit que le pied-type prit naissance à Dorcliester, où l'acheta vers 1790 un M. John Andrews, de Boston, pour le transplanter en son jardin de Court Street. Là, il fructifia de nouveau pendant plusieurs années ; mais ensuite, soit par manque de soins, soit par mauvaise qualité du terrain, il mourut. Ce qui eut lieu il y a environ trente ans [de 1818 à 1820]. » (Hovey, the Fruits of America, t. I, 1847-1850, p. 97.) Obsei'vatioos. — Les fruits de cette variété se gardent difficilement plus de huit jours, sans blettir ; défaut que l'on amoindrit beaucoup en les cueillant avant leur entière maturité, dès que la partie verdâtre de leur peau commence à jaunir. Mais on peut, malgré ce défaut, recommander la culture du poirier Andrews, car ses produits sont savoureux, d'une jolie forme et d'un ravissant coloris. 39. Poire d'ANE. Uescriptioit de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux, étalés, rarement très-longs, à peine flexueux, brun-fauve cendré, et parsemés de points gris excessivement fms ; leurs coussinets ne sont pas saillants. — Yeux : gros, ovoïdes, non appliqués, ayant à la base les écailles d'un gris-blanc tranchant entièrement sur la couleur des écailles du sommet, qui sont généralement brunâ- tres. — Feuilles : grandes, arrondies, acuminées, légèrement crénelées, à pétiole court et fort. Fertilité. — Extrême. Culture. — Cet arbre, sur cognassier, tourne assez bien à la forme pyramidale, néanmoins on le greffe généralement sur franc, et on le met en plein champ, où il acquiert une grande vigueur, un beau développement. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : des plus allongées, conique, faiblement obtuse, parfois un peu étranglée vers le milieu, et toujours arrondie à la base. — Pédoncule : assez long, mince, arqué, obliquement inséré, continu avec le fruit. — Œil : grand, bien développé, saillant, entouré de petites protubérances. — Peau : vert-pré, ponctuée de roux, maculée de fauve autour de l'œil et du pédoncule, et largement lavée, du côté du soleil, de rouge-brun très-brillant. — Chair : verdâtre, demi-fine, juteuse, fondante, montrant quelques pierres au-dessous des loges. — Eau: fort abondante, sucrée, vineuse, d'agréable saveur, mais astringente lorsque le fruit est imparfaitement miir. I. , 9 130 ANE Maturité. — Fin août et commencement de septembre. Qualité. — Troisième pour la table , deuxième pour la cuisson et la vente sur les marchés. Poire d'Ane. Historique. — Dans notre Anjou , le poirier d'Ane est aussi répandu qu'il y est ancien, vigoureux et rustique. On l'y ren- contre toujours en plein champ ; et souvent, parmi ces arbres , on en voit qui sont plus que centenaires. Je ne saurais dire s'il a pris naissance, ou non, sur le sol angevin, mais je sais qu'ailleurs on doit très-peu le cultiver, car il ne m'est apparu que là. Cependant cette poire pourrait bien, sous une dénomination différente, sans doute, se trouver aussi dans ceux de nos départe- ments qui avoisinentla Suisse, puisque Jean Bauhin , médecin du duc de Wurtemberg, et célèbre naturaliste du xvi^ siècle, prouve qu'elle existait avant 1598, à Boll, localité du canton de Fribourg. En étudiant un curieux ouvrage allemand et latin laissé par ce docteur sur les végétaux, les miné- raux, etc., nous lisons en effet, au chapitre Poirier, c®tte description, de tout point applicable à la présente variété , et qu'ac- compagne un dessin qui rend le doute impossible : « Sûsselbirne. — Elle est belle, allongée, haute de cinq doigts, épaisse de trois, peu ven- true, turbinée vers le sommet, légèrement arron- die à la base ; la longueui' de son pédoncule excède rarement un doigt. Ce fruit ne se con- serve pas longtemps, il mûrit à la fin d'août; on le nomme aussi ilfans6mie.»(Johan. Bauhinus, Historiœ fontis et balnei Bollensis admirabilis liber qmrtus, 1598, p. 125.) Qui put valoir à cette poire le nom rien moins que flatteur — pour le consom- mateur, cela s'entend — sous lequel nous la cultivons?.... Peut-être sa forme allon- gée, rappelant assez bien les interminables oreilles de l'âne ; ou sa mauvaise qualité, quand elle est mangée trop verte. N'a-t-on pas appelé déjà poire de Cochon, pour la nauséabonde âcreté de son eau, l'une de ses congénères fort connue sur les marchés de Paris? Oui, mais comme la poire d'Ane est plutôt bonne que médiocre, nous supposons que son nom lui vient de sa configuration, et nullement de la saveur plus ou moins délicate de sa chair. Cette appellation si malsonnante, nous la retrouvons, du reste, appliquée également, en Allemagne, à deux fruits : VEselsbirne, poire d'Ane, et VEselsmaul, poire Museau d'Ane ; ce qui nous servirait d'excuse, au cas où l'on nous reprocherait de conserver dans la nomenclature de la pomone française, le nom si peu poétique de l'un des plus vieux poiriers de ANG VM l'Anjou. Terminons cet historique en constatant que les variétés allemandes Esehmaul et Eselsbirne^ n'ont aucun rapport avec notre poire d'Ane. Observations. — Ce poirier, par son excessive et constante fertilité, est un de ceux que l'on peut, sans crainte, multiplier dans les vergers. Comme l'Ah-mon- Dieu, comme l'Alouette, il paiera largement son maître , ses fruits étant passables crus, et bons cuits ou desséchés. Nous faisons remarquer de nouveau, car cela est important, que si parfois ils ont été trouvés d'une astringence rappelant celle des poires à cidre, c'est uniquement parce qu'on avait dû les manger avant leur complète maturité. 40. Poire d'ANGE. Synonymes. — Poires: 1. De Notre-Dame (Olivier de Serres, le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, iGOO-1608, p. 629).— 2. De BouTOc(de Liron d'Airoles, Notices pomologiques, 1862, L II, p. 12 de la Liste synonymique). — 3. Desse (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 186B, t. V). — 4. DossE (W. ibid.).— 5. Petite-Mouille-Bouche (W. ibid.).— 6. Petite-Verdette (M. ibid.). Premier type. Description de l'arbre» — Bois : faible. — Rameaux: assez nombreux, étalés, courts, peu flexueux, brun olivâtre ou brun grisâtre, bien ponc- tués et à coussinets saillants. — Yeux : moyens, coniques ou ovoïdes, légère- ment écartés. — Feuilles : petites , ovales, ayant les bords crénelés ou finement dentés, et le pétiole court et grêle. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Il prend rarement, sur cognassier , une forme pyramidale dont on puisse être satisfait ; mais sur franc , pour le haut vent, il se montre très-vigoureux. Description du fruit. — Gros- seur: moyenne ou petite. — Forme: variable ; toutefois, elle est habituelle- ment plutôt turbinée-arrondie, qu'o- blongue ou ovoïde. — Pédoncule : de longueur moyenne, mince ou assez gros, arqué, obliquement inséré au centre d'un large évasement entouré de gibbosités. — OEil : petit , bien déve- loppé, à fleur de fruit ou faiblement enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, parsemée de points gris, maculée de fauve autour du pédoncule, striée de même dans la cavité ombilicale, lavée parfois de rouge-brun du côté du soleil, et parfois aussi couverte de quelques petites taches brunâtres et squammeuses. — Chair : blanche, fine, ferme, fondante, des plus juteuses, assez pierreuse auprès des loges. — Eau : 132 ANG Poire d'Ange. — Deuxième type. excessivement abondante, fraîche, sucrée, acidulé, imprégnée d'un parfum qui rappelle un peu celui de l'anis. Maturité. — De la fm d'août à la fm de septembre. Qualité. — Première pour la table, et première aussi pour les conserves. Historique. — La bonté de ce fruit, l'un des plus anciens que l'on connaisse- en France, le fit, dès le principe, dédier aux Anges, puis à la Yierge Marie, comme l'indiquent les noms de poire d'Ange et de poire de Notre-Dame qui lui furent donnés successivement, et même simultané- ment, du xvi" siècle au XIX^ Le natu- raliste Jean Bauhin , dont nous venons de parler dans le précédent article, dit qu'en 1596 il dégusta à Boll (Suisse), le 25 octobre, une poire d'Ange encore parfaite, et qu'on lui assura que cette espèce se conservait jusqu'en janvier. Sur ce dernier point , Bauhin fut trompé ; mais pour le reste, sa description demeure d'une vérité complète, ainsi qu'on en va juger par la traduction sui- vante : « Engelsbirne -• Poire des Anges. — Tiu"- binée et voûtée à la partie supérieure, elle est largement arrondie à la base, et ventrue. Sa hauteur, quatre doigts, égale son épaisseur. Elle a la peau jaunâtre, la chair aromatique, acidulé, et d'une agi-éable saveur. Son pédoncule n'a qu'un doigt de longueur » [Loco citato, p.. 11 S.) Et nous observerons en outre, que la figure jointe à cette description est telle- ment exacte, qu'on la croirait calquée sur celle du deuxième type ci-contre. La poire d'Ange, nous le répétons, est la même que la poire de Notre-Dame, si commune dans la Gironde, son pays natal; d'où vient qu'en 1860 M. de Liron d' Airoles , la croyant inédite , lui appliqua le nom du village de Boutoc, situé près de Barsac et regardé généralement comme son berceau. « L'origine de cette espèce — écrivait alors ce pomologue — se perd dans la nuit des temps. M. Jules Gérand-Casti'os, de la Société d'horticulture de la Gironde, nous a fait connaître que des arbres énormes, de plusieui's siècles d'âge, grands comme des chênes ou des tilleuls, existent dans la commune de Boutoc, canton de Langon (Gironde). Les fruits de cette variété abondent sur les marchés de Bordeaux, où ils sont fort recherchés et estimés... Comme elle n'a pas encore été décrite, nous lui avons donné, de préférence, le nom de poire de Boutoc, parce qu'il indique le lieu de provenance. » [Notices pomologiques , t. II, p. 12 de la Liste synonymique.) Peu après, le Congrès pomologique, siégeant à Orléans en septembre 1861, adopta ce nom de Boutoc, et détruisit le synonyme Notre-Dame. Nous le savons, et ne pouvons que maintenir à cet ancien fruit sa dénomination séculaire ; ce qu'eût fait le Congrès, s'il avait été à même de se prononcer sur l'identité absolue des poires d'Ange, de Notre-Dame et de Boutoc. ANG 133 Charles Estienne, en 1540, mentionna dans son Seminarium une poire de Notre- Dame, que le Lectier, en 1628, etdom Claude Saint-Etienne, en 16*J0, citèrent égale- ment ; mais elle n'a rien de commun avec la nôtre, car elle mûrit en hiver. Ce fruit, que le Lectier appelait aussi poire de Cartelle^ nous est du reste totalement étranger. Obsei'vations. — Duhamel, en son Traité des arbres fruitiers^ disait en 1768, de la poire d'Ange : « Oq la regarde comme une variété du Salviati. » C'était une fausse opinion, contre laquelle Poiteau s'est inscrit avec raison, en décrivant à son tour cette vieille espèce dans le tome III de sa Pomologie française (1848) et en y constatant « la grande différence qu'il y a entre ces deux arbres. » — M. Decaisne, lui, croit que la pera Morota, actuellement cultivée chez les Lombards et les Yéni- tiens, n'est autre que la poire d'Ange [le Jardin fruitier du Muséum^ t. V, 1863). Nous signalons sa remarque, sans l'appuyer ou la contester, n'ayant pas rencontré dans nos excursions en Italie le poirier Morota, étudié par ce célèbre et savant pro- fesseur. — Notons, en terminant, que la poire d'Ange est particulièrement propre à fabriquer d'excellentes conserves, usage auquel les confiseurs s'empressent de l'utiliser^ surtout dans le Bordelais. Poire ANGÉLIQUE. ■ — Synonyme de poire Angélique de Bordeaux. Voir ce nom. 41. Poire ANGÉLIQUE DE BORDEAUX. Synonymcis. — Poires : l. Mouille-Bouche d'Hiver (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 18). — 2. De Légat [Id. ibid.). — 3. Angélique (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1690, p. 108). — 4. Saint-Martial {Id. ibid.) — 5. Cristalline (W. ibid.) — 6, Bouge (de la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édit. de 1739, t. I, p. 315). — 7. Bens {Id. ibid.) — 8. De Dumas {Id. ibid.). —9. Ghristalline MORIN- GouT {Id. ibid.). — 10. Douce (Philippe Miller, Dictionnaire des jardiniers et des cultivateurs, 1786, 8« édit., t. VI, p. 172). — 11. Gkos-Franc-Réal d'Hiver (de Launay, le Bon yarc?z?ner, 1808, p. 135). — 12. Saint-Marcel {Id. ibid.). — 13. Angélique de Languedoc (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. I, 1858). — 14. ANGÉLIQUE de Pise {Id. ibid.) — 15. Angélique de Toulouse {Id. ibid.) — 16. Saint-Mareil (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques, 1859, p. 14 du 1" Supplément de la Liste synouymique historique). Descriptiou de l'arbre. — Bois : faible. — Bameaux : vert grisâtre, peu nombreux, légèrement écartés, légèrement flexueux, assez longs, rarement très- ponctués, à coussinets saillants. — Yeux : moyens ou petits, ovoïdes, habituel- lement aigus, non appliqués. — Feuilles : de forme variable ; tantôt ovales, tantôt lancéolées, elles ont les bords profondément crénelés, le pétiole long^ menu, et ne sont jamais fort abondantes. Fertilité. — Peu commune. Culture. — Le cognassier ne lui est pas favorable, il s'y développe mal en pyra- mide ; il vaut donc mieux le greffer sur franc, où il est des plus vigoureux. Une exposition chaude est toujours celle qu'on doit lui donner, ses produits réclamant avant tout les rayons du soleil pour acquérir de la saveur et du volume. Deseription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne, et parfois assez considérable. — Forme : oblongue, ou turbinée-arrondie, mais constamment 134 ANG ventrue vers la base, bosselée et très-obtuse au sommet. — Pédoncule : long, un peu fort, arqué, souvent renflé ou charnu à son point d'insertion, et obliquement implanté dans une vaste cavité bordée de protubérances plus ou moins pronon- cées. — Œil : grand, faiblement Poire Angélique de Bordeaux. - Premier type. • enfoncé, bien formé. — Peau : jaune obscur, irrégulièrement et finement ponctuée de gris, et montrant quelquefois plusieurs macules roussâtres sur la partie frappée par le soleil. — Chair : blanchâtre, demi-fine, cassante, rarement très-juteuse , un peu pierreuse autour des loges. — Fau : suffisante, sucrée, douce, d'un goût franc et assez agréa- ble, quoiqu'elle ne soit jamais riche en parfum. Maturité. — De janvier jus- qu'à la fin d'avril. Qualité. — Deuxième pour la cuisson, et deuxième égale- ment comme fruit à couteau, en raison de sa longue conser- vation. Historique. — On s'est beaucoup préoccupé de l'origine de cette poire, que ses nombreux synonymes pourraient faire sup- poser bien plus savoureuse qu'elle ne l'est en réalité, car ce sont presque toujours les meil- leurs fruits qui ont à subir de tels travestissements. Henri Manger {Systematische Pomologie, 1780-1783, t. II, p. 171) a cru retrouver dans l'Angélique de Bordeaux, la poire Licerniana ou Liciniana dont Pline avait parlé, et qui portait, selon Sickler [Geschichte der Obstkultur, 1802, t. I, p. 402), le nom de Licinius, agronome romain auquel la culture de l'olivier fut redevable d'immenses progrès. Henri Manger veut aussi que cette espèce tar- dive ait reçu son nom du parfum particulier qui caractérise ses produits, parfum qu'il trouve analogue — cela est vrai quand cette poire a bien mûri — à celui de l'angélique confite ; de plus, il la déclare de provenance gauloise, et sous ce rapport nous sommes complètement de son avis. Chez nous, en 1673, Merlet ne la men- tionnait pas encore. Mais en 1690 il la décrivit longuement, disant ensuite : « Elle (( est fort connue, fort estimée en Languedoc, et particulièrement à Toulouse, sous « le nom d'Angélique, et à Bordeaux sous le nom de Saint-Martial. » [L'Abrégé des bons fruits, p. 108.) C'était là sans doute une variété locale, et très-peu mul- tipliée dans les autres parties de la France, puisque Louis Liger, en la faisant figurer vingt-quatre ans plus tard dans sa Culture parfaite des jardins fruitiers., la signalait comme « rare. » (Édition de 1714, p. 448.) Nous la supposons donc origi- naire du Languedoc ou du Bordelais ; ce qui fut aussi le sentiment, moins affirmatif ANG 135 toutefois, de Mayer, témoin le passage suivant de sa Pomona franconica : u Pour « que ce fruit acquière toutes ses qualités, il lui faut un degré de chaleur considé- « rable; ce qui semble déceler une origine méridionale. » (1774-1801, t. III, p. 289.) Poire Angélique de Bordeaux. — Deuxième type. Observations. Merlet, les Chartreux , Duhamel, et divers au- tres pomologues , ont comparé, pour la forme, l'Angélique de Bordeaux au Bon-Chrétien d'Hiver. Il faut alors, si pareille comparaison a jamais été juste, que la configu- ration primitive de cette poire soit actuellement bien modifiée , car elle est loin de ressembler au Bon-Chrétien. — En 1858, M. Decaisne aclassé le poirier Charles Smet parmi les synonymes du poirier qui nous occupe [le Jardin fruitier du Mu- séum^ t. I). Un examen minutieux nous a con- vaincu de la non-identité de ces deux arbres, qui dans nos pépinières sont fort dissemblables, et que Downing et la Société Van Mons regardent éga- lement comme des varié- tés distinctes. (Voir à son ordre alphabétique l'article consacré à la poire Charles Smet.) — L'Angélique de Bordeaux se conserve aisément jusqu'à la fin d'avril; et le Comice horticole d'Angers l'a souvent mangée, encore assez bonne, à cette époque. Poire ANGÉLIQUE DE LANGUEDOC. — Synonyme de poire Angélique de Bor- deaux. Voir ce nom. Poire ANGÉLIQUE DE PISE. — Synonyme de poire Angélique de Bordeaux. Voir ce nom. Poire ANGÉLIQUE DE TOULOUSE. — Synonyme de poire Angélique de Bor- deaux. — Voir ce nom. 136 ANG 42. Poire ANGÉLIQUE DE ROME. Descrifitioii de l'ai*bi*e. — Bois: fort. — Rameaux : rare- ment très-nombreux^ régulière- ment érigés , gros , flexueux , longs, gris brunâtre , semés de larges points fauves, et ayant les coussinets faiblement ressortis. — Yeux : fortement développés, ovoïdes , un peu aigus , assez écartés du bois. — Feuilles : pe- tites ou moyennes, ovales-arron- dies, à peine dentelées, portées sur un pétiole épais et court. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Cet arbre se montre plus vigoureux sur franc que sur cognassier; il donne de fortes pyramides , seulement elles sont peu ramifiées. On doit, de préférence, le placer en espa- lier, au midi ou au levant. Ilescriptiou du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : régulière, spliérique, se rétrécissant beaucoup vers le sommet. — Pédoncule : assez court, assez mince, droit, obliquement inséré au milieu d'une très -étroite cavité en entonnoir. — Œil: petit, bien formé, ouvert, presque saillant. — Peau : rarement très-lisse, jaune obscur, finement ponctuée de gris, habituellement lavée de rose pâle du côté du soleil, et striée de fauve dans la cavité ombilicale. — Chair : blan- châtre, un peu grossière, mal fondante, juteuse, pierreuse au centre. — Eau : exces- sivement abondante, fraîche, sucrée, douée d'un parfum particulier et d'une saveur aigrelette plus ou moins prononcée. Maturité. — Dans nos contrées, elle commence généralement vers le début d'octobre, et dépasse avec peine la moitié de décembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Duhamel du Monceau, dans son T7^aité des arbres fruitiers, (t. II, p. 239), décrit longuement en 1768 la présente variété, arbre et fruit, mais il ne donne aucun renseignement sur sa provenance Est-elle née en France, ou nous vient-elle de l'étranger; et, alors, de quel pays?.... A ces questions, voilà ce que nous pouvons répondre : — Avant Duhamel, nul pomologue n'a parlé chez nous de l'Angélique de Rome ; et nous interrogeons en vain, à son sujet, les Alle- mands, les Anglais, les Italiens, les Hollandais, du xvi' siècle au xvii" ; pas un de leurs auteurs spéciaux ne cite cette poire. Pour que Duhamel l'ait insérée dans son précieux et volumineux recueil, il faut bien admettre, cependant, qu'elle était ANC 137 non-seulement estimée, mais encore assez répandue à l'époque où il le composa. Si donc on ne la rencontre pas antérieurement, c'est que peut-être elle eut une autre dénomination , sous laquelle il devient alors fort difficile de la reconnaître. En raison de son nom, elle semblerait originaire de Rome ; et celui qui voudrait croire sur parole Henri Manger, la dirait née dans la Ville Éternelle, et contempo- raine de l'empereur Tibère. C'est efTectivement l'opinion que cet érudit émet à la page 170 de sa Systematische Pomologie (t. II, 1783), ajoutant d'après Pline : « Tibère « l'aimait beaucoup, aussi l'appela-t-on pira Tiberiana; c'est un assez gros fruit « d'été, fortement coloré du côté du soleil » — Nous livrons pour ce qu'il peut valoir, ce renseignement historique, en faisant remarquer à quiconque voudrait l'utiliser, que la maturité de la poire Tiberiana, plus hâtive d'un mois, on l'a vu, que la maturité de l'Angélique de Rome, ne saurait devenir une objection, car cette dernière poire, qu'ici l'on mange aux premiers jours d'octobre, serait mûre beau- coup plus tôt sous le ciel de l'Italie. Observations. — Depuis Duhamel, divers poiïiologues se sont occupés de ce poirier ; et l'un d'eux, M. Gagnaire fils, pépiniériste à Bergerac (Dordogne), lui consacrait les lignes suivantes en 1861 : « La poire Angélique de Rome est une des variétés décrites par Duhamel Si je parle aujourd'hui de cette pou-e presque bannie des cultures , c'est que récemment je l'ai aisément reconnue étiquetée sous le nom de Beurré gris d'Hiver de Luçon. Ov, comment se fait-il que ce fruit, délaissé en horticulture, ait traversé, tout en disparaissant des cultures, une période de plus d'un siècle, pom^ reparaître de nos jours sous une dénomination réfor- mée?.... » [Revue horticole, pp. 257-258.) Malgré cette note, nous ne saurions inscrire le Beurré gris d'Hiver de Luçon comme synonyme de l'Angélique de Rome, ce Beurré si bien décrit en 1858 par M. Decaisne [le Jardin fruitiej^ du Muséum, t. I"), et en 1839 par M. Alexandre Bivort [Annales de pomologie belge et étrangère, V année, pp. 71-72), n'ayant pas le plus léger rapport avec la variété à laquelle on l'assimile ; ensuite, il est seulement connu depuis 1830, et parmi les auteurs qui l'ont étudié, aucun d'eux n'a même soup- çonné avoir là un des fruits de Duhamel. — On a dit encore, et tout aussi erro- nément, l'Angélique de Rome synonyme de l'Angélique de Bordeaux; mais, cette erreur, ni Thompson, ni Tougard, ni Couverchel, ni de Liron d'Airoles ne l'ont partagée. En présence des articles que nous venons de consacrer à ces deux poires, le lecteur, espérons-le, ne la partagera pas non plus , surtout lors- qu'il verra l'Angélique de Rome mûrir en octobre, trois mois avant l'Angélique de Bordeaux. 43. Poire ANGÉLIQUE LECLERC. Deserifition de l'arbre. — Bois : fort, à écorce un peu rude. — Rameaux : longs, très-gros, très-flexueux, légèrement étalés, cotonneux, brun olivâtre, semés de larges, de nombreuses lenticelles grises, et ayant les coussinets faiblement res- sortis. — Yeux : moyens, coniques, appliqués, à écailles renflées et apparentes. — Feuilles : grandes, ovales, acuminées, irrégulièrement crénelées, à pétiole long et bien nourri. FEiiTiLrrÉ. — Abondante. 138 ANG Culture. — Ce poirier prospère adniirablement sur cognassier ; sa vigueur y est convenable, ses pjTamides y sont belles et des plus touffues. Poire Angélique Leclerc. Description du firuit. — Grosseur : moyenne, et sou- vent assez volumineuse. — Forme r ovoïde-allongée , ré- gulière. — Pédoncule : court, droit , renflé à son point d'at- tache et obliquement implanté dans un faible évasement. — âE'i"/.- petit, ouvert, bien déve- loppé^ à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre , ponctuée de roux, finement lavée de rose pâle du côté du soleil. — Chair: blanche, d'un grain excessive- ment serré, fondante, juteuse, contenant quelques pierres au- tour des loges. — £au : abon- dante, sucrée, acidulé, douée d'un arôme aussi délicat que savoureux. Maturtié. — Fin octobre , mais se conservant parfois jus- qu'en décembre. Qualité. — Première. Historique* — Ainsi que les variétés Amédée et Amélie Leclerc, le fruit ici décrit est un gain des semis de Léon Leclerc, de Laval. Mis dans le commerce en 1861 par M. Hutin, pépiniériste même ville, U a été dédié à l'une des tUles du semeur, et remonte à 1848. Poire ANGLAISE. — Synonyme de Doyenné <ïRivei\ "Voir ce nom. Poire d' ANGLETERRE. — Synonyme de Beurré d'Angleterre. Voir ce nom. Poire d' ANGLETERRE. — Synonyme de poire Chat brûlé. Voir ce nom. 44. Poire d'ANGLETERRE D'HIVER. Synonyme. — Poire d'Angoisse blanche (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. III, 1860). Description de l'arbre. — Bois : très-grêle. — Rameaux : peu nombreux, étalés, courts et excessivement faibles, à peine flexueux , de couleur verdâtre tournant au rouge pâle au-dessus des yeux ; ils sont finement ponctués et leurs ANG 139 coussinets ont une forte saillie. — Yeux : petits, ovoïdes, obtus, appliqués contre le bois. — Feuilles : aiguës, ovales, acuminées, régulièrement dentées, ayant le pétiole court et mince. „. , ,,rT. Fertilité. — Poire d Angleterre d Hiver. . , , , Abondante. Culture. — On le greffe sur cognas- sier ; sa ^-igueur est médiocre , et ses pjTamides sont si faibles, si chéti- ves, qu'on doit pré- férer pour ce poi- rier les cordons obliques, le contre- espalier , ou la forme buisson. Description du fruit. — Gros- seur : assez vo- lumineuse. — Forme : allongée , obtuse , ventrue vers la base, régu- lière, quelque peu étranglée près du sommet. — Pédon- cule : assez long, assez gros, arqué, renflé aux extré- mités , oblique- ment implanté dans un faible éva- sement mamelon- né d'un côté. — Œil: grand, ou- vert, bien formé, placé presqu'à fleur de fruit dans un large bassin à bords entièrement unis. — Peau : jaune pâle ou jaune verdàtre, fortement ponctuée de gris cendré, marbrée et tachée de fauve , maculée de brun- roux autour du pédoncule, striée de même dans la ca^4té ombilicale, et légèrement rougeàtre du côté du soleil. — Chair : blanc mat, demi-fine, habituellement un peu sèche, cassante, et montrant quelques pierres auprès des loges. — Fau : rarement fort abondante, douce, sucrée, assez savoureuse, quoiqu'elle soit trop dépourvue de parfum. Maturité. — Des derniers jours de décembre aux derniers jours de février, et parfois allant jusqu'en mars. Qualité. — Deuxième comme fruit à couteau, première comme ù'uit à compote. 140 ANG Historique. — Déjà cultivée en France au cours du xvn'' siècle, elle provenait d'Angleterre, ainsi que l'indique son nom, et que l'a constaté Claude Mollet , en 1660 : « Le poirier d'Angleterre — a-t-il dit — rapporte quantité de fruit Il est « appelé poirier d'Angleterre à cause que les greffes en sont venues. » [Théâtre des jardinages, 1660-1678, p. 35.) Et cet auteur l'a bien classée, dans son excellent traité, à son rang de maturité : avec les poires d'Amour, d'Angoisse et de Livre. En 1670, dom Claude Saint-Etienne, religieux de l'ordre des Feuillants, la signalait également ; plus même il la décrivait très-exactement en deux lignes : « Grosse et « longue comme moyen Bon-Chrétien ; en forme de cloche ; un peu colorée, et le a reste de gris-blanc. » [Nouvelle instruction pour connaître les bons fruits, p. 80.) Puis plus tard (1768) vint Duhamel, qui lui accorda une large place dans sa volu- mineuse publication. Aussi ne saurions-nous comprendre comment Poiteau, ordi- nairement fort précis dans ses assertions, put écrire en 1846, sur cette variété, l'alinéa ci-après, en désaccord sur presque tous les points avec la vérité historique, ainsi qu'on va le remarquer : « On a cru pendant quelque temps que cette poire était la Bellissime d'Hiver, de Dahamel. Cette erreur était venue de ce qu'il ne l'a pas figurée, et que sa description avait été mal interprétée. Quant au nom qu'elle porte aujourd'hui, il lui vient sans doute de sa forme, qui est à peu près celle de notre Beurré d'Angleterre, mais dans des proportions beaucoup plus considérables. Je la trouve mentionnée -pour la première fois dans le Manuel du jardinier de M. Noisette, imprimé en 1825. » [Pomologie française, t. III, Poires, n° 7.) Observations. — On a dit assez récemment Bergamote Drouet, Longue- Vie, Râteau blanc et Tarquin des Pyrénées synonymes d'Angleterre d'Hiver. Ce sont là, certes, quatre fausses espèces, mais elles se rapportent uniquement à la poire Râteau, et non point à l'Angleterre d'Hiver. Et de même un cinquième synonyme — Tavernier de Boullongne — également accordé à cette dernière variété n'a aucune analogie avec elle ; nous pouvons l'affirmer, puisqu'il est né aux portes d'Angers, et que nous le propageons depuis plus de vingt ans. Poire d'ANGLETERRE DE LA SAINT-DENIS. — Synonyme de Beurré d'An- gleterre. Voir ce nom. Poire d'ANGLETERRE DE YAN MONS. — Synonyme de poire Wilham's. Voir ce nom. 45. Poire d'ANGLETERRE NAIN. Synonyme.— Poire d'Angleterre parfumée (Sageret, Pomologie physiologique. Supplément, 1835, p. 16). Description de l'arbre. — Bois: fort. — Rameaux : nombreux, légèrement écartés, très-gros, flexueux, assez longs, cotonneux, vert olivâtre, semés de larges points gris-blanc ; leurs coussinets sont des plus saillants. — Yeux : volumineux, ovoïdes, obtus, non adhérents. — Feuilles: vert foncé, ovales, de grandeur moyenne, à bords dentelés, à pétiole court et nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Vigoureux et formant de belles et régulières pyramides, cet arbre prospère mieux sur le cognassier que sur le franc. ANG Ul Description tin fruit. — Grosseur: plutôt au-dessus qu'au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, quelque peu déprimée au sommet, et plus renflée habituellement d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : long, mince, . arqué , contourné , oblique- Poire d Angleterre nain. ^ ^ . , , , , , ment msere, charnu a la base. — OEil: enfoncé, mal développé, mi-clos, uni sur les bords. — Peau : rude au toucher , vert obscur , uniformément ponctuée de roux clair. — Chair : blan- châtre, fine, juteuse, cas- sante, pierreuse au centre. — Eau : abondante , fraî- che, douce, savoureusement musquée. Maturité. — Fin septem- bre, se prolongeant jusqu'à la mi-octobre. Qualité. — Première. Historique. — Géné- ralement multiplié sous le nom qu'il porte ici, le poi- rier d'Angleterre nain fut gagné de semis en 1832, à Paris , par feu Edouard [ou Augustin) Sageret, qui pos- sédait rue de Montreuil d'importantes écoles frui- tières. Il appela la nouvelle poire Angleterre parfumée, et l'annonça comme « excel- « lente , comme supérieure « au Beurré d'Angleterre. » (Voir sa Pomologie physiologique^ Supplément, 1833, p. 16.) Pourquoi l'a-t-on débaptisée?... A qui dut-elle son deuxième nom?... Nous l'igno- rons ; mais nous supposons qu'elle reçut le qualificatif nain^ pour caractériser sa forme raccourcie, et par opposition à la forme de l'Angleterre d'Hiver, ainsi qu à celle du Beurré d'Angleterre, fruits complètement allongés. Poire d' ANGLETERRE NOISETTE D'HIVER. — Synonyme de poire Duc de la Force. Voir ce nom. Poire d' ANGLETERRE PARFUMÉE. — Synonyme de poire à' Angleterre nain. Voir ce nom. 142 ANG 46. Poire d'ANGOBERT. Sjnonjrtnes. — Poirés : 1. Dagobert (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 19). — 2. A GoBERT (Duhamel, Traité des arbres fruitiers , 1768, t. II,p. 191). — 3. Mansuette (les Chartreux de Paris, Catalogue des arbres à fruits cultivés dans leurs pépi- nières, 1775, p. 43). — 4. Solitaire (/î'c?. ibid.; et Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. III, 1860). — 5. Double-Mansuette (A. Bivort, Album de Pomologie, t. III, 1850, p. 121). — 6. Grosse- Mansuette {Id. ibid.). — 7. Beurré de Sémur (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. III, 1860). — 8. Gros-Angobert {Id. ibid.}. — 9. De Sainte-Catherine {Id. ibid.). Premier Type. Descrip- tion de l'arbre. — Bots : assez gros. — i?a- meaux:Ta.re- ment très - nombreux et très-fle- xueux, éri- gés , un peu faibles, brun- roux, lavés habituelle- ment de gris ardoisé , et fortement ponctués de jaune obs - cur ; leurs coussinets sont légè - rement sail- lants. — Yeux .-petits, coniques , pointus , presque ad- hérents. — Feuilles : de moyenne grandeur, ovales-allon- gées, acumi- nées, finement crénelées, portées habituellement sur un pétiole court et nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Des plus vigoureux, le présent poirier, quand on lui donne le cognas- sier, se développe parfaitement; ses pyramides sont hautes et bien ramifiées; ANG 143 toutefois il est prudent, en raison de l'extrême grosseur qu'atteignent souvent ses fruits, de le placer en espalier. Poire d'Angobert. — Deuxième Type. Description du fruit. — Grosseur : toujours très-volumineuse. — Forme : peu constante, mais le plus généralement turbinée, allongée, obtuse, bosselée, contournée , et fortement ventrue vers l'œil. — Pé- doncule : as- sez court ou de moyenne longueur^ droit ou ar- qué , gros , parfois char- nu à la base, obliquement inséré,en de- hors de l'axe du fruit, dans une étroite cavité où le comprime un renfle- ment pi us ou moins consi- dérable. — ^?V.- grand, très -ou- vert et bien développé , placé au mi- lieu d'un large bassin dont la pro- fondeur est excessive- ment varia- ble.— Peau: jaune obs- cur, entière- ment ponctuée de fauve, striée ou marbrée de même, et lavée de roux clair du côté du soleil. — Chair : blanche, grossière, juteuse, demi-fondante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, douce, sucrée, douée d'un arrière-goût musqué assez agréable. Maturité. Qualité. cuire. - Fin janvier, se prolongeant jusqu'en mars. Troisième parmi les fruits à couteau , première parmi les fruits à 144 ANG Historique. — Comme on sait généralement cette variété fort ancienne, beau- coup d'horticulteurs, s'autorisant de l'homonymie qui existe entre l'un de ses syno- nymes et le nom du bon roi Dagobert, l'ont crue contemporaine de ce monarque mort en 638, et se sont figuré qu'elle lui avait été dédiée. A nos yeux, pareille ver- sion appartient à la légende, bien plutôt qu'à l'histoire ; aussi ne pouvons-nous l'accepter. Et d'ailleurs, le premier auteur français qui se soit occupé sérieusement de ce fruit, Claude Mollet, l'appelle à la fois, en 1660, poire à'Angobert et poire Dagobert... d'où suit que le doute est au moins permis. Il dit : « Le poirier d'Escarlatte (?).... est fort propre pour recevoir les greffes de poirier Dagobert... Le poirier d'A^igobert est un arbre qui vient fortbien^ mais il le faut planter soigneusement; il est foi^t sujet à rapporter son fruit pierreux ; faites-le greffer sur le poirier d'Escarlatte, comme j'ai expliqué, et il vous rendra son fruit fort beau, et il ne sera point si sujet à la pierre.» [Théâtre des jardinages, i 660-1 678, pp. 32 et 33.) Un siècle plus tard, Henri Manger se livrant à la recherche, à l'étude des poires dont les agronomes romains avaient donné quelque description, prétendit avoir retrouvé, dans l'Angobert, la Siguina ou Testacea de Columelle et de Pline, « va- « riété qu'en Allemagne, ajoutait-il, nous nommons Double-Rietbirne. » (Systema- tische Pomologie, 1780-1783, t. II, p. 173.) Comme il devenait possible de contrôler cette assertion, nous avons ouvert les pomologies allemandes, et bientôt il nous a été démontré qu'Henri Manger ne connaissait nullement notre Angobert, puisqu'il l'assimilait à la Double-Rietbirne, fruit moyen, très-allongé, mûrissant en sep- tembre 1... (Voir Hermann Knoop, Frucfobgie, 1771, IP partie, p. 85.) On ne saurait donc utiliser ici l'érudition de ce savant ; et force nous serait de renoncer à signaler l'origine de l'Angobert, sans le Lectier, qui parait l'avoir indiquée assez clairement en ces termes, au cours de 1628 : « Parmi les poires en maturité es mois de janvier « et février, est le Dagobert de M. de Miossan, poire rousse, grosse, muscatte et « rozatte. » [Catalogue des arbres cultivés dans le verger et plant du sieur le Lectier, procureur du roy à Orléans, 1628, p. 18.) Cette description, quoique fort courte, caractérise assez bien, cependant, le type pour lequel elle est faite, type qui nous semble véritablement identique avec l'Angobert. Aussi pensons-nous que ce dernier fruit ne fut guère cultivé dans le royaume avant la fm du xv!*" siècle ; supposition qui n'a rien d'invraisemblable, si l'on réfléchit qu'aucun traité d'agriculture ou de jardinage n'a parlé du poirier d' Angobert, ou Dagobert, antérieurement à 1628. Quant au M. de Miossan auquel le Lectier en attribue le gain, il appartenait proba- blement à la maison de Miossens, tirant son nom d'une petite localité voisine de Pau (Basses-Pyrénées), et dont elle posséda longtemps la seigneurie. ~ On a vu qu'en 1780 les Allemands connaissaient imparfaitement l'Angobert; au début du xix'' siècle il n'en était plus ainsi ; le docteur Diel, de Stuttgardt, ayant reçu de Verdun ce volumineux fruit, l'avait, de 1795 à 1798, répandu chez ses compatriotes. (Dittrich, Handbuch der Obstkunde, 1. 1, 1839, p. 743.) Cette poire, comme le prouvent ses synonymes, a du reste été souvent méconnue, en France aussi bien qu'à l'étranger. Observations. — Poiteau, en 1848, s'est complètement trompé à l'égard de l'Angobert. Il a dit : « Merlet, qui est à peu près le plus ancien des auteurs auxquels nous pouvons avoii- con- fiance, assure que « la poire Dagobert est assez grosse, longue et rouge, qui n'est bonne que (t cuite, mais des meilleures. » Le stul mot longue est suffisant pour prouver que la poire à laquelle l'usage a depuis longtemps donné le nom de d'Agobert, n'est pis celle que Merlet nommait ainsi. Dubamel décrit brièvement un fruit sous le nom de poire à Gobert, qui a bien ANG 145 à peu près la forme et la grosseur de celle qu'on vend aujourd'hui sous le nom de poire d'Ago])ert; mais Duhamel disant qu'elle a l'œil peu enfoncé et qu'elle se garde jusqu'en juin, nous voyons qu'elle est à cent lieues de la poire d'Agobert d'aujourd'hui..., helle et très- médiocre, qui mûrit en octoLre-décemhre... » {Pomologie française., 1846, t. III, n" 70.) Ce qui causa l'erreur de Poiteau, et l'empêcha de reconnaître, dans son d'Agobert, celui de Merlet, celui de Duhamel, ce fut simplement parce qu'au lieu de décrire la véritable poire d'Angobert, il décrivit, il figura la poire Gîle-ô-GUe!... Or, quand on sait à quel point ces deux variétés sont dissemblables, on conçoit aisément pourquoi le savant botaniste ne put constater leur identité. — D'après Duliamel, l'Ango- bert va jusqu'en juin. Dans les départements de l'Ouest, où jamais il n'atteint ce mois, il ne saurait dépasser avril ; et nous croyons que c'est là son point extrême de conservation. Poire ANGOBERT DE MANTOUE. — Synonyme de poire Amadote. Voir ce nom. 47. Poire d'ANGOISSE. Stynonyiues. — Poires : 1. Blanc-Collet (Gouvercïiel , Traité complet des fruits de toute espèce, édition de 1852, p. 498). — 2. Dangoisk {Id. ibid.). — 3. Grosse-Grise {Id. ibid.). lïesei'iption de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nom- breux, étalés, nourris, flexueux, brun-roux, cotonneux, largement ponctués de gris cendré, et n'ayant pas, habituellement, les coussinets trop ressortis. — Yeux : renflés , coniques, légèrement obtus, non appliqués. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies, canaliculées, den- ticulées ou finement crénelées, à pétiole court et gros. Fertilité. — Des plus abon- dantes. Culture. — Spécialement mul- tiplié pour les vergers et les champs, ce poirier, fort vigoureux, exige le franc, sur lequel il prend un déve- loppement rapide et satisfaisant , sans atteindre toutefois une hau- teur nuisible. Description du fruit. — Grosseur : petite ou moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, assez régulière. — Pédoncule : rare- ment très-long, arqué, mince, renflé au point d'attache, obliquement implanté au milieu d'une faible dépression. — Œil : petit, souvent mi-clos, bien conformé, I. 10 146 ANG presque saillant. — Peau : jaune d'or, ponctuée, marbrée de fauve, maculée de même autour de l'œil et du pédoncule, et lavée de rouge-brun du côté du soleil. — Chah^ : blanchâtre, peu fondante, grossière, juteuse, toujours très-pierreuse au centre. — ^aî^ .• Excessivement abondante, acidulé, sucrée, douée d'une certaine saveur, mais entachée parfois d'une âcreté assez prononcée. Maturité. — Vers la fin du mois de décembre, et se prolongeant jusqu'en avril. Qualité. — Troisième pour le couteau, deuxième pour la cuisson, première pour le pressoir. Mistopiqiie. — Parmi nos poires françaises, il en est peu de plus anciennes que celle ici décrite. Dès 1094 on la signalait, on en donnait l'origine dans une chronique manuscrite attribuée au bénédictin Geoffroy, prieur du monastère de Vigeois (diocèse de Limoges). Elle tire son nom, y disait-on, du village d'Angoisse, situé proche l'abbaye de Saint- Yrieix ou Saint- Yrier, en Limousin. (Voir Eugène Forney, le Jardin fruitier, 1862, 1. 1, p. 237.) C'est alors aux environs de Périgueux, et sur les bords du charmant ruisseau le Loudour, que poussa ce poirier huit fois séculaire. En 1540, Charles Estienne ne l'oublia pas lorsqu'il parla des arbres frui- tiers cultivés à son époque : « Ses produits — observait-il — causent à la bouche, « par leur àpreté, par leur détestable acerbeté, une astriction vraiment insup- « portable ; mais ce défaut disparaît quand on les mange à leur point extrême « de maturité, presque blossis. » [Seminarium et plantatman fructiferarum iwœsertim arborum quœ post hortos conseri soient, 1540, p. 70.) — Depuis Charles Estienne, cette variété ne s'est nullement améliorée ; cependant elle est commune dans la majorité de nos départements ; et l'on a bien raison de propager ce poirier, car, outre la grosseur énorme qu'il atteint — sa circonférence dépasse souvent trois mètres — les fruits abondants qu'il rapporte sont d'une vente facile, avantageuse, par suite des divers usages économiques auxquels ils sont propres. Nos pères, qui furent très-crédules en horticulture, alors surtout que la physio- logie végétale était encore inconnue de leurs jardiniers, nos pères se livrèrent à de cmieuses pratiques à l'égard du poirier d'Angoisse. Voulaient-ils, par exemple, avan- cer, retarder la maturité de ses produits, en prolonger même, indéfiniment, la con- servation?... voilà ce qu'en 1564 ils conseillaient de faire : « Pour avoir poires d'Angoisses un mois ou deux plustost que les autres, ou qui durent et soyent bonnes jusques aux nouvelles, entez-les en coingnier pour les avoir tard, et en franc meurier pour les avoir tost.» (Charles Esûemie, l'Agriculture et maison rustique, 1564, livre III, chap. XVII, p. 72, verso.) Enfin — et Charles Estienne nous en a également conservé la recette — ils préten- daient pouvoir, au moyen d'un seul greffon, charger de diverses espèces de pommes, les branches de ce poirier : «Entez — disaient-ils — en poirier d'Angoisse, des greffes de pommier, et vous aurez pommes de Blondm'el et pommes de Cliastaigner. » [Loco citato, p. 73, verso.) Telles étaient les illusions horticoles, au xvi'' siècle; et nous aurons souvent l'oc- casion de revenir sur ce sujet, qui a bien son intérêt. Observatious. — Ou a généralement, pendant un très-long temps, regardé la poire d'Angoisse comme synonyme du Bon-Chrétien d'Hiver; et même aujourd'hui nombre de jardiniers ont encore cette opinion. Si jamais fruits différèrent de forme et de qualité, ce sont pourtant bien ceux-là !... Dans le Jardin fruitier du Muséum^ ANG 447 M. Decaisne s'élève, avec toute l'autorité de sa science, contre une telle erreur, qu'il serait fâcheux de ne pouvoir détruire, puisqu'elle retarde la propagation d'un poirier vraiment précieux pour nos campagnes. Espérons donc que l'on croira désormais à son existence, et qu'il se répandra partout. Poire d' ANGOISSE BLANCHE. — Synonyme de poire d'Angleterre d'Hiver. Voir ce nom. 48. Poire d'ANGORA. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Hameaux : peu nombreux , légère - ment étalés, très-gros, longs, flexueux, vert olivâtre ou vert-brun, à lenticelles larges et rarementabondantes, à coussinets des plus marqués. — Yeux : ovoïdes, pointus, vo- lumineux, non appli- qués. — Feuilles : excessivement gran- des et d'un beau vert, ovales, non canalicu- lées, ayant les bords crénelés ou denticu- lés , et le pétiole très- long, très-nourri. FERTU.ITÉ. — Re- marquable. Culture. — Le cognassier lui con- vient essentiellement; sur ce sujet, sa vi- gueur est satisfaisante et ses pyramides sont assez convenables , quoique peu rami- fiées. Deseription du fruit. — Grosseur: au- dessus de la moyenne et parfois considérable. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, irrégulière, bosselée , ayant souvent un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : assez fort, long, arqué, 148 ANG formant bourrelet à son point d'insertion, obliquement implanté au centre d'une faible dépression que surmonte constamment un mamelon bien prononcé. — Œil: grand, des plus ouverts, placé presque toujours à fleur de fruit dans un large bassin. — Pea?i ; jaune pâle, légèrement verdàtre, finement ponctuée de fauve et portant quelques petites taches roussâtres. — Chair : blanche, tendre, juteuse, à gros grain, pierreuse autour des loges. — Eau /abondante, sucrée, douce, délicate, faiblement parfumée. Maturité. — Commencement d'octobre, et se prolongeant très-exceptionnellement jusqu'à la fin de novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Originaire de l'Asie Mineure, elle fut importée en France par feu Léon Leclerc, qui la reçut de Constantinople en 1832, lorsqu'il était député de Laval. Il l'avait vue signalée dans le journal du voyage d'Orient qu'accomplit en 1700, sur la demande de Louis XIV, l'illustre botaniste Tournefort. Mais voici le passage de l'ouvrage où il est question de ce fruit : « Le 2 novembre 1701, nous partîmes d'Angora pour Pruse ou Brouse, comme disent les Francs, et nous arrivâmes le 4 à Bdbazar, petite ville bâtie siu" trois collines à peu près égales C'est de là que viennent ces excellentes poires que l'on vend à Constantinople sous le nom de poires d'Angora ; mais elles sont fort tardives, et nous n'eûmes pas le plaisir d'en goûter » (Tom-nefort, Relation d'un voyage du Levant, édition de 1727, t. III, lettre sxi, pp. 335-336.) Quant au promoteur de cette poire, il raconte ainsi les motifs qui le portèrent à s'en occuper, et par qui elle lui fut envoyée : tt Elle fait, en hiver, les déhces de Constantinople et il est certain qu'au double titre de sa bonté et de l'époque de sa matiu-ité , elle paraît susceptible de présenter im but d'acquisition des plus précieux poui' nos jardins... J'ai donc cru rendre un service à notre horticulture, en tentant cette conquête, indiquée et dédaignée depuis plus d'un siècle M. le général Guilleminot, notre amLassadem' à Constantinople, voulant bien s'associer à toute mon insatiabilité d'amateur..., m'a procuré cette précieuse variété de poirier » (Léon Leclerc, Lettre au président de l'Académie des Sciences de l'Institut, datée du 13 janvier 1833, et lue en séance le 4 février suivant.) Observations. — La poire d'Angora a dû perdre, en changeant de climat, de sol, beaucoup de sa qualité, puisqu'elle occupe à peine le deuxième rang parmi nos espèces d'automne. Nous disons d'automne et non pas d'hiver, car elle mûrit le plus souvent au début d'octobre, pour disparaître complètement avant la fin de novembre. On doit donc croire, en présence des textes de Tournefort et de Léon Leclerc, qui la donnent comme « fort tardive, » que sous cet autre rapport elle est également loin de justifier, chez nous, la haute réputation dont elle jouit en Asie. Et Yan Mons, l'in- telligent semeur, avait prévu dès 1834 que nous aurions à subir un tel désenchan- tement. Il écrivit alors : « Vu l'ancienneté de la poire d'Angora, on pourrait prédire qu'elle sera dégénérée dans ses qualités ; d'aillem-s, un finiit bon sous le ciel de Constantinople, ne le sera pas pour cela en France. Nos poires fondantes sont cassantes et à cuire, en Morée. J'ai eu connaissance de ce fait par M. l'abbé Mertens, de Bruxelles, qui habite ce pays. Par contre, nos poires fon- dantes d'automne y deviennent d'été, et blettissent dans les contrées plus méridionales que le midi de la France. Aussi la Belgique et la France doivent-elles rarement, et moins qu'aucun autre pays, aller chercher des fruits ailleurs. » [L'Horticulteur belge, cité par lafleuue horticole, année 1834, pp. 503-306.) ANN 149 Avouons qu'il était difficile de mieux prophétiser!... Cependant, malgré, ou plutôt à cause de l'infériorité de cette poire, on s'etïorça de la vendre sous divers noms d'espèces déjà très-connues : Amiral, Amour, Belle-Angevine, Catillac, etc., sont les principaux pseudonymes qu'elle a reçus ; mais ils n'auront trompé que peu d'horticulteurs, tellement l'Angora s'éloigne par la forme ou la qualité, par l'époque de maturité ou la durée de conservation, de chacune des variétés aux- quelles on l'a ainsi rattachée. — La grosseur de ce fruit est susceptible d'acquérir un volume considérable; nous en avons vu qui pesaient plus de 600 grammes; toutefois, son développement habituel reste dans la proportion du type figuré ci -dessus. 49. Poire ANNA AUDUSSON. Sjnonjme. — Poire Doyenné Anna Audusson {Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire , 1854^ p. 39.) Premier Type. Desci'iptioii de l'artore. — Bois : très-fort, — Romeaux : des plus nom- breux, des plus gros, érigés, longs ;, flexueux, brun verdàtre, abondamment et fortement ponctués ^ à coussinets excessivement prononcés. — Yeux : ovoïdes , obtus , volumineux , aplatis , adhérents. — Feuilles : grandes , vert foncé, elliptiques-arrondies, presqu'en- tières ou faiblement denticulées ; leur pétiole est assez court et très-nourri. Fertilité. — Médiocre, Culture. — Greffé sur cognassier, ce poirier se développe admirablement en pyramide ; il y est vigoureux , bien feuillu, bien ramifié. Description du fruit. — Grosseur : petite ou moyenne, — Forme : oblongue ou turbinée, mais toujours ventrue, obtuse, bosselée,, irrégulière, — Pédoncule: court ou très-court, assez gros, droit, obliquement inséré dans une vaste cavité peu profonde, et placé parfois en dehors de l'axe du fruit. — Œil : petit, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, finement ponctuée de fauve, montrant habi- tuellement de larges taches rougeâtres et squammeuses, — C/iair : blanchâtre ;, fine, fondante, souvent farineuse, pierreuse autour des loges. — Eau: abondante, acidulé, peu sucrée, peu parfumée. Maturité. — De novembre à janvier. Qualité. — Troisième comme fruit à dessert. IIi8toric|ue. — Originaire d'Angers, elle a mûri pour la première fois en 1848, chez M. Alexis Audusson^ pépiniériste. Au mois de décembre 1854, soumise 150 ANN Poire Anna Audusson. — Deuxième Type. à l'examen du Comice hor- ticole de Maine-et-Loire, elle fut jugée « délicieuse , » et dédiée, sous le nom de Doyen- né Anna Audusson, à l'une des filles de son promoteur. Nous disons promoteur, et non point obtenteur, le semis de pépins mélangés dont elle est sortie ayant été fait, vers 1830, par le père de M. Alexis Audusson, mort avant la fructification du pied-type. Observations. — Les qualités primitives de cette variété se sont beaucoup amoindries ; aussi pourrait- on difficilement, comme on le fit en 1854, déclarer au- jourd'hui ses produits « déli- ce cieux. » — Son nom a subi de même une certaine modi- fication ; on l'a raccourci, en supprimant le terme géné- rique Doyenné, qui dès le début lui avait été appliqué. 50. Poire ANNA NELIS. Arbre et Fruit. — Les greffes que nous avons faites^ de ce poirier, n'ont pas réussi ; nous ne saurions donc le décrire, non plus que son fruit, à peu près inconnu en France;, où M. de Liron d'Airoles est le seul pomologue qui l'ait mentionné. Cependant, comme un jour ou l'autre il se peut qu'on l'y cultive, consignons ici les quelques notes que nous possédons sur lui : Fertilité. — « Ordinaire. » Culture. — « Arbre assez vigoureux. » Maturité. — « D'avril en mai. » Qualité. — « Deuxième, comme fruit à couteau. » (Voir de Liron d'Airoles, Liste synonymique historique des diverses variétés du poirier, 1839, p. 56.) Historique. — Ce fruit est né en Belgique, dit l'auteur que nous venons de citer ; « c'est un gain de M. Grégoire, de Jodoigne ; son premier rapport date de « 1849, et provient d'un semis de pépins variés fait en 1833. » [Loco citato.) Observations. — Quand on aura lu les passages suivants, extraits de lettres à nous écrites par M. x\lexandre Bivort, rédacteur de l'Album et des Annales de APO — ARB 15i pomologie belge, on regardera sans doute la présente variété comme peu digne de la culture : « Je ne trouve aucune note^ dans mes archives pomologiques^ sur la poire Anna i^Téfe, que j'aurai dégustée sous le numéro d'envoi de M. Grégoire, sans demander quel nom elle portait : ce qui ne prouve pas trop en sa faveur. [Lettre du 4 mars 1865.) « VAnna Nélis a dégénéré depuis les premières années de sa production, aussi je ne cherche plus à la propager Cependant elle avait le mérite d'être très-tardive. » [Lettre du 12 avril 1865.) Poire d' APOTHICAIRE. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. 5i. Poire ARBRE COURBÉ. l$eserii>tioii de l'arl»H*e. — Bois .-de moyenne force. — Bameaux : étalés, contournés, un peu frêles, très- flexueux , assez nombreux, coton- neux, brun-roux; ils sont ponctués de jaune pâle, et leurs coussinets n'ont qu'un faible développement. — Yeux : coniques , aigus, bien nour- ris, écartés du bois , et parfois sortis en éperon . — Feuilles : longues, grandes, lancéolées , habi- tuellement canali- culées, ayant les bords largement dentés et le pétiole court et menu. Fertilité. — Sa- tisfaisante. Culture. — Le franc lui convient mieux que le co- gnassier ; il est très-faible et prend difficilement la forme pyramidale. 152 ARB Deseriptioii du fruit. — Grosseur : volumineuse, et parfois au-dessus de la moyenne. — Forme : oblongue, ventrue, obtuse, bosselée, régulière. — Pédoncule : court, assez fort, arqué, renflé aux extrémités, obliquement implanté au milieu d'une légère dépression. — Œil : petit, ouvert, bien formé, presque saillant. — Peau : jaune clair ou jaune verdàtre, fortement ponctuée et marbrée de roux, maculée de même autour du pédoncule ainsi que dans la cavité ombilicale, et mon- trant souvent de petites taches brunâtres. — Chair : blanche, assez fine, fondante, juteuse, pierreuse au centre. — Eau : des plus abondantes, acidulé, quelquefois peu sucrée, mais douée d'une saveur agréable. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Deuxièûie. Historique. — En 1830, un article inséré dans la Pomologie de la Seine-Infé- rieure (p. 193), attribuait à M. Léon Leclerc, de Laval, l'obtention de cette poire. C'était une erreur, et facile à constater par nous, qui sommes si proche voisin des Lavalois. L'Arbre courbé, loin d'être originaire du département de la Mayenne, provient au contraire de la Belgique, comme en font foi les lignes ci-dessous : (( Cette variété {Arbre courbé), qui appartient aux semis de Van Mons, a été trouvée vers 1830, et il lui a donné ce nom en raison de ce qu'elle pousse presque toujours sa tige d'une manière tout à fait insolite. En effet, cette tige, abandonnée à elle-même après deux ou trois ans de greffe,.. pousse toujours horizontalement, et le secours d'un tuteur lui est nécessaire pom" la maintenir dans la ligne verticale. » (Alexandre Bivort, Album de pomo- logie, t. III, 18S0, p. 155.) Les Belges sont donc en droit — la déclaration du successeur même de Van Mons en fait foi — de revendiquer le gain du poirier Arbre courbé. Cependant on a cru devoir le leur contester, par le motif qu'en 1823 Van Mons, publiant le Catalogue de ses collections fruitières, n'y inscrivit pas cette variété. Mais le pouvait-il, alors qu'elle était encore si loin de sa première fructification, qui eut lieu, M. Bivort nous l'a certifié plus haut, vers 1830 ?... Ce poirier, selon M. Alphonse du Breuil, fut introduit en France en 1836. (Voir son Cours d'arboriculture, 1834, t. II, p. 369.) ObsePTations. — M. Decaisne a dit : « Le synonyme de poire Atnirale, que les « pépiniéristes appliquent à la poire Arbre courbé, est absolument faux » {le Jardin fruitier du Muséwn, t. V) ; et ce savant professeur a eu grandement raison, tout nous Ta démontré. Seulement, nous sommes convaincu qu'il n'a pas eu sous les yeux la véritable poire Colmar Charnay ou Charni, puisqu'il la croit également identique avec l'Arbre courbé [loco citato). Ces deux fruits n'ont ni la même forme, ni la même quahté, ni la même époque de maturité. Le Colmar Charni est à peine de Dioyenne grosseur, ovoïde, coloré de vermillon, très-parfumé, délicieux ; il se mange depuis le mois de janvier jusqu'au mois de mars. Comment donc l'assimiler à l'Arbre courbé, à cette grosse poire allongée, de deuxième ordre, sans coloration, et qui ne dépasse jamais novembre ?. . . Et le bois de ces deux poiriers présente des différences tout aussi tranchées que celles relevées ici pour leurs produits. PomE ARBRE SUPERBE. — Synonyme de Bergamote lucrative. Voir ce nom. ARC 153 52. Poire ARCHIDUC CHARLES. Synonymes. — Poires: \. Délice d'Ardenpont (Poiteau, Pomologie française, 1848, t. III, n" 38). — 2. Fondante du Panjselle (A. Bivort, Album de pomologie, t. IIF, 1830, p. 30). — 3. Fondante Pariselle (André Leroy, Catalogue deic|[ii«. — Le vrai nom de cette poire, celui qu'elle porta primitivement (Délices d'Hardenpont), permet d'en préciser l'origine : « Elle a été obtenue en 1759 — dit M. Alexandre Bivort — par l'abbé d'Hardenpont, à son jardin situé à la porte d'Havre, au pied du mont Paniselle, à Mons; elle provient du même semis que le Beurré d'Har- denpont, et a rapporté la même année. » [Album de pomologie, t. HT, 1 850, p. 30.) Ce fut sous ce premier nom que Poiteau la dé- crivit en 1848, dans sa Pomologie française., où il consigna sur l'intro- duction de ce fruit parmi nos cultures, les détails ci-après : « Dès 1808, mon ami M. Noisette en a reçu deux arbres de M. Suytus, pépi- niériste à Bruxelles, qui te- nait l'espèce de M. d'Har- denpont même. Ces arbres ont été plantés avec soin, et l'année suivante ils ont fructifié. » [Loco citato , t. Hl, n° 38.) Et nous rapportons ce passage de Poiteau pour infirmer la version de M. Alphonse du Breuil, qui dans son Cours d'ar- boriculture , a dit : « La « poire Délices d'Harden- « pont a été introduite en France en 1825. » (T. II, 1854, p. 569.) — A qui fut-elle redevable du surnom sous lequel nous l'avons classée?... Nous l'ignorons; mais Oberdieck ayant écrit : « M. Diel (de Stuttgardt) a reçu de Yan Mons, en 1810, « l'ARGHmuG Charles sous le nom de Charles d' Autriche » [Illustrirtes Handbudi der Obstkunde, t. II, 1860, p. 497), on peut parfaitement supposer qu'un tel surnom lui vint des Belges, ainsi que cet autre : « Fondante du Paniselle, » rappelant son lieu de naissance. — Maintenant, si l'on demande pourquoi nous reléguons au rang des synonymes le premier de ces noms au bénéfice du second, nous répondrons : Afin qu'on ne confonde plus la Délices d'Hardenpont de Belgique avec la Délices d'Hardenpont d'Angers, ou encore avec les nombreuses poires également appelées Délices [Délices de Charles, Délices de la Meuse, Délices de Jodoigne, etc., etc.]. D'ailleurs, les pépiniéristes sont tellement certains, aujourd'hui, de l'identité des poiriers Archiduc Charles et Délices d'Hardenpont belge, qu'il ne saurait y avoir le moindre inconvénient à rayer ce dernier de la nomenclature des variétés. Enfin si, pour l'y remplacer, nous n'avons pas adopté non plus le synonyme Fondante du Paniselle, c'est qu'il en est, en pomologie, du mot fondant comme du mot délices : on l'a trop, beaucoup trop utilisé déjà ! ARC 155 Observations. — Les poires Napoléon, Beurré d'Angleterre et Marquise, dont quelques auteurs faisaient Archiduc Charles, synonyme, s'éloignent entièrement, au contraire, de cette espèce; et tous ceux qui voudront bien, ici, les comparer, s'en convaincront immédiatement. 53. Poire ARCHIDUC D'ÉTÉ. j^iynonymes. — Poires : 1. Amiré roux de Tours (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édit. de 1675, p. 76). — 2. Amiré roux (de la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édit. de 1739, t. I, p. 277). — 3. De la Ml- Juillet {Id. ibid.). — 4. Gros-Oignonnet {Id. ibid.). — 5. Roy d'Été {Id. ibid.).— 6. 0GN0NNET(les Chartreux de Paris, Catalogue des arbres à fruits culti- vés dans leurs pépinières, 1775^ p. 29). — 7. OiGNONET (DecaisQe, le Jardin fruitier du Muséum, t. IV, 1861). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : étalés, longs, fai- bles^ brun-roux, flexueux, ponctués de jaune obscur; leurs coussinets sont habi- tuellement bien prononcés. — Yeux : moyens , coniques , pointus , très-légère- ment écartés du bois^ et d'un noir brillant. — Feuilles : ovales-allongées, grandes, peu nombreuses, acuminées, à bords légère- ment dentés, à pétiole court et mince. Fertilité. — Excessive. .^Culture. — Le franc lui vaut mieux que le cognassier ; mais , sur l'un comme sur l'autre de ces sujets , il se développe péni- blement et se refuse à la forme pyrami- dale ; ce qu'il lui faut, c'est le plein-vent. Description dii fruit. — Grosseur: petite. — Forme : sphérique ou turbinée, fortement obtuse. — Pédoncule : long , menu, arqué, régulièrement inséré à fleur de peau. — Œil : moyen, ouvert, bien développé , presque saillant. — Peau : épaisse, luisante, jaune d'or, ponctuée de fauve, maculée de même autour du pédon- cule et largement colorée du côté du soleil. — Chair : blanc jaunâtre, demi-fine, mal fondante, juteuse, pierreuse, un peu marcescente- — Fau : des plus abondantes, des plus sucrées, acidulé, ayant un arrière -goût d'anis assez agréable. Maturité. — De la mi-juillet à la mi-aoùt. Qualité. — Deuxième. Historique. — Au xvii* siècle, Merlet, le premier auteur qui chez nous ait parlé de cette poire, en a fait connaître, ce semble, l'origine en l'appelant Amiré roux de Tours. Voici du reste ce qu'il en a dit : « L'Ajnu'é roiix de Tours est presque rond, d'un rouge gris-biim; la chair en est ferme, et l'eau en est fort sucrée et relevée. » [L'Abrégé des bons fndts, édit. de 1673, p. 76.) Il est donc permis, appuyé sur ce témoignage, de regarder l' Amiré roux comme 156 ARD — ARG une variété française provenant de Tours, ou pour le moins de la Touraine. Mais elle ne conserva pas longtemps sa dénomination primitive, car Duhamel du Mon- ceau, publiant cent ans après Merlet son célèbre Traité des, arbres fruitiers^ la montrait gratifiée déjà de deux surnoms : Ognonet, puis Archiduc d'Été ; et ce fut sous ce dernier, actuellement encore en vigueur, qu'il la figura, qu'il l'étudia, ren- voyant Amiré roux et Ognonet, aux synonymes. (Voir Duhamel, t. II, p. 138.) — Les Allemands la cultivent sous le nom de Grosse muskirle Zunebelbirne [Gros- Oignonet musqué ] l'estiment beaucoup, et font remarquer avec raison que « c'est (.< seulement au milieu d'août, vers la fin de sa maturité, que son eau devient mus- « quée. » (Langethal, Deutsches Obstkabinet, 1859, 6" cahier.) Observations. — Le pomologue anglais Robert Thompson s'est trompé, lorsqu'on 1842, dans son Catalogue des fruits du jardin de la Société d'horticulture de Londres, il a déclaré identiques l'Archiduc d'Été et l'Amiré Johannet. Ce sont bien des variétés distinctes ; et Thompson les aura confondues, entraîné probablement par la présence du mot Amiré, qui caractérise à la fois deux poiriers : l'Amiré Johannet, et l'Amiré roux, notre Archiduc d'Été. — La grande fertilité de ce der- nier arbre le rend propre au verger ; comme aussi ses produits conviennent par- faitement, vu leur assez iQngue conservation, à la vente en gros, pour les halles et les marchés. Poire ARDENTE DE PRINTEMPS. — Synonyme de Colmar d'Arenberg. Voir ce nom. Poire d'ARENBERG. — Synonyme de Colmar d'Ai^enberg. Voir ce nom. Poire d'ARENBERG PARFAIT. — Synonyme de poire Orpheline d'Fnghien.Yoir ce nom. 54. Poire d'ARGENT. Descriptiou de l'ai*l»re. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, légèremenl étalés, bien nourris, très-flexueux, brun olivâtre, lavés parfois de rouge pâle, et ponctués de gris ; leurs coussinets sont saillants. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes, cotonneux, placés en éperon et ayant les écailles fortement accusées. — Feuilles : grandes, ovales, régulièrement dentées, portées sur un pétiole long, gros et pourvu de stipules très-dé veloppées. Fertilité. — Des plus abondantes. Culture, — Il forme sur cognassier d'admirables pyramides et s'y montre d'une extrême vigueur. Le franc lui convient également ; on le lui donne avec avantage lorsqu'on veut le destiner au plein- vent. Deseription du fruit. — Grosseur: petite. — Forme: turbinée-arrondie, régulière, presque toujours mamelonnée au sommet. — Pédoncule : de longueur moyenne, mince, droit, charnu à la base, obliquement implanté, continu avec le fruit. — Œil: grand, bien ouvert, rarement enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau: jaune verdàtre, entièrement ponctuée de roux. — Chair : blanc mat, fine, ARG 157 Poire d'Argent. mal fondante, juteuse, pierreuse au centre. — Eau : excessivement abondante, sucrée, ne manquant ni de parfum ni de saveur, mais entachée quelquefois d'un peu d'âcreté. Maturité. — D'août à septembre. Qualité, — Deuxième. Historique. — Peu connue, peu cul- tivée en France, la poire d'Argent, qu'on aura appelée ainsi à cause de son extrême fertilité , à cause de sa vente facile , n'est pas sans mérite ; dans l'antiquité, on dut même en faire un assez grand cas. Nous disons dans l'antiquité , car Adrianus Junius, botaniste hollandais du xvi^ siè- cle, déclara qu'elle n'était autre que la Nardina des Romains, se mettant ainsi en désaccord avec le médecin normand Jacques Daléchamp, son contemporain, qui dans son Histoire des plantes (1585) la rattachait à la Liceriana^ citée par Pline. C'est du moins ce qu'attestait en 1783 Henri Manger, tome II, page 172 de sa Systeinatische Pomologie.... Il se peut que les poires Licériennes soient réellement, aujourd'hui, mangées chez nous sous le nom de poire d'Argent; le contraire n'est pas encore prouvé; seulement, il nous semble impossible d'accepter l'opinion de Junius, l'eau de la poire d'Argent ne rappelant en rien la saveur si particulière qui valut à l'une des variétés romaines, la dénomination de Nardina. Le nard, composition odorante jadis fort recher- chée, exhalait un arôme de musc et de lavande ; on voit donc bien que la chair du fruit ici décrit ne saurait être imprégnée d'un tel arôme, elle qui précisément se montre plutôt acre, que parfumée. — M. Decaisne, dont l'admirable publication contient une étude complète de cette espèce, négligée jusqu'à lui par tous les pomo- logues, la réhabilite et la caractérise ainsi. « Poire très-estimable , mais trop petite Elle présente quelque ressemblance avec le Colmar d'été, mais l'arbre qui la produit en diffère notablement. On la voit apparaître en très-grande abondance sur les marchés de Paris, soit sous le véritable nom de Poire 'd'Argent, soit sous le faux nom de Poire de Vache. » {Le Jardin fruitier du Muséum, t. V, 1863.) Observations. — M. Thuillier-xiloux, ancien pépiniériste, a dressé en 1855 un Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, et il y classe, à la page 73, la poire d'Argent parmi les synonymes du Gros-Blanquet. Notre honorable confrère s'est trompé ; jamais deux fruits, jamais deux poiriers n'ofïrirent moins de rapports entre eux que ceux-là, nous pouvons l'affirmer. Et nous relevons cette erreur dans l'intérêt même des pépiniéristes, qui ne sauraient trop multiplier, trop recommander la poire d'Argent, l'une des meil- leures pour le verger, pour la halle. Poire APiGENTINE. — Synonyme de poire de Livi^e. Voir ce nom. 158 ARL 55. Poire ARLEQUIN MUSQUÉ. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Ra- meaux : longs , assez gros, légè- rement étalés, flexueux, contour- nés, brun clair, ponctués de gris cendré , à coussi- nets rarement très- apparents,— Fewa; .• bien développés , coniques , aigus , non appliqués con- tre le bois. — Feuilles : assez grandes, ovales - allongées, acumi- nées, souvent ca- naliculées et pro- fondément décou- pées en scie ; leur pétiole est long et mince. Fertilité. — Or- dinaire. Culture. — De vigueur convenable, ce poirier acquiert une belle forme pyrami- dale quand on le greffe sur cognassier ; il est très- ramifié, très-feuillu. Description d« fruit. — Grosseur : Au-dessus de la moyenne, et parfois énorme. — Forme : turbinée - arrondie , régulière , généralement plus ventrue d'un côté que de l'autre. — Pédoncule: court, droit, bien nourri, obliquement inséré au milieu d'une faible dépression. — Œil: grand, excessivement ouvert, presque saillant. — Peau : vert-olive, ponctuée de roux, finement veinée de même et lavée de fauve autour de l'œil. — Chair : blanchâtre, un peu grossière, des plus fondantes, pierreuse auprès des loges. — Eau : suffisante, très-sucrée, acidulé, savoureusement parfumée. Maturité. — De la mi-septembre à la mi-octobre. Qualité. — Première. Historique. — Née en Belgique, elle est due au professeur Van Mons, et M. Alexandre Bivort, qui l'a décrite et figurée, en établit ainsi l'origine : « Cette variété n'est pas nouvelle ; elle appartient aux semis de Van Mons et se trouve déjà notée sur son Catalogue de 1823, sous le n° 1737. Je n'ai pu découvrir par quelle fantaisie l'auteur lui a donné ce nom assez singulier [Arlequin musqué), qui n'a aucun rapport avec le ARM i 59 IVuit; on effct^ j'ai toujours vu celui-ci d'une couleur verte iiniforme, et n'ai jamais trouvé dans sa chair le moindre goût musqué. » {Annales de fomologie belge et étrangère, t. l, 1853, pp. 105-lOC.) Observatious. — L'Arlequin musqué, quoiqu'il ait bientôt un demi-siècle d'existence, n'est pas un poirier fort répandu. Ni les Anglais ni les Américains n'en font mention dans leurs ouvrages, dans leurs Catalogues; les Allemands seuls paraissent le connaître, mais uniquement depuis 1834. Chez nous, M. de Liron d'Airoles en a parlé vers cette même époque [Notices pomologiques^ t. T, p. 74), et depuis lui, personne, que nous sachions, ne s'en est occupé. Cependant cette variété mérite la culture, tant par l'excellence que par la grosseur de ses produits. 56. Poire d'ARMENIE. ISynonymes. — Poires : 1. De Perse (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édit. de 1675, p. 124). — 2. De Montrave {M. ibid.). — 3. Gros-Muscat d'Hiver (M. ibid.). — 4. D'Arménie verte (Comice horticole de Maine-et-Loire, Catalogue de son jardin fruitier, 1861, p. 7). Description de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ra- meaux : peu nombreux , légèrement étalés et arqués, gros , courts , flexueux et cotonneux ; ils sont brun verdâtre, finement ponc- tués , et leurs coussinets n'ont qu'un faible relief. — Yeux : petits , ovoïdes , pointus, écartés du bois. — Feuilles : vert foncé, coria- ces, ovales, ayant les bords crénelés ou presque unis , et le pétiole court et nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — En lui don- nant le cognassier, il se développe parfaitement en pyramide ; il est vigoureux, feuillu, mais sa ramification laisse à désirer. Deseriiition du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : globuleuse, légè- rement aplatie à la base, et presque toujours mamelonnée au sommet. — Pédoncule : court, assez gros, droit, obliquement inséré dans une faible cavité habituellement entourée de bosselettes. — OEil: grand, bien développé, ouvert ou mi-clos, presque saillant. — Peau : vert clair, passant au jaune verdâtre à la maturité, entièrement ponctuée de brun-roux et striée de même autour de l'œil. — Chair : jaunâtre, fine, tendre, demi-cassante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, faiblement musquée, savoureuse, mais manquant un peu trop de parfum. Maturité. — Fin février, et se prolongeant jusqu'en mai. Qualité. — Deuxième pour le couteau, première pour la cuisson. 160 ARM -ART Historique. — En raison de ses plus anciens noms : poire d'Arménie, poire de Perse, nous la croyons originaire de l'Asie. C'est Merlet qui le premier l'a men- tionnée, et l'on peut supposer qu'alors elle était d'assez récente introduction dans les jardins français. En 1675 et en 1690, cet auteur en parlait ainsi : « Dans les mois de mars et d'avril^ et jusques en mai, selon que les années sont chaudes ou froides, qui avancent ou retardent la maturité des fruits, se mange la poire de Perse ou d'Arménie qui est ronde et jaune, a la chair dure, avec assez d'eau pour être très-mus- quée meilleure cuite que crue. » {L'Abrégé des boîis fruits, édit. de 1675, pp. 121 et 124; édit. de 1690, p. 111.) Depuis Merlet, le silence s'est fait autour de ce fruit, très-rare probablement parmi nos collections. Cependant il a quelque prix, vu sa longue conservation, qui est réelle. Nous avons, en effet, maintes fois mangé cette poire dans les premiers jours de mai, et notamment en 1859, et sa qualité méritait certes les honneurs de la table. Le Comice horticole de Maine-et-Loire, en classant jadis dans son jardin ce poirier sous le n° 437, l'étiqueta Arménie verte. Pourquoi l'avoir ainsi qualifié?... Sans doute à cause de la couleur verdâtre de la peau de ses produits, qui ne tourne au jaune obscur qu'à l'époque de leur complète maturité. Observations. — Les pépiniéristes regardent généralement l'Arménie comme identique avec la Double-Fleur, lors pourtant que rien, mais absolument rien, ne légitime une pareille assimilation. M. Decaisne, tout en n'ayant pas encore décrit cette poire, a prouvé néanmoins qu'il la connaissait fort bien, car dans l'ar- ticle par lui consacré à la Double-Fleur, il a recommandé « de ne pas la confondre « avec la poire d'Arménie. » [Le Jardin fruitier du Muséum, t. III, 1860.) Poire d' ARMÉNIE YERTE. — Synonyme de poire d'Arménie. Voir ce nom. PoTRE DE l'ARTELOIRE, des Hollandais. — Synonyme de poire de 5am/-Germam. Voir ce nom. 57. Poire ARTHUR BIVORT. Description de l'arbre. — Bois : fort, — Rameaux : nombreux, longs, très- nourris, flexueux, étalés, cotonneux, vert-brun, ponctués de roux, ayant les cous- sinets bien ressortis. — Yeux : coniques, aigus, volumineux, placés en éperon. — Feuilles : grandes, abondantes, ovales-allongées, acuminées, ayant les bords fine- ment dentelés et le pétiole court et mince. Fertilité. — Convenable. Culture. — Des plus vigoureux, ce poirier veut le cognassier ; ses pyramides sont belles et touffues. Description dn fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme: régulière, très-allongée, obtuse et ventrue. — Pédoncule : assez long, peu nourri , arqué, obliquement inséré au milieu d'un faible évasement. — OEil: grand, exces- sivement développé, ouvert, à peine enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, ponctuée de fauve, lavée de rouge pâle du côté du soleil. — Chair: blanchâtre, un peu ART-AST 161 grossière, juteuse, fondante, montrant quelques pierres auprès des loges. — Eau : des plus abondantes, sucrée, fraîche, acidulé, délicatement parfumée. , ^, „. . Maturité. — Fin septembre, Poire Arthur Bivort. , , } . allant jusqu aux derniers jours d'octobre. Qualité. — Première. Historiq^Be. — Nous sommes redevables de cette poire, à la Belgique ; et , nous apprend M. Alexandre Bivort : « L'arbre - mère provient des semis du professeur Van Mons, qui dans sa pépinière de Louvain • lui avait donné le n° 2689. » [Al- bum de pomologie, t. IV, \8M, pp. 77-78.) Origine que M. de Liron d'Airoles complète ainsi .• « M. Alexandre Bivort fut l'ac- quéreur et le promoteur de cette variété, qui ne fructifia qu'après la mort de Van Mons. Le premier rapport eut lieu en 1850. (Liste sy7ionymique historique des diverses variétés du poirier, 1859, Supplé- ment, p. 15.) Ajoutons que ce fruit est dédié à l'un des frères de son promoteur. OlBservatioMS. —Plu- sieurs poiriers ont reçu le nom de Bivort, si connu dans le monde horticole ; ils ne sont distingués les uns des autres, que par un prénom ; on doit donc veiller à ne pas les confondre. Du reste, ces diverses espèces sont loin de se ressembler. Poire de l' ARTILLOIRE . — Synonyme de poire de Saint-Germain. Voir ce nom. Poire ASPERGE D'HIVER. — Synonyme de poire Bequesne. Voir ce nom. 58. Poire ASTON TOWN. lleiâcription «le l'artore. — Bois : très-fort. — Bameaux : assez nombreux, régulièrement érigés, gros, longs, cotonneux, vert olivâtre, largement ponctués de gris-blanc, et ayant les coussinets fortement accusés. — Yeux : des plus petits, i. 11 d62 AST Poire Aston town. coniques, aplatis, appliqués contre le bois. — Feuilles : ovales ou arrondies, planes, finement crénelées ou denticulées, portées sur un pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Sa vigueur est moyenne, et le franc lui convient presque autant que le cognassier ; mais sur ce dernier sujet ses pyra- mides atteignent un développe- ment moins satisfaisant que sur l'autre. Description du fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : turbinée-arrondie , ven- true vers la base, où elle est com- plètement aplatie, — Pédoncule : long, droit, mince, renflé à la base, inséré à fleur de fruit. — Œil : petit, mi-clos, presque saillant. — Peau : jaune verdâtre, parsemée de gros points roux et maculée de larges taches fauves. — Chair : un peu grossière, verdâtre, demi- fondante , pierreuse auprès des loges. — Eau : suffisante, sucrée, vineuse, ne manquant ni de par- fum ni de saveur. Maturité. — Du commencement de septembre à la moitié de ce même mois. Qualité..— Deuxième. Historique. — La poire Aston town provient, comme l'indique son nom, de la localité d' Aston, sise en Angleterre ; mais on ne connaît ni son obtenteur ni l'époque de la mise à fruit du pied-type. En 1831, Georges Lindley, pomologue anglais fort estimé, s'est longuement occupé de ce poirier; toutefois il n'a pu fournir sur son origine que les renseignements incomplets dont voici la tra- duction : « Cette excellente variété est encore (1831) peu répandue en Angleterre, sauf au nord- ouest, dans les comtés de Lancaster, Chester et Hereford, où sa culture a pris beaucoup d'extension. Dans le dernier de ces comtés, notamment, on la rencontre partout, principale- ment à Shobden Court et à Garnstone, soit en espalier, soit à haute tige ; et ses arbres y donnent constamment de nombreux, de délicieux produits, égalant en qualité les poires Bergamotes crassanes, avec lesquelles ils ne sont pas non plus sans un certain rapport de forme. Ce poirier a été gagné de semis, il y a de longues années déjà, dans le Cheshire, au bourg d' Aston, dont il a reçu le nom. » [A Guide to the orchard and kitchen-garden, 1831, p. 352.) Si Lindley n'a pu préciser l'âge de cette variété, nous pouvons du moins, comme complément de l'article qu'il lui a consacré, affirmer qu'elle fut gagnée avant 1811. Nous voyons en effet, en 1812, l'horticulteur T. A. Knight faire de curieuses expé- riences, avec du pollen recueilli sur divers poiriers, parmi lesquels figure, nous dit-il, l'Aston town. [Transactions of the hortlcultural Society of London, t. I, 18J2, p. 181.) AUC-AUD ^63 Observations. — Il faut que le sol anglais soit bien plus favorable à la culture de cette espèce, que le nôtre^ car la poire Aston town, si vantée par nos confrères de la Grande-Bretagne^ est à peine, chez nous, de deuxième qualité. En outre, elle blettit facilement, et acquiert au moment de sa décomposition un goût qui rappelle celui de la nèfle. Poire d'AUCH. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Auch, Voir ce nom. 59. Poire AUDIBERT. Synonymes. — Poires: 1. Belle-Audibert (Loiseleur-Deslongchamps, le Nouveau Duhamel, 1815, p. 241). — 2. Bergamote Audibert (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. lil, 1860). Description de l'ar- bre. — Bois : assez fort. — Bameaux : nombreux, de grosseur moyenne , longs, érigés ou légère- ment étalés, à peine fle- xueux, brun-roux, ponc- tués de gris cendré , et munis de coussinets peu prononcés. — Yeux : pe- tits, coniques, rarement très -aigus , faiblement écartés du bois. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies ou ovales-allongées, acu- minées, généralement pla- nes, ayant les bords entiè- rement dentés et le pétiole court et nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il se greffe sur cognassier ; sa vigueur est extrême ; ses pyrami- des, toujours bien rami- fiées, prennent un remar- quable développement. Description du fruit. — Grosseur : mo- yenne.— Forme .-turbinée, ventrue, obtuse et bosselée. — Pédoncule : assez long, assez gros, arqué, renflé aux extrémités, obliquement implanté dans une faible cavité en entonnoir. — OEil : grand, très-ouvert, très-dé veloppé, presque saillant. — Peau: jaune verdàtre, largement ponctuée de fauve, lavée de rose tendre du côté du soleil, et portant 164 ÀUD — ATJG souvent, du côté de l'ombre, quelques petites taches brunâtres non squammeuses. — Chair : des plus blanches, fme, cassante, odorante, peu pierreuse. — Eau : suffi- sante, sucrée, vineuse, légèrement acerbe, manquant habituellement de parfum. Maturité. — Elle va de la mi-novembre jusqu'au mois d'avril. Qualité. — Troisième comme fruit à couteau, première comme fruit à cuire. Historique. — On a longtemps confondu cette poire française avec une autre de même nom, jadis décrite par Poiteau, et reconnue depuis pour être la poire belge Duval. En 1860, M. Decaisne [le Jardin fruitier du Muséum, t. III ) a prémuni ses lecteurs contre une telle confusion ; mais vingt ans auparavant le pomologue allemand Dittrich avait déjà donné semblable avis à ses compatriotes. Or, comme il parle également, dans son article, de l'origine de ce fruit, nous allons traduire tout le passage qui s'y rapporte : « Dans les Annales de la Société d'horticulture de Paris, année d834, page 362, M. Poiteau décrit une poire Audibert (forme Duval) qu'il a dédiée au célèbre pépiniériste de Tonnelle; elle fut gagnée par Van Mons, et mûrit à la fin de l'été. Il est donc important de ne pas la prendre pour notre poire Audibert ou Belle-Audibert, qui en diffère essentiellement par sa configuration, sa grosseur, sa maturité, et qui porte très-certainement le nom même de son obtenteur. » (Systematisches Eandhuch der Ohstkunde, 1841, t. III, pp. 218-219.) Le pépiniériste Audibert, auquel Dittrich attribue le gain de la variété dont nous nous occupons, résidait aux environs de Tarascon ; la poire Audibert est donc née dans le département des Bouches-du-Rhône, mais nous ignorons à quelle époque. Ce fut toutefois avant 1814 , Loiseleur - Deslongchamps l'ayant figurée dans le Nouveau Duhamel^ recueil pomologique qu'il publia en 1815. Obsei'^^atious. — On a dit, et Couverchel entre autres, « que la poire Audi- « bert prenait place parmi les plus grosses tlu genre. » [Traité complet des fruits de toute espèce^ 1852, pp. 493-494.) C'est beaucoup exagérer son volume, qui rarement dépasse la moyenne. — Une fausse indication, relative à ce fruit, existe aussi dans les Notices pomologiques de M. de Liron d'Airoles. Cet auteur cite en 1857, à la page 82 de sa Table supplémentaire des variétés de poirier à l'étude, la Belle-Audibert, et l'attribue à Yan Mons. Or, le passage de Dittrich reproduit ci-dessus, montre qu'une telle attribution est erronée. Et il y aurait erreur, lors même que M. de Liron d'Airoles entendrait parler de la poire décrite en 1834 par Poiteau, puisque ce dernier la nomma simplement Audibert, et non Belle-Audibert, synonyme qui s'applique uniquement, on l'a vu, à l'espèce que nous venons d'étudier. Poire AUDIBERT, de Poiteau. — Synonyme de Beurré Duval. Voir ce nom. Poires AUGER et AUGERT. — Synonymes de poire Augier. Voir ce nom. 60. Poire AUGIER. Synonymes. — Poires : 1 . AuGERT (A. Papeleu, cité par Biedenfeld, Manuel de tous les fruits connus [Handbuch aller bekannten Obstsorien], 1854, t. I, p. 98). — 2. AuGER (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. IV, 1861). — 3. Beauvalot {Id. ibid.). Description de rarbï*e. — Bois : faible. — Rameaux : rarement nombreux, légèrement étalés, assez forts, courts, à peine flexueux, brun olivâtre, couverts de larges lenticelles jaunâtres et montrant des coussinets bien accusés. — Yeux: gros, AUG 165 Poire Augier. ovoïdes, aigus, presque entièrement appliqués contre le bois. — Feuilles : réguliè- rement ovales, ayant les bords à peu près unis ou finement crénelés, et le pétiole frêle et des plus longs. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Il est de médiocre vigueur sur le cognassier ; ses py- ramides y sont si pauvrement ramifiées, qu'on doit alors l'élever en buisson, le placer en contre- espalier , ou le disposer en cordons obliques. Sur franc, ses pyramides sont ordinairement mieux garnies, mais elles ne laissent pas, cepen- dant, d'être encore chétives et dé- nudées. !Desei*iption du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde-allongée, fortement bosselée et quelque peu ventrue. — Pédon- cule : assez long, mince, arqué, renflé à la base, obliquement in- séré, et parfois continu avec le fruit. — OEil : grand , bien ouvert, bien développé , presque saillant. — Peau : vert clair, finement ponc- tuée de roux, maculée de fauve autour du pédoncule, et générale- ment couverte de larges taches noirâtres. — Chair : blanche, demi- fine, molle, mal fondante, très-pier- reuse et légèrement marcescente. — Eau : abondante, sucrée, fraîche, entachée d'mie astringence qui lui enlève toute saveur, toute délicatesse. Maturité. — De janvier à la fin d'avril. Qualité. — Troisième pour le couteau, deuxième pour la cuisson. Historique. — Gagnée de semis à Cognac, vers 1826, la poire Augier eut pour premier descripteur J. B. Camuzet, ancien chef des pépinières du Muséum d'His- toire naturelle de Paris, et voici dans quels termes il en établit l'origine : « En { 828, M. Ferant, pépiniériste à Cognac (Charente), envoya à son fils, qui alors étudiait la culture au Jardin du Roi, à Paris, une branche et un fruit d'un égrain de poirier provenu d'un semis fait dans sa pépinière, et qu'il avait conservé franc, à cause de sa bonne mine. Le jexme Ferant me montra ce fruit et la lettre de son père, qui témoignait le désir que ce fruit fût trouvé digne de la culture et qu'il portât le nom de "poire Augier, en l'honneur de M. Augier, négociant à Cognac, et amateur. » [Annales de Flore et de Pomone, décembre 1838, p. 63.) Observations. — La poire Augier est réellement un mauvais fruit à couteau ; aussi faut-il qu'elle se soit bien fâcheusement modifiée depuis 1828, puisqu'à cette époque l'auteur même de l'article qu'on vient de lire, prétendait : « Lui avoir trouvé une chair assez fine, c'esl^à-dire plus fine que celle du Bon-Chrétien 166 AUG d'Hiver, et moins que celle du Saint-Germain fruits entre lesquels elle peut être classée par ses qualités et sa durée, qui en font une belle et bonne poire qu'on peut recommander. » {Loco citato, pages 65 et 66.) Pour nous, c'est une variété à négliger complètement ; et nous sommes en cela de l'avis de M. Decaisne, qui « ne voudrait la voir entrer dans aucune collection. » [Le Jardin fruitier du Muséum, t. TV, 1861.) Poire AUGUSTE BENOIST. nom. Synonyme de Beurré Auguste Benoist. Voir ce 61. Poire AUGUSTE DE BOULOGNE. Besci'âgBMom de l'ai*ï»pe. — Bois . faible. — Rameaux : assez nombreux, irré- gulièrement étalés, longs, grêles, peu fle- xueux, brun jaunâtre, finement ponctués de gris clair; leurs coussinets sont large- ment développés. — Yeux : ovoïdes, poin- tus, volumineux, écartés du bois et souvent placés en éperon. — Feuilles : rarement abondantes, petites, ovales ou allongées , régulièrement et faiblement crénjilées , portées sur im pétiole des plus frêles et (les plus longs. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Peu vigoureux sur cognas- sier, il prospère davantage sur le franc ; mais dans les deux cas ses pyramides ont une si malingre apparence, qu'il est bon de ne l'élever sous cette forme, qu'exceptionnellement. Deseription du frott. — Grosseur : petite. — Forme : ovoïde-arrondie, bos- selée et généralement contournée. — Pédoncule : court, menu, droit ou légèrement arqué, renflé à son point d'attache, obliquement inséré dans un évasement peu profond. — OEil : petit, mal formé, presque saillant. — Peau : jaune clair, ponc- tuée de roux, tachée de fauve autour du pédoncule et près de l'œil. — Chair : blanche, demi-fine, excessivement fondante, juteuse, très-pierreuse au centre. — Eau : des plus abondantes, sucrée, acidulé, douée d'une excellente saveur beurrée. Maturité. — De la moitié d'octobre à la moitié de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce fruit, qui provient des semis de Van Mous, fut dégusté pour la première fois le 15 octobre 1854 par la Commission royale de Pomologie belge, puis renvoyé à l'étude. Mais en 1856 il avait fini par rallier tous les suffrages, car on le trouve classé en 1857 parmi les variétés de choix mises à la disposition des sociétaires du Jardin Van Mons. (Voir les Catalogues de cette Association, année 1856, pp. 100, 101, 116; et année 1857, p. 157.) Il a été dédié à M. Auguste de Boulogne... Quant à ce nom de Boulogne , incertain s'il concernait une famille ou une localité, nous avons interrogé M. Bivort, le pomologue belge le plus à même AUG 167 de nous renseigner à cet égard , et il a eu l'obligeance de nous fournir les expli- cations qu'on va lire : « Selon moi, Boulogne n'est pas un nom de personne, mais un nom de ville que Van Mons employait pour désigner M. Bonnet, de BouIogne-sur-Mer, son ami et son correspondant depuis 1823, et peut-être avant. Ce M. Bonnet désii^ant s'occuper de semis, avait eu connais- sance de la théorie de Van Mons, ou plutôt de son système sur les semis successifs,... et il s'aboucha avec le professeur belge, qui pour épargner à son nouvel ami un assez long retard dans ses expérimentations, lui envoya une certaine quantité de semis des quatrième et cinquième générations. Or, nous devons supposer que c'est précisément parmi les semis ainsi offeiis, que M. Bonnet a trouvé Auguste, Charlotte et Louise de Boulogne ; poires dont le véritable obtenteur est bien Van Mons...» [Lettre du 14 février 1866.) dliisef^atioiB^. — Les mots : de Boulogne, entrant comme déterminatifs dans le nom de divers poiriers [Marie, Charlotte, Louise, Auguste de Boulogne], on doit s'appliquer à bien reconnaître chacune de ces espèces ; nous y aiderons, mais pour les deux dernières seulement, car nous n'avons jamais pu nous procurer les deux premières. — Il est indispensable encore de se rappeler que la poire Tavernier de Boullongne n'a qu'un rapport d'homonymie avec les précédentes. 62. Poire AUGUSTE JURIE. ISescription de l'arbre . — Bois : fort. — Bameaux : nombreux, assez gros, longs, érigés, arqués, flexueux, brun rougeâtre, finement ponctué^ de gris cendré, à coussinets peu saillants. — Yeux : ovoïdes-allongés, bien nour- ris, pointus, non adhérents. —Feuilles • grandes, ovales, lancéolées, régulière- ment denticulées, ayant le pétiole court et mince. Fertilité. — Excessive. Culture. — Cet arbre assez vigou- reux doit se greffer uniquement sur cognassier ; ses pyramides sont géné- ralement très-belles. ISescriptioit du fruit. — Gros- seur : petite ou moyenne. — Forme : turbinée-arrondie, légèrement bosse- lée, aplatie à la base. — Pédoncule : court ou de longueur moyenne, droit ou faiblement arqué, peu nourri, im- planté à la surface du fruit. — Œil : moyen, mi-clos, placé au fond d'un large bassin plissé sur les bords. — Peau: jaune d'or, ponctuée de fauve, striée de même autour de l'œil, et colorée de rouge- brun du côté du soleil. — Chair : blanc mat, fine, demi-cassante, juteuse, non pierreuse. — Fau : des plus abondantes, sucrée, acidulé, douée d'un arrière-goût musqué fort agréable. Maturité. — De la moitié de juillet à la moitié d'août. Qualité. — Première. 168 AUG Historique. — Gagnée dans le département du Rhône, son acte de naissance figurait en 1863 à la page 219 du tome II de V Abeille pomologique : « Elle provient — disait cette revue — d'un semis de pépins de Beurré Giffard, fait à l'École d'horticulture d'Ecully, le 11 août 1851, et elle a été dédiée à M. Auguste Jurie, pré- sident de la Société horticole du Rhône. » Ce gain, généralement attribué à M. Willermoz, secrétaire du Congrès pomolo- gique, a été mis dans le commerce en 1859. Si la poire Auguste Jurie était plus grosse, si sa chair était plus fondante, elle serait un de nos meilleurs fruits d'été. 63. Poire AUGUSTE ROYER. lîescription .- blanchâtre, fine, fondante, juteuse, pierreuse auprès des loges. — Eau : excessivement abondante, sucrée, acidulé, savoureusement parfumée. Maturité. — Du commencement de novembre à la fin de ce même mois. Qualité. — Première. Historique. — De provenance belge, elle a été décrite par M. Alexandre Bivort , et voici les divers renseignements qu'il a donnés sur cette variété : « Elle appartient à la partie des semis de Van Mons qui est devenue la propriété de AUG 469 M. Charles Duricux, de Bruxelles. L'arbre était classé dans la pépinière sous le n° 7008. La Commission royale de pomologie l'a dégustée en i8o3 et a décidé, sur la proposition de M. Durieux, qu'elle porterait le nom du président de cette Commission, M. Auguste Royer, de Namur. » {Amuiîes de pomologie belge et étnmgère, t. III, t85S, pp.. H -12.) 64. Poire AUGUSTINE LELÏEUR. Synonyme. — PozVe Augustine Selieur (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Sowwe, 1855, p. 51). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : peu nom- breux, étalés, courts, assez forts, flexueux, brun grisâtre, abondam- ment ponctués de roux, et ayant les coussinets saillants. — Yeux : ovoï- des, à large base, légèrement apla- tis, pointus, appliqués contre le bois. — Feuilles : grandes , ovales-allon- gées, canaliculées, souvent contour- nées sur elles-mêmes, à bords pres- qu'unis ou faiblement crénelés, à pétiole long, fort, et généralement dépourvu de stipules. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Cet arbre est d'une vigueur ordinaire sur le cognassier, où ses pyramides laissent beaucoup à désirer ; le franc lui convient mieux. Uescriptiou du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : allongée , obtuse , peu ven- true, bosselée, presque cylindrique. — Pédoncule : long, assez gros, renflé aux extrémités, arqué, continu avec le fruit, obliquement implanté, et parfois épineux. — OEil : grand, clos , contourné , mal développé , saillant , entouré de gibbosités. — Peau : jaune verdâtre, finement ponctuée de roux et de brun , striée de fauve auprès du pédoncule. — Chair : blanche, fine, ferme, fondante, pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, douée d'une saveur beurrée franche et déhcate. Maturité. — De la mi-octobre à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historique. — Quel est l'obtenteur de cette poire toute moderne?... Nous ne 170 AUM — AUR saurions le dire ; mais nous l'avons reçue de Belgique en 'J8o4, du Jardin de la Société Yan Mons, dont les Catalogues l'ont mentionnée sans indication d'âge ni de provenance. Peut-être appartient-elle aux semis de cet établissement?... Quoi qu'il en soit, on ne la voit citée chez nous qu'à partir de 1835, par M. Thuillier-Aloux, d'abord, qui la défigure en l'appelant Augustine Selieur [Poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, p. 51), puis par M. de Liron d'Airoles en 1857 (Liste des fruits à l'étude, p. 82) ; et le silence devient ensuite complet autour d'elle. C'est cependant un excellent fruit, et qui porte un nom cher à l'horticulture : celui de la fille du comte Lelieur, administrateur, avant 1830, des parcs, pépinières et jardins de la Couronne, et connu par de savants ouvrages. Observatioos. — Il est indispensable de surveiller la maturité de l' Augustine Lelieur, cette poire devenant aisément pâteuse. Pour combattre ce défaut, on devra ne pas la laisser trop longtemps sur l'arbre, et surtout ne plus la changer de place, une fois introduite au fruitier. Poire d'AUMALE, — Synonj^me de Besi de la Motte. Voir ce nom. 65. Poire AURATE, Synonymes. — Poires : 1. MuscATTE DE NANCY (le Lectler, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 8). — 2. Muscat de NaNCI (Bosc, Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique, t. X, p. 238). — 3. Petit-Muscat ROUGE, d'Été (Diel, cité par Jahn, dans le Manuel illustré de pomologie [Illuslrirtes Handbuch der Obsfkunde], 1860, t. II, p. 185). Descriptioii de l'arbre. — Bois : faible. — Hameaux: peu nombreux, érigés, courts, nourris, flexueux, brun olivâtre, lavés de rouge clair du côté du soleil, fortement ponctués de gris, et ayant les coussinets assez marqués. — Yeux: ovoïdes, pointus, volumineux, non adhé- rents. — Feuilles : ovales ou arrondies, à bords unis ou très- légèrement crénelés , portées sur un pétiole long et grêle. Fertu^ité. — Grande. Culture. — Le franc doit lui être donné de préférence au cognassier ; il y est plus vigou- reux que sur ce dernier sujet, et s'y développe beaucoup mieux en pyramide, mais il y fruc- tifie moins vite, moins abondamment. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : turbinée, ventrue, obtuse, régulière. — Pédoncule : assez long , menu , droit, souvent renflé au point d'attache, obli- quement inséré dans un étroit évasement que surmonte un faible mamelon. — Œil : petit, ouvert, peu développé, presque saillant. — Peau : jaune d'or, ponctuée de fauve, striée de brun-rouge dans la cavité ombilicale, et colorée de rose vif du côté du soleil. — Chair : blanche, demi-fme, demi-fondante, juteuse, légèrement AUR m pierreuse. — Fau : des plus abondantes, sucrée, acidulé^ vineuse, délicatement musquée. Maturité. — De la moitié à la fm d'août. Qualité. — Première, pour la saison. Historique. — Dans l'édition originale de sa Maison rustique, Louis Liger, au chapitre Poirier, observa en 1700 que la variété appelée Aurate « commençait « alors à se faire connaître; » mais il ne songea pas à indiquer l'origine de ce fruit. Notre ignorance à cet égard serait donc complète, si Bosc, l'un des rédacteurs du Nouveau cours d'agriculture qui parut en 1809^ n'eût dit page 238 du tome X de cet ouvrage, que la poire Muscat de Nancy était la même que la poire Aurate. Or, le Muscat de Nancy remonte au commencement du xvii" siècle, et fut cité pour la première fois par le Lectier, page 8 du Catalogue de son verger et plant, imprimé au cours de 1628. D'où il suit que cette poire porta d'abord le nom Muscat de Nancy, qui révélait sa provenance, et prit ensuite celui d' Aurate, caractérisant parfaitement la couleur de sa peau {aurata: dorée). Ainsi donc, l'Aurate nous est venue delà capitale de l'ancien duché de Lorraine , et nous la cultivons depuis environ deux cent soixante-six ans. — Les Allemands, chez lesquels elle est fort répandue, notamment dans les vallées du Rhin, dans les plaines de Coblentz, de Mayence, etc., la mangent sous le nom de Petit-Muscat rouge, d'Été ; et ce fut le pomologue Diel qui l'en gratifia, ne voulant pas germaniser, paraît-il, notre mot Aurate. (Voir Jahn, lllustrirtes Handbuch der Obsfkunde, 1860, t. II, p. 185.) Obsei'Tationg. — Duhamel, décrivant l'Aurate en 1768^ a dit : « Elle mûrit « presqu'aussitôt que le Petit-Muscat ; elle a l'avantage d'être plus grosse, mais elle « lui est ordinairement inférieure en bonté. » [Traité des arbres fruitiers, t. II, p. 123.) Cette double appréciation n'est pas exacte, puisque l'Aurate se mange un mois après le Petit-Muscat ou Sept-en-Gueule, et qu'elle l'emporte de beaucoup, sous tous les rapports, sur ce fruit microscopique. Notons cependant qu'un auteur allemand, Henri Manger, a prétendu en 1783 qu'il existait deux variétés d' Aurate, l'une mûrissant en juillet, l'autre en août [Systematische Pomologie, t. II, p. 125); mais notons-le en affirmant qu'il s'est trompé , et que nul pomologue, depuis lui , n'a reproduit cette opinion. 66. Poire d'AURAY. Synonyme. — Poire Belle d'Auray (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonne' des arbres fruitiers et d'ornement, année 1851, p. 22). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux , légèrement étalés, grêles, courts, flexueux, cotonneux, vert grisâtre, finement ponc- tués de roux, ayant les coussinets presque nuls. — Yeux : petits, coniques, pointus, non appliqués. — Feuilles: petites, peu abondantes, ovales-aUongées , à bords crénelés ou presque unis, à pétiole court et fort. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Le franc est le sujet qu'il préfère; toutefois, on peut également lui donner le cognassier. Peu vigoureux, ses pyramides sont chétives et rarement très- garnies de feuilles. Description dn fruit. — Grosseur : assez volumineuse. — Forme : ovoïde, régulière, souvent plus ventrue d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : de longueur 172 AUR— AVE moyenne, gros, arqué, renflé à son extrémité supérieure, obliquement inséré dans un large évasement qui d'habitude est surmonté d'une forte protubérance. — Œil: moyen, mi-clos, peu développé, peu enfoncé. — Peau : rude au toucher, bronzée, semée de quelques points et de quelques taches verdàtres. — Chair : blanchâtre, demi-tine , demi-cassante , pierreuse auprès des loges. — Eau : assez abondante , sucrée , vineuse , parfois Poire d'Auray. astringente , et parfois , aussi, délicate et parfumée. Maturité, — De novem- bre à janvier. Qualité. — Deuxième , en raison de sa variabilité. Historique* — Due au hasard, cette poire a pris naissance sur le sol breton : « Ce fut — dit M. de Liron d'Airoles — dans un mur de clôture du jardin de M. Glain_, ancien notaire à Auray (Mor- bilian), que leva le pépin et poussa l'arbre, qui donna ses premiers fruits vers 1822. De- puiSj il resta complètement iné- dit et dans les mains seulement de quelques amatem-s... Sa première dégustation scienti- tiqrie a eu lieu en novembre 1856. » [Liste syyionymique his- torique des variétés du poirier anciennes, modernes et nouvelles, 1837-1859, p. 62.) Dans l'Anjou, cette espèce est cultivée depuis 1831 , date à laquelle nous avons commencé à l'inscrire dans nos Catalogues. Observations. — La poire d'Auray est de qualité essentiellement variable ; nous l'avons trouvée , dans une même année, tantôt exquise, tantôt bonne, tantôt médiocre, et cependant nous avions choisi, pour ces dégustations, des fruits provenant d'arbres plantés en bon terrain et bien exposés. Mais son promoteur lui reconnaît pareillement ce défaut, puisque l'ayant classée de premier ordre en 1856 et 1837, il déclare en 1839 que « c'est lui faire « trop d'honneur, et qu'une nouvelle dégustation lui commande de la placer au « deuxième ordre. » (De Liron d'Airoles, Notices pornologiques, 11' livraison, p. 2.) Poire ALTIORE. — Synonyme de Beurré Capiaumont. Yoir ce nom. - _ Poire d'AUSTRASIE. — Synonyme de poire Jominette. Yoir ce nom. Poire d'AYERAT. — Synonyme de poire Royale d'Été. Yoir ce nom. AVO 173 67. Poire AVOCAT ALLARD. Description de Tarbre. — Bois: fort, et à écorce ti'ès-lisse. — Rameaux : excessivement nombreux, étalés ou légèrement érigés, longs, gros, flexueux, jaune olivâtre, faiblement ponctués de gris, à coussinets des plus prononcés, — Yeux: arrondis, assez aigus, renflés, non adhérents, sortis en éperon. — Feuilles : ovales- allongées, aciuninées, profondément dentées, ayant la partie supérieure de leur nervure principale parsemée souvent de granulations noirâtres, et le pétiole assez nourri et de moyenne longuem\ Fertilité. — Remarquable, dit-on. CuxTiiRE. — Le cognassier confient assez bien à ce poirier; sa ligueur est moyenne; ses pyramides sont d'une jolie forme. Description du fruit. — Cette poire n'ayant pas encore mûri dans notre école, et aucun pomologue ne s'en étant sérieusement occupé, il nous devient impos- sible de la décrire, de la figurer. Mais les quelques renseignements suivants, puisés chez M. de Lii'on d'Aii'oles, combleront un peu une aussi fâcheuse lacune « Chausseur : moyenne. — Chair : très-fondante. l^lATCRrrÉ. — « Novembre. Qualité. — « Première pour le couteau. » [Liste synonymique des diverses variétés du poirier, 1859, p. o7.) Historique. — M. Grégoire, tanneur à Jodoigne (Belgique), est l'obtenteur de cette espèce, qui "vient, selon M. deliron d'Airoles [loco citato], de pépins de Doyenné crotté [Doyenné gris) semés en 1842. On l'a dédiée à M. Allard, avocat distingué du barreau de Bruxelles. L'arbre-type ne commença à rapporter qu'en 1833. Observations. — Le Comice horticole de Maine-et-Loire a gagné dans son jai'din le Beurré Allard, excellent fruit que l'on pourrait aisément confondre, vu le nom qu'il porte, avec la présente variété, d'autant mieux que ces deux poires se mangent à la même époque. Il est donc urgent de ne pas commettre d'erreur à leur égard. Ce qu'on évitera en étudiant plus loin les cai'actères du poirier Beurré Allard, caractères s'éloignant infiniment de ceux particuliers à l'arbre dont il a été question ici. 68. Poire AVOCAT NELIS. Description de l'arbre. — Bois : assez gros. — Rameaux : nombreux, érigés ou légèrement étalés, longs, forts, très-flexueux, brim-roux. ponctués de jaune pâle , à coussinets bien développés. — Yeux : moyens , p^Tamidaux , aigus , non adhérents. — Feuilles: ovales-arrondies, acuminées, grandes, ayant les bords fine- ment dentés et le péMole court et nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — De vigueur moyenne, cet arbre, dont les pyramides sont belles et 174 AZE Poire Avocat Nélis. touffues, se greffe avantageusement sur le cognassier; ses fruits ont besoin de l'espalier pour acquérir du volume et de la qualité. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : oblongue , ventrue , bosselée, régulière, étranglée près du sommet. — Pédon- cule : peu long, arqué, assez fort, obliquement inséré dans un petit évasement dont les bords sont d'inégale hauteur. — Œil : moyen, ouvert, sou- vent contourné, placé au fond d'une cavité en entonnoir et dont la profondeur est rare- ment considérable. — Peau : jaune d'or, ponctuée de fauve, veinée de même , maculée de roux autour du pédoncule et dans le bassin ombilical, et parfois faiblement colorée du côté du soleil. — Chair : blan- châtre, mi-fine, mi-fondante, juteuse, montrant quelques pierres auprès des loges. — Fau : abondante , sucrée, vi- neuse, laissant à désirer sous le rapport de la déhcatesse et du parfum. Maturité. — De janvier à la fin d'avril. Qualité. — Deuxième. Historique. — D'origine belge, elle date de 1846 et provient, comme la pré- cédente, des semis de M. Grégoire, tanneur à .Jodoigne. Le pied-mère était âgé de treize ans lorsqu'il se mit à fruit ; il porte le nom de l'uu des membres de la famille Nélis, de Malines. Observations. — Cette espèce n'est guère recommandable que pour sa tardi- vité. Au moment de son obtention, ses quaUtés la rendaient assez précieuse; mais depuis lors ses produits sont devenus très-ordinaires, aussi bien en Belgique qu'en France^ comme le prouve le passage ci-après d'une lettre que nous adressait de Fleurus, le 12 avril 1865, M. Alexandre Bivort : « La poire Avocat Nélis a tellement « dégénéré, que je ne cherche plus à la propager. » 69. Poire AZEROLE. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux, légèrement étalés et cotonneux, gros, à peine flexueux, brun olivâtre foncé, ayant les lenticelles petites, blanchâtres, abondantes, les mérithalles courts et les coussinets AZE 47^ assez saillants, — Yeux: moyens, ovoïdes, obtus, non adhérents, à écailles détachées, larges et cotonneuses. — Feuilles: grandes, ovales, profondément den- tées, très-duveteuses, portées sur un pétiole long et de moyenne grosseur. Fertilité. - Médiocre. Poire Azerole. Qualité. Culture. — Ce poirier prospère convenablement sur cognas- sier, et atteint de belles proportions. Descriptioii dtt fruit. — Grosseur : des plus petites. — Forme : oblongue ou turbinée, régulière, généralement plissée au sommet. — Pédoncule : long, menu, droit ou arqué, inséré à fleur de peau et montrant souvent quelques nodosités. — Œil: moyen, bien développé, faiblement enfoncé. — Peau : jaune orangé, très-finement ponctuée de fauve, largement colorée de rouge vif du côté du soleil. — Chair: jaunâtre, tendre, fine, un peu pierreuse autour des loges, qui sont dépourvues de toute espèce de cartilage. — Eau : suffisante, des plus sucrées, mais trop douceâtre pour être d'une parfaite délicatesse. Maturité. — Fin septembre. Troisième, en raison particulièrement du faible volume de ce fruit. Mistorique. — Duhamel en 1768, et Poiteau en 1846, ont savamment parlé de la poire Azerole, sans donner toutefois le moindre renseignement sur son origine, sur son âge. Aujourd'hui, grâce au rarissime ouvTage allemand d'Henri Manger, nous pouvons dire : « Elle fut trouvée à Pollwill (Alsace) et appelée pour cette rai- « son, par les botanistes, pifms Pollwilleriana, ou pirus Pollveria. ) [Systematische Pomologie, 1783, t. II, p. 67.) Du reste, elle compte en Allemagne nombre d'appré- ciateurs, selon M. Dittrich, qui s'exprime de la sorte en la décrivant : « Cette petite « et charmante poire de septembre, ressemblant singulièrement, par sa couleur, à « l'Azerole des haies — d'où vint qu'on lui en apphqua le nom — est recherchée « des amateurs, surtout pour sa chair sucrée.... » [Handbuch der Obstkunde, 1839, t. I, p. 391.) Quant à l'ancienneté de ce poirier, eUe est extrême, puisque Jean Bauhin le citait déjà dans son Historia plantaram, écrite de 1370 à 1380, mais publiée seulement en 1630, vingt-sept ans après la mort de l'auteur. ObserTatioiis. — Poiteau a émis l'opinion ci-après, au sujet du présent poirier : « En examinant bien cet arbre dans ses bourgeons, ses boutons, ses fleurs et ses fruits, je lui trouve beaucoup de rapport avec les Alisiers et suis porté à croire qu'il est un hybride, c'est-à-dire le produit d'une fécondation croisée entre un poirier et un alisier. » {Pomologie française, 1848, t. IIÏ, n" 72.) A l'époque où ces lignes furent écrites, la science n'avait pas dit son dernier mot sur l'hybridation. Depuis lors, vingt-huit ans se sont écoulés, et la question, longuement étudiée, semble résolue. Nous pensons donc que Poiteau, s'il vivait encore, professerait probablement, à cet égard, un sentiment différent de celui qu'il exprimait en 1846, B Poire BACHELIER. — Synonyme de Beurré Bachelier. Voir ce nom. Poire BAHUT. — Synonyme de poire de Deux fois l'an. Voir ce nom. 70„ Poire BALOSSE. Description de l'arbre. — Bois : de grosseur moyenne. — Rameaux : peu nombreux, courts, nourris, étalés, flexueux, brun-roux, ponctués de jaune obscur, munis de coussinets très- prononcés. — Yeux : renflés à la base, coniques, aigus, écartés du bois. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies, souvent cana- liculées, à bords largement den- tés, à pétiole assez long et des plus forts. Fertilité. — Peu commune. Culture. — Vigoureux et rus- tique, ce poirier, particulière- ment propre à la haute tige, se plaît mieux, pour cette forme, sur franc que sur cognassier; ses pyramides, quand on lui donne ce dernier sujet, sont constamment irrégulières. Description dn fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme: turbin ée-arrondie, bosselée, régulière. — Pédoncule: assez court, assez fort^ droit, renflé à son extré- mité supérieure, obliquement implanté, en dehors de l'axe du fruit, au milieu d'une légère dépression que surmonte un mamelon bien caractérisé. — Œil : grand , ouvert, très-enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : jaune orangé, ponctuée, tachée de fauve, et lavée de rouge obscur du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, gros- sière, cassante, pierreuse. — Eau : suffisante, vineuse, sucrée, ne manquant ni de parfum ni de saveur. Maturité. — Janvier; mais elle se prolonge jusqu'en avril. Qualité. — Deuxième pour le couteau, première pour la cuisson. BAN — BAR 177 Historique. — Plusieurs fois séculaire , la poire Balosse est née sur les bords de la Marne, où demeurée simple variété locale elle fit peu parler d'elle jusqu'en 1862. Mais alors on l'y jugea digne d'une propagande plus générale, et la Société d'agriculture de Châlons , par l'organe de M. Léon Malenfant, transmit la note ci-dessous à M. de Liron d'Airoles, qui l'inséra dans son recueil pomologique : « Ce poirier est dans notre contrée une véritable ressource pour la ferme et pour la classe ouvrière, car il vient aux champs sans soins et donne des récoltes abondantes. L'arrondis- sement de Châlons-sm'-Marne en possède considérablement. A Châlons même, on en voit qui ont peut-être plus de deux cents ans. 11 y en a un, entre autres, qrii a bien cet âge et qui donnait, avant qu'on lui ait ôté quelques branches, huit à neuf hectolitres de fruits beaux et bons. A Ecury-sur-Cool, village près notre cité, il existe un de ces arbres qni doit avoir plus de trois cents ans. Voilà tout ce que nous savons du pohier Balosse. On croit généralement qu'il a pris naissance dans les environs de Châlons. Trois siècles à peu près de possession prouvée sont une forte présomption en notre faveur. Une autre raison, c'est aussi que les paysans l'appellent constamment Balosse, mot qui dans leur jargon, plutôt que dans lem" patois, signifie sauvage. » [Liste synonymique des diverses variétés du poirier, 1862,2^ Sup- plément, p. 9.) Poire BANEAU. — Synonyme de Besi des Vétérans. Yoir ce nom. 71. Poire du BARBANCINET. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameavx : très-peu nombreux, grêles, divergents, assez longs , flexueux , brun clair , lavés de gris, finement ponctués de jaune pâle, ayant les coussinets généralement fort prononcés. — Yeux : petits, coniques, pointus , cotonneux , non appliqués. — Feuilles: habituellement ovales, à bords dentés en partie ou presque entiers , à pétiole long et frêle ; elles sont légèrement duveteuses et l'arbre en est trop dégarni. Fertilité. — Excessive. Culture. — De moyenne vigueur, on peut lui donner le cognassier ou le franc; mais ses pyramides sont tou- jours chétives. Description dn fruit. — Gros- seur..* moyenne. — Forme: allongée, légèrement obtuse, bosselée, irrégu- lière, contournée près du sommet. — Pédoncule : très-court, assez gros, droit , renflé aux extrémités , charnu à la base , obliquement implanté. — Œil : large, ouvert, bien formé, placé dans un vaste bassin rarement très-profond. — 178 BAR Peau ■ verdâtre, marbrée, ponctuée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et lavée de rose du côté du soleil. - Chair : blanc verdâtre, fondante, fine, à peine pierreuse au-dessous des loges. - Eau: suffisante, acidulé, sucrée, douée d'une saveur beurrée fort agréable. Maturité. - Du commencement de septembre jusqu'à la fm de ce même mois. Qualité. — Première. Hif^toriftue. - Nous avons trouvé ce poirier en 1849, sur la ferme du Barban- cinet, commune de Saulgé-l'Hôpital (Maine-et-Loire). Il était alors âgé d'une tren- taine d'années, haut de sept mètres, et donnait des récoltes de plus de quatre hec- tolitres, pesant au moins soixante kilogrammes, et composant un total d environ six cents poires. Comme la fertilité de cette variété égalait la bonté de ses produits, et qu'elle était complètement inconnue, nous l'introduisîmes dans nos cultures et la livrâmes au commerce en 1852. Depuis lors, on l'a beaucoup recherchée et ses fruits atteignent sur les marchés un prix des plus rémunérateurs. Elle porte le nom du heu où le pied-type a poussé. 1% Poire BARBE NÉLTS. Description de l'arbre, — Bois de force moyenne. — Rameaux: nombreux, étalés ou réfléchis, longs, assez gros, à peine flexueux , brun clair, finement et abondam- ment ponctués de gris cendré , à coussinets habituellement peu saillants. — Yeux : bien nourris, ovoïdes-arrondis , écartés du bois et souvent sortis en éperon. — Feuilles : vert clair jaunâtre, sphériques, acuminées, régu- lièrement dentées en scie, portées sur un pétiole court et fort. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Sur cognassier, il se développe parfaitement en pyramide ; sa vigueur est grande, et il prend aisément toute espèce de forme. Ilescription du fruit. — Grosseur : petite ou moyenne. — Forme : turbinée , obtuse, irrégulière, ayant souvent un côté _ plus ventru que l'autre. — Pédoncule : long, de grosseur moyenne, légèrement arqué, charnu à la base, régulièrement inséré. - Œil: petit, ouvert, assez développé, faiblement enfoncé. - Peau: vert clair, ponctuée de gris et de fauve, lavée de rouge-brun du côté du soleil. - Chair: blanche, fine, fondante, juteuse, non pierreuse. - Eau: des plus abondantes, sucrée, acidulé, savoureusement parfumée. Maturité. — Fin août. Qualité. — Première. BAR ^79 Historique. - C'est encore là une espèce due à la Belgique; elle fut gagnée en 1848 par M. Grégoire, de Jodoigne, qui la dédia — ainsi qu'en 4846 il l'avait fait pour la poire Avocat Nélis — à l'un des membres de la famille Nélis, de Malines. A l'époque de sa première fructification, le pied-type avait treize ans. Obsei-vations. — Cette poire, malgré ses excellentes qualités, figure rarement dans les Catalogues, dans les jardins ; et cela vient sans doute du défaut, bien connu qu'elle a de blettir dès les premiers jours de sa maturité; défaut si prononcé qu'on peut a peme l'atténuer en cueillant ce fruit encore un peu vert. Poire BARDÉE. — Synonyme de poire Verte-Longue panachée. Voir ce nom. Poire BARNET'S WILLIAM. - Synonyme de poire Williams. Voir ce nom. 73. Poire BARON DEMAN DE LENNICK. Desei'iption de l'arbre. — Bois de grosseur moyenne. — Rameaux : nombreux, étalés, assez faibles, fle- xueux, roux verdâtre, ponctués de gris blanc, à coussinets très-ressortis. — Yeux : coniques , obtus , volumi- neux , ordinairement peu écartés du bois. — Feuilles : grandes , ovales- arrondies, acuminées, planes ou con- tournées , ayant les bords finement denticulés et le pétiole court et grêle. Fertilité. — Abondante. Culture. — C'est un arbre vigou- reux et particulièrement propre au verger ; on le greffe indifféremment sur franc ou sur cognassier; ses pyra- mides sont assez belles, mais la haute tige sur franc lui convient avant tout. m^i£né' pT' '^^''''''T'. ^"^"^ée au sommet, qui généralement est lZf^2x;Z r^"f ' ^r ^'"'"^ "'^^^^^ obliquement inséré au milieu pI t tTT- - f^/^-- P^t^t, mi-clos, mal conformé, presque saillant. - mXbviT' r) ' r'r '* ^''^'^' ^'' ^""^^' ^*^^é^ ^' ^^^ême dans la cavité TeW. ; T ■ ^^^"'^*^^' ^"^ P^^ gr«««ière, fondante, juteuse, montrant quelques fortes pierres au-dessous des loges. - Eau : excessivement fondante, suciee, vineuse, acidulé, assez délicatement parfumée. Maturité. — Novembre et commencement de décembre. Qualité. — Deuxième. 180 BAR Historique. — - Gagnée par la Société Yan Mons, dans son jardin de Geest- Saint-Remy, canton de Jodoigne (Belgique), le Catalogue de cet établissement nous dit « qu'elle fut admise comme fruit de verger en 1836 par la Commission de « pomologie ; que le pied-type portait le numéro 6287, et qu'enfin on l'a dédiée au « baron Deman de Lennick, habitant le château de Bierbais (Brabant), et membre « de cette association horticole.» [Loco citato^ pp. 117, 174 et 197.) ObserTations. — M. de Liron d'Airoles, annonçant en 1839 l'obtention de cette nouvelle poire dans ses Notices pomologiques,W fautivement appelée Baron Deman de Lenneck ; et nous croyons que c'est aussi par erreur qu'il l'a classée de premier ordre. Ce fruit, très-peu connu, ne sam-ait en effet mériter un pareil rang, lors surtout qu il mûrit en automne, saison où se mangent les meilleures poires. 74. Poire BARONNE DE MELLO. Synonymes. — Poires: 1. His ( Willermoz , Congrès pomologique, 1863, t. I, d" 27^ Va>' Mons (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1863^ t. V). — 2. Beurré Description de l'ar- bre. — Bois : très-fort. — Rameaux: nombreux, généra- lement érigés, gros, flexueux et des plus longs , jaune- orange , ponctués de gris , montrant des coussinets ex- cessivement ressortis.— Fewa?." ovoïdes , très-larges à leur base, entièrement adhérents. — Feuilles : grandes, canali- culées, habituellement ver- millonnées vers la fin de l'été, ovales-allongées , à bords lé- gèrement crénelés ou presque entiers, à pétiole long et frêle. Fertilité. — Abondante. Culture. — Assez vigou- reux, cet arbre, dont les py- ramides sont remarquable- ment belles, pousse beaucoup mieux sur cognassier que sur franc; il se prête à toutes les formes et prospère à toutes les expositions. Dei^eription du frnit. — Grosseur : assez volumineuse. — Forme : turbinée- pointue ou turbin ée-arron die , bosselée , ventrue , souvent plissée au sommet. — BAR 181 Pédonmle : de longueur moyeune, droit, peu nouni, mais renflé à sa base et obli- (juement implanté sur un mamelon bien prononcé, — ^é"?/ .• petit , ouvert^ mal développé, faiblement enfoncé, entouré de bosselettes. — Peu w .• jaune verdàtre. semée de quelques points gris et lavée en partie d'un bnm-roux parfois squammeux du côté da soleil, — Chair : blanc jaunâtre, demi-fine, demi-fondante, pierreuse au centre^ très-juteuse. — Eau : des plus abondantes, sucrée, finement musquée, déli- catement acidulée. Maturité. — Du commencement d'octobre au commencement de décembre. Qualité. — Première. Historique. — En 1839, le pépiniériste Louis Noisette décrivit, à la page 149 de la seconde édition de son Jardin fruitier, une poire His qui n'est autre que celle ici présentée sous le nom de poire Baronne de Mello. Elle avait été gagnée par Yan Mons, dit c€ même auteur, et des greffes en furent adressées par lui, vers 1830, au botaniste Poiteau. qui les donna à Noisette et dédia peu après cette variété à M. His, alors inspecteur-général de nos Bibliothèques publiques. Plus tard, recevant ce poi- rier de Belgique, et le croyant sans doute inédit, M. Jean-Laurent .lamin. horticul- teur à Bourg-la-Reine 'Seine^, lui fit porter le nom de ^P* la baronne de Mello, propriétaire du charmant château de Piscop Seine-et-Oise ; et ce nom lui est demeuré. Observations. — Le Congrès pomologique ( tome I , n° 27 ) , en étudiant la poire Baronne de Mello , a classé parmi ses synommes les poires Adèle de Saint- Denis et Philippe Goès. C'est une double erreur ; nous l'avons constaté plus haut (page 86j pour le premier de ces fruits, nous le prouverons également pour le second, qui mûrit deux mois après la variété avec laquelle on le déclare identique. 75. Poire BARRY. Sjnonjme. — Poire De Lestomiêres (André Leroy^ Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, années 1853 à 1863). Description de l'arbre. — Bois : faible, — Rameaux : nombreux, contour- nés, étalés ou réfléchis, grêles, longs, flexueux, rouge-brun, fortement ponctués de gris et ayant les coussinets peu marqués, — Yeux : assez gros , ovoïdes , obtus , écartés du bois et ressortant souvent en éperons très-apparents. — Feuilles : vert clair, ovales-lancéolées, canaliculées, ondulées et contournées, à bords profondé- ment dentés, à pétiole long, fort et pour\Ti de stipules bien développées. Fertilité. — Convenable. Culture. — Il se plaît sur le cognassier; sa \dgueur est moyenne; son bois p contourné rend ses pyramides fort trréguhères. Description du fruit. — Grosseur : moyenne, et souvent plus considérable. — Forme : allongée, presque cylindrique, légèrement étranglée près du pédoncule, contournée et bosselée. — Pédoncule : courte arqué, assez fort, obhquemenl inséré à fleur de fruit. — Œil: petit, faiblement enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : jaune verdàtre, ponctuée, striée, tachée de fauve, maculée de même autour de 182 BAR l'œil, et lavée de rouge vif du côté du soleil. — Chair: blanche, mi-fine, fondante, juteuse, un peu pierreuse au centre. — Eau : excessivement abondante, sucrée, vineuse, délicieusement parfumée. Mavuritè. — Octobre et partie de novembre. Qu.VLiïÉ. — Première. Foire Barry. Historique. — Ce poirier ne fruc- tifia dans notre école qiven 1831, mais il s'y trouvait alors depuis longtemps^ n'y portait aucun nom, quoique greffé, et n'annonçait nullement devoir pro- duire des fruits exquis. Surpris un jour par le mérite de cette M^riété , qui nous était complètement inconnue , quoique nous eussions rassemblé déjà neuf cents espèces de poires , nous la multipliâ- mes. Quatre ans plus tard, eu 1855, elle figurait dans notre Catalogue, et nous l'avions dédiée au pomologue américain Barry. de Rocliester, lequel venait de publier avec im grand succès son Jardin fruitier [the frl'it gardex]. Toutefois, le mystère qui pesait sur l'origine de ce poirier, finit par nous être révélé. En 1863, un sujet appelé de Lestumieres donna chez nous une première , une abondante récolte dont l'examen nous permit de constater la ressemblance par- faite avec la poire Barry. Or, les deux arbres étant également identiques, et le pouier de Lestumieres se cultivant en Bretagne depuis une vingtaine d'années emiron, nous en conclûmes que la variété répandue par nous en 1853 sous la déno- mination de poh'e Barry. n'était autre que la poire de Lestumieres. Ce dernier nom est celui d'un ancien magistrat rennois très-versé dans l'horticulture. Néanmoins, comme le poirier Barr^^ s'est rapidement propagé en France , en Amérique , en Angleterre, tandis que le poirier de Lestumieres n'est guère cultivé, sous cette appellation, que dans sa contrée natale, nous croyons indispensable de ranger le ^Tai nom parmi les synonymes, et de conserver la priorité au pseudonyme Barry. C'est en effet l'unique moyen d'éviter pour l'avenir de fâcheuses erreurs. PouŒ l'E BABT. — Svnonvme de Beurré d'Amanlis. Yoir ce nom. PouiE BARTLET'S ^MLL1A31. — Synonyme de poire Williams. Voir ce nom. Poire BARTLETT DE BOSTON. — S^Tionyme de poire Williams. Yoir ce nom. BAR — B AU 183 6. Poire BARTRAINNE, Descriptioo de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, légè- rement étalés, longs, grêles, flexueux, brun clair, à lenticelles abondantes et grosses, à coussinets très-prononcés. — Yeux : ovoï- des , pointus , volumineux , non adhérents , ayant les écailles habituellement renflées. — Feuilles : grandes , elliptiques-acuminées ou ovales-allongées, finement crénelées, portées sur un pétiole long et fort. Fertilité. — Peu commune. Culture. — On peut lui donner le franc ou le cognassier ; il est de vigueur moyenne et ses pyramides ne sont jamais très- touffues. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : turbinée, obtuse, bosselée, irrégulière, généralement déprimée et con- tournée au sommet. — Pédoncule : assez court, gros à son point d'attache, aminci vers la base, droit ou arqué, obhquement inséré, continu avec le fruit. — Œil : moyen, ouvert, presque saillant, entouré de faibles gibbosités. — Peau : jaune clair, finement ponctuée de roux, veinée de même autour du pédoncule et montrant souvent de larges taches fauves entièrement squammeuses. — Chair : blanche, fine, juteuse, fondante, contenant quelques pierres auprès des loges. — Eau : excessivement abondante, peu sucrée, peu savoureuse, parfois entachée d'un arrière-goût herbacé. Maturité. — De la fin d'août à la nii-septembre. Qualité. — Troisième. Kistoricfue. — Ce poirier , dont les produits sont des plus convenables pour ahmenter les marchés , et surtout pour la cuisson , est dans notre école depuis une quinzaine d'années. Il proNient du Jardin fruitier du Comice horticole d'Angers , mais nous ne saurions dire, maintenant qu'on a si fâcheusement détruit les anciennes et précieuses collections de ce Jardin, s'il y fut ou non gagné de semis. Poire BASILIQUE. — S}"nonyme de poire Ptoyale d'Été. Yoir ce nom. Poire BASSIN. — SjTionyme de poire Bellissime d'Été (de Duhamelj . Yoir ce nom. Poire BAUD DE LA COUH. — Synonyme de poire Maréchal de Cour. Toù- ce nom. Poire de BAUIIE. — Synonyme de poire Grise-Bonne. Yoir ce nom. 12* 184 BAY 77. Poire De BAVAY. Synonyme. — Poire COLMAK ^'Automne (Prévost, Cahiers de pomologie, 1839, p. 63). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Hameaux : nombreux, étalés, gros, longs, très-ftexueux , brun clair grisâtre, ponctués de gris cendré, ayant les méritballes longs et les coussinets presque nuls. — Yeux : ovoïdes - arrondis , volumi- neux, non appliqués, souvent sortis en éperon. — Feuilles : grandes, ova- les-allongées ou lancéolées, finement dentées, rarement abondantes, por- tées sur un pétiole long et épais. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il pousse vigoureu- sement sur cognassier, prend une jolie forme pyramidale, mais il est un peu trop dépourvu de feuilles, Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde, légèrement bosselée vers le sommet. — Pédoncule : assez long, bien nourri, à peine arqué, obli- quement implanté à fleur de peau. — Œil : petit, ouvert, presque saillant. — Peau : rugueuse, jaune-citron, semée de points gris, maculée de même auprès du pédoncule. — Chair : blanche, fme, fon- dante, aqueuse, contenant quelques pierres autour des pépins, qui souvent sont avortés. — Fau : abondante, sucrée, acidulé, très-agréablement parfumée. Maturité. — De la mi-septembre jusqu'au commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Prévost, décrivant en 1839 une poire qu'il appelait Colmar d'Automne, disait : « Je ne connais point l'origine de cette variété, qui est sous ce « nom dans le commerce depuis six ou sept ans. » [Cahiers pomologiques, p. 63.) Cet auteur ne pouvait, en effet, déterminer la provenance du Colmar d'Automne, car il n'était autre que le fruit ici figuré, obtenu par Van Mons. Ami particulier de feu Laurent de Bavay, horticulteur belge fort distingué, Van Mons, son compatriote et son émule, lui consacra ce nouveau gain, et probablement avant 1830, puisque Prévost vient d'affirmer qu'en 1832 ou 1833 le Colmar d'Automne, synonyme de cette espèce, était déjà répandu. M. de Bavay est mort en 1835. Dans son Trailé de la faille des arbres fruitiei^s, il a parlé (p. 122) du poirier qu'on lui avait dédié, mais sans indiquer l'époque à laquelle on commença à le multiplier. Observations. — Il existe une poire Suzette de Bavay qu'il ne faut pas croire identique avec celle-ci ; la première mûrit en janvier, la seconde se mange en sep- tembre. — Le synonyme de la poire de Bavay : Colmar d'Automne, ne doit pas non BAY-BEA 185 plus être confondu avec Colmar d'Automne nouveau, dénomination appliquée en 1854 à l'un des poiriers du Jardin fruitier d'Angers. Poire BAYONNAISE. — Synonyme de poire Sucré-Vert. Voir ce nom. Poire BEAUCLERC. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Été. Voir ce nom. Poire de BEAU-PRÉSENT. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. 78. Poire BEAU-PRÉSENT D'ARTOIS. Synonymes. — Poires : 1. Présent royal de Naples (Prévost, Cahiers de pomologie, iSd9,Tp. 55). — 2. Présent royal de Nantes (A. du Breuil, Cours d'arboriculture, 1854, t. II, p. 569). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nombreux , éri- gés , des plus gros, flexueux, longs, gris ver- dâtre, lavés de rouge pâle à leur sommet , ponc- tués de gris et ayant les coussi- nets bien déve- loppés. — Yeux : ovoïdes - aplatis , gros, collés con- tre le bois, à écailles bombées et entr'ou vertes. — Feuilles : d'un beau vert bril- lant , grandes , ovales -allongées et régulièrement dentées en scie sur les bords , planes ou légè- rement contour- nées, au pétiole long , gros , roi- de , et presque toujours nuancé de rouge clair, surtout vers la base, à son point d'attache. Fertilité. — Abondante, 186 BEA Culture. — Les pyramides de ce poirier sont remarquablement belles ; on peut lui donner le franc ou le cognassier ; il est vigoureux, réussit à toutes les expositions et se prête à toutes les formes. Description dit fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : oblongue, ventrue, obtuse, bosselée, régulière. — Pédoncule : gros, très-court, renflé à la base, obliquement implanté. — Œil : moyen, ouvert, bien formé, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée et marbrée de fauve du côté de l'ombre, où parfois aussi elle est seulement grisâtre et semée de points cendrés; du côté du soleil, elle se colore souvent en rouge-brun. — Chair : demi-fme, blanche, fondante, rarement pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, douée d'un parfum agréable. Maturité. — De la fin d'août jusqu'à la fin de septembre. • Qualité. — Première. Historique. — Un pomologiie dont les travaux sont justement estimés, Prévost, décédé à Rouen en 1849, écrivait il y a bientôt trente ans ce qui suit, au sujet de la poire Beau-Présent d'Artois : « Je n'ai trouvé ce nom dans aucun ouvrage pouvant faire autorité. L'origine de la variété qui le porte, m'est inconnue. Je l'ai reçue du département du Loiret il y a neuf ans [vers 1830), mais je ne pense pas qu'elle en soit originaire. J'ai reçu d'une contrée plus éloignée, sous le nom de Présent royal de Naples, un poirier en tout semblable, par son bois et son feuillage, lequel est, je crois, identiquement le même. » [Cahiers de pomologie, 1839, p. SS.) Depuis Prévost, rien n'est venu nous renseigner sur la provenance de ce fruit. Cependant, lorsqu'on voit en 1860 le docteur Jahn l'appeler i^men/ ro?/a/ de Naples, on peut supposer qu'il a dû naître en Italie ; d'autant mieux que cet auteur rap- porte diverses particularités de nature à corroborer un tel sentiment. Il dit : « Yers « la fin du xviii" siècle, le roi de Naples offrit nombre de ces poires au prince a Charles de Wurtemberg, pour le remercier de lui avoir envoyé un cerf blanc. » [Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, t. II, p. 159.) Yoilà qui justifie le nom Présent royal de Naples; quant à l'époque où il fut appliqué, il devient difficile de la préciser, Ferdinand IV de Bourbon, dont il est question ici, étant monté sur le trône à l'âge de huit ans, en 1759, pour n'en descendre qu'à sa mort, en 1825. Aujourd'hui, cette première dénomination n'a plus cours; Beau-Présent d'Artois l'a remplacée. Obser-vations. — Thompson, en dressant le Catalogue des arbres fruitiers cultivés dans le jardin de la Société horticuUurale de Londres, a méconnu l'espèce décrite ici, puisqu'il l'a rangée parmi les synonymes de la poire de Livre. [Edition de 1842, p. 143.) Son erreur est partagée par les Allemands, qui presque tous ont adopté la synonymie de ce pomologue. En France, où les poires de Livre et Beau-Présent d'Artois sont fort répandues, nul ne les croira identiques, sachant que la dernière, excellent fruit à couteau, se mange en septembre, tandis que l'autre, uniquement propre à la cuisson, ne saurait être utihsée avant décembre ou janvier. — Le poirier Beau-Présent d'Artois donne souvent des produits d'une grosseur considérable. Nous en avons obtenu qui pesaient plus de 500 grammes. Poire BEAU-PRÉSENT D'ÉTÉ. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. BEA — BEC 187 Poire BEAUTÉ DE TERVEUREN. — Synonyme de poire Belle-Angevine. Voir ce nom. Poire BEAUYALOT, — Synonyme de poire Augier. Voir ce nom. 79. Poire BEC-D'OIE. Sjnonjmes.— Poires : 1 . Martin-sec DE Bourgogne (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de l&l 5, p. 93). — 2. De Saint-Martin (de Bonnefonds, le Jardinier français , édition de 1737, p. 169). Nous n'avons pu retrouver cetle ancienne variété, qui pourtant doit exister encore, car elle fut jadis très-cultivée, et nous ne perdons ses traces qu'à partir de 1788. Mais comme il est important, pour des motifs qui seront expliqués plus bas, de démontrer que la poire Bec-d'Oie a eu rang parmi les espèces, et non parmi les synonymes, nous allons faire intervenir en sa faveur ceux de nos devanciers qui l'ont connue, qui l'ont étudiée : Description du fruit. — « Le Bec-d'Oye, ou Martin-sec de Bourgogne, est « une petite poire presque ronde, d'un rouge brun, qui a la queue grosse et longue ; « elle beurre assez, et est de bon goût. » (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 95.) Maturité. — « A la fm d'octobre et en novembre. » (De Bonnefonds, le Jardinier français, édition de 1737, p. 169.) Qualité. — «Assez bonne, » prétend Merlet, ci-dessus; « Mauvaise,» selon la Quintinye. [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers , édition de 1739, t. I, pp. 316-317.) Historique. — En la nommant Martin-sec de ^oMr^o^ne, Merlet donne à penser qu'elle provient de cette contrée ; opinion que semblent confirmer la Quintinye et l'auteur anglais Philippe Miller, qui tous deux lui conservent ce surnom. Miller est même affirmatif à cet égard, puisqu'il dit : « Le Martin-sec est quelquefois « appelé le Martin-sec de Champagne, pour le distinguer d'un autre Martin-sec de « Bourgogne. » Dictionnaire des jardiniers et des cultivateurs, 1788, t. VI, p. 166.) Ce fut évidemment la couleur rouge-brique de sa peau, qui lui attira le nom assez bizarre, de Bec-d'Oie. Nous croyons ce fruit de bien peu antérieur à la moitié du xvii^ siècle, aucun écrivain spécial ne l'ayant mentionné avant Merlet , dont la première édition parut en 1671. Observations. — Par tout ce qui précède, on doit être convaincu maintenant que la poire Bec-d'Oie ne ressemble en rien au Martin-sec (de Champagne), si recherché pour les conserves ; cependant, on a souvent confondu ces deux espèces. Comme aussi (notamment en Belgique) nous l'avons vue figurer dans les Catalogues au nombre des synonymes du Beurré d'Angleterre... Erreur positive qu'il faut s'empresser de signaler, jamais fruits n'ayant été moins identiques. Ainsi, la poire Bec-d'Oie mûrit vers la Saint-Martin, tandis que le Beurré d'Angleterre se mange au commencement de septembre ; et de plus, ce dernier est assez gros et allongé, quand l'autre, au contraire, affecte la forme globuleuse et n'a qu'un faible volume. 188 BEC — BEL Poire BEC-D'OISEAU. — Synonyme de Beurré d'Angleterre. Voir ce nom. Poire BEIMONT. — Synonyme de Beurré de Rance. Voir ce nom. Poire BEIN-ARMUDL — Synonyme de Besi de la Motte. Voir ce nom. Poire de BELL. — Synonyme de poire de Catillac. Voir ce nom. Poire BELLE-ADRÉINE. — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. Poires BELLE - ADRIANNE et BELLE -ADRIENNE. — Synonymes de poires de Curé. Voir ce nom. Poire BELLE- ALLIANCE. — Synonyme de poire Serrurier. Voir ce nom. Poires BELLE - ANDRÉ ANE et BELLE - ANDRÉINE. — Synonymes de poire de Curé. Voir ce nom. 80. Poire BELLE-ANGEVINE. Synonymes. — Poires: 1. Bellissime d'Hiver, de Bur (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édit. de 1690, p. 110). — 2. Trésor (Mayer, Poniona franconica, 1776, cité parEug. Forney, dans le Jardinier frui- tier, 1862, t. I, p. 239.) — 3. D' AMOUR (W. ibid.). — 4.DucHEssE DE Berry d'Hiver (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 25). — 5, BOLIVAR d'Hiver (Comte Lelieur, la Ponione française, 1842, p. 431). — 6. Royale d'Angleterre (Bivort, Album de pomulogie, t. I, 1847, n» 60). — 7. Beauté de Ter- vuEREN {Id. ibid.). — 8. Comtesse de Tervueren {Id. ibid.). — 9. Grosse de Bruxelles (Willer- moz, Observations sur le genre poirier, 1848, p. 7). — 10. Solitaire (Dalbret, Cours théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers, 1851, p. 331). — 11. Faus-Bolivar (TliuilUer-Aloux, Cata- logue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 1835, p. 62). — 12. Très-Grosse de Bruxelles {Id. ibid.). — 13. Abbé Mongein (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, t. II, 1859). — 14. Anderson {Id. ibid.). — 15. Berthebirn {Id. ibid.). — 16. Gros- Fin-Or long, d'Hiver {Id. ilid.). — 17. Grosse-Dame-Jeanne {Id. ibid.). — 18. d'Horticulture {Id. ibid.). — 19. De Kilo {Id. ibid.). — 20. Louise-Bonne d'Hiver {Id. ibid.). — 21 . La Quintinye \ld. ibid.). Ueseriptiou de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : très-peu nombreux , étalés et quelquefois arqués, gros, de longueur moyenne, légèrement flexueux, rouge-brun, finement ponctués de gris^ à coussinets saillants. — Yeux : assez volumineux, arrondis, appliqués contre le bois. — /ewîV/es .• ovales, acuminées, régulièrement dentées en scie, ayant le pétiole épais, roide et excessivement court ; elles ne sont jamais abondantes. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il lui faut le cognassier, et l'espalier plutôt que la pyramide, cette dernière forme convenant peu à ce poirier si dépourvu de rameaux et de feuilles. BEL 189 Poire Belle -Angevine. 190 BEL En pépinière , il se développe très-tard et ne fait généralement , la première année, que de chétifs sujets ; mais il regagne en partie, la seconde année, ce qu'il a perdu précédemment. Si l'on veut obtenir de cet arbre de beaux, d'énormes fruits riche- ment colorés de carmin, on doit le placer, en espalier, au midi ou au levant. Description du fruit. — Grosseur : énorme. — Forme : très-allongée, obtuse, quelque peu bosselée et contournée, ventrue^ régulière, mais ayant souvent un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : long, gros, droit ou faiblement arqué, obliquement inséré dans un étroit évasement plissé sur ses bords et presque tou- jours surmonté d'un mamelon assez considérable. — Œil: grand, ouvert, bien développé, à peine enfoncé, entouré de gibbosités. — Peau : jaune d'or, ponctuée de fauve, largement colorée de carmin du côté du soleil, et montrant de légères et rares marbrures brun roux auprès de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanche, tendre, quoique cassante^ demi-fme, marcescente, non pierreuse, ayant parfois les pépins avortés. — Eau : suffisante, douceâtre, manquant de saveur et de parfum. Maturité. — De janvier jusqu'en avril. Qualité. — Deuxième pour la cuisson, et complètement mauvaise pour le couteau. Historique. — Si la poire Belle-Angevine était aussi bonne que son coloris est brillant, sa forme, jolie, son volume, considérable, elle occuperait la première place parmi ses congénères ; mais elle paie de mine, et voilà tout. Cependant il existe pour ce fruit, de la part des Parisiens en particulier, un engouement tel, que nous avons lu ce qui suit dans une feuille politique de la capitale : « En traversant la place du Châtelet, j'ai remarqué dans la vitrine du restaurant Victoria, sis énormes poires dans un panier surmonté de cette inscription : « Foires Belles- Angevines , \ aO francs les six. — Vingt-cinq francs la pièce, c'est pom' rien, smiout si l'on se rappelle qu'il y a deux ans le fameux Chevet exposaitde ces fruits à « 120 francs la paire. » {L'Unio7i, novembre 1863.) Toutefois, ce sont là des prix inusités, car le coiit ordinaire de ces fruits, lors- qu'ils ont toute la beauté voulue pour bien orner un dessert, dépasse rarement une dizaine de francs la pièce. Quant à leur grosseur, elle varie beaucoup. On en a exposé dans les concours horticoles, qui pesaient : en 1846, à Tours, 2 kil. 230 ; — en 1864, à Cholet, 2 kil. 025 ; — en 1847, à Brionne (Eure), 1 kil. 300 ; — en 1862, à Chartres, 1 kil. 064 ; — enfin, également en 1862, à Nérac (Lot-et-Garonne), un trochet de quatre poires dépassa 3 kilogrammes. Le nom sous lequel ce poirier est généralement cultivé, a dû faire présumer qu'il était originaire d'Angers ; et l'on n'aura même conservé aucun doute sur ce point, en présence des hgnes ci-dessous, écrites par le professeur Poiteau, en 1843 : «Voici l'histoire de la poire Belle- Angevine telle qu'elle m'a été racontée à Angers, en juillet 1843, par M. Audusson -père, jardinier dite ville: « Cette poire provient d'un semis fait par « moi il y a environ trente-cinq ans ; l'arbre a fructifié pour la première fois à l'âge de neuf « ans. A la seconde fructification, quand j'ai vu qiie sa forme était très-belle, je l'ai nommée « Belle-Angevine. » [Hevue horticole, t. V, p. 483, article intitulé : Tournée horticole faite en juillet 1843 à Orléans, Tours et Angers.) Cette note qui semble si précise, si complète en ses détails, était cependant entiè- rement controuvée ; mais ce qui nous étonne, c'est que sa publication ne fut suivie d'aucune rectification, puisque dix ans plus tard le même recueil où elle avait été insérée, la reproduisit sous la signature Bossin. (Voir Revue horticole^ 3^ série, t. III, novembre 1849, p. 415.) Non, la Belle-Angevine « ne provient pas d'un semis fait BEL 191 « EN NOS MURS , VERS 1808 ; » 011 l'y introduisit, au contraire, en 1821 , sous lo nom d'Inconnue à compote, qu'elle y garda plusieurs années. Voici du reste le compte rendu fidèle des faits qui l'amenèrent sur le sol angevin : — C'était, nous venons de le dire, en 1821, M. Alphonse Audusson, alors attaché à la pépinière du Luxem- hourg, dirigée par le savant Hervy;, ayant offert à cet arboriculteur douze poiriers de Duchesse, accepta en échange un poirier étiqueté Inconnue à compote, et l'envoya à son père, qui le planta et lui enleva, vers 1824, le nom sous lequel il l'avait reçu, pour lui donner celui de Belle- Angevine... Telle est la vérité. Et maintenant, essayons de déterminer l'origine de cette poire géante. En ce qui nous concerne, il nous a semblé longtemps qu'elle provenait d'Eltham, en Angleterre, et n'était autre que la Saint-Germain du docteur Uvedale, également appelée Union. Mais récemment, ayant trouvé dans un ouvrage anglais du xviii" siècle la description exacte de ce dernier fruit, qui y est dit « rond et vert foncé, » nous sommes resté convaincu de son manque d'identité avec la poire oblongue et JAUNE d'or nommée Belle-Angevine. (Voir Miller, Dictionnaire des jardiniers, édition de 1786, t. YI, p. 173.) Revenant alors à nos anciens pomologues, et les étudiant, le passage ci-dessous de Merlet, l'arboriculteur le plus éclairé du xviu'' siècle, nous a frappé : ((.Poire Bellissime d'hiver, de Bur. — Elle est jaune et rouge, belle à peindre, d'une grosseur extraordinaire, bien plus élevée et enflée que le Cadillac, meilleure et assez tendre. Son eau étant douce et relevée, elle est des meilleures mise au four. » {L'Abrégé des bons fruits, édi- tion de 1690, p. HO.) Ici, tout ne se rapproche-t-il pas des caractères de la Belle- Angevine : couleur, grosseur, forme, époque de maturité, qualité pour la cuisson ? — Oui ; et notre opinion se confirme par ce fait, qu'aucun auteur, depuis Merlet, n'a cité la Bellis- sime d'Hiver de Bur ; d'où suit qu'elle reçut bien promptement un autre nom : celui de poire Trésor ou d'Amour, peut-être, Mayer figurant sous cette appellation, dans sa Pomona franconica, en 1776, un fruit qui offre très-exactement le faciès de la Belle-Angevine?... S'il en est ainsi, ce fameux poirier, dont on n'a parlé pour la première fois qu'en 1690, serait originaire de Bur. Mais de quel Bur? car il en existe plusieurs. Nous croirions aisément qu'il s'agirait ici d'une localité avoisinant Ver- sailles, Merlet ayant décrit de préférence les fruits nouveaux gagnés sous le ciel de Paris, qu'il habitait. ObserTations. — On doit, malgré l'opinion de divers pomologues, considérer comme faux synonymes de la Belle-Angevine, les noms suivants, s'appliquant à des variétés qui n'ont rien de commun avec cette dernière : Angora, Belle de Jersey, Grand -Monarque, Mansuette, Uvedale's Saint-Germain. Il importe aussi de ne pas confondre la poire d'Amour ou Trésor décrite par Duhamel en 1768 [Traité des arbres fruitiers, t. II, p. 236), avec la Belle- Angevine ; elle en diffère essentiellement, ainsi qu'on peut s'en assurer en se reportant aux pages 120-122 de ce volume, où nous l'avons minutieusement décrite. Ces noms d'Amour et de Trésor reviennent si fréquemment dans la nomenclature des poiriers, que, là, l'erreur serait facile à com- mettre. On l'évitera en se rappelant que la poire Trésor ou d'Amour supposée la même que la Belle- Angevine, est uniquement celle dont s'occupa Mayer en 1776, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Poire BELLE D'AOUT. — Synonyme de poire Belle de Bruxelles sans pépins. Voir ce nom. 19â BEL Poire BELLE-APRÈS-NOEL. — Synonyme de poire Belle de Noël. Yoir ce nom. Poire BELLE-AUDIBERT. — Synonyme de poire Audibert. Voir ce nom. Poire BELLE D'AURAY. — Synonyme de poire d'Auray. Voir ce nom. Poire BELLE D'AUSTRASIE. — Synonyme de poire Jaminette. Voir ce nom. Poire BELLE DE BERRY. — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. Poire BELLE-BESSA. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Auch. Voir ce nom. Poire BELLE DES BOIS. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. 81. Poire BELLE DE BRÏSSAC. Descrip - tion de l'ar- bre. — Bois: fort. — Ba- meaux : assez nombreux et assez gros, érigés ou lé- gèrement éta- lés, de lon- gueur moyen- ne , flexueux , brun - roux , ponctués de gris, ayant les coussinets peu ressortis, — Yeux : coni - ques ou ovoï- des-obtus, vo- lumineux , écartés du bois. — Feuil- les : grandes , ovales , acu - minées , den - tées ou créne- lées , planes ou contour - nées, à pétiole court et menu; elles sont généralement des plus abondantes. Fertilité. — Ordinaire. - , BEL 193 Culture. — Vigoureux, ce poirier se greffe avantageusement sur le cognassier, où il fait de jolies pyramides, et sur le franc, quand on le destine à la haute tige. Description du fruit. — Grosseur : considérable , et quelquefois moyenne. — Forme : oblongue, excessivement obtuse et ventrue, ayant habituellement un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : court, droit ou faiblement arqué, assez fort, obliquement inséré dans une étroite cavité qu'entourent d'énormes protubé- rances. — OEil : grand, bien développé, ouvert, rarement très-enfoncé. — Peau : jaune pâle, épaisse, rude au toucher, ponctuée de roux et largement couverte de taches brunes, surtout vers le pédoncule. — Chair : blanche, mi-fme, cassante, peu pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, parfumée. Maturité. — En février, et se prolongeant aisément jusqu'à la fm d'avril. Qualité. — Deuxième pour la table, première pour la cuisson. Historiciue. — Cette variété fut obtenue de semis en 1832 ou 1833, par M. Jean- Henri Benoist, pépiniériste à Brissac , près Angers. Elle est peu répandue , mais les Allemands semblent néanmoins la connaître, car Biedenfeld, un de leurs pomo- logues, l'a décrite en 1854. Observations. — Charles Downing , dans la nouvelle édition qu'il publiait en 1863, de son Manuel des fruits cultivés en Amérique, a placé la Belle de Brissac parmi les synonymes du Beurré Beauchamp, ce qui ne saurait être, cette der- nière poire mûrissant en octobre , cinq mois avant l'autre. — Nous devons égale- ment faire remarquer qu'il existe un poirier Duchesse de Brissac, qui n'a rien de commun, non plus, avec l'espèce Belle de Brissac, comme on le verra plus loin, à la lettre D. Poire BELLE DE BRUXELLES. — Synonyme de Beurré de Bruxelles. Voir ce nom. 82. Poire BELLE DE BRUXELLES SANS PEPINS. (Synonymes. — Poires: 1 . Grosse-Bergamote d''E'iè CDiel, Systematische Beschreibung in Deutschland vorhandener Kernobstsorten, 1801, cah. Ill, p. 31). — 2. Belle-et-Bonne d'Eté (Lindley, Guide to the orchard and kitchen garden, 1831, p. 353). — 3. Belle du Luxembourg (Noisette, le Jardin frui- tier, édition de 1832, p. 121). — 4, Belle d'Août (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 13). — S. Fanfareau {Id. ihid.). — 6. Grosse-Bergamote d'Eté sans pépins (Thuillier-Aloux, Catalogue rai- sonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 18S5, p. 69). — ■ 7. Beuzard (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1838, t. I). — 8. Sans-Pepins [Id. ibid.]. — 9. Belle-sans-Pepins (d.eLiron d'Airoles, Notices pomologiques, 1859, lie livraison, p. 16). — 10. Bergamote-sans-Pepins {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux , érigés vers le sommet, arqués et étalés vers la base, courts, gros, flexueux, légère- ment cotonneux, brun-roux foncé, finement ponctués et ayant les coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes-arrondis, aplatis, cotonneux, à écailles très-bom- bées, appliqués contre le bois. — Feuilles : ovales-allongées, canaliculées et contour- nées, à bords presque unis, à pétiole court et des plus nourris. Fertilité. — Abondante. i. 13 194 BEL Culture. — Cet arbre, de vigueur moyenne, pousse néanmoins convenablement sur cognassier ; ses pyramides sont mal ramifiées mais très-feuillues. Poire Belle de Bruxelles sans pépins. Description du fruit. — Gros- seur : volumineuse et parfois moyenne. — Forme : sphéri- que, déprimée aux extrémités, généra- lement plus ventrue d'un côté que de l'autre . — Pédoncule : long , droit ou ar- qué, gros, renflé au point d'attache, for- mant bourrelet à la base, et régulière- ment implanté dans une faible cavité. — OEil: grand, ouvert, bien développé, pla- cé dans un bassin large et profond. — Peau : vert jaunâ- tre, ponctuée, striée de roux, maculée de fauve autour du pédoncule , et mon- trant souvent quel- ques taches olivâ- tres et rugueuses. — Chair : blanche , demi-fine, fondante, parsemée de points verdàtres, légèrement pierreuse -" ^«"l^^^f ^t'aX"' '' pépins et de loges. - Eau : suffisante, sucrée, acidulé, faiblement musquée. MATirarrÉ. — De la fin d'août à la fin de septembre. Qualité. - Deuxième, en raison surtout de la facilité avec laqueUe ce frmt devient pâteux. Historique. - Nous n'avons rien trouvé de précis sur la provenance de cette vaî^té' ce n'est qu'on la connaissait en Normandie, dés le commencement de Se soùs le nom de Fanfareau, et qu'on la savait alors fort répandue dans es Fknd'res Cesontlà, du mlins, les assertions de deux écrivams tres-competents, dont le premier, Prévost, s'exprimait ainsi en 1839 : • » i-- Descpiption de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, érigés, très-gros, courts, légère- ment flexueux , jaune brunâtre , finement ponctués de gris et semés de larges taches noirâtres ; leurs mé- rithalles sont excessivement courts et leurs coussinets n'ont qu'une faible saillie. — Yeux : ovoïdes, assez volumineux, souvent poin- tus, non appliqués contre le bois. — Feuilles : petites , ovales-allon- gées , à bords dentelés en scie , à pétiole très-court et très-fort. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Ce poirier, qui man- que généralement de vigueur sur cognassier, et s'y développe tardi- vement, y prend cependant une forme pyramidale élégante et régu- lière. Sur franc, s'il prospère beaucoup mieux, il y est néanmoins toujours un peu faible. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée-obtuse ou turbinée-arrondie, ventrue, bosselée, irrégulière. — Pédoncule : assez long, bien nourri, arqué, obliquement implanté dans un étroit évasement dont les bords sont des plus accidentés. — Œil : grand, souvent mi-clos et contourné, placé dans un large bassin rarement profond. — Peau : jaune clair verdâtre, ponctuée de gris et de roux, maculée de fauve, surtout auprès de l'œil, et faiblement lavée de rouge- brun du côté du soleil. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, contenant quelques pierres au-dessous des loges. — Eau : extrêmement abondante, sucrée, acidulé, parfois même un peu astringente, mais constamment douée d'un parfum particulier qui la rend fort agréable. Maturité. — De la. fm d'octobre jusqu'au commencement de décembre ; et quel- quefois même atteignant le mois de janvier. Qualité. — Première. Historique. — On doit cette excellente poire à l'un des hommes qui aima le plus, en Belgique, la pomologie, au major Espéren ; et, nous dit M. Bivort : « Il la gagna en 1842 et lui donna le nom de Fondante de Noèl, qui désignait le jour où il l'avait dégustée pour la première fois. ■» [Album de pomologie, 1849, t. II, p. 36.) Observations. — Nous croyons, avec M. Bivort, qu'on eut tort de substituer au nom primitif de cette variété, celui sous lequel on la vend habituellement 1. 14 210 BEL aujourd'hui : Belle de Noël ou Belle-u'prh-No'él. Outre qu'une telle dénomination n'était pas suffisamment justifiée, elle eut encore le fâcheux résultat de grossir la liste des synonymes, qui certes n'eu avait pas besoin! — En 1862, M. de Liron d'Airoles décrivait à la fin du tome II de ses Notices pomologiques (2" Supplément, page 17), une poire Souvenir Espéren, et l'attribuait aux semis de M. Berckmans, horticulteur belge résidant maintenant aux États-Unis. Après minutieux examen force nous est de déclarer que, dans notre école, l'arbre ainsi appelé ne diffère en rien, par ses produits et son bois, du poirier dont nous venons de nous occuper. Poire BELLE DE NOISETTE. — Synonyme de poire Duc de la Force. Voir ce nom. Poire BELLE DE PRAGUE. — Synonyme de poire Belle de Thouars. Voir ce nom. Poire BELLE DE QUASCO. — Synonyme de poire Belle de Guasco. Voir ce nom. 96. Poire BELLE-ROUENNAISE. Description de Tarbre. — Bois : de force moyenne, vert gri- sâtre foncé. — Bameaux : nom- breux , ordinairement un peu arqués et bien étalés, longs, gros, fiexueux, vert-brun, faiblement lavés de rouge pâle et ponctués de gris-blanc ; ils ont les coussi- nets ressortis. — Yeux : à écailles renflées , volumineux , ovoïdes , non adhérents. — Feuilles: gran- des, ovales-allongées, ayant les bords profondément dentés et le pétiole long et fort. Fertilité. — Convenable. Culture. — Sur cognassier, cet arbre est vigoureux; il fait de belles pyramides, et le développe- ment de son écusson est assez vif. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : allongée, ventrue, fortement côte- lée vers l'œil, où parfois l'une de ses faces est également déprimée. — Pédoncule : court, gros, arqué, renflé à son point d'insertion, con- tinu avec le fruit, et presque toi^- jours obhquement implanté. — Œil : peu enfoncé, ouvert, bien développé, grand, phssé sur ses bords. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de roux, veinée de fauve BEL 211 autour du pédoncule et souvent couverte de quelques taches roussâtres et squam- meuses. — Chair : demi-fine, blanche, juteuse, fondante, pierreuse au centre. — Eau : des plus abondantes, fraîche, sucrée, acidulé, possédant une saveur beurrée vraiment exquise. Maturité. — De la fin d'août à la mi-septembre. Qualité. — Première. Ilistoriclue. — Récemment gagnée, elle provient des semis de M. Boisbunel, pépiniériste à Rouen. Sa première fructification eut lieu en 1856, et sa propagation l'année suivante. Observations. — On a dit que sa maturité arrivait en novembre et se prolon- geait jusqu'à la mi-décembre. Chez nous, elle s'est montrée beaucoup plus hâtive, puisque nous l'avons mangée dès la fin d'août, sans pouvoir la conserver au delà de la mi-septembre. Aussi la regardons-nous comme un fruit d'été, et non d'automne. Poire BELLE-S ANS-PEPINS. — Synonyme de poire Belle de Bruxelles sans pépins. Voir ce nom. 97. Poire BELLE DE SEPTEMBRE. ^ Sjnonjme. — Poire Grosse de Septembre (Schmidt, Illusirirtes Handbuch der Obstkunde, 1864, t. V, p. 249). lïescpiption de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux, étalés, gros, de longueur moyenne, peu flexueux, gris-roux, lar- gement ponctués, à cous- sinets bien développés. — Yeux : petits, coni- ques , pointus , légère- ment duveteux , placés en éperon et ayant les écailles bombées. — Feuilles : ovales - allon - gées , cotonneuses , à bords entiers ou faible- ment denticulés, à pétiole court et nourri. Fertilité. — Exces- sive. Culture. — Il pros- père très -bien sur co- gnassier ; sa vigueur est grande; ses pyramides sont fortes et belles. Deseription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne, et quelquefois plus considérable. — Forme: oblongue ou 21^ BEL turbinée-arrondie, ayant généralement un côté plus ventru que l'autre. — Pédon- cule : de longueur moyenne, bien nourri, arqué , obliquement inséré au milieu d'une faible dépression. — OEil : grand, mi-clos, souvent contourné, presque saillant. — Peau: jaune pâle, tachée de fauve, finement ponctuée de gris, et lavée parfois de rouge-brun sur la partie exposée au soleil. — Chah- : verdâtre , fine , juteuse, demi -fondante , rarement pierreuse. — Eom : abondante, sucrée, parfu- mée , délicate , mais un peu trop astringente. Maturité. — Fin septembre et début d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — A peine connue en France, cette variété a pris naissance en Prusse, où elle est nommée Grosse de Septembre [Grosse Septemberrirne] , et voici ce qu'écrivait à son sujet, au cours de 1864, un pomologue fort distingué, M. Scbmidt, inspecteur des forêts à Blumberg, près Stettein ; nous traduisons textuellement : (( Cet ancien poirier a été^ jusqu'ici, presque uniquement cultivé dans le nord de l'Alle- magne, et surtout en Poméranie, où j'en rencontrais déjà, il y a une cinquantaine d'années, des sujets fort âgés. » [Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, t. V, p. 249.) Observations. — Les Allemands conservent ce fruit , nous disent-ils , cinq ou six semaines, de la mi-septembre à la fin d'octobre. Dans l'Anjou, il mûrit bien vers la moitié de septembre , mais il ne saurait y dépasser ce même mois , car il blettit très- vite. 98. Poire BELLE DE THOUARS. Synonymes.— Poires : 1. Belle de Jersey (Annales du Comice horticole de Maine-et- Loire, 1852, p. 190). — 2. CouLON DE Saint-Marc (Ibid.). — 3. Belle de Troyes (Langelier, cité par Thompson, ihe Journal of the horticuliural Society of London, 185S, t. IX, p. 300). — 4. Belle de Prague (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonne' des poiriei^s qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 1855, p. 63). — 5. Saint-Marc [Id. ibid.). — 6. Belle de Thouarsé ( Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, i%ï)%, t. II). nescription de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux , ordi- nairement étalés, des plus gros, courts, géniculés, vert-brun olivâtre, finement ponctués , à coussinets prononcés , à mérithalles habituellement courts . — Yeux : noirâtres, ovoïdes, assez volumineux, à écailles bombées, excessivement écartés du bois, et parfois sortis en éperon. — Feuilles : d'un beau vert mat, ovales ou elliptiques , ayant les bords régulièrement dentés et le pétiole court , très-fort et pourvu de longues stipules. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Cet arbre, dont la vigueur est grande, se greffe avantageusement sur cognassier, il s'y développe rapidement en pyramides des plus feuillues, des mieux ramifiées. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : ■ allongée, obtuse, bosselée et souvent contournée. — Pédoncule : assez court, droit ou arqué, bien nourri, obliquement implanté dans un faible évasement. — Œil : petit, rond, j BEL 213 ouvert, peu enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : épaisse, bronzée, entièrement et fortement ponctuée de gris clair. — Chair : grosse, blanche, cassante, légèrement pierreuse. — Eau : suffisante, acidulé, faiblement sucrée, complètement dénuée de parfum. Poire Belle de Thouars. Maturité. — Octo- bre et novembre. Qualité. — Deu- xième pour la cuis- son. Historictue. — Nous la croyons ori- ginaire de Thouars, près Bressuire (Deux- Sèvres) ; et c'était aussi l'opinion de feu Prévost, le pomolo- gue rouennais. Vers 1839, le Comice hor- ticole d'Angers reçut un poirier appelé Cou- ion de Saint- Marc, etle multiplia longtemps sous ce nom, quoi- qu'il ne fût autre — nous l'avons constaté récemment — que l'espèce dite Belle de Thouars, puis Belle de Thouarsé, Belle de Troyes, Belle de Pra- gue , par suite , pro- bablement, de mau- vaises lectures d'éti- quettes. Nous ne sau- rions indiquer de quelles mains le Co- mice tenait cet arbre, et moins encore expli- quer la dénominationfbizarrelqu'il portait lorsqu'on le lui envoya. Mais quant au second pseudonyme [Belle de Jersey] sous lequel la Belle de Thouars a souvent circulé, voici comment il se produisit : M. Langelier, décédé pépiniériste à Jersey, possédant cette variété, la répandit abondamment il y a une quarantaine d'années, surtout en Angleterre; et quoiqu'il Fappelât Belle de Troyes, on finit par lui apph- quer le nom de l'île où résidait son expéditeur. Et ce fut ainsi que nombre de per- sonnes achetèrent la Belle de Jersey, qu'ensuite on supposa, mais bien à tort, la même que la Belle- Angevine. — La propagation de la Belle de Thouars ne doit pas être de beaucoup antérieure à 1830. Obg^efvations. Ce serait une erreur, malgré le surnom de Saint-Marc dont 2U BEL on a gratifié ce fruit, de supposer qu'il fût possible de le conserver jusqu'en avril , mois où l'on fête l'évangéliste Marc; jamais, en effet, la Belle de Thouars n'a dépassé les derniers jours de novembre; et même, si l'on veut qu'elle ait toutes les qualités recherchées pour les compotes, il est indispensable de l'utiliser vers la mi-octobre, avant sa complète maturité. PoniE BELLE DE THOUARSÉ. — Synonyme de poire Belle de Thouars. Voir ce nom. Poire BELLE DE TROYES. — Synonyme de poire Belle de Thouars. Voir ce nom. Poire BELLE-VERNIE. — Synonyme de poire de Duvergnies. Voir ce nom. Poire BELLE DU VERNIS. — Synonyme de poire de Duvergnies. Voir ce nom. Poire BELLE- VIERGE. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. Poire BELLISSIME. — Synonyme de poire de Deux-fois-l'an. — Voir ce nom. 99. Poire BELLISSIME D'AUTOMNE. Synonymes. — Poires ; 1. Belle-et-Bonne d'Automne (Merlet, l'Abrégé des Ions fruits^ édition de 1673^ p. 94). — 2. Vermillon d'Automne (Dom Gentil, le Jardinier solitaire, édition de 1723, p. 48). — 3. Ver- millon (Duhamel, Traité des arbres fruitiers, 1768^ t. Il, p. 128). — 4. Grosse-Muscadille (Herman Knoop, Fructologie, édition de 1771, p. 138). — 5. Muscadille rouge {Id. ibid.). — 6. MuscAT RoUGE {M. ibid.).— 7. Vermillon d'Automne des Dames (Henri Manger, Systematische Pomologie, 1783, t. II, p. 74). — 8. Petit- Gerteau (Thompson, Catalogue of the fruits cultivated in the garden of the horticultural Society of London, édition de 1842, p. 132). — 9. Des Dames (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). — 10. Fri- SÉUS {Id. ibid.). Description de l'ai*l»re. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux, un peu faibles, érigés , à peine flexueux, violet foncé, finement ponctués de gris clair et munis de coussinets légèrement ressortis. — Yeux : moyens , coniques , pointus , adhérents. — Feuilles : petites , ovales-arrondies, acuminées, ayant les bords unis ou faiblement denticulés, et le pétiole long et frêle. Fertilité. — Excessive. BEL 215 Culture. — Cet arbre, de vigueur convenable, se greffe sur franc ou sur cognassier; ses pyramides sont fortes et très-feuillues; le développement de son écusson est hâtif. Description tlii fruit. — Grosseur : variable, mais plutôt moyenne que petite. — Fonne : allongée, régulière, parfois légèrement obtuse, bosselée vers le sommet. — Pédoncule : long , menu , droit ou arqué , souvent renflé à la base et obliquement implanté à fleur de fruit. — Œil : grand , des plus développés , bien ouvert, toujours saillant. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de fauve du côté de l'ombre , et largement lavée de rouge-brun brillant sur la partie exposée au soleil , où elle est également semée de points gris clair. — Chair : blanche, fme, demi- fondante, juteuse, un peu marcescente et un peu pierreuse. — F au : abondante, sucrée, douce, savoureusement parfumée. Maturité. — De la mi-septembre jusqu'aux derniers jours d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Merlet est le premier auteur qui chez nous ait parlé de cette poire. On la trouve décrite en 167S, sous le nom de Belle-et-Bonne, dans la seconde édition de son Abrégé des bons fruits. Était-elle mentionnée déjà dans la précédente, qui parut en 1670?... Nous l'ignorons. Quoi qu'il en soit, cette variété, d'origine française , commençait à se répandre vers le milieu du xvii'' siècle, et perdait bien- tôt sa dénomination primitive pour celle de Bellissime d'Automne , que Merlet crut d'abord particulière à une espèce nouvelle. Cela se constate dans la troisième édi- tion de son précieux ouvrage, où l'on voit en 1690 la Belle-et-Bonne figurer à la page 80 , et la Bellissime d'Automne à la page 82 , suivies chacune de descriptions parfaitement semblables. Mais cette erreur dura peu; comme aussi l'on oublia vite le premier nom de la Bellissime d'Automne — dont la province natale reste encore à découvrir — devant les nombreuses rebaptisations qu'elle eut à subir, en France et à l'étranger. Observations. — Dom Gentil, religieux qui dirigea longtemps avec succès la célèbre pépinière du couvent des Chartreux, à Paris, disait en 1723, dans son Jardinier solitaire : « Pour avoir la Bellissime d'Automne, ou poire Vermillon, dans sa parfaite bonté, il faut qu'elle se détache de l'arbre.... Donc, mettez de la paille autour de ce poirier, pour empêcher que ses fruits ne soient point meurtris en tombant. » (Page 48.) Et la recommandation faite ici est toujours bonne à suivre ; de même qu'il importe également de bien surveiller cette poire au fruitier, où elle blettit aisément sans que son brillant coloris s'altère et attire ainsi l'attention. — M. Decaisne, en la décrivant dans le tome II du Jardin fruitier du Muséum, lui a donné pour syno- nyme une poire des Dames, entre autres, que peut-être on pourrait confondre avec une espèce nommée poirier de Dame ou poirier des Beuhards, si l'on ne savait que les produits de cette dernière variété diffèrent complètement de la Bellissime d'Automne. Ils ont en effet la forme d'une Bergamote, mûrissent dès le milieu d'août, et se gardent à peine une dizaine de jours. 216 BEL 100. Poire BELLïSSIME D'ÉTÉ. Synonymes.— Poires : 1. Laurentienne (J. Bauhin, Historia planta?mm, 1570-1580, livre I, p. 49). — 2. Suprême (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 11 ). — 3. Sâint-Laurent (BosCj Nouveau cours d'agriculture, t. X, p. 241). — 4. Muscadet d'Eté (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 1855, p. 69). —5. BASSIN (Decaisne, /e /ar(Zz'« fruitier du Muséum, i^ït^, i. l). - 6. Belle-Cornélie ( /(/. ibid.). — 7. Just {Id. ibid.). Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux , érigés près du sommet, étalés vers la base, forts, très-longs, droits , cotonneux , rouge ardoisé , largement ponctués, à coussinets presque nuls, — Yeux : des plus petits, ovoïdes-obtus, aplatis, com- plètement adhérents. — Feuilles : rarement abondantes , acuminées , elliptiques, cotonneuses, ayant les bords entiers et le pétiole excessi- vement long, gros et pourvu de sti- pules bien développées. Fertilité. — Grande. Culture. — Les pyramides de ce poirier sont très-élancées mais trop dépourvues de rameaux ; il réussit sur franc et sur cognassier ; le déve- loppement de son écusson est assez hâtif. Description du fruit. — Grosseur : moyenne , et quelquefois plus volumineuse. — Forme : oblon- gue, ventrue, obtuse, considérable- ment amincie près du sommet. — Pédoncule : de longueur moyenne , peu nourri, renflé aux extrémités, arqué, obliquement inséré dans une étroite cavité souvent mamelonnée. — OEil : petit ou moyen, ouvert, régulier, à peine enfoncé. — Peau : jaune d'ocre, brillante, maculée de fauve autour de l'œil et du pédoncule, fortement ponctuée de brun-roux du côté de l'ombre, et très-large- ment lavée de carmin sur la face frappée par le soleil, où elle est en outre couverte de points gris clair. — Chair : blanchâtre, un peu grossière, cassante, contenant quelques pierres au-dessous des loges. — Eau : suffisante, fraîche, sucrée, aigre- lette, faiblement parfumée. Maturité. — De la mi-juillet au commencement d'août. Qualité. — Deuxième pour le couteau, première pour la cuisson. Historique. — La poire ici décrite est connue depuis plusieurs siècles, et BEL 217 même on a cru — mais à tort — retrouver en elle une des variétés cultivées par les Romains. Témoin ce passage d'un auteur hollandais : « Dans mon pays^ la Bellissime d'Été des Français est appelée Madame, ou Suprême ; les Grecs la nommaient Mjarrhapia; les Romains, Onychina.... » (De Lacour, les Agréments de la campagne, 1752, t. II, pp. 27-28.) Qui ne voit, en effet, que ces deux noms, Myrrhapia, Onychina, ne sauraient convenir à un fruit dont l'eau ne rappelle en rien le parfum de la myrrhe, ni la peau Poire Bellissime d'Été. - Deuxième Type, le blanc rosé des ongles?... Du reste, on sait depuis longtemps que la variété à laquelle ils se rapportent , est uniquement la Cuisse- Madame. — Toutefois, si la Bellissime d'Été ne parut ni dans les jardins de Yarron , ni dans ceux de Columelle, on peut affirmer qu'au xv^ siècle , et sans doute avant, on la mangeait dans le Midi de la France, sur- tout à Montpellier, où Jean Bauhin le natu- raliste la rencontra vers 1560. Ce fut lui qui le premier la signala , observant page 49 de son Historia plantarum^i « qu'on l'appelait « Laurentiana , parce qu'ordinairement elle « était mûre le jour où l'on fêtait saint Lau- « rent (10 août). » El malgré les différents noms appliqués ensuite à cette variété, il est à remarquer que celui-là se maintint quand même dans le Languedoc et les provinces y confinant, ainsi qu'il résulte du passage ci- après, écrit en 1809 par M. Bosc, alors professeur au Jardin des Plantes de Paris : « La poire Saint - Laurent , fruit moyen, tur- biné,.... mûrissant au commencement d'août ; M. Calvel, à qixi on en doit la connaissance, dit qu'elle est commune daus les départements méridionaux.... » [Nouveau cours d'agriculture, t. X, p. 241.) Observations. — On a presque toujours rangé les poires Sabine d'Été et de Madame, parmi les synonymes de la Bellissime d'Eté ; elles sont loin pourtant de lui ressembler. La première n'est autre que la Jargonelle, si bien décrite en 1768 par Duhamel [Traité des arbres fruitiers, t. II, p. 123), et la deuxième appartient aux espèces hollandaises introduites chez nous au cours du xvn* siècle. Cette double erreur vieRt de ce qu'on laisse subsister dans les pépinières et les Catalogues, sous le nom de Bellissime d'Eté, plusieurs poiriers différant entièrement de l'arbre que nous venons d'étudier, le seul qui soit identique avec celui dont la Quintinye , Duhamel, le Berriays, Prévost et Decaisne se sont longuement occupés. Et puisque nous invoquons l'autorité de M. Decaisne, faisons remarquer que ce savant bota- niste lui a donné place dans son volumineux et bel ouvrage, mais sous la déno- mination toute parisienne de poire Bassin, ainsi expliquée : « Depuis nombre d'années, la poire Bassin apparaît en très-grande quantité sur les marchés et dans les rues de Paris.... C'est la Bellissime d'Été décrite par Duhamel, mais je lui ai conservé le nom sous lequel elle arrive et se vend ici. » [Le Jardin fruitier du Muséum, 1888, t. I.) Enfin, ajoutons qu'elle ne saurait avoir non plus pour synonyme la poire Briffant, 218 BEL comme l'ont pensé quelques horticulteurs, et terminons son article en assurant que la Quintinye fut trop sévère, lorsqu'il dit : « Je la connais pour si mauvaise, que « je ne conseille à personne de la planter !... » [Instructions pour les jardins fruitiet^s et potagers, édition de 1739, t. I, p. 316.) Réellement, elle vaut bien la culture, et l'extrême fertilité de l'arbre la rend même recommandable, puisque sur les marchés de Paris « son prix moyen varie de six à dix francg le cent, » d- après M. Decaisne. 101. Poire BELLISSIME D'HIVER. ISynon;^ine. — Poire Vermillon d'Hiver des Dames (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). Descrip- tion «le l'ai*- bfe. — Bois : fort. — Ra- meaux : nom- breux , érigés ou légèrement étalés , gros , flexueux, duve- teux, brun ver- dâtre^ ponctués de gris, aux coussinets bien marqués, — Yeux : moyens, ovoïdes -arron- dis, brunâtres, adhérents. — Feuilles : gran- des, ovales, acuminées, sou- vent canalicu- lées , ayant les bords entiers ou très -faiblement crénelés, et le pétiole épais et court. Fertilité. — Convenable. Culture. — On le greffe sur franc ou sur cognassier ; il est vigoureux , des plus touffus et se développe admirablement en pyramide. BEL 219 Descrii>tion du fruit. — Grosseur : volumineuse, mais parfois moyenne. — Foi^me : variant entre la turbinée-ventrue et la turbinée-arrondie , et toujours mamelonnée au sommet. — Pédoncule : de longueur et de force moyennes, arqué, renflé à la base, régulièrement implanté dans une assez large et assez profonde cavité. — Œil : grand, bien formé, ouvert, presque saillant. — Peau : jaune d'ocre , ponctuée et finement veinée de fauve du côté de l'ombre , tandis que la partie opposée est d'un rouge-brun, clair et luisant, sur lequel se détachent de nombreux points gris. — Chair : blanche, mi-cassante, mi-fine, juteuse, non pierreuse. — ^aw ; abondante, fraîche, sucrée, quoiqu'un peu astringente , mais trop dépourvue de parfum pour être délicate. Maturité. — De février jusqu'en avril. Qualité. — Troisième comme fruit à couteau, première comme fruit à compote. Historique. — Le nom de Bellissime d'Hiver n'apparut chez nos anciens pomologues, qu'en 1690, et ce fut Merlet qui l'inscrivit alors dans la troisième édition de son Abrégé des bons fruits. Mais disons vite que la poire qu'il appelait ainsi, était la Bellissime d'Hiver de Bur, fort différente de celle dont nous nous occupons actuellement ; et Merlet, en ajoutant au nom de sa variété le déterminatif DE Bur, semble indiquer qu'une autre Bellissime d'Hiver existait déjà parmi les poiriers cultivés en France. Le fruit auquel il appliqua ce surnom distinctif, nous avons dit plus haut (page 191 ) que nous le regardions comme identique avec la Belle- Angevine. Renvoyons donc le lecteur à l'article relatif à cette dernière poire, et démontrons que l'espèce ici décrite se rapporte exactement à la Bellissime d'Hiver étudiée pour la première fois par le savant Duhamel du Monceau, en 1768. Yoici comment il l'a caractérisée : « Elle est plus grosse que le Catillac, ayant jusqu'à quatre pouces de diamètre, sur trois pouces neuf lignes de hauteur. Sa forme est presque ronde , diminuant un peu de grosseur du côté de la queue, qui est grosse, longue de huit à dix lignes, plantée à fleur du fruit ou entre quelques bosses peu élevées. Le côté de la tête est arrondi, et Vœil est placé dans ime cavité peu profonde. Sa. peau est lisse, le côté du soleil est d'un beau rouge tiqueté de gris clair, et le côté de l'ombre est jaune, tiqueté de fauve. Sa chair est tendre, sans pierres, très- moelleuse étant cuite. Son eau est douce, abondante, sans âcreté, relevée d'un petit goût de sauvageon. Cette poire, dont le nom convient bien à sa grosseur et à la beauté de ses couleurs, se conserve jusqu'en mai; elle est meilleure, cuite sous la cloche, que le Catillac; on peut même en faire d'assez bonnes compotes. » [Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, pp. 234-233. ) Duhamel, qui se préoccupait très-rarement de l'origine des fruits, n'a pas su d'où provenait cette variété , ou tout au moins n'a pas songé à donner ce rensei- gnement. Elle appartient certainement à la France , et les pomologues étrangers , les Allemands entre autres, l'en déclarent indigène. Par ce qui précède, on voit qu'elle n'y fut guère répandue avant la fin du xvii" siècle. Aujourd'hui, on la recherche beaucoup en Prusse, en Autriche, et surtout en Bavière , où les horti- culteurs l'ont appelée Kaiserbergamote [Bergamote Impériale]. (Voir Y Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, 1863, t. V, p. 152.) Observations. — (( En quelques endroits — disait en 1808 M. de Launay — ('la BeUissime d'Hiver est appelée Téton de Yénus et Catillac. » [Le Bon- Jardinier, pp. 136-137. ) Aujourd'hui, presque tous les pépiniéristes savent parfaitement que ces deux derniers noms ne sont pas synonymes du premier ; cependant, comme on 220 BEL — BÉQ les rencontre encore ainsi qualifiés dans plusieurs publications de dat(3 assez récente, notre remarque ne saurait être complètement inutile. — Notons également que la Belle de Noisette n'a rien de commun avec la Bellissime d'Hiver. Poire BELLISSIME D'HIVER DE BUR. — Synonyme de poire Belle- Angevine. Voir ce nom. Poire BELLISSIME DE JARDIN. — Synonyme de poire Béquesne. Voir ce nom. Poire BELLISSIME DE PROVENCE. — Synonyme de poire de Stuttgardt. Voir ce nom. Poire BÉNITE. — Synonyme de poire Ah-mon-Dieu! Voir ce nom. Poire BENS. — Synonyme de poire Angélique de Bordeaux. Voir ce nom. 102. Poire BÉQUESNE. Synonymes. — Poires : \ . Béquesne d'Anjou (Henri Heisseiij Gartenlust [le Jardin d'agré- ment], 1690 ). — 2. BÉQUlNAS [Id. ibid.). — 3.D0UBLE-BÉQUESNF. (7c?. ibid.). — k. Asperge d'Hiver (Mayer, Pomona franconica, 1801, p. 311). — 5. Bellissime DE Jardin (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II. ) Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : nom- breux , de grosseur moyenne , rare- ment très - flexueux , érigés, brun- roux , ponctués de gris , munis de coussinets faiblement marqués. — Yeux : coniques , pointus , petits , non adhérents , à écailles très- bombées, — Feuilles: ovales -allongées, acu- minées, grandes, planes ou canalicu- lées, à bords profondément dentés, à pétiole allongé , menu , rougeâtre à la base. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — On le greffe sur cognas- sier; vigoureux, prompt à se déve- lopper, il fait de belles pyramides bien ramifiées. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne et souvent moins volumineuse. — Forme: allongée , obtuse , très - régulière , BÉQ— BER 221 généralement mamelonnée au sommet. — Pédoncule: long, mince, droit ou contourné, obliquement implanté au milieu d'une faible dépression. — (EU : large, ouvert, uni sur ses bords, presque saillant. — Peau: jaune d'or, ponctuée de roux, maculée de fauve autour du pédoncule, finement lavée de carmin sur la partie exposée au soleil , où elle est en outre marquée de points gris clair. — Chair : blanche, mi-cassante, à grain serré, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, douce, sucrée , peu savoureuse, peu parfumée. Maturité. — D'octobre en janvier. Qualité. — Troisième comme fruit à couteau, première pour la cuisson. Historique. — Elle n'apparaît dans nos pomologies, qu'à partir de 1673. A cette époque, c'est Merlet qui la cite (page 119), et sans indication de provenance. Cependant elle doit appartenir à l'Anjou, car un auteur allemand, Henri Heissen, la décrivant en 1690 dans son Gartenlust [le Jardin d'agrément]^ l'appelle Béquesne d'Anjou. M. Decaisne, cherchant l'étymologie du nom qu'elle porte, a posé cette question : « On nomme en Champagne et en Brie, Béquêne ou Béquens une jeune fille très-babillarde. En Lorraine, on appelle Beccaine le pic-vert, qui fait grand bruit avec son bec. Le nom de Béqiiesne donné à cette poire ferait-il allusion à la longueur de son bec (queue)?.... » {Le Jardin fruitier du Muséum, 1839, t. H.) En partageant un tel sentiment, on pourrait citer aussi le mot Béquerelle^ qui s'ap- plique populairement aux femmes trop amies de la médisance ; mais nous ne pen- sons pas que ce soit la longueur, d'ailleurs fort ordinaire, du pédoncule de la poire Béquesne, qui lui ait valu cette dénomination; d'autant mieux que jamais nous n'avons vu qu'on ait dit ou écrit : le bec d'une poire, pour : la queue d'une poire.... A notre sens, Béquesne est un nom d'individu, ou simplement un nom de champ, de ferme. Obser-vations. — A l'occasion de cette même variété, M. Decaisne ajoute : « J'y rapporte une poire décrite par Noisette sous le nom de Bellissime de Jardin ; » et là nous partageons absolument son opinion. — Le poirier Béquesne est l'un des plus précieux à cultiver pour la fabrication des poires tapées. Poire BÉQUESNE D'ANJOU. — Synonyme de poire Béquesne. Voir ce nom. Poire BÉQUINAS. — Synonyme de poire Béquesne. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE. — Synonyme de Bergamote d'Automne. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE D'ALENÇON. — Synonyme de Bergamote de Hollande. Voir ce nom. 103. Poire BERGAMOTE D'ANGLETERRE. Stynonymes. — Poires : 1. Bergamote de Hampden (Langley, Pomona, 1729, planche LXV). — 2. D'Ecosse {ilenTiMa.nger, Systematische Pomologie,ll8i,t. II, p. 16).— 3. Ellanrioch (Thompson, Catalogue of the fruits cultivated in the garden of the horticuliural Society ofLondon, 1842, p. 124 ). — 4. De Fingal {Id. il)id.).~ 5. LONGUEViLLE {Id. ibid.).—Q. Hamden (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. Ill ). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. -^Bameaux : nombreux, géné- ralement étalés ou réfléchis, cotonneux, gros, courts, légèrement coudés, d'un 222 BER [bergamote ang] vert grisâtre foncé, finement ponctués, ayant les coussinets ressortis. — Yeux : très-écartés du bois, petits, ovoïdes-obtus, duveteux, à écailles renflées. — Feuilles: petites, cotonneuses, un peu coriaces, ovales-arrondies, contournées, presque „ . „ X j,. 1 . entières sur leurs bords. Poire Bergamote d Angleterre. . „ -,. i et munies d un pétiole court, épais et accompa- gné de longues stipules. Fertilité. — Bonne. '^ ^^ Culture. — Ce poirier se greffe uniquement sur franc ; il y est de vigueur moyenne, d'un développe- ment tardif, mais ses py- ramides sont assez fortes la troisième année. Description du fruit. — Grosseur : au- dessus de la moyenne et souvent plus volumineuse, — Forme : turbinée -arron- die, irrégulière, mame- lonnée au sommet. — Pé- doncule : très -court, peu fort, renflé à son point d'attache, droit, oblique- ment implanté à fleur de fruit. — Œil : petit, rond, ouvert, placé au fond d'un large bassin en entonnoir. — Peau : vert jaunâtre, ponctuée de gris-brun et couverte de nombreuses taches rousses, habituellement squammeuses. — Chair : blanche, demi-fine, juteuse, demi - cassante , assez pierreuse au centre. — Eau : des plus abondantes, sucrée, finement musquée, légèrement acerbe. Maturité. — Fin septembre et premiers jours d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — La Bergamote d'Angleterre est un des meilleurs fruits dont nous soyons redevables à la Grande-Bretagne. Le nom sous lequel le pomologue Batty Langley la mentionnait en 1729 dans sa Pornona [Hampden'sBergamot], indi- que probablement son lieu d'origine : le bourg de Hampden , dans le Buckingh- amshire. Mais peut-être aussi fut-elle gagnée dans une autre localité, puis dédiée au célèbre John Hampden, cousin de Cromwell, et qui, mort en 1643, était un des membres les plus éloquents de la Chambre des Communes?... Quoi qu'il en soit, cette poire a commencé à se répandre vers le milieu du xvii'' siècle. Observations. — La Bergamote d'Été (ancien Milan vert) et la Bergamote Gansell ne sont pas , comme on l'a dit souvent, semblables à la Bergamote d'Angle- terre; elles s'en éloignent, au contraire, sensiblement, ainsi qu'il est facile de le reconnaître par l'examen de ces deux espèces, décrites ci-après. — En 1834, feu Dalbret , alors attaché au Muséum d'Histoire naturelle , écrivait ce qui suit dans les Annales de Flore et de Pomone : BER [bergamote aijt] 223 « Je crois devoii' en recommander la multiplication dans les jardins.... On peut dire sans exagéi'ation que c'est un de nos meilleurs fruits, puisqu'il a les qualités du Beurré gris d'Amboise, et qu'il doit même lui être préféré, à cause de la rusticité qui le fait réussir dans tous les terrains et à toute exposition. » (Pages 212-213. ) Une telle appréciation nous paraît beaucoup trop flatteuse pour la Bergamote d'Angleterre, fruit de deuxième qualité, dépourvu, chez nous du moins, de l'ex- quise saveur du Beurré gris. Et nous faisons cette remarque, parce que l'opinion de Dalbret ayant rencontré des partisans , pourrait être acceptée comme absolue , tandis qu'elle comporte d'assez nombreuses exceptions. Poire BERGAMOTE D'AOUT. — Synonyme de Bergamote d'Été. Yoir ce nom. Poire BERGAMOTE AUDIBERT. — Synonyme de poire Audibert. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE D'AUSTRASIE. — Synonyme de poire Jaminette. Yoir ce nom. 104. Poire BERGAMOTE D'AUTOMNE. St^'nonyines. — Poires : 1. Bergamote (Charles Estienne, Seminarium et plantarium fructiferarum, 1540, p. 70). — 2. Bergamote commune (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1673, p. 91 ). — 3. Bergamote Récour (M. ibid., p. 92). — 4. Bergamote lisse {Idem, édition de 1690, p. 78 ). — 5. Bergamote de la Hilière (la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édi- tion de 1739, t. I, pp. 228-229). — 6. Bergamote de'RecoU'S [Id. ibid.). — 7. Grosse-Amrrette (Comice horticole d'Angers, Album colorié de ses poires, 1846, p. 43). —8. Bergamote Rouwa (Tougard, Tableau analytique des variétés de poires classées par ordre de maturité, 1832, p. 26). — 9. Vermillon suprême (Id. ibid.]. — 10. Bergamote Melon (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). Description de Tarbre. — Bois : fort. — Rameaux : peu nombreux, ordinairement étalés et arqués vers la base, érigés près du sommet, très-gros, courts, géniculés, cotonneux, roux ver- dâtre, parfois lavés de rose terne, surtout dans le voisinage de l'œil, ponctués de gris , ayant les cous- sinets aplatis, — Yeux : ovoïdes, volumineux , écartés du bois , duveteux et à écailles fortement bombées. — Feuilles : assez, gran- des, épaisses, rarement abondan- tes, ovales -allongées, contour- nées, canaliculées , cotonneuses, ayant les bords entièrement unis, le pétiole court, gros et roide. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Il est très-vigoureux, se greffe sur le franc ou sur le cognassier; ses pyramides sont d'un bel aspect. 224 BER [bergmiote aut] Descriptioii du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : assez variable, mais le plus ordinairement arrondie et aplatie. — Pédoncule : court, minée, arqué, obliquement inséré dans une cavité en entonnoir. — Œil : petit, ouvert, souvent mal développé, peu enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée et striée de roux, portant quelques taches fauves et noirâtres. — Chair : blanchâtre, fme, fondante, juteuse, légèrement pierreuse. — F au : abondante, sucrée, fraîche, acidulé, douée d'un parfum particulier des plus savoureux. Maturité. — Vers la mi-octobre et se prolongeant parfois jusqu'en décembre et janvier. Qualité. — Première. Historique. — Deux opinions sont en présence, sur l'origine de cette variété. En 1536, Benedictus Curtius, auteur florentin, dans son Arborum historia la fait venir de Bergame (Lombardie); et Valerius Cordus, naturaliste allemand qui publia en 1361 une Historia stirpium, partage aussi ce sentiment, reproduit plus tard en Silésie par Jean Jouston [Dendrographias , 1662, p. 38), puis chez nous par la Quin- tinye et surtout par la Bretonnerie [École du jardin fruitier, 1784, t. II, p. 415). Voilà pour la première opinion. La seconde, professée dès 1644 par le médecin hol- landais Jean Bodseus, livre iv, chapitre vi de sa traduction de V Historia plantarum de Théophraste, philosophe grec né 370 ans avant l'ère chrétienne, la seconde veut que la Bergamote sorte de l'Asie , d'où les Romains l'auraient importée en Italie, et mangée ensuite sous le nom de pirum Regium, témoignant à quel point ils la trouvaient délicieuse. Et, cette version, nous la voyons figurer, approuvée, dans les ouvrages ci-après : Dictionnaire étymologique de la langue française^ de Ménage, 1730; — les Agréments de la campagne, de Lacour, 1752, t. II, p. 32; — Systemaiische Pomologie, d'Henri Manger, 1783, t. II, p. 20.... Quant à nous, car il faut bien conclure, sachant que l'Europe est redevable à l'Orient d'une grande partie de ses anciens, de ses meilleurs fruits, nous regardons l'Asie comme la patrie de ce poirier. D'aiUeurs, si l'on interroge le plus érudit des pomologues ita- liens, Agostino GaUo, qui décrivit longuement en 1339, dans ses Vinti giornati delf agricoltura, entre autres poires la Bergamote, on constate qu'il ne dit nullement qu'elle soit née en Lombardie. Or, s'il en avait été ainsi, ne se fùt-il pas empressé de le déclarer, lui qui, page 106, la proclamait « la meilleure de toutes les variétés « d'automne?... » Mais si nous la croyons, avec Ménage, Lacour et Manger, origi- naire du Levant, nous repoussons, cependant , l'étymologie qu'ils appliquent à son nom, dérivé selon eux de beg et d'armoudi, termes signifiant poire de souverain, de seigneur. Non, la langue turque, à notre sens, n'a rien prêté à ce poirier, qui réelle- ment, s'il appartient à l'Asie, n'a pu qu'y recevoir le nom même de son berceau, celui de l'antique Pergame, ville de Mysie, appelée présentement, et de temps immémorial, Bergajmo. Et nous ajouterons que les Romains, après l'avoir ainsi empruntée aux Asiati- ques, en dotèrent promptement la Grande-Bretagne, puisque nous lisons ce qui suit dans la pomologie de Lindley : « Elle a été, suppose-t-on, constamment cultivée « en ce pays depuis le temps de Jules César. [ Supposed to hâve been in this « country ever since the time of Julius Caesar.] » [A Guide to the orchard and kitchen garden^ 1831^ p. 353.) — En France, on la connut beaucoup plus tard; et Charles Estienne fixe à peu près à quelle époque, lorsqu'il dit en 1540, page 70 de son Seminarium : « On ne fait que commencer à planter ce poirier. » Cependant il est positif qu'il était déjà chez nous avant 1333, puisqu'à cette dernière date, Rabelais « s'esgaudissoit de manger bonnes poires Bcrguamotes. » [Pantagruel, BER [berCxAmote aut] 223 livre m, chap. xm.) Mais elles s'y multiplièrent rapidement, témoin ce passage d Olivier de Serres, écrit en 1600 ; ^ ^ « Leur exquise bonté leur ayant accpis réputation, elles sont reconnues d'un bout de ce ro)j.ume à 1 autre... et des poires d'automne l'honneur est donné à la Bergamote «d Théâtre d agriculture et ménage des champs, livre VI, p. 629.) ë^iu^uie. [lc Observation^. - La maturité de ce fruit n'a pas toujours lieu d'octobre en novembre ; eue est au contraire fort inconstante. La Quintinye l'avait déjà remar- que en 1690, aussi disait-il alors : "^ « Elle a coutume de fournir la fin d'octobre et partie de novembre, et passe même guel- cpiefoxs jusjuen décembre, ce (jui fait merveilleux plaisir à nos curie;x. . [InstruZlspol les jardins fruitiers et potagers , p . 286 .) ^ ^ De nos jours, cette variété a gagné encore en tardiveté; ainsi nous avons vu nombre de ses produits atteindre la mi-janvier; mais, au dire de M. Decaisne H peut arriver qu on les mange bons jusqu'en mars : a Des poires de Bergamote d'automne, cueillies sur le même arbre en 1859 - remaraue mùrsa::7'n~t î^ "?"!:•' ^^^^7-^--l-"é, que quelques-unes étaient déjà parfaitement mures au 15 octobre, tandis que les autres mûrirent successivement pendant tout l'hiver Les dermeres ne parvinrent à leur maturité complète, que vers le milieu de mars 1860 C'esi donc un intervalle de cmq mois entiers qui sépare quelquefois les deux périodes exti^êmes de la maturation de ce fruit. » [Le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. IIL) Cette maturation si tardive, si prolongée, méritait certes une mention spéciale- cependant elle est tellement exceptionnelle, qu'il ne faut pas s'attendre à la voir souvent se renouveler. leurs 105. Poire BERGAMOTE D'AUTOMNE PANACHÉE. Synonymes. — Poires : 1. Bkrgamote SUISSE (Merlet, l' Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 93). — 2. Bergamote RAYÉE ( la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1690, p. 395). — 3. Bergamote MARBRÉE (Knoop, Fructologie , 1760, Fe partie, pi. n). — 4. Bergamote panachée {Id. ibid.).— 5. Bergamote suisse ronde {Id. ibid.). — 6. Salangue panachée (Kraft, Pomona austriaca , 1782, pi. CL5XI). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Bameaux : nom- breux, presqu'érigés, de grosseur moyenne, courts, droits, légère- ment cotonneux, jaune -orange panaché de vert, finement ponc- tués, ayant les coussinets peu ren- flés. — Yeux : à écailles bombées, petits, ovoïdes, écartés du bois. — Feuilles : grandes ou moyennes , ovales-allongées et entières sur bords; elles ont le pétiole court, roide et des plus nourris. ^- 15 226 BER [bergamote avr — boi] Fertilité. — Abondante. Culture. — Aussi vigoureux que son type, il peut, comme lui, se gretïer sur franc ou sur cognassier, et fait également d'assez belles pyramides. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : sphérique ou tur- binée-arrondie , régulière, ayant habituellement le sommet un peu mamelonné. — Pédoncule : assez long, menu, arqué, obliquement implanté au milieu d'un faible évasement. — Œil : petit, souvent mi-clos, rarement très-enfoncé. — Peau : jaune olivâtre, parfois finement colorée de rouge obscur, complètement semée de gros points fauves, et portant longitudinalement de larges bandes vert-brun pas- sant au vert clair sur la partie non exposée au soleil. — Chair : blanche, fine, juteuse, fondante, contenant quelques pierres auprès de l'œil. — Eau : des plus abondantes, fraîche, sucrée, acidulé, rappelant entièrement le parfum si délicat de la Bergamote d'Automne. Maturité. — Octobre et novembre. Qualité. — Première. Historique. — Variété de la Bergamote d'Automne, ou Commune, la poire ici décrite figure déjà, en i675, dans l'Abrégé des bons fruits, de Merlet, qui la nomme Bergamote suisse et la caractérise ainsi : « Elle est plus rare que les autres Bergamotes ; elle est autant beurrée et plate ', est toute rayée de vert et de jaune, et a son bois de même; charge beaucoup, veut le mur et peu de soleil. » (Page 9o.) Passage duquel il résulte que sa culture était alors assez restreinte chez nous , où elle ne paraît pas avoir pris naissance, puisque Merlet, son premier descripteur, semble, en l'appelant Bergamote suisse, indiquer le pays qui l'aurait fournie. Observations. — La forme de ce fruit est toujours moins aplatie que celle du type dont il provient; souvent même, s'en écartant beaucoup, elle se rapproche plutôt de la turbinée que de la globuleuse. VoUà peut-être ce qui aura induit en erreur le pomologue hollandais Knoop, étudiant et figurant dans sa Fructologie une Bergamote suisse ronde, puis une Bergamote de Suisse, la première ressemblant à une pomme, la seconde légèrement turbinée; mais toutes deux panachées, toutes deux mûrissant fin octobre, et douées aussi des mêmes qualités. (Yoir Fructologie, 1760, traduction allemande, P^ partie, p. 38, pi. ii, et IP partie, p. 35, pi. vi.) Quant à nous, une seule variété de Bergamote d'Automne panachée nous est actuellement connue; affirmons-le, sans prétendre cependant qu'il ne puisse en exister une deuxième chez les Hollandais ou les Allemands. Poire BERGAMOTE D'AVRANCHES. — Synonyme de poire Bonne -Louise d'Avranches. Yoir ce nom. Poire BERGAMOTE BEAUCHAMP. — Synonyme de Beurré Beauchamp. Yoir ce nom. Poire BERGAMOTE BERNARD. — Synonyme de poire Bernard. Yoir ce nom. Poire BERGAMOTE BOISSIERE. — Synonyme de Bergamote Boursière, Yoir ce nom. BER [bergamote bou] 227 10 6. Poire BERGAMOTE BOUSSIÈRE. S^nonTine. — Poire Bkrgamote Boissièpe (Eiedenfeld, Bandbuch aller Lekannten Obstsorten. 1854, t. I, p. 54). description de l'ar- l»pe. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : nom- breux, bien nourris, assez longs, peu flexueux, gri- sâtres , ponctués de fauve , cotonneux, à coussinets fai- blement marqués. — Yeux: petits , aigus , écrasés , à large base, légèrement écar- tés du bois. — Feuilles : moyennes, elliptiques, acu- minées, ayant les bords fine- ment denticulés ou unis, et le pétiole court et épais. Fertilité. — Convenable. Culture . — Le cognassier lui convient parfaitement; sa vigueur est satisfaisante sur ce sujet, ainsi que ses pyramides ; son développe- ment se fait avec rapidité. Description dn fruit. — Gi'ossev.r : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée, excessivement obtuse et ventrue, régulière. — Pédoncule : assez long, menu, droit, obliquement inséré dans une cavité rare- ment très-prononcée. — Œil : petit, ouvert, souvent contourné, placé dans un bassin large et profond. — Peau : jaune verdàtre, ponctuée de fauve, veinée de même, maculée de brun-roux autour du pédoncule. — Chair : blanchâtre, demi- fine, fondante, juteuse, fortement pierreuse au centre. — Eau : des plus abon- dantes, vineuse, sucrée, délicatement aromatisée. Maturité. — D'octobre en décembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Elle appartient aux semis du professeur belge Yan Mons, et nous trouvons sur sa naissance et sa propagation la note que voici dans un ouvrage, imprimé à Bruxelles : « Cette vaiiété provient d"arbres sauvages envoyés par Van Mons à la Société centrale d'Horticulture de Paris. Ces arbres furent distribués entre divers sociétaires, et ce fut dans le jardin d'un d'entre evix, If. Boussiére, que se produisit pour la première fois, en 1844, un fruit jugé digne de la multiplication, et auquel la Société donna le nom de celui qui en avait été l'éleveur. » (A. Bivort, Album de pomologie, 18o0, t. III, p. 127.) 228 BER [bergamote buf] Observations. — Nous conservons à cette poire la qualification générique de Bergamote, qui lui a été appliquée ; mais nous pensons qu'il eût mieux valu l'ap- peler simplement poire Boussière , car rien , dans son eau , ne rappelle le parfum de jacinthe si particulier aux Bergamotes, de la forme desquelles elle s'éloigne, en outre, sensiblement. 107. Poire BERGAMOTE BUFO. Synonymes. — Poires : 1. Crapaut (Lelectier, Catalogue de son verger et plant, 1628, p. 11). — 2. Oignon rosat (Henri Heissen, Gartenlust, 1690, cité par Henri Manger, Systematische Pomo- logie, 1783, IP partie, p. 32). — 3. Bergamote crapaud (Comice horticole d'Angers, Album colorié de ses poires, 1846, p. 243 ). Description de l'arbre. — Bois : très- fort. — Rameaux : peu nombreux, étalés et ar- qués, des plus gros, des plus longs, ftexueux et d'un rouge obscur verdâ- tre auprès de la tige ; ils sont abondamment ponc- tués , et leurs coussinets n'ont qu'un médiocre dé- veloppement. — Yeux : petits, fortement aplatis, duveteux, appliqués con- tre le bois. — Feuilles : très-grandes, peu abon- dantes, vert foncé, ova- les-allongées , canalicu- lées, contournées, ayant les bords régulièrement crénelés, le pétiole court, excessivement gros, et souvent accompagné de larges stipules. Fertiltté. — Moyenne. Culture. — Vigoureux, cet arbre se greffe sur franc ou sur cognassier; ses pyramides sont très-fortes, mais généralement assez mal ramifiées et par trop dégarnies de feuilles. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : sphérique, fortement bosselée et généralement des plus aplaties aux extrémités. — Pédoncule : long, droit, mince, légèrement renflé à ses points d'attache et d'inser- tion, régulièrement implanté au milieu d'une vaste cavité en entonnoir. — Œil : grand, très-ouvert, très-développé , placé au fond dun bassin bien évasé. — Peau : rude au toucher, jaune obscur, ponctuée, marbrée de fauve, et portant ordinairement de larges macules brunâtres. — Chair : blanche, fine, fondante, pierreuse au cœur. — Eau : suffisante, vineuse, acidulé, sucrée, savoureuse, rap- pelant un peu le parfum de la rose. BER [bergamote bug] 229 Maturité. — De la mi-septembre à la fm d'octobre. Qualité. - Première, et quelquefois deuxième, ce fruit ayant une propension a devenir pâteux. ^ ^ Historiqtie. - Variété à peine connue, quoique fort ancienne, nous l'avons toujours vue dans 1 Anjou. En 1628 elle était déjà cultivée à Orléans dit le Lectier qm pour lors lui donnait, à lapage 11 dé son rarissime Catalogue, le seul nom de « Crapaut, » justifié par la bigarrure et la rudesse de la peau de cette poire Evidemment, ce fut de l'Orléanais, jadis si renommé pour ses belles pépinières' qu'Angers dut la recevoir, car notre ville tirait autrefois ses arbres fruitiers uni' quement de cette source. Dès 1690, l'Allemagne la possédait; et, tout en lui con- servant la dénomination bizarre de Crapaud, l'appelait aussi Oignon rosat en raison de sa forme et du parfum de son eau. (Voir le Gartenlmt d'Henri Heissen 1 Pour nous. Angevin, qui d'abord l'avions nommée Bergamote Crapaud, nous trouvâmes en 1846 que ce dernier mot, qui rappelait un animal hideux, figurait si mal dans la nomenclature de nos poiriers, qu'empruntant au latin le terme bufo nous le lui appliquâmes. Ce n'était pas, du reste, la débaptiser, puisque hufo signifie crapaud. Ob^ervatiou». - On a parfois donné le nom Bergamote Beauchamp comme un des synonymes de cette espèce, mais par méprise, ce nom se rapportant essen- tiellement au Beurré Beauchamp. - Il existe une poire Buffum (voir ce mot) qu'il ne faut pas confondre non plus avec la Bergamote Bufo; ces deux fruits sont en eflet très-diflérents; de même aussi que la Crapaudine, vieille variété actuellement appelée Ambrette d'Eté. 108. Poire BERGAMOTE DU BUGEY. Synonymes. - Poires : Bergamote Bugi (Dom Claude ^a^mi-Èiianne, Nouvelle ins- truction pour connaître les bons fruits, 1670 p. 81 ). — 2. Violette (/rf. ïbid. ) — 3'. Fera Spina (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 120;. _ 4. Du Ministre (Idem, édition de 1690,p. 106). — S.Nicole {Id. ibid.). — 6. Du Bugi (la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1739, p. 275). _ 7. Grosse-Ronde d'Hiver (Mayer, Pomona franconica, 1774-1801 _, t. III, p. 221). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. —^ameaMa;.- érigés ou légèrement étalés, assez flexueux, un peu frêles, vert-olive, ponctués de gris-blanc, à coussinets faiblement ressortis. — Yeux : aigus, coniques, petits, adhérents. — Feuil- les : grandes, ovales-allongées, cana- liculées, ayant les bords régulière- ment dentelés et le pétiole court et épais. Fertilité. — Des plus abondantes. 230 BER [bergamote bug — che] Culture. — Vigoureux, on lui donne indistinctement le cognassier ou le franc; il fait de jolies pyramides; le développement de son écusson est hâtif. Defscription du fruit. — Grosseur : moyenne et parfois plus volumineuse. — Forme : variant entre la turbinée ou la sphérique, généralement très-régulière. — Pédoncule : de longueur moyenne, arqué, mince, implanté obliquement au milieu d'une faible dépression. — Œil : grand, bien fait, ouvert, presque saillant. — Peau : vert olivâtre clair, entièrement semée de gros points fauves entremêlés de taches brunâtres. — Chair : blanc jaunâtre, demi-cassante, demi-fine, juteuse, rarement pierreuse. — Eau : suffisante, fraîche, sucrée, mais quelquefois aigre- lette et par trop dépourvue de parfum. Maturité. — De février jusqu'en avril. Qualité. — Deuxième comme fruit à couteau, première comme fruit à compote. Historique. — Le nom qu'elle porte chez nous depuis deux cents ans, permet de la supposer originaire du Bugy, ou mieux du Bugey, contrée située dans le département de l'Ain, et qui nous fut, en 1601, cédée par la Savoie en même temps que la Bresse. Cependant il se pourrait aussi qu'elle fût venue de l'Italie, car Merlet, page 120 de son Abrégé des bons fruits^ affirme en 167S qu'elle est la même que \dipera Spina des Italiens. Et comme lui nous le croyons, en présence surtout du passage suivant, traduit d'Agostino Gallo, pomologue vénitien du xvi^ siècle : « J'ai en grande estime les péri di Spina, dont les arbres rapportent abondamment tous les ans. Elles sont bonnes cuites et en compote, ou encore confites dans le miel, dans le sucre. Le poirier qui les produit vit un siècle et atteint une hauteur peu commune. Si l'on fait bouillir les fruits tombés de ses branches, on en peut composer une marmelade excel- lente et de nature à se conserver telle pendant toute l'année. » {Le Vinti giornate delV agri- (oltora, 1539, 5« journée, p. 107.) Ce passage convient assez bien , en effet, à la Bergamote du Bugey ou du Bugy, l'une des meilleures poires d'hiver pour la cuisson ; de plus l'on doit en conclure , si réellement il lui est applicable, qu'elle remonte à une époque excessivement reculée, puisqu'en loo9 on la cultivait déjà depuis des siècles, sous ce nom de Spina, dans les jardins de l'Italie. Observations. — L'extrême durée de la Bergamote du Bugey, qui se conserve jusqu'en avril, et parfois jusqu'en mai, lui mérite des soins particuliers, au frui- tier, où il est indispensable de la surveiller ; d'abord parce qu'elle devient pâteuse , lorsqu'on l'oublie; puis aussi, comme l'avait remarqué notre vieux Merlet, « parce « qu'elle prend aisément le goust de fumet et d'enfermé, et veut avoir l'air, et estre « mise sur le bois de chesne. » — Les noms Doyenné d'Hiver, Bergamote de Pâques et Bonne de Soulers ont souvent été rangés parmi les synonymes de cette variété, mais fautivement, ainsi qu'on l'a maintes fois constaté, ces derniers temps. Poire BERGAMOTE BUGI. — Synonyme de Bergamote du Bugey. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE CADETTE. — Synonyme de poire de la Voie aux prêtres. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE DE CARÊME. — Synonyme de Bergamote de Pâques. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE CHEMINETTE. — Synonyme de poire Jaminette. Voir ce nom. BER [bergamote com — cra] 231 Poire BERGAMOTE COMMUNE. — Synonyme de Bergamote d'Automne. Yoir ce nom. Poire BERGAMOTE CRAPAUD. — Synonyme de Bergamote Bufo. Voir ce nom. 109. Poire BERGAMOTE CRASSANE. Synonymes. — Poires : 1. Bergamote crésane (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1690, p. 92). — 2. Bergamote de Crésane (Dom Gentil, le Jardinier solitaire, édition de 1723^ p. 51). — 3. Beurré plat ( la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1739 t. I, p. 247 ). — 4. Crasane {Id. ibid.). — 5. BERGAMOTE CRASSANE d' AUTOMNE (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques, 1859 ^ p. 29). — 6. Crassane d'Automne {Id. ibid.). — !. Poire Plate {Id. ibid.). Description de l'ar- bre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, éri- gés au sommet, étalés vers la base , gros , très-longs , flexueux, brun clair légè- rement grisâtre, finement ponctués, à coussinets peu apparents. — Yeux : assez volumineux , ovoïdes-ob- tus, non appliqués, ayant les écailles habituellement renflées. — Feuilles : gran- des , ovales , faiblement crénelées ou denticulées, portées sur un pétiole long et frêle. Fertilité. — Moyenne; mais ce poirier ne fructi- fie bien qu'en espalier, et reste à peu près stérile en pyramide, surtout greffe sur franc. Culture. — Très-vigoureux, on lui donne de préférence le cognassier, sur lequel il forme de belles pyramides bien ramifiées, bien feuillues; le développement de son écusson est des plus vifs. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et souvent assez considérable. — Forme : arrondie, bosselée, aplatie aux extrémités, et parfois ayant un côté beaucoup moins ventru que l'autre. — Pédoncule : long, bien nourri, arqué, très- charnu à la base, continu avec le fruit, obliquement implanté dans une faible cavité à bords toujours inégaux. — OFil : moyen, ouvert ou mi- clos, régulier ou contourné, placé dans un évasement des plus larges, mais man- quant généralement de profondeur. — Peau : jaune verdâtre clair, entièrement veinée et ponctuée de fauve. — Chair : blanc jaunâtre, molle, demi-fine, juteuse, 232 BER [bergamote cra] odorante, fondante et pierreuse. — Eau : excessivement abondante, fraîche, sucrée, aigrelette^, délicieusement parfumée. Maturité. — De la mi-octobre à la fin de novembre, et souvent se prolon- geant jusqu'en décembre. Qualité. — Yariable : première et parfois deuxième. Historique. — En 1861 , M. Bole , procureur impérial, s'exprimait ainsi au sujet de cette poire, devant la Société d'Horticulture de la ville de Dôle (Jura) , en ren- dant compte des Notices pomologiques de M. de Liron d'Airoles : « La Crassane tire son nom, d'après M. Liron d'Airoles, du mot latin crassus, qui signifie épais. Mais d'après une opinion que j'ai entendu émettre, sans savoir sur quelle autorité elle est fondée, la Crassane serait au contraire ainsi nommée parce que le Romain Crassus l'au- rait importée en Italie ou fait cultiver dans ses jardins avec une sorte de prédilection. (Voir Notices pomologiques, t861, p. 32.) Pour notre part, nous croyons fortement que Crassus, célèbre consul mort cin- quante-trois ans avant l'ère chrétienne, ne participa en rien au baptême de la Bergamote crassane. S'il en eiit été autrement, les agronomes romains postérieurs à ce personnage, l'auraient mentionné, comme ils le firent, notamment, pour les poires Dolabelliennes , Liciniennes et Turanniennes , qui tirèrent, observent-ils, leurs noms de Dolabellus, Licinius et Turannius, Romains de haute distinction. Deux auteurs allemands, déjà cités par nous. Manger en 1783, Sickler en 1802, ont, il est vrai, supposé que la Crassane avait figuré sur les tables des anciens maîtres du monde, seulement ce ne serait pas, d'après eux, sous la dénomination de poire de Crassus, mais sous celle de poire de Lateranus. Contradiction qui démontre bien le néant de semblables hypothèses, et fait immédiatement chercher une autre origine pour ce fruit si délicat, une autre étymologie pour son nom si particulier. Citons alors M. Eugène Forney, professeur d'arboriculture à Paris, et pomologue des plus érudits, car il disait récemment, en décrivant cette même variété : « Elle fut introduite dans la culture par la Quintinye, jardinier de Louis XIV. On ne sait pas de quelle contrée il l'a tii^ée, mais tout porte à croire que c'est du centre de la France. On trouve ce fruit cité pour la première fois par Merlet, en 1667. Le nom de crassane parait venir de crassus : épais, écrasé. » [Le Jardinier fruitier, 1862, t. I, p. 223.) Ici, nous touchons à la vérité; et pour la connaître entièrement il suffit d'ajou- ter : Ce fut seulement en 1690, et non pas en 1667, que Merlet étudia cette poire, qu'il nommait Bergamote Crésane , et déclarait « rare. » (Yoir son Abrégé des bons fruits, édition de 1690, p. 93.) Effectivement, elle commençait à peine à se répandre; aussi doit-on affirmer qu'elle remonte au plus à 1675, attendu que l'édition publiée sous ce millésime, par Merlet, n'en fait aucune mention. — Quant au mot crassane, peut-être l'a-t-on formé de l'adjectif latin crassus, terme figuratif s'apphquant parfaitement à cette Bergamote?... Nous ne disons pas non. Mais nous pensons qu'il est sage également de songer qu'une localité appelée Crésane existe dans la Nièvre, près Donzy, et que rien ne défend de se demander si notre Crassane n'en sortit pas jadis toute baptisée?... Et franchement on le croirait presque, envoyant dom Gentil, pomologue contemporain de Merlet, la nommer Bergamote DE Crésane f... {Le Jardinier solitaire, édition de 1723, p. 51.) Observations. — Louis Noisette , entre autres remarques sur ce poirier et ses produits , a transmis les suivantes, qui sont d'un bon arboriculteur : c( C'est un fruit qui mérite sa réputation, et qui se multiplie abondamment. II est excel- lent lorsqu'il réunit les qualités qui lui sont propres, mais sur certains arbres et dans BER [nEiu;AMOTE cra] 233 certains terrains il reste insipide ou devient amer et pierreux. En général il est meilleur quand l'arbi^e vient dans une terre douce ^ fraîche^ et même un peu humide. » (Le Jardin fruitier, 1839, p. 139.) Note que nous complétons en assurant que parfois nous avons trouvé marces- cente et d'une excessive astringence la chair de certaines de ces poires, quoiqu'elles eussent été récoltées sur des arbres plantés en terrain calcaire, sol préférable pour- tant, selon quelques pépiniéristes, au terrain schisteux pour la culture de cette espèce. Quoi qu'il en soit, c'est une chose positive que la qualité de la Bergamote crassane varie beaucoup , ainsi que sa grosseur, qui atteint même un volume con- sidérable, car en 1862, à l'Exposition horticole de Chartres, on en voyait une dont le poids dépassait 468 grammes. — Au fruitier, il faut éviter de la toucher fré- quemment, sous peine de hâter sa décomposition. 110. Poire BERGAMOTE CRASSANE A FEUILLE PANACHÉE. Synonyme. — Poire Crassane panachée (Duhamel, Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, p. 167.) Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, presque érigés, grêles, courts, flexueux, marron foncé, abondamment ponctués de gris-blanc, ayant les coussinets bien marqués. — Yeux : gros, ovoïdes-arrondis, cotonneux, écartés du bois, et souvent même sortis en longs éperons; leurs écailles sont des plus bombées. — Feuilles : très-petites, ovales, légèrement acuminées, vert glauque, réguhèrement bordées de blanc jaunâtre ; elles sont entières ou fine- ment denticulées; leur pétiole est court et menu. Fertilité. — Presque nulle. Culture. — Extrêmement chétif , ce poirier ne peut se greffer sur cognassier ; il faut lui donner le franc, et encore ne saurait-il y former que de faibles pyramides à développement toujours tardif. Descriptioii du fruit. — Voir page 231 la figure et la description de la Bergamote crassane, dont la présente poire est une sous-variété ; aussi a-t-elle les carac- tères extérieurs, les qualités de son type, et mûrit-elle dans le même mois que lui. Hiistorique. — Duhamel est le premier auteur qui ait parlé de ce poirier, que ne connurent ni Merlet ni la Quintinye. L'époque de son obtention ne saurait alors dépasser de beaucoup l'année 1768 ; mais nous manquons de renseignements pour dresser son état civil. Un seul écrivain nous fournit sur cette variété panachée quelques mots bons à reproduire; c'est M. de Liron d'Airoles : « Duhamel — dit-il — la présente comme une variété de la Crassane; nous croyons qu'elle provient d'un jeu de sève fixé par la greffe. » {Notices pomologiques , ^859, t. II, p. S5.) Appréciation que nous plaçons ici sans l'appuyer ou la contester, tellement il est difficile, en pareil cas, de répondre péremptoirement. Observation». — La chétiveté de cet arbre est trop grande, et sa fertilité trop médiocre pour conseiller de le cultiver. Cependant, comme espèce ornementale il a bien aussi son mérite. Sous Louis XY on le recherchait beaucoup, et le parterre le recevait, à défaut du verger. D'où suit que Duhamel l'avait décrit et qu'il prescrivit : « De ne pas jjlanter ce poirier, offrant un coup d'œil très -brillant et très- agréable, en espalier, ni dans un lieu trop exposé au soleil, qui roussit et gâte la bordure blanche de ses 234 - BER [bergamote cra — dus] feuilles, et les fait alors paraître à moitié desséchées, plutôt que panachées. » {Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, p. 167.) Et ceux qui de nos jours l'introduiront dans leurs jardins, devront avoir soin de ne pas oublier cette sage recommandation. — Il est bon également de se rappeler que les produits de cette variété ne sont jamais panachés, il n'y a que les feuilles de l'arbre , qui le soient. Poire BERGAMOTE CRASSANE D'AUTOMNE. - Synonyme de Bergamote crassane. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE CRASSANE DE BRUNEAU. — Synonyme de Beurré Bruneau. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE CRASSANE (FORME DE). — Voir poire Forme de Berga- mote crassane. Poires BERGAMOTE CRÉSANE et BERGAMOTE DE CRÉSANE. — Synonymes de Bergamote crassane. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE DORÉE. — Synonyme de Bergamote Bouge. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE DROUET. — Synonyme de poire Bateau. Voir ce nom. 111. Poire BERGAMOTE DUSSART. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Bameaux : peu nombreux , légè- rement étalés et quelquefois arqués, gros, très-courts, à peine coudés, jaune clair ver- dâtre, fortement ponctués de gris, ayant les coussinets bien marqués. — Yeux : pointus, ovoïdes, volumineux, non adhérents. — Feuilles : grandes, vert jaunâtre, ovales ou elliptiques, crénelées ou dentées, contour- nées et portées sur un pétiole des plus longs, grêle, et pourvu de stipules largement déve- loppées. Fertilité. — Convenable. Culture. — De moyenne vigueur, il est assez chétif sur cognassier ; ses pyramides y sont maigres , lentes à pousser ; le franc lui convient donc mieux. Description dn fruit. — Grosseur : petite. — Forme : turbinée-arrondie, régu- lière, souvent mamelonnée au sommet. — Pédoncule : court ou assez long, arqué, renflé à la base, parfois obliquement BER [bergamote éli] 1235 inséré dans une étroite cavité entourée de gibbosités. — 6!E'î7; grand, ouvert, bien formé, presque saillant. — Peau : jaune d'ocre, finement ponctuée de fauve et semée de larges taches roussàtres. — Chair : à grain serré, blanche, fondante, juteuse, peu pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, acidulé, fraîche, aromatique et savoureuse. Maturité. — Du commencement de décembre à la mi-janvier . Qualité. — Première. Historique. — Voici son origine , d'après M. Alexandre Bivort : « Elle provient des semis d'un jardinier de Jodoigne (Belgique) nommé Dussart, et sa première production eut lieu vers 1829... Elle fut rangée par M. Bouvier dans la classe des Bergamotes. » {Album de pomologie, 1849, t. II, p. 167, et A7inales de pomologie belge, 1838, t. VI, p. 39.) Observations. — Cet excellent fruit n'a rien qui rappelle la saveur de la Bergamote d'Automne, et les pomologues belges même l'ont constaté. Quelquefois nous l'avons vu rangé parmi les poires dont la maturité se prolonge jusqu'à la fm de février. Il pourra peut-être, très-exceptionnellement, se conserver aussi long- temps ; nous le pensons , mais nous croyons surtout qu'on le mangera rarement dans de bonnes conditions après la mi-janvier. 112. Poire BERGAMOTE ELIZA MATTHEWS. Description de l'ar- bre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nom- breux, étalés, peu forts, peu longs, généralement droits et brun clair , fine- ment ponctués, à coussi- nets presque nuls. — Yeux : petits, ovoïdes ou coni- ques, grisâtres, très-écar- tés du bois. — Feuilles : petites, ovales - allongées, ayant les bords légère- ment dentés et le pétiole court et frêle. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — C'est un ar- bre de médiocre vigueur, prospérant assez bien sur franc, mais ne formant sur cognassier, du moins dans notre sol, que de chétives pyramides. Description du fruit. — Grosseur : au -dessus de la moyenne. —• Fo7^me : turbinée-arrondie, ventrue et légèrement bosselée. — Pédoncule : court, gros. 236 BER [bergamote ert — esp] renflé à son point d'attache, droit ou faiblement arqué, obliquement inséré au milieu d'une assez large dépression. — OEil : grand, mi-clos, souvent contourné, rarement très-enfoncé. — Peau : jaune olivâtre, entièrement ponctuée de fauve et montrant quelques petites macules brun clair. — Chair : blanche, fme^ juteuse, mi-fondante, peu pierreuse. — Eau . excessivement abondante, vineuse, sucrée, délicate, sans parfum bien prononcé. Maturité. — Fin décembre, se prolongeant jusqu'en février. Qualité. — Première, en raison surtout de sa longue conservation. Historique. — Cette variété nous a été vendue en 1864 par M. Joseph Bau- mann, horticulteur à Gand (Belgique). Selon lui, elle est d'origine anglaise et provient des semis de M. Groom, connu déjà par différents gains, dont fait partie la poire Princesse Royale, qui commence à se répandre aussi dans nos contrées. La Bergamote Éliza Matthews fut importée d'Angleterre chez les Belges, en 1863; d'où l'on doit supposer que sa propagation n'est guère antérieure à 1860, d'autant mieux que les pomologues anglais n'ont pas encore décrit ce fruit dans leurs plus récentes publications, qui datent de 1862. Observations. — Cette Bergamote et la poire Princesse Royale (Groorns Princesse) ont entre elles une assez grande ressemblance, et il en est ainsi de leurs arbres. Néanmoins, ce sont deux espèces différentes ayant leurs caractères dis- tinctifs, pour le fruit, dans le pédoncule, la qualité, l'époque de maturité, et, pour l'arbre, dans la vigueur, les yeux, les mérithalles. Poire BERGAMOTE D'ERTRYCKER. — Synonyme de Bergamote de Strycker. Voir ce nom. 113. Poire BERGAMOTE ESPEREN: fSynonjme. — • Poire Espéren (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, un peu arqués et presque érigés , gros , longs, fortement géniculés, marron ta- cheté de gris, ponctués de roux et ayant les coussinets ressortis. — Yeux : de grosseur moyenne, courts, pointus, ovoïdes, non adhérents et parfois placés en éperon. — Feuilles: grandes, abon- dantes, habituellement elliptiques, légè- rement contournées , à bords dentés ou crénelés, à pétiole long, épais et pourvu de stipules bien développées. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Des plus vigoureux, on le greffe sur franc ou sur cognassier; il donne toujours de magnifiques pyra- mides, et la croissance de son écusson est des plus rapides. BER [bergamote d'été] 237 D®scri|>tion du fruit. — Grosseur : moyenne et souvent plus volumineuse. — Forme: arrondie, bosselée, aplatie à la base, faiblement mamelonnée au sommet. — Pédoncule : de longueur moyenne, gros^ droit, implanté dans une très-petite cavité. — OEil : grand, bien formé, assez enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : rude au toucher^ jaune verdâtre obscur, ponctuée de rouX;, veinée de même autour du pédoncule, et souvent marquée de taches noirâtres. — Chair : un peu jaunâtre, fine, excessivement fondante et juteuse^ légèrement pierreuse. — Eau : des plus abondantes, acidulé, fraîche, très-sucrée, délicieusement parfumée. Maturité. — De la mi-décembre jusqu'en avril. =* Qualité. — Première. Historique. — Cette poire, l'une des meilleures que nous connaissions, appartient aux collections belges. « Elle a été obtenue de semis par le major Espé- « ren, vers 1830, et de tous ses gains c'était celui, dont il faisait le plus de cas. » (Bivort, Album de pomologie, 1847, t. I, p. 85.) Son introduction en France date de 1844, selon M. du Breuil. [Cours d'arboriculture, 1834, t. II, p. 369.) Le major Espéren habitait Malin es. Obser-vatious. — Les produits de ce poirier sont de grosseur assez variable ; si généralement ils ne dépassent pas la moyenne, ils atteignent parfois , cependant, des proportions considérables. C'est ainsi qu'à l'exposition horticole de Chartres, en 1862 , un M. Biard , de Châteaudun , en soumit au jury qui pesaient 300 grammes. — M. Decaisne dit au tome III de son Jardin fruitier du Muséum (1860) « Avoir vu « souvent cet excellent fruit étiqueté par erreur du nom de King's Edward, qui est « celui d'une poire sans analogie avec la Bergamote Espéren. » Et cette remarque nous fait souvenir qu'en Belgique même Adrien Papeleu, pépiniériste aujourd'hui décédé , avait déclaré identique la Bergamote Espéren et le Besy Espéren ; méprise singulière que releva peu après un pomologue allemand, M. le docteur Jahn. 114. Poire BERGAMOTE D'ETE. Synonymes. — Poires : 1. Milan de la Beuverière (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant , 1628, p. 6). — 2. Bergamote de la Beuvrière (de Bonnefond, le Jardinier français, édition de 1731, p. 62). — 3. Milan vert (dom Claude Saint-Étienne , Nouvelle ins- truction pour connaître les bons fruits , édition de 1670, p. 53). — 4. Beurré d'Été (Merlet, l'Abrégé des bons fruits , édition de 1675, p. 73). — 5. Coule-Soif d'Été {Id. ibid., p. 77). — 6. Franc-Réal d'Été {Id. ibid.). — 7. Grosse-Mouille-Bouche d'Été {Id. ibid.). — 8. Hativeau BLANC {Id. ibid., p. 73). — 9. MiLAN DE LA Bevriére {Id. ibid., p. 82). — 10. Gros-Milan blanc {Id. ibid., édition de 1690, p. 68). — 11. Milan d'Été (dom Gentil, le Jardinier solitaire, édition de 1723, p. 44). — 12. Beurré blanc d'Été (André Leroy, Catalogue de ses cultures, 1846, p. 8). — 13. Beurré rond {Id. ibid.). — 14. Mouille-Bouche d'Été {Y)&\hï&i , Cours théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers, édition de 1851 , p. 327). — 15. Bergamote d'Août (Couverchel, Traité complet des fruits, 1852, p. 477). — 16. BERGAMOTE PRÉCOCE {Id. ibid.). — 17. Milan BLANC (du Breuil, Cours d'arboriculture, 1854, t. II, p. 569). — 18. Gros-Misset d'Été (Thuillier- Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 70). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, légèrement étalés ou érigés, arqués, gros, assez courts, géniculés, cotonneux, vert jaunâtre, fortement et abondamment ponctués, à coussinets ressortis. — Yeux : gros, arron- dis, très -duveteux, non adhérents et souvent placés en éperon. — Feuilles : 238 BER [bergamote d'été] grandes, peu nombreuses, ovales-arrondies, contournées et des plus cotonneuses, presqu'entières ou faiblement dentelées, portées sur un pétiole assez long et bien nourri. Poire Bergamote d'Été. Fertilité. — Extrême. Culture. — De médiocre vigueur, il forme cependant, sur franc ou sur cognassier, de jolies pyramides; le déve- loppement de son écusson est assez tardif. l>escriptioii du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : sphéro-turbinée ou globuleuse , bosselée , et se ré- trécissant ordinairement vers le sommet, qui alors est pres- que toujours mamelonné. — Pédoncule : conri^ droit, fort, obliquement inséré à fleur de fruit. — OEil : large, ouvert, régulier , placé dans un pro- fond évasement. — Peau : vert pâle , légèrement jaunâtre du côté de l'ombre, lavée de rose tendre sur la partie exposée au soleil, et toute parsemée de points fauves. — Chair : blanchâtre , demi-fine , fondante, rarement très-pierreuse. — Eau : assez abondante, aigrelette, sucrée, douée d'un arôme par- ticulier des plus savoureux. Maturité. — De la fin d'août à la mi-septembre. Qualité. — Première. Historique. — Dès 1628 on la voit citée, sous le double nom de Bergamote d'Été ou Milan de la Beuverière , par le Lectier, alors procureur du roi à Orléans, et collectionneur passionné d'arbres fruitiers, ainsi que le démontre le curieux Catalogue qu'il dressa et fit circuler avec cette recommandation : « Je prie tous ceulx qni auront des fruicts exquis (non contenus au présent Catalogue) lors qu'il tumbera entre leurs mains de m'en donner advis, afin que j'en puisse avoir des greffes pour esehauge de celles qu'ils n'auront pas, lesquelles ils désireront de moy, et que je leur fourniray. » (Le Lectier, Catalogue, 1628, p. 35.) Aucun auteur, avant ce magistrat, ne mentionnant la Bergamote d'Été, elle ne doit pas remonter beaucoup plus haut que la fin du xvi^ siècle, ou que le commen- cement du xvII^ Son acte de naissance nous semble positivement renfermé dans la seconde dénomination même que lui donne le Lectier : « Milan de la Beuverière. » Or, la Beuverière ou Beuvrière est une ancienne terre seigneuriale située dans l'Anjou, commune de Grez-Neuville, près Angers, et qui pour lors appartenait aux Saint-Uffange. Cette poire exquise naquit donc, selon nous, chez les Angevins. Et ce qui nous autorise également à la regarder comme nôtre, c'est que de toute antiquité nos pères l'ont cultivée ; mais ils l'appelaient plutôt Milan blanc ou Beurré blanc, que Bergamote d'Été. Obser-vations. — Il faut croire que le sol de Versailles ne convenait nullement BER [bergamote fié— gan] 239 à ce poirier, car la QuintinyO;, directeur des vergers de Louis XIV, disait « Con- « naître le Milan de la Beuvrière pour si mauvais , qu'il ne conseillait à personne « de le planter. » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers^ édition de 1739, t. I, p. 316. ) — On a souvent confondu la Bergamote d'Angleterre, ou de Hampden, avec la Bergamote d'Été; pourtant ces deux poires sont loin de se ressembler. Nous l'avons constaté plus haut, page 222, et le répétons ici^, afin de mieux prémunir contre une telle confusion. — Les Allemands, qui tiennent ce fruit en grande estime, le nomment Bergamote ronde d'Été, pour le distinguer de leur Bergamote longue d'Été, variété originaire de la Thuringe, et complètement inconnue dans notre pays. — Enfm, rappelons de nouveau que Grosse-Bergamote d'Été et Grosse- Bergamote d'Été sans pépins sont uniquement synonymes de Belle de Bruxelles sans pépins (voir page 193), et n'ont rien de commun avec la poire qui vient de nous occuper. Poire BERGAMOTE FIÉVÉE. — Synonyme de Bergamote lucrative. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE DE FLANDRE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE FORTUNÉE. — Synonyme de poire Fortunée de Printemps. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE DE FOUGÈRE. — Synonyme de poire Bergamote de Hol- lande. Voir ce nom. 115. Poire BERGAMOTE GANSEL. Synonymes. — Poires : 1. Bonne-Rouge (Thompson, Catalogue of the fruits cultivated in the garden of the horticultural Society of London, 1842, p. 130). — 2. Diamant {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Bameaux : très-nombreux , étalés , gros , courts, géniculés, cotonneux, brun clair grisâtre , finement ponctués, à coussinets faible- ment accusés. — Yeux : petits ou moyens , ovoïdes , aplatis , duveteux, adhérents, ayant les écailles légèrement disjointes. — Feuilles : grandes , abondan- tes, ovales-lancéolées, très-on- duleuses, canaliculées , contour- nées , cotonneuses , ayant les bords unis et le pétiole court et des plus nourris. Fertilité. — Convenable. Culture. — Excessivement vigoureux , ce poirier, dont l'é- cusson se développe rapidement, se greffe sur franc ou sur cognassier; il fait des pyramides belles et touffues. 240 BER [bergamote gér — hei] Description du frtiit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : arrondie, écrasée, régulière. — Pédoncule : parfois court et oblique, mais habituel- lement assez long et assez gros, droit ou arqué, charnu à la base, renflé au som- met, inséré dans une vaste cavité. — Œil : large, bien ouvert ou mi-clos^ presque saillant. — Peau : vert clair, ponctuée, marbrée de brun, lavée souvent de rouge terne du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, grosse, demi-fondante, juteuse, marcescente, un peu pierreuse autour des loges. — Eau : fort abondante, sucrée, vineuse, délicatement musquée, mais douée généralement d'une âcreté bien prononcée. Maturité. — De la mi-septembre à la mi-octobre. Qualité. — Deuxième. Historicfue. — Le pomologue anglais Lindiey donne de précieux renseigne- ments sur ce fruit, dans le recueil qu'il publia en 1831 ; voici la traduction du passage où ils sont consignés : « Cette savoureuse poire est originaire de notre pays, ainsi que l'atteste une lettre écrite en 1818 au chevalier John Williams, de Pitmaston, par le chevalier David Jebb, de Worcester, lettre dans laquelle ce dernier dit positivement : « La Bergamote Gansel fut gagnée en 1768, « d'un semis de pépins de Bergamote d'Automne, par mon oncle le lieutenant général Gansel, « à sa terre de Donneland-Hill, près Colchester. » La variété appelée Bonne-Rouge chez les Français, ne différant nullement de cette Bergamote, ce sont eux qui lui auront appliqué un tel nom, en la recevant d'Angleterre. » (A Guide ta the orchard and kitchen garden, 1831, pp. 358-359.) Observations. — En France , la Bergamote Gansel est rarement aussi bonne qu'elle le devient dans son terrain natal ; bien souvent nous l'avons trouvée d'une astringence désagréable, et presque toujours très-marcescente. — C'est par méprise qu'on a fait, en divers ouvrages, Doyenné gris et Bergamote d' Angleterre synonymes de Bergamote Gansel ; variétés distinctes, ces trois fruits n'ont entre eux, ainsi que leurs arbres, aucun rapport, aucune ressemblance. Poire BERGAMOTE GÉRARD. — Synonyme de poire Gîle-Ô-Gile. Yoii' ce nom. Poire BERGAMOTE GRECQUE, — Synonyme de poire de Famé. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE DE LA GRILLIÈRE.— Synonyme de ^er^amo?e rfe />«çMes. Yoir ce nom. Poire BERGAMOTE DE ÏÏAMPDEN. — Synonyme de Bergamote d'Angleterre. Yoir ce nom. 116. Poire BERGAMOTE HEIMBOURG. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Bameaux : nombreux , générale- ment étalés et arqués, gros, peu longs, coudés, légèrement cotonneux, brun foncé, à lenticelles petites et très-espacées, à coussinets bien marqués. — Yeux : moyens, ovoïdes-aplatis , duveteux, apphqués contre le bois et ayant les écailles souvent BER [bergamote hei] 24i entr'ouvertes. — Feuilles : assez petites, abondantes, régulièrement ovales, acumi- nées, finement dentelées, portées sur un pétiole épais et court. Poire Bergamote Heimbourg. Fertilité. — Con- venable. Culture. — On lui donne indistincte- ment le franc ou le cognassier comme sujet; vigoureux, il fait de remarquables pyramides ; la crois- sance de l'écusson est un peu tardive. Idescriptioit du f riait. — Gros- seur : volumineuse. — Forme : spbéri- que , s' amincissant légèrement vers le sommet. — Pédon- cule : long, mince, arqué, obliquement inséré dans un éva- sement sans profon- deur.— Œil: grand, mal développé, ou- vert, souvent con- tourné, presque à fleur de fruit. — Peau : rude au tou- cher, jaune clair oli- vâtre, ponctuée de roux, veinée, tachée de même, et faiblement lavée de rouge pâle sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanchâtre, fine, fondante, assez pierreuse au cœur. — Eau : suffisante, acidulé, sucrée, délicatement parfumée. Maturité. — Octobre. Qualité. — Première. Historique. — Née en Belgique, elle provient des semis de Van Mons. Dégus- tée pour la première fois en 1847 par M. Bivort, l'un des acquéreurs de la pépinière de ce célèbre arboriculteur, elle fut dédiée par lui à M. Heimbourg, président de la Société philharmonique de Bruxelles. (Yoir Bivort, Album, de pomologie, 1850, t. III, pp. 79-80.) Observations. — Bans son Jardin fruitier du Muséum, M. Decaisne disait en 1860 : « M. Bivort a décrit comme fruit nouveau, sous le nom de Bergamote d'Heimbourg, la poire Hacon's, excellente variété présentée à la Société d'Horticulture de Norwich le 17 novem- bre 1830, et qui y a obtenu une médaille d'argent. » (Tome III.) Nous devions, nécessairement, reproduire cette opinion de M. Decaisne; mais I. 16 2â2 BER [bergamote her — hil] tout nous fait une loi d'affirmer que dans notre école les poiriers Incomparable Hacon's et Bergamote Heimbourg ne sont nullement identiques, non plus que leurs fruits. Et si l'on veut bien, ici, les comparer, on en restera convaincu. Poire BERGAMOTE HERTRICK. — Synonyme de Bergamote de Stncker. Voir ce nom. il7. Poire BERGAMOTE D'HILDESHEIM. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : peu nom- breux, de grosseur moyenne, légè- rement duveteux , érigés , longs , flexueux , vert foncé , finement ponctués de gris-blanc, ayant les coussinets assez apparents. — Yeux : petits, coniques, aplatis, écartés du bois. — Feuilles : grandes , ovales, canaliculées , presque entières ou faiblement crénelées, à pétiole long et bien nourri. FERTU.ITÉ. — Remarquable. Culture. — Le franc lui convient mieux que le cognassier , sa vi- gueur étant médiocre; ainsi greffé, il pousse assez bien en pyramide, et tient convenablement sa place dans un verger. Desicriptioii du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : arrondie, écrasée, régulière. — Pédoncule : court, mince, arqué, obliquement inséré dans un large évasement peu profond. — Œil : grand, mi-clos, bien formé, assez enfoncé. — Peau : jaune olivâtre, entièrement couverte de points gris clair et de points brunâtres mêlés et très-rapprochés , ce qui lui donne l'apparence du granit. — Chair : jaunâtre, demi-fine, fondante, peu pierreuse. — Eau : rarement abon- dante, mais bien sucrée, acidulé, aromatique et des plus savoureuses. Maturité. — De la mi-septembre au commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Cette espèce, récemment introduite en France où sa culture est encore fort rare, appartient au Hanovre et porte le nom de sa ville natale. M. Oberdieck, qui la décrivait en 1863, la dit très-estimée des Allemands, puis ajoute : « Elle ressemble beaucoup à la Bergamote rouge, l'égale presqpie en bonté, et provient certainement d'un semis de pépins de cette variété. Diel (de Stuttgardt) en reçut des greffes du célèbre pomologue Cludius, obtenteur de fruits délicieux et superintendant à Hildesbeim, où sans doute il l'avait gagnée, w {lUustrirtes Handbuch der Obsthunde, 1863, t. V, p. 69.) Oberdieck ne précise pas , ici , l'époque à laquelle Cludius propagea cette poire ; BER [bergamote hil — hol] 243 mais le docteur Diel ayant mentionné la Bergamote d'Hildesheim en 1825, dans son ouvrage sur les fruits à pépins, cette date montre suffisamment qu'il la connaissait depuis peu, car il publiait son œuvre par livraisons paraissant annuel- lement. Poire BERGAMOTE DE LA HILIÈRE. — Synonyme de Bergamote d'Automne. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE D'HIVER. — Synonyme de Bergamote de Pâques. Voir ce nom. Poire BERGAMOTE D'HIVER DE HOLLANDE. — Synonyme de Bergamote de Hollande. Voir ce nom. 118. Poire BERGAMOTE DE HOLLANDE. Synonjmes. — Poires : 1. Bergamote d'Alençon (Henri Heissen, Gartenlust, 1690, cité par H. Manger, dans sa Systematische Pomologie , t. II, p. 16). — 2. Amoselle (Nolin et Blavet, Essai sur l'agriculture moderne, 1755, p. 2il). — 3. Bergamote d'Hiver de Hollande (Knoop, Fructologie , 1766, t. II, p. 40 , et Table synonymique ). — 4. Bergamote de Fougère (Thompson, Catalogue of the fruits of the horticultural Society of London , 1842, p. 125). — 5. Beurré d'Alençon {Id. ibid.). — 6. Beurré Extra {Id. ibid.) — 7. Lord Cheney {kl. ibid.). — 8. Sarah (Biedenfeld, Handhuch aller bekannten Obstsorien, 1854, p. 107). — 9. MusQUiNE de Bretagne (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. IH). Premier Type. Description de l'arbre, — Bois : assez faible. — Rameaux : peu nombreux, légèrement éta- lés , bien nourris , de longueur moyenne, flexueux, vert olivâtre cendré lavé de rouge-brun, cous- sinets faiblement indiqués. — Yeux: petits, ovoïdes, adhérents au bois et ayant les écailles disjointes en partie. — Feuilles : moyennes, ova- les-allongées, canaliculées et con- tournées, à bords unis, à pétiole épais et long. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Sa vigueur n'est pas assez grande pour le grefïer sur cognassier; il faut lui donner le franc et le placer en espalier, au midi ou au levant. Ses pyramides manquent de force , de beauté , et se développent tardivement. Description du fruit. — Grosseur : moyenne, et souvent plus considérable. — Forme : variant entre la turbinée-arrondie , régulière, et l'ovoïde contournée. — Pédoncule : long,, 244 BER [bergamote hol] droit ou arqué , obliquement implanté dans une cavité assez profonde et entourée de protubérances parfois volumineuses. — OEil : moyen , peu ouvert, peu enfoncé, bien formé. — Peau : vert-olive, ponctuée^ striée de roux, lavée de brun clair sur la partie exposée au soleil. — Chair: blanchâtre^ juteuse, demi-cassante, pierreuse, ayant le grain généralement très-gros. — Eau: toujours abondante, sucrée, dou- ceâtre, rarement très-aromatique, mais cependant assez délicate. Poire Bergamote de Hollande. — Deuxième Type. I Maturité. — De novembre jus- qu'à la fm d'avril. Qualité. — Deuxième pour le couteau, première pour la cuis- son. Hiistorique. — Bergamote d'Alençon fut la dénomination pri- mitive de cette variété. Dès 1690, Henri Heissen la lui donnait dans son Gartenlust , où l'on trouve décrits les fruits les plus commu- nément cultivés en Allemagne , au xvu^ siècle. Puis bientôt on l'appela poire à'Amoselle, terme qui nous paraît uniquement la contraction du mot damoiselle (poire de Damoiselle) ; comme poire de Dame Oudotte , quelques années auparavant, était devenu, \ I de la même façon , poire d'Ama- dote, ainsi que nous l'observions plus haut, page 103. Importée de France à l'étranger, elle y reçut le surnom de Bergamote de Hol- lande , qui lui resta , mais sous lequel on la reconnut aisément, néanmoins, quand plus tard on l'expédia comme une espèce nouvelle à nos horticulteurs. Témoin ce passage, extrait d'un excellent ouvrage publié en 1753 : (( L'Amoselle, c'est une poire très-anciennement connue ici, qu'on avait perdue, et qui nous est revenue sous le nom de Bergamote de Hollande. » (Nolin et Blavet, Essai sur l'agri- culture moderne, 1735, pp. 211-212.) Ce fruit, très-vraisemblablement, dut commencer à se propager vers 1625 ou 1630, car les écrivains spéciaux antérieurs à ces époques, ne l'ont pas cité. Sa pro- venance, Duhamel , en 1768, l'indiquait de la sorte : « Bergamote de Hollande... On la croit originaire d'Alençon, où elle est connue sous le nom de Bergamote d'Alen- çon... » [Traité des arbres fruitiers, 1768, t. H, p. 170.) Ob/ser^atioiis. — Plusieurs pomologues ont assuré que la Bergamote de Hol- lande se conservait jusqu'en juin, et l'ont déclarée de première qualité. Pour nous, jamais nous n'avons vu sa maturité dépasser le mois d'avril; et quant à sa qualité, elle est si variable , si souvent médiocre , que nous eussions classé ce fruit de BER [bergamote hol] 245 troisième ordre , et non de deuxième parmi les espèces à couteau , sans la considé- ration de sa longue garde. La Quintinye dut penser ainsi , lui qui prisait au plus haut point les Bergamotes ; autrement les regrets qu'on va lui entendre manifester, ne se comprendraient pas : « Plût à Dieu! — s'écriait-il avant 1690 — qu'il fût bien vrai qu'il y eût des Bergamotes tardives, autrement de caresme... Certains curieux ont voulu se persuader, et à moi aussi, qu'infailliblement ils avoieut ces Bergamotes tardives ; mais à mon grand regret je ne puis m' empêcher d'avouer que jusqu'à présent je n'ai pu me convaincre de cette bonne fortune, quoiqu'en vérité je n'aie manqué ni de soin, ni de diligence, ni de précaution pour faire une telle conquête... » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1739, 1. 1, p. 229.) 119. Poire BERGAMOTE DE HOLLANDE PANACHÉE. Synonyme. — Poire Amoselle panachée (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). Description de l'arbre. — Bois: fort. — Rmneaux : érigés^ peu nombreux, de longueur et de grosseur moyennes , légèrement coudés , brun verdàtre , ponctués de gris-roux et fouettés de marron clair ; leurs coussinets sont faiblement resortis. — Yeux : assez renflés, coniques, à large base, non adhérents. — Feuilles : gran- des, ovales-allongées, acuminées, rarement canaliculées, ayant les bords crénelés et le pétiole court et épais. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Le franc est le seul sujet qui convienne à ce poirier, en raison de son manque de vigueur ; les pyramides qu'il forme sont grêles et poussent très- lentement. Description dn fruit. — Il a tous les dehors du premier type de la Berga- mote de Hollande reproduit page 243, et n'en diffère que par la panachure vert- brun de sa peau. Quant à sa chair, elle contient peu d'eau, est sans délicatesse, et possède même un arrière-goût désagréable. Maturité. — De décembre en avril. Qualité. — Deuxième comme fruit à cuire , et trop mauvaise pour être mangée crue. Historique. — Cette sous-variété de la Bergamote de Hollande , qui n'a pour elle que la curieuse panachure de son fruit et de son bois , ne se rencontre guère que dans les grandes collections. Fort rare en France, elle l'est moins en Belgique, où quelques pépiniéristes , Adolphe Papeleu entre autres , s'efforcèrent de la propa- ger. Les Allemands doivent la cultiver, car Biedenfeld, un de leurs pomologues, lui accordait en 1854 une place dans son Handbuch aller bekannten Obstsorlen, page 112. Chez nous, ni Duhamel (1768) , ni le Berriays (1789) , ni Noisette (1839) , ni Poiteau (1846) ne l'ont mentionnée, ce qui donne à penser qu'ils ne la connu- rent pas et qu'alors son obtention ne saurait être ancienne. M. Decaisne s'est occupé d'elle en 1858, et voici ce qu'il en a dit : « Amoselle panachée (ou Bergamote de Hollande panachée)... Plusieurs auteurs paraissent avoir confondu cette variété avec la Double-Fleur et la Bergamote d'Automne panachées j on la reconnaitra facilement à sa forme déprimée, et non turbinée, ainsi qu'à ses feuilles cré- nelées et à peu près planes; tandis que celles de la Bergamote d'Automne rappellent le Saint-Germain ou l'Angleterre par leur courbure. » [Le Jardin fimitier du Muséum, t. I.) 246 BER [bergamote jod — les] 120. Poire BERGAMOTE DE JODOIGNE. Description de Farbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux , un peu étalés, un peu arqués, gros, de lon- gueur moyenne, à peine flexueux, brun grisâtre clair, finement ponctués, ayant les coussinets faiblement marqués. — Yeux : petits, ovoïdes-arrondis, gris, appliqués contre le bois. — Feuilles : moyennes , arrondies ou ovales, acuminées, presque unies sur leurs bords, à pétiole très-court, roide et renflé. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Récemment introduit dans notre école, ce poirier, qu'on y a greSé sur cognassier, ne s'annonce pas comme devant être bien vigoureux. Cependant ses pyramides sont assez convenables. Description du frnit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne, ou petite. — Forme : arrondie , complètement plate à la base et légèrement mamelonnée au sommet. — Pédoncule : de longueur moyenne, menu, arqué, obliquement inséré dans une très-étroite cavité. — Œil: grand, des plus ouverts, bien formé, presque saillant. — Peau : jaune-citron, passant au jaune orangé du côté du soleil, semée de points grisâtres peu apparents et de quelques marbrures fauves. — Chair : blanc jaunâtre, fine, fondante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, douée d'un parfum agréable et prononcé. Maturité. — De mars jusqu'à la moitié de mai. Qualité. — Première, en raison seulement de sa longue garde. Historique. — Elle provient des semis de M. Grégoire, amateur distingué habitant Jodoigne (Belgique). Il l'obtint en 1853. 121. Poire BERGAMOTE LESERLE. Synonjuie. — Poire LesèbLE (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum , 1864, t. VI). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, habituelle- ment érigés, gros, très-longs, flexueux, brun verdâtre clair, finement et abon- damment ponctués , à coussinets peu proéminents. — Yeux : moyens , ovoïdes , pointus, ayant les écailles disjointes; ils sont écartés du bois. — Feuilles : assez grandes, coriaces, elliptiques, faiblement acuminées, ayant les bords bien crénelés, le pétiole fort et de longueur moyenne. Fertilité. — Excessive. Culture. — Poirier vigoureux, il demande le cognassier, fait de remarquables pyramides et se développe rapidement. BER [bergamote lis — luc] 247 Sesci* arrondie , moyenne iptioit du ffuit. — Grosseur : assez considérable. — Forme : turbinée- ventrue, obtuse, bosselée vers le sommet. — Pédoncule : de longueur , bien nourri, arqué, régulièrement implanté. — Œil : petit, habituelle- ment très - enfoncé , mi- Poire Bergamote Lesèble. clos, ayant les bords entiè- rement unis. — Peau : jaune d'or , ponctuée de fauve, montrant quelques marbrures rousses, macu- lée de brun clair dans le bassin ombilical, et faible- ment lavée de rose pâle sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanchâ- tre, juteuse, à grain un peu gros, fondante, légè- rement pierreuse autour des loges. — Eau : exces- sivement abondante, su- crée, fraîche, savoureuse, laissant dans la bouche un arrière-goût d'anis. Maturité. — Fin sep- tembre à fin octobre. Qualité. — Première. Historique. —Poussé dans un vignoble de la terre de Rochefuret (Indre-et-Loire), appartenant à M. Narcisse Lesèble, botaniste et président du Comice horticole de Tours, ce poirier fut remarqué en 18-43 par son propriétaire, qui s'empressa de le propager. Poire BERGAMOTE LISSE. — Synonyme de Bergamote d'Automne. Voir ce nom. 122. Poire BERGAMOTE LUCRATIVE. Synonymes. — Poires : 1 . Belle-Lucrative (Lindley, A Guide to the orchard and kitchen garden, 1831, p. 364). — 2. Fondante d'Automne {Id. ibid.). — 3. Gresillier (Prévost, Pomologie de la Seine- Inférieure, 1839, p. 169 ). — 4. Du Seigneur {Id. ibid., p. 120 ). — 5. Bergamote Fiévée (Willermoz, Observations sur le genre poirier, \%k^, p. 15). — 6. Beurré lucratif (André Leroy, Catalogue des- criptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1849, p. 18). — 7. Seigneur (Bivort, Album depomologie, 1849, t. II,p. 1). — 8. Arbre-Superbe (Congrès pomologique, Catalogue des variétés de fruits admises, session de 1857, p. 3). — 9. Excellentissime ( W. ibid.). — 10. Lucrate {Id. ibid.). — 11. Seigneur d'Espéren (Id. ibid.). — 12. Fondante de Maubeuge (de Jonghe, cité par Oberdieck, Illustrirtes Handbuchder Obstkunde, 1860, t. II, p. 409), Description de l'arbre. — Bois : assez faible. — Bameaux : très-nombreux, légèrement étalés, grêles, longs, peu flexueux, jaune olivâtre, finement ponctués, à coussinets aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes pointus, bien détachés du bois. — 248 BER [bergamote luc] Feuilles: petites, mais abondantes, elliptiques-arrondies, acuminées, régulièrement dentées en scie, ayant le pétiole court et menu. Poire Bergamote lucrative. — Premier Type, Fertilité. — Grande. Culture. — Peu vigou- reux , cet arbre , qu'il soit greffé sur franc ou sur co- gnassier , croît très-lente- ment; toutefois ses pyrami- des sont remarquablement faites. lSeisci*ii)tion du fruit. — Grosseur ; au-dessus do la moyenne. — Forme : des plus variables, elle affecte habituellement, cependant, soit la turbinée obtuse et ventrue , soit la globuleuse ou l'ovoïde. — Pédoncule : court, fort, droit ou quelque peu arqué, implanté obli- quement dans une petite cavité, et souvent charnu à la base. — Œil : moyen ou petit, ouvert, placé dans un large bassin rarement bien profond. — Peau : jaune grisâtre , ponctuée de roux clair, marbrée de même au- près du pédoncule, et ma- culée de brun- fauve autour de l'œil. — Chair : blanche, demi-fine, fondante, ju- teuse, légèrement pierreuse au cœur. — Fau : excessi- vement abondante, sucrée, savoureuse, acidulé, impré- gnée d'un parfum musqué qui n'a rien de trop pro- noncé. Maturité. — De la fin de septembre jusqu'aux der- niers jours d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Parmi les fruits modernes, il en _^ est peu qui aient eu à subir d'aussi nombreux changements de nom, que la Bergamote lucrative. En 1831, le Deuxième Type. BER [bergamote mar — mil] 249 pomologue anglais Lindley l'appelait déjà Belle-Lucrative et Fondante d'Automne , et pourtant l'on sortait à peine de la propager^ puisque cet auteur nous dit : « C'est une des nouvelles poires flamandes introduites dans les ' collections du jardin de la Société .d'Horticulture de Londres, à Chiswich [sous les murs de cette capitale], où elle a mûin sur un arbre à haute tige. » [A Guide to the orchard and kitchen garden, 1831, p. 364.) Dans ce passage, Lindley, qui fut le premier descripteur de cette variété, observe bien qu'elle provient de la Flandre, mais n'indique pas la localité. D'après IVI. de Liron d'Airoles, elle aurait été gagnée chez nous, à IVÎaubeuge, par M. Fiévée. (Voir Notices pomologiqnes , 1858, t. I, p. 28.) Origine d'où seront venus les noms Bergamote Fiévée et Fondante de ]\Iaubeuge, qu'elle a successivement portés. Aujourd'hui, on la cultive, on la vend généralement sous la dénomination de Bergamote lucrative, justifiée par les prix avantageux qu'atteignent sur nos mar- chés ses abondants, ses excellents produits. Son obtention ne peut être de beaucoup antérieure à 1828. Observations. — La poire Naquette, qui a pour synonymes Oignon allemand et Caillot rosat à courte queue , et dont « les pépiniéristes modernes ont fait leur «Bergamote lucrative, » selon M. Decaisne (18S9, tome II), diffère entièrement, dans nos pépinières, de ce dernier fruit. Elle s'en éloigne par la forme^ par la cou- leur de la peau ; elle mûrit un mois plus tôt, se conserve cinq ou six jours à peine, et n'a rien de recommandable. Quant aux arbres de ces deux variétés , leurs caractères sont également assez tranchés. Poire BERGAIVIOTE IMARBRÉE. — Synonyme de Bergamote d'Automne 'panachée. Voir ce nom. Poire BERGAIVIOTE JVIELON. — Synonyme de Bergamote d'Automne. Voir ce nom. 123. Poire BERGAMOTE DE MILLEPIEDS. lîesci'iption de l'arbre. — Bois : fort. — Bomeaux : assez nombreux, étalés vers la base, érigés au sommet, gros, longs, flexueux, brun rougeà- tre , largement ponctués , à coussinets proéminents. — Ftioii de l'arbre. — Bois : assez fort, — Rameaux : nombreux , habituellement érigés, gros, de lon- gueur moyenne, légèrement coudés, cotonneux, marron clair, à lenticelles larges et clair-semées , à coussinets presque nuls. — Yeux : ovoïdes, vo- lumineux, peu écartés du bois , ayant les écailles grises et faiblement disjoin- tes. — Feuilles : petites ou moyennes, ovales-lancéolées, finement denticulées ou crénelées, portées sur un pétiole long et grêle. Fertilité. — Convenable. Culture. — De vigueur moyenne, ce poirier peut être greffé sur cognas- sier ; ses/^yramides y sont assez jolies , mais sa croissance y est très-tardive ; le franc lui conviendra toujours mieux. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : globuleuse ou ovale-arrondie. — Pédoncule : court, bien nourri, droit ou quelque peu recourbé, obliquement inséré, d'ordinaire, dans une étroite et profonde cavité. — Œil : petit, mi-clos, mal développé, assez enfoncé. — Peau : jaune d'or, ponc- tuée et veinée de fauve , maculée de même autour de l'œil et du pédoncule , BER 263 faiblement colorée de rose pâle sur la partie frappée par le soleil. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, à peine pierreuse auprès des loges. — Eau : des plus abondantes, sucrée, aigrelette, très-délicate et très-savoureuse. Maturité. — De la fin du mois de novembre jusqu'au début de février. Qualité. — Première. Historique. — M. Decaisne a publié sur elle les renseignements ci-après, que nous nous sommes efforcé de compléter : « Cette excellente poire.... portait dans les anciens Catalogues du Muséum le nom de Ber- nard ou Riaulot. Je la trouve en outre citée sous le nom de Bergamote Bernard [de Bonnet) à la page 6 du Catalogue des noms donnés aux •poires, publié en 1856 par M. Willermoz. » [Le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV. ) Voici maintenant quelques passages d'une lettre que M. "Willermoz , consulté par nous relativement à l'origine de ce poirier, a eu l'obligeance de nous adresser : « En 1835, visitant l'établissement de M. Bonnet^ horticulteur à Lyon, nous avons remarqué, inscrit sous le nom de Bergamote Bernard, un poirier encore jeune, qui par son fades tient un peu d'une variété reçue sous le nom de Bergamote de Parthenay; toutefois, nous n'avons pas la prétention de dire que l'arbre soit identiquement le même. Il a fructifié en 1854. M. Bonnet ne sait d'où il l'a tiré; il croit, mais n'est pas certain, l'avoir reçu en 1851 ou 1852 de la maison Jamin-Durand, de Paris. Il a trouvé le fruit d'une longue conserva- tion Longtemps après cette visite, M. Bonnet eut l'obligeance de me donner un fruit, que je conservai JMsgw'à la fin de mars; à cette époque je lui trouvai une chair jaunâtre, grossière, cassante et presque sèche. M. Bonnet s' étant retiré des affaires , n'a pas fait multiplier cette variété, dont je n'ai plus entendu parler » [Lettre du 11 juillet 1866.) Tels sont les seuls détails qu'il nous ait été possible de nous procurer, et malheu- reusement ils ne sont pas des plus concluants. Somme toute, nous ne croyons pas, cependant, que l'obtention de cette variété puisse remonter à plus d'une trentaine d'années. Observations. — M. Hovey, en décrivant les poiriers cultivés aux États-Unis, a mis au rang des synonymes de la poire Fondante des Bois, la poire Bernard , ce qui ne saurait être que le résultat d'une erreur, aucune identité n'existant entre ces deux espèces. (Yoir the Fruits a f America, 1847, t. I, p. 51.) Poire de BERNY. — Synonyme de poire Parfum d'Août. Yoir ce nom. 132. Poire le BERRIAYS. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés, gros, courts , un peu coudés, marron foncé, finement ponctués de gris , ayant les coussinets aplatis. — Yeux : ovoïdes, volumineux, écartés du bois, à écailles entr'ou- vertes. — Feuilles : moyennes, généralement ovales-allongées, faiblement dentées ou crénelées , à pétiole long et épais. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — C'est un arbre vigoureux auquel il faut donner le cognassier ; il pousse vite et fait de belles, de fortes pyramides. Description du fruit. — Grosseur : moyenne, et parfois plus volumineuse. — Forme : oblongue, ventrue, obtuse, bosselée. — Pédoncule: mince, assez court, faible- ment arqué, obliquement implanté au milieu d'une légère dépression. — OEil : large, ouvert, bien développé, presque saillant, plissé sur ses bords. — Peau : 264 BER— BES [besi air— cae] Poire le Berriays. jaune-citron, finement ponctuée de roux verdâtre. — Chair : très-blanche, fon- dante, juteuse, ayant quelques pierres autour des loges. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, douée d'un arôme fort délicat. Maturité. — Fin août et début de septembre. Qualité. — Première. Historique. — « J'ai obtenu ce « fruit de semis en 1861 et l'ai mis dans « le commerce en 1863, » nous écri- vait le 19 août 1865^ M. Boisbunel, pépiniériste à Rouen. Observations. — M. Boisbunel, en dédiant ce poirier à l'un des pomo- logues les plus érudits du siècle der- nier, s'est montré bien inspiré. Nous l'en félicitons ; mais nous pensons qu'il l'eût autrement dénommé, s'il avait su queYan Mons, le semeur par excellence, appliqua vers 1825 ce même nom à l'une de ses poires récemment gagnées. En voici la preuve , tirée des Mémoires de la Société d' Agriculture de Caen : (.( Souvent les botanistes et les agricul- teurs donnent aux plantes nouvellement découvertes les noms des savants qu'ils veu- lent honorer. C'est ainsi que le nom de M. LE Berriays a été appliqué a une va- riété DE LA poire de CoLMAR, PAR Van MoNS, auteur de la Fnictologie, et à une fraise nouvelle^ qui est le produit de la grosse fraise du Chili.» (Année 1827, t. I, p. 329.) Le Berriays, qui avait écrit la majeure partie du Traité des arbres fruitiers de Duhamel, et dont les œuvres sont justement recherchées, était prêtre et natif d'Avranches, où il mourut en 1805 , âgé de quatre-vingt-cinq ans. — M. de Liron d'Airoles, dans une liste de poiriers modernes qui figurait en 1862 à la page 71 du tome III de ses Notices pomologiques , a cité cette variété , mais il l'a appelée poire Abbé le Berriays, changeant de la sorte le simple nom de poire le Berriays attribué à ce fruit par son obtenteur. Néanmoins, nous ne regardons pas ce surnom comme un synonyme, car il n'a pu se répandre encore dans les collections ou les Catalogues. Poire BERTHEBIRN. — Synonyme de poire Belle- Angevine. Voir ce nom. Poire BESI D'AIRY. — Synonyme de Besi de Héric. Voir ce nom. Poire BESI DE BRETAGNE. — Synonyme de Besi de Quessoy. Voir ce nom. 133. Poire BESI DE CAEN. Deseriptiou de l'arbre. — Bois : fort. — - Rameaux : assez nombreux , habi- tuellement étalés , gros , longs , coudés , vert clair cendré , à lenticelles larges et BES [besi cai— cha] 265 clair-semées , à coussinets non renflés. — Yeux : de grosseur moyenne, ovoïdes, duveteux, presque appliqués contre le bois. — Feuilles : grandes , rarement abon- dantes, elliptiques, faiblement crénelées, ayant le pétiole court, très-nourri, mais un peu flasque. Fertilité. — Bonne. Culture. — Sur cognassier, il se montre de vigueur convenable, quoique le développement de l'écusson soit tardif; ses pyramides sont fortes et assez belles. Description du friiif. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, souvent contournée et généralement plus ventrue d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : de longueur moyenne , Poire Besi de Caen. mince , arqué , obliquement inséré. — OEil : saillant , grand , bien ou- vert, entouré de gibbosités. — Peau : verte, parsemée de points roux et ta- chée de fauve auprès du pédoncule. — Chair : blanche, demi-flne, odorante, juteuse , fondante , assez pierreuse au cœur. — Eau : abondante, sucrée, parfumée, des plus savoureuses. Maturité. — Du commencement de mars jusqu'à la fin d'avril. Qualité. — Première. Historique. — Longtemps nous avions cru ce poirier identique avec le Léon Leclerc épineux. Il n'en est rien, car les produits de cette dernière es- pèce se mangent en décembre et con- viennent uniquement pour la cuisson, quand au contraire le Besi de Caen mûrit, on l'a vu, au début d'avril et prend place parmi nos meilleurs fruits à couteau. La forme de ces deux poires se montre aussi très-différente. Nous cultivons ce Besi depuis une dizaine d'années, sans avoir pu découvrir encore s'il est originaire de la ville dont il porte le nom. L'auteur allemand Biedenfeld, qui l'a mentionné en 1854 dans son Handbuch aller bekannten Obstsorten (p. 113) , se tait sur ce point; mais il pense, par contre, que certaine poire nommée Beurré de Caen pourrait bien n'être autre que le Besi de Caen. Doute bon à signaler ; et nous le signalons comme simple renseignement à contrôler. Le mot besi (ou bezy) appartient à la langue bretonne et signifie, d'après les Dictionnaires de Trévoux et de Richelet., poire sauvage. Dans le Complément de son vocabulaire, l'Académie française écrit besier, et donne à ce terme une défini- tion semblable à celle du mot besi, puisqu'elle en fait l'équivalent de poirier sau- vage. On comprend maintenant pourquoi l'on nomma jadis Besi, la majeure partie des poires qui furent trouvées à l'état de sauvageon. Poire BESI DE CAISSOY. — Synonyme de Besi de Quessoy. Voir ce nom. Poire BESI DES CHAMPS. — Synonyme de poire Oignonet de Provence, Voir ce nom. 266 BES [besi cha] Poire BESI DES CHASSERIES. — Synonyme de Besi de VÉchasserie. Y. ce nom. Poire BESI DE CHASSERY. — Synonyme de Besi de VÉchasserie. Yoir ce nom. i34. Poire BESI DE CHAUMONTEL. Stynonymes. — Poires : 1. De Chaumontel ( Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675^ p. 124 ). — 2. Beurré d'Hiver (Duhamel, Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, p. 199). — 3. Jenneret (Henri Manger, Systematische Pomologie, 1783, t. II, p. 120). — 4. Beurré de Ghaumontel (Poi- teau, Pomologie française, 1846, t. III, n" 18). — 5. Bon-Chrétien de Ghaumontel (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). Premier Type. Description de l'ar- bre. — Bois : faible et vert grisâtre. — Rameaux : peu nombreux, étalés, grêles, très-longs, flexueux, rou- geâtres , cotonneux et mar- qués de nervures assez sail- lantes; finement ponctués, ils ont en outre les coussi- nets bien accusés. — Yeux : petits, ovoïdes, obtus, non adhérents, — Feuilles : peu abondantes , ovales - allon- gées , profondément den- tées, légèrement ondulées, vert jaunâtre souvent lavé de rouge ; leur pétiole est long, roide et épais. Fertilité, — Ordinaire. Culture, — Ce poirier se greffe plus avantageuse- ment sur cognassier que sur franc, quoiqu'il soit médio- crement vigoureux. L'ex- position qui lui convient le mieux est celle en espalier, au midi, ou celle à haute tige, mais alors on doit le mettre sur franc. Ses pyra- mides , généralement mal ramifiées , sont cependant assez convenables. Description du fruit. — Grosseur : volu- mineuse. — Forme : variable, mais le plus habituellement allongée, obtuse, bos- selée, irrégulière et parfois sensiblement contournée. — Pédoncule: long ou court, droit ou arqué, de force moyenne, presque toujours inséré perpendiculairement et BES [resi r.HA] 267 à fleur de peau, mais quelquefois aussi placé obliquement et en dehors de l'axe du fruit. — 6^27 .-grand, peu développé, rarement très-enfoncé, ouvert, non plissé sur ses bords. — Peau : jaune d'ocre, ponctuée et marbrée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et largement colorée de rouge-brun du côté du soleil. — Chair : blanche, mi-fme, mi-cassante, juteuse et pierreuse. — Eau: très-abon- dante, sucrée, aigrelette, douée d'un parfum aussi savoureux que prononcé. . Poire Besi de Chaumontel. - Deuxième Type. MATUmrÉ. - De la moitié de novembre jusqu'aux derniers jours de janvier, et par exception atteignant les mois de février et de mars. Qualité. — Première. Historique. — Dans son édi- tion de 1675, le pomologue Merlet appelait ce fruit « Poire de Chau- « montel , » et le disait « sortant « d'un vieil sauvageon tout épi- « neux ; » renseignement que plus tard il complétait ainsi : « La « Poire ou le Bezy de Chaumontel, « près Luzarche, . . . provenue d'un « sauvageon poussé à Chaumontel « depuis peu d'années. » ( UA - brégé des bons fruits.^ édit. de 1675, p. 124; et édit. de 1690, p. 109.) Version que Duhamel , qui décri- vit ensuite ce Besi, confirma de la sorte : « Les poires que j'ai représentées ici sont venues de Chaumontel même, et m'ont été don- nées par le Seigneur du lieu, possesseur du premier Poirier de Bezi de Chaumontel, qui y subsiste encore dans la même place où il est venu de pépin, il y a environ cent ans Cette année 1763 il a produit un grand nombre de belles poires. » ( Traité des arbres fruitiers, i 768, t. II, p. 199.) Enfin M. Decaisne ajouta en 1859, à ce qu'on vient de lire, cette note intéressante : « M. Leflamand, maire de Luzarches en 18S7, et alors âgé de quatre-vingt-douze ans, m'a appris que le vieux Poirier de Chaumontel décrit par Merlet, et qui appartenait à M. d'Assilly, conseiller à la cour des Aides, était mort dans l'hiver mémorable de 1789. » [Le Jardin frui- tier du Muséum, t. II.) Voilà donc une origine parfaitement constatée, et fort respectable, puisqu'elle remonte déjà à plus de deux siècles. Chaumontel, commune du département de Seine-et-Oise, est situé non loin de Chantilly. Obsewatioiis. — Merlet affirmait en 1675 avoir mangé ce fruit « vers la « Pentecoste. » Présentement, il n'en est plus ainsi; devenu bien moins tardif, on a peine à le conserver jusqu'en février. Van Mons, qui étudia particulièrement cette variété , a consigné sur elle , dans un de ses ouvrages , la remarque ci-après : « Le Bezy de Chaumontel a besoin de mûrir hâtivement pour jouir de toutes les qualités 268 BES [besi dub] qu'il possède. C'est l'une des plus délicates poires, mais qui, différant de mûrir jusqu'à la saison froide, ne mûrit plus et devient amère. Des taches de mousse s'établissent sur sa peau, et des points noirs se distribuent dans sa chair, » [Bes Arbres fruitiers, 1835, 1. 1, p. 121 . ) La grosseur de ce Besi dépasse parfois celle du premier type que nous avons figuré ; aussi n'est-il pas rare de rencontrer de ces poires dont le volume soit con- sidérable. Il en a été souvent exposé, dans les concours régionaux, qui pesaient de 380 à 430 grammes. Poiteau, lui, prétendait en 1846 en avoir vu qui attei- gnaient une hauteur de 5 pouces (14 centimètres) et un poids de 28 onces (875 grammes). « K Paris, dit M. Decaisne, leur prix varie de 10 à 12 francs le «cent, lorsqu'elles arrivent en abondance, et que leur grosseur est moyenne... « mais plus volumineuses , on les paie ordinairement 1 franc pièce , au milieu de « l'hiver. » (1859, t. II.) — Une chose encore assez digne de remarque, c'est ce fait, signalé par M. Bivort, en son Album de pomologie : « M. Rivers, savant horticulteur à Sawbridgeworth, près Londres, m'a assuré — dit cet écrivain — que les plus beaux fruits du Besi de Chaumontel se récoltaient dans l'île de Jersey, d'où ils étaient expédiés chaque année pour Londres , à des prix très-avantageux. » (1849, t. II, p. 13S.) Et il faut bien , en effet , que le sol de Jersey soit des plus favorables à la culture de ce poirier, puisqu'annuellement les horticulteurs établis dans cette île achètent aux pépiniéristes d'Angers un nombre considérable de jeunes sujets de Besi de Chaumontel. 135. Poire BESI DUBOST. Deisci'iption de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux et assez longs, grêles, peu flexueux, vert grisâtre, fine- ment ponctués de jaune pâle, à coussinets habituellement saillants. — Yeux : moyens, coniques, poin- tus, non adhérents. — Feuilles: petites, étroites, ovales, acuminées, allongées, profondément dentées, à pétiole long et menu. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Cet arbre se plaît infiniment sur le cognassier et mé- diocrement sur le franc ; il croît vite et fait de superbes pyramides. Hescriptioii du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée, excessivement obtuse et ventrue, généralement un peu bos- selée. — Pédoncule : assez court et assez gros, droit ou arqué, implanté obliquement ou perpendiculairement au miheu d'une faible dépression. — Œil: petit, mi-clos, mal développé , placé presque à fleur de fruit. — Peau : jaune d'or, ponctuée, striée de roux, maculée de même autour du pédoncule. — Chair : blanche. BES [besi Écifl 269 demi-fine^, fondante, juteuse, pierreuse auprès des loges. — Eau : des plus abon- dantes, sucrée, fraîche, faiblement parfumée, quoique délic-ate et savoureuse. Maturité. — De janvier jusqu'en mars. Qualité. — Deuxième. His4ori(iiie. — M. Mas, président de la Société d'Horticulture de l'Ain, établit ainsi, en 1865, l'origine de ce poirier dans le Verger, recueil pomologique dont il est le principal rédacteur : « Obtenu d'un pépin d'Echassery (Besi de l'Échasserie) par M. Pariset, de Cui-ciat-Dongalon, département de l'Ain, l'heureux auteur de la poire Saint-Germain-Puvis et de plusieurs autres variétés il a été dédié par nous, et avec la permission de M. Pariset, à M. Dubost, qui fut un zélé propagateiu^ des bons fruits dans le pays de Bresse. » (Tome I, Poires d'hiver, 1865, p. 29.) La première fructification de ce nouveau poirier a eu lieu en 1845. 136. Poire BESI DE L'ÉCHASSERIE. Premier Type. ayant les écailles légèrement entr'ouvertes. Synonymes. — Poires : 1. Bezy de Vil- LANDRY (Merlet, l'Abrégé des bons fruits , édit. de 1675, p. 107). — 2. Muscat de l'Échasserie {Id. ibid.).~ 3. Muscat de ViLLANDRY {Id. ibid.). — 4. Besidery- Landry (la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers , édition de 1692, t. I, p. 144). — 5. De l'Eschas- serie {Id. ibid.). — 6. Verte -Longue d'Hiver {Id. ibid.). ■— 7. Lescharie (l'abbé de Vallemont, Curiosités de la nature et de l'art sur la végétation, 1719, p. 231). — 8. Bezi-Lanûrin f Louis Liger, la Nou- velle maison rustique, 1755, t. II, p. 198). — 9. Bezi de Ghassery (Duhamel, Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, p. 187). — 10. Echassery {Id. ibid.). — 11, Bezy DE Landry (Herman Knoop, Fructologie, 1771, p. 134). — 12. Besi des Ghasseries (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). _ 13. Besi Léchasserie {Id. ibid.). — 14. Épine-Longue d'Hiver [Id. ibid.). — 15. Henné {Id. ibid.) — 16. De Villandry {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nom- breux, érigés au sommet, étalés vers la base , bien nourris , longs , très- coudés, vert brunâtre, à lenticelles abondantes et grosses, à coussinets presque aplatis. — Yeux : ovoïdes, volumineux, non appliqués, souvent même sortis en courts éperons et — Feuilles : de grandeur moyenne , 270 BES [besi éch] Besi de l'Echasserie. — Deuxième Type. ovales-lancéolées, faiblement crénelées sur les bords et munies d'un pétiole long et des plus épais. Fertilité. — Convenable. Culture. — Il prospère bien sur cognassier ; ses pyramides sont jolies, régu- lières; sa vigueur est grande; sa ramification, parfaite; son feuillage , abondant. Deseri|)tion d» fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : variant entre la turbinée - allongée et la turbinée- ovoïde, mais constamment obtuse et bosselée. — Pé- doncule : long , mince , droit ou arqué , habi- tuellement un peu renflé à son point d'attache et obliquement inséré à la surface du fruit. — OEil : petit, mi-clos, rarement très-déve- loppé , presque saillant. — Peau : rude au toucher , jaune-citron , ponctuée de fauve , semée de quelques taches de même couleur et maculée de roux foncé autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanche, fine, fon- dante, juteuse, contenant de très-petites pier- res au-dessous des loges. — Eau : excessive- ment abondante , acidulé , sucrée, douée d'un arrière-goût musqué des plus agréables. Maturité. — De la mi-novembre jusqu'au mois de janvier. Qualité. — Première. Historique. — Ce poirier, disait la Quin- tinye avant 1690, «ne paraît dans nos jardins « que depuis une vingtaine d'années. » {Ins- tructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1692, t. I, p. IM.) Pour lors, ce fut vers 1660 qu'on le rencontra à l'état de sauvageon, comme l'indique le mot Besi [poirier sauvage), formant la première partie de son nom. Quant à sa pro- vince originaire, c'est évidemment l'Anjou, où de temps immémorial on le cultive, où précisément existent trois localités portant la même dénomination que lui : l'Echasserie; l'une dans la commune de Chemillé, Tautre sur le territoire du village d'Allençon, près d'Angers, la troisième aux portes de cette dernière cité, dans les dépendances du château d'Espeluchard , aujourd'hui du Pin, et jadis maison de plaisance du bon roi René. De l'Anjou, le Besi de l'Echasserie se pro- pagea promptement en Touraine, car Merlet faisait remarquer en 1675, dans son intéressante pomologie, qu'on avait aussi, mais momentanément, appelé cette poire Besi ou Muscat de Yillandry (Indre-et-Loire). Or, nous croyons que ce sont les mots de Villandry qui, mal lus ou mal écrits, auront donné naissance au nom Besidery-Landry, mentionné par la Quintinye comme un des synonymes du Besi de l'Echasserie. Observations. — Assez récemment on a cru la poire des Chasseurs identique avec la variété que nous venons d'étudier; ces deux fruits, cependant, sont loin de prêter à la confusion : forme, couleur, époque de maturité, saveur, tout diffère en eux ; et il en est ainsi des arbres qui le,; produisent. BES [besi esp] 271 137. Poire BESI ESPEREN. Premier Type. l>escrii>tioii de l'arbre. — Bois : de moyenne force ou peu fort. — Rameaux : nombreux, éri- gés au sommet, étalés vers la base, gros, assez longs, rarement bien coudés, d'un brun-vert tournant au grisâtre, à lenticelles abondan- tes et très-développées, à coussinets saillants. — Yeux : moyens , ovoï- des, pointus le plus ordinairement et presque entièrement appliqués contre le bois; ils ont les écailles grises et quelque peu disjointes. — Feuilles : grandes , ovales-allon- gées, contournées, canaliculées et profondément dentées ; leur pétiole, long, fort et roide, est pourvu de larges stipules. Fertilité. — Convenable. Deuxième Type Culture. — Qu'il soit greffé sur franc ou sur cognassier, cet arbre, dans notre sol, n'en demeure pas moins constamment faible ; sa croissance est des plus tardives, mais ses pyramides sont réguliè- res et d'une jolie forme. Description du fruit. — Grosseur : moyenne , et souvent plus considérable. — Forme : va- riant entre la turbinée-allongée , obtuse et régulière, et la turbinée- ventrue, bosselée et contournée. — Pédoncule : assez court et mince, mais parfois aussi très- long et bien nourri; il est habi- tuellement un peu arqué, oblique- ment implanté à fleur de peau, ou bien encore, très-exceptionnel- lement, inséré en dehors de l'axe du fruit dans un évasement irrégulier. (EU 272 BES [besi fon — Gou] moyen , ouvert , mal développé , placé dans un bassin de profondeur variable et dont les bords sont entourés de protubérances. — Peau : jaune verdâtre, entière- ment ponctuée de roux clair , maculée et finement veinée de fauve auprès de l'œil et du pédoncule, et quelquefois faiblement lavée de rouge pâle du côté du soleil. — Chair : demi-fine, blanche, fondante, juteuse, peu pierreuse. — Eau : exce-ssive- ment abondante, sucrée, vineuse, des plus aromatiques. Maturité. — De la moitié de novembre jusqu'à la fin de décembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce poirier nous est venu de la Belgique, et l'on voit à la page 144 du tome II de l'Album de pomologie publié à Bruxelles par M. Bivort en 1849, que le major Espéren en fut l'obtenteur. Il le gagna, vers 1838, d'un semis fait en 1824. Poire BESI FONDANT. — Synonyme de poire Hamon. Voir ce nom. Premier Type. 138. Poire BESI GOUBAULT. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, étalés et bien arqués , gros , longs , cotonneux , très-coudés, vert fon- cé légèrement grisâ- tre, finement et abon- damment ponctués , ayant les coussinets peu saillants, les mé- rithalles courts. — Yeux : de moyenne grosseur , ovoïdes , pointus , duveteux , extrêmement écartés du bois, et souvent sortis en éperon. — Feuilles : assez nom- breuses, vert foncé, ovales, à bords faible- ment dentés en scie, à pétiole long et mince muni de stipules peu développées ; celles du sommet de la tige sont ordinairement petites et presque toujours cotonneuses. Fertilité. — Très-grande. Culture. — On lui donne indistinctement, comme sujet, le franc ou le cognassier; sa vigueur est convenable , son développement ordinaire ; quant à ses pyramides , elles sont des plus régulières et bien touffues. Descriptiou du fruit. — Grosses : volumineuse et quelquefois moyenne. — Poire Besi Goubault. — Deuxième Tijpe. BES [besi hér] 273 Forme : arrondie, bosselée, aplatie à la base et légèrement allongée au sommet qui généralement est mamelonné. — Pédoncule: court, mince, droit, obliquement implanté, charnu à son point d'insertion , continu avec le fruit et recouvert en partie par une forte gibbosité ; parfois aussi il est long et placé au milieu d'une assez large dépression. — OEiL- grand, bien développé, ouvert, peu enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée et striée de roux, marbrée de même auprès de l'œil et entièrement tachée de fauve autour du pédoncule. — Chair : très-blanche, très-fme, juteuse, fondante, contenant quelques petites pierres au cen- tre. — Eau : excessivement abondante, fraîche, sucrée, par- fumée, douée d'une saveur aigre- lette aussi délicate qu'agréable. Maturité. — Fin septembre et se prolongeant jusqu'en no- vembre. Qualité. — Première. ^„ ' 1 Historique. — Elle fut fnmfil'r''"^' V'/ ï ^""'"''^ P^^ ^' ^«"^^^^t' horticulteur, et soumise t^s dp !h. TT r ^'^ ^'^^'' ^' Maine-et-Loire, qui la plaça parmi les varié- tïl r* frmt vraiment déhcieux a été jusqu'ici, mais par inadvertance, mandnt ^TT T^'' ^'^' '''' Catalogues; en relevant cette erreur, nous recom^ SenlZllT. ^ ? 7 •''^'^' ^" propagation de ce Besi, que nous avons dû, bien involontairement, lui nuire en ne lui donnant pas le rang qu'il méritait. nn!!!'?'*^'"**"'*^' ~ ^"^ ^ confondu parfois le Besi Goubault avec une autre W /n "^r" ''?''''' ''''^^^' ^'''' fâcheusement, il faut l'avouer, Besi très- tardif II est urgent, cependant, de ne commettre aucune méprise à leur égard, attendu que la dernière se mange jusqu'en mai ou juin, tandis que la première dépasse rarement le mois de janvier. i ^ 139. Poire BESI D'HÉRY [ou d'HérigJ. ^^^TT^T ~ ^f"''-' ^- ^^'' '''^'''''' ^^' ^''*^'''' Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, ms, p. 15). - 2. De Henri (Claude Mollet, Théâtre des jardinages, édition de 1652 p 34) ?«L /f/?™'''/?'^' i^'-t.c^o^.e, 1771, p. 134). - 4. De Bordeaux (Thompson; ^^talogueof the fruits of the horticultural Society of London , 1842, p. 129). ^ 5. Best royal Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. ~ Rameaux : peu nombreux, généralement étalés et arqués, gros, courts, légèrement coudés et duveteux, vert-fauve très-foncé, ayant les lenticelles petites et clair-semées , les 18 ^74 BES [besi hér] coussinets aplatis et les mérithalles courts. — Yeux : assez volumineux , ovoïdes- obtus, presque appliqués contre le bois ; leurs écailles sont souvent entr'ouvertes. — Feuilles : vert mat, arrondies, Poire Besi d'Héry ou d'Héric. acuminées, à bords entiers ou faiblement crénelés , à pétiole bien nourri et de moyenne longueur ; elles sont rarement abondantes. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Toujours fai- ble sur le cognassier, cet ar- bre se montre plus vigoureux lorsqu'il est greffe sur franc ; son écusson se développe très-tardivement ; quant à ses pyramides, elles laissent quel- que peu à désirer. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : arrondie et quelque- fois turbinée, — Pédoncule : long , menu , arqué , réguliè- rement implanté dans une étroite cavité en entonnoir. — OFil: grand, très-ouvert^ très- développé, à peine enfoncé. — Peau: iaune clair, finement ponctuée de brun et de roux, et habituellement maculée de fauve autour de l'œil. — Chair : blanche, fine, mi-fondante, légèrement pierreuse. — Fau : suffisante, douce, sucrée, peu savoureuse, en raison surtout de son parfum musqué^ qui, trop prononcé, rappelle celui du fenouil. Maturité, — Depuis la fin d'octobre jusqu'en janvier. Qualité. — Troisième comme fruit à couteau, première pour la cuisson. Historique. — Le Lectier, dès 1628, la cultivait dans ses riches vergers d'Or- léans, comme l'indique le Catalogue où, page 15, il la nomme « Besy d'Airy » et la classe parmi les variétés « mûrissant en novembre et au commencement de « décembre. » Alors , elle devait être assez nouvelle, car le créateur des jardins d'Henri IV, Claude Mollet, la décrivant en 1652 dans la première édition de son Théâtre des plans et jardinages^ disait : « Le poirier de Besi de Héiy est venu de Bretagne depuis peu de temps; les Bretons lui ont donné ce nom de Besi de Héry, qui vaut autant à dire que poires de Henry. Chose qui est véritable ; car, lorsque le roy Henry le Grand, d'heureuse mémoire, fit son voyage en Bretagne pour la réduire en son obeyssance, comme il estoit à Nantes, il m'envoya quérJT pour voir un jardin qui est auprès de Nantes, qui se nomme Chassée. Incontinent après que je fus arrivé à Nantes, les Messieurs de Rennes envoyèrent un panier de ce fruit à Sa Majesté; c'estoit au mois de mai. » (Page 34. ) i Or, ce séjour d'Henri IV à Nantes ayant eu lieu en 1598, on voit que le poirier BES [BESi INC] ' 275 dont il s'agit ici ne put se répandre dans les autres provinces du royaume avant le commencement du xvn'' siècle. Mais depuis quelle époque était-il connu en Bretagne?... Claude Mollet ne l'a pas su, ni Merlet, qui se contenta de préciser ainsi, en 1675, l'origine de cette même poire : « Elle vient de basse Bretagne, de la forest de Heiy, d'où elle a tiré son nom; Besy, ou Besier , voulant dire sauvageon, tant en Bretagne et Normandie, qu'en plusieurs autres provinces. » [L'Abrégé des bons fruits, 1673, pp. 94-95.) La forêt dans laquelle ce sauvageon fut trouvé, existait encore en 1640, près du bourg d'Héric , situé à vingt-quatre kilomètres de Nantes ; mais à partir de cette date, on la défricha successivement, et à ce point qu'en moins de dix années il n'en restait plus un seul arbre. Observations. — Claude Mollet, on l'a vu ci-dessus, rapporte que les Rennois offrirent, au mois de mai, des poires de Besi d'Héric au souverain qui venait pacifier leur pays et signer le fameux Édit de Nantes. Le témoignage de cet auteur est tel- lement précis, tellement affirmatif, qu'on ne peut le révoquer en doute. Il faut donc croire que ce Besi a perdu présentement beaucoup de sa tardiveté , puisqu'il dépasse bien rarement le mois de janvier. — Du reste, et malgré quelques opinions contraires, on doit le rejeter des espèces à couteau, car il n'a rien des qualités qu'elles exigent; et déjà, du temps de Louis XIV, on le condamnait à n'être qu'un fruit de parade , comme le prouve ce passage de la Quintinye , directeur des vergers de Yersailles : « On n'en fait plus guères de cas, et s'il paroît sur les bonnes tables, ce n'est pas pour n'en plus revenir, et pour y donner quelque plaisir au goust, ce n'est tout au plus que pour aider à une construction solide et durable des pyramides. » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1692, pp. 158 et 172.) En Allemagne, où ce poirier est généralement cultivé, et depuis fort longtemps, ses fruits sont un peu plus estimés; toutefois, lisons-nous dans le Deutsches Obstca- binet, recueil pomologique publié à léna sous la direction du docteur Langethal : « Lors des mauvaises années ou dans les mauvaises terres , ils ne servent guère « qu'à faire des compotes. » (1857, 2" cahier.) 140. Poire BESI INCOMPARABLE. Synonymes. — Poires : l. Nomp abeille (Olivier de Serres, le Théâtre d'agriculture et ménage des champs, 1608, 4e édition, p. 629). — 2. Sans-Pair (de Bonnefonds, le Jardinier français, 1651, p. 67). — 3. Besi sans pareil (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 73). — 4. Incomparable (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1839, t. II). — 5. Sans-Pareille [Id. ibid.).— 6. Bergamote sans pareille (Downing, the Fruits and fruit trees of America, 1863, p. 476). Vescrii>tion de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux , ordinairement étalés, de grosseur et de longueur moyennes, à peine coudés, brun- roux grisâtre, abondamment et finement ponctués, ayant les coussinets générale- ment aplatis. — Yeux . petits, coniques, non appliqués contre le bois, à écailles bombées et disjointes. — Feuilles : excessivement abondantes, moyennes, ovales- allongées , quelque peu canaliculées et contournées sur elles-mêmes , à bords unis , à pétiole long et menu. Feutilité. — Extrême. â76 BES [besi iNcl Culture, — Greffé sur cognassier, il est faible et d'une croissance assez tardive , mais fait néanmoins de passables pyramides ; sur franc, en haute-tige, il se montre „ . rr plus vigoureux, et c'est sous cette Poire Besi incomparable. — Premier Type. ^ vi n ,.p , i ^ „. ^v, forme qu il fructifie le plus abon- damment. Descriiition du frwit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : sphéri- que ou ovale-arrondie, généralement assez régulière. — Pédoncule : long ou moyen, bien nourri, droit, renflé à ses extrémités, implanté dans un évasement peu profond, mais entouré de fortes protubérances. — Œil : grand, mi-clos, rarement très-en- foncé et très-dé veloppé. — Peau : jaune -citron légèrement verdâtre, ponctuée et marbrée de fauve, striée de roux dans la cavité ombilicale et souvent colorée de rouge-brun clair sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche , demi-fine , assez fondante, des plus juteuses, conte- nant quelques pierres. — Fau : su- crée, vineuse, aigrelette, possédant un arôme particulier excessivement agréable. Deuxième Type. MATURITÉ. — De la fin d'octobre jusqu'à la fm de février. Qualité. — Première. Historique. — Le Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme , publié en 1855 par M. Thuil- lier-Aloux, ancien pépiniériste, ayant attribué , page 73 , cette espèce à M. Dupuy-Jamaiu , horticulteur à Paris, nous avons voulu, la croyant au contraire contemporaine d'Olivier de Serres, nous renseigner auprès de notre confrère de la capitale, et voici la réponse qu'il a bien voulu nous adresser le 12 juillet 1866 : « Vous me questionnez sur la poire Besi incomparable. Je dois vous dire que je ne la connais pas. Je possède seulement, depuis une dizaine d'années envii'on, une variété de poirier nommée Bergamote incanmarable , qui me fut envoyée par M. Chateuay-Dm'and , pépiniériste à Tours, et dont JBES [besi (.an — lib] 277 j'ignore l'origine. Ce fruit est moyen, aplati, de couleur grise ou fauve; sa chair est fondante, juteuse, et rappelle la saveur du Beurré gris. L'arbre, de vigueur moyenne, a les rameaux gros, courts, et marron foncé. » Ce point éclairci, nous pensons alors avec M. Decaisne [Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II) qu'on peut regarder le Besi incomparable comme étant la poire Sans-Pair ou Nonpareille citée par Bonnefonds en 1651, puis par dom Claude Saint-Étienne en 1660, et même dès 1608 par Olivier de Serres. Mais ajoutons qu'aucun de ces auteurs ne l'ayant décrite, il devient difficile d'affirmer qu'elle soit identique avec notre Besi incomparable; il est seulement permis de le supposer en lisant les noms qu'ils lui donnent, et en la leur voyant classer parmi les fruits d'hiver. Observations. — Quelques pomologues allemands, M. Dittrich entre autres, au lieu de rapporter au Besi incomparable, dont ils sont synonymes, les noms poire Sans-Pair et poire Nonpareille , les ont attribués à la variété dite Saint- Père ou Saint-Pair, très-ancienne et toujours cultivée. Il est cependant fort essentiel de ne pas confondre ces deux fruits , puisque le premier fait les délices des gourmets , tandis que le second , de médiocre qualité , sert uniquement pour la cuisson. — Rappelons également qu'il existe une poire appelée Sans pareille du Nord, décrite en 1839 par Prévost, de Rouen, et qui n'a rien de commun non plus avec l'espèce étudiée ci-dessus. Poire BESI LANDRIN. — Synonyme de Besi de l'Échasserie. Voir ce nom. Poire BESI DE LANDRY. — Synonyme de Besi de l'Échasserie. Voir ce nom. Poire BESI LÉCHASSERIE. — Synonyme de Besi de VÉchasserie. Voir ce nom. Poire BESI LIBELLON. — Synonyme de Besi Liboutton. Voir ce nom. 141. Poire BESI LIBOUTTON. Synonyme. — Poire Besi Libellon (Comice horticole d'Angers, Catalogue de son jardin fruitier, p. 9 de 1852, et p. 8 de 1861, n» 539). Deseription de Tarbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux, légè- rement étalés, un peu grêles, courts , à peine coudés , brun clair rougeâtre, finement ponc- tués, à coussinets presque nuls. — Yeux : petits, ovoïdes-arron- dis, cotonneux, écartés du bois et ayant les écailles faiblement entr'ouvertes. — Feuilles : ova- les-arrondies, acuminées, unies sur leurs bords , à pétiole long et bien nourri ; elles sont rare- ment abondantes. Fertilité. — Très-grande. 278 BES [besi mai] Culture. — Le cognassier lui convient beaucoup; vigoureux, il fait sur ce sujet d'assez belles pyramides , croit vite , et prospère non moins bien sur franc , surtout en haute-tige. Description du fruit. — Grosseur : moyenne, — Forme : arrondie, régulière, ressemblant généralement à une pomme. — Pédoncule : court , mince , arqué , implanté dans une profonde cavité en entonnoir. — OEil : large , enfoncé , bien développé, souvent mi-clos. — Peau : vert-pré, jaunissant très-peu à la maturité du fruit, semée de gros points et de quelques taches fauves. — Chair : blanche, souvent sèche, fme, demi-fondante, pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, vineuse, assez agréablement parfumée. Maturité. — De la mi-août jusqu'à la mi-septembre. Qualité. — Deuxième, Historique. — Le Comice horticole d'Angers cultive ce poirier depuis 1844; il portait dans les deux derniers Catalogues du Jardin de cette Société le n" S39, et le nom, évidemment fautif, de Besi Libellon, que cependant nous lui appliquâmes à notre tour, lorsqu'on 1832 nous commençâmes à le propager. Mais l'année sui- vante un Catalogue publié par M. de Jonglie, de Bruxelles, l'ayant appelé Besi Liboutton, nous dûmes adopter cette dernière dénomination, qui depuis lui est demeurée. La provenance de ce Besi reste encore à connaître. Un moment il nous a semblé possible qu'il ne fût autre , en raison surtout de sa forme , que certaine Bergamote Libotton attribuée en 1861 , dans les Catalogues de la Société Van Mous (page 301) , à feu Simon Bouvier, de Jodoigne (Belgique) , obtenteur d'un assez grand nombre d'excellentes poires. Toutefois, nous avons dû rejeter une telle sup- position en voyant l'auteur allemand Biedenfeld ^ et le pépiniériste français Tbuillier- Aloux^, décrire brièvement la Bergamote Libotton — variété qu'on ne rencontre plus dans le commerce — et la dire mûrissant en octobre et novembre , quand le Besi Liboutton , lui , se mange dès la moitié d'août , pour disparaître entièrement vers le début de septembre. Observations. — Le Besi Liboutton, blettissant aisément, a besoin d'être sur- veillé au fruitier. Pour l'y garder une quinzaine de jours on devra le cueillir un peu vert et le préserver de tout contact. 142. Poire BESI DE MAL Description de l'arbre. — Bois : assez gros. — Rameaux : longs, forts, légèrement flexueux, brun verdâtre, parsemés de lenticelles grises et n'ayant pas, généralement, les coussinets trop ressortis. — Yeux : volumineux, coniques ou ovales-pointus, peu écartés du bois, à écailles grisâtres. — Feuilles : de grandeur moyenne, ovales allongées ou lancéolées, faiblement canaiiculées et dentelées, portées sur un pétiole rarement très-développé. Fertilité. — Remarquable. Culture. — De bonne et constante vigueur, ce poirier prospère aussi bien sur cognassier que sur franc; il croît vite et fait de belles , de fortes pyramides. 1 Handbuch aller bekannten Obstsorien , 1854, p. 55. * Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 1855^ p. 70. BES [besi mar — mon] 279 Poire Besi de Mai. Description du fruit. — Grosses : assez considérable. — Forme : oblongue, obtuse, ventrue, bosselée et parfois contournée dans la partie avoisinant l'œil. — Pédoncule : long , mince , droit ou arqué , obliquement inséré dans un évasement dont les bords sont acciden- tés. — OBil : moyen, ouvert, mal développé, peu enfoncé. — Peau : verdâtre , striée et ponctuée de brun-fauve. — Chair : blanche , fine , fon- dante, peu pierreuse. — Eau : suffisante , sucrée , fraîche , acidulé, savoureusement aro- matique. Maturité. — De mars jus- qu'en mai. Qualité. — Première. Historique. — Laissons l'obtenteur de cette nouvelle espèce, M. de Jonghe^ pépi- niériste à Bruxelles , en éta- blir lui-même l'identité : « Ce poirier provient de mes semis. En 1856, montrant ses premiers fruits, au nombre de neuf, le sujet avait onze ans. En 1857, il en portait seize, de la forme d'un Besi de Chaumon- tel. En 1858, après l'ouragan du 25 juillet, on en comptait trente L'époque de maturité ayant eu lieu au mois de mai, le nom du mois a été ajouté à celui de la forme normale des fruits parfaits. » [Bulletin de la Société d'Horticulture de la Sarthe, 1861, p. 33.) Poire BESI DES MARAIS. — Synonyme de poire Catillac. Voir ce nom. 143. Poire BESI DE MONTIGNY. Synonymes.— Poires: 1. Trouvée de Montigny (Thompson, Cfl/a/o^-we ofthe fruits of the horti- cultural Society of London, 1842, p. 153). — 2. Doyenné musqué (André Leroy, Catalogue de ses cultures, 1846, p. 10). — 3. Louis Bosc (Bivort, Album de pomologie, 1850, t. III, pp. 99-100). — 4. Beurré Cullem (Société Van Mons, Catalogue des fruits cultivés dans son jardin, \^^k, ■g. 41). — 5. Comtesse de Lunay (Elliott, ttie American fruit grower's guide, 1854, p. 359). — 6. De Mon- tigny (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). Description de l'arbre. — Bois: fort. — Rameaux : nombreux, arqués à la base, érigés ou faiblement étalés au sommet, gros, de longueur moyenne, peu coudés, d'un brun verdâtre lavé de rose pâle, abondamment ponctués et 280 BES [besi mon] ayant les coussinets bien ressortis. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes-arrondis. Poire Besi de Montigny. - Premier Type. duveteux , généralement écartés du bois. -- Feuilles : plutôt petites que moyennes, arrondies ou elliptiques, acuminées, canaliculées et légèrement contournées , presque entières ou fine- ment crénelées , portées sur un pétiole épais et peu long. Fertilité. — Grande. Culture. — Sur cognas- sier, son développement est plus tardif que sur franc ; mais néanmoins, quel que soit le sujet qu'on lui ait donné, il fait dès sa deu- xième année de remarqua- bles pyramides. Descpiption du fruit. — Grosseur : au-dessus delà moyenne et souvent moins considérable. — Forme : variable ; elle se montre le plus habituellement turbi- née et ventrue, ou oblongue si fortement obtuse qu'elle parait alors un peu cylindrique. — Pédoncule: droit ou arqué, court, bien nourri, généralement renflé et charnu à la base et presque toujours oblique- ment inséré à fleur de fruit. — Œil: moyen, mi-clos ou fermé, régulier, saillant ou faible- ment enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, par- semée de points roux excessivement fins, maculée de fauve auprès de l'œil et du pédon- cule, et portant du côté de l'ombre plusieurs taches noirâtres. — Chair : blanche, juteuse, à grain très -serré, mi -fondante, pierreuse autour des loges. — Fau : abondante, sucrée, acidulé , fortement , mais savoureusernent musquée. Maturité. — Fin septembre et courant d'oc- tobre ; parfois elle va jusqu'en novembre. Qualité. — Première. Historique. — Un botaniste normand mort en 1855 et qui fut un fécond écrivain, Louis-François du Bois, de Lisieux, nous a conservé, ou peu s'en faut, l'origine de ce Besi. On ht en effet, dans l'ouvrage Deuxième Type. BES [besi mot] 281 intitulé du Pommier, du Poirier, du Cormier et des Cidres, qu'il fit Imprimer en 1804, la phrase suivante : « Ce fruit a été découvert à Montigny, vers le milieu du xviii^ siècle, par Daniel-Charles Trudaine, conseiller d'État, intendant général des finances, et membre de l'Académie des Sciences. » (Tome [, p. 134.) Mais on n'a là qu'un renseignement incomplet, car devant les quatre-vingt-huit localités qui portent chez nous le nom de Montigny, il devient impossible, en raison du laconisme de l'auteur^ de désigner celle où fut trouvé le poirier dont il s'agit. Nous pouvons cependant suppléer au silence de Louis du Bois, par le passage ci-dessous, emprunté au Dictionnaire universel de la France ancienne et moderne^ édité en 1726 : « Montigny-Lencoup, dans la Brie, diocèse de Sens.... a sis cents habitants. Cette terre et seigneurie appartient aux héritiers de M. Trudene, maître des requêtes et prévôt des mar- chands de Paris. Elle vaut six mille livres de revenus. » (Tome II, pp. 697-698.) Actuellement, Montigny-Lencoup fait partie de l'arrondissement de Provins (Seine-et-Marne). Quant à Daniel-Charles Trudaine, né le 3 janvier 1703 il décéda le 19 janvier 1769, et nous voyons les biographes l'appeler Trudaine de Montigny. Ce fut avant 17S0 qu'il propagea la variété qui nous occupe, puisque les Chartreux de Paris la mentionnent et la décrivent déjà en 1752, à la page 40 du Catalogue de leurs pépinières. D'où suit que Duhamel ( 1768) n'en a pas été le premier descrip- teur, ainsi que l'avançait John Turner, le 15 janvier 1822, dans les Transactions of the horticultural Society of London. (Tome V, p. 131.) Observations. 7- Les noms Beurré Romain, Doyenné gris, Doyenné de Saumur et poire de Bouchet sont donnés à tort, dans différents ouvrages, comme synonymes du Besi de Montigny; mais c'est avec raison que Downing, en 1863, rapporte à cette dernière espèce le poirier Louis Bosc. [The Fruits and fruit trees of America, p. 474.) M. Bivort lui-même, lorsqu'on 1850 il figura la poire Louis Bosc dans son Album pomologique, ne voulut pas lui délivrer un acte de naissance : « Plusieurs « pomologues — déclara-t-il — pensent que cette variété doit être attribuée au pro- « fesseur Van Mons; pour nous, nous n'avons aucune certitude à cet égard. » (Tome m, pp. 99-100.) 144. Poire BESI DE LA MOTTE. Synonymes. — Poires : 1. Bein Armudi (Thompson, Catalogue of the fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 123). - 2. Beurré blanc de Jersey ( Id. ibid., p. 126). — 3. D'Aumale (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I ). — 4. Beurré d'Hiver {Id. ibid.). — 5. Delà Motte {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : très-nombreux, arqués, étalés et contournés vers la base de la tige, érigés au sommet, gros, assez longs, flexueux, vert cendré, abondamment et fortement ponctués, ayant les coussinets un peu saillants et les mérithalles généralement courts. — Yeux : de grosseur moyenne, ovoïdes-pointus, écartés du bois et souvent sortis en éperon. — Feuilles : luisantes et vert foncé, petites, lancéolées, très-légèrement crénelées, portées sur un pétiole assez long et bien nourri. Fertilité. — Convenable. 282 BES [BESi mot] Poire Besi de la Motte. Culture. — C'est un poirier des plus vigoureux, mais seulement à partir de sa deuxième année ; on le greffe sur cognassier ou sur franc ; ses pyramides sont belles et des plus touffues. Descriptiou du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois assez volumi- neuse. — Forme : arrondie, s'al- longeant faiblement près du sommet, et plus ventrue ordi- nairement d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : court , mince, non coudé, obliquement inséré, renflé à ses extrémités. — 6^27 ; petit, contourné, ou- vert ou mi-clos, placé dans un vaste baàsin rarement très-pro- fond. — Peau : jaune verdâtre ou vert clair, parsemée de larges points roux et maculée de fauve autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanchâtre , juteuse, fine, fondante, légèrement pier- reuse. — Fau : des plus abon- dantes et des plus sucrées , sans parfum prononcé, mais toujours savoureuse et délicate. Maturité. — De la mi-septembre jusqu'à la fm d'octobre, et quelquefois atteignant le commencement de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Si la Quintinye, créateur des vergers de Louis XIV, ne fut pas Tobtenteur de ce fruit excellent, dû vraisemblablement au hasard, tout au moins en devint-il le véritable promoteur, en le faisant connaître par les lignes ci-après, qui ne purent que contribuer puissamment à le propager : « Nous avons depuis peu une poire nouvelle sous le nom de Besi de la Motte^ qui ressemble assez à un Gros-Ambrette , hors qu'elle est un peu tiquetée de rouge. Si une autre année cette poire est aussi fondante et d'une eau aussi agréable que je l'ai trouvée dans la fin d'oc- tobre 1685, qui est le temps de sa matm'ité, le Doyenné court grand risque de lui céder sa place. » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1692, t. I, p. 167.) Cette variété commença donc à se répandre vers 1675 ou 1680; elle porte le nom du lieu où poussa le sauvageon qui l'a produite, seulement nous n'avons pu décou- vrir, parmi les centaines de localités appelées la Motte, celle dans laquelle on le rencontra. Observations. — Les Allemands aiment beaucoup cette poire et la cultivent sous diverses dénominations, empruntées pour la plupart à sa couleur et à sa forme. C'est ainsi qu'ils l'ont appelée : Bergamote verte {Grûne Bergamotte) , Bergamote grise [Graue Bergamotte) et encore Crassane tiquetée [Getûpfelie Crassanne); mais dans le Hanovre on l'a souvent confondue avec la Bergamote crassane. (Voir le Deutsche Obstcabinet^ 1857, 1" cahier.) — Ce poirier resta longtemps épineux, d'où Van Mons conjectura en 1835, « que l'abandon de ses épines serait le précurseur de BES [BEsi MOU — PIE 1 283 « sa ruine. » [Arbres fruitiers, t. 11^ p. -450.) Aujourd'hui, l'on peut voir qu'il n'en a rien été, car il continue de donner des fruits parfaits, quoiqu'il ait perdu ses dards. Poire BESI DE MOUILLIÈRES. — Synonyme de poire Ambrette d'Eté. Voir ce nom. 145. Poire BESI DE LA PIERRE. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : peu nombreux, étalés, assez gros, longs, faiblement coudés, jaune-brun, à len- ticelles fines et clair-semées, à coussi- nets saillants. — Yeux : petits, aplatis, ayant les écailles renflées et disjointes ; ils sont appliqués contre le bois. — Feuilles : assez grandes , ovales-allon- gées , acuminées , légèrement dentées en scie, munies d'un pétiole court et épais. Fertilité. — Remarquable. Culture. — De médiocre vigueur sur cognassier, cet arbre se plaît mieux sur franc, et la haute tige paraît éga- lement lui être plus profitable que la pyramide; cependant sous cette der- nière forme il a pris , depuis trois ans que nous le multiplions, un assez beau développement. Description du fruit. — Grosseur /moyenne et souvent moindre. — Forme : ovoïde, légèrement ventrue et bosselée, régulière. — Pédoncule : court, mince, arqué, faiblement renflé à son point d'attache et obliquement inséré au milieu d'un petit évasement à bords unis. — OEil : nwyen, peu développé, duveteux, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : jaune-citron, recouverte en partie de points, de marbrures et de taches fauves, surtout auprès de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanchâtre, demi- fme, fondante, juteuse, assez pierreuse au centre. — Eau : excessivement abon- dante, sucrée, vineuse, fort délicate. Maturité. — Du commencement d'octobre jusqu'à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historique. — En 1862, M. de Liron d'Airoles a fait connaître ainsi ce nou- veau poirier, dans ses Notices pomologiques : « C'est un gain de M. A. de la Farge, propriétaire au château de la Pierre, situé pi-ès la petite ville de Salers, au pied des montagnes de la haute Auvergne, département du Cantal. Le premier rapport a eu Heu en 1857 d'un semis de pépins variés fait en 1847 On ne l'a multiplié par la greffe qu'au printemps de 1862. » (Tome III, p. 27.) 284 BES [besi qua — que] Observations. — Très-convenable pour le verger, cette espèce devrait accroître, pensons-nous, la liste de nos bons fruits pour la vente sur les marchés; sa fertilité, sa qualité, sa maturité suffisamment prolongée, semblent en efïet promettre de bons bénéfices à ceux qui voudront lui donner une telle destination. Poire BESI DU QUASSOY. — Synonyme de Besi de Quessoy d'Hiver. Voir ce nom. 146. Poire BESI QUESSOY D'ÉTÉ. Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux , généralement étalés , bien nourris, de longueur moyenne, peu coudés, duveteux, brun clair légère- ment verdâtre, des plus ponctués , à coussinets rarement très-ressortis. — Yeux : ovoïdes, aigus, volumi- neux, bien écartés du bois. — Feuil- les : abondantes, elliptiques, habi- tuellement étroites , accuminées et canaliculées , ayant les bords fine- ment dentés, le pétiole gros et peu développé. Fertilité. — Grande. Culture. — C'est un poirier vigou- reux, se greffant sur cognassier ou sur franc , poussant parfaitement en haute tige, mais dont la forme des pyramides est assez irrégulère ; il croît rapidement. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne et quelquefois plus considérable. — Forme : oblongue, ventrue et obtuse, ou turbinée-arrondie. — Pédoncule : assez court, bien nourri, arqué , obliquement inséré dans une faible cavité ordinairement dominée par une forte protubérance. — OEil : petit, mi-clos ou fermé, mal développé, presque sail- lant. — Peau : rude au toucher, roussâtre, ponctuée de brun, striée de même dans le bassin ombiUcal, et portant souvent quelques taches squammeuses. — Chair : blanche, mi-fine, mi-cassante, habituellement très-pierreuse autour des loges. — Eau : abondante, excessivement sucrée, acidulé, savoureusement parfumée. Maturité. — Courant de septembre. Qualité. — Deuxième; elle est trop pierreuse pour la classer de premier ordre. Historique. — On a contesté, nous le savons, l'identité de cette espèce, dont M. de Liron d'Airoles s'est constitué le promoteur et le défenseur. Après examen attentif des pièces du procès, il nous a semblé que ce pomologue était dans le vrai ; BES [besi que] 285 nous allons donc reproduire son opinion, qui du reste s'est vue confirmée par plu- sieurs Sociétés horticoles et notamment par celle du département de la Seine : « Cet arbre — disait en 4858 M. de Liroii d'Airoles — est à revendiquer, nous le pensons, pour la pomologie de la Loii-e- Inférieure. Il ne figure sur aucun des Catalogues que nous avons pu consulter, bien qu'il soit anciennement connu dans les environs de Guérande, où ce nom lui a été donné C'est à M. Jules Bruneau, pépiniériste à Nantes, que nous devons la connaissance de ce fruit... C'est de Guérande qu'il en a reçu les greffes, et c'est en 18S1 qu'a- près l'avoir dégusté et étudié nous l'avons décrit. Nous avions hésité à faire de ce fruit une nouvelle variété, mais notre appréciation a été soutenue par les jugements deplusieiirsjurys, et en dernier lieu par celui de l'Exposition universelle de Paris en 1853, où le Besi Quessoy d'Été, présenté par nous, a été couronné comme fruit nouveau. » {Notices pomologiques , t. P"", et Liste synonyniique des 'poiriers, 1839, p. 37.) Observations. — La grosseur de ce Besi est très- variable ; celui que nous avons figuré est à peu près dans la moyenne; mais on en voit qui sont trois fois plus volumineux. C'est ainsi qu'en 1861 M. de Liron d'Airoles envoya à la Société d'Horticulture de Paris une de ces poires dont le poids s'élevait à 250 grammes. 147. Poire BESI DE QUESSOY [d'hiver]. Synonymes.— Poires: 1. Besi du Quassoy (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 19). — 2. Petit-Beurré d'Hiver (Merlet, V Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 105). — 3. ROUSSETTE [M. ibid.). — 4. ROUSSETTE d'Anjou (la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1692, t. I, p. 181). — 5. Besi de Caissoy (le Ber- riays. Traité des jardins, édition de 1785, t. I, p. 331). — 6. Besi du Quiessois (Mayer, Pomona franconica,iSQ\,t. in,p. 234). — 7. Besi de Bretagne (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). — 8. Poire deQuessoy {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, légèrement étalés, grêles, courts, flexueux, rouge-brun ardoisé, largement ponctués, cotonneux, ayant les cous- sinets ressortis et les mérithalles très-courts. — Yeux : volumineux , ovoïdes , obtus , à écailles disjointes, duveteux et presque appliqués contre le bois. — Feuilles : assez coriaces, petites, ova- les-arrondies , faiblement mais régulièrement dentées en scie, cotonneuses, portées sur un pétiole excessivement court et épais. Fertilité. — Abondante. Culture. — Généralement faible sur cognas- sier, ce poirier doit être greffé sur franc ; son développement est tardif, il fait de chétives pyramides. Description petite. — Forme Au. fruit. — Grosseur : globuleuse ou ovoïde. - Pédoncule : long, menu, arqué, habituellement implanté dans une cavité étroite et profonde. — Œil : moyen, bien ouvert, bien régulier, presque saillant, entouré de bosselettes. — Peau : vert jaunâtre, maculée de brun 286 BES [besi qui — sai] clair autour du pédoncule et si fortement ponctuée, striée et marbrée de fauve, qu'on la dirait complètement roussâtre. — Chair : blanc mat, demi-fine, juteuse, cassante, pierreuse autour des loges et marcescente. — Eau : des plus abondantes^, douce, sucrée, fraîche, faiblement musquée, assez savoureuse. Maturité. — De la mi-décembre jusqu'en février. Qualité. — Deuxième. Historique. — Propagée dans les premières années du xvii'^ siècle, cette poire^ que le Catalogue de le Lectier nous montre cultivée à Orléans dès 1628, est origi- naire du bourg de Quessoy, près Saint-Brieuc. Merletle constatait en 1675 : « Elle vient — disait-il — de Bretagne, de la forest de Qnessoy, où elle est appelée Rous- sette, ou le petit Bœuré d'Hiver Son eau, relevée et vineuse, tient encor quelque peu du sauvageon qui l'a produite. » [L'Abrégé des bons fruits, p. 106.) Bientôt importé dans notre province, ce Besi y fut tellement multiplié, qu'en 1692 on Ty mangeait partout sous le nom de Roussette d'Anjou; et, d'après la Quintinye, « les Angevins en étaient très-contents. » (Tome I, p. 181.) Aujourd'hui il n'en est plus ainsi, on l'y rencontre encore, mais rarement; et cet abandon tient sans doute à l'extrême délicatesse de ce poirier , au manque d'excellence de ses produits , qui dégénérés dans notre sol, il faut le croire, y sont presque toujours de médiocre qualité; mais en Bretagne ils ont conservé une certaine réputation. Observations* — Il existe, sous le nom de Grosse-Roussette d'Anjou, une poire qui s'éloigne entièrement du Besi de Quessoy d'Hiver, ou Roussette d'Anjou. On en trouvera plus loin la description, la figure et l'historique; il devient donc facile de s'éclairer à son sujet. — Nous avons ajouté au nom du Besi de Quessoy le déterminatif d'Hiver, afin qu'on ne put confondre ce fruit avec son nouveau congénère, le Besi Quessoy d'Été, décrit ci-dessus page 284. Poire BESI DU QUIESSOIS. — Synonyme de Besi de Quessoy d'Hiver. Yoir ce nom. Poire BESI ROYAL. — Synonyme de Besi d'Héry ou d'Héric. Voir ce nom. 148. Poire BESI DE SAINT-WAAST. Synonymes. — Poires : Besi Vaat (Dittrich, Systematisches Handbuch der Ohstkunde, 1839, t. I, p. 637).— 2. BESlVA(Bivort, ^^èî^wz de pomologie, 1849, t. II, p. 56). — 8. BesiVaet [Id. ibid.). — 4. Besi de Vath [Id. ibid.). — 5. Besi de Vaet {Id. ibid.). — 6. Beurré Beaumont (Congrès pomo- logique. Liste des fruits adoplés dans sa session de 1859, p. 2). — 7. De Saint-Waast (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV). — 8. Wahette {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux, légèrement étalés, gros et courts, bien coudés, rouge sombre maculé de gris, à lenticelles fines et très-rapprochées, à coussinets ressortis. — Yeux : petits, ovoïdes, non appliqués contre le bois et ayant les écailles entr'ou vertes. — Feuilles : généralement arrondies, acuminées, profondément dentées, à pétiole long, épais, flasque, lavé de rose pâle. Fertilité. — Grande. Culture. — Toujours un peu faible sur cognassier, et même sur franc, il ne se développe bien qu'à partir de sa troisième année ; il fait d'assez convenables pyramides. BES [BESl SAll 287 Description du fruit. — Grosseur : volumineuse ou au-dessus de la moyenne. — Forme : variant entre l'oblongue obtuse et ventrue et la globuleuse Poire Besi de Saint-Waast. - Premier Type. légèrement ovoïde. — Pédoncule : court , droit ou arqué, souvent renflé à ses extrémités , obli- quement inséré dans une large cavité où le com- prime parfois une forte protubérance. — Œil : moyen, ouvert, peu dé- veloppé, peu enfoncé, régulier. — Peau : épais- se, jaune d'ocre, ponc- tuée de fauve, maculée de même auprès de l'œil et du pédoncule, et lar- gement lavée de rouge- brun sur la partie expo- sée au soleil. — Chair : assez blanche, fme, mi- cassante , très -juteuse , un peu pierreuse au centre. — Eau : excessi- vement abondante, su- crée, aigrelette, savou- reusement parfumée. Maturité. — De la fin d'octobre jusqu'en dé- cembre. Qualité. — Première. Historique. — Yan Mons, en 1830, a dit de ce fruit, dans la Revue des Revues : « Suivant la tradition et conformément au nom qu'il porte, il doit avoir été ob- tenu à la ci-devant abbaye de Saint- Vaast, ou avoir été répandu par elle; car in- connu, du moins sous son nom, en France, c'est sous celui de Besi de Saint-Vaast qu'U a d'abord été cultivé dans le Hainaut, à Enghien, à Mons et ailleurs. Je n'ai aucun renseignement sur l'âge de cette variété. » Trente ans plus tard (1859) M. Bivort compléta ce renseignement, en assurant Deuxième Type. 288 BES [besi san— tar] qu'on avait dû découvrir le Besi de Saint- Waast vers la fin du xvni^ siècle. [Annales de pomologie belge ^ t. Yll, p. 21.) Quoi qu'il en soit de cette date^ une chose reste constante, c'est l'origine française du présent poirier. L'abbaye dans laquelle il fut rencontré, et dont il rappelle le souvenir, car elle n'existe plus, appartenait aux Bénédictins. Fondée vers la fin du vn* siècle (692) à Arras, on lui avait donné le nom de l'un des premiers évoques de cette ville, celui de Waast, qui mourut en 540. Ajoutons qu'il ne faut pas confondre cette abbaye avec celle qu'on appelait en Picardie Saint- Wast de Moreuil, et qui s'élevait au-dessus d'Abbeville, sur la Somme. — Le docteur Diel, pomologue allemand décédé depuis une trentaine d'années, attribua jadis à Parmentier, d'Enghien (Belgique)^ l'obtention du Besi de Saint-Waast. On voit qu'il se trompa. Mais si Parmentier ne le gagna pas de semis, tout au moins le propagea-t-il activement, et même jusqu'en Angleterre, ainsi que l'a déclaré John Turner dans les Transactions of the horticultural Society of London : « ...... J'ai reçu en 1820, de M. Parmentier, des fruits et des greffes du Besi Vaèt, qui pour la première fois a mûri chez nous dans le jardin de lord Henry Fitzgerald, à Thomas- Ditton. » (Année 1824, t. V, pp. 407-408.) Observations. — Parmentier, d'après l'auteur anglais Turner que nous venons de citer, affirmait qu'on pouvait conserver jusqu'au mois d'avril, les fruits de cette variété. En France, quelques écrivains l'ont également avancé. Pour notre part, les derniers jours de décembre, voilà le terme extrême qu'il nous est permis de lui assigner. Poire BESI SANS PABEIL. — Synonyme de Besi incomparable. Yoir ce nom. Poires BESI VA, ou YAAT, ou VAET, ou DE VATH. — Synonymes de Besi de Saint- Waast. Voir ce nom. 149. Poire BESI TARDIF. Sjnon^'me. — Poire Besi très-tardif (Comice horticole d'Angers, Annales, 1847, p. 369). Hescriittion de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, étalés ou réfléchis, légèrement contournés, longs, assez gros, très-coudés, duveteux, brun oli- vâtre, ayant les lenticelles abondantes et les coussinets peu saillants. — Yeux : des plus voluDiineux, arrondis, écartés du bois et sortis généralement en éperons bien prononcés. — Feuilles : petites, vert clair, ovales, contournées, cotonneuses, à bords unis, à pétiole long et menu. Fertilité. — Bonne. Culture. — De vigueur convenable, il pousse non moins bien sur cognassier que sur franc; ses pyramides sont toujours fortes et touffues. lïescription dit fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne, et quelquefois moins considérable. — Forme : sphérique, bosselée, régulière. — Pédoncule : assez court, non arqué, bien nourri, obliquement implanté à fleur de fruit ou dans un évasement mamelonné rarement très-profond. — OFil : petit, fermé, saillant ou légèrement enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, marbrée, striée de fauve, BES [resi vét] 289 Poire Besi tardif. tachée de même autour du pédoncule. — Chair : blanche, fine, fondante, assez juteuse, faiblement pierreuse au cœur. — Eau : abondante, sucrée, astringente, habituellement peu parfumée. Maturité. — De novembre jusqu'en février. Qualité. — Troisième; et souvent deuxième , lorsque l'eau de cette poire a perdu de son acerbeté. Historique. — Gagnée en 1845 par feu Goubault^ hor- ticulteur à Millepieds, dans la banlieue d'Angers, la variété ici décrite fut en 1846 et 1847 soumise à l'appréciation du Comice de Maine-et-Loire, et déclarée par lui digne de la culture. (Voir les Annales de cette Société, t. III, pp. 226 et 369.) Observations. — Ce Besi, qui reçut au moment de son obtention le nom de Très-Tar- dif, parce que dégusté en avril on put encore le conserver jusqu'en juin, ne justifia pas longtemps sa dénomination. Il devint d'une tardiveté beaucoup moins grande; à ce point qu'à partir de 1850 il ne dépassa plus, dans notre école, le mois de février. Mais des diverses poires prove- nues des semis de Goubault, celle-ci est assurément la seule dont les qualités se soient aussi fâcheusement modifiées. 150. Poire BESI DES VETERANS. Synonymes. — Poires: 1. Baneau (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). — 2. Des Vétérans {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : des plus forts. — Rameaux : assez nom- breux, généralement un peu étalés, très-nourris, longs, flexueux, vert clair jau- nâtre, à larges len ficelles blanches excessivement abondantes, à coussinets bien marqués. — Yeux : gros, ovoïdes, pointus, écartés du bois et habituellement res- sortis en éperon. — Feuilles : de forme variable, elles sont néanmoins le plus souvent ovales, vert jaunâtre, dentées sur les bords; leur pétiole, assez court, est roide et épais. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Arbre vigoureux, il prend comme sujet le franc ou le cognassier; il fait de jolies pyramides ; quant à sa croissance elle est ordinaire. i. 19 290 BES [besi vèt] Descriptioit du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : turbinée- allongée ou turbinée-arrondie, obtuse et ayant ordinairement un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : long, mince, contourné, obliquement implanté dans une faible dépression, parfois renflé à la base et parfois aussi inséré en dehors de l'axe du fruit, et alors presque toujours surmonté d'un mamelon très-prononcé. — Œil : moyen, peu Poire Besi des Vétérans. développé, régulier, légèrement enfoncé. — Peau ; jaune d'or, ponctuée , marbrée de roux, maculée de même autour du pé- doncule. — Chair : très-blanche, demi- fme, demi-cassante, un peu pierreuse au centre. — Eau : suf- fisante, sucrée, vi- neuse, d'un aigrelet fort agréable. Maturité. — Octo- bre et se conservant parfois jusqu'en avril. Qualité. — Deu- xième pour le cou- teau, première pour la compote. Historique. — Elle appartient aux semis du professeur belge Van Mons , et fut gagnée peu avant 1830. La première description que nous en rencontrions est du botaniste Poi - teau, qui eut soin d'y joindre ce ren- seignement , daté de 1834 : « Le Besi des Vétérans m'a été envoyé de Boulogne-sur-Mer par M. Bonnet, amateur éclairé possédant une assez grande quantité de fruits nouveaux de M. Van Mons. « [Annales de la Société d'Horticulture de Paris, t. XV, p. 368.) Observatious. — Quelques pomologues ont pensé que les quatre poires Bouvier Bourgmestre , Fondante de Charneu, Héricart de TliU7'"y, et Rameau, étaient identiques avec le Besi des Vétérans. En ce qui touche nos pépinières et notre école , nous pouvons affirmer, après un long examen , que ces cinq fruits sont au BES [besi vil— vin] â9i contraire fort différents les uns des autres; aussi figurent-ils tous, ici, à leur rang alplialjétique. Poire BESI DE YILLANDRY. — Synonyme de Besi de l'Échasserie. Voir ce nom. 15i. Poire BESI DE VINDRÉ. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux, un peu arqués, érigés ou éta- lés, gros, courts, légèrement coudés, brun clair verdâtre, lavés de gris, finement ponctués, ayant les coussinets presque nuls et les méritlialles courts. — Yeux : moyens, ovoïdes-obtus, bruns au som- met, noirâtres à la base, non appliqués contre le bois, — Feuilles : habituellement ovales ou ovales - acuminées , planes, denticulées , portées sur un pétiole court et fort. Fertilité. — Excessive. Culture. — Toujours faible sur cognas- siei*, ce poirier se greffe plus avantageu- sement sur franc ; il fait d'assez convenables pyramides. JDescriptioni du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : globuleuse, régulière, parfois plus ventrue d'un côté que de l'autre, — Pédoncule : court, menu, arqué, obliquement implanté dans une très-faible dépression. — Œil: moyen, mi-clos, peu développé, peu enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de roux, striée de même dans le bassin ombilical et généralement tachée de brun- fauve auprès du pédoncule. — Chair : blanchâtre, demi-fine, demi-cassante et contenant quelques pierres autour des loges. — Eau : suffisante, sucrée, non aci- dulé, assez savoureuse et douée d'un arrière-goût musqué rarement prononcé. Maturité. — Du commencement d'octobre jusqu'au début de novembre. Qualité. — Deuxième. Histoitique. — Le Besi de Yindré, ou Yendray, que nous avons tiré du Jardin du Comice horticole d'Angers, où il était déjà cultivé en 1838, pourrait bien provenir du bourg de Yendrest, situé près de Meaux, dans le département de Seine- et-Marne; supposition que semblent justifier les rapports de consonnance et d'or- thographe existant entre le nom de cette poire et celui de cette localité. L'âge du présent Besi nous reste également inconnu. Un pomologue allemand, le baron Biedenfeld, cite ce fruit page 32 de son Handbuch aller bekannten Obstsorten, publié en 1854, mais il n'en signale pas l'origine. i292 BES— BEU [beurré ada] Poire BESI WAET. — Synonyme de Besi de Saint- Waast. Voir ce nom. Poire BESIDERIE. — Synonyme de Besi d'Héry ou d'Héric. Yoir ce nom. Poire BESIDÉRY-LANDRY. — Synonyme de Besi de l'Échasserie. Yoir ce nom. Poire BETTERAVE. — Synonyme de poire Sanguine de France. Voir ce nom. Poire des BEUHARDS. — Synonyme de poire de Dame. Voir ce nom. Poire BEURRÉ. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. 152. Poire BEURRE ADAM. Synonymes. — Poires : \. De l'Horticulteur (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 38). — 2. Adam (Decaisne, le Jardin fruitier du Muse'um, 1858, t. I). Deseri|»tion de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : très- nombreux, étalés, un peu grêles, assez longs, assez cotonneux , presque droits et d'un rouge-fauve grisâtre ; ils ont les len- ticelles fines, abondantes, et les coussinets saillants. — Yeux : petits^ ovoïdes, légère- ment aplatis^ duveteux, appliqués contre le bois. — Feuilles : grandes, généralement ovales, acuminées, profondément dentées , à pétiole fort et de longueur moyenne. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — On lui donne indistincte- ment , en raison de sa constante vigueur, le cognassier ou le franc ; ses pyramides , quoique n'atteignant pas une hauteur très- satisfaisante , sont néanmoins jolies et touffues. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : oblongue , obtuse , régulière. — Pédon- cule : assez long, bien nourri , peu arqué, placé obliquement au milieu d'une faible cavité à bords inégaux. — OEil : large, à peine enfoncé, ouvert, mal développé, habituellement entouré de bosselettes. — Peau: jaune verdâtre terne, ponctuée de fauve, tachée de même auprès du pédoncule et lavée de carmin du côté du BEU [beurré alb — all] 293 soleil. — Chair : jaunâtre, veinée de vert pâle, demi-fme, demi -fondante , mon- trant autour des loges quelques petites pierres. — Eau : suffisante, acidulé, sucrée, aromatique. Maturité, — Fin août et commencement de septembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Nos anciens pomologues ont peu connu ce Beurré, qui pour- tant devait être chez nous, il y a deux cents ans, l'un des meilleurs fruits d'été. Dom Claude Saint-Étienne est en effet le seul auteur du xvn' siècle dans les pages duquel on le trouve cité. Il le nomme simplement poire d'Adam et le dit mûrissant en août. [Nouvelle instruction pour connaître les bons fruits, édition de 1675, p. 80.) Mais ensuite on n'entend plus parler de cette variété ; cachée sous quelque surnom, elle disparaît des nomenclatures arboricoles^ et il faut aller jusqu'en 1839 avant de la voir réapparaître avec sa dénomination primitive. Alors un pépiniériste instruit'* et consciencieux, feu Prévost, de Rouen, lui consacre les lignes ci-après : « Cette poire [Beurré Adam) ne peut pas être très-nouvelle, car plusieurs pépiniéristes de notre localité la possèdent depuis longtemps, sans nom; j'en ai moi-même rencontré des arbres très-forts, il y a dix à douze ans, dont le nom était également ignoré de leurs proprié- taires Quant à l'épithète •poire de l'Horticulteur , sous laquelle il en a été envoyé à Rouen en 1838, c'est là probablement un de ces actes fort peu louables, dont le but se devine » [Cahiers pomologiques , 1839, p. 58.) Enfm, mis évidemment sur ses gardes par ce passage de Prévost, M. Decaisne, étudiant en 1858 cette même variété, n'hésita pas, dans son Jardin fruitier du Muséum (tome I"), à la rapporter à l'espèce signalée en 1675 par dom Claude Saint-Étienne, ainsi que nous l'avons relaté plus haut. Observations. — Il existe une poire Adams, originaire d'Amérique et dont nous nous sommes déjà longuement occupé (voir page 84); comme elle diffère entièrement du Beurré Adam , il est indispensable de ne commettre aucune confu- sion entre ces deux fruits, chose que leur nom, à peu près conforme, rend du reste assez facile. Poire BEURRÉ D'ALBRET. — Synonyme de Beurré Dalbret. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'ALENÇON. — Synonyme de Bergamote de Hollande. Voir ce nom. 153. Poire BEURRE ALLARD. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, étalés, bien nourris, longs, très-coudés, brun jaunâtre, abondamment et finement ponc- tués, à coussinets presque aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes-pointus, écartés du bois. — Feuilles : petites, habituellement ovales, ayant les bords unis et le pétiole court et frêle. Fertilité. — Bonne. Culture. — Sa vigueur est grande; le cognassier lui convient parfaitement; il fait des pyramides toujours très-touffues, très-convenables. 294 BEU [beurré ama] Poire Beurré AUard. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée^ ventrue, obtuse, bosselée, étranglée vers le sommet. — Pédoncule : court, menu, arqué, régulièrement implanté dans un étroit évasement entouré de gibbosités. — OEil : petit, clos, mal développé, rare- ment enfoncé. — Peau : jaune verdâtre , ponctuée, marbrée de roux, maculée de fauve auprès du pédoncule. — Chair : blan- châtre , fine , molle , fondante , non pier- reuse, roussâtre sous la peau. — Eau : suf- fisante, très -sucrée, très-parfumée, d'agréa- ble saveur. Maturité. — Du commencement d'octobre jusqu'à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historicfue. — Elle fait partie des gains du Comice horticole de Maine-et-Loire .et date de 1852. Dégustée le 7 novembre par les membres du bureau de cette Société, elle reçut le nom de Beurré AUard, dit le procès- verbal de la séance , « en mémoire des ser- « vices rendus au Comice et à l'horticul- « ture angevine par M. Isidore AUard, » frère du lieutenant-général de ce nom, et décédé chef d'escadron d'état-major à Angers, le 21 février 1851. [Annales du Comice, 1852, p. 276.) Observations. — Peu répandu, cet exceUent fruit n'a rien de commun, que le nom, avec la poire Avocat Allard, des Belges, décrite ici page 173. 154. Poire BEURRÉ D'AMANLIS. Synonymes. — Poires : 1. Hubard (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 16). — 2. Katssoise (Id. ibid.). — 3. TfflESSOiSE {Id. ibid.).— 4. BEURRÉ d'Amalis (Thompson, Catalogue of the fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 125). — 5. Beurré d'Amaulis ( Downing, the Fruits and fruit trees of America, édition de 1849, p. 360). — 6. Wilhelminë (Bivort, Album de pomo- loqie 1849, t. II, p. 116). — 7. Delbart (Dalbret, Cours théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers, 1851, p. 328). — 8. Plomgastelle {Id. ibid.). — 9. Dé Bart (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 7). — 10. KoussoiSE {Id. ibid.). — 11. D'Amanus (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). — 12. De Thiessé {Id.ibid.). — 13. D'Albert (Robert Hogg, the Fruit manual, 1862).— 14. D'Albret (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1863, t. I, n» 39). — 15. D'Elbert {Id. ibid). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nombreux, irrégulièrement étalés et habituellement contournés, des plus gros et des plus grands, flexueux, rouge grisâtre, abondamment ponctués, à coussinets saiUants, à longs mérithalles. — Yeux : de force moyenne, ovoïdes, obtus, écartés du bois. — Feuilles : ovales ou eUiptiques, acuminées, ayant les bords profondément dentés, le pétiole épais et un peu court. Fertilité. — Remarquable. BEU [beurré AMAJ 295 Foire Beurré d'Amanlis. Culture, — La vigueur de ce poirier est extrême et son développement, très-vif; on lui donne comme sujet le franc ou le cognassier; il fait toujours de belles pyramides. Description du fruit. — Grosseur: volu- mineuse. — Forme : tur- binée-allongée, obtuse et ventrue. — Pédoncule : assez court, bien nourri, rarement arqué, oblique- ment inséré dans une fai- ble cavité surmontée d'une protubérance ordinaire- ment très -marquée. — OEil : grand, mi-clos, peu développé, presque à fleur de fruit. — Peau : jaune herbacé, ponctuée et mar- brée de fauve, légèrement lavée de rouge-brun sur la partie frappée par le soleil. — Chair : blanchâ- tre, fme, fondante, pier- reuse et très -juteuse. — Eau : excessivement abon- dante^ aigrelette, sucrée, savoureusement parfu - mée. Maturité. — Depuis la fin du mois de septembre jusqu'à la fin d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — En 1832 on lisait ce qui suit, au sujet de cette poire, dans un recueil publié à Paris : « C'est un gain de Van Mons; on le trouve chez M. Noisette, à Paris, et chez M. Cayeux, à Boulogne-sur-Mer. » ['Revue horticole, p. 100.) Ces lignes, portant la signature du botaniste Poiteau, furent évidemment écrites avec la plus entière loyauté; toutefois elles contenaient une erreur formelle qui se perpétua jusqu'en 1858; mais alors on put la rectifier au pied même de l' arbre- type d'où sortit cette variété. Ce dont M. Eugène Forney, professeur d'arboriculture à Paris, prit acte en ces termes : « Beurré d'Amanlis Il est originaire d'Amanlis, village près Rennes. M. Jamin, pépinié- riste distingué, vient de constater que le pied-mère, qui est énorme et non greffé, existe encore dans un verger de cette localité. Ce fruit fut envoyé en 1826 à M. Noisette, célèbre horticulteur, par son frère, jardinier en chef du Jardin botanique de Nantes. » [Le Jardin fruitier, 1862, t. I, p. 188.) La propagation du Beurré d'Amanlis remonte aux dernières années du xviii'' siècle. De la Bretagne il se répandit rapidement en Anjou, puis à Rouen, 296 BEU [beurré ama] où dès 1805 on le rencontrait sous le nom de poire Thiessé, venu du personnage qui le premier l'y cultiva; ensuite on l'y vendit sous celui de poire Hubard, appar- tenant au gendre de M. Thiessé. Et de ces deux surnoms, défigurés ou mal lus par nos jardiniers, naquirent successivement une partie des nombreux synonymes dont nous avons plus haut donné la liste. Observations. — Parmi les poires déclarées les mêmes que le Beurré d'Amanlis, il en est une, la Wilhelmine, qu'on avait cru d'abord variété spéciale. Elle mûrissait, au dire de plusieurs pomologues, au mois de février ou de mars, ce qui rendait impossible, on le conçoit, tout rapprochement entre les deux poi- riers. Aujourd'hui, leur parfaite identité s'affirme, dans nos pépinières, par leur ^■essemblance complète ainsi que par une maturation simultanée de leurs prod-uits, dont la forme n'offre non plus aucune différence marquée. 155. Poire BEURRÉ D'AMANLIS PANACHÉ. Description de l'arbre. — Bois : très-fort, jaune-orange à panachures noirâtres. — Rameaux : assez nom- breux, étalés et contournés, gros, des plus longs et des plus coudés, d'un beau rouge panaché , fortement et abondamment ponctués, à coussinets bien accusés. — Yeux : ovoïdes-obtus, volumineux , légèrement écartés du bois et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : grandes, peu nombreuses, habituellement ovales-arrondies, acu- minées et profondément dentées , por- tées sur un pétiole court, épais, mais si flasque qu'il ne peut supporter la feuille. Fertilité. — Convenable. Culture. — Il est aussi vigoureux que son type , et comme lui prend in- distinctement le franc ou le cognas- sier ; ses pyramides sont régulières et fortes. Description dn fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, irrégulière, bosselée, très- ventrue. — Pédoncule : Q,om:i, droit, mince, renflé au sommet, obliquement inséré, continu avec le fruit. — (SE'f/ ; grand , mi-clos ou fermé, presque saillant. — Peau : jaune verdâtre , parsemée de larges points roux , tachée, veinée de même, et montrant plusieurs panachures longitudinales d'un vert très-clair. — Chair : blanche, fine, juteuse, fondante, faiblement pierreuse autour des loges.— ^aw; excessivement abondante, fraîche, sucrée, acidulé, douée d'une saveur beurrée bien prononcée. Maturité. •— Fin août et courant de septembre; mais allant difficilement jusqu'au mois d'octobre. BEU [beurré ama — ang] 297 Qualité. — Première. Historique. — Les pépiniéristes Noisette et Prévost (1839) ne connurent pas ce fruit, non plus que les pomologues qui écrivaient de, leur temps; Poiteau lui- même (1846) n'en fait aucune mention. C'est seuleaient en 1849 qu'on le trouve décrit et figuré par M. Bivort, dans le tome II de son Album de pomologie belge. Cependant cette sous-variété du Beurré d'Amanlis existait avant 1849. Ainsi, nous la propagions dès 1846 (voir p. 8 de notre Catalogue de ladite année) et l'avions tirée du Jardin du Comice horticole d'Angers, où depuis 1835 on la cultivait avec soin. Mais en est-elle originaire?... Si nous pouvons le supposer, nous ne saurions néanmoins l'affirmer ; seulement , nous constatons qu'Angers est la première loca- lité qui nous l'ait montrée. Poire BEURRÉ D'AMAULIS. — Synonyme de Beurré d'Amanlis. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'AMBLEUSE. — Synonyme de Beurré gris. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ D'AMBOISE. — Synonyme de Beurré gris. Yoir ce nom. 156. Poire BEURRÉ D'ANGLETERRE. Synonymes. — Poires : 1. D'Angleterre (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628^ p. 10). — 2. D'Angleterre de la Saint-Denis (dom Claude Saint-É tienne, Nou- velle instruction pour connaître les bons fruits, édition de 1687j chap. Poirier). — 3. Gisambert (Herman Knoop, Fructologie, 1771, p. 134). — 4. D'Amande (du Breuil, Cours d'arboriculture, 1854, t. Il, p. 569).— 5. Bec d'Oiseau {Id. ibid.). — 6. De Finois {Id. ibid.). — 7. Des Finois {Id. ibid.). Descriptioit de l'arlire. — Bois : faible. — Bameo.ux : assez nombreux, éta- lés , gros , courts , fortement coudés , brun grisâtre , à lenticelles fines et clair-semées , à coussinets bien ressorti s. — Yeux : moyens, ovoïdes , non appliqués , ayant les écailles disjointes et bombées. — Feuil- les : petites, généralement elliptiques, den- tées ou crénelées sur leurs bords , munies d'un pétiole court et épais. Fertilité. — Excessive. Culture. — Des plus faibles sur cognas- sier, où la forme pyramidale ne lui réussit jamais, cet arbre doit se greffer sur franc, et là encore il prospère beaucoup mieux en haute tige qu'en pyramide. Description du fruit. — Grosseur: au-dessous de la moyenne. — Forme : allongée, régulière, un peu ventrue vers la base, fortement étranglée près du som- met, qui habituellement n'est jamais très- obtus. — Pédoncule: de longueur variable, menu , arqué , implanté à fleur de peau et quelquefois continuavec le fruit. — Œil : large, ouvert , presque saillant_, bien fait, 298 BEU [beurré anj — ant] habituellement cotonneux. — Peau : rude au toucher, vert jaunâtre, passant au grisâtre près du pédoncule , entièrement semée de points roux et portant quelques marbrures fauves. — Chair : blanche, fme, fondante, assez pierreuse au cœur. — Eau : suffisante, acidulée, sucrée, aromatique et délicate. Maturité. — Fin septembre, se prolongeant jusqu'à la moitié d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Olivier de Serres n'ayant pas cité cette poire en 1600, dans son Théâtre d'agriculture^ et le Lectier, qui écrivit en 1628^ étant le premier pomo- logue chez lequel on la rencontre, nous croyons qu'elle ne saurait être antérieure aux dernières années du xvi^ siècle. Quant à son lieu d'origine , le nom de poire d'Angleterre, qui fut constamment le sien, paraît l'indiquer formellement. Toute- fois, un auteur bien connu du monde horticole, feu Poiteau, s'inscrivit en ces termes contre cette opinion , en 1846 : (( Je commence par rappeler que nous avons cultivé cette poire longtemps avant qu'elle fût connue en Angleterre, et conséquemment elle ne vient pas de ce pays, comme plusieurs le croient. « [Pomologie française, t. III, n° 15.) Mais là , Poiteau s'éloigne entièrement du sentiment général ; aussi ne pouvons- nous accepter son dire, qu'aucune preuve ne vient appuyer. En 1676, le Beurré d'Angleterre était encore assez rare pour qu'on crût devoir signaler aux amateurs la pépinière la mieux approvisionnée en poiriers de cette espèce : « Yous trouverez « chez M. de Sèves, à Chilly, poires d'Angleterre de toutes façons, mûrissant en « septembre, et des meilleures, » écrivait Triquel, prieur de Saint-Marc. [Instructions pour les arbres fruitiers^ chap. Poirier.) Le Chilly ainsi désigné est un hameau situé commune de Marcilly-en-Villette (Loiret); il possède une ancienne maison sei- gneuriale, qui sans doute fut la demeure de ce M. de Sèves. En tout cas, voici un rapprochement intéressant à faire : c'est que le Beurré d'Angleterre ayant été cul- tivé à Orléans dès 1628, dans le verger de le Lectier [Catalogue, p. 10), resta jus- qu'en 1676 une variété dont l'Orléanais eut en quelque sorte le monopole. D'où l'on pourrait conclure , ce semble , que le Lectier en fut l'importateur , lui qui recher- chait avec tant d'empressement — nous l'avons constaté plus haut, page 238 — les fruits nouveaux. Observations. — Ce Beurré a le défaut de blettir aisément , même sur l'arbre , si l'on tarde trop à le cueillir. Il faut donc le surveiller non-seulement au fruitier, mais encore au jardin. Il se vend sur tous nos marchés. Paris en consomme une prodigieuse quantité, et c'est lui qu'on y offre aux ouvriers sous le cri populaire et railleur de : Un sou l'tas, les Anglais! — Les poires Archiduc-Charles et Bec-d'Oie ne sont pas, comme le portent quelques Catalogues, identiques avec ce Beurré; en consultant pages 153 et 187, leur article, on verra par quels caractères elles s'en éloignent. — Quant au nom poire de Finois ou des Finois , réellement synonyme de Beurré d'Angleterre, c'est surtout dans le Calvados, l'Orne et l'Eure, qu'il a cours le plus ordinairement. Poire BEURRÉ D'ANJOU. — Synonyme de BewTé gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ANNA AUDUSSON (du Comice horticole d'Angers, Pomologie DE Maine-et-Loire, 1850, p. 22). — Synonyme de poire Anna Audusson. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ D'ANTIN. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. BEU [beurré ANTJ 299 157. Poire BEURRÉ ANTOINE. Synonyme. — Poire Saint-Germain fondant (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1852, p. 24). SIescription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, géné- ralement étalés, gros, de longueur moyen- ne , bien coudés , légèrement duveteux , brun clair , à lenticelles fines et clair- semées, à coussinets des plus ressortis. — Yeux : de grosseur considérable , ovoïdes , à écailles faiblement entr' ouvertes, non adhérents, souvent même formant éperon. — Feuilles': luisantes, un peu coriaces, vert clair cuivré, ovales-arrondies, denticulées, ayant le pétiole court, épais et roide. Fertilité. — Grande. Culture. — Sur cognassier, sa vigueur est ordinaire ainsi que sa croissance, et ses pyramides sont habituellement assez jolies, assez touffues. Sur franc, nous ne l'avons pas encore étudié, mais il doit y prospérer convenablement. Deseription du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : ovoïde légèrement ventrue, — Pédoncule : de longueur moyenne , mince , droit ou arqué, renflé à son point d'attache, régulièrement implanté au milieu d'une dépression rarement prononcée. — OEil : grand ^ ouvert, bien fait, assez enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, ponctuée, tachée de brun clair, striée de même dans le bassin ombilical, et lavée de rouge sombre du côté du soleil. — Chair : fine, blanchâtre, fondante, pierreuse et juteuse. — Bau : excessivement abondante, sucrée, vineuse^ de saveur très-délicate. Maturité. — Fin août et commencement de septembre. Qualité. — Première. Historiatue. — Gagné dans le faubourg de Vaise, à Lyon, chez M. Nérard, pépiniériste, ce poirier provient d'un semis de pépins de Doyenné fait en 1822. Le pied-mère se mit à fruit en 4833. En 1831, M. Willermoz, secrétaire général du Congrès pomologique , en donnait une excellente description dans la livraison de septembre des Annales de la Société d'Horticulture de Lyon, Présentement, cette variété est assez recherchée. Observations. — Vers 1849 nous reçûmes comme espèce nouvelle des greffes d'un prétendu Saint-Germain fondant , qui n'était autre que le Beurré Antoine. Il y aurait intérêt , certes , à indiquer ici la source d'où nous vint cette fausse variété , mais aucune note n'en a été prise et notre mémoire ne peut non plus nous le rappeler. 300 BEU [beurré ant — apr] 158. Poire BEURRÉ ANTOINETTE. Desci'iptioii de l'ai*bre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : peu nom- breux, étalés, faibles, très-longs, flexueux, rouge ardoisé, abondamment ponctués et ayant les coussinets presque aplatis. — Yeux : petits, courts, à large base, appli- qués contre le bois au sommet du rameau et placés en éperon à sa partie inférieure. — Feuilles : moyennes ou petites , ovales- allongées, profondément dentées, à pétiole court, fort et rosé. Ferth^ité. — Remarquable. Culture. — C'est un arbre de vigueur moyenne , prospérant mieux sur franc que sur cognassier, développant vite son écus- son, mais dont les pyramides, quoiqu'assez jolies, sont habituellement peu ramifiées et peu feuillues. Description dii fruit. — Grosseur : moyenne et quelquefois plus volumineuse. — Forme ; oblongue , obtuse , légèrement ventrue, régulière. — Pédoncule : assez long, assez gros, droit ou arqué, renflé à son point d'attache et généralement inséré à fleur de peau, et obliquement, en dehors de l'axe du fruit. — Œil : grand, bien fait, ouvert, presque saillant. — Peau: jaune d'or, ponctuée et marbrée de brun, maculée de fauve autour du pédoncule et parfois colorée du côté du soleil. — Chair : blanc verdâtre, demi-fme, demi-fondante, pierreuse auprès des loges. — Fau : abondante, acidulé, sucrée, aromatique et des plus savoureuses. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — M. Alexandre Bivort , auquel la Belgique doit plusieurs varié- tés de poires d'un mérite incontestable, est l'obtenteur de ce fruit. Il le gagna en 1846, à Geest-Saint-Rémy , près Jodoigne, et le dédia à sa femme. Il l'a décrit et figuré dans son Album de pomologie, année 1847 , page 83. Observations. — Cette espèce , en vieillissant , a perdu quelque peu de sa tardiveté. Ses premiers produits mûrirent en novembre; mais actuellement, de l'aveu même de M. Bivort, le Beurré Antoinette se mange dès la mi-septembre. Chez nous, dans l'Anjou, il est plus hâtif, car souvent nous l'avons dégusté fin août. Rappelons en terminant que sa grosseur, assez variable, dépasse parfois celle du type reproduit ci- dessus. Poire BEURRÉ D'APREMONT. — Synonyme de Beurré Bosc. Voir ce nom. BEU [beurré are] 301 159. Poire BEURRÉ D'ARENRERG. S^ynonymcs. — Poires : 1. Gloux-Morceau (Parmentier, en 1820, cité dans les Transactions of the horticullural Society of London, 1824, t. V, Appendix n» 2, p. 6). — 2. Beurré d'Hardenpont d'Hiver [en Belgique] (Van Mons, Bulletin des sciences agricoles et économiques, publié par le baron de Férussac, 1825, t. IV, p. 199). — 3. Glout-Morceau (Lindley, Transactions of the horticullural Society of London, 1830, l. VII, p. 179). — 4. Goulue-Morceau de Ghambron (baron de Férussac, Bulletin des sciences agricoles et économiques, 1830, t. XIV, p. 265). — 5. Beurré de Gambron (du Breuil, Cours d'' arboriculture, 1854, t. II, p. 569-Vl). — 6. Beurré de Kent (A. ^o-^&v. Annales de pomologie belge et étrangère, 1854, t. II, p. 9). — 7. Glou-Morceau de Gambron (Société Van Mons, Catalogue des fruits cultivés dans son Jardin, 1854, p. 31), — 8. Beurré d'Hardenpont de Gambron (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1838, t. I). — 9. Goulu-Morceau (Id. ibid.). — 10. Beurré Lombard {Id. ibid., et Gongrès pomologique, Pomologie de la France, 1863, t. I, n» 12). — 11. Goulu-Morceau de Gombron (Gongrès pomologique, ibidem). Premier Type. Description de l'ar- bre. — Bois : très-fort. — Rameaux : excessive- ment nombreux, érigés au sommet de la tige, étalés à la base , des plus gros et des plus longs , géniculés, vert grisâtre, à lenticelles fines et abon- dantes, à coussinets sail- lants. — Yeux : moyens, ovoïdes, obtus, à écailles disjointes , duveteux , ad- hérents à la partie supé- rieure du rameau et par- fois sortis en éperon à l'autre extrémité. — Feuil- les : vert foncé, elliptiques- allongées , généralement contournées , ayant les bords fortement dentés , le pétiole court et très- nourri. Fertilité. — Variable. Culture. — Vigoureux et rustique , ce poirier pousse aussi bien sur co- gnassier que sur franc ; il est d'un développement précoce ; ses pyramides sont admirables, à ce point qu'on en trouverait difficilement de plus parfaites. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : oblongue , ven- true , bosselée , irrégulière , mais se rapprochant fréquemment de notre deuxième type , où elle est contournée et toute déprimée d'un côté. — Pédoncule : court , 302 BEU [beurré are] gros, droit ou recourbé^ souvent renflé à ses extrémités, obliquement inséré, et parfois en dehors de l'axe du fruits au centre d'un large évasement à bords „.■ .^,. ^ ^ ., ^ des plus accidentés. — Œil : Poire Beurre d Arenberg. — Deuxième Type. ^ ^ , , ,. . tres-ouvert , grand , a divi- sions presque foliacées, placé dans un bassin étroit, assez profond et entouré de bos- selettes ou de côtes faible- ment accusées. — Peau .-jaune clair légèrement verdâtre , ponctuée de roux, striée de même dans la cavité ombili- cale, tachée de brun autour du pédoncule et généralement lavée de rose tendre sur la partie exposée au soleil. — Chair: blanche, fine, fondante, juteuse, à peu près exempte de pierres. — Eau : toujours très-abondante , acidulé , su- crée, parfois aigrelette, douée d'une saveur parfumée des plus exquises. Maturité. — De novembre jusqu'au début de février , et quelquefois , mais très-rare- ment, atteignant le mois de mars. Qualité. — Première. Historique. — Les trois noms portés simultanément chez les Anglais, les Belges et les Français, par cette délicieuse poire d'abord peu répandue, ont fait naître autour d'elle bien des erreurs; comme aussi on l'a con- fondue longtemps avec le Beurré d' H ardenpont d'Automne., gagné par Van Mons, ainsi qu'avec VOrpheline d'Enghien, variétés décrites plus loin à leur rang alphabé- tique. Aujourd'hui, qu'elle est cultivée par toute l'Europe, les documents abon- dent pour déterminer son origine ; essayons de les utiliser. Le premier nom qu'on lui appliqua fut celui de son obtenteur. Van Mons l'a constaté en 1825, dans le Bulletin des sciences agricoles et économiques alors publié à Paris sous la direction du baron de Férussac : « Beurré d'Hardenpont d'Hiver. — Cette poire précieuse [ disait le professeur belge ] a été obtenue dans le Hainaut, il y a cent ans enyiron, par le conseiller ecclésiastique Hardenpont, à sa campagne de Paniselle, près de Mons. » (Tome IV, p. 199.) Son deuxième nom, Gloux-Morceau, que l'on supposait sorti d'Angleterre, lui fut, au contraire, donné en Flandres avant 1819, car Parmentier, bourgmestre d'Enghien et grand amateur de fruits, expédia ce Beiuré ainsi étiqueté, en novembre 1820, à la Société d'Horticulture de Londres. Et les Transactions (Mémoires) de ladite Société attestent ce fait (tome V, an. 1824, 2"= Appendice, p. 6) ; BEU [beurré are — ass] 303 de même qu'on y lit également la rectification suivante : « Dumortier-Rutteau , de « Tournay, écrivant en 1826 à John Lindley *, lui fit observer que la véritable « orthographe du nom de cette poire, était Glout-Morceau. » (Tome VII, an. 1830, p. 179.) Rectification des plus fondées et qu'appuient tous nos vieux Glossaires. Le mot GLOUT vient en effet , d'après eux , du latin gluto ou du celtique gluth , termes se traduisant ici par friand.... Donc, Glout-Morceau équivaut à Friand-Morceau, qualification que ne dément certes pas l'exquise saveur de ce Beurré. Si maintenant nous recherchons quelles causes valurent à cette variété son troi- sième nom, celui de Beurré d'Arenberg , que nous lui conservons parce qu'en France chacun le lui connaît depuis soixante ans , voilà ce qu'un auteur belge , M. Auguste Royer, va nous apprendre : « .... Cette poire, dont la première apparition date environ de 1739, resta longtemps incon- nue des pomologistes français. Ce ne fut que vers 1806 que Louis Noisette l'introduisit en France. Dans un voyage qu'il lit à cette époque au château du duc d'Arenberg, à Hervelé près Louvain, il remarqua plusieurs fruits qui lui étaient inconnus et qui lui j)arurent méri- ter d'entrer dans ses collections.... Personne ne lui ayant fait connaître le vrai nom de cette poire {Beurré d'Hardenpont), Noisette crut alors être en droit de lui assigner celui de Beurré d'ARENBERG...' Je tieus ces détails de M. Noisette lui-même. » [Annales de pomologie belge et étrangère, 1854, t. Il, p. 9.) Et M. Auguste Royer n'avançait là rien d'inexact, puisqu'en 1839 le pépinié- riste Noisette avait affirmé ce qui suit , page 129 de son Jardin fruitier : « Beurré d'Arenberg. — Nous regardons cette poire comme la plus délicieuse que nous con- naissions. Nous l'avons rapportée en 1806 des jardins du duc d'Arenberg, en Belgique. »' Observations. — Il n'existe aucune identité entre ce fruit et le Beurré Duval., poire mûrissant au commencement de septembre; c'est donc par méprise que M. du Breuil, en 1854, faisait ce dernier nom synonyme du premier, à la page 569-vi du tome II de son Cours d'arboriculture. — On croit généralement que le Beurré d'Arenberg ne saurait dépasser le mois de janvier; c'est un tort, car dans l'Anjou, où cependant on le mange souvent dès la mi-novembre, nous l'avons conservé bon, quelquefois, jusqu'en mars; et les cahiers de dégustation du Comice horticole de Maine-et-Loire en fournissent la preuve. — La grosseur de ce fruit peut atteindre un volume bien plus considérable que celui des types figurés ci-dessus. Ainsi à Chartres, lors de l'exposition de 1862, il s'en trouva dans le lot envoyé par M. Baubion qui pesaient 500 grammes; mais il très-rare d'en rencon- trer beaucoup qui puissent accuser un semblable poids. Poire BEURRÉ D'ARENBERG (en Belgique). — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'ARGENSON. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Voir ce nom. 160. Poire BEURRÉ DE L'ASSOMPTION. Uescriptiou de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, érigés ou légèrement étalés, assez longs, gros, flexueux, généralement renflés à leur extrémité, brun-roux, ponctués de blanc sale et ayant les coussinets faiblement * John Lindley était alors vice-secrétaire de la Société d'Horticulture de Londres. 304 BEU [beurré ass] ressortis. — Yeux : moyens, coniques, aigus, écartés du bois et souvent formant éperon; mais ceux de la partie inférieure du rameau sont ordinairement plats et T1--D -ji.* X- T,-^ ' noyés dans l'écorce. — Poire Beurre de 1 Assomption. — Premier Type. r, -n temlles : grandes, ova- les - arrondies , planes ou contournées, pro- fondément dentées sur leurs bords et munies d'un pétiole roide et long. Fertilité. — Remar- quable. Culture. — Ce poi- rier, très -vigoureux, pousse parfaitement sur cognassier; il fait des pyramides réguliè- res, belles et touffues. Description du fruit. — Grosseur : considérable . — Forme: variant habituellement entre la turbinée-allon- gée assez obtuse , et l'oblongue-cylindrique un peu ventrue à la base, un peu étranglée vers le sommet. — Pé- doncule : court , bien nourri, rarement ar- qué, obliquement in- séré dans une cavité étroite qu'entourent de fortes gibbosités. — OEil : grand, bien fait, bien ouvert, à peine enfoncé, uni sur ses bords. — Peau: jaune-citron, ponctuée, striée de roux, largement marbrée et tacbée de même vers l'œil et le pédoncule. — Chair : blanche, demi-fine, fondante, juteuse, légèrement pierreuse auprès des loges. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, vineuse, faiblement mais délicatement parfumée. Maturité. — De la fin de juillet jusqu'à la fin d'août. Qualité. — Première. Miistorique. — Tout récemment obtenue, cette variété provient des semis d'un amateur des plus compétents, M. Ruillé de Beauchamp. Il l'a gagnée dans sa terre de la Goupillera, commune de Pont-Saint -Martin , près Nantes, et voici les renseignements qu'il s'est empressé, sur notre demande, de nous transmettre tou- chant l'origine de ce fruit : « L'arbre-mère du Beurré de l'Assomption avait été greffé ; mais supposant qu'il pouvait donner une espèce nouvelle, j'ai fait avec la tige, qui avait été détachée, deux greffes, l'une BEU [beurré aud] 305 sur un cognassier qu'on a placé le long d'un mur, et l'autre sur, une pyramide dont la tête était morte. Cette dernière greflfe m'a donné quelques fruits en 1863, et soixante-quinze poires en 1864. La greffe peut avoir, Poire Beurré de l'Assomption. — Deuxième Type. aujourd'hui , cinq ans. Après m'être assuré du mérite de ce fruit, j'ai pratiqué une incision sur le pied-type et obtenu ainsi une renaissance qui offre actuel- lement l'aspect d'une pyramide de plusieurs années. » {Lettre du 25 octobre 1865.) Observations. — Sou- mise en août 1864 à l'examen du Comité d'arboriculture de la Société centrale de Paris, cette poire fut ainsi appréciée par M. Michelin , vice-secré- taire de ce Comité : « Une « poire hâtive dont le nom, « Beurré de l'Assomption, in- « dique l'époque , a été trou- « vée très-bonne. Si la se- « conde année d'épreuves « est aussi satisfaisante que « la première, ce fruit pour- « ra , avec de bonnes chan- « ces , entrer au prochain « concours. » [Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture^ 1865, pp. 89 et 404.) — Actuellement (20 août 1866), l'obtenteur de cette variété nous informe qu'on va la médailler tout prochainement; et ce sera justice, car en vieillissant ses produits n'ont rien perdu de leur bonté, de leur précocité; d'où suit qu'aucune poire hâtive ne peut, de nos -jours, l'emporter sur ce Beurré, soit pour la grosseur soit pour la qualité. 161. Poire BEURRÉ AUDUSSON. Sescription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : très-nombreux, géné- ralement étalés, gros, de moyenne longueur, droits, duveteux, brun-roux foncé, à lenticelles larges et clair-semées, à coussinets bien accusés, — Yeux : moyens, coniques, pointus, aplatis, cotonneux, appliqués contre l'écorce. — Feuilles : ova- les-allongées, habituellement duveteuses, ondulées et contournées, ayant les bords unis et le pétiole long et épais. Fertilité. — Excessive. Culture. — Sa vigueur est grande; on lui donne, comme sujet, le franc ou le cognassier; il fait de très-belles pyramides. I. 20 306 BEU [beurré aud — aug] Description tlu fruit. Poire Beurré Âudusson. Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : allongée , légèrement obtuse , régulière. — Pédoncule : un peu court, mince, droit, faible- ment renflé à la base , obliquement implanté à fleur de peau. — Œil : très-large , très- ouvert , très - développé , presque toujours saillant. — Peau : verdâtre , semée de gros points brun clair et colorée du côté du soleil. — Chair : demi-fme , blanchâtre , assez fon- dante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, douceâtre , peu savoureuse , peu par- fumée. Maturité. — Fin août et début de septembre. Qualité. — Troisième. ISistorique. — Il résulte d'une note insé- rée dans les Mémoires de la Société d'Agricul- ture d'Angers (année 1835, tome III, p. 105) , qu'elle a été gagnée de semis, en 1833 ou 1834, par feu Anne-Pierre Audusson, alors pépinié- riste même ville, cour Saint-Laud. Observatioais. — Cette variété convient beaucoup, en raison de son excessive fertilité, pour la vente sur les marchés , où ses pro- duits, qui se conservent sans blettir une dizaine de jours, peuvent arriver en parfait état. Poire BEURRE AUDUSSON D'HIVER. — Synonyme de Beurré Defays. Voir ce nom. 162. Poire BEURRÉ AUGUSTE BENOIST. Synonymes. — Poires : 1. Beurré Benoit (Bivort, Album de pomologie, 1851, t. TV, p. 53). — 2. Comte Odart (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonne' des arbres fruitiers et d'orne- ment, 1858, p. 30, n° 219). — 3. AUGUSTE Benoist (de Liroii d'Airoles, Notices pomologiques, 1859, p. 7). — 4. Doyenné Benoist (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1865, t. III, n" 113). Description de Tarbre. — Bois : assez fort. — Bameaux : nombreux , légè- rement étalés, de grosseur moyenne, courts, géniculés, brun olivâtre faiblement rougi, ayant les lenticelles fines, abondantes, et les coussinets ressortis. — Yeux : coniques, volumineux, très-écartés du bois. — Feuilles : petites, ovales^ acumi- nées, contournées, régulièrement dentées, portées sur un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Grande. Culture. — De vigueur ordinaire, il est un peu faible sur cognassier, où il croît lentement; le franc lui convient donc mieux; ses pyramides sont assez belles. BEU [beurré auCx] 307 Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : arrondie ou turbinée-arrondio, presque toujours déprimée d'un côté. — Pédoncule : de longueur moyenne, fort, Poire Beurré Auguste Benoist. — Prew/e;- T/ype. Deuxième Type. droit ou arqué, implanté dans un large évasement mamelonné. — OEil: petit, mi-clos, peu développé, peu enfoncé. — Peau : jaune- paille, ponctuée de fauve, tachée de même autour de l'œil et colorée de rouge- brun très-clair sur la partie frappée par le soleil. — Chair : excessivement blan- che, demi-fine, fondante, juteuse, rarement pierreu- se. — F au : des plus abon- dantes , acidulé , sucrée , vineuse, bien parfumée. Maturité. — Fin sep- tembre ou commencement d'octobre, et se prolongeant parfois, mais assez rare- ment, jusqu'en novembre. Qualité. — Première. Historique. — En oc- tobre 1846 , M. Auguste Benoist, pépiniériste à Brissac (Maine- et-Loire) , remarqua dans une haie voisine de sa demeure , un jeune sauvageon aux branches duquel pen- daient d'assez jolies poires. Il les goûta, reconnut leur mérite et greffa cette espèce nouvelle, dont il céda la vente à MM. Jamin et Durand, de Paris, qui en devinrent ainsi les véritables pro- moteurs. Observations. — > Vers 4852 ou 1853 on nous vendit, sous le nom de Comte Odart^ un poirier que d'a- bord nous cultivâmes et propageâmes comme variété nouvelle. Mais quel- ques années plus tard ayant acquis la preuve qu'il offrait tous les carac- tères du Beurré Auguste Benoist, nous le fîmes passer du rang des espèces dans celui des synonymes. 308 BEU [beurré aun — Aus] 163. Poire BEURRÉ AUNENIÈRE. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux, légère- ment étalés, gros, presque droits, gris-fauve nuancé de brun clair, à lenticelles rares et fmes, à coussinets aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes , pointus , appliqués contre l'écorce et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : rarement abondantes , grandes , ovales ou elliptiques , à bords assez profondément den- tés, à pétiole long et épais. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — On le greffe indistinctement sur franc ou sur cognassier; vigoureux et rustique , il se développe assez bien en pyra- mide. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne et souvent petite. — Forme : turbinée-ovoïde , légèrement ven- true et bosselée. — ■ Pédoncule : assez long, assez gros , arqué , continu avec le fruit , régulièrement implanté, charnu et plissé à la base. — CiE'e/ .• grand , mi-clos, mal fait, à peine enfoncé, entouré généralement de faibles gibbosités. — Peau : jaune- citron, finement ponctuée de brun-roux, lavée de rose clair du côté du soleil et montrant ordinairement quelques taches fauves en partie squammeuses. — Chair : blanche, demi-fine, ferme quoique fondante, pierreuse au cœur. — Eau : suffisante, sucrée, aigrelette, d'agréable saveur, mais peu parfumée. Maturité. —De la moitié d'octobre jusqu'à la moitié de novembre. Qualité. — Deuxième. HEistorique. — Le seul auteur qui nous ait parlé de ce fruit, c'est le baron ' Biedenfeld, pomologue allemand connu surtout par son Handbuch aller bekannten Obstsorten, publié à léna en 1834. C'est dans cet ouvrage qu'il mentionne le Beurré Aunenière (page 53) , dont Van Mons, selon lui, fut l'obtenteur. Mais il a quelque peu défiguré le nom de ce fruit, en l'orthographiant Annènière. Il faut croire, si la description de Biedenfeld est exacte, que ce Beurré prospère mieux en Allemagne qu'en France, puisqu'il le dit gros et de première qualité. Chez nous, on l'a vu plus haut , il n'acquiert au contraire qu'un faible volume et se montre médiocre , plutôt que bon. Poire BEURRÉ AURORE. — Synonyme de Beurré Capiaumont. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'AUSTERLITZ. — Synonyme de Doyenné d'Hiver. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'AUSTRASIE. — Synonyme de poire Jaminette. Voir ce nom. BEU [beurré avo] 309 164. Poire BEURRE D'AVOINE. Description de l'arbre. — Bois : très -fort. — Rameaux : nom- breux et étalés, gros, des pins longs, géniculés, duveteux, fauve olivâtre^ abondamment et fmement ponctués, à coussinets aplatis , à mérithalles gé- néralement longs. — Yeux : volumi- neux, ovoïdes, peu écartés du bois au sommet du rameau , sortis en éperon à sa base; ils ont les écailles légère- ment disjointes. — Feuilles : assez grandes, ovales, contournées sur elles- mêmes, irrégulièrement dentées, co- tonneuses, ayant le pétiole court et fort. Fertilité. — Convenable. Culture. — Cet arbre est de vigueur moyenne et toujours un peu faible sur cognassier ; cependant il y fait de jolies pyramides. Nous ne l'avons pas encore étudié sur franc. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme: oblongue-cylindrique , contournée, irrégulière, aplatie à la base. — Pédon- cule : long, mince, courbé, très-renflé à son point d'insertion, obliquement implanté au milieu d'un large et profond évasement, — Œil : ouvert, grand, bien fait, placé dans un vaste bassin à bords accidentés. — Peau : jaune verdâtre , parsemée de points fauves et portant près de l'œil et du pédoncule quelques taches squam- meuses de couleur verdâtre. — Chair : blanche, grossière, cassante, légèrement pierreuse. — Fau : peu abondante, mais douce, savoureuse et sucrée. Maturité. — De la mi-octobre jusqu'en janvier ou commencement de février. Qualité. — Deuxième comme fruit à couteau, première comme fruit à compote. Historique. — Ce Beurré a été gagné par M. Tuerlinckx, deMalines, obtenteur également de l'énorme et jolie poire à cuire qui porte son nom. Il l'a dédié au docteur d'Avoine, son concitoyen et l'un des fondateurs de la Société Van Mons , instituée en Belgique pour aider à l'amélioration des espèces fruitières. Nous igno- rons l'époque précise à laquelle ce poirier fructifia pour la première fois, mais nous pensons qu'en 1849, lorsque nous commençâmes à le grefler, on venait seulement de le mettre en vente. Observations. — Biedenfeld, dans son Handbuch aller bekannten Ohstsorten (1854), décrit ce fruit et le dit mûrissant en février, puis se gardant jusqu'en mai (page 12). M. de Liron d'Airoles, qui lui consacre aussi une courte note, page 9 du Supplément de sa Liste synonymique des variétés du poirier (18S9), s'accorde avec Biedenfeld pour le faire mûrir en février, mais ne lui assigne que le mois de mars comme terme extrême de conservation. Néanmoins, cette tardiveté nous étonne encore , car la maturité du Beurré d'Avoine a. constamment lieu , dans nos écoles , 310 BEU [beurré avr — bac] vers la mi-octobre, et rarement nous l'avons vu dépasser au fruitier les derniers jours de janvier. Voilà pourquoi il nous parait difficile qu'on puisse le manger bon au mois de mai, ou même au mois de mars. Poire BEURRÉ D'AVRANCHES. Voir ce nom. Synonyme de poire Bonne-Louise d'Avranches. 165. Poire BEURRE BACHELIER. Syaonymes. — Poires : 1. Bachelier (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861; t. III). — 2. Chevalier {Id. ibid.). Description de l'ai'bre. — Bois : as- sez fort. — Rameaux : très-nombreux, pres- que érigés ou légère- ment et régulièrement étalés, gros, peu longs, coudés, brun verdâ- tre, finement ponctués, ayant les coussinets bien ressortis, — Yeux: moyens, ovoïdes, poin- tus , non adhérents , souvent même formant éperon. — Feuilles : pe- tites, ovales-arrondies, à bords régulièrement dentés en scie, à pétiole court, fort et parfois lavé de carmin. Fertilité. — Satis- faisante. Culture. — L'arbre est de vigueur moyen- ne ; greffé sur cognas- sier, il croit lentement la première année ; sur franc, il est au contraire parfaitement développé à cet âge; mais à deux ans, quel que soit le sujet qu'on lui ait donné, il forme de très-belles pyramides. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : oblongue-tur- binée, excessivement obtuse et ventrue, souvent bosselée, ayant un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : court, assez mince, droit ou arqué, formant par- fois un bourrelet à son extrémité supérieure , obliquement inséré, en dehors de l'axe du fruit, dans un évasement rarement très-profond , mais dont les bords sont toujours plus ou moins inégaux. — Œil: grand, mi-clos, régulier, peu enfoncé. BEU [jŒUimÉ iiAi] 311 — Peau : jaune verdâtre , ponctuée et tachée de fauve , striée de même dans le bassin ombilical, et généralement vermillonnée sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche, fine, des plus fondantes, juteuse, à peine pierreuse. — Eau : excessivement abondante, sucrée, acidulé, vineuse, peu parfumée, quoique délicate et fort savoureuse. Maturité. — D'octobre en décembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce fut Louis-François Bachelier, horticulteur à Cappelle- Brouck, dans le département du Nord, et récemment décédé presque nonagénaire^ qui gagna cette excellente poire avant 1845. Sa culture, d'abord locale^ finit ensuite par se généraliser, surtout depuis 1851, date à laquelle le Comice horticole de Bourbourg, ville située non loin de Cappelle-Brouck , la recommanda à l'attention des Sociétés spéciales, en faisant circuler l'extrait suivant du procès- verbal de sa séance du 13 décembre 1851 : « La poire obtenue de semis par M. Bachelier est un fruit magnifique qui justifie tout l'intérêt qu'y attache le Comice, qui l'a minutieusement examinée et décrite. Elle pèse de 630 à 650 grammes et peut être comparée, pour la forme, à la Duchesse d'Angoulême. Elle provient d'un sujet placé en espalier contre mur, face au couchant, sauvageon ayant primiti- vement été greffé de la poire d'Austrasie (ou Jaminette), et en mars J849 de la poire dont il s'agit. Il a fourni au bout de deux ans neuf poires toutes semblables, à peu près, d'ampleur et de poids, sauf une qui, pyriforme, pesait plus de 700 grammes. » Pour notre part, nous nous empressâmes d'aider à la propagation de ce Beurré ainsi annoncé, puisque dès 1852 nous le mettions en vente sous le n" 367 de notre Catalogue. Observations. — Il est urgent de ne pas attendre l'extrême maturité de cette "poire, pour la manger, autrement on s'expose à la trouver pâteuse; comme il im- porte aussi, dans le fruitier, de la toucher rarement, le moindre contact pouvant alors lui être nuisible et provoquer sa blettissure. — On a dit que le Colmar d'Arenberg , gain de Yan Mons, se rapportait complètement au Beurré Bachelier. Non ; ces deux fruits ont bien quelque ressemblance, quant à la forme, quant à l'époque de matu- rité, mais leurs autres caractères, mais surtout leurs arbres, sont des plus dissemblables. 166. Poire BEURRE BAILLY. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : généralement nom- breux et un peu étalés , assez gros , courts , géniculés , brun clair grisâtre , à lenti- celles larges et abondantes , à coussinets bien accusés. — Yeux : de moyenne force et ovoïdes, ils ont les écailles légèrement entr' ouvertes et sont presque soudés au bois. — Feuilles .-petites, ovales-allongées, finement dentées ou à bords entiers en partie, habituellement contournées, portées sur un pétiole court et fort. Fertilité. — Convenable. Culture. — Sa vigueur est moyenne et sa croissance assez tardive, même sur franc ; néanmoins , quand il atteint sa troisième année il offre des pyramides fort acceptables, quoiqu'un peu basses. Description du fruit. — .• Grosseur : volumineuse. — Forme : allongée, 312 BEU [beurré bea] affectant généralement celle d'une Calebasse, contournée, bosselée, irrégulière. — Pédoncule : de longueur moyenne, Poire Beurré Bailly. bien nourri , renflé à ses extrémi- tés^ rarement recourbé , oblique- ment implanté à la surface du fruit sur un mamelon fortement plissé, — Œil : grand , mi-clos , placé dans un large bassin ordinai- rement peu profond. — Peau : jaune d'or, complètement semée de points gris verdâtre et striée de fauve autour de l'œil. — Chair : excessivement blanche et fine^, mi- fondante, juteuse, contenant quel- ques pierres auprès des loges. — Eau: abondante, sucrée ;, douce, sans parfum prononcé, mais des plus délicates. Maturité. — De la moitié d'oc- tobre jusqu'à la fm de novembre. Qualité. — Première. MistoFîque. — Elle provient d'un semis de pépins de Doyenné fait vers 1836 par M. Bailly, pépinié- riste à Lambersart, bourg situé près de Lille (Nord). Le pied-type donna ses premiers fruits en 1848. Son obtenteur nous en ayant en- voyé des greffes en 18S7, nous le multipliâmes aussitôt, car la dégus- tation de ses produits nous prouva qu'ils étaient excellents. 167. Poire BEURRÉ BEAUCHAMP. Synonymes. — Poires : 1. Haghens d'Hiver (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonne' des arbres fruitiers et d'ornement, 1852, p. 26, n" 457). — 2. Bergamote Beauchamp (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 16). — 3. Henkel (Hovcy, the Fruits of America, 1856, t. II, p. 53). — 4. Beurré Biémonï (de Liron d'Airoles, Liste syno7iymique des variétés du poirier, 1859, Table des fruits à l'étude, p. 6). — 5. Henkel d'Hiver (W. ibid., p. 54). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux , habi- tuellement arqués et un peu étalés, des plus gros, assez courts, coudés, vert clair jaunâtre, à lenticelles larges et abondantes, à coussinets extrêmement saillants. — Yeux : moyens, coniques, aigus, légèrement écartés du bois. — Feuilles : petites, d'uai beau vert, ordinairement ovales-allongées et finement crénelées ou dentées, ayant le pétiole court et épais. Fertilité, — Ordinaire. BEU [beurré bea] 313 Culture. — Ce poirier qui est vigoureux, et dont l'écusson se développe rapide- ment, prend indifféremment, comme sujet, le franc ou le cognassier; il fait des pyramides aussi fortes que remarquables par leur beauté. , Poire Beurré Beauchamp. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne et souvent plus volu- mineuse. — Forme : turbinée-arron- die, et parfois turbinée assez allongée et bosselée. — Pédoncule : peu long, bien nourri , arqué , renflé à ses extrémités , obliquement implanté dans une très-étroite cavité mame- lonnée. — Œil : large , régulier, à peine enfoncé. — Peau : jaune pâle, ponctuée de fauve , striée de brun dans l'évasement ombilical et forte- ment carminée du côté du soleil , où elle est en outre couverte de points gris clair. — Chair : fine, blanche, juteuse , excessivement fondante , rarement pierreuse. — Eau : des plus abondantes, sucrée, parfumée, ayant une saveur beurrée aussi délicate qu'agréable. Maturité. — De la fin d'octobre à la fin de novembre. Qualité. — Première. Historique. — En 1847 M. Bivort disait de cette poire, dans son Album de pomo%?e publié à Bruxelles : « Elle porte le nom de son inventeur. Je ne puis assigner l'époque certaine de sa première apparition, mais je la trouve déjà comprise dans un Catalogue de Van Mons qui date de 1823. Elle est donc antérieure à cette année. » (Tome I, n° 53.) Cette variété d'origine belge fut effectivement connue et cultivée par Van Mons , car en 1833 il faisait à son sujet la remarque suivante : « La Beaucham.'p est une poire d'âge moyen, de volume ordinaire, très-fondante, très-fade et mal odorante ; mais cultivée au mur, elle y double de volume, conserve son fondant, acquiert du parfum et se" remplit de sucre. » [Arbres fruitiers, t. I, p. 362.) En déclarant ainsi qu'en 1835 ce Beurré était déjà « d'âge 'moyen, » Van Mons donne à penser qu'on dut l'obtenir vers le début du siècle. Mais si nous ignorons la date précise de sa naissance , tout au moins savons-nous l'époque à laquelle on l'introduisit en France, Ce fut en 1836, d'après M. du Breuil. (Voir son Cours d'arboriculture, 1854, t. II, p. 569-m.) Observations. — Le Beurré Beauchamp, selon plusieurs pomologues, ne serait autre que la Voie aux Prêtres, ou Bergamote Cadette, décrite en 1768 par Duhamel. C'est là une opinion que nous ne pouvons partager. Il existe bien quelques rapports de forme et de coloris entre ces deux poires. Oui ; mais la première est excellente , tandis que la seconde , d'ailleurs plus précoce , vaut uniquement pour la cuisson. Enfin, les arbres qui les produisent offrent des différences parfaitement 314 BEU [beurré BEA — bég] tranchées. — Et il en est ainsi de la Bergamote Bufîo, également donnée dans quelques Catalogues comme synonyme de Beurré Beauchamp. — Nous n'en dirons pas autant, par exemple, des poires Beurré Biémont, Henkel et Hagliens, car elles sont réellement les mêmes que la variété que nous venons d'étudier. Poire BEURRÉ BEAUMONT. — Synonyme de Besi de Saint- Waast. Yoir ce nom. 168. Poire BEURRÉ DES BÉGUINES. Descriptiou de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, étalés, gros, longs, très-coudés, rouge- brun foncé , finement et abondamment ponctués, à coussinets aplatis. — Yeux : volumineux, ovoïdes, non adhérents et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : assez grandes , peu nom- breuses, généralement ovales ou ellip- tiques, dentées ou crénelées, légère- ment cotonneuses , portées sur un pétiole de longueur moyenne et très- gros. Fertilité. — Extrême. Culture. — Toujours faible à un an, en raison de son développement tardif, ce poirier,, greffé sur cognassier, pousse néanmoins vigoureusement pendant sa deuxième année, et montre alors de fortes et johes pyramides. 11 devrait parfai- tement prospérer sur franc, mais ne lui ayant pas encore donné ce sujet, nous ne saurions dire jusqu'à quel point il lui conviendra. Descriptioii du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne ou petite. — Forme : arrondie, aplatie à ses extrémités et généralement plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : assez court et assez gros, arqué, obliquement inséré à fleur de fruit. — Œil : contourné , mi-clos ou fermé , presque saillant. — Peau . rude au toucher , fauve et toute parsemée de points grisâtres excessivement fins. — Chair : blanc verdâtre , un peu grossière, demi -fondante, pierreuse au centre et laissant du marc dans la bouche. — Eau : suffisante, sucrée, douée d'une saveur douce qui ne manque pas de délicatesse. Maturité. — Fin de septembre et courant d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Van Mons comptait ce poirier parmi ses nombreux semis , mais cet arboriculteur étant mort en 1842 ne put le voir fructifier, ainsi qu'il résulte du passage ci-après , que nous empruntons à un ouvrage belge : « Le pied-souclie du Beurré des Béguines, qui s'élève maintenant (18S0) à plus de sept mètres de hauteur, est encore couvert d'épines à sa base. Son premier fruit a été cueilli en 1844 dans la pépinière de Van Mons, à Louvain, où l'arbre portait le n° 2733. » (Bivort, Album de pomologie, 1851, t. IV, p. 45.) Ce gain posthume du célèbre semeur belge fut dédié , comme l'indique son nom , BEU Ibeurré benI 315 à des religieuses dont le couvent s'élevait non loin de l'enclos où Van Mons avait alors réuni, dans un ordre vraiment remarquable, les milliers de sujets qui compo- saient ses pépinières. Poire BEURRÉ BENOIT. — Synonyme de Beurré Auguste Benoist. Voir ce nom . 169. Poire BEURRÉ BENNERT. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Ra- meaux : nombreux , légèrement étalés , longs , un peu grêles , cou- dés' , duveteux , brun grisâtre , à lenticelles larges et clair-semées , à coussinets presque nuls. — Yeux : petits , ovoïdes-arrondis , appliqués contre l'écorce à la partie inférieure du rameau, et ressortant en éperon à son autre exti'émité. — Feuilles : très - abondantes , assez grandes, ovales-allongées , acuminées , con- tournées, ayant les bords bien den- tés, le pétiole mince et générale- ment court. Fertilité. — Ordinaire. Culture.— Ce poirier, de vigueur moyenne , croît mieux sur le franc que sur le cognassier ; s'il se déve- loppe lentement , il prend néan- moins une forme pyramidale des plus régulières et des plus élégantes ; il est très-feuillu , très-ramifié. Description dii fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée-arrondie , obtuse et ventrue. — Pédoncule .-assez court, peu fort, arqué, régulièrement inséré dans un faible évasement dominé par une protubérance plus ou moins prononcée. — Œil : petit, bien fait, ouvert, peu enfoncé. — Peau : jaune d'or, striée, veinée et tachée de fauve , maculée de même autour du pédoncule et lavée de rouge-brun du côté du soleil. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, contenant quelques concrétions pierreuses le long des loges. — ^aw.- excessivement abondante, aci- dulé, vineuse, délicatement aromatique. Maturité. — De décembre en février. Qualité. — Première. Historique. — Peu connue en France , cette poire provient des gains obtenus chez les Belges, après la mort de Van Mons, dans les pépinières de semis créées par ce professeur d'arboriculture. M. Bivort, qui fut le continuateur des expériences ainsi tentées, a publié en 1847 la note suivante sur ce nouveau poirier : « L'arbre du Beurré Bennert paraît avoir une quinzaine d'années.... Il figurait sous le 316 BEU [beurré ber] numéro 2646 dans la pépinière de Van Mons^ à Louvain. Il a fructifié pour la première fois en 1846. Je l'ai dédié, après dégustation de ses produits, à l'un de mes amis, M. Bennert, propriétaire de verreries à Jumet. » {Album de pomologie, t. 1, n° 52.) 170. Poire BEURRE BERCKMANS. Synonyme. — Poire Alexandre Berckmans (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonne' des arbres fruitiers et d'ornement, 1855, p. 26, n" 5). Deseriptiou de l'arbre* — Bois: de force moyenne. — Rameaux: assez nombreux , légèrement étalés, un peu grêles , un peu courts et très-coudés , brun clair tacheté de gris, largement ponctués et ayant les coussinets des plus saillants. — Yeux : volumineux, ovoïdes-pointus, appli- qués contre l'écorce. — Feuilles : gran- des, ovales-allongées, régulièrement dentées en scie , portées sur un pé- tiole long et fort. Fertilité. — Extrême. Culture. — Trop faible sur cognas- sier, ce poirier n'y réussit pas com- plètement ; il réclame le franc , sur lequel il pousse bien et fait de belles pyramides. Description dii fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : allongée , obtuse , ventrue vers la base, étranglée près du som- met , très-régulière. — Pédoncule : long, menu, renflé à son point d'at- tache, faiblement recourbé, implanté au milieu d'une dépression peu sen- sible. — 05'?/. • mal développé, à divisions caduques, mi-clos, presque saillant. — Peau : jaune d'ocre, légèrement verdâtre du côté de l'ombre, entièrement striée et marbrée de fauve, tachée de même autour de l'oeil et du pédoncule. — Chair : blanchâtre, fine, des plus fondantes, aqueuse, rarement pierreuse. — Eau : exces- sivement abondante, parfumée, rafraîchissante, d'une délicatesse peu commune. Maturité. — Commencement de novembre et se prolongeant jusqu'à la mi- décembre. Qualité. — Première. Historique. ~ C'est encore là une des variétés que nous devons aux Belges, et sa naissance fut ainsi constatée, en 1849, par M. Alexandre Bivort : « C'est le meilleur fruit que j'aie obtenu de mes semis, jusqu'à ce jour. Son premier rap- port a eu lieu en 1846. Je l'ai dédié au digne successeur du major Espéren, à M. Berclunans, mon collaborateur à la seconde année de 1' Album. » [Album de pomologie, t. II, p. 126.) BEU [nEURRÉ BIÉ — rlâ] 317 Observations. — En 1852 cette espèce nous fut envoyée de Belgique sous le nom, assez défiguré, d'Alexandre Berckmans, que naturellement nous lui conser- vâmes lorsqu'on 1855 elle parut pour la première fois dans nos Catalogues. Mais plus tard une variété appelée Beurré Berckmans s 'étant trouvée identique , chez nous , avec l'Alexandre Berckmans, nous consultâmes M. Bivort, qui nous répondit : « Je ne connais pas de poire Alexandre Berckmans. J'ai gagné le Beurré Berckmans, et ce dernier pomolôgue, lui, a obtenu le poirier Alexandre Bivort. Il doit donc exister là une erreur de nom. D'ailleurs M. Berckmans s'appelle Louis, et non point Alexandre, » [Lettre adressée de Fleurus, le 4 mars 1865.) D'où suit que nous avons dû, depuis lors, faire Alexandre Berckmans synonyme de Beurré Berckmans. Poire BEURRÉ BIÉMONT. — - Synonyme de Beurré Beauchamp. Voir ce nom. Poire BEURRÉ BLANC. — Synonyme de poire Doyenné. Voir ce nom. Poire BEURRÉ BLANC D'AUTOMNE. — Synonyme de poire Doyenné. Voir ce nom. Poire BEURRÉ BLANC DES CAPUCINES. — Synonyme de poire Amadote. Voir ce nom. Poire BEURRÉ BLANC D'ÉTÉ. - Synonyme de Bergamote d'Été. Voir ce nom. Poire BEURRÉ BLANC DE JERSEY. — Synonyme de Besi de la Motte. Voir ce nom. 171. Poire BEURRÉ BLANC DE NANTES. Uescription de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux , érigés au sommet de la tige , étalés vers la base, gros, longs, peu flexueux, ridés, cotonneux, rouge bru- nâtre, tout parsemés de fines lenticelles, ayant les coussinets presque nuls et les mérithalles courts. — Yeux : petits, ovoïdes-obtus, duveteux, à écailles en- tr' ouvertes, appliqués contre le bois. — Feuilles : ovales-arrondies , légèrement dentées et canaliculées , à pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Le franc convient mieux que le cognassier à cet arbre dont la vigueur est moyenne ; il se développe tardivement et forme des pyramides assez convenables. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée-ovoïde ou turbinée-sphériqiie. — Pédoncule : long, mince au milieu, 318 BEU [beurré boi] renflé aux extrémités , non recourbé , obliquement inséré dans un vaste évasement sans profondeur. — OEil : petit, ouvert, peu enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau: vert jaunâtre, ponctuée de griS;, marbrée de fauve, portant quelque taches bru- nâtres et squammeuses, et parfois faiblement lavée de rose tendre du côté du soleil. — Chair : blanc jaunâtre, grossière, pierreuse, demi-fondante. — Eau : rarement abondante, sucrée, mais sans grande saveur et généralement entachée d'âcreté. Maturité. — D'août en septembre. Qualité. — Troisième. Historique. — Yoici ce que Prévost, de Rouen, disait en 1845 de cette poire, qui paraît être originaire de la Bretagne ou de l'Anjou : « C'est une des cpiatre variétés auxquelles on a donné à tort, dans le commerce, le nom Saint-François. Je l'ai reçue de l'Anjou en 1835 avec cette désignation, et cinq ans après elle m'est revenue du même endroit sous le nom Beurré blanc de Nantes, que j'adopte, attendu qu'elle a beaucoup de rapports avec notre Beurré blanc ou Bergamote d'Été. Nous ne con- sidérons cette poire que comme un fruit propre aux vergers dont les produits se vendent sur les marchés. » [Cahiers pomologiques, 5"^ cahier, pp. 137-138.) La note de Prévost est fort exacte en ce qui touche le nom Beurré blanc de Nantes, connu dans les pépinières d'Angers depuis longtemps déjà; mais quant à celui de Saint-François qu'y aurait antérieurement porté ce fruit, nous n'avons aucun sou- venir de l'y avoir vu appliqué. On cultive bien, il est vrai, dans nos contrées une poire Saint-François, seulement elle a la forme et la grosseur de la Saint-Germain, et s'éloigne alors complètement du Beurré dont il s'agit ici. Poire BEURRÉ DES BOIS. — Synonyme de poire Fondante des bois. Voir ce nom. 172. Poire BEURRÉ BOISBUNEL. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux: assez nombreux, érigés au sommet de la tige, étalés à sa partie inférieure, gros , longs , peu coudés , duveteux , jaune clair verdâtre, à lenticelles larges et abondantes, à coussinets des plus saillants. — Yeux : gros ou moyens, ovoïdes, cotonneux, collés contre l'écorce et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : duveteuses, ovales-allongées , entières sur leurs bords, mais légèrement ondulées; leur pétiole, long et fort, est pourvu de stipules très-développées. Fertilité. — Convenable. Culture. — C'est un poirier vigou- reux qui fait d'assez belles pyrami- des sur cognassier et s'y montre d'une croissance rapide. Récemment introduit dans notre école, on ne l'y a pas encore greffé sur franc. BEU [beurré bol] 319 Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turhinée, obtuse, ventrue. — Pédoncule : court, assez gros, arqué, charnu à la base, en partie continu avec le fruit, obliquement implanté. — Œii : large, bien ouvert, très- développé, presque saillant. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, striée, marbrée de roux, tachée de même autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanc jaunâtre, fine, ferme quoique fondante, juteuse, marcescente et légèrement pierreuse. — Eau : abon- dante, sucrée, peu parfumée, rafraîchissante, mais généralement trop acerbe. Maturité. — De la mi-septembre jusqu'à la fin de ce mois. Qualité. — Deuxième, et souvent troisième. Historique. — Cette variété, dont l'obtention eut lieu en 1846, appartient à la pomone de la Seine-Inférieure; elle fut gagnée à Rouen par L. M. Boisbunel père et provient d'un semis de pépins mélangés fait en 1835. Observations. — Si par la culture l'astringence de ce fruit ne se modifie pas , il ne fera, du moins dans notre sol, qu'une variété, de troisième ordre, et bonne plutôt pour la cuisson que pour le couteau. 173. Poire BEURRE DE BOLLWILLER. Premier Type. souvent moyenne. — Forme Description de l'ar- bre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés ou réfléchis, faibles, très-longs , coudés , vert gri- sâtre , habituellement lavés de rouge-brun à leur sommet, ayant les lenticelles fines , clair-semées , et les coussi- nets bien marqués. — Yeux : petits , ovoïdes , ordinaire- ment obtus , cotonneux, non appliqués contre le bois. — Feuilles: très-peu abondantes, de grandeur moyenne, ova- les , à bords denticulés , à pétiole long et mince. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — La vigueur de cet arbre n'est pas des plus grandes ; il prospère mieux sur franc que sur cognassier et fait toujours d'irrégulières, de chétives pyramides aux rameaux à peine garnis de feuilles. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse et turhinée -arrondie et ventrue, ou turhinée régulière 320 BEU [beurré bon — Bos] Poire Beurré de Bollwiller. Deuxième Type. légèrement obtuse. — Pédoncule: long ou assez court, faiblement arqué, bien nourri, obliquement inséré au milieu d'une dépression peu prononcée. — Œil: petit, mi-clos, bien fait, à peine enfoncé. — Peau .-jaune d'or, ponctuée de gris et de brun, striée de roux dans la cavité ombi- licale et lavée de rose tendre sur la partie frappée par le soleil. — Chaw : très- blanche , demi-fine , aqueuse , fondante , rarement pierreuse. — Eau : fort abon- dante, douce, sucrée, fraîche, excessive- ment savoureuse , ayant un arrière-goùt musqué agréable et délicat. Maturité. — De mars jusqu'aux der- niers jours de mai. Qualité. — Première. Historique. — Lorsqu'en 1842 nous la greffions pour la première fois, elle venait d'être gagnée dans le bourg de Bollwiller, prèsColmar (Haut-Rhin), par MM. Baumann frères , pépiniéristes. De- puis lors elle s'est répandue de tous côtés, en France et à l'étranger. On ne lui con- naît encore aucun synonyme, ce qui est assez rare, les bons fruits n'en manquant pas ordinairement. Observations. — Cette poire est l'une des plus précieuses variétés modernes, en raison de sa maturité très-tardive, qui cependant n'enlève rien à son exquise qualité. Ainsi, lorsqu'au début d'avril le Doyenné d'Hiver a déjà disparu, on la mange encore, pendant plusieurs semaines, aussi fraîche, aussi parfaite qu'on l'avait trouvée trois mois auparavant, alors qu'elle commençait à pouvoir sortir du fruitier. Poire BEURRE BON - CHRETIEN, nom. Synonyme de Beurré de Rance. Voir ce 174. Poire BEURRE BOSC. Synonymes. — Poires : 1. Paradis d'Automne (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultu- ral Society of London, 1842, p. 146, u° 334). — 2. BEURRÉ d'Apremont (Congrès pomologique, Liste des fruits admis dans sa session de 1857, p. 1). — 3. Cannelle (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). — 4. Carafon de Bosc ou Bosc's Flaschenbirne (Langethal, Deutsches Obstcabinet, 1860, 9* cahier). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux, étalés, gros, courts, géniculés, brun-roux grisâtre, ponctués de jaune clair et ayant les coussinets bien accusés. — Yeux : de grosseur moyenne, coniques, gris noirâtre, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales, acuminées, légèrement dentées ou crénelées , portées sur un pétiole épais et court. Fertilité. — Remarquable. BEU [beurré Rosl 321 Poire Beurré Bosc. Culture. — Il faut à ce poirier peu vigoureux, le franc pour sujet, et encore y est-il d'un développement assez tardif; mais à partir de sa troisième année il y fait de fortes et belles pyramides. Descriptiou du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : très -allongée, bosselée, légère- ment obtuse, recourbée près du sommet, quelque peu pentagone et ventrue à la base. — Pédoncule : long , assez gros , arqué, formant bourrelet à son point d'attache, obliquement inséré dans une fai- ble cavité. — OEil: petit, mi-clos ou fermé, peu enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau : jaune d'ocre ou jaune grisâtre, ponctuée de blanc sale et largement lavée de fauve clair. — Chair : des plus blanches , demi-fme , demi-cas- sante , aqueuse , sans pierres. — Fau : excessivement abondante, sucrée, vineuse, rafraîchissante, douée d'un parfum particulier d'une grande délicatesse. Maturité. — Vers la moitié d'oc- tobre et se prolongeant jusqu'à la fm du mois de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Voici com- ment M. Eugène Forney, profes- seur d'arboriculture à Paris, éta- bUssait en 1862 l'origine de ce Beurré : « M. Madiot, directeur de la pépinière départementale du Rhône, envoya au Jardin des Plantes de Paris des greffes, sans nom, de ce fruit, provenant d'un arbre très-âgé, non greffé, qui se trouve dans le bourg d'Apremont (Haute-Saône). Vers 1835, ces greffes donnèrent des fruits qui furent jugés excellents, et l'arbre fut dédié à Bosc, ancien directeur de ce Jardin I et pomologiste distingué, qui en 1793 avait sauvé de la destruction l'ancienne école des arbres fruitiers des Chartreux, et réuni la collection des vignes du Luxembourg. » [Le Jardinier fruitier, t. I, p. 202.) A ces renseignements , aussi complets que possible , nous ajouterons seulement lun mot : c'est qu'au mois d'octobre 18S1 M. le directeur du Séminaire de Vesoul ''' nous adressa une très-jolie poire « dont le pied- type, ajoutait-il en note, avait été « découvert dans la forêt d'Apremont , de laquelle on lui avait alors donné le nom « par tout le pays. » Or , ce fruit n'était autre que le Beurré Bosc ; mais nous ', nous gardons bien de le débaptiser, car depuis 1835 il est ainsi appelé chez tous ' les jardiniers , ainsi dénommé sur tous nos marchés. ' Observations. — On cultive en Belgique , sous le double nom de Beurré ou I. 21 322 BETJ [beurré bou — bre] Calebasse Bosc, un poirier qui n'a pas le moindre rapport avec celui décrit ci -des- sus. Il fut gagné par Van Mons, et l'on peut voir, plus loin, l'article que nous lui avons consacré. On doit donc éviter de confondre ces deux variétés , dont la der- nière, la Calebasse, mûrit fm septembre et n'est que de second ordre. 175. Poire BEURRE BOURBON. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nom- breux, légèrement étalés, gros, assez longs, flexueux, brun clair olivâtre, fine- ment et abondamment ponctués, à coussinets saillants. — Yeux : volumineux, ovoïdes-obtus, faiblement écartés du bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : d'un beau vert, ovales-allongées, denticulées ou crénelées, à pétiole court et épais. Fertilité. — Convenable. Culture. — De moyenne vigueur, ce poirier se 'montre sur cognassier d'un développement satisfaisant et y prend une jolie forme pyramidale ; mais il est trop nouveau dans nos pépinières pour qu'on ait pu s'y rendre compte de l'avantage qu'on doit ou non trouver à le grefter sur franc. Oescription du fruit. — Cette variété ne nous ayant encore donné aucun produit , nous ne saurions ni la décrire ni la figurer. Les quelques renseignements qui vont suivre sont donc tout ce qu'il a été possible de rencontrer pour combler la lacune existant ici : Maturité. — « D'octobre en novembre. » Qualité. — « Première. » Historique. — M. de Liron d'Airoles^ auquel nous empruntons les deux lignes ci-dessus, qu'il écrivit en 1859, annonça de plus « que ce poirier avait été gagné «vers 1858, à Poitiers, par M. Parigot, magistrat, et provenait d'un semis de « pépins variés fait en 1845. » (Voir Liste synonymique des variétés du poirier. Sup- plément, p. 7.) Poire BEURRÉ DE BOURGOGNE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire BEURRÉ BOUSSOCH. — Synonyme de Doyenné Boussoch. Voir ce nom. 176. Poire BEURRÉ BRETONNEAU. Synonymes. — Poires : 1. Docteur Bretonneau (Bivort, Annales de pomologie belge et étrangère, 1859, t. VII, p. 97). — 2. Bretonneau (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum , 1860, t. III). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, généralement étalés ou réfléchis, grêles, de longueur moyenne, coudés, vert foncé, à lenticelles fortes et rares, à coussinets ressortis. — Yeux : petits, grisâtres, BEU [beurré bre] 323 ovoïdes-arrondis, non appliqués contre l'écorce. - Feuilles : petites neu al,n„,l.n tes, lancéolées, profondément dentées, ayant ie pétiole court ermeôu Poire Beurré Bretonneau. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Très-faible sur cognassier, et même très-délicat sur franc, cet arbre est toujours des plus lents à croître; le dernier de ces sujets lui convient uniquement, et encore n'y fait-il que de chétives pyra- mides peu feuillues et peu régulières. Bescpiption du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois beau- coup plus volumineuse. — ^orme : oblongue, obtuse et ventrue. — Pédoncule: court, bien nourri, arqué, renflé à ses extrémités, obli- quement inséré au milieu d'un large évasement à bords légèrement côtelés, — Œil: grand, régulier, ouvert, assez enfoncé. — Peau : jaune d'or, ponctuée, marbrée, tachée de brun- b7ancT-f "f"™* «' '^™« "« -™- f-- du côté 5::*' rroM - a:r Dier,« f' ."'T' ^™'-f°"'^«°te> juteuse, mareescente, contenant queWs s:ri7;arfuti'°'"- - ^"^ ■ *°-^^^"'^' ^^'"''^' --^«^ vineuse, 'déS:: MAiiimTÉ, - Vers la fin de février et se prolongeant jusqu'en mai. OnALiTÉ. _ Yariable selon les localités, mais plutôt deuxième, que première cefrnit'TnT™'- ^'"™"''', ™'''™' ^""^"^ «^'^t™' «u sujet de l'origine de Mt Zé W r^l! '■'™.'"' P«"«diques consacrés à l'horticulture. Les L ont att nbue e gam de cette variété à M. de Bavay, les autres à M. Dupuv-Jamato e a Marnes (Belgque). Cependant on pouvait lire dès 1849 les ligues ci-dessons insérées par M. Alexandre Bivort dans ÏAlàum de pomologie ■ ' St m-Jl / f ' ^^- ^ ''''^'''*^ primitif provient d'un semis fait en 1818 on iRiQ H ebL constamment reste en place. » (Tome II, p. 15.) si dMnltrrlM "t^'^T"'''" ''"' "PP'"1™ * '=<=«" P»i^« 1" «o-u du médecin pas M f „^ .' "^ """ ""^ T°"' ™' à Oéplorer la perte en 1862, ce fut, non pas M. L. Berckmans, comme l'a dit le Congrès pomologique, mas bien M. de 324 BEU [beurré bro] Bavay, ainsi qu'il résulte de ce passage , extrait du Portefeuille des horticulteurs : « ..... Dédié au docteur Bretonneau^ ce fruit a reçu de M. de Bavay le nom générique de Beurré, comme un moyen de faire connaître par cette dénomination à quel groupe appar- tient cette excellente poire. » (Année 1858, tome II, p. 162.) Et M. de Bavay, nous apprend une autre publication, ayant soumis en 1846 le Beurré Bretonneau à l'examen du jury de l'exposition horticole de la ville de Liège, obtint pour ce fruit si tardif une médaille d'argent. (Yoir Revue horticole, année 1847, p. 45.) Observation». — Depuis 1847 nous multiplions ce poirier; nous avons donc souvent dégusté ses produits , sans toutefois qu'il nous ait été donné de les trouver bons uniquement pour la cuisson, ainsi qu'il est arrivé à quelques pomologues. Mais en France le sol angevin , paraît-il , n'a pas seul le privilège d'amender ce Beurré, puisqu'un horticulteur de Longjumeau (Seine-et-Oise) plaidait en ces termes, au cours de 1861, la cause du présent fruit dans un journal parisien : « Monsieur le Rédacteur, dans votre chronique du 16 janvier (pages 21 et 22) je vois la poire Bretonneau classée parmi les variétés à cuire. Quoique ce Bem-ré soit à gros grain et non fondant, il est assez juteux, présente un bon goût, et n'a pas l'âpreté de la plupart des poires à compote; aussi, depuis plusieurs années que nous le multiplions, le faisons-nous figurer dans la seconde catégorie des espèces à couteau. » [Revue horticole, 1861, p. 103.) Enfin , chez les Belges , le directeur du Jardin fruitier de la Société Yan Mons disait fort judicieusement en 1860, à la page 268 du Catalogue de cet établissement : « Le Beurré Bretonneau est presque de première qualité dans les sols légers et « chauds; il est à cuire dans les sols argileux; et il faut le cueillir tard. » 177. Poire Premier Type. BEURRE BRONZE. Synonymes. — Poires: 1. Bronzée (De- caisne , le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). — 2. Vrai Beurré bronzé (Ober- dieck, Illustrirtes Handbuck der Obstkunde, 1860, t. II, p. 327). ^Description de Tarbre. — Bois : fort. — Rameaux : très-nom- breux, étalés, gros, longs, génicu- lès , brun clair olivâtre , à lenticelles fmes et abondantes, à coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes-obtus, collés contre l'écorce. — Feuilles : grandes , ovales-arron- dies, acuminées, légèrement ondu- lées et canaliculées, ayant les bords profondément crénelés , le pétiole long et fort. FERxmiTÉ. — Satisfaisante. Culture. — Le cognassier con vient peu à cet arbre ; il faut le greffer sur franc si l'on veut qu'il prenne une jolie forme pyramidale. BEU [beurué ]!uo] 325 lleiscriiition du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et souvent moins volumineuse. — Forme : très-variable, mais affectant généralement l'oblon- gue-cylindrique bosselée et quelquefois contournée. — Pédoncule : court, gros, „ . -, ., . n •■ T lion arqué, renflé à la base, obliquement Poire Beurre bronze. — Cewariewie Jî/pe. . , ,, ... ,, o.,\ -,, implante au milieu dune faible dépression, ou continu avec le fruit. — Œil : petit , bien ouvert, régulier, rarement enfoncé. — Peau : vert-brun , marbrée de vert clair du côté de l'ombre et complètement bronzée et ponctuée de roux sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanc verdâtre, fine, fondante, aqueuse, légèrement pierreuse. — Eau : des plus abon- dantes et des plus sucrées, fort aromatique et douée d'une saveur beurrée vraiment déli- cieuse. Maturité. — Fin octobre et se conservant jusqu'en décembre. Qualité. — Première. Historique. — Obtenue par Van Mons, dans sa pépinière de Louvaiii , ce pomologue commença à la signaler en 1823, sous le n° 328 de son Catalogue; mais elle ne fut cultivée en France qu'à partir de 1832, selon M. du Breuil. [Cours d^ arboriculture, t. II, p. 569.) Les Allemands, d'après Dielet Oberdieck, la reçurent directement de Van Mons et la nommèrent Vrai Beurré bronzé, parce qu'ils avaient déjà parmi leurs poiriers un Beurré bronzé qui n'était autre, paraît-il aujourd'hui, que le Passe-Colmar. 178. Poire BEURRÉ BROUGHAM. Synonyme. — Poire Brougham (Thomas-André Knight^ Transactions of the horticultural Society of London, 1833, 2^ série, t. II, p. 64). Description de l'arbre. — Bois : très-faible sur cognassier, peu fort sur franc. — Rameaux : assez gros, bien coudés, courts, nombreux, généralement étalés, à écorce ridée, d'un brun-marron légèrement grisâtre , et à lenticelles fines, clair-semées, gris-brunâtre; leurs coussinets sont des mieux accusés. — Yeux : petits, écartés du bois, ovoïdes-pointus, fauve noirâtre, ayant les écailles entr'ou- vertes. — Feuilles : petites, ovales, faiblement dentées ou crénelées, un peu canaliculées , à pétiole grêle et de moyenne longueur. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Peu vigoureux , il demande le franc plutôt que le cognassier, croît tardivement et forme de chétives pyramides ; l'espalier lui convient beaucoup mieux; mais cet arbre, dans nos contrées, se montre toujours d'une excessive délicatesse. De»cri|itioii du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée-arrondie , Ijosselée, légèrement aplatie à ses extrémités. — Pédoncule : assez long-, bien nourri, rarement arqué, généralement renflé à l'attache, obliquement implanté à 326 BEU [beurré BRUl Poire Beurré Brougham. fleur de peau. — Œil: grand, mi-clos, placé clans un large bassin uni sur ses bords et peu profond. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, tachée de roux, lavée de gris-fauve du côté du soleil. — Chaii^ : blanchâtre, demi-fme, fondante, juteuse, pierreuse au centre. — Eau : abon- dante, sucrée, vineuse, manquant par- fois de parfum, mais toujours délicate. Maturité. — D'octobre en novembre. Qualité. — Deuxième, et souvent première. Historique. — Elle a été gagnée de semis en Angleterre, en 1831 ou 1832, par Thomas-André Knight, ancien pré- sident de la Société d'Horticulture de Londres. Il la décrivit en 1833, et apprit alors à ses collègues que lord Brougham ayant constaté la bonté de ce nouveau fruit, avait bien voulu permettre qu'on lui donnât son nom. (Voir les Transac- tions de cette Société, 2* série, t. II, p. 64.) Observations. — Nous ignorons si le sol de l'Angleterre est plus favo- rable que le nôtre à la culture de ce poirier, mais dans l'Anjou il nous a fallu renoncer, après plusieurs années d'essai, à le multiplier, tellement il demeurait malingre et chétif . Ce fut M. de Bavay qui nous l'envoya de Bruxelles , vers 1848, portant l'étiquette Beurré Brougham , dénomination sous laquelle il est, du reste, généralement connu en France, Aussi croyons-nous plus convenable de la lui conserver, que de lui rendre son nom primitif : poire Brougham. 179. Poire BEURRE BRUNEAU. Synonjines. — Poires •■ 1. Crassane d'Hiver de Bruneau (André Leroy, Catalogue de ses cultures , 1846, p. 17). — 2. De Saint-Herblain {M. ibid., 1849, p. 17, n» 47). — 3. Crassane Bruneau {Id. ibid., 1855, p. 27, n° 62). — 4, Bergamote crassane de Bruneau (de Liron d'Airoles, Liste syno- nymique des diverses variétés du poirier, 1859, p. 30). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Bameaux : peu nombreux, faiblement arqués et étalés, de force moyenne, courts, rarement très-géniculés , fauve grisâtre, lavés de carmin vers leur sommet, ayant les lenticelles assez larges et assez rapprochées, les coussinets presque aplatis et les mérithalles des plus courts. — Yeux : gros, coniques, pointus, extrêmement écartés du bois. — Feuilles : peu abondantes, ovales-allongées, à bords finement crénelés, à pétiole long et fort. Fertilité. — Moyenne. Culture. — Ce poirier n'est pas d'une grande vigueur; nous le greffons sur franc BEU [beurré bruJ 327 Poire Beurré Bruneau. ou sur cognassier; mais ses pyramides, quel que soit le sujet qu'on lui ait donné, sont toujours petites et surtout peu touffues. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyen- ne. — Forme : turbinée fortement obtuse et ventrue, et générale- ment un peu bosselée. — Pédon- cule : long , bien nourri , renflé à ses extrémités, rarement arqué, inséré perpendiculairement dans un large et profond évasement à bords unis. — OEil : grand, mi-clos ou fermé, très-irrégulier, placé dans un bassin profond et arrondi. — Peau : jaune-orange, ponctuée de gris et de rouge- brun, striée de fauve dans la ca- vité ombilicale, et portant par- fois quelques taches grisâtres et squammeuses. — Chair : blanc jaunâtre, assez fine, mi-fondante, juteuse, peu pierreuse. — Fau: abondante, acidulé, sucrée, vi- neuse, faiblement parfumée, sou- vent acerbe. Maturité. — De novembre à février. Qualité. — Deuxième. Historique. — Depuis une trentaine d'années nous multiplions cette variété, que son promoteur nous avait adressée de Nantes sous le nom de Beurré Bruneau , qui bientôt compta différents synonymes. En 1857, M. de Liron d'Airoles en constatait l'origine dans une publication belge : « L'arbre-mère — disait-il — a joris naissance à la Bourdinière , commune de Château- Thibaut (Loire-Inférieure), propriété appartenant à M. Ruet, de Nantes. Son premier rapport connu ne remonte pas au delà de t830. Ce fut en 1835 que M. François Bruneau, pépiniériste au jardin du Pavillon, à Nantes, put déguster cette poire, en constater la nouveauté et la communiquer aux pépiniéristes d'Angers. » {Annales depomologie belge et étrangère, t. V, p. 11 .) Observations. — Un de nos éminents pomologues, en décrivant il y a quelques années la Bergamote crassane, classait le Beurré Bruneau parmi les synonymes de cette très-ancienne variété. Évidemment il y a eu là erreur de copiste, car on ne saurait confondre ainsi deux espèces dont les caractères sont précisément des plus différents, des plus tranchés. 180. Poire BEURRE DE BRUXELLES. S^-nonymes. — Poires : 1. Belle de Bruxelles (Noisette, le Jardin fruitier, édition de 1839, p. 12i). — 2. De Coq (Willermoz, Observations sur le genre poirier, 1848, p. 139). — 3. Niel (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Bameaux : très-peu nombreux, faiblement étalés, courts et des plus gros, légèrement coudés, duveteux, vert foncé, 328 BEU [beurré bru] à lenticelles fortes et abondantes _, à coussinets presque nuls. — Yeux : excessive- ment petits, larges à la base, aplatis au sommet, collés complètement contre l'écorce. — Feuilles : assez grandes, épaisses, cotonneuses, ovales-arrondies , sou- vent canaliculées, ayant les bords presqu'unis et le pétiole court et très-nourri. Poire Beurré de Bruxelles. Fertilité. — Satisfaisante. . Culture. — Poirier des plus vigou- reux, il réussit non moins bien sur cognassier que sur franc; il déve- loppe très- vite son écusson ; mais ses pyramides , quoique fortes , man- quent généralement de régularité, vu leur mauvaise ramification. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : très-allongée, bosselée, assez obtuse, toujours bien ventrue vers l'œil. — Pédoncule : des plus longs, de force moyenne, arqué, renflé à ses extrémités, inséré obliquement et à la surface du fruit. — OEil : grand, excessivement ouvert^ à peine enfoncé. — Peau : un peu rude au toucher , jaune verdâtre , ponctuée de brun clair, maculée de même au- tour du pédoncule et lavée de rose tendre du côté du soleil. — Chair : très-blanche , très-fine , demi-cas- sante, aqueuse, légèrement pierreuse auprès des loges. — Eau: abondante, sucrée, acidulé, plus ou moins par- fumée, rafraîchissante, fort agréable. Maturité. — Commencement de septembre et se prolongeant une dizaine de jours. Qualité. — Première. Historique. — « Elle a été rap- « portée du Brabant, son pays origi- « naire, par M. Louis Noisette, a dit Poiteau en 1846 ; et elle a mûri pour la première « fois à Paris, dans l'étabhssement de ce pépiniériste, en 1813. » [Pomologie française, t. III, n" 5.) Noisette lui donna le nom de Belle de Bruxelles, justifié par le beau coloris de sa peau ; mais bientôt elle fut aussi appelée poire de Coq , et notamment dans le Catalogue du Jardin des Plantes, où dès 1824 on l'inscrivit sous ce surnom, que M. Decaisne lui a rendu tout récemment. Quant à nous, ayant en 1846 tiré ce poirier de la collection du Comice horticole d'Angers, dans laquelle il était éti- queté Beurré de Bruxelles, nous jugeons bon de lui conserver ici cette dénomina- tion, pour éviter à l'avenir toute confusion entre la Belle de Bruxelles avec pépins, qui est le présent fruit, et la Belle de Bruxelles sans pépins, dont on peut lire J3EU BEURRE BUR 329 plus haut (page 193) la description. Nous eussions volontiers adopté le nom que lui a choisi M, Decaisne — poire de Coq — si notre école ne renfermait déjà une variété ainsi qualifiée, et dont nous devrons d'autant mieux nous occuper, qu'elle diffère entièrement de l'espèce cultivée sous ce même nom dans les jardins du Muséum de Paris. ObservatioiBS. — Quelques pomologues ont cru la poire Vicomte de Spœlberg identique avec le Beurré de Bruxelles ; c'est une erreur, ces deux fruits mûrissent constamment, chez les pépiniéristes angevins, le premier vers la mi-décembre, et le second à la fin de l'été. Poire BEURRÉ BURCHARDT. — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien. Voir ce nom. 181. Poire BEURRÉ BURNÏCQ. Description de l'ai'bre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, légèrement étalés et arqués, gros, longS;, géniculés, renflés à leur som- met , cotonneux , brun clair, lavés de rouge obscur, à lenticelles fines et clair-semées , à coussinets assez saillants. — Yeux : petits ou moyens, coniques, aigus, non appliqués con- tre le bois. — Feuilles : épaisses, vert jaunâtre , de grandeur moyenne , ovales-allongées, ayant les bords fai- blement et irrégulièrement denticu- lés, le pétiole court, fort et rosé. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — On le greffe indistinc- tement sur franc ou cognassier; sa vigueur est remarquable non moins que ses pyramides, qui sont des plus touffues et des plus hautes. Description dit fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée , ventrue , obtuse , régulière. — Pédoncule : long, mince, droit ou légèrement arqué , oblique- ment inséré à fleur de peau. — OFil : petit , mi-clos ou fermé , contourné , presque saillant. — Peau : jaune brillant, ponctuée de fauve, largement marbrée de même, striée de brun dans le bassin 'ombilical, et très-souvent colorée de rouge sombre sur la partie exposée au soleil. — Chair : un peu verdàtre, excessivement fine, aqueuse, fondante, rarement pierreuse. — Eau : des plus abondantes, sucrée, aigrelette, délicieusement parfumée. 330 BEU [beurré cabi — cap] Maturité. — Fin septembre et se prolongeant jusqu'à la moitié d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Yariété peu répandue en France, quoique méritant bien la culture, elle appartient à la Belgique. Quant à son âge, quant à son obtenteur, M. Bivort va nous les faire connaître : « Elle provient des semis du major Espéren — dit cet auteur. — Sa première production eut lieu en 1846, et ce fruit fut dédié par son inventeur à feu M. Burnicq, curé à Lasnes (Belgique). » [Album de pomologie , 18S0, t. III, p. 4.) Poire BEURRÉ DE CAMBRON. — Synonyme de Beurré d'Arenberg (en France). 182. Poire BEURRÉ CAPIAUMONT. Synonymes. — Poires ; 1 . Beurré Aurore ( Prévost^ Cahiers pomologiques, 1 839, p. 15 ). — 2. Bedrré Gapiémoint ( Id. ibid.). — 3. Beurré Capiomont [Id. ibid.). — 4. Aurore (Decaisne, le Jardin frui- tier du Muséum, 1858, t. I). — 5. Capiaumont {Id. ibid.). — 6. De la Glacière {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Ba- meaux : nombreux, généralement érigés ou un peu étalés, gros, assez longs, très-coudés, brun-fauve rou- geâtre, tachetés de gris, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets bien ressortis. — Yeux : volumi- neux, ovoïdes , duveteux , non ap- pliqués contre l'écorce et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : grandes, abondantes, ovales-allon- gées, profondément dentées ou cré- nelées , contournées et portées sur un pétiole court, épais et pourvu de longues stipules. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Assez vigoureux, cet arbre se grefïe sur toute espèce de sujet ; son développement est vif et ses pyramides prennent une jolie forme, comme elles sont aussi for- tes et feuillues. Description du fruit. — Grosseur : assez considérable. — Forme : très- allongée, très-ventrue vers l'œil, mais diminuant beaucoup de volume auprès du sommet, qui est légèrement obtus et mamelonné. — Pédoncule : court, de force moyenne, arqué, généralement inséré à fleur de peau, obliquement et en dehors de l'axe du fruit. — Œil : moyen, ouvert, régulier, presque saillant. — Peau : BEU [beurré cap — cat] 331 épaisse, rugueuse, jaune d'ocre clair, ponctuée et marbrée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et habituellement recouverte d'une légère teinte rosée du côté du soleil. — Chair : blanche, à filaments verdâtres, fine, mi-fondante, aqueuse, un peu pierreuse au-dessous des loges. — Eau : abondante, sucrée, aromatique, aigrelette, fort délicate. Maturité. — De la fin de septembre jusqu'à la fin d'octobre. Qualité. — Première pour le couteau ainsi que pour la compote. Hiistorique. — Longtemps on a voulu voir dans le Beurré Capiaumont un fruit distinct du Beurré Aurore, mais aujourd'hui les pépiniéristes sont générale- ment convaincus qu'ils n'ont là qu'une seule et même variété. Dans l'Anjou — où dès 1831 on cultivait ce poirier sous le nom fautif de Beurré Aurore, que lui avait valu, sans doute, la couleur particulière dont parfois le soleil revêt sa peau — dans l'Anjou, chacun aujourd'hui fait ce nom synonyme de Beurré Capiaumont, d'accord ainsi avec MM. Prévost (1839), Bivort (1849), Decaisne (1858), Eugène Forney (1862), etc., etc. Introduite en France en 1827, selon le dernier des écri- vains que nous venons de nommer, cette poire nous a été fournie par la Belgique, et voici quelle fut son origine : « Elle provient des semis de M. Capiaumont, pharmacien à Monsj sa première production date de 1787 J'ai établi la vraie manière d'écrire le nom de cette variété d'après la signa- ture même de son obtenteur. » (Bivort, Album de pomologie, 1849, t. II, pp. 87-88.) Observatioiifg. — Les Allemands tiennent ce fruit en grande vénération, et le prétendent « sorti d'un semis de pépins de Beurré gris. » Nous trouvons ce rensei- gnement dans le Deutsche& Obstcabinet, publié en 1860 sous la direction du docteur Langethal; transcrivons-le donc, mais comme une simple note dont rien ne garantit l'authenticité, car le pomologue qui l'y a consigné ne dit pas où il l'a puisé. — Tous les sols ne sauraient convenir à ce poirier; il lui faut surtout un ter- rain de première nature; aussi le voit-on souvent donner, dans une même contrée, et des produits excellents et des produits médiocres. Ce qu'a, du reste, déjà constaté l'un de nos estimables confrères , M. Gagnaire fils , pépiniériste à Bergerac (Dordogne) : « La poire Beurré Capiaumont — a-t-il dit — est de toute première qualité à Bergerac, tandis qu'à vingt-cinq kilomètres de cette ville elle n'est bonne que cuite. » {Revue horti- cole, 1860, p. 116.) Poires BEURRÉ CAPIÉMONT et BEURRÉ CAPIOMONT. — Synonymes de Beurré Capiaumont. Voir ce nom. 183. Poire BEURRE CATY. DeHcription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, érigés au sommet de la tige, arqués et étalés vers la base, gros, longs, peu flexueux, vert clair légèrement brunâtre et grisâtre, ayant les lenticelles saillantes, larges, abondantes, et les coussinets bien ressortis. — Yeux : moyens, ovoïdes-arrondis noyés dans l'écorce. — Feuilles : grandes, elliptiques, contournées, profondément 332 BEU [beurré cer] dentées ou crénelées, à pétiole long, mince et pourvu de stipules excessivement développées. Poire Beurré Caty. Fertilité. — Bonne. Culture. — Encore tout nouveau dans nos pépinières, ce poirier s'y montre assez vigoureux sur cognas- sier et il y fait de fortes pyramides, mais nous ignorons comment il se comporte sur franc. Iteseriptioii du fruit. — Gros- seur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée-arrondie , mamelon- née au sommet et ayant générale- ment un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : de longueur moyenne , mince, non arqué, très-charnu à la base , continu avec le fruit et oblique- ment inséré. — Œil : petit , régulier, ouvert , faiblement enfoncé. — Peau : jaune obscur, ponctuée de brun clair^ veinée de même , striée de roux dans le bassin ombilical et souvent tachée autour du pédoncule et sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche, fme, fondante, un peu pierreuse au centre. — Eau: suffisante, aigrelette, sucrée, savoureuse. Maturité. — Fin janvier, se prolongeant jusqu'en mars. Qualité. — Première. Historique. — En 1862 nous avons reçu cette variété, de Belgique, des pépi- nières de M"''' veuve L. de Bavay et fils, sises à Vilvorde-lez-Bruxelles. C'est un gain de M. le docteur Héhn, demeurant à Ronquières, près Braine-le-Comte , dans le Hainaut. Son obtention eut lieu vers 1858. Poire BEURRÉ DU CERCLE. Rouen. Yoir ce nom. Synonyme de Beurré du Cercle pratique de 184. Poire BEURRÉ DU CERCLE PRATIQUE DE ROUEN. S-ynonjJoxe. — Poire Beurré du Cercle ( André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1863, p. 30^ u° 114). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, étalés vers la base de la tige, érigés au sommet, gros, longs, flexueux, un peu cotonneux, rouge clair olivâtre, abondamment et finement ponctués, ayant les coussinets bien ressortis. — Yeux : assez volumineux, coniques-pointus, non adhérents et souvent BEU [BEURRÉ CHA] 333 placés en éperon ; leurs écailles sont habituellement entr'ouvertes. — Feuilles : de grandeur moyenne;, ovales-allongées, arquées, canaliculées, à bords unis ou fai- „ . „ . ^ „ , . , „ blement denticulés , à pétiole court et épais. Poire Beurre du Cercle pratique de Rouen. - Fertilité. — Excessive. Culture. — C'est un arbre vigoureux poussant parfaitement sur cognassier et y formant de belles pyramides ; il ne saurait manquer de prospérer également sur franc ; toutefois ce sujet ne lui a pas encore été donné dans nos pépinières. Description dut fi'iiit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : allon- gée , obtuse , généralement déprimée d'un côté, surtout auprès de l'œil. — Pédoncule : court, assez gros, droit, obliquement in- séré, continu avec le fruit. — OEil : moyen, mi-clos , contourné , presque saillant. — Peau : rude au toucher^, à fond jaune-paille, recouverte en partie d'une teinte bronzée, parsemée de points gris-blanc, et parfois colorée de rose tendre. — Chair : verdâtre, fine, juteuse, fondante, très-pierreuse. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, douée d'une saveur beurrée des plus délicates. Maturité, — B'in septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — M. Boisbunel fils, pépiniériste à Rouen, est l'obtenteur de cette variété. Il l'a décrite en 1857 dans le Bulletin du Cercle pratique d' Horticulture et de Botanique de la Seine- Inférieure , en annonçant « qu'elle provenait d'un semis de « 1845 et qu'il la nommait Beurré du Cercle pratique de Rouen, en mémoire de « la bienveillance avec laquelle le Cercle avait accueilli ses essais pomologiques. o (Page 172.) La première fructification du pied-type date de 1856. Observations. — La longueur inusitée du nom de ce poirier, fait que géné- ralement on le raccourcit de moitié. On dit, on écrit Beurré du Cercle. Suppression fâcheuse, car les mots ainsi retranchés sont précisément ceux qu'il importerait le plus de maintenir. Mais- aussi, avouons-le, la nomenclature arboricole exige avant tout de courtes , de simples dénominations , surtout pour les espèces fruitières ; on doit donc s'efforcer de ne pas la surcharger inutilement de termes peu connus ni de noms interminables. Poire BEURRÉ DES CHAMPS. — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien, Voir ce nom. Poire BEURRÉ DES CHARNEUSES. — Synonyme de poire Fondante de Charneu. Voir ce nom. 334 BEU [beurré cha] Poire BEURRÉ CHAPMANN. — Synonyme de poire Passe- Colmar. Voir ce nom. Poire BEURRÉ CHAPTAL. — Synonyme de poire Chaptal. Voir ce nom. 185. Poire BEURRÉ CHARRON. Deseriptiou de l'arbre. — Bois : très-faible. — Rameaux : assez nombreux , étalés , grêles , courts, géniculés, brun foncé, à lenti celles fines et rapprochées, à coussinets aplatis. — Yeux : de grosseur moyenne , ovoïdes , légè- rement écartés du bois, ayant les écailles bombées et disjointes. — Feuilles : ovales ou elliptiques, acu- minées, faiblement dentées en scie, portées sur un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Convenable. Culture. — Le franc est le seul sujet qui convienne à cet arbre peu vigoureux et dont les pyramides sont chétives et irrégulières. Description dii friiit. — Grosseur : moyenne. — Forme : variant entre la globuleuse et la turbinée-arrondie. — Pédoncule : court, gros, droit, souvent con- tinu avec le fruit et régulièrement inséré au milieu d'une large dépression que surmonte un mamelon bien prononcé. — OEil : petit, ouvert, contourné, assez enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de roux, tachetée de même, surtout du côté du soleil et autour de l'œil. — Chair : verdâtre, fine, fondante, aqueuse, rarement pierreuse. — Eau : excessivement abondante, sucrée, vineuse, rafraî- chissante^ déhcieusement parfumée. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Gagnée de semis à Angers en 1838, par M. Charron, cultiva- teur au heu de Bel- Air, faubourg de Pierre-Lise, cette poire fut présentée l'année suivante au Comice horticole de Maine-et-Loire, qui la trouva excellente et la nomma Beurré Charron. [Bulletins de cette Société, 1840, t. II, p. 43.) 186. Poire BEURRÉ CHATENAY. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, érigés au sommet de la tige, arqués et étalés vers la base, de moyenne grosseur, longs, peu coudés, vert clair légèrement grisâtre, à lenticelles abondantes, larges et Poire Beurré Chatenay. BEI! [beurré cha — cla] 335 saillantes, à coussinets ordinairement bien accusés. — Yeux : moyens, ovoïdes- arrondis, noyés dans l'écorce. — Feuilles: grandes, elliptiques-allongées , souvent contournées sur elles-mêmes, profondément dentées ou crénelées, ayant le pétiole long, roide, épais et accompagné de stipules des plus développées. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Sa croissance est rapide et sa vigueur ne laisse rien à désirer ; on lui donne indistinctement le franc ou le co- gnassier, et sur chacun de ces sujets les pyramides qu'il fait sont aussi fortes que régulières. Hescription du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : ovoïde, bosselée et habituellement contour- née. — Pédoncule : court, mince, droit, obliquement implanté à la surface. ~ Œil : petit, ouvert, irrégulier, peu enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, ponctuée, mar- brée de gris, entièrement lavée de roux clair du côté du soleil. — Chair : blanche, demi-fine, aqueuse, fondante, légèrement pierreuse au centre. — F au : abondante, sucrée, très-parfumée , ayant une saveur beurrée bien accentuée. Maturité. — Du commencement de novembre jusqu'à la fin de ce même mois. Qualité. — Première. Historique. — Elle a été gagnée dans le département de Maine-et-Loire, commune de Doué-la-Fontaine, par M. Pierre Chatenay, pépiniériste. Son obtention date de 1846. Après une étude complète de cette variété de choix, nous l'avons mise dans le commerce en 1855. Poire BEURRÉ DE CHAUMONTEL. — Synonyme de Besi de Chaumontel. Voir ce nom. Poire BEURRÉ CITRON. — Synonyme de poire Général de la Moricière. Voir ce nom. 187. Poire BEURRÉ CLAIRGEAU. Synonymes. — Poires : 1, Clairgeau (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV). — 2. Clairgeau de Nantes (M. ihid.). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : habituellement assez nombreux, régulièrement. érigés, gros, courts, très-géniculés , jaune brun clair, à lenticelles allongées ,• larges et rapprochées , à coussinets peu accusés. — Yeux : des plus volumineux, pointus, coniques, généralement sortis en éperon, ayant les écailles bombées et mal soudées. — Feuilles : légèrement coriaces , vert jaunâtre , 336 BEU [beurré cla] lavées ordinairement de rouge pâle, ovales, finement dentelées, portées sur un pétiole de longueur moyenne, roide et très-gros. Poire Beurré Clairgeau. Fertilité. marquable. Re- CULTURE. — De vigueur moyenne , ce poirier se greffe sur cognassier ou sur franc; d'un déve- loppement précoce, il fait dès sa pre- mière année des ar- bres assez forts, qui restent faibles l'an- née suivante ; ses pyramides sont jo- lies, mais peu hau- tes. Description dai fruit. — Gros- seur : considérable. — Forme : turbinée excessivement al - longée , bosselée , légèrement obtuse, souvent un peu con- tournée. — Pédon- cule : très -court, droit , assez fort , renflé à sa partie supérieure, oblique- ment implanté à la surface de la peau , et parfois en dehors de l'axe du fruit , dans une petite dé- pression à bords presque toujours accidentés. — OFil : moyen, rond, ouvert, à peine enfoncé. — Peau : jaune grisâtre, ponctuée de vert et de brun, maculée de fauve autour du pédoncule et lavée de vermillon sur le côté qui regarde le soleil. — Chair : des plus blanches , demi-fme , fondante , juteuse , peu pierreuse. — Fau : abondante, acidulé, vineuse, sucrée, douée d'un arôme particulier, agréable et déhcat. Maturité. — Yariable , mais allant habituellement de la fm d'octobre jusqu'à la fin de décembre. Qualité. — Première. Historique. — Obtenu à Nantes, le pied-mère de ce poirier fut ensuite vendu aux Belges, qui devinrent en quelque sorte ses véritables promoteurs. Du reste, BEU [beurré clo'I 537 voici les renseignements que nous avons rencontrés sur son origine, ils sont aussi complets qu'authentiques : (( Le Beurré Clairgeau est venu de fruits enterrés par hasard. [vers 1838], par Pierre Clairgeau, jardinier à Nantes, rue de la Bastille Son premier rapport a eu lieu en 1848 Cette poire a été présentée le 22 octobre à la Société d'Horticulture de la Loire -Inférieure, par son obtenteur qui la croit issue d'un Beurré et d'une Duchesse d'Angoulême » (De Liron d'Airoles, Revue horticole, 1849, p. 61, et Notices pomologiques , 1858, t. I, p. x de rinti'oduction et p. 1 du texte.) « Le pied-mère du Beurré Clairgeau faisait en 1851 partie de la collection de M. de Jonghe, horticulteur à Bruxelles, qui l'ayant acheté dix-huit francs cette même année l'avait planté dans son jardin de Saint-Gilles. » (Forney, le Jardinier fruitier, 1862, t. I, p. 209.) Observations. — Tout est plus ou moins variable, dans ce fruit : forme, grosseur , maturité , qualité ; cependant s'il arrive qu'on le trouve parfois de second ordre, il est généralement de premier. Son volume, toujours considé- rable, accuse assez fréquemment un poids allant de 500 à 700 grammes; et la Société d'Horticulture de Paris médaillait en 1831 une de ces poires qui pesait 1 kilogramme. Quant à sa maturité, il est rare qu'elle commence avant le mois d'octobre, et plus rare encore qu'elle se prolonge au delà des premiers jours de janvier. 188. Poire BEURRÉ CLOTAIRE. Descriptioii de l'arbre. — Bois : fort. — Hameaux .• nombreux, érigés ou légèrement étalés , de gros- seur et de longueur moyennes , géni- culés, cotonneux, brun olivâtre, fine- ment ponctués de jaune pâle, ayant les coussinets peu ressortis. — Yeux : assez petits , ovoïdes - pointus , non complètement collés contre l'écorce. — Feuilles : petites ou moyennes, ovales- allongées , planes ou contournées , à bords faiblement denticulés , à pétiole court et menu. Fertilité. — Grande. Culture. — Sa vigueur est conve- nable et sa croissance toujours hâtive ; le sujet qu'il semble préférer, c'est le cognassier, sur lequel il prend une forme pyramidale régulière et satis- faisante. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, légèrement étranglée près du sommet, qui est plus ou moins mamelonné. — Pédoncule : long, bien nourri, recourbé, parfois renflé à la base, régulièrement inséré au milieu d'une faible dépression. — Œil: grand, I. 22 338 BEU [beurré colJ mi-clos, arrondi, presque saillant. — Peau : jaune d'ocre, largement et fortement ponctuée de roux verdàtre , et montrant quelques taches brun clair ordinairement squammeuses. — Chair : blanchâtre, fme, aqueuse, fondante, pierreuse autour des loges. — Bau : abondante, sucrée, vineuse, assez délicate. Maturité. — Gourant de septembre, et le plus habituellement vers la moitié de ce mois ; elle se prolonge une dizaine de jours. Qualité. — Deuxième. Historique. — L'arbre qui servit à la propagation de ce Beurré, fut trouvé en 1854 par M. Clôt, propriétaire au lieu deFrémur, commune de Sainte-Gemmes- sur-Loire, à trois kilomètres d'Angers. C'était un jeune sauvageon des plus fertiles et qu'on s'empressa de multiplier/ car ses produits convenaient beaucoup pour la halle. Nous ignorons quel motif le fit appeler Clotaire, au Ueu de Clôt; mais il est certain qu'un tel nom, si l'on n'en connaissait pas aussi bien l'origine, eût pu, dans l'avenir, causer quelque plaisante erreur chez les pomologistes. Peut-être auraient-ils cru ce fruit contemporain des premiers Francs, et dédié pour lors à l'un des Clotaire , à l'un de ces rois dont nous séparent au moins une douzaine de siècles 1 . . . 189. Poire BEURRÉ COLMAR. Synonymes. — Poires : 1. Beurré d'Enghien (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1849, n° 318). — 2. Beurré Golmar d'Automne (Downing, the Fruits and fruit trees of America, édition de 1863, p. 472). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : très- nombreux, habituellement éta- lés , assez gros , peu longs , coudés, cotonneux, brun clair verdàtre, largement ponctués, ayant les coussinets saillants et les mérithalles généralement longs. — Yeux : moyens, ovoï- des, duveteux, collés contre le bois. — Feuilles : assez grandes, ovales-allongées, réguhèrement dentées en scie , canaliculées et contournées, ayant le pétiole long et grêle. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Doué d'une grande vigueur, cet arbre, dont le développement est hâtif, pros- père aussi bien sur cognassier que sur franc; -ses pyramides sont très-touffues, fortes et assez jolies. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : ovoïde, bosselée, irrégulière, — Pédoncule : BEU [beurré colT 339 court, rarement recourbé, bien nourri, renflé à ses extrémités, obliquement ou perpendiculairement inséré dans une étroite cavité à bords inégaux. — Œil: large, très-dé veloppé, mi-clos, assez enfoncé. — Peau : jaunâtre ,. ponctuée de brun et de fauve, fortement marbrée et tachée de roux, souvent lavée de carmin du côté du soleil. — Chair : blanche, demi-fme, fondante, juteuse, contenant quelques pierres autour des loges. — Eau : abondante, sucrée, faiblement parfumée, possédant une saveur aigrelette des plus agréables. Maturité. — De la mi-octobre jusqu'à la mi-décembre. Qualité. — Première. Historique. — Cette espèce fut gagnée en Belgique, avant 1823, par feu Yan Mons, et introduite dans les jardins français vers 1830. En 1832 elle y était encore peu répandue , aussi le botaniste Poiteau appelait-il sur ce Beurré l'attention des pépiniéristes dans le numéro d'octobre de la Revue horticole^ observant qu'on la multipliait surtout à Boulogne-sur-Mer. chez M. Cayeux, qui l'avait reçue de Yan Mons. Observations. — Depuis 1849 nous propagions un Beurré d'Enghien dans lequel nous venons de reconnaître présentement le. Beurré Colmar, grâce à la savante publication pomologique de M. Oberdieck, intitulée Illustrirtes Handbuch der Obstkunde (1860, t. II, p. 53). Ce poirier si fautivement nommé sortait de la collection du Comice horticole d'Angers, où il portait alors le n° 65. Le vrai Beurré d'Enghien, dédié par Yan Mons, également son obtenteur, au fils du prince de Condé, se mange en août, et blettit aussitôt mûr. On voit donc qu'on ne saurait confondre cette variété précoce avec le Beurré Colmar, qui va jusqu'au mois de décembre ; mais comme elle n'est guère cultivée qu'en Belgique et en Allemagne , il devenait assez difficile de contrôler l'identité de notre fausse espèce, contre laquelle, du reste, aucune réclamation n'avait encore surgi. — Colmar Yan Mons n'est pas , ainsi que l'indiquent quelques Catalogues, synonyme de Beurré Colmar ; il l'est uniquement de Colmar des Invalides. Et nous ajouterons que la poire Colmar d'Automne nouveau, dont le nom pourrait bien amener aussi quelque méprise du même genre , n'a rien non plus qui puisse y prêter. Poire BEURRÉ COLMAR D'AUTOMNE. — Synonyme de Beurré Colmar. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ COLMAR GRIS. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Yoir ce nom. 190. Poire BEURRÉ COLOMA. Synonymes. — Poires : 1. Beurré du Coloma (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839^ p. 17). — 2. Capucine d'Automne (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1855, p. 38, n" 528). — 8. CoLOMA (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1864, tome VI). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, faible- ment arqués et étalés, gros, longs, bien coudés, vert herbacé légèrement brunâtre, ayant les lenticelles rapprochées et excessivement larges, et les coussinets ressortis. 340 BEU [beurré col] — Yeux : moyens, coniques, à écailles disjointes, non appliquées contre l'écorce, et souvent même placés en éperon. — F'euilles : grandes, habituellement ovoïdes- allongées , profondément dentées sur leurs bords et munies d'un pétiole long , roide et très-gros. „ . „ . „ , Fertilité. — Peu commune. Poire Beurre Coloma. Culture. — De vigueur moyenne, il prospère mieux sur franc que sur cognassier ; ses pyramides sont belles et régulières. Deseription du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : des plus allongées, obtuse, bosse- lée, renflée au milieu, sensiblement rétrécie aux extrémités, en un mot, ressemblant généralement à un coing. — Pédoncule : de longueur moyenne, peu arqué , bien nourri, renflé à la base , obliquement im- planté au milieu d'un faible évase- ment. — Œil : petit, mi-clos ou fermé , placé dans une assez large cavité dont les bords sont inégaux et plissés. — Peau : jaune d'or, semée de légers points verdâtres et largement colorée de vermillon du côté du soleil. — Chair : blanche, flne, compacte, juteuse, mi-cas- sante, pierreuse au centre. — Eau: abondante , vineuse , aigrelette , d'agréable saveur. Qualité. — Deuxième. Maturité. — Yers la moitié d'oc- tobre , et dépassant rarement ledit mois, car ce Beurré blettit très- promptement. Historique. — Cette variété porte le nom de son obtenteur, le comte de Coloma, né à Malines en 1746 et décédé au même lieu, en 1819. Il la gagna vers le commencement de ce siècle , dans l'enclos antérieurement possédé par les reli- gieuses Urbanistes , et qu'il avait acheté afln de s'y livrer à l'aise à son goût pour la pomologie , pour l'horticulture en général . Observations. — Il est une poire fort connue des amateurs, V Urbaniste, quij ayant été trouvée vers 1786 par le même comte de Coloma dans le verger du couvent dont nous venons de parler, fut d'abord appelée Coloma, puis Coloma d'Automne. Quoique ces dénominations ne lui soient plus appliquées depuis de lon- gues années, il est bon de noter qu'au cas où on les verrait classées parmi les synonymes de l'Urbaniste, on devrait se garder de supposer que ce dernier fruit BEU [beurré col — cur] 341 put avoir quelque chose de commun avec le Beurré Coloma ici décrit. — Quant à la poire Capucine d'Automne^ gain prétendu de Van Mons , nous lui avons constam- ment reconnu tous les caractères dudit Beurré. Poire BEURRÉ DU COLOMA. — Synonyme de Beurré Coloma. Voir ce nom. Poire BEURRÉ CONNING. — Synonyme de Beurré de Koning. Voir ce nom. Poire BEURRE A COURTE QUEUE. — Synonyme de poire Doyenné. Voir ce nom. Poire BEURRÉ CULLEM. — Synonyme de Besi de Montigny. Voir ce nom. Poire BEURRÉ CURTEL. — Synonyme de Beurré Curtet. Voir ce nom. 191. Poire BEURRE CURTET. Synonymes. — Poires : 1. Beurré Curtel (Prévost, Cahiers pomologiques , 1839, p. 82), — 2. Beurré Cutter {Id. ibid.). — 3. Comte de Lamy (Thompson, Catalogue of fruits of fhe horti- cultural Society of London, 1842, p. 133). — 4. Comte Lamy (Comice horticole d'Angers, Cahiers de de'gustalions, 1843, p. 112). — 5. Beurré Quetelet (Biy ovt, Album de pomologie, 1847, t. I, p. 12). — 6. Bis-CURTET {Id. ibid.). — 7. DiNGLER (Idem, Annales de pomologie belge et étrangère, 1854, t. 11, p. 69). — 8. Henry Van Mons (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1864, t. Il, n" 77 ). , Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Ba- meaux : nombreux , érigés , assez gros et assez longs, peu coudés, rouge foncé légèrement grisâtre, à lenticelles larges et clair-semées, à coussinets aplatis. — Yeux : mo- yens ou petits, ovoïdes, noyés dans l'écorce et ayant les écailles noirâ- tres. — Feuilles : d'un beau vert luisant , grandes , habituellement ovales-arrondies et irrégulièrement dentées, portées sur un pétiole très- fort et de longueur moyenne. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Cet arbre, dont le développement est ordinaire , se montre toujours un peu faible, soit sur franc, soit sur cognassier; néanmoins il fait des pyramides élancées, régulières et toujours d'une très-jolie forme. Deseriptioii du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : variant entre la 342 BEU [beurré cur — cut] turbinée-oblongue et la turbinée-globuleuse , mais constamment mamelonnée au sommet. — Pédoncule : court ou très-court, bien nourri, non arqué, obliquement ou perpendiculairement inséré à fleur de peau. — OEil : petit, mal formé, mi-clos, peu enfoncé. — Peau : jaune pâle. Poire Beurré Gurtet. — Deuxième Type. finement ponctuée de roux, tachée de fauve aux extrémités^ striée de même autour de l'œil. — Chair : blanche , fme , juteuse , fondante , légèrement pierreuse auprès des loges. — Eau : excessivement abondante, sucrée^ acidulé, par- fumée, douée d'une saveur beur- rée des plus délicates. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — En 1839, feu Prévost, pépiniériste à Rouen, disait dans ses Cahiers pomolo- giques : « Il paraît que le Beurré Curtet a été obtenu de semis en 1828 à Jodoigne (Belgique), par M. Bouvier, pharmacien, qui l'aurait dédié à M. Curtet, médecin à Bruxelles. » (Pages 82-83.) Et Prévost ne se trompait pas, car M. Bivort, huit ans plus tard, confirmait pleinement l'origine ainsi attribuée à ce poirier. (Yoir Album de pomologie, 1847, t. I, p. 12.) Mais le Bem-ré Curtet était destiné à voyager sous bien des noms, dont trois surtout donnèrent lieu à nombre de contestations et d'erreurs. Ainsi, dès l'abord on en fit la poire Comte Lamy, et on la déclara née à Laval (Mayenne), chez M. Léon Leclerc, pomologue alors très-renommé. Puis en Belgique, là même où le pied-mère de cette variété avait poussé, on nous la renvoya sous le nom de Beurré Quetelet, et la mention qu'on appelait aussi ce nouveau fruit poire Bis-Curtet^ en raison de sa grande ressemblance avec le Beurré Curtet... Ressem- blance si grande, effectivement, que les deux poires paraissaient moulées l'une sur l'autre. Enfin, en 1834 elle nous revenait, et de Bruxelles encore, comme un gain de Van Mons dédié par ce semeur, disait-on, à l'un de ses amis nommé Dingler.... Aujourd'hui , il semblerait assez naturel qu'on diit renoncer à l'espoir de tromper le monde horticole sur l'identité du Beurré Curtet, si bien connu de tous. Cepen- dant il n'en est rien, puisque M. Willermoz, secrétaire général du Congrès pomo- logique, et l'un des arboriculteurs les plus compétents de notre époque, affirmait en 1864, dans le tome II de la Pomologie de la France^ avoir reçu ce malheureux Beurré « sous le nom de poire Henry "Van Mons ! » Observations. — Les poires Marie-Louise nova et Beurré Dumortier, présen- tées parfois comme identiques avec le Beurré Curtet, diffèrent essentiellement, au contraire, de cette variété. Marie-Louise nova est synonyme de Marie-Louise Del- court, et le Beurré Dumortier, lui, figure à bon titre au rang des espèces. Poire BEURRÉ CUTTER. — Synonyme de Beurré Curtet. Voir ce nom. BEU [beurré dalJ 343 192. Poire BEURRÉ DALBRET. (Synonymes. — Poires : 1. Dalbret {Po\teau,A?inales de la Société d'Horticulture de Paris, iSZ^, t. XV, p. 379). — 2. Beurré Delbret (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1863, t. V).— 3. Fondante d'Automne {Id. ibid.). — 4. Beurré d'Albret (Dowuiug, ihe Fruits and fruit trees of America, 1863, p. 535). — 5. Calebasse d'Albret {kl. ibid.) Uescriptioii de l'arbre. — Bois: faible. — Rameaux : nombreux, générale- ment étalés , peu forts , assez longs , très- coudés, rouge grisâtre, finement et abon- damment ponctués, ayant les coussinets ressortis. — Yeux : moyens, ovoïdes-poin- tus, à écailles disjointes, placés en éperon. — Feuilles .-.nombreuses, ovales, légère- ment acuminées, régulièrement dentées en scie, canaliculées , contournées sur elles- mêmes, munies d'un pétiole long, gros et flasque. Fertilité. — Remarquable. Culture. — De moyenne vigueur, ce poirier est d'un développement ordinaire , soit sur franc, soit sur cognassier; il fait de petites mais d'assez belles pyramides. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : allongée, des plus irrégulières, bosselée, contournée et sou- vent assez obtuse. — Pédoncule : court, mince , rarement arqué , obliquement implanté et généralement continu avec le fruit. — Œil : grand , bien ouvert, à peine enfoncé, plissé ou accidenté sur ses bords. — Peau : jaune d'or ou jaune verdâtre , entièrement ponctuée , marbrée et maculée de roux clair. — ■ Chair : blanche, fine, juteuse, ferme quoique fondante, pierreuse autour des loges. — Eau : des plus abondantes, fraîche, sucrée, acidulé, ayant une déhcieuse saveur légèrement musquée. Maturité. — Du commencement de septembre jusqu'à la moitié d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Obtenue par Yan Mons avant 1832 , dans sa pépinière de Lou- vam (Belgique), elle fut adressée par lui, encore innommée, au savant botaniste Poiteau, notre compatriote et son ami, qui s'empressa de la greffer, puis d'en faire la dédicace ; et cela en 1834, ainsi qu'il résulte du passage suivant : « C'est sous le signe L que M. Van Mons m'a envoyé cette poire — dit Poiteau — et je la consacre à M. Dalbret, chef de l'école des arbres fruitiers au Jardin des Plantes, et auteur d'un excellent ouvrage sur la taille » {Annales de la Société d'Horticulture de Paris, 1834, t. XV, p. 379.) Il est donc évident que le Congrès pomologique commettait une erreur à l'égard de ce Beurré, lorsqu'on 1859, siégeant à Bordeaux, il assurait à la page 3 de son 344 BEU [beurré DAT — def] Procès-Verbal , « que M. Jamin ( Jean- Laurent ) ^ pépiniériste à Bourg-la-Reine , « près Paris, l'avait mis au commerce en le dédiant à M. Dalbret. » Observations. — A vieillir, cette poire est devenue plus précoce ; du moins faut-il le croire , puisque Louis Noisette et Poiteau lui assignaient , il y a une tren- taine d'années, la mi-novembre comme époque de maturité. Dans l'Anjou, souvent nous la mangeons avant le 10 septembre, et rarement plus tard que les premiers jours d'octobre. — M. Decaisne, en la décrivant au tome V de son Jardin fruitier du Muséum (1863) , a noté ceci^ qu'il est urgent de ne pas oublier : « C'est qu'on la voit citée, sur quelques Catalogues, sous le nom de Beurré Belbret, qu'il ne faudra point confondre avec le Beurré Delberg, ou Delbecq ; et qu'enfin elle figure souvent dans nos expositions pomologiques sous le nom de poire Grand-Soleil, autre variété qui en diffère notablement. » Poire BEURRÉ DATHIS. — Synonyme de poire Datais. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DAYY. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. J93. Poire Premier Type. BEURRE DEFAYS. Synonyme. — Poire Beurré Audusson d'Hiver ( Comice horticole de Maine- et-Loire, Annales, 1846, pp. 224 et 297). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Bameaux : nombreux, généralement étalés, des plus gros mais peu longs, coudés , marron clair , ayant les lenticelles larges et rapprochées, les coussinets excessivement sail- lants et les mérithalles généra- lement courts. — Yeux : volu- mineux , coniques - pointus , à écailles mal soudées, cotonneux, presque toujours sortis en épe- ron. — Feuilles : légèrement coriaces et d'un beau vert foncé parfois cuivré, ovales ou ellipti- ques , à bords presque entiers , à pétiole court et très-fort. Fertilité. — Convenable. Culture. — C'est un poirier vigoureux , d'un développement ordinaire sur franc ou sur cognassier, et qui fait d'irréprochables, de superbes pyramides. Deseription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : variant entre la turbinée fortement obtuse , bosselée et contournée , et la turbinée allongée, régulière et légèrement obtuse. — Pédoncule : court, menu, arqué, per- pendiculairement ou obliquement inséré dans une assez vaste cavité à bords plus ou BEU [beurré def] 345 moins accidentés. — Peau : jaune d'ocre, finement ponctuée de brun clair, marbrée et tachée de roux, surtout du côté du soleil. — Chair : blanc jaunâtre, fine, mi- fondante, aqueuse, contenant quel- Poire Beurré Defays. - Deuxième Type. ^^^gg pierres au centre. — Eau : des plus abondantes, sucrée, aigre- lette, vineuse, délicate. Maturité. — Fin novembre, allant jusqu'au commencement de février. Qualité. — Première. Mifstorique. — Ce fut en 1839 ou 1840 que le pied-type de cette espèce, gagnée de semis à Angers, donna ses premiers fruits. Le Co- mice horticole de Maine-et-Loire, appelé à se prononcer sur leur mé- rite, les déclara « dignes d'être «cultivés.» Mais quant au nom pri- mitivement appliqué à ce nouveau poirier, il souleva de vives récla- mations devant le Comice, ainsi que va le prouver l'extrait ci-après du procès-verbal de la séance du 6 décembre -1846, de cette Société : « M. Rouillard, jardinier aux Champs- Saint-Martin, commune d'Angers, an- nonce que la poire qui a été présentée l'an dernier sous le nom de Beurré Audusson d'Hiver, a été obtenue d'un semis fait par feu François Defays, pro- priétaire aux Cliamps-Saint-Martin, et que quelques greffes furent données après sa mort par François Rouillard, son neveu et son héritier universel, audit Audusson aîné, horticulteur faubourg Saint-Laud. Il désire ardemment, pour constater la vérité de ce qu'il avance, que la Commission des fruits vienne à son domi- cile examiner le sauvageon qui a produit cette poire, portant improprement le nom de Beurré Audusson d'Hiver, et qu'il propose d'appeler Belle et Bonne Françoise des Champs- Saint-Martin M. Audusson aîné reconnaît l'exactitude des faits consignés dans cette récla- mation, mais objecte que les greffes lui avaient été données sans aucune réserve.... Aussi le Comice admet en principe la réclamation du sieur Rouillard, tout en pensant qu'il vaut mieux, pour ne pas grossir la synonymie, conserver à ce Beurré le premier nom qu'il a reçu.... » [Annales, i846, p. 297.) Quant à nous, qui trouvons naturelle et sage la maxime : A chacun le sien, c'est uniquement sous la dénomination de Beurré Defays que depuis 1849 nous multi- plions ce poirier; dénomination aujourd'hui généralement acceptée en France, en Angleterre et en Allemagne, et qui nous fut proposée par le neveu même de Fran- çois Defays. Observations. — Dans le tome Y du Jardin fruitier du Muséum, M. Decaisne ayant décrit en 1863 la poire Doyenné Defays sous le seul nom de poire Defays, il devient fort important de ne pas la confondre avec le Beurré obtenu par ce même personnage. 346 ^ BEU [beurré def — del] Poire BEURRÉ DE DEFTINGE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DEFTINGHEM. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. 194. Poire BEURRÉ DELANNOY. S^rnonyme. — Poire De Launay (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'or7ieinent , 1863, p. 29, n» 103). Description de l'arbre. — Bois : très- fort. — Rameaux : des plus nombreux , habi- tuellement érigés au som- met de la tige et étalés à sa base, gros, longs, gé- niculés, rouge grisâtre, ayant les lenticelles rap- prochées, volumineuses, et les coussinets aplatis. — Yeux : moyens, ovoï- des-pointus, non appli- qués contre le bois. — Feuilles : vert foncé, ex- cessivement abondantes, ovales ou elliptiques , légèrement dentées, sou- vent canaliculées , por- tées sur un pétiole très- long , bien nourri et constamment lavé de rouge clair. Fertilité. — Ordi- naire. Culture. — Son déve- loppement est vif, sa vigueur est grande ; il se ^laît sur le cognassier ou sur le franc ; ses pyra- mides ne laissent rien à désirer, soitpour laforce, soit pour la régularité. IKescriptioiA du fruit. — Grosseur : volumineuse, mais parfois moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, bosselée, ayant ordinairement un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : long, mince, droit ou légèrement courbé , renflé à son point d'attache , régulièrement inséré dans une BEU [BEURRÉ DEL] 347 faible cavité à bords inégaux. — OEil : grand, très-ouvert, presque saillant. — Peau: jaune verdâtre, finement ponctuée de roux, tachée de fauve autour du pédoncule et sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanchâtre, fine, juteuse, fondante, quelque peu pierreuse au-dessous des loges. — Èau : abondante, sucrée, acidulé, douée d'une saveur réellement exquise. Maturité. — Commencement d'octobre, et se prolongeant jusqu'à la fin de novembre. Qualité. — Première. Historique. — M. Bivort, dans les Annales de pomologie belge et étrangère^ disait de ce fruit , en 1856 : « Son obtenteur est M. Alexandre Delannoy, pépiniériste à Wez, près Tournay (Belgique). L'arbre-mère est âgé de dix-sept à dix-huit ans; son premier rapport date de 1848, et en 1850 cette poire fut couronnée à l'Exposition de la Société d'Horticulture de Tournay. » (Tome IV, p. 73.) 195. Poire BEURRÉ DELBECQ. Sijnonymes. — Poires : 1. Delbecque (Van Mons, Arbres fruitiers, 1835, t. II, p. 414). — 2. Fleur DE Mars (Id. ibid.). — 3, Fondante Delbecq [Id. ibid.). — 4. Beurré Delberg (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum , 1863, t. V, article poire Dalbret). Description de l'arbre* — Bois : faible. — Rameaux : peu nom- breux, érigés ou légèrement éta- lés, grêles, de longueur moyenne., flexueux, duveteux, brun verdâtre, finement ponctués, ayant les cous- sinets ressortis. — Yeux : petits, coni- ques , aigus , à large base , assez écartés du bois. — Feuilles : grandes, ovales ou elliptiques, souvent con- tournées , faiblement dentées sur leurs bords, à pétiole court et menu. Fertilité. — Convenable. Culture. — Déhcat et peu vigou- reux, ce poirier préfère le franc au cognassier ; il croît lentement et ses pyramides ne sont jamais ni fortes ni touffues. Description dn fruit. — Gros- seur : moyenne et parfois plus con- sidérable.— Forme : ovoïde, quelque peu contournée et ventrue. — OEil : grand, mi-clos ou fermé, régulier, habituellement saillant. — Pédoncule : rarement très -long, mince au milieu, forte- ment renflé à ses extrémités, droit, implanté à la surface du fruit. — Peau : jaune clair, ponctuée de fauve, marbrée de même, lavée souvent d'une légère teinte 348 BEU [beurré DEL — der] rouge-brun du côté du soleil. — Chair : blanche, très-fme, aqueuse, fondante, non pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, rafraîchissante, délicieusement aromatisée. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — C'est encore là un gain du professeur belge Yan Mons , qui le vit fructifier pour la première fois en 1823. Il le signala en 1826, dans un recueil parisien où écrivaient alors les savant? les plus renommés : « Ce poii'ier — y disait-il — provient d'un pépin indéterminé dans son origine, et appar- tient à un semis fait il y a treize ans (vers i815) ; il était l'année dernière (1825) à son troisième rapport, et son fruit avait fait de nouveaux et sensibles progrès en améliorations de qualité et en volume. Je l'ai dédié à M. Delbecq, mon ami, et l'un des rédacteurs du Messager des SCIENCES ET DES ARTS. » [Bulletin des sciences agricoles et économiques publié par le baron de Férussac, t. V, p. 195.) Et plus tard, en 1835, le même pomologue parlant de ce Beurré au tome II de son ouvrage intitulé Arbres fruitiers, faisait observer que « la Delbecque fleurit « si hâtivement, que son premier nom a été Fleur de Mars. » (Page 414. ) Poire BEURRÉ DELBERG. — Synonyme de Beurré Delbecq. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DELBRET. — Synonyme de Beurré Dalbret. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DELFOSSE. — Synonyme de Beurré Philippe Delfosse. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DELPIERRE. — Synonyme de poire Delpierre. Voir ce nom. 196. Poire BEURRÉ DEROUINEAU. Description de l'arbre. — Bois : exces- sivement fort. — Bameaux : peu nombreux, habituellement arqués et étalés, des plus gros, longs, coudés, duveteux, fauve rougeâtre ou olivâtre, ayant les lenticelles larges et abon- dantes, les coussinets bien accusés, les méri- thalles courts. — Yeux : volumineux, ovoïdes - arrondis , non apphqués contre l'écorce. — Feuilles : d'un beau vert foncé et luisant, ovales, profondément dentées, légèrement cotonneuses, portées sur un pétiole court, gros et souvent rougeâtre. Fertilité. — Prodigieuse. Culture. — Le développement de cet arbre est assez vif; ses pyramides sont toujours extraordinairement fortes; on le greffe indistinctement sur franc ou sur cognassier. BEU [beukrk des — die] 349 Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : turbinée -ovoïde, ven- true, obtuse, régulière. — Pédoncule : court, mince, faiblement arqué, obliquement inséré au milieu d'un large évasement sans profondeur. — OEil : grand, bien fait, mi-clos, peu enfoncé, souvent plissé sur ses bords. — Peau : rude au toucher, bronzée, mais s'éclaircissant un peu du côté de l'ombre, où elle tourne au jaunâtre ; elle est presque entièrement ponctuée et striée de roux squammeux , surtout sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche, fine, très-fondante, juteuse, non pier- reuse. — Eau : des plus abondantes , acidulé , sucrée , douée d'un arôme exquis , savoureux. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce délicieux Beurré, gagné de semis en 1840 par un jardinier de la commune de Pellouailles , près Angers, porte le nom de son obtenteur. Il fut apprécié des plus favorablement en 1843 par le Comice horticole de Maine-et-Loire et mis alors dans le commerce. Poire BEURRÉ DESCHAMPS. — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien. Voir ce nom. 197. Poire BEURRE DIEL. Synonymes.— Poires : 1. Beurré de Gelle (Lindlcy, A Guide to the orchard and kiichen garden, 1831, p. 393). — 2. Beurré ROYAL {Id. ibid.). — ^. Dorothée royale (/c?. zôic?,). — 4. Beurrémagni- FiQUE (Prévost, Cahiers pomoloyiques , 1839, p. 19). — 5. Beurré d'Yelle (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 127). — 6. DiEL {Id. ibid.). — 7. Dillen d'Hiver [Id. ibid.). — 8. Gros-Dillen {Id. ibid.). — 9. Grosse-Dorothée [Id. ibid.). — 10. Des Trois-Tours {Id. ibid.). — 11. Beurré incomparable (Bivort, Album de pomologie , 1847, p. 44). — 12. Dry-Toren {Id. ibid.). — 13. Graciole d'Hiver (7c?. ibid.). — 14. Guillaume de Nassau (Société VanMons, Catalogue des fruits cultivés dans son jardin, 1854, t. I, p. 31). — 15. D'Hor- ticulture (Bivort, Annales de pomologie belge et étrangère , 1856, t. IV, p. 37). — 16. Beurré du Roi (Decaisne , le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). — 17. Drijtoren {Id. ibid.). — 18. Saint- Auguste (Langethal, Deutsches Obstcabinet, 1859, 5* cahier). — 19. Beurré Oran ( Congrès pomo- logique , Pomologie de la France, 1863, t. I, n" 7). — 20. Céleste {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : très -fort. — Hameaux : assez nombreux, habituellement étalés , des plus gros , de longueur moyenne , géniculés , gris-brun clair, à lenticelles larges et peu abondantes , à coussinets ressortis. — Yeux : volu- mineux, ovoïdes, pointus, écartés du bois. — Feuilles : souvent rougies, assez grandes, rarement nombreuses, légèrement coriaces, elliptiques-arrondies, faible- ment denticulées, ayant le pétiole un peu court,, bien nourri et accompagné de longues stipules. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Ce poirier vigoureux se plaît autant sur cognassier que sur franc ; ses pyramides sont belles , fortes, et le développement de son écusson est des plus vifs. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : généralement turbinée, obtuse, bosselée, ventrue, et ayant un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : fort et un peu court , arqué , obliquement inséré dans un évasement arrondi de profondeur assez grande et à bords unis. — OEil : moyen, ouvert, 3S0 BEU [beurré die] régulier, rarement très-enfoncé. — Pmu : rude au toucher, jaune d'or, largement ponctuée et marbrée de fauve, maculée de même autour du pédoncule, striée ou lavée de brun dans le bassin ombilical, et souvent colorée, mais faiblement, de rouge pâle sur la par- Poire Beurré Diel. ^ie exposée au soleil.- Chair : blanche , demi- fine , demi - fondante , aqueuse , montrant quelques filaments ver- dâtres , pierreuse au centre. — F au : abon- dante, sucrée, vineuse, aigrelette , pourvue d'un délicieux arôme. Maturité. — Fin oc- tobre et se prolongeant jusqu'en décembre. Qualité. — Première. Historique. — Dès l'abord, quand le Beurré Diel commença à se propager en Fran- ce, ce qui eut lieu vers 1821 , on crut chez nous qu'il provenait des se- mis du professeur Van Mons, connu déjà par de nombreux, par d'ex- cellents gains. C'était une erreur. Mais cepen- dant Van Mons fut pour beaucoup dans l'exis- tence, dans la célébrité de cette poire, ainsi qu'on va le démontrer : « Le pied-mère de cette variété — écrivait-il en 1819 — fut trouvé anonyme dans un village près de Vilvorde (Belgique), par le sieur Meuris, alors directeur de mes cultures. » {Annales générales des sciences physiques , t. II, p. 36b.) Et, dirons-nous avec Prévost, de Rouen : « Van Mons, après avoir apprécié les « produits de ce sauvageon , le dédia au professeur allemand Diel. » { Cahiers pomo- logiques, 1839, p. 136.) Quant au village où ce poirier poussa, il est situé entre Bruxelles et Malines, et porte le nom de Perck. Le terrain sur lequel on y rencontra l'égrasseau, dépendait de la ferme appelée Dry-Toren, ou des Trois-Tours. Van Mons n'a pas mentionné l'époque à laquelle Meuris, son jardinier-chef, fit cette précieuse trouvaille. Selon M. de Liron d'Airoles, renseigné par M. Girardi, pomologue belge, ce fut en 1811. (Voir Notices pomologiques , t. I, p. 82.) Et la présente date nous paraît exacte, en ce sens que le docteur Auguste Diel, de Stuttgardt, qui accepta la dédicace du Beurré ainsi découvert, l'avait déjà décrit en 1816, dans son remarquable ouvrage sur les fruits à pépins [Kernobstsorten , p. 70). BEU [beurré dor] 351 Observations. — Plusieurs auteurs ont déclaré les poires Fourcroy, Géant et Melon, de Knoop, identiques avec le Beurré Uiel;' mais il y a là une tdple méprise que l'on constatera en se reportant plus loin aux articles où nous étudions ces trois variétés. Tout détail^ ici, serait donc superflu. — Deux autres poires, la Mabille et le Beurré Lombard, sont également classées à tort parmi les synonymes du Beurré Diel , puisque la première se rapporte à la poire Napoléon , et la seconde au Beurré d'Arenberg, ou Glout-Morceau. — Enfm, en voyant au rang des synonymes reconnus du Beurré Diel, figurer une poire Céleste, il faut noter qu'elle diffère complètement de la Céleste de Guasco, mûrissant en février. — Le Beurré Diel atteint parfois un volume si considérable, que M. Decaisne disait en 1859 « avoir « vu de ces poires qui, obtenues sur espalier, mesuraient 0'",14 de hauteur, sur « 0"',10 de diamètre, et du poids de 1 kilogramme. » (Tome II.) Pour notre part, il nous souvient qu'à l'exposition de Chartres, en 1862, on admirait beaucoup cer- tains de ces fruits qui pesaient près de 700 grammes. Poire BEUBRÉ DORÉ. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. 198. Poire BEURRÉ DORÉ DE BILBAO. Stynonymes. — Poires : 1. Golden Beurré of Bilboa (Hovey, the Fruits of America, 1847, t. l, p. 99). — 2. Beurré gris de Bilbao (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1852, p. 26, n» 454). — 3. Beurré gris de Portugal ( Thuillier-Aloux , Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 78). Grosseur : au-dessus de la moyenne. Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Ra- meaux : assez nombreux , étalés , longs , gros , peu coudés , brun- fauve rougeâtre ou grisâtre , à len- ticelles fines et clair -semées, à coussinets des plus ressortis. — Yeux : moyens , coniques , légère- ment écartés du bois, ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : grandes, ovales-lancéolées, profon- dément dentées , faiblement con- tournées, portées sur un pétiole très-gros, long et pourvu de sti- pules bien développées. Fertilité. — Excessive. Culture. — De bonne vigueur et de hâtive croissance, ce poirier se plaît généralement mieux sur cognassier que sur franc ; il fait toujours de régulières, de superbes pyramides. Description du fruit. — Forme : ovoïde-allongée, parfois un peu 352 BEU [beurré dou] cylindrique. — Pédoncule : de longueur moyenne^, fort, rarement arqué, oblique- ment ou perpendiculairement implanté dans une assez large cavité que domine une protubérance bien prononcée, — OEil : petit ou moyen, mi-clos, placé dans un bassin des plus évasés mais sans grande profondeur. — Peau : jaune d'or, ponc- tuée et striée de roux, fortement maculée de même autour du pédoncule. — Chair : blanche, excessivement fine et fondante, aqueuse, à peine pierreuse, habituelle- ment traversée par quelques filaments jaunâtres. — Eau : extrêmement abondante, acidulé , sucrée , parfumant délicieusement la bouche. Maturité. — Fin août et courant de septembre. Qualité, — Première. Historique. — Nous avons demandé en 1849 cette excellente poire aux Américains, qui déjà la cultivaient depuis une vingtaine d'années. Hovey, un de leurs pomologues les plus connus, l'a décrite en 18-47, et il a eu soin de s'enquérir du pays où elle était née : « Ce Beurré — nous dit-il — fut introduit dans les jardins américains par M. J. Hooper, de Marblehead (Massachusetts). Il l'avait tiré de Bilbao (Espagne) en 1821. » [The Fruits of America, 1847, t. I, p. 99.) Observations. — Les Allemands ont également cette poire dans leurs collec- tions, et l'estiment beaucoup; mais ils ne la mangent qu'à partir de la mi-octobre, ce qui montre combien, chez eux, sa maturité devient tardive, puisque djins nos départements de l'Ouest elle est déjà mûre à la fin d'août. 199. Poire BEURRE DOUX. Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Ra- meaux : assez nombreux, érigés au sommet de la tige, étalés vers sa base, gros, longs, à peine coudés, d'un fauve clair rubané et tacheté de gris-jaune légèrement brunâtre; ils ont les lenticelles petites , abon- dantes , et les coussinets peu sail- lants. — Yeux : moyens, noirâtres, ovoïdes , aigus, presque collés con- tre l'écorce. — Feuilles : habituel- lement ovales , acuminées, à bords faiblement denticulés ou presque entiers , à pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Le développement de cet arbre est assez tardif; greffé sur cognassier, il montre de la vigueur et pousse parfaitement en pyramide, forme sous laquelle il offre un aspect des plus satisfaisants. Nous ne l'avons pas encore étudié sur franc. BEU [beurré dra — dumJ 353 Deseriiition du fruit. — Grosseur : moyenne et souvent moins volumineuse. — Forme : turbinée-arrondie , bosselée, régulière — Pédoncule : rarement très- long, mince, non recourbé, renflé au sommet, perpendiculairement implanté au milieu d'un faible évasement où le comprime un mamelon plus ou moins considé- rable. — Œil : petit, rond, peu enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau : rugueuse, vert jaunâtre, entièrement ponctuée de gris, striée de roux dans le bassin ombilical et largement colorée de vermillon sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanc mat, demi-fme, cassante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, très-sucrée, vineuse, aigrelette, peu délicate. Maturité. — Commencement et courant de septembre. Qualité. — Troisième. Historique. — Elle fait partie des espèces que nous multiplions uniquement pour l'obtention des fruits propres à la vente sur les marchés. Nous l'avons prise dans le Jardin du Comice horticole d'Angers, vers 4855, mais ne savons rien de son origine , sinon qu'elle ne provient pas des semis de cette Société. Observations. — Il existe une poire dont le nom a quelque analogie avec celui du Beurré doux ; c'est le Beun^é douce saveur, gagné en Belgique par Yan Mons et qui mûrit en février. Il devient difficile, alors, de confondre ces deux espèces, dont la dernière , du reste , se rencontre rarement dans les pépinières françaises. Poire BEURRÉ DRAPIEZ. — Synonyme de poire Urbaniste. Yoir ce nom. 200. Poire BEURRÉ DUMONT. Ueseription de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : nombreux , érigés et légèrement arqués, de grosseur et de lon- gueur moyennes, géniculés, mar- ron clair olivâtre , ayant les len- ticelles très-apparentes , très-es- pacées , et les coussinets assez bien ressortis. — Yeux : petits , coniques, pointus, courts, à écail- les disjointes, presque collés contre l'écorce. — Feuilles : nombreu- ses , de moyenne grandeur, ova- les-allongées, finement dentelées, portées sur un pétiole un peu court, roide, épais et pourvu de longues stipules. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Greffé sur cognas- sier , il se montre vigoureux , quoique d'une croissance ordi- naire , et prend une très-belle forme pyramidale; sur franc, où il ne saurait manquer de prospérer, nous ne l'avons pas encore étudié. 23 354 BEU [beurré dumI Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : cylindrique, bosselée, déprimée à ses extrémités. — Pédoncule : court, assez mince, légèrement arqué, très-chàrnu à la base, renflé au sommet, obliquement inséré et continu avec le fruit. — QEil : petit, ouvert, bien fait, peu enfoncé. — Peau : vert clair, ponc- tuée, marbrée de fauve dans l'ombre et entièrement lavée de roux du côté du soleil, où elle est en outre parsemée de points brunâtres et squammeux. — Chair : blanche, fine, aqueuse, demi-cassante, contenant quelques pierres autour des loges. — Eau : des plus abondantes et des plus sucrées, possédant un léger arôme musqué d'une saveur exquise. Maturité. — Fin octobre ou commencement de novembre, et gagnant assez facilement le mois de décembre. Qualité. — Première. Historique. — En 1857, les Annales de pomologie belge et étrangère firent con- naître l'obtenteur de ce délicieux Beurré, que nous devons à la Belgique : « Il a été « trouvé de semis — écrivait M. Bivort — par le sieur Joseph Dumont, jardinier « au château de M. le baron de Joigny, à Esquelines, près de Pecq (Hainaut). Sa « première production eut lieu en 1833. » (Tome V, p. 59. ) 201. Poire BEURRÉ DUMORTIER. Premier Type. Synonymes. — Poires : 1. Du Mortier (Van Mons, Arbres fruitiers, 1835, t. I, p. 259). — 2. Dumontier (Prévost, Bul- letin pomologique de la Société d'Horti- culture de la Seine-Inférieure, 18S0, p. 166). — S.DUMOUSTIER i M. ibid.]. — 4. Demoustiek (Thuillier-Aloux, Cata- logue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1854, p. 76). Sescriptiou de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Ra- meaux : nombreux, généralement érigés, gros, assez longs, coudés, roux foncé, à lenticelles brun gri- sâtre, fines et abondantes, à cous- sinets saillants. — Yeux : volumi- neux, ovoïdes, duveteux, appliqués en partie contre le bois et ayant les écailles légèrement entr'ouvertes. — Feuilles : ovales-arrondies , de^ moyenne grandeur, assez profon- dément dentées sur leurs bords , à pétiole long, très-gros et accompa- gné de stipules des plus dévelop- pées. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Ce poirier, dont la vigueur est convenable , fait de belles pyramides sur cognassier ou sur franc ; la croissance de son écusson est assez précoce. BEU [beurré dur] 358 née-ovoïde, obtuse, ventrue et bosselée. Poire Beurré Dumortier. — Deuxième Type. Descrifitiou clii fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée plus ou moins allongée, mais se rapprocbanl habituellement de la turbi- Pédoncule : long ou assez court, droit ou arqué, mince, obliquement inséré dans une cavité peu profonde et à bord mamelonné. — OEil : grand, bien fait, ouvert, placé au centre d'un bassin excessivement évasé. — Peau : vert jaunâtre, tachée, ponc- tuée et marbrée de roux, et sou- vent lavée de rose pâle du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, fine, aqueuse, fondante, granuleuse au- près des loges. — Eau : fort abon- dante, acidulé, sucrée, parfumant délicieusement la bouche. Maturité. — Fin septembre ou commencement d'octobre, atteignant parfois le mois de décembre. Qualité. — Première. Historique. — Elle fut obtenue par Van Mons, vers 1818, ainsi qu'il résulte du • passage suivant , écrit en 1847 par M. Alexandre Bivort : « L'arbre-mère de ce Beurré , qui se trouve dans l'ancienne pépinière Van Mons, à Louvain, peut avoir, actuelle- ment, trente ans environ. Il a été dédié par Van Mons à M. B. Dumortier, de Tournay, savant naturaliste, académicien et député. » [Album de pomologie, t. I, p. 66.) Dès 1835, Van Mons avait parlé de cette poire, qu'il regardait comme un de ses meilleurs gains , dans son ouvrage sur les Arbres fruitiers : « Le plant d'un même semis — y disait-il — est loin de marquer généralement la même année; et dans tous les semis il y a des retardataires : ce sont les bois fins, et souvent ce sow< les fruits fins; ainsi Du Mortier est un retardataire de seize ans. » (Tome I, p. 259.) D'après M. du Breuil, professeur d'arboriculture, cette variété fut introduite chez nous en 1838. [Cours d^ arboriculture, 1854, t. II, p. 569-iii. ) Observations. — C'est à tort qu'on a cru le Beurré Quetelet identique avec le Beurré Dumortier ; ces deux poires ne se ressemblent nullement ; et d'ailleurs on sait généralement, aujourd'hui, que Beurré Quetelet est synonyme de Beurré Curtet, comme nous l'avons prouvé plus haut, page 342. 202. Poire BEURRE DURAND. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , générale- ment étalés et arqués, gros, longs, flexueux, d'un fauve brunâtre faiblement rougi, ayant les lenticelles larges, abondantes, les mérithalles ordinairement courts, et 356 BEU [beurré duv] les coussinets aplatis. — Yeux : petits^ ovoïdes-pointus, duveteux, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : ovales, acuminées, à bords légèrement crénelés, à pétiole court et bien nourri. „ . _ . „ , Fertilité. — Satisfaisante. Poire Beurre Durand. Culture. — Très-vigoureux, ce poi- rier peut se greffer sur cognassier ou sur franc ; ses pyramides sont des plus remarquables; leur seul défaut est un manque de feuilles par trop prononcé. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : allongée, obtuse^ mamelonnée au sommet , habituellement déprimée à la base , et parfois quelque peu étran- glée vers les deux tiers de sa hauteur. — Pédoncule : court, droit, mince, obli- quement implanté au milieu d'une faible dépression. — Œil : moyen, régulier, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : jaune d'or, ponctuée , marbrée de fauve , se- mée de plusieurs taches roussâtres en partie squammeuses, et finement striée de brun clair dans la cavité ombilicale. — Chair : très-blanche et très -fine, fondante, aqueuse, presque exempte de pierres. — Eau : abondante, fort sucrée, vineuse, douée d'un parfum particulier aussi savoureux qu'agréable. Maturité. — Variable, mais allant généralement de la fin de septembre jusqu'à la moitié d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — En 1834, l'arbre qui a produit cet excellent Beurré se mettait à fruit pour la première fois. Il provenait des derniers semis effectués par le pépi- niériste Goubault, dans son établissement de Mille-Pieds, situé près d'Angers. Ce fut au successeur de Goubault , M. Durand , que revint le soin de propager la poire ainsi gagnée. Quand il la présenta au Comice horticole de Maine-et-Loire, en 1853, on l'y qualifia de « très-bonne. » Peu après il lui donna son nom et la mit dans le commerce. Nous la multiplions depuis 1836. 203. Poire BEURRE DUVAL. Synonymes. — Poires : \. Duval (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). — 2. DwAEL (Id. ibid.). — 3. Roi-Louis nouveau (M. ibid.). — 4. AuDiBERT [de Poiteau] {Id. ibid., 1860, t. III). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, régu- lièrement érigés, gros, longs, peu coudés, brun clair légèrement rougi, à lenticel- les très-apparentes, très-espacées , à coussinets peu saillants. — Yeux : moyens. BEU [beurré Duvl .357 ovoïdes-arrondis, duveteux, appliqués contre le bois, ayant les écailles mal soudées. — Feuilles: grandes, ovales-arrondies , acuminées, finement dentées, portées sur- Poire Beurré Duval. — Prmïcr Type, un pétiole, des plus courts, roide, épais , et accompagné de stipules excessivement développées. Fertilité. — Peu commune. Culture. -- Ce poirier, de bonne vigueur, se plaît beaucoup mieux sur cognassier que sur franc; il pousse admirablement en pyramide ; la croissance de son écusson est or- dinaire. Description dit fruit. — Gros- seur : moyenne et quelquefois plus volumineuse. — Forme : assez in- constante, elle passe ordinairement de l'ovoïde-allongée à la turbinée- arrondie et bosselée. — Pédoncule : court, faiblement arqué, bien nourri, obliquement inséré dans une cavité souvent prononcée et dont l'un des bords est constamment mamelonné. — Œil : petit, irrégulier, mi-clos ou fermé, placé dans un bassin forte- ment côtelé ou plissé , et de profon- deur très-variable. — Peau : ru- gueuse, jaune pâle, ponctuée de gris-verdâtre, semée de nombreuses taches fauves et noirâtres, souvent lavée de rouge obscur sur la partie exposée au soleil. — Chair : blan- che , demi - fine , demi-fondante, aqueuse, rarement granuleuse. — Fau : très -abondante, sucrée, vi- neuse, délicate, fort aromatique. Maturité. — Vers la mi-septembre et gagnant octobre ; quelquefois aussi, mais bien accidentellement, elle voit le mois de novembre. Qualité. — Première. Historique. — On ne connaît qu'approximativement l'âge de cette espèce, mais son origine est précisée comme suit, par M. Bivort : « Elle a été trouvée parmi divers semis, dans le Hainaut, par M. Duval, son in- venteur, à une époque que nous ne pourrions fixer avec certitude, mais qui est antérieure a 1823. » [Album de pomologie, 18S0, t. III, p. 46.) Le docteur Diel, de Stuttgardt, ayant simplement mentionné cette poire en 1821, Deuxième Type. 358 BEU [beurré duv] dans son Kernobstsorten , p. xvij , nous pensons qu'elle ne faisait alors que d'appa- raître, car Diel, l'un des pomologues les plus zélés de ce temps, l'eût certainement décrite si déjà elle avait été quelque peu répandue. Observations. — En 1834, Poiteau recommandait, page 362 des Annales de la Société d'Horticulture de Paris , un poirier Audibert qui n'est autre que le Beurré Duval. Nous l'avons noté folio 164, en étudiant la véritable poire Audibert; mais nous le rappelons brièvement ici, pour être plus certain encore qu'on ne commettra aucune erreur à l'égard de ces deux espèces. — M. Decaisne, en 1859, a fait les remarques suivantes, dont nous avons constaté la justesse, au sujet du Beurré Duval : « Lorsque cette poire est un peu colorée en jaune ou en rose, on la confondrait facilement avec la Bonne-Louise cVAvranches, tandis que quand elle prend une teinte verdâtre et que sa peau se couvre de taches fauves et squammeuses , elle revêt les caractères extérieurs d'un Saint-Germain; mais dans l'un et l'autre cas l'époque de maturité est fort différente. « (Le Jardin fruitier du Muséum, t. II.) Poire BEURRÉ DUVERNY. — Synonyme de poire de Duvergnies. Yoir ce nom. 204. Poire BEURRÉ DUVIVIER. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : peu nombreux, généralement étalés, assez faibles , longs , légèrement coudés , rouge-brun foncé, fmement et abon- damment ponctués, à coussinets pres- que nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes ou coniques , non appliqués contre l'é- corce et ayant les écailles entr'ou vertes. — Feuilles : habituellement ovales ou elliptiques , ayant les bords bien dentés et le pétiole long et menu; elles sont toujours nombreuses. Fertilité. — Convenable. Culture. — La vigueur de cet arbre n'étant pas très -grande , il prospère mieux sur franc que sur cognassier ; les pyramides qu'il fait sont néanmoins assez jolies. Description dw fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : sphérique, bosselée, irrégulière. — Pédoncule : peu long, non arqué, grêle, renflé ta la base, perpendiculairement implanté à la surface. — OEil : presque saillant, ouvert, bien développé. — Peau .-jaune verdâtre, fmement ponctuée de fauve et montrant parfois quelques taches squammeuses d'un brun rougeâtre. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, légèrement granuleuse au centre. — Eau : fort BEU [beurré eng — épi] 351) abondante, peu sucrée, peu parfumée, manquant de délicatesse et douée d'une astringence souvent désagréable. Maturité. — Commencement et courant d'octobre. Qualité. — Troisième. Histoi'ique. — D'où provient ce poirier?... Nous l'ignorons complètement et aucun auteur ne nous éclaire à son sujet. En 186i il figurait pour la première fois, sous le n° 26, dans le Catalogue du Jardin fruitier du Comice horticole d'Angers^ mais on ne sait plus, aujourd'hui, qui l'envoya vers 1853 à cette Société. Nous le multi- plions depuis 1864. Obseri^ations. — Le Beurré Duvivier, qui convient uniquement pour la halle, n'a rien de commun, est-il besoin de le faire remarquer, avec la ^oire Général Duvivier, mûrissant en février et bien connue par son exquise saveur. Poire BEURRÉ D'ENGHIEN (en France). — Synonyme de Beurré Colmar. Voir ce nom. 205. Poire BEURRÉ ÉPINE. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nom- breux^ érigés ou légèrement étalés, de grosseur moyenne, géniculés, renflés au sommet, duveteux, brun grisâtre, finement ponctués, à cous- sinets peu marqués. — Yeux : moyens, coniques, aigus, à large base , très-écartés du bois, souvent même sortis en éperon. — Feuilles : grandes , elliptiques , acuminées , planes ou contournées, ayant les bords crénelés , le pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il est vigoureux, se greffe sur cognassier ou sur franc, fait de jolies pyramides, et déve- loppe rapidement son écusson. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : allongée , conique , ob- tuse, régulière. — Pédoncule : ra- rement très - long , mince , non recourbé , perpendiculairement im- planté à fleur de fruit. — OEil : petit, contourné, mi-clos, peu en- foncé. — Peau : rugueuse, jaune- citron, ponctuée^ marbrée de fauve, maculée de même autour de l'œil et fortement 360 BEU [beurré été — fav] lavée de roux brunâtre sur le côté qui regarde le soleil. — Chair : blanchâtre, mi- fine, fondante, juteuse, pierreuse auprès des loges. — [Eau : abondante, vineuse et sucrée, possédant une saveur aigrelette ne manquant pas de délicatesse. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Son premier descripteur, nous le croyons du moins, fut M. Bivort. Il s'occupa d'elle en 1850, mais ne put en déterminer positivement l'origine. Yoici du reste ce qu'il en a dit : « Cette variété me vient de M. Bouvier, de Jodoigne; je ne la vois annoncée dans aucun ouvrage, si ce n'est comme synonymie du Beurré de Rame; mais il n'existe aucune analogie entre ces deux arbres ni leurs fruits Son origine m'est totalement inconnue; peut-être le Beurré Épine sort-il des greffes envoyées par le professeur Van Mons à M. Bouvier? » {Album de pomologie, t. III, pp. 63-64.) Quelques années plus tard, en 1859, M. de Liron d'Airoles, mentionnant à son tour ce même Beurré, affirmait page 12 de ses Notices pomologigues^ « que M. Bou- « vier, de Jodoigne (Belgique), en était l'obtenteur. » Ce renseignement est-il exact?... Nous ne saurions l'assurer, devant le doute émis ci-dessus par M. Bivort, si bien à portée, lui Belge, lui successeur de Van Mons, de connaître les gains pomologiques de feu Bouvier, qui décédé seulement en 1846 fut son compatriote et presque son concitoyen ; cependant nous le reproduisons , afin de compléter cet article. — Quant au nom de Beurré Épine, qu'a reçu ce poirier, nous pensons qu'il le doit aux rapports de forme et de maturité existant entre ses produits et ceux de l'Épine d'Hiver, l'une de nos plus anciennes espèces. Poire BEURRÉ D'ÉTÉ. — Synonyme de Bergamote d'Été. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'ÉVERGNIES. — Synonyme de poire Devergnies. Voir ce nom. Poire BEURRÉ EXTRA. — Synonyme de Bergamote de Hollande. Voir ce nom. 206. Poire BEURRE FAVRE. Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : nom- breux, généralement un peu faibles, longs, étalés, flexueux, brun clair, abondam- ment ponctués de gris-blanc, ayant les coussinets bien accusés. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes, aigus ou légèrement arrondis, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : grandes, d'un beau vert, ovales ou elliptiques, canaliculées , à bords profondément dentés, à pétiole grêle, long et souvent rougi. Fertilité. — Excessive. Culture. — La vigueur de cet arbre n'est pas des plus marquées, aussi se plaît-il mieux sur le franc que sur le cognassier ; il y croît assez vite et s'y développe pas- sablement en pyramide. BEU [beurré FÉvl 361 Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : tui'binée-allongée , obtuse, souvent bosselée et contournée, ayant habituellement „ . _ . ^ un côté plus renflé que l'autre. — Pédon- Poire Beurre Favre. , ^ , \, , cule : court, menu, légèrement recourbe, obliquement implanté à la surface de la peau. — Œil: petit, ouvert ou mi-clos, uni sur ses bords , presque saillant. — Peau : jaune d'ocre , toute parsemée de points brunâtres et couverte de quelques larges taches rousses, plus ou moins squammeuses. — Chair : blanchâtre, demi- fme, demi-fondante, aqueuse, fortement granuleuse au centre. — Eau : abon- dante, sucrée, acidulé, trop dépourvue de parfum , quoiqu'assez délicate. Maturité. — Fin septembre et commen- cement d'octobre. Qualité. — Deuxième, et quelquefois troisième. Historique. — Cette poire n'est réel- lement pas digne du nom qu'on lui a donné — celui d'un sénateur — car elle appartient plutôt aux fruits communs des- tinés pour la halle, qu'aux fruits recher- chés pour les desserts. ce C'est un gain de la pomologie de la Loire- Inférieure — dit M. de Liron d'Airoles — obtenu par François Maisonneuve, qui l'a dédié à M. Favre, maire de Nantes. Son premier rapport remonte à 1845, mais ce fruit était resté inédit jusqu'à ce jour (1855) et n'avait pas été mis dans le commerce. Il est de second ordre et plus propre au verger qu'au jardin. » {Notices pomologiques , 1855, t. I, p. 76. ) 207. Poire BEURRE DE FÉVRIER. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : nombreux, étalés, grêles, courts, peu flexueux, marron foncé légèrement olivâtre, à lenticelles larges et clair-semées, à coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes-arrondis, pointus, écartés du bois. — Feuilles : très-petites, habituellement ovales, ayant les bords des plus finement denticulés, le pétiole long et menu. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Il est de médiocre vigueur et se greffe plus avantageusement sur franc que sur cognassier; ses pyramides sont généralement chétives. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : oblongue, obtuse, bosselée et ventrue. — Pédoncule : assez long, mince, recourbé, 362 BEU [beurré fid] obliquement inséré dans une cavité de profondeur variable, mais dont les bords sont constamment accidentés. — OEil : petit, mi-clos, régulier, rarement très- enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, Poire Beurré de Février. entièrement ponctuée et striée de roux clair, et portant le plus ordi- nairement quelques taches noirâtres, surtout du côté du soleil. — Chair : blanchâtre , demi - fine , fondante , juteuse, granuleuse auprès des lo- ges. — Eau : abondante , sucrée , acidulé, douée d'un parfum musqué d'autant plus délicat , qu'il n'a rien de prononcé. Maturité. — De la mi -janvier jusqu'à la fm de février, et parfois jusqu'en mars. Qualité. — Première. Historique. — Son obtenteur, M. Boisbunel fils , pépiniériste à Rouen, la faisait connaître en 1859, dans les Annales de pomologie belge et étrangère , et disait de l'arbre dont elle est sortie : « C'est un semis « de 1843 ; son premier rapport date « de 1836. Je l'ai nommé Beurré « de Février , mois qui est l'épo- « que moyenne de sa maturité. » (Tome VII, p. 93.) 208. Poire BEURRE FIDELINE. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, géné- ralement étalés, gros, longs, un peu géniculés, vert grisâtre, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets saillants. — Yeux : volumineux, ovoïdes-arrondis, pres- que collés contre l'écorce , ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : de moyenne grandeur, ovales ou elliptiques, finement dentées ou crénelées, portées sur un pétiole long et grêle. Fertilité. — Abondante. Culture. — Poirier des plus vigoureux, nous lui avons donné le cognassier, sujet sur lequel il s'est développé rapidement et a fait de fortes, de belles pyrami- des ; mais son introduction dans nos pépinières est si récente, que nous ne saurions indiquer, actuellement, comment il s'y comportera sur franc. Deseriiitiou dii fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : ovoïde, généralement un peu contournée. — Pédoncule : court, mince, faiblement BEU [beurré fla — i-Lol 363 arqué, renflé à la base, obliquement inséré dans une assez vaste cavité. — Œil : Poire Beurré Fidéline. ^'^^'^ ' ^^^^'^^^^ ' ^^gulier , placé à fleur de fruit. — Peau : verdâtre , fortement ponctuée de roux, striée de même autour de l'œil. — Chair: jaunâtre, fine, fondante, aqueuse, contenant quelques pierres auprès des loges. — Eau : abondante , sucrée , acidulé , rafraîchissante , parfumant délicieusement la bou- che. Maturité. — Commencement de novembre , allant jusqu'à la fin du mois de décembre. Qualité. — Première. Historique. — Elle a été ga- gnée de semis en 1861 , au lieu dit la Maître-École, par MM. Robert et Moreau, horticulteurs à Angers, et mise dans le commerce en 1863, sous le patronage du Comice horti- cole de Maine-et-Loire. Son extrême fertilité la rend des plus recom- mandables, ainsi que la délicatesse de sa chair. Poire BEURRÉ DE FLANDRE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. 209. Poire BEURRE FLON. Ueseription de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : assez nombreux, étalés, un peu faibles et un peu courts, légèrement géniculés, duve- teux, brun jaunâtre, à lenticelles fines et rapprochées, à coussinets ressortis. — Yeux : petits, ovoïdes, cotonneux, presque appliqués contre l'écorce, ayant les écailles bombées et mal soudées. — Feuilles : petites, abondantes, généralement elliptiques, irrégulièrement dentées, un peu contournées, munies d'un pétiole fort et très-court. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Greffé sur cognassier, ce poirier ne réussit pas complètement; il y est faible et très-tardif ; sur franc , il a plus de vigueur, mais ses pyramides y lais- sent encore beaucoup à désirer. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : turbinée, excessivement obtuse, ventrue et bosselée, ayant ordinairement un côté plus volu- mineux que l'autre. — Pédoncule : court, assez fort, droit, renflé au sommet, inséré dans une étroite cavité dominée par un mamelon très-prononcé. — Œil: moyen. 364 BEU [beurré foi — gel] ouvert, contourné, placé dans un bassin en entonnoir, qui, plissé sur ses bords, est des plus profonds. — Peau : rude au toucher , épaisse, jaune-citron , entièrement cou- verte de points Poire Beurré Flou. gris-roux, lar- gement mar - brée et tacbée de même sur la partie exposée au soleil. — Chair: blanche, demi-fme, ten- dre , juteuse , peu pierreuse. — Eau : abon- dante, sucrée, aromatique , douée d'un ai- grelet agréable et délicat. Maturité. — De la mi-sep- tembre à la mi- octobre. Qualité. — Première. Histori- que. — Elle appartient, comme la pré- cédente, à la po- mone de Maine- et-Loire et fut obtenue à An- gers par M. Flon-Grolleau, horticulteur Bas -Chemins du Mail. L'arbre -type fructifia pour la première fois en 1852 , et nous le multipliâmes aussitôt dans nos pépinières. Le semis d'où il est sorti fut fait par le père de M. Flon-GroUeau. Poire BEURRÉ FOIDARD. — Synonyme de ^oire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE FONTENAY. — Synonyme de Beurré gris d'Hiver nouveau. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE GELLE. — Synonyme de Beurré DieL Voir ce nom. BEU [beurré genJ 363 210. Poire BEURRÉ GENDRON. Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Ra- meaux : peu nom- breux, habituelle- ment étalés, grê- les , très - courts , légèrement cou - dés, rouge-brun, à lenticelles petites et clair- semées, à coussinets bien ac- cusés. — Yeux : moyens, ovoïdes- pointus , éloignés de l'écorce. — Feuilles : moyen- nes et rarement abondantes , ova- les-arrondies, vert jaunâtre, un peu coriaces, ayant les bords denticulés, le pétiole très-long, assez gros et sou- vent rougi. Fertilité. — Convenable. Culture, — Pour obtenir de cet arbre qu'il se développe passablement en pyramide, il faut lui donner le franc et non pas le cognassier , sur lequel son manque de vigueur le rend des plus chétifs. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : variable, afTec- tant souvent celle de notre premier type, qui est oblongue-turbinée , et souvent aussi celle du deuxième , presque sphérique ; mais , sous quelque forme qu'on la rencontre, elle est toujours irrégulière, bosselée, obtuse et contournée. — Pédon- cule : très-court, bien nourri, non recourbé, perpendiculairement inséré dans un large évasement plissé où le comprime une forte gibbosité. — OËil: petit, ouvert, des plus enfoncés. — Peau .-jaunâtre, ponctuée de brun, marbrée ou maculée de fauve autour de l'œil et du pédoncule, légèrement colorée de vermillon sur la face qui regarde le soleil. — Chair : blanche, grosse, ferme, cassante, granuleuse auprès des pépins, qui pour l'ordinaire sont avortés. — Eau : suffisante, acidulé, sucrée, douée d'un arôme assez agréable. Maturité. — De janvier à mars. Qualité. — Deuxième, et quelquefois première. 366 BEU [beurré gen] Poire Beurré Gendron. — Deuxième Type. Historique. — On a dit assez récemment que le Beurré Gendron ne différait aucunement du Besi de Chaumontel. Cette opinion souleva même une sérieuse polémique dans la Revue horticole, en 1860 et 1861. Mais aujourd'huilecalme s'est fait autour de ce poirier, qui réel- lement a droit de figurer parmi les va- riétés, ainsi que le déclarait il y a cinq / ï ans M. Willermoz, secrétaire du Con- grès pomologique, et l'un des meilleurs juges pour une telle cause : « Si le Beurré « Gendron a quel- ce que analogie de (( forme et de cou- ce leur avec le Besi ((de Chaumontel — « observait-il — rien c( dans l'intérieur « n'annonce cette variété; tout s'en éloigne, au contraire. » [Revue horticole, 1861, p. 81.) Du reste, quand on sait qu'il provient précisément d'un semis de pépins de Besi de Chaumontel, peut-on s'étonner de lui trouver, ainsi qu'à ses produits, un certain air de famille avec cette ancienne espèce?... Gagné dans les pépinières de M. Gendron, à Châteaugontier (Mayenne), le pied- type de ce Beurré donna ses premiers fruits en 1849. 211. Poire BEURRÉ GENS. Descriptiou de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, ordinairement étalés ou réfléchis, peu forts, assez longs, non flexueux, duveteux, fauve olivâtre légèrement rougi, ayant les lenti celles fines et rapprochées, et les coussinets bien marqués. — Yeux : à écailles entr'ouvertes, moyens, ovoïdes, pres- que collés contre le bois. — Feuilles : petites, peu abondantes, assez coriaces, ovales, irrégulièrement dentées, planes ou contournées, portées sur un pétiole des plus courts mais très-épais. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Ce poirier prospère imparfaitement sur le cognassier; le franc lui est beaucoup plus favorable, il s'y développe assez bien en pyramide. Itescription dit fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois volumineuse. — Forme: allongée, irrégulière, légèrement obtuse, bosselée et ven- true. — Pédoncule : court, fort, non recourbé, continu avec le fruit, obhquement BEU [beurré ghé] 367 Poire Beurré Gens. implanté à la base d'un mamelon plus ou moins prononcé. — Œil : petit, ouvert, placé dans un bassin large et peu profond. — Peau .-rugueuse, épaisse, jaune d'or, presque entièrement recouverte, surtout du côté du soleil, de tackes gris-roux et de points brunâtres excessivement fins. — Chair : blan- che, fme, fondante, juteuse, rare- ment pierreuse. — Eau : abon- dante, sucrée, savoureuse, impré- 'W / gnée d'un arôme des plus exquis. Maturité. — Fin septembre, allant quelquefois jusqu'au com- mencement de novembre. Qualité. — Première. Historique. — On doit cette poire si délicieuse aux pépinières de la Belgique, En 1847, le nom de son obtenteur était à peu près indi- qué par M. Bivort, dans ce passage d'un recueil horticole imprimé à Bruxelles : « Les scions de l'arbre que j'en pos- sède provenaient de la pépinière de Van Mons, et m'ont été donnés comme étant de son cru. Il y a seize ans que cette greffe a eu lieu. Quoique le pied-mère du Beurré Gens n'existe plus dans la pépinière de Louvain, je crois cependant que cet excellent gain peut être attribué au professeur Van Mons. » [Album de pomologie, t. I, p. 18.) Ici, M. Bivort n'est qu'à moitié affirmatif; mais cinq ans plus tard, en 1835, complètement renseigné, il dit positivement, à la page 91 du tome III des Annales de pomologie belge et étrangère : « Le Beurré Gens appartient aux semis de Yan Mons, « et sa première production a eu lieu vers 1827. » Observations. — Contrairement à l'opinion de quelques pomologues, nous pouvons certifier que ce Beurré n'a pas le moindre rapport avec la poire Urbaniste, ou des Urbanistes, Variétés excessivement distinctes, ces deux fruits n'ont de com- mun que l'époque de maturité , mais pour le reste ils diffèrent essentiellement ; et il en est ainsi des arbres qui les produisent. 212. Poire BEURRÉ DE GHÉLIN. Description de l'arbre. — Bois : fort, — Rameaux : assez nombreux , habi- tuellement étalés, gros, de longueur moyenne, peu coudés, gris-fauve olivâtre •légèrement rougi, surtout auprès des yeux; leurs lenticelles sont fines, très- espacées, et leurs coussinets ont un rehef des plus prononcés, — Yeux : moyens, ovoïdes, non appliqués contre le bois et ayant les écailles quelque peu disjointes. 368 BEU [beurré ghé] — Feuilles : assez grandes, ovales ou elliptiques, à bords régulièrement dentés en scie, à pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Con- Poire Beurré de Ghélin. * venable. Culture. — Ce poi- rier est d'un dévelop- pement un peu tardif, sur cognassier ; néan- moins il y fait d'as- sez belles pyramides. Nous le multiplions depuis un temps trop court pour savoir si le franc lui convien- drait mieux, comme sujet; cela, toutefois, paraît fort probable. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — For- me : oblongue ou ovoïde-arrondie, con- tournée et fortement bosselée. — Pédon- cule : de longueur moyenne, gros, ar- qué, renflé à son point d'attache , oblique- ment inséré dans une vaste cavité que sur- monte un mamelon ordinairement bien prononcé. — Œil : grand, ouvert ou mi-clos, régulier, faiblement enfoncé. — Peau : jaune pâle, semée de quelques points roux excessivement fins, largement lavée, du côté du soleil , de fauve clair sur lequel se détachent d'assez nombreuses marbrures brunâ- tres. — Chair : jaunâtre, demi-fine, fondante, aqueuse, légèrement pierreuse autour des pépins. — Eau : des plus abondantes, des plus sucrées, possédant une saveur aigrelette et un parfum très-agréable. Maturité. — Fin octobre, allant aisément jusqu'au cours de décembre. Qualité. — Première. Historique. — M. Fontaine de Ghélin , propriétaire à Mons (Belgique), gagnait en 1858, ce fruit, sur lequel nous lisons dans Y Illustration horticole^ de Gand, ces autres détails complémentaires : « Le droit de vendre ce poirier a été cédé par Tobtenteur à M. Verschaffelt, horticulteur à Gand, qui l'a mis au commerce en 1862 A l'une des expositions d'automne de la Société d'Agriculture de Tournai, un jury spécial a dégusté cette poire, l'a déclarée de toute première qualité, et lui a décerné un premier prix. » (Tome IX, n" 339.) BEU [beurré gif] 369 213. Poire BEURRÉ GIFFARD. Synonyme. — Poire GiFFARD (Decàisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861 , t. IV). Ilescription de l'arbre. — Bois : de force moyenne et d'un joli rouge grisâtre. — Rameaux : assez nombreux, étalés et légèrement con- tournés , faibles , très-longs , peu coudés , rouge foncé , à lenticelles fines et clair-semées^ à coussinets presque nuls. — Yeux : très-petits, aplatis , collés contre l'écorce. — Feuilles : moyennes, rarement abon- dantes , ovales , acuminées , ayant les bords entiers, le pétiole long, grêle, et les stipules excessivement déve- loppées. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — De bonne vigueur, il se greffe sur cognassier ou sur franc, croit hâtivement et forme des pyra- mides régulières et assez jolies, quoi- qu'un peu dégarnies de feuilles. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, gibbeuse et ventrue. — Pédoncule : court, droit ou arqué, mince, perpen- diculairement ou obliquement implanté à la surface du fruit. — Œil: petit, ouvert, bien fait, presque saillant. — PeaM/ jaune verdâtre, fortement ponctuée de brun, maculée de fauve autour du pédoncule et lavée de rouge terne du côté du soleil. — Chair : blanche, fine, fondante, rarement pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, faiblement mais délicatement parfumée. Maturité. — Fin juillet et commencement d'août. Qualité. — Première, en raison surtout de sa précocité. Historique. — Deux versions ont déjà été publiées, sur l'origine de ce Beurré; l'une qui le déclare trouvé par hasard, en 1840, par M. Rousseau, fleuriste à Angers; et l'autre qui le fait naître spontanément, cette même année 1840, chez M. Giftard , horticulteur dite ville. Mais ces deux versions sont erronées , ainsi que va le démontrer la note ci-après, que nous empruntons aux archives du Comice horticole de Maine-et-Loire : « Ce fruit a été rencontré sur un sauvageon, en 1825, par M. Nicolas Giffard, cultivateur' aux Fouassières, près la garenne Saint-Nicolas, paroisse Saint-Jacques d'Angers. M. Millet, ancien président du Comice, l'a décrit pour la première fois en 1 840, dans les Bulletins de cette Société. » [Travaux du Comice, i. II, p. 136, ei Liste des fruits obtenus dans le département de Maine-et-Loire, p. 4.) Observations. — Généralement , ce poirier n'est pas très-fertile ; cependant , lorsqu'il a dépassé une dizaine d'années, il le devient beaucoup plus, sans mériter 1. 24 370 BEU [beurré gou] toutefois qu'on le classe parmi les variétés renommées pour l'abondance de leurs produits. — M. Paul de Mortillet, qui a décrit le Beurré Giffard dans les Quarante bonnes Poires^ intéressant opuscule imprimé en 1860, en a porté l'appréciation sui- vante, qu'accompagnent d'utiles recommandations : « Si l'on pouvait reprocher quelque chose à la poire Giffard, ce serait de manquer un peu de parfum. Ce n'en est pas moins un excellent fruit et la première très-bonne poire de la saison. Il est meilleur lorsqu'il s'achève au fruitier, après avoir été cueilli quelques jours avant sa maturité... Il est de bonne garde pour un fruit d'été. » (Page 13.) 214. Poire BEURRE GOUBAULT. Sjnonyme. — PoiVe GoUBAULT (Decaisne, h Jardin fruitier du Muséum, 1860," t. III). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nom- breux, légèrement étalés, gros, longs , bien coudés , brun clair grisâtre , ayant les lenticelles lar- ges, des plus abondantes, et les coussinets saillants. — Yeux : volumineux , ovoïdes - obtus , à écailles disjointes, duveteux, n'ad- hérant pas complètement au bois. — Feuilles : habituellement ovales- arrondies , acuminées , profon- dément dentées, portées sur un pétiole fort , assez court et faible- ment rosé. Fertilité. — Grande. Culture. — Peu de poiriers le surpassent en vigueur; il déve- loppe excessivement vite son écus- son , prospère sur toute espèce de sujet, et fait des pyramides admi- rables, régulières et très-fortes. nescription du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée-arrondie. — Pédoncule : assez long, bien nourri, arqué, implanté obliquement ou perpen- diculairement dans une large cavité en entonnoir. — Œil : grand, souvent mi-clos, uni sur ses bords, placé dans un évasement assez profond. — Peau : vert tendre, uniformément parsemée de points grisâtres, surtout sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanche, mi-fine, fondante ou mi-fondante, juteuse, à peu près exempte de pierres. — Eau : excessivement abondante, sucrée, rafraîchissante, aromatique et délicate. Maturité. — Fin août et courant de septembre. Qualité. — Première, lorsque son point de maturité est bien choisi ; deuxième quand il est trop avancé. ■BEU [BEURRÉ grtJ 371 Historif|iie. — Si nous interrogeons les Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire , nous voyons ciue cette poire a fut obtenue de semis en d 842 , par « M. Goubault, alors horticulteur faubourg Saint-Michel^ à Angers, et qu'on l'a « mise dans le commerce en 1843. » (Tome III, p. 55.) Observations. — Les Allemands ne connaissaient pas encore, en 1860, la véritable provenance de ce Beurré , car le docteur Langethal , un de leurs pomo- logues, le décrivant au 7^ cahier de son Deulsches Obstcabinet , disait : « Je le crois « né en Belgique, et c'est M. Pap(3leu, de Wetteren, qui me l'a fourni. » Aujour- d'hui, que mon Catalogue traduit en anglais, en allemand, en espagnol et en italien , circule de tous côtés à l'étranger, il rectifiera d'autant mieux les erreurs de cette nature, que je me suis efforcé d'y consigner le plus grand nombre possible de ^renseignements sur l'origine des fruits. — « Le Muséum a reçu de Lyon, sous « le nom de poire Citronnée, un fruit très-semblable par sa forme, sa couleur et «l'époque de sa maturité, au Beurré Goubault, » écrivait en 1860 M. Decaisne, tome III de son Jardin fruitier. Il existe effectivement, et nous la cultivons, une variété de poirier qui porte ce nom; mais dans nos pépinières, hâtons-nous de l'affirmer, elle se montre bien différente du Beurré Goubault. Et l'on peut immé- diatement s'en assurer, en étudiant plus loin l'article consacré à la poire Citronnée. 215. Poire BEURRÉ GRIS. Synonymes. — Poires: 1. Beurrée (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et pla7it, 1628, p. 11 ). — 2. Beurrée rousse ( Id. ibid.). — 3. Glairville ronde (7c?. ibid.) — 4. Ysam- BERT {Id. ibid.). — b. Beurré roux (dom Claude Saint-Étienne , Nouvelle instruction pour con- naître les bons fruits, édition de 1670^ p. 57). — 6. D'Amboise (Merletj l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675^ p. 88). — 7. Beurré d'Anjou {Id. ibid.). — 8. Beurré rouge d'Anjou {Id. ibid.). — 9. Isambert-le-Bon(/c?. ibid.). — iO. Beurré n" AMBOïSE{]a.Qmnimye, Instructions pour les jar- dins fruitiers et potagers, édition de 1739, pp. 226-227). — 11. Beurré Isambert des Normands {Id. ibid.). — 12. Beurré rouge (/c?. ibid.). — 13. Beurré vert {Id. ibid.).—U. Beurré d'Ambleuse (Herman Knoop, Fructologie, 1771, p. 135). — 15. Beurré d'Or {Id. ibid.). — 16. Gisambert {Id. ibid.). — 17. De Vendôme {Id. ibid.). — 18. Beurré de Tréverenn (Prévost, Cahiers pomolo- giques, 1839, p. 86).— 19. Beurré doré (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society ofLondon, 1842, p. 126, n» 60). — 20. Beurré DU Roi( M. ibid.). — 21. LisaMbart (du Breuil, Cours d'arboriculture , 1854, t. II, p. 569-ii). — 22. Isambarï-le-Bon (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 8). — 23. D'Ambleteuse (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). — 24. Beurré d'Isambert-le-Bon {Id. ibid.). — 25. Beurré de Saintonge {Id. ibid.), — 26. Isambart {Id. ibid.). — 27. Beurré gris d'Automne (de Liron d'Airoles, Liste synonymique des variétés du poirier, 1859, p. 44). — 28. Beurré d'Isambard {Id. ibid.). — 29. Eisenbart [en Allemagne] (Langethal, Deutsches Obstcabinet, 3« cahier, 1859). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux , étalés, gros,, longs, très-géniculés , rouge brunâtre, ayant les lenticelles fines, rapprochées, et les coussinets bien accusés. — Yeux : volumineux, ovoïdes-pointus, généralement placés en éperon. — Feuilles : petites, vert jaunâtre, souvent rou- gies, ovales ou elliptiques, ondulées, profondément dentées, portées sur un pétiole court et grêle. Fertilité. — Abondante. Culture. — Le cognassier convient bien à cet arbre, mais il prospère toujours 372 BEU [beurré gri] mieux sur le franc; toutefois, quel que soit le sujet qu'on lui ait donné, il ne prend jamais qu'une forme pyramidale assez irrégulière. Poire Beurré gris. Description du fruit. — Grosseur : vo- lumineuse ou moyenne. — Forme : turbinée-ar- rondie ou oblongue, bos- selée, obtuse , ayant généralement un côté plus ventru que l'autre, — Pédoncule : court, mince, arqué, oblique- ment implanté au milieu d'une étroite cavité en entonnoir. — Œil : moyen , mi-clos ou fer- mé, placé à fleur de fruit. — Peau : sa couleur va- rie beaucoup; quelque- fois elle est grisâtre, ru- gueuse et comme gra- nitée; ou bien encore fortement bronzée ; mais cependant elle est le plus habituellement jaune d'or, ponctuée et mar- brée de roux, striée de même dans l'évasement pédonculaire , et légère- ment lavée de rose terne sur la partie frappée par le soleil. — Chair : blanc mat, fme, excessivement fondante, rarement granuleuse. — Eau : des plus abondantes, sucrée, acidulé , vineuse , douée d'un arôme d'une exquise saveur. Maturité. — ■ De la mi-septembre jusqu'à la fin d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — On lit dans la Pomologie de la France, publiée à Lyon par le Congrès pomologique, ce qui suit au sujet du Beurré gris : (c Cette variété est très-ancienne ; si les noms primitifs donnés aux fruits eussent été con- servés, comme le dit Olivier de Serres — qui la cite sous le nom de la Dorée — peut-être trouverait-on qu'elle nous vient des Romains. » (1864, /t. II, n" 68.) Mais ce passage, à notre sens, ne saurait s'appliquer au Beurré gris, car la poire Dorée, dont il est question ici, diffère entièrement de ce fruit délicieux. Et si 1 on consulte Olivier de Serres , il en fournit immédiatement la preuve : « La poire Dorée — écrivait-il en 1 608 — ainsi ditte pour l'or dont elle est peinte du costé regardant le Soleil : elle est assez grossete, de figure tendant à la rondeur, de précieux goust, et de meureté contemporaine à la Petite Muscatelitie, la plus petite, la plus primeraine de toutes les autres. » [Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, 4^ édition, p. 627.) Dans cette description, trois caractères s'éloignent essentiellement de ceux BEU [beurré gri] 373 particuliers au Beurré gris, qui n'est certes pas, on en conviendra, une poire « assez grossete, tendant à la rondeur, et de meureté contemporaine à la Petite « Muscateline, » notre Petit-Muscat ou Sept-en-Gueule, souvent mûr dès la fin de juin. Et si l'on pouvait en douter, nous ajouterions qu'on voyait figurer en 1628, à la page 7 du Catalogue des arbres cultivés dans le verger et plant du sieur le Lectier, procureur du roi à Orléans^ la poire Dorée, d'Olivier de Serres, puis à la page H de ce même opuscule la poire « Beurrée, ou Ysambert, estant eu maturité en septembre « et commencement d'octobre. » D'où résulte qu'au xvn^ siècle aucune identité n'ayant existé entre ces deux fruits, il devient assez difficile, au xix% de les sup- poser semblables. Le Lectier fut \e premier auteur qui parla du Beurré ; et déjà, quoiqu'en 1628, il lui donnait pour synonyme, poire Ysambert. Personne, avant cette époque, n'ayant cité l'un ou l'autre de ces deux noms , il est alors permis de penser que l'obtention de ce poirier remonte au plus à 1550. Quant à sa provenance, nous partageons volontiers l'opinion de M. Eugène Fornéy, qui dans son Jardinier frui- tier disait en 1862 : « Il paraît originaire de Normandie, où il portait primitivement «le nom d'Ysambart, nom de famille assez commun dans cette province. » (Tome I, pp. 194-195.) Et ce sentiment fut aussi professé par la Quintinye (1690), puisqu'au tome P'' de ses Instructions pour les jardins fruitiers et potagers^ il l'appelait l'IsAMBERT DES NoRMANDS. (Page 227.) Du reste, il est positif qu'Isambert a été le nom primitif de cette poire, et non point Beurré, qu'on lui appliqua seulement vers 1625, selon Claude Mollet, créateur des parterres du roi Henri lY, et auteur du Théâtre des jardinages , ouvrage très-rare dans lequel on lit ce qui suit : (c Le poirier Beurré est un fort bon arbre ; il s'appelle autrement : les anciens luy ont donné le nom (I'Isambert, et de nostre temps nous l'appelions Beurré, à cause que son fruit estant en maturité , si-tost que l'on en met un morceau dans la bouche , il fond comme le beiuTe, et a le goust odoriférant. » (Chapitre V, pp. 28-29.) Chez les Allemands , ou le Beurré gris^est cultivé de tous côtés , on l'a doté d'un étrange surnom. Soit hasard, soit désir de faire un innocent jeu de mots, au lieu de conserver à son synonyme Isambart sa véritable orthographe , on l'a changé en Fisenbart, terme qui dans la langue tudesque signifie Barbe de fer. . . Observation!». — De nos jours, quelques personnes croient encore, dans le monde arboricole, qu'il existe des variétés distinctes de Beurré Bouge, Vert, Bore, etc., etc. C'est là une erreur que nous ne saurions partager en rien, et contre laquelle n'ont cessé de s'élever, depuis plusieurs siècles, les pomologues les plus accrédités. Citons seulement l'avis de trois d'entre eux : En 1690, la Quintinye, l'homme de son temps qui connut le mieux les fruits, tranchait ainsi la question : « A l'égard du Beurré, il faut établir que tant le Beurré rouge, autrement VAmboise, ou Vlsambert des Normands, que le Beurré gris et Beurré vert, ne sont qu'une même chose; si bien que souvent il s'en ti^ouve de toutes ces façons sur un même arbre, ces diiïérences de couleur n'ayant d'autres fondemens que la belle exposition ou peut-être une médiocre infir- mité de tout l'arbre, ou seulement de quelque branche, qui en font de rouge; ou que l'ombre et la vigueur, soit de l'arbre entier, soit de la branche particulière, qui en font de gris ou de vert. » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, t. I, p. 227.) En 1768, Duhamel du Monceau, dont la volumineuse et belle pomologie fait toujours autorité , dit à son tour, d'accord avec son devancier : « La peau du Beurré est... verte , ou grise, ou rouge... Cette différence de couleur ne fait PAS TROIS VARIÉTÉS DE Beurré,... comme on le croit communément; c'est un seul et même Beurré, dont la couleur varie suivant le terrain, l'exposition, la culture> le sujet. Les arbres 374 BEU [beurré gri] jeunes et vigoureux, et ceux qui sont greffés sur franc, donnent ordinairement leurs fruits gris. Les arbres greffés sur coignassier, et d'une vigueur médiocre, en produisent de verts. Ceux qui sont languissants, ou plantés dans un terrain trop sec, et à une exposition très- chaude, en produisent de rouges. Quelquefois un même arbre en porte des trois couleurs, ayant des branches de différents degrés de force ou de langueur propres à produire cette différence dans la couleur du fruit, » [Traité des arbres fruitiers, t. II, pp. 196-197.) Enfin, tout récemment (1862) un jeune et savant professeur d'arboriculture de Paris, M. Eugène Forney, dont nous avons cité plus haut l'opinion au sujet de l'origine de ce Beurré, prouvait à ses lecteurs, dans un de ses ouvrages, que la Quintinye avait eu grandement raison en déclarant identiques ces Beurrés de diverses couleurs : « La Quintinye — observait-il — a reconnu que ces variétés étaient semblables... et il est facile de s'en assurer : on n'a, comme je l'ai fait, qu'à greffer du Beurré à fruits verts sur un arbre chlorose, et l'on obtiendra des fruits jaunes et rouges; on voit même des arbres donner des fruits verts une année, et l'année suivante des fruits jaunes. » [Le Jardinier fruitier, t. I, pp. 194-195.) Mais il nous reste encore une remarque à faire, avant de terminer ce long article : c'est qu'il existe en Allemagne — et nous la possédons et la multiplions dans nos pépinières — une variété dite Beurré rouge qui n'a réellement aucune espèce de rapport avec le Beurré gris ici décrit. Et l'on n'en doutera nullement, lorsqu'on saura que sa chair est cassante, sèche et grossière. Poire BEURRÉ GRIS D'AUTOMNE. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ GRIS DE BÏLBAO. — Synonyme de Beurré doré de Bilbao. Voir ce nom. Poire BEURRÉ GRIS D'HIVER. — Synonyme de Beurré gris d'Hiver nouveau. Voir ce nom. Poire BEURRÉ GRIS D'HIVER ANCIEN. — Synonyme de poire Milan d'Hiver. Voir ce nom. 216. Poire BEURRE GRIS D'HIVER NOUVEAU. Synon^fiues. — Poires : 1. Beurré gris d'Hiver (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 116). — 2. Beurré d'Hiver nouveau [Id. ibid.). — 3. Beurré de Luçon {Id. ibid.). — 4. Beurré gris SUPÉRIEUR (Bivort, Album de pomologie, 1850, t. III, p. 49). — 5. Beurré de Fontenay (Tougard, Tableau descriptif des variétés de poires, 1832, p. 60). — 6. Beurré gris de Luçon {Id. ibid.). — 7. De Luçon (Decaisue, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne — Rameaux : peu nombreux, étalés, assez gros, courts, à peine géniculés, rouge grisâtre, finement et abondamment ponctués, ayant les coussinets très-ressortis. — Yeux : moyens, ovoïdes, habituellement obtus, un peu écartés du bois. — Feuilles : vert jaunâtre , rarement nombreuses, ovales-allongées, crénelées ou dentées, à pétiole long, bien nourri, souvent recouvert d'une poussière noirâtre. Fertilité. — Ordinaire. BEU [beurré c-ri] 375 Poire Beurré gris d'Hiver nouveau. Culture. — Peu vigoureux sur cognassier, il se plaît infiniment mieux sur le franc, mais son développement y est tardif et ses pyramides y restent toujours faibles, et toujours aussi trop dégarnies de feuilles. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois plus volu- mineuse. — Forme : arrondie, irrégulière, bosselée, habituel- lement plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : court, bien nourri, droit ou recourbé, obliquement inséré dans un large évasement assez profond et dont les bords sont des plus inégaux. — OEil : moyen, très-ouvert, contourné, faiblement enfoncé. — Peau : rugueuse , épaisse , vert gri- sâtre, lavée de rouge sur la partie exposée au soleil , et presque entièrement recou- verte de larges marbrures fau- ves et de points d'un gris-blanc fort apparent. — Chair ; jau- nâtre, fine, fondante^ juteuse, constamment pierreuse, et souvent avec excès, autour des loges. — Eau : extrême- ment abondante, sucrée, vineuse, aromatique et très -délicate. Maturité. — Du commencement de novembre jusqu'en janvier. Qualité. — Première. Historique. — Les pomologues belges et français s'accordent pour la déclarer originaire de Luçon, petite ville située non loin de Fontenay-le-Comte (Vendée); mai» aucun d'eux n'en connaît l'obtenteur. Peut-être aura-t-eUe poussé naturelle- ment?... Nous la cultivons depuis 1842, elles renseignements qu'on nous a fournis sur elle, reportent à 1830 environ l'époque de sa véritable propagation. Observations. — Les noms Angélique de Rome, Doyenné marbré, Saint- Michel d'Hiver, ont été donnés plusieurs fois comme synonymes de Beurré gris d'Hiver nouveau, et bien à tort. Le premier appartient en effet à une variété spé- ciale, que nous avons décrite ci-dessus, page 136 ; et les deux autres furent attribués jadis à l'excellente poire appelée Doyenné d'Alençon. Poire BEURRÉ GRIS DE LUÇON. — Synonyme de Beurré gris d'Hiver nouveau. Voir ce nom. Poire BEURRÉ GRIS DE PORTUGAL. — Synonyme de Beurré doré de Bîlbao. Voir ce nom. Poire BEURRÉ GRIS -ROUGE. — Synonyme de poire Nec plus Meuris. Voir ce nom. 376 BEU [beurré gri — ham] Poire BEURRÉ GRIS SUPÉRIEUR. — Synonyme de Beurré gris d'Hiver nou- veau. Yoir ce nom. Poire BEURRE HAFFNER. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Yoir ce nom. 217. Poire BEURRE HAMECHER. Descpiption de l'arbre. — Bois : très-fort. — Bameaux : nom- breux, érigés, gros, longs, flexueux et légèrement cotonneux , jaune clair verdâtre , à lenticelles petites et très-rapprochées , à coussinets bien accusés. — Yevx : moyens, ovoïdes aplatis, appliqués contre l'écorce au sommet du rameau et sortis en courts éperons vers la base. — Feuilles: assez grandes, très-abondantes, ovales-allongées, canaliculées et contournées , ayant les bords unis, le pétiole long et des plus gros. Fertilité. — Convenable. Culture. — Sur cognassier, cet arbre, dont la vigueur est exces- sive, se développe bien et forme des pyramides magnifiques, régu- lières et feuillues. Nous ne l'avons pas encore greûé sur franc. Description du fruit. — Grosseur : moyenne et souvent plus volumineuse. — Forme : ovoïde ou turbinée- arrondie , généralement déprimée d'un côté, auprès du pédoncule et de l'œil. — Pédoncule : peu long, fort, toujours arqué, renflé à son extrémité supé- rieure, obliquement implanté dans une faible cavité que surmonte un mamelon bien prononcé. — OEil : large, ouvert ou mi-clos, placé dans un bassin très- évasé, rarement profond et dont les bords sont légèrement plissés. — Peau : jaune verdâtre, passant au jaune d'or sur la partie exposée au soleil, ponctuée de gris, marbrée de roux et très-maculée de brun autour du pédoncule. — Chair : blanche, fine, fondante, quelque peu pâteuse et pierreuse, et montrant de nombreuses fdDrilles jaunâtres. — Eau : suffisante, acidulé, faiblement sucrée, faiblement par- fumée. Maturité. — Fin août et premiers jours de septembre. Qualité. — Deuxième, et parfois troisième, surtout lorsque cette poire n'est pas mangée avant sa trop grande maturité. BEistorique. — Gagné chez les Belges , ce poirier , qui provient des derniers semis de Yan Mons, a été répandu par M. Alexandre Bivort, et décrit également BEU [beurré habi — iiar] 377 par lui dans son Album de pomologie, auquel nous empruntons les renseignements ci-après : « Ce fruit a mûri pour la première fois en octobre 1847 Je, ne puis rien dire de certain quant à l'époque de son semis^ sinon que l'arhre paraît avoir environ douze ans actuelle- ment. Sur le désir que M. Scheidweiler, professeur d'agronomie et d'horticulture à l'École vétérinaire de l'État, à Bruxelles, m'en a manifesté, j'ai dédié cette poire à M. Chrysanthe Hamecher, son ami, pharmacien, assesseur du Collège médical, et conseiller communal à Cologne, zélé pomologue qui a bien voulu en accepter la dédicace. » (Tome P% 1847, p. 49.) Observations. — Les Belges et les Allemands déclarent « excellent » le Beurré Hamecher, et le disent mûrissant en « octobre et novembre. » Dans notre école, il ne se montre pas ainsi, puisque nous l'avons toujours mangé, depuis 1852, « la fin d'août^ et constamment, aussi, trouvé peu savoureux. Poire BEURRÉ HAMON. — . Synonyme de poire Hamon. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'HARDENPONT (en Belgique). — Synonyme de Beurré d'Arenberg (en France). Voir ce nom. 218. Poire BEURRÉ D'HARDENPONT D'AUTOMNE. nescription de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : peu nombreux, étalés, légèrement contournés , longs , assez gros , géniculés , brun verdâtre sou- vent rougi, surtout auprès des yeux , ayant les lenticelles lar- ges, abondantes, et les coussinets bien ressortis. — Yeux : petits, ovoïdes - aplatis , habituellement obtus, entièrement appliqués con- tre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales , planes ou canaliculées , à bords finement dentés, à pétiole long, épais et teinté de rose près du point d'attache. Fertilité. — Satisfaisante. Culture . — Ce poirier ne pousse jamais convenablement sur le cognassier, il y est faible, mal ramifié; le franc lui donne plus de vigueur et rend ses pyramides moins chétives , moins dénudées. Deseriptiou du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne . — Forme : régulière, très-allon- gée , se rapprochant beaucoup des Calebasses, ventrue vers la 378 BEU [BEURRÉ HAR] base, excessivement amincie à sa partie supérieure. — Pédoncule : court, gros, arqué , se continuant avec le fruit , plissé et des plus charnus à son point d'inser- tion. — Œil : grand, mi-clos ou bien ouvert, à peine enfoncé. — Peau : jaune, couverte en partie de larges points bronzés, saillants, rugueux, et portant du côté du soleil de nombreuses taches brunes parfois entremêlées de teintes rougeâtres. — Chair : jaunâtre, fine, fondante, aqueuse, légèrement pierreuse. — Eau : abon- dante, sucrée, vineuse, fort aromatique. Maturité. — Fin septembre ou commencement d'octobre, et dépassant très- rarement la mi-novembre. Qualité. — Première. Kistorique. — Nous avons dit page 302 , en parlant de notre Beurré d'Aren- l)erg, appelé chez les Belges Beurré d^Hardenpont d'Hiver, que Van Mons fut l'obtenteur du Beurré d' Hardenpont ici décrit , et surnommé d' Automne pour éviter toute confusion avec ce dernier. Prouvons maintenant que nous n'avancions là rien d'inexact, en reproduisant la note suivante , que le professeur Poiteau publiait en \ 832 dans la Revue horticole , de Paris : « Beurré d'Hardenpont, gain de Van Mons. — Il y a environ trente ans (vers 1802) que j'ai vu un fruit, sous ce nom, chez M. Noisette On l'a, je crois, confondu avec le Beurré d'Arenberg Il est cultivé au Luxembourg, et mûrit en septembre Cette poire n'est pas portée sur le Catalogue de la pépinière, parce qu'il était imprimé quand elle arriva à l'établissement Cependant le Beurré d'Hardenpont ne se perdra pas, car M. Noisette l'a introdvdt dans ses pépinières. » (Pages 101 et 102.) Et Noisette^ effectivement, multiplia cette variété, puisque nous la trouvons ainsi décrite dans son Jardin fruitier : « Beurré d'Hardenpont. — Très-beau fruit, ventru, étranglé du côté de la queue, ponctué, jaune-clair, rougissant quelquefois un peu du côté du soleil* à chair blanche, fondante, avec beaucoup d'eau sucrée et parfumée Mûrit courant de septembre Il a été introduit de la Belgique en France. Quelques personnes le confondent avec le Beurré d'Arenberg, mais il en diffère par l'époque de maturité et par les qualités. On le cultivait à l'École du Luxem- bourg, pendant les dernières années. » (Édition de 1832, pp. 129-130.) En entendant Poiteau affirmer que ce fut vers 1802 qu'il vit le Beurré d'Harden- pont d'Automne pour la première fois , on peut reporter sans crainte à la fin du dernier siècle l'obtention de ce fruit par Yan Mons, et lui assigner Bruxelles comme lieu de naissance. Et notre opinion ne saurait guère être contestée, devant ces lignes de M. Alexandre Bivort , extraites de sa notice sur la Théorie Van Mons , publiée en 1855 : c( Van Mons était né avec le goût du jardinage; dès sa tendre jeunesse, U s'occupait à semer dans le jardin de son père des espèces florales et des espèces fruitières et en peu d'années il réunit dans sa pépinière de la Fidélité, à Bruxelles, une masse d'arbres fruitiers, la plupart provenus de ses semis; leur nombre s'élevait, en 1815, à plus de 80,000. » [Publications de la Société Van Mo7is, t. I, p. 68.) Poire BEURRÉ D'HARDENPONT DE CAMBRON. — Synonyme de Beurré d'Arenberg (en France). Voir ce nom. BEU [BEURRÉ har] 379 219. Poire BEURRÉ HARDY. Synonyme. — PoîVe Hardy (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV). Ileseription fie l'ai'bre. — ^ow .- très-fort. — Rameaux : assez nombreux, généralement étalés à la base de la tige, éri- gés près du sommet, des plus longs et des plus gros , coudés , brun olivâtre souvent rougi, à lenticelles larges et clair-semées, à coussinets peu saillants. — Yeux : moyens , ovoïdes-poin- tus, duveteux, non appliqués contre le bois et ayant les écail- les légèrement disjointes. — Feuilles : de grandeur ordinaire, ovales-allongées, quelque peu canaliculées, profondément den- tées en scie, portées sur un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Convenable. Culture. — très- vigoureux , il peut être greffe sur toute es- pèce de sujet ; le développement de son écusson est assez vif; ses pyramides sont fortes , mais pèchent habituellement par une trop maigre ramification. Deseription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme .• turbinée, obtuse, ventrue, bosselée, toujours plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule: court, gros, recourbé, obliquement inséré au milieu d'une faible dépression souvent surmontée d'un mamelon peu prononcé. — (EU : moyen, ouvert, placé dans un large bassin rarement très-profond. — Peau : épaisse, rude au toucher, jaune obscur, ponctuée de brun clair, presque entièrement marbrée et tachée de fauve, et parfois lavée de rouge sombre sur la partie regardant le soleil. — Chair : blanche , des plus fines et des plus fondantes , aqueuse , pierreuse au centre. — F au : excessivement abondante, sucrée, aromatique, ayant un arrière- goût musqué d'une exquise délicatesse. Maturité. — De la moitié de septembre jusqu'à la moitié d'octobre. Qualité. — Première. Historique* — Cette variété , d'origine française , commençait à se répandre en 1830; elle provenait des semis de feu Bonnet, de Boulogne-sur-Mer, l'un des hommes de son temps qui s'occupa le plus de pomologie. M. Jean-Laurent Jamin , pépiniériste à Bourg-la-Reine (Seine), en fut le promoteur et le parrain. Il lui donna le nom de M. Hardy, alors directeur du Jardin du Luxembourg. 380 BEU [beurré hat — jal] Observations. — Le Beurré Kennes , dont la description se trouve ci-après , page 383, n'est pas, comme quelques-uns l'ont cru, le même que le Beurré Hardy ; en étudiant l'article que nous lui avons consacré^ on verra facilement en quoi ces deux variétés difïerent. — Le Beurré Hardy devenant pâteux dès les premiers jours de sa maturité , il faut le surveiller attentivement au fruitier, et surtout le cueillir un peu vert. Poire BEURRÉ HATIF. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DES HAUTES -VIGNES. — Synonyme de Poire Délices cVHar- denpont d'Angers, Yoir ce nom. Poire BEURRÉ DE HEMPTIENNE. — Synonyme de poire Jean de Witte. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ D'HIVER. — Synonyme des poires : Besi de Chaumontel, Besi de la Motte ^ Beurré de Rance et Doyenné d'Hiver. Voir chacun de ces noms. Poire BEURRÉ D'HIVER DE BRUXELLES. — Synonyme de Doyenné d'Hiver. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'HIVER DE LIEGEL. — Synonyme de poire Suprême Coloma. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'HIVER NOUVEAU. — Synonyme de Beurré gris d'Hiver nou- veau. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'IEDAN. — Synonyme de poire Amadote. Voir ce nom. Poire BEURRÉ INCOMPARABLE. — Synonyme de Beurré Diel. Voir ce nom. Poires BEURRÉ DTSAMBARD et BEURRÉ D'ISAMBERT. — Synonymes de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'ISAMBERT -LE -BON. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ISAMBERT DES NORMANDS. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. 220. Poire BEURRÉ JALAIS. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, grêles , de longueur moyenne , géniculés , brun clair verdâtre ou rosé , à lenticelles fines et très-rapprochées, à coussinets bien marqués. — Yeux : petits, ovoïdes ou BEU [beurré jal — jea] 381 coniques, généralement ressortis en éperon.—/^e?iz7/es.- moyennes, peu abondantes, ovales, acuminées, ayant les bords faiblement denticulés, le pétiole long et fort. Fertilité. — Grande. Poire Beurré Jalais. r at.i , LuLTURE. — N étant pas très- vigoureux, il se plaît infiniment mieux sur le franc que sur le cognas- sier; ses pyramides y sont régulières et assez jolies, quoiqu'un peu dégarnies de feuilles. ]9e@ei*iptioit du fruit. — Grosseur : volu- mineuse. — Forme : tur- binée - arrondie , légère- ment bosselée. — Pédon- cule : court, bien nourri, renflé à son attache, ar- qué, perpendiculairement implanté dans une large cavité ayant souvent les bords inégaux. — Œil : petit, mi-clos, duveteux, rarement très-enfoncé. — /*eaM ; huileuse, j aune d'or, finement ponctuée, striée et veinée de brun-roux, recouverte du côté du so- leil d'une teinte gris rou- geâtre. — Chair : blanchâtre, fme, fondante, légèrement pierreuse auprès des loges. — Fau: suffisante, vineuse, sucrée, rafraîchissante, savoureusement parfumée. Maturité. — Fin septembre, allant jusqu'à la mi-octobre. Qualité. — Première. Historique. — En 1863, la Revue horticole, de Paris, faisait connaître comme suit, par la plume de M. de Liron d'Airoles, l'origine de ce nouveau poirier : « Il provient d'un semis effectué en 1848 par M. Jacques Jalais, jardinier -pépiniériste à Nantes. Son premier rapport a eu lieu en 1848. La Société d'horticulture de Nantes couronna en 1861 ce beau gain d'une grande médaille d'argent. » (N° du 1" septembre, p. 331.) 221. Poire BEURRÉ JEAN VAN GEERT. Be^cription de l'arbre, — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nom- breux, assez gros, longs, légèrement coudés, vert herbacé, ayant les lenticelles fines, clair-semées, et les coussinets saillants. — Ye?^x : petits, coniques, éloignés de l'écorce, à écailles mal soudées. — Feuilles : moyennes, ordinairement de forme 3g2 BEU [beurré je a] ovale, aciiminées, profondément dentées , portées sur un pétiole très-court, roide et épais. Fertilité.— Convenable. Poire Beurré Jean Van Geert. Culture. — Il prend in- distinctement le franc ou le cognassier; sa vigueur est satisfaisante, ainsi que la régularité de ses pyrami- des, qui sont fortes et feuil- lues. Deseription du fruit. — Grosseur : consi- dérable. — Forme : allon- gée, ventrue, obtuse, étran- glée près du sommet et sou- vent quelque peu contour- née. — Pédoncule : court, assez mince , droit ou re- courbé , obliquement im- planté dans une étroite ca- vité où le comprime un mamelon bien développé. — Œil : moyen, mi-clos, enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : jaune brillant, ponctuée de fauve, légère- ment marbrée de même, striée de brun auprès de l'œil et lavée de vermillon du côté frappé par le soleil. — Chair : blanchâtre , mi- fine , fondante , juteuse , granuleuse autour des pé- pins. — F au : excessivement abondante, sucrée, acidulé, aromatique et fort délicate. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Première. Historique. - Elle nous vient de la Belgique et ne fait encore que paraître dans les jardins. L'Illustration horticole, recueil publié chez nos voisins, l'annonçait en 1864. Yoici ce qu'il en disait : ce Ce poirier a été obtenu de semis par M. Jean Van Geert père, horticulteur à Gand. M. Ambroise Verscliaffelt, pépiniériste même ville, après en avoir déguste le fruit en a acquis une partie de l'édition. Il est donc mis au commerce cette année 1864. » (N« d'octobre, pi. 41b. ) Le premier rapport du Beurré Jean Van Geert a eu lieu en 1863. Ne cultivant cette variété que depuis deux ans, on comprend aisément qu'il nous ait encore ele impossible de recueillir quelques observations à son sujet. BEU [beurré ken] 383 222. Poire BEURRÉ KENNES. description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux , légèrement étalés , gros, de longueur moyenne , gé- niculés, brun rougeâtre, abon- damment et finement ponctués, ayant les coussinets habituelle- ment bien accusés. — Yeux : moyens, coniques-obtus^ à écail- les faiblement disjointes, non ap- pliqués contre lecorce. — Feuilles: grandes , ovales ou .elliptiques , acuminées, planes ou contour- nées, à bords peu profondément dentés, à pétiole long, flasque et menu. FERTU.1TÉ. — Excessive. Culture. — Assez vigoureux, ce poirier se développe toujours plus hâtivement sur le franc que sur le cognassier, mais il fait, gé- néralement;, des pyramides fortes et élégantes. Description du frnit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée-arrondie, ventrue, bosselée. — Pédoncule : peu long, bien nourri, non recourbé, renflé à sa partie supérieure, obliquement implanté et le plus ordinaire- ment continu avec le fruit, en dehors de l'axe duquel il est alors placé. — Œil : grand, mi-clos, mal conformé, presque saillant. — Peau : jaune d'ocre, ponctuée de gris, largement maculée de fauve, surtout vers Toeil, et colorée de rouge-brique sur le côté exposé au soleil. — Chair : très-blanche, demi-fine, fondante Juteuse, contenant quelques pierres auprès des loges. — Fau : abondante, sucrée, fraîche, excessivement parfumée. Maturité. — Courant d'octobre et commencement de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Semé par Van Mons, ce poirier ne fructifia qu'en 1845, après la mort du professeur belge. Il fut décrit en 1846, dans le Journal d'horticulture, par M. Alexandre Bivort, qui continuait à Geest-Saint-Remy, près Jodoigne, les expériences arboricoles de son savant compatriote. Il le dédia à l'un de ses amis , à M. Kennes, curé de Neervelp (Belgique). Observations. — Cette poire blettit ou devient pâteuse assez promptement, aussi doit-elle être mangée avant sa trop grande maturité. — Nous croyons utile de rappeler ici ce que nous avons dit à l'article du Beurré Hardy : qu'on s'est trompé en le supposant semblable au Beurré Kennes. 384 BEU [beurré KEN — kir] Poire BEURRÉ DE KENT. Voir ce nom. Synonyme de Beurré d'Arenberg (en France). 223. Poire BEURRE KIRTLAND. Synonymes. — Poires : 1. Beurré Kisland (André Leroy, Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement, 1860, Supplément; 1863, p. 30, n» 128; et 1865, p. 32, n" 169). — 2. KIRTLAND (Elliott, Fruit bock, 1854, p. 329). Premier Type. Ilesei>i|>tioii de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nom- breux, légèrement arqués et érigés, gros , longs , coudés , cotonneux , rouge clair grisâtre, à lenticelles lar- ges et très-espacées , à coussinets ressortis. — Yeux : petits, ovoïdes, aplatis, à écailles mal soudées, du- veteux , sans adhérence avec le bois et souvent même placés en éperon. — Feuilles : petites ou moyennes , ovales - arrondies , habituellement dentées en scie et canaliculées , portées sur un pétiole court et de moyenne force. Fertilité. — Grande, Culture. — Sa vigueur est ordi- naire; il prospère non moins bien sur franc que sur cognassier et se développe admirablement. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : variant entre la turbinée fortement obtuse et l'arrondie presque régulière. — Pédoncule : court , gros , droit ou arqué , obliquement inséré dans un> évasement peu profond. — Œil: moyen, ouvert ou mi-clos, uni sur les bords et souvent très-enfoncé. — Peau : bronzée, ponctuée de gris clair, entièrement couverte de stries roussâtres formant réseau, et légère- ment colorée de rouge-brique du côté du soleil. — Chair : blanche, demi- fme, fondante, pierreuse autour des pépins. — Fau : excessivement abon- dante, sucrée, acidulé, douée d'un arrière-goùt musqué fort délicat. Maturité. — Vers la mi-septembre, et dépassant très-rarement la fin de ce même mois. Qualité. — Première. Deuxième Type. BEU [beurré KIS — KNi] 385 IIÂistorique. — D'origine américaine, elle provient d'un semis de pépins de la poire Seekel, fait par M. IL T. Kirtland, de Poland, dans le comté de Mahoning (Ohio). Le pied-type donna ses premiers fruits en 1850 ou 1851. (Voir Hovey, the Magazine of Horticulture ^ 1853, p, 168, et EUiott, Fruit book, 1854, p. 329.) Obsei-vatâous. — Nous multiplions cette variété, l'une des meilleures que l'Amérique nous ait encore fournies, depuis 1860; mais jusqu'ici, par suite d'une mauvaise lecture de son étiquette, elle a porté dans notre école la dénomination fautive de Beurré Kisland, reproduite également dans nos Catalogues. Ce n'est qu'actuellement , en consultant les pomologues américains , que son véritable nom nous apparaît. Restituons-le-lui, et ajoutons qu'aux États-Unis elle a pour syno- nymes Seedling Seekel et Kirtland's seedling. Poire BEURRÉ KISLAND. — Synonyme de Beurré Kirtland. Voir ce nom. Synonyme. 224. Poire BEURRÉ KNIGHT. Poire Knight (Van Mons, Transactions of the horticultural Society of London, 1820, t. m, p. 119). Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : nombreux , érigés ou légère- ment étalés, longs, de grosseur moyenne, très-coudés, marron foncé tirant sur l'olivâtre, abon- damment ponctués de gris-blanc et munis de coussinets bien res- sortis. — Yeux : moyens, coni- ques, duveteux, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : assez grandes, ovales, finement cré- nelées sur leurs bords, planes ou canaliculées, ayant le pétiole long et épais. Fertilité. — Excessive. Culture. — Le franc lui est plus favorable que le cognas- sier, sur lequel il n'est pas des plus vigoureux; ses pyramides sont généralement assez jolies et assez touffues. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyen- ne , ou moyenne. — Forme : va- riant entre l'arrondie-ovoïde et la turbinée-globuleuse, mais constamment déprimée à la base et presque toujours plus ventrue vers le pédoncule qu'à son autre extrémité. — Pédoncule: long, I. 25 386 BEU [beurré KNl — KNO] mince , non recourbé , renflé au sommet , plissé à son point d'insertion et obli- quement implanté au milieu d'un faible évasement que domine souvent une „.„ . rr ■ -u. r. ■• rr protubéraucc bien prononcée. Poire Beurre Kmght. — Deuxième Type. ^ _^., , , , — OEil : grand, tres-ouvert, entouré de bosselettes et placé dans un bassin assez profond. — Peau : vert jaunâtre, entière- ment ponctuée de fauve, fine- ment veinée de même, striée de gris dans la cavité ombilicale et largement colorée de carmin foncé du côté du soleil. — Chair: blanchâtre, un peu grosse, fon- dante, juteuse, contenant quel- ques pierres auprès des loges. — Eau : abondante, sucrée, ra- fraîchissante, possédant un par- fum dés plus savoureux. Maturité. — Courant d'oc- tobre, allant jusqu'à la fin de novembre. Qualité. — Première. Sïistor-ique. — Van Mons, qui fut l'obtenteur de ce poirier, dut le gagner vers 1815 , car le 2 décembre 1817, lisons-nous à la page 119 du tome III des Mémoires de la Société d'Horti- culture de Londres , il en adres- sait pour la première fois des fruits à cette Compagnie, dont Knight (Thomas- Andrew) était alors le président. Yan Mons les avait simplement étiquetés : poires Knight; ce n'a été que plus tard qu'on leur a donné rang parmi les Beurrés. A quelle époque, et en quel pays?... Nous l'ignorons. Dans nos pépinières, on mul- tiplie cet arbre depuis 1848; mais la seule chose que nous puissions assurer — toute autre note nous manquant — c'est qu'il portait bien, quand il y arriva, le nom de Beurré Knight. En Allemagne, où l'on en fait un très-grand cas, on le voit décrit dans les pomologies dès 1832 , et sous la même dénomination qu'en France. 225. Poire BEURRÉ KNOX. nescriptiost de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, étalés, très- gros, de moyenne longueur, peu géniculés, jaune verdâtre, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets bien marqués. — Yeiix : moyens, coniques ou ovoïdes, souvent placés en éperon et ayant les écailles disjointes. — Feuilles : assez grandes, ovales lancéolées, légèrement dentées sur leurs bords, munies d'un pétiole long, fort, et accompagné de stipules des plus développées. Fertilité. — Extrême. CEU [beurré kno] 387 Culture. — Vigoureux, ce poirier se greffe sur toute espèce de sujet ; il prend constamment une belle forme pyramidale; il est très-feuillu, bien ramifié. Voire BenrréKnox.- Premier Type. Description du fn-iiit. — Grosseur : moyenne. — Forme : variant entre la turbinée régulière et la turbinée-arrondie , bosselée, contournée. — Pédoncule : €0urt , mince , légèrement arqué , perpen- diculairement implanté, soit à fleur de fruit , soit dans un large évase- ment que domine un mamelon des plus prononcés, — OBil : grand , bien ouvert, placé dans un vaste bassin uni sur ses bords et peu profond. — Peau : jaune verdâtre, entièrement veinée et ponctuée de roux, maculée de brun-fauve au- tour du pédoncule et du côté du soleil, — Chair: blanchâtre, demi- fme, ferme, cassante, aqueuse, pierreuse au centre. — Eau : abon- dante, sucrée, douceâtre, de saveur assez agréable. Maturité. — Fin octobre, et se prolongeant quelquefois jusqu'en hiver. Qualité. — Deuxième et parfois troisième comme espèce à couteau, première pour la cuisson. historique. — Variété peu répandue, surtout en France, elle fut gagnée à Bruxelles par Van Mons, avant 1819, selon le témoi- gnage du docteur Diel, de Stutt- gardt [Kernobstsorten, 1821, p. 225). Observations. — Bans son Magazine of horticulture, le pomolo- gue américain Hovey disait en 1852 (page 419) : « le Beurré Knox, c'est « positivement la poire Amadote. » Il faut alors admettre que cet auteur n'a pas eu sous les yeux le vrai Beurré Knox, car ces deux fruits n'ont aucun point de ressemblance. Mais un ouvrage français remontant à 1855 contient une erreur de même nature, puisqu'on y trouve ce Beurré rangé parmi les synonymes de la poire Urbaniste, variété si jus- tement qualifiée de premier ordre par tous ses descripteurs. Deuxième Type. 388 BEU [BEURRÉ KON] 226. Poire BEURRÉ DE KONINCK. Synonyme. — Poire Bmrbé Conning (de Liron d' Airoles , Notices pomologiques , 1857, 2e partie, p. 9). Description de l'arbi*e. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : nombreux , légèrement étalés, un peu faibles, longs, cou- dés, jaune verdâtre nuancé de rouge orangé, ayant les lenticelles petites, abondantes, et les coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes, à écailles mal soudées, duveteux, non appliqués contre le bois. — Feuilles : vert foncé cuivré , généralement ovoïdes , pro- fondément dentées en scie , portées sur un pétiole rougeâtre, court, épais et pourvu de larges stipules. Fertilité. — Grande. Culture. — C'est un arbre assez vigou- reux sur cognassier, où il fait de belles pyra- mides, et d'un développement remarquable sur franc, où sa forme pyramidale est de tout point irréprochable. Description du fruit. — Grosseur : petite et parfois moyenne. — Forme : turbi- née-arrondie ou turbinée obtuse et un peu bosselée. — Pédoncule : long, assez mince, faiblement courbé, régulièrement inséré au milieu d'une légère dépression. — OEil : grand, souvent mi-clos, contourné, rarement très-enfoncé. — Peau .-jaune olivâtre, ponctuée, marbrée de roux, et, du côté du soleil , entièrement recouverte d'une teinte brun clair. — Chair : blanc verdâtre, demi-fme, fondante, aqueuse, marcescente et généralement des plus pierreuses. — Eau : abondante, sucrée, vineuse, peu parfumée. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Deuxième, et souvent troisième, quand ses concrétions pi^reuses sont très-prononcées. Historique. — En 1853 M. Barry, rédacteur du journal the Horticulturist, publié aux États-Unis , décrivait dans son numéro de novembre ( page 507 ) cette variété, que lui avait envoyée de Vilvorde (Belgique), vers 1846, M. de Bavay, pépiniériste, et il l'attribuait à feu Van Mons ; ce qui est aussi l'opinion des pomo- logues allemands, anglais et français. Mais aucun d'eux ne connaît l'âge de ce poirier, dédié bien évidemment à Laurent-Guillaume de Koninck, célèbre natura- liste belge, né à Louvain en 1809. Observations. — On dit généralement du Beurré de Koninck, qu'il est excel- lent et assez gros. Sans prétendre le contraire, nous devons cependant noter ici que dans notre école il se montre tout au plus de deuxième qualité , et n'y acquiert qu'un faible volume. — C'est à tort qu'on l'avait cru semblable, il y a quelques années, à la poire Cadet de Vaux. BEU [beurré kos] 389 227. Poire BEURRE KOSSUTH. Uescriptioii de l'ar- bre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : peu nombreux, étalés ou érigés , gros, courts, très- coudés, brun-vert grisâtre, à lenticelles larges et assez abondantes, à coussinets saillants. — Yeux : exces- sivement développés, ovoï- des-pointus, écartés du bois et ayant les écailles disjointes. — Feuilles : de grandeur moyenne, légè- rement coriaces , ovales ou elliptiques, ordinairement un peu contournées dans tous les sens, finement denticulées et portées sur un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Convena- ble. Culture. — Sur cognas- sier, ce poirier n'est pas très- vigoureux , le franc lui donne une croissance plus hâtive et rend ses pyramides plus fortes, plus touffues. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : quelquefois variable , mais affectant habituellement la turbinée ventrue, fortement ondulée et s'amincissant tout à coup auprès du pédoncule, avec lequel elle est presque conti- nue. — Pédoncule : court, assez mince, arqué, obliquement implanté à la surface du fruit. — Œil : très-arrondi, grand, placé dans un bassin généralement profond et uni. — Peau /jaune verdâtre terne, ponctuée, marbrée et tachée de fauve. — Chair : blanchâtre, des plus fines, fondante, juteuse, légèrement granuleuse autour des pépins. — Eau : extrêmement abondante, sucrée, aigrelette, douée d'une saveur beurrée fort délicate. Maturité. — Mi-septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Yers 1849 nous reçûmes de Belgique et de divers horticul- teurs français, un très-grand nombre de nouveaux poiriers, dont celui-ci faisait partie. Quel fut son obtenteur?... Personne encore, que nous sachions, n'a reven- diqué la paternité de ce gain, que nous croyons avoir été l'un des premiers à propager, car dès 1851 on l'expédiait de nos pépinières en Amérique. Et là, le pomologue Hovey s'empressa de recommander cette variété, de la décrire. 390 BEU [beurré lan] observant « que c'était dans notre pays qu'on l'avait ainsi dédiée à l'illustre défen- « seur de la liberté, en Hongrie, au célèbre Kossuth. » (Voir the Magazine of horti- culture, 1832, p. 295.) 228. Poire BEURRÉ LANGELÏER. ISescription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux, étalés et faiblement arqués, gros, de longueur moyenne, coudés, brun - fauve olivâtre , à lenticelles très-apparentes et très-rapprochées , à coussinets bien accusés. — Yeux : petits, ovoïdes, presque collés contre l'écorce. — Feuilles : grandes , rondes ou arrondies, acuminées, crénelées, légèrement coriaces, ayant le pétiole de longueur moyenne, grêle et accom- pagné de stipules très-développées. Fertilité. — Bonne. Culture. — La croissance de son écusson est assez vive ; le cognassier lui convient beaucoup ; il se montre vigoureux sur ce sujet, où il fait de très-belles pyramides , bien régu- lières, bien feuillues. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée- allongée, obtuse et fortement bosse- lée. — Pédoncule : assez long, non recourbé, renflé à son point d'at- tache, charnu à la base, inséré obli- quement à la surface et en dehors de l'axe du fruit. — OEil : grand, bien ouvert, peu enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, tachée de roux, légè- rement rosée du côté du soleil. — Chair : blanche, demi-fine, fondante, juteuse, contenant quelques pierres autour des loges. — Eau : fort abondante, sucrée, savou- reuse, ayant un arrière-goùt musqué. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Première, et (juelquefois deuxième quand sa chair est trop grossière et trop pierreuse. Historique. — Ce Beurré fut gagné de semis dans l'île de Jersey par feu Lan- gelier, pépiniériste ayant joui d'une assez grande réputation. Il commença à le propager en 1843 , selon le pomologue américain Hovey, qui dans son Magazine of horticulture s'étend fort longuement sur cette variété , qu'il avait reçue directement de M. Langelier. (Yoir année 1830, p. 338.) ObservatioBis. — On prétend généralement que le Beurré Langelier mûrit au mois de janvier; dans les contrées septentrionales, peut-être se montre-t-il aussi BEU [beurré las — loi] 391 tardif, nous ne disons pas non; mais en Anjou, nous l'avons souvent mangé, bien à point, dès le 20 octobre, et rarement il y a dépassé la fin de novembre. Poire BEURRÉ LASALLE. — Synonyme de poire Délices (T Hardenpont d' Angers. Voir ce nom. Poire BEURRÉ LEFÈVRE. — Synonyme de Beurré de Morte fontaine. Voir ce nom. Poire BEURRÉ LÉON REY. — Synonyme de poire Léon Rey. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ LIÉBART. — Synonyme de poire Liébart. Yoir ce nom. 229. Poire BEURRE LOISEL. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, étalés, de moyenne grosseur, longs, peu géniculés , brun clair grisâtre ou verdâtre, à lenticelles larges et clair- semées ;, à coussinets aplatis. — Yeux: moyens , coniques, duveteux, non ap- pliqués contre l'écorce et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : ha- bituellement ovales-allongées, régu- lièrement dentées en scie, planes ou canaliculées ;, portées sur un pétiole court, bien nourri et pourvu de sti- pules très-développées. Fertilité. — Grande. Culture. — Peu vigoureux, ce poi- rier demande le franc pour sujet; il croit lentement et ne fait jamais ni de fortes ni de très - convenables pyra- mides. IBeseriptiou du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : conique - obtuse , habituelle- ment bosselée. — Pédoncule : assez long , mince, droit, régulièrement in- séré au centre d'une légère dépression dont les bords sont inégaux. — OEil : moyen, mi-clos, arrondi, presque sail- lant. — Peau : jaune olivâtre terne, maculée de fauve autour du pédon- cule , striée de rouge pâle dans le bassin ombilical et couverte de^ points bruns entremêlés de taches ou de veines de même couleur ; parfois aussi elle est lavée de rose tendre du côté du soleil. — Chair : blanche, fine, fondante et juteuse, granu- leuse auprès des loges. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, vineuse, fort délicate. 392 BEU [beurré lom — lui] Maturité. — Commencement d'octobre jusqu'à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historique. — « Cette variété nouvelle, disait en 1859 M. de Liron d'Airoles, « a été obtenue par M. Loisel, pomologue à Fauquemont, province de Limbourg « (Hollande). » [Liste synonymique des variétés du poirier, p. 13.) Nous ignorons l'époque précise à laquelle ce Beurré fut gagné en Hollande, mais nous croyons avoir été l'un des premiers , sinon le premier, à le propager en France , car notre Catalogue de 1855 le contenait déjà sous le n" 101. Nous l'avions reçu en 1853. Poire BEURRÉ LOMBARD. — Synonyme de Beurré d'Arenberg (en France). Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE LOUVAIN. ■ — Synonyme de poire de Livre. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE LUÇON. — Synonyme de Beurré gris d'Hiver nouveau. Voir ce nom. Poire BEURRÉ LUCRATIF. — Synonyme de Bergamote lucrative. Voir ce nom. 230. Poire BEURRÉ LUIZET. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Bameaux : nombreux, légèrement arqués, très-étalés, gros, de longueur moyenne , excessivement cou- dés, brun -roux grisâtre, fine- ment et abondamment ponc- tués , ayant les coussinets sail- lants. — Yeux : à écailles mal soudées, volumineux, ovoïdes- obtus, duveteux, souvent sortis en éperon. — Feuilles : assez grandes, un peu coriaces, ha- bituellement ovales ou ellipti- ques, acuminées, faiblement dentées, à pétiole fort et des plus longs. Fertilité. — Extrême. Culture. — Il est vigoureux sur cognassier, et plus encore sur franc, où son écusson se développe toujours hâtive - ment ; quant à ses pyramides, elles sont fortes , belles et bien ramifiées. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la BEU [beurré mag — men] 393 moyenne. — Forme : turbinée-allongée, obtuse, ventrue^ parfois déprimée à la base et parfois^ aussi, recourbée au sommet. — Pédoncule : de longueur moyenne, mince, non arqué, charnu, obliquement implanté à la surface du fruit. — Œil: grand, des plus ouverts, régulier, non plissé, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre clair, finement ponctuée et striée de roux, veinée de fauve auprès du pédoncule et mar- quée de taches brunes habituellement squammeuses. — Chair : blanche, fine, compacte, juteuse, fondante, exempte de granulations. — Eau : des plus abon- dantes, fraîche, sucrée, peu acidulé, ayant une excellente saveur beurrée. Maturité. — De la fin d'octobre jusqu'au début de décembre. Qualité. — Première. Historique. — M. Willermoz, secrétaire du Congrès pomologique, fournissait récemment, sur cette poire exquise, les renseignements ci-après en la décrivant dans la Pomologie de la France : «. Obtenue d'un semis fait en 1847 par M. Luizet père, alors pépiniériste à Écully (Rhône). Les pépins semés provenaient du Beurré d'Hardenpont (des Belges), de la Buchesse d'Angou- léme, du Colmar d'Arenberg et du Bon-Chrétien Williams' s (ou poire Williams). Le premier rapport a eu lieu en 1856. Le fruit a été soumis à l'appréciation de la Société d'Horticulture du Rhône, et décrit par sa Commission de pomologie. » (Tome III, 1865, n° 112.) Poire BEURRÉ MAGNIFIQUE. — Synonyme de Beurré Diel. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE MALINES. — Synonyme de poire Bonne de Matines. Voir ce nom. 231. Poire BEURRÉ MENAND. Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Ba- meaux : peu nombreux , étalés , gros, longs, légèrement coudés, vert clair grisâtre ou brunâtre, à lenticelles brun-roux , larges et clair-semées, à coussinets presque nuls. — Yeux : volumineux, à écailles disjointes, duveteux, ovoï- des-arrondis, généralement sortis en courts éperons. — Feuilles .■ grandes, ovales ou elliptiques, ayant les bords profondément dentés, le pétiole long et épais. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Ce poirier est en- core trop nouveau ( nous le mul- tiplions seulement depuis 1854), pour qu'il soit possible d'indiquer quel sujet lui conviendra le mieux. Jusqu'ici, nous l'avons unique- ment greffé sur cognassier, et il y a montré de la vigueur et fait d'assez convenables pyramides. 394 BEU [beurré mér — milJ Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme . iurbinée, obtuse, bosselée, ayant un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : assez long-, gros, non recourbé, renflé à la base, perpendiculairement inséré dans une faible dépression. — Œil : moyen, mi-clos ou fermé, peu profond, côtelé sur ses bords. — Peau : jaune clair, semée de points bruns rarement nombreux, macu- lée de roux autour du pédoncule et couverte, du côté de l'ombre, de quelques taches d'un vert brillant. — Chair : blanche, fine, fondante, non pierreuse. — Eau : suffisante , sucrée , de saveur beurrée et possédant un aigrelet excessivement agréable. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Elle provient de mes semis. Le pied-type a donné ses premiers fruits en 1863. Je l'ai mise dans le commerce en 1863 et dédiée à M. Menand, ancien géomètre-expert à Martigné-Briand (Maine-et-Loire). Poire BEURRÉ DE MÉRODE. — Synonyme de Doyenné Boussoch. Yoir ce nom. 232. Poire BEURRÉ MILLET. Description de l'ar- bre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nombreux , régulièrement érigés, assez gros mais peu longs, géniculés, gris-fauve rougeâtre, finement et abon- damment ponctués , ayant les coussinets aplatis. — Yeux : petits, ovoïdes, bien écartés du bois, à écailles faiblement entr'ou vertes. — Feuilles : nombreuses, ellip- tiques ou arrondies, légè- rement denticulées ou cré- nelées, contournées et très - canaliculées, portées sur un pétiole court et des plus forts. Fertilité. — Extrême. Culture. — De vigueur ordinaire sur cognassier, cet arbre y forme cepen- dant de belles pyramides; et de même sur franc, où le développement de son écusson n'a lieu, toutefois, qu'assez tardivement. Il est très-feuillu. BEU [beurré moi] 39S Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois plus considérable. — Forme : variable, mais le plus généralement ohlongue-ovoïde, ventrue et fortement bosselée. — Pédoncule : un peu court., mince, droit ou arqué, inséré perpendiculairement ou obliquement dans une cavité à bords accidentés ou au milieu d'une très-faible dépression. — OEil : petit, rond, placé dans un large bassin rarement bien profond. — Peau : rugueuse, jaune olivâtre, semée de quel- ques points brun clair et de taches ou marbrures fauves ; souvent aussi granitée de même auprès de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanchâtre, fine, fondante, aqueuse, non pierreuse. — Eau : très-abondante, sucrée, vineuse, acidulé, déli- cieusement parfumée. Maturité. — De la mi-novembre à la mi-janvier. Qualité. — Première. Historique. — Dédiée en 1849 par le Comice horticole de Maine-et-Loire à M. Millet, naturaliste et écrivain distingué qui le présidait alors depuis de longues années, cette poire provient des semis du Jardin fruitier d'Angers. Son obtention remonte à 1847, et nous la propagions déjà en 1850. C'est une des variétés les plus méritantes que l'Anjou puisse revendiquer. 233. Poire BEURRÉ MOIRÉ. (Synonyme. — Poire Moiré (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). Premier Type. llescription de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nom- breux, érigés près du sommet de la tige , arqués à sa partie inférieure , gros, longs, habituellement bien coudés et cotonneux, à lenticelles des plus apparentes et des plus rap- prochées, à coussinets peu mar- qués. — Yeux: moyens, coniques- allongés , aigus , non appliqués contre l'écorce et souvent sortis en éperon. — Feuilles : leur forme varie beaucoup , ainsi que leur grandeur ; légèrement crénelées ou dentées sur les bords, elles ont le pétiole épais , roide, excessivement court et généralement accompagné de longues stipules. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Sur franc il est d'un développement tardif, mais tou- jours d'une extrême vigueur que modère beaucoup le cognassier; toutefois , sur ce dernier sujet il n'en fait pas moins des pyramides fort convenables. 396 BEU [beurré mon] Description du fruit. — Grosseur : moyenne ou au-dessus de la moyenne. — Forme : variable; quelquefois turbinée régulière, mais le plus ordinairement turbinée-cylindrique , bosselée et quelque peu contournée. — Pédoncule : court, mince, droit ou faiblement arqué, sou- Poire Beurré Moiré, — Deimè^we Twe. , ^,, . ' -1' T,l- X vent renfle a ses extrémités, obliquement inséré dans un large évasement mame- lonné, et parfois continu avec le fruit. — OEil : petit, mi-clos ou fermé, légèrement enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau : jaune olivâtre, maculée de fauve autour du pédoncule et recouverte en partie de marbrures , de taches et de points brun- roux, ce qui la rend rugueuse et lui donne une apparence bronzée. — Chair : blanchâ- tre, demi-fine, demi-fondante, aqueuse, granuleuse au centre. — Eau : excessive- ment abondante, douce, sucrée, aromati- que et de saveur très-délicate. Maturité. — De la mi-octobre jusqu'en novembre. Qualité. — Première. Historique. — Le pied-mère de cette variété poussa spontanément sur le ter- ritoire de la commune de Saint- Aubin- de-Luigné, à vingt kilomètres d'Angers, dans la clôture d'un jardin appartenant à M. de Bellefonds. Il y fut remarqué vers 1835 par un horticulteur angevin actuel- lement décédé, M. Moiré, qui en prit des greffes et soumit en 4839, au Comice de Maine-et-Loire, les fruits de sa première récolte. En nous reportant au procès- verbal de dégustation, nous voyons qu'on signala comme suit, leur mérite : « Depuis l'excellente poire de Duchesse d' Angoulême , dont celles-ci paraissent être une variété plus hâtive et moins grosse, notre département n'avait point encore gagné un aussi bon fruit. M. Moiré, qui a su en apprécier la valeur, l'a multiplié de manière à pouvoir déjà le livrer au commerce. » [Bulletins du Comice, 1839, pp. 41-42.) Observations. — A vieillir, cette poire n'a rien perdu de ses qualités ; seule- ment, nous ferons remarquer qu'elle est plutôt cassante, que mi-fondante, même dans son terrain natal. Et si nous le constatons, c'est que généralement, dans les Pomologies ou les Catalogues, on la gratifie à tort d'une chair excessivement fondante. 234. Poire BEURRÉ MONDELLE. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés, gros, de longueur moyenne, légèrement flexueux, brun clair, ayant les lenticelles très-apparentes, très-espacées, et les coussinets bien ressortis. — Yeux : des plus volumineux, ovoïdes-pointus, à écailles grises et mal soudées, écartés du bois et souvent placés en éperon. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies , à bords faible- ment denticulés, à pétiole long et un peu grêle. Fertilité. — Remarquable. BEU [beurré mon] 397 Poire Beurré Mondelle. Culture. — Très- vigoureux, il se plaît autant sur cognassier que sur franc ; il croit vite et fait de fortes, de superbes pyramides. De^criiitioii du fruit. — Grosseiw: moyenne. — Forme : tur- binée, ventrue, obtuse, régulière. — Pédoncule : très-court , non re- courbé , renflé aux extrémités , étranglé au milieu, obliquement inséré à fleur de fruit. — OEil : petit, ouvert, contourné, peu en- foncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de fauve , maculée de même dans le bassin ombilical , et presque entièrement lavée et mar- brée de roux clair. — Chair : blan- che,, demi-fine, compacte, juteuse, fondante, granuleuse auprès du cœur. — Eau : très- abondante, très-sucrée , savoureuse , possédant un parfum musqué-anisé des plus agréables. Maturité. — Commencement et courant de septembre. Qualité. — Première. Historique. — C'est M. Tou- gard, ancien président de la Société d'Horticulture de Rouen, qui chez nous paraît avoir appelé le premier l'attention sur ce Beurré. Si l'on ouvre son Tableau analy- tique des variétés de poires publié en 1852, on voit, page 30, qu'il connut cette variété par le Catalogue de M. de Bavay^ pépiniériste à Vilvorde (Belgique). Mais il ne sut ni le nom de l'obtenteur, ni le lieu de l'obtention; et présentement notre ignorance à ce sujet reste la même que celle de notre honorable devancier. Il sem- blerait assez rationnel , peut-être , de supposer le Beurré Mondelle originaire de Belgique, dès lors qu'un horticulteur belge vient l'off^rir en France comme espèce nouvelle?... Oui. Cependant une telle supposition aurait besoin d'être accompagnée de quelques présomptions plus formelles, et nous n'avons pu en rencontrer aucune, non-seulement dans nos pomologies, mais encore chez l'auteur allemand Biedenfeld (1854) et l'écrivain américain Th. Field (1858), qui tous deux mentionnent cette poire sans fournir le moindre renseignement sur sa provenance. Nous la cultivons depuis 1851. Poire BEURRE DE MONS. nom. Synonyme de poire Vicomte de Spœlberg. Voir ce 235. Poire BEURRÉ DE MONTGERON. ISynonyme. — Poire De Montgeron (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : très-peu nombreux;, étalés, gros, excessivement longs, légèrement coudés, brun olivâtre, 398 BEU [beurré mon] ayant les lenticelles fines et rapprochées , les coussinets bien accusés et les méri- thalles très-longs. — Yeux : moyens, ovoïdes-arrondis, un peu aplatis, cotonneux, collés contre l'écorce. — Feuilles : vert clair brillant, jamais abondantes, ovales ou elliptiques, acuminées, profondé- Poire Beurré de Montgeron. ^^ent dentées, portées sur un pétiole extraordinairement long, menu, mais si roide que les feuilles en sont dressées ; il est pourvu de stipules bien développées. Fertilité. — Grande. Culture. — Cet arbre, dont la vigueur laisse beaucoup à désirer, poussera toujours plus convenable- ment sur franc que sur cognassier ; cependant on ne sera jamais satisfait de ses pyramides , qui sont irrégu- lières, mal ramifiées, trop dégar- nies de feuilles. Description du fruit* — Grosseur: moyenne et parfois moins volumineuse. — Forme : turbinée- ovoïde ou turbinée-sphérique, très- régulière, — Pédoncule : long, bien nourri, droit, renflé à la base, inséré dans un faible évasement dont l'un des bords forme mame- lon. — Œil : large, ouvert, coton- neux, légèrement enfoncé. — Peau: douce au toucher, luisante, jaune d'or, ponctuée de fauve, striée et tachée de même, surtout près de l'œil et du pédon- cule, amplement lavée de vermillon sur le côté exposé au soleil. — Chair : blan- che, fine, mi-fondante, contenant quelques pierres autour des pépins. — Eau : suffisante, sucrée, vineuse, mais généralement peu parfumée, quoiqu'assez délicate. Maturité. — Fin août et commencement de septembre. Qualité. — Deuxième, et première (mais très-rarement), lorsque son eau est bien parfumée. Slistoi'ique. — En Belgique, en Allemagne on considérait déjà, il y a une quinzaine d'années, ce poirier comme étant d'origine française, quoiqu'à cette époque on n'eût que des données assez vagues sur son lieu de naissance. Mais aujourd'hui il n'en est plus ainsi, car on lisait en 1862, dans le Journal de la Société d'Horticulture de Paris^ la note suivante, émanant de M. Michelin, secrétaire du Comité d'arboriculture : « En 1830, un de nos collègues, M. Guyot de Villeneuve, aperçut dans la haie de clô- ture d'un verger dépendant de la ferme de Bois-la-Dame, commune de Saint-Léger (Cher), un poirier vieux et malingre dont les fruits méritaient l'attention. Il en emporta des greffes à Montgeron (Seine-et-Oise), où était une propriété de sa famille, et dix ans plus tard il vint en montrer des produits, sensiblement améliorés par la greffe, à M. Jean-Laurent Jamin (pépiniériste à Bourg-la-Reine , près Paris), ainsi qu'à Dalbi^et, chargé de la culture des BEU [beurré mor] 399 ai'bres fruitiers au Muséum. Ces Messieurs, ne pouvant rapporter ce fruit à une variété connue, lui donnèrent, sur la demande de M. Guyot de Villeneuve, le nom sous lequel il est actuel- lement propagé; et M. Jamin fut autorisé à exposer ces poires, au mois de septembre 1840, dans l'Orangerie du Luxembourg. » (Tome VIII, p. 224.) Obsert^ations. — Les lignes ci-dessus auront dû convaincre les pépiniéristes qui pouvaient en douter, que décidément le Beurré de Montgeron n'était pas, comme beaucoup le prétendaient, la poire belge gagnée par Van Mons, vers 1820, et par lui dédiée au roi Frédéric de Wurtenberg. Et il semble étonnant qu'on ait conservé longtemps cette croyance, ces deux variétés n'ayant pas le moindre rap- port, si l'on excepte leur époque de maturité, à peu près la même. Mais la forme, la qualité, la grosseur?... mais les arbres?... Que l'on compare notre description de la poire Frédéric de Wurtenberg avec celle du Beurré de Montgeron, et l'on verra facilement à quel point ces poiriers et leurs produits sont dissemblables. Du reste, dès 1859 le Congrès pomologique, siégeant à Bordeaux au mois de septembre, le reconnaissait formellement, en disant : « Dans le Lyonnais, la Bourgogne et la Franche-Comté, on donne vulgairement le nom de Frédéric de Wurtenberg au Beurré de Montgeron, rejeté par le Congrès pour ses qiialités inférieures, et pourtant il n'y a aucune ressemblance entre ces deux fruits. » [Annales de la Société d'Horticulture de la Gironde, 1861, p. 30.) 236. Poire BEURRÉ DE MORTEFONTAINE. Synonymes. — Poires : 1. Beurré Le Fèvre (Prévost, Cahie?^s pomologiques , 1839, p. 18). — 2. Lefèvre (Decaisue, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). Description de rarbre. — Bois: peu fort. — Rameaux : nom- breux, étalés, de gros- seur moyenne , assez courts, géniculés, mar- ron verdâtre, finement et abondamment ponc- tués , ayant les coussi- nets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoï- des - arrondis , duve- teux, à écailles mal soudées, non appliqués contre le bois et habi- tuellement ressortis en éperon. — Feuilles : petites , nombreuses , ovales - allongées ou lancéolées , fortement dentées ou crénelées, portées sur un pétiole court, épais, roide et accompagné delongues stipules. Fertilité. — Elle est des plus grandes et des plus constantes. 400 BEU [beurré mor] Culture. — Sur cognassier, il ne fait que de médiocres pyramides, bien touf- fues, mais trop basses; le franc lui communique une vigueur plus grande, sans toutefois l'amener à prendre une forme pyramidale complètement satisfaisante. Descriptiou du fruit. — Grosseur : volumineuse et souvent énorme. — Forme : globuleuse ou turbinée-arrondie, généralement irrégulière , toujours plus ventrue d'un côté que de l'autre. ~ Pédoncule : court, assez mince, mais renflé au sommet et formant bourrelet à la base, obliquement ou perpendiculairement implanté à la surface de la peau. — OEil : grand ou moyen, mi-clos ou fermé, entouré de légers plis et rarement très-enfoncé. — PeoM : rude au toucher, bronzée, toute parsemée de larges points gris-cendre habituellement écailleux , et montrant sur la partie que frappe le soleil de nombreuses taches rouge-brique. — Chair : blanc verdâtre, grosse, mi-cassante, pâteuse, très-pierreuse autour des loges. — Eau : parfois insuffisante, acidulé et vineuse, peu sucrée, peu délicate. Maturité. — Fin août et début de septembre. Cette poire blettit aussitôt qu'elle est mûre. Qualité. — Troisième comme fruit à couteau, et tout au plus deuxième pour la cuisson. Historique. — Feu Prévost, qui fut si consciencieux dans toutes ses recher- ches, dans toutes ses études sur les fruits, a dit en 1839, page 18 de ses Cahiers pomologiques , « que cette variété avait été obtenue de semis, vers 1804, par M. le « Fèvre. » Nous acceptons ce renseignement, puisé sans doute à bonne source, mais nous devons constater que dès 1740 le Dictionnaire économique de Noël Chomel (t. II, p. 698) mentionnait, parmi les poires mûrissant au cours de septembre, une poire de Morfontaine qui pourrait bien être notre Beurré de Mortefontaine. Toute- fois, comme il existe dans la Moselle une localité nommée Morfontaine, on peut admettre aussi qu'au xviii" siècle un nouveau poirier y ait été gagné. Quant au Mortefontaine où le pépiniériste Lefèvre, depuis longtemps décédé, avait créé un important établissement, ce lieu fait partie de la Chapelle-en-Serval, commune du département de l'Oise. ObserYatiousi. — Les pomologues qui chez nous ont décrit ce Beurré, ne sont pas de même avis à l'égard de sa qualité ; les uns le présentent comme un excellent fruit, les autres affirment que sa bonté ne répond nullement à sa beauté. Nous partageons l'opinion de ces derniers, car il n'est jamais arrivé, depuis vingt ans qu'on le cultive dans notre école, de l'y trouver seulement de deuxième ordre; aussi le plaçons-nous parmi les espèces à cuire, et encore ne l'y met- tons-nous pas au premier rang. — Les Allemands (voir Oberdieck, Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, 1860, t. II, p. 248) connaissent une poire de Morfontaine qu'ils disent identique à la Bergamote rouge ou Crassane d'Été, de Duhamel. Alors ce ne saurait être celle dont nous nous occupons, avec laquelle, d'ailleurs, la des- cription de Duhamel ne cadre en rien. — Enfin un auteur américain, Hovey [the Fruits of America, 1836, t. II, p. 89), assure avoir reçu plusieurs fois, de France, au lieu du Beurré de Mortefontaine, le Beurré Beaumont, qui n'est autre, lui, que le Besi de Saint- Waast, l'une de nos meilleures poires de fin d'automne. D'où l'on doit conclure que ce nom, Beurré de Mortefontaine, a été appliqué à diverses variétés de nature bien différente. — Ajoutons encore qu'en 1859 et en 1862 M. de Liron d'Airoles, dans ses Notices pomologiques, a parlé d'un Beurré Lefêvre gagné en 18S3, à Amiens, par M. Lefêvre-Boitelle , propriétaire aujourd'hui décédé. C'est, parait-il, un fruit parfait, mûrissant en février; mais ne le possédant pas, il nous BEU [beurré mot] 401 est impossible de le juger. Nous le mentionnons donc ici, afin seulement^ s'il se répand, qu'on évite de le confondre avec le Beurré Lefêvre, synonyme du Beurré de Mortefontaine. 237. Poire BEURRÉ MOTTE. Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : nombreux, étalés, assez gros , de longueur moyenne , géni- culés, duveteux, rouge-fauve grisâtre, ayant les lenticelles fines, très-espacées , et les coussinets bien accusés. — Yeux : moyens, ovoïdes, à écailles disjointes, légèrement écartés du bois. — Feuilles : petites, ovales ou elliptiques, cotonneu- ses, entières en partie sur leurs bords, planes ou contournées , munies d'un pétiole fort et très-court. Fertilité. — Abondante. Culture. — Modérément vigoureux , ce poirier devra mieux se plaire sur franc que sur cognassier ; tout nouveau dans nos pépinières , nous lui avons donné ce dernier sujet, et les pyramides qu'il a faites, quoiqu'assez jolies, se sont cons- tamïnent montrées trop petites. îtescriptiois du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée-allongée , obtuse , ayant habituellement un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : court, mince, faiblement arqué, régulière- ment inséré à la surface et sans solution de continuité. — OEil : grand, souvent mi-clos, presque saillant. — Peau : bronzée, ponctuée de roux, lavée de vert gri- sâtre sur la partie non exposée au soleil. — Chair : blanche, mi-fine, mi-fondante ou cassante, juteuse, quelque peu marcescente et granuleuse. — Fau : abondante, sucrée, douée d'une saveur beurrée fort agréable. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Deuxième. ■ Historique. — Gagnée dans le département du Nord, vers 1853, cette poire doit sa propagation à l'un des horticulteurs les plus connus du pays, à M. Grolez- Duriez , qui nous a donné sur elle les renseignements suivants : « Vous me questionnez sur le Beurré Motte Des greffes de ce fruit m'ont été remises, il y a huit ou dix ans, par un propriétaire de Roubaix qui doit toujours posséder chez lui le pied-mère de cette variété. Cet amateur, en me les adressant, me témoigna le désir de voir son nom attaché à ce poirier, s'il me semblait utile de le multiplier ; et j'ai tenu compte de sa recommandation » [Lettre du 13 octobre 1866.) 26 4:02 BEU [beurré mou — nan] 238. Poire BEURRÉ DES MOUCHOUSES. Description de l'ar- bre. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : assez nombreux , étalés , bien nourris^ courts, géniculés, duveteux, fauve clair un peu jaunâtre, ponctués de gris-blanc, à coussinets gé- néralement aplatis. — Yeux : gros ou moyens, ovoïdes- obtus , cotonneux , non ap- pliqués contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales, acuminées, duveteuses, ca- naliculées ou contournées, ayant les bords profondé- ment dentés, le pétiole épais, roide et court. Fertilité. — Convenable. Culture. — Cet arbre manque de vigueur sur cognassier, mais il se déve- loppe passablement en pyra- mide lorsqu'il est greffé sur franc ; toutefois il n'acquiert jamais, sous cette forme, une régularité bien satisfaisante. Descriptioii du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée-arrondie ou turbinée-ovoïde , habituellement très- ventrue. — Pédoncule : de longueur et de force moyennes , légèrement recourbé , obliquement implanté au centre d'une faible dépression. — Œil : petit, mi-clos ou fermé, à peine enfoncé. — Peau : jaune olivâtre foncé, maculée de roux autour du pédoncule, ponctuée de même, finement colorée de brun-rouge sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanchâtre, un peu grosse, fondante, aqueuse, rarement très-pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, des plus vineuses et possédant un arôme assez savoureux. Maturité. — Commencement d'août. Qualité. — Deuxième. Historique. — Elle porte le nom du lieu où le pied-type qui l'a fournie a été semé par M. Rongiéras, propriétaire habitant la commune de Ladouze, non loin de Périgueux. Quoique cette poire ait mûri pour la première fois en 1841 , sa culture est encore fort restreinte. Mouchouses est un petit village dépendant du bourg de Champcevinel (Dordogne). Poire BEURRÉ NANTAIS. — Synonyme de Beurré de Nantes. Voir ce nom, BEU [beurré nan] 403 239. Poire BEURRÉ DE NANTES. Synonyme. — Poire Beurré nantais (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques , 1858, 1. 1, p. 2). Description de l'ai*bre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nom- breux, érigés, gros, assez longs, légè- rement coudés^ gris-fauve verdâtre , à lenticelles larges et rapprochées, à cous- sinets saillants. -- Yeux: petits, ovoïdes- obtus, éloignés du bois et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : gran- des, abondantes, ovales-allongées ou ovales-lancéolées, ayant les bords bien dentés, le pétiole long, fort et pourvu de stipules très-dé veloppées. FERTU.ITÉ. — Excessive. Culture. — De vigueur ordinaire, ce poirier, d'une croissance un peu tar- dive, se greffe sur franc ou cognassier, et fait toujours, sur l'un et l'autre de ces sujets, des pyramides aussi réguliè- res que jolies et touffues. Bescription du fruit. — Gros- seur : moyenne et souvent plus volumi- neuse. — Forme : oblongue, très-obtuse, généralement bosselée et quelque peu contournée. — Pédoncule : court ou de longueur moyenne, fort, non recourbé, renflé à l'attache, perpendiculairement implanté à fleur de peau. — Œil : petit, ouvert, irrégulier, placé dans un bassin étroit mais sans grande profondeur. — Peau : vert tendre ou vert jaunâtre clair, ponctuée et faiblement marbrée de fauve, tachée de même autour de l'œil et parfois colorée de rouge obscur du côté du soleil. — Chair : blanche, fme, fondante, exempte de pierres. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, sans parfum bien pro- noncé. Maturité. — De la moitié jusqu'à la fin d'août. Qualité. — Deuxième, du moins dans nos pépinières. Historique. — Cette poire, qui appartient à la pomone de la Loire-Inférieure, est cultivée depuis une vingtaine d'années, et son premier descripteur, M. de Liron d'Airoles , en fait ainsi connaître l'origine : « C'est M. François Maisonneuve, horticulteur à Nantes, qxii par hasard l'a trouvée derrière une ferme Son premier rapport a eu lieu en 1845 Elle a été couronnée du 2^= prix au concours de 1852 de la Société nationale de Paris. » [Notices pomologiques, 1858, t. I, p. 2, et Liste synonymique des variétés du poirier, 1859, p. 41.) Observatious. — On classe habituellement ce Beurré parmi les fruits de 404 BEU [beurré nap — niv] première qualité; nous le savons, mais ne saurions lui donner le même rang attendu qu'il s'est constamment montré de deuxième ordre dans notre école. Poire BEURRÉ NAPOLÉON. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. Poire BEURRÉ NAYEZ. — Synonyme de Colmar Navez. Voir ce nom. Poire BEURRÉ NEILL. — Synonyme de poire Neill. Voir ce nom. 240. Poire BEURRÉ DE NIVELLES. Ilescpiptioii de l'ar- bre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux , étalés, faibles, de longueur moyenne , flexueux, vert gri- sâtre lavé de rouge sombre , ayant les lenticelles fines, très-rapprochées, et les cous- sinets bien accusés. — Yeux : moyens, arrondis, à large base, presque collés contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales ou elliptiques , planes ou légèrement canaliculées, irrégulièrement et fortement dentées, portées sur un pétiole assez court et grêle. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Cet arbre, de vigueur très -modérée , se plaît particulièrement sur le franc, où son écusson se déve- loppe hâtivement ; il y fait de passables pyramides ; mais lorsqu'il est greffé sur co- gnassier il se montre habituellement chétif et des plus lents à croître. Description dti fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : turbinée-ovoïde ou turbinée-globuleuse, ventrue et légèrement bosselée. — Pédoncule : de longueur moyenne, mince, recourbé, charnu et renflé à la base, régulièrement inséré au milieu d'une dépression bien prononcée et dont les bords sont ordinairement mar- qués de quelques plis plus ou moins accentués. — OEil : petit, mi-clos ou fermé, peu enfoncé. — Peau : jaune olivâtre, entièrement ponctuée, striée et tachée de brun, maculée de fauve autour de l'œil et du pédoncule, et largement teintée de BEU [beurré NOi — oswl 405 carmin sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanchâtre, demi-fine, demi-fon- dante, aqueuse, contenant quelques pierres auprès des pépins, — Eau : abondante, acidulé, sucrée, vineuse, délicate quoique médiocrement parfumée. Maturité. — Décembre, et se prolongeant jusqu'à la fin de l'hiver. Qualité. — Deuxième. Historique. — Les Belges sont les obtenteurs de ce fruit, recommandable surtout pour sa longue garde, précieux privilège qu'il acquit en vieillissant, dit M. Alexandre Bivort, auquel nous empruntons les détails qu'on va lire : « Voilà environ dix-liuitans [vers 1840) que M. François Parmentier, de Nivelles (Belgique), a trouvé cette variété parmi ses semis. Dès l'abord nous fîmes peu de cas de cette poire, parce que les exemplaires soumis primitivement à notre dégustation mîirissaient généralement en novembre, époque où elle était surpassée en qiialité par beaucoup de ses congénères. Mais nous avons changé d'avis quand M. Auguste Royer, de Namur, nous a présenté en avril dernier (1858) de beaux exemplaires de ce fruit d'une conservation parfaite et d'une excellente qualité pour l'époque » (Annales de pomologie belge, 18S8, t. VI, p. S3.) Poire BEURRÉ DE NOIRCHAIN. — Synonyme de Beurré de Rame. Voir ce nom. Poire BEURRÉ NOISETTE. — Synonyme de poire Duc de Nemours. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'OR. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ D'ORAN. — Synonyme de Beurré Diel. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DES ORPHELINS. — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien. Voir ce nom. 241. Poire BEURRÉ OSWEGO. Synonyme. — Poire Read's seedling (Downing, the Fruits and fruit trees of America, édition de 1863, p. 530). neseription de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nom- breux, étalés, gros, assez longs, faible- ment géniculés , duveteux , brun clair jaunâtre, ayant les lenticeUes abondantes, larges mais peu apparentes, et les cous- sinets bien marqués. — Yeux : à écailles disjointes, volumineux, ovoïdes, écartés du bois ou formant éperon. — Feuilles : moyennes, ovales-allongées, dentées ou crénelées , cotonneuses et portées sur un pétiole long, gros et flasque. Fertilité. — Excessive. Culture. — On le greffe indistinctement sur franc ou cognassier ; sa vigueur est satisfaisante , son développement ordinaire et ses pyramides toujours convenables. 406 BEU [beurré oud] Descri}itioii du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne ou petite. — Forme : arrondie , irrégulière , généralement aplatie à la base. — Pédoncule : court ou très-court, assez fort, rarement courbé, obliquement inséré dans une étroite cavité de profondeur variable. — OEil : petit, ouvert, mal fait, à peine enfoncé. — Peau : vert sombre, complètement ponctuée de roux clair. — Chair : blanc ver- dâtre, fme, compacte, fondante, aqueuse, granuleuse auprès des loges, — Eau : extrêmement abondante, sucrée, vineuse, aromatique, légèrement astringente. Maturité. — Fin septembre et début d'octobre. Qualité. — Première. I&istorique. — Le pomologue américain Tbomas Field dit à la page 253 de son Manuel intitulé Pear culture, et publié en 1858, que cette espèce fut obtenue de semis à Oswego, État de New York, par M. Walter Read. A quelle époque?... Il ne le précise pas; mais nous croyons que ce dut être vers 1848, le Magazine of horti- culture d'Hovey citant pour la première fois en 1852 le Beurré Oswego [t. XYIII, p. 525), importé par nous, du reste, au cours de 1851. 242. Poire BEURRÉ OUDÏNOT. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux, étalés et habituellement ar- qués, gros, longs, ftexueux, coton- neux, jaune verdâtre, à lenticelles larges et clair-semées, à coussinets peu saillants. — Yeux : moyens, ovoïdes, généralement obtus, non appliqués contre l'écorce et quel- quefois sortis en courts éperons. — Feuilles : peu abondantes , petites , de forme très-variable , finement denticulées sur leurs bords, ayant le pétiole rougeâtre à sa base, court et bien nourri. Fertilité. — Satisfaisante. Culture, — C'est un arbre non moins vigoureux sur cognassier que sur franc, très-rustique, pous- sant vite et faisant des pyramides auxquelles on ne peut guère repro- cher qu'un manque de feuilles sou- vent trop apparent. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, irrégulière et bosselée. — Pédoncule : court, gros, renflé à ses extrémités , non arqué , obliquement implanté à fleur de peau et le plus ordi- nairement en dehors de l'axe du fruit. — Œil : moyen, ouvert ou mi-clos, placé dans un bassin excessivement évasé mais peu profond. — Peau : rude au toucher, jaune grisâtre terne , ponctuée de brun clair, faiblement veinée de même et quel- que^ peu vermillonnée sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanche , très-fine BEU [heukké pai| //07 et très-fondante, juteuse, exempte de granulations. — Eau : abondante, sucrée^ vineuse, d'une saveur exquise. Maturité. — Courant de septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — En 1862 M. de Liron d'Airoles écrivait les lignes suivantes dans le tome II de ses Notices pomologigues : « Cette très-bonne poire (le Beurré Oudinot) nous a été communiquée en i861 par M. Jules Bruneau, pépiniériste à Nantes. » (2'^ Supplément^ p. 2.) Et trois ans plus tard le Congrès pomologique s'exprimait ainsi , au sujet du même fruit , par l'organe de son secrétaire-rédacteur, M. Willermoz : « Variété d'origine inconnue, répandue par M. André Leroy, pépiniériste à Angers, et dési- gnée dans son Catalogue de 1863, page 30, sous le n° 138. » [Pomologie de la France, 1865, t. m, n° 144.) Des passages ci-dessus on pourrait conjecturer, pu que le Beurré Oudinot fut gagné à Nantes, ou que nous le propageons seulement depuis 1863; mais dans l'un et l'autre cas l'erreur serait complète. Il figurait effectivement dès 1849, sous le n" -40, à la page 13 de notre Catalogue anglais, édition de New York, et provenait d'un jeune poirier encore innommé en 1848, et qu'alors, vu l'excellence de ses pro- duits, nous dédiâmes à l'illustre commandant des troupes françaises en Italie. Peu après, nous le vendions déjà à l'étranger, surtout aux Américains, qui constataient de la sorte son introduction dans leurs jardins : « Le Beurré Oudinot est Une des meilleures et des plus nouvelles poires qu'on ait obtenues en France, où elle a reçu le nom du général Oudinot, duc de Reggio. C'est M. Harvey, de Jennerville (Pensylvanie), qui l'a importée chez nous en 1851. » (Hovey, the Magazine of horticulture, 1853, t. XIX, p. 516.) 243. Poire BEURRÉ DE PAIMPOL. Synonyme. — Poire Roleick (le Pellec, Lettre du 20 octobre 1866). Sescription de l'arbre. — Bois : très -fort. — Hameaux : nom- breux, légèrement étalés et arqués, longs, des plus gros, coudés, coton- neux, brun olivâtre ordinairement lavé de rouge sombre , finement et abondamment ponctués, à coussi- nets aplatis, à longs mérithalles. — Yeux : moyens, ovoïdes, duveteux, collés contre le bois et ayant les écailles mal soudées, — Feuilles : grandes, cotonneuses, arrondies, acuminées, profondément dentées ou crénelées, portées sur un pétiole de longueur moyenne et très-gros. Fertilité. — Extrême. Culture. — Nous lui donnons toute espèce de sujet ; sa vigueur est excessive, aussi se développe- t-il admirablement en pyramide. 408 BEU [beurré paq — pay] Description du fruit. — Grosses : moyenne. — Forme : turbinée-ovoïde, ventrue, régulière. — Pédoncule : court, fort, non recourbé, souvent noueux, obli- quement inséré dans une cavité large et assez profonde. — OEil : moyen, mi-clos ou fermé, charnu, peu enfoncé. — Peau : rude, épaisse, vert-pré, parsemée de volumineux points gris-roux très-rapprochés, surtout autour du pédoncule. — Chair : blanche, demi-fme, cassante, juteuse, granuleuse au centre. — Eau : des plus abondantes, sucrée, vineuse, d'agréable saveur. Maturité. — Commencement de septembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Ce Beurré est originaire des Côtes-du-Nord , et le nom qu'il porte lui fut donné par un horticulteur de Saint-Brieuc , M. le Pellec, qui ayant beaucoup contribué à le propager, nous a transmis les renseignements ci-après, que nous avions réclamés de son obligeance : « Le Beurré de Paimpol a été trouvé dans la commune de Ploubazlanec , canton de Paimpol, arrondissement de Saint-Brieuc, en 1825, et il a fructifié de 1830 à 1835. Un nommé Roland, cultivateur, aperçut dans un de ses champs un poirier sauvageon; frappé de cette rencontre, il résolut de faire un essai. Il le transplanta dans son jardin, avec l'intention de le greffer; mais ayant négligé de le faire à temps, l'arbre, devenu fort, rapporta du fruit dont la qualité surpassa son attente; et dès lors il fut acquis au commerce; car, sur la demande de plusieurs personnes, l'espèce se propagea dans la commune et les environs. Quelques années après, un de mes amis de Ploubazlanec, me parlant de cette variété, alors surnommée poire Roleick, en breton, c'est-à-dire poh'e Roland, m'en fit passer des greffes en 1845; et deux ans plus tard, en 1847, je vous en adressai un plant étiqueté Beurré de Paimpol; nom que je lui avais donné, avec le consentement du propriétaire, parce que Paimpol étant chef-lieu de canton, est mieux connu, par son importance, qu'une petite commune comme Ploubazlanec. » [Lettre du 20 octobre 1866.) Observations. — La rare fertilité de ce poirier, jointe à la grosseur de ses produits, le rend propre à l'approvisionnement des marchés. Toutefois, les fruits qu'il donne blettissant aussitôt leur parfaite maturité , on devrait alors les cueillir de bonne heure pour les expédier encore verts. Poire BEURRÉ DE PAQUES. — Synonyme depoire Bonne de Soulers. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE PARIS. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE PARTHENAY. — Synonyme de Bergamote^ de Parthenay. Yoir ce nom. 244. Poire BEURRE PAYEN. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , étalés, gros, assez longs, très-géniculés, brun verdâtre clair, à lenticelles des plus appa- rentes et des plus espacées, à coussinets bien accusés. — Yeux : volumineux, coni- ques ou ovoïdes-allongés, excessivement écartés du bois et montrant des écailles faiblement entr'ouvertes. — Feuilles : moyennes, généralement ovales - arrondies , acuminées, régulièrement dentées en scie, ayant le pétiole long et épais. Fertilité. — Satisfaisante. BEU [beurré pay] 409 Culture. — Sur cognassier, ce poirier pousse très-convenablement, et vite; il y fait de belles pyramides , bien ramifiéeS;, bien feuillues ; le franc , que nous ne lui avons pas encore donné, doit également lui être fort profitable. Poire Beurré Payen. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme ; turbinée - ovoïde ou turbinée régulière, constamment bosse- lée. — Pédoncule : court, gros, charnu et plissé à la base, inséré obliquement ou perpendiculai- rement au centre d'une faible dépression. — OEil : petit, mi- clos ou fermé_, rond, placé dans un large bassin rarement pro- fond. — Peau : gris-roux foncé, entièrement couverte de points blanchâtres fort développés. — Chair : blanc jaunâtre , demi- fme, demi-fondante, habituelle- ment assez granuleuse. — F au : suffisante, très -sucrée, légère- ment musquée. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Deuxième. Miistopique. — Peu connue, mais du reste peu méritante, cette poire nous fut envoyée de Belgique en 1846 par Adrien Papeleu, alors pépiniériste à Wetteren, près Gand, et décédé en 1859. Nous la propageons comme fruit de verger, depuis 1849, et la croyons gagnée par l'horticulteur même qui nous l'a vendue; opinion que partage le pomologue alle- mand Biedenfeld. (Yoir Handbuch aller hekannten Obsisorten, 1854, t. I, p. 32.) Poire BEURRÉ DE PENTECOTE. ■- Synonyme de Beurré de Rance. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ ( PETIT- ]. — Voir Petit -Beurré. 24S. Poire BEURRE PHILIPPE DELFOSSE. Synonymefs. — Poires : 1, Beurré Delfosse {Yiivovi, Album depomologie, 1850, t. III, pp. 68 et 166). — 2. Delfosse Bourgmestre {M. ibid.). — 3. Philippe Delfosse {M. ibid.). — 4. Bourgmestre Delfosse (Idem, Annales de pomologie belge et étrangère, 1855, t. [II, p. 87), Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : très- nombreux, légèrement étalés, un peu grêles, longs, coudés, brun clair habituel- lement tacheté de gris, ayant les lenticelles petites, rapprochées, et les coussinets saillants. — Yeux : moyens, ovoïdes, à écailles disjointes, écartés du bois et sou- vent même formant éperon. — Feuilles : petites, abondantes, généralement ovales, 410 BEU [beurré pic — poi] acuminées, à bords régulièrement et profondément dentés, à pétiole des plus longs, épais, mais assez flasque. Fertilité. — Grande. Poire Beurré Philippe Delfosse. (.^^^^^^_ __ ^^^^^^ ^,^^ ^,_ veloppement ordinaire, on le greffe sur franc ou cognassier ; il y croît parfaitement et fait toujours des pyramides d'une forme irréprochable. Description du fruit. — Grosseur : moyenne et par- fois plus volumineuse. — For- me : turbinée obtuse et ven- true, ou turbinée quelque peu allongée, — Pédoncule : assez court, mince, recourbé quel- quefois , mais rarement, renflé à la base, inséré à fleur de fruit. — Œil : moyen , irrégulier , habituellement mi-clos, peu enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : jaune d'or, ponctuée, striée, marbrée de fauve, faible- ment tachée de même autour du pédoncule et le plus sou- vent lavée de rouge-brun clair sur la partie qui regarde le soleil. — Chair : blanchâtre, fine, très-fondante, juteuse, faiblement granuleuse au centre. — Eau : excessive- ment abondante, acidulé, sucrée, rafraîchissante, possédant un parfum particulier d'une extrême délicatesse. Maturité. — De la mi-novembre jusqu'au commencement de janvier. Qualité. — Première. Historique. — Obtenue chez les Belges, « elle provient, dit M. Bivort, des « semis de M. Grégoire, de Jodoigne, qui l'a dédiée à M. Philippe Delfosse, bourg- ce mestre de Sarrisbare. Sa première production a eu lieu en 1847. » [Album de pomologie, 1850, t. III, p. 68.) Ajoutons que le semis d'où l'arbre est sorti, fut fait en 1832 et uniquement composé de pépins de Passe-Colmar. Poires BEURRÉ PICQUERY et BEURRÉ PIQUERY. — Synonymes de poire des Urbanistes. Voir ce nom. Poire BEURRÉ PLAT. — Synonyme de Bergamote crassane. Voir ce nom. 246. Poire BEURRÉ POINTILLE DE ROUX. Description de l'arbre* — Bois : fort. — Rameaux : peu nombreux, érigés ou légèrement étalés , de grosseur moyenne , longs , duveteux , brun grisâtre lavé BEU [beurré i'Or — i'ReJ 411 Poire Beurré pointillé de roux. de rouge-brique, à lenticelles abondantes, saillantes, larges, à coussinets presque aplatis, — Yeux : moyens, coniques, aigus, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : assez grandes, coriaces, ovales, acuminées, canaliculées, faiblement dentées, ayant le pétiole court, roide et épais. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Sa vigueur n'est pas des plus prononcées, aussi le franc lui convient-il mieux que le cognas- sier; sur l'un et l'autre de ces sujets il prend , du reste , une forme pyra- midale très-satisfaisante. Descrîptiou du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée- allongée, obtuse, quelque peu étran- glée vers les deux tiers de sa hauteur. — Pédoncule : court, mince, droit ou courbé, régulièrement implanté à la surface. — OEil : petit, ouvert, sou- vent contourné, rarement enfoncé. — Peau : vert-pré, marbrée et for- tement ponctuée de roux, maculée de même dans le bassin ombilical et autour du pédoncule, et colorée de rose pâle du côté du soleil. — Chair: blanc verdâtre , demi-fine , demi- fondante, pierreuse auprès des loges. — Eau: suffisante, sucrée, aigrelette, peu parfumée. Maturité. — Courant d'octobre et commencement de novembre. Qualité. — Deuxième. HEistoriciue. — Décrit par M. Alexandre Bivort en 1851, dans le tome IV de son  Ibum de pomologie , ce fruit y est donné comme un gain du semeur belge Van Mons (voir pp. 125-126), sans indication, toutefois, de l'époque à laquelle il fut obtenu. En 1859 M. de Liron d'Airoles, le citant à la page 8 du Supplément de sa Liste synonymique des variétés du poirier, dit que le pied-type rapporta pour la pre- mière fois en 1844. Mais ce renseignement ne peut nous servir, attendu que Van Mons, qui mourut le 6 septembre 1842, avait déjà parlé du Beurré pointillé de roux; M. Bivort lui-même le constate dans l'ouvrage ci-dessus mentionné. Poire BEURRÉ DE PORTUGAL. — Synonyme de poire de Saint-Père. Voir ce nom. 247. Poire BEURRÉ PREBLE. Bescription de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, presque étalés, grêles, peu longs et peu coudés, marron clair, à lenticelles fines et très-espacées, à coussinets aplatis. — Yeux : petits ou moyens, ovoïdes-arrondis, 412 BEU [beurré pre] pointus, légèrement écartés de l'écorce. — Feuilles : petites, lancéolées, planes ou contournées, ayant les bords denticulés, le pétiole court et menu. . „ , , Fertilité. — Médiocre. Poire Beurre Preble. Culture. — Dans nos f~^ pépinières , ce poirier * reste des plus chétifs, quel que soit le sujet qu'on lui donne ; ses py- ramides y sont irrégu- lières , mal ramifiées , excessivement basses. lîesepiption du fruit. — Grosseur : vo- lumineuse. — Forme : ovoïde ventrue et bosse- lée, ou ovoïde-arrondie. — Pédoncule : court, bien nourri, droit, réguliè- rement inséré dans une large cavité sans profon- deur , que domine un mamelon très-prononcé. — Œil : moyen, ouvert, faiblement plissé sur ses bords, presque saillant. — Peau : jaune verdâtre obscur, ponctuée et lar- gement maculée de brun clair, striée de même dans le bassin ombilical. — Chair : blanc jaunâtre, fine, mi-fondante ou fondante, assez granuleuse au cœur. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, possédant une saveur beurrée d'une grande délicatesse. Maturité. — Courant d'octobre , allant jusqu'à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historique. — Les Américains sont les obtenteurs de ce Beurré et le regardent comme un de leurs meilleurs fruits. Ils le cultivent depuis vingt-cinq ans environ, et voici l'origine que lui assignait en 1849 le pomologue Downing : « Cette grosse, cette excellente poire fut gagnée de semis par M. Elijat Cook, de Raymond, dans l'État du Maine. Le nom qu'elle porte lui a été donné par M. Manning, en mémoire du Commodore (chef d'escadre) Edouard Preble, notre' compatriote. » [The Fmits and fruit trees of America, édition de 1849, p. 363.) Observations. — Nous ignorons si ce poirier se montre plus vigoureux dans une autre partie de la France, que dans l'Anjou, car il est peu répandu chez nos Jiorticulteurs ; mais ici, où nous le multipliions pour la première fois en 1851, on l'a toujours vu très-frêle, très-délicat et souvent attaqué d'une maladie qui se per- pétuait même par la greffe ; défauts d'autant plus regrettables, que les poires qu'il produit sont d'un fort volume et d'une parfaite qualité. BEU [beurré pré — prtJ 413 248. Poire BEURRÉ PRÉCOCE. Description de l'arbre. — Bois : un peu faible et d'un gris rosé. — Ra- meaux: nombreux, étalés, de longueur et de grosseur moyennes , légèrement géniculés, rouge-brun grisâtre, à len- ticelles larges, abondantes, à coussi- nets aplatis et à courts mérithalles. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes, habituellement placés en éperon. -^ Feuilles : petites , vert clair cuivré , ovales - acuminées , ayant les bords régulièrement dentés en scie, le pétiole grêle et peu long. Fertilité. — Convenable. Culture. — C'est un poirier dont la vigueur laisse généralement à désirer et qui pourtant se développe passable- ment sur cognassier ; toutefois le franc lui convient mieux ; il y fait de petites mais d'assez belles pyramides. neseription du fruit. — Gros- seur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée-ovoïde ou turbinée- sphérique, ayant ordinairement un côté moins renflé que l'autre. — Pédoncule: long, mince, recourbé, formant bour- relet à son point d'attache , implanté au milieu d'une dépression presque insensi- ble. — OEil : petit ou moyen, mi-clos ou fermé, situé dans un bassin profond et des plus évasés. — Peau : vert jaunâtre, ponctuée, striée, maculée de gris-roux, surtout près du pédoncule, et faiblement vermillonnée sur la face exposée au soleil. — Chair : blanche, fine, fondante ou mi -fondante, aqueuse, presque exempte de granulations. — Eau : abondante, sucrée, vineuse, mais entachée d'une acerbité qui la rend parfois désagréable. Maturité. — Commencement d'août. Qualité. — Troisième. Historique.. — Elle est originaire d'Angers, où feu Goubault, jadis horticul- teur route de Saumur, la gagna de semis en 1850, dans sa pépinière de Mille-Pieds. Sa propagation date seulement de 1835. Obser-vations. — Le nom primitif de cette poire fut Besi précoce , mais on l'a livrée au commerce sous celui de Beurré, qu'elle est bien loin de justifier. Quant à nous, si nous la multiplions, c'est comme variété hâtive destinée à la halle, où son volume assez considérable lui fait trouver de nombreux acheteurs. Poire BEURRÉ DE PRINTEMPS. — Synonyme de Colmar des Invalides. Voir ce nom. MA BEU [beurré que — ran] 249. Poire BEURRÉ DE QUENAST. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux, érigés ou légèrement étalés, gros, longs, géniculés, brun verdâtre lavé de gris -roux, à lenticelles fines, saillantes , peu espacées , à coussinets aplatis, — Yeux : moyens, coniques, aigus , appliqués en partie contre l'é- corce. — Feuilles : généralement gran- des, ovales-lancéolées , planes ou cana- liculées, ayant les bords dentelés ou crénelés, le pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Abondante. Culture. — Il croît rapidement et peut être greffé, en raison de sa vi- gueur, sur toute espèce de sujet; ses pyramides sont régulières , fortes , très-bien faites. Description dn frwit. — Gros- seur : moyenne. — Fo7'me : turbinée, faiblement obtuse, bosselée. — Pédon- cule: court ^ assez mince, droit, inséré à fleur de peau. — OFil: grand, arrondi, ouvert, ordinairement peu enfoncé. — Peau : vert clair jaunâtre, parsemée de larges points roux et de quelques taches ou marbrures plus foncées. — Chair : blanchâtre, demi-fine, demi-fondante, juteuse, pierreuse autour des loges. — Fau : fort abon- dante, sucrée, acidulé, savoureuse quoique laissant habituellement à désirer sous le rapport du parfum. Maturité. — De la mi-septembre jusqu'à la fin de ce mois. Qualité. — Deuxième. Historique. — Elle passe pour appartenir à la pomone du Brabant, sans toutefois qu'on ait à cet égard une certitude complète. C'est du moins ce qui résulte du passage ci-dessous, emprunté aux Annales de pomologie belge et étrangère : « Cette nouvelle variété — dit M. Bivort — paraît être originaire du village de Quenast, dans le Brabant; nous ne connaissons ni son inventeur ni l'époque de sa première production. Nous savons seulement qu'elle fut envoyée, il y a déjà quelques années, au chevalier de Béthune, bourgmestre de Courtrai, par le baron Daminet, sénateur, dont le château avoisine la localité précitée Elle a été soumise cette année (1854) à l'appréciation de la Commission royale de pomologie, par M. Reynaert-Beernaert (pomologue à Courtrai). » (Tome II, p.. 15.) Poire BEURRÉ QUETELET. — Synonyme de Beurré Curtet. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ DE RACKENGHEM. — Synonyme de poire Pomme. Voir ce nom. Poire BEURRÉ RANGE. — Synonyme de Beurré de Rance. Voir ce nom. BEU [beurré ran] 415 250. Poire BEURRE DE RANGE. S7non;^iaAes. — Poires : 1. Gastelier (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 21). — 2. Beurré d'Hiver (Merlet, VAbrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 109). — 3. Jenart {M. ibid.). — 4. Beurré Hardenpont de Printemps (John Turner, Transac- tions of the horticultural Society of London, 1822, t. V, pp. 126-131). — 5. Beurré range {Id. ibid.). — 6. Bon-Chrétien de Range (Prévost, Cahiers pomologiques , 1839, p, 60). — 7. Beurré de Noirchain {Id. ibid., p. 136). — 8. Beurré de Rans {Id. ibid., p. 60).— 9, Beimont ou Beymont (Bivort, Album de poniologie, 1850, pp. 43-44). — 10. Beurré Bon-Chrétien (Auguste Royer, Annales de pomologie belge et étrangère, 1855, t. III, p. 45). — 11. Beurré de Pentecôte (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, p. 7). — 12. Hardenpont de Printemps (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. I). — 13. De Range {Id. ibid.). — 14. Beurré du Rhin (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1864, t. U, n° 107). Description de l'ar- tore. — Bois : faible. — Rameaux : peu nombreux, étalés ou réfléchis, assez grêles, longs, non coudés, brun clair verdâtre légè- rement cendré, ayant les lenticelles petites , très - espacées , et les coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes, duve- teux, noyés dans l'écorce. — Feuilles : habituelle- ment elliptiques, acumi- nées, à bords bien dentés, à pétiole de longueur moyenne, gros et pourvu de stipules des plus déve- loppées. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Le franc est le seul sujet sur lequel ce poirier puisse prospérer, et encore n'y fait-il que de maigres , que d'irrégu- lières pyramides dont la croissance a toujours lieu tardivement. Greffé sur cognassier, il demeure tel- lement chétif qu'on n'en saurait tirer aucun parti satisfaisant, et fait même, alors, périr les sujets. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : oblongue- ovoïde, généralement ventrue et bosselée. — Pédoncule : long ou assez court, bien nourri , courbé , renflé à ses extrémités , obliquement inséré dans une cavité rare- ment profonde et dont les bords sont accidentés. — Œil : moyen, souvent mi-clos, 416 BEU [beurré ran] régulier, faiblement enfoncé. — Peau : très-rude, très-épaisse, vert terne bronzé, ponctuée et fortement marbrée de gris clair, et maculée de fauve autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : blanc verdâtre, demi-fine et parfois grossière, demi-fon- dante, juteuse, granuleuse au centre. — Eau : abondante, sucrée, habituellement un peu astringente, mais néanmoins aromatique et savoureuse. Maturité. — Variable, elle commence le plus ordinairement en novembre et finit en février; cependant on l'a vue gagner les mois de mars et d'avril, puis, très-exceptionnellement, ceux de mai et de juin. Qualité. — Première, et deuxième lorsque l'âpreté de son eau est trop pronon- cée. Aucune poire ne la surpasse en excellence, pour faire des compotes. Historique. — Jusqu'ici trois opinions ont prévalu , en ce qui touche l'origine de ce Beurré : les uns, le disant obtenu de semis par l'abbé d'Hardenpont, à Mons, reportent à 1758 ou à 1762 la première fructification du pied-type; les autres, refusant de voir en lui un gain de cet abbé , prétendent qu'il le rencontra inconnu dans le village de Rance, et n'en fut alors que le simple propagateur; enfin il en est qui l'ont attribué à Van Mons. Pour nous, ces derniers ont complètement tort, car Van Mons naquit en 1763, après l'apparition de cette poire, sur laquelle il manqua même de renseignements précis, puisqu'il supposait qu'on l'avait appelée Beurré rance en raison de la saveur acide de sa chair. Mais il ne s'ensuit pas, de ceci, que nous regardions ce fruit comme provenu de la Flandre, en 1738 ou 1762. Que l'abbé d'Hardenpont l'y ait, à l'une de ces deux époques, trouvé innommé dans la petite localité de Rance , et lui ait appliqué , ne pouvant l'assimiler à aucune autre variété, le nom de ce hameau ;, nous l'admettons volontiers, avec un grand nombre de pomologues; seulement, nous avons la conviction que déjà il existait en France , et depuis longtemps , sous plusieurs dénominations différentes. Essayons de le démontrer à l'aide, d'abord, de l'Abrégé des bons fruits, de Merlet, édition de 1675, dans laquelle on lit ce qui suit : « Pendant le mois de Décembre et les suivans, se mange le Gatellier, ou Jenart, ou Bœuré d'Hyver, estant gros, verd, long en ovale, et bœuré, d'une eau peu relevée, et meilleur encore cuit que crû, » (Pages d07 et 109.) Voilà bien, en quelques lignes, la description du Beurré de Rance, de cette poire généralement bonne, mais souvent aussi, médiocre, et dont la peau, même à par- faite maturité , reste d'un vei^t bronzé. Or, des trois noms que Merlet lui donne ici , il en est un, Gatellier, qui va nous la montrer multipliée dès 1628 à Orléans, dans les fameux jardins du procureur du roi le Lectier. Si l'on ouvre, effectivement, à la page 21 le Catalogue des arbres cultivés en 1628 dans le verger et plant de ce magistrat-horticulteur^ on y trouve cette indication formelle : « Gastelier, poirier « dont le fruict dure jusques en Mars, Avril;, Mai et Juin. » Et quant au nom Beurré d'Hiver, que Merlet en 1675 fait synonyme de Gatellier, une chose digne de remarque, c'est qu'il demeura longuement attaché à la présente variété, et passa avec elle chez les Hollandais et ailleurs, évidemment, comme le prouve ce court extrait du Jardin fruitier, pomologie publiée par le pépiniériste Louis Noisette, en 1821-1839 : « Beurré d'Hiver. — Fruit ayant la forme des Beurrés, mais dont la 'peau reste constam- ment verte; chair fondante, sucrée, parfumée, bonne. Nous l'avons rapporté du Brabant en 1806. Il mûrit dans le courant de janvier. — Nota. Comme il y a des Beurrés de Bans qui se gardent jusqu'en janvier^ il serait utile d'étudier comparativement le Beiirré d'Hiver et le Beurré de Rans pour bien établir ou leur différence ou lem* identité. » (Pages 172 et 173.) BEU [beurré ran — rei] 417 Et l'étude demandée par Noisette a eu lieu, et de tous côtés il a été reconnu que son Beurré d'Hiver ne s'éloignait en rien du Beurré de Rance. Terminons maintenant en relevant une autre erreur commise à l'égard de cette poire. On a écrit qu'elle était apparue sous ce dernier nom, dans les collections fran- çaises, en 1828 ou encore en 1835. Mais aucune de ces dates n'est exacte. Elle y était ainsi dénommée dès 1820, John Turner, jadis vice-secrétaire de la Société d'Horticulture de Londres , nous l'apprend et confirme en même temps une partie de nos assertions, lorsqu'il dit (13 janvier 1822) : « Le Beurré Rance, également appelé Beurré d'Hardenpont de Printemps, a été envoyé cà la Société en octobre 1821, par M. Hervy, directeur du Jardin royal du Luxembourg, à Paris mais quoique figurant dans l'école de ce Jardin, on ne l'y a pas encore inscrit sur le Catalogue...... Je le regarde comme identique avec le Beurré d'Hiver décrit dans l'ouvrage de Noisette. » ( Transactions of the horticultural Society ofLondon, t. V, pp. 126, 128, 130 et 131 . ) ^ Observation». •— On a souvent donné les noms Beurré de Flandre et Beurré Épine comme synonymes de Beurré de Rance, mais il serait difficile de justifier une telle attribution, le Beurré de Flandre n'étant autre que la Fondante des Bois, et le Beurré Épine, lui, tenant parfaitement sa place parmi les variétés, ainsi qu'on a pu le voir plus haut, page 359, où nous l'avons décrit. — Prévost, dans ses Cahiers pomologiques , affirmait (page 62) que « le 8 avril 1838 il avait ouvert un « Beurré de Rance qui n'était pas encore assez mûr. » Tougard, son collègue et son continuateur, écrivait en 1852 : «J'en ai mangé un en juillet » (page 68 de ses Variétés de poires). Cela doit être, puisque nos honorables devanciers le certifient; mais dans l'Anjou, où la maturation est toujours assez précoce, cette poire se con- serve bien rarement au delà du mois de mars. — Sa grosseur, par exemple, atteint souvent un volume considérable, à ce point que nous en avons vu qui pesaient jusqu'à 568 grammes, et notamment à l'exposition de Chartres, en 1862. Poire BEURRÉ DE RANS. — Synonyme de Beurré de Rance. Voir ce nom. Poire BEURRÉ REAL. — • Synonyme de poire Milan d'Hiver, Voir ce nom. 251. Poire BEURRÉ REINE. Synonyme. — Poire Beurré de la Reine (Tougard, Tableau analytique des variétés de poires, 1852, p. 30). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, presque érigés, gros et des plus longs, géniculés, marron clair, lavés de rouge auprès des yeux, finement et abondamment ponctués, ayant les coussinets bien marqués. — Yeux : assez volumineux, coniques, à écailles entr'ouvertes , habituellement sortis en courts éperons. — Feuilles : petites, ovales-allongées ou lancéolées, légèrement dentées en scie, portées sur un pétiole long et un peu grêle. Fertilité. — On la dit satisfaisante. Culture. — Vigoureux, il se greffe sur cognassier ou sur franc; son développe- ment est ordinaire ; ses pyramides ne laissent rien à désirer pour la foroe et la beauté. I. 27 418 BEU [beurré rei — rob] Description du ffuite — Nous ne saurions donner la silhouette de ce Beurré, ni le décrire, car il n'a pas encore mûri dans notre école, mais nous allons combler en partie cette lacune en empruntant à M. Tougard, pomologue rouennais, la courte note qu'il lui consacrait en 1852, dans son Tableau analytique des variétés de poires (page 30) : — « Fruit fondant, très-gros, énorme en espalier, pyramidal, a ventru, affectant souvent la forme du Beurré Diel. Maturité. — « Octobre et novembre. Qualité. — « Deuxième. » Historique. — Très-peu connu, ce poirier pourrait bien être originaire de la Belgique, d'où nous l'avons reçu des pépinières royales de Vilvorde-lez-Bruxelles , en 1864 ; mais nous ne savons rien sur son âge ni sur son obtenteur; toutefois,, en ISpO on le cultivait déjà à Yilvorde. (Voir le Catalogue de M. de Bavay, proprié- taire de cet établissement. ) Depuis seize ans , divers pomologues l'ont mentionné ; seulement, tous s'étant borné à reproduire littéralement les quatre lignes du Cata- logue dont nous venons de parler, qui sont muettes sur la provenance du Beurré Reine, ils ne peuvent être alors d'aucun secours dans la circonstance. Et même nous devons rectifier une erreur commise par l'un d'eux , présentant Duhamel du Monceau comme descripteur, en 1768, de cette variété... Disons-le vite, jamais le Beurré Reine n'a figuré dans le Traité des arbres fruitiers de ce savant écrivain. Observations. — Selon M. Decaisne, poire la Reine étant l'un des synonymes du Beurré Romain, nous avions cru d'abord, influencé par l'homonymie, le Beurré Heine ou de la Reine identique avec ce dernier fruit; mais l'examen des arbres nous a prouvé qu'aucune analogie n'existait entre ces poiriers. Et l'on doit éviter aussi de leur attribuer ces autres synonymes : poire à la Reine, Beurré à la Reine, appar- tenant uniquement à la variété Muscat Robert. Poire BEURRÉ A LA REINE. — Synonyme de poire Muscat Robert. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE LA REINE. — Synonyme de Beurré Reine. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DU RHIN. — Synonyme de Beurré de Rance. Voir ce nom. 252. Poire BEURRÉ ROBERT. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nom- breux, légèrement étalés, assez gros, longs, coudés, vert grisâtre, abondamment et finement ponctués, ayant les coussinets bien accusés. — Yeux : moyens, ovoïdes, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : ovales ou elliptiques, dentées en scie, planes ou contournées, à pétiole long et grêle. Fertilité. — Constante et satisfaisante. Culture. — Il est d'une bonne vigueur, prospère sur le cognassier et sur le franc ; la forme pyramidale lui convient très-bien. Deseriptiou dn fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : turbinée, obtuse, bosselée et ventrue. — Pédoncule : court, de force moyenne, faiblement BEU [beurré roc — 'roi] 419 recourbé, obliquement iuséré à fleur de peau et généralement appuyé contre une gibbosité des plus prononcées. — OEil : large, arrondi, ouvert, régulier, placé dans un bassin en entonnoir, habituellement profond et uni sur ses bords. —Peau: jaune verdâtre, semée de Poire Beurré Robert. petits points gris, tachée de roux vers l'œil et près du pédoncule. — Chair : blanche, fme, fondante, juteuse, contenant quel- ques granulations, sur- tout autour des loges. — Eau : toujours abon- dante, sucrée, acidulé, ayant un parfum exces- sivement délicat. Maturité. — De la fin d'octobre jusqu'à la mi- décembre. Qualité. — Première. Historique. — Ga- gnée par MM. Robert et Moreau , horticulteurs rue des Bas-Chemins-du- Mail, à Angers, le Co- mice de Maine-et-Loire fut chargé de la déguster dans sa séance du 3 no- vembre 1861. Il la dé- clara délicieuse et lui trouva , ce qui est exact, beaucoup de rapports de forme et de goût avec le Beurré d'Arenberg ou Glout-Morceau. Elle provient, du reste, d'un semis de pépins de cette dernière variété, et portait dans la collection de ses obtenteurs le n° 02. ®l»seB'vati©Ms. — L'arbre du Beurré Robert se rapproche tellement, par ses divers caractères, du poirier Doyenné du Comice, qu'on les confond assez facile- ment; mais leurs fruits aident un peu à les distinguer. Ils ont en effet dans leur faciès, leur volume et leur coloration, des dissemblances suffisamment appréciables pour permettre de les reconnaître. La saveur de leur chair offre aussi une notable différence. Poire BEURRÉ ROCHECHOUART. — Synonyme de poire du Mas. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DU ROCHOIR. — Synonyme de poire du Mas. Voir ce nom. PoiRE^ BEURRÉ DU ROI. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. 420 BEU I BEURRÉ ROmI 253. Poire BEURRÉ ROMAIN. Synonymes. — Poires : 1. Fondante de Rome (Diel, Kernobstsorien, 1802, p. 106). — 2. Sucré ROMAIN [Id. ibid.). — 3. BEURRÉ DE ROME (Biedenfeld, Handhuch al 1er bekannten Obstsorten, IS54, t. I, p. 57). — 4. GiRARDiNE (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum , 1858, t. I). — 5. La Reine {Id. ibid.). — 6. PoiRE romaine [M. ibid.). Premier Type. Deseription de l'arbre. — Bois : très-fort. — Hameaux : assez nombreux , étalés , des plus gros , longs, flexueux, cotonneux, d'un rouge-fauve ardoisé et tacheté de gris_, à lenticelles larges, saillantes et très - rapprochées , à coussinets presque nuls. — Yeux : petits, apla- tis, noyés dans l'écorce. — Feuilles : vert foncé, grandes, ovales -allon- gées, légèrement duveteuses, ayant les bords entiers, le pétiole assez long et bien nourri. FERTiLrrÉ. — Moyenne. Culture. — Poirier vigoureux , il peut être greffé sur franc ou cognas- sier ; son développement , toujours tardif, ne l'empêche cependant pas de former de belles et fortes pyra- mides. Deuxième Type, Deseriptioii du fruit. — Gi'os^ seur : moyenne ou au-dessous de la moyenne. — Funne : inconstante, va- riant habituellement entre la conique allongée et obtuse , et la turbinée ovoïde, bosselée et ventrue. — Pédon- cule : long , mince , non arqué , géné- ralement un peu renflé à son point d'attache, obliquement implanté au milieu d'une dépression plus ou moins marquée. — Œil : petit, bien fait, ouvert , faiblement enfoncé , en- touré de quelques plis ou de quelques bosselettes à peine développées. — Peau : rugueuse, jaune terne fortement olivâtre, BEU [beurré ROM — ROU] 421 parsemée de points gris-roux, marbrée ou tachée de même au sommet et à la base du fruit, et parfois teintée de rouge-brique sur la partie frappée par le soleil. — Chair : blanchâtre, demi-fine, demi-fondante, aqueuse, presque exempte de pierres. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, laissant dans la bouche un léger parfum d'anis. Maturité. — De la mi-septembre à la mi-octobre. Qualité. — Yariable, mais plutôt deuxième que première. H:îstoB*ic|iae. — Etienne Calvel décrivait cette variété en 1805, dans son Traité des pépinières (t. II, p. 319), et l'appelait Beurré romain^ nom qu'aucun autre pomo- logue français n'avait encore mentionné. Merlet, plus d'un siècle auparavant, cite bien une poire Gros-Romain, mais comme il la déclare synonyme de la Fontarabie, mûrissant en février et bonne uniquement pour la cuisson, on voit qu'il est impos- sible, malgré la similitude desdits noms, de songer au moindre rapprochement entre ces deux fruits. En 1803 , le Beurré romain ne devait faire qu'apparaître dans notre pays, où probablement le docteur Diel, de Stuttgardt, l'avait envoyé à quelqu'un des nombreux correspondants qu'il y comptait. Cet amateur érudit et si passionné de l'arboriculture fruitière, connut ce poirier dès 1801, car il nous dit en 1802 : « Je l'ai reçu de Harlem et ne le rencontre ni chez Duhamel, ni chez Knoop, « ni chez Mayer ; voici ses diverses dénominations : Sucré romain. Beurré romain, «Fondante de Rome {JCernobsfsorten, 1802, p. 106). » Mais il est positif que les Allemands le cultivaient déjà depuis longtemps, à cette époque, comme l'observait récemment M. Jahn, tome II, page 53 de Ylllustrirtes Handbuch der 0bstkunde{l8Q0), où tout en l'appelant Romische Sckmalzhirn, Fondante de Rome, il lui conserve néanmoins son nom français actuel, Beurré romain. Poire BEURRÉ DE ROME. — Synonyme de Beurré romain. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ROND. — Synonyme de Bergamote d'Été. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ROUGE. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ROUGE D'ANJOU. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. 254. Poire BEURRE ROUGE D'AUTOMNE. Synonyme. — Poire Doyenné rouge (Diel, Kernobstsorten , 1802, pp. 19 et suivantes). Description de l'arbre. — Bois: de force moyenne. — Rameaux : nombreux, excessivement étalés, longs, flexueux, vert olivâtre légèrement lavé de rouge-brun du côté du soleil, quelque peu duveteux au sommet, tout parsemés de larges points gris clair et n'ayant pas les coussinets très-développés. — Yeux : des plus petits, cordiformes, écrasés, appliqués contre le bois. — Feuilles : assez grandes, vert foncé, ovales, cotonneuses, irrégulièrement dentées ou crénelées, à pétiole court, très- gros, flasque et pourvu de stipules effilées. Fertilité. — Remarquable. 422 BEU [beurré rou] Culture, — Sa vigueur n'est pas excessive; néanmoins il prospère assez bien sur cognassier ; mais ses pyramides, quel que soit le sujet qu'on lui ait donné, sont toujours mal faites. Poire Beurré rouge d'Automne. UescrisstioM dw ffruif. — Grosseur : moyenne et souvent moins considérable. — Forme : turbinée obtuse et ventrue. — Pédoncule : assez long et assez fort, recourbé, inséré dans un -évasement peu prononcé que surmonte parfois un léger ma- melon. — Œil: bien développé, ouvert, régulier, presque sail- lant. — Peau : jaune d'ocre, for- tement ponctuée et tachetée de fauve, principalement auprès de l'œil, et lavée de rouge-brun clair sur le côté exposé au soleil. — Chair : blanche, demi -fine ou grossière, cassante ou mi-fon- dante , rarement bien juteuse , granuleuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, vineuse, sans parfum prononcé. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Variable, mais plutôt troisième que deuxième. Historique. — Ce Beurré, nous le pensons, appartient aux collections fran- çaises; il dut être obtenu vers 1780, et probablement par les Chartreux de Paris. Diel, le célèbre pomologue wurtembergeois , affirmait du moins en 1790, alors qu'il le décrivait pour la première fois, l'avoir reçu, en même temps que le Doyenne' gris, de leurs pépinières [Kernobstsorten ^ 1802, p. 19). Or, le Catalogue publié en 1773 par ces religieux, ne le mentionnant pas encore, il n'a pu paraître,, nécessairement, que dans le suivant, imprimé l'an 1786. Mais cet opuscule nous manquant, nous ne saurions préciser si, oui ou non, le Beurré rouge y figura. Quoi qu'il en soit, ce poirier commençait à se répandre chez nous à la fin du xvm*^ siècle; et Calvel, dans son Traité des pépinières (t. II, p. 320), en parlait déjà en 1802-1805, lui trouvant, disait-il, beaucoup de rapports avec le Beurré romain, et ajoutant qu'il avait été à portée de s'en convaincre à l'école du Muséum d'histoire naturelle. En Allemagne, ce poirier semble beaucoup plus estimé et cultivé qu'en France, car M. Edouard Lucas, dans son Abbildungen vmrttembergischer Obst- sorten (1858), et M. Langethal, dans le Deutsches Obstcabinet [1860], lui ont consacré d'assez longs articles et qualifié ses produits, d'excellents, mérite que nous n'avons jamais pu leur reconnaître, depuis plus de vingt ans. ObservaiioMS. — Le docteur Diel , dont nous venons d'invoquer l'autorité au sujet du Beurré rouge d'Automne, lui appliquait le synonyme Doyenné rouge; il faut donc le lui maintenir, mais en recommandant de ne pas oublier que ce synonyme BEU [beukué kou — SAi] 423 appartient aussi à la variété dite Doyenné gris. Comme il importe également de rappeler ici que Beurré rouge ayant été jadis l'un des nombreux surnoms du Beurré gris, il devient instant de ne point confondre ce synonyme avec le nom Beurré rouge d'Automne, qui est bien celui d'une espèce. Poire BEURRÉ ROUPÉ. — Synonyme de Doyenné d'Hiver, Voir ce nom. Poire BEURRÉ ROUPP. — Synonyme de Doyenné d'Hiver. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ROUX. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ ROYAL. — Synonyme de Beurré Diel. Voir ce nom. 255. Poire BEURRÉ DE SAINT-AMAND. 19escription de l'arbre. •— • Bois : peu fort. — Rameaux : nom- breux, érigés, grêles, longs, coudés, duveteux, marron grisâtre, à lenti- celles jaunâtres et clair-semées , à coussinets faiblement accusés. — Yeux : moyens, coniques-allongés, aigus , non appliqués contre le bois. — Feuilles : assez grandes, ovales- lancéolées, acuminées, souvent cana- liculées, ayant les bords profondé- ment, complètement dentés, et le pétiole gros et de longueur moyenne. Fertilité. — Excessive. Culture. — Quoique ne manquant pas d'une certaine vigueur, cet arbre gagne cependant à être greffé sur franc plutôt que sur cognassier; il s'y développe hâtivement, il y prend une forme pyramidale régulière et parfaite. Description dw fruit. — Grosseur : généralement au-dessous de la moyenne. — Forme : ovoïde -arrondie ou turbinée fortement obtuse et un peu écrasée. — Pédoncule : court, bien nourri, droit, obliquement ou perpendiculairement implanté dans une cavité large mais sans profondeur. — Œil : grand, mi-clos , parfois con- tourné, rarement très-enfoncé. — Peau .-jaune clair brillant, ponctuée, veinée de fauve;, striée de même dans le bassin ombilical, et vermillonnée du côté du soleil. — Chair : jaunâtre, fine, fondante ou mi-fondante, juteuse, contenant quelques pierres au-dessous des pépins. 7— Eau : des plus abondantes, vineuse, sucrée, douée d'un arôme fort savoureux. Maturité. — D'octobre en novembre. Qualité. — Première. 424 BEU [beurré s ai] Historique. — C'est un prêtre belge qui obtint de semis ^ en 1853, la poire ici décrite; fait confirmé comme suit par M. Bivort, au cours de 1856 : « Cette variété a pris naissance dans le village de Saint-Amand^ près Fleurus, il y a quelques années. Son obtenteur, M. Grégoire^ curé de cette paroisse, l'a communiquée à la Commission royale de pomologie en octobre 1855. » [Annales de pomologie belge et étrangère, t. IV, p. 3.) Le Beurré de Saint- Amand n'est guère connu qu'en Belgique ; il mérite cepen- dant la culture, car le seul reproche qu'on lui puisse faire, c'est uniquement de mûrir en automne , saison où les poires de première qualité abondent en tous pays et sur toutes les tables. Poire BEURRÉ SAINT- AMOUR. ~ Synonyme de poire Fondante des Bois. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ SAINT-HÉLIER. — Synonyme de poire Jaminette. Voir ce nom. 256. Poire BEURRÉ SAINT-LOUIS. saillant. — Descriiitioii de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux , légèrement étalés , gros , longs , géniculés , vert herbacé un peu jaunâtre, ayant les lenticelles larges , excessivement abondantes , et les coussinets des plus saillants. — Yeux : à écailles bombées et dis- jointes, volumineux, ovoïdes, écar- tés du scion. — Feuilles : moyennes, ordinairement ovales-arrondies, fai- blement crénelées sur les bords, mu- nies d'un pétiole court et très-épais. Fertilité. — Bonne. Culture. — Sa vigueur est remar- quable ; le cognassier lui plaît infi- niment ; il fait sur ce sujet de belles pyramides et y développe vite son écusson. Description dw fruit. ~ Gros- seur : moyenne. — Forme: turbinée- allongée, irréguhère , contournée près du sommet, où presque toujours elle s'amincit subitement et présente plusieurs petits mamelons superpo- sés. — Pédoncule : long, assez fort, non recourbé, obliquement implanté et généralement continu avec le fruit. — OEil : grand , arrondi , ouvert , Peau : jaune-paille, parsemée de points verdâtres excessivement fins et BËU [beurré SAi] 425 recouverte en partie , surtout auprès de l'œil, de larges taches rousses. — Choir : blanche, fine, mi-fondante, peu pierreuse. — 'Eau : suffisante, sucrée , assez déli- catement parfumée. Maturité. — De la moitié à la fin d'août. Qualité. — Deuxième. Historique. — Nous avons rencontré ce poirier dans l'ancienne collection du Jardin fruitier du Comice horticole d'Angers; il y portait le n° 110, et il y fut intro- duit vers 1833. Le nom sous lequel on l'y inscrivit alors dut être^ nous le croyons fermement, quelque peu altéré, car Van Mons gagnait en Belgique, avant 1821, une poire Beurré Louis qui paraît avoir un grand air de famille avec notre Beurré Saint-Louis. Les auteurs allemands Diel et Dittrich ont décrit, il y a trente ans environ, ce Beurré Louis, et l'on retrouve bien dans le fruit qu'ils dépeignent les caractères principaux de celui qui nous occupe. Cependant nous ne pouvons, sur cette seule présomption, déclarer identiques ces deux variétés. Non; mais nous signalons notre doute , afin qu'il soit possible de nous aider à l'éclaircir, en nous adressant, par exemple, des greffons du Beurré Louis, dont l'arbre nous est complètement inconnu. Observations. — Il existe une poire Saint-Louis, fort différente du Beurré Saint-Louis , comme il est aisé de le vérifier en examinant plus loin ( tome II ) l'ar- ticle où nous l'étudions. C'est là une regrettable conformité de nom, bien faite pour amener quelque confusion, mais qui trouve son excuse dans l'époque de maturité de ces poires , coïncidant véritablement avec le 25 août , date de la fête du roi saint Louis. — On a récemment placé parmi les nombreux synonymes de la poire du Mas, le Beurré Saint-Louis. Rien, pourtant, n'autorise une telle assimilation, puis- que ce Beurré a disparu depuis un mois déjà quand les produits du poirier du Mas commencent seulement à mûrir; et qu'en outre tout est dissemblable chez ces variétés, forme, couleur, qualité des fruits, faciès des arbres, etc. 257. Poire BEURRÉ SAINT-MARC. Siynonyme. — Poire Délices Columb's (Biedenfeld, Handbuch aller bekanntm Obstsorten, 1854, t. I, p. 83). Deseription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , légère- ment étalés , gros , longs, flexueux , vert-brun clair , à lenticelles larges et rappro- chées, à coussinets très-accusés. — Yeux : petits, coniques, éloignés du bois et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : habituellement ovales ou elliptiques, faiblement crénelées ou presque entières sur leurs bords, à pétiole roide, épais et de longueur moyenne. Fertilité. — Convenable. Culture. — Sur cognassier, l'unique sujet qu'on lui ait encore donné dans nos pépinières, il fait de jolies pyramides, croît vite et bien. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde-arrondie , déprimée à la base, assez régulière. — Pédoncule : peu long, arqué, menu, obli- quement inséré au centre d'une légère dépression. — Œil : petit, ouvert ou mi-clos, bien fait, presque saillant. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, marbrée de roux et finement lavée de rose pâle du côté du soleil. — Chair : blanche, com- pacte, odorante, aqueuse, contenant quelques concrétions pierreuses auprès des 426 BEU [beurré sai] loges. — EoM : excessivement abondante, sucrée, acidulé, possédant un arôme exquis. Poire Beurré Saint-Marc. Maturité. - De la mi-décem- bre jusqu'en février. Qualité. — Première. Historique. — Vers 1846 le pépiniériste Adrien Papeleu, de Wetteren, près Gand (Belgique), m'envoyait un poirier étiqueté Délices Columb's , dans lequel je reconnus plus tard le Beurré Saint-Marc, qui sans note indi- cative de provenance se trouvait depuis la même époque environ parmi les sujets de notre école. De ces noms, lequel fallait-il élimi- ner?.. . Comme rien ne l'indiquait, comme le Beurré Saint-Marc avait été inscrit dès 1849 à la page 26 de mon Catalogue, je préférai cette appellation , toute française, au nom Délices Columb's , em- prunté à deux langues à la fois , et presque ignoré , car il ne m'est encore apparu que dans le Hand- buch aller bekannten Obstsorten du baron Biedenfeld, imprimé en 1854 (t. I, p. 83). Mais remarquons-le, si Biedenfeld parle de la Délices Columb's, il se borne à repro- duire la courte description qu'en donna jadis Adrien Papeleu, en son Catalogue, et ne dit pas un mot de l'obtentem' ni de l'origine de cette variété. Nous sommes donc condamné à imiter son silence, n'ayant pu nous procurer le moindre rensei- gnement sur le présent poirier. Observations. — Les poires Belle de Thouars et des Urbanistes ont souvent été vendues sous le pseudonyme Saint-Marc, quoiqu' aucune d'elles n'atteigne le 23 avril. Il faut se garder de l'oublier, autrement on les confondra avec le Beurré Saint-Marc, lors surtout que l'esprit d'innovation aura poussé nombre de nos con- frères à supprimer de ce dernier nom le terme générique Beurré. — Nous croyons qu'en France le Beurré Saint-Marc se conservera toujours très-difficilement jus- qu'au mois d'a^Til. Dans l'Anjou, il dépasse rarement la mi-février. Si donc, en le dénommant ainsi, on a voulu préciser son époque de maturité, il faut alors admettre qu'il est né dans un pays dont le climat diffère beaucoup du nôtre. 258. Poire BEURRÉ DE SAINT-NICOLAS. (Synonymes. — Poires : 1. Duchesse d'Orléans ( Congrès pomologique , session de 1859, Annales de la Société d'Horticulture de la Gironde, t. III, p. 37). — 2. Saint-Nicolas [M. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, presque toujours érigés ou faiblement étalés, gros, peu longs, jaune grisâtre, ayant les BEU [beurré satI 427 lenticolles très-apparentes mais clair-semées, et les coussinets des plus proéminents. — Yeux : énormes, ovoïde's-allongés, pointus, placés habituellement en éperon, — Feuilles : de grandeur variable, vert jaunâtre, ovales ou elliptiques, dentées en scie, portées sur un pétiole court et grêle. Poire Beurré de Saint-Nicolas. Fertilité. — Grande. Culture. — On le grelTe ou sur franc ou sur cognassier ; sa vigueur est ordinaire et son développement assez vif; quant à ses pyramides , elles sont de forme irréprochable et des mieux ramifiées. I9e@cription dia fï'aait. — Grosseur : volumineuse. — Forme : turbinée-allongée, for- tement bosselée près du som- met, où parfois aussi elle est contournée et quelque peu étranglée. — Pédoncule : assez court, gros, arqué, noueux, irrégulier, très -charnu à la base , obliquement inséré à la surface du fruit, avec lequel il est souvent continu. — OEil : petit, ouvert, caduc, à peine enfoncé. — Peau : jaune clair verdâtre , ponctuée et légère- ment marbrée de brun olivâ- tre. — Chair : des plus blan- ' ches, des plus fines et des plus fondantes, très-aqueuse et rare- ment pierreuse. — Eau : d'une abondance excessive, sucrée, aromatique, acidulé et vineuse. Maturité. — Commencement et courant du mois de septembre. Qualité. — Première. MistoB'iqtae. — L'arbre-type du Beurré de Saint-Nicolas poussa spontanément dans une propriété située à l'extrémité de l'un des faubourgs d'Angers , et com- mença à fructifier en 1839. L'année suivante, le jardinier qui cultivait ce lieu, ayant parlé de sa nouvelle poire , on appela sur elle l'attention du Comice horticole de Maine-et-Loire, qui la dégusta, la recommanda à nos pépiniéristes, puis la signala ainsi dans ses procès -verbaux : « Elle se rapproche un peu, pour le goût, de la Verte-Longue, mûrit vers les premiers jours de septembre, et a été trouvée à la Garenne de Saint-Nicolas par M. Maurier, qui l'a communiquée à M. Flon, jardinier-pépiniériste et fleuriste à Angers. » {Travaux du Comice hortimle de Maine-et-Loire, 1840, t. II, pp. 137 et 151.) Cette variété, l'une des plus méritantes que nous connaissions, ne tarda pas à se répandre en Belgique, en Angleterre, en Amérique, en Allemagne, mais on ignoras 428 BEU [beurré sai — sam] longtemps, même dans les départements confinant à celui d'où elle était sortie, sa véritable origine. Témoin ce passage écrit en 1845 par Prévost, de Rouen : « Grand serait mon embarras s'il me fallait dire l'âge, la patrie du Beurré Saint-Nicolas, ainsi que le nom du producteur. Je n'ai trouvé ce fruit inscrit que dans un Catalogue belge et on l'y faisait mûrir en décembre (au lieu de septembre!). Elle m'a été vendue dans le département de Maine-et-Loire. » [Cahiers pomologiques , n° i, p. 130.) Et le mystère qui régnait sur sa naissance, fut sans doute ce qui engagea, vers 1850, quelque horticulteur à la multiplier sous le nom de Duchesse d'Orléans. Mais bientôt on s'aperçut de l'erreur ou de la fraude , notamment chez les Américains , où dès 1853 M. Cabot, président de la Société d'Horticulture du Massachusetts, déclarait la poire Duchesse d'Orléans complètement identique avec le Beurré de Saint-Nicolas. (Yoir le Magazine of horticulture de Hovey, 1853, t. XIX, pp. 97, 109 et 300.) Observations. — Il existe dans les collections belges un Rousselet Saint- Nicolas, mûrissant en février et en mars; notons-le en passant, afin qu'on ne puisse le supposer analogue au Beurré du même nom , originaire d'Angers et se mangeant en septembre. Poire BEURRÉ DE SAINT-QUENTIN. — Synonyme de poire Frédéric de Wur- temberg. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ DE SAINTONGE. — Synonyme de Beurré gris. Yoir ce nom. 259. Poire BEURRÉ SAMOYEAU. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , arqués et très-étalés , gros , de longueur moyenne , peu coudés, cotonneux, rouge ardoisé, ayant les lenticelles rapprochées et appa- rentes , les coussinets aplatis et les méri- thalles longs. — Yeux : petits ou moyens, écrasés, à écailles mal soudées, duveteux et complètement collés sur le bois. — Feuilles: grandes, légèrement coriaces, ovales ou elliptiques , acuminées , coton - neuses, à bords faiblement crénelés, à pétiole épais et assez long. Fertilité. — Excessive. Culture. — Ce poirier, de vigueur or- dinaire , se plaît autant sur franc que sur cognassier ; ses pyramides sont belles et fortes , mais le développement de son écusson est un peu lent. Uescription du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée, légèrement obtuse, déprimée à la base et ayant liabituellement un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : court, bien nourri, un peu recourbé^ BEU [beurré sém — six] 429 obliquement inséré à la surface du fruit, avec lequel il est fort souvent continu. — Œil : moyen, non enfoncé, très-ouvert, très-régulier. — Peau : jaune verdâtre, parsemée de larges points roux et de quelques taches fauves en partie squammeu- ses, — Chair : blanche , fine , fondante , assez granuleuse au-dessous et au-dessus des pépins. — Eau : suffisante^ sucrée, douée d'un parfum délicat et d'une saveur beurrée des plus agréables. Maturité. — De novembre en décembre. Qualité. — Première. Historique. — J'ai gagné ce Beurré de semis, et l'ai dédié à l'un de mes oncles. Le pied-type s'est mis à fruit en 1863; on l'a multiplié dès l'année suivante. Poire BEURRÉ DE SÉMUR. — Synonyme de poire d'Angobert. Voir ce nom. Poire BEURRÉ SERINGE. — Synonyme de Doyenné de Saumur. Voir ce nom. 260. Poire BEURRE SIX. Synonyme. — Poh^e Six (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. ÎII). Description de l'ar- l»re. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, éta- lés et habituellement ar- qués, gros, courts, gé- niculés, fauve grisâtre,, ayant les lenticelles larges et très-espacées, les méri- thalles courts et les cous- sinets des plus saillants. — Yeux : énormes, arron- dis, non appliqués contre le bois et souvent même formant éperon. — Feuil- les : de grandeur moyen- ne, un peu coriaces , vert foncé, régulièrement ova- les, à bords faiblement dentés ou entiers en partie;, à pétiole court et très-fort. Fertilité. — Satisfai- sante. CuLTu&E.—Nous le gref- fons sur franc ou cognas- sier; d'un développement très-tardif, il reste faible pendant toute sa première année, mais à deux ans il fait déjà des pyramides bien garnies, qui deviennent ensuite des plus remarquables. 43Ô BEU [beurré sou — stu] 19escrij9tion du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : irrégulière, oblongue, affectant assez ordinairement celle d'un coing, mais toujours ventrue, fortement bosselée, pointue au sommet et quelquefois pentagone à son point le plus proéminent. — Pédoncule : long, de force moyenne, arqué, obliquement inséré dans une étroite cavité à bords rarement unis , et souvent , aussi , continu avec le fruit. — OEil : grand ou moyen ;, contourné, clos ou mi-clos, entouré de plis et placé au fond d'un bassin de dimension très- variable. — Peau : jaune clair ver- dâtre, ponctuée de gris , tachetée de roux, surtout aux approches de l'œil. — Chair : blanc verdâtre, des plus fines, fondante, aqueuse, contenant quelques filaments. ~ Eau : excessivement abondante ^ucrée, acidulé, possédant un arôme exquis. Maturité. — Fin octobre, se prolongeant jusqu'en décembre. Qualité. — Première. Historique. — M. Bivort, qui deux fois a décrit cette délicieuse poire, en 18S0 et en 1857, nous apprend : « qu'elle fut gagnée de semis, vers 1845, par un jardi- « nier de Courtrai (Belgique), nommé Six, lequel lui donna son nom. » [Album de pomologie, t. III, p. 53> et Annales de pomologie belge et étrangère, t. V, p. 7.) Obser^ratious. — On a parfois vanté outre mesure la grosseur que peuvent atteindre les produits de ce poirier; aussi avons-nous choisi le type représenté ci-dessus, parmi les plus volumineux de notre fruitier, et devons-nous assurer qu'il est fort rare d'en obtenir qui le dépassent en pesanteur. Mais afin de prouver le bien fondé de cette remarque, invoquons l'autorité du savant M. Decaisne, dont le monde horticole admire si justement la merveilleuse publication pomologique : « La poire Six — dit cet auteur — est une des mieux caractérisées; sa forme et ses dimen- sions ne s'écartent jamais, en effet, beaucoup de celles que j'ai représentées [elle est au-dessus de la moyenne). J'ai eu occasion d'en recevoir.de différentes parties de la France, et d'en voir de nombreux exemplaires aux expositions de la Belgique; dans aucun cas je n'en ai rencontré de coulem- olivâtre,, ni de forme obtuse, ni surtout de la grosseur que fait supposer la figure de l'Horticulteur français de 18o8 (36 centimètres de circonférence sur 13 de hauteur). » {Le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III.) Poire BEURRÉ DE SOULERS. — Synonyme de poire Bonne de Soulers. Voir ce nom. Poire BEURRÉ SPENCE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE SPŒLBERG. — Synonyme de poire Vicomte de Spœlberg. Voir ce nom. Poire BEURRÉ STERCKMANS (en Belgique). — Synonyme de Doyenné Sterck- mans. Voir ce nom. 261. Poire BEURRÉ DE STUTTGARDT. ISescription de l'arbre. — Bois : de force moyenne! — Rameaux : assez nombreux, légèrement étalés et arqués, longs, un peu grêles, coudés, brun clair verdâtre, ponctués de gris-blanc, ayant les coussinets bien ressortis. — Yeux : volumineux, coniques, pointus, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : DEU [retirré STiî] 431 moyennes, vert foncé, ovales-Jancéolées , acuminées, planes on contournées, et souvent relevées en gouttière, faiblement dentées, portées sur un pétiole court et frêle. „ . „ , ^ „ , Fertilité. — Grande. Poire Beurré de Stuttgardt. Culture. — Le franc lui convient mieux que le cognassier, sa vigueur étant médiocre; il fait d'assez jolies pyramides et ne se développe bien qu'à partir de sa deuxième année. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde-allongée, régulière, habi- tuellement déprimée d'un côté, près de l'œil. — Pédoncule : court, bien nourri, recourbé, renflé à l'attache, inséré au centre d'une petite dépres- sion rarement accidentée sur ses bords. — OEil : large , arrondi , ouvert , placé dans un bassin en entonnoir de profondeur assez variable. — Peau : jaune d'ocre, semée de points gris-roux et de quelques taches brunâtres, et géné- ralement colorée de rose pâle sur la partie qui regarde le soleil. — Chair : blanc jaunâtre, fine ou demi-fme, très-fondante, peu gra- nuleuse. — Eau: abondante, vi- neuse et des plus sucrées, possé- dant une saveur particulière d'une extrême délicatesse. Maturité. — Du commencement de septembre jusqu'à la moitié de ce mois. Qualité. — Première. Historique. — Ce Beurré était obtenu de semis à Stuttgardt, en 1863 ; ce sont les Belges qui l'ont fait connaître en France, au commencement de 1864, en insé- rant dans un de leurs recueils périodiques , les lignes suivantes : « Beurré de Stuttgardt. — Ce nouveau fruit paraît être de qualité exquise; il nous est vivement recommandé par M. Schickler, horticulteur à Stuttgardt, qui le proclame le plus excellent qu'il ait jamais vu et goûté. » (Edouard Morren, la Belgique horticole, 1864, p. 30.) En février 1866 une autre publication belge, la Flore des serres et jardins de l'Europe, parlait également (page 92) du gain de M. Schickler, mais en faisant remarquer d'après M. Edouard Lucas, directeur de l'Institut pomologique de Reut- lingen (Wurtemberg) , que le Beurré de Stuttgardt « paraissait n'être autre chose « qu'une doublure de la Fondante des Bois ; avec cette difTérence , excessivement « légère , qu'il arrivait à maturité dix à quatorze jours plus tôt que cette dernière « poire. » Pour nous, ces variétés sont différentes, en ce sens surtout que leurs arbres n'ont entre eux aucune ressemblance, et que de plus la Fondante des Bois se 432 BEU [beurré sup] conserve jusqu'en novembre, quand au contraire le fruit gagné par M. Schickler atteint seulement la fin de septembre. Observationis. — Les Allemands cultivent depuis longtemps un Rousselet de Stuttgardt, mûrissant en août, puis une Bergamote de Stuttgardt allant jusqu'au mois de mars; mais nous ne possédons pas ces deux variétés. Si donc nous en par- lons, c'est afin d'établir, d'après les descriptions qu'en donnent les pomologues d'outre-Rhin, qu'elles n'ont aucun rapport avec le Beurré de Stuttgardt; puis aussi pour qu'on ne soit point exposé plus tard, si quelquefois on les importait chez nous, à les prendre pour ce dernier, trompé par leur dénomination à peu près identique. 262. Poire BEURRE SUPERFIN. Deseription de l'ar- bre. — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nombreux, érigés au sommet de la tige, étalés vers la base, gros, longs, des plus coudés, gris verdâtre légèrement rosé, finement et abondamment ponctués, ayant les coussi- nets peu ressortis. — Yeux: de grosseur moyenne, coni- ques ou ovoïdes -pointus, appliqués en partie contre le bois. — Feuilles : gran- des , elliptiques - allon gées , souvent acuminées, forte- ment dentées ou crénelées, ayant le pétiole long, épais et flasque. Fertilité. — Convenable. Culture. — Il est vigou- reux, rustique, et prend indistinctement le franc ou le cognassier; son écusson se développe vite, ses pyra- mides sont fortes et belles. iOescription du fruit* — Grosseur : assez volumi- neuse. — Forme : irrégu- lièrement turbinée, ventrue, bosselée, plus ou moins obtuse et parfois un peu étranglée près du sommet, où elle est généralement plissée et contournée. — Pédoncule : de longueur moyenne, très-nourri, renflé à son point d'attache, des plus charnus à son point d'insertion, obliquement implanté à fleur de peau, quelquefois comprimé d'un côté par un mamelon , et quelquefois aussi presque continu avec le fruit. — Œil : grand, rond, bien fait, ouvert ou mi-clos ^ faiblement enfoncé, — BEU [w.vmii sup] 433 Peau : jaune d'or, luisante, toute parsemée de points et de larges taches fauves, et vermillonnée sur la face exposée au soleil. — Chaù^ : blanchâtre, fine et très-fon- dante, aqueuse, un peu granuleuse au cœur. — Fau : abondante, fraîche, acidulé, sucrée, imprégnée d'un parfum aussi savoureux que bien prononcé. Maturité. — Fin août et courant de septembre. Qualité. — Première. IlistoriqLue. — Parmi les poires nées dans notre Anjou, il en est peu qui l'emportent en excellence sur celle ici décrite, sortie d'un semis de pépins de Duchesse d'Angoulême, de Gros-Blanquet et de Doyenné, fait à Angers en 1837, par Goubault, horticulteur aujourd'hui décédé. En 1844, l'arbre- type de cette va- riété s'étant mis à fruit, le Comice de Maine-et-Loire fut chargé d'en déguster les premiers produits. Il le fit, et dans sa séance du 17 novembre son pré- sident, M. Millet, rendit compte ainsi de la mission qu'on lui avait confiée : « Pendant les vacances j'ai été^appelé à examiner une nouvelle poire obtenue de semis par M. Goubault, et dont la maturité est en septembre. A cause de ses bonnes qualités je lui ai donné le nom de Beurré superfin. Comme cet horticulteur a déjà gagné le Beurré Goubault et le Doyenné Goubault, fruits très-recommandables sous tous les rapports, je propose de lui décerner, à titre de récompense, une médaille de vermeil. » {Travaux du Comice, t. III, pp. 137, 139, 140 et 160.) Et la médaille demandée fut accordée et remise par le Comice à M. Goubault, le 6 avril 1843. En la recevant, ce dernier s'engagea à mettre en vente dans le courant de 1846, son Beurré superfin, et tint fidèlement parole. Telles sont les di- verses dates et circonstances relatives à la naissance , à la propagation de ce fruit si répandu; nous désirons que désormais elles servent à rectifier les erreurs échappées à ceux qui, mal renseignés, en ont parlé dans leurs pomologies. ■ Observations. — Cette variété, dès son apparition, se vit dotée du pseudo- nyme Cumberland, tendant à la faire passer pour appartenir aux gains du semeur belge Tan Mons. Plus tard, en 1860, on la déclara identique avec les poires Dathis et Graslin. Aujourd'hui, chacun sait que le Beurré superflu figure à bon droit parmi les espèces, et qu'il diffère même beaucoup des poires auxquelles on préten- dait l'assimiler, le réunir. Cependant comme il se pourrait qu'on nous supposât ici, où nous sommes juge et .partie, imbu de partiahté à l'égard d'un poirier poussé dans nos murs, nous allons confier à M. AVillermoz, rédacteur des travaux du Congrès pomologique, le soin de le défendre : « C'est par erreur — affirme en 1863 cet écrivain — c'est par erreur que M. de Jonghe^ de Bruxelles, dit que le Beurré superfin est la poire Cumberland de Van Mons. M. Decaisne se trompe également en disant que Beurré superfin, Graslin et Dathis sont un même fruit. Ces quatre poires sont parfaitement distinctes et d'origine très-différentes : — Le Cumberland a été obtenu par Van Mons j cette variété, qui ne prend jamais de couleur rouge, a la forme d'un Colmar. — La Graslin a été trouvée par M. de Graslin, ancien consul de France en Espagne. Cette poire affecte la forme de Bon-Chrétien; elle a le goût de la Duchesse d'An- goulême et ne prend pas de couleur rouge. — ,La poire Dathis, d'origine incertaine, est un gros fruit qui prend toujours la forme de Bésy; sa peau unie, d'un jaune tendre, ne prend pas de rouge; sa chair est sèche, de très-médiocre qualité. » [Pomologie de la France, 1863, t. I,no43.) Terminons en assurant avec M. Eugène Forney [le Jardinier fruitier, 1862, t. I, p. 191) que le Beurré superfin « a de l'analogie avec le Beurré gris, dont il possède « à un haut point toutes les qualités, et qu'il remplace avec avantage, n'ayant pas I. 28 434 JBEU [beurré ten — van] « comme lui le défaut d'être sujet aux chancres. » Et ajoutons qu'il acquiert par- ibis un volume considérable, car nous avons vu de ces poires dont le poids dépassait 330 grammes. Poire BEURRÉ TENDRE. — Synonyme de poire Orange tulipée. Voir ce nom. Poire BEURRÉ DE TRÉVERENN. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEURRÉ TUERLING. — Synonyme de poire TuerlincJtx. Voir ce nom. 263. Poire BEURRÉ VAN DRIESSCHE. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rarneavx : peu nombreux, habituellement étalés, de grosseur moyenne , courts, peu géniculés, jaune brunâtre, à len- ticelles petites et rapprochées , à coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, coniques, non appliqués contre le bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : généra- lement ovales ou elliptiques, planes, dentelées en scie et portées sur un pétiole long et fort. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Cet arbre, nouvelle- ment multiplié dans nos pépinières, s'y montre de vigueur modérée sur cognassier ; les pyramides qu'il fait sont assez belles; toutefois le franc devra lui donner une crois- sance plus hâtive et le rendre aussi plus vigoureux. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : oblongue , très-obtuse , bosselée, mamelonnée au sommet, déprimée à la base. — Pédoncule : peu long, bien nourri, renflé à sa partie supérieure, faiblement arqué, obliquement ou perpendiculairement inséré dans un évasement plus ou moins prononcé. — (EU : grand, mi-clos, régulier, placé dans une cavité étroite et profonde.— Peau : jaune obscur, ponctuée de brun clair, tachée de même auprès du pédoncule et cou- verte de quelques marbrures plus foncées. — Chair : blanchâtre, demi-fine, demi- fondante, granuleuse au centre. — Eau : suffisante, acidulé ^ vineuse, sucrée, possédant une saveur fort délicate. BEU [reiirr]'': van — vku] 435 Maturité. — Février, et se prolongeant, dit-on, jusqu'en mai. Qualité. — Première. Historique. — Yoici les renseignements que nous a fournis sur ce poirier M. Joseph Bauraann, liorticulteur à Gand, duquel nous l'avons reçu en 1864 : « I/obtenteur de ce Beurré est M. Van Driessclie, liorticulteur à Ledeberg-lez-Gaud ; il l'a gagné de semis en 1838, et depuis multiplié par centaines, après lui avoir donné son nom. Les premiers sujets furent vendus puliliquement aux enchères, et c'est ainsi qu'à l'exemple de plusieurs de mes confrères de la ville, j'ai acquis cette variété. » {Lettre du 13 décembre 1866.) Observations. — Le bois et le port de ce poirier ne sont pas sans rappeler beaucoup l'arbre de la Duchesse d' Angoulême ; néanmoins ces variétés mûrissent à des époques tellement éloignées l'une de l'autre, qu'il est assez difficile de les supposer identiques. Nous ne saurions, toutefois, nous montrer plus affirmatif à cet égard , le Beurré Van Driessche n'ayant pas encore fructifié dans notre école. L'exemplaire que nous avons dégusté venait de Belgique , il eût pu atteindre le commencement du mois de mars. Poire BEURRÉ Y AN MONS. — Synonyme de poire Baronne de Mello. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ YERT. — Synonyme de Beurré gris. Yoir ce nom. Poire BEURRÉ YERT D'AUTOMNE. — Synonyme de poire Sucrée Van Mons. Yoir ce nom. 264. Poire BEURRÉ VERT D'ETE. Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux, presque érigés, gros, courts, non géniculés , jaune verdâtre très-clair et cendré , ayant les len- ticelles larges, clair-semées, et les coussinets peu saillants. — Yeux : à écailles grises et disjointes, mo- yens, ovoïdes, légèrement écartés du scion. — Feuilles : généralement elliptiques , grandes , planes ou contournées, profondément dentées en scie et munies d'un pétiole court et épais. Fertilité. — Excessive. Culture. — Très- vigoureux, cet arbre prospère parfaitement sur cognassier , développe vite son écusson et fait de petites mais de belles pyramides. description du fruit. — Grosseur : moyenne et souvent moins volumineuse. — Forme : tur- binée régulière ou turbinée quelque peu étranglée , bosselée et contournée près du 436 BEU [beurré ver] sommet. — Pédoncule : court et gros, ou mince et de moyenne longueur, rarement très-reeourbé , charnu à la base, obliquement inséré à la surface ou placé complè- tement de côté en dehors de l'axe du fruit. — OEil : large, rond,, ouvert, presque saillant. — Peau : des plus épaisses, rude au Poire Beurré vert d'Eté.- Deuxième Type. ^^^^^^^^.^ ^^^.^ ^i^ir dans l'ombre, vert jaunâtre au soleil , entièrement couverte de gros points gris cerclés de fauve, et de quelques taches rousses. — Chair : blanchâtre, grosse, un peu sèche, mi-cassante, excessivement pierreuse au cœur. — Eau : rarement abondante, fortement sucrée et musquée. Maturité. — Fin août et commencement de septembre. QuALFiÉ. — Troisième, quelquefois deuxième. Mistoi'ique. — Je cultive ce poirier depuis une vingtaine d'années , et l'ai tiré de la Bel- gique, mais il n'en est point originaire. Son pays natal fut la Prusse, selon du moins que semblait l'indiquer en 1823 le docteur Diel, dans son Vorzûgl. Kemohstsorten : « C'est — disait-il — M. Lenné, directeur du Jardin de Coblentz, qui m'a donné cette variété; U l'avait, lui, reçue de Cologne où elle portait bien le nom de Beurré vert d'Été... L'y a-t-on gagnée de semis plus ou moins récemment , ou ne possédons -nous là qu'un ancien fruit déguisé sous une nouvelle dénomination?.... Tout en l'ignorant, j'affirme cependant n'avoir rencontré dans les pomologies aucune poire à laquelle il soit possible de réunir ce Beurré. » (Tome II, pp. 168-171.) Cette opinion de Diel, il est instant de le faire ressortir, a cours en Allemagne, car le Deutsches Obstcabinet (1860) et VlllusîrhHes Handbuch der Obstkimde (1863) citent positivement Cologne comme étant le lieu d'origine dudit poirier. Nous ajou- terons toutefois, à titre de simple renseignement, qu'en 1628 le Lectier possédait à Orléans , dans son immense verger, une poire qu'il appelle Beurré vert et dont la maturité avait lieu, dit-il page 9 de son Catalogue, en août et au commencement de septembre; mais aucune description de cette poire n'étant donnée par lui, il devient impossible de la comparer avec celle ici présentée. Observations. — Notre vieux pomologue Merlet a parlé en 1675 d'un Beurré vert « le moindre de tous, » prétendait-il, « son eau estant plus fade et moins rele- « vée » que celle du Beurré rouge et du Beurré gris. Répétons, pour ceux que la similitude de ces noms embarrasserait , que le Beurré vert de Merlet , comme nous l'avons prouvé plus haut (page 373), est uniquement le Beurré gris et n'a rien, absolument rien à démêler avec la variété qui maintenant nous occupe. — Les Allemands possèdent, outre le Beurré vert d'Été, un Beurré vert d'Automne qu'ils appellent aussi poire Sucrée de Bruxelles, mais il n'est autre que l'espèce cultivée en Belgique et en France sous la dénomination de Sucrée Yan Mons ; impossible alors de confondre ces deux fruits, dont la maturité n'a pas lieu dans la même saison. — Enfin l'on a parfois placé le nom Beurré vert d'Été parmi les synonymes de la Bergamote d'Été, quand cependant la forme ronde de cette dernière, jointe BEU [beurré ver] 437 à l'exquise qualité de sa clmir, a-uraient dû, dès l'abord, prouver qu'elle s'éloignait couipiétemeiit de ce Beuri'é oblong, allongé et rien moins qu'excellent. Pon^E BEURRE YERT D'IIIYER. — Synonyme de Beurré vert tardif. Voir ce nom. 265. Poire BEURRÉ VERT TARDIF. SI;^-noiiynic. — Poire Bkuiîré vert d'Hiver (Henri Hessen, Garienlusl, 1690, p. 176). Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Ba- meaux : peu nombreux , étalés , as- sez longs et assez grêles, flexueux, marron légèrement grisâtre, à len- ticelles abondantes, larges et blan- châtres, à coussinets bien accusés. — Yeux : petits ou moyens , ovoï- des-pointus^ non collés contre l'é- corce, ayant les écailles grises et disjointes. — Feuilles : petites, lan- céolées ou elliptiques, acuminées, faiblement dentées, crénelées ou ondulées, portées sur un pétiole court et fort. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le peu de vigueur qu'offre ce poirier quand il est greffé sur cognassier, doit engager à lui donner le franc , sujet sur lequel il prend une forme pyramidale beau- coup plus convenable et se montre bien moins délicat. Description dn fmit. — Grosseur : moyenne. — Forme : allongée, régulière, ventrue et légè- rement obtuse. — Pédoncule: assez court, mince, droit, implanté à fleur de peau. — OEil : petit, ouvert, souvent contourné , à peine enfoncé. — Peau : vert-pré, ponctuée, striée, tachée de fauve et largement maculée de brun rougeâtre aux extrémités du fruit. — Chair: jaunâtre, demi-fme et demi-cassante, rarement très-pierreuse. — Eau : suffisante, vineuse, mais un peu fade et un peu trop dénuée de parfum. Maturité. — Du commencement de janvier jusqu'à la fin de février. Qualité. — Deuxième. llistoriciue. — Répandu particulièrement en Belgique , le poirier Beurré vert tardif est à peine connu chez nous ; mais il dut se rencontrer dans les jardins alle- mands dès le xvii" siècle, Henri Ilessen mentionnant en 1690, à la page 176 de son 438 BEU [beurré ver] Gartenlust, un Beurré vert d'Hiver auquel nous croyons pouvoir le réunir. Quant à l'origine, quant à l'âge de cette variété, ce sont là des questions auxquelles on ne saurait encore répondre , même hypothétiquement. ObservïïtioBis. — C'est une erreur formelle de croire le Beurré vert tardif semblable à la poire Cent-Couronnes, mûrissant trois mois au moins avant lui et tenant le premier rang parmi les fruits de choix. On l'a pourtant signalée comme identique avec ce Beurré. Maintenant que ces deux espèces sont plus multipliées, espérons qu'aucune d'elles ne sera rejetée de nouveau parmi les synonymes. 266. Poire BEURRÉ VERT DE TOURNAI. Synonyme. — Poire Bergamote de Tournai (Dauvesse, Catalogue de 1862, Variétés nouvelles de poiriers, %^ série). Degcrifition «le l'ai'lM'c. — Bois: assez fort. — Rameaux : nom- breux, érigés, gros, longs , légèrement cou- dés et duveteux , brun clair olivâtre, aux len- ticelles très -rappro- chées, très-apparentes, aux coussinets bien marqués. — Yeux : à écailles mal soudées, moj^ens, ovoïdes, co- tonneux, collés contre l'écorce. — Feuilles : abondantes , d'un beau vert , ovales - acumi - nées, généralement en- tières sur leurs bords, ayant le pétiole court, des plus gros et pourvu de longues stipules. Fertilité. — Ordi- naire. Culture. — Arbre d'une rare vigueur, il se plaît infiniment sur le cognassier, où il fait constamment des pyramides régulières, fortes et très -feuillues. ESescriptioit dsa fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : turbinée-sphé- rique ou turbinée-ovoïde, fortement bosselée près du sommet. — Pédoncule : assez court, bien nourri, arqué, obliquement inséré dans un évasement plus ou moins marqué mais dont les bords sont ordinairement accidentés. — OEil : grand, mi-clos ou fermé, assez enfoncé. — Peau : jaune olivâtre passant au vert pâle du BEU [beurré wes — wet] 439 côté de l'ombre, couverte de points gris-roux, maculée de brun clair autour du pédoncule, striée de même dans le bassin de l'œil. — Chair : d'un blanc légère- ment verdâtre, demi-fme, fondante, juteuse, contenant quelques petites pierres auprès des pépins. — Eau : abondante, sucrée, douceâtre, sans arôme prononcé. Maturité. — Courant d'octobre et commencement de novembre. Qualité. — Deuxième. Mistorica^Be. — En 1862 M. Dauvesse, pépiniériste à Orléans, nous envoyait ce poirier, qu'il propageait alors, comme aujourd'hui, sous le nom de Bergamote de Tournai; mais en 1865 un examen attentif de l'arbre et des fruits de cette variété nous a prouvé qu'elle n'était autre que le Beurré vert de Tournai (Belgique), dont l'origine fut ainsi constatée en 1859 par M. de Liron d'Airoles : « Ce fruit a été obtenu par M. Dupont, médecin-vétérinaire à Tournai, de pépins du Beurré d'Hardenpont [Beurré d'Arenberg) semés en 1830. Son premier rapport eut lieu en 1853. » [Notices pomologiques , 3° édition, 1. 1, p. 81.) ■ Poire BEURRÉ DE WESTERLOO. — Synonyme de Doyenné Boussoch. Voir ce nom. 267. Poire BEURRÉ DE WETTEREN. I>escri|»tioii de l'ar- bre. — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nom- breux, étalés et contour- nés, des plus gros, exces- sivement longs, peu gé- niculés, rouge grisâtre, à lenticelles très -larges et extrêmement abondantes, à coussinets presque nuls. — Yeux : de grosseur moyenne , ovoïdes-arron- dis, écartés du bois et ayant les écailles légèrement en- tr'ouvertes. — Feuilles : grandes, peu nombreuses, elliptiques-allongées , fai- blement canaliculées, ha- bituellement contournées sur elles-mêmes , entières aux bords et portées sur un pétiole court, roide et très -épais. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — C'est un poirier de vigueur peu commune, prospérant aussi bien sur cognassier que sur franc, ayant un développement très-vif et formant des pyramides qui ne laissent rien à désirer pour la force ou la beauté. De8«ri|iiioii du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne ou moyenne. 440 BEU — Forme : arrondie ou turbinée-sphérique, fortement bosselée, déprimée à la base, rétrécie et mamelonnée au sommet. — Pédoncule : très-court, mince, coudé, obli- quement inséré au mjlieu d'une dépression peu marquée. — Œil : grand, ouvert, souvent contourné, placé dans un bassin large et profond. — Peau : épaisse, jaune verdâtre sombre, ponctuée de roux et de brun foncé, marbrée de fauve et large- ment maculée de même autour de l'œil. — Chair : blanche, fme, très-fondante, quoique très-compacte, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, possédant une délicieuse saveur beurrée. Maturité. — Fin octobre ou commencement de novembre et se prolongeant jusqu'en février. Qualité. — Première. IIi@toi*B4«ie. — De provenance belge, ce fruit, primitivement propagé par Adrien Papeleu, jadis pépiniériste à Wetteren, près Gand, fut trouvé, selon l'opi- nion générale, parmi les sauvageons ayant appartenu au major Esperen, semeur bien connu pour avoir doté nos jardins de plusieurs variétés de poirier aussi pré- cieuses que répandues. Voici du reste comment M. Bivort, le pomologue qui a le mieux étudié les fruits de son pays, établit l'état civil du Beurré de Wetteren : « Cette variété — écrivait-il en 1853 — a pris naissance dans les jardins de M. Louis Berckmans, à Heyst-op-den-Berg, parmi un grand nombre d'arbres sauvages venant en partie de ses semis et en partie de ceux du major Esperen, de Malines, dont il s'était rendu acquéreur après la mort de ce célèbre pomologue. Nous présumons que c'est parmi ces derniers sauvageons que le Beurré de Wetteren a été trouvé. L'arbre s'est mis à fruit pour la première fois en 1846. Son nom lui a été donné par M. Berckmans, à la demande de M. Papeleu, de "Wetteren, qui en a obtenu les premières greffes. » {Annales de pomologie belge et étrangère, t. I,p. 59.) Nous pensons que personne, avant nous, n'a multiplié en France cette délicieuse poire d'hiver, car nous la greffions dès 1849, et l'inscrivions trois ans plus tard, sous le n° 399 et le nom un peu raccourci de Beurré Wetteren , à la page 25 de notre Catalogue. Les Allemands, selon que semble l'établir Y Illustrirtes Handbuch der Obstkunde (1864, t. V, p. 361), ne connaissaient pas encore cette variété en 1859, et ne l'ont également connue que par nous, puisque le docteur Jahn, qui l'a décrite et figurée sous le n" 431 de ce recueil, dit « l'avoir fait uniquement à l'aide « d'une poire prise dans la collection de fruits envoyée par M. André Leroy à « l'Exposition horticole de Berlin du 29 septembre 1860. » Observations. — Dans notre école, les arbres du Beurré de Wetteren ne s'écartent en rien, par leurs caractères, des poiriers cultivés sous ce même nom chez nos confrères de la Belgique ; mais il n'en est pas ainsi , paraît-il , de leurs produits. Les Annales de pornologie belge et étrangère (t. I, p. 59) donnent en effet comme type de ce Beurré un fruit turbiné-pointu et carminé qui s'éloigne pas- sablement du nôtre. Nous croyons toutefois qu'il n'y a là qu'une exagération litho- graphique de forme et de teinte ; ou bien, alors, une de ces anomalies si fréquentes dans la végétation, et dont la nature seule sait le pourquoi. Poire BEURRÉ D'YELLE. — Synonyme de Beurré Diel. Voir ce nom. Poire BEURRÉE ROUSSE. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire BEUZARD. — Synonyme de poire Belle de Bruxelles sans pépins. Voir ce nom. BEY-^BIS Poire BEYMONT. — Synonyme de Beurré de Rance. Voir ce nom. 441 PoiRJi BIGARRADE. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. PoHiE BIS-CURTET. — Synonyme de Beurré Curtet. Voir ce nom. PouiE BISHOP-PEER. — Synonyme de poire Bishops Thumb. Voir ce nom. Poire BISHOP'S THIMBLE. — Synonyme de poire Bishops Thumb. Voir ce nom. 268. Poire BISHOP'S THUMB. Premier Type, Synonymes. — Poires : 1 . BrsHOP- Pear ( Diel, Kernobstsorten, 1804, t. III, p. 213). — 2. BiSHOP's Thimble (Thompson, Catalogve of fruits of the horticuliural Society of London , 1842, p. 129). — 3. ROUSSEIJNE (M. ibid.). — — 4. Pouce de l'Évèque (Thuil- lier-Aloux , Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être culti- vés dans la Somme, 1855, p. 73). De@criptioii de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ra- meaux : nombreux, habituel- lement très-étalés, des plus gros, courts, non flexueux, rouge grisâtre, ayant les len- ticelles larges , peu abondan- tes , les mérithalles courts et les coussinets aplatis. — Yeux: volumineux , ovoïdes -rac- courcis, aigus, légèrement cotonneux, à écailles disjoin- tes, non appliqués contre le bois. — Feuilles : assez gran- des, très-coriaces, vert foncé, généralement elliptiques , ir- régulièrement dentées ou crénelées, au pétiole court et des plus nourris. Fertilité. — Très- grande. Culture. — Sur cognas- sier, où le développement de son écusson est un peu tar- dif, il reste faible jusqu'à deux ans; mais sur franc il prospère convenablement et fait de jolies pyramides bien feuillues, bien ramifiées. 0escri|>tioii du fruit. — Grosseur : volumineuse BIS ou au-dessus de la moyenne. — Forme : conique-allongée, Irrégulière, rarement obtuse, très-peu ventrue, bosselée, généralement contournée près du sommet et parfois, aussi, renflée d'un côté et plate de l'autre. — Pédoncule : assez long , mince ou de moyenne force, légèrement cour- Poire Bishop's Thumb. - Deuxième Type. ^^^ ^^^ ^^^^ ç,\^^vmi^ à la base, oblique- ment inséré et se continuant avec le fruit. — (Eil:\diV^Q,, arrondi, ouvert, saillant ou faiblement enfoncé. — Peau : vert jaunâtre et ponctuée de fauve dans l'ombre , rouge vif et ponctuée de gris- blanc du côté du soleil. — Chair : blan- che, grossière, mi-fondante, quelque peu pierreuse au cœur. — Eau : suffi- sante, manquant de parfum et douée d'une acerbité qui la rend désagréable. Maturité. — De la fin d'octobre jus- qu'à la fin de décembre. Qualité. — Deuxième, mais unique- ment pour la cuisson. HiistoricBue. — Cette variété a dû naître en Angleterre. Outre son nom, qui appartient à la langue de cft pays, nous avons encore pour confirmer notre opinion la mention faite par Manger, en 1780, d'un Jean Gérard, auteur anglais vivant en 1605 et dans les œuvres duquel se trouve citée une Bishop's pear (poire d'Évêque) que plus tard le docteur Diel trouve aussi inscrite au Catalogue de Jean Ray (Johannes Raius), célèbre naturaliste du comté d'Essex, mort en 1701. (Voir Systema- tische pomologie , 1783 , t. II , p. 155, et Kernobsfsorten, 1804, t. III, p. 213.) De l'Angleterre ce fruit passa bientôt en Hollande; c'est également Diel qui nous l'apprend, lorsqu'il affirme avoir reçu en 1791, à Stuttgardt, d'un M. Hagen, de la Haie, des greffes éticiuetées Bishop- peer. Et ces greffes lui donnèrent des poires dont il fit une description minu- tieuse en 1804 ; description de laquelle il ressort positivement que la Bishop's pear des Anglais et des Hollandais est identique avec notre Bishop's Thumb (poire Pouce d'Évêque). Quant à la modification passablement bizarre du nom de ce poirier, nous ignorons par qui et pour quelle cause elle fut accomplie , mais pou- vons dire, cependant, qu'elle eut lieu en Angleterre, où dès 1826 on voyait la poire Bishops Thumb classée sous le n" 126 du Catalogue du Jardin de la Société d'Horti- culture de Londres. Cinq ans après, Lindley lui consacrait un article dans son 6^?«'6/e to the orchard and kitchen garden (p. 366), et la signalait ainsi à l'attention, surtout chez nous, où ce livre a toujours été fort estimé. En lui donnant le surnom de thumb (pouce), on a voulu sans doute faire allusion à l'une des formes qu'elle affecte le plus souvent; toutefois ce n'est pas encore là une heureuse dénomination. BLA 443 Ob^er^'ations. — Le sol influe beaucoup sur la qualité et la coloration de la Bishop's Thumb, il faut bien le croire, puisqu'en Allemagne les pomologues la disent bonne et la montrent tantôt fort colorée , tantôt sans coloration ; qu'en Angleterre et en Amérique on la qualifie d'exquise; à Paris, d'excellente; à Amiens, de deuxième ordre, et, à Rouen, de simple fruit pour la cuisson. Quant à nous, répétons-le, c'est uniquement parmi les variétés de cette dernière catégo- rie que nous la reléguons depuis vingt ans, et jamais sa fréquente dégustation ne nous a permis de lui assigner un rang plus favorable. — On ne saurait, avec quelques pépiniéristes, admettre sans se tromper complètement, que Bishop's Thump puisse être synonyme de Doyenné d'Hiver. Mais si l'on reconnaît avec Thompson que la Bishop's Thumb a porté parfois le faux nom Rousseline, il faut alors se rappeler qu'elle n'est nullement semblable à la petite poire dite Rousseline, décrite par Merlet en 4 673, paraissant souvent sur nos tables, et ne manquant pas d'un certain mérite. Poire BLANC -COLLET. — Synonyme de poire d'Angoisse. Voir ce nom. Poire BLANCHE (des Belges.) — Synonyme de poire Bon-Chrétien d'Espagne. Voir ce nom. Poire BLANCHE -FLEUR. — Synonyme de Petit-Blanquet. Voir ce nom. Poire BLANCHETTE A LONGUE QUEUE. - Synonyme de Blanquet à longue queue. Voir ce nom. 269. Poire BLANQUET ANASTÈRE. Synonyme. — Poire Blanquet anasterque (André Leroy, Catalogue de 1849 _. p. 19, n'= 90). Description de l'arbre* — Bois : excessi- vement fort. — Rameaux : assez nombreux , habi- tuellement arqués et étalés, très-gros, des plus longs, légèrement coudés, vert cendré, à lenti- celles assez larges et très-espacées , à coussinets bien développés. — Yeux : moyens, ovoïdes-poin- tus , écartés du bois , ayant les écailles renflées et disjointes. — Feuilles : grandes , coriaces , non abondantes, ovales, acuminées, souvent canali- culées, entières sur leurs bords et munies d'un pétiole court et fort. Fertilité, — Extrême. Culture. — Très- vigoureux , nous le greffons sur cognassier, où il croît rapidement et prend une forme pyramidale aussi régulière qu'on peut le désirer. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : variant entre l'oblongue contournée et la turbinée-ovoïde, mais ayant presque toujours un côté plus volumineux que l'autre. — Pédoncule : de longueur moyenne, mince, faiblement arqué, implanté plus ou moins obliquement à la surface du fruit. — - 444 BLA Œil : grand, rond, ouvert ou mi-clos^ saillant ou placé au milieu d'une dépression rarement prononcée. — Peau : lisse, ponctuée de gris, vert blanchâtre dans l'ombre, mais passant au jaune verdâtre clair du côté du soleil , où elle est en outre légè- rement vermillonnée. — Chair : blanche, demi-fine, granuleuse et des plus cas- santes. — Fau : suffisante, sucrée, possédant un arôme délicat et particulier. Maturité. — De la mi-juillet jusqu'au début d'août. Qualité. — Deuxième. Historique. — Gagnée en 1840 à Angers, par feu Goubault, pépiniériste, elle fut soumise par lui^ le 1" août 1841, au Comice horticole de Maine-et-Loire, ainsi qu'il résulte des lignes ci-dessous, extraites des procès-verbaux de cette Société : « M. Goubault présente une petite poire nouvelle, de la couleur et de la grosseur de la poire de Blanquet, mais un peu plus ronde. Elle est encore sur l'égrasseau et grossira peut-être par la culture et la greffe. » [Travaux du Comice, t. II, p. 252.) Peu après, vers 1843, Goubault multiplia ce poirier, auquel on donna le nom, trop savant selon nous , de Blanquet anastère , du mot composé grec anastéréos : ce qui signifie Blanquet à chair croquante, bien ferme. Et l'inconvénient d'introduire de pareils termes dans la langue horticole apparaît ici même, puisqu'on 1846 on voyait déjà sur l'Album colorié des poires de notre Comice, et en 1852 sur le Cata- logue du Jardin fruitier d'Angers , ce mot anastère écrit d'abord anasterque , puis anasterc. Poire BLANQUET ANASTERQUE. — Synonyme de Blanquet anastère. Voir ce nom. Poire BLANQUET DE FLORENCE. — Synonyme de Gros -Blanquet. Voir ce nom. Poire BLANQUET (GROS-). — Voir Gros- Blanquet. Poire BLANQUET HATIF A LONGUE QUEUE. — Synonyme de Blanquet précoce. Voir ce nom 270. Poire BLANQUET A LONGUE QUEUE. Synonymes. — Poires : 1. Blanchette a longue queue ( Daléchamp, ff/storm genemlis plantarum, 1587, p. 306). — 2. GiLETTE LONGUE (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 6). — 3. SucRiN BLANC d'Été {Id. ibid.). — 4. Sucrée blanche (Zing, 1766, cité par Manger dans sa Systematische pomologie , 1780, t. II, p. 60). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, étalés et arqués , gros , courts , peu coudés , brun clair nuancé de jaune et de vert , ayant les lenticelles larges, saillantes, rapprochées, les mérithalles très -courts et les coussinets faiblement accusés. — Yeux : de moyenne grosseur, ovoïdes-pointus, à écailles bombées et entr'ouvertes^ collés en partie contre l'écorce. — Feuilles : peu abondantes , de grandeur moyenne , arrondies , acuminées , à bords presque unis , à pétiole épais et long. Fertilité. — Excessive. BLA 443 Poire Blanquet à longue queue. Culture. — Il est passablement vigoureux, se développe vile et se greffe sur toute espèce de sujet ; les pyramides qu'il fait sont généralement convenables. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Fofvie : des plus allongées, régulière, bosselée au som- met, où elle est en outre fortement amincie. — Pédon- cule : très-long , grêle au milieu , renflé à l'attache , charnu et plissé à la base, continu avec le fruit. — Œil : grand, bien ouvert, toujours saillant. — Peau : lisse, jaune pâle, souvent tachée de gris-fauve auprès de l'œil et parfois aussi légèrement striée de rose tendre sur la partie exposée au soleil. — Chair: blanche, demi- fine, cassante, aqueuse, rarement pierreuse. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, ayant un parfum qui n'est pas sans délicatesse. Maturité. — Fin juillet et commencement d'août. Qualité. — Deuxième. Historique. — Notre vieux botaniste Jacques Dalé- champ, mort en 1588, connut cette poire et la cita, sous le nom qu'elle porte encore aujourd'liui , dans son His- toria generalis plantarum (page 306). Charles Estienne ne l'ayant mentionnée ni en 1530, ni en 1540, parmi les variétés fruitières du Seyninarium dont il publia plusieurs éditions , nous croyons alors que ce Blanquet fut cultivé chez nous seulement après 1540. Mais avait-il la France pour patrie?... Oui, si l'on s'en rapporte au témoignage du docteur Jonston, Silésien érudit qui fit imprimer en 1662 une Historia de arboribus et fruticibus à la page 37 de laquelle on lit ce passage : « Pira Alhkantia Montbelgardi habentur, gustu suavi, haud dissimilis figurée et magnitu- dinis : Les Voires Blanchettes, provenant de Montbéliard (Doubs), ont une agréable saveur et diffèrent entre elles de forme et de volume. » Ainsi donc, le groupe de poiriers qui dès le xvii^ siècle est appelé dans les pomologies : Blanquet à longue queue, Gros-Blanquet , Petit-Blanquet, serait ori- ginaire de Montbéliard?... Et pourquoi non?... Une semblable origine n'est-elle pas beaucoup plus acceptable , par exemple , que celle assignée à ces mêmes varié- tés dans quelques ouvrages allemands, où on les déclare identiques avec les poires Lactea des Romains? — Ces derniers possédèrent effectivement des poires Lactea, mais cette dénomination leur fut appliquée pour la blancheur de leur chair, et non pour celle de leur peau. Prouvons-le en transcrivant une description de la Pirum Lacteum , donnée en 1752 par un Hollandais : « La poire que les Romains appelaient Pirum LacteUm, et que nous nommons Transe Kaneel peer, est cassante, remplie d'une bonne eau, un peu plus ronde et plus grosse par le baut qu'une poire Sucrée grise, plus courte et finissant à la queue par une pointe plus mince. Quand elle est mûre, elle est jaune et a des tacbes tirant sur le brun; les meilleures sont tachetées de gris sur le jaune, ont la peau épaisse et le goût un peu musqué. » (De Lacour, les Agréments de la campagne, t. II, pp. 28-29.) A de tels caractères , qui pourrait reconnaître l'un ou l'autre de ces trois Blan- quels?... Dès l'abord, on classa sous tin seul nom les variétés du Blanquet; mais 446 BLA bientôt, pour les distinguer, on leur appliqua certains surnoms tirés de leurs carac- tères les plus marqués. Et tout démontre que la naissance de ces variétés suivit de près celle du type, puisqu'en 1587 Daléchamp, nous le répétons, mentionnait déjà la Blanchette à longue queue ^ et que Jonston, on l'a vu, fit observer avec soin, en 1662, que les poires Blanchettes offraient entr'elles de notables différences. Cependant les Blanquets ne durent pas, de la Franche-Comté, se répandre très-vite dans les diverses parties du royaume, autrement la Quintinye n'eût pu dire en 1690 : « La «Blanquette à longue queue, non plus que les poires Gros et Petit- Blanquet , « ne sont point encore trop communes, mais elles méritent bien de le devenir. » Puis il ajoutait — ce que chacun sait aujourd'hui : — « La couleur blanche qui se « trouve à la peau de ces trois poires , leur a fait donner le nom de Blanquet. » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers^ t. I, p. 261.) Observations. — Le Comice horticole d'Angers gagna de semis, vers 18S1, une poire se rapprochant si complètement des Blanquets par la nuance de la peau, son volume et l'époque de maturité, qu'il fut appelé Blanquet long^ en raison de sa forme oblongue, obtuse et ventrue. L'arbre-mère périt en 1831. J'en avais pris quelques greffons , car ses produits étaient excellents ; aussi ce nouveau poirier figura-t-il dans mes Catalogues à partir de 1832, mais actuellement le seul pied que j'en possédasse ayant été détruit par un accident, je ne puis plus le propager. Néanmoins, comme il est sans doute cultivé ailleurs, j'ai cru devoir le signaler ici, afin que son nom de Blanquet long ne le fit pas confondre avec le Blanquet à longue queue. — C'est par erreur que nous avons dit, page 196, poire A/mw^e synonyme de Blanquet à longue queue ; ce nom l'est uniquement de poire Sucrin blanc d'Biver, variété qu'on rencontrait à Orléans dès 1628. Poire BLANQUET (PETIT-). —Yoiv Petit- Blanquet. 271. Poire BLANQUET PRÉCOCE. Synonyme. — Poire Blanquet hatif a lonque queue (Diel? Kemobstsorten , 1803, p. 77). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Ra7neaux : peu nombreux^ étalés vers la base de la tige, érigés à sa partie supérieure, gros, longs, dès plus flexueux, vert-brun nuancé de rougeàtre; ils ont les lenticelles fines, excessivement abondantes, et les coussinets bien marqués. — Yeux: petits, coni- ques-aplatis, noyés dans Técorce. — Feuilles : rares, grandes, vert jaunâtre souvent teinté de rouge vio- lacé, arrondies, acuminées, faiblement dentées en scie, portées sur un pétiole long et de grosseur moyenne. Fertilité. — Extrême. Culture. — On le greffe sur franc ou cognassier; sa vigueur est satisfaisante, mais ses pyramides, quoique fortes , sont toujours mal ramifiées et beau- coup trop dégarnies de feuilles. Très-convenable pour le verger, cet arbre y prospérerait parfaite- ment s'il y était abandonné à lui-même. BLA 447 I9e@<;iL*à|»tion du ffiiit. — Grosseur : petito,. — Forme : turbinéo-allongée, parfois 1111 peu contournée, plissée près du sommet et ayant généralement un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : long, bien nourri, coudé, renflé à l'attache, charnu à la base et faisant corps avec le fruit. — OEU : grand , très-ouvert, régu- lier, saillant. — Peau: vert-pré avant la maturité, passant ensuite au jaune- cire et semée habituellement, auprès de l'œil, de points bruns excessivement fins, — Chair : blanche, mi-cassante, granuleuse, rarement bien juteuse. — Eau : suffisante, sucrée, légèrement acidulé et douée d'un arrière-goût musqué assez agréable. Maturité. — Fin juin et début de juillet. Qualité. — Deuxième, en raison seulement de l'extrême précocité de cette petite poire. Historique. — Le Comice horticole d'Angers possédait déjà ce poirier en 4839, et c'est de son Jardin que nous le tirâmes en 1848. Peu commun dans notre pays, il ne parait pas appartenir aux collections françaises , mais bien plutôt à celles de l'Allemagne , contrée où sa culture remonte au moins à une soixantaine d'années, et où chacun le nomme, au lieu de Blanquet précoce, Blanquet hâtif à longue queue. Ce fut probablement le docteur Diel qui de Stuttgardt en adressa, vers 1803, des greffes à quelques-uns des correspondants qu'il avait en France, car ce célèbre pomologue le décrivit à cette dernière date et donua de plus les renseignements suivants : « J'ai trouvé à Dietz plusieurs spécimens de cette variété, qu'on ren- « contre souvent aussi sur les marchés de Coblentz et de Mayence. » [Kemobstsor- ten, 1803, p. 77.) Observons en terminant que Dietz, petite ville située dans le duclîé de Nassau, étant précisément renommée pour ses pépinières, il se pourrait peut-être que le Blanquet précoce en fût originaire, lors surtout qu'on l'y voit répandu même avant 1803. Poire BLANQUET ROND [GWS-). —Yoir Gros-Blanquef rond. 272. Poire BLANQUET DE SAINTONGE. Description de l'arfire. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, ordinaire- ment étalés ou légèrement érigés, très-gros, de longueur moyenne, peu géniculés, cotonneux, brun verdâtre, lavés de rouge près du sommet, à lenticelles clair- semées et des plus larges, à mérithalles assez longs, à coussinets presque nuls. — Yeux . moyens, ovoïdes -pointus, rapprochés du bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : généralement grandes, ovales ou elliptiques, souvent con- tournées , à bords entiers en partie ou faiblement crénelés , munies d'un pétiole épais et très-long qu'accompagnent des stipules bien développées. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Extrêmement vigoureux, il se plaît beaucoup sur cognassier; sa croissance est rapide , ses pyramides ne laissent rien à désirer pour la force et la régularité. raeseription du fruit. — Grosseur : petite. — For7ne : oblongue, ventrue au milieu, bosselée à la base, s'amincissant subitement auprès du sommet. — Pédon- cule : de longueur moyenne, assez fort, renflé à la partie supérieure, charnu à Poire Blanquet de Saintonge. 448 BLA— BLE l'autre extrémité , obliquement inséré et presque continu avec le fruit. — Œil : peu large, ouvert ou mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : rude et épaisse, jaune- citron très -clair, ponctuée de gris -blanc et portant quelques taches de même couleur. — Chair: blanche, demi-fme, assez fondante, rarement bien pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée , légèrement vineuse , possédant un arôme particulier ne manquant pas d'une cer- taine délicatesse. Maturité. — Vers la fm du mois d'août. Qualité. — Deuxième. Historique. — Nous ignorons si ce Blan- quet provient, comme semble l'indiquer son nom, de la Haute ou de la Basse Saintonge; aucun auteur n'en fait mention, et c'est à peine si nous le trouvons inscrit dans un ou deux Catalogues modernes. Il doit donc se rencontrer bien rarement ailleurs que parmi les grandes collections. Nous le multiplions depuis plus de trente ans, et serions fort em- barrassé de dire qui nous l'a fourni. Observations. — Il existe une poire de Saintonge identique avec la variété appelée Chat-brûlé, et qui mûrit au mois de janvier; on voit alors qu'une conformité de nom la rapproche seule du Blanquet de Saintonge. Poire BLANQUETTE. — Synonyme de poire Gros- Blanquet. Voir ce nom. 273. Poire BLEEKER'S MEADOW. Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, érigés au sommet de la tige, étalés à sa partie inférieure, très -gros, assez longs, flexueux, fauve grisâtre, lavés de rouge violacé , ayant les lenticelles larges , rapprochées, et les coussinets des plus apparents. — Yeux : petits, ovoïdes- allongés, à écailles légèrement disjoin- tes, duveteux, appliqués en partie contre le bois. — Feuilles : de grandeur mo- yenne, ovales ou elliptiques, faiblement denticulées, munies d'un pétiole long et fort. Fertilité. — Prodigieuse. Culture. — Ce poirier, dont la vi- gueur est satisfaisante, se greffe très- avantageusement sur le cognassier; il BLE— BLO 449 Poire Bleeker's Meadow, Deuxième Type. s'y développe de bonne heure et y prend une forme pyramidale des plus remar- quables. Ilescription du fruit. — Grosseur : au- dessous de la moyenne. — Forme : arrondie ou ovoïde-arrondie ; souvent régulière, mais souvent aussi ^ comme le montre notre deu- xième type , offrant au sommet une espèce de bourrelet ou de mamelon bien prononcé. — Pédoncule : court ou très -court, droit ou arqué, obliquement inséré au milieu d'une faible dépression. — OEil : grand , ouvert , rarement contourné, presque saillant. — Peau: épaisse, jaune grisâtre terne, toute parsemée de points fauves et verdâtres, portant quel- ques taches rousses auprès de l'œil. — Chair : blanchâtre, dure, grossière, cassante, peu pierreuse. — Eau : abondante, assez sucrée, parfois astringente et généralement douée d'un parfum musqué qui, rappelant aussi celui du fenouil, n'a rien de savoureux , de déUcat. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Troisième pour le couteau, deuxième pour la cuisson. Historiqiue. — C'est un fruit de provenance américaine et dont la dénomi- nation indique à la fois le lieu de naissance et le propagateur. Bleeker's Meadow pear signifie en effet, dans son sens étendu, poire trouvée dans une prairie [meadow), par Bleeker. Quant à la contrée où se voit cette prairie, dès 1849 Downing nous l'apprenait à la page 355 de ses Fruits of America : c'est en Pensylvanie. Mais à quelle époque commença-t-on à multiplier ce poirier?... Vers 1842, selon le jour- nal V Horticulturist , où nous lisons ce qui suit sous la signature du rédacteur en chef, M. Barry : « M. Suydam^ de Geneva (État de New-York), m'envoya le 8 décembre 1853 de beaux spécimens bien mûrs de la poire Bleeker's Meadow, avec cette note : « L'arbre est âgé d'une « huitaine d'années environ et ses produits, jusque-là, n'ont paru bons que "pour la cuisson. « Une notice lui sera consacrée prochainement dans les Bulletins de la Société d'Horticulture « de Pensylvanie. » (Tome IV de la 2^ série, p. 42.) Observations. — Ce fut en 1847 que nous introduisîmes dans notre école la Bleeker's Meadow, et depuis nous l'avons maintes fois dégustée sans jamais lui reconnaître aucune qualité convenable pour être mangée crue. Elle n'a donc pas gagné à changer de climat, puisque les Américains, on l'a vu plus haut, la regar- dent simplement comme un fruit à compote. Cependant on prétend dans le Midi de la France, qu'elle est excellente. Nous ne disons pas non, mais nous attestons qu'en Anjou elle se montre la même qu'en Pensylvanie : mauvaise, très-mauvaise. 274. Poire BLOODGOOD. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, étalés, gros , longs , peu coudés , brun clair légèrement jaunâtre , à lenticelles assez fines et clair-semées , à coussinets presque aplatis. — Yeux : de grosseur moyenne, à 1. 29 450 BLO — BOC écailles grises et disjointes, arrondis, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales ou ovales-arrondies , ayant les bords entiers en partie ou faible- ment denticulés, et le pétiole roide, épais, assez long. Poire Bloodgood. Fertilité. — Excessive. Culture. — Le franc convient uniquement à cet arbre , qui sur cognassier ne réussit jamais bien ; il fait de belles pyramides parfaitement ramifiées et très- feuillues. Sescriptioii du fruit. — Gt'osseur : moyenne. — Forme : variable, quelquefois légèrement ovoïde , mais ordinairement ar- rondie et alors aplatie aux extré- mités et souvent plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : un peu court, menu, rugueux, arqué, obliquement implanté à fleur de peau. — Œil : petit ou moyen , ouvert , habituellement caduc, uni sur ses bords et placé dans un bassin sans profondeur mais excessivementévasé. — Peau : vert clair, ponctuée, marbrée de roux, surtout auprès du pédoncule. — Chair : blanchâtre, demi-fine, très-fon- dante, juteuse, contenant quelques pierres au-dessous des pépins. — F au : des plus abondantes , faiblement sucrée , laissant dans la bouche un parfum musqué beaucoup trop prononcé. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Rapportée par nous d'Amérique en 1849, la poire Bloodgood a reçu le nom de son promoteur, sans posséder néanmoins un état civil très- régulier, ainsi qu'il ressort du passage ci-dessous, traduit des procès- verbaux mêmes de la Société d'Agriculture de New-York : (( Vers 183 S elle fut offerte, encore innommée, à M. James Bloodgood, pépiniériste à Flusliing, près New- York, par une personne de Long-Island inconnue de ce dernier, et de laqrielle U ne put obtenir aucun renseignement sur l'origine de l'arbre ayant produit cette variété. » {Transactions ofthe New-York State agrimltural Society, 1847, t. VII, p. 317.) Obser-rations. — Les pomologues américains font mûrir ce fruit à la fin de juillet ou au commencement d'août. Il ne s'est jamais, dans notre école, montré d'une telle précocité ; nous devons donc le ranger parmi les poires d'automne et non parmi celles qu'on mange au début de l'été. Poire BÔ DE LA COUR. — Synonyme de poire Maréchal de Cour. Voir ce nom. Poire du BOCAGE. — Synonyme de poire Orange rouge. Voir ce nom. BOI 431 Poire des BOIS. — Synonyme de poire Fondante des bois. Voir ce nom. Poire a BOIS MONSTRUEUX. — Synonyme de poire ISain vert. Voir ce nom. 275. Poire BOIS NAPOLEON. Sescriptioii de l'arfjre. — Bois : fort ou de force moyenne. — Rameaux : nombreux, un peu arqués et générale- ment étalés, gros, assez longs, coudés, brun clair grisâtre légèrement rosé , à lenticelles larges et abondantes , à cous- sinets saillants. — Yeux : moyens ou volumineux, ovoïdes-allongés, écartés du bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : nombreuses, ovales, canalicu- lées et contournées, profondément den- tées en scie , portées sur un pétiole long et fort qu'accompagnent des stipules bien développées. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Excessivement vigoureux, on lé greffe sur franc ou sur cognassier, mais ce dernier sujet lui convient mieux que l'autre ; ses pyramides y sont de toute beauté. Deseription dii fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne et quelquefois plus considérable. — Forme : oblongue- ovoïde , fortement bosselée. — Pédoncule : habituellement assez court et assez gros, rarement très-recourbé , renflé au sommet, obliquement implanté à la surface du fruit. — Œil : petit, ouvert, bien régulier, peu enfoncé. — Peau : vert-pré, ponctuée de gris-roux, maculée de même autour du pédoncule et tachetée de brun noirâtre. — Chair : blanc verdâtre, des plus fines et des plus fondantes, juteuse, faiblement granuleuse au centre. — Eau : excessivement abondante , sucrée , aci- dulé , possédant un arôme aussi savoureux qu'exquis. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Hiistorique. — Dans son Album de pomologie , M. Alexandre Bivort établissait dès 1847 l'origine de ce poirier, poussé de semis à Louvain (Belgique) et ayant donné ses premiers fruits de 1822 à 1823 : « C'est un gain de Van Mons — lit-on audit recueil — il date au moins de vingt-cinq ans. Ce nom de Bois Napoléon lui aura sans doute été appliqué à cause de quelque ressemblance avec le bois du Bon-Chrétien Napoléon. Comme cet arbre est déjà très-répandu sous ce nom, je ne me permettrai pas de le lui enlever, de crainte d'augmenter encore ainsi la liste des synonymes. » (Tome I, p. 82.) Nous croyons également avec M. Bivort que Van Mons, en dénommant de la 432 BOL — BON [bon-chrétien ami — auc] sorte la présente variété, voulut constater qu'elle avait, par son arbre, un rapport plus ou moins grand avec celui de la poire Napoléon, Cependant, il est bon de le remarquer ici, le seul caractère qui soit commun à ces deux arbres, consiste sim- plement dans la couleur du bois. Aussi les Allemands, peu satisfaits d'un tel nom , ont-ils eu soin de le rejeter. Si l'on ouvre leurs pomologies , on voit en effet que cette poire y est appelée Napoléons Schmalzbirn : Fondante Napoléon; et de plus , que sa maturité y est dite se prolonger, chose excessivement rare chez nous , jusqu'à la fin du mois de novembre. Poire BOLIVAR D'HIVER. — Synonyme de poire Belle-Angevine, Voir ce nom. Poire BONAPARTE. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. Poire BON -CHRETIEN. — Synonyme de poire Bon- Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN D'AMIENS. — Synonyme de poire de Catillac. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN D'AUCH. - Synonyme de poire Bon- Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. UTota. — Partageant une erreur qui depuis 1670 jusqu'à ces derniers temps fut commune aux pomologues les plus accrédités, nous regardions le Bon- Chrétien d'Auch comme une espèce spéciale, d'autant mieux que notre école en renfermait plusieurs arbres, et que déjà mon grand-père le cultivait, puisque je lis à la page 23 de son Catalogue de 1790 : « Bon Chrétien d'Ausche, poire pour le mois de « décembre et le suivant. » Aujourd'hui, éclairé par de récentes discussions et par des expériences constantes, nous dirons donc avec M. l'abbé Dupuy, professeur de botanique, et avec un habitant même de la ville d'Auch, M. Ransan, amateur distingué d'horticulture : a Le fruit qu'à Auch on appelle Bon-Chrétien d'Auch, n'est rien autre chose que le Bon-Chrétien d'Hiver ordinaire, sans pépins dans quelques jardins et quelques localités privi- légiées du sud-ouest; mais dès que l'arbre est transporté dans un lieu qui lui convient moins, les pépins reparaissent, et l'on n'a plus que du Bon-Chrétien ordinaire; et cela même arrive fréquemment aussi, à Auch... Poiu' être bien certain, du reste, de la vérité de ce que j'avance, on n'a qu'à consulter les vitraux, de la Cathédrale d'Auch, dans laquelle sont repré- sentées sur plusieurs verrières les poires d'Auch, et l'on y reconnaîtra de suite la poire de Bon- Chrétien,... celle que je cultive à Auch dans mon jardin, et qui y est cultivée dans tous les jardins en terrasse à l'exposition de l'est et dli sud-est; principalement, pour ne citer que des établissements pubhcs, à l'Archevêché, au Lycée et chez les Frères de la doctrine chrétienne. » {L'Abeille pomologique, revue d'arborimlture pratique, année 1862, pp. 57-61.) Enfin nous citerons encore les lignes si concluantes qu'un de nos pépiniéristes , M. Charles Baltet, de Troyes, écrivait en 1865 dans l'Horticulteur français : « Y a-t-il un Bon-Chrétien d'Auch?... Non. Grâce à la situation privilégiée de la ville d'Auch et de ses envuons, notre vieux Bon-Chrétien d'Hiver y donne des produits merveil- leux; telle est la cause de l'erreur des gens qui ont cru y découvrir une nouvelle sorte. Nous en avons fait venir des greffons qui, placés sur un poirier de Bon-Chrétien d'Hiver, ont produit des fruits moyens, verts et tachés comme ceux de l'ancienne variété, sous notre climat; nulle BON [bon-chrétien aut — bru] 453 différence dans le port, le boisy le feuillage; donc, synonymie. D'ailleurs, MM. Jamin ci Dubreuil m'ont dit avoir constaté le fait à Auch même. » (XV année, x^P- 362-363.) Ajoutons à présent;, pour compléter cette rectification , qu'au tome IV de son Jardin fruitier du Muséum M. Decaisne a décrit et figuré, en 1861, une poire qu'on lui a présentée sous le nom de Bon-Chrétien d'Auch mais qui n'est autre que la poire d'Amour ou Trésor, à laquelle nous avons ici, pages 120 à 122^ consacré un long article. C'est aussi ce même fruit, j'en suis certain maintenant, qui depuis un siècle passait en Anjou pour le Bon-Chrétien d'Auch. Il s'ensuit donc que les noms Poire d'Audi et Poire Belle-Bessa, indiqués par nous pages 163 et 192 comme synonymes de Bon-Chrétien d'Auch , le sont uniquement de ladite poire d'Amour ou Trésor. ^ Poire BON -CHRÉTIEN D'AUTOMNE. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Espagne. W Voir ce nom. Poire BON-CHRÉTIEN BARNETT. — Synonyme de poire Williams. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN BONAPARTE. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. 276. Poire BON-CHRÉTIEN DE BRUXELLES. Synonymes. — Poires : 1 . Bon-Chrétien MUSQUÉ (Henri Hessen, Garfenlust, 1690, p. 284). — 2. PiouLlER {Id. ibid.). — 3. Bon-Chrétien d'Été musqué (Duhamel du Monceau, Traité des arbres fruitiers, 1768, t. II, p. 218). — 4. Bon-Chrétien fondant ( Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 113). — 5. Bon-Chrétien d'Été fondant musqué (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1838, 1. 1). — 6. Bon- Chrétien musqué fondant {Id. ibid.). — 7, Bugiarda, du Muséum de Paris {Id. ibid.). — 8. Petit-Musqué (de Liron d'Airoles, Liste synonymique et histori- que des variétés du poirier, 1859, l^'' sup- plément, p. 9). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux , généralement étalés , grêles, de longueur moyenne, légè- rement coudés , brun foncé verdâ- tre, à lenticelles fines mais très- abondantes, à coussinets presque nuls. — Yeux: petits, coniques, à écailles disjointes, duveteux, for- tement rapprochés de l'écorce. — Feuilles : petites , kabituellement ovales ou elliptiques, entières en partie sur leurs bords et ayant le pétiole court et gros. Fertilité. — Ordinaire. I 454 BON [bon-chrétien bruJ Culture. — Il lui faut le franc, sur lequel sa vigueur n'est même pas excessive; il pousse lentement et fait des pyramides assez convenables, quoiqu'un peu basses. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne , ou moyenne. — Forme : irrégulière , mais le plus ordinairement allongée , mince et obtuse au sommet, ventrue vers la base , où elle est ensuite étranglée, bosselée et pentagone. — Pédoncule : peu long et souvent court, faible, recourbé, obliquement ou per- pendiculairement inséré dans une étroite cavité à bords légèrement accidentés. — Œil : grand ou moyen, contourné, mi-clos, rarement très-enfoncé, entouré de gibbosités. — Peau : épaisse, jaune grisâtre obscur, semée de points fauves, amplement lavée de rouge carminé du côté du soleil. — Chair : blanc verdâtre, demi- fine, demi-fondante ou cassante, toujours pierreuse au centre. — Eau : suf- fisante, acidulé, musquée, peu sucrée _, de saveur rarement délicate. Maturité. — Courant de septembre. Qualité. — Deuxième, et parfois troisième, car cette poire blettit aisément, comme elle se couvre aussi de nombreuses crevasses. Historique. — On a, de nos jours, méconnu cette variété, que tous les anciens pomologues ont cependant fort bien décrite. C'est ainsi, par exemple, que dans les collections du Jardin des Plantes de Paris on la voit figurer à la fois sous le nom de poire Pioulier et sous celui de poire Bugiarda. La dénomination généri- que qu'elle porte lui sera venue de sa forme la plus habituelle, rappelant assez exactement la forme du Bon-Chrétien , mais dont les caractères peu constants sont de nature, il faut l'avouer, à tromper les personnes qui n'ont pu les observer longuement. Si forigine de ce fruit n'est indiquée chez aucun écrivain, on a le droit néanmoins, en raison du nom Bon-Chrétien sous lequel on le rencontre dans les ouvrages allemands comme dans les ouvrages français, et cela dès le xvii* siècle, de le revendiquer pour notre pomone, lors surtout qu'il mûrit sous notre ciel depuis environ trois cents ans. Son premier synonyme date également de fort loin. Dom Claude Saint-Étienne cite en effet parmi les sept cents variétés de poires dont il dresse le Catalogue en 1675 , à la fin de sa Nouvelle instruction pour connaître les bons fruits, le Bon-Chrétien musqué ou Poire Pioulier. Et ces deux noms, le Gartenlust d'Henri Hessen, édition de 1690, les mentionne à son tour (page 284) au chapitre intitulé Poiriers de France, ce qui nous autorise encore à regarder cet arbre comme un gain de nos anciens jardiniers. Mais s'il en fallait une preuve beaucoup plus formelle , on la trouverait dans la signification , dans l'étymologie même, toute française, de ce premier synonyme — Poire Pioulier — appliqué jadis au Bon-Chrétien musqué, puisque le mot pioulier vient en droite ligne de piolé^ vieil adjectif inusité depuis longtemps , et dont le Dictionnaire de Trévoux donnait en 1721 cette définition : « Piolé.... ne se dit proprement que de « ce qui est moitié d'une couleur et moitié d'autre, comme une pie^ d'où le mot est «dérivé. » Ce qui démontre bien que nos pères, en surnommant ainsi ce fruit, voulurent avant tout indiquer par là le caractère particulier de sa peau, réellement bicolore, comme on l'a vu plus haut en notre description. Maintenant il nous faudrait savoir qui débaptisa, vers 1830, le Bon-Chrétien musqué pour le présenter sous le nouveau nom Bon-Chrétien de Bruxelles? Malheu- reusement, nous l'ignorons. Prévost, de Rouen, signala cette fraude en 1839, mais il ne put non plus en découvrir l'auteur. Il disait : « J'ai vainement cherché sur le Bon-Chrétien de Bruxelles, des renseignements... sans en trouver d'utiles que dans trois Catalogues raisonnes que j'ai sous les yeux, dont l'un est belge et les deux autres français. Tous trois s'accordent à reconnaître que cette poire est BON [bon-chrétien ciia — esp] 455 grosse, de première qualité (!), fondante ou demi-fondante, et qu'elle mûrit en septembre, ce qui cai'actérise bien la variété dont je m'occupe. L'un de ces Catalogues donne comme synonymes à ce fruit, les noms Bon-Chrétien fondant et Bon-Chrétien musqué. Certain par ces indications que ce poirier porte bien le nom qui lui appartient, il me l'este alors à le faire connaître. » [Cahiers pomologiques , 1839, p. H;-!.) Et ce pomologue si compétent a décrit le Bon-Chrétien de Bruxelles, arbre et produits, avec une telle exactitude qu'il est vraiment difficile de désirer mieux, lorsqu'on a l'intention, surtout, de s'assurer de l'identité de cette variété avec celle antérieurement appelée Bon-Chrétien musqué, poire Pioulier, etc., etc. On se demandera peut-être pourquoi nous ne rendons pas à ce poirier la déno- mination sous laquelle on l'a cultivé pendant plusieurs siècles? C'est uniquement, comme il a longtemps aussi porté le nom Bon-Chrétien d'Été musqué, pour qu'il ne soit plus confondu avec son congénère le Bon-Chrétien d'Été ou Gracioli; con- fusion qui souvent a eu lieu, mais que le maintien du déterminatif Bruxelles dans ladite appellation , rend à l'avenir à peu près impossible. Sentiment qui du reste fut aussi celui de Prévost, la chose est manifeste, puisqu'on 1839 on lui voit préférer ce nom moderne et reléguer les autres noms dans la synonymie. Observations. — Les variétés Epine d'Été et Fin-Or de Septembre sont très- distinctes du Bon-Chrétien de Bruxelles, quoiqu'on ait parfois avancé le contraire; leur description, donnée plus loin, le montre sans réplique. — Quant au nom Bugiarda, figurant ici parmi les synonymes du Bon-Chrétien de Bruxelles, rappe- lons que c'est celui d'une poire appartenant à la collection du Jardin des Plantes de Paris , et fort différente de la Bugiarda des Italiens , laquelle n'est autre que notre Épine d'Été. Poire BON -CHRÉTIEN DE CHAUMONTEL. — Synonyme de 5es/ rfe Chaumon- tel. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN DE CONSTANTINOPLE. — Synonyme, àe Bon-Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. Poire BON- CHRÉTIEN DORÉ. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN DORÉ D'ESPAGNE. — Synonyme de Bon- Chrétien d'Espagne. Voir ce nom. 277. Poire BON-CHRÉTIEN D'ESPAGNE. Synonymes. — Poires ; 1. De Janvry (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 105). — 2. Bon-Chrétien d'Automne (Knoop, Fructologie , 1771, p. 135). — 3. Gratiole d'Automne [Ici. ibid.). — 4. PRÉsrDENT d'Espagne (7c?. ibid.). — 5. Safran d'Automne [Id. ibid.). — 6. Van Dyck's {Id. ibid.). — 7. Safran rozat d'Automne (Manger, Systematische pomologie, 1783, t. II, p. 100). — 8. Bon-Chrétien jaune d'Automne (Diel, Kemobstsorten , 1802, p. 118). — 9. Grosse- Grande-Bretagne (Tougard, Tableau analytique des variétés de poires , 1852, pp. 96 et 107), — 10. Mansuette [des Flamands] (M. z6., pp. 96 et 111), — 11. Bon-Chrétien doré d'Espagne (Biedenfeld, Handbuch aller bekannten Obstsorien, 1854, p. 58). — 12. Blanche [des Belges] (Thuillier-Aloux , Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855 , p. 64). — 13. Bon- Chrétien Spina {Id. ibid.). — 14. COMPAGNIE d'Ostende {Id. ibid.). — 15. Grosse-Grande- Bretagne dorée {Id. ibid.). — 16. VERMILLON d'Espagne d'Hiver {Id. ibid.). — 17. GRAaoLi de LA Toussaint (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). Description de rarbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux, étalés vers la base de la tige, érigés à sa partie supérieure, gros, longs, bien géniculés, rouge grisâtre, ayant les lenticelles des plus larges, excessivement rapprochées, et les coussinets saillants. — Yeux : à écailles souvent disjointes. 456 ■ BON [bon-chrétien esp] volumineux, ovoïdes-pointus, presque sortis en éperon. — Feuilles : grandes, jamais abondantes, ovales-allongées, finement crénelées ou presque entières, portées sur un pétiole long , gros et parfois tacheté de noir. Poire Bon-Chrétien d'Espagne. Fertilité. — Satisfai- sante. Culture. — Son déve- loppement est vif, sa vi- gueur très -grande ; ses pyramides , généralement assez fortes, pèchent par une ramification, par un feuillage insuffisants; on le greffe sur franc ou co- gnassier. Description «Eu fruit* — Grossew^ : au- dessus de la moyenne et quelquefois considérable. — Foj^me : turbinée-allon- gée, très-ventrue à la base, où elle est plus ou moins bosselée , mais diminuant ensuite sensiblement de volume à sa partie supé- rieure, toujours légère- ment obtuse. — Pédoncule : assez court, bien nourri, recourbé, renflé au som- met, perpendiculairement implanté dans un évase- ment rarement profond. — OEil: moyen, régulier, ou- vert, peu enfoncé. — Peau: épaisse, jaune pâle grisâ- tre, ponctuée et tavelée de fauve, colorée de rouge vif sur la face exposée au soleil. — Chair: blanche, grosse, cassante, pierreuse auprès des loges. — Fau : peu abondante et souvent insuffisante, douceâtre, assez sucrée, rarement aromatique. Maturité. — Courant de novembre et atteignant parfois la mi-janvier. Qualité. — Première pour la cuisson, troisième pour le couteau. Historique. — Merlet, dans son Abrégé des bons fruits, décrivait comme suit cette variété, dès 1675 : « Le Bon-Chrestien d'Espagne, ou la poire de Janvry, est grosse, longue, très-belle, d'un rouge de vermillon, dont la chair est tres-delicate, tendre et pleine d'eau;... elle se mange dans le mois de novembre et les suivans. w (Pages 98 et 105.) C'est bien là le fruit qu'on cultive encore aujourd'hui dans nombre de nos jar- dins; seulement il ne s'y montre plus, comme au temps de Merlet, « à chair « tres-delicate , tendre et pleine d'eau ; » aussi ne le mangeons-nous guère qu'en compote — il y est excellent — ou si nous le plaçons cru sur nos tables, n'y paraît-il alors que grâce à son éclatant coloris, qui aide agréablement à leur BON [bon-chrétien été] 457 décoration. C'était déjà là, du reste, le rôle que lui faisait jouer dans les desserts de Louis XIV, la Quintinye, directeur des vergers de ce roi, et contemporain de Merlet. D'où l'on doit conclure que ces pomologues furent loin de s'entendre sur son mérite. Mais laissons la Quintinj^e avouer lui-même ce qu'il en pensait : « C'est presque de toutes les poires celle qui m'a autant embarrassé ; peu s'en faut que je n'aye honte de le dire; je me suis natiuellement trouvé enclin à .l'estimer d'abord par sa figure, on ne s'en sçauroit quasi défendre Pendant deux ou trois ans j'avois conçu une grande estime pour elle; mais outre que dans sa saison nous avons toutes nos principales poires tendres et fondantes, et que depuis plus de ^àngt ans j'ai toujours trouvé à celle-là la chair si rude, si grossière et si pierreuse,... qu'enfin, malgré ma première inclination, il a fallu se résoudre à lui refuser entrée dans beaucoup de Jardins; et ainsi je suis d'avis qu'on se contente d'eu souffrir au moins quelques Arbres... toujours y a-t'il cet avantage qu'elle paye de bonne mine [sur les tables] dans l'ornement des pj^amides. « {Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, 1692, p. 176 — et 1739, t. I, pp. 282-283.) Nous partageons entièrement, sur le manque de qualité de ce fruit, l'opinion de la Quintinye , tellement il est rare qu'on puisse avec quelque satisfaction le man- ger cru ; on doit donc le recommander seulement comme l'une des meilleures variétés de poires à cuire. Il semble assez difficile,, malgré son nom Bon-Chrétien d'Espagne, qu'il soit originaire de ce pays. D'abord Merlet, le premier qui l'ait décrit, parait, en l'appelant aussi en 1675 « la poire de Janvry^ » le supposer sorti plutôt de l'un des deux villages connus sous cette dénomination dans la Marne et dans Seine-et-Oise. Mais notre conviction, en voyant Knoop et Manger lui donner un peu plus tard le synonyme Safran d'Automne, est que ce fut là son nom primitif, et qu'il le portait déjà en 1628, à Orléans, dans les jardins de le Lectier. En étu- diant le précieux Catalogue laissé par cet amateur riche et zélé, nous y rencontrons efTectivement, page 13, « un poirier Saffran autumnal dont le fruict mûrit depuis « Octobre jusques au commencement de Novembre ; » tandis qu'il ne s'y trouve ni Bon-Chrétien d'Espagne , ni poire de Janvry. Aussi regardons-nous ce « Saffran « autumnal » comme n'étant autre que le Safran d'Automne déclaré identique avec le Bon-Chrétien d'Espagne, par Knoop en 1771, par Manger en 1783. Si mainte- nant on le surnomma poire de Janvry, même avant 1675, cela tint sans doute à ce qu'il était alors, dans cette localité, beaucoup plus commun qu'ailleurs. Observations. — Quelques pomologues ont appliqué , mais à tort , le syno- nyme poire Grande-Bretagne au Bon-Chrétien d'Espagne , tandis qu'il appartient à la variété dite Mansuette double ; ils auront été trompés par sa conformité presque complète avec cet autre : Grosse-Grande-Bretagne, se rapportant bien, lui, à notre ancienne poire de Janvry. 278. Poire BON-CHRÉTIEN D'ÉTÉ. Synonymes. — Poires : 1. ScHELls (Jean Bauhin, Historiée foniis et balnei Bollensis admirabilis, liber quartus, 1598, p. 124). — 2. Graciolt (le Lectier, d'Orléans, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 6). — 3. Graccioli ROUGE (Nicolas de Bonnefonds, le Jardinier français, 1652, p. 75). — 4. Bon-Chrétien d'Été jaune (Henri Hesseu, Gartenlust, 1690, p. 276) 5. Ganelle d'Été (Kuoop, Fructologie , illl, p. 135). — 6. Gratiole d'Été {Id. ibid.). — 7. Safran d'Été {Id. ibid.). — 8. Dr Duchesse (de Lauuay, le Bon-Jardinier , 1808, p. 135). — 9. Gros -Bon -Chrétien d'Été {Id. ibid.). — 10. Beauclerc (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). — 11. Bon-Chrétien Gratioly (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1865, t. III, n" 133). — 12. Gros -Bon-Chrétien Beauclerc {Id. ibid.). Description de l'arbre. -— Bois : très-fort. — Rameaux : jamais nombreux, des plus longs, des plus gros, étalés ou réfléchis et contournés, à peine géniculés, -458 BON [bon-chrétien été] légèrement duveteux, rouge foncé, ayant les lenticelles larges, très-espacées , et les coussinets aplatis. — Yeux : à écailles habituellement entr'ouvertes , petits , coniques-pointus, faiblement écartés du bois. — Feuilles : très- grandes , rares et coriaces, arrondies, quelque Poire Bon-Chrétien d'Été. peu acuminées, dentées assez profondément et munies d'un pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — C'est un des arbres dont la vigueur, sous tous les rapports , se montre la plus marquée ; il développe très-rapidement son écusson, prend, comme sujet, le franc ou le cognassier, mais fait des pyramides irrégulières et trop peu ramifiées , quoi- qu'excessivement fortes. Description du fruit. — Grosseur : assez volumi- neuse. — Forme : ovoïde- allongée, bosselée à ses extré- mités, où parfois aussi elle est légèrement côtelée. — Pédoncule : long ou très-long, de force moyenne, recourbé, l'enflé à l'attache, générale- ment charnu à la base, inséré régulièrement dans une ca- vité étroite, peu profonde et plissée sur les bords. — Œil : grand , bien conformé , des plus ouverts, placé dans un large bassin où il est souvent assez enfoncé. — Peau : épais- se, rugueuse, jaune d'ocre, ponctuée et finement veinée de gris verdâtre du côté de l'ombre, et lavée le plus habituellement, du côté du soleil, de rouge-vermillon sur lequel se détachent de nombreux points fauves. — Chair : jaunâtre, odorante, grosse, cassante, juteuse, contenant quelques pierres auprès des loges. — Fau : très-abondante, très-sucrée, vineuse et aromatique. Maturité, — Du commencement de septembre jusqu'à la fin de ce même mois. Qualité. — Deuxième. Historique. — Cette poire commença à paraître dans les jardins français vers la fm du xvi" siècle. Charles Estienne, dont le Seminarium offre en 1540 une brève description des meilleurs fruits cultivés chez nous, ne la mentionnait pas encore. Ce fut Olivier de Serres qui le premier, au livre YP de son Théâtre d'agriculture^ la BON [bon-chrétien été] 459 signala en 1600, et pour lors elle s'appelait uniquement Bon-Chrétien d'Été. Mais le Catalogue du verge7\Ae le Lectier, d'Orléans, publié le 20 décembre 1628, montre (ju'à cette date nous la surnommions déjà Gracioli. Il eût été curieux de savoir d'où lui vint ce deuxième nom, et d'en présenter la définition. Nous l'avons inutilement essayé ; nul Dictionnaire italien ne le contient , et cependant il semble bien appar- tenir à cet idiome ; peut-être aussi faut-il le regarder simplement comme un nom de famille, et ne plus s'étonner alors de ne l'y pas rencontrer... Toutefois nos recherches sur ce point vont permettre, aujourd'hui, de rectifier une erreur qui depuis cent cinquante ans environ se perpétue dans la synonymie du Bon-Chrétien d'Été. Les pomologues du xvu^ siècle, voyant Nicolas de Bonnefonds citer en 1652 une poire Giacciole di Borna dans son Jardinier français, et croyant sans doute à quelque erreur typographique , ont effectivement changé le mot Giacciole en Gra- cioli, puis inscrit le nom poire Gracioli di Borna parmi les synonymes de la variété dont nous nous occupons. Et comme les auteurs qui ont ensuite écrit sur ce sujet se sont copiés réciproquement, afm d'éviter le fatigant travail de remonter aux sources , cette erreur a fl^ni par prendre un tel développement , qu'il faudra main- tenant de longs efforts pour la déraciner. Cela, pourtant, n'est pas sans importance, puisque la poire Giacciole di Borna dont on a ainsi dénaturé le nom, se trouve décrite dès 1559 dans le recueil horticole d'Agostino Gallo, sous la dénomination exacte de père Ghiacciuole (poire de Petite Glace, ou de Neige), et que ledit fruit n'est autre que celui actuellement appelé Doyenné blanc , Doyenné commun , Neige blanche, etc.; ce qui démontre l'impossibilité de le réunir au Bon-Chrétien d'Été. Mais nous reparlerons, en étudiant le Doyenné, plus amplement de la Ghiacciuole ; terminons en assurant qu'il est fort probable que le berceau du Bon-Chrétien d'Été fut le canton de Fribourg. Notre opinion s'appuie sur le passage ci-dessous d'un ouvrage latin-allemand composé avant 1598 par le naturaliste Jean Bauhin, et dans lequel sont portés nombre d'arbres fruitiers indigènes à la Suisse : « Schelis byren. — J'ai trouvé, dit Bauhin, cette poire à Walden (près Boll); elle est belle, grosse, presque ovoïde, anguleuse, haute environ de cinq doigts et épaisse de trois. Sa peau, de couleur jaune, est fine; la longueur de son pédoncule excède rarement trois doigts. Elle a la chair assez tendre, douce et savoureuse. Ce fruit mûrit dans la première quinzaine de septembre, et ne saurait dépasser ce mois. » {Historiœ fonds et balnei Bollensis admirabilis, liber quartus, 1598, p. 124.) Nous devons ajouter pour donner plus de poids encore à cette description , s'ap- pliquant si étroitement au Bon-Chrétien d'Été , que Bauhin fournit un dessin au trait de la poire Schelis , et qu'on y retrouve également tous les caractères parti- culiers à la forme habituelle dudit Bon-Chrétien. Observations. — La peau de cette poire ne se montre pas constamment car- minée sur la partie exposée au soleil; parfois, au contraire, elle y est fortement lavée de jaune-orange, comme le constatait en 1865 M. "Willermoz (tome III de la Pomologie de la France) , et comme l'ont constaté, du reste, beaucoup d'autres écrivains. Et il faut bien qu'il en soit souvent ainsi, puisque cette dernière couleur valut à ce fruit deux de ses plus anciens synonymes : Bon-Chrétien d'Été jaune, et poire Safran d'Été. Dans notre Anjou, cependant, presque toujours nous l'avons vue se nuancer de rouge vif, très- vif même; ce qui prouve qu'on ne doit jamais, pour déterminer judicieusement un fruit quelconque, se borner à consulter un seul auteur, autrement on s'expose à de sérieux mécomptes. Mais le Bon-Chrétien d'Été , chose assez remarquable , va nous donner à cet égard un second exemple plus convaincant encore que le précédent. Les descripteurs de ce poirier s'accordent 460 BON [bon-chrétien été — mv] en effet pour le déclarer de fertilité ordinaire ou moyenne , ce qui est aussi notre avis ; pourtant M. Decaisne, dont l'opinion jouit à juste titre d'une grande autorité dans le monde horticole, écrivait les lignes ci -après en 1838 : « Le Gracioli ou Bon-Chrétien d'Été est une des variétés de poirier les plus vigoureuses et LES PLUS PRODUCTIVES. Le Traité des arbres fruitiers publié par la Société économique de Berne en d 768, cite sous ce rapport plusieurs individus remarquables par leur fertilité : l'un d'eux formait un espalier de 12 mètres de hauteur sur 13 mètres 50 de longueur; un autre, aban- donné à lui-même, et de forme pyramidale, atteignait plus de 10 mètres 80 et rapportait, quand les intempéries n'en contrariaient point la floraison, plus de 2,000 poires par an. » [Le Jardin fniitier du Muséum, t. I.) En présence de cette fécondité merveilleuse et tellement exceptionnelle, nous ne ferons qu'une courte réflexion : c'est qu'ayant eu lieu en Suisse , elle vient apporter une force extrême au sentiment que nous avons manifesté plus haut, que le canton de Fribourg dut être le berceau du Bon-Chrétien d'Été ; car l'influence de la terre natale doit entrer pour beaucoup dans une semblable fertilité. Poire BON -CHRÉTIEN D'ÉTÉ FONDANT MUSQUÉ. — Synonyme de Bon- Chrétien de Bruxelles. Yoir ce nom. Poire BON- CHRÉTIEN D'ÉTÉ JAUNE. — Synonyme de Bon -Chrétien d'Été. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN D'ÉTÉ MUSQUÉ. — Synonyme de Bon -Chrétien de Bruxelles. Voir ce nom. Poire BON- CHRÉTIEN DE FLANDRE. — Synonyme de Bon-Chrétien de Vernois. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN FONDANT. — Synonyme de Bon- Chrétien de Bruxelles. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN GRATIOLY. — Synonyme de Bon- Chrétien d'Été. Voir ce nom. 279. Poire BON-CHRÉTIEN D'HIVER. iSynonymes. — Poiî-es : 1. Panchresta (Guillaume Budé, vers 1492, cité par Ménage dans son Dictionnaire étymologique de la langue française, t. I, pp. 210-211). — 2. Crusteménie (Rabelais, Pantagruel, 1545, livre III, chap. xm). — 3. A Tétine {Da.\échamp , Historia generalis planta- rum, 1587, t. I, p. 307). — 4. De Dos (Bauhin, Historiée fontis et balnei Bollensis admirabilis, liber quartus, 1598, pp. 134-136). — 5. De Fesses {Id. ibid.). — 6. De Bon-Grustuménien (Gui Panciroli, Rerum memorabilium, 1599, livre I, chap. xviii). — 7. De Chrétien [en Poitou] (la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, 1690-1739, t. I, p. 225). — 8. Gra- Ti OLE d'Hiver? (Knoop, Fructologie, Mil, p. 126). — 9. D'Apothicaire (Diel, Kernobstsorten , 1802, p. 179). — 10. Bon-Chrétien de Tours (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 130). — 11. Bon-Chrétien de Vernon {Id. ibid.). — 12. Bon-Chrétien (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. II). ~ 13. Bon-Chrétien de Constantinople {Id. ibid.). — 14. Bon-Chrétien d'Auch (l'abbé Dupuy, Abeille pomologique , 1862, pp. 57-61).— 15. De Saint-Martin (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1865, t. Ill,n° 132). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux , étalés, gros, longs, des plus flexueux, duveteux et légèrement ridés, brun-fauve verdâtre ou grisâtre, ayant les lenticelles larges, abondantes, et les coussinets aplatis. — Yeux: de moyenne grosseur, coniques ou ovoïdes-arrondis, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : ovales-allongées, un peu cotonneuses, acuminées et BON [bon-chrétien hiv] 461 souvent contournées,, à bords irrégulièrement denticulés ou crénelés, portées sur un pétiole long-, fort et pourvu de stipules bien développées. ^ . „ _, .,. ,,„. „ . ^ Fertilité. — Médiocre. Poire Bon-Chretien d Hiver. — Premier Type. Culture. — Greffé sur cognassier, cet arbre n'est jamais d'une vigueur satis- faisante ; il croît mieux sur franc, mais il y fructifie dif- ficilement ; dans la pépi- nière, ses pyramides sont ordinaires sous tous les rap- ports. L'espalier le rendra toujours plus fertile que toute autre forme , particu- lièrement à l'exposition du midi. Descriptiou du fruit. — Grosseur : volumineuse et quelquefois énorme. — Forme : des plus variables, affectant ou celle d'une calebasse , ou celle d'un coing, mais généralement allongée , ventrue et forte- ment bosselée vers l'œil, comme dans le deuxième type figuré ci -après. — Pédoncule : de longueur moyenne ou très-long, assez mince , plus ou moins ren- flé à ses extrémités, légè- rement recourbé, oblique- ment inséré dans une large et profonde cavité à bords inégaux. — Œil: moyen, ouvert ou mi-clos, parfois contourné, placé au centre d'un vaste bassin entouré de fortes gibbosités qui souvent donnent au fruit une apparence côtelée. — Peau : assez épaisse, jaune verdâtre clair ou jaune orangé, entièrement semée de points fauves et de quelques petites taches ou marbrures de même cou- leur, lavée de rouge -brique ou de rouge carminé sur la partie exposée au soleil, mais fréquemment aussi dépourvue de ce coloris. — Chair : blanchâtre, moirée, un peu grosse, mi-fondante ou cassante, aqueuse, rarement très-pierreuse. — Eau : abondante, vineuse, sucrée, délicate, quoique faiblement aromatique. Maturité. — Du commencement de janvier jusqu'à la fm de mars , et pouvant même, exceptionnellement, atteindre le mois de mai. Qualité. — Deuxième comme fruit à couteau , première comme fruit à compote. Historique. — L'engouement excessif professé pour cette poire, surtout au cours du xvi^ siècle et du xvii% alors qu'aucune autre parmi les variétés d'hiver, cela s'entend, ne pouvait lutter avantageusement contre elle, porta les écrivains Am BON [bon-chrétien hiv] Poire Bon-Chrétien d'Hiver. — Deuxième Type. de ces époques reculées à faire intervenir dans son histoire le merveilleux, l'invrai- semblable. Ce fut ainsi que la disant con- temporaine des Romains et des Grecs on prétendit que les pre- miers l'avaient appelée poire de Crustumium pour indiquer qu'elle provenait de la ville 'de ce nom, avoisinant leur capitale; et les seconds poire Talantiaion .-Balance^ probablement à cause de la forme conique qu'on lui voit prendre assez souvent. Puis, parlant de sa propaga- tion en France , les uns l'y décla- rèrent apportée de Pannonie par saint Martin, élu archevêque de Tours l'an 374 ; tandis que d'au- tres, moins enthousiastes évidem- ment, se contentèrent de la faire venir de Calabre en 1483, avec saint François de Paule alors at- tiré au Plessis-lez-Tours par les supplications de Louis XI qui , se mourant, espérait recouvrer la santé en mêlant ses prières à celles du pieux ermite. Enfin , jaloux de tout éclaircir dans le passé du Bon-Chrétien, les mêmes écrivains eurent soin de fournir à leurs lecteurs l'éty- mologie du nom de ce fruit. Mais là encore le fabuleux le dispute au naïf. Il en est en effet qui racontent sérieusement que Clovis s'asseyant en 496 à la table de l'archevêque de Reims, saint Remy, le jour où ce prélat l'avait amené à se laisser baptiser, y mangea cette poire pour la première fois et la trouva si délicieuse que plus tard , revenu dans son palais, il dit à ses officiers, ne sachant quel nom lui donner : « Servez- « moi des poires comme celles que m'offrit à Reims ce bon chrétien de Remy. » Et tout aussitôt ces mots bon chrétien seraient devenus les seuls par lesquels , désor- mais, on eût désigné chez les Francs la poire favorite de leur chef... Deux autres versions étymologiques à peu près semblables à cette dernière, prirent encore naissance au xvn^ siècle. Ainsi;, ceux qui présentèrent saint Martin comme l'importateur de ce fruit , en 374 , n'oublièrent pas d'ajouter qu'il en était également le parrain, en ce sens que les Tourangeaux, édifiés de ses vertus, le surnommèrent le Bon-Chrétien et voulurent que le poirier dont il venait de les doter fût cultivé sous cette même dénomination... Malheureusement, et c'est la troisième version que nous avions à mentionner, on affaiblit ensuite par trop la vraisemblance d'un aussi charmant épisode, en faisant jouer aux Tourangeaux, onze siècles après, un pareil rôle avec l'Italien François de Paule. En 1483 ils l'acueillent BON [bon-chrétien iiivl 403 comme un apôlre, selon maints pomologues, le qualifient de bon chrétien, puis greffant certain poirier par lui rapporté de la Calabre, ils appliquent à l'arbre Poire Bon-Chrétien d'Hiver. - Troisième Type. nouveau le qualificatif que leur a paru mériter la piété de ce personnage. On le voit donc, le pauvre saint Martin était alors bien et dûment renié par ses diocésains ! 1 . . . Mais laissant là toutes ces légendes, passons vite dans le domaine de la raison, nous y trouverons quelques particularités, quelques ren- seignements de nature à composer pour cette poire un historique qui sera du moins, s'il n'est pas entiè- rement complet, exempt de toute fiction, de toute cré- dulité. Et d'abord, montrons que les érudits n'ont jamais pu s'entendre sur le nom que notre Bon-Chrétien aurait eu chez les Romains : Jacques Daléchamp , mé- decin et botaniste nor- mand mort à Lyon en 1586, prétendit qu'ils l'appelaient Pompeïanuju ou Pomponianum , puis aussi pi- \rum Mammo- \sum, en raison Ide sa forme. f {Historiagenera- lis plantarum , éd. de 1586-87, t. I, p. 307.) Vers la fin du xvii" siècle, deux pères jésuites, Char- les de la Rue, traduc- teur de Virgile, et Jean Hardouin , traducteur de Pline, disaient au contraire : Ces peuples l'ont cultivée sous la dénomination de Volemum. (Virgile, Géorgiques , livre II. — Pline, Histoire naturelle, livre XV.) Henri Manger, pomologue allemand, affirme en 1780 qu'ils la nommèrent 464 BON [bon-chrétien hiv] Tarentinum, de la ville de Tarente, aux environs de laquelle on l'aurait trouvée. [Systematische pomologie ^ t. II, pp. 168-175.) Enfin le docteur Fr. Sickler, autre savant fort estimé en Allemagne pour ses recherches sur les arbres fruitiers, voulut en 1802, lui, que la pirum Pomponianum mentionnée dans Pline fût uniquement la poire Téton de Yénus (notre Catillac) , et non le Bon-Chrétien, comme l'avançaient divers écrivains. De plus, il donna gain de cause à Manger son compatriote, en refusant, à son exemple, de voir dans la pirum Crustuminum , qu'on avait également assimilée au Bon-Chrétien d'Hiver, autre chose que la variété précoce dite aujourd'hui Muscat Robert. [Geschichte der Obstkultur, p. 402.) Et par là il rendait au moins cette dernière opinion soutenable, Pline (hvre XV, chap. xvi) ayant constaté que la Crustuminum mûrissait dès le COMMENCEMENT DE l'été; d'où suit alors qu'on ne saurait jamais la rapprocher d'une poilue tardive. Ces quelques citations, qu'aisément l'on multiplierait sans néanmoins les faire concorder, prouvent à quel point la confusion, l'incertitude régnent parmi les pomologues , même les plus doctes , au sujet de l'origine prétendue romaine du Bon-Chrétien. Contentons-nous alors de l'avoir démontré, et n'adoptons aucune des opinions ci-dessus, tout choix devenant impossible au milieu de l'obscurité. Notre conviction, d'ailleurs, est entièrement faite à l'égard de la patrie du Bon- Chrétien : il dut naître en France, comme nous allons l'établir par trois textes latins empruntés à des auteurs de nationalité différente. Le médecin de François I", Jean Ruel, de Soissons, fut le premier qui chez nous parla de cette poire ; il le fit en 1536, et dans les termes suivants : « Francis gratissima Bon-Chrestiana cognomine, non ob hoc solum quod in eximia suavi- tate librale pondus œquent, sed quia in teneritudine tanta ut à gustatu vel ipso ore statim eliquescantj et perennent gestatumque tolèrent, ad Neapolim usque delata, Carolo octavo ibi res gerente, à felici illa Campania iis dotibus adoptata. ■» [De Natura stirpium, livre I, cap. cxiv, p. 232.) Traduction : — Nommée Bon-Chrétien en France , elle y est estimée non-seule- ment pour son exquise saveur et son poids, atteignant une livre, mais encore pour sa chair tendre, fondant aussitôt qu'on l'introduit dans la bouche. Elle se conserve très-longtemps et supporte facilement le transport. Importée jusqu'à Naples, alors que Charles VIII y gouvernait, ces qualités firent qu'on la propagea par toute la fertile Campanie. Ici Ruel, s'il le laisse supposer, ne déclare pas formellement, cependant, que notre roi Charles VIII ait été l'importateur à Naples, en 1495, du Bon-Chrétien. Non. Mais voici un naturaUste italien, J. B. Porta, qui va préciser le fait. Né à Naples même en 1540, quarante-cinq ans seulement après l'expédition de Charles VIII, il se trouva nécessairement en position de bien connaître la vérité, au sujet de la récente introduction de ce poirier dans les jardins de la contrée qu'il habitait. Or, copiant Ruel en partie, ce qui ajoute encore à l'autorité de ce dernier, il dit sans réticence aucune : « Pirum Boni Christiani,... Neapolim delatum à Carolo octavo, hic res gerente, à nostra felici Campania his dotibus adoptatum. » [Villœ libri XII, 5"= partie, Pomarium, p. 261.) Traduction : — La poire de Bon-Chrétien fut apportée à Naples par Charles VIII, à l'époque où il conquit le pays, et le mérite dont elle est douée lui valut dans notre Campanie si favorisée les honneurs de la culture. Ce passage établit donc positivement que 1495 est la date authentique de l'im- portation , à Naples , de cette variété par les Français ; comme il infirme aussi , BON [bon-chrétien hiv] 465 nécessairement, la version qui la fait apporter de la Calabre à Tours, en 1483, par saint François de Paule. Comment en effet ce personnage l'eùt-il alors rencontrée dans cette province napolitaine, puisqu'elle n'y fut propagée, Porta l'a constaté, que douze ans plus tard?... Enfin le troisième témoin que nous voulons appeler va achever de déterminer l'origine de notre fameux poirier. C'est le docteur Jonston, Silésien dont VHistoria naturalis de urboribus et fruticibm, publiée en 1662, est demeurée en grande estime, car elle contient de précieux renseignements qu'on chercherait vainement ailleurs. Eh bien , parlant des diverses poires cultivées de son temps , il s'exprime ainsi à l'égard de celle qui nous occupe : § IX. « Pyra a pr^stantia denominantur... 4. Bon-Christiana, quee in Gallia habentur. Ampli ssima illa,... cucurbitse figura, colore herbaceo, succo dulcissimo.... Durant in annum... » (Livre I, p. 37.) Traduction : — § IX. Poires tirant leur nom de leurs qualités... 4. Celles de Bon-Chrétien, regardées comme originaires delà France. Des plus volumineuses et cucurbitiformes, elles ont la peau de couleur herbacée, l'eau excessivement agréable , et se conservent d'une année sur l'autre. ■ Les questions d'origine et d'étymologie nous semblent donc, maintenant, péremptoirement jugées : le Bon-Chrétien appartient à la pomone française, et de plus il tire sa dénomination de son excellence, de ses qualités, comme le remarque Jonston, et non pas, selon que beaucoup l'ont écrit, du nom de la poire d'ÉTÉ dite Crustwninum chez les Romains Du reste, on n'en doutera nullement quand on saura que Guillaume Budé, né à Paris en 1467, et justement surnommé le prince des savants, appela ces poires, alors que le terme Bon-Chrétien était encore à trouver, poires Panchresta , de deux mots grecs signifiant toute bonne. Et ceci nous est attesté en 1694 par Ménage, aux pages 210 et 211 du tome I" de son Dictiomiaire étymologique de la langue française. Ainsi ce fut de ce premier nom Panchresta qu'à la fin du xv' siècle les populations, par une altération qui se conçoit et s'explique aisément, fli'ent en moins de cinquante ans le nom Bon- Chrestien. Telle est notre opinion, et nous voyons en 1721 les auteurs du Diction- naire de Trévoux la partager : « Le mot Bon-Chrestien — disent-ils — est venu, « par corruption, du latin ou plutôt du grec panchresta, qui signifie tout-à-fait bon, « tout- à-fait utile. » {Tome I, p. 1106.) Pour compléter cet historique, deux choses restent à déterminer : la date et le lieu d'obtention du Bon-Chrétien. Mais sur ces points nos recherches sont demeu- rées infructueuses, et le seul fait qu'il nous soit possible d'affirmer, c'est qu'en Anjou cette variété existait avant 1503, ainsi qu'il ressort de l'extrait ci-après d'une pièce authentique que nous devons à l'obligeance de M. Paul Marchegay, ancien élève de l'École des Chartes et ancien archiviste du département de Maine-et-Loire : « A Mons'^ le recepveur de Vaulx [commune de Miré, arrond' de Segré]. « Mons^ le recepveur mondit seigneur [Jean Bourré] m'a chargé de vous escripre que luy mandez combien vous aurez eu de vin a Vaulx; et sur toutes choses que facez bien garder les poyres de Bon Chrestien et autres bons fruitz qui sont audit Vaulx « Au Plessis Bourré [commune d'Écuillé, arrond* d'Angers], ce semadi derrenier jour de septembre l'an mil V^ et troys. « De BoRDIGNÉ. » [Petlt-neveu de l'auteur des Chroniques d'Anjou.] (Copié sur l'original, olographe. Bibliothèque Impériale. Mss, Supplément français, no 1959, fo 103.) Nous pouvons également affirmer qu'à cette même époque on cultivait aussi le Bon-Chrétien dans la Touraine, et qu'il y acquérait des qualités véritablement 1. 30 460 BON [bon-chrétien htv] exceptionnelles, car l'annaliste Masson, étudiant en 1570 la jurisprudence à Angers, nous a transmis sur ce poirier l'anecdote suivante : « En Touraine, les poires de Bon-Chrétien ont une saveur tellement exquise, que le Pape en ayant reçu d'un évêque de Tours nouvellement nommé, les trouva si délicieuses qu'il ordonna qu'on délivrât gratuitement à ce prélat ses lettres de provision. » [Descriptio fluminum Galliœ.) Jusqu'en 1650 environ, cette province resta le marché privilégié de ce fruit, pour lors si prisé; puis, comme on s'appliqua de divers côtés à le bien cultiver, le revenu qu'elle en tirait diminua sensiblement. Aussi le curé le Gendre disait-il en 1652 : « L'expérience nous fait connoistre que l'exposition de la muraille contribue bien fort à la bonté et à la beauté de ce fruit... Nous en voyons donc à présent, par cette invention, une abondance merveilleuse dans les lieux où l'on n'en trouvoit point auparavant... Aussi nous ne sommes plus obligez d'aller en Touraine pour avoir de ce Bon-Cbrestien... les environs de Paris en fournissent à présent en abondance. » {La manière de cultiver les arbres fruitiers, Préface, pp. 17-19.) Et par la suite ce poirier devint de plus en plus commun , mais cinquante ans auparavant on payait encore ses produits des prix excessifs ; à ce point, qu'Arnaud d'Andilly, dans son Jardinier royal, parle « d'une belle poire de Bon-Chrestien «vendue une pistolle d'or (11 livres) à la Halle de Paris, en 1618; » et que Pierre de l'Estoile a cru devoir relater ce fait de même nature : <( Décembre 1602. Cette année fut si stérile de fi'uits, principalement de poires et de pom- mes, que les poires de Bon-Cbrestien se vendoient un escu la pièce; et en fut fait présent au Roy à'un cent, qui cousta cent escus. » [Journal du règne d'Eenri IV.) Au reste, en ces temps-là les papes et les rois ne furent pas les seuls à la recevoir en cadeau , parfois on l'offrit également aux gouverneurs de province à leur entrée en fonctions. C'est ainsi que nous avons trouvé dans les Archives municipa- les de la ville d'Angers, deux déUbérations desquelles il résulte que le 3 décem- bre 1632 le maire acheta deux cents poires de Bon-Chrétien à l'intention du cardinal de la Valette , nommé gouverneur de cette localité, dans laquelle il était attendu. Mais retenu à Paris, il ne vint pas, et les poires lui furent envoyées dans la capitale. Quant au prix qu'elles coûtèrent, il s'éleva, emballage ajouté, à 70 livres 18 sous. (Voir Registre des délibérations, n° BB 74, î"' 30 et 40.) Et pareille offrande, en 1632, était encore assez onéreuse, puisque l'équivalent de ces 70 livres serait aujour- d'hui d'environ 215 francs, selon les récents calculs de M. Chéruel. (Voir son Dictionnaire historique des institutions et des mœurs de la France, au mot Livre.) Actuellement le Bon-Chrétien, quoiqu'il ait beaucoup perdu de sa vieille renom- mée, se paie néanmoins à Paris, du mois de mars au mois de juin, jusqu'à 2 ou 3 francs la poire, ce qui nous semble un encouragement suffisant pour n'en pas trop abandonner la culture, et pour se souvenir que Claude Mollet, directeur des jar- dins de Louis XIII , disait de ce poirier : « Il demande de voir souvent son maistre ; « l'haleine de l'homme lui est fort agréable. » D'où vint que nos pères l'entourè- rent des plus grands soins et rapprochèrent ses espaliers le plus possible de leur demeure. Et la sollicitude dont ils firent preuve pour ses produits, les porta même à les entourer tous, sur l'arbre, d'un filet afin que ceux qui viendraient à se détacher ne pussent tomber et se meurtrir. Enfin on s'efforçait de leur donner un coloris très- éclatant, une panachure artificielle à l'aide d'un procédé fort ingénieux que Saussay, inspecteur des vergers du duc de Bourbon, décrivit de la sorte en 1722 : « Pour avoir de belles poires de Bon-Cbrestien d'Hiver, ayez attention, dans les premiers jours de septembre, de les découvrir de leurs feuilles, et dans le plein soleil de midi prenez un seau d'eau sortant du puits, et bien fraîche, dans laquelle vous tremperez un petit BON [bon-chrétien hiv] 4G7 pinceau, que vous tirerez sur vos poires, par petits traits, de la tète à la queue, comme si vous vouliez les peindre. Pratiquez cela plusieurs fois, et toujours aux mômes places, le soleil rendra tous les endroits où vous aurez mis ainsi de l'eau, rouges et jaunes, ce qui fera vos poires magnifiques. » [Traité des jardins , p. 75.) Nous voulions produire beaucoup d'autres témoignages de la singulière estime professée jadis pour le Bon-Chrétien, mais cet article est tellement long déjà, qu'il doit se terminer ici. Disons cependant, comme dernier mot : Ces poires atteignent souvent un poids considérable; la Quintinye affirme en avoir récolté qui pesaient « jusqu'à deux livres; » et nous le croyons volontiers, Tours, Auch et Angers en fournissant assez communément qui dépassent 700 gram- mes. Quant aux précautions à prendre pour les conserver longtemps saines, lais- sons Angran de Rueneuve, conseiller du roi à Orléans en 1712, nous renseigner, à notre époque on est sur ce point bien plus ignorant qu'à la sienne : « Pour qu'elles se gardent — observait-il — plusieurs mois dans la fruiterie, et surtout celles que produisent les poiriers greffez sur franc, il faut conserver leur qiieuë et les enve- lopper avec du papier, vu qu'ayant la peau très tendre et très délicate, elles ne manquent pas à se noircir aussi-tôt qu'on les a maniées. Ce papier empêche qu'elles ne se touchent les unes les autres, qu'elles ne ternissent et qu'elles ne perdent leur beauté naturelle. Ce qui cause la ternissure, c'est quand le lieu où elles ont été mises est un peu humide. Ces poires, par ce moyen, deviendront jaunes dans le temps de la maturité; c'est en quoy consiste leur principal mérite. Il y en a qui pour les conserver durant l'hiver, en scellent les queues avec de la cire d'Espagne. » [Observations sur l'agriculture et le jardinage , t. II, pp. 40 et 41.) S'il était besoin de prouver que les anciens eurent raison de dire : « Rien de nou- « veau n existe sous le soleil, » la recommandation ici faite de sceller la queue des poires de Bon-Chrétien, pourrait être très-utilement invoquée. En 1820, on préco- nisait en effet ce mode de conservation comme une découverte récente , quand au contraire, on le voit, il était déjà pratiqué sous Louis XIY. Mais alors même il s'en fallait de beaucoup qu'où pût le déclarer inédit, puisqu'Anthoine Pierre, traduisant en 1550 les XX livres d'agriculture composés en 950 sur l'ordre de l'empereur d'Orient Constantin YII , écrivait : « Pour guarder longuement les poyres , il leur « fault poixer la queue et pendre icelles ensuicte. » (Livre X, tiré de Démocrite, chap. XXV, pp. 324-325.) D'où suit que ce procédé, au lieu d'appartenir à notre siècle, ainsi qu'on le prétendait, remonte tout simplement au temps du philosophe grec Démocrite, mort 362 ans avant l'ère chrétienne! !... Observations. — Rappelons que la poire d'Angoisse n'est nullement identique avec le Bon- Chrétien, malgré les assertions opposées d'un certain nombre de pomologues du xvni" siècle. Nous l'avons décrite et figurée plus haut, page 145, inutile alors d'insister sur ce point. — Renvoyons aussi le lecteur à la page 452 ci-contre, car il y trouvera la preuve que la. poire d'Auch, ou Bon-Chrétien d'Auck, est au contraire, elle, parfaitement semblable au Bon-Chrétien d'Hiver. 280. Poire BON -CHRÉTIEN D'HIVER PANACHÉ. Description de Farbre* — Bois : très-fort. — Rameaux : peu nombreux, étalés et contournés, des plus gros, longs, légèrement coudés, jaune-serin pana- ché de vert foncé, ayant les lenticelles larges et assez abondantes, les coussinets peu saillants, les mérithalles courts. — Yeux : ovoïdes, volumineux, à écailles disjointes et renflées , faiblement écartés du bois. — Feuilles : extraordinaire- ment grandes, quelquefois panachées de jaune, ovales, crénelées ou dentelées 468 BON [bon-chrètien jau — nou] irrégulièrement, souvent contournées, portées sur un pétiole de longueur moyenne, des plus nourris et pourvu de stipules bien développées. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Cet arbre, qui fait en pépinière do très-fortes pyramides, est moins stérile sur cognassier que sur franc; il veut aussi, comme son type, l'espalier de préférence à toute autre forme, ainsi qu'une exposition au midi. Bescription dw fruit. — Il affecte les mêmes formes et prend le même volume que le Bon-Chrétien d'Hiver, dont il est une variété. Sa peau diffère toute- fois de celle de ce dernier ; elle est verdâtre clair, finement ponctuée et tachetée de brun-roux, et couverte de larges raies jaunâtres descendant du pédoncule à l'œil. Quant à sa chair ^ elle se montre habituellement plus fondante que la chair du Bon- Chrétien d'Hiver. Maturité. — De janvier jusqu'en mars ou avril. Qualité. — Deuxième, crue; première, cuite. Historique. — Le pépiniériste Louis Noisette fut le propagateur, en France , de cette variété. H la greffait à Brunoy (Seine-et-Oise) dès 1802; mais lorsqu'il en parla plus tard ( 1821 ) dans son Jardin fruitier^ il ne put dire d'où elle lui avait été envoyée. En 1817, Turpin et Poiteau appelèrent l'attention sur elle; voici les prin- cipaux passages de leur article : « En 1807, nous avons vu pour la première fois cette belle variété chez MM. Noisette, pépiniéristes à Brunoy. Ces Messieurs n'en possédaient qu'une petite quenouille d'environ cinq ans de greffe, et c'était la deuxième année qu'elle fructifiait... Depuis ce temps nous l'avons rencontrée aussi dans le jardin de M. Vanieville, administrateur des domaines, rue de la ïour-d'Auvergne, à Paris... Il la tenait du sieur Simon, péniniériste à Metz. Il n'en possédait, en 1810, que déjeunes pieds qui n'avaient pas encore fructifié, et ce sont ces jeunes arbi'es qui ont fourni les greffes du Bon-Chrétien panaché que l'on vit pour la pre- mière fois, en 1810, dans la pépinière du Luxembourg. » {Traité des arbres fruitiers de Duhamel du Monceau , nouvelle édition , augmentée d'un grand nombre d'espèces de fruits obtenus des progrés de la culture, ouvrage commencé en 1807 et fini en 1835; t. IV.) Disons qu'il ne nous semblerait pas impossible que cette poire fût venue de l'Al- lemagne, dans nos jardins, car en ce pays le pomologue Christ la connaissait déjà vers la fin du xviii* siècle, et Diel, en 1806, la décrivait, annonçant de plus que c'était le baron Von Stein, d'Anspach, qui la lui avait adressée. Poire BON -CHRÉTIEN JAUNE D'AUTOMNE. — Synonyme de Bon- Chrétien d'Espagne. Voir ce nom. Poire BON-CHRÉTIEN MUSQUÉ. — Synonyme de Bon-Chrétien de Bruxelles. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN MUSQUÉ FONDANT. — Synonyme de Bon -Chrétien de Bruxelles. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN NAPOLÉON. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. Poire BON-CHRÉTIEN NOUVELLE. — Synonyme de Bon-Chrétien de Vernois. Voir ce nom. BON [bon-chrétien ran — ver] 469 Poire BON-CHRÉTIEN DE RkmE. — Synonyme de Beurré de Rance. Noir ce nom. Poire BON -CHRETIEN SPINA. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Espagne. Voir ce nom. Poire BON-CHRÉTIEN DE TOURS. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. Poire BON -CHRÉTIEN TURC. — Synonyme de Bon- Chrétien de Vernois. Voir ce nom. I 281. Poire BON-CHRÉTIEN DE VERNOIS. Synonymes. — Poires : 1. Bon-Chrétien de Flandre (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society of London , iSk'^ , p. 130). — 2. Bon-GhrétiEN NOUVELLE {Id. ibid.). — 3. Bon-Chrétien turc {Id. ibid.). Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : assez fort et des plus cendrés. — Rameaux : nom- breux, un peu ar- qués , érigés au sommet de la tige, étalés à sa partie inférieure , gros , de longueur mo- yenne , bien géni- culés, cotonneux, rouge grisâtre , finement et abon- damment ponc - tués , ayant les coussinets ressor- tis. — Yeux: petits, ovoïdes - aplatis , duveteux , à écail- les mal soudées, noyés dans l'écor- ce. — Feuilles : peu nombreuses, habituellement el- liptiques , planes ou relevées en gouttière , coton- neuses, à bords fai- blement dentés ou crénelés, à pétiole assez court, très-épais et accompagné de longues stipules. Fertilité. — Ordinaire. 470 BON [bon-chrétien ver] Culture. — C'est un arbre de vigueur satisfaisante, qu'on peut greffer sur cognassier ou sur franc, dont le développement n'a rien d'exceptionnel, mais qui fait généralement de belles, de régulières pyramides. Poire Bon-Chrétien de Vernois. — Deuxième Type. Qualité. Deseripfion du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : variant ordinairement entre l'ovoïde et la tur- binée obtuse et bosse- lée. — Pédoncule: court ou de longueur moyen- ne , gros ou très-gros , des plus renflés à la base, souvent oblique- ment inséré, et tou- jours dans une large cavité assez profonde et plus ou moins acci- dentée sur ses bords. — OEil : grand , bien fait , ouvert , parfois très-enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, tache- tée de roux olivâtre et semée de points brun clair, nombreux sur- tout auprès de l'œil. — Chair : blanchâtre, de- mi-fme et demi -cas- sante, juteuse, un peu granuleuse au centre. — Eau : abondante , sucrée , légèrement as- tringente , faiblement aromatisée. Maturité. — Fin no- vembre et se prolon- geant j usqu'en j anvier . Deuxième, pour le couteau; première, pour la cuisson. Historique. — C'est un gain fait chez les Belges; il remonte à 1840 environ et se répandit d'abord en Angleterre. Nous commençâmes à le propager dans l'Anjou en 1845, mais ne connûmes son origine qu'en 1847, par les lignes ci-après, dues à M. Pépin , chef des cultures au Muséum d'histoire naturelle : « M. Henrard, horticulteur et pépiniériste à Liège, a obtenu de semis une nouvelle et belle poire qui miirit depuis la fin de novembre jusqu'en janvier. Elle portait à la dernière expo- sition de Liège le nom Bon-Chrétien de Vernois, et y méritait l'attention du jury et un prix à l'exposant. » {'Revue horticole, 3^ série, t. I, p. 45.) Dans nos cultures, jamais cette variété ne s'est montrée parfaite, comme il BON [bon cru— gus] 471 semble qu'elle le soit en Belgique, où elle a valu une récompense à son obtenteur. Nous devons croire, au reste, que le sol angevin lui convient peu, puisqu'en 1853 M. Hovey, pomologue américain des plus compétents, disait également, à la page 521 du tome XIX du Magazine of horticulture^ en parlant de ce Bon-Chrétien^ dont nous avions antérieurement expédié de nombreux pieds à New-York : « Quoique « M. André Leroy classe cette poire parmi les fruits à cuire, elle ne laisse pas, « néanmoins, d'être bonne pour le couteau. » Observations. — En 1808 on lisait ce qui suit dans le Bon-Jardinier, almanach alors publié par Mordant de Launay : « Bon-Chrétien de Vernois. — M. Prévost de Vernois, propriétaire à Avallon (Yonne), a obtenu cette nouvelle espèce en greffant le Bon- Chrétien d'HivM- sur un Doyenné enté sur Cognassier. » (Page 135.) Ce fut évidemment cette prétendue variété que Noisette voulut désigner en 1821, lorsqu'il dit page 158 de son Jardin fruitier : « Elle a beaucoup de rapports avec le (( Bon-Chrétien d'Hiver, est d'une qualité médiocre et n'est bonne que cuite. » Nous le supposons du moins , et ne sommes nullement étonné que Noisette l'ait assi- milée, ou peu s'en faut, au type dont elle était sortie. Pour nous, qui ne l'avons jamais rencontrée, nous doutons qu'on ait pu longtemps la propager! — La poire Cassante d^Hardenpont n'est pas , comme on l'a parfois avancé , la même que le Bon-Chrétien de Vernois gagné à Liège ; c'est une espèce parfaitement dis- tincte, que M. Decaisne a très-bien caractérisée en 1859, et dont nous parlerons, à notre tour, un peu plus loin. Poire BON -CHRÉTIEN DE VERNON. — Synonyme de Bon- Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. Poire BON-CHRÉTIEN WILLIAMS'S. — Synonyme de poire Williams. Voir ce nom. Poire de BON-CRtJSTUMÉNIEN. — Synonyme de Bon- Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. 282. Poire BON-GUSTAVE. Deseription de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Bameaux : très- nombreux, un peu arqués et des plus étalés, assez grêles, courts, légèrement coudés, brun clair cendré, à lenticelles fines et rapprochées, à coussinets aplatis. — Yeux : petits , ovoïdes-pointus , écartés du bois , ayant les écailles grises et fai- blement entr'ouvertes. — Feuilles : abondantes, petites, généralement ovales ou arrondies, presque entières aux bords, quelque peu canaliculées et contournées, munies d'un pétiole fort et très-court. Fertilité. — Convenable. Culture. — C'est un arbre assez faible et tardif à se développer, sur cognassier, où il fait d'assez jolies pyramides ; nous ne l'avons pas encore étudié sur franc. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et souvent plus considérable. — Forme : turbinée, obtuse;, bosselée, excessivement ventrue à la 472 BON [bon pap — par] base et généralement déprimée d'un côté, au sommet. — Pédoncule : long, mince, renflé aux extrémités, obliquement inséré dans une vaste dépression peu profonde. — Œil : petit, contourné, à peine formé, parfois comprimé dans une cavité en entonnoir ordinairement Poire Bon-Gustave. bien prononcée. -Pmz^.- vert clair, ponctuée de brun et complètement marbrée de roux. — Chair : verdâtre, demi- fine, fondante , pierreu- se, juteuse, légèrement marcescente. — Eau : excessivement abondan- te, acidulé, savoureuse et sucrée. Maturité. — Fin oc- tobre et courant de no- vembre. Qualité. — Première, lorsque sa chair est peu granuleuse et ne laisse aucun marc dans la bou- che. Historique.» — Le poirier Bon-Gustave pro- vient des semis du ma- jor Esperen, de Malines, maisil ne fructifia qu'en 1847, après la mort de ce personnage. M. Berckmans, pépiniériste belge qui venait de fonder un établissement à Plainfield, dans l'Amérique du Nord, ayant acheté quelques-uns des sauvageons de la collection d'Esperen, se trouva ainsi possesseur de cet arbre, et lui donna le nom de son fils. Nous voyons à la page 165 du Portefeuille des horticulteurs , qu'en 1848 un premier prix fut décerné par le jury parisien à M. Dupuy-Jamain , l'un de nos confrères de là capitale, pour un lot de poires Bon-Gustave envoyé à l'Exposition du Jardin d'Hiver. Ce qui prouve bien, comme nous l'avons observé ci-dessus , que cette variété n'est pas toujours de deuxième ordre, qu'elle peut, au contraire, se montrer parfois très-méritante. Poire BON-PAPA. — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. 283. Poire BON-PARENT. IVescription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , habituelle- ment étalés et arqués, gros et longs, flexueux, brun-fauve légèrement rougi, ayant les lenticelles larges, rapprochées, les mérithalles courts et les coussinets peu saillants. — Yeux : moyens, ovoïdes-pointus, duveteux, non appliqués contre BON [bon par — roi] 473 l'écorce. — Feuilles : rarement abondantes, ovales, acuminées, à bords crénelés ou finement dentés , à pétiole court, roide et très-épais. Fertilité. — Excessive. Poire Bon -Parent. LuLTURE. — Jusqu a sa deuxième année ce poirier reste assez faible , mais il prend ensuite un beau développement; nous lui donnons le cognassier, et les pyramides qu'il y fait sont aussi régulières qu'élé- gantes. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : tur- binée-allongée, quelque peu contournée près du sommet et assez fortement bosselée. — Pédoncule : court, mince, arqué, oblique- ment inséré à la surface et souvent continu avec la chair. — OEil : petit, rond, mi-clos ou fermé, placé à fleur de fruit. — Peau : verdâtre, largement maculée de gris dans l'ombre et de brun-roux du côté du soleil. — Chair : blanche, fine, mi -fondante, aqueuse, presqu'exempte de pierres. — Eau: suffisante, sucrée, vineuse, aigrelette, aro- matique , fort agréable. Maturité. — Du commencement d'octo- bre jusqu'à la fin de ce mois. Qualité. — Première, et quelquefois deuxième par l'âpreté de son eau. Historique. — Gagnée en Belgique vers 1820, M. Alexandre Bivort nous apprend « qu'elle appartient aux semis de M. Simon Bouvier, de Jodoigne, et qu'en « I80I elle était âgée d'une trentaine d'années environ. » [Album de pomologie, t. IV, pp. 131-132.) Observations. — Cette pcire demande à n'être mangée qu'au moment même où elle atteint son point complet de maturité; autrement on lui trouvera toujours une acerbité des plus marquées. 284. Poire BON-ROI-RENE. Description de l'arbre. — Bois : très-faible. — Rameaux : assez nombreux, étalés ou réfléchis, quelquefois contournés, grêles, courts, peu coudés, vert clair lavé de rouge sombre, à lenticelles des plus fines et des plus espacées, à coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes, ordinairement assez pointus, appliqués contre le bois. — Feuilles : très-petites, ovales, souvent acuminées, ayant les bords faiblement dentelés en scie, le pétiole assez long, menu, un peu rougeâtre. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Ce poirier ne réussit que sur franc; sa croissance est tardive ; quant à ses pyramides, elles sont basses et très-irrégulières ; l'espalier lui convient parfaitement. " 474 BON [bonne mie — ANJ] Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et souvent plus considérable. — Forme : conique, irrégulière, obtuse et bosselée, légèrement étranglée vers les deux tiers de sa hauteur. — Pédoncule : assez long, arqué, excessivement gros et charnu Poire Bon-Roi-René. à la base , mais diminuant ensuite progressivement de volume jusqu'à son point d'at- tache , où il est même un peu grêle ; obliquement implanté à fleur de peau , il se montre , d'un côté seulement, continu avec le fruit. — Œil : grand, très-ouvert, parfois contourné, à peine enfoncé. — Peau : vert clair, entièrement ponctuée et réticulée de roux. — Chair : blanche, demi-fme, compacte, fondante , juteuse , faiblement granuleuse autour des loges. — Eau : extrêmement abon- dante, fraîche, acidulé, sucrée, douée d'une exquise saveur beurrée et d'un arôme fort délicat. Maturité. — Fin août et commencement ou courant de septembre. Qualité. — Première. Historique. — Elle pro- vient de mes semis et le pied- type s'est mis à fruit en 1864, Je l'ai dédié, vu l'excellence de ses produits, à l'oncle de Louis XI, à ce vénérable duc d'Anjou qui, poëte et peintre, eut Angers pour berceau, l'habita longtemps et sut y mériter le surnom de Bon mi René, que la postérité lui conserve à si juste titre. Poire BONNE- AMET. — Synonyme de poire Saint- François. Voir ce nom. 285. Poire BONNE D'ANJOU. description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, légè- rement étalés, gros, longs, très-coudés, brun grisâtre lavé de rose auprès des yeux, ayant les lenticelles larges, rapprochées, et les coussinets presque aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes, duveteux, écartés du bois, à écailles entr'ouvertes. — BON [bonne anj — ant] 475 Feuillea : petites, ovales, planes ou contournées, régulièrement dentées, portées sur un pétiole court et fort. FERTU.riÉ. — Extrême. Poire Bonne d'Anjou. Culture. — Sa vigueur est satisfai- sante et son développement hâtif; sur cognassier il prend une forme pyrami- dale des plus convenables. Description du fruit. — Gros- sem^ : moyenne et quelquefois volumi- neuse. — Forme : ovoïde, irrégulière et très-bosselée. — Pédoncule : peu long, à peine arqué , mince au milieu , renflé aux extrémités, obliquement implanté à fleur de peau. — OEil : petit, souvent contourné, mi-clos, placé dans un bassin dont la grandeur et la profondeur va- rient beaucoup. — Peau : épaisse , jaune vif, toute parsemée de points gris foncé et vermillonnée sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanc jaunâtre, fme et compacte , aqueuse , excessive- ment fondante, peu pierreuse. — Eau: toujours abondante, sucrée, vineuse, rafraîchissante, parfumant délicieuse- ment la bouche. Maturité. — Fin septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Cette poire était gagnée de semis dans nos cultures, en 1864; le nom qu'elle porte indique à la fois et son origine et sa qualité. 286. Poire BONNE-ANïONINE. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Manteaux : assez nombreux, étalés, grêles, courts, peu géniculés, vert clair grisâtre, à lenticelles très-appa- rentes mais clair-semées, à coussinets saillants. — Yeux: petits, ovoïdes-obtus, légèrement écartés du bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : des plus petites, abondantes, ovales ou elliptiques, contournées dans tous les sens, et sur- tout sur elles-mêmes, dentées en scie, munies d'un pétiole court, épais et roide. Fertilité. — Convenable. Culture. — Ce poirier est tellement délicat, qu'il pousse à peine sur cognassier ; il faut le greffer sur franc, où même on le voit croître très-lentement, très-impar- faitement, et ne prendre qu'une forme pyramidale peu satisfaisante. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse et souvent énorme. — Forme : conique-allongée , obtuse, légèrement bosselée et généralement un peu 476 BON [bonne ant] contournée près du sommet. — Pédoncule : très-court, mince, renflé à l'attache, à peine arqué , obliquement inséré dans un étroit évasement où le comprime un mamelon habituellement bien Poire Bonne-Antonine. j ' i ' /-»ri •; i développe. — Œil : grand, rond, ouvert, régulier, placé dans une profonde cavité en entonnoir. — Peau : jaune d'or terne, ponctuée, réticulée et marbrée de roux, largement maculée de même autour du pédoncule et autour de l'œil, auprès duquel elle est en outre couverte de petites taches bru- nes, squammeuses. — Chair : blanc jaunâtre, fine, juteuse et compacte, des plus fondan- tes, presque exempte de gra- nulations. — Eau : abondante, fraîche , sucrée , savoureuse , douée d'un arrière- goût anisé excessivement agréable. Maturité. — Vers la mi- octobre et se prolongeant aisé- ment une quinzaine de jours. Qualité. — Première. Historique. — Cette poire Bonne-Antonine, qu'aucun pomologue n'a décrite , figure depuis environ douze ans dans notre école. Nous avons oublié quelles mains l'y envoyèrent et pensons qu'il serait assez difficile d'en réclamer la paternité, car elle n'est autre, arbre et fruit, que le Beurré Flon gagné en 1852 à Angers. (Voir plus haut, page 363.) Et là, l'identité est si complète qu'on retrouve même sur le bois de la Bonne-Antonine les gerçures, les chancres nombreux cou- vrant habituellement le poirier de notre concitoyen. Malheureusement j'en ai acquis la certitude beaucoup trop tard. On voudra donc bien, ici, prendre bonne note de mon affirmation et comparer, au cas de doute, le présent article avec celui du Beurré Flon. Observations. — En 1859 M. de Liron d'Airoles, dans une Table de fruits A l'étude faisant suite à sa Liste synonymique historique des variétés du poirier, men- tionnait en ces termes une poire Bonne-Antonine : « Arbre vigoureux, très fertile. — Fruit à couteau, moyen, fondant, de l^' ordre. — Matu- rité : décembre. — Synonymie : Variété nouvelle. — Origine : M. Boucquiau. » (Page 31.) Nous citons ce court passage pour qu'il soit démontré : 1° que le poirier auquel on l'applique ne se rapporte nullement à notre poirier Bonne-Antonine, planté vers 1854 et si loin, lui, d'être « vigoureux et très-fertile; » 2° que ses produits diffèrent essentiellement des produits de la variété mise à l'étude par M. de Liron d'Airoles, puisqu'ils sont volumineux, et non « moyens, » et mûrissent en octobre, BON [bonne avk — cha] Ail et non point en « décembre. » Mais l'honoralile auteur qui taisait ainsi connaître il y a huit ans cette Bonne-Antonine, n'en a jamais reparlé depuis, et les principaux Catalogues sont muets également à l'endroit de ce fruit. Cependant si plus lard on l'y trouvait porté avec les caractères que lui attribue M. de Liron d'Airoles, il fau- drait admettre son authenticité et croire à quelqu'erreur d'étiquetage , relative- ment au poirier qui jadis nous fut vendu sous ce même nom Bonne-Antonine, Poire BONNE D'AYRANCHES, — Synonyme de poire Bonne-Louise d'Avranches. Voir ce nom. 287. Poire BONNE-CHARLOTTE. Description de l'apbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, presque érigés, de grosseur moyenne, peu longs, géniculés, vert herbacé lavé de rouge auprès des yeux, à lenticelles fines et très-espacées, à coussinets légèrement saillants. — Yeux : moyens ou petits, arrondis , faiblement écartés du bois, ayant les écailles disjointes. — Feuilles: des plus petites, habituellement ovales ou ellip- tiques, régulièrement dentées en scie, sur leurs bords, et pourvues d'un pétiole court et bien nourri. Fertilité. — On la dit « très-grande. » Culture. — Introduit seulement depuis trois ans dans nos pépinières, ce poirier y a été greffé sur cognassier ; il a fait d'assez belles pyramides et paraît doué d'une vigueur convenable. IVota. — Nous n'avons pu ni déguster ni dessiner cette poire, qui n'a pas encore mûri chez nous ; la description et la sil- houette qui vont suivre sont donc empruntées à M. Alexandre Bivort, son propagateur, auquel nous devons déjà le renseigne- ment ci-dessus, touchant la fer- tilité de l'arbre. a^escription du fruit. — « Grosseur : moyenne. — « Forme : assez inconstante, « ayant parfois celle du « Doyenné , mais ordinaire- « ment d'un pyriforme régu- « lier, et bosselée. — Pédon- « cule : long de trois à quatre « centimètres, gros, ligneux, « attaché superficiellement « au fruit par une excrois- « sance charnue , souvent « déplacé par une légère gib- « bosité ; sa couleur est le « brun clair. — OFil : il est « irrégulier , clos , placé dans une cavité peu profonde et bosselée ; ses divisions 478 BON [bonne deu — ézé] «sont roides, grises, quelquefois caduques. — Peau : mince, lisse, vert clair, « légèrement lavée de pourpre au soleU et de roux du côté de l'ombre ; autour du « pédoncule et de l'œil elle est maculée et ponctuée de rouille grisâtre. — Chair : « blanche, assez fine, plutôt beurrée que fondante. -^ Eau : suffisante, sucrée, « fortement parfumée ou légèrement musquée. » Maturité. — « Fin d'août et en septembre [à Bruxelles]. Il est probable que « dans un climat plus méridional elle aurait lieu au commencement d'août. » Qualité. — « C'est un bon fruit. » [Album de pomologie, 1849, t. II, pp. 123-124.) Historique. — Ce fut en 1849, selon M. de Liron d'Airoles [Liste synonymique des variétés du poirier^ 1839, 1" supplément, p. 19), que M. Alexandre Bivort vit fructifier pour la première fois ce poirier, qu'il avait obtenu de semis dans le Jardin de la Société Van Mons, à Geest-Saint-Remy, près Jodoigne (Belgique). En 1834, il figurait encore, comme variété à l'étude, parmi les sujets de ce Jardin; sa cul- ture ne pouvait donc s'être déjà répandue au loin. Mais aujourd'hui même, à peine le connaît-on en France. Il n'a pas paru dans nos Catalogues et n'y prendra place qu'au cas où ses produits se montreront de qualité supérieure. Il convient effecti- vement, en présence du nombre bientôt millénaire des poiriers livrés à la multi- plication, de n'emprunter désormais aux étrangers que des espèces d'un mérite véritablement exceptionnel. Poire BONNE DEUX FOIS L'AN. — Synonyme de poire de Deux fois l'an. Voir ce nom. Poire BONNE -ENTE. — Synonyme de poire Doyenné. Voir ce nom. 288. Poire BONNE D'EZEE. Synonymes. — Poires : 1. Belle et Bonne d'Ézée (Bivort, Album de pomologie, 1847, t. I, p. 84 ). — 2. Bonne des Zées {Id. ibid.). — 3. Bonne des Haies (de Liron d'Airoles, Liste synonymique des variétés du poirier, 1859, p. 38). — 4. Belle-Excellente ( Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1859, t. [I). I>escE*iptioii de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : des plus nom- breux, légèrement étalés et généralement un peu arqués, gros, courts, à peine coudés, brun jaunâtre ou verdâtre, ayant les lenticelles apparentes et très -espa- cées, les coussinets excessivement ressortis et les mérithalles courts. — Yeux : ovoïdes-pointus^ volumineux, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : de gran- deur moyenne, très-abondantes, ovales ou elliptiques-arrondies, à bords quelque peu relevés et régulièrement dentés, portées sur un pétiole long et grêle. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Assez faible jusqu'à deux ans, ce poirier prend ensuite un bon développement; nous le greffons sur cognassier ou sur franc, et toujours ses pyramides sont belles , excessivement feuillues et des mieux ramifiées. Uescription dii fruit. — Grosseur : volumineuse, mais quelquefois aussi, moyenne. — Forme : ovoïde-allongée, généralement bosselée et contournée. — Pédoncule : court, noueux et extraordinairement gros, comme dans le type ici BON [donne ézé]. 479 figuré, ou assez long et alors beaucoup moins fort; rarement arqué, il est en outre constamment renflé à sa base et inséré obliquement à la surface de la chair, mais parfois en dehors de l'axe du Poire Bonne d'Ezée. (v.iU /i/v' / tu t iruit. — UiiiL : petit, ouvert, régulier, à peine enfoncé. — Pi-au : assez épaisse, huileuse, jaune- citron ou jaune d'or, ponctuée et tachetée de roux clair, lavée de même autour de l'œil et près du pédon- cule. — Chair : blanche, très- fine et très-fondante, aqueu- se, habituellement des plus granuleuses au centre. — Eau : extrêmement abon- dante, sucrée, acidulé, douée d'un arôme exquiii. Maturité. — Commence- ment et courant de septembre . Qualité. — Première. Hiistorique. — Plusieurs pomologues ont parlé de l'origine de cette délicieuse poire , mais d'une façon fort incomplète; excepté cepen- dant M. Eugène Forney, professeur d'arboriculture , dont les renseignements sur ce point laissent peu à dé- sirer. « Ce fruit — écrivait- « il en J862 — a été décou- «vert en 1838 à Ézée, près « Loches , par M. Dupuy - « Jamain , pépiniériste à Pa- « ris. Quoique circonscrit dans la localité, il y était assez répandu. Le pied-mère, « qui se trouve dans le jardin d'un chaufournier, avait alors environ cinquante « ans. » [Le Jardinier fruitier, t. I, p. 190.) Complétons ces détails en disant que ce fut M. Dupuy père, horticulteur à Loches, et non son flls M. Dupuy-Jamain, qui en fit la découverte ; mais ce dernier le mit dans le commerce. Ainsi c'est en Touraine, et vers 1788 , que la Bonne d'Ezée, dont le sauvageon poussa sans doute spontanément, mûrit pour la première fois. Comme elle ne portait aucun nom quand on la rencontra, son propagateur lui donna celui du village où elle était née. Depuis lors ce fruit s'est répandu de tous côtés , en France , en Allemagne , en Angleterre et jusqu'aux États-Unis, où dès 1849 nous commencions à l'expédier. ObsePYatious. — On regardait il y a quelques années, à Paris particulière- ment, la poire belge Charles Frederickx comme identique avec la Bonne d'Ezée. C'était une fausse opinion qu'il nous paraîtrait impossible d'émettre de nouveau , maintenant que ces deux fruits sont devenus beaucoup plus communs chez nos pépiniéristes. Quant à nous qui les cultivons depuis vingt ans, jamais nous 480 BON [bonne foi — jalJ n'aurions pu partager cette opinion, tellement ils se sont toujours montrés, dans notre école, distincts les uns des autres. Poire BONNE -FOI. — Synonyme de poire de Fontambie. Voir ce nom. Poire BONNE -GRISE DE NANCY. — Synonyme de poire Jules Biaise. Voir ce nom. Poire BONNE DES HAIES. — Synonyme de poire Bonne d'Ézée. Voir ce nom. 289. Poire BONNE DE JALAIS. description de l'as°bre. — Bois : un peu faible. — Rameaux : nombreux, érigés ou légèrement étalés, de grosseur moyenne, assez longs, coudés, brun clair verdâtre, abondamment et finement ponctués, ayant les coussinets bien accusés. — Yeux : moyens, coniques, aigus, larges à leur base et sou- vent sortis en éperon. — Feuilles : grandes, ovales-allongées, acuminées, planes ou ca- naliculées , à bords régulièrement dentés , à pétiole court et grêle. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il n'est pas des plus vigou- reux, mais le franc lui fait prendre un assez beau développement et une forme pyrami- dale très-convenable. S$eseription du fi'uit. — Grosseur : au - dessous de la moyenne. — Forme : ovoïde-arrondie , bosselée, ayant habituel- lement un côté moins ventru que l'autre. — Pédoncule : un peu court, mince, faible- ment recourbé, implanté obliquement à fleur de peau ou dans un large évasement sans profondeur. — Œil : petit, mi-clos ou fermé, irrégulier, rarement très- enfoncé. — Peau : rugueuse, jaune-paille, ponctuée de brun clair et couverte de nombreuses macules roussâtres, surtout aux deux extrémités du fruit. — Chair : blanchâtre, mi-fine, fondante, parfois un peu sèche, légèrement pierreuse autour des loges. — Eau: suffisante, excessivement sucrée, possédant une agréable saveur. Maturité. — De la moitié de septembre jusqu'à la fin de ce même mois. Qualité. — Deuxième. Historique. — Cette petite poire fut obtenue de semis en 1837, à Nantes, par M. Jacques Jalais, jardinier-pépiniériste dont nous avons précédemment décrit un autre gain, le Beurré Jalais. (Voir pages 380-381. ) BON 481 Oliservaiions. — En raison de son assez longue conservation, elle convient parfaitement pour l'approvisionnement des marchés, d'autant mieux que l'arbre se plaît beaucoup dans le verger. 290. Poire BONNE-JEANNEl Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux, érigés, de grosseur moyenne , courts , légèrement coudés, marron foncé habituellement tacheté de gris, à lenticelles fmes et rapprochées, à coussinets saillante. — Yeux : gros ou moyens, ovoïdes, généralement très -écartés du bois. — Feuilles : petites , abondantes , ovales ou elliptiques-arrondies, ayant les bords profon- dément dentés en scie , le pétiole court et menu. Fertilité. — Prodigieuse. ' Culture. — Faible sur cognassier, cet arbre croit vite et bien sur franc, où il fait dès sa deuxième année de johes pyramides, régu- lières et touffues. Description du frnit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne ou petite. — Forme : turbinée , obtuse et habituellement déprimée, d'un côté, près du pédoncule et de l'œil. — Pédoncule: assez long, menu, recourbé, implanté obliquement au milieu d'une légère dépression dont l'un des bords est presque toujours mamelonné. — OEil ; petit, mi-clos, placé peu profondément dans un étroit bassin en entonnoir. — Peau : jaune d'ocre, ponctuée, marbrée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et lavée, sur la partie exposée au soleil, de rouge -brique ou de rouge violacé des plus brillants. — Chair: blanc verdâtre, mi -fine et mi-cassante, un peu sèche, marcescente, presque exempte de pierres. — F au : parfois insuffisante, mais très-sucrée, douceâtre et possédant un arrière-goût fenouillé qui n'est pas désagréable. Maturité. — Vers la moitié d'août. Qualité. — Troisième. Historique. — Nous ignorions quelle était la contrée originaire de ce poirier, dont les produits conviennent uniquement pour la halle, quand M. Becaisne est venu nous l'apprendre en 1861. On ht effectivement au tome IV de son Jardin fruitier du Muséum : « Le poirier Bonne- Jeanne est cultivé en grand aux environs de Paris j les communes de Gagny, Champigny, Ceuilly, en possèdent des arbres plus que séculaires et dont les fruits se vendent en quantité considérable sur nos marchés, où leur brillant coloris les fait surtout rechercher des enfants. La fertilité de cet arbre est telle, que j'ai souvent compté plus de vingt poires sur des rameaux dont la longueur n'atteignait pas 25 à 30 centimètres. » 11 est donc à peu près certain que cette variété a dû naître là précisément où Ton 31 482 BON en rencontre aujourd'hui des sujets « plus que séculaires. » Mais y a-t-elle toujours été appelée Bonne- Jeanne?... Cela semble douteux, lors surtout qu'on ne la voit mentionnée par aucun des pomologues du xyu*" siècle ou du xvni% qui pourtant parlèrent si complaisamment des fruits répandus autour de la Capitale. Quant à retrouver l'autre nom que jadis elle a pu porter, on n'y doit pas songer, les des- criptions des fruits anciens actuellement inconnus, descriptions dont il faudrait s'aider pour y parvenir, étant beaucoup trop vagues, beaucoup trop incomplètes. Poire BONNE DE LONGUEVAL. — Synonyme de poire Bonne-Louise d'Avranches. Voir ce nom. Poire BONNE -LOUISE. — Synonyme de poire Bonne-Louise d'Avranches. Yoir ce nom. Poire BONNE -LOUISE D'ARAUDORÉ. — Synonyme de poire Bonne-Louise d'Avranches. Voir ce nom.-- 291. Poire BONNE-LOUISE D'AVRANCHES. Synonymes. — Poires : 1. Bergamote d'Avranches (Prévost, Cahiers pomolo- giques, 1839, p. 35). — 2. Bonne de LoNGUEVAL {Id. ibid.). — 3. De Jersey' ( Id. ibid.). — 4. LouiSE-BoNNE d'Avran- ches {Id. z'ôîc?.). — 5. Beurré d'Araudoré (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 143, uo 299). — 6. Bonne- Louise d'Araudoré {Id. ibid.]. — 7. Louise- Bonne de Jersey ( Id. ibid.). — 8. Beurré d'Avranches (comte Lelieur, la Pomone française, 1842, p. 429).— 9. BONNE- Louise {Id. ibid. ). — 10. Bonne d'Avran- ches (Thuillier-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, 1855, pp. 12-13). — 11. Louise DE Jersey {Id. ibid.). — 12. De Louise (Dùchûahl, Obskunde, t. 11, p. 138). — 13. William l\ {Id. ibid.). — 14. Prince Germain (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. 111). Ueseriptioit de l'arbre. — Bois : fort. — Bameaux : assez nom- breux, érigés près du sommet de la tige, étalés vers la base et sou- vent arqués , très-gros , longs , un peu géniculés , rouge grisâtre nuancé de vert. — Yeux : moyens, ovoïdes-aplatis, pointus, duveteux, collés contre l'écorce. — Feuilles : elliptiques-lancéolées , légèrement cotonneuses , aiguës , arquées ou relevées en gouttière , ayant les bords BON 483 irrégulièrement dentés ou denticulés, et le pétiole peu long mais très-fort et fai- blement lavé de rouge clair. Fertilité. — Grande. Culture. — Le développement de ce poirier est rapide; il végète non moins bien sur cognassier que sur franc, et fait de belles et hautes pyramides. Description dw fruit. — Grosseur : volumineuse ou au-dessus de la moyenne. — Forme : ovoïde -allongée, légèrement bosselée, ayant presque tou- jours un côté plus ventru que l'autre. — Pédoncule : assez long, rarement arqué, mince au milieu, habituellement renflé à ses extrémités, obliquement implanté à la surface du fruit, avec lequel il est parfois continu, mais seulement d'un côté. — OEil : moyen , rond , clos ou mi-clos , placé dans un large évasement de profon- deur variable. — Peau : vert jaunâtre, couverte de gros points brun clair et tein- tée de rouge vif sur la partie qui regarde le soleil. — Chair : blanche, fine, des plus fondantes, juteuse, sans pierres. — Eau : excessivement abondante, sucrée, vineuse, acidulé, possédant une saveur parfumée non moins exquise que particulière. Maturité. — De la mi~ septembre jusqu'à la mi-octobre. Qualité. — Première. Historique. — Le pied-type qui donna naissance à la délicieuse poire que , nous venons de décrire, fut obtenu de semis par un gentilhomme normand nommé Longue val et se mil à fruit vers 1780. M. de Longueval habitait la ville d'Avran- ches (Manche), aux portes de laquelle vivait alors, dans sa modeste retraite du Bois-Guérin, l'abbé le Berryais, regardé comme l'agronome et le pomologue le plus savant du xviii'' siècle. La passion de ces deux hommes pour l'horticulture , les rapprocha; à ce point que dînant un jour chez son ami, l'abbé se vit, au des- sert, chargé par lui de déguster les premiers produits de son remarquable poirier. Or, il les trouva doués d'un tel mérite, qu'en courtois convive il dit à M""^ Louise de Longueval, dont on appréciait infiniment la bienfaisance et les vertus : « Cette « nouvelle poire est si parfaite , que je vous demanderai la permission de lui ft appliquer le surnom qu'ici chacun vous donne : de la nommer Bonne -Louise. » Et de fait ce nom lui demeura. — Ces détails authentiques, restés longtemps dans la mémoire de quelques personnes de la localité, furent ensuite recueilhs, accrédi- tés par le Comice horticole d'Avranches , mais trop tard cependant pour empêcher un pépiniériste de cette ville, M. le Grandais, d'adresser en 1839 au Comice d'Angers la note suivante, qui allait jeter dans l'erreur plusieurs écrivains : « Louise-Bonne. — Elle est originaire des pépinières de M. de Longueval, d'Avranches, où elle donna du frviit pour la première fois vers l'année 1788. Elle fut appelle Bonne de Longueval. Enfin le célèbre le Berriays, qui habitait une campagne auprès d'Avranches, la décrivit dans son excellent ouvrage intitulé Traité des jardins, et lui donna le nom qu'elle porte aujourd'hui, l'ayant dédiée à une demoiselle Louise, qui était sa fille de confiance. » [Bulletins du Comice horticole de Maine-et-Loire, 1838-1839, p. 142.) Et ce fut aussi, bien évidemment, ce renseignement inexact qui donna naissance à cette autre version, non moins erronée, « que M. de Longueval avait dédié ce «fruit à sa bonne, Louise. » Quant à nous, tout en regrettant que le Comice d'Angers ait été en 1839 l'éditeur de la note ci-dessus, nous nous empressons de l'avouer afin qu'on ne continue plus d'en attribuer la mise en circulation à des auteurs qui n'eurent qu'un tort, celui de copier dans nos Bulletins ce passage fautif sans indiquer à quelle source ils le puisaient. Mais en 1861 M. Laisné, président du 484 BON nouveau Cercle horticole d'Avranches, avait déjà relevé ces erreurs dans une lettre dont nous allons reproduire les principaux passages, car elle contient un histori- que fort intéressant de cette variété et de la majeure partie de ses synonymes : « Je ne sais — dit cet lionorahle personnage — dans quelle imagination a pu naître l'idée adoptée par le Congrès pomologique;, que cette poire a été « dédiée par M. de Lon- « gueval à sa bonne, Louise. » Quoique j'aie lieu de penser que cette histoire, qui attribue à M. de Longueval un rôle un peu ridicule, soit partie primitivement d'Avranches, je dois la repousser énergiquement... C'est bien M™'^ de Longueval qui avait le nom de Louise (je l'ai vérifié sur plusieurs actes) et à laquelle la poire a été réellement dédiée. Et c'est également à l'abhé le Berriays que la tradition constante et universelle du pays, et une biographie locale imprimée dés 1808, attribuent cette dédicace... Toutefois, ce n'est pas le nom déjà connu, de Louise-Bonne, que le Berriays donna à la poire nouvelle, mais bien celui de Bonne-Louise... C'est donc exclusivement sous ce dernier nom qu'il est désirable qu'elle soit désignée... Si cette excellente poire a pu rester inconnue pendant un demi-siècle, cela tient à ce que nos modestes horticulteurs d'Avranches n'avaient alors que des établissements peu considérables et des relations peu étendues, surtout en France, et pricipalement à Paris. Ils en avaient plutôt avec les îles de Jersey et de Guernesey, et même avec l'Angleterre. Ils y firent déjà des envois importants d'arbres fruitiers à la courte paix d'Amiens en 1802, et surtout à partir de 1814... Or, dès 1814 le nom de Louise-Bonne était plus employé dans Avranches que celui de Bonne-Louise; c'est donc sous ce nom de Louise-Bonne qu'elle aura été envoyée à Jersey et qu'elle sera revenue d'Angleterre à Paris, avec l'indication eiTonée de Jersey pour son lieu d'origine... Quant à la date de la découverte, pour laquelle on indique 1788, je suis persuadé qu'elle remonte vers 1780, puisque le poirier-mère était, en 1808, estimé avoir au moins 40 ans (et en effet son aspect seul en indique bien maintenant de 90 à 100). Il remonterait donc vers 1770; et comme cette espèce se met promptement à fruit, il a dii en donner au plus tard en 1780. Cependant ce ne peut être avant 1778, parce que c'est en cette année-là que M. de Longueval acheta sa propriété d'Avranches, et que c'est incontestablement chez lui que le fruit fut obtenu. » [Bevxœ horticole, juillet 1861, pp. 282-283.) Dans l'Anjou, on cultive la Bonne-Louise depuis une quarantaine d'années, et c'est par nous qu'elle y fut propagée , ainsi du reste que l'a constaté M. Eugène Forney dans son Jardinier fruitier, publié en 1861 : « M. Montagne, conservateur « du Jardin botanique d'Avranches — y est-il dit — fit connaître le premier cette «variété... Yers 1827 il en envoya des greffes à M. André Leroy, pépiniériste à « Angers. » (Tome I, pp. 192-193.) — Et cet auteur ajoute : «L'arbre-mère mesure « aujourd'hui 1 mètre 70 de circonférence et a 13 mètres de hauteur. » 292, Poire BONNE DE MALINES» Synonymes. — Poires: i. NÉus d'Hiver (Van Mons, Catalogue descriptif de ses arbres frui- tiers, 1823, p. 41 , n" 996) — 2. La Bonne-Malinoise (Lindley, Guide ta the orchard and kitchen garden, 1831, p. 409). — 3. Beurré de Malines (Thompsou, Catalogue of fruits of the horticul- tural Society ofLondon, 1842, p. 145). — 4. Étourneau {Id. ibid.). — 5. Mjlanaise Cuveuer {Id. ibid.). — 6. Bergamote Thouin (Willermoz, Observations sur le genre poirier, 1848, p. 168). — 7. GoLMAR NÉLis (A. Bivort, Album de pomologie, 1849, t. II, p. 95), — 8. Thouin (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. II). — 9. GoLOMA d'Hiver (Oberdieck, Illustrirtes Handbuch der Obstku?ide, 1860, t. H, p. 527). Hescfiption de i' arbre. — Bois : assez fort. — Hameaux : très-nombreu:S, érigés à la partie supérieure de la tige, étalés à sa base, de grosseur moyenne, longs, des plus géniculés, brun clair grisâtre, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets presque nuls. — Yeux : petits ou moyens, ovoïdes-pointus, écartés du bois, souvent même sortis en éperon et ayant les écailles disjointes. — Feuilles : BON 485 assez petites, abondantes, ovales-lancéolées, régulièrement dentées en scie, portées sur un pétiole long et bien nourri. Poire Bonne de Malines. — Premier Type. Fertilité. — Grande. Culture. — Nous le greffons sur cognassier ou sur franc ; il est d'une bonne vigueur, mais ne prend un beau développement qu'à partir de sa deuxième année; ses pyramides sont d'une forme parfaite, très-feuil- lues et des mieux ramifiées. Desci*ii>tiou du fruit. — Gros- seur : moyenne ou au-dessous de la moyenne. — Forme : variable; se maintenant généralement entre la turbinée obtuse et ventrue et la glo- buleuse fortement bosselée. — Pédon- cule : peu long, peu gros, renflé à la base, arqué, inséré obliquement à la surface. — Œil : très-ouvert, parfois contourné, à segments fort courts, placé dans un vaste bassin profond , arrondi , et dont les bords sont rarement accidentés, — Peau : épaisse , jaune obscur, ponctuée de roux , tachetée de brun clair , rayée de même dans la cavité ombilicale , et largement bronzée, surtout du côté du soleil. — Chair : jaunâtre, fine, excessivement fondante, juteuse et légèrement granuleuse auprès des pépins. — Eau : très-abondante, sucrée, vineuse, acidulé, possédant un déli- cieux parfum qui rappelle celui de la rose. Maturité. — Du commencement de novem- bre jusqu'à la fin de décembre, et souvent même atteignant le mois de janvier. Qualité. — Première. Historique. — Elle appartient à la pomone belge et fut gagnée de semis à Malines par le conseiller Jean-Charles Nélis, grand ama- teur d'horticulture mort en 1834. L'âge de cette variété est imparfaitement connu. M. Bivort pensait en 1849 « qu'elle datait probablement « des dernières années de l'Empire français. » [Album depomologie, t. II, p. 95.) Opinion que nous partageons, en voyant surtout ce fruit répandu déjà chez les Anglais avant 1820, comme le prouve le passage ci-après, que nous traduisons textuellement des Procès- Verbaux de la Société d'horticulture de Londres : « M. John Turner, vice-secrétaire, nous a parlé de cette excellente poire au mois d'octobre Deuxième Type. 486 BON i 820; dans un compte rendu présenté par lui sur plusieurs variétés qu'il avait reçues , pour la Société^ de M. Stoffels, de Malines^ pendant les années 1818 et 1819... Elle s'est reproduite dans notre pays avec toutes les c[ualités qui la rendent si recommandable. {Transactions of the horticultural Society of London, t. IV, pp. 274, 276, et t. V, p. 408.) En France, on ne la cultiva que beaucoup plus tard, au commencement de 1828, selon le dire de M. le professeur Alphonse du Breuil [Cours d'arboriculture, t. II, p. 569-v). Elle y porta d'abord différents noms : Nélis d'Hiver, Colmar Nélis, Bonne de Malines, etc.; mais ce dernier finit par lui rester, et c'est celui soils lequel on la vend généralement partout, aujourd'hui. Du reste, quoiqu'on ait souvent prétendu le contraire, cette dénomination fut bien celle que dès le principe on lui appliqua; le pomologue anglais Lindley l'a formellement constaté, invoquons donc son témoignage : « I^élis d'Hiver... Cette poii-e exquise — écrivait-il en 1831 — a été obtenue de semis par M. Nélis, de Malines, et c'est afin d'honorer ce personnage, qu'on la lui a dédiée. Mais avant qu'on l'eût ainsi nommée, elle était appelée, dans quelques jardins. Bonne de Malines. » [Guide to the orchard and kitchen garden, pp. 409-410.) Observations. — On a cru, il y a quelques années, la poire Docteur Nélis identique avec la Bonne de Malines. Cette croyance était sans fondement, puisque le premier de ces fruits miirit deux mois avant l'autre. Quant à la Bergamote T/ioikn, déclarée également la même que la Bonne de Malines, c'est justice de la classer parmi les synonymes de cette dernière, dont elle ne diffère en rien. Poire la BONNE-MALINOISE. ce nom. Synonyme de poire Bonne de Malines. Yoir Poire BONNE DE NOËL. — Synonyme de poire Belle de Noël. Voir ce nom. Poire BONNE -POIRE DE LOUIS XIV. — Synonyme de poire Épine d'Été. Voir ce nom. 293. Poire BONNE DU PUITS-ANSAULT. Description de l'arbre. — Bois .• très-faible. — Rameaux : assez nombreux , étalés , grêles , courts , légèrement coudés, duveteux, vert clair jaunâtre, finement et abondam- ment ponctués de gris-blanc, à cous- sinets peu ressortis. — Yeux : petits ou moyens , cotonneux , à écailles disjointes , appliqués en partie contre l'écorce. — Feuilles : petites, géné- ralement ovales, acuminées, régu- lièrement dentées en scie, ayant le pétiole faible et de longueur moyenne . Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Il prend indistincte- ment le franc ou le cognassier; sa croissance est lente sur l'un et l'autre de ces sujets ; cependant lorsqu'il atteint sa BON 487 troisième année, il offre des pyramides assez convenables, quoique toujours un peu chétives. Description dïi frtût. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde-arrondie, ordinairement plus renflée d'un côté que de l'autre, et portant au sommet un mamelon très-prononcé. — Pédoncule : court ou excessivement court, assez fort, rarement recourbé, régulièrement inséré dans un large éyasement dont l'un des bords est constamment plus élevé que l'autre. — OEil : moyen, contourné, clos ou mi-clos , presque saillant. — Peau : épaisse , rugueuse , bronzée , parsemée de gros points verdâtres ordinairement peu rapprochés. — Chair : blanche, extrêmement fine et fondante, juteuse, légèrement pierreuse au centre. — Eau : des plus abon- dantes, sucrée, délicatement musquée, douée d'un aigrelet fort agréable. Maturité. — De la mi-septembre jusqu'à la fin de ce mois. Qualité. — Première. Historique. — Nous l'avons gagnée de semis, dans nos pépinières d'Angers. Le pied-type se mit à fruit en 1863. Le nom qu'il porte est celui de l'enclos où il a poussé; sa propagation date de 1865. Poire BONNE - ROUGE. — Synonyme de Bergamote Gansel. Voir ce nom. 294. Poire BONNE DE SOULERS, {Synonymes. — Poires : 1. Bergamote BE SouLERS (Duhamel du Monceau, Traité des arbres fruitiers , 1768, t. 11^ p. 168). —2. Beurré BE Pâques ( comte Lelieur, la Pomone française, 1842, p. 375). — 3. Beurré be Soulers (Id. ibid.). — 4. SucRÉ vert be Pâques (Dochnahl, Obstkunde,i. II, p. 95). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Ra- meaux : nombreux, légèrement étalés, bien nourris, longs, peu géniculés , vert olivâtre , à lenti- celles fines et rapprochées, à cous- sinets rarement très-ressortis. — Yeux : petits, coniques -pointus, à large base, non appliqués contre l'écorce , ayant les écailles faible- ment entr'ou vertes. — Feuilles : abondantes, grandes^ elliptiques- arrondies , acuminées , planes ou relevées en gouttière, régulière- ment dentées et portées sur un pétiole assez court, épais et roide. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — La vigueur de ce poirier est bonne, sans avoir ce- pendant rien d'excessif; on le 488 BON greffe sur franc ou sur cognassier; il développe promptement son écusson et prend une jolie forme pyramidale. Description An fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : variant entre l'ovoïde régulière ou la turbinée obtuse, ventrue et bosselée. — Pédoncule : long, mince , recourbé , parfois renflé à l'attache , presque toujours inséré obliquement dans une large et peu profonde cavité. — Œil : grand, bien fait, ouvert, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre pâle, couverte de points fauves, tachetée de même auprès de l'œil et du pédoncule, et faiblement lavée de rouge-brique sur la face qui regarde le soleil. — Chair : blanche, fine ou mi-fine, fondante ou mi-fon- dante, exempte de granulations. — Eau : suffisante, sucrée, peu acidulé, possé- dant un parfum particulier qui la rend des plus savoureuses. Maturité. — Fin janvier et pouvant atteindre les mois de mars ou d'avril. Qualité. — Première. Historiqifle. — Jusqu'en 167S aucun pomologue ne parle de ce fruit, mais à cette date notre vieux Merlet le caractérise ainsi : « La Botme de Soulers est une espèce de Bergamotte d'Hyver, tres-bœurée et de bon goust, qui se garde longtemps , et se mange des dernières. » [L'Abrégé des bons fruits, 2*^ édition, 1675, p. t23.) Ce fut donc vers la moitié du xvii^ siècle qu'on commença à la connaître, et sa bonté ne tarda pas à la répandre un peu partout, chez nous, et même à l'étranger. Duhamel du Monceau, en 1768, la décrivit minutieusement et la figura dans son Traité des arbres fruitiers (t. II, p. 168) ; mais il affecta de la nommer plutôt Berga- mote, que Bonne de Soulers, surnom mal choisi, car cette poire n'a réellement rien de la forme des Bergamotes. En Allemagne, où depuis longtemps elle est hautement appréciée, l'opinion d'un auteur estimé, de Mayer, directeur en 1774 des jardins du duc de Wurtemberg, faillit la faire passer pour une variété suisse, native de Soleure. Il croyait qu'on s'était trompé en la lui adressant sous le nom Bergamote de Soulers, et conseillait de lire Soleure. Mais en 1812 le docteur Diel [Kernobstsorten, t. VII, p. 43) releva cette erreur; et il eut raison, ce fruit apparte- nant bien à la France. Toutefois, ni Merlet ni Duhamel n'ont songé à dire de quel lieu il provenait; et à cela rien d'étonnant, car à leur époque on se préoccupait fort peu de semblables détails ; mais aussi peut-être trouvèrent-ils que le mot Soulers indiquait suffisamment la patrie de ce poirier. Or, si l'on consulte le Dictionnaire universel de la France, publié en 1726, on y verra que « Soulers, dans le Gâtinois, « diocèse de Sens, élection de Melun, » était au temps de Merlet un petit village « renfermant 253 habitants. » 295. Poire BONNE-THERESE. Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : nombreux, géné- ralement érigés , de grosseur et de longueur moyennes , vert olivâtre légèrement ombré de brun, ayant les lenticelles très-fines, abondantes, les coussinets saillants et les mérithalles des plus courts. — Yeux : à écailles disjointes, volumineux, coni- ques-pointus, excessivement écartés du bois, souvent sortis en éperon. — Feuilles : petites ou moyennes, très-abondantes, habituellement ovales, acuminées, dentées profondément sur leurs bords,, ayant le pétiole long et gros. Fertilité. — Ordinaire. BON 489 Poire Bonne-Thérèse. Culture. — De vigueur modérée, il est un peu lent à se développer sur le cognas- sier; les pyramides qu'il y fait sont néanmoins régulières et très-convenables; le franc, que nous ne lui avons pas encore donné, devrait rendre sa croissance beaucoup plus prompte. Deseription tltt fruit. — Grossem^ -: moyenne. — Forme : ovoïde-arrondie , régulière, sou- vent bosselée vers sa partie supé- rieure. — Pédoncule : court, non arqué, de force moyenne, obli- quement inséré dans une très- étroite cavité en entonnoir plissée sur ses bords et mamelonnée d'un côté. — OEil: petit, ouvert, rond, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre terne, largement macu- lée de roux autour du pédoncule, rayée de même dans le bassin ombilical et entièrement recou- verte de points, de marbrures, de taches et de petites veines d'un fauve clair ; le tout peu apparent. — Chair : très-blanche et très- fme, fondante, juteuse, exempte de granulations. — F au : exces- sivement abondante et sucrée , acidulé, hautement et savoureu- sement parfumée. Maturité. — Commencement d'octobre et se prolongeant une quinzaine de jours. Qualité. — Première. Historique. — Nous avons reçu ce poirier en 1860, des pépinières royales de Vilvorde-lez-Bruxelles , dirigées anciennement par feu Laurent de Bavay. Il pro- vient des semis du conseiller Nélis, de Mahnes, ainsi que l'indiquait en 1860 le Catalogue de M. de Bavay (p. 24) ; mais comme il y était inscrit parmi les variétés nouvelles , il n'a dû fructifier que longtemps après la mort de ce conseiller, arrivée en 1834. Du reste, on n'a commencé à le propager que depuis cinq ou six ans. Observations. — Par suite d'une mauvaise lecture, sans doute, de l'étiquette que portait ce poirier lorsqu'on nous l'expédia de Belgique, il fut, en 1863, inscrit pour la première fois dans notre Catalogue analytique, sous le nom de Beurré Thérèse ; mais cette erreur, qu'on découvrit assez promptement , ne subsistait plus en 1865; l'édition que nous publiâmes alors lui rendait sa véritable dénomination : Bonne-Thérèse. C'est pourquoi il nous a paru inutile de lui donner Beurré Thérèse pour synonyme ; et nous pouvons même affirmer qu'il n'est sorti sous ce nom , de nos pépinières , qu'un très-petit nombre de sujets. Poire BONNE DES ZÉES. — Synonyme de poire Bonne d'Èzée. Voir ce nom. 490 BON 296. Poire BONNESERRE DE SAINT-DENIS. Premier Type. Description de l'ar- bre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nombreux , généralement étalés , assez gros et assez longs, légèrement coudés, brun olivâtre souvent un peu rosé, à lenticelles lar- ges et clair-semées, à cous- sinets bien accusés. — Yeux : moyens , ovoïdes , ayant les écailles mal sou- dées, larges à leur base et presqu'entièrement collés contre le bois. — Feuilles: petites , ovales-allongées , ondulées, fortement den- tées , portées sur un pétiole court, bien nourri et pour- vu de longues stipules. Fertilité. quable. Remar- Deuxième Type. CuLTURE. — De bonne vigueur, cet arbre se plaît autant sur co- gnassier que sur franc ; peut-être croît -il un peu trop lentement pendant ses deux premières an- nées , mais ensuite on lui voit prendre un prompt développe- ment et former de jolies pyra- mides à ramification parfaite, à feuillage abondant. Description dn fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyen- ne, ou moyenne. — Forme : turbi- née-arrondie et régulière , comme dans notre premier type , ou glo- buleuse bosselée et contournée, comme dans le second. — Pédon- cule : court, gros , non recourbé, souvent renflé à son point d'at- tache, implanté obliquement au milieu d'une faible dépression, et quelquefois se confondant, mais d'un côté seulement, avec la chair. — Œil: grand, mi-clos ou fermée rarement très -enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, BON— BOU 491 striée, tachée de roux. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, granuleuse auprès des loges. — Eau : abondante , sucrée , acidulé , vineuse, douée d'un déli- cieux parfum. Maturité. — Du commencement de décembre jusqu'à la fm de janvier. Qualité. — Première. Historique. — Cette poire exquise, née de semis dans nos cultures en 1863, n'a été propagée qu'en 186o. Nous l'avons dédiée à M. Bonneserre de Saint-Denis, homme de lettres et ancien secrétaire du Comice horticole d'Angers. Poire BONNISSIME DE LA SARTHE. — Synonyme de Poire-Figue d'Alençon. Voir ce nom. Poire de BORDEAUX. — Synonyme de Besi d'Héry ou d'Héric. Voir ce nom. Poire BOSC. — Synonyme de poire Calebasse Bosc. Voir ce nom. Poire BOSCH - PEER. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire BOUCHE -NOUVELLE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. Poire de BOUCHET. — Synonyme de poire Ananas. Voir ce nom. Poire BOUGE. — Synonyme de poire Angélique de Bordeaux. Voir ce nom. Poire BOURDON MUSQUÉ. — Synonyme de poire Oi^ange musquée. Voir ce nom. Poire BOURGMESTRE BOUVIER. — Synonyme de poire Bouvier Bourgmestre. Voir ce nom. Poire BOURGMESTRE DELFOSSE. — Synonyme de Beurré Philippe Delfosse. Voir ce nom. Poire de BOUTOC. — Synonyme de poire d'Ange. Voir ce nom. Poire BOUVARD DES ANGEVINS. — Synonyme de poire Petit-Oin. Voir ce nom. Poire BOUVARD MUSQUÉ. — Synonyme do poire Parfum d'Hiver. Voir ce nom. 297. Poire BOUVIER D'AUTOMNE. Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux, gros, peu longs, érigés à la partie supérieure de la tige, étalés à la base, marron foncé nuancé de vert olivâtre, semé de quelques lenticelles saillantes Poire Bouvier d'Automne, 492 BOU des plus larges et d'un fauve très-clair ; ils ont les coussinets bien marqués. — Yeux : moyens ou volumineux ;, coniques-aigus, à écailles bombées et disjointes, généralement sortis en éperon. — Feuilles : grandes, elliptiques-allongées, coria- ces, planes ou canaliculées ^ fortement dentées en scie , ayant le pétiole court , épais et roide. Fertilité. — Excessive. Culture. — Le franc est le sujet que préfère ce poirier, dont la vigueur laisse à désirer ; il développe lentement son écusson et fait des pyramides peu régu- lières, peu hautes. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessous de la moyenne. — Forme : ovoïde régulière et ventrue. — Pédoncule : assez court, bien nourri, rarement courbé, plus ou moins obli- quement implanté à fleur de peau. — Œil: petit, mi-clos habituellement, souvent contourné, faiblement enfoncé. — Peau : jaune d'or, parsemée d'énor- mes points brun clair, amplement mar- brée de fauve et parfois légèrement bronzée sur le côté qui regarde le soleil. — Chair : blanc jaunâtre , mi-fine et mi-cassante , aqueuse , ayant au centre de nombreuses granulations. — Eau : abondante, sucrée, acidulé, possédant un arôme prononcé qui n'est pas sans délicatesse. Maturité. — Courant d'octobre, et atteignant difficilement la mi-novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Cette poire, qui convient essentiellement pour la vente en gros sur les marchés, nous vient de Belgique, où M. Bivort la dégusta polir la première fois en 1845 ; et le pied-mère, dit ce pomologue, appartenait aux semis de Van Mons, dans la pépinière duquel il portait le n° 6,000. [Album de pomologte, t. I, p. 71 . ) La poire Bouvier d'Automne, qu'il importe de ne pas confondre avec la sui- vante, Bouvier Bourgmestre, de laquelle elle s'éloigne si notablement, est à peine connue en France. Sa culture, cependant, comme fruit de verger, ne serait pas sans avantages, vu l'extrême fertilité de l'arbre et la conservation assez longue de ses produits. 298. Poire BOUVIER BOURGMESTRE. Synonyme. — Poire Nouveau Bouvier Bourgmestre (Congrès pomologique^ Pomologie de la France, 1863, t. I, n» 36). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, habituelle- ment étalés ou réfléchis, gros, longs, géniculés, brun foncé tacheté de gris, à len- ticelles blanchâtres, saillantes, petites, excessivement rapprochées, à coussinets BOU 493 bien développés. — Yeux : coniques ou ovoïdes -allongés, volumineux, écartes du bois, souvent même formant éperon et ayant les écailles légèrement entr'ouvertes. — Feuilles : de grandeur moyenne, ovales ou elliptiques, dentées régulièrement sur leurs bords et munies d'un pétiole long et grêle. FERTiLnÈ. — Ordinaire. Poire Bouvier Bourgmestre. _, ^ Culture. — On le greffe sur franc ou sur cognassier ; modé- rément vigoureux, il ne se dé- veloppe convenablement qu'à partir de sa troisième année ; les pyramides qu'il fait sont assez jolies, mais un peu irrégulières. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — — Forme : conique - allongée , obtuse, comprimée vers le mi- lieu, régulière et peu ventrue. — Pédoncule : long, mince, arqué ou contourné, inséré dans une étroite et petite cavité dont les bords sont rarement accidentés. — Œil : moyen, arrondi, bien fait, placé dans un large et pro- fond évasement souvent bosselé ou plissé. — Peau : jaune clair brillant, couverte de points gris peu apparents, lavée de fauve autour du pédoncule ainsi que dans le bassin ombilical , tache- tée de roux et montrant géné- ralement quelques macules noi- râtres. — Chair : très-blanche et très-fine, fondante, juteuse, contenant au cœur de nombreu- ses et fortes granulations. — Eau : des plus abondantes, vineuse et sucrée , ayant une délicate saveur. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — La Belgique a Vu naître cette variété, décrite il y a déjà plus de quinze ans par M. Alexandre Bivort, auquel nous allons emprunter les détails ci-après, la concernant : « L'arbre qui a produit ce bon fruit provient d'un semis fait en 1824 par feu M. Bouvier, ancien bourgmestre de Jodoigne ; son premier rapport a eu lieu en 1842. » [Album de pomo- %ie, 1849, t. II, p. 34.) Observations. — On a cru pouvoir réunir, en 1859, cette poire au Besi des 494 BRA' Vétérans. Il faut alors que l'on n'ait pas eu sous les yeux la véritable Bouvier Bourgmestre, car elle ne saurait être confondue avec ce Besi, fruit à compote, mûrissant en avril ou janvier, et dont l'arbre, par son port et ses caractères, est si différent du poirier décrit ci-dessus. 299. Poire BRACONOT. Vescription de l'arbre. — Bois : fort. — Hameaux : assez nombreux , étalés, gros, longs, très-flexueux, brun- gris olivâtre , lavés de rouge auprès des yeux, ayant les len- ticelles fines , des plus espacées, et les coussinets peu res- sortis. — Yeux : moyens , ovoïdes , duveteux, très-éloi- gnés du bois, à écail- les légèrement en- tr'ou vertes. — Feuil- les : petites j ellipti- ques-arrondies, acu- minées, souvent re- levées en gouttière, bien dentées sur leurs bords, au pé- tiole long et menu. Fertilité. — Con- venable. Culture. — Ce poirier n'offre rien de particulier dans sa croissance ; il est vigoureux, il prend indistinctement le franc ou le cognas- sier, comme sujet, et se développe parfaitement en pyramide. Description du fruit. — Grosseur : considérable et quelquefois moins volu^ mineuse* — Forme : oblongue, obtuse, excessivement ventrue, bosselée et souvent déprimée d'un côté, près de l'œil. ~ Pédoncule : long, gros, généralement assez renflé à ses extrémités, arqué, obliquement implanté au milieu d'une faible dépres- sion. — OEil : grand, régulier, ouvert, peu enfoncé. — Peau : onctueuse, jaune BRA /*9o d'or, entièrement ponctuée de gris-brun, portant de nombreuses petites taches verdâtres, et lavée de rouge pâle sur la face exposée au soleil. — Chair : jaunâtre, fine, mi-fondante, pierreuse autour des pépins. — Eau : rarement très-abondante, mais sucrée, acidulé et parfumant délicieusement la bouche. Maturité. — D'octobre en novembre. Qualité. — Première. Historique. — Le département des Vosges peut, à bon droit, classer ce nou- veau poirier dans sa pomone. M. de Liron d'Airoles, prié de le faire connaître, lui consacra divers articles il y a quelques années. Voici les principaux passages de celui qu'il insérait en 1862 dans la Revue horticole , de Paris : « L'arbre-mère existe dans le jardin de M"*^ Gabon, à Épinal ; il provient d'un semis fait en 1840 ou 1841 par feu M. Leclerc, propriétaire Il a 7 mètres d'élévation et 0™ 62 de tour à 0™ 50 de terre. Le premier rapport remonte à 1851 ou 1852. C'est à M. Braconot aîné, jardinier-pépiniériste à Épinal, que cet arbre précieux doit sa conservation, et il parait très- juste qu'il prenne le nom de son protecteur L'identité de ce gain a été constatée par un procès-verbal d'une Commission de la Société d'Arboriculture d'Épinal , qu'a bien voulu nous adresser M. de Franoux, son honorable président. » (Année 1862, Juillet, pp. 271-272.) 300. Poire BRANDES. Synonyme.— Poire Saint-Gebmain Brandes (A. Bivort , yl /6M»i de pomologie, 1850, t. III, p. 55-56). l)esei*iptioii de l'arbre. — Bois : faible. — Hameaux : peu nombreux , étalés , grêles, assez longs, coudés, vert-brun clair, finement et abondamment ponctués, à coussinets sail- lants. — Yeux : moyens, ovoïdes-obtus, légère- ment écartés du scion et quelquefois sortis en courts éperons. — Feuilles : petites, lancéolées, faiblement dentelées ou crénelées , ayant le pétiole long et menu. Fertilité. — Grande. Culture. — Il n'est pas vigoureux et croit si lentement sur cognassier, qu'on doit plutôt le grefler sur franc ; ses pyramides , toujours chétives, sont en outre par trop dépourvues de feuilles. nescriptiou du fruit. — Grosseur : au- dessous de la moyenne et parfois plus volumi- neuse. — Forme : ovoïde-allongée, légèrement ventrue, souvent un peu comprimée à ses extrémités. — Pédoncule : court, bien nourri, renflé à la base, rarement très-recourbé , obli- quement implanté à fleur de peau. — OEil : petit, ouvert, régulier, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée, marbrée de roux et largement lavée de même, surtout autour du pédoncule. — Chair : blanche, fine, excessivement fondante, granuleuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, musquée, des plus savoureuses. 496 BRA Maturité. — De la mi-novembre à la mi-décembre. Qualité. — Première. Historique. — Van Mons gagnait cette variété dans sa pépinière de Loiivain (Belgique), il y a bientôt un demi-siècle. Elle s'est répandue rapidement en France, en Allemagne^ en Amérique et en Angleterre. Si nous interrogeons les ouvrages du pomologue qui fut mis à la tête des collections de Yan Mons, après la mort de ce célèbre arboriculteur, nous trouvons sur la poire Brandes les renseignements suivants : (c Elle provient d'iin semis du professeiu' Van Mons. Son premier rapport date de 1818. L'auteur, la regardant comme une sous-variété de la Saint-Germain , l'a inscrite pi^imitive- ment sous ce nom; elle a ensuite été dédiée au savant Brandes , conseiller d'État, docteui' et professeur de clainiie à Salzutïelu. » (Alexandre Bivort, Album depomologie, 1830, t. III, p. 36.) ObserTatious. — Il existe une poire Saint-Germain Van Mons ; d'après le pas- sage qu'on vient de lire, elle pourrait être supposée la même que la Brandes, dont le synonyme Saint-Germain Brandes rend encore plus facile une telle confusion. Ces deux poiriers étant dans notre école, nous affirmons qu'ils n'ont entr'eux, ainsi que leurs produits, aucune identité ; on ne doit donc pas songer à les réunir. Poire BRANDICK'S FIELD STANDARD. — Synonyme de poire Marie-Louise Delcourt. Voir ce nom. 301. Poire BRANDYWINE. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Ra- meaux : nombreux, érigés , un peu grêles , longs , géniculés , duveteux, brun clair jaunâtre, ayant les lenticelles grosses, abondantes, très - apparentes , les coussinets bien accusés et les mérithalles courts. — Yeux: ovoïdes , volumineux , légère- ment cotonneux, presqu'entiè- rement collés au bois. — Feuil- les : petites , habituellement ovales - allongées , faiblement dentées ou crénelées , à pétiole court et épais. Fertilité. — Grande. Culture. — Arbre vigou- reux, quoique d'un développe- ment ordinaire , tout sujet lui convient ; il prend constam- ment une forme pyramidale très - satisfaisante , très - régu- lière. Descriptiou du fritit. — Grosseur : au-dessus de la BRE 497 moyenne. — Forme : turbinée [plus ou moins obtuse , généralement bien ventrue et parfois s'amincissant subitement près du sommet. — Pédoncule : long, arqué, peu fort , mais renflé à l'attache et excessivement charnu à la base , obliquement implanté à la surface , et souvent en dehors de l'axe du fruit. — Œil : petit ou moyen, mi-clos ou des plus ouverts, presque saillant. — Peau : jaune orangé, ponctuée de gris et de brun, largement maculée de fauve clair autour du pédon- cule ainsi que dans le voisinage de l'œil, et nuancée de carmin sur la partie regardant le soleil. — Chair : blanchâtre , demi-fme , fondante , rarement granu- leuse. — Eau : suffisante ou abondante, sucrée, non acidulé, vineuse, fort délicate quoique n'étant pas toujours très -aromatique. Maturité. — De juillet en août. Qualité. — Première. Historifiue. — Ce poirier appartient aux collections américaines; il poussa spontanément , se propagea très-vite , grâce à l'excellence de ses fruits , et fut en 4856 décrit par M. Hovey, de Boston, dans sa remarquable pomologie, d'où nous allons extraire, en le traduisant, le paragraphe ci-dessous, relatif à la naissance, et surtout au glorieux nom de cette variété américaine : <( Le pied-mère naquit dans le comté de Delaware (Pensylvanie). Trouvé près d'une haie à Chaddsfortli, sur la ferme d'Élie Harvey, il fut transplanté dans le jardin de M. George Brinton, même localité. Or, ce jardin étant baigné par la Brandywine, et occupant une par- tie du terrain où campèrent les Américains qui défendirent la contrée lors de la bataille dite de Brandywine, on s'est, à juste titre, inspiré d'un tel souvenir pour donner à cette poire le nom qu'on lui voit aujourd'hui. L'arbre qui l'a produite fructifia pour la première fois en 1820. Brisé par un ouragan en 1833, il allait disparaître, sans un rejeton que don- nèrent ses racines et qui dès 1844 produisit des fruits. Voilà pourquoi ce poirier demeura longtemps inconnu ; mais à partir de cette dernière année il attira immédiatement, et géné- ralement, l'attention de nos horticulteurs. » {The Fruits of America, t. II, p. 51.) Quant à nous, nous le livrions au commerce en 1855, après l'avoir reçu d'Amérique en 1852. Poire BRETONNE AU. — Synonyme de Beurré Bretonneau. Voir ce nom. 302. Poire Du BREUIL PÈRE. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, arqués et étalés, très-gros, peu longs, coudés, rouge ardoisé, à lenticelles larges et clair- semées, à coussinets des plus accusés, à mérithalles généralement courts. — Yeux : ovoïdes, volumineux, cotonneux, presque toujours sortis en éperon et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : assez grandes, habituellement elliptiques, pro- fondément dentées sur leurs bords, munies d'un pétiole long et épais. Fertilité. — Abondante. Culture. — Vigoureux et développant hâtivement son écusson , ce poirier se greffe sur toute espèce de sujet ; ses pyramides ne laissent rien à désirer. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne et parfois un peu plus volumineuse. — Forme : arrondie, écrasée, irrégulière, constamment mamelonnée au sommet. — Pédoncule : court , assez gros, non arqué, obliquement i. 32 i 498 BRE— BRI implanté, excessivement charnu à la base, continu d'un côté avec le fruit. — OEil: petit, mi-clos, souvent contourné, à peine enfoncé. — Peau : vert clair, entière- ment ponctuée et veinée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et Poire Du Breùil père. généralement rayée de brun dans le bassin ombilical. — Chair : blanche, fme, ferme, fondante, aqueuse, très- rarement granuleuse auprès des loges. — Eau : d'une abondance extrême, sucrée, acidulé, vineuse, ayant un arrière-goùt musqué aussi savoureux que délicat. Maturité. — Yerslanii^septembre. Qualité. — Première. Hiistorique. — Le 7 septem- bre 1851 , feu Prévost, alors président du Cercle pratique d'Horticulture et de Botanique de la Seine-Inférieure, hsait aux membres de cette Société une notice sur ce délicieux fruit, que l'on venait d'obtenir à Rouen. Parmi les faits qu'il y a consignés , nous croyons devoir reproduire les sui- vants : « En 1840, M. Alphonse Du Breuil, professeur d'arboriculture au Jardin botanique de la ville de Rouen, sema des pépins de plusieurs variétés de bonnes poires de dessert... Les jeunes plants résultant de ce semis, une fois bien développés, chacun d'eux a été greffé sur cognassier, puis numéroté... Dès 1851 beaucoup ont fructifié abondamment, et ce sont les variétés... qu'avec l'autorisation du producteur nous allons nommer et décrire :.... Poire Bu Breuil 'père. Elle provient des pépins de la Bonne-Louise d'Avr anches... et le Cercle l'a dédiée à M. Du BreùU père, jardinier en chef et conservateur de notre Jardin botanique. » {Bulletins, t. VII, pp. 149 et 153.) Obser-vations. — Outre la poire Du Breuil père, il existe une poire Professeur Du Breuil, provenant du même semis que la première, et ainsi appelée en l'honneur de M. Alphonse Du Breuil fils, son obtenteur. La dénomination presque conforme de ces deux variétés ne saurait donc être un indice de synonymie. Cependant comme elles mûrissent l'une et l'autre en septembre, et possèdent certains rapports de forme, il nous a paru nécessaire de présenter ici cette courte explication. — Les pomolo- gues qui se sont occupés du fruit que nous venons de décrire, ont généralement fait un seul mot du nom Dubreuil. Nous n'avons pas suivi leur exemple, afin de nous conformer à l'orthographe même adoptée par MM. Du Breuil, sur les ouvrages desquels il est écrit en deux mots. 303. Poire BRIALMONT. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, étalés, de grosseur moyenne, courts, légèrement coudés, brun-fauve ombré de gris , largement et abondamment ponctués de blanc jaunâtre , ayant les coussinets BRI 499 peu ressortis. — Yeux : petits, ovoïdes, à écailles mal soudées, duveteux, collés contre l'écorce, — Fenilles : grandes, ovales, acuminées, dentées profondément sur leurs bords, canaliculées_, contournées, au pétiole fort et des plus longs. „ . Tj • ,_ X Fertilité. — Satisfaisante. Foire Brialmont. Culture. — De croissance tardive, et peu vigoureux, ce poirier pros- père mieux sur franc que sur cognas- sier; ses pyramides, basses et très- irrégulières , sont en outre beaucoup trop dépourvues de feuilles. Description du fruit. — GroS" seur : moyenne. — Forme : sphé- rique ou ovoïde-arrondie , générale- ment mamelonnée au sommet. — Pédoncule : excessivement court , gros, non recourbé, renflé et charnu à la base, obliquement implanté à la surface. — OEil : petit, bien fait, ouvert , presque saillant. — Peau : vert jaunâtre, couverte de points, de marbrures et de taches gris-roux, mais particulièrement sur la partie exposée au soleil. — Chair : très- blanche, compacte, fine, demi-fon- dante, marcescente, contenant quelques pierres autour des loges. — Eau: peu abondante , sucrée , douée d'un parfum assez savoureux. Maturité. — Commencement d'octobre. Qualité. — Deuxième. Ifiistorique. — Le poirier Brialmont, que nous multiplions depuis 1850, est sorti, paraît-il, des semis de Van Mons. En 1852 M. Tougard, président de la Société d'Horticulture de Rouen, disait avoir trouvé ce renseignement dans le Catalogue de M. Bivort, alors directeur des pépinières de la Société Van Mons, à Geest-Saint-Remy (Belgique), mais il ne précisait pas l'époque à laquelle l'obten- tion de cette espèce aurait eu lieu. (Voir Tableau analytique des variétés de poires, p. 47.) Nous n'avons rencontré aucun nouveau détail sur ce fruit très-peu connu, même à Bruxelles ; et ceci nous conduit à penser que la Brialmont pourrait fort bien, grâce à quelque mauvaise lecture d'étiquette, n'être autre qu'une certaine poire Berlaimont décrite en 1825 par le docteur Diel, de Stuttgardt ( Vorzûgl. Kern- obstsorten, t. III, p. 100). Forme, peau, chair, maturité, tout autorise un tel rap- prochement ; et de plus le nom de Van Mons apparaît aussi, dans l'ouvrage de Diel, comme celui du propagateur de la Berlaimont. « J'en ai reçu des greffes — écrit le « docteur — en 1819, du professeur Van Mons, qui page 578 de son IVaitédes arbres « fruitiers annonce qu'elle provient du couvent de Berlaimont. » Il existe en France, près d'Avesnes (Nord) , une petite ville appelée Berlaimont. Est-ce là qu'a poussé le poirier dont parlaient ainsi ces deux pomologues?... Enfin les poires Brialmont et Berlaimont sont-elles identiques?... Voilà des questions auxquelles on ne saurait encore répondre , mais qu'il importe de poser, afin au moins d'éveiller sur elles l'attention d' autrui. 500 BRI 304. Poire BRIFFAUT. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux , érigés , de moyenne grosseur, longs, peu coudés, brun jaunâtre clair, à lenticelles larges et abondantes^ à coussinets presque aplatis. — Yeux : petits , coniques , aigus , non appliqués contre le bois. — Feuilles : grandes, ovales, acu- minées , planes ou canaliculées , ayant les bords profondément den- tés , le pétiole court , épais et rou- geâtre à son point d'attache. Fertu,ité. — Excessive. Culture. — La vigueur de cet arbre permet de le grefler indis- tinctement sur cognassier ou sur franc; il se développe rapidement et sa forme pyramidale est des plus convenables. Description du fruit. — Grosseur: au-dessus de la moyenne. — Forme : turbin ée extrêmement allongée, régulière, souvent un peu bosselée près du sommet. — Pédoncule : long, mince, droit ou arqué, obliquement ou perpendicu- lairement implanté, et continu avec le fruit. — Œil: grand, arrondi, ouvert, légèrement enfoncé et quel- quefois presque saillant. — Peau : vert herbacé , maculée de fauve autour du pédoncule , ponctuée de marron du côté de l'ombre et de gris-blanc du côté du soleil, où elle est en outre entièrement lavée de rouge vif et brillant. — Chair : blanchâtre, juteuse, fine et fondante, à peine pierreuse. — Eau : toujours fort abondante, assez acidulé, bien sucrée, délicate quoique peu parfumée. Maturité. — Fin juillet et commencement d'août. Qualité. — Première, en raison surtout de son volume et de sa précocité. Historique. — Le nom que porte cette poire est celui de son obtenteur, M. Brifïaut, décédé en 1866, dans sa 75^ année, à la Manufacture de Sèvres, où depuis 1827 il remplissait les fonctions de jardinier en chef. Semeur heureux, il a propagé plusieurs nouveautés très-appréciées de nos pépiniéristes, et qui toutes ont reçu de la Société d'Horticulture de Paris les lettres de recommandation les plus flatteuses. Quant à la variété décrite ci-dessus, ce fut M. Decaisne, membre de BRI 501 l'Institut et directeur des cultures au Muséum, qui la dégusta le premier, la nomma et la fit connaître en ces termes, au njois de novembre 1854 : « Ce beau fruit nous a été présenté en parfait état de maturité dans les premiers jours d'août; il dépasse, soit par son volume, soit par son brillant coloris, toutes les poires d'été connues jusqu'à ce jour Nos éloges seraient sans restriction si cette jolie poire se con- servait plus longtemps; mais elle offre l'inconvénient inhérent à toutes les variétés hâtives^ celui de passer très-vite; en deux ou trois jours, en effet, le fruit se ternit et devient pâteux. Quoi qu'il en soit, la Poire Briffaut devra prendre place à plus d'un titre dans nos vergers... Nous avons dû lui appliquer un nom qui perpétuât celui du jardinier intelligent auquel nous la devons. M. Briff'aut l'a mise en vente cette année même. » [Revue horticole, i" série, t. III, p. 401.) Poire BRILLANTE. — Synonyme de poire Fondante des Bois. Voir ce nom. 305. Poire BRINDAMOUR. Description de l'arbre. — Boù : assez fort. — Rameaux : nombreux , érigés, gros, longs, flexueux, légère- ment cotonneux , brun olivâtre cen- dré , ayant les lenticelles larges , très- espacées, et les coussinets ressortis. — Yeux : énormes, coniques-pointus, à écailles faiblement entr'ouvertes , écartés du bois. — Feuilles : grandes , ovales ou elliptiques , finement créne- lées ou presque entières sur leurs bords, munies d'un pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Cet arbre, de vigueur ordinaire , se greffe sur franc ou sur cognassier ; son développement est un peu tardif, mais il fait néanmoins de belles pyramides. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, quelque peu bosselée et ventrue. — Pédoncule : court, assez gros, non recourbé, renflé à la base, obliquement implanté à la surface et souvent continu d'un côté avec le fruit. — Œil : grand, régulier, très-ouvert, presque saillant. — Peau : bronzée, rude au toucher, ponctuée et réticulée de fauve, tachée de vert clair autour du pédoncule et marbrée de même sur la face exposée au soleil — Chair : blanchâtre, fine, molle, fondante, aqueuse, sans granulations. — Eau : des plus abondantes, sucrée, acidulé, très- agréablement parfumée et douée d'une saveur toute particulière. Maturité. — Du commencement de novembre jusqu'à la fin de décembre. Qualité. — Première. 502 BRI — BRO Historique* — Originaire du département de la Vienne, ce poirier date du commencement de notre siècle, mais il n'est un peu connu que depuis une dizaine d'années. Nous le propageons depuis 1855 et le devons à M. Bruant,, pépiniériste à Poitiers, et qui plus tard l'envoyait également au Jardin des Plantes de Paris, avec cette note publiée par M. Decaisne en 1864 : « La souche de tous les poiriers Brindamour existe encore dans le jardin de M. Hector Cottineau, à Bourpeuil, commune du Vigeant, près l'Isle-Jourdain (Vienne); c'est un arbre de plein-vent, âgé de soixante ans environ, que Ton sait par tradition avoir été donné par un cultivateur nommé Brindamour et de la commune de Vigeant. C'est donc par errem' qu'on en a attribué la découverte à 1\I. Letourneur, juge de paix à Lusignan, » [Le Jardin fruitier du Muséum, t. VI.) Poire BRITISH QUEEN. — Synonyme de poire Reine de la Grande-Bretagne. Voir ce nom. Poire BRONZÉE. — Synonyme de Beurré bronzé. Voir ce nom. 306. Poire BROOM PARK. Synonyme. — PojVe Croom-Park ( Biedenfeld, Handbuch aller bekannten Obstsorten, 1854, t. I,p. 108). Desepiption de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : habituel- lement peu nombreux, régulièrement étalés , gros, très-longs, coudés, jaune -brun nuancé de rouge pâle , à lenticelles fines et clair-semées, à coussinets aplatis. — Yeux : petits , ovoïdes- obtus , souvent coton- neux , écartés du bois et quelquefois sortis en courts éperons. — Feuil- les : moyennes, vert jau- nâtre , généralement un peu rosées, ovales-arron- dies, faiblement créne- lées et canaliculées (sur- tout celles du sommet), portées sur un pétiole court, gros et lavé de carmin. Fertilité. — Extrême. Culture. — Ce poirier, de vigueur modérée, se plaît sur toute espèce de sujet; sa croissance est assez tardive ; il ne se développe bien qu'à l'âge de trois ans ; ses pyramides sont fortes, très-hautes, mais trop peu ramifiées pour être irrépro- chables. Bescription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et souvent volumineuse. — Forme : arrondie, bosselée, aplatie à ses extrémités. — Pédoncule ■ BRO — BRU 503 court ou de moyenne longueur, formant bourrelet à son point d'attache, assez gros, arqué^ obliquement inséré dans une étroite et peu profonde cavité plissée sur les bords. — (EU : petit ou moyen, clos ou mi-clos ;, contourné, placé dans un vaste bassin où généralement il est très-enfoncé. — Peau :' rugueuse, épaisse, jaune verdâtre , presqu'entièrement ponctuée , réticulée et marbrée de brun-roux , fortement maculée de même autour de l'œil. — Chair ; blanchâtre, demi-fine et demi-fondante, juteuse, contenant au centre de nombreuses granulations. — Eau : des plus abondantes et des plus sucrées, rafraîchissante, acidulé, douée d'une saveur exquise et d'un parfum bien prononcé. Maturité. — Elle a lieu parfois dès le mois de novembre ; mais ordinairement elle commence fin décembre et va jusqu'en février. Qualité. — Première. Bistorique. — L'obtenteur de la Broom Park est Thomas -Andrew Knight, arboriculteur et naturaliste fort distingué , qui longtemps secrétaire puis président de la Société d'Horticulture de Londres, mourut en 1838. Il décrivit cette variété au mois d'octobre 1835, dans les Transactions de ladite Société (2" série, t. II, pp. 62 et 65); et pour lors elle ne faisait encore que paraître, puisqu'il annonce au début de l'article où ce fruit est mentionné , qu'il va parler des nouvelles poires sorties de ses semis. Observations. — Nous avons, avec beaucoup d'autres pépiniéristes, enregis- tré longtemps la poire Shobden Court comme un synonyme de la Broom Park. Aujourd'hui, tout a démontré que ces noms appartiennent bien, au contraire, à deux variétés distinctes. C'est l'opinion du Congrès pomologique, celle du docteur Robert Hogg, de Londres, et la nôtre aussi. Du reste Thompson, dont le Catalogue jouit d'une si grande estime, ne s'y était pas trompé : on le voyait en effet, dès 1842, inscrire ces poiriers au rang des espèces ; et cela seul eût dû nous empêcher de croire, sur simple parole, à l'identité dont quelques-uns de nos confrères les supposèrent doués. Poire BROUGHAM. — Synonyme de Beurré Brougham, Voir ce nom. 307. Poire Le BRUN. Ueseriptiou de Tarbre* — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, très- étalés, de grosseur moyenne, courts, légèrement coudés, vert foncé ombré de brun clair, à lenticelles apparentes et rapprochées, à coussinets saillants. — Yeux : volumineux ou moyens, ovoïdes ou coniques, en partie collés contre le bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : habituellement ovales ou elliptiques, faiblement mais régulièrement dentées , portées sur un pétiole assez court et assez grêle. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Le cognassier lui convient parfaitement; il se montre, sur ce sujet, vigoureux et rustique; sa croissance y est hâtive; quant à ses pyramides, leur trop grande irrégularité les rend peu recommandables. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois plus considérable. — Forme : conique très-allongée, légèrement obtuse et presque S04 BRU toujours bosselée et quelque peu contournée, surtout vers le sommet. — Pédoncule : assez long et assez nourri, renflé à ses extrémités, recourbé, inséré au milieu d'une étroite cavité ou implanté à la surface du fruit. — Œil : petit ou moyen, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : Poire Le Brun. jaune brillant, ponctuée de brun clair, très -largement maculée de fauve auprès de l'œil et du pédon- cule, et souvent même sur la partie qui regarde le soleil. — Chai?^ : blanc jaunâtre, demi-fine et com- pacte, fondante, aqueuse, rare- ment pierreuse et rarement pour- vue de pépins. — Eau : abondante, sucrée, peu acidulé, savoureuse, mais douée d'un parfum excessive- ment musqué qui souvent nuit à sa délicatesse. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Voici dans quels termes M. Le Brun-Dalbanne, président de la Société d'Horticul- ture de l'Aube, établissait il y a quelques années l'origine de cette poire qu'on lui a dédiée : « M. Gueniot, pépiniériste à Troyes, a semé vers décembre 1855 des pépins, mêlés, de Doyenné d'Hiver et de Beurré d'Arenberg, recueillis sur des fruits récoltés cbez lui. En mars 1856 il a obtenu de jeunes plants. Il les a tous repiqués sur le bord d'un petit ruis- seau dérivé de la Seine Il n'a greffé aucun de ses plants. Sur l'un d'eux il a recueilli trois poires en 1862, et qua- rante-cinq en 1863. » [Revue horticole, année 1864, p. 371 .j A ceci il est bon d'ajouter que la poire Le Brun figurait en 1863 à l'exposition horticole de la ville de Troyes, et qu'elle y valut à son obtenteur, M. Gueniot , une grande médaille de vermeil. Poire BRUTE -BONNE D'AUTOMNE. — Synonyme de poire Caillot rosai. Voir ce nom. Poire BRUTE -BONNE D'ÉTÉ. — Synonyme de poire Grise-Bonne. Voir ce nom. BRU-BUF 505 Poire BRUTE- BONNE DE PRINTEMPS. — Synonyme de poire de Saint- Père. Voir ce nom. Poire de BUFFAM. — Synonyme de poire Buffum. Voir ce nom. 308. Poire BUFFUM. Syaonyme. — Poire De Buffam (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 131). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : des plus nombreux, régulièrement éri- gés, excessivement gros, assez longs, peu géniculés , fauve rougeâtre , ta- chetés de gris, ayant les lenticelles démesurément larges, extraordinai- rement abondantes, et les coussinets presque aplatis. — Yeux : énormes, coniques ou ovoïdes, à écailles bom- bées et disjointes, cotonneux, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : d'un beau vert foncé , légèrement coriaces, de grandeur moyenne, ar- rondies , faiblement acuminées , à bords denticulés, à pétiole un peu court, très-épais et accompagné de longues stipules. Fertilité. — Convenable. Culture. — Cet arbre , dont la vigueur est extrême, se greffe plutôt sur cognassier que sur franc ; son écusson se développe vite ; ses pyra- mides, bien ramifiées, fort touffues, sont irréprochables sous tous les rapports. De^^cription du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde légèrement ventrue. — Pédoncule : court, arqué, bien nourri, inséré dans un évasement assez prononcé. — Œil : grand, régulier, ouvert, faiblement enfoncé. — Peau : d'un beau jaune clair , tachée de brun , lavée de rouge sombre sur la face exposée au soleil et ponctuée de fauve et de gris. — Chair : blanchâtre, fine, fondante , non pierreuse. — Eau : suffisante , sucrée , possédant un parfum très-agréable. Maturité. — Vers la mi-septembre. Qualité. — Première. Historique. — On nous l'envoya d'Amérique au mois de mars 1852; elle porte le nom de son obtenteur et fut gagnée de semis avant 1834. Le pomologue Hovey, de Boston , en établit ainsi l'origine : « Elle est native de l'État du Rhode-Island (Amérique du Nord), où M. David BulTum, de Warren, l'obtint dans son jardin. Nous croyons que ce fut M. Robert Manning qui la 506 BUG-BUJ propagea autour de Boston. Dès qii'elle eut mûri chez lui^, à Salem^ ce pépiniériste la soumit à l'examen de la Société d'Horticulture du Massachusetts, puis en donna une courte descrip- tion dans le Mazagme of horticulture (1837, t. III, p. 16). Depuis lors^ on l'a multipUée de tous cotés, dans le pays. » [Fruits of America, 1856, t. II, p. 19.) Ce passage, traduit textuellement de la Pomologie de Hovey, prouve donc que le nom de cette poire ne vient pas, comme on l'avait supposé tout récemment, du mot anglais buf, voulant dire couleur chamois ; et qu'il ne lui a pas été appliqué , non plus, en raison de la nuance de sa peau, habituellement jaune clair. Obsei'Yations. — Nous rappelons ici ce que nous avons dit à l'article Berga- mote Bufo (pp. 228-229) : qu'en dehors d'une très-grande ressemblance de nom, la poire Buffum n'a rien de commun avec cette Bergamote. Poire BUGIARDA (des Italiens). — Synonyme de poire Épine d'Été. Voir ce nom. Poire BUGIARDA (du Muséum de Paris). — Synonyme de Bon -Chrétien de Bruxelles. Voir ce nom. Poire du BUGY. — Synonyme de Bergamote du Bugey. Voir ce nom. Poire BUJALEUF (en Angoumois). — Synonyme de poire Virgouleuse. Voir ce nom. i c 309. Poire de CADEAU. I9esci*iption de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, généralement étalés, de longueur moyenne, gros, peu coudés, brun clair cendré, à lenticelles larges et espacées, à coussi- nets aplatis. — Yeux : très-volumineux, ovoïdes- pointus ou coniques, écartés du bois et ayant les écailles bombées et disjointes. — Feuilles: grandes, ovoïdes-arrondies, acuminées, légèrement dente- lées ou presque entières sur leurs bords , à pétiole court, roide et grès. Fertilité. — Prodigieuse. Culture. — Le franc lui convient mieux que le cognassier; il s'y développe rapidement et fait pour les vergers des plein- vent irréprochables. Deseription du fruit* — Grosseur : petite. — Forme : turbinée ou ovoïde-arrondie , habituel- lement plus ventrue d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : très-long, menu, contourné ou recourbé, souvent épineux, implanté à la surface du fruit. — Œil : des plus larges et des plus développés, ouvert, régulier, presque saillant. — Peau : épaisse, jaune verdâtre ou jaune-paille, fine- ment ponctuée et striée de gris-brun, maculée de même autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : jaunâtre, grosse, mi-cassante, excessivement granuleuse. — Eau : rarement abondante, sucrée, douceâtre, peu savoureuse. Maturité. — Fin juillet et commencement d'août. Qualité. — Troisième. Historique. — Particulièrement cultivée dans les environs d'Angers, cette variété y est connue depuis de longues années , et nous l'en croyons originaire. Sa ressemblance avec la poire Citron des Carmes pourrait amener quelque confusion , si l'on ne savait que la maturité de ces deux fruits a lieu à des époques fort dis- tinctes. Le Citron des Carmes se mange dès la fin de juin ou dans la première huitaine de juillet, un mois, par conséquent, avant la poire de Cadeau, qui de plus lui est inférieure en qualité. — La fertilité si remarquable du présent poirier le fai^ rechercher pour l'approvisionnement des marchés; c'est elle aussi qui probable- ment lui aura valu le nom qu'il porte. Poire de CADET. — Synonyme de poire de la Voie aux Prêtres. Voir ce nom. 508 CAD 310. Poire CADET DE VAUX. Descriiition de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : nombreux, érigés près du sommet de la tige, éta- lés à la base, longs, très-gros, très-géniculés, duveteux, brun olivâtre légèrement nuancé de rouge clair dans le voisinage des yeux , ayant les lenticelles apparentes, nombreuses,, les mérithalles courts et les cous- sinets excessivement saillants. — Yeux : assez volumineux, coniques, à écailles entr'ou- vertes, non appliqués contre l'écorce et souvent même sortis en éperon. — Feuilles : abon- dantes, vert clair, habituelle- ment ovales-allongées , faible- ment dentées ou crénelées, portées sur un pétiole épais, un peu courte flasque et accom- pagné de longues stipules. Fertilité. — Grande. Culture. — Vigoureux, cet arbre se greffe sur franc ou sur cognassier; son développement est assez vif et dès sa deuxième année il fait de magnifiques pyra- mides, bien feuillues, bien ramifiées. Deseription du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : turbinée, obtuse, fortement bosselée, ayant un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : court, gros et arqué à son point d'attache, énorme et charnu à la base, obliquement inséré au milieu d'une cavité mamelonnée, et placé souvent en dehors de l'axe du fruit. — Œil : grand, fermé ou mi-clos, rarement enfoncé, uni sur ses bords. — Peau : jaune d'ocre, parsemée de points brunâtres, tachetée de fauve et légèrement colorée de rouge pâle sur la face exposée au soleil. — Chair : blanc jaunâtre, fine, fondante, aqueuse, quelque peu pierreuse autour des pépins. — Eau : des plus abondantes, acidulé, sucrée, délicatement parfumée. Maturité. — Fin décembre, mais se prolongeant jusqu'en mars, et très-excep- tionnellement jusqu'en avril. Qualité. — Première. Historique. — Cadet de Vaux, fondateur des Comices agricoles, naquit à Paris en 1743 et mourut en 1828. Savant distingué, il a laissé de nombreux ouvrages, dont plusieurs concernent l'arboriculture fruitière. En lui dédiant une nouvelle poire, on se montra reconnaissant des services qu'il avait rendus à l'horticulture. Toutefois, l'âge et le lieu d'obtention de ce fruit, ainsi que le nom de son promo- teur, nous sont à peu près inconnus. Diel, de Stuttgardt, est le premier pomologue qui nous l'ait montré. Il le cite en 1816, dans son Kernobstsorten (page xlii) et l'y réunit à d'assez nombreuses poires « nouvellement gagnées , dit-il , tant à Paris CAD-CAI 509 qu'en Belgique, et « particulièrement par Van Mons. » Avant 1840, le Comice horticole de Maine-et-Loire cultivait déjà le poirier Cadet de Vaux, et ce fut du Jardin de cette Société que nous le tirâmes en 1842. Observations. — Deux erreurs formelles ont longtemps existé , au sujet de cette variété , dans les Catalogues. D'abord on l'y plaça parmi les synonymes de la poire Caillot rosat; puis on lui assigna^, à l'exemple de Robert Thompson, le secré- taire de la Société d'Horticulture de Londres (1842), les mois de septembre et d'oc- tobre comme époque de maturité. Or, aucune espèce de rapprochement ne saurait exister entre la Caillot rosat, mûre en août, et la Cadet de Vaux, qui se mange de janvier à mars ; et même plus tard , selon que le prouvent les hgnes ci-après , extraites des Bulletins du Comice horticole d'Angers : « Le iA avril i8M, le directeur « du Jardin fruitier montre encore, seulement pour constater jusqu'à quelle époque a elle peut se conserver, une poire Cadet de Vaux, variété déjà dégustée les années a précédentes. » (Tome III, page 99.) — Il est bon de rappeler que les noms poire de Cadet et Bergamote Cadette n'ont rien de commun avec l'espèce ici décrite; ils sont uniquement synonymes de poire de la Voie aux Prêtres. — Enfin le Beurré de Koninck ne saurait être, non plus, réuni au poirier Cadet de Vaux; on peut s'en assurer plus haut, page 388, à l'article consacré à ce Beurré. Poire CADILLAC. — Synonyme de poire de Catillac. Voir ce nom. Poire CAFÉ DE BREST. — Synonyme de poire Jalousie d'Hiver. Voir ce nom. Poire CAILLAUROZAT. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. Poire de CAILLE AU. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. Poire CAILLOLET ROSAT MUSQUÉ D'HIVER. — Synonyme de poire de Prêtre. Voir ce nom. Poire CAILLOROZAR. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. Poire CAILLOT D'HIVER. — Synonyme de poire de Prêtre. Voir ce nom. 311. Poire CAILLOT ROSAT. Synonymes. — Poires ; 1. DE Cailleau (Jehan de Meung, le Roman de la rose, 1310. f«t 224). — 2. De Calliot (Charles Estienne, Seminarium et plantarium fructi fer arum prœsertim arborum quœ post hortos conseri soient, édition de 1540, p. 68). — 3. Caluau rosat (Daléchamp, Historia generalis plantarum, 1586, 1. 1, lib. III, cap. vu). — 4. Caillou rozat ( le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 11). — 5. De Monsieur {Id. ibid., p. 10). — 6. De la MOUTIÈRES [Id. ibid., p. 12). — 7. OgNON DE XaINTONGE (W. ibid., p. 10). — 8. ROZATTE DU DàU- PHiNÉ [Id. ibid., p. 12). — 9. RozATTE d'Ingrandes [Id. ibid., p. 7). — 10. Vilaine d'Anjou [M. ibid,, p. 10). — 11. Beurré hatif (de Bonnefond, le Jardinier français, 1651, p. 76). — 12. De RozES [Id. ibid). — 13. RoZAT d'Ingrandes (Triquel, prieur de Saint-Marc, Instructions pour les arbres fruitiers, édition de 1673, p. 431). — 14. D'Eau-Rose (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 84). — 15, Bigarrade [Idem, édition de 1690, p. 76). — 16. Brute-Bonne d'Automne [Id. ibid.). — 17. Tulipée [Id. ibid.).— 18. Caillaurozat (Gilles Ménage, Dictionnaire étymologique de la langue française, id^ii). — 19. Caillorozar [Id. ibid.).— 20. Fera del Campo (de la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, édition de 1739, t. I, p. 314), — 21. Épine nosE [Catalogue des Chartreux, 1775). — 22, Poire Rosate (Decaisne, le Jardin frui- tier du Muséum, 1859, t. Il), Description de l'arbre. — Bois : excessivement fort. — Rameaux : assez nombreux, érigés à la partie supérieure de la tige, étalés vers la base, longs et des 510 CAl plus gros, très-géniculés , rouge grisâtre, abondamment et fortement ponctués, ayant les coussinets peu développés. — Poire Caillot rosat. — Premier Type Deuxième Type. Yeux : petits , marron clair , aplatis et frès- duveteux, collés contre le bois. — Feuilles : d'un beau vert luisant , grandes , légèrement coriaces , arrondies , acuminées , entières sur leurs bords, à pétiole assez long et très- gros. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Cet arbre jouit d'une extrême vigueur, il prend toute espèce de sujet, croît rapi- dement et forme de superbes pyramides. Deseription du fruit. — Grosseur : moyenne ou petite. — Forme : variable, mais générale- ment arrondie et plus ou moins plate à ses extrémités. — Pédon- cule : habituellement très-long, de moyenne force ou menu, renflé à l'attache , courbé , régulière- ment inséré dans un large évase- ment souvent profond. — Œil : petit ou moyen, ouvert, bien fait, placé dans un bassin assez grand dont les bords sont rarement accidentés. — Peo.u: jaunâtre, semée de taches fauves, lavée de rose tendre du côté du soleil et striée de même autour du pédoncule. — Chair: blanche, odorante, un peu grosse, mi-cassante ou cassante, toujours pierreuse auprès des loges. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, douée d'une saveur musquée qui n'est pas sans délicatesse. Maturité. — Commencement de septembre. Qualité. — Deuxième. Hii^torique. — Jacques Daléchamp, médecin fort estimé pour la savante et volumineuse Histoire des plantes qu'il publia en 1586, à Lyon, appelait la poire ci-dessus Caluau rosat, et vou- lait qu'elle fût la Nardinon, ou poire de Nard, des Grecs (t. I, liv. III, chap. vn) Laissons-lui sa croyance, qu'on ne saurait justifier, et conten- tons-nous de regarder le Caillot rosat comme un des poiriers les plus anciennement multipliés en France, où il fut connu d'abord sous un grand nombre de différents noms. Cela tint, évidemment, à l'universalité même de sa culture. Répandu dans la majorité de nos provinces, souvent il y reçut des CAI • 511 dénominations purement locales ; et souvent aussi la façon diverse dont on y pro- nonça, d'une contrée à l'autre, son nom primitif, causa les modifications ortho- graphiques qu'on lui vit si fréquemment subir. C'est un poëte né en 1280 près d'Orléans, Jehan de Meung, dit Clopinel, qui le premier nous parle de ce fruit dans le Roman de la rose, œuvre qu'il termina vers 1310. Gilles Ménage, l'érudit angevin auquel on doit tant d'utiles recherches sur les origines de notre langue, a relevé ce fait et donné sur la présente variété la curieuse note que voici, écrite en 1694 : <( Caiîlo-Rosat : Sorte de poires, ainsi appellées de leur dureté, et de leur blancheur, et de leur goût de rose- duquel goût on les appelle autrement poire d'Eau rose. Nous les appelions en Anjou Gaillaurozat : ce qui me fait souvenir que Jehan de Meung, dans son Roman de la Rose, les appelle poires de Cailleau. C'est au feuillet 224, verso, de l'édition in-8° de Pierre Vidoue (1529). Et c'est aussi de la sorte qu'on les appelle souvent, à Paris, des poires de Cailleau. En Normandie on les appelle Caillou rosat. Les paysans d'Anjou les appellent Caillorosae. » [Dictminaire étymologique de la langue française.) Nous croyons avec Ménage, et avec Charles Estienne — qui dans son Seminarmm émettait en 1540 cette même opinion — que la poire de Cailleau, Calliot, Caillou, Caillot rosat, dut la première partie de son nom aux concrétions pierreuses dont sa chair est remplie. Mais il semble impossible d'admettre, comme l'a fait Ménage d'après les pomologues de son siècle , que le qualificatif rosat ait été appliqué à ce fruit pour la saveur de son eau , ne rappelant nullement le parfum de la rose. Ne serait-ce point plutôt le coloris rose tendre de sa peau, qui le lui aurait valu?... Obserirations. — Le Caillot rosat blossit très-vite et demande alors une sur- veillance toute particuhère dans le fruitier ; on doit l'y placer un peu vert. — Il existe depuis plusieurs siècles aussi, un Caillot rosat à courte queue, généralement appelé, de nos jours, poire Naquette. Cette poire mûrissant à la fin de septembre, presque en même temps que celle ici décrite , il faut éviter de les confondre. — Enfin les noms Caillot rosat d'hiver et Caillouat d'hiver ne peuvent non plus être regardés comme synonymes de ce Caillot rosat; ils le sont uniquement de la variété nommée poire de Prêtre. — Ajoutons que dans les environs de Montargis (Loiret) on rencontre un poirier, dit de Caillou., dont les fruits se rapprochent beau- coup, pour la forme, le volume et la couleur, de ceux du Messire-Jean. Leur chair est fine, peu juteuse; leur eau, assez sucrée, mais entachée d'une saveur fort désagréable, comparable à celle du vinaigre à l'estragon. Aussi ne les emploie-t-on, comme le Coing, que pour donner du goût aux marmelades et aux confitures. On voit donc qu'elles n'ont, avec les Caillot rosat, d'autre rapport qu'une certaine ressemblance de nom , ou plutôt de synonyme. Poire CAILLOT ROSAT A COURTE QUEUE. -- Synonyme de poire Naquette. Voir ce nom. Poire CAILLOT ROSAT D'HIYER. ~ Synonyme de poire de Prêtre. Voir ce nom. Poire CAILLOU ROZAT. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. Poire CAILLOUAT D'HIVER DE VARENNES. — Synonyme de poire de Prêtre. Voir ce nom. 512 CAL 312. Poire CALEBASSE. Synonyme^. — Poires : ]. Calebasse musquée (Herman Knoop, Fntctologie, 1771, pp. 94 et 135 et Diel, Kernobsisorten, 1801, t. I, p. 222). — 2. Poire de Vénus (Knoop, ibid.). Premier Type. Description de l'arbre» — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux , éri- gés ou légèrement étalés , longs , de moyenne grosseur, peu flexueux , brun- roux violacé , à lenticelles fines et espa- cées, à coussinets faiblement ressorti s. — Yeux : gros ou moyens , coniques , pointus, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales ou ovales- arrondies, acuminées, généralement du- veteuses, dentées ou crénelées, planes ou canaliculées , à pétiole court, bien nourri, roide et habituellement pourvu de stipules peu développées. Fertilité. — Convenable. Culture. — On greffe ce poirier, dont la vigueur est satisfaisante , sur le franc ou sur le cognassier; son écusson se développe promptement et ses pyrami- des sont aussi fortes que régulières. Deseription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et souvent volumineuse. — Forme : irrégulière, mais toujours allongée, obtuse et bosselée ; elle est en outre généralement ventrue à la base et plus ou moins amincie ou étranglée vers le sommet. — Pédoncule : moyen ou long, bien nourri, faiblement courbé, parfois obliquement inséré et pres- que continu avec le fruit, et parfois aussi régulièrement implanté au milieu d'une dépression peu prononcée. — Œil : grand, très -ouvert, à peine enfoncé. — Peau : jaune grisâtre obscur, finement ponctuée de brun-roux, tachetée ou légèrement marbrée de même. — Chair : blanc jaunâtre, mi-fine, mi-fondante ou cassante, aqueuse, contenant au centre quelques petites pierres, — Eau : abondante ou suffisante, sucrée, ayant un par- fum assez délicat. Maturité. — Commencement et courant d'octobre. Qualité. — Deuxième. Bistorique. — Poiteau et Turpin , qui la firent connaître en France dans leur réimpression de la Pomologie de Duhamel, commencée en 1807, n'ont pu savoir CAL [calebasse alb] 513 quel avait été son obtenteur. Les seuls renseignements qu'on leur transmit alors sur cette poire , furent les suivants : « Nouvelle espèce, obtenue dans le Poire Calebasse. — Deuxième Type. Brabant vers l'an 1800, et qui a donné des fruits à Paris pour la première fois en 1808. » .{Traité des arbres fruitiers de Duhamel du Monceau, nouvelle édi- tion, augmentée d'un grand nombre d'es- pèces de fruits obtenus des progrès de la culture, 1807-1 83b, t. IV.) Nous la croyons en effet origi- naire du Brabant, et pensons qu'elle remonte environ à la première moitié du xviii^ siècle, car Herman Knoop, arboriculteur hollandais, l'a figurée et parfaitement caracté- risée, en 1760 et en 1771, dans sa remarquable Fructologie, lui don- nant les noms de Calebasse musquée ou Poire de Yénus. Les Allemands la cultivèrent avant nous; et Diel, un de leurs pomologues, faisait observer en 1801 [Kemobsfsorten, t. I , p. 222 ) , qu'alors c'était une variété rare, qu'il avait reçue de Darmstadt. Observations. — La présente variété difîere essentiellement de la Calebasse Bosc, quoique cette der- nière lui soit donnée souvent pour synonyme. — Prévost recomman- dait avec raison en 1839, page 20 de la Pomologie de la Seine-Inférieure, de « ne pas planter le « poirier Ca- « lebasse dans les jardins qui ne « comptent qu'un très-petit nombre « de poiriers; mais — ajoutait-il — « il sera convenablement placé dans « les collections étendues. » — La grosseur de cette poire varie beau- coup ; cependant on la voit plutôt. conforme à celle de notre premier type, qu'à ceUe du deuxième, offrant un volume que l'on peut dire exceptionnel. Poire CALEBASSE D'ALBRET. — Synonyme de Beurré d'Albret. Voir ce nom. 33 514 CAL [calebasse bav] 313. Poire CALEBASSE DE BAVAY. Deseriptiou de l'ar- bre. — \Bois : faible. — Ra- meaux: assez nombreux, légè- rement étalés, de moyenne grosseur, courts, peu géni- culés_, vert-brun, finement mais excessivement ponctués, ayant les méritballes courts et les coussinets ressortis. — Yeux : petits, ovoïdes-obtus, duveteux et faiblement écar- tés du bois. — Feuilles : gran- des , d'un beau vert foncé et luisant , ovales - arrondies , profondément dentées ou cré- nelées, portées sur un pétiole habituellement épais et court. Fertilité. — Bonne et constante. Culture. — Nous le gref- fons sur franc ou sur cognas- sier; il est assez lent à se développer et reste faible jus- qu'à sa deuxième année ; ses ■ pyramides sont régulières , mais toujours un peu ché- tives. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : très-allongée et très-bosselée , rarement bien ventrue, fort amincie près du som- met , qui , arqué et contourné , rappelle assez bien celui de la poire Figue. — Pédoncule: de longueur moyenne , gros, renflé à l'attache, non arqué, des plus charnus à la base, continu avec la chair et presque horizontalement inséré. — Œil: grand, à peine enfoncé, ouvert, parfois bordé de petites bosselettes. — Peau : jaune verdâtre , parsemée de points gris-roux très-fins , très-rapprochés , et lavée de brun dans le bassin ombilical. — Chair : blanche et des plus fines, juteuse, fondante, mais quelquefois légèrement marcescente. — Eau : extrêmement abon- dante, sucrée, acidulé, possédant un parfum fort délicat. Maturité. — Du commencement de novembre jusqu'à la fin de. décembre. Qualité. — Première. Historique. — Nous recevions de Belgique, en 1849, ce poirier, qui venait alors d'être gagné de semis, à Malines, par un riche amateur d'arboriculture, M. Tuerlinckx; nous le multiplions depuis 1851. C'est donc par méprise qu'on a dit qu'il remontait seulement à 1854. Son obtenteur le dédia à Laurent de Bavay, mort en 1855 à Yilvorde-lez-Bruxelles , et qui fut un pépiniériste, un pomologue fort distingué. CAL [calebasse bos] 315 Observation». — Il paraît exister beaucoup d'incertitude, au sujet du point extrême de maturité de cette poire. Les uns la font aller jusqu'en janvier , d'autres jusqu'en février; et certains, même, assurent qu'elle atteint le mois de mars. Sans nous inscrire en rien contre ces diverses affirmations, nous dirons seulement que si dans notre école on l'a vue parfois complètement mûre dès les derniers jours de septembre, jamais, cependant, on n'a pu l'y manger en décembre. 314. Poire CALEBASSE BOSC. Synonyme. — Poire Bosc (Decaisne, le Jardin fruitier du Mms^m'/w, 1858, t. I). Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, étalés à la partie inférieure de la tige, érigés à sa partie supérieure , de grosseur moyenne , longs, très-coudés, d'un brun-gris passant habituellement au rougeâtre vers le som- met du rameau , abondamment ponctués, munis de coussinets bien marqués. — Yeux: gros , coniques , pointus , excessivement écartés du bois, souvent même sortis en courts éperons et ayant les écailles quel- que peu entr'ouvertes. — Feuilles : petites et rarement nombreuses, ovales- allongées, régulièrement dentées en scie, planes ou canaliculées , portées sur un pétiole long et faible. FERTU.ITÉ. — Très-grande. Culture. — Sur cognassier, cet arbre reste toujours chétif; il réclame le franc. Ce dernier sujet lui communique une vigueur fort satisfaisante et lui permet, dès sa deuxième année , de se développer par- faitement en pyramide. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : cylindrique-allon- gée ou conique-allongée, obtuse et con- tournée, toujours fortement bosselée. — Pédoncule : court ou de moyenne longueur, bien nourri , parfois charnu à la base , légè- rement arqué ou très-recourbé , presque toujours obliquement implanté au milieu d'une faible dépression. — OEil : petit, placé généralement sur le côté du fruit, mi-clos ou complètement fermé , saillant ou peu enfoncé. — Peau : rude au tou- cher, jaune grisâtre doré, montrant quelques larges taches d'un jaune clair et qui sont couvertes de petits points gris-blanc. — Chair : jaunâtre, mi- fine, cassante, 516 CAL [calebasse bos — car] dure, marcescente, peu pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, aigrelette, agréa- blement parfumée. Poire Calebasse Bosc. - Deuxième Type. Maturité. - Courant d'octobre et commencement de novembre. Qualité. — Deuxième. Kistorique. — Gagnée en Bel- gique, vers les premières années de ce siècle , la Calebasse Bosc fut nommée et propagée par le docteur Van Mons, auquel le hasard en avait fait rencontrer le pied-mère. Il annonçait ainsi cette découverte, au commencement de 1819 : (( Nous avons trouvé anonyme, semé et non greffé , ce poirier dans le jardin de M. Swates , à Linkebeeke, près Bruxelles L'excellence (?) des qua- lités de cette poire nous a déterminé à lui donner un nom célèbre à plusieurs titres, dans les sciences, et nous ne pou- vions choisir, pour la dédier, un savant plus respectable que M. Bosc » [Annales générales des sciences physiques, t. II, pp. 65-66.) ObserTations. — D'après ce passage, la poire ainsi dédiée à Louis Bosc , alors professeur de culture au Muséum de Paris, « était « excellente ; » et ce furent précisément ses qualités qui lui valurent un pareil nom... Nous croyons que Van Mons dut effectivement, comme il le rapporte, trouver ce fruit parfait; mais il est certain, néanmoins, qu'il perdit de son mérite, dans nos jar- dins. Louis Noisette, en 1839, le fit déjà remarquer : « J'ai mangé des Calebasses « Bosc à chair cassante — disait-il — ce fruit varierait donc beaucoup, quoiqu'on « ne puisse jamais le confondre avec aucun autre. » [Le Jardin fruitier, p, 131.) — Nous rappelons ici ce que nous avons fait observer page 321 , à l'article Beurré Bosc : que la Calebasse Bosc n'est nullement semblable à ce Beurré, comme les Belges, qui l'ont eux-mêmes reconnu, le supposaient il y a quelques années. — La Calebasse Princesse Marianne diffère aussi de la Calebasse Bosc. Si plusieurs pomo- logues ont pensé le contraire en 1858, leur opinion, depuis, a dû changer. On verra effectivement, en lisant dans notre IP volume le passage relatif à la poire Princesse Marianne, que ces deux fruits ont pour toute identité un simple rapport de forme. Mais on les confondra plus rarement, si l'on continue de supprimer, dans le nom de cette dernière variété, le terme générique Calebasse, qui du reste ne lui fut pas appliqué par Van Mons, son obtenteur. — La Calebasse Bosc atteint> parfois une grosseur excessive ; nous en avons cueilli dont le poids dépassait 300 grammes. Poire CALEBASSE CARAFON, nom. Synonyme de poire Van Marum. Voir ce CAL [calebasse del] 547 315. Poire CALEBASSE DELVIGNE. Descriiition de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : longs, gros, érigés ou faiblement étalés, peu coudés , brun clair tacheté de noir, à lenticelles fines et clair-se- mées, à coussinets bien développés. — Yeux : volumineux , ovoïdes- arrondis, légèrement duveteux, ap- pliqués contre l'écorce et ayant les écailles disjointes. — Feuilles : petites, ovales, contournées, finement den- tées , à pétiole grêle et de longueur moyenne. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Ce poirier n'est pas d'une grande vigueur ; le franc lui conviendra toujours mieux que le cognassier, sur lequel ses pyramides restent généralement un peu faibles. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : irrégu- lière , ordinairement allongée et bos- selée, très-mince près du sommet, très- ventrue à la partie inférieure. — Pédoncule : de longueur moyenne, bien nourri , arqué , renflé au point d'attache, perpendiculairement inséré à la surface et quelquefois continu avec le fruit, — OEil : large, mi-clos ou très-ouvert, souvent contourné, presque sail- lant. — Peau : jaune d'ocre, toute parsemée de petits points gris clair, tachetée de même auprès de l'œil et fortement colorée de rouge vif sur le côté qui regarde le soleil. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, contenant quelques pierres autour des pépins. — Eau : excessivement abondante, surée, aigrelette, parfumant délicieusement la bouche. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Nous greffions dès 1849, cette Calebasse, et depuis 18S2 elle figure dans notre Catalogue ; mais nous ne retrouvons aucune note sur sa prove- nance. Souvent décrite, à partir de 1852, par nos pomologues et par ceux de l'Amérique et de l'Angleterre, si tous lui donnent le même obtenteur — M. Del- vigne — aucun, cependant, n'indique l'époque, la localité où elle fut gagnée. Nous pensons toutefois qu'elle est d'origine française, et qu'en 1849 on commençait seulement à la propager. Oliser^atious. — Il faut cueillir cette poire un peu verte, et la surveiller attentivement dans le fruitier, car elle blossit en quelques jours, sans que le coloris de sa peau vienne le révéler par son altération. 518 CAL [calebasse été! 316. Poire CALEBASSE DÉTÉ. Deseription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, habituel- lement étalés et arqués, surtout dans la partie inférieure de la tige , érigés près du sommet, longs et des plus gros, géniculés, cotonneux, brun-fauve légè- rement rougeàtre, ayant les lenticelles très-apparentes, très-rapprochées, et les coussinets,?aplatis. — Yeux : à écailles gé- néralement disjointes, gros ou moyens, ovoïdes-pointus, écartés du bois et sou- vent placés en éperon. — Feuilles : grandes-, ovales-allongées, canaliculées et contournées , profondément dentées , portées sur un pétiole long, gros et pour\'u de stipules excessivement déve- loppées. Fertilité. — Abondante. CuLTLTŒ. — Sur cognassier, cet arbre ne végète pas très-bien, sa croissance y est lente ; le franc le rend plus vigou- reux ; les pjTamides qu'il y fait sont belles, touffues et régulières. Deseription du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne et quel- quefois plus volumineuse. — Forme : conique-allongée, obtuse, légèrement bosselée , un peu contournée à la base. — Pédoncule : long, assez gros, arqué, obliquement inséré, en dehors de l'axe du fruit, dans une étroite ca\àté où le comprime une gibbosité plus ou moins forte. — Œil : grand, mi-clos ou fermé, uni sur ses bords, presque saillant. — Peau : jaune verdàtre, faiblement ponctuée de roux, maculée de brun près du sommet et portant quelques taches squammeuses, de même couleur, sur la partie avoisinant l'oeil. — Chair : blanc verdàtre , fine , fondante , juteuse, légèrement granuleuse au centre. — Eau : abondante, sucrée, assez acidulé et douée d'un parfum des plus déhcats. Maturité. — Fin d'août et commencement de septembre. Qualité. — Première. Historique. — Dans son Album de pomologie, M. Bivort annonçait en 1849 (t. II, p. 13, que cet excellent fruit était dû à l'un de ses compatriotes, le major Esperen, de Malines, mort en 1847 et connu par ses nombreux semis de poirier, ainsi que par les variétés vraiment méritantes qu'il en obtint. Observations. — La Calebasse d'Été se conserve assez longtemps, pour une CAL [calebasse hol — ler] 519 poire de cette saison et ne blossit pas facilement. On peut donc, en la cueillant avant son entière maturité, la garder une douzaine de jours au fruitier; mais il faut l'y toucher le moins possible. Poire CALEBASSE DE HOLLANDE. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. Poire CALEBASSE IMPÉRIALE. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. 317. Poire CALEBASSE LEROY. Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux ; nombreux , étalés, grêles, très-longs, bien géniculés, rouge ardoisé , à lenticelles larges et habituellement abon- dantes, à coussinets presque nuls. — Yeux : moyens , coniques , aigus , non appliqués contre le bois. — FeweV/es; très-petites, ova- les, acuminées, entières sur leurs bords, légèrement canaliculées, munies d'un pétiole de longueur et de grosseur moyennes. Fertilité. — Excessive. Culture. — Le franc est le sujet qu'il préfère; sur cognassier, sa végétation laisse toujoui's à désirer, ainsi que ses pyramides. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : oblongue , obtuse , assez régulière, étranglée vers la moitié de sa hauteur, très- ventrue à la base, et d'un côté surtout. — Pédoncule: court, mince, faiblement arqué, perpendiculairement im- planté à la surface. — Œil : de moyenne grandeur, mi-clos , souvent entouré de bosselettes, à peine enfoncé. — Peau : jaune clair, maculée de taches rousses, semée de quelques petits points gris et généralement lavée de rouge pâle sur la face exposée au soleil. — Chair: blanche, fine, aqueuse, fondante, quelque peu granuleuse au-dessous des loges. — Eau : des plus abondantes, sucrée, légère- ment acidulé, parfumant agréablement la bouche. AL^TURiTÉ. — Du commencement de septembre jusqu'à la fin de ce mois. Qualité. — Première. Historique. — Très-répandue en Allemagne, la Calebasse Leroy est d'origine belge; elle fut gagnée de semis à Louvain, par le professem* Van Mons, vers Tannée 1830. Peu commune chez nous, et même dans son pays natal, elle mérite cependant bien la culture. Le pomologue Diel (Ch. Guil.) l'a décrite en 1833 ( Verzeichniss der Obstsorten, p. 91), seulement il n'a pas su quel était le personnage à qui Van Mons l'avait dédiée. Stimulé par le désir assez naturel de connaître 520 CAL [calebasse mon — obe] ce M. Leroy, mon homonyme, je me suis efforcé d'y parvenir; mais toutes mes recherches sont demeurées sans résultat. Poire CALEBASSE MONSTRE. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. Poire CALEBASSE MONSTRUEUSE. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. Poire CALEBASSE MONSTRUEUSE DU NORD. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. Poire CALEBASSE MUSQUÉE. — Synonyme de poire Calebasse. Voir ce nom. Poire CALEBASSE NERCKMANS. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. Poire CALEBASSE DU NORD. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. 318. Poire CALEBASSE OBERDIECK. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nom- breux, généralement érigés, surtout au sommet de la tige, gros, des plus longs et des plus coudés , brun rou- geâtre , à lenticelles espacées , à cous- sinets excessivement saillants.— Fewa;.* moyens, coniques, pointus, ayant les écailles légèrement entr'ouvertes, éloi- gnés de l'écorce et parfois formant éperon. — Feuilles : nombreuses, ova- les, régulièrement dentées en scie, portées sur un pétiole long, fort, lavé de rouge et presque toujours dépourvu de stipules. Fertilité. — Constante et satisfai- sante. Culture. — Nous le greffons sur cognassier ; son développement est. assez vif; il fait de magnifiques pyra- mides. Description du fruit. — Gros- seur : volumineuse. — Foi-me : très- allongée, conique plus ou moins ob- tuse, étranglée vers la moitié de sa hauteur, et habituellement un peu bosselée. — Pédoncule : court, assez mince, presque toujours horizontalement ou obliquement inséré à la surface et en dehors de l'axe du fruit, dont la chair le recouvre souvent en partie. — Œil : saillant, moyen, ouvert, régulier, plissé sur ses bords. — Peau : jaune orangé, près-finement ponctuée de brun, semée de CAL [calebasse pri — tou] 521 quelques taches et marbrures fauves et noirâtres. — Chair : blanche, excessive- ment fine, mi-fondante, juteuse, exempte de granulations, — Eau : des plus abondantes, fraîche, sucrée, acidulé, douée d'un délicieux arôme. Maturité. — Courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Cette variété provient de mes semis. Je l'ai dédiée à l'un des pomologues les plus distingués de notre époque, à M. Oberdieck (J.-G.-C), super- intendant à Jeinsen, près de Hanovre. Elle donnait ses premiers fruits en 1863 et parut en 1865 dans mon Catalogue; mais elle y fut victime d'une erreur typogra- phique : on lut et imprima Calebasse d'OcTOBRE, au lieu de lire et d'imprimer Calebasse Oberdieck. Toutefois cette erreur, bien vite reconnue, n'a pu produire de fâcheux effets. Poire CALEBASSE PRINCESSE MARIANNE. — Synonyme de poire Princesse Marianne. Voir ce nom. Poire CALEBASSE ROYALE. — Synonyme de poire Van Marum. Voir ce nom. 319. Poire CALEBASSE TOUGARD. fSynonyme. — Poire TouGARD (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV). Elesci'iption de l'arbre. — Bois: assez faible, — Rameaux : nombreux, érigés ou légèrement étalés , de force moyenne, courts, géniculés, rouge ardoisé, duveteux, finement et très- abondamment ponctués , ayant les mérithalles courts et les coussinets saillants. — Yeux : énormes, ovoïdes, cctonneux , à écailles mal soudées , écartés du bois, ~ Feuilles : d'un beau vert luisant, nombreuses, ovales ou eUiptiques, légèrement dentées en scie, quelque peu canaliculées et contour- nées, au pétiole court et épais. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Cet arbre, dont le déve- loppement est ordinaire^ se greffe sur toute espèce de sujet et y prospère convenablement; quoiqu'un peu bas- ses, ses pyramides sont néanmoins jolies et touffues. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne, — Forme : variable, n'aff'ectant pas géné- ralement celle d'une calebasse, mais se montrant plutôt ovoïde-allongée; elle est toujours ventrue et bosselée. — Pédoncule : assez long, fort, renflé aux 522 CAL [calebasse tou — ver] extrémités, arqué, obliquement inséré à fleur de peau, et parfois en dehors de l'axe du fruit. — Œil: grand, rond, ouvert ou mi-clos, placé à la surface. — Peau: rude au toucher, épaisse, jaune herbacé, en partie recouverte de taches, de points eft de marbrures d'un gris roussâtre nuancé de brun. — Chair : blanchâtre ou saumonée, fine ou mi-fme, fondante, aqueuse, presque exempte de pierres. — Eau : excessivement abondante , sucrée , délicate , douée d'un parfum plus ou moins prononcé. Maturité. — De la fin d'octobre jusqu'à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historique. — Le pied-mère de la Calebasse Tougard est sorti de l'un des derniers semis que fit Yan Mons dans ses pépinières de Louvain (Belgique), mais il ne fructifia qu'après la mort de cet habile arboriculteur. M. Bivort, qui en fut l'acquéreur, le promoteur et le parrain, nous l'apprend en ces termes : « De tous les arbi"es (jue j'ai achetés — dit-il — dans la pépinière de Van Mons, à Lou- vain, ce poirier est le premier qui m'ait donné une aussi prompte récolte. Semé en 1840, son premier rapport a eu lieu en 1845. Transplanté chez moi, à Geest-Saint-Remy-lez- Jodoigne (Belgique), cette même année, j'en obtins une vingtaine de fruits en 1847. Je l'ai dédié à M. Tougard, président de la Société d'Horticulture de Rouen. » [Album de •pomologie^ 1847, t. I, p. 28.) , ObsierTation». — Cette poire a le défaut de blossir assez facilement dans le fruitier, mais sa décomposition s'y trahit toujours par des signes très- visibles ; ce qui permet, en la surveillant, de la manger avant qu'elle ne soit trop avancée. — Quelques pomologues ayant décrit la Calebasse Tougard sous le seul nom de poire Tougard, il devient urgent, maintenant, de se rappeler qu'il existe un autre poirier auquel cette dénomination a été attribuée depuis longtemps. C'est la variété dite aujourd'hui Fondante des Bois et mûrissant à la même époque que la Calebasse Tougard , coïncidence bien faite pour favoriser l'erreur. 320. Poire CALEBASSE VERTE. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , habituelle- ment érigés, gros, longs, bien flexueux, d'un vert foncé légèrement grisâtre, à lenticeUes larges et très-espacées , à coussinets peu développés. — Yeux : moyens ou petits, ovoïdes, aigus, écartés de l'écorce et ayant les écailles entr'ouvertes. — Feuilles : assez grandes, généralement ovales ou ovales-allongées, profondément crénelées , portées sur un pétiole court et fort. Fertilité. — Ordinaire. ^' Culture. — Le franc est le sujet sur lequel ce poirier, dont la vigueur n'est pas extrême, végète le mieux; il y prend dès sa deuxième année une belle forme pyramidale , ce qu'il ne peut jamais faire sur le cognassier. Description du fruit. — Grosseur : moyenne et quelquefois plus volumi- neuse. — For^me : turbinée, très- ventrue, légèrement obtuse et bosselée, s'amin- cissant soudain près du sommet. — Pédoncule : assez long, frêle, charnu à la base , obliquement inséré à la surface et souvent continu avec le fruit. — Œil : moyen, ouvert, presque saillant, uni sur ses bords ou entouré de petites gibbosités. — Peau : vert clair, semée de points roux, veinée de brun grisâtre autour de l'œil CAL — CAM 523 Poire Calebasse verte. et du pédoncule. — Chair : blanc verdâtre, fine, juteuse, ferme quoique bien fon- dante, faiblement pierreuse au-dessous des loges. — Eau : abondante, sucrée, acidulé, douée d'un parfum particulier des plus agréables. Maturité. — Fin de septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — On attribue cette poire à Van Mons, sans fixer toute- fois l'époque précise à laquelle il l'aurait gagnée, soit à Bruxelles, soit à Louvain. Voici du reste la version présentée à ce sujet par le pomolo- gue belge qui s'est trouvé le mieux placé pour s'enquérir de la prove- nance de cet excellent fruit : « Je l'ai reçu — écrivait M. Alexandre Bivort en 1847 — de feu Simon Bouvier qui lui-même l'avait reçu de Van Mons, et grelïé sur branches latérales; ainsi, bien que la variété soit déjà ancienne, je n'ai pu prendre ma description sur un arbre fait... La Calebasse verte a été ob- tenue de semis, par Van Mons, vers 1 828. » [Album de pomologie, t. 1, n" 34.) Observations. — Si la qualifi- cation de Veille convient à cette va- riété, on n'en saurait dire autant du nom Calebasse, que lui donna Van Mons. Il est donc probable que la forme primitive de ce fruit a dû se modifier beau- coup; autrement on ne concevrait pas que le célèbre semeur belge eût pu appli- quer à la poire ici figurée une telle dénomination. Poire de CALLIOT. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. Poire CALOÉT. — Synonyme de poire de Prêtre. Voir ce nom. Poire de CALOT. — Synonyme de poire Donville. Voir ce nom. Poire CALUAU ROSAT. — Synonyme de poire Caillot rosat. Voir ce nom. 321. Poire CAMBACÉRÈS. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, étalés, peu forts, longs, très-géniculés, d'un beau rouge légèrement grisâtre, ayant les lenticelles grosses, rapprochées, et les coussinets aplatis. — Yeux : volu- mineux, coniques, à écailles mal soudées, excessivement écartés du bois. — 524 CAM Feuilles : de forme inconstante et de grandeur variable, profondément dentées ou crénelées sur leurs bords, munies d'un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Satisfaisante. Poire Cambacérès. Culture. — Nous ne lavons pas encore étudié sur franc; le cognassier lui convient peu ; il se développe tardi- vement sur ce sujet , y reste faible , même dans sa troisième année, et n'y fait que de mauvaises pyramides. Uescription du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue et bosselée, ayant géné- ralement un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : long, assez mince, arqué, régulièrement inséré à fleur de fruit. — Œil: petit, ouvert, contourné, presque saillant, — Peau : jaune d'or, ponctuée et marbrée de roux, largement tachée de fauve autour du pédoncule. — Chair: blanchâtre , demi - fine , juteuse , fon- dante , quelque peu granuleuse au cen- tre. — F au : très - abondante et très- sucrée, rafraichissante , acidulé, possé- dant un arôme fort délicat. Maturité. — Commencement et cou- rant d'octobre, se prolongeant parfois jusqu'en novembre. Qualité. — Première. Historique. — Très-peu répandue, la poire Cambacérès nous a été donnée de 1860 à 1862, sans indication de provenance, par M. Charles Baltet, pépiniériste à Troyes. Depuis lors, nous l'avons vainement cherchée dans les Catalogues ou les Pomologies. Elle est évidemment toute moderne, et son nom permet de la croire d'origine française. Poire CAMERLING D'ALLEMAGNE. — Synonyme de poire Camerlingue. Voir ce nom. 322. Poire CAMERLINGUE. Synonyme. — Poire Camerling d'Allemagne (Thuillier-Aloux , Catalogue raisonne' des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme , 1855, p. 31). Description de l'arbre. — Bois : assez faible. — Rameaux : peu nombreux, étalés, de grosseur et de longueur moyennes, légèrement coudés, cotonneux, rouge-brun olivâtre, fortement et abondamment ponctués, munis de coussinets presque aplatis. — Yeux : gros, coniques, à écailles grises et mal soudées, noyés CAM — CAN 525 dans l'écorce. — Feuilles : petites ou moyennes, ovales-arrondi es ou ovales-allon- gées, faiblement dentées ou crénelées, au pétiole long et fort. Poire Camerlingue. Fertiuté. — Remarquable. Culture. — Sur cognassier, sa végé- tation n'a rien d'exceptionnel ; il y pousse convenablement, mais n'y prend pas une jolie forme pyramidale; tou- jours mal ramifié , il y est aussi , géné- ralement, peu garni de feuilles. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : oblongue, obtuse, bosselée et ventrue. — Pédon- cule : court , assez gros , non arqué , inséré plus ou moins obliquement dans une étroite cavité parfois assez profonde. — OEil : petit, régulier, ouvert, peu enfoncé/ — Peau : épaisse, rugueuse, à fond jaune d'ocre , ponctuée de roux clair, presqu'entièrement lavée de gris- bronze et nuancée de rouge -brun sur la face regardant le soleil. — Chair : blanchâtre, mi-fme et mi - fondante , souvent pâteuse , contenant quelques granulations autour des pépins. — Eau: suffisante , sucrée , douceâtre , assez agréable, quoiqu'elle soit rarement bien parfumée. Maturité. — Courant d'octobre. Qualité. — Variable, mais plus fréquemment troisième, que deuxième. Historique. — Pour un fruit portant le nom de la plus haute dignité du gouvernement pontifical, la poire Camerlingue se montre en France, et même en Belgique, de fort médiocre qualité. Nous l'avons reçue de ce dernier pays et la propageons depuis 1846. Le pied-type qui lui donna naissance appartenait aux semis de Van Mons et fructifia sans doute après la mort de cet arboriculteur (4842), car en 1853 il figurait encore, dans le Jardin de la Société Van Mons, parmi les variétés à l'étude. (Voir Catalogues de ladite Société, t. I, p. 52.) Observations. — Les Belges et les Allemands , en signalant ce fruit, ont ainsi orthographié son nom : Camerling. Si nous ne suivons pas leur exemple, si nous écrivons Camerlingue, c'est afin de nous mettre d'accord avec tous les Dictionnaires français. Poire CAMOUZINE. — Synonyme de poire Petit- Blanquet. Poire CANETTE DE BOUCOUGE. — Synonyme de poire Jansemine. Voir ce nom. Poire CANNELLE D'ÉTÉ. — Synonyme de ivoire Bon-Chrétien d'Été. Voir ce nom. Poire CANNING. — Synonyme de Doyenné d'Hiver. Voir ce nom. S26 CAN-CAP 323. Poire des CANOURGUES. Description de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : assez nombreux, courts, un peu grêles, étalés, légèrement coton- neux , brun clair verdâtre , très-finement et très- abondamment ponctués, ayant les coussinets bien marqués. — Yeux : moyens ou petits, coniques, aigus , éloignés de l'écorce. — Feuilles : des plus petites, ovales-allongées, acuminées, faiblement contournées ou canaliculées, à peine crénelées sur les bords, munies d'un pétiole long, flasque, excessivement menu. Fertilité. — Extrême. Culture. — De toute récente introduction dans notre école, ce poirier s'y est montré modérément vigoureux sur cognassier; il n'y a fait que de fai- bles pyramides ; le franc paraît lui convenir essen- tiellement. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : ovoïde-allongée, régulière, souvent plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule: de longueur moyenne, mince, courbé, formant bourrelet à son point d'attache, implanté à fleur de peau. — Œil : très-peu déve- loppé, mi-clos ou complètement fermé, presque toujours saillant, entouré de légères côtes ou de bosselettes arrondies rarement prononcées. — Peau : lisse et luisante, jaune clair, parsemée de petits points gris-brun, maculée de fauve autour du pédoncule et légèrement nuancée ou striée de rose pâle sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche, flne, fondante, aqueuse, contenant quelques granu- lations auprès des loges. — Eau : fort abondante, vineuse et sucrée, rafraîchissante, aromatique. Maturité. — Dernière quinzaine de juillet. Qualité. — Première. Historique. — Le pied-mère de cette variété poussait spontanément, il y a déjà plus d'un demi-siècle, dans le domaine des Canourgues (Tarn) , dont on lui a donné le nom. Yoici la note que M. Lauzeral, propriétaire de ce lieu, transmettait en 1865 à MM. Bonamy frères, pépiniéristes à Toulouse et propagateurs dudit poirier : « Cet arbre est né dans une haie il y a environ soixante ans. 11 est d'une végétation luxu- riante j sa tige (tronc) a 2 mètres de hauteur et 1 m. 30 c. de circonférence; ses branches s'étendent à 4 mètres de son tronc, et amsi sa tête a 8 mètres de diamètre Sa fertilité est si grande, que dans les années de bonne production il donne de 6 à 7 hectolitres de fruits, qui se vendent sur le marché de Carmeaux (Tarn) à 25 centimes la douzaine, le choix à 30 centimes. C'est donc une variété des plus avantageuses pour les grands vergers, et toujours de bonne vente. » [Le Verger, t. II, 1866, poires d'été, n° 37.) Poire CAPIAUMONT. — Synonyme de Beurré Capiaumont. Voir ce nom. CAP 527 324. Poire CAPSHEAF. Synonyme.— Poire Cops Heat (A. Bivort, Album de pomologie, 1847, t. I, n" 21). Descrii»tioii tle l'arbre. — Bois: peu fort, — Rameaux : nombreux , généralement érigés , de moyenne grosseur, longs, légèrement coudés, marron clair nuancé de rouge obscur, à lenticelles fines et rapprochées , à coussinets presque aplatis. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes-arrondis, écartés du bois et ayant les écailles disjointes. — Feuilles : grandes, ovales ou ovales allongées, à bords entiers en partie, au pétiole long, bien nourri et lavé de rose pâle. Fertilité. — Convenable. Culture. — Il est d'une bonne vigueur, se plaît autant sur cognas- sier que sur franc, développe assez hâtivement son écusson et prend une forme pyramidale régulière , irrépro- chable. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne ou plus considérable. — Forme : al- longée , obtuse , souvent étranglée près du sommet, et parfois forte- ment ventrue d'un côté et presque droite de l'autre. — Pédoncule : de longueur moyenne, assez mince à la base, très-renflé à l'attache, droit, inséré à la surface ou au milieu d'une faible dépression. — Œil : grand, bien fait, sail- lant. — Peau : épaisse, jaune verdâtre, entièrement ponctuée de gris, lavée de fauve aux extrémités du fruit et habituellement tachetée de brun verdâtre. — Chair : blanc jaunâtre, des plus fines, fondante ou mi-fondante, aqueuse, presque exempte de pierres. — Eau : excessivement abondante, acidulé, sucrée, délicieu- sement parfumée. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Les Américains sont les propagateurs de la Capsheaf , mais ils manquent de renseignements précis sur son âge et son lieu de naissance. Downing, un de leurs principaux pomologues, dit simplement, à ce sujet : « Nos cultivateurs « la croient originaire du Rhode-Island. » [Fruits and fruit trees of America^ 1849, p. 374.) Van Mons est regardé comme son introducteur en Belgique; il l'y greffa vers 1840. En France, on la connaît depuis une vingtaine d'années environ, et nous avons été un des premiers à l'y multiplier, puisqu'elle figurait déjà dans notre Catalogue de 1849. 528 CAP Poire CAPTIF DE SAINTE-HÉLÈNE. —Synonyme de poire Napoléon. M oir ce nom. Poire CAPUCINE D'AUTOMNE. — Synonyme de Beurré Coloma. Voir ce nom. 325. Poire CAPUCINE VAN MONS. Premier Type Description de l'arbre. — Bois : très- fort. — Rameaux : nombreux , habituelle- ment étalés vers la base de la tige, mais érigés à son sommet, longs et des plus gros, peu géniculés , d'un fauve légèrement rou- geâtre, ayant les lenticelles apparentes, ser- rées, les mérithalles longs et les coussinets bien ressortis. — Yeux : gros, ovoïdes,, aigus , non appliqués contre le bois. — Feuil- les : grandes, coriaces, luisantes, ovales ou elliptiques, entières ou faiblement crénelées, portées sur un pétiole long et épais. Fertilité. — Abondante. Culture. — On le greffe indistinctement sur le cognassier ou sur le franc ; il est très- vigoureux , d'un développement hâtif et fait d'admirables pyramides. Description du fruit* — Grosseur : varia- ble , mais plutôt moyenne que volumineuse. — For- me : turbinée, obtuse, ven- true, bosselée, parfois un peu contournée. — Pédon- cule : assez long ou court, mince, courbé, implanté obliquement à fleur de peau et très -souvent en dehors de l'axe du fruit. — Œil : grand, irrégu- lier, mi-clos ou fermé, placé dans un large et pro- fond bassin à bords rare- ment accidentés. — Peau : vert clair , entièrement ponctuée de fauve et légè- rement bronzée sur le côté frappé par le soleil. — Chair : rougeâtre et quel- quefois jaunâtre , fine , demi-fondante , juteuse , très-pierreuse au centre. CAR 829 — Eau : très - abondante , vineuse , sucrée , possédant un arôme des plus délicats. Maturité. — Vers la mi-novembre, se prolongeant jusqu'à la fm de décembre, et par exception atteignant le mois de janvier. Qualité. — Deuxième. Historique. — Ce fruit appartient à la pomone belge. Son obtenteur, Simon Bouvier, jadis notaire et bourgmestre de Jodoigne, fut l'émule et l'ami du pro- fesseur Yan Mons, auquel il le dédia en 1828. C'était un pomologue fort distingué, que le Comice horticole d'Angers compta longtemps parmi ses membres corres- pondants. Il mourut en 1846, dans sa 70^ année. Observations. — M. Bivort, au tome P" de son Album depomologie, dit que cette poire fut appelée Capucine parce qu'elle ressemblait à une vieille variété du même nom. Cet ancien poirier est-il encore cultivé?... Nous l'ignorons; mais nous en possédons un qui se nomme Capucine du Mans. Nous le tirions, il y a plus de trente ans, du Jardin du Comice horticole d'Angers, où il était ainsi étiqueté. Toutefois il n'a, arbre et fruits, aucun rapport avec la variété gagnée en 1828 par Simon Bouvier. Aussi ne le décrirons-nous pas, le croyant porteur d'un faux nom. Poire CARAFON. — Synonyme de poire Van Marum. Yoir ce nom. Poire CARAFON DE BOSC. — Synonyme de Beurré Bosc. Yoir ce nom. Poire CARDINALE. — Synonyme de poire d'Amiral. Yoir ce nom. Poire CARLISLE. — Synonyme de poire Doyenné, Yoir ce nom. Poire CARMÉLITE. — Synonyme de poire de Prêtre Yoir ce nom. Poire CARMÉLITE MUSQUÉE. — Synonyme de poire de Fontarabie. Yoir ce nom. * 326. Poire CARRIERE. !§iynonyme. — Poire RoUGE coco (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1865, t. VI). Description de l'arbre. — Bois : assez fort, — Bameaux : très-nombreux, étalés, de grosseur moyenne, un peu courts, presque droits, brun verdâtre foncé nuancé de rouge pâle, ayant les lenticelles petites, clair-semées , et les coussinets saillants. — Yeux : moyens, ovoïdes, non collés contre le bois, à écailles légère- ment disjointes. — Feuilles : ordinairement très-petites, ovales, régulièrement dentées en scie, portées sur un pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Excessive. Culture. — C'est un poirier vigoureux, qu'on greffe sur toute espèce de sujet, et dont les pyramides sont assez belles , quoiqu'un peu basses. I. 34 S30 CAS Hescriptioii du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : allongée^ obtuse, légèrement ventrue, régulière. — Pédoncule: long ou des plus longs, mince, courbé ou contourné, implanté à la surface ou dans un large évasement sans pro- fondeur. — Œil. -T^etit, mi-clos, à peine enfoncé. Poire Carrière. — Peau : jaune d'or, ponctuée de gris-brun du côté de l'ombre et de jaune clair du côté du soleil, où elle est en outre largement lavée de rouge vif. — Chair : blanc jaunâtre, mi-fine et mi-fon- dante, contenant au centre quelques granula- tions. — Fau : rarement abondante , sucrée , acidulé, assez agréable quoique trop dénuée de parfum. Maturité. — Derniers jours de juillet ou com- mencement d'août. Qualité. — Deuxième. Mistorique. — M. Decaisne, le savant pro- fesseur de culture du Muséum de Paris, a donné sur cette variété les renseignements ci-après , en la décrivant il y a deux ans : « L'arbre -mère existe encore, dit -on, au Poncet, dans la commune de Pommeuse, département de Seine- et-Marne, où l'on voit d'autres individus presque aussi âgés, et de deux mètres et demi de circonférence. M. Armand Louis, cultivateur à la Selle-sur-Morin , près Faremoustiers, qui possède plusieurs de ces arbres deux fois séculaires, m'a assuré que cbacun d'eux lui rapportait annuellement de 150 à 200 francs. Ces fruits s'expédient à Paris et se vendent, sur nos marchés, à raison de 7 fr. les 50 kilogrammes. » [Le Jardin frui- tier du Muséum, 1865, t. VI.) On pensait généralement que ce poirier était dédié à M. Carrière, chef de culture au Muséum, et directeur de la Bévue horticole. Il n'en est rien ; notre estimable confrère nous l'a positivement affirmé. Poire CASSANTE DE BREST. — Synonyme de poire Fondante de Brest. Voir ce nom. Poire CASSANTE D'HARDENPONT. — Synonyme de poire de Fer. Voir ce nom. 327. Poire CASSANTE DE MARS. Deseription de l'arbre. — Bois : assez fort. — Bameaux : nombreux , très- étalés , longs , de moyenne grosseur, peu coudés , brun-roux clair, ayant les lenti- celles fines , très-espacées , et les coussinets faiblement ressortis. — Yeux : moyens ou volumineux, coniques, pointus, à large base, bien écartés du bois. — Feuilles : CAS 531 Poire Cassante de Mars. vert clair brillant, grandes, ovales-allongées, planes ou canaliculées , presqu'entiè- res sur leurs bords ou légèrement crénelées, au pétiole grêle et court. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le cognassier lui convient parfaitement ; sa végéta- tion sur ce sujet est toujours satis- faisante ; seules , ses pyramides laissent à désirer, non pour la force, mais pour la régularité. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : arrondie - turbinée , généralement constante. — Pédoncule : court, bien nourri , arqué , inséré au mi- lieu d'une faible dépression. — Œil . : grand , bien fait , ouvert , presque saillant. — Peau : jaune orangé, ponctuée, tachetée et mar- brée de fauve , bronzée du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, demi- fine, cassante, aqueuse, pierreuse auprès des loges. — Eau : abon- dante, vineuse, sucrée^ assez aromatique et assez délicate. Maturité. — De janvier jusqu'en mars. Qualité. — Deuxième. Historique. — Obtenue à Malines, vers 1840, par le major Esperen, la Cas- sante de Mars est très-peu connue, très-peu cultivée en France, où cependant Tougard, ancien président de la Société centrale d'Horticulture de Rouen, la décri- vait dès 1852. Ce n'est pas là, du reste, une poire fort recommandable. 328. Poire CASSOLETTE, Synonymes. — Poires : 1, Petit-Liche-Frion (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 10). — 2. Despost de Sillery (Merlet, l'Abrégé des bons fruits , édition de 1675, p. 80). — 3. Friolet {Id. ibid.). — 4. De Lichefrion {Idem, p. 84). — 5. Muscat vert [ea Poitou] {Idem,^. 80).— H. De Taste-Ribaud(7c?. îèfrf.). — 7. VERDETTE[enAnjou] {Id. ibid.). — 8. De l'Échefrion (la Quintinye, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers , 1690-1739, t. I, p. 314). — 9. De Sillerie (Herman Knoop , Fructologie , 1771, pp. 104 et 135), — 10. Verdasse {Id. ibid.). — ll.FlOLK'S{LomsBosc,Nouveaucoursd'agriculture. 1809, t. X, p. 244). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. — Rameaux : assez nombreux, érigés ou légèrement étalés, longs, peu gros, géniculés, gris verdâtre lavé de roux, ayant les lenticelles fines, clair-semées , et les coussinets ressortis. — Yeux : petits, à large base, ovoïdes, aigus, éloignés de l'écorce. — Feuilles : moyennes, elliptiques, acuminées, planes ou relevées en gouttière, presque entiè- res ou faiblement ondées ou crénelées, à pétiole long et grêle. Fertilité. — Remarquable. 332 CAS Culture. — La vigueur de ce poirier permet de lui donner le sujet qu'on pré- fère ; il croît vite et fait de jolies pyramides. Poire Cassolette. lïeseription du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : turbinée-arrondie , régulière, quoique souvent un peu étranglée près du sommet. — Pédoncule : de moyenne longueur , menu , courbé , ordinairement implanté à la surface d'un faible mamelon. — Œil: petit, ouvert, légèrement enfoncé ou complètement saillant. — Peau : vert blanchâtre, uniformément parsemée de petits points roux ver- dâtre, et quelque peu nuancée, généralement, de rose pâle sur la face regardant le soleil. — Chair : blanche, mi -fine, cassante, mais très -tendre et rarement bien pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, douée d'un léger goût musqué assez agréable. Maturité. — Fin d'août et premiers jours de septembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Lorsqu'au commencement du xvii" siècle cette poire fit son apparition dans l'Or- léanais, elle portait le nom de Petit-Liche-Frion , que le Lectier, d'Orléans, lui conserva en 1628, comme on le voit à la page 10 du Catalogue de son jardin. Mais peu après elle le perdit pour celui de Cassolette, dont on la trouve en possession dès 1675 et qui, malgré de nombreux synonymes, a fini par lui rester. De nos jours, on la connaît effectivement sous cette seule dénomi- nation, tirée de sa forme, assez semblable à celle de ces flacons portatifs jadis si recherchés pour renfermer des parfums. On ignore dans laquelle de nos provinces elle fut gagnée, et par qui. Le pomobgue Merlet disait bien, en 1675, qu'on l'appe- lait aussi Despost de Sillery ; mais quoique la Champagne possède une commune de ce dernier nom, rien n'autorise à l'en déclarer originaire. Toutefois, une telle homonymie devait être signalée. Quant aux mots Liche ou Lkhe-Frion , qui com- posèrent le nom primitif de ce fruit, ils signifiaient : poire dont les frions (espèce d'oiseaux) sont avides. Observations. — En 1628 on cultivait un Gros-Liche-Frion , ou Lèche-Frion d'Automne, qu'il ne faut pas confondre avec le Petit-Liche-Frion, ou Cassolette, C'est une variété devenue fort rare ; néanmoins on la rencontre encore , dans quel- ques collections, sous le nom de poire Lansac^ qu'elle reçut de la Quintinye (1690). Nous la décrivons plus loin. (Voir tome II, lettre L.) 329. Poire CASTELLINE. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, géné- ralement un peu arqués et étalés, gros, longs, flexueux, légèrement cotonneux, vert clair grisâtre , finement et abondamment ponctués , à coussinets presque nuls. Yeux : moyens, ovoïdes-arrondis, duveteux, non appliqués contre le bois, souvent CAS 533 placés en éperon et ayant les écailles faiblement disjointes. — Feuilles : vert clair, peu nombreuses , ovales, à bords unis, à pétiole court et fort. Fertilité. — Convenable. Poire Castelline. Culture. - Sur cognassier, la végétation de cet arbre est très-satisfaisante; les pyrami- des qu'il fait n'ont qu'un léger défaut : elles sont habituel- lement trop dépourvues de feuilles. Descriiition du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme: oblongue, obtuse et ventrue. — Pédon- cule : assez long, mince, renflé à l'attache, recourbé, réguliè- rement inséré dans une large cavité mamelonnée. — Œil : moyen, ouvert ou mi-clos, uni sur ses bords, à peine enfoncé. — Peau : rugueuse , verdâtre , nuancée de gris clair, forte- ment ponctuée et tachetée de fauve, quelque peu colorée du côté du soleil. — Chair : jaunâtre, mi-fine, fondante, aqueuse, presque exempte de pierres. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, possédant un savoureux parfum. Maturité. — Fin octobre et courant de novembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce poirier m'était envoyé de Belgique en 1852 et figurait en 1855, pour la première fois, dans mon Catalogue. Cependant il ne paraît pas appartenir aux gains de nos voisins, du moins d'après la note suivante de M. Alexandre Bivort, qui le décrivit en 1850 : « La poire Castelline — disait-il — est un très-bon fruit... Je l'ai reçue de M. Reynaert- Beernaertj de Courtray, qui n'a pu me donner aucune notion certaine sur son origine. Les épines dont son bois n'est pas encore entièrement dépouillé, démontrent suffisamment que la variété est récente; je ne la trouve inscrite dans aucun Catalogue français ou belge. » {Album de pomologie, t. III, p. 51.) Observations. — En 1860, un de nos pomologues demandait si la Castelline ne devait pas être rangée parmi les synonymes delapoire F/'ane-^ea/?... La réponse est facile à faire, lorsqu'on sait que la première est un excellent fruit à couteau, et que la seconde appartient uniquement aux variétés destinées à la cuisson!... Aussi ces deux poires n'ont-elles rien de commun, si l'on excepte leur époque de maturité , arrivant dans le même mois. 534 CAT 330. Poire CATHERINE LAMBRÉ. Description de l'arbre. — Bois : assez faible. — Ra- meaux : nombreux, ordinaire- ment très-étalés, peu longs et peu forts , droits , rouge clair, à lenticelles fines et serrées , à coussinets aplatis. — Yeux : moyens , ovoïdes , écartés du bois et ayant les écailles disjoin- tes. — Feuilles : grandes , rare- ment abondantes, ovales-lancéo- lées, canaliculées et contournées, à bords profondément dentés , à pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Il croît vite et aussi convenablement sur cognassier que sur franc ; ses pyramides sont peu hautes mais cependant assez jolies. Deiscription du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : allongée, ventrue, habi- tuellement très-obtuse , forte- ment bosselée, souvent étranglée près du sommet et légèrement pentagone à la base. — Pédon- cule : des plus longs, à peine courbé, mince, charnu et plissé à la base, obliquement implanté dans une assez large cavité où le comprime une gibbosité plus ou moins prononcée. — Œil : grand , bien fait , ouvert , peu enfoncé, entouré de bosselettes. -—Peau : jaune verdâtre, couverte de points roux du côté de l'ombre, où se voient également quelques marbrures fauves, veinée de même autour de l'œil et faiblement lavée de rose tendre ponctué de jaune obscur sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche, fine, compacte mais très-fondante, juteuse, rarement pierreuse. — Eau: excessivement abondante, sucrée, acidulé, douée d'une saveur exquise rappelant le parfum de la rose. Maturité. — Fin septembre et commencement d'octobre. Qualité. ~ Première. Historique. — Le poirier Catherine Lambré provient des derniers semis que fit, dans sa pépinière de Louvain, le professeur Vaii Mons. Après la mort de ce CAT 535 savant, il fut transplanté dans le jardin fruitier de Geest-Saint-Remy-lez-.Iodoigne, et c'est là qu'eut lieu son premier rapport, vers 1850. Nous le propageons depuis 1855. Le nom qu'il porte lui a été donné par M. Bivort, son promoteur. ► 331. Poire de CATILLAC. Synonymes. — Poires: i. Cadillac (de Bonnefond, le Jardinier français, 1665, p. 67). — 2. De Citrouille (Merlet, V Abrégé des bons fruits, 167S, p. 125). — 3. De Péquigny {Id. ibid.). — 4. De Tout-Temps {Id. ibid.). — 5. Grand-Mogol (HermanKnoop, Fructologie, pp. 125 et 136). — 6. Grand-Monarque {Id. ibid.). — 1. Grand-Tamerlan {Id. ibid.). — 8. Gratiole ronde {Id. ibid.). — 9. Tête-de-Chat [Katzenkopf des Allemands] (Diel, Kernobstsorten , 1804, p. 237). — 10. Téton de Vénus (de Launay, le Bon-Jardinier, 1808, p. 137). — 11. Bon-Chrétien d'Amiens (André Leroy, Catalogue, 1846, p. 9). — 12. Poire Monstre {Id. ibid.). — 13. Gros-Gilot (Alexandre Bivort, Album de pomologie, 1847, t. I, n» 61). — 14. Admirable des Chartreux [Id. ibid., 1849, t. Il, p. 73). — 15. Chartreuse {Id. ibid.).— 16. De BELL(Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). — 17. Besi des Marais {Id. ibid.). — 18. COTILLARD {Id. ibid.). — 19. Gros-Thomas {Id. ibid.). — 20. Monstrueuse des Landes (Jahn, lllustrirtes Handbuch der Obstkunde, 1860, t. II, pp. 525 et 526). — 21. QUENILLAC {Id. ibid. ). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : peu nombreux, ordinairement étalés, longs et des plus gros, à peine géniculés, duveteux, vert olivâtre souvent nuancé de rouge pâle^ à lenticelles apparentes mais clair-semées , à coussinets saillants. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes-arrondis, collés contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies, acuminées, coriaces, cotonneuses, ayant les bords unis ou irrégulièrement dentés, portées sur un pétiole épais, roide, excessivement court et pourvu de longues stipules. Fertilité. — Abondante. Culture. — Cet arbre, très- vigoureux, pousse parfaitement sur toute espèce de sujet, mais il est trop pauvrement ramifié pour que la forme pyramidale lui con- vienne beaucoup. Il sera toujours préférable de le placer en espalier, soit au couchant soit au levant. Description du fruit. — Grosseur : énorme ou volumineuse. — Forme : turbinée-arrondie ou turbinée légèrement allongée et obtuse, constamment ven- true, parfois assez fortement bosselée, habituellement mamelonnée au sommet et plus ou moins pentagone à la base. — Pédoncule : long ou très-long, droit, mince dans toute sa partie supérieure, renflé et charnu à son autre extrémité, oblique- ment implanté dans une vaste cavité de profondeur variable et dont les bords sont très-accidentés. — Œil : grand, bien fait, ouvert ou mi-clos, placé dans un large bassin où il est entouré de bosselettes et assez enfoncé. — Peau : rugueuse, jaune verdâtre, entièrement ponctuée, rayée et marbrée de roux, maculée de brun-fauve dans les cavités ombilicale et pédonculaire , colorée de rouge vif sur le côté qui regarde le soleil. — Chair : blanc mat, grossière, juteuse, dure et cassante, pier- reuse autour des loges. — Eau : abondante, peu sucrée, légèrement astringente, parfois faiblement musquée, mais le plus souvent dénuée de parfum, sans posséder néanmoins aucun goût désagréable. Maturité. — Courant de février et se prolongeant jusqu'en avril. Qualité. — Troisième comme fruit à couteau, première comme fruit à compote. Historique. — Nicolas de Bonnefond mentionna seulement, en 1665, cette volumineuse poire dans son Jardinier français, mais ce fut Merlet qui le premier la S36 CAT décrivit, en 1675 [l'Abrégé des bons fruits, p. 125). Avant ces deux auteurs, personne ne l'ayant citée, il est alors probable que sa culture date environ de la moitié du xvn" siècle. Quant à la provenance de ce fruit, quant au nom Cadillac sous lequel Poire de Catillac, on le vit signalé, ni Merlet ni Bonnefond ne s'en préoccupèrent. Aussi, depuis eux, a-t-on fait maintes suppositions pour combler cette double lacune dans l'his- toire d'une variété qui de 1665 à 1860 n'a pas reçu moins de vingt surnoms!... Poiteau et Turpin, entre autres, hasardèrent à son sujet, au commencement de ce siècle , les étymologies que voici : « Catillac : de castigo , je punis , parce que sa chair s'attaclie à la gorge de celui qui la CAT 537 mange crue ; — ou de : castilla, Mande, parce que, lorsqu'on la fait cuire en compote, elle exige beaucoup de sucre. » {Traité des arbres fruitiers de Duhamel, nouv. édit., augmentée d'un grand nombre d'espèces de fruits obtenus des progrés de la culture; i807-1835, t. IV.) Mais en 1833 Poiteau lui-même réfuta de la sorte le passage qu'on vient de lire : « Nous avons reconnu que Catillac, que nous avions d'abord cru dérivé de mstigo, ou castilla, vient de cade ou cadille, qui veut dire petit barU, par allusion à la forme et à la grosseur de ce fruit. » [Cours d'horticulture , t. II, p. 142.) En 1860, mieux inspiré que ses devanciers, M. Decaisne, le savant directeur des cultures du Muséum de Paris, laissa de côté, en décrivant cette poire, la question d'étymologie, pour se préoccuper de la question d'origine, qui lui parut devoir répondre à tout : « Je trouve — observa-t-il — plusieurs villes ou villages du nom de Cadillac, dans la Guienne; il est donc probable que notre fruit a pris son nom de l'une de ces localités » [Le Jardin fruitier du Muséum, t. III.) Nous partageons complètement l'opinion de M. Decaisne, que M. Willermoz adoptait aussi , en 1864, dans la Pomologie de la France (t. II, n° 78) , disant : « On « présume que cette variété a été trouvée dans les environs de Cadillac (Gironde). » Ajoutons qu'il existe également une Pomme de Cadillac^ provenant de la petite ville ici désignée, et très-commune dans la Gironde et les départements qui l'avoisinent. Observations. — C'est par erreur que l'on a quelquefois donné les noms poire Abbé Mongein, ou Mangein, comme synonymes de Catillac, ils le sont unique- ment de poire Belle- Angevine. — La Bellissime d' Hiver , rappelons-le, ne saurait non plus s'y rapporter. Si l'on veut bien examiner, page 218, l'article où nous l'avons étudiée, on verra qu'en effet ces deux variétés sont, arbres et fruits, des plus distinctes^ tout en ayant une maturité identique et une forme assez semblable. — La grosseur considérable du Catillac , dont le poids s'élève souvent jusqu'à 900 grammes (le type figuré ci-contre en pesait 650), fait qu'on l'a fréquemment confondu avec la Poire de Livre; cependant cette dernière, nommée aussi Râteau gris, est douée de caractères qui sont loin de rendre facile une pareille méprise. 332. Poire CATINKA. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, géné- ralement étalés, des plus longs et des plus gros, coudés, brun clair légèrement verdâtre, ayant les lenticelles larges et clair-semées , les mérithaUes très-longs et les coussinets bien marqués. — Yeux : volumineux, ovoïdes-arrondis, pointus, à écailles quelque peu disjointes, toujours écartés du bois et souvent formant éperon. — Feuilles : grandes, ovales-allongées, planes ou contournées, presque entières sur leurs bords, munies d'un pétiole long et très-fort. Fertilité. — Des plus grandes. Culture. — La vigueur de ce poirier est remarquable; il développe prompte- ment son écusson, pousse aussi bien sur cognassier que sur franc, et prend dès sa deuxième année une forme pyramidale ne laissant rien à désirer. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée- ovoïde, un peu ventrue, mais quelquefois aussi tur binée - arrondie 538 CEL— CER et contournée, surtout près du sommet. — Pédoncule : long, bien nourri, courbé, noueux ou épineux, obliquement inséré au milieu d'une faible dépression. Poire Catinka. " ^'^ ■' très-grand, mi-clos ou fermé , presque à fleur de fruit. — — Peau : jaunâtre , entièrement ponctuée de gris -roux et semée de quelques larges taches brun-fauve qui sont ordinairement squam- meuses. — Chair : blanc jaunâtre, mi-fme , mi-fondante , aqueuse , pierreuse au centre. — Eau : abon- dante , sucrée , aigrelette , assez savoureuse quoique faiblement aro- matique. Maturité. — Courant d'octobre et dépassant rarement la fin de ce mois. Qualité. — Deuxième. Historique. — Le major Es- peren est l'obtenteur de cette variété, qu'il gagna de semis à Malines (Belgique) , vers 1845. Nous la mul- tiplions depuis 18-47. D'où vient le nom qu'elle porte?... Nous l'igno- rons, mais Catinka, dans la langue russe, signifie Petite Catherine. Observations. — Cette poire a le défaut de mal se conserver dans le fruitier ; elle y blossit générale- ment au bout de quelques jours, du moins chez nous. Cependant on affirme qu'il n'en est pas ainsi par • tout, notamment dans le Midi de la France, où elle se garderait six semaines : de novembre en décembre. Poire CÉLESTE. — Synonyme de Beurré Diel. Voir ce nom. Poire CÉLESTUS. — Synonyme de poire Incomparable Hacon's. Yoir ce nom. Poire CELLITE. — Synonyme de poire Passe-Cobnar. Yoir ce nom. Poire CENT-COURONNES. — Synonyme de poire Oken. Voir ce nom. Poire CERTEAU D'AUTOMNE. — Synonyme de poire de Fusée d'Automne. Voir ce nom. CER 539 333. Poire CERTEAU D'ÉTÉ. Syaonymes» — • Poires : 1. De Champagne d'Été (Charles Estienne, Semi'narium et plantarium fi'ucti fer arum prœsertim arborum quœ post hortos conseri soient, 1540, p. 69). — 2. Colorée d'Août (Alexandre Bivort, Catalogue descriptif, 1851 , p. 20).— 3. Gkos-Certeau d'Été (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum. 1859, t. II), — 4. Courte d'Ersol {Id. ibid.). — 5. Emmanuel d'Été [Id. ibid.). — 6. Rouge des Vierges [Id. ibid.). Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés et des plus arqués, gros, peu longs, légèrement géni- culés, gris-rouge ardoisé, abondam- ment et fortement ponctués, ayant habituellement les mérithalles courts et les coussinets saillants. — Yeux : moyens, ovoïdes-allongés, duveteux, plus ou moins aplatis , collés contre le bois. — Feuilles : d'un beau vert luisant, grandes, ovales ou presque cordiformes , faiblement dentées , portées sur un pétiole de longueur et de grosseur moyennes. Fertilité. — Excessive. Culture. — C'est un arbre de grande vigueur, à greffer sur cognas- sier ou sur franc; il pousse vite et bien ; les pyramides qu'il fait sont belles et des plus feuillues. Description dit fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : allongée, variable, affectant parfois celle d'une calebasse, mais le plus ordinairement conique-obtuse. — Pédoncule : long ou très-long, courbé ou contourné, de moyenne force, souvent renflé à la base, obli- quement ou perpendiculairement implanté à la surface du fruit. — Œil: moyen, ouvert ou mi-clos, saillant ou légèrement enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau : jaune clair quelque peu verdâtre, entièrement ponctuée de gris- brun, largement carminée sur le côté exposé au soleil. — Chair : blanchâtre, demi-fine et demi-fondante, assez marcescente, contenant de faibles granulations autour des loges. — Eau : suffisante, sucrée, rarement très-parfumée^ douée cependant d'une certaine délicatesse. Maturité. — Dernière quinzaine d'août, Qualité. — Deuxième, 540 CER Historique. — L'origine du Certeau d'Été est la même que celle du Certeau d'Hiver, dont l'article va suivre. Poire Certeau d'Été. — Deuxième Type. Cette variété, appelée aussi poire de Champagne au xvi" siècle, provient, disait en 1540 Charles Estienne, « de « la contrée que dans notre Cham- « pagne on nomme le Perthois : « a nostra Galliarum Campania , « quœ Pertosiensis appellatur. » [Seminarium, p. 69.) Or, le Pertois, ou Perthois, dont Yitry-le-Français était la capitale, s'étendait le long de la Marne et confinait au Barrois. Quant au nom Certeau^ qu'a tou- jours porté ce poirier, il nous sem- ble tiré du mot latin certo, signi- fiant : constant, certain, et lui avoir été donné en raison même de sa prodigieuse fertilité. Observations. — La Quin- tinye , qui se montra sévère pour un grand nombre de fruits , le fut trop, surtout, à l'égard du Certeau d'Été : « Je connois cette poire pour « si mauvaise — disait-il — que je « ne conseille à personne de la « planter. » [Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, 1690, tome I.) Réellement, ce n'est pas là une variété qu'il faille abandon- ner, car dans les terrains moins humides que ceux du parc de Ver- sailles, où la Quintinye cultivait ses poiriers , le Certeau d'Été est assez bon et paie largement , par son excessive fertilité , les soins qu'on lui donne. 334. Poire CERTEAU D'HIVER. Synonymes. — Poires: 1. De Champagne d'Hiver (Charles Estienne, Seminarium et plantarium fructiferarum prœsertim arborum quœ post hortos conseri soient, 1540, p. 69). — 2. GROS CERTEAU d'Hiver (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, 1675, p. 116). — 3. De Prince [d'Hiver] {Id. ibid). — 4. Trouvée de Montagne {Id. ibid.). — 5. Trouvée (Duhamel du Monceau, Traité des arbres frui- tiers, 1768, t. TI, p. 248). — 6. De Merle (Galvel, Traité complet sur les pépinières, 1805, t. IF, p. 379). — 7. Pléteau (Pépin, Revue horticole, 1846, fc. Vil, p. 449). nescrifition de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés, de grosseur et de longueur moyennes, très-géniculés, brun clair jaunâtre. CER 541 ayant les lenticelles apparentes, excessivement rapprochées, et les coussinets saillants. — Yeux : gros, ovoïdes-allongés, à écailles grises, bombées et mal sou- dées, non appliqués contre le bois. — Feuilles : grandes ou moyennes, ovales, acuminées, légèrement dentées ou presque entières, au pétiole long et fort. Fertiuté. — Très-grande, Culture. — Il est d'une vigueur modérée, prospère sur toute espèce de sujet, ne croît pas très-vite, mais fait ordinairement d'assez jolies pyramides. Poire Certeau d'Hiver. — Premier Type. Deuxième Type. Deseriptiou dii ffitit. — Grosseur : moyenne et quelquefois moins volumi- neuse. — Forme : affectant souvent celle d'une Calebasse, mais généralement turbinée-allongée, ventrue, très-amincie près du sommet. — Pédoncule: assez long et assez faible, droit ou courbé, souvent renflé à la base, perpendiculairement ou obliquement implanté à la surface. — Œil : grand, mi-clos, à peine enfoncé, parfois contourné. — Peau : vert clair jaunâtre, ponctuée de fauve, maculée de même autour du pédoncule, lavée de rouge-brun sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanc jaunâtre, demi-fme, demi-cassante, pierreuse et un peu marces- cente. — Fan : abondante, sucrée, bien parfumée ^ plus ou moins astringente et cependant assez savoureuse. Maturité. — De décembre jusqu'en avril ou mai. Qualité — Troisième pour le couteau, première pour la cuisson. Historique. — Le Certeau d'Hiver, nous l'avons dit ci-dessus à l'article du 542 CER — CHiV Certeau d'Été (p. 540), provient des environs de Vitry-le-Français , dans l'ancienne Champagne, et fut remarquablement décrit pour la première fois en 1540, par Charles Estienne. [Seminatnum , p. 69.) Observations. — La Quintinye, dans ses Instructions pour les jardins fruitiers et potagers^ faisait en 1690, à l'égard de ce fruit, la recommandation suivante : « Quoique très-bon à cuire, il me paroît trop petit pour en avoir aucun arbre en « buisson ; il faut se contenter d'en avoir quelqu'un de tige dans les grands ver- ce gers. » (Tome I.) C'est en effet une variété des plus convenables pour le verger; aussi dans la Nièvre, où elle est particulièrement cultivée sous le nom de poire Pléteau, en tire-t-on un excellent parti comme arbre de plein vent offrant, par son extrême fertilité, d'abondants produits très-estimés sur les marchés. Poire CERTEAU -MADAME. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. Poire CERTEAU MUSQUÉ D'HIVER. — Synonyme de poire Martin- Sire. Voir ce nom. Poire CERTEAU (PETIT Voir Petit-Certeau. 335. Poire CHAIGNEAU. Deseription de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ra- meaux : assez nombreux , étalés, très-gros, peu longs, légèrement coudés, brun clair nuancé de vert et de gris, ayant les lenticelles moyen- nes, espacées, et les coussinets ressortis. — Yeux : ovoïdes, volumineux, à écailles grises et disjointes , très-écartés du bois. — Feuilles : grandes, ovales allongées, faiblement acuminées , profondément dentées ou crénelées, portées sur un pétiole court, épais, roide et souvent rosé. Fertilité. — Convenable. Culture. — Sur cognas- sier, le seul sujet qu'on lui ait encore donné dans notre école, il s'est montré d'un dévelop- pement ordinaire et a fait de belles pyramides. Seseription du fmit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne, ou moyenne. - Forme : turbinée, obtuse, régulière, des plus ventrues. — Pédoncule : un peu CIIA 543 court, arqué, bien nourri, perpendiculairement implanté au milieu d'une faible dépression. — Œil : grand, souvent mi-clos, plus ou moins enfoncé. — Peau : vert jaunâtre , ponctuée de gris-brun , maculée de même aux extrémités du fruit. — Chair : blanchâtre, fine ou demi-fine, fondante, juteuse, contenant quelques pierres autour des pépins. — Eau : excessivement abondante, acidulé, sucrée, rafraîchissante, fort aromatique. Maturité. — Fin de septembre ou commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Mis dans le commerce en 1863, ce poirier appartient à la pomone de la Loire-Inférieure, et la note suivante se lit, sur son origine, à la page 31 de la Revue horticole, où il était signalé, décrit et figuré : « Ce gain, provenant d'un semis fait en 1848, est dû à M, Jacques Jalais, jardinier- pépiniériste à Nantes. Le premier rappoii a eu lieu en 1838. Sa présentation à la Société d'Horticulture de Nantes a valu une récompense à son obtenteur, qui lui a donné le nom de l'honorable président de cette Société, M. Chaigneau , ancien député La Société d'Horticulture de Paris a décerné à ce fruit, en 1863, une médaille d'argent, de 2® classe. » (De Liron d'Airoles.) 336. Poire GHAIR-A-DAME. Synonjmes. — Poires : 1. Chère- a-Damp: (le Lectier, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 4). — 2. De Prince d'Été (Merlet, l'Abrégé des bons fruits, 1675, p. 78). — 3. Chère-Adame (Thompson, Catalogue of fruits cultivated in the garden of Ihe horticultural Society of London, 1842, p. 132). Description de l'arbre. — ■ Bois : assez fort. — Rameaux : nom- breux, étalés, gros, longt?, flexueux, rouge foncé légèrement ardoisé, à lenticelles apparentes et très-rappro- chées , à coussinets bien accusés. — Yeux : volumineux, coniques ou ovoïdes-allongés et pointus , fai- blement écartés du bois. — Feuilles : de moyenne grandeur, peu abon- dantes, ovales ou ovales-allongées, profondément dentées ou crénelées, au pétiole court et mince. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Doué d'une bonne vigueur, il végète parfaitement sur le cognassier, s'y développe assez vite et y forme des pyramides con- venables, quoiqu'un peu trop dé- pourvues de feuilles. Description du fruit. — Gros- seur : moj'^enne ou au-dessous de la moyenne. — Forme : oblongue, bos- court, gros, arqué, charnu à la base. selée, assez régulière. — Pédoncule 544 CHA obliquement inséré dans un évasement peu profond où le comprime souvent une forte gibbosité. — OEil: petit, bienfait, ouvert, assez enfoncé dans un large bassin. — Peau : mince, vert clair jaunâtre, très-fmement ponctuée de gris-roux et large- ment carminée sur la partie regardant le soleil. — Chair : blanche, demi-fine, cassante ou demi - fondante , aqueuse, pierreuse au centre. — Eau : abondante, sucrée, vineuse, rarement très-aromatique et parfois entachée d'une légère acerbité. Maturité. — De la fm d'août jusqu'aux premiers jours de septembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Il faut remonter aux premières années du xvii* siècle , et lire le Catalogue des poiriers que possédait en 1628, dans son jardin d'Orléans, le pro- cureur du roi le Lectier, pour voir apparaître le fruit que nous venons de décrire. Ce magistrat en possédait alors deux variétés, l'une qu'il appelait « Chère-à-Dame « très-hastive » et qu'il disait « toute ronde, jaune et verte, et musquée; » et l'autre à laquelle il donnait le seul nom de Chère-à-Dame. Ces deux poires, dont l'origine n'est pas connue, sont encore dans la culture. La première, la ronde très-hâtive, fait partie de la collection du Muséum de Paris , et figure dans l'admirable Pomo- logie publiée par M. le professeur Decaisne. Quant à la seconde, à maturité plus tardive , c'est celle que nous possédons, et qui depuis un temps indéfini existe dans l'Anjou, où quelquefois aussi on l'a appelée, erronément. Perdreau musqué, nom synonyme de Rousselet hâtif. Les Allemands [Deutsches Obstcabinet , 1861, 10® cahier) possèdent cette dernière variété sous le nom de poire de Prince, que Merlet, en 1675, citait déjà comme synonyme de Chère-à-Dame. Elle mûrit chez eux au début de septembre, et s'y montre en tout semblable à celle de mon école. L'usage ;, aujourd'hui, fait écrire CHAiR-à-Z)ame, et non plus Chère, comme jadis. Nous croyons qu'on a eu tort de modifier de la sorte le nom de cette poire, dont la chair n'a réellement rien qui lui puisse attirer la préférence des femmes. Le charmant coloris de sa peau, voilà sans doute ce qui lui valut sa dénomination primitive. Observations. — Parmi nos anciennes variétés , il en est une qu'on a long- temps nommée Chair-de- fille., mais qui ne se rapporte nullement à la Chair-à-Dame, quoique son nom le puisse faire supposer. On l'appelle actuellement poire Cornemuse, en raison de sa forme la plus habituelle. Poire CH AIR-DE-FILLE. — Synonyme de poire Cornemuse. Voir ce nom. Poire CHAMBRETTE D'HIVER. — Synonyme de poire Virgonleuse. Voir ce nom. Poire CHAMOISINE. — Synonyme de poire Liébart. Voir ce nom. 337. Poire CHAMP RICHE D'ITALIE. Descriittion de l'arbre. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : nom- breux, légèrement étalés, assez gros, longs, très-géniculés , brun rougeâtre, à lenticelles petites, peu apparentes, peu espacées, à coussinets ressortis. — Yeux : volumineux , coniques , souvent triangulaires et aplatis , non appliqués contre CHA 545 l'écorce. — Feuilles : ovales-arrondies, grandes, abondantes, planes ou relevées en gouttière, faiblement dentées, ayant le pétiole court et épais. Poire Champ riche d'Italie. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Arbre de vigueur satisfaisante , le cognassier lui suffit très-bien; il pousse vite^, sur ce sujet, et les pyramides qu'il y fait sont régulières , jolies et touftues. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne et parfois assez considérable. — Forme : oblongue , toujours des plus ventrues, faiblement penta- gone à la base et s'amincissant beaucoup près du sommet, qui souvent est presqu'aigu. — Pédon- cule : court , peu fort à la partie inférieure , renflé au point d'atta- che , non arqué , obliquement im- planté à fleur de peau et habituel- lement adossé contre un mamelon plus ou moins prononcé. — ■ Œil: large , arrondi , bien fait , à peine enfoncé. — Peau : épaisse , toute parsemée de points brun clair, verdâtre du côté de l'ombre, jaune d'ocre sur la face exposée au soleil, où elle est en outre tachetée de fauve. — Chair : blanchâtre, mi-fondante ou cassante, assez fme, légèrement pier- reuse, un peu sèche, — ^aw .• rarement abondante, douceâtre, faiblement sucrée et parfumée. Maturité. — Fin de novembre et se prolongeant jusqu'en février. Qualité. — Troisième, crue; première, cuite. Historique. — Duhamel du Monceau signalait en 1768 ce poirier au tome II de son Traité des arbres fruitiers (pp. 232-233), et pour lors il devait être depuis peu dans les jardins français, car aucun autre pomologue n'enf avait encore parlé. En l'appelant Champ riche d'Italie, cet auteur semble le croire originaire de ce pays ; toutefois il ne dit rien qui puisse confirmer une telle opinion ; silence imité par ceux qui plus tard l'ont également décrit. Le docteur Diel , de Stuttgardt , lui consacra plusieurs pages en 1803 [Kernobstsorten, p. 206), époque à laquelle il le reçut des environs de Paris; mais il observe que depuis longtemps déjà on le lui avait envoyé de Berlin. Cette variété est devenue fort rare en France, en raison sans doute de son manque de quahté. Poire de CHAMPAGNE D'ÉTÉ.— Synonyme de poire Certeau d'Été. Voir ce nom. Poire de CHAMPAGNE D'HIVER. — Synonyme de poire Certeau d'Hiver. Voir ce nom. I. 35 546 CHA 338. Poire GHANCELLOR. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : nombreux, généralement arqués et étalés, ou contournés et réfléchis, assez gros, longs, géniculéS;, légèrement duve- teux, vert grisâtre nuancé de rouge pâle auprès des yeux, à lenticelles apparentes et rapprochées, à cous- sinets presque aplatis. — Yeux : moyens ou petits, ovoïdes, coton- neux, écartés du bois et ayant les écailles faiblement entr'ouvertes. — Feuilles : de grandeur moyenne, ovales, acuminées, dentées ou cré- nelées, portées sur un pétiole long, fort et pourvu de stipules très-déve- loppées. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Cet arbre, dont la vigueur n'est pas grande, croît très- lentement sur le cognassier et n'y forme que de chétives pyramides ; le franc lui convient mieux. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessus de la moyenne. — Forme : ovoïde, ventrue, régulière. — Pédon- cule : assez long, mince à la base, renflé à l'autre extrémité, arqué, obliquement inséré dans un large évasement peu profond. — Œil : petit, arrondi, ouvert ou mi-clos, rarement très-enfoncé, parfois accidenté sur ses bords. — Peau: rude au toucher, jaune verdâtre ou jaune pâle, fortement ponctuée de brun et de vert, rayée et légèrement marbrée de fauve , plus ou moins lavée de rouge sombre du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, fine, fondante, juteuse, peu pierreuse. — Eau : très-abondante, rafraîchissante, des plus sucrées et des plus aromatiques. Maturité. — Fin de septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Nous multiplions ce poirier depuis 18S5 et le devons à nos correspondants d'Amérique. Il était, en 1853, mentionné pour la première fois dans le Magazine of horticulture publié par M. Hovey, de Boston (p. 63). Quant à sa provenance, les pomologues américains le disent originaire de la Pensylvanie, où il aurait été gagné à Germantown, dans la propriété de M. Chancellor, duquel il porte le nom. Poire le CHANDELLE. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. CHA ' 547 339. Poire CHAPLOUX. Ilescriptioii de l'arbre. — Bois : fort et d'un beau gris rosé. — Rameaux : nom- breux, érigés à la partie supérieure de la tige, étalés à sa base, gros, très -longs, flexueux, rouge ardoisé, à lenticelles petites et des plus rapprochées, à coussinets faiblement accusés. — Yeux : assez volumineux, ovoïdes, écartés du bois, ayant les écailles bombées et disjoin- tes. — Feuilles : grandes , habituellement ovales, dentées ou crénelées, contournées, souvent relevées en gouttière et portées sur un pétiole excessivement long, fort et accom- pagnés de stipules bien développées. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — La vigueur de ce poirier est remarquable ; on le greffe sur cognassier ou sur franc ; sa croissance étant très-rapide , il fait dès sa deuxième année de magnifiques pyramides. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : turbinée-arrondie, régu- lière, entièrement plate à sa base. — Pédon- cule : très-long , grêle , flasque , renflé à l'at- tache, perpendiculairement implanté et souvent continu avec le fruit. — Œil : excessivement grand, mi-clos, saillant, à bords non accidentés. — Peau: rugueuse, vert-pré, ponctuée de fauve , parsemée de taches brunâtres et largement marbrée et réticulée, du côté du soleil, de gris -roux des plus squammeux. — Chair : verdâtre, grossière, cassante, sèche, fortement pierreuse autour des loges. — Eau : peu abondante , assez sucrée , manquant de saveur et de délicatesse. Maturité. — Courant de décembre. Qualité. — Troisième. Historique. — En 1859 elle nous était envoyée des pépinières de Yilvorde- lez-Bruxelles , sans indication d'origine. Peu après , et notamment en 1863 , elle figurait dans le Catalogue de cet établissement, avec la note : « Première « qualité. » Il faut alors, s'il n'existe là aucune erreur, que ce fruit ait perdu dans notre école, tout son mérite, car on n'a même pu l'y laisser parmi les poires à couteau de deuxième ordre; il y a été mis en 1866 au rang des variétés servant uniquement à l'approvisionnement des halles. — Serait-il meilleur cuit?... Nous l'ignorons. Du reste, ce poirier est à peu près inconnu en France. 340. Poire CHAPTAL. Synonyme. — Poire Beurré Ghaptal (d'Albret, Cours théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers^ 1851, p. 331). Description de l'arbre. — Bois : de force moyenne. ~ Rameaux : érigés ou faiblement étalés, assez nombreux et assez gros, longs, légèrement coudés, 548 CHA Poire Chaptal. gris -roux nuancé de brun, ayant les lenticelles fines et espacées et les coussinets rarement bien accusés. — Yeux : moyens, aplatis, ovoïdes, pointus, en partie appliqués contre l'écorce. — Feuilles : de grandeur variable, ovales-arrondies ou ovales , acuminées et souvent canalicu- lées, dentées ou cré- nelées, portées sur un pétiole court , bien nourri, lavé de rose tendre, pourvu de stipules peu déve- loppées. Fertilité.— Con- venable. Culture. — Poi- rier modérément vi- goureux, il prospère sur le cognassier mais se plait mieux sur le franc ; ses pyramides, hautes, régulières et fortes, sont généralement trop dégarnies de feuilles. Description du fruit. — Gros- seur : considérable. —Forme : turbinée, très-obtuse, exces- sivement ventrue , mamelonnée au sommet, ayant ha- bituellement un côté plus volumineux que l'autre. — Pé- doncule : long, gros, arqué , charnu et renflé à la base, obli- quementinséré dans une étroite cavité en entonnoir. — OEil : moyen, ouvert, régulier, placé au fond d'un large bassin. — Peau : jaune d'ocre, ponctuée de brun verdâtre, marbrée de fauve, rayée de même autour de l'œil et plus ou moins lavée de rouge terne sur la face qui regarde le soleil. — Chair : blanche, demi-fine et demi-cassante, pierreuse au centre. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, très-peu parfumée. Maturité. — De février jusqu'en mai. Qualité, — Deuxième comme fruit à couteau, première comme fruit à compote. CHA S49 Historique. — Etienne Calvel, en 1805, la décrivait longuement dans son Traité des pépinières (t. II, pp. 361-363), et pour lors elle venait d'être gagnée de semis à Paris, par Hervy (Michel-Christophe), directeur du Jardin fruitier du palais du Luxembourg. Son obtenteur- la dédia au comte Chaptal, ministre de l'intérieur à cette époque, et qui fut le constant protecteur de l'horticulture. Observations. — L'âge n'a pas amélioré cette poire ; il lui a même enlevé une grande partie de ses qualités, puisqu'en 1805 Calvel la comparait à une bonne Virgoukuse, variété qui souvent se montre parfaite. Le principal mérite de la Chaptal, comme fruit à couteau, consiste dans sa grosseur et dans sa longue con- servation. C'est là, du reste, l'opinion générale des pomologues qui l'ont dégustée. — Nous avons vu parfois le poirier Chaptal réuni, comme synonyme, au Beurré gris d'Hiver ancien, qui est le Milan d'Hiver. Une telle méprise surprend, cette dernière variété mûrissant en octobre et ne dépassant pas le mois de janvier, temps où l'autre commence à peine à devenir mangeable. Poire CHARBONNIÈRE, — Synonyme de poire Co/Zms. Voir ce nom. Poire CHARLES D'AUTRICHE, ce nom. Synonyme de poire Archiduc Charles. Voir 341. Poire CHARLES BIVORT. Description de l'arbre. — Bois : assez faible. — Rameaux : nombreux , érigés ou étalés, grêles, peu longs, à peine géniculés, gris-roux légèrement brunâtre, à lenticelles apparentes et des plus espacées^ à coussinets proéminents. — Yeux : petits, ovoïdes, aigus, pres- qu'entièrement appliqués contre l'é- corce. — Feuilles : plutôt petites que moyennes, ovales ou ovales-allongées, acuminées, faiblement dentées, ayant le pétiole un peu court et un peu grêle. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. —La vigueur très-modérée de ce poirier doit lui faire donner le franc, plutôt que le cognassier; sur ce dernier sujet , cependant , il peut pros- pérer, mais lentement, et ses pyramides y demeurent toujours chétives, irré- gulières. Description du frnit.— Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde-arrondie, ou simplement ovoïde, un peu ventrue à la base. — Pédoncule : court, mince, non courbé, perpendiculairement implanté au centre d'une dépression des moins o50 CHA prononcées. — Œil : grand, mi-clos ou fermé, uni sur ses bords, presque à fleur de fruit. — Peau : jaune-orange, marbrée et ponctuée de bran clair, légèrement nuancée de roux olivâtre sur le côté du soleil. — Chair : blanchâtre, grosse, demi- cassante, pierreuse au cœur. — Eau : rarement abondante, sucrée, vineuse, assez délicate. Maturité. — Fin de septembre ou commencement d'octobre. Qualité. — Deuxième. Sistorique. — C'est un gain du professeur belge Van Mons, qui dans sa pépinière de Louvain lui avait donné le n" 2620. Sa mise à fruit est antérieure à 1842. Il a été nommé et décrit par M. Alexandre Bivort, de Fleurus [Album de pomologie, 1831, t. IV, p. 76), qui l'a dédié à l'un des membres de sa famille, M. Charles Bivort, conseiller provincial à Monceau-sur--Sambre (Hainaut). Poire CHARLES X. — Synonyme de poire Napoléon. Voir ce nom. Poire CHARLES DURIEUX. — Synonyme de poire Williams. Voir ce nom. 342. Poire CHARLES FREDERICKX. Premier Type. Description de l'arbi*e. — Bois : de moyenne force. — Rameaux : nom- breux, généralement étalés, gros, longs, peu coudés, marron verdâtre, finement et abondamment ponctués , à coussinets bien accusés. — Yeux : des plus volumineux, coniques ou ovoïdes-allongés, écartés du bois, souvent formant éperon. — Feuilles : rarement nombreuses, ovales, acuminées , irrégulièrement dentées sur leurs bords, ayant le pétiole court, épais et roide. Fertilité. — Convenable. Culture. ~ Sur cognassier, il est d'une croissance tardive et ne prend un dévelop- pement satisfaisant qu'à partir de sa troi- sième année; les pyramides qu'il y fait sont assez jolies. Description du frwit. — Grosseur : moyenne ou au-dessous de la moyenne. — Forme : conique ou turbinée- ovoïde , légèrement obtuse et bosselée. — Pédon- cule : court, mince ou un peu fort, arqué, obliquement inséré, et souvent en dehors de l'axe du fruit, dans une très-étroite cavité surmontée d'un mamelon parfois assez développé. — Œil : grand ou moyen, mal formé, mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : épaisse, jaune d'or, ponctuée,' veinée, Cachée de fauve, largement CHA 551 maculée de gris-brun autour de l'œil et faiblement colorée de rouge-brique, très- clair, sur la face exposée au soleil. Poire Charles Frederickx. Deuxième Type. Chair : blanche, fme, molle, fondante, non pierreuse. — Fait : suffisante, sucrée, rarement bien acidulé , excessivement savoureuse et douée d'un arrière-goùt musqué fort agréable. Maturité. — Commencement et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Comme la précédente, elle provient des semis faits à Louvain (Belgique) par Van Mons. Dans ses Annales de pomologie , M. Alexandre Bivort disait en 1854 (t. Il, p. 1 ) qu'elle avait mûri pour la première fois en 1840 ou 1841. Ce furent les fds de Van Mons qui lui donnèrent le nom sous lequel on la cultive, celui du colonel Frederickx , alors directeur de l'importante fonderie de canons établie à Liège. Observations. — La poire Bonne d^Fzée, que nous avons décrite plus haut (voir pages 478-480), n'a pas le moindre rapport avec la Frederickx; ce sont deux variétés distinctes, comme on peut s'en convaincre en les compa- rant. Nous le répétons ici, afin d'être plus certain d'attirer l'attention, et d'em- pêcher qu'on ne confonde encore, ainsi qu'on l'a déjà fait, ces fruits, que leur grande bonté rend excessivement recommandables. 343. Poire CHARLES SMET. Synonyme. — Poire Charles Smith (Comice horticole d'Angers, Catalogue de son Jardin fruitier, 1861 , p. 6, n» 287). Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux , ordi- nairement étalés ou réfléchis, des plus gros, longs, fortement géniculés, brun verdâtre ardoisé et cendré, à lenticelles apparentes et serrées, à coussinets ressor- tis. — Yeux : volumineux, ovoïdes, pointus, non appliqués contre l'écorce, ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : ovales-allongées, entières ou finement et fai- blement crénelées sur leurs bords, munies d'un pétiole court et bien nourri. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Sa vigueur et sa croissance n'ont rien d'exceptionnel ; on lui donne indistinctement, comme sujet, le franc ou le cognassier; ses pyramides manquent un peu de régularité, mais sont toujours très-fortes. Description du fruit» — Grosseur : considérable. — Forme : arrondie, bos- selée, s'amincissant assez sensiblement près du sommet. — Pédoncule: très-long, de moyenne force, renflé aux extrémités, recourbé, obliquement inséré dans un évasement bien prononcé — OFil : grand, mi-clos ou fermé, placé dans un large bassin de profondeur variable. — Peau : jaune verdâtre, finement ponctuée de vert 552 CHA obscur, maculée de brun noirâtre dans le voisinage du pédoncule. — Chair ■ blanche, grosse, cassante, granuleuse autour des loges. — Eau : peu abondante peu sucrée, peu savoureuse. ' Poire Charles Smet. Maturité. — Fin janvier, mais attei- gnant aisément les derniers jours de mars. Qualité. — Deu- xième et souvent troisième , comme fruit à couteau ; pre- mière , pour la cuis- son. Historique. — Le Catalogue des pé- pinières de la Société Van Mons attribuait en 1857, à ce der- nier personnage , le gain de cette poire, mais sans fournir d'indication ni sur son âge ni sur le nom qu'elle a reçu (t. I", p. 159). Van Mons mourut en 1842 ; le poirier Charles Smet doit donc remonter plus haut que cette date. En 1849, le Comice horticole d'Angers le possédait déjà ; seulement on ignore à quelle époque il fut introduit dans son école fruitière, d'où son volume et sa longue garde nous engagèrent à le tirer pour le propager. ObsePTations. — En 1858, on a cru pouvoir réunir à l'Angélique de Bor- deaux, la poire Charles Smet. Si l'on veut bien lire, page 135 , ce que nous avons dit à cet égard, puis rapprocher nos deux descriptions, on verra s'il est possible ou non de déclarer identiques ces variétés. — Les pomologues américains, Downing entre autres, qualifient la chair de la poire Charles Smet, « de juteuse et de très- « parfumée. » Depuis quinze ans que nous cultivons ce poirier, jamais il ne nous est arrivé d'en trouver les produits aussi parfaits. — Il existe une poire Colmar Josse Smet, également attribuée aux semis de Van Mons, et qu'en 1859 M. de Liron d'Airoles signalait dans ses Notices pomologiques comme « un fruit à couteau, gros, «fondant, de V' ordre, mûrissant en décembre-janvier, » et qu'il disait, classé CHA 553 parmi ses variétés à l'étude. Évidemment ce ne peut être là notre Charles Smet?... Toutefois, nous ne savons rien, absolument rien de ce Colmar, dont la description n'a passé sous nos yeux qu'à celte seule époque. Poire CHARLES SMITH. — Synonyme de poire Charks Smet. Voir ce nom. 344. Poire CHARLOTTE DE BROUWER. UescriittÂou de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux^ étalés dans la partie inférieure de la tige, éri- gés à l'autre extrémité, gros, longs, coudés , rouge verdâtre, ayant les len- ticelles des plus fines , assez rappro- chées, et les coussinets très-ressortis. — Yeux : gros ou moyens, ovoïdes, aigus, écartés du bois , à écailles bom- bées et disjointes. — Feuilles : d'un beau vert, habituellement ovales-allongées, profondément dentées en scie, portées sur un pétiole long, fort et générale- ment pourvu de stipules bien déve- loppées. Fertilité. — Extrême. Culture. — C'est un poirier vigou- reux, auquel on donne aussi avanta- geusement le cognassier que le franc, il pousse assez vite et les pyramides qu'il fait sont très-remarquables, très-touffues. description dit fruit. — Grosseur : moyenne et parfois moins volumineuse. — Forme : oblongue, irrégulière, fortement bosselée, plissée et mamelonnée au sommet. — Pédoncule : court, gros, arqué, souvent renflé à la base, implanté obli- quement à la surface et adossé généralement contre une protubérance de grosseur variable. — Œil: moyen, fermé, placé presqu'à fleur de fruit. — Peau : rugueuse, épaisse, gris-bronze, lavée de rouge-brun sombre du côté du soleil, où elle porte également quelques taches noirâtres et squammeuses. — Chair : blanche, demi-fine, cassante, légèrement pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, peu parfumée, ayant une acerbité assez prononcée. Maturité. — De la moitié d'octobre jusqu'à la fin de ce même mois. Qualité. — Deuxième. Historique. — Le major Esperen, de Malines, en fut l'obtenteur. Il la gagna vers 1833 ou 1836, lisons-nous dans V Album de pomologie de M. Bivort (t. III, p. 6). Observations. — Cette variété convient essentiellement pour l'approvisionne- ment des halles, vu sa grosseur raisonnable, son excessive fertihté et la facilité avec laquelle on la peut garder une quinzaine de jours. o54 CHA Poire de CHARNEU. — Synonyme de poire Fondante de Charneu. Voir ce nom. Poire CHARTREUSE. — Synonyme de poire de Catillac. Voir ce nom. 345. Poire Des CHASSEURS. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : des plus nombreux, érigés ou faible- ment et régulièrement étalés, gros, longs, très-géniculés, brun cendré , nuancés de rouge à leur sommet, à lenticelles assez appa- rentes et peu espacées , à coussi- nets ordinairement sans grand relief. — Yeux : volumineux , ovoïdes, souvent allongés et poin- tus, non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : nombreuses , ovales ou elliptiques, dentelées sur leurs bords , munies d'un pétiole de longueur moyenne et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Le cognassier est le sujet qu'en raison de sa grande vigueur, ce poirier préfère; il développe vite son écusson et ses pyramides sont de toute JDeauté. Description du fruit. — Grosseur: au-dessus delà moyenne et souvent plus considérable. — Forme : ovoïde, ventrue vers la base, faiblement étranglée près du sommet; parfois un peu contournée et géné- ralement moins grosse d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : court, bien nourri , recourbé, obliquement implanté à fleur de chair. — Œil : assez grand, régulier, à peine enfoncé. — Peau : verdâtre, toute ponctuée de roux, largement tachée de même sur la face frappée par le soleil. — Chair. -hlRnc jaunâtre, grosse, aqueuse, fondante, granuleuse. — Eau : abondante, vineuse, sucrée, très-agréablement parfumée. Maturité. — Fin de septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — Cette variété, que nous multiplions depuis 1848, et qu'en 18S0 nous propagions déjà jusqu'en Amérique, provient de la Belgique. Elle a été semée à Louvain, vers 1830, par Van Mons, et les pomologues belges nous donnent sur sa naissance et son baptême les renseignements qu-e voici : « Gain posthume de Van Mons, elle fut dégustée en 1842, année de la mort de ce savant professeur, par son émule et ami, M. Simon Bouvier, de Jodoigne, qui la nota àpropager. Son CHA 355 second rapport date de 1846, et à son apparition sur la table, le jour de la SaintrHubert, une réunion de chasseurs lui donna, par acclamation, le nom qu'elle a continué de porter depuis lors. » (Alexandre Bivort, Annales de pomologie belge et étrangère, 1857, t. V, p. 31.) Observations. — Le Besi de VÉchasserie diffère entièrement, et sous tous les rapports, de la poire des Chasseurs; quand cette dernière est passée depuis plus de six semaines, l'autre commence à peine à mûrir, et se garde jusqu'à la fin de janvier. Il est donc impossible, comme on le croyait il y a quelques années, que ces deux fruits soient une seule et même variété. (Voir, page 269, notre article Besi de VÉchasserie. ] 346. Poire CHAT-BRULÉ. Synonymes. — Poires: 1. PucELLE (le Lectier, d'Orléans, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plan, 1628. p. 15). — 2. PucELLE de Xaintonge (Merlet, V Abrégé des bons fruits, 1675, p. 95). — 3. Kamper- Venus ( de Lacour, les Agréments de la campagne, 1752, t. II, p. 39). — 4.Petit- Tarquin (de Launay, Almanach du Bon-Jardinier, 1808,. p. 137). — 5. d'Angleterre [dans le Calvados] (Poiteau et Turpin, Traité des arbres fruitiers de Duhamel du Monceau, nouvelle édition, augmentée d'un grand nombre d'espèces de fruits obtenus des progrès de la culture, 1807-1835, t. IV ). ^— 6. De Saintonge (Gouverchel, Traité des fruits, 18S2, p. 484). — 7. Rougeaude (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1863, t. V). — 8. Rouget (Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : assez faible. — Rameaux : nombreux, étalés ou réfléchis , peu forts et courts , géniculés, brun clair légèrement nuancé de rose pâle, ayant les lenticelles petites, excessivement rapprochées, gris bru- nâtre, et les coussinets généralement bien développés. — Yeux : à écailles entr'ouvertes , gros , ovoïdes arrondis , non collés contre le bois, souvent même formant éperon. — Feuilles : petites, peu abondantes, ordinairement ovales- allongées, planes ou contournées, assez profondément dentées sur leurs bords et munies d'un pétiole court, mince et quelque peu rosé. Fertilité. — Prodigieuse. Culture. — Sa vigueur n'a rien d'exceptionnel; on le greffe sur toute espèce de sujet ; il ne pousse bien qu'à partir de sa troisième année et les pyra- mides qu'il fait sont toujours un peu chétives. Description du fruit. — Gros- seur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, légèrement étranglée près du sommet, ordinairement assez ventrue à la base. — Pédoncule : peu long, grêle, renflé à l'attache, non courbé, obliquement implanté au centre d'une faible dépression à bords plus ou moins relevés. 556 CHA — Œil : grand, très-ouvert, régulier, à peine enfoncé. — Peau : jaune sale, nuancée de gris verdâtre dans l'ombre, ponctuée de gris-blanc, tachetée de brun et passant au rouge-brique, luisant, sur la face exposée au soleil. — Chair : très-blanche, un peu grosse, cassante ou mi-cassante, presque exempte de granulations. — Eau : suffisante, rarement bien sucrée^ généralement dénuée de parfum. Maturité. — De novembre en décembre, et atteignant très-exceptionnellement le mois de janvier. Qualité. — Bonne uniquement pour la cuisson, et n'occupant que le deuxième rang parmi les poires de cette catégorie. Historique. — Les Hollandais la cultivent depuis plusieurs siècles sous le nom de A'ampei'-Venus, ou poire de Vénus, et nous voyons un de leurs écrivains dire en 1752, de ce fruit : « Les Romains le possédaient et l'appelaient pirum « Venereum... C'est la meilleure poire à compote; aussi rougit-elle d'elle-même, « quand on l'étuve. » (De Lacour, les Agréments de la campagne, t. II;, p. 39.) Là, il devient assez difficile de se prononcer. Dans notre chapitre Poirier on a pu lire, il est vrai (page 39), que Pline en décrivant les variétés de poiriers répandues à Rome, mentionnait une poire de Yénus « bien colorée, » observait-il; mais quoique ce détail et ce nom s'appliquent parfaitement à la Kamper- Venus des Hollandais, peut-être serait-il téméraire d'en inférer qu'elle est positivement la pirum Venereum des Romains?... Toutefois on doit avouer qu'ici il existe au moins une large place pour la supposition. — En France, Olivier de Serres citait dès 1600 une poire Chat. Est-ce la nôtre?... L'absence de toute description ne permet pas de le savoir. Mais vingt-huit ans plus tard on la trouve formellement désignée sous les noms de PucELLE ou Chat-Bruslé, par le Lectier (d'Orléans), à la page 15 de son Catalogue, Il y a donc environ trois siècles déjà qu'on la propage chez nous. Elle a été décrite par tous nos anciens pomologues, et souvent confondue avec une de ses congénères dont le nom et les synonymes ne laissent pas que d'aider beaucoup à cette confu- sion : Chat-Grille\ Chat-Rôti, qui se rapportent à la poire Matou, de laquelle nous parlerons plus loin (voir tome II). Poiteau et Turpin, lorsqu'ils réimprimèrent en 1807 le Traité des arbres fruitiers qu'avait en 1768 publié Duhamel, s'étendirent longuement sur cette poire, et donnèrent entre autres renseignements, le suivant, utile à reproduire : (( Les pépiniéristes la nomment toujours Chat-Brûlé, et c'est ainsi qu'elle est appelée dans l'école du Muséum d'histoire naturelle, et dans tous les jardins où nous ayons travaillé, jus- qu'à une certaine distance de Paiis; mais en Normandie, dans le département du Calvados, où elle est très-multipliée et très-estimée, on l'appelle poire d'Angleterre. Il faut noter que noti-e poire d'Angleterre (Beurré d'Angleterre) est peu ou point connue dans ce départe- ment. » (Tome IV.) Obsei'Yations. — Outre leur Kamper- Venus, notre poire Chat-Brûlé, les Hol- landais nomment aussi poire de Vénus, ou Calebasse musquée, notre Calebasse commune, décrite ci-dessus, pages 512 et 513; il est donc urgent de ne pas l'oublier, autrement on commettrait quelque méprise à l'égard de ces variétés. — Duhamel a prétendu, et plusieurs pomologues l'on répété d'après lui, que la poire Chat-Brûlé « était propre, en /emer e^ mars, à faire d'excellentes compotes. » (T. II, p. 247.) Cela seul démontre qu'il ne s'agit pas ici de la véritable variété de ce nom, qui très- rarement dépasse le mois de décembre. — Enfin il faut croire que les pères Chartreux de Paris l'ont aussi méconnue, puisque dans leur Catalogue de 1775 ils la quali- fiaient de « fondante et fort bonne. » (Page 41.) Cette poire demande une très- CHA-CHE nni grande surveillance au fruitier, où souvent elle blossit en quelques jours, sans que son brillant coloris en soit nullement altéré. — Ajoutons que les noms poires : de Hongrie, de Mauritanie, et Sucrin noir, présentés parfois comme synonymes de cette variété, lui sont complètement étrangers. Poire CHAT-GRILLÉ. — Synonyme de poire Matou. Voir ce nom. Poire CHAT-ROTI. — Synonyme de poire Matou. Voir ce nom. Poire CHAULIS. — Synonyme de poire de Messire-Jean. Voir ce nom. Poire de CHAUMONTEL. — Synonyme de Besi de Chaumontel. Voir ce nom. Poire CHAUMONTEL ANGLAIS. — Synonyme de poire Domille. Voir ce nom. Poire CHAUMONTEL BELGE. — Synonyme de poire Donville. Voir ce nom. Poire CHAUMONTEL (PETIT-). — Voir Petit-Chaumontel. Poire CHÊNEAU. — Synonyme de poire Fondante de Brest. Voir ce nom. Poire CHÊNE- VERT. — Synonyme de poire Pain-et-Vin. Voir ce nom. Poire CHÊNE-VIN. — Synonyme de poire Pain-et-Vin. Voir ce nom. Poire CHÈRE-A-DAME. — Synonyme de poire Chair-à-Dame. Voir ce nom. Poire CHÈRE-ADAME. — Synonyme de poire Chair-à-Dame. Voir ce nom. 347. Poire CHERROISE. Descriptien de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : peu nombreux , étalés, gros, courts, presque droits, cotonneux, vert foncé légèrement brunâtre, finement et abondamment ponctués, à coussinets des plus saillants. — Yeux : de moyenne grosseur, ovoïdes-arrondis, collés contre le bois, à écailles bombées et disjointes. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies , canaliculées et contournées, ayant les bords faiblement dentés ou crénelés , le pétiole peu long , fort et accom- pagné de stipules bien développées. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Nous le greffons sur franc ou sur cognassier; il croit lentement, surtout pendant ses deux premières années ; ses pyramides , quoiqu'un peu basses , sont néanmoins assez convenables. 558 CHE neseription du fruit. — Grosseur : moyenne, — Forme : turbinée, obtuse, très-ventrue, quelque peu bosselée, surtout vers le sommet. — Pédoncule : court, bien nourri , arqué , renflé à son Poire Cherroise. -,,,,,, , i- . . , , pomt d attache, obliquement msere dans une profonde cavité dont les bords sont fortement relevés. — Œil: assez grand, ouvert ou mi-clos, légè- rement enfoncé. — Peau : rude au toucher, jaune d'ocre, presque en- tièrement couverte de taches rousses et largement ponctuée de gris cen- dré. — Chair : blanc jaunâtre, demi- fine ou grosse, cassante ou demi- cassante, contenant des granulations autour des pépins. — Eau : suffi- sante, sucrée , assez savoureuse. Maturité. — De la moitié de jan- vier jusqu'à la fin de février. Qualité. — Deuxième, pour le couteau comme pour la cuisson. Historique. — Elle a été trou- vée à l'état de sauvageon dans la commune de Cherré (Maine-et- Loire), où elle est cultivée depuis une trentaine d'années. Sa propagation date de 1848, et le nom qu'elle porte lui a été donné pour rappeler le lieu de son origine. Poire CHESNEGALON. — Synonyme de poire Fusée d'Automne. Voir ce nom. Poire CHEVALIER. — Synonyme de Beurré Bachelier. Voir ce nom. 348. Poire Des CHEVRIERS DE STUTTGARDT. Synonymes. — Poires : I.Rousselet de Stuttgardt ( Christ, en 1792, cité par Die], Kernobsisorten, i805,pp. 74-75). — 2. De Stuttgardt (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861, t. IV). — 3. Bell£SSime de Provence {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux , érigés ou légèrement étalés, très-longs, de moyenne grosseur, peu géniculés, rouge- brun, à lenticelles jaunâtres et clair-semées, à coussinets aplatis. — Yeux : petits et coniques, pointus, presqu'entiè rement appliqués contre l'écorce. — Feuilles : ahon- dantes, ovales-allongées, acuminées, planes ou relevées en gouttière, très-fine- ment et incomplètement crénelées ou dentées , portées sur un pétiole peu long , épais et non pourvu de stipules. Fertilité. — Grande. Culture. — Le franc est le sujet que ce poirier préfère ; ainsi greffé il se déve- loppe rapidement, prend une johe forme pyramidale et atteint une hauteur peu commune. CHI — CHO 559 Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : allongée, régulière, obtuse et généralement un peu ventrue. — Pédoncule : court, „ . , „, . ■■ ox X. jx assez fort, arqué, obliquement ou perpendi- Poire des Chevriers de Stuttgardt. , . . , -, « , culairement implante , a fleur de peau , au centre d'une faible dépression dont l'un des bords est souvent mamelonné. — Œil : très- grand et très-ouvert, entouré de petites gib- bosités, généralement bien saillant. — Peau : jaune verdàtre clair, finement ponctuée de fauve et de gris-blanc, faiblement tachetée de marron autour de l'œil, largement lavée de rouge-sang sur le côté frappé par le soleil, — Chair : assez blanche, fine, mi -fondante, juteuse, renfermant quelques pierres. — Eau : fort abondante, sucrée, rafraîchissante, douée d'un arôme délicatement musqué. Maturité. — Commencement d'août. Qualité. — Première. Historique. — C'est aux Allemands que nous sommes redevables de cette excellente poire d'été. Elle fut, selon la croyance de M. Jahn, trouvée par un gardeur de chèvres, dans les environs de Stuttgardt, avant 1779, ce qui lui valut le nom de Stutlgardter Gaishir- tenbirn (poire Des Chevriers de Stuttgardt), sous lequel le pomologue Diel la décrivit en 1805 [Kernobstsorten, p. 74), et que depuis elle a toujours porté en Allemagne. Observations. — En 1858, M. Edouard Lucas signalait ainsi dans sa Pomologie ivurtembergeoise les divers usages auxquels ce fruit est propre : « Pour les mar- « chés, nous le regardons comme l'un des meilleurs que l'on puisse rencontrer, « au mois d'août, et le préférons à toutes les autres poires de'cette saison. Épeluché, « et bien séché, il devient une conserve de première qualité. » (Page 38.) Poire de CHINE. — Synonyme de poire Ambrette d'Hiver. Voir ce nom. Poire de CHIOT. — Synonyme de poire Petit-Muscat. Voir ce nom. 349. Poire CHOïSNARD. Deseription de l'arbre. — Bois : de moyenne force, — Rameaux : assez nombreux, un peu étalés, un peu grêles, longs, géniculés, brun clair verdàtre, finement et abondamment ponctués, ayant les coussinets généralement bien res- sortis. — Yeux : moyens, coniques, pointus, non appliqués contre le bois. — • Feuilles : grandes, elliptiques ou ovales-allongées, planes ou contournées, à bords faiblement denticulés, à pétiole de longueur et de force moyennes. Fertilité. — Celle du pied-type est remarquable. S60 CHO Culture. — Nous l'avons, en mars 1866, greffé pour la première fois dans notre école, et c'est le cognassier qu'on lui a donné pour sujet. Sa vigueur semble modérée, ses pyramides s'annoncent comme devant être satisfaisantes, „ . „, . , Description du fruit Poire Choisnard. , ,. , . \a après une poire provenant du sauvageon). — Grosseur : au- dessus de la moyenne. — Forme : turbinée-allongée, ob- tuse et très-ventrue. — Pédon- cule : peu long, bien nourri, légèrement renflé aux extré- mités, à peine arqué, implanté obliquement à fleur de chair. — OEil : grand, bien fait, ouvert, presque saillant. — Peau : assez rugueuse, jaune sombre, couverte de points fauves et de larges marbrures grisâtres qui passent au brun foncé sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanc jau- nâtre, mi-cassante, mi-fine, pierreuse au centre. — Fau : suffisante, sucrée, aigrelette et savoureuse, ayant un arrière- goût musqué fort délicat. Maturité. — Janvier, mais se prolongeant, paraît-il, jus- qu'en mars. Qualité. — Première. Historique. — C'est par le Catalogue deMM.Yilmorin- Andrieux , de Paris , que nous avons, en 1866, connu cette nouvelle variété, dont le pied-mère appartient à M. Choisnard, pépiniériste aux Ormes, près Châtellerault (Vienne). En nous en expédiant un jeune sujet, notre estimable confrère nous écrivait le 7 mars 1866 : « Jusqu'à présent le pied-mère, qui est un arbre en plein vent, a seul fructifié. « L'espèce sera, je le crois, vigoureuse et fertile. L'an dernier ce poirier, qui peut « avoir trente ou quarante ans, m'a donné plus de douze cents fruits. » — Ainsi la poire Choisnard porte le nom de son promoteur et remonte environ à 1830. Ajoutons qu'elle poussa spontanément et fut trouvée dans les environs des Ormes-sur-Yienne. Poire CHOIX D'UN AMATEUR. — Synonyme de poire Nouveau- Poiteau. Voir ce nom. Poire CHOPINE. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. CHR — CHY 561 Poire de CHRETIEN (en Poitou), — Synonyme de poire Bon-C krétien d'Hiver. Voir ce nom. Poire de CHRIST. — Synonyme de poire Orange rouge. Voir ce nom. 350. Poire de CHYPRE. Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux, légère- ment étaléS;, grêles, très-longs, flexueux, mar- ron clair nuancé de brun, ayant les lenticelles larges, apparentes, gris jaunâtre, espacées, et les coussinets bien ressortis. — Yeux : moyens, aigus, coniques, non appliqués contre le bois. — Feuilles : grandes, abondantes, ovales-arrondies , acuminées, généralement planes , à bords plus ou moins crénelés , au pétiole de longueur et de grosseur moyennes. Fertilité. — Extrême. Culture. — Naturellement faible, ce poirier demande à être greffé sur le franc; à partir de sa troisième année il s'y développe conve- nablement et y fait des pyramides régulières, bien feuillues. Description du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : tur binée fortement arrondie. — Pédoncule : court ou très-court, mince, arqué, renflé à son extrémité supérieure, parfois charnu à la base, obliquement ou perpendiculairement implanté dans une étroite cavité à bords faiblement accidentés. — Œil : petit, ouvert, placé dans un vaste bassin rarement profond. — Peau : vert clair grisâtre, ponctuée et tachetée de rouille, presqu' entièrement maculée de rouge-brun du côté du soleil. — Chair : blanc mat, un peu grosse, mi-cassante, juteuse, pierreuse au cœur. — Fau : des plus abondantes, vineuse, sucrée, ayant un parfum particulier qui rap- pelle agréablement celui de la cannelle. Maturité. — Fin juillet et commencement d'août. Qualité. — Première, en raison surtout de sa précocité. Historique. — En 1675, Merlet, dans la deuxième édition de son Abrégé des bons fruits, décrivait ainsi cette variété, qu'il classait parmi les Amirés : c( La poire « de Cypre (Chypre) est la meilleure (des Amirés), elle est presque ronde, d'un « rouge gris brun; la chair en est ferme et l'eau en est fort sucrée et relevée. » (Page 76.) Voilà bien le fruit que nous venons de décrire. Mais depuis Merlet on l'a souvent méconnu. Duhamel, en 1768, le confondit avec le Rousselet hâtif, dont il diffère excessivement, et Poiteau, eu 1848, commit la même méprise. De nos jours, l'auteur qui a le mieux caractérisé la poire de Chypre, est un Allemand, M. Schmidt (voir Y Illustrirtes Handbuch der Obsikunde, 1863, t. III, p. 29, n° 265). Il y a long- temps, dit-il, qu'il possède cette vieille variété dans son jardin. Du reste, elle était connue en Allemagne avant le xix" siècle. Le docteur Diel, de Stuttgardt, l'y I. 36 562 cm signalait déjà en 1807 [Kernobstsorten, t. YI, p. 83), et déclarait l'avoir reçue, ainsi étiquetée, de l'abbaye de Saint-Maximiu, de Trêves. — Quelques années avant Merlet, en 1628, le Lectier cultivait ce poirier dans son jardin d'Orléans, et l'ins- crivait à la page 7 de son Catalogue. C'est la première mention que nous en ayons rencontrée. Son apparition chez nous eut donc lieu, probablement, vers la fin du xvi^ siècle ou le commencement du xvu^ D'aucuns penseront peut-être — en raison du nom qu'il porte — qu'on l'a tiré de l'île de Cypre ou Chypre, sise sur les côtes de la Turquie?... Pareille supposition n'aurait rien d'invraisemblable; mais cepen- dant nous devons observer que les pomologues qui se sont occupés de cette variété, n'ont pas dit un mot de son origine. 351. Poire CIRE. Deseription de l'ar- bre. — Bois : fort. — Ha- meaux : assez nombreux , gros, très-longs, érigés, cou- dés, roux verdâtre, à lenti- ceUes apparentes , rappro- chées, à coussinets bien ac- cusés. — Yeux : de moyenne grosseur, coniques, légère- ment obtus , écartés du bois , ayant les écailles des plus bombées. — Feuilles : gran- des , abondantes , coriaces , ovales ou elliptiques, acu- minées, planes, contournées ou arquées , à bords profon- dément dentés, portées sur un pétiole long et quelque peu grêle. FERTU.ITÉ. — Satisfaisante. Culture. — On grefie cet arbre, dont la vigueur est ordinaire, soit sur franc, soit sur cognassier ; il croit bien et sa forme pyramidale laisse rarement à désirer. Deseription du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : conique-allongée, obtuse, très-ventrue près de l'œil, légèrement étranglée vers les deux tiers de sa hauteur. — Pédoncule : de longueur et de force moyennes , à peine arqué , obli- quement implanté à la surface du fruit. — Œil : grand, souvent contourné, ouvert \ cm — GIT 363 ou mi-clos, presque saillant. — Peau .• jauno-cire, brillante, peu épaisse, faiblement nuancée de rose tendre du côté du soleil et portant généralement, sur l'autre face, quelques petites taches marron foncé. — Chair : blanchâtre, demi-fme et demi- fondante, contenant au centre d'assez fortes granulations. — Eau : suffisante, manquant habituellement de parfum et toujours faiblement sucrée. Maturité. — Fin de décembre, se prolongeant jusqu'en février. Qualité. — Troisième, crue ; deuxième, cuite. Historique. — Gagnée à Mahnes (Belgique) vers 1840, par le major Esperen, cette poire tire son nom de la couleur de sa peau, qui réellement, surtout quand le soleil l'a peu frappée, rappelle la nuance jaunâtre de la cire. On la connaît à peine en France, et les Belges eux-mêmes la greffent rarement. ObsePTatious. — Le volume de ce fruit pourrait peut-être le faire rechercher comme avantageux pour la cuisson, mais c'est là son seul et faible mérite. M. Bivort, qui l'a décrit en 1831 [Album de pomologie, t. IV, p. 57), le pensait également, car il disait : « Il est à regretter qu'il ne soit que de troisième qualité. » Cependant la beauté et la singularité de son coloris nous engagent à le recommander aux collectionneurs de poires rares ou curieuses. Poire de CIRE. — Synonyme de poire Petit-Blanquet. Voir ce nom. Poire CIRÉE D'HIVER. — Synonyme de poire Gile-ô-Gile. Voir ce nom. Poire CITRON. — Synonyme de poire Doyenné. Voir ce nom. 352. Poire CITRON DES CARMES. Synonymes. — Poires: 1. De la Madeleine (le Lectier, d'Orléans, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, 1628, p. 3). — 2. Sainte-Madeleine (Herman Knoop, Fructologie, 1771, pp. 76 el 135). — 3. Gros-Saint-Jean (de Launay, Almanach du Bon-Jardinier, 1808, p. 130). — 4. Petite-Madeleine (Jahn, lllustrirtes Handhuch der Obstkunde, 1860, t. II, pp. 29-30, n» 3). — 5. Saint-Jean {Id. ibid.). — 6. Citron musqué [Id.ibid.). — 7. Précoce ( Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1864, t. II, n» 101). Desciriiitioii de l'aptore. -~ Bois : assez fort. — Hameaux : peu nombreux, légèrement étalés, de moyenne grosseur, longs, non coudés, rouge clair grisâtre, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets bien marqués. — Yeux : volumi- neux, ovoïdes-obtus, très-duveteux, noyés dans l'écorce et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : petites, peu abondantes, ovales, acuminées, canaliculées , régulièrement dentées en scie, au pétiole court et roide, quoique grêle. Fertilité. — Remarquable. Culture. — Il développe très-vite son écusson; sa vigueur n'a rien d'excessif et l'on peut indistinctement le greffer sur franc ou sur cognassier; quant à ses pyra- mides , elles sont ordinairement trop dégarnies de rameaux et de feuilles. Descriiition dit fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne ou petite. — Forme : ovoide-arrondie , irrégulière, ayant généralement un côté beaucoup plus S64 GIT Poire Citron des Carmes.— Premier Type. ventru que l'autre; parfois aussi, mais très-exceptionnellement, elle est presque sphérique et fort plate aux extrémités, comme la montre notre deuxième type. — Pédoncule : de longueur moyenne, bien nourri, droit ou recourbé, renflé à ses deux bouts, surtout à la base, obliquement ou perpendi- culairement implanté à fleur de chair, et sou- vent adossé contre un mamelon plus ou moins développé. — Œil : moyen, contourné, mi- clos ou fermé, rarement bien enfoncé. — Peau : légèrement rugueuse, épaisse, vert clair jaunâtre , semée du côté de l'ombre de points gris peu nombreux ; couverte du côté du soleil de quelques marbrures et de quel- ques petites taches fauves, et portant autour du pédoncule une large macule frangée , de même couleur. — Chair : blanche, demi- fme et demi - cassante , aqueuse, rarement pierreuse. — Eau : abondante, acidulé, sucrée, faiblement parfumée , quoiqu'assez délicate. Maturité. — Commencement de juillet. Qualité. — Deuxième. Deuxième Type. Historique. — Le premier nom de ce fruit, fut poire de la Madeleine, qu'il reçut de l'époque à laquelle on le mange en certaines contrées. Le procureur du roi le Lectier cultivait déjà cette variété dans son jardin d'Orléans, en 1628, et la mentionnait ainsi page 3 du Catalogue de ses richesses pomologiques , imprimé ladite an- née : « Est en maturité en juillet, « la Madeleine , ronde , verte et « jaune, rozatte. » Avant le Lectier, aucun auteur n'avait encore cité ce poirier, il est présumable qu'alors il se trouvait depuis peu sur notre sol; mais y était-il né, et où?... Ces questions sont toujours à résoudre. En 1768, Duhamel du Monceau lui donnait un surnom — Citron des Carmes — que l'on a, jusqu'ici, généralement préféré au nom primitif, poire de la Madeleine; et avec raison, puisque la grande précocité de ce fruit le fait très-souvent mûrir avant cette date (22 juillet). Le Congrès pomologique a dit dans ses pubhcations : « Le nom Citron des Carmes « a été appliqué à cette poire à cause de sa couleur, et parce que les Carmes ont été « les premiers à la cultiver. » (T. II, 1864, n" 101.) On voit, parce qui précède, que les Carmes n'en furent pas les promoteurs, car dès 1628 le Lectier la propageait. Mais la couleur de la peau de ce fruit ne fut pas non plus ce qui le fit appeler Citron; elle est loin, effectivement, d'y prêter. De la Bretonnerie, pomologue contemporain de Duhamel du Monceau , a du reste parfaitement éclairci ces deux CIT 565 points : « La Madelene — écrivait-il en 1784 — a été ainsi appelée parce qu'elle « mûrit en juillet, aux environs de la Madelene; et Citron des Carmes, parce quelle « prend en mûrissant une petite odeur de citron, et qu'on l'a vue des premières dans « les jardins des Carmes. » [École du jardin fruitier, t. II, p. 419.) Parmi les poiriers, il en est peu d'aussi répandu que celui-là : il se trouve dans toutes les collections, dans tous les vergers, dans tous les pays. Observations. - Il existe un CITRON DES CARMES PANACHÉ, et qui même est assez connu. Cette variété du Citron des Carmes ne diffère du type que par la panachure jaune verdâtre du bois, des feuilles et des fruits. Elle a été gagnée dans notre école il y a une quarantaine d'années. — Pour manger bonne cette poire précoce, il ne faut pas attendre que sa chair cède complètement à la pression du pouce, autrement on s'expose à ce qu'elle soit déjà pâteuse. C'est quand la couleur verte de sa peau commence à s'éclaircir, qu'alors on peut être sûr que sa maturité se trouve à point ; à partir de ce moment ce fruit ne fait plus que perdre de ses qualités. — On cultive une très-petite poire nommée Guenette, que nous décrivons dans notre tome II , et qui parfois a été prise pour le Citron des Carmes. Cependant elle s'en éloigne sensiblement j mais comme on l'a souvent appelée aussi Madeleine d'Été , ce dernier nom a beaucoup contribué à faire naître une telle confusion. 353. Poire CITRON DES CARMES A LONGUE QUEUE. Peau : un peu rugueuse, jaune . Ifescription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, érigés, gros, des plus longs, géniculés, brun jaunâtre ou verdâtre, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets très-accusés. — Yeux : volumi- neux , coniques, aigus, légèrement écartés de l'écorce. — Feuilles : grandes, généralement ovales-allongées, souvent acuminées, ayant les bords régulièrement dentés en scie , le pétiole épais et de longueur moyenne. Fertilité. — Peu commune. Culture. — On le greffe sur cognassier; sa vigueur est remarquable; sa croissance, ra- pide; sa forme pyramidale, irréprochable. Il escription du fruit. — Grosseur : au- dessous de la moyenne. — Foi^me : turbinée- arrondie, régulière, un peu bosselée vers le sommet, qui souvent est mamelonné. — Pédoncule : très-long, mince, renflé aux extré- mités, géniculé, obliquement implanté à la surface ou dans une faible dépression. — OEil : moyen, bien fait, ouvert, légèrement enfoncé, mais couverte en partie de larges taches grises et squammeuses; semée, sur le côté de l'ombre, de gros points gris clair, passant 566 CIT au gris-bruQ sur la face exposée au soleil , laquelle est parfois faiblement lavée de rose tendre. — Chair : blanche, fine, cassante, aqueuse, contenant quelques pierres autour des pépins. — Eau : des plus abondantes, aigrelette, sucrée, fort agréa- blement parfumée. Maturité. — Courant de septembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce poirier, qui provient de nos pépinières, s'est mis à fruit en 1830. Le nom qu'il porte, il le doit à la ressemblance assez grande de ses produits avec ceux du Citron des Carmes ordinaire (voir page 563) . Nous le multiplions depuis 1833. Observations. — La poire souvent appelée Citron de Septembre, ne se rapporte nullement au Citron des Carmes à longue queue, quoique ce dernier fruit mûrisse également en septembre ; mais elle est bien la même que le Doyenné, ainsi qu'on l'a fréquemment reconnu. Poire CITRON D'HIVER. — Synonyme de poire Orange d'Hiver. Voir ce mot. Poire CITRON MUSQUÉ. — Synonyme de poire Citron des Carmes. Voir ce nom. 354. Poire CITRON DE SAINT-PAUL. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nombreux, éri- gés ou quelque peu étalés, de longueur et de grosseur moyennes, flexueux, brun clair verdâtre, à lenticelles abondantes et apparentes, à coussinets plus ou moins res- sortis. — Yeux : moyens, ovoïdes, non appli- qués contre le bois. — Feuilles : grandes , ovales-arrondies, acuminées, planes ou rele- vées en gouttière , ayant les bords réguliè- rement et profondément dentés, le pétiole court et gros. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le franc est le sujet que pré- fère ce poirier, dont la vigueur laisse à désirer ; il pousse assez lentement, prend une belle forme pyramidale, mais toujours basse et un peu grêle. Description du fruit. ■ — Grosseur : au-dessous] de la moyenne. — Forme : ovoïde, bosselée et ventrue. — Pédoncule : assez long, mince, droit ou recourbé, régulièrement inséré au milieu d'une dépression rarement prononcée. — Œil : petit, bien fait, ouvert ou mi-clos, presqu'à fleur de fruit. — Peau : jaune d'or. CIÏ 567 complètement ponctuée de vert clair, faiblement maculée de même auprès de l'œil. — Chair : blanchâtre, fine, fondante, juteuse, peu pierreuse. — Eau : excessi- vement abondante, sucrée, douce, délicieusement parfumée. Maturité. — Courant de septembre. Qualité. — Première. Historique. — M. de Liron d'Airoles a fait connaître en ces termes la prove- nance de ce poirier : « C'est un gain trouvé dans les semis de M. de la Farge, propriétaire au château de la Pierre, commune de Saint-Paul, près Salers (Cantal). Semé en 1844, son premier rapport a eu lieu en 1856. Ce n'est qu'en 1862 qu'on a bien pu apprécier le fruit auquel la belle teinte jaune pointillée de vert, qu'offre sa j)eau, teinte qui lui donne l'aspect de celle d'un citron, lui a fait appliquer ce nom. » [Notices pomologiques, 1862, t. III, p. 10 des descriptions.) Poire CITRON DE SEPTEMBRE. — Synonyme de poire Doyenné. Voir ce nom. 355. Poire CITRON DE SIERENTZ. Synonyme. — Poire Citron de Sirène ( Biedenfeld, Handbuch aller bekannten Obstsorten, 1854, p. 3). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, généralement éri- gés ou légèrement étalés, gros, peu longs et peu coudés, plus ou moins duveteux , brun verdâtre souvent nuancé de rose pâle, ayant les lenticelles très-apparentes et très-abon- dantes, et les coussinets habituellement bien ressortis. — Yeux gros, ovoïdes, à écailles grises, bombées et entr'ouvertes, éloignés de l'écorce. — Feuilles : assez grandes, légère- ment coriaces, ovales-arrondies ou ovales, souvent acuminées, très-faiblement denticu- lées, portées sur un pétiole long et fort. Fertilité. — Excessive. Culture. — Ce poirier, doué d'une bonne vigueur, est mieux placé sur le cognassier que sur le franc ; son écusson se développe vite ; ses pyramides sont régulières, belles^ parfaitement ramifiées. Deseription du fruit. — (??^osseMr ; au-dessous de la moyenne, ou petite. — Forme : turbinée plus ou moins allongée, mais toujours obtuse. — Pédoncule : assez long, ou court, mince, renflé à la base, droit ou recourbé, obliquement inséré à la surface et généralement adossé contre un mamelon peu considérable. — Œil : très-grand, mi-clos, presque saillant. — Peau : jaune clair ou jaune verdâtre, finement ponctuée de roux, parsemée de quelques marbrures d'un brun-fauve passant souvent au brun olivâtre, et faiblement vermillonnée du côté 568 CIT du soleil. — Chair : blanche, grosse, cassante, juteuse, pierreuse au centre. — Eau : abondante, sucrée, très-acidule, assez savoureuse. Maturité. — Fin de juillet. Qualité. — Deuxième. Historique. — Le Comice horticole d'Angers reçut vers 1836 des greffes de ce poirier, avec l'indication de son heu d'origine : la petite ville de Sierentz, près Mulhouse (Haut-Rhin). Plus tard, en l'introduisant dans mon école, une mauvaise lecture de l'étiquette lui fit porter un nom presque méconnaissable : Citron de Sirène, et aussi de Siriuce ; mais ce dernier ne s'est pas répandu, tandis que le premier — Sirène — a déjà pénétré en Allemagne, où le baron de Biedenfeld le mentionnait en 1854, dans son Manuel de tous les ft^uits connus. Poire CITRON DE SIRÈNE. — Synonyme de poire Citron de Sierentz. Voir ce nom. 356. Poire CITRONNÉE. Description de l'arbre. — Bois : assez faible. — Hameaux : peu nombreux, étalés, de gros- seur et de longueur moyennes, flexueux, brun olivâtre nuancé de rose pâle , à lenticelles fines et clair-semées, à coussinets presque nuls. — Yeux : gros , ovoïdes ou coniques, très-écartés du bois et ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : habituellement ovales ou elliptiques, bien acuminées, entières en partie sur leurs bo-rds, munies d'un pétiole court, épais et roide. Fertilité. — Convenable. Culture. — Modérément vigou- reux, il pousse lentement sur cognassier et n'y fait, même dans sa troisième année, que de faibles et d'irrégulières pyramides ; le franc doit mieux lui convenir, mais nous ne l'avons pas encore étudié sur ce sujet. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : arrondie, bosselée au sommet, plate à la base. — Pédoncule : court, assez fort, plus ou moins arqué, obliquement inséré dans une très-petite cavité. — Œil : grand, bien fait, des plus ouverts, presque saillant. — Peau : jaune-citron, parsemée de points roux plus fins du côté de l'ombre que du côté du soleil, dernière partie sur laquelle elle est habituellement lavée de rose tendre. — Chair: blanche, fine, com- pacte, quoique très-fondante, aqueuse, pierreuse autour des loges, - Eau : des CIT — CLÉ 569 plus abondantes, sucrée, faiblement acidulée, aromatique, savoureuse, ayant géné- ralement un léger arrière-goût musqué. Maturité. — Fin de septembre. Qualité. — Première. Historique. — Le docteur Diel, l'un des pomologues allemands les plus estimés, et qui mourut à Stuttgardt vers 1825, signalait en 1806 une Rothbackige Cilronatbirne (poire Citron rouge) qui n'est autre que le fruit que nous venons d'étudier. « J'ai trouvé cette poire — disait alors ce savant docteur — dans le jardin « de mes parents; elle y portait le nom de Citron, et je la crois née en Allemagne. » [Kernobstsorten^ 1806, p. 89.) Puis il en donnait une description qui s'applique de tout point à notre Citronnée. Cette variété, du reste, est peu connue en France ; si peu même, qu'en 1860 on l'y croyait identique avec le Beurré Goubault. Mais il n'en est rien, nous en avons la certitude. (Voir, page 370, l'article relatif à ce Beurré.) Quant à l'âge du poirier Citronat^ on peut, d'après Diel, le supposer au moins d'une centaine d'années. Observationis. — Nous lisions tout récemment, dans une pomologie allemande, que la Citronatbirne était probablement la même que la poire française Orange sanguine. Non, l'Orange sanguine, ou mieux Y Orange rouge, si bien décrite en 1860 par M. Decaisne [Jardin fruitier du Muséum^ t. III) , s'éloigne beaucoup, au contraire, de la poire Citronnée, et surtout par l'époque de maturité , car elle se mange au commencement d'août, six ou sept semaines avant la Citronnée. Poire de CITROUILLE. — Synonyme de poire de Catillac. Voir ce nom. Poire CLAIRGEAU. — Synonyme de Beurré Clairgeau. Voir ce nom. Poire CLAIRGEAU DE NANTES. — Synonyme de Beurré Clairgeau. Voir ce nom. Poire CLAIRVILLE. — Synonyme de poire Double-Fleur. Voir ce nom. Poire CLAIRVILLE RONDE. — Synonyme de Beurré gris. Voir ce nom. Poire CLARA DURIEUX. — Synonyme de poire Williams. Voir ce nom. 357. Poire CLÉMENT BIVORT. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : très-nombreux, étalés, gros, longs, géuiculés, vert clair brunâtre, abondamment et finement ponctués, à coussinets bien développés. — Yeux: moyens, ovoïdes, pointus, légè- rement duveteux , non appliqués contre le bois , ayant les écailles renflées et dis- jointes. — Feuilles : moyennes ou petites , ovales , acuminées , régulièrement dentées sur leurs bords, ayant le pétiole bien nourri, un peu court et pourvu de longues stipules. Fertilité. — Ordinaire. 570 CLI-COL Poire Clément Bivort, Culture. — Ce poirier, qui est assez vigoureux, se greffe sur franc ou sur cognassier, développe vite son écusson et prend dès sa deuxième année une jolie forme pyramidale. Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : arrondie, plate à la base, légère- ment turbinée près du sommet. — Pédoncule : assez long, mince, droit, régulièrement inséré dans un large évasement rarement bien profond. — Œil: moyen, ouvert ou mi-clos, souvent contourné, légèrement enfoncé. — Peau : jaune-orange, semée de quelques points gris, marbrée et nuancée de fauve, surtout du côté du soleil. — Chair : blanchâtre, demi-fine, fondante, juteuse, presqu'exempte de pierres. — Eau : abondante, sucrée, acidulé et même aigre- lette , douée d'un parfum fort agréable , rappelant un peu celui de l'anis. Maturité. — De la mi-novem- bre jusqu'à la fin de décembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce poirier, dont l'obtenteur est M. Alexandre Bivort, ancien directeur des pépinières de la Société Van Mons, se mit à fruit en 1831 , à Geest- Saint-Rémy (Belgique), dans le Jardin fruitier de cette Compagnie, mais il ne fut livré au commerce qu'en 1858. Dédiée à M. Clément Bivort, gérant des charbon- nages de Monceau-Fontaine (Hainaut), cette variété, quoique méritante, est encore peu cultivée chez nous. La seule description que nous en connaissions, se trouve à la page 196 des Catalogues de la Société Van Mons (tome I, année 1858; voir aussi le même opuscule à la page 174). Poire de CLION. — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. Poire de COCHON. — Synonyme de poire à'Fstranguillon. Voir ce nom. Poire COLIN NOIR. — Synonyme de poire Collins. Voir ce nom. 358. Poire COLLINS. Synonymes. — Poires: 1. Charbonnière (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1863, t. V). — 2. Colin noir {Id. ildd.). — 3. Malconnaitre {Id. ihid.). — 4. Méconnaître {Id. ibid.). Deseription de l'arbre. — Bois : faible, d'un rouge clair cendré. — Rameaux : nombreux, généralement étalés, peu forts mais assez longs, à peine COL 571 Poire Collins. Premier Type. géniculés, rouge foncé lavé de gris, à lenticelles gris-brun, petites, très-rap- proohées, à coussinets ressortis. — Yeux : de grosseur moyenne, ovoïdes, presque placés en éperon. — Feuilles : petites et peu abondantes, vert cuivré , habituel- lement ovales- allongées , très -faible- ment dentées, portées sur un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — C'est un arbre qui se greffe sur toute espèce de sujet et dont la croissance reste toujours lente; il ne fait que de petites pyramides, assez jolies de forme mais peu feuillues. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : turbinée- allongée ou turbinée-ovoïde , ventrue, fort aplatie à la base. — Pédoncule : long ou un peu court, droit, mince, souvent renflé, plissé et charnu à son point d'insertion , régulièrement im- planté à la surface du fruit. — Œil : petit, ouvert, bien fait, presque sail- lant. — Peau : jaune verdâtre clair , ponctuée, rayée, maculée de fauve, lavée de rose vif sur la face exposée au soleil et portant généralement quelques taches brunâtres. — Chair : blanche, fine, ferme, juteuse, fondante, pierreuse au-dessous des loges, — Eau : abon- dante, fraîche, sucrée, possédant une saveur aigrelette fort agréable. Maturité. — Vers la moitié du mois d'août. ■ Qualité. — Première. Historique. — Les Américains sont les obtenteurs de cette poire, l'une des meilleures de leur collection. Voici les renseignements que nous rencon- trons, à son sujet, dans leurs princi- pales Pomologies : « Elle a été gagnée par A. Collins, de Watertown (Massachusetts), et soumise en i848 à l'examen de la Société d'Horticul- ture de cette province. » (Downing, the Fruits and fruit trees of America, 1863, p. 482.) « Je la crois sortie d'un semis de pépins c^72 COL [colmar] de Doyenné blanc. Son premier rapport eut lieu en 1839 ou en 1840; et seize ans plus tard (1856) elle n'avait encore, paraît-il, fructifié que sur le pied-mère. » (Hovey, the Fruits of America, 1856, t. II, p. 35.) Ce dernier renseignement peut être exact pour ce qui concerne l'Amérique ; mais en France, dans mon école, la poire Collins^ que je possède et multiplie depuis 18S0, avait déjà mûri en 1853. (Voir mon Catalogue descriptif et raisonné, 1852-1853, p. 25, n° 415.) Observations. — Dans le Dauphiné, cette variété est cultivée sous trois diffé- rents surnoms : Colin noir, Méconnaître ou Malconnaître, et Charbonnière, dernière dénomination sous laquelle M. Decaisne l'a décrite en 1863, tome V de son Jardin fruitier du Muséum , où il dit l'avoir reçue de MM. de Linage et Verlot, de Grenoble. 359. Poire de COLMAR. Synonymes. — Poires : 1. Bergamote tardive (de la Quintinye, Instructions pour les Jardins frui- tiers et potagers, 1690, p. 311). — 2. Manne {Id. ibid.). — 3. Incomparable (Herman Knoop, Fructologie, 1771, pp. 124 et 135). — 4. Belle-et-Bonne d'Hiver (Alexandre Bivort, Album de pomologie, 1851, t. IV, p. 3). — 5. MoNiÉ (d'Albret, Cours théorique et pratique de la taille des ai-bres fruitiers, 1851, p. 329). — ti. GoLMAR d'Hiver (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, l&b9, t. II). Description de l'ar- bre. — Bois : assez fort. — Rameaux: nombreux, étalés, gros, de longueur moyenne, peu coudés, vert brunâtre, ayant les lenticelles fines , abondantes , et les coussi- nets presque nuls. — Yeux : petits, ovoïdes, éloignés de l'é- corce, à écailles mal soudées. — Feuilles : peu nombreuses, ovales, faiblement dentées en scie sur leurs bords , munies , d'un pétiole épais et long. Fertilité. — Presque nulle en pyramide ; satisfaisante en espalier à bonne exposition (jamais au nord). Culture. — Le développe- ment de ce poirier est très- vif et sa vigueur , extrême ; on le greffe sur franc ou sur cognassier ; ses pyramides sont remarquables. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : ovoïde , ventrue et bosselée , mamelonnée et long ou un peu court, de force moyenne, plissée au sommet. — Pédoncule COL [colmarI 573 droit ou arqué, habituellement renflé à ses extrémités, obliquement inséré, et sou- vent en dehors de l'axe du fruit, au centre d'une cavité bien prononcée et dont les bords sont accidentés. — OEil : grand, ouvert ou ini-clos, rarement très-enfoncé. — Peau : idLUwe, d'ocre, ponctuée et tachetée de brun clair, parfois lavée de rouge pâle sur le côté frappé par le soleil. — Chair : blanc jaunâtre, fine, demi-fondante, aqueuse, un peu pierreuse au cœur. — Eau: fort abondante, très- sucrée, acidulé, délicieusement parfumée. Maturité. — Fin de novembre, se prolongeant jusqu'en février ou mars. Qualité. — Première. Historique. — On croyait en Belgique, il y a quelques années, que cette variété datait du commencement du xviii* siècle, et qu'elle devait son nom à la ville de Colmar (Haut-Rhin), dans les environs de laquelle sa culture avait toujours été des plus communes. Cette opinion manque un peu d'exactitude, puisqu'on con- naissait ce fruit dès la moitié du xvii^ siècle; mais quant à le croire natif de Colmar, ou tout au moins provenu d'un lieu voisin de cette cité, cela nous semble d'autant plus admissible, que poire de Colmar fut le nom sous lequel on le mentionna d'abord. Avant 1687, la Quintinye, directeur des jardins potagers de Louis XIV, possédait à Versailles, ce poirier, et même depuis un assez longtemps, car il le décrivit et signala les divers surnoms qu'il portait déjà, dans le recueil pomolo- gique qu'en 1788 la mort vint inopinément l'empêcher de terminer, mais que son fils, deux ans plus tard, publia intégralement. Or, on y lit ce passage : « La Poire de Colmar m'est venue sous ce nom-là par un illustre curieux de Guyenne^ et m'estoit venue d'un autre endroit sous le nom de Poire Manne, et sous celuy de Bergamotte TARDIVE » [Instructions 'pour les jardins fruitiers et potagers, 1690, p. 311.) En 1690, Merlet, dans la 3° édition de l'Abrégé des bons fruits, disait également : « La Foire de Colmar, qui donne beaucoup de bois et de fruit, est des plus rares, des plus NOUVEAUX en ce païs [Paris], et des plus exquis, qui se mange tout l'hyver. » (Chap. ix, p. 93.) Mais dans la 2^ édition, faite en 1675, il ne parlait pas du Colmar. Le Lectier, d'Orléans, qui publiait en 1628 le Catalogue de sa collection d'arbres fruitiers, alors la plus riche, la plus nombreuse, ne le mentionne pas davantage. On peut donc en conclure que réellement ce poirier ne se répandit qu'après 1675. Couverchel a prétendu que : « Elle doit à sa saveur, très-sucrée lorsqu'elle est cuite , le nom « de poire Manne. » [Traité des fruits, 1852, p. 486.) Je croirais plutôt qu'on la sur- nomma ainsi en raison de sa grosseur ou de son exquise bonlé, et par allusion à la manne dont les Hébreux, rapporte la Bible, se nourrirent dans le désert. Comment, en effet, pourrait-on la comparer à la manne du commerce, à cette substance essentiellement purgative, dont la saveur douce et nauséabonde n'a rien, assuré- ment, de sucré ni d'agréable?... Obserirations. — M. Decaisne a fait remarquer en 1839, avec beaucoup de raison , « que cette poire n'acquiert ordinairement toutes ses qualités que lorsque a l'arbre est placé en espalier, et à bonne exposition. » [Le Jardinier fruitier du Muséum, t. H.) En 1704, Dom le Gentil, appelé aussi frère François, et qui pour lors dirigeait la célèbre pépinière des Chartreux de Paris, pensait à cet égard comme M, Decaisne, mais il n'osait encore recommander formellement , à ses lecteurs , de placer en espalier le poirier Colmar : « J'ay fait planter — leiu' disait-il — à l'exposition du midi, il y a sept ou buit années, trois arbres de Colmart; ils sont à baute tige, en espalier, et ils ne manquent point, tous les ans, de me donner des poires dont la beauté et la grosseur font plaisir; elles sont jaunes d'un costé et rouges de l'autre. Neantmoins, quoy-que je sois sûr de cette expérience, je ne 57^ COL [COLMAR ALO] voudrois pas donner/ ce conseil pour tout autre climat que celuy d'autour de Paris, qui est moins chaud que dans certaines provinces. » [Le Sardinier solitaire, pp. 30 et 31.) L'espalier convient d'autant plus pour cet arbre, que les poires qu'il donne se détachent aisément, même sous lui vent peu violent. Et quant à ces dernières, il est bon de noter que la couleur d'abord verte, de leur peau, passe fréquemment au jaune foncé, sans que ce soit là un indice certain de parfaite maturité. Il faut qu'elles cèdent quelque peu à la pression du pouce, avant qu'on ne les sorte du fruitier. — Enfin, Gros-Mizet ou Gros-Micet n'est pas synonyme de Colmm\ ainsi qu'on l'a parfois avancé ; il l'est uniquement de la variété Franc-Réal, l'une dfis meilleures pour la cuisson, mais qui ne saurait figurer, comme le Colmar, parmi les poires à couteau. 360. Poire COLMAR D'ALOST. S^ynonyme. — Poire Délices d'Alost (ThuUUer-Aloux, Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 1855, p. 33), Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, érigés ou légèrement étalés , gros , un peu courts, brun clair ver- dâtre, à lenticelles fines, grises et abondantes , à coussinets plus ou moins accusés. — Yeux : mo- yens, coniques, aigus, non appliqués contre le bois. — Feuilles : gran- des, ovales ou ovales- allongées , très - faible - ment acuminées, planes ou relevées en gouttière, ayant les bords à peine dentelés et le pédoncule de force et de longueur moyennes. Fertilité. santé. Satisfai- CuLTURE. — Il est de vigueur ordinaire , se greffe sur toute espèce de sujet, croit assez vite et prend une forme pyra- midale régulière et fort convenable. Description dn^ft^. - Grosseur : considérable. - Forme : oblongue, for- tement obtuse, excessivement ventrue d'un côté, à peine convexe de iautie. Pédoncule : court, bien nourri, bien arqué, perpendiculairement ou obliquement COL [COLMAR are] 575 inséré au milieu d'une faible dépression. — Œil : grand ou moyen , ouvert , peu enfoncé, parfois entouré de légers plis, — Peau : vert clair dans l'ombre, vert jau- nâtre sur la face exposée au soleil, ponctuée de brun et couverte de taches fauves. — Chair : blanche, fine, mi-fondante, juteuse, contenant quelques pierres au centre. — Eau : très-abondante, sucrée, vineuse, acidulé, bien savoureuse. MATURrrÉ. — D'octobre en novembre. Qualité. — Première. Historique. — C'est en Belgique que ce fruit a pris naissance, d'un semis fait en 1840 par M. Hellinckx, pépiniériste à Alost. Le pied-mère donna ses pre- mières poires en 1852, et fut signalé aux horticulteurs par l'un des plus savants botanistes du pays , feu Charles Morren , fondateur de la Belgique horticole^ recueil fort estimé que dirige actuellement le fils de ce regrettable naturaliste. Observations. — On croyait, il y a quelques années, la poire Comtesse d" Alost identique avec le Colmar d'Alost ; cette erreur, que le nom d' Alost, commun à ces deux variétés, favorisait beaucoup, est aujourd'hui détruite. Si l'on en doutait, on pourrait s'éclairer en recourant, plus loin, à l'article que nous consacrons au poirier Comtesse d'Alost. 361. Poire COLMAR D'ARENBERG. Premier Type. Synonymes. — Poires : 1 . Kartof- FEL (Van Mons, Catalogue de sa pépinière de Lou- mm, 1823, n" 224). — 2. Ardente de Printemps (Pré- vost, Cahiers po- mologiques, 1839, p. 88). — 3. Pomme DE Terre (Alexan- dre Bivort, Album depomologie, 1 847, t. I. n» 74). — 4 . Fondante de Jaffard (A. du Breuil, Cours d'ar- boriculture, 1834, t. II, p. S69-III). — 5. D'Arenberg (Decaisne, le Jar- din fruitier du Muséum , 18S9 , t. II). Description de l'arbre. — Bois : très -fort. — Rameaux : peu nombreux, géné- ralement érigés, courts, des plus gros et des plus géniculés, d'un beau jaune brunâtre, ayant les lenticelles petites, rapprochées, les o76 COL [COLMAR are] coussinets saillants et les méri thalles excessivement courts. — Yeux : très- volumi- neux, ovoïdes, pointus, légèrement écartés du bois. — Feuilles : grandes, de forme ovale-allongée, profondément dentées en scie , portées sur un pétiole long et des plus gros. Poire Colmar d'Arenberg. — Deuxième Type. Fertilité. — Re- marquable. Culture. — Ce poi- rier, dont le dévelop- pement n'a rien d'ex- ceptionnel , peut se greffer soit sur le franc, soit sur le co- gnassier ; il fait dès sa deuxième année de fortes pyramides qui sont généralement peu ramifiées. Description du fruit. — Grosseur : énorme, et quelque- fois moins considé- rable. — Forme : inconstante , variant entre l'oblongue cy- lindrique excessive- ment gibbeuse et la turbinée faiblement obtuse et quelque peu bosselée , surtout vers le sommet. — Pédon- cule : très-court, min- ce, plus ou moins recourbé , oblique - ment ou perpendicu- lairement inséré dans une assez vaste cavité en entonnoir et dont les bords sont toujours inégaux. — Œil : grand , fermé , entouré de plis bien marqués , placé dans un bassin souvent très-profond. — Peau : peu épaisse, jaune d'ocre du côté de l'ombre, gris-roux du côté du soleil, ponctuée et tachetée de brun clair. — Chair : blanchâtre, demi-fine et demi -fondante, légèrement granuleuse autour des loges. ~ Eau : suffisante, assez sucrée, faiblement aromatique, parfois enta- chée d'une âpreté prononcée. Maturité. — De la mi-octobre jusqu'à la fin de novembre et pouvant même, accidentellement , atteindre le mois de décembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Van Mons est l'obtenteur de cette énorme poire, qu'il dut gagner à Louvain, vers 1821. On la crut d'abord d'origine allemande, en raison de la fantaisie qui poussa le célèbre semeur à l'appeler Kartoffel (poire Pomme de Terre) , nom sous lequel on la voit inscrite en regard du n" 224, dans le Catalogue COL [COLMAR ARl'l 577 qu'il dressa en 1823. Mais depuis lors, les pomologues allemands ayant eux- mêmes attribué ce gain à Van Mons , on n'a plus songé à le lui contester. Par un hasard étrange, la Kartoffel se répandit chez nous avant d'être cultivée dans les jardins belges, et ce fut précisément son importateur qui lui donna en 1837^ la croyant innommée, le nom qu'elle porte encore aujourd'hui, non-seulement en France, mais même en Belgique : Colmar d'Arenberg. Voici du reste comment un pomologue belge fort accrédité, M. Laurent de Bavay, établit ces faits en 1855 : « M. Camuzet — écrivait-il — chef des pépinières du Jardin des Plantes de Paris, fut frappé de la beauté de ce fruit en visitant le domaine d'Hervelé (en 1836), appartenant au duc d'Arenberg, et situé en Belgique. Une botte de greffes en fut promise à M. Camuzet, et quand il la reçut il s'empressa de la partager avec ses amis, en qualifiant cette poire de Calmar d'Arenberg, nom qui lui rappelait le propriétaire du jardin où pour la première fois il l'avait remarquée... Aussi ce fruit était déjà très-répandu en France quand il n'était encore connu, en Belgique, qu'au château d'Hervelé, où Van Mons envoyait, de temps à autre, quelques greffes de ses meilleurs produits. C'est ainsi que les Catalogues français ont pu annoncer cette poire, d'origine belge, à une époque où elle était à peine connue chez nous. C'est vers 1838 ou 1839 qu'ils l'ont mentionnée pour la première fois; elle s'est propagée ensuite avec une incroyable rapidité : il n'a' fallu à cette variété que deux ans pour se répandre par toute l'Europe, et même en Amérique Van Mons lui avait d'abord donné le nom de Kartoffel. [Annales de pomologie belge et étrangère, t. III, pp. 3 et 4.) Observations. — Ce fruit est un de ceux qu'il importe le plus de ne pas tou- cher, quand on l'a déposé au fruitier, car la moindre pression le fait noircir et hâte rapidement sa décomposition. Si l'on a besoin de le déplacer, il faut alors le prendre par le pédoncule. — Sa grosseur est souvent si considérable, qu'à l'expo- sition horticole de Chartres (1862), notamment, on présenta au jury un Colmar d'Arenberg dont le poids s'élevait à 690 grammes! (Voir Revue horticole, année 1862, p. 403.) 362. Poire COLMAR ARTOISENET. Deseription de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux, habituelle- ment étalés ou réfléchis, gros et assez longs, flexueux, brun clair jaunâtre, finement et abondamment ponctués, ayant les coussinets saillants et les mérithalles peu longs. — Yeux: moyens, ovoïdes, généralement bien écartés du bois. — Feuilles : très-nombreuses, ovales ou eUiptiques, acuminées, légèrement dentées en scie, munies d'un pétiole long mais faible. Fertilité. — Convenable. Culture. — La vigueur de ce poirier est très-satisfaisante; on le greffe aussi avantageusement sur cognassier que sur franc ; dès sa deuxième année il fait des pyramides non moins fortes que jolies. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, bosselée. — Pédoncule : assez long, gros, arqué, très- renflé, très-charnu et triangulaire à la base, obliquement implanté à la surface du fruit. — Œil : moyen, arrondi, des plus ouverts, généralement caduc, excessive- ment enfoncé dans un large bassin en entonnoir. — Peau .-jaune verdâtre, ponc- tuée, marbrée de gris roussâtre du côté de l'ombre et entièrement maculée de fauve sur la partie qui regarde le soleil. — Cfiair: blanchâtre, fine, demi-fondante, 1. 37 578 COL [COLMAR AUT] Poire Colmar Artoisençt. juteuse, pierreuse au centre. — Eau : abondante, faiblement sucrée, mais douée d'une saveur aigrelette qui n'est pas sans délicatesse. Maturité. — Fin d'octobre et courant de novembre. Qualité. — Deuxième. Historique. — On la croit née en Belgique , mais sans qu'il soit possible encore d'indiquer en quel lieu elle y fut semée , et par qui. Le nom qu'elle porte est celui de l'amateur dans le jardin du- quel on l'a rencontrée pour la première fois. En la faisant con- naître il y a vingt ans, M. Alexan- dre Bivort, alors directeur du Jardin fruitier de la Société Van Mons , à Geest-Saint-Remy-lez- Jodoigne (Belgique), ajoutait à sa description les détails suivants : « L'origine de ce poirier m'est inconnue j feu Simon Bouvier l'a trouvé dans le jardin de M. Artoise- net, à Jodoigne, et c'est par son en- tremise que je m'en suis procuré les premiers scions, ainsi que les fruits... Il en avait planté deux arbres il y a une quinzaine d'années, sans se rappeler comment il s'en était trouvé possesseur » [Album de pomologie, 1847, t. I, nM . ) Il résulte donc de ce passage, que cette variété fut reçue sans nom, vers 1833, par M. Artoisenet, auquel ensuite on l'a dédiée quand il s'est agi de la propager. Observations. — En Allemagne, on a cru reconnaître dans le Colmar Artoi- senet, le Beurré Diel; et, chez nous, on a voulu le réunir au Colmar d'Arenberg. Inutile d'insister pour démontrer ces deux erreurs, puisque nous avons décrit page 349 le Beurré Diel, et page 575 le Colmar d'Arenberg. Poire COLMAR D'AUTOMNE. — Synonyme de poire de Bamy. Voir ce nom. 363. Poire COLMAR D'AUTOMNE NOUVEAU. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux, étalés, gros, peu longs, géniculés, brun-vert olivâtre, à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets aplatis. — Yeux : petits ou moyens, coniques, à écailles bombées et entr'ouvertes, non collés contre l'écorce. — Feuilles : grandes, ovales-allongées, légèrement crénelées ou presque entières sur leurs bords, ayant le pétiole long, très-fort et accompagné de stipules bien développées. Fertilité. — Satisfaisante. COL [COLMAR BOI — ('.J1A| 579 Poire Colmar d'Automne nouveau. Culture. — C'est un arbre de vigueur ordinaire, un peu faible dans sa deuxième année, mais poussant ensuite beaucoup mieux; tout sujet peut lui convenir et ses pyramides sont assez belles. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : conique, obtuse et bos- selée ; mais quelquefois, aussi , pres- que cylindrique. — Pédoncule : court, bien nourri, recourbé, régulièrement inséré au centre d'une cavité assez marquée, plissée et à bords inégaux. — Œil : petit, ouvert, placé dans un bassin arrondi rarement profond. — Peau : épaisse, gris roussâtre, légè- rement et uniformément nuancée de jaune-orange. — Chair : blanche, fine, fondante, juteuse, contenant quelques granulations autour des loges. — Eau : très - abondante , sucrée et fort aromatique, parfois un peu acerbe. Maturité. — De la mi-octobre à la mi-novembre. Qualité. — Première. Historique. — Elle provient du Jardin fruitier du Comice horticole d'Angers; dégustée en 1851, nous n'avons commencé à la propager qu'en 1854. Observations. — Rappelons ici ce (jui a été dit à l'article Poire de Bavay (p. 184) : Que cette dernière portant souvent le surnom Colmar d'Automne, il devient urgent de ne pas la prendre pour le Colmar d'Automne nouveau , avec lequel elle n'a aucune espèce de rapport. Poire COLMAR BOISÉ. — Synonyme de poire Muscat Lallemand. Voir ce nom. Poire COLMAR BONNET. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Voir ce nom. Poire COLMAR BOSC. — Synonyme de poire Neill. Voir ce nom. 364. Poire COLMAR CHARNI. Description de l'arbre. — ■ Bois : faible. ~ Rameaux : peu nombreux, légè- rement étalés, courts, de grosseur moyenne, non coudés, brun clair verdâtre, ayant les lenticelles des plus apparentes, clair-semées , et les coussinets saillants. 580 COL [COLMAR CHA] — Yeux : petits ou moyens, coniques, aigus, collés en partie contre l'écorce. — Feuilles : ovales ou ovales-arrondies, acuminées, planes ou canaliculées , entière- ment dentées en scie, portées sur un pétiole très-long, flasque et menu. Fertilité. — Grande. Poire Colmar Charni. Culture. — On le greffe non moins avantageusement sur cognassier que sur franc ; il pousse lentement et fait, à partir de sa troisième année , des pyra- mides régulières, mais petites et peu touffues. Description du fruit. — G?'os- seur : moyenne. — Forme : ovoïde , légèrement ventrue, aplatie à la base et souvent mamelonnée au sommet. — Pédoncule: assez long, mince, recourbé, renflé à l'attache , perpendiculairement inséré au milieu d'une faible dépres- sion. — Œil : grand, bien ouvert, peu enfoncé. — Peau : jaune obscur, ponc- tuée, veinée, tachetée de fauve, ver- millonnée du côté du soleil. — Chair : blanche, très-fine, demi-cassante, rare- ment pierreuse. — Eau : suffisante , sucrée, vineuse, douée d'un délicieux parfum. IVIaturité. — Depuis le commence- ment de janvier jusqu'en mars. Qualité. — Première. Historique. — En d 834 , cette va- riété faisait encore partie, dans le Jardin de la Société Van Mous, à Geest-Saint-Remy (Belgique), des poiriers mis à l'étude; ce ne fut que quatre ans plus tard, en 1838, qu'on en livra des greffes aux membres de cette association horticole. (Yoir Catalogues de ladite Société, t. I, pp. 88 et 213.) M. Auguste Royer, de Namur, la décrivit en 1860, mais il ne put en préciser ni l'origine , ni l'âge : « Elle nous a été communiquée — dit-il — à une époque déjà très-ancienne, par M. de Bavay père, directeur de l'École d'Horticulture de Vilvorde (Belgique). Depuis sa mort, le Colmar Charni a cessé de figurer sur les Catalogues de l'établissement, de sorte que nous ne possédons aucun renseignement sur son origine. » [Annales depomologie belge et étrangère, i 860, t. VIII, p. 43.) Observations. — Nous croyons cette poire très-peu répandue en France , ce qui tient sans doute à ce qu'on y a fait, en 1863, son nom synonyme d'ARRRE COURBÉ, variété médiocre qui disparaît en octobre ou novembre, alors que le Colmar Charni demande encore deux ou trois mois avant de pouvoir paraître sur les tables. (Voir, page 131, la description du poirier Arbi^e courbé.) COL [COLMAR DEL] 581 365. Poire COLMAR DELAllAUT. Poire Colmar Delahaut. — Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nom- breux, ordinairement un peu arqués et très-étalés , gros , longs , bien flexueux, brun verdâtre légèrement nuancé de rouge, ayant les lenti- celles petites, abondantes , les cous- sinets sans grand relief et les méri- thalles des plus longs. — Yeux : moyens , ovoïdes , non appliqués contre le bois, à écailles faiblement disjointes. — Feuilles : grandes, gé- néralement ovales ou ovales-allon- gées, planes ou contournées, à peine crénelées sur leurs bords, munies d'un pétiole de longueur et de gros- seur moyennes. Fertilité. — Convenable. Culture. — Ce poirier est d'une remarquable vigueur, quel que soit le sujet sur lequel on l'ait greffé; son écusson se développe rapide- ment ; ses pyramides, toujours fortes, manquent cependant de régularité. Description du fruit. — Gros- seur : moyenne. — Forme : variant entre la turbinée- allongée, irrégu- lière, contournée, bosselée, et la turbinée fortement obtuse et ventrue. — Pédoncule : de longueur moyenne ou court, bien nourri, arqué ou non arqué , souvent continu avec le fruit , quelquefois placé à la surface, au milieu d'une faible dépression, mais toujours obliquement implanté. — OEil : petit, mal formé, à peine enfoncé. — Peau : jaune verdâtre dans l'ombre, jaune -brun du côté éclairé par le soleil, largement ma- culée, striée et ponctuée de fauve, surtout vers l'œil. — Chair : blan- châtre, demi-fine et demi-fondante, contenant quelques pierres auprès des pépins. — Fau : parfois insuffi- sante, sucrée, vineuse, aromatique. Maturité. — Fin de décembre et courant de janvier. Qualité. — Deuxième, Deuxième Type. 582 COL [COLMAR DEM] Historique. — Ce poirier nous est venu de la Belgique ; il y fut gagné de semis, en 1847, par M. Grégoire, tanneur à Jodoigne, qui lui donna le nom de son jardinier. Il sort, nous écrit-on, de pépins du Passe-Colmar. 366. Poire COLMAR DEMEESTER. Synonyme. — Poire Demeester (Van Mons, Annales de la Société d' Horticulture de Paris, 1833, t. XII, p. 175). Description de l'arbre. — Bois : fort. — ■ Rameaux : nom- breux, érigés ou faiblement étalés, gros, longs, à peine géniculés, brun-roux, peu ponctués, à cous- sinets plus ou moins ressortis. — Yeux : moyens , coniques, aigus, écartés du bois, quelquefois for- mant éperon. — Feuilles : abon- dantes , grandes , ovales assez allongées et légèrement acumi- nées, à bords peu ou point dente- lés, portées sur un pétiole long, flasque et menu. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Sa vigueur est grande, on le greffe sur toute espèce de sujet; il croît vite et fait de superbes pyramides, bien rami- fiées, bien feuillues. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, exces- sivement ventrue. — Pédoncule : assez court, mince, arqué, renflé au sommet, régulièrement planté à fleur de peau. Œil : grand, bien fait, souvent mi-clos, placé dans un large bassin rarement profond. — Peau : jaune d'ocre légèrement verdâtre, ponctuée, tachetée ou marbrée de fauve, maculée de même vers l'œil et plus ou moins carminée sur le côté exposé au soleil. — Chair : jaunâtre, grosse, mi-fondante, aqueuse, pierreuse au cœur. Eau : abondante, sucrée, acidulé, assez savoureuse mais souvent entachée d'un arrière-goùt alliacé. Maturité. — Fin de septembre et courant d'octobre. Qualité. — Deuxième. Historique. — Van Mons, l'obtenteur de cette variété qu'il dédia au jardi- nier-chef de sa pépinière de Louvain (Belgique), en établissait ainsi l'origine, au mois d'octobre 1833 : « L'arbre, provenu de graine à Louvain, a fructifié pour la «première fois en 1824. » [Annales de la Société d'Horticulture de Paris, t. XII, p. 175.) COL [COLMAR DES — ÉTÉ] 583 ObserTations. — On a cultivé assez longtemps, sous le nom Ferdinand Demeester, un poirier qui n'avait rien de commun avec le Colmar Demeester, le seul que Van Mons ait dédié à ce jardinier. Aujourd'hui, l'on sait à quelle variété rapporter le pseudonyme Ferdinand Demeester : c'est à la poire Surpasse-Meuris, décrite à son rang alphabétique, dans notre deuxième volume. Poire COLMAR DESCHAMPS. — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien. Yoir ce nom. Poire COLMAR DORÉ. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Yoir ce nom. 367. Poire COLMAR D'ETE. Description de l'arbre. — Bois : fort ou très-fort. — Rameaux : nombreux, érigés, des plus gros, peu longs, bien coudés, vert gri- sâtre, à lenticelles larges et rappro- chées, à coussinets très-accusés. — Yeux : assez gros, ovoïdes- allon- gés, obtus, collés contre l'écorce, ayant les écailles bombées et mal soudées. — Feuilles : abondantes, légèrement coriaces, elliptiques ou ovales , acuminées , planes ou con- tournées, faiblement dentées, au pétiole très -court, très -fort, et accompagné de longues stipules. Fertilité. — Extrême. Culture. — Le développement de ce poirier est des plus vifs et sa vigueur, des plus grandes; on lui donne indistinctement le franc ou le cognassier; ses pyramides sont magnifiques. Description dii fruit. — Grosseur ; au-dessus de la moyenne, ou moyenne. — Forme : oblongue, obtuse, régulière, ventrue. — Pédoncule : assez court, peu fort, arqué, perpendiculairement inséré dans un large évasement à bords relevés. — Œil : petit, bien fait, ouvert, presque saillant. — Peau : mince, jaune-citron, parsemée de points gris et verts très-fins, faiblement maculée de roux autour du pédoncule. — Chair : fine, très-fondante, juteuse, contenant quelques pierres au cœur. — Eau: excessivement abondante, acidulé, sucrée, savoureusement aro- matique. Maturité. — Fin août et commencement de septembre. Qualité. — Première. S84 COL [COLMAR ÉTÉ — INV] Historique. — Poiteau mentionna cette variété en 1830, dans les Annales de la Société d'Horticulture de Paris, dont il était alors le principal rédacteur, et fit observer « qu'elle commençait seulement à se répandre. » (Page 90.) En 1832, il la décrivit page 104 du même ouvrage, et l'attribua à Yan Mons. Ce dernier la gagna eflectivement de semis à Louvain (Belgique), vers 182o, et peu après on la vit cultivée à Verrières, aux environs de Paris, chez Louis Yilmorin, qui en fut le principal propagateur. Oluservatious. — Le nom Colmar d'Été de Strasbourg, ou de Wûrtzbourg , que l'on pourrait supposer synonyme de Colmar d'Été, se rapporte, au contraire, à la poire d'CEuf , l'un des plus anciens fruits connus, et qui s'éloigne entièrement de la variété moderne appelée chez nous CEuf de Cygne, et Swan's egg chez les Anglais et les Américains. Poire COLMAR D'ÉTÉ DE STRASBOURG. — Synonyme de poire d'Œuf. Voir ce nom. Poire COLMAR D'ÉTÉ DE WÛRTZBOURG.— Synonyme de poire d'Œuf. Voir ce nom. Poire COLMAR FRANÇOIS (PASSE-). — Voir Passe-Calmar François. Poire COLMAR D'HARDENPONT. — Synonyme de poire Passe- Colmar. Voir ce nom. Poire COLMAR D'HIVER. — Synonyme de poire de Colmar. Voir ce nom. 368. Poire COLMAR DES INVALIDES. Synonymes. — Poires : 1. Gros-Colmar Van Mons (Bivort, Album de pomologie, 1847, 1. 1, no 37). — 2. Va-Deux- Ans (/rf. ibid.). — 3. Colmar Van Mons (Prévost, Pomologie de la Seine-hiférieure , 1 850, p. 200). — 4. Beurré de Printemps (Langethal, Deutsches Obstcabinet , 1860, 8^ cahier). — 5. Crassane d'Hiver (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, 1. 111 ) . — 6. Poire des Invalides {Id. ibid.). Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : nombreux , un peu arqués et bien étalés , gros , de longueur moyenne , géniculés , marron foncé légèrement olivâtre, tachetés de gris, à lenticelles petites et abondantes, à coussi- nets habituellement des plus saillants. — Yeux : volumineux, ovoïdes, très-écartés du bois, ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : grandes, ovales-arrondies ou elliptiques, acuminées, profondément dentées, au pétiole long, peu fort et pourvu de stipules des plus développées. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Il est assez vigoureux, ne pousse bien qu'à partir de sa deuxième année, se greffe soit sur le franc, soit sur le cognassier, et fait de jolies pyramides qui toutefois sont généralement un peu basses. Description du fruit. — Grosseur : souvent énorme, mais souvent aussi moins considérable. — Forme : turbinée-arrondie, très-ventrue. — Pédoncule : peu long, COL [COLMAR .lAM — LOT] 585 fort, droit ou arqué , régulièrement inséré dans une vaste cavité en entonnoir. — Œil : petit, rond, des plus enfoncés. — Peau: très-épaisse, jaune grisâtre un peu verdâtre^ lavée de rouge clair du côté du soleil, parsemée de gros points fauves et noirâtres, et tache- Poire Golmar des Invalides. tée de gris auprès de l'œil. — Chaù\- blan- che, grosse, mi-cas- sante, pierreuse au- tour des loges. — F au : jamais abon- dante, faiblement su- crée, douceâtre, sans parfum. Maturité. — De- puisles derniers jours de novembre jus- qu'en avril, et parfois même atteignant le mois de mai . Qualité. — Pre- mière pour la cuis- son, mais ne pouvant être classée parmi les fruits à couteau. Historique. — Ce poirier fut gagné de semis en 1808 à Enghien (Belgique), par M. Duquesne, correspondant et ami du professeur Van Mons, auquel il le dédia; mais on l'a souvent regretté depuis, car le nom du célèbre arboriculteur belge eût dû n'être donné qu'à des fruits exquis, tandis que ce Colmar sert uniquement à faire des compotes. Aussi n'est-il pas étonnant qu'on ait fini par hii appliquer, vers 1830, le surnom sous lequel il est aujourd'hui généralement cultivé. Son introduction en France date de 1840, selon M. du Breuil [Cours d'ar- boriculture, 1834, t. II, p. 569-vi). Observation». — La forme primitive de cette poire s'est beaucoup modifiée ; Van Mons lui-même le fit remarquer dès 1835, au tome II de ses Arbres fruitiers, où il disait : « Ce Colmar est devenu une forme de Crassane (p. 203). » Circonstance qui sans doute lui valut d'être également appelée par quelques horticulteurs , Crassane d'Hiver. Poire COLMAR JAMINETTE. — Synonyme de poire Jaminette. Voir ce nom. Poire COLMAR DU LOT. — Synonyme de poire du Mas. Voir ce nom. S86 COL [COLMAB MAR — NAV] 369. Poire COLMAR DE MARS. description de l'arbre. — Bois : fort. — Hameaux : nombreux, arqués et légèrement étalés, très- gros, peu longs, coudés, duveteux, brun olivâtre nuancé de rouge au- près des yeux, finement et abon- damment ponctués , ayant les cous- sinets des plus ressortis et les méri- thalles courts. — Fewx .• volumineux, ovoïdes , formant généralement épe- ron, à écailles faiblement disjointes. — Feuilles : d'un beau vert foncé, ovales, acuminées, dentées sur leurs bords et munies d'un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Il est excessivement vigoureux-sur cognassier, développe très-vite son écusson et forme de superbes pyramides. Nous ne l'avons pas encore étudié sur franc. Description dn fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde-arrondie, régulière , un peu ventrue , habituellement plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : court, assez fort, arqué, charnu à la base, obliquement implanté dans une étroite cavité. — Œil : moyen, mi-clos, parfois contourné, faiblement enfoncé. — Peau : jaune d'or, ponctuée, rayée et légèrement veinée de roux, maculée de même autour de l'œil et du pédoncule. — Chair : jaunâtre, fine, com- pacte quoique fondante, juteuse, odorante, contenant quelques granulations auprès des pépins. — Fau : des plus abondantes, rafraîchissante, sucrée, savoureuse, douée d'un arrière-goût musqué qui la rend fort agréable. Maturité. — Derniers jours de mars, et se continuant jusqu'en mai. Qualité. — Première. Historique. — Elle provient des semis de M. Nérard fils aîné, pépiniériste à Lyon, date de 1853 et fut livrée au commerce en 1855. Poire COLMAR MUSQUÉ. — Synonyme de poire Passe-Colmar musqué. Voir ce nom. 370. Poire COLMAR NAVEZ. Synonyme. — Poire Beurré Navez (Alexandre Bivort, Album depomologie, 1847, t. I, n" 14). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nombreux , étalés ou légèrement érigés, gros, longs, peu coudés, duveteux, fauve verdâtre nuancé de brun, à lenticelles fines, abondantes, très-proéminentes, à coussinets bien accusés. COL [COLMAR NAV] 587 volumineux, coniques, à large base, pointus, presqu'entièrement collés contre le Lois. — Yeux Poire Colmar Navez Premier Type. Feuilles : coriaces, assez grandes, ova- les-allongées, acu- minées, planes ou contournées , sou- vent canal iculées, à bords profondément dentés , ayant le pétiole long et fort. Fertilité. — Or- dinaire. Culture. — Doué d'une bonne vi - gueur, cet arbre se greffe aussi avanta- geusement sur le co- gnassier que sur le franc ; sa végéta- tion est rapide , ses pyramides sont touffues, très-hau- tes, très-remarqua- bles. Description du fi*uit. — Gros- seur : énorme, mais parfois au - dessus de la moyenne. — Forme : ovoïde ou arrondie , quelque peu bosselée, particulièrement auprès du sommet. — Pédon- cule : assez long ou très - court, droit ou recourbé, de moyenne force, perpendicu- lairement ou obliquement in- séré dans un large évasement dont l'un des bords est for- tement mamelonné. — OEil: grand, mi-clos, irrégulier, gé- néralement bien enfoncé. — Peau : vert jaunâtre, faible- ment ponctuée de gris, tachetée et nuancée de brun-roux, sou- vent lavée de rouge-brique sur le côté exposé au soleil. — Chair : blanche, assez fine, 588 COL [coLMAR NEi — van] mi-fondante, aqueuse, peu granuleuse au cœur. — Eau : suffisante, sucrée, acidulé, bien savoureuse, possédant un parfum musqué-anisé fort délicat. Maturité. — Fin de septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Historique. — M. Alexandre Bivort nous apprend que ce Colmar « provient « des semis de M. Bouvier, de Jodoigne (Belgique), qui le dédia au célèbre peintre « Navez , de Bruxelles ; » puis il ajoute : « Plusieurs des correspondants de feu a M. le professeur Van Mons en ont reçu anciennement des greffes par son entre- ce mise, ce qui leur a fait croire qu'il provenait de ses semis et était différent de « celui trouvé par M. Bouvier. Une comparaison de trois années nous met à même « d'assurer que les deux poires connues sous les noms de Beurré Navez et Colmar « Navez ne font qu'une seule et même variété. » [Album de pomologie, 1847, t. I, n° 14.) — Ici, l'âge de ce poirier n'est pas indiqué, mais un autre pomologue, M. de Liron d'Airoles, va le préciser : « Le pied-type donna ses premiers fruits, « assure-t-il, en 1837. » [Notices pomologiques , 1859, Liste synonymique, l^'' Sup- plément, p. 10.) ObserTations. — On a dit souvent, même en Belgique, qu'il existait deux variétés de Colmar Navez , l'une gagnée par M. Bouvier, l'autre obtenue par Van Mons, lequel signalait ce fait dès 1839. Pour nous, la seule chose qu'il nous soit possible d'affirmer, c'est que nous n'avons jamais vu, ni reçu, qu'un Colmar Navez, celui décrit ci-contre, parfaitement identique avec le gain de M. Bouvier. — Plusieurs pépiniéristes ont réuni la poire Duc de Nemours au Colmar Navez. Si dès l'abord cette opinion nous a paru fondée, une étude attentive de ces deux poiriers et de leurs produits, nous a, toutefois, récemment convaincu qu'ils n'avaient positivement rien de commun. (Voir, tome II, l'article poire Bue de Nemours. ) Poire COLMAR NEILL. — Synonyme de poire Neill. Voir ce nom. Poire COLMAR NÉLIS. — Synonyme de poire Bonne de Malines. Voir ce nom. Poire COLMAR (PASSE-). — Voir Passe-Colmar. Poire COLMAR DE SILLY. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Voir ce nom. Poire COLMAR SOUVERAIN. — Synonyme de poire Passe-Colmar. Voir ce nom. Poire COLMAR VAN MONS. — Synonyme de Colmar des Invalides. Voir ce nom. Poire COLOMA. — Synonyme de Beurré Coloma. Voir ce nom. Poire COLOMA D'AUTOMNE. — Synonyme de poire des Urbanistes. Voir ce nom. Poire COLOMA D'HIVER. — Synonyme de poire Bonne de Malines. Voir ce nom. Poire du COLOMBIER. — Synonyme de Bergamote rouge. Voir ce nom. Poire COLORÉE D'AOUT. — Synonyme de poire Certeau d'Été. Voir ce nom. COL 589 371. PoiHE COLORÉE DE JUILLET. Deseription de l'arbre. — fiois : fort. — Rameaux : nombreux , habituelle- ment érigés à la partie supérieure de la tige, gros, assez longs, à peine géniculés, brun clair grisâtre , à lenticelles larges et rapprochées, à coussinets aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes, pointus, cotonneux, ap- pliqués presqu'entièrement contre le bois , ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : de grandeur variable , elliptiques ou ova- les-allongées, profondément crénelées ou dentées , au pétiole long et fort. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Sur cognassier, l'unique sujet que nous lui ayons encore donné , il se montre vigoureux, croit assez vite et fait de jolies pyramides toujours bien ramifiées. Description dw fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : ovoïde, régulière, un peu bosselée , surtout près du sommet. — Pédoncule : de longueur et de force moyennes, arqué, obliquement inséré dans une faible cavité à bords légèrement relevés. — Œil : petit, mi-clos, parfois contourné, entouré de plis et placé dans un large bassin rarement profond. — Peau : onctueuse, jaune brillant et foncé, large- ment tachée de fauve auprès du pédoncule , ponctuée de gris et de rouge obscur, vermillonnée du côté du soleil, nuancée de jaune très-clair dans le bassin ombilical. -- Chair : blanchâtre, mi-fine et mi-cassante, contenant quelques pierres au centre. — Eau : jamais abondante, douceâtre, manquant généralement un peu trop de sucre et de parfum. Maturité. — Courant de juillet. Qualité. — Deuxième. Historique. — Ce fruit mûrissait pour la première fois en 1857, à Rouen, chez son obtenteur, M. Boîsbunel fils , pépiniériste bien connu déjà par d'autres gains fort méritants. 372. Poire GOLUMBTA. Synonymes. — Poires : 1 . CoLUMBlA virgalouse ( Downing, the Fruits and fruit trees of America, édition de 1849, p. 430). — 2. Golumbian virgalieu {Id. ibid.). — 3. Columbia virgauca (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques, 1862, t. III, p. 32).— 4. Columbia virgouleuse {Id. ibid.). Description de l'arbre. —Mois : fort. — Rameaux: nombreux, générale- ment érigés, gros, courts, très-géniculés , brun verdâtre nuancé de rouge auprès des yeux, ayant les lenticelles petites, abondantes, les coussinets saillants et les 590 COL mérithalles des plus courts. — Yeux : volumineux, coniques, aigus, très-écartés de l'écorce, à écailles disjointes. — Feuilles : vert clair, souvent lavées de rouge et de jaune, ovales -allongées, irrégulièrement dentées ou crénelées, portées sur un pétiole grêle et très-long. Poire Columbia. •"T\ Fertilité . — Remarquable. Culture. — On le greffe indistinctement sur le franc ou le cognassier ; doué d'une grande vigueur , il pousse rapidement et bien, formant dès sa deuxième année de superbes pyramides. JDeseription du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : irrégulière , ordi- nairement ovoïde-allongée , ventrue et beaucoup plus renflée d'un côté que de l'au- tre. — Pédoncule: assez long, bien nourri, arqué, contour- né, obliquement implanté à la surface, et souvent en dehors de l'axe du fruit. — Œil : moyen, ouvert, placé dans une cavité des plus éva- sées mais peu profonde. — Peau : jaune clair dans l'om- bre , jaune d'or foncé sur l'autre face, ponctuée de gris- brun, tachetée et veinée de roux verdâtre. — Chair : blanche, fine, fondante, ju- teuse , fortement pierreuse autour des loges. — Fau : abondante , sucrée , vineuse, acidulé, délicieusement parfumée. Maturité. — Depuis la fm d'octobre jusqu'en décembre. Qualité. — Première. Historique. — J'ai tiré ce poirier des collections américaines, en 1849, et je le multiplie depuis 1850, date à laquelle il figura pour la première fois dans mes Catalogues (page 15, n" 130). Le pied-type de cette variété se voyait encore en 1848, observait alors le pomologue Downing, sur la ferme d'un M. Casser, dans le comté de Westchester , à 20 kilomètres de New- York. Et cet auteur ajoute, que la propagation en fut due à MM. Bloodgood et 0% pépiniéristes à Flushing, et voi- sins de la propriété où poussa ledit poirier. (Voir the Fruits and fruit trees of America^ édition de 1849, p. 431.) COL — COM 591 Poires COLUMBIA VIRGALICA, = VIRGALOUSE, = YIRGOULEUSE. — Synonymes de poire Columbia. Voir ce nom. Poire COLUMBIAN YIRGALIEU. — Synonyme de poire Columbia. Voir ce nom. Poire du COMICE. — Synonyme de Doyenné du Comice. Voir ce nom. Poire COMICE DE TOULON, — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. 373. Poire COMMISSAIRE DELMOTTE. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : nom- breux, étalés vers la base de la tige, érigés près du sommet, gros, courts, peu flexueux, brun clair grisâtre, à lenticelles apparentes et très -rapprochées, à coussinets presque nuls. — Yeux : moyens, ovoïdes, formant souvent éperon. — Feuilles : arrondies, parfois acuminées, entières en partie sur leurs bords ou légèrement dentées, ayant le pétiole court et menu. Fertilité. — Convenable. Culture. — Ce poirier, que nous n'avons pas encore greffé sur franc, croît assez bien sur cognas- sier, développe parfaitement son écusson et fait des pyramides un peu basses, mais d'une jolie forme et des mieux ramifiées. Description du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne ou moyenne, — Forme : turbinée, obtuse, ventrue, légèrement bosselée, régulière, — Pédoncule : très-court, assez fort, rarement arqué, obliquement inséré dans une large cavité dont les bords sont bien arrondis, — Œil : grand, ouvert, souvent caduc, placé dans un bassin en entonnoir et de profondeur variable, — Peau : rugueuse, jaune- citron, ponctuée et veinée de fauve, lavée de gris-roux orangé sur la partie frappée par le soleil, et montrant habituellement quelques petites taches noirâtres. — Chair : jaunâtre, grosse, mi-cassante, pierreuse au cœur, — Eau : peu abon- dante, sucrée, acidulé, douée d'un arôme assez délicat. Maturité. — Courant de décembre et se conservant jusqu'en janvier. Qualité. — Deuxième. Historique. — En nous l'envoyant de Belgique en 1856, on nous donna sur son origine les renseignements suivants : Gain de M. Xavier Grégoire, tanneur 392 COM à Jodoigne , elle sort d'un semis de pépins de la Bergamote de Pentecôte ( Doyenné d'Hiver) et elle a mûri pour la première fois en 1832 ou 1853. Son obtenteur Fa dédiée à M. Delmotte, commissaire d'arrondissement à Nivelles. Poire de la COMMUNAUTÉ. — Synonyme de poire Messire-Jean. Voir ce nom. Poire COMPAGNIE D'OSTENDE. — Synonyme de Bon-Chrétien d'Espagne. Voir ce nom. Poire COMPÉRETTE. — Synonyme de poire Ananas. Voir ce nom. 374. Poire COMTE DE FLANDRES. iSynonymes. — Poires : 1. Saint-Jean-Baptiste (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1861 ^ t. IV). — 2. Saint-Jean-Baptiste d'Hiver (Congrès pomologique, Pomologie de la France, 1865, t. III, no 137). Description de l'ar- lipe. — Bois : faible. — Rameaux : nombreux, légè- rement étalés, assez grêles, peu longs, peu géniculés, iDrun tacheté de gris, ayant les lenticelles petites, rap- prochées, et les coussinets presque nuls. — Yeux : moyens , ovoïdes , collés contre l'écorce , à écailles entr'ouvertes. — Feuilles : petites ou moyennes, ova- les ou ovales - allongées , bien acuminées, faiblement dentées , portées sur un pétiole court, épais, accom- pagné de longues stipules. Fertilité. — Médiocre. Culture. — Cet arbre n'est pas doué d'une grande vigueur; il croît toujours lentement, quel que soit le sujet qu'on lui ait donné; néanmoins ses pyramides, quoique petites, sont fort convenables. Description du fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : allongée , ven- true vers la base, légère- ment étranglée près du sommet, qui est fortement obtus et mamelonné. — Pédoncule: assez long, bien nourri, renflé à sa partie inférieure, rarement recourbé, COM 593 régulièrement inséré au milieu d'une large dépression peu profonde, mais que domine une gibbosité des plus prononcées. — Œil : grand, bien fait, ouvert ou mi-clos, placé dans un bassin assez profond. — Peau : un peu rude au toucher, vert jaunâtre, semée de points roux très-apparents, légèrement veinée de même, maculée de fauve autour du pédoncule et portant quelques taches brunâtres et squammeuses. — Chair : blanchâtre, fine, excessivement fondante, juteuse, faible- ment granuleuse au cœur, qui est complètement dépourvu de pépins. — Eau : fort abondante, sucrée, aigrelette, possédant un parfum d'une saveur exquise. Maturité, — Fin d'octobre, se prolongeant jusqu'en décembre. QuALri'É. — Première. Historiciiie. — Cette poire, l'une des plus recherchées de la pomone belge, provient des semis de Yan Mons; le pied-type qui l'a produite se mit à fruit en 1843 à Louvain^ un an après la mort du savant professeur. Le nom de cette variété , choisi par les fils mêmes de Van Mons , rappelle celui de Philippe-Eugène , comte de Flandre et frère du roi Léopold II. Observations. — On cultive depuis une quinzaine d'années déjà, un poirier appelé Jean-Baptiste Bivort, qu'on a dit semblable au poirier comte de Flandre. C'est une erreur formelle, découlant probablement du surnom Saint-Jean-Baptiste d'Hiver, assez récemment appliqué, nous ignorons par qui, à la poire Comte de Flandre. (Voir, tome II, la variété Jean-Baptiste Bivort.) Poire COMTE DE FRIAND. — Synonyme de poire Amadote. Voir ce nom. Poire COMTE LAMI. — Synonyme de Beurré Curtet. Voir ce nom. Poire COMTE DE LAMY. — Synonyme de Beurré Curiet. Voir ce nom. Poire COMTE ODART. — Synonyme de Beurré Auguste Benoisi, Voir ce nom. 375. Poire COMTE DE PARIS. ïlescriiitîoo de l'arbre» — Bois : très-fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés, gros et longs, des plus coudés, brun verdâtre nuancé de gris, à lenticelles larges et clair-semées, à coussinets bien accusés. — Yeux : moyens, ovoïdes, généralement aigus, écartés du bois. — Feuilles : ovales ou arrondies, très-légè- rement dentées , au pétiole excessivement court et fort. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Toute espèce de sujet lui convient; il est doué d'une grande vigueur, développe vite son écusson et fait de remarquables pyramides. Description du fruit. — Grosseur : considérable. — Forme : conique ou ovoïde-allongée, habituellement un peu ventrue et légèrement bosselée. — Pédon- cule : court, de moyenne force, non recourbé, obliquement implanté à la surface. I. 38 594 COM -— Œil : grand, souvent caduc, ouvert, plissé ou entouré de petites gibbosités, rarement bien enfoncé. — Peau : rugueuse, jaune verdâtre obscur, ponctuée et largement tachetée de mar- Poire Comte de Paris. „^„ ^ _ ■ i ron fonce, plus ou moms lavée de roux clair sur la face qui regarde le soleil. — Chair : blanche , mi- fme , fondante , aqueuse , fortement pierreuse autour des loges. — Eau : extrê- mement abondante , su- crée , vineuse , agréable- ment parfumée. Maturité. — Courant d'octobre, et pouvant at- teindre, mais exception- nellement, le mois de dé- cembre. Qualité. — Première. Historique. — Le promoteur de cette variété fut M. Bivort ; elle fruc- tifia chez lui, à Geest-Saint- Remy (Belgique) , en 1847 ; le pied-mère faisait partie des derniers semis effectués à Louvain par le professeur Van Mons, dont les pépi- nières devinrent, lors de son décès (1842), la pro- priété de M. Bivort. 376. Poire COMTESSE D'ALOSÏ. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Rameaux : très -nombreux , érigés au sommet, étalés à la base, de grosseur et de longueur moyennes, généra- lement très-coudés, d'uQ brun olivâtre souvent un peu jaunâtre ou un peu rosé, à lenticelles apparentes et rapprochées, à coussinets fort ressortis. — Yeux : volu- mineux , ovoïdes , habituellement pljacés en éperon. — Feuilles : moyennes , ovales ou ovales -allongées, légèrement acuminées et dentées en scie, portées sur un pétiole assez long, roide et des plus épais. Fertilité. — Grande. Culture. — Greffé sur cognassier, il se montre très-vigoureux et d'une végéta- tion hâtive; quant à sa forme pyramidale, elle y est irréprochable. Description d« fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : variant entre la cylindro-ovoïde et laconique-allongée, mais toujours faiblement bosselée et très- COM 59o peu ventrue. — Pédoncule : assez long ou fort long, bien nourri, renflé à la base, arqué, obliquement implanté à fleur de peau et souvent en dehors de l'axe du fruit. — Œil : petit, ouvert, régulier, presque saillant. — Peau : rude au toucher, roussâtfe, finement ponctuée, de gris et couverte en partie de larges macules longitudinales. — Chair : blanc verdâtre, à grain très-serré, juteuse et des plus fondantes , à peu près exempte de pierres. — Eau ; très-abondante, fort sucrée, acidulé, possédant un arôme particulier des plus savoureux. Poire Comtesse d'Alost. — Premier Tijpe Maturité. — Fin d'octobre ou commencement de novembre, et se prolongeant souvent jusqu'en décembre. Qualité. — Première. HistoriQue. — Le Comice horticole d'Angers possède ce poirier depuis i 840 , mais nous ignorons comment il lui vint. Le baron de Biedenfeld, pomologue allemand, dit qu'en 18o4 cette variété était multipliée par Adrien Papeleu, pépinié- riste à Ledeberg-lez-Gand (Belgique) [Handbuch aller bekannten Obstsorten, p. 61]. C'est là un renseignement utile ; cependant on n'en saurait inférer que Papeleu , décédé en 1859, soit l'obtenteur de la Comtesse d'Alost, car il ne se livra à l'arbo- riculture qu'à partir de 1847, alors que cette poire était déjà répandue. Quant au véritable obtenteur, peut-être pourrait-on penser que ce fut M. Hellinckx, d'Alost, 596 COM le pépiniériste même qui gagnait en 1852 la variété Colmar d'Alost, décrite ci-dessus? (Voir page 574.) Observations. — Quelques pomologues, trompés sans doute par la ressem- blance des noms Colmar d'Alost et Comtesse d'Alost, les ont déclarés synonymes les uns des autres. Il n'en est rien dans notre école, où ils s'appliquent à deux poires parfaitement distinctes ; et l'examen de ces deux variétés le démontrera immédiatement à qui voudra les comparer ici. 377. Poire COMTESSE DE CHAMBORD. Description de Tarbre. — Bois : très-faible. — Ra- meaux : peu nombreux , étalés , grêles, assez courts, légère- ment coudés, brun clair, à lenticelles grisâtres , petites , espacées, à coussinets presque nuls. — Yeux : de grosseur moyenne , ovoïdes-arrondis , pointus , non appliqués contre l'écorce. — Feuilles : petites ou moyennes, ovales, très- faiblement dentées sur leurs bords, ayant le pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Convenable. Culture. — Greffé sur co- gnassier cet arbre se développe lentement et ne fait, même dans sa troisième année, que de chétives pyramides ; sur franc, sa végétation est beau- coup plus satisfaisante, mais ses pyramides y sont encore un peu basses et irrégulières. Description du frwit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée excessivement ventrue , légèrement obtuse -et quelque peu contournée près du sommet. — Pédoncule : assez court, mince, non arqué, obliquement inséré au milieu d'une faible dépression. — Œil : grand, mal formé, souvent mi-clos, à peine enfoncé. — Peau : rugueuse, vert jaunâtre dans l'ombre, jaune brillant du côté frappé par le soleil, largement veinée, ponctuée et maculée de gris-roux. — Chair : blanc jaunâtre, fine, bien fondante, aqueuse, pierreuse au centre. — Eau : fort abondante, sucrée, rafraîchissante, vineuse, possédant un arôme des plus délicats. Maturité. — Commencement de novembre et courant de décembre. Qualité. — Première. COM— CON 597 nijstoriqHe. — M. de Liron d'Airoles appelait ainsi l'attention sur cette poire, en 1858 : « Sa première maturité a eu lieu vers le 15 novembre 18!ju l'arbre-mère donna une récolte assez considérable de fruits gros et d'une belle forme Son heureux oblenleur, M. le président Parigot (de Poitiers), amateur de pomologie, rn'a autorisé à décrire et A BAPTISER SON GAIN. )) {NoUces poiïiologiques , 4'' livraison, p.- 84.) Observations. — Le poirier Comtesse de Ghambord offre, ainsi que ses pro- duits, quelques points de ressemblance avec la variété Duchesse de Bordeaux, sans toutefois qu'on puisse les confondre aisément; du reste, cette dernière poire va jusqu'en avril, tandis que l'autre dépasse très-difficilement la fin de décembre. Poire COMTESSE DE LUMAY. — Synonyme de poire Duchesse de Mars. Voir ce nom. Poire COMTESSE DE LUNAY. — Synonyme de Besi de Montigny. Voir ce nom. Poire COMTESSE DE TERYUEREN. — Synonyme de poire Belle- Angevine. Yoir ce nom. Poire CONCOMBRINE. — Synonyme de poire Sans-Pareille du Nord. Yoir ce nom. 378. Poire CONDORCET. ype. Bescription de l'arbre. — Bois : peu fort. — Bameaux : assez nom- breux , étalés , gros , de longueur moyenne, légèrement coudés, jaune verdâtre, ayant les lenticelles appa- rentes, très-espacées, et les coussinets saillants. — Yeux : volumineux, ovoïdes-obtus, non appliqués contre le bois, à écailles disjointes. — Feuilles : grandes, elliptiques, failDlement créne- lées , ou presque entières sur leurs bords , au pétiole long et fort. Fertilité. — Abondante. Culture, — Sa vigueur est ordi- naire; on le greffe sur franc ou sur cognassier; il pousse assez lentement et fait des pyramides irrégulières, peu satisfaisantes. Description dii fruit. — Gros- seur : au-dessous de la moyenne ou petite. — Forme : turbinée, à sommet aigu et ondulé, mais parfois aussi légè- rement obtus et mamelonné. — Pédon- cule : de longueur moyenne, mince, — plus ou moins renflé aux extrémités, droit ou faiblement recourbé, obliquement implanté à la surface du fruit, avec 598 CON lequel il est souvent continu. — Poire Condorcet. — Deuxième Type. Œil : petit, bien formé, ouvert, peu enfoncé. — Peau : jaune clair, ponctuée, rayée, tachée de roux, naarbrée de même autour du pédon- cule et surtout auprès de l'œil. — Chaii^ : blanche , demi-fme , fondante , légèrement pierreuse au centre. — Eau : suffisante, douce , sucrée , aromatique , assez savou- reuse. Maturité. — Commencement et courant de septembre. Qualité. — Deuxième. Mistoricjtie. — Cette poire porte le nom du marquis de Condorcet, géomètre et phi- losophe célèbre, né à Ribemont^ près Saint- Quentin (Aisne), en 1743, mort en 1794. Nous la possédons depuis une vingtaine d'an- nées, mais aucune note relative à sa prove- nance n'a été retrouvée sur les Catalogues de notre école. Une chose certaine, toutefois, c'est son extrême rareté; si grande, que nous ne l'avons jamais vue signalée dans aucun Catalogue ni dans aucune Pomologie. 379. Poire du CONGRÈS POMOLOGIQUE. Description de l'arbre. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux , étalés à la partie inférieure de la tige , éri- gés au sommet, de moyenne grosseur, des plus longs, géni- culés , brun clair légèrement rosé , à lenticelles apparentes et clair-semées, à coussinets apla- tis. — Yeux . petits, larges, écartés du bois, souvent sortis en longs éperons , ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : petites, ovales-allongées, parfois acuminées, profondément cré- nelées, portées sur un pétiole court, épais et accompagné de stipules bien développées. Fertilité. — Grande. Culture. — Ce poirier, dont la vigueur est ordinaire, végète non moins convenablement sur cognassier que sur franc; sa croissance n'a rien d'exceptionnel; les pyramides qu'il fait sont assez johes. CON 599 Deiscription du fruit. — Grosseur : au-dessus de la moyenne. — Forme : turbinée, fortement arrondie et quelque peu bosselée, surtout près du sommet, qui généralement est mamelonné. — Pédoncule : assez long-, mince, recourbé, régulièrement inséré au centre d'un large évasement rarement profond. — Œil : moyen, ouvert, bien fait, placé dans un bassin de grandeur variable et dont les bords sont accidentés. — Peau : rude, jaune olivâtre, faiblement ponctuée de brun, recouverte en partie de marbrures et de macules fauves, et plus ou moins nuancée de rouge pâle sur la face regardant le soleil. — Chair : blanc jaunâtre, fine, fon- dante, juteuse, presque exempte de pierres. — Fau : abosRiante, sucrée, acidulé, douée d'un parfum musqué d'autant plus agréable qu'il n'a rien de prqnoncé. Maturité. — De novembre jusqu'en décembre. Qualité. — Première. Historique. — Gagné à Rouen en 1856;, ce fruit fut décrit l'année suivante par son obtenteur, M. Boisbunel, pépiniériste, qui le soumit alors à l'examen du Cercle d'Horticulture de cette ville, puis le dédia au Congrès pomologique de Lyon. (Voir Bulletins dudit Cercle, année 1857, p. 179.) Poire CONNÉTABLE DE CLISSON. — Synonyme de poire Vauquelin. Voir ce nom. Poire CONSEILLER DE LA COUR. — Synonyme de poire Maréchal de Cour Voir ce nom. 380. Poire CONSEILLER RANWEZ. Description de l'ar- bre. — Bois : assez fort. — Bameaux : nombreux , bien étalés , gros , longs et coudés, cotonneux, brun- fauve légèrement grisâtre, ayant les lenticelles saillan- tes, abondantes, et les cous- sinets généralement bien ressortis. — Yeux : de gros- seur moyenne, ovoïdes _, à écailles renflées et disjoin- tes, non appliqués contre l'écorce, quelquefois même formant éperon. — Feuilles: habituellement ovales -ar- rondies, acuminées, régu- lièrement dentées en scie, munies d'un pétiole très- fort et assez long. Fertilité. — Ordinaire. Culture. — Le dévelop- pement de cet arbre, est vif; des plus vigoureux, il forme dès sa deuxième année, sur franc ou cognassier, d'irréprochables pyramides. 600 COP — COQ BescpiptioM dit fruit. — Grosseur : volumineuse. — Forme : turbinée- ovoïde, très -ventrue, aplatie à la base, ayant généralement un côté plus renflé que l'autre. — Pédoncule : court , gros , arqué , obliquement implanté dans une étroite cavité qu'entourent de petites gibbosités. — OEil : grand, mi-clos ou fermé, bien enfoncé, plissé sur ses bords. — Peau : vert clair, entièrement ponctuée de fauve, maculée de même autour du pédoncule et portant ordinairement quelques larges marbrures en partie squammeuses. — Chair : blanche, mi-fnie, compacte mais fondante, aqueuse, pierreuse et légèrement marcescente. — Eau : abondante, sucrée , vineuse , délicatement parfumée et douée d'un aigrelet fort agréable. Maturité. — D'octobre en novembre. Qualité. — Première. Historique. — Ce poirier nous est venu de Bruxelles, en 1851, avec l'indica- tion que voici : Gagné par Van Mons, à Louvain ; première fructification, 1841 ou 1842; mise dans le commerce, 1845. Poire COPS HEAT. — Synonyme de poire Capsheaf. Voir ce nom. 381. Poire de COQ. Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : très - nombreux , étalés, quelquefois réfléchis, gros, longs, peu flexiieux, vert clair grisâtre nuancé de rouge auprès des yeux, forte- ment et abondamment ponc- tués , ayant les coussinets aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes, obtus, duveteux, col- lés contre l'écorce, à écailles mal soudées. — Feuilles : petites , nombreuses , ellip- tiques , régulièrement den- tées en scie, canaliculées, contournées, au pétiole long et bien nourri. Fertilité, — Abondante. Culture. — Les pyramides de ce poirier sont magnifi- ques ; il est d'une grande vigueur et d'une croissance hâtive, il se plaît non moins bien sur franc que sur cognassier. Description du fruit. — Grosseur : assez volumineuse. — Forme : turbinée- allongée, obtuse, bosselée, irrégulière. — Pédoncule : long, très-gros, arqué, COQ — COR 004 noueux et ondulé, charnu à la base, implant*'! presrjue horizontalement en dehors de l'axe du fruit, ou placé perpendiculairement, et alors continu avec la chair. — OEil : petit, rond, souvent caduc, bien enfoncé. — Peau : mince, Jaune-citron, ponctuée et tachetée de gris foncé, largement maculée de même autour du pédon- cule et lavée de carmin brillant sur la face exposée au soleil. — Choir : Ijlanche, rai-fuie et mi-fondante, rarement pierreuse, légèrement marcescente. — Eau : suffisante, douce, sucrée, ayant un parfum peu prononcé mais doué cependant d'une certaine délicatesse. Maturité. — Commencement de septembre. Qualité. — Deuxième. Historique^ — Depuis de longues années la poire décrite ici fait partie de la collection du Jardin fruitier de l'ancien Comice horticole d'Angers, mais son origine nous est encore inconnue ; car il semble difficile d'assimiler ce fruit à la variété normande appelée, depuis plus d'un siècle, poire de Coq ou de Sabot, et recherchée uniquement pour la fabrication du poiré. Obserit'ations. — Le Jardin des Plantes de Paris possède, sous le nom de poire de Coq, une variété qui n'est autre que le Beurré de Bruxelles, dont on peut voir plus haut (page 327) la description; il n'y a donc aucun rapprochement possible à faire entre notre poire de Coq et celle de cet établissement scientifique. — Enfin en 1855 M. Thuillier-Aloux, pépiniériste à Amiens, signalait en ces termes, d'après un Catalogue belge — celui de M. Alexandre Bivort — un autre poirier portant ce même nom : « Arbre de moyenne vigueur, à bois grêle, qu'il faut cultiver sur franc, pour pyramide ; d'une fertilité qui laisse à désirer. Fruit petit et peu flatteur à la vue, de bonne qualité, mûrissant de décembre à janvier. » [Catalogue raisonné des poiriers qui peuvent être cultivés dans la Somme, p. 81. ) Il est alors évident que cette autre poire belge dite de Coq, et que jamais nous n'avons rencontrée parmi les cultures françaises, ne se rapporte également en rien à la variété ainsi nommée dans l'Anjou. Poire de COQ [du Muséum de Paris]. — Synonyme de Beurré de Bruxelles. Voir ce nom. Poire CORAIL. — Synonyme de poire Forelîe. Voir ce nom. Poire CORCHORUS. — Synonyme de poire Marie-Louise Delcourt. Voir ce nom. Poire CORILLE. — Synonyme de poire Forelle. Voir ce nom. Poire CORNÉLIE. — Synonyme de poire Désiré Comélis. Voir ce nom. Poire CORNÉLIS. — Synonyme de poire Désiré Comélis. 602 COR 382. Poire CORNEMUSE. Synonymes. — Poires : 1. Chair de Fille (le Lectier, d'Orléans, Catalogue des arbres cultivés dans son verger et plant, -1628, p. 7 ; et Dom Claude Saint-Etienne, Nouvelle instruction pour con- naître les bons fruits, 1670, p. 37). — 2. Parabelle (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1860, t. III). — 3. Petite-Musette [Id. ibid.). — 4. Tétine {Id. ibid.). — 5. Poike en Vis {Id. ibid. ). Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : nombreux, érigés ou légèrement étalés, assez grêles, de longueur moyenne, brun verdâtre, à lenticelles petites et rapprochées, à coussinets presque nuls. — Yeux : petits ou très-petits, coniques, aigus, faiblement éloignés de l'écorce. — Feuilles : assez grandes, ovales ou ellipti- ques, acuminées, arquées, relevées en gout- tière, ayant les bords régulièrement denti- culés, le pétiole court et fort. Fertilité. — Extrême. Culture. — Ce poirier n'est pas des plus vigoureux et se comporte mieux sur franc que sur cognassier ; il végète lentement et ses pyramides, même dans sa troisième année, sont encore un peu basses et un peu chétives. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : allongée, affectant généralement celle d'une Calebasse, mais très-mince et contournée dans toute sa partie supérieure, qui presque toujours se termine en vis. — Pédoncule: court, bien nourri, arqué ou non arqué, continu avec le fruit et obliquement implanté. — Œil: très-grand, très-ouvert, ressorti, entouré de petites bosselettes. — Peau : jaune d'or, luisante, ponctuée de gris-blanc du côté de l'ombre et de jaune obscur sur la face qui regarde le soleil, laquelle est largement lavée de carmin. — Chair : blanc jaunâtre, fine, mi- fondante, aqueuse, à peine pierreuse. — Eau: abondante, acidulé, bien sucrée, possédant un agréable arôme. Maturité. — Fin juillet. Qualité. — Première, en raison de sa précocité. Historiqiue. — C'est une de nos plus anciennes variétés; dès 1628 on la cultivait à Orléans sous le nom Chair de Fille, comme le prouve le Catalogue de le Lectier ; mais bientôt on la surnomma Cornemuse. « Cornemuse., ou Chair de Fille, « est fort longue, grosse comme Rousselet, aussi bonne que Blanquet, » disait en 1670 le moine feuillant dom Claude Saint-Etienne [Nouvelle instruction pour connaître les bons fruits, 2** édit., p. 37) ; et depuis lors ce surnom lui a presque tou- jours été appliqué. Cependant cette poire, malgré sa forme bizarre, son beau coloris et la saveur assez agréable de sa chair, a généralement disparu des jardins; COT — cou H03 lorsqu'on la rencontre, ce n'est guère que chez les amateurs, dans les grandes collections. Observations. — Le synonyme Petite-Musette, que lui a reconnu M. Decaisne en 1860, ne doit pas la faire confondre avec le poirier Musette, ou Musette d'Anjou, variété distincte décrite dans notre deuxième volume , et dont les produits mûrissent six semaines après ceux du poirier Cornemuse. Poire COTELAIN [(^Wè-). —^oiv Gros-Côlelain. Poire COTILLARD. — Synonyme de poire de Catillae. Yoir ce nom. Poires COUDAIGRE et COUDAIGUE. — Synonymes de poire et Aiguë. Voir ce nom. Poire COULE -SOIF D'AUTOMNE. — Synonyne de poire Verte-Longue à: Au- tomne. Yoir ce nom. Poire COULE -SOIF D'ÉTÉ. — Synonyme de Bergamote d'Été. Voir ce nom. Poire de COULIS. — Synonyme de poire Messire-Jean. Voir ce nom. Poire COULON DE SAINT -MARC. — Synonyme de poire Belle de Thouars. Voir ce nom. Poire COURTE D'ERSOL. — Synonyme de poire Certeau d'Été. Voir ce nom. 383. Poire COURTE-QUEUE D'AUTOMNE. Description de l'arbre. — Bois : assez fort. — Bameaux : nombreux, un peu arqués et lé- gèrement étalés, gros, longs, bien géniculés, duveteux, brun clair, à lenticelles larges et espa cées, à coussinets prononcés. — Yeux : moyens, ovoïdes, faible- ment écartés du bois. — Feuilles: petites, abondantes, ovales, ré- gulièrement dentées en scie, au pétiole de longueur et de gros- seur moyennes, et pourvu de stipules très-développées. Fertilité. — Grande. Culture. — Il fait de magni- fiques pyramides sur cognassier, le seul sujet qu'on lui ait encore donné dans nos pépinières ; sa vigueur est satis- faisante et son développement ordinaire. 604 COU — CRA Description du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : globuleuse, irré- gulière, généralement moins ventrue d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : très- court, bien nourri, rugueux, renflé à la base, obliquement ou perpendiculairement inséré dans une faible dépression. — Œil : petit, mi-clos, contourné, assez enfoncé. — Peau : vert clair, ponctuée de brun, largement maculée de rouille, lavée de rose tendre sur la partie exposée au soleil. — Chair : blanche^ des plus fines, mi- fondante, aqueuse, rarement pierreuse. — Eau : abondante, sucrée, douée d'un parfum délicat et d'un aigrelet fort agréable. Maturité. — Fin de septembre et courant d'octobre. Qualité. — Première. Histoire. — Gagné de semis dans mes pépinières, ce poirier s'est mis à fruit en 1863 ; sa propagation date de 1865. Poire de COUVENT. — Synonyme de poire Messire-Jean. Voir ce nom. Poire CRAMOISIE. — Synonyme de poire Liébart. Voir ce nom. Poire CRAPAUD. — Synonyme de Bergamote Buffo. Voir ce nom. Poire CRAPAUDINE. — Synonyme de poire Ambrette d'Été. Voir ce nom. Poire CRASSANE. — Synonyme de Bergamote Crassane. Voir ce nom. Poire CRASSANE (ALTHORP). — Voir Althorp Crassane. Poire CRASSANE D'AUSTRASIE. — Synonyme de poire Jaminette. Voir ce nom. Poire CRASSANE D'AUTOMNE.— Synonyme deBergamote Crassane.Yoirce nom. Poire CRASSANE BRUNE AU. — Synonyme de Beurré Bruneau. Voir ce nom. Poire CRASSANE D'ÉTÉ. — Synonyme de Bergam,ote rouge. Voir ce nom. Poire CRASSANE D'HIVER. — Synonyme de Colmar des Invalides. Voir ce nom. Poire CRASSANE D'HIVER DE BRUNEAU. — Synonyme de Beurré Bruneau. Voir ce nom. Poire CRASSANE PANACHÉE. — Synonyme de Bergamote crassane à feuilles panachées. Voir ce nom. Poire CRASSANE (PASSE-). — Voir Passe-Crassane. (^RA — CRU (iOa Poire CRASSANE DU PAYS DE CAUX. — Synonyme de poire PetU-Oin. Voir ce nom. Poire CRASSANE DE PLEIN VENT. — Synonyme de poire Pctil-Om. Voir ce nom. Poire CRASSANE STEVEN. — Synonyme de poire Orpheline d'Enghien. Voir ce nom. Poire CRISTALLINE. — Synonyme de poire Angéliqw de Bordeaux. Voir ce nom. Poire CRISTALLINE MORIN - GOUT. — Synonyme de poire Angélique de Bor- deaux. Voir ce nom. Poire CROOM-PARK. — Synonyme de Broom Park. Voir ce nom. 384. Poire CROSS. Description de Tarbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : nom- breux, étalés vers la base de la tige, érigés à son autre extrémité, des plus gros, longs, bien coudés, coton- neux, brun clair verdâtre et grisâ- tre^ ayant les lenticelles très-larges, peu abondantes, et les coussinets presque nuls. — Yeux : énormes, ovoïdes, aigus, fortement écartés du bois. — Feuilles : d'un beau vert lui- sant, coriaces, grandes et nom- breuses, généralement elliptiques- allongées, à bords entiers en partie, munies d'un pétiole très-long et très- gros. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — Ce poirier, quoique vigoureux, se plaît autant sur franc que sur cognassier ; il n'a rien d'exceptionnel dans son développement ; ses pyramides sont de toute beauté. llescriptioii dw fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : sphérique, aplatie à la base, relevée de côtes assez saillantes et souvent mamelonnée au sommet; elle est habituellement beaucoup plus grosse d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : court, bien nourri, renflé à ses extrémités, arqué, régulièrement inséré au milieu d'une faible dépression — OEil : petit, ouvert ou mi-clos, par- fois contourné, peu enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée de roux, tachée de fauve autour du pédoncule, marbrée de même, mais très-légèrement, et lavée de rose carminé sur la partie qui regarde le soleil. — Chair : blanche, des 606 CRO— cm plus fines, cassante ou mi-cassante, rarement pierreuse. — Eau : suffisante, sucrée, aigrelette, aromatique, très-savoureuse. Maturité. — Courant d'octobre et commencement de novembre. Qualité. — Première. Historique. — D'origine américaine, ce poirier, nous dit le pomologue Dowiiing, fut obtenu vers 1830 par M. Cross, de Newburyport (Massachusetts). [The Fruits and fruit trees of America, édition de 1849, p. 432.) Son introduction dans mon école remonte à 1850. Poire CROTTÉE. — Synonyme de poire Doyenné gris. Yoir ce nom. Poire CRUSTEMÉNIE. — Synonyme de poire Bon-Chrétien d'Hiver. Voir ce nom. Poire CUEILLETTE D'ÉTÉ. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. Poire CUEILLETTE D'HIVER. — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. Poire CUEILLETTE DE LA TABLE DES PRINCES. — Synonyme de poire d'Épargne. Voir ce nom. Poire a CUIRE. — Synonyme de poire Franc-Réal. Voir ce nom. Poire de CUISINE. — Synonyme de poire Mansuette-Double. Voir ce nom. Poire CUISINE DE VARIN. — Synonyme de poire Mansuette-Double. Voir ce nom. Poire CUISSE -DAME D'ÉTÉ. — Synonyme de poire Cuisse-Madame. Voir ce nom. Poire CUISSE -DAME D'HIVER. — Synonyme de poire Jalousie d'Hiver. Voir ce nom. 385, Poire CUISSE-MADAME. Synonymes. — Poires : 1. De Rives (Henri Hessen, Gartenlust, 1690, p. 278). — 2. De Fusée d'Été (Herman Knoop, Fructologie, 1771, pp. 103 et 135). — 3. Cuisse-Dame d'Été (de Lirou d'Airoles, Liste synonymique des variétés du poirier, Table des fruits à l'étude, 1859, p. 38). Description de l'arbre. — Bois : fort. — Rameaux : assez nombreux, presque érigés, très-gros, longs, bien flexueux, vert-fauve rougeâtre, à lenticelles apparentes et clair-semées, à coussinets aplatis. — Yeux : moyens, coniques, très- écartés du bois , ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : grandes , ordinaire- ment elliptiques- arrondies, régulièrement dentées en scie, portées sur un pétiole long et un peu faible. Fertilité. — Remarquable. cuf mi Culture. — Nous le greffons sur cognassier; il s'y montre vigoureux, sans toutefois que son développement soit vif; il fait de fortes et belles pyramides. Poire Cuisse-Madame. Description du fruit. — Grosseur : au-dessous de la moyenne. — Forme : turbinée-allongée, légèrement obtuse et bosselée, souvent plus renflée d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : long ou très- long, mince, arqué, formant bourrelet à son point d'attache,, obliquement implanté dans une dépression des moins prononcées. — Œil : grand , mi-clos , parfois con- tourné, presque saillant, plissé sur ses bords. — Peau : rugueuse, vert olivâtre, entièrement ponctuée de roux et fortement lavée de rouge-brun sur la face regardant le soleil. — Chair : blanche, mi-fme, cas- sante, juteuse, faiblement pierreuse autour des pépins. — Eau : abondante, sucrée, aromatique, assez savoureuse, mais géné- ralement tort astringente. Maturité. — Yers la fin du mois d'août. Qualité. — Deuxième, et très-souvent troisième, lorsque son eau fait naître dans la bouche une astriction trop prononcée. MistoFic|ue. — Les Grecs, nous l'a- vons dit page 35, possédèrent une poire nommée par eux Onychinon , pour la cou- leur de sa peau, qui leur rappelait ou celle des ongles ou celle de l'onyx , espèce d'agate sej rapprochant beaucoup , par la nuance , de la nacre de perle. On voit alors qu'nne pareille poire est loin de ressembler à la Cuisse-Madame, dont la peau olivâtre passe au brun-rouge sur la face exposée au soleil. Cependant quel- ques pomologues français ont cru retrouver, dans ce dernier fruit, l'Onychinon des Grecs. Dès 1586, Jacques Daléchamp fut de cet avis [Historia generalis plantarum, t. I, hb. ni, cap. vn) ; et d'après lui, sans doute, Couverchel et Prévost ont, de nos jours, répété cette version, l'un dans son T7^aité des fruits (p. 464), l'autre dans sa Pomologie (pp. 64 et 65). A mes yeux, rien ne justifie une telle opinion, qui n'a été reproduite, on doit le constater, ni par la Quintinye (1690), ni par Duhamel (1768), ni par Poiteau (1846), ni par M. Decaisne (1858), dans les excellents articles où ces auteurs se sont occupés delà Cuisse-Madame. Du reste, un sen- timent tout opposé s'est manifesté, depuis Daléchamp, à l'égard du nom sous lequel on cultiverait maintenant la poire Onychinon : Elle ne serait autre, disait Henri Manger en 1783, que le Gros-Oignonnet [Systematische Pomologie, t. II, p. 173). Mais là encore l'assimilation signalée tombe devant la couleur de la peau du Gros-Oignonnet — V Archiduc d'Été actuel — puisque cette peau est jaune d'or brillant, fortement relevé de vermillon!... Néanmoins la Cuisse-Madame reste une des plus anciennes variétés connues en France, où personne, pensons- nous , ne l'a citée avant Daléchamp (1586). Le nom qu'elle porte lui fut, 608 CUL-CUM évidemment, donné en raison de la forme assez allongée qu'on lui voit prendre souvent; mais on peut bien avouer, aujourd'hui, que cette dénomination n'eut rien de rationnel ni de très-convenable. Au xvii^ siècle , ce poirier dut être fort commun dans les environs de l'une des diverses localités françaises nommées Rives, car on appelait alors ses produits, ou poires de Rives ou poires Cuisse- Madame. Observations. — Prévost, de Rouen, constatait en 1839, dans ses Cahiers pomologiques (p. 65), « que beaucoup de pépiniéristes qui ne connaissaient pas, « supposait-il, la Cuisse-Madame, livraient sous son nom, et pour elle^ la poire « d'Epargne. » Cette plainte fut fondée ; son auteur eût pu même ajouter, que les pépiniéristes angevins se trouvaient au nombre des propagateurs de la fausse Cuisse-Madame. Actuellement, l'erreur ainsi relevée n'existe plus chez nous, mais il est certain qu'elle y régna, bien involontairement, pendant plusieurs années. — En Angleterre, pareille confusion eut lieu vers 1780 : on y greffa (lisons-nous dans le Dictionnaire des jardiniers, de Philippe Miller) la Jargonelle pour la Cuisse- Madame, et cette dernière pour la Jargonelle; méprise dont les suites se firent sentir pendant un très-long temps, comme il arrive toujours en de semblables cas. — Enfin, souvent aussi on a réuni à la Cuisse-Madame, la Windsor, qui en diffère sensiblement et n'est autre que la poire de Madame, cultivée dès 1628 dans l'Orléanais et peu après dans l'Anjou. Poire CULOTTE DE SUISSE. — Synonyme de poire Verte- Longue panachée. Voir ce nom. 386. Poire CUMBERLAND. Description de l'artore. — Bois : peu fort. — Rameaux : assez nombreux, étalés, courts et de grosseur moyenne, légèrement coudés, jaune grisâtre, à lenti- celles apparentes et très-espacées, à coussinets saillants. — Yeux : moyens, coni- ques ou ovoïdes-allongés, écartés du bois, ayant les écailles disjointes. — Feuilles : grandes, ovales, planes ou relevées en gouttière, presqu'unies sur leurs bords, au pétiole fort et assez long. Fertilité. — Satisfaisante. Culture. — D'un développement tardif, ce poirier, modérément vigoureux, végète mieux sur franc que sur cognassier, dernier sujet qu'on doit rarement lui donner; ses pyramides sont fort convenables. Description du fruit. — Gi-osseur : au-dessus de la moyenne ou moyenne. — Forme : turbinée, obtuse, ventrue et bosselée, ou turbinée-arrondie très-aplatie à la base. — Pédoncule : long, rarement arqué, mince ou bien nourri, souvent terminé en bourrelet et charnu quelquefois aussi à son auti'e extrémité, oblique- ment inséré à la surface du fruit. — OEil: moyen, mi-clos, placé dans un large évasement assez profond. — Peau : jaune pcàle du côté de l'ombre, jaune verdàtre du côté du soleil, ponctuée de gris-roux, marbrée de fauve autour de l'œil et du pédoncule, et portant parfois quelques taches roussâtres. — Chair : blanche, CTJM (UMt mi-fine, compacte, fondante, juteuse, légèrement granuleuse au centre. — Eau Poire Gumborland. — Premier Type. abondante, sucrée, acidulé, assez savoureuse, mais peu parfumée. Maturité. — Commencement de septembre. Qualité. — Deuxième. Historiciue. — Pour une poire de mérite inférieur, la Cumberland a fait beaucoup de bruit dans le monde horticole, où maintes fois on l'a présentée sous des noms d'emprunt, et qui rappelaient des fruits de premier ordre. C'est ainsi que nous l'avons reçue,, d'abord, étiquetée Beurré super (in ' [ variété native d'Angers), puis poire Vingt- Mars ou poire Bquinoxe, dénomi- nations bien propres à lui pro- curer l'entrée des jardins. Mais ces pseudonymes , promptement signalés, ont été reconnus par tous, après quelques discussions, et la Cumberland a dû se contenter, de- puis, de son véritable nom. Au- jourd'hui, il semble assez difficile que cette poire puisse soulever de nouvelles réclamations; cependant, en cherchant son acte de naissance, voilà que nous lui trouvons deux pères : l'un belge , l'autre améri- cain I . . . « Elle provient des semis de Van « Mons, qui l'a dédiée à Son Altesse « Royale le duc de Cumberland , et « son premier rapport a eu lieu « vers 1827 , » — dit M. Alexandre Bivort, page 172 du tome II de son Album de pomologie, publié à Bru- xelles en 1849. « Elle est originaire des États- ce Unis, et le pied-type existe encore « à Cumberland, dans le Rhode- « Island , » — affirme à son tour M. Downing , page 375 de ses Fî'uits and fruit trees of America, édition de 1849, et page 571 de l'édition publiée en 1863. On voit alors combien il serait difficile, ici, de se prononcer; bornons-nous donc à mettre en présence ces deux versions, et laissons au temps, ou aux intéressés, le 39 610 CUR soin de rendre à la poire Cumberland son légitime obtenteur. Mais ajoutons, pour être impartial, que Downing, en 1849, constatait que Manning et Kenrick, deux autres pomologues américains, avaient également décrit, dès 1844, la Cumberland; puis observons qu'il n'existe aucune espèce de différence entre la variété ainsi appelée en Belgique et en Amérique. 387. Poire de CURE. Synonymes. — Poires^ 1. BelledeBerry (Prévost, Cahiers pomologiques, 1839, p. 42). — 2. Belle- Héloïse ( Id. ibid. ). — 3. Bon-Papa (Id. ibid.). — 4. De Clion {Id. ibid.). — 5. Monsieur {Id. ibid.). — 6. Dumas (Thompson, Catalogue of fruits of the horticultural Society of London, 1842, p. 153, n" 423). — 7. De MONSIEUR LE Curé (M. ibid. ). — 8. Vicaire de Winkfield {Id. ibid.). — 9. BelLe- Adrienne (Bivort, Album de pomologie, 1851, t. IV, pp. 101 et 102). — 10. Belle Andréane {Id. ibid.). — 11. Cueillette b'Hiver {Id. ibid.). — 12. Belle-Andréine (Dalbret, Cours théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers, 1851, p. 330). — 13. Missive d'Hiver {Id. ibid.). — i4. Comice de Toulon (de Liron d'Airoles, Notices pomologiques,lB5^, p. 23 ). — 15. Belle-Adréine ( Thuillier-Aloux, Catalogue raisonne' des poiriers qui peuvent être cultivés dans le département de la Somme, 1855, p. 13). — 16. Belle-Adrianne (Decaisne, le Jardin fruitier du Muséum, 1858, t. I). — 17. Du Curé {Id. ibid.). —18. Grosse-Allongée {Id. ibid.). — 19. Du Pradel {Id. ibid.). — 20. Wicar of Waeefield {Id. ibid.). — 21. Pradello de Catalogne (Congrès pomolo- gique, session de 1859, Procès-Verbal , p. 2). — 22. Curette (delaTramblais, /oumaZ delà Société d'Horticulture de Paris, 1863, t. IX, p. 318). — 23. Jouffboy (Decaisne, même Journal, 1863; t. IX, p. 320). — 24. Messire d'Hiver {Id. ibid.). Ilescription de l'arlipe. — Bois : très-fort. — Rameaux : nombreux, généra- lement étalés et un peu contournés , des plus gros et des plus longs , fortement coudés, rouge grisâtre, ayant les lenticelles larges, clair-semé'es , les coussinets assez aplatis et les mérithalles très-longs. — Yeux: volumineux, ovoïdes, aigus, un peu cotonneux, légèrement écartés du bois. — Feuilles : grandes, d'un beau vert luisant, arrondies, faiblement acuminées, assez profondément dentées en scie, portées sur un pétiole long et très-fort. Fertilité. — Peu commune. Culture. — Sur cognassier, ce poirier, dont la vigueur est remarquable, pousse vite et bien ; ses pyramides , des mieux ramifiées et des plus feuillues , sont d'une rare beauté. Deseription du fruit* — Grosseur ■ volumineuse et parfois énorme. — Forme: très-allongée, affectant généralement celle d'une Calebasse, mamelonnée au sommet, assez contournée, presque toujours plus ventrue d'un côté que de l'autre. — Pédoncule : de longueur et de force moyennes , mais renflé à ses extrémités , légèrement courbé, obliquement implanté à la surface de la chair et le. plus ordi- nairement en dehors de l'axe du fruit. — OEil : grand, arrondi, ouvert, souvent caduc, à peine enfoncé. — Peau : mince, jaune clair verdâtre, entièrement couverte de larges points fauves , maculée de même autour de l'œil et du pédon- cule^ quelquefois complètement marquée d'une raie longitudinale roussàtre, squammeuse et bien apparente , sur la face exposée au soleil , où elle est en outre colorée de rouge-brun. — Chair : blanche, demi-flne, fondante ou demi-fondante, presque exempte de pierres. — Fau : suffisante, sucrée, faiblement aromatique , assez savoureuse ou dénuée, mais exceptionnellement, de toute sapidité. CUR 641 Maturité. — 'Vers la fiii d'octobre, et se prolongeant jusqu'en décembre; pou- vant mêmej rarement cependant, atteindre le mois de janvier. QuAjjTÉ. — Deuxième comme fruit à couteau, première comme fruit à compote. Poire de Curé. Historique. — Nous avons cru long- temps, trompé par le synonyme Suint - Lézin , que la généra- lité des pomologues modernes ont erro- nément attribué au fruit ici décrit, que ce fruit devait être l'une des trois poires de Saint-Lézin connues dès le commencement du xvii" siècle. Au- jourd'hui, après avoir attentivement in- terrogé les anciennes Pomologies de Mer- let (1675, pp. 121- ■ 122), de Henri Hessen (1690, p. 281) et de Henri Manger (1783, p. 120), nous sommes formellement con- vaincu que la poire de Curé date d6 1760 environ, et n'a rien de commun avec ces vieilles variétés. Notre opinion , du reste , s'appuie sur celle du savant professeur de culture du Muséum de Paris, M. Decaisne, et sur celle, égale- ment , de M. Fortuné Willermoz , directeur de l'École d'Horticul- ture de Lyon , et l'un des auteurs les plus ac- crédités parmi nous. Mais ce qui , dès l'abord, est venu fortement ébranler notre fausse croyance, ça été l'article sui- vant, écrit en 1863 et fait pour contenter les plus exigeants, en matière d'origine de fruits : « Deux versions existent sur la provenance de cette belle poire de Curé : l'une qui l'attribue 612 CUR à un ancien curé de la paroisse de Villiers, près Vendôme (Loir-et-Cher), l'autre qui la fait originaire des environs de Clion^ où le pied-mère existait encore, parait-il, dans un bois, en i823. « Ce dernier passage jetant du doute sur l'origine de notre poire, il importe de l'éclaircir ; et personne ne le peut mieux que moi, puisqu'à l'époque même dont il est question, je recueillis à ce sujet, sur les lieux, les renseignements les plus circonstanciés : — « Vers 1760, un M. Leroy, curé de VUliers-en-Brenne (et non Villars ou Villiers, près Vendôme), paroisse située à huit kilomètres de Clion (Indre), rencontra non loin de son presbytère, dans les bois de Fromenteau, à un kilomètre du châteaii de ce nom, un poirier sauvage dont le fruit lui parut assez remarquable pour que l'idée lui vint de le propager. Il en greffa dans une vigne attenante à son jardin, et c'est de là que sont sortis, toujours en s'araéliorant, en se perfectionnant, les innombrables poiriers qui ont peuplé tous les environs. J'ai souvent vu dans ma jeunesse, non pas le vieux poirier trouvé dans les bois de Fromen- teau, mais son premier descendant, le pied-mère planté dans le jardin de la cure de Villiers, celui-là même qui avait été greffé de la main du bon curé. Ce vieil arbre existe encore ; son tronc mesure 1 m. 40 c. de circonférence et 2 m. 3o c. de hauteur (( Cette nouvelle espèce de poirier s'était rapidement répandue, et le mérite de son fruit n'avait pas tardé d'être apprécié, puisque dès avant notre première Révolution, le ministre Amelot de Chaillou, qui avait des domaines dans la paroisse de Villiers, ne manquait pas de s'en faire envoyer chaque année pour sa table. (( En 1822, frappé de la beauté de cette poire (on m'en avait apporté une qui mesurait près de 0 m. 26 c. de hauteur), et ne la trouvant mentionnée sur aucun Catalogue, ni décrite dans aucun ouvrage, j'en ai envoyé plusieurs échantillons à MM. André Thouin et Vilmorin, qui en firent l'examen avec quelques autres personnes, parmi lesquelles était M. Bosc. Un de ces Messieurs, M. Poiteau, je crois, prit d'abord notre poire pour une variété du Saint-Lézin, si ce n'est pour le Saint-Lézin même ; mais on reconnut positivement qu'elle était nouvelle, et depuis lors on la vit figurer comme distincte sur les Catalogues et dans les collections. « De La Tramblais, propriétaire à Clion (Indre). » (Extrait du Journal de la Société d'Horticulture de Paris, Mai 1863, pp. 317 à 320.) ObsepTatioiis. — La poire de Curé a quelquefois été vue , parait-il , étiquetée Pater-Noster et Pafer-Notte ; nous rappelons le fait, mais sans accepter ces deux noms comme synonymes de Curé, attendu qu'ils s'appliquent à une variété fort connue, gagnée dans le Hainaut, au début de ce siècle, par un pharmacien nommé Paternoster. — Les mots Canillette d'Hiver.^ qu'on a présentés aussi comme syno- nymes de Curé , ne peuvent non plus être maintenus ; ils proviennent uniquement d'une erreur typographique : c'est le synonyme Cueillette d'Hiver, mal lu, voilà tout. — Quant à la poire Roi de Rome, que le Congrès pomologique suppose, sans l'affirmer, identique avec la poire de Curé , elle est dans notre école depuis quel- ques mois seulement, il nous faut donc attendre encore, avant de la juger. — Relevons ici une petite erreur récemment échappée à l'un des rédacteurs de V Illustrirtes Handbuch der Obstkunde, qui n'ayant pas eu sous les yeux l'article de M. delà Tramblais, a dit que le propagateur de la variété ci-dessus, était le curé Clion. Ce prêtre, on l'a lu plus haut, se nommait Leroy, et Clion est sim- plement le nom d'une commune voisine du bois où fut trouvé le présent fruit. — Un dernier mot. On prête à la poire de Curé un mérite que jamais (et M. Willermoz le lui refuse aussi) elle n'a eu dans l'Anjou : celui de se conserver jusqu'au mois d'avril. Nous le répétons : son point extrême de maturité, chez nous, c'est le courant de janvier. Ajoutons que pour la manger dans les meilleures conditions possibles, on doit la cueillir à la mi-septembre, et que la raie longitudinale qui en parcourt , du côté du soleil , toute la hauteur , est loin d'être un caractère constant , CUIl (il a comme on l'a cru. Ce caractère est fort exceptionnel, au contraire, puisque sur cent poires prises au hasard, quinze seulement nous l'ont montré. Poire du CURE. — Synonyme de poire de Cure. Voir ce nom. 388. Poire CURÉ D'OLEGHEM. Description de l'arbre. — Bois : très-fort. — Rameaux : des plus nom- breux, étalés ou réfléchis, quelquefois contournés, de grosseur moyenne, longs, légèrement géniculés, rouge -brun ar- doisé; ayant les lenticelles larges, exces- sivement rapprochées , les coussinets bien ressortis et les mérith ailes très-longs. — Yeux : moyens , ovoïdes , aigus , non appliqués contre l'écorce, souvent placés en éperon. — Feuilles : petites, peu abon- dantes, vert cuivré, ovales-allongées, profondément crénelées, au pétiole grêle, long et rougeâtre. Fertilité. — Grande. Culture. — Ce poirier se montre d'une extrême vigueur sur franc et sur cognas- sier ; il développe vite son écusson et fait, dès sa deuxième année, d'irréprochables pyramides. Oescription du fruit. — Grosseur : petite. — Forme : arrondie , bosselée, généralement plus renflée d'un côté que de l'autre, — Pédoncule : de longueur moyenne, un peu arqué, effilé à sa partie supérieure, fort et très-charnu à sa base, régulièrement implanté à fleur de chair. — OEil : grand ou moyen, ouvert et contourné, plissé sur ses bords, souvent très-enfoncé. — Peau : jaune verdâtre, entièrement ponctuée de roux et largement lavée de même autour du pédoncule. — Chair: blanche, fine, cassante, pierreuse au centre. — Eau: insuffisante, peu sucrée , dénuée de parfum, fortement acidulée. Maturité. — Fin de septembre et commencement d'octobre. Qualité. — Troisième. Historique. — Le nom de cette poire paraissait pour la première fois, en 1857, dans la Liste générale des fruits cultivés dans le Jardin de la Société Van Mons , à Geest-Saint-Rémy-lez-Jodoigne (Belgique), mais cette Société ne commença à déhvrer des greffes du poirier Curé d'Oleghem, que l'année suivante. (Yoir pages 160 et 215 du tome I" de ses Catalogues. ) Dès l'abord, aucune indication n'y fut donnée sur les qualités et l'époque de maturité des produits de ce nouveau poirier ; en 1863, cependant, on les y qualifia [page 382 ) de fruits tardifs. Toutefois, 614 CUR-CUS un autre Catalogue belge, celui des Pépinières de Vilvorde , près Bruxelles, mentionnant cette variété en 1860 , la décrivit ainsi : « Poire Curé d'Oleghem. Fruit « gros, fondant, de première qualité, mûrit en février-mars. » (Page 17.) Devant cette description , il est constant que la poire caractérisée et figurée plus haut , n'a nullement droit au nom Curé d'Oleghem. Autrement, il faudrait admettre que cette poire s'est complètement dénaturée en quelques années, ou que le Directeur du Jardin Van Mons nous envoya un tout autre poirier que celui demandé il y a déjà dix ans? Car notre variété, loin de se manger au mois de mars, mûrit en septembre ; elle est petite , de troisième qualité , et non pas grosse et de premier ordre. Malheureusement, n'ayant pu la rencontrer encore chez aucun de nos confrères, il nous a été impossible de l'étudier comparativement; voilà pour- quoi nous appelons sur elle, aujourd'hui, l'attention des horticulteurs. Poire CURETTE. — Synonyme de poire de Curé. Voir ce nom. Poire CURTET (FORME DE Voir Forme de Curtet. 389. Poire CUSHING. Poire Gushing. — Premier Type. Description de l'arbre. — Bois : faible. — Rameaux : assez nom- breux, érigés, de grosseur moyenne, peu longs, peu coudés, vert clair bru- nâtre , à lenticelles fines et clair- semées , à coussinets généralement aplatis. — Yeux : moyens, ovoïdes, très-écartés du bois , ayant les écailles mal soudées. — Feuilles : petites, ovales- allongées, faiblement dentées ou crénelées , planes ou contournées , portées sur un pétiole long et bien nourri. Fertilité. — Remarquable. Culture. — On le greffe sur franc plutôt que sur cognassier ; il est modé- rément vigoureux et se développe très- tardivement ; quant à ses pyramides , elles sont, quoique petites, d'une jolie forme et bien touffues. nefserifitioit du fruit. — Grosseur : moyenne. — Forme : passant de la turbinée-ovoïde_, ventrue et bosselée, à l'ovoïde régulière. — Pédoncule : court. CYP 015 droit et fort, on assez long, arqué, minoe et renflé aux extrémités; il est ordi- Poire Cushing. - Deuxième Type, "^liremcnt Inséré à la surface du fruit, et plutôt perpendiculaire, qu'oblique.— Œil : petit, ou- vert, régulier, presque saillant. — Peau : épaisse, rugueuse, vert tendre, jaunâtre sur le côté du soleil, faiblement ponctuée de gris, fortement marbrée et maculée de marron clair. — Chair : blanchâtre, mi-fondante et mi-fine, Juteuse, granuleuse au centre. — Fau : très-abondante, sucrée, savoureuse, sans parfum prononcé, par- fois légèrement astringente. Maturité. — Fin d'août et commencement de septembre. Qualité. — Deuxième. Histopique. — Elle est née aux Etats-Unis , dans les premières années de ce siècle, et le pomologue Downing en donnait ainsi l'origine , dès 1849 : « Ce fut le colonel Washington Cushing qui « l'obtint de semis, il y a une quarantaine d'an- « nées, sur son domaine de Hingham, dans le «Massachusetts.» [The Fruits and fruit irees of America., édition de 1849, page 373; et page 483 de l'édition de 1863. ) L'introduction de cette variété dans mes pépinières, date de 1830, mais elle ne figura qu'un an plus tard dans mon Catalogue. Poire de CYPRE. — Yoir poire de Chypre (de Jean Merlet, 1673). Fin du Premier Volume. ANGERS, IMPRIMERIE P. LACHÊSE, BELLEUVRE ET DOLBEAU. 1/ / ^/'' M WW^ Axa",; 1S>^l2>lp' ^:m