or Cf. Vo AL is Frot AC. oa Le (Pak it oF Lelie put AZ. 86, DICTIONNAIRE DES MAR ON DES. Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/dictionnairedesjO3mill DICTIONNAIRE DIE S JARDINIERS, CONTENANT les Méthodes les plus sûres et les plus modernes pour cultiver et améliorer les Jardins Potagers, à fruits, à fleurs et les Pépinieres, ainsi que pour réformer les anciennes pratiques d’Agriculture ; avec des moyens nouveaux de faire et de conserver le Vin 5 suivant les procédés actuellement en usage parmi les Vignerons les plus instruits de plusieurs Pays de l'Europe ; et dans lequel on donne des Preceptes pour multiplier et faire prospérer tous les et dans lequel on d des P leiplier et fair tous L Objets soumis a VAgriculture , et la maniere d’employer ioutes sortes de Bois de Charpente, OUVRAGE traduit de PAnglois, sur la huitieme Edition DE PHILIPPE MILLER. PEAR UNE SIOCTÉÈTÉ . Méséréon; ou Bois Gentil, D A P Daphne thymelea 5 foribus sessi= libus axillaribus, foliis lanceolatis , caulibus simplicissimis. Lin. Sp. Plant. 356 ; Daphné avec des fleurs sessiles , disposées sur les parties latérales des branches , des feuilles en*forme de lance, et des tiges simples. Thymelæa foliis Polygale glabris. G.B. P.463. Thymelee. fana munda glabra. Bauh. Hist. 1.p. 492. 4°. Daphne Tarton-raira , flori- bus sessilibus aggregatis axillaribus , fo- liis ovatis, utrinque pubescentibus , ner- vosis. Lin. Sp. Plant. 356 ; Daphné avec des fleurs sessiles et réunies en grappes sur les côtés des tiges, et des feuilles. ovales , nerveuses et velues sur les deux surfaces. Thymelea foliis candicantibus & se- rici instar mollibus..G. B. P. 463. Tarton = raira. : Gallo - Provincie Monspeliensium. Lob. Ic. 371 , com- munément appelé. Tarton-raire. 5°. Daphne Alpina , floribus sessilibus aggregatis lateralibus , fo- liis lanceolatis , obtusiusculis , subtus tomentosis. Lin. Sp. Plant. 356. Gouan. Illustr. 27 ; Daphné à fleurs en grappes sur les côrés des bran- ches et sessiles , er à feuilles émous- sees , en forme de-lance et coton- neuses en-dessus. Daphnoïdes foliis supinis hirsutis. Gesn.. Fasc. 6. T. 3. F. 7. ~Chameléa Alpina , folio infernè incana. G: B. P.,1462. + Thymelæa floribus inter folia ; fo- DAP lio utrinquehirsuto. Hall. Helv. 187. Sauv. Monsp. §7. 6°. Daphne Cneorum , floribus congestis terminalibus sessilibus , fo- lus lanceolatis nudis. Lin. Sp. Plant. 357. Pollich. Pal. N. 380: T. 1: F. 4. Gouan, Illustr. 217 ; Daphné avec des grappes de fleurs sessiles aux sommets des branches, et des feuil- les nues et en forme de lance. Thymelea minor, sive Daphnoides Alpinum. Gesn. Fase. fe D3. 163 Cneorum. Math. Hist- 46. Petit Thymelée des Alpes. Thymelee affinis , facie externd. Bauh, Pin. 463. 7°. Daphne Gnidium', panicula terminali , foliis lineari-lanceolatis , acuminatis. Lin, Sp. Plant. 357 ; Daphné ayant des fleurs en Pa- nicules qui terminent les branches ; et des feuilles étroites , pointues et en forme de lance. Thymelea foliis Lini. G. B. P, 463. Saint Bois ou Garou. Thymelæa. Clus. Hist. 1, p. 89. Cam. Epit. 974. 8°. Daphne squarrosa , floribus terminalibus pedunculatis, foliis’ fpar- JE, linearibus, patentibus , mucronatis. Lin. Sp. Plant. 358 ; Daphné dont les fleurs naissent sur des Pédoncu- les , aux extrémités des branches, et dont les feuilles sont étroites, éten: dues , écartées les unes des autres sur les branches, & échancrées. Thymelea capitata lanuginosa , foliis creberrimis minimis aguleatis, 6 D AP Burm. Afr. 134. Tab. $9. Fol. 1. 9°. Daphne Americana, foliis li- nearibus acutis , floribus racemosis axillaribus ; Daphné à feuilles fort étroites ct aigues , et à fleurs réu- nies en paquets {ur les parties laté- rales des branches. Thymelæa frutescens Rorismarini folio, flore albo. Plum, Cat. Laureola, La premiere espece est trés-abondante dans les bois de plu- sieurs parties de l’Angleterre , où on lui donne communément le nom de Laurier d’Epurge. H y a quelques annces que de pauvres gens cueil- loient le jeunes plantes de cette es- pece dans les bois, pour les vendre a la Ville, en hyver et au prin- tems : cet arbrisseau , peu élevé et toujours vert, pousse de sa racine plusieurs tiges de deux ou trois picds de hauteur, qui se divisent vers le sommet en quelques bran- ches garnies de fouilles épaisses , unies , d’un vert luisant, en forme de lance, et placées irrégulièrement sur chaque côté , assez prés des bran- ches ; du milieu de ces feuilles, vers les parties hautes des tiges, sor- rent des fleurs d'un vert jaunatre , et en petites grappes; clles paroissent peu de jours après Noël, si la saison n'est pas trop dure, ct laissent apres elles des baies ovales qui restent vertes jusqu'au mois de Juin, qui deviennent noires en mürissant , et tombent bientôt après. Cette plante a un goût chaud et causti- DAP que, qui brüle et enflamme la bou- che et la gorge. Les feuilles con- servent leur verdure pendant toute l'année, et sont trés-agréables pen- dant l'hyver. Comme elle profite sous les grands arbres , on peut s'en ser- vir pour remplir les vuides dans‘les plantations. Mesereon, La seconde espece croît naturellement en Allemagne, ainsi que dans-quelques bois près d’An- douaire dans Hampshire, d’où on en a enlevé un grand nombre de plantes, il y a quelques années ; on la cultive depuis long-tems dans les pépinieres,commeunarbrisseau pro- pre à orner les jardins, parce qu’il fleurit au printems, avant la plupart des autres plantes : cette espece a deux variétés distinctes, l’une à fleurs blanches suivies de baies jaunes, et l’autre à fleurs d'un rouge clair, avec un fruit rouge. Quelques per- sonnes les regardent comme des va- rictés produites accidentellement par les mêmes semences; mais j'ai plu- sieurs fois élevé de graines, l’une ct l’autre de ces plantes, et j'ai constamment remarqué qu'elles étoient toujours semblables à celles sur lesquelles ees graines avoient été recucillies; ce qui m'a confirmé dans l'opinion qu'elles sont des es- peces distinctes. Il y a une variété du Laureole en rouge clair, avec des fleurs beaucoup plus foncées que celles de l'espece commune ; mais je l'ai toujours vu varier dang DAP sa couleur , quand cette plante étoit élevée de semences. Cet arbrisseau s’éleve à Ja hau- teur de cinq ou six pieds, avec une tige forte et ligneuse, de la- quelle sortent plusieurs branches qui forment une espece de tête re- guhere. Ses fleurs, qui paroissent de fort bonne heure au printems, avant que ses feuilles commencent à pousser , criossent en grappes tout autour des rejettons de l’année précédente , et sont ordinairement disposées trois à chaque nœud , sur un pédoncule court : elles ont des tubes courts, gonflés et divisés en quatre parties étendues et ouver- tes : ces fleurs répandent une odeur très-agréable ; de sorte que plusieurs de ces arbrisseaux, dans un jardin, parfument l'air à une distance con- fidérable : quand les fleurs sont pas- sées , les feuilles commencent à pa- roitre; elles sont unies, en forme de lance , placées sans ordre, et lon- gues d'environ deux pouces; mais leur largeur, qui est de neuf li- gnes dans le milieu , diminue par dégré vers les deux extrémités : ses fleurs sont suivies par des baies ova- les qui murissent en Juin; celles de lespece à fleurs rouges sont rou- ges aussi, et celles à fleurs blan- ches donnent des baies jaunes : ces fleurs paroissent ordinairement en Février et en Mars, et dans les hyvers doux , elles sortent quelque fois en Janvier. Cette plante étoit DAP 7 autrefois d’usage en médecine} mais , comme toutes ses parties sont ex~ trèmement chaudes et caustiques , on s’en sert rarement à présent. Pour multiplier cette espece , on seme ses baies aussi-tot qu'elles sont mtires, sur une plate- bande exposée au couchant: si on ne les met ¢n terre qu'au printems sui- vant, souvent elles manquent ou restent toujours une année dansla terre , avant que les plantes parois- sent; au licu que celles qui sont semées en Août, croissent des le printems suivant , et ne manquent jamais. Quand les plantes poussent , on les tient nettes de mauvaises her- bes, et, sielles ne sont pas trop serrées, on les laisse ainsi passer deux étés, surtout si elles ont fait peu de progrès dans la premiere année : a la Saint - Michel , lorsque leurs feuilles tombent, on les enleve, sans rompre ni déchirer leurs racines , et on les plante dans une pépiniere, à huit ou neuf pouces de distance entrelles, et à seize pouces entre chaque rang : ces plantes pourront rester deux années dans cette pépi- niere; mais, après ce tems, on les transplantera dans les places qui leur seront destinées : on fait cette opé- ration en automne; car, comme elles commencent à végéter de très- bonne heure au printems, il ne faut pas les déranger dans cette saison : cet arbrisseau réussit mieux dans une terre légere , sablonneuse 8 DAP et séche, que dans un terrein froid et humide ; dans cette derniere es- pece de sol, il se remplit de mous- se, fait peu de progres, ne par- vient jamais à une grande hauteur, et donne peu de fleurs, Quoique les baies de cet arbris- scau soient assez âcres pour brüler la bouche et la gorge de ceux qui les goutent sans précaution, cepen- dant les oiseaux les mangent avec avidité, aussi-tot qu'elles commen- cent à mürir; de sorte qu'à moins qu'on ne les mette à l'abri de leur yoracité , en étendant des filets par- dessus, elles seront toutes détrui- tes, avant qu'elles soient bonnes à être recucillies. Cette espece, ainsi ue la précédente, fournit une va- riété à feuilles panachces ; mais l'es- pece à feuilles unies est bien plus belle. (1). a EL (1) L'usage intérieur de cette plante eft proscrit en médecine, à cause de sa violente causticité; mais on se sert fré- quemment de sa racine, comme d’un vesicatoiré ou cautere. puissant, propre à attirer au-déhors les hameurs morbi- fiques, et à purifier la masse des li- queurs; cette racine a par- dessus le cautere actuel , la propriété dattirer fortement les humeurs vers le point de son action, par l'irritation constante qu’elle opere ;mais son usage , trop long- tems continué , peut devenir nuisible , en portant à la longue de l'acrimonie dans les liqueurs, et par l’agacement qu’elle excite dans le système nerveux. DAP Thymelæa. La troifième croît na- turellement en Espagne, en Italie et dans la France méridionale, où elle séleve à la hauteur de trois ou quatre pieds, avec une tige fimple et couverte d'une écorce claire : ses fleurs sortent en grappes , désle com- mencement du printems, sur les par- ties latérales des tiges; elles sont de couleur herbacée, ont peu d’appa- rence et sont remplies par de pe- tites baies qui deviennent jauna- tres en muürissant. Tarton-raira. La quatrième, dont les semences m'ont été envoyées de la France méridionale, est un ar- brisseau bas, qui pousse de sa ra- cine plusieurs tiges foibles , d’un pied environ de longueur, et étendues irrégulièrement en-dehors; ces tiges deviennent rarement ligneuses en Angleterre; mais elles sont coriaces, cordées, et couvertes d’une écorce claire : les feuilles de cette espece sont petites , blanches, fort molles, ovales, luisantes comme du satin et sessiles; du milieu de ces feuilles, sortent des fleurs blanches, dispo- sees en grappes claires sur les côtés des tiges, auxquelles succedent des baies rondes, dont chacune ren- ferme une semence dure. Cette plante fleurit ici, dans le mois de Juin ; mais ses graines ne muürissent point en Angleterre. Alpina. La cinquieme croît fur les montagnes des environs de Ge- neve, et dans quelques parties de l'Italie , D- A l'Italie, où elle séleve à la hauteur d'environ trois pieds : ses fleurs sor- tent en grappes , dés le commence- ment du printems , sur les parties latérales des branches : ses feuilles sont en forme de lance, terminées en pointes émoussées et velues en- dessus : ses fleurs sont remplacées par des baies petites et rondes, qui deviennent rouges à leur ex- trémite. Cneorum. La sixieme se trouve sur les Alpes, ainsi que sur les montagnes des environs de Vérone, d’où elle m'a été envoyée : cet arbrisseau s'é- leve rarement au-dessus d’un pied de hauteur , avec des tiges ligneuses, qui poussent plusieurs branches late- rales, garnies de feuilles étroites, en forme de lance, et placées sans or- dre autour des tiges : ses branches sont terminées par de petites grappes de fleurs pourpre, érigées et sans pédoncule , dont les tubes, plus longs et plus étroits que ceux du Laurcole , ont leur ouverture dé- coupée en quatre parties aiguës et érigées : ces fleurs répandent une odeur agréable ; elles paroissent de bonne heure au printems, mais elles ne produisent point de semences ici. Gnidium. La septieme , qui croit naturellement aux environs de Montpellier, s’éleve en tige d’arbris- seau, à la hauteur dichvigois deux one et se divise en plusieurs pe- tites branches , très-garnies de feuil- les étroites, en forme de lance , éri- Tome LI, BAP 9 gees et terminées en pointes aigues: ses fleurs sont produites en panicu- les clairs aux extrémités des bran- ches; elles sont beaucoup plus pe- tites que celles du Lauréole , et leurs tubes sont gonflés et resserrés à l'ouverture; elles paroissent en Juin; mais elles ne produisent point de semences ici. Squarrosa. La huitieme est ori- ginaire du Cap-de-bonne-Espérance : cet arbrisseau séleve à la hauteur de cinq ou six pieds, et se divise vers son sommet en plusieurs bran- ches érigées , couvertes d’une écorce blanche, et très-garnies de petites feuilles étroites , placées sans ordre, et entièrement ouvertes : les som- mets de ces arbres sont terminés par des têtes laineuses, desquelles sortent des fleurs blanches, réunies en petites grappes, dont les tubes sont oblongs et divisés à leur ou- verture en quatre segmens obtus et étendus : cette espece ne produit point de semences en Europe. Americana. La neuvieme, qui naît spontanément dans plusieurs des Ifles de l'Amérique, m'a été envoyée d’Ancigoa. Cet arbrisseau s'eleve à la hauteur de quatre ou cinq pieds , avec une tige ligneuse, couverte d’une écorce rude et cen- drée : la partie haute de ses bran- ches est garnie de feuilles a-peu-prés aussi larges et de la même forme que celles du Lauréole : ses fleurs sont blanches et sortent du miieu des B 10 DAP feuilles en petits paquets, sur des pédoncules longs d’un pouce; elles ont des tubes courts et découpés aux bords en quatre parties, et sont suivies par des baies petites et rondes, qui deviennent brunes en mürissant. ” Les troisieme, quatrieme et sep- tieme especes , sont des plantes du- res; mais elles ne résistent cepen- dant pas en plein air aux froids de nos hivers, à moins qu'elles ne soient dans un sol sec, et à une ex- position chaude : les cinquieme et sixieme sont aussi dures que le Lau- réole commun; ainsi elles ne sont pas en danger d’être endommagées par les gelées en Angleterre : malgré cela, elles sont toutes trés-difticiles à conserver dans les jardins, parce qu'aucune ne souffre la transplanta- tion : j'ai eu plusieurs fois des plan- tes de semence, qui ont bien réussi dans les endroits où elles avoient été semées ; mais toutes celles qu'on a voulu changer de place , ont péri, quoiqu’on ait essayé de le faire en différentes saisons, et avec le plus grand soin. La même chose est ar- rivée 4 tous ceux qui ont élevé de ces plantes ; et mes Correspondans m'ont assuré que souvent ils ont voulu enlever de ces plantes dans les bois, pour les placer dans les jardins ; en choisissant des pieds de différentes grosseurs , depuis les plus jeunes jusqu'aux plus vieux, et que jamais aucune n’a réussi, quoiqu'ils D ‘AP aient employé toutes les précautions possibles, et qu'ils s'y soient pris dans différentes saisons. Ainsi, quand on veut avoir de ces plantes dans un jardin, on doit sea procurer les semences des pays ou,elles crois- sent naturellement, et dès qu'elles arrivent , il faut tout de suite les semer dans le lieu où elles doivent rester : celles des troisieme, qua- trieme et septieme especes veulent être semées sur une plate-bande très- chaude et seche , où ces plantes pre- fiteront encore mieux, et subsiste- ront plus long-tems, si l'on a placé, dans le fond, une couche de de- combres ou de craie. On tient ces plantes constamment nettes, et on ne remue que le moins possible la terre qui avoisine les racines. Comme elles naissent spontanément dans de mauvais terreins et dans les crevas- ses des rochers, plus le sol qu’on leur fournit approche de cette qualité, mieux elles réussissent. Les cinquieme et sixieme espe- ces peuvent avoir une situation plus fraîche ; en les semant dans un lieu ou elles puissent jouir seulement du soleil du matin, elles profiteront mieux que dans une situation plus chaude; mais on doit toujours s'abs- tenir de renmer la terre près des racines, et de ne pas les placer prés des autres plantes qui exigent d’être transplantées ou labources : comme les semences des especes ¢trangeres arrivent rarement assez à tems pour D AP être semées en automne, on ne peut les mettre en terre qu'au printems; et alors les plantes ne paroissent qu'un an aprés, et quelquefois méme qu'au second printems. Mais comme plusieurs personnes pour- roient trouver qu'il est trop long de laisser une terre pendant deux ans, sans la remuer , il sera mieux de mettre ces graines dans de petits pots qu'on enterre dans le premier été , et qu'on retire en automne, pour les semer ensuite où elles doi- vent rester; par cette méthode les plantes pousseront au printems sui- vant, La cinquieme espece est un ar- brisseau fort agréable, qui mérite d'occuper une place dans les jar- dins, autant que tous ceux qu'on y cultive pour ornement. Les pre- miere et seconde sont quelquefois d'usage en médecine, comme on l'a déjà dit ci-dessus ; mais on s’en sert trés-rarement, parce qu'elles sont d'une nature fort caustique; cepen- dant en faisant quelques expérien- ces avec précaution, il n’est pas dou- teux qu'elles ne puissent être utiles dans des accidens graves ; car plu- sieurs Charlatans fort ignorans ont fait de grandes curesavec ces plan- tes: la septieme espece produit le Grana gnitida des boutiques. La huitieme, étant originaire du Cap-de-bonne-Espérance, ne peut vivre en Angleterre que dans une bonne orangerie : cette plante est DAT 11 tresdificile à conserver ou a mul. tiplier dans les jardins. La neuvieme ne profite en An- gleterre qu'autant qu'on la tient constamment dans la couche de tan de la serre chaude. Elle ne soufre pas plus que les autres d'être trans- plantée ; car j'en ai élevé plusieurs qui ont profité tant qu'elles ont resté dans les pots où elles avoient été semces ; mais qui ont péri quand on a voulu les transplanter. DATISCA. Lin. Gen. Plane. 1003. Cannabina. Tourn. Cor. §2. Chanvre batard. Caraëlères. Dans ce genre les fleurs males & les femelles sont placées sur différentes plantes; les fleurs males ont un calice à cinq feuilles étroites et aiguës ; clles n'ont point de corolles, mais seu- lement des ¢tamines à peine visi- bles, et dix antheres beaucoup plus longues que le calice : les fleurs femelles n’ont point de corolles, ct leurs calices sont semblables à celles des fleurs males ; elles ont un germe oblong, qui soutient trois styles couronnés par des stigmats fimples : leurs calices se changent dans la suite, en autant de cap- sules ovales, triangulaires , et à une cellule qui s'ouvre en trois valves, et qui contient un grand nombre de petites semences adhérentes aux trois côtés de la capsule. Ce genre de plantes est rangé Bi 12 DAT dans la dixieme section de la vingt- deuxième classe de LINNEE, inti- tulée : Diœcie dodecandrie , qui comprend celles dont les fleurs males et les femelles croissent sur différents pieds, et dont les fleurs femelles ont dix étamines. Les especes sont : 1°. Datisca levi. Lin. Sp. Plant. 1037. Kaiph. Cent. 11. N. 38. Fem ; Darisca à Tige unie ou Chanvre bâtard. Cannabis lutea Cretica. Alp. Exot. 296. T. 295: Luteola herba sterilis. Bauh. Pin. 100. Cannabina Cretica florifera » et fructifera. Tourn. Cor. 52 ; Chan- vre de Crète. 2°, Datisca hirta , caule hirsuto. Lin. Sp. Plant. 1037. Chanvre ba- tard avec une tige rude. Cannabina. La premiere espece croit naturellement dans l'ile de Candie , et dans quelques autres contrées du Levant : sa racine est vivace, et produit plusieurs tiges herbacées , qui s'élevent à la hau- teur d'environ quatre pieds, et sont garnies de feuilles aîlces, d’un vert clair, alternes , et composces chacune de trois paires de lobes, terminés par un lobe impair ; ces lobes ont environ deux pouces de longueur ; ils sont terminés eñ pointe aiguë, et sont profondément sci¢s sur leurs bords : ses fleurs sor- tent en Cpis longs et clairs , des ailes cannabina , caule D AVE des feuilles, vers les sommets des tiges ; mais, comme elles n'ont pas de corolles, elles n’ont point d’ap- parence : les sommets des fleurs males qui sont longs et d'un jaune brillant, sont les seules parties de ces fleurs qui soient visibles ; et qui puissent être distinguées de quelque distance. Les fleurs femelles produisent des capsules oblongues, et remplies de petites semences attachées à trois valvules : ses plantes fleurissent en Juin , leurs semences mürissent en Septembre, leurs tiges périssent en automne, et les nouvelles re- poussent au printems. On peut multiplier cette espece en divisant ses racines en automne, quand ses tiges sont flétries ; mais on ne doit pas les séparer en trop petites parties : on peut les planter dans quelqu'endroit que ce soit, pourvu qu'on ne les mette pas sous l'égout des arbres; elles n’exigent aucune autre culture que d'être tenues nettes de mauvaises herbes. On la multiplie aussi par ses graines, mais il faut avoir attention de ne les recueillir que sur les plan- tes qui croissent dans le voisinage des mâles, parce qu'elles sont les seules qui soient fécondes ; et de les semer en automne , sans quoi elles réussissent difficilement dans la pre- miere année : quand les plantes de semence paroissent, on les tient nettes de mauvaises herbes , et en — fp Aye automne on les transplante ou clles doivent rester. Hirta. La seconde, qui est ori- ginaire du Canada et de quelques autres contrées de P Amérique-Sep- tentrionale, differe de la précédente, en ce qu'elle a des tiges velues et plus hautes, et des feuilles plus lar- ges et moins rapprochées sur les tiges : elle est également dure, et peut être multiplice de la même maniere que la premiere ; mais il faut lui donner une situation plus ombrée , et un sol plus humide. DATTE des Indes. 7 oyez Dios- PYROS. L. DATTIER. DACTYLIFERA. Toyez. PALMA DATURA. Lin. Gen. Plant. 218. Stramonium. Tourn. Inst. R. H. 118; Pomme épineuse ou l'Endorimie, Caracteres. Les fleurs de ce genre ont une corolle monopérale et en forme d’entonnoir ; un tube long et. cylindrique, qui s'ouvre au som- met, et qui, dans quelques especes, a cing angles pointus; un calice persistant , gonflé au milieu, à cing angles et tubule ; cing éramines aussi longues que le cahce et terminées par des sommets oblongs et com- primés, et un germe ovale; qui sou- tient un style droit et couronné par un stigmat épais et qui se change dans la suite en une capsule ovale D.-A-T 13 et divisée par une cloison intermé- diaire et croisée en quatre cel- lules remplies de semences en forme de rein , et adhérentes à la cloison. Les plantes de ce genre, ainsi que celles qui ont cinq étamines etun style, sont comprises dans la premiere section de la cinquieme classe de LINNÉE, qui a pour titre: Pentandrie monogynie. Les especes sont : 1°. Datura stramonium, pericar- pis spinosis , erectis , ovatis; folüs ovatis, glabris. Hort. Cüff. $ §. Hort. Ups.43. Fl. Suec. 185.198. Gron. Virg: 23:\Roy. Eugd.-B. 422. Dalib. Paris: 70-csGmel. Te 33, p.143: Kniph. Cent. 10: N::57:; Pemm épineuse ayant un péricazpe ovale , érigé et épineux, et des feuilles ova- les et unies. Nuci Merelle congener planta. Camer.Epit.\276. Solanum fatidum, pomo spinoso, oblongo , flore albo. Bauh. Pin. 168% Stramonium fructu spinoso , rotundo , flore albo, simplici. Tourn. Inst. R. H. 118 ; Pomme épineuse avec un fruit rond et épineux, et une simple fleur bianche. L’Endormie. Tatula. Cam, Epit. 176. 2°. Datura Tatula, pericarpiis spi- nosis, erectis, ovatis ; foliis cordatis, glabris ,- denratis. Linn: Sp: 256 ; Pomme épineuse ayant un fruit ovale, érigé, avec une couverture ou un péricarpe ¢pineux, et. des feuilles umiés, dentelées et en formedecœur. 14 D'A'T 'Scramonium fructu spinoso, oblongo, flore Fourn. Inst. R. H. 119 ; Pomme épineuse dont le fruit est oblong et ¢pineux , et la fleur de couleur violette. violaceo. Solanum sativum , oblongo , flore albo, 168. 3°. Datura Metel, pericarpiis spi- pomo spinoso Bauh. Pin. nosis, nutantibus, globosis; foliis cor- datis, subintegris, pubescentibus. Hort. Cliff. 55. Hort. Ups. 44. Fl. Zeyl. 86. Mar. Med. 64. Roy. Lugd.-B. Aza Cents TAK van; Pomme cpineuse avec un fruit in- cling et globulaire ; un péricarpe épineux , et des feuilles en forme de coeur et entieres. Solanum pomo spinoso , rotundo , longo flore. Bauh. Pin. 168. Hummatu. Rheed. Mal. 21. p. 47. Firizis: Datura alba. Rumph. Amb. 5. pra To 87: 4°. Datura ferox, pericarpiis spi- Kniph. nosis, erectis, OVatis, Spinis SUpremis maximis, convergentibus. Amen. Acad. 3. P. 403 ; Pomme épineuse avec un fruit ovale et érigé, dont les ¢pi- nes du haut sont les plus grandes et entremélées les unes dans les au- tres, et une enveloppe ou un pé- ricarpe épineux. Stramonium ferox. Boce. Pomme épineuse rude. Datura Cochinensis , spinosissima. Zanon. Hist. 1. p. 7,6. $°. Datura Moxia , pericarpiis spino- sers DAVY sis, innoxlis, Ovatis , propendentibus ; foliis cordatis, pubefcentibus; Pomme épineuse à fruit ovale et pendant, dont le péricarpe est garni de poin- tes qui ne piquent point, avec des feuilles velues et en forme de cœur. Stramonium folio hyoscyami , flore toto candido, fructu propendente, ro- tundo , spinis innoxiis ornato ; Boerh. Ind. Alt. 1. - 6°. Datura fastuosa, pericarpiis tubercutatis., nutantibus , globosis ; foliis levibus. Lin. Sp. 256; Stramo- nium à feuilles douces et à fruit glo- bulaire et penché, dont le péricarpe est garni de tubercules. Stramonium _Ægyptiacum ,. flore pleno ; intès albo , foris violaceo. Tourn. Inst. 119 ; Pomme épineuse d'Egypte, avec une fleur double , blanche en-dedans et violette en- dehors. Datura rubra. Rumph. nh 52 pee Solanum fœtidum , fructu Spinoso ; rotundo ; semine pallido. Bauh. Pin. 168. Nux Metella. Cam. Epit. 1750 7°. Datura arborea pericarpiis inermibus , nutantibus , caule arboreo: Lin. Sp. Plant. 179 ; Datura avec une tige d'arbre et un fruit pen- ché, dont le péricarpe est uni. Stramonoïdes arboreum, oblongo et integro folio, fructu lavi, vulgo flore- pondio. Fewil. Tab. 46. Scramonium. La premiere espece est plus commune en Europe , que D A “i toutes les autres : elle a été proba- blement d’abord apportée de l'Italie et de l'Espagne, ou elle croît na- turellement ; mais elle est à pré- sent si multiplie aux environs de Londres et des autres grandes Villes de l'Angleterre , quelle paroit étre criginaire de ce pays; car il y a peu de jardins et de tas de fumier ou on ne la voie croitre. En été, dans les endroits cepen- dant où elle a d’abord été cultivée, et par-tout où on laisse écarter ses semences , on en voit parcitre une grande quantité d’autres plusieurs années après ; parce que beaucoup de leurs nombreuses semences s’en- foncent dans la terre, et qu’elles y restent sans pousser jusqu'à ce qu’én labourant , on les ramene a la sur- face. Cette espece s’éleve rarement au- dessus de deux pieds de hauteur, et se divise en plusieurs branches fot- tes , creuses , irrégulieres et garnies de feuilles larges et uries, divisées en angles irréguliers et qui répandent “une odeur fétide. Les fleurs qui sortent d’abord des divisions des branches et ensuite des extrémités , ont des tubes longs ét gonflés qui souvient au sommet, en bords larges et découpés en cinq angles, dont chacun est ter- miné par une longue! queue ou pointe ; leurs calices sont longs, verts et à cinq angles, et elles sont remplacées par de grosses capsules DAT 15 rondes, couvertes d'épines fortes , et divisées par quatre sillons, aux- quels adhérent les cloisons qui les ; dated séparent intérieurement en quatre cellules remplies de semences noires et en forme de rein. Cette plante fleurit en Juillet, en Août et en Septembre , et les semences müris- sent en automne ; si on leur permet de sécarter, la terre se trouvera couverte de plantes l’année sui- vante. Autrefois on composcit un Cn- guent rafraichifant avec les feuilles de cette espece et de la graisse de porc, dont on faisoit beaucoup de cas pour les brulures et les ampoules qu'elles occasionnent. On trouve dans l'Amérique-Sep- tentrionale une variété de cette espece qui s'éleve deux fois plus haut que la précédente ; ses feuilles sont plus unies et d'un vert plus luisant ; mais ses fleurs et ses fruits ont la même forme que l’autre; on peut la regarder cependant comme une espece distincte ; par la rai- son que ces différences persistent dans les plantes qu'on a élevées cn Angleterre (1). (1) Cette plante eft un poison aussi violent que la Jusquiame & la Bella dona : on ne l’emploie jamais intérieurement ; mais on s'en sert comme de la Jusquiame, en melant le suc de ses feuilles avec du sain-doux, dont on prépare une espece d’onguent qu'on applique sur les hémor- DUA T La seconde croit naturellement dans presque toute Amérique; car ses semences m'ont souvent ¢te envoyées des Isles, ainsi que de toutes les parties du Nord de cet hémisphere : elle s'éleve avec une tige forte à la hauteur de quatre ou cing pieds, et se divise en plusieurs fortes branches , garnies de feuilles semblables à celles de l'espece pre- cédente , mais plus larges, et di- visées sur leurs bords en un plus grand nombre de segments : ses fleurs ont des tubes plus longs , plus étroits et teints de couleur pourpre: son fruit est aufli plus long : ces différences sont persistantes. Cette espece est aussi dure que la premiere ; si on lui laisse écarter ses semences, les plantes se multi- tiplieront beaucoup, et deviendront fort embarrassantes. Metel. La troisieme a une tige forte , qui s¢leve a-la hauteur 16 ES roides, les érésypeles, les brûlures, les ulceres carcinomateux , &c. elle est ano- dine, résolutive et adoucissante. Cette espece , ainsi que toutes les au- tres plantes de cette nature , pourroient devenir utiles dans les grandes douleurs que rien ne peut calmer, ainsi que dans plusieurs autres maladies désespérées , tels que les cancers , les grandes tumeurs formées par la lymphe, &c, : mais pour Pemployer avec sûreté, il faudroit avoir sur ses effets une longue fuite d’observa- tions , faites par des hommes instruits et désintéresses. D'ART de trois pieds , et se divise en plu- sieurs branches laineuses ; ses feuilles sont presque entieres et n'ont que deux ou trois découpures sur leurs bords : ses fleurs ont de longs tubes qui s'étendent au-delà du calice, se divisent en deux parties, et s’élar- gissent ensuite considérablement en- dehors ; leurs bords sont partagés en dix angles obtus ; ces fleurs sont d’un blanc pur en-dessus ; mais leurs tubes sont verts en-dedans; elles produisent un fruit rond, couvert d'épines et civisé en quatre cellules, comme ceux de la précé- dente ; -mais qui deviennent d'un brun clair à leur maturité, Cette espece n'étant pas aussi dure que les autres, il faut semer ses graines au printems sur une cou- che de chaleur modérée , et traiter ensuite les plantes qui en provien- nent, de la même maniere que la Merveille du Pérou et les autres especes de plantes dures et annuelles; on les transplante à la fin de Mai en pleine terre, où elles fleuriront en Juillet, et donneront des semen- ces mures en Août. Cette plante donne une variété à fleurs doubles qui doit être placée dans une caisse de vitrage, si on veut lui faire produire des semences dans ce pays. Ferox. La quatrième s'éleve ra- rement au-dessus d'un pied et demi de hauteur , et s'étend en dehors en plusieurs branches garnies de feuilles DAT feuilles à-peu-près semblables à celles de la premiere espece ; mais plus petites, et supportées par de plus courts petioles : les fleurs res- semblent aufli beaucoup à celles de la premiere; mais elles sont égale- ment plus petites : son fruit est rond et armé d'épines trés-fortes et ai- guës ; celles du haut sont longues et entrelacces les unes avec les au- tres ; ses semences deviennent noi- res en mürissant. Cette espece étant trop tendre pour être semée en pleine terre, en Angleterre on doit l’élever sur une. couche chaude, et la transplanter ensuite dans des plates-bandes , comme la précédente. Innoxia. La cinquieme est ori- ginaire de la Vera -Cruz , d’où jai recu ses semences : elle s'éleve avec une tige tirant sur le pourpre à Ja hauteur de trois ou quatre pieds, et se divise en plusieurs branches fortes et garnies de feuilles oblon- gues et en forme de coeur: ses ti- ges, ses branches et ses feuilles sont couvertes d’un poil doux : ses fleurs sont érigées et sortent des divisions des tiges et des bran- ches ; elles sont larges et blanches, et produisent des fruits ovales, couverts d’epines longues et molles, qui s'ouvrent en quatre cellules remplies de semences brunes. Cette plante est annuelle et doit être d’abord élevée sur une couche de chaleur modérée ; on la trans- Tome III, DAT 17 plante ensuite dans des plates-ban- des ouvertes, où elle fleurira et perfectionnera ses graines en au- tomne. ‘En Jui ‘laissant écarter ses semences, les plantes léveront au printems suivant ; et, si l'été est chaud , cll@ fleuriront et donne- ront souvent des graines müres. Fastuosa, La sixieme , qui naît spontanément en Egypte et dans les Indes, s'éleve avec uné belle tige unie et de couleur de pourpre, à la hauteur de quatre pieds, et se divise en plusieurs branches gar- nies de feuilles larges, unies, den- telees, ct supportées par de longs pédoncules : ses fleurs, qui sortent aux divisions des branches, ont des tubes gros et , gonflés, qui s'éten- dent fort larges au sommet ; leurs bords sont divisés en dix angles , dont chacun est terminé par une longue queue ou pointe mince ; les fleurs sont d’une belle couleur pour- pre en-dehors, et d’un blanc satiné en-dedans ; quelques-unes sont sim- ples, d'autres naissent au nombre de deux ou de trois, placées les unes au-dessus des autres: plusieurs dentr’elles sont doubles , et ont quatre ou cinq pétales d’égale lon- gueur ; de sorte qu'elles paroissent des fleurs ‘pleines aux bords : ces fleurs répandent une odeur qui est d'abord fort agréable , mais qui devient, lorsqu'on la respire trop long-temps , déplaisante et narco- tique. En accélérant les progrès de C 18 WAC ces plantes au printems sur une couche chaude, et en les transplan- tant, dans le mois de Juin, sur une plate-bande de terre riche et bien exposée, elles fleuriront trés- bien en Juillet ou en Août; mais leurs semences müriroft difficile- ment, à moins qu'elles ne soient couvertes de vitrages. Le fruit de cette espèce est rond ct incliné vers le bas; ses capsules et péricarpes sont épais et charnus , ainsi que les cloisons intermédiaires qui séparent les cellules : l'extérieur du fruit est couvert de protubérances émouss¢es, et ses semences deviennent brunes en murissant. Arborea, La septieme a été dé- couverte, à la Vera-Cruz, par le Dr. Houstoun , qui m'en a envoyé les semences : elle s’éleve avec une tige ligneuse, à la hauteur de douze ou quatorze pieds, et se divise en plusieurs branches, garnies de feuil- les de six pouces de longueur, sur deux et demi de largeur au milieu, étroites à chaque extrémité, moins larges d’un côté que de l'autre, velues et supportées par de longs petioles , sur lesquels elles sont pla- cées obliquement : ses fleurs, qui sortent aux divisions des branches, ont un calice tubulé d’un pouce a- peu-près de longueur, qui s'ouvre au sommet d’un côté, comme un spathe au- dedans : ce tube est d’abord étroit ; mais, immédiate- ment au-dessus , il s’enfle et grossit DAT considérablement dans la longueur de six pouces ; il s'ouvre ensuite à son extrémité, où il est divisé en cinq angles terminés par des pointes fort longues : ces fleurs sont blanches et marquées en-dehors et dans leur longueur par quelques raies de cou- leur jaune pale; et des capsules ron- des , unies et remplies de semences en forme de reins, leur succédent. Cet arbre est un des plus grands ornemens des jardins du Chili, où les Habitans le multiplient avec grand soin. Quand ses fleurs sont tout-à-fait épanouies, elles produi- sent le plus bel effet, et un seul arbre parfume Lair d'un grand jardin. Cette plante est tendre, et ne peut être conservée en Angleterre qu'en la tenant dans une serre chaude ; on se procure ses semences des contrées où elle croît naturelle- ment : mais ces graines doivent être parfaitement müres et conservées avec soin, afin que la vermine ne puisse en approcher ; car la plupart de celles qui avoient été envoyées par le Docteur Houstoun, ont été mangces par les insectes dans le passage ; celles qui sont arrivées saines, n'ont produit que peu de plantes : on en avoit élevé deux ou trois dans les jardins du Mylord Peter , et deux dans celui de Chélsea , dont une a fleuri; mais elles ont toutes péri sans produire de semences : de maniere que je D AU crois qu’il n’en existe plus une seule en Angleterre. DAUCUS. Lin. Gen. Plant. 296. Tourn. Inst. R. H. 307. Tab. 161. Acixes ; quelques-uns font déri- ver ce nom de Aaw, gr. brûler, a cause de la qualité chaude de cette plante. Carorte. Caracteres. La fleur est à om- belle; l’ombelle principale est com- posée d’un grand nombre d’autres petites, qu'on appelle rayons , et qui sont courtes et en grappes : l'enve- loppe de J’ombelle principale est com- posée de plusieurs feuilles étroites et terminées en pointes aîlées , qui sont rarement aussi longues que l'om- belle. Celles des rayons sont plus - courtes et simples : les corolles ont cinq petales tournés en-dedans : celles qui composent les rayons sont de longueur inégale ; mais celles du disque sont à-peu-près sembla- bles; elles ont chacune cinq éta- mines velues et terminées par des sommets ronds : le germe, qui est placé sous la fleur , soutient deux styles minces et couronnés par des stigmats obtus ; il se change, quand la fleur est passée, en un petit fruit rond , cannelé et divisé en deux parties , dont chacune forme une semence convexe et sillonnée d’un côté et unie de l’autre. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la cin- guieme classe de LINNÉE, intitulée : DAU 19 Pentandrie digynie, qui comprend les plantes dont les fleurs ont cinq étamines et deux styles. Les especes sont : 1°. Daucus sylvestris seminibus hispidis , radice tenuiore, fervido ; Carotte a semence rudes, avec unc racine mince et chaude. Caucalis Daucus , officinalis. Crantz. Aust. P. 227. Daucus vulgaris. Clus. Hist. 2.P. 198 ; Carotte sauvage ordinaire. Pastinaca tenui- folia sylvestris y Dioscoridis , Bauh. Pin. 151. 2°, Daucus carota, seminibus his- pidis, radice carnoso , esculento ; Ca- rotte à semence velue, dont la ra- cine est charnue et bonne à manger. Daucus sativus, radice aurantii coloris, Tourn. Inst. R. H. 307; la Carotte des boutiques. Daucus sativus , radice atro ru- bente. Tourn. Inst. R. H. 307. 3°. Daucus Gingidium radiis in- volucri planis , laciniis recurvis. Prod. Leyd. 97; Carotte avec des raies unies aux enveloppes et des dents recourbées. Daucus montanus, lucidus. Tourn. Inst. 307 ; Carotte de montagne, luisante. Herbe aux gencives. Gingidium. Matth. Comm. 372. T. 373- 4°. Daucus hispidus , caule his- pido, segmentis foliorum latioribus ; Carotte avec une tige velue et des feuilles divisées en plus larges seg- mens, Ci DAU Pastinaca Œnanthes folio. Bocce. Rav. 74 ; Panais a feuilles d'Œnan- thes. 5°. Dawcus Creticus radiis invo- lucri pinnati- fidis, umbellis duplo longioribus , foliis acutis ; Carotte avec des rayons aux enveloppes à aîles pointus, deux fois plus longs que l'ombelle , et des feuilles ai- guës. 20 Daucus tenui-folius Creticus 5 ra- diis umbellä longioribus. Tourn. Inst. R: H..308; Carotte de. Crète, à feuilles étroites, ayant des rayons plus longs que l’ombelle. « 6°. Daucus Mauritanicus, semini- bus hispidis , flosculo centrali flerili, carnoso receptaculo communi hemi- spherico. Lin. Sp. 348; Carotte a semences velues , dont le centre de la fleur cst stérile, et le réceptacle commun charnu et hémisphérique. Daucus Hispanicus, umbellä ma- gna. Tourn. Inst. 308. Pastinaca tenui-folia sylvestris , umbellä majore. Bauh. Pin. 151. 7°. Daucus } isnaga, seminibus nu- dis. Hort. Cliff. 89. Roy. Lugd.-B. 97. Sauv. Mons. p. 1257. Liron. Orient. 83. Kniph. Cent. 6, N. 34; Carotte si J à semences unies. Gingidium , umbella oblonga. G. B. P. 151 ; Gingidium à ombelle eblongue. Herbe aux cure-dents. Fenouil annuel. Herbe aux gencives. 9°, Daucus muricatus , seminibus aculeatis. Lin. Sp. 349; Carotteavec des semences ¢pineuses. DAU Artedia muricata, seminibus aculea- tis. Hort. Cliff. 89. Sp. Pl. ps 142. Caucalis major Daucoides Tingi- tana. Mor. Hist. 3. p. 308. Echinophora Tingitana. Riv. Pent. 27. Lappula canaria, sive Caucalis maritima. Bauh. Hist. 3. Sylvestris. La premiere espece est la Carotte sauvage commune , qui croit à côté des champs et dans les terres de pâturage de plusieurs par- ties de l'Angleterre : comme cette plante ne differe pas beaucoup, en apparence, de la Carotte de jardin, quelques personnes ont pensé qu'el- les ne. formoient l’une et l’autre qu'une seule et même espece; mais ceux qui ont entrepris de cultiver l'espece sauvage, sont entièrement convaincus qu'elles sont distinctes l'une de l’autre : j'ai soigné la sau- vage pendant plusieurs années; mais je nai jamais pu obtenir des semen- ces de celles qui avoient été semées au printems, et celles de l'automne réussissoient en partie fort bien : j'ai cultivé ces plantes de Ia mème ma- niere que la Carotte de jardin, sans avoir jamais pu améliorer leurs raci« nes qui ont toujours continué à être petites, gluantes, et d’un goût chaud et piquant. Comme tous ceux qui ont fait cet essai n’ont pas ob- tenu de plus grands succès, on ne peut douter que ces deux plantes ne soient absolument différentes l’une de l'autre, On cmploic en méde- D AU cine, les semences de cette espece , comme un excellent diurétique dans la gravelle ; mais au lieu de ces grai- nes, les Droguistes vendent ordi- nairement de vieilles graines de Ca- rottes de jardin, qu'ils achetent chez les Marchands de semences; et toute graine qui est trop vicille pour véséter, doit conserver bien peu de ses propriétés médicinales (1). (1) Les semences de la Carotte sau- vage , ou du Daucus de Crète, ne different les unes des autres, quant à leurs proprié- tés médicinales, qu’en ce que les dernieres sont un peu plus actives; leurs vertus ré- sident principalement dans l'huile essen- tielle qu’elles contiennent très-abondam- ment et très-peu dans le principe gom- meux; c’est pourquoi on peut substituer dans tous les cas cette huile éthérée à tou- tes les autres préparations, ou faire tou- jours infuser ces graines dans le vin, parce que l’eau ne peut enlever qu’une très-pe- tite quantité de la partie huileuse ou ré- sineuse, au moyen du mucilage qui lui sert de dissolvant. Ces graines, qui sont mises au nombre des quatre semences chaudes mineures, sont discussives , diurétiques , carminati- ves, anti-hystériques , apéritives, &c. On les emploie avec succès dans les coliques venteuses , l'asthme humide , les affec- tions glaireuses des reins et de la vessie, les obstructions des viscères, les gonfle- mens des mammelles, occasionnés par la ré- tention du lait, Phydropisie, la cachexie, les affections hystériques , &c, On donne ces semences en poudre, de- puis un scrupule jusqu’à un gros. En infusion vineuse , depuis un gros DAV 2% Carota. La Carotte de jardin four- nit plusieurs varictés qui ne diffèrent que par la couleur de leurs racines ; on peut conserver ces variètés, si l’on a soin de ne pas les. mêler avec les autres dans le même jardin. La Ca- rotte-orange est généralement esti- mée à Londres, et l'on y cultive peu la jaune et la blanche. Je regarde la Carotte d’un rouge foncé ou pourpre, comme une espece distincte de toutes les autres; mais comme elle est beaucoup pius ten- dre, je n'ai pu encore la voir en fleur , parce que ses racines ont été détruites par les premicres gelées de l'automne : cette espece, dont les semences m'ont été envoyées d’Alep, ont très-bien réussi ici ; ses racines n'étoient pas aussi grosses que celles des autres : elles étoient teintes d’une couleur pourpre, presque semblable à celle des raves foncées; et elles étoient fort tendres et douces : les feuilles de cette plante étoient moins velues et plus finement découpées que celles des Carottes ordinaires, On cultive ordinairement la se- jusqu’à une demi -once , et leur huile es sentielle, à la dose de quelques gouttes, dans un véhicule convenable, Elles entrent dans l’Aurea Alexandrina, dans le sirop de Calamintha de Mésue, dans la poudre Draprassii, dans le Diacucurma magna de Mésue, dans le Philonium ma- gnum, dans la chériaque, le Mitridate ; les pilulles de Nicolas @ Aléxandrie , Gc, 22 D'AU conde espece dans les jardins po- tagers; ses différentes variétés sont estimées dans plusieurs pays; mais à Londres on préfere la Cartote- orange à toutes les autres. On les seme en deux ou trois dif- férentes saisons , et quelquefois plus souvent, quand les jeunes Carottes sont recherchées. Le premier semis se fait aussi- tôt après Noël, sile tems est favo- rable, dans une plate-bande chaude, contre une muraille, une palissade ou une haie: on seme d’abord, tout prés de la muraille, de la hitue, ou quelqu’autre salade , dont on forme une bordure d’un pied de largeur; parce que si les Carottes étoient trop rapprochées de cette muraille, elles fileroient et ne pro- duiroient point de bonnes racines. Elles se plaisent à l'ombre dans un sol chaud, léger et labouré assez profondément, afin que leurs raci- nes puissent mieux pousser vers le bas; car si elles rencontroient quel- ques obstacles , ellesse fourcheroient et pousseroient des racines latérales ; ce qui arrive sur-tout lorsqu'on a mis trop de fumier dans la terre la meme année qu'elles sont semces : comine cette cause sufit aussi pour Ics rendre sujettes à la vermoulure, on fera bien de fumer et de labou- rer la terre destinée aux Carottes, une année avant qu'on les seme: mais si on n'a pas pu prendre cette précaution , et qu'il soit nécessaire DAU de mettre du fumier, il faut choisir le plus consommé, et le répandre uniformément par-tout, afin qu'en labourant il ne se trouve pas ras- semblé en monceaux ; ce qui em- pécheroit les racines de pousser droi- tes , ct les rendroit courtes et four- chues : quand la terre est sujette à se lier et se durcir , on ne peut pas prendre trop de soin pour en casser et diviser les parties ; c'est pourquoi il faut la labourer avec des béches fort étroites , et casser exactement toutes les mottes de terre ; ce qui est rarement bien fait, si le Maitre ny porte pas son at- tention, parce que les ouvriers s’y prennent mal, et ne cherchent qu’à faire l'ouvrage à la hâte, quand ils ne sont point observés. Quand la terre est libourée, on la met de niveau ; sans quoi les se- mences se trouvent trop enterrées et trop Cpaisses dans certains en- droits, quand on y passe le rateau, aprés les avoir semées; ce quiest cau- se que dans des places les plantes sont trop serrées , tandis que d’autres places sont tout-a-fait dégarnies. Comme ces semences sont ar- mées sur leurs bords d'une grande quantité de petits poils fourchus qui les unissent fortement ensemble , et qu'il est difficile de les semer sans qu'elles se ramassent en paquets, il faut commencer par les bien frot- ter entre les deux mains, afin de lesséparer , et choisir un jour calmc DAU pour les répandre ; car si l'air est agité , il est impossible de les semer également, parce que le vent les ras- semblera toutes en paquets : quand elles sont semées, on les foule ré- guliérement avec les pieds, pour les enterrer , et on nivelle ensuite la terre avec un rateau. Lorsque les plantes ont poussé quatre feuilles , on remue la terre avec une petite houe de trois pou- ces de largeur, pour couper tou- tes les mauvaises herbes, et donner aux plantes quatre pouces de dis- tance en tous sens, afin qu elles puissent prendre force : un mois ou cing semaines après , on houera la terre pour la seconde fois ; on aura soin de ne pas laisser deux Carottes ensemble, et on fera en sorte qu’el- les soient encore plus éloignées les unes des autres : toutes les mauvai- ses herbes étant détruites par cette opération, et la surface de la terre étant bien ameublie, ces jeunes plan- tes pousseront avec plus de facilité. Un mois ou cing semaines aprés , commence le troisieme houage , pour débarrasser la terre des mau- vaises herbes, et donner aux Ca- rottes la distance qu’elles doivent avoir; distance qu'on proportionne à la grosseur jusqu'a laquelle on veut les laisser croître : si on veut en Ôter quelques-unes pour les man- ger jeunes, il suffira de laisser en- trelles cing pouces de distance ; mais si on a le projet de les faire DAU 23 parvenir à toute leur grosseur , on leur donnera huitou’dix pouces d'in- tervalle en tous sens. Le second semis de Carottes fe fait en Février, sur des plates-ban- des chaudes , contre une muraille , une palissade , ou une haie; mais si on veut les mettre sur un terrein découvert , elles ne doivent pas être semées avant lé commencement de Mars : il ne faut jamais les mettre en terre à la fin de Mars , en Avril ou en Mai; car ces dernieres mon- teroient en graines avant que leurs racines fussent parvenues a une gros- seur médiocre, sur-tout si le tems est chaud et sec. On peut cependant en semer en- core une fois dans le mois de Juillet, pour une récolte d'automne; et à la fin d’Aott , pour l’hiver : au moyen de cet arrangement , on aura des Carottes printanieres en Mars ; mais celles-ci sont trés-souvent co- riaces et gluantes : cependant, com- me on désire généralement de jeu- nes Carottes dans le commencement du printems , la plupart des Jardi- niers en sement dans cette saison ; mais on doit alors les placer sur des plates-bandes chaudes , et dans des terres sèches , sans quoi elles se- ront rarement bonnes. Si l'hiver est trés- dur , on fera bien de couvrir ces jeunes plantes avec du chaume de pois, ou quelqu'autre litiere Ié- gere, pour empècher la gelée de pénétrer dans la terre, et de dé- truire leurs racines : si celles qui ont été semées en automne viennent à à être détruites par le froid, on fera une couche chaude au commence- ment du printems, sur laquelle on en semera de nouvelles , qui seront bonnes avant toutes les autres; on met sur ces couches quatorze ou seize pouces d'épaisseur de terre, afin que les racines puissent avoir une profondeur suffisante pour s’en- foncer; on couvre ces jeunes plantes de fumier chaud , quand la chaleur de la couche commence à dimi- nuer, pour hater leur accroisse- ment, et on a grand soin de ne pas les laisser filer : on peut les lais- ser plus serrées que celles de pleine terre , parce qu'on les arrache fort jeunes pour l'usage. Quelques per- sonnes mélent plusieurs autres es- peces de semences parmi les Carot- tes, comme des porreaux, des oi- gnons, des panais, des raves, des féves, &c.; mais, suivant moi, au- cun de ces mélanges n’est bon , parce que, si une de ces especes réussit plei- nement, elle détruit toutes les au- tres, et qne ce que l'on gagne sur l'une est perdu sur l’autre : en outre chaque espece devient plus belle et meilleure, quand clle est semée sé- parément , et quand la recolte est finie, le terrein se trouve libre pour y mettre autre chose; au-lieu qu'en mélant trois ou quatre especes en- semble , la terre est rarement dé- barrassce avant le printems suivant : DAU d’ailleurs, si on met des féves , ou quelqu'autre grand légume parmi les Carottes , on court risque de les faire pousser plutôt par le haut que par la racine, et elles n’acquicrent jamais ainsi la moitié de la grosseur qu'elles doivent avoir. L’avarice de quelques Jardiniers ne leur permettant pas de donner à leurs Carottes la distance qu'elles doivent avoir , elles filent et s’af- foiblissent considérablement par cette disposition : lorsqu'elles ont une fois filé étant jeunes , elles ne recouvrent jamais leur force entie- rement, et ne peuvent parvenir à la grosseur de celles qui ont été bien espacées au premier houage : ainsi, quand on veut avoir de gros- ses Carottes, on ne doit pas les lais- ser les unes trop près des autres, ni les méler avec aucune autre es- pece de légume. ette racine est depuis long-tems cultivée dans les jardins, pour la table : mais ce n’est que depuis quel- ques années qu'on la seme dans les campagnes, pour en nourrir les bes- taux; encore cette pratique n’a-t- elle lieu que dans quelques endroits particuliers de l'Angleterre, où le sol est favorable à cette plante : il n'y a cependant aucune espece de légume qui soit plus propre à cet usage, et qui fournisse un aliment aussi solide et aussi substantiel pour les animaux. Un acre de terre , planté en Carottes , engraissera un grand DAU grand nombre de moutons ou de boeufs, mieux que trois acres de navets, et la chair de ces ani- maux sera plus ferme et d’un meil- leur gout: les chevaux aiment aussi beaucoup ces racines, et il n'y a point de meilleure nourriture pour les porcs. On a aussi cultivé ces ra- cines dans les parcs, pour nourrir les bêtes fauves; ce qui étoit trés- utile dans les hivers rudes, où le gibier trouvant peu d’alimens, pe- rissoit souvent de faim, ou mai- grissoit tellement , qu’il ne pouvoit recouvrer son embonpoint dans l'été suivant 5 au-licu qu'en les nourris- sant de Carottes pendant tout l'hi- ver, on les entretient jusqu'a la pousse de l'herbe, qui, dans ces sortes de lieux , croît très-lentement. La culture de cette racine est aussi plus avantageuse que celle du navet, parce qu'elle est moins su- jette à manquer, et qu'en semant ses graines au printems, les plantes poussenttoujours bien, à moins que les mois de Juin et de Juillet ne soient fort mauvais : au-lieu que les navets sont souvent détruits par les moucherons et les pucerons à leur premiere poussée ; et dans les automnes sèches, ils sont attaqués par les chenilles, qui, dans peu de tems, en dévorent des champs en- tiers ; mais ces insectes ne touchent point aux Carottes : pour toutes ces raisons , les Fermiers qui ont beau- coup de bestiaux et de brebis, de- Tome III, D AU 25 vroient toujours avoir une provi- sion de ces racines , s'ils possèdent des terreins propres a cette culture , et dont le sol soit leger et profond. La terre qu'on destine à ces raci- nes, doit être labourée dans le com- mencement de l'automne ; on lui donne encore une seconde culture en travers , avant l'hiver, et on la dispose en sillons élevés, afin que la gelée l’'adoucisse. Si la terre est de mauvaise qualité, on y met en hi- ver, au commencement de Février, du fumier bien consommé, et en Mars on laboure pour la troisieme fois, afin de la rendre propre à re- cevoir les semences. Quelques Fer- miers donnent cette derniere culture avec deux charrues qui se suivent dans le même sillon; au moyen de quoi la terre se trouve creusée à la profondeur d'un pied et demi : d'autres placent des hommes avec des béches, qui suivent les charrues, et enlèvent du fond de chaque sil- lon une certaine quantité de terre, qu'ils mettent sur les sommets, et dont ils ont soin de briser les mot- tes. Cette seconde méthode est plus coûteuse que la premiere , mais elle est bien préférable; car, de cette maniere les mottes sont bien mieux brisces, et la surface de la terre se trouve plus unie. Si le terrein a été cultivé aupa- ravant, iln’exigera que trois labours; le premier avant l'hiver , pour met- tre la terre en sillons élevés, par D 26 DAU. la raison que nous avons déjà don- née; le second , en travers, dans le mois de Février, après lequel on fera bien de passer la herse , pour rendre la terre plus meuble , et le dernier en Mars, qui doit être exe- cuté comme nous l'avons dit plus haut. Apres ce troisieme labour, sil reste encore de grosses mottes de terre qui ne soient pas cassées , il sera prudent de la bien herser avant de répandre les semences. Une livre et demie de graines suffira pour un acre de terre ; mais comme elles sont sujettes à s’accrocher en- semble , ainsi que nous l'avons deja observé , il est difficile de les semer uniformément : pour rendre la chose plus facile, on mêle quelquefois avec ces semences une certaine quan- tité de sable , et on les frotte bien, pour les séparer les unes des autres. Lorsqu’elles sont semées , on herse légèrement pour les enterrer, et quand les plantes poussent, on les houe comme il a été dit ci-dessus. Si on veut conserver des Carottes pendant tout l'hiver et le printems, il faut, vers le commencement de Novembre, les tirer hors de terre, quand leurs feuilles commencent à se fi¢rrir, et les mettre dans du sable, dans un lien sec, et à l'abri de la gelée, où on les prendra à mesure qu’on en aura besoin : mais on en conservera quelques-unes des plus longues et des plus droites, pour leur faire produire des se- DAU mences ; on les plantera au milieu de Février, dans un sol léger, à un pied environ de distance les unes des autres ; on tiendra la terre nette de mauvaises herbes; et vers le mis licu du mois d’Août, lorfque les se- mences seront müres, on les côu- pera, et on lestiendra dans un lieu sec , où elles puissent être exposées pendant plusieurs jours au soleil eta l'air , pour les faire sécher ; après quoi on les battra, on mettra les graines dans des sacs , et on les con- servera dans un endroit sec jusqu'au tems où on doit en faire usage: ‘ces semences ne conservent la pro- pricté de végérer, qu'une ou deux années tout au plus; mais les plus nouvelles sont toujours préférables. Gingidium.+ La troisieme espece qu'on rencontre dans les environs de Montpellier, a des tiges plus unies que la Carotte ordinaire; ses feuil- les sont d’un vert luisant, et leurs segmens sont plus larges : les om- belles de ses fleurs sont aussi plus larges et moins régulières. Cette plante est annuelle, et réussit micux lorsqu'on seme ses graines en au- tomne. Hispidus. La quatrieme est d’un crû plus bas qu'aucune des précé- dentes ; ses tiges sont fort couvertes de poils courts ; les segmens de ses feuilles sont larges et obtus ; ses om- belles sont petites , et les feuilles qui les enveloppent sont divisées en trois parties. DAW Creticus. Lacinquiemes'éleve avec une tige mince, rude et velue, au- dessus de deux pieds de hauteur : ses feuilles sont courtes et découpées en segmens aigus ; parmi elles on en voit quelques-unes plus petites : ses oinbelles sont moins larges que celles de l'espece commune, et leurs enveloppes sont deux fois plus lon- gues : les feuilles qui les composent sont divisées en cinq ou six parties, et terminées en pointe aiguë : ses fleurs sont jaunes. Mauritanicus. La sixieme a une tige cannelée, haute de trois pieds, et terminée par de grosses ombelles de fleurs, dont les enveloppes ont des pointes aîlées : les segmens des feuilles du bas sont découpés en parties plus obtuses, et sont d'un vert foncé. Visnaga. La septieme , qui croît naturellement en Espagne et en Ita- lie, est une plante annuelle , qui séleve à la hauteur de trois pieds, avec une tige droite, unie, cou- chée, et garnie de feuilles unies, et divisées en plusieurs beaux segmens étroits, comme celles du Fenouil : ses tiges s'étendent au-dehors , et chaque branche est terminée par une grande ombelle, composée d’un grand nombre d’autres plus petites ; l'enveloppe est plus courte que l’om- belle , et chaque feuille qui la com- pose, est divisée en trois parties ; les pédoncules qui soutiennent les rayons; sont longs et fermes ; les Da U 17 Espagnols s’en servent en guise de cure-dents : d'où vient le nom de Visnaga ou de Cure-dents, qu'on a donné à cette plante. Si on veut multiplier cette espece, il faut né- cessairement semer ses graines en automne, car elles manqueroient souvent , ou au moins elles ne pous- seroient que dans l’année suivante, si elles nétoient mises en terre qu'au printems. Ces plantes n'exi- gent aucune autre culture , que d'é- tre tenues nettes et éclaircies. Muricatus. La huitieme se trouve dans les environs de Tanger; sa tige est droite, haute de plus de deux pieds, garnie de feuilles à doubles ailes et velues , et divisée vers son sommet en plusieurs bran- ches, dont chacune est terminée par une ombelle de fleurs blanches, qui sont remplacées par des semen- ces velues. Si les graines de cette espece ne sont pas semées en automne , les plantes qui en proviennent donnent rarement des semences mûres , parce qu'elles sont surprises par les premieres gelées , avant d’avoir ac- quis le dégré de perfection qui leur ; est nécessaire. Cesespeces sont quelquefois cul- tivées dans les collections de botani- que, pour la variété; mais comme elles ne sont d'aucun usage , on ne les cultive pas dans d’autres jardins. Daucus CRETICUS, ou DAUCUS Dig 28 DA Y de Candie. Voyez ATHAMANTA ANNUA. V. SUPPLÉMENT ET ATHAMANTA CRETICA. à DAYENIA. Monier. On a donné ce nom à ce genre, cn l'honneur du Duc d’Ayen, qui est un grand amateur et protec- teur de la Botanique : ce Seigneur a donné à M. Monier, membre de l'Académie Royale des Sciences, la place de Surintendant de ses magni- fiques jardins de Saint-Germain , où il s'est plû a rassembler une grande quantité de plantes rares de toutes les parties du monde. Nota. LINNEE a donné cette espece sous le titre d’Ayenia Pu- silla. Voyez SUPPLEMENT au mot AYENIA. Cacacteres. Le calice de la fleur a cing petites feuilles ovales qui se dessèchent : la corolle est composée de cing petales , dont les pointes sont jointes à un nectaire uni et étoilé ; ce nectaire est placé sur une colonne cylindrique , érigée, aussi longue que le calice, en forme de cloche , et pourvue de cinq lobes enfoncés à la marge : cette fleur a cing Ctamines courtes, inserces dans la bordure du nectaire, et terminées par des sommets ronds et joints à la bordure des pétales ; son germe, qui est rond et placé au fond du Nectaire, soutient un style cylin- drique , couronné par un stigmat obtus et à cinq angles, et se change Dy AVT dans la suite en une capsule 4 cing cellules , qui renferment cinq se- mences obiongues et attachées à la capsule. Ce genre de plante est rangé dans la quatrieme section de la vingtieme classe de LINNEE , inti- tulée : Gynandrie pentandrie, avec celles dont les fleurs ont cinq éta- mines fixées avec le style au nec- taire. Nous n'avons jusqu'à présent qu'une espece de ce genre, qui est la Dayenia _pusilla , foliis corda- tis glabris ; Dayénia à feuilles unies et en forme de cœur, Ayenia pusilla , foliis cordatis glabris. Lin. Sp. 1354. Edit. 3. L. Act, Stockh. 1756. Ayenia foliis ovatis, acutis, serratis, germine pedicellato 5 nectario plano stellato. Lefts It, 200. Urtice folio anomala , flore pen- taphyllo purpureo , fructu pentacocco muricato.'Floan. Jam. 92. Hist. 1, PA2O9. MIB BPI. Les semences de cette espece ont été envoyées par le jeune de Jussieu, du Pérou à Paris, où elles ont réussi , et ont Cté depuis multiplices dans plusieurs autres jardins de l’Eu- rope ; celles qui n'ont été données par M. le Monier, Intendant des jardins du Duc d’Ayen, à Saint- Germain, ont produit , dans le jar- din de Chelséa , des plantes qui ont fleuri et donné annuellement des graines. D A ¥ Cette plante a une tige mince et ligneuse, qui se divise en plusieurs branches minces et élevées à la hauteur de neuf pouces ou d’un pied, et garnies de feuilles unies en forme de cœur , légèrement dentelées sur leurs bords, supportées par de longs pétioles, d'un vert luissant, terminées en pointe ai- guë, et placées alternativement sur les branches : de la base de chaque petiole sortent , sur les côtés des branches, deux, trois ou quatre fleurs du même bouton, dont chacune est placée sur un pedoncule séparé et mince : ces leurs ont cinq étamines minces et recucillies en une espece de colonne , comme dans les fleurs malvacées; au fond de chacune est placé un germe à cinq angles, qui se change ensuite en une capsule ronde , et à cinq cellules, dont cha- cune renferme une semence en forme de rein : ses fleurs sont tubu- lées, onvertes et divisées sur leurs bords en cinq segmens aigus , dont chacun est terminé par une queue mince ; elles sont pourpre, et se succèdent sur les mêmes plantes, depuis le mois de Juillet jusqu'à l'hiver. Cette plante se multiplie par ses graines, qui doivent être semées sur une couche de chaleur modérée, dès le commencement du printems: quand les plantes ont poussé quatre feuilles, on en transporte une partie sur une nouvelle couche chaude, D E ) 4 29 pour les faire avancer , et on met les autres dans des pots, qu'on plonge dans une couche de tan : on les tient à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines ; apres quoi on leur donne de l'air chaque jour à proportion de la chaleur de la saison , et on les arrose souvent et légèrement dans les tems chauds. Ces plantes doivent rester dans la couche chaude pendant tout l'étc, où on leur donne beaucoup d'air ; car celles qui sont exposées en plein air, même dans cette saison, ne profitent pas, et celles qui ont été affoiblies par un traitement trop délicat, ne fleuris- sent pas bien : elles se conservent pendant tout l'hiver dans une serre de chaleur modérée ; mais quand elles ont bien perfectionné leurs semences dans la premiere année, elles ne valent plus la peine d’être conservées. On trouve un dessin de cette plante dans la 118°. Planche de mes Figures. DELPHINIUM. Lin. Gen. Plane, 602. Tourn. Inst. R. H. 426. Tab. 241. np», gr; un Dauphin. Cette plante est ainsi nommée, parce que. sa fleur, avant de s’ou- vrir , ressemble à un Dauphin; on lui donne aussi le nom de Consolida Regalis , à cause des vertus vulné- raires qu'on lui attribue. GASPARD BAUHIN l'appelle Plante Royale, parce que son calice est tourné en 30 DEL arriere en forme de fleur-de-lys. C@SALPINUS, PLINE et les autres Poëtes , disent que cette plante est une véritable#fyacinthe, parce qu'on voit marquée sur sa fleur la syliabe ai , qui est une particule lamentable. Pied d'Alouette, Herbe aux Poux ou le Staphisaigre. Caracteres. Dans ce genre la fleur n'a point de calice ; la corolle est composée de cinq pétales inégaux ct placés circulairement .Le pétale su- périeur s'étend en une queue obtuse et tubulée; les deux latéraux sont à-peu-près de la même grosseur que le supérieur ; mais les deux du bas sont plus petits et ouverts. Elle a un nectaire divisé en deux parties, placé dans le centre des pétales, et enveloppé dans le tube par la partie de derriere : cette fleur a plusieurs petites ctamines inclinées sur les pé- tales, et termin¢es par des sommets érigés, et trois germes ovales qui soutiennent trois styles aussi longs que les étamines , et couronnés par des stigmats réfléchis : ces germes deviennent ensuite autant de cap- sules jointes ensemble, qui s'ouvrent en travers, et ont chacune une cel- lule remplie de semences angulaires. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la treizieme classe de LINNÉE, inti- culée : Polyandri erigynie : es fleurs qui composent cette plante ont plu- sieurs étamines et trois styles. Les especes sont : DES 1°. Delphinium consolida , necta- monophyllis ; caule subdiviso. Hort. Cliff. 217. Flor, Suec. 440 5 476. Mat. Med. 138. Roy. Lugd.-B. 482. Dalib. Paris. 158 ; Pied d’ Alouette, ayant un nectaire mo- nophyile , et une tige sous-divisée. Delphinium fegetum. Tourn. Inse. 426 ; Pied d’Alouette des bleds, et le Consolida regalis arvensis. C, B. p. 142. Consoude Royale des champs. 2°, Delphinium Ajacis, nectariis monophyllis ; caule simplici. Hort, Cliff. 213. Hort. Ups. 150. Roy. Lugd.-B. 48 2 ; Pied d’ Alouette dont le nectaire est monophylle et la tige simple. Delphinium hortense, flore majore et simplici cerulao. Tourn. Inst. R. H. 426 ; Pied d’Alouette de jardin, avec une fleur plus large , simple et de couleur bleue. L’ Ajax. Consolida regalis , flore majore et multiplici. Bauh. Pin. 142. Flos regius. Dod. Pempt. 252. Delvhinium fativum. Riv, t. 123. rits 3°. Delphinium ambiguum , nectariis monophyllis ,* caule ramoso ; Pied d’ Alouette avec un nectaire mono- phylle , et une tige branchue. Delphinium elatius, purpureo-vio- laceum. Souverr. Flor.; Pied d’A- louette branchu, avec.une fleur d'un violet pourpre. Consolida regalis , flore minore. Bauh. Pin. 142. 4°. Delphinium peregrinum, necta= DEL riis diphyllis , corollis ennea petalis , capsulis teretibus, foliis multi-partitis obtusis. Hort. Cliff. 213 ; Pied d’A- louette avec un nectaire à deux feuilles, une corolle composée de neuf pétales , des capsules cylindri- ques, et des feuilles divisées en plusieurs segmens obtus. Delphinium latifolium, parvo flore. Tourn. Inst. R. H. 426 ; Pied d’A- louette à feuilles larges et à peiite fleur. Consolida regalis latifolia, parvo flore. Bauh. Pin. 142. . $°. Delphinium elatum , nectariis diphyllis , labellis bifidis , apice bar- batis , foliis incisis , caule recto. Hort. Upsal. 151. Kniph. Cent. 6. N. 35; Pied d’Alouette avec un nectaire a deux feuilles, une levre divisée en deux parties, et garnie de barbe au sommet , des feuilles découpées et une tige droite. Delphinium perenne montanum vil- losum , Aconiri folio. Tourn. Inst. 426 ; Pied d Alouette de montagne, velu et vivace, à feuilles d’Aconite, ordinairement appelé Pied de Mou- che Abeille. Aconitum caruleum hirsutum , flore Consolide regalis. Bauh. Pin. 181. Aconitum lycoctonum , flore Del- phinii Silesiaci. Clus. Hist..2.P. 94. 6°. Delphinium grandi-florum, nec- tariis diphyllis , labellis integris froribus subsolitariis , foliis compositis lincari- multi-partitis. Hort. Upsal. 150 ; Pied d’Alouette avec un nec- D.E Æ 31 taire à deux feuilles , une levre en- tiere , des fleurs simples et des feuil- les composées et divisées en plusieurs segmens étroits, Delphinium humilius, angustifolium perenne , flore azureo. Amman; Pied d Alouette nain et vivace , à feuilles étroites et à fleur de couleur d’azur. 7°. Delphinium Americanum, nec- tariis diphyllis , labellis integris , flo- ribus spicatis , foliis palmatis , mul- _tifidis glabris. pl. 119 ; Pied d’A- louette avec un nectaire à deux feuilles, une levre entiere, des fleurs en épis, et des feuilles unies, en forme de main, et divisées en plu- sieurs parties, ordinairement appelé Pied d’ Alouette d’ Amerique. 8°. Delphinium staphisagria , nec- tariis diphyllis , foliis palmatis , lo- bis integris. Hort. Cliff. 213. Hort. Ups. 150. Roy. Lugd-B. 482. Sauv. Monsp. 214; Pied d’Alouette avec un nectaire à deux feuilles, des feuil- les en forme de main, et des lobes entiers. Staphisagria. Bauh. Pin. 324. Dod. Pempt. 366. Delphinium Platani folio, Staphi- sagria dictum. Tourn. Inst. R. H. 428 ; Pied d’Alouette à feuilles de Platane. Sraphisaigre ou Herbe aux Poux. Je ne parlerai point ici des difftren- tes variétés de Pied d’Alouette qu'on rencontre dans les jardins, parce que cela donneroit trop d'extension a cet Ouvrage ; je me contenterai de faire mention des especes vraiment 32 DE 3C distinctes; et comme les Jardiniers ne connoissent de différence dans les Pieds d’Alouette de jardin, que par leurs tiges droites ou branchues, et que ces différences sont persis- tantes et ne varient jamais, je me servirai de cette méthode, et je ne m'arrêterai point à d'autres difte- rences accidentelles , que des per- sonnes peu instruites ont voulu in- troduire comme caractcristiques. Je commencerai par le Pied d’A- louette branchu, qui donne les va- rictés suivantes. Le bleu, le pourpre, le blanc, celui de couleur de chair, le cendre, celui de couleur de rose, et ceux qui sont panachés en deux ou trois de ces différentes couleurs. Le pied d’Alouette à tige droite est sans branche , produit une plus grande variété de couleurs que le branchu : ses fleurs sont aussi plus larges et plus pleines; mais les cou- leurs principales sont à-peu-près les mémes que celles des autres, et. quelques-unes d’entr’elles sont très- foncées. Consolida. La premiere croît na- turellement sur les terres labourées, en France, en Espagne et en Italie: on croit qu'elle est la même que le pied d’Alouette de jardin ; mais c'est une grande erreur: car je l'ai cultivée pendant plusieurs années, et je ne Pai jamais vu changer; ses feuilles sont plus larges et moins divisées que celles de jardin, et elles DBL sont placces a une plus grande dis- tance les unes des autres sur les tiges: ses fleurs sont plus petites et disposces en cpis plus longs : ses tiges ne sont pas aussi couvertes de branches que celle qu'on appelle branchue, et elles ne sont pas non plis simples et crigées comme celles de l'epeces qu'on nomme Droite ; d’après cela je crois être fondé a la regarder comme une espèce différente (1). Ajacia. La seconde a des tiges droites qui poussent peu de bran- ches : ses fleurs sont placces très- pres les unes des autres sur des épis crigés, de maniere qu'elles ont une très-belle apparence : ces plantes fleurissent en Juillet et en Août, et ornent beaucoup les plates-bandes des jardins à fleurs. Ambiguum. Le pied d’Alouette branchu, qui est la troisieme espece, fleurit plus tard que le pied d’A- louette droit : elle séleve avec une tige fort divisce au dessus de trois pieds de hauteur : ses branches sor- tent horisontalement sur les parties latérales des tiges ; mais ensuite leurs extrémités , qui produisent des épis [1] Quelques Auteurs prétendent que cette plante est vulnéraire et apéritive , et que sa conserve est propre à calmer les tranchées des enfans: mais on s’en sert très-rarement; on applique seulement ses fleurs sur les yeux, pour en appaiser Pinflammation, après les avoir fait macé- rer dans l’eau - rose, de DEL de fleurs , se tournent vers le haut et forment unangle : ses feuilles sont longues et agréablement divisées : ses fleurs , qui sont plus éloignées sur les épis que celles de l’espece droite, sont larges, et quelques-unes d’en- tr'elles sont fort doubles, et teintes de diverses couleurs. Ces plantes sont annuelles; on les multiplie par leurs graines, qu'on seme dans les places où elles doivent rester, parce qu'elles ne veulent pas être transplantées , sur-tout si on ne les enleve pas tandis qu'elles sont jeunes : si on les seme en automne, elles produisent des plantes plus fortes, qui donnent beaucoup de fleurs doubles, et qui perfectionnent mieux leurs semences que celles qui ne sont semées qu'au printems, parce que leurs fleurs paroissent plu- tÔt; mais si on veut en avoir pen- dant long-temps, il faut aussi en semer au printems : quand elles sont destinées à orner les jardins à fleurs, on en seme beaucoup ensemble dans un espace d’un pied quarré, au mi- lieu des plates-bandes de distance en distance ; on met dans chaque quarré dix ou douze semences, on les couvre de terre jusqu’à l'épaisseur d’environ trois pouces, et on éclair- cit les plantes au printems, en n’en laissant que cinq ou six de l’espece droite dans chaque quarré , et de J'espece branchue, tout au plus trois ou quatre, parce qu'elles exigent Jus de place : ces plantes ne de- Tome Il, D EL ;3 manderont plus ensuite aucun soin, si ce n'est qu'on arrachera constam- ment les mauvaises herbes qui nai- tront parmi elles , et qu'on les sou- tiendra avec des baguettes pour les soutenir contre l'effort des vents, qui pourroient les rompre quand elles commencent à fleurir. Si les semences ont été bien choisies, on ne trouvera parmi elles que très- peu de mauvaises fleurs : si chaque quarré contient des fleurs différentes pour les couleurs , elles produiront encore un meilleur effet. On ne doit jamais mêler l'espece branchue avec l'espece droite , parce qu’elles ne fleurissent pas dans le même temps. Si on veut conserver les deux belles especes sans qu'elles dégénerent en fleurs simples ou de mauvaise cou- leur , il faut semer en automne une plate-bande de chaque espece dans quelqu'endroit écarté du jardin; on éclaircit bien ces plantes, et on les débarrasse des mauvaises herbes jusqu'à ce qu’elles commencent à montrer leurs fleurs ; alors on les examine chaques deux jours pour retrancher celles dont les fleurs ne sont pas fort doubles ni de belle couleur; car si on en laissoit quel- ques-unes de celles-ci parmi les au- tres, leur poussiere fécondante les feroit certainement dégénérer, Les Amateurs qui se contentent de mar- quer seulement leurs bonnes fleurs pour semences, et qui laissent les autres avec elles, se trouveront tou= E 24 DEL jours trompés sur leur beauté dans la saison suivante : ainsi, quand on veut les avoir dans leur perfection, on ne doit jamais recueillir les se- mences qui croissent dans les plates- bandes du jardin à fleurs, parce qu'il est presque impossible qu'elles s'y conservent aussi bonnes que si elles étoient placées à une bonne distance de toutes les autres especes. Quand les capsules deviennent brunes , on les examine avec soin, afin de les recueillir avant qu'elles s'ouvrent pour répandre leur semencess; com- me celles du bas de la tige s'ouvrent long-temps avant que celles du haut soient müres , il faut les détacher à mesure, et ne point attendre pour les recueillir, comme on le fait souvent, jusqu'au moment ou l'on arrache les tiges. Ces premieres cap- sules sont bien préférables à celles du sommet ; aussi les personnes qui apportent beaucoup de soin dans le choix de leurs graines, ne man- quent-elles jamais de retrancher le haut des épis de fleurs. Toutes ces plantes sont fort dures et exigent peu de soin; elles méri- tent d'occuper une place dans les plus beaux jardins ; car lorsqu'elles sont-en fleurs , il y en a peu d’autres qui produisent un meilleur effet , et il n'y en a point qui soient aussi propres à être mises en pots pour orner les appartemens. Comme elles sont trés-droites et qu'elles produi- sent de longs cpis, elles s'élevent a DEE une belle hauteur au-dessus des pots; et quand les différentes cou- leurs sont entremélées avec art, elles font un magnifique coup-d'œil et conservent long - temps leur beauté. Peregrinum. La quatrieme espece, dont les semences m'ont été envoyces de Gibraltar , se trouve en Sicile et en Espagne : elle a une tige fort branchue, qui s’éleve à la hauteur d'environ deux pieds : les feuilles qui occupent la base de la plante, sont divisées en plusieurs segmens longs et obtus ;. mais celles des tiges sont généralement simples : SES, fleurs, qui sont petites et d’un bleu foncé , naissent éloignées les unes des autres sur la partie haute des tiges, et sont remplacées par de très - petites capsules, quelquefois simples , d’autres fois doubles, mais rarement réunies au nombre de trois, comme dans les especes communes. Cette plante est annuelle; on seme ses graines en automne, et on Ja traite de la même maniere que lespece commune ; mais, comme elle a peu de beauté, on ne la cul- tive, dans quelques jardins, que pour la variété. Elatum. La cinquieme a une ra- cine vivace, de laquelle sortent, au printems, plusieurs tiges droites, qui sclevent à la hauteur de quatre pieds, et sont garnies de feuilles ve- lues, supportées par de longs pctioles, divisées en pluseurs larges segmens DEL ct en forme d’une main ouverte ; ces segmens sont découpés, à leur extrémité, en deux ou trois pointes aiguës : ses fleurs, qui naissent sur de longs épis, sont d’un bleu clair, et couvertes en-dehors d’un duvet farineux. Cette plante fleurit en Juillet et en Août, et ses tiges pé- rissent en automne jusqu’à la racine. Grandiflorum. La sixieme, qui a cté envoyée de la Sibérie dans le Jardin Impérial de Pétesbourg, a trés-bien réussi, et ses graines m'ont ete données par le Docteur Amman, Professeur de Botanique dans cette Université : elle a une racine vivace qui pousse au printems deux ou trois tiges branchues, hautes d’environ un pied et demi, et garnies à chaque nœud de feuilles d’un vert clair, et composées de quelques segmens étroits qui se terminent en plusieurs pointes aiguës : ses fleurs sortent sim- ples vers la partie haute des tiges, chacune sur un pédoncule long et nud; elles sont larges et d’une belle couleur d’azur ; elles paroissent à la fin de Juillet, et produisent des se- mences qui muürissent en automne. Americanum. La septieme, qu'on a apportée de l'Amérique, est une plante vivace qui s’éleve à la hauteur de six à sept pieds, avec des tiges fortes, branchues, et garnies de feuilles en forme de main, unies, portées sur de longs pétioles, et di- visées en quatre ou cinq lobes ter- minés en pointe aigué ; ses fleurs , DEL 35 qui sortent des extrémités des tiges, sont d’une belle couleur bleue, et croissent en longs Cpis ; elles ont un nectaire barbu , à deux levres et de couleur foncée, qui, de quelque distance, ressemble au corps d’une abeille. Culture. Tous les pieds ¢ Alouette vivaces se multiplient par semences, qui réussissent plus sûrement quand elles sont mises en terre en automne, que quand on les garde jusqu'au printems : lorsque les plantes pous- sent, on les tient nettes, et on les éclaircit , et dès l'automne suivante on les place à demeure : ces plantes feuriront dans la seconde année ; leurs racines continueront à grossir annuellement , et produiront tou- jours un plus grand nombre de tiges de fleurs. Staphisagria. La huitieme est une plante annuelle qui croît naturelle- ment dans le Levant et dans la Ca- labre; elle s’éleve à la hauteur d’en- viron deux pieds, et produit une tige forte , velue et garnie de feuilles velues en forme de main, et compo- sées de cinq ou sept lobes cblongs, qui ont souvent une ou deux den- telures sur leurs bords : ses fleurs sortent en épis clairs de la partie haute de la tige, chacune sur un long pédoncule : elles sont d’un bleu pâle ou pourpre, et ont un nectaire formé par deux feuilles. Cette espece se multiplie par ses graines, qu'il faut mettre en terre en automne; E ij 36 DEN car si on les conserve jusqu'au prin- tems, elles ne croissent jamais dans la méme année. On les seme ou les plantes doivent rester , et elles n’exi- gent pas un traitement plus com- pliqué que le pied d’Alouette com- mun. Le même Peuple se sert de la poudre de cette plante pour détruire les Poux, d’où elle a reçu le nom d'Herbe aux Poux (1). DENT DE CHIEN. Voyez ERY- THRONIUM, DENT DE LION oz LE PISSEN- LIT. Voyez; LEONTODON. DENT AIRE. Voyezy DENTARIA PENTAPHYLLOS. DENTARIA. Lin. Gen. Plant. 726. Tourn. Inst. R. H. 225. Tab. 110. Dentaire. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice composé de quatre feuilles oblongues , ovales et qui tombent ; une corolle à quatre pé- tales obtus, et placés en forme de croix ; six ¢tamines , dont quatre sont aussi longues que le calice, et les deux autres plus courtes, et qui RE [1] Les graines de cette espece sont employées en machicatoire , comme celle de la Moutarde : on les réduit aussi en poudre, qu'on répand dans les cheveux , pour en détruire la vermine, DEN sont toutes terminées par des som- mets oblongs en forme de cœur, et crigés. Dans leur centre est placé un germe oblong , qui soutient un style court, épais et couronné par un stigmat obtus ; ce germe se change par la suite en un legume long, cylindrique, à deux cellules, divisé par une cloison intermédiaire, et qui, souvrant en deux valves, montre plusieurs semences dont il est rempli. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la quinzieme classe de LINNÉE, intitulée : Tecra- dynamie siliqueuse , qui comprend celles dont les fleurs ont quatre éta- mines longues et deux courtes, et dont les semences sont renfermées dans de longs légumes, Les especes sont : 1°. Dentaria pentaphyllos , foliis summis digitatis, Lin. Sp. 912. Crantz. Austr. p. 26. Gouan. Hort. 223. dilustr, 42 ; la Dentaire à cinq feuilles, dont celles du haut sont en forme de main. Dentaria pentaphyllos , foliis mol- lioribus. C. B. P. 322; Dentaire à cing feuilles molles. Saxi-fraga montana, radice squa- mis denticulatis, Gesn. Fasc. 1. F. i. ie. Ms 2°. Dentaria bulbifera, foliis inferioribus pinnatis , summis simpli- cibus. Hort. Cliff. 335. Fl. Suec. 565, 584. Roy. Lugd.-B. 340. Hall, Hely. N. 470, Crantz. Austr. p. 26. Scop. DEN Carn, Ed. 2. N. 813 ; Dentaire dont les feuilles basses sont ailes, er celles du haut simples. Dentaria heptaphyllos Baccifera. C. B. P. 322 ; Dentaire à sept feuil- les, qui produit des bülbes. Barbarea. Scop. Carn. x. P. $22. 3°. Dentaria enneaphyllos , foliis cernis ternatis. Lin. Sp. Plant, 653. Jacq. Vind. 119. Austr. t. 316. Crantz. Austr. p. 26. Scop. carn. Ed. 2. n. 812; Dentaire à feuilles à trois lobes. Turritis, foliis verticillatis, ternis. Scop. Carn. 1. p. 517. N. 3. Dentaria triphyllos. C. B. P. 3225 Dentaire à trois feuilles. Coralloides criphyllos. Gesn. Fasc. 4. t. 2. F. 4. Ceratia Plinii.. Col. Ecphr: Ls po 3 O8ats 307s Pentaphyllos. La premiere s’éleve a la hauteur d’un pied et demi; avec une tige forte et garnie a chaque nœud d’une feuille composée de cing lobes longs de quatre pouces, sur deux pouces de largeur, terminés en pointe aiguë, et profondément serrés sur leurs bords; ses feuilles sont unies et portées sur de longs petioles ; ses fleurs, petites et rouges, naissent en cpis clairs aux extrémités des tiges, et sont remplacées par des légumes cylindriques et remplis de petites se- mences rondes. Cette plante croît à l'ombre dans les bois de la France méridionale et de l'Italie. Bulbifera. La seconde espece a des tiges minces qui s'élevent a la DEN 37 hauteur d'environ un pied: ses feuil- les basses ont sept lobes, celles du milieu , cing ou trois , et celles du haut de la tige sont simples : ses fleurs croissent en grappes au som- met de la tige; elles ant quatre pétales obtus et de couleur pourpre, et des ICoumes cylindriques, remplis de semences rondes, leur succedent. Enneapk yllos La troisieme espece, qui s’éleve avec une tige droite jus- qu'à la hauteur d’un pied, a des feuilles composées de neuf lobes, dont trois croissent “ensemble , de sorte quelle paroit être une feuille à trois lobes triplés : ses fleurs sont produites en petits paquets au som- met de la tige, et sont suivies par de petits légumes cylindriques et remplis de semences rondes. Ces plantes croissent sur les mon- tagnes de l'Italie et dans les forêts de l'Autriche ; on trouve la seconde espece dans quelques parties de l'Angleterre , et particulièrement près de Harefield , dans des bois hu- mides et à l'ombre ; mais on la con- serve rarement dans les jardins ; elle produit , sur le côté des tiges où les feuilles sont placées, des bulbes, qui, étant mises en terre, donnent de nouvelles plantes. On multiplie ces especes par semences ou en di- visant leurs racines ; on seme leurs graines en automne, aussitôt qu'elles sont mures , dans un sol léger et sablonneux ; au printems on éclaircit les plantes qui en proviennent , et 38 DIA on les transporte dans un sol de méme nature et également expose : quand elles y ont pris racines, elles n'éxigent plus aucune culture ; mais on les tient toujours nettes : elles fleurissent dans la seconde annce, et perfectionnent quelquefois leurs semences, DENTELAIRE. Herbe au Cancer. Malherbe. Voyez PLUMBAGO Eu- ROPÆA. DEAN FHERA® Li Gen. Plane. 37. Flor. Vire. 6; la Dianthere. Caracteres. Le calice de la fleur est persistant, et formé, par une feuilte tubulée et divisée à son extrémité en cinq parties égales ; la corolle est labicé, monopétale et pourvue d’un tube court ; sa levre supérieure est refiéchie et divisée en deux parties, et l'inférieure en trois, dont celle du centre est plus large que les deux latérales : la fleur a deux étamines courtes et minces qui adhèrent au dos du pétale ; l’une de ces étamines a un sommet double, et l’autre est un peu plus élevée : le germe, qui est oblong, soutient un style mince, aussi long que les ctamines, et cou- ronné par un stigmat obtus. Quand la fleur est passée, le calice se change en une capsule à deux cellules, qui s'ouvrent en deux valves alternative- ment gonfiées au sommet et au bas; elles sont élastiques, et jettent unc DIA simple semence plate hors de chaque cellule. Ce genre de plante est de la pre- miere section de la seconde classe de LINNEE, qui a pour titre : Diandrie monogynie ; et qui comprend celles dont les fleurs ont deux étamines et un style, LINNEE a placé ce genre dans sa seconde classe , parce que ses fleurs ont deux ¢tamines ; mais , par tous ses autres caracteres, il devroit être réuni à sa quatorzieme classe. Nous ne connoissons encore qu'une espece de ce genre, qui est la Dianthera Americana , spicis soli~ tariis alternis. Lin. Sp. 24. Gron. Virg. 6 ; Dianthere avec des cpis séparés et alternes. Gratiole affinis Floridana , foliis , fioribas et capsulis in spica brevi , pediculis é foliorum alis innexis. Pluk, Amalth. 114. t. 423. F. 5. Cette plante croit naturellement en Virginie et dans d'autres parties de l'Amérique Septentrionale , d’où ses semences ont été envoyées en Angleterre : elle est basse et herba- céc; sa racine est vivace, et pousse plusieurs tiges foibles, longues d’en- viron quatre pouces, et garnies de feuilles rondes , d’une odeur aro- matique, sessiles, velues et d’un vert foncé : ces fleurs, qui sont produites en petits épis sur les côtés des bran- ches, et placées alternativement, res: semblent beaucoup, par leur forme cg D I A leur couleur, à celles duClinopodium; mais elles n’ont que deux étamines. Cette plante fleurir à la fin de Juillet et produit rarement des semences en Angleterre. Cette espece est fort rare aujour- d'hui en Angleterre, parce qu'on ne la conserve que difficilement ; car, quoiqu'elle soit assez dure pour vivre en plein air dans notre climat , elle est néanmoins fort sujette à pourrir en hiver ; et si on la met sous un abri, elle file , s’affoi- blit et périt bientôt. DIANTHUS. Lin. Gen. Plant. 500. Caryophyllus. Tourn. Inst. R. H. 329; Gillet. Caracteres. Dans ce genre le ca- lice de la fleur est long , cylindrique et persistant : la corolle est compo- sée de cing pétales , dont les onglets sont aussi longs que le calice; mais leurs lames sont larges, unies et dentelées sur leurs bords ; ils sont insérés dans Je fond du tube, et s'étendent, ens ouvrant, en-dessous : la fleur a dix éramines aussi longues que le calice, et terminées par des sommets obliques et comprimés ; dans son centre est place un germe ovale , surmonté de deux styles plus longs que les étamines , et couron- nés par des stigmats recourbés : ce germe se change , quand la fleur est passée, en une capsule cylindrique qui, s'ouvrant en une cellule à son extrémité, montre un grand nom- DIA 39 bre de semences angulaires et com- primées , dont elle est remplie. Ce genre de plante est rangé dans Ja seconde section de la dixieme classe de LINNEE, intitulée: De candrie digynie ; avec celles dont les fleurs ont dix étamines et deux styles. Les especes sont : 1°, Dianthus deltoides , floribas solitariis , squamis calycinis lance- latis binis 5 corollis crenatis.. Hort. Chiff. 164 Fl. Sue. 342, 382. Sauv. Monsp. 143 ; Gillet à simples fleurs, dont le calice est composé de deux écailles en forme de lance, avec une corolle dentelce. Betonica coronaria, s. Cariophyllus minor , folio viridi-nigricante , repens. Bauh. Hist. 3. p. 329. Caryophyllus sylvestris vulgaris ; latifolius. C. B. P. 109 ; Gillet Vierge ou Gillet des champs ou sauvage. 2°. Dianthus virgineus, caule sub- unifloro , corollis crenatis ; squamis calycinis brevissimis , foliis subulatis. Lin. Sp. Plant. 412 ; @illet avec une fleur sur chaque tige, des pétales dentelés, les écailles du calice fort courtes , et des feuilles en forme d’aléne. Caryophyllus minor repens, nostras. Rai. Syn. 335 5 petits Billets An- glois rempans , ordinairement ap- pelés par les marchands de semences, Gillers nattés. Tunica rupestris, folio casio molli , 49 D I A flore carneo. Dill. Elth. 401. T. 298. FAg8'§: 3°. Dianthus glaucus, floribus sub- solitariis squamis calycinis lanceo- latis quaternis brevibus , corollis cre- natis. Hort. Cliff. 164. Hort. Ups. 104; Gillet ayant une fleur sur chaque tige, un calice a quatre écailles courtes et en forme de lance, et des pétales denteles. Tunica ramosior , flore candido , cum corolla purpurea. Hort. Elrh. 400; @illet branchu avec une fleur blanche, marquée d’un cercle pour- pre, connu vulgairement sous le nom d’'Œiller de montagne. 4°. Dianthus plumarius , foribus solitariis ; squamis calycinis subova- tis breviffimis , corollis multifidis , fauce pabescentibus. Lin. Sp. Plant. 411. Gmel. Sib. 4. p. 135. Scop. Cara. Ed. 2.n..$0$. Sub Tunica ; Œillet avec une fleur simple, un calice couvert d’écailles courtes et ovales, des pétales découpés en plusieurs pointes et un fond velu. Caryophyllus simplex flore minore, pallido, rubente. C. B. P. 208 ; @illet sauvage, simple, avec une petite fleur pale et rouge. Gillet de Plume. Tunica, foliis glaucis, patentibus , floribus ferratis , faucibus lanuginosis. Hall. Helv, n. 897. Dianthus Caryophyllus, foribus sos litariis ; squamis calycinis subovatis brevissimis , corollis crenatis. Hort. Cliff. 164, Hort. Ups, 104. Mat, Med. 117. Roy, Lugd.-B.443.Sauy, D LA Monsp. 143 ; Gillet à fleurs sim- ples, dont les calices ont des écail- les courtes et ovales , et dont les pétales sont dentelés. Caryophyllus hortensis simplex , fore majore. C. B. P. 208 ; @illet de jardin, simple , à grosses fleurs. 6°. Dianthus Armeria, floribus ag- gregatis , fasciculatis ; squamis ca- lycinis lanceolatis , villosis tubum aquantibus. Hort. Cliff. 165. FL. Suec, 345 5 381. Roy. Lugd.-B. 443. Sauv. Monsp. 144 ; Gillet à plu- sieurs fleurs recucillies en paquet, avec un calice couvert d’écailles ve- lues, en forme de lance , et aussi longues que le tube. Caryophillus barbatus sylvestris. C. B.P. 208 ; Gillet sauvage , barbu, nommé Œiller de Deptford, et vul- gairement, @illec de Poëte. Armeria sylvestris altera. Lob. Fc. 448. Tunica, floribus umbellatis, squamis calycinis , hirsutis mucronatis , tubum equantibus. Hall. Helv. n. 900. Dianthus barbatus , floribus ag- gregatis, fasciculatis ; squamis calyci- nis linearibus , foliis lancealatis ; Œil- let ayant plusieurs fleurs recueillies en paquet, un calice avec des écail- les fort Ctroites, et des feuilles er forme de lance. Tunica barbata, Scop. Carn. Edit; N. §02. Caryophyllus barbatus hortensis y latifolius. C. B. P. ; Gillet barbu, ou Gillet de Poéte, de jardin, à larges DIA larges feuilles. TAyrsis Reneal. Spec. 47- Armerius flos alter. Dod. Pempe. 176. 8°. Dianthus prolifer, floribus ag- gregatis capitatis , fqeamis calycinis ovatis , obtusis , mutici§., tubum su- perantibus. Lin. Sp. Plant. 587. Giil- let ayant des fleurs recueillies en têtes, et un calice couvert d’écailles obtuses, ovales, remplies de paille, et plus longues que le tube. | Tunica, prolifera. Scop. Carn, Ed. 2. N. 503. Caryophyllus sylvestris prolifer. C. B. P. 1209 ; Gillet prolifère. Dianthus floribus aggregatis ca- pitatis , squamis calycinis lanceolatis, aristatis , corollis crenatis ; Billet avec des fleurs recueillies en tètes, des écailles au calice, en forme de lance ct barbues, et des pétales dentelés. Caryophyllus montanus umbellatus, floribus variis, luteis, ferrugineis, Ita- licus. Barrel. Obs. 648 ; Gillet de montagne, à ombelle d'Italie, avec des fleurs qui passent du jaune au couleur de fer. [ Dianthus Chinensis , floribus soli- tariis, squamis calycinis subulatis pa- tulis , tubum equantibus , corollis cre- natis. Hort. Cliff. 164. Hort. Ups. 104. Roy. Lugd-B. 443; Gillet ayant une simple fleur sur chaque tige , un calice à écailles étendues, en forme daléne, ct égales au tube, et des. pétales dentelés. Caryophyllus Sinensis supinus, Leu- Tome IIT, DIA 4Y coit folio, flore unico. Tourne Ad. Pay. 1705 ; Gillet de la Chine. 11°. Dianthus arenarius, cauli- bus unifloris 5 squamis calycinis ova- tis. , obtusis , corollis multifidis , fo- liis linearibus. Flor. Suec. 348 5 384 @illee dont la fleur est simple sur chaque tige, les écailles du calice ovales et obtuses, les pétales di- visés en plusieurs pointes, et les feuilles étroites. Caryophyllus sylvestris humilis , flore unico: C. B. P. 209; Giller. nain, sauvage, avec une seule fleur. Gillet de sable. Cariophyllus sylvestris 1. Clus, Hise. 1.p:.282. Dill. Elth. 402.7 Dianthus caule simplici uniftoro. Monnier. Obs. 152. Dianthus foliis brevibus ; squamis muticis, caule unifloro. Sauv. Meth, 143: Armerius flos tertius. Dod. Pempt. 176. dé Tunica arenaria. Scop. Carn. Ed. 2. N. §08. 12°. Dianthus Alpinus, caule uni- floro, corollis crenatis ; squamis taly- cinis exterioribus tubum aquantibus, foliis linearibus , obtusis: Lin. Sp Plant. 412. Jacq. Austr. t. §2. Pall. Ie. 3. p. 3.45: Gillet à une seule fleur, ayantdes pétales dentelés, les écailles du calice égales au tube, et des: feüilles étroites et obtuses. : Caryophyllus pumilus 5 lacifolius. CG. B.P. 209; Gillet nain à larges feuilles, Dia. Caryophyllus sylvestris 2. Clus. Hist. 1 p.\283.f-'t. 13°. Dianthus superbus , floribus paniculatis ; squamis calycinis: bre- yibus , acuminatis , corollis multifido- capillaribus , caule erecto. Amen, Acad. 4, p. 2.72. Fl. Suec. 2. p. 383. Jacq. Obs. 1: p. 40. t. 25. Kniph. Cent. 11. n. 39; Gillet avec des fleurs en panicule, des calices cou- verts d’écailles garnies de courtes pointes ; des pétales divisés en plu- sicurs parties, et une tige droite. Caryophyllus sylvestris v1. Clus. Hist. 1. p. 284. 14°. Dianthus diminutus, floribus solitariis ; squamis calycinis octonis, florem superantibus. Lin. Sp. 587 ; Gillet ayant une simple fleur sur chaque tige, et huit écailles qui s'elevent au-dessus des pétales de la fleur. Caryophyllus sylvestris , minimus. Tab&n. Hist. 290. Caryophyllo prolifero affinis 5 unico ex quolibet capitulo flore. Bauh. Pin. 219: Delroides. La premiere espece a des tiges rempantes, d'où sortent plusieurs têtes touffues, fortement garnics de feuilles étroites, dont les bases sont placées les unes au-dessus des autres, et embrassent les tiges ; du centre de ces feuilles sortent des tiges qui s’élevent jusqu’à la hauteur de six pouces, sont garnies à cha- que nœud de deux feuilles étroites, herbacces et opposées, et sont ter- A2 D TA minées chacune par une simple fleur. Cette plante fleurit en Juin et en Juillet, et ses semences mürissent en automne. Cette espece est raré- ment admise dans les jardins; car sa fleur n’a point de beauté. Virgineus. La seconde est une plante basse et trainante, dont les tiges, qui sont couchées sur la terre, fort près les unes des autres, sont garnies de feuilles courtes, étroites, herbacées et d’un vert foncé , et sont terminées par de petites fleurs rou- ges, placées chacune sur un pédon- cule sépare. Cette plante fleurit dans le mois de Juillet, et ses semences müûrissent en Septembre ; elle croit uaturellement dans plusieurs parties de l'Angleterre; mais on ne la cul- tive pas souvent dans les jardins : on en formoit cependant autrefois des bordures dans les jardins à fleurs, où elle étoit connue sous le nom d'Œillet natté , qui lui à été donné dans les boutiques. Glaucus. La troisieme croît natu- tellement parmi les rochers, dans la province de Sommierset , et dans quelques autres parties de l'Angle- terre; on la cultivoit autrefois dans les jardins, sous le nom d’ Giller de montagne ; elle ressemble à la se- conde espece ; mais ses feuilles sont plus courtes et d’une couleur gri- satre ; ses tiges sont aussi plus élevées et produisent plus de bran- ches : ses fleurs sont plus grosses, blanches , et ont dans leur fond un DIA cercle de couleur pourpfe, sem- blable à celui de I'Gillet appelé Œil de Faisan : comme ces fleurs n'ont point d’odeur , on ne les con- serve gueres dans les jardins. Plumarius. La quatrieme est un petit Gillet simple et de couleur rouge pâle, qu'on cultive dans les jardins, mais qu'on rencontre sou- vent en Angleterre sur les anciens batimens et les vieilles murailles. Coryophyllus. La cinquieme est aussi un petit @illet simple, qui est depuis long-tems rejetté des jar: dins ; mais on croit que plusieurs belles fleurs de ce genre, qu’on cul- tive à présent, onc été obtenues par Ja culture d’une de ces especes. Armeria. La sixieme se trouve dans plusieurs parties de l’Angle- terre , et sur-tout dans une prairie aux environs de Deptfort en Kent ; ce qui lui a fait donner le nom d'Œillet de Deptfort. C'est l'espece appelée Giller de Poéte du Pays: ses fleurs, qui croissent en grappes aux extrémités des branches, sont rouges , et ont des calices à longues barbes : je l'ai cultivée pendant plus de quarante ans, et ne l'ai jamais vu varier. Barbatus. La septieme est l'Œïllet de Poëte on Gillet barbu, Sweee Williams , qui est depuis long-tems cultivée dans les jardins comme fleur d'ornement, et dont il y a plusieurs yarictés qui different dans la forme ¢t la couleur de leurs fleurs , ainsi Tome III, que dans fa largeur ec fornie de leurs feuilles ; celles qui ont. des feuilles étroites, Ctoient autrefois connues, parmi les jardiniers, fous le nom de Doux-Jean , et celles à larges feuilles, sous celui de Doux- Guillaume: ces deux especes four- nissent quelquefois des fleurs dou- bles, qui font un très-bel effet dans les jardins. Prolifer. La huitieme croît sans culture dans la France méridionale. En Espagne et en Angleterre, elle est annuelle, et s'éléve a la hauteur d’en- viron un pied, avec une tige droite, garnie de feuilles étroites et herba- cées, et terminées par dé petites têtes ou grappes de fleurs d’un rouge pile , qui sont renfermées dans un calice commun et écailleux : comme ces fleurs ont peu de beauté, on admet rarement cette espece dans les jardins. Ferrugineus. La neuvieme est bis- annuelle ; sa tige droite et haute d’un pied et demi, produit à chacun de ses nœuds deux feuilles longues, étroites , opposées, d’un vert foncé, férmes et terminées en pointe ai- guë , elles enveloppent la tige de leurs bases : ses fleurs, qui naissent en paquets serrés aux extrémités des tiges, sont jaunes et de couleur de feu; elles ont des çalices roides et barbus: ces fleurs paroissent en Juillet, et leurs semences murissent en automne. Chinensis. La dixieme, à laquelle FE 2 s 44. DIA on donne le nom d'Œillet de la Chine | parce qu'elle a été apportée de cette contrée, n’a point d’odeur, mais ses fleurs sont extrémement variées , ct la culture les a singuli¢- rement perfectionnées ; quelques- unes dentr’elles , qui sont devenues très-doubles, ont un si grand nom- bre de pétales, et offrent des couleurs si vives, qu'on ne peut pas voir une fleur plus riche : ces plantes ont rare- ment plus de huit ou neuf pouces de hauteur ; elles poussent de tous côtés des branches érigées qui sont toutes terminées par une seule fleur ; elles fleurissent en Juillet, et leurs fleurs se succèdent jusqu'a ce que la gelée les arrête; leurs racines subsistent deux ans dans une terre séche. Arenarius. La onzieme, qu'on trouve en Angleterre sur les vieilles murailles et les anciens bâtimens, est un petit Gillet simple, d'une odeur douce, mais d’une couleur pâle et de fort peu d'apparence, qu'on a entierement négligé depuis que d’autres especes plus belles ont été encore améliorées par la culture. Alpinus. La douzieme est origi- ginaire des Alpes; ses feuilles sont rondes, courtes et émoussées; ses tiges s’elevent au plus à quatre pou- ces de hauteur, et sont terminées chacune par une fleur simple, d’un rouge pâle ; on la conserve quelque- fois dans les jardins de Botanique pour la variété; mais on la cultive rarement ailleurs. DIA Superbus. La treizieme, qu'on rencontre en Allemagne et dans le Danemarck , a des feuilles sembla- bles à celles de ’@illet de Poëte du Pays, à feuilles étroites; sa tige, dont la hauteur est d'environ un pied, est terminée par une simple fleur à cinq larges pétales d’un rouge pâle, et découpés en plusieurs seg- mens longs. Les racines de cette espece subsistent trois ou quatre ans, et comme dans la seconde année elle est dans sa plus grande beauté, il faut la multiplier annuellement par ses graines, qui mürissent très bien en Angleterre. Diminutus. La quatorzieme est une. plante fort petite, qui a des feuilles courtes, étroites et disposées en têtes serrces : sa tige, qui s’¢leve tout - au - plus à la hauteur de six os : pouces , est terminée par une sim- ple fleur d'un rouge pale; comme elle n'a rien de remarquable, on ne la conserve que dans les jardins de Botanique, pour la variete. Culture. Les especes dont il vient d'etre question, sont regardces par les Botanistes , comme les seules qui soient distinétes ; et toutes les belles fleurs de ce genre que l’on conserve dans les jardins, ne sont que des variétés accidentelles de celles-ci, et obtenues par la culture : le nom- bre de ces varictés est si considéra- ble, et il saugmente tellement d'année en année, qu'on a rejetté absolument toutes les vieilles fleurs DIA qui ne peuvent leur être comparées pour la beauté. Les plantes de ce genre peuvent étre naturellement divisées en trois classes ; la premicre renfermera tou- tes les vari¢rés d'Œüllets; la seconde, tous les Billets de couleur de chair; et Ia troisieme, les @illets de Poéte; car, quoiqu ils s'accordent tous dans leurs caracteres principaux, et qu'ils soient tous compris dans le mème genre par les Botanistes , cependant ils ne varient jamais l’un dans l’au- quoique la couleur de leurs fleurs soit sujette à beaucoup d’alté- ration. Je vais décrire ces plantes, et don- ner la méthode de les cultiver, d'aprés cette division , en commen- gant par l'Œillet, dont on conserve un si grand nombre de variétés dans les jardins. Les principaux sont l'Œillet de Damas, le blanc, l'Œül de Faisan en fleurs doubles et simples, qui varient considérablement en gros- seur et en couleur, l'Œiïllet rouge commun, l'Œüllet de Cub, l'Œillet de d'Obson, l'Œüllet blanc de Cub et I'Gillet de Bat. L’Gillet de Vieil- lard et l'Œillet de la Dame Fardée, appartiennent plutôt a l'Œillet de couleur de chair, qu'on appelle en Anglois Carnation. L@illet de Damas , qui est la premiere des especes doubles, n’a qu'une tige fort courte; il est moins Jarge et moins double que plusieurs Di A 45 autres. Sa couleur est d’un pourpre pale, tirant vers le. rouge; mais son odeur est très-agréable. Celui qui fleurit ensuite est l'Œillet Shock ou blanc, qu'on a ainsi nommé à cause de la blancheur de ses fleurs : le bord de ses pétales est fort dentelé et frangé, et son odeur est aussi fort agréable. Aprés ces deux premieres vien- nent les diverses especes d'œil de Faisan , qui produisent souvent de nouvelles varictés , auxquelles les personnes qui les élevent donnent differens noms, et quelquefois celui de l'endroit où ils sont nés : quel- ques-uns ont de fort grosses fleurs doubles ; mais ceux dont le calice et le legume crevent , ne sont pas aussi généralement estimé que les autres. L'@illet de Cub fleurit après ces derniers : ses tiges sont beaucoup plus hautes que celles des précédens ; ses fleurs, très-doubles et d’un rouge brillant, répandent une odeur plus agréable que toutes les autres espe- ces, ainsi elles méritent une place de préférence dans les beaux jardins. Ces fleurs paroissent depuis la fin de Maijusqu’aumilieu de Juillet, et l'œil de Faisan, appelé Gillet de Bar, donne encore de nouvelles fleurs en automne. L’G@illet à téte de Vieillard et la Dame Fardée, ne fleurissent pas avant le mois de Juillet, et viennent en mème-tems que la Carnation ou 46 DIA l'Œillet de couleur de chair, auquet ils ressemblent beaucoup. La couleur naturelle du premier , est le pourpre rayé et tacheté de blanc ; mais il paroit souvent d'un pourpre uni : cette espece continue à fleurir jus- qu'aux premicres gelées de l'au- tomne ; elle est recherchée à cause de l'odeur agréable de ses fleurs. La Dame fardée n’a pas une odeur aussi douce, ct ne fleurit pas aussi long - tems ; mais la vivacité de ses couleurs la rend précieuse. On multiplie les Œillets communs, ou par semences, qui est le moyen d'obtenir de nouvelles varictés, ou par marcottes, comme on le fait pour les Œillets de couleur de chair ; ou enfin par boutures, qui prennent très-bien racine quand on les traite convenablement, Pour les multiplier par semences, on doit apporter le plus grand soin dans le choix qu'on en fait, et pren- dre celles des meilleures especes ; on les seme au printems, et on traite les plantes qui en proviennent, sui- vant la méthode qui sera prescrite pour les Œillets de couleur de chair, en observant seulement que les Œil- lets Pinks ou de Poëte, étant moins délicats, peuvent être traités plus durement : ceux de boutures cxigent aussi le même traitement que ceux de Carnation , sur lesquels on trouvera gi-après d’amples instructions. Les Œiliers à tête de Vieillard et go la Dame Fardée, se multiplient D I A ordinairement de la même maniere; mais la plupart des autres ne peuvent Petre que par boutures. On plante les boutures vers la fin du mois de Juillet; et, si le tems est à la pluie, elles réussiront plus sûre ment ; si la saison est sèche, il faudra les arroser chaques deux jours, jus- qu'à ce qu'elies aient pris racine: on les plante dans une plate-bande à Fombre, dont on a rendu la terre bien meuble, dans laquelle on a mis beaucoup de fumier , et qu'on aura arrosée quelques heures avant, s'il ne tombe point de pluie. On déta- che les boutures des plantes qu'on veut multiplier, on Ote toutes les feuilles qui garnissent leurs bases, et on les met en terre aussi-tôt ; car si on les conservoit long-tems avant de les planter , elles se faneroient et ne pousscroient plus : on laisse entre elle un espace de trois pouces en quarré, on comprime bien la terre tout au tour , et on les arrose co- picusement ; on répete ces arrose- mens aussi souvent quelles en ont besoin, jusqu'a ce qu'elles aient formé des racines ; apres quoi elles nexigeront plus aucun soin que d'être tenues nettes de mauvaises herbes : en automne on les trans- plantera à demeure dans les plates- bandes des jardins à fleurs, Quel- ques personnes plantent plus tard les boutures d'Æiüllet Pinks, ou de Poëte; mais elles ne deviennent ja- mais aussi fortes, et ne fleurissent DIA pas aussi bien que celles qui sont mises en terre de bonne-heure. Je vais passer a présent a la cul- ture des Œillets de Carnation ou de couleur de chair, que les Fleuristes divisent en quatre classes. La premiere est appelée Flakes ou flambée : elle n'a que deux cou- leurs , et ses raies sont larges et pénetrent tout-a-fait à travers les feuilles. . La seconde, qui est nommée Bizars , comprend les fleurs pana- chées en trois ou quatre différentes couleurs , et dont les raies ou taches sont irrégulieres. La troisieme est connue sous le nom de Piqueté ; ses fleurs ont toujours un fond blanc et sont ta- chetées ou piquetées d’écarlate, de rouge pourpre ou d’autres couleurs. La quatrieme enfin, qu'on appelle Dame Fardze, a des pétales rouges ou pourprés en-dessus et blancs en- dessous. Toutes ces classes fournissent un grand nombre de variétés, et sur- tout des piquetés, que les Fleuristes estiment le plus depuis quelques an- nées ; mais depuis peu les flambés sont plus recherchés qu'aucune des autres especes. Il seroit inutile de décrire toutes les variétés principales de chacune de ces classes ; car cha- que contrée en donne de nouvelles presque tous les ans; de sorte que ces mêmes fleurs, qui, dans leur origine étoient fort estimées, de- D I A 47 viennent si communes après deux où trois années, qu'elles sont de peu de valeur, sur-tout si elles ont le moindre défaut dans quelques-unes de leurs parties : le cas qu'on fait de ces fleurs n'ayant donc rien de stable, puisqu'il dépend du caprice, ou parce qu'on en obtient fréquem- ment de nouvelles, qui, paroissant plus parfaites, font rejetter les an- ciennes par les connoisseurs dans ce genre, il seroit inutile de les indi- quer par leurs noms, qui, pour la plupart, sont empruntés des noms et des titres de quelques personnes de qualité, de ceux des lieux qui les ont vu naître, ou des amateurs qui les ont obtenues. On multiplie ces fleurs par se- mences, qui est le seul moyen de se procurer des variétés nouvelles, ou par marcottes, pour conserver celles qui méritent d’être multiplices. Je vais commencer par la méthode de les semer. Quand on a de bonnes semences qu'on a recueillies soi-même, ou qui viennent d’une personne à laquelle on peut se fier, on prépare, vers le milieu d'Avril, un nombre de pots ou de caisses proportionnés à la quantité de graines qu'on veut em- ployer ; on les remplit de terre frai- che et légere, bien mêlée avec du fumier de vache, on répand les graines par-dessus , aussi également qu'il est possible , et on les couvre ensuite avec la mème terre, jusqu’à 43 D I A l'épaisseur d'environ trois lignes. On place ces pots de maniere qu'ils puis- sent jouir de l'aspect du soleil, depuis son lever jusqu'à onze heures , et on les arrose aussi souvent qu'ils en auront besoin. Un mois après les plantes paroîtront ; alors on les tien- dra constamment nettes, et on les atrosera convenablement : lorsque elles seront en état d'être transplan- tées, Cest-a dire, vers la fin de Juiliet, on préparera quelques planches dans PU sé une situation ouverte et airce, avec de la même terre que celle qui a été employée pour les pots, on les y plantera à trois pouces de distance entr'elles, on les arrosera, on les tiendra à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines, et on arrachera avec soin toutes les mauvaises herbes qui naitront parmi elles : ces plantes pourront rester ainsi jusqu'à la fin du mois d’Août; comme alors elles auront fait assez de progrès pour s'entre- mêler et se nuire réciproquement, il faudra pre- parer d’autres planches avec la meme terre dont il a été question, et les y planter à six pouces de distance ; en observant de n'en mettre que quatre rangs dans chacune, afin qu'on puisse marcotter facilement celles qui mériteront d’etre multi- pliéess car on doit les laisser dans ceite place pour fleurir. Les sentiers qu'on laisse entre les planches, duivent avoir deux pieds de -largeur, afin qu'on puisse y passer [e) DIA aisément. Si dans le temps que nous avons indiqué pour transplanter ces jeunes Œillets , il faisoit fort sec, il faudroit différer cette opération jus- qu'à ce qu'il tombe de la pluie, et même, si cela est nécessaire, jusques au milieu ou à la fin du mois de Septembre ; car il suffit que ces plan- tes aient le temps de pousser de bonnes racines avant les premieres gelées. Si l'hiver est rude, on dispo- sera des cercles au-dessus des plan- ches, afin de pouvoir les couvrir avec des nattes ; sans ce secours on perdroit plusieurs plantes; car les bonnes fleurs ne sont pas aussi dures que les communes de ce genre; après cela elles n’ont plus besoin d’autres soins que d'être nettoyces exactement. Quand les tiges de fleurs commencent à monter , on les sup- porte avec des baguettes pour em- pêcher que le poids des fleurs ne les rompe ; et lorsqu’elles sont ouvertes; on reconnoit celles qui promettent d'être belles , et on les marcotte aussitôt. On conserve, 1°. celles qui sont bien marquées et qui sou- vrent entierement sans crever. leur calice et leurs légumes, pour les mettre dans des plates-bandes et en recueillir les semences : 2°. celles qui crevent leurs legumes , mais qui paroissent d’ailleurs avoir de bonnes qualités ; on plante ces dernieres dans des pots, pour voir comment seront leurs fleurs quand elles seront bien traitées ; Car on ne peut con noître DIA noître la valeur d'une fleur avant la seconde année: voici quelles sont les qualités que les Fleuristes exigent dans ces fleurs. 1. La tige de la fleur doit être forte, et en État de supporter le poids de la fleur sans se courber. 2. Les petales de la fleur doivent être longs, larges, fermes et faciles à développer; ou, comme s’expri- ment les Fleuristes, les fleurs doivent être des fleurs libres. 3. La capsule du milieu ne doit pas avancer trop au-dessus des petales. 4. Les couleurs doivent être bril- lantes et marquées également sur toute Ja fleur. 5. La fleur doit avoir assez de pétales pour être épaisse, élevée dans son centre, et pour qu’elle soit parfaitement ronde. Quand on a fait choix des fleurs qui, par leur grosseur, sont propres à étre mises séparément dans des pots, et de celles qui sont rondes et pleines , pour les plates-bandes , on arrache toutes celles qui sont simples ou de mauvaises couleurs, afin que les bonnes puissent avoir plus d’air et de place pour se fortifier: lorsque les marcottes qu’on aura faites sur ces plantes , seront bien enracinées, ce qui aura lieu dans le mois d'Août,,on les enlevera avec précaution , et on les placera, les, unes dans des pots, et lesautres dans des plates-bandes , comme il a déjà été dit. Tome III, DIA 49 Il ny 4 pas long-temps qu'on préféroit les fleurs quis’¢panouissent entières, aux plus grosses qui cre- vent leurs legumes; on faisoit sur- tout beaucoup de cas des fleurs ron- des -dont'les pétales étaient tra- versés par de larges raies de: belles couleurs, et arrondis comme ceux de la rose; mais, comme la plupart de ces variètés, qui nous ont été apportées de France il y a quelques années, ‘sont extrémement sujettes a dégénéser en couleurs unies, ct qu'elles sont beaucoup plus tendres que celles qu'on éleve en Angleterre, on ne les estime pas autant aujour- d'hui. A présent les Gillets flambeés, qui Ss Cpanouissent entiers , ainsi que plusieurs des anciennes varictés qui avoient été rejetrées autrefois par les Fleuriftes , pour faire place à de grosses- fleurs, sont nouvellement devenus à la mode; çt en dernier lieu on a:payé très-cher telle fleur, qui, auparavant, ne coûtoit qu’un scheling la douzaine, et meme beau- coup moins; ce qui prouve bien l'inconstance -et les fantaisies des Fleuristes, Je vais donner quelques instruc- tions sur la maniere de multiplier ces fleurs par marcottes, et indiquer les soins qu’elles exigent pour deve- nir belles et grosses. On marcoite ces plantes dans le mois de Juin, aussi-tot que leurs re- jettons sont assez forts ; ce qui se fait de la maniere suivante : après G 50 D FA avoir’ retranché toutes les feuilles de la partie basse du rejetton des- tiné à étre marcotté, on choisit, vers son milieu , un nœud fort, qui ne soit pas trop près de son extré- mité ni de sa base, non plus que de la partie ligneuse de la vieille plante; on fait, avec un canif, une fente dans le milieu de ce rejetton, qu’on pro- longe vers le haut jusqu'au milieu de l'espace qui se trouve entre ce nœud et le suivant , après quoi on coupe, avec le mème canif, le sommet des feuilles, ainsi que les parties gonflées du nœud où la fente est faite ; de sorte que la partie fendue ait la forme d’une langue, et qu'il ne reste point en-dehors de peaux qui puis- sent empêcher les racines de pousser. On ameublic ensuite la terre autour de la plante, et sil est nécessaire on éleve le sol avec de la nouvelle terre, afin qu'elle puisse être à portée du rejetton destiné à être marcotté, de peur qu'étant trop basse on ne le casse où il est fendu en le forçant pour le coucher : on creuse après avec le doigt une place dans la terre, précisément à l'endroit où le rejetton peut poser , et avec le pouce on le plie doucement dans la terre, en observant de tenir son extrémité aussi droite qu'il est possible, afin que la fente puisse rester ouverte ; on fixe cette branche avec un mor- ceau de bois fourchu , assez long pour que la marcotte soit parfai- tement assujettie dans la position D I A qu'on lui a donnée. Cette opéra- tion étant terminée, on couvre lége- rement la courbure qu'on a fait décrire à la branche avec la même terre; on l’arrose légèrement pour la bien établir, et on répete cet ar- rosement aussi souvent qu'il est né- cessaire, afin d'aider les marcottes à produire des racines : cinq ou six semaines aprés, lorsque ces marcot- tes seront bien enracin¢es, on se pourvoira d’une suffisante quantité de terre, qu'on préparera de la maniere suivante : creusez, à Ia surface d'un pâturage dont le sol est de marne légère et sablonneuse , et tirez toute cette terre jusquà la profondeur de six pouces, avec la tourbe qui sy trouve; mettez le tout en tas, que vous laisserez ainsi pendant une année, pour lui donner le tems de pourrir et de s'ameublir, et que vous retournerez une fois par mois pour bien ladoucir ; mélez-y ensuite un tiers de fumier de va- che bien consommé, ou, si cela est possible , la même quantité de fu- mier d’une ancienne couche de con- combres ou de melons; mélez bien ces différentes matieres ensemble , et, si vous avez le tems, laissez encore ce mélange en tas pendant six ou huit mois avant de vous en servir , et remuez-le souvent pen- dant cet intervalle. Quoique j'aie donné cette com- position de terre comme celle qui convient le mieux à ces fleurs, ce- DIA pendant il ne faut pas s'attendre qu'elles fleuriront également bien tous les ans dans un pareil sol; car il est indispensable, pour les faire bien réussir, de varier annuellement cette composition, en y mélant dans la premiere année, comme je l'ai déjà dit, du fumier de vache, qui est d’une nature froide; et dans la seconde, du fumier de cheval bien pourri, qui est d’une qualité plus chaude, et en y ajoutant même du sable de mer, pour rendre la terre plus légere. Quant à moi, je conseillerois plutôt de planter deux ou trois mar- cottes de chacune des meilleures especes, dans une plate-bande de terre fraiche qui ne soit pas trop fumée, pour voir seulement leurs fleurs, et s'assurer qu'elles sont de bonne espece et de belle couleur, et si on en est content, de couper leurs tiges de fleurs pour ne pas laisser épuiser les racines et fortifier par-la les marcottes : c’est de ces plates-bandes que je choisirois les meilleures plantes pour l’année sui- vante, en observant d’en avoir tou- jours une succession non interrom- pue qui fourniroit de belles fleurs chaque année, pourvu que la saison soit favorable ; car il m'est pas rai- sonnable de croire que des marcottes prises sur des racines qui ont été épuisées par la production de grosses fleurs, et qui ont été poussées par artifice au-delà de leur force natu- D I A SI relle, puissent:ctre en état d’en pro- duire d’aussi grosses que celles de leurs racines-meres ‘de l’année pré- cédente ; au lieu que de nouvelles marcottes sortant d'un sol médiocre, feront des merveilles dans une meil- leure terre. Mais continuons la plan- tation de nos marcottes, qui, comme je l'ai dit auparavant, doit être faite en Août ou au commencement de Septembre. La méthode que la plupart des Fleuristes suivent ordinairement, consiste à planter leurs marcottes dans cette saison , deux ensemble, dans des pots de neuf pouces de largeur par le haut, où elles doivent rester pour fleurir ; au printems ils enlevent , sur la surface de ces pots, autant de terre qu'il est possi- ble sans déranger leurs racines, et ils en mettent en place de la nou- velle , mais semblable à celle qui a été Otée; cependant, comme il est difficile de mettre à couvert une grande quantité de ces fleurs en hiver, quand elles se trouvent dans de si grands pots, je préfere de plan- ter mes marcottes en automne, chacune séparément, dans un petit pot dela valeur d'un sou, deles placer, vers le milieu ou à la fin d'Octobre, dans une vieille couche de tan qui a perdu sa chaleur, et de les couvrir avec un châssis commun, semblable à ceux qu'on emploie pour les melons et les concombres : deux de ces châssis, qui contiennent six vitrages, G 2 52 Dit A peuvent couvrir cent -cinquante de ces pots : lorsqu'ils sont ainsi disposés, on leur donne “autant d'air qu'on le juge a propos, en Ôtant les vitrages chaque jour dans les tems doux, et ne les remettant que pendant les grands froids et les fortes pluies: dans les hivers rudes on couvrira les vitrages avec des nattes, de la paille ou du chaume de pois, pour empé- cher la gelée d'y pénétrer; ce qui suflira pour. conserver ces plantes dans leur plus grande vigueur. Au milieu ou à la fin de Février, si la saison est favorable , on trans- plantera ces marcottes pour fleurir, dans des pots de huit pouces envi- ron de largeur, dans le fond des- quels on aura eu soin de mettre des débris de pots cassés ou des coquil- les dhuitres, pour empêcher que Ja terre ne remplisse les trous qui y sont pratiqués, ce qui retiendroit l'eau dans les pots, et causeroit un grand prejudice aux fleurs : lorsque ces pots sont remplis de cette terre composce que nous avons indiquée plus hair, on enleve les plantes avec toute la motte de terre a leurs ra- cines, On em Ote un peu tout-au- tour, et on retranche toutes les fibres qui débordent ; on met ensuite ces plantes exactement dans le mi- lieu de chaque pot et à une hauteur convenable , de, maniere que les feuilles ne soient point ensevelies dans la terre ; et que la jambe ou fente ne soit pas au-dessus; après DIA quoi on remplit le pot avec la terre composée, on la presse légèrement avec la main contre la plante, et on l'arrose un peu, si le tems est sec, pour la bien établir. Cette opc- ration étant terminée, on place les pots dans une situation où ils puis- sent être à l'abri des vents du nord, et on les arrose toutes les fois qu’ils en ont besoin, Ces pots pourront rester ainsi jusqu’au milieu ou à la fin d'Avril; alors on préparera un gradin avec des planches, et on les y placera : mais on doit avoir soin de disposer sous chaque poteau qui soutiennent ce gradin, des vases remplis d’eau pour empêcher les insectes destruc- teurs d'en approcher. Linsecte le plus dangereux est le Perce-oreille , qui ronge ordinairement toute la partie basse et les onglets des pétales, dont le goût est trés-doux, et détruit ainsi toute la fleur. Ces gradins sont un peu coûteux et difficiles à concevoir pour ceux qui n'en ont jamais Vu; mais je vais en décrire un fort sim- ple, dont je fais usage depuis plu- sieurs années, qui rendra le mème service ct sera tout aussi bon que le meilleur et le plus cher qu'on puisse faire. On commence par se pourvoir de quelques terrines communes et plates, de quatorze ou seize pouces de largeur, sur trois pouces de pro- fondeur ; on les place deux-a-deux, à deux picds environ de distance en DIA fargeur , et de huir pieds dans la longueur. On met dans ces terrines des pots à fleurs renverses, dont le fond offre une surface de six pouces de diamètre , et sur ce pot un mor- ceau de bois plat et de deux pieds et demi de longueur, sur trois pou- ces d’Cpaisseur : on dispose ensuite des traverses , dont les deux extré- mités sont appuyces sur deux pots opposés , et sur ces traverses on ar- range des planches dans toute la longueur ; de maniere que deux de ces planches formeront la largeur du gradin, et qu’elles offriront assez de surface pour y placer deux rangs de pots dans lesquels sont plantés les Œüllets de carnation. Ce gradin étant ainsi disposé, on remplit d'eau les terrines sur les- quelles il est appuyé, et on la re- nouvelle à mesure qu'elle s'évapore, pour rendre le gradin inaccessible aux insectes, et garantir les fleurs de leurs attaques. Ce gradin doit être placé dans une situation ouverte à l'exposition du sud-ouest , mais à l'abri des vents du couchant, qui pourroient ren- verser les pots, et causer par-là un dommage irréparable aux fleurs dans le moment où elles s’épanouïs- sent ; il seroit même avantageux qu'il fut garanti des efforts des vents par de grands arbres, qui ne doivent cependant pas en être trop près; car leur voisinage , ainsi que celui des grands bâtimens, fait filer les DIA * 3 fleurs et les affoiblit.’ Vers le milieu du mois d'Avril, on se pourvoit de baguettes quarrées de sapin, de qua- tre pieds et demi enviren de lon- gueur, plus épaisses vers le bas ct en forme de cierge à l'extrémité; on les enfonce avec soin dans les pots aussi prés de la plante qu'il est pos- sible sans l'endommager , et on y fixe les tiges à mesure qu “elles crois- sent en hauteur; on a soin aussi de retrancher toutes les tiges ou dards de côté aussi-tôt qu’elles paroïssent, et de n’en laisser jamais que deux sur chaque racine, ct même une seule si l’on veut avoir de grosses fleurs. Vers le commencement de Juin, les fleurs seront parvenues à leur plus grande hauteur, et leurs calices commenceront à se gonfler: si quelques-unes d’entr'elless’ouvrent d'un seul côté, on pratiquera aussi- tot à l'oppose deux fentes pareilles; mais il ne faut point différer cette opération ; car aussi-tÔt que la fleur s'est jettce de côté, il n'y a plus de remede , et elle reste difforme. Quand les fleurs commencent 2 s'ouvrir, on les couvre avec un verre fait exprès pour cela : sur la base de ce verre, est un collet mince ou bobèche d’environ neuf pouces quarrés, dans lequel on fait passer le baton de la fleur. A cette bobèche sont soudés, à une distance égale les uns des au- tres, huit morceaux de plomb de six pouces et demi de longueur, qui $4 DIA s'étendent par le bas à environ qua- tre pouces de distance : dans ces plombs sont assujettis des morceaux de glace ou de verre, coupés justes pour remplir les intervalles qui s¢- parent les plombs, et qu'on borde avec un autre morceau de plomb circulaire, qui entoure toutes les glaces ; tous ces verres réunis for- ment une surface à huit angles, d’en- viron onze pouces de diametre, dont le centre est occupé par la bobèche. Quand les fleurs sont aflez ¢pa- nouïes pour être couvertes avec ces glaces, on fait un trou à travers le baton dela fleur, exactement à la hau- teur de la partie basse du calice, et on y passe un morceau de fil-de-fer mince, de six pouces a4-peu-pres de longueur, à une extrémite duquel on forme un anneau pour contenir le ca- lice et fixer la tige de fleur; on te ensuite tous les liens qui attachent cette tige, onl ’cloigne de ia baguette, de maniere que la fleur ait assez d'espace pour s'étendre sans être gence, et on la fixe dans cette posi- tion, en contournant l’autre extre- mite du fil-de-fer, à une certaine distance ; au-dessus de la fleur on pratique, dans la même baguette, un second trou, à travers lequel on passe un second morceau de fil-de- fer, d’un pouce et demi de longueur, qui puisse supporter les glaces et les empécher de glisser sur les fleurs ; on a soin aussi que ces glaces n¢ soient pas assez élevées pour que les DIA rayons du soleil et l'eau des pluies puissent passer par-dessous et frapper les fleurs , et qu'elles ne soient pas non plus assez bassespour concentrer la chaleur et brüler les @illets. Dans le meme tems, ou quelques jours après , on coupe du papier ferme, ou carton en forme de bobèche, d'environ quatre pouces de largeur, et exactement ronde, au centre de laquelle on pratique un trou de neuf lignes de diametre , à travers lequel on fait passer la partie basse de la fleur, et on fixe ce carton en-dedans du calice, pour soutenir les pètales; on observe ensuite tous les jours les progrès de la fleur , et si un côté sort plus que l’autre, on tourne le legume , et on expose le côté foible au soleil; si le tems est fort chaud, on tient les glaces à l'ombre pendant la chaleur du jour, avec des feuilles de choux, etc., pour empêcher les fleurs d’être brilces et de s'épanouir de force : quand le légume du mi- lieu commence à monter, on enleve son calice avec une pincette faite exprès pour cela : mais cette opéra- tion ne doit pas être faite trop tér, de peur que les pétales du centre n'avancent beaucoup plus que ceux des bords, et ne diminuent par-là la beauté de la fleur : si l'on s’apper- coit que ces pétales soient trop nom- breux pour pouvoir être arrangés proprement , on en arrache quel- ques-uns des plus bas , et on étend les autres en même tems, DIA Quand les fleurs sont tout-a-fait épanouies, et qu'on les coupe, il faut y mettre de nouveaux collets de papier ferme , et aussi larges que la fleur, afin qu'ils puissent la supporter entierement, et n'être vus dans au- cune partie; ces collets étant ainsi disposés, on tire en-dehors les plus larges feuilles pour former le con- tour de la fleur ; quoique plusieurs de ces pétales soient pris du centre, cela ne fait aucun mauvais eflet, parce qu'on les remplace par d’au- tres ; les plus longs de ceux qui res- tent se placent sur ceux-ci, et ainsi de suite, de maniere que la fleur entiere puisse paroitre également ronde ec globulaire sans aucun vuide ni creux. Il y a des Fleuristes qui font cette opération si adroite- ment, qu'ils font un trés-bel Gillet d'une fleur très-médiocre. Tant que ces plantes sont en fleur, il faut avoir grand soin de ne les laisser jamais manquer d’eau; mais je n'approuve point les eaux compo- sées dans lesquelles on détrempe plusieurs especes de fumiers : l’eau la meilleure qu'on puisse employer, est celle de riviere ; après celle-là , viennent celles d’étang ou de mar- res, et enfin celles de fontaines, qu'on doit exposer à l'air et au soleil pendant deux jours avant de s'en servir ; sans quoi elles donneroient lecHancre aux fleurs et les gateroient. Ces instructions sont principale- ment relatives aux gros Œiüllets de DIA Carnation, qui exigent la plus grande habileté de la part des Fleu- ristes pour les obtenir dans la per- fection dont ils sont susceptibles. Mais comme depuis quelques an- nées ces especes de fieurs sont beay- coup moins estimées , et qu'on leur préfère les Œillets qui ne crévene point, on plante généralement ceux- ci dans des pots et on les traite de la même maniere que les grosses fleurs ; mais ils n’exigent pas autant de peine : on se contente de fixer leurs tiges aux baguettes pour pré- venir leur chute, et de retrancher les boutons de cété pour fortifier la fleur du milieu , si on veut l'avoir grosse et belle: quand les fleurs com- mencent à s’épanouïr , on les met à l'abri du soleil et de l'humidité, afin de prolonger leur durée. Quoique les plus belles de ces fleurs soient ordinairement mises dans des pots et soigneusement trai- tées, on pourroit cependant en plan- ter quelques-unes dans les plates- bandes des jardins à fleurs, où elles produiroient un effet trés-agréable , depuis le commencement de Juillet jusqu'au milicu d’Aout, sur-tout si les différentes couleurs étoient en- tremélces avec goût; si on prend ce parti, on doit réunir les flambés et les bizards avec les piquetés, et ne les point placer séparément, à moins qu'on ne veuille en recueillir les grai- nes : dans ce ças on choisit les plus beaux de chaque espece, et on les 56 DIA . place dans des plates-bandes, à une certaine distance les uns des autres, sur-tout lorsqu'on veut les avoir parfaitement purs ; car le voisinage “des autres especes ne manque gucres de les altérer, au point que leurs semences produisent ‘des especes nouvelles; mais je n'ai jamais vu de graines d'Œillets flambés don- ner des fleurs piquetées, ni celles qui avoient cté recucillies sur ces dernieres, produire des Œüllets pi- ; quetés. Les plantes de pleine terre four- nissent généralement de meilleures graines que celles des pots; mais quand on se propose d'élever des Œiüllets de semence, il faut toujours conserver pour cela les meilleures des fleurs séminales, parce qu'il est certain que celles qui ont été mul- tiplices pendant quelques années pat imarcottes, deviennent stériles et ne produisent plus de graines; ce qui s'observe aussi sur la plupart des autres plantes , tandis qué les jeunes @illets nouvellement ‘obtenus de graine, sont toujours les plus fé- conds, et donnent annuellement des variétés nouvelles, qu'on peut mul- tiplier autant qu'on le veut en les marcottant. Je vais passer à present à la cul- ture de l’espece à laquelle on donne le nom d'Œilles de Poéte , dont on connoit un grand nombre de va- rictés à ficurs simples, teintes de différentes couleurs, et trois ou DIA quatre 4 fleurs doubles. Quelques- unes, qui ont des feuilles étroites, Étoient nommées autrefois Doux Jean ; mais à present on ne les dis- tingue plus des autres, parce qu’on a remarqué que cette variCté n’est point constante , et quelle n'est qu'un produit accidentel de sc- mence. Quelques-unes des varictés 4 fleurs simples, offrenc des couleurs fort riches, qui sont trés-susceptibles daltération lorsqu'on les multiplie de semence , et qui se nuancent sou- vent de maniere à produire des fleurs panachées. Les autres, dont le centre est d’un rouge léger bordéde blanc, sont nommées Dames Fardées. Quand on désire conserver , sans altération, quelques-unes de ces varictés, on marque les meilleures fleurs de cha- cune, et on arrache toutes les. autres, de peur que leur poussiere fécon- dante ne les imprégne, et ne les fasse varicr. -La Dame Fardée est une trés- belle variété : ses tiges ne s’élevent pas aussi haut que celles de la plu- part. des autres; ses bouquets de fleurs sont plus gros et plus en om- belle; ses fleurs sont d’une hauteur égales, et ont unc plus belle appa- rence : il y en a d’autres dont les tiges s’élevent à trois pieds de hau- teur, et dont les fleurs sont ‘d'un rouge foncé ou de couleur écarlate. Toutes ces fleurs paroissent en même D I A tems que les Œillets de Carnation ; mais, comme elles n'ont point d’o- deur, on en fait moins de cas. On multiplie généralement les especes simples par leurs graines, qu'on seme à la fin de Mars ou au commencement d’Avril, dans une plare- bande de terre légere : au mois de Juin on prépare quelques plates-bandes et on les y transplante à six pouces de distance entr'elles : ces plantes peuvent rester ainsi jus- qu'a la Saint Michel; alors on les place à demeure dans des plates- bandes de parterre, ou dans quel- que lieu à l'écart, où elles fleuriront dans le mois de Juin de l'année sui- vante, et perfectionneront leurs se- mences en Août ; on remarquera alors les meilleures fleurs pour en conserver les graines. On les multiplie aussi en divisant leurs racines à la Saint-Michel ; mais cette méthode est peu en usage, parce que celles qui viennent de semence fleurissent toujours mieux, et qu'on obtient aussi par ce moyen des variétés nouvelles. Les quatre especes à fleurs dou- bles sont : 1°. celle à larges feuilles , qui a des fleurs fort doubles et d’un pourpre foncé tirant sur le bleu; mais comme cette espece crève son calice , elle n'est pas autant recher- chée que les autres, et les curieux l'ont même bannie de leurs jardins. 2°. La double Rose ou Gillet de Poéte , dont les fleurs sont d’une Tome III. D 14 57 belle couleur de rose foncée, et d’une odeur agréable. Celle- ci est fort estimée pour la beauté et l'odeur de ses fleurs; son calice ne crève ja- mais, et ses pctales, entièrement ou- verts, ne pendent point vers le bas comme ceux de la prétédente. 3°. Le Mule, ou. Fair-child, qui veut dire bel enfant, a des feuilles plus étroites qu'aucun des précédens, et est une des variétés appellées Doux Jean: on prétendoit qu'elle avoit été produite par les semences d’un Gillet de Carnation, impregné par la poussiere fécondante d’un @illet de Poëte : ses fleurs sont d’un rouge plus brillant que celles de la seconde; mais les bouquets qu'el- les forment sont un peu moins lar- ges; leur odeur est d’ailleurs fort agréable. La quatrieme espece a de belles fleurs panachées. Les especes doubles se multiplient par marcottes comme les Œüilets de Carnation ; elles aiment un sol médiocre et pas trop léger; s'il est trop ferme ou trop fumé, elles sont sujettes à pourrir : les fleurs sont trés- belles et durent fort long-tems. La troisieme est préférable à toutes les autres ; elle Aeurit deux fois , la pre- miere en Juin, et la seconde en Juillet; mais elle est fort sujette au chancre et a la pourriture, sur- tout quand elle est plantée dans un sol trop humide ou trop sec, ou qu'on l'arrose avec de l’eau de source. Ces fleurs sont fort propres à H 58 D 1 À orner des cours, lorsqu'elles sont mises en pots et qu'elles sont bien fleuries. Quoiqu’on regarde généralement lPŒillet de la Chine comme une plante annuelle, parce que celles qui ont été élevées de semence, fleurissent et produisent des graines miires dans la même saison; cepen- dant quand elles se trouvent plantées dans un sol sec, elles durent deux années, et produisent même dans la seconde un plus grand nombre de fleurs que dans la premiere : ces fleurs, qui sont toutes teintes de couleurs fort riches, varient annuel- lement quand elles sont élevées de semence. Les doubles fleurs de cette espece sont les plus estimées , quoi- que les couleurs des simples soient plus belles et plus distinctes , parce que la grande quantité de pétales des doubles , cachent les ombres ou raies profondes qui sont trés-mar- quées vers la base des simples. On multiplie ces plantes en semant leurs graines vers le commencement d’A- vril, sur une couche de chaleur tempérée, pour avancer leur végé- tation ; quand elles commencent à pousser, on leur donne beaucoup d'air pour les empêcher de filer, et aussi-tot que le tems le permet on les expose au plein air : trois semaines ou un mois apres , elles seront en Ctat d’être déplacées ; alors on les enleve avec de bonnes raci- nes , et on les plante dans une plate- D I°A bande de terre riche , à trois pouces d'intervalle entr’elles : on les tient à l'abri du soleil jusqu'a ce qu’elles aient formé de nouvelles racines, et on les arrose trois ou quatre fois par semaine dans les tems secs : on les tient ensuite constamment nettes, et à la fin du mois de Mai on les transplante où elles doivent fleurir ; si on les enleve avec une grosse motte de terre à leurs racines, elles - ne se ressentiront point du tout de ce dérangement, sur-tout s’il tombe de la pluie. Comme ces plantes ont peu de volume, elles font peu d’effet quand elles sont placées seules dans les plates-bandes du parterre ; mais si on les laisse croître naturellement, ou qu'on place cinq ou six de ces racines ensemble , elles sont alors très-agréable, sur-tout si plusieurs variétés se trouvent réunies. Les curieux Amateurs de cette es- pece de fleur, apportent un trés-grand, soin dans le choix des semences ; ils ne laissent jamais de fleurs simples parmi les doubles, et ils les arra- chent aussi-tôt qu’elles se montrent ; ils Gtent aussi celles qui ne sont pas d’une couleur agréable et vive : si on observe avec soin ces précau- tions, on conservera ces fleurs dans leur plus grande perfection; on fera. cependant encore mieux de changer de semence une fois chaques deux ans; mais il faut pour cela avoir la connoissance d’une personne sur DIG Faquelle on puisse compter, qui ait le même goût et qui demeure à une certaine distance (1). DIAPENSIA. Voyez FANICULA. DICTAME faux. Woye; MaR- RUBIUM PSEUDO-DICTAMNUS. DICTAME DE CRÈTE. Voyez ORIGANUM DICTAMNUS. DICTAME BLANC. Voyez Dic- TAMNUS ALBUS. Fraxinella. DICTAMNUS. Lin. Gen. Plant. 468. Fraxinella. Tourn. Inst. R. H. (1) Les Gillets ne sont pas seulement un objet de curiosité , on en prépare en- core des remedes salutaires ; les plus sim- ples et les plus odorans sont préférés à tous les autres pour les usages de la Mé- decine; leurs propriétés résident presque uniquement dans leur principe odorant, qui, quoique très-subril, se conserve encore en partie dans les fleurs defféchées: Jes @illets sont échauffans , sudorifiques et alexitères ; ils fortifient l’estomach, calment les symptômes hystériques , exci- tent dans les humeurs un mouvement qui les dispose à être évacuées par les pores de la peau, raniment les forces languis- santes, et hâtent la fortie des différentes éruptions cutanées : on emploie ces fleurs sous la forme d’infusion , de conserve et de syrop, dans les fievres putrides , ma- lignes et exanthématiques , dans les pal- pitations, les indigestions, etc. pu D pétales oblongs et inégaux , Dic 59 430. Taë. 243; Fraxinélle, ou ictame blanc. On donne à cette plante le nom de Fraxinella, de Fraxinus, qui veut dire Frêne, parce que ses feuilles ont quelque ressemblance par leur forme avec celles de cet arbre; on l'appelle aussi Perir Frêne 5 - mais comme elle est depuis long-tems connue sous le nom de Dictamnus albus , Bictame blanc, dins la Phar- macopée, le Docteur LINNEE s’est servi de ce titre. Caraëtères. Dans ce genre le ca- lice de la fleur est composé de cing petites feuilles oblongues , et termi- nées en pointe ; la corolle a cinq dont deux sont tournés vers le haut, deux obliquement sur les côtés, et un autre vers le bas : la fleur a dix éramines érigées , aussi longues que la corolle, et placées entre les deux pétales de côté ; elles sont de diftt- rentes longueurs, et terminées pat des sommets quarrés et érigés. Dans le centre est situé un germe à cinq angles, qui soutient un style court, courbé et couronné par un stigmat aigu : ce germe se change dans la suite en ume capsule à cinq cellules, dont chacune a un bord comprimé qui fait saillie à l'extérieur : mais clles sont jointes intérieurement; elles s'ouvrent en deux valvules, et renferment plusieurs semences rondes , dures et luisantes. Ce genre de plante est rangé dans Hi (2 Go pyre la premiere section de la dixieme classe de LINNEE , intitulée : De- candrie monogynie , dans laquelle sont comprises les plantes dont les fleurs ont dix étamines et un style. Nous n’avons qu'une espece dis- tincte de ce genre, qui est le Diclamnus albus. Hort. Cliff. 161. Hort. Ups. 102. Mar. Med. 113. Fraxinella. C. B. P. 222 ; Dictame blanc, nominé vulgairement Fraxi- nelle. Fraxinella. Reneal. Spec. 122.t. 121. Hall. Hely. n. 1029. Il y a trois variétés de cette plante ; une a fleurs d’un rouge pale rayé de pourpre ; une seconde à fleurs blanches , et la troisieme avec des fleurs en épis courts; mais, comme j'ai observé qu'elles varient quand elles sont multiplices par se- mence , je ne les regarde que comme des produits accidentels. Comme cette plante orne beau- coup les jardins , et quelle exige trés-peu de culture , elle mérite une place dans les plus distingués ; sa racine est vivace et penetre pro- fondément dans la terre; sa tête, qui augmente annuellement en gros- seur , pousse plusieurs tiges de deux ou trois picds de hauteur , et garnies de feuilles ailes, alternes , et com- postes de trois ou quatre paires de lobes oblongs, et terminés par un lobe imrair ; ces feuilles sont unies, fermes et sessiles à la côte du milieu, qui est sillonnce en- dessous par Dire une rainure longitudinale : ces lobes sont placés obliquement à chaque côté de la côte du milieu ; mais ceux qui terminent la feuille ont leurs côtés égaux : ses fleurs naissent en épis ou thyrses , au sommet de la tige, qui a neuf à dix pouces de longueur. Toutes les parties de cette plante répandent une odeur sembla- ble à celle de l'écorce du Limon, quand on les touche ; mais si on les froisse cette odeur devient balsa- mique : elle fleurit à la fin de Mai et en Juin, et ses semences muüris- sent en Septembre. On multiplie ces plantes par se- mences, qui pousseront au mois d'Avril suivant, si celles sont mises en terre en automne aussi - tôt qu'elles sone miires ; mais quand on les garde jusqu’au printems, il est rare qu'elles réussissent , ou si elles croissent , ce n'est qu'une année apres. Lorsque ces plantes poussent, il faut toujours les tenir nettes de mauvaises herbes; et en automne, quand leurs feuilles périssent, on enleve leurs racines avec précau- tion, et on les plante dans des plan- ches à six pouces de distance entre- elles : on donne à ces planches qua- tre pieds de diametre, en laissant deux pieds de largeur aux sentiers qui les séparent : ces plantes peu- vent rester ainsi pendant deux ans; et si clles ont bien réussi, au bout de ce tems elles seront assez fortes pour fleurir ; ainsi, dans l'automne DEE de la seconde année, on les enlevera avec précaution | les placera au milieu des plates-bandes du par- terre, où elles subsisteront trente ou quarante années, et produiront d'autant plus de tiges de fieurs, qu'elles auront plus de grosseur. Toute la culture qu'elles exigent est d’être tenues nettes de mauvaises herbes, et labourées chaque année. Les racines de cette plante, dont on fait usage en médecine, sont cordiales, céphaliques, antiputrides et alexipharmaques ; on les emploie dans les maladies malignes et pesti- lentielles, ainsi que dans l'épilep- sie (1). DICTAMNUS CRETICUS. Voyez ORIGANUM. (1) La racine de Fraxinelle n’a aucune odeur, mais elle est fort amère ; cette amertume , qui réside principalement dans son principe résineux , est Ja base de ses propriétés. On emploie cette racine avec succès contre les vers intestinaux, les affections hystériques, les vices de digestion, les fievres intermittentes opiniatres, la ca- chexie, les diarrhées rebelles, les fleurs blanches invétérées , le scorbut, l'épi- lepsie, les fievres catharrales, les -affec- tions venteuses , les maladies putrides, la néphrétique , sablonneuse et pituiteufe, etc. On la donne en poudre ou en infu- sion , et on la fait entrer dans différentes compositions pharmaceutiques , telles que la thériaque, l'orviétan, l’opiat Salo- mon , &c. PT 61 DIERVILLA. Tourn. Act. R. Par. 1706. Loncera. Lin. Gen. Plane, 210 ; espece de Chevre - feuille. Dierville. Cette plante a été ainsi appelée par le Docteur Tournefort , du nom de M. Dierville, Chirurgien , qui l'a apportée d’Acadie. Caracteres. Le calice de la fleur est découpé, presque jusqu'au fond, en cing parties : la corolle n'a qu'un petale et un tube dans son fond; mais elle est divisée en cinq seg- mens , et elle a l'apparence d’une fleur en gueule : on y remarque cing étamines aussi longues que la co- rolle, et terminées par des sommets oblongs : dans son fond est placé un germe ovale fixé au calice, et surmonté par un style mince , de la longueur des étamines, et cou- ronné par un stigmat obtus ; ce germe devient par la suite une baie pyramidale , et divisée en quatre celiules, dans lesquelles sont renfer- mc¢es des semences petites et rondes. Nous ne connoissons encore qu'une espece de ce genre, qui est la Diervilla Lonicera_, Acadiensis , fruticosa , flore lureo. Act. R. par. 1706. Duham. Arb. 1. p. 209. r. 87; Dierville d'Acadie en arbrifleau avec une fleur jaune. Cest le Lonicera racemis termina- libus , foliis serratis. Lin. Sp. Plant. 275; Chevre-feuille avec des pa- quets de fleurs qui terminent les branches, et des feuilles scices. D IG Cette plante, qu'on rencontre dans les parties seprentrionales de l'Amérique, d’où elle a été apportée en Europe, est aujourd'hui mulu- pliée par les Jardiniers de pcpinieres, qui en font commerce : elle a une racine ligneuse qui s'étend fort loin dans la terre , et qui pousse, à une distance considérable , un grand nombre de rejettons, au moyen des- quels elle se propage beaucoup : ses tiges l'gneuses s’élevent rarement au-dessus d’un pied et demi de hau- teur; elles sont garnies de feuilles oblongues, en forme de cœur, ter- minées en pointe, fort légèrement sci¢es sur leurs bords, opposces et sessiles ; les sommets de ses tiges sont garnis de fleurs ; qui sortent ordinai- rement de côté, dans le lieu de lin- sertion des feuilles, ainsi que de l'extrémité de la tige; chaque pé- doncule soutient deux ou trois fleurs d’un jaune pale , petites et peu re- marquables; elles paroissent en Mai, et dans les années froides et humi- des cette plante fleurit souvent une seconde fois en Août. On la mul- tiplie aisément au moyen de ses nombreux reiettons : elle aime un sol humide, et une situation à l'ombre, où le froid ne l'endommage jamais, 62 DIERVILLE. Voy. DIER VILLA. DIGITALE. Voy. DIGITALIs. DIGITALIS. Lin, Gen. Plant. DIG 676. Tourn. Inst. R. H. 164. Tab. 73. Raii. Meth. Blant. 89. Digitale. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice persistant et découpé en cing parties; elles sont en forme de cloche et monopétales; leur co- rolle a un gros tube ouvert, dont Ja base est cylindrique et rétrécie, mais dont le bord est Iégèrement divisé en quatre portions; la levre supérieure est étendue et dentelce a son extrémité, ct l'inférieure est plus large : ces fleurs ont quatre étamines insérées dans la base de la corolle, dont deux sont plus longues que les autres, et elles sone toutes termin¢es par des sommets divisés en deux parties : quand la fleur est passée, le germe se gonfle et devient une capsule ovale, placée sur le calice, et a deux cellules rem- plies de plusieurs semences angu- laires. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la quatorzieme classe de LINNÉE, intitulée : Didy- namie angiospermie , qui comprend les fleurs pourvues de deux étamines longues et de deux plus courtes, et dont les semences sont renfermces dans une capsule. Les especes sont : 1°. Digitalis purpurea , calycinis foliolis ovatis , acutis ; corollis ob- tusis ; labio superiori integro. Hort, Upsal. 178. Pollich. Pal. n. 598. Kniph. Cent. 3. n. 37 ; Digitale dont les petites feuilles du calice sont | B:1:G ovale’ et terminées en pointe ai- guës, la corolle obtuse, et la levre supéricure entiere. Digitalis purpurea ; folio aspero. C. B. P. 243; Digitale a fleur pour- pre, ayant une feuille rude ; ou Digitale commune. 2°. Digitalis Thapsi, foliis decur- rentibus. Lin. Sp. 867 ; Digitale a feuilles coulantes. Digitalis Hispanica y purpurea , minor. Tourn. Inst. 165; la plus petite Digitale dEspagne a fleur pourpre. 3°. Digitalis lutea , calycinis fo- liolis lanceolatis ; corollis acutis ; labio fuperiori bifido. Hore Upsal. 178. Gmel. Sib. 3. p. 193. Crantxz. Austr. p. 354. Scop. Carn. Ed. 2. n. 779. Jacq. Hort. t. 105 ; Digitaie ‘dont les folioles du calice sont en forme de lance, la corolle à pointe aiguë, et la levre supérieure divisée en deux parties. Digitalis lutea 5 minore flore. Moris. Hist. 2. p. 479. sivé §. t. 8. fr 5: Digitalis foliis calycinis subula- tis , floribus imbricatis. Hort. Cliff. 318. Roy. Lugd.-B. 293. Dalib. Paris. 192. Digitalis major lutea , parvo flore. C. B. P. 2124; Digitale a, fleurs jaunes plus petites. 4°. Digitalis magno flore , foliolis calycinis linearibus , corollis acutis , labio superiori integro, foliis lanceola- tis ; Digitale dont les petites feuilles DAG 63 du calice'sont longues et étroites , les corolles à pointe aiguë, la levre supérieure entiere, et les feuilles en forme de lance. Digitalis lutea ; magno flore. G B. P. 244; Digitale a grandes fleurs jaunes. Digitalis ambigua. Lin. Sp. Plant, Nouv, Edit. t. 3. p. 193. Sp. §. 5°. Digitalis ferruginea » calycinis foliolis , ovatis obtusis ; corolle labio inferiori longitudine floris. Lin. Gen. Plant. 622 ; Digitale dontles folioles du calice sont ovales et émoussces , et dont la levre inférieure de la corolle est aussi longue que la fleur. Digitalis angusti-folia ; flare fer- rugineo, C. B. P. 244; Digitale 4 feuilles étroites, et à fleurs de couleur de fer. ~ Digitalis latifolia, flore ferrugineo. Moris. Hist. 2. p. 478. sive 5. r. 8. fost Be 6°. Digitalis Canariensis , calyci- nis foliolis lanceolatis , corollis bi- labiatis acutis , caule fruticoso. Lin. Sp. Plant, 612; Digitale dont les folioles du calice sont en forme de lance, fa corolle à pointe aiguë et a deux levres, avec une tige d’ar- brisseau. Digitalis Acanthoïdes Canariensis frutescens, flore aureo. Hort. Amst. 2. p- 105. ¢t. §3 3 Digitale des Cana- ries en arbrisseau, semblable 4 la Branche-Ursine , avec une fleur dorée. Gesneria foliis lanceolatis, ferratis, C4 DIG pedunculo terminali laxè spicato. Hort. Cliff. 318. 7°. Digitalis Orientalis, calycinis foliolis acutis, foliis ovato-lanceola- tis, nervosis ; Digitale dont les folio- les du calice sont a pointe aigué, et les feuilles, ovales, en forme de lance et nerveuses. Digitalis lutea non ramosa y scor- yoneré folio. Buxb. Cent. 25 ; Digi- gitale jaune sans branches, à feuil- les de scorsonaire. Purpurea. La premiere espece, qui croit naturellement sur les bords des haies, et à l'ombre des bois, dans plusieurs parties de l'Angleterre, est trés-rarement cultivée dans les jardins : cette plante est bis-annuelle, et produit, des la premiere année, une grosse touffe de feuilles longues, rudes et velues; et dans la seconde, une tige forte et herbacte, haute d'environ trois ou quatre pieds, et garnie de feuilles semblables à celles du bas, mais qui diminuent par dé- grés à mesure qu'elles approchent du sommet , et sont entreméles avec les fleurs : les fleurs, qui sont grosses, tubulées, en forme de dé, de cou- leur pourpre, et marquées de plu- sieurs taches blanches sur leurs levres inférieures, naissent dans un thyrse long et clair, sur un seul côté de la tige, et sont remplacées par des capsules ovales et à deux cellules remplies de semence d'un bran foncé. Cette espece fleurit en Juin, gt ses seniences murissent en au- D 16 tomne : si on leur donne le tems de se répandre d'elles-mêmes, les plantes pousseront au printems, et devien- dront des herbes embarrassantes ; mais quand on a envie de multiplier cette espece, il faut mettreses graines en terre dans l'automne, parce que celles que l’on conserve jusqu'au prin- tems , ne germent pas avant l'année suivante. Cette espece est mise, dans les pharmacopées, au nombre des plan- tes médicinales ; on prépare avec ses fleurs et du beurre de Mai, un on- guent qui est fort estimé. Cette plante donne une varicté à fleurs blanches, qu'on rencontre dans quelques parties de l'Angleterre , ct qui ne différe de celle-ci que par la couleur de sa fleur et par la forme de ses feuilles : mais ces différences sont persistantes ; car je l'ai cultivée dans un jardin pendant plus de trente ans, sans qu’elle ait éprouvé la moin- dre altération (1). Thaspi. La seconde espece, dont (1) Cette plante est un purgatif vio- lent dont on se fert peu en France , mais qu’on emploie assez fréquemment en An- gleterre, pour guérir l'épilepsie: on la fait infuser, à la dose de deux poignées, dans une sufisante quantité de bierre, pour une prise. On en prépare aussi un onguent qu'on applique sur les tumeurs scrophuleuses. Les Italiens regardent cette plante comme vulnéraire , et l'emploient dans le traitement des plaies. les DIG semences m'ont été envoyées de l'Espagne , s'élève rarement au-dessus de la hauteur d’un pied et demi; ses feuilles inférieures ont dix pou- ces de longueur , sur trois de lar- geur au milieu; elles sont tendres, laineuses, et fortement veinées en- dessous ; ses tiges sont garnies de feuilles de la même forme que celles du bas, mais plus petites : le som- met de la tige est terminé par un thyrse court de fleurs pourpre, comme celles de l’espece commune , mais plus petites, et dont les seg- mens de la corolle sont aigus. Cette plante conserve ses différences , quand on la cultive dans un jardin. Lutea. La troisieme a ses feuilles radicales longues et obtuses; sa tige, qui est mince et élevée à la hauteur de deux ou trois pieds, a ses parties basses assez bien garnies de feuilles unies, d'environ trois pouces de lon- gueur , sur un de largeur , et ter- minées en pointe aiguë; le som- met de cette tige est orné, dans la longueur de dix pouces, de petites fleurs jaunes , placées fort près les unes des autres, sur un côte, et de feuilles trés-petites et fort aiguës, fixées sur le côté opposé. La levre supérieure de la corolle de ces fleurs, est entiere et obtuse : cette plante fieurit en Juin, et ses semences mû- rissent en automne. Magno flore. La quatrieme a des feuilles longues, unies et veinées en- dessous ; sa tige est forte, haute de Tome III. DIG 65 deux pieds et demi, et garnie de feuilles de cinq pouces de longueur, sur un et demi de largeur, te:minces en pointe aiguë, divisées longi- tudinalement par plusieurs nervu- res” ‘et légèrement sci¢es sur leurs bords : la partie haute de la tige est garnie de fleurs jaunes , presque aussi grosses que celles de l’espece com- mune, dont les bords sont terminés en pointe aiguë, et la levre supé- rieure est entiere. Cette plante fleurit et perfectionne ses semences en méme-tems que la précédente. Ferruginea., La cinquieme a des feuilles étroites, unies et entieres; sa tige s’éleve à la hauteur d'environ six pieds, et pousse quelques bran- ches minces vers le bas; la partie inférieure de ses tiges est garnie de petites feuilles fort étroites, de trois pouces de longueur, sur quatre lignes de largeur, et elles sont terminées par des fleurs fort petites, dont le calice est divisé en quatre parties ob- tuses ; et la levre inférieure est beau- coup plus étendue que la supé- rieure : ces Heurs , qui sont de cou- leur de fer, s'ouvrent dans le mois de Juin; elles sont disposées sur un épi fort long, et n’ont parmi elles’ que trés-peu de feuilles. Canariensis. La sixieme est ori- ginaire des Isle Canaries, d'où ses semences , qui ont d’abord été por- tées en Angleterre, ont produit, dans le jardin de l'Evêque de Lon- dres, à Fulham, plusieurs plantes, I 66 DIG dont une partie a été envoyée dans les jardins du Roi, à Hamptoncourt, et quelques-unes en Hollande; celles de Hamptoncourt ont été détruites au bout de quelques annnées, ainsi que plusieurs autres especes curieu- ses, par l'ignorance des Jardiniers auxquels elles étoient confiées. Cette espece s’éleve, avec une tige darbrisseau , à la hauteur de cinq ou six pieds, et se divise en plusieurs branches garnies de feuilles rudes, en forme de lance, longues d’envi- ron cinq pouces, sur deux de lar- geur au milieu, mais plus ctroites vers leurs deux extrémités, légère- ment dentelces sur leurs bords , et placées alternativement : chaque branche, est terminée par un épi de quatre pouces de longueur, sur lequel les fleurs sont légéere- ment ¢parses: leur calice est dé- coupé presque jusqu'au fond, en cing segmens aigus : la levre supé- rieure de la corolle est longue, en- tiere , et forme une espece de voûte, au-dessous de laquelle sont placés les étamines et le style ; la levre in- férieure est obtuse et dentelce à son extrémité : sur les côtés de cette fleur sont deux segmens aigus, qui forment son ouverture : deux de ses étamines sont plus longues que les autres, et elles sont toutes terminées par des sommets ronds : dans son fond est placé un germe qui soutient un style mince et couronné par un stigmat ovale ; ce germe se change, DIG quand la fleur est passée , en une capsule ovale, et remplie de semen- ces oblongues et petites. Les premieres fleurs de cette es- pece commencent a paroitre dans le mois de Mai, et les autres leur succèdent jusqu'à ce que l'hiver les arrète, ce qui donne à cette plante un nouveau mérite ; on la multiplie par ses graines, qui doivent être semées dans des pots remplis de terre légere, enautomne, aussi-tôt qu’elles sont müres, et on plonge ces pots dans une vieille couche de tan, qui a perdu sa chaleur ; dans les tems doux on ote les vitrages pour intro- duire un air nouveau dans la couche, et on les remet lorsqu'il géle fort, pour préserver les semences, qui, sans cela, courroient risque d'être détruites. Lorsqu'au printems on verra paroitre les plantes, on leur procurera beaucoup d'air libre dans. les beaux jours; mais on les garan- tira avec soin du froid : quand elles seront assez fortes pour étre enlevées, on les plantera chacune séparément. dans de petits pots remplis de terre Isere, on les placerasous un chassis, où on les tiendra jusqu'à ce qu’elles aient formé de nouvelles racines, et on les accoutumera ensuite par dé- gré au plein air, auquel on les ex- posera tout-à-fait pendant l'été, dans une situation abritée : en hiver on les enfermera dans une orangerie; car elles ne vivent point en plein’air dans notre climat ; on ne les tiendra DIG cependant pas trop chaudement , ni trop serrées dans l'orangerie ; et, comme elles n’ont besoin que d'être mises à l'abri des gelées, on leur procurera de l'air dans les tems doux, et on les arrosera souvent, inais légerement. Orientalis. La septieme croît natu- rellement en Tartarie; ses semences ont été d'abord portées dans le jardin Impérial de Pétersbourg , d'où l’on men a cnvoyé quelques - unes. Cette plante pousse de sa racine plusieurs feuilles unies et en forme de lance, du centre desquelles sort une tige qui s'élève a la hauteur d'environ un pied; la partie infé- rieure de cette tige est garnic de feuilles unies, en forme de lance, longues de quatre ou cinq pouces, sur un pouce et demi de largeur, mais plus étroites vers leurs deux extrémités ; elles sont sessiles , et leurs bases embrassent la tige , dont la partie supérieure porte un cpi court et clair de fleurs jaunes, qui sont presque aussi grosses que celles de la grosse espece jaune dont on vient de parler, mais plus courtes. Cette plante fleurit dans le mois de Mai, et ses semences mürissent en automne. Les graines de toutes ces especes doivent être mises en terre en au- tomne; car, si on les conserve jus- qu'au printems , elles manquent pres- que toujours, ou au moins elles ne poussent ‘pas avant l'annéc suivante, DIO 67 Ces plantes sont bis-annuelles, ex- cepté la septieme , et elles périssent généralement aussi-tôt que leurs se- mences sont mures. DIOSCOREA. Plum. Nov. Gen. 9. Tab. 26. Lin. Gen. Plant. 99 $- Caraëteres. Les plantes de ce genre ont des fieurs mâles et des fleurs fe- melles sur differens pieds ; les fleurs males ont un calice formé par une feuille découpée en six parties; mais elles n'ont point de corolle, à moins qu'on ne regarde le calice comme une espece de corolle; elles ont six étamines courtes, velués et terminées par des sommets simples : les fleurs femelles ont un calice semblable 2 celui des fleurs mâles, mais sans co- rolle , et un petit germe à trois angles, qui soutient trois styles sim: ples et couronnés par de simples stigmats : le calice se change, quand la fleur est passée, en une capsule triangulaire à trois cellules, qui s'ou- vre en trois valves, et qui renferme, dans chaque cellule, deux semences comprimées et bordées d’une large membrane. Ce genre est compris dans la sixieme section de la vingt-deuxieme classe de LINNEE, intitulée: Diæcie hexandrie , qui renferme les plantes qui ont des fleurs mâles et des fleurs femeiles sur differens pieds, et dont Ics fleurs mâles ont six étamines. Les: especes sont : 2 D'TO 19. Dioscorea sativa , foliis sor- datis, alternis , caule Levi, tereti. Hort. Cliff. 45 9.t. 28. Fl. Zeyl.3 58. Roy. Lugd.-B. 527. Brown. Jam. 360. Rumph. Amb. 5.t. 180 ; Dios- corée à feuilles en forme de cœur et alternes , et à tige unie et cylin- drique. Dioscorea scandens, foliis Tamni, fructu racemoso. Plum. Nov. Gen. 9 ; Dioscorée grimpante à feuilles de Tamnus ou sceau de Notre-Dame, produisant un fruit en longues grappes. Volubilis , nigra, folio eordato, nervoso. Sloan. Jam. 46. Hist. p.440. Mu Kelengu. Rheed. Mal. 8. p. 97. te GAs 2°. Dioscorea hastata , foliis has- tato - cordatis , caule levi , racemis longissimis ; Dioscorée a feuilles en pointe de lance et en forme de cœur, ayant une tige unie et de fort lon- gues grappes de fleurs. Dioscorea scandens, folio hastato , fructu racemoso. Houst. Mss. ; Dios- corée grimpante , avec des feuilles en forme de lance, et des fruits en grappe. 3°. Dioscorea villosa, foliis cor- datis , alternis oppositisque, caule levi. Lin. Sp. 1463. Rumph. Amb. 5. t, 162; Dioscorée dont les feuilles sont en forme de cœur , alternes et opposées , et la tige unie. Discorea scandens , folio subro- tundo , acuminato , fructu racemoso. Houst. Mss. ; Dioscorée grimpante 68 DIO à feuilles rondes et pointues, et à fruits disposés en longue grappe. Polygonum fcandens altissimum , foliis Tamni. Plum. Spec. 1. Ic. 117. 2. Bryonie similis, Floridana, musco- sis floribus quernis , foliis subràs la- nugine villosis : medio nervo in spinu- lam abeunte. Pluk. Alm. 46. t. 375. fi$e 4°. Dioscorea bulbifera , foliis cordatis , caule levi, bulbifero. Flor. Zeyl. 360 ; Dioscorée à feuilles en forme de cœur, avec une tige unie et chargce de bulbes. Volubilis nigra, radice alb& aut purpureä ; maxima, tuberosä ; escu- tenta , caule membranulis extantibus alato , folio cordato , nervoso. Car. Jam. 46; le Yam, Yammés, ou Liseron noir a racines blanches ou pourpres, très-grosses, tubéreuses er” bonnes a manger, avec une tige garnie de membranes aîlées, et de feuilles en forme de cœur et ner- veuses. Rhizophora Zeylanica, S cammonik folio singulari , radice rotunda. Herm. pag. 217.1. 217. Rhizophora Indica, Bryonie nigra similis , ad foliorum ortum verrucosa. Pluk. Alm. 321.1 220. f. 6. Katu-Kazsil. Reed. Mal. 7. p. 69. t. 36. Dioscorea oppositi-folia , foliis oppositis , ovatis 5 acuminatis. Lin. Sp. 1483 ; Dioscorce à feuilles ovales, pointues et opposées. DIO 4 Inhame Maderasp. foliis binis pul- chré venosis. Pet. Gaz. SO: t. 31.f. 6. 6°. Dioscorea digiata , foliis digitatis. Hort. Cliff: 459 ; Dioscorée à feuilles en forme de main. Dioscorea Pentaphylla , foliis di- gicatis. Hort. Cliff. 459. Flor. Zeyl. 363. Ricophora pentaphyllos , caule spi- noso, fructu oblongo, triquetro, Malabarea, Pluk. Alm, 321%. Nureni-Kelengu. Rheed. Mal. 7. p. 67.535 Sativa. La premiere espece croît naturellement dans la plupart des Isles de l'Amérique : ses semences m'ont été envoyées de la Jamaïque, où le Docteur Houstoun l’a trouvée en abondance ; ses tiges, minces et grimpantes, s’attachent à tout ce qui se trouve dans leur voisinage, et s'élèvent ainsi à la hauteur de dix- huit à vingt pieds; elles sont garnies de feuilles en forme de cœur , ter- minées en pointe aiguë, et mar- quces dans leur longueur par cinq veines longitudinales qui partent des pétioles, se divergent des deux côtés, et se réunissent vers leur pointe : ces feuilles sont soutenues par de longs petioles, des ailes desquels sortent des épis branchus, chargés de petites fleurs qui n’ont rien de remarquable : les fleurs femelles sont remplacées par des capsules oblon- gues, à trois angles et à trois cel- jules , qui renferment chacune deux semences comprimées, DIO 69 Hastata. La seconde diffère de Ja premiere dans la forme de: ses feuilles , qui ont deux orcilles à leur base, et dont Ie milieu s'étend en une pointe aiguë, comme celle d’une hallebarde : ses grappes de fleurs sont plus longues et plus éloignées que celles de l'espece précédente. Villosa. La troisieme a des feuilles larges, rondes, en forme de cœur, terminées en pointe aiguë, et sillon- nées longitudinalement par plusieurs nervures qui partent da pétiole, se divergent sur les côtés, et se joignent à la pointe : les fleurs naissent stpa- rément les unes des autres, sur de longs chatons, et sont soutenues par de longs pédoncules, les fleurs fe- melles produisent des capsules oblon- gues à trois angles et à trois cellules, qui renferment des semences com- primées et bordées. Bulbifera. La quatrieme a des tiges ailces et triangulaires qui rem pent sur la terre, s'étendent à une grande distance, et poussent sou- vent, de chacun de leurs nœuds, des racines au moyen desquelles elle se multiplie. On mange ces ra- cines dans plusieurs parties des deux Indes, ou lon cultive cette plarte avec soin. Oppositi-folia. La cinquieme , qu'on rencontre dans Ja Virginie et dans d’autres parties de l’Amérique- Septentrionale, a une tige unie qui grimpe sur les plantes voisines, et s'éleve à la hauteur de cing ou six 70 DIO pieds; cette tige est garnie de feuilles en forme de coeur , opposées , cou- vertes d’un poil court, et veinces longitudinalement : ses fleurs sortent sur le côté de la tige comme celles des autres espéces , mais elles n'ont point de beauté. On cultive ces plantes dans quel- ques collections de Botanique ; mais comme elles n'ont pointd’apparence, il y a peu de personnes qui veulent les admettre dans leurs jardins, parce qu'elles ne peuvent d’ailleurs être conservées en Angleterre, qu'au moyen d'une bonne serre chaude. En les multipliant par marcottes, elles pousseront des racines en trois mois, et pourrént alors étre séparées des vicilles plantes et mises dans des pots, qu'on plongera dans la cou- che de tan de la serre. On les arrose peu en hiver; mais en été, quand elles croissent vigoureusement, il leur faut de l’eau trois ou quatre fois par semaine, et dans les tems chauds on Ôte les vitrages pour leur procurer beaucoup d'air. Ces plantes flcurissent rarement en Angleterre; mais quand on recoit leurs semen- ces de l'Amérique, il faut tout de suite les mettre dans des pots, et les plong cer dans une couche chaude , où les plantes pousseront dans a même année, si elles sont semées. dans le commencement du printems: mais quand on ne peut les mettre en terre que lorsque la saison est deja avancée, elles ne poussent gueres Did avant le printems suivant : dans ce cas, on tient les pots à l'abri de la gelée en hiver, et au printems sui- vant on les plonge dans une nou- velle couche chaude, qui fera bien- tôt paroître les plantes, si leurs grai- nes sont bonnes. Les Habitans des Isles de l'Amé- rique cultivent beaucoup la seconde espece, dont ils font un grand usage pour nourrir leurs Negres, et dont ils emploient les racines moulues , pour faire des especes de pouddings. On pensé, avec raison, que cette plante a été apportée des Indes en Amérique , parce qu'elle n'a été trouvée dans aucune partie de ce Continent, et qu'on en rencontre un grand nombre d’especes dans les foréts de l'Isle de Ceilan et de la côte de Malabar. Cette espece, qu'on cultive prin- cipalement en Amérique, a une ra- cine aussi grosse que la jambe, d'une forme irréguliere, d'un brun sale en-dehors, mais blanche et fari- neuse en-dedans ; ses tiges sont ir- régulicres ct veines; ses feuilles sont en forme de cœur et ont deux orciiles, à-peu-près semblables à celles de Arum. Les tiges de cette plante s’élevent à la hauteur de dix à douze pieds, quand elles trouvent à leur portée des arbres auxquels elle s’attachent ; mais sans cela elles traînent et rémpent sur la terre. On multiplie cette plante en cou- pant sa racine en morceaux, à cha- DIO cun desquels on conserve un bour- geon , comme on le pratique pour les Patates ou Pommes-de-Terre : chacun de ces morceaux produira trois ou quatre grosses racines , que les Américains laissent ordinaire- ment six ou huit mois dans la terre avant d'en faire usage. On les mange roties ou bouillies, et quelquefois on en fait du pain. On conserve cette espece dans quelques jardins pour la variété; mais elle est si tendre, qu’eile ne peut subsister en Angleterre, à moins qu'elle ne soit placée dans une serre chaude. Comme on apporte souvent ces racines de l'Amérique, si on veut multiplier cette plante, on peut en couper une , comme on vient de le dire, et planter chaque morceau dans un pot rempli de terre fraiche : on plonge ces pots dans une couche chaude de tan, et on les arrose peu jusqu'a ce qu'elles poussent , de peur que l'humidité ne les fasse pourrir: par ce moyen j'ai obtenu des bour- geons de dix pieds de hauteur ; mais leurs racines ne sont pas parvenues à une grosseur considérable. Comme cette plante ne profite pas en plein air, même pendant nos étés les plus chauds, il faut la tenir constamment dans la couche de tan de la serre chaude. DIOSMA. Lin. Gen: Plant. 241. Spiræa. Com. Rar. Plant.12. appelée vulgairement Spirea ou Mille-Pertuis d’ Afrique. D: 0 41 Caracteres. Dans ce genre le ca- lice de la fleur est persistant, et di- visé en cinq parties aiguës et unics à leur base; la corolle est compose de cinq pétales obtus, qui s'ouvrent et sont aussi longs que le calice; la fleur a cinq éramines terminées par des sommets ovales et érigés, et un nectaire creux à cinq pointes, ct placé sur le germe; de ce nectaire sort un style simple et couronné par un stigmat affaissé, et le germe devient un fruit composé de cinq capsules comprimées, qui s'ouvrent en longueur, et renferment chacune une semence unie et oblongue. Ce genre de plante est'rangé dans la premiere section de la cinquieme classe de LINNÉE, ou dans sa Pen- tandrie Monogynie, qui comprend les plantes dont les fleurs ont cing étamines et un style. Les especes sont : 1°. Diosma. oppositi-folia , foliis subulatis ; acutis , oppositis. Hort. Clif. 71. Roy. Lugd.-B. 434; Diosma à feuilles aiguës en forme daléne et opposées. Spirea Africana , foliis cruciatim positis. Com. Rar. 1. Tab. 1. ; Spiræa d'Afrique à feuilles placées en forme de croix. Hypericum Africanum, vulgare. Seb. Thes. 2. p. 41.1. 40:f. §. 2°. Diosma hirsuta , foliis linea- ribus 5 hirsutis. Hort. Cliff. 71. Roy. Lugd.- B. 434; Diosma à feuilles étroites et velues, 75 DIO Spirea Africana , odorata , foliis pilosis. Com. Rar. Plant. 3. Tab. 3.5 Mille - pertuis d’Afrique a odeur douce , dont les feuilles sont velues. 3°. Diosma rubra, foliis linearibus , acutis, glabris, carinatis, subtis bifa- riam punctatis. Lin. Sp. Plant. 198 ; Diosma à feuilles unies, étroites, terminces en pointe aiguë, et ta- chetées en-dessous. Spirea Africana , odorata , floribus suave-rubentibus. Com. Rar. Plant. 2. Mille - pertuis d'Afrique à odeur agréable, dont les fleurs sont d’un rouge clair. Erica Æthiopica , Rosmarini syl- vestris folio eleganter punctato , flore tetrapetalo , purpureo, Pluk. Mant. 68.t. 347. f. 4. Bruyere d’Ethiopie. 4°. Diosma Ericoides , foliis li- neari-lanceolatis , subtis convexis, bi- fariam imbricatis. Lin, Sp. Plant. 198.; Diosma a feuilles étroites, en forme de lance, convexes en- dessous , et imbriquées sur les deux côtés, Spirea Africana , Erice bacciferæ foliis. Raii. Hist. 91.; Mille-pertuis d'Afrique à feuilles semblables à celles dela Bruyere , portant des baies, Erica-formis, Caridis folio, Æthio- pica, floribus pentapetalis , inapicibus. Pluk. Amalth. 236. 5°. Diosma lanceolata, foliis lan- ceolatis ; glabris. Lin. Sp. 287 ; Diosma à feuilles unies et en forme de lance, D 10 + Spirea Africana, Satureia foliis brevioribus. Rai. Dendr. 91. Hartogia Lanceolata. Sept. Not. P: 625. Opositi-folia. La premiere espece s'éleve à la hauteur de trois pieds ; ses branches sont fort longues, min- ces et placées irrégulièrement sur la tige : ses feuilles, qui sont situées en travers et pointues, se replient tous les soirs vers les branches; ses fleurs naissent dans la longueur des bran- ches entre les feuilles; et le soir , quand elles sont épanouïes , et que les feuilles sont collées étroitement contre les branches, la plante entiere paroît comme si elle étoit toute cou- verte d’épis de fleurs blanches : comme ces plantes restent long-tems en fleurs, elles font un bel effet quand elles sont entremélées en plein air avec d’autres plantes exotiques. Hirsuta. La seconde, qui est con- nue depuis long-tems sous le nom de Spirea Africana, odorata , foliis pilosis , Spiræa d’Afrique à odeur douce et à feuilles velues, est un trés- bel arbrisseau, dont la hauteur est de cing ou six pieds ; ses tiges sont ligneuses, et poussent plusieurs bran- ches minces; ses feuilles , qui sortent alternativement sur chaque côté, sont velues et terminées en pointe aiguë : ses fleurs, blanches, naissent en petites grappes, aux extrémités des branches, et produisent des cap- sulesétoilées et à cinq angles, comme celles de l’Anis étoilé; chacun de ces angles DIO j angles forme une cellule qui ren- ferme une semence unie, oblongue, luisante et noire. Ces capsules con- tiennent une résine abondante, qui répand une odeur agréable, ainsi que toute fa plante. Rubra. La troisieme, dont la hau- teur est moindre que celle des pré- cédentes, puisqu'elle s'éleve rare- ment au-dessus de trois pieds, s'étend en plusieurs branches; ses feuilles sont unies, et semblables à celles de la Bruyere, ce qui lui a fait donner le nom d’Erica Ethiopica , etc. , par le Docteur Plukenet ; ses fleurs EURE sortent en grappes aux extrémités des branches , «comme celles de Ja seconde espece ; mais elles sont plus petites, et les grappes sont moins fortes. Toutes ces plantes se multiplient par boutures, qu'on plante pendant tous les mois de l'été, dans des pots remplis d’une terre fraiche et légere, et qu'on plonge dans une couche de chaleur très-tempérée; on “les tient à l'abri du soleil pendant le jour, et on les arrose souvent. En- viron deux mois après, lorsque les boutures auront pris racine, on les transplantera chacune séparé- ment dans de petits pots, et on les placera à l'ombre, où on les tiendra jusqu'à ce qu’elles aient formé de nouvelles racines; après quoi on les disposera parmi les autres plantes exotiques, dans une situation abri- tée : elles peuvent rester ainsi en Tome III. D: © 73 picin air jusqu'au commencement d'Octobre, et même plus tard, si la saison continue d’être favorable : comme elles n'exigent que d’être mises à couvert des gelées, elles pourront étre placées en hiver dans une orangerie sèche et airée, et en été, en plein air, avec les autres plantes de l’orangerie. Ces plantes ont été envoyées du Cap de Bonne-Espérance en Europe, où lon conserve depuis long-tems quelques-unes des especes dans les jardins des curieux : on en connois- soit même autrefois en Angleterre plusieurs especes différentes de celles dont il vient d’être question; mais on ne les retrouve plus aujourd’hui. La seconde perfectionne souvent es graines en Angleterre; mais si elles ne sont pas semées aussi-tdt qu'elles sont mires, elles réussissent rarement , ou au moins elles restent une année en terre avant de pousser. DIOSPYROS. Lin. Gen. Plant. 1027. Guaiacana. Tourn. Inst. R. H. Tab. 371; Datte des Indes, Plaqueminier ou Gayac du Japon, Pishamin , ou Persimon, ou Prune de Pitchumon. Caracteres. Les plantes de ce genre ont des fleurs hermaphrodites et femelles sur le même pied, et des fleurs males sur des pieds séparés ; les fleurs hermaphrodites ont un calice large, obtus, persistant, et formé par une feuille divisée en K 74 D I © quatre parties; la corol'e est mono- petale , en forme de cruche, et dé- coupce sur ses bords en cinq seg- mens ouverts; la fleur a huit éta- mines courtes, hérissées , fortement unies au calice, et terminées par des sommets oblongs qui n'ont point de poussiere fécondante; dans le centre est place un germe rond qui soutient un simple style divisé en quatre par- ties. , obtus et partagé en deux. Ce gernic se cha ange, quand la fleur est passce , en une baic globulaire , et a plusieurs cellules qui renferment chacune une: semence oblongue, comprimce et dure. Les fleurs males ont un calice formé par une feuille découpée en cinq segmens aigus , une corolle épaisse, quarrée, et découpée en quatre segmens obtus et inclinés en arriere, et quatre étamines courtes et terminces par des sominets longs, aigus ct jumaux ; mais elle n'a point de germe. Les plantes de ce genre, ainsi que toutes celles qui ont des fleurs hermaphrodites et femelles sur Te néme pied , et des fleurs males. sur in pied séparé, ont été rangées par LINNEE, dans la seconde section de sa vingt-troisieme classe, qui a pour titre : Polygamie di«cie. Les espece sont : °. Diospyros Lotus, foliorum pa- ginis. discoloribus. Lin. Sp. Plant. 1510; Plaqueminier avec des feuil- les teintes de deux couleurs. et couronné pat un stigmat DIO Guaiacana. J. B. 2, 138; Datre des Indes. Le Plaqueminier ou Gayac du Japon. Lotus Africana latifolia. Bauh. Pim 447. of yoni: Cam. Epit. 156. 2°. Diospyros Virginiana , folio- rum paginis mere Lin. Sp. Plant. 1510; Plaqueminier avec des feuilles d’une seule couleur. Guaiacana Virginiana , Pishamin dicta. Boérh. Ind, Alt. 2 ; Le Pishamin: ou Persimon, et par quelques-uns, J Prune de Pitchemon. Guaiacana Loto arbori affinis, Vir giniana, Pishamia dicta. Pluk, Alm. 180. 2.244. f. 5. Raj. Hise. 1918. Le Pishamin.. Guaiacana.. Cates. Car. 2. p. 76: t 76. Loti Africana similis, Indica Bauh.. Pin. 449. Lotus. On croit que la premiere espece est originaire de l'Afrique, d’où on présume qu’elle a été portée: en Italic et dans la France meridio= nale; quelques personnes pensent que le fruit de cet ar bre, est l'espéce: de lentilles qu’Ulysse et ses compa- gnons ont trouvée excellente: Cet arbre s'éleve dans Europe méridio= pale , à la hauteur de trente pieds. On connoit un individu de cette: espece trés-ancien dans le jardin de Botanique de Padoue, dont-la des-: cription a été donnée par plusieurs anciens Botanistes, sous letitre de Guaiacum. Patavinum, DIO Tl produit chaque année du fruit cen abondance, dont les semences ont servi à le multiplier beaucoup. Il n'y a en Angleterre aucun arbre de cette espece , si l'on excepte ceux qui ont été élevés depuis peu dans le jardin de Chelséa; les semences qui m'ont servi à la propager , m'ont €té envoyées, ainsi que plusieurs au- tres plantes rares des différentes par- ties du monde, par mon ami le Chevalier Ratheb , Ministre de Sa Maiesté Impériale à Venise, qui a entretenu une correspondance fort €tendue pour se procurer les produc- tions des divers climats : la gén¢éro- sité qu'il a exercée envers moi, exige que je lui rende ce tribut de recon- noissance. Virginiana. ‘Les semences de la seconde espece , qui est aujourd’hui très-commune dans les. pépinieres des environs de- Londres, ont été fréquemment apportées de la Vir- ginie et de la Caroline , où cet arbre est extrémement répandu. Il s’éleve À la hauteur de douze ou quatorze pieds, et se divise ordinairement près de la terre, en plusieurs tiges irrégulieres, de maniere qu'il est rare de voir un bel arbre de cette espece; il produit en Angleterre une quantité de fruits qui ne mürissent jamais; les habitans de l'Amérique conservent ces fruits jusqu’à ce qu'ils soient devenus mous comme les Neflles, et ils les trouvent alors trés- agréables. DIP 75 Ces deux especes se: multiplient par leurs graines, qui germent assez aisément en pleine terre ; mais si on les répand sur une couche de cha- leur modérée, les plantes paroitront beaucoup plus tôt et feront de grands progrès ; pour cela il faut les semer dans des pots, et les plonger dans la coùche , parce que ces plantes ne veulent pas être transplantces avant l'automne et lorsque leurs feuilles sont tombées. | Quand les plantes sont assez for- tes, on les habitue par dégrés au plein air , et on les y expose tout- a-fait depuis le mois de Juin jusqu’en Novembre ; alors on les place sous des vitrages de couches, pour les préserver des fortes gelècs, qui pour- roient détruire leurs sommets lors- qu'elles sont encore jeunes, ct on leur donne autant d'air qu’il est pos- sible dans les tems doux. Auprintems suivant, on les trans- plante en pépiniere dans une situa- tion chaude , où elles peuvent rester pendant deux ans; après quoi on les place dans un lieu où-elles doivent rester à demeure. Ces deux especes supportent assez bien les plus grands froids de nos hivers quand elles ont acquis de la force. DIPSACUS. Lin. Sp. Plant. 1073 Tourn. Inst. R. H. 466. Tab. 265. dnvéw, gr. c'est-à-dire, sitio, j'ai soif. On prétend que ce nom lui a été donné parce que l'eau des K 2 76 D FP pluies on des rosées qui s'insinue dans les sinus de ses feuilles, appaise la soif. Elle est aussi appelée Labrum Veneris, à cause de la position de ses feuilles, qui forment une espece de bassin , dans lequel est renfermée une liqueur qui a la propriété d’em- bellir le teint. Chardon à foulon, ou Chardon à bonnetier. Caracteres. Cette plante a plu- sieurs fleurettes recueillies dans un calice commun et persistant; ces fleurettes n’ont qu'un pétale tubule, et découpé au sommet en quatre parties Crigées ; elles ont quatre éta- mines velues, aussi longues que la corolle, et terminées par des som- mets penchés; le germe, qui estsitué sous la fleur, soutient un style mince et couronné par un simple stigmat; il se change dans la suite en une se- mence en forme de colonne, ren- fermée dans le calice commun, qui est de figure conique, et. divisé par de longues partitions piquantes. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la quatrieme classe de LINNEE, intitulée : Te- trandrie monogynie, avec celles dont les fleurs ont quatre étamines et un style. Les especes sont.: 1°. Dipsacus sylvestris, foliis sessi- libus, serratis., aristis fructibus erec- tis ; Chardon à foulon sauvage avec des feuilles sci¢es et sessiles, et des barbes érigées sur les fruits. Dipsacus sylvestris. Dod. Pemps DIP 7353 Chardon à foulon sauvage. Verge de Pasteur. _ Labium Veneris alterum. Camer. Epit. 43 2. | 2°. Dipsacus fullonum, foliis con- natis , ariscis fructibus recurvis ; Chardon a foulon avec des feuilles jointes a leur base, et des fruits armés de barbes recourbées. Dipsacus sazivus. Dod. Pemp. 7353 Chardon a foulon cultivé. 3°. Dipsacus laciniatus , foliis connatis , sinuatis. Lin. Sp. Plant. 97; Chardon à foulon avec des feuilles sinuces et jointes à leur bâse. Dipsacus folio laciniato. C. B. P. 384; Chardon à foulon avec des feuilles découpées en plusieurs seg- mens. 4°. Dipsacus pilosus , foliis pe- tiolatis , appendiculatis, Hort Upsal. 25. Roy. Lugd.-B. 188. Dalië. Paris. 443 Chardon à foulon, dont les feuilles ont des pétioles avec des appendices. Virga Pastoris. Camer. Epit. 433+ Dipsacus sylvestris , capitulo mi- nori , seu virga Pastoris minor. C. B. P. 385; Chardon à foulon sau- vage avec une plus petite téte, ou la plus petite verge a Pasteur. Dipsacus tertius. Dod. Pemps. 735: Sylvestris. La premiere de ces plantes, qui est fort commune sur les terreins ou bancs secs de la plus grande partie d'Angleterre, est rare- DIP ment cultivée dans les jardins, à moins que ce ne soit pour la variété. Pilosus. La quatrieme espece croît aussi naturellement dans plusieurs en- droits des environs de Londres , et on ne l’admet gueres dans les jardins de Botanique. Laciniatus. La troisieme, qui est originaire de l'Alsace, est conservée dans les jardins de Botanique pour la variété; celle-ci diffère du Char- don à foulon sauvage, en ce que ses feuilles sont profondément dé- coupées et dentelées. - Fullonum.. On ne cultive pour Fusage que la seconde espece, sous k nom de Carduus fullorum où fullo- num: tout le monde connoît l’em- ploie qu’on en fait dans les ma- nufactures, pour soulever le poil des draps de laine : on multiplie cette espece par ses graines , qu'on répand dans le mois de Mars, sur un sol. bien labouré , dans la proportion d'un peck ou picotin par acre de terre : il faut laisser entre ces plantes un intervalle assez considérable, afin qu'elles puissent s'étendre a l'aise ; car sans cela leurs têtes ne seroient ni atissi grosses, ni aussi nombreuses : lorsqu'elles ont poussé, on les houe comme les navets , afin de detruire toutes les mauvaises herbes, et de leur donner six ou huit pouces de distance entr’elles : à mesure qu elles avancent, et lorsque les mauvaises herbes repoussent, on.Jes houe une seconde fois , et on DiI? laisse. entr’elles un intervalle encore plus considérable ;. car elles doivent etre par la suite éloignées d’un pied les unes des autres : on les débarrasse constamment, durant le premier été, de toutes les herbes inutiles qui croissent parmi elles ; mais lors- que ces plantes ont fait assez de progres pour couvrir le terrein, les herbes ne croissent pas aussi vite au- dessous. Ces plantes pousseront dans la seconde année, des tiges garnies de têtes, qui seront bonnes à être coupées vers le commencement d’'Août; alors on les recueillera , et on en formera des paquets, qu'on mettra au soleil si le tems est beau, ou qu'on retirera dans des chambres sèches s’il tombe de la pluie: Le pro: duit d’un acre de terre planté en Chardons, est ordinairement de cent soixante paquets, qu'on vend sur le pied d’un scheling , ow de 22. sols 6 den. de France le paquet. Quel ques personnes sèment du Carvi ou quelques autres semences parmi les Chardons ; mais cette méthode est vicieuse , parce que ces différentes plantes se nuisent réciproquement, et qu'il est bien moins facile de les tenir nettes que quand elles sont seules. Le Docteur LINNÉE regarde cette plante comme une variété du Chardon sauvage commun. Mais je ne puis adopter cette opinion , parce que j'ai cultivé ces deux plantes pen- dant plus de quarante années, et qu’el- les n'ont éprouvé aucune altération. = / 73 D ITR _ DIRCA. Le Bois de Plomb. Caracteres. La fleur n'a point de calice; sa corolle est monopetale, en forme de massue, et pourvue d'un tube court dont le bord est inégal; elle a huit écamines minces, placées dans le centre du tube, et terminées par des fommets ronds & érigés, et un germe oval , qui foutient un style mince plus long que les étamines, et couronné par un stigmat simple: ce germe fe change dans la fuite en une baie à une cellule , qui renferme une semence. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la hui- tieme classe de LINNEE, intitulée: Octandrie monogynie, qui comprend jes plantes dont les fleurs ont huit etamines et un style. Nous ne connoissons qu'une es- pece de ce genre , qui est la Dirca Palustris 3 Amen. Acad. 3. p. 125 nommé le Bois de Plomb par les Canadiens. Duham. Arb. t. 252. Thymelea , floribus albis ; primo vere erumpentibus 5 foliis oblongis , acuminatis , viminibus et cortice valde zenacibus. Flor. Virg. 155. Cet arbrisseaucroît naturellement dans les terres marécageuses de la Virginie , du Canada ct d’autres parties septentrionales de! Amérique, où il s'éleve au-dessus de six ou sept pieds de hauteur; il pousse près de sa racine plusieurs branches articu- les ,'et garnies de feuilles ovales, DOD unies, et d'un jaune pâle : ses fleurs, d'un blanc verditre, sortent des côtés des branches, au nombre de deux ou trois sur chaque pédoncule; elles paroissent dans le commencement du printems , précisément quand les feuilles commencent à pousser : mais elles produisent rarement. des se- mences en Angleterre. Parce que cet arbrisseau ne produit point de graines en Europe , on ne peut le multiplier ici que par mar- cottes où par boutures , qui sont toujours deux ans dans la terre avant de pousser des racines. Commecesarbrissaux croissent na- turellement dans des endroits fort humides, on les conserve difficile- ment dans les jardins, à moins qu'ils ne soient plantés dans un sol pareil ; ils ne sont pas souvent endommagés par le froid. DODAR. Voyez ORIENTALIS. i DODARTIA DODARTIA. Lin. Gen. Plant, 698. Tourn. Cor. 47. Tab. 478, APRA Cette plante a été ainsi nommée par Tournefort , en l'honneur de M. Dodart, Membre de l’Académie 2 cd des Sciences de Paris. Nous n'avons point de nom anglois pour cette plante. La Dodart. Caracteres. Dans ce genre le ca- lice de la fleur est persistant , formé . ! | À ! par une feuille tubulée et découpée en cing parties sur ses bords; la D' OUR corolle est monopétale , et en gueule; elle a un tube cylindrique, beaucoup plus long que le calice ; sa levre supérieure est érigée et den- telée , et l’inférieure est couverte ét divisée en trois parties, dont celle du milieu est étroite : la fleur 4 quatre étamines inclinées vers la fevre supérieure, dont deux sont plus courtes que les autres, et elles sont toutes terminées par de petits som- met ronds; dans son centre est place un germe rond, qui soutient un style en forme d’aléne, et couronné par un stigmat obtus, et divisé en deux parties; il se change dans Ia suite en une capsule globulaire, et a deux cellules remplies de petites semences. | Ce genre de plante est de [a seconde section de la quatorzieme classe de LINNÉE , qui a pour titre : Didynamie angiospermie, et qui comprend les planres dont les fleurs ent deux étamines longues et deux courtes , et dont les semences sont renfermées dans une capsule.. Les especes sont = “1°, Dodartiæ Orientalis , foliis finearibus, integerrimis, glabris. Lin. Sp. Plant. 633: Gmel. Sib. 3. p. 100. n. 9; la Dodart à feuilles fort étroites , unies ét entieres. Dodartia Orientalis , flore purpu- rascente. Tourn. Cor. 47 ; la Dodart du levant à fleur pourpre. La Dodart. 2°. Dodartia linaria , foliis radi- galibus , oblongo-oyatis , ‘serratis ; caulinis , linearibus , integerrimis ; flo~ ribus spicatis ; terminalibus. La Do- dart dont les feuilles radicales sont oblongués, ovales et scies, et celles des tiges ctroites et entieres, avec des fleurs en épis aux extrémités des: tiges. “Einaria , Bellidis folio. C. B. P. 212, Toad flax ou lin de crapaud à feuilles de Marguerite. Antirrhinum bellid-folium. Lin. Sp. Plant. 860. Edit. 3. : Orientalis~La premiere espece a: été découverte par k Docteur Tournefort , près du Mont-Ararat , d'où il a envoyé ses semences aw jardin Royal a Paris; et c’est de-la que cette plante a été tirée, pour la’ plupart des jardins de l'Europe. Fournefort en a fait un nouveaw genre, auquel il a donné le nom de M. Dodart, Membre de l'Académie: Royale des Sciences de Paris, et Médecin de son Altesse Royale la. Princesse de Conti. Cette Plante a une racine vivace: qui rempe et s'étend fort loin sous la surface de la terre, et de laquelle! sortent denouvellestiges a une grande’ distance du pied ; ces tiges sont fer- mes, un peu comprimées, et longues d'environ un pied et demi} elles poussent latéralement plusieurs bran- ches garnies de feuilles longues , étroites, charnues, dpposées et d’un verd fonce, celles du bas de 1a’ tige sont plus courtes et plus larges que celles du haut, qui sont entieres; 59 BCD des nœuds qui se trouvent sur cha- que côté de la tige, sortent des fleurs simples, sessiles, dont le fond esr tubulé, et le bord divisé en deux levres ; la levre supérieure est creusée en forme de cuillier, sa partie convexe est tournée vers le haut, et elle est encore divisée en deux parties ; la levre inférieure est découpée en trois segmens, dont celui du milieu est le plus étroit : ces fleurs sont d’un pourpre foncé ; elles paroissent en Juillet; mais elles produisent rarement des semences en Angleterre. Cette plante se multi- plie si fort par ses racines rempantes, que, quand elle est une fois établie dans un-jardin, elle y occupe un trés-grand espace; elle aime un sol léger et sec, etpeut être transplantée en automne lorsque ses tiges sont fictries, ou au printems avant que les nouvelles commencent a pousser. Linaria. La seconde espece est bisannuelle ou au plus trisannuelle ; ipais elle périt souvent aussitôt que ses semences sont mures : elle pousse de sa racine plusieurs feuilles oblon- gues , longues d'environ quatre pouces, étroites à leur base , mais plus larges vers leur extrémité, où elles ont environ un pouce de diametre ; elles sont arrondies au sommet , et profondément scices sur leurs bords : du centrede ces feuilles, sortent des tiges qui s’élevent à la hauteur d’un pied, et dont la base est garnie de feuilles semblables, DOD pour la forme, a celles qui sortent de la racine, mais plus petites ; celles du haut sont fort étroites et entieres : ses fleurs, qui naissent en épis aux extrémités des tiges, sont fort petites et blanches , mais de la même forme que celles de l’espece précédente. Cette plante se multiplie par ses graines, qu'il faut semer en automne , aussitôt qu'elles sont mires , sur une plate-bande de terre légere, où elles doivent rester; quand les plantes paroissent au prin- tems suivant , on les ¢claircit , et on les tient nettes de mauvaises herbes , et c’est la toute la culture qu'elles exigent : ces plantes fleurissent dans la seconde année, et donnent des semences ; mais elles pcrissent ordi- nairement aussi-tôt après : quand on les seme au printems, elles ne poussent jamais dans la même année, DODECATHEON , ou OREILLE D'OURS DE VIRGINIE. Voyez MEADIA. DOLICHOS, espece de Haricor. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice formé par une feuille courte et divisée en quatre segmens égaux : une corolle papilionacée ; un ctendard large, rond et réfléchi, des ailes ovales , obtuses , et aussi longues que la carène; une carèneen forme de croissant, comprimée et pourvue d’un sommet montant ; dix ¢ramines , dont neuf sont jointes 4 sa DOL : sa base , et l'autre est séparée , et qui sont toutes terminces par des sommets simples; et enfin un germe linéaire et comprime,qui soutient un style montant et couronné par un stigmat barbu : ce germe devient , quand la fleur est passée , un légu- me oblong et à deux valves , qui contient des semences comprimées et elliptiques. Cegenre est distingué du Phaseo- Jus par la caréne dela fleur , qui n’est pas en spirale. Il est range dans la troisieme sec- tion dela dix-septieme classe de LINNEE , intitulée : Diadelphie dé- candrie , qui comprend les fleurs a dix étamines séparées en deux corps. Les especes sont : 1°. Dolichos Lablab volubilis , le- guminibus ovato - acinaci-formibus , feminibus , ovatis , hilo areuato versus alteram extremitatem. Prod. Leyd. 368. Hort. Ups. 214. Hasselquir. 483. Kniph. Cent. 6. n. §7 5 Do- lichos avec une tige tortillante , des légumes ovales , et en forme de sabre , qui renferment des se- mences ovales. Phaseolus Ægyptiacus , nigro se- mine. C. B. p. 341. Phaseolus niger SE gypt. 74. 2 75. 2°. Dolichos uncinatus volubilis , pedunculis multifloris , leguminibus Lablad. Alp. cylindricis hirsutis, apice unguiculo su- bulato hamato , caule hirto. Lin. Sp. 3019 ;Dolichos avec une tige tor- Tome III. DOL ST tillante , plusieurs fleurs sur chaque pédoncule , et des légumes cylindri- ques et velus , dont les pointes sont courbées et en forme d’aléne. Phaseolus hirsutus ,siliquis erectis et aduncis. Plum. Spec. 8. ic. 221. 3°. Dolichos pruriens volubilis , legu- minibus racemosis 5 valvulis fubcari- natis , hirtis ; pedunculis ternis. Jacq, Amer.2O1. t. 122 ; Dolichos avec une tige tortillante , des légumes velus et disposés en paquets, des vulves presqu’en forme de carène , et trois légumes sur chaque pé- doncule. Pois pouilleux ou Pois à gratter. « Phaseolus fcalptor. Jacq. Cacara pruritus. Rumph. amb. 6. P- 293. t% 142. Naicorana. Rheed. mal, 8. p. Gr. flor. Zeyl. 539. Dolichos urens , volubilis , legu- minibus racemosis hirtis, transversim lamellatis , seminibus hilo cinctis. Jacq. Amer. 102: t. 182. f. 84 ; Dolichos avec une tige tortillan- te , des légumes velus et en paquets, dont les poils sont placés transver- salement sur les lames , ordinaire- ment appelé Cow-irch. Bil de Bour- rique 5 ou Dolichos brilant. Phaseolus Americanus frutescens , foliis glabris , Lobis pluribus villosis pungentibus ; fructu orbiculari plano hilo nigro ambiente, Pluk. Phyt. 213, fitz: Phaseolus Brasilianus frustescens , Lobis villosis pungentibus maximis, Sloan. Jam. 68. hist, 1. p. 118, f L 82 DOL Phaseolus hirsutus , siliquis arti- culatis. Plum. spec. 8. ic. 222. Zoophtalmum siliquis majoribus hir- tis transverse sulcatis , pedunculis com- munibus longissimis flexilibus. Brown. Jam. 295. Mucuna. Marcgr. bras 19. Kaku valli. Rheed. mal. 10. p. 63. Il y a plusieurs autres especes de ce genre , ainfi que des Phaseo- lis ; mais comme on cultive peu ces. dernières dans les jardins Anglois , cet Ouvrage deviendroittrop consi- dérable, si l'on y inséroit toutes cel- les que l'on connoit ; car j'en ai cul- tive plus de soixante especes sans y comprendre plusieurs variétés. Lablab. Uncinatus. Les deux pre- mieres dont il vientd’étre question , sont cultivées,dans les pays chauds pour les usages de la table ; mais en Angleterre, leurs semences par- viennent rarement en maturité ; et quand elles y müriroient , on en feroit peu de cas 5 parce que nous avons dans nos jardins une grande quantité d'espèces qui sont bien pré- férables à celles-ci : de tous ces lé- gumes , celui à fleurs écarlates est le meilleur; ainsi il doit être cultivé de préférence. Pruriens. Urens. Les troisieme et quatrieme especes sont quelque- fois conservées dans les jardins de botanique , mais surtout la quatrie- me , dont les légumes sont trés-cou- verts de poils piquans, et qu'on con- noit ordinairement sous le nom de Cow-itch ; mais comme elles sont D-OrR trop tendres pour profiter en plein air dans notre climat , sion veut les avoir , il faut semer leurs graines en Mars sur une couche chaude ; et quand elles ont poussé , on les met chacune séparément dans des pots que l'on plonge dans une nouvelle couche, et qu'on tient à l'abri jus- qu'à ce qu'elles aient produit d’au- tres fibres; après quoi on leur don- ne de lair frais chaque jour , apro- portion de la chaleur de la saison ; et quandelles sont devenues trop gran- des pour pouvoir être contenues dans la couche , on les transporte dans la serre chaude , où elles fleu- riront et perfectionneront leurs se- mences , si on leur donne assez de place pour s'étendre. DOMPTE-VENIN , voyez As- CLEPIAS. DORADILLE CETERACH, voyez ASPLENIUM CETERACH. DORONIC, voyez DORONICUM PARDALIANCHES. ARNICA. DORONICUM. Lin. Gen. Plant. 862. Tourn. Inst. R. H. 487. Tab. 477. Leopard’s bane. Pet de Léopard. Dorenic. Caracteres. Dans ce genre , la fleur est composce de plusieurs fleu- rettes hermaphrodites placces dans le centre, et qui forment ic disque , et de flcurettes femelles qui for- DOR ment les rayons ; elles sont renfer- mées dans un calice commun, d’un double tissu de feuilles aussi longues que les rayons : les fleurettes her- mapbrodites sont en forme d’enton- Z QU igo ides noir , et ont cing étamines courtes velues , et terminées par des som- mets cylindriques; dans le fond de chacune est placé un germe qui sou- tient un style mince et couronné par un stigmat dentelé ; ce germe de- vient ensuite une semence simple , ovale , comprimée et couronnée d'un duvet velu. Les fleurettes fe- melles sont en forme de langue, éten- dues et découpées ; elles forment le bord de la fleur , et elles ont un germe qui soutient un style terminé par deux stigmats réfléchis : ce ger- me se change dans la suite , en une semence sillonnée et couverte d’un duvet velu. Ce genre est rangé dans la se- conde section de la dix-neuvieme classe de LINNEE , intitulée Synge- nesie : Polygamie superfiue. Les plan- tes de cette section ont des fleurs femelles et des fleurs hermaphrodi- tes fructueuses. Les espece sont : 19. Doronicum Pardalianches , foliis cordatis , obstusis, denticulatis: radicalibus petiolatis ; caulinis, ample- xicaulibus. Lin. Math. Med. 187. Gouan. Monsp. 446. Jacq. Austr. t. 350. Cniph. Cent. 28m. 215 Do- ronic à feuilles obtuses , en for- me de cœur et dentelées , dont cel- DOR 83 les du haut embrassent les tiges, et les radicales ont des petioles. Doronicum maximum foliis caulem amplexantibus. C. B. p. 185. Cam. Epit. 823 ; Le plus grand Doronic , dont les feuilles embrassent les tiges. Doronicum VII , Austriacum de Clus. hist. 2. p. 19. Aconitum , Pardalianches. Ded. Purg. 305: 2°" Doronicum Plantagineum, foliis ovatis , acutis, fubdentatis ; ramis alter- nis. Hort. Cliff. 411. Roy Lugd.-B. 160. Dalib. Paris. 256. Gouan. Monsp. 446. Gmel.tub.2 $ 9; Doronic à feuilles ovales , pointues et dente- Iées inférieurement , et dont les branches sont alternes. Doronicum Plantaginis folio. C. BP: Doronic à feuilles de Plantin. 3°. Doronicum Helveticum , foliis lanceolatis , denticulatis , fubtis to- mentosis , caule uniflora. Prod. Leyd. 160 ; Doronic avec des feuilles den- telées ,en forme de lance , et coton- neuses en-dessous, et une fleur sur la tige. Doronicum Helveticum incanum, C. B. p. 185 ; Doronic de Suisse velu. 4°. Doronicum Bellidiastrum, cau- le nudo simplicissimo , unifloro. Hort. Cliff-5 00 ; Doronic à tiges simples et nues qui sontiennent une seule fleur, Bellidiastrum Alpinum , foliis bre- vioribus hirsutis , caule palmari , flore albo. Mich, Gen. 33.t. 29, yy 84 PD O'R Bellis sylvestris media ; caule ca- rens. C. B. p. 261 ; Marguerite sauvage moyenne à tiges hautes. Arnica caule nudo , unifloro ; fo- liis ovato-lanceolatis , serratis. Hall. Hely. n. 92. Pardalianches. ka premiere espece, qu'on trouve en Hongrie et sur les montagnes de la Suisse, est souvent cultivée dans les jardins Anglois ; elle a des racines ¢paisses , divisces par plusieurs nœuds, et garnies’ de fibres fortes et charnues qui péne- trent profondément dans la terre ; de ces racines s¢leve au printems une grappe de feuilles en forme de cœur, velues , et supportces par des pétioles, du centre desquels s’élevent des tiges defleurs canneles, velues, et de trois piedsde hauteur, qui produisent encere chacune une ou deux tiges plus petites , Crigees et garnies d’une ou de deux feuilles en forme de cœur qui les embras- sent étroitement de leur base : cha- que tige est terminée par une grosse fleur jaune, compose d’environ vingt-quatre rayons ou petites fleu- rettes d'un pouce à-peu-près de lon- gueur , unies et découpées au som- met entrois parties: dans le centre, sont placées un grand nombre de fleurettes hermaphrodites qui com- posent le disque; elles sont tubulées et légerement divisées en cing par- ties: ces fleurs paroissent dans le mois de Mai, et sont remplacées par des semences, couronnées de du- DO Rt vet, qui mürissent en Juillet, erque leur légereté rend propres à être emportces par le vent à une gran- de distance. Cette espece se multiplie confi- dérablement par ses racines trainan- tes, ct par ses scmences , qui pro- duisent de tous côtésun grand nom- bre de plantes, si on leur donne le tems de se répandre: elle se plaita l'ombre , et dans un sol humide. Plantagineum. La seconde espece a des feuilles ovales, terminées en pointe aiguë, dentelées vers leur bâse , mais entieres à leurs extré- mités : ses tiges , dont la hauteur est d'environ deux pieds , ont deux ou trois feuilles alternes, sessiles , et moins velues que celles de la premiere , et sont terminées par une grosse fleur jaune , et sembla- ble à celle de l’espece précédente; ces fleurs paroissent aussi dans le même tems, et produisent des se- mences qui murissent en Angleterre. Cette plante se trouve en Portu- gal, en Espagne et en Italie ; elleest aussi dure que la premiere ; sa raci- ne est vivace, etse multiplieen aussi grande abondance. Helveticum. La troisieme a des feuilles plus tongues qu’aucune des précédentes , dentelées sur leurs bords, et couvertes d’un duvet doux en-dessous : ses tiges simples, qui s'é- levent ordinaffement a la hauteur d'un pied et demi , ne portent qu’u- L ne seule feuille , et sont terminées x DOR par une simple fleur , comme dans lespece précédente ; celle-ci croit naturellemeut sur les Pyrénées et dans les montagnes de la Suisse ; elle se plaît dans un sol humide et à l'ombre : on la multiplie abondam- ment , OU par semences , ou en divi- sant les racines ; elle Heurit et per- fectionne ses semences a-péu-prés dans le mème tems que la précédente. Bellidiastrum. La quatrieme, qu'on rencontre sur les Alpes et sur les Pyrénées , a une racine vivace, ct des feuilles semblables a celles des plus petites Marguerites , mais plus longues et moins larges : la fleur est produite sur un pédoncule nud , d'environ un pied de Iongueur ; ses racines poussent rarement plusd'une tige : les rayons de sa fleur sont blancs , et fort semblables à ceux de la Marguerite commune , et son disque est jaune , et composé de fleurettes hermaphrodites. On conserve cette plante dansles jardins de botanique pour la variété : ses fleurs ont un peu plus d’appa- rence que celles de la Marguerite commune des champs ; mais leurs pédoncules sont moins élevés : eile ne réussit dans notre climat , qu’au- tant qu'elle se trouve placée dans un sol humide et à l'ombre : on la mul- tiplie en divisant ses racines , parce que ses semences ne mürissent pas bien en Angleterre. Cette plante m'a été envoyce de Vérone , où elle croit sans culture, DOR 85 Les racines de la premiere , dont on s'est quelquefois servi en méde- cine , sont recommandées comme un antidote contre la piquüre du scorpion ; mais d’autres Auteurs les regardent comme un poison , ct assurent qu'elle est mortelie , parti- culierement pour les loups et les chiens. Les autres especes, qui étoient au- trefois classées avec celles-ci , en sont à présent séparées :on les trou- vera sous le titre d’ Arnica. DORSIFERUS , de DORSUM, DOs ,etde FERO , PORTER : on se sert de cette expression pour dé- signer les plantes du genre des Ca- pillaires , qui n’ont point de tiges, et qui produisent leurs semences sur le dos de leurs feuilles, “4 DORSTENIA. Plum. nov. Gen. 29. tab. 8. Lin. Gen. Plane. 147. Cette Plante a été ainsi nommée par le Pere Plumier, en l'honneur du Docteur Dorsten , Médecin Alle- mand , qui a publié une Histoire de Plantes , in-folio. Contrayerva. Caracteres. La fleur a une enve- loppe commune, unie, etsituée ver- ticalement , dans laquelle sont pla- cées plusieurs petites fleurettes , comme dans un disque: elles n'ont point de pétales , mais seulement quatre Ctamines courtes , minces , et terminées par des sommets ronds ; dans son centre , se trouve un ger- 86 DOR me rond qui soutient un simple sty- le , couronné par un stigmat obtus ; ce germe devient ensuite une se- mence simple , renfermée dans un réceptacle commun et charnu. Ce geure de Plante est rangé dans la premiere Section de la qua- trieme classe de LINNEE, intitulée : Tetrandrie monogynie » avec celles dont les fleurs ont quatre étamines et un style. Les especes sont : 1°. Dorstenia Contrayerva, Acau- lis, foliis pinnati-fido-palmatis , ferra- tis ; floribus quadrangulis. Lin. Sp. 176 ; Dorstenia nain et sanstige,, ayant des feuilles découpées en plu- ficurs pointes sci¢es et en forme de main , et des fleurs placées sur unré- ceptacle quadrangulaire. Dorstenia Sphondylii folio, Den- taria radice. Plum. nov. Gen. 29. ic. 119 ; Dorstenia avec une feuille de Panacée et unc racine de Dentaire. Drakena radix. Clus. Exot. 83. Cyperus longus odoratus Peruanus. Bauh. Pin, 14. Tuzpatliz. Hern, Mex. 147. 2°. Dorstenia Houstoni, acaulis 5 foliis cordatis acuminatis , floribus quadrangulis. Lin. Sp. 176 ; Dors- senia nain , avec des feuilles angu- laires , en forme de cœur et poin- rues , et des réceptacles quadrangu- Jaires aux fleurs. Dorstenia Dentarie radice, folio prinûs laciniato , placenta guadran- DOR gulari et undularä. Houst. MSS. Act. Angl 421. f. 2. Contrayerva, avec une racine de Dentaire , une feuille moins découpée , et un placenta quadrangulaire et onde. 0, Dorstenia drakena , acau- lis , foliis-pinnati fido-palmatis inte- gerrimis , floribus-ovalibus. Lin. Sp. 176; Dorstenia nain, ayant des feuilles ailées à plusieurs pointes , en forme de main et entieres , et des fleurs dans un réceptacle ovale. Contrayerva. La premiere de ces Plantes a été découverte par le Docteur Houstoun , près de l'an- cienne Véra Cruz , dans la nouvelle Espagne; la seconde a été trouvée par le même aux environs de Cam- pêche , sur une terre couverte de rochers ; et la troisieme , en grande abondance dans l'ile de Tabago, par Robert Millard , Chirurgien. Les racines de toutes ces especes,qui sont apportées péle mele en Angleterre , sont employées pour les usages dela Médecine et de la teinture.’ Les racines de la premiere pous- sent plusieurs feuilles longues , d'en- viron quatre pouces, sur une lar- geur Cgale, unies d'un vert foncé , profondément découpées en cinq ou sept segmens obtus , et suppor- tées par des péiioles de près de qua- tre pouces de longueur : sa tige, qui soutient le placenta, sort de la ra- cine , et s’'éleve à la hauteur d’envi- ron quatre pouces ; le placenta est charnu , et placé verticalement; sa DOR forme est ovale , salongueur d’envi- ron un pouce, et sa largeur de trois quarts de pouce: ses fleurs sont pla- cées fort serrément sur la surface supérieure du placenta , dont la par- tie charnue leur sert d'enveloppe ; elles sont petites, à peine visibles a une certaine distance , ct d’une cou- leur herbacée. Houstoni, La seconde pousse de sa racine plusieurs feuilles angulai- res en forme de cœur, et suppor- tces par des pétioles fort minces de huit ou dix pouces de longueur : ses feuilles ont environ trois pouces et demi de longueur , sur quatre à- peu-pres de largeur à leur bâse ; elles sont unies , et d'un vert luisant; leurs deux oreilles ont deux outrois angles aigus , et leur centre est ter- 9, 4 LS miné en une pointe aigyé comme celle d'une hallebarde ; le. pétiole qui soutientle placenta, a neuf pou- ces de longueur sur six lignes quar- rées dans ses autres dimensions; et sa surface supérieure est fort garnie de petites fleurs , comme celles de le premiere espece. Drakena. La troisieme , pousse des feuilles de différentes formes ; quel- ques-unes du bas sont en forme de cœur, légerement denteléées sur leurs bords , et terminées en pointeaignë ; mais les plus grandes sont profon- dément découpées, comme les doigts d'une main , en six ou sept segmens aigus; les autres feuilles ont cinq ou six pouces de longueur, sur six de DOR 87. largeur au milieu; elles sont d’un vert foncé, et supportées par de longs pétioles ; le placenta est fort épais , charnu , long d'un pouce et demi , large de neuf lignes, et a quatre angles aigus; il a un grand nombre de petites fleurs placces sur sa surface supéricure , comme dars les autres especes. Culture. Ces Plantes sont à pré- sent fort rares en Europe , et on ne les connoit que depuis peu , quoi- qt’on nous apporte depuis long-tens leurs racines pour les usages de la Médecine: c’est au Docteur Hous- toun à qui nous devons cette con- noissance ; car, quoique le Pere Plumier en ait découvert une espece, et qu'il lui ait donné le nom de Dorstenia, cependant il paroit avoir ignoré que le Contrayerva fut sa racine. Il sera difficile de se procurer ces Plantes, parce que leurs semences ne sont plus susceptibles de vegéta- tion lorsqu'on les a tenues long-tems hors de terre; on ne peut donc par- venir à les avoir, qu'en enlevant leurs racines, lorsque leurs feuilles commencent à se fltrir , et en les plantant fort près les unes des au- tres , dans des caisses remplies de terre , qu'on garantit avec soin de l'eau salée dans le passage , et qu’on arrose peu. Quand on recoit ces Plantes , on les met chacune séparément dans de petits pots remplis de terre frai- . 88 DOR che , et on les plonge dans tne cou- che de tan de chaleur modérée: pendant l'Eté , on les arrose sou- vent ; mais en Hyver, quand les feuilles sont détruites , on leur don- ne moins d’eau : par ce traitement , non-seulement on peut conserver ces Plantes, mais on les multiplie aussi en divisant leurs racines au ‘Printems , avant qu'elles poussent de nouvelles feuilles. (1) EE À (1) Si on compare les effets que pro- duit cette’ racine dans les différentes ma- Jadies pour lesquelles elle est recomman- dée, avec. les pompeux éloges qui lui ont été donnés par certains Auteurs, on ne pourra qu'être surpris de la trouver aussi inférieure À sa réputation; en effet, si on ‘en croit Hernande, cette racine préserve non-seulement de la peste, mais elle pré- vient encore les suites funestes de la mor- sure des animaux venimeux ; elle guérit Jes maux de tére et d’estomach, et les douleurs de sciatique; elle préserve de toute espece de contagion ; dissipe les affections hypochondriaques, aide les di- gestions et fortifie l’estomac ; enfin elle possede elle seule toutes les propriétés brillantes qui sont attribuées à la Thé: riaque et à toutes les autres fastueuses compositions qui lui ressemblent, Mais si l’on consulte la vérité, on trou- vera que cette racine a une odeur foible aromatique, et une Saveur un peu acre 5 qu'elle agir doucement, provoque légè- tement les sueurs , et qu’elle peut par conséquent être de quelque utilité dans la petite vérole, la rougeole, les fievres malignes exanthématiques, les fluxions gatharrales , etc, ; mais qu'on possede DAR SA DORYCNIUM. Voyez LOTUS DoRYCNIUM. L. DOUBLE FEUILLE. Voyez OPHRYS. DOUCETTE, MACHE , BLAN- CHETTE , POULE GRASSE; ouSA- LADE DE CHANOINE. Voyez Va- LERIANA, LOCUSTA-OLITORIA. DRABA. Dillen. Gen. Lin. Gen. Plant. 714. Alysson. Tourn. Inst. RAS 26s Tab Drave, Caracteres. Le Calice de la fleur a quatre feuilles qui tombent; la co- rolle est composée de quatre pétales placées en forme de croix ; la fleur a six étamines, dont quatre sont aussi longues que le calice , et les deux autres beaucoup plus courtes et courbées ; elles sont toutes ter- minces par des sommets ronds : dans leur centre est placé un germe divise en deux parties , qui soutient un style persistant, et couronné par une infinité d’autres remedes qui lui sont préférables à tous égards, et qu'il est par conséquent inutile d’aller chercher dans un autre hémisphère , un remede inférieur en vertus à ceux que produit norte climat, On donne cette racine. en poudre, depuis un gros jusqu'à deux, et en in- fusion vineuse, depuis trois gros jusqu’à fix; elle entre dans la poudre de la Comtesse de Kent, et dans quelques au- tes compositions cordiales, un DRA un stigmat oblong :cegermese chan- ge dans la suite en une courte cap- sule à deux cellules séparées par un style gonflé , oblique, et pluslong ue Ja capsule ; les valvules sont pa- ralleles au milieu , et divisent la partie basse de la cellule de la par- tic haute, qui est ronde , concave et ouverte obliquement : chaque cellule renferme une seule semence. Ce genre de Plantes est rangé dans la première section de la quin- zieme classe de LINNEE , intitulée : Tetradynamie siliqueuse , avec celles dont les fleurs ont quatre étamines longues et deux courtes , et dont les semences sont renfermées dans une capsule courte. Les especes sont: 1°. Draba Alpina, scapo nudo simplici, foliis lanceolatis, integerrimis. Fl. Lapp. 255$. §70. Gouan. Illustr. 39. Not. Fl. Suec. 524. Hort. Cliff... 333 ; Drave avec une tige simple et nue , et des feuilles fort enticres et en forme de lance. Alysson Alpinum, hirsutum, luteum. Tourn. Inst. 217; Madwort ou Alis- son des Alpes jaune et velu. 2°. Draba verna, scapis nudis , foliis lanceolatis, fubincisis. Hort. Cliff. 333-FLSuec.5 23,5 67.Roy.Lugd.-B. 333. Gron Virg. 76. Crantz. Austr. p- 11. Kniph. Cent. 1.n. 263; Drave avec des tiges nues ct des feuilles découpées , et en forme de lance. Bursa Pastoris minor, loculo oblon- go. Bauh. Pin. 108. Tome III. DRA 89 Alysson vulgare, Polygoni folio y caule nudo, Tourn, Inse. 217; Alysson commun avec une feuille de Poly- gonum. Petite bourse à Pasteur. Pilosella minor. Thal. Harc. 84. AREA CES Alsine minima. Tabern. 708. 3°. Draba Pyrenaica , {capo nudo, foliis cunei, formibus- trilobis. Left. Lin. Sp. Plant. 641 ; Drave avec une tige nue et des feuilles en forme de coin, et à trois lobes. C'est l'Alysson Pyrenaicum peren- ne minimum , foliis trifidis. Tourn. Inst. 217 ; le plus petit Alysson vi- vace des Pyrénées , avec une feuille divisée en trois parties. 4°. Draba muralis , caule ramo- 50, foliis cordatis dentatis, amplexicau- libus. Prod. Leyd. 33 ; Drave avec une tige branchue , et des feuilles dentelées en forme de cœur , et am- plexicaules. : Myagroides subrotundis ferratisque foliis , flore albo. Barrel. Ic. 816. Alysson Veronice folio, Tourn. Inst. 217;Alysson à feuilles de.Véronique. Bursa Pastoris major, loculo oblons go? Bauh. Pin. 108. Draba nemorosa. Sp. Plant. 1. p. 643. Draba minima muralis discoides. Col. Ecphr. 1. p. 274:f:.272. 5°. Draba Polygoni folio , caule ramoso, foliis ovatis, sessilibus, den- tatis.. Lin. Sp: Planr. 643 ; Drave avec une tige branchue et des feuil- les ovales, denteldes et sessiles. M Dre D. Ry A | . Draba hirta. Lin. Sp. Plant. 897. Edit, 3- Alysson Alpinum 5 Polygoni folio incano. Tour. Inst. R. H. 217; Alys- son des Alpes, avec une fenille velue de Polygonum. Bursa Pastoris Alpina hirsuta. Bauh. Pin 108: Prodr. 5%. t. $1. 6°. Draba incana , foliis caulinis numerosis incanis , Ssiliculis oblongis. Flor. Suec. 526.3 Drave avec plu- sieurs feuilles velues sur les tiges , et des légumes oblongs. Lunaria siliqua oblonga intortd. Tourn. Inst. 219. Lunaire avec un Kgume oblong et tordu. Leucoïum sive Lunaria vasculo oblongo intorto. Pluk. Alm, 275. ALLE La premiere espece croît natu- rellement sur les Alpes, et dans,quel- ques autres contrées montagneuses de l'Europe : cette Plante est fort basse , et se divise en petites têtes, comme quelques especes de Joubar- be ; d’où lui vient le nom de Sedum Alpinum , ou Joubarbe kdes Alpes ; ses feuilles sont courtes , étroites et fort velues ; de chacune de ces têtes sort une tige de fleurs nue , d'un pouce et demi de hauteur , et ter- minée par des épis clairs de fleurs jaunes, dont chacune a quatre pé- talesobtus, places en forme de croix; quand elles sont fances, où voit paroitre des legumes triangulaires ou en forme de cœur, et comprimés, qui renferment trois on quatre se- D R A! mences rondes. Cette plante fleurit en Mars, et ses semences mürissent au commencement de Juin. On la multiplie aisément en di- visant ses tétes; le meilleur tems pour cette opération est l'automne, parce qu'elle monte en fleur dés le commencement du printems ; elle exige un sol humide et une situa- tion ombrag¢e, ou elle profitera ct fleurira annuellement; elle n'exige d'autre culture que#d étre tenué nette de mauvaises herbes. Verna. La seconde est une plante: annucile qui croît naturellement en: Angleterre, sur de vicilies murailles. et dans quelques autres endroits secs; aussi ne la cultive-t-on gueres dans les jardins ; elle fleurit en Avril, et ses semences mürissent dans le mois de Mai. Pyrenaica. La troisième, qu’on: rencontre sur les Alpes et dans quel- ques autres cantons montagneux de l'Europe, est une plante basse et vivace, qui s'éleve raicment au- dessus de ja hauteur de deux pouces: elle a une tige d’arbrisseau qui se divise en plusieurs petites têtes, comme la premiere espece ; ses feuilles sont petites; quelques-unes d'entr’elles sont ailées et formées par cing lobes courts, étroits et placés sur une côte mitoyenne ; et d’autres nen ont que trois : ses fleurs sor- tent en grappes, et sont sessiles aux feuilles ; elles sont d'un pourpre brillant, ct paroissent dans le com- DRA mxncement du printenis. Comme cette plante est vivace, on peut la multiplier en divisant les têtes com- nie celles de la premiere espece, et elle exige le même traitement. Muralis. La quatrieme naît spon- tancment à l'ombre des bois dans plusieurs parties de l'Europe; mais on l'admet rarement dans les jar- dins , à moins que. ce ne soit pour la variété : cette planteest annuelle, et-s’éleve à la hauteur d'environ dix pouces, avec une tige droite , bran- chue, et garnie de feuilles en forme de cœur , dentelées et amplexicaules: «ces tiges sont terminées par des épis clairs de fleurs blanches, qui parois- sent au commencement du mois de Mai; ses semences müûrissent en Juin, et les plantes périssent bientôt aprés: si on lui laisse écarter ses graines, les plantes pousseront sans peine, et réussiront fort bien, pourvu qu'elles se trouvent à l'ombre et dans un sol humide, Potygoni-folia. La cinquieme est une plante annuelle qui croît dans les forêts des parties Septentrionales de l'Europe; elle ressemble à l'espece précédente; mais ses feuilles sont velues, plus larges , plus rondes, et n'embrassent pas les tiges; et ses fleurs sont jaunes : si on lui donne le tems de répandre ses graines, elle se multipliera d'elle - même, et prospérera , si elle est placée a Y'ombre. Incana. La sixieme a une tige DRA ot droite, dont la hauteur est d'environ un pied ; ses parties basses sont for- tement garnies de feuilles oblongues, velues et dentelées sur leurs bords ; ct son sommet , qui est presque sans feuilles, pousse deux ou trois bran- ches également nues: ses fleurs, qui sont formées par quatre petits péta- tales blancs, et placés en forme de croix, sortent éloignées les unes des autres à l'extrémité de la tige, et sont remplacées par des légumes oblongs et tordus, qui renferment trois ou quatre semences rondes et comprimées. Cette plante fleuric en Juin, et ses semences mürissent en Juillet : elle croît sans culture au nord de l'Angleterre et dans le pays de Galles. Elle subsiste rarement plus de deux ans; mais si on sème ses grai- nes en automne dans une plate- bande à l'ombre, les plantes pous- seront au printems suivant, et se succederont annuellement sans au- cun soin ni culture. . DRACO ARBOR. Voy. PALMA DRACO. DRACO HERBA ; herbe de Dragon. Tarragon vulod. V oyez ARTEMISIA DRACUCUNLUS. DRACOCEPHALUM. Lin. Gen. Plant. 648; Dracocephalon. Tourn. Inst. R. H. 181. Tab. 83. de opérer un Dragon 5 ct de xgeas, une tête ; c'est-à-dire, cête de Dragon. La Mol- M 2 92 DRA davique, ou Mclisse des Moldaves, ou fausse Digitale. Caracteres. Le calice de la fleur est court, persistant, et formé par une feuille tubulée. La corolle est en gueule; elle a un tube aussi long que le calice , et ses levres sont oblongues et gonfices; la levre supé- ricure est obtuse et votitce ; l'infé- ricure est divisée en trois parties, dont les deux segmens latéraux sont érigés, et celui du milieu est penché vers le bas et dentelé : la fleur a quatre étamines placées près de la levre supérieure , dont deux sont plus courtes que les autres, et elles sont toutes terminées par des som- mets en forme de cœur : son germe a quatre parties, et soutient un style mince , situé avec les éta- miiies , et couronné par un stygmat réfléchi, & divisé en deux portions : ce gérme se change , quand la fleur est passée, en quatre semences ren- fermées dans Je calice. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la quatorzieme classe de LINNEE , in- titule : Didynamie gymnospermie , dans laquelle se trouvent comprises les plantes dont les fleurs ont deux étamines longues et deux courtes , et dont les semences sont nues. Les especes sont : 1%. Dracocephalum Virginianum , floribus spicatis , foliis: lanceolatis, serratis, Lin. Sp. 826; Dracocephale DRA à feuilles sci¢es et en forme delanec, avec des fleurs en épi. Dracocephalus angusti-folius ; folio glabro serrato. Moris. Hist. 3. p. 497. ster aire tt Axl fe is Dracocephalon Americanum. Breyn. Prodr. 1. 34 ; Dracocephalon d’A- + mérique. Pseudo- Digitalis Persica foliis. BoccsiSic: 1.252.065, fe 30 Digitalis Americana purpurea 5. foliis serratis. Dodart. Mem. 272. Lysimachia galericulata, spicatu', purpurea, Canadensis. Barr. Ic. 1152. 2°. Dracocephalum Canariense , flo- ribus spicatis , foliis compositis: Lin. Hort. Cliff. 308 ; Dracocephale à fleurs en epi, avec des feuilles composées. Moldavica Americana , trifolia , odore gravi. Tourn: int. 184; Mot davique ou baume d'Amérique à trois feuilles, et à odeur forte , ordinairement appelé baume de Gilead. Dracocephalo affinis Americana ,, trifoliata , terebenthine odore. Volk. Norib. 145: t. RAS Camphorosma , Moris. Hist: 3° pe FOG PM sive x 1.2. : LI tale Melissa fortè Canariana triphyllos.,. odorem camphoræ spirans penetrantissi- mum. Pluk. Alm. 401%. ts 325.f. 5 Cedronella Canariensis viscosa, foliis plerkmque ex .eodem pedicello: ternis. Comm. Hort. 2:p. 81. t. 41. 3°. Dracocephalum Moldavica-, floribus yerticillatis , bracteis lanceo- iit D BA : latis, serraturis capillaceis. Lin. Horge Cliff. 308 ; La Moldavique , ou Mélisse des Moldaves à fleurs ver- ticillées, ayant des bractées en forme de lance, et sci¢es? Moldavica Betonice folio, flore caru- eo. Tourn. Inst. R. H. 184 ; Mol- davique, ou Mélisse des Moldaves à feuilles de Bétoine, avec une fleur bleue. Melissa peregrina , folio oblongo. Bauh. *Pin. 229, - Melissa Moldavica. Cam. Epit. 576. 4°. Dracocephalum, Ocymi-folia, floribus verticillatis , foliis floralibus orbiculatis. Lin. Hort. Cliff. 308 ; Dracocephalum à fleurs verti- cillées , et à feuilles florales orbi- culaires. Moldavica Ocymi folio, flore purpurascente. « Tourn. Cor. 11. La plus petite Mélisse des Moldaves, à feuilles de Basilic , avec une fleur tirant vers le pourpre. 5°. Dracocephalum canescens floribus verticillatis , bracteis oblon- gis, serraturis spinosis, foliis tomen- tosis. Hort. Upsal. 66. Kniph. Cent. 9. n. 31; Dracocephale a fleurs verticillées, ayant des bractées -obiongues , scices , épineuses et co- : tonneuses. Moldavica Orientalis , Betonice - folio , flore magno violaceo Tourn. Cor. xx. Comm. Rar, 28. t. 28; Moldaviqué du Levant, à feuilles Orientalis minima , DRA de Bétoine , et à grosse fleur bleue, Sideritis annua, flore lureo, utri- culis , et foliis ,longioribus. Moris. Hist. 3. p. 389. sive 14.2. 8.f. 18. 6°. Dracocephalum nutans , flo- ribus verticillatis , bracteis oblongis ovatis integerrimis , corollis MAJUSCU= lis nutantibus. Hort. Upsal. 167 ; Moldavique à fleurs verticillées dont les bractées sont oblongues , ovales et entieres , et les corolles beaucoup plus grandes que les calices. - Moldavica Betonice folio , floribus minoribus ceruleis pendulis. Amen. Rhut. 44 ; Moldavique à feuilles de Béroine, avec de plus petites fleurs suspendues. 7°. Dracocephalum Thymi-florum, floribus verticillatis , bracteis oblon- gis integerrimis., corollis vix calyce majoribus. Hort. Ups@l. 167. Kniph. Cent. 9. m 34; Moldavique à fleurs verticillées , dont les bractées sont oblongues et entieres , et les corolles à peine plus grandes que: les _calices.. Moldavica Betonice folio, floribus minimis pallide caruleis. Amman. Rhut. 46 ; Moldavique à feuilles de Betoine , et a-trés-petites fleurs d’un bleu pâle. Cedronella Tartarica Pérennis …, Urtica foliis , flosculis minoribus, ex earuleo- rubentibus. Roy. Lugd.-B. 537- 8°. Dracocephalum peltatum., floribus verticillatis 5 bracteis *orbi- 94 D'R A culatis \serrato-ciliatis. Hort. Upsal. 166. Kniph. Cent. 8. n. 38 ; Mol- davique d'Orient, à fleurs verti- cillées, dont les bractées sont ovales et scices. Moldavica Orientalis ; Salicis fo- lio., jlore parvo caruleo. Tourn. Cor. 11 ; Moldavique d'Orient à feuilles de Saule et à petites fleurs bleues. 9°. Dracocephalym grandi-florum , floribus verticillatis ; foliis ovatis bracteis lanceolatis integerrimis. Lin, Sp. Plant. 595 ; Moldavique à fleurs verticillées, et à feuilles ovales, découpées et crenelées , dont les bractées sont en forme de lance et entieres. Virginianum. La premicre espece est originaire de l'Amérique Sep- tentrionale , ou elle croît sponta- nément dans les bois, et sur les bords des riwieres; elle s'éleve à la hauteur de trois pieds, avec une tige droite et garnie de feuilles en forme de lance, de trois pouces environ de longueur, sur un demi- pouce de largeur, sessiles, scices sur leursbords, et opposées à chaque nœud , sur chacun desquels on voit quelquefois trois feuilles rondes : ses fleurs sont de couleur pourpre , ct dispostes en épis aux extrémités des tiges; elles font une belle variété parmi les autres plantes dures , sur-tout quand les pieds sont très-vigoureux. Cette espece est vivace, et résiste en plein air; mais elle exige un sol humide , ou inciso-crenatis 5 DRA d'être bien arrosée dans les tems secs, car sans cela ses feuilles se rétrécissent , ct ses fleurs ont pew d'apparence ; elle mérite d'être placce 4 l'ombre dans les plates- bandes d’un jardin , parce qu'elle ne rempe pas, et qu'elle ne tient pas beaucoup de place ; elle flcurit en Juillet, ct continue à donner des fleurs jusqu’au milieu d’Acût, et même jusqu'à la fin de ce mots ; on peut la multiplier en divisant ses racines en automne. Canariense. La seconde, qui nous a été apportéc , ily a long-tems, des Isles Canaries, est connue par les Jardiniers sous le nom de Baumier de Gil¢ad : ses feuilles , quand elles sont froissées, répandent une odeur fort résineuse 3 cette plante est vivace, et s‘éleve à la hauteur de plus de trois pieds, avec plusieurs tiges quarrées qui deviennent ligneuses par le bas, et sont garnics à chaque nœud de feuilles opposées, et composées de trois ou de cinq lobes oblongs , pointus et sci¢s sur leurs bords : ses fleurs, qui sont d'un bleu pâle, naissent en ¢pis courts et épais aux extrémites des tiges, et sont remplacées par des semences qui müûrissent trés-bien en Angleterre. Cette plante continue à produire des fleurs durant la plus grande partie de l'été: on la tient ordi- nairement dans une orangerie ; mais dans les hivers doux elle DRA résiste en plein air, quand elle est placée dans une plate-bande chaude: les plantes qu'on a mises en pots profitent beaucoup mieux sous un chassis que dans une orangcrie, où elles sont sujettes a filer, car elies ont besoin de beaucoup d’air dans les tems doux , et elles n'exigent que d’être mises à l'abri des fortes gelées. On peut multi- plier cette espece par ses graines, qui réussissent plus certainement quand elles sont mises en terre en automne, que si on les conservoit jusqu'au printems : si on les seme dans des pots, il faut les abriter sous un chassis en hiver , et si les plantes ne paroissent pas dans la même sai- son, elles leveront au printems sui- vant; quand on les met en pleine terre , il faut que ce soit sur une plate-bande chaude , et on doit les garantir des fortes*gelées ; car sans cela les jeunes plantes périroient. On peut ausst propager cette espece par boutures, qui prennent bientôt ra- cine , quand elles sont plantées en été, et dans un lieu ombragé, Moldavica. La troisieme , que les euricux cultivent depuis long-tems dans leurs jardins, est originaire de la Moldavie : cette plante est an- nuelle , et séleve à la hauteur d’un pied er demi, avec des tiges bran- chues et garnies de feuilles oblon- gues, opposées, et profondément scices sur leurs bords ? Les fleurs , qui sont bleues et re- DUR A 95 cuëillies en têtes rondes 4 chaque nœud des tiges, paroissent en Juil- let , et continuent à se montrer jus- qu'au milieu du mois d’Août ; leurs semences mürissent en Sr nDse : ces plantes répandent une odeur balsamique, qui paroit trés-agréable à plusieurs personnes : on sème les graines de cette espece au printems, dans des compartimens en plate- bande, où elles doivent rester ; lors- que les plantes poussent, on les éclaircit , et on Îles tient nettes de mauvaises herbes; c'est en cela que consiste toute la culture qu'elles exigent. I y a une varicté de cette espece, à fleurs blanches, qui est assez commune dans Îes jardins, mais qui ne diffère de l'autre que par sa couleur ; cependant les plan- tes de semences retiennent constam- ment cette différence. Ocymi-folia. La quatrieme a été découverte dans PArchipel , par le Docteur Tournefort, qui a envoyé ses semences au Jardin Royal à Paris , d'ou Ja plupart des curieux de l'Europe les ont tirées : elle s’é- leve à la hauteur d'environ un pied; ses tiges sont droites , rarement di- visées en branches, et garnies de feuilles longues, étroites, entieres et opposées a chaque nœud : de ces mêmes nœuds, dans presque toute la longueur des tiges , sortent des fleurs disposces en têtes, et dun bleu pâle; elles paroissent dans le même temps que celles de la précé- 06 DRA dente; mais comme elles sont fort petites et peu remarquables, on ne cultive gueres cette plante que dans les jardins de Botanique. Canescens. La cinquieme, que Tournefort a également trouvée dans le levant, a une tige blanche et quarrée qui séleve à la hauteur dun pied et demi, et produit deux ou trois branches latérales, garnies de feuilles blanches de deux pouces environ de longueur sur six lignes de largeur, un peu dentelées sur leurs bords, opposces sur les nœuds, et plactes au-dessous des têtes de fleurs, qui sont sessilles à la tige; ces fleurs, qui sont plus grosses que celles des autres especes, sont d’un beau bleu, et font un effét très: agréable parmi les feuilles blanches de la plante : les fleurs de celle-ci se montrent , et ses semences mürissent dans le même tems que celles des précédentes: on traite généralement ces différentes especes comme des plantes annuelles ; cependant leurs racines subsistent deux ans quand elles se trouvent placées dans un sol sec ; il ya dans celle-ci une variété \ à fleurs blanches qui se perpétue par semences, ; Nutans. La sixieme, dont le Doc- teur Amman, Professeur de Botani- que à Pétersbourg , m’a envoyé les semences , a Cté originairement ap- portée de la Sibérie dans le jardin linpérial de cette Ville. Cette plante est annuelle, et ses racines produi- DRA sent plusieurs tiges foibles, quarrées, de neuf pouces de longueur , et gar- nics par le bas de feuilles ovales, en forme de lance, longues de deux pouces sur un pouce trois lignes de largeur, Opposces , supportées par de longs petioles , et entaillées sur leurs bords : la partie supérieure des tiges est garnie de feuilles plus petites et sessiles aux nœuds : des mêmes nœuds sortent des fleurs en têtes rondes, d’un bleu foncé et pendan- tes; elles paroissent dans le même tems que celles de l'espece précé- dente, et leurs semences mürissent en automne. Thyméflorum. J'ai reçu, avec la précédente, les semences de la sep- tieme, qui est atissi originaire de la Sibérie; ses tiges sont quarrées et s’élevent à la hauteur d’un pied et demi ; ses feuilles inférieures ressem- blent à celles dela Bétoine , et sont portées sur de fort longs pétioles; celles qui couvrent les extrémités des tiges sont petites ct sessiles ; ses fleurs , qui sortent en têtes rondes à chaque nœud, sont fort petites et dun pourpre pale ou bleu ; mais comme elles font peu d’effet , on ne conserve cette plante, dans quelques jardins, que pour la variété. Peltatum. Le Docteur Tournefort a encore envoyé la huitieme du levant dans le Jardin Royal de Paris : cette plante est annuelle , et s'éleve avec une tige quarrée, à la hauteur d'environ un pied, et produit deux petites DRA petites branches latérales près de sa base; ses feuilles sont en forme de cœur, entaillées sur leurs bords, opposées, et supportées par des pé- tioles : ses fleurs sont petites, de couleur pourpre, et sortent des tiges, en tètes rondes ; immédiatement au-dessous d'elles, sont placées deux bractées rondes, petites, et décou- pées sur leurs bords en dentelures, dont chacune est terminée par un poil long: cette plante fleurit et pro- duit ses semences dans le même tems que la précédente. Toutes ces especes se multiplient par leurs graines, qui peuvent être semces , ou au printems, ou en au- tomne , dans les places ou les plantes doivent rester : elles n’exigent pas un traitement différent de celui de la troisieme espece. DRACOCEPHALUM. Voyez RUYSCHIANA. DRACONTIUM, Lin. Gen. Plant. 916. Dracunculus. Tourn. Inst. R. H. 160 ; la Serpentaire , Dragon. Caracteres. Le spadix est simple et cylindrique; les parties de la fruc- tification sont disposées sur le haut d'une maniere singuliere. Les fleurs n'ont point de calice, mais seule- ment cinq pétales ovales, concaves et égaux, avec sept Ctamines étroites et enfoncées de la longueur des péta- les, et terminées par des sommets Tome III. DRA 97 oblongs, jumaux, quarrés et crigés, et un germe ovale, qui soutient un style cylindrique et couronné par un stigmat à trois angles : ce germe devient ensuite une baie ronde, dans laquelle sont renfermées plu- sicurs semences en une spathe qui s'ouvre en une'valve. Les plantes de ce genre, ayant des fleurs mâles et des fleurs femelles réunies dans le même épi, et les femelles ayant plusieurs étamines, sont comprises dans la septieme section de la vingtieme classe de LINNÉE, qui a pour titre: Gynan- drie polyandrie. Les especes sont : 1°. Dracontium pertusum , foliis pertusis , caule fcandente. Lin. Sp. Plant. 968 ; Serpentaire a feuilles percées et a tige grimpante. Arum hederaceum, amplis foliis perforatis. Plum. Amer. 40. Tab. 56; Arum brimpant à larges feuilles perforces, 2°. Dracontium polyphyllum , {capo brevissimo , petiolo radicato lacero , foliolis tripartitis ; laciniis pinnati- fidis. Hort. Cliff. 434. Roy. Lugd.-B. 6; Serpentaire avec une tige fort courte, des pétioles découpés, et des folioles divisées en trois parties, terminées en plusieurs pointes. Arum polyphyllum Surinamense , caule atrorubente glabro , et eleganter variegato. Pluk. Alm. §2. t. 149. faute Arum polyphyllum ; caule scabro N 98 DRA punicante, Par. Bar. 93. t.9 33 Arum à plusieurs feuilles avec une tige rude ct de couleur pourpre. 3°. Diracontium spinosum , foliis fagiteatis , pedunculis petiolisque acu- leatis. Flor. Zeyl. 328; Serpentaire à feuilles en forme de ficche, dont les pétioles et les pédoncules sont ne épineux. © Arum Zeylanicum spinosum ; sa- gitte foliis. Par. Bat. 75 ; Arum épineux de Céylan, à feuilles en forme de flèche. Arum minus Ze; lanicum, sagittarie foliis. Raii Suppl. §75- 7. Dracontium Camtschatcense 5 foliis lanceolatis. Amen. Acad. 2. p- 360 ; Serpentaire à feuilles en forme de lance. Pertusum. La premiere espece , qui croît naturellement dans la plu- part des Isles de l'Amérique, a des tiges minces et noucuses qui pous- sent, à chacun de leurs nœuds, des racines, au moyen desquelles elles s’attachent aux troncs des arbres, aux murailles, et à tous les corps > voisins, et qui lui servent à s'élever à la hauteur de vingt-cinq ou trente pieds : ses fouilles, alternes et sup- portées par de longs pétioles, ont quatre ou cinq pouces de longueur sur deux et demi de largeur : toutes ces feuilles sont percées de plusieurs trous oblongs, qui, au premier aspect, paroissent être l'ouvrage des insectes, mais qui sont cepen- DRA dant naturels à cette espece de plante : ses fleurs naissent au som- met de la tige qui est très - gonfice dans cet endroit; elles sont cou- vertes d’une spathe oblongue d'un vert blanchâtre, qui s'ouvre longi- tudinalement sur un côté, et laisse voir un spadix tout couvert de fleurs trés-rapprochces, et d’un jaune pâle tirant sur le blanc. Quand cette plante a une fois montré ses fleurs, elle ne croit plus ordinairement ; mais'ses feuilles sont bien plus larges que celles des plantes qui rempent beaucoup plus loin. Cette espece se multiplie aisé- ment par boutures, qui poussent bientôt des racines , si elles n'en avoient pas auparavant, en les plan- tant dans des pots remplis d'une terre sablonneuse et de mauvaise qualité , qu'on plonge dans une couche chaude ; mais elle a peu de nœuds qui soient dépourvus de ra- cines. Comme ces plantes sont ten- dres et ne subsistent point*en plein air dans notre climat, il faut placer les pots qui les contienent près des murailles de la serre chaude, contre lesquelles elles grimperont. On leur donne trés-peu d’eau en hiver; mais dans les tems chauds, on les arrose trois ou quatre fois par semaine, et en été on leur donne beaucoup d'air. Elles n’ont: point de saison fixe pour fleurir; car elles produisent quelquefois leurs fleurs en automne ct souvent au printems; mais leurs DRA semences ne miurissent point en Angleterre. Polyphyllum. La seconde, dont les semences m'ont été envoyces de la Barbade, se trouve aussi dans plusieurs autres Isles de l'Amérique: sa racine, qui est couverte d'une écorce brune et rude, est trés-irré- gulicre et remplie de gros nœuds : sa tige s’éleve à la hauteur d'environ un pied ; elle est nue au sommet, où clle porte seulement une touffe de feuilles divisées en plusieurs par- ties : sa tige est unie, de couleur pourpre, mais remplie de protubé- rences aiguës, de différentes cou- leurs, qui jettent un éclat pareil à celui du corps d'un serpent ; sa tige de fleurs sort immédiatement de la racine , et s’éleve tout au plus à la hauteur de trois pouces; son som- met est terminé par un chaperon oblong et gonflé, qui s’ouvre en longueur, et laisse voir en-dedans un spadix court, épais et pointu, sur lequel les fleurs sont serrément ran- gées. Cette espece est tendre, et ne peut être conservée en Angleterre qu'au moyen dune serre chaude; on plante ses racines dans des pots remplis de terre legere prise dans un jardin potager , qu'on plonge dans la couche de tan de la serre chaude, où on les tient constamment : en hiver on les arrose fort légèrement 3 mais dans les tems chauds, et lorsque les plantes sont en vigueur , on leur DRA 99 donne de l’eau plus souvent, et toujours peu à la fois : par ce trai- tement elles fleuriront ; mais leurs racines ne se multiplient pas ici. Spinosum. La troisieme est origi- naire de Visle de Céylan et de plu- sicurs autres parties des Indes; elle a une racine oblonguc, épaisse et remplie de nœuds, de laquelle nais- sent plusieurs feuilles semblables 4 celles de ! Arum commun, et dont les petioles sont couverts de protu- bérances rudes. La tige qui soutient la fleur, est courte et garnie de pareilles protuberances ; elle se ter- mine par une spathe de quatre pou- ces de longueur, et aussi épaisses que le doigt , qui s'ouvre longitudinale- ment, et laisse voir le spadix garni de fleurs. Ceite plante est tendre, et exige le méme traitement que la precedente. | Camischatcense. La quatrieme 2 des racines semblables à celles de PArum commun, desquelles sortent plusieurs feuilles en forme de lance, dont chacune est supportée par un petiole séparé qui s'éleve immédiate ment de la racine, comme ceux de PArum commun. Cette espece n'a pas encore fleuri en Angleterre , ainsi je ne puis en donner une plus ample description : elle croît na- turellement en Sibérie; elle veut être placée à l'ombre, et elle sup- porte les plus grands froids de notre climat. Les curieux de l'Angleterre et de Ne 100 DRA la Hollande, conservent ces plantes dans leurs jardins, plutôt pour la variété que pour la beauté; car, excepté. la premicre, il n'y en a au- cune qui ait quelque apparence : la premiere peut être placce contre la muraille de la serre chaude, a la- quelle elle s’attachera et qu'elle cou- vrira entièrement; ses feuilles se conservent pendant toute l'année, et sont si extraordinairement per- cées, qu’elles font un effet singulier. Toutes les autres especes de Ser- pentaires sont des plantes tendres, qu'on ne peut conserver dans notre climat sans le secours des serres les plus chaudes : celles qui viennent de l'Amérique, naissent spontane- ment dans les bois de la Jamaique et des autres parties chaudes de cet hémisphere : les especes grimpantes se roulent autour des troncs d'arbres dans lesquels leurs racines péne- trent, et elles s’élevent ainsi à la hauteur de trente ou quarante pieds. Ces plantes grimpantes se multi- plient aisément par boutures; comme elles sont fort succulentes, on peut les porter en Angleterre dans une boëte remplie de foin sec, en les emballant séparément, de maniere qu'elles ne puissent s’endommager lune Pautre par l'humidité qui dé- coule ordinairement des parties coupées, et dont la fermentation les feroit pourrir. Lorsqu'on les re- coit, on les plante dans de petits DRA pots remplis de terre fraiche et I¢- gere, ct on les plonge dans une cou- che de tan; mais on ne doit leur donner que trés-peu d'eau jusqu’à ce qu'elles aient pris racine, de pear qu'elles ne pourrissent : quand elles sont bien enracinées, on les arrose souvent, et lorsqu'elles ont acquis un certain volume, on les place dans la couche de tan de la serre chaude, de maniere qu'elles se trouvent voisines de quelques plantes fortes auxquelles elles puis- sent s'attacher, sans quoi clles ne profiteroient pas; car, quoiqu'elles poussent de chacun de leurs nœuds des racines qui pénetrent dans le mortier de la muraille de la serre, cependant elles ne font pas autant de progrès dans cette situation, que lorsqu'elles sont appuyces con- tre une plante forte qui leur fournit de la nourriture. On multiplie les autres especes par les rejettons que leurs racines pro- duisent ; mais il faut les tirer de leur pays natal, et les planter dans des caisses remplies de terre un mois avant de les porter à bord du vais- seau : on les tient à l'ombre jusqu’à ce qu'elles aient pris racine, et dans la traversée il faut avoir grand soin de les parer de l’eau salée, et de ne pas trop les arroser; car il suffit de leur donner un peu d'eau, tout au plus une ou deux fois par semaine, tant qu'elles sont dans un climat chaud; quand clles sont arrivées D RA dans un plus froid, on ne les arrose plus qu'une fois dans quinze jours, encore cet arrosement doit-il être trés-léger; car malgré que le sommet des plantes soit détruit dans le pas- sage faute d’eau, et parce que les racines n'ont pas repris, cependant elles se rétabliront facilement dans la suite en les traitant d’une maniere convenable. Aussitôt qu'on les reçoit, on les transplante dans des pots remplis de terre fraîche et légere, on les plonge dans une couche chaude de tan, et on les arrose légérement jusqu'à ce qu'elles aient formé de bonnes raci- nes; dans la suite on leur donnera un peu plus d’eau : mais comme leurs tiges sont fort succulentes, cet arro- sement doit être toujours fait avec beaucoup de prudence. Ces plantes veulent étre tenues constamment dans la serre chaude ; elles ont besoin de beaucoup d'air en été, et dune grande chaleur en hiver , sans quoi on ne peut pas les conserver dans ce pays. Elles sélevent à la hauteur de trois , quatre ou cing pieds, et font une varicté fort agréable dans la serre chaude, parmi les autres plan- tes exotiques. DRACUNCULUS. ARUM. Voyez DRACUNCULUS PRATENSIS. Voyez ACHILLEA PTARMICA. L. 1D (W-R: JOI DRAGON. Voy. DRACONTIUM ET ARUM DRACUNCULUS. L. : DRAVE. Voyez DRABA. DROSERA, Rosa solis; Rosée du soleil, ox Rossollis. Nous avons deux ou trois especes de ce genre qui croissent naturelle- ment dans des endroits marécageux de plusieurs parties de Angleterre ; on en trouve aussi trois ou quatre autres dans les pays chauds. Mais comme on ne peut les cultiver dans les jardins, à moins que ce ne soit dans des lieux humides et pleins d’eau , il est inutile d'en donner la description. L'espece commune à feuilles ron- des est d'usage en médecine ; les marchands de légumes la recueillent pour en fournir les marchés. DRYAS. Quinte-feuille. Le Druas, On rencontre dans les parties montagneuses et humides de l'E- cosse et de l'Irlande deux especes de ce genre, dont l’une a cinq pétales et des feuilles ailées ; mais comme aucune de ces plantes n’a beaucoup d'apparence , on ne les conserve guères que dans quelques jardins de botanique. DULCAMARA. LANUM. Voyez So- DURANTA. Lin. Gen. . Plane. 162 DUR 704. Castorea. Plum. nov. Gen. 30. cab. 17. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice persistant , et formé par une feuille érigce , placée sur le germe , et découpée sur ses bords en cinq segmens aigus ; une corolle monopétale et labice; un long tube qui s'ouvre en deux lèvres, dont la supérieure est ovale , érigée et con- cave, ct l'inférieure , divisée en qua- tre segmens égaux et ronds; quatre étamines courtes , situées dans le fond du tube, dont les deux ducen- tre sont un peu plus courtes que les autres, ct qui sont toutes terminces par des sommets courbés: le germe, qui est placé sous la fleur , soutient un style long, mince et couronne par un stigmat à tête; il se change,quand la fleur est passée, en une baie glo- bulaire , terminée par trois pointes aiguës, eta une cellule dans laquelle sont renfermées quatre semences angulaires, Les Plantes de ce genre, ayant deux étamines longues et deux cour- tes, et des semences renfermées dans une capsule , sont rangées dans la seconde section de la quatorzieme classe de LINNEE , qui a pour titre: Didynamie angyospermie. Ce genre avoit d’abord été nom- mé Castorea par le Pere Plumier , en l'honneur de Castor Durant , Mé- decin de Rome , qui a fait impri- merdans cette Ville,en 1585 une Histoire des Plantes ; mais Linnée a DUR changé ce nom en celui de Duranta, qui est le surnom du même Méde- cin. Les especes.sont : 1°. DURANTA Plumieri spinosa. Lin. Sp. Plant. 637. Jacq. Amer. 216; La Durante épineuse. Castorea repens spinosa. Plum. Nov. Gen. Plant. 30. Ic. 79 ; Castorea grimpante et cpineuse. 2°, Durantaracemosa inermis. Lin. Sp. Plant. 637 ; La Durante sans fas cpines. Castorea racemosa , flore caruleo , fructu croceo. Plum. Nov. Gen. 30 ; Castorea branchue, avec une fleur bleue, et un fruit couleur de sa- fran. 3°. Duranta erecta , caule erecto spinoso, foliis ovatis integerrimis, flo- ribus racemosis ; La Durante a tige droite et épineuse , avec des feuilles ovales et entières , et des fleurs en paquets longs. Duranta ellisia , calycibus frutes- centibus erectis. Jacq. Amer. 26. Lin. Sp. Plant. 888. Richard Weston. p. 91.v. 1.Jacq. Hort. 3. r. 99. Ellisia acuta. Amen. Acad. §. p. 400. Leff. It. 194. Ellisia frutescens quanddque spino= sa y foliis ovatis utrinque acutis ad apicem ferratis , spicis alaribus. Brown. Jan: 262.0t./29. fi hs Jasminum folio integro 5 obtuso ; flore ceruleo racemoso , fructu flavo. Sloan. Cat. Jam. 169 ; Jasmin à feuil- les entieres et obtuses , avec des fleurs D Ugh bleues disposées en paquets , et un fruit jaune. Plumieri. La premiere espece a plusieurs branches) trainantes , ar- mées à chaque nœud d'épines cro- chues et garnies de feuilles oblon- gues, placées sans ordre et l¢gere- ment scices sur leurs bords; ses fleurs, de couleur bleue pale , naissent en paquets longs sur les côtés des tiges, comme celles du grosellier ordi- naire , et sont remplacées par des baies brunes semblables aux fruits de lépine blanche, et à une unecel- lule qui renferme quatre semences angulaires. Racemosa. La seconde espece a une tige branchue et ligneuse qui s’e- lève à la hauteur de sept ou huit pieds; ses branches sont garnies de feuilles ovales , en forme de lance, de trois pouces de longueur sur un pouce et demi de largeur au milieu, scices sur leurs bords , d’un vert lui- sant et opposces : ses fleurs sortent en grappes longues aux extrémités des branches ; elles sont bleues , et sont suivies par de grosses baies rondes et jaunes , qui renferment quatre semences angulaires. Nota. LINNEE fait de celle-ci une varicte de la premiere. ” Erecta. La troisieme espece s’élé- ve à la hauteur de dix ou douze pieds, avec une tige forte, ligneuse , cou- verte d’une écorce blanche , et di- visée en plusieurs branches armées d’épines aiguës , et garnies de feuil- DU R 103 les ovales et fermes , d’un pouce de longueur sur neuf lignes de largeur : les fleurs, qui sont de couleur bleue, naissent én grappes longues aux ex- trémités des branches, et sont rem- placées par de petites baies rondes et jaunes qui renferment quatre se- mences angulaires. Cette espece m'a été envoyée de la Jamaïque par le Docteur Houstoun. Culture. Toutes ces plantes étant originaires des climats méridionaux, ne peuvent se conserver en Angle- terresans le secours d’une serre chau- de; onles multiplie par leurs grai- pes, qu’on-seme dans de petits pots , et quon plonge dans une couche chaude de tan : lorsque les plantes. sont en état d’être enlevées, on les met chacune séparément dans de petits pots remplis de terre légère ; on les replonge dans la couche , et on les tient à l'ombre , jusqu'à ce qu'elles ayent formé de nouvelles racines , après quoi on les traite comme les autres plantes qui vien- nent des mêmes contrées. La seconde espece peut être mul- tiplice par boutures pendant tous les mois de l'Eté synais il faut les plon- ger dans une couche de chaleurtem- pérée , les tenir à l'ombre jusqu’à ce qu'elles aient pris racine , ct les traiter ensuite de la même maniere que les plantes de semence : cette espece n'étant pas aussi tendre que les deux autres, on peut la placer en plein air pendant l'Été ; ét, sielle 104. DUR est tenue à une température douce en hiver , elle profitera mieux qu'à une plus grande chaleur, J'ai con- servé quelques plantes de cette es- pece pendant -trois hivers dans une DUR caisse de vitrage sèche et chaude sans feu, où elles ont trèsbien réussi ; l'hiver de 1762 étant trop rude , fit tomber leursäfeuilles ; mais de- puis elles ont fort bien repoussé. EAU Ey EAD Ea. L'eau est sans contredit une des choses les plus nécessaires dans un jardin ; car on ne peut prévenir les mauvais effets des grandes sè- cheresses que par les arrosemens, qui empêchent les plantes d’être brülées, et les préservent des maladies con- tagieuses , auxquelles les grandes chaleurs les exposent: d’ailleurs, rien ne contribue davantage à l'agrément des jardins , que des eaux bien dis- tribuées, soit en jets d’eau , soit en cascades , etc. Je vais d’abord rap- porter les opinions des meilleurs Phyficiens sur la nature et les proprictés de l'eau , avant de par- ler de la maniere d'en tirer par- ti, pour orner les maisons de cam- pagne. Newton définit l'eau pure , une matiere trés- -fluide , volatile et dé- pourvue de toute saveur et d’odeur, qui semble être compose de petites particules dures , poreuses , sphéri- ques, égales en diamètre et en gra- vité spécifique , et séparées par des intervalles si larges, et tellement dis- posées, qu'elles peuvent étre pene crées de toute part. L'égalité de leur surface sert à ex- pliquer pourquoi elles glissent si ai- sément les unes sur les autres ; leur figure sphérique les empêche de se toucher mutuellement en plus d’un point , et par ces deux raisons , leur Tome III. EAU La frottement , en glissant l'une sue l'autre , est le moindre possible, Leur dureté donne la raison de. Yincompressibiliré de : l'eau , lors- quelle n’est pas mêlée avec l'air. Sa porosité est si grande, qu’il y a au moins quarante fois autant d’espace entre ses parties , qu'elle contient de matiere ; car l’eau est dix-neuf fois spécifiquement plus légére que l'or; et l'or, par la pression , laisse passer l'eau à travers ses pores. On peut donc supposer avec raison qu'elle a beaucoup plus de pores que de parties solides. M. Leclerc dit qu ‘on peut obser- ver dans l'eau ce qui suit : les Natu- ralistescherchent à l'expliquer, et à en découvrir les causes. 1°, Elle est transparente, parce que , suivant l'opinion de quelques- uns, elle est composéc de particules flexibles , comme des cordes qui ne sont pas assez serrécs pour n'avoir point de pores , ni assez entrelacces pour quil ne reste pas entr’elles des intervalles en ligne droite, pro- pres à fournir passage à la lumiere ; comme ces particules ne sont pas jointes étroitement ensemble , et qu'elles ne sont pas dans un mouve- ment continuel , les rayons de lalu- miere traversent aisément Ces espa- ces directs, à moins que l'eau ne soit très-profonde , ou mise en mou- O 106 É AU vement par quelque cause extérieu- re 3 car alors sa transparence seroit fort diminuée , et clle prendroit une couleur obscure , comme on peut’ l’observer dans une mer agitée , dont le mouvement rapide dérange et change continuellement la direction de ses parties. 2°. L'eau est liquide, mais capa- ble d'être fixée ; l'eau semble être li- quide par la même raison que les autres corps qui le sont : ses parti- ticules étant flexibles comme des cordes, et laissant, entr'elles des pores qui sont remplis par une ma- ticre plus dcliée , lorsque cette ma- tigre est«mise dans un mouvement violent , ces particules sont aisément ccartées de côté et dautre : cepen- dant, lorsque le mouvement de cette matierc est empêché, comme il arri- ve par un grand froid, l’eau devient glace , ‘soit que cer cffet ne pro- vienne que du froid , soit qu'il y ait outre cela des particules nitreuses qui tombent de Tair par un tems de gelée, et qui, par leur rigidité, fixent Jes parties de l'eau. 3°. L'eau peut être ou chaude ou froide : 5 ses particules étant fixées , comme nous venons de le dire ,sont bientôt désunies par le mouvement dé lamaticre du feu, qui, pénétrant dans ses pores , Pagite fortement jus- ques dans ses derniers élémens, et lui rend sa premiere fluidité. Mais si on expose de nouveau cette eau A Pair froid, le feu dont elle est pé- EAU nétréese dissipera, et elle redeviendra bientôt aussi froide qu'auparavant. 4°. L'eau s’'évapore aisément par la chaleur du feu ou de l’air;cereffet est dû à la séparation subite de ses parties , causce par la dilatation de Fair; qui entraîne avec lui les parti- cules d’eau. 5°. L'eau est fort pesante en com- paraison de l'air , et de beaucoup d'autres, corps. On a démontré, par plusieurs expériences , que la gra- vité de l'air que nous respirons , est a celle de Peau comme un à huit cent ou un peu plus; ainsi, l'eau est huit cent fois plus pesante que lair: c'est pour cette raison qu’une ves- sie, ou quelqu'autre chose sembla- ble, remplie d’air, ne peut être en- foncée dans eau , qu'au moyen d'un poids gui AR la pesanteur de l'eau et un peu plus quecelle de Peau excède celle de Fair. De-là vient que Feau supporte aisément du bois , et des vaisseaux énormes chargés de grosses car- gaisons , qui ne peuvent jamais être submergés , à moins que leur poids n'excède celui d'un, parcil vokame d'eau; ct comme leau salée est bien plus lourde que l'eau de rivière , elle supporte un plus grand poids. LE corps plus lourds, comme les pierres , les métaux, etc. se pré- cipitent sur Ie champ au fond de l'eau ,avecune vitesse proportionnce à leur pesanteur , tandis que d’autres EAU maticres , dont le poids est égal à celui de Peau, ne frottent point sur la surface, et ne descendent pas au fond; ils-restent’suspendus à une certaine hauteur , comme on peut Yobserver sur Ics cadavres des animaux submergés. 6°. L'eau est insipide ct sans odcur , parce que ses parties flexibles glissent iégérement sur la langue , et ne sont pas assez dures pour affecter les nerfs ct produire la sensation du gout: mais ceci ne peut s'entendre que de l'eau*pure, dépourvue de toute espece de ma- ticre étrangere , telle que l'eau distillte, & celle de pivic; car Peau la,olus saine des fontaines, contracte ordinairement une salure que la terre, lui fournit : je. ne parle pas ici des sources minérales, dont le goût est plus piquant, mais des eaux qui font la boisson ordinaire. Elle est également sans odeur, par la même raison qu’elle n'a point de saveur ; sa flexibilité et l'égalité de ses parties constituantes sont telles qu'elle ne peut pas agir sur Jes nerfs olfacteurs; car s’il en étoit autrement , elle tiendroit nécessai- rement en dissolution quelque subs- tance ¢trangere. 7°. L'eau est sujette à se cor- rompre suivant le lieu où eile se trouve renfermée: l'eau devient épaisse ct puante par la stagnation , comme nous le voyons dans les érangs, les marais ct les vases fer- E AU 197 més; mais il faut sc rappeler ici que c'est de la matiere terrestre ct végétale dont nous parlons; car l'eau pure ne peut pas sc putrcher , ce qui est prouvé: 1°. par l'eau distillée, qu'on peut conserver tres- long-tems sans patréfaction. 2°. Par l’eau de pluie que l'on recueille dans des vases qu'on ferme hermetiquement sur le champ, et qu'on cnterre ensuite ; cette cau se conserve plusieurs années dans les contrées dépourvues de fontaines, dou il résulte que la cause de la putréfaction n'est pas dans l'eau même, mais dans une autre maticrc qui y est mélée. L'eau pure, tellc que l'eau distillée ou I’cau de pluie, sc conserve douce pendant très- long-tems, porrvu que les vases qui la conticnnent soient assez bien fermés pour qu'aucun insecte ne puisse s'y introduire, ct qu'ils soient faitsavec unematicre incorruptible, telle que le verre, -ou la terre argillcuse. P £ Pour ce qui est de l'eau stag- nante des étangs et des marais, elle se corrompt de deux manicres : 1°. par la nature du soi, dans lequel se trouve souvent une grande quantité de soufre nuisible, qui impregne Peau et la rend puante dans les tems chauds , ainsi qu'on Tobserve dans la ville d'Amsterdam , non-seule- ment dans les canaux existants, mais par-tout où l'on creuse pour les fondations des maisons ; cette Oz 108 EAU putréfaction vient du terroir et non pas de l'eau. 3°. Par les corps susceptibles de putréfaction , qui y sont répandus, tels que les cadavres des insectes, leurs œufs qui engendrent des vers, etc. L'eau se corrompt aussi dans les vases de bois, comme on l'ob- serve sur mer, par les parties sul- phureuses que le bois fournit , et par les choses mal-propres, comme les mouches , et leurs œufs qui y tombent. L'eau pénetre les corps dont les pores sont assez larges pour lui donner passage; c’est ainsi qu'elle sinsinue entre Jes particales du sucre et du sel , de maniere quelle les sépare et les dissout entierement : mais elle ne peut entrer quie trés- peu dans le tissu des pierres , dont elle ne fait qu'humecter la surface sans les détremper ; elle s'y attache, parce que cette surface est rude , et que les pores qu’elle présente sont un peu ouverts: mais de pareils corps humectés se dessechent bientôt par Fagitation de Pair voisin, dont les particules seches se chargent ais¢- ment de toute l'humidité qu’elles rencontrent. (1) (1) Il ne faut point regarder Ia dis- solution des sels comme une simple sé- paration de leurs parties, mais plutôt comme un composé nouveau formé par Yunion intime des particules de l’eau et du sel qui y.a été mêlé; ce qui est aisé à E AW ; Les corps frottés d'huile ou de graisse , contractent fort peu d’hu- midité, parceque la rudesse et l'inéga- lité de leur surface , contre laquelle l'eau s’attachoit , est nivelée par la graisse , et que ses pores sont fer- més de maniere qu’il ne reste aucun passage pour les particules d’eau qui n'y font que glisser. La plupare des liqueurs sont for- mées par l'assemblage de plusieurs particules différentes en grandeur, gravité , ou propriété attractive , suspehdues dans l'eau pure , qui sem- ble être un véhicule général ; et si prouver par Ia transparence que [’eau gon- serve érant saturée par une substance s1— line et par la crystallisation de ce sel, qui, en se rassemblant, rétrécit une très grande quantité d’eau sous forme solide, L'eau peut également dissoudre les pierres les plus dures ,relles que les jaspes, les agathes, les marbres, etc, , qui se crys- tallisent à la maniere des sels, et qui retierr nent aussi beaucoup d’eau solidifiée; on reconnoit encore cet effet dans les stalae- tices, qui n'ont pu être formées que par une dissolution complette des particules pierreuses, et encore mieux dans certaines fontaines dont les eaux, quoique fort diaphanes, déposent cependant sur tous les corps qu’on leur présente, une grande quantité de matiere pierreuse qui les incruste ; mais cette dissolution est-elle opérée par l'eau seule, ou ne doit-elle cette propriété dissolvante qu'à l'acide méphitique qui s’y trouve mêlé ? C’est ce qu'on n'est poirt encore parvenu à dé- couvrir. ! EAU © fon connoit un si grand nombre de liqueurs différentes, elles ne doivent “leurs propriétés qu'à la nature di- verse des matieres salines et minc- rales qu'elles contiennent. Le vin n'est autre chose que l'eau impregnée de la substance des rai- sins; et la biere, que l’eau charg¢e des principes de Forge : tous les esprits semblent être de l’eau satu- réc de particules salines ec sulphu- reuses. : Toutes les liqueurs sont plus ou moins fluides, suivant que les ma- tieres Hctérogenes que l'eau tienten dissolution , ont plus ou moins de cohésion entr'elles ; il n’y a aucun fluide dont les parties n’aient que qu'adhérenec les unes avec les au- tres , comme on le voit par lesbulles qui paroïssent , et se tiennent quel- quefois à la surface de l’eau Ia plus pure , aussi-bien que sur celle des esprits et des autres liqueurs. L'eau contribue beaucoup à lac- croissement des corps , en ce qu'elle rend fluides et tient séparés leurs principes actifs; de sorte qu'ils peu- vent être conduits par la circulation dans leurs vaisseaux. Le savant Docteur Halley a dé- montré que , si un atôme d’eau s’é- tend en une bulle dont le diametre soit dix fois plus grand qu'il n’étoit, cet atÔme sera par sa superficie plus. léger que Tair , et s¢levera aussi Jong-tems que le fluide expansible qu'elle renferme , conservera le E A U 1d 9 méme degré de dilatation; mais que, sila chaleur diminue ou qu'elle se trouve dans un air plus froia , elle sera forcée de s'arrêter ou même de descendre. Ainsi , si l’on supposoit que toute la terre fut couverte d’eau, et que le soleil décrivit tous les jours un cercle autour d’elle , comme 11 le fait maintenant, ce Docteur croit que lair seroit impregné d'une cer- taine quantité de vapeurs aqueuses que lair retiendroitavec lui, comme le sel reste dissour dans l’eau, et qué, le soleil échauffant l'air pendant le jour , cette partie de Fatmosphère supporteroit une plus grande pro- portion de vapeurs , comme l’eau chaude contient plus de sel dissout que l'eau froide , qui toutes retem- beroient en rosée pendant la nuit. Dans cette supposition , Tair ne seroit chargé que de parties aqueu- ses , les changemens de l'atmosphère seroient alors périodiques et régu- lieres; il ne contiendroit plus ces différentes parties terrestres, salines, et enfin tontes ces vapeurs hétéro- genes, dont les différens mélanges portés par les vents causent Ta variété de températureet de saisons dansnos climats. Mais, au-lieu de supposer une terre entierement couverte d’eau, consi- derons la mer dispersée autour des grandes et vastes étendues de terre, et divisée par de hautes et longues chaînes de montagnes, cemme les Alpes, les Apennins et les Pyrénées yr EAU en Eurepe , le Mont Caucase & Ie Taurus en Asie, le mont Atlas et les Montagnes de la Lune en Afri- que , les Andes et les Monts Apala- ches en Amérique; dont chacune excede la hauteur ordinaire à laquelle les vapeurs aqueuses s'élevent, et sur le sommet desquelles l'air est si froid ct si rarcfié , qu'il ne rctient qu'une petite quantité de ces vapeurs que les’ vents élevent jusques-là. Les vapeurs donc élevées de la mer , ct apportées par les vents sur les plaines jusqu’à ces grandes chai- nés de montagnes, y sont entassécs par leurs efforts , et forcées à mon- ter jusqu’à leur sommet , d’où l'eau se précipite d’abord ,suinte à travers les crevasses des rochers, et entre dans les cavernes formées dans leur sein ; les vastes bassins etant rem- plis, leau qu'ils couticanent, cher- che à s'ouvrir un passage , parvient enfin à sc rayer une issue vers leurs parties basses , ct s¢chappent par le côté de la montagne sous la forme de petites sources qui coulent dans les vallons étroits, et qui, venant à s'unir , forment des ruisscaux ct des rivicres. L'eau est-elle originairement flui- de? C'est une grande question par- mi les Philosophes qui.n’ont pas en- core décidé, si la fluidité ‘est son état naturel , ou plutôt un ctat forcé. Nous la trouvons quelquefois fui- de, et quelquefois solide ; et comme : EAU le premicr état est le plus ordinaire dans notreclimat, nous sommes por- tés à penser que cet état lui cst na- turel, et nous croyons que l’autre vient de l’action extérieure du fraad. -Mais le savant Beérhaave est d'une opinion contraire ; il prétend que l'eau est un crystal, parce que par- tout où il n'y pas assez de chaleur pour l'entretenir dans sa fluidité , elle devientun corps solide que nous appelons glace, M. Boyle pense à-pou-près de mème. Il observe que la glace est regardée communément comme de l'eau misç en un état contre nature par le froid ; mais qu'en considé- rant les choses sous leur vrai point de vue , et en mettant à part toutes les idées reçues, on pourroit dire avec autant de justesse que l’eau et Ja glace fondue par la chaleur , sont dans un état violent et accidentel ; si on veutavancerque la glace laissée à elle-même retourneà l’état d’eau, aussitôt que la cause qui l'a rendu solide n'existe plus , on peut répons dreque, sans faire mention de la neige ct de la glace qui reste tout l'Eté sur les Alpes et sur d’autres montagnes élevées, mème dans la Zône Torride, nous sommes assurés qu'en-certains endroits de la Sibérie, la surface de la terre est gelée du- rant plus de mois de l’année par la température nuaturelle du climat, qu'elle n’est fondue par la chaleur du soleil , etque le dégel n'a mème lieu E AU qu’à la surface, puisqu’en creusant pendant l'Été dans des campagnes éultivées et couvertes de moissons , on trouve la glace à troisou quatre pieds de profondeur. Le Docteur Boërhaave pense que, si l'on pouvoit se procurer de l'eau parfaitement pure et dépouillée de toure substance étrangere , elle au- roit touies Les propriétés d’un clé- Ment , et seroit aussi simple que le feu ; mais que jusqu'ici on n’acncore trouvé aucun expedient pour la ren- dre telle. | L'eau de pluie, qui semble étre la plus pure de toutes celles que nous connoissons , est remplie d’une inf- nité d’exhalaisons de toutes especes que Yair lui fournit; de sorte que, quoiqu'elle soit filtrée et distillce au- tant de fois qu'on voudra, elle con- tiendra toujours des parties d’une natare différente. | La plus puré de toutes les eaux , est celle qu'on obtient par la distil- lation de la neige ramasse pendant une nuit claire, sereine et froide , sur quelque lieu bien clevé,et prise à la surface; lorsque cetre neige 2 a été distillée plusieurs fois , clle Pies! de l'eau aussi pure qui soit possible de l'obtenir. M. Boyle rapporte qu'un de ses amis, après avoir distillé cent fois tine certaine quantité d'eau , trouva qu'elle avoit déposé de la terre dans la proportion de six dixiemes de son poids; d’où il conclut que toute eau, EAU Ley cn poussant l'opération encore plus loin ,pourroit étre convertic cnterre. Mais il faut considérer que, com- me on ne peut pas remuer et verser de l'eau dans un vaisseausans y méler en même tems de la poussiere, et qu’il est également impossible de la distiller sans qu’elle dissolve une partie de la composition qui sert à luterle vaisseau le Docteur Botrhaa- ve a raison de penser que l'eau ainsi souvent distillée , pourroit acquérir plutôc d de la nouvelleterre, au moyen de la poussiere qui flotte en l'air , et de celle qui couvre les instrumens employés dans lopération. Ic même Auteur nous asstire qu'après avoir distillé de l’eau sim- ple par un feu lent pendant quatre mois , elle a paru être parfaitement pure; mais qu'après l'avoir laissée dansun vase hermctiquement fermé, elle engendra une espece de maticre herbacce semblable aux étamines des plantes, ou à de petits pelotons de mucilage ; cependant on rapporte que Scotes a vu de l'eau dans le museum de Kirscher , qui avoit été conservée dans un vase hermetiquement fermé pendant plus de cinquante ans, que cette eau ¢ctoit toujours restée claire et pure , ct qu'elle se tenoit rag même hauteur dans le vase sans le moindre s¢diment sensible. Le Docteur Roérhaave ajoûte, qu'il est très-certain qu'auchne per- sonne na jamais vu une goutte d'eau pure , et que sa plus grande pureté 112 EAU connue, n'est que le dégagement d'une certaine espece de matiere ; que jamais elle ne peut être enticre- ment dépouilléc de ses sels , puisque l'air qui l'accompagne toujoursen ren- ferme beaucoup, L'eau semble être répandue par-tout , et présente dans tous les lieux où il ya de la matiere, puisqu'il n'y a aucun corps dans la nature qui ne puisse en fournir , sans en excepter même le feu, qui, à ce qu'on prétend , en contient aussi. Un simple grain du sel le plus actif, qui dans un moment pénètre à travers la main d'un homme , se charge aussi, dans un tems trés-court, dela moiti¢ de son poids d’eau , et se fond même dans l'air le plus sec; ainsi le sel de tartre placé très-près d’un grand feu, attire l’eau et s’en imbibe , et par-là augmente en peu de tems considé- rablement sa pesanteur ; de même, si pendant le jour le plus sec de lEté , on tire d’un souterrain bien frais un vase rempli de glace , et qu'on le portedansune chambre bien échauf- fée , il sera couvert aussitôt de pe- ttes gouttes d'eau fournie par l'air et condensée parle froid de la glace. Les corps secs fournissent aussi une quantité d’eau considérable. Le Docteur Boërhaave dit que l'huile de vitriol Ctant exposée long-tems a un feu violent pour en séparer au- tant d'eau qu'il est possible , en atti- rera, après quelques minutes , au- tant qu'elle en contenoit avant. De la corne de cerf conservée pen- EAU dant quarante ans,aussi dure et aussi sèche qu'aucun métal , de maniere qu'étant frappée avec un briquet eile donnoit des étincelles, après avoirété mise dans un vase de verre, et distillée , fournit un huitieme de son volume d’eau. Le même Auteur ajoute que des os de morts desséchés pendant vingt-cinq ans , et deve- nus presqu’aussi durs que le fer , ont rendu par la distillation la moiti¢de leur poids d’eau ; et que les pierres les plus dures réduites en poudre, en ont fourni une certaine quantité, M. Boyle a trouvé que les anguil- les donnoient par la distillation de l'huile, des esprits yolatils , outre le Caput mortuum , et que cependant toutes ces différentes matieres ¢toient fi bien distribuces dans l’eau, qu'elles ne sembloient étre autre chose que de l'eau coagulée. Le meme Auteur ajoûte, que du sang humain, qu'on regarde comme une liqueur trés-spiritueuse et très- élaborce , a rendu par la distillation à-peu-près six onces de phlegme, de sept onces ct demie de sang qui avoient Été soumises à l'opération , avant qu'aucun des autres principes commencat à monter, Les viperes , quoique regardées comme tres-chaudes , puisqu'elles vivent encore quelques jours après avoir perdu la tte et le cœur , four- nissent une grande quantité d’eau par la distillation. Plusieurs personnes onf cru que l'eau EAU Yeau étoit la matiere commune de tous les corps; et Thalès, avec quelques Philosophes, ont soutenu que tout étoit fait d'eau. Cette opi- nion a tiré probablement son origi- ne des livres de Moyse , où il parle de l'esprit de Dieu qui se mouvoit sur la surface des eaux. Mais M. Boyle ne convient pas que l'eau dont Moyse parle ieicom- me Ja matiere universelle , soit no- tre cau élémentaire ; car, quoique nous la regardions comme un assem- blage formé par un nombre infini de particules séminales, et d’autres cor- puscules de diverse nature, elle pour- roit"avoir été cependant un corps fluide comme l'eau, si les principes dont elle étoit composée cussent été faits par le Créateur assez petits et mis dans un tel mouvement, qu'ils eussent pu changer de place , et glisser les uns sur les autres. Cependant Rasès , Valentin , Pa- racelse , Vanhelmon, Bentivoglio , &c. ont soutenu que l'eau est lama- tiere élémeñtaire de toutes choses , et quelle suffit à leur production ; système que Vanhelmon a cherché à prouver par l'expérience suivante. Ila brûlé une quantité de terre dans un vase de portier , jusqu'à ce qué l'huile qui y étoit renfer- mée fit absolument consumée ; en la lessivant après avec de Peau, il en a tiré tous les sels; ila mis en- suite cette terre ainsi préparée dans an pot semblable à ceux dontles Jar- Tome IIL. EAU 113 dinicrs se scrvent, ct l’a placée da manicre , que l'eau de pluie seule put s'y introduire ; après quoi il ya planté un saule qui est parvenu à une grande hauteur : ce qui ui a fait conclure que l'eau est la seule nour- riture des végétaux , comme les vé- gétaux sont la. seule nourriture des animaux. M.Boyle, d'après une semblable ex- périence soutient la même chose ; ce qui a éte aussi confirmé par Newton, qui observe que l'eau expose du- rant peu de jours enplein air, prend une couleur semblable à celle de la drèche; qu'en y restant plus long- tems , elle donne un sédiraent et un esprit qui, avant sa putréfaction, est propre à nourrir les animaux & les vegétaux. Mais le Docteur Woodward ta- che de montrer qu'ils sont tous deux dans l'erreur , en leur prouvant que l'eau contient différens corpuscules étrangers , et que quelques-uns de ces corpuscules sont la matiere pro- pre de la nutrition; en effet , on trouve que l'eau est d'autant moins nourrissante , qu'elle est plus pure ; car la Menthe placée dans l'eau dis- tillée , pousse moins fortement que dans celle qui n’a pas été soumise à cette opération,et si on la distille deux ou trois fois , la plante ne fera pres- que point de progrès , et ne recevra que peu de nourriture. Ainsi l'eau seule, et dégagée de tous corps Ctrangers , n'est pas la P 114 EAU nourriture des végétaux, mais seu- lement son véhicule ; elle renferme les parties nutritives, et les distribue dans toutes les parties de la plante ; de sorte qu'une plante de cresson mise dans un vâse de verre rempli d'eau , contiendra moins de sel et d'huile que celles qui croissent dans les fontaines , parce que l’eau nour- rit moins à mesure qu'elle est plus dépouillce de ses partiessavonneuses ; et que, si elle suffit pour étendre, gonfler et développer le tissu des plantes , elle ne peut cependant leur fournir aucune nouvelle matiere vé- gétale. La fluidité de l'eau. L'eau , ditle Docteur Boërhaave, est fluide , mais sa fuidite n’est qu’ac- cidentelle , car elle est naturellement du genre des cryftaux ; ainsi toutes les fois qu'elle ne sera pas ¢chaufice au dégré où elle doit l'être pour en- tretenir sa fluidité , elle se transfor- mera en une masse solide: que cette glace soit l'effet propre du défaut de chaleur , et non d’aucunes poin- tes introduites dans l’eau , comme Mariotte et d’autres le pensent , cela est assez Cvident, puisque dans cette suppostion ses parties ne pourroient pas penetrer les corps les plus durs tels que les métaux. Cette cau , dans son état de flui- dite , ne demeure jamais tranquille; ses parties éprouvent une agitation continuelle, que les Fancois ont d’a- E ALU bord découverte par le moyen des microscopes , et qui est encore mieux confirmée par l'expérience suivante. En effet, si l'on suspend un peu de safran au milieu d’un vase rempli d’eau , le safran formera en très-peu de tems autour de lui une espece d’atmosphère coloré , qui se répan- dra à la fin dans toute l’eau; or, cela ne pourroit point arriver, si les par- ticules d’eau n'étoient continuelle- mes mues les unes sur les autres : ajoutez à cela que si vous jetez , pendant l'hiver le plus froid, une quantité de selbien sec dansun vâse rempli d’eau , il sera bientôt fondu; ce qui prouve d’une maniere éviden- te l'état de vibration où sont cons- tamment les derniers atômes de cet élément. Le même Auteurdit encore, qu'il a rempli d'eau un large vase , et qu'ayant observé plusieurs fois sa surface avec un microscope » il a toujours remarqué une espece de mouvement ondulatoire. L'eau ne garde pas non plus deux minutes de suite le méme poids; sa gravité varie continuellement , à cause de lair et du feu qui sont in- terposés entre ses parties. Placez un morceau de glace limpide et pure dans une balance exacte,vous verrez qu'elle ne conservera pas son équili- bre; l'expansion de l'eau bouillante fait voir quel effet les différens dé- grés de chaleur produisent surlape- santeur de l'eau. E AU Cette propriété rend tres-difficile à déterminer la gravité spécifique de l'eau pour pouvoir fxerlon dé- gré de pureté ; mais nous pouvons dire en général que l’eau la plus pure qu'il soit possible de se procurer , est celle qui pese huit cent quatre- vingt fois plus que l'air. Cependant , nous n'avons aucun point fixe duquel on puisse tirer par- ti pour mesurer la gravité de l'air ; car ce fluide ne devant la plus gran- de partie de son poids qu’à Peau qui y est mêlée, sa pesanteur doit va- rier en proportion de la quantité d'eau qu'il contient. De toutes les eaux , la plus pure est celle de la pluie qui tombe dans une saison froide et pendant un jour tranquille ; il est certain que la pluie | qui tombe en Ét , lorsque l'atmos- phere est fort agité, doit contenir unnombre infini de différentes espe- ces de matieres hétérogenes ; ainsi , si vous ramassez l'eau qui est tombée après un coup de tonnerre durant un jour chaud de l'Été , et que vous la laissiez en repos , elle déposera du vrai sel ; mais en hiver , sur- tout quand il géle, et que la terre produit peu d’exhalaisons , la pluie qui tombe alors , contient beau- coup moins de principes étran- gers : de-là vient que l'eau qu’on ramasse le matin, a la propriété d'enlever les taches du visage, et que celle qu'en retire dela neige , peut gucrir les inflammations des EAU I1§ yeux; cependant cette eau, toute pure qu'elle est, laissera encore du sédiment après avoir été filtrée ct distillée un grand nombre de fois. L'eau la plus pure est donc celle qu'on recucille en hivér dans une grande plaine, lorsque la terre est couverte de neige , et que tous ses pores sont fermés par la gelée ; aprés celle-ci vient l’eau de fontaine, qui , suivant le Docteur Hales , est le produit de l'air saturé d’eau , qui étant condensée par le froid du soir, et chassée contre les sommets froids des montagnes , se rassemble en gouttes, et se distille dans la terre, comme dans un alambic. L'eau de fontaine devient meil- leure à nisure qu’elle s'éloigne de sa source , parce qu'elle dépose dans son cours les parties hétérogenes qu'elle renferme. Une riviere qui coule avec rapidité , fair tomber au fond de son lit , ou rejette sur ses bords toutes les matieres vé- gétales et animales que ses eaux en- traînent,ainsi que tousles sels qu'elles recoiventde l'atmosphère ,ouqu'elles dissolvent dans les différentes especes” de terres à travers lesquelles elles passent. Mais l’eau qui se, précipite du sommet des montagnes , est ordi- inairement dépouillée de toutes ces matieres étrangercs. Dux pouvoir dissolvant de l'eau. L'eau considérée comme mens- true , dissout ; P 3 116 ErA\U 1°. Tous les sels , comme le su- cre, le borax, &c. que lair ne peut dissoudre qu’au moyen de l'eau qu'il contient , que le feu rend liquide, et que laterre laisse dans le mème état: ainsi l'eau seule est le dissolvant na- turel de toutes les especes de sels. Les particules de sel, comme nous l'avons déja observé, s insinuent dans les interstices des parties de d’eau ; mais lorsque cette eau en est entic- rement saturée , elle pourra dissou- dre encore une autre espece de sel, parce que les élémens de ce dernier étant d'une forme différente , peu- vent occuper les vuides dans lesquels. les premiers n'ont puse loger ; cette eau attaquera ainsi successivement trois ou quatte especes degsels : par exemple, l'eau saturée de sel com- mun, dissoudra encore du nitre et du scl ammoniac. 2°. L'eau dissout non-seulement les sels dont la propriété essentielle est d’étre soluble dans ce menstrue , mais encore les corps les plus lourds & les plus compacts, tels que les mé- taux, lorsque, par certains procédés, ils sontréduits à l’état salin , etalors ils peuvent étresiintimement dissouts par Peau , qu'ils y restent suspendus. 3°. Elle dissout également tous les corps savonneux formés par la combinaison des sels alkalins et des corps gras; ces composés sont bien des substances salines , mais non de vrais sels. L'huile par elle-même n'est pas dissolvable dans l'eau , mais elle E: A (U7 le devient par Vintermede du sel qui lui est intimement uni. Toutes les humeurs des corps ani- mes ont également des proprictés sa- lines ; quoiqu’aucune ne soit un vé- ritablesel; on peut en dire autant des sucs des végétaux ; excepté des hui. les, qui tous se dissolvent dans l'eau. 4°. L'eau attaque le verre même, cars ilestfondu avec le sel detartre, il peut être dissout dans l’eau. Les sels sont les instrumens actifs de lanature; mais ils n'agissent qu’au- tant que leurs parties sont complet- tement divisées par l’eau ou par le feu. 5°. L'eau dissout tous les corps gommeux , qui different essenticlic- ment des résines par cette propricté; non-seulement l'eau n’atcaque point les corps gras et huileux , mais elle semble encore les rejeter & les re- pousser avec violence : si on jette cent gouttes d'huile dans l’eau, tou- tes ces gouttes , qui d'abord étoient enticrement séparées les unes des autres , se réunissent bientôt, et se dégagent entierement de l’eau ; de maniere qu'il semble qu’il y ait quel- que repulsion entre l’eau et l'huile, ct quelqu'attraction entre les parti- cules d’eau, aussi-bien qu'entre celles de l'huile. Ajoutez que l’eau semble rejeter tous les corps oltagineux , gras, et dans lesquels l'huile domine, et que c'est pour cela aussi que les parties grasses des corps des animaux ne sont pas dissoutes, et qu'elles se rassem- he EAU blentdansletissucellulairedela pean. L'eau ne dissout pas non plus le soufre , qui n'éprouve aucune alréra- tion en le faisant bouillir long-tems dans l’eau. Elle n’a également aucune action sur les corps terreux , comme nousle voyons dans les tuiles. Cependant l'eau mêlée avec des sels alkalins dissout Vhuile 5 ainsi, guoique Peau pure versée sur de la Taine grasse la repousse , et ne con- tribue pas du tout à la nétoyer , ce- pendant faites-y dissoudre un sel lixi- viel un peu actif , elle se chargera facilement de toutesles parties gras- ses qu'elle rencontrera ; c'est par ce moyen qu'on lave les draps de laine, car l’eau seul ne produiroit aucun effet. L'eau de mer , avec tous ses sels , n’effacera jamais une tache d'huile ou de graisse ; mais comme l'urine putréfiée contient une grande quantité de sels alkalins , on s'en sert avec succes pour laver et fouler les draps. Enfin, l'eau ne-dissout pas la résine, parce que les résines ne sont autre chose qu'une huile con- centrée et Cpaissic: Après avoir traité ainsi phyfique- ment des propriétés de l’eau , je vais fa considérer sous un autre point de vue, c'est-à-dire , relativement à l’a- griculture et à lagrément qu’elle peut procurer dans les jardins lors- qu'elle sy trouve abondamment, et qu'elle est distribuée avec goût. L'eau est absolument nécessaire EA U Ti dans les jardins potagers , car sans elle il n'y a aucune production à espé- rer; C'est pourquoi, dansles lieux où l'on ne peut pas avoir assez d’eau pour y former des bassins ou des ré- servoirs , il faut y creuser des puits ; et lorsque l’eau se trouve aune pro- fondeur trop considérable pour qu'on puisse la faire monter avecdes pompes , on invente quelqu'autre machine , ou on la tire à bras; mais. dans des endroits si mal situés, et qui exigent trop d'art pour se pro- curer de l'eau, il n’est guêres possi- ble d'y établir des jardins potagers; caralors-la nécessité d’y avoir sans cesse de l’eau , exigeroit une grande dépense , et le produit seroit peu de chose, sur-tout si le rerrein est sec,et par conséquent de mauvaise qualité. Quand les jardins potagers n’ont point d'autre cau que l'eau de puits ,, il faut y pratiquer de grandes citer nes , dans lesquelles on jettera cette cau pour l'exposer au soleil et À l'air avant de s'en servir ;car sa crudité,, lorsqu'elle vient d’étre tirée, est très- nuisible aux végétaux. Sil y a dans: le voisinage des jardins , quelqu'é- tang d'où l'on puisse tirer l'eau , elle: sera de beaucoup préférable 4 toute: autre; apres: celle-ci vient Peau de riviere , sur-tout de celles qui cou- lent près ou à travers de quelques grandes villes , qui sera engraissée par les immondices qu'on y jette : mais l'eau de quelques rivieres clai- res et limpides est, aussi dure que 118 EAU celle des grandes sources quipassent sur Ic gravier et le sable ; les sources qui sortent de la craie sont géncra- lement plus douces. Si on peut avoir de la bonne eau en quantité dans le voisinage, on creusera plusieurs bassins dans les diffcrentes parties du jardin Pour que l'eau y soit par-tout a portée , car lorsqu'on est obligé de la transpor- ter à une grande distance , cette opération devient trés-pénible , et les plantes en souffrent ordinaire- ment , à moins qu'on ne veille de près les ouvriers,qui sont habitués a faire leur ouvrage avec négligence, lorsqu'il leur donne un peu depeine. La largeur des bassins doit étre pro- portionnée à la quantité d’eau qu'on peut se procurer , ou dont on a be- soin ; mais il ne faut pas qu'ils aient plus de quatre pieds de profondeur; car, sils sont plus profonds, il y a à craindre que quelques personnes ne sy noyent ; d'ailleurs la trop grande profondeur de l’eau l'empêche d’être aussi aisément échauffée par le soleil. La manicre de construire ces bas- sins différe suivant la nature du sol: dans un terrein léger et sablon- neux , on doit les revétir de terre argilleuse,de maniere qu'ils puissent contenir l’eau ; mais si le sol est d’une nature forte , ces bassins sont ires-faciles à faire, et ils n'exigent qu'un parewient de terre glaise très- mince ; dans les terres légeres on donne à ce revêtement au moins EAU deux pieds d'épaisseur au fond, et un pied et demi sur les côtés; la terre qu'on emploie pour cela doit étre bien travaillée auparavant , et CXAC- tement paitrie. Cette terre n'est bon- ne qwautant qu'elle est bien serrée, sans aucun melange de sable, tenace et grasse; quant à sa couleur , il ese indifférent qu’elle soit verte , bleuc ourouge: mais avant de la préparer, il faut que le bassin soit creusé , et qu'on lui ait donné sa forme ; car si elle reste trop long-tems exposce au soleil ou à l'air , elle ne vaudra plus rien, sur-tout si elle n’a pas été mise en un seul monceau. La meilleure saison de l'année pour faire ces bassins, est l'automne, lorsque le soleil commence à baisser et que la chaleur est temperée; au printems les vents d’est et de nord- est soufHent généralement, et sont trop desséchans; en sorte que, si on n'a pas soin de couvrir les murailles à mesure qu'on avance, il se forme des crevasses qui s'élargissent peu-a-peu, ctdonnent passage à l’eau : le même inconvénient a lieu pendant les cha- leur de l'été ; car lorsque la terre forte se desseche trop vite, il est difficile et meme impossible de prévenir ces gerçures : si cette fnu- raille de terre est mal faire dés le commencement, on ne peut la répa- rer dans la suite, parce qu'il est très- difficile de trouver l'endroit défec- tueux, à moins d'examiner avecatten- tion toutes les parties du revêtement, EAU Quand on a creusé le bassin, qu'on a nivelé lefond , et qu'on l'a nétoyé de maniere qu'il n’y reste ni boue ni petites pierres , on y jette la terre forte,on l’arrange avec beau- coup de soin, et on l’arrose à mesure qu'on la presse avec les pieds nuds ; on la serre ensuite fortement avec une dame , et aussi également qu'il est possible; car s’il restoit quelqu’en- droit foible , il seroit à craindre que l'eau ne se forcdt un passage à tra- vers. Quand le fond est ainsi cou- vert, on y place un lit de gros gravier de quatre ou cinq pouces d'épaisseur , pour conserver l'eau claire ; mais quand les bassins sont grands , et qu'il faut beaucoup de tems pour élever les murailles, on les couvre à mesure avec de la litiere humide, pour les empécher*de se dessécher; on ote cette litiere quand tout est fini, on y répand le gravier, @ on y fait entrer l'eau aussi-tét , pour empecher la terre de se gercer: les murs de côté doivent être cons- truits avec le meme soin que le fond, et en employant les mémes précautions. On couvre ensuite de gazon le sommet des murs de côté , pour les empecher de se détériorer, er les garantir des rayons pénétrans du soleil; mais avant le gazon on met dessus quatre à cinq pouces de sable, et sur ce sable un peu de bonne terre, afin que l'herbe puisse pousser plus facilement des racines : cette E AU 119 couche de sable empêche l'herbe de pénétrer jusqu'à la terreforte, et la met aussi à l'abri de la gelée : sans cette précaution , elle est sujette à se fendre en plusieurs endroits. Le ga- zon doit se trouver à fleur d’eau, afin qu'aucune partie de la glaise ne soit exposce aux injures du tems. Il ne faut point planter d'arbres dans le voisinage de ces bassins, car leurs racines pénétreroient à travers la terre forte, ct y formeroient des ouvertures à travers lesquelles l’eau s echapperoit; d’ailleurs les secousses que les vents leur donnent, déran- gent ordinairement la terre et y produisent des fentes. Dans les pays où la terre glaise est rare , on construit ces murailles de revêtement , avec de la craie pulvérisée , dont on fait une espece de mortier , qu'on travaille jusqu’à ce qu'il soit dur et très-ferme. Ces bassins contiennent fort bien l’eau, quand on peut avoir une quantité suffisante de craie pour les cons- trujre assez promptement pour qu'ils ne soient pas trop long-tems exposés au soleil et au vent; car les fentes qui s’y forment, pénetrent or- dinairement toute l'épaisseur de la muraille. D'autres bâtissent leurs murs en briques postes en forme de terrasse; cette méthode est trés-bonne pour les endroits où la terre est légere et sablonneuse, parce que les murailles, une fois élevées, retiennent la terre 120 E A U et l'empèchent de tomber. Lorsqu'on batit ces terrasses, il ne faut pas les laisser exposées long-tems à l'air, car la chaleur les fait crever. On fait encore un ciment avec deux tiers de tuile pulvérisée, et un tiers de chaux ; mais il faut avoir attention de ne pas y mettre trop d’eau , et de le bien battre : on forme avec ce ciment un enduit de deux pouces d'épaisseur sur la muraille, on l’unit bien, et on fait en sorte quil ne contienne ni paille, ni pierres, ni fragmens de bois: on fait cette opération dans un tems sec; et lorsqu'elle est achevée, on frotte cet endroit avec de l'huile ou du sang de jeune bœuf, et on y fait catrer l'eau, qui a ja propriété de le durcir, au point qu'il devient aussi solide que Ja pierre, et qu'il dure aussi long-tems. Quels que soient les matériaux qu'on emploie dans la construc- tion de ces bassins, il faut leur donner assez de force pour soutenir le poids de l’eau; ainsi, quand la terre dans laquelle ces bassins sont creusés n’a pas beaucoup de solidité, les murailles doivent être plus épais- ses et soutenues par des arcboutants construits avec les mêmes matériaux et placés de distance en distance : ou si ces murs sont bâtis en terre forte, on se sert de fortes planches qu'on soutient par des piquets pour appuyer la terre, sans quoi il seroit à craindre qu'elle ne s'éboulât, sur- E AU tout quand les bassins sont grands, que le vent agite la surface de Peau et la chasse en vagues contre Jes bords; on prévient aussi cet acci- dent, en donnant une pente douce aux murailles de revêtement. Ces instructions n'ont rapport qu'aux bassins destinés à contenir l'eau nécessaire pour les arrosemens; mais elles ne peuvent convenir aux grandes pieces d’eau creusées pour Yornement des jardins, si la terre est légere et sablonneuse , parce que la dépense que cette construction occasionneroit , seroit trés-considé- rable; on ne peut gueres pratiquer de ces sortes de bassins, que dans des lieux où la terre est assez forte pour contenir l'eau sans aucun re- vétement , et où l’eau est trés-abon- dante: Comme ces bassins sont très- agréables, et qu'ils forment un des plus grands ornemens des habita- tions de la campagne, je vais dom ner quelques préceptes sur la maniere de les construire. Dans les endroits où l’on a des eaux courantes en abondance, les amas qu'on en forme sont toujours plus agréables , parce qu’elles sont plus claires et plus limpides que les eaux stagnantes; d’ailleurs si elles coulent avec quelques dégrés de vitesse, on peut ménager deux ou trois chtites ou cascades qui aug- menteront l'agrément : en condui- sant cette eau, il faut prendre exac- tement le niveau du terrein; car le grand EAU grand art est de s'épargner fa dé- pense de creuser : quand le terrein est naturellement bas , il faut y con- duire l'eau , et jamais n'entrepren- dre den élever les bords, parce qu'alors on ne pourroit plus voir l'eau d’une certaine distance , à moins que le bassin ne soit très- large : il faut donc donner à ces bords une pente aussi douce quil est possible , et éviter avec soin de les tailler à angles réguliers, comme on le pratique ordinairement; car ces pentes régulieres sont beaucoup moins agréables que celles qui sont à peine sensibles , et sur lesquelles l'œil glisse jusqu'à l'eau, sans ren- contrer aucun obstacle qui arrête la vue; de maniere que dans un petit éloignement, ces pentes dou- ces ne paroissent point. Comme l'habileté de l’Artiste consiste a faire paroitre la masse d'eau plus éten- due quelle n'est réellement, en ménageant ses contours avec intel- ligence; on doit éviter de donner à ces bassins une forme réguliere, comme ceux qu'on voit dans quel- ques anciens jardins, qui sont en quarrés longs , ronds , ou de figure polygone, parce qu’on en voit tous les bords d'un seul coup d'œil, et qu'ils sont bien moins agréables, quelque grands qu'ils soient, que ceux qui sont conduits de façon qu'ils ne peuvent pas tre appercus en en- tier sous un seul point de vue, mais dont les contours ais¢s et doux, font Tome III, E AU 121 imaginer facilement que ce qui ne paroit point s'étend a une grande distance : c'elt ainsi que des pieces d'eau assez petites, mais ménagées avec art , peuvent paroitre tres- considérables. On formoit autrefois des bassins réguliers pour répondre à des al- Ices droites ou à des arbres plantés symmétriquement ; mais cette mé- thode est aujourd’hui abandonnée, et on cherche dans la disposition d'un jardin à se rapprocher, au- tant qu'il est possible, de la na- ture; en suivant cette marche dans la distribution des eaux , on forme de grands bassins irréguliers dans les lieux les plus bas, et on les y conduit par des pentes naturelles ; non-seulement on évite par-la des dépenses considérables, mais on ga- gne beaucoup du côté de l'agré- ment : on peut laisser à ces eaux la liberté de s'étendre encore plus ‘loin dans des lieux écroits & pro- fonds , plutôt que de les contenir par des digues dispendieuses à Cle- ver : on peut remarquer que, lors- qu'on fait de grandes dépenses pour construire de grands talus, l'effet que tout cela produit est infiniment moins agréable que lorsqu’on s’est attache à copier la nature: il n'y a rien d’ailleurs de si ridicule que ces bords qui s’élevent quelquefois à la hauteur de six ou huit pieds, et qui tent la vue de l'eau a ceux qui se trouvent de ce côté-là. Ces Q 122 BATU digues sont encore plus absurdes lorsqu'elles font face à la maison ou à quelqu’endroit principal du jardin, comme on le voit quelque- fois. Depuis que le goût a changé dans l’arrangement des jardins , et qu'on a adopté une méthode plus naturelle , on a fait de grands pro- grès dans la distribution des eaux destinées à orner les maisons de campagne ; mais bien des person- nes, voulant imiter ces ouvrages, se sont souvent trompes. autant en faisant faire des tours et des dé- tours forcés à leurs eaux, qu’autre- fois en les conduisant par des lignes droites et rcgulieres ; c’est ce qu'on voit souvent dans les jardins où l’on a voulu imiter une riviere : on ap- perçoit avec surprise un petit cou- rant d’eau décrire une multitude de détours et de cercles d’un air si géné et si étudié, que l'effet en est désagréable à toute personne de bon goût, et il en est de même de toutes les autres figures tracces et ctudiées : d’ailleurs, toutes ces pieces d’eau régulieres péchent en ce qu'elles ont par-tout la même largeur , tandis que le principal agrément de ces sortes de bassins, consiste à voir Peau s'étendre en quelques endroits, et à se resserrer dans d’autres : en général, on ex¢- cute ces pieces avec bien moins de dépense que les autres, quand on s'est bien mis au fait de la position EAU naturelle du terrein; ce qu'il faut faire avec le plus grand soin avant d'entreprendre aucun ouvrage de cette espece, faute de quoi on est dans le cas de se repentir d’avoir fait beaucoup de dépense. Il y a encore une chose essen- tielle à remarquer en creusant ces pieces d'eau, c’est de ne pas les faire trop voisines des habitations, parce qu'elles pourroient les rendre mal saines, et causer beaucoup de dom- mage aux meubles, par l'humidité que les vapeurs qui s’en élevent pourroient occasionner, sur — tout lorsque les. vents les chassent-di-ec- tement contre la maison zil vaut donc mieux aller chercher Peau un peu plus loin, que de s’exposer à cet inconvénient. Il faut aussi avoir soin que l'eau ne soit pas de niveau avec la. maison, parce qu'elle filtre tou- jours assez à travers les couches de terre ; pour occasionner une. moi- teur pernicieuse dans le bas de l'ha- bitation, et même dans les. étages supérieurs. Quand le jardin n'est pas assez heureusement situé pour qu'on y ait toujours des eaux vives ct cou- rantes, et qu'on ne peut s'en procu- rer qu'en les tirant d’un Ctang ou de quelque réservoir voisin, il est encore possible d'avoir de belles eaux, soit pour Fusage , soit pour l'ornement, sur-tout quand elles sont abondantes; mais si elles sont rates, il vaut mieux diminuer le E AU plan des jardins, que de creuser de larges bassins qui restent vuides pen- dant les sécheresses, qui est le tems où l'eau est le plus nécessaire pour d'usage et pour l'agrément. Quand on a peu d’eau, il faut pratiquer de grands réservoirs, dans desquels l'eau des.collines et des élc- vations puisse se rassembler et ser- vir de supplément dans les tems de sécheresse. Lorsque ces réser- voirs sont considérables , ils con- tiennent assez d'eau peur l'usage de la maison et du jardin, mais ils en fournissent trop peu pour l'orne ment; ainsi il ne faut pas essayer de faire des pieces d'eau dans de pareilles situations. Comme Teau ne paroit jamais avec plus d'avantage que dans le voisinage des bois , en dessinant une piece d’eau, il faut la conduire auprès des plantations , afin que le contraste des arbres et de l'eau pa- roisse aussi parfaitement qu'il est possible , et qu'on puisse appercevoir l'eau a travers la verdure. Si -on veut terminer ces ‘bassins, et em- pécher que Teau ne se répande plus loin , il faut , autant qu'on le peut, masquer ses digues par des planta- tions serrces d'arbres toujours verds: on peut garnir le devant de ces plantations avec des saules de Ba- bylone, ou des aulnes placés trés- près les uns des autres sur les bords de la piece, de maniere que leurs branches pendent sur l’eau , la-con- E BE 123 duisent a travers ces arbres par des détours aisés , et qu'elle paroisse s'étendre encore plus loin, et aller se jeter a quelque distance dans un plus gros volume d'eau. Le grand art consiste donc a rendre ces pie- ces aussi naturelles qu'il est possi- ble; mais plus l’art sera cach¢, plus elles seront agréables et estim¢ces par les personnes de bon goût. EBENIER. Voyez EBENUS. EBENIER DE MONTAGNE. Voyez BAUHINIA. EBENIER faux , ox CYTISE. Voyez CYTISUS LABURNUM. EBENUS. Lin. Gen. Nov. Barba Jovis. Tourn. Inst. R. H. t. 419; Ebénier. Caracteres. Le ‘calice de fa fleur est formé par une feuille divisée sur ses bords en cinq segmens aigus : fa fleur est papilionnacée; l'étendard est obtus et réfléchi; les afles sont égales, aussi longues que l’éten- dard , larges et rondes; la carène est plus courte et se tourne vers le haut: cette fleur a dix étami- nes, dont neuf sont jointes et l’au- tre séparée, et qui sont toutes ter- minées par des sommets simples. Dans son fond est situé un germe oblong, qui soutient un style érigé et surmonté par un stigmat simple; il se change ensuite en un legume O' 2 124 EB E oblong et gonflé, qui s'ouvre en deux valves, et renferme trois ou quatre semences en forme de rein. Cette espece differe des Trifo- lium par les brachtées qui sont pla- cces entre les fleurs et Pepi. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la dix- septieme classe de LINNEE, inti- tulée : Diadelphie décandrie, qui comprend celles dont les fleurs ont dix ¢tamines séparées en deux corps. Nous n'avons qu'une espece de ce genre, qui est: L'Ebenus Cretica, Lin. Sp. Plant. 1076. Ed, 3; Ébénier. Barba Jovis Lagopoides , Cretica, frutescens , incana , flore spicato pur- pureo amplo. Breyn. Prod, 1 ; Barbe de Jupiter , Pied de lievre de Crete , en arbrisseau, à feuilles velues et à grosses fleurs pourpre disposées en épis. Trifolium spicis ovatis villosis , caule fruticoso. Roy. Lugd.-B. 380. Anthillis fruticosa y foliolis ternatis ac quinatis , lanceolatis ; tomentosis. Sauv. Meth. 237. Cytisus incanus Creticus. Bauh. Pin. 390. Barba Jovis Cytisi folio 5 flore rubello. Barr. rar. 1389. t. 377. ét 913. Loto affinis alata, folio et facie pentaphylloidis fruticosi , floribus in spicam longiorem positis. Pluk. Alm. R276 2 OF SR EBE Cette plante croit naturellement en Candie et dans quelques Ifles de YArchipel; elle s'éleve à la hau- teur de trois ou quatre pieds , avec une tige d’arbrisseau qui pousse à chaque nœud plusieurs branches garnies de feuilles blanches, com- posées de cinq lobes étroits, en forme de lance, joints par leur bâse au pétiole, et étendus en de- hors comme les doigts d'une main: ces branches sont terminces par des épis de grosses fleurs pourpres papilionnacces, et semblables à celles des Pois; ces épis, dont la longueur est de deux ou trois pouces, ont une très-belle apparence, sur-tout quand les plantes sont fortes, et qu'il s'en trouve plusieurs sur la même : cette espece fleurit en Juin et en. Juillet, et dans les années trés-chaudes celle perfectionne ses semences en Angleterre. On multiplie cette plante par ses graines, qu'on seme dans des pots en automne, parce qu'elles manquent souvent quand elles ne sont mises en terre qu'au printems ; on place ces pots en hiver, sous un chassis où elles puissent étre à l'abri dela gelée : au printems, les plan- tes pousseront; alors on les tiendra nettes, et on les arrosera de tems en tems : quand elles auront acquis assez de force pour être enlevées , on les plantera séparément dans de petits pots remplis de terre légere, on les plongera dans une couche ECH de chaleur modérée, pour leur faire pousser de nouvelles racines A ct on les accoutumera ensuite par degrés à supporter le plein air, auquel on doit les exposer tout-a-fait ala fin du mois de Mai, en les plaçant dans un lieu abrité, où on les lais- sera jusqu'en automne, pour les remettre alors à couvert, parce qu'elles ne supportent pas le plein air pendant l'hiver; mais il ne faut cependant pas les traiter trop dc- licatement, de peur qu'elles ne filent et ne saffoiblissent : l'expérience m'a prouvé qu'elles réussissent mieux en hiver, dans une caisse de vi- trages , airce et sans feu , que dans l'orangerie ; parce que dans cette situation elles jouïssent davantage du soleil et de lair; on les arrose Iégerement durant cette saison, mais souvent en été: quant aux autres soins que cette plante exige, ils sont les mêmes que ceux qu'on donne aux autres especes exotiques dures , parmi lesquelles celle-ci fera une belle varicté. f EBULUS. EBULUS. Voyez; SAMBUCUS eX ECHALOTTE. Voyez CEPA As- CALONICA, ÉCHELLE DE JACOB , ov VA- LERIANE GRECQUE. Voyez Po- LEMONIUM. L, E CH 12 ECHINOMELOCACTUS. Fo EX CAérus:MELOCACTUS.. L. ECHINOPE, ox Ja BOULETTE. Voyez; ECHINOPS SPH@ROCE- PHALU Suck, ECHINOPHORA. Lin. Gen, Plant. 292. Tourn. Inst. R. H. 656. t. 423 5 (de “Exins , hérisson, et ¢ipa, gr. porter). Panais épineux. Caracteres. La plante a des fleurs en ombelle ; l'ombelle générale est composée de plusieurs petites, dont l'intermédiaire est la plus courte; l'enveloppe de l'ombelle générale est termince par des épines aiguës; celles des rayons sont turbinées , et formées par une feuille découpée en six parties égales, avec des pointes aiguës ; le périanthe est divisé en cing parties, et posté sur le germe; lombelle générale est uniforme : les fleurs ont cinq pétales inégaux et entièrement ouverts, et cing éta- mines terminces par des sommets ronds : sous le périanthe est placé, en- dedans du calice, un germe oblong et surmonté par un stigmat simple ; ce germe se change dans la suite en deux semences renfermées dans le calice. | Les plantes de ce genre sont ran- gées dans la seconde section de la cinquieme classe de LINNEE, qui a pour titre : Pentandrie digy- nie , avec celles dont les fleurs ont cinq étamines et deux styles. 126 ECH Les especes sont : 1°. Echinophora spinosa 5 foliolis subulato - spinosis ; integerrimis. ins Sp. Plant. 344; Panais à tête pi- quante et à feuilles épineuses, en- ticres et en forme d’alène. Caucalis caule lignoso , foliolis subulato-spinosis 5 integerrimis. Roy. Lugd.-B. 96. Sauv. Monsp. 258. Echinophora maritima spinosa. Tourn. Inst. 656 ; Panais maritime épineux, ou Porte-hérisson. Crithmum spinosum. Dod. Pempt. TOR: 2°, Echinophora tenui-folia ; fo- liolis incisis inermibus. Lin. Sp. Plant. 3445 Panais à sète épineuse, dont les petites feuiles sont découpées et on sans ¢pines. Caucalis caule lignoso , foliis in- cisis. Roy. Lugd-B. 96. 3°. Echinophora Pastinace folio. Tourn. Inst. 6563 Panais à tête épi- neuse et à feuilles de Carotte. Pastinaca ÆEchinophora Apula. Coloma. Ecphr. 1. p. 98.r. 101. Spinosa. Ces plantes croissent na- turellement sur les côtes de la Mé- diterranée ; on les conserve dans les jardins de Botanique pour la varicte ; elles ont toutes deux des racines vi- vaces et rempantes : la premiere a des tiges branchues, longues de cinq ou six pouces , et garnies de feuilles courtes, épaisses, terminées en deux ou trois épines aiguës , et placées par paires opposes: ses fleurs croissent placées en ombelle, soutenues sur des EC’ pédoncules nuds qui s’élevent sur le côté de la tige : elles sont blanches, et sous l'ombelle se trouve une enveloppe composée de plusieurs feuilles terminées par des épines aiguës. Cette plante fleuriten Juin; mais ses semences muürissent rare- ment dans ce pays. Tenui-folia. La seconde espece s’é- leve à la hauteur d’un pied et demi: de chaque nœud de sa tige princi- pale, sortent deux branches latérales opposées; sa partie basse est garnie de feuilles joliment divisées comme celles des Carottes; les fleurs qui croissent en petites ombelles aux ex- trémités des branches, ont une en- veloppe courte et épineuse : elles paroissent en Juillet ; mais leurs se- mences ne muürissent point en An- gleterre. On multiplie ces plantes au moyen de leurs racines rempantes, parce qu'elles ne produisent point de graines dans notre climat ; on les transplante vers le commencement de Mars, un peu avant qu'elles ne poussent, dans un sol graveleux ou sablonneux , et À une exposition chaude , sans quoi il seroit néces- saire de les couvrir en hiver pour empêcher la gelce de les détruire. ECHINOPS. Lin. Gen. Plant. 829 ; Echinopus. Tourn. Inst. R. H. z. 463; Chardon globulaire, la Boulette , ou l’Echinope. Caracteres. Les plantes de ce genre E C H ont un périanthe persistant, oblong, angulaire et imbriqué; un petale en forme d’entonnoir, divisé sur ses bords en cing parties entièrement ouvertes et réfléchies;. cinq ¢tamines courtes, velues , et terminées par des sommets cylindriques , et dans le fond du tube, un germe oblong qui soutient un style mince aussi long que le tube , et couronné par deux stigmats oblongs, enfoncés , et tour- nés en arriere : ce germe se change ensuite en une semence oblongue ct ovale, rétrécie à la bâse, mais obtuse et velue au sommet. Ce genre de plante est rangé dans la: premiere section de la dix- septieme classe de LINNEE , inti- tulce : Syngenésie , Polygamie égale. Cette section renferme les plantes qui ont seulement des fleurettes.her- maphrodites fructueuses.. Les especes sont = 1°. Echinops spherocephalus:, ca- pitulis globosis ,. foliis: pubescentibus. Lin. Sp.. Plant. 13,14. Seop. Carn. Ed. 1. rm 933; Echinope a. tête globulaire et à feuilles velues. Echinopus major. J. B. 3. p. 69 ; FEchinope ou la Boulette. Carduus spharocephalus, lati-folius vulgaris. Bauhs Pin.. 381. Chalcepos. Dalech. hist: 1480. 2°. Echinops Ritro:, capitulo glo- boso , foliis. supra glabris. Lin. Sp. Plant. 1314, Scop. Carn. 2. n:994.; Echinope à tête globulaire, et dont les feuilles sont unies en-dessus. oe CA 127 €arduus spharocephalus , Py. minor. Bauh. Pin. 381. Ritro floribus. ceruleis. Lob. Ic. 2. p- 8. Crocodylium Monspeliensium. Da- lech. Hist. 1.476.- Echinopus minor. J. B. 3. p. 72. 3°. Echinops strigosus , capitulis fasciculatis, calycibus lateralibus ste- rilibus , foliis supra strigosis. Lin. Sp. Plant. 31.315. Lef. Hisp. 159; Echinope avec des têtes globulaires en paquets, des calices steriles, er. des: feuilles ailées et pointues. Echinopus. minor annuus , magno’ capite. Tourn. Inst. 463. Carduus tomentosus , capitulo ma- jori. Bauh. Pin: 382. ~ Scabiosa Cardui-folia annua. Herm, Pari 2244274 Spina alba. Lob. Ic. 2. p. 9. 4°. Echinops Grecus, caule uni- capitato , foliis spinosis, omnibus: pinnati- fidis villosis, radice repta- crice ; Echinope ayant une tête sur chaque tige , des feuilles piquantes,. dont les ailes sont pointues et velues,. et une racine rempante. Echinopus. Gracus ,.tenuissime di- visus- et. lanuginosus capite minori calureos Tour. Cor. 34; Chardon) globulaire de Grèce, dont les feuilles: sont divisées en segmens étroits et’ laineux, avec une petite tête bleue. Spharocephalus. La premiere espece: est l'Echinope commune, qui a été long-temps cultivée dans quelques jardins pour la variété; elle croît 128 É C H naturellement en Italie et en Espa- gne ; de sa racine vivace sortent plusieurs tiges qui s’'élevent à la hauteur de quatre ou cinq pieds, et sont garnies de feuilles longues, den- telées ct divisées en plusieurs seg- mens, presque jusqu'à la côte du milieu; ces feuilles sont d’un vert foncé en-dessus, laineuses en-des- sous, et chacune de leurs dentclures est termince par une épine : ses eurs sont rassemblées en têtes glo- bulaires, dont plusieurs sortent sur chaque tige; Tespece commune a des fleurs bleues; mais on en con- noît aussi une variété à fleurs blan- ches: elle feurit en Juillet, et ses semences mürissent en Août. On multiplie facilement cette es- pece par ses graines , qui produiront un grand nombre de plantes, si on leur permet de s'écarter; on peut en placer quelques-unes dans le lieu où elles doivent fleurir, et elles n'exigeront aucune autre culture que d'être tenues constamment nettes; elles Aeuriront dans la se- conde année, et produiront des semences ; leurs racines peuvent subsister encore deux ou trois ans après : si l'on donne à leurs graines Ic tems de se répandre, ces plantes se multiplieront beaucoup, et de- viendront fort embarrassantes ; mais on pourra aisément prévenir cet inconvénient , en coupant leurs têtes aussi-tot que leurs semences sont mires. E CH Ritro. La seconde , qui se trouve dans la France méridionale et en Italie, à une racine vivace et rem- pante, de laquelle sortent plusieurs tiges fortes, hautes de deux pieds, et garnics de feuilles découpées, jusqu’à la côte du milicu, en plusieurs beaux segmens armés de piquants, et blancs en-dessous : ces tiges poussent vers leur sommet quelques branches : dont chacune est terminée par unc tête globulaire de fleurs plus petites que celles de la premiere, et d’un bleu plus foncé; cette espece offre aussi une varicté à fleurs blanches; elle fleurit vers le même tems que la premiere, et on la multiplie de la même maniere. Ces deux especes croissent dans tous les sols et à toutes les expositions. Strigosus. La troisieme est ori- ginaire de l'Espagne et du Portugal : cette plante est annuelle et s'élève à la hauteur de deux pieds avec une tige roide, blanche, et garnie de feuilles divisées et terminces en plu- sieurs pointes armées d’épines; la surface supérieure de ces feuilles est verte et couverte de poils bruns, et leur dessous est blanc et laineux ; la tige est terminée par une grosse téte de fleurs d'un bleu pale, qui parois- sent dans le mois de Juillet, et qui donnent des semences mûres en au- tomne dans les années chaudes; mais quand elles sont froides et humides, clics parviennent rarement en ma- turité, On ECKH On seme cette espece au prin- tems sur une plate bande chaude de terre légere , où les plantes doivent rester; elles n'auront besoin que d'être éclaircies lorsqu'elles seront trop serrces. Grecus. La quatrième, dont le Docteur Tournefort a envoyé les semences de la Grèce au Jardin Royal de Paris, a une racine vivace et rempante, par laquelle elle se multiplie assez fort; ses tiges s'éle- vent à la hauteur d'environ un pied, et sont fortement garnies de feuilles plus courtes et plus joliment divi- sées qu'aucune des especes précé- dentes ; elles sont blanches; et ar- mées a chaque côte d’épines aiguës: ces tiges sont terminées par une tête globulaire d’une grosseur médiocre, et formée par des fleurs bleues - dans quelques plantes, et blanches dans d’autres; elles paroissent à la fin de Juin, et dans les années chaudes, leurs semences mürissent bien en Angleterre. On multiplie aisément cette espece par ses racines rempantes ou par ses semences ; il lui faut un sol sec, et une situation chaude. Meroe ECHINUS. On nomme ainsi une téte epineuse, une enveloppe de semences, ou le sommet de quelque plante qui a quelque ressemblance avec un hérisson, ECHIUM , Lin. Gen, Plant. 157: Tome III, ECH 129 Tourn Inst. R.-H. 139: Tab. 54. de "Exis, gr. Vipere, parce que la semence mure de cette plante res- semble a la téte d’un Vipere: on la nomme aussi Aerba Viperaria , parce que les Anciens croyoïent que cette plante tuoit les Viperes. La Viperine, herbe aux Viperes. Caracteres. Dans ce genre la fleur a un calice persistant et divisé en cinq segmens, un pétale avec un tube court, dont une extrémité est érigée, large, obtuse , et découpée en cinq parties, desquelles les deux supérieures sont plus longues que celles du bas, qui sont aiguës et réfléchies ; cing étamines en forme d’alène , et terminées par des som- mets oblongs et penchés: dans son fond sont placés quatre germes avec un style mince, couronné par un stigmat obtus et divise en deux par- ties; les germes se changent ensuite en une grande quantité de semences renfermées dans un calice rude. Les plantes de ce genre ayant cinq ctamines et un style , sont rangées dans la premiere section de la cin- quieme classe de LINNEE, qui a pour titre : Pentandrie monogynie. Les especes sont : 1°. Echium Anglicum , caule sim- plici, erecto, foliis lanceolatis , flo- ribus spicatis lateralibus , staminibus corolla æquartibus ; Viperine avec une tige simple et érigée , des feuilles rudes en forme de lance, des fleurs en épis sortant de côté, et des R 130 EC H tramines de même longueur ape le petale. Echium vulgare. C. B. p> 2545 Wpeuns ordinaire, . Echium Vulgare , caule sim- ri erecto ; foliis rule 5 lanceo- latis , hispidis ; floribus spicatis ; la- teralibus ; staminibus corolla longio- Viperine avec une tige sim- ple et érigée, des feuilles rudesy étroites ct en forme de lance, des fleurs croissant en épis courts sur les côtés, et des étamines plus lon- gues que les pétales. Lycopsis Anglica, Lob. Viperine ou herbe aux Viperes. 3°. Echium Italicum 5 corollis vix ribus ; calycem excedentibus, margine villosis. Hort. Upsal. 35. Viperine dont les pétales excèdent à peine le calice, et dont les bords sont velus, Eckium majus et asperius , flore albo. C. B. p. 254 grande Viperine rude à fleurs blanches. Echium flore albo. Cam. Epit. 738. Lycopsis. Bauh. Pin. 255. 4°. Echium Lusitanicum ; corollis: stamine longioribus. Lin. Sp. 200 ; Viperine avec des corolles plus lon- gues que les étamines. ‘Echium , amplissimo: folio ;. Lusi- tanicum. Tourn. Inst. 13 § 5 Viperine de posa à larges feuilles. Se Echium « Greticum > calycibus fructescentibus, distantibus, caule pro- curnbente. Lin. Hort. Upsal. 35: Kniph: Cent. 10. n. 395 Viperine dont les calices sont fructueux, et placés. à E €¢ une certaine distance les uns des autres, et dont les tiges sont incli- nées vers la terre. Echium Creticum, lati-folium, ru- brum. C. B. p. 2543. Viperine de Candie à larges feuilles et à fleurs rouges. Echium Creticum. x, 2, Clus. Hisr.. 2.p. I 6 S 6°. Echium angusti-folium, caule- ramosoaspero , foliis calloso-verrucosis ; staminibus corolla longioribus ; Vipe- rine avec une tige rude et branchue,, des feuilles brodées , et des étamines. plus longues que les pétales. Echium caule simplici , foliis cau- linis linearibus 5 floribus spicatis ex. alis. Hort. Cliff. 43. Echium Creticum , angusti-folium 3 rubrum. C. B. p. 2545 Viperine de Candie a feuilles étroites er à fleurs rouges. 7°. Echium fraticosum:, caule fruticoso.. Hort: Cliff. 43. > Roy. Lugd.-B. 407; Viperine avec une tige d’arbrisseau.. Echiun Africanum , Fes 5 foliis pilosis. Hort. Amst. 2. p. 107: BSÆS Viperine d'Afrique en arbris- seau ct à feuilles velues. Buglossum Africanum, Echii folio, ie Sereda Pluk. Maat. 3 3 Beit. 341. f-7: Anglicum. : La premiere: espece croît naturellement en Allemagne et en Autriche, d'où ses semences n'ont été envoyées : celle-ci et la Viperine commune , qui est la se- E CH tonde; ont été confondués par la plupart des Botanistes , qui les ont regardées comme ne formant qu'une seule espece, tandis qu'elles sont fort différentes l’une de l'autre; car les feufiles de la premiere sont courtes et beaucoup plus larges que celles de la seconde; ses épis de fleurs sont aussi beaucoup plus longs, et ses ctamines de la méine longueur que les pétales ; au-lieu que celles de la seconde s'étendent au-delà; ce qui fait une différence essenticile (1). Vulgare. La seconde, qu'on ren- contre en Angleterre, dans les terres de craie, est celle que Lobel ap- pelle Hess Anglica, qui a été généralement prise pour l'Echium commun. Ttalicum. La troisieme se trouve dans la France méridionale , et dañs TIsle de Gersey ; sa tige est droite , et velue, ses fleurs sont produites en petits épis sur les parties latérales des branches; elles sont petites, et paroissent a peine au-dessus des çalices : quelques plantes ont des ©" (1) Les anciens Médecins regardoient cette plante comine un puissant remedé pour guérir la morsure de la Vipere : ils en écrasoient les racines et les feuilles; et les faisoient infuser dans du vin blanc, qu’ils donnoient aux malades ; mais cette propriété est au moins fort douteuse, et on ne doit point perdre son tems à essayer de pareils remedes dans une maladie grave qui exige de prompts secours, fe °C FF 137 fleurs blanches, et d’autres pourpre; et leurs calices sont fort velus, et découpés en segmensaigus. Lusitanicum.’ La quatrieme naît spontanément en Portugal et en Espagne ; ses feuilles bass ont plus d'un pied de longueur sur deux pou- ces de largeur au milieu, mais étroi- tes vers les deux extrémités , et couvertes d'un poil doux : ses tiges s'élevent à la hauteur de deux pieds; ses fleurs naissent en petits épis sur les côtés des tiges, et leurs pétales sont plus longs que les étamines. Creticum. La cinquieme, qui est riginaire de l'Isle de Crète, a des tigétrainantes , velues , et longues d'environ deux pieds, desquelles sortent plusionss branches latérales, garnies de feuilles velues en forme de lance , d'environ trois pouces de longueur sur neuf lignes de largeur, et scssilles aux tiges ; ses fleurs larges et d'un pourpre rougeatre, qui se change en bleu lorsqu'elles sont sèches, sortent en épis minces sur de courts pédoncules aux aïles des feuilles, et sont placées à une cer- taine distance les unes des autres sur les épis. Cette plante est annuelle; elle fieurit dans le mois de Juin, et périt en automne. Angusti-folium. La sixieme a des tiges branchues qui croissent à la longueur d’un pied et demi; elles sont inclinées vers la terre , ét cou- vertes de poils luisans; ses feuilles, larges d'un demi pouce et longues R 2 132 EC H de quatre, sont fort brodées et velues : ses fleurs croissent en epis clairs sur les côtés des tiges et aux “extrémités des branches ; elles sont sd’une couleur de pourpre rougeatre , er moins larges que celles de l’espece précédente; leurs étamines sont plus longues que le pétale. Cette plante est annuelle comme la cinquieme, et se trouve aussi dans l'Isle de Candie. La plupart de ces plantes sont bis- annuelles, a Vexception de la cin- quieme et de la sixieme, qui sont annuelles et les plus belles de toutes : les graines dé cette derniere doivent être semées annuellement, dans le lieu même où les plantes dof#ent rester ; elles ne demandent aucuns soins, si ce n’est qu'on doit les tenir constamment nettés , et les éclaircir lorsqu'elles sont trop serrées : elles fleurissent en Juillet , et leurs-sc- mences murissent cing Où six se- maines aprés. Les semences des autres especes étant mises en terre au printems, produiront des fleurs et des graines dans le second été, après quoi elles périssent ordinairement : elles se plaisent toutes dans un sol graveleux et rempli de décombres, et elles croissent volontiers sur les vieilles murailles et les anciens bâtimens, où, lorsqu'elles sont une fois établies, elles répandent leurs semences, et se perpétuent par-là sans aucuns soins; elles ont une trés-belle ap- parence dans ces sortes de lieux. EC Fruticosum. La septieme a été apportée du Cap de Bonne -Espé- rance en Hollande, où on la con- serve aujourd'hui dans quelques jar- dins curieux : elle s’éleve avec une tige d'arbrisseau à la hauteur de deux ou trois pieds, et se divise vers son sommet en plusieurs bran- ches garnies de feuilles ovales, ve- lues, d’un vert clair, alternes, et dont les bases sont sessiles aux tiges : ses fleurs, de couleur pourpre, et fort semblables à celles de la cin- quieme espece, naissent simples du milieu des feuilles qui garnissent les extrémités des branches: elles pa- rotssent en Mai et en Juin; mais leurs semences ne murissent point en Angleterre. On multiplie cette plante par ses giaines , quand on peut s’en procu- rer; on les seme dans des pots rem- plis de terre légere et scblonneuse aussi-tot qu'on les reçoit, et on les laisse en plein air jusqu'au commen- cement d'Octobre : alors on place les pots sous un châssis pour les mettre à couvert de la gelée, et dans les tems doux on Ote les vitra- ges pour leur donner de l'air ets empècher les semences de pousser avant la fin de l’hiver; car si les plantes paroissoient dans cette saison, leurs tiges'seroient foibles, ‘remplies de sève, et disposées à être attaquées de pourriture ; il faut donc les em- pêcher de pousser avant le mois de Mars, qui est le tems ordinaire où EGL elles germent lorsqu'elles ne sont pas forcées par la chaleur : quand les plantessont assez fortes pour être enlevées, on les met chacune sépa- rément dans de petits pots remplis de terre légere, et on les place sous un chassis, pour leur faire pousser de nouvelles racines, après quoi on les accoutume par dégrés à l'air ou- vert , auquel on les expose tout-a- fait à la fin de Mai, dans une situa- tion abritée, où elles peuvent rester jusqu’au commencement d'Octobre; alors on les transporte dans une caisse de vitrage aire, où elles puissent jouir du soleil et avoir de l'air dans les tems doux. Pendant Vhiver on .doit les arroser l¢gére- ment; car leurs tiges étant fort suc- culentes, l'humidité les feroit ai- sément pourrir : en été on les expose en plein air dans une situation abri- tee, et on les traite comme les au- tres plantes qui viennent des mêmes contrées. à ECLAIRE ov CHELIDOINE. Voyez CHELIDONIUM. ECUELLE, D EAU.) Voyez HYDROCOTYLE. EDERA QUINQUE-FOLIA. Voyez HEDERA QUINQUE-FOLIA. EFFLORESCENCE 3 l'épa- nouïssement d’une fleur. ‘ EGLANTIER. Voyez; Rosa. EHR 133 EGUILLE oz PEIGNE DE VENUS. Voyez SCANDIX. EHRETIA. Trew. Tab. TE Caracteres. Le caractere des fleurs de ce genre, est d'avoir un calice gonile , persistant , formé par une feuille et divisé en cing pointes ; une corolle monopétale, dont le tube est plus long que le calice, et partagé en cing segmens; cinq éta- mines en forme d’aléne, étendues aussi longues que la corolle, et ter- minées par des sommets ronds et in- clinés; et un germe rond qui sou- tient un style mince de la longueur des étamines, et surmonté par un stigmat obtus et dentelé; ce germe se change ensuite en une baie ronde et a une cellule qui renferme qua- tre semences angulaires. Ce genre de plante est rangé dans le premier ordre de la cinquieme classe de LINNEE, intitulée : Pen- tandrie monogynie , avec celles dont les fleurs ont cing Ctamines et un style. Les especes sont : . 1°. Ehretia Tini- folia , foliis oblongo-ovatis > integerrimis , glabris ; floribus paniculatis. Amen. Acad. S- Pp: 3955 Ehrétia à feuilles oblon- gues , ovales, entieres et unies, et à fleurs en panicules. Ehretia Tini-folia inermis, Jacq. Amer. 45. R. 2°. Ehretia Bourreria, foliis ova- tis integerrimis ; lavibus ; floribus sub- 134 EHR corymbpsis ; calycibus. glabris. Lin. Sp. 275; Ehrétia avec des feuilles ovales et enticres, des fleurs dispo- sées en espece de corymbes, et des calices unis. Bourreria fructibus succulentis. Jacq. "Amer. 14. Obs. 2. pid. te 26. Cordia Bourreria. Amen. Acad. 5. P- 395+ Bourrgria arborea, foliis ovatis alternis 5 racemis rarioribus termina- libus. Brown. Jam. 168. t. 19.f. 2. Mespilus Americana Lauri-folia , glabra 3 fructu Com. Hort. 1. p. 153. Jasminum Pereclimini folio, flore albo , fructu flavo rotundo tetrapy- reno, Sloan. Jam. 169. Hist. 2. p. 96. » 204. f. 1. Rai Dendr. 63. Tini-folia. Les semences de L premiere espece, qui m'ont cté envoyées de la Jamaïque en 1734, ont réussi dans les jardins de Chelsca , où les plantes se sont élevées à la hauteur de huit ou neuf pieds, avec des tiges fortes et ligneuses, et ont plusieurs fois produit leurs fleurs, mais qui n'ont point Cté encore sui- vies de semences en Angleterre. Celle-ci est regardée par LINNEE comme la même dont fait mention Hans Sloan, sous le titre de Ceraso affinis arbor baccifera racemosa ; flore albo pentapetalo, fructu flavo monopy- reno, eduli, dulci, Hist. Jam. 2. p. 94. Mais je suis d’une opinion contraire ; car les fouilles de notre plante sont plus unies, plus longues et plus poin- rubro mucaginoso. EHR tues , et le corymbe des fleurs est beaucoup plus long que celui de celle du sieur Sloan. * Celle-ci a une tige rude et li- gneuse qui se divise en plusieurs branches irrégulieres, garnies de feuilles oblongues, ovales et unies, de neuf pouces de longueur sur trois de largeur au milieu, et ter- mines en pointes aiguës ; ses fleurs sont blanches, et produites en un corymbe oblong vers les extrémités des branches; elles ont chacune un pétale découpé au sommet en cing segmens réfléchis. Elles paroissent vers la fin de Juillet ; mais elles tom- bent sans être suivies de semences. Bourreria. Ta seconde , dont les graines m'ont été envoyées de Suri- nam, a réussi dans les jardins de Chelséa; elle a une tige droite, ligneuse , et couverte d’une écorce brune , de laquelle sortent des bran- ches placées régulièrement vers son sommet, et garnies de feuilles unies, ovales, alternes , soutenues par de courts petioles, longues d’environ six pouces sur plus de deux de largeur, et terminées en pointe ovale et émoussée. Comme cette espece n’a point produit de fleurs ici, je n’en puis donner une plus ample descrip- tion. LINNÉE regarde cette espece comme étant la même que celle dont CATESB1 a donné la figure sous le titre de Pitconie similis Laureole fo- lis, floribus albis, baccis rubris. Mais en cela il s’est aussi trompé, E Li Æ car on voit, dans le jardin de Chel- sca, des plantes qui ont ete élevées avec des semences envoyées des Isles de Bahama, et qui sont fort diffc- rentes des précédentes. Comme ces plantes sont trop tendres pour profiter en plein air en Angleterre, on les tient en hiver dans une $erre chaude tempérée; mais lorsqu'elles ont acquis de la force , on peut les placer au-dehors pendant les chaleurs de l'été, dans une situation abritce; et lorsqu’en automne les soirées commencent à devenir froides, on les met A l'abri. On les multiplie toutes deux par leurs graines, quand on peut s'en procurer ; on les seme dans de pe- tits pots qu'on plonge dans une cou- che chaude; elles se multiplient aussi par marcottes ; mais elles sont long- tems en terre avant de pousser des. racines. ; ELÆAGNUS. Lin. Gen. Plant:. 148. Tourn. Cor. 53. Tab. 489. (de d'Faaie, une Olive, et d'Ayrs; Vitex , parce que cette plante a des feuilles: semblables. à celles du Vitex Agnus: castus, et que son fruit ressemble à une Olive. Olivier sauvage ou Oli- yier de Bohéme: Caracreres. Dans ce genre la fleur a un calice en cloche, et formé par une feuille divisée en quatre parties, rude au-dehors et colorée en-de-- dans; elle n'a point de pétale, mais seulement quatre étamines courtes, inserces dans les divisions du calice, E Lr.Æ 135$ etterminèes par des sommets oblongs et courbés; dans son fond est situé un germe rond qui soutient un style simple , et syrmonté d’un stigmat simple ; ce germe se change ensuite en un fruit obtus, ovale, et ponctué au sommet, qui renferme un noyau obtus.. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la quatrieme classe de LINNEE, intitulée: Tecran- drie monogynie » parce que ses fleurs ont quatre ctamines' et un style. Les especes sont: 1°. Bleagnus spinosa, aculeata » foliis lanceolatis ; Olivier sauvage épineux, avec des feuilles en forme de lance: Eleagnus Orientalis, lari-folius s fructu maximo. Tour. Cor. App: $2; Olivier sauvage du Levant a larges. feuilles et à gros fruit. Eleagnus Matthioli incolis Seisefums Rauw. It. T1 227 6 Eleagnus foliis. ellipticis. Amen:. Acad. 4. p. 305. Med. in Obs. Socs. Gcon. Lutr. P. A. 1774. p. 196: Eleagnus spinosa. Medic. in Obs. Soc. Bec. Lutr. Ad ann. 1777.p. 30+ Eleagnus Orientalis. System, Plants J. Reichard. t. x. Sp. 2. ps 343+ 29. Eleagnus inermis, foliis li-- neari - lanceolatis ; Olivier’ sauvage sans cpines, ayant des feuilles étroi- tes et en forme de lance: Elœagnus , angusti-folia , foliis lanceolatis. Lin. Sp. Plant. 176. Edit. 3.- 136 PL Æ Eleagnus Orientalis ; angusti-fo- lius ; fructu parvo , oliva-forini, sub- dulci. Tourn’ Cor. App. 52 ; Olivier sauvage Oriental, ayant des feuilles étroites et un petit fruit doux et en forme d’olive. r Olea sylvestris, folio molli, incano. Bauh. Pin. 472. , 3°. Elaagnus lati-folia, foliis ovatis. Prod. Leyd. 2§0. Fl. Zeyl. 58 ; Olivier sauvage à feuilles ovales. Elaagnus folis rotundis , macu- latis. Burm. Pl, Zeyl. 92. t. 39. fi 2. Olivier sauvage avec des feuilles rondes et tachetées. Spinosus. La premiere et seconde espece ont été trouvées dans le Le- vaut par Tournefort : Ja premiere espece me paroit ¢tre celle qui est originaire de Bohéme, et dont on voit quelques arbres dans le jardin curieux du Docteur Boerhaave, près de Leyde en’ Hollande : les feuilles de celle-ci, dont la longueur est d’énviron deux pouces, et la largeur, de neuf lignes au milieu , sont blanches et couvertes en-dessus d'un duvet cotonneux et doux; du petiole de chaque feuille sort une épine longue et aiguë; ses feuilles sont alternes, et les épines qui sor- tent aussi de chaque côté des bran- ches, précisément au-dessous des petioles , sont alternativement plus longues et plus courtes; ses fleurs sont petites, et l’intérieur de leur calice est jaune, et répand une odeur E L'Æ forte quand il est entièrement où- vert. Nora. Miller a compris dans cette espece, une autre que l'on a dis- tinguée depuis, à cause que son fruit est plus gros et les feuilles plus larges. 2°. Inermis. La seconde n’a point d'épines sur ses branches; ses feuilles ont plus de quatre pouces de lon- ~ gueur et moins d'un demi-pouce de largeur ; elles sont molles, et pa- roissent luisantes comme du satin : ses fleurs, qui sortent des pctioles des feuilles , sont quelquefois simples, quelquefois doubles, et souvent au nombre de trois ensemble; lexte- rieur du calice est argentée, et garni de boutons ou de protubérances ; son intérieur est d’un jaune pâle, et répand une très-forte odeur. Cette espece fleurit en Juillet, et produit quelquefois des fruits; elle est trcs~commune dans les jardins Anglois. On peut multiplier ces plantes en marcottant leurs jeunes branches, qui prendront facilement racine, si elles sont mises en terre en au- tomne ; au bout d’un an on les sépare de l'arbre, on les met en pépiniere pour deux années, ou on les place tout de suite à demeure. On trans- plante ces arbres à la fin de Février ou au commencement de Mars; mais on peut aussi faire cette opération à la Saint- Michel, pourvu qu’on couvre leurs raines avec du terreau, pour 7 ELE pour les garantir de l'impression des gelées. Comme ils sont fort sujets a être rompus par les vents, il est bon de les placer dans des endroits ou ils soient à l'abri de leurs efforts. Ces deux especes s’élevent ordi- nairement à la hauteur de douze ou quatorze pieds, et quand elles sont mélées avec d’autres du même crû, elles font une belle varitté; car leurs feuilles argentées se font remarquer aisément d’une certaine distance. Latifolia. La troisieme, -qui naît sans culture dans l'Isle de Ceylan, ct dans quelques parties des Indes, et fort rare à présent dans les jardins Anglois ; mais depuis quelques an- nées on voit plusieurs belles et gros- ses plantes de cette espece dans les jardins de Hamptoncourt ; elle s'é- leve avec une tige ligneuse à la bau- teur de huit à neuf pieds, et se di- vise en plusieurs branches garnies de feuilles ovales, argentces , et dont la surface est marquée par plusieurs taches irrégulieres de couleur très- foncée; elles sont alternes et subsis- tent toute l’année, Je n'ai jamais vu ses fleurs, quoique plusieurs des plantes qui sont a Hamptoncourt en aient déjà donné. Celic-ci ne peut être conservée en Angleterre , qu'au moyen d’une serre chaude ; elle peut cependant être exposée en plein air pendant les grandes chaleurs de l'été. Les deux premieres sont exréme- ment dures, et ne sont jamais en- Tome III. El; A BIZ dommagtes par les gelées; mais comme ces arbres n’ont qu'une trés- courte durée , il faut en élever de jeunes, chaques trois ou quatre ans, pour en conserver l'espece. ELAGUAGE. On observe que la plupart des vieux arbres sont creux, ce qui ne leur arrive pas naturellement, mais par la faute de ceux qui cn ont soin, qui laissent trop élargir leur cime avant de les élaguer; ils se persua- dent que les arbres en s'étendant donneront plus de bois ; mais ils ne pensent pas qu'en en coupant alors l'extrémité ou les branches, ils les exposent à périr, ou du moins ils les blessent de façon qu'ils per- dent davantage par leur dépérisse- ment, qu'ils ne peuvent gagner par Ic bois qu'ils se procurent. Le Frêne, Ic Charme et POrme sont dans ce cas; ces deux derniers portent quel- quefois de grandes tétes, tandis que le corps de l'arbre n'est plus qu'une écorce ; mais si le Frêne re- coit de l'humidité, il poussera ra- rement des branches après le dépé- rissement de son tronc : quand une fois ces arbres commencent à se gâter dans le centre, ils ne sont plus bons qu'a brüler; ainsi dds qu'un arbre de charpente dépérir, il faut le couper à tems, pour n’en pas perdre le bois. En élaguant les jeunes arbres à dix ou douze ans , on les conservera S 133 PE A plus long-tems, et on leur fera pousser dans un an plus de bois que les autres n'en donneroient dans deux ou trois; mais si on les coupe mal, on en gâte beaucoup; c'est pourquoi, à moins qu'il n'y ait une nécessité absolue, il faut les épargner autant qu'il est possible; les branches qu'on retranche ne doi vent point être coupées transversa- lement, mais tout près du tronc et d’une manicre uniforme ; on couvre ensuite les blessures avec de la terre glaise, A laquelle on a mêlé du crotin de cheval, pour empêcher l'humidité de pénétrer dans le corps de larbre. Quand les arbres sont parvenus 4 leur entier accroissement, on dé- couvre plusieurs signes de leur de- périssement , comme Fétat de lan- gueur ou la perte absolue de plusieurs de leurs branches; on voit l'humidité pénétrer dans quelques-uns de leurs nœuds , ils deviennent creux.et dé- figures , ils ne poussent plus que de foibles rejettons, et les pics-vers y font des trous. Ceci ne doit s'entendre que des arbres dont on a coupé la cime ou les branches ; car cette opération leur cause un dommage infini, com- me il est facile à chacun d’en faire l'épreuve. Qu'on choisisse deux arbres voisins l'un de l’autre, de grandeur et de force Cgales, qu'on coupe les branches de Fun, et qu'on laisse l'autre entier, on verra qu'en peu E LE d’annécs le dernier surpassera l'autre de toute maniere, et qu'il subsistera bien plus long-tems. Toutes les es- peces d’arbres résineux, et ceux qui sont remplis de séve laiteuse, doi- vent être taillés trés-rarement ; car ils sont trés-sujets à dépérir lors- qu'on y met souvent la serpe; la meilleure saison pour en retrancher quelquefois des branches, est tout de. suite après la Saint-Barthclemi , tems auquel ces plantes suintent très-peu; les blessures qu'on leur fait alors peuvent être cicatrisées avant les gelces. ELATERIUM. Voyez; MOINoR- DICA ELATERIUM. ERATENE: ELATINA, Voyez LINARIA ELEPHANTOPUS. Lin. Gen. Plant. 827: Waill. act. par 1719. Dill. Hort, Elth. 104 3 ( de iaiges un Eléphant, et s& un pied) Pied dElephant, ainsi appelé par M. Vaillant, parce qu'il prétend que les feuilles basses de la premiere es- espece ont quelque ressemblance avec un pied d’Elephant. Caracteres. Ce genre produit plu- sieurs fleurs réunies dans une en- veloppe commune et persistante , et chaque calice renferme quatre ou cing fleurettes; les fleurettes sont tubulées et hermaphrodites ; elles ont un pétale en forme de langue, Ex ‘Ly & dont le bord est étroit et divisé en cing parties égales , et cing étamines fort courtes, velues, et terminées par des sommets cylindriques : dans le fond est situé un germe ovale, qui soutient un style mince et surmonté de deux stigmats minces; ce germe se change quand la fleur est passée en une semence simple, comprimée, et couronnée par une aigrette héris- “ce, placée sur un placenta , et ren- fermée dans le caligg. Ce genre de plante est rangé dans la premiere Section de la dix- septieme classe de LINNEE, qui renferme les plantes à fleurs floscu- leuses, dont les fleurettes sont toutes hermaphrodites et fructueuses. Les especes sont : 1°. Elephantopus scaber , foliis oblongis 5 scabris. Hort. Cliff. 390. | Hore. Ups. 147. Gron. Virg. 176. Roy. Lugd.-B, 1 3 1 ; pied d’Eléphant à feuilles oblongues et rudes. Elephantopus Conyze folio. Vaill. Mem. Acad. Scien. 1719. Dill. Elch. 126. t. 106. f. 126; pied d'Elé- phant avec une feuille d'herbe aux puces. Elephantopus erectus, foliis oblongo- ovatis , rugosis, serratis ; floralibus cordiformibus ternatis , capitulis remotis terminalibus. Brown. Jam. 312. Bidens frutescens ; foliis oblongis utringue acuminatis, venosis et lanugi- nosis. Breyn. Ic, 32.1. 34. Echinophore Indice affinis ; semine et floribus in capitulis levidus, in ELE 139 caulium cymis. Pluk. Alm. 132. t 388. f 6. Anaschovadi. Rheed. Mal. 10. p. 13. t. 7. Burm. Ind. 18 5. dé 29. Elephantopus tomentosus, foliis ovatis , tomentosis. Gron. Virg. 1155 pied dElépbant à feuilles ovales et cotouncuses- Elephantopus, Helenii folio , pur- purascente flore. Houst..lifss.; Pied d'Elcphant à feuilles d'Elecampane, à fleurs pourpres. Scaber. La premiere espece, qui Y'a été envoyée de plusieurs parties de l'Amérique, croit naturellement dans les deux Indes; elle pousse plu- sieurs feuilles rudes .et oblongues qui s'étendent sur fa terre, et du centre desquelles s'éleve, au Prin- tems, une tige branchue, ct d’envi- ron un pied de hauteur, dont les branches latérales sont courtes et généralement terminées par deux têtes de fleurs, placées chacune sur un courtpédoncule : ces têtes renfer- ment un grand nombre de fleurons bermaphrodites, contenus dans une enveloppe commune, et composés de quatre feuilles ovales, et termi- nés en pointe aiguë : ces fleurs sont d'une couleur pourpre pâle; elles paroissent en Juillet, mais elles pro- duisent rarement des semences cn Angleterre. Tomentosus. La seconde naît sans culture dans les parties méridionales de la Caroline; elle s'est beaucoup muluplice ici au moyen des semence Sra 140 ELITE qui se sont trouvées dans fa terre envoyée de l'Amérique avec d’autres plantes ; sa racine produit plusieurs feuilles ovales, cotonneuses, de quatre pouces de longueur sur trois de largeur, et traversées par des ner- vures qui s'étendent depuis la côte du milieu jusqu'a leurs bords : ces feuilles s'étendent à plat sur la terre, et de leur centre s’élevent des tiges droites, d’un pied environ de hau- teur, qui se divisent en. plusieurs branches, terminées chacune par deux fleurs composces de plusieurs feurons renfermés dans une enve- loppe de quatre feuilles , dont deux sont alternes et plus farses que les autres; l'enveloppe étant plus longue que les fleurettes, elles paroissent seulement au milieu de deux larges feuilles : ces fleurs n'ont aucune apparence ; elles se montrent en Juillet, et ne donnent jamais de semences mûres dans notre climat. La premiere a une racine vivace, et sa tige est annuelle; si on la plante dans des pots , et qu'on la mette à abri des gelées pendant l'hiver, on la conservera plusieurs années, et clie fleurira annuellement. La seconde espece dure rarement plus de deux ans. On les multiplie toutes deux par leurs graines, qu'il faut répandre au printems sur une couche chaude: lorsque les plantes paroïssent, on les transplante dans des pots remplis de terre fraiche et légere, et on les FETE? plonge dans des couches chaudes de tan, on Ics arrose et on les tient à l'abri jusqu’à ce qu'elles aient for- | me de nouvelles racines ; il faut leur donner beaucoup d’air, et les arroser fréquemment pendant les chaleurs de l'été. Nota. La premiere se multiplie aussi en divisant les racines. v Li ELFPHAS. #oy. RHINANTHUS ORIENTALIS-ELEPHAS. LICHRYSUM. PHALIUM. Voyez; GNA- ELLEBORE 4kane. RATRUM. Voyez VE- ELLEBORE noir. Voyez HEr- LEBORUS. ELLEBORINE. Voyez HELLE- BORINE ou HELLEBORE bätard, SERAPIAS L. er LIMODORUM. ELLESIA. Caracteres. La fleur a un-calice persistant et formé par cinq petites feuilles érigées et étendues; «elle est monopétale, en forme d’entonnoir, aussi fongue que le calice, et dé | coupée au sommet en cing segmens obtus ; ‘elle a cinq étamines de fa longueur du tube, et terminées par des sommets ronds, et un germe rond qui soutient un style court, ELLE | mince, et couronne par un stigmat oblong et divisé en deux parties; ce germe se change dans la suite en une baie ronde,.charnue, et a deux cellules qui renferment deux semences rondes. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la cinquieme classe de LINNÉE, intitulée : Pen- tandrie. monogynie ; dans laquelle se trouvent comprises les fleurs qui ont cinq étamines et un style. Nous navons qu'une espece de ce genre, qui est Ellisia Nyctelea. Lin. Sp. 16623 Ellisia à feuilles de Thé. Polemonium Nyctelea, foliis pinna- tifidis, acutis, dentatis , caule diffuso. Nov. Act. Upsal. ¥.p. 97. t. §. fi §. Planta lithospermo affinis. Ace. AN" EM TOTIPATIO: BF fe à. Scorpiurus humilis Firginianus , foliis Rutacets. Moris. Hist. 3-pP-ASI sive 11.7. 280 f0 3. Cette plante croît naturellement à la Jamaïque, où elle forme un buisson en arbrisseau de six ou sept pied de hauteur: j'ai élevé de se- mences plusieurs de ces plantes, dont quelques-unes ont à présent quatre à cinq pieds de hauteur; mais elles n’ont point encore produit de fleurs : sa tige pousse plusieurs branches qui forment un buisson épais: ces branches sont géntrale- nent couvertes d’une écorce teinte en pourpre foncé; ses feuilles ac- qui¢rent aussi une couleur semblab'!e > 9 AD IA lorsqu'elles sont exposées en plein air pendant l'été; mais quand on les remet dans la serre chaude, elles reprennent leur verdure: ces feuilles, dont la longueur est d’un pouce ce demi, sont en forme de lance, den- telces sur leurs bords, et opposées sur les branches : elles ont ordinai- rement deux ou trois petites feuilles sessiles aux branches : des pctioles des plus larges feuilles, sortent des Cpines longues , noires, et toujours placées vers la partie basse des bran+ ches; celles qui se trouvent plus hautes, sont alternes : mais les extré- mités des branches en sont dépour- vues. Comme cette plante n'a point encore produit de fleurs en Angle- terre, je ne puis en donner unc plus ample description. On peut fa mu!tiplier par boutures, qui pousseront des racines en deux mois, si elles sont plantes dans de petits pots remplis de terre Iégere , mises dans une couche de chaleur modérée , et couvertes de cloches pendant le mois de Juillet; mais. après ce tems elles seront en état d'être séparées et transplantées dans. de petits pots qu’on replonge dans une couche chaude, pour leur faire pousser de nouvelles racines , après quoi on les accoutumera par dég'és au plein air,.et au commencement d'Octobre on Iles renfermera dans la serre chaude, où on ne leur don- nera que trés-peu de chaleur en hiver, AL y EME Quand on peut se procurer Îles semences de son pays originaire, on les répand sur la couche chaude, et lorsque les plantes paroissent , on les traite comme celles qui ont ct élevées de boutures. EMERUS. Tourn, Inst, R. H. 650. Coronilla, Lin. Gen. Plant. 789. Scorpionides. Ce nom lui a été donné par Thcéophraste , et conservé par Cisalpin. Sené de Scorpion. Bague- naudier des Jardiniers. Caracteres. Les fleurs de ce genre sont papilionnacées ; elles ont un ca- lice fort court, persistant , et formé sar une feuille divisée en cinq par- rics; les onglets du pétale sont beau- coup plus longs que le calice ; l'éten- dard est étroit et plus court que les ailes sur lesquelles 1l est arqué ; les aîles sont larges et concaves, et la carène en forme de cœur et réfil- chic: ces fleurs ont dix étamines placées dans l'étendard, dont l'une est séparée ct les neuf autres sont jointes : dans le calice se trouve un germe oblong et mince qui soutient un style mince et couronné par un stigmat cylindrique; ce germe devient ensuite un légume cylindri- que, et gonflé dans les parties où les semences sont renfermées ; ces grai- nes sont aussi-cylindriques. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la vingt- deuxieme classe de TOURNEFORT, qui renferme les arbres et les ar- EME brisseaux à fleurs papilionnacées, dont les feuilles sont placées par paires dans la longueur de la côte du mi- lieu, LINNEE a joint ce genre, ainsi que le Securidaca de TOURNEFCRT, au Coronilla, ce qui augmente le nombre des especes ; mais je pense qu'il est beaucoup mieux de les te- nir séparés, parce qu'il y a plus de différences essentielles entr’elles qu'entre quelques autres de cette classe , dont il a fait des genres pary ticuliers. Les especes sont : 1°. Emerus major, caule fruti- coso , pedunculis longioribus ; caule angulato ; Séné de scorpion , à tige d'arbrisseau, ayant de plus longs pédoncules aux fleurs, et des tiges angulaires, Colutea Scorpioides. Cam. Epit. s4r. Colutea siliquosa. S. Scorpioides major. Bauh. Pin. 397. Emerus. Cesalp ; Le Sécuridaca des Jardiniers. Coronilla Emerus. Lin. Sp. Plant. 1046. Sp. 1. Edit. 3. 29, Emerus minor , foliolis obcor- datis , pedunculis brevioribus , caule fruticoso ; Séné de scorpion , avec des feuilles longues et en forme de cœur, de plus courts pédoncules aux fleurs, et une tige d’arbrisseau. Emerus minor. Tourn. Inst. R. H. 650. Colutea siliquosa minor. Baul, Pire 97: 7 EME 3°. Emerus herbacea , caule erecto, herbaceo , foliolis mulri-jugatis, flo- ribus singularibus alaribus, siliquis longissimis erectis; Scn¢ de scorpion, avec une tige érigée et herbacée, les feuilles composces de plusieurs paires de lobes, des fleurs simples sortant sur les côtés des tiges, ct des siliques fort longues et ¢rigées. Emerus siliquis longissimis et an- gastissimis. Plum. Cat. 19. Mayor. La premiere de ces espe- ces est fort commune dans toutes les pépinieres des environs de Lon- dres; elle séleve a la hauteur de huit ou dix pieds, sous la forme dun arbrisseau, avec des tiges min- ces, qui se divisent en plusieurs branches minces et garnies de feuil- les ailées , composces de trois paires de lobes , et terminées par un lobe impair ; des côtés de ces branches, sortent de longs pédoncules réunis au nombre de deux ou trois sur chaque point, et qui soutiennent chacun deux , trois ou quatre fleurs jaunes et papilionnacces ; elles pa- roissent en Mai, et sont souvent suivies de longues siliques cylindri- ques , gonfiées dans les parties où les semences sont renfermées et pen- chées vers le bas. Ces arbrisseaux sont trés-agréables , parce qu'ils restent Jong-tems en fleurs , sur-tout dans les années fraîches , et qu'ils fleu- rissent souvent une seconde fois en automme. Minor, La seconde espece s’éleve BME 143 comme la premiere , avec plusicurs tiges d’arbrisseaux ; mais elle n’at- teint que la moitié de sa hauteur ; ses feuilles sont plus larges, en forme de cœur et oblongues; ses fleurs sont plus grosses, et portées sur de plus courts ptdoncules : comme ces dif- férences se perpétuent dans les plan- tes élevées de semences, je crois qu'elles peuvent étre regardées comme des especes distinctes, quoi- qu'il y ait entr’elles une grande res- semblance à la premiere vuc. Lorsqu'on fait fermenter les feuil- les de ces arbrisseaux comme celles de l'Indigo , on obtient une matiere colorante , à-peu-près semblable ; : à 4 mais on nest pas encore assuré qu'elle puisse être employée aux mé- mes usages ; si cela étoit , ces plan- tes vaudroient la peine d’être culti- vées : il ya cependant une si grande affinité entr'elles, que Tournefort et plusieurs autres Botaniftes les ont rangées sous le même genre. Ces ar- brisseaux se multiplient aisément par leurs graines, qui produiront un grand nombre de plantes si elles sont semées en Mars , sur une planche de terre I¢gere et sablonneuse ; on tient la terre nette de mauvaises herbes, et dans un tems fort sec , on les ar- rose souvent, mais avec précaution, pour ne pas les déterrer : quand les plantes ont poussé, on les traite de méme , pour avancer leur accrois- sement. A la St. Michel on enleve les plus fortes , pour les transplanter 144 EME dans une pépiniere , à trois pieds de distance de rang en rang, et a un pied dans chaque rang ; ce qui donnera de lefpace à celles qu'on a laissées dans la planche, de ma- niere qu'elles pourront y rester jus- qu'à ce qu'elles soient en ctat d’être transplantées : au bout de deux ans de séjour dans cette pépinicre, elles seront en état d'être placées à de- meure dans les endroits qui leur sont destinés; mais en les enlevant, il faut avoir soin de ne pas blesser ni casser leurs racines : on ne doit pas les tenir plus long-tems dans cette pepiniere , parce que leurs racines senfoncant à une grande profon- deur dans la terre , on ne pourroit plus Ies enlever sans les couper, ce qui entraineroit la perte de l'arbre: on les traite d’ailleurs comme les au- tres arbrisseaux à fleurs, avec les- quels on les vend ordinairement dans les pépinieres. On les multiplie aussi par marcottes, qui prennent racine dans une année , et qu'on transplante ensuite dans une pépiniere, où on les traite de la même maniere que les plantes de semences, Herbacea. La troisieme espece est originaire des Ifles de l'Amérique, où le Pere Plumier la découverte d'abord dans les possessions fran- coises ; mais depuis elle a été trou- vée en abondance à la Vera-Cruz , dans la nouvelle Espagne , par le Docteur Houstoun, qui m'en a en- yoye les semences ; ces graines ont EME reussi dans le jardin de Chelséa, où les plantes ont fleuri; mais elles n'y ont pas perfectionné leurs graines 5 et comme ces plantes sont annuel- les ,l'espece a cté perdue en Europe: elles s'éleve avec une tige ronde et herbacée à la hauteur de trois pieds, et elle est garnie à chaque nœud d'une feuille longue, aîlée et com- poste d'environ vingt paires de lobes, terminées par un impair ; ils sont obtus et pointus, et d’un vert foncé : ses fleurs sortent sim- ples sur les parties latérales de la tige, immédiatement au-dessus des pétioles des feuilles , sur des pédon- cules minces et de deux pouces de longueur; elles sont plus grosses que celles de toutes les especes précé- dentes, ct d’unc couleur jaune pâle, et sont remplacées par des légumes minces, comprimés, longs de plus de six pouces, garnis de chaque côté d’une bordure, et renflés vis-à-vis chaque semence. Cette espece est annuelle, et veut être semce au printems , sur une couche chaude ; quand les plantes sont en état d’être enlevées , on les met, chacune séparément , dans de petits pots remplis d'une bonne terre I¢gere , prise dans un jardin potager ; on les plonge dans une couche de tan de-chaleur modérée; on les tient à l'abri du soleil, jus- qu'a ce qu'elles aient poussé des ra- cines nouvelles , et on les traite en- suite de la même maniere que les autres EMP autres plantes exotiques qui vien- nent des mêmes contrées. Si ces plan- tes sont avancées au printems, et si on les tient sous un chassis pro- fond d'une couche de tan, ou qu’on les plonge dans la couche de tan de la serre chaude , quand elles sont trop élevées pour pouvoir être con- tenues sous des châssis de couches ordinaires, leurs semences müriront en Angleterre ; car celles que j'ai ° hs 5 à reçues ne sont arrivées qu'au mois de Mai, et cependant leurs plan- tes ont bien fleuri en Août: mais l'automne qui est survenu bientôt après , a empêché leurs graines de se perfectionner , et celles que j’a- vois conservées pour l’année sui- vante, nont point germé. EMPETRUM. Lin. Gen. Plant. 977- Tourn. Inst. R. H. 579. Tab. 421 (‘Eure , de & , en, & arpa, gr.; un rocher, une pierre, à cause que cet arbre croît dans des endroits pierreux); Bruyere à baies noires. Camarigne. Caracteres. Ce genre a des fleurs males et femelles sur de différentes plantes; les mâles ont un calice per- sistant et à trois pointes, trois péta- les oblongs et étroits à leur base, et trois étamines longues, penchées, Le . velues et terminées par des sommets courts et crigés. Les fleurs femelles . A ont descalices semblables à ceux des mâles ; mais e!les n'ont point d’éta- mines : dans leur centre , est placé Tome III, E M BP 14$ un germe applati, qui soutient neuf stigmats réfléchis et étendus : ce germe devient ensuite une baie ronde, applatie, et a une cellule qui contient neuf semences placées circulairement. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la vingt- deuxieme classe de LINNÉE, qui renferme celles dont les fleurs mâ- les et les femelles croissent sur des pieds séparés , et dont les males ont trois étamines. Nous n'avons qu'une espece de ce genre en Angleterre, qui est l'Empetrum nigrum procumbens. Hort, Cliff. 470. Flor. Suec. 832. 904. Roy. Lugd.-B. 206. Hall. Helv. 162. Jacq. Vind. 298. Gmel. lib. 3- p. 165; Bruyere rempante , pro- duisant des baies. © Empetrum montanum , fructu nigro. Tourn. Inst. $79; Bruyere à baies noires. Erica baccifera. Clus. Pan. 29. Erica baccifera procumbens nigra. Bauh. Pin. 436. Ce petit arbrisseau croit sauvage sur les montagnes des Comtés de Stafford, de Derby et d’Yorck; on le multiplie rarement dans ‘les jar- dins , si ce n'est pour la variété; on peut le cultiver à l'ombre et dans une terre ferme, où il profitera fort bien. Il faut se procurer ces plantes en les enlevant dans les lieux ou elles naissent , parce que leurs semences F 146 ENG restent une année dans la terre avant de pousser, ct que les plantes sont ensuite trés-lentes à croître : en les plantant en automne, dans un sol humide et marécageux , elles pous- seront des racines en hiver , et n’exi- geront aucun autre soin, que d'être débarrassées des mauvaises herbes, pourvu que le terrein soit humide ; sans quoi il faudra les arroser sou- vent , parce que ces arbrisseaux croissent ordinairement sur le som- met des montagnes , dont le sol est marécageux. Les coqs de Bruyere aiment beaucoup les baies de cette plante; de maniere que par-tout où elle croît en abondance, on peut être assuré d'y rencontrer un grand nombre de ces oiseaux. EN DIVE commune, Voyez CICHORIUM ENDIVIA. ENDIVE §_ frisée. CICHORIUM-CRISPUM. ENDORMIE, ox la POMME EPINEUSE. DATURA STRAMONIUM. L, Voyez Voyez ENG RATS: On fait usage de plusieurs espe- ces d'Engrais en Angleterre, pour améliorer les différens sols ; mais comme nous avons déjà fait men- tion de quelques-uns à Particle Fumier, je ne répéterai point ici ENG ce que j'ai déjà dit ailleurs; je me contenterai de parler de quelques maticres qu'on néglige , quoiqu’el- les puissent étre employées dans dif- férens sols avec un succés égal, et peut-être plus grand qu’en se servant des engrais ordinaires. L’écorce de chêne, que les Tan- neurs rejettent après l'avoir em- ployée à la préparation des cuirs, lorsqu'elle a été mise en monceaux, et qu’elle est bien pourrie, forme un excellent engrais pour les ter- reins rudes , durs et froids; une seule voiture de cette matiere forme un meilleur engrais , et dure plus long- tems que deux voitures de fumier ; cependant il est ordinaire de voir de gros tas de tan rester inutiles pen- dant plusieurs années dans quelques endroits d'Angleterre, où d’autres especes d'engrais sont fort rares, et qu'on est obligé de transporter d’une grande distance : depuis quelque tems on se sert de ce tan pour faire des couches chaudes, et on le trouve bien préférable au meilleur crottin de cheval, parce que sa fermenta- tion est plus temperée , et beaticoup plus durable ; que ces couches con- servent une chaleur tempérée pen- dant trois ou quatre mois, et qu'on peut la renouveler lorsqu'elle di- minue, et la faire durer encore quel- ques mois en remuant le tan avec une fourche , er en y en ajoutant un peu de nouveau : ces couches sont par conséquent bien préférables ENG aux autres pour les plantes exoti- ques, et toutes celles qu'on y plonge croissent plus dans un mois qu'elles ne feroient dans quatre , lorsque leurs racines pénètrent par les trous des pots, et s’enfoncent dass la cou- che. J'ai observé souvent plusieurs jeunes plantes de cifférentes especes qui avoient poussé , dans l’espace de trois mois, par les trous des pots , des racines qui s’'étendoient à douze pieds de distance , et les plantes el- les-mémes avoient fait des progrès proportionnés ; ce qui prouve que - le tan pourri leur a fourni une nour- riture abondante. Après m'être servi de tan pour une couche, je l’aiem- ployé comme engrais , en le répan- dant sur la terre, et j'ai observé que cette terre avoit acquis un dé- gré considérable d’amélioration ; mais le tan est plus propre aux terres froides et fortes , qu'à celles qui sont légeres et chaudes, parce qu'il est naturellement chaud, et qu'il divise et sépare la terre, de ma- niere quapres l'avoir employé trois ou quatre fois dans une terre forte et difficile a labourer , le sol se trouve changé et devient tres-leger. On répand ce tan sur la terre un peu après la St. Michel, afin que les pluies de l'hiver puissent le faire pénétrer également par-tout; mais si on l'emploie au printems , il brûle l'herbe , et devient trés-nui- sible. Lorsqu'on se sert de cette es- pece d'engrais pour les terres des- BN. G 147 tinées à produire du grain , on le répand.avant de donner la derniere culture, afin qu'il soic bien enterré, et que les fibres des plantes qu'on y seme puissent l'atteindre au prin- tems ; car si le tan se trouve trop près de la surface, il fera pousser le grain en hiver, et comme il sera consommé au printems , il ne pourra plus lui fournir aucune nourriture. H ne faut cependant pas que cet engrais soit trop voisin des racines des plantes; car j'ai remarqué que de cette maniere il leur est fort nui- sible. Les plantes qui ont des raci- nes bulbeuses et tubéreuses, peuvent étre placces plus près du tan que les autres; car , quoiqu'elles soient sujettes à être attaquées de pourri- ture, cependant, lorsque le tan se trouve à une profondeur raisonna- ble, et de maniere que leurs raci- nes puissent l’atteindre au printems, clles donnent des fleurs beaucoup plus belles : on a observé dans quel- ques endroits, où l'on s'est servi de cet engrais pour les jardins , que les plantes potageres qu'on y a semces y ont acquis un dégré de perfec- tion trés-marqué ; de maniere qu'il est étonnant qu'on n'emploie pas à cet usage le tan qu'on rejette des tanneries, par-tout où l’on peut s’en ‘procurer. Les herbes pourries, telles que celles qu’on rejette des jardins , cel- les qui croissent dans les étangs, les lacs ou les fossés, peuvent aussi four- F2 148 ENG nir un trés-bon engrais : il faut cou- per ou arracher ces herbes aussi- tôt qu'elles commencent à fleurir, parce que c'est dans ce moment qu'elles contiennent le plus de séve et desels, et que, si l'on attendoit plus tard, leurs graines produiroient dans les terres où cet engrais seroit em- ployé, une grande quantité de mau- vaises herbes, qu il seroit trés-dif- ficile de détruire par la suite. Il y a même quelques plantes auxquel- les il ne faut pas donner le tems de former leurs semences , parce qu'elles les perfectionneroient en- core après avoir été coupées : on met toutes ces herbes en tas, pour les faire pourrir avant de les em- ployer ; mais il est prudent d'y mé- ler de la terre, de la boue, ou quelqu'autre matiere semblable, parce que la fermentation qu’elles doivent subir est souvent assez forte pour qu'elles finissent par s’enflam- mer. Quand on les met en tas sans y mêler de la terre, il faut les cou- vrir avec de la boue ou du fumier, pour arrêter l'évaporation des sels et des autres particules volatiles, que la fermentation dégage : lors- que ces plantes sont entiérement con- sommées , elles forment une masse solide et grasse, qu'on coupe en morceaux, et qu'on emploie avec le plus grand succès pour fertiliser les terres. Dans les endroits où l'on n’a ni étangs, ni lacs, ni fossés qui four- ENG nissent de ces herbes, et qui sont trop éloignés de la mer , d’où Ton pourroit tirer plusieurs especes de plantes, on peut semer différentes graines ; et, lorsque les plantes qu'elles ont produites seront dans leur plus haut dégré d’accroissement et de vigueur , on les enterrera pour fertiliser le sol. On emploie communément pour . cela le sarrasin, les lentilles, les vesces , l’Arénaria ou Alsine; et dans de certains pays étrangers , on seme des Lupins dans les terres que l'on veut améliorer : quand ces plantes - sont parvenues à toute leur gran- deur , on les fauche, et on les en- enterre avec la charrue, comme un excellent engrais; on suit cette mé- thode , principalement dans les pays méridionaux de la France et en Ita- lie, ou croissent naturellement quel- ques especes de Lupins ; mais ils ne sont pas propres à notre climat, parce que si la saison se trouve froide & humide après qu'ils sont semés, ils pourrissent dans la terre; on doit donc préférer en Angleterre quelques autres plantes moins déli- cates , qui, dans notre climat , de- viennent beaucoup plus fortes que les Lupins. J'ai vu semer des févottes dans quelques especes de terreins ; on les fauchoit lorsqu'elles étoient en fleurs, et on les enterroit avec la charrue ; on y semoit ensuite du froment , dont la récolre dédom- ENG mageoit amplement le propriétaire de ses premiers frais. Presque tous les légumes qui acquierent un peu de hauteur, sont propres à être semés pour cet usage. La moutarde, la navette , et d’autres grosses plan: tes , forment aussi d'excellens en- grais qui enrichissent beaucoup la terre, si on les coupe avant qu'elles aient perfectionné leurs graines. Le rebut des jardins potagers ; lorsqu'il a été mis en tas pour pour- rir, donne aussi une bonne espece d'engrais pour le grain ; mais quoi- que cette ressource soit peu abon- dante , on ne la néglige cependant pas , à moins que ce ne soit dans le voisinage des grandes villes, où le fumier est fort commun. Jai été instruit depuis peu d'un autre moyen de fertiliser les terres, qui peut être très-utile dans plusieurs parties de l'Angleterre ; il consiste à faucher la fougere, quand elle est verte et tendre , et a la faire pourrir en tas, comme les autres herbes : comme cette plante est extrémement com- mune et fort embarrassante dans plusieurs cantons , en la fauchant souvent , on peut parvenir à la dé- truire; quand elle est entièrement pourrie , elle donne une assez grande quantité de fumier, pour dédom- mager le propriétaire de ses frais. Dans quelques endroits où l’on ne peut se procurer ni tan, ni crottin de cheval, on hache la fougere, et on la met en tas pour la faire ENG 149 fermenter, et on s'en sert ensuite pour des couches : ce moyen, que M. Samuel Brower , Gentilhomme , trcs-curieux du jardinage, m'a fait connoitre le premier, peut être trés- utile; le même Gentilhomme m'a assuré que les couches faites de cette manicre, conservent leur chaleur pendant quelques mois; et il pré- fere la fougere au fumier , lorsqu'on a besoin d'une chaleur tempérée et durable. . Il y aen Angleterre plusieurs autres herbes qui infectent les campagnes , et dont on pourroit tirer le méme parti pour fertiliser les terres; par ce moyen, on parviendroit, avec le tems , à détruire ces plantes, et on se procureroit un engrais qui rapporteroit au-dela des dépenses qu'il occasionneroit. Mais peu de Ceux qui s'appliquent à la culture, veulent abandonner leur routine, pour éprouver des moyens nou- veaux , quand meme il y auroit peu de dépenses a faire, et de hasards a courir. Il y a cependant beaucoup à gagner , en faisant ces sortes d’ex- périences, sur-tout dans les contrées où le fumier et les autres engrais sont trés-rares, et les particuliers ne tarderoient point à reconnoitre les grands avantages qu'ils pourroient retirer de tous les végétaux inutiles qui croissent dans leur voisinage. Les cendres de toutes les especes de plantes sont aussitrés- bonnes pour améliorer la terre ; ainsi par-tout où 150 E N G il y a des buissons, des ronces , et d’autres plantes semblables deve- nues ligneuses , il faut les arracher pendant l'été , les étendre sur la terre pour les dessécher , les brûler lentement, et en répandre ensuite les cendres sur le terrein, ce qui lui fournira un bon engrais. J'ai déjà donné à l'article , Ter- res ou Champs , la maniere de brü- ler ces buissons. Le bois pourri et la sciure de bois bien consommée, sont aussi de trés-bons engrais pour les terres fortes, parce qu'ils en divisent les parties, et les rendent plus lé- geres. Les os, les cornes, les ongles, et les autres parties des animaux , ainsi que les poissons , enrichissent beaucoup la terre. Le sable de mer et les coquil- les, sont employés avec succès dans plusieurs cantons de l'Angieterre, sur-tout en Devonshire, où l'on fait la dépense d'aller chercher ce sable et ces coquilles, à dos de cheval, à douze ou quatorze milles ; la terre sur laquelle on répand ces matieres est grasse et forte comme l'argile ; elles en divisent les parties, et les sels qu'elles contiennent , les rendent très-propres à la végétation. Les co- raux et les autres especes de plantes pierreuses qui croissent dans les ro- chers, sont remplis de sels utiles à la terre : mais comme ces Corps sont fort durs, le bien qu'ils produisent test pas fort sensible dans la pre- ENG micre et la seconde année , parce qu'il faut qu'ils aient le tems de se pulvériser , avant que leurs sels puis- sent se mêler avec la terre ; aussi les fermiers ou tenanciers ne se ser- vent-ils que très-rarement de cette espece d'engrais , parce qu'ils ne cherchent qu’à recueillir le fruit de leur travail le plus tôt qu'il est pos- sible. Ces engrais sont bien meilleurs pour les terres froides et fortes , que pour les terreins légers et sa- blonneux. Dans quelques pays on a découvert , à une grande distance de la mer, une quantité considé- rable de coquilles fossiles , que l’on a tirées de la terre, et qu’on a em- ployées comme engrais dans les ter- res fortes; mais comme elles ne contiennent que peu de sels, en les comparant à celles de la mer, on doit préférer ces dernieres, lorsqu'on peut s'en procurer. Quand on se trouve dans le voi- sinage de la mer, et qu'on peut avoir aisément et à peu de frais du sable, des coquilles , des coraux, du limon , de mauvaises herbes, &c. on peut employer ces substances , qui enrichiront là terre pour plu- sieurs années ; parce que leurs sels ne se communiquent que par dé- grés, et à mesure que le chaud et le froid pulvérisent les corps qui les contiennent, Le sable-et les her- bes de la mer, répandus comme en- grais en quantité convenable, fer- tiliscnt Ie sol pour six ou sept ans ; ENG mais les coquilles, les coraux, ct les autres corps durs, se conser- vent bien plus long-tems. J'ai sou- vent remarqué en Angleterre, mais sur - tout à Cambridge, une fort mauvaise pratique., qu'il seroit à de- sirer qu'on rectifidt: on transporte le fumier dans les campagnes , vers la St. Jean, et on le répand sur la terre un mois ou six semaines avant de l'enterrer ; pendant cet espace de tems, la chaleur dissipe toutes les parties volatiles du fumier , de ma- nicre que ce qui reste, na, pour ainsi dire, aucune vertu: on ne devroit voiturer le fumier et les au- tres engrais qu'un peu avant le der- nier labour , et l'enterrer ensuite, sans perdre de tems, pour prévenir l'évaporation de leurs sels; il est vrai qu'en employant pour engrais des coquilles, des coraux, et d’au- tres substances dures , si on les dé- pose dans le champ plusieurs mois avant de labourer, l’action de lair et du soleil les réduira plutôt en poussiere , que si elles avoient été enterrées dans le moment du trans- port : on fait aussi communément la même faute, en répandant du fumier dans les prairies avant la St. Michel ; de maniere qu’elles n’en re- tirent qu'un très-foible avantage, parce que l’activité du soleil dissipe les sels de cet engrais, et ne leur laisse pas le tems de penctrerla terre. ENULA CAMPANA, ox | EPH 15t AUNEE. Voyez HELENIUM. L. INULA HELENIUM. L. EPATIQUE. Voy. HEPATIQUE. EPHEDRA. Lin. Sp. Plant. 1472. Edit. 3. Tourn. Inst. 663. Tab. 477. Queue de cheval en arbrisseau, Raisin de mer. Caracteres. Les plantes de ce genre ont des fleurs males er femelles sur différents piéds; les mâles sont re- cueillies dans des chatons écailleux ; sous chaque ccaille est une ficur simple sans pétale, mais pourvue de sept Ctamines jointes en forme de colonne , et terminées par des som mets ronds : les fleurs femelles ont un périanthe ovale, composé de cinq rangées de feuilles, qui sont alternes sur les divisions de Ja ran- gce inférieure ; elles sont également privées de pctales : mais elles ont deux germes ovales placés sur le périanthe , qui soutiennent des styles courts et couronnés par des stigmats simples : ces germes se changent , quand la fleur est passée , en autant de baies ovales, qui renferment chacune deux semences, Ce genre de plante est rangé dans la douzieme section de la vingt-deu- xieme classe de LINNÉE, intitulée : Diœcie monadelphie. Les plantes de cette classe et de cette section , ont des fleurs males et femelles sur diffé- rens pieds, et leurs étamines sont jointes en forme de colonne, 162 EPH Nous n'avons encore en Angle- terre qu'une espece de ce genre, qui est l’Ephedra Histechia y pedunculis oppositis ; Hore. Cliff. 465. Gouan. Monsp. 510; Raisins de Mer aveç des pédoncules opposes ct des chatons jumeaux. ame nts geminis. Ephedra Maritima minor. Tour. Raisin de Mer. Polygonum bacciferum Maritimum minus, Bauh. Pin." §.* Tragum. Cam. Hort. 17%. £. 4.6. Ce petit arbrisseau croît naturel- lement sur les rochers qui bordent la mer dans la France méridionale, en Espagne et en Italie;-on le con- serve aussi dans plusieurs jardins pour la variété; mais il a peu de beauté: sa tige pousse quelques branches, de deux pieds de lon- sueur, qui ont plusieurs nœuds gon- flés, d'où sortent des feuilles étroi- tes et semblables à celles du jonc ou à celles de la plante appelée Queue de Cheval , et qui se conservent vertes toute l’année. On multiplie cette plante au prin- tems par les rejettons que ses racines rempantes produisent en abondance; elle se plaît dans un sol humide et fort, et résiste fort bien en plein air aux froids de nos hivers ordinai- res. On mettoit autrefois ces plantes dans des pots 5 qu'on tenoit à l'abri en hiver; mais on a remarqué de- puis qu'elles profitent beaucoup mieux en pleine terre. ET EPHEMERE oz EPHEMERUM. Voyez; TRADESCOMTIA. EPICE, /es quatre Epices. Voyez BASTERIA. EPICIA, -PESSE, PECE, PICEA ou FAUX SAPIN. Voyez ABIES PICEA. EPIDENDRUM. /.VANILLA. L. EPIDENDRUM. Lin. Gen. 1016. Vanilla; Vanillier. ll y a près de trente especes de ce genre qui naissent spontanément sur les arbres en Afrique et dans les deux Indes ; mais comme ces plantes ne peuvent être conservées dans la terre par quelque moyen que ce soit, il seroit inutile d'en faire mention ici. Si on pouvoit les faire profiter par culture , plusieurs produiroient de très-belles fleurs de forme peu commune : on m'a en- voyé de l'Amérique trois de ces es- peces qui ont cté prises sur des arbres , je les ai plantées avec soin dans des pots, qui ont été placés dans une serre chaude; elles ont réussi assez pour montrer leurs fleurs, mais elles ont péri bientôt après. Foyez l’article VANILLA. EPI FLEURI. Voyez STACHYS. EPIGÆA. Lin. Gen. Plant. 486, Memecyllum, Mitch. 13; Arbousier rempant. ° | Caracteres, EPI © Caracteres. La fleur a un calice double et persistant; l'extérieur est composé de trois feuilles, et l'inté- rieur, d’une seule divisée en cinq parties: cette feuille est en forme de sous-coupe, monopetale, et pour- vue d'un tube cylindrique plus long que le calice, veluen- -dedans, Sone les bords sont divisés en cing par- ties entièrement ouvertes : elle a dix étamines aussi longues que le tube , fixées à la base du pétale, et terminées par des sommets oblongs : dans son centre est placé un germe globulaire, velu, et couronné par un stigmat obrus et découpé en cing parties : ce germe se change dans la suite en un fruit applati, à moitié rond , à cinq angles, et à cinq cellu- Jes qui s'ouvrent en cinq-valves , et qui renferment plusieurs semences. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la dixieme classe de LINNÉE, intitulée : De- candrie monogynie , qui comprend les plantes dont les fleurs ont dix éta- mines ct un style. Nous ne connoissons qu'une es- pece de ce genre , qui est L'Epigea. Lin. Gen. Plant. 565. Edit. 3. Arbousier rempant. Amen. Acad. p. 17. Memecyllum. Mich. Gen, 13. Arbutus foliis ovatis integris , pe- siolis laxis longitudine nid Gron. Virg. 49. Pyrôle affinis repens fruticosa; foliis rigidis scabritie exasperatis , fiore Tome III, E PI pentapetaloide fistuloso. Pluk. Alm. O9. t. fi 1. Raj: Suppl. 596. Cette plante croit naturellement dans TAmérique septentrionale, d'où elle a été envoyée dans les jardins Anglois ; sa tige d’arbrisseau, basse et trainante, pousse de cha cun de ses nœuds des racines, au moyen desquelles elle se multiplie considérablement quand ‘elle se trouve dans un sol ct à une exposi- tion qui lui soient propres : ses tiges sont ‘garnies de feuilles ovales, ru= des, et ondées sur leurs bords : ses fleurs, blanches et divisées en cinq segmens aigus enticrement ouverts en forme d'étoile, naissent en pa- quets clairs aux extrémités des bran- ches dans: le mois de Juillet; mais elles ne produisent point de fruits en Angleterre. On multiplie facilement cette plante au moyen des racines que ses tiges traînantes produisent à chacun de leurs nœuds; on les sé- parc de la vicille plante, et on les place à l'ombre dans un sol humide: cette opération doit étre faite en automne , afin que les plantes puis- sent être bien enracinées avant le printems. Si l'hiver est rude, on les couvre avec des feuilles séches ou quelqu'autre couverture légére, pour empécher la gelée de les endomma- ger: lorsqu’elles sont bien reprises, elles ne demandent plus aucun autre soin que détre tenues nettes de mauvaises herbes, 153 ¥ 154 a a EPILOBIUM. Lin. Gen. Plant. 426. Chamenerion. Tour. R. H. 302. Tab. 137; Lierre herbacé ou Lierre François, l'Epilobe ou herbe de Saint- Antoine. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice composé de quatre feuilles oblongues , pointues et co- lorées; quatre pétales bordés, entic- rement ouverts, et huit étamines alternativement plus longues et plus courtes, et. terminées par des sommets ovales ct comprimés : au- dessous. de la fleur est placé un germe long et cylindrique qui sou- tient un style mince , couronné par un stigmat obtus, et divisé en quatre parties; ce germe. devient dans la suite une capsule longue, cylindri-, que; sillonnce, et à cing cellules, remplies de semences oblongues et couronnces de duvet. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la huitieme classe de LINNEE, intitulée : Octan- drie monogynie, dans laquelle sont comprises les-Heurs qui,ont-huit éta- mines et un style. Les especes sont: /) 1°. Epilobium, angusté -folium , foliis sparsis , lineari - lanceolatis , floribus inaqualibus. Lin, Sp. 493. Œd. Dan, 289. Gmel. Sib 3. p. 164. Pollich. Pal. n. 369. Kniph..Cent. 11.2. 41 ; Epilobe à. feuilles Jinéai- res, en forme de lance, ..et placées clairement avec des fleurs inégales. Epilobium floribus difformibus > Pis- EP a tillo declinato. Fl. Suec. 304 327. Epilobium foliis lanceolatis, inte- gerrimis. Fl Lapp. 146. Hort. Cliff. 154. Roy. Lugd.-B. 250. Lysimachia , Chamenerion dictay angusti-folia. Bauh. Pin. 245. Lysimachia , Chamanerion dicta ; lati-folia. Bauh. Pin. 245. Lysimachia , Chamenerion dicta, Alpina. Bauh. Pin. 245. Deux va- ort riCtes. Chamenerion lati-folium , vulgare. Tourn. Inst. R. H. 302 ; Lierre com- mun à larges feuilles; Herbe de Saint-Antoine, ou le petit Laurier- ose, ou Laurier de Saint-Antoine. 2°, Epilobium . hirsutum , foliis oppositis , lanceolatis 5, serratis de- currenti-arplexicaulibus. Lin. Hort. lifes MA Send nues FO Fe 419280 Gron. Virg. \ 5 4. Roy. Lugd.-B. 251. @d. Dan. 326. Pollich, Pal. n. 370. Kniph. Cent.1s..n:28 ;. Epilobe a feuilles opposées, en forme de lance, et sci¢es sur leurs bords. Ag Chamaenerion villosum , magno flore, purpureo. Tourn. Hist..R H.. 3935. Lierre velu à grosses fleurs, ordi- nairement appelé Codlins and Cream. Eysimachia siliquosa hirsuta; parvo fiore. Bauh. Pin. 245 ; TEpilobe velu. Il y a plusieurs autres especes de ce genre, dont quelques-unes crois- sent naturellement. dans des: bois converts et dans les lieux humides de plusieurs parties de l'Angleterre ; mais comme elles deviennent fort iE GPA embarrassantes , et que pour cette raison on les admet rarement dans les jardins , je men ferai aucune mention. Angusti-folium. On cultivoit au- trefois la premiere espece dans les jardins à cause de la beauté deses fleurs ; mais comme ses racines rem= pantes s'étendent ordinairement fort loin, et qu'elles génent les “autres plantes , on La presque gé- néralement rejettée; cependant lors. quelle est en fleurs, et qu'elle se trouve placée dans un lieu bas ,. hu- _mide et à l'ombre, elle a une trés- belle apparence; ses fleurs sont d’ailleurs/très- propres à orner les appartemens en été: elle s’éleve à Ja hauteur d'environ quatre pieds avec des branches minces, rudes, et garnies de feuilles semblables à celles du Lierre, d’où lui vient le nom d’Herbe de Lierre ou Lierre Fran- cois ; ses fleurs, de couleur de pé- che , naissent en longs épis ou thyrses , et si la saison n'est pas trop chaude, elles conservent leur beauté pendant près d’un mois : on ren- contre ces espèces dans plusieurs par- ties de l'Angleterre; mais quelques Botanistes ont prétendu que celle- cin y croit pas naturellement, et que les plantes qu'on y trouve ont été rejettées des jardins; cependant je pense qu’on doit la regarder comme originaire de notre Isle, parce qu'on Ja trouve en grande quantité dans les bois fort écartés des habitations, E'PI 155 surtout dans la forét de Charletony et dans plusieurs autres en Sussex : ceite plante rempe fort par sa racine et se multiplie aisément. ° li ya dans cette espece une va- rièté à leurs blanches, qui d’ailleurs ne diffère en rien de la premiere} jen fais ici mention, parce que beaucoup de personnes se plaisent a multiplier ces variétés. = Hirsutum. La seconde, qu'on ren- contre en Angleterre sur les bords des fossés et des rivicres, s¢leve à la hauteur d'environ trois picds , et produit aux extrémités de ses tiges, des fleurs beaucoup moins belles que celles de la premiere espece; comme ses racines rempent et s'étendent beaucoup, on l’admet rarement dans les jardins; ses feuilles répandent une odeur de pommes cuites quand elles sont froissées # d'où quelques-uns lui ont donné le nom de Codlins and Cream, c'est-à-dire, Pomme de Codlins cuite dans de la créme. Là EPIMEDIUM. Lin. Sp. Plane. 138. Tour. Inst. R. H. 132. Tab, 117. Rai Meth. Plant. 129 ; le Chapeau d'Evèque. Caracteres. Dans ce genre la fleur a un calice à trois feuilles qui tombe; une corolle composée de quatre pétales obtus, ovoles, concaves, af et enticrement ouverts; quatre nec- taires en forme de coupes, obtus au fond, et aussi larges que les pétales; quatre étamines terminées Viz 156 EuP I par des sommets oblongs , érigés et biloculaires , et un germe oblong et place dans le fond qui soutient unystyle court et couronne par un stigmat simple : ce germe devient ensuite une silique oblongue, poin- tue, et à une cellule qui s'ouvre en deux valves, et renferme plusieurs semences oblongues. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la qua- trieme classe de LINNEE; avec celles dont les fleurs ont quatre ¢ta- mines et un style. Nous ne connoissons qu'une €s- pece de ce genre, qui est Epimedium Alpinum, Hort. Cliff: 37. Hort, Ups. 29. Roy. Lugd-B. 402. Chapeau d’Evéque des Alpes. Cette plante a une racine rem- pente de laquelle sortent plusieurs tiges de neuf pouces environ de longueur , et divisées au sommet en trois parties qui se sous-divisent en- core en trois autres plus petites, sur chacune desquelles est une feuille ferme, en forme de cœur, terminée en pointe, d’un vert pâle en-dessus et grise en-dessous : ses pedoncules sortent au-dessus de la premiere di- vision de la tige; ils ont prés de six pouces de longueur , et se par- tagent en plusieurs autres plus petits, dont chacun supporte trois fleurs ; ces fleurs ont quatre pétales de couleur rougeatre , rayés de jaune sur leurs bords, et placés en forme de croix; du centre de chacune s’éleve un style ESP it place sur le germe, qui se change ensuite en un légume mince et rempli de semences oblongues : cette espece fleurit dans le mois de Mai, et ses feuilles périssent en automne : si ses racines sont plantces dans une plate-bande à l'ombre, on est forcé de les retrancher tous les ans pour les empêcher de s'étendre trop, et de se mêler avec celles des plantes voisines : elle croit naturel- lement sur les Alpes; mais j'en ai recu quelques-unes qui ont été trou- vées dans une forét de l'Angleterre Septentrionale. EPINARD. Voyez SPINACIA. EPINARD-FRAISE. Voyez BLITUM CAPITATUM. EPINE. Voyez CRATÆGUS. EPINE blanche. Voy. MESPILUS, CRATAGUS , OXYACANTHA. EPINE de Chevreou ADRAGANT. Voyez; TRAGACANTHA. EPINE jaune. Voyez SEOLIMUS. EPINE de Lys. Voy. CATESBÆA. EPINE /uisanre, où AZEROLIER de Virginie. Voy. CRATÆGUS CRUS GALLI. EPINE de Pinchaw. Voyez CRA- TÆGUS TOMENTOSA. »" , E ‘OU EPINE soxjours verte, ou BUISSON ARDENT. Voyez MESPILUS PYRA- CANTHA. EPINE de Christ , où PALIURE. Voyez PALIURUS. EPINE VINETTE. BERBERIS. Voyez EPINETTE, ox SAPINETTE du Canada. Voy. ABIES CANADENSIS. EPURGE. Voy. TITHYMALUS. EQUINOXIAL, de equus , égal et nox , nuit : on nomme ainsi un grand cercle de la sphère sous lequel l'équateur se meut dans son mouve- ment journalier. On confond ordinairement la ligne équinoxiale avec l'équateur ; mais ces deux cercles sont cependant differens, l'équateur étant movible et l'équinoxiale fixe; l'équateur est tracé autour de la surface convexe de lasphere, mais l'équinoxiale l'est sur la surface concave du magnus or- bis. On concoitlaligne équinoxialeen supposant un demi-diametre de la sphère, pris du point de l'équateur, et de-la , décrivant un cercle sur la surface immobile du primum mobile, par la rotation de la sphère vers son axe. Quand le Soleil parvient à ce cercle , dans son avancement à travers l'ecliprique, il rend égaux MORE 157 les jours et les nuits dans toute la circonference du globe, parce que alors il se leve au vrai point d l'Orient et se couche à celui d l'Occident; ce qui n'arrive dans aucun autre tems de l'année. Les Peuples qui habitent sous ce cercle, ont constamment les nuits et jours égaux , et le Soleil est dans leur zenith à midi, et ne fait point d'ombre. EQUINOXES (les) sont les deux tems de l’année où le Soleil entre dans les points ¢quinoxiaux, qui sont ceux où l'équateur et léclipti- que sc coupent : le premier , ou l'équinoxe du printems, se trouve dans le signe du Bélier, et l’autre, qui est léquinoxe d'automne, est placé dans le signe de la Balance. Ainsi les équinoxes arrivent quand le Soleil est dans le cercle équi- noxial, alors les jours sont égaux aux nuits dans rout le monde ; ce qui arrive deux fois l’année, vers le premier de Mars, et le vingt-deux de Septembre. EQUISETUM, de Equus, Cheval, et Seta, Poil, parce que plusieurs feuilles et quelques branches de cette plante ont quelque ressem- blance avec la queue d’un Cheval. Les Grecs l'appeloit “Iarspis, de “Inmos, un Cheval, et «ip, une queue, et Hipposeta, de ‘irres Ct Seta ; queue de Cheval, Préle. On trouve en Angleterre plusieurs 158 ERI especes de cette plante sur les bords des fossés et dans les bois couverts; mais comme elles ne sont jamais admises dans les jardins, je n’en parlerai point ici. ÉRABLE. Voyez ACER. ERICA. Lin. Gen. Plant. 435. Tourn. Inst. R. H. 602. Tah. 378 (‘Epeixn de ipeica, OU EBixa , grec, bri- scr (OU casser), parce qu'on dit que cette plante ala vertu de rom- pre la pierre dansla vessie). Bruyere. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice persistant et forme par quatre feuilles ovales , érigées et celorces ; une corolle composée d’un pétale gonfé, érigé et divisé ‘en quatre parties, et huit étami- nes velues, fixées au receptacle, et terminées par des sommets divi- sés en deux partics : dans leur fond, est placé un germe rond, qui sou- tient un style incliné, plus long que les Cramines, et couronné par un stigmat à quatre angles; ce germe se change, quand la Seur est passée, en une capsule ronde et à quatre cellules remplies de petites semences. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la hui- tieme classe de LINNÉE , intitulée : Cctandrie monogynie , dans laquelle se trouvent comprises les fleurs qui ont huit étamines et un style. Les espcces sont: 1°. Erica vulgaris , antheris Eee cornibus inclusis ; corollis inequalibus , campanulatis , mediocribus ; foliis op- positis , sagittatis. Lin. Sp. Pl. 3525 Bruyere a deux cornes , renfermant des antheres ; à pétales inégaux et en forme de cloche, et à petites feuilles en forme de fléche et op- posées. Erica, foliis quadrifariam imbri- catis , triquetris, glabris, erectis ; co- rollis inequalibus , calyce brevioribus. Hort. Cliff. 146. Fl. Suec. 309. 336. Roy. Lugd.-B. 442. Erica vulgaris , glabra. Bauh. Pin. 485. Fl. Lapp. 141 ; Bruyere com- mune. Erica Myrice , folio hirsuto. Bauh. Pin, 485 ; Variété. Erica vulgaris, hirsuta. Raj. Angl. 3. p. 471; Bruyere commune, bérisséc. 2°. Erica herbacea , antheris bi- cornibus inclusis , campanulatis , me- diocribus , secundis ; foliis ternis, tri- quetris patulis. Lin. Sp. fl. 500; Bruyere avec des antheres à cornes, un pétale campanulé, et cing feuil- les étroites et étendues. Erica foliis Coridis, multi-flora. J. B. Vol. 1. p.356 ; Bruyere avec plusieurs fleurs à feuilles de pin. Erica procumbens , herbacea. Bauh; Pin. 486. Erica Coris folio 8. Clus. Hist. I. p. 44, 3°. Erica cinerea , antheris bicor- nibus inclusis ; corollis ovatis, racemo- sis; foliis ternis glabris ‘linearibus. ERA Lin. Sp. Plant. 352 ; Bruyere avec des antheres renfermées dans deux cornes, des pétales ovales ct bran- chus, et trois feuilles longues, étroi- tes et unies. Erica Coris folio 6. Clus. Hist. 1. p. 47. Oecd. Dan. t. 38. Erica humilis, cortice cinereo , Arbuti flore. C. B. P. 486 ; Bruyere basse , à écorce cendrée et à fleur d’arbousier. La petite Bruyere. 4°. Erica ciliaris, antheris simplici- bus inclusis ; corollis ovatis , irregula- ribus ; fioribus terno-racemosis ; fo- liis tgrnis ciliatis. Laefl. Epist. 1. p. 9. Lin. Sp. Plant. 354 ; Bruyere avec des antheres simples, des pé- tales ovales et irréguliers , des tri- ples fleurs branchues , et des. feuil- les velues , placées par trois. Erica XII. Clus. Hist..1. p. 46. Erica hirsuta, Anglica. Bauh. Pin. 602. ne 5°. Erica arborea, antheris bicor- nibus inclusis , corollis campanulatis longioribus, foliis quaternis patentis- simis ; caule subarboreo , tomentoso. Lin. Sp. Plant. 502; Bruyere en arbre, avec des antheres renfer- mées dans deux cornes, une plus longue fleur en forme de cloche, et quatre feuilles étendues à cha- que nœud. Erica Coris folio 1. Clus. Hist. awe Erica maxima alba. Bauh. Pin. 485. Les quatre premieres especes ERA © 159 croissent sauvages sur des terreins stériles et incultes, dans différentes parties de PAngleterre; mais quoi- qu'elles soient cemmuengs, cepen- dant elles méritent d'être placées avec les bas arbrisseaux à fleurs dans les bosquets, ou elles feront une varicté agréabic, par la beauté de leurs fleurs, qui se succèdent continuellement , et par la diver- sité de leurs feuillages. Elles se multiplient rarement et difficilement dans les jardins , parce qu'on ne les éleve point en pépi- nicre ; mais on peut les enlever en mottes, pendant l'automne, dans les lieux où elles croissent naturel: lement, pour les transplanter dans les jardins. Il ne faut pas les placer dans des terreins gras et remplis de fu- mier: on évite d’arracher les mau- vaises herbes qui les entourent ; car moins la’ terre est remuée, et plus ces plantes profitent; parce que leurs racines sont ordinairemént fort près de la surface , et qu'elles peu- vent être endonimagées et même détruites par les labours et les houa- ges : on peut aussi les multiplier par semences; mais comme cette mé- thode est trop lente, il vaut micux suivre la premiere (1 ). (1) On attribue quelques propriétés médicinales à la Bruyere commune; mais on s’en sert très-rarement ; son eau: dis= tillée passe pour être propre à dissiper ré 6 ERG Africana, La cinquieme espece croit sans culture au Cap-de Bonne- Espérance, et dans le Portugal où elle s’éleve avec une tige forte et ligneuse, à la hauteur de huit ou dix pieds, et pousse , dans toute sa longueur, plusieurs branches gar- nies de feuilles étroites , qui sortent quatre ensemble du même point. Ses fleurs blanches et teintes d'un rouge pale extérieurement , naissent entre les feuilles, aux extrémités des branches; elles paroissent dans le mois de Mai. Elles ne sont pas sui- vies de semences en Angleterre. Cette plante subsiste en plein air dans notre climat, pourvu qu'elle soit placée dans un sol sec, et a une exposition chaude ; mais on la tient ordinairement dans des pots, et on la met à l'abri de l'hiver ; cependant celles qui sont ainsi trai- tées, ne profitent et ne fleurissent pas aussi bien que celles de pleine terre. C'est pourquoi il vaut beau- coup micux les y placer, et se don- ner la peine de les abriter en hiver, que de les conserver dans des pots. On la multiplie dans ce pays avec dificulté, en marcottant ses jeunes l'infammation des yeux et à calmer les douleurs de colique; l'huile de ses fleurs a, dit-on, la vertu d'enlever les taches de la peau, de guérir les dartres, et de soulager les personnes attaquées de la goutte : mais on doit peut Compter sur ce = 12 peutede, ERT rejettons , qui sont souvent deux ans avant de prendre racine; d’au- tres detachent de tendres boutures, qu'ils mettent dans des pots remplis de terre légere, quils couvrentexac- tement avec des cloches, et qu'ils tiennent à l'abri du soleil : quand cette opération est faite avec intel: ligence , les boutures prennent fa- cilement racine, et deviennent de meilleures plantes que les marcottes. ERICA BACCIFERA. Voyez EMPETRUM. ERIGERON. Lin. Gen. Plant. 8 $ 5. Senecionis sp. Dill, Conyzella. Dill. Elth. 257; Espece de Séne- con, Herbe aux puces. Caracteres. La fleur est composée et radice ; plusieurs fleurettes her- maphrodites forment son disque; et les demi - fleurettes femelles, les rayons ; celles-ci sont renfermées dans un calice oblong et écailleux : les fleurettes hermaphrodites sont en forme d’entonnoir , et découpées au sommet en cinq parties; elles ont chacune cing étamines courtes, velues, et terminces par des som- mets cylindriques ; elle renferme un petit germe couronné de duvet, et plus long que le pétale : sur ce germe est placé un style mince, aussi long que le duvet, et surmonté de deux stigmats oblongs ; le germe sc change dans la suite en une pe- tite semence oblongue , et ornée d'un ERE d'an long duvet. Les demi-fleurettes femelles, qui composent les rayons, ont un côté de leur pétale étendu en-dehors, en forme de langue; elles n'ont point d’étamines ; mais elles sont pourvues d’un petit germe velu, qui soutient un style mince, velu, et terminé par deux stigmats min- ces. Ce germe forme, quand la fleur est passée, une semence semblable à celles des fleurettes hermaphro- dites. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la dix- neuvieme classe de LINNEE, qui renferme les plantes dont les fleurs sont composées de fleurettes herma- phrodites et femelles, toutes deux fructueuses. LINNÉE a ajouté à ce genre plusieurs especes de Conyzes et d’Asters des anciens Botanistes, Les especes sont : 1°. Erigeron viscosum , peduncu- lis uni-floris lateralibus ; foliis lanceo- latis, denticulatis , basi reflexis; caly- cibus squarrosis ; corollis radiatis. Hort. Ups. 258 ; Erigéron avec une fleur supportée par un pédoncule placé sur le côté, des feuilles en ‘forme de lance, un calice rude et des ævrolles à rayons. Aster foliis serratis ; pedunculis simplicibus lateralibus uni-floris , longi- tudine folii , foliosis. Hort. Cliff. 409. Virga aurea major, foliis glutino- sis , graveolentibus. Tourn. Inst. 580. Vaill, Act. §79. Conyza mas Theophrasti ; major Tome III. ERI 161 Dioscoridis. C. B. p. 266; Conyze male de Théophraste , et la plus grande Conyze de Dioscoride. Conyza major. Dod. Pempt. 51. 2°, Erigeron acre , pedunculis al- ternis, uni-floris. Hort. Cliff: 407. Fl. Suec. 691 5 741. Roy. Lugd.- B. 165. Pollich. Pal. n. 7903 Érigéron avec des pédoncules alternes, qui soutiennent chacun une seule fleur. Erigeron vulgare. FL Lapp. 308. Conyza caerulea acris. C. B. p. 265; Herbe aux puces acre. Conyzoides. Dill. Giss. p. 154. Amellus montanus Col: Ecphr. 2. p. 25. 3°. Erigeron Bonariense , foliis basi revolutis. Lin. Sp. Plant. 863. Murray. Prodr. 179 ; Erigéron dont les feuilles sont roulées à leur base. Senecio Bonariensis purpurascens , foliis imis Coronopi. Hort. Elth. 344. ERd 57 F235 54S Érigéron pourpre de Buenos-Ayres , ayant.ses feuilles basses comme celles de la corne de cerf. Plantain. 4°. Erigeron Canadense , caule flo= ribusque paniculatis. Hort. Cliff: 4075 Hort. Ups. 258. Gron. Virg. 122; Érigéron avec une tige et des fleurs disposées en panicules. Virga aurea Virginiana annua. Zan. Hist. 205; Verge d'or an- nuelle de Virginie. Conyzella, Dill. Cat. App. 142: Conyza annua, acris 5 alba, elatior, Linarie foliis. Moris. Hist. 3.p. 115. sive 7. T. 10. F.:29. equicolorum. X 162 ER I ae Erigeron Alpinum, caule sub- bi-floro , calyce sub hirsuto. Lin. Sp. Plant. 864 ; Érigéron avec deux fleurs sur une tige, et des calices velus, Conyxza cerulea Alpina 5 major et minor. C. B. p. 265 ; Herbe aux puces bleue des Alpes. Asteri montano purpureo similis , sive Globularie. Bauh. Hist. 2, p. 107: G°. Erigeron graveolens , ramis la- teralibus multi-fioris ; foliis lanceolatis 5 integerrimis. ; calycibus Squarrosis. Amen. Acad. 4. p. 290. Gouan. Monsp. 437; Érigéron avec plu- sieurs fleurs sur les côtés des tiges, des feuilles entieres et en forme de lance, et des calices rudes. Virga aurea minor ; foliis glutino- sis et graveolentibus. Tourn. Inst. 484. Conyza feemina Theophrasti; minor Dioscoridis. Bauh. Pin. 261. Conyza minor vera. Lob. Ic. 346. 7°. Erigeron fœtidum , foliis lan- ceolato-linearibus, retusis; floribus co- rymbosis. Lin. Sp. Plant. 1213; Éri- géron avec des feuilles lincaires et en forme de lance, et des fleurs er corimbes. Senecio Africanus , folio retuso. 661. Conyza Africana, Senecionis flore, retusis foliis. Herm. Lugd.-B. 661. T. 662. _Pseudo-Helichrysum frutescens Afri- canum , retusis foliis viridibus ; flore Herm. ERT ; luteo, nudo. Moris. Hist. 3. p. 00. 72, Le 1 Viscosum. La premiere espece croît naturcllement dans la France Méridionale et en Italie; elle a une racine vivace, de laquelle sortent plusieurs tiges droites de trois pieds de hauteur, et garnies de feuilles. oblongues , ovales, velues , sessiles. à la tige, alternes, et longues de quatre pouces sur deux de largeur au milieu : cette plante est couverte, dans les tems chauds, d'une séve gluante; ses fleurs naissent simples: sur de longs pédoncules , desquelles: quelques-unes sortent des parties Ia. térales de la tige, ex les autres, de: son extrémité ; elles sont jaunes et d'une odeur agréable ; elles parois- sent en Juillet, et leurs semences mürissent en automne. | On multiplie cette espece par ses. graines , qui réussissent plus. certai- nement lorsqu'elles sont mises ex terre en automne , que quand on: attend jusqu'au printems pour les: semer: on cclaircit les plantes qui en proviennent , on les tient nettes de mauvaises herbes, et en automne, on les transplante à demeure. Elles. se plaisent dans un sol sec et expose au soleil; elles fleuriront et donne- ront des semences mires dans la seconde année; leurs racines durent plusieurs années , et. continuent à produire des fleurs et des graines. Acre. Bonariense. Canadense. Al- pinum, Les quatre especes suivantes E R:1 sont conservées dans les jardins de Botanique, pour la varicté ; mais on les admet rarement dans ceux d'agrément. La cinquieme est une plante vivace, qui croît naturel- lement sur les Alpes; on la multi- plie par semences, comme la pre- miere espece , mais elle exige un sol humide et une situation ombragée. Les autres sont annuelles, et se multiplient au point de devenir fort -embarrassantes, ‘lorsqu'elles sont une fois établies dans les jardins, et qu'on leur permet d'écarter leurs graines. Graveolens. La sixieme s’éleve à la hauteur de trois pieds , avec des tiges fermes et garnies de feuilles étroites et en forme de lance; les fleurs sont jaunes et sortent en pa- quets serrés sur les parties latérales desl'extrémité de la tige ; elles pa- roissent en Juillet, et dans les an- nées chaudes , elles sont remplacées par des semences en Angleterre. On peut multiplier cette espece, en coupant la tige en morceaux, dont on forme des boutures qui pousseront des racines , si elles sont plantées dans une plate - bande à ombre , et arrosées à propos : dès l'automne suivant, on peut les en- lever et les planter dans les plates- bandes du jardin à fleurs. Fetidum. La septieme , qui est originaire d'Afrique , produit cing ou six tiges droites, hautes d’en- viron quatre pieds, et fortement ERI 163 garnies de feuilles linéaires , én forme de lance , et velues ; ses tiges sont terminées par de gros paquets de fleurs jaunes et en forme de corymbe , qui paroissent en Oéto- bre , et se succedent souvent pen- dant plus de deux mois; ce qui donne un nouveau mérite à cette planté. Comme cette espece est trop ten- dre pour profiter en plein air dans notre climat , on doit tenir les plan- tes dans des pots; et si pendant l'hiver elles sont placée#sous un chas- sis ordinaire , où elles puissent avoir beaucoup d'air dans les tems doux, et étre abritées des fortes Belées , elles réussiront mieux qu’en les trai- tant plus délicatement. On Ia mul- tiplie aisément par boutures, qui prendront promptement racine, si elles sont plantées dans le mois de Mai; ces jeunes plantes fleuriront dès Pautomne suivante. ERINUS. Lin. Gen. Plant. 689. Ageratum. Tourn. Inst. R. H. 6 SL. Tab. 422; Eupatoire. Caracteres. La fleur a un calice persistant , et composé de cinq feuil- les égales ; un pétale tubulé , de l'es- pece des labices , er découpé en cinq segmens égaux, et entièrement ou- verts, dont trois sont placés sur le haut de la levre supérieure, et les deux autres tournés en arriere, et quatre, ctamines situées au-dedans du tube, dont deux sont un peu plus longues que les autres, et qui > = 164 ER: sont toutes termindes par de petits sommets 5 dans le fond du tube, est placé un germe ovaic, qui sou- tient un style court et surmonté par un stigmat en forme de tête : ce germe se change, quand la fleur est passée, cn une capsule ovale ,.cou- verte par le calice, et à deux cellules remplics de petites semences. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la qua- torziome classe de LINNÉE, qui renferme 1é& plantes dont les fleurs ont deux ctamines longues et deux courtes, et dont les semences sont renfetndes dans une capsule. TOUR- NEFORT l'a placée dans son Appen- dix, mais elle devroit setrouver dans sa troisieme classe, qui contient les plantes avec une fleur anomale, tu- bulée , et ornée par une feuille. Les especes sont: 1°. Erinus Alpinus , floribus race- mosis. Lin. Sp. Plant. 630 ; Erinus à fleurs branchues, des Alpes. Erinus 5 Sauv. Monsp. 116. Ageratum serratum 5 Alpinum » glabrum 5 flore purpurascente. Tourn, he. H. 651; Agératum ou Eupa- : ss toire des Alpes, unie et scice , avec une fleur pourpre. Ageratum minus, saxatile, flore albo. Barr. Rar, 23. t. 1192 5 Va- ricté. Erinus tomentosus 5 caulibus froribus sessilibus , dont procuml bentibus , axillaribus ; nie cotoneux , floribus laxè E RII les tiges sont trainantes , et les fleurs sessiles à leurs côtés. Ageratum Americanum , procum- acie ; fletbas ad foliorum nodos. House: Mss.; Eupa- toire d'Amérique ; trainante, quia l'apparence de Gnaphalium mariti- avec des fleurs croissantes sur les nœuds. 3°. erecto ; foliis lanceolatis , oppositis., bens , Gnaphalii j mum > Erinus Americanus , caule Spicatis » terminalibus ; Erinus à tige crigce , a feuilles en forme de lance et oppostes, et a fleurs disposées en épis clairs, sur les extrémités des-tiges: Ageratum Americanum 5 erectum:, spicatum , flore purpureo. Houst. Mss.5 Eupatoire d'Amérique érigée, avec un épi de fleurs pourpres. 4°, Erinus frutescens , caule erecto, fruticoso , foliis ovato-lanceolatis y ser- ratis , alternis , floribus axillaribus 5 Eupatoire avec une tige d’arbrisseau, érigée, des feuilles ovales en forme de lance et alternes , produisant des fleurs sur les côtés de la tige. Ageratum frutescens , foliis denta- tis, latioribus , villosum. Houst. Mss.3 Eupatoire en arbrisseau er velue d'Amérique, avec des feuilles larges ct dentelces. §°. Erinus verticillatus ; caule ra- moso procumbente ; foliis ovatis, serra- tis, glabris, oppositis ; floribus verticil- latis; Érinus avec une tige bran- chue et trainante, des feuilles ova- les, unies, scies et opposées , et des ESRI fleurs verticillces, placées autour des tiges. Ageratum Americanum procum- bens , foltis subrotundis, serratis, gla- tris, House. Mss. ; Eupatoire d’Amé- rique trainante , à feuilles rondes, unies et scices. 6°. Erinus. procumbens , caulibus procumbentibus , foliis ovatis, glabris , floribus singulis alaribus , pedunculis longioribus; Erinus a tiges trainantes, a feuilles ovales et lisses, et à fleurs solitaires sur les côtés des tiges, et soutenues par de longs pédon- cules. ‘ Ageratum Americanum glabrum , floribus luteis , longis pediculis inct- dentibus. Hist. Mss. ; Eupatoire.d'A- merique unie et trainante, avec des fieurs jaunes sur de longs pé- doncules. Alpinus. La premiere espece, qui croit naturellement sur les Alpes et sur les montagnes de la Suisse, est une plante fort basse, dont les feuilles , couchées tout près de la terre , et disposées en paquets, ont environ un demi-pouce de longueur sur une ligne et demie de largeur; elles sont d'un vert foncé, scices sur leurs. bords: du milieu de ces feuilles , sort une tige qui atteint à peine à la hauteur de deux pouces, et qui soutient un paquet clair de fleurs pourpre et Crigées ; elles pa- roissent dans le mois de Mai, et sont quelquefois suivies de semences mures en Juillet, E ERI 16§ On multiplie cette plante en di- visant ses racines. en automne. elle se plaît à Pombre dans. un sol iar- neux ct_sans. fumier ; parce qu'elle pourrit aisément dans lesterres trop grasses. Tomentosus. La, seconde espece, que le Docteur Houstoun!m'a en- voyce de la Véra- Cruz, pousse plusieurs tiges trainantes de six pou- ces de longueur , et fortement gar- nies a chaque côté de petites feuil- les ovales, fort blanches et coto- neuses ; ses fleurs sortent aux nœuds, précisément au-dessus des feuilles ; elles sont sessiles aux tiges, et blan- ches; des capsules rondes , à deux cellules , et remplies de petites se= mences , les. remplacent : cette plante , vue d’une certaine distance, ressemble fort au Graphalium mari- timum. Americanus. La troisieme a été aussi découverte par le Docteur Houstoun , dans le même pays que la précédente;elle a unetige droite, haute de deux pieds, ct garnie de feuilles en forme de lance, ct op- posées; : vers le sommet ‘de cette tige, naissent deux petites, branches opposées , crigces jet) terminées , ainsi,que la tige, par des, épis clairs de fleurs pourpre, qui produisent des capsules ovales , remplies de pe- tires semences. Frutescens. La quatrieme séleve en tige d’arbrisseau, à la hauteur d'environ quatre pieds, et se divise 166 ERI en plusieurs petites branches velues et garnies de feuilles ovales, en forme de lance, profondément sci¢es sur leurs bords, alternes et suppor- tées par de longs pétioles : ses fleurs sortent sur les côtés des tiges, quel- quefois simples, et souvent au nom- bre de deux ou de trois sur chaque nœud ; elles sont blanches et sessi- les aux tiges, et sont remplacées par des capsules rondes et remplies de petites semences. Verricillatus. La cinquieme pro- duit plusieurs tiges unies et trainan- tes, qui poussent sur les côtés une _grande quantité de branches ; elles ont environ sept ou huit pouces dé longueur , et sont garnies de pe- tites feuilles ovales et opposées : ses fleurs verticillées, sessiles aux ‘ti- ges, blanches et peu apparentes, sont suivies par des capsules rondes, ct remplies de petites semences, Procumbens. La sixieme pousse plusieurs tiges trainantes , de six pou- ces environ de longueur , divisées en plusieurs petites branches , et garnies de petites feuilles ovales et opposées : ses fleurs, qui sortent simples sur les côtés de la tige, sont d'un jaune brillant , supportées par des pédoncules longs et minces, ct produisent des capsules ovales, remplies de petites semences. La quatrieme est une espece d’ar- brisseau vivace, qui peut durer plu- sieurs années, en le tenant dans une serre chaude ; mais les seconde, ERT troisieme, cinquieme et sixieme, sont annuelles , et périssent bien- tôt après la maturité de leurs se- mences. On les multiplie toutes par leurs graines, qu'il faut semer dans des pots remplis de terre légere, et les plonger dans une couche de cha- deur modérée, où les plantes pa- roitront quelquefois en cing ou six semaines, et quelquefois au prin- tems suivant , sur-tout si ces graines ont ététconservées long-tems : quand les plantes sont en état d’être enle- vées, on les met chacune séparément dans de petits pots remplis de terre legere et peu chargée de fumier, et onles plonge dansune couche chaude de tan: lorsqu'elles sont enracinées, on les traite de la même maniere que les autres plantes des mêmes pays, en leur donnant de l'air dans les tems chauds et en les arrosant souvent : de cette maniere les espe~ ces annuelles fleuriront en Juillet et en Août, et leurs semences müriront souvent en automne si les plantes sont un peu poussées dans le prin- tems, sans quoi l'hiver lessurprendra avant leur maturité. L'espece en arbrisseau doit être placée aans la serre chaude en au- tomne, et arrosée souvent; mais Iégcrement en hiver , sur-tout dans les tems froids, parce que l'humidité la détruiroit : elle fleurit et perfec- tionne ses graines dans la seconde / annee. ERI ~ ERIOCEPHALUS. Dill. Hort. Elth. 110. Lin Sp. Plant. 890 ; Estragon du cap; Eriocéphale. Caracteres. Cette plante a une fleur radiée et composée de demi- fleurettes femelles, qui forment les rayons, et de fieurettes hermaphro- dites, qui composent le disque; celles-ci sont renfermées dans un calice commun et écailleux. Les Beurettes hermaphrodites sont en forme d’entonnoir, et découpées sur leurs bords en cinq parties en- tiérement ouvertes ; elles ont cinq étamines courtes, velues, et termi- nées par des sommets cylindriques, et un petit germe nud qui soutient un style simple, couronne par un stigmat pointu; ces dernieres sont stériles : les fieurettes femelles ont un côte de leur pétale étendu en- dehors, en forme de langue’, et divise en trois lobes à son extrémité : elles n’ont point d’étamines, mais sculement un germe ovale et nud avec un simple style couronné d’un stigmat réfléchi, et une semence nue placée sur un réceptacle nud et uni. Ce genre de plante est rangé dans la quatrieme section de la dix-neu- vieme classe de LINNÉE, qui ren- ferme les plantes a fleurs composées, dont les fleurettes hermaphrodites sont stériles, et les demi - fleurettes femelles, fructueuses. Nous -ne connoissons qu'une es- pece de ce genre, qui est « E (Raf 167 Eriocephalus Africanus. Lin. Sp. Plant. 926 ; Estragon du Cap. Eriocephalus , foliis integris divi- sisque, floribus corymbosis. Hort. Cliff. 424. Roy. Lugd.-B. 1781. Eriocephalus semper virens, foliis fasciculatis et digitatis. Hort. Elth. 132. 4 110. f. 134; Eriocéphale toujours vert, à feuilles digitées et ae. réunies en paquet. Abrotanum Africanum, folio tereri, tridentato. Walth. Hort. 1. t. I. Cette plante a une tige d’Arbris- seau qui s cleve a quatre ou six pieds de hauteur, et produit , dans toute sa longucur , plusieurs branches Ja~ térales , fort garnies de feuilles lai- neuses qui sortent en grappes : quel- ques-unes de ces feuilles sont entieres et cylindriques, et d'autres sont di- ctr À : ; visces en trois ou cing parties qui s'ouvrent en forme de main; elles répandent, quand on les froisse , une odeur pénétrante , semblable x celle de Lavende, mais un peu moins forte : ses fleurs, qui naissent er petites grappes aux extrémités des branches , sont érigées et tubulées + les petites fleurettes qui composent les rayons , forment un creux, dans le centre duquel sortent les fleurettes hermaphrodites qui composent le disque ; la bordure est blanche, un peu rougeatre en-dedans, et le dis- que est ‘pourpre : ces fleurs parois- sent en automne, mais elles ne pro- duisent point de semences dans notre elimaf, 165 ERI On multiplie cette plante par boutures, qu'on peut mettre en terre en tout tems depuis le mois de Mai jusqu’au milieu d'Août ; mais si on les plante plus tard, elles n’au- ront pas le tems d'acquérir de bonnes racines avant l'hiver ; on les met dans de petits pots remplis de terre légere , on les plonge dans une cou- che de chaleur fort modérée, on les tient à Pabri du soleil jusqu'à ce qu'elles aient produit des racines, et on les arrose légèrement deux ou trois fois par semaine, parce que trop d'humidité leur seroit très-con- traire. Quand ces boutures ont pris racine , on les accoutume par dégré au plein air pour les empècher de filer, et on les y expose ensuite tout-a-fait, en les tenant dans une situation abritée; au mois d'Octobre on les place sous un châssis airé, afin qu'elles puissent jouir du soleil autant qu'il est possible , et de Pair dans les tems doux; mais il faut les mettre à couvert des gelées et de ‘humidité, qui les détruiroient bien- tot: on les arrose peu en hiver; mais en été, lorsque les plantes sont en plein air, on leur donne de l'eau très- souvent, Comme ces plantes conservent leurs feuilles toute l'année, elles Font une varicte agréable en hiver parmi igs autres especes exotiques. ERS. Voyez ERVUM, ERVILIA. ds E RU ERUCA, Tourn. Inst. Ru F216. Tab. 111. Brassica. Lin. Gen. 734; la Roquette. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice composé de quatre feuilles oblongues et crigces, qui forment un tube; quatre pétales oblongs, placés en forme de croix, ronds, ct larges à leur extrémité, écroits à leur base, ct beaucoup plus longs que le calice; six ctamines, dont quatre sont un peu plus longues que le calice, et les deux autres plus courtes , Et qui sont toutes terminces par des sommets aigus, et un germe oblong et cylindrique qui soutient un style court et conronné par un stigmat obtus et divisé en deux par- ties: ce germe se change ensuite en un légume quarie, cylindrique, ct à deux cellules remplies de se- mences rondes. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la quinzieme classe de LINNÉE, qui comprend les plantes dont les fleurs ont quatre ctamines longues et deux courtes, et dont les semences sont renfermées dans de longs légumes. Le Docteur LINNÉE a joint la Roquette commune au genre de Brassica, et il a distribué quelques- unes des autres especes dans ges autres genres. Mais comme la Ro- quette commune a té long-tems: une plante des boutiques, je lui conserverai son ancienne déno- mination, Les ERU Les especes sont: 1°. Eruca sativa, foliis pinnato- feciniatis , laciniis exterioribus ma- joribus ; Roquette a feuilles dentelées et aîlées, dont les segmens extcricurs sont les plus larges. Sisymbrium, foliis pinnato-dentatis. Hort. Cliff. 3 37. Roy. Lugd-B. 341. Dalib. Paris. 205. sub Sisymbrio. Erica sativa major annua, flore albo striato. J. B. 2. 859; la plus grande Roquette de jardin annuelle, a fleurs blanches et rayces. Brassica Erucastrum. Lin. Sp. Plant. #932. Edir. 3. 2°. Eruca Bellidis-folia ,- foliis lanceolatis , pinnato-dentatis , caule nudo simplici ; Roquette à feuilles dentelées et en forme de lance, avec une tige simple et nue. Eruca Bellidis folio. Mort. Hise. 2. 231; Roquette à feuilles de Mar- guerite. Arabis Canadensis. Lin. Sp. Plant. 929. Edit. 3. » 3°. Eruca perennis, foliis pinnatis glabris , caule ramoso, floribus termi- nalibus ; Roquette à feuilles ailées ct unies, et à tige branchue, ter- minée par des fleurs. Eruca tenni-folia perennis , flore luteo, J. B. 2. 861. Vaill. Paris. 503 Roquette vivace à feuilles étroi- tes, et. à fleur jaune. Sisymbrium tenui-folium , foliis integerrimis ; infimis tripinnatifidis ; supremis integerrimis. Guett. Stamp. Tome III. ER U 169 150. Dalib. Paris. 204. Lin. Sp. Plant. 917. Edit. 3. Sinapi Eruce folio. Bauh. Pin. 99. Sinapi sylvestre. Dodon. 707. 4°. Eruca aspera , foliis dentato- Pinnatifidis hirsutis , caule hispidos siliquis levibus ; Roquette à feuilles dentelces, ayant des ailes pointues et velues, une tige rude, et .une silique unie. Eruca sylvestris major , lutea, caule aspero. C. B. p. 98; la plus grande Roquette sauvage, couleur de safran , avec une tige rude. 5°. Eruca Tanaceti-folia, foliis pinnatis, foliolis lançeolatis, pinnari- fidis. Prod. Leyd. 342 ; Roquette à feuilles ailées , dont les lobes sont en forme de lance et a pointes ailées. Eruta Tanaceti-folia. H. R. Par. Roquette à feuilles de Tanésie. Sisymbrium Tanaceti-folium. Lin. Sp. Plant. 916. Edit. 3. 6°. Eruca viminea, foiiis sinuato- pinnatis , sessilibus , caule ramoso; Roquette à feuilles sinuées , en forme d’ailes et sessiles aux tiges, et à tiges branchues. Eruca Sicula, Burse pastoris folio. C. B. p. 98; Roquette de Sicile, à feuilles de Bourse à Pasteur. Sativa. La premiere espece est une plante annuelle qui a été autre- fois fort cultivée comme une herbe de salade ; cependant on la connoît peu aujourd'hui, pafce qu'on l'a rejettée des jardins, à cause de son Y 170 EORT odeur forte et désagréable : elle est aussi au nombre des plantes médi- cinales; mais on en fait peu usage à présent, quoiqu’on la regarde comme diurctique et aphrodisiaque. Quand on la multiplie pour la table, on la seme en rigole comme les au- tres petites salades; mais il faut la manger jeune, parce quelle prend un goûc fort en vieillissant, On en fait usage en hiver et au printems ; car celle qui est, plantée en cté monte bientôt en semence et ne peut plus servir dans la cuisine. Lorsqu'on la cultive pour ses graines, qu'on emploie quelquefois en médecine, on la seme en Mars sur une piece de terre ouverte , et quand les plan- tes ont poussé quatre feuilles, on les houe pour détruire les mauvaises herbes , et les éclaircir de maniere qu'il reste entr'elles trois ou quatre pouces de distance : environ cinq ou six semaines après, on nettoie la terre pour la seconde fois, afin que les plantes puissent bien fleurir. Lorsque les semences sont parfaite- ment mires , on les arrache, on les expose au soleil pendant trois ou quatre jours, on les bat ensuite, et on en tire les graines, que l’on conserve pour l'usage (1). (1) La Roquette, tant celle qu’on multiplie dans les jardins, que celle qui croit sans culture dans Jes campagnes , est un excellent antiscorbutique, qu’on peut substituer sans inconvénient au coe ERU Bellidis folia. La seconde espece croît naturellement dans la France méridionale et en Italie, où on la mange aussi quelquefois en salade ; plusieurs feuilles en forme de lance, de quatre à cinq pouces de longueur sur un de largeur au milieu , et ré- gulicrement dentelées sur leurs bords, sortent de sa racine et s ¢ten- dent sur la terre : ses tiges simples sélevent à la hauteur d’environ deux pieds : elles sont nues, et ont rarement plus d’une feuille à leur bâse : ses fleurs croissent en paquets clairs aux extrémités des tiges, et sont remplactes par des légumes de deux pouces de longueur, et à deux cellules remplies de petites semences rondes : cette plante est annuelle , et doit être multipliée par ses graines comme la précédente. Perennis. La troisieme se trouve aux environs de Paris et dans plu- sieurs autres endroits de l'Europe ; ses feuilles sont étroites et régulière- ment découpes comme des feuilles chléaria et au cresson; elle est diurétique, emménagogue et apétitive, et peut être employée avec succès dans Vhydropisie, lobstruction des viscères , les affections glaireuses des reins et de la vessie , etc. Les graines de cette plante sont beaucoup plus âcres que ses feuilles et ses racines, et doivent être employées de préférence dans les maladies scorbutiques; elles en- trent dans la composition de l’électuaire de satyrio, ¢t dans celui de magnanimité. ERU ailées; ses tiges se divisent en-dehors vers le haut, et sont terminces par des épis clairs de fleurs jaunes. Elle a une racine vivace et une tige annuelle. Aspera. On rencontre la quatrieme en Angleterre, sur les vicilles mu- railles et les anciens batimens , où elle fleurit pendant tout l'été ; mais on l'admet rarement dans les jar- dins : j'en ai fait mention ici parce qu'on s'en sert quelquefois en mc- decine. : Tanaceti-folia. La cinquieme, qui croit spontanément dans les envi- rons de Turin, d’où ses semences m'ont été envoyées, a de belles feuilles divisces, et à-peu-près sem- blables à celle de la Tanésie, mais d’un vert blanchatre ; ses tiges s’éle- vent à la hauteur d’un pied et demi, et sont entièrement garnies de feuilles de la même forme , mais qui devien- nent plus étroites par dégrés à mesure qu’elles sont plus voisines du som- met: ses fleurs, petites et d’un jaune pâle, naissent en paquet aux extrémi- tés des tiges , et sont remplacées par des légumes minces et cylindriques, de deux pouces de longueur, qui renferment deux rangs de petites semences rondes. V'iminea. La sixieme est originaire de l'Italie et de l'Espagne; elle est annuelle ; ses feuilles sont oblon- gues, unies, régulièrement sinuces a leurs bords , semblables à des feuilles ailées, longues de cinq ou six pouces sur un pouce ct demi de largeur , d'un vert clair, et d’un gout chaud et piquant; ses tiges, fortes et divisées en plusieurs bran- ches, s’élevent à la hauteur d’en- viron un pied, et sont garnies à chaque nœud d'une feuille simple et de la même forme que celles du bas, mais plus petites; ses fleurs, qui sortent en paquet clair aux ex- trémités des branches, sont blanches, presque aussi grosses que celles de la Roquette de jardin, et produisent des légumes cylindriques de trois pouces de longueur, qui renferment deux rangs de semences rondes. J'ai fait mention de ces plantes, parce qu'on les conserve dans quel- ques jardins pour la varicté; on peut les multiplier en semant leurs graines sur une picce de terre lgere, dans une situation ouverte; quand les plantes poussent , on les éclaircit et on les tient nettes : elles fleuris- sent dans les mois de Juin et de Juillet, et leurs semences mürissent en Août, ERUCAGO. Voyez BUNIAS ERUCAGO. ERVUM. Lin. Gen. Plant. 1039. Edit. 3. Tourn. Inst. R. H. 398. Tab, 221. Ers. Vesce. amère, Lentille. ‘ Caractères. Les fleurs de ce genre sont papilionnacces ; elles ont ua calice divisé en cinq parties égales, d'a 172 EUR V et terminées en pointe aigué; un étendard large, rond et uni; deux / ailes de moitié moins longues que l'étendard ; une carcne courte et pointue; dix étamines, dont neuf sont jointes et l’autre séparée, et qui: sont toutes terminées par des som- mets simples, et un germe oblong qui soutient un style élevé, et surmonté dun stigmat obtus : ce germe de- vient ensuite un légume oblong , cylindrique et noueux à chaque se- mence. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la dix-septieme classe de LINNEE, qui renferme Ics plantes à fleurs papilionnacées ct pourvues de dix étamines scparées en deux corps. LINNÉE a joint à ce genre le Lens de Tournefort, et quelques especes de Vicia. La diffé- rence quil met entre les Vicia et l'Ervum , consiste seulement dans leurs stigmats ; celui du Vicia est obtus et barbu en-dessous, et celui de l’Ervum est uni. Les especes sont : Fo, undato-plicatis , foliis impari-pinnatis. Hort. Upsal, 224. Mat. Med. 173. Sauv. Monsp. 2373 Ers dont les germes sont ondes ct plissés, ct les feuilles inégales et aïiécs. Ervum Ervilia, germinibus Orobus siliquis articulatis ; flore major. Bauh. Pin. 346. Ervum verum. Camer. Hort. la véritable Vesce amère; TErs ou POrobe des boutiques. ER V Lens minor. Camer. Epit. p. 21%. 2°. Ervum lens, pedunculis sub-bi- floris, seminibus compressis , convexis. Lin. Sp. Plant. 1039. Edit. 3. Mat. Med. 172.Scop. Carn. Ed. 2.7. 900. Kniph. Cent. 9. n. 353 Ers avec des pédoncules terminés par des fleurs, et des semences comprimées ct convexes. Lens. Dod. Pempt. 526. Hall. Hely sn ANT. Lens vulgaris. C. B. p. 346; la Lentille. Cicer pedunculis bi-floris , seminibus compressis. Hort. Cliff. 370. Dalib. Paris. 346. 3°. Ervum monanthos , pedunculis uni-floris. Lin. Sp. Plant. 7383 Ers ayant une fleur sur chaque pe- doncule. ” Lens monanthos. H. L. 36¢ ; Len- tille 4 fleurs. Vicia pedunculis uni-fioris, foliolis integerrimis , stipulis alternis dentatis. Hort. Ups. 119. 4°. Eryum tetraspermum , pedun- culis sub-bi-floris, seminibus globosis quaternis. Flor. Suec. 606, 655. Dalib. Paris. 227. Scop. Carn. 2, ‘nm. 902. Pollich. Pal. n, 6893 Ets ayant deux fleurs sur chaque pédon- cule, ct quatre semences globulaires dans chaque légume. Cracca minor cum siliquis gemellis. Riv. Tetr. 167. Vicia segetum , singularibus sili- quis , glabris. C. B. p. 3455 Ers des bleds à siliques simples et unies. ERY Vicia minor segetum, eum siliquis paucis glabris. Moris. Hist. 2. p. 64 sive 2.2. 4. f. 16. 5°. Ervum hirsutum, pedunculis multi-floris , Lin. Sp. Plant.1039. Edit. 3. Crantz. Austr. p. 403. Pollich. Pal. n. 690. Scop. Carn. Ed. 2. n. 901. Fl. Dan. t. 639 ; Ers avec plusieurs fleurs sur un pédoncule, et deux semences globulaires dans chaque légume. Vicia segetum, cum siliquis, plu- rimis hirsutis. C. B. p. 345 5 Vesce des bleds à plusieurs siliques velues. Cicer pedunculis multi-floris , se- minibus globosis. Hort. Cliff. 370. Cracca minor. Tabern. Ic. $07. Ervilia. La premiere espece, qui croît naturellement en Italie et en Espagne, est annuelle et s’éleve à un pied et demi de hauteur avec des tiges foibles, angulaires, et garnies à chaque nœud d'une feuille ailée et composée de quatorze ou quinze paires de lobes fort sémbla- bles à ceux de la Vesce, mais plus étroits : ses fleurs , de couleur pâle, sortent des parties latérales des tiges deux à deux sur des pédoncules d'un pouce de longueur, et produisent des légumes courts et un peu com- primés, dont chacun contient trois ou quatre semences rondes : comme ces légumes sont gonflés vis-à-vis chaqre semence , on leur donne le nom de légumes noueux : on fait quelquefois moudre ces semences pour les usages de la médecine, et seminibus globosis binis. EUR Vi 173 l'herbe sert de nourriture aux bes- tiaux dans quelques pays; mais elle ne vaut pas la peine d'être cultivée pour cet usage en Angleterre (1). Lens. La seconde est la Lentille commune , qu'on cultive dans plu- sieurs parties de l'Angleterre pour la “nourriture de Phorame et des bestiaux ; elle est aussi annuelle , et s'éleve à la hauteur d’un pied et demi avec des tiges foibles et garnies à chaque nœud de feuilles ailes et composces de plusieurs paires de lobes étroits, et terminés par unë ville qui s'attache à toutes les plan- tes voisines : ses fleurs sortent sur de courts pédoncules aux côtés des branches ; elles sont petites et de couleur pourpre pâle; chaque pe- doncule en Soutient trois ou quatre, et celles sont remplacées par des légumes courts et plats, qui renfer- ment deux ou trois semences plates, rondes , et un peu convexes au mi- licu : ces fleurs paroissent dans le mois de Mai, et leurs graines mû- rissent en Juillet. On seme ordinai- rement les Lentilles dans le mois de Mars; mais sila terre est humide il faut différer cette opération jus- qu'au mois d'Avril. () On peut substituer la farine qu’on prépare avec les oraines de Vesce , à celle de lOrobe ; on les emploie mick quel- qnefois en décoction dans les cours de ventre, parce qu’elles sont incrassantes et astringentes. 174 ER V On emploie ordinairement de- puis un boisseau et demi jusqu'à deux de Lentiles pour un acre de terre; si elles sont mises en rigole comme les pois, elles réussiront mieux que si elles ctoient semées et cparses à pleine main : il faut laisser un pied et demi d'intervalle entre ces rigoles , afin qu'on puisse passer facilement pour nettoyer la terre ; Car si on laisse pousser les mauvaises herbes, elles surmonte- ront les lentilles et les priveront de leur nourriture. Les graines müûri- ront en Juillet; on coupe alors les plantes, on les fait sécher, et on les bat ensuite pour en tirer les se- mences, que l'on conserve pour l'usage. Les Lentilles forment la base de la nourriture des gens du Peuple dans quelques Isles de l'Archipel et autres pays chauds, quand ils ne peuvent se procurer rien de mieux, d'où vient le proverbe, Dives factus jam desit gaudere Lente, qu'on appli- que a ceux qui méprisent les choux quand ils parviennent à un état d’aisance. Il y a une autre espece de Lentille qu'on cultive depuis peu en Angle- terre sous le nom de Lentille de France ; c'est le Lens major de Gaspar Bauhin, qui est certaine- ment une espece différente de la commune, parce que ses plantes et ses graines sont deux fois plus fortes, et qu'elles conservent c¢ caractere ER V sans altération , quoique du reste elles ne différent pas beaucoup l'une de l’autre. Celle - ci mérite d’être cultivée de préférence à la préce- dente. On donne souvent à ce lé- gume le nom de Tills , dans plu- sieurs parties de l'Angleterre. Monanthos. La troisieme ne diffère de la Lentille ordinaire, qu'en ce qu'elle n’a qu'une fleur sur chaque pédoncule, au lieu que la commune en a trois ou quatre; mais ses autres caracteres sont les mêmes, et elle n'exige pas une culture différente. Tetraspermum. Hirsutum. Les qua- trieme et cinquieme sont de petites Vesces annuelles qui croissent na- turellement en Angleterre dans les campagnes semces en froment et en seigle; mais on ne les admet pas dans les jardins : j'en fais seulement mention ici comme des herbes sauvages , qu'on peut aisément dé- truire dans les champs en les arra- chant en fleurs , pour ne pas laisser müûrir leurs semences; car leurs ra- cines étant annuelles, on s’en dé- barrasse bientôt en ne leur laissant pasle tems de répandre leurs graines. ERVUM ORIENTALE. Voyez SOPHORA ALOPECUROIDES. L. ERYNGIUM. Lin. Gen. Plant. 287. Tour. Inst. R. H. 327.1. 1733 Houx maritime , Panicaud marin, Chardon Roland. Caracteres. Les plantes de ce genre ERY ont plusieurs petites fleurs placces sur un réceptacle commun et coni- que, dont l'enveloppe est compo- sée de plusieurs feuilles unies ; elles ont un calice à cing feuilles érigées, colorées en-dessus, et portées sur le germe, et celles forment une om- belle générale , ronde et uniforme : ces fleurs ont cing péiales oblongs, tournés en-dedans à leur extrémité et à leur bâse; cinq étamines éri- gées , velues au-dessus des fleurs, et terminées par des sommets oblongs : sous le calice est situé un germe piquant, qui soutient deux styles minces, et surmontés par des stigmats simples : ce germe devient ensuite un fruit ovale et divisé en deux parties, qui renferment cha- cune une semence oblongue et cy- lindrique. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la cinquieme clasè de LINNEE, qui comprend les plantes dont les fleurs ont cinq étamines et deux styles. Les especes sont: 1°. Eryngium maritimum , foliis radicalibus subrotundis , plicatis , spino- sis ; capitulis pedunculatis. Hort. Cliff. 87. FI. Suec. 210. 223. Roy Lugd.- B. 93 Scop. Carn. Ed. 2. n. 302. Kniph. Cent.9.n.136 ; Houx mariti- me, dont les feuilles basses sont plis- sées , rondes et piquantes, avec des téres de fleurs sur des pédoncules. Eryngium maritimum C. B. p. 386; Panicaud de mer. LB By RY 175 Eryngium marinum. Clus. Hist. 2. Pp: 169. Cam. Epit. 448. 2°. Eryngium campestre , foliis radicalibus amplexi-caulibus , pinnato- lanceolatis. Hort. Cliff: 87. Mar. Med. 76. Roy. Lugd.-B. 93. Pollich. Pal. n. 263. Jacq. Austr. t. 1 55- Crantz. Austr. p. 229. Flor. Dan. t. 5543 Houx maritime, dont les feuilles embrassent les tiges, et sont décou- pees comme des feuilles aîlées. Eryngium campestre vulgare. Clus. Hist, 2 ps 157: Eryngium vulgare. €. B. p. 386; Chardon Roland, o4Chardon à cent têtes. Panicaud. 3°. Eryngium planum, foliis ra- dicalibus ovalibus , planis crenatis 5 capitulis pedunculatis, Hort. Cliff: 87. Hort. Ups. 37. Roy. Lugd.-B. 92. Dalib. Paris. 83. Gmel. Sib. 1. p. 18 S-Crantz. Austr. Part. 1. p. 229, Jacq. Austr. t. 391. Kniph. Cent. 5. n. 293; Houx maritime, dont les feuilles du bas sont unies , ovales et crenelées , avec des tétes de fleurs sur des pedoncules. Eryngium lati folium planum. C. B. p» 87: Eryngium pannonicum lati-folium. Clus. Hist. 2. p. 158. 4°. Eryngium amethystinum , fo- liis trifidis , basi subpinnatis. Lin. Sp. Plant. 337 3 Houx maritime, Char- don Roland , avec des feuilles divi- sées en trois parties, et des feuilles basses, ailces. Eryngium montanum amethystinum. > 176 Fy Re Y C. B. p. 386; Eryngo de montagne, de couleur pourpre, tirant sur le violet, ‘ Eryngium minus trifidum Hispani- cum. Barr, Ic. 36. Bocc. Must F5.; Variété, Eryngium flore pallescente, foliis ra- dicalibus rotundato-multifidis , capitulis Eryngium dont les feuilles du bas sont rondes et dé- coupces en plusieurs parties , ayant des tétes de fleurs sur des pédoncules, Eryngium Alpinum amethystinum, pedunculatis ; capitulo majori pallescente, Tourn. Inst, 328; Éryngo des Alpes, avec une grosse, tête de fleurs de couleur pile. 6°. Eryngium orientale, foliis ra- dicalibus pinnatis , serrato-spinosis , foliolis trifidis ; Chardon Roland , dont les feuilles radicales sont ai- Iées, épineuses et dentelces , et les plus petites, divisées en trois parties. Eryngium orientale , foliis trifidis. T. Cor. 23 ; Chardon Roland orien- cal, à feuilles divisées en trois par- 7°. Eryngium aquaticum, foliis gla- diatis, serrato-spinosis , floralibus in- divisis , caule simplici. Lin, Sp. Plant. 336 ; Chardon Roland, avec des feuilles en forme d'épée , épineuses et denteltes, dont celles du haut sont entieres. Eryngium foliis gladiatis , utrin- que laxè serratis , summis tantum den- tatis , subulatis. Gron. Virg. 146. Eryngium Americanum, Yucca fo- EY RoR lio ; spinis ad oras molliusculis. Pluk. Alm. 13, & 175. f. 4 Ray. Suppl. 239. Moris. Hist. 3. p. 167. sive 7. eg feuded Scorpii spina. Hern. Mex. 222. Eryngium foliis gladiolatis , utrinqué serratis , denticulis subulatis. . Linn, Hort. Cliff. 88. Roy. Lugd.-B. 529 ; Houx maritime d'Amérique, avec des feuilles d’Aloës légèrement lis- sées , ordinairement appelé en Amé- rique , Herbe de serpent à sonnettes. 8°. Eryngium pusillum , foliis ra- dicalibus oblongis incisis , caule dicho- tomo, capitulis sessilibus. Hort, Cliff. 87. Roy, Lugd.-B. 93 ; Chardon Roland , avec des feuilles radicales, oblongues et découpées , une tige divisée par paires, et des têtes de fleurs sessiles. Eryngium planum minus, C. B.p. 386, Eryngium pusillum planum Mou- toni. Clus, Hist. 2. p. 158. @ 9°. Eryngium Alpinum, foliis ra- dicalibus cordatis oblongis ; caulinis pinnati-jidis , capitulo subcylindrico. Lin. Sp. Plant, 337. Edit. 3 ; Char- don Roland, avec des feuilles ra- dicales oblongues et en forme de cœur , et celles des tiges, en pointes aîlées, produisant des tètes cylin- driques, Spina alba. Daléch. Hist. 1462. Eryngium Alpinum ceruleum, capi- tulis Dipsaci. C.B.p. 386; Chardon Roland bley des Alpes, avec des tètes de Chardon, Eryngium ER Y¥ Eryngium caruleum Genevense. Lob. Ic. 2. p. 23. 10°. Eryngium fœcidum ; foliis ra- dicalibus sub-ensi-formibus serratis , froralibus multifidis, caule dichotomo. Lin. Sp. Plant. 336 ; Chardon Ro- land , dontles feuilles radicales sont en forme d'épée , avec des échan- crures épineuses, et dont les feuil- les du haut-se terminent en plusieurs pointes. Eryngium foliis angustis serratis fœtidum. Sloan. Car. Jam." 117 ; Chardon puant, à feuilles étroites et scices, connu sous le nom de Fevre-Weed. Herbe a la fievre. Eryngium Americanum fœtidum. Herm. Lugd.-B. 236. t. 237. Maritimum. La premiere de ces especes croit en grande abondance sur les rivages graveleux et sablon- neux de plusieurs parties de l’Angle- terre ; ses racines luisantes , sont ap- portées à Londres pour l'usage de la médecine , comme le véritable Eryngo; ces racines rempent et pé- netrent profondément dans la terre; ses feuilles sont rondes , fermes et de couleur grise, garnies d’épines et aiguës sur leurs bords; ses tiges s’éle- vent à la hauteur d’un pied, et se divisent vers leur extrémité, en deux ou trois petites branches unies, et garnies à chaque nœud de feuilles dela même forme que celles du bas, mais plus petites, et qui embrassent les tiges de leur base : des extrémi- tés de leurs branches, sortent des Tome Iii, ER ¥ 177 fleurs à tête ronde et ¢pineuse, sous chacune desquelles est placé un rang de feuilles étroites, fermes, épi- neuses, et disposées en rayons diver- gents : ses fleurs sont de couleur bleue blanchitre; elles paroissent dans le mois de Juillet, et les tiges de la plante périssent en automne. Cette espece ‘prospérera dans les jardins , si ses racines sont plantées dans un sol graveleux, et elle pro- duira des fleurs annuellement ; mais ses racines ne deviendront pas aussi grosses ni aussi charnues que celles qui naissent sur les bords de la mer, où elles sont souvent inondées d’eau salée : on les transplante en au- tomne , lorsque leurs fleurs sont flé- tries ; on préfere pour cela les jeu- nes racines aux vicilles, parce qu’el- les sont remplies de fibres qui re- prennent aisément : quand elles sont fixées dans la terre , ii ne faut plus les remuer, et elles n'exigent que d’é- tre tenucs constamment nettes (1). (1) On fait entrer fréquemment les racines de Chardon Roland dans les ptisannes apéritives ; elles conviennent dans les obstructions des viscères, et sur-tout dans les rétentions d'urine; on rend plus actives les boissons qu’on en prépare, en y mêlant une certaine quantité de limaille de ferggon fait aussi confire ces racines , et ones administre sous cette forme dans la plupart des maladies chroniques. On prépare avee les graines de Chardon Roland, unc émulsion qui est rrès propre à purifier Z . 178 EUR oF Campestre. La seconde , qu'on rencontre dans plusieurs parties de l'Angleterre , est une herbe fort em- barrassante , parce que ses racines coulent si profondément dans la ter- re, qu'on ne peut les détruire que dif ficilement avec la charrue; elles s’¢- tendent et se multiplient conside- rablement , au préjudice de tout ce qui est semé et planté sur la terre ; aussi n’admet-on jamais cette plante dans les jardins. Planum. La troisieme a une trés- belle apparence quand elle est en fleur , sur-tout celle à tiges et à fleurs bleues; car on en connoît une variété dont les tiges et les fleurs sont blanches : comme cette plante n’étend point trop ses racines , et quelle se tient plus rapprochée, on peut la placer dans les parterres. On la multiplie par ses graines , qui réussissent mieux lorsqu'elles sont semées en automne, que quand on attend jusqu'au printems pour les mettre en terre, par la raison qu'elles ne poussent ordinairement qu'une année après : si on les seme dans le lieu même ou elles doivent rester, elles fleuriront beaucoup mieux qu'en les transplantant, parce qu'on ne peut gueres faire cette opé- ration sans rompre leurs longues ra- —— le sang. Les racines de cette plante en- trent dans la composition du syrop hy- dragogne et du syrop antiscorbutique de Charas. ER" cines, qui s'enfoncent profondément dans la terre; ce qui affoiblic con- sidérablement les plantes. La seule culture qu'elles exigent, est de les éclaircir où elles sont trop serrées, de les tenir nettes de mauvaises her- bes , et de labourer la terre autour , au printems, avant quelles com- \ mencent à pousser. Les tiges de cette espece s'élevent à deux ou trois pieds de hauteur; ses feuilles radicales sont ovales et unies, mais celles à tiges blanches sont d'un vert plus clair que celles à tiges bleues : la partie haute des tiges de la blanche, est de même couleur ; celles de la bleue sont d’une couleur d’améthyste : ces tiges se divisent vers le haut , où elles sont garnies de feuilles divisées en plu- sicurs pointes terminces par des épi- nes : ses fleurs sortent en têtes ova- les de l'extrémité de la tige, sur des pédoncules séparés ; elles paroissent en Juillet, et leurs semences mû- rissent en Septembre. Amethystinum. La quatrieme naît spontanément sur les montagnes de la Syrie , et sur l'Apennin ; ses feuil- les radicales sont divisées en forme de main, en cing ou six segmens for- tement découpés à leurs extrémités en plusieurs parties , garnies de pe- tites épines: sa tige, dont la hau- teur est d'environ deux pieds, est garnie de feuilles plus petites et plus divisces; son extrémité , ainsi que ses fleurs, sont d’une belle couleur ER Y . d’améthyste , et produisent le plus bel effet. Cette espece fleurir dans le mois de Juillet ; et quand l'au- tomne est sec, ses semenc®æ miiris- sent en Septembre; mais si cette saison est humide, elles ne se per- fectionnent point en Angleterre. On multiplie cette plante par ses grai- nes, comme l'espece précédente. Pallescens. Quoique la cinquie- me ait été regardée par plusieurs Bo- tanistes comme une varicté de la quatrieme , cependant je ne puis douter qu’elle n’en soit parfaitement distincte, parce que je J'ai multi- pliée par semences pendant plus de trente ans, sans qu’elle ait éprouvé la moindre altération. Les feuilles radicales de cette espece sont for- tement divis¢es, et l'extrémité de chacun de leurs segmens forme un ovale ; ces extrémités sont encore découpées en plusieurs parties ter- minces par des épines; elles sont dun gris blanchatre au milieu et vertes sur leurs bords : ses tiges, dont la hauteur est d'environ deux pieds, sont garnies à chaque nœud de feuil- les plus petites et agréablement di- visées , et sont terminées par des fleurs d’un bleu clair, et réunies en têtes beaucoup plus grosses que cel- les d'aucune des especes précéden- tes : celle-ci fleurit en Juin et en Juillet, et ses semences mürissent en automne. Elle est vivace, et croît paturellement sur les Alpes : on peut ER Y 179 Ja multiplier par ses graines, comme la précédente. Orientale. La sixieme, que le Docteur Tournefort a découverte dans le Levanty.et dont ila envoyé les semences au jardin royal de Pa: ris, à une racine vivace et des feuil- les radicales , régulièrement divi- sées jusqu'à la côte du milicu , en sept ou neuf parties, comme les au- tres feuilles ailées; les segmens sont sciés sur leurs bords, et terminés par des épines aiguës : ses tiges s’élé- vent a la hauteur de deux pieds ; et poussent plusieurs branches latc- rales, garnies de feuilles fermes , divisées en segmens plus étroits que celles du bas , et terminées par trois pointes : ses fleurs naissent aux ex- trémités des tiges , entremélées avec beaucoup de feuilles , ce qui lui donne une trés - belle apparence: elle fleurit en Juillet, mais ses se- mences mürissent rarement en An- gleterre : on la multiplie comme les trois especes précédentes, et elle exige le même traitement. Aquaticum. La septieme , qu'on rencontre dans la Virginie et la Ca- roline, où elle est connue sous le nom d'Herbe de serpent à sonnette , a cause de ses propriétés pour guérir les morsures de ce reptile venimeux, a une racine vivace, de laquelle sortent plusieurs feuilles longues , scices à leurs bords, terminées par des épines disposées autour de la Z 2 180 ER ¥ racine , comme celles de l'4loës ou Yucca, de couleur grise, d’un pied de longueur sur un pouce et demi de largeur , fermes et terminées par des épines ; sa tige gst forte , haute d'un pied , et divisce vers son ex- trémité en plusieurs pédoncules, dont chacun supporte une tête de fleurs ovale, de la même forme que cel- les des especes précédentes , et d'un blanc tirant un peu sur le bleu pâle. Cette espece fleurit en Juillet, et ses semences ne mürissent en Angleterre que dans des années trés-chaudes. On multiplie cette plante par ses graines, qui pousseront beaucoup pustdt et feront beaucoup plus de progrès avant l'hiver, si elles sont mises dans des pots, et plongées dans une couche de chaleur modérée, que si elles étoient semces en pleine terre : lorsqu'elles seront assez fortes pour pouvoir être enlevées , on les plante chacune séparément dans de petits pots remplis de terre icgene , qu'on plonge dans une nouvelle cou- che médiocrement chaude, pour les avancer et leur faire pousser des racines; on les accoutume ensuite par dégrés à supporter le plein air auquel on les expose à la fin du mois de Mai , en les plaçant avec Jes autres plantes dures et exotiques. Lors jue leurs racines ont rempli les pots qui les contiennent, on en met quelques - unes en pleine terre , dans une plate bande chaude , et . ER y on donne aux autres de plus gros pots, que l'on place en automne sous un châssis ordinaire, où elles puissent €tre exposées à l'air dans les tems doux , et abritées des fortes gelées : au printems suivant , on les tire des pots pour les planter à une exposition chaude, où elles supporteront assez bien le froid de nos hivers ordinaires; mais il faut avoir la préeaution de les couvrir avec de la paille ou du chaume de pois, lorsque les gelées deviennent plus fortes, pour empêcher qu'elles n'en soient endommagées. Pusillum. La huitieme, qui est originaire de l'Espagne et de lIra- lie, pousse de sa racine des feuil- les oblongues, unies et découpées sur leurs bords ; ses tiges s'élevent à la hauteur d'environ un pied , et sé4 tendent en-dehors en plusieurs di- visions fourchues et régulieres, sur chacune desquelles est placée une petite tête de fleurs très - serrées entre les branches, mais peu appa- rentes; aussi ne cultive-t-on gueres ‘cette espece dans les jardins , à moins que ce ne soit -pour la varièté, Alpinum. La neuvieme croît na- turellement sur les montagnes de la Suisse et de l'Italie; sa racine est vivace ; ses feuilles radicales sont oblongues, en forme de cœur , et unies; ses tiges sclevent à la hau- teur de deux ou trois pieds, et pous- sent vers leurs sommets plusieurs ER ¥ branches garnies de feuilles fermes, profondément divisées , ét terminées par plusieurs pointes armées d'épi- nes aiguës ; ses fleurs naissent aux extrémités des tiges, réunies en té- tes coniques; elles sont dune ¢ou- leur bleue légere, ainsi que les par- ties hautes des tiges : cette plante fleurit dans le mois de Juillet , et ses semences mürissent en Septem- bre : on la multiplie de la même maniere que les autres especes. Fetidum. La dixieme se trouve dans les Ifles de l'Amérique , où on l'emploie fréquemment comme febri- fuge; ce qui lui a fait donner, par les habitans de ces contrées , le nom d'Herbe aux fievres : ses racines sont composées de plusieurs petites fibres qui s'étendent près de la surface ; ses feuilles radicales, dont la lon- gueur est d'environ six ou sept pou- ces, sont étroites à leur base , plus larges vers le haut, à un pouce du sommet , arrondies sur un côté en forme de cimeterre , joliment dé- coupées sur leurs bords , et d’un vert léger ; sa tige s'éleve à-peu-près à Ja hauteur d’un pied , et produit plu- sicurs branches garnies de petites feuilles terminées en plusieurs poin- tes ; les fleurs sortent en petites têtes très-serrces de chaque division et des extrémités des branches ; elles sont d'un blanc sale et peu apparentes : elles paroissent en Juin et en Juillet, et. leurs semences mürissent en au- tomne, Comme cette plante est ori- ERY 194 ginaire des climats méridionaux i on ne peut la conserver en Angle- terre quau moyen d'une serre chaude : on la multiplie par ses grai- nes, qu'on répand sur une couche chaude; quand les plantes sont as- sez fortes, on les met séparément dans de petits pots qu'on plonge dans une couche de tan, et on les traite ensuite comme les autres ten- dres plantes du même pays; elles fleurissent et produisent des semen- ces dans la seconde année, et pé- rissent bientôt aprés. ÉRYNGO de montagne ; pourpres V.. ERYNGIUM AMETHYSTINUM. HE ERYSIMUM. Lin. Gen. Plane. 729. Tourn. Inst. R. H. 228. cab, III; 'Epioiue, de igo > gr. tirer de: hors , parce que cette plante, par’ sa qualité chaude, a la propricté de tirer du corps tout ce qui y est renfermé. Moutarde de haie. Vélar.. Tortelle. Herbe au Chantre. Caracteres. Le calice de la fleur: est composé de quatre feuilles oblon- gues, ovales et colorées; la fleur: a quatre pétales placés en forme de: croix, oblongs, unis et obtus, deux nectaires glanduleux placés entre les étamines , et six étamines , dont qua- tre ont la même longueur que le calice, et les deux autres sont un peu plus courtes; elles sont toutes terminées par des sommets simples : 182 ERY son germe linéaire et à quatre an- gles, est aussi long que les cta- mines, et porte un style surmonté dun petit stigmat persistant; il se change dans la suite en une silique longue , étroite, à quatre angles, ct a deux cellules remplies de se- mences rondes et petites. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la quin- zieme classe de LINNÉE, qui ren- ferme les plantes dont les fleurs ont quatre étamines longues et deux courtes, et dont les semences sont renfermées dans de longues si- liques. Les especes sont : 1°. Erysimum officinale , siliquis spice adpressis , et foliis runcinatis. Hort. Cliff. 337: Fl Suec. $54; 598. Mat. Med. Ed. 2.2. 824. Pol- lich. Pal. n. 631. Flor. Dan.t. 560; Vélar dont les siliques sont serrées tout près des épis. Sysimbrium, officinarum Erysimum, siliquis conicis , multangulis ; spice adpressis. Crantz. Austr. p. 54. 2. 10. Ærysimum vulgare. C, B. p. 100 ; Vélar ow Tortelle. Verbena mas. Fuschs, Hist §92. 2°. Erysimum , Barbaraa , foliis lyratis, extimo sub-rotondo. Flor. Suec. §§7- Crantz. Austr. p. §4.n. VI. sub Sysimbrio ; Vélar à feuilles en forme de lyre , et dont le segment extérieur est un peu arrondi, Erysimum foliis basi pinnato-den- E RY tatis , apice sub-rotundis. Fl. Lapp. 264. Hort. Cliff. 338. Roy. Lugd.- B. 342. Dalib. Paris. 202. Barbarea fœmina. Tabernam. 452. R. Eruca lutea, latifolia sivè Barba- ra, Bauh. Pin. 98. Sysimbrium Eruce folio , glabro fore. Tourn, Inst. 2126 ; Cresson d'hiver à feuilles de roquette et à fleurs jaunes. Herbe de Sainte Barbe. 3°. Erysimum vernum , foliis ra- dicalibus lyratis ; et caulinis , pinnato- sinuatis ; floribus laxè spicatis ; Vélar dont- les feuilles radicales sont en forme de lyre, et celles des tiges, sinuces ct ailes; produisant des fleurs en épis clairs. Sysimbrium Eruce folio glabro, minus et procerius. Tourn. Inst. 2263 Le plus petit Cresson d'hiver prin- tanier , à feuilles de roquette unies. 4°. Erysimum Orientale , foliis ra- dicalibus ovatis ; integerrimis ; pe- tiolis decurrentibus ; caulinis, oblon- gis, dentatis , sessilibus ; Vélar dont les feuilles radicales sont ovales et entieres , la tige ailce , et les feuil- les des tiges oblongues , dentelées et sessiles. Sysimbrium Orientale | Barbaræa facie , Plantaginis folio. Tourn. Cor. 16; Cresson Oriental, ayant l’ap- parence de Cresson d'eau, et une feuille de plantin. 5°. Erysimum minus , foliis in- ferioribus pinnato-sinuatis ; superio- ribus oblongis ; dentatis ; floribus 50s ey Ee RLY litariis alaribus ; Vélar dont les feuil- les basses sont ailées et sinuées , cel- les du haut , oblongues et dentelces; produisant de simples fleurs sur les côtés des tiges. Sysimbrium minus, Eruce folio , glabro, nigro, crasso, lucido. Boerh. Ind. Alt. 2, 16 ; Le plus petit Cresson d'hiver, à feuilles de ro- quette , unies, foncées, luisantes et épaisses. 6°. Erysimum Alliaria, foliis cor- datis. Hort. Cliff. 338. Fl Suec. 558 >» 606. Mat. Med. 162. Roy. Lugd.-B. 342. Dalib. Paris. 201. Crantz. Austr. p. 27. Hall. Helv. n. 480 ; Vélar a feuilles en forme de coeur. Alliaria. Bauh. Pin. 110. Fuchs. Hist. 104. Cam. Epit. 589. Hesperis allium redolens.. Mor. Hist. 2 , 2§25 Violette des Da- mes, à odeur d'ail , communément appelée Alliaire. 7°. Erysimum Cheiranthoïdes, fo- liis lanceolatis integerrimis. Flor, Lapp. 263. Hort. Cliff: 337. Jacq. Austr. ts 23. Plor.|Dan. 731. Fl. Suec. $$$: 601. Roy. Lugd.-B. 342. Dalib. Paris. 202. Scop. Carn. 2. 7 83 1. Hall. Hely. n. 477 ; Vélar à feuilles entieres, en forme de lance. Lencoium Hesperidis folio. Tourn. Inst. 221 ; Giroffier à feuilles de Violette des Dames. Turritis foliis integris lanceolatis. Guett. Stamp. 2. p. 165. ERY 183 Myagrum siliqué longa. Bauh. Pin. 109. Myagro similis planta , siliquis longis. Bauh. Hist. 2. p. 894. R. Erysimum 3. Tabernem. p.449. R. alterum thlaspi effigie. Lob. Ic. 2.2 §. Officinale. La premiere espece , qui est d'usage en médecine , croit naturellement à côté des sentiers et sur de vicilles murailles de plusieurs endroits de l'Angleterre ; mais on la cultive rarement dans les jardins, où elle deviendroit bientôt une herbe embarrassante si on l'y admettoit(r). Barbaraa. Vernum. Les seconde et troisieme naissent aussi spontané- ment en Angleterre, sur les bords des chemins et dans d’autres en- droits ; on les mangeoit autrefois en salade d'hiver , avant que les jardins Anglois fussent fournis de meilleures plantes; mais depuis on les a reje- tées, à cause de leur odeur forte et désagréable. Orientale. Minus. Les quatrieme et cinquieme sont également origi- naires de l'Angleterre; on les a Camelina , myagrum ee (1) Cette plante est un excellent re- mede pectoral, qu’on emploie avec succés dans les toux opiniatres, dans les ulcéres du poumon, et dans Jes embarras de ce viscère occasionnés par des matieres glaireuses. La Tortelle entre dans le fameux syrop du Chantre, si estimé pour rétablir la yoix et guérir l’enrouement, 184 ER WY. introduites depuis quelque tems dans les jardins, ou elles se sont telle- ment multipliées par leurs semen- ces , qu'elles sont devenues des her- bes embarrassantes ; elles ressem- blent assez au Cresson d'hiver com- mun; mais les feuilles basses de la quatrieme espece sont entieres ct de forme oblongue; celles du haut sont oblongues et dentelces ; c’est en cela qu'elle differe des autres. La cinquieme a des feuilles plus épaisscs d'un vert foncé et lui- sant, et ses fleurs sortent simples des aisselles de la tige dans toute sa longueur; ces différences sont stables et ne s’alterent jamais. Alliaria. La sixieme , qu'on ren- contre encore en Angleterre, sur les bords des chemins, n’est pas ad- mise dans les jardins : les gens du peuple la mangeoient autrefois en salade, et ils lui donnoient le nom de Sauce seule; elle a une odeur forte et un goût d’ail, chaud et piquant : on s'en sert souvent en médecine. Cheiranthoides. La septieme se trouve quelquefois en Angleterre, sur les anciens bâtimens , et princi- palement à Cambrige et a Ely; sa racine produit une feuille longue, velue et molle; ses tiges, dont la hauteur est d'environ un pied, ont leurs sommets garnis de fleurs blan- ches, petites , verdatres , et dispo- sées en petits épis clairs; elles sont remplacées par des légumes longs , E, Ru comprimés et inclinés vers le bas : cette plante fleurit en Mai, et ses semences murissent en Juillet et Août; ses racines durent plusieurs années , lorsqu'elles sont dans un sol sec et maigre, ou sur de vieilles murailles ; mais quand elles se trou- vent dans une terre riche, elles pé- rissent bientôt. On conserve quelquefois les au- tres especes dans les jardins de bo- tanique, pour la variéte; elles sont bis-annuelles, et périssent après avoir produit des semences. On les muitiplie en semant leurs graines en automne dans les places ou elles doivent rester; elles n’exi- gent aucune autre culture que d’être éclaircies et tenues nettes de mau- vaises herbes. ERYTHRINA. Lin. Gen. Plante. 762. Corallodendron. Tourn. Inst. R.H.661.¢. 446 ; Arbre de corail. Caracteres. La fleur, qui est pa- pilionnacce , ct composée de cing pétales , a un calice tubuléet formé par une feuille entiere et découpée sur ses bords ; un ¢étendard , en forme de lance, et penché sur un style fort long et élevé; deux ailes a peine plus longues que le calice, et ovales; une carène composée de deux pétales qui ne sont pas plus longs que les ailes , et dentelés à leurs extrémités; et dix étamines , dont neuf sont jointes vers le bas, un peu courbées dans la moitié de l'étendard, By REY l'étendard , d’inégale longueur , et terminées par des sommets en for- me de flèche: son germe est en for- me d’alène , et son style est aussi long que les étamines, et terminé par un stigmat simple ; le germe se change dans la suite en un légume long , gonflé , ferminé en pointe ai- gué, et a une cellule remplie de semences en forme de rein. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la dix- septieme classe de LINNEE, qui renferme les plantes à fleurs papi- lionnacces , et pourvues de dix ¢ra- mines jointes en deux corps. Les especes sont: 1°. Erythrina herbacea , foliis ternatis , caule simplicissimo inermi. Hort. Cliff. 354. Roy. Lugd. - B. 373: Trew. Ehret. t. 58. sub Coral- lodendrum ; Erythrina a feuilles à trois lobes , avec une tige simple et unie. Corallodendron humile , spicä flo- rum longissima , radice crassissima. Catesb. Car. 49. t. 49 ; Arbre de Corail bas, avec un fort long épi de fleurs, et une racine épaisse, ordinairement appelé Arbre de Corail de la Caroline. Coral Caroliniensis , hastato fo- fio. Dill. Elth. 107. t. 90. f-«106. 2°. Erythrina Corallodendrum iner- mis , foliis ternatis , caule arboreo ; Arbre de Corail uni, avec des feuilles à trois lobes et une tige en arbre. Tome II, E RF: 18§ Coral arbor Americana. Hort. Amst. I. p. 211.1. 108 ; Arbre de Corail uni d'Amérique, ow Bois immortel. 3°. Erythrina spinosa , foliis ter- natis , caule arboreo aculeato. Hore. Cliff. 354: Hort. Ups. 107. Flor. Zeyl. 275. Roy. Lugd. - B. 373. Fabric. Hemlst. 423 ; Erythrina avec des feuilles à trois lobes, et une tige en arbre et épineuse. Ceratia sive siliqua Sylvestris, spi- nosa arbor Indica. Bauh. Pin. 402. Corallodendron tryphillum Ameri- canum, spinosum , flore rubefrimo. Tourn. Inst. R. H. 661 ; Arbre de Corail d'Amérique , à trois feuilles. piquantes , avec une fleur tr¢s-rouge. Mouricou. Rheed. Mal. 6. p. 13. t, 7. Gelala lirorea. Rumph. Amb, 2. p- 230. 8.76. 4°. Erythrina picta , foliis ternatis aculeatis , caule arboreo aculeato. Lin. Sp. 993 ; Erythrina avec des feuil- les à-trois lobes et piquantes, et ‘une tige épineuse et en arbre. Corallodendron triphyllum Ameri- canum minus, spinis et seminibus ni- gricantibus. Tourn. Inst. R. H. 661% 3 Le plus petit arbre de Corail d’Amé- rique , à trois feuilles , et armé d’épi- nes, avec des semences plus noires. Gelala alba. Rumph. Amb, 2. p. ay Ae a Te 5°. Erychrina Americana , foliis ‘ternatis acutis , caule arboreo acu- leato , floribus spicatis longissimis ; Erythrina à feuilles à trois lobes, armées de pointes aiguës, ayant une Aa 186 ER ¥ tige en arbre ct épineuse, et de fort longs épis de fleurs. Coraliodendron triphyllum Ameri- canum , foliis mucronatis ; seminibus coccineis. Houst. Mss. ; Arbre de Co- rail d'Amérique , à trois feuilles à pointes aiguës, et à semences écar- late. 6°. Erythrina inermis , foliis ter- natis acutis , caule fruticoso inermi , corollis longioribus clausis ; Arbre de Corail avec des feuilles aigués , à trois lobes, une tige d’arbrisseau sans épines , et de plus longues fleurs qui ne s'ouvrent point. Coral arbor , non spinosa, flore longiore et magis clauso. Sloan. Cat. Jam. 1423 Arbre de Corail, sans épines, ayant une fleur plus longue et plus fermée. Herbacea. La premiercespece croît naturellement dans la Caroline me- ridionale , d'ou M. Catesby a en- voyé en 1724 ses semences, qui ont réussi dans plusieurs jardins cu- rieux; elle a une racine forte et ligneuse , qui sétend rarement a plus d’un pied et demi, et de la- quelle sortent au printems plusieurs nouveaux rejetons qui s’élevent à la hauteur d'environ deux pieds : la partie basse des tiges est couverte de feuilles à trois lobes et d’un vert foncé , qui ont la forme de pointes de flêche ; leurs extrémités sont ter- minces par de longs épis de fleurs écarlate , composées de cinq pé- tales , dont le supérieur est plus long E KR Yi que les autres, de sorte qu'elles pa= roissent à une certaine distance n’a- voir qu'un pétale : lorsque la fleur est passée, on voit croître un ‘lé- gume cylindrique de cinq à six pou- ces de longueur , gonflé aux en- droits où sont placces les semences, et qui souvre en une cellule qui contient cinq ou six graines de cou- leur écarlate, et en forme de rein. Cette espece fleurit en Angle- terre; mais elle n’y donne jamais de graines. Corallodendron. La seconde a une tige ligneuse, qui, dans notre cli- mat, n’a gueres que dix à douze pieds d’élévation , mais qui, dans son pays originaire, parvient à une hauteur double ; elle pousse des branches fortes, irrégulieres, cou- vertes d’une écorce brune , et gar- nies de feuilles en forme de cœur, unies , d’un vert foncé, à trois lo- bes , dont celui du centre est le plus long, et supportces par de longs petioles : ses fleurs, qui sont teintes d’une couleur écarlate foncée, et qui ont une trés-belle apparence, sortent en épis courts , épais et ser- rés des extrémités des branches ; elles sont ordinairement dans toute leur beauté dans les mois de Mai et de Juin; mais elles ne donnent point de graines dans notre climat: en Amérique, où cet arbre croît na- turellement, ses fleurs sont rempla- cées par des légumes épais, gon- flés et courbés, qui renferment de Ee Ri y> grosses semences en forme de rein, et de couleur de pourpre rougeatre ; les feuilles de cette espece se flétris- sent et rombent au printems, de sorte qu'en été elle paroit morte ; mais en automne elle en pousse de nouvelles , quise conservent vertes pendant tout l'hiver : ses fleurs pa- roissent rarement avant que les feuil- les tombent , et les branches sont encore nues et dépouillées quand les fleurs sont épanouies. Spinosa. La troisieme differe de la seconde en ce que sa tige, ses branches ét ses pétioles sont.armés d'épines courtes et courbes; mais ses feuilles et ses fleurs ressemblent beaucoup a celles de la précédente. Picta. La quatrieme a des tiges d’arbrisseau qui se divisent en plu- sieurs branches , et s'élevent rare- ment au-dessus de la hauteur de huit ou neuf pieds ; elles sont armées de tous côtés d’épines fortes , noires et courbées ; ses feuilles sont plus pe- tires que celles des deux especes pré- cedentes , et ont quelque ressem- blance avec celles de la premiere ; ses petioles sont également armées d’épines, ainsi que les côtes des feuil- les; mais ces dernieres sont plus pe- cites et moins noires : ses fleurs sont de couleur écarlate pâle,et crois- sent en épis clairs ; ses semences sont aussi grosses que celles de la seconde espece, mais d’une couleur pourpre plus foncée : on plante généralement cet arbre dans les Indes Orientales, ERY 187 pourssoutenir les plantes de poivre qui se tortillent autour de sa tige et de ses branches. Americana. Les semences de la cinquieme m'ont été d'abord en- voyées de la Véra-Cruz, où cette plante croit naturellement : mais de- puis j'en ai reçues du Cap-de-Bonne- Espérance ; de sorte qu'il est certain que cette espece se trouve Cgale- ment en Afrique et en Amérique : ces graines sont de moitié moins grosses que celles de la seconde et de la troisieme , et d’une belle cou- leur écarlate ; ses feuilles sont aussi beaucoup plus petites et ont des poin- tes longues et aiguës; ses branches sont fortement armées d’épines ver- datres et courbées P ainsi que les côtes du milieu et les pétioles des feuilles : ses fleurs croissent en épis trés-longs et serrés, et sont d’une belle couleur écarlate. Jai aussi élevé une varièté de celle-ci, à fleurs et semences plus pales, et dont les plantes étoient moins armées d’épines ; mais comme j'ignore si elle est vraiment distincte de la précédente, je me contente d'en faire une simple mention. Inermis. La sixieme est originaire de la Jamaïque et de quelques autres Ifles de l'Amérique , d'ou ses semen- ces m'ont été envoyées; ses légumes sont plus longs et de moitié moins épais que ceux de la seconde; ses semences sont d’une couleur vive écarlate , plus longues et plus min- Aa 2 188 ERY “es que celles des autres especes; ses cuilles sont petites et en pointes ai- guës ; ses tiges minces, UNIES et sans Cpines , se divisent, à peu de dis- tance de la terre , en branches qui sélevent droites,. en formant un arbrisseau touffu: ses fleurs, qui sor- tent cn épis courts aux extrémités des branches, sont plus serrées que celles des autres; clles ont un éten- dart fort long , dont les parties la- térales sont inclinées sur les ailes , qui sont plus longues que celles des autres especes. J'ai aussi reçu de la Barbade des échantillons d’une variété de la troisieme espece , qui a des fleurs et des légumes trés-courts; elle m'a été envoyée sous le titre de Feves en arbre , qui est le terme vulgaire dont on se sert pour désigner ces arbres en Amérique; mais comme dans ceséchantillons les fleurs étoient séparées des tiges, je ne puis dire comment elles croissent, et si c'est en épislongs ou courts ; les étami- nes de celle-ci sont plus longues que les pétales , et en cela elle differe réellement de toutes les autres ; ses légumes sont fort courts, courbés et plus épais que ceux de la troi sieme espece ; ses feuilles ont la même apparence etsont armées d’¢- pines, ainsi que les tiges et les bran- ches : mais cette plante n'a pas en- core produit de fleurs ici. J'ai reçu, il y a quelques années, de trés-petites semences d'un arbre FRS de Corail du Cap de Bonne-Espé- rance , elles ¢toient d’une couleur écarlate brilfante ; les plantes qu'elles ont produites n'ont point d’épines 5 leurs feuiiles sont beaucoup plus lar- ges que celles des autres especes , et leurs tiges sont fortes, et parois- sent être susceptibles de devenir aussi grosses que celles des plus gros arbres : mais comme ces plantes sont encore jeunes, on ne peut détermi- ner en quoi elles different des au- tres especes. Hans Sloan fait mention de deux autres. especes d’arbres de Corail, dans son Histoire de la Jamaique , dont l’un a les caracteres des So- phora ; avec lesquelles nous le pla- cerons , et l’autre sera décrit dans l'article Robinia , parce qu'il appar- tient naturellement à ce genre. Lorsque ces plantes sont en fleurs, plusieurs d’entr'eiles font un superbe cffet dans les serres chaudes, à cause de leurs gros épis de fleurs, qui sont teintes d’une belle eouleur écar- late ; mais elles fleurissent rarement ici, ainsi que dans plusieurs autres parties septentrionales de l'Europe; cependant elles se couvrent de fleurs anoucllement dans leur pays natal, où lon voit fréquemment ces arbres chargés d'épis, quoiquils soient en- ticrement dépouillées de leurs feuilles. La premiere, qui croît dans la Caroline, y produit aussi beaucoup de fleurs, quoiqu'elle n'en donne ici qu'une fois dans deux ou trois ERY ans, et les autres especes ‘encore plus rarement. Jai essayé plusieurs méthodes pour les faire fleurir ; j'en ai traité quelques-unes durement, en les exposant en plein air pen- dant l'été, et en ne les tenant en hiver qu’à un dégré de chaleur fort modéré ; d’autres ont été plongées pendant toute l'année dans la cou- che de tan de la serre, et quelques- unes sont restées dans une serre seche , où on leur a procuré beau- coup d'air dans les tems doux, et un dégré de chaleur tempéré en hiver : ces dernieres ont mieux réussi que toutes les autres , et cependant elles ont fleuri trés-rarement : aucun des amateurs qui cultivent ces plan- tes, tant en Angleterre qu'en France -et en Hollande, n’a été plus heureux. La premiere éspece peut être con- servée pendant l'hiver dans une orangerie chaude; mais elle fleurit rarement lorsqu'elle est ainsi traitée : les dex que j'ai reçues du Cap de Bonne-Espérance , ont subsisté pen- dant l'hiver dans une caisse chaude de vitrages sans feu; mais elles n’ont pas fait autant de progrès que celles qui ont été tenues à une chaleur temperée : de sorte que la meilleure méthode de traiter ces plantes dans notre climat, est de les conserver dans une serre de chaleur modérée, qui leur est d'autant plus nécessaire, qu'elles sont plus jeunes. On multiplie facilement ces plan- tes au moyen de leurs semences, ERY 189 quon apporte ici annuellement, parce qu'elles n'en produisent point en Europe ; on les répand dans de petits pots , et on les plonge dans une couche médiocrement chauce ; si ces graines sont bonnes, les plantes paroitront au bout d’un mois ou de cing semaines: lorsqu’elles auront atteint la hauteur de douze pouces , on les enlevera avec précaution , et on les plantera chacune séparément dans de petits pots remplis de terre légére , qu'on plongera dans une couche de tan de chaleur modérée, et qu'on tiendra à l'abri du soleil jusqu'à ce qu’elles aient produit de nouvelles racines, après quoi on leur donnera beaucoup d'air dans les tems chauds pour les empécher de filer, et on leur en procurera encore davantage À a mesure qu'elles acquerront de A farce; on les ra- fraichira souvent, mais légèrement; car une humidité trop abondante, feroi facilement pourrir les fibres de leurs racines. Comme ces plantes ont besoin d'un certain dégré de chaleur dans leur jeunesse , on les enferme en automne dans la serre chaude, dans es deux premieres années, pour les y laisser passer l'hyver : quand leurs feuilles sont en pleine vigueur, on les arrose deux ou trois fois par semaine ; mais lorsqu'elles sont dépouillées , les ar- rosemens doivent être plus modérés : on les traite plus durement à mesure qu'elles deviennent plus fortes, et 190 EUR Ÿ et on parvient ainsi à les faire fleurir. On cultive fréquemment la troi- sieme espece dans les jardins de Lisbonne , où elle fleurit et donne tous les ans des semences mûres : plusieurs personnes qui avoient elles- mêmes recueilli ces legumes sur les arbres , m’en-ont apporte quelques- uns. Ces plantes peuvent aussi étre multiplices par boutures, qui pren- nent aisément racine si on les plante dans des pots, et qu'on les plonge dans une couche chaude ; mais celles qui proviennent de se- mences sont toujours meilleures. ERYTHRONIUM. Lin. Gen. Plant. 375. Dens Canis. Tourn. Inst.R.H. 378. Tab. 202 ; Dent de Chien, ox Violette en dent de Chien. Caracteres. Les fleurs de ce genre n'ont point de calice; elles sont en cloche, ont six pétales oblongs et entièrement ouverts, et six érami- nes jointes au style, et terminées par des sommets oblongs, érigés et quadrangulaires. Dans leur centre est placé un germe oblong, obtus et triangulaire, qui soutient un style simple , plus large que les ctamines, et terminé par un stigmat triple, obtus et érendu : ce germe devient, quand la fleur est flétrie, une cap- sule oblongue, obtuse, et à trois cellules remplies de semences plates. LINNEE a place ce genre dans ER ¥ la premiere section de sa sixieme classe , avec les plantes dont les fleurs ont six étamines et un style. Les especes sont : 1°. Erythronium, Dens Canis 5 foliis ovatis; Dent de Chien à feuilles ovales. Erythronium. Hort. Cliff. 119. Hall. Hely. n. 1234. Gmel. Sib. 1. P- 39. r. 7. Roy. Lugd.-B. 30. Scop. Carn. Ed. 1. n. 406. Gouan. Illustr. 25. Kniph. Cent. 6. n. 39. Dens Canis , latiori rotundiorique folio, flore ex purpura rubente. C. B. p- 87; Dent, de Chien avec des feuilles plus larges et plus rondes, et des fleurs d'un rouge pourpre. Dens Caninus. Dod. Pemp. 203. 2°. Erythronium longi-folium , foliis lanceolatis ; Dent de Chien à: feuilles en forme de lance. Dens Canis angustiori » longiori- que folio, flore ex albo purpurascente. C. B. p. 87; Dent de Chien à feuilles plus longues et plus étfoites, et à fleurs d’un blanc tirant sur le pourpre. Erythronium foliis ovato-oblongiss glabris ; nigro maculatis. Gron. Vire. 1513 Erythronium à fleurs jaunes. Variété. | Ces deux especes sont les seules distinctes que je connoisse ; mais les curieux en conservent quelques va- riétés dans leurs jardins : la premiere. donne une variété à fleurs blanches qui est assez commune; une seconde à fleurs de couleur pourpre pale ; et ER # une troisieme à fleurs jaunes, qui est rare en Angleterre : la seconde espece fournit une variété à fleurs blanches , et une autre à fleurs d’un rouge léger ; mais elles sont au- jourd’hui fort rares l’une et l'autre dans nos jardins. ‘ Dens Canis. La premiere espece produit deux feuilles ovales jointes a leur base, longues de trois pou- ces sur un pouce et demi de largeur au milieu, mais graduellement plus étroites vers leur extrémité : ces feuilles sont d’abord roulées les unes sur les autres, et elles renfer- ment la fleur dans leur centre ; mais elles s'étendent ensuite et se cou- chent sur la terre : toute leur sur- face est marquée de taches blan- ches et pourpres : du centre de ces feuilles sort une tige simple, nue, unie et de couleur pourpre, qui seleve à la hauteur de quatre pou- ces, et soutient une fleur compo- sce de six pétales en forme de lance, qui, dans cette espece, est pour- pre , et blanche dans quelques au- tres : cette fleur pend vers le bas, et ses pétales sont réfléchis et entic- rement ouverts; dans son centre est placé un germe oblong et à trois angles, qui soutient un style simple plus long que les étamines, et sur- monté par un triple stigmat ; ses étamines sont de couleur pourpre, et trés-serrces au tour du style, et son stigmat s'étend plus en dehors. Cette plante fleurit dans le com- EIR. ¥ J9x mencement du mois d'Avril, mais elle produit rarement des semences en Angleterre ; sa racine est blan- che , oblongue, charnue, et en forme de dent, d’où lui vient son nom de Dent de Chien. Longi-folium. La seconde diffère de la premicre par la forme de ses feuilles, qui sont plus longues et plus étroites; ses fleurs sont aussi un peu plus larges, mais pas aussi bien colorées. Cette plante croît natu- rellement en Hongrie et dans quel- ques parties de l'Italie ; on la mul- tiplie par ses rejettons ; mais comme elle en donne peu, cette espece nest pas aussi commune dans les jardins que beaucoup d’autres fleurs de la même saison : elle se plait à l'ombre et dans un sol léger et mar- neux ; mais il ne faut pas le remuer ‘trop souvent. On peut la transplan- ter lorsque ses feuilles sont tout-a- fait flctries, depuis le commence- ment du mois de Juin, jusqu’au milieu de Septembre : mais ses ra- cines ne doivent pas être tenues fort long:tems hors de la terre; car lorsqu'elles sont une fois rétré- cics , elles sont fort sujettes à être attaquées de pourriture : on plante ces racines en paquets dans les plates- bandes du jardin, où leurs fleurs produiront un très-bel effet. ’ ESCAROLE , SCARIOLE , ou ENDIVE, Woyez CICHORIUM ENDIVIA. L. 192 ESP ESCHYNOMENE. ÆSCHINOMENE. Voyez ESCHYNOMENUS, plantes , de Aicyurépsver, de airyüvour ; gr. être hon- teux. On donne ce nom aux plantes sensitives qui , lorsqu'on les touche, se rétrécissent ou laissent tomber leurs feuilles. ESCOURGEON , Orge quarré ou d'automne. Woyez HORDEUM HEXASTICHON. ESCULENTES,. plantes , de Esculentus, bon à manger : ces sortes de plantes sont celles dont on mange les racines, comme les Panais, les Carottes, les Poreaux, les Oignons, les Pommes-de-Terre, les Raves, les Raiforts, les Scorsonnaires, etc. ESPALIERS (les) sont des rangs d'arbres plantés contre les murailles des jardins ou en haies, de maniere qu'ils servent de clô- ture, et qu'on taille en haies serrées pour defendre les légumes contre la violence des vents. Les Espaliers les plus communs, sont des arbres fruitiers, dont les branches sont régulicrement éten- dues sur des treillages de bois de Frêne, de Sapin, etc.; et c’est de cette espece d’Espaliers dont je vais parler ici. Les espaliers d’arbres frutiers sont grdinairement plantés tout autour des carreaux d'un jardin, où ils ESP sont aussi utiles qu’agréables; car ils mettent non-seulement les Iégu- mes à l'abri des vents et du froid, mais ils produisent encore un très- bon effet lorsqu'ils bordent des allées régulièrement tracées, et ren- dent un jardin potager aussi agréa- ble qu'un parterre. Tes principaux arbres qu'on em- ploie pour Espaliers , sont les Pom- miers, les Poiriers, et quelques especes de pruniers; mais les deux premiers sont plus en usage 2 guel- ques personnes disposent en Espa- liers, des Pommiers greffés sur des tiges de Paradis ; mais ils ne sont propres qu'aux petits jardins, parce qu'ils sont d'un crû trop bas et*de peu de durée : je conseille donc de se servir d'arbres greffés sur Sauva- gcons , pour les grands jardins, et de ceux qui sont entés sur ce que les jardiniers appellent riges Hollan- doises , pour les petits; ces derniers conserveront leur vigueur pendant plusieurs années; ils donneront du fruit plus tôt que les autres, et pous- seront moins de bois. Dans le choix qu’on fait des arbres destinés à étre mis en Espaliers, il faut, autant qu'il est possible, réu- nir les especes du même crû, pour les planter sur une même ligne, afin que chaque rang soit d'une hauteur égale, ce qui ajoûte beau- coup à leur beauté ; car sion plante ensemble des arbres qui poussent incgalement, il ne sera jamais possible ES? possible de rendre l'Espalier : régu- lier: la distance qu'on laisse entre chaque arbre doit être proportion- née à l'activité de leur végétation; ceux qui poussent le plus vigoureu- sement, doivent être éloignés de trente pieds les uns des autres, et ceux qui sont d’un crû médiocre, n'ont besoin que d'un intervalle de vingt-cinq pieds. La largeur des allées et des plates- bandes qui regnent entre ces Espa- liers dans les grands jardins, doit être de quatorze ou seize picds au moins ; et si les arbres doivent s'éle- ver fort haut, il est nécessaire que la distance soit encore plus grande, afin que chaque côté puisse jouir également de l'air et du soleil, dont l'influence est absolument néces- saire pour procurer aux fruits le dégré de perfection dont ils sont susceptibles. Lorsqu'on nest pas contrarié par la disposition du lieu, et qu'on peut placer les arbres com- me on le juge à propos , je conseil- lerai de diriger les alignemens au levant , en les inclinant un peu au midi, et à l’ouest, en les tournant un peu au nord, afin que les rayons du soleil puissent pénétrer entre les rangs dans la matinée, et le soir en se couchant, et que dans le mi- lieu du jour il chauffe le sommet des arbres et la terre qui couvre leurs racines ; ce qui est d’une très-grande utilité, quoique bien des gens [i- gnorent. Tome III, ES? 193 Les especes de Pommiers propres a former des Espaliers, sont le Pe- pin d’or, la Non-pareille, la Rai- nette grise, le Pepin aromatique, le Pepin de France, la Roussette de Wheeler, la Roussette de Pile , etc. Les instructions nécessaires sur Ie choix de la saison pour planter, et sur la maniere de tailler et de palisser ces arbres, se trouveront dans les Articles POMMIER et TAILLE. Les especes de Poiriers qu'on peut mettre en espaliers, sont principa- lement les fruits d'été et d’automne, car ceux d'hiver y réussisent rare- ment. Si le sol est fort et humide, ces arbres doivent être greffts sur des tiges de Cognassier; mais pour un sol sec il faut les enter sur des Sauvageons. La distance qu’on leur donne doit aussi étre réglée sur le crû des arbres, qui est plus inégal dans les Poiriers que.dans les Pom- micrs. Quant aux Poiriers greftés sur Sauvageons, ils doivent étre ‘éloignés au moins de trente pieds les uns des autres, s'ils ne croissent que médiocrement ; mais il faut au moins quarante pieds aux plus vi- goureux; si le sol est en même tems fort et fécond , la distance doit être encore plus grande. Les especes de Poiriers les plus propres à étre mis en Espaliers, sont les Jargonelles, la Elanquette, la Poire sans peau, le Bon Chrétien d'été, la Bergamotte de Hamden, Bb » 194 ESP la Bergamotte d'automne , lAm- breite, le Gros Roufélet , la Chau- montelle, le Beurré-Royal, le Mar- quis, la Crassane, et quelques au- tres de moindre qualité: on doit toujours se ressouvenir que les Poi- res fondantes réussissent mieux en Espaliers que les Poires cassantes , qui murissent rarement bien en baie, et que plusieurs especes exi- geront une exposition et un terrein chauds, si on ne peut pas les placer contre une muraille, On doit aussi examiner sur quelles tiges ces fruits sont grefr’s ; car si les Poires cas- santes sont entees sur Cognassiers, elles deviendront pierreuses ; tandis que les Poires fondantes se perfec- tionneront. Quant à la maniere de les planter, voyez 7’ Article PYRUS, et pour la taille et le traitement, voyez TAILLE DES ARBRES. Je vais à présent donner quelques instructions sur la maniere de cons» truire les treillages contre lesquels ces arbres doivent être palissés; ce qui ne doit être fait que trois ans après qu'ils sont plantés ; car si on les disposoit plutôt, ils seroïient en partie pourris avant que les arbres aient fait assez de progrès pour les couvrir : pendant ces trois premie- res années , il suffit d’assujettir leurs branches contre des échalas fichés en terre à une distance plus ou moins grande les uns des autres, suivant Ja longueur de ces branches , qui doivent étre dirigées le plus hori- ESP sontalement qu'il est possible, afin que lEspalier prenne de bonne- heure la forme qu'il doit avoir par la suite. On peut construire ces treillages à peu de frais, en employant des lattes de fréne de deux especes , les unes très-grosses, à treize dans un paquet, les autres à cinquante dans chacun. On coupe les premieres a sept pieds de longueur, et on appointe celles qui sont destinces a servir de piquets par le plus gros bout , afin de pouvoir les enfoncer dans la terre avec plus de facilité ; et pour les faire durer plus long- tems, il sera bon de les enduire avec Ja composition prescrite dans l'Article COUVERTURE. On place ces piquets sur une ligne droite à un pied de distance les uns des au- tres, et à la hauteur d'environ six pieds; on les fixe dans cette situa- tion au moyen d'une latte de tra- verse, qu'on cloue à leurs extré- mités, et on continue à placer de pareilles traverses jusqu'au bas, en les fixant avec du fil de fer. Si ces lattes sont en bois de Sapin, l’enduit dont on les couvre durera plus long- tems; on les applatit par leur plus gros bout, afin de pouvoir les clouer contre les poteaux qui terminent le treillage , et lui donner ainsi plus de solidité et le rendre propre à résister aux efforts des vents. Quand ce treillage est fini et bien conditionné , on y attache les E S:P L branches des arbres avec des osiers ou d’autres liens, en observant de les placer bien horisontalement et à des distances égales , mais de ma- niere qu'elles ne se croîsent point, et qu'elles ne soient pas trop serrées; la distance qu’on laisse entr’elles doit être proportionnée à la gros- seur de leurs fruits ; les Bon - Chré- tien d'été , Messire-Jean, Beurré- Royal, les Rainettes grises, les Pe- pins de Hollande, les Pepins de France, et autres grasses Pommes exigent au moins six ou huit pou- ces entre chacune de leurs bran- ches ; mais les fruits plus petits n’ont besoin que de quatre ou cing pou- ces. Pour ce qui concerne les autres instructions relatives a leur traite- ment , je renvoie le Lecteur aux Articles de chacun de ces fruits, ainsi qu’à celui de la Taille, où il trouvera rout ce qui concerne leur culture. On construit aussi d’autres treil- lages de diverses façons, plus ou moins chers; mais comme la beauté d'un Espalier consiste à être bien couvert par les arbres qui le com- posent , les dépenses extraordinaires qu'on pourroit faire pour le rendre plus beau, deviendroient inuriles. Les arbres ainsi plantés et bien conduits, sont preférables à ceux qui sont dressés en d’autres formes, par plusieurs raisons ; 1°. parce qu'ils tiennent peu de place dans les Jardins , et ne causent aucun pré- judice aux legumes des carreaux, E SP 195 2°. Parce que les fruits qu'ils donnent, sont préférables à ceux des arbres nains; comme ils sont entièrement exposés au soleil, et que l'air qui circule librement autour, dissipe promptement toute lhu- midité qui s’'éleve de la terre, ils acquièrent un nouveau dégré de perfection, ainsi que nous l'avons déjà observé : d’ailleurs ces arbres étant peu élevés, leurs fruits souf- frent beaucoup moins de faction des vents : ainsi pour toutes ces raisons les Espaliers doivent étre préférés à tous les autres arbres. ESQUINE, SQUINE, ou RACINE CHINOISE. Voy. SMILAX CHINA. ESTRAGON. Voy. ARTEMISIA DRACUNCULUS. ESTRAGON DU CAP. Voyez ERIOCEPHA LUS. ESULE. Voyez TITHYMALUS, EUPHORBIA, ETAMINES. Voy. STAMINA, ÉTOILE DE BETHLEEM , ou HYACINTHE DU PEROU. Foy. ORNITHOGALUM. ETOILE DE BETHLEEM bâtarde, ox FLEUR ÉTOILÉE. Voy. ALBUCA. Bb 2 196 EUG EUPHR AISE.' Voy. EUPHR ASIA. EUGENTA® Michel, “1083 ‘le Jambolier. Caracceres. La fleur a un calice persistant et formé par une feuille divisée en quatre segmens ; quatre pétales oblongs, obtus , et deux fois plus grands que le calice: plusieurs étamines insérces dans le calice, ét terminées par de petits somméts ; ét un petit germe turbiné et placé sous la fleur , qui soutient un style simple aussi Jong que les étamines, et surmonté par un stigmat simple : ce germe se change dans la suite en un fruit À quatre angles en forme de prune, couronné et à une cellule; dans laquelle est renfermée une noix ronde est unie. Ce genre de plante est) rangé dans la premiere section de la dou- zieme classe de LINNEE , qui com- prend celles dont les fleurs ont plu- sieurs Ctamines insérées dans le calice, et un style. Les especes sont : 1°, Eugenia Malaccensis , foliis integerrimis, 5 pedunculis.. racemosis lateralibus, Flor. Zeyl. 1873 le Jambonier À feuilles entieres et à pédoncules branchues. Persici ossiciulo fructus Malaccensis rubens. Bauh. Pin. £4¥. Jambosa domestica. Rumph. Amb. 2: Las Si 20e Nati-schambu. Rheed. Mal. 1. Pe 29.¢. 18. Rai Hist. 1748. E'U 6 2°, Eugenia Jambos , foliis inte gerrimis , pedunculis ramosis termmina= libus. Flor. Zeyl. 188 ; le Jambonier à feuilles entieres, avec des pédon- cules de fleurs branchus qui termi- nent les branches. Persici ossiculo fructus Malaccensis ex candido rubescens. Bauh. Pin. 441. Jambosa sylvestris alba. Amber pi 27 T3 9: Malacca Schambu. Rheed. Mal. 1, pe2g.t. Pz. Rew Hist 1478. Tl y a quelques autres especes de ce genre qui croissent natureiiement dans les Indes; mais celles-ci sont les seules que j'aie vues dans les jar- dins Anglois. Le-Docteur Hebeerden m'a donné quelques plantes de la premiere espece, qui lui avoient été envoyées par son frere, du Brésil, où’ on la cultive pour la table, de sorte que cette espece est trés-com- mune dans la plus grande partie de l'Amérique. Elle s’cleve, dans son pays ori- ginaire, à la hauteur de vingt à trente pieds , avec une tige d’arbre couverte d’une écorce brune, de laquelle sortent plusieurs branches garnies de feuilles entieres, oblon- gues, opposées, terminées en pointe aiguë, et teintes dans leur jeunesse d'un pourpre brillant, qui se change en vert clair à mesure qu'elles vieil- lissent ; villosus et incanus. Tourn. Cor. 1. Epurge sauvage de Crète à feuilles étroites, blanches et velucs. 29°. Euphorbia Sylvatica, umbellé multi-fida ; dichotoma , involucellis perfoliatis , sub-cordatis , foliis lan- ceolatis , integerrimis. Lin. Sp. Plane. 663. Edit. 3. Jacq. Austr. t. 375. Pollich. Pal. n. 463. Scap. Cara. Ed. 1,n. §72. sub Tithymalo ; Eu- phorbe avec une ombelle divisée en plusieurs parties et fourchue, des enveloppes en forme de cœur et perfeuillées, et des feuilles enticres en forme de lance. Tithymalus sylyaticus ; lunato fiore. C. B. p. 290. Moris. Hist. 3. P- 335- sivé 10.2. 1. f. 3; Epurge sauvage avec une fleur en forme de lune. La Grande Esule. Tithymalus lunato flore. Ecphr. 2. p. §6. t. 57. Esula caule crasso. Riv. 22-7. 30°. Euphorbia Heterophylla , inermis foliis serratis, petiolatis , difformibus ovatis ; lanceolatis , pan- duri-formibus. Lin. Sp. Plant. 649. Edit. 3. Aman. Acad. 3. p. 112. Ee 2 Col. Tetr. 220 EU P Euphorbe sans épines à feuilles sciées, petiolées, difformes, ovales, en forme de lance et de violon. Tithymalus Curassavicus , Salicis et -Atriplicis foliis variis , calycibus viridantibus. Pluck. Alm. 369. t. 12. f. 6; Epurge de Curacao avec des feuilles différentes de Saule et d’A- triplex, ou Arroche, et des calices verts. 31°. Euphorbia Hyperici-folia , dichotoma, foliis serratis , ovati-oblon- Bis 5 glabris , corymbis terminalibus , ramis divaricatis. Lin. Sp. Plant. G50. Edir. 3. Aman. Acad. 3. p. 1133 Euphorbe fourchu avec des feuilles oblongues , ovales, unies, et sci¢es ; et des branches écartées et terminées en corymbes. Tithymalus erectus acris, Parieta- Tie foliis glabris » floribus ad caulium nodos conglomeratis. . Sloan. Cat. Jam. 82- Hist. 1. p. 197. t. 126, Epurge droite et acre avec des fenilles de Pari¢taire unies , et des fleurs disposées en paquets sur les nœuds de ka tige. Tithymalus Americanus , flosculis albis. Comm: Pral. 60. t. GO. 32°. Euphorbia Ocymoïdea , iner- mis, herbacea, ramosa, foliis sub-cor- datis ; integerrimis , petiolatis flo- ribus solitariis. Lin. Sp. Plant. 650. Edit. 3. Amen, Acad. 3. pe 112. Euphorbe branchu, herbace et sans pines, à feuilles enticres, en forme de cœur et pétiolées , et a fleurs simples, EUP Tithymalus Americanus , erectus; annuus ; ramosissimus Ocymi caryo- phyllati foliis. Houst. Mss. Epurge droite annuelle et branchue d’Amé- rique, avec des feuilles de petit Basilic. Antiquorum. La premiere espece a toujours été regardée comme le veritable Euphorbe des Anciens, et employée comme tel à lusage de la médecine ; mais c’est de la se- conde dont on se sert aujourd’hui en Angleterre : cependant le Doc- teur LINNEE pense que la qua- trieme devroit seule être mise en usage : au reste, comme elles ont toutes a-peu-prés les mêmes pro= priétés , il paroit indifiérent d’em- ployer l’une plutôt que l'autre (1). (1) L’Euphorbe des boutiques ese une gomme résine extrémement acre et mordicante, dont les propriétés résident principalement dans sa partie résineuse : cette substance, qui purge avec une vio- lence extrême, et qui est capable de produire même à petite dose des inflam- mations et des érosions funestes dans les premieres voies, ne peut jamais être donnée avec sûreté intérieurement , si ce n’est dans quelques cas désespérés ; mais on peut l’employer dans la médecine vé- térinaire, pour guérir les maladies de peau auxquelles les chevaux sont sujets : on la fait d’ailleurs entrer avec suceès dans Jes poudres ste-nutatoires qu'on | souffle dans |. s narines pour réveiller les malades attaqués de léthargie ; dans les cas d’obstruction invétérées des glandes du nez, pour diviser les mucosités trop EUP La premiere a une tige triangu- laire , comprimée , noucuse et suc- culente, qui s’éleve à la hauteur de huit ou dix pieds, et pousse plu- sieurs branches irrégulicres, tor- dues, la plupart triangulaires, quel- quefois à deux, souvent à quatre angles , comprimées et disposées sur chaque côté de la tige; l'extrémité de ces branches est garnie de quel- ques feuilles courtes et rondes qui tombent bientôt, et entre lesquelles sortent de tems en tems quelques fleurs formées par cing pétales épais et blanchîtres, dont le centre est occupé par un gros germe triangu- laire qui se dérache peu de tems après sans produire de semences : cette espece a été apportée des Indes en Hollande, d'où elle s’est répandue dans la plupart des jar- dins des Curieux de l'Europe. Canariensis. La seconde, qui croît naturellement dans les Isles Canaries, visqueuses, et dans les affections pitui- teuses, chroniques et opiniatres de la tête, On s’en sert aussi extéricurement dans les emplatres vésicstoires qu’on applique quelquefois sur les membres paralytiques, et dans les poudres qu’on répand sur les os cariés, et sur les tumeurs schirrheuses ulcérées ; mais sans vice carcinomateux, L’Euphorbe entre dans la composition des pillules d’Euphorbe, de Querceran , dans les trochisques A/handal, dans les pillules de nitre de Trallian, dans le Philonium Romain, &c. E U°P 221 est celle dont le suc forme l’Eu- phorbe qu'on apporte aujourd'hui en Angleterre; elle s’éleve dans son pays natal au-dessus de la hauteur de vingt picds ; mais en Angleterre elle croît rarement au - dessus de celle de six ou sept pieds, et il ne scroit pas avantageux d'en avoir ici d’une si grande hauteur , parce qu'elle pousse plusieurs grosses bran- ches succulentes qui la rendroient trop lourde pour pouvoir la trans- porter d’un endroit à un autre : sa tige est fort épaisse, verte ct succu- lente, et a quatre ou cinq gros angles, fortement armés d'épines noires et chrochues qui sortent par paires à chaque dentelure ; elle pousse a chaque côté de grosses branches succulentes de la même forme, qui s'étendent à la distance de deux ou trois pieds en-dehors , et tourne ensuite leur extrémité vers le haut, de sorte que ces plan- -tes ont quelque ressemblance avec un chandelier branchu quand elles ont bien poussé ; ces branches n’ont point de feuilles; mais elles sont fortement armées d’épines noires comme les tiges; et leurs fleurs, qui sortent de leurs extrémités, sont de la méme forme que celles de la premiere espece. Trigonum. La troisieme a une tige nue, triangulaire ct compacte, qui produit un grand nombre de branches érigées, noueuses, armées d'épines courtes et courbées, et 2212 E U P généralement triangulaires , mais parmi lesquelles on en voit quelques- unes à quatre angles; elles n’ont point de feuilles, et elles ne produisent point de fleurs en Angleterre : cette espece est originaire des Indes. Officinarum. La quatrieme pousse plusieurs tiges épaisses, succulentes, à huit ou dix angles lorsquelles sont jeunes , mais qui deviennent rondes à mesure qu'elles vicillissent : ces branches sont d’abord dirigées ho- risontalement dans une partie de leur longueur ; mais elles prennent ensuite une direction perpendicu- laire; elles sont armées de petites épines courbces sur leurs angles; et ses fleurs, qui sont petites, d'un blanc verdatre, et semblables à celles de la seconde espece, sortent vers leurs extrémités : cette plante croît naturellement dans l'Inde. Nerii-folia. La cinquieme, qui est aussi originaire des grandes In- des , s’éleve encore a la hauteur de cing ou six pieds, avec une tige forte , droite, à angles irréguliers, et chargée de protubérances obli- ques aux angles; la partie basse de la tige est nue, et sa partie haute est branchue; ses branches sont armées d’épines courbées a chaque protubérance , et leurs extrémités sont garnies de feuilles oblongues, d’un vert luisant, fort unies, en- ticres et arrondies à leur pointe : | tes feuilles se détachent bientôt, et les plantes restent nues pendant EUP plusieurs mois ; ses fleurs sortent ensuite : elles sont sessiles aux bran- ches, et d’un blanc verdatre : ses feuilles poussent en automne et tombent au printems. Heptagona. La sixieme s'éleve, avec une tige ronde, droite et succulente , à la hauteur d'environ trois pieds, et pousse plusieurs branches latérales de la même forme et a sept angles ou sillons armés d'épines simples, longues et noires; les extrémités de ces branches pro- duisent de petites fleurs de la même forme que celles des autres especes, qui sont quelquefois remplacées par de petits fruits. Caput Meduse. La septieme a des tiges épaisses, rondes, succulentes et Ccailleuses, qui poussent plusieurs branches latérales de la mème forme, qui se tortillent et coulent les unes sur les autres, de maniere qu’elles paroissent comme une foule de ser. pents qui sortent des tiges, d’ou elle a pris le nom de Tére de Méduse. Les extrémités de ces branches sont garnies de feuilles étroites, épaisses ct succulentes qui tombent; ses fleurs sortent autour de la partic baute des branches, elles sont blan- ches et de la même forme que celles des autres especes, mais plus grosses, et elles produisent souvent des cap- sules rondes, unies, et à trois cel- lules, dont chacune renferme une simple semence ronde. Mamillaris. La huitieme a des E U P tiges rondes de deux pieds de hau- teur, gonflées en forme de ventre, et à angles noueux ; les intervalles qui séparent ces nœuds sont armés d’épines longues et droites ; ces tiges poussent quelques branches laté- rales de la même forme , dont les extrémités produisent des fleurs sessiles , petites , d’un vert jaunatre, et de la même forme que celles des autres especes. Cerei-formis. La neuvieme a des tiges et des branches fort sembla- bles a celles de la quatrieme, mais beaucoup plus minces; ses épines sont simples, et celles des autres doubles ; les extrémités de ses bran- ches sont fort garnies de fleurs a chaque angle ; en quoi elle diffère de la quatrieme espece. Fructus Pini. La dixieme a une tige épaisse et courte qui séleve ra- rement au-dessus de huit a dix pouces, et de laquelle sortent un grand nombre de branches minces, trainantes, et d’un pied de longueur, qui sont entre-mélées les unes avec les autres, comme celles de la sep- tieme espece, mais beaucoup plus petites et moins longues , quoique avec la même apparence , ce qui lui a fait donner le nom de Perite Téte de Méduse. Les extrémités de ses branches sont garnies de feuilles étroites, du milieu desquelles sor- tent des fleurs blanches, et de la même forme que celles des autres especes. E U P 223 Patula. La onzieme s’éleve à la hauteur de six à sept pouces, avec une tige en forme de cierge , dont le sommet produit quelques bran- ches semblables, qui s'étendent en- dehors de chaque côté, mais qui ne sont pas Ccailleuses comme celles de la derniere; les extrémités de ces branches sont garnies de feuilles étroites qui tombent : cette espece n'a pas encore fleuri en Angleterre, parce qu'elle n'y a été apportée que depuis peu de tems. Procumbens. La douzieme a une tige courte et épaisse qui ne s’éleve Jamais au-dessus de trois pouces de hauteur; de sorte que ses branches, dont la longueur est au plus de six pouces, sont couchées sur la sur- face de la terre; leurs écailles se gonflent et deviennent des protu- berances quarrées ; elles n’ont point de feuilles, et ne donnent que trés- rarement des fieurs en Angleterre, quoique cette plante soit depuis long-tems dans nos jardins. Inermis. La treizieme ressemble beaucoup à la septieme; mais ses tiges ne s’élevent jamais au-dessus dun pied ou de quinze pouces ; en sorte que ses branches s'étendent au-dehors près de la terre; celles- ci sont aussi plus courtes que celles de la septieme ; mais elles ont ce- pendant la même apparence, et leurs extrémités sont garnies de feuilles étroites qui tombent à me- sure que les branches s'étendent en 224 EU P longueur , ainsi que de fleurs blan- ches et petites, qui ont la même forme que celles des autres especes, et qui produisent souvent des cap- sules rondes, unies et à trois cellules, dans lesquelles sont renfermces une ou deux semences rondes qui mü- rissent icl. Ces especes ont été rangces par la plupart des Botanistes modernes , sous le titre d’Evpkorbium, et dis- ‘tinguces des Tithymales , plus à cause de leur forme extérieure, que par quelques différences réciles dans leurs caracteres , ainsi qu'on l'a déà observé; mais comme le nom- bre des especes d'Epurge ctoit plus grand, plusieurs Ecrivains ont jugé à propos d’en séparer l'Euphorbe pour en diminuer le nombre. On conserve ces plantes dans plusieurs jardins, plutôt à cause de leur singularité, que pour leur beauté; car elles sont toutes fort différentes des autres plantes de l'Europe. Toutes ces especes contiennent une sève Acre et laiteuse qui dé- coule de leurs parties blessées: comme ce jus est assez Caustique pour produire des ampoules sur la peau lorsqu'il y séjourne quelque tems, et pour brüler le linge à- peu-près comme leau-forte, il faut manier ces plantes avec beaucoup de précaution, et ne pas froisser ni endommager leurs branches; ce qui d’ailleurs les fait quelquefois EUP pourrir jusqu'au premier nœud, et souvent périr tout à fait, si les bran- ches endommagées ne sont pas cou- pees à tems : ainsi toutes les fois qu'une branche paroit maltraitée, il faut la retrancher sur le champ, pour prévenir tout accident ; par la même raison on doit éviter de les couper entre les nœuds. La plus grande partie de ces especes a ¢te primitivement appor- tee par les Hollandois, qui ont toujours été fort empressés à intro- duire en Europe un grand nombre de végétaux des Indes et du Cap de Bonne-Espérance, d’où l’on a eu depuis peu une très-grande variété de plantes curieuses, qui produisent des fleurs fort élégantes, et font le plus grand ornement des serres en hiver et au printems. Celles-ci ont été élevées de semences dans nos jardins ; mais la plupart des especes d'Euphorbe sont venues en plantes ou en boutures, parce qu'elles peuvent aisément être trans- portées , si elles sont mises dans des caisses, avec quelque emballage sec et mou, pour empêcher qu'elles ne se froissent ou ne se blessent avec leurs épines, et qu'elles ne soient endom- mages par l'humidité et par le froid : on peut les tenir six mois hors de la terre avec cette atten- tion ; et si après ce tems elles sont plantées avec soin, elles prendront racine et profiteront aussi bien que si elles étoient nouvellement prises sur EU P sur les vicilles plantes : cette mé- thode est beaucoup plus prompte que de les élever de semences. © Comme la plupart de ces plantes succulentes croissent naturellement dans des lieux stériles et remplis de rochers, et dans des terreins secs et sablonneux, où peu d'autres pour- roient profiter, on ne doit jamais les planter ici dans une terre riche et marneuse, ni les exposer à beau- coup d'humidité : le sol qui leur convient le mieux, est un mélange formé par un quart de décombres criblées, un quart de sable de mer, et une moitié de terre légere et frai- che prise dans un pâturage 5 on mêle exactement toutes ces matieres ensemble , et on les retourne sou- vent avant de les mettre en œuvre, afin que leurs parties puissent s'in- corporer , et s'adoucir à l'air. Ce mélange sera encore meilleur st on le laisse exposé pendant une année à l'action de la gelée et de la cha- leur , en observant de le tenir en petits monceaux , et le retourner souvent, afin que l'air y puisse mieux Fer pénétrer. Ces especes se multiplient ais¢- ment par boutures, qu'on détache des vieilles plantes dans le mois de Juin, en les coupant à un nœud, sans quoi elles se pourriroient; quand ces boutures sont séparées ; la séve laiteuse des vicilles plantes s'écoule en abondance par les parties blessées, qu'il faut couvrir aussi-tôt Tome III, EU À avec de la terre ou du sable , qui l'arrête. bientôt en se durcissant : on en fait autant aux boutures, et on les place dans un endroit sec de la serre chaude, où. on les, laisse pendant douze ou quinze jours avant de les planter, et même trois semaines, si elles sont fort grosses, afin que leurs parties blessées aient le tems de se cicatriser , sans quoi elles seroient facilement. attaquées de pourriture ; on les place ensuite séparément dans des pots de la va- leur d’un sou, donton garnit le fond avec des pierres ct des décombres , et qu'on remplit avec le mélange dont on vient de parler; on plonge ensuite ces pots dans une couche de chaleur modérée; on les tient a l'ombre au milieu du jour si le tems est trés-chaud, et on les arrose légèrement une ou deux fois par semaine , en proportionnant tou- jours l'humidité qu'on. leur donne à la sécheresse de la terre : six se- maines ou deux mois apres , elles auront poussé des raçines : on pourra les laisser dans cette couche, si-clle n'est pas trop chaude, en leur don- nant de l'air tous les jours; mais il vaut encore mieux les placer tout de suite dans la serre chaude, où elles pourront seudurcir avant l'hi- ver : car si elles viennent à filer pendant l'été, elles pcrissent pres- que toujours dans la mauvaise sai- son, à moins quelles ne soient traitées avec le plus grand soin : i 22 226 E.U P faut les arroser en été deux ou trois fois par semaine, mais en hiver on ne leur donne de l’eau qu’une seule fois pendant le même espace de tems, et toujours fort légèrement, sur-tout si la serre n’est pas fort chaude : la premiere espece exige plus de chaleur en hiver qu'aucune des autres, et moins d’arrosement dans cette saison: si elle est bien traitce elle sélevera à la hauteur de sept a huit pieds; mais il faut la tenir constamment dans la serre, lui donner beaucoup d’air en été, et une chaleur temperce en hiver. La sixieme est a présent la plus rare en Angleterre; ses plantes, qui avoient été tirées des jardins Hollandois, ont presque toutes péri, parce qu'on les avoit placées dans la serre chaude , où la chaleur les a noircies dans un jour, et fait pourrir immédiatement apres : cette espece profitera bien en hiver si elle est tenue sous un vitrage air et sec, avec les Ficoïdes et d’autres plantes succulentes, où elle puisse avoir de l'air dans les tems doux, et abritée des gelées ; en été elle peut étre exposée en plein air dans une situa- tion chaude, pourvu qu'on la ga- rantisse de trop d'humidité : elle réussira beaucoup mieux par cette méthode qu’en la traitant plus dé: licatement. ul Les septieme, huitieme, dixieme, onzieme , douze et treizieme especes sont aussi assez dures pour subsister E UP en hiver dans une caisse de vitrage sans feu, pourvu qu'on les préserve entièrement de la gelée ; en été!, on peut les exposer en plein air dans une situation chaude, Comme ces plantes sont fort succulentes , et qu'elles craignent par conséquent beaucoup l'humidité , i faut les tenir sous des abris où elles puissent jouir de lair et être à couvert de la pluie, sans quoi elles seroient exposées à être attaquées de pour- riture pendant l'hiver suivant. ~ La septieme, ayant des branches fort lourdes, a besoin d'un soutien pour l'empêcher de tomber sur les pots; elle sélevera ainsi à la hau- teur de quatre ou cinq pieds, et produira un grand nombre de bran- ches latérales, qui, étant elles-mêmes fort lourdes et succulentes , entrai- neroient la plante si elle n'étoit pas soutenue. Les especes suivantes ont été classées par tous les Botanistes avec les Tithymales ; mais les quator- zieme et quinzicme devroient être mises dans le genre des Euphorbes , parce qu'elles sont aussi destituées de feuilles que la plupart de celles qu'ils y ont placées. Tiraculli, La quatorzieme s¢leve, avec une tige en cierge et succu- lente, à la hauteur de dix-huit ou vingt pieds, et produit plusieurs branches de la même forme qui se sous-divisent en d’autres plus petites, séparées par des nœuds placés à E AU.P une grande distance les uns des autres, unies, d'un vert foncé, et ornées à leur extrémité de quelques petites feuilles qui tombent en peu de tems : à mesure que les plantes vieillissent , leurs tiges deviennent plus fortes et moins. succulentes , sur-tout vers le bas, où elles sont un peu ligneuses, et prennent une couleur brune : ses branches sont touffues, et entremélées les unes avec les autres, de sorte qu'elles forment une espece de buisson vers leur sommet. Cette espece ne pro- duit point de fleurs en Angleterre, Viminalis. La quinzieme pousse un grand nombre de tiges minces, cylindriques, d’un vert foncé, et unies, qui se roulent les unes sur les autres, ou autour de quelque support voisin, au moyen duquel elles s’élevent à la hauteur de dix a douze pieds; elles produisent vers le haut des branches plus peti- tes, qui se tortillent de même ct s entremélent avec les autres tiges ; elles sont nues et sans feuilles : cette espece , qui croit naturellement dans les Indes, ne fleurit point dans notre climat. Mauritanica. La seizieme pousse de sa racine plusieurs tiges cylin- driques, succulentes , hautes d’en- viron quatre pieds, minces, et trop foibles pour se soutenir sans appui; elles sont couvertes d’une écorce teinte d’un vert léger ; leurs E U P 227 parties basses sont nues, et leurs sommets, sont garnis de: feuilles oblongues, unies , entieres et ai- ternes sur chaque côté des tiges ; leurs fleurs, d'un vert jaunatre, naissent en petits paquets aux ex- trémités des branches, et sont quelquefois suivies par un.fruit uni et rond; mais leurs semences mü- rissent. rarèment en Angleterre. Cette espece est originaire des côtes d'Afrique qui bordent la Médi- : terranée. Cotini-folia. La dix-septieme se trouve dans quelques. Isles des Indes occidentales , ainsi que dans le con- tinent de l'Amérique; j'en airecu des échantillons de l'Isle de Tabago et de Carthagene, où elle est très-com- mune : les plantes de cette espece qu'on voit dans les jardins de la Hol- lande, ont été envoyées de Cura- cao: elle s’éleve a la hauteur de six ou huit pieds, avec une tige droite et couverte d’une écorce d’un brun clair , qui se divise vers son sommet en plusieurs branches gar- nies de feuilles rondes, dentelées à leur extrémité, pétiolées , unies et d’un beau vert ,, mais qui tom- bent en hiver, de sorte qu’au prin- tems ces plantes sont presque nues ; leurs fleurs sortent des extrémités des branches; elles sont jaunes et petites, et tombent bientôt sans produire de fruits dans notre climat. Ces especes se multiplient par Ff.2 228 E UP boutures, de la méme maniere que les Euphorbes , et on les traite com- nye if a été dit. ci-dessus. Les quatorzieme, quinzieme et dix-septieme étant fort tendres , exi- gent’ la serre chaude, et doivent être traitées comme les especes les plas délicates de’ ce’ genre; mais da seizieme subsiste en hiver dans une orangerie ordinaire, et peut être exposée en plein air pendant l'été. Lachyris. La dix - huitieme est comprise dans le nombre des plan- tes médicinales, mais on s'en sert pew aujourd’hui en Angleterre: elle est bis-annuelle , et périt apres avoir perfectionné ses graines. Elle s'éleve à la hauteur de trois ou quatre pieds, avec une tige droite , succulente, et garnie de feuilles oblongues , unies, opposées et ses- siles; l'extrémité de sa tige se par- tage en petites branches fourchues, disposées par paires, et dont les di- visions donnent naissance à des om- belles de fleurs, qui sortent simples de chaque fourche ; celles qui sont situées dans la premiere division sont les plus grosses , et celles du haut sont plus petites : ses fleurs, teintes d’un jaune verdatre , parois- sent en Juinet en Juillet, et pro- duisent un fruit divisé en trois lo- bes, dont chacun forme une cel- lule qui renferme une semence ron- de, et qui, lorsqu'elle est mire, est lancée-& une certaine distance E UP par Vclasticité des légumes : cette espece se multiplie assez fort quand elle est une fois introduite dans les jardins, et n’exige d’autre soin que d'être tenue nette de mauvai- ses herbes (1). Myrsinites. La dix - neavieme , qui croît naturellement dans la France méridionale, en Espagne ct en Italie, pousse de sa racine plu- sieurs branches longues d’environ un pied, couchées sur la terre, et trés-garnies de feuilles épaisses , succulentes, plates, courtes, poin- tues , entièrement ouvertes, placées alternativement sur chaque côté des branches, et sessiles aux tiges : les fleurs naissent aux extiémités des branches, en larges ombelles, dont l'enveloppe principale est composée st (1) Toutes les parties de cette plante sont trés-purgatives, et produisent des effets semblables à ceux de la Scammonée. On ladministre avec succès dans Phydro- pisie, la jaunisse, les obstructions des viscères, etc. On la prépare en faisant macérer ses racines, et surtout leur écorce, dans du vinaigre pendant vingt- quatre heures, et on la fait prendre en- suite en substance depuis un scrupule jus- qu’à un gros, ou en infusion depuis un gros jusqu’à deux. On en prépare aussi un extrait avec le vin blanc et le vi- naigre, dont l’effet est le même, mais dont la dose doit être plus foible. Cette espece entre dans la composition des pillules d’Esula de Fernel, dans celle de la Benedicte Laxative, dans l'extrait Catholique, etc. E UP de plusieurs feuilles ovales et poin- tues , mais dont les petites n'ont que deux feuilles en forme de cœur, concaves , et rudes sur leurs bords : ces fleurs sont jaunes, et produi- sent trois semences renfermées dans une capsule ronde et à trois cel- Jules : cette plante dure deux ou trois ans dans un terrein sec et chaud , et perfectionne ses semen- ces annuellement ; si l’on donne à ces graines le tems de se répandre, elles produiront des plantes qui n’exi- geront aucun autre soin que d'être tenues nettes de mauvaises herbes. Dendroides. La vingtieme est ori- ginaire de l'Isle de Candie et de plusieurs Isles de l’Archipel ; elle s ¢leve, avec une tige droite et bran- chue , à la hauteur de quatre pieds; ses feuilles sont oblongues, poin- tues ct alternes; ses fleurs, petites et jaunes , sortent en ombelles de chaque bifurcation des branches ; mais ne donnent que très-rarement des graines en Angleterre : on mul- tiplie facilement cette espece par boutures dans tous les mois de l'été ; mais elle a besoin d’être mise à l'abri des gelées de l'hiver. Amygdaloides, La vingt-unieme, qu’on rencontre dans les forêts de l'Angleterre, s'éleve en tige d’ar- brisseau à la hauteur de trois pieds : ses fleurs naissent en ombelles , fes- siles aux branches, et forment un long épi ; elles ont des calices teints d'un jaune verdatre et des pétales EAU EP 229 noirs, ce qui leur donne une appa- rence singuliere : en répandant ses graines sous des arbres ,en automne, elles produisent au printems sui- vant , des plantes qui n'auront be- soin d'aucune culture. Palustris. La vingt-deuxieme est comprise dans la liste des plantes médicinales , sous le titre d’Esu/a major; Mais ON s'en sert peu aujour- d'hui: elle croît naturellement en France et en Allemagne, dans des endroits marécageux, oùelle s’éleve à la hauteur detrois ou quatre pieds; elle a une racine vivace , au moyen de laquelle on la multiplie plus ai- , a sement que par ses semences, qui poussent rarement , à moins qu'on ne les seme aussi-tôt qu'on vient de les recueillir. Orientalis. La vingt-troisieme , que le Docteur Tournefort a en- voyée du Levant au Jardin royal de Paris, a une racine vivace, de laquelle sortent plusieurs tiges suc- culentes , hautes de trois pieds, cou- vertes d’une écorce de couleur pour- pre , et garnies de feuilles oblon- gues, unies , de la même forme que celles de Saule, et d’un vert foncé. Les extrémités de ses tiges se divi- sent, et dans chaque bifurcation est placte une ombelle de fleurs d'un jaune verdatre , qui sont rem- placces par des capsules rondes et à trois cellules, dont chacune ren- ferme une simple semence : cette espece fleurit en Juin, et ses graines 230 ELU: p mürissent en Août; on peut la mul- tiplier en divisant ses racines, ou en semant ses graines en automne : cette plante est dure, et résiste au plus grand froid de nos hivers, quand elle est placée dans un sol sec. Characias. La vingt-quatrieme se trouve en Sicile et sur les rivages de la méditerranée ; elle s’éleve à la hauteur de cinq ou six pieds, avec plusieurs tiges d’arbrisseau, couvertes d'une écorce rouge, et garnies de feuilles oblongues, unies, émoussées et alternes ; ses fleurs naissent en petites ombelles , entre les divisions des branches ; elles sont jaunes, et produisent des capsules rondes , rudes et à trois cellules, comme celles de la précédente : on Ja multiplie facilement par boutures pendant tous les mois de l'été; mais elle a besoin d’être mise à l'abri des gelées. Hiberna. La vingt-cinquieme , qui naît spontanément en Irlande, dou ses racines ont été portées en Angleterre , a des racines épaisses et fibreuses, qui poussent plusieurs ti- ges simples et sans branches, d’un pied environ de hauteur, et gar- nies de feuilles oblongues et alter- nes sur chaque côté : ses fleurs sor- tent en petites ombelles aux extré- mités des tiges, elles sont jaunes, ct produisent des capsules rudes, bro- dees et à trois cellules : cette plante Beuric en Juin, et ses semences mu- E U P rissent en Août; on la multiplie par ses racines , qui doivent être plan- tées à l'ombre dans un sol humide. Celle-ci a été autrefois presque la seule dont les Irlandois faisoient usage en médecine ; mais depuis qu'ils ont appris à se servir du mer- cure, ils l'ont absolument aban- donnée. Apios. La vingt-sixieme naît spon- tanément dans le Levant; elle a une racine notieuse et en forme de poire, de laquelle sortent deux ou trois tiges qui s'élevent à la hau- teur d'environ un pied et demi, et sont garnies de feuilles oblongues, velues et alternes; ses fleurs parois sent en petites ombelles dans les di- visions des tiges ; elles sont petites et d’un jaune verdatre; mais elles donnent rarement des semences en Angleterre : on peut multiplier cette espece par les rejettons que sa ra- cine principale produit , en les en- levant en automne, pour les planter à l'ombre, où ils profiteront mieux qu'en plein soleil. Aleppica. La vingt-septieme se trouve dans les environs d’Alep, et dans d’autres parties du Levant; elle a une racine vivace et rempante, par laquelle elle se multiplie forte- ment dans les lieux où elle est une fois Ctablie ; ses tiges s'élevent à la hauteur d’un pied et demi; ses feuil- les basses sont étroites, fermes et garnies de poils hérissés ; mais cel- les qui couvrent Ja partie haute de EU P la tige, sont de la même forme que celles du Myrthe à feuilles étroites: ses fleurs, qui sont de couleur jaune, sortent en larges ombelles aux di- visions de la tige; elles paroissent dans le mois de Juin; mais elles donnent rarement des semences dans notre-climat : il faut resserrer ses racines en la plantant dans des pots, parce qu'elles s'étendent trop loin quand elles sont en pleine terre. Cretica. La vingr-huitieme espece croit naturellement dans plusieurs parties du Levant , ainsi qu’en Es- pagne et en Portugal; ses semences m'ont été apportées d’Alexandrette par le feu Docteur Mallar , qui l'a trouvée en très-grande abondance dans les environs de cet endroit : ce Voyageur m'a assuré avoir vu les habitans de ce pays rompre ces plantes pour en recueillir le suc lai- teux qu'ils méloient avec la scam- monée qu'ils préparent : les semen- ces de cette espece ont été depuis envoyées du Portugal par Robert More , Eeuyer; mais on la cultivoit déjà depuis plusieurs années dans les jardins Anglois : elle s¢leve à la hauteur d'environ trois pieds, avec une tige d'arbrisseau , teinte de cou- leur pourpre, et garnie de feuilles étroites, en forme de lance, ve- lues, sessiles et alternes ; le sommet de cette tige est terminé par des ombelles de fleurs, qui forment une espece d’épi; les grandes ombelles sont divisces en plusieurs parties , E UP 231 et les petites n'ont que deux feuilles. Les enveloppes des fleurs sont jau- nes et les pétales blancs ; elles pa- roissent dans le mois de Mai, et produisent des semences qui müris- sent en Juillet : les jeunes plantes de cette espece , qui ont été depuis peu élevées de semences, sont généra- lement ‘très - fructucuses; mais les vieilles, et celles qui proviennent de boutures, sont stériles : on peut la multiplier par semences ou par boutures, et elle réussit en plein air, si elle est plantée dans un sol rem- pli de décombres secs et à une exposition chaude, sans quoi elle est souvent détruite par les fortes gelées. Sylvatica. La vingt-neuvieme, qu'on rencontre dans la France mé- ridionale , en Espagne et en Italie, est une plante bis - annuelle , dont la racine produit deux ou trois tiges , hautes de deux outrois pieds, et garnies de feuilles en forme de lance, et entieres ; ses ombelles de fleurs sortent des divisions des bran- ches ; leurs enveloppes sont en forme de cœur, et environnent les pédicules de leurs bases; ses fleurs sont jaunes et paroissent en Juin. Leurs semences murissent en Août; et si on leur permet de se répandre delles-mémes , elles produiront des plantes qui n’exigeront aucun autre soin que d’être tenues nettes de mau- vaises herbes et mises à l'abri du soleil. 23 E U P Heterophylla. La trentieme, dont le Docteur Houstoun n'a envoyé les semences de la Véra-Cruz, est une plante annuelle, qui séleve à la hauteur de deux ou trois pieds ; ses feuilles sont quelquefois étroites ct entieres, et d’autres fois ovales ct divisées au milieu presque jusqu'a la côte, en forme de violon; elles varient aussi dans leur couleur; les unes tirent sur le pourpre , et d’au- tres sont d’un vert clair; elles sont sci¢es sur leurs bords, et portées sur de courts pétioles : ses fleurs sortent en petites ombelles aux extrémités des branches; elles sont d’un blanc verdatre , et produisent de petites capsules rondes et à trois cellules. Hyperici-folia. La trente-unieme se trouve dans la plupart des Isles de l'Amérique, et s’éleve a la hau- teur d’environ deux pieds , avec une tige branchue et garnie de feuilles oblongues, ovales , unies et scices sur leurs bords : ses fleurs croissent en petites ombelles aux petioles des feuilles, et recucillies en paquets serrés; elles sont blanches, et sont remplacées par de petites capsules rondes, qui renferment trois se- mences. Ocymoides. La trente-deuxieme , dont les graines m'ont encore été en- voyées de la Véra-Cruz , par le Doc- teur Houstoun, est une plante an- nuelle , qui scleve, avec une tige droite, à la hauteur d’enviren un pied, et se divise en un grand nom- E UP bre de branches fort étendues, et garnies de feuilles rondes, en forme de cœur, entieres, et placées sur de longs pétioles; ses fleurs , qui sont petites et de couleur herbacée, sont remplacées par des capsules rondes et petites, qui renferment trois se- mences. Les trois dernieres especes sont annuelles ; on les seme au prin- tems, sur une couche chaude, et quand les plantes sont bonnes à être enlevées, on les met chacune séparément dans de petits pots rem- plis de terre légere, qu'on replonge dans la couche chaude; on les traite ensuite comme les autres plantes de- licates qui viennent des mêmes contrées. EUPHORBE , ou TITHYMALE, Voyez EUPHORBIA. EUPHRASIA. Eufraise. C'est une plante médicinale qui croit naturellement dans les campa- gnes et dans les pâturages de la plus grande partie de l'Angleterre, et toujours parmi les herbes, les bruyeres, les genéts épineux, &c. Comme elle ne réussiroit pas si elle étoit cultivée à découvert, et que ses semences ne germeroient pas dans un jardin, il seroit inutile d'en donner une plus ample description ; j'observerai seulement qu'on la vend sur E UP sur les marchés, pour les usages de la médecine (1 ). EXCORTICATION , d’Excoria- cio, opération par laquelle on enleve (1) Quelques Auteurs recommandent cette plante comme un remede très-éficace pour rétablir la vue; mais ces effets ne répondent point à sa réputation: si on juge à propos de l'employer, on peut E UP 133 l'écorce extérieure des arbres, ou la premiere peau des racines. EXOTIQUES, d’Exoricus. Les plantes cxotiques sont celles qui sont SE Wg originaires des, pays Ctrangers, la donner en poudte, depuis un gros jusqu'à trois dans un verre d'eau de fe- nouil ; mais on doit en continuer l'usage pendant quelques mois. Tome III. LE 234 FAB Bar Tourn. Inst. R. H. 391% Feéves de jardins er Féves de marais, ou Féverolles. Vicia Faba , caule erecto , pe- tiolis absque cirrhis. Lin. Hort. Cliff. 369. Hort. Ups. 218. Mat. Med. 353. Roy. Lugd.-B. 366. Dalib. Paris. 220. Faba. Bauh. Pin. 338. Blackw. LEO: Bona sive Phaseolus. Dod. Pempt. eer Bona Fava minor sive equina. Bauh. Pin. 338, Féverolles, ou Féves de cheval. | Caracteres. La fleur a un calice tubulé et fermé par une feuille dé- coupée sur les bords en cinq seg- mens , dont les trois inférieurs sont longs, et les deux supérieurs fort courts ; elle est papilionnacée ; son étendard est large, ovale et den- telé au bord, et les deux côtés se tournent en arriere après quelque tems ; les deux ailes, oblongues et érigées , enveloppent la carène, qui est beaucoup plus longue et gon- fée, et sous laquelle se trouvent les parties de la génération, réu- “nies en une colonne presque jus- qu'au sommet, où elles sont divi- sces ; neuf de ses étamines sont join- tes en trois parties, et la dixieme est séparée ; elles sont toutes termi- nées par des sommets ronds et in- Fe F AB clinés : dans le fond de cette fleur est placé un germe cblong et com- primé , qui soutient un style court et terminé par un stigmat obtus : ce germe se change dans la suite en un Iégume long, applati, flexi- ble comme du cuir, et a une cel- lule remplie de semences compri- mées et en forme de rein. Tournefort a rangé ce genre dans la seconde section de sa dixieme classe, qui renferme les plantes à fleurs papilionnacées, dont le pointal se change en un légume long , et à une cellule; et LINNEE l’a placé dans la troisieme section de la dix- septieme classe ,- dans laquelle se trouvent comprises celles dont les fleurs ont dix ¢tamines jointes en deux corps; il l’a réuni en même tems au Vicia, en n’admettant en- tre ces deux genres qu'une seule différence spécifique : cependant comme la Féve a un légume com- primé et flexible comme des cuirs, et des semences, en forme de rein, et que les Vesces ont des légumes gonfiés avec des semences rondes , ces deux plantes doivent être sépa- rées. La Féve de jardin offre plu- sicurs variétés qui sont connues et distinguées par les Jardiniers, quoi- qu'elles ne different pas essenticlle- ment les unes des autres : je ne les décrirai point comme des especes FA B distinctes , et ne les joindrai point aux Féves de marais, comme l'ont fait quelques Botanistes, qui ont pensé qu'elles ne faisoient qu'une seule et même espece ; parce qu’a- prés les‘avoir cultivées pendant près de quarante ans, je n'ai jamais re- marqué que les Féves de jardin aient dégénéré en Féves de marais, et que celles de marais aient paru sc rapprocher de celles de jardin, ce qui m/autorise a les regarder comme des especes parfaitement distinctes. On cultive en Angleterre un grand nombre de varictés de Fèves de jardin, qui different entr’elles par leur grosseur et leur forme ; quelques-unes produisent leurs I¢- gumes beaucoup plustôt que les autres , ce qui les fait préférer par ‘les Jardiniers, parce qu'en général les récoltes printanieres leur don- nent un bénéfice plus considérable ; c'est aussi ce qui les engage à appor- ter tout le soin possible pour amélio- rer celles qui sont d'un meilleur débit sur les marchés. Comme plu- sieurs especes de semences sont su- jettes à dégénérer quand elles ont ct long-tems cultivées dansla même terre, on doit s'en procurer. tous les ans de nouvelles, soit des pays étrangers , soit de quelqu’endroit un peu éloigné, dont le sol soit d’une nature différente; c’est le seul moyen de conserver plusieurs va- rictés dans leur perfection. EAB 235 Je commencerai par la Féve de jardin , appelée par les Botanistes, Faba major, pour la distinguer de celle de cheval, qu'ils ont nom- mée, Faba minor , seu equina , et je ne leur donnerai que les noms sous lesquels elles sont connues des Jardiniers, en les plaçant suivant l'ordre du tems où elles mürissent. La Féve Mazagane est la premiere et la meilleure de toutes les especes de Féves printanieres que nous con- noissons ; on l'apporte des Etablis- semens Portugais , sur la côte d’Afri- que, près du détroit de Gibraltar ; ses semences sont plus petites que celles des Féves de chevaux; mais comme les Jardiniers Portugais ne sont pas fort soigneux , il s’en trouve ordinairement un grand nombre de mauvaises dans la quantité qu'ils en- voient : lorsqu'on seme cette espece en Octobre, dans des endroits abri- tés par des haies , des palissades ou des murailles, et qu'on a soin de donner de la terre aux plantes les plus avancées , elles sont bonnes à être mangcées vers le milieu du mois de Mai: comme les tiges de cette espece sont fort minces, il est né- cessaire de les soutenir avec des ficelles fixées contre la haie ou la palissade , ce qui les garantira en- core des gelées du matin, qui sont quelquefois assez fortes au prin- tems, et qui retardent leur accrois- sement. Ces Féves se multiplient prodigieusement ; mais comme elles Goya 236 FAB mürissent toutes ensemble de trés- bonne heure, on ne peut jamats faire plus d'une récolte sur les mê- mes plantes : en conservant les se- mences de cette espece deux an- nées en Angleterre , les Féves de- viennent beaucoup plus grosses, et ne müûrissent pas aussi-tot; c'est ce qu'on nomme abatardissement (1). La suivante est la Féve printa- nicre de Portugal, qui paroit être lespece Mazagane conservée en Por- tugal, car elle ressemble fort à celle qu'on garde un an en Angle- terre; c'est celle dont les Jardiniers font le plus d'usage pour leur pre- micre récolte, mais elle n'a pas un goût aussi agréable que la Maza- gane ; ainsi cette dernicre doit tou- jours être préférée quand on peut s'en procurer. Celles qui viennent après sont les petites Féves d’Espagne, qui sont meilleures que les précédentes, et qui doivent par conséquent être préférées. La large Féve d’Espagne est un peu plus tardive, mais elle précede cependant les especes communes ; D pme ES {1} On fait entrer la farine de Fèves de Marais dans les cataplasmes qu'on sppli- que sur les tumeurs , pour les faire ré- soudre ou suppurer, On s’en est quelquefois servi encore en forme de bouillie, pour arrêter les cours de ventre, F AB comme elle produit beaucoup, on la multiplie abondamment. La Féve de Sandwich vient bien- tôt aprés celle d’Espagne ; elle est presque aussi large que la Féve de Windsor ; comme elle est plus dure ,. on la seme ordinairement un mois plutôt; elle produit en abondance, mais elle n'est pas aussi délicate, La Féve de Toker mürit a-peu- près dans le même tems que celle deSandwich; elie produit beaucoup , et on la plante en grande quantité, quoiquelle soit une grosse Feve. Celles à fleurs blanches et noires. sont fort estimées ;'les Féves de la précédente espece sont presqu’ausst vertes que les pois, quand elles sont bouillies, et sont assez douces ; ce qui les rend plus recommandables. Ces especes sont fort sujettes à dé: générer, si leurs semences ne sont pas conservées avec grand soin. La Féve de Windsor est regardée: comme la meilleure de toutes pour la table: quand elle est plantée dans. un bon sol, et qu'elle a assez de place , elle produit beaucoup et de- vient très-grosse ; si on la mange jeune, elle est plus douce et de meilleur goût que les autres espe- ces: mais il faut la conserver avec soin, en arrachant les plantes que ne sont pas parfaites , et choisir en- suite les plus belles pour semences. On ne plante gueres cette espece: avant Noël, parce qu'elle ne résiste pas à la gelée aussi bien que plu FAB sieurs autres ; mais la grande ré- coke s’en fait en Juin et en Juillet. On cultive généralement les Féves printanieres sur des plates-bandes chaudes , contre des murailles, des palissades ou des haies, et Pen ob- serve que celles qui sont les plus voisines de cet abri mürissent les premieres. Je ne puis m'empécher de blâmer ici une très-mauvaise mé- thode qu'on pratique géncralement dans les potagers des Gentilshom- mes; elle consiste à planter des Fe- ves contre les murailles les mieux exposées, au- devant des arbres frui- tiers , auxquels elles nuisent plus qu'elles ne peuvent rapporter : on feroit beaucoup mieux d'élever quel- ques haies basses de roseaux au mi- lieu des carreaux du jardin pota- ger, pour servir d’abri aux Féves et aux Pois printaniers ; on pourra alors les couvrir plus aisément pen- dant les fortes gelées , et fixer leurs branches à mesure qu'elles croissent, que si elles étoient placées conire une muraille, où elles endomma- geroient considérablement les ar- bres , en les ombrageant et en les privant de leur nourriture. Les Féves qui ontétéplantées dans le commencement du mois d'Oc- tobre, pousseront dans les premiers jours de Novembre; quand elles au- ront atteint la hauteur d’un pouce , on amoncellera la terre autour de leurs racines avec une houe, et on réitérera cette opération deux où FAB 237 trois fois, À mesure qu’elles feront des progrès, pour fortifier leurs ti- ges et les garantir de la gelée; si l'hiver est fort rigoureux, il sera pru- dent de les couvrir avec une litiere légere qu'on dtera toujours dans les tems doux, pour qu'elles ne filent point; on peut aussi préserver leurs racines de la gelée, en couvrant la terre des plates-bandes avec du VIEUX tait. Au printems , lorsque Îes Féves ont acquis un pied de haureur, on les attache aussi pres de la haie qu'il est possible, pour empécher que les gelces qui se font sentir encore assez fortement dans les mois de Mars et d'Avril ne les fassent périr, ou ne Tes couchent sur la terre. Les rejettons qui poussent des racines en cette saison, doivent être bien con- servés, parce que ces gclées retar- dent l'accroissement des plantes, et les empêchent de produire de bonne heure. Lorsque les fleurs commen- cent à s'ouvrir vers le bas des ti- ges, on en retranche les sommets en les pinçant, pour faire avancer es premiers légumes : en observant ces regles , et en tenant la terre nette de mauvaises herbes, on sera presque toujours assuré de la réussite. Mais dans la erainte que cette premiére récolte ne soit detruice par la geke, il est absolument né- cessaire de planter de nouvelles Fé- ves environ trois semames apres les premieres, et de répéter cette ope 238 FAB ration chaques trois semaines ou chaque mois , jusqu'en Février : on peut en placer quelques-unes vers le mois de Novembre ou au com- mencement de Décembre, sur des élévations ou pentes, à une petite distance des haies; celles-ci ne pa- roîtront point avant Noël, et ne seront pas aussi exposces que celles de la premiere et de la seconde planration , qui auront alors une hauteur assez considérable, sur-tout si l'on a soin de couvrir les dernicres avec du tan, pour empècher la ge- Ke d'y pénétrer: ce qui a ete dit en premicr lieu suffira pour le trai- tement de celles-ci, en observant seulement que les plus grosses Féves doivent être séparées par de plus grands intervalles que les pertes, et que les premieres plant¢es ont be- soin d’être placces plus prés les unes des autres, en cas que quelques- unes viennent à manquer : ainsi dans un rang simple, on les plante à deux pouces de distance , et celles des troisieme et quatrieme planta- tions , à trois pouces : celles qu’on a placéessur des élévations, doivent étre éloignées d’un pied et demi, ct celles de Windsor, d'un pied entre les rangs, et de cing ou six pouces entr'elles. On trouvera peut- être que ces distances sont trop con- sidérables ; mais plusieurs années d'expérience mont prouvé que la néme piece de terre, plantée sui- vantces dimensions, produira beau- F A B coup plus de Féves ‘que si elles étoient rapprochées au double. Le soin principal qu’exigent ces légu- mes, est de les débarrasser cons- tamment de toutes les herbes inu- tiles qui les privercient de leur nour- riture , de continuer toujours à tirer la terre autour des tiges, et de pincer leurs sommets lorsqu'elles sont en fleurs; parce qu'ils attire ; roient toute la sève, et qu'ils em- pécheroient. les Iégumes de se for- mer au bas de la plante. Il faut aussi avoir attention de choisir pour les dernicres récoltes une terre humide et forte , car elles seroient médio- cres dans une terre seche et Isere. Ces dernieres plantations doivent être faites à quinze jours d’inter- valle, depuis le milieu de Février jusqu'au milicu du mois de Mai ; mais après ce tems il n'en faut plus planter, à moins que la terre ne soit très-forte et humide, car dans un sol sec et léger, les Fèves des dernieres récoltes sont ordinaire- mentattaquées par des insectes noirs qui couvrent toutes les parties bau- tes des tiges, ct les font bientôt périr. Les Féves destinées à {servir de semences , doivent être plantées à part, en rang, et en quantité pro- portionnée au besoin qu'on en a: elles exigentle même traitement que les autres; maisil faut avoir attention de conserver toujours pour, semen- ces les premicres qui mürissent , FAB car les dernieres ne sont jamais ni aussi grosses ni aussi belles; de sorte que si on destinoit la derniere ré- colte à être vendue, elle ne rap- porteroit pas autant que les pre- mieres , et ce qu'on gagneroit sur les autres scroit perdu sur celle de se- mences. Ceux qui désirent conser- ver les différentes variétés dans toute leur perfection, ne doivent jamais laisser croître trop près les unes des autres deux especes des- tinées à fournir des graines, afin que leurs poussieres séminales ne se mélent point; mais comme elles ; : sont sujettes à varier, pour con- server les especes printanieres dans leur perfection, on doit garder pour semences celles qui muürissent de bonne heure ; ce qui mest pas or- dinairement pratiqué , parce qu’a- lors elles sont plus cheres. Quand les semences sont mûres, il faut arracher les tiges, et les dres- ser contre une haie, pour les faire sécher , en observant de les retour- ner tous les trois jours; après quoi on peut les battre et les nettoyer, en Otant toutes celles qui ne sont pas belles. La méthode de changer de tems en tems les semences de toutes les especes de Féves, et de ne pas les semer trop long-tems dans la méme terre, est trés-bonne ; car sans cela elles ne réussissent pas aussi bien: ainsi quand la terre ou elles doi- vent être plantées est -forte , il sera FAB 239 bon de se procurer des semences d'un sol plus Léger; par ce moyen les récoltes seront plus abondantes et les Féves plus belles, et moins sujettes à dégénérer. Après avoir dit ce qui convient pour la culture des Fèves de jar- dins , je vais donner des instruc- tions pour les Féves de chevaux, qu'on cultive dans les champs. Feves de chevaux; où la Féverolle. On en connoît deux ou trois variétés, qui different dans leur gros- seur et leur couleur : celles qui sont les plus estimées , et qu'on nomme Feves de Tic, Tick Beans, ne crois- sent pas aussi hautes que les autres, mais elles produisent plusabondam- ment , et réussissent mieux sur une terre légere que les Féves de che- vaux communes ; ce qui les fait préférer. Les Féves de chevaux se plaisent dans une terre forte et humide , et à une exposition ouverte, car elles ne profitent jamais bien dans une terre seche et chaude, ni dans de petits enclos, où elles sont sou- vent attaquées de la nielle, et par les insectes noirs , que les Fermiers appellent Dauphins noirs, qui, pres- que toujours, sont en si grande quantité, qu'ils couvrent la totalité des tiges, et sur- tout les parties hautes. Toutes les fois que cet ac- cident arrive, les Féves sont rare- ment bonnes; au lieu que dans les champs ouverts, et ou le sol est 240 F A B ; fort, elles sont à l'abri de ce fléau. On seme ordinairement ces Feves sur une terre nouvellement labou- rée, parce qu’elles ont la propriété -de Pameublir et de détruire les mau- vaises herbes; en sorte qu'après une récolte de Féves, le sol est beau- coup plus propre à recevoir du fro- ment, sur-tout si ces légumes ont été semés et traités suivant la nou- velle méthode du labourage, avec une charrue à rigoles, et une houe à cheval, pour nettoyer la terre en- tre les rangs, empècher l’accrois- sement des mauvaises herbes , et ameublir la terre; par ce moyen on se procure une récolte de Féves beaucoup plus abondante, et la terre se trouve mieux préparée pour y semer quelques graines que ce soient. La saison la plus propre pour se- mer ces Féves, est depuis le mi- lieu de Février jusqu'à la fin de Mars , suivant la nature du sol ; le plus fortet le plus humide doit toujours tre ensemencé le dernier : la quantité ordinaire de Fèves pour un âcre de terre, est d'environ trois boisseaux; mais on n’en em- ploie que la moitié par la nouvelle méthode : je commencerai d’abord par l’ancienne, et je donnerai en- suite des instructions nécessaires pour mettre en pratique ce qui est pres- crit par la nouvelle. L'usage ordi- naire est de semer après la char- ruc, dans le fond des sillons, qui FAB ne doivent avoir que cing ou six pouces de profondeur ; pour cet effet on laboure la terre en automne , et on la laisse en rigoles jusqu’a- prés Noël; alors on lui donne un second labour en petits sillons , et on la herse pour la mettre de ni- veau : la terre étant ameublie par ces deux premicres cultures, on la laboure pour la troisieme fois en rigoles peu profondes, dans les- quelles on seme les Féves, On seme ordinairement ces légu- mes trop drû, car les uns les ré- pandent sur les rigoles, et d’autres avant le dernier labour , pour les en- terrer avec la charrue ; ies semences se trouvent par ces deux méthodes trop serrces, de sorte que si elles sont dans une terre riche et forte, les plantes filent presque toujours à une très-grande hauteur , et ne pro- duisent pas autant de légumes que si elles avoient plus de place et étoient d’un crû plus bas; c’est pour- quoi je suis convaincu, par plusieurs essais, que la meilleure méthode est de les mettre en sillons éloignés de plus de deux pieds et demi , ce qui les fait brancher et les oblige à pousser plusieurs tiges, qui produi- sent une plus grande quantité de Féves que si elles étoient plus ser- rées : on épargne ainsi la moitié de la semence , et les Féves mürissent beaucoup plutôt et plus également, parce que l'air et Ja chaleur du so- lil circulent plus librement entre les FAB les rangs que dans la méthode cr- dinaire. Ce qu’on vient de dire ne con- cerne que l’ancienne pratique; mais quand on veut semer les Feves sui- vant la nouvelle méthode , il est nécessaire de donner quatre labours avant de planter, afin que les mottes soient mieux brisées , et que la terre soit plus meuble; après quoi avec une charrue à rigoles, à laquelle on fixe FAB 241 les ont été quelques jours sur la terre, et retournces plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elles soient seches , on en forme des paquets, que l'en dresse pour en dissiper toute lhumidité, et qu'on met ensuite à couvert. Le produit ordinaire d’un acre de terre planté en Féves, est de vingt, vingt-cinq , et quelquefois trente boisseaux. Il faut mettre les bottes de Féves une sautille , on creuse des sillons® en monceaux, pour les faire suer à trois pieds de distance, et on attache le ressort de la sautille de maniere que les Féves se trouvent plantées à trois pouces de distance dans les rigoles ; par ce moyen un boisseau de graines sera plus que suffisant pour planter un âcre en- tier : quand les Féves ont poussé, on laboure la terre entre les rangs, avec une houe à cheval, pour dé- truire les mauvaises herbes ; ct lors- que les plantes ont trois ou quatre pouces de hauteur , on nettoie en- core une fois la terre entre les rangs, et onen garnit les tiges; cinq ou six semaines après on recommence cette opération pour la troisieme fois; alors la terre sera nette, et les plantes jetteront une grande quan- tite de branches, qui donneront une récolte plus abondante que par la méthode ordinaire. Quand les Féves sont mires, on les arrache avec un crochet, comme on le pratique ordinaire- ment pour les Pois ; et après qu’el- Tome III, avant de les battre ; car leur chau- me étant fort gros et succulent, il est sujet à devenir humide ; mais cette humidité ne peut jamais en- dommager les Féves quand elles ont été d’abord bien sechées avant d'être mises à couvert, parce qu’a- lors les cosses les préservent de tout accident : elles seront plus aisées à battre lorsqu'elles auront sué en monceaux ; cette humidité étant nue fois desséchée, elles demeureront toujours seches par la suite. Par la nouvelle méthode, le pro- duit a surpassé celui de l’ancienne de plus de dix boisseaux par Acre : si l'on examinoit les plantes culti- vées suivant l’ancien usage , on trou- veroit plus de la moitié de leurs tiges sans légumes, parce qu'ayant été semées trop serrées, elles ont filé, et se sont affoiblies de façon que les sommets seuls ont produit quelques graines, pendant que le bas des tiges est resté nud; par la nouvelle méthode , au contraire , les Hh i) A2 FA B plantes produisent des Féves dans presque route leur longueur ; et comme leurs nœuds sont plus rap- prochés , les {gumes croissent aussi plus près les uns des autres. En 1745 j'ai fait l'expérience suivante, en plantant une piece de terre de onze acres en Féves , dans le Comté de Perk. | L'Homme d’affaires d'un Gentil- homme , entété de ses anciens usa- ges, avoit persuadé à son maitre, & qu'il servoit depuis long-tèms, de n'en pointchanger; cependant j'ob- tins que la moitié d'une piece de terre, qui lui appartenoit, seroit plantée suivant l’ancien usage, en lui laissant le choix de sa moitié, et gue l’autre me seroit abandonnée pour y mettre en pratique les nou- velles méthodes du labourage ; l'été ayant té humide , les plantes de sa partie devinrent hautes et fortes, mais ne produisirent des legumes qu'aux extrémités de leurs tiges; et quand clles furent battues, on n'en recueillit que vingt-deux bois- sceaux par äcre , au lieu que l'autre moiti¢ fut du rapport de quarante boisseaux, sur une même tendue de terre. FABA ÆGIPTIACA. ARUM ÆGYPTIACUM, ou ARUM CO- LOCASIA. ; FABA CRASSA. SEDUM ANA- CAMPSEROS. FAG FABAGO. /.. ZYGOPHYLLUM FABAGO. L. FAGARA. Brown. Hist. Jam. t. sf 1a) Bois de’ fer. Caracteres. Les plantes de ce genre ont des fleurs males et her- maphrodites sur differents pieds ; les mâles, qui sont stériles , ont de petits calices légerement cécoupés en quatre segmens; elles n'ont point de pétales, mais seulement six éta- mines terminées par des sommets ronds : les fleurs femelles ont des calices persistans, plus gros, et formés par une feuille concave , quatre pétales entièrement ouverts, quatre étamines couronnces de som- mets ovales et un germe oval, qui soutient un style mince et surmonté par un stigmat obtus; ce germe devient ensuite une capsule globu- laire à deux lobes , qui renferment deux semences. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la qua- trieme classe de LINNÉE, qui a pour titre, Térandrie monogynie ; mais elles devroient être placées dans la sixieme section de sa vingt- troisieme classe, parce que leurs fleurs males et hermaphrodites sont portées par des pieds différents, et: quelles ont six Ctamines; ila été entrainé dans cette erreur par Jac- quin, qui n'a vu et décrit que les ficurs hermaphrodites. ; FAG Les especes sont : 1°. Fagara pterota , foliolis emar- ginatis. Amen. Acdd, 5.4 pe 3953. Mat. Med. p. 525 Fagara dont les lobes sont échancrés au sommet. Lauro affinis , Jasmini alato folio, costa media membranulis utrinque ex- tantibus alata, ligno duritie ferro vix cedens. Sloan. Hist. Jam. 137- Hist. 12. ps2 25.0 2. W620 f2 , Vy Bois de fer. Schinus foliis pinnatis , foliolis oblongis, petiolo marginato , articu- lato, inermi. Lin. Mat. Med. 533- SPIP Ts) 2989 Laie. "3. Prerota sub-spinosa, foliis mino- ribus per pinnas marginato - alatas dispositis, spicis geminatis alaribus. Brow. Jam. 146. t. §. f. I. 2°. Fagara Tragodes , articulis pinnarum subtès aculeatis. Jacq. Amer. 21.2. 143 Fagara dont les feuilles et les nœuds sont armés d’épines. Squinus tragodes. Lin. Sp. Plant. I. p. 369. Edit, 3. Squinoides petiolis subtus aculea- tis. Hort. Cliff. 489. Rhus obsoniorum similis , lepto- phyllos Tragodes , Americana, spinosa, rachi medio appendiculis aucto Pluk. Alm. 319. t. 107. f. 4. Prerota. La premiere espece croît naturellement dans les parties les plus chaudes de l Amérique ; le Docteur Houstoun l'a trouvée a Campéche , d’où il n'en a envoyé quelques échantillons en fleurs , mais desséchés, qui m'ont convaincu : FAG 243 quil y a dans cette espece des ar- bres à flcurs males stériles : elle s'éleve , avec une tige ligneuse, a la hauteur de vingt pieds , et pousse, dans la plus grande partie de sa longueur , des branches garnies de petites feuilles ailées, qui ont cha- cune quatre ou cing lobes : ses fleurs sortent des côtés des branches qua- tre ou cinq ensemble, sur de courts pétioles. Tragodes. J'ai placé ici la seconde espece, d'après LINNÉE , quoique je ne sois pas assuré qu'elle doive ~ y &tre unie, parce que ses plantes, qu'on voit dans les jardins de Chelséa, quoiqu’assez fortes, n’ont point encore fleuri ; elle paroit ce- pendant s'accorder avec la premiere Ré par son apparence extéricure. Ces deux especes sont tendres, et doivent être tenues constamment dans la couche de tan de la serre chaude ; on les multiplie par se- mences et par boutures. FAGONIA. Tourn. Inst. R. H. 26$.4. 141. Lin. Gen. Plant. 47 S- Cette plante a été ainsi nommée par le Docteur Tournefort, en l’hon- neur du Docteur Fagon, Sur-In- tendant du Jardin Royal à Paris. La Fagon. : Caracteres. La fleur -a un calice étendu et composé de cinq petites feuilles, une corolle à cinq péta- les en forme de cœur , entièrement ouverts, ct ctroits à leur bâse Tos : 1.1 . où ils sont insérés dans le calice, Hh 2 244 FAG et dix éramines érigées et termi- nées par des sommets ronds, dont le centre est occupé par un germe à cinq angles, qui soutient un style en forme d'alène, surmonté d’un stigmat simple ; ce germe se change dans la suite en une capsule ronde, à cinq lobes, terminée en une pointe, et à cinq cellules, dont chacune contientune semence ronde. LINNEE range ce genre dans la premiere section de sa dixieme classe, qui comprend les plantes dont les fleurs ont dix cramines et un style. Les especes sont : 1°. Fagonia Cretica spinosa , fo- liolis lanceolatis, planis, levibus: Hort. Upsal. 103. Kniph. Cent. S.A s La Fagon ¢pineuse , dont les feuilles sont unies, en forme de lance, et planes. Fagonia Cretica spinosa, Tourn. ; Trefle épineux de Candie. Trifolium spinosumCreticum. Bauh. Pin. 330. Prodr. 142. Clus. Hist. 2. p. 24. 2. 2°. Fagonia Hispanica , inermis. Lin. Sp. Plant. 553. Edit. 3; La Fagon sans épines. Fogonia Hispanica , non spinosa, Tourn. Inst. 265 ; Fagon d'Espagne ae sans Cpines. 3°. Fagonia Arabica , spinosa , foliolis linearibus convexis. Lin. Sp. Plant. 553. Edit. 33 Fagon épi- neuse, à fouilles étroites et con- vexes. Fagonia Arabica , longissimis acu- FAG leis armata. Shaw. Pl. Afr. 2293 Fagon d’Arabic , armé de trés- longues épines. Cretica. La premiere espece, qui se trouve dans l'Isle de Candie, a été décrite par quelques Botanistes sous le titre de Trifolium spinosum Creticum , ce qui m'a engagé à lui donner le nom de Treffle épineux de Crète, quoique ces plantes n'aient d'autres rapports que d’avoir trois feuilles ou lobes sur le même pé- tiole. Cette plante est basse, et étend ses branches tout près de la terre; elles sont longues d'environ un pied , et garnies de petites feuilles à trois lobes, ovales et opposées; de chacun de leurs nœuds, immeé- diatement au-dessous des feuilles , sortent deux paires d’épines , pla- cées sur chaque côté de la tige: aux mêmes endroits naît une fleur simple et bleue, portée par un court pédoncule , et composée de cinq pctales en forme de lance, étroits à leur base et insérés dans le calice : lorsque ces pétales sont tombés, le germe se change en une capsule ronde, à cinq lobes, terminés en pointes aiguës, et à cinq cellules, dont chacune ren- ferme une semence ronde : cette plante fleurit en Juilletet en Août, mais ses scmences ne murissent en Angleterre que dans les annces fort chaudes. Hispanica. La seconde est ori- F A G ginaire d’Espagne ; elle differe de la premiere en ce quelle estunie, et que ses branches n’ont point d'é- pines; elle subsiste d’ailleurs pen- dant deux ans, au lieu que la pre- cédente est annuelle. Arabica. La troisieme , qui a été découverte en Arabie, par le feu Docteur Shaw, est une piante basse, a tige d'arbrisseau , de laquelle sor- tent plusieurs branches foibles et ar- mées de longues épines ; ses feuil- les sont épaisses, étroites et con- vexes en-dessous , et ses fleurs nais- sent de la même maniere que celles de la premiere. Ces plantes se multiplient par leurs graines, qu'il faut semer sur une plate-bande de terre fraîche et légere , où elles doivent rester, parce qu'elles ne souffrent pas vo- lontiers la transplantation ; quand elles poussent, on les éclaircit à la distance de dix pouces ou d’un pied, et on les tient nettes de mau- vaises herbes. C’est toute la culture qu'elles exigent. La premiere espece est annuelle, et perfectionne rarement ses se- mences en Angleterre, à moins . que la saison ne soit très-favorable ; c'est pourquoi la meilleure méthode est de répandre ses graines sur une plate-bande chaude , en automne, et de les tenir à l'abri des gelées avec des nattes, ou quelqu'autre couverture; on peut également les semer dans des pots , les placer sous un châssis en hiver , les enlever hors des pots au printems sui- vant , et les planter dans une plate-bande chaude, où elles fleu- riront de bonne heure , et pourront produire des semences mures: on peut traiter de même les deux au- tres especes; comme elles ne fleu- rissent que dans la seconde année, il faut les tenir dans des pots qu’on couvre d'un chassis en hiver: on les placera dans un lieu chaud , où elles puissent être mises à couvert avec des nattes , pour les préser- ver de la gelée : la seconde espece fleurira dans le second été, et pro- duira des semences müres ; mais la troisieme n’a point encore perfec- tionné ses graines en Angleterre. FAGUS. Tourn. Inst. R. H. 584. tab. 351. Lin. Gen. Plant. 1416. Edit. 3 ,(ainsi appelée de géyo, gr. parce que cet arbre est sup- posé avoir été la nourriture de la premiere race du genre humain }. Hêtre. Fau, ox Fayard. Le même arbre porte des fleurs mâles et des fleurs femelles; les males sont recueillics en têtes glo- bulaires ; elles n'ont point de pé- tales , mais seulement plusieurs éta- * mines renfermécs dans un: calice formé par une feuille , et terminées par des sommets oblongs ; les fleurs femelles, qui sont également sans 246 BAG pétales , ont’ un calice divisé en quatre partics ; leur germe est fixé au calice et; sout'ent trois styles stigmats réfié- chis ; ce germe deviont, quand la tleur est passée, ude capsule ronde, armée d’¢pines mâles , qui s'ouvre en trois cellules, dont chacune renferme une noix triangulaire, Ce genre de plantes est rangé dans la huitieme section de la vinge- unieme classe de LINNEE, qui com- prend celles qui ont des fleurs mä- les et femelles sur le même pied, et dont les fleurs males ont plu- sieurs étamines; le même Auteur a joint à ce genre celui du Chitai- gnier ; mais comme les Acurs males de ce dernier sont recueillies dans e longs chatons, et que celles du Hètre sont globulaires et produisent un fruit triangulaire, ils doivent être séparés. Nous n'avons qu'une espece de ce genre , qui est le Fagus sylvatica, foliis ovatis ob- soletè serratis. Hort. Cliff. 447. Fl. Szec. 785. 871. Roy. Lugd.-B. 79: Mat, Med. 428. Dalib. Paris. 294. Weck. Gallob, p. 391: Fagus. Dod, Pempt. 832. Bauh. Pin. 419. Cam. Epit. 12 ; Hetrea * fouilles ovales et sci¢es à dents usces. Fagus foliis ovato - lanceolatis , ovis undularis, Hall. Hely. n. 1622. Castanea Fagus, Scop. Carn. Ed. a 1188, couronnés par de F AG Quelques Jardiniers sont dans l'opinion qu'il y a deux especes de Hètre , l'une qu'ils appellent Hètre de montagne, qu'ils disent être d'un bois plus blanc que l'autre, et qu'ils distinguent sous le titre de Héire sauvage ; mais il est certain que cette différence dans la couleur du bois, n'est occasionnée que par la diversité des sols où ils croissent, et que du reste ils s'accordent par- faitement par leurs caracteres spé- cifiques. On nous a apporté de l'Amérique septentrionale des grai- nes de Hêtre, sous le nom de Hètre à larges fouilles ; mais les plantes qu'elles ont produites se sont trouvées exactement les mémes que celles de Pespece commune : cet ar- bre ne produit aucune autre variété que celles à feuilles panachées, qui n'est qu'accidentelle , puisqu'elles reprennent leur teinte unic lors- que les plantes sont en pleine vi- gueur. ; On multiplie facilement cet ar- bre en semant ses fruits depuis le mois d'Octobre jusqu'en Février ; mais la meilleure méthode est de les mettre en terreaussi: tôt qu'ils sont murs, en les abritant, autant qu'il est possible , des insectes destructeurs. Une petite piece de terre suftira pour clever un grand nombre d'arbres par semences ; mais il faut avoir grande attention. de les tenir net- tes de mauvaises herbes ; et si les FAG plantés poussent fort serrées, on né doit pas manquer d’arracher les plus j forts dès l'automne suivant, afin de donner aux autres assez de place pour se développer.: si l'on cultive avec soin une couche de semences, elle produira au bout de trois an- nées de tres-beaux sujets, qu'on pourra fmettré alors en pépiniere, en laissant entr’eux dix-huit pouces de distance, s'ils sont destines à donner du bois de charpente ; et trois pieds entre chaque rang. Si l'on destine ces arbres à être mis en haies, pour lesqrelles ils sont très-propres , il suffira de leur don- ner un pied d'intervalle entr'eux , et deux pieds entre chaque rang ; on les laissera deux ou trois ans dans cette pépiniere, on les tiendra constamment nets, et on labourera la terre entre les rangs au moins une fois chaque année, afin que leurs tendres fibres puissent mieux s'étendre à chaque côté; mais en faisant cette opération , on doit évi- ter de froisser ou de couper leurs racines, parce que la moindre bles- sure qu'elles reçoivent leur est très- nuisible : on ne doit point non plus labourer la terre en été; car on s'exposeroit à tout perdre en don- nant passage aux rayons du soleil, qui dessécheroient bientôt les raci- nes délicates de ces jeunes plantes. Cet arbre s’éleve a une hzuteur considérable, même dans des sols picrreux et stériles , dinsi que sur 5 5 EG 147 les péntes des collines et sur les montagnes de craie, où il résiste au vent mieux que la plupart des autres arbres. Mais lorsqu'on se propose de le planter dans de pareils terreins, il faut établir des pépinic- res sur un sol semblable ; Car si ces arbres sont élevés dans une bonne terre et à une exposition chaude, ct transplantés ‘enswice cans un lieu froid et stérile , ils auront beaucoup de peine à’iprofiter; ce qui arrive aussi à toutes les autres plantes : c'est pourquoi je conseille de for- mer des pépinicres sur les mêmes sols où la plantation doit être faite; mais je traiterai cette matiere en détail dans article Pépiniere. Cet arbre est propre a former des haies pour entourer des plan- tations ou de grands endroits dé- serts; on peut lui donner une forme reguliere en le taillant deux fois Fannée, sur -tout si ses branches sont fortes; mais sil est négligé seulement pendant une saison ou deux , il sera difficile de le rap- procher et lui rendre sa forme. L’cmbre de cet arbre est fort nui- sible a la plupart des plantes; mais elle est généralement regardée com- me trés-salutaire aux hommes. Le bois du Hétre sert à faire des assiettes, des plats, des baquets, etc. les Menuisiers l'emploient aussi dans la construction des chaises , des lits et des cercucils. Ses fruits, qu'on nomme faines ou fouesnes , 148 F, AR sont trés-propres à nourrir les porcs et les bêtes fauves; on en tire une huile douce et saine , et les pauvres en font du pain dans les années de disette. Le Hètre se plait dans un sol de pierres et de craie, où il fait en peu de tems de très-grands pro- grès; dans ces sortes de terreins son écorce est unie er luisante; et quoi- que son bois ne soit pas aussi es- timé que celui de plusieurs autres especes d'arbres , cependant comme il profite dans des terreins où peu d’autres réussiroient , on ne peut trop encourager cette plantation ; il donne d’ailleurs un ombrage agréable, et son beau feuillage se conserve aussi long-tems que celui d'aucune autre espece d’arbre dont les fouilles tombent: aussi mérite- t-il d’être cultivé parmi ceux de la premiere classe dans les parcs et autres plantations d'agrément , sur-tout si le sol lui est favorable, Les deux variétés à feuilles pa- nachées peuvent être multiplices en les greffant sur des Hètres communs; nais il faut avoir l'attention de ne pas les planter dans une bonne terre, parce qu'elles pousseroient alors trop vigoureusement, et que leurs feuilles deviendroient bientôt unies; ce qui arrive aussi à la plupart des autres plantes panachées, FARINA FGECUNDANS. On nomme ainsi la farine ou poussiere Ey AK Uy que les sommets des ¢tamines de fleurs répandent sur le vasculum seminale des Plantes , pour y fécon- der dans l'ovaire les rudimens des semences, qui, sans cela, péri- roient. Voyez l’Article de la Géne- ration des Plantes. FAINE ou FOUESNE ; fruit du Hetre. Voyez FAGUS. FASEOLE. Voyez FASEOLUS. FAUSSE BRANC-URSINE, ox la BERCE. Voyez; HERACLEUM SPHONDYLIUM. FAUSSE RHUBARBE, ox RUE des Prés. Voyez; THALICTRUM FLA VUM. FAUX ACACIA. Voy. ROBINIA PSEUDO-ACACIA. FAUX ACORUS, oz IRIS jaune, Voyez IRIS PSEUDO-ACORUS. FAUX BAUME DU PÉROU, ou LOTIER ODORANT. Voyez TRIFOLIUM MELILOTUS CÆ- RULEA. FAUX CAPRIER. Voyez ZYGO- PHYLLUM FABAGO, FAUX DICTAME. Voy. MAR- RUBIUM PSEUDO-DICTAMNUS. FAUX F EN FAUX IPECACUANA. Voyez TRIOSTEUM. FAUX PISTACHIER, ou NEZ COUPE. Voyey STAPHILLEA PINNATA. FAUX SCORDIUM, oz SAUGE SAUVAGE. Voyez; TEUCRIUM SCORODONIA. FAUX SENE, oz BAGNAUDIER. Voyez COLUTEA. FAUX TURBITH. Voyez THAPSIA VILLOSA. FAUSSE GUIMAUVE, oz .MAUVE DES INDES. Voyez SIDA. FÉLOUGNE, GRANDE CHÉ- LIDOINE, oz ECLAIRE. Voyez CHELIDONIUM. FENOUIL. Voyez F@NICULUM. FENOUIL MARIN, PERCE- PIERRE, CRISTE-MARINE , BA- CILLE, oz HERBE DE SAINT- PIERRE. Voyez CRITHMUM. FENOUIL SAUVAGE, Voyez SESELI. Poyez FENOUIL ( Fleur de ). NIGELLA, Tome II, FER 249 FENOUIL BRULANT, oz THAPSIE. Voyex THAPSIA. FENU GREC. ¥.TRIGONELLA, FŒNUM GRACUM. FER A CHEVAL. Voyez HIPPOCREPIS. FERRARIA. Burman. Lin. Gen. Plant. Ed. Nov. n. 1104. Jacq. Hort. t. 633 Plante bulbeuse et Liliacée. Caracteres. Ce genre a une fleur à deux gaines en forme de caréne, qui sont placées alternativement et renferment chacune une fleur à six pétales oblongs , pointus , frisés sur leurs bords, roulés , et alterna- tivement plus larges; elle renferme trois étamines placées sur le style, et terminées par des sommets ju- maux et ronds; son germe est rond, à trois angles , et posté sous la fleurs il sourient un style simple, érigé , ct couronné par trois stigmats di- visés en deux parties , couverts d’un chaperon et frisés ; ce germe prend dans la suite la forme d'une capsule oblongue, à trois angles, et trois cellules remplies de semences rondes. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la vingtieme classe de LINNÉE, qui comprend les fleurs pourvues de trois étamines placées sur le style. Les especes sont: 3°. Ferraria undulata , fottis lare Ti FIER Burm, Icon. Ferraria a feuilles en forme de lance. Ferraria. Jacq. Hort. t. 63. Tris stellata, Cyclaminis radice , pullo flore. Barrel. Icon. 1 216; Iris étoilée à racine de Pain de Pour- ceaux, et à fleur de couleur tannée. Narcissus Indicus , flore saturate purpureo. Rud. Elys. 2. p. 49-f. 9. Flos Indicus è violaceo fuscus radice tuberosä. Ferr. Cult. 168. t. ET: 2°. Ferraria ensi-formis ; foliis nervosis , ensi-formibus ; vaginanti- bus ; petalis fimbriatis. Burm. in. Nov. Ad. A.N. CII. 1761.p. 109. t. 30 fi 1.Ferraria 4. feuillessen forme d'épée. Undulata. Ces plantes croissent naturellement au Cap de Bonne- Espérance : les racines de la pre- micre espece m'ont été envoyées par le Docteur Job Baster, de Zirkzée, qui les avoit reçues du Cap; elles refemblent à celles du Cyclamen , et sont couvertes d'une peau brune et luisante ; leur partie haute est creusée en forme de nom- bril, et donne naissance à la tige de fleurs, qui est de Ja grosseur du doigt, élevée d’un pied et demi, et garnie, dans toute sa longueur, de feuilles, dont les bases l’embrassent étroitement. Le sommet de cette tige se di- vise en deux ou trois branches, garnies de feuilles de la même forme que les premieres, mais plus petites; 250 ceolatis. F EIR et chaque branche est terminée par une grosse gaine de la même cou- leur que les feuilles, qui se fane bientôt, et tombe ensuite ; elles sont doubles, et se fendent à leur extrémité pour laisser passer une fleur à fix pétales, dont trois sont plus larges que les autres, qui sont tous singulièrement frangés sur leurs bords, dun blanc verditre en- dehors, et d’un pourpre basanné en- dedans : ces fleurs, dont la durée est courte, ont, dans leur centre, un style, sur les côtés duquel sont fixées trois étamines terminées par des stigmats jumaux; le germe qui est placé sur la fleur, se change dans la suite en une capsule oblongue , unie , et a trois cellules remplies de semences rondes. Ensi-formis, La seconde espece, qui est trés-rare en Angleterre, diffère de la précédente , en ce que ses racines sont plus petites, ses feuilles plus longues, et en forme d'épée, et ses veines plus profondes; sa tige ne se divise pas autant , ses fleurs sont aussi plus petites, et leurs bords moins frangés. On les multiplie Pune et l’autre au moyen des rejettons que leurs racines produisent , comme celles de l/xia, et on les traite comme le Gladiole d'Afrique ; car elles sont trop tendres pour profiter en plein air dans notre climat, ainsi que dans une orangerie : la meilleure méthode pour les faire prospérer , FER est de les planter dans une plate- bande de quatre pieds de largeur, au-devant d’une orangerie ou d'une serre chaude , et de les couvrir d’un chassis, afin qu'elles puissent jouir de l’air dans les tems doux, et être à l'abri des gelées. La plupart des plantes à racines bulbeuses et tube- reuses d'Afrique, peuvent être por- tées à une grande perfection sous de pareils vitrages. Il y a une singularité dans la ra- cine de la premiere espece, c'est qu'elle ne pousse que tous les deux ans, et qu'elle se repose dans les années intermédiaires. FERULA. Lin. Gen. Plant. 355. Tourn. Inst. R. H. 321. Tab. 170. Elle prend son nom de Ferendo. Lat. parce qu'on fait usage de ses tiges pour soutenir les branches des ar- bres; ou de Feriendo, parce qu'an- ciennement on en faisoit des ferules, avec lesquelles les maitres avoient coutume de corriger leurs écoliers. FERULE, Grand Fenouil. Caracteres. Dans ce genre la fleur est à ombelles; la principale est glo- bulaire et composée de plusieurs pe- tites dont la forme est semblable ; l'enveloppe a plusieurs feuilles qui tombent , et l'ombelle principale est uniforme : La corolle est composée de cinq pétales oblongs , érigés et égaux ; elle renferme cinq étamines dégale longueur, et terminées par FER 251 des sommets simples : sous Ia fleur est situé un gerine turbiné qui sou- tient deux styles réfléchis, et cou- ronnés de stygmats obtus : ce germe devient ensuite un fruit elliptique, comprimé, uni, et divisé en deux parties, dont chacune forme une grosse semence également elliptique, unic , et sillonnce par trois lignes à chaque côté. LINNÉE a rangé ce genre de plante dans la seconde section de sa cinquieme classe , intitulée : Pen- tandrie digynie ; qui renferme celles dont les fleurs ont cing ctamines et deux styles. Les especes sont: 19. Ferula communis , foliolis li- nearibus , longissimis , simplicibus. Hort. Cliff. 95. Hort. Ups. 6t. Roy. Lugd.-B. 99. Sauv. Monsp. 257. Férule dont les folioles sont fort étroites , longues ct simples. Ferula major , sivè fœmina Plinii. M. Umb. Grand Fenouil femelle de Pline. Ferula. Dod. Pempt. 321. 2%. Ferula Galbanifera , foliolis multi -partitis , laciniis linearibus , planis. Hort. Cliff. 953 Férule dont les petites feuilles sont divisées en plusieurs parties étroites et unies. Ferula Galbanifera. Lob. Obs. Grand Fenouil produisant le Galba- num. 3°. Ferula Tingitana , foliolis laciniatis ; lacinulis tridentatis ina- qualibus y nitidis. Hort. Cliff. 95. Ti 2 2952 FER Hort. Ups. 61. Roy. Lugd.-B. 99. Férule dont les plus petites feuilles sont découpées en segmens terminés en trois parties inegales et lui- santes. Ferula Tingitana ; folio latissimo lucido. Herm. Par. 16§. t. 165. 4°. Ferula Ferulago , foliis pin- nati-fidis ; pinnis linearibus ; planis , trifidis. Hort. Cliff. 95. Roy. Lugd.- B. 99. Fabric. Helmst. 68; Férule à feuilles ailées , et à lobes étroits, planes, et divisés en trois parties. Ferula latiori folio. Moris. Hist. 3. p. 309 sive 9. t.15.f. 13 Grand Fenouil à plus larges feuilles. Ferulago latiori folio. Bauh. |Pin. 148. §°. Ferula Orientalis , foliorum pinnis basi nudis , foliolis seraceis. Hort. Cliff. 95. Roy. Lugd.-B. 100. Férule ayant les feuilles de la base nues, et les folioles couvertes de poils. Ferula Orientalis , folio et facie Cachryos. Tourn. Cor. 22. Tin. 3. p- 239. t 239. Grand Fenouil du Levant , avec des feuilles et l'appa- rence de Cachrys ou Armarinthe. 6°. Ferula Meoides, foliorum pin- nis utrinque appendiculatis , foliolis setaceis. Hort. Cliff. 95. Roy. Lugd.- B. 100. Férule dont les ailes des feuilles sont pointues à leur bâse sur chaque côté, et les lobes couverts de poils. Laserpitium Orientale , Mei folio, frore lutea. Tourn, Cor. 23. Laser du FER Levant à feuilles de Méum , et à fleurs jaunes. 7°. Ferula nodi-flora , foliolis appendiculatis , umbellis sub-sessili- bus. Lin. Sp. Plant. 356. Edit. 3. Jacq. Aust. Append. t. S. Férule ayant des appendices ou oreilles aux plus petites feuilles , et des ombelles sessiles aux tiges. Libanotis , Ferule folio et semine. C. B. p. 158. Ferule qui fleurit aux noeuds. Panax Asclepeium ; Ferula facie. Lob, Ic. 783. 8°. Ferula glauca , foliis supra- compositis ; foliolis lanceolato-line- ribus planis. Hort. Cliff. 95. Roy. Lugd.-B ; 99. Grand Fenouil à feuilles sur-composces , dont les lobes sont en forme de lance, li- néaires , et planes. Ferula folio glauco, semine lato, oblongo. J. B. 3. p. 45. Communis. La premiere de ces plantes, qui est assez commune dans les jardins Anglois, séleve à une grande hauteur, et se divise en plusieurs branches, quand elle est plantée dans un bon sol; ses feuilles basses s'étendent à plus de deux pieds de chaque côté, et se parta- gent en plusieurs parties, qui se sous-divisent en d’autres plus petites, garnics de folioles fort longues, étroites et simples; elles sont d’un vert luissant, et s'étendent pres de la terre : sa tige de fleurs. qui sore du centre de la plante, est presque FER aussi grosse qu'un manche à ballet ordinaire, quand elle est en pleine vigueur, séparée par plusieursnœuds, et séleve à la hauteur de dix ou douze pieds. Si l'on coupe ses tiges, il en sort une liqueur fétide et jau- natre , qui se durcit sur la blessure: ces tiges sont terminces par de lar- ges ombelles de fleurs jaunes, qui paroissent a la fin de Juin ou au commencement de Juillet, et sont remplacces par des semences ovales, comprimees et sillonnées par trois lignes longitudinales à chaque côté; elles murissent en Septembre, et les tiges périssent bientôt après. Quand elles sont desséchées , elles sont rem- plies d’une moëlle légere qui s’en- flamme aisément. M. Roy dit que les Siciliens font usage de cette moëlle, au lieu d’amadou, pour allumer leurs feux ; et si les Anciens ont eu connois- sance de cette propriété, nous pour- rons aisément comprendre pourquoi les Poétes ont dit que Promethée , ayant volé le feu du ciel, l’aveit caché sur la terre dans l’intérieur d'une branche de Férule. Les feuilles de cette plante péris- sent aussitôt après que ses semences sont formées, de sorte qu'avant leur maturité , elle est ordinairement dé- pouillée ; ses tiges se dessèchent , et deviennent alors fort rudes : ce qui les a fait prendre pour servir de férules aux Maîtres d’Ecole ; d'autant micux qu'étant légères, elles ne FER 153 peuvent faire aucun mal : les racines de cette espece subsistent plusieurs années, sur-tout dans un terrein sec, et produisent annuellement des fleurs et des graines. Galbanifera. La seconde n’est pas tout-a-fait aussi forte que la pre- miere; mais ses tiges s¢levent À Ja hauteur ce sept a huit pieds; ses feuilles basses sont larges , fort di- visces en lobes plats , moins longs que ceux de la premiere, et d’un vert luisant; ses ombelles de fleurs et ses semences sont plus petites: elle fleurit et perfectionne ses grai- nes à-peu-près dans le même tems que l’espece précédente. La troisieme a des feuilles radicales, larges, étendues, divisées et sous-divisées en plusieurs parties; ses plus petites feuilles sont beaucoup plus larges qu’aucunes de celles des autres especes; elles sont divisées à leur extrémité en trois segmens in¢gaux, et sont toutes d'un vert fort luisant : ses tiges sont fortes, élevces à la hauteur de huit à dix pieds, et terminées par de larges ombelles de fleurs jaunes, qui produisent des semences larges, ovales et plates, comme celles de la premiere espece : elle fleurit et perfectionne ses graines en méme tems que la précédente : elle croît naturellement en Espagne et dans la Barbarie. Ferulago. La quatrieme s’éleve à Ja même hauteur que la seconde ; PR , Zingitana. 254 FER ses feuilles sont divisées , et s’éren- dent assez loin en-dehors; leurs lo- bes sont plus larges que ceux des autres espeees , en exceptant cepen- dant ceux de la troisieme; mais ils sont plus longs que ces derniers, d'un vert plus foncé, et terminés en trois pointes : ses fleurs, jaunes, forment de larges ombelles, et sont remplacces par des semences ovales et applaties comme celles des autres especes : cette plante croit naturel- lement en Sicile. Orientalis. La cinquieme est plus basse qu'aucune des précédentes; ses tiges ne s'élevent gucres qu'à trois pieds de hauteur , et ses feuilles basses se branchent en plusieurs di- visions tres-garnies de fort belles feuilles velues : l’ombelle de ses fleurs est petite , en la comparant aux autres, et ses graines sont aussi beaucoup moins fortes : cette espece est originaire du Levant. Meoides. La sixieme a des feuilles fort branchues, dont les pétioles sont angulaires et cannelés ; elle pousse à chaque nœud, deux bran- ches latérales et opposées , dont les plus inférieures ont neuf ou dix pouces de longueur, et les autres deviennent plus courtes à mesure qu'elles approchent du sommet : ces branches latérales en poussent de plus petites à chaque nœud, qui sont garnies de très- belles feuilles semblables à celles du Meum, ct verticillées autour des branches; FER les tiges de fleurs, dont la hauteur est d'environ trois pieds, sont ter- minces par de larges ombelles de fleurs jaunes, qui produisent des semences ovales et plates, qui mti- rissent en automne : cette plante se trouve aussi dans le Levant. Nodi-flora. La septieme s’éleve à Ja hauteur d'environ trois pieds; ses feuilles sont fort divisées, et les folioles de ses divisions sont fort étroites et entieres: ses ombelles sont petites , et sessiles aux tiges, entre les feuilles des nœuds; elles ressem- blent a celles des autres especes: cette plante croit sans culture en Istrie et dans la Carniole. Glauca. La huitieme, qu’on ren- contre en Italie et dans la Sicile, a des feuilles composées de plusieurs segmens étroits, applatis, de cou- leur grise, et divisés en plusieurs parties: sa tige, dont la hauteur est de trois ou quatre pieds, est termi- née par une ombelle de fleurs jau- nes qui paroissent en Juillet , et sont suivies par des semences ovales et plates, qui mürissent en automne. Toutes ces especes ont des racines vivaces qui subsistent plusieurs an- nées; elles ont des fibres épaisses et fortes, qui s’enfoncent profonde- ment dans la terre, et se divisent en plusieurs plus petites, qui s’éten- dent à une distance - considérable : leurs tiges annuelles périssent aussi- tôt après qu’elles ont perfectionné leurs semences. Comme ces plantes FLE R s'étendent fort loin, il leur faut au moins à chacune quatre ou cinq pieds de terrein; et l'on doit prendre garde de ne pas les placer trop près des autres plantes, parce qu'elles les priveroient de leur nourriture. On les multiplie toutes par leurs graines, qu'on met en terre en automne, parce qu elles manquent souvent si on les conserve jusqu'au printems ; et celles qui réussissent, restent toujours une année dans la terre avant de pousser : on les seme dans des rigoles, afin de pouvoir mieux les nettoyer , en laissant un pied d'intervalle entre chaque ri- gole , et deux ou trois pouces entre elles dans les rangs ; lorsqu'elles ont poussé, on arrache avec soin toutes les mauvaises herbes qui croissent parmi elles, et si elles sont trop serrées , on les éclaircit; car clles ne peuvent être transplantées qu’au bout de deux ans : on fait cette opération en automne, aussitôt que leurs feuilles sont fances, en les en- levant avec beaucoup de précaution pour ne pas blesser leurs racines , et on les plante dans les places qui leur sont destinées, parce qu'il ne faut plus les remuer après : elles se plaisent dans un sol mou, léger, marneux, et pas trop humide, ou elles sont rarement endommagées par les gelées les plus fortes. FERULE, o GRAND FENOUIL. Voyez; FERULA. RIES U 255 FERULE qui produit le Galbanum. Voyez; RUBON GALBANUM, FERULA GALBANIFERA. FEU. Quoique cet article puisce paroitre ctranger à cet Ouvrage , il est cependant certain que la con- noissance de la Nature et des effets du Feu, peut contribuer beaucoup à l'avancement et à l'amélioration de l'Agriculture. La thcorie du Feu est entièrement philosophique; mais la considération de ses effets et de son action sur les végétaux est très- utile dans la culture des plantes. Comme la chaleur est, de toutes les propriétés du Feu, celle qui se distin- gue le mieux de toute autre ma- ticre, on peut le définir comme ayant la propriété d'échaufler les corps. C'est la dilation de Pair ou de la liqueur contenue dans le Ther- mometre, qui nous fait appercevoir la chaleur: donc le Feu est un corps , et un Corps en mouvement ; Ja dilatation de l'air prouve son mouvement, l'expérience prouve qu'il est un corps (1). RE OR (1) Il est nécessaire de faire ici une distinction entre le Feu libre et en acti- vité, et le phlogistique ou Feu élémen- taire : Je dernier, que le célebre Stah/ nous a fait connoître, entre, comme principe constituant, dans la composi. tion des corps, auxquels il donne la pro- priété d’être combustibles ; lorsqu'il en est dégagé par un mouvement rapide, - 256 FUESU! + Reufermez du Mercure purific _dans une fiole à long cou , tenez-le dans une chaleur douce pendant une année; il se réduira en une masse solide, et son poids sera con- sidérablement augmenté; ce qui ne peut provenir que des particules de Feu qui se sont combinées avec lui (1). ee ou par quelqu’autre cause 3 il se montre alors par des effets nouveaux, et devient sensible à nos organes. Le Feu en activité n'est-il qu'une modification du phlogisti- que > ou bien est-il un mixte dans lequel le phlogistique entre nécessairement comme principe? Ces deux opinions ont leurs partisans, et toutes deux sont ap- puyées sur le raisonnement et l'expérience; mais cette matiere est extremement obscure, et il n’y a qu’une connoissance plus parfaite de la nature du phlogistique, qui puisse nous donner quelques lumières, (1) Ce n’est point le Feu qui se com- bine avec les chaux métalliques pendant leur calcination. Lorsqu'on réduit sans addition la chaux de Mereure, connue sous le nom de Précipité per se, il s’en dé- gage un véritable air, beaucoup plus par- fait que lair atmosphérique, plus favo- rable aux animaux qui le respirent , qui entretient cinq ou six fois plus longs tems la combustion des corps inflain- mables , et les fait brüler avec une ac- tivité singuliere. D’autres chaux métalli- ques, en. se régénérant, ne dannent qu'un gaz méphitique, dont les propriétés sont tout-à-faircontraires; on découvrira facilement la raison de cette différence, si, avec M. Sage.er ses ,Sectareurs , on; regarde le Feu comme.un véritable phos- phore dont l'acide se combine avec les F'E UE La nature du Feu est si obscure et si étonnante, qu'il a été regardé par les Anciens, comme une Divi: nité; plusieurs Auteurs célébres, après avoir pris bien de la peine pour parvenir a la connoitre, n'ont pas même pu expliquer plu- sieurs de ses principaux cffets. Le Docteur Herman Boerrhaave a fait un grand nombre d'expériences très-ingénieuses, d'aprés lesquelles il a donné un nouveau systéme sur cet élément, dans un cours public, dont je vais extraire les Articles les plus utiles. Le Feu, dit-il, paroit être le principe général de tout mouvement dans l'univers. La suite constante d'un grand nombre d'expériences, ne nous donne point lieu d’en dou- ter, et nous prouve au contraire que, si le Feu croit anéanti, dans l'instant tous les corps seroient fixes et immobiles; on en voig,un foible échantillon pendant l'hiver, dont le froid rend solides les particules d'eau, en leur enlevant la chaleur qui les tenoit désunies , et la con- vertit en glace. Elle reste dans cet état jusqu'à ce que la chaleur ou le Feu lui rende chaux métalliques durant leur calcina- tion, et peut se-montrer, en se dégageant, sous la forme d'air respirable ou’ de gaz méphitique , puisque l’un ne diffère de l’autre (d’après leur théorie ) que par ja différente proportion de leurs prinçipess. sa FEU sa premiere fluidité : ainsi, un homme dénué de toute chaleur, seroit sur le champ gelé, et devien- droit roide; l'air, lui-même, s'il en étoit privé, perdroit la faculté de s'étendre et de se condenser, et for- meroit une masse solide et com- pacte : il en seroit de même de tous les animaux, des végétaux, des huiles, des sels, etc. Quoique cette doctrine de Boerrhaave paroisse nouvelle et extraordinaire, au moins à ceux qui sont accoutumés à considérer le Feu comme il a été représenté par le Lord Bacon, M. Boyle et le P. Isaac Newton; cependant, malgré tout le respect que nous devons avoir pour ces illustres Auteurs, nous serions inexcusables de croire aveuglément tout ce qu'ils ont dit, et de nous refuser à l'évidence des observations faites depuis eux , par des hommes également cclebres. On peut raisonnablement penser que le Docteur Boerrhaavea pu aller plus loin queux ; car, outre les observations et les expériences sur lesquelles ils se fondoient, ce Savant avoit sur eux l'avantage d’une mul- titude d'expériences qui leur étoient inconnues. Quant à la nature du Feu, il se présente une question essentielle , qui est de savoir si cet élément a été créé tel qu'il existe, ou s'il se produit méchaniquement sous nos yeux par les autres corps dont les Tome III, FEU 257 parties sont mises dans un mouve- ment rapide ? Les Ecrivains moder- nes,.tels que Homberg, Boerrhaave, le jeune Lémeri, et le Docteur Gravesande, sont pour le premier sentiment, et les Auteurs Anglois , pour le second. M. Homberg soutient que le prin- cipe chymique ou élément, le soufre , qui est regardé comme le premier et simple ingrédient pré- existant de tous les corps naturels, est le Feu réel, et que par conséquent le Feu est aussi ancien que tous les corps. Essai sur le Soufre principe. Mémoires de l Acad. Année 170$ (1) Le Docteur Gravesande part des mêmes principes : suivant lui, le Feu entre dans la composition de tous ies eps il est renfermé dans (1) Il regne, dans les Ouvrages des anciens Chymistes et Phyficiens, une sin- guliere obscurité à l'égard de ce mot Soufre ; ils admettoient une infinité de soufres particuliers, dans les différens corps, dont ils le regardoient comme un principe constituant ; c'est ainsi qu'ils parlent des soufres des métaux, des animaux , des végétaux, des huiles, des résines, des esprits ardens, etc. Mais cette maniere de s'exprimer n'est plus reçue, depuis que lilluftre Stahl a dé- montré, par des expériences décisives, que le principe inflammable ou phlogisti- que que contiennent les corps combusti- bles, est parfaitement identique, et qu’en le combinant avec l'acide vitrioli- que , on obtient un seul et même soufre, de quelque matiere qu’il ait été tiré, Kk 258 FEU tous, et peut en étre séparé par le frottement, qui le dégage; et il ajoûte, qu'il ne peut, en aucune maniere, être cree par ce mouve- ment. Elem. Phys. Tom. 2, Chap. 1. Le jeune Lémeri soutient que le Feu ne peut se former méchäni- quement ; qu'il nentre point seu- lement dans la composition des corps comme substance clémentaire, mais qu'il est encore également ré- pandu dans tous les espaces et pré- sent par-tout, dans le vuide, entre les corps, aussi bien que dans tous les interstices insensibles de leurs parties. Mémoires de l’Académie. Année 1713 (1). Ce dernier sentiment se rapporte à celui de Boerrhaave. re (1) Il est difficile de concevoir com- ment le Feu, ou plutôt le phlogistique , peut entrer comme principe dans la com- position des corps; comment cet être si volatil, si mobile, dont les parties sont dans un mouvement continuel, et n’ont aucune liaison les unes avec les autres, peut cependant se combiner, se fixer, et contracter une union assez forte avec d'autres corps d’une nature différente ; cependant les phénomènes de la combus- tion, et un grand nombre d'expériences chymiques, ne nous laissent aucun doute sur cette propriété singuliere : nous ne pouvons à la vérité rien obtenir du phlogis- tique libre et dézagé de toute combi- naison ; mais nous pouvons décomposer les mixtes qui le contiennent, et le fixer de nouveau , en lui présentant une substance avec laquelle il ait de l’affinite. FEU Le Lord Bacon établit l'opinion contraire dans son traité de forma calidi. H conclut, d’après un grand nombre d'expériences , que, la cha- leur dans les corps n'est autre chose que le mouvement modifié d’une certaine manière ; de sorte que, pour produire de la chaleur dans un corps, il ne faut qu’exciter tel ou tel miou- vement dans ses parties. Cette: opinion est appuyée par M. Boyle, dans son traité de l'ori- gine méchanique de la chaleur et du froid , où il soutient cette doc- trine par de nouvelles expériences ; je vais en rapporter deux. « Dans la production de la cha- » Ieur, dit-il,on ne voit que du » mouvement, soit de la part de » l'agent, soit de la part du pa- » tient: qu'un Maréchal frappe avec » vigueur un petit morceau de fer, » le métal s'échauffera fortement , » ct pour lui donner ce dégré de » chaleur , il n'y a ici que le mou » vement du marteau qui imprime » une agitation violente et diver- » sement déterminée sur les petites » parties du fer; ce métal étoit au- » paravant un corps froid, mais » par le mouvement qui a été com- » muniqué ases parties, il devient » chaud, cette chaleur ne se fait » cependant sentir que par com- » paraison avec l'état précédent du » corps frappé, et n'est apperçue » que parce que l'agitation excitée » dans ses parties , surpasse celle du FEU doigt qui le touche. Dans l'exem- ple cité, le marteau et Peaclume restent souvent froids apres l'opé- ration, ce qui démontre que la chaleur acquise par le fer, ne lui a pas été communiquée par aucun de ces instrumens comme chaleur, mais qu'elle a été pro- duite par un mouvement assez » grand pour agiter fortement les » parties d'une petite quantité de métal, mais incapable de produire le même effet sur des masses aussi considérables que le marteau et Yenclume , quoique si les percus- sions étoient souvent et brusque- ment renouvelées, et que le mar- teau fit petit , il pourroit être aussi échauffé : de-là il faut con- clure qu'il n’est pas nécessaire qu'un corps doive étre chaud pour donner de la chaleur. » Si fon enfonce un gros clou dans une planche avec un mar- teau , ce clou recevra plusieurs coups avant de s’échauffer; mais quand il est une fois chassé jus- qu'à la tête, peu de coups suf- fisent pour lui donner une cha- leur considérable : la raison est que, tant que le clou pénctre dans le bois, tout le mouvement » qu'il éprouve est employé à le » faire avancer plus loin; mais que, » » quand le mouvement progressif cesse, les nouveaux coups qu'il . . t . reçoit communiquent a ses parties RIEU 259 » une vibration plus considérable, » qui produit la chaleur (1) ». (x) IL semble en effet qu'on devroit distinguer la chaleur, du Feu, et ne la regarder que comme une modification dont les corps sont susceptibles, et que le Feu, ainsi que toutes les causes ca- pables d'ébranler fortement leurs parties, peuvent également produire, Le Feu a certainement une substance matérielle ; il est soumis à des loix générales qui lui sont communes avec d'autres corps, tin- dis que la chaleur n'en suit aucune : fa lumiere elle même, qu'on peut regarder comme le plus subtil de tous les êtres, est cependant arrêtée par les corps opa- ques ; elle se courbe en traversant certains milieux, et se réfléchit sur les surfaces qu'elle frappe obliquement; au-lieu que la chaleur les pénètre tous également, et ne se réfléchit sur aucun : le phlogistique ne peut étre appercu par nos sens; on ne le connoit que par ses effets; il ne peut donc être identique avec la chaleur qui excite en nous une vive sensation ; cependanr le Feu produit la chaleur , et cette propriété lui est tellement essen- tielle, que par-tout où il y a du Feu en activité, la chaleur existe aussi : mais, comme on peut en dire autant du mou- vement excité par une cause quelconque, on est porté à conclure que le Beu ne de- vient le principe de la chaleur, que parce que le mouvement est essentiel à sa nature, et qu'il est le plus actif de tous les êtres. La chaleur ne seroit donc que le mouvement lui même, qu’une vibration rapide, excitée dans les parties les plus intimes des corps; mais comment ce mouvement, poussé Jusqu'à un certain point, peut-il produire du Feu visible, Kk 2 260 PSE "U Que le Feu soit la cause réeïle de tous les changemens qui arri- vent dans la nature, cela paroitra évident par les considérations sui- vantes. Tous les corps sont ou so- lides où fluides; on suppose ordi- nairement que les solides sont dans linaction ou sans mouvement, et que les fluides seuls jouissent d’un mouvement qu'ils peuvent commu- niquer. Tous les solides sont d'autant plus fermes et plus compactes qu'ils qui détruira le corps où il est produit, si ce corps est de nature combustible ? Ce phénomène ne peut s'expliquer qu'en supposant que le mouvement dégage le phlogistique qui entre dans la composi- tion de tous les mixtes, et le modifie de maniere qu'il se montre sous la forme du Feu actif; mais en quoi consiste cette modification? Nous savons que le phlo- gistique ne brüle point par lui-même, mais qu’il acquiert cette propriété lors- qu'il se combine avec un acide particu- lier; or, cet acide se trouve abondamn- ment dans tous les corps inflammables , et l'air lui-même en est rempli : on peut donc penser que le mouvement dégage le phlogistique, qui s’unit alors à l'acide qu'il rencontre, et forme un véritable phosphore 5 ce qui revient à l'opinion de M. Sage, qui penfe que le Feu actif n’est autre chose qu’un phosphore, qui se décompose en brülant, et dont l'acide, Je plus fixe de tous, se combine avec fa terre qui entre dans la composition des corps combustibles , et avec celle des substances métalliques, et augmente ainsi :eur pesanteur, BES contiennent moins de Feu: le fer en offre un exemple , car; lorsqu'il est échauffé, il occupe un plus grand espace que lorsqu'il est froid ; en sorte que tout corps solide et dur, sil étoit privé du Feu qu'il con- tient, se réduiroit en une masse plus petite, et ses parties se rap- procheroient plus près et avec une plus grande force qu'auparavant (1). Quant aux fluides, l'absence du Feu les durcit d’une maniere sensi- ble; Peau, par le froid de l'hiver, de- vicot une masse solide, quoiqu’elle contienne encore beaucoup de ma- ticre ignce, comme on peut le voir en y appliquant un thermometre, dont la liqueur peut descendre a vingt dégrés plus bas avant d’arri- ver au point du plus grand froid; delà vient que l'esprit-de-vin ne géle pas dans le thermometre, parce qu il contient une plus grande quantité de Feu que beaucoup d'au tres corps fluides (2). (1) Cet effet n'est di qu’à la chaleur, qui dilate tous les corps; car le fer qu’on vient de citer pour exemple, contient une trés-grande quantité de phlogistique combiné, ainsi qu'on peut s’en convaincre en dégageant fon principe inflammable, au moyen de l'acide vitriolique. (2) L’efprit-de- vin fe gèle comme l'eau; il ne faut pour cela qu'un froid plus vif, tel que celui qu'on éprouve aux environs des Pôles, ou qu’on produit artiñciellement, en répandant un acide concentré fur de la glace pilée FEU Lair même se dilate lorsqu'il est plus échauffé, et se condense en se refroidissant ; mais il contient toujours une grande quantité de Feu , lors même qu'il est condensé autant quil peut l'être (1). Si l'air pouvoit être dépouillé tout-à-fait du Feu qu'il contient, il deviendroit également solide et in- capable d’¢prouver aucun mouve- ment. « Le Feu, dit le Docteur Gra- » vesande,s unit naturellement avec » les corps; de-la vient qu'un corps » place près du feu devient chaud, » et augmente en volume: on ob- » serve cette expansion , non-seu- » lement dans les corps fort solides, » mais encore dans ceux dont les » parties ne sont point si cohéren- » tes; ces derniers acquierent alors » un grand dégré d'élasticité , com- » me on l'observe dans l'air et dans » les vapeurs (2) ». Quoique le Feu soit regardé com- me le principe de tout mouvement, il reste cependant en repos lors- (x) J'ai dit déjà ailleurs que l’air ne se réduiroit point en une masse solide, par l’abfence de la matiere ignée , mais qu'il fe détruiroit entièrement , parce que cette matiere est essentielle à fa ‘composition. Woyez les Notes de l’article AIR. \ (2) C’est encore là un effet de la chaleur, et non du Feu, qui ne pénetre point les corps qu'on en approche, Beas U 261 qu'il n'est point excité ; le mouve- ment lui est sans doute plus naturel qu'à aucun autre corps; et de-là vient que quelques-uns ont hasardé d'attribuer un mouvement essentiel au Feu; mais comme ceci ne peut saccorder avec les propriétés con- nues de la maticre , dont la nature est d'être inerte et passive , et qu'on peut prouver que le Feu est ma- tériel, nous devons plutôt convenir que le mouvement du Feu même vient de quelque cause plus éloi- gnée et métaphysique ; quoiqu'on puisse penser que le Feu, outre les propriétés qu'on lui connoit , jouit encore de la faculté d’être conti- nuellement en action , cependant cette faculté n’a aucune relation na- turelle et nécessaire avec les autres, et ne peut cxister que par l’action d'une cause supérieure, qui nous est inconnue. Il est néanmoins évident que c'est par le mouvement que le Feu produit ses effets, mais qu'il ne “peut causer aucune altération dans la substance élémentaire des Corps; car il est nécessaire que ce qui agit sur un objet, soit sans cet objet, c'est-à-dire , que le Feu ne doit pas pénétrer les parties élémentaires, mais seulement entrer dans les pores et dans les intervalles qu’elles lais- sent entr'elles ; de sorte qu’il ne pa- roit pas capable d'opérer ces trans- mutations que le P, Isaac New- ton lui attribue, 262 FEU D'après ce que nous venons de dire , on peut avancer que le Feu est [oujours en mouvement : on peut s'en convaincre en prenant six thermometres différens , qu'on plonge dans deux vâses qui con- tieunent une dissolution de sel am- moniac ; l'air, condensé par le froid. que fe sel produit , fera descendre l'esprit-de-vin contenu dans tous ces thermometres; Ôtez ensuite ces thermometres , l'air qui se trouve renfermé dans lesprit-de-vin , s'é- chauffera au dégré de l’atmosphere, et la liqueur remontera ; ce qui prouve que cette force active de l'air, qui produit tant d'effets , naît du Feu qui y est contenu. D'ailleurs, tous les corps placés dans un air fort froid , deviennent sux-mémes par dégres, froids, im- mobiles et solides, quoiquils con- servent toujours une certaine quan tice de Feu; il suit de-la que le froid, qui n'est autre chose qu'un moindre dégré de chaleur, n'existe que parce que le Feu n’exerce plus que foiblement son action. Comme la présence du Feu peut rendre fluide les corps les plus so- lides, tels que les pierres, les mé- taux , etc. ainsi qu'on peut s'en con- vaincre en les exposant au foyer des grands verres ardens qui peu- vent calciner Por lui-même ; l’ab- sence de cet élément convertit en masses solides les liqueurs les plus subtiles ,telles que l’esprit-de-vin, etc. FEU On distingue le Feu en deux ma- nicres d'étre diftrentes : la pre- micre est le feu élémentaire ou pur ,- et tel qu'il existe naturellement; la seconde est le Feu dans l'état d’igni- tion , et tel’ qu'on l’appercoit dans les corps embrâsés, dont les par- ticules, qui s’élevent par le mou- vement rapide qui leur est com- muniquée , constituent ce qu'on ap- pelle la famme. L'on appelle improprement Feu, les matieres combustibles dans l'état d'ignition , quoiqu’elles ne contien- nent qu'une petite quantité de Feu Clémentaire; ce dernier, tel qu’on l'observe dans le verre ardent , ne donne ni flamme, ni fumée ni cen- dres. Le Feu peut être rassemblé en très-grande abondance, sans cepen-. dant produire aucune chaleur ; c’est ce qu'on observe sur le sommet des plus hautes montagnes éclairées par le soleil, où le froid est toujours extrémement sensible : on voit même sous l'équateur des montagnes qui sont perpétucllement couvertes de neige, quoique la lumiere y soit trés-vive, et qu'elles soient exposées auxrayons perpendiculaires du soleil. Ainsi un grand verre ardent n’a aucun effet, et ne faic sentir au- cune chaleur dans son foyer, si le ‘soleil est caché par un nuage; mais aussi-tôt qu'il reparoit, on peut y voir fondre un morceau de métal. Le Feu, quoiqu’en petite quantité FEU dans les corps, peut néanmoins brtt- ler avec une grande violence; de même quand l'esprit-de-vin est mis en Feu, il ne brûle que très-lége- rement la main qui y est exposée ; et quoiqu’on le répande sur un mor- ceau de fer rouge, il ne s’enflamme point; de sorte que la matiere ignée qu'il contient, ne se manileste pas par de grands effets : cependant s'il rencontre quelque corps plus dur lorsqu'il brûle, il estcapable d’agiter leurs parties par l'attrition de ses propres particules, et de produire une flamme furieuse , qui peut brüler un corps plus dur que ‘la main. De-l il paroit que le Feu produit de plus grands effets par rapport à la chaleur , en mettant en jeu des parties Ctrangeres, que par sa propre action : l'explication méchanique de ce phénomene est facile à trouver; car les particules de Feu étant tou- tes égales et sphcriques , doivent être d’elles-mémes sans effet ; mais si elles portent avec elles certaines pointes ou quelques particules d’un autre corps, ilpeut , par leur moyen, opérer de grands changemens. Ainsi, quoique la flamme que produit un morceau de bois em- brisé puisse -exciter une vive sen- sation de chaleur, et brüler les corps combustibles qu'elie frappe, on ne peut cependant pas conclure que cette flamme contienne du Feu pur ou élémentaire, de sorte que la distinction de Feu pur avec le Feu qui tombe sous nos sens , est abso- lument nécessaire , quoiqu’elic n'ait point été faite par la plupart des Auteurs qui ont écrit sur cette ma- tiere avant le Docteur Boerrhaave ; cet oubli les a conduits dans des erreurs grossicres, en sorte que la plupart d'entr'eux ont soutenu que la flamme d'un morceau de bois est toute de Feu; ce qui paroît être faux d’après ce qui a cté avancé ci-dessus, et ce qui nous reste 4 dire. Le Feu élémentaire ou pur est imperceptible par lui-même ; il n’est sensible que par certains effets qu'il produit dans les corps, et ces ef- fcts ne sappercoivent que par des changemens quis’y operent : ces ef- fers sont au nombre de trois; premierement la chaleur, secon- dement la dilatation dans les corps solides , la rarefaction dans tous les fluides; et troisiemement le mouve- ment (1). | Le premier effet du Fen élémen- taire sur les corps, est la chaleur : la chaleur provient entièrement du Feu, et de maniere que la mesure de la chaleur est toujours celle du Feu, et celle du Feu; celle de la (1) D’après les principes que nous avons établis dans les notes précédentes, tout ceci ne peut convenir au Fey élé- mentaire ou phlogistique, mais feule- mens au Feu dans l’état d'ignition. 264 FEU chaleur : ainsi la chaleur est ins¢- parable du Feu (1). Le second effet du Feu élémen- taire est la dilatation dans tous les corps solides, et la rarefaction dans tous les fluides (2). Beaucoup d’expériences font voir clairement que ces deux effets’ sont ins¢parables ‘de la chaleur ; le Feu augmente le volume d’une verge de fer dans toutes ses dimensions, de maniere que plus elle sera échauf- fée, plus cet effet sera considéra- ble ; cette verge de fer étant ex- posée de nouveau au froid , se re- trécira, et retournera successivement par tous les dégrés de dilatation quelle a subis, jusqu'a ce qu'elle ar- rive à son premier état, sans con- server deux minutes de suite le meme volume. On peut observer la même chose dans Vor, qui est le plus lourd de tous les corps solides , et qui occupe un espace plus considérable lorsqu'il est en fusion; ainsi que dans le mer- cure le plus lourd de tous les fluides, qui monte à plus de trente-fois sa hauteur quand il est place sur le Feu, cy Cx a (1) La mefure de la chaleur est tou- jours celle du mouvement, et elle n’est celle du Feu, qu'autant que ce Feu est Jui-même en activité. (2) Cet effet est encore celui de Ia chaleur ou du mouvement, et non du Feu élémentaire, FEU dans, un tube; voici les regles de cette expansion. 1°, Le même dégré de Feu ra- réfic les fluides plutôt et d’une ma- niere infiniment plus marquée qu'il ne fait les solides: sans cela les ther- mometres ne scroient d'aucun usa- ge, puisque, s’il en étoit autrement, la cavité du tuyau seroit dilatce dans la même proportion que le fluide est rarcfic. 2°, Plus la liqueur est legere, plus son expansion est considéra- ble; aussi l'air, qui est le plus léger de tous les fluides, se dilate plus qu'aucun autre, et l'esprit de-vin est celui qui jouit après lui de cette propriété au plus haut dégré. Le troisieme effet du Feu est le mouvement ; Car cet agent, en échauffant et en dilatant les corps, doit nécessairement mouvoir leurs parties : d’ailleurs, tout mouvement qu'on observe dans la nature ne reconnoit d'autre cause que le Feu lui-même , de maniere que la sous- traction de cet élément , et même sa diminution jusqu'à un certain point , produiroit un repos général, et rendroit solides toutes especes de liqueurs. Ainsi , si le Feu étoit absolument an¢anti, et le froid porté à son plus haut dégré , toute la nature devien- droit une masse inerte, compacte comme l’or, et dure comme le dia- mant; mais sa restitution lui ren- droit sa premiere mobilité, Par FEU Par conséquent la moindre di- minution proportionnée de mouve- ment, On trouve le Feu pur de deux différentes manieres, libre et ré- pandu dans tout l'espace, ou com- biné dans les corps, mais de ma- nicre à nc leur causer aucune alté- ration. Que le Feu existe en même quan- ticé dans tous les lieux , cela paroi- tra un étrange paradoxe; cepen- dant cette proposition peut être dé- montrée par des expériences innom- brables. Le Feu élémentaire est présent par-tout, dans tous les corps et dans tout l’espace, en quantité égale : sur le sommet des plus hautes mon- tagnes, ou dans la caverne la plus profonde, lorsque le soleil luit, ou quand il disparoit sous l’horison , dans l'été le plus brûlant , et pen- dant Vhiver le plus dur: on peut recueillir le Feu par plusieurs mé- thodes , par attraction ou autre- ment; en un mot, le plus petit point physique contient du Feu, et il n'y a aucun lieu dans l'univers où le frottement de deux corps ne le rende sensible. Les Cartésiens , comme Mariotte, Perrault , etc. soutiennent qu'il y a beaucoup de Feu dans un vuide par- fait ou dans un espace absolument purgé d'air; ils supposent que le vuide absolu est impossible : le vuide le plus parfait que nous puissions Tome III. FEU 265 parvenir à opérer, est celui qu'on obtient par la méthode de M. Huy- ghens , qui se fait ainsi: échauflez une certaine quantité de mercure bien purifié jusqu'au dégré de l'eau bouillante , versez ce mercure dans un tuyau échaufé, de quarante pouces de longueur ; et quand il sera entièrement rempli , appliquez un doigt sur son orifice , et renver- sez-le ainsi dans un bassin plein de mercure ; le mercure restera de cette maniere suspendu dans toute la lon- gueur du tuyau, mais alors si on lui donne seulement une petite se- cousse, il descendra jusqu'a ce qu'il ne soit plus qu'à la hauteur d’envi- ron vingt-neuf pouces, il laissera ainsi un vuide de onze pouces. Cependant les Philosophes que nous venôns de citer, nient qu'il y ait aucun vuide; ils prétendent qu’a- lors il est entré autant de Feu dans l'espace purgé d'air, qu'il contenoit auparavantd'autre matiere; maisceci est contraire à l'expérience, ou au moins le Feu qui y étoit renfermé n'y est pas plus chaud que le mercure même : car si on verse une goutte ou deux d’eau dans un tems de gelée sur la partie haute du tuyau qu’on suppose être remplie de Feu, et sur la partie basse qui est pleine de mercure, elles gcleront également dans les deux endroits, de sorte qu'il n’y a pas plus de Feu pur dans un vuide parfait que dans tout au- tre endroit. Ll 266 Bf Ee Mais comme nous avons déja dit que le Feu existe par-tout, on peut s'en convaincre en mettant de lor pres du vuide, et en y appliquant le thermomètre , quin'indiquera pas un dégré de chaleur plus conside- ble que celui que donnera le vuide de Huyghens. Mais le Feu -qui existe dans lor échauffe , jusqu'a ce qu'il soit rouge et prét a entrer en fusion, est du Feu pur; ce métal peut retenir ainsi ceite matiere ignce pendant trois jours : le Prince de la Mirandole , et d’autres curieux, ont tenu de Por à ce degre pendant deux mois, sans qu'il ait éprouvé aucune di- minution de poids. M. Gravesande , (Phys. élément.) dit que les corps, de quelqu'espece qu'ils soient , étant violemment frot- tes l'un contre l’autre , acquerront un dégré de chaleur considérable, ce qui démontre que tous les corps contiennent du Feu; car le Feu peut être mis en mouvement et séparé d’un corps par le frottement ; mais il ne peut jamais être produit de cette maniere. M. Boyle , (Mech. Prod.) dit, en parlant de la chaleur, que, quoique le vif-argent soit regardé comme le plus froid de tous les fluides, de maniere que plusieurs nient quil puisse produire de la chaleur par son action immédiate sur quelqu’au- tre corps, et particulièrement sur For; cependant plusieurs eflais ont FEU fait voir que du mercure préparé d'une maniere particuliere peut être soudainement en ¢tat de s'in- sinuer dans la substance de lor, calciné ou cri, et de devenir ma- nifestement chaud avec lui en moins de deux ou trois minutes. Selon M. Gravesande, le vif-ar- gent contient du Feu; ce qu'il prouve par la lumiere qu'il répand lors- qu'on secoue un tube purge d'air, dans lequel il est renferme (1). Le Feu élémentaire ne se décou- vre point de lui-même , et il peut être parfaitement caché dans le lieu où il existe en plus grande quantité, comme on l’observe sur les montagnes de la zone torride, où la neige ne fond jamais, malgré la grande abondance de Feu. On peut s'assurer de la présence de ce Feu caché, par cinq effets, 19. parce qu'il raréfe les corps, et particulièrement Pair; 2°. par Ja lumiere ; 3°. par la couleur; 4°. par la chaleur; $°. enfin par Pin- flammation qu'il occasionne. L'expérience suivante confirme (x) Cet effet est dû à la lumiere que le mercure a retenue. C'est ainsi qu'un diamant qui aura été exposé pendant le: jour aux vifs rayons du foleil, brillera: dans les ténèbres, tandis qu'un autre: qui n'y aura point été placé , ne sera pas. appercu, Les yeux de certains animaux nous offrent encore une preuve de la vérité de cette assertion, FEU qu'il y a une bonne quantité de Feu, mème dans les climats les plus septentrionaux et dans les corps les plus froids: si l'on prend deux grands morceaux de fer, et qu'on les frotte Tun contre l'autre avec vitesse, en Islande , qui n'est qu'à douze degrés du pole, pendant la saison la plus froide et à minvit, ce Feu devien- dra chaud , ardent, lumineux , et séchauffera à un tel dégré, qu'il pourra raréfier non-seulement l’es- prit-de-vin du thermomètre, mais brûler enfin les corps combustibles, et entrer lui-même en fufion. Or, ce Feu est produit instanta- nément par le frottement dans cette opération, ou il se trouvoit tout formé dans ces corps ; mais personne ne soutiendra la premiere proposition, à moins qu'on ne sup- pose que les corps mis en mouve- ment contenoient des matieres com- bustibles, propres à l'entretenir : il existoit donc primitivement dans ces corps, et il n'est point dou- teux qu il ne soit du véritable Feu, puisqu'il rarcfie la liqueur du ther- momèêtre, On peut conclure, d’après ce qui vient d'être dit, qu'il y a du Feu dans toutes les parties de l’es- pace, et dans tous les corps, et qu'il est ¢galement répandu sur le som- met des plus hautes montagnes, dans les vallées, dans les cavernes les plus profondes, dans tous les cli- mats, et en toutes saisons. FEU 267 La distribution égale du Feu dans tous les endroits étant prouvée, il devroit suivre qu'il est également abondant par-tout; ce qui sercit réellement, si ,'par-différentes cir- constances , il ne se trouvoit i pas rassemblé en plus grande quantité dans quelques endroits que dans d’autres. Mais la distribution égale du Feu dans tout l'espace, n’em- pêche pas que, suivant le rapport de nos sens, il ne paroisse fort iné: gal dans différens lieux : nous avons deux sources régulieres du Feu, le soleil et le centre de la terre. Les Philosophes de tous les sié= cles, à l'exception d'un seul , ont regardé le soleil comme un foyer incpuisable de Feu; quant au Feu central, nous sommes forcés à con venir de son existence, car la cha- leur est beaucoup plus forte dans le sein de la terre qu'à sa surface; Ceux qui. creusent des mines et des puits, observent toujours que, lorsqu'ils sont un peu au-dessous de la surface, ils trouvent lair plus froid, et qu'à mesure qu'ils avant cent plus bas ; il le devient encore davantage , parce qu'il est alors hors de la portée de l'action du solcil. Mais si l’on s'enfonce encore da- vantage , c'est-i-dire , jusqu’à qua- rante ou cinquante picds , on com- mence à éprouver que l'air devient plus chaud, de maniere que la glace ne pourroit y rester long- Llp s 263 FEU tems sans se fondre; la chaleur aug- mente de plus en plus a mesure qu'on avance, jusqu'à ce qu'enfin la respiration soit interceptée , et que la lumicre scteigne ; s'ils se hasardent encore plus loin avec une chandelle allumée, l'air s’enflam- mera d'une maniere terrible, com- me on l’a vu une fois en Ecosse , dans les mines de charbon , où un ouvrier hardi , descendant dans une profondeur extraordinaire , avec une lumiere à sa.main, les va- peurs qui sy trouverent en quan- tité , prirent feu, et brülerent la montagne entiere. Ainsi il paroït que la Nature a caché comme un autre soleil dans le centre de la terre, pour con- tribucr de son côté au mouvement général, dont dépend la génération , la nutrition, la végétation et l'ac- croissement des animaux, des vé- gétaux et des fossilles. Quant à la formation de ce foyer souterrain, on ne peut savoir sila été créé au commencement , comme le soleil dans le firmament, ou sil a été produit par dégrés par l'amas du Feu vague (1). (1) Cette réverie du Feu central, érablie par M. de Meiran, et si agréa- blement préfentée par M. de Buffon, a été victorieusement combattue par M. de Romé de Lille , dont les observations ne Taisseront aucuns doutes sur l’absurdité de ce merveilleux système , à ceux qui pren- dront la peine de confulter fon Ouvrage. FEU Ce qui prouve en faveur de Ja premiere opinion, ce sont les vol- cans ou montagnes briilantes qui paroissent avoir existe dés les pre- miers tems; car on a vu sortir des flammes du Mont-Ethna dans la plus haute antiquité, et il existe de ces montagnes dans les régions les plus froides, comme dans la Nouvelle-Zemble, lIflande, ainsi que dans les plus chaudes , comme dans l'Isle de Borneo , etc. (1). On ne peut raisonnablement pen- ser, dit M. Boyle , que la chaleur souterraine procède des rayons du soleil , car l’action de cet astre n’é- chauffe pas la terre à plus de six ou sept pieds de profondeur , même dans les pays méridionaux ; de ma- niere que, si notre terre Ctoit froide de sa nature, et qu'elle ne rectit d'autre chaleur que celle qui émane du soleil et des étoiles , on éprou- veroit un froid d'autant plus vif, qu'on pénétreroit plus profondément dans son sein. Le soleil contribue beaucoup à faire allumer le Feu par son mou- vement rapide autour de son axe; par ce moyen ses particules agitées (1) Les Volcans ne prouvent rien en faveur du Feu central; il seroit facile de faire connoitre le peu de fondement de l’assertion de notre Auteur , si c’étoit ici le lieu de rapporter ce que l'observation nous a appris sur la nature de cet impo= sant phénomène. F Ent violemment s'étendent par-tout , et sont dirigces ct déterminées en li- gnes paralleles vers certains endroits où ses effets deviennent apparens. De-là vient que le Feu est ap- perçu lorsque le soleil est au-dessus de nous ; mais que quand il dispa- roît, et que son mouvement cesse, le Feu se disperse dans l'espace cthérée. Il n'ya pas, en effet , moins de Feu dans notre hemisphere , pen- dant la nuit que pendant le jour; il ne lui manque que la determi- nation pour être apperçu. Les effets du Feu élémentaire peu- vent être augmentés de différentes manieres, par l’attrition ou le frot- tement rapide d'un corps contre un autre, ce qui est fort sensible dans les corps solides : le frottement d’un caillou contre un acier, produit des étincelles de Feu : le même phéno- mene a lieu dans les fluides lors- qu'ils sont agités par un mouvement violent , comme on l’observe dans une opération fort commune, par laquelle on sépare le beurre du lait; la crème, fouettée avec force , ac- quiert une chaleur sensible, qu'on reconnoit encore plus facilement en y appliquant un thermomètre. a chaleur des corps des ani- maux est attribuée à la vibration continuelle de leurs fibres, et au mouvement non interrompu de leurs humeurs. La seconce maniere d'augmenter FEU 269 l'efct du Feu élémentaire, est d’en- | tasscr une certaine quantité de vé- gétaux humides , verts et remplis de séve, et de les presser forte- ment ; ces veg étaux ainsi accumu- Is fermenteront, s’échaufferont , et finiront par s'enflammer. Une troisieme maniere est de mêler ensemble certains corps na- tureliement froids, mais échauftés jusqu'a un certain dégré, tels que l'eau et l'esprit-de-vin, qui, étant réunis , donneront un dégré de cha- leur plus considérable ; l'effet est encore plus marque lorsqu'on mêle de l'huile de girofle ou de cinna- momum avec de l'esprit-de- vin ; ce mélange s'échauffe spontané- ment, et pousse même des flammes comme un volcan. On peut produire les mêmes ef fets an moyen de plusieurs corps durs et secs, comme le soufre et la limaille d’acier. Pour finir cet article du Feu et de ses effets, nous dirons que cet élément est le principe de la flui- dité des humeurs, de la véséra- tion, de la putréfaction, de la fer- mentation, de la chaleur anima- le. ‘etc. Comme les quatre élémens, Peau, l'air, ia terre et le Feu, sont les seuls agens de la végétation , et que ce dernier y joue le plus grand rôle, ce que je viens de dire sur sa na- ture et ses proprictés, d’après les meilleurs Auteurs qui ont traité 270 PEU cette matiere ,ne peut déplaire aux personnes instruites qui s'occupent par goût de l'agriculture. FEVE DEJARDIN e FEVEROLLE, ox FEVE DE MARAIS. Voyez FABA. FEUILLES. On définit une feuille, Ia partie d'une plante étendue en longueur et en largeur , de maniere quelle a un côté distingué de l'au- tre. Elles sont proprement la partie la plus externe des branches, et l'ornement des petits rejettons ; les feuilles sont composées d’une ma- tiere glutineuse , mélée de veines et de fibres : leur principal usage est de perfectionner la sève nourriciere destinée au développement des bou- tons et des fruits. Nous considérerons d’abord com- ment les Botanistes ont distingué les feuilles, par rapport à leur for- me, et nous parlerons ensuite de cur usage dans la végétation. La feuille d’une plante ou d’un arbre differe de celle de sa fleur; Ja premiere est nommée simplement feuille , et la seconde pétale : il n’est donc question ici que des feuilles qui ornent les branches ct les tiges des plantes, et non des pétales de leurs fleurs. Les feuilles sont ou simples ou composées. FEU Les feuilles simples sont celles dont les pétioles n’en supportent qu'une ; et les composées sont celles dont les pétioles soutiennent plu- sieurs feuilles ou folioles. Les feuilles simples different dans la forme de leurs contours , de leurs angles , de leurs pointes, de leur surface, et dans leur substance : les feuilles qui n'ont ni angles rentrans, ni prolongement, sont orbiculaires ou rondes; elles sont conformées de manicre que leur longueur est égale à leur largeur, et que tous les points de leur circonférence sont également éloignés du centre. Voyez PE on: Une feuille presque ronde, sué- rotundum , est un peu inégale dans ses dimensions. P/ 1. fig. 2. Une: feuille ovale , ovatum , est celle dont la longueur excede la largeur , et dont la base ou partie inférieure forme un segment de cer- cle, mais dont la partie supérieure est plus étroite. PJ. 1. fig. 3. Une feuille ovale renversée , ob- versum , est celle dont la partie la plus étroite est attachée au pétiole. Une feuille ovale ou elliptique ; ovale , sive ellipticum , est celle dont la longueur excede la largeur, et dont les deux extrémités sont plus étroites que les deux segmens d'un cercle. Pl. 1. fig. 4. Une feuille en parabole, para- bolicum , est celle dont la longueur excede la largeur, et qui va en di- FEU minuant depuis la base jusqu'à l'ex- trémité ; elle a la forme d'un demi- ovale. Pl. 1. fig. §- Une feuille spatulée, ou en spa- tule, spatulatum , est presque ronde, mais étroite à sa base, et allongée linéalement. PL 1. fig. 6. Une feuille en forme de coin, cunei-forme, est celle dont la lon- gueur excede la largeur , et qui va en diminuant jusqu'à la base. PL. 1. fig. 7. Une feuille oblongue est celle dont la longueur excede de beau- coup sa largeur, et dont chaque extrémité est plus étroite que le seg- ment d’un cercle. PL. 5. fig. 8. Une feuille en forme de lance, lanceolatum , est oblongue, plus étroite vers chaque extrémité , et terminée en pointe. Pl. 1. fig. 9. Une feuille linéaire , Zineare , est celle dont les deux côtés sont pres- que paralleles Pun à l'autre; elle est ordinairement étroite, et un peu plus large au milieu qu'a chaque extrémité. Pl. 1. fig. 10. Une feuille en lamme ou en paille , acerosum, est celle qui est lincaire, qui reste sur l’arbre, et qui se conserve toujours verte, comme celle du Pin, de If, etc. PL +. fig ¥1- La feuille en forme d’aléne , sz- bulatum, est celle cui est linéaire en bas, et resserrée vers l'extrémité supérieure. PL 1. fig. 12. La feuille triangulaire , criangu- F EU 27% fare , est celle dont le disque est entouré de trois angles saillans. P/, I. fig? ag. La feuille quadrangulaire et celle à cinq angles, ne different de la précédente que par le nombre de leurs angles. PZ 1. fig. 14. La feuille deltoïde est celle qui a quatre angles, dont ceux des ex- trémités sont plus éloignés du cen- tre que les deux latéraux. PZ 1. fig. V5. La feuille ronde, rocundum , est celle qui n'a point dangle. ( Sinus.) Le mot sinus est em- ployé pour exprimer les ouvertures ou coupures qui se trouvent dans les feuilles , et les divisent en dif- férentes parties. La feuille en forme de rein , reni- forme , est d'une figure presque ronde, un peu creuse à la mais sans angles. Pi. 1. fe. Une feuille en forme de cordatum , est un peu ovale et a sa base, mais sans angles, Bi UZ La feuille en croissant, lvnula- tum , est presque ronde et creuse à sa bise , avec deux angles cour- base , 16. cœur, creuse Plo te bés en forme de seil PZ t. fig. 18. La feuille en fleche , sagitzarunz, est triangulaire et creuse a sa base, pour faire place au petiole. Pd x. fig. 19. La feuille en forme de cœur et de flèche, cordatum-sagittatum , res- 272 FEU semble à Ia précédente, mais ses côtés sont convexes. Pl.-t. fig. 20. La feuille en pointe-de lance’, hastatum , est d’une forme trian- gulaire; les côtés et la base en sont creusés, et ses angles étendus lui donnent la forme d’une feuille com- bosée -de> «trois iparties# «PA re fig. 243 La feuille en forme de violon, pandure-forme ; est oblongue , plus large aux deux extrémités qu’au mi- licu., qui est rétréci comme le corps d'un violon. Pi’. 1. fig. ‘22. La feuille fendue ou divisée, fissum, est séparce par des sinuosités linéaires et des marques droites , sui- vant le nombre de ces. divisions ; elles sont appelées feuilles à deux, trois ou plusicurs pointes. Pl. 1. fig. 23. bifidum , trifidum , etc. La feuille en lobe , /obatum, est divisée presque jusqu’à la edte du milieu, en deux parties éloignées lune de l'autre, et pourvues de marges convexes , suivant le nom- bre de leurs parties; on les appelle à deux, à trois ou à quatre lobes, bilobatum , trilobatum , etc. PL: 1. fig. 24, La feuille en forme de main, palmatum , est divisée jusqu'a sa base en plusieurs sezmens longitudinaux, où ils sont réunis , ce qui lui donne l'apparence d'une main ouverte. Pie Ts fra. La feuille en pointes aîlées , pin- nati-fidum , est séparée en travers FE U par des divisions oblongues et ho- risontales. P/..1. fig. 26. La feuille en forme de lyre, lyratum , est divisée transversale- ment en plusieurs segmens , dont les supérieurs sont plus larges que les inférieurs, qui sont aussi un peu plus éloignés les uns des autres. Pl:x. fig. 293 La feuille festonnée ou laciniée , laciniatum , a les côtés diversement divisés en franges irrégulieres. PL 1. fig. 28. La feuille sinuce, sinuatum, a plusieurs sinuositcs sur ses bords ; mais elle n'est point dentelée ni en- taillée. Pl. 1. fig. 29. La feuille dentelée et sinuce , dentato-sinuatum , est semblable à la précédente, mais ses lobes latéraux sont linéaires. La feuille divisée, partitum , est celle qui est séparée en plusieurs parties jusqu’a la base , de maniere que ces divisions paroissent être au- tant de feuilles, si on ne les exa- mine pas de près; on l'appelle 4i- partitum , ou tripartitum , suivant le nombre de ses parties. P/. 1. fig. 30. La feuille entiere, integrum , n'est point divisce , et a ses bords unis. Sommet. Apex. L'extrémité supé- rieure est celle qui termine la feuille, et que l’on nomme sommet; quand on considere les feuilles par rap- port à cette extrémité, on appelle Feuille tronquée, cruncatum, celle dont calin des Feulles . Ex FEU dont le sommet paroit comme coupé transversalement. Feuille mordue , premorsum , celle qui est terminée par des découpu- res trés-in¢gales et émoussées. PL. 1. fig. 31- Feuille émoussée , retasum , dont l'extrémité est terminée par un sinus obtus. P/.1. fig. 32. Feuille échancrée, emarginatum , celle dont l'extrémité est un peu dé- coupée. PL 1. fig. 33. Feuille obtuse , obrusum , dont la pointe est émoussée où termince par un segment de cercle. Pl. 1. Sig. 34 Feuille aiguë, acutum , celle dont l'extrémité supérieure est terminée en angle pointue. PL. 1. fig. 35. Feuille acuminée ou pointue , cuminatum , celle qui est terminée en pointe d'alèn. Pl. 1. fig. 36. Feuille en pointe obtuse, obzu- sum acumine, Celle dont la partie supérieure est arrondie, mais qui forme ensuite une pointe aiguë. PL. LE fige37: Feuille à tendron, ou vrille, ou main, cirrosum , Celle qui se ter- mine par un tendron. PL 1. fig. 38, comme dans les plantes g/o- riosa , flagellaria 5 etc. Côcés. Lacera. La marge, la bor- dure , ou le timbre, étant diverse- ment figuré dans les différentes es- peces de feuilles, forme aussi un caractere distinctif, Lacera. Tome FIL BE EsU 273 Ainsi, à l'égard de ses marges, la feuille est : Epineuse , spinosum ; c'est celle dont la marge ou le bord fini en piquants roides et durs. PZ 1. Sig. 39. Dentelée , dentatum, dont les bords ont des pointes horisontales , de la même substance que la feuille, mais séparées les unes des autres. PI, 1. fig. 40. Sciée , serratum , dont les bords, taillés et aigus comme les dents d'une scie , forment des angles aigus vers le haut. PL 1. fig. 41. Sciée en arrierc, rerrorso-serra- tum , dont les dents sont recour- bées vers la base de la feuille. Doublement cites , duplicato- serratum , scices à plus grandes dents dont les bords sont encore décou- pés en dentelures plus petites. Une feuille crènelée, crenatum 5 est celle dont les bords sont den- telés, mais dont les angles ne ten- dent, ni vers le haut , ni vers le bas : quand ces dentelures sont ob- tuses , on nomme la feuille crénelée obtuse ; lorsqu'elles sont aiguës , on la nomme crénelce aiguë , et si el- les-mémes sont encore crénelces , on l'appelle doublement crénelée. duplicato-crenatum. Pl. \. fig. 42. Une feuille arquée ou serpentine, repandum , est celle dont la marge a plusieurs sinus obtus, formés par des segmens de cercle. Pl. 1. fig. 43. Une feuille cartilagineuse, carti- M m 274. VE y Ta agineum, a ses bords garnis d'un cartilage ferme, dont la substance est différente de celle de la feuille. Plt. fig: 44: Une feuille cillée, ciliarum , est’ celle dont les bords sont garnis de poils parallèles, et semblables a ceux des paupieres. PI 1. fig. 4S. Une feuille déchirée, laceratum , est celle dont les bords sont coupés en segmens irréguliers. Une feuille rongée , erosum , est celle qui est sinuce, et dont les sinus sont encore dentelés sur leurs bords, par plusieurs autres sinus ob- tus. Pl. L. fig. 46. Une feuille très-enticre , integer- rimum , à ses marges entièrement exemptes d’entaillures. Surface. La surface, superficies , estle dehors owle plan de la feuille, soit par-dessus, soit par dessous : on distingue les feuilles par leur sur- face, en cuille visqueuse, viscidum, quand ses surfaces sont couvertes d'une humeur gluante. Feuille couverte de duvet, ou cotonneuse, romentosum, quand la surface est hérissee de poils fi courts et si fins, que l'œil ne peut les dis- tinguer Pun de l'autre , quoique ce duvet soit trés-apparent à la vue et au tact. Pl. 1. fig. 47. Feuille laineuse , /anatum , est celle dont la surface est couverte d'une substance laineuse , sembla- FEU ble à une toile d'araignée, comme dans les plantes salvia , syderitis, etc. Feuille velue, pilosum, est celle dont la surface est couverte de poils longs, qu'on apperçoit distinc- tement. PL :. fig. 48. Feuille rude, Aispidum , dont la surface est couverte de poils roi- des , qui piquent lorsqu'on les tou- che: PE 1. fio. 46: Feuille raboteuse, scabrum, est celle dont la surface a plusieurs pe- tites éminences irrégulieres. Feuille piquante , aculeatum , dont la surface est couverte de poin- tes ou d'épines fortes et aiguës, qui adhérent, ou sont attachées lé- gérement à sa surface. Feuille sillonnée ou cannelée , striatum ; C'est celle dont la sur- face est sillonnée par un certain nombre de lignes parallèles et lon- gitudinales. Feuille bouillonnée, papillosum , est celle dont la surface a plu- sieurs petites protubérances rondes, semblables à des vessies. Pl 1. fig. 50. Feuille ponctuce, punctatum , est celle dont la surface est marquée par un grand nombre de points: Feuille brillante, riridum , est celle dont la surface est lisse, lui- sante ct polie. Feuille ‘plisste, plicarum , qui a plusieurs élévations et cavités angulaires vers son extrémité, com- me si elle étroit plissée, ainsi FED qu'on le voit dans Idlckimilla. Pl. J. fais Feuille ondée, undulatum, dont la surface vers Ie bord séleve et tombe d’une maniere convexe, com- me les vagues de la mer. Feuille frisée, crispum, dont la circonférence est plus grande que le disque, de maniere que la sur- face s'éleve en onde. Pl. 1. fig. $ 2. Feuille inégale ,.. rugosum ,. est celle dont les nervures sont con- tractées et rétrécies de maniere que le tissu de la feuille, qui a plus de surface, forme entre chaque masse une éminence irrégulier. Pl. 1. fig. 53: Feuille creuse ou concave, con- cavum , dont la marge est cuntractée de maniere que le milieu est creux ou enfoncé. Feuille veinée, venosum , dont Jes veines sont divisées et trés-fa- ciles a distinguer. Feuille convexe , dont le milieu s’éleve en protubc- rance. Feuille nerveuse , dont les veines s'étendent en lon- gueur de la bâse à la pointe, sans se séparer. en branches. Pl. 1. fig. 54: Feuille colorée, colorätum , dont la surface a d’autres couleurs que le vert. il: Feuille: unie , glabrum)j, dont Ja surface est lisse et sans aticuneliné- galité, 29 convexum nervosum 4 FEU 27 Substance. La : substance d’une feuille se reconnoît par ses bords; on les distingue sous ce rapport en feuilles Conique, seres, dont la subs- tance est épaisse. Cette feuille est ordinairement cylindrique. Demi - conique, | semi -cylindra- ceum , qui est d'unc figure cylindri- que, maiselle est applatie d’un côté. Tubulée ou creuse, cubulosumi, qui est creuse. comme une: filite, comme celle des Oignons. Charnue, carnosum , est celle qui est succulente et remplie de pulpe. Comprimée, compressum , C'est celle dont les côtés sont compri- més de manicre que ‘la substance de la feuille est plus large que le disque. Unie , planum , dont la surface est par-tout parallèle. Bossue ou convexe, gidhum , qui ést convexe sur les deux :côtés, le milieu étant plus rempli de pulpe. Applatie, depressum, dont le disque est plusapplati que les bords. Sillonnée ,» canaliculätum.; dont le milieu est traversé dans sa lon= gueur par -un sillon profond, et presque cylindrique. PA 1. fig. § 5. A double -face ;: anceps ; dont le disque est convexe, et quiia deux angles :sailläns ec longitudi- naux. En forme d'épée, ensi-forme, dont Jes bords sont minces, avec un côté M m 2 276 FEU saillant, qui les traverse dans le mi- lieu , depuis la base jusqu’a Ja pointe. En forme de glaive ou de cime- terre, acinaci-forme, qui est char- nue et comprimce , ayant un de ses bords convexe et mince , et Fautre droit et épais. Pl. 1. fig. 56. En forme de hache, dolabri-forme. Cette feuille est celle qui est presque ronde, obtuse, comprimée, bossue, convexe par derriere, aiguisée ct cylindrique vers le bas. PZ. x. fig. ¥7° En forme de langue, lingui-forme , quand elle est linéaire, charnue et obtuse , convexe en-dessous, et quelquefois avec des bords cartila- gineux. PL 1. fig. 58. À deux tranchans, anceps, quand elle a deux angles saillans qui vont en longueur sur un disque con- vexe. A trois côtes , criquetrum ; quand elle a trois côtés unis et longi- tudinaux , pareils à ceux des feuilles en forme d’aléne. A trois bords, crigonale , celle- ci ressemble fort aux précédentes, mais elle a ses côtés aigus et mem- braneux, et ses surfaces sont can nelées; si elle a quatre ou cinq angles, on la nomme tétrangonale ou pentagonale. Sillonnée, sulcatum , quand elle a plusieurs sillons dans sa lon- gueur, avec des sinus obtus. P/. 1. SE 59- PE U En forme de carène ou de quilte de bateau, carinatum, quand la partie inférieure du disque est sail- lante dans toute sa longueur, et sa partie supérieure concave comme la quille d’un bateau. Membraneuse, membranaceum , quand elle est entièrement com- poste de membranes, sans qu'il y ait entr'elles aucune pulpe apparente. Une feuille composée , composium , signifie Ca général une feuille formée de plu- sicurs antres, réunies et soutenues par un même petiole. Ces feuilles se distinguent encore suivant ja figure ou la position de leurs-pe- tites feuilles; 1°. on les. divise en celles qui sont proprement et dis- tinctement appelces feuilles compo- ses; 2°. en feuilles décompostes ; 3°. en feuilles sur-décomposces : nous parlerons de chacune à leur place: La feuille entiere , qui est l’as- semblage de toutes les autres, est considérée comme une seule feuille, folium. Les petites, qui, toutes en- semble composent cette premiere , sont appelées foliola, lobes ou folio- les. È Une feuille simple, composée ; est celle dont le petiole soutient plu- sieurs feuilles. La feuille noueuse, articulatum , est celle dont la pointe soutient une autre feuille. PL 1. fig. 60. Une feuille digitée, digitatum 5 est celle qui est composée de plu- Feuilles composées. Se 40 4 er a EATLL MRC An 6 e D PR ES - . Re peat. 14 ) 7 in | es ah Kt ee eee re ABLE. + ttes + ‘ , ui cee ae ce +" u . A URL Sis teNpaee - Hh Volleys, ! Lt, Pag. 277. | £xplcakon des Feulles . FEU sieurs petites feuilles jointes par leur base au mème pétiole, et qui s éten- dent et s'ouvrent comme les doigts de la main. PZ 1. fig. 61. La feuille à deux lobes , binatum , a deux petites feuilles sur un petiole. Pl. 1. fig. 62. Une feuille à trois lobes , rerna- tum, est celle qui a trois petits lo- bes : souvent on l'appelle aussi Trifolium , Trefle. Pl. 1. fig. 63. Une feuille 4 cing lobes, quina- tum, est celle qui a cinq petites feuilles sur le méme petiole. Une feuille ailée , empennée ou pinnée , pinnatum , est celle qui a plusicurs petites feuilles rangées sur chaque côté du même pétiole, com- me autant d'ailes. Il y en a plusieurs gcnres. Une feuille -aîlée inégalement , pinnatum cum impari , est une feuille aîlée , terminée par un lobe impair. Pi. 2. fig. 1. Une feuille ailée , avec des mains ou vrilles , pinnatum cum cirrho , est une feuille ailée , terminée par une vrille. PL. 2. fig. 2. Une feuille aîlée, et par paires, abruptum, est une feuille aîlée, qui se termine en lobes pairs et sans vrilles. Une feuille dont les ailes sont op- posées , opposite pinnatum , est celle dont les petites feuilles ou lobes sont placces sur la côte du milieu, de maniere qu elles sont opposées Pune oo. à l'autre, Pi, 2. fig. 3. FEU Cp Une feuille dont les ailes sont alternes , alternatum pinnatum > a ses lobes placés alternativement. Une feuille dont les ailes sont in- terrompues , interrupte pinnatum, est celle dont la côte mitoyenne sou- tient de petits lobes entremélés avec de plus grands. PZ 2. fig. 4. Une feuille à aîles articulées, ar: ciculatè pinnatum , est celle dont le petiole commun a des nœuds. PL 2. fig. §- Une feuilles à ailes courantes, de- cursivé pinnatum ; est celle dont les petites feuilles coulent le long de la tige de Tune à l'autre. PL 2. fig. 6. Une feuille conjuguée, conjuga- tum, est celle qui na que deux petites feuilles sur le même pé- tioless ins Feuilles décomposées. Une feuille décomposte, decompositum, est celle dont le pétiole a une division, et qui rcunit ensemble plusieurs petites feuilles. Une feuille doublement conju- guée , bigeminarum, est celle dont le petiole se divise en fourche , et réunit quatre petites feuilles sur son extrémité , ou qui est composée de deux conjugaisons. Une feuille doublement trifoli¢e, biternatum , est celle dont le pétiole est divisé , et dont chaque division supporte trois petites feuilles. P4 2. Sig 7- Une feuille à doubles ailes, bi 278 FEU pinnatum , est celle dont le petiole est divise, et dont chaque division soutient de petites feuilles rangées comme de petites ailes. Planc. 2. fg. 8. Une feuille composée sur un pied ou pétiole , pedatum, est celle qui a plusieurs folioles réunies à leur base. sur un petiole commun, ou dont le pétiole est divisé, ct sou- tient quelques petites feuilles placées sur le côté intérieur , comme dans le Passifiora et ŸArum. Planc. 2. Sg. 9- Une feuille sur-composée , supra decompositum , est celle dont le pé- tiole est plusieurs fois divisé, et dont chaque division est garnie de petites feuilles. Une feuille triternée, srirernatum, est celle dont le petiole réunit trois feuilles doubles trifoliées. Une feuille triplement ailée , zri- pinnatum , est une feuille composce de plusieurs autres doublement ai- Iées; si elle sc termine par deux petites feuilles, on les appelle abrup- tes ou par paires. Pl, 2. ig. 10. Si elles se terminent par une feuille, on les nomme feuilles irre- gulieres triplement ailees, Pl. 2. jg. IT. Nous allons considérer mainte- nant les feuilles suivant le lieu qu’el- les occupent, leur position, leur insertion, ou leur direction, quand elles sont jointes aux autres parties gg la plante. FEU Une feuille séminale, seminale , est la premiere feuille d’une plante. Les Anciens Auteurs l’appeloient Cotyledon ; celle-ci difière des autres par sa forme et par sa substance. Elirhyés, 12. Une feuille radicale, radicale , est celle dont le petiole sort immédi:- tement de la racine. Une feuille supérieure ou de la tige, caulinum, est celle qui sort de la tige de lacplante. Pl. 2. fig. 13. Une feuille axillaire, axillare, est celle qui sort des insertions des branches. PZ 2. fig. 14. Unc féuille florale ou à fleur, frorale, est celle qui se trouve au près de la fleur, et ne paroît jamais qu'avec elle. Pl. 2. fig. 15. Une feuille étoilée, scellatum, PL 2. fig. 16, ou feuille verticillée , verei- cillatum. On appelle ainsi celles qui sont rangées circulairement ou en forme d’anneau au tour des bran- chiess: PZ) nafip.. 17s Les feuilles opposées, opposita y sont celles qui sortent par paires, opposces l’une à l'autre, sur chaque côté des branches. Pl. 2. fig. 18. Les feuilles alternes, a/rerna, sont ainsi appelées quand on les trouve placées alternativement l'une sur l'autre. PJ. 2. fig. 19. Les feuilles éparses, sparsa , sont placées sans ordre sur toute la lon- gueur de la plante, Les feuilles rapprochées, conferta, sont celles qui sortent des côtés des FEU branches si près les unes des autres, qu'il n'est pas aisé de distinguer exactement leur situation, P/. 2. AE DRE sv Sir cy Les feuilles imbriquées, iméri- cata , sont celles qui se trouvent pla- cées les unes sur les autres comme des tuiles ou des écailles de poisson. Pie. fiz. 24. Les feuilles en faisceau, fasci- culata , sont celles qui sortent du même bouton. PL 2. fig. 22. Distica , quand les feuilles sont rangées le long des côtés des bran- ches, comme dans le Pin. Une feuille en forme de bouclier, peltatum , est celle dont le pétiole est attaché au disque, et non à la base ou au bord de la feuille. P/. 2. fig. 23- Petiolatum , c'est quand le pétiole est inséré dans la base de la marge, Pl. 2. fig, 24, ou quand une feuille est supportée par un petiole, La feuille est dite sessile, sessile , quand elle naît de la branche meme, sans en être séparce par un petiole. PL, 1812. Une feuille courante, decurrens , est celle qui adhère à la branche ou à la tige , et qui s'étend dans toute sa longueur depuis sa base , de ma- niere qu’elle forme une bordure de feuille de chaque côté. Pl. 2. fig. 26. La feuille amplexicaule est celle dont la base entoure ou embrasse entièrement la tige. Pl. 2. fig. 27. Semi - amplexicaule , quand sa FEU 279 base n’embrasse que la moitié de la tige. Une feuille perfoli¢e , perfoliacum, est celle qui est traversce par la tige ou par la branche qui ne touche pas asa marge. PL 2. fig 26. Connatum : on s'exprime ainsi lorsque deux feuilles oppostes sont réunies par leurs bâses, de maniere qu'elles composent un corps qui embrasse la tige. PJ 2. fig. 29. Vaginans , en gaine; C'est quand la base de la feuille forme une espece de cylindre qui embrasse la tige comme un étui, comme on le voit dans le Gramen. Pl. 2. fig. 30. Direction des feuilles. Pax rapport a leur direction on les distingue ainsi: une feuille adverse, adversum, est celle dont les bords sont hori- zontaux et non perpendiculaires , comme dans le Gingembre. Une feuille oblique, obliquum , est celle dont la base est rournée vers le ciel, et dont le sommet est horisontal. Une feuille recourbée, inflexum , croît en forme d’arc, de maniere que sa pointe retourne vers la tige. Pl. 2. fig. 31. Adpressum, se dit quand le disque de la feuille approche de la tige. Une feuille érigée , erectum , est celle qui est placée de maniere qu'elle forme un angle trés-aigu avec la tige. Pl. 2. fig. 32. On l'appelle étendue, quand elle ne forme pas avec la tige un 280 EVE'U angle aussi aigu que la précédente, mais elle nest cependant pas hori- zontale. PL 2. fig. $3. Une feuille horizontale , horizon- tale, est celle qui forme un angle droit , parfait avec la tige. P/. 2. SiS. 34- Une feuille couchée, declinatum , st celle dont le sommet est plus bas que la base. Pl. 2. fig. 35. Une feuille roulée, revolutum , est celle dont la partie supérieure est roulée en bas. Pl. 2. fig. 36. Une feuille pendante, dependens, est celle dont le sommet est dirigé vers la terre. Une feuille à racines, radicans , est celle qui pousse des racines comme celles de quelques plantes grasses, Cotyledon ou autres. Une feuille flottant sur l'eau, natans , est celle qui se développe sur la surface de l’eau, comme le Lys aquatique. Demersum s'emploie pour expri- mer une feuille qui est immédiate- ment au-dessus de la surface de l'eau. Après avoir indiqué les différen- tes formes et les positions des feuilies par lesquelles les Botanistes les dis- tinguent , il est tems d'entrer dans quelques détails au sujet de leur structure et de leur usage; car les feuilles n'ont point été formées par la Nature comme un simple objet d'ornement, mais elles ont un usage plus important dans la végétation, et les différences qu'on remarque FEU entr'elles, sont annexées à leur na turc et à leurs besoins. Quelques plantes ont des feuilles très-Cpaisses et charnues, dont la substance pulpeuse est remplie d’une abondante humidité : ces plantes croissent ordinairement sur des ter- reins secs, stériles et pierreux, et sont la plupart originaires des pays chauds : elles transpirent très-peu en comparaison des autres : presque toutes les parties des feuilles de ces plantes sont recouvertes d’une peau mince , serrée , ct percée de petits pores, par lesquels elles se débar- rassent d’une humidité superflue , qui, si elle étoit retenue dans la substance de la plante, la feroit bientôt tomber en pourriture. Les feuilles de tous les arbres et arbrisseaux qui conservent leur ver- dure pendant toute l'année, ‘ont ; ; M aussi une peau mince ct serrée qui couvre leur surface ; on la découvre en les faisant macérer dans l’eau, afin de séparer le parenchysme des vaisseaux des feuilles ; ce qu'on ne peut pas faire sur les feuilles des arbres toujours verts, que cette peau ne soit enlevée. L'expérience prouve que ces ar- bres ne reçoivent et ne rendent que très-peu d'humidité dans le même espace de tems, lorsqu'on les com- pare aux arbres et aux arbrisseaux de peu de durée : c’est principale- ment à cette enveloppe serrée , ainsi qu'à la petite portion d'humidité renferm¢e FEU renfermée dans leurs vaisseaux, que ces arbres doivent leur verdure con- tinuelle, et la conservation de leurs feuilles; d’ailleurs, leurs sucs nourri- ciers sont toujours mêlés d’une quan- tité plus ou moins grande de thére- bentine, qui les préserve des injures de la gelée; de maniere que ces arbres, toujours verts, peuvent pros- pérer dans les parties les plus froides du monde habitable. Dans toutes les feuilles des arbres et des plantes que j'ai examinées, jai reconnu deux ordres de veines ou de fibres, dont chacun aboutit à une surface ; j'ai observé générale- ment que la partie inférieure des feuilles, avoit des ramifications plus larges , qui pouvoient donner pas- sage à une liqueur que les veines de la surface supérieure n’auroient pu admettre. Ces deux sortes de veines sont jointes dans plusieurs endroits; mais cependant elles ne sont pas tellement unies, qu'on ne puisse les séparer aisément , après les avoir fait ma- cérer dans l’eau pendant un certain tems: il y a des feuilles qui ont besoin de séjourner dans l'eau plus long-tems que d’autres, pour qu’on puisse séparer leurs fibres sans les déchirer. On suppose que ces deux ordres de veines ont différentes destina- tions; on croit que les lames supé- rieures sont les trachées à travers lesquelles la matiere de la transpi- Tome III. EF EU 288 ration est poussce, et par lesquelles Pair est inspire : il est assez évident que cest par les pores que se dé- chargent encore les substances qui sortent des plantes, car la matière giutineuse , appelée communément rosée mielleuse 5 se trouve toujours attachée sur la surface supérieure de la feuille, d'où plusieurs personnes ont cru que cette substance tom- boit d’en-haut, et étoit recue sur la feuille pendant la nuit : la mane qu'on ramasse sur les Frênes, dans la Calabre, et sur l’Abagie, en Perse, n'est autre chose que le suc nourri- cier, ou une substance qui en est séparée, qui sort des pores de la feuille, et qui s'épaissit sur leur surface par le froid de l'air: toutes les fois qu'on trouve cette substance en grande abondance sur les feuilles, on peut être assuré que la plante est malade. On suppose que l’ordre inférieur des veines, est destiné à recevoir, à préparer ét à conduire les vapeurs qui s'élevent de la terre, et qui con- tribuent beaucoup à la nourriture des plantes : d’ailleurs ces deux surfaces paroissent conformées pour ces deux usages différens ; la supérieure est presque toujours lisse et luisante , et l’inférieure est ordinairement cou- verte de poils ou d’un duvet doux; ce qui la rend plus propre à retenir les vapeurs, et à les transmettre aux vaisseaux intérieurs : dans toutes les feuilles dont la structure est Nn 182 FEU: différente, on trouve, par des ex- périences, que leurs fonctions chan- gent aussi: car dans celles dont la surface supérieure est garnie de du- vet ou de poils, c'est alors cette surface qui est destinée à être le réservoir et le conducteur de Phu- midité , et non pas l'inférieure. Si l'on change la direction de ces surfaces, en retournant les branches qui portent les feuilles , les plantes sont arrêtées dans leur accroisse- ment jusqu'à ce que les petioles se soient retournés, ct que les feuilles aient repris leur premiere position ; ce qui prouve combien il est néces- saire de soutenir les foibles bran- ches des plantes , dont le naturel est de croître ¢rigées , qui se roulent, pour s'appuyer , autour des arbres voisins, ou qui poussent des vrilles, par le moyen desquelles elles s’at- tachent aux plantes et aux arbres qui se trouvent à leur portée, pour se contenir dans leur véritable po- sition ;-et combien au contraire il est absurde d'attacher les rejettons et les branches des plantes qui sont disposées naturellement à remper sur la terre : dans ces deux circons- tances la nature est renversée, et par conséquent l'accroissement de ces plantes est beaucoup retardé. Telle est la principale fonction à Jaquelle les fouilles des arbres et des plantes sont destinées; mais elle n'est point la seule, il en est d’autres en- core également importantes à la FEU perfection des végétaux et de leurs fruits; comme celle de nourrir les petioles, à la base desquels naissent toujours les rejettons de l’année sui- vante; tant que les feuilles sont en bon état, ces boutons augmentent en grosseur , et dans les arbres de peu de durée, ils parviennent à leur maturité avant que les feuilles se séparent de leurs pétioles en au- tomne : si par quelqu’accident les feuilles se brouissent, ou si elles viennent à être coupées, quoique les pétioles restent, les boutons se fictrissent ou n'arrivent pas au dégré de grosseur qu'ils doivent avoir, faute de cette nourriture qu'ils re- cevoient des feuilles : ainsi toutes les fois que les arbres sont dépouillés de leurs feuilles, ou que ces feuilles sont coupées, ou diminuces par quelqu’autre accident, quand le bouton est presque formé, si cela arrive avant que le pctiole se sépare: naturellement des branches, les rejettons en seront plus ou moins. affoiblis, selon que cet accident sera arrivé plus tôt ou plus tard : ainsi, : d'après plusieurs expériences faites. pour constater de quelle utilité les feuilles doivent être aux plantes, on a reconnu que, quand leurs feuilles ont été arrachées, mangées ou cou- pees pendant leur accroissement, ces plantes en ont été sensiblement af- foiblies ; ce qui nous doit apprendre à ne pas couper les feuilles des ar- bres dans quelque cas que ce puisse FEU être , tandis qu'elles sont en vigueur et qu'elles conservent leur verdure : cela nous fait voir encore combien il est absurde de faire ronger l'herbe du bled , comme on le pratique or- dinairement , en y conduisant, pen- dant lhiver et au printems, des troupeaux de moutons; car il arrive de-la que les tiges s’affoiblissent, et produisent des épis beaucoup plus courts, et des grains beaucoup moins forts et moins nourris que ceux d’un champ voisin, dont l'herbe n'aura pas té mangée : l'expérience et l'observation m'ont d’ailleurs prou- vé que, quand l'herbe du froment a été mange jusqu'auprès de la racine, les brins qui poussent ensuite sont beaucoup plus foibles que si Yon eût laissé les premieres feuilles: on peut observer l'effet de cette méthode, dans tous les pâturages destinés aux moutons, où l'herbe est beaucoup plus fine et plus courte que dans les autres endroits, ainsi que dans les Boulingrins et autres pieces vertes, dont I’herbe devient d'autant plus fine, qu'elle est plus souvent fauchée ; cette herbe est cependant la même que celle qui se trouve dans les plus riches pâtura- ges; et quoique sa finesse soit À désirer pour ces pieces vertes et les boulingrins , on doit éviter dans les lieux destinés au produit plutôt qu'à l'agrément. Outre ces usages, les feuilles ser- vent encore à mettre à l'abri du FE U 2813 soleil les boutons qui doivent four nir les rejettons de l'année suivante, et à procurer de l'ombre aux jeunes fruits, ce qui leur est absolument nécessaire pendant leur accroisse- ment. J'ai suspendu plusieurs fois les feuilles d’un arbre placé contre une muraille, en exposant les fruits au soleil , sans en arracher aucune, et j'ai observé que ces fruits ont été beaucoup retardés dans leur ac- croissement, et ne sont jamais par- venus a la grosseur des fruits voi- sins, quoiqu'ils fussent placés sur Ja même branche; ils n’avoient pas non plus un gout aussi agréable, et ctoient moins remplis de jus. En faisant cette expérience , j'ai pris toute les précautions poflibles pour que les feuilles ne fussent pas renversces , et j'ai été convaincu, d’après beaucoup d’essais, que cette opération est nuisible à toutes les es- peces de plantes. Les feuilles fervent encore à dé- barrasser la plante de ses sucs su- perflus ; cette transpiration a beau. coup de rapport avec celle des ani- maux ; et comme les plantes re- coivent et transpirent dans le méme espace de tems beaucoup plus que ces derniers, il est evident que les feuilles sont très - néceflaires pour conserver les plantes en parfaite vi- gueur : on a reconnu par les cal- culs les plus exacts, faits d’après plusieurs expériences , qu'une feule plante de Tournesol pompe et trans- Nr 2 184 FEU pire en vingt-quatre heures dix-sept fois plus qu'un homme. Comme les Naturalistes ont as- signé quatre fonctions aux feuilles , je vais les rapporter ici, ainsi que les expériences qu'ils ont faites pour vérifier leurs hypotheses, 1°. Les feuilles reçoivent , prin- cipalement au printems, des hu- meurs crûes; elles les atténuent , les mettent en mouvement dans les utricules, & les distribuent à la plan- re, après les avoir rendu propres à lui servir de nourriture. 4 2°. Elles peuvent éprouver une transpiration qui réponde à la même évacuation dans les animaux ; car quelquefois les vaisseaux excrétoirs des feuilles sont si surchargés et si gonflés de sucs, qu'ils se crevent au milieu , et fournissent une issue aux parties les plus subtiles; aussi dans les saisons chaudes, iln'est pas fort rare de voir sur les arbres une grande quantité de ces sucs extra- vâsés ; telle est la manne qui cou- vre les feuilles de certains arbres, lorsqu'une nuit froide succède à un jour chaud ; la même chose arrive souvent à différentes autres plantes, comme on s'en appercoit en exami- nant les manœuvres des abeilles, qui vont sur les tiliculs recueillir la subs- tance gommeuse dont leurs feuilles sont couvertes; c’est ainsi, sur la sur- face des. feuilles, comme sur les fleurs, que ces insectes ramassent leur miel : si la chaleur diminue, FEU tous ces sucs superflus, excepté peut- être ceux qui s'exhalent par les ori- fices des vaisseaux artériels, ren- trent dans la masse commune, et retournent dans le tronc. 3°. Les vaisseaux des feuilles, qu'on peut comparer aux veines des animaux, desséchés par la chaleur du jour, peuvent absorber pendant Ja nuit l'humidité que Pair leur four- nit sous la forme d’une rosée très- fine, & réparer ainsi la perte que la plante a soufferte par ses vaisseaux artériels pendant le jour précédent. 4°. Enfin la feuille sert principale- ment à fournir la nourriture au bouton qui se trouve au-dessous, lequel , devenant plus gros par dé- grés , comprime les vaisseaux du pétiole, qui, ne pouvant bientôt plus donner passage aux sucs qui lui viennenz de la feuille, s'altère, se pourrit, & entraîne la feuille avec lui: telle est la cause de la chiite des feuilles en automne. Le Docteur Hales, dans son ex- cellent Traité de la statique des vé- gétaux, en parlant de la transpi- ration des plantes, donne un détail des expériences suivantes, Aux mois de Juillet et d’Aoùût , it avoit coupe plusieurs branches de Cerisier, de Pommier, de Poirier, d'Abricotier, deux. de chaque es- pece ; ces branches ctoient de trois ou six pouces de longueur, et gar- nies de branches latérales en propor- tion; la coupe transversale du côté FEU de la tige, étoir à-peu-près d'un pouce de diamètre. Il dépouilla de ses feuilles une branche de chaque espece, il plaça ensuite leur tige dans différens vases de verre, avec une quantité d’eau déterminée. Les branches garnies de leurs feuilles absorberent dans l’espace de douze heures, environ quinze onces d'eau, d’autres vingt-cinq et trente, plus ou moins, suivant la quantité de feuilles dont elles étoient char- gées; et le soir, en les pesant, il les trouva plus légeres que le ma- tin. Les branches dépouillées de leurs feuilles n’absorberent qu'une once, et le foir elles se trouverent plus pesantes que le matin. La quantité d'eau absorbée par celles qui avoient des feuilles, di- minua beaucoup tous les jours, les vaisseaux de la seve étant resserrés par la coupe transversale, ct trop saturés d’eau pour en laisser passer encore; les feuilles se Actrirent beau- coup en quatre ou cing jours. Il ajoute qu'il répéta les mêmes expériences avec les branches d’Or- me, de Chêne , d’Osier, de Saule, de Grofeiller, de Noisetier et de Tremble ; mais qu'aucune de ces especes n'imbiba autant que les pré- cédentes. , et que plusieurs especes d'arbres toujours verts , imbiberent encore moins. Il parle encore d’une autre ex- périence ; le 5 du mois d’Août it FEU 128$ coupa une petite branche de Pom- micr , de deux pouces de longueur, garnie de douze feuilles et d’une grosse Reinette; il placa Ia tige dans une phiole pleine d'eau , et il ob- serva qu'en trois jours le fruit avec ses feuilles, avoit absorbé un tiers d’once. Il détacha du même arbre une autre branche de la méme longueur, avec douze feuilles, mais sans fruit; cette branche, dans le méme es- pace de tems que la précédente , absorba presque trois quarts d’once, Dans le même tems il placa dans une phiole pleine d’eau une branche du même arbre, sans feuilles, et chargée de detix grosses Pommes ; en deux jours cette branche ab- sorba presque trois quarts d’once. Dans cette expérience , les Pom: mes et les feuilles pomperent qua: tre cinquiemes d’une once d’eair, ct les feuilles seules presque trois cin- quiemes ; les deux grosses Pommes n'absorberent et ne transpirerent qu'une troisieme partie de ce que les douze feuilles transpiroient ; or une Pomme se chargea d’unesixieme partie de ce qui étoit imbibé par les douze feuilles ; ainsi deux feuilles. simbibent et transpirent autane qu'une Pomme , d’où il paroit que leur transpiration est proportion- née a leur surface, la surface de: la Pomme étant à-peu-près égale aux surfaces supérieures et inférieur res de deux feuilles. 28.6 FE U D'où il est probable que l'usage de ces feuilles qui se trouvent pla- cées à côté du fruit , est de lui four- nir sa nourriture. En conséquence le même Auteur observe que les feuilles qui sont join- res aux fleurs , sont fort étendues au printems, tandis que les feuilles des rejetons ftériles ne font que com- mencer à pousser, et que toutes les feuilles du pêcher sont tres-larges avant la chüte de la fleur. Dans les Pommiers et les Poi- riers , les feuilles sont au tiers, ou même à la moitié de leur grandeur avant que la fleur s'épanouisse; la nature est si pourvoyante qu'elle fait d'avance des provisions pour la nourriture du fruit. Le même Docteur Hales parle encore d'une autre expérience ; il dépouilla de ses feuilles une bran- che de Pommier, et plaça ensuite le plus gros bout de cette branche dans un vase rempli de mercure ; le mercure s’éleva d’abord à la hau- teur de deux pouces et demi, mais il s’abbaissa bientôt faute d’unetrans- piration des feuilles assez abondante, de maniere que l'air entra pres- qu'aussi vite que la branche sim- biba d’eau. Et pour prouver d'une maniere plus frappante que les feuilles ser- vent à élever la sève, il fit aussi l'expérience suivante. Le’ 6 d'Août il coupa la tige d'une grosse Reinette brune, garnie FEU de douze feuilles et d’un Fruit 341 affermit solidement cette tige, dont la longueur croit d’un pouceet demi, . dans la partie supérieure d’un tube de six pouces de longueur , sur un quart de pouce de diamètre, et il observa qu'a mesure que la tige simbiboit d’eau, elle éleva le mer- cure à quatre pouces. Il attacha de la même maniere une autre tige de Pomme, aussi grande que la premiere, et il en ar- racha les feuilles ; cette tige ne fit monter le mercure qu'a un pouce; il posa une parcille branche encore de mème, clle avoit douze feuil- les , mais point de fruit ; cette der- niere cleva le mercure à trois pouces. Il prit ensuite une branche de la même grandeur que la précé- cente, mais sans fruit et sans feuil- les; elle fit monter le mercure à un quart de pouce. $ Ainsi un rejeton avec une Pomme et des feuilles, éleva le mercure à quatre pouces ; une branche avec des feuilles ne le fit monter qu'à trois pouces; et une troisieme avec une Pomme et sans feuilles, ne l’é- leva qu'a un pouce. Un Coing garni de deux feuilles tout auprès de l'insertion du reje- ton, ¢leva le mercure à deux pou- ces et demi, et le tint à cette hau- teur pendant un tems considérable. Une tige de Menthe, fixée dans un tube, fit monter le mercure à F EeU trois pouces ct demi, ce qui est égal à quatre pieds cinq pouces d'eau. Ces expériences et plusieurs au- tres du Docteur Hales, montrent évidemment combien est abondante la transpiration des feuilles dans les plantes, et leur grande utilité pour y faire monter la séve , ainsi que pour d’autres fonctions sur lesquel- Tes le Lecteur trouvera d’amples éclaircissemens dans le Traité de cet Auteur. . Fajouterai que la Nature nous a prescrit la vraie distance que nous. devons donner aux arbres plantés en espalier, ainsi qu'a tous ceux qu'on place contre les murailles , puisque cette distance doit être tou- jours proportionnée à la grandeur de leurs feuilles; car si nous exa- minons le progrès de la transpira- tion dans la grande variété d'arbres offerts à nos observations , nous trouverons que leurs branches lais- sent toujours entrelles une distance plus ou moins grande, suivant que leurs feuilles sont plus grandes ou plus petites. Cest par cette raison que les Romains aimoient tant les Platanes, dont les larges feuilles leur four- nissoient beaucoup d’ombrage en été, mais dont les branches, dé- pouillées en hiver , n’interceptoient point les rayons du soleil. Qu'il me soit permis à présent de rapporter quelques-unes des ex- périences qu'à faites M. Bonnet de F'E U 237 Genève, pour prouver que la plu- part des feuilles absorbent l’humi- dité de l'air par leur surface infé- rieure : et non par leur surface su- périeure ; voici ces expériences. Cet Auteur ramassa les fouilles. de seize especes de plantes herba- cées, parvenues à toute leur gran- deur ; il en mit plusieurs de chaque: espece sur la surface de l’eau, dans: des vâses de verre; quelques-unes de ces feuilles étoient placces sur len” face supérieure, et d’autres sur fe côté oppose; toutes furent ainsi dis posées , avec attention de ne pas mouiller la partie opposée, non plus: que leurs pétiolés. Ces vases furent déposés dans un cabinet dont l'air étoit tempéré ; à mesure que l'eau qu'ils contenoient se dissipoit par l'évaporation , on y en remettoit: de la nouvelle par le moyen d’une seringue, afin que les feuilles ne: fussent pas dérangées ; les feuilles ctoient celles des plantes suivantes : du Plantain , du Bouillon blanc ,de l’Arum, du grand Saule, del'Or- tie, du Marrube du Pérou, de Ia Féve, du Tournesol, du Chou, de’ la Mélisse, de la Créte de Coq, de l'Amaranthe à fevilles pourpres ,, de l'Epinar et du petit Saule. Parmi ces especes il s'en trouva: six qui conserverent long-tems leur: verdure, étant placées les unes sur une fice, les autres sur l’autre; ces’ premieres étoient , L’Arum, la Fève, le Tournesof!,. ae 2990 FE U le Chou, l'Epinar et le. petit Saule ; les autres especes absorbé- rent mieux l'humidité par leur sur- face supérieure que par leur infe- ricure; de ce nombre étoient le Plantain , le Bouillon blanc, le grand Saule , VOrtie, la Crête de Coq, PAmaranthe pourpre. Les feuilles de lOrtie, dont la surface inférieure touchoit l'eau , furent flétries en trois semaines; celles dont la surface supérieure touchoit l'eau , conserverent leur verdure l'espace de deux mois. Les feuilles du Bouillon blanc, dont la surface inférieure touchoit Yeau, ne conserverent leur verdure que cing ou six jours; celles dont Ja surface supérieure touchoit l’eau , conserverent leur verdure l'espace de cinq semaines. Les feuilles de l’Amaranthe pour- pre , dont la surface supérieure tou- choit l'eau , conserverent leur ver- dure pendant trois mois; celles dont la surface inférieure touchoit l’eau , ne resterent Vertes qu'une semaine. Les feuilles de Marrube du Pé- rou et de Mélisse , dont la surface infcrieure teuchoit l'eau, parois- soient avoir l'avantage sur celles qui étoient en sens contraire. Les feuilles de Arum et de la Crète de Coq, dont les pétioles croient plongées dans l’eau , conser- verent leur fraîcheur plus long- tems que celles dont la surface ctoit couchée sur l’eau. FEU Les feuilles du grand Saule , de l'Ortie, du Tournesol, du Marrube du Pérou et de l’Epinar, dont les petioles furent plongés dans l'eau, ne conserverent pas leur verdure aussi long-tems que celles dont l’une ou l'autre surface touchoit l’eau. Les feuilles du Bouilion blanc, du Plantain et de l’Amaranthe , qui recevoient l’eau par leurs pe- tioles, conserverent leur verdure plus long-tems que celles dont la surface inférieure touchoit l’eau. Il n'est pas difficile de donner la raison de ce dernier fait ; les orifices des vaisseaux à séve dans les petioles, étant beaucoup plus larges que sur les surfaces des feuil- les , l'humidité s'insinue en plus grande quantité et avec plus d’ai- sance par la premiere que par la seconde de ces voies. M. Bonnet fit ensuite des expé- riences sur les feuillesde Poirier , de la Vigne, duLillas, du Tremble, du Laurier, du Cerisier, du Prunier, du Maronier d'Inde, du Mürier blanc, du Tilleul , du Peuplier, de l’Abri= cotier, du Noyer, du Noisetier , du Chène et du Lierre. Parmi ces especes il trouva que celles du Lillas et du Tremble s’im- biboient d’eau par leur surface su- périeure , comme par l’inférieure; dans toutes les autres especes, la surface inférieure absorboit une plus grande quantité d’eau que la face opposée ; cette différence fut sur- tout E ELU tout remarquable dans les feuilles du Müûrier blanc , car celles doat la surface supérieure touchcit l'eau, se flérirent en cing jours, tandis que celles qui étoient places, dans un sens opposé, conserverent leur verdure pendant six mois. La Vigne, le Peuplier ; le Noyer, prouvent sur-tout : combien la sur- face supérieure des feuilles-des plan: tes ligneuses, est peu propre à re- cevoir l'humidité; les feuilles de ces arbres, dont la surface supérieure fut appliquée à l'eau, se flétrirent presqu’aussi-tot que celles qui étoient simplement exposées à l'air. Dans toutes les expériences faites par ce Savant, sur les différentes feuilles des arbres et des herbes, il faut observer que les plantes qui simbiboient. de l'humidité par leur surface supérieure , étoient celles qui avoient cette même surface cou- verte de poils ou de duvet , et qu'au contraire celles dont la surface in- férieure étoit garnie de poils ou de duvet, simbiboient aussi de l’hu- midité par ce côté. M. Bonnet fait aussi mention de plusieurs expériences qu’ila faites lui-même et de celles qui ont été faites par M. Duhamel du Monceau, de l'Académie royale des Sciences de Paris, en frottant les feuilles d’huile, de vernis , de cire ou de miel, pour en voir l'effet : les unes fu- rent enduites des deux côtés, et d’autres sur un seul; les unes avoient Tome III, 5 E UÜ 239 une partie de leur surface frottée, d’autres leurs bords, et d’autres leurs petioles seulement : ils mirent aussi un.enduit sur les troncs de quelques arbres ou arbrisseaux, en laissant les. feuilles et. les branches dans. leur. état naturel. Voici le résultat de ces expcrien- ces: les feuilles frottées sur les deux surfaces, sefiétrirent aussi-tôt; cel- les. qui étoient couvertes d’autres substances que de celles dont nous venons de parler, conserverent leur verdure plus ou moins de temps, selon que l’enduit étoit plus ou moins pénétrant. Les feuilles dont une seule surface fut frottée, durerent plus long-tems que celles qui le furent des deux côtés : les feuilles dont le pétiole seul fut couvert, du- rerent plus long-tems encore; mais l'enduit qu'on appliqua sur le tronc des arbres, n’opéra aucun change- ment sensible, excepté dans les tems trés-chauds, et ces deux Savans croient qu'il fut très-avantageux à ces arbres d’avoir eu leur tronc ainsi frotté; cette opération empécha la trop grande transpiration qui les auroit affoiblis; ils cbserverent que les arbres couverts des substances dont nous avons parle, souffrirent moins des chaleurs excessives que les autres arbres dans leur état naturel. M. Bonnet observe encore que les parties délicates des feuilles ver- nies furent détruites, et qu'il ne resta que les fibres dures. Og 290 FEU Cet Ouvrage s¢tendroit au-delà des bornes que jeme fuis prefcri- tes, si je rapportois toutes les ex- périences de ce curieux Observateur; ainsi je renvoie à fes Ouvrages, où le Lecteur trouvera un grand nom- bre d'expériences très-exactes, et trés-bien dirigées, qui toutes tendent à découvrir quel est l'usage des feuilles dans la végétation. Le Docteur Hales, dans son Traité de la végétation, dit qu'il est évident, d’après plusieurs expé- périences que nous avons déjà rap- portées, que les feuilles sont d’une grande utilité dans la végétation , puisqu'elles servent à conduire la nourriture des parties inférieures de la plante jusques dans le cercle d’at- traction du fruit croissant, qui, comme dans les jeunes animaux , eft pourvu des instrumens propres a la sucer. Les feuilles paroissent en- core destinées à plusieurs autres ufa- ges importans ; car la Nature adapte si admirablement ses instrumens , qu'elle les fait servir en mème tems à plusieurs fins. Ainsi les feuilles dans lesquelles on trouve beaucoup de vaisseaux excrctoires, séparent et déchargent les fuides aqueux et inutiles qui, s'ils étoient retenus , s'altéreroient et nui- roient aux plantes ; ces fluides, en se séparant , laissent les parties nour- ricieres se coaguler ensemble. Nous avons beaucoup de raifons de croire qu'une partie de cette nourriture FEU est conduite dans les végétaux À tra- vers des feuilles quisimbibent abon- damment de la rosée, qui renferme beaucoup de sels et de soufre. L'air est rempli de beaucoup de parties acides & sulphureuses , qui, lorsqu'elles sont entrés-grande quan- tité, occasionnent cette chaleur étouffante qui se termine ordinai- rement par des éclairs & du ton- nere. Ces nouvelles combinaisons de soufre et d'acides, qui se forment constamment dans lair, sont sans doute très-utiles et avantageufes à la végétation : quand les feuilles en sont imbibées, il est possible qu'ils deviennent les matériaux qui servent à former les parties les plus subtiles et les plus raréfi¢es des végétaux; car un fluide aussi fin que l'air paroit être un medium plus propre à pré- parer & à combiner les principes les plus exaltés des végétaux, que le fluide plus grossier & aqueux de la séve. Il est vraisemblable , par la méme raison, que les principes les plus raffinés et les plus actifs des ani- maux, sontaussi préparés dans lair , et conduits dans le sang a travers les poulmons : il est évident, par l’ex- sudation sulphureuse qu'on trouve au bord des feuilles, qu’elles con- tiennent une grande quantité de particules de ce soufre aërien. On observe que les abcilles en forment leurs rayons, aussi-bien que de la poussiere des fleurs; personne ne doutcra que la cire ne renferme du FUG soufre , si l’on fait atcention à la fa: cilité avec laquelle elle s’enflamme. Nous pouvons donc raisonnable- ment conclure qu'un des grands usa- ges des feuilles, est celui que plu- sieurs personnes ont soupconne, qui est de faire en quelque maniere les mêmes fonctions , pour entretenir la végétation des plantes, que les poulmons pour conserver la vie des animaux. FEUILLE D'EAU. Voyez HYDROPHYLLUM. FICOIDES. Voyez MESAM- BRIANTHEMUM. L. FICUS. Lin. Gen. Plant. 1513. Edit. 3. Journ. Inst. R. H. 662. Tab. 420; Figuier. Caractetes. Les fleurs males et les | femelles sont renfermées dans la peau du fruit; ainsi elles ne parois- sent point, à moins que cette peau ne soit ouverte. Les fleurs mâles sont en petite quantité, et situées dans la partie haute du fruit; les femelles sont nombreuses et placées dans la partie basse; les mâles sont portées chacune sur un pédoncule séparé , et ont un calice divisé en trois par- ties; elles n'ont point de pétales , mais seulement trois étamines velues, aussi longues que le calice, et ter- minces par des sommets jumeaux : les femelles naissent sur des pédon- cules distincts; leurs calices sont di- visés en cing parties , et n'ont point de pétales ; leurs germes, qui sou- Pic tiennent un style réféchi & cou- ronné par deux stigimats de même forme ‘et pointus, deviennent dans la suite une grosse semence, portée sur le.calice. Ce genre de plantes est rangé dans la troisieme section de la vingt- troisieme classe de LINNEE, inti- tulée Polygamie-polyæcie , qui com- prend celles dont les fleurs mâles et les femelles sont renfermées sous une couverture commune; mais dans le Figuier sauvage, elles sont sur des plantes distinctes. Les especes sont : 1°. Ficus Carica, foliis palmatis, Hort. Cliff. 471. Hort. Ups. 30$- Mat. Med. 223. Amen. Acad. I. pe 24. Roy. Lugd.- B. 211. Gouan. Monsp. $21. Hall. Helv. n.. 1607 ; Figuier à feuilles en forme de main. Ficus Dod. Pemp. 812. Ficus communis. C. B. p. AST S Le Figuier ordinaire. Caprificus. Bauh. Hist. 1. p. 134. Ficus humilis.Bauh. Pin. 4 $ 7: variétés. 2°. Ficus Sycomorus, foliis cordatis sub-rotundis integerrimis. Hort. Cliff. 4713. Roy. Lugd.-B.212.Amen.Acad. 1.p.26.Hasselq.it. 49 5. Gron. orient. 329 ; Figuier à feuilles rondes, en forme de cœur , et entieres. Ficus folio Mori , fructum in cau- dice ferens. C. B. p. 459; Figuier a feuilles de Mürier , portant du fruit sur les tiges, communément appelé Figuier à feuilles de Mûrier, ou Fi- guier Sycomore. Oo 2 b 92 FIG Sycomorus. Bauh. Hist. 1. p. 124. fe 12. Sycomorus 5 Ficus Pharao- nis. Cam. Math, 103. f. 35 Figuier de Pharaon. 3°, Ficus religiosa , foliis cordatis, oblongis , integerrimis ; acuminatissi- mis. Hort. Cliff: 471. Fl, Zeyl: 372. Aman, Acad. 1.-p. 30 ; Figuier à feuilles entieres, en forme de cœur , et terminées en pointes trés-aigués. Ficus Malabariensis , ‘folio cuspi- dato, fructu'rotundo, parvo, gemino. PlukAlm'1 44"; -Figuier du’ Ma- labare, avec des feuilles à longues pointes, et un petit fruit double et rond. Figuier des: Pagodes. Arealu Rheed. Mal. 1. p. 47. 4°. Ficus Bengalensis, foliis ovatis y integerrimis'y obtusis ,, caule inferriè radicato. Hort. Chiff. 471. Amen. Acad. 1. p. 29. Roy. Lugd-P. 212. Trew. Ehret 50; Figuier à feuilles ovales, obtuses et enticres , dont les parties basses de la tige poussent des racines. Ficus Americana latiori folio ve- noso: Pluk. Phyr. 178. f. 3. Ficus Bengalensis , folio sub-ro- tundo , fructu orbiculato. Hort. Amst. 1. p. 119 ; Figuier du Bengale, à feuilles rondes et à fruit orbicu- laire. Pipal du Bengale. Peralu Rheed. Mal. x. p. 49. t. 28. 5°. Ficus Indica, foliis lanceolatis integerrimis petiolatis , pedunculis ag- gregatis , ramis radicantibus. Lin. Sp. Plant. 1514. Edit. 3; Figuier à Frc feuilles en forme de lance, et pé- tiolées , dont les pédicules des fruits croissent en paquets, et dont les branches poussent des racines. Ficus Indica Theophrasti. Tabern. Hist 1370. Amen: Acad. 3. p. 2; Figuier des Indes de Thcophraste. - Kahou-alou. Rheed: Mal. 3.p. 73. t. 57. Raj. Hist. 1437. 6°. Ficus maxima, foliis lanceo- latis integerrimis. Hort. Cliff. 471. Roy. Lugd.-B. 2.125 Figuier à feuilles entieres et en forme de lance. Ficus Indica maxima , folio oblon- go 5 funiculis à summis ramis dimis- sis radices agentibus se propagans 5 fractu minori spherico sanguineo. Sloan, Cat. Jam. 189. Hist. 1. p. 140. t. 223. Raj. Dendr.16 ; Le plus grand Figuier des Indes , a feuilles oblon- gues, dont les branches poussent des racines, et qui produit un petit fruit sphérique et de couleur de sang à leur extrémité. Varinga lati-folia. Rumph. Amb. 3s pi m2 Fe ti 824. Tsiela. Rheed. Mal. 3. p. 8 S-1.63. 79. Ficus racemosa , foliis ovatis , acutis , integerrimis ; caule arboreo , fructu racemoso. Lin. Sp. Plant. 1660. Amen, Acad. 1. p. 30 ; Figuier à feuilles ovales, entieres et aiguës, ayant une tige d’arbre ct des fruits branchus, Grossularia domestica. Rumph, Amb. 3. p. 136. t. 87. 88. Alty-alu. Hort. Mal, 1, p. 43. te 25. Raj. Hist. 1434. Fi iG 8°. Ficus pumila, foliis ovatis , acutis , integerrimis > caule repente. Lin. Sp. Plant. 1060. Amen. Acad. I. p. 303 Figuier à feuilles ovales, aiguës et entieres, avec une tige rempante. _ Ficus sylvestris procumbens , folio simplici. Kempf. Amen. 803. t. 804; Figuier rempant et sauvage , ayant des feuilles simples. Varinga repens. Rumph. Amb, 3. P+ 134. & 85. 9°. Ficus Nymphæe-folia ; foliis ovato-cordatis , integerrimis , glabris; Figuier a feuilles ovales en forme de cœur , entieres et unies, ordi- nairement appelé Figuier à fcuilles de Nénuphar. 10°. Ficus Citri-folia, foliis oblango- cordatis , acuminatis , petiolis longis- simis ; Figuier à feuilles de Citronier, oblongues, en forme de cœur, et pointues, et à fort longs pétioles. Ficus Citrii folio, fructz parvo pur- pureo. Catesb. Hist. Carol. 3. p. 18. z. 18; Figuier produisant un petit fruit pourpre. 11°. Ficus calyculata , foliis, ova- tis , integerrimis , obtusis , oppositis, fructu globoso calyeulato; Figuier à feuilles ovales, obtuses, entieres et opposées, qui produit un fruit glo- bulaire pourvu d’un calice. Ficus folio lato , sub-rotundo , fructu globoso ; magnitudine Nucis moschate. Houst. Mss.; Figuier a feuilles larges et rondes, dont le E.I-C 293 fruit est globulaire & dela grosseur d'une Noix muscade. Carica. La premiere espece, qu’on cultive dans la plus grande partie de l'Europe, produit un fruit très- agréable au’ goût ; on en connoit un grand nombre de variétés dans les pays chauds, qu’on a obtenues par semences, et on peut en ac- quérir encore de nouvelles en se- mant avec soin les graines des bon- nes especes : on ne connoissoit en Angleterre, il y a quelques années, que quatre ou cing de ces variétés, parce que les Anglois, qui ne font pas beaucoup de cas de ce fruit, ne veulent pas se donner la peine den cultiver d’autres. Cependant le Chevalier de Rath- geb m'a envoyé, ily a quelque tems, de Venife, une nombreuse collec- tion de ces arbres , que j'ai plantés pour en goûter le fruit; plusieurs ont été trouvés excellens , et j'ai multiplié ces especes : mais j'ai né- gligé celles dont le fruit étoit d’une qualité inférieure ; comme ces va- riétés sont fort nombreuses , je ne parlerai ici que de celles qui méri- tent d’être cultivées , et je les dé- crirai suivant l'érdre dans lequel leurs fruits mürissent. Variétés. 19. La Figue Ischia , de couleur brune ou chataigne. Ce fruit est le plus gros de tous ceux que j'ai Vus jusqu'à présent ; il est court, rond, et a un œil assez large; il est un peu pincé vers le 294 ‘ae Ge @ pédicule, de couleur brune ou de chataigne au-dehors, et pourpre en- dedans ; ses graines sont grosses , et sa chair est douce et trés-agréa- ble. Ces fruits s'ouvrent souvent lors- wils sont murs; ce qui a lieu vers la fin de Juillet ou au commence- ment d’Août. Des arbres de cette espece , à plein vent , mais plantés dans un sol chaud, m'ont donné des fruits bien muürs. Et si cette espece est placée con- tteunmur, à une exposition chaude, elle peut produire deux abondantes récoltes chaque année. 2°, La Figue noire de Gesne. Crest un fruit long , qui se gonfle beaucoup au sommet, où il est obtus; mais sa partic basse , vers le pédicule , est trés-mince; sa peau est d’une couleur pourpre foncée et presque noire; elle est recouverte d'une poussiere pourpre, presque semblable à celle de certaines Pru- nes; sa pulpe est d’un rouge bril- Jant, et trés-agréable au goût : elle müûrit au commencement d’Août 3°. La petite Figue blanche et printaniere. Cet arbre produit un fruit rond, un peu applati à la couronne, et supporté par un très-court pédi- cule; lorsqu'il est enticrement mir, sa peau prend une couleur jaune pile et blanchître; elle est mince, ct sa chair est blanche et douce; mais cile n'a pas une grande saveur. Cette espece muric en Août, FIC 4°. Le grand Figuier Génois. Cet arbre produit un gros fruit rond, un peu allongé vers le pédi- cule; sa peau est mince, de cou- leur jaunâtre, lorsqu'il est tout-à- fait mdr, et sa chair est rouge. Ce fruit est trés-bon , mais les arbres qui le produisent sont peu féconds. 5°. Le Figuier noir d'Ischia. Il produit un fruit court, d’une grosseur médiocre, et un peu ap- plati ala couronne ; sa peau est pres- que noire lorsqu'il est mur, et sa chair , d'un rouge foncé, a beau- coup de saveur : ce fruit est très- abondant; il mürit dans le mois d’Aotit; mais les oiseaux, qui en sont trés-friands, le dévorent aussi- tôt , si on ne parvient pas à le ga- rantir de leurs attaques. 6°. Le Figuier de Malthe. Cet arbre produit un petit fruit brun, fort serré , applati au som- met, et fortement pincé vers le pé- dicule; sa peau est de couleur brune pâle à l'extérieur ainsi qu’en-dedans; la chair en est douce et savoureuse. Si on laisse ses fruits sur l’arbre jus- qu'à ce qu'ils se soient ridés, alors ils deviennent sucrés comme des con- fitures sèches. 7°. Le Murrey, ou le Figuier brun de Naples. Cet arbre produit un bon fruit, gros , rond, d’un brun clair au-de- hors, avec des taches d’un blanc sale ; l'intérieur est presque de la blanc des FIC même couleur ; ses grains sont assez gros, et sa chair est bien savou- reuse. Il mûrit sur la fin d’Aotit. 8°, Le Figuier vert dIschia. Il produit un fruit oblong, et presque rond à la couronne; sa peau est mince et verte ; mais lors- qu'il est tout-à-fait mür, on ap- perçoit au travers la chair, qui est d’une couleur brunâtre; mais son centre tache le linge et le papier en couleur pourpre : ce fruit a beau- coup de saveur , sur-tout dans les étés chauds ; il mürit vers la fin d’Août. 9°. Le Figuier de Madonna , qu'on appelle ici Brunswick, ou Fi- guier de Hanovre. Son fruit est long , pyramidal, et d’une grosseur considérable; sa peau est brune; sa chair est d’un brun plus clair, d'un gros grain, et de peu de saveur; il mürit à la fin d’Août et au commencement de Septembre ; les feuilles de cette es- pece sont beaucoup plus divisées que celles de la plupart des autres. 10°. Le bleu commun , ou la Fi- gue pourpre , est fi bien connue, qu'elle na pas besoin de descrip- tion. 11°. La Figue longue et brune de Naples. ‘ Les feuilles de cet arbre sont pro- fondément découpées ; son fruit est long , et un peu comprimé à la couronne; ses pedicules sont assez longs ; sa peau est d’un brun foncé, Ai og PO lorsqu'il est tout-a-fait mür; sa chair est rougedtre et trèsagréa- ble ; ses grains sont gros: il mürit en Septembre. 12°. Le Figuier jaune d'Ischia. I produit un gros fruit de icrme pyramidale, dont la peau est jaune quand il est mtr , et la chair, de couleur pourpre, et trés-savoureuse; mais cet arbre est peu fécond dans notre climat ; il pousse beaucoup de branches, et ses feuilles sont trés- larges et non fort découpées : son fruit murit en Septembre. 13°. Le petit Figuier brun d'Is- chia. Celui-ci produit un petit fruit py- ramidal , supporté par un trés-court pédicule; sa peau est d’un brun clair; sa chair, presque pourpre, est d’un trés-bon goût ; il mürit sur la fin de Septembre : les feuilles de cet arbre sont moins découpées que cel- les d'aucune autre espece; il donne peu de fruits. 14°. Le Figuier gentil. Son fruit est rond et de grosseur médiocre ; la peau en est jaune quand il est mur , sa chair est pref que de la même couleur ; ses grains sont gros, et son goût est trés- agréable : mais il murit trés-tard , et il est peu abondant; de sorte qu'on le cultive peu en Angleterre. On n'a aussi envoyé de l'Italie plusieurs autres especes; mais comme elles méritent peu d’être multipliées, parce qu’elles sont d’une qualité mé- x 296 REMC diocre , peu abondantes, et qu'elles mûrissent rarement ici, je n'en ferai aucune mention. Les quatorze es- peces dont je viens de parler , mé- ritent la préférence sur toutes les autres, parce qu'elles produisent une grande quantité d’excellens fruits quise succedent pendant tout l'été; d’ailleurs , comme ces arbres exigent beaucoup de place et de bons abris contre des murailles, les personnes qui les cultivent ne veulent admet- tre dans leurs jardins que des espe- ces choisies. Les premiere, seconde , troisie- me , neuvieme et dixieme varictés, donneront des fruits murs sur des arbres à plein vent, si on les place a des expositions chaudes ; mais les autres ont besoin d'être appuyées contre des murailles bien exposées, sans quoi leurs fruits ne mürissent point en Angleterre. Les Figuiers réussissent générale- ment dans tous les fols et à toutes les expositions , mais ils donnent une plus grande quantité de fruits dans une terre forte & marneuse , que dans un terrein aride ; car si les mois de Mai et de Juin sont fort secs, les arbres qui se trouveront pla- cés dans un pareil terrein , cour- rent risque de perdre leurs fruits ; aussi, lorsqu'on craint cet accident, on doit les arroser copieusement , et couvrir leurs racines avec de la terre douce; alors leurs fruits se souticndront et seront beaucoup FeEG meilleurs que ceux qui croîtront dans un terrein froid et humide. J'ai toujours observé que les Figuiers plantés dans des terres blanches et crayonneuses, sur lesquelles il y avoit un pied au plus de terre douce et marneuse, produisoient de meilleurs fruits et en plus grande quantité que les autres. Ils aiment aussi d'être exposés a un air libre et ouvert ; car, quoi- qu'ils poussent assez bien dans les jardins clos , cependant ils produi- sent rarement autant de fruits, et tous ceux qui se trouvent dans de petits jardins à l'ombre, donnent beaucoup de feuilles et trcs-peu de fruits murs. Ces arbres sont toujours à plein vent dans les pays chauds; mais en Angleterre on les place communé- ment contre des murailles; cepen- dant depuis qu’on a trouvé quelques especes dont les fruits mürissent bien en plein air, et dont la récolte est plus abondante que sur les espaliers, ils méritent que nous les cultivions, soit à plein vent, soit contre des murs. Je crois que les espaliers réus- siroient mieux en Angleterre, si on les traitoit comme on le fait en Allemagne , en les couchant en hiver, ct en les couvrant avec de la paille ou quelqu'autre litiere, pour mettre leurs rejettons à l'abri des gelées; mais en les découvrant par dégrés au printems, et en ne les exposant tout-a-fait à l'air que lorsqu'il ELE lorsqu'il n'y a plus rien à craindre ; c’est de cette maniere que les Alle- mands se procurent de trés-grandes récoltes de Figues. Comme en An- gleterre on plante ces arbres contre des murailles, à des expositions chaudes , il arrive que leurs fruits poussent de trés-bonne heure lors- que le printems est favorable; mais alors s'il survient quelques ge- les en Avril ou en Mai, comme cela arrive souvent, ils éprouvent des dommages considérables; de maniere que la récolte de cette espece de fruits est toujours plus incertaine que celle de la plupart des autres : il arrive souvent que des arbres plantés contre des murs à l'exposition du nord et du levant, produisent une plus grande quantité de fruits en Angleterre , que ceux qui se trouvent au midi et au couchant. En Italie et dans d’autres pays chauds, on estime peu cette premiere récolte, trop peu abondante : mais la seconde, qui vient sur les rejet- tons de la même année, est la prin- cipale et la meilleure ; celle-ci mürit rarement en Angleterre, où il n'y a que trois ou quatre especes dont la seconde récolte puisse parvenir à maturité , même dans les étés les plus chauds : ainsi nous ne devons nous attacher ici qu'a la premiere; de sorte que, quand ces arbres croissent contre des murailles dans une bonne exposition , il faut les détacher, eg Tome III. Supe tac apres avoir Otc tous les petits Fruits qui restent sur les branches, les rassembler avec des liens, et les coucher de façon qu'ils ne touchent point à terre, dont les vapeurs pour- roient les faire moisir : de cette maniere on peut lescouvrir aisément et les garantir des fortes geltes. Le but de ce traitement est de les re- tarder autant quil est possible; et lorsque les Figues commencent à pousser dans le printems, on remet les arbres contre la muraille : par cette méthode, j'ai vu faire de grandes récoltes en deux ou trois endroits : j'en ai vu aussi de pareilles dans quelques jardins particuliers aprés des hivers fort rudes quiavoient fait manquer les Figues dans beau- coup d’endroits; on y avoit couvert les arbres avec des paillassons, après les avoir attachés contre la muraille. On ne doit jamais tailler les bran- ches de ces arbres, parce que les fruits poussent toujours au sommet des rejettons de l’année précédente ; de maniere que, si on vient à les couper, on ne peut plus espérer de récolte : d’ailleurs les branches qui ont été tailles , sont fort sujettes à périr. Lors donc qu'un arbre est trop chargé de bois, la meilleure méthode est de couper en entier toutes celles qui sont nues, et de ne laisser que celles qui sont le mieux garnies sur les côtés : on fait en sorte en les taillant ainsi, qu'il reste entre chaque branche un intervalle Pp 198 FIC d'au moins un pied, et même de quatre ou cing pouces de plus , si elles sont fort garnies. L'automne est la saison la plus favorable pour cette opération, parce que les branches étant alors moins remplies de sève, elles per- dent beaucoup moins par leurs blessures qu’en les taillant au prin- tems: d’ailleurs les arbres sont dé- pouillés dans ce tems des fruits de la derniere récolte; plutôt cette opé- ration sera faite lorsque les feuilles commencent à tomber, et mieux les jeunes rejettons résisteront aux froids de l'hiver. Il y a des années si froides et si humides, que les jeunes rejet- tons des Figuiers ne peuvent devenir ligneux, et qu'ils restent tendres et remplis de s¢ve : dans ce cas on ne peut gucres espérer une bonne ré- colte pour l'année suivante; car les premieres gelées de l’autemne dc- truisent ordinairement les sommets de ces branches dans une longueur considérable. Lorsque cet accident arrive , il faut couper toutes les par- ties flétries pour garantir tout ce qui se trouve au-dessous : c'est ainsi que j'ai vu souvent quelques fruits pousser sur les parties basses des branches, qui n'en auroient point donné , si leurs rejettons n’avoient point été endommagés, parce que les fruits sortent généralement des quatre ou cinq nœuds qui garnissent les extrémités des rejettons : c’est pour cela qu'on doit conserver, au- EERE tant qu'il est possible , les branches courtes et latcrales , qui produisent le plus de fruits, parce qu'il n’y en a ordinairement qu'aux extrémités des branches longues et droites, en sorte que les parties basses des arbres sont nues, si lon na pas la plus grande attention de conserver de jeunes branches dans toute leur longueur. Les arbres en espaliers qu'on abbaisse pendant l'hiver, ne doivent être remis au treillage qu'à la fin du mois de mars, par la raison que nous avons donnée plus haut, et les espa- liers peuvent alors rester plus long- tems: lorsque les grosses branches sont attachées, on pousse les petites latérales derriere pour les tenir près de la muraille, et garantir par-là les jeunes Figues des gelées du matin; et lorsqu'il n’y a plus rien à crain- dre, on les remet dans leur posi- tion naturelle. Pendant l'été ces arbres nexigent aucune taille; on arréte seulement leurs rejettons au printems, dans les endroits qui n’ont point poussé de branches latérales : si ces branches viennent à être dé- rangées par le vent, ce qui arrive souvent , il faut les rattacher aussi promptement qu'il est possible; car sans cette précaution, elles seroient exposces à être brisces par l'effort des vents, auxquels leurs larges feuilles offrent beaucoup de prise. Les arbres en espaliers peuvent cere aisément mis à l'abri des gelées FIC du printems, en disposant des pail- lassons de maniere qu on puisse les Ôter le matin et les remettre tous les soirs; ce quil ne faut faire cepen- dant que lorsque le tems est encore froid et disposé a la gelée. Quoique cette méthode occasionne quelques peines et des dépenses, cependant on en sera amplement dédommagé par l'abondance de la récolte. La meilleure maniere de faire ces cou- vertures , est d’attacher les roseaux avec des ficelles, de façon qu'on puisse les rouler comme une natte, ce qui donnera la plus grande ai- sance pour les ôter et les remettre: si l'on roule ces roseaux avec soin lorsqu'ils ne sont plus nécessaires, et si on les conserve dans un lieu sec , ils dureront plusieurs années. Quelques personnes ont depuis peu essayé de planter des Figuiers en plein vent, qui ont très-bien réussi; cette pratique a été renou- velée, parcequ’on a vu plusieurs vieux arbres de cette espece ainsi disposés, qui produisoient plus de fruits que les espaliers : je crois que ces arbres a haut vent sont plus en danger de perdre leurs branches par les fortes gelées : mais après les hivers doux, ils sont toujours en meilleur état que les autres, en sorte que l’on auroit plus de fruits sur ces arbres, si on pouvoit les mettre à couvert pendant les hivers; ce qui seroit cependant facile, si on réunissoit leurs branches avec Pie 299 des liens de paille , et si on Ies cou- vroit ensuite, ainsi que leurs racines, avec du chaume: mais, lorsqu'on prend ce parti, il faut avoir soin de les découvrir au printems par dégrés, et de maniere que leurs rejettons ne soient pas CXposés su- bitement aux injures de l’air; il faut aussi empêcher, autant quil est possible , que les souris et les rats ne se réfugient pas, en hiver, dans cette paille, parce qu'ils mange- roient l'écorce des rejettons et les détruiroient : j’ai seuvent remarque que les Figuiers en espaliers avoient tellement été maltraités par ces ani- maux, que leurs plus grosses bran- ches se trouvoient dépouillées de leur écorce jusques sur la terre; il faut par conséquent y veiller soigneusement durant cette saison, Les Figues bleues et blanches communes , sont celles qu'on cul- tive le plus en Angleterre , mais elles ne peuvent être plantées en plein vent, comme quelqu’autres especes nouvellement connues ; car Ctant beaucoup plus tendres, elles sont souvent détruites jusqu'à la racine , pendant que d'autres à plein vent résistent aux gelées : l’espece à Figues blanches est la plus féconde, et ses fruits sont trés- doux ; mais les amateurs n’estiment pas beaucoup cette espece , à cause de son peu de saveur. Les especes qui n'ont réussi le mieux, sont les premiere et troisieme ; Pp 2 300 : Ji ME OS leurs branches sont rarement en- dommagées par les gelces, et leurs fruits mürissent toujours trés-bien : les especes en espaliers m'ont sou- vent donné une seconde récolte assez mire: j'en ai aussi planté plu- sieurs en espaliers à l'exposition du nord-est et du nord-ouest, dônt quel- ques-unes m'ont donné une grande quantité de fruits de bon gotir, qui ont cependant muri plus tard, ce qui m'a encouragé à en planter da- vantage aux mêmes aspects, et à les planter à plein vent. Bien des gens condamneront peut-être ce que jai dit sur la taille de ces arbres, sans examiner mes raisons , et sans en faire l'essai; ils penseront toujours , d’après le pré- jugé reçu parmi les Jardiniers, qu'on ne doit jamais tailler les Figuiers , et qu'ils deviennent plus forts et plus durs lorsqu'ils sont éloignés de la muraille : j'avoue que j'ai vu pro- duire beaucoup de fruits à des ar- bres ainsi placés; mais ce n'étoit qu'après des hivers très-doux; car il est certain que les fortes gelées endommagent considérablement ces Figuiers , tandis que ceux qui sont en espaliers souffrent beaucoup moins, et montrent. leurs fruits quinze jours plus tot que les autres. La saison que jindique pour tailler ces arbres, est différente de celle que choisissent la plupart des Jardiniers; mais la simple expé- rience prouvera l'avantage de cette FC méthode , dont j'ai déjà donné les raisons. La principale est que la séve étant moins abondante en automne, les arbres perdent moins par !es blessures qu'ils reçoivent, ainsi que l'expé- rience le démontre, puisque dans la saison que j'indique, l'écoulement du suc laiteux ne dure qu'un jour, au-lieu qu'au printems il continue pendant une semaine entiere. Depuis quelques années on a planté contre une muraille à four- neaux, plusieurs de ces arbres, qui ont trés-bien réussi au moyen d'un traitement convenable : mais comme ils filent et produisent peu de fruits lorsqu'on les tient trop renfermés par des vitrages , il faut avoir soin que la chaleur qu'ils éprouvent ne soit pas trop forte, et que les vitra- ges ne soient pas trop exactement fermés; lorsque le tems est doux, il faut leur donner beaucoup d'air, et si les arbres sont jaunes et que leurs racines ne s'étendent pas au- delà de leurs couvertures, on les arrose fréquemment quand ils sont prêts à montrer leurs fruits, sans quoi ils se déracheroient avant que d'être murs: mais les vieux arbres, dont les racines s'étendent à une grande distance, n’exigeront que d'avoir leurs branches arrosées Ié- gcrement de tems en tems: s'ils sont traités convenablement, leur premiere récolte sera beaucoup plus abondante que sur les Figuiers ex- FRE ! . . . Ass poses en plein air; leurs fruits müri- ront six semaines ou deux mois plus- tôt , et ils seront remplacés par une seconde récolte qui murira dans le commencement du mois de Sep- tembre , et quelquefois en Août, qui est la saison où ils muürissent dans les parties les plus chaudes de l'Europe: mais on ne doit point faire usage de feu avant le commencement de Fevrier, parce que, si ces arbres étoient forcés plutôt, on ne pour- roit pas introduire sous les vitrages l'air qui est nécessaire pour faire nouer le fruit quand il commence à paroître , à cause qu'il est encore trop froid dans’ cette saison : on pose les vitrages un mois avant, pour empêcher le froid d’endom- mager les rejettons de ces arbres. Caprification. Il est à propos de parler ici de la méthode qu’em- ploient les peuples du Levant dans la culture de ces arbres, pour faire parvenir ces fruits à leur maturité, sans laquelle ils tomberoient et ne seroient bons à rien, comme on peut le voir dans les ouvrages des Voyageurs, ainsi que dans ceux de Pline et d’autres anciens Naturalistes. Je vais rapporter ce qu'en a dit M. Tournefort, premier Botaniste de Louis XIV, dans son voyage du Levant, tom. 2, let. 8 , p. 23 et 24. « Pline, dit-il, a observé que » dans Lisle de Zia les Habitans » cultivent les Figuiers avec beau- » coup de soin : ils emploient encore FICE 301 aujourd’hui la même méthode, qu'ils appellent caprification : nous devons observer que dans la plu- part des isles de l'Archipel ils ont deux especes de Figuiers à soi- gner. La premiere se nomme Ornos, du. Grec littéral Erinos ; c'est-à-dire, Figuier Sauvage, ou Caprificus chez les Latins. La se- conde est le Figuier de Jardin ; le Sauvage porte trois sortes de fruits, Fornite , Cratitire et Orni, qui sont absolument nécessaires pour faire mürir les fruits du Figuier cultivé. » Les Fornites paroissent en Août, et durent jusqu'en Novem- bre sans mürir ; dans ces fruits s'engendrent de petits vers qui se changent en une espece de moucherons qu'on ne voit volti- ger qu'autour de ces arbres. En Octobre et en Novembre ces in- sectes piquent d'eux-mêmes les. seconds fruits, appelés Cratitires, qui ne se montrent qu'a la fin de Septembre ; et les Fornites tom- bent peu de tems après que les moucherons les ont quittés; les Cratitires au contraire restent sur l'arbre jusqu'en Mai, et renfer- ment les œufs déposés par ces insectes. Dans le mois de Mai la troisieme espece de fruits com- mence à pousser sur les mêmes Figuiers Sauvages qui ont pro- duit les deux autres; ces dernieres Figues sont beaucoup plus grosses. 502 92 » e ET € et s'appellent Orris ; quand elles sont parvenues à une certaine grosseur , et que les yeux com- mencent à s'ouvrir , elles sont pi- quées dans cette partie par les moucherons des Cratitires , qui se trouvent en Ctat de passer d’un fruit à l'autre pour y déposer leurs œufs. » Il arrive quelquefois que les moucherons des Cratitires tar- dent à sortir dans certains cantons où les Ornis sont disposés à les recevoir; dans ce cas le cultiva- teur est obligé d’ailer chercher des Cratitires dans un autre endroit, pour les ficher aux extrémités des branches: de ces Figuiers dont les Ornis sont en état d’être piqués ; sil manque ce tems, les Ornis tombent, et les moucherons des Cratitires s'envolent. Il n'y a que ceux qui entendent bien cette prati- que, qui connoissent ce moment critique; pour y réussir, ils ont con- tinuellement la vue fixée sur l'œil de la Figue , parce que cette par- tie indique non-seulement le tems où les insectes doivent sortir, mais encore celui où les Figues doivent être piquées avec succès ; si l'œil est trop dur ou trop serré, les moucherons ne peuvent y dé- poser leurs œufs, et la Figue tombe quand cet œil est trop ouvert. » Ces trois especes de fruits ne sont pas bons a manger; ils ne BEC servent qu'à hater la maturité des Figues de jardin : pendant les mois de Juin et de Juillet, lors- que les moucherons sont prêts à sortir, les Paysans détachent les Ornis, les enfilent dans des ba- gucttes minces, ct les placent sur les Figuiers de jardin; mais s'ils ne saisissent pas l'instant favora- ble, les Ornis tombent et les Fi- gues. de jardin ne murissent pas, et se détachent bientôt aussi : les Habitans de la campagne con- noissent si bien ces momens pré- cieux, que tous les matins, en faisant leur tournée , ils ne trans- portent sur les Figuiers que des Ornis bien conditionnés : sans ce moyen ils n’obtiendroient aucune récolte ; il est vrai qu'il leur reste encore une foible ressource , qui est de répandre sur leurs Figuiers de jardin, l’Ascolimbros ; plante fort commune dans les Isles, et dont le fruit contient une espece de moucherons qui ont la méme propriété, et qui sont peut-être ceux de l'Orni, qui vont voltiger sur ces fleurs pour y chercher leur nourriture. » Enfin les Paysans ménagent si bien les Ornis, que les mouche- rons font muürir les Figues de jar- din dans Fespace de quarante jours: ces Figues sont très-bonnes quand elles sont fraîches; lors- qu'ils veulent les sécher, ils les exposent au soleil pendant quel- » » F EG que tems, et les passent ensuite au four pour les conserver le reste de l’année. Le pain d'Orge et des Figues sèches, sont la principale nourriture des Paysans et des Moines de l’Archipel : mais ces fruits, ainsi préparés, sont bien inférieurs aux Figues sèches de Provence, de l'Italie et de l'Espa- gne. La chaleur du four leur fait perdre leur délicatesse et leur bon goût; mais d’un autre côté cette chaleur est nécessaire pour dé- truire les œufs que les mouches de l'Orni y ont déposés , et qui, sans cela, donneroient naissance a de petits vers qui feroient beaucoup de tort à ces fruits. » Quelle peine et quel travail, pour se procurer un mauvais fruit ! h » Jenepuistropadmirer la patience des Grecs, qui s'occupent pendant plus de deux mois à transporter ces moucherons d’un arbre a l'autre : cependant la raison en est toute simple; un de leur Figuier produit ordinairement depuis deux jusqu'à trois cens livres de fruits, tandis que les nôtres et ceux de Provence nen donnent gucres plus de vingt-cing. » Les moucherons contribuent peut-être à la maturité des Figues de jardin, en faisant extravaser le suc nourricier dont ils rompent les tuyaux en y déposant leurs œufs; peut-être aussi, quoutre FIC 303 leurs œufs, ils laissent encore échap- per une liqueur propre à exciter, par son mélange avec le suc de la Figue, une fermentation qui at- tendrit sa chair. Nos Figues de Provence + .et même de Paris; murissent beaucoup plutôt lors- qu'on pique leurs yeux avec une paille trempée dans l'huile d’O- live. » Les Prunes et Poires qui sont piquées par quelques insectes, mü- rissent de même aussi beaucoup plus vite; et la chair la plus voi- sine de ces piqtiures est aussi d’un meilleur goût que le reste : on ne peut douter qu'il ne s’opére un changement considérable dans la substance de ces fruits, de même qu’il arrive aux parties des animaux percées avec quelque instrument aigu. » Il est presque impossible de bien entendre les anciens Auteurs qui ont traité de la Caprification , ou de la culture et du traitement des Figuiers Sauvages, si l’on n’est pas bien instruit des circonstan- ces qui servent à la faire réussir: non-seulement ce détail nous a été confirmé à Zia, a Tine, à Mycône et à Scio, mais aussi dans la plupart des autres Isles »9, Culture. On multiplie les Figuiers en Angleterre, au moyen des rejet- tons qu'ils produisent, ou en cou- chant leurs branches, qui poussent assez de racines pour pouvoir être 204 E D G transplantées au bout d’une année ; ou par boutures , qui réussissent aisé- ment, lorsqu'elles sont bien traitées. La premiere maniere çst mau- yaise , parce que tous les arbres qui viennent de rejettons, sont fort sujets à en pousser eux-memes une grande quantité , et que leurs branches sont moins fermes que celles des marcot- tes et plus remplies de séve ; ce qui les expose à être plus facilement en- dommagées par les gelées. Les mar- cottes sont préfcrables, quand elles sont faites avec des branches fruc- tueuses , car celles qu'on prend sur de vieux tocs, sont fort molles et plei- nes de sève; ce qui les fait pousser fortement en bois, sans donner beau- coup de fruits , quand elles ont échap- pé aux geltes. Comme ces arbres, lorsqu'ils ont pris une habitude vi- cieuse dans leur jeunesse, portent dificilement du fruit, on ne doit employer pour marcottes que des branches ligneuses , dures et bien mûres, et non pas de jeunes rejet- tons remplis de sève, et dont les pores sont larges et ouverts, Le meilleur tems pour coucher les branches , est l'automne ; si Phi- ver est rude, on les couvre avec du vieux tan ou avec du terreau léger, pour les conserver et les mettre à l'abri de la gelée: des Pautomne sui- vant, elles auront poussé d’assez for- tes racines pour pouvoir étre enle- vées; alors on les détachera des yicilles plantes, parce que dans cette 5 LG saison , leurs branches ne sont pas aussi remplies de séve qu’au prin- tems , et qu'elles perdent par consé- quent moins par les blessures qu'elles reçoivent : on peut les transplanter tout de suite à demeure , ou les lais- ser en place jusqu'au printems; mais comme ces arbres ne peuvent étre déplacés sans risque , lorsqu'ils sont déja gros , il est a propos de les met- tre tout de suite où ils doivent res- ter, et de couvrir leurs racines avec du terreau. Si l'hiver est très-rude , on enveloppe leurs branches avec de la paille, ou quelqu'autre espece de chaume léger, afin que leurs tendres extrémités ne soient point détruites par les gelées; ce qui arrive souvent dorsqu'on n'a pas employe cette pré- caution, Lorsqu’on veut multiplier ces arbres par boutures , on choisit en automne quelques branches dures et ligneuses , dont les noeuds soient rap- prochés les uns des autres, et on les sépare en conservant a leur base une partie du Bois de l’année pré- cédente; mais on ne retranche point leurs extrémités, comme on le pra- tique communément pour les autres espèces de boutures : on les plante ensuite à huit ou neuf pouces de pro- fondeur, dans une planche de terre marneuse , à une exposition chaude , et l’on en couvre toute la surface de trois ou quatre pouces de vieux tan, pour empècher la gelée d'y péné- trer. Si l'hiver devient rude, on couvre FLE ’ couvre également les boutures avec de la paille qu'on enleve au prin- tems ; mais on laisse le vieux tan qui empéchera le hale du printems, et la chaleur du soleil de l'été, de pénétrer dans la terre: ces boutures auront poussé d'assez fortes racines dès l'automne suivant, pour pouvoir être transplantées et traitées comme les marcottes. Si on coupe des branches à fruits, qu'on les plante dans des pots ou caisses remplies de bonne terre, et qu'on les plonge dans une bonne couche chaude de la serre ; elles pro- duiront dans le commencement du printems , des fruits qui müriront au mois de Mai. Il est tems de parler à présent des autres especes de Figuiers qui crois- sent naturellement dans les pays chauds, et que l’on conserve dans les collections de plantes rares et exo- tiques ; la plupart de ces especes ne produisent point de fruits bons a manger, même dans leur pays natal : mais comme leurs feuilles sont larges et belles, elles forment dans les serres une variété agréable. Sycomorus. La seconde espece est originaire du Levant, où elle s’éleve en un grand arbre divisé en plusieurs branches , garnies de feuilles sem- blables à celles du Mürier, qui pro- curent un ombrage agréable dans ces pays chauds : son fruit croît sur le tronc et sur les plus grosses bran- ches , er-jamais sur les foibles rejet- Tome III, FIC 305 tons, comme dans la plupart des autres arbres: cette espece est con- nue sous le nom de Sycomore ou de Figuier de Pharaon. ‘ Religiosa. La troisieme, qui croit naturellement dans les Indes , est regardée comme un arbre sacré que personne nse détruire : quelques Indiens l'appellent l'arbre de Dieu ; il s’éleve en une tige ligneuse, à une grande hauteur, et pousse plusieurs branchesminces, etgarniesde feuilles unies en forme de cœur , terminées en une longue queue ou pointe, enticres, unies , d’un vert clair, et portées sur des petioles assez longs: clles-ont six à sept pouces de longueur et trois pouces et demi de largeur vers leur bâse ; mais elles deviennent graduellement plus étroites versleurs extrémités, où elles se terminent en une queue ou pointe étroite d’un pou- ce et demi de longueur:ses fruits sor- tent des branches, ils sont petits , ronds, et n’ont aucune valeur. Bengalensis. La quatrieme s'éleve en plusieurs tiges, a la hauteur de trente ou quarante pieds, et se divise en un grand nombre de branches qui poussent en-dessous des racines, dont plusieurs s'étendent jusqu’à terre; cn sorte que dans les lieux où ces arbres croissent , leurs racines et leurs branches sont tellement entre- lacées qu'elles rendeng les passages impraticables. Dans 1 ae , les Ba- nians dirigent les branches de ces arbres en berceaux réguliers, et pla Qq 306 FIC cent au-dessous leurs Pagodes ou Idoles; ce qui forme leurs Oratoires. En Amérique, ou ces arbres sont trés-multipli¢s, on trouve des plai- es qui en sont si couvertes, que ni les hommes , ni aucun animal ne peuvent y pénétrer : leurs feuilles sont épaisses , unies, ovales, de six pouces de longueur sur quatre pou- ces de largeur, et obtuses à leurs extrémités; leurs fruits sont ronds et de la grosseur d’un: chique ; mais on ne les emploie à aucun usage. Indiça. La cinquième , qu'on ren- contre également en Amérique et dans l'Inde, s'éleve en tige ligneuse, a la hauteur de trente pieds, et pousse plusieurs branches garnies de feuilles oblongues, et portées sur des petioles assez longs; elles ont envi- ron six à huit pouces de longueur , sur deux et demi de largeur, et se terminent en pointe obtuse : elles sont d’un vert foncé et unies en- dessus , et d’un vert clair et veinées en-dessous ; son fruit est petit et n'a aucune valeur : les branches de ces. arbres poussent aussi des racines, qui sétendent quelquefois jusqu'a terre. Maxima. La sixieme est origi- naire de l'Amérique, où elle s’éleve à la hauteur de trente à quarante pieds , et produit plusieurs branches minces qui gpoussent des racines comme les précédentes ; ses feuilles ont huit à neuf pouces de longueur sur deux de largeur, et sont termi- FIG nées en pointe ; son fruit est petit, rond , et de couleur de sang , lors- qu'il est mur: mais if n'est pas bon à manger. Racemosa. La septieme se trouve dans les Indes , où elle s’éleve à la hauteur de vingt-cinq pieds, et se divise en plusieurs branches, garnies de feuilles ovales, pointues, unies , et d'un vert luisant ; son fruit est petit , et sort en grappes sur les côtés des branches: mais il n’est pas bon à manger. Pumila. La huitieme , qui est aussi originaire des Indes , est un arbris- seau bas et rempant, dont les tiges poussent de chacun de leurs nœuds des racines qui pénetrent dans la terre , et au moyen desquelles il se- multiplie en abondance ; ses feuilles, ont deux pouces et demi de lon- gueur , sur près de deux pouces de largeur , et sont terminées en pointe; elles sont d'un vert luisant et pla- cées sans ordre sur les branches: som fruit est petit et n'est bon à rien. Nymphes-folia. La neuvieme 2 une tige forte , droite et ligneuse, qui s'éleve à la hauteur de vingt pieds, et pousse latéralement plu- sieurs branches, garnies de feuilles larges, ovales et fermes, de qua- torze pouces environ de longueur sur près d'un pied de largeur, et arrondies à leur extrémité : elles ont plusieurs veines tranversales, qui s'étendent depuis la côte du milieæ jusqu'aux bords; leurs pétioles song FIG iohgs, et ordinairement inclinés vers les Backes ; la surface inférieure de ces feuilles est d'un vert luisant, et Vinférieure est de couleur de vert de mer; elles sont épaisses et très- unies: cette espece croît naturelle- ment dans les Indes, d’où elle a été apportée dans les jardins Hollandois. Citri-folia. La dixieme est origi- naire de l'Amérique, où elle s'éleve à la hauteur de vingt pieds, et pro- duit plusieurs branches couvertes dune écorce blanche, et garnies de feuilles oblongues, en forme de cœur , d’un vert luisant en-dessus , d’un vert pâle en dessous , terminées en pointe aiguë , d'environ trois pouces de longueur sur un pouce et demi de largeur à leur base , et portées sur des pétioles fort longs ; ses fruits, qui sortent latéralement vers les extrémités des branches, sont de la grosseur d'un pois et de couleur pourpre foncée’: ils naissent trés-serrés les uns contre les autres, et ne sont pas bons a manger. Calyeutati. La onzieme croît na- turellement à la Véra-Cruz , d’où elle n'a été envoyée par le Docteur Houstoun; elle s’éleve ala hauteur de douze ou quatorze pieds, avec des tiges d’abrisseau qui se divisent en plusieurs petites branches, garnies de feuilles ovales, fermes, obtuses , de quatre pouces de longueur sur trois de largeur , d’un vert clair, et portées sur des pétioles fort courts, qui partent d’un creux dans FIG 30% lequel le fruit prend aussi naissance; il est rond, de la grosseur d’une mus- cade médiocre, et d’un jaune foncé lorsqu'il est mur: il n'est pas bon à manger. Culture. Je crois que la seconde espece ne se trouve pas à présent en Angleterre ; j'en ai élevé deux ou trois plantes de semence en 1736, qui ont été détruites par les fortes gelces de 1740 ; mais depuis ce tems, je n'ai pu réussir à m'en pro- curer d’autres. Les autres especes que l'on conserve dans plusieurs jardins curieux, se multiplient aisément par butitarees : apres les avoir séparées des vicilles plantes , on les tient pendant deux ou trois jours dans un lieu sec et à Yombre pour gucrir leurs blessures ; car ces plantes étant remplies d’une sève abondante , seroient en danger d'être attaques de pourriture, si l'on ne prenoit pas cette précaution : on les place ensuite dans des pots rem- plis deterre legere et sablonneuse ,on les plonge dans une couche de cha- leur modérée, on les met à l'abri du soleil , et on = arrose deux ou trois fois par semaine , si la saison est chaude: cependant il ne faut point leur donner trop d’humidite, qui les détruit infailliblement. Lorsque tes boutures ont poussé d’assez fortes racines pour pouvoir être transplantces, on les met cha- cune séparément dans de petits pois remplis d'une terre gere et Que 308 PES sans fumier , et on les replonge dans la couche chaude, en obser- vant de les tenir à l'abri du soleil , jusqu'a ce qu'elles aient produit de nouvelles fibres , et on leur donne de l'air , lorsque le tems est favora- ble, pour les empêcher de filer , et les fortifier avant les premiers froids de l'automne : on les plonge ensuite dans Ia couche de tan de la serre chaude, ou elles doivent rester cons- tamment, et on les traite comme les autres plantes qui viennent des mêmes contrées : Car, quoiqu’on puisse élever plus durement deux ou trois de ces especes , cependant elles ne feront pas beaucoup de progres , si l'on ne prend pas toutes les pre- cautions que nous venons d'indi- quer (1 )- Te (1) Le Figues sont non-seulement un aliment fain et agréable, mais on les emploie encore comme médicament dans quelques circonstances; la grande quantité de substance mucilagineuse su- crée qu’elles contiennent, Les rend trés— adoucissantes , Jubréfiantes et antipu- trides ; c’est-pourquoi on les fait entrer avec les Raisins , les Jujubes, les Sébestes, les Dattes, etc. , dans les ptisanes pec- torales, et dans les boissons qu'on pré- pare pour calmer la toux opiniatre, On applique aussi les Figues en ca- taplasme sur différentes tumeurs, comme résolutives er émollientes, et l’on en pré- pare des gargarismes qu'on emploie avec succès dans les fluxions de la luette et de la gorge. Le suc de toutes les espéces de Figuiers est très-caustique et dangereux. PUG FIGUE D'INDE, oz FICOIDES,. RAQUETTE ou CARDASSE. Voyexz MESAMBRYANTHEMUM. L. OPUNTIA. FIEL DE TERRE, ou LA FUME- TERRE. Voyez FUMARIA. FIGUIER. Voyez FICUS. FIGUIER D'ADAM , ou BANA- NIER. Voyez Musa. FILAGO. Hy a plusieurs especes de ce genre, dont quelques - unes croissent naturellement sur des terres stériles de quelques cantons de l’An- gleterre ; plusieurs personnes leur donnentlenom de Cotton weed, herbe acoton, et d'autres, celuide Cudweed, ou Gnaphalium : leurs feuilles sont blanches, et lorsqu'elles sont rom- pues , on y observe des filamens co- tonneux. Ces plantes ont été rangées, sous le genre des Gnaphalium par la plupart des Botanistes ; mais je n'en donnerai aucune description , parce qu'elles ne sont point admises dans les jardins : une d'elles est ce- pendant comprise dans la liste des plantes meédicinales( 1 ). (x) L’espece de ce genre qui est em= ployée en médecine, est le Gnafalium vulgare majus. C. B. 269, Gnafalium Germanicum, J, B. tom, 3, pag. 158. Fi- lago seu empta , Dod. 66. On La segarde comme vulnéraire € Fu FILARIA. Voyez PHILLYREA LATI-FOLIA. FILIPENDULE. Voyez SPIRÆA FILIPENDULA. FILIPENDULE aquatique. Voyez ŒNANTHE PIMPINELLOIDES. FILIUS ANTE PATREM, /e Fils avant le Pere, expression que les Bo- tanistes emploient pour désigner les plantes dont les fleurs sortent avant les feuilles , ou celles qui pous- sent des branches de fleurs latérales plus élevées que celles du centre. FILIX ; Fougere. Ce genre offre une multitude d’especes diverses dans tous les pays , mais particulièrement en Amérique , comme on peut le voir dans l'Histoire Naturelle de la Ja- maique , publiée par le sieur Hans Sloan Bart, et dans la description des Fougeres d’Amérique , par Plu- mier ; mais comme on cultive rare- ment ces plantes dans les jardins, je n’en dirai rien ici. astringente , et quelques Médecins la recommandent dans les crachemens de fang , la dyssenterie, et les autres es- peces d’hémorragies : mais dans ces dif- férentes circonstances, son usage doit être dirigé avec prudence ; car ces sortes de remedes sont souvent plus nuisibles qu'utiles, lorsqu'ils sont employés par des mains ignorantes. Les Anglois font bouillir cette plante dans l'huile, et l’appli- quent sur toutesles sspeces de contusions. BE E 309 FISTULAIRES- FLEURS , flores fistulares, de fistula, pipe, sont celles qui sont composées de plusieurs pe- tites fleurs longues et creuses comme des tuyaux de pipe. FLAMBE oz IRIS. Voyez IRIS GERMANICA. L. FLAMBEAU , CIERGE. Voyez CACTUS, CEREUS. FLAMMULA JOVIS. Poyez CLEMATIS. FLEUR , (/a) est cette partie d’une plante qui précede le fruit , et qui s'enveloppeordinairement quoi que cette partie soit bien connue, cependant les définitions qu'en ont donné les Auteurs de Botanique , sont toutes différentes : Jungius la définit la partie la plus délicate de la plante, remarquable par sa couleur et par sa forme , et cohé- rente au fruit. Cependant cet Au- teur lui-même avoue que cette dé- finition est trop resserrée ; car quel- ques-uns de ces corps, qu’il regarde comme des fleurs, sont éloignés du fruit. M. Ray dit , que la plus grande partie des fleurs est cohérente aux rudimens du fruit; mais presque tout ce qu'il ajotite mérite 4 peine d'être regardé comme une défi- nition. Tournefort définit la fleur une 319 FLE partie remarquable par ses couleurs, qui est le plus souvent adhérente au jeune fruit, auquel cile paroit fournir une nourriture propre à développer son tissu délicat. Cette définition est encore plus imparfaite et plus vague que les précédentes. Pontedera , Professeur de Bota- nique à Padoue , dit que la fleur est une partie qui ne ressemble point au reste de la plante par sa forme et sa nature : que, si la fleur a un tube’, elle est toujours cohérente à Pembrion, ou au moins très-voisine de lui; mais que si elle na point de tube, elle n'a point d’ambrion. Sette définition est bien éloignée d'être claire ; car à peine est-elle intelligible: elle peut d’ailleurs con- venir à toute autre partie de la plante , telle que la racine, la tige, ou la feuille, qui diffèrent les unes des autres par leur forme et leur nature. M. de Jussieu, Démonstrateur de Botanique a Paris, ne paroit pas avoir mieux réussi : Il dit qu'on appelle proprement fleur , cette par- tie composée d’étamines , de fila- mensetde pistiles, qui sert a la gé- nération : mais cette définition est défectueuse ; car il y a plusieurs plantes dans lesquelles le style est placé à une distance considérable des étamines, et on voit quelques fleurs qui n'ont point de style, et d’autres qui sont privées d’étamines. M. Vaillant est celui qui paroit FB avoir été plus heureux, en donnant une jiée plus claire de cette partie des plantes. Nous trouvons dans les leçons qu'il donnoit au jardin Royal a Paris, que les fieurs strictement dites, doivent être regardées comme es organes qui caractcrisent le sexe des plantes, qu’elles sont quelquefois sans calice , et que les pétales qui les entourent immédiatement , ne ser - vent qu'à les couvrir et à les abriter : mais, dit-il, comme la corolle est la partie la plus visible et la plus belle de cet organe qu'on appelle fleur , c'est le nom que je donne à la corolle, de quelque structure ou cou- leur quelle puisse être, soit qu'elle entoure les organes des deux sexes rassemblés, soit qu'elle n’en renferme qu'un, ou seulement quelques par- ties qui en dépendent, pourvu qu'elle n'ait pas la meme forme que les feuilles de la plante. Mais, suivant mon opinion, le Docteur Martyn a mieux réussi dans sa définition de la Fleur que tous ceux dont je viens de parler ; il re présente la Fleur comme l’assem- blage des organes de la génération des deux sexes, adhérents ensem- ble au placenta commun dans les mêmes enveloppes, où séparément dans des enveloppes particulieres lorsque ces Fleurs en sont pourvues. Les parties de la Fleur sont, 1°. l'ovaire, qui est le rudiment du fruit, et proprement l'organe fe- melle de la génération. F Yer 2°. Le style qui accompagne l'ovaire, soit en s'élevant de son sommet, soit qu'il se trouve place sur un axe central, et entouré par les embrions des semences. 3°. Les sommets ou apices sont des corps qui renferment la pous- siere prolifique analogue au sperme des animaux mâles; ils sont généra- lement soutenus par des fils minces qu'on appelle éramines. Les pétales sont des feuilles déli- cates & colorées, qui forment en général la partie la plus visible de la Fleur. Le calice est composé des feuilles délicates qui couvrent & envelop- pent les autres parties de la Fleur. Les Fleurs, suivant le nombre de leurs pétales, sont appelées Mono- pétales, Dipetales, Tripétales, Té- trapétales ; Ge. La structufe des Fleurs differe beaucoup dans les différentes espe- ces; mais, suivant le Docteur Grew , elles ont généralement toutes ces trois parties communes , le calice, la foliation & un certain ornement. M. Ray prétend qu'une Fleur, pour être parfaite, doit avoir des pétales, des étamines, des sommets et un style, et que celles qui man- quent de quelques-unes. de ces par- ties sont imparfaites. Dans la plupart des plantes il y a un périanthe d’une consistance plus forte que celle de la Fleur même, qui sert à la fortifier ou à la pré- FLE 31% server : les Fleurs sont distinguées en mâles, en femelles et en herma- phrodices. Les Fleurs males renfer- ment les Cramines;: mais elles n'ont point de germe ni de style, et elles ne produisent point de fruits : les Botanistes les nomment Fleurs à étarnines, ra Les Fleurs femelles sont celles gui renferment le germe ct le style, et qui sont remplacées par des fruits: on les appelle Fleurs fruétueuses où NOUEKSES. Les Fleurs hermaphrodites con- tiennent les organes des deux sexes, et ce sont les plus communes ; telles sont l'Asphodele, le Lys, la Tulipe, FAlthæa, le Geranium, le Romarin , Ja Sauge, le Thim, etc. La structure des Fleurs dans les- quelles les deux sexes sont divisés, ne differe qu’en ce que les organes males sont séparés des parties femel- les; quelquefois ces deux especes de Fleurs sont réunies sur les mêmes plantes, et d’autres fois elles se trou- vent sur des picds séparés. Parmi les plantes qui portent en méme-tems les Fleurs males et les Fleurs femelles, on distingue le Con- combre, le Melon, la Courge, le Bled : de Turquie, le Noyer, le Chéne, le Hetre, etc. Les Fleurs composées sont for- mées de plusieurs fleurettes ou demi- fleurettes, ou de toutes les deux réunies dans un même calice, de 312 FLE manicre qu'elles ne font qu'une seule Fleur. FLEUR DE CRAPEAU. Voyez STAPELIA. FLEUR DE GLOBE, ow espece de CENTAUREE. Voyez SPHAR- ANTHUS.. FLEUR DOREE. Voyez CHRYS- ANTHEMUM. FLEUR DE LA PASSION. Foyez PASSIFLORA. FLEUR DE PAON, POINCIL- LADE, ou HAYE FLEURIE. Voyez POINCIANA. FLEUR DU GRAND SEI- GNEUR , ox LAMBRETTE. Voyez CYANUS, FLEUR DE SANG, ou TULIPE du Cap de Bonne-Espérance. Voyez HÆMANTHUS. FLEUR DU SOLEIL. Voyez HELIANTHUS , TETRAGONO- THECA. FLEUR DE: NOEL, PIED DE GRIFFON ox HELLEBORE NOIR. Voyez HELLEBORUS NIGER, LEUR DE PASQUES, ou HERBE AU VENT, ox COQUE LOURDE. Voyez PULSATILLA. PE FLEUR ETOILEE, Foyez AMEL- LUS, MELANTHIUM. FLEUR À TROMPETTE, ox JASMIN ÉCARLATE. Voyez Bi- GNONIA. FLEURISTES, (les) sont ceux qui font leur amusement de la culture des Fleurs. FLOCON, ou TOUFFE D'OR, ou CHEVEUX DORÉS. CHRYSOCOMA. Voyez FLORENTULUS, ou FLORU- LUS. Plante couverte de fleurs, et florissante. FLORIFER, se dit des plantes qui produisent des fleurs. FLUIDITÉ. Fluiditas , de Fluere , couler. Comme j'ai fait mention des fluides en parlant des élémens, j'ai cru qu'il étoit nécessaire de rap- porter leurs propriétés générales d’après ce qu'en ont dit les meil- leurs Auteurs: ils définissent “un fluide , un corps dont les particules sont foibleinent unies, et dont la cohésion est en grande partie em- pêchée par quelques causes exté- rieures : d’après ce principe , un fluide est en quelque sorte l'op- posé d’un solide. Le célèbre Newton dit qu'un fluide est un corps dont les FLU : les parties cédent à la moindre im- pression des autres, et se meuvent aisément Pune sur l'autre : cette définition est préférable a celle de Descartes, qui prétend qu'un fluide est un corps dont les parties sont dans un mouvement continuel, parce qu'il ne paroit pas que les parties de tous les fluides soient ainsi, et que celles de quelques corps solides ne soient pas telles. La Fluidité eft un état propre à certains corps, qui les rend l'op- posé de ceux qui sont fermes et so- lides. On la distingue de l'humidité, en ce que l'idée de la Fluidité est absolue, et que cette propriété ren- ferme la chose en elle-même; au lieu que celle de l'humidité est rela- tive, et na rapport qua l'action d@humecter ou. à ce qui nous donne la sensation de l'humidité, et qui n’a d'existence que par nos sens. Ainsi les métaux fondus, Pair, lécher et même la fumée et la flam- me sont des corps fluides et non liquides ; leurs parties sont réclle- ment sèches, et ne laissent point la moindre trace d'humidité. La Fluidité des corps paroit con- sister en ce que leurs parties fines et délices sont tellement disposées, qu elles peuvent aisément se mouvoir en tous sens les unes sur les autres. M. Boyle observe qu'elles doivent être agitées différemment et séparé- ment pour pouvoir sc tourner ainsi de côté et d'autre, et qu'elles ne Tome II, FLU 313 doivent se frotter que dans quelques parties de leur surface; il dit aussi dans son Histoire de la Fluidité, que les conditions requises pour consti- tuer un corps fluide, sont principale- ment les trois suivantes : 1°. La finesse de ses parties; aussi voyons-nous que le feu, pour fondre les métaux, les divise en par- ticules extrémement petites, et les rend fluides ens interposant entr-clless les acides qui les dissolvent, agis- sent aussi de la méme maniere : on peut en dire autant de la dissolution du sel commun, et de beaucoup d'autres corps. 2°. Il paroît nécessaire, pour que la Fluidité ait lieu, qu'il y ait entre les parties de ces corps, des espaces vuides dans lesquels elles puissent se mouvoir ; Car 3°. La principale condition pour constituer un corps fluide , est que ses particules puissent être agitées différemment et séparément, soit par leur propre émotion, ou mou- vement ou par l'action des corps voisins qui les pressent en tous sens. Pour prouver que ces différentes qualités sont principalement néces- saires pour constituer la Fluidité, on peut avoir recours à l'expérience commune, de mettre un peu de poudre d’albâtre ou de plâtre fine- ment criblé, dans un vase à fond plat sur le feu : peu de tems aprés on verra cette poudre s'agiter et imiter le mouvement de l’eau bouil- Re 314 PLUG lanie; sion la remue avec un baton, elle n’opposera pas plus de rc istance qu'un fluide; mais si daus le mo- ment où elle est le plus agicce, on en répand vn peu sur un papier, on ne verra qu'une poudre sèche. De-la ii est évident qu’il y a une différence réelle entre un corps fluide et une liqueur humide; car cette poudre bouillante, ainsi que les me- taux fondus, lair, Pérher, et la Bimme elle-même, sont propre- ment des corps fluides, mais non pas des liqueurs humides. Boyle, cet ingénieux auteur, a aussi remarqué que, si, on introduit de la fumée de Romarin dans un tuyau de verre, cette fumée se met- tra de niveau, quelle que soit la situa- tion qu'on donne a ce tuyau, et sécoulera enfin comme de l’eau, lorsqu'il sera assez incliné, D'où il conclut qu'un corps pour être fluide n’a pas besoin que ses parties soient fort condensées, comme celles de Peau. Et le sieur Hook , dans son Mi- crographe , pag. 12, nous présente encore une ou deux trés-belles ex- périences, pour prouver cet état de la Fluidité : si l’on place un vase rem- pli de sable sur un tambour qu'on frappe avec des baguettes, ou sur la meule supérieure d’un moulin, ce sable imitera parfaitement l'agi- tation d’un corps fluide , et s’'écou- lera même comme de l'eau, si le FLY vase qui le contieñt se trouve percé sur le côté. Avant que Newton eût perfec- tionné la philosophie corpusculaire, on n'approfondissoit pas autant cette maticre , et On Ne CONNOIÏSSOIT point les conditions nécessaires pour cons- tituer un corps fluide; cependant l'agitation et la désunion de ses par- ticules, peuvent être regardées com- me les effets d’une loi primitive de la Nature: car, de même que les particules de la matiere s’attirent les unes les autres, lorsqu'elles se trouvent dans la sphère de leur ac- tivite réciproque, elles se repoussent et s¢vitent aussi dans de certaines circonstances. Parce qu'alors, quoique leur pro- pre gravité, jointe à la pression des autres corps, puisse les réunir en une masse , cependant les efforts continuels qu'elles font pour s’éviter, et les impulsions étrangeres de la lumiere, de la chaleur et des autres causes , peuvent les faire mouvoir les unes sur les autres, et produire ainsi la Fluidité. Il existe cependant une difficulté qui n’est point aisée à surmonter , qui est de savoir comment les parti- cules des fluides se tiennent à une certaine distance les unes des autres, sans se confondre par leur attraction. La structure et la constitution de l'eau sont surprenantes; on ne peut comprendre comment un fluide aussi dilaté, et qui contient tant de F L'Us pores, puisse résister, sans- être comprimé, à la plus forte pression, et se changer en une masse solide, transparente et friable , lorsqu’il est exposé à un certain dégré de froid. Quoique les particules de l'eau ne puissent se rapprocher assez pour sunir, il est cependant vraisem- blable qu'el'es peuvent se joindre , saccrocher les unes aux autres, et deveair un corps solide lorsque le froid porte dans leurs pores une certaine matiere qui leur sert de lien; mais cette matiere étant chas- ste pir la cha'eur, Peau reprend sa premiere Fluidité. Peut être est-ce ainsi que le mercure se trouve fixé par les vapeurs du plomb. Quand un corps ferme et solide, tel qu'un méral, est réduit par la chaleur en un fluide, le feu ne dis- joint-il et ne separe-t il pas les par- ticules qu'une attraction mutuelle avoit unies ensemble auparavant, et ne les tient-il pas à une telle distance les unes des autres, qu'elles sont hors de la sphère de leur at- traction mutuelle, tant que ce mou- vement violent continue, et lors- que ce mouvement est passé, et la chaleur dissipce, ne se rapprochent- elles pas, ne sallient-elles pas pour ne composer qu'un seul corps ? Ainsi, comme la cause de la cohérence des parties des corps so- lides paroit étre l'attraction mu- tuelle, la principale cause de la Fluidité doit être une émotion con- | F LeU 31$ traire, imprimée sur les particules des fluides, par laquelle elles s’¢vis tent et séchappent aussiiôt qu'elles sapprochent , et aussi long - tems qivelles se tiennent à une certaine distance les unes des autres. On observe aussi dans les fluides, que la direction de leur poids con- tre les vases qui les contiennent, est en ligne perpendiculaire sur les côtés ; cette propricte est le résultat nécessaire des particules sphcriques de quelque fluide que ce soit, ce qui prouve que toutes les parties des fluides sont conformées de cette maniere, ou d’une forme a-peu-prés semblable. Le Docteur Clarke dit que, si les parties d’un corps ne se touchent point, ou si elles glissent aisément les unes sur les autres, ou si leur surface est telle qu'elles puissent aisément étre agitées par la chaleur, et que cetie chaleur soit assez forte pour les mouvoir, et pas assez pour les empêcher de se réunir par Je froid, quoiqu’elles ne soient pas mises en mouvement dans l'instant. même, cependant si ces parties sont petites, unies, glissantes, et d'une forme qui les rend propres à être agitées, ce corps sera nécessairement fluide. Et cependant les particules de ces corps fluides s’accrochent en: quelque maniere, comme Ga le voit dans le mercure lorsqu'il est bien purgé d'air, qui se soutient dans le Rr 2 316 F LU baromètre à la hauteur de soixante ou soixante et dix pouces, dans l'eau qui monte dans des tubes capillaires, ct dans les différentes especes de liqueurs qui, dans le vuide même, forment des gouttes sphériques et polices. On peut ajouter que, si ces corps consistent en particules légèrement entremélées comme celles de l'huile, capables d’être resserrées ou durcies par le froid , et réunies par l'inter- position de certains coins, comme celles de l’eau, ils deviennent aisé- ment solides; mais que, si leurs par- ticules sont telles qu'elles ne puissent se méler comme celles de Pair, ni se durcir par le froid comme celles du vifargent , elles ne deviendront jamais dures ct ne se fixeront point. Enfin, les Cartésiens regardent un fluide comme un corps dont les parties intestines sont dans une agitation continuelle. Le Docteur Hook, M. Boyle, et le Docteur Bocrrhaave, quoiqu’ils soient bien opposés d’ailleurs à Fopinion des Cartésiens, souscrivent néanmoins À cette définition, et donnent des argumens pour prouver que les par- ties des fluides ne sont jamais en repos, et que c'est cette émotion qui constitue la Fluidité; Boerrhaave attribue cette propriété à l'action du feu. Voyez FEU. Les fluides sont, ou naturels, comme l’eau , le mercure, etc., ou produits dans les corps des animaux, -FGN comme Ja bile, le sang, la lymphe, l'urine, etc., ou factices , comme le vin, les esprits ardens, l'huile, etc. FŒNICULUM. Feniculum. Tourn. Inst. R. H. 311. Tab. 164. Anethum. Lin. Gen. Plant. 377. Edit. 3; Fe- nouil. Caracteres. La fleur est ombellée ; Ja grande ombelle est composce de plusieurs plus petites qui n’ont point d'enveloppe; l'ombelle est uniforme; les fleurs ont cinq pétales courbés en-dedans, et cinq ¢tamines termi- nées par des sommets ronds : le germe, qui est situé sous la fleur, soutient deux petits styles couronnés par des stigmats ronds ; le germe se change ensuite en un fruit oblong , profondément cannelé, et divisé en deux parties, dont chacune forme une simple semence, plate sur un côté, convexe et cannelée sur l'autre. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la sep- tieme classe de Tournefort, qui ren- ferme les herbes à fleurs ombelices , et disposées circulairement, dont le calice se change en deux semences étroites, oblongues et Cpaisses. Le Docteur LINNÉE a réuni ce genre à celui de l'Anethum , qui est placé dans la seconde section de sa cin- quieme classe, et qui comprend les plantes dont les fieurs ont cinq éta- mines et deux styles ; mais comme les semences du Fenouil sont oblon- F@N gues, épaisses , et cannelées , et que cellesdel’ Anetsont plateset bordces, il vaut beaucoup mieux les tenir s¢- parées que de les réunir dans un mème genre. Les especes sont : 1°. Fœniculum vulgare, foliis de- compositis ; foliolis brevioribus multi- fidis , semine breviori ; Fenouil a feuilles décomposées , dont les fo- lioles sont plus courtes et terminées en plusieurs pointes, et qui produit une semence courte. Feniculum vulgare , Germanicum. C. B. p. 147 ; Fenouil commun, Anethum Feniculum. Lin. Gen. Plant: 377. Syst. Plant. tom. 1. pag. 722. Sp. 3. 2°. Fœniculum dulce , foliis decom- positis , foliolis longioribus , semine longiori ; Fenouil à feuilles décompo- sées , dont les folioles sont fort lon- gues , et les semences plus longues. Feniculum dulce , majori et alto semine. J. B. 3. p. 2 et 43 Fenouil doux, qui produit une semence plus grosse et blanche. ‘ Anethum Feniculum fructibus ova- tis. Lin. Hort. Cliff. 106. Hort. Ups. 66. Mat. Med. 147. Roy. Lugd.- B. 106. Lin. Gen. Plant. 377. Edit. 3. Syst. Plant. tom, 1. pag. 722. Sp. 3. 3°. Faniculum Azoricum, humilius, codice caulescente carnoso seminibus recurvis , radice annua ; Fenouil nain, avec une tige charnue, des semences recourbées , et une racine annuelle. Feniculum dulce Axoricums Pluk. . FŒN 317 Alm. ; Fenovil doux des Açores, appelé Finochio, Vulgare. La premicre espece est le Fenouil commun qu'on cultive dans les jardins gil se seme lui-même na- turellement dans plusieurs endroits, et se multiplie si considérablement , qu'on le croiroit originaire d’Angle- terre : mais comme on ne le trouve jamais à une grande distance des jar- dins, on ne peut douter qu'il n'ait été apporté dans ce pays: on en con- noit deux variétés, lune à feuilles dun vert clair , et l’autre à feuilles très-foncées : mais je crois que ce ne sont que des varictés qui pro- viennent des mêmes semences ; ce qu'on ne peut pas trop assurer, 4 moins qu'on ne seme ces graines s¢- parcment dans des places où il n’y ait point eu encore de ces plantes ; parce que les semences de cette es- pece subsistent plusieurs années dans la terre, et croissent lorsqu’en les cultivant, on les rapproche de Ia surface; de sorte que la plante de- vient une herbe embarrassante , quand une fois ses semences se sont répandues d’elles-memes. Le Fenouil commun est si bien connu, qu'il n'est pas nécessaire d’en donner une description. Sa racine, forte et charnue, pénètre profon- dément dans la terre et subsiste plu- sieurs années. Cette espece fleurit en Juillet, et ses semences mürissent em automne. Si on les met en terre aussi-tot qu'elles sont mures , leurs 318 FŒ&N plantes paroitrout en automne ou au printems suivant; cles .n’exigent aucune autre cultire que d'être te- nue; nettes de mauvaises heroes, et d'être éclaircies dans leseplaces où elles sont trop serrées ; elles crois- sent dans tous les sols, et à toutes situations: les feuilles, les semences et les racines de cette plinte sont employées en Médecine ; sa racine est une des cinq racines apéritives, et ses Semences sont mises AU NOM- bre des plus carminatives. On fait avec ses feuilles une eau simple, et Yon tire de ses graines une huile essenticlle par la dist Ilction. Dulce. Le Fenouil doux a été regardé par quelques uns comme une variété de l'espece commune, mais je les ai cultivées ensemble dans la même terre, et celui-ci a toujours conservé sa différence : les feuilles du Fenouil doux sont fort longues , minces, irrégulierement éparses, et n'ont pas autant de pointes que celles de Tespece commune ; ses tiges ne sélevent pas à une hauteur aussi considérable , et ses semences sont plus longues, plus €troites et d’une couleur plus claire: ses graines, qu'on nous apporte annuellement de l’Al- lemagne ou d'Italie, sont préférées, par quelques personnes , à celles de l'espece commune pour l'usage de la Médecine , parce qu’elles sont beau- coup plus douces. Le Fenouil doux peut être multiplié de la même ma- piere que l'espece commune; il est FŒN fort dur; mais ses racines ne sont pas d’une aussi longue durée. ( 1 ) ————— (1) On en emploie en médecine les graines, les feuilles et les racines du Fenouil doux ouromain; toutes les parties de cette plante ont un goût doux et un peu acre, et une odeur aromatique ; mais comme ses graines ont beaucoup plus d'activité, on les emploie de préférence dans le plus vrand nombre de cas ; ces graines fournissent , jar la distillation, une grande quantité d'huile essentielle, dans laquelle résident toutes les proprié- tés de la plante : la partie résineuse est beaucoup moins active, et le principe gommeux est presque fans force. Le Fenouil, pris intérieurement ,agite, remue et adoucit un peu; il produit de bons effets dans les affections venteuses, le vertige sromachal, le chorysa, les affec- tions pituiteuses et catharrales , Pasthme humide , la néphrétique pituiteuse, etc. Qn l’emploie confit ou en infusion vi- neuse : on le donne aussi en infusion aqueuse, lorsqu'on se propose de pro- curer aux nourrices une plus grande quan- tité de lair. Quelques Auteurs recommandent cette plante comme un excellent sudorifique dans les maladies exanthématiques, telles que la petite vérole, la rougeole, les fievres pétéchiales et malignes. On a aussi vanté fon eau distillée comme un excellent collyre pour affermir et conser- ver la vue, et on applique fréquemment ses graines écrasées sur les contusions vio- lentes, pour dissiper le sang extravâsé, Les graines du Fenouil entrent dans la composition du sirop de chicorée, dans le michridate, lathériaque, dans le looch des poumons de renard , de Mesue, &c. Ses feuilles servent à faire l'eau vulné- FŒN Azoricum. On croit que la troi- sieme espece a été apportée des Isles des Açores ; elle a été long-tems culcivée en Italie , comme bonne à manger en salade , sous le nom de Finochio ; on la conserve à présent dans quelques jardins Anglois, mais en petite quantité, non- seulement parce qu'on trouve son goût désa- greable , mais parce quelle produit peu de bonnes semences , et que celles qu'on apporte de l'Italie sont rarement fécondes ; et l’on conserve difficilement cette plante en Angle- terre , parce que l'hiver détruit sou- vent celles qui sont destinées à pro- duire des semences, et lorsqu'on a laissé quelques bonnes plantes printa- nieres pour cela, elles ne mürissent point , à moins que l'hiver ne soit trés-favorable. Cette espece a des tiges fort courtes , tendres et charnues qui se gonflent au-dessus de la surface de la terre dans la longueur de qua- tre ou cing pouces, et qui acquic- rent par ce renflement environ deux pouces de diametre: c'est cette par- tie qui est bonne à manger en salade lorsqu'elle est blanchie. Quand on laisse monter ces plantes en semen- ces , leurs tiges ne s’élevent qu'à la hauteur d’un pied et demi, et por- tent une large ombelle à leur extré- —_— raire , et ses racines sont employées dans Jes sirops d’Armoise, des cing racines, de Bétoine, d’Eupatoire , d’Hyssope, &c. F @N 319 mité :, les semences de cette espece sont étroites , courbées et d’un jaune brillant ; elles répandent une odeur forte d’Anis, et sont fort douces au gout. Si Pon veut cultiver cette plante, on doit d’abord se procurer de bon- nes semences par quelques personnes fort soigneuses dans le choix des plantes , sans quoi l'on ne pourroit espérer de les avoir bonnes, et les plantes qu'elles produiroient monte- roient en graines avant d’avoir ac- quis une certaine grosseur , ct ne pourroient être d'aucun usage: lors- qu'on est pourvu de bonnes graines, on fait choix d’une piece de terre dont le sol soit riche et léger , mais pas trop sec ni trop humide. Celles qu'on destine à une première récolte, peuvent être mises en terre vers le 15 de Mai, elles seront propres à être enlevées en Juin; en les semant ainsi en différens tems, elles se suc- cederont sans interruption jusqu'aux premieres gelces: lorsque la terre est bien labourée etdressée ,oncreusedes sillons peu profonds à dix-huit pouces de distance les uns des autres, afin qu'on ait assez de place pour nettoyer les plantes, et pour amonceler la terre sur leurs tiges , lorsqu’elles sont en pleine croissance : on répand les graines dans ces sillons , de ma- piere que les plantes qu'elles doivent produire , se trouvent éloignées de six pouces les unes des autres : mais conune quelques-unes de ces graines 320 FEN peuvent manquer , on les met à deux pouces les unes des autres, sauf à les éciaircir par la suite. Quand les plantes ont poussé , ce qui arrive environ trois semaines ou un mois après, on coupe toutes Îles mau- vaises herbes avec une petite houe, et lorsqu'elles sont trop serrées , on les éclaircit 4 trois pouces de distan- ce; à mesure qu'elles avancent et que d’autres semences poussent en- core , on les houe de tems en tems , et lorsqu’on les éclaircit pour la der- niere fois , on leur donne au moins sept à huit pouces de distance: si l’on a employé une bonne espece, les tiges parviendront à une grosseur considérable : il faudra les recouvrir de terre quinze jours avant de les arracher , comme on le pratique pour le Céleri; ce qui les rendra tendres , cassantes et trés-blanches. La seconde récolte se seme envi- ron trois semaines aprés la premiere, et l’on continue toujours à en semer de nouvelles tous les mois jusqu’à la fin de Juillet ; mais celles qu'on met- troit en terre après ce terme, n’au- roient plus assez de tems pour se perfectionner. Les graines qu'on met en terre en Avril,en Mai et en Juin, exi- gent un sol plus humide que celles des premiers semis , €t celles qu’on seme vers la fin de Juillet , doivent étre sur une terre plus seche et a une exposition plus chaude ; parce que cette récolte ne pouvant être PO bonne que sur la fin de l'automne, pourroit être endommagée par le froid , si elle se trouvoit dans un sol humide; mais comme la terre est sou- vent fort seche en Juin et en Juillet, et que les semences manquent plus aisément dans cette saison , on doit avoir attention de les arroser alors, jusqu'à ce que les plantes aient poussé; si la saison est seche , les plantes exigeront beaucoup d’eau, sans quoi celles pousseroient leurs tiges de semence avant d’avoir acquis une certaine grosseur. Pour éviter cet inconvénient , on creuse une rigole sur chaqve rang, pour y faire couler l'eau au-dessus et la retenir sur le plant. Sil survient en automne quelques fortes gelées , il sera prudent de les couvrir avec du chaume de Pois, où quelqu’autre litiere légère pour les en garantir : on peut par cette méthode les con- server jusqu'au milieu de l'hiver. Une petite planche de cette plante, suflira pour une provision médiocre; et pour une grande, une de quatre pieds de largeur sur vingt pieds de longueur sera suffisante pour une récolte, FŒNUM BURGUNDIACUM. Voyez; MEDICA SATIVA. FŒNUGREC ou FŒNUM GRE CUM. Voyez TRIGONELLA. FOLETTE, ARROCHE oz BON- NE-DAME. Voyez ATRIPLEX. FONTAINES FRA FONTAINES. (des) Sont des sour- ces d’eau vive quisortent de la terre: quant à l'origine des Fontaines , voyez l'article SOURCES. Je ne parlerai point du mécha- nisme des Fontaines artificielles , qui produisentun tres-agréable effet dans les jardins; j'observerai seulement à cette occasion , que ces Fontaines ne doivent pas être trop voisines des habitations , à cause des vapeurs mal saines qu'elles répandent, et de l'humidité qu’elles occasionnent , sans compter qu'elles sont incommo- des par le bruit pendant Ja nuit. Les Fontaines doivent être distri- buces dans les jardins, de maniere qu'on puisse les appercevoir d'un seul coup-d'œil, et que les jets d’eau soient dans le même alignement; ce qui en fait la beauté, parce qu'ils forment alors une confusion agréa- ble, et paroissent plus nombreux. Voyez les articles JETS D'EAU, SOURCES , VAPEURS , EAU, etc. FOUGERE. Voyez FILIX , nom générique qui comprend beaucoup de plantes différentes. FOUGERE FLORISSANTE ox OSMONDE. Voyez OSMUNDA. FRAGARIA. Lin. Gen. Plant. 558. Tourn. Inst. R. H. 295. Tab. 152. ainsi nommé de fragrare, sentir bon, à cause de son odeur aromatique. Fraisier. Tome LIT, PR A 32% Caratteres. Le calice de la fleur est formé par une feuille découpée au sommet en dix parties ; la co- rolle est composée de cinq pétales ronds, insérés dans le calice et en- tiérement ouverts ; elle renferme vingt Ctamines terminées par des sommets en forme de croissans , et un grand nombre de germes re- ceuillis en une téte, dont chacun a un style simple, inséré dans le côté du germe, et couronne par des stig- mats simples: cette tête se change par la suite en un fruit ovale, gros, mou et charnu,quitombe, sion ne le recueille pas, et qui laisse dans le calice plusieurs petites semences an- gulaires. Ce genre de plantes est rangé dans la cinquieme section de la dou- zieme classe de LINNEE , qui ren- ferme celles dont les fleurs ont au moins vingt Ctamines et plusieurs styles insérés dans le calice. Les especes sont : 1°. Fragaria vesca, foliis ovatis serratis | calycibus brevibus , fructu parvo ; Fraisier a feuilles ovales et sci¢es, ayant des calices courts et un petit fruit. Fragaria vulgaris. C. B. p. 226; le Fraisier ordinaire des bois. Fragaria flagellis reptans. Lin. Hort. Cliff: 192. Fragaria fructu albo. Bauh. Pin. 326. 2°. Fragaria Virginiana , foliis oblongo -ovatis serratis inferné inca- nis calycibus longioribus , fructu sub- Ss 322 FRA rotundo ; Fraisier à feuilles oblon- gues, ovales, scices et blanches en- dessous , ayant de plus longs calices et un fruit rond. Fragaria Virginiana fructu cocci- neo. Hist. Ox. 2. p.186. ; Fraisier de Virginie avec un fruit écarlate, or- dinairement appelé Fraise écarlate où Fraise printaniere. 3°. Fragaria muricata , foliis ovato-larceolatis rugosis fructuovato ; Fraisier à feuilles ovales, en forme de lance et rudes, et à fruit ovale. Fragaria fructu parvi Pruni magni- tudine. C. B.p. 327 ; Fraisier avec des fruits aussi gros que de petites prunes, ordinairement appele Fraise de Haut-boy, Capiton ou Capron. 4°. Fragaria Chiloensis , foliis ovatis , carnosis , hirsutis , fructu maximo ; Fraisier à feuilles ovales, charnues et velues, et a trés-gros fruit. Fragaria Chiloensis, fructu maximo, foliis carnosis , hirsutis. Hort. Elch. 145. Tab. 120. ; Fraisier du Chyli, avec un fruit trés-gros, et des feuilles charnues et vélues, connu en Ame- rique sous le nom de Frucilla. Quoiqu’on cultive aujourd'hui en Angleterre plusieurs autres variétés de ce fruit , je ne connois que celles-ci qui puissent être regardees comme des especes distinctes ; ces dernieres ne varient jamais , quelque traitement qu'on emploie, quoique leur fruit puisse devenir plus gros, et s'amc- liorer par la culture: ainsi ceux qui nen reconnoissent qu'une espece , FR A ont adopté unc erreur; je rapporte- rai les différentes variétés de ce fruit qu'on cultive dans les jardins , avec les especes auxquelles elles paroissent appartenir. Vesca. La premicre espece est le Fraisier commun, qui croît naurelle- ment dans les bois de plusieurs par- ties de l'Angleterre; elle est si bien connue , qu'il n’est pas nécessaire d'en donner une description ; il ya trois varictés de celle-ci. 1°. L'espece commune à fruit rouge. 2°. Le Fraisier blanc sauvage qui müûrit son fruit un peu plus tard, et qui est préféré par plusieurs per- sonnes , à cause de son goût acide, mais qu'on ne cultive pas aussi géné- ralement que l'espece rouge , parce qu il ne produit pas autant. 3°. La Fraise verte , appelée par quelques-uns Fraise Ananas, à cause de sa saveur douce. Ce fruit est ver- dâtre quand il est mûr, ferme er trés-agréable au goût ; il mürit tard : cette espece produit peu, à moins qu'elle ne soit plantée dans un sol humide et marneux; mais si on la place dans un terrein qui lui soit propre , elle mérite d’être cultivée autant qu'une autre espece. (1) (1) Les Fraises sont aussi saines qu'a- gréables ; si on les permet aux personnes attaquées d’ardeurs d’entrailles, et dont la bile est très-âcre , elles éprouveront un soulagement marqué : l'eau distilée FR A Virginiana. Fraise printaniere. Le Fraisier écarlate est l'espece qui mi- rit la premiere ; ce qui doit la faire estimer, quand méme elle ne seroit pas recommandable d’ailleurs ; mais son fruit est si agréable , qu’il est pré- feré à toutes les autres especes par les personnes de bon goût : celle-ci, qui a été apportée de la Virginie, où elle croît naturellement dans les bois, est si différente de la Fraise sauvage, par ses feuilles, ses fleurs et ses fruits , qu'on ne peut douter qu'elle ne soit une espece distincte. Cette plante offre une varicté qui a été depuis quelques années apportée de l'Amérique Septentrionale, et qui paroit être une espece distincte ; ses feuilles sont plus rondes, moins pro- fondément veinces , et les échan- crures de leurs bords sont plus larges et plus obtuses : les feuilles qui com- posent le calice sont beaucoup plus Jongues et velues , et son fruit est plus gros; mais d’ailleurs elle ressemble beaucoup au Fraisier écarlate. J'ai jugé à propos de la joindre à celle-ci des Fraises est regardée comme un excel- lent cosmétique. La racine de Fraisier entre dans les ptisanes rafraichissantes et apéritives; on les emploie sur-tout lorsqu’aprés les lon- gues maladies, on soupçonne quelqu’em- barras au foie. Les feuilles de cette plante entrent dans la composition de l’onguent mondi- ficatif d’Ache, et dans celle du Mare tatum, plutôt que d’en faire une espece par- ticuliere : j'ai appris depuis qu’elle se trouve dans la Louisiane. Fraise de tous mois. Il y a aussi une autre variété de celle-ci, si elle n'est pas une espece distincte, qu’on a introduite depuis peu dans nos jardins , sous le nom de Fraisier des Alpes : cette plante ressemble beau- coup au Fraisier écarlate ; mais son fruit, qui est plus pointu, continue à murir quand la saison des Fraises est passée, de maniere qu’on la recueille jusqu'aux premieres gelées de l’au- tomne , ce qui rend cette espece trés-précieuse. J'ai souvent cueilli ce fruit dans le commencement du mois de Novembre. Les Jardiniers Hol- landois donnent à cette plante le nom de Fraisier perpétuel ou de tous mols. Muricata. Le Fraisier de Haut- boy , que les François appellent Ca- piton ou Capron, est originaire de l'Amérique ; mais on le cultive de- puis long-tems dans les jardins An- glois : comme cette plante est fort différente des autres especes, par ses feuilles, ses fleurs et ses fruits , on ne peut douterqu’elle ne soit une espece particuliere; elle fournit une variété: plus parfaite, à laquelle on donne le nom de Haut-boy de Globe , etdontle fruit est gros, et d’une forme ronde; mais cette différence n’est certaine- ment due qu’à la culture; car lors- qu'elle est négligée pendant une ou deux années, son fruit dégénere en ss 2 324 FR A Haut-boy commun ; quand fa terre convient à cette plante et qu'elle est bien cultivée, elle produit unegrande quantité de fruits gros et trés-agréa- bles, qu’en préfere souvent aux au- tres especes. Chiloensis. Le Fraisier du Chyli a été apporté en Europe par M. Fra- zier , Ingénieur , qui avoit été envoyé en Amérique par Louis XIV ; cette plante a d'abord été cultivée dans le Jardin Royal de Paris, d’où elle s'est répandue dans plusieurs jardins curieux de Hollande. En 1727, j'en ai apporté en Angleterre un paquet qui m'a- voit été donné par M. Georges Clif- ford, d'Amsterdam , qui en avoit de grandes planches dans ses jardins curicux de Hartecamp: cette espece a des feuilles velues, ovales, d’une substance beaucoup plus épaisse que celle d'aucune autre, et supportées par des pétioles très-forts, et velus: ses coulans sont fort gros et velus; ils s'étendent fort loin, et produisent de nouvelles plantes à une grande distance: les pédoncules de ses fleurs sont trés-forts; les feuilles du calice sont longues et velues set ses fleurs sont grosses et souvent difformes, de même que le fruit qui est tres-gros , trés-abondant , ferme et agréable , lorsqu'il croit dans une terre forte ; mals comme cette espece a peu pro- duit dans les endroits où elle a été culiivée , on l'a généralement nc- gligce. FRA Culture. Les Fraisiers se plaisent généralement dans une terre douce, telle qu'on la trouve dans les bois, dans laquelle ils profitent et produi- sent une plus grande quantité ce fruits que dans un sol riche et iéger: ce terrein doit aussi être humide ; car lorsqu'il est trop sec, tous Ics arrosemens qu'on donne ordinai- rement dans une saison chaude et sèche, ne suffiront jamais pour procurer beaucoup de fruits: il ne doit pas non plus être fort riche, car il feroit couler les plantes en rejettons, et les rendroit luxurieuses et moins fécondes. Le meilleur tems pour enlever ces plantes, est en Octobre, afin qu’elles puissent acquérir de bonnes racines avant les fortes gelées, qui soule- vent laterre, de manière que, si elles ne sont pas assez bien établies, elles sont souvent déracinces par les premiers dégels ; c'est pourquoi plu tot clles seront plantées dans la sai- son des pluies de l'automne, mieux leurs racines seront établies: d’ail- leurs celles qui sont enracinées de bonne heure, produisent quelque- fois du fruit dans la premiere année. Quelques personnes les trans- plantent au printems; mais dans ce cas il faut les arroser souvent lors- wil fait sec, sans quoi elles ne rcussiroient pas. La terre dans laquelle on veut placer les Fraisiers, ne doit contenir ni herbes ni racines étrangères; FRA parce que, comme ils doivent res- ter trois ans en place, ils seroient exposés a tre érouffés, ou au moins fort incommodés par ces plantes inutiles. Cette terre étant bien la- bourée et nivelée, on la divise en planches de quatre pieds de largeur, et on laisse entrelles un sentier de deux pieds ou de deux pieds et demi, afin de pouvoir recueillir les fruits, nettoyer les planches et arroser les plantes; on trace ensuite quatre rangs dans chacune à un pied de distance , ce qui laissera six pouces de chaque côté entre les rangs ex- tCrieurs et les sentiers: on y place les plantes à un pied environ de dis- tance entrelles, et en quinconce; on presse la terre contre leurs raci- nes, et s’il ne survient point de pluie bientôt après, on les arrosera pour les bien établir. La distance qu'on vient de pres- crire nest que pour les Fraisiers Sau- vages ; car les autres especes s’éten- dant beaucoup plus, exigent une place proportionnée : ainsi les Ecar- lates et Capitons ne doivent avoir que trois rangs dans chaque plan- che, et étre éloignés de quinze pouces les uns des autres en tous sens. Le Fraisier du Chyli ne doit avoir que deux rangs dans chaque planche, et deux pieds dans les rangs de l’une à l’autre; car cette espece devenant trés-forte, ne produira pas beaucoup de fruits si elle n’a pas aflez de place pour s'étendre, FRA 325 Tout le succès de cette culture depend du choix des plantes dans chaque espece; car si elles sont pri- ses confusément et sans aucun soin, la plus grande partie devien- dra stéri‘e , et ne donnera qu'une grande quantité de fleurs, mais point de fruit : si on examine bien ces fleurs, on s'appercevra que la plupart d’entr’elles n'ont point les organes femelles de la génération ; il arrive souvent que quelques-unes de ces plantes stériles produisent des fruits imparfaits qui mürissent quelquefois. Cette stérilité n’est pas particu- licre aux Fraisiers, mais elle est gc: nérale à toutes les plantes qui ont des racines et des tiges rempantes ; plus elles se multiplient Pune par l'autre, et plutôt elles deviennent stériles, et sujettes à s'étendre encore davantage : on peut en dire autant des arbres et des arbrisseaux multi- pliés par boutures, qui deviennent ordinairement stériles et ne produi. sent plus de semences après deux gé- nérations ; c’est-à-dire, quand elles ont été prises sur des plantes élevées de boutures, ainsi que je l'ai épronvé constamment sur un grand nombre d’especes. Il arrive souvent aussi que les fruits des arbres fruitiers sou- vent grefits , n'ont plus de graines nid’amandes. Mais, pour revenir au choix des Fraisiers, on ne doit jamais les prendre sur de vieilles planches négligées, ou Pon a laissé les plantes 326 FRA s'étendre et couler en une multitude de rejettons : non plus que sur des pieds qui ne soient pas fort fruc- tucux; on doit toujours préférer les rejettons qui approchent le plus des vieilles plantes, à ceux qui sont plus éloignés : les Fraisiers sauvages qui croissent dans les bois, étant moins sujets à s'étendre que ceux qui sont cultivés depuis-long temps dans les jardins , doivent être préférés ; mais il faut toujours choisir les plants les plus fructueux. Quand ces plantes ont formé de nouvelles racines, et que l'hiver suivant est rude, il faut mettre du vieux tan sur la terre, entre les plantes, pour empècher la gelée d'y pénétrer ; ce qui est absolument né- cessaire aux Fraisiers du Chyli, qui sont souvent détruits dans les hivers durs , quand ils y sont exposés sans aucunes couvertures : si l’on a de la peine à se procurer du tan, on peut y suppléer par de la sciûre de bois, ou des cendres de charbon de terre, ou des feuilles sèches , etc. Pendant l'été suivant ces plantes doivent être tenues constamment pettes de mauvaises herbes, et il faut retrancher tous les coulans à mesure qu'ils poussent : si cela est exactement pratiqué, les plantes de- viendront trés-fortes pour l'automne suivant; au-lieu que, si on les ne- glige, comme il arrive trés-souvent; qu'on laisse croître tous les coulans gn ¢tc, et qu'on ne les ote qu'en FRA automne , les plantes ne seront pas & moitié aussi fortes que celles qui auront été soignées : elles ne produi- ront pas non plus la moitié autant de fruits au printems suivant, et ceux qu'elles donnerent, ne seront ni aussi gros ni aussi beaux : si dans le premier été on traite ces plantes avec tout le soin nécessaire, elles donneront, au second printems, une abondante récolte. Comme ce fruit est fort com- mun, peu de personnes se donnent la peine de le cultiver avec soin ; je vais cependant donner à ce sujet quelques instructions, qui, si elles sont exactement suivies, dédomma- geront les Cultivateurs de leurs pei- nes par un trés-grand succès. Comme les vieilles plantes sont celles qui donnent du fruit , et que les rejet- tons en portent rarement avant qu'ils aient une année d’accroisse- ment , il faut retrancher exactement ces derniers à mesure qu'ils parois- sent, parce que quand on les laisse , ils diminuent la nourriture des vicilles plantes en proportion de leur nombre , et chacun d'eux pousse une si grande quantité de racines , et s’entremêlent de facon qu'ils appauvrissent la terre, et ren- dent les vieilles plantes stériles. J'ai vu des plantes constamment débarrassées de leurs coulans, qui ont continué pendant quatre à cinq années à produire beaucoup de fruit, sans avoir été transplantées ; FRA cependant la meilleure méthode est d’avoir une suite de planches, sur lesquelles on puisse transplanter annuellement une partie des Frai- siers, de manière qu'ils n'aient ja- mais plus de trois ans ; car au bout de ce tems, la terre est entièrement épuisce de la nourriture qui leur con- : ; ; vient, et ona constamment éprouvé que ces plantes étant placées sur un terrein nouveau, donnent toujours une plus grande quantité de fruits. Pendant l'automne suivant , on débarrasse ces plantes des coulans qui peuvent avoir été produits, ainsi que de toutes les feuilles mortes et des mauvaises herbes; on la- boure ensuite les sentiers , on y en- terre toutes ces herbes inutiles , et on répand de la terre sur la surface des planches entre les plantes, ce qui les fortifiera et les préparera pour le printems suivant: si l'on met encore par-dessus un peu de vieux tan, elles n’en seront que mieux. Au printems et lorsque le danger des fortes gelées est passé, on sou- leve la terre entre les plantes avec une fourche étroite à trois dents, pour la desserrer, casser les mottes , et enterrer le tan, qui sera un bon engrais pour les Fraisiers, sur-tout si la terre est forte : vers la fin du mois de Mars ou au commencement d'Avril, on couvre la terre avec de la mousse pour la tenir humide et empêcher le hale d'y pénétrer : on s'assurera par-là une bonne ré- ERA 327 colte ; la mousse tiendra d’ailleurs le fruit net , et empéchera les fortes pluies de le coucher sur la terre; ce qui le salit ordinairement, et lui Gce beaucoup sa saveur. Le sol dans lequel le Fraisier du Chyli réussit le mieux, est une terre trés-forte et semblable à celle des Poticrs. J'en ai vu qui ont produit dans un parcil terrein, une bonne quantité d’excéllens fruits; et je suis persuadé que cette espece sera aussi fructueuse que le Haut-boy commun, si l’on prend soin de retran- cher tous ses coulans à mesure qu'ils paroissent : je me fonde, non sur la théorie, mais sur les deux ou trois experiences faites sous ma direction. Quelques personnes qui aiment tant les Fraises, qu’ils n’épargnent rien pour sen procurer de bonne heure et aussi long-tems qu'il est possible , accuseroient mon ouvrage d'imperfection, si je manquois de leur fournir des instructions pour ces deux especes de cultures. C’est pourquoi je vais donner la méthode de quelques Jardiniers qui ont le mieux réussi dans le traitement de ces fruits : je commencerai par dire comment on peut en obtenir de trés-bonne heure au printems : lors- quil y a dans les jardins quelques murailles chaudes destinées à faire murir des fruits printanniers, on plante ordinairement des Fraisiers dans les plates-bandes, afin que la chaleur des fourneaux qui y sont 328 FoR A adaptés pour faire mürir les fruits en espaliers, puisse aussi servir à avancer les Fraises; mais dans ces sortes de places les Fraisicrs doivent être renouvelés chaque année, et être enlevés aussitôt que leurs fruits sont passés : on Ôte aussi de la terre jusqu'à la profondeur de deux pieds ,- et on y ea remet de la nouvelle, qui sera également bonne pour les arbres en espaliers : mais comme les viciiles plantes de Fraisiers pro- duisent seules du fruit, ainsi que nous l'avons déjà observé >? on doit en tenir en pots une quantité suf- fisante pour garnir les plates-bandes annuellement; ce que l'on pratique aussi quand on veut clever des Frai- ses dans une couche ou dans une serre chaude. Les especes les plus propres à être forcées, sont l’Ecarlate, l’Alpine et les Fraisiers de bois; mais le Haut- boy devient trop gros pour cela : il faut toujours choisir les pieds les plus féconds , et ne prendre jamais que les rejcttons qui croissent im- médiatement contre'les vieilles plan- tes; on les enleve en automne, on les met chacun séparément dans de petits pots remplis de terre mar- neuse, ct on les tient à l'ombre jusqu'à ce qu'ils aient formé de nouvelles racines: on les expose ensuite en plein air, et on les y laisse jusqu'a la fin de Novembre ; alors on plonge les pots dans la terre jusqu'à leurs bords, pour empecher FR A la gelée d'y pénétrer par les côtés : si elles sont placées contre une mu- raille, une palissade ou une haie, à l'exposition de l’est ou du nord- est, elles réussiront mieux que dans une situation plus chaude , parce qu'elles ne pousseront pas autant: le seul soin qu'elles exigent, est d'empêcher que les gelées ne les déterrent: au printems suivant, lorsque ces plantes auront rempli les pots de leurs racines, on les en- levera, on taillera leurs racines, on les remcttra dans d’autres pots de la valeur de deux sous, qu'on remplira avec la même terre marneuse , et on les plongera dans la terre à l’om- bre, où on les laissera pendant tout l'été suivant: mais il faut avoir soin de les tenir toujours nettes de mau- vaises herbes, et de retrancher tous les coulans à mesure qu'ils poussent, ainsi que toutes les fleurs qui vien- droient à paroître, pour les empêcher de porter du fruit, ce qui les af- foibliroit ; car on ne peut prendre trop de précautions pour avoir ces plantes aussi fortes qu'il est possible, afin qu'elles puissent produire une grande quantité de fruits, sans quoi elles ne vaudroient pas la peine d'être forcées. Vers le milieu du mois d’Octo- bre, où plutôt si l'automne est froid, on doit placer ces plantes à une ex- position plus chaude, et les préparer à être forcées ; car il faut éviter de transporter subitement d'une place les FRA place fort froide, dans une serre ou couche chaude, mais on doit les y disposer par dégrés. Quand elles sont destinées pour une bordure de muraille chaude, on peut alors les tirer des pots et les planter en pleine terre, afin qu'elles aient le tems de former de nouvelles racines avant que l’on fasse du feu pour échauffer les mu- railles : on peut les placer très-près les unes des autres; car comme elles ne doivent rester en place qu’autant de tems qu'il leur en faut pour murir leurs fruits, elles n’ont pas besoin de beaucoup d'espace ; elles trouveront Assez de nourriture au fond et dans la terre mise entre les mottes : il est d’ailleurs intéressant de se procurer autant de fruits qu'il est possible dans un petit espace qui occasionne de la dépense. Si lon commence à allumer les four- neaux vers Noël, ces fraises müri- ront vers la fin de Mars; mais si la saison est trés-froide , elles ne mü- riront qua la fin d’Avril. Il faut avoir soin d’arroser ces plantes quand elles commencent a montrer leurs fleurs, sans quoi elles tomberoient sans produire de fruits; et de leur donner de l'air chaque jour dans les tems doux : mais, com- me les arbres fruitiers en espaliers doivent être traités de même, les mêmes soins conviendront aux Frai- siers, | Lorsqu'on veut forcer les Fraisiers Tome III, FRA 329 dans une serre chaude a Ananas, et quil ne reste point de place dans la couche de tan pour les y plonger, on les transplante dans de gros pots en Septembre, afin qu'ils puis- sent être bien enracinés avant d’être placés dans la serre, ce que l'on ne fait qu'en Décembre ; mais pour les bien préparer à être forcés, il sera à propos de les mettre, au com- mencement de Novembre, scus un chassis où ils puissent être à l'abri des gelées : ceux qui veulent avoir de ces fruits de très-bonne heure, doivent faire une couche chaude sous des châssis, et y placer leurs Fraisiers a la fin d'Octobre. Lorsque ces plantes auront produit des fleurs, on les placera dans la serre chaude tout près des vitrages, afin qu’elles puissent jouir du plein soleil et de l'air ; car si elles éroient dans le fond, elles fileroient et leurs fleurs tomberoient sans produire.de fruits. Comme la terre des pots se desséche assez vite lorsqu'ils sont sur les ta- blettes ou sur le fourneau, il faut les arroser souvent, mais toujours légèrement, parce qu'une humidité trop abondante ne manqueroit pas de leur être nuisible. Si ces plantes sont bien traitées, elles produiront du fruit dans le mois de Février , qui est le tems où l'on desire le plus d'en avoir: lorsqu'on en a fait la récolte, on jette les plantes, parce qu'elles ne peuvent plus servir à rien; on arrache de même celle Tt 340! F'R A des plates-bandes lorsqu'on en a cueilli le fruit, parce qu'elles retran- cheroient la nourriture des arbres à fruits. | Quand on n'a point de serres ni de murailles chaudes, on peut faire croître ces fruits sur des couches chaudes ordinaires; et quoiqu'’ils n'y mürissent pas aussitôt, j'ai cependant vu obtenir de grandes récoltes sur de pareilles couches couvertes de chassis; on les traite de la manière suivante à peu de frais. Ces plantes doivent être d’abord préparées dans des pots, comme on l'a déjà dit ci-dessus; on les place à une exposition chaude au com- mencement d'Octobre, et vers Noël on fait une couche chaude comme pour les Concombres , mais moins forte : aussitôt que les premieres vapeurs de cette couche sont dissi- pées, on y met du fumier pourri pour en conserver la chaleur, ou du fumier de vaches, qui est pré- férable , quand on peut s’en procu- rer aisément : on enleve ensuite les plantes des pots, on les place sur la couche aussi près les unes des autres qu'il est possible, et l'on rem- plit les intervalles avec de la terre; après quoi on leur donne de lair chaque jour, et, si la chaleur de la couche est trop forte, on souleve les plantes pour empécher que leurs racines ne soient briilées : lorsque cette couche se refroidit, on en garnit les côtés avec du fumier RRA chaud : cette premiere couche fait fleurir les Fraisiers vers la fin de Février et au commencement de Mars; comme alors toute sa chaleur est dissipée, on en prépare une au- tre moins forte que la premiere , sur laquelle on répand également du fumier de vaches jusqu’à l'épaisseur de deux pouces, pour garantir les racines des plantes de l'impression dune chaleur trop vive, et par- dessus ce fumier on place deux pou ces de terre marneuse : deux jours apres , lorsque la couche commence à séchauffer, on enleve les plantes de la premiere avec leur mottes, on les arrange tout près les unes des autres sur la nouvelle, et on rem- plit les vuides avec de la terre mar- neuse: les racines de Fraisiers pe- netrent bientôt dans cette nouvelle terre, ce qui renforce leurs fleurs, et leur fait produire beaucoup de fruit : si l’on apporte pour cette culture tout le soin nécessaire, que l'on donne de l'air à ces plantes, et qu'on les arrose à propos, on pourra avoir une bonne récolte de Fraises en Avril, c’est-à-dire, deux mois avant celles qui croissent naturel- lement. La méthode ordinaire de traiter ces plantes, est de les planter d’a- bord dans les parties les plus froides du jardin, et le plus à l'ombre qu'il est possible , dans une terre forte et froide ; au moyen de quoi leurs fruits muriront deux mois plus tard FRA que dans une situation chaude: on coupe toutes les premieres fleurs à mesure qu'elles paroissent ; et, si la saison est seche, on les arrose beau- coup pour Jeur en faire pousser de nouvelles: en continuant à les arroser ainsi, on se procure une récolte tardive : mais ces fruits ne sont pas aussi bons que ceux qui mürissent dans la saison ordinaire. Depuis que les Fraisiers des Alpes ou de tous mois ont été introduits dans les jardins Anglois , cette mé- thode n’est plus en usage , parce que cette espece peut fournir la table pendant tout l'été, sur-tout quand on prend soin de retrancher tous les coulans, et d’arroser les plantes dans les tems secs, sans quoi les fleurs tomberoient sans produire de fruits. Quelques curieux , qui ont élevé ces plantes par semences, ont par ce moyen beaucoup amélioré quelques especes ; si cette pratique étoit plus en usage , je suis assuré qu'on en tireroit un grand avantage, et qu'on se procureroit par-la de plus beaux fruits. Il faudroit les semer dans des pots aussi-tôt que les fruits sont murs , et les placer à l'ombre. Dans l’année 1724, on n’avoit presque point eu de pluie depuis le mois de Février jusqu’au milieu de Juillet ; de sorte que les Fraisiers et les Framboisiers des jardins de Lon- dres s’étoient trouvés briilés , et n’a- voient acquis aucune perfection ; mais comme il survint de grandes F R A 331 pluies en Juilec, ces plantes se réta- blirent , et produisirent des fleurs, qui furent remplacées en Septembre par une grande quantité de fruits, dont les marchés de Londres furent remplis. FRAISIER. Voyez FRAGARIA. - FRAISIER DES ALPES en tige & stérile. Voyez POTENTILLA Mons. PELIENSIS ET GRANDI-FLORA. L. FRAISIER EN ARBRE ox ARBOUSIER. Voyez ARBUTUS. FRAMBOISIER. Voyez RuBUS® IDÆUS. L. FRANGE, en latin, Funbria ; terme relatif a toutes feuilles des plantes , lorsqu'elles sont découpées sur leurs bords en forme de fran ges, ce qui leur donne le nom de Frangées. FRANGIPANIER. F.PLUMERIA et XANTHOXYLON, CLAVA HER- CULISS EE: FRANGULA. Tourn, Inst. R. H. 612. Tab.,383. Rhamnus. Lin. Gen. Pl. Cette plante est ainsi appelée de Frangere , casser, a cause de la fragilité de son bois. L’Aune noir , Bourgene portant des baies ow bour- daine. Caracteres, Lé calice de la fleur Lt 2 382: FRA est formé par une feuille divisée en cing segmens érigés; la corolle est monopétale , découpée en cing seg- mens aigus, placés entre ceux du calice, dans lequel ils sont insérés, mais ils sont plus courts et érigés : la fleur a cing ¢tamines aussi lon- gues que la corolle, et terminées par des sommets obtus ; dans son centre est placé un germe globu- Jaire, qui soutient un style mince, couronné par un stigmat obtus: ce germe se change ensuite en une baie ronde, qui renferme deux se- menses unies et de niéme forme. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la vingt- unieme classe de Tournefort, qui renferme les arbres et arbrisseaux à fleurs en rose, dont le pointal se change en une baie. Le Docteur LiNNÉE a jointce venre aux Palinu- rus ; Alaternus , Ziziphus et Rham- nus , dont il n'a fait que des espe- ces : mais suivant son propre systéme, il est bien éloigné de pouvoir être uni au Rhamnus, et devroit être placé dans sa vingt-deuxieme classe , parce que ces plantes ont des fleurs mâles et des femelles sur différens pieds ; au-lieu que celles de lapre- miere section de la cinquieme classe, ont dans leurs fleurscing ctanunes et un style. Les especes sont: 1°. Frangula Alnus , foliis ovato- lanceolatis glabris ; YAune à feuilles evales, unies et en forme de lance. FRA Frangula. Dod. Pempt. Camer. Epit. 978. Frangula , sive Alnus , nigra Bac- cifera. Park. Theatr. ; V Aune à baies noires. L’Aune noir, Bourgene ou Bourdaine Alnus nigra Baccifera. Bauh. Pin, 428. KRhamnus 784. Frangula , inermis ; ftoribus monogynis hermaphroditis , foliis integerrimis. Lin. Sp. Plant.280. Edit. 3.Hort Cliff.70. Fl. Suec. 194. 203. Mat. Med. 73. Roy. Lugd.-B. 224. Rhamnus inermis, foliis annuis. Fl. Lapp. 60. 2°. Frangula latifolia , foliis lanceolatis rugosis; VAune à feuilles rudes et en forme de lance. Frangula ord folii serratä. Hall. Helv. 164. Frangula altera polycar- pos. Bauh. Prodr. 160. - Frangula rugosiori & ampliori folio. Tourn. ; l'Aune à baies, avec une feuille plus large et plus rude. Alnus nigra polycarpos. Bauh, Pin. 428. Alnus nigra Baccifera ; rugosiori folio, sive major. Bauh. Hiff. 1. p. 562. Rhamnus Alpinus , inermis , flori- Bus dioicis foliis duplicato -crenatis. Lin. Sp. Plant. 280. Edit. 3. 3°. Frangula rotundi-folia, foliis ovatis , nervosis ; l Aune à feuilles ovales et veinées. Frangula montana ; pumila , asxa= tilis, folio sub-rotundo. Tourn. Y Aune bas de montagne , qui croit dans les FRA roches, et produit des baies et des feuilles rondes. 4°. Frangula Americana , foliis oblongo - ovatis 5 nervosis glabris ; l'Aune a feuilles ovales , oblongues, ayant des veines unies. Frangula Americana , foliis gla- bris. Dale; YAune d'Amérique a feuilles unies , portant des baies. Frangula oblongo folio viridi Ame- ricana. Richard. W. vol. 1. pag. 22. Sp. 10. Alnus. La première espece croît naturellement dans les bois de plu- sieurs parties de l'Angleterre, ce qui fait qu'on la cultive rarement dans les jardins; elle s’éleve en une tige ligneuse à la hauteur de dix à douze pieds , et pousse plusieurs branches irrégulieres , couvertes d'une écorce foncée , et garnies de feuilles ovales, en forme de lance , de deux pouces de longueur sur un de largeur, tra- versées par plusieurs veines qui sé tendent depuis la cote du milieu jusqu’à leurs bords, et portées par de courts pétioles : ses fleurs naissent en grappes aux extrémités des rejet- tons de l’année précédente , ainsi que sur les deux premiers nœuds des mêmes branches ; elles sont portées chacune sur un pédoncule placé sur les parties latérales des branches ; ces fleurs sont fort petites , de cou- leur herbacée, et ne s'ouvrent pas ; elles produisent des baies rondes, petites , et d'abord rouges , mais qui deviennent noires en murissant. Ces fleurs paroissent en Juin , et leurs baies murissent en Septembre : cette plante se trouve dans les Pharma- copées , au nombre des especes mé- dicinales ; mais on s'en sert peu a présent. (1) Lati-folia. La seconde a des feuilles rudes et plus larges que celles de la premiere ; elle croît naturelle- ment sur les Alpes et dans d’autres parties montagneuses de l'Europe : on la conserve dans quelques jardins pour la variété. Rotundi-folia. La troisieme, qui s’éleve rarement au-dessus de deux pieds de hauteur, se trouve sur les (1) L’écorce moyenne de cette plante, et sur-tout celle qui couvre les racines, est un purgatif violent qui évacue par haut et par bas 3 mais elle est d’autant plus émetique , qu’elle est plus fraîche ; on la sépare au printems , et on la fait sécher à l’ombre. Ce purgatif, qui ne convient qu'à des personnes d’un tempe- rament robuste , peut être administré en substance à la dose d’un gros, et en in- fusion dans du vin blanc, depuis un gros et demi jusqu'à deux gros, en y ajoutant quelques correctifs, tels que la Cannelle, PAnis, ou plutôt l’Alkali fixe que lon retire de l’Absynthe. Les gens de la campagne font souvent usage de ce remede, dans quelques contrées, pour se guérir des fievres intermittentes, Ils se servent aussi de cette écorce, broyée dans du vinaigre, pour guérir la gale, en s’en frottant deux où trois fois par jour; mais ce moyen est dangereux si lon n'a pas fait usage auparavant des secours internes que la Médecine prescrit, 334 FR À montagnes des Pyrénées; mais on ne la cultive gueres que dans les jardins de Botanique pour la varicté: on peut la multiplier en marcottant ses branches ; elle exige un sol fort. Americana. La quatrieme espece croît naturellement dans l'Amérique septentrionale , d’eu ses semences m'ont été envoyées : elle ressemble à la premiere, mais ses feuilles sont plus longues et plus larges; elles sont unies, d'un vert luisant , et ont plu- sieurs veines: les fleurs sont aussi fort semblables à celles de la pre- miere. Ces arbrisseaux se multiplient aisément par leurs graines, qu il faut mettre en terre aussi-tôt qu'elles sont müres; parce quen suivant cette méthode, elles pousseront au printems suivant: au-lieu que, si l'on ne les seme que dans ce tems , elles ne paroitront que dans la seconde année; on les tiendra alors constam- ment nettes, ct en automne on les enleve pour les planter dans des pépinieres, à deux pieds de distance de rang en rang , et à un pied entr'elles: elles peuvent rester ainsi pendant deux ans; mais au bout de ce tems, on les place à demeure : on ies multiplie aussi par marcottes et par boutures ; mais les plantes qui proviennent de semences sont pré- férables aux antres. On porte souvent les fruits de la premiere espece sur les marchés de Londres, où on les vend pour des FR A baies de Nérprun ; mais on peut aisément distinguer ces especes les unes des autres cn en rompant quel- ques-unes: car les baies du Frangula n'ont que deux semences, et celles du Nerprun en renferment ordinaire- ment quatre ; d'ailleurs le suc de ces dernieres teint le papier en vert. FRAXINELLE. /. DICTAMNUS. FRAXINUS. Lin. Gen. Plant. 1026. Tourn. Inst. R. H. 577. Tab. 3433 Frêne. Caracteres. Dans ce genre il y a des fieurs hermaphrodites et des fleurs femelles sur le même arbre, et quelquefois sur différens pieds : les fleurs hermaphrodites n’ont point de pétales , mais seulement un petit calice à quatre angles, qui ren- ferme des étamines ¢rigces , et ter- minées par des sommets oblongs et à quatre sillons. Dans le centre est placé un germe ovale et applati, qui soutient un style cylindrique , couronné par un stigmat divisé en deux parties : ce germe devient en- suite un fruit comprimé et bordé, en forme de langue d'oiseau, et a une cellule qui renferme une se- mence de même forme. Les fleurs femelles sont conformées de même, mais elles n’ont point d'étamines. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la vingt- troisieme classe de LINNEE , qui comprend celles dont les fleurs de F RTA) différens sexes naissent sur les me- mes tiges ou sur des pieds différens , et qui sont toutes fructueuses. Les especes sont: 1°. Fraxinus excelsior, foliolis ser- ratis ; floribus apetalis, Lin. Sp. Pl. 1057. Mar. Med. 222}; Frène dont les lobes sont sciés , et les fleurs apetales. Fraxinus floribus nudis. Hore. Cliff. 469. Fl. Suec. 830.926. Roy. Lugd.- B. 396. Dalib. Paris. 306. Fraxinus excelsior. C. B. p. 416; Fréne commun, Fraxinus. Dod. Pemp. 771. 2°. Fraxinus rotundi-folia foliis ovato-lanceolatis serratis , floribus colo- ratis ; Fréne dont les lobes sont de forme ovale et de lance, et sciés et les fleurs colorces. Fraxinus rotundiori folio. C. B. pag. 416 ; Frêne à feuilles plus ron- des , ordinairement appelé Fréne à manne, 3°. Fraxinus ornus , foliolis ser- ratis floribus corollatis. Lin. Sp. Pl. £0573 Frêne dont les feuilles sont sci¢es, et dont les fleurs ont des pétales. Fraxinus floribus completis. Hort. Ups. 304. Hort. Cliff. 470. Roy. Lugd.-B. 396. Fraxinus humilior , sive altera Theophrasti , minori & tenuiori folio. C. B. p. 416; Frêne nain de Théo- phraste , avec des feuilles plus peti- tes et plus ctroites. 4°. Fraxinus paniculata , foliolis 2 PRES 335$ lanceolatis glabris ; floribus panicu- latis terminatricibus ; Frène à feuilles unies et en forme de lance, et à fleurs en panicules, placées aux ex- trémités des branches. Fraxinus florifera Botryoïdes. Mor. Prel. 265;Fréne à fleurs. 5°. Fraxinus ex nova Anglià , fo- liolis integerrimis , petiolis teretibus. Yor. Virg. 122. Roy. Lugd.-B. 5333 Frêne a lobes entiers, ayant des petioles en forme cylindrique. Fraxinus ex novä Anglia , pinnis foliorum in mucronem productioribus. Rand. Cat. Hort. Chels. ; Frène de la nouvelle Angleterre à feuilles lon- gues, à pointes aiguës et ailées. 6°. Fraxinus Caroliniana , foliolis integerrimis, petiolis teretibus, fructu latiore. Prod. Leyd. $33- Gron. Vire. 122. Roy. Lugd.-B. 533. Fréne à feuilles enticres , ayant des pétioles cylindriques. Fraxinus Caroliniana, latiore fructus Rand. Cat. H. Chil. Fréne de la Ca- roline avec des fruitsplus larges. Fraxinus Caroliniensis , foliis an- gustioribus utrinque acuminatis pen- dulis. Catesb, Car. 1. p. 80. t. 80. Excelsior. La premiere espece est le Frene commun, qui croît natu- rellement dans la plus grande par tie de l'Angleterre; il est si bien connu, qu'il n'est pas nétessaire d’en donner une description : les feuilles de cet arbre ont généralement cinq paires de lobes, et sont terminées par un lobe impair ; elles sont d’un 336 FRA vert trés-foncé , et leurs bords sont Iégérement sciés : ses fleurs naissent en épis clairs sur les côtés des bran- ches , et produisent des semences plates qui mürissent en automne : on conserve dans quelques jardins une variété de cet arbre à feuilles panachées. (1) Rotundi-folia. La seconde, qu'on trouve dans la Calabre, est regardée généralement comme l'arbre sur lequel on recueille la manne: les branches de cette espece sont beau- coup plus courtes que celles de la premiere, et leurs nœuds sont aussi plus voisins les uns des autres ; les lobes des feuilles sont plus courts et plus profondément serrés sur leurs bords; elles sont d'un vert plus (1) On a beaucoup vanté les proprié- tés médicinales du Frêne, mais on doit peu y compter , malgré le témoignage de Cisalpin et de Lobelle ; cependant l’é- eorce et le bois de cet arbre peuvent étre mis au nombre des apéritifs et des diaphorétiques légers, et employés com- me tels dans les fieyres, les obstructions du foie et de la ratte , les maladies cuta- nées, etc, Le sel fixe que l’on tire de ses cendres, ne différe point de celui des autres végétaux, et c’est une erreur de lai attribuer des vertus particulieres. La propriété de guérir la surdité ‘qu’on sup- pose à la séve qui s'écoule par les deux extrémités de ce bois, lorsqu'on le met en travers sur le feu, est tout-à-fait imaginaire; car cette séve n'est que de l’eau toute simple , et ne contient aucun principe actif, FRA clair; ses fleurs, teintes de couleur pourpre , sortent des parties laté- rales des branches, et paroissent au printems avant que les feuilles commencent à pousser. Cet arbre est d’un crû bas, et ne s'éleve guères qu'à quinze ou seize pieds de hauteur en Angleterre. Ornus. La troisieme ne s’éleve pas plus que la précédente; ses feuilles sont plus petites et plus étroites, mais elles sont également sci¢es sur leurs bords , et teintes de la même couleur foncée; ses fleurs ont des pétales, au-licu que celles du Frêne commun n en ont point. Paniculata. La quatrieme a été clevéc par le feu Docteur Wédale, à Enfield, avec des semences ap- portées de l'Italie par le Docteur William Shérard; mais on la regarde comme une espece difftrente de celles dont Morrison fait mention dans son Preludia Botanica : cepen- dant lorsqu'on les compare, on n’ap- perçoit aucune différence entr’elles. Les feuilles de cette espece n’ont que trois ou quatre paires de lobes, courts, larges, unis, d’un vert luisant et irrégulicrement sciés sur leurs bords; la côte du milieu de la grande feuille est noueuse , et gon- fe dans les endroits où les feuilles sortent : ses fleurs naissent en pani- cules clairs aux extrémités des bran- ches; elles sont la plupart mâles, ct ont chacune deux étamines , mais point de germe ni de style; elles sont FRA sont d’une couleur blanche, herba- cée, et paroissent en Mai. Comme cette espece ne produit pas toujours des semences en Angleterre, on la multiplie en la greffant sur le Fréne commun. Nova-Anglia. La cinquieme a été clevée de semences qui ont été en- voyées de la nouvelle Angleterre en 1724, par M. Moore : ses feuilles n'ont que trois, ou tout au plus quatre paires de lobes, placés à une grande distance les uns des autres, et terminés par un lobe impair qui sétend en-dehors, et forme une très-grande pointe ; ces lobes sont entiers, d’un vert clair, et sans dentelures sur teurs bords. Cet arbre pousse des branches fortes et irrégulieres; mais son tronc ne devient pas gros : on le multiplie en le greffant sur le Frêne commun. ‘ Caroliniana. La sixieme, dont les semences ont été envoyées de la Caroline en 1724, par M. Catesby, a des feuilles composées de trois paires de lobes, dont ceux du bas sont les plus petits; ils ont environ cinq pouces de longueur sur deux de largeur, et sont d'un vert clair, et légèrement sciés sur leurs bords ; le petiole ou plutôt la côte du mi- lieu des feuilles, est cylindrique, ct couvert d’un duvet court et velu; ses semences sont plus larges que celles du Frêne commun et d’une couleur fort claire. Comme cette espece n’a pas encore produit de Tome LIL. FRA 337 graines en Angleterre, on l'y mul- tiplie en la greffant sur le Fréne commun. On multiplie beaucoup ces arbres aujourd’hui dans les pépinieres pour en faire commerce, parce qu'on recherche depuis peu les arbres et arbrisseaux durs qui peuvent sub- sister en plem air ; mais tous ceux qui sont greffés sur des Frénes com- muns, ne sont pas aussi bons que ceux que l’on éleve de semences, parce que les tiges croissent plus vite que les greffes , et que les troncs sur lesquels on les a greffés, sont souvent deux fois plus gros que la partie haute; d’ailleurs, si on les place dans des lieux exposés an vent , les greffes: sont expostes a étre rompues jusques sur le tronc, lorsqu'ils sont parvenus à une grande hauteur ; en outre le bois des arbres greffés, n'est pas d'un aussi bon usage que celui des arbres de se- mence. On plante généralement la qua- trieme espece pour servir d’orne- ment, parce que ses fleurs ont une très-belle apparence quand elles sont toutes épanouïes. Comme toutes les branches de cet arbre sont terminées par un panicule large et clair, ils produisent alors un très-agréable effet, et sont appercus de fort loin. Toutes les autres especes servent à faire variété dans les plantations: mais elles ont peu de beautc; et Vv 338 FRA comme leur bois est très-inférieut à celui du Fréne commun, il n'en faut pas planter beaucoup, parce qu'elles tiendroient la place de meil- leurs arbres. Le Fréne commun se multiplie en abondance par ses graines, qui s'é- cartent en automne; de sorte que, si les bestiaux n’approchent point de ces endroits , les plantes pousseront en quantité au printems suivant. Quand on veut se procurer un nom- bre considérable de ces arbres, il faut semer leurs graines aussitôt qu'elles sont mures , afin que leurs plantes paroissent au printems sui- vant; mais si l’on ne les met en terre que dans cette saison, elles ne paroitront que dans la seconde an- née. Comme la même chose a lieu pour la plupart des autres especes, il ne faut pas s'attendre à voir ger- mer, avant l'année suivante, les graines que l'on reçoit des pays étrangers, parce quelles arrivent rarement ici avant le printems : c’est pourquoi l’on doit tenir nettes de mauvaises herbes, pendant tout l'été, la terre où elles sont semces , et ne pas la remuer, de peur de les dé- terrer ou de les trop enfoncer, ce qui les empécheroit de croitre. Comme beaucoup de personnes sont trop impatientes pour attendre pen- dant une année, elles labourent la terre si elles ne voient pas bientôt paroitre les plantes, et détruisent ainsi les semences. FRA Lorsque les plantes poussent, om arrache constamment pendant l'été les mauvaises herbes qui naissent avec elles; et si elies font de grands progrès dans la planche de semences, elles seront en ctat d’être transplan- tées vers l'automne ; alors on prépare un nouveau terrçin pour les recevoir, et aussitôt que leurs feuilles com- mencent à tomber, on peut les trans- planter. On doit avoir grand soin, en les enlevant, de ne pas casser ni dé- chirer leurs racines ; pour prévenir cet accident, il est à propos de se ser- vir de la béche, au-lieu de les arra- cher, comme on le fait souvent: comme parmi ces plantes élevées de semence, il sen trouve quelques- unes plus grandes que les autres, on les arrache ordinairement les pre- mieres, et on laisse croître les plus foibles encore pendant une année ; mais pour ne pas déraciner ces der- nieres, on enleve les autres avec la main, ce qu’onne peut faire sans rom- pre quelques-unes de leurs racines, Je conseille donc, pour éviter cet ac- cident , de les enlever toutes grosses et petites, et de les transplanter, en placant les plus fortes dans les mé- mes rangs, et les plus foibles à part : on laisse entr'elles un pied et demi de distance, et trois pieds entre cha- que rang : on peut les laisser deux ans dans cette pépiniere : mais après ce tems elles auront acquis assez de force pour être placées à demeure; car plus on les transplante jeumes, plus FRA elles deviennent grosses. La terre de la pépiniere ne doit pas être meil- leure que celle qui leur est desti- née ; parce que, si elles étoient éle- vées dans un bon terrein, et qu’on les transportat ensuite dans un autre d’une moindre qualité, elles ne fe- roient que peu de progrès; il est par conséquent trés-utile d'établir la pé- piniere dans le lieu meine où doit être la plantation, et l’on réserve alors dans cette pépiniere unnombresufñi- sant de ces arbres , qui parviendront à une hauteur beaucoup plus considé- rable que ceux qui aurontétéenlevés. Quand on a dans son voisinage quelques-uns de ces arbres, on peut bientôt en avoir une grande quan- tité, en conservant ceux qui pro- viennent de leurs semences tombées ; mais il est nécessaire d’en écarter les bestiaux, qui les détruiroient dansun instant : lorsque quelques-unes de ces graines tombent dans des haies, où elles sont à l'abri du soleil et de l’in- clémence de Lair, les plantes qu’elles produisent font de grands progrès, et détruisent bientôt tous les arbris- sceaux voisins; car aucun arbre n'est plus nuisible aux autres végétaux que le frêne; il les prive de leur nourriture dans toute la longueur de ses racines : il ne faut donc jamais planter de fré- nes dans des alignemens de haies, parce qu'ils les feroient périr , ainsi que le bled et tout ce qu'on pourroit semer dans leur voisinage. On ne doit pas non plus en souffrir au- Loe cun près des pâturages; car si les vaches viennent à brouter ses feuil- les ou ses rejettons , tout le beurre qu'on fera avec leur lait aura un gout fort, et ne sera d’aucune valeur, comme on le remarque dans celui qui vient des environs de Guilford- Godlamin, et de quelques autres par- ties de la comteéde Surry, ou les Frénes se trouvent voisins de tous les patu- rages; de sorte qu’on ne trouve gucres dans ce pays de beurre bon à manger: dans toutes les bonnes lai- teries de la campagne, on ne souffre jamais de Fréne dans les environs. Si cet arbre est bien traité, son bois sera trés-utile aux proprictaires , non - seulement parce que ses bran- ches basses, qu’on peut couper tous les sept ou huit ans pour en faire des piquets ou des cercles, produi- ront plus que le revenu de la terre, toutes dépenses prélevées, mais en- core parce que leurs troncs vau- dront 40 ou §0 liv. la piece lors- qu'ils seront assez gros pour fournir du bois de charpente. Ce bois est très-bon pour le charronnage et pour plusieurs au- tres ouvrages ; la meilleure saison pour le couper est depuis le mois de Novembre jusqu’en Février ; car si Yon s’y prend trop tôt en automne, ou trop tard au printems, il sera en danger d'être attaqué par les vers: mais on l'émonde au printems, ainsi ue tous les bois tendres. FRÊNE. Voyez FRAXINUS. V v 2 40 FR I FRENE ÉPINEUX. Voyez XANTHOXYLUM. L. FRITILLARIA. Lin. Gen. Plant, 372. Tourn. Inst. R. H. 376. Tab. 197, 198 ; Fritillaire , Tulippe ou Couronne impériale. Lilio-Fritillaria. Caractères. Dans ce genre, la fleur n’a point de calice ; la corolle est composée de six pétales oblongs en forme de cloche, qui s'étendent à la base: dans le creux de la base de chaque pétale est situc un nectaire; six étamines, terminées par des som- mets oblongs et à quatre angles, en- vironnent le style; son centre est occupé par un germe oblong et triangulaire qui soutient un style simple, plus long que les étamines, et couronné par un stigmat obtus et étendu; ce germe devient dans la suite une capsule oblongue à trois lobes et à trois cellules remplies de semences plates et placées en double rang. La capsule de la Fritillaire est oblongue ct unie; mais celle de la Couronne Impériale a des bords ai- gus ou des ailes membraneuses. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere sectionde la sixieme classe de LINNÉE, qui renferme celles dont les fleurs ont six étamines et un style. Ces deux genres (la Fritillaire et la Couronne Impériale) ont toujours été séparés jusqu'à ce que LINNÉE les ait réunis : si on ne considere que FRI la fleur, on peut les joindre ens semble ; mais comme leurs fruits ont chacun une marque caractéristique, il semble qu'ils devroient être s¢pa- rés: cependant comme ce nouveau système est généralement recu, je m'y conformerai en les laissant unis. Les especes sont : 1°. Fritillaria Meleagris, foliis linearibus alternis ; floribus terminali- bus ; Fritillaire à feuiltes ctroites et alternes , dont la tige est terminée par les fleurs. Fritillaria radice deprefsd. Roy. Lugd.-B. 30. Fritillaria precox purpurea varie- gata. C. B. p. 643 Tulippes printa- niere panachée en pourpre, ow la Fritillaire. Meleagris. Reneal. Spec.147.T.146. 2°. Fritillaria Aquitanica , foliis infimis oppositis. Hort. Cliff: 81; Fritillaire dont les feuilles basses sont opposées. Fritillaria Aquitanica , flore luteo obscuro. Swert. Floril. ; Tulippe d’Aquitaine panachce , dont la fleur est de couleur jaune foncé. 3°. Fritillaria nigra, floribus ad- feendentibus ; Fritillaire à fleurs pla- cées les unes au-dessus des autres. Fritillaria nigra, Lob. Adver. 2, 496; Tulippe noire panachée. 4°. Fritillaria Lutea, foliis lan- ceolatis , caule unifloro maximo ; Fri- tillaire 4 feuilles en forme de lance, ayant une grosse fleur sur chaque tige. FRA Fritillaria lutea maxima Italica. Park. Parad, 4.33 la plus grande Fri- tillaire jaune d'Italie. 5° Fritillaria umbellata , flori- bus umbellacis ; Fritillaire à fleurs en ombelles. Fritillaria umbellifera. C. B. p. 64; Tulippe ombellée et panachée. 6°. Fritillaria Persica, racemo nu- diusculo , foliis obliquis. Hort. Upsal. 82; Fritillaire avec un épi de fleurs nud et des feuilles obliques. Fritillaria radice rotunda. Roy. Lugd.-B. 30. Fritillaria racemo nudo terminal. Hore. Cliff. 119. Lilium Persicum. Dod. Pempt. 220; le Lys de Perse. Lilium Fusianum. Clus. Hist. 1. p: 130. 7°. Fritillaria racemosa, floribus racemosis ; Fririllaire a fleurs en pa- quets. Fritillaria ramosa , seu Lilium Per- sicum minus. Mor. Hort. Reg. Bles. Fritillaire branchu, ou le plus petit Lys de Perse. 8°. Fritillaria Imperialis , racemo comoso infernè nudo , foliis integerri= mis, Hort. Upsal. 821. Kniph. Cent. 3. n. 39. Knon. Del. 1. Fritillaire cou- ronné d’un paquet de feuilles au- dessus des fleurs, nud au-dessous, ayant des feuilles entières. Corona Imperialis. Dod. Pempr. 202; la Couronne Impériale. Petilium foliis caulinis. Hort. Cliff. 119. Roy. Lugd.-B. 30. FAR ‘| 341 Lilium sivè Corona Imperialis : Genus. Bauh. Pin. 79. Tusai. Clus. Hist. 1. p. 127,128. 9°. Fritillaria regia racemo co moso infernè nudo , foliis crenatis. Lin. Sp: Plant. 303 ; Fritillaire avec un paquet de feuilles touffu sur les fleurs, nud au-dessous, et des feuilles crenelces. Corona Regalis, Lilii folio crenato. Hort. Elth. 110. t. 93.f. 109; Cou- ronne Royale à feuilles de lys et crenelées. 10°. Fritillaria Autumnalis ra- cemo inferne nudo , foliis oblongis mu- cronatis; Fritillaire à tige nue et a feuilles oblongues et pointues. Meleagris. La premicre croit na- turellement en Italie et dans quel- ques autres parties chaudes de PEu- rope. On voit dans les jardins des Fleuristes un grand nombre de va- riétés de cette espece, qui ont été ob- tenues de semence, et qui different entr'elles par leur grosseur et leur couleur; mais comme il en paroit tous les jours de nouvelles , il seroit inutile de nommer celles qu'on trouve dans les jardins de l'Angleterre et de la Hollande ; on peut d’ailleurs consulter à ce sujet les Catalogues des Hollandois, qui aiment beau- coup à découvrir quelques nou- velles différences pour augmenter leurs listes. Les especes dont on fait ici men- tion peuvent, à mon avis, être re- gardées comme distinctes, quoique 342 FRI le Docteur LINNEE les aitréduites à cing; car j'en ai élevé plusieurs par semence de toutes les especes, qui ont constamment été les mêmes que celles sur lesquelles les semences avoient ¢té prises, et n'ont paru différentes que par la couleur et la grosseur de leurs fleurs ; celles à feuilles larges ont donné des fleurs à larges feuilles, et celles qui ctoient ombellées et tachetces, ont aufli re- produit les mêmes especes, quoi- qu'elles fussent toutes différentes par leurs couleurs. La premicre a une racine ronde, applatie et semblable à celle du gla- diole ou glayeul, mais d’un blanc jaundtre; sa tige, dont la hauteur est d'environ quinze pouces , est garnic de trois ou quatre feuilles étroites, longues ct alternes, et son sommet se divise en deux pedoncules minces et inclinés vers le bas, qui soutiennent chacun une fleur en forme de cloche, tournée en dedans, et composée de six petales tachetés de pourpre et de blanc en maniere d'échiquier : dans son centre est placé un germe qui supporte un style couronné par un stigmat divisé en trois parties, et environné par six étamines plus courtes. A la base de chaque ptale il y a une cavité qui forme un nectaire rempli d’une liqueur douce ; Icrsque la fleur cst, tombée, le germe se gonfle et devient une capsule assez grosse , Cmoussce et triangulaire ; son pédoncule se re- BRU tourne ensuite, et se tient érigé: quand cette capsule est mure, elle s'ouvre en trois parties, et laisse sors tir des sémences plates qui étoient rangées en double rang: les fleurs de cette espece paroissent 4 la fin de Mars ou au commencement d'Avril, et ses semences murissent en Juillet. On en connoit une variété à fleurs doubles. Aquitanica, La seconde est origi- naire de France ; ses feuilles sont plus larges et d’un verd plus foncé que celles de la précédente; ses feuilles basses sont opposées, mais celles du haut sont alternes : sa tige s’éleve à la hauteur d'un pied et demi, et supporte deux fleurs d’un jaune som- bre, qui s'étendent plus au bord que celles de la premiere espece , mais qui ne sont pas tournées vers le bas de la même maniere : celle- ci fleurit trois semaines après la pre- miere. Il y en a une variété à fleurs verdätres qui croît naturellement dans quelques parties del’Angleterre. Nigra. La troisieme, qui ne s’éleve gueres au-dessus d'un pied de hau- teur , a des feuilles étroites comme celles de la premiere, mais plus cour- tes; chaque tige est terminée par trois ou quatre fleurs qui s’'élevent les unes au-dessus des autres; elles sont d’un pourpre très-foncé, et marquées de taches jaunatres: cette espece fleurit en Avril , à peu-pres dans le méme tems que la seconde. Lutea. La quatrieme s deve à la FRI hauteur d'environ un pied : sa tige est garnie de feuilles en forme de lance, de quatre pouces de longueur sur un de largeur, et d’une couleur herbacée ; elles sont quelquefois opposées , mais ordinairement alter- mes: sa tige est termince par une grosse fleur en forme de cloche , de couleur jaunatre & marquetée de pourpre clair. Cette espece fleurit vers le mème tems que la premiere; elle donne deux ou trois variétés, qui different dans la grosseur et dans la couleur de leurs fleurs, ainsi que dans la largeur de leurs feuilles, mais qui consérvent leurs différences spécifiques, de sorte qu'elles sont aise- ment distinguées des autres especes. Umbellata. La cinquieme s’éleve à un pied et demi de hauteur; sa tige est garnie de feuilles de couleur grisatre , et plus courtes et plus lar- ges que celles de la premiere; ses fleurs, qui naissent autour des tiges comme celles de la Couronne Impé- riale, sont d’un pourpre foncé, et tachetées d’un vert jaunatre; elles paroissent à-peu-près dans le même tems que celles de la seconde espece. Persica. La sixieme, que l'on con- noît généralement sous le nom de Lys de Perse , dou on la croît origi- naire , est depuis long-tems cultivée dans les jardins Anglois ; sa racine est grosse et ronde, ct satige, dont la hauteur est d'environ trois pieds, a sa partie basse fortement garnie de feuilles grises, de trois pouces de Pee 343 longueur sur un demi de largeur, placées sur chaque côte des tiges, et tortillées obliquement ; ses fleurs croissent en épis clairs au sommet de la tige, et forment une pyra- mide de la même figure que celle des autres especes, mais beaucoup plus courte; ces fleurs, qui sont tein- tes d'une couleur pourpre foncée, s'étendent davantage sur leurs bords, et ne sont pas courbées vers le bas comme celles des précédentes ; elles paroissent dans le mois de Mai ; mais comme elles produisent rare- ment des graines en Angleterre, on ne peut les multiplier ici que par leurs rejettons. Racemosa, La septieme a une tige beaucoup plus courte que celle de la précédente , et garnie de feuilles semblables, mais plus petites ; cette tige se divise à son extrémité en plu- sieurs petits pédoncules, dont chacun soutient une fleur sombre et colo- rée : on donne ordinairement à cette espece le nom de petit Lys de Perse, à cause de sa ressemblance avec la sixieme. On multiplie ces plantes par leurs semences ou par leurs rejettons qu'on détache des vieilles racines. En employant la premiere méthode, on obtient souvent des variétés nou- velles, et l’on récolte plus de racines en trois années, qu'on n'en obtien- droit en vingt ou trente ans en se servant des rejettons : c’est pourquoi je vais commencer par la premiere de ces deux méthodes. 544 FRI Quand on s’est pourvu de bonnes semences , recucilies sur les plus belles fleurs, on prépare des terrines basses, ou des caisses percées dans le fond pour Pécoulement de lhu- midité, et on les remplit de terre fraîche et légère, après avois mis quelques débris de pots cassés sur les trous pour empêcher la terre de les boucher; lorsque cette terre est bien nivelée, on y répand les semences fort épaisses, et on les couvre de trois lignes de terre fine ct criblée : le tems le plus propre pour ce semis, est le commencement du mois d’Aovit ; car si l’on tenoit ces graines plus long-tems hors de la terre, elles ne germeroient point ; on place ensuite ces caisses de ma- niere qu’elles puissent jouir du soleil depuis son lever jusqu'a onze heu- res; et si la saison est sèche, on les arrose légèrement : on a soin aussi d'Ôter toutes les mauvaises herbes aussitôt qu'elles paroissent ; car, si on leur donnoit le tems de pousser profondément leurs racines , on ne pourroit plus les arracher sans dé- terrer les semences. Vers la fin de Septembre on transporte ces caisses ou terrines dans une situation plus chaude, en les plaçant contre une haie ou une muraille exposée au midi. Si les graines sont semées dans des pots , il faut les plonger dans la terre; mais elles sont mieux dans des caisses, que l'on couvre pendant les fortes gelées : ces caisses peuvent FRI rester ainsi jusqu'au milieu du mois de Mars suivant: quelques plantes auront déjà dans ce tems atteint la hauteur d’un pouce; alors on les transportera à l'ombre , et on les y tiendra encore davantage à me- sure que la chaleur deviendra plus forte : car, tandis que ces plantes sont jeunes, elles souffrent toujours lorsqu'on les expose au soleil : on les laisse à l'ombre pendant tout l'été, on les tient constamment net- tes, et on les arrose de tems en tems; mais il faut avoir l'attention de ne pas leur donner trop d’eau, sur-tout lorsque leurs feuilles sont fletries , parce que l'on feroit pour- rir leurs racines : vers le commen- cement du mois d’Aouit, si ces ra- cines sont trop serrées dans les cais- ses, on prépare une bonne planche de terre fraîche et légere, on la ni- velle exactement , on répand par- dessus toute la terre des caisses qui contiennent les petites racines, et on les recouvre ensuite égale- ment avec la même terre fraîche et légére jusqu'à l'épaisseur de trois lignes. Cette planche doit être à une exposition chaude, mais pas trop prés de quelque haie, d’une muraille ou d'une palissade, dont le voisinage rendroit leurs feuilles longues et minces, et affoibiiroit leurs racines. Elles peuvent rester dans cette planche jusqu’à ce qu’elles fleuris- sent, ce qui a lieu ordinairement au FRI an bout de trois ans; alors on remar- que les racines qui produisent de belles fleurs, afin qu'en les tirant de la rerre aussitôt après que leurs feuilles sont détruites, on puisse les distinguer et les séparer dés autres ; mais celles qui sont d'une moindre valeur, peuvent être plantces dans les plates-bandes des parterres pour concourir à la variété, où, étant entremélces avec d’autres fleurs de différentes saisons, elles produiront un trés-bel effet. Les belles especes doivent rester pendant trois ans sans être remuces; au bout de ce tems elles auront produit plusieurs rejettons : alors, si leurs feuilles sont flétries , on les enleve, et on les plante dans une nouvelle couche, après avoir déta- ché les rejettons qui sont assez gros pour produire des fleurs ; on place ces derniers dans les plates-bandes des parterres, et l’on met de côté les plus petits , que l’on tient dans une planche en pépiniere jusqu’à ce qu'ils aient acquis affez de force pour fleurir ; mais lorsqu'on les en- leve hors de la terre, il faut les re- planter sur le champ, sans quoi ils périroient. Pendant les trois années que je conseille de laisser les racines dans les planches, on remue la terre cha- que automne avec unc truelle , mais légèrement, pour ne pas les froisser; l'on met ensuite sur ces planches une couche mince de fumier pourri ou Tome III. ERI 345 du vieux tap, qui, en s'enfoncant dans la terre , rendra les fleurs plus grosses, et fortifiera beaucoup les racines; on doit aussi les tenir cons- tamment nettes. Mais il ne faut pas laisser monter en graines celles que l'on veut conserver dans toute leur perfection. Quand on s’est procuré une pro- vision de bonnes fleurs, on peut les conserver et les multiplier de la méme maniere que les autres fleurs bulbeuses et à racines, qui poussent des rejettons , qu’on enleve chaques deux ans sur les plus belles especes; mais les fleurs ordinaires doivent rester trois ans sans être remuces: après ce tems on les trouvera extré- mement multipli¢es , et chaque ra- cine en fournira une multitude; mais si on les laisse plus long-tems sans les séparer , elles se multiplieront à l'in- fini, et ne donneront que des fleurs trés-foibles : c'est pourquoi il faut les enlever chaques deux ans, si l’on veut les avoir plus fortes. On peut traiter ces plantes comme les tiges et autres fleurs bulbeuses ; avec cette différence seulement, que les racines de cette espece ne peuvent pas res- ter hors de terre aussi long-tems: ainsi, s’il est néceffaire de les garder quelque tems avant de les planter , il faudra les mettre dans du sable pour les empêcher de se rétrécir et se flétrir. Comme ces fleurs paroissent de bonne heure au printems, elles font MX 346 FRI un trésbon effer dans les plates- bandes des parterres, lorsqu'on les plante en petits paquets ; mais si on les tient isolées et détachées, elles n'ont qu'une très-mince apparence. Imperialis. La huitieme est la Cou- ronne Impériale, qui est à présent fort commune dans les jardins An- glois : elle croît naturellement dans la Perse, d’où elle a d’abord été portée à Constantinople, et ensuite dans les autres parties de l'Europe en 1730. Cette fleur a un grand nombre de variétés, que les Fleu- ristes conservent dans leurs jardins ; mais comme elles ont toutes été pro- duites accidentellement de semences, elles ne forment qu'une espece ; ce- pendant pour la satisfaction des Cu- rieux, je vais indiquer_ici toutes celles qui sont parvenues à ma con- noissance. 1°. La Couronne Impériale com- mune, d’une couleur rouge sale. 2°, La Couronne Impériale jaune, d'un jaune brillant. 3°. La Couronne Impériale bril- lante et rouge, appelée Fusai. 4°. La Couronne Impériale jaune pale. 5°. La Couronne Impériale jaune rayé. 6°. La Couronne Impériale à grosses fleurs. 79. La Couronne Impériale rouge et à larges feuilles. 8°. La Couronne Impériale tri- plement couronnée. FRI 9°. La double Couronne Impé- riale rouge. 10°. La double Couronne Impé- riale jaune. 11°. La double Couronne Impé- riale à feuilles panachées en argent. 12°. La double Couronne Im- périale à feuilles panachecs en jaune. Il y a quelques autres varictés rapportées dans les Catalogues des Fleuristes Hollandois ; mais comme lcurs différences sont si foibles , que Yon peut à peine les distinguer, je n'en dirai rien: j'ai vu croître, dans les jardins Anglois ou Hollandois , celles que je viens de nommer, et ce sont les seules qui méritent d’être distinguées. La Couronne Impériale a une racine grosse, rende, écailleuse, de couleur jaune, et d’une odeur forte de Renard; sa tige s’éleve à Ja hauteur d'enviren quatre pieds; elle est forte, succulente, et garnie a chaque côté, dans les deux tiers de sa longueur, de feuiiles longues, ieee à | 5 étroites, unies, enticres , et termi- nées en pointes; le sommet de cette tige est nud dans la longueur d’un pied, et son extrémité est garnie tout autour de pédoncules courts et penchés vers le bas, dont chacun porte une grosse fcur ouverte com me une cloche, et composée de six pétales en forme de lance; à la base de chaque pétale est une large ca- vité dans laquelle est situé un gros nectaire blanc, rempli d’une liqueur FRI miellce. Le centre de la fleur est occupé par un germe oblong et triangulaire, sur lequel est placé un style simple aussi long que les péta- les, et couronné par un stigmat étendu et obtus; ce style est en- touré par six étamines plus courtes, en forme d’alene, et terminées par des sommets oblongs à quatre an- gles. Ces fleurs penchent vers le bas, et leurs pédoncules sortent entre des feuilles vertes et érigées qui for- ment une touffe au sommet de la tige. Quand ces fleurs sont fétries , les germes deviennent de grosses cap- sules à six angles, qui ressemblent à la roue d’un moulin à eau, et qui ont six cellules remplies de semences plates ; cette plante fleurit au com- mencement d'Avril, et ses semences muürissent en Juillet. L'espece à fleurs jaunes, celle à grosses fleurs, et celles à fleurs doubles, sont les plus estimées : mais celles qui ont deux ou trois rangées de fleurs les unes au-dessus des au- tres, ont la plus belle apparence, quoiqu'elles produisent rarement leurs fleurs de cette maniere dans la premiere année après qu'elles ont été transplantées; mais dans la se- conde et dans la troisieme année leurs tiges deviendront plus bautes, et auront souvent trois rangs de fleurs; c'est à celles-ci que l'on donne le nom de triple Couronne : des tiges de cette espece sont ordi- dre 347 nairement plates et larges quand elle produit un plus grand nombre de fleurs qu'à l'ordinaire ; cet effet n'est dû qu'à une abondance acci- dentelle de séve, quoique plusieurs Auteurs l’aient annoncée comme une varicté particuliere. Comme cette fleur est une des premieres d’une certaine grandeur qui paroisse au printems, elle pro- duit un très-bel effet au milieu d'une grande plate-bande , dans un tems où l'on desire beaucoup de pareilles fleurs pour décorer les parterres ; mais l'odeur forte de re- nard qu'elle répand , lui ôte un peu de son mérite ; c’est ce qui est cause quelle est moins commune dans les jardins d'agrément. On peut la multiplier par semen- ces ou par les rejettons de sa racine; la premiere méthode est trop lente et ennuyeuse pour la plupart des Fleuristes Anglois, parce que les plantes qui proviennent de semen- ces, sont sept ou huit ans avant de fleurir ; mais les Jardiniers Hollan- dois et Flamands, qui ont plus de patience, les élevent souvent de se- mences pour se procurer de nou- velles variétés, qui les récompen- sent de leurs travaux. La maniere de les multiplier par semences étant à-peu-près la même que celle qui est en usage pour les Tulippes, je renvoie le Lecteur à cet Article, où il trouvera d’amples instructions à ce sujet. Xx 2 348 eR T On multiplie cette plante en An- gleterre par les rejettons qui pous- sent sur ses racines; ces rejettons fleurissent deux ans après; mais pour en avoir une grande quantité, on ne transplante les racines que chaques trois ans : alors chacune jen aura produit plusieurs, dont quel- ques-uns seront assez gros pour fleurir dés l’année suivante, et pour- ront être plantés à demeure dans les plates-bandes du Parterre ; on met les plus petites dans une planche en pepiniere, où on les laisse croître pendant un ou deux ans, suivant leur grosseur : c’est pourquoi il faut les assortir , en mettant a part les plus foibles, qui doivent rester deux années dans la planche, et les plus grosses d'un autre côté, pour ne les y laisser qu’un an: lorsque les unes et les autres auront acquis assez de force pour fleurir, on les transplan- tera dans le parterre. On enleve ces racines dans le commencement du mois de Juillet, lorsque leurs tiges sont flétries : on peut les garder hors de terre pen- dant deux mois, en les tenant dans une chambre sèche et à l'ombre, mais sans être en monceaux; et a l'abri de l'humidité: les rejettons doi- vent être plantés tout de suite, parce qu’étant très-petits il rétréci- roient et se dessècheroient bientôt si on les gardoit hors de terre. Comme ces racines sont grosses, on ne doit pas les planter trop près FRI des autres fleurs, et quand elles sont dans des planches séparées, on laisse entr'elles un pied et demi de dis- tance, et deux pieds entre chaque rang, et on les enfonce au moins de six pouces, sur-tout les plus grosses: ces plantes se plaisent dans un sol léger, et pas trop humide, ni trop rempli de fumier; si l'on juge à propos d'y mettre aici: -ngrais, il faut l’enterrer de façon quil se trouve à deux ou trois pouces au- dessous des racines. Regia, Autumnalis. Les neuvieme et dre especes sont originaircs du Cap de Bunnie Kentranise) , dou elles ont été envoyées en Europe; on y cultive la neuvieme , quelques années, sous le nom de Corona Regalis ; elle a une racine tubéreuse, ae fagitte elle sortent , en automne, six ou huit feuilles obtu- ses, de cing pouces environ de longueur sur deux de largeur vers leur extrémité, mais ee étroites à leur base, creneltes sur leurs bords, et bee sur la terre: elles sub- sistent pendant tout l’hyver. La tige de la fleur naît du centre de ces feuilles au printems , er s’éleve à la hauteur d'environ six pouces ; elle est nue vers le bas, mais sa partie haute est environnée de fleurs en forme de cloche, et compds¢es de six pétales verdatres, dont le centre est occupé par un germe ovale, en- touré de six étamines; ce germe soutient un style triangulaire, cous } : GÉEDUIS FRI ronné par un stigmat divisé en trois parties; il se change ensuite en une gapsule ronde ; mais ses semences se perfectionneat rarement en Angle- terre : cette plante fleurit en Avril, et ses feuilles périssent en Juin. Autumnalis. Yai élevé la dixieme espece par semences, qui m'ont été envoyées du Cap de Bonne-Espc- rance : sa racine ressemble à celle de la précédente, mais ses feuilles ont plus d’un pied de longueur ; elles sont larges à leur base, et ctroites au sommet, où elles se terminent en pointe aiguë : sa tige de-fleurs s’éleve plus haut que celle de la neuvieme, mais ses fleurs, qui sont de la même forme et de la même couleur, pa- roissent rarement avant le mois d'Août. Les racines de cette espece ont été volées dans le jardin de Chelséa au printems, après qu’elles ont fleuri, et ont été vendues à des personnes qui préferent les plan- tes rares à l'honnêteté. FRITILLARIA CRASSA. Voyez ASCLEPIAS. FROID (/e) est l’état d’un corps privé de chaleur, ou qui ne con- tient aucune particule de feu; sui- vant cette définition le Froid est un terme négatif, et ceci est con- forme au sentiment de la plupart des Phil lnsophes modernes, qui sup- posent que le Froid consiste seule- ment dina une privation ou dimi- aution de chaleur. FRO 349 D'autres, d’après le même prin: cipe , définissent le Froid, cet état ou les plus petites parties des corps sont agitées plus lentement ou plus FoibIeE ent que celles des organes 7 la sensation ; dans ce sens le Froid n'est que relatif, et le même corps devient chaud ou froid, suivant que ses parties les plus in- times sont plus ou moins agitées que celles des organes de la sensation. Gn suppose que la chaleur est produite par une émotion particu- licre des parties du corps ; ce prin- cipe posé , il est aisé d’assigner en quoi consiste le Froid , qui est l'op- posé du chaud. L'expérience ap- prend que le Froid éteint et détruit la chaleur; on peut conclure dela, que tout corps qui produira cet effet, est un corps Foi Trois sortes de corps peuvent remplir cet obict: 1°. ceux dont les particules sont parfaitement tran- quilles : 2°. ceux dont les Fri sont agitces avec moins de violence que celles du corps chaud auquel elles sont appliquées : 3°. enfin ceux dont les particules mises en: mou- vement , sont propres à exciter la sensation du chaud, mais dont le mouvement déterminé diférem- ment, retarde et change l'ébran- lement des particules de l'organe. De-là procèdent trois différentes sortes de Froids ou de corps Froids. La premiere est commune a tous les corps durs, puisque le froid qui 359 AE Ri QO leur est propre, consiste dans le re- pos de leurs parties. La seconde est le Froid que l'on éprouve lorsque l’on plonge une partie du corps dans l’eau ; il con- siste en ce que les particules inté- ricures, qui entretiennent la cha- leur naturelle, sont agitées plus sen- siblement que celles du fluide, et lui communiquent une partie de ler mouvement. La troisieme espece de froid, est celui que l’on ressent lorsqu’en souf- flant avec les lèvres serrées, l’on fait sortir de la bouche de lair Froid ; ce froid a lieu parce que le mou- vement direct des particules de lair interrompt la vibration, et change la détermination des particules de cha- leur qui sont contenues dans le corps : il résulte de-la, qu’un corps Froid ne peut en refroidir un autre sans s'échauffer lui-même. I sen suit aussi que plus les parties d'un corps Froid sont tran- quilles , plus les particules du corps chaud qui doit l'échaufer , perdent de leur mouvement, et conséquem- ment de leur chaleur. Ainsi, comme il y a plus de parties immobiles dans le marbre que dans le bois, qui est rempli de pores et dinterstices , le marbre est au tou- cher, plus Froid que le bois; ce qui sert aussi à nous faire compren- dre pourquoi, près du marbre et d'autres corps denses , l'air paroit Fi REG et est effectivement plus Froid que dans d’autres endroits. D'après ces principes , il paroît que les deux dernieres especes de Froid, sont quelque chose de plus que des privations : les particules qui introduisent le Froid , peuvent ètre regardées comme des corpus- cules frigorifiques tres - réels, et le Froid comme une qualité aussi essentielle que la chaleur. Ces particules répriment non- seulement l'agitation de celles qui s'élevent des parties intérieures d’un animal, aux parties extérieures; mais ayant encore un pouvoir élastique , elles s’attachent: aux filamens du corps, les pincent, les serrent, et produisent cette sensation violente et piquante que l'on appelle Froid. Qu'un Froid soit plus qu'une mo- dification relative, cela paroît dé- montré par des effets réels et posi- tifs, tels que la congélation , la con- densation, etc. Le Docteur Clarke attribue le Froid à de certaines particules ni- treuses et salines, figurées de ma- niere à produire cet effet ; de-là, le sel Ammoniac, le Salpètre, le sel d’U- rine, et plusieurs autres sels alkalins, tant fixes que volatils, étant mêlés avec la glace , augmentent fort sen- siblement le Froid. De-la vient aussi cette observa- tion populaire, que le Froid arréte la putréfaction, ce qui cependant ne doit pas être admis sans excep- 2. tion, puisque si un corps dur et poreux a ses interstices remplis d'eau, ce corps crévera sil est ex- posé à une forte gelée; et cela prouve que le Froid peut détruire les parties des plantes, comme il est arrivé à plusieurs arbres pen- dant les hivers de 1728, 1739 et 1740. Les troncs de ces arbres étant fort exposés au sud-ouest, la séve fut rarefi¢e par la chaleur du soleil, qui, pendant plusieurs jours, fut plus forte au commencement de la gelée, qu'elle ne Pest com- munément en hiver; les nuits don- pant ensuite un Froid extrême, la séve rarcfée se trouva si soudaine- ment condensée , que les vaisseaux qui la contenoient se fendirent ainsi que l'écorce de plusieurs arbres, qui creva depuis le sommet jusqu'à la racine, surtout du côté du sud- ouest : cet accident est arrivé à quelques gros arbres dans le jardin de Botanique de Chelséa, à plu- sieurs Poiriers et à d’autres arbres fruitiers dans les pépinieres de M. Francis Hunt, à Putney, etc. Une grande quantité d’arbres ont été ébranlés , et leurs bois se sont trou- ves de peu de valeur quand ils ont été coupés. C'est toujours ce qui arrive dans les hivers fort rudes; les fortes gelées de 1739 et 1740, causerent un grand dommage aux Chénes dans la plupart des cantons de l'Angleterre; elles pénétrerent les vaisseaux qui contiennent la sève, FR O 351 et, en gelant la liqueur qui y étoit renfermée, firent crever ces vaisseaux avec éclat, en produisant un bruit dont les foréts retentissoient, et qui ressembloit à celui qu'on cause- roit en rompant des branches avec violence, Le Docteur Boerrhaave dit qu’au- cune chose dans là Nature n’est d'un Froid absolu; que le plus vio- lent qu’il ait jamais senti, est celui de l'année 1728, qu’alors l'eau au- roit gelée en coulant de ses mains, et que cependant même alors le Froid n’étoit pas si complet qu'il ne put artificiellement en produire un de douze dégrés plus fort. Quoiqu'on puisse dire beaucoup de choses sur les effets du Froid sur les plantes, je conclurrai seulement, par une observation que le Docteur Hales rapporte dans la fin de son excellent traité de la Statique des Végétaux, ou il dit: La quantité considérable d'humidité que les plantes exhalent pendant le Froid de l'hiver, démontre pleine- ment la raison pourquoi les vents Froids du nord-est qui se font sen- tôt au printems les fleurs, les feuilles. et les jeunes fruits ; c’est que dans ces circonstances les plantes perdent plus qu'elles ne reçoivent; car il est certain que l'humidité fait sortir la fleur de la racine malgré le Froid de la saison ; et elle ne laisse pas que de s'élever un peu pendant l'hiver, 352 FR O comme il le prouve par la seizieme expérience rapportée dans son livre. C'est par la même raison que les feuilles du bled se fannent et jaunis- sent lorsqu'elles sont exposces aux vents desséchans ; ce qui fait que le laboureur désire plutôt de la neige, qui, quoique trés-froide , garantit cependant les racines de la gelée, met encore le froment à l'abri de ces vents pernicieux, et le tient dans un état d'humidité et de souplesse. La méthode donnée par quelques Auteurs sur l'Agriculture et le Jar- dinage, paroît assez raisonnable : elle consiste à arroser les arbres dans les terres sèches, lorsqu'ils sont en fleurs, dans le moment où ces vents desséchans règnent et qu'il tombe peu de rosée ; sur-tout lorsque les jeunes fruits nouvellement formés sont encore tendres, pourvu néan- moins qu'il n’y ait point d'apparence de gelée : ils recommandent aussi, sil survient une gelée continue, de bien couvrir les arbres et de les ar- roser en méme-tems dans toutes leurs parties, pour imiter en quel- que sorte les procédés de 1a Nature. Quant aux abris en pente que l'on pratique contre les murailles au- dessus des arbres , ils ont souvent observé que, s'ils sont trop larges, ils privent les plantes des pluies et des roses, et que cette privation leur fait plus de tort que de bien, lors- que ces vents d'Orient sont d'une longue durée, parce qu'ils arrêtent F € Thamidité qui pourroit les rafrai- chir et entretenir leur souplesse ; mais lorsqu'il survient une forte ge- Ice après de grandes pluies, ces abris et autres couvertures sont trés- utiles pour prévenir la destruction totale des parties les plus délicates des végétaux, qui y sont d'autant plus expostes, qu'elles sont plus abbreuvées d'humidité. FROMAGER , ou Arbre à coton de soie. Voyez; BOMBAX PENTAN- DRUM. JACQ. FROMENT. Voyez TRITICUM. FRONDOSUS, se dit d'une plante. très-garnie de feuilles ou de branches. FRUCTIFER , qui porte du fruit. FRUITS PRÉCOCES ox PRIN- TANIERS, maniere de s’en procu- rer. Jardin Printanier. Pour avoir des Fruits précoces, il faut construire une muraille de dix pieds de hauteur et d’une longueur proportionnée au nombre d'arbres que l’on destine à porter des Fruits pendant trois ans : on trouvera à l'ar- ticle Mur toutes les instructions re- latives à leur construction. La muraille étant disposée comme elle doit l'être, on trace une plate- bande de quatre pieds de largeur à l'exposition méridionale de ce mur ; on ERU on enfonce dans la terre en ligne droite des madriers de quatre pouces d'épaisseur sur les bords de la plate- bande, afin de pouvoir poser un vitrage par-dessus ; ce vitrage doit pencher sur le mur pour abriter les Fruits suivant qu'il est nécessaire. On coupe ensuite des solives de sapin de quatre pouces de largeur , pour les placer entre deux vitrages, et les poser dessus, et l’on ménage à chaque extrémité des cadres, une porte qu'on puisse ouvrir pour introduire de l'air lorsque la direction du vent le permet. On construit ces cadres de ma- niere que, quand la premiere partie des arbres a été forcée, on puisse les avancer sur ceux qui sont destinés pour l’année suivante, et ensuite sur ceux de la troisieme année; car ces arbres ne doivent être forcés qu’une fois chaques trois ans; ils auront ainsi deux années pour se rétablir, et conserveront par ce moyen très- long-tems leur vigueur. On ne peut forcer que les arbres qui ont atteint toute leur vigueur, parce que ceux qui sont nouvellement plantés n’y résisteroient point; d’ailleurs ces pre- miers donneront des Fruits beaucoup plus beaux et de meilleur goût. Les Fruits qu'on peut planter sous ces vitrages sont : La Pèche hative, ?Albermale, la Pèche précoce de Newington, et la Péche brune muscade. Les Brugnons précoces de M. Fairchild, le Rouge de Newington. Tome LI, FRU 353 L’Abricctier male, le Duc de Mai et le Cérisier de Mai. Le Chasselas et la Grappe noire. Le Groseiller blanc de Hollande, le Verd précoce Hollandois et les Groseillers de Noyer. Les Groscillers en grappes, le Gros Blanc Hollan- dois, le Gros Rouge Hollandois. On a observé que ces arbres souf- frent beaucoup si on leur applique la chaleur avant le milieu ou la fin de Janvier. Le temps le plus propre pour avancer les Cerises-Duc et les Abricots, est vers le milieu de ce mois; le Fruit de l’Abricotier male sera aussi gros qu'une Cerise-Duc au commencement de Mars, et on laura mir au commencement du mois de Mai. et Les Cerisiers forcés par cette mc- thode, ne réussissent pas aussi bien que les Abricoticrs, quoique les Cerisiers durent quelquefois pendant sept ans dans un assez bon état; mais les Abricotiers porteront et prospe- reront plusieurs années. Le Brugnon précoce de M. Fair- child mürit ordinairement vers la fin de Mai, sil est forcé en même tems, et le Brugnon Nectarine le sui- vra. Les différentes Prunes printa- nieres mürissent vers la fin de Mai: les Groscilles sont propres à faire des tourtes dans le mois de Mars, et mürissent à-peu-près vers le milieu d'Avril Les Groseillers à grappes,aumoyen de la mème chaleur qui mürit les Yy 354 FRU Cerisesen Avril, donneront desFruits murs en méme-tems, et peut-être plutôt. Il est inutile de laisser entre ces arbres une distance aussi grande que s'ils ctoient en plein air: huit ou neuf pieds d'intervalle suffisent, parce qu'ils ne poussent jamais avec autant de vigueur, et ne durent pas aussi long-tems. Les parties supérieures de la mu- raille étant garnies d’Abricotiers , de Brugnons, de Péchers et de Pru- niers, les parties inférieures doivent être remplies par des Groscillers PS) grappes , des Groseillers ordinaires et des Rosiers. Les arbres destinés à être forcés, doivent être taillés aussi- tôt que leurs feuilles commencent à se Atrir, afin que les boutons laissés sur les branches puissent recevoir toute la nourriture de ces branches, ce qui les fera gonfler et les rendra déjà forts pour le tems où l'on com- mencera à les ¢chauffer. Maniere d'atracher ces Arbres. Chaque branche doit être fixée aussi près du mur qu'il est possible, parce que le Fruit qui y touche par- . vient à sa perfection un mois avant celui qui en est à quatre pouces. Il arrive quelquefois que le haut de ces arbres produit des fleurs plus d’un mois ou six semaines avant les branches inférieures, et souvent on voit une branche couverte de fleurs et même de Fruits presque à leur FRU grosseur, tandis que dix ou douze branches du même arbre n'ont point encore poussé; cependant l'arbre réussit , et il n’est pas extraordinaire de voir du Fruit mürir successive ment sur ces arbres pendant trois mois de suite. Pour ce qui regarde les Groseil- lers en espaliers que l'on met sous ces vitrages, il faut en attacher au mur le plus de branches qu'il est possible , et laisser les autres à une certaine distance pour succéder aux premieres. Sionles transplante en automne, et qu'on en ait un soin convenable, ils porteront du Fruit dès la premiere année, comme s'ils n’avoient pas été transplantés ; mais ces plantes durent rarement plus de deux ou trois ans. On peut traiter les Groseillers à grappes et les Rosiers de la même manicre, et la meilleure espece de Rose pour être forcée, est la Rose de tous mois; on doit toujours tailler sa tête vers la fin de Juillet ou au com- mencement d’Aotit pour lui faire pousser un grand nombre de bou- tons à fleurs. Maniere de mettre le Fumier. Avant d'employer le fumier, if faut le mettre en tas pendant huit jours derriere la muraille, et on le retourne ensuite, afin que sa chaleur soit par-tout égale et constante. Après cette préparation, cn le FRU met à quatre pieds d'épaisseur au bas du mur, et l’on continue a l'amonceler de maniere qu'il n'ait que deux pieds d'épaisseur au haut de la muraille. Lorsque ce tas de fumier , qui doit être de quatre pouces moins élevé que le mur, sera affaissé de deux pieds dans six semaines, on en ajoutera du nouveau ,parcequecette premiere chaleur n’aura fait que gon- fler les boutons des arbres ou sortir quelques fleurs. À proportion que la gelée aura plus ou moins d'influence sur les bou- tons, ils donneront des fleurs et des Fruits plutôt ou plus tard. Si ces arbres sont couverts de vitrage un mois avant qu'on ait mis le fumier, les fleurs paroitront plu- tot; car quoique les boutons ne soient pas détruits par les gelées, ce- pendant le plus on moins de froid qu ils supporteroient,les rendroit plus ou moins secs et plus difficiles à s'ouvrir. Si le tems est doux, il ne faut jamais les priver de la pluie , jusqu’à ce que les boutons commencent à : : pousser ; après ce tems on tient tou- jours les vitrages fermésen attendant que la chaleur du soleil commence à être un peu forte. Quand le soleil se fait sentir , on ouvre les portes qui sont à chaque extrémité des chassis si le vent n’est pas trop froid ; et si dans l’espace de quinze jours ce tems n'arrive pas, ilne Bry 355 faut pas moins ouvrir les deux portes et boucher leur ouverture avec des nattes pour corriger le froid de Fair qui doit circuler sous les vitrages. Il suffit de changer deux fois le fumier pour faire mürir les Cerises , on pourra en avoir au mois d'Avril dans la supposition que chaque quan- tité de fumier restera six semaines derriere le mur. Pour ce qui concerne les Abricots , les Raisins, les Brugnons, les Pêches et les Prunes, il faut continuer la chaleur jusqu’au mois de Mai; mais on ouvre quelques chassis le matin aux mois de Mars et d'Avril lorsque le vent ne souffle pas, et que le soleil est chaud; on les laisse jouir de la pluie tandis que ces Fruits ont encore a croître : mais il faut en garantir les arbres lorsqu'ils ne sont encore qu'en fleurs; car si l'humidité séjournoir dans le centre de la fleur , et qu'elles fussent ensuite exposées aux rayons du soleil qui pénètre à travers les vitra- ges, elles seroient en danger d’être attaquées de pourriture. Quand le fumier qui est placé der- riere le mur a perdu toutesachaleur, on le met en tas, et lorsqu'il est tout-à-fait pourri , on l’emploie pour engraisser les mauvaises terres, ou bien l’on ranime sa chaleur avec du nouveau fumier que l’on y mêle, et l'on s'en sert pour des couches. En plantant des arbres sous ces vitrages , il faut observer encore de placer les Fruits précoces ensemble, Yy 2 356 ELEC CU ct les tardifs à part; car on nuiroit beaucoup aux arbres printaniers en icur donnant de la chaleur après que leurs fruits sont passés, tandis que les autres en demandent encore; quelques uns exigeant même cette chaleur artificielle jusqu’au mois de Mai. On peut planter aussi, prés du fond des chassis, un rang ou deux de Fraises écarlates, qui donneront du fruit à la fin de Mars ou au com- mencement d'Avril. On aura peut-être dans le mois d'Avril de la vigne en fleurs, qui donnera des fruits murs dans le mois de Juin. On peut ainsi planter çà et là des Rosiers de tous mois, des Jacin- thes, des Jonquilles , des Narcisses, des Tubéreuses , et des Tulipes prin- tanieres. La méthode de forcer les arbres fruitiers par le moyen des murs a fourneaux, est amplement détaillée sous l’article des Murailles à Feu. FRUIT (xn) est la production d'un arbre ou d’une plante qui sert à multiplier son espece ; suivant cette définition, le mot Fruit com- prend toutes sortes de semences avec ce qui les accompagne, et les Botanistes s’en servent pour désigner proprement cette partie d’uneplante qui renferme les graines que les Latins appellent Frucrus , et les Grecs Kaprôs. Les Fruits de quelques plantes FRU sont produits simples comme leurs fleurs ; d’autres sont en grappes comme la plupart des arbres frui- tiers: il y en a de charnus et de secs, Le mot Fruit exprime aussi un assemblage de semences dans une plante , comme dans les Pois, les Feves , les Renoncules , etc. de ma- nicre que cette signification est générale pour toutes sortes de grai- nes , nues , soit renfermées dans une enveloppe, une capsule ou un légume, qu'elle soit osseuse , charnue , ccuverte d’une simple peau ou membraneuse, etc. Le Fruit est le résultat du déve- loppement du germe de la fleur. La structure des Fruits differedans les différentes especes; mais leurs par- ties essentielles paroissent n'être qu’une expansion de ce qu’on voit soit dans les autres parties de l'arbre. Le Docteur Beale prouve par de bonnes raisons, que Îles parties les plus éloignées de l'arbre communi- quent avec les Fruits, et qu'ils ne sont qu'un prolongement des mêmes fibres. Ainsi , en coupant une Pomme tranversalement , on la trouvera composée de quatre parties: savoir, 1°. L’écorce ou la peau, cortex , qui n'est qu'une continuation de l’é- corce de l'arbre. 2°. Une pulpe, qui est l'extension et une modifi- cation particuliere de l'écorce inté- ricure. 3°. Les fibres ou ramifica- FRU tions de la partie ligneuse de l'arbre. . 4°. Le cœur, qui est une production de Ja moëlle ce la plante, ren forcée par les rameaux du bois et des fibres qui sont entremélés , et forment la cellule par laquelle les pepins pui- sent le jus de la chair pour en for- mer l’amande. Les Auteurs comptent genérale- ment quinze branches de fibres , dont dix penctrent dans la chair et sinclinent à la base de la fleur ; les cing autres rempent sur le pédon- cule , se mêlent avec les précédentes à la bâse de la fleur, et servent de points d’appui aux capsules de l’a- mande. Ces branches s'étendent d’abord à travers la partie charnue de la fleur, et lui fournissent Ja matiere nécessaire à son accroissement ; mais à mesure que le Fruit augmente, il intercepte la séve nourricicre , et alors la fleur-se Fanne et se détache. Ondistingue cinq parties dans une Poire, qui sont la peau, la chair , les ramifications , le pepin et l'acera- rium. Les trois premieres parties se trou- vent également dans la Pomme ; Famande , observée principalement dans des Poires acres et cassantes , est composée de corpuscules forts , dispersés dans tout le parenchyme , mais en plus grande quantité et plus rapprochés vers le centre ou Acera- rium ; elle est formée de la partie pierreuse du suc nutritif, L’Aceca- ake 357 rium est une substance d'un goût acide et de forme globulaire , ras- semblée dans les parties pierreuses dont il vient déire question. Il y a quatre parties dans Ics Pru- nes, les Cerises, ect. ; savoir une en- veloppe , un parenchyme, une ra- mification et des picrres. La pierre consiste en deux parties fort diffé- rentes ; l'extérieure ou la partie la plus dure, appelée Pierre , Noyau ou Coque , est une concrétion pier- reuse, formce par les calculs de la séve, comme les amandes ou pepins dae les Poires. L'intérieur , qu'on nomme Arande , est mou, tendre, léger, et produit par la moëlle de l'arbre qui pénctre sa base, par le moyen des branches sémirales. La Noix et le Gland sont com- posés d’une coque et d’une subs- tance médullaire: Ia coque consiste en unecouverture et un parenchyme, qui sont produits, la premiere par le bois , et le second par l'écorce de Farbre. Le Cortex a une partie intérieure et extérieure; la premiere est un doublement ou pli de la tunique intérieure de la coque; la seconde est une substance mousseuse, dérivée de la même source que le parenchy- me de la coque; mais les Auteurs ne sont pas d'accord si le medulla ou la chair de l'amande provient de la moëlle ou de É partie corticale, Les baies , les Spee etc. outre les trois mei générales , qui sont 353 FR U l'enveloppe, le parenchyme et les ramifications , contiennent encore des graines d’une nature pierreuse, qui servent de semences. Les Fruits servent en général pour préserver et nourrir les semences qui y sont renfermées , en séparant des sucs nutritifs de la plante, les matieres terrestres et grossieres qu'ils retiennent pour eux-mêmes, Ct en ne fournissant que les parties les plus pures et les plus élaborées pour nour- rir les semences, ainsi que l'embryon tendre et délicat qui y est contenu. FRUIT SOLAIRE. Voyez HELIO- CARPOS. L. FRUMENTACENS , terme qui s applique par les Botanistes à toutes les plantes qui ont quelque ressem- blance avec le Froment, nommé en Latin Frumentum , soit par leurs fruits, leurs feuilles, leurs épis, etc. FRUMENTUM INDICUM. PF. ZEA. FRUTEX , signifie un arbrisseau , un végétal, qui tient le milieu entre l'arbre et la plante herbacte, mais d'une substance ligneuse. Il est assez difficile de déterminer quelle est la vraie limite qui sépare les arbres des arbrisseaux, et le véritable point où l'on peut placer la ligne de démar- cation Loître précisément les autres com- , pour con 1 L ou les UNS ANISSENT ET FRU ment ; comme on ne peut rien sta- tuer d'aprés le plus ou le moins de hauteur , la meilleure définition qu'on puisse donner d’un arbrisseau pour le distinguer d'un arbre, est qu'il pousse plusieurs tiges des mêmes racines, au lieu que l'arbre n'a qu'un seul tronc. FRUTEX PAVONIUS. 7. PoIN- CIANA. FRUTICOSUS , se dit des plantes qui ont une substance dure et ligneu- se, et ne sclevent pas à la hauteur des arbres. FUCHSIA. Plum. Nov. Gen, 14. Lin. Gen. Plant. 1097. Cette plante a été ainsi nommée par le pere Plumier , qui l'a décou- verte en Amérique , en l'honneur de Léonard Fuchsius , savant Botaniste. Caracteres. La fleur n’a point de calice ; la corolle n’a qu'un pétale avec un tube fermé, dont le limbe est légerement découpé en huit par- tics , terminces en pointes aiguës ; la fleur a quatre étamines aussi lon- gues que le tube, et terminées par des sommets obtus. Sous la fleur est placé un germe ovale , qui soutient un style simple , couronné par un stigmat obtus: ce germe se change ensuite en une baie succulente, marquée de quatre sillons, à quatre cellules, dont chacune contient plu- sicurs semences petites ct ovales, F EG Ce genre de plantes est rangé ans la premiere section de la quz- trieme classe de LINNEE, intitulée : Teirendrye Monogynie , avec celles dont les fleurs ont quatre ¢tamines et un style. Nous ne connoissons à présent qu'une espece de ce genre. Fuchsia triphylla. Lin. Sp. Plant. 1191 ; Fuchsia a trois feuilles. Fuchsia triphylla , flore coccineo. Plum. Nov. Gen. 14.t. 133. f. 13 Fuchsia à trois feuilles, et a fleur écarlate. Fuchsia pedunculis uni-floris. Lin. Syst. Plant. vol. 1. p. 160. Cette plante, qui est originaire des parties les plus chaudes de l'A- mérique , a été découverte par le pere Piumier, dans quelques -unes des Isles Francoises ; mais depuis , le Docteur William Houstoun l'a ren- contrée à Carthagène dans la nou- velle Espagne , d'où il a envoyé ses semences en Angleterre. On la multiplie par ses graines , qu'on seme dans des pots remplis de terre richeetlégere , etqu’on plonge dans une couche chaude de tan , en les traftant comme les semences des autres plantes des pays chauds: un mois ou six semaines après qu'elles ontété misesen terre, les plantescom- menceront à paroitr¢; alors il faut les débarrasser avec soin de toutes les mauvaises herbes, ec les arroser souvent pour avancer leur accrois- sement: lorsqu'elles ont atteint la NUS 359 hauteur d'environ deux pouces, on les enleve, on les sépare avec pré- caution, et on les plante ensuite chacune dans un petit pot rempli de terre riche et legere, qu’on replonge dans une couche chaude de tan, et qu'on tient à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines, après quoi il faut leur don- ner tous les jours de Yair frais à proportion de la chaleur , et les arro- ser souvent. À mesure que la saison avance et devient chaude, on donne plus d’élévation aux vitrages de la couche, pour donner plus d’air aux plantes et les empécher de filer ; quand elles sont devenues assez hautes pour atteindre les vitrages , on les transporte dans la serre chau- de, et on les plonge dans la couche tan. Ces plantes exigent d’être tenues trés-chaudement en hiver : on ne leur donne que très-peu d'eau dans cette saison; mais en été on les de arrose souvent. Comme elles sont trop tendres pour profiter en plein air dans notre climat , mème pendant la saison la plus chaude de l'année, il faut les garder constamment dans la serre , leur donner beaucoup d'air frais en été, et les tenir trés-chaudement en hiver ; au moyen de ce traitement, elles produiront leurs fleurs, et feront un très-bel effet parmi les autres plantes exotiques. FUMARIA. Lin, Gen, Plant. 760. 360 FUM Touïn. Inst, R. H. 421. Tab. 2373 Fumeterre , Fiel-de-terre. Caracteres. Le calice de la fleur est composé de deux feuilles égales ¢t opposces; la fleur est de l'espece des Personnées, et approche des Pa- pilionnacées : sa levee supérieure est unie, obtuse, dentelée au sommet et réfléchie ; le nectaire qui occupe sa base, est obtus et déborde un peu; sa lévre inférieure est sem- blable a celle du haut dans toutes ses parties; mais sa base’ est en forme de caréne; le nectaire de sa bâse déborde un peu meins; l'ou- verture de la corolle est quarrée, obtuse, et parfaitement divisée en deux parties ; elle a six étamines égales et larges dans chaque fleur, | divisées en deux corps, renfermées dans les deux lévres, ct terminées chacune par trois sommets : dans son centre est placé un germe oblong qui soutient un style court et couronné par un stygmat orbicu- laire et comprimé; ce germe se change dans la suite en une silique courte , et a une cellule qui ren- ferme des semences rondes. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de Ja dix- septieme classe de LINNEE, qui a pour titre; Diadelphie Hexandrie , et dans laquelle se trouvent com- prises celles dont les fleurs ont six étamines en deux corps: cet Auteur a joint à ce genre le Capnoïdes de Tournefort, le Cysticapnos de Boer- FU-M rhaave, le Corydalis dg Dillenius; et le Cucullaria de Jussieu, dont il n'a fait que des especes. Les especes sont : 19. Fumaria officinalis , pericarpiis monospermis racemosis ; caule diffuso, Lin. Sp. Plant. 700. Mad. Med. 168. Neck. Gajlob. p. 298. Scop. Carn. n, 866. Regn. Bot. Pollich. Pal. n. 663. Mattusch. Sil. n. 51 5. Blackw, t. 237. Kniph. Cent. 1. 2. 3 3. Fume- terre avec un péricarpe à plusieurs branches, une simple semence, er une tige diffuse. Fumaria pericarpiis monospermis. Hort, Cliff. 252. Fl. Suec. 584, 630. Roy. Lugd.-B. 394. Fumaria officinarum et Dioscoridis, flore purpureo. C. B. 143. Fumeterre à fleurs pourpres. Fumaria. Fusch, Hist. 338. Cam. Epit. 890. 2°, Fumaria spicata pericarpiis monospermis spicatis , caule erecto , foliolis fili-formibus. Sauv. Monsp. 263. Fumeterre avec un péricarpe en épi, une seule semence, une tige droite, et des feuilles fiiformes. Fumaria tenui-folia , erecta, His- panica, purpurea. Barr. Ic. 41. Fumaria minor, enui-folia, Pracoxs semine lini. Moris. Hist. 2. p. 262 tit. Log ene Fumaria minor tenui-folia. C. B. 194 ; la plus petite Fumeterre à feuilles étroites. Capnos tenui-folia. Clus. Hist, 2, P: 208, sive 3. ges Fumaria FU M bus , tetragonis, caulibus diffusis acut- angulis, Lin. Sp. Plant. 700; Fume- terre à siliques étroites ct à quatre angles, ayant des tiges diffuses et des angles aigus. Fumaria semper virens, et florens, Jf?ore albo. Flor. Bar. Fumeterre tou- jours verte, ayant une fleur blanche. Fumaria Capnoïdes. Syst. Plant. tom. 3. p. 379. Sp. 7. 4°. Fumaria Capnoïdes siliquis tereti- bus, caulibus diffusis ; angulis obtusis ; Fumeterre avec des siliques cylin- driques, et des tiges diffuses 4 angles obtus. Fumaria lutea, C. B. 143; Fume- terre jaune, Fumaria lutea montana. Dalech. Hist. 1294. Fumaria Tingitana, radice fibrosä, perennis , flore ex albo flavescente , siliquis curtis. Pluk. Alm. 262. t. 90. fo, 2a Fumaria lutea. Syst. Plant. tom. 3. Pp» 379. Sp. 6. $°. Fumaria claviculata siliquis linearibus, foliis cirriferis. Lin. Sp. Plant. 701. Flor. Dan. t. 340; Fu- meterre avec une silique étroite, et des vrilles aux feuilles. Fumaria claviculis donata. C. B. p- 143. Moris. Hist. 2. p. 266 sivè 3. & 12. f. 3: Fumeterre avec des vrilles. Fumaria alba lati-folia. Raj. Angl. 3-P* 335: 6°. Fumaria capreolata pericar- pis monospermis racemosis , foliis Tome III, FU M 361 scandentibus , sub-cirrosis. Lin. Sp. Plant. 701. Fumeterre avec des pé- ricarpes disposés en grappes; ayant une seule semence , et des feuilles grimpantes garnies de courtes vrilles. Fumaria major scandens , flore pallidiore. Raj. Hist. 4053 la plus grande Fumeterre grimpante a fleur plus pile, Fumaria viliculis et capreolis plan- tis vicinis adherens. Bauh. Pin. 143. 7°. Fumaria cava caule simplici , bracteis longitudine florum, Lin. Sp. Plant. 699. Fumeterre avec une tige simple, et des bractées aussi longues que les fleurs. Fumaria bulbosa, ‘radice cava , major. C. B. p. 143 ; la plus grande Fumeterre bulbeuse à racine creuse. Pistalochia. Fuchs. Hist. 91. 8°. Fumaria bulbosa caule sim- plici , bracteis brevioribus , mulei- fidis , radice solidä ; Fumeterre avec une tige simple , ayant des bractées plus courtes et à plusieurs pointes, et une racine solide. Fumaria bulbosa , radice non cavity major. C. B. p. 144. Knorr. Del. +. t. H. 9; la plus grande Fumeterre bulbeuse avec une racine solide. 9°. Fumaria cucularia scapo nudo. Hort. Cliff. 351. Gron. Virg. 103. Roy. Lugd-B. 393. Fumeterre à tige nuc. Capnorchis Americana, Boérh. Ind. Alt, 1. p. 3093 ct la Fumaria tube- rosa insipida. Cornut. Canad. 127. LZ 362 FU M Fumeterre tubereuse et insipide, Fumeterre à capuchon. Bicucullata Canadensis , radice tu- berosä squamatä. Act, Paris. 1733. 10°. Fumaria vesicaria siliquis globosis , inflatis. Hort. Upsal. 207. Fumeterre avec des siliques globu- laires et gonflées. Fumaria , foliis cirriferis ; si- liquis ovatis inflatis pendulis. Hort. Cliff. 351. Roy. Lugd.-B. 394. Fumaria alba vesicaria ; capreolis donata ; subexitum autumni florens ; Æthiopica. Pluk. Alm. 400. t. 335. f 3. Cysticapnos Africana scandens. Boerh. Ind. Alt. x. p. 310. t. 310. Cysticapnos grimpant d’ Afrique. 11°. Fumaria enneaphylla , foliis triternatis , foliolis cordatis. Lin. Sp. Plant. 700. Fumeterre à feuilles à trois lobes tournés en forme de cœur. Fumaria enneaphyllos Hispanica saxatilis.Bocc. Mus. 2. p. 83. t. 73. Raj. Suppl. 475. Barr. Ic. 42. Fu- meterre d'Espagne à cinq feuilles , qui croît dars les rochers, Fumaria radice fibrosä, foliis. ad. petiolum sinuatis , crassioribus. Pluk, Alm. 162. 12°. Fumaria semper virens sili- quis linearibus , paniculatis, caule erecto. Hort, Upsal. 207. Kniph. Cent. 11.7. 47. Fumeterre à siliques lincaires, disposées en panicules, ct à tige droite, k U M Capnoides. Lourn. Inst, R. H. 423. Fumeterre batarde. Fumaria caule erecto ramoso 5 si- liguis fili-formibus corymbosis. Hort. Cliff. 352. Roy. Lugd.-B. 394. Officinalis, La premiere espece est la Fumeterre commune dont on se scrt en médecine : elle croît na- turellement dans les terres labources de la plus grande partie de l’Angle- terre ; elle est basse et annueile, et fleurit en Avril, en Mai et en Juin : quelques-unes de ces plantes poussent fort tard en été, et four- nissent une seconde récolte en au- tomne. Le suc de cette espece est fort recommandé pour les coliques bilieuses ; on ne la cultive point dans les jardins (1). (1) La Fumeterre contient beaucoup plus de parties résineuses que la Cen- taurée ; aussi est-elle plus amère, plus chaude et plus active, Cette plante est détersive , incisive, échauffante , stoma- chique , antelmintique, anti - putride, fébrifuge , apéritive, fortifiante, &c. On Pemploie fréquemment dans la plu part des maladies chroniques, les vices de digeftion, les fievres intermittentes, Pinertie de la bile, les suppressions des évacuations habituelles, les fleurs blan- ches , le chlorosis , les diarrhées opinia- tres , la cachexie, le scorbut, &c. On en fait aussi des tetntures et des extraits que Pon administre dans les mêmes circonstances, La, meilleure ma- niere de préparer cette plante, est en infusion froide vineuse; on la prépare: aussi avec le petit lait ou du bouillon de Vea, FUM Spicata. La seconde est origi- naire de la France méridionale , de l'Espagne et du Portugal ; on la con- serve dans les jardins Botaniques pour la variété. Cette plante an- nuelle se reproduit d’elle - même beaucoup mieux que si ses graines étoient semées avec soin ; ses tiges sont plus érigces ; ses feuilles sont joliment divisées, et ses fleurs, qui croissent en épis serrés, sont dun rouge foncé, et paroissent à-peu- près dans le même tems que celles de l’espece commune. Alba. La troisieme, qui se trouve sur les rivages de la Méditerranée, a d’abord été apportée de Tanger en Angleterre. Cette plante est viva- ce, et sa racine produit plusieurs tiges branchues et disposées en pa- quets, qui s'élevent à la hauteur de fix ou huit pouces ; ses feuilles sont trés-divisces, ses tiges angulaires; et ses fleurs, placées en panicules clairs sur des pédoncules nuds qui sortent des divisions des branches, sont d’un jaune blanchatre , et se succedent pendant la plus grande partie de l'année. Capnoides. La quatrieme ressem- ble si fort à la troisieme, que plu- sieurs personnes pensent qu'elle n’en La Fumeterre entre dans la composi- tion du sirop qui porte son nom, dans Pélectuaire de Psyllio, dans celui de Sené, dans la confection Hasnel, dans le syrop de chicorrée composé , &c. FUM 363 est qu'une variété; elle en est cepen- dant tout-à-fait distincte; car je les ai cultivées toutes deux pendant plus de quarante années, et je ne les ai jamais vu varier. Les tiges de cette espece ont des angles émous- sés, au-lieu que ceux de la troi- sieme sont aigus ; elles sont de cou- leur pourpre; et ses fleurs , qui crois- sent en panicules plus clairs, sont portées par de plus longs pédon- cules; elles sont d’un jaune brillant, et se succedent pendant une grande partie de l’année. Ces deux especes conservent constamment leur ver- dure , excepté dans les fortes gelées ; elles sont toujours en fleurs, et ont une belle apparence; elles se plaisent sur lesmurailleset les rochers, et sont fort propres à garnir les grottes ct les ouvrages en rocailles, où elles se multiplieront assez de semences écartées par l’élasticité de leurs val- vules, qui les lancent, quand elles sont mûres, à une distance considé- rable. Comme ces plantes n’exigent aucun soin, on devroit en avoir dans tous les jardins. Claviculata. La cinquieme, qui croît dans les endroits pierreux et sablonneux de la plus grande partie de l'Angleterre, est une plante an- nuelle dont les tiges sont trainantes, et les feuilles armées de vrilles, au moyen desquelles elles s’attachent aux plantes voisines ; elle fleurit en Mai et en Juin; mais on ne la cul- tive jamais dans les jardins, Lz. 2 364 FU M Capreolata. La sixieme est aussi annuelle; ses tiges sont traînantes, d'un pied de longueur, et pour- vucs de vrilles par lesquelles elles s’accrochent à tous les objets qui sont à sa portée; ses fleurs, d’une couleur herbacée, blanchätres et marquées d’une tache pourpre sur leur levre supérieure, sortent en pa- quets clairs sur les parties fatérales des tiges, dans les mois de Mai et de Juin; elle croît à l'ombre dans des lieux pierreux de la France mé- ridionale et de l'Italie. Cava. La septieme, qui est aussi originaire de la France méridionale et de Vitalie, a été pendant quel- ques années l'ornement de nos jar- dins; mais elle est à présent fort rare en Angleterre. On lui a donné le nom de Radix Cava ou de Racine creuse parce qu ellea de grosses bulbes dont le centre est vuide ; sa tige s'éleve à la hauteur d’environ six pouces; cile ne se divise pas, et sa bâse est garnie d’une feuille divi- sée qui ressemble a-peu-prés à celles dela fumeterre commune, mais dont les lobes sont plus larges : ses fleurs naissent en ¢pis au sommet de la tige; elles sont d’une couleur pale herbacée , et paroissent en Avril. Cette plante se plait à l'ombre , et se multiplie par ses rejettons, parce que ses semences murissent rarement en Angleterre. Bulbosa. La huitieme est assez commune dans plusieurs anciens jar- FU M dins de l'Angleterre ; elle croît sans culture dans la France méridionale, en Allemagne et en Italie; sa racine est grosse, ronde, solide, de couleur jaunâtre, et produit des feuilles bran- chues comme celles de l’espece pré- cédente , mais dont les lobes sont plus longs ; ses fleurs croissent en épis aux extrémités des tiges ; elles sont de couleur pourpre , et pa- roissent dans le commencement du printems: les tiges de cette espece sont simples, et s¢levent à la hau- teur d'environ quatre ou cing pouces. La plus grande partie des Auteurs de Botanique“ font mention d’une variété de cette espece à fleurs ver- tes; mais touics.cclles que j'ai vues jusqu'à présent sont abortives, et n'ont point de fleurs réelles, mais seulement des bractées vertes qui ont éié géncralement prises pour des fleurs : on fait aussi mention d’une plus grosse espece; mais si elle existe, et qu'elle soit réellement dif- férente de l'espece commune, je ne la connois point, non plus que les especes à fleurs jaunes et blanches, qui sont aussi décrites dans plusieurs - Livres. Cucularia. La neuvieme, qui se trouve dans l'Amérique Septentrio- nale, a une racine ¢cailleuse et de la grosseur d’unencisette , de laquelle sortent trois ou quatre feuilles sur de minces pétioles ; elles sont divi- sces en trois parties, dont chacune est encore découpée en plusieurs seg- FU M mens plus petits, qui ont des lobes étroits et séparés en trois parties presque jusqu'au bas : la tige de fleurs est nue, longue de huit à neuf pouces, et terminée par quatre ou cinq fleurs disposées en épi clair, et formées par deux pétales réfic- chis en arriere, par une espece de fourche placée à leur bâse près du pédoncule, et par deux nectaires cor- nés et horisontalement placés. Ces fleurs sont d’un blanc sale; elles pa- roissent en Mai, maiselles produisent rarement dessemences en Angleterre. On multiplie cette plante par les rejettons de sa racine ; elle se plaît à l'ombre et dans un sol léger : on transplante ces racines en automne quand leurs feuilies sont fictries; car il ne seroit pas prudent de le faire au printems, parce qu'elles poussent de trés-bonne heure. Fesicaria. La dixieme, qui croît spontanement au Cap de Bonne- Espérance, est une plante annuelle dont les tiges sont trainantes , de deux ou trois pieds de longueur, divisces en plusieurs branches , et garnies de petites feuilles branchues comme celles de Ja fumeterre com- mune, mais terminées par des vrilles qui s’attachent à tout ce qui les avoisine, et qui servent à supporter les tiges ; ses fleurs sont produites en panicules clairs sur les côtés des tiges; elles sont d’un jaune blanchä- tre, ct sont remplacées par des sili- ques globulaires et gonflees, dansles- FE U M 365 quelles est renfermé un rang de petites semences luisantes. On multiplie cette espece par ses graines, qu'il faut répandre au prin- tems sur une couche de chaleur mo- dérce. Lorsque les plantes sont assez fortes, on les met chacune séparé- ment dans de petits pots remplis de terre légere, et on les replonge dans Ia couche chaude, où on les tient À l'ombre jusqu'à ce qu’elles aient for- mé de nouvelles racines, après quoi on leur donne beaucoup d'air dans les tems doux pour les empècher de filer; et aussitôt que la saison est favorable, on les accoutume 2 sup- porter le plein air, auquel on peut les exposer tout-à-fait au commen- cement de Juin : alors on les tire des pots avec leurs mottes, et on les place dans des plates-bandes chaudes, où Yon soutient leurstigespour les empé- cher de trainer sur la terre : ces plan- tes fleurissent en Juillet, et leurs fieurs se succedent jusqu'à ce que les gelées les détruisent ; leurs semences müûris- sent en automne. … Enneaphylla. La onzieme naît sur de vieilles murailles et dans des lieux pierreux en Espagne et en Italic; elle a des branches foibles, traînantes, fort divisées, et garnies de petites feuilles découpées en trois parties , dont chacune a trois lobes en forme de cœur; ses fleurs sont produites en petits panicules clairs sur les côtés des tiges ; elles sont d’un blanc verditre, et paroissent dans la plus 366 FU M grande partie de l'été : cette espece est vivace, et se multiplie d'elle- méme par ses semences écartées ; elle se plait à l'ombre sur de vieilles murailles ou des décombres. Semper virens. La douzieme est annuelle ; sa tige est droite, d'un pied et demi de hauteur, ronde, fort unie, et divisée vers le haut en plusieurs branches garnies de feuilles unies, branchues, de couleur pale, et partagées comme celles de l'es- pece commune ; mais les petites feuilles sont plus larges et plus ob- tuses : ses fleurs, de couleur pourpre pale , avec des lèvres jaunes, sor- tent en panicules clairs sur les côtés des tiges et aux extrémités des bran- ches, et sont remplacces par des siliques étroites , cylindriques, et d’un pouce et demi de longueur, qui renferment plusieurs semences petites , noires et luisantes: cette espece fleurit pendant presque tout l'été, et ses graines murissent en Juillet, en Août et en Septembre. Quand on lui donne le tems d'é- carter ses semences, les plantes pous- sent sans soin, et n'exigent d'autre culture que d’être éclaircies quand elles sont trop serrées, et tenues nettes de mauvaises herbes. On peut les laisser croître sur des murailles, ou dans quelquendroit du jardin où le sol est de mauvaise qualité ; car si on les met dans les plates-bandes du parterre, elles y répandront leurs semences et de- FU M viendront fort embarrassantes. Elles sont très-propres à orner les ruines, les grottes, et autres ouvrages en rocailles, où elles produiront un trés-bel effet , par la suite non in- terrompue de leurs fleurs. Les cinquieme, sixieme, septieme et huitieme especes se multiplient par leurs rejettons, comme les autres plantes à racines bulbeuses ; elles produisent leurs fleurs au commen- cement d'Avril, et ornent beaucoup les plates-bandes des petits parterres: elles sont extrémement dures; mais elles ne se multiplient pas beaucoup, parce qu’elles produisent rarement des semences dans notre climat , et que leurs bulbes ne poussent que trés-peu de rejettons, sur-tout quand on les transplante souvent : elles se plaisent dans un sol leger et sablon- neux, où il faut les laisser pendant trois ans sans les remuer, pour leur faire produire plusieurs rejettons. La meilleure saison pour les trans- planter , est depuis le mois de Mai jusqu’en Août, quand leurs feuilles commencent à périr et à tomber ; car si on les enleve lorsqu'elles sont encore fraîches, on affoiblit beau- coup leurs racines. FUMETERRE. Voy. FUMARIA. FUMETERRE BULBEUSE. Voy. FUMARIA BULBOSA. FUMIERS. Ce sont des engrais FU M destinés à réparer l'épuisement des terres usées, et à fertiliser les champs, dont le sol varie autant que les qualités des Fumiers. Quelques cantons sont trop froids, humides et composés de parties trop serrées; d’autres sont de nature trop légere et sèche, &c. Quelques Fumiers sont également chauds et légers, comme ceux de brebis, de chevaux, de pigeons, &c. ; d'autres sont gras et froids, comme ceux de bœufs, de vaches, de cochons, &c. ; et comme cer- taines qualités sont changées. par des qualités contraires, on emploie pour les terres sèches, les Fumiers de vaches et de pourceaux , afin de leur donner plus de consistance ; et ceux de qualité chaude et sèche, sont réservés pour les terres médio- cres, humides et lourdes. Les Fumiers ont deux propriétés particulieres; l’une d’exciter une cer- taine chaleur sensible, et capable de produire. quelque effet considé- rable; ce qui se trouve rarement dans ceux de chevaux et de mulets , lorsqu'ils sont nouveaux et humides: la seconde est d’engraisser la terre et de la rendre plus fertile. Les Fumiers de chveaux et de mulets sont d’ailleurs extrèmement utiles en hiver, parce que la chaleur qu'ils produisent, supplée en quel- que sorte à celle du soleil, et qu'ils servent à nous procurer au printems des légumes précoces, tels que des FUM 367 Asperges, des Concombres, des Raves, des Salades, etc. Le Fumier de cheval est le meil- leur de tous pour réchauffer des ter- res froides quand on peut s'en pro- curer ; mais sil est employe seul ou qu'il soit trop nouveau, il devient souvent nuisible à beaucoup de plan- tes : quand on le répand sur les champs pendant l'été , il procure peu d'avantage, parce qu’alors l’ac- tivité du soleil détruit tous ses sucs fertilisans, et le rend, à peu de chose près, semblable à du chaume ou a de la paille sèche; et quoique l'on ne, puisse pas en employer trop dans les potagers pour la produc- tion des Choux, des Choux-fleurs et d’autres légumes qui exigent beau- coup de nourriture, il est cepen- dant dangereux d'en répandre une trop grande quantité sur les champs à grains, parce qu'il produit une trop grande abondance de paille. J'ai vu souvent répandre sur des terres trés- froides et humides, de nouveaux Fumiers de chevaux que l'on tiroit de l'écurie, et j'ai tou- jours observé qu'ils ont produit des récoltes plus abondantes que ceux qui étoient fort pourris. Le Fumier de cheval est donc préférable pour les terres froides, et celui de vaches pour ceiles qui sont naturellement chaudes ; et quand. ces deux especes de Fumiers sont mélés, ils forment un excellent engrais pour la plupart des terres 368 F UM sur-tout si Ton y joint de la boue. Ceux de brebis et de bêtes fau- ves, ne diffèrent pas beaucoup dans leurs qualités, et sont regardés par plusieurs personnes comme les meil- leurs pour les terres de glaise ; on exige qu'ils soient réduits en pou- dre, afin de pouvoir les répandre Iégcrement sur les semences d’au- tomne ou de printems, dans la pro- portion de quatre ou cinq charges pour un acre , de la même maniere qu'on répand les cendres, la pous- siere de Dresche, etc. J'ai vu quelquefois employer cette méthode sur les bleds et les prairies , qui en ont reçu un très- grand avantage pendant la premiere année; mais ces engrais légers ne durent pas long - tems et exigent d’être souvent renouvelés. ; En Flandres et dans d’autres pays où l’on retire les brebis pendant la nuit dans les étables, on y répand du sable net jusqu'à l'épaisseur de cing ou six pouces, ce qu'on renou- velle journellement, et chaque se- maine on l’enleve : ce mélange de sable, de crotins et d'urine, est unexcellent engrais pour toutes les terres compactes et froides; et M. Quiteney pense que c'est le plus grand moteur de la fertilité dans toute espece de terre. D'autres, qui recommandent le Fumier de porcs comme le plus gras et le meilleur de tous , prétendent FU M qu'une seule charge, ou tombereau ; de cet engrais, vaut mieux que deux des autres; qu'il doit être préféré pour les arbres fruitiers, sur-tout les Poiriers et les Pommiers dans les terres légères, et qu'il fertilise beau- coup principalement les prairies: j'en ai souvent fait usage pour les arbres fruitiers, après lavoir laissé bien consumer , et je l'ai toujours trouvé préférable 4 tous les autres. Les Fumiers d’oies et de pigeons sont excellens dans les prairies ou dans les terres ensemencées : celui de pigeons est préférable au pre- mier ; mais avant de l’employer , il faut le laisser en plein air pendant quelque tems pour lui donner le tems de se consumer, de s’adoucir et de perdre une partie de sa cha- leur. Il est principalement propre aux terres froides , humides et glaiseuses; mais il doit être sec avant de le répandre, parce qu'il est sujet à prendre le froid et l'humidité: il convient aussi d'y mêler de la terre et du sable pour mieux le diviser, et le répandre plus légère- ment, parce qu'il est naturellement fort et très-chaud. Quelques personnes recomman- dent le Fumier de Pigeons et d’autres - vohilles comme le meilleur engrais pour les Asperges, les Fraisiers et toutes sortes de fleurs; mais il est nécessaire de le laisser bien pourrir avant de l'employer à cet usage. M. Gentil approuve le Fumier de FUM de pigeons pour rétablir les arbres dont le feuillage est devenu jaune, quand ils croissent dans des terreins froids, pourvu qu'on lui ait fait perdre une partie de sa chaleur en le tenant en monceaux pendant deux ou trois années; mais malgré cette précaution , il ne faut l’em- ployer qu'en très-petite quantité, et en automne. Un pouce d'épaisseur de ce Fu- mier répandu sur le pied d’un arbre dont les feuilles sont jaunes, et laissé jusqu'en Mars, est trés- propre à le rétablir sil se trouve dans une terre froide et humide. Le Fumier de volailles étant trés- chaud et rempli de sels, facilite beaucoup la végétation, et produit un effet plus prompt que celui des animaux qui se nourrissent d'herbes. M. Hugh Plat prétend qu’une charge de graines enrichit plus la FUS 369 terre que dix de Fumier ordinaire; si cela est vrai, on pourroit raison- nablement croire qu'une mixtion de graines infusées, produiroit encore un meilleur effet en passant par le corps des animaux. L’excrément des hommes con- vient aux sols froids et aigres, sur- tout sil est mele avec d’autres Fue miers ou terres pour le mettre en fermentation. Mais il n’y a point d’engrais pré- férable aux boues des Villes pour les terreins forts et glaiseux, dont les parties se diviseront mieux et en moins de tems avec cette espece de Fumier; il convient sur-tout aux terres à grains, aux prairies et aux jardins. FUSAIN, ox BONNET DE PRÈTRE. Voyez; EVONYMUS. FUSTEL. Voy. RHUS COTINUS. Tome III. Aaz $70 GAL Garnier, ou ARBRE DE JUDÉE. Voyez CERCIS. GALANTHUS. Lin. Gen. Plant. 362. Narcisso-Leucoium. Tourn. Inst. R. H. 387. Tab. 208. Perce-neige. Caracteres. Les fleurs de ce genre ont une spathe oblongue, émoussée et serrée, qui s’ouvre latéralement et devient un peu sèche; une corolle composée de trois pétales égaux, oblongs, concaves, étendus et ou- verts; et un nectaire obtus, cylin- drique et découpé au sommet, qui en occupe le fond : sous la fleur est placé un germe ovale qui soutient un style mince, plus long que les étamines, couronné par un stigma simple, et accompagné de six ¢ta- mines courtes, velues et terminées par des sommets oblongs, pointus, et très-rapprochés : ce germe se change ensuite en une capsule ovale, obtuse et à trois angles, qui s'ouvre en trois cellules remplies de semen- ces rondes. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la sixieme classe de LINNEE, intitulce : Hexandrie monogynie , qui renferme celles dont les fleurs ont six étamines et un style. Cette plante et le grand Perce- neige ont été comprises par le savant Tourncfort dans le même genre, sous le titre de Narcisso-Leucoixm, G. GAL qui est un nom composé; le Doc- teur LINNÉE l’a changé en celui de Galanthus, et en a séparé le grand Perce-neige , à qui il a donné celui de Leucoïum. Nous n'avons qu'une espece de ce genre , qui est le Galanthus Nivalis. Lin. Hort. Cliff, 134. Hort. Ups. 73. Roy. Lugd.-B. 35 3 le Perce-neige commun. Leucoium precox minus. Pann. 181, 182. Leucoium bulbosum , trifolium mi- nus. C. B. p. §6 ; le plus petit Perce- neigc bulbeux a trois feuilles. Clus. Erangelia. Reneal. Spec. 97. t. 96. Il y a une varièté de cette plante à doubles fleurs. Ces fleurs sont estimées parce qu’elles sortent de très-bonne heure au printems; on les voit souvent paroitre dans le mois de Février, Jorsque la terre est couveite de neige. L'espece simple se montre la premicre; et quoique ses fleurs soient petites, cependant quand elles sont rassemblées en paquet elles ont une trés-belle apparence; c'est pourquoi il ne faut pas planter les racines seules et stparces, com- me on fait quelquefois pour border les plates-bandes; car de cette ma- niere elles font peu d'effet : et comme ces fleurs profitent bien sous les arbres et contre les haies, on peut les placer à çôté des bois, dans GAL les allées, et dans des endroits à l'écart, où leurs racines se multi- plieront considérablement si on ne les remue point : on peut les enlever 4 la fin de Juin, lorsque leurs feuilles eont flétries, et les garder hors de terre jusqu'à la fin d’Août; mais il ne faut les transplanter que tous les trois ans. GALBANUM. Voyez; BUBON GALBANUM , BUBON GUMI-FE- RUM, FERULA GALBANI-FERA. GALE, ox PIMENT ROYAL. Voyez; MYRICA. GALEGA. Lin. Gen. Plant. 770. Tourn, Inst. R. H. 398. Tab. 222. Galega ox Rue-de-Chèvre. Caracteres. La fleur est papilion- nacce ; son calice ese court, tubu- leux , et formé par une feuille dé- coupée en cinq parties; son étendard est ovale, large et réfléchi, et les ailes sont à-peu-près de la même longueur que l’étendard ; la caréne est érigée, oblongue et comprimée; le dessous, vers la pointe, est ar- rondi, mais le dessus est aigu : la fleur a dix étamines qui se joignent au-dessus de leur milieu , et sont terminées par de petits sommets, Dans le centre est placé un germe étroit, cylindrique et oblong , qui soutient un style mince, couronné par un stigmat, et terminé par un point : ce germe devient dans la GAL 391 suite un légume long et pointu, qui renferme plusieurs semences oblongues et en forine de rein. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la dix-sep- tieme classe de LINNEE, intitulée, Diadelphie decandrie , qui renferme celles dont les fleurs ont dix étami- nes jointes en deux corps. Les especes sont : 1°. Galega officinalis, leguminibus strictis , erectis; foliolis lanceolatis , strictis, nudis. Lin. Sp. Plant. 1062. Mat. Med. 174. Mill. Ic. t. 137. Regn. Bot. Galéga avec des légu- mes érigés et rapprochés, et des lobes nuds en forme de lance et rapprochés. Galega vulgaris , floribus ceruleis. C. B. p. 352. Moris. Hist. 2.p. 913 sect. 2, 1. 7. f. 9. Galéga commun à fleurs bleues, Rue-de-Chèvre. Galega. Hort. Cliff. 362. Hort. Ups. 298. Mat. Med. 349. 2°. Galega Africana , foliolis lan- ceolatis , obtusis; floribus spicatis longioribus , siliquis crassioribus ; Ga- léga avec des lobes obtus et en for- me de lance, de longs épis de fleurs, et des légumes plus épais. Galega Africana , floribus majo- ribus , siliquis crassioribus. Tourn. Inst. R. H. 399. Galéga d'Afrique à plus longues fleurs, et à siliques plus épaisses. 3°. Galega frutescens ; foliis ova- tis , floribus panicularis alaribus , caule fruticoso ; Galéga a feuilles Aaa 2 392 G' A L ovales, ayant des fleurs en panicule sur les côtés des branches, et des tiges d’arbrisseau. Galega Americana ; floribus cocci- neis. Houst. Mss. Galéga d’Amcri- que a feuilles rondes et a fleurs écarlate. 4°. Galega Virginiana, leguminibus retro-falcatis ; compressis ; villosis , spicatis ; calycibus lanatis ; foliolis ovali-oblongis ; acuminatis, Amen. Acad. 3. p. 18. Galéga avec des légumes velus , comprimés et en forme de faulx; des lobes oblongs , ovales, et terminés en pointes. Crobus Virginianus , foliis fulvé lanugine incanis , foliorum nervo in spinam abeunte. Pluk. Mant. 142. Clitoria, foliis pinnatis, caule de- cumbente, Hort. Cliff. 498. Gron. Vire. 111. Erebinthus. Mich. Gen. 210. Cicer Astragaloides Virginianus , Hirsutie pubescens , floribus amplis Pluk. Alm. 103. sub — rubentibus. £23. fe 2s §°. Galega purpurea, leguminibus strictis , adscendentibus , glabris , ra- cemosis terminalibus ; stipulis subu- latis ; foliis oblongis , glabris. Flor. Zeyl. 301, Aman. Acad. 3. p. 19. Galéga avec des légumes rappro- chés, unis, élevés, et produits en paquets aux extrémités des bran- ches, des stipules en forme de lance, et des feuilles oblongues et unies. Coronilla Zeylanica herbacea, flore purpurascente. Burm, Zeyl. 77. ts 32. GAL Officinalis. La premiere espece croit naturellement en Italic et en Espagne , et on la cultive dans les jardins Anglois pour l'usage de la médecine ; elle a une racine vivace composée de plusieurs fibres fortes et souvent nouéuses, d'où sélevent plusieurs tiges creuses et canclces, de deux à trois pieds de hauteur, et garnies de feuilles aîlées, et com- postes de six à scpt paires de lobes étroits, en forme de lance, unis, entiers , et terminés par un lobe impair : ses fleurs, qui croissent en épis aux extrémités des tiges, sont semblables à celles des Pois, d’une couleur bleue pile, et disposées en épis clairs : elles paroissent en Juin, et produisent des légumes cylindri- ques, d’un porce et demi de lon- gueur, qui renferment un rang de semences en forme de rein, qui murissent vers la fin d’Actt. Ilya une varicté de cette espece à fleurs blanches et une autre à fleurs pa- nachées, qui ont été produites acci- dentellement de semences; mais comme elles ne sont pas constantes, je ne les indique que comme des variétés (1). (1) Quoique cette plante soit au nom- bre des especes médicinales , on en fait cependant fort peu d'usage; quelques Auteurs revardent l’eau qu’on en retire par la distillation, après avoir écrâsée et fait macérer la plante dans du vin blanc, comme un antidote excellent contre la G AL Africana. La seconde, qui est originaire de l'Afrique, diffère de la précédente en ce que ses feuilles sont plus larges, et composées de huit ou dix paires de lobes plus lar- ges et plus émoussés à leur extré- mité que ceux de l’espece commune; ses fleurs sont plus grosses, ses épis plus longs , et ses légumes beaucoup plus épais que ceux de la préce- dente; mais en toutes autres choses elles se ressemblent beaucoup. On multiplie ces plantes en se- mant leurs graines au printems ou en automne sur une planche de terre à une exposition découverte ; quand elles ont pousse, on les né- toie avec soin; ct lorsqu'elles ont acquis une certaine force , on prépare un nouveau terrein d’une étendue proportionnée à leur nombre; on le laboure bien, on en Gte toutes les mauvaises racines et les herbes inu- tiles : après quoi on enleve ces plantes avec précaution, on les place à un pied de distance entr’elles , et à un pied et demi entre chaque rang , et on les arrose jusqu’à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines : elles nexigeront plus ensuite aucun autre soin que d'être tenues nettes de mau- vaises herbes, ce qu'on exécute en peste, les fievres malignes, l'épilepsie et les autres maladies du cerveau; c’est a l'expérience à confirmer ces propriétés. On mange cette plante en salade en Italie et en Espagne, GAL 373 houant souvent la terre entr’elles : au printems on laboure entre les rangs pour faire pousser aux racines des branches vigoureuses ; et en cou- pant tous les ans les tiges avant que les semences soient formées , les raci- nes subsisteront plus long-tems , sur- tout si elles se trouvent dans une terre legere et seche : les semences de cette espece croissent par-tont où elles s’'écartent, et poussent un grand nombre de plantes qui n’exigent au- cun soin, et qu'on peut transplanter et traiter comme il vient d'être dit. La premiere est d’usage en Méde- cine; on la regarde comme un re- mede cordial, sudorifique et alexi- pharmaque propre à combattre le ve- nin dans les maladies pestilentielles , et a l'expulser par les pores de la peau; on en fait aussi usage dans toutes sortes de fievres. M. Boyle , dans son Traité de l'Air sain et mal- sain , emploie trois ou quatre pages pour faire le détail des effets de la Rue de Chevre ou Galéga dans les maladies pestilentielles et malignes , d’après ses propres observations. Cette plante est regardée comme un excellent remède sudorifique, céphalique et alexitére ; quelques Médecins prétendent qu’elle a eu de très-grands succès dans les maladies pestilentielles , les ficvres malignes, l'épilepsie, etc. Il est certain que ses principes sont trés-actifs; ainsi on peut lui ac- corder quelque confiance ; mais on 374 GAL ne doit pas croire, sans preuves plus convainquantes, à toutes les merveil- leuses propriétés que lui attribue M. Boyle. Frutescens. La troisieme a été dé- couverte par le Docteur William Hooustoun à Campéche, d’où il a envoyé ses semences en Europe. Cette plante se multiplie par ses graines , qu'il faut répandre sur une couche chaude dans le commence- ment du printems. Lorsque les jeu- nes plantes qui en proviennent sont assez fortes pour être transplantées , on les place chacune séparément dans de petits pots qu’on plonge dans une couche chaude de tan, et qu'on tient à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient poussé de nouvelles racines ; après quoi on les traite suivant la méthode qu'on emploie pour les plantes délicates que l'on conserve dans la couche de tan de la serre chaude ; de cette maniere on les fera fleurir en Juillet, et leurs se- mences müriront en Septembre ; on peut tenir ces plantes pendant tout l'hiver dans la couche de tan. Virginiana. La quatrieme, qui est originaire de la Virginie et de la Caroline, a une racine vivace, et une tige annuelle qui s’éleve a la hauteur de trois pieds ; les lobes des feuilles sont oblongs, ovales, et au nombre de sept ou de neuf sur cha- cune ; la plante entiere est couverte d'un duvet argenté ; ses fleurs sont rouges ct produites en épis aux €x- G ANE trémités des branches; elles song remplacées par des légumes compri- més en forme de faulx, et de cou- leur argentée, qui contiennent cha- cun un rang de semences en forme de rein. Quoique cette plante soit assez dure, on la conserve néanmoins dif- ficilement dans les jardins, parce que ses semences mürissent rarement en Angleterre, et qu'elle est souvent détruite par les gelces : la seule mé- thode qui m'ait réussi pour la con- server , a été de la planter dans des pots, et de la tenir en hiver sous un chässis ordinaire pour pouvoir lui procurer de Pair dans les tems doux, et la garantir des gelées : par cette méthode je l’ai conservée trois ans ; mais ses semences n'ont point muri ici. Purpurea. La cinquieme se trouve dans l'Isle de Céylan et dans plu- sieurs parties’ des Indes , d’où ses semences m'ont été envoyées : cette espece ctoit ici annuelle, et périssoit avant la maturité des semences ; elle a une tige herbacée, haute de deux pieds, et garnie de feuilles aîlées, et composées de huit ou neuf paires de lobes ovales terminés par un lobe im- pair ; les pédoncules de ses fleurs sont opposés aux feuilles, et soutiennent des épis longs et clairs ou thyrses de petites fleurs pourpre qui produisent des légumes minces et érigés. On peut multiplier cette espece conune la troisieme; si ses plantes GAL sont avancées de bonne heure au printems, et que l'été soit chaud, leurs semences pourront murir. GALENGA ou ZODOAIRE. Voyez; KŒMPFERIA. L. GALENIA. Lin. Gen. Plant. 443. Sherardia. Ponted. Epist. 14 ; LINNEE lui a donné ce titre en l'honneur de Galien , fameux Meé- decin. Caracteres. Dans ce genre la fleur na point de pctales, et son calice st divisé en quatre parties; elle a huit étamines velues aussi longues que le calice, et terminces par des sommets doubles: dans son centre est placé un germe rond qui sou- tient deux styles réfléchis, et cou- ronnés par des stigmats simples ; le calice se change ensuite en une cap- sule ronde a deux cellules, dans les- quelles sont renfermées deux se- mences oblongues et angulaires. Ce genre de plante est rangé dans la seconde section de la hui- tieme classe de LINNEE, intitulce: Octandrie digynie , qui renferme celles dont les fleurs ont huit étami- nes et deux styles. Nous n'avons qu'une espece de ce genre, qui est Galenia Africana. Hort. Cliff: 150. Roy. Lugd.-B. 209. Fabr. Helmst. p. 4323; Galénia en arbris- seau, originaire de l'Afrique. Sherardia. Ponted. Epist. 14, et FAX 375 Atriplex Africana , lignosa , frutes- cens ; Rosmarini foliis. Till. pis. 20. t. 153 Atriplex en arbrisseau, et ligneux d'Afrique à feuilles de Ro- marin. Kali lignosum, flore muscoso, Rosmarini folio, Bocc. mus. 150. Fran i (oe Frutex Africanus , folio Rosmarini enuioriy flore et fructu Chenopodii. Boërh. Lugd.-B. 2. p. 267. Cet arbrisseau croît naturellement au Cap de Bonne-Espérance et dans d’autres parties de l Afrique; il s’é- leve à la hauteur de quatre ou cinq pieds, et produit plusieurs branches foibles et garnies de feuilles fort étroites, vertes, sillonnées longitudi- nalement par une rainure, et. pla- ces irrégulièrement sur chaque côté des branches: ses fleurs naissent en panicules clairs sur les côtés et aux extrémités des branches; elles sont fort petites, sans pétales, et peu apparentes; ces fleurs paroissent en Juillet et en Aout, et ne sont point suivies de semences en An- gleterre. Comme cette plante ne peut subsister ici en plein air pen- dant l'hiver, il faut la placer dans une orangerie ou sous un chassis, avec d'autres especes exotiques dures, de maniere quelle puisse jouir de Tair dans les tems doux, et être seulement à couvert du froid. On peur en été lexposer en plein air . avec les autres espèces du même pays; mais on doit avoir soin de larroser 376 GAL souvent dans les tems secs. On la multiplie par boutures , qui pren- dront racine en cinq ou six se- maines en les plantant en été, et en les arrosant souvent; apres quoi on peut les traiter comme les vicilles lantes. GALEOPSIS. Lin. Gen. Plant. 637. Tourn. Inst. R. H. 185.1. 86; Ortic morte et puante. Caracteres. Le calice de la fleur est tubulé , et formé par une feuille découpée en cing segmens terminés en pointe aiguë; la fleur est labiée , son tube est court, ses levres sont un peu plus larges que le calice, mais de la même longueur ; de la base jusqu’à la lèvre inférieure , elle est fortement découpée aux deux côtés; la lèvre supérieure est con- cave, ronde, et sci¢e au sommet; la lèvre inférieure est divisée en trois parties , dont celle du milieu est plus large et crenelée : dans son centre est placé un germe divisé en quatre parties > qui soutient un style mince couronné par un stigmat aigu et fendu en deux; ce germe se change dans la suite en quatre se- mences nues portées sur un calice roide. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la quator- zieme classe de LINNÉE, intitulée : Didynamie gymnospermie 5 qui ren- ferme celles dont les fleurs ont de longues ¢tamines et des courtes , et dont les semences sont nues, GATE Les especes sont : 1°. Galeopsis Ladanum, internodiis caulinis aqualibus , verticillis omnibus remotis. Lin, Sp. Plant. §79. Pollich. Pal. n. 558. Scop. Carn. Ed. 2. 1 727. Neck. Gallob. 253. Mattusch. Sil. n. 436. Kniph. cent. 11. Ga- léopsis, ou Ortie de haies puante, dont les nœuds sont placés à une distance égale les uns des autres, et dont les têtes sont verticillées et éloignées. Galeopsis ramis summis pubescen- tibus, Hort. Cliff. 314. Flor. Suec. 492, 524. Roy. Lugd.-B. 3 19. Sideritis arvensis , angusti-folia, rubra. iC. B. p. 233 ; Herbe dewWer des Champs à feuilles rouges et étroites. Lamium ladanum. Crantz. Austr. p. 260. Ladanum segetum folio latiori. Riy. Mon. 24. 2°. Galeopsis Tetrahit, internodiis superne incrassatis 5 verticillis summis sub-contiguis. Lin. Sp. Plant. §793 Ortie de haies puante dont les entre- nœuds sont plus épais vers le haut; et dont les têtes verticillées au som- met, croissent l’une près de l’autre. Lamium Cannabino folio vulgare. Raj. Syn, Ed, 3. p. 240 ; Orne morte commune, a feuilles de Chanvre. Galeopsis ramis summis strigosis. Hort. Cliff. 314. Flor, Suec. 491 5 523. Roy. Lugd.-B, 319. Dalib. Paris, 181. Galeopsis GAL Galeopsis corolla rubré aut alba. FL Lapp. 137: Urtica aculeata , foltis serrratis. Bauh. Pin. 232. Cannabis spuria. Riv. Mon. 44. 3°. Galeopsis speciosa , corolla flava , labio inferiori maculato. Flor. Lapp... 192; Ortie de haies puante avec une fleur jaune, dont la lèvre inférieure est tachetée. Lamium Cannabinum aculeatum , flore specioso luteo, labiis purpureis. Pluk. Alm. 204. to 41. fo 4.5 Ortie morte de Chanvre et piquante , ayant une belle fleur jaune et des lèvres de couleur pourpre. Cannabis spuria ; flore majore. Riv. Mon. 45. 4°. Galeopsis Galeobdolon , verti- cillis sex-floris, involucro tetra-phyllo. Lin. Sp. Plant. 780. Pollich. Pal. n. 56%. Martusch. Sil. n. 438. Kniph. Cent. 3. n. 40 ; Ortie de haies puante ayant six fleurs verticillées dans chaque tête, et une enveloppe à quatre feuilles. Leonurus foliis ovatis, serratis, acu- tis. Hort. Cliff. 313. Roy. Lugd.-B. 310. Flor, Suec, 497, $ 25. Dalib. Paris. 182. It. Sem. 64. Lamium folio oblongo, luteum. Bauh. Pin. 231. Urtica iners tertia, sive Lamium flore luteo. Dod. Pempt.1§3. Cardiaca foliis petiolatis, cordatis, verticillis foliosis. Hall. Hely. n. 274. Galeopsis sivè Urtica iners , flore Tome LIL. G A L luteo. J. B. 3. p. 323 ; Ortie morte puante à fleur jaune. §°. Galeopsis Orientalis, verticillis biftoris ,. foliis oblongo - cordatis ; Ortie de haies puante avec des fleurs dans chaque tête verticillée, et des feuilles oblongues et en forme de coeur. Galeopsis Orientalis Ocymastri folio, flore majore flavescente. H.R. Par. Ortie de haies puante d'Orient, ayant une plus grande.fleur jaune. à 37 6°. Galeopsis Hispanica, caule pi- loso 5 calicibus labio corolla superiore longioribus. Lin. Sp. Plant. 580 ; Ortie de haies puante avec une tige velue et un calice plus long que la lèvre supérieure du pétale. Galeopsis annua Hispanica 5 rotur- diori folio. Inst. R. H. 186; Ortie de haies puante annuelle d’Espagne, à feuilles plus rondes. Toutes ces plantes sont annuelles, à l'exception de la quatrieme es- pece; les trois premieres croissent naturellement en Angleterre. La premiere se trouve dans les champs labourés , la seconde naît sur les tas de fumiers et le long des sentiers ; et la troisieme croit principalement dans les pays septentrionaux ; mais je l'ai trouvée sauvage en Essex, à dix milles de Londres; (trois milles pour une licue ). On cultive rarement ces plantes dans les jardins, parce que leurs semences s'écartent et pro- duisent une grande quantité d’her- bes embarrassantes. Bbb 378 GAL Galeobdolon. La quatrieme est une plante vivace a racine rem- pante, qui croît dans les bois et sous les haies de la plus grande partie de l'Angleterre. Orientalis. La cinquieme , qui est originaire du Levant, est bis-an- nuclle , et périt aussitôt que ses semences sont mûres ; on la con- serve dans les jardins de Botanique pour la varicté ; mais elle n’a rien de remarquable, GALEOPSIS FRUTESCENS. Voy. PRASIUM. GALIOT , RECIZE ou BENOITE. Voyez; GEUM URBANUM. GALIUM. Lin. Gen. Plant. 117. Tourn: Inst.. Rui As 114: Tab. 39. Caille-lait , ox Petit Muguet. Caracteres. La fleur a un petit calice placé sous le germe et dé- coupé en quatre parties; elle a un petale divisé presque jusqu’au fond en quatre segmens , et quatre éta- mines en forme d’alene, plus courtes que le pétale , et terminées par des sommets simples : son germe tortillé et placé sous la fleur , sou- tient un style mince , divisé à moi- tic en deux parties, et couronné par un stigmat globulaire ; ce germe se change ensuite en deux baies sèches et jointes ensemble, qui renferment chacune une grosse semence en forme de rein. GAL Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la quatiieme classe de LINNEE, intitulée: Te- trandrie monogynie , avec celles dont les fleurs ont quatre étamines et un style. Les especes sont : 1°. Galium verum , foliis octenis linea- ribus , sulcatis ; ramis flori-feris brevi- bus. Hort. Cliff: 34. Fl. Suec. 116. 123. Mar. Med. 50. Roy. Lugd.-B. 256. Pollich. Pal. n. 142. de Necker. Gallob. p.85. Mattusch. Sil. 1.n.9 4. Pal. Ir. 1. p. 66 5 Caille-lait, avec huit feuilles étroites et sillonnées, et de courtes branches chargées de fleurs. Galium caule erecto , foliis pluri- mis verticillatis linearibus. Fl, Lapp. GI. Galium luteum. C. B. p. 335; Caille-lait jaune. Galium. Dod. Pempt. 3 3 5. Camer. Epit. 368. 2°. Galium mollugo , foliis octonis ovato-linearibus, subserratis, patentis- simis, mucronatis, caule flaccido ; ra- mis patentibus. Lin. Sp. Plant. 107. @d. Dan. t. 455. Pollich. Pal. n. 154. de Necker. Gallob. p. 84. Pat. Ie. 1. p. 62; Caille-lait ayant huit feuilles ovales, étroites, tout-à-fait ouvertes, scies et pointues, une tige foible et des branches étendues. Mollugo montana , angusti-folia , ramosa , seu Galium album lati-folium. C. B. p. 334; Mollugo de montagne GAL branchu et à feuilles étroites, ou Caille-lait blanc à larges feuilles. Rubia sylvestris levis. Bauh, Pin. 333- Mollugo Belgarum. Lob. Ic. 802. 3°. Galium purpureum , foliis verti- cillatis, lineari- seraceis , pedunculis capillaribus folio longioribus. Hort. Cliff. 34. Roy. Lugd.-B. 156; Caille-lait à feuilles étroites , garnies de pois hé- rissés, verticillées, avec des pédon- cules de fleurs plus longs que les feuilles, et capillaires. Galium caule ereclo ramosissimo , foliis linearibus perangustis , petiolis confertis ramosis. Hall. Helv. n. 721. Galium nigro-purpureum, montanum, tenui-folium. Col. Ecphr. 1.p. 298. C. B. p. 33 § 5 Caille-lait de montagne à feuilles étroites, et à fleurs de cou- leur pourpre noiratre. 4°. Galium glaucum , foliis ver- ticillatis linearibus , pedunculis dicho- tomis summo caule floriferis , caule levi. Prod. Leyd. 256. Roy. Lugd.-B. 156. Hort. Ups. 27. Sauv. Monfp. 161. Jacq. Auftr. t. 81. Scop. Cara. ed. 2. 2. 142. Gmel. Tub. p. 40; Caille lait à feuilles étroites et ver- ticillées , ayant des pédoncules divi- sés par paires, et des fleurs dispo- sces au sommet de latige, qui est lisse. Galium saxatile , glauco folio. Bocc. Mus. 2. p. 172.1. 116; Caille-lait de rochers, à feuilles de couleur vert-de-mer. GAL 379 Rubia montana angustifolia. Bauh. Pin. 333. Prodr. 145. 5°. Galium rubrum , foliis verti- cillatis, linearibus, patulis, pedunculis brevissimis. Hort. Cliff’ 34. Roy. Lugd.-B. 256. Scop. Carn. 341. Pollich. Pal. n. 196; Caille-lait à feuilles etroites et verticillées , et à courts pédoncules aux fleurs. Galium rubrum. C. B. p. 335. Moris. Hist. 3. p. 3325 Caille-laic rouge. Galium rubro flore. Clus. Hist. % P- 175- 6°. Galium Boreale , foliis quæ- ternis » lanceolatis ; trinerviis , gla- bris 5 caule erecto, seminibus hispidis. Flor. Lappon. 60. Fl. Suec. 118. 124. Hort. Cliff. 64. Roy. Lugd.-B. 257. Hall. Hel. 450. Jacq. Vind. 24 ; Caille lait à quatre feuilles unies, en forme de lance, et tra- versées par trois nervures , avec une tige droite et des semences rudes. Rubia pratensis , levis , acuto folio. .C. Bs p::1333> Prodr. 145. Burs. XIX. 15; Garance de prairie lisse, avec une feuille rude. 7°. Galium album , foliis verticil- latis , lineari-lanceolatis , ramis flori- feris ; longioribus ; Caillelait à feuil- les étroites, en forme de lance et verticillées , ayant des branches de fleurs plus longues. Galium album vulgare. Tourn. Inst. R. H. 1133 Caille-lait blanc commun. Bbb 2 380 G A L 8°. Galium Lini-folium 5 foliis li- neari - lanceolatis 5, glabris » caule creëlo, ramosissimo ; Caillelait à sept feuilles étroites, unies et en forme de lance, et à tige droite et bran- chue. Galium album, Lini-folium. Barrel. Oëserv. 99 3 Caille-lait blanc, a feuil- les de lin.” 9°. Galium palustre, foliis qua- ternis , obovatis , inequalibus 5» cauli- bus diffusis. Flor. Suec. 119. 126. Gd. Dan.t. 423. Pollich. Pal. n. 149- Leers. Herborn. n. 110. de Necker. Gallob. 34. Derr. Nass. pag. 1155 Caille-lait à quatre feuilles ovales et incgales. Galium caule radicato , diffuso 5 foliis quaternis , ovatis ; obtusis. Hall. Hely. n. 719. Cruciata palustris , alba. Tourn. Inst. 115. R. Caille-lait à quatre feuilles ovales et inégales. Galium palustre album. Cp: p- 3353 Caille-lait blanc de marais. Galium caulibus diffusis , foliis quaternis 5 verticillatis. Fl. Lapp. 52. La premiere de ces plantes, qui est d'usage en Médecine, est fort commune dans les prairies humides, et dans les pâturages de plusieurs parties de l'Angleterre. On conserve les autres dans plusieurs collections de Botanique; mais comme elles ont peu de beauté , qu’elles s'étendent fort loin et incommodent beaucoup les plantes voisines, on les admet rarement dans d’autres jardins. GAL Quelques unes de ces espèces peu- vent être multiplices en divisant leurs racines qui s'étendent considérable. ment , soit au printems soit en au- tomne ; elles croissent dans tous les sols et à toutes les expositions, sur-tout la premiere : les autres exi- gent un terrein plus sec; mais elles se plaisent généralement dans toutes les situations (1). GALERIES. ( 4s ) Sont des or- nemens faits avec des arbres de (1) Le nom de Caille-lair, que Yon donne vulgairement à cette plante, an- nonce une de ses principales propriétés :. cette facilité avec laquelle elle coagule le lait, a fait penser qu’elle contient un esprit acide tout développé ; et cet acide étant regardé comme calmant, et comme propre à remédier aux mouvemens irréguliers du système nerveux, on a ad- ministré cette plante avec confiance dans les maladies convulsives, et sur-tout dans Pépilepsie. €eux qui ont observé cette terrible maladie, et qui ont reconnu qu’elle dé- pend d’un nombre presque infini de causes toutes différentes les unes des autres, auront peine à se persuader de l’éton- nante efficacité de ce remède : si en effet il a guéri quelques épilepsies , les Obser- vateurs qui nous ont transmis ces cures, auroient bien dû faire quelques recher- ches sur l’espece d’épilepsie qu’ils ont eue à combattre, et sur la cause qui l’a- voit produite. On regarde aussi cette plante comme apéritive, emmenagogue , vulnéraire , dé- tersive, &c. On en fait un sirop que l'on croit propre à rappeler l'écoulement des règles supprimées, G A.B différentes especes ; elles sont fort communes dans tous les jardins François, mais on n’en voit gucres dans les jardins Anglois, sur-tout depuis que l'on a rejerté les arbres taillés : cependant comme il peut se trouver quelqu'un à qui ce goût hors d'usage plaise encore , je vais, en leur faveur , indiquer la maniere de les construire. Pour faire , dans les jardins, des Galeries en portiques, il faut d’a- bord tracer une ligne de la longueur qu'elles doivent avoir, et les-planter en charmille, comme il est dit dans l'article CHARMILLE ; ce qui figu- rera la Galerie. La maniere de l’élever n’est pas fort difficile, elle n’exige que d'etre labou- rée et taillée quand elle en a besoin. L'essentiel est de figurer les fa- çades de la Galerie en formant les portiques. Les piliers doivent être a quatre pieds de distance les uns des autres, et la Galerie doit avoir douze pieds de hauteur sur dix pieds de largeur, de maniere que trois personnes puissent s'y promener de front. Quand les charmilles sont par- venues à la hauteur de trois pieds, la distance des piliers étant bien ré- glee , et le terrein de la Galerie bien dressé, on figure les portiques en arrétant la charmille entre les deux piliers, à la hauteur qu'elle doit avoir , ct l'on élève des treillages en arcade, GiA Tr 381 A mesure que les charinilles s’élevent, on taille les branches qui se jettent au-dchors : en peu de tems elles deviendront fortes et pourront. être tenues em forme ré- guliere par le ciseau. Les galeries en portiques se couvrent avec des Tilleuls, GAND DE). NOTRE-DAME, ou CAMPANULE: GANTELEE, 7. CAMPANULA TRACHELIUM. JZ. GANTELEE. Ÿ. TRACHELIUM: GARANCE, Voyez RUBIA. GARANCE (petite) des champs, ou HERBE A L'ESQUINANCIE. Voyez SHERARDIA ARVENSIS. L. GARANCE {petite ) Voyez CRUCIANELLA. L. GARANCE de prairie. Voyez GALIUM BOREALE. GARCINIA. Lin. 526; Mangoustan. Caracteres. La fleur aun calice persistant et formé par une feuille; sa corolle est composée de quatre pétales ronds, concaves, entie- rement ouverts, et plus larges que le calice ; elle a seize étaminesiéri- gces ,. cylindriques et terminées par des sommets-ronds : dans son cen- tre çst placé un germe ovale qui Gen. Plant. 382 GAL na presque point de style, mais qui est couronné par un stigmat uni, en forme de rondache, di- visé en huit parties et persistant : ce germe se change dans la suite en unc baie épaisse, globulaire et à une cellule qui renferme huit se- mences velues , charnues , convexes ct angulaires. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de l'on- zieme classe de LINNEE, intitulée: Dodecandrie monogynie, qui ren- ferme celles dont les fleurs ont douze étamines et un style. Nous n'avons qu'une espece de ce genre, qui est Garcinia Mangostana. Hort. Cliff. 182; le Mangoustan. Mangostans, Garc. Act, Angl. 431.4 1. Bont, Jam. 115. Mangostana. Rumph. Amb, 1. Pr 132: 049 Arbor peregrina aurantio simili fractu. Clus. Exoct. 121 ; Arbre étran- ger ayant un fruit semblable a l'Orange. Lauri-folia Javanensis. Bauh. Pin. 461. Raj. Hist. 1662. Cet arbre croît naturellement aux Isles Moluques, ainsi que dans quel- ques contrées de la nouvelle Espa- gnc, dou M. Robert Millar m'en a envoyé des échantillons qu'il avoit recueillis pres de Tolu sans connoître l'arbre. Il s’éleve avec une tige droite à la hauteur d'environ vingt picds , et pousse de chaque cote GAL plusieurs branches opposées et obli- ques l'une à l’autre : l'écorce de ces branches est unie, grise, et verte sur les tendres rejettons; mais celle du tronc est plus foncée et remplie de crevasses; ses feuilles sont en forme de lance, entieres, de sept ou huit pouces de longueur sur un de largeur, moindres de moitié et plus étroites par dégré vers les deux extrémités ; elles sont d’un vert lui- sant en-dessus et de couleur olive en-dessous : leur côte mitoyenne est saillante , et donne naissance à plu- sicurs petites nervures qui s¢ten- dent jusqu’a leurs bords; sa fleur, qui ressemble a la Rose commune, est composée de quatre pétales ronds, épais a leur base, plus minces vers leur extrémité, et d’un rouge foncé; son fruit, rond, et aussi gros qu'une orange médiocre, est cou- ronné par une espece de cape qui étoit le stigmat ou sommet du stile, divisée en plusieurs pointes obtuses , au nombre de six ou sept, qui ré pondent à autant de rayons; la coque du fruit ressemble à celle de la Grenade, mais elle est plus molle, plus épaisse et plus remplie de jus ; il est d’abord vert, il prend ensuite une couleur plus sombre , et se mar- que de quelques taches jaunes : l'intérieur du fruit est de couleur de rose, et divisé, comme dans les Oranges, en plusieurs partitions qui contiennent des semences envelop- pees dans une chair molle, succu- GAR lente et d’une saveur délicieuse , qui approche de celle de la Fraise et du Raisin : ce fruit est regardé comme un des meilleurs du monde ; les ar- bres qui le produisent ont une forme pyramidale , et leurs branches sont fort garnies de feuilles larges, vertes et luisantes , ce qui les rend trés- beaux. Comme d’ailleurs leur om- brage est trés-agréable dans les pays méridionaux , ils méritent d’être cul- tives dans ceux qui sont assez chauds pour faire mürir leurs fruits. Peu de leurs semences parviennent à une entiere perfection, parce que la plupart sont abortives, et la plus grande partie de celles qui ont été apportées en Europe , ont manqué; c'est pourquoi la méthode la plus sûre pour obtenir des plantes, est de les semer dans des caisses au pays même, et de ne les envoyer en Europe, que quand elles ont acquis de la force ; mais il faut avoir grand soin pendant la traversée , de les mettre à l'abri de l’eau salée, et des vapeurs de la mer, et ne pas trop les arroser, sur-tout lorsqu'elles ar- rivent dans un climat froid ou tem- péré, car l'humidité leur est trés- contraire. Quand on les reçoit, on les transplante avec précaution cha- cune dans un pot scparé et rempli de terre légère de jardin potager, et on les plonge dans une couche de tan, en observant de les tenir à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines ; après GAR 353 quoi on les traite comme les autres plantes delicates des pays chauds. GARDENIA. Voyez JASMINUM CAPENSE. GARDEROBE, AURONE FEMELLE ox PETIT CYPRÈS. Voyez SANTOLINA. GARIDELLA. Tourn. Inst. R. H. 6$5.Tab.430. Lin. Gen. Plant. $07. Cette plante a été ainsi nommée par Tournefort , en l'honneur du Docteur Garidel, Professeur de Mé- decine à Aix en Provence. Caracteres. La fleur a un petit ca- lice oblong , érigé et à cing feuilles; elle n’a point de pétales, mais seu. ment cing nectaires oblongs , ¢gaux et bilabiés. La partie externe de la lèvre inférieure , est unie et divisée en deux parties ; et interne de la le- vre supérieure , est courte ct simple. La fleur a huit ou dix étamines en forme d’alène, plus courtes que le calice, et terminées par des som- mets obtus et érigés : dans son cen- tre sont situés trois germes oblongs, ee PLAT PA CL comprimés, à pointes aiguës et sans styles, mais couronnés par des stigmats simples; ces germes se changent en trois capsules oblon- gues , comprimées et à deux valves, qui renferment plusieurs petites semences. Ce genre de plante est rangé dans la troisieme section de la 384 GAR dixieme classe de LINNEE, qui renferme celles dont les fleurs ont dix étamines et trois germes, Nous n'avons qu'une espece de ce genre. Garidella Nigellastrum. Hort. Clif. 170. Hort; Ups. 108: Roy. Lugd.- B. 481. Kniph. cent. 10. n. 45. Garidella, foliis tenuiffime divi- sis. Tourn. Garid. Prov. 203. t. 39; Garidella à feuilles fort étroites et divisées, et le Nigella Cretica, folio feniculi, C. B.p. 146: Moris. Hist. 3. pe §16 sivè 12. 2°18. f. 63 Nielle ou fleurs de Fenouil de Crète a feuilles de Fenouil. Nigellastrum raris et fœniculaceis foliis. Magn. Hort. 143. t. 143. Cette plante ressemble fort a la Niclle, Nigella , ou fleur de Fenouil, à laquelle elle étoit unie par les Bo- tanistesavant le Docteur Tournefort, qui l’en a séparée comme étant dif- férente par la forme de sa fleur. Elle croît sauvage en Candie et sur le mont Baldus, en Italie, ainsi que dans la Provence, où elle a été dé- couverte par le Docteur Garidel, qui a envoyé ses semences à Tour- nefort pour le Jardin Royal de Paris. Cette plante est annuelle, et s'e- leve à la hauteur d'un pied, avec une tige droite et divisée en plu- sieurs branches minces, garnies à chaque nœud de feuilles fort minces et semblables à celles du Fénouil : ses tiges sont terminées par une pe- tite fleur herbacée et de couleur GAU pâle, à laquelle succèdent trois cap- sules , dont chacune renferme deux ou trois petites semences ; elle fleu- rit en Juin et en Juillet, et ses grai- nes murissent en Septembre: on la multiplie par ses semences, qu’on ré- pand en automne sur une planche ou une plate-bande de terre frai- che et légere, où les plantes doi- vent rester ; car elles réussissent ra- rement quand elles sont transplan- tées : lorsqu'elles ont poussé, on les nettoie soigneusement, et on les éclaircit où elles sont trop serrées, en laissant entr’elles environ quatre ou cinq pouces de distance : c’est en cela que consiste toute leur culture; si on leur permet d’écar- ter leurs semences, elles se multi- plicront sans aucun autre soin. GAROU ou SAINT-BOIS. Poy. DAPHNÉ GNIDIUM. L. GAUDE oz ERBE A JAUNIR: Voyez RESEDA LUTEOLA. L. GAULTHERIA ou GUALTHE- RIA. Syst. Plant. tom. 2. p. 297. Caracteres, Les leurs de ce genre ont un calice double et persistant , dont l'extérieur a deux feuilles cour- tes, ovales et concaves, et l’inté- rieur une feuille en forme de clo- che, et découpée en cinq segmens, un pétale ovale et divisé à moitié en cinq segmens réfléchis et dix nectaires en forme d’aléne, courts et placés GAR , LJ placés autour du germe et des cra- mines , qui sont au nombre de dix, en forme d’aléne, courbées en- dedans, insérées au réceptacle , et terminées par des sommets cornés et divisés en deux parties: son germe, rond et comprimé, soutient un style cylindrique couronné par un stig- mat obtus; il devient, quand la fleur est passée, une capsule obtuse à cinq angles et à cinq cellules, qui est fixée dans l’intérieur du ca- lice, et qui se change en une baie ouverte au sommet, et remplie de semences dures et angulaires. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la dixieme classe de LINNEE, intitu- Le : Decandrie monogynie ; avec celles dont les fleurs ont dix éta- mines et un style. Nous n'avons qu'une espece de ce genre qui est Gaultheria procumbens. acad. 3. p. 14. Duham. Arb. 1. p- 286. t 1133 Gaultheria courbe vers la terre. Vitis Idea Canadenfis , Pyrola folio. Tourn. Inst. 608 ; Myrtille ou Airelle du Canada à feuilles de Pyrole toujours vertes. Anonyma pedunculis armatis. Cold. Noveb. 98. Comme cette plante croît natu- rellement dans plusieurs parties de l'Amérique Septentrionale, sur des terres marécageuses , on la conserve difficilement dans les jardins; ses Tome III, Amen. GAU 385 branches traînent sur la terre, et deviennent ligneuses ; mais elles ne sclevent jamais en hauteur; elles sont garnies de feuilles ovales , en- ticres et alternes : les fleurs qui naissent sur les parties latérales des branches, sont d’une couleur herba- cée, peu apparentes, et sont rare- ment suivies de fruits en Angle- terre. Je n'ai pu réussir à conserver cette plante qu'en la plantant dans un pot rempli de terre meuble et sans fumier, que j'ai placé à l’om- bre, et arrosé souvent; elle a sub- sisté ainsi pendant trois ans, et a donné des fleurs, mais point de fruits. GAURA. Caracteres. Le calice de la fleur est formé par une feuille; il a un tubecylindriqueavec quatre glandes, et tombe; sa partie supérieure est découpée en quatre segmens oblongs et réfléchis : la corolle est compo- sce de quatre pétales oblongs et érigés, larges au sommet, étroits à leur bâse, et fixés sur le tube du calice; la fleur a huit étamines droites, minces et plus courtes que la corolle: elles ont chacune une glande de nectaire à leur base, et sont couronnés par des sommets oblongs et mouvans: le germe est oblong et placé sous la fleur ; il sou- tient un style mince aussi Jong que les étamines, et surmonté par qua- Ccc 386 GAU tre stigmats oblongs et étendus : la Heur est remplacée par une capsule ovale, coimprimée et à quatre an- gles, qui renferme une semence oblongue et angulaire. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la hui- tieme classe de LINNEE, intitulée : Octandrie monogynie , avec celles dont les fleurs ont huit étamines et un style. Nous n'avons qu'une espece de ce genre. Gaura Biennis. Amen. acad. 3. p. 26. Act. Halmens. 1756:p. 223. t. 8. Giseck. Ic. Fasc. 1. n. 8. Lysimachia Chamencrio similis Floridana , foliis nigris punctis , cap- sulis carinatis in ramulorum cymis. Pluk, Amalth. 139. tab. 428. f. 2. Cette plante bis-annuelle est ori- ginaire de la Virginie et de la Pen- sylvanie ; ses tiges s'élevent à la hauteur de quatre ou cinq pieds, et poussent plusieurs branches garnies de feuilles oblongues, unies, d’un vert pâle, et fort rapprochées ; ses fleurs naissent cn touffes serrées aux extrémités des branches, et sont com- poses de quatre pétales oblongs d’une couleur de rose pâle, placces irrégulierement, et dans lesquelles on observe huit étamines qui envi- ronnent le style: elles paroissent en Septembre, et quand l'automne est favorable, leurs semences mü- rissent vers la fin d'Octobre. En semant les graines de cette GAZ plante sur des plates-bandes ouvertes aussitôt qu'elles sont mures, elles réussisent plus sûrement que si l'on différoit de les semer jusqu'au printems : lorsque les plantes pous- sent, on les nettoie avec précaution ; et si elles sont trop serres, on en Ôte quelques-unes, que l'on place dans une planche, afin que les autres aient assez de place pour croître : en automne, on les transplante toutes dans les endroits où elles doi- vent fleurir et perfectionner leurs semences; alors elles n'exigeront aucun autre soin que d’être soute- nues pour empêcher les vents de l'automne de casser leurs branches. GAYAC ow BOIS SAINT. Foy. GUAJACUM. GAYAC DU JAPON. Voyez DrosPYROS LOTUS. GAZON d’ESPAGNE où d’'OLYMPE , STATICE of HERBE A SEPT TIGES, Voy. STATICE ARMERIA. GELEE. La Gelée est l'action même du froid qui fixe les fluides, les prive de leur mouvement na- turel , et les convertit en une subs- tance solide et cohérente, que l'on nomme glace. Les principaux phénomènes de la Gelée sont : 1°. De dilater et de raréfier Peau GEL ainsi que tous les fluides, à lexcep- tion des huiles, de maniere qu'ils occupent plus de place, et sont spécifiquement plus légers quils n'étoient avant : cet effet de la Gelée est prouvé par plusieurs expé- riences, dont il n’est pas inutile d'observer ici les gradations que suit la Nature dans la formation de la glace Un Tube de verre, IA, rempli d'eau jus- qu'en D, étant plongé dans un vase plein d’eau salée, GHKL, l'eau monte bientôt du D au C, ce qui paroit prove- nir de ce que le Tube se resserre prompte- ment quand ilest plongé dans un médium plus froid ; et bientôt après du point C, elle des- cend continuellement, en se condensant jusqu'à ce qu’elle soit parvenue au point F, où elle paroît rester en repos pendant quel- que tems; mais ensuite elle reprend son mouvement, et recommence à s'étendre en s'élevant de l'F à l'E; et de-là bientôt après, par un grand mouvement violent, elle monte au point B; alors l'eau du vase I paroît épaisse et trouble, et dans l'instant da mouvement violent , elle se convertit en glace; ajoutez que lorsque la glace devient plus dure , et que quelques parties de l’eau près Gi EL 387 du cou du Tube I se gélent, elle continue à monter jusqu'en A, et s'écoule enfin hors du Tube. 2°. Que les fluides ne perdent pas seulement de leur gravité spc- cifique, mais aussi une partie de leur gravité absolue en se gelant, de maniere que lorsqu'ils sont gelés, on les trouve considérablement plus légers qu'auparavant. 3°. Que l'eau gelée n'est pas tout-à-fait si transparente que lors- qu'elle est liquide, et que les corps ne transpirent pas aussi librement À travers l’eau glacée. 4°. Que l'eau, étant gelée, s’éva- pore au moins aussi promptement que l'eau fluide. 5°. Que l’eau ne geéle jamais dans le vuide , mais seulement lorsqu'elle est en contact avec lair. 6°. Que l'eau qui a bouilli ne gele pas aussi aisément que celle qui n’a pas été au feu. 7°. Que l'eau couverte d’une sur- face d'huile d'olive, ne gele pas aussi aisement que l'autre, et que l’huile de noix l'empêche d’être saisie par les plus fortes gelées, ce que ne fait pas l'huile d'olive. 8°. Que l'esprit-de-vin, l'huile de noix et celle de thérébentine ne gélent point du tout. 9°. Que la surface de l’eau er se gelant, est toute couverte de rides, qui sont quelquefois en lignes paralleles, et souvent en rayons divergens. Cee z 383 GEL Les théories de la Gelée, ou les principes établis pour expliquer ces phénomènes, sont fort nombreux. Les principes généraux sur les- quels les différens Auteurs se sont fondés, sont, ou qu'il s’est intro- duit dans les pores des fluides quel- que matiere étrangere qui les a fixés, en a augmenté le volume , etc. Ou que quelque matiere conte- nue naturellement dans les fluides, en est alors exclue, et que par leur absence le fluide se fixe. Ou bien qu'il survient quelque altération dans la forme des parti- cules des fluides, ou de quelques corps qui y sont renfermés. Tous. les systèmes sur la Gelée sont fondés sur quelques-uns de ces principes : les Cartésiens expliquent la Gelée par l'exclusion de la ma- tiere éthérée des pores de l’eau et des autres liqueurs, parce qu'alors les parties les plus fines sont trop dé- lices et trop flexibles pour retenir les particules longues, minces et semblables à l'huile, de l’eau fluide ou de toute autre liqueur. Mais les Philosophes corpuscu- laires ou Gassendistes , l’attribuent, avec plus de probabilité, à l'incor- poration ou entrée d’une multitude de particules frigorifiques , ainsi qu'ils les appellent, dans les liqueurs, où elles se dispersent dans toute leur substance, s’insinuent dans tous leurs pores, et, en arrêtant leur agitation naturelle, les rendent so- G*E'E lides, et leur donnent la consis- tance de la glace: de-là aussi pro- cède son augmentation de volume et son froid. Que la glace soit spécifiquement plus légère que l'eau dans laquelle elle s’est formée, c’est une chose certaine, puisqu'elle surnage; et que cette legéreté provienne de la quantité de bulles qui s’y sont pro- duites pendant sa congélation , c'est une observation trés-facile à faire; mais il seroit intéressant de décou- vrir comment se forment ces bulles, quelle substance elles renferment , et même si elles ne sont pas tout- à fait vuides ; cette recherche seroit très-importante , et contribueroit peut - être beaucoup à la connois- sance de la nature du froid. M. Hobbes prétend que l'air com- mun qui sinsinue dans l'eau lors de sa congélation , se mêle avec les particules du fluide, empêche leur mouvement , et produit cette quan- tité de bulles qui en étendent le volume, et la rendent spécifique- ment plus légere. Cependant l'air ne paroit pas se méler à l’eau pen- dant sa congélation, et il est clair qu'il n'entre point dans l'huile figée, puisque ce corps se condense en perdant sa fluidité. M. Boyle a aussi démontré , par des expériences convaincantes, que l'eau se géle dans des vaisseaux fermés hermétiquement, et que celle qui ctoit contenue dans des vases GEL dairain et d’autres matieres, exac- tement scellés, et où l'air ne pou- voit avoir aucun accès, a cepen- dant formé de la glace aussi rem- plie de bulles que celle qui s’ctoit gelée en plein air. Il a aussi prouvé, par des expé- riences, que l'eau, tenue pendant quelque tems dans un récipient vuide, et purgée d'air elle-mème autant quil ctoit possible, ayant été gelée artificiellement, n’offroit presque point de bulles, ce qui prouve que ces bulles sont remplies de quelque matiere contenue dans l'eau , si toutefois elles ne sont pas vuides ; mais il démontre aussi, par des expériences, qu'elles ne renfer- ment que peu, ou peut-être même point du tout, de véritable air élas- tique. D'autres , et même le plus grand nombre , pensent que la matiere de la Gelée est un sel, et ils préten- dent que l'excès du froid engourdit Peau, mais qu'elle ne se cong¢le jamais sans sel; que les principales causes de la Gelce, sont les parties salines mélées en proportion requi- se, et que la congélation ressemble beaucoup aux crystallisations. Ils regardent ce sel comme une substance nitreuse fournie par l'air, qui en contient toujours une grande 634. Mat. Med. 347. Roy. Lugd.-B. 371. Gort. Gelr. 416. Crantz. Austr. 366. de Neck. Gallob. p. 301. Scop. Carn. Ed. 2. n. 873. Genét à feuilles aiguës et en forme de lance, ayant des branches cylin- driques, cannelées , érigées et pla- cées sur les parties latérales des tiges. Genista Tinctoria , C. B. p. 395. Genét ordinaire des Teinturiers, herbe aux Teintures, Genestrole. Genista Tinctoria vulgaris. Clus. Hist; 1. p. 101. Genistella. Riu. t. 67. R. 4°. Genista purgans spinis termi- nalibus , ramis teretibus , striatis , Germanica. foliis lanceolatis , simplicibus , pubes- centibus. Lin. Sp. 999. Genet avec des branches cylindriques , canne- lees, et terminées par des épines et des feuilles simples, en forme de lance et velués. Spartium purgans. Linn. Syst. Plant, tom. 3. p. 402. Sp. 6. GEN Genista sive I. B. 1. p. 404. le Genet griot. 5°. Genista candicans , foliis ter- natis , subtus villosis , pedunculis la- teralibus sub-quinque-floris foliatis 4 leguminibus hirsutis, Amen. Acad. 4. p- 284. Genêt à trois lobes, avec des feuilles velues, des pédoncules sur les côtés des branches qui sup- portent cinq fleurs , et des légumes velus. Cytisus Monspessulanus , Medica folio , siliquis densé congestis et vil- losis. Tourn. Inst. 648. Cytisus floribus lateralibus , foliis hirsutis , caule erecto striato. Sauy. Monsp. 191. 429 Spartium purgans. Genet purgatif, ou Cycisus sylvestris candicans, Casalp. Plant. 11 3e 6°. Genista tridentata ramis tri- quetris, membranaceis, sub-articulatis , foliis tricuspidatis. Lin. Sp. Plant. 7103; Genét avec des branches noucuses, triangulaires et membra- neuses, et des feuilles terminées en trois pointes. Genistella fruticosa, Lusitanica, lati- folia. Tourn. Inst. 646; Genét des Teinturiers en arbrisseau, de Por- tugal, a larges feuilles. Chama - Genista caule foliato. Bauh. Pin. 396. 7°. Genista pilosa , foliis lanceo- latis , obtusis, caule tuberculato de- cumbente. Hort. Clif. 355- Fl. Suec. 588, 635. Roy. Lugd.-B. 371, Crantz. Austr. p. 365. Jacq. Austr. 430 GEN t. 208. Scop. Carn 2. n. Pollich. Pal. n. 668. 7 p.259. Knipa. Cent. §.n. 33 5 Genet à feuilles obtuses et en forme de lance , avec des tiges trainantes couvertes de tubercules. 74e Derr. Chama-Genista, folis Geniste vul- garis. Bauh. Pin. 30 s: Chame-Genista montana , hispida. Bauh, Pin. 396. Chame-Genista prima. Clus. Hisr.1. P: 103. Genistella pilosa. Bauh. Hist. 1. P:19p:1303. C'est le Genista ramosa , foliis Hyperici. C. B. p. 395$. Genêt bran- chu à feuilles de Mille-pertuis. 8°. Genista Anglica spinis sim- plicibus ; ramis flori-feris , inermibus, foliis lanceolatis. Hort. Cliff. 355. Roy. Lugd.-B. 371. Flor. Dan. t. 61g. Genet avec des épines sim- ples, des branches à fleurs sans épi- nes, et des feuilles en forme de lance. Genista, Spartium minus Anglicum. Tourn. Inst. R. H. 645. Genista minor Asphaltoides. Bauh. Pin. 395. Prodr. 1573 Petit Genét d'Angleterre, nommé petit Houx , ou le Guayapin. Tob: Te.. .2. Genista aculeata. £933 Genistella. Dod. Pempt. 670. 9°. Genista Hispanica spinis de- composicis, ramis flori-feris inermibus, foliis linearibus, pilosis. Lin. Sp. Plant. 711. Ger. Prou. 48 3. Gouan. Monsp. GEN 3§7- Genet avec des épines décom- posces , des branches de fleurs sans épines, et des feuilles étroites et velues. Genista spinosa , minor, Hispa- nica , villosissima. C. B. p. 3953 le petit Genet d'Espagne ¢pineux et fort velu. Genistella Montis - ventosi , spi- nosa. Bauh. Hist, 1. p. 400. Sagittalis. La premiere espece croît naturellement en France, en Italie et en Allemagne. Cette plante pousse de sa racine plusieurs tiges couchées sur la terre, et divisées en plusieurs branches applaties, noucuses, en forme de sabre sur les deux côtés, vertes et herbacées, mais vivaces; à chacun de leurs nœuds est placée une petite feuille en forme de lance et sans petiole ; ses fleurs, qui nais- sent en épis serrés aux extrémités des branches, sont jaunes, sembla- bles à celles des Pois, et sont rem- plactes par des légumes courts et velus, qui renferment trois ou qua- tre semences en forme de rein, Cette plante fleurit en Juin, et ses semences miirissent en Septembre. On multiplie cette espece par ses graines , qui pousseront au printems suivant, si elles sont semées en au- tomne; mais quand on les garde jusqu'au printems, les plantes pa- roissent rarement dans la même an- nées ; elles n'exigent aucune autre culture que d’être tenues nettes de mauvaises herbes, et d’être éclair- GEN cies où elles sont trop serrées: on peut les transplanter à la Saint-Mi- chel dans les places qui leur sont destinées, aprés quoi elles n’auront plus besoin que d’être débarrassées des mauvaises herbes; car elles sont fort dures et subsistent plusieurs années. Florida. La seconde s’éleve, avec des tiges ligneuses, à la hauteur de deux ou trois pieds, et pousse plu- siéurs branches cylindriques, canne- les, érigées, et garnies de petites feuilles en forme de lance, alternes, et terminées par plusieurs épis de fleurs jaunes, et semblables à celles des Pois; ces fleurs poduisent des légumes courts, qui deviennent noirs en mürissant , et qui renfer- ment quatre ou cing semences en forme de rein. Cette plante flcurit en Juin et en Juillet, et ses semen- ces mûrissent en automne. Tinctoria. La troisieme , qui est originaire de l'Angleterre, a des tiges d’arbrisseau hautes d'environ trois pieds, et garnies de feuilles en forme de lance, plus larges et ter- minces en pointe, plus aiguës que celles de la premiere espece; ses branches, moins droites que celles de la seconde, sortent des parties latérales des tiges, dans presque toute leur longueur , et sont ter- minces par des épis chairs de fleurs jaunes, qui sont suivies par des légumes semblables à ceux de la se- conde espece. Cette plante fleurit | GEN 431 et scs scmences mürissent vers le même tems que la précédente. Les Teinturiers se servent de ses bran- ches pour se procurer une couleur jaune, d’où lui vient le nom d Genet de Teinturier ; on le nomme aussi Bois vert , Bois de cire. Purgans. La quatrieme, que l’on rencontre dans les environs de Montpellier, s'éleve avec des tiges d’arbrisseau cylindriques et canne- les, à la hauteur de quatre pieds, et pousse plusieurs branches termi- nées par des épines; ses feuilles sont en forme de lance, simples et ve- lues; ses fleurs sortent en épis aux extrémités des branches ; elles sont plus larges que celles des autres es- peces, et d'un jaune plus pâle ; elles paroissent en Juin et en Juillet, et produisent des légumes semblables à ceux des précédentes. Comme cette espece est tendre, les fortes gelées la détruisent souvent en An- gletere, lorsque l'on n’a pas soin de les mettre à l'abri (1). (1) Le Genét, tant vulgaire que d’Es- pagne, est regardé comme un très-bon remède apéritif et diurétique , lorsqu'on _ fait prendre en infusion les sommités de ses jeunes branches, en dose modérée ; mais à plus forte dose il est purgatif et même émétique. On emploie cette plante avec quelques succès contre les obstruc- tions des viscéres, et particulièrement contre l'hydropisie: on vante, sur-rout dans ce dernier cas, l’infusion de ses cens dres dans du vin blanc; ce remede est 432 GEN Candicans, La cinquieme, qui vient du méme pays que la qua- trieme , s'éleve, avec une tige li- gneuse , à la hauteur de sept ou huit pieds, et pousse plusieurs branches minces, garnies de feuilles à trois lobes , et velues en-dessous; la par- tic haute de ces branches produit latéralement , dans la longueur d'un pied, d’autres petites branches qui soutiennent cinq fleurs jaunes; elles paroissent en Juin et en Juillet, et curs semences mürissent en au- tomne. Tridentata. La sixieme a une tige basse d'arbrisseau , qui s’éleve rare- ment au-dessus de la hauteur d’un pied, et qui pousse plusieurs bran- ches foibles, noueuses, et garnies de petites feuilles terminées en trois bon, mais l’alkali-fixe que l’on en retire par cette lessive, ne diffère en rien de celui que peut fournir tout autre végétal. Le suc exprimé des jeunes branches de Genér, purge par haut et par bas à la dose d’une once; on ordonne sa conserve dans la même vue, à une demi-once , et ses semences réduites en poudre, comme apéritives , depuis un jusqu'à deux gros, Lorsque l’on donne l’infusion des som- mités de Genét, comme diurétique, dans Vhydropisie , il est bon d'y ajouter un peu de sel d’absynthe, pour la rendre plus active; c’étoit la méthode de Clodius, qui en faisoit un secret , et qui s’en est servi avec beaucoup de succès. On fait entrer les fleurs de Genét dans Jes décoctions apéritives, et dans le sy- cop hydragogue de Charas. GEN parties aiguës; ses fleurs, d’un jaune pâle, sortent en épis clairs aux ex- trémités des branches , ct paroissent à la fin de Juin et en Juillet; leurs semences mürissent en Septembre. Cette plante croit naturellement en Portugal. Pilosa. La septieme a une tige darbrisseau inclinée vers la terre, couverte de tubercules , et divisée en quelques petites branches, gar- nies de petites feuilles obtuses ; sés fleurs qui sont petites et d’un jaune pile, sont disposées en epis clairs aux extrémités des branches, et sont remplacées par des légumes courts et remplis de semences en forme de rein. Cette plante fleurit en Juin, et ses semences murissent en autom- ne; elle naît spontanément en Alle- magne et en France. Anglica. La huitieme , qui croît sans culture dans les pleines ouvertes de plusieurs parties de l'Angleterre, s Cleve à la hauteur de deux pieds , avec une tige d'arbrisseau, de la- quelle sortent plusieurs branches minces, armées d'épines longues et simples, et garnies de trèspetites feuilles en forme de lance, et alter- nes sur chaque côté des branches; ses tiges de fleurs sont courtes, dé- pourvues , et terminées par cinq ou six fleurs jaunes, disposées en grap- pes. Ces fleurs paroissent en Avril et en Mai; et sont remplacées par des légumes courts et gonflés, ren- fermant quatre ou cinq petites se mences GEN mences en forme de rein, qui müû- rissent en Juillet. Hispanica. La neuvieme croît na- turellement en Espagne ; elle a une tige basse d’arbrisseau , qui pousse plusieurs branches ligneuses, et ar- mées d’épines branchues , compos¢ces de plusieurs épines aiguës qui sortent l'une de [autre ; mais les courtes branches à fleurs n’en ont point: ces branches sont garnies de petites feuilles velues de différentes formes, dont quelques-unes sont étroites et velues, et les autres en forme de lance. Les branches sont terminces par des grappes de fleurs jaunes, auxquelles succedent des légumes courts , serrés, velus, et remplis de semences en forme de rein : cette plante ressemble beaucoup au Genét épineux commun ; mais elle en dif- fere en ce quelle est fort velue, et en ce que ses branches à fleurs sont sans épines. Culture. Toutes ces especes de Genét se multiplient par leurs grai- nes, qui , si elles sont mises en terre en automne, réussissent mieux que quand on ne les seme qu'au prin- tems; on gagne d’ailleurs par-là une année entiere. Comme ces plantes poussent des racines longues , filan- dreuses et dures qui coulent profon- dément dans la terre , elles ne peu- vent être aisément transplantées , sur- tout lorsqu'on ne les enleve pas pen- dant leur jeunesse ; c'est pourquoi il est bon de les semer dans le lieu Tome III. GEN 433 même où elles doivent rester , et lorsqu'elles sont hors de danger, d’arracher toutes celles qu’on ne veut pas conserver, en réservant celles qui ont la meilleure apparence: elles ne demanderont plus ensuite aucuns soins , si ce n'est qu’on doit les tenir constamment nettes de mauvaises herbes. Quand on ne peut suivre cette méthode, on seme ces graines sur une planche de terre légere ; on nettoie exactement les plantes qui en proviennent, et dès l'automne sui- vant, on les enleve avec précaution pour les planter dans les places qu’on leur destine. Toutes ces plantes sont dures , à l’exception des quatrieme , cin- quieme et neuvieme especes, qui doi- vent être placées dans une situation chaude et abritée, et dans un ter- rein sec, sans quoi elles ne résiste. roient point au froid de nos hivers; mais les autres croissent dans pres- que tous les sols, et à toutes les expositions, GENISTA SPINOSA , GENÊT EPINEUX. Voyez ULEX. GENOUILLETTE. 7. RANUN- CULUS REPENS. GENTIANA. Lin. Gen. Plant. 285. Tourn. Inf?. R. H. 80. t. 40. Cette plante a pris son nom de Gen- tius , Roi d'Illyrie, qui le premier a reconnu ses proprictés. Gentiaue 5 petite Centaurée. 434 GEN Caracteres. Les fleurs de ce genre ont un calice persistant , et découpé en cinq segmens aigus ; une corolle monopétale , tubulée , et divisée sur ses bords en cinq parties entière- ment ouvertes ; cinq étamines en forme d’aléne, plus courtes que la corolle , et terminées par des som- mets simples : dans le centre est placé un germe oblong, cylindrique et sans style, mais couronné par deux stigmats ovales, qui devient, quand la fleur est passée , une capsule oblon- gue , cylindrique , pointue , et a une cellule qui renferme plusieurs semen- ces attachées à ses valves. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la cin- quieme classe de LINNÉE, intitu- lée : Pentandrie digynie » qui ren- ferme celles dont les fleurs ont cinq étamines ct deux stigmats. Les especes sont : 1°. Gentiana Lutea, corollis quin- que-fidis , rotatis , verticillatis , caly- cibus spathaceis. Mat. Med. p. 75. Scop. Carn, td. 2. n. 293. Mat- tusch, Sil. n. 772. Sabbat. Hort. t. t. 133 Gentiane avec une corolle divisée en cinq parties, en forme de rouc et verticillée, et un calice en forme de spathe. Gentiana floribus lateralibus , con- fertis , pedunculatis ; corollis rotaris, Hort. Cliff. 80. Fl. Suec. 201. 227. Mat. Med, 110. Roy. Lugd.-B. 43 2. Sauv. Monsp. 1 36. Gentiana, Cam. Epit. 415. GEN Gentiana caule folioso, foliis ova= tis , nervosis , floribus verticillatis 5 rotatis. Hall. Hely. n. 637. Gentiana major , lutea. C. B. pag. 187. Fl. Lapp. 96. La plus grande Gentiane jaune. Asterias. Reneal. Spec. 64. t. 63. 2°. Gentiana pneumo-Nanthe , co- rollis quinque-fidis , campanulatis , oppositis , pedunculatis , foliis linea- ribus. Lin. Sp. Plant. 128. Gmel. Sib. t. 51. Scop. Carn. ed. 2. n. 295$. Pollich. Pal. n. 256. Mattusch. Sil. n. 175$. Kniph. Cent. 8. n. 45. Gen- tiane avec des corolles en forme de cloches, divisées en cing parties op- posées , et supportées par des pédon- cules, et à feuilles linéaires. Gentiana floribus terminalibus ra- ris 5 corollis erectis plicatis , foliis linearibus. Hort. Cliff. 80. Fl. Suec. BO 223 8 Roy. ‘Lugd.-B, 432. Dalib. Paris. 81. Gentiana angusti-folia, autumna- lis major. C. B. p. 188. La plus grande Gentiane automnale , à feuil- les étroites. Gentiana palustris angusti-felia. Bauh. Pin. 188. Cyana. Reneal. Spec. 69. t. 63. 3°. Gentiana Asclepiadea, corollis quinque-fidis , campanulatis , opposi- tis , sessilibus , foliis amplexicaulibus. Lin. Sp. Plant. 217.: Jacq. Austr. t. 328. Gentiane ayant une corolle divisée en cinq parties , en forme de lance , sessiles à la tige et opposées , avec des feuilles amplexicaules. GEN Gentiana foliis ovato-lanceolatis , floribus campanulatis , in alis sessili- bus, Hall. Hely. 478. Gentiana Asclepiadis folio. C. B. p- 187. Gentiane à feuilles d’Ascle- pias. Gentiana floribus lateralibus , soli- tariis, sessilibus, corollis erectis. Hort. Cliff: 80. Roy. Lugd.-B. 432. Dasystephana. Reneal. Spec. 67. z. 68. 4°. Gentiana acaulis, corolla quin- que-fidä, campanulata , caulem: exce- dente. Lin. Sp. Plant. 228. Jacq. Austr, t. 13,5. Scop. Carn. 2. 2.294. Gentiane avec une corolle en forme de cloche , divisée en cinq parties, ct plus haute que la tige. Gentiana corolläcampanulatä, cau- lem longitudine excedente. Hort. Cliff. 81. Roy. Lugd.-B. 432. Hall. Helv. 477. Sauv. Monsp. 136. Gentiana Alpina, lati-folia , magno fore. C. B. p. 187. Prodr. 97. Gen- tiane des Alpes a larges feuilles , ayant une grosse fleur, ordinaire- ment appelée Genrionella. ‘ Icones Barrel. n. 47. 105. 106. 110. Hall. R. B. Gentiana Alpina, angusti-folia, magno flore. Bauh. Pin. 187. Thylacitis. Reneal. Spec. 70. t. 68. 52. Gentiana nivalis, corollis quinque- fidis, infundibuli-formibus , ramis uni- Roris alternis. Lin. Sp. Plant. 229. Jacq. Vind. 215. Gentiane avec des corolles en forme d'entonnoir, et CEN 435 divisées en cinq parties, ayant des branches alternes , qui soutiennent une seule fleur. Gentiana annua, foliis centaurii mi- Tourn. Inst. 81. Gentiane annuelle avec de plus petites feuilles semblables à celles de la Centaurée. Gentiana Alpina ; estiva Centau- ree minoris folio. Bauh. Pin. 188. Gentiana corollis infundibuli -for- noris. mibus , quinque-dentatis, ramis alternis uni-fioris. Fl. Suec. 204.231. Gentiana corolla infundibuli-formi, denticulo laciniis interposito. Fl. Lapp. 95- Gentiana humillima , caule ramoso, tubo floris longissimo, Hall. Hcln 475-07.f 5. Gentiana IX. Clus, Pans. 291. 6°. Gentiana cruciata corollis quae dri-fidis, imberbibus, floribus verticilla- tis , sessilibus. Lin. Sp. Plant. 231. Jacq. Austr. t. 372.%Gmel. Sib. 4. p- 104.2, 71. Scop. Carn. 1.n. 188. Pollich. Pal. n. 261. Mattusch. n. 178. Gentiane avec des corolles sans barbes, divisées en quatre par- ties verticillées , et sessilles aux bran- ches. Gentiana floribus confertis , termi- nalibus , corollis quadri-fidis , imber- bibus , interjecto denticulo. Hort. Cliff. 8 1. Roy. Lugd.-B. 4.32.Dalib. Paris. 80. Gentiana cruciata. €. B. p. 188. Gentiane en forme de croix. Gentiana minor. Cam. Epit. 4.17. Tretorrhiza. Renealm. Spec. 74. r. 73. F1 2 436 GEN 7°, \Géntiana ciliata , corollis qua- dri-fidis » margine ciliatis. Lin. Sp. Plant. 231. Gd. Dan. 317. Pollich. Pal. n. 160. Gmelr Sib. 4. pag. 105.7. 73. Scop. Carn. 2. n. 187. Jacq. Austr. t. 113. Gentiane avec des corolles à quatre pointes, dont les bords sont velus. Gentiana corollis Hypocrateri-for- mibus, laciniis margine barbatis. Hort. Chiff. 81. Gentianella cerulea oris pilosi. C. B. p-188.Gentiane bleue avec des bords velus. Gentianella carulea, fimbriata 5 angusti-folia ; autumnalis. Column. Ecphr. Lip. 202.120 7.401, 8°. Gentiana utriculosa corollis quinque-fidis , Hypocrateri-formibus , calycibus plicato-carinatis. Lin. Sp. Plant. 229. Pollich. Pal. 157. Gen- tiane avec des corolles en forme de sous-coupes, ét divisées en cing par- ties, et des calices plissés en forme de carène. Gentiana utriculis ventricosis. C. B. p- 188. Gentiane avec un tube gonflé. Gentianella annua , azureo flore. Barr. Rar. 18.7, 48. 9°. Gentiana Centaurium , corollis guinque-fidis , infundibuli-formibus , caule dichotomo. Lin. Sp. Plant. 229, fat. Med. 75. Pollich. Pal. n, 158. De Neck, Gallob.1 3 3. Scop. Carn. ed. 2 «2.293. Mattusch, Sil. n.176. Ed. Dan. t. 617. Kniph. Cent. 8. n. 44. Gentiane avec des corolles en for- GEN me d'entonnoir et à cinq pointes ; ayant une tige fourchue. Gentiana foliis lineari-lanceolatis 5 caule dichotomo 5 corollis infundibulie formibus ,quinque-fidis. Hort. Cliff. 8 x. Centaurium minus. C. B. Pe 278. La plus petite Centaurée. Erithrea, Renealm. Spec. 77. +. 7G. 10°. Gentiana perfoliata , corollis octi - fidis, foliis perfoliatis. Lin, Sp. Plant. 232. Gentiane avec des corolles & huit pointes, et des feuil- les perfoliées, Gentiana caule dichotomo , foliis connatis ; corollis octi-fidis. Hort. Cliff, 81. et 496. Roy. Lugd.-B. 433. Dalib. Paris. 82. Sauv. Monsp. 136. Leff. It. 133. Centaurium luteum perfoliatum. C. B. p. 278. Centaurée jaune per- foli¢e. Centaurium parvum flore luteo. Clus, Hist. 2. p. 180. Blackstonia. Hudson. Angl. 146. Chlora. Reneal. Spec. 80, t. 76. Murray. p. 299. n 1258. Sp. 1. Syst. Plant. r. 3.p. 161. Spec. 1. 11°. Gentiana spicata, coroëlis quinque- fidis ; infundibuli-formibus » floribus alternis , sessilibus. Lin. Sp. Plant. 230. Gentiane avec des co- rolles en forme d’entonnoir, et à cing pointes , et dont les fleurs sont alternes et sessiles. Gentiana corollis infundibuli-for- mibus , quinque-fidis laxè spicatis, fo- liis lanceolatis. Sauy, Monsp. 132+ om GEN Centaurium minus, spicatum album. C. B. p. 278. Prod. 130. t. 130. Bauh. Hist. 3. p. 353. Petite Cen- taurée à fleurs blanches et en épis. Centaurium minus album. Tabern, Te 780. B. Centaurium minus spicatum, flore rubello. Tourn. Inst. 122. Variete. 1°. Gentiana exaltata, corollis quin- que-fidis , coronatis , crenatis , pe- dunculo terminali, longissimo dicho- tomo. Lin. Sp. Plant. 3 31. Gentiane avec des corolles à cing pointes, de fort longs pédoncules, et des bran- ches fourchues. Centaurium minus maritimum, am- plo flore caruleo. Plum. Cat. 3.1c. 81. f. 1. La plus petite Centaurée mari- time , avec une grosse fleur bleue. Lutea. La premiere espece est la Gentiane commune des boutiques ; sa racine est un des principaux in- grédiens dont on se sert pour com- poser les boissons ameres. Cette plante a une racine grosse, épaisse, de couleur brune jaunatre, et d'un goût fort amer ; ses feuilles basses sont oblongues , ovales, un peu pointues à leur extrémité , fer- mes, d'un vert jaunâtre, plissées et marquées de cing grosses ner- vures. Sa tige , dont la hauteur est de trois ou quatre pieds, est gar- nie de feuilles, disposées par paire sur chaque nœud, qui embrassent presque la tige de leur bâse; ces feuilles sont de la même forme que celles du bas : mais elles deviennent GEN plus courtes à mesure qu’elles oe prochent du sommet; ses fleurs sont verticillée$ aux nœuds , vers Ie haut des tiges, et supportées par de courts pédoncules qui sortent des ailes des feuilles ; elles sont d’un jaune pale, et n'ont qu'un pétale divisé presque jusqu’au fond, et un germe oblong et cylindrique qui se gonfle quand la fleur est passée, et devient une capsule oblongue , cylindrique , divisée en deux par- tics à la pointe , et qui s'ouvre en deux cellules remplies de petites semences. Cette plante croît naturellement dans les pâturages de la Suisse, et dans les parties montagneuses de l'Allemagne, d’où ses racines sont apportées en Angleterre pour l'u- sage de la médecine : on en fait une eau composée, et on la fait entrer comme principal ingrédient dans les liqueurs ameres que l'on ordonne dans plusieurs maladies (1). (1) La racine de Gentiane, que lon emploie plus fréquemment en médecine que les autres parties de la plante , est sans odeur, mais d’une saveur fort amère, Ses principes actifs sont la gomme et la résine , cette derniere en quantité beaucoup moindre, mais si étroirement unie à l'autre, qu'il est presque impossi- ble de les séparer entièrement. Cette racine, à raison de son amer- tume considérable, est regardée, avec justice, comme un excellent remede con- tre les vers intestinaux, la foiblesse ou 435 GEN On a apporté, il y a quelques années, en Angleterre , des racines de Gentiane mélées avec celles de la Jusquiame, dont on a malheureu- sement fait usage , et qui ont occa- sionné beaucoup de mal aux per- sonnes qui s'en sont servies : les ac- cidens que cette falsification a oc- casionnés, ayant fait faire des re- cherches, les uns ont pensé que ces racines Ctoient celles de la Morelle, poison mortel; et d’autres ont cru qu'elles étoient celles de quelque plante umbellifere et venimeuse ; mais en les comparant avec des ra- cines sèches de jusquiame, j'ai re- connu qu'elles étoient absolument le relachement de l’estomach, les fievres intermittentes, la cachexie, le scorbut, ja diarrhée opiniatre, les obstructions des viscères , les affections catharrales, et presque toutes les maladies chroniques. La Gentiane, que l’on regardoit autre- fois comme un des meilleurs fébrifuges, a beaucoup perdu de sa réputation depuis la découverte du quinquina : il arrive ce- endant quelquefois que des Simples améres, telles que celles-ci, emportent des fievres opiniâtres, qui ont résisté à l'action de tout autre remede, On administre cette racine en infusion aqueuse ou vineuse, sous la forme d’ex- trait et de teinture, en poudre, en opiat, &c., mais rarement en décoction, à cause de son extrème amertume, Elle entre dans la composition du vi- naigre thériacal, de la thériaque , du mi- thridat , de l’orviétan, du diascordium , du syrop de longue-vie, de Popiat de Salomon, &c. GEN les mémes. Nous avons une relation des qualités nuisibles de cette racine, imprimée dans le Synopsis Stirpium Hy bernicarum, qui a été communiquée a l’Auteur par le Docteur Thomas Molyneux, Médecin. Voici le ré- sumé de cette observation. Le Doyen de Clonfert , faisant quelques changemens dans son jar- din , observa que ses ouvriers déter= roient des racines qu’ils regardoient comme des Charvis; en conséquence il les fit porter à sa maison, afin qu'on les apprétat pour le diner, ce qui fut fait; mais tous ceux qui en mangerent furent saisis en peu de tems de vertiges et d'érourdissemens, avec un grand mal d’estomach , suivi d’une chaleur et d’une séche-* resse extraordinaires à la gorge. Deux personnes qui en avoient plus mangé que les autres, perdirent l'usage de la raison, et tomberent dans un délire qui continua pendant quelques jours: comme il étoit évi- dent que ces désordres n'étoient occasionnés que par ces racines, le Doyen en fit planter quelques-unes, pour savoir quelle ctoit cette plante de mauvaise qualité, et au printems suivant , lorsqu'elles eurent poussé des feuilles, on reconnut que c’é- toient des Jusquiames , qui sont re- présentées, par les anciens Écrivains, comme produisant les effets que l'on vient de décrire; et ces accidens furent aussi ceux que produisirent les racines étrangères mêlées avec GEN celles de la Gentiane. J'ai rapporté cette observation, afin que mes Lec- teurs sabstiennent de manger des racines qu'ils ne connoissent pas. La Gentiaue jaune se plait à l'om- bre et dans un sol léger et marneux, où elle profite beaucoup mieux que dans un terrein léger et sec, et à une exposition ouverte ; elle se mul tiplie par ses semences, qu'il faut semer dans des pots aussitôt qu'elles sont müres; car si on les conserve jusqu'au printems, elles ne réussis- sent pas; on place ces pots à l'om- bre , et on les tient nets de mau- vaises herbes ; les plantes paroissent au printems; alors on les arrose dans les tems secs , on les nettoie exactement, et en automne on les retire des pots avec précaution pour ne causer aucun dommage a leurs racines, et on les place dans une plate-bande de terre marneuse bien préparée , à six pouces de distance entr’elles , en observant que le haut des racines soit près de la surface, et que la terre soit pressée tout-au- tour ; après quoi elles n’exigeront plus d'autres soins que d’être tenues constamment nettes , et d’être arro- sées copieusement , si le printems suivant est sec; ce qui avancera beaucoup leur accroissement. Ces racines peuvent rester deux ans dans cette plate-bande , et après ce tems on les transplantera dans les places qui leur sont destinées; on les en- leve en automne aussitôt que leurs LE“ 439 feuilles sont fétries ; mais comme elles s'enfoncent profondément dans la terre, ainsi que les Carottes, on doit avoir grand soin, en les déter- rant, de ne pas les couper ni les rompre, ce qui les affoibliroit beau- coup ou les détruiroit tout-à-fait. Quand ces plantes sort fixées et bien ctablies, on laboure la terre tout- autour dès le commencement du printems , avant qu'elles ne pous- sent; et en été, on arrache toutes les mauvaises herbes qui croissent dans les environs : ces racines sub- sistent plusieurs années ; mais leurs tiges pcrissent chaque automne : les mêmes racines ne fleurissent pas deux années de suite; et pour l’ordi- naire elles ne donnent des fleurs que tous les trois ans; mais quand elles fleurissent bien , elles ont une belle apparence ; et comme elles se plai- sent à l'ombre et dans une terre humide, où peu de belles plantes d'ornement pourroient profiter, elles méritent d'être cultivées dans les plus beaux jardins. Pneumo-Nanthe. La seconde espece croît naturellement dans des patu- rages humides de plusieurs parties de PArgleterre , et particulièrement dans les provinces septentrionales; elle s'éleve à la hauteur d’un pied, avec une tige droite, garnie de feuilles unies d’un pouce et demi de long, et un peu moins de trois li- genes de large , opposées et sans pé- tioles : ses fleurs sortent, au nombre 449 GEN de trois ou quatre ensemble, du som- met de la tige, sur des pedoncules alternes les uns aux autres; elles sont grosses, de belle apparence , en forme de cloche, d’un bleu foncé, et divisces en cing pointes sur leurs bords; elles paroissent à la fin de Juillet dans les parties chaudes de l'Angleterre; mais dans le nord, clics ne se montrent qu'un mois plus tard. On la multiplie par ses graines comme la premiere espece, et on la traite de la même maniere : mais comme celle-ci ne pousse pas des racines aussi profondes, on la trans- plante plus aisément et avec moins de risques ; cependant si on l'enleve en motte, elle reussira beaucoup mieux. Cette plante doit être placée dans un sol fort, humide et mar- neux, ou elle profitera et fleurira annuellement; mais dans un terrein sec et chaud, elle ne fera aucun progres et ne produira point de fleurs. Asclepiadea. La troisieme, que Yon rencontre sur les montagnes de la Suisse, s’¢leve à la hauteur d’un pied : sa tige est droite et garnie de feuilles unies de deux pouces environ de longueur, de neuf lignes de lar- geur à leur base, ou elles embrassent la tige, terminées en pointes aiguës, opposées et d'un beau vert; ces feuilles, qui sont plus petites à me- sure qu'elles sont plus voisine du sommet de la tige, ont cinq veines longitudinales qui se réunissent à GEN chaque extrémité, et sont écartées l'une de l'autre au milieu: ses leurs sortent, par paires opposées, des ailes des feuilles sur de courts pédoncules; -€lles sont longues, en forme de clo- ches, d'une belle couleur bleue, et ont une belle apparence quand elles sont épanouïes. Cette espece fleurit en Juin et en Juillet. On multiplie aussi cette espece par semence , et on la traite comme la premiere; mais elle ne profite que dans un sol humide et marneux: on peut aussi la propager par ses rejettons , que l’on sépare des ra- cines; on les enleve en automne, qui est la saison la plus favorable pour transplanter toutes ces especes de plantes : mais il ne faut prendre ces rejettons que tous les trois ans, quand on veut avoir de fortes fleurs, Acaulis. La quatrieme, qui croît naturellement sur les Alpes et sur les montagnes de la Suisse, est de- puis long-tems cultivée dans la plu- part des jardins curieux de l'Europe, où on la connoit sous le nom de Gentianella. Cette plante, dont les tiges ne s’élevent qu’à trois ou qua- tre pouces de hauteur, est garnie de feuilles unies, opposées , de deux pouces de long sur six lignes de large , et sessiles a la tige : ses fleurs , qui naissent souvent simples , et quelquefois au nombre de trois ou quatre, au sommet de chaque tige, sont grosses, en forme de cloche, GEN cloche, d’une couleur d’azur foncé, et sont les plus belles de toutes celles de ce geyre. Cette plante fleurit ordinairement dans le mois de Mai, et quelquefois donne de nouvelles fleurs en automne. On la multiplie ordinairement en divisant ses racines , comme on le pratique pour la troisieme espece ; mais celle-ci ne doit pas être sou- vent transplantée ni divisée, si l'on veut qu'elle fleurisse beaucoup ; elle exige un sol mou et marneux, et une situation ombragée, au moyen de quoi elle profitera et fleurira chaque année. On la mul- tiplie aussi par ses graines, que cette plante produit en abondance, si elle se trouve dans un bon terrein; on les seme en automne, comme celles de la troisieme espece , et les plantes qui en proviennent fleuris- sent dans la seconde année, si elles som bien soignées ; leurs fleurs sont aussi plus belles que celles des plantes obtenues de boutures. Nivalis. Utriculosa. La cinquieme et la huitieme sont des plantes basses et annuelles qui naissent spon- tanément sur les Alpes et dans d’au- tres pays montagneux de l’Europe ; mais on les cultive peu dans les jar- dins. La cinquieme ne s’éleve gucres qu'a deux pouces de hauteur , et se divise en plusieurs tiges minces, garnies de très-petites feuilles, pla- cées par paires; et chaque tige est terminée par une petite fleur bleue Tome IIL GE N. 441 et érigée. La huitieme, dont la hauteur est d'environ quatre pou- ces, a une tige simple , droite et de couleur pourpre; ses feuilles radica- les sont ovales, et celles de la tige sont étroites et opposces : la tige est terminée par une fleur bleue, qui a un gros calice gonfié et plissé ; le pétale de la fleur s’éleve seulement au- dessus du calice, et n'a pas grande apparence. Quand la fleur principale est passée , il en sort sou- vent deux autres plus petites sur les côtés de la tige, aux deux nœuds supérieurs, qui fleurissent l’une apres l'autre ; celle du haut se montre la premiere , de sorte qu'elles se suc- cèdent jusqu'en automne. Comme ces plantes croissent na- turellement dans une terre humide et spongieuse , il est tres-difficile de les conserver dans les jardins; car elles ne profitent point à moins qu'on ne les place dans un sol pareil. La seule méthode par laquelle on puisse les faire naître et les con- server, est de les semer en automne dans des pots ou sur une terre hu- mide, marécageuse et ombragée. Quand les plantes poussent on les éclaircit et on les entoure avec de la terre et de la mousse, que l’on doit continuellement tenir humide ; de cette maniere j'ai vu des plantes profiter ec fleurir trés-bien. Cruciara. La sixieme est une plante vivace qui croît natureilement Kkk 442 GEN sur l'Apennin et sur les montagnes de ha Suisse; elle s'éleve à la hauteur d'environ six pouces, en une tige droite, garnie de feuilies unies, en forme de lance, de deux pouces à peu-près de longneur sur un de lirgeur au milieu, et sessiles à la tige; celles sont opposces et croisces , d'où vient le nom de Gentiane en forme de croix, que Yon donne a cette piante: ses fleurs, sessiles aux tiges, sont produites en têtes verti- cillées, sur les nœuds qui entourent leur extrémité supérieure, et leur sommet est occupé par une grappe de même forme: ces fleurs sont d’un bleu clair, et paroissent en Mai. On peut la multiplier par se- mences ou par rcjettons , comme les troisieme et quatrieme cspeces, et cile exige le même traitement. Ciliata, La scpuicme se trouve sur les Alpes et dans d’auties cantons montagneux dé l'Europe ; cette plante est basse ct vivace, et ses tiges, minces, sélevent rarement à plus de trois ou quatre pouces de hauteur; elles sont garnies de feuilles ciroites, petites, terminces en pointe aiguë, et placées par paires ; le som- met de chaque tige est occupé par une grosse fle:r bleus et velue dans Ie bord intérieur. Elle fleurit en Juillet et en Aoûe, et peut être mul- tiolite et traitée de la même ma- nicre que les troisieme ct quatrieme especes. Centaurium. La neuvicme ou la GEN petite Centaurce des boutiques, naît sans culture dans des pâturages secs de la plus grande partie de PAngle- terre; elie seleve plus ou moins, uivant que le sol est plus ou moins ferule; car dans une bonne terre elle croit souvent jusqu'à la hauteur d'un pied, etc dans une mauvaise, eile atteint tout au plus celle de trois ou quatre pouces: cette plante, qui est annuelle, pousse des tiges dreites, branchues, et garnies de petites feuiiles placées par paires; ses fleurs croissent au sommet en ombelie , et sont d'un pourpre bril-* lant ; elles paroissent en Juillet, et Icurs semences mürisent cn au- tomne : cctte espece ne peut pas être cultivée dans les jardins (1). Perfoliata. La dixieme croît spon- tanément sur des terres de craics (1) La petite Centaurée contient à" les a. Gentiane , et peut lui être subsricuée sans inconvénient ; elle est néanmoins plus incisive, et ses propriétés fébrifuges sont encore si bien établies, qu’on la joint souvent au Quincuina pour guérir des fievres opiniaties, que cette écorce seule na pu emporter, Toutes les parties de cette plante sont fort ameres, mais on préfére conmuné- ment ses sommités; on les emploie en infusion aoueuse ou en substance , ou sous forme d@’extrait, On s’en sert pour composer Ia Théria- que , le vinaigre chériacal , le sysop x À ma wie peu-pres memes principes que d’Armoise, et quelques autres composi- tions pharmaceutiques, GEN dans plusieurs parties de l'Angle- terre; elle est annuelle et s’éleve à la hauteur d’un pied avec une tige droite, garnie de feuilles à pointes ovales, dont la base environne la tige : elles sont de couleur grise, et disposées par paires ; ses tiges et ses feuilles sont fort unies : ses fleurs, d’un jaune brillant, sortent en ombelle sur le sommet de la tige , et sont découpées en huit por- tions sur leurs bords. Elle paroissent en Juillet, et leurs semences müris- sent en automne. Spicata. La onzieme est une plante annuelle que l’on trouve dans la France méridionale et en Italie; elle s'éleve à la hauteur d’un picd ; sa tige est droite, et produit vers son sommet plusieurs branches gar- nies de petites feuilles opposées : ses fleurs sortent sur les côtés et à l’ex- trémicé de la tige, en forme d’om- belle claire et irréguliere ; elles sont blanches, et à-peu-près de la mème grosseur de celies de la Cen- taurée commune. Exaltata. La douxieme a. été découverte en Amérique par le Per Plumier , et le Docteur Houstoun l'a trouvée en abondance à la Véra- Cruz, dans les lieux bas et humides où l'eau croupissoit, mais à une distance considérable de la mer, dou il a envoyé ses semences , qui ont réussi dans le jardin de Chelséa: cette plante scleve à la hauteur d'environ deux pieds, avec une tige Sey 443 droite, branchue , et garnie de feuilles oblongues, unies, à pointes aiguës et opposces : la partie haute de sa tige se divise en plusieurs four- ches, entre lesquelles sortent six ou sept pédoncules longs et nuds, qui soutiennent chacun une grosse fleur bleue divisée en cinq segmens sur ses bords ; ces fleurs sont rem- placées par des capsules cblongues et à une cellule remplie de petites semences. On la multiplie par ses graines, -que l'on seme sur une couche chaude aussitôt qu’elles sont mûres, et on traite ensuite les plantes qui en proviennent, comme les autres plantes tendres et annuelles des pays chauds ; parce qu’elles sont trop délicates pour profiter en plein air dans nocre climat. Si l'on seme ces graines en au tomne dans des pots plongés dans la couche de tan de la serre chaude, elles réussiront mieux que si l'on différoit de les mettre en terre jus- qu'au printems; d’ailleurs, par cette méthode , les plantes fleuriront de bonne heure et produiront de bon- nes semences. GENTIANE. Voy. GENTIANA. GENTIANELLA. Voyez GEN- TIANA. GERANIUM. Lin. Gen. Plant.3 46. Tourn. Inst. R. H. 266. Tab. 142. Ceticplante prend son noin de régaxes , Kkk 2° 444 GER Gr. Grue ou Cicogne , parce que son fruit ressemble au bec d’une Grue. Bec-de-Grue, Herbe de la Squinancie, ou Herbe a Robert. Caractères. La fleur a un calice persistant , et forme par cinq petites feuilles ovales; la corolle est com- poste de cing pétales en forme de cœur et tout-à-fait ouverts; ces pétales sont égaux dans quelques especes, mais dans d’autres, les deux supérieurs sont beaucoup plus grands que les trois du bas : cette fleur a dix ¢tamines alternativement plus longues, mais plus courtes que la corolle, et terminces par des som- mets oblongs. Dans son centre est placé un germe à cinq angles, qui soutient un style en forme d’alène, plus long que les étamines, persis- À ‘ : tant , et surmonté par cing stigimats réfiéchis : à cette fleur succèdent cinq semences en forme de bec de Grue , dont chacune est enveloppce dans un légume aussi long que le style , autour duquel elles sont tor- tillées à la pointe. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la seizieme classe de LINNEE, qui renferme celles dont les fleurs ont dix étami- nes, et dont les parties males et femelles sont jointes en un corps. Tournefort la place dans la sixieme section de la sixieme classe, ou il range les especes à fleurs en Rose, dont le pointal devient un fruit à plusicurs capsules, G EVR Les especes sont : 1°. Geranium pratense pedunculis bi-floris , foliis sub-peltatis , multi-par- titis, pinnato-laciniatis , rugosis , acu- tis , petalis integris. Hore. Cliff. 344. FI. Suec. 573 »618. Roy. Lugd.-B. 350. Burm. Ger. 16. Gmel. Sib, 3. p. 274. Scap. Carn, ed. 2. n. 852. Neck. Gallob. 291. Gmel. It. x. p. 8. Pollich. Pal. n. 648. Gmel. Tub. p. 208. Kniph. Cent. 5. n. 36; Bec-de-Grue avec deux fleurs sur chaque pédoncule , des feuilles en forme de bouclier , découpées en plusieurs segmens aigus, et des pétales entiers. Geranium Batrachioïdes, Gratia dei Germanorum. C. B. p. 318. Bec- de-Griie avec unc feuille à pied de corbeau , et une grosse fleur bleuc. Geranium 3. Batrachioides majus. Clus. Hist. 2. p. 100. 2°. Geranium Macrorrhizum, pedun- culis bi-floris , calycibus inflatis , pistillo longissimo. Hort. Cliff. 343. Roy. Lugd.-B. 350. Burm. Ger. 10. Kniph. Cent. 11. n. $2. Bec-de- Grue avec deux fleurs sur chaque pédoncule , des calices gonflés, et de fort longs pistiles. Geranium Batrachioïdes odoratum. Bauh. Pin. 318. Moris. Hist. 2. p- ÿ14. sive 4. & 16. fs £5. Geranium Batrachioides , longiès radicatum , odoratum. J. B. Hist. 3. p- 477. Bec-de-Grue qui répand une odeur agréable, et dont les GER racines sont longues et les feuilles en forine de pied de Corbeau. 3°. Geranium sanguineum ; pedun- culis uni-floris, foliis quinque-partitis, trifidis , orbiculatis. Lin. Sp. Plant. 685. Burm. Ger. 3. Pollich. Pal. Ne 65 5. Martusch. Sil. n. § 10. Kniph. Cent. 7. n 28. Bec-de-Grue avec une fleur sur chaque pédoncule, et des feuilles orbiculaires divisées en trois parties, et sous-divisées en cinq. Geranium VII. hamatodes. Hist. 2,p. 2.02. Geranium sanguineum , maximo flore. H. Ox. Bauh. Pin. 318. Bec- de-Grue couleur de sang , ayant une très-grosse fleur sanguine. Geranium pedunculis simplicibus , uni-floris. Hort. Cliff. 343. Fl. Suec. 5715 616. 4°. Geranium Lancastrense pe- Clus. dunculis uni-floris , foliis quinque-par- titis , laciniis obtusis , brevibus , cau- libus decumbentibus ; Bec-de-Grue avec une fleur sur chaque pédoncule, des feuilles divisées en cinq parties, dont les segmens sont couris et émoussés , et les tiges penchces. Geranium hematodes Lancastrense , flore eleganter striato. Dill. Elth. t. 163.f. 163. Bec-de-Grue couleur de sang, avec une fleur élégamment rayée. 5°. Geranium nodosum, pedunculis bifloris , foliis caulinis , trilobis , in- tegris, serratis ; summis sub-sessilibus. Hort. Cliff. 343. Roy. Lugd.-B. 350. GER 445 Burm, Ger.7.Bec-de Grue avec deux fleurs sur chaque pédoncule, des feuilles sur les tiges, à trois lobes entiers et sciés, et des feuilles supé- rieures sessilles. Geranium §. 6. nodosum, plateau. Clus. Hist. 2. p. 101. Bec-de-Grue noueux. ' Geranium nodosum. Bauh, Pin. 318. 6°. Geranium Phaum , pedunculis bifloris foliisque alternis , calycibus sub-aristatis, caule erecto, petalis un- dulatis. Lin. Sp. Plant. 681. Burm. Ger. 11. Jacq. Vind. 122. Mattusch. Sil. n.505.Kniph. Cent. §.n. 35. Bec- de-Gruë avec deux feurs sur chaque pédoncule, des feuilles alternes, des calices barbus, une tige érigée, et des pétales ondés. Geranium pedunculis bifloris, al- ternatim caule integro supernè nudius- culo insidentibus. Hort. Cliff. 343. Hort. Upsal. 198. Roy. Lugd.-B.3 50. Geranium Batrachioides hirsutum , flore atro-rubente. Bauh. Pin. R18. Geranium 1. pullo flore. Clus. Hist. 2: Ps 90e Geranium Phaum sive fuscum , pe- talis reflexis , folio non maculoso. H. L. Bec-de-Gruë brun avec des pé- tales réfléchis, et des feuilles sans taches. 7°. Geranium fuscum, pedunculis bi- foris , foliis quinque-lobatis , incisis , petalis reflexis. Bec-de-Grue avec “deux fleurs sur chaque pédoncule, des feuilles divisées en cinq lobes, AAG GER ex découpées, et des pétales ré- fiéchis. Geranium pedinculis bifloris , op- positis foliis geminis, caule patulo, petalis integerrimis. Mant. 97. Geranium Phaum sive fuscum , petalis rectis seu planis , folio macu- lato. H. L. Bec-de-Grue brun, avec des pétales unis et des feuilles ta- chetées. Geranium montanum fuscum. Bauh. Pin. 318. 8°. Geranium striatum; pedunculis bifloris, altero breviore, foliis quinque- lobis 5 medio dilatatis , petalis bilobis venoso-reticulatis. Burm. Ger. 6. Lin. Amen. Acad, 4. p. 282. Rec-de- Grue avec deux fleurs sur chaque pedoncule, lune plus grosse que l'autre, ayant des feuilles à cine lobes, et des fleurs à deux lobes. Geranium Romanum , versicolor sive striatum. Park. Parad. 229. Moris. Hist. 2. p. § 16 sive $.r, 10. f. 24. Raj. Hist. 1063. Bec-de-Grue Romain avec des fleurs rayces, 9°. Geranium Sylvaticum , pedun- culis bifloris, foliis sub-peltatis, quin- que-lobis , inciso-serratis, caule erecto petalis emarginatis. Flor. Lapp. 266. Flor. Suec. §725 617. Hort. Cliff. 344. Roy. Lugd.-B. 351. Burm. Ger. 12. Scop. Carn. ed. 2. n. 851. Weck. Gallob. 190. Bec-de-Grue avec deux fleurs sur chaque pédoncule, des feuilles en forme de lance, à cinq lobes et profondément sciées, une tige crigéc, et des pétales échancrés. GER Geranium Batrachioïdes montanum nostras. Ger. Bec-de-Grue de mon- tagne avec des feuilles à picd de Corbeau. Geranium Batrachioides , folio . Aconiti. Bauh. Pin. SIN 10°. Geranium Orientale, peduna culis bifloris ; foliisque oppositis , petalis integris , calycibus brevioribus. Bec-de-Grue du Levant, a pied de Pigeon, avec des feuilles opposées, deux eurs sur chaque pédoncule, et de très-courts calices. Geranium Orientale , columbinum , flore maximo , Asphodeli radice. E, Cor. Bec-de-Grue Oriental 4 pied de pigeon, avec une racine d’Aspho- delle et une grosse fleur. 11°. Geranium perenne 5 pedun- culis bifloris , foliis inferioribus quin- que-partito-multi-fidis rotundis ; su- perioribus trilobis , caule erecto. Huds. Flor Ang. 1265. Bec-de-Grue avec deux fleurs sur chaque pédorcule, des feuilles basses à cinq lobes et à plusieurs pointes, des feuilles hautes à trois lobes, et une tige érigée. Geranium columbinum , pereane, Pyrenaicum , maximum. Tourn. Inst. R. H. 268; le plus grand Bec-de- Grue vivace, a pied de pigeon, des Pyrénées. Geranium Pyrenaicum. Lin, Syst. Plane. tom. 3. p. 320. Sp. 41. 12°. Geranium Alpinum , pedun- cuits longissimis ; multi-floris , caly- ibus aristatis , foliis bipinnatis. Bec- de-Grue avec de fort longs pédon- GER cules qui soutiennent plusieurs feurs; des calices barbus, et des feuilles à pointes doublement ailes. Geranium Alpinum Coriandri folio, longiès radicatum , flore majore pur- pureo. Miche’. Bec-de-Grue des Alpes a feuilles de Coriande, ayant une longue racine et une grosse fleur pourpre. 13°. Geranium argenteum, peduncu- culis biftoris, foliis sub-peltatis, sep- sem-partitis , trifidis , tomentoso-se- riceis , petalis emarginatis. Amen. Acad. 4. p. 324. Burm. Ger. 8. Bec- de-Grue avec deux fleurs sur chaque pédoncule , des feuilles en forme de bouclier, divisées en sept parties et argentées, et des pétales échancrés. Geranium argenteum montis Baldi. Bauh. Hist. 3. p. 474. Geranium argenteum Alpinum. C. B. p- 318. Bec-de-Grue des Alpes argenté. 14°. Geranium maculatum, pedun- culis biftoris ; dichotomo , erecto; foliis quinaue-partitis , in- cisis ; summis sessilibus. Flor. Virg. 78. Burm. Ger. 17. Bec de-Grue avec deux fieurs sur chaque pc- doncule , des tiges droites ct di- visces par paires, et des feuilles di- visces en cinq segmens, dont les su- périeures sont sessiles à la tige. Geranium Batrachioides , Ameri- caule canum 5 maculatum , floribus obsolete ceruleis. Hort. Filth. 158. t. 15351; f. 159. Bec de-Grue tacheté d’Amé- rique, avec des ficurs d’un bleu usé. GER 447 15°. Geranium Bohemicum, pedun- cuis bifloris , petalis emarginatis , arillis hirtis 5 cotyledonibus trifidis ; medio truncato. Burin. Ger. 24. Lin. Amen. Acad. 4. p. 323. Bec-de- Grue avec deux ficurs sur chaque pédoncule , des pétales dentelés, des barbes velues, et des feuilles di- visies cn trois parties, Geranium annuum, minus , Batra- chioides , Bohzmicum , purpureo-vio- laceum. Mor. Hist. 2, $11. Prel. 267; le plus petit Bec de-Grue an- nuel de Boheme, à fleurs d'un pour- pre violer. Geranium Batrachioïdes, Poheri- cum; capsulis nigris , hirsutis. Dill. Elth. 159. t. 133.f. 160. Geranium Bohemicim, Batrachioï: des , annuum. Raj. Hist. 1063. 16°. Geranium Sibericum , pedun- culis sub-uni-floris, foltis quinque-par- titis , acutis ; foliolis pinnati-fidis. Lin. Sp. Plant. 68 3. Burm. Ger. 3 Gmel, 3- t. 67. Jacq. Hort. t. 19. Kniph. Cent. 10. n. 48. Bec de-Grue avec une fleur sur un pedorcule , des feuilles divisées en cing patties , et de petites feuilles en peintes aîlées. 19% dunculis multi-floris , floritus pentan- driis ; foliis pinnatis , incisis , coty- ledonibus pinnati-fidis. Burm. Ger. 29. Jacq. Hort. t. §§. Pall. it. 3. p 588. Scop. Carn. ed. 2. n. 854. Fec-de- Grue à feuilles “écoupées ct ail¢es , ey Sib. Geranium moschatum ; pe- et ayant sur chaque pédoncule piu- sicurs ficurs à cinq ¢tamines. 448 GER Geranium , Cicute folio, moscha- tum, C. B. p. 319. Bec-de-Gruc à odeur de musc , communément ap- pele musqué. Geranium moschatum. Riu. Pent. Trres:ir. 110. Wt. 18°. Geranium gruinum , pedun- culis sub-multi-floris , floribus pentan- driis , foliis ternatis , lobatis. Burm, Ger, 32. Kniph, Cent. 7. n. 26. Bec- de-Grue avec plusieurs fleurs sur un pédoncule , cing ¢tamines à chaque fleur, et des feuilles à lobes dé- coupés en trois segmens. Geranium pedunculis bifloris pen- tandriis, radice annua. Vire. Cliff. 66. Roy. Lugd.-B. 3 52- Geranium lati-folium annuum , ce- ruleo flore 5 acu longissima. H. Ox. Bec-de-Grue annuel à larges feuilles, avec des fleurs bleues, et de fort longs becs. Geranium speciosum annuum , lon- gissimis rostris , Creticum, Bauh, Hist. 3+ P. 479: 19°. Geranium ciconium , pedun- culis-multi floris, calycibus pentaphyl- lis, floribus pentandriis, foliis pinnatis, acutis , sinuatis. Lin. Sp. Plant. 680. Bec-de-Grue avec plusieurs fleurs sur chaque pédoncule, ayant des calices à cinq feuilles, cinq étami- nes aux fleurs, et des feuilles aïîlécs, découpées et aiguës. Geranium Cicuta folio, acu lon- gissimd. C. B. p. 319. Bec-de-Grue à feuilles de Ciguë, ayant de fort longs becs aux semences, GER Geranium Apulum Coriandri-folium. Col, Ecphr. 1. p. 136.0. 135. 20°. Geranium viscosum, peduncu= lis multi-floris , calycibus pentaphyllis, floribus pentandriis , foliis bipinnatis , multi-fidis caule erecto ; Bec-de-Grue avec plusieurs fleurs sur chaque pc- doncule , des calices à cinq feuilles, des fleurs avec cinq ¢tamines, et plusieurs feuilles pointues et ailées. Geranium Cicute folio , vicosum , erectum , acu longissimä. Jussieu. Bec- de-Grue érigé et visqueux à feuilles de Ciguë et à fort longs becs. 21°. Geranium cucullatum , ca- lycibus monophyllis , foliis cucullatis , dentatis ; caule fruticoso. Hort. Cliff. 345. Hort. Upsal. 196. Roy. Lugd.- B. 353. Burm. Ger. 42. Bec-de- Gruë en arbrisseau avec un calice dune feuille, et des feuilles dente- Ices en chaperon. Geranicum Africanum arborescens, Hibisci folio rotundo , Carline odore. H. L. 274. t. 2175. Bec-de-Grue d'Afrique en arbre, à feuilles rondes de Mauve, et à odeur de Carline. Geranium Africanum maximum. Riu. Pent. 325. 22°. Geranium angulosum ; caly- cibus monophyllis, foliis cucullatis , angulosis ; acutè dentatis. Bec-de- Grue avec un calice d’une feuille, et des feuilles angulaires en chaperon, et fortement dentelées. Geranium Africanum, arborescens, Hibisci folio anguloso, floribus amplis, purpureis. Phil, Trans. 388. Bec-de- Grue GER Grue en arbre, d'Afrique, avec une feuille de Mauve angulaire, et de grosses fleurs pourpre. 23°. Geranium zonale , calycibus monophyllis, foliis cordato-orbiculatis , notatis , caule fruticoso. Hort. Upsal. 196. Burm. Ger. 43. Bec-de-Grue avec un calice d'une feuille, et des feuilles rondes en forme de cœur et découpes, ayant une marque en cercle. Geranium Africanum, arborescens, Alchimille hirsuto folio, floribus ru- bicundis. Com. Prel. 51. t. 1. Bec- de-Grue en arbre, d'Afrique, avec une feuille velue de pied de Lion, et des fleurs rouges. 24°. Geranium inquinans , caly- incisis , zona cibus monophyllis , foliis orbiculato- reni - formibus , tomentosis , crenatis, integriusculis , caule fruticoso, Hort. 195. Burm. Ger. 46. Kniph. Upsal. Cent. 3. n. 42. Bec - de - Gruc avec un calice d’une feuille , et des feuilles rondes en forme de rein, coton- neuses, crenelées et enticres , et une tige d’arbrisseau. Geranium calycibus monophyllis ; foliis florentibus , erectis , sub-cor- datis. Hort. Cliff. 345. Roy. Lugd.- B. 353: : Geranium Africanum, arborescens Malve folio plano , lucido , flore ele- gantissime Kermesino. Divan. Leur. Boérh. Ind. Bec de Grue en arbre, d'Afrique , avec une feuille de Mauve unie et luisante, et une fleur écarlate Clégante. Tome III GER 449 Geranium Africanum arborescens , Malve folio pingui, flore coccineo. Dill. Elysees V5 2- 2 5°. Geranium capitatum, celycibus monophyllis , foliis lobatis , undatis, villosis , capiratis, caule fruricoso. Hort. Upsal. 196. Burm. Ger. 41. Bec-de-Grue avec des calices d’une feuille, des feuilles en lobes, ondées, rapprochées en tête, velues, et une tige d’arbrisseau. Geranium calycibus monophyllis ; floribus capitatis , foliis cordatis, lo- batis , crenatis , pilosis. Hort. Cliff. 345. Roy. Lugd.-B. 353. Geranium Africanum , frutescens 5 Malva folio odorato, laciniato. H. L, 277. t. 278. Bec-de-Grue en ar- brisseau, d'Afrique, à feuilles de Mauve découpées, et d'une odeur agréable. j 26°. Geranium viti-folium , ca- lycibus monophyllis , foliis adscenden- tibus , lobatis , pubescentibus , caule fruticoso. Hort. Upsal. 196. Burm. Ger. 40. Bec-de-Grue avec des ca- lice d’une feuille , des feuilles mon- tantes, a trois lobes, et couvertes d'un poil mou, et une tige d'ar- brisseau. Geranium Africanum arborescens, yitis folio , odore Melissa. Dill. Elth. EGtect E26. f-\1-5 3. Geranium Africanum , frutescens , Malye folio laciniato , odorato instar Melisse , flore purpurascente. Boërh. Ind. Bec-de-Grue en arbrisseau d'Afrique, avec une feuille de Lil GER & dentelée, à odeur de Me- lisse, produisant une fleur pourpre. 27°. Geranium papilionaceum ; ca- licybus rronophyllis , corollis papilio- naceis, alis carinaque minutis ; foliis angulatis , caule fruticoso. Hort. Cliff. 345. Hort, Upsal. 197. Roy. Lugd.- B. 35 3. Burm. Ger. 49. Kniph. Cent. 7.n. 27. Bec-de-Grue avec un calice dune feuille, une fleur papilion- nacée , dont les ailes et ‘la carène sont fort petites, et une tige d’ar- brisseau. Geranium Africanum arborescens , frore veluti dipetalo , eleganter varie- gato, Dill. Elth.124.t.128.f.! 55. Geranium Africanum arborescens , Malve folio mucronato , petalis florum inferioribus vix conspicuis. Phil. Trans. Mart. Cent, 2 §.°t-. 15 - Bec- de- Grue d'Afrique en arbre , avec une feuille de Mauve pointue, et dont les pétales inférieurs de la fleur sont à peine visibles. 28°. Geranium Acetosum , caly- cibus monophyllis , foliis glabris , ob- ovatis, carnosis , crenatis , caule fruti- coso laxo. Hort. Cliff. 345. Roy. Lugd.-B. 5 § 1. Burm. Ger. 47. Kniph. Cent. 11. n. 28. Bec-de-Grue avec des calices d’une feuille , des feuilles unies, ovales, charnues et crene- kKes, et une tige d’arbrisseau. Geranium Africanum , frutescens , + folio crasso et glauco, Acetosæ sapore. Com. Prel. 54. t. 4. Bec-de-Grue en arbrisseau , d'Afrique , à feuilles GER épaisses, de couleur vert-demer, ayant un goût acide. 29°. Geraniumcarnosum calycibus y monophyllis, caule fruticoso , articulis. carnoso-gibbosis , foliis pinnati-fidis , laciniatis , petalis linearibus. Lin. Sp. Plant. 67. Ameen. Acad. 181. Burm. Ger. 5 1. Bec-de-Grue avec un calice d’une feuille , une tige d’arbrisseau, des feuilles charnues, articulées et à pointes aîlées, et des pétales fort RTE étroits. Geranium Africanum, carnosum ; petalis angustis , albicantibus. Dill. Eh: 153. 't: 127. f. 194: Geranium Africanum , frutescens ; Chelidonii folio , petalis florim an- gustis 5 albidis » Phil. Trans. Geranium Africanum, folio Alcea » flore albo. Boérh, Ind. Alt. Bec-de- Grue enarbrisseau, d’ Afrique, à feuil- les de Mauve, ayant des pétales blancs et étroits, et une tige char- nue. 30°. Geranium gibbosum , calÿci- bus monophyllis , caule fruticoso, geni- carnoso caudice. culis carnosis gibbosis , foliis sub- pinnatis , oppositis. Lin. Sp. Plant. 677. Burm. Ger. So. Kniph. Cent. 8. n. 46. Bec-de-Grue , avec un calice d'une feuille, une tige d’arbrisseau articulée et charnue , et des feuilles aileés et opposces. Geranium calycibus monophyllis , geniculis nodosis , internodiis fili-formi- bus. Roy. Lugd.-B. 3 5 4. Geranium Africanum noctà olens , GER tuberosum & nodosum , Aquilegia foliis. H. L. 284. 2.285. Stiss. Bot. 111. t. 111. Burm. Afric. t. 37. f. 2. Bec- de-Grue d’Afrique , ayant une douce odeur pendant la nuit, avec des tiges noueuses et tubéreuses , et des feuilles d’ Ancholie. 31°. Gsranium fulgidum, calycibus monophyliis, foliis tripartitis, incisis, parte intermedia majore umbellis , ge- minis , caule fruticoso , carnoso. Lin. Virg. 67. Hort. Cliff. 498. Roy. Lugd.-B: 353. Burm. Ger. 52. Bec- de-Grue avec descalices d'une feuille, des feuilles découpées en trois seg- mens, dont celui du milieu est le plus large , des doubles pédoncules de fleurs en ombelles, et une tige d’arbrisseau charnue. Geranium Africanum , folio Alcee, flore coccineo, fulgidissimo. Boérh. Ind. Alt.. 1. p. 264. Dill. Elth. 156. t. 130.f 137. Bec-de-Grue d’A- frique à feuilles de Mauve et de Ver- veine, ayant une fleur de couleur écarlate brillante. à Geranium Surinamense , Chelidonii folio , flore coccineo , petalis æquali- bus. Till. Pis. 68. t. 26. 32°. Geranium peltatum calycibus monophyllis , foliis quinque-lobis, inte- gerrimis, glabris, peltatis , caule fruti- soso. Hort. Cliff 345$. Roy. Lugd.-B. 352. Burm. Ger. 48. Kniph. Cent. 6. n. 43. Bec-de-Grue avec des calices d’une feuitle , et des feuilles unies, en forme de bouclier , et à cing lobes entiers. (GEOR ASI Geranium Africanum , foliis infe- rioribus Asari 5 Superioribus staphisa- griæ , maculatis , splendentibus , et Acetosa sapore. Com. Præl. $2. t. 2. Bec-de-Grue d’Afrique , dont les feuilles basses ressemblent à celles du l'Asarum , et les supérieures à celles du Staphisaigre , et qui sont en même-tems tachet¢es , luisantes , et d’un gout acide. - 33°. Geranium alchimilloïdes, caly- cibus monophyllis , foliis orbiculatis , palmatis , incisis , pilosis , caule her- baceo decumbente. Vir, Cliff: 345. Hort. Ups. 197. Roy. Lugd.-B. 354. Burm. Ger. 55. Bec-de Grue avec des calices d’une feuille , des feuilles rondes en forme de main, centeles et velues, et une tige herbacée tombante. Geranium Africanum Alchimille hirsuto folio , floribus albidis. H. I, 282, 283. Stiss. Bot. 107. 2. 107. Bec-deGrue d'Afrique, avec une feuille de pied de Lion veluc, et une fleur blanche. Geranium calycibus monophyllis , lon gissimis , sessilibus , fructu assurgente , foliis palmatis , crenatis. Hort. Cliff. 245. 349%. Geranium odoratissimum ca- lycibus monophyllis , caule carnoso , brevissimo , ramis herbaceis , longis , foliis cordatis , mollissimis. Hore. Cliff. 345. Roy. Lugd-B. 454. Burm. Ger. §§. Kniph. Cent. §. 2. 34. Bec- de-Grue avec des calices d’une feuille , une tige fort courte et chars JA z 452 GER nue, des branches longues et herba- cées, et des feuilles en forme de cœur et molles. Geranium Africanum humile , folio fragantissimo molli. Dill. Elth. 157: dits Te 436 Geranium Africanum, folio Malve crasso » molli , odoratissimo , flosculo pentapetalo , albo. Boërh. Ind. Ale. Bec-de-Grue d’Afrique avec une feuille épaisse , molle, et d’une douce odeur de Mauve, ayant une petite fleur blanche composée de cinq pétales. 35°. Geraniumtriste, calycibus mo nophyllis , sessilibus, scapis bifidis 5 monophyllis. Lin, Sp. 950. Knorr. Del. Hert 1.4. $. 19. Kniph. Cent. 7. n. 29. Bec-de Grue avec des calices d'une feuille et sessiles, ayant une tige divisée en deux parties, et une racine ronde. Geranium calycibus monophylis , tubis longissimis ; sub-sessilibus , ra- dice sub-rotundä. Hort. Cliff. 344. Geranium Americanum , noctà olens, radice tuberosä , triste. Corn. H. Ox. Bec-de Grue d'Amérique, à racines bulbeuses, qui répandent une odeur agréabie pendant la nuit. Geranium triste. Corn. Can. 109. £& E10. 36°. Geranium Myrrhi-folium, ca- bycibus monophyllis , foliis bipinnatis , inferioribus cordatis , lobatis , caule herbaceo , strigosis. Burm. Ger. §9. Berg. 178. Kniph. Cent. 10. a. 47. Bec-de-Grue avec des calices Cap. GER d'une feuille, des feuilles pointues doublement ailées, dont les lobes inférieurs sont en forme de cœur; et une tige herbacéc. tebe Africanum tuberosum , Anemones folio, incarnato flore. Herm. Par. 179. t. 28 1. Bec-de Grue d’A- frique à racines tubéreuses , avec une feuille d Anémone , et une fleur de couleur de chair-pale. Betonice folio laciniato et maculato , floribus Lugd.-B. 279. Geranium Africanum , incarnatis. Herm. É 2.08% Geranium Æthiopicum , Myrrhidis folio, flore magno , striato. Breyn. Cent. 129. t. S9. ; 37°. Geranium Pastinace-folium , calycibus monophyllis , foliis decompo= sitis ; pinnati-fidis , acutis , pedunculis longissimis ; Bec-derGrue avec des éreet à une feuille, des feuilles dé- composées , et terminées en pointes aiguës et ailées, et de fort longs pe- douée aux fee Geranium Africanum , noctà olens , radice tuberosä , foliis Pastinace incar- natis , lanuginosis , latioribus , flore pallidè flavescente, H. L. B. Bec-de- Grue à odorante odeur la nuit , avec une racine bulbeuse, des feuilles larges, laineuses , velues et en forme de Panais, et une fleur d’un jaune- pâle. 38°. Geranium villosum , calycibus monophyliis ; foliis pinnati-fidis , vil- losis , laciniis linearibus ; Bec-de- Grue avec des calices d’une feuille, GER des feuilles velues et à pointes aîlées, ayant des segmens fort étroits. Geranium Æthiopium, nocti olens , radice tuberosa, foliis Myrrhidis an- gustioribus. Breyn. Cent. 126. t. §8. Bec-de-Grue d Ethiopie a odeur agréable pendant la nuit, avec une racine bulbeuse , et des feuilles de Séséli très-étroites. 39°. Geranium lobatum , calycibus monophyllis , caule truncato, scapis sub-radicalibus ; umbellä composita. Lin. Sp. 950. Bec-de-Grue avec des calices d’une feuille , une tige tron- quée, des pédoncules qui s'élevent de ja racine, et des fleurs en om- belle composée. Geranium calycibus monophyllis , tubis longissimis , sub-sessilibus , radice sub-rotundä , foliis lobatis , crenatis , hirsutis , Roy. Lugd.-B. 352. Burm. Ger. 58. Geranium Africanum , noctà olens , folio vitis hirsuto , tuberosum. H. L. Comm. Hort. 2. p. 123.t. 62. Bec- de-Grue d'Afrique à odeur douce pendant la nuit, avec une feuille de Vigne velue, et une racine tu- béreuse. 40°. Geranium Coriandri-folium , calycibus monophyllis, foliis bipinnatis , linearibus , squarrosis , caule herbaceo laviusculo. Lin. Sp. 949. Bec-de- Grue avec des calices d’une feuille, des feuilles rudes doublement ailées, et une tige fort unie. Geranium Africanum, folio Corian- dri, floribus incarnatis, minus, H. L, GER 453 279. t. 280. Le plus petit Bec-de- Grue d'Afrique, à feuilles de Co- riandre , ayant une fleur couleur de chair. : Geranium foliis Coriandri. Riv, Pent. t. 106. 41°. Geranium Romanum, pedun- culis multi-floris , floribus pentandriis, foliis pinnatis , incisis , scapis radica~ libus, Burm. Ger. 30. Bec-de-Grue avec plusieurs fleurs à chaque pédon- cules, des feuilles découpées ét aîlées, et des pédoncules qui s’éle- vent de la racine. = Geranium Myrrhinum, tenui-folium, amplo flore pupureo. Barrel. Car. $ 68. LU 1 245- 42°. Geranium Grossularioides ca- lycibus monophyllis , foliis cordatis , sub-rotundis , lobatis ; crenatis , caule herbaceo lavi. Burm. Ger. 5 3. Bec-de- Grue avec des calices d’une feuille , des feuilles rondes en forme de cœur et crénelées, et des tiges unies et herbacées. Geranium Africanum , Uve crispe folio , calycibus procumbentibus , flori- bus exiguis ,H. L. 287. t. 289. Bec- de-Grue a feuilles de Groseiller avec des calices tombans, et de petites fleurs rougeatres. Geranium pedunculis bifloris , foliis cordatis , incisis, glabris , caulibus fili- formibus , procumbentibus. Roy. Lugd.- B. 351. 43°. Geranium Betulinum, calyci- bus monophyllis , foliis ovatis , ina- qualiter serratis , planis , eaule fruti- 454 GER coso. Lin. Sp. Plant. 669. Burm. Ger. 38. Berg. Cap. 175. Bec-de- Grue avec des calices à une feuille , des feuilles ovales , unies et inégale- ment sci¢es, et une tige d’arbris- seau. Geranium frutescens , folio sub-ro- tundo , dentato , flore purpureo. Burm. Afr. 92.6. sf. 2. Geranium frutescens , folio lato , dentato, flore magno , rubente. Burm. ‘Afr. 92. Tab. 33. f. 1.’ Bec-de- Grue en arbrisseau, ayant une feuille large et dentelée, et une grosse fleur rougeatre. Geranium fruticosum , Betula folio , Africanum. Raj. Suppl. $13. 44°. Geranium Chium pedunculis multi-floris , floribus pentandriis , foliis inferioribus cordatis , incisis , superiori- bus lyrato-pinnati-fidis. Burm. Ger. 2 §. Bec-de-Grue avec plusieurs fleurs sur chaque pédoncule , des feuilles basses en forme de cœur et découpées , et des feuilles hautes en forme de lyre et ailces. Geranium Chium , vernum , Caryo- phyllate folio. Tourn. Cor. 20. Mart. Cent. 4. t. 4. 45°. Geranium Malacoides , pedun- culis multi-floris , floribus pentandriis , foliis cordatis, sub-lobatis. Hort. Cliff. 344. Hort. Ups. 198. Roy. Lugd-B. 352. Sauv. Monsp. 154. Burm. Ger. 34. Fabric. Helmst. 264. Kniph. Cent. 11. 1. §3- Bec-de- Grue avec plusieurs fleurs sur cha- que pédoncule, et des feuilles en GER forme de cœur, et un peu divisées en lobes. Geranium folio Althæe. C. B. pag. 318. Geranium Malacoides. 662. Geranium pedunculis biftoris , foliis ovatis , hirsutis , crenato-incisis , obtu- Lob. Ie. Sis. caulibus procumbentibus. Koy. Lugd.-B. 391. 46°. Geranium glauco-phyllum, pe- dunculis muiti-floris , floribus pentan- driis, foliis ovatis , serratis, incanis li- neatis. Lin. Sp. 9 § 2. Bec-de-Grue avec plusieurs fleurs sur.chaque pédon- cule , ayant des feuilles ovales, sci¢es, blanches et marquées de plusieurs signes. Geranium _Ægyptiacum glauco- phyllon , roftris longissimis , plamosis. Dill. Elche 150. € 124. fe se: Geranium pusillum argenteum , He- liotropii minoris folio. Shaw. Afr. 260. t. 260. 47°. Geranium Carolinianum, pe- dunculis bifloris , calycibus aristatis , foliis multi-fidis , arillis hirsutis, peta- lis emarginatis. Prod. Leyd. 351. Gron. Virg. 100. Burm. Ger. 24. Kniph. Cent. 10. n. 46. Bec-de- Grue avec deux fleurs sur chaque pedoncule, des calices barbus, plu- sieurs feuilles pointues, des becs velus et des pétales échancrés. Geranium columbinum Carolinum , capsulis nigris hirsutis. Hort. Elch. FOX 2.03557: 162. 48°. Geranium Althaoides , calyci- GER bus monophyllis , foliis cordata-ova- tis , plicaris, sinuatis, crenatis , carle herbaceo prostato. Hort. Cliff. 345. Roy. Lugd-B. 354. Burm. Ger. 54. Bec-de-Grue ayant des calices d’une feuille , des fouilles ovales, pliss¢es , en forme de cœur et dentelées, et une tige couchée et herbacée. Geranium folio Altheæe , Africa- num , odore Melissa. Boerh. Ind, 1. P- 263. Pratense. La premiere espece qui croît naturcHement dans les prairies humides de plusieurs cantons de J'An- gleterre, est souvent cultivée dans les jardins pout la beauté de ses grosses fleurs bleues ; on en connoit une variété à fleurs blanches, et une autre à fleurs panachées., qui sont sujettes à dégénérer en espece commune , si on les éleve de semences; mais en divisant leurs racines, on peut les conserver. La racine est vivace et produit plusieurs tiges, hautes d’environ trois pieds, et garnies de feuilles en forme de rondache, divisées en six ou sept lobes , découpées en plusieurs seg- mens aigus , de même que ses feuilles ailes, et terminées en plusieurs poin- tes : ses fleurs naissent aux extrémi- tés des tiges, au nombre de deux sur chaque pédoncule, leurs pétales sont larges et égaux ; elles sont d’un beau bleu, et paroissent dans les mois de Mai et de Juin. Les variétés de cette espece peu- vent se conserver, en divisant leurs GER 4°S racines en autonine , elles réussissent dans presque tous les sols ct à toutes les expositions , et elles n’exigent aucune autre culture que d'être te- nue nettes de mauvaises herbes, ciles se multiplient aussi par semences ; mais par cette méthode leurs fleurs changent souvent de couleur. _Si on leur donne le tems de ré: pandre leurs graines , elles se multi- plieront sans aucun soin. Macrorrhizum. La seconde est ori- ginaire de] Allemagne et de la Suisse, elle a une racine épaisse , charnue et vivace, de laquelle sortent plu- sieurs tiges branchues, hautes d’en- viron un pied , et garnies à chaque nœud de feuille d’un vert clairunies, divisées en cing lobes , sous-divisées encore à leur extrémité , en plusieurs segmens courts, et crénelées sur leurs bords; les fleurs réunies en paquets, et placées deux à deux sur chaque pedoncule , sont produites aux ex- trémités des branches; elles ont des calices gonflés , semblables à des ves- sies enfles ; leurs pétales sont assez larges, égaux ct d’un beau pourpre brillant ; leurs étamines et leurs sty- les sont beaucoup plus longs que la corolle : toutes les parties de cette plante, lorsqu'on les froisse , répan- dent une odeur agréable ; elle fleu- rit dans le méme-tems , à-peu-près, que la précédente; et comme elle est également dure, elle peut être multi- pliée et traitée de la même maniere. Sanguincum. La troisieme qu’on 456 GER rencontre dans plusieurs parties de l'Angleterre, est souvent admise dans les jardins ; ses racines épaisses, char- nues, fibreuses et dispostes en grosse tête , produisent plusieurs tiges, garnies de feuilles divisées en cinq lobes , et soris-divisées presque jus- qu'à la côte du milieu; ses fleurs naissent chacune sur un pédoncule séparé , long et velu, qui sort des parties latérales de la tige ; elles ont cinq pétales larges, réguliers, et teintsen pourpre foncé. Cette espece fleurit en Juin et Juillet; elle donne deux variétés, qu'on regarde comme des especes distinctes ; les tiges de l'une sont plus érigées , et l’autre a des feuilles plus profondément divi- sées; mais comme les plantes de cette derniere que j'ai élevées de semences ne ressembloient point aux plantes meres, je pense qu'elles ne sont que des variétés séminales. On multiplie cette espece en au- tomne , en divisant sa racine vivace, ou bien par ses semences, qu'on traite de la même maniere que celles de la premiere espece ( 1 ). (1) Ce Geranium , et quelques autres especes communes, sont employées en médecine , comme astringeantes , dans les cours de ventres et les dyssenteries opiniatres , on les donne alors en décoc- tion ; mais on administre le suc que l’on en exprime, dans les pertes de sang et les hémorrhagies. On se sert plus fréquemment de ces plantes extérieurement, dans les fluxions GER Lancastrense. La quatrième a été regardée par plusieurs Botanistes comme une variété de la troisieme ; mais aprés les avoir multiplices l'une ’ et l’autre pour leurs graines, je les ai vu constamment se reproduire sans altération , je les regarde com me des espèces distinctes. Les tiges de celles-ci sont plus courtes que cel- les de la troisieme , et tout-à-fait couchées sur la terre; ses feuilles sont beaucoup plus petites et moins profondément divisées ; ses fleurs sont aussi beaucoup moins grandes, et d'une couleur pâle, marquée de pourpre, cette espece croît naturel- lement en Lancashire et Westmore- land, où je l'ai vue en abondance : on la multiplie, et on la traite de la même maniere que les précédentes. Nodosum. La cinquieme est une plante vivace qui scleve beaucoup moins qu'aucune des précédentes ; ses tiges, dont la hauteur est d’en- viron six pouces , sont garnies de feuilles à trois lobes assez larges , sous-divisces et crénelées sur leurs bords ; celles du bas de la tige sont opposées , et portées sur des pctioles 0 et les maux de gorge, après les avoir écrâsées dans du vin ou du vinaigre: leur décoction a aussi la réputation de calmer les douleurs qu’excitent les tu- meurs carcinomateuses, et de faire couler les urines des hydropiques , lorsqu'on lapplique en fomentation sur Ja région de la vessie, ASSEZ GER assez longs, mais celles du sommet sont simples et sessiles; les fleurs, de couleur pourpre sale, sont pro- duices aux extrémités des tiges, deux à deux, sur des pédoncules courts, et paroissent en Juin. Cette plante, qui est originaire de la France, peut être multiplice et traitée de la mème ma- niere que la premiere. Phœum. La sixieme, qui se trouve sur les Alpes, sur les montagnes de la Suisse , et dans quelques parties du Nord de l'Angleterre, a une racine vivace, de laquelle scrtent plusieurs tiges qui s’'élevent à la hauteur d’en- viron un pied, et sont garnies de feuilles, divisées en cing ou six lobés, et dentelées sur leurs bords; celles qui croissent près de la racine , ont de longs pétioles , et celles du haut sont sessiles ; les tiges se partagent au sommet en trois ou quatre divi- sions , dont chacune est terminée par deux ou trois pédoncules , sur chacun desquels sont placées deux ficurs d’un pourpre foncé , avec des pérales érigés, qui paroissent dans le mots de Juin: on peut multiplier cette plante par ses graines, ou en divisant ses racines , comme on le pratique pour la premiere espece. Fuscum, La septieme ressemble beaucoup à la sixieme ; mais ses feuilles sont plus larges, ses lobes plus courts, plus larges, moins dé- coupés, et rayés de noir; ses tiges sont plus hautes, ses fleurs sont plus grosses, et ses, pétales plus réfléchis: Tome IIJ, GER 457 comme ces différences sont constin- tes, elles suffiront pour constituer une espece : on peut la multiplier et la traiter comme la premiere. Elle croît naturellement sur les Alpes. La hnitieme à cine vivace , de laquelie sortent plu- sicurs tiges branchues d’un pied et demi de hauteur, et garnies de feuil- les d’un vert clair. Celles du bas de la tige cnt cinq lobes, et celles du haut n’en ont ge trois, mais ciles sont plus rapprochées, et fortement denteicées sur leurs bords; les fleurs, d'un bianc sale. ce composces de cing 1 petal les obtus profo ndément dé- coupés à leurs extrémités, et mar- qués longitudinalement sur leurs parties latérales par plusieurs raycns de couleur pourpre, sortent deux à deux sur des pédoncules longs et minces; elles paroissent en Juin, et dans les années humides , elles se succederont durant une grande par- tie de Juillet. Cette espece est fort dure, ct peut être multiplice par la dt de ses racines, ou par ses graines , comme la premiere. Sylvaticum. La neuvieme croît en abondance dans les prairies de Lan- cashire et en Westmoreland; elle a une racine vivace qui pousse trois ou quatre tiges droites, hautes d’en- viron neuf pouces, et garnies de feuilles à cinq lobes, scices sur leurs bords, et opposcessur les tiges; celles du bas ont des pétioles assez longs, Mmm Striaturn. une ra- 458 GER et celles du haut sont plus rappro- chées des tiges; ses fleurs naissent aux sommets des tiges, sur de courts pédoncules, dontchacun en supporte deux ; elles sont assez grosses, et ont des pétales entiers : cette plante flcu- rit en Mai et Juin, et peut être multipli¢e et traitée comme la pre- micre. Orientale. La dixieme, qui a été découverte par le Docteur Tourne- fort dans le Levant, d’où il a en- VOyÉ ses semences au Jardin Royal de Paris, a une racine vivace , de laquelle sortent quelques foibles tiges, longues d'environ neuf pou- ces, et garnies de feuilles rondes, divisées en cing lobes, dentelées à leur extrémité, et opposées sur les tiges; ses fleurs sont portées par des pédoncules assez longs , qui sortent simples des nœuds des tiges , et qui soutiennent chacun deux fleurs pour- pre avec des pétales entiers et des calices fort courts : cette espece fleurit en Juin, et peut être multi- pliée par semences, ou en divisant ses racines comme la premiere; mais elle exige un sol plus sec et une situation plus chaude ; car, quoi- qu'elle puisse subsister en plein air dans les hivers ordinaires, cepen- dant elle est souvent détruite par les fortes gelées , sur-tout lorsqu'elle se trouve placée dans une terre humide et froide. Perenne. La onzieme croît natu- rellement sur les Pyrénées. Elle a GER une racine vivace, de laquelle sor- tent piusieurs tiges branchues qui s'clevent à la hauteur d'un pied et demi, et sont garnies de feuilles rondes, et divisées au sommet en plusieurs segmens obtus et opposés; ses Beurs sont produites sur de courts pédoncules qui sortent des divisions de côté, et au sommet des tiges ;elles sont dans quelques-unes d’un pour- pre pale , et blanches dans d’autres ; leurs pctales sont divisés en deux parties , comme ceux du Bec-de grue commun à pied de pigeon , avec lequel la plante entiere a quel- que ressemblance : mais ses tiges sont érigces , ses feuilles ct ses fleurs beau coup plus larges, et sa racine est vivace : cette espece se mulciplie assez quand elle est une fois Ctablie par ses semences, qui s’écartent: elle profite dans tous les sols et à tou- tes les expositions. Alpinum. La douzieme, dont les semences m'ont été envoyées par le Seigneur Micheli de Florence , a une racine vivace qui s'enfonce très- profondément dans la terre; ses feuilles basses ont de fort long pétio- les, et sont doublement afîlces et unies ; ses tiges s’élevent à la hauteur d'un pied et demi , et sont garnies de feuilles de la même forme que celles du bas, mais plus petites et opposces ; ses fleurs pourpre crois- sent plusieurs ensemble sur de longs pédoncules : elles paroissent en Juin; mais elles n’ont jamais produit de GER bonnes semences en Angleterre. Cette plante est dure et subsiste en plein air; mais comme sa racine ne pousse point de rejettons , et que ses semences ne se perfectionnent point ici, nous n'avons pu réussir à la mul- tiplier. Argenteum. La treizieme est ori- ginaire des Alpes; sa racine, épaisse et vivace, produit des feuilles rondes, divisées en plusieurs parties , portces par des pétioles assez longs, fort argentces , et couvertes d'un duvet luisant ; ses tiges de fleurs, dont la hauteur est d'environ quatre ou cinq pouces, sont garnies d'une ou de deux petites feuilles seniblab!es à celles du bas, et sessiles aux tiges , et elles sont terminées par deux grosses fleurs pales, dont les pétales sont entièrement ouverts et applatis. Cette plante fleurit en Juin ; maisses semences mürissent rarement ici: on peut la multiplier en divisant ses ra- cines , comme on le pratique pour la premiere; mais elle veut être placée à l'ombre. Maculatum, La quatorzieme croît sans culture dans l'Amérique septen- trionale, d’où fon m'en a envoyé les semences en Angleterre; elle a une racine vivace , de laquelle s’élevent plusieurs tiges, hautes d’environ un pied , et divisces par paires ; du mi- lieu de ces divisions sortent des pé- doncules nuds et assez longs, qui soutiennent chacun deux fleurs d’un pourpre pile, avec des pétales en- GER 459 tiers; ses feuilles sont divisées en cinq parties découpées sur leurs bords et opposées ; celles du bas ont de longs petioles, et celles du haut sont ses- siles aux tiges: cette plante fleurit en Juin; et comme ses semences mürissent souvent , on peut s'en ser- vir pour la multiplier; elle profite tres-bien en plein air , et ne demande aucune autre culture que d’être te- nue nette de mauvaises herbes. Bohemicum. La quinzieme , qu’on rencontre en Bohème, est une plante annuelle qui pousse plusieurs bran- ches, divisées en d’autres plus peti- tes , et garnies de feuilles découpées en cing lobes, crénelées sur leurs bords , placées sur de longs pétioles, et pour la plupart opposées ; ses fleurs naissent par paires sur des pé- doncules longs et minces, qui sor- tent des parties latérales de la tige ; elles sont d’un beau bleu , et sont remplacées par des semences dont les capsules et les becs sont noirs. Cette plante fleurit durant la plus grande partie de l'été, et ses se- mences miirissent bientôt aprés; lorsqu'elles s'écartent, elles pro- duisent une grande quantité de plan- tes, qui ne demandent aucun autre soin, que d'être tenues nettes de mauvaises herbes. Sibericum. La seizieme est origi- naire de la Sibérie; ses semences m'ont été envoyées par le sieur Charles Linnce, Professeur de Bo- tanique à Upsal. Cette espece a une Mmm 2 460 GER racine vivace, et des feuilles divi- sées en cing lobes aigus, découpées ur leurs bords en plusieurs segmens allongés et en forme d’aîles; el'es sont opposces et ont des pétioles longs et minces. Les pédoncules sortent des aisselles de la tige ; ils sont longs, minces, et soutiennent chacun une fleur de couleur pour- pre. Cette espece feurit en Juin; et + : comine ses semences murissent tres- bien, on peut s'en servir pour la multiplier: elle croît dans tous les sols et à toutes les expositions. Moschatum. La dix-septieme est une plante annuelle qui croît spon- tanément en Angleterre; on la cul- tive aussi dans les Jardins a cause de l'odeur de musc que répandent ses feuilles; odeur qui se fait sen- tir fortement dans les tems secs; ces feuilles sont ailées irrégulicre- ment; leurs lobes sont alternes , et découpés à leur pointe en plusieurs segmens obtus ; ses tiges, qui ont plusicurs divisions, sont souvent inclinées vers la terre. Ses fleurs naissent en ombelles sur de longs pédoncules qui sortent des aisselles des tiges ; elles sont petites, de cou- leur bleue, et n’ont que cing cta- mines; leurs calices sont composés de cinq feuilles : cette espece fleurit dans les mois de Mai, Juin et Juillet, et ses semences mürissent bientôt après; si on leur permet de s’écarter, elles procureront une grande quan- tite de plantes qui pousseront sans GER soins , et n’exigeront d'autre culture que d’être tenues nettes et éclair- cies où clics seront trop serrces; elles profitent dans tous les sols et dans toutes les situations. Gruinum, La cix-huitime naît spontanément dans l'Isle de Candie 5 elle est annuelle; ses feuilles sent trés-larges, découpées régulièrement sur leurs bords, elles sont aussi ailées et crénelées; ses fleurs sont produites sur de longs pédoncules , qui sortent des aisselles de la tige; elles ont des calices à cinq feuilles, et sont composées de cinq pétales bleus et entiers; ces fleurs sont rem- placées par des becs plus longs et plus gros qu'aucuns de ce genre: cette espece fleurit en Juin et en Juillet, et ses semences mürissent trés-bien : si on leur donne le tems de se répandre , les plantes pousse- ront sans soins ; mais si on les re- recueille, il faut les mettre en terre au printems, dans les places qui leur sont destinées , et l'on nettoie avec soin les plantes qui en proviennent. Ciconium. La dix-neuvieme, qui croit naturellement en Allemagne et en Italie, est une plante annuelle, dont les tiges, longues d'environ un pied, sont inclinées et garnies de feuilles ailees, découpées en plu- sieurs parties aiguës, et opposées; ses fieurs sortent des aisselles de Ja tige, sur des pédoncules de près de trois pouces de long, dont quelques- uns soutiennent plusieurs fleurs , et GER d’autres seulement deux ; elles sont de couleur b'eue pâle, et sont suivies par des becs un peu moins longs et moins gros que CEUX de l'espece précédente : ses semences servent souvent d'Hygromètre pour mon- trer Phumidicé de Pair; s1 on laisse écarter ces semences , les plantes pousseront et profiteront sans autre soin que celui de les tenir nettes de mauvaises herbes ; celles qui poussent en automne, fleurissent dans le commencement du mois de mai; mais celles du printems, ne donnent point de fleurs avant le mois de Juillet. Le Docteur Linnée regarde celle-ci et la précédente, comme une seule et méme espece ; mais quand on a examiné avec at- tention ces deux plantes , on ne peut douter qu’elles ne soient distinctes. Viscosum. Les semences de la vingtieme ont di envoyées au jar- din de Chelséa par le Dr. Jussieu, professeur de Botanique à Paris; cette plante, annuelle , a des tiges droites, hautes d'environ deux pieds, et garnies de fewlles doublement aîlées , terminées en plusieurs poin- tes , fort visqueuses, et opposées; ses fieurs, de couleur bleue pâle, naissent plusieurs ensemble sur des pédoncules longs et nuds; elles n'ont point d'étamines , et leurs ca- lices sont composés de cinq feuiiles qui se changent en légumes : cette espece fleurit dans les mois de Mai, Juin et Juillet, suivant qu’elle a été GER 461 semée -plutôt ou plus tard, ct ses graines murissent un mois apres; on la traite comme les deux especes précédentes. On conncit plusicurs autres especes de Geranium annuelles, dont quel- ques-unes croisent naturellement en Angleterre, et d'autres en France, en Espagne , en Italie et en Allemagne, où on les conserve dans les jardins de botanique; mais comme elles ont peu de beauté, et qu'on les admet rarement dans les jardins d’agré- ment , je n'en parlerai point ici, ce que jepourroisen dire ne feroit guaugmenter cet article, qui est déjà fort considérable®: il va être question des Geranium d’Afrique, que la plupart des curieux conser- vent dans les jardins, lorsqu'ils ont la facilité de les mettre à couvert des gelées, pendant l'hiver. Cucullatum. La vingt - unieme, croît naturellement pres du Cap de Bonne - Esptrance. Elle s'éleve avec une tige d’arbrisseau , à la hauteur de huit ou dix pieds, ct pousse plusieurs branches irrégu: lieres , garnies de feuilles rondes, dont les côtés sont crigés, et for- ment uné espece de chaperon par la disposition de leurs cavités ; ces feuilles ont leur bâse figurée en cœur, et de leurs petioles partent plusieurs neris , qui débordent sur les côtés ; les bords des feuilles sont fortement dentelés; celles qui oc- cupent les parties inférieures des 462 GER branches, ont de longs pétioles et sont placées sans ordre a chaque côté ; mais celles du haut ont des petioles plus courts et sont oppo- sées : ses fleurs naissent en gros panicules sur le sommet des bran- ches; leurs calices sont formés par une feuille profondément découpée en cinq segmens, et très couverte de poils mous; les pécales sont larges, entiers et d'un bleu pourpre : cette plante fleurit en Juin, Juillet, Août et Septembre, et produit des semen- ces dont les becs sont courts et velus. Angulosum. La vingt - deuxieme ressemble uñ peu à la précédente ; mais ses feuilles sont d’une substance plus épaisse , divisées en plusieurs angles aigus, et ont des bords de couleur poupre, avec des dentelures aiguës ; ses tiges et ses feuilles sont fort velues, ses branches sont moins irrégulieres que celles de la précé- dente, et ses paquets de fleurs sont moins gros; comme ces différences sont persistantes dans les plantes élevées de semences, cette espece doit être regardée comme distincte, quoique le Docteur Linnée l'ait con- fondue avec la vingt-unieme. Zon1le. La vingt-troisieme, qui est originaire du Cap de Bonne- Espérance, est l'espece la plus com- mune dans les jardins Anglois, et la plus anciennement connue ; elle s'éleve , avec une tige darbrisseau , à la hauteur de quatre ou cinq pieds, GER et se divise en un grand nombre de branches irrégulieres, qui for- ment une grosse tere, qui a souvent huit ou dix pieds d’élévation ; ses branches sont garnies de feuilles rondes en forme de cœur, décou- pées sur leurs bords en plusieurs segmens obtus, et divisées en den- telures fort courtes à leur extrémi- té, et marquées d’un cercle de couleur pourpre en forme de fer- a-cheval , qui correspond avec la bordure , et sétend des deux côtés de la feuille depuis sa base. Lors- qu'on froisse légèrement ces feuiiles, elles répandent une odeur de pom- mes cchaudées : ses fleurs sont pro- duites en bouquets assez serrés, sur des pédoncules de cinq ou six pouces de longueur , qui sortent des aisselles de la tige, et vers les extrémités des branches; elles font d’une cou- leur pourpre rougeatre , et conti- nuent a se montrer durant une grande partie de l'été ; on conserve dans la plupart des jardins Anglois une varicté de cette espèce, à feuilles panachées : je ne la donne pas pour une espece distincte , parce qu’elle nest qu'un produit accidentel. Inguinans. La vingt - quatrieme se trouve aussi dans le voisinage du Cap de Bonne-Espérance; elle s’éleve à la hauteur de huit ou dix pieds, avec une tige molle d’arbrisseau , de laquelle sortent plusicurs branches érigées et garnies de feuilles rondes en forme de rein, et d’une subtance GER épaisse , d'un vert luisant , postées sur des pétioles assez longs, cou- vertes d'un poil mou en dessous, et placées sans aucun ordre ; ses fleurs croissent en bouquets clairs , sur des pédoncules longs et fermes , qui sortent des aisselles de la tige; eiles sont d’une couleur vive écarlate, d’une très-belle apparence, et se succedent dans tous les mois de l'été. Capitatum. La vingt-cinquicme , que l'on cultive depuis long tems , dans les jardins Anglois , a cté éga- lement apportée du Cap de Bunne- Espérance ; elle a une tige d’ar- brisseau , haute de quatre ou cinq pieds , qui se divise en plusicurs branches fcibles, irrégulieres et gar- nies de feuilles divisées en trois lobes inégaux , velues, ondées sur leurs bords, alternes sur les branches, et supportées par des pétioles velus : ses fleurs naissent, en têtes ferrces et rondes , sur le sommet des pedon- cules, et forment une espece de corymbe; elles sent d’un bleu pour- pâtre, et continuent a se montrer durant une grande partie de l'été. Lorsqu'on froisse les feuilles de cette espece, elles répandent une odeur de roses sèches : d’où vient le nom de Geranium’ Roseum , qui lui a été donné. Viti-folium. La vingt - sixieme, qu'on rencontre au Cap de Bonne- Espérance , s'éleve, avec une tige droite d’arbrisseau, à la hauteur de sept à huit pieds, et pousse plusieurs G ER 463 branches assez fortes, garnics ce feuilles de la même forme que celles de la vigne; celles dubas sont portées par de longs pétioles, et celles du haut en ont de plus courts : lorsqu'on les froisse , elles exhalent une odeur de baume ; ses fieurs sont dispersces en grappes serrces sur des pédoncules longs et nuds , qui sortent des aissel- les de la tige , et sclevent bearcoup plus haut que les bianches ; elles sont petites , de couleur bleue pile, peu apparentes , et se succedent durant la plus grande partie de l'été. Papilionaceum. La vingt-septieme s'éleve, avec une tige droite d’arbris- seau , à la hauteur de sept ou huit pieds , et produit plusieurs branches latérales, garnies de feuilles larges, angulaires , rudes, et portées sur de longs péticles : ses fleurs naissent en larges panicules aux extrémités des branches; elles ontla forme des fleurs papilionnacées , et sont agréable- ment panachées : leurs deux pctales supérieurs, qui sont assez larges , se tournent vers le haut comme l'étendard des fleurs légumineuses; mais les trois inférieurs sont réflé- chis vers le bas, et si petits qu'on ne les appercoit que de très-près. Cette plante fleurit en Mai, alors elle fait un bel effet ; mais elle ne produit plus de nouvelles fleurs, comme la plupart des autres especes: elle croît naturellement au Cap de Bonne-Espérance. Acetosum. La vingt - huitieme , 464. GE R qui est originaire du mème pays que les précédentes, s’éleve, en tige d’ar- brisseau , à la hauteur de six ou sept pieds, ec pousse plusieurs branches latérales garnies de feuilles oblon- gues, ovales , charnues , urics , de couleur grise, crénelées sur les bords , et d’une saveur acide comme l'oseii Le : ses fleurs sont d'un rouge pile, avec quelques raies d’un rouge clair, et formées par des pétales éiroits ct incgaux; elles naissent trois ou quatre ensemble , sur de longs pédoncules, qui sortent des aisselles des tiges, et elles se succedent durant une grande partie de l'été. Hy aune variété à fleurs Ccarlate, qu'on prétend avoir été Clevce des semen- ces de cette espèce ; les feuilles sont plus larges, espece intermédiaire entre celle-ci et la vingt-quatrieme ; car ses fleurs sont plus grosses que celles de la vingt-huitieme , et sont d’une cou- Ee pale écarlate. Carnosum. La vingt-neuvieme a unctige cpaisse, hans et noneu- se, quis ‘Aleve? a a hauteur d’environ deux pieds, et qui pousse quelques branches minces, charnues et lége- rement garnies de feuilles à doubles ailes, qui, au bas de la tige, sont portées sur des pédoncules, et vers le haut sont sessiles aux branches: ses leurs naissent en petites grappes aux extrémités des branches; elles ont cing pétales blancs, étroits et peu apparens, et se succedent pen- et paroissent être une GER dant la plus grande partie de l'été : cette espece croit naturellement au Cap de Bonne-Espérance. La trentieme a une tigc ronde et charnue, dent les nœuds sont garnis de boutons gon- fies; elle s'éleve presque à la agree de trois pieds, et pousse plusieurs branches irrége Keres ,u Gibbosum, nies et Iégc- rement garnies de feuilles unies , charnues , ailées, terminécsen poin- tes aiguës, de couleur grise, et pos- r de courts pétioles; chaque pédon WL a qui s'Cleve des aisselles de la tige, soutient quatre ou cing feurs d'un pourpre foncé, dont les tées su pétales sont plus larges que ceux de lespece précédente » €t ont une odeuragrcable dans la soirée, quand le soleil ne les £ fappe plus. Linnéc , regarde cette plante comme étant la même que ja vingt - neuvieme ; mais elle en diffère par des carac+ teres constans , qui se reproduisent par semences. Fuloidim. La trente-urieme a une tige charnue , qui s'éleve rare- ment au-dessus d'un pied de hauteur, et de laquelle sorte un petit nombre de branches garnies de feuilles unies, claires, vertes, et. divisées en trois lobes , dont celui du milieu est pius large que les autres: ses fleurs, for- mées par des pétales inégaux et teints de couleur écarlate trés - foncée, naissent réunies au nombre de deux ou de trois , sur des pedoncules courts : cette espece ne fleurit pas régulièrement GER régulisrement dans la même saison ; car ses fleurs paroissent quelquefois au printems, d'autres fois en-cté, et souvent en automne : ses feuilles tombent annuellement, de sorte que ses tiges sont souvent dépouillées pendant trois ou quatre mois dans l'été, et qu'elles paroissent comme mortes ; Mais il en repousse de nouvelles en automne. = Peltatum. La trente - deuxieme a plusieurs tiges foibles d’arbrisseau, qui exigent un soutien pour les empêcher de tomber sur la terre; elles s'étendent à la longueur de deux ou trois pieds, et sont garnies de feuilles charnues, entieres , divi- ses en cing lobes obtus, et fixées par leur centre à des pétiolesminces, comme les brassieres d’un bouclier; ces feuilles sont unies ; d’un vert fuisant , marquées dans leur milieu de taches circulaires, d’une saveur acide , et alternes sur les branches: ses fleurs, de couleur pourpre, ct composées de cinq pétales in¢gaux , sont réunies au nombre de quatre ou cinq, sur des pédoncules assez longs: les fleurs de cette espece se succedent pendant la plus grande partie de l'été, et leurs semences muürissent souvent ici. Alchimilloides. La trente-trôisie- me pousse plusieurs tiges herbacces , et longues d’enyiron un pied, qui traînent sur la terre, sionne leur four- nit pas un appui ; Ces tiges sont gar- nies de feuilles rondes, en forme de Tome III. GER 465 main, découpées en plusieurs parties, et sont fort velues : ses fleurs, d’une couleur rouge pale, et placées plu- sieurs ensemble sur de fort longs pé- doncules, se succedent pendant tous les mois de l'été, et leurs semences mürissent un mois après qu'elles sont tombées : cette espece offre une -varieté qui a un cercle foncé en couleur au milieu de ses feuilles : elle a été regardce comme une espece distincte; mais elle est sujette à varier quand on la multiplic par semences. Odoratissimum. La trente- qua- trieme a une tige fort courte et charnue , qui se divise, prés de la terre, en plusieurs tétes, dont cha- cune porte plusieurs feuilles placées sur des pétioles séparés ; ces feuilles sont en forme de cœur, molles, garnies de duvet ; ct elles répandent une odeur forte comme celle de Anis; de ces tètes sortent plusieurs tiges minces , longues d'environ un pied , couchées sur la terre, et gar- nies de feuilles plus rondes que celles de la racine , mais de la même texture et de la même couleur : ses fleurs sortent des partieslatérales des tiges, au nombre de trois, quatre ou cinq ensemble, sur des pédon- cules minces; elles sont fort petites, blanches, et par conséquent peu ap- parentes: aussi ne CONserve-t-on cette espece dans les jardins, que pour l'odeur de ses feuilles. Triste. La trente-cinquieme a Nan 466 GER une racine épaisse , ronde et tubé- reuse , de laquelle sortent plusieurs feuilles velues, agréablement divi- sées , presque comme celles des Carottes de jardin, et étendues pres de la terre ; du milieu de ces feuilles naissent les tiges qui, s'élevent à la hauteur d'environ un pied , et sont garnies de deux ou trois feuil- les de la même forme que celles du bas, mais plus petites ct plus rapprochées ; ces tiges produisent deux ou trois pédoncules nuds et terminés par des bouquets de fleurs jaunes , marquées de taches de cou- leur pourpre foncé, et qui répandent une odeur agréable lorsqu'elles ne sont plus exposces au soleil : à ces fleurs succèdent des semences qui murissent en automne: cette espece qu'on cultive depuis long-tems dans les jardins , est connue sous le titre de Geranium noctà olens, ou Bec-de- Grue odorant pendant la nuit. Myrrhi-folium. La trente-sixieme a une racine noueuse et tubéreuse comme la précédente, qui produit quelques feuilles assez larges , com- posées de plusieurs lobes, postées dansla longueurdela côte dumilieu, en forme d'une feuille aîlée ; elles sont étroites à leur base , mais elles s clargissent beaucoup a leur extré- mité , où elles sont arrondies et dé- coupées sur les bords , en plusieurs pointes aiguës : ses tiges sélevent immédiatement de la racine, et ont quelqueiois une ou deux petites GER feuilles vers le bas, où elles se divi- sent souvent en deux pédoncules nuds, et terminés chacun par un bouquet de fleurs d’un rouge pile, qui répandent uñe odeur agréable pendant la nuit. Pastinace-folium. Latrente-septie- me a des racines oblongues et tu- béreuses, desquelles sortent plusieurs feuilles fort velues, décomposées , ailées, torminéesen plusieurs pointes aiguës , et dont ‘les segmens sont plus larges que ceux de la trente- cinquieme ; ses tiges s'élevent à la hauteur d’un pied et demi, et sont garnies d’une feuille simple aux deux nœuds du bas; ces feuilles sont simplement aïlces , leurs lobes sont étroits , et postés à une plus grande distance, et leurs segmens sont plus aigus que ceux des feuilles radicales: des deux nœuds qui occupent les parties les plus basses de cette tige, s’clevent des pédoncules longs et nuds , qui soutiennent chacun un bouquet de fleurs jaunatres qui ont de longs tubes, et qui repandent une odeur agreable après le coucher du soleil : cette espece croît naturel- lement au Cap de Bonne-Espérance. Villosum. La trente-huitieme a, comme la précédente , une. racine tubéreuse , de laquelle sortent plu- sieurs feuilles velues , joliment divi- sées, comme celles de la Pulsatilla ou Coquelourde; qui paroissent blanches , s'élevent immédiate- ment de la racine, et s'étendent à GER ehaque côté près de fa terre: le pédoncule de la fleur est nud, et s'éleve de la racine; il a environ neuf pouces de haut, et est terminé par un paquet clair de fleurs teintes en pourpre foncé , et d’une odeur agréable dans la soirée. Lobatum. La trente-neuvieme a des racines charnues et tubéreuses, comme celles des especes précéden- tes , qui produisent trois ou quatre feuilles larges, divisées sur les bords en plusieurs lobes, comme celles de la vigne, étendues à plat sur la terre, velues,créneléessur leurs bords et postées sur de courts petioles ; les pédoncules des fleurs s’élevent immédiatement de la racine, jusqu'à la hauteur d'environ un pied, ils sont nuds, et terminés par un pa- quet de fleurs de couleur pourpre foncé, qui ont de longs tubes très- rapprochés des pédoncules, et qui répandent une odeur agréable dans la soirée. Les quatre premières espèces de Geranium, à racine tubéreuse sont regardées par LINNEE, comme étant les mêmes; mais comme, après les avoir élevées plusieurs fois de semences, je n'ai jamais observé qu’elles fussent de celles dont les grai- nesavoient éte tirées, je les regarde toutescomme parfaitement distinctes et séparées ; avecd’autantplusderai- son, qu'on remarque dansleurs feuil- les autant de differences, qu'on en GER 467 observe entre celles des autres especes. ‘ Coriandri-folium. La quarantieme est une plante qui croit naturelle- ment au Cap de Bonne-Espérance ; elle séleve à la hauteur d’environ un pied , avec des tiges herbacces , branchues et garnies de feuilles dou- blement aîlées à chaque nœud : les feuilles basses sont sur de longs petioles; mais celles du haut sont sessiles aux branches : ses fleurs sont sur des pédoncules nuds qui sortent des côtés des tiges, opposés aux feuilles ; elles croissent trois ou quatre ensemble sur des pédoncules courts et séparés , et ressemblent un peu aux fleurs papilionnacées ; les deux pétales supérieurs sont larges et forment une espece d’étendard, et les trois autres sont ¢troits et réfléchis vers le bas: elles sont d’une couleur de chair pâle : elles parois- sent en Juillet, leurs semences mü- rissent en Septembre, et bientôt apres les plantes périssent. Romanum, La quarante-unieme a une racine assez épaisse et tubé- reuse , de laquelle sortent plusieurs tiges irrégulicres , divisces en bran- ches diffuses, qui ont des nœuds gonflés, et sont un peu ligneuses : elles sont garnies.à chaque nœud d’une feuille doublement ailée , et les pédoncules des fleurs leur sont opposés; ceux du bas sont nuds et fort longs , et ceux qui terminent Nnn 2 468 GER tes branches sont plus courts et ont une ow deux petites feuilles a leur base ; ces pédoncules sont terminés par un petit paquet de fleurs de la même forme que celles de l'espece précédente; mais elles sont plus gros- ses ct d’une couleur plus pâle, ‘et se succedent durant la plus grande par- tie de l'été : cette espece et la pré- cédente sont supposées par LINNÉE, n'en former qu’une seule espece ; mais la quarantieme est une plante _ annuelle qui, dans tous les pays, périt bientôt après avoir perfec- tionné ses semences , au-lieu que la dernicre est vivace et a des tiges ligneuses. Grossularoïdes. La quarante- deuxieme est une plante bis-annuelle, qui croît naturellement au Cap de Bonne - Espérance ; elle pousse un grand nombre de tiges fort minces et trainantes , qui penchent sur la terre, s¢tendent à da longueur d’un pied et demi, et sont garnies de petites feuilles rondes en forme de main et crénelées sur leurs bords: ses fleurs sont placées sur des pé- doncules courts et minces , qui sortent de chaque nœud sur les côtés destiges; elles sont fort petites, de couleur rougeitre , quelquefois simpleset d’autres fois au nombre de deux ou de trois sur chaque pedon- cule , et elles se succedent conti- nuellement pendant tout l'été; leurs semences mürissent environ cing semaines après qu'elles sont fanées. GER Berulinum, Laquarante-troisieme, a une tige d'arbrisseau , qui s'éleve à la hauteur de quatre a cinq pieds , et pousse plusieurs branches garnies de feuilles oblongues , den- telées et inégalement sciées sur leurs bords: ses fleurs naissent sur de longs: pédoncules, qui sortent sur les côtés des branches ; elles sont grosses, de couleur rouge, et les deux pétales supérieurs sont plus larges que les autres : cette espece fleurit en Juin eten Juillet. Chium. La quarante quatrieme, qui croît naturellement dans l'Isle de Chio, est une plante annuelle de laquelle sortent plusieurs bran- ches , d’un pied de longueur : ses feuilles basses sont presqu'en forme de cœur ; mais celles qui couvrent les branches sont figurées comme une lyre antique, et placées aiternes : ses pédoncules, dont la longueur est de six pouces, sont produits sur les côtés des branches , et soutiennent plusieurs fleursd’ua pourpre brillant, achacune desquelles succedent cinq semences, avec des becs longs et minces , qui murissent cing ou six semaines apres que les fleurs sont tombes. Si l'on donne à ces graines le tems de sécarter, les plantes pousseront en automne , subsisteront en plein air dans les hivers favo- rables , et flcuriront de bonne heurë au printems suivant; si ces plantes viennent a étre détruites par les froids de l'hiver, il faudra en se- GER mer de nouvelles au printems , sur une plate-bande de terre Kgere; lorsqu'elles pousseront on les tiendra nettes et on les éclaircira : ces der- nieres fleuriront dans le mois de Juillet, et leurs semences muriront en Août. Malacoïdes. La quarante - cin- quieme est originaire du Portugal et de l'Espagne ; elle est annuelle, et ses feuilles sont en. forme de eceur, et divistes en trois lobes ; ses pédoncules , qui sont placés sur les parties latérales des branches, s'étendent de chaque côté à un pied et demi de distance, et sont inclinés vers la terre; ils soutiennent chacun plusieurs fleurs d’un rouge brillant, qui sont remplacées par cinq semences , avec des becs assez longs : cette espece fleurit et produit ses graines vers le même tems que la précédente , et elle exige la même culture. Glaucophyllum. La quarante- sixieme est une plante annuelle qui a été apportée de l'Égypte ; ses feuil- les sont ovales , sciées et de couleur grise ; ses branches dont la longueur est d'environ un pied, sont ornées de petites feuilles alternes , et leurs extrémités produisent latéralement trois ou quatre pédoncules, qui sou- tiennent plusieurs fleurs d’un bleu pâle, à chacune desquelles succedent cinq semences armées de becs longs et plumäcés. | Cette espece ctant beaucoup plus GER 469 tendre: que les deux précédentes, il faut répandre ses semences sur une couche chaude au printems ; et, lorsque le tems devient chaud , transplanter les jeunes plantes qui en proviennent , dans des plates- bandes bien exposées, afin de for- cer leurs semences à mürir. Carolinianum. La quarante-sep- ticme, qui croît sans culture dans la Caroline , est une plante annuelle, fort semblable à notre Bec-de-Grue, commun à pied de pigeon ; mais plus petite et dont les branches sont pluscourtes; ses fleurs, fort petites et de couleur bleue pâle, produisent cing semences armées debecs courts, crigés et noirs : en abandonnant cette plante à elle-même, elle se reproduira sans aucuns soins, et donnera annuellement des fleurs et des graines. Altheoides, La quarante-huitieme a quelque ressemblance avec la quarante-cinquieme ; mais ses feuil- les sont plus ovales et en forme de cœur , et ses fleurs sont aussi d’un rouge brillant ; elle croît naturelle- ment au Cap de Bonne-Espérance: comme cette plante est plus tendre que la quarante-cinquieme , il faut la traiter comme la précédente ; elle produira aussi tous les ansdes fleurs et des semences, et pcrira bientôt aprés. Culture. Foutes les especes de Geranium d'Afrique peuvent être multiplices par semences ; on. répand 479 GER ses graines sur une planche de terre legcre vers la fin de Mars; les plantes paroissent un mois ou cing semaines après, et au commencement,de Juin elles sont assez fortes pour étre enlevées ; on les met alors chacune séparément dans des pots remplis dé terre légère de jardin potager , on les tient à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient poussé des racines nouvelles, et on les met après dans une situa- tion abritée avec les autres plantes dures de l'orangerie, où on peut les laisser jusqu’en automne , qui est le tems de les transporter dans Poran- gerie, pour les y traiter de la même maniere que les autres plantes dures. Mais ceux qui veulent avoir de grosses plantes qui fleurissent de bonne heure, répandent leurs graines au printems sur une couche de chaleur modérée, qui les fait pous- ser beaucoup plustôt, et les rend propres à être enlevées long-tems avant celles qui sont semécs en plein air. Quand ces plantes poussent , il faut avoir grand soin delesempècher de filer; et, après les avoir transplan- tées , on doit plonger les pots dans une autre couche de chaleur modé- rée, en observant de les tenir à l'abri du soleil , jusqu'a ce qu'elles aient poussé de nouvelles racines : après quoi on les accoutume par dégrés à supporter le plein air; on les y expose tout-a-fait au commecement du mois de Juin, et on les place dans une situation abritte avec les G E*R' autres plantes exotiques. Si on les pousse au printems, la plupart d'en- tr'elles fleuriront dés le premier été, elles seront très fortes avant l'hiver, et produiront un meilleur effet dans l'orangeric. Les Geranium en arbrisseau d’Afri- que , depuis la vingt-unieme , jus- ques et y compris la trente deuxieme, ainsi que la quarante-unieme et qua- rante-troisieme espece, sont ordinai- rement élevés de boutures, qui pro- duisent de bonnes racines en cing ou six semaines , si on les place cans une plate-bande à l'ombre , dans les mois de Juin et de Juillet. Elles pourront être enlevées au bout de ce temps , et plantées dans des pots séparés, qu'on tiendra à l'ombre jusqu'à ce cu’elles aient formé de nouvelles racines ; mais on les pla- cera ensuite dans une situation abri- tée, et on les traitera de la même maniere que les plantes de semences. Les vingt - neuvieme , trentieme , trente-unitme et trente - deuxieme espèces ayant des tiges plus succu- lentes qu'aucune. des autres , leurs boutures doivent être mises dans des “pots remplis de terre Kgère de jar- dins potagers, qu'on plongera dans une couche de chaleur fort modé- rée, où on les mettra à couvert des rayons du soleil dans le milieu du jour, et on ne leur donnera que trcs-peu d’eau, parce qu'elles sont sujettes à étre attaquées de pourri- ture , lorsqu'elles sont exposées à GER une humidité trop abondante : quand elles sont bien enracinces , on peut les séparer, les planter dans des pots remplis de la même espèce de terre, ct les tenir jusqu en automne dans une situation abritée.Cesquatre especes doivent être arrosées légère- ment dans tous les tems; mais sur- tout en hiver, parce qu'elles moi- sissent aisément dans l'humidité «et même quand l'atmosphère qui les environne nest pas suffisamment sec ; elles profiteront beaucoup mieux sous un chassis vitré que dans une orangerie, parce qu'elles y seront plus exposées à l'air et au soleil. Toutes les autres especes de Ge- ranium en arbrisseau , peuvent être placées dans l’orangerie, où elles n'auront besoin que d’être mises à couvert des gelées ; mais il faut leur donner beaucoup d'air dans les tems doux , et les arroser une ou deux fois par semaine , selon le tems; mais toujours légérement , sur-tout pendant les gelées. Ces plantes veulent être accoutumées à Pair par degrés; au printems, et vers le milieu ou à la fin du mois de Mai, on peut les sortir de l’oran- gcrie, et les placer d'abord à Fabri de quelques arbres, où on ne les laisse que quinze jours ou trois semaines pour les endurcir ; mais on les met ensuite dans une situa- tion ou elles soient 4 couvert des vents forts, et où elles puissent jouir de l'aspect du soleil depuis son GER 471 lever jusqu'à onze heures ; au moyen de quoi elles feront plus de progrès qu'à une exposition plus chaude. Comme ces especes en arbrisseau croissent fort vite, ct remplissent bientôt les pots de leurs racines, lorsqu'on les laisse pendant tout l'été, sans les changer, il arrive que leurs fibres passent à travers les trous des pots, et pénètrent ainsi dans la terre, ce qui fait croître les plantes vigoureusement ; mais si, en enlevant ces pots, on vient à dé- chirer les racines , ce qu'on ne peut gucres éviter, ces plantes perdent une partie de leurs branches , ct souvent mème périssententièrement : pour prévenir cet inconvénient, il faut transporter les pots d’un lieu à l'autre, chaques quinze jours ou trois semaines, pendant tout l'été, et couper toutes les racines qui sortent par les trous : on leur don- nera aussi de nouveaux pots deux fois par an, la premicre quinze jours ou trois semaines après qu'elles sont sorties de l'orangerie, et la seconde vers la fin du mois d'Août, ou au commencement de Septembre, afin qu'elles puissent avoir assez de temps pour s'établir avant d'être renfermées dans lelieu où elles doivent passer l’hiver. Quand on les change de pots, il faut retrancher avec soin toutes les racines autour de la motte et autant quil est possible toute la 472 GER vicille terre, sans cependant nuire aux plantes: si les nouveaux pots qu'on leur fournit sont plus grands que les premicrs, on met de Ja nouvelic terre dans le fond, eton place la plante de manicre que la surface de la motte ne séleve pas jusqu'au niveau des bords du pot, mais qu'il reste un espace suffisant pour contenir l'eau des arrosemens ; on remplit ensuite le vuide autour des racines avec de la nouveile terre, qu’on presse légèrement pour Yétablir on arrose bien cette terre, et on fixe la plante avec des ba- guettes, pour empêcher que le vent ne dérangesesracines avant qu'elles soient bien établies. La composition de terre dans laquelle j'ai toujours vu les plantes profiter le mieux , quand on na pas la facilité de se procurer ce ja bonne terre de jardin potager, est une marne fraiche prise dans un pâturage, et mêlée avec un quart ou un cinquieme de fumier pourri; si la terre a de la ténacité, on em- ploie du tan pourri de préférence au fumier ; mais si elle est chaude et légère, on se sert de fumier de vaches : cette composition doit être préparée trois ou quatre mois avant d'en faire usage ; pendant ce tems on la remue plusieurs fois , afin que le mélange puisse être parfait; mais si l'on peut se procurer une bonne quantité de terre de jardin potager , bien labource , et nette GER de toute espece de racines , of ne doit pas en employer d'autre ; car ces plantes profiteront dans celle-ci aussi bien que dans tel melange que ce puisse être, sur-tout si la terre aété mise en monceaux pendant quel- quetems , et qu’elle aitété retournée plusieurs fois pour en briser toutes les mottes et l'ameublir : on doit éviter de donner à ces plantes une terre trop riche, parce qu'elles pous- seroient avec trop de force , et don- neroient beaucoup moins de fleurs: La trente-troisieme espece ‘ayant des tiges herbactes , se multiplie mieux par semences , qui d’ailleurs sont tres-abondantes , que par-tout autre moyen ; ses boutures ne pren- nent pas aussi facilement racine que celles des autres especes, et les plantes qu’on obtient par cette me- thode ,sont bien moins bonnes que celles des semences : si on permet aux graines de cette espèce, et a celles des autres Africaines , de s’é- carter, elles produiront une provi- sion de jeunes plantes au printems suivant, pourvu que ces semences ne soient pas trop profondément ense- velies dans la terre. La trente-quatrieme peut être multipli¢e par semences ou par ses rejettons qu'on détache, sur sa tige courte et charnue ; on retranche les feuilles basses de ces rejettons, de manière que la portion de la tige qui entre dans la terre soit absolument nue ; on les plante ensuite GER ensuite dans de petits pots séparé- ment , ou deux ou trois ensemble, si les cétes sont petites ; et on les plonge dans une couche de chaleur fort modérée , qui leur fera pousser des racines dans l'espace d'un mois ou de cinq semaines , en les tenant à l'ombre, et en les rafraichissant légèrement : on les endurcit ensuite par dégrés, et on les expose enfin tout-a-fait en plein air , où elles pourront rester jusqu’en automne , pour être mises alors à couvert. Les trente - cinquieme, trente- sixieme , trente - septieme , trente- huitieme et trente-neuvieme especes, sont généralement multipliées par la division de leurs racines ; le tems le plus favorable pour cette opération est le mois d’Aodt , parce qu’alors les jeunes racines ont le tems de s'établir avant les premiers froids: chaque bulbe de ces racines pous- sera, pourvu qu'elles aient un ceil ou un bouton : elles peuvent être plantées dans la même espèce de terre dont il vient d’être ques- tion ; et si on les plonge dans une vicille couche de tan couverte d’un chassis , pour y passer l'hiver, elles profieront mieux que dans une orangerie : on doit Ôter les vitrages chaque jour dans les tems goux, pour introdvire un nouvel air, et les fermerexactement dans les fortes Gelées , pour empécher le froid d’y pénétrer : comme dans cet emplace- ment clles auront peu besoin d’hu- Tome II, GER. 473 midité en hiver , on les laissera sous les vitrages pendant les fortes pluies, afin de les tenir seches et dans les tems doux on soulévera ces vitra ges pour introduire lair, et dissiper l'humidité : de cette maniere ces racines profiteront et produiront beaucoup de fleurs annuellement. Ces especes peuvent aussi être mul- tipli¢es par semences. La quarantieme est une plante annuelle, qu'on multiplie seulement par semences : on répand ses graines au printems sur une couche chaude légère, pour les avancer, parce que, si l’année n’étoit pas fort chaude, elles n’auroient’pas le tems de per- fectionner leurs semences dans notre climat. Quand elles ont poussé et qu'elles sont assez fortes pour être enlevées , on les plante chacune séparément dans de petits pots, qu'on replonge dans une couche de chaleur modérée, en observant de les tenir à l'ombre jusqu'à ce qu’elles aient formé de nouvelles racines ; alors on les endurcit par dégrés , et on les habitue à supporter le grand air,auquel on les exposera tout-à-fait au mois de Juin. Quand les plantes ont rempii les petits pots de leurs racines, on les enlève , en conser- vant leurs mottes entieres, et on les place dans de plus grands pots, où elles feurirone , donneront des semences, et périront bientôt aprés. On multiplie aussi la quarante- deuxieme , en répandant ses graines Ooo 474 GER au printems sur une couche médio- crement chaude , ou sur une plan- che de terre Isère en plein air, dans laquelle les plantes pousseront très-bien , quoiqu’elles ne puissent ÿ croître aussi promptement que celles qui sont semées sur une cou- che chaude : celles qui sont en plein air n'exigcront d'autres soins que d'être tenues nettes de mauvaises herbes , et d’être éclaircies où elles séront trop serrées. Elles fleuriront en Juillet et en Août , et si Pau- tomue est favorable , leurs graines müriront en Septembre ; mais si ces dernieres viennent à manquer, celles qui sont élevées sur la couche chaude fleuriront plutôt , et auront le tenis de perfectionner leurs semences : en les mettant dans des pots , on pourra les conserver pendant tout l'hiver , pourvu qu'elles soient plon- gées dans une vicille couche de tan, et traitées de la même maniere que Jes racines tubéreuses dont il a été question plus haut. On doit visiter souvent les espe- ces en arbrisseau , pendant l'hiver, lorsqu'elles sont dans l'orangerie, pour en retrancher toutes les feuilles fictries, qui, sion les laissoit, ne rendroient pas seulement ces plantes désagréables à la vue, mais feroient bientôt une litière laquelle, en se pourrissant, produiroit des exhalai- sons mal-saines et humides , qui se- roient trés-nuisibles aux autres plantes. Pour éviter cet inconvénient , il faut GER les nettoyer constamment chaque semaine ; et pendant l'été, on tera tous les quinze jours les feuilles mor- tes, afin de les entretenir constam- ment nettes; car à mesure que les branches poussent , et qu elles produisent de nouvelles feuilles à leur sommet, celles du bas se fétrissent , et produisent un effet désagréable lorsqu'on n’a pas soin de les enlever. GERMANDREE, v. TEUCRIUM. GERMANDREE AQUATIQUE oule SCORDIUM. Voy. TEUCRIUM SCORDIUM. GERMANDREE EN ARBRE, Voyez; TEUCRIUM FLAVUM. GEROFLE ox GIROFLE, ox CLOUS DE GIROFLE , ARBRE DE TOUTES ÉPICES. Woye CARY OPHYLLUS. GEROFLIER ou GIROFLIER , ox VIOLIER , ou GIROFLÉE. Voyez CHEIRANTUS CHEIRI. GEROFLIER A FEUILLES p’AL- LIAIRE. Voyez ERYSIMUM CHEI- RANTHOIDES. GEROFLIER D'AFRIQUE. Voy. HELIOPHILA, «# GEROPOGON. Barbe de Bouc. GER Caracteres. Le calice est simple, et formé par plusieurs feuilles tuilces, plus longues que la corolle ; la fleur est composée de plusieurs fleurettes hermaphrodites , imbriquées et plus courtes que le calice , qui n'ont qu'un pétale divisé en cinq seg- mens à son extrémité , cing étami- nes courtes et terminées par des sommets cylindriques , un germe oblong et un style mince , qui sou- tient deux stigmats filiformes et re- courbés ; les semences sont renfer- mées dans le calice, et couronnées par cinq rayons barbus et étendus. Ce genre est rangé dans la pre- mière section de la dix - neuvieme classe de LINNEE, quia pour titre , singenesie , polygamie égale , et dans laquelle se trouvent comprises les plantes dont les fleurs sont fructueu- ses, et ont cing étamines réunies. Les especes sont : 1°. Geropogon glabrum , foliis glabris. Lin. Sp. 1109. Jacq. Hort, t. 33. Barbe-de-Bouc à feuilles unies. Tragopogon gramineo folio, gla- brum , flore diluté incarnato. Ray. Suppl. 149. Tragopegon calycibus corolle radio longioribus , foliis integris , feminibus levibus : disci plumosi radiis seta- ceis. Hort. Ups. 243. 2°. Geropogon hirsutum , foliis pilosis. Lin. Sp. 1109. Barbe-de- Bouc a feuilles velues. Tragopogon ; gramineo folio , GER 475 suave rubente flore. Col. Ecphr. 1. p. 232.2. 231. Tragopogon gramineis foliis hir- sutis. Bauh, Pin. 275. Glabrum. La première espece croît naturellement en Italie ; elle a une tige érigéc de plus d'un pied de hauteur , et garnie de feuilles longues , unies et semblables à de l'herbe ; la tige se partage en deux ou trois divisions , dont chacune est terminice par une fleur couleur de chair, composée de plusieurs fleurettes. Hirsutum.La seconde, qui se trouve aussi en Iralie.et en Sicile, s'éleve à la hauteur d’un pied , avec une tige droite, et garnie de feuilles velues et étroites ; cette tige se divise rarement en branches; mais elle est terminée par une fleur com- posée de quatre ou cing fleurettes hermaphrodites , qui remplacent plusieurs semences barbues. Ces plantes exigent le même trai- tement que le Tragopogon, auquel je renvoie le lecteur pour ce qui concerne leur culture. GESNERIA. Plumier. Noy. Gen. 27. Tabl. 9. Lin. Gen. Plant. 667. Cette plante a été ainsi nommée par le père Plumier, qui l'a décou- verte en Amérique, en l'honneur de Conrad Gesner , très-savant Botaniste, qui a donné plusieurs ouvrages sur l’histoire naturcile. Caracteres. Le calice de la fleur Ooo 2 i- a | ke GER est persistant , formé par uncfcuille découpée au scmmet en cing parties aiguës, et son fond est occupé par Je germe: la corolle est monopétale, tubulée , penchée d’abord en-de- dans , et ressortant ensuite comme un cor-de-chasse ; son extrémité est divise en cinq segmens obtuüs et égaux; la fleur a quatre ctamines plus courtes que la corolle , et terminées par des sommets simples; le germe quiest placé sous la corolle, soutient un syle simple, courbé et couronné par un stigmat à tête: le germe se change ensuite en une capsule ronde et adeux cellules, remplies de petites semences fixées sur chaque côté de la partition. Ce genre de plante est range dans la seconde section de la quatorzieme classe de LINNÉE , intitulée Didy- namie angiospermie, qui renfernye celles dont les fleurs ont deux ¢ta- mines longues et deux plus courtes, et dont les semences sont renfer- mées dans une capsule. Les epeces sont : 1°. Gesneria tomentosa , foiiis ovato-lanceolatis, crenatis , hirsutis , pedunculis lateralibus longissimis co- rymbi-feris. Hor. Cliff. 318. Jacq. Amer. 179. t. 175. f. 64. Gesneria à feuilles ovales, velueset crenelées, et à fleurs en corimbes , placées sur de longs pédoncules, qui sortent des parties latérales des tiges. Gesneria amplo Digitalis folio, tomentoso. Plum. Gen, 27. Ic. 134. GER 29. Gesneria humilis , foliis tans ceolatis , serratis , sessilibus , pedun- culis ramosis , multi-floris. Lin. Sp. plant. 612. Gesneria avec des feuil- les en forme de lance, sci¢es et sessiles , et des pédoncules branchus, qui supportent plusieurs fleurs. Gesneria humilis . flore fiavescente. Plum. Nov. Gen. 27. Ic. 133. f. 2. Gesneria bas , ayant une fleur jau- natre. Gesneria Digitalis folio oblongo serrato , ad foliorum alas forida. Sloan. Jam. 60. Hist.1.p.162.t.104. f. 2. Raj. Suppl. 396. Tomentosa. La première espece croit naturellement dans les Indes Occidentales;ses semences,qui m'ont été envoyces de la Jamaïque , ont réussi dans les jardins de Chelséa ; elle séleve a la hauteur de six ou sept pieds, avec une tige d’arbris- seau qui se divise en deux ou trois branches régulieres, couvertes d’une laine brune, et garnies de feuilles velues, de sept ou huitpouces de long sur deux et demi de large au mi- lieu , avec une côte dans le milieu couverte de duvet brun, et des bords crenelées; ces feuilles, dont les petioles sont courts, sont placées sans ordre sur les côtés des branches; ses pédoncules sortent des extrémités de ces branches , et de chaque nœud des aisselles de la tige ; ils sontnuds, longs de neuf pouces , et se divisent à leur extrémité en plusieurs autres plus petits, dont chacun soutient une GER fieur de couleur pourpre usé, dont le tube est court , courbé et découpé à son extrémité en cing parties obtuses : ces fleurs sont suivies par des capsules rondes et sessilles dans le calice, que LINNEE, sur la figure de Plumier, a pris pour le calice posté sur la capsule; au-lieu que la capsule est distincte du calice, et y est renfermée : cette capsule est divise en deux cellules remplies de petiressemences. Cette plante fleurit icien Juillet et Août; mais ses se- mences n'y ont point muri, Humilis. La seconde espece s’¢- leve rarement au - dessus de trois pieds de hauteur ; ses feuilles sont beaucoup plus petites, scicessur leurs bords, et sessiles à la tige ; ses fleurs sont placées sur des pédoncules bran- chus , dont chacun soutient plusieurs fleurs jaunätres , et découpées plus profondément sur leurs bords que celles de la première : elle a été trouvée par le feu Docteur Hous- toun , à Carthagene dans la nouvelle Espagne. Plumier fait mention d’une troi- sieme espece de ce genre, quidevient un arbre, et qui produit des fiseur tachetées et frangées ; mais je ne l'ai jamais vu dans aucun jardin An- glois. On multiplie ces plantes par leurs semences, qu'il faut se pro- curer des pays où elles croîssent naturellement ; elles doivent être apportées en Angleterre dans leurs GER 477 capsules, parce qu'elles se conservent beaucoup mieux de cette maniere ; car comme eles sont fort petites et légères , sielies sont séparces des partitions auxquelles elles adherent, elles perdent bientôt leur qualité vegetative : l'expérience m'a d’ail- leurs confirmé cette observation ; car toutes les graines détachées que j'ai reçues de l'Amérique, n’ont point germé, et celles qui étoient ren- fermecs dans leurs capsules ont très-bien réussi. On seme ces graines dans des pots remplis de terre légère, qu’on plonge dans une couche chaude de tan aussi-tdt qu'elles arrivent, car elles restent long-tems dans la terre: comme celles que j'ai semces en automne ont poussé au printems suivant , il faut, si on Îles reçoit dans cette saison , les semer dans des pots et les plonger dans la cou- _che de tan de la serre chaude ; pendant l'hiver , on les arrose lége- rement de tems en tems; mais il ne faut pas leur donner trop d’hu- midité : au printems suivant, on tire les pots de la serre , et on les plonge dans une couche chaude, qui fera pousser les plantes bientôt après : quand elles sont bonnes à être enlevées, on les met chacune séparément dans des pots, qu'on enfonce dans une bonne couche chaude de tan , on les tient à l'om- bre jusqu’à ce qu'elles soient bien 478 GES enracinces ; après quoi on les traite comme les autres plantes délicates qui viennent des mêmes contrées. En automne , on les plonge dans la couche de tan de la serre chaude, et pendant l'hiver on leur donne très-peu d'eau; car une trop grande humidité les feroit périr. On laisse ces plantes constamment dans la serre chaude, parce qu'elles ne pro- fitcroient pas hors du tan , même en cé ; on leur donne de lair libre toutes les fois que le tems le permet , et on les arrose souvent , mais tou- jours légerement pendant les cha- leurs. A mesure que ces plantes font des progrès, il est nécessaire de substituer de plus grands pots aux premiers , sans quoi leur accroisse- ment seroit arrêté. Au moyen de ce traitement , ces plantes fleuriront dans la seconde année; mais elles ne subsisteront pas plus de trois ou quatre ans, parce qu’elles ne sont pas d’une longue durée , même dans leurs pays natal, GESSE, Voyez LATHYRUS SATIVUS. GEUM. Lin. Gen. Plant. 561. Caryophyllata. Tourn. Inst) R. H. 294. Tab. 1515 Benoite ox Herbe de St. Benoit. Galiot ox Récise. Caracteres. Les fleurs ont un calice formé par une feuille décou- pée à son extrémité en dix segmens , GEU alternativement plus longs et plus petits, une corolle composée de cinq pétales ronds et étroits à leurs bases , ou ils sont insérés dans le calice, un grand nombre d’étamines en forme d'alénes, aussi longues que le calice, dans lequel elles sont insérées , et terminées par des sommets larges et obtus : dans le centre de la fleur est situé un grand nombre de ger- mes réunis en une tête , et dans les côtés desquels sont implantés des styles longs, velus et couronnés par des stigmats simples ; ces germes se changent, quand la fleur est passée, enune grande quantité de semences, plates , rondes , velues , fixées dans le calice commun , et à chacune desquelles adhère un style courbé en forme de genou. Ce genre de plantes est rangé dans la cinquieme section de la douzieme classe de LINNEE , inti- tulée Icosandrie polygynie , dans laquelle sont placées celles dont les fleurs ont plus de vingt étamines, et pluseurs styles insérés dans le calice. Les especes sont : 1°. Geum urbanum , floribus erectis, fructu globoso , villoso ; aristis unci- natis , nudis , foliis Lyratis. Hort. Clif. 195. Fl. Suec. 423 5 460. Mat. Med. 132. Roy. Lugd.-B. 276. Gmel. Sib. 3. p. 188, Crantz. Austr. p. 69. Mattusch, Sil. n. 370. Pollich. Pal. n. §01. Benoite avec des fleurs GEU trigées, un fruit globulaire , des barbes nues et crochues, et des feuilles en forme de Lyre. Caryophyllata. Dod. Pempt. 137. Caryophyllata vulgaris. C. B. pag. 321. Benoite commune, Galiot oz Récise, Herbe de St.-Benoit. 2°. Geum rivale, floribus nutan- tibus , fructu oblongo , aristis plumosis. Hort. Cliff. 195. Fl. Suec. 414,461. Roy. Lugd.-B. 176. Mat. Med. 132. Fi. Lepp. 116. Fl. Dan. t. 722. Martusch. Sil, n. 371. Kniph. Cent. 1. 2. 36. Benoite avec des fleurs penchées, un fruit oblong , et des barbes plumacces. Caryophyilata Septentrionalium. Los. Ic. 694. Caryophyllata aquatica , nutante flore. C. B. p. 321. Benoite aqua- tique, à fleur penchée. B. Caryophyllata aquatica altera. Bauh. Pin. 322. Variété. 3°. nutantibus , fructu globoso , aristis nudis , foliis Lyratis , foliolis rotun- dioribus ; Benoite avec des fieurs penchées, un fruit globulaire, des barbes nues, des feuilles en forme de Lyre , et des lobes ronds. Caryophyllata Pyrenaica, amplis- simo et rotundiori folio , nutante flore. Tourn. Inst. R. H. 195. Benoite des Pyrénées, avec une feuille plus ronde et fort large , et une fleur penchée. 4°. Geum montanum , flore incli- nato, solitario , fructu oblongo, aristis eum Pyrenaicum, floribus GiY 79 plumosis ; rectis. Lin, Sp. Plant. Sox. Crantz. Austr. p. 72. n. 2. Jacq. Austr. t. 373. Mateusch. Sil. a. 372. Benoite avec une fleur inclinée et solitaire, an fruit oblong, et des barbes plumacées et droites. Caryophyllata pinnis confertioribus , extrema sub - rotunda, tubis rectis. Hall. Helv. 3 36. Caryophyllata montana, flore luteo magno. J. B. 2. pag. 398. Benoite de montagne, avec une grcsse fleur jaune. x Caryophyllata Alpina. Pon. Balt. 342. Caryophyllata montana. Cam. Epir. 727. 5°. Geum Alpinum, flore solitario, erecto , fructu globoso , aristis tenuio- ribus , nudis ; Benoîte avec une fleur simple et érigée, un fruit globulaire, et des barbes étroites et nues. Caryophyllata Alpina minor..C. BR. p- 3225 la plus petite Benoîte des Alpes. . Caryophyllata Alpina minima, fiore aureo. Barr, Rar. 588. % 399. 6°. Geum Virginianum , floribus erectis , fructu globoso ; aristis uncie natis, nudis , foliis ternatis. Hort. Cliff. 195. Gron. Virg. 56. Benoite avec des fleurs droites, un fruit globu- laire , des barbes nues , et des feuilles à trois lobes. Caryophyllata Pi irginiana, albo flore minore, radice in odorä. H. L. III, t. IL, Benoite de Virginie, avec 430 GEU des plus petites fleurs blanches, ct une racine sans odeur. Urbanum. La premiere espece croît en abondance dans les haies et sur les bords des bois de la plus grande partie de l'Angleterre, aussi on ne la cultive pas beaucoup dans les jardins ; elle est au nombre des plantes médicinales, et sa racine, qui est la seule partie dort on fasse usage, est regardée comme céphali- que, alexiphermaque et astringente; aussi s’en sert-on dans les diarrhées, etc: (x) Rivale. La seconde , que l'on (1) La racine de cette plante, que l'on emploie de préférence à toutes ses autres parties, pour les usages de la médecine, a une odeur assez forte de Girofle lors- qu'elle est fraichement écrâsée : elle four- nit, par l'analyse, un principe subtil spiritueux peu abondant, une substance gommeuse et résineuse, et une terre as tr¢ngente et austère, C’est à cette derniere partie que l’on doit attribuer toutes les vertus de cette plante : elle agit sur les corps en resserrant et en fortifiant ; elle .est par conséquent très-propre à come battre les maladies qui proviennent du relâchement des solides ; à consolider les plaies et les ulcères, et à arrêter les écoulemens séreux et les hémorrhagies : on l'emploie aussi contre les fievres intermit- tentes, dans lesquelles elle peut produire d'heureux effets, en la donnant dans le frisson , à la dose d’une poignée en infu- sion dans un demi-septier de vin, ainsi que dans les fluxions catharrales, la diar- rhée , les dyssenteries, le crachement de sang, les palpitations de cœur, etc. GEU rencontre dans les prairies humides des parties septentrionales de l’An- gleterre, est une plante d’un crû plus bas que la premiere ; ses feuilles inférieures ont deux paires de petits lobes à leurs bâses, et trois à leurs: extrémités, dont celui qui forme la pointe, est le plus grand; celles qui garnissent les tiges, sont composées de trois lobes aigus et sessiles à la tige ; ses fleurs sont de couleur pourpre et inclinées sur un côté: elles paroissent en Mai, et leurs se- mences murissent en Juillet. Pyrenaicum. La troisieme se trou- ve sur les Pyrénées, ainsi que sur les montagnes du nord; elle ressemble un peu à la seconde, mais ses feuilles sont beaucoup plus larges, plus rondes, et dentelées sur leurs bords: ses fleurs sont plus grosses et de couleur d'or; elle fleurit dans le même tems que la précédente. Montanum. La quatrieme, qui est originaire des Alpes, a des feuilles beaucoup plus larges qu’au- cune des autres especes ; ses feuilles basses sont composées de trois ou quatre paires de petits lobes irrégu- liers, placés sur la longueur de la côte du milieu , qui est terminée par un lobe fort large, rond et crénelé sur ses bords; ses fleurs sont grosses, d'un jaune brillant, et simples sur le sommet de la tige , qui s’éleve a cinq ou six pouces plus baut; elle fleurit dans le mois de Mai et de Juin. A lpinum, GEU Alpinum. La cinquieme croît na- turellement sur les Alpes; c'est une plante fort basse , dont les tiges de la fleur ont environ trois pouces de long, sont inclinés sur un côté, et sont terminées chacune par une fleur d'un jaune brillant, et a-peu-prés aussi grosses que celles de l’espece commune : celle-ci fleurit vers le même tems que la précédente. * VWirginianum. La sixieme naît spontanément dans l'Amérique sep- tentrionale ; ses tiges s’élevent à deux pieds ou deux pieds et demi de haut ; elles se divisent au sommet en petit pédoncules, terminés cha- cun par une petite fleur blanche; ses feuilles sont à trois lobes, et sa racine est sans odeur. Toutes ces plañtés sont fort du- res, et réussissent dans tous les sols; mais elles veulent étre placées à l'ombre : on peut les multiplier ai- sément par leurs graines, qu'il faut semer en automne; car lorsqu'on les garde jusqu’au printems, elles ne poussent pas dans la même année. GINGEMBRE. Voy. AMOMUM ZINGIBER. GINGEMBRE SAUVAGE, (Le plus grand). Voy. COSTUS ARABICUS. GINGEOLE ox JUJUBIER. Voy. ZIZIPHUS. GINGIDIUM. Voy. ARTEDIA. Tome III. GLA 481 GINSENG et NINZING. Voyez Panax. L. GIROFLE. Voy. GÉROFLE. GIROFLEE JAUNE, GERO- FLIER. Voyez. CHEIRANTUS CHEIRI. GLACE (/a) est un corps dur et transparent , formé de quelque li- queur congelée ou fixée par le froid. On dit que la Glace est l’état na- turel de l'eau, parce qu’elle reste ferme et non liquide , lorsqu'elle n'est agitée par aucune cause ex- terne. La vraie cause de la congélation de l’eau, semble être l'introduction des particules frigorifiques dans les pores ou interstices de ses particules, ce qui leur fournit un contact dans tous leurs points , et leur donne la facilité de se réunir en un corps ferme et solide. On peut s'étonner de ce que la Glace nage sur l’eau ; on pourroit croire qu étant plus froide que l'eau, elle devroit être plus condensée et plus pesante ; mais il faut observer que l'eau en se gelant retient une grande quantité d'air qui y forme des bulles, et la rend par consé- quent plus légère. Lorsque l'eau est gelce elle oc- cupe plus de place que dans son état de fluidité, parce que les par- FN SEPP 432 G L A ticules frigorifiques qui sy sont in- troduites, augmentent nécessaire- ment son volume en éloignant ses parties. - Outre les particules frigorifiques, la Glace contient encore une cer- taine quantité d'air, comme nous l'avons déjà observé; cet air, qui existoit dans l'eau et qui étoit logé dans les petits vuides formés par la forme globulaire de ses parties élé- mentaires, étant chassé par l'intro- duction de la matiere du froid , se rassemble en plus grand volume, et acquiert alors une élasticité suffisante pour dilater la masse de l'eau, aug- menter son volume, et diminuer ainsi sa pesanteur spécifique. I est probable que le froid, la gelée et la Glace, sont produits par quelque substance d’une nature sa- line dispersée dans l'air; ce qui le fait croire, c’est que les sels en gé- néral, et sur tout quelques-uns en particulier, étant mélés avec de la Glace ou de la neige, augmentent beaucoup l'intensité du froid. Il est certain que toutes les subs- tances salines occasionnent une cris- pation et une rigidité dans les corps où ils sont introduits. Il est certain encore que, lorsque Yon observe quelques sels avec des microscopes avant qu'ils ne soient réduits en masses, leur figure paroît être celle d’un double coin qui a beaucoup de surface en proportion G L A de son volume; c’est pourquoi les particules de ces sels surnagent tou- jours sur l'eau, quoiqu’elles soient spécifiquement plus pesantes ; ces petites pointes de sels , en s'introdui- sant dans les pores de l'eau, y res- tent en quelque sorte suspendues sous leur forme spécifique en hiver, parce que le soleil n'a pas alors assez d’activite pour les dissoudre, émous- ser leurs pointes, et les entretenir dans un mouvement continuel : l'eau étant moins agitée, ces parti- cules se réunissent plus facilement, forment des concrétions qui retien- nent les particules d’eau a travers lesquelles elles s’insinuent , et lui donnent ainsi les propriétés de ce corps solide et transparent , auquel on donne le nôf de Glace, Cette théorie est celle qui a été donnée par M. Mariotte, dans son traité de l'Hydrostatique, et cet Auteur la confirme par l'expérience suivante. Après avoir rempli d’eau froide, jusqu’à deux, pouces de son extré- mité , un vase cylindrique, haut de sept à huit pouces sur six de diame- tre, il l'a exposé en plein air pen- dant la gelée, et a examiné avec attention les progrès de la congé- lation de l'eau. La premiere Glace s’est formée à la surface en petits dards ou lames, dentelées comme une scie; l'eau qui ctoit entre ces petits dards conser- voit encore sa fluidité, quoique la G LA la partie glacée eût déja plus de deux lignes d'épaisseur : M. Mariotte a observé que plusieurs bulles d'air avoient paru dans la Glace qui com- mencoit à se. former au fond et à chaque côté du vâse; quelques-unes de ces bulles s’élevoient, et d’autres restoient enfermées dans la Glace; ce qui lui a fait croire que les bulles d'air occupant plus d'espace en se dé- veloppant , que lorsqu’elles étoisnt intimement mêlées avec l’eau , elles entrainoient avec elles quelques par- ticules d’eau, comme font les va- peurs du vin nouveau en fermen- tation, qui sortegt par l'ouverture du bondon. La petite quantité d’eau qui s’é- chappoit ainsi, se répandant sur les petits glaçons qui se trouvoient déjà sur la partie supérieure de l’eau, se changeoit elle-même en Glace, et commencoit a former sur ces petits glaçons une espece de colline, au milieu de laquelle il y avoit toujours une ouverture, que le passage de l'eau et de l'air entretenoit; les bords de ce trou s'élevoient toujours par de nouvelles bulles, produites par la Glace qui se formoit sur les côtés et dans le fond du vase. Il a observé que la surface supé- ricure de l’eau , étoit congelée a plus d’un pouce d'épaisseur, dans la circonférence , et à plus d’un pouce et demi, au bord du trou, avant que l’eau qui y ctoit contenue, comme dans un tuyau, fur gelée; 6 L A 43 > mais à la fin cette eau devint Glace, et alors le centre restant encore liquide, et l'eau qui étoit compri- mée par les nouvelles bulles qui se formérent pendant’ deux ou trois heures, ne trouvant aucune issue , la glace se creva tout d’un coup vers le haut. Le froid agit de la méme ma- niere sur les végétaux, par les parti- cules frigorifiques qui entrent dans les rejettons et les branches tendres des plantes ; ces particuless’insinuent dans les pores de la séve , augmen- tent son volume , et déchirent ainsi les vaisseaux délicats des végé- taux , qui bientôt périssent tout-a- fait: plus les plantes contiennent d'humidité , plus elles sont en dan- ger d’être détruites ; c’est ainsi qu'on voit souvent celles qui crois- sent au haut des murs, et dans des sols secs et pierreux, échapper à l’ac- tion des plus fortes gelées, tandis que toutes celles dela même espece qui sont en pleine terre, périsssent : on doit attribuer cette différence à ce que les vaisseaux des premieres sont plus fortset moins remplis d’hu- midité : ainsi, quand l'automne se trouve froid et humide, ce qui empêche les vaisseaux des plantes d'acquérir toute leur consistance, le moindre froid les endommage : au-lieu que, quand l'automne est sec et chaud , les rejettons tendres des arbres et arbrisseaux deviennent entièrement ligneux , perdent ainsi Ppp z 484 GAL TA une partie de leur humidité, et deviennent moins sujets a de pareils accidens. GLACIALE. Voyez; MESAM- BRYANTHEMUM CRYSTALLI- NUM.L. GLACIERES, (des) sont des bati- mens dans lesquels on conserve la glace,afin de s’en servir pendant l'été. Les Glacieres sont plus commu- nes dans les pays chauds qu’en Angleterre; elles sont fort en usage en Italie, où les plus pauvres ne voudroient pas louer une maison dans laquelle il n’y auroit point de cave pour y conserver de la glace; cependant comme on emploie au- jourd’ hui en Angleterre beaucoup plus de glace qu'on ne le faisoit autrefois, lenombre des Glacieres y est considérablement augmenté ; et quoique ce que je vais dire de ces sortes de bâtimens paroisse d’abord étranger à mon sujet, cependant si l'on considere que les Glacieres sont ordinairement construites dans les jardins , et confiées aux soins des Jardiniers, on avouera qu'il n'est pas hors de propos de donner quel- - ques préceptes généraux , tant sur le choix de la position qui leur con- vient, que sur leur construction, et la maniere d'y conserver la glace. Lorsqu'on veut construire une Glaciere , il faut choisir un terrcin sec ; car la glace se fond par-tout où il y a de l'humidité : ainsi dans G L A les terres fortes, on ne peut pren- dre trop de précautions pour facili- ter l'écoulement des eaux, et pré- venir l'humidité, soiten creusant des tranchées tout autour desGlacieres, ou par quelqu'autre moyen. On doit choisir encore un endroit assez Clevé , et quiait asssz de pente pour laisser écouler toutes les eaux qui pourroient se rencontrer dans les environs. Il faut aussi que cet édifice soit exposé au soleil et à l'air autant quil est possible, et ne point le placer à l'ombre des arbres, ni a Vegotit des eaux qui en tom- bent; ce qu’on ne fait que trop sou- vent , dans la fausse idée que si la Glaciere étoit exposte au soleil , la glace y fondroit en été : cependant cela n’arrivera jamais , quand on aura le soin de fermer tout accès à Pair extérieur , ce qu'il faut toujours observer dans la construction de ces bâtimens ; car la chaleur du soleil n'aura jamais assez d’activité pour pénétrer à travers la double voûte de ce bâtiment, pour se communi- quer à lair intérieur. Quand une Glaciere est bien exposée au soleil et au vent , toutes les vapeurs humides qui peuvent lentourer sont aisément dissipées ; quant à la forme du bati- ment, elle dépend du goût ou du caprice de celui qui le fait cons- truire ; mais pour le puits où Ja glace doit être déposce , on lui donne ordinairement une figure ronde; sa profondeuret son diamètre doivent G L A être proportionnés à la quantité de glace qu'on y veut conserver ; mais il vaut toujours mieux que ces pro- portions soient plus grandes que plus petites ; car si la Glaciere est bien construite , la glace pourra s'y con- server deux ou trois ans , et on n’en manquera jamais , quand l'hiver sui- vant seroit assez modéré pour qu'on ne püt pas trouver aisément de la glace. Si Pon ne veut pas avoir une trés- grande quantité de glace, un puits de six pieds de diametre sur huit de profondeur suffira ; pour une con- sommation plus considérable , il faut lui donner neuf ou dix pieds de diametre sur une profondeur égale: dans les endroits où le terrein est gypseux , graveleux ou sablonneux , on peut fairele puits tout-a-fait sous terre; mais dans une terre forte et argilleuse ou humide , on fera mieux de Télever au-dessus de la surface de la terre , à proportion de ce qu'on aura a craindre de l’humi- dité. On laissera au fond du puits un espace d'environ deux pieds de profondeur, pour recevoir l’humi- dité que la glace pourra fournir , et on pratiquera une petite tranchée souterraine , pour faciliter l'écoule- ment de cette eau : sur cet espace vuide , on placera une forte grille de bois, à travers laquelle l’eau pro- venant de la fonte de la glace, pourra s'échapper. Ce puits sera re- GLA 485 vétu de briques, et on donnera à cette muraille au moins l'épaisseur de deux briques et même davantage; car plus elle sera épaisse , et moins la glace sera exposce à éprouver au- cun dommage : dès que cette mu- raille sera Clevée à trois pieds au- dessus de sa surface, on commen- cera à construire un autre mur ex- rieur , qu'on clevera jusqu'à la hauteur qu'on veut donner à la voûte du puits ; sion veut faire la dépense d’une seconde voûte par- dessus la premiere, l'ouvrage n’en sera que meilleur ; mais si des raisons d'économie empéehent de prendre ce parti, on placera l’assiette du toit sur le mur extérieur, et on l'élevera assez, afin de pouvoir pratiquer une porte dans la voûte: avant de couvrir le toit d’ardoises ou de tuiles, on doit y mettre un lit de roseaux pour empêcher le soleil et l'air extérieur d’y pénétrer ; on donnera à ces roseaux deux pieds d'épaisseur , et on les couvrira de mortier mêlé de poils; au moyen de cela, on n’aura rien à craindre de l'action du soleil. Le mur extérieur n’a pas besoin d’être circulaire , il peutètre quarré, à six ou à huit angles, et si la Gla- ciere est expose à la vue , on peut lui donner une forme agréable, telle que celle d’un siège en alcove, derriere lequel on ménagera un pas- sage pour pouvoir y mettre la glace et la retirer. 486 @LA Jutre ce petit passage par lequel une personne peut entrer, la Gla- cicie doit avoir encore une autre Ouverture au nord , auquel aboutira un vestibule spacieux, terminé par une porte assez large pour qu'on puisse y introduire une voiture en Ja reculant;de maniere que l'on puisse décharger la glace à l'entrée du puits, ou on ja casse en morceaux avant de l'y jeter; cette ouverture ne doit pas avoir plus de deux pieds et demi de diametre ; car si elle croit plus large, elle deviendroit incommode lorsque l'on y introduit la glace ; on la ferme exactement avec une pierre qui y entre juste , et on remplit l'espace qui se trouve encr'elle et la porte extérieure, avec de la paiile d'orge, pour empécher que l'air extérieur ne puisse s’y in- troduire : ainsi le passage par lequel onentre pour prendre de la glace, doit être opposé à la grande porte, et pratiqué immédiatement derriere le siége en forme d’alcove , comme nous l'avons dit: cette porte ne doit pas avoir plus de largeur qu'il nest absolument nécessaire pour pouvoir-retirer la glace; elle doit étre forte et bien jointe, afin que l'air ne passe pas à travers: à cing ou six pieds de cette porte , on en construit une autre, qu'on doit tou- jours fermer exactement avant d’ou- vrir la seconde, toutes les fois qu’on retire la glace- Avant de mettre la glace dans GLA une Glaciere , il faut donner à la maçonnerie le temps de sécher , sans quoi l’humidité qui y resteroit la feroit fondre ; on place sur la grille qui occupe le fond du puits , quel- ques branches de bois sec , sur les- quelles on étend également un lit de roseaux, qui sont plus propres à cet usage, que la paille den n se sert communément. Pour ce qui regarde le choix de la glace, plus elle est mince, et plus elle est aisée à pulveriser ; plus elle est menue, et mieux elle s'entasse dans le puits; il faut avoir soin de la bien serrer en l'y mettant, et de laisser tout-au- tour un vuide d'environ deux pouces, pour donner passage à l'humidité qui peut-être occasionnce par la fonte de quelques morceaux de glace de la partie superieure ; car si cette eau séjournoit , elle fondroit la glace jusqu'en bas; mais on fera bien ,en mettant la glace dans le puits, de répandre centre chaque épaisseur de dix à douze pouces, un peu de salpétre , qui les fera joindre exactement ensemble. Cet exposé succintde la maniere de construire les Glacieres, suffira pour diriger les personnes mêmes qui n'ont aucune connoissance sur la disposition de ces bâtimens. GLADIOLUS. Lin. Gen. Plant. §§- Tourn, Inst. R. H. 365. Tab. 190. Cette plante prend son nom de Gladius , une épée, à laquelle GLA ses feuilles ressemblent. Glayeul. Gladiole. Caracteres. Les fleurs dé ce genre sont renfermées dans des graines éloignées les unes des autres ; le pétale de la corolle est découpé en six parties, dont les trois supérieures sont trés-rapprochees, et les trois inférieures entierement ouvertes ; mais elles forment toutes un tube court et courbé à la bâse ; la fleur a trois étamines en forme d’aléne, insérées dans chaque partie du pé- tale , jusqu'a l’extrémité duquel elles sélevent , et terminées par des antheres oblongues ; le germe, qui est placé au-dessous de la fleur, soutient un stylesimple, aussi long que les étamines , et couronné par un segment concave, et divisé en trois parties: ce germe se change, quand la fleur est passée, en une capsule oblongue, gonfiée, à trois angles et à trois cellules, quis'ou-. vrent en trois valves , et sont rem- plies de semences rondes. Ce genre de plante est rangé dans la pre- miere section de la troisieme classe de Linnée, intitulée Triandrie me- nogynie , qui renferme celles dont les fleurs ont trois étamines et un style. Les especes sont : 1°. Gladiolus communis , foliis ensi-formibus , floribus distantibus. Lin. Gen. Plant. 36. Hort. Cliff 20. Hort. Ups. 16. Hall. Hev. n. 1262. Scop. Carn. ed. 2. n. 48. Mattusch. GLA 487 Sil, ¥.n. 31. Knorr. Del. Hort. 1. t. A. §. Kniph. Orig. Cent. 2. n. 26; Glayeul avec des feuilles en forme d'épée, et des fleurs éloignées les unes des autres. Gladiolus. Riv. Mon. 163. Dodon. Coron. p. 162. Gladiolus , floribus uno versu dis- positis. C. B. p. 41 ; Glayeul dont les fleurs sont disposées d’un côté de la tige. Gladiolus caule simplicissimo , foliis ensi-formibus. Roy. Lugd.-B. 19. 2°. Gladiolus Tralicus , foliis ensi-formibus , floribus ancipitibus ; Glayeul avec des feuilles en forme d'épée, et des fleurs aux deux corcs de la tige. Gladiolus utrinque floribus. C. B. pr AL 3°. Gladiolus Byzantinus , foliis ensi-formibus , spathis longioribys ; Glayeul avec des feuilles en forme d'épée , et de plus longues spathes aux fleurs. Gladiolus major Byzantinus. C. B. pr. 41; Le plus grand Glayeul de Byzance. 4°. Gladiolus Indicus_, foliis ensi- formibus , floribus maximis incarnatis ; Glayeul avec des feuilles en forme d'épée , et de fort grosses fleurs couleur de chair. Gladiolus maximus Indicus, C. B. Pe 41. 5°. Gladiolus angustus , foliis linearibus , floribus distantibus , corot- larum tubo limbis longiore. Liz. Sr, 488 GLA Plant. 37 ; Glayeul avec des feuilles fort étroites, des fleurs éloignées , et un tube plus long que les limbes du pétale. Gladiolus caule simplicissimo, foliis linearibus 5 floribus alternis. Roy. Lugd.-B. 19. Gladiolus Africanus , folio grami- neo, floribus carneis 5 maculam rhom- boideam inscriptis » uno versu positis. Boerh. Ind. Alt. 2. p. 127; Glayeul d'Afrique, avec une feuille d’herbe, et des fleurs couleur de chair , marquées d’une tâche rhomboide pourpre , et rangées sur un cote de la tige. Gladiolus , foliis linearibus. Hort. Gif. 20. 4,6. 6°. Gladiolus tristis, foliis lineari- cruciatis , corallis campanulatis. Linn. Sp. Plant. 37 ; Glayeul avec des feuilles fort étroites et cannelées , et une tige portant des fleurs en forme de cloche. Lilio-Gladiolus , bi-folius et bi- florus , foliis quadrangulis. Trew. Tabl. 39 ; Glayeul en forme de Lys, avec deux fleurs, et deux feuilles à quatre angles. Communis. La premiere espece croit naturellement dans les terres la- bourées de la plupart des contrées méridionales de l’Europe ; on la cultive depuis peu dans les jardins Anglois, où ses racines se sont si fort multipli¢es qu'on a beaucoup de peine à les extirper : elle a une racine ronde, comprimée, tubéreuse, GLA de couleur jaunatre , couverte d’une peau brune , et semblable à celle du grand Crocus jaune vernal ; elle produit deux feuille plates en forme d'épée , qui s’'embrassent l’une l’au- tre à leur base; ia tige qui sort du milieu de cette racine, s'éleve à Ja hauteur d'environ deux pieds, ct adeux feuilles étroites quil’envi- ronnent comme une espece de grai- ne ; les tiges sont terminées par cinq ou six fleurs pourpre, placées les unes au-dessus des autres, à quelque distance , et rangées sur un côté de la tige; elles ont chacune une spathe qui enveloppe chaque bouton de fleurs avant qu'il s’é- panouisse , qui se fend dans sa longueur lorsque les fleurs com- mencent à grossir ,se seche ensuite , et reste autour de la capsule jusqu’à sa maturité. La fleur a un pétale divisé jusqu'au fond en six parties; de sorte que la corolle paroit être composée de six pétales ; les trois segmens supérieurs sont très-rappro- chés , et s’élevent en forme de fleur labi¢e ; l'inférieur se tourne vers le bas, et les deux latéraux s'ouvrent en sctendant au sommet, et se re- plient versle fond; ces fleurs, qui sont placées sur un côté de la tige, sont d'une couleur de pourpre rouge : elles paroissent à la fin de Mai et en Juin, etleurs semences müûrissent au commencement d’Aotit. Cette plante n’exige aucun soin, elle de- vient mème fort embarrassante par la facilité GLA facilité avec laquelle elle se multiplie, lorsqu'elle est une fois introduite dans un jardin. Il y a deux variétés de cette es- pece, l’une à leurs blanches, et l'autre à fleurs blanches et couleur de chair, qu'on s'est procurces accidentelle- ment par semence. Gladiolus. La seconde espece dif- fere de la premiere , en ce qu’elle a ses fleurs placées aux deux côtés de la tige; mais d’ailleurs elle lui res- semble en tout : elle offre une va- riété à fleurs blanches, qui n’est pas aussi commune dans nos jardins que les premieres. Bizantinus. La troisieme a des ra- cines plus grosses que celles d'aucune des précédentes, et de la même for- me; ses feuilles sont plus larges, plus longues, et plus profondément veines; ses tiges sont plus élevées, et les fleurs qui les terminent sont plus grosses et d’un rouge plus foncé que celles des especes précédentes; leurs spathes sont aussi plus longues: Cette plante produit un bel effet quand elle est en fleur, ainsi elle me- rite d'être placée dans les beaux jar- dins, où ses racines ne feront pas au- tant d’embarras. On la multiplie par les rejettons que sa racine produit, comme celles des Tulipes; on peut les enlever à la fin de Juillet, lersque les tiges sont flétries , et les conserver jusqu'à la fin de Septembre ou au commence- ment d'Octobre, pour les planter Tome III. GLA 489 alors dans une plate-bande de par- terre, ou elles profiteront , dans quel- que situation que ce soit, et feront un trés-bel effet, par leur mélange avec les autres fleurs. — Indicus. La quatrieme espece croit naturellement au Cap de Bonne- Espérance , d’où ses semences m'ont été plusieurs fois envoyées ; elle a été cultivée long-tems dans les jar- dins Anglois; mais elle fleurit trés- rarement ici, car pendant près de trente années je ne l'ai vue qu'une seule fois en fleur, quoique je laie mise à toutes les expositions , et plan- tée dans différens sols; ses racines se multiplient promptement , mais elles ne résistent pas en pleine terre au froid de nos hivers; elles sont plus grosses, plus plates qu'aucune des au- tres, et sont couvertes d’une peau en filets; ses feuilles sortent comme celles des especes précédentes , et s’embras- sent de même; elles sont plus lon- gues , plus unies, d’un vert plus bril- lant , paroissent en Septembre, con- tinuent à croître jusqu'à Noël, com. mencent à se flétrir en Mars, et sont tout à-fait desséchées à la fin de Juin; alors on peut enlever les racines et les garder hors de terre jusqu'au mois d’Aotit. Cette espece fleurit en Janvier ; ses fleurs sont rangées à chaque côté delatige , et fort rapprochées, com- me les grains de lOrge plat ; ses spathes sont moins longues que celles des autres especes , et forment com- egqq 490 GrLssé me une enveloppe écailleuse ; ses fleurs sont d’un rouge pâle au-dehors; mais les trois segmens inférieurs sont jaunes en-dedans vers leur bâse, et marqués de quelques raies rouges. Quoique ces fleurs ne s'ouvrent pas toutes en même tems: puisque celles du bas sont flétries avant que celles du haut de l'épi soient dans leur beauté , elles font cependant un bel effet dans une saison où les autres fleurs sont rares. — Cette especesemultiplic très-promp- teinent par sesrejettons, qu'on plante dans une plate-bande chaude d’une terre de jardin potager; mais il faut les couvrir de vitrages ou de nattes pendant l'hiver , pour les garantir de la gelée: j'en ai conservé quelques- uns dans des pots sous des châssis vitrés ordinaires, qu'on couvroit Ié- gerement ; et d’autres ont été plan- tés en pleine terre, lorsque les ge- Les n’éroient pas trop fortes; j'ai tou- jours vu que les plantes qui étoient élevées durement, devenoient beau- coup plus fortes que celles qui écoient placées à un degré de chaleur modérée; de manière qu'on est plus assuré de les voir fleurir en les te- nant en pleine terre, et en les abri- tant des froids de l’hiver , que dans des plates -bandes couvertes de: vi- trages. Angustus. Les semences de la cin- quieme, qui n'ont été envoyces du Cap de Bonne-Espérance, ont réussi dans les jardins de Chelséa , ow ces GLA plantes produisent aunueliement de belles fleurs. Elle a une racine ronde, unie, bulbeuse, et couverte d'une peau mince de couleur foncée, de laquelle sortent én automne deux ou trois feuilles fortes , étroites, herbacées, plissées l’une sur l'autre à leur base, mais ouvertes , plates au-dessus , et élevées à la hauteur de deux pieds ; du milieu de ces feuilles sort une tige simple , haute d'environ deux pieds, et toujours inclince sur un côté; vers le sominet de cette tige, naissent deux ou trois fleurs rangées sur un côté, droites , et ayant cha- cune une spathe étroite et un tube long et mince qui se gonfle vers le haut, et se divise en six parties presqu'égales. La fleur est d’une cou- leur de chair foncée , et chaque segment du pétale a une marque rhomboïdale d’un rouge foncé ou pourpre; lorsque le tube est ouvert, on apperçoit les profondes divisions du pétale , ainsi que les trois étami- nes et leurs sommets, accompagnées du style, avec son stigmat découpé en trois parties, et clevé au-dessus du germe. Cette plante fleurit dans le mois de Mai et au commencement de Juin; comme elle est origi- naire des pays chauds, il faut la mettre à l'abri des froids’, en plan- tant ses bulbes dans des pots rem- plis de terre légere, qu'on tient pendant l'hiver dans une Orange- GLA rie; si on n’a pas cette facilité, on peut les enfermer durant la mauvaise saison , sous un châssis de couche, leur donner beaucoup d'air dans les temps doux, et les abriter de la ge- lée. J'ai vu plusieurs de ces plantes qui ont très-bien profité et fleuri avec ce traitement. On multiplie cette espece par les rejettons de sa racine comme la pré- cédente , ainsi que par ses graines, qui mürissent souvent en Angle- terre ; on les sème à la fn d’Aout , dans de petits pots remplis de terre légere qu'on tient à l'ombre jusqu'au milieu de Septembre, pour les ex- poser alors plus au soleil; et en au- tomne on les transporte sous les châssis d’une couche ou elles puis- sent être a couvert des gelées et des grandes pluies , et jouir de Yair libre dans les tems doux; les jeunes plantes paroitront au prin- tems suivant , et alors elles n'auront besoin que d’étre légerement arro- sces une fois tous les huit ou dix jours , parce que trop d'humidité pourriroit leurs tendres bulbes : au mois de Mai, et lorsque le dan- ger des gelées est passé , on place les pots dans une situation abritée, où ils puissent jouir de l'aspect du so- leil depuis son lever jusqu'a midi ; et si la saison est seche , on les arrose de tems en tems: vers la fin de Juin, lorsque les feuilles de cette plante sont flétries , on enleve les racines, on les met dans du sable , on les GETA Aor conserve dans une chambre seche, et on les remet en terre vers la fin d’Août; comme ces racines sont pe- tites, ON peut en mettre quatre ou cing dans un pot de la valeur d'un sou, rempli de terre legere , les pla- cer à l'exposition du solcil du matin, jusqu'au milieu de Septembre, les transporter ensuite dans une situa- tion plus chaude, les enfermer au mois d'Octobre sous des vitrages de couche , les traiter pendant l'hiver comme ila été prescrit ci-dessus , et les remettre au printems en pleinair 5 lorsque leurs feuilles sont flétries, on peut les tirer de la terre , et les conserver dans du sable , comme il a été dit ci-dessus ; comme après ce tems, ces racines seront devenues assez grosses pour fleurir, on les plantera séparément dans des pois d'un sou, et on les traitera comme les anciennes plantes. Tristis. La sixieme espece m'a été aussi envoyée plusieurs fois du Cap de Bonne - Espérance ; sa racine est ovale et moins comprimée que celle des autres; ses feuilles sont trés-lon- gues , Ctroites ct sillonnées par deux rainures profondes qui regnent dans toute leur longueur ; et comme la côte du milieu est trés-élevée, elles paroissent être quarrées au premier coup-d'œil: ces feuilles sont simples, et elles embrassent fortement la bâse des tiges dans une longueur consi- dérable , et chaque racine en pousse rarement plus de deux; la tige est Qqq 2 497 GUL" A mince, ronde, haute d’environ deux pieds , et ornée à son extrémité de deux fleurs, placées à deux pouces et demi de distance l'une de l’autre, sur le mème côté; chacune de ces fleurs a une courte spathe qui em- brasse le germe, ainsi que la bâse du tube, qui est long, étroit , recourbé, et qui s'élargit beaucoup avant de se diviser; le haut de cette fleur est dé- coupé en six segmens ¢gaux , termi- nés en pointes aiguës et de couleur de pourpre; mais elle devient de couleur de soufre avant de se flctrir: cette plante fleurit en Juin, et ses semences mûrissent quelquefois tres- bien en Ang'eterre. Elle se multiplie par les rejettons de sa racine, ou par semences, de la même maniere que la cinquieme espece , et elle exige le même trai- tement. GLADIOLE. 7. GLADIOLUS. GLAYEUL AQUATIQUE , oz JONC FLEURISSANT. V. Buto- MUS. GLAYEUL. Voy. GLADIOLUS. GLAYEUL PUANT. Voy. IRIS F@TIDISSIMA. GLANDIFER , se dit des arbres qui produisent des Glands. GLANDULUS, terme qui sert à exprimer les racines figurées en glan- des ou tubercules. G L A GLANDS (les) sont des fruits couverts d’une écorce unie et dure, qui renferme une semence, dont la partie basse est logée dans une es- pece de coupe, et le haut est nud. GLAUCIUM. Voyez CHELIDO- NIUM. | GLAUX. Maritima. Hort. Cliff. 43: PLY Size? 109.12 10 eye Lxgd-B. 417. Mouron maritime, ou Herbe à lait. Glaux , foliis elliptico-oblongts. FL Lapp. 72. Glaux Maritima. Bauh. Pin 25. ; Alsine bi-folia , fruétu Coriandri , radice geniculatä. Lesel. Pruss. 13. BT 30 Cette plante est basse , traînante et vivace ; ses feuilles ressemblent à celles du Mouron; mais elles sont d’une consistance plus épaisse, et sessiles aux tiges : comme on la cul- tive rarement dans les jardins, je n'en donnerai point d’autre descrip- tion ; elle croît spontanément sur les rivages de la mer , dans la plus grande partie d'Angleterre. Nota. LINNÉE l’a placée dans la Pentandrie monogynie ; le calice de sa fleur est monophylle , elle n’a point de corclle , la capsule est à une cellule qui s ouvre en cing val: ves, et renferme cinq semences : ik y en a trois variétés , lune à fleurs blanches, la seconde à fleurs herba- cées, et la troisieme 4 fleurs para- chées de rouge et de blanc. GLE GLECHOMA. Hederacea 5 foliis reni-formibus crenatis. Hort. 307. Fl. Suec. 483. jis. Lugd.-B. 320. Mat. Med. . 303. Lierre rempant. Hedera terrestris vulgaris. Bauh. Pin. 306. Chamea- Cissus. Fuchs, Hist. 876. Nota. LINNEE a placé cette plante dans sa Didynamie gymno- spermie, premier ordre de sa qua- torzieme Classe. Le calice de la fleur est divisé en cinq parties , er les sommets des éta- mines sont joints en forme de croix, Cette plante croît naturellement en Angleterre, sous des baies et sur les bords des chemins ; mais comme on nel’admet pas dans les jardins, je me contente d'en faire une simple mention : on en connoit quatre va- rictés, la premicrea fleurs blanches, la deuxieme à fleurs bleues, la troi- sicme petite et très-élégante, et la quatrieme à Heurs pourpre. GLEDITSIA. Lin. Gen. Plant. 1025. Carouge a miel, ou Acacia à trois épines. Caracteres. Ce genre a des fleurs mâles et des hermaphrodites dans le même chaton , et des fleurs femel- les.sur. différentes plantes ; les cha- tons males sont longs,, serrés , cylin- driques, et ont chacun un petit ca- lice a trois feuilles, et trois pétales ronds qui s'étendent et s'ouvrent en oe aes forme de coupe : les fleurs males ont un nectaire turbiné, dont l'ouver- ture se change ensuite en fruit; et ” six étamines minces, plus longues que les pétales, et terminées par des sommets oblongs et comprimés: les” fleurs hermaphrodites qui sont pla- cées à l'extrémité du même chaton, ont des calices , des pétales et des étamines comme les feurs males, et de plus un germe, un style et des semences comme te fleurs femelles : celles-ci naissent sur des arbres dif- férens, et sont disposces dans un chaton clair ; elles ont un calice à cing feuilles , cing pétales oblongs, deux nectaires courts et déliés, et un germe plus long que les pétales, qui soutient un style court, réflc- chi, et couronné par un stigmat épais: ce germe devient ensuite un gros légume plat , divisé intérieure- ment en plusieurs partitions trans- versales, remplies d'une pulpe ou chair, qui environne une semence dure , ronde et renfermée dans cha- que cellule. Ce genre de plantes est rangé dans le second ordre de la vingt- troisieme Classe de LINNEE, intitu- Ke: Polygamie diecie , dans lequel se trouvent comprises toutes celles qui ont des fleurs mâles et herma- pbrodites sur la même plante, et des fleurs femelles. sur des pieds sé- PES arcs. ; Les espèces sont : 1°. Gleditsia triacanthos , spinis 494 GLE triplicibus axillaribus. Lin. Sp. 1509. Gléditsia à trois épines, placées sur les côtés des branches. Gieditsia spinosa. Duham. Arb. 1. Pp. 266. t 105. Acacia Americana , Abrua folio , triacanthos sivé ad axillas foliorum spind triplici donata. Pluk, Mant. 1. t. 352. f. 1. Hort. Angi. t. 21. Acacia d'Amérique a trois épines. Melilobus. Mitch. Gen. 15. Cesalpinoides , foliis pinnatis ac duplicato-pinnatis. Hort. Cliff. 489. 2°. Gleditsia inermis , spinis pau~ cioribus , foliis bi-pinnatis , siliquis ovalibus ; Gléditsia avec moins d’é- pines , des feuilles ailces et des le- gumes ovales. Acacia Abrue folio , triacanthos , capsuld ovali , unicum semen claudente. Catesb. Car. 1. p. 43.t. 43. Acacia à trois épines, et à feuilles d’A- bruse , avec un légume ovale qui renferme une semence. Triacanthos. Ces arbres sont ori- ginaires de l'Amérique ; la premiere espece est fort commune dans la plupart des parties de l'Amérique septentrionale , où elle est connue sous le nom de Carouge à micl ; comme elle a été cultivée pendant plusieurs années dans les jardins Anglois, les Jardiniers lui ont don- né le nom d’Acacia à trois épines ; elle s'éleve à la hauteur de trente ou quarante pieds, avec une tige armée d'épines longues, qui en ont deux ou trois plus petites qui sor- GLE tent de leurs côtés, et sont sou- vent produites en grappes , sur les noeuds des tiges: ces épines ont quelquefois trois ou quatre pou- ces de long ; les branches sont aussi armées d’épines semblables , et gar- nies de feuilles ailées , composées de dix paires de lobes , sessiles à la côte du milieu, et d’un vert luisant. Les fleurs, qui sortent sur les côtés des jeunes branches , en chatons, sont dune couleur herbacée, et n’ont point d'apparence ; les fleurs herma- phrodites sont remplacées par des légumes d'environ un pied et demi de long , deux pouces de large, et divisés en plusieurs cellules par des partitions transversales , dont chacune renferme une semence unie, dure, oblongue , entourée d’une chair douce. Les feuilles de cet arbre parois- sent rarement dans notre climat avant le mois de Juin, et ses fleurs naissent à la fin de Juillet ; mais il ne fleurit que lorsqu'il est parvenu à une grosseur considérable : il y en avoit un dans le jardin de Chelséa , qui a produit des fleurs pendant plusieurs années, et l'on en voit en- core aujourd'hui un dans le jardin de l'Evèque de Londres à Fulham, qui a produit des légumes en 1728, qui sont parvenus à leur entiere grosseur , mais dont les semences n'ont point müri. La seconde ressemble beaucoup à la premiere, mais elle a Inermis. GLE moins d’épines; ses feuilles sont plus petites , ses légumes sont ovales, et ne renferment qu'une semence; celle- ci a été découverte par M. Catesby , dans la Caroline, d’où il a envoyé ses semences en Angleterre, sous le nom d’Acacia aquatique , qu'on lui donne encore dans les jardins. Culture. On multiplie ces arbres au moyen de leurs graines, qu'il faut se procurer de l'Amérique : on en- voie annuellement en Angleterre celles de la premiere espece, sous le nom de Carouge , ou Carouge à miel, pour les distinguer de celles du faux Acacia, qu'on appelle souvent en Amérique Carougier : on peut les semer au printems sur une planche de terre légere, en lesenterrant d'un demi-pouce de profondeur; si le printems est sec, il faut les arroser Nee souvent , Car sans cette précaution elles ne pousseroient pas la premicre année ; et je les ai même vu quel- quefois rester deux ans dans la terre avant de germer. Ainsi , quand on veut gagner du tems, on les seme aussi-tôt qu'elles arrivent , on plonge les pots qui les contiennent dans une couche de cha- leur modérée, et on les arrose sou- vent; par-cette méthode, la plupart des plantes pousseront dans la même saison. Lorsqu’elles auront fait quel- ques progrés, on les accontumera par dégrés à supporter le plein air ; car si on les laissoit dans la couche chaude , elles fileroient et s'affoibli- GLE 495 roient beaucoup : on arrose souvent pendant l'été celles de ces plantes qu'on a mises dans des pots; mais celles de pleine terre n’ont pas besoin d'autant d'eau , à moins que la sai- son ne soit fort seche : comme ces plantes continuent à pousser jusqu’à la fin de l'été, leurs derniers rejectons sont sujets à étre détruits par les premieres gelces de l'automne; pour prévenir cet accident, on place dans cette derniere saison celles qui sont en pots, sous un chassis de couche, et on couvre de nattes cclles de pleine terre , aux premicres apparences de geke; car une petite gelée d’au- tomne fait plus de tort aux jeunes rejettons qui sont remplis de sève, que les plus fortes de l'hiver n’en pourroient oceasionner aux branches ligneuses. Au printems suivant , on peut placer ces plantes dans des planches en pépiniere, à un pied de distance de rang en rang, et à six pouces entr'clles ; mais cette opération ne doit être faite que dans le mois d’A- vril, lorsque Je danger des fortes gelées est passé; car comme elles ne poussent que fort tard, on peut sans risque ne les transplanter qu’au mois de Mai: si la saison est seche , il faut les arroser , et on fera bien aussi de couvrir la terre avec de la mousse ou du terreau , pour l'empè- cher de trop se dessècher : ces plan- tes peuvent rester deux ans dans cette pépiniere; pendant ce tems on 496 GEO les tient constamment nettes, et en hiver on couvre la terre avec du vieux tan, pour les garantir des effets de la gelée : si ces plantes pro- fitent bien , elles seront en état d’être placées à demeure au bout de deux ans; car il est dangereux de les transplanter lorsquelles sont plus grosses ; la meilleure saison pour les enlever , est sur Ja fin du printems : elles profitent mieux dans un sol léger et profond, que dans une terre forte et peu profonde , où elles se couvrent de mousse, et ne de- viennent jamais grosses ; elles exi- gent aussi une situation abritée, parce que leurs branches sont fort sujettes à étre rompues par l'effort des vents, lors méme qu'elles sont enticrement dépouillées de leurs feuilles. GLOBULAIRE. Voyez GLOBU- LARIA. L. » GLOBULARIA. Lin. Gen. Plant. 106. Tourn. Inst. R. H. 466. Tab. 206. La Globulaire , Marguerite Bleue. Caraëteres. Ce genre a des fleurs compos¢es de plusieurs fleurettes , renfermées dans un calice commun et écailleux; chaque fieurette a un calice fourni par une feuille tubu- lée et découpée en cinq segmens à son extrémité ; elles ont un pétale à bâse tubulée, mais dont l’extré- mité est divisée en cing parties, GLO dont la supérieure , qui est la plus petice, est réfléchie ; elles ont aussi quatre étamines de la longueur du pétale, et terminées par des sommets distincts ; dans le fond du tube est placé un germe ovale, qui soutient un style mince, couronné par un stigmat obtus; ce germe se change ensuite en une science ovale , si- tuce dans le calice commun. Ce genre de plantes est rangé dans le premier ordre de la quatri¢- me Classe de LINNÉE, qui a pour titre: Tetandrie monogynie ; et qui renferme celles dont les fleurs ont quatre Ctamines et un style. Les especes sont : 1°. Globularia vulgaris , caule her- | baceo , foliis radicalibus tridentatis , caulinis lanceolatis. Flor. Suec. 109. 116. It. Æl. 65. Dalib. Paris. 43. Pollich. Pal. n. 1 36.Scop. Carn. ed. 2. n. 132. Globulaire avec unetige her- bacée , des feuilles radicales, divi- ses en trois pointes, et celles des tiges en forme de lance. Globularia vulgaris. Tour. 467. La Globulaire. Globularia caule folioso , foliis ovatis , integerrimis. Hort. Cliff. 490. Roy. Lugd.-B. 190. Hall Heb. 667. Aphyllanthes anguillare. Cam. Hort. 1827: Bellis carulea , caule folioso. Bauh. Pin. 262. Marguerite bleue. B. Bellis carulea Apula. Tabern. Hist, 2. p. 709. Variété. Y. Belle GLO Y. Bellis cerulea Monspeliaca, ta- bernarum. Hist. 2. p. 709. Lob. Ady, 200. Ic. p. 478. 2. Variété. 2°, Glodularia nudi-caulis , caule nudo , foliis integerrimis , lanceolatis. Lin. Sp. Plant. 97. Jacq. Austr. r. 230. Scop. Carn. 2.27. 134. Globu- laire avec une tige nue, et des feuil- les entieres et en forme de lance. Globularia Pyrenaica , folio oblon- go » caule nudo. Tourn. 467. Globu- laire des Pyrenées, avec une feuille oblongue et une tige nue. Scabiosa Bellidis folio , humilis , caule nudo ; radice non repente. Moris. Hist. 3. p.50. J. 6. t. 15. f. 4. Bellis cerulea , caule nudo. Bauh. Pin. 262. Raj. Hist. 381. 3°. Globularia Alypum , caule fruticoso , foliis lanceolatis , tridenta- tis integrisque. Prod. Leyd. 190. Globulaire avec une tige d’arbris- seau , et des feuilles en forme de lance , dont quelques-unes se termi- nent en trois pointes , et d'autres sont entieres. Globularia fruticosa , Myrti folio ridentato. Tourn. 467. T. Garid. Aix. 210. Globulaire en arbrisseau, avec des feuilles de Myrte, divisées en trois parties, communément ap- pele Turbich blanc ; ou Sené des Provençaux. Alypum Monspeliensium sive fru- tex terribilis. Bauh. Hist. 1. p. 598. Mss. Act. 1712. p. 336. ¢. 18. Thymelea , foliis acutis , capitulo Succise. Bauh. Pin. 463. Tome III. GLO 497 4°. Globularia spinosa , foliis ra- dicalibus crenato - aculeatis ; caulinis integerrimis , mucronatis.Lin,Sp.Plant. 96. Globulaire dont les feuilles radi- dicales sont crenelées et épineuses, et celles des tiges entieres , et ter- minces en une pointe, Globularia spinosa. Tourn. 476. Bellis carulea spinosa. Bauh. Pin. 262. Bellis spinosa , flore globoso. Bauh. Prodr. 121. § °. Globularia cordi-folia, caule sub. nudo foliis cunei-formibus tri-cuspidaris, intermedio minimo, Lin, Sp. Plant. 96. Jacq. Austr. 24§. Scop. Carn. ed. 2. n. 13 3.Globulaire avec une tigenue, et des feuilles en forme de coin, et terminées en trois pointes, dont celle du milieu est la plus petite. Globularia , foliis radicalibus cunei- formibus, retusis, dentatis, denticulo in- cermedio minimo. Hort. Cliff. 491. Roy. Lugd.-B. 190. Scabiosa Bellidis folio, humilis , caule nudo , radice repente , folio cor- dato. Moris. Hist. 3. p. 50. sive. 6. t.15.f. ult. Bellis carulea montana frutescens. Bauh. Pin. 262. B. Globularia Alpina minima, Ori- gani folio. Tourn. Inst. 467, La plus petite Globulaize des Alpes, a feuil- les de Marjolaine. Scabiosa, Bellidis folio, Pyrenaica minima. Moris. Hist. 3. p. 51. 6°. Globularia Orientalis , caule sub-nudo , capitulis alternis , sessili- Rrr 498 6 LO bus ; foliis lanceolato-ovatis , integris. Lin, Sp. Plant. 97. Globulaire avec une tige nue , des tétes de fleurs al- ternes et sessiles, et des feuilles ova- les en forme de lance et entieres. Globularia Orientalis , fioribus per caulem sparsis. Tourn. Cor. 3 $. Glo- bulaire du Levant, à fleurs éparses dans la longueur des tiges. Vulgaris. La premiere de ces plan- tes croît en abondance aux environs de Montpellier, ainsi qu'au pied des montagnes du Jura et du Saléva, et dans plusieurs autres parties de l'Italie et de l'Allemagne; elle a des feuilles presque semblables à celles de la Margucrite , mais plus épaisses et plus unies ; ses tiges s'élevent à la hauteur d'environ six pouces , et soutiennent une tête globulaire de fleurs , composée de plusieurs fleu- rettes, renfermées dans un calice commun et écailleux ; ces fleurs sont d’un beau bleu, elles paroissent dans le mois de Juin, et produisent des semences situées dans le calice, et qui mürissent en automne. : Nudi-caulis. La seconde espece, qui est fort commune dans lesbois quien- vironnent le Couvent des Chartreux, etsur les montagnes des Pyrénées, est beaucoup plus grosse que la pré- ecdente; elle a une tige d’arbrisscau d'un pied et demi de hauteur, ses petioles sont tout-à-fait nuds , et ses feuilles sont plus étroires, et beau- coup plus longues. On peut multiplier la premiere , GLO en divisant ses racines , comme on le pratique pour les Marguerites: on préfere pour cette opération le mois de Septembre a toute atitre saison, afin que ces racines aient le tems de pousser de nouvelles fibres avant les premieres gelées ; on les place à l'ombre dans un sol humide et mar- neux, où elles profitent beaucoup mieux que dans une terre légere et à une exposition ouverte: mais elles ne doivent être transplantées que chaques deux ans, si on veut les voir bien fleurir. Alypum. La troisieme croît en France, dans les environs de Mont- pellier, à Valence et dans plusieurs parties de l'Espagne; elle a une tige dure et ligneuse, qui s’éleve à la hau- teur d'environ deux pieds, et pro- duit plusieurs branches ligneuses , gar- nies de feuilles semblables a celles du Myrte; ses fleurs, qui naissent aux extrémités des branches , sont bleues et en forme de globe : cette plante peut être multiplice par bou- tures, qu'on doit séparer en Avril , précisément avant qu'elle commence à pousser ; on plante cesboutures dans des pots remplis de terre fraîche et Igere , on les plonge dans une cou- che de chaleur fort modérée; on les arrose , ct on Jes tient à l'ombre jus- qu'a ce qu'elles aient pris racine; après quoi on les ôte de la couche, et on les habitue par dégrés à sup- porter le plein air: en été, on peut les placer avec les autres plantes exo- GLO tiques dures, et les mettre en hiver sous un chassis de couche, oui elles puissent jouir de beaucoup d'air dans les tems doux, et être abritées des fortes gelces, qui les détruiroient si elles y restoient exposées; mais dans les hivers doux, elles résistent au- dehors. Cette plante ne produit jamais de bonnes semences dans notre climat. Spinosa. Cordi-folia. La quatrieme, qui a été trouvée sur les montagnes de Grenade par le Docteur Albinus, est une plante d’un crû bas, que l'on peut multiplier comme la premiere espece : il en est de même de la cin- quieme, qui est la plus petite et la plus dure de toutes; mais elles veu- lent être placces à l'ombre , et dans un sol frais et humide. à Orientalis. La sixieme a été décou- verte dans le Levant , par le Docteur Tournefort ; elle est un peu plus ten- dre, et doit être mise à l'abri des gelées sous un chassis; mais il faut Pexposer en été avec les autres plan- tes exotiques dures , et l’arroser sou- vent dans les tems secs: on peut la multiplier par semences, ou en divi- sant ses racines , comme on le pra- tique pour la premiere espece. GLORIOSA. Lin. Gen. Plant. 374. Methonica. Tourn. Acad. R. Scien. 1706. Le Lys superbe. Caraëtères. La fleur n’a point de cali- ce; sa corolleest composée de six péta- les longs en forme de lance, ondés et réfléchis sur le pédoncule ; elle a six GLO 499 ctamines qui s'étendent de chaque côté , et qui sont terminées par des sommets. penchés : dans son centre est placé un germe globu- laire qui soutient un style mince, incliné , et couronné par un triple stigmat obtus; ce germe devient “ensuite une capsule ovale, mince et à trois cellules remplies de se- mences globulaires, disposées en double rang. Ce genre de plante est rangé dans la premiere section de la sixieme classe de LINNÉE, intitulée Hexan- drie monogynie, qui renferme celles dont les fleurs ont six étamines er un style. Les especes sont : 1°. Gloriosa superba , foliis lon- gioribus , capreolis terminalibus ; Lys superbe, avec de très-longues feuilles terminées par des vrilles. Methonica Malabarorum , Hort. Lugd. 688. Pluk. Alm. 249.t. 116. f. 3. le Méthonica du Malabar. Et le Lilium Ceylanicum superbum. Hort. Amst. 1. p. 69. t. 35. Rudk. Elys. 2. p. 178. f. 7. Lys superbe de Ceylan, Mendoni. Rheed. Mal. 7. t. 107. f 57. 2°. Gloriosa cerulea y foliis ovato= lanceolatis , acutis. Lys superbe, à feuilles ovales, en forme de lance, et algués. Gloriosa simplex , foliis acumina- tis, Mant. 62. Syst. Plant. tom. 2. p- 49: Rrr 2 joo GrLO Superba, La premiere espece croît naturellement sur la côte de Ma- labar et dans Fsle de Céylan , d’où elle a d’abord été portée dans les Jardins Hollandois, où on l’a: cul- tivée pendant plusieurs années ; elle a une racine longue, charnue, de couleur blanchätre, et d’un goût amer et désagréable ; de son centre . sort une tige foible et ronde, qui traine sur la terre si lon ne lui fournit pas un support; cette tige, dont la longueur est de huit à dix pieds, est garnie de feuilles placées alrernativement à chaque côté, unies, de huit pouces de long sur environ un pouce et demi de large a leur bâse, rétrécies dans la lon- gueur de deux pouces vers leur ex- extrémité, qui forme une pointe étroite, prolonge en une vrille , au moyen de laquelle cette plante s'at- tache à tous les corps voisins pour se soutenir; ses fleurs naissent sur des pédoncules minces aux côtés et aux extrémités des tiges ; leur corolle est formée par six pétales oblongs et terminés en pointes aiguës; ces pé- tales, lorsqu'ils commencent à sou- vrir, sont d'abord d'une couleur herbacte, et les Aeurs sont inclinées en bas, comme celles des Couronnes Impériales et des Fritillaires, mais ensuite leurs pétales se retournent en arriere, et prennent une belle couleur rouge-de-flamme ; leurs pointes aiguës se rencontrent au som- met, et ils sont agréablement ondés GLO sur Jeurs bords; les six étamines s'étendent en-dehors, à chaque côté, presque horisontalement , et sont terminées par des sommess ren- versés. Dans le centre de la fleur est placé un germe rond qui soutient un style incliné et couronné par un stigmat à trois COtCS. X Cette plante fleurit en Juin et en Juillet ; mais elle perfectionne ra- rement ses semences en Angleterre ; ses tiges se fiétrissent en automne, et ses racines restent dans linaction pendant tout l'hiver , jusqu'a ce qu'elles en repoussent de nouvelles en Mars : les racines, ainsi que toutes les parties de la plante, sont trés- venimeuses; ainsi il ne faut pas les laisser à la portée des enfans. Cerulea. Les semences de la se- conde espece, qui m'ont été en- voyées par M. Richard, Jardinier du Roi de France a Trianon, ont été apportées du Sénégal par M. Adanson. On dit que la fleur de cette plante est bleue ; mais celles du jar- din de Chelséa n’ont point encore fleuri : elle a un tige grimpante , garnie de feuilles unies, de trois pouces environ de longueur sur deux de large, et terminées en pointes aiguës, mais sans vrilles. Les tiges de cette espece ne se sont encore élevées ici qu'à la hau- teur de deux pieds ; mais elles parois- sent devoir grimper conune celles de la préctdente ; lorsque l'on manie G £0 ses feuilles, elles exhalent une odeur fort désagréable, qui occasionne des maux de tète lorsqu'on en approche de trop prés. Comme ces plañtes produisent rarement des semences en Europe, on les multiplie généralement par leurs racines ; celles de la premiere espace rempent et se multiplient assez ; mais la seconde n’a point en- core poussé de rejettons; et comme les plantes de cette espece, qui se trouvent au jardin de Chelséa , sont encore jeunes, je ne puis savoir si leurs racines se multiplieront dans un âge plus avancé. Ces racines peuvent être tirées de la terre lorsque leurs tiges sont ñe- tries , et conservées dans du sable pendant l'hiver ; mais il faut les tenir dans une serre ou dans une cham- bre chaude, ou elles soient à l'abri du froid : on les plante au printems suivant, dans des pots remplis de terre légere, que l’on plonge dans la couche de tan de Ia serre chaude. Plusieurs personnes laissent cepen- dant ces racines dans la terre pen- dant tout l'hiver ; mais elles les tien- nent constamment plongées dans la couche de tan; lorsque l’on adopte cette méthode, on ne doit les arro- ser que trés-peu tandis qu’elles sont dans inaction , parce que l’humi- dite les dispose à la pourriture. Vers la fin du mois de Mars ou au commencement d'Avril, lorsque leurs tiges paroissent , il faut les GLY, so soutenir avec de longues baguettes, pour les empècher de remper sur les plantes voisines, auxquelles la premiere espece s'attacheroit par ses vrilles , qu'elle porte aux extrémités de ses feuilles. Les tiges de celle-ci sélevent à la hauteur de dix ou douze pieds, si leurs racines sont fortes; et quelques-unes de ces tiges produiront deux ou trois fleurs, qui sortent de leurs aisselles vers leur extrémité ; alors ces plantes font un beau coup d’œil dans la serre, mais les fleur durent rarement plus de douze à quinze jours. Lorsqu'elles poussent en été on les arrose fréquem. ment, mais cependant toujours avec modération, parce qu'elles sont ‘ort sujettes à se pourrir par l'humidité en quelque saison que ce soit. Les racines qui n'ont point été tirces des pots pendant l'hiver, doivent étre transplantées ‘et divisées au com- mencement du mois de Mars, avant qu'elles poussent des tiges et des fibres nouvelles; les plus grosses 1a- cines peuvent être plantées dans des pots de la valeur de quatre sous, et les plus petites dans des pots de cinq ou six pouces de largeur sur les bords. GLOUTERON oz /a BARDANE. Voy. ARETIUM LAPPA. GLYCINE. Lin. Gen. Plant..79 7. Apios. Boérrh. Ind. Alt, Réglisse à racine noueuse, s02 GE ¥ Caracteres. Le calice est formé par une feuille divisée à son extre- mité en deux lèvres, dont la supe- ricure est obtuse et dentelée , et l'inférieure plus longue et sous- divisce en trois parties aiguës, dont celle du milieu s'étend au-delà des autres: la fleur est papilionnacce ; Pétendard est en forme de cœur, réfiéchi sur les côtés, gonflé sur le dos, et découpé aux pointes; les ailes sont petites, oblongues , ova- les vers leur extrémité , et in- clinées en arriere; la carène est étroite, et en forme de faulx, sa pointe est tournée vers le haut, et dirigée du côté de l’étendard : cette fieur a dix étamines, dont neuf sont jointes en un corps, et l'autre est séparée , et qui sont toutes termi- nées par des sommets simples ; dans son centre est placé un germe oblong, qui soutient un style spirale, cylindrique, et couronné par un stigmat obtus : ce germe se change ensuite en un légume oblong et à deux cellules remplies de semences en forme de rein. Ce genre de plantes est rangé dans la troisieme section de la dix-sep- tieme classe de LINNÉE, qui ren- ferme celles dont les fleurs ont dix étamines jointes en deux corps. Tournefort place la premiere espece avec |’ Astragalus, qui se trouve dans la cinquieme section de sa dixieme classe, qui comprend les herbes à fleurs papilionnacces, dont le pointal GLY se change en un légume à deux cellules. Les especes sont: 1°. Glycine Apios , foliis impari- pinnatis , ovato - lanceolatis. Hore. Upsal. 227. Glycine avec des feuilles ovales, en forme de lance, aîlées et terminces par un lobe impair. Astragalus tuberosus scandens y Fraxini folio. Tourn. Inst. AIS. Vesce laiteuse, grimpante et bul- beuse, a feuilles de Frêne. Et l Apios Americana. Cornut. 100, t. 201. Stiss. Bot. 29. t. 29. Glycine radice tuberosd. Hort. Clif: 365. Gron. Virg. 107. Roy. Lugd.-B. 391. Astragalus perennis , spicatus y Americanus , scandens caulibus , ra- dice tuberosä. Moris. Hist. 2.p. 102. SLY Ce 2.58. 9: Er & 2°. Glycine frutescens , foliis im- pari-pinnatis , caule perenni. Hort. Cliff. 361. Roy. Lugd.-B. 391. Glycine à feuilles ailées, terminée par un lobe impair, et ayant une tige vivace. Phaseoloides frutescens Caroliniana, foliis pinnatis , floribus caruleis con- glomeratis. Hort. Angl. 55. t. 15. Haricots en arbre, de la Caroline, à feuilles ailées, produisant des fleurs bleues en paquets. 3°. Glycine Abrus , foliis Abrupto- piniatis ; pinnis numerosis , obtusis. Lin. Sp. 1025. Glycine à feuilles ailées , et placées sans ordre, dont les lobes sont obtus et nombreux. GE Glycine foliis pinnatis geminis ; pinnis ovatis , oblongis, obtusis. Fi, Zeyl. 184. Hort. Ups. 228. Orobus Americanus , fructu cocci- neo, nigrä macula notato. Tourn. Inst. 393. Orobe d'Amérique avec un fruit écarlate, marqué d’une tache noire, ordinairement apelce Reglisse sauvage des Indes Occi- dentales. Phaseolus Glycyrrhizites ; folio alato , piso coccineo atré macula notato. Sloan. Jam. 70. Hist. 1. Peugeot. Liz. fe 4553, O- Phaseolus arborescens alatus et yolubilis major Orientalis | fructu coccineo hirto, nigro notato. Pluk. Alm. 294. t. 214. fo 5. Pisum Indicum minus, coccineum. Bauh. Pin. 212. Abrus. Vesl. Ægypt. 2§. Hort. Cliff. 488. Hill. Anat. 21. Rumph. Amb. §. p. §7- t- 32. Konni. Rheed. Mal.8. p.71.t. 39. Abrus Precatorius. Lin. Syst. Plant. tom. 3. P. 393- 4°. Glycine comosa, foliis ternatis hirsutis , racemis lateralibus. Lin. Sp. Plant.7 5 4.Gron. Virg. 107. Glycine avec des feuilles velues et a trcis lobes, et des fleurs disposées en longs paquets sur les côtés des tiges. Glycine foliis ternatis. Gron. Virg. Top. 0% Phaseolus Marianus scandens , floribus comosis. Pet. Mus. 453. Haricot grimpant du Maryland, avec des fleurs en paquets rouffus. EL ET 503 5°. Glycine tomentosa , foliis ter- natis tomentosis , racemis axillaribus brevissimis , leguminibus . dispermis. Lin. Sp. Plant. 754. Gron. Vire. 106. Glycine à feuilles cotonneuses et à trois lobes , avec des épis de fleurs fort courts, qui sortent des aisselles des tiges, et des légumes renfer- mant deux semences. Ononis caule volubili, Gron. Vire. Te peor. Ononis Phaseoloides scandens, flo- ribus flavis, sessilibuss Hort. Elth. 30. 4 26. Arrète-bœuf grimpant comme les haricots , avec des fleurs Jaunes et sessilles. Apios. La premiere espece , qui croit naturellement en Virginie, a des racines compostes de plusieurs nœuds ou bulbes, fixées à de petites fibres , et desquelles sortent des ti- ges minces, qui se tortillent, s'éle- vent à la hauteur de huit à dix picds, et sont garnies de feuilles composées de trois paires de lobes , ovales , en forme de lance , et ter- minces par un impair; ses fleurs sortent en petits épis sur les côtés des tiges : elles ressemblent à celles de Pois, ont un peu d’odeur, et sont d’une couleur de chair sale, Elles paroissent en Août ; mais elles ne produisent point de semences en Angleterre : ses tiges se flétrissent en automne; mais ses racines sont vivaces; et on la multiplie en les divisant : chaque bulbe détachée produira une plante : le meilleur 504 GLY tems pour cette opération, est vers la fin du mois de Mars, ou au commencement d'Avril , avant qu’elles commencent à pousser : on plante ces bulbes à une exposition chaude , et on les couvre avec du vieux tan ou de la terre fine, pour les préserver des fortes gelées qui,sans cette précaution, les feroient périr. Cette espece réussit et fleurit trés-bien , lorsqu'elle est placée con- tre une muraille exposée au midi; mais il est rare qu'elle profite à une exposition différente : si on la tient en pots elle fleurit difficilement, et ses tiges ne deviennent pas aussi hautes que celles de pleine terre. _ Frutescens. La seconde, qu'on a d'abord apportée de la Caroline , a été découverte depuis à la Virginie, et dans quelques autres endroits de l'Amérique Septentrionale ; cette espece a des tiges ligneuses, qui sentre-meélent les unes avec les autres, s’acrochent à tous les arbres qui les avoisinnnt , et s'élevent à la hauteur de quinze pieds, et plus; ses feuilles sont aîlées, et ressemblent presque à celles du Frêne; mais elles ont un plus grand nombre de lobes; ses fleurs, qui sont de couleur pour- pre, sortent en grappes des ailes des feuilles, produisent des légumes, longs , cylindriques, semblables à ceux des Féves rouges, et dans les- quels sont renfermées plusieurs se- menccs en forme de rein, qui ne GLY parviennent jamais à leur maturité en Angleterre. Cet arbrisseau grimpant est fort commun dans plusieurs pépinieres des environs de Londres, où il est connu sous le nom d’Arbre à Féves ou Haricots de la Caroline ; on le multiplie en marcottant ses jeunes branches dans le mois d'Octobre ; elles prendront de bonnes racines dans l’espace d'un an, sur-tout si elles sont bien arrosées dans les tems secs , et pourront être ensuite transplantées dans une pépinicre, où on les laissera une année pour leur faire acquérir de la force , ou dans les places qui leur sont destinées: elles exigent un sol léger et chaud, et une situation abritée, où elles supporteront bien le froid de nos hivers ordinaires , et elles n’auront rien à craindre des plus fortes gelces, si l'on couvre leurs racines avec de la paille, du chaume de pois, ou quelqu'autre litière légère. Abrus. La troisieme espece se trouve également dans les deux Indeset en Egypte ; cette plante vi- vace , pousse des tiges minces et tortillantes,qui s’accrochent à ce qui les environne , s’élevent ainsi à la hauteur de huit à dix pieds , et sont garnies de feuilles aîlées, compo- sées de seize paires de petits lobes oblongs , émoussés et portés fort près les uns des autres : cette plante a un goût de Réglisse, d’où lui vient GLY vient le nom de Réglisse sauvage, quiluia été donné par les habitans de l'Amérique , qui l'emploient aux mêmes usages auxque!s nous faisons servir notre Réglisse en Europe : ses fleurs sont de couleur poupre pâle; elles sortent en épis courts sur les côtés des branches , et sont rem- placées par des légumes courts, qui renferment trois ou quatre semen- ces, dures, rondes, et de couleur écarlate qui ont chacune une tache noire sur le côté, et sont fixées au légume. Les habitans du pays les enfilent et les portent comme des ornemens; on Jesenvoie souventen Angleterre sous différentes formes, et mélées avec des coquilles et d'auires semences dures. ’ On multiplie cette plante par ses graines , quil faut répandre au printems sur une bonne couche chaude ; mais comme elles sont fort dures , elles restent ordinairement une année en terre avant de germer, à moins qu'on ne les ait fait tremper pendant douze ou quatorze heures avant de les mettre en terre ; car au moyen de cette précaution , elles poussent douze ou quinze jours aprés, si elles sont bonnes, et si Ja couche a le dégré de chaleur qui leur est nécessaire : lorsque ces plantes ont atteint la hau- teur de deux pouces , onles trans- plante séparément dans des pots remplis de terre légére , qu'on plonge dans une couche chaude de Tome III, GLY 5°F tan, en observant de les tenir a Yombre jusqu'à ce qu'elles aient formé de*nouvelles racines ; après quoi on les traite de la. meme ma- niere quelesautres plantes du meme pays , et on les tient constamment dans la couche de tan de la serre chaude ; car elles sont trop déli- cates pour profiier sans ce secours dans notre climat. Cette espece fieurit dans la seconde année, et es semences murissent quelquefois ici. Elle offre deux varictés, l’une à semences blanches, et l’autre à semences jaunes ; leurs feuilles et leur tiges sont absolument sem- blables ; mais comme elles n’ont poit encore montré leurs fleursen Angleterre , je ne puis savoir sil existe quelque différence entr'elles, Comosa. La quatrieme a une racine vivace, et une tige annuelle, qui périt en automne ; elle sdleve à la hauteur de deux ou trois pieds, avec des tiges minces, herbacées et gar- nies de feuilles velues, sessiles et à trois lobes ovales, en forme de lance, et terminées en pointes aiguës ; ses fleurs sortentsur les côtés des tiges, aux pétioles des feuilles ; la partie nue des pétioles a environ deux pouces , et les épis des fleurs sont à-peu-près de la même longueur et recourbés ; ces fleurs qui sont petites, de couleur bleue, et sem- blables à celles des Pois , sont pos: tées tres- près les unes des autres ; elles paroissent au commencement Ss$ € 506 GLY de Juin, et produisent quelquefois en Angleterre , des semences qui muirissent dans le mois d’Août. Cette espece étant originaire de l'Amérique Septentrionale , est assez dure pour subsister en plein air cans ce pays; on peut la multiplier par semence, ou en divisant ses racines; la premiére méthode est préférable a la seconde : lorsqu'on peut se procurer de bonne graines , on les seme au printems, sur une planche de terre légère, et si la saison est éche on les arrose fréquemment, sans quoi elles restercient long-tems en terre avant que de germer: lorsque les plantes ont poussé , on les tient nettes de mauvaises herbes, et en automne, lorsque leurs tiges sont flétries, on les couvre avec du vieux tan, pour les préserver des fortes gelées. Au printems suivant, on transplante ces racines dans les places qui leur sont destinées ; elles exigent une exposition chaude et abritée ; mais pas trop exposée au soleil, et un sol iéger , où elles profiteront et produiront des fleurs annuellement. On divise leurs racines au prin- tems, avant qu'elles commencent à pousser; mais il ne faut les transplanter que tous les trois ans; car si on les enlevoit trop souvent, elles ne fleuriroient pas aussi bien. Tomentosa. La cinquieme espece a une racine vivace et une tige grimpante, haute dequatre pieds, GLY et garnie de fouilles cotonneuses et à trois lobes ; ses fleurs sortent en petits paquets sur les côtés des tiges 5 elles sont petites et jaunes, ét elles produisent des légumes courts ,- qui renferment chacun deux semences rondes : cette plante fleurit en Juin, ct ses graines mürissent en au- tomne: elle croît naturellement en Amérique ; mais elle est trop déli- cate pour pouvoir être placée en plein air dans notre climat; on la multiplie comme la troisieme es- pece , et elle exige le même traite- ment. GLYCYRRHIZA, Lin. Gen. Plant. 788. Tourn. Inst. R. H. 389. Tabl. 230 ; ainsi appelée de yavets , douce et de pile, racine ; racine douce : les anciens lui don- noient le nom de racine Scythienne; parce que les Scythes ont été les premiers à en faire usage ; Réglisse. Caracteres. La fleur a un calice persistant , tubulé , et formé par une feuille divisée en deux lèvres ; la supérieure est découpée en trois parties , dont celle du centre est large et sous-diviste en deux seg- mens ; et la lèvre inférieure est simple » la corolle est composée de quatre pétales, papilionnacés ; elle a un long étendard érigé , avec deux ailes oblongues , et une carène à deux feuilles aiguës : la fleur a dix étamines , dont neuf sont jointes et l’autre est séparée ; elles sont G bY plus longues que la carcne, et ter- mines par des sommets ronds: dans le fond est placé un germe court , qui soutient un style en forme d’a- léne , couronné par un stigmat montant et obtus : ce germe de- vient ensuite un légume oblong ou ovale, comprimé, et à une cellule ; qui renferme deux ou trois semences en forme de rein. Ce genre de plantes est rangé dans la troisieme section de la dix- septieme classe de Linnée, intitulée Diadelphie decandrie , qui ren- ferme celles dont les fleurs ont dix étamines , jointes en deux corps. Les especes sont : 1°. Glycyrrhiza glabra ; legumi- nibus glabris , stipulis nullis. Hort. Cliff. 490. Mat. Med. 173. Roy. Lugd.-B. 386. Sauv. Monsp. 232. Kniph. Cent. 4. n. 29. Regn. Bot. Réglisse avec des légumes unis et sans stipules. Glycyrrhiza siliquosa et Germanica. Coe Ber f3'5 2. Glycyrrhiza vulgaris. Dod. Pempt. 341 ; Reglisse commune. 2°. Glycyrrhiza echinata , legumi- nibus echinatis , foliis stipulatis. Prod. Leyd. 386. Hort. Ups. 130. Jacq. Hort. r. 9§. Pal. It, x. App. n. 118. Kniph. Cent. 5.7. 37 ; Réglisse avec des légumes épineux , et des stipules aux feuilles. Dulcis radix. Cam. Epit. 423 ; “Racine douce. Réglisse sauvage. Gib y $07 Glycyrrhiza capite echinato. C. B. P. Réglisse avec des légumes ru- des et échinés. Réglisse de Diosco- ride. Réglisse échinée ou sauvage. 3°. Glycyrrhiza hirsuta , legumi- nibus hirsutis , foliolo impari , petio- lato. Roy. Lugd.-B. 386; Réglisse avec des légumes velus, et des feuilles terminées par un lobe impair , pétiolé. Glycyrrhiza Orientalis , siliquis hirsutissimis. Tourn. Cor. 26 ; Ré- glisse du Levant, avec des légumes très-velus. Glabra. La premiere espece est celle qu'on cultive ordinairement en Angleterre , pour les usages de la médecine : les deux autres sont conservées dans les jardins de bo- tanique pour la variété ; mais leurs racines ne sont pas aussi remplies de suc que celles de la premiere , ni aussi douces. Quoique la seconde paroisse être celle que Dioscoride recommande , cependant les pro- prictés que la premiere possede à un plus haut dégré, l'ont fait cul- tiver de préférence en Europe : les racines de celle-ci coulent trés- profondément dans la terre, et rempent à unedistanceconsidérable, sur-tout si on les laisse long-tems sans les enlever ; de ces racines sor- tent des tiges fortes et herbactes, de quatre ou cinq pieds de hauteur, et garnies de feuilles aîlées , com- posées de quatre ou cinq paires de lobes ovales, terminées par un lobe Sss 2 5°3 GLY impair ; ces feuilles et ces tiges sont gluantes , et d’un vert foncé : ses fleurs sortent en épis érigés des aisselles des tiges ; elles sont d’une couleur bleue pâle, et sont rempla- cées par des légumes courts et com- primés, qui renferment chacun deux ou trois semences en forme de rein : cette plante fleurit à la fin de Juillet ; mais ses semences ne müûrissent point en Angleterre. (1). Cette plante se plait dans un sol léger et sablonneux , qui doit avoir au moins trois pieds de profondeur, parce que sa bonté consiste dans la (1) La racine de Reglisse est si com- mune, qu'il y a peu de personne qui n'en connoisse l'usage et les propriétés : elle contient une très-grande quantité de substance gommeuse, douce et sucrée, et une petite quantité d’une résine ten- dre, et beaucoup plus douce encore que la gomme : cette racine est légèrement Jaxative; mais elle est sur-tout très- adoucissante, détersive, lubrifiante et pectorale : on s’en sert avec succès dans les maladies de poitrine occasionnées par quelque matiere âcre, dans les érosions de gosier, la strangurie, les ardeurs d'urine, la né, hrétique sablonneuse, la toux, lenrhotiment, la pleurésie, &c. On fait entrer cette racine dans la plu- part des ptisanes pour corriger, par sa douceur, Pamertume des autres ingré- diens; ainsi que dans un grand nombre de compositions pharmaceutiques. Son suc ou extrait épaissi, a les mé- mes propriétés que la racine, et peut être employé dans les mêmes circons- tances. GLY longueur de ses racines : on en cuf- tive une grande quantité aux en- virons de Pontefract , dans le comté @Yorck , et à Godalmin en Surrey : on en a beaucoup planté aussi depuis quelques années dans les jardins près de Londres : la terre dans la- “quelle on la plante doit être bien labourée à trois fers de béche de profondeur, et engraissée une année avant , afin que le fumier puisse être parfaitement consommé et mêlé; car sans cela il deviendroit un obs- tacle , qui empécheroit les racines de couler vers le bas. Quand la terre est ainsi bien préparce, on se pro- cure des plantes fraîches , prises sur les côtés ou sur les têtes des vicil- les racines ; elles doivent avoir un bon bourgeon ou ceil: sans quoi elles courroient risque de man- quer ; il faut aussi les choisir par- faitement saines, et d'environ dix pouces de longueur. La meilleure saison pour les plan- ter,, est le commencement ou le milieu du mois de Mars; et l’on s'y prend de la maniere suivante : on trace d’abord une ligne au cor- deau , et ensuite avec une houe plate et faite exprès, on y place les rejettons , perpendiculairement , et de maniere que leurs têtes soient élevées d'environ un pouce au-des- sus de la surface, et qu’elles soient éloignées les unes des autres d’un pied dans les rangs, et de deux picds entre chaque rang. Quand la GEL piece de terre estremplie, on peut y semer légèrement des oignons, parce que les racines de cette plante ne s’enfoncent pas beaucoup , et ne peuvent pas endommager celles des Réglisses, qui ne font que peu de progres dans la premiere année : en houant les oignons, on tiendra la terre nette de mauvaises herbes; mais en faisant cette opération , il faut bien prendre garde de ne pas couÿer les principaux rejettons des plantes de Réglisse, quand ils par- roissene au dessus de la terre, ce qui les endonimageroit beaucoup, et l'on doit aussi rerancher tous les oignons quien sort trop Voisins : lorsque.les oignons sont enlevés, on houe soigneusement la terre, et on la nettoie exactement : en Octo- bre lorsque les rejettons de Réglisse sont péris, on répand un peu de fumier fort pourri sur la surface de la terre , pour empêcher les mau- vaises herbes de croître pendant l'hiver, et pour la fertiliser au moyen de ces particules grasses que l'eau des pluies fait pénétrer et en- traîne avec elle. Au commencement du mois de Mars suivant , on laboure légcre- mententre les rangs de Réglisse, et on enterre le fumier qui reste tou- jours, avec la précaution de ne point endommager les plantes , ni couper leurs racines. Ce labour non-seule- ment conservera la terre nette de GE NW 509 mauvaises herbes pendant long-tems, mais renforcera aussi les plantes. La distance que je prescris de hisser entre ces plantes, paroitra peut-être trop grande ; mais.on doit faire attention que le principal avan- tage qu'on en retire consistant dans leurs racines , il faut qu’elles aient assez de place pour s'étendre , et qu'il est d’ailleurs nécessaire de pou- voir passer librement entr'elles pour les nettoyer , puisque cette opéra- tion est une des plus essentielles de leur culture. Si la plantation de Réglisse doit être considérable , je conseille même de laisser trois pieds d'intervalle entre chaque rang , afin de pouvoir labourer avec la charrue , ce qui diminue beaucoup les frais de culture. Ces plantes doivent rester trois ans en terre ; mais après ce tems, on peut les enlever , en choisissant pour cela la saison ou leurs tiges sont tout à-fait détruites ; car lors- qu'elles sont arrachées trop-tôt, elles se rétrécissent considérable- ment , et perdent de leur poids et de leurs qualités. Comme la terre des environs de Londres est trés-riche ; ces racines y font des progrès considérables en fort peu de tems; mais elles sont d’une couleur fort sombre , et moins agréable à la vue, que celles qui croissent dans une terre sablonneu- se, et dans un pays découvert. 5 ro GNA Eckinata. La seconde espece croît naturellement dans quelques parties de l'Italie «et dans le Levant; ses uges et ses feuilles sont sembla- bles a celles de la premiere; mais ses ficurs naissent en épis plus courts, ct sont remplacces par des légumes fort courts, larges à leur base , terininés en pointe, et armés d'é- pines fort aiguës : Cette espece fleu- rit à-peu-prés dans le même tems que la premiere, et dans les annces chaudes eile perfectionne ses semen- ces en Angleterre. Hirsuta, La troisieme , dont les graines ont été envoyces du Levant, au Jardin Royal de Paris , par le Docteur Tournefort, a beaucoup de ressemblance avec les deux au- tres; mais ses légumes sont velus, et plus longs que ceux des précé- dentes: ces deux especes peuvent être multipli¢es de la mème maniere que la premiere , ou au moyen de leurs graines, qu'on seme au prin- tems dans une planche de terre Iégcre ; mais comme on ne fait aucun usage de ces deux dernieres plantes , on les cultive rarement, à moins que ce ne soit pour la va- ricté. GNAPHALIUM. Lin. Gen. 850. Elichrysum. Tourn. Inst. R.H. 452. Tab. 259. Immortelle. Caracteres. La fleur est composée de fleurettes femelles et hermaphro- lan. G NA dites , renfermées dans un calice . Ccatileux ; les fleurettes hermaphro- dites sont tubulces, en forme d’en- tonnoir, et découpées sur leurs bords en cinq parties réfiéchies ; elles ont. cing étamines courtes, velues, et ter- minces par des sommets cylindri- ques : dans le centre est situé un germe qui soutient un style mince de la longueur des étamines, et couronné par un stigmat divisé en deux parties : ce germese change, quand la fleur est flétrie, en une semence simple, qui, dans quelques espèces, est couronnée d’un duvet velu , et dans d’autres d’un duvet plumacé : les fleurettes femelles qui sont entremélées avec les premieres, n'ont point d’étamines, mais seule- ment un germe qui soutient un style : ; x mince , couronné par un stigmat réfléchi, et divisé en deux parties. Dans quelques especes ces dernieres sont fructueuses, et stériles dans d’autres. Le calice de la fleur est persistant et luisant. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la dix-neu- vieme classe de Linnée , qui ren- ferme celles qui ont des fleurs her- maphrodites et femelles , toutes deux fructueuses , et renfermécs dans un calice commun, Les especes sont : 1°. Gnaphalium Stechas , fruti- cosum , foliis linearibus ; ramis vir= GNA gatis, corymbo composite. Hort. Cliff. 401. Hort. Ups. 256. Gouan. Monsp. 435. Scop. Carn. ed ar 152. Mactusch. Sil. n. 603. Pal. It. 1. p. 207. Balckw. t. 435. Kniph. Cent.6. n. 4$ ; Gnaphalium avec une tige d’arbrisseau , garnie de feuilles fort étroites, et de fleurs en corymbe composé. Elichrysum, sivé Stechas, Citrina angusti-folia. C. B. p. 264. ; Cassi- dony ou Immortelle à feuilles étroites. Immortelle jaune , ou Stoechas Citrin. Elichrysum , sive Chrysocome angusti-folia vulgaris. Moris. Hist. 3. p-401 sivè 7. t. 11. f. 7. Chrysocome 5 sive Stechas Citrina minor. Barr. Ic. 410 5 409. 278. Stechas Citrina. Dod. Pemp. 268. 2°. Gnaphalium angustissimum , foliis linearibus , caule fruticoso , ra- mose , corymbo composito. Hort. Cliff. 401 ; Gnaphalium avec une tige d’arbrisseau branchue , des feuilles fort étroites , et des fleurs en co- rymbe compose. Elichrysum angustissimo folio. Tourn. Inst. R. H. 452 ; Immor- telle à feuilles fort étroites. 3°. Gnaphalium uni-florum , foliis alternis , acute dentatis , subtùs villo- sis ,pedunculis longissimis , uni-fioris; Gnaphalium à feuilles~ alternes fortement dentelées et velues en- dessous , avec des fleurs postées chacune sur un pédoncule fort long. GNA ee: Elichrysum sylvestre lati- folium , flore parvo singulari. Tourn. Inst. R.H. 4525 Immortelie sauvagea larges feuilles, avec une petite fleur simple. 4°. Gnaphalium luteo- album 5 foliis semi-amplexicaulibus , ensi-for- mibus, repandis, obtusis, utrinque pu- escentibus , floribus conglomeratis. Prod, Leyd. 149. Gouan. Monsp. 4343 Gnaphalium avec des feuilles en forme d'épée, obtuses, rétlé- chies, et couvertes d’un duvet sur les deux côtés, qui embrassent les tiges à moitié, et des fleurs en grappes. Chrysocome Citrina supina , lati- folia , italica. Barrel. Ic. 367. Elichrysum sylvestre lati-folium , capitulis conglobatis. C. B. p. 2643 Immortelle sauvage alarges feuilles, ayant des têtes en grappes. Filago foliis mollissimis , tomen- tosis, obtusis, umbellis convexis, elec- trinis. Hall. Hely. 147. Gnaphalium majus , lato folio oblongo. Bauh. Pin. 263. Pluk. Alm, 171. Moris. Hist. 3. p. 88. 5°. Gnaphalium aquaticum , caule ramoso , diffuso , floribus confertis. Flor. Lap. 300 ; Gnaphalium avec une tige branchue et diffuse, dont le sommet est garni de fleurs dis- posces en paquets. Elichrysum aquaticum , TAMOSUM s minus’, capitulis foliaceis. Tourn. Inst. 452 ; Petite Immortelle branchue et aquatique, avec des feuilles rap- prochées en têtes. sr2 GNA 6°. Gnaphalium sylvaticum , caule simplisissimo , floribus sparsis. Flor. Lap. 298. Flor, Suec. 6755 739. Hort. Cliff. 402. Roy. Lugd.-B. 148. Gmel. Sib. 2. p. 106 ; Gnaphalium avec une tige simple , et des feuilles éparses. Filago foliis linearibus , alis spi- ci-feris. Hall. Helv. n. 148. Elichrysum spicatum. Tourn. Inst. R. H. 453 ; Immortelle en épis. Gnaphalium mayus 5 oblongo folio ,alterum. Bauh. Pin.263. Gnaphalium rectum. Bauh. Hist, 3. pe 160. 7°. Gnaphalium dioïcum , caule anguslo simplissimo , corymbo simplici termi- nali , sarmentis pocumbentibus. Hort, Cif. A004, Flr Suec... 67.3. 517964 Mat. Med. 388. Roy. Lugd.-B, 741. Ginel. Sib, 2. p, 105$. Kniph, Cent. 3. n. 44 ; Gnaphalium avec une tige simple, terminée par un simple corymbe , et des branches trainantes, Cette plante est appelée Pes Cati, ou Pied-de-Chat, Filago flagellis reptans , sexu dis- tincta , flosculis omnibus androgynis. Hall, Helv. n. 157. Elichrysum montanum , flore rotur- dicre , candido. Tourn. Inst. R. H. 453 ; Immortelle de montagne, avec une fleur plus ronde et plus blanche. Pied-de-Chat. Gnaphalium mas ; montanum , jlore rotundiore. Bauh. Pin. 263. Pilosella minor. Dod, Pempt. 68. f Exterior, GNA Gnaphalium femina , montanum ; longiori folio et flore albo. Bauh. Pin. 263. - Pilosella minor. Dod. Pemp. 68, f. Interior. 8°. Gnaphalium montanum, foliis radicalibus cunei-formibus , caulinis acutis sessilibus , caule simplicissi- mo 5 capitulo terminali aphyllo , frori- bus oblongis ; Gnaphalium dont les feuilles radicales sont en forme de Coin, et celle des tiges aigués et sessilles, avec une tige simple, et terminée par des fleurs oblongues. Elicrysum montanum, longiori folio y et flore albo. Tourn. Inst. 453 5. Immortelle de montagne , avec de plus longues feuilles, et une fleur blanche. 9°. Gnaphalium chrysocomum , humile , caule fruticoso ; foliis linea- ribus Subtus argenteis , squamis ca- licinis lorgioribus , acuminatis ; Gna- phalium bas, a tige d’arbrisseau , et a feuilles fort étroites et argen- tées en-dessous, et dont les écailles qui couvrent le calice sont plus lon- gues et aiguës. Chame-chryfocome pralongis pur- purascentibusque Jacee capitulis, Bar- rel. Icon. 406 ; Immortelle naine, a tétes plus longues, pourpre et semblables a celles de la Jacée. 10°. Gnaphalium Orientale , fub- herbaceum , foliis lineari-lanceolatis ; sessilibus , corymbo composito ; pe dunculis elongatis. Lin. Sp. 119§ $ Gnaphalium herbacee , avec des _ feuilles GN A feuilles étroites , en forme delance, ct un corymbe composé. Elichrysum frutescens lati-folium, flore corymbi-fero 5 toto aureo. Moris. Hist. 3. p. 86. Elichrysum Orientale. C.B.p. 164. Prodr. 113 ; Immortelle du Levant. Le Bouton d'Or. 11°. Gnaphalium ignescens, fruti- cosum , foliis sub-lanceolatis , tomen- tosis, sessilibus ; corymbis alterns , conglobatis ; floribus globosis. Prod. Leyd. 149 ; Gnaphalium en arbris- seau, avec des feuilles cotonneuses, en forme de lance, et sessiles aux tiges , et des paquets de fieurs glo- bulaires et alternes. Elichrysum Germanicum , calyce ex aureo rutilante. Tourn. Inst. R. H. 452 ; Immortelle d'Allemagne, avec un calice rougeatre en couleur dor. Elichrysum flore suave. rubente. Boërh. Lugd.-B. 1. page 120. 12°. Gnaphalium Margaritaceum, herbaceum , foliis lineari-lanceolatis , acuminatis ; alternis , caule superne ramoso , corymbis fatisgiatis. Hort. Cliff; 401. Hort. Ups. 2155. Gmel. Sib. 2. p. 107. Kalm. It. 2. p. 257. Kniph. Cent. 12. n. §0 5 Gnapha- lium herbacée avec des feuilles écroites en forme de lance, pointues et alternes , avec une tige dont le sommet est branchu , et un corymbe de fleurs dont les bouquets sont horisontalement applatis. Filago foliis lanceolatis 5 subtus Tome [in GNA s13 tomentosis ; floribus umbellatis. Hall. Hély. n. 146. Elichrysum Americanum lati-fo- lium, Tourn. Inst. R. H. 453 ; Immortelle d'Amérique à larges feuilles. Gnaphalium Americanum, Clus. Hist: ¥. ps 327- 13°. Gnaphalium fœtidum , herba- ceum , foliis amplexicaulibus , inte- gerrimis , acutis , subciis tomentosis ; caule ramoso. Hort. Cliff. 402. Lin. Sp PLS 50.; Hort. Upss) 46! Kaiph. Cent.2. n.28 ; Gnaphalium herbacte , à feuilles entiere et co- tonneuses en-dessous, qui embras- sent les tiges, et à tiges branchues. Elichrysum Africanum fœtidissi- mum , amplissimo folio. Tourn. Inst. R. H. 454; Immortelle d'Afrique fétide , à feuilles très-larges Ee: foliis amplexicaulibus , integerrimis , Gnaphalium argenteum , ovatis , nervosis , utrinque tomentosis y caule ramoso. Hort. Clif: 4012 ; Gnaphalium avec des feuilles am- plexicaules , enticres , ovales, gar- nies de nervures , et cotonneuses dés deux côtés , et une tige bran- chue. Gnaphalium Africanum lati-folium, fœtidum , capitulo argenteo. Comm. Hort, 23° p. : FE Ie SG. Conyza Africana graveolens , ca- pitulis argenteis. Pluk. Alm, 117. t. 243. f. 1. Moris. Hist. 3. p. 115. Suze te! LO. f. 131 Elichrysum Afrisanum faridissi- Tet qs GNA mum y amplissimo folio , calyce ar- genteo. Tourn. Inst. 454 ; Immor- telle d'Afrique trés-fétide , ayant une feuille fort large, et un calice argenté à la fleur. 15°. Gnaphalium undulatum , herbaceum , foliis decurrentibus , lan- ceolatis, acutis, undulatis, subtis tomentosis , caule ramoso. Hort. Cliff: 402 ; Gnaphalium avec des feuilles aiguës , coulantes , ondées et co- tonneuses en-dessous, et une tige branchue. Elichrysum graveolens acuti - fo- lium, caule alato. Hort. Elth. 130. ¢. 108. f. 130 ; Immorteile puante, à feuilles aiguës , et à une tige ailce. 16°. Gnaphalium cymosum ; her- baceum 5 foliis lanceolatis , trinerviis , supra glabris , caule infernè ramoso , racemo terminali, Hort. Cliff. 401 ; Gnaphalium à feuilles en forme de lance, marquées de trois veines et unies en-dessus, avec des fieurs placées aux extrémités des bran- ches basses. folio Elichrysum Africanum 4, oblongo , subtès incano , supra viridi, fore luteo. Boërh. Ind. Alt. 5 121; Immortelle d’Afrique , à feuilles oblongues , blanches en-dessous, et vertes en-dessus , et à fleurs jau- nes. 17°. Gnaphalium Americanum , caule herbaceo simplicissimo , foliis lanceolatis , obtusis , tomentosis , floribus spicatis lateralibusque ; Gna- GNA phalium avec une tige simple et herbacte , des feuilles obtuses en forme de lance et cotonneuses , et des fleurs disposées en épis sur les côtés des tiges. Gnaphalium ad Stechadem Citri- nam accedens. Sloan. Cat. Jam. 1253 Gnaphalium doré, 18°. Gnaphalium rutilans ; her- baceum , foliis lineari - lanceolatis ; caule infernè ramoso , corymbe decom- posito terminali. Hort. Cuff. 4013 Gnaphalium herbacée , avec des feuilles | étroites ec en forme de lance , ayant le bas de la tige bran- chu, et un corymbe décomposé , qui termine les branches. Elichrysum Africanum , folio oblongo angusto , flore rubello, posted aureo. Boerh. Ind. Alt. 121 ; Immor- telle d'Afrique , à feuilles oblon- gues et étroites, avec une fleur d’abord rougeître , et qui devient jaune dans la suite. 19°. Gnaphalium sanguineum , herbaceum , foliis decurrentibus , lan- ceolatis , tomentosis planis , apiculo nudo terminatis: Amen. Acad. p.78 ; Gnaphalium herbacce , à feuilles en forme de lance, cotonneuses, cou- lantes, et terminées par une petite pointes nue. Gnaphalio montano affinis Ægyp- tiaca. Bauh. Pin. 164. Chrysocoma Syriaca , flore atro- rubente. Breyn. Cent. 146. Baccharis dioscoridis. Rauw. It. 28.4. 2. 285. ‘ GNA 20°. Gnaphalium fruticosum , frutescens , foliis infernè lanceolatis , caulinis linéari-lanceolatis , utrinque tomentosis, corymbo composito termi- nali ; Gnaphalium en arbrisseau , avec les feuilles du bas en forme de lance, celles sur les tiges étroites, en forme de lance, et cotonneuses sur les deux côtés, et des tiges terminées par des fleurs en corymbe ? composé. Elichrysum Africanum frutescens 5 angustis et longioribus foliis incanis, Hort. Amst. 2. p. 109. t. $$ ; Im- mortelle d’Afrique en arbrisseau , avec des feuilles plus longues , plus étroites et blanches, 21°: Gnaphalium odoratissimum, foliis decurrentibus, obtusis , infernè villosis , corymbis conglobatis termi- nalibus ; Gnaphalium à feuilles ob- tuses , coulantes, et velues en- dessous , ayant un corymbe de fleurs en grappe qui termine la tige. Elichrysum , foliis linearibus , de- currentibus , subtus incanis ; floribus corymbosis. Fig. Plant. Tab. 131. f. 2. Immortelle à feuilles étroites, coulantes , et blanches en-dessous , ayant des fleurs en corymbe. Elicrysum lati-folium villosum , alato caule , odoratissimum. Pluk, ALDI TV3IA. EXT 3. foi 22°. Gnaphalium Plantagini-fo- lium , sarmentis procumbentibus , caule simplicissimo , foliis radicalibus ovatis ; maximis. Lin. Sp. Plant. GNA 51§ 850. Gron. Virg. 121. Gnaphalium avec une tige simple , les feuilles radicales ovales, et trcs-grandes , et des coulans trainans. Gnaphalium , Plantaginis folio , Virginianum. Pluk. Alm. 171.0. 348. f. 9. Immortelle de Virginie à feuilles de Plantin. 23°. Gnaphalium obtusi-folium , herbaceum ; foliis lanceolatis ,. caule tomentoso , paniculato , floribus ter- minalibus glomeratis conicis. Lin. Sp. Plant. 851. Gron. Virg. 121. Gna- phalium avec des feuilles en forme de lance, et une tige cotonneuse , terminée par des paquets coniques de fleurs. Gnaphalium foliis lanceolatis, caule tomentoso ; corymbis supra decompo- sitis ; floribus sessilibus confertis, Gron. Virg. 1. p.95. Elichrysum Chrysocoma Gnapha- loides Virginiana annua, foliis obtusi- oribus , capitulis argenteis conglobatis. Moris, Hist. 3. p. 88.8.7. cr. 10. fi 9: Elichrysum obtusi-folium , capitu- lis argenteis conglobatis. Hort. Elth. 130.2. 108. f. 131. Immortelle à feuilles émoussées, et à tétes de fleurs argentes et disposées en pa- quets. 24°. Gnaphalium spicatum , foliis lanceolatis, decurrentibus, tomentosis , floribus spicatis terminalibus latera- libusque. Gnaphalium à feuilles en forme de lance, cotonneuses et cou- lantes, avec des fleurs en épis, Tre 2 516 GNA placées aux extrémités et sur les côtés des tiges. ; Elichrysum caule alato floribus spicatis. Sloan. Cat. Jam. 125. Im- mortelle avec une tige ailée, et des ficurs en épis. Stæchas. La premiere espece a une tige d’arbrisseau qui s’cleve la hauteur d’environ trois picds , et se divise en branches longues , minces et irrégulicres , dont les in- féricures sont garnics de feuilles obtuses, de deux pouces et demi de long sur une ligne et demie de large à la pointe; mais les feuilles qui ornent la tige, sont fort étroites, et terminées en pointe aiguë ; toutes les parties de cette plante sont fort cotonneuses; ses fleurs naissent aux extrémités des tiges, en corymbe compos ; leurs calices sont d’abord argentés et fort nets, et ils pren- nent ensuite une couleur de soufre jaundtre. On conserve ces têtes de fleurs dans toute leur beauté pen- dant plusieurs années , en les cueil- lant avant qu'elles soient fort ou- vertes , sur-tout en les garantissant de l'air et de la poussiere : ces fleurs commencent à paroitre dans le mois de Juin, se succèdent pendant tout l'été ; et plusieurs se conservent belles durant la plus grande partie de Vhiver. On regarde cette espece comme étant le vrai Cassidony d'or des boutiques; mais on lui substitue ordinairement la seconde en An- gicterre. p- GNA On la multiplie par boutures, qui peuvent être plantces en Juin ou en Juillet, dans des planches de terre Légère ; on les couvre avec des clo- ches, on Jes met à l'abri du soleil avec des nattes, et on les arrose souvent, mais légèrement : après six ou huit semaines ces boutures seront bien enracinces, alors on les enié- vera , on les plantera dans des pots remplis de terre légère, on les tien- dra à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient poussé de nouvelles fibres, et on les mettra ensuite dans une situation ouverte avec d’autres plan- tes exotiques, endurcies, où elles doivent rester jusqu'au milieu ou à la fin d'Octobre, pour être placées alors sous un châssis ordinaire, où elles puissent être à l'abri des gelées; mais dans les tems doux, on doit es exposer en plein air: au moyen de ce traitement, ces plantes de- viendront plus fortes que celles qui sont tenues dans l'orangerie , où elles filent toujours et. deviennent trop foibles; car cette espece n’a besoin que d’être mise a l'abri des fortes gelées ; elle est si dure, qu'elle subsisteroit en plein air dans . les hivers doux, si on la placoit dans des plates-bandes chaudes et contre des murailles avec peu de couvertures. Angustissimum. La seconde a une tige d’arbrisseau divisce en plusieurs branches minces, couvertes d’une écorce blanche; elle forme un GNA arbrisseau bas, épais et en buisson, qui séleve à la hauteur d'environ trois pieds, et elle esc garnie de feuilles fort étroites, blanches en- dessous, vertes en-dessus, placées sans ordre sur chaque côté des tiges: ses fleurs naissent aux extré- mités des branches en un corymbe compost ; elles forment des tétes petites et jaunes quand elles sont entièrement épanouïes, et elles se succèdent durant la plus grande par- tie de l'été : cette plante, qui croît naturellement en France et en Alle- magne, est assez dure pour sub- sister en plein air dans notre climat; elle se multiplie par boutures, que Yon peut placer dans des plates- bandes , à l'ombre, pendant tous les mois de l'été, et transplanter à demeure en automne; elle exige une terre sans fumier, dans laquelle elle est rarement endommagée, si ce n'est par des gelées trés-fortes. Uni-florum. La troisieme est une plante annuelle que lon rencontre en Italie et en Sicile ; elle a une tige herbacée, d’un pied de hauteur, et garnie de feuilles aiguës, dentelées et blanches en-dessous : ses fleurs sont placées sur de longs pédoncules qui s'élevent beaucoup au - dessus des branches, et dont chacun sou- tient une petite fleur blanchitre. On la multiplie par ses graines, qui doivent être semées à demeure, en automne , sur une planche de terre légère ; lorsqu'elles commencent. à GAN Ay 517 pousser au printems, on les éclair- cit où elles sont trop serrces , et on les tient nettes de mauvaises her- bes; c’est en cela que consiste toute leur culture. Luteo-album. La quatrieme est aussi annuelle ; ses feuilles sont cotonneuses, et ses tiges, velues, ‘élevent à la hauteur d’environ huit pouces, et sont garnies de feuilles oblongues et amplexicaules ; ses fleurs sortent en paquets serrés aux extrémités et sur les côtés des tiges; elles sont renfermées dans des ca- lices secs et argentés. Il y a une autre espece de celle- ci à feuilles plus étroites, mais moins cotonneuses , ses tiges sont plus éle- vées et plus branchues; ses fieurs, de couleur jaune-pale , naissent en paquets serrés aux extrémités des tiges. Ces deux especes réussissent mieux lorsque leurs semences s’écar- tent naturellement , que quand on les sème avec méthode; mais si l'on prend ce dernier parti, il faut les mettre en terre aussitôt qu'elles sont mures, sans quoi elles ne germent pas: Ces plantes ne demandent que d'être tenues nettes de mauvaises herbes, et éclaircies où elles sont trop serrées ; elles fleurissent en Juillet, et leurs graines mürissent en automne. Aquaticum. La cinquieme est une plante annuelle qui nait spontanc- ment en Angleterre dans des lieux que l'eau couvre en hiver; elle est s18 G NA basse, branchue, et garnie de feuilles argentées, et de têtes de fleurs d’une couleur foncée; mais comme elle n’est d'aucun usage, on ne la cultive point dans les jardins. Sylvaticum. La sixieme , qui est également annuelle, a des feuilles étroites et blanches en-dessous ; ses tiges sont érigces et hautes d’envi- ron un pied; de chacun de leurs nœuds sort un épi court de fleurs blanches, dont les calices sont de couleur foncée. Comme cette plante naît sans culture dans quelques par- ties de l'Angleterre, on la cultive peu dans les jardins ; si les graines se répandent d'elles-mêmes, elles pousseront plus sûrement qu'étant semées à la main: cette espece exige peu de culture; elle fleurit en Juillet, et elle périt bientôt après avoir per- fectionné ses semences. Dioicum. La septieme croît natu- rellement sur les sommets des colli- nes et des montagnes dans le nord de l’Angleterre; ses rejettons de côté poussent des racines, au moyen des- quelles elle se multiplie considéra- blement; ses feuilles croissent près de la terre; elles sont étroites à leur bâse, mais arrondies et larges à leur extrémité, d'environ un pouce de longueur , et blanches en- dessous ; ses tiges, simples et hautes de quatre pouces, sont terminées par un corymbe de fleurs simples, qui paroissent dans les mois de Mai et de Juin. G NA Il y a deux varictés dans cette espece, l'une à fleurs pourpre, et l'autre à fleurs panachces , qui pro- viennent des mêmes semences, mais qui conservent cependant leurs dif- férences dans les jardins ; on les multiplie aisément par leurs rejet- tons, qu'il faut planter en automne dans une situation ombrée , où elles n'exigeront d'autres soins que d’être tenues nettes de mauvaises herbes. Cette plante est appelée Pes Cazi , ou Pied-de Chat (1). Montanum. La huitieme, que l'on trouve sur les Alpes, est une plante basse , dont les feuilles radi- cales ressemblent a cellesde la précé- dente; ses tigessont simples, hautes d'environ six pouces, et garnies de très-petites feuilles aiguës, et ter- minces par quatre ou cinq fleurs oblongues, qui , dans quelques plan- tes sont blanches , et pourpre dans d'autres: ses fleurs paroissent vers le même tems que celles de l’espece précédente, et les plantes peuvent être multipliées et traitées de la même maniere. Chrysocomum. La neuvieme est une plante basse, qui croît natu- (1) Cette plante est un bèchique inci- sif que l’on fait entrer dans les ptisanes pectorales : elle divise et atténue les me tieres glaireuses , et facilite l’expectora- tion, On prépare dans les boutiques, une conserve de ses fleurs, que l’on adminis- tre, depuis un gros jusqu’à quatre, dans les maladies de poitrine, GNA rellement en Espagne et en Italic; sa tige ligneuse ne s'éleve gucres qu'à la hauteur de six pouces : elle est garnie dé feuilles fort étroites et blanches en - dessous : ses fleurs, dont la couleur tire sur le pourpre, sortent des côtés des tiges, chacune sur un pédoncule séparc ; leurs ca- lices sont longs , écailleux et termi- nés par des pointes roides et aiguës. Cette espece fleurit en Juillet, mais elle perfectionne rarement ses se- mences dans ce pays. Orientale. On croit quela dixieme a été apportée des Indes en Portugal, ou on la cultive depuis pour ses fleurs dorées , qui conservent leur beauté pendant plusieurs añnées, si elles ont été cucillies avant qu’elles fussent ouvertes; les Portugais en ornent leurs églises en hiver, et ils nous en envoient annuellement pour servir à la parure de nos dames. Ces plantes ont des tiges courtes d’arbrisseau, qui s’élevent rarement à plus de trois ou quatre pouces de haut , et qai poussent plusieurs teres; ses feuilles, étroites et co- tonneuses sur les deux côtés, sortent sans aucun ordre ; ses tiges de fleurs s’élevent de ces tétes , et croissent jusqu'à la hauteur de huit ou dix pouces ; elles sont garnies à chaque côté de feuilles étroites et blanches , et sont terminées par un corymbe de fleurs d'un jaune bril- lant, composede grosses têtes ; elles paroissent dans le mois de Mai, GNA 519 et se succedent durant la plus grande partie de l'été. On multiplie cette plante par ses tetes, que l'on dé- tache dans quelque tems de l'été que ce soit, dont on te les feuilles, et que l'on plante dans une terre légère : on les couvre avec des clo- ches , on les tient à l'ombre pen- dant la chaleur du jour , et on les arrose souvent et ICsèrement ; lors- qu'elle sont pris racine on les plan- te dans des pots, et on les traite de la même maniere que celles de la premiere espece. Dans les hivers doux , ces plantes peuvent résister en plein air, avec peu d’abri, si elles sont placées dans des plates- bandes chaudes : plus elles sont traitces durement, plus elles pro- duisent de fleurs; car lorsqu'elles flent dans Yorangerie, leurs fleurs sont toujours foibles. Ignescens. Laonzieme a des tiges et des feuilles fort cotonneuses, et beaucoup plus longues que celles de la précédente ; ses tiges s’'élevent à la hauteur d'un pied, et poussent quelques branches latérales , ter- minces par des fleurs en corymbe composé , dont les têtes sont petites et de couleur d’or, qui prend une teinte un peu rougeître à mesure qu'elles se fannent. On la multiplie par boutures, comme la précé- dente ; mais elle ne supporte pas le plein air, à moins qu’elle ne soit plantée dans un sol sec. Margaritaceum. La douzieme, qui 520 GNA croit naturellement dans PAméri- que Scptentrionale , est depuis long- tems cultivée dansles jardins Anglois: elle à une racine rempante, qui s'étend au loin dans la terre, de maniere qu'elle devient souvent une herbe embarrassante , à moins qu'on ne la retienne dans des justes bornes; ses tiges sontcotonneuses, hautes a’un pied et demi , et garnies de feuiles longues, terminces en pointes aiguës, et cotonneuses en-dessus ; le haut de la tigese partage en aeux or trois divisions , dont chacune est termi- née par un corymbe serré, les fleurs ont des calices assez larges et argentés , et conservent leur beauté pendant plusieurs années , si elles sont cueillies de bonne heure et bien séchées. Cette espece pro- fire dans presque tous les sois et a toutes expositions; on la multi- plie aisément par ses racines rem- pantes; elle fleurit en Juin et en Juillet , et ses tiges périssent en au- tomne. Fœridum. La treizieme est origi- naire du Cap de Bonne-Espérance ; elle est annuelle, et pousse plusieurs feuilles oblongues ct émoussées près de la racine ; ses tiges s’élevent à la hauteur d’un pied et demi, et sont garnies de feuilles alrernes, larges à leur base , où elles embrassent les tiges terminces en pointes aiguës, cotonneuses , et d’une odeur très- forte quand elles sont manices ; ses tiges sont couronnées par un co- GE NA rymbe de fleurs qui conservent leur beauté pendant plusieurs années , et dont les calices sont larges et ar- gentcs. Argenteum. La quatorzieme se trouve également au Cap de Bonne- Espérance : elle est annuelle, et fort sernblable à la précédente; mais ses feuilles sont d’un vert jaunêtre ens dessus, et cotonneuses. en-dessous ; ses tiges se divisent, et ses têtes de fleurs sont d'un jaune brillant ; ces différences sont persistantes : on mul- tiplie ces deux plantes par semences, qui réussisent plus sûrement lors- qu'on les seme en automne sur une plate-bande chaude, que lorsqu'elles ne sont mises en terre qu'au prin- tems; mais si on les livre à elles- mêmes , elles se muitiplieront sans aucun soin, et on pourra les trans- planter jeunes dans les endroits qu'on leur destine :-quand ces plantes. ont pri racines, elles n'ont besoin que d'être tenues nettes de mauvaises herbes; elles fleurissent en Juillet, et leurs graines mürissent ea automne, Undularum, La quinzieme se trou- ve en Afrique , ainsi que dans PA- mérique septentrionale ; car ses se- mences m'ont été envoyées de ces deux contrées: cette plante est an- nuclle ; ses feuilles radicales sont oblongues , un peu ondées et blan- ches en-dessous; ses tiges s'cleventà la hauteur d'environ un pied, et sont garnies de feuilles à pointes aiguës: de leur base sozt une bor- dure GNA dure ou aile, quis’étend dans la lon- gueur de la tige ; la plante entiere a une odeur désagréable ; ses fleurs naissent en corymbe aux extrémités des tiges ; elles sont blanches ct pa- roissent en Juillet ; ses semences, qui mürissent en automne, produisent de nouvelles plantes sans aucun soin ; lorsqu'on leur permet de s’é- carter , comme les deux especes precédentes. Gymnosum. La seizieme s'éleve à la hauteur de trois ou quatre pieds, en une tige d’arbrisseau , garnie de feuilles étroites et en forme de lan- ce, qui embrassent les tiges à moi- tié avec leur base; elles sont d’un vert foncé en-dessus, et blanches en- dessous ; les tiges sont terminées par des corymbes de fleurs jaunes com- posés, et en petites têtes; elles se succedent pendant une grande par- tie de l'été, mais elles produisent rarement des semences en Angle- tÉERE On multiplie aisément cette es- pece par boutures dans tous les mois de l’année; on les plante dans une plate-bandea l’ombre, et on les arrose constamment ; par cette méthode , elles prendront racine en quatre ou cing semaines: alors on pourra les enlever , les planter dans des pots, et les placer à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines; après quoi on les mettra dans une situation abritée avec d’au- tres plantes exotiques dures : mais Tome IIL CG Na 521 en automne on les renfermera dans Yorangerie , ou on leur donnera autant d’air libre qu'il sera possible pendant l'hiver, dans les tems doux; car elles n’ont besoin que dëtre mises à l'abri des gelces : elles exi- gent par conséquent le même trai- ment que les autres plantes dures de lorangerie. Americanum. La dix septieme est une plante annuelle qui nait sponta- nément dans la France, en Italie et en Espagne; elle a une tige coton- neuse et herbacée , de six ou huit pouces de hauteur , et garnie de feuilles obtuses en forme de lance, et cotonneuses : ses fleurs sortent en épis courts sur les côtés, et aux extrémités des tiges; elles sont d'une couleur argentée , ct paroissent en Juin et en Juillet ; ses semences murissent en automne; et si on leur permet de sécarter, elles produi- sent des plantes qui n’exigent au- cune autre culture que d être tenues nettes de mauvaises herbes. Rutilans. La dix-huitieme croît sans culture au Cap de Bonne-Espé- rance ; elle s'éleve avec une tige mince d’arbrisseau , dont la partie basse produit plusieurs branches la- térales , garnies de feuilles fort étroites, et blanches en-dessous : ses fleurs sont produites en un corymbe composé aux extrémités des bran- ches; elles sont d’abord d’une cou- leur rouge-pale , mais dans la suite elles prennent une teinte dorée ; Vvv $22 G N A leurs calices sont petits et secs, comme ceux des autres especes de ce genre. Cette plante se multiplie par boutures comme la seizieme , et elle exige le meme traitement. Sanguineum. La dix - neuvieme , qu'on rencontre en Egypte et dans la Palestine , est une plante vivace , dont les feuilles radicales sont coton- neuses en-dessous , et s'étendent sur la terre ; ses tiges sclevent a la hauteur d'environ six pouces,et sont: ornces de feuilles en forme de lance et cotonneuses ; ces memes tiges, qui sont également couvertes de duvet, sont terminées par un large corymbe de fleurs très-rapprochées, teintes d’un beau rouge tendre, et d'une très belle apparence dans le mois de Juin , lorsqu'elles sont tout-à-fait A épanouïes. Cette espece se multiplie par ses rejettons, comme la sixieme- et la huitieme ; mais comme elle n’en produit pas beaucoup , elle n'est pas commune a présent dans les jardins Anglois ; elle exige un sol plus sec et une situation plus chaude que la sep- tieme; mais elle ne doit pas être trop exposée au soleil du midi, et il faut la planter à l'exposition du sud- est. Fruticosum. Lavingtieme, qui aëté apportée du Cap de Bonne-Espé- rance, est depuis long-tems conser- vée dans plusieurs jardins curieux de l'Europe; sa tige séleve à la hau- teur de trois ou quatre pieds, ct GNA produit plusieurs branches longues, irrégulicres, et terminées par des fleurs en corymbe composé ; les têtes de cette espece sont garnies de feuilles beaucoup plus longues que celles des autres, et ses fleurs sont d’une couleur brillante argentée : on | la multiplie par boutures comme la dixieme espece, et on la traite de A méme. Odoratissimum. La vingt-unieme a été élevée dans les jardins de Chel- féa, avec des semences envoyces du Cap de Bonne-Efpérance; fes feuilles radicales sont oblongues et émous- sces; ses tiges, qui se montrent sous la forme d'un arbrisseau , se partagent en plusieurs branches irrégulieres , d'environ trois pieds de hauteur , et garnies de feuilles oblongues à poin- tes émoussées , blanches en-dessous , mais d’un vert foncé en-dessus, et dont la bâse se prolonge en bordure dans la longueur de la tige, comme une aile de la même consistance que les feuilles, ce qui forme ce que les anciens Botanistes appeloient mais LINNEE donne aux feuilles ainsi disposées, le nom de feuilles coulantes ; ses tiges sont ter- minces par des fleurs en corymbe composé, fort rapprochées, et d’une couleur d’or brillante ; mais petites, ct qui deviennent d’une couleur plus foncée à mesure qu'elles se dessé= chent: elles se succèdent durant une grande partie de l'été, et celles qui se montrent les premieres, pre- tive aîlée : oO GNA duisent souvent des semences en Angleterre. Cetce espece peut être multiplice par boutures comme la dixieme , et elle exige le même trairement: elle est gravée dans la cent trente- unieme planche des figures des Plantes. Plantagini-folium. La vingt-deu- xieme dont les semences ont été ap- portées en Angleterre de l'Amérique septentrionale , sa patrie, est une plante vivace qui a des feuilles ra- dicales , larges et ovales ; de la tige principale s'élevent des coulans qui prennent racine dans la terre, et ont de jeunes plantes à leur extré- mité ; ses tiges sont simples et gar- nies de feuilles plus étroites, ve- lues et alternes : ses fleurs paroissent en Juin et en Juillet, ct produisent quelquefois des semences dans notre climat ; mais cette plante se multi- plie si fort par ses rejettons , qu'on emploie rarement ses graines. Cette “espece réussit en plein air: on la plante dans un sol sec et une situa- tion chaude. Obtusi-folium. La vingt troisieme est aussi originaire de l'Amérique septentrionale; elle est annuelle ; ses feuilles sont cotonneuses et obtuses ; ses tiges sont simples, et s’élevent à la hauteur d'environ neuf. pouces : ses fleurs , qui sont d’un blanc saleet peu apparente , croissent en épis sur les côtés des tiges : lorsque ses se- mences s’écartent , elles produisent GNA 523 sans peine une grande quantité de nouvelles plantes, qui n'ont besoin que d’être tenues nettes de mauvaises herbes. Spicatum. La vingt- quatrieme croit naturellement à la Jamaïque et dans d’autres parties chaudes de l'Amérique ; elle s’éleve à la hauteur d'environ deux pieds, avec une tige d’arbrisseau garnie de feuilles de la meme grandeur et de la même forme, à-peu-près, que celles de la Sauge, mais cotonneuses en-dessous, et fort veinées : de la bâse de cha- que feuille-sort une bordure qui coule dans la longueur de la tige : ses fleurs sont produites en épis sur les côtés et aux extrémités de la tige ; elles sont longues et très rap- prochées. Cette plante fleurit en Juilletet en Août, mais elle ne per- fectionne jamais ses semences en Angleterre. de. On la multiplie par ses graines, qu'il faut semer sur une couche chaude dans des pots, parce que souvent les plantes ne lèvent pas dans la même année : lorsque cela arrive , on tient les pots dans la serre chaude pendant l'hiver, et au printems suivant on les place dans une nouvelle couche chaude, pour faire pousser les plantes; quand elles paroissent, on les transplante dans de nouveaux pots, et on les tient constamment dans la couche chaude, sans quoi elles ne profiteroient point en Angleterre, Vvv 2 §24 GNI GNAPHALODES. y. MICROPUS. GNIDIA. Caracteres. Dans ce genre le calice est en forme d'entonnoir, et forme par une feutle colorée , et divisce en quatre segmens ; la corolle est composée de quatre pétales unis et plus courts que le calice ; la fleur a huit éramines droites, garnies de poils hérissés, et terminées par des sommets simples, et un SErme ovale, qui supporte un style mince sur le core , jasere avec les éramines, et couronné par un stigmat luisant ; > CE germe devient ensuite une semence ovale et à pointes obliques, renfer- mée dans le calice. Ce genre de plantes est rangé dans le premier ordre de la huitieme classe de LINNEE, intitulée : Oc- tandrie monogynie 5 avec celles dont les fleurs ont huit étamines et un style. Nous n'avons qu'une espece de ce genre, qui est la Gnidia pinni-folia , foliis sparsis lineari-subulatis , floralibus verticil- latis , floribus aggregatis terminalibus. Lin. Sp. $12. Gnidia a feuilies li- néaires et en forme d’aléne , dont les florales sont verticillées, ayant des fleurs très-rapprochées aux extre- mités des branches. Rapunculus foliis nervosis , linea- ribus, floribus argenteis non galeatis. Burm. Afr. 112.4, 4. fe 3. Vaterianoides Ærhiopica frutes- cens. Seba. Mus, 2. p. 32, t. 32+f. $. GNI Cette plante, qui croît naturelle- ment en Ethiopie, a une tige d’ar- brisseau de trois ou quatre piecs de hauteur , de laquelle sortent quel- ques bran.hes latérales, garnies de feuilles étroites , oblongues, à po:n- tes aiguës, vertes en-dessus, pales en- dessous , et marquées dans leur lon- gueur par une nervure tres-forte, comme dans celles du Romarin: ses fleurs sont presque verticillces , et sortent du milieu des feuilles, aux extrémités des branches , sur de courts pédoncules ; elles ont quatre pétales insérés dans le tube du cilice, qui est long et fort ; ces pétales, qui s'étendent horisontalement , renfer- ment huit étamines fort courtes, insérées dans le fond du tube; elles renferment un germe ovale, et un style mince attaché aux côtés des ctamines ; ce germe devient ensuite une semence ovale et garnie de pointes. Cette plante offre deux va- riétés, l'une à £eurs blanches, et l'autre à fleurs bleues. On la multiplie ordinairement ici par boutures, qui poussent des racines dans l’espace de six semaines, si on les plante avec soin, en été, dans des pots remplis de terre lc- gère, si on les plonge dans une cou- che de chaleur très-modérée, si on les couvre avec des cloches pour en exclure lair, et si on les met à l’a- bri du soleil pendant la plus forte chaleur du jour : lorsqu'elles sont bien enracinces , on les accoutume GOM par dégrés au plein air, et on les place en hiver dans une caisse de vitrages sèche et airée, où elles puis- seat avoir de l'air dans les tems doux , et être à couvert des gelces et de l'humidité. GOEMON , SART ox VARECH. Voy. Fucus, SUPPL. GOMPHRENA. Lin. Gen. Plant. 279. Amaranthoides. Tourn. Inst. R. H. 654. Tab. 423. Amaranthoide, Immorcel'e. Caracteres. La fleur a un large calice à trois feuilles, coloré et persistant; la corolle est érigée et découpée en cinq parties sur ses bords; elle à un calice cylindrique, tubulé, de la longueur du pérale, et divisé sur ses bords en cinq petites parties entièrement ouvertes : la fleur a cinq étamines presqu'invisi- bles , placées dans le bord du nec- taire , et terminées par des som- mets renfermés dans l'ouverture du nectaire; dans son centre est placé un germe ovale et pointu, avec deux petits styles, couronnés par des stig- mats simples aussi longs que les étamines: ce germe devient ensuite une semence large et ronde, renfer- méz dans une capsule mince, dure et a une cellule. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la cinqnicme classe de LINNEE, intitulée, Pen- tandrie digynie , qui renferme celies GOM $29 dont les fleurs ont cing étamines er deux styles. Les especes sont : 1°. Gomphrena globosa , caule erecto 5 foliis ovato-lanceolatis , ca- pitulis solirariis, pedunculis di-phyliis. Hort. Cliff. 86. Hort. Ups. 57° FE Leyl.11§. Vir. Cuff. 22. Roy. Lugd. B. 418. Fabric. Helmst. p.164 Kniph Cent. $. n. 39. Amaranthoide avec une tige érigée, des feuilles ovales et en forme de lance, des têtes solitaires, et des pédoncules à deux feuilles. : Amarantho affinis Indie Orientalis, floribus conglomeratis , ocymas tri- folio. Breyn. Cent. 109. t. $ 1. Comm. Hort 1s: p#8$. #45! Amaranthoides Lychnidis folio , capitulis purpureis. Tourn. Inst R. H. 654. Amanranthoice globulaire, avec des tétes de couleur pourpre. Flos globosus. Rumph. Amb. 5. PhaB get. ISOs f. 2 Wadapu. Rheed. Mal. 10. p.73. E37 s 2°. Gomphrena interrupta , caule erecto ; spicä interrupta. Prod. Leyd. 419. Gomphréna avec une tige érigée, et un épi de feurs inter- rompu, ou dans lequel il y a des vuides. 3°. Gomphrena perennis , foliis lanceolatis , capitulis di-phyllis , fios- culis perianthio proprio distinctis. Lin. Sp. Plant. 224. Amaranthoide avec des fevilles en ferme de lance, deux feuilles aux tètes des fleurs, et dont 626 GOM haque fleuretie a son calice par- ticulier. Amaranthoides perennis , floribus stramineis radiatis. Hort. Elth, 24. t. 20. f. 22. Amaranthoïde globu- laire et vivace, à fleurs radices de couleur de paille, Glotosa. La premiere espece croît naturellement dans les Indes, d'où ses semences en ont été apportées en Europe; cette plante, annuelle, que l'on cultive depuis plusieurs années dans tous les jardins curieux, s’é- leve à la hauteur d'environ deux pieds avec une tige droite, bran- chue , et garnie de feuilles en forme de lance et opposces ; ses branches sont aussi opposées, et ses pedoncules, qui sont longs et nuds, ont deux courtes feuilles placées pre- cisément au-dessous des têtes de fleurs qui sortent des fourches des branches; ces têtes paroissent d’a- bord globulaires , mais à mesure qu'elles augmentent en grosseur, elles deviennent ovales; elles sont composces de feuilles sèches et écailleuses, ou de pétales imbriqués Fun sur l’autre, comme les écailles de poisson ; sous chacun est placé une fleur tubulée, qui paroit à peine hors de sa couverture; ces fleurs ne sont pas généralement estimées ; mais le calice écailleux qui les cou- vre , est beau; et si on les cueille avant qu'elles soient trop fanées, elles se conservent dans leur beaute GOM pendant plusieurs années : lorsque la fleur est passée, le germe situé dans le fond, devient une semence large et ovale , renfermée dans une couverture de paiile ; elle ne mürit que sur la fin de l'automne, et la plante périt bientôt après. I y a deux varictés dans cette espece, l’une avec de belles tètes d'un pourpre brillant, et l’autre à têtes blanches ou argentces ,\ mais ces différences sont constantes, et se perpétuent par semences, quoi- que d'ailleurs ces deux plantes ne différent en rien. On connoit une autre espece de couleurs mélées, mais je ne puis déterminer si elle est produite accidentellement des semences de quelque espece particu- lire, parce quelle se reproduit toujours sans altération. J’ai cultivé les deux autres pendant plus de trente ans, et je ne les ai jamais vu varier. Il y en a aussi deux variétés qui _ croissent naturellement dans les Isles de l'Amérique, l’une 2 têtes pour- pre , et l'autre à têtes blanches, mais beaucoup plus petites et plus rondes que les précédentes : ces plan- tes sont beaucoup plus grosses, et poussent plus de branches; et com- me leurs fleurs paroissent plus tard, leurs semences mürissent rarement en Angleterre dans les années froi- des : les habitans de l'Amérique leur donnent Ie nom de boutons de Bache- > GOOM liers ; mais je ne puis assurer qu'elles soient spécifiquement différentes des autres. Interrapta. Les tiges de la seconde sont irrégulieres , beaucoup plus minces et plus hautes que celles de Ja premiere ; ses feuilies sont plus petites, mais de la même forme: ses fleurs, qui croissent en épis aux extrémités des branches, sont divi- sées en trois ou quatre parties, en- tre chacune desquelles se trouve un espace intermédiaire ; les épis sont petits et de couleur pourpre-pale. Les semences de cette espece m'ont été envoyées de Campeche par le Docreur Houstoun. Perennis. La troisieme a des tiges minces, droites, garnies de feuilles en forme de lance, opposées, velues et sessiles aux branches, qui sont aussi velues, et terminées par de petites têtes de fleurs entièrement ouvertes ct séparées les unes des autres , de maniere que le calice paroit distinct ; elles sont d’une cou- leur de paille-pale , et se montrent en Juillet : leurs semences muirissent quelquefois en Angleterre ; mais les plantes subsistent deux ou trois ans lorsqu’on les conserve dans une serre chaude. Culture. Les deux premieres es- peces à grosses tétes de fleurs, l'une de couleur de pourpre, et l’autre argentée, font un très bel effet dans lés jardins; on les cultive en Por- tugal et dans quelques autres pays GOOM 52% chauds pour en orner les églises en hiver ; car si on les cueille lors- qu elles sont en plein accroissement, et si on les fait sècher à l'ombre, elles conservent long - tems jee beauté, sur-tout si elles ne sont pas exposces à lair. Ces plantes sont an- nuelles, et se multiplient seulement par leurs graines , qui doivent être semces sur une bonne couche chau- de, au commencement de Mars; mais si ces semences, dans le mo- ment que l'on veut les employer, ne sont pas prises dans leurs siliques pleines de paille , il sera nécessaire de les faire tremper pendant douze heures avant de les mettre en terre, pour les aider à pousser leur germe. Quand les plantes ont atteint la hauteur d’un demi-pouce, on les transplante sur une nouvelle couche chaude, a quatre pouces de distance entr “dlls: ; on les tient à l’ombre jus- qu'a ce qu'elles aient formé de nouvel- les racines ; on leur donne ensuite de l'air frais chaque jour, à proportion de la chaleur de la saison , et on les arrose souvent. Comme environ un mois apres, si la couche est d’une chaleur convenable, les plantes se- ront devenues assez grosses pour se toucher , elles ne pourront plus res- ter dans cette situation sans être #4 posées à filer et à saffobilir 4insi, pour éviter cet accident On prépa- rera une nouvelle coxche chaude, dans laquelle_on les plongera , apres les avoir mises s¢parement dans des 528 GOR pots du prix de six liards, remplis d'une terre sèche et légère; mais il est nécessaire pour cela de les enlever avec route leur motte: on les tient à l'ombre jusqu’à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines; et on les traite ensuite de la mème ma- nicre que les autres plantes tendres et exotiques. Quand elles ont rempli ces pots de leurs racines , il faut les en tirer , tailler les racines autour de la motte avec soin, et les remet- tre dans de plus grands pots, que l'on plongera dans une couche de chaleur modérée, sous un vitrage élevé, au moyen de quoi elles fleuriront de bonne heure, et de- viendront plus grosses que celles de plein air : on les accoutume par dégrés , dans le mois de Juillet, à supporter le plein air , auquel on les exposera tout-a-fait vers le mi- lieu de ce mois, et on les entre- mêlera avec d’autres plantes annuel- les pour orner les parterres; mais ils sera prudent d’en conserver une ou deux de chaque espece sous un abri, pour se procurer des semences, parce que celles qui sont exposées en plein air, en produi- ront rarement de bonnes, si la sai- sen est humide. GORTERIA. Chardon d’Ehiopie , espece de Barlang ou Glouteron. Caracteres. Le calice est ferme , écailleux, ettermint en épines héris- GOR sces; la fleur estcompostedefleurettes hermaphrouites dans le disque, et de fleurettes feme:les dans le rayon; les hermaphrodites sont en forme d'entonnoir à cing pointes, et ont cing ¢tamines courtes, et terminées par des sommets cylindriques, et un germe velu qui soutient un style mince , couronne par un stigmat divisé en deux parties : ce germe devient en suite une semence ronde, environnée par de beaux poils : les fleurettes femelles sont en forme de langue, stériles, et n’ont point de style ni de stigmat. Ce genre de plantes est placé dans la troisieme section de la dix- neuvieme classe de Linnée , intitu- Ice : Syngenesie Polygamie fausse » dans laquelle se trouvent comprises celles dont les fleurs ont des fleu- rettes hermaphrodites , fructueuses dans le disque, et des fieurettes femelles sans style ni stigmat, et stériles dans ia bordure. Les especes sont : 1°. Gorteria rigens ; scapis uni- floris, foliis lanceolatis , pinnati-fidis, caule depresso. Amen. Acad, 6. Afr. 80. Schreb. In Nov. Act. Ups. 1. p. 89. Berg. Cap. 304. Gorteria avec une fleur sur chaque pédoncule, des feuilles en forme de lance era pointes ailées , et une tige abaissée. Arctotis foliis lineari-lanceolatis , rigidis » sub— ramis decumbentibus , tus argenteis, ed. Prior. Arctotis GOR Arctotis folis laceolatis , subeis tomentosis , integris lacimiatisque. Leys. Orig. 6, Arctotheca , foliis rigidis leniter , dissectis. Vaill. Act. 1728.n. 9. Anemono-spermos , foliis rigidis, tenuiter divisis , subtüs incanis , flore aureo umbone nigricante. Raj. Suppl. 1§2. 2° Gorteria fruticosa , foliis lanceolatis integris , dentato-spinosis , subtas tomentosis , caule fruticoso. Lin. Sp. 1284. Gorteria avec des feuilles entieres en forme de lance Taineuses en - dessous, et dont les dentelures sont terminees par des épines avec une tige d’arbrisscau. Carthamus Africanus frutescens, , folio Iixis , flore aureo. W'alth. Hort. a: Atractylis oppositi-folia. Lin. Syst. Plant. tom. 3. pag. 697. Sp. 4. Atractylis foliis oblongo-ovatis , denticulatis, spinosis, calycibus paten- tibus » caule fruticoso. Liun. Hort. Cliff 395. Roy. Lugd.-B. 137. Carlina Africana , foliis integris, tomentosis, et inambitu spinulis aureis exasperata. Pluk, Alm. 56. t. 263. f. 5. Rigens. La premiere espece , qui croit naturellement au Cap de Bon- ne-Espérance , est une plante basse, dont les tiges ligneuses ont six ou huit pouces de long, trainent sur la terre , et produisent deux ou trois semences latérales , terminées cha- Tome Iii. GOR §29 cune par une tête serrée de feuilles étroites, vertes en dessus, argentées en dessous, et découpées en deux ou trois segmens à leurs extrémi- tées. Les pédoncules qui sortent des têtes, ont six pouces de lons, sont nuds , et soutiennent une grosse fleur couleur d'orange sur ses bords, et composée de plusieurs fleurettes hermaphrodites fructueuses , dans le disque et dans les rayons de demi-fleurettes femelles, en forme de langues ouvertes , et marquées vers leur bâse de deux taches, l’une brune et l’autre blanche: ces fleurs paroisseut dans le mois de Mai et de Juin , mais elles produisent ra- rement des semences en Angle- terre. Cette espece se multiplieaisément par boutures , que l’on plante dans des plates-bandes à l'ombre pendant tous les mois de Tete, et que l’on traite suivant la méthode qui a été prescrite pour |’Arctotis. Fruticosa. La seconde est aussi originaire du Cap de Bonne-Esp¢- rance ; clle s'éleve avec une tige mince d’arbrisseau , à la hauteur de trois pieds, et pousse quelques bran- ches foibles, garnies de feuilles oblongues, sessiles, unies en dessus, cotonneuses en-dessous , et décou- pées sur leurs bords par des dentelu- res, dont chacune et terminée parune épine foible ; ses fleurs naissent aux extrémités des tiges; elles ont des calices feuillés et terminés par des Xxx 530 GOS épines ; elles sont jaunes, se mon- trent dans les mois de l'été, et pro- duisent des semences en Angleterre. On la multiplie en plantant les extrémités de ses branches dansles mois de Juin et de Juillet ; on les couvre avec des cloches, et on les met à l'abri du soleil , sans quoi elles ne réussiroient pas. Quand elles sont bien enracinées, on les met séparément dans de petits pots, que Yon tient en hiver dans une caiffe de vitrage airée et sans humidité. GOSSYPIUM. Lin. Gen. Plant. 755-Xylon. lourn. Inst. R. Aa Ou.. t. 27. Coton. Caracteres. La fleur a un double calice, dont l'éxtérieur est large, et formé par une feuille à moitié découpée en trois segmens , et l'in- térieur est figuré en coupe, et formé également par une feuille divisée sur ses bords en cing segmens ai- gus : la corclle est composée de cinq pétales en forme de cœur, joints à leur base et entièrement ouverts. La fleur a un grand nombre d’étamines , réunies au bas en une colonne , mais séparces par le haut, insérées dans les pétales, terminées par des sommets en forme de rein; le germe est rond , et soutient quatre styles joints à la colonne, aussi longs que les éramines, et couronnés par quatre stigmats épais. Ce germe se change dans la suite en une capsule ronde, GOS terminée en pointes, et à quatre cellules remplies de semences ova- les , enveloppées dans du coton. Ce genre de plantes est rangé dans” la troisieme section de la sei- zieme classe de Linnée , intitulée: Monadelphie polyandrie , qui ren- ferme celles dont les fleurs ont plu- sieurs étamines jointes ensemble , avec les styles dans un corps. Les especes sont : 1°. Gossypium herbaceum , foliis quinque-lobis 5 caule herbaceo lavi. Hort. Upsal. 203. Mat. Med. 34% Murray. Prod. 170. Blackw. t. 3 § 4. Kniph. Cent. 8. n. 47. Coton avec des feuilles à cing lobes , et une tige lisse et herbacce. Gossypium caule decumbente. Hort. Cliff. 350. Gossypium. Camer. Epit. 203. Rumph. Amb. 4. p. 33. t 2 Coton commun herbacé. Gossypium frutescens ; semine al- bo. Bauh. Pin. 430. 2°. Gossypium Barbadense , foliis tri-lobis , integerrimis y subtus tri- glandulosis. Hort. Upsal. 204. Coton en arbre, avec des feuilles entieres à trois lobes garnies de trois glandes en-dessous. Gossypium frutescens 5 annuum » folio tri-lobo, Barbadense. Pluk. Alm. 172.2. 188. f. 1. Coton eniiat- brisseau, annuel, des Barbades, avec des feuilles à trois lobes. 3°. Gossypium Arboreum ; fodis GOs palmatis , lobis lanceolatis ; caule fruticoso. Lin. Sp. Plant. 693. Coton avec des feuilles en forme de main , ayant cing lobes lanceo- lés , et une tige darbrisseau. Gossypium caule erecto. Hort. Cliff. 3 50. Gron. Orient. 208. Roy. Lugd.-B. 359. Aylonarkoreum , flore flavo. Tourn. Inst. R. H. tot. Coton en arbre, avec une fleur jaune. Gossypium arboreum , caule lavi. Bauh. Pin. 430. Gossypium lati-folium. Rumph. Amb, 4. p. 37. t. 13. Gossypium herbaceum, sive Xylon Maderaspatense 5 rubicundo flore , pentaphylleum. Pluk. Alm. 172. t. 188. f. 3. Cudupariti. Rheed. Mal, 1.p. 55. £5. 3:16 . 4°. Gossypium hirsutum, foliis tri- lobis quinque-lobisque accutis , caule ramoso hirsuto ; Coton avec des feuilles à trois ou cing lobes , ter- minés en pointes aiguës , et une tige hérissée et branchue. Xylon Americanum ; prestantissi- mum , semine virescente. Tourn. Inst. R. H. 101. Le plus beau Coton d'Amérique , avec une semence verte. Gossypium frutescens pentaphyllos Barbadense. Pluk. Alm. 172. 299, fir. La premiere espece est: le Coton ordinaire du Levant , que l'on cul- tive dans plusieurs Isles de l’Archi- G OR 531 pel, ainsi qu’a Malte en Sicile et dans le Royaume de Naples : on seme ses graines au printems dans uncterre défrichée , et quatre mois apres on en fait la récolte dela même maniere que l’on fait celle des grai- nes en Angleterre : les tiges de cette espece périssent aussi- tôt que ses semences sont muüres: elle s’éleve à la hauteur d'environ deux pieds, avec des tiges herbacées , garnies de feuilles unies, qui se divisent en cinq lobes; ces tiges poussent vers le haut quelques branches foibles, garnies de feuilles de la même forme, mais plus petites : ses feurs naissent près de l'extrémité des branches, contre les pétioles des feuilles ; elles ont deux grands calices , dont l’ex- térieur est divisé en trois segmens, et l'intérieur en cinq ; leurs pétales sont d’un jaune pâle, tirant surle blanc , et elles sont remplacées par des capsules ovales qui s'ouvrent en quatre parties , et ont quatre cellules remplies de semences, en- veloppées dans un duvet que l’on nomme coton. (1). Barbadense. La seconde espece croit naturellement dans plusieurs (1) La graine du Coton est adoucis- sante et un peu astringente; on l’em- ploie quelquefois , sous forme d’émul- sion, avec d’autres graines, dans les maladies de poitrine , les crachemens de sang et la dyssenterie : sa dose est de puis deux gros jusqu’à une demi-once. ANAL 2 32 Gos isles de?’ Amérique ; elle s'éleve en tiges d’arbrisscau, unies, et de qua- tre a cing pieds de haut, qui pous- sent latéralement quelques branches garnies de feuilles unies , et divisées en trois lobes : ses fleurs paroissent vers les extrémités des branches : elles ont à-peu-près la forme de celles de la précédente ; mais elles sont plus larges et d'une couleur jaune plus foncée ; les légumes et capsules qui leur succèdent sont plus gros, et les semences sont noires. Arboreum. La troisieme a une tige d’arbrisseau vivace, qui s'éleve à la hauteur de six ou huit pieds, et se divise cn plusieurs branches unies , garnies de feuilles en forme de main , et divisées en quatre ou cinq lobes ses fcurs naissent vers les extrémités des branches : elles sont plus larges et plus foncées en couleur que celles des deux especes précédentes , et leurs I¢gumes sont aussi plus gros. i Hirsutum. La quatrieme , dont les semences ont été apportées de FAmérique en Europe, estaussi une plante annuelle qui périt aussi-tôt que les semences sont mures; elle s'éleve au-dessus de la hauteur de trois pieds, et pousse plusieurs bran- ches latérales, qui s'étendent à une grande distance, quand on leur donne une place suffisante ; ces branches sont hérissées de poils, et garnies de feuilles composées GOS les unes ce trois et d’autres de cinq lobes terminés en pointes aiguës, et garnies de poils courts en-dessus: ses fieurs paroissent latéralement vers les extrémités des branches ; elles sont larges et de couleur pour- pre sale, ct chaque pétale a une large base tachette de pourpre : ces fleurs sont remplacées par des légumes ovales, qui s'ouvrent en quatre cellules, remplies desemences vertes, oblongues, et enveloppées dun duvet moëlleux. Lorsque les branches de cette espece ont la li- berté de sétendre , elles produisent jusqu'a quatre ou cinq gousses de Coton, de sorte que chaque plante en peut donner trente et plus, dont chacune est aussi grosse qu'une pomme médiocre : comme cette espece est plus abondante que les autres , et quelle fournit un Coton plus fin, on doit la cultiver de préférence dans les Colonies de l'Amérique , avec d'autant plus de raison qu'elle réussit à la Caroline, où on la cultive avec succés depuis quelques années. Il n'est question que d'imaginer un moyen facile de détacher le Coton des semences auxquelles il est uni beacoup plus fortement que dans aucune des autres especes ; ce Coton est aussi d'une bien meilleure qualité. Comme toutes ces especes sont des plantes fort tendres , elles ne peuvent réussir en plein air en G OS Angleterre ; mais on les sème fré- quemment dans les jardins des cu- ricux, pour la variété. Les premiere er quatrieme especes donnent des semences miüres en Angleterre, si elles sont semées dans le commencement du printems sur unc couche chaude ; lorsqu'elles ont poussé , on les met séparément dans des pots , que l'on plonge dans une couche chaude de tan pour les faire avancer ; quand elles sent devenues trap hautes pour pouvoir être con- tenues sous les châssis, on les trans- porte dans la couche chaude de la serre, et on leur donne de plus grands pots, lorsque leurs racines ont remph les premiers : en les traitant ainsi, elles m'ont donné des fleurs dans le mois de Juillet, leurs semences ont parfaitement müri à la fin de Septembre, et leurs gousses étoient aussi grosses que celles que l'on apporte des Indes Orientales et Occidentales ; mais si ces plantes ne sont pas avancées de bonne heure dans le printems , leurs fleurs ne paroissent que sur la fin de Véré , et leurs semences mü- rissent difficilement. L'arbrisseau de Ccton vient ai- sément de semences, si on les met sur de bonnes couches chaudes dans le commencement du printems; et si on pousse les plantes comme on vient de le recommander . elles séleveront iusqu’a la hanteur de cinq ou six pieds , dans le même éré : mais il est trés-difficile de les conserver en hiver, a moins que l'on ne les endurcisse par désrés depuis le mois- d’Aotit ; car si on les force dans ces temslà, elles seront trop tendres pour subsister pendant l'hiver : cette espece doit être placée en automne dans la couche de tan de la serre chaude, et tenue au premier dégré de cha- leur ; sans quoi on ne pourra ré- ussir à la conserver en hiver. GOURDE ACIDE D'ÉTHICPIE, ou PAIN DE SINGE. Voyez ADAN- SONIA. GRAINE D'ÉCARLATE ox KERMES. Voyex QUERCUS COCCI- FERA. L. GRAINE D'AVIGNON. Voyez RHAMNUS minor. Alaternus angus~ ti-foliae GRAMEN. Tourn. Inst. R. H. 516. Tab. 297. Raii Meth: Plant. 171. Chiendent. Si je vonplcis faire mention de toutes les especes de graines que l'on trouve en Angleterre, cet article deviendroit beaucoup trop consi- déräle ; c’est-pourquoi je me bor- nerai à quelques-unes dont on fait usage comme alimentou comme re- mede: il n'ya pas un paturage en An- gleterre ou l'on ne trouve au moins vingt especes différenies de Giamens, 534 GRA et dans la plupart ce nombre est deux fois plus grand : toutes ont été autrefois comprises part les anciens Botanistes, sous la dénomination commune de Gramen ; mais elles étoient divisées en différentes sec- tions. M. Ray les a rangées dans l'ordre suivant , Gramen triticum , herbe à Froment; Gramen secali- num , herbe à Seigle ; Gramen lo- liaceum , herbe à Ivraie; Gramen paniceum , herbe paniculée ; Gramen phalaroïdes ; herbe à graines d'oi- seaux ; Gramen alopecuroïdes ; herbe en queue de Renard ; Gramen typhi- num » herbe à chaton ; Gramen cchinatum , herbe épineuse; Gramen cristatum , herbe a crête; Gramen avenaceum , herbe à Avoine ; Gramen dactylon , herbe Dactylon ow pied de coq 3 Gramen arundinaceum , herbe à Roseaux ; Gramen millia- ceum, herbe à millet. Dans chacune de ces sections , il y a plusieurs especes. Les anciens Écrivains ont renferme sous le titre général des graines, une grande quantité d’espe- ces différentes, dont quelques-unes n’ont aucune relation avec les autres de cette classe, et dont un grand nombre leur ressemble beaucoup : telles sont les Cypérus, etc. Le Docteur Linnée les a divisées en genres; mais par cette maniere de les classer , il les a fort éloignées les unes des autres; car toutes celles dont les fleurs ont trois étamines, sont rangées dans la troisieme classe, GR A et celles qui ont des fleurs mâles et femelles , sont renvoyées à la vingt- unieme ; cependant il auroit mieux valu les laisser ensemble, comme le Docteur Wan-Royen l'a fait dans le prodromus du jardin de Leyde, sous ce titre général : classe des Graminea. Comme les différents genres sous lesquels tous les gramens sont ran- gés , ont des caracteres particuliers qui les distinguent , il serqit trop long d'en faire mention dans cet ouvrage ; et comme il n'y a point de caracteres généraux qui soient propres à la classe entiere, je n’en donnerai point ici , mais jindique- rai seulement quelques especes ; Savoir : | 1°. Gramen spicä triticed , repens vulgare , caninum dictum. Raï Syn, 2. p. 247. Herbe rempente com- mune, à épis de Froment , appelée Chiendent. Triticum calycibus fubulatis , qua- dri-floris, acuminatis. Lin. Sp. Plant. 128. edit. 3. Froment avec un calice en forme d’alène , pointu, et a quatre fleurs, ordinairement appelé Quik-Graff. Chiendent. 2°. Gramen Loliaceum , angustiore folio , et spicd. C. B. p. 9. Theatr. 127. Herbe à Ivraie avec des feuil- les et des épis plus étroits. Lolium spica mutica. Lin. Sp. Plant. 83. Ivraie avec un épi plein de poils, communement appelée herbe à Seigle. Chiendent. GR A 3°. Gramen pratense 5 panicula- tum majus , anguftiori folio. C.-B. p. 2. Herbe des prés , avec de larges panicules , et des feuilles étroites. Poa angusti-folia. Lin. Sp. Plant. 99. edit. 3. Poa panicula diffusd , spiculis quadri - floris pubescentibus , culmo erecto , tereti. Flor. Suec. 77. Poa avec des panicules diffuses , dont les plus petits épis ont quatre feurs velues , et la tige est cylindrique ct crigec. 4°. Gramen pratense ; panicula- tum majus , latiori folio. C. B. p. 2. Herbe de prairie , avec une plus grosse panicule, et un feuille plus large. ‘Poa paniculd diffusä , spiculis quinque floris , glabris > culmo erecto ;, tereti. Flor, Suec. 76. Poa avec une panicule diffuse, ayant de petits épis a cing fleurs, et un chaume droit et cylindrique. 5°. Gramen Avenaceum, pratense, elatius , panicula flavescente, locustis parvis. Raii Syn. 407. Hist. 1184 Scheuch. Gram. 123. La plus grande herbe de toutes les prairies, à Avoi- ne, ayant une panicule jaunatre , et de petits légumes. Avena panicul& laxa , calycibus tri- floris brevibus , flosculis omnibus aristatis. Prod. Leyd. 66. Fl. Suec. 2.2. 193. Linn, Sp. Plant, 118. Sp. 9. edit. 3. Herbe a Avoine , avec une panicule claire, ayant trois fleurs dans chaque calice court, GRA 535 et toutes les fleurs étant garnies de paille. 6°. Gramen secalinum. Ger. Emac. Lib. 14) Capa 22e), ne ine «Herbe à Seigle de prairie , laquelle est fort haute. à Secale , villosum. Linn, Sp. Plant. 124. Sp. 2. edit. 3. 7°. Gramen tremulum maximum. C. B. p. 2. Scheuch. Gram. .202. La plus grande herbe tremblante. Briza spiculis cordatis , flosculis septemdecim. Hort. Cliff. 23. Hort. Ups. 20. Roy. Lugd.-B. 63. Briza avec de petits épis en forme de cœur, qui renferment chacun dix- sept petites fleurs. La premiere espece est celle dont on fait usage en médecine ; ses racines sont regardées comme apé- ritives et diurétiques 5 et comme propres à détruire les obstructions des reins et de la vessie, à chas- ser les urines, à guérir la gra- velle et à dissoudre la pierre ; le suc des feuilles et de la tige étoit fort recommandé par le Pocteur Boërhaave, qui l'ordonnoit généralement dans le cas où il soupconnoit quelques obstructions dans les conduits de la bile. (1). (1) La substance mucilagineuse sucrée que ce Gramen contient, le rend propre à calmer et adoucir ; il entre aussi dans la plupart des ptisanes et apozèmes apéritifs : au reste, ses vertus sont bien foibles, et on doit peu compter sur ses effets, 356 GRA Comme cette plante a une ra- cine tracante qui sctend au loin dans la terre, elle devient fort embarrassante dans les tardins et les terres labourables , car la moin- dre portion de cette racine - suffit pour produire un:grand nombre de plantes, de maniere qu'il est très- difficile de s’en débarrasser ; on y parvient cependant, en les enlevant avec des fourches, aussi - tôt que leurs tiges paroissent au-dessus de la terre, et en répétant cette opc- ration deux ou trois fois: si néan- moins toute la surface du terrein en est couverte , on les détruira plus promptement en Ie labourant à Ja profondeur de deux fers de bé- che , et en retournant les mottes; au moyen de quoi ces plantes sont bientôt attâquées de pourriture , ct ne repoussent plus; mais cette méthode ne peut être miseenusage, que quand le sol a assez de pro- fondeur ; car dans les terres qui n'ont pas assez de fond , les racines ne peuvent pas être enterrées assez profondément. Lorsque ces racines se trouvent dans des terres labourables , il est fort difficile de sen débarrasser ; le moyen que l'on emploie ordi- nairement , est de laisser reposer les champs pendant un été, et de les herser souvent pour en tirer les racines; si l’on répète souvent cette opération, la terre peut être si bien nettoyce en une saison, que ces raci- GRA nes ne nuiront point aux grains que l'on y semera après; mais alors il faut mettre dans ces champs des féves, des pois, ou quelques autres grains qui exigent la culture d’une herse a cheval: la tige de cette herbe est si rude , que le bétail ne s'en nourrit point. La seconde, qu'on cultive sur- tout dans les terres fortes et froides , où elle réussit mieux que dans au- cune autre, pousse de trés-bonne heure au printems; elle est si gros- sicre, que si on ne la fauche pas dans sa premiere jeunesse, elle devient assez dure, pour qu'aucune sorte de bétail ne puisse s’en nourrir. Comme cette plante, à laquelle on donne le nom de Jone ou de Benner dans certaines provinces , a peu de feuil- les, et monte entièrement en tiges, il est nécessaire de la faucher au commencement de Juin , sans quoi elle se dessèche , et a pendant tout l'été l'apparence d’un chaume , qui non-seulement est très désagréablea la vue; mais qui incommode encore beaucoup le bétail qui ne peut brou- ter dessous sans se piquer les na- rines ; ce qui le rebute tellement, qu'il n'y a que la disette absolue de toute autre nourriture qui puisse le forcer à pâturer l'herbe qui croît entre ces Joncs; mais aucune espece de bétail ne touche à ces Joncs secs. Ainsi on se trompe fort quand on prétend qu'au défaut d'autre nourriture , les bestiaux peuvent être GR A être entretenus avec cette espece d'herbes seches: j'ai toujours observé pendant plusieurs années, que ces Joncs restoient sur la terre sans être touchés , jusqu'à ce que les gelées, les pluies et les vents .les aicut pourris en hiver : si on les laisse sur la terre, les premieres herbes de l'an- née suivante sont retardées pour trois ou quatre mois , et on est tout ce tems sans appercevoir aucune ver- dure: on ne peut prévenir cet incon- vénient qu’en fauchanc ces plantes tous les ans, avant qu'elles soient tout-à fait desstchées, et en les en- levant avec une herse; si on les convertit alors en Foin , elles don- neront un supplément de fourrage, qui pourra servir en hiver à la nourriture des vaches et des autres animaux de traits, et paiera ainsi les frais du fauchage. Il y a une autre espece de cette herbe qu'on nomme Jvraie rouge, dont la nature est encore pire que celle de la premiere; ses tiges ont des feuilles plus étroites, ct se dur- cissent beaucoup plutôt. Cette plante est très commune dans la plupart des pâturages; ses fleurs paroissent plu- tÔt, et ses semences , qui sont tou- jours müres avant qu'on ne coupe le Foin , ont le tems de se répandre pour l’année suivante. Ainsi, quand on veut se débarrasser de cette her- be, autant qu'il est possible , on doit toujours la faucher avant que ses semences soient mires. Tome III. GR A 537 On seme ordinairement cette es- pece avec le trefle sur les terres qui doivent être labources après quel- ques années; et la méthode com- mune est de mêler ses graines avec quelques autres semences printan- nieres : d’après plusieurs essais répé- tés, jai reconnu qu'en les semant en Août par un tems de pluie, elles donnoient une récolte plus abon- dante qu'en toute autre saison; l'herbe ctoit souvent si forte, qu'elle produisoit une quantité de fourrage considérable dans le même automne, et de très-bonne heure dans le prin- temssuivant,unemeule et demie de foin par âcre, malgré que la terre fit froide et de mauvaise qualité. Quoiqu’a mon avis cette méthode soit préférable à l'usage commun, il sera néanmoins difficile d’en convaincre ceux qui sont attachés a leur ancienne routine. Il faut en- viron deux bichets de semences pour un acre de terre, et huit livres de trefle commun ; ce mélange don- nera un aussi bon fourrage qu’on puisse le désirer ; mais on ne peut semer cette espece dans les endroits où l'on veut se procurer une belle verdure ; elle ne doit être employée que par ceux qui recherchent plu- tôt le bénéfice que l'agrément. Les troisieme ct quatricme espe- ces sont les deux meilleures pour les patures. Si leurs graines étoient re- cueillics soigneusement et semées séparément sans aucun autre m<- Ty 538 GR A lange, elles produiroient non-seule- ment une plus grande quantité de graines sur le même espace de terre , mais aussi un foin plus doux ct de meilleure qualité, et une verdure plus uniforme qu'aucune des autres especes ; mais, comme je viens de le dire, on ne peut y réussir qu'autant que leurs semences sont exactement pures et sans mélange. J'ai eayé de conserver les graines de plusieurs especes d'herbes séparément , afin de pouvoir déterminer leurs qualités; mais j'ai éprouvé qu'il est très-difh- cile d’y réussir dans un jardin où il s'est répandu des semences de quel- ques autres especes : la seule me- thode au moyen de laquelle j'ai ob- tenu quelque succès, a été de semer chaque espece dans des pots s¢pares 5 et quand les plantes ont poussé , d’ar- racher toutes les mauvaises herbes qui pouvoient s'y trouver : par ce moyen jai conservé une grande quantité d’especes pendant plusieurs années ; mais n'ayant pas assez de terre pour en multiplier les plus uti- les en quantité plus considérable , j'ai été force d'abandonner ce pro- jet : je ne puis donc que recomman- der ici aux Curieux qui ont une suf- fisante quantité de terrein, de re- nouveler ces essais, ils rendront par- à un service important au Public; car nous avons l'exemple des grands avantages qu'en ont tiré les habi- tans des Pays-Bas, en semant du trefle blanc ou trefle à feuilles de GRA chevre-feuille, qui est une plante commune dans la plupart des patu- rages Anglois : cependant il y a peu de personnes dans ce pays qui se don- nent la peine de recueillir les graines dans les prairies pour les semer; ils aiment mieux en acheter chaque an- née en Flandres une grande quantité à un prix considérable. Quoique cet objet ve soit pas fort intéressant pour les Cultivateurs, il mérite néanmoins l’attention de tous ceux qui se mêlent d’ Agriculture; car un âcre de terre produira des semen- ces de cette espece de trefle pour la somme de douze livres sterling sil est bien planté, et si la graine dont on s'est servi a été prise sur la récolte printanière : quand ‘on seme séparément l'espece de trefle dont il vient d’être question , qu'on la tient nette de toutes mauvaises herbes, et qu'on laisse mürir les semences , elle peut être aussi avantageuse que les autres, sur-tout à présent où chaque Proprictaire s'efforce à Ctendre la verdure dans le voisinage de son habitation. Les cinquieme et sixieme especes sont aussi de fort bonnes herbes pour les piturages; elles ont des racines vivaces, et méritent, suivant moi, la préférence sur toutes les autres: mais comme il est difficile d’en re- cucillir une assez grande quantité de graines pour en fournir à tous ceux qui voudroient la multiplier, ces deux especes peuvent étre mélces avec les GRA autres, parce qu'elles sont trés-feuil- Ides , que leurs tiges ne sont pas aussi fermes ni si dures, et qu'avec un soin particulicr on peut les rendre très- fines : en roulant souvent cette herbe , ses racines se joignent ensem- ble, et font un gazon fort serré ; ainsi elles peuvent être mises au nombre de celles qui sont propres à frre semces. - La septieme est rappelce ici pour la varicté, et non pour l'usage; elle a une racine annuelle q'i pousse plusieurs feuilles larges et velues, du milieu desquelles sortent des tiges minces ee fermes, qui s’élevent pres- que jusqu'à la hauteur de douze pieds, et se divisent vers l’extrémité en panicules larges etclaires, garnies de petits Cpis en forme de cœur, qui ont chacun environ dix-sept petites fleurettes,que remplace une simple se- mence. Les têtes de cette espece sont suspendues à des pédoncules minces et longs, que le moindre vent agite, de sorte qu'elles paroissent toujours en mouvement, ce qui lui a fait donner le nom d’herbe tremblante. Il y a quatre especes de cette herbe, dont deux sont originaires de l’An- gleterre, et leurs têtes se forment dans le mois de Mai, ce qui a donné lieu au proverbe Anglois, gue Mai vienne de bonne heure ou tard, la vache en tremble toujours ; la grosse espece dont il est ici question, croît naturel- lement dans la France méridionale et en Italie, et n’est conservée dans GRA 539 quelques jardins Anglois que pour la Def variété. Si les graines de cette espece sont semées en automne, ou qu'on leur permette de s’écarter , les plantes pousseront plus vigoureusement, et fleurtront plutôt que celles qu'on ne met en terre qu'au printems, et les semences qu'elles donneront seront aussi beaucoup meilleures. Deux ou trois plantes de cette espece sufti- sent pour la variété; en les plaçant à une certaine distance les unes des autres , leurs racines pousseront un grand nombre de tiges, qui seront plus fortes et produiront des pani- cules beaucoup plus larges que celles qui sont trop rapprochées. Dactylon. L'herbe Dactylon à pied de coq , l'herbe à queue decha- pon, et celles à miliers sont trop grosses pour mériter d’être cultivées en Angleterre, quoique quelques- unes de ces especes soient fort utiles dans les contrées méridionales de l'Amérique,où elles sont plus propres que les herbes plus fines d'Europe qui y sont aussi fort rares. Plusieurs de ces premieres se couchent sur la terre, et poussent des racines de cha- cun de leurs nœuds : leurs tiges, étant aussi plus grosses et plus remplies de séve, résistent mieux à la chaleur que nos herbes Européennes. Les champs qu’on veut ensemen- cer en herbe, doivent être bien la- bourés et nettoyés de toutes racines de plantes nuisibles, telles que les Yyy 2 $40 GRA fougeres, les joncs , les genêts , les bruyeres, etc. quiprendroient bientôt le dessus sur les herbes, et finiroient par les couvrir entièrement ; c’est- pourquoi, quand ces mauvaises plan- tes abondent, on fera bien de la- bourer la terre en Avril, la laisser sécher pendant un certain tems, et de rassembler les racines en petits monceaux avec une herse pour les brüler. Les cendres qui en provien- dront étant répandues ensuite sur le terrein, feront un très-bon engrais : on trouvera à l’article Champ toutes les instructions nécessaires relative- ment à la maniere de brüler ces ra- cines : quand les mauvaises plantes, dont les raciness étendent beaucoup, sont trés-abondantes, il faut labou- rer la terre deux ou trois fois assez profondément dans un tems sec, et herser les racines avec soin après chaque labour. Lorsque la terre n'a point de fond, qu’elle est ferme et glaiseuse , et qu'elle retient l’eau en hiver, on fera bien de pratiquer des conduits souterrains pour favoriser l'écoulement de l'humidité qui ren- droit l'herbe fort aigre. La méthode de construire ces conduits est décrite dans l’article des champs. Avant de répandre ces semences , il faut mettre de niveau et ameublir la terre qui doit les recevoir, sans quoi elles seroient enterrées in¢ga- lement. Lorsquelles sont seméees , on herse légèrement, et on passe par- dessus un rouleau de bois pour en GRA rendre la surface unie, et empécher que les graines ne soient enlevées et mises en paquets. Quand Vherbe commence à pousser, et qu'on ap- perçoit quelques endroits nucs et sans verdure, on peut y répandre quelques semences, et y passer le rouleau par-dessus pour les fixer : ces nouvelles graines pousseront à la premiere pluie, et produiront une herbe fort épaisse. Si les champs sont destinés à rester toujours en pâtu- rages, il faut semer la meilleure es- pece d'herbe, et y méler du trefle de Hollande qu’on connoit dans plu- sieurs parues de l'Angleterre sous le nom de trefle à feuilles de chevre- feuille Hollandois ; mais il est très- difficile de s'en procurer de bonnes semences; car dans toutes les bon- nes prairies des environs de Londres, qui sont remplies des meilleures es- peces d'herbes, on coupe ordinai- rement le foin avant que ses semen- ces soient müres, de sorte que celles qu'on tire des écuries où les che- vaux sont nourris de la meilleure espece de foin, ne valent pas mieux que de la petite paille, à moins que ce ne soient celles des herbes prin- tanieres , qui sont mélées d’une grande quantité de plantins et d'autres especes, ce qui a dégotité bien des personnes d'en semer; et comme il faut beaucoup de soin et d'attention pour en ramasser une cer- taine quantité qui soit nette et sans mélange, la plupart des gens de cam- GR A pasnen’y veulent pasme tems; c’est-pourquoi je conscille d'en re- cucillir sur les pâturages élevés et sans mélange d'aucune espece étran- gere, après avoir laissé mürir les herbes les plus douces. Le foin qui en proviendra sera à la vérité moins estimé; mais le prix de la vente des semences produira plus de bénéfice aux Preprictaires,qu'ilsne pourraient en retirer du foin le mieux condi- tionné ; car tous ceux qui veulent améliorer leurs prairies, aimeroient mieux donner six fois la valeur des semences ainsi recueillies , que d’en acheter de communes à un prix mo- déré, parce que l'avantage qu'ils en retireroient compenseroit bien la dépense de ce premier achat. La terre étant une fois bien garnie de bonnes herbes ( ce qui peut se faire dans une année, quand elle est préparée et semée d’une manieré convenable ) produit toujours davantage d'année à autre, et continue à s'améliorer tant qu'on en prend quelque soin. J'ai vu des champs semés depuis plus de quarante ans,qui forment encore d'aussi bons pâturages qu'on puisse en voir, et qui paroissent devoir per- sister toujours dans le même état. Cesterres qui primitivement étoient remplies de mauvaises herbes, ont été améliorées d’après la méthode suivante : on les a d’abord laissé repo- ser pendant un hiver et un été; du- rant cet intervalle on les a labourées * cing fois et hersées dix, pour détruire GRA 541 les mauvaises herbes, et ameublir la surface, et dans le mois d'Août suivant on les a ensemencées avec la meilleure graine d'herbe qu'on a pu se procurer, dont on a employé trois bichets, et à laquelle on a ajouté neuf livres de semences de Tréfle blanc de Hollande par âcre : comme il survint une pluie aussi-tôt apres le semis, l'herbe poussa prompte- ment, mais il se trouva encore parmi elle une grande quantité de mauvaises plantes, qui furent arra- chées et enlevées : au commence- ment d'Octobre on passa le rou- leau par-dessus, et au printems sui- vant, on nettoya la terre pour la seconde fois , et on la roula ensuite. Dès l'été suivant l’on a recueilli de l'excellent foin , dans la proportion de deux meules par acre ; et comme depuis ce tems l'on a eu l'attention de le nettoyer deux fois par an, et d'y passer le rouleau , l'herbe s'est tellement améliorée, que ce pâtu- rage est un des meilleurs de l'An- gleterre. Comme plusieurs person- nes qui, d'après mon avis, ont essayé cette méthode, ont obtenu un plein succès, je crois pouvoir la recommander comme étant la plus sûre pour se procurer de bonnes pâtures ; mais je suis persuadé que la plus grande partie des Fermiers regretteront la perte de la premiere année, ainsi que Ja dépense qu'ils seroient obligés de faire pour net- toyer et rouler le terrein, comme s42 GR À étant trop considérable pour l'usage ordinaire; mais je suis bien persuadé, par l'expérience, que ceux qui au- ront le bon esprit de faire cette dé- pense, en seront amplement dédom- magés par l'abondance des récoltes, et je puis le prouver par les calculs exacts que j'en ai faits; d’ailleurs la verdure de ces prairies est infiniment agréable pour ceux qui se plaisent à contempler les beautés de la Nature. La maniere de traiter convena- blement les terres en paturages , est moins connue que les autres parties de l'Agriculture ; les Fermiers ne s’y sont jamais appliqués ; ils aiment mieux tout ce que l'on obtient avec la charrue, quoique les bénéfices qu'ils en ont tirés depuis quelques années, n’aient point été assez con- sidérables pour les encourager : ils ne laissent jamais ces especes de pâturages au-delà de trois années sur leurs terres ; après ce tems ils les retournent pour y semer des graines, Herbe ou Gramen à ruban. W y a une espece d'herbe panachée, que l'on conserve dans quelques jardins pour la beauté de ses feuilles, qui se conservent fraîches durant la plus grande partie de l'été : cette espece est aisément multipliée en divisant ses racines , soit au printems, soit en automne; car chaque rejetton devient une grosse racine en une année. Comme elle croît dans tous les sols et à toutes les expositions, £ GRA on pet lanter dans la plus mau- vaise partie d'un jardin, où elle profitera et produira une agréable variété. Plusieurs personnes donnent à cette plante le nom Wherbe à ruban , à cause des raies blanches et vertes qui coulent dans toute la lon- gueur de ses feuilles, et qui imitent les nuances de certains rubans. Quant à ce qui regarde le trai- tement des autres especes d'herbes des champs, on peut recourir aux Articles PATURES er PRAIRIES, et pour l'herbe des jardins, Voyez l'Article HERBES. GRAPPE D'HYACINTHE oz MUSC. Voy. MUSCARI. GRASSETTE, HERBE GRASSE ou HUILEUSE. Voy. PINGUICULA. GRATE-GALE. Voy. RANDIA MITIS. GRATERON. Voy. MOLLAGO. GRATERON , HERBE AUX OIES, ou RIEBLE. Voy. APARINE. GRATIOLA. Lin. Gen. Plant. 27. Ra. Met. Plant. go. Digitalis. Tourn. Inst. R. H. 165. Hyssope de haie , ou l'herbe à Pauvre-homme, Gratiole. Caracteres. La fleur a un calice persistant et divisé en cinq parties ; la corolle est monopétale, labice , GRA et pourvue d’un tube plus long que le calice , et découpee au sommet en quatre petits segmens, dont le supérieur est plus large et dentelé à soa extrémité, où il est réfléchi; les trois autres sont érigés et égaux: cette fleur a cinq étamines en forme d’aléne, dont trois sont plus courtes que les pétales et stériles, et les deux autres, qui sont plus longues, adhérent au tube du pétale, sont chargées de poussiere fécondante, et terminées par des sommets ronds: dans son centre est placé un germe conique qui soutient un style érigé et couronné par un stigmat à deux lèvres , qui se referment lorqu'il est fécondé : ce germe devient en- suite une capsule ovale , terminée par une pointe, et à deux cellules remplies de petites semences Ce genre est rangé dans la pre- micre section de la seconde classe de LINNEE, intitulée : Diandrie mono- gynie, qui renferme les plantes dont les fleurs n'ont que deux ¢ramines et un style; car il ne compte pas les trois étamines stériles. Les especes sont : 1°. Gratiola Officinalis , floribus pedunculatis, foliis lanceolatis, serratis. Lin. Mat. Med. 18. Jacq. Vind. 4. Pollich, Pal. n. 13. Crantz. Auster. p- 289. Scop. Carn. ed. 2. n. 27. Gmel, It. 1. p. 126. Mattusch Sil. 1.2. 21. Kniph. Orig. Cent. § n. 40. Herbe a Pauvre-homme, avec des GRA 543 fleurs sur des pédoncules et des feuilles en forme de lance et scices. Gratiola. Riv. Mon. 157. Hort, Cliff. 9. Roy. Lugd.-B. 292. Dalib. Paris. 8. Sauv. Monsp. 137. Digitalis minima Gratiola dicta. Mor. Hist. 2. 479. La plus petite Digitale , apoelée Gratiole. Gratiola Centauroides. Bauh. Pin, 279. 2°. Gratiola Virginiana , foliis lanceolatis, obtusis, sub-dentatis. Flor. Virg. 6. Herbe a Pauvre-homme à feuilles obtuses et dentelées. Tsieria Maya Nari. Rheed. Mal, 9.p. 165.4. 85. Gratiole affinis Chamadryoïdes. Pluk, Alm. 180. 3°. Gratiola Peruviana , floribus sub - sessilibus. Lin. Sp. Plant. 17, Gratiole à fleurs sessilles aux bran- ches. Gratiola latiori folio, flore albo, Fewill. Peruv. 3. t. 47. Officinalis. La premiere espece croit naturellement sur les Alpes et dans d’autres contrées montagneuses de l'Europe; clle a une racine Cpaisse, charnue, fibreuse et rem- pante, qui se multiplie fortement lorsqu’elle se trouve dans un sol et à une exposition convenables; de cette racine sortent plusieurs tiges droites, qnarrces, hautes d'environ un pied, et garnies de feuilles étroites, en forme de lance et op- posées : ses fleurs, qui sont produites a chaque nœud sur les côtés des 544 GRA tiges, sont de la méme forme que celles de la Digitale ou Gentelee , mais petites, et d'une cou'eur jaune- pale; elles paroissent en Juillet, et sont rarement suivies de semences en Angleterre. Oa la multiplie aisément en di- visant ses racines en automne, quand ses tiges sont flétries elle veut être placée dans un sol humide et à l'ombre, où elle profitera beau- coup; mais dans une terre sèche, elle périt souvent en été, à moins qu'elle ne soit bien arrosée. Cette espece est comprise dans le nombre des plantes médicinales; mais on en fait très-peu d'usage en Angleterre , quoiqu'elle soit recom- mandée, par quelques bons Auteurs, comme un excellent hydragogue(1). Virginiana. Les semences de la seconde m'ont été envoyées de l’A- mérique septentrionale, où on la RTS NT PO OT M (1) La Gratiole , ou herbe à Pauvre- homme, est un purgatif très-violent, que l’on ne doit employer qu'avec beau- coup de prudence et sur des corps robus- tes; car il occasionne toujours des super- purgations dangereuses , et des tranchées violentes aux personnes délicates. Ce remede peut néanmoins produire de bons effets dans quelques circonstances, telles que lhydropisie invétérée, les fievres intermitrentes , opiniatres, les rhumatismes anciens , etc. Sa dose est d'une demi-poignée en infusion dans un demi-septier d’eau, d’un demi-gros en poudre, et de deux ou trois gros en conserve. GRA trouve ordinairement dans des en- droits humides : cette plante, qui dans son pays natal s'éleve au-dessus dun pied de hauteur, n'a guëres que huit pouces d’élévation en An- gleterre ; ses feuilles sont émoussces et découpées à leur extrémité; ses fleurs sont blanches, et sortent sur les côtés des tiges comme celles des autres especes ; mais elles ne don- nent point de semences dans ce pays. On peut la mulriplier comme la premiere espece , et elle exige le mème traitement. Les semences de la troisieme m'ont été envoyées de Carthagène , ou elle a été trouvée dans des lieux autrefois couverts d’eau stagnante, et alors desséchés; cette plante, dont la hauteur est d'environ neuf pouces, a une tige foible et des feuilles opposées et scices sur leurs bords , qui ont près de trois quarts de pouce de lon- gueur sur un demi-ponce de large ; ses fleurs sont produites simples sur chaque côté de la tige; elles sont blanches et beaucoup plus petites que celles de la premiere ; mais comme celle n'a point donné de se- mences , cette espece a été perdue pour nous. Pervyiana. GRATIOLE ou HERBE A PAUVRE-HOMME. Voyez GRATIOLA. GRAVIER ou SABLE. Le Sable et GRA et le Gazon sont les ornemens natus rels des maisons de campagne, qui font la beauté des jardins Anglois, et leur donnent une supériorité re- connue sur ceux des autres Nations. On connoit differentes especes de Graviers, mais les personnes qui ont la facilité du choix , doivent don- ner la préférence à celui de Black Heath sur tous ceux d'Angleterre ; il est composé de petits cailloux ou rocailles unies, qui se lient forte- ment ensemble, quand on y mêle une quantité convenable de marne ; il est trés-beau, et dure aussi plus long-tems qu'aucun autre. Quelques personnes recomman- dent une espece de Gravier que l'on appelle serre de fer, et qui contient an peu de marne liante; on prétend qu'elle se lie mieux quand elle est sèche ; mais dans un tems humide elle s'attache aisément aux pieds, et ne peut jamais paroitre belle. On ajotite quelquefois de la marne au Gravier qui contient trop de cailloux ; si ce mélange est bien fait , et conservé en tas, il se liera fortement et deviendra aussi dur qu'un rocher. : Il y a plusieurs especes de Graviers qui ne se lient pas, et donnent con- tinuellement la peine de les rouler sans produire beaucoup d'effet ; c’est ce qui arrive au Gravier luisant et sablonneux : on peut remédier à cet inconvénient en mélant exactement une charge de marne forte à deux Tome III. ES 4 545 ou trois charges de Gravier; au moyen de quoi il prendra de la con- sistance, et ne s'attachera plus aux pieds dans les tems humides. Les opinions sont partagées sur le Choix du Gravier; quelques uns veulent qu'il soit de la plus grande blancheur; et pour mieux y réussir, ils font fouler les allées avec des rouleaux de pierres nouvellement taillées : mais comme cette couleur est très - Cblouïssante, et fatigue beaucoup la vue, il faut préférer le Gravier uni, qui réfléchit moins vi- vement les rayons du soleil. Quelques personnes criblent beau- coup le Gravier et le rendent trop fin; mais celui dont on s’est con- tenté d'ôter les plus grosses-picrres avec un rateau, est bien préférable. D'autres font leurs allées trop rondes, ce qu'il faut encore éviter, parce que cette structure rend la promenade plus pénible , et les fait encore paroitre plus étroites : un pouce d'élévation suffit pour une allée de cinq pieds de large, deux pouces pour une de dix pieds, trois pouces pour une de quinze pieds, quatre pouces pour une de vingt, et ainsi de suite dans la meme pro- portion. Six ou huit pouces d’épais- seur de Gravier seront suffisans dans les allées ordinaires, et un pied pour quelque largeur que ce soit: mais il est nécessaire de charger le fond avec des décombres; et si le sol est humide , il faudra employer une ZZZ 546 GRA bonne quantité de grosses pierres , de cailloux, de décombres de bri- nes , de craies, ou de quelqu'autre matiere qui puisse attirer l'humidité du Gravier, et l'empêcher de deve- nir poissant ou glaiseux par la pluie; mais comme il est quelquefois diffi- cile de se procurer de pareils matc- riaux , on peut y suppléer , en em- ployant du Genct ou de la Bruyere, qu'on trouve en tout temps: ces branches d’arbrisseaux étant cou- vertes de Gravier lorsqu'elles sont encore vertes, le tiennent toujours sec, l'empèchent de s’enfoncer dans la terre, et durent très-long-tems. Quand on ne prend point cette pre- caution, l’eau qui est retenue dans la glaise, rend le Gravier poissant dans tous les tems de grandes pluies. Lorsqu'il est question de faire des allées de Gravier , on doit commen- cer par niveler la terre , de maniere a rendre les pentes ais¢es vers les bas, et à faciliter l'écoulement de Phomidite; car sans cela l'eau qui séjourneroit apres les grandes pluies , leur occasionneroit beaucoup de dommage, sur-tout si le sol étoit paturellemeut humide; mais si le terrein est de niveau et sans aucune pente , on fera bien de pratiquer des cours à côtés des allées, à des dis- tances convenables, pour recevoir toute l'humidité. Si la terre est de nature seche, et que l’eau s’y écoule aisément , ces canaux pourront servir à la con- GRA duire dans des puits perdus, où elle se dissipera en peu de tems; mais quand le terrein est humide et argil- leux, Peau doit être dirigée dans un étang ou un fossé voisin, car sans ces précautions , les allées ne seront jamais belles, ni d’un usage agréable. Le mois de Mars est le tems le plus propre pour répandre le Gra- vier ; il n’est pas prudent de le faire plutôt , non plus que pendant l'hiver. : Quelques personnes retournent le Gravier en rigoles dans les allées au mois de Décembre , pour détruire les mauvaises herbes : mais cette méthode est fort mal imaginée ; car non-seulement ils se privent du plai- sir de pouvoir se promener l'hiver, mais ils facilitent encore l’accroisse- ment des herbes au-lieu de les dé- truire. Si après avoir foulé constamment les allées avec le rouleau , après les tems de pluie et de gelées , les mau- vaises herbes ne sont point détrui- tes, il faut retourner le Gravier en Mars, et le rétablir tout de suite. On recommande d’arroser beau- coup le Gravier et les.Gazons , lors- que les vers les endommagent , et de faire infuser dans l'eau qu'on em- ploie pour cela , des feuilles de Noyer , afin de la rendre amére, ce qui fait sortir ces insectes de la terre , de manierc'qu'on peut les ramasser ; mais si avant de placer Je Gravier, on a soin de répandre au GRE fond une bonne couche de décom- bres de chaux, on réussira facile- ment à écarter tous ces insectes. GREFFE. Greffer , c'est prendre les rejettons d’un arbre pour les in- sérer dans un autre, de maniére qu'ils s'unissent et ne forment plus qu'un même corps. Les anciens ont donné à cette méthode le nom d’/»- cision , pour la distinguer de l'ino- culation, qu'ils exprimoient par ces deux mots : Inserere oculos. La méthode de greffer,, a été ima- ginée pour multiplier quelques es- peces de fruits curieux, qu'on ne pouvoit propager par aucun autre moyen ; tels sont la plupart des bons fruits que nous connoissons , qui n'étant que des variétés accidentelles de semences perfectionnées par la culture , retournent à leur état pri- mitif , lorsqu'on les multiplie par leurs graines ; au- lieu qu’en les gref- fant, ils conservent toutes leurs qua- lités, etse multiplient sansaltération, quels que soient les arbres dans les- quels leurs jeunes branches aient été insérées ; quoique la sève que ces arbres leur fournit n'ait point changé de nature , le seul change- ment que ces fruits éprouvent, est qu'ils ne sont pas aussi précoces ni de si bonne qualité, lorsque les tiges sur lesquelles ils sont greffés, ne croissent pas aussi vite, et ne four- nissent pas autant de nourriture que celles sur lesquelles les rejettons ont été pris. ‘GRE 547 Ces rejettons sont appelés Scrons ou Greffes ; dans le choix qu'on en fait, il fant se conformer exacte- ment aux observations suivantes. Pre- mierement, ces rejettons doivent être deV année précédente; cars ilsétoient plus vieux, ils ne réussiroient jamais bien. Secondement, les arbres sur les- ques on les prend , doivent être sains et fructueux , parce que s'ils avoient quelques défauts, on les retrouve- roit dans les Greffes, cu au moins elles les conserveroient quelques an- nées : si l’on choisit ces Greffes sur de jeunes arbres trop abondans en séve, et dont les vaisseaux sont gé- néralement gros, les Greffes conti- nueront toujours à produire des branches gourmandes, et donneront rarement autant de fruits que celles qu'on a cucillies sur de bons arbres , dont les rejettons sont plus serrés et les yeux plus rapprochés; et il se pas- seroit un grand nombre d'années avant que ces Grefles gourmandes commencçassent à produire du fruit , quand même elles seroient traitées avec toute l'intelligence possible, Troisiemement , il faut préférer Jes Grefres prises sur les branches laté- rales ou horisontales, à cclies des rejettons forts et perpendiculaires , pour les mêmes raisons qu'on vient de rapporter. Ces Greffes ou Scions doivent être séparés de l'arbre , avant que leurs boutons commencent à se gorfier, et trois semaines ou un mois avant LOL 2 543 GRE de s’en servir: pendant cet intervalle , oa les tient en terre, où on les en- fonce jusqu’à la moitié de leur lon- gueur , et on couvre le reste avec de la litiere, pour les empêcher de se dessecher ; elles se conservent mieux en laissant après les petits re- jettons de l’année, que l'on retran- che , quand on pose les Greffes ; car elles ne doivent être coupées de la longueur nécessaire, que lorsqu'on veut les insérer dans les tiges, afin qwellesne se dessechent point. Quand on envoie ces Greffes dans quelque autre pays, on enveloppe lesextrémi- tés avec de la glaise , et on les en- toure de mousse , qui les tiendra fraîches pendant® plus d’un mois ; mais celles ci doivent être coupées plutôt que celles qu'on emploie sur les lieux. Après avoir donné ces instruc- tions pour les Greffes , je vais parler des tiges ou des sujets sur lesquels on les place: ces sujets sont ou de vieux arbres dont on veut changer la nature , ou de jeunes plans élevés dans des pépinieres : dans le premier cas, il n'y a point d'autre choix a faire que celui des branches, qui doivent être jeunes , saines , bien placées, et couvertes d’une écorce unie ; si ce sont des espaliers , ou qu'ils soient disposés contre une mu- raille, il sera nécessaire de Greffer buit oudix branchessuivant leur gros- seur, afin qu'ils soient plus tot garnis; mais dans les arbres a haut vent, GRE quatre ou au plus six Greffes sufti- ront. Dans le choix des jeunes arbres pour Greffer , il faut préférer ceux qui ont été élevés de semences, et qui ont été transplantés une fois ow deux: après ceux-ci viennent les sujets élevés de marcotres et de bou- tures; mais on doit toujours rejetter ceux qui proviennent de rejettons pris au pied des vicux arbres, car ils ne sont. jamais aussi bien éracinés que les autres , et sont sujets à pous- ser de leurs racines un grand nom- bre de rejettons , qui gâtent les plates bandes et les allées pendant tout l'été, et retranchent la nourri- ture des autres arbres. Si ces sujets ont été placés à une distance convenable dans la pépi- nicre , leur bois sera plus mur et plus compact que celui des arbres plus rapprochés , et qui seront élevés à une plus grand hauteur , mais dont la substance sera molle et les vais- seaux plus larges ; de sorte que les Greffes qui y seront appliquées pous- seront fortement, mais seront moins disposées à produire du fruit. Cette observation est d'autant plus impor- tante a remarquer, que les arbres qui ont pris une fois une mauvaise habitude, deviennent rarement meil- leurs dans la suite. Après avoir traité des rejettons et des suiets , il convient de donner la maniere de Greflér ; mais je vais indiquer auparavant les instrumens G KB! dont on a besoin pour cette opéra- tion ; ces instrumens sont : 1°. Une petite scie à main pour couper la téte des gros sujets. 2°. Un couteau fort, dont le dos soit épais, pour faires les fentes né- cessaires dans les sujets. 3°. Un canif bien tranchant pour tailler les Greffes. 4°. Un bon ciseau à greffe et un petit maillet. 5°. De la laine file, pour lier les greffes, et quelques autres ins- trumens qu’exigent les différenres especes de Grefles. 6°. Une quantité de terre forte, que l'on doit préparer un mois avant d'en faire usage , et que l'on com- pose avec une quantité de marne grasse, proportionnce au nombre d'arbres que l’on doit greffer, quel- ques crotins nouveaux de cheval entier, un peu de paille ou de foin haché fort menu, pour mieux la lier, et un peu de sel, pour em- pêcher la marne de se fendre dans les tems secs; on pétrit exactement ces différentes matieres, en y ajou- tant un peu d'eau, cemme lorsque l'on fait du mortier; on lui donne Ja forme d’un plat, que lon rem- plic d’eau , et chaque jour on le pétrit de nouveau: il ne faut ‘pas l'exposer à la gelce ni au hale: plus il sera travaillé , plus il:sera propre à ce qu'on le destine. Depuis quelques années plusieurs personnes ont fait usage d'une autre GRE 549 composition pour les Greffes , qu'ils ont trouvé préférable à celle que je viens dindiquer, pour fermer exactement le passage à l'air; elle est faite avec de la thérébentine, de la cire et de la résine, que Pon fait fondre ensemble , et que l'on appli- que sur la Greffe lorsqu'elle a acquis une consistance convenable. Quoi- qu'on ne donne à cette enveloppe qu'un quart de pouce d'épaisseur , elle couvre cependant la Greffe plus exactement que la glaise; et comme le froid la durcit, on ne doit pas craindre qu'elle soit endommagée par les gelées , qui souvent font fendre la glaise et la détachents quand les chaleurs de l'été com mencent à se faire sentir , cette com- position tombe sans causer aucun dommage: lorsqu'on en fait usage, on la tient dans un pot de cuivre ou de fer-blanc, que Fon place sur des charbons ardens , afin de lui conser- ver une certaine mollesse ; mais il faut avoir grand soin de ne pas l'appliquer trop chaude, de peur d'endommager Ja Greffe; quand on est un peu accoutumé: à manier cet enduit, on l'emploie plus facilement que la glaise , sur-tout si la saison est froide. IL via plusieurs manieres de Greffer, dont les principales sont au nombre de quatre. 1°. La-Greffe dans l'écorce, que l'on nomme Greffe de côté ; c'est la seule qui convienne aux gros arbres; 5e GRE on lui donne aussi le nom de Greffe: en cotronne ; parce que les Greffes sont placées en forme de cercle ou de couronne ; cette manicre de Greffer est généralement mise en usage vers la. fin du mois de Mars ou au commencement d'Avril. ‘2%. La Greffe en fente, dont on se sert pour les arbres moins gros, c'est-à-dire depuis un jusqu’à deux pouces de diamètre, se fait aux mois de Février et de Mars, ct supplée à celles en écusson des mois de Juin, Juillet et Août, qui peuvent avoir ; manqué. 3°. La Greffe en écusson, aussi appelée en langue, sert à greffer un petit sujet d’un pouce, d’un demi- pouce, ou d’un diamètre encore moindre : cette méthode est la meil- leure et la plus ‘usitce. 4°. La Greffe en approche se fait quand la tige que l’on veut Greffer , et l'arbre qui doit fournir la Greffe, sont si voisins Pun ‘de l'autre, que l'on peut les joindre ensemble, ce qui sé fait au mois d'Avril; on lappcile aussi Greffe en arc; on se sert de cette méthode principalement pour les Jasmins, les Orangers, et autres arbres exoti- ques tendres. Je-vais reprendre ces différentes manieres de Greffer. La premiere’, ou la Greffe en couronne , n'est en usage que pour Jes gros arbres dont on a coupé la téte et les grosses branches horison- GRE talement, et sur lesquelles on place deux ou guatre Greffes, suivant: leur grosseur ; on commence a ap- platir la base de la Greffe, d’un côté seulement, et on y fait un cran qui doit servir à l'arrêter sur la cou- ronne de la branche; on insinue ensuite cette extrémité aiguisce en- tre l'écorce et le bois, jusqu’à la profondeur d'environ deux pouces, où elle doit être arrêtée par le cran qui pose sur le bois : cette premiere Greffe étant solidement fixée, on! place les autres de la même ma- niere , et on recouvre le tout avec de la glaise, en ne laissant que deux boutons découverts à chaque Greffe: Cette méchode étoit autrefois beau- coup plus en usage qu'elle ne l'est aujourd'hui; on l’a en quelque sorte abandonnée, parce qu’on a souvent remarqué que ces Grefes, après ‘avoir poussé fortement, et mème après cinq ou six ans, ¢toient em= portées par les vents, auxquels elles n'offroient pas assez de résistance ; de sorte qu’il est nécessaire de sou- tenir ces Grefles avec: des batons, jusqu'à ce que l'arbre: soit: tout-à- fait couvert. fishes La seconde maniere, ou la Greffe en fente, est employée pour de plus petits sujets, dont l'écorce n'est pas trop épaisse pour se joindre à celle de la Greffe ; on l’applique sur des tiges ou des branches dont le dia- mètre est depuis un pouce jusqu'à deux; on coupe ces tiges oblique- GRE ment, on les fend assez pour re- cevoir la Greffe, qui doit être taiilée à son extrémité en forme-de coin, suivant la fente de la tige, er de maniere quelle joigne exactement par-tout , sans quoi elle ne réussiroit pas: quand on Greffe ainsi des tiges minces , il est prudent de contenir leur extrémité avec un lien bien serré, pour empêcher la fente de s'ouvrir; on recouvre ensuite le tout avec de la glaise, afin que lair ne puisse pénétrer dans l'ouverture, et on ne laisse que deux boutons sur la Greffe. La troisieme, ou la Greffe en écusson , est ordinairement mise ‘en usage pour tous les fruits à noyaux, et sur-tout les Péchers , les Pavis, les Brugnons, les Cerisiers , les Prusiers, ainsi que pour les Orangers et les Jarmins; elle est d'ailleurs préférable à toute autre, pour la plupart des arbres fruitiers. Pour faire cette opération , il faut se pourvoir d'un canif bien aiguisé, dont le manche soit plat, et d’écorce de Tilleul mouillée, pour la rendre plus forte -et plas souple; après avoir détaché “une branche de l'arbre que on veut multiplier, on choisit sur la tige qui doit être greffte , un endroit uni, a cing ou six pouces à-peu-prés au- dessus de la terre, si on veut en faire un arbre nain, mais à trois pieds pour -les demi - tiges, er à six pieds pour les grandes tiges à hauc vent; on GRE 5st coupe ensuite l'écorce de cette tige en travers, et! sur cette: premiere incision , on en forme une autre perpendiculaire, ce qui lui donne la figure d'un T ; on prolonge cette derniere: coupure de la longueur d'environ deux pouces, mais de manicre qu'elle n’attaque que l€- corce sans toucher au bois. La -tige étant ainsi préparée, on dispose le bouton qui doit y être placé; on ote d'abord Ja feuille qui l'accom- pagne, en laissant le périole entier; on coupe l’écorce en travers, à un demi-pouce au-dessus du bouton ; on denne à cette écorce la forme d'un écusson, et on la détache avec une partie du bois; on enleve ensuite ‘cette portion de bois: gui est restée attache au bouton, et on examine si l'œil s'y trouve ou non: car tous les boutons qui perdent l'œil en les détachant , doivent être rcjettés. Aprés avoir soulevé ensuite douce- ment l'écorce de l'incision avec le manche plat d'un canif,on y in- sinue le bouton , en observant de le placer de maniere qu'il soit exac- tement applique entre: le bois et l'écorce ; et si son écorce est trop longue pour la fente de la tige, on Ja taille de maniere qu'elle puisse sy adapter aisément. Cette Greffe étant ainsi mise en place, on l’assu- jettit avec l'écorce de Tilleul, dont on l'enveloppe en commençant par le bas de Vincision , et en finissant e 452 GRE par le haut, mais avec l'attention de ne point couvrir le bouton, qui doit toujours être à nud. Trois semaines ou un mois après on pourra reconnoitre si les écussons ont réussi; CEUX qui paroissent: ri- dés ou noirs, sont morts , mais tous ceux qui sont frais, auront certai- nement repris ; alors on relâche la igature , qui pourroit gêner la Greffz, et même la détruire tout- à-fait si on la laissoit. Au mois de Mars suivant, on coupe la tige à trois pouces au- desus de l’écusson, obliquement , afin que l’eau puisse s’écouler et ne pénetre pas dans le toc : il est bon de fixer la Greffe , lorsqu'elle a poussé, contre la partie de la tige qu'on a laissée , de peur que le vent ne la renverse : mais il ne faut pas laiser ce toc plus d’un an ; apres lequel tems on le retranche tout près de lécusson., afin qu'il puisse le recouvrir avec son écorce. On peut greffer en écusson de- puis le mois de Juin jusqu'au milieu d'Août, suivant que la saison est avancée , et selon les especes par- ticulieres d'arbres que Von veut multiplier ; on trouve aisément l'ins- tant favorable, en essayant d'ôter les boutons de dessus le bois ; mais la méthode la plus générale est de ne pratiquer cette opération que lorsqu'on voit les boutons formés aux extrémités des branches de l'an- 2 GRE née , ce qui marque qu'elles sont a la fin de leur accroissement du printems. On Greffe ordinairement labricotier le premier, et l'Oranger le dernier; mais cette espece ne doit pas être Greffée avant le milieu du mois d’Août ; et pour bien faire cette opération, on choisit un tems couvert; car si l'on opéroit à midi, par un tems chaud, les branches transpireroient si considérablement, que les boutons seroient sans sève ni humidité : aussi ne faut-il pas couper les branches à boutons long- tems avant de les employer ; mais si l'on est forcé de les faire venir de quelqu'autre lieu, comme cela arrive souvent, on fera bien de les enfermer dans une boéte de fer- blanc de dix pouces de profondeur, et dont le couvercle soit percé en cing ou six endroits; on verse dans le fond de cette boëte deux ou trois pou- cesd’eau, on y place les branches per- pendiculairement , de’ maniere que la partie détachée de l'arbre y soit plongée, et on la ferme ensuite, afin que l'air ne puisse y pénétrer: les trous pratiqués dans le couver- cle ,suffront pour laisser échapper la transpiration des branches, qui leur nuiroit beaucoup si elle étoit retenue :/il faut avoir soin de trans- porter cette boére sans l'incliner, afin que l'eau ne mouille pas les boutons; car on fait très-mal lors- qu'on tes tient dans l'eau, parce qu'ils bi 2 GRE qu'ils se remplissent tellement d'hu- midité , qu'ils perdent la force at- tractive qui leur est nécessaire pour pomper la sève de la tige, ce qui souvent les empêche de réussir. Avant de finir cet article, j'ob- serverai que, malgré que ce soit l'usage de détacher le bois qui reste fixé au bouton, après qu’on l’a en- levé de la branche, cependant, dans plusieurs especes d’arbres dé- licats, il est bon d’en laisser un peu, sans quoi la Greffe est exposce a ne point réussir. Quelques personnes ont pensé qu'il étoit impossible de multiplier certains arbres par l'écus- son, mais si elles s'étoient confor- mées à cette méthode , elles au- roient pu réussir, ainsi que je l'ai souvent éprouvé. Il y a une espece de Greffe en écusson , à laquelle on donne par- ticulierement le nom de Greffe en langue , et dont les jardiniers des environs de Londres , font un trés- grand usage, sur- tout pour les petits sujets, parce quelle couvre plutôt les tiges qu'aucune autre : lorsque lon veut se servir de cette mé- thode, on commence par couper obliquement la tête du sujet , après quoi l'on fait a son sommet une en- taille perpendiculaire , d’un demi- pouce de longueur , dans laquelle on place la Greffe; apres l'avoir aiguisée en forme de langue , et de maniere que son écorce puisse se joindre exactement à celle du sujet , l’on Tome III. SRS 553 attache le scion avec une bonne et forte ligature, pour qu'il ne se dé- place’ pas, et l'on couvre le tout avec de la glaise, comme dans les méthodes précédentes. La quatrieme maniere, ou la Greffe en arbre ou en approche, n'est employée que lorsque les su- jets destinés à être greflés, et l'arbre duquel la Greffe doit être prise, sont assez voisins l’un de l'autre pour que leurs branches puissent se joindre sans les détacher ; cette mé- thode de greffer est ordinairement pratiquée sur les plantes exotiques et tendres, et sur quelques autres especes qui ne peuvent réussir d’au- cune autre manicre. Pour faire cette opération, on fait une entaille dans la Greffe d’en- viron deux pouces de longueur, et de bas en haut, en forme de lan- guette, et dans le sujet, une pareille coupure de haut en bas pour rece- voir cette languette: lorsqu'ils sont ainsi réunis, et de maniere que leurs écorces soient parfaitement jointes, on les fixe dans cette position avec une ccorce souple, ou quelqu’autre bandage doux ; on les recouvre avec de la terre glaise pour les garantir du contact de l'air et de l'humidité, et on les assujettit avec un gros pi- quet fixé en terre , pour les assurer contre l'effort des vents. Par cette maniere de Greffer , le scion n'est séparé de l'arbre que lorsqu'il est fortement réuni à la Aaaa 554 GRE nouvelle tige, et on ne coupe l'ex- trémité du sujet ou de la branche, que quand la réussite de la Greffe est absolument assurée. Lorsque les choses sont dans cet état, ce quia lieu après environ quatre mois, on sépare la Greffe tout près de la tige en onglet, et on la recouvre tout de suite avec de Ja glaise. On commence a Greffer en ap- proche au mois d’Avril , quand la ; : séve est en mouvement, parce qu'a- lors le scion et le sujet se joignent ensemble , et s'unissent beaucoup plutôt que dans aucune autre saison. On Greffe en approche le Noyer, le Figuier et le Murier , parce qu'ils ne réussissent par aucune autre mé- thode : on se sert aussi de ce moyen pour plusieurs especes d'arbres tou- jours verts, ainsi que pour les Jas- mins , et même pour les Orangers ; mais comme les arbres ainsi Grefits sont constamment plus foibles, et ne parviennent jamais à la hauteur et à la grosseur des autres, on ne doit faire usage de cette méthode, que pour ceux qui ne réussissent par aucune autre. Quoique j'aie fait mention de cette espece de Greffe pour les Orangers, on ne s’en sert cependant jamais que par curiosité , et pour leur faire porter du frait dès l'âge de deux ou troisans, en insérant une branche fructueuse dans Jeur jeune bois. Tous ceux qui veulent pratiquer eet art, doivent connoitre quels sont GRE les arbres qui prennentles uns sur les autres au moyen de la Greffe : com- me aucun Ecrivain n'a donné sur ce sujet des préceptes certains, ce scroit peut être ici le lieu de traiter cette matiere en détail; mais comme cet article est déjà assez considérable, je me contenterai d'indiquer quel- ques regles générales , d’après les- quelles on pourra tirer des induc- tions particulieres pour se diriger dans la pratique. Tous les arbres qui sontdu méme genre, c'est-à-dire, qui s'accordent dans leurs fleurs et dans leurs fruits, prennent les uns sur les autres; ainsi , par exemple, tous les arbres qui pro- duisent des Noix, peuvent ¢tre Gref- fés les uns sur les autres. On peut aussi ranger dans la meme classe les Pruniers, l’Amandier, les Peehers , le Pavis , l’Abricotier , etc. qui s’ac- cordent exactement dans leurs carac- teres généraux , et sont distingués de tous les autres arbres; mais comme plusieurs de ceux-ci sont fort sujets à perdre une grande quantité de gomme par leurs parties coupées ou blessées, on doit préférer pour les plus tendres d’entr’eux, la Greffe en écusson ci-dessus. Tousles arbres conifères, peuvent être Grefkts entr'eux, quoique les uns restent toujours verts, et que les autres perdent leurs feuilles en hiver, comme on le voit dans le Cédre du Liban, et le Méleze ou Larix , qui réussissent trcs-bien l'un GRE sur l’autre : mais il faut les Greffer en approche, parce qu'ils contien- nent ue très-grande quantité de résine, qui est sujette à s'échapper par la Greffe , si on la sépare de l'ar- bre avant qu'elle soit jointe au sujet, ce qui la détruit trés-souvent; on se sert aussi de la méme méthode pour le Laurier sur le Cerisier , et pour le Cerisier sur le Laurier. Tous les arbres qui portent des glands pren- nent aussi entr’eux : Ceux qui ont un bois tendre et mou, réussissent bien par la Greffe ordinaire ; mais ceux qui sont dune texture plus ferme et d'un crû lent, doivent être Greffés en approche. En observant strictement ces regles, on réussit presque toujours , pourvu que l'opération soit bien exécutée, et dans une saison con- venable, à moins que le tems ne soit trésmauvais , comme il arrive souvent, ce qui fait manquer des cantons entiers d’arbres fruitiers. C'est par cette methode , que non- seulement on multiplie, mais aussi que l’on endurcit et que l’on accli- mate plusieurs especes d’arbres exotiques : car en les Greffant sur des tiges dures du méme genre , on les rend plus capables de ré- sister au froid , comme on l’a éprou- vé pour la plupart des bons fruits que nous possédons à présent en Angleterre , et qui ont été autre- fois apportés de climats plus méri- GRE 55$ dionaux : ils ont d'abord été trop tendres pour réussir en plein air, et résister at froid de nos hivers ; mais depuis qu'ils ont été Greftes sur des arbres plus durs, ils sont devenus eux-mêmes capables de supporter les plus grands froids. Ces différentes Greffes paroissent avoir été pratiquées par les Anciens; mais ils se sont certainement trompés au sujet de plusieurs especes d'arbres à fruits qu'ils prétendent avoir pris les uns sur les autres, comme le Figuier sur le Mürier, le Prunier surle Chitaignier, etc. J'ai essayé plusieurs fois la plupart de ces expériences, et aucune ne m'a réussi: ainsi je suis porté à croire que ce que les An- ciens ont dit à ce sujet n'étoit point fondé sur la pratique, à moins que la Nomenclature des plantes qu'ils indiquent n'ait été changée; je suis persuadé que nous accordons trop de respect aux Écrits des Anciens, en supposant qu'ils n'ont pu se tromper ni avancer des faussetés, avec d’au- tant plus de raison, qu'en examinant leurs Ouvrages avec attention, on sappercoit qu'ils se sont souvent copies les uns les autres, sans re- courir a de nouvelles expériences pour s'assurer de la vérité des faits qu'ils avancent. On n'ignore pas que les plantes, avant le tems de Cæ- salpin , qui vivoit1l y a environ cent soixante et dixans, étoient classées sui- vant leur aspect extérieur, et sui- Aaaa 2 556 GRE vant leurs propriétés supposées : me- thode qui est à présent rejetée avec raison. On s’est assuré, par plusieurs es- sais répétés, que quelque ressem- blance que les plantes puissent avoir les unes avec les antres dans la forme de leurs feuilles, dans leur maniere de pousser ou de croître, etc., à moins qu'elles ne s'accordent dans leurs fruits et dans leurs autres ca- racteres distinctifs, elles ne peuvent se Greffer les unes sur les autres, malgré que l'opération soit faite avec la plus grande dextérité. GREMIL ou HERBE AUX PERLES. Voyez LITHOSPERMUM OFFICINALE. GRENADIER ou BALAUSTIER. Voyez; PUNICA. GRENADILLE ow FLEUR DE PASSION. Voyez PASSIFLORA. GRENESIENNE ou LYS DE GUERNESEY. Voyez AMARYLLIS SARNIENSIS. GREWIA. Linn. Gen. Plant. 914. Ce genre a été ctabli par le Docteur LINNEE, qui lui a donné ce nom en l'honneur du Docteur Grew, Auteur d’un Livre curieux sur les Plantes. Caracteres. Dans ce genre le ca- GRE lice est épais, coriacé et compost de cing feuilles en forme de lance, colorees , étendues et ouvertes : la corolle a cing pétales de la même forme, mais plus petits, découpés à leur base, et à chacun desquels est inséré un nectaire écailleux, épais, courbé et incliné au bord, auquel- le style est fixe : la fleur a plusieurs étamines garnies de poils hérissés, aussi longues que les pétales, et ter- minces par des sommets ronds : dans son centre est situé un germe rond et allongé en forme de colonne, qui soutient un style mince et cou- ronné par un stigmat quarré et ob- tus; ce germe se change ensuite en une baie à quatre angles et à quatre cellules, qui renferment chacune une semence globulaire. Ce genre de plantes est rangé dans la septicme section de la ving- _tieme classe de LINNÉE, qui com- prend celles dont les fleurs ont plu- sieurs Ctamines unies à un style, et qui forment un corps en colonne. Les especes sont : 1°. Grewia Occidentalis , foliis sub-ovatis, crenatis ; Gréwia a feuilles ovales et crenelées. Grewia corollis acutis. Hort. Cliff. 433. Duham. Arb. 1.p:276.t. 108. Ulmi-folia arbor Africana bacci- fera, floribus purpureis. Pluk. Alm 39 3-203 7 eee Ulmi facie arbuscula Æthiopica , ramulis alatis, floribus purpurascenti- LE GRE Bus. Comm. Hort. 1. p. 165. t. 85. Seb. Thes. 1. p. 46.t.26.f. 3. Raj. Dendr. 133 arbrisseau d’Ethiopie qui a l'apparence d’un orme, avec des branches en forme d'ailes et des fleurs pourpres. 2°. Grewia Africana , foliis ovato- lanceolatis , serratis ; GréwWia à feuilles ovales en forme de lance et scices. Occidentalis. La preiniere espece, qu'on a long-tems conservée dans plusieurs jardins curieux de l’Angle- terre et de la Hollande, a été dessinée par le Docteur Plukenet, sous le titre de Ulmi-folia arbor Africana bacci- fera , floribus purpureis. Le Docteur Boérhaave l’a regardée comme une plante d'Amérique , que le\Pere Plu- mier a intitulé: Guidonia Ulmi fo- liis , flore roseo ; mais les caracteres - de notre plante ne s'accordent point du tout avec ceux de Guidonia ; lespece particuliere de ce genre qui est dans le Jardin Royal de Paris est trés-différente de celle-ci: cette plante croit naturellement au Cap de Bonne-Espérance, d’où l’on m'a envoyé ses semences, qui ont réussi dans le jardin de Chelséa. Cette plante, qui s’éleve à la hauteur de dix à douze pieds , a une tige et des branches fort semblables à celles de l’orme à petites feuilles; son écorce, lorsqu'elle est jeune, est unie et de la même couleur que celle de l’orme; ses feuilles tombent en hiver : ses fleurs naissent simples dans la longueur des jeunes branches, EE S57 aux aîles des feuilles ; elles sont d’un pourpre brillant, paroissent vers la fin de Juillet, et se succedent jus- qu'à la fin du mois d'Août et au commencement de Septembre: mais elles ne produisent jamais de fruits dans ce pays. On peut multiplier cette espece par boutures ou par marcottes; on coupe les boutures , et on les plante en Avril avant que les boutons com- mencent à se gonfier, car plus tard elles ne réussiroient pas; on les met dans de petits pots remplis de terre marneuse , et on les plonge dans une couche de tan de chaleur modérée, ou elles prendront racine en deux mois, si elles sont bien arrosces et tenues à l'ombre pendant la chaleur du jour, après quoi il faudra les ac- coutumer par dégrés à supporter le plein air, et les y exposer tout-a- fait en Juin en les placant dans une situation abritte , où elles pourront rester jusqu'en automne, qui est le tems de les mettre dans l’orangerie : on marcotte aussi cette espece au printems avant que les boutons s’ou- vrent; ces marcottes, qui auront poussé des racines au bout d’un an, pourront être alors séparées des vieilles plantes, et mises chacune à part dans des pots remplis d'une terre molle et marneuse. On les transplante ou au prin- - tems, précisément avant que les bou- tons commencent a se gonfler, ou en automne, quand les feuilles tombent; 558 GRE car en été, lorsque les plantes sont feuillées, il seroit imprudent d’y toucher. Comme elles sont trop tendres pour résister en plein air au froid de nos hivers, on les renferme du- rant cette saison dans une orangerie, où on leur donne autant d’air libre qu'il est possible dans les tems doux, car elles n'ont besoin que d’ètre mises à l'abri des gelces : lorsque leurs feuilles sont tombées, on les arrose peu; mais en été il faut leur donner de l’eau constamment trois ou quatre fois la semaine dans les tems secs, et les placer dans une situation abritée avec d’autres plan- tes dures de l’orangerie, où elles augmenteront la varicté. Africana. Les semences de la se- conde espece m'ont été envoyées par M. Richard, Jardinier du Roi de France à Versailles; elles ont ¢té ap- portées du Sénégal par M. Adanson : cette plante s’cleve dans notre pays en tige d'arbrisseau à la hauteur de cinq ou six pieds, et pousse plu- sieurs branches latérales couvertes d'une écorce brune et velue, et gar- nies de feuilles ovales en forme de lance, de deux pouces environ de longueur sur un pouce un quart de large au milicu, et traversées par plusieurs nervures qui s'étendent de- puis la côte du milieu jusqu'aux bords, où elles sont sciées; ces cuilles sont placées alternativement sur les branches, et supportées par GRE de trés-courts pctioles; elles conser- vent leur verdure toute Tanncée : comme ces plantes sont fort jeunes, et qu'elles n'ont point encore mon- tré leurs fleurs en Angleterre, je ne puis en donner aucune description. Cette espece est tendre, et ne peut supporter l'hiver dans notre climat, à moins qu'on ne la tienne dans la couche de tan de Ja serre chaude; car celles qui étoient seu- lement placées sur les tablettes de la serre n'ont point profité du tout ; mais elles croissent très-bien dans la couche de tan. Ces plantes ont be- soin de beaucoup d'air en été, et veulent être arrosées trois ou quatre fois par semaine dans les rems chauds; mais en hiver il ne leur faut que très peu d’eau et beaucoup de chaleur. GRIAS. Linn. Poire d’Anchois. Caracteres. Dans ce genre le calice est en forme de coupe, et formé par une feuille découpée en quatre segmens Cgaux ; la corolle est com- pose de quatre pétales coriacés et concaves ; elle renferme plusieurs étamines velues, insérées au récep- tacle, et terminées par des sommets ronds et un germe comprimé en- foncé dans le calice et sans style, | i ; mais couronné par un stigmat quarré et en forme de croix, qui devient ensuite une baie charnue, dans la- quelle est renfermée une grosse noix Gen. 6593 GRI À huit sillons et à une cellule, qui contient une grosse semence pointue. Ce genre de plante est rangé dans le premier ordre de la treizieme classe de LINNEE, intitul¢e : Po- lyandrie monogynie , avec celles dont les fleurs ont plusieurs étamines et un style. Nous n’en connoissons qu'une es= pece, qui est Grias, cauli-flore. Linn. Sp. 731 ; Poire d’Anchois dont les fleurs sont cparses sur la tige. Calophyllum , foliis tripedalibus obovatis , floribus per caulem & ramos sparsis. Brown. Jam. 245. Palmis affinis malus persica ma- xima ; caudice non ramoso, foliis lon- gissimis , flore tetra-petalo pallidè luteo , fructu ex arboris trunco. Sloan. Jam. 179. Hifi. 2. p. 123. t. 217. FA ep) Cette plante croit naturellement à la Jamaïque et dans plusieurs par- ties chaudes de l'Amérique, où elle scleve, avec une tige droite et en- tiere, à la hauteur d'environ vingt pieds; son écorce est grise, et on y remarque les vestiges des feuilles tombées : le sommet de fa tige est garni de feuilles sessiles de deux pieds à peu-prés de longueur, sur six pouces de large; elles ont une cote longitudinale dans leur milieu, et sont d’un vert luisant : ses fleurs sor- tent de la tige au-dessous des feuilles sans pédoncules, simples en quelques GRO 559 endroits, et en d’autres disposées en grappes; elles ont chacune quatre pétales épais et jaunes, ainsi qu'un grand nombre d étamines fixées au calice; le germe renfermé dans le calice devient dans la suite une grosse prune ovale, dans laquelle se trouve une noix grosse et pointue, Les Espagnols de l'Amérique font mariner ce fruit pour l'envoyer en présents à l'ancienne Espagne, où on le mange comme des mangos; quel- ques personnes prétendent qu’on en donne aussi dans les desserts. On multiplie cette plante par le moyen de ses noyaux, que l’on met en terre aussi-tot qu'ils sont déta- chés de l'arbre, et on les tient cons- tamment plongés dans la couche de tan de la serre chaude, sans quoi les plantes ne profiteroient pas dans ce pays. GRONOVIA. Martyr. Cent. 4. Linn. Gen. Plant. 28 4. Ce genre a été ainsi nommé par le Docteur Houstoun, en l'honneur du Docteur Gronovius, savant Bo- taniste de Leyde, Caraëteres. Le calice est persistant et formé par une feuille colorée et découpée jusqu’au milieu en cinq segmens; la corolle, qui est com- posée de cinq petits pétales fixés aux incisions du calice, renferme cinq étamines velues de la longueur des péralés, insérées dans le calice, pla- cées alternativement avec les péta- 569 GRO les, et terminces par des sommets jumeaux et érigés. Le germe est situé sous la fleur, et soutient un style mince plus long que les éta- mines, et couronné par un stigmat obtus ; il se change dans la suite en un fruit rond, coloré, et a une cellule qui contient une semence grosse et ronde. Ce genre de plantes fait partie de la premiere section de la cin- quieme classe de LINNEE, intitulée : Pentandrie monogynie , qui renferme celles dont les fleurs ont cing éta- mines et un style. Nous n'avons qu'une espece de ce genre , qui est Gronovia scandens. Hort. Cliff. 74. Gronovia scandens lappacea , pam- pinea fronde. Houst. Mart. Cent. 1. Pp. 40. t. 40. Amm. Herb. 346; Gronovia grimpant. Cette plante a été découverte par le Docteur Houstoun, à la Véra- Crux ;sessemences, qu'il a envoyces en Europe, ont réussi dans quelques jardins; elle est annuelle, et pro- duit, comme le Concombre, plu- sicurs branches trainantes et fort chargées de feuilles larges, vertes, et semblables à celles de la Vigne, mais armées sur les deux faces, de pointes délices, qui piquent comme celles des Orties; ses branches sont garnics de vrilles, par le moyen desquelles elle s’attache aux plan- tes voisines, et s¢leve a la *hau- teur de six ou huit pieds: ses fleurs GRO sont petites et d’un jaune verditre, ainsi elles n'ont pas beaucoup d’ap- parence. Cette plante est fort tendre, et doit être elevée sur une couche chaude dans le commencement du printems; on la plonge ensuite dans la couche de tan de la serre , où on la traite comme la Momordica, ce qui lui fera produire des semences miuires ; mais comme elle a peu de beauté, et qu’elle n'est d'aucun usagc, on ne la cultive gucres que dans les jardins de Botanique pour la variété. GROSEILLER. Voy. GROSSU- LARIA. RIBES. GROSEILLER d’Amérique. Voy. MELASTOMA. PERESKIA. GROSSULARIA. Raii Meth. Plant. 145. Tourn. Inst. R. H. 639. t. 409. Ribes. Lin. Gen. Plant. 247. Groseiller. Les différentes especes de Gro- seillers, et les Corinthes ou Groseilles à grappes, ont été réunies dans la même classe par Tournefort, sous le’ titre de Grossularia , et par LINNEE sous celui de Rives ; elles s'accordent en effet dans leurs caracteres princi- paux, et doivent être ainsi rangées dans les systèmes de Botanique: mais cet ordre ne peut être admis dans un traité de Jardinage; car ces fruits ayant toujours été connus sous des GRO des noms différens, on ne peut les réunir sans occasionner quelque confusion dans l'esprit de ceux qui me sont pas verses dans les connois- sances de la Botanique. M. Ray les a séparés en différens genres, et a distingué la grosse Groseille de celle a grappe, la premiere ayant des branches épineuses et des fruits sim- ples , au-lieu que celle à grappes a des branches unies, et des fruits fixés sur une grappe longue : quoi- que ces différences soient stricte- ment scientifiques, cependant elles suffisent pour les faire distinguer par les Jardiniers. Caracteres. Dans ce genre, le alice est persistant, formé par une feuille découpée à son extrémité en cinq segmens, gonflé, concave et coloré ; la corolle est composée de cing petits pétales obtus et érigés , qui s'élevent du bord du calice; la fleur a cing ctamines en forme d’alé- nes, insérées dans le calice et ter- minées par des sommets comprimés ct tombans : le germe qui est situé au-dessous de la fleur, a un style divisé en deux parties , et couronné par un stigmat obtus; ce germe de- vient ensuite une baie globulaire avec un nombril, et a une cellule remplie de semences rondes, com- primées et enveloppées de chair. Ce genre de plantes est rangé par LINNÉE , dans la premiere sec- tion desa cinquieme clafle, intitulée: Pentendrie monogynie » qui contient Tome III, GRO s6t celles dont les fleurs ont cinq ¢ta- mines et un style. Les especes sont: 1°. Grossularia reclinata , ramis reclinatis aculeatis , pedunculis tri- Phyllis ; Groseiller avec des branches inclinées ct armées d’épines , et un pédoncule garni de trois feuilles. Ribes ramis sub-aculeatis reclinatis. Lin. Hort. Cliff. 82. Hort. Ups. 5%. Roy. Lugd.-B. 270. Grossularia spinosa , fructu obscuré purpurascente. J. B. 1. 48. ; Gro- seiller épineux, avec un fruit de cou- leur pourpre foncé. Grossularia spinosa sativa altera , foliis latioribus. Bauh. Pin. 45 5. 2°. Grossularia hirsuta , ramis aculeatis , racernis erectis , baccis hir- sutis ; Groseiller avec des branches epineuses, des grappes érigées et des baies velues. Grossularia fructu maximo his- pido , margaritarum feré colore. Raii Hist. 148 43 Grosciller avec un fruit fort gros, rude et presque de cou- leur de perle. Ribes Grossularia , ramis aculeatis , petiolorum ciliis pilosis , baccis hir- sutis. Lin, Sp. Plant. 291. edit. 3. Ribes ramis aculeatis erectis , fructu hispido. Vir. Cliff. 21, Roy. Lugd.-B. 269. 3°. Grossularia uvä crispé , ramis aculeatis , erectis , baccis glabris ; Grosciller avec des branches érigées et épineuses , et des baies unies. Grossularia simplici acino , ved Bbbb 562 GRO spinosa sylvestris. €. B. p. 455. Du- ham, arb. ¥. t. 109 ; Groseiller avec 9 un fruit simple, Grosciller sauvage my ou Groseille a ma- fr 2 quereaux. Rises ramis aculeatis erectis , fructu glabro. Lin. Hort. Cliff: 82. FL Suec. 19535 208: 4°. Grossularia oxy-Acanthoides , ramis undique aculeatis ; Grosciller dont les branches sont enticrement garnies d’épines. Grossularia oxy-Acanthe foliis amplioribus ; è sinu Hudsonis. Pluk. Amalth. 212. Dill. Elth. 166. r. 139. f. 1163 Groseiller à grandes feuilles d’épines blanches, de la baye d'Hudson. Ribes , oxy-Acanthoides. Lin. Sp. Plant. 291. edit. 3. Hort. Ups. §1. s°. Grossularia Cynosbati, aculeis sub-axillaribus , baccis aculeatis race- mosis. Jacq. Hort. t. 123 5 Groseiller ayant des épines sur la partie basse des branches, ct des baies piquantes dispos¢es en paquets. Ribes aculeis sub- axillaribus , baccis aculeatis racemosis. Lin. Gen. Plant. 292. edit. 3. Reclinata. Les especes dont il vient d’être question, sont regar- dées comme distinctes; mais on trouve encore dans les pépinieres plusieurs variétés qu'on a obtenues de semences : ces variétés , auxquel- les les personnes qui les ont fait naître, ont donné différens noms, ac seront point décrites ici, parce GRO qu'on en obtient souvent de now velles ; je parlerai seulement de leur culture, On les multiplie ou par les rejet- tons que produisent les vieilles ra- cines, ou par boutures, que l’on doit préférer aux rejettons, parce que ces derniers sont sujets à em produire beaucoup d’autres, La meilleure saison pour planter ces boutures, est l'automne, pre cisément avant que leurs feuilles commencent à tomber , et on choisit les plus belles branches et les plus fructueuses ; car si l’on prend celles qui se trouvent sur les tiges des vicilles plantes, et qui sont ordinai- rement fort vigoureuses, elles ne produiront pas autant de fruits que celles des branches fructueuses : ces boutures doivent avoir six ou huit pouces de longueur, et être plantées dans une plate-bande de terre I¢- gère exposée au soleil du matin: on les enfonce jusqu'à trois pouces de profondeur , et on les arrose lé- gcrement quand le tems est sec, pour leur faire pousser des racines : on détache en été les branches qu'elles peuvent avoir poussées au bas, ct on ne laisse que celles du haut, qui sont les plus fortes, et que l’on dresse pour former une tête régu- licre. En Octobre on prépare une piece de terre fraiche, et a une exposition ouverte, et lorsqu'elle est bien labourée, exactement net- toyce de tontes mauvaises herbes, GR Oo et bien dressée, on enleve ces bou- tures, on taille leurs racines, on retranche toutes leurs branches la- térales, on les y plante à trois pieds de distance de rang en rang, et à un pied dans les rangs, et on les assujettit de maniere que leurs tiges soient droites et régulieres : on peut les laisser ainsi pendant une ou deux années; mais durant cet intervalle, il faut avoir grand soin d’arracher toutes les mauvaises herbes, et de tenir leurs tiges nettes depuis leur base jusqu'a la hauteur d’un pied, où doit commencer la tête. Comme les branches du haut sont ordinai- rement fort irrégulieres , il faut re- trancher celles qui se croisent, et les éclaircir où elles sont trop ser- rées; de cette maniere l'air circu- lera librement entrelles, et don- nera un nouveau dégré de perfec- tion au fruit. Après deux années de séjour dans la pepiniere, ces plantes pourront être mises dans les places qui leur sont destinées ; car il ne faut pas les laisser devenir trop grosses avant de les transplanter, parce que leurs racines étant devenues ligneuses , elles auroient de la peine à repren- dre, et seroient deux ou trois ans avant ce bien pousser : le sol qui leur convient le mieux, est une terre riche et legcre , quoiqu'elles puissent profiter assez bien dans des terreins médiocres, pourvu qu’ils ne soient ai trop forts ni trop humides, ct à GRO 563 toutes expositions ; mais quand on veut que leurs fruits acquierent toute la perfection dont ils sont susceptibles, il ne faut jamais les planter à l'ombre des autres arbres, parce que ces plantes exigent une exposition libre et ouverte : on les place à la distance de huit pieds de rang à rang, et de six pieds dans les rangs. La meilleure saison pour les transplanter est en Octobre, quand leurs feuilles commencent à tomber, en observant de tailler leurs racines , et de retrancher tous les rejettons de côtc et les branches qui se croisent , et de raccourcir toutes les longues branches, de maniere qu'elles forment unc téte régulicse. La méthode commune est de tailler ces arbrisseaux au ciseau , pour rendre leurs têtes rondes, comme on le pratique pour les ar- bres toujours verts; mais de cette maniere les branches deviennent fort touffues, et leurs fruits ne sont jamais aussi gros que sur ceux dont les têtes sont éclaircies et tailles avec art; ainsi on doit préférer la serpette , au moyen de laquelle on réduira les branches trop longues à dix pouces environ, on retranchera toutes celles qui sont irrégulieres, ét lon éclaircira les branches fruc- tueuses, quand elles sont trop épaisses, en observant de les couper toujours derriere un bouton à feuil- les : par-la les fruits acquerront une grosseur double de ceux qui croissent Bbbb 2 564 cw 4 sur des buissons négligés ; mais il faut avoir attention de tenir la terre toujours nette, de la labourer au moins une fois l'année, et d'y méler chaque deux ans un peu de fumier pourri. Les Jardiniers des environs de Londres ont habitude de nettoyer ces arbrisseaux aussitôt après la Saint-Michel, de labourer ensuite la terre. entre les rangs, et dy planter des Choux printanniers ; par ce moyen leur terrein est employé pendant tout l'hiver sans causer au- cun préjudice aux Groscillers, et ces choux résistent souvent au froid dans les hivers doux, pendant que ceux qui sont placés à une exposi- tion ouverte, sont ordinairement détruits ; et comme on les enleve toujours en Février ou en Mars, ia terre se trouve débarrasse avant que les Groseillers commencent à pousser au printems. Cette maniere de cultiver doit être mise en usage quand le terrein est cher ou peu vaste. GUAIABARA. 7. COCCOLOBE. GUAJACANA. 7. Diospyros VIRGINIANA. GUAJACUM. Plum. Nov. Gen. 39. Lin. Gen. Plant. 465. Lignum vite. Gayac ou Bois Saint, Caracteres. Le calice est concave , et formé par une feuille divisée en GUA cing parties. La corolle est compo- sce de cing pétales oblongs, ovales, concaves , insérés dans le calice, étendus et ouverts : la Aeur a dix ctamines érigées, inserées dans le calice, ct terminées par de petits sommets. Le Style est long et mince , le germe ovale et pointu, et le stigmat simple et mince : le germe devient, quand la fleur est passée, une baie ronde, avec une pointe oblique et profondément sillonnée, dans laquelle est renfer- mée une noix ovale est dure, Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la dixie- me classe de LINNEE , intitulée z Decandrie monogynie, qui renferme celles dont les fieurs ont dix éta- mines et un style. Les especes sont : 1°, Guajacum officinale , foliolis bijugatis obtusis. Lin. Gen. Plante. 381. Gayac avec des lobes obtus et placés par paires. Guajacum flore caruleo, fructu sub-rotundo. Plum. Nov. Gen. 391. Gayac avec une fleur bleue et ua fruit rond. Guajacum foliis pinnatis ; foliolés guaternis obtusis. Hort. Cliff. 187. Mat. Med. 207. Guajacum foliis ferè impetiolatis, bijugis obovatis et leniter radiatis, pinnis et ramulis dichotomis. Brown. Jam. 225. Guajacum Jamaicense foliis vel, GUA murid conditis , spissiès viréntibzs » flore sub-ceruleo: Pluk. Alm. 180. Lo43 ST Ae Guajacum magna matrice. Bauh. Pin. 448 Pruno vel Evonymo affinis artor , folio alato, buxeo, sub-rotundo, Sloan. Jam. 186. Hist. 2. p. 133. t 222. ig 4 fue. i Aver Ligni Sancti vel Guajacum. Seb. Thes. 1. p. 86. Bois Saint. Guajacum. Clus. Exot. 312, 314. Guajacum Jamaicense ; Lentisci sub-rotundis foliis leté virentibus , flore albo. Pluk. Alm. 180. t. 35. f. 3. Variété de la Jamaïque à feuilles presque rondes de Lentisque, et d'un vert tendre, produisant une fleur blanche. 2°. Guajacum Sanctum , foliolis multi-jugatis obtusis. Lin. Sp. Plant. 382. Gayac avec plusieurs paires de lobes obtus. Guajacum Americanum , Len- tisci folio. Comm, Hort. 1. p. 171. t. 88. Guajacum flore caruleo , fimbriato , fructu tetragono. Plum. Nov. Gen. 39. Gayac à fleurs bleues et à frange, avec un fruit à quatre angles. Jasminum vulso Americanum sive Evonymo affinis arbor Occidentalis , alatis Rusci foliis, nuci-fera, cortice ad genicula fungoso. Pluk. Alm. 139. 1. 94. f. 4. Lignum vire ex Brasilia. Blackw. = 3504/,3-4 3°. Guajacum Afrum , foliolis GUA 565 multijugatis acutis. Lin. Sp. Plant. 382. Gayac avec plusieurs paires de lobes à pointes aiguës. Guilandinoides. Hort. Cliff. 489. Et l Afra arbor Acacia similis , foliis Myrti aculeatis splendentibus. Boérh. Ind. Alth. 2. p. §7. Arbre d’Acacia Africain avec des feuilles luisantes , terminées en pointe aiguë, comme celles du Myrte. Acacia Africana, que Acacia si- milis, foliis Myrti, parvis, aculeatis, pinnatis ; flore coccineo tetrapeloide. W'alth. Hort. 2.0. 2. Officinale. La premiere espece est le Lignum vite commun, ou Gayac dont on fait usage en médecine; elle croît naturellement dans la plupart des Isles de l'Amérique, où elle s’éleve sous la forme d’un très-grand arbre , dont l'écorce est dure, cas= sante, brunâtre et peu épaisse; son bois est ferme, solide, lourd, très- résineux, d’une couleur jaune-noi- ratre, et d’un goût chaud et aroma- tique ; les plus petites branches sont couvertes d’une écorce cendrée, et garnies de feuilles divisées par pai- res, dont chacune a deux paires de petites feuilles ovales, émoussées, d'une substance ferme et d’un vert luisant : ses fleurs sortent en grappes aux extrémités des branches; elles sont composées de cinq pétales ova- les , concaves et d’une belle cou- leur bleue; chaque fleur a, dans son centre , un style avec un germe ovale, couronné d’un stigmat mince, 566 GUA autour duquel sont placées depuis dix jusqu'à vingt ctamines aussi lon- gues que le style, et terminées par des sommets en forme de saille, Ze Docteur LINNEE prétend que ces fleurs n’ont que dix étamines ; mais il est certain qu’elles en ont près de vingt. L'écorce et le bois de cet arbre sont de la même nature, mais on croit que le bois est plus échau#ant; on en compose une liqueur à la- quelle on attribue la propriété de purifier le sang et de pousser les sucurs; on sen sert pour guérir la goutte, les écrouelles , et les mala- dies vénériennes : la gomme ou ré- sine que ce bois fournit est noire, luisante et cassante ; lorsqu'elle est en poudre elle devient d'un blanc verdatre: elle a une odeur aroma- tique et un goût piquant. On s’en sert comme d'un bon purgatif con- tre les rhumatismes , à la dose de deux scrupules mélés avec un jaune d'œuf, et donné dans ua véhicule doux (1). (1) Le bois de Gayac ou Bois Saint, contient une résine abondante qui agite fortement Jes humeurs et excite les sueurs 5 il a été apporté de l'Amérique comme un puissant remede pour guérir les maladies vénériennes ; mais la décou- verte des propriétés du Mercure contre cette maladie, en a beaucoup'restreint Yusage, parce que dans nos climats tem- pérés de l'Europe, son efficacité est beaucoup moindre que dans les régions GUA Le bois de cet arbre est si dur, qu'il emousse tous les outils lors- qu'on veut le couper ; on s’en sert rarement pour brüler , non-seule- ment parce qu'il est trés-difficile à abattre , mais aussi parce qu'il brûle avec peine; il est très-utile aux Planteurs , qui s'en servent pour construire les rouës et les dents des moulins à sucre : on en transporte aussi une grande quantité en Europe pour faire des boules et d'autres ustensiles. On ne peut multiplier cet arbre que par ses semences, que l'on doit se procurer de son pays natal; mais ciles ne germent qu'autant qu'elles sont bien fraîches: lors- qu'on les recoit il faut les semer dans des pots remplis de terre légère, et les plonger dans une bonne cou- che chaude. Si ces graines soit bonnes, et si la couche a le dégré de chaleur qui lui est nécessaire, les plantes paroitront six semaines méridionales : il y a cependant certaines circonstances où l'usage des ptisanes su- dorifiques, dont le bois de Gayac fait la base , peut emporter des affections vé- nériennes qui ont résisté au Mercure. Cette subtance est d’ailleurs utile dans tous les cas où les sudorifiques sont in- diqués, et particulièrement dans les ma- ladies de la peau, la goutte , l’asthme humide, &c. Sa dose est d’une once par jour en décoction dans une pinte d’eau, La résine de Gayac a les mêmes pro- priétés que le bois. On la donne en bols depuis un gras jusqu’à deux, — GUA ou deux mois après, ef seront assez fortes, au bout d’un parcil tems, pour être transplantées : alors on les tire des pots, avec l'attention de conserver leurs racines entieres au- tant qu'il est possible, et on les place chacune séparément dans des pots remplis de terre légère, que lon enfonce dans une nouvelle couche chaude de ran ; on les tient à l'ombre jusqu'a ce qu'elles aient poussé de nouvelles racines ; après quoi on les traite comme les autres plantes exotiques des pays chauds : on leur donne beaucoup d’air, et on les arrose souvent dans les tems chauds, mais toujours avec retenue, parce que la trop grande humidité ne manque jamais de les faire périr. Tandis que ces plantes sont jeu- nes, on les tient pendant l'été dans une couche chaude vitrée, et en automne on les plonge dans Ia cou- che chaude de tan de la serre, où on les laisse constamment, en les traitant comme toutes les autres plantes délicates ; mais on ne les arrose pas en hiver, et en été, on leur donne tous les jours beaucoup d’air : au moyen de ce traitement, ces plantesprofiteronttrès-bien ; mais comme elles croissent tr¢és-lentement dans notre pays, on ne peut pas espérer de leur voir faire de grands progrès en Europe. Sanctum. La seconde espece a plu- sieurs petites feuillesplacces par paires dans toute la longueur de la côte du IGWA 567 milicu ; elles sont longues et obtuses à leur extrémité , étroites à leur biise , et de la même substance que celles de la précédente, mais d’un vert plus foncé: ses fleurs quinaissent en paquets clairs vers les extrémités des branches , sont de couleur bleu fin, et leurs pétales sont dentelés a leurs bords : cet arbre est nommé dans quelques-unes des Ifles , Lignum vita bâtard ; il m’a été envoyé sous cette dénomination. Ilexige le même traitement que le précédent , et se mulriplie de même par semences. J'ai aussi reçu de la Barbade des échantillons d’une espece qui paroit différente des deux précédentes ; ses branches ressembient à celles de la premiere, mais ses feuilles sont plus larges , dentelces a leur extrémité, et placées tout autour des branches, sur des pétioles fort courts ; comme les fleurs croient tombées, je ne puis dire en quoi elles different de celles desautres; maisilest probable qu'elles sont du même genre. Afrum. La troisieme espece, qui est depuis long-tems dans les jardins curieux de l'Angleterre et de la Hollande, produit rarement des fleurs en Europe ; elle est originaire du Cap de Bonne-Espérance , d’où les semences ont été apportées en pre- mier lieu en Hollande, où elle a été regardée comme une espece d’Acas cia, jusqu’à ce qu'elle ait produit des fleurs, qui, suivant la description du D’. Boërhaave, étoient papilion- 563 GUI nacées ; j'ignore si le Docteur LIN- NEE les a vues; mais il a Ôté cette plante de la classe des Papilionnacées, pour la placer avec le Guajacum ; comme je n'ai jamais vu ces fleurs , je ne puis décider sil a eu tort ou raison. Ces plantes gardent leurs feuilles durant toute l'année, et peuvent être conservées en hiver dans une bonne Orangerie ; mais il faut les placer au- dehors en été avec les autres especes de l'Orangerie ; elles croissent trés- lentement , et se multiplient diffici- lement par boutures. GUAJERU. Voyez CHRYSOBA- LANUS ICACO. GUALTHERIA. Voyez GAUL- THERIA. GUAYAVIER ou POIRIER DES INDES, Voyez PSIDIUM. GUANABANE. Voyez ANNONA SQUAMMOSA. GUAZUMA., V. THEOBROMA. GUEDEox Le PASTEL, VISaTis TINCTORIA: GUI. Voyez VISCUM. L, GUIDONE. Voyex L@TIA. Suppl, GUL GUIDONIA. Voyez SAMYDA. GUILANDINA. Lin. Gen. Plant. 464. Bonduc. Plum. Nov. Gert. 25. Tah, 39. Bonduc ou Chicot. Caracteres. Dans ce genre, une feuille én forme de cloche, et dé- coupée à son extrémité en cing -seg- mens égaux, forme le calice de la fleur ; sa corolle est composée de cing pétales en forme de lance , égaux, et insérés dans le calice ; elle a dix étamines en forme d’altne , érigées, insérées dans le calice , alternative- ment plus courtes l'une que l'autre, et terminées par des sommets obtus; dans son centre est placé un germe oblong , qui soutient un style mince aussi long que les étamines, et cous ronné par un stigmat simple : ce germe devient ensuite un légume rhomboïdal , gonflé , comprimé , dont la suture supericure est convexe, et a une cellule, dans laquelle sont renfermées plusieurs semences ova- les, dures, et séparées par des par- titions. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la dixie- me classe de LINNÉE , dans laquelle sont comprises celles dont les fleurs ont dix étamines et un style. Les epeces sont : 1°, Guilandina, Bondue aculeata j pinnis ovatis, foliolis aculeatis solita- riis. Lin. Sp.æ$ 45. Bonduc épineux avec des feuilles à aîles ovales, dont les lobes sont armés d’épines simples. Bondug GUI Bonduc vulgare majus polyphyl- dum. Plum. Nov. Gen. 25. Le plus grand Bonduc commun , à feuilles composées, ordinairement appelé Nickar jaune, Bonduc où Chicor. Guilandina caule fructuque aculea- tis. Hore. Cliff. 158. Acacia gloriosa , Lentisci folio , spinosa , flore spicato luteo , siliqua magna muricata, Pluk. Alm. 4. t. 2. ize Lobus echinatus , fruttu flavo, fo- liis rotundioribus. Sloan. Jam. 144. Hist. 2. p. 40. Frutex globulorum. Rumph. Amb. 5: p89. t. 48. 2°. Guilandina Bonducella aculea- ta, pinnis oblongo - ovatis , foliolis aculeatis geminis. Lin. Sp. §4.§. Bon- duc épineux avec des lobes oblongs, ovales et armés d’épines , placés par paires. Bonduc vulgare minus polyphyl- lum, Plum. Noy. Gen. 25. Le plus petit Bonduc commun , à feuilles composées , appellé Nickar gris. Crista pavonis , Glycyrrhize fo- lio, minor, repens, spinosissima, flore luteo spicato minimo , siliqua latissi- mé echinaté , semine rotundo cinereo. Breyn. Prod. 3. App. 33. t. 28. Globuli majores. Rumph. Amb, 5: PP. 922 toa gr fe, le Lobus echinatus fruttu casio , fo- liis longioribus. Sloan. Jam. 144 Hift. 2.p. 41. Caretti Rheed. Mal. 2.p.35.t. 22. 3°. Guilandina glabra inermis , Tome III, GUI 569 foliis bi-pinnatis , foliolis ovatis , acu- tis , alternis ; Guilandina sans épi- nes, avec des feuilles a doubles ailes, dont les lobes sont à pointes ovales et alternes. 4°. Guilandina Moringha, inermis, foliis sub-bivinnatis , foliolis inferio- ribus ternatis. Flor. Zeyl. 155. Mat. Med. 112. Guilandina sans épines , avec des feuilles doublement ailées , dont les lobes inférieurs sont divisés en trois partics. Lignum peregrinum aquam caruleam reddens. Bauh, Pin. 416. Moringha Zeylanica ,foliorum pin+ nis pinnatis , flore majore , fruëlu an- guloso. Burm. Zeyl. 162. Tab. 75. Moringha de Céylan, avec des feuil- les à doubles aîles , une grosse fleur, et un fruit angulaire, Noix de Ben. Morungu. Rheed. Mal. 6. p. 19. t. Rumph. Amb. 1. p. 184, t. 74: 73: Balanus Myrepsica. Blackw. t. 386. 5°. Guilandina dioica inermis , fo- liis bi-pinnatis , basi apiceque simpli- citer pinnatis. Lin, Sp. 54.6. Bonduc avec des branches sans épines, et des feuilles à doubles ailes, dont la bâse et les sommets sont à ailes simples. Bonduc Canadense , polyphyllum non spinosum, mas et fœmina. Duha- mel. Arb. 1.p. 108. t. 103. Nickar en arbre du Canada, avec des feuil- les divisées en plusieurs parties , et sans épines, et dont les fleurs mâles Cccc 79 GUI et femelles sont sur des plantes ‘dif- férentes. Le Chicot ou Févier. Bonduc. Bonducella. Les premiere et seconde especes croissent naturel- lement dans la plupart des Ifles de FAmérique, où leurs tiges se roulent autour de tous les corps voisins , et s‘clevent ainsi à la hauteur de douze ou quatorze pieds ; les feuilles de la premiere ont près d’un pied et demi de long, et sont composées de six ou sept paires d’ailes, dont chacune a plusieurs paires de lobes dans la longueur de la cote du milieu : ces lobes sont ovales et entiers , et le pe- tiole ou la côte principale de la feuille est armée d’épines courtes, crochues , simples et placées irregu- dierement;sestiges, quisont aussi fort chargées de pareilles épines , mais plus grosses , croissent d’abord éri- gées ; mais après elles se rortillent autour des arbres voisins , étant trop foibles pour se tenir droites sans au- cun soutien: ses fleurs naissent en épis longs, et sont composées de cing pétales jaunes et égaux , et d’un germe oblong qui en occupe le centre , et qui est environne par dix étamines: lorsque la fleur est passée, ie germe devient un legume large et épais, de trois pouces environ de lon- gueur sur deux de large , fortement armé d’épines minces, et qui s'ou- vre en deux valves, dont chacune renferme deux semences dures, aussi grosses qu'une chique , et de couleur See at jauaitre, GU 1 La seconde espece differe de la premiere en ce qu’elle a des feuilles beaucoup plus petites et très-rappro- chées ; au-dessous de chaque paire de lobes , sortent deux épines fer- mes , Courtes, courbées et opposées 5 ses fleurs sont d’un jaune plus foncé, et ses semences de couleur cendrée. Jabra. La troisieme a été décou- verte par le Docteur Houstoun à Campéche , d’ou il en a envoyé des échantillons secs en Angleterre; mais il n’a point trouvé alors de fruits sur cette plante : il dit que cette espece a une tige droite et d'une grosseur considérable, qui se divise en plu- sieurs branches, garnies de feuilles a doubles ailes , et unies; les ailes sont alternes; chaque feuille est com- posce de quatre paires, et les lobes sont opposés sur la cote du milieu ; ils sont ovales , termines en pointe , et d’un vert clair. Moringha. La quatrieme espece croit naturellement dans l'Isle de Céylan et dans plusieurs cantons de la côte de Malabar, d’où les se- mences ont été apportées en Angle- terre. Elle s'éleve dans son pays natal à la hauteur de vingt-cinq ou trente pieds , avec une tige forte, couverte d'une écorce unie, verte sur les jeunes branches , et d’une couleur cendrée sur les plus vieilles; sa ra- cine est fort épaisse et noueuse ; les Habitans du pays la râpent quand elle est jeune, et l'emploient comme GUI nous faisons le raifort en Europe , auquel elle ressemble par son goût acre; ses branches sont garnies de feuilles décomposées-et aîlées; celles qui sone situces à la base n'ont que trois feuilles; mais au - dessus les feuilles se partagent en plusieurs di- visions qui se sous-divisent en plus petites, dont chacune a cinq ou six paires de lobes ovales , terminés par un lobe impair ; elles sont d’un vert clair et un peu blanches en des- sous : ses fleurs, qui sortent en pa- quets'clairs sur les côtés des bran- ches , sont composées de pétales qui varient pour le nombre , depuis cing jusqu’a dix ; elles ontdix courtes éta- mines qui environnent le germe ; ce germe devient un légume long et cylindrique , dans lequel sont ren- fermées plusieurs semences angulai- res , couvertes d'une membrane mince, qui ont la même saveur que les racines. Culture. Ces quatre especes étant originaires des pays chauds, ne peu- vent résister au froid de nos hivers, à moins qu’on ne les tienne dans la couche de tan de.la serre chaude : on les multiplie par semences ; mais comme celles des deux premieres sont fort dures, elles restent plu- sieurs années dans la terre avant de germer , si on ne les trempe pas dans Peau pendant deux ou trois jours , et si on ne les met pas pen- dant autant de temps dans la couche de la serre chaude, au-dessous des GUI s7t -pots, pour amollir leurs enveloppes. Peu de temps après que ces plantes auront poussé, on pourra les trans- planter chacune dans un petit pot rempli de terre fraîche et légere, les plonger dans une couche de tan de chaleur modérée, et les tenir à l'ombre jusqu'a ce quelles aient formé de nouvelles racines ; après quoi on les traitera comme les au- tres plantes tendres et exotiques , et on leur donnera beaucoup d'air dans les temps chauds, mais très- peu d’arrosement. Quand ces plantes sont devenues trop hautes pour pou- voir être contenues sous les vitrages , on les plonge dans la couche de tan de la serre chaude , où elles feront de grands progrès , pourvu qu'on ne les arrose pas trop , sur-tout pen- dant l'hiver ; car elles sont fort sen- sibles à l'humidité et au froid. La quatrieme espece exige le même traitement que les preceden- tes, mais sés semences germent sans avoir besoin d'être amollies dans l'eau : il est trés-difficile de trans- planter cette espece dans de nou- veaux pots; car ses racines étant grosses, charnues et trés-peu four- nies de fibres , laissent échapper la terre avec la plus grande facilité, lorsqu'on n’y apporte pas beaucoup d'attention. Quand cet accident ar- rive, les tiges périssent souvent jus- qu'à la racine, et quelquefois même la plante entiere est détruite : cette espece veut être arrosée très-Légè- Gcce 2 $72 GUI rement, sur-tout dans les tems froids, parce qu’alors l'humidité les feroit pourrir en peu de tems. Dioica. La cinquieme espece est originaire du Canada , d’où elle a d’abord été apportée à Paris, mais quatorze ans aprés on l'a envoyée en Angleterre : dans sa patrie elle s'cleve , avec une tige droite, à la hauteur de plus de trente pieds, et se divise en plusieurs branches cou- vertes d’une écorce de couleur cen- drée-bleuâtre, et fort unie; ces branches sont garnies de feuilles décomposées et ailées, dont les lobes sont ovales, fort unis, entiers, et rangés aiternativement sur la côte du milieu; elles tombent en au- tomne et les nouvelles ne poussent que fort tard au printems. Cette espece a des fleurs mâles et des fleurs femelles sur différentes - plantes. Comme elle n'a point en- core fleuri dans aucun jardin An- glois, je ne puis en donner aucune description , non plus que de ses fruits, que je n’ai jamais vus. Cette plante subsiste en plein air , et n’est jamais endommagée par la gelée ; on la multiplie en détachant de l’ar- bre des racines horisontales , ce qui les fait pousser vers le haut, et on peut les enlever ensuite, en les scparant des vieilles racines, pour les planter dans des pots. Elle exige un sol léger et pas trop humide. GUIMAUVE, Voyez; ALTHÆA OFFICINALIS. GUN GUIMAUVE FAUSSE. 7. Stipa. GUNDELIA. Tourn. Cor. 51. Tab. 486. Lin. Gen. Plant. 826. Hacub. Vaill. Ac. Reg. Scient. 1718. Cette plante a été ainsi nommée par le Docteur Tournefort,-en l’hon- neur du Docteur Gundel-Scheimer, qui l'a trouvée dans le Levant en accompagnant Tournefort dans ses voyages. Caracteres. La fleur est uniforme, tubulée , et composée de plusieurs: fleurettes hermaphrodites ,- entou- rées de feuilles; elles n'ont qu'un pétale fixé au fond et gonflé au sommet , où il est légèrement dé- coupé en cinq segmens, er cing étamines courtes, velues, et ter- minées par des sommets longs et cylindriques : dans le fond de la fleur est placé un germe ovale et couronné par de petites écailles , qui soutient un style mince plus long que le pétale, et terminé par deux stigmats roulés; ce germe se change dans la suite en une semence rende et simple, renfermée dans un réceptacle commun et de figure conique ; ces semences sont séparées par un duvet plein de paille. Ce genre de plantes a été com- pris par Tournefort dans sa dou- zieme classe, qui contient les herbes. à fleurs flosculeuses ; LINNÉE l'a rangé dans la cinquieme section de: sa dix-neuvieme classe, intitulée = Syngenesie ; Polygamie séparée. qui GUN renferme celles dont les fleurs ont un calice commun, et dont chaque fleurette est renfermée dans une autre. Nous avons une espece distincte de ce genre à présent en Angleterre, quiest Gundelia. Lin. Sp. Plant. 814, et à laquelle on n’a point donné de nom vulgaire. On en connoit deux variétés décrites par Tournefort, et que l’on.croit provenir des mêmes semences, parce qu'on les a trouvées croissant confusément ensemble. Les especes sont : 1°. Gundelia Tournefortii Orien- talis, Acanthi aculeati folio, flo- ribus intensé purpureis , capite ara- neosä lanugine obsito. Tourn. Cor. § 1; Gundélia du Levant à feuilles épi- neuses d’Acanthe, ayant des fleurs pourpre foncé , et une tête cou- verte d’un duvet semblable à une toile d’araignée. 2°. Gundelia glabra Orientalis , Acanthi aculeati folio, capite gla- bro. Tourn. Cor. 51. Itin. 2. p. 108. z. 108; Gundélia du Levant avec des feuilles épineuses de Brancur- sine et une téte unie. Eryngium Syriacum , foliis Cha- muileontis longis & spinosis. Moris. Hist. 3. p. 167. Schybum Dioscoridis sive Hacub, Alcardeg. Serapionis. Rauw. Itin.74. - 8. 74. Cette plante a été découverte par GundelScheimer, compagnon de GUN 573 Tournefort, près de Baibout en Ar- ménie ; mais on l'a trouvée depuis dans plusieurs parties du Levant, cut elle croît généralement dans des terres seches et fortes : ses tiges s'é- levent rarement à plus d'un pied et demi de haut ; ses feuilles basses sont longues, étroites, et découpées sur leurs bords per des dentelures ter- minces en une €pine; les autres sont plus larges , et divisées irréguliere- ment jusqu'a la côte du milieu en plusieurs segmens armés de pointes aiguës : ses tiges sont divisées vers le haut en plusieurs branches garnies de feuilles de la même forme , mais plus étroites, et terminées chacune par une tête conique de fleurs sem- blables à celles du chardon à Bon-" netier, dont la base est environnée d’un rang de feuilleslongues , étroites et épineuses : ces têtes sont compo- sces de plusicurs fleurettes herma- phrodites renfermées dans les écail- les, et dont chacune a un calice et un germe environne de cing ¢ta- mines : quelques-unes des semences mürissent parfaitement sur chaque tête dans leur pays natal; mais sil tombe de la pluie lorsque ces fleurs sont épanouïes, le germe périt, ce qui arrive souvent aux plantes dont les fleurs sont recueillies en têtes. Ces plantes se multiplient par leurs graines, qu'il faut semer & demeure au commencement de Mars, dans une plate-bande chaude de terre fraiche et médiocre. Lors- 574 GYP que les plantes poussent , on les net- toye avec soin, et on les débarrasse des mauvaises herbes ; à mesure qu'elles deviennent grosses, on les éclaircit, en laissant celles qui sont destinées à rester, à deux pieds en- viron de distance, afin qu'elles puis- sent s'étendre, après quoi elles n'e- xigent plus aucune culture que d’être tenues nettes : si la gelée est forte pendant l'hiver, on les couvre avec de la paille ou du chaume de pois; mais il faut Oter ces couver- tures dans les tems doux ; elles don- neront des fleurs au bout de deux ans, et auront une belle apparence dans les parterres. Elles fleurissent en Mai; elles perdent leurs tiges et leurs feuilles en automne : mais leurs racines subsistent plusieurs années. GYPSOPHILA. Lin. Gen. Plant. 498. Nous n'avons point de nom pour ce genre. Caracteres. Le calice est persis- tant, angulaire, en forme de clo- che, et découpé au sommet en cinq parties. La corolle est composée de cinq pétales ovales, émoussés, éten- dus et ouverts; la fleur a dix étami- nes en forme d’aléne, et terminées par des sommets ronds : dans son centre est situé un germe globulaire qui soutient deux styles minces, et couronnés par des stigmats simples ; ce germe devient ensuite une cap- sule globulaire à une cellule, qui s'ouvre en cing valves, et qui est remplie de petites semences rondes. G Y P Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la dixieme classe de LINNÉE, qui ren- ferme celles dont les Heurs ont dix ctamines et deux styles. Les especes sont: 1°. Gypsophila agoregata, foliis mucronatis ; recurvatis, floribus aggre- gatis, Lin. Sp. Plant. 406. Amen. Acad. 3. p. 23 Gypsophilaà feuilles pointues et recourbées, et a fleurs recueillies en tétes. Saponaria calycibus pentaphyllis , floribus aggregatis , foliis mucronatis y canaliculatis, recurvis. Hort.Ups.x 07. Lychnis Hispanica , Kali folio, multi-flora. Tourn. Inst. R. H. 338; Lychnis d'Espagne a feuilles de Sali- corne ou Soude ayant plusieurs fleurs. Caryophyllus faxatilis, Erica foliis, umbellatis corymbis. Bauh. Pin. 211. prodr. 105. Arenaria tetraquetra. Linn. Syst. Plant. tom. 2. p. 359. Sp. 2. 2°. Gypsophila fastigiata, foliis lan- ceolato-linearibus ; obsolete triquetris , lavibus , obtusis, secundis. Linn, Sp. Plant, 407. Amen. Acad. 3. p. 23; Gypsophila avec des feuilles étroites et en forme de lance, dont quel- ques-unes ont trois angles émoussés , et d'autres sont obtuses, lisses et en paquets. Caryophyllus saxatilis , ftoribus gramineis , umbellatis corymbis. Bauh. Pit, 2 ve Polygonum majus, ereclum, angusti- GiY-P folium , floribus candidis. Mentz. Pug. Fae Yay Cie Lychnis Gypsophila. Gmel. Sib. 4. p- 144. t. 61. f. 1. Sympyhtum petraum. Thal. Hare. LES: Saponaria caule simplici , foliis linearibus , ex alis foliorum confertis , teretibus. Hort. Cliff. 166 ; Sapo- naire avec une tige simple, des feuilles linéaires disposées en paquets aux ailes des feuilles. 3°. Gypsophila prostrata, foliis lanceolatis , lavibus, caalibus diffusis , pistillis corolla campanulatä longiori- bus. Linn. Sp. Plant. App. 11953 Gypsophila a feuilles lisses et en forme de lance, ayant des tiges dif- fuses et des pointals plus longs que la corolle qui est en forme de cloche. Alsine angusti-folia Curyophylloides , multi-flora, glabra, purpurascens, ra- dice Astragaliti. Pluk, Alm. 22.1.7 5. Le» 4°. Gypsophila perfoliata, fo- liis ovato-lanceolatis , semi-amplexi- caulibus. Linn: Sp. Plant. 408 ; Gyp- sophila avec des feuilles ovales et en forme de lance, qui embrassent les tiges à moitié. Saponaria foliis lanceolatis , caly- cibus campanulatis , angulatis. Hort. Cliff. 165. Lychnis Orientalis , Saponarie fo- lio et facie, flore parvo et multiplici. Tourn. Cor. 243 Lychnis du Levant à feuilles et forme de Saponaire ayant plusieurs petites fleurs. SE 575 Spergula multi-flora ; foliis infe- rioribus Saponarie , superioribus Behen similibus, Dill, Elth. 368. t. 276. f 357- 5°. Gypsophila paniculata , foliis lanceolatis, scabris , floribus dioicis, corollis revolutis. Linn. Sp.Plant. 407. Amen. Acad. 3. p. 23. Jacq. Austr. Vol. 5. App. t. 1; Gypsophila avec des feuilles rudes et en forme de lance, des fleurs males et femelles sur différentes plantes, et des pétales re- courbés. Alsine frutescens ; Caryophylli fo- lio, flore parvo albo. Gerb. Tanais. 15. Morgeline en arbrisseau a feuilles de Giroflier , et a fleur petite et blanche. Aggregata. La premiere espece croît naturellement sur les monta- gnes dans la France méridionale, en Espagne et en Italie : elle a une racine vivace, de laquelle sortent plusieurs feuilles étroites et termi- nées en pointe aiguë et recourbée; les tiges, qui sélevent à la hauteur d'environ un pied, sont garnies de feuilles Ctroites et opposées, et À quelque distance des nœuds d’autres feuilles plus petites et disposées en paquets : la partie haute de la tige se divise en plus petites branches, dont chacune est termine par un paquet serré de petites fleurs blan- ches qui paroissent en Juiller, et qui produisent de petites capsules ovales remplies de petites semences, Fastigiata. La seconde ressem- ble un peu à la premieres mais 576 GIP ses feuilles sont beaucoup plus étroi- tes, presque triangulaires, et pla- cées en paquets sur les côtés de la tige ; ces paquets de fleurs sont aussi plus petits et moins serrés. Cette es- pece a une racine vivace, et se trouve sur les montagnes de la Suisse. Prostrata. La troisieme a égale- ment une racine vivace, de la- quelle sortent des feuilles unies en forme de lance et en paquets; ses tiges ont près d'un pied de lon- gueur, et sont inclinées vers la terre; ses fleurs, dont la couleur tire sur le pourpre, ont des étamines beaucoup plus longues que les corolles; elles paroissent dans les mois de Juin et de Juillet, et leurs semences müris- sent en automne. Perfoliata. La quatrieme, qui est originaire du Levant et de l'Espa- gne, a une racine forte, charnue et fibreuse, qui pénetre profondément dans la terre, et produit plusieurs tiges épaisses, charnues, hautes de deux pieds, et garnies de feuilles ovales, et en forme de lance, qui embrassent les tiges à moitié par leur base; la partie haute de la tige est divisée en plusieurs branches ter- minées par des paquets clairs de pe- GY Pe tites fleurs blanches, qui s'ouvrent en Juillet, et donnent des graines mures en automne. Paniculata. La cinquieme croît naturellement en Sibérie et en Tartarie; ses semences m'ont été envoyées de Pétersbourg ; elle a une racine vivace qui produit plusieurs tiges branchues d’un pied et demi de hauteur, et garnies de feuilles étroites, à pointes unies, et de la mème forme que celles du Giro- flier; ces tiges sont terminées par des paquets clairs de fleurs blan- ches et trés-petites, qui paroissent en même tems que celles des especes précédentes ; ses semences mürissent en automne. Comme ces plantes sont peu remarquables, on ne les cultive gueres que dans les jardins de Bo- tanique pour la variété. On les multiplie par leurs graines, qu’il faut semer sur une planche de terre légere; quand les plantes sont assez fortes pour être enlevées, on peut les placer à demeure, où il suffira de les tenir nettes : leurs racines durent plusieurs années, et produisent constamment des fleurs et des semences, HÆMANTHUS HAM H ÆMANTHUS. Tourn. Inst. R, H. 657. Tab. 43 3. Lirm. Gen. Plane, 394. Dracunculoides. Boer. Ind. Alt, 2,226, dues, de dime, sang, et ét, flos, une fleur, c'est-à-dire, fleur de sang. Tulippe du Cap. Caracteres. Le calice est persis- tant, large, en forme d’ombelle, et composé de six feuilles: la corolle a un pétale érigé et découpé en six parties, avec un tube court et an- gulaire; elle renferme six étamines en forme d’aléne, insérées dans la corolle, plus longues que le pétale, et terminées par dessommets oblengs et inclines : le germe est placé sous la fleur; il soutient un style simple de la longueur des étamines, et cou- ronné par un stigmat simple : ce germe devient ensuite une baie ronde et à trois cellules, dont cha- cune renferme une semence angu- laire. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section dela sixieme classe de LINNEE, intitulée : Hexan- drie monogynie , qui renferme celles dont les fleurs ont six étamines et un style. Les especes sont : 1°. Hemanthus coccineus , foliis lingui-formibus planis levibus. Prod. Leyd. 42 3 Hæmanthus à. feuilles lisses et en forme de langue. Hemanthus foliis obtusis basi trun- eatis. Comm. Hort. 2. p. 127. t. 64. Tome III. H. {72 HAM Hemanthus Africanus. H. L. Bar. {leur de sang d’Afrique ou Tu- lippe du Cap. Narcissus Indicus puniceus, Ferr. Cult. 137. Narcissus Indicus serpentarius. Hern. Mex. 885. 8. 899. x 2°. Hamanthus carinatus, feliis linearibus carinatis ; Fleur de sang avec de longues feuilles linéaires en forme de carène. 3°. Hamanthus puniceus, foliis lanceolato-ovatis , undulatis , erectis. Hort. Cliff. 117. Hort. Ups. 88. Roy. Lugd.-B. 423 Fleur de sang avec des feuilles en forme de lance , ovales, ondées et érigées. Hyacintho affinis Africana caule maculato. Seb.-mus. 1. p» 20. te 12. fi 1, 2, 3. Satyrium é Guined. Swert. Flor. 1. p. 62. f. 3. Moris. Hist. 3. PAA9I- Se Vt. (Defi le Rudbs els 2s ps 21 Oy fa Fie Hamanthus Colchici foliis , perian- thio herbaceo. Hort, Elth. 167.t. 140. f. 2. Trew. ehret. 44; Fleur de sang avec des feuilles de Colchique et une enveloppe herbacce. Dracunculoides. Boër. Ind. Alt. 2, 226. Dragon batard. Coccineus. On cultive la pre- miere espece depuis plusieurs années dans quelques jardins curieux de J'Europe, où elle fleurit rarement. Elle a une racine grosse et bul- beuse, de laquelle sortent, en au- Dddd 578 H Æ M tomne , deux feuilles larges, plates, d'une consistance charnue et en forme de langue, qui se replient en arriere de chaque côté, et s’éten- dent à plat sur la terre; de sorte que cette plante paroit singulicre pendant tout Vhiver: ses feuilles se ficcrissent au printems, et elle reste dépouillée depuis la fin du mois de Mars jusqu'au commencement d’Août : ses fleurs paroissent tou- jours en automne avant les feuilles. On a représenté ces fleurs sur des pe- doncules forts et droits dans les Livres Botaniques ; mais celles que jai vues n'avoient jamais que deux ou trois pouces au-dessus de la bulbe ,. et formoient une. grosse grappe composée de fleurs d’un rouge brillant renfermées dans un calice commun d’une couleur her- bacée, tubultes, avec un pétale découpe en six parties, et dans cha- cune desquelles on voyoit six lon- gues ctamines élevées ‘au-dessus du petale , et dans le centre uf germe posté sous la fleur , qui soutenoit un ® stylesimple couronné par unstigmat: le germe ne miurit pas, et ne donne jamais de semences en Angleterre ; il se flétrit avec la fleur, et ensuite les feuilles croissent et s'étendent sur la terre. Carinatus. La seconde espece a, comme la premiere, une racine épaisse et bulbeuse, de laquelle sor- tent trois ou quatre feuilles d’un pied de longueur, qui ne sont pa H Æ M applaties comme celles de la préce- dente , mais creustes en forme de caréne, moins larges, et un peu éri- gées : ses fleurs ressemblent à celles de la premiere ; mais.elles sont d’un rouge plus pâle: j'en ai reçu les bul- bes du Docteur Van-Royen, Profes- seur de Botanique à Leyde. Puniceus. La troisieme a des ra- cines composées de plusieurs tubes épais et charnus qui s'unissent au sommet , où ils forment une tête, de laquelle s'éleve une tige charnue et tachetée comme la peau d’un dra- gon, et qui se divise au sommet en plusieurs feuilles en forme de lance, et ondces sur leurs bords: ces tiges croissent à la hauteur d'environ un pied, et les feuilles ont six ou huit pouces de longueur sur deux de lar- geur au milieu; à côté de cette tige, près de la terre, sort un pédoncule fort et charnu, dont la hauteur est d'environ six ou huit pouces, qui soutient une grosse grappe de fleurs, renfermées dans un calice commun et persistant. Ces fleurs sont formées comme celles des autres especes ; mais elles sont d’une couleur rouge jaunâtre; elles paroissent dans les mois de Mai, de Juin et de Juillet, et sont remplacées par des baies rouges trés-belles lorsqu'elles sont - mures. Les deux premieres especes se multiplient difficilement en Europe, parce que leurs racines produisent trés-peu de rejettons; mais les Jar-. HÆM “diniers de la Hollande y suppléent en en faisant venir du Cap de Bonne-Espérance, où elles croissent naturellement , et produisent des semences. Ces plantes ctant trop délicates pour résister à l’extérigur au froid de nos hivers, il faut ‘ planter dans des pots remplis de terre grasse et légere, et les tenir durant la saison froide dans des cou- ches sèches de vitrages, où leurs feuilles pousseront … vigoureuse~ ment , et feront un très-bel effet parmi les autres plantes; et quoi- qu'elles fleurissent rarement ici, ce- pendant elles méritent -d’occuper une place dans tous les jardins. Lors- que leurs feuilles sont flétries, on peut enlever leurs bulbes hors de terre, et les garder jusqu'en Août : on les remet alors dans les pots. On les laisse en plein air jusqu'à la fin de Septembre, et on les place ensuite dans des couches vitrées : tandis qu'elles croissent , on doit les arroser souvent , mais légerement. Lorsqu'on a pratiqué au-devant de l’orangerie ou de la serre chaude une plate-bande couverte de vitra- ges, il faut y planter les oignons de ces especes avec les Gladioles d Afrique, les Ixia, les Cyclamen de Perse, etc. Toutes ces plantes y fleuriront plus constamment, et les pédoncules des Hemanthus s’éleve- rorit beaucoup plus haut que ceux des plantes tenues dans des pots. La troisieme espece est aussi ori- H Æ M 579 ginaire du CapdeBonne-Espérance , d'où elle a été apportée en Hollande, et de-la dans toute l'Europe : on la multiplie ‘en divisant ses racines au printems avant qu’elles aient poussé de nouvelles tiges, et c'est aussi dans ce tems qu'on les change de terre ; mais comme ces racines pous- sent difficilement des rejcttons , il est plus ais de les multiplier par se- mences, qui mürissent en abondance en Angleterre : on les seme aussi- tot quelles sont mures dans des pots remplis de terre legere; on les tient dans la serre chaude pendant tout l'hiver , et on les plonge dans la couche de tan entre les plantes, où elles se conserveront, ne se dés- secheront pas aussi vite que si elles étoient dans une serre chaude sé- che, et seront plus disposées à ger- mer : au printems on tire les pots de la serre pour les plonger dans une couche chaude à vitrages , qui fera pousser les plantes; on leur donne de l'air chaque jour dans les tems doux pour les empècher de filer ; et lorsqu'elles sont assez fortes, on les met chacune séparément dans des pots remplis de terre légere, et on les replonge dans la couche pour leur faire produire de nouvelies ra- cines , après quoi on les endurcit par dégrés, et ‘on les place enfin dans une serre chaude sèche, où elles doivent rester constammient, car “sans cela elles ne profiteroient point, et ne fleuriroient jamais dans notre Dddd 2 580 HEM climat : comme leurs racines sont succulentes et charnues, elles sont sujettes à être attaquécs de pourti- ture en hiver, si on leur donne trop d'humidité; mais en été il faut les arroser souvent, sur-tout lors- qu'elles sont prêtes à fleurir, et leur donner beaucoup d’air dans les tems chauds, HÆMATOXYLUM. Linn. Gen. Plant. 417; Bois de Campéche. Caracteres. Dans ce genre le calice est persistant et découpé en cing segmens ovales ; la corolle est composée de cinq pétales égaux, plus larges que le calice; la fleur a dix étamines en forme d’alène , plus longues que les pétales, et termi- nées par de petits sommets : dans son centre est place un germe oblong et ovale, qui soutient un style sim- ple, couronné par un stigmat épais et dentelé : le germe devient ensuite une capsule comprimée, obtuse, et a une cellule qui s'ouvre en deux valves , et contient deux ou trois se- mences oblongues et en forme de rein. Ce genre de plantes fait partie de la premiere section de la dixieme classe de LINNEE, quia pour titre: Décandrie monogynie, et dans la- quelle se trouvent comprises toutes celles dont les fleurs ont dix étamines et un style, Nous n'avons qu'une espece de ce genre, qui est H Æ M Hamatoxilum Campechianum. Hort. Cliff. 160. Roy. Lugd.-B. 465. Mat. Med. 114. Jacq. 06s. 1. p. 20; Bois de Campèche. Lignum Campechianum , species quedam. Sloan, Cat. Jam. 1213. Hise. 2. ps POR: gddO. sf +s) DAB wae Catesb. Car. 3. p. 66. t. 66; Bois d'inde ou Bois de la Jamaïque. Hematoxylum spinosum ; fois pin- natis, racemis terminalibus. Brown. Jam spi: 224 Cet arbre croît naturellement dans la baie de Campéche , à Hon- duras, et dans d’autres parties de l'Amérique Espagnole, où il s’éleve à la ha:teur de seize ou vingt- quatre pieds; ses tiges, qui sont généralement courbes et trés-infor- mes, deviennent rarement plus gros- ses que la cuisse ; ses branches, qui sont disposées sur chaque côté, sont courbées , irrégulieres, armées de fortes épines , et garnies de feuilles ailces, composées de trois où qua- tre paires de lobes obtus et dente- Iés au sommet; ses fleurs, crigées & de couleur jaune-pâle, avec un calice pourpre, naissent en grappes aux ailes des feuilles, & produisent des légumes plats & oblongs, dont chacun contient deux ou trois se- mences en forme de rein. On transporte le bois de cet ar- bre en Europe, où il est très-re- cherché pour les teintures en pour- pre, et le noir le plus fin; mais les Espagnols, qui réclament la pos- HÆ M session du Pays où on le trouve, s'opposent constamment à Ce que les autres Nations viennent len- lever, ce qui leur a occafionné plusieurs disputes avec leurs voisins, et particulierement avec les An- glois; on peut espérer de voir ces différends fe terminer bientôt, parce qu'on a multiplié prodigieu- sement cet arbre à la Jamaïque & dans plusieurs Isles Angloises de l'Amérique, où il croit si promp- tement, qu'après dix ou douze ans, on peut mettre en œuvre le bois d’un arbre venu de semence; comme il produit dans ces Isles une grande quantité de graines qui se repan- dent dans les terres voisines, cet arbre doit devenir incessamment comme naturel a nos Colonies. Quelques planteurs d’Ameérique ont enclos leurs possessions avec des haies formées de ces arbres, qui sont trés-forts et de-longue durée ; mais comme il est nécessaire de les tailler, et que cette opération re- tarde beaucoup leur accroissement, ceux qui veulent les multiplier, fe- roient beaucoup mieux de les semer sur des terreins marécageux qui ne peuvent produire de sucre, et de leur laisser toutes leurs branches, qui sont fort utiles pour augmenter la grosseur des tiges : si lorsque ces plantes sont jeunes on a som de les tenir nettes, leurs progrès seront" beaucoup plus rapides. Quelques planteurs de la Jamai- Eh AyT s$t que m'ont assuré que dans l’espace de trois ans, quelques-uns de ces arbres s’étoient élevés à la hauteur de plus de dix pieds; de sorte qu'il ne faut qu'un petit nombre d'années pour que cetre espece devienne un objet de commerce. On conserve cette plante dans quelques jardins curieux de l’Angle- terre à cause de sa singularité ; on en apporte souvent des semences de l'Amérique qui poussent aisément : si on les met sur de bonnes cou- ches chaudes, et si on tient {cs plan- tes dans une couche de chaleur modérée, elles parviendront à la hauteur dun pied dans la même année : lorsque ces plantes sont jeu- nes, elles sont généralement bien garnies de feuilles ; mais par la suite elles font très-peu de progrès, et se dépouillent souvent de leur feuilla- ge. Ces plantes sont trés- délicates, et doivent être tenues constamment dans la couche de tan de la serre chaude, où elles se conserveront trés-bien , si on les arrose à propos, et si la serre est toujours à un bon dégré de chaleur. Il y a quelques- uns de ces arbres en Angleterre qui ont plus de six pieds de hauteur, et qui profitent autant que s'ils évoient dans leur Pays natal. HAIES. Les Haies servent ou à entourer un terrcin, ou à divi- ser les différentes parties d'un ar- din: quand elles sont destine: pour 582 H AI des clôtures extérieures, onles forme avec de l’Aubépine , des Pommiers sauvages , ou des Nerpruns ou Pru- niers sauvages ; mais celles qui doi- vent se trouver dans l'enceinte du jardin, et qui sont destinées à en- tourer quelques cantons écartés ou à cacher d'autres parties à la vue, peuvent être plantces avec differen- tes especes d’arbrisseaux , suivant le goût du Propriétaire : quelques-uns aiment les Haies toujours vertes, et emploient pour cela le Houx, qui y est le plus propre, l'If, le Laurier- Thym, le Phyllirea, etc.; d’autres choisissent les plantes qui perdent leurs-feuilles en hiver, et préférent le Hètre , l'Orme et le Sureau à tous les autres. Je traiterai d’a- bord des clôtures extérieures, et je parlerai ensuite des autres fort suc- cintement. On fait ordinairement ces Haies avec des Sorbiers ou des Frénes; mais avant de les planter, il est bon d'examiner Ja nature du terrein, pour savoir quelles especes de plan- tes y profiteront le mieux; si c'est de la glaise , du gravier ou du sa- ble, etc. On jugera de quel sol on doit tirer les plantes, car si la terre d’où elles sont prises étoit mcilleure que celle dans laquelle on veut les planter , elles y réussiront plus difii- cilement. Quant à la grosseur des plants, elle doit être à-peu-près du” calibre d’une plume d'Oie, et il faut les couper à quatre ou cinq pouces H AI au-dessus de la terre : on les choisit droits, unis, et bien enracinés. Ceux qui sont Clevés dans les Pépinieres sont préférables à tous les autres, et si cette Pépiniere se trouve voi- sine de la plantation, ils réussiront encore mieux. Secondement, les fossés dont on accompagne quelque- fois les Haies, doivent avoir six pieds d’évasement, sur un pied et demi de largeur au fond, et trois pieds de profondeur , afin que cha- RATE : que côté puisse avoir une pente convenable ; car lorsqu'ils sont trop droits et roides, ils sont fort sujets à se dégrader après chaque gelée et les fortes pluies; d’ailleurs, si ces fos- sés étoient trop étrbits , ils seroient bientôt comblés en automne par la chute des feuilles et l'accroissement des mauvaises herbes, et ils ne pour- roient arrêter le bétail, qui les fran- chiroit aisément. Troisiemement, si lon ne fait point de fossés , il faut mettre deux rangs de plantes à la distance d’un pied lun de l'autre, en forme de quinconce , de maniere qu'elles ne: soient en effet qu'a six pouces. Quatriemement , en labourant et en creusant le fossé, il faut mettre l'herbe du gazon en-dessous, pour faire la pente du fossé , et la plate- bande au-dessus, que l'on recouvre de terreau , sur lequel on plante les Sorbiers, qui doivent être à un pied de distance , et droits. Cinquiemement , quand le pre- HAN mier rang est planté, on le recouvre de terreau, et on arrange au-dessus d’autres gazons : lorsque la plate- bande est élevée à la hauteur d'un pied, on plante un autre rang de plantes, entre les espaces des Sor- biers bas, on les couvre comme les premieres , et on arrête le talut avec le fond du fossé ; on fait en- suite une Haie séche de l’autre côté, pour défendre la plantation basse des insultes du bétail. Pour faire ces Haies sèches , on enfonce des poteaux à deux pieds ct demi de distance, et assez pro- fondément pour qu'ils atteignent la terre ferme : ceux de Chêne sont les meilleurs; mais au défaut de ceux-ci, on se sert d’Epine noire owde Saule, on attache a ces piquets de petits fagots qu'on place en bas, mais peu cpais, de peur qu'ils ne se pourris- sent , et on garnit le haut avec des fagors plus longs, qu'on entrelace, ct qu'on fixe aux poteaux. Pour rendre ces Haies encore plus fortes, on lie les sommets des po- teaux après des perches minces, à chaque côté, et on enfonce encore les poteaux , car les liens sont sujets à se relâcher. Le Sorbier doit être constamment tenu net de mauvaises herbes, et à l'abri du bétail : on fera bien de le couper en Février à un pouce au- dessus de la terre, si on ne l’a pas fait avant , ce qui le fera pousser HAI 533 fortement , et facilitera beaucoup son accroissement. Quand une Haie a huit ou neuf ans de cru, il faut la plier en Octobre ou en Fevrier: lorsqu’elle est vieille, c'est-à-dire, après vingt ou trente ans, sil y a des chicots et de nou- veaux rejettons, on coupe les vieux tocs obliquement à deux ou -trois pouces de terre, et on taille les meil- leurs et les plus longs rejettons à une hauteur médiocre , quelques-uns des plus forts à cinq ou six pieds, suivant l'élévation qu’on veut donner à la Haie; on peut en laisser quelques- uns pour servir comme de poteaux , et en mettre même de nouveaux dans les endroits où ils sont néces- saires : on éclaircit la Haie, de ma- niere qu'on ne laisse sur les chicots que les rejettons qu’en destine pour l'usage, afin qu'on puisse y labourer avec la beche ; on nettoye aussi le fossé, et on en rétablit la pente de chaque côte ; quand la terre de ces talus a été détachée par les racines du Sorbier , on y en remet de celle que l’on sort du fossé , attant qu'il est nécessaire, et on jette le reste sur la banquette, de façon qu'elle ne puisse pas retomber. On doit éviter deux choses en pliant les Sorbiers; la premiere, de ne pas les poser trop bas et trop serrés, parce que la séve couleroit dans les rejettons , et laisseroit les mar- cottes sans nourriture , ce qui les feroit périr. 534 HAI La seconde, de ne pas les plier trop haut, parce que les marcottes attireroient toute la séve, et le bas de la Haie ne pousseroit plus que de petits rejettons, ce qui la rendroit si mince, qu'elle ne serviroit plus de défense, contre le bétailqui pourroit la détruire enti¢rement en la brou- tant. Lorsque les rejettons destinés a être marcottés sont couchés, il faut donner un petit coup de serpe qui pénètre obliquement jusqu'à la moi- tié de leur epaisseur , en le dirigeant vers le bas, après quoi on les fixe au- tour des poteaux; et quand le tout est fini, on retranche les petites branches superflues qui débordent de chaque côté de la Hate. Si les chicots sont trés-vieux , on les coupe tout-a-fait , et on les place de chaque côté de la Haie sèche ; lorsque les nouveaux rejettons sont assez forts, on les marcotte , et on en plante d’autres dans les espaces vuides. Lorsqu’on fait une Haie avec des Pommiers sauvages , il est bon de laisser un arbre entier a chaque trente ou quarante pieds. On range les autres, on les taille, et on les attache à des poteaux placés de distance en distance. On taille ces arbres chaque an- née, jusqu’à ce qu'ils soient hors de la portée du bétail, après quoi on peut les greffer avec du Pommier rouge , ou quelqu’autre espece pro- pre à faire du cidre. EAI Si les sujets proviennent de pe- pins de Pommes , ils peuvent rester sans étre gieffes ; car alors ils pro- duiront de fort bons fruits pour faire du cidre, mais ils seront long-tems sans en donner; au-licu qu’en les greffant, ils en donnent plutôt, et l'on est certain de l’espece. Quant au reste de la Haie, lors- qu'elle a poussé pendant quatre ou cing ans, on peut la coucher pour faire une clôture , en suivant les instructions qu'on va donner. 1°. Il faut marcotter quelques vieilles branches , ou si la Haie est claire, on en couche de jeunes; mais il faut le faire de maniere que leurs extrémités s’arrétent à côté du fossé, en les tenant basses sur la banquette, et qu'elles servent à épaissir le bas de la Haie, et à soutenir la terre du talut. 2°. On doit hausser le sol toutes les fois, en mettant de la terre sur les marcottes qu'on couvre, a l'ex- ception de leurs extrémités ; ce qui rendra service au Sorbier , élevera les banquettes , approfondira les fos- sés, et rendra les clôtures meilleures. 3°. Ine faut pas trop raccourcir les marcottes, mais précisément de maniere qu'elles soient encore assez longues pour être courbées versle bas: on ne doit pas les poser trop droites, comme on le fait quelquefois, mais à-peu-près de niveau, afin que la séve pousse mieux en différens en- endroits, te HAE droits, et ne se jette pas autant vers les extrémités. Si cette Haie a beaucoup de bois, on peut couper une grande partie de celui qui croît près du fossé, mais alors il faut garnir les bords avec des fagots d'Épines » pour empêcher le bétail de la brouter la premiere année; alors les rejettons pousse- ront fortement, tiendront les ban- quettes fermes, et épaissiront le bas de la Haie. 4° Il faut avoir soin de la tenir assez fournie en la taillant sur le bord du fossé, et quoiqu’elle paroisse beile d'abord, on doit couper tous es rameaux qui s’écartent à six pou- ces de la Haie sur les deux côtés, ce qui les fera pousser dans cesendroits, et la rendra beaucoup plus épaisse. 5°. Si la banquette est haute, il faut tenir la Haie basse, de maniere qu'elle serve seulement d’enclos la premiere année , car elle ne devien- dra que trop élevée dans la suite: d’ailleurs, plus la Haie est basse, mieux le Sorbier pousse , et plus aussi elle se conserve épaisse dans le bas; mais on doit la mettre à l'abri du bétail du côté de la campagne , pendant les deux premieres années. 6°. Si l'on veut avoir une bonne Haie ou clôture, il faut la visiter une fois dans quatorze ou quinze ans, et déraciner entièrement le Sureau , la Brionne, et les autres plantes qui s’y trouvent mélées : il ne faut pas non plus y laisser des arbres - Tome Lil, HAI 585 trop élevés, et l'on doit ôter avec soin tout le bois mort qui ctouffe- roit le Sorbier : lorsquil y a une ouverture, on fait une Haie séche a une-certaine distance. On plante souvent des Haies avec des Pommiers ; mais, parmi les dif- férentes especes, on doit préférer les plantes élevées avec des pepins de Pommier nain sauvage, à toutes celles qui proviennent des pepins de toutes sortes de Pommes sans dis- tinction, parce que le vrai Pom- mier sauvage ne pousse jamais aussi fort que les autres especes; qu'il est plus armé d’épines, et par consé- quent plus propre à écarter le bé- tail : d’ailleurs ces tiges de Pom- miers sauvages, sont toujours d'un cru plus uniforme que celles des différentes especes qui, étant mé- Ices , différent les unes des autres dans leur acroissement et dans la grosseur de “leurs fruits; de sorte que ces Haies ne sont jamais aussi belles , et ne seront pas si aisées a dresser que les autres. Quelques personnes mêlent {es Pommaiers sauvages avec lEpine blanche ; mais cette méthode est vicieuse ; car les plantes du Pom- mier sauvage croisent beaucoup plus que celles de l’Epine blanche; la Haie n'est jamais égale, aussi belle, ni aussi forte que si elle écoit faite avec une seule espece de plante. L'Epine noire on Prunier sauvage, que l'on emploie aussi pour former es Ecce 556 HAI des Haies, y est en effet très-pro- pre, parce qu'elle est forte, dura- _ble, et armée d’épines qui écartent le bétail : quand on veut s’en servir il faut l'élever avec les noyaux du fruit ; car toutes les tiges que l'on prend sur de vieux arbres, sont si, sujcites à pousser des rejettons de leurs racines, qu’elles remplissent le terrcin voisin à une distance con- sidérable, ce qui détruit la Haïe à la longue, en lui retranchant toute sa nourriture. Les plantes élevées de noyaux ne jettent point, ou au moins ne donnent que très peu de rejettons, et petivent être entrete- nues avec peu de soin. La maniere d'élever ces Haies, est de semer les noyaux dans le lieu même , quand on peut le faire aisément ; car alors fes plantes feront des progrès plus rapides que si elles étoient trans- plantées; mais on ne peut garantir le jeune plant du bétail qu'au moyen dune Haie sèche qu'on entretient pendant quelques années, comme on l'a déjà prescrit ci-dessus : ces plantes feront un bien meilleur enclos au bout de sept années, que celles qui n’auroient €té mises en place qu'après trois ou quatre ans de crti, ainsi que je l'ai éprouvé deux ou trois fois. Les noyaux de ces fruits doivent être semés dans le mois de Janvier, si le tems le permet ; mais si on les conserve plus long-tems hors de terre, il sera prudent de les carder dans du sable 4 a a Le HAI et de les tenir dans un endroit frais. Les fagots d’épines noires sont pré- férables à tous les autres pour les Haies sèches, parce qu'ils durent plus long-tems, et que la grande quantité d’épines dont ils sont ar- més, empêchent qu'elles ne puis- sent être forcées ni franchies par le bétail. Ces fagots sont aussi trés- propres pour remplir des tranchées, former des écoulemens d’eau sous- terrains , et pour tenir la terre sé- che ; car ils se conservent long-tems sains, lorsqu'ils ne sont point expo- sés à l'air. On forme aussi quelquefois avec le Houx, des enclos forts et de longue durée ; si cette espece de Haie est fort exposée , elle sera ai- sément détruite ; mais en la précer- vant, elle produit le plus bel effer, acause de ses feuilles toujours ver- tes : elle procure d'ailleurs un bon abri au bétail pendant l'hiver; et comme ses feuilles sont armées d’é- pines, il n'y touche jamais : on objecte contre cette plante, qu'elle est d’un accroissement lent, et que les Haies qui en sont formées exi- gent d'être entourées beaucoup plus long-tems que les autres ; c'est ce qui fait qu'on ne l'emploie pas communément; mais dans les lieux décorés qui sont à la vue des habi- tations , ces sortes de Haies font un trés-bel effet, sur-tout quand elles sont bien entretenues ; elles: sont belles dans toutes les saisons i yt HAI de l’année, et pendant les vents violens qui regnent au printems, elles procurent un bon abri, si on les tient serrées et épaisses. La meil- leure méthode d'élever ces Haies, est de semer les baies du Houx dans les places où elles doivent rester ; on garde ces baies sèches dans la terre pendant une année avant de les semer , ce qui les pré- pare à croître au printems suivant: on les recueille vers Noël, qui est ordinairement le tems de leur ma- turité; on les méle avec du sable, on les place dans de grands pots a fleurs, qu'on enfonce dans la terre , et on les recouvre de dix pouces environ d'épaisseur de terre ; on les laisse ainsi jusqu’au mois d'Octobre suivant : alors on laboure la terre qui doit les rece- voir , on la nettoie exactement, et on y creuse deux rigoles à un pied d'intervalle Pune de l’autre,et de deux pouces de profondeur, dans lesquel- les on répand ces semences , de peur qu'il n'en manque quelques-unes ; car il vaut mieux avoir trop de plantes, que de laisser des endroits vuides. Ce qui m'engage à conseiller deux rigoles , est afin que la haie soit plus épaisse au bas , ce que l’on obtient rarement avec un seul rang, sur-tout si l'on n’en a pas le plus grand soin dans le commencement : quand ces plantes poussent, on arra- che exactement toutes les mauvaises herbes, qui, si on les laissoit croître, HAE 587 détruiroient bientôt les plantes, ou au moins les affoibliroient à un tel point, qu'elles seroient long-tems à se rétablir. Ce précepte ne re- garde point seulement cette espece de Haies, il convient également à toutes; car si l'on permet aux mau- vaises herbes de croître près des plantes, non - seulement elles les priveront de la plus grande partie de leur nourriture, mais elles em- pécheront encore les rejettons de pousser prés de la terre ; ce qui dé- garnira les parties basses de la Haie, et les rendra nues et minces. Lorsque les haies de Houx sont destinées a être serrées , il faut les tailler chaque année , en Mai et en Août; mais si elles ne doivent que former des enclos , on ne les taille qu’une fois par an, vers la fin de Juin, ou au commencement de Juillet : quand cet ouvrage est bien fait, ces Haies sont toujours très- belles, Les Haies sèches destinées à préser- ver les jeunes plantes du bétail, doi- vent être faites de maniere à leur laisser autant d'air qu'il est possible ; ce qui est absolument nécessaire pour l'accroissement des plantes; car si elles sont étouffées de chaque côté par des Haies sèches , elles profi- teront rarement bien. La meilleure maniere de préserver ces jeunes Haies , est de placer de distance en distance , quelques poteaux dans lesquels on perce plusieurs trous Hece: 2 558 HAE pour y passer des cordes : cette mé- thode est la moins coûteuse de toutes, et ne fait pas une fret desa- gréable : deux cordes suffiront pour arréter non-seulement les moutons, mais encore le plus gros bétail : afin de faire durer ces cordes plu- sieurs années, on les enduit de poix d'Espagne de couleur brune, qu'on fait fondre, et dans laquelle on mêle de l'huile. Cette espece denclos n'empêche jamais l'air de pénétrer, et laisse voir les mauvaises herbes, qu'on néglige souvent, darracher quand elles sont cachées par des Haies sèches, serrées, derriere les- quelles elles croissent en abondan- ce , sur-tout dans les tems humides. On mêle quelquefois le Houx avec l'Épine-Blanche en faisant des Haies; ce qui produit un bel effet lorsque ces plantes sont bien traites, sur - tout dans leur jeu- nesse; mais on doit planter le Houx assez près pour que la Haic puisse en être entièrement formée par la suite ; car lorsqu'il est parvenu à une certaine hauteur , on arrache tout-à-fait Pépine blanche; parce que ces plantes étant d'inégale gran- deur à mesure qu’elles croissent , la Haie ne seroit pas belle si ces deux especes restoient entremélées. Quand on veut former une haie avec des plantes de Houx, il faut bien labourer la terre, comme il a étérecommandé pour les semences; et si lesol n’est pas trop humide, HAI on les plante en Octobre , mais s’il est rempli d'eau , on attend jusqu'au mois de Mars: les plants ne doi- vent pas être pris dans un meilleur sol que celui qui leur est destiné; ar alorsils auroient peine à repren- dre ; sils ont été transplantés deux ou trois fois avant, ils auront de meilleures racines , et seront moins en danger de manquer ; mais on fera mieux de les enlever en mottes. Quand les gelées commencent, il ese prudent de répandre du terreau sur la terre, près.des racines, pour em- pêcher les jeunes fibres qui peuvent avoir poussé, d'être détruites par le froid : je ne conscillerai jamais de faire des Haies de Houx avec des plantes de cing ou six années d’ac3 croissement ; car quand elles sont vieilles, il leur faut plus de tems pour former une bonne Haie, que si elles étoient plus jeunes; et lorsqu'elles ont été deux fois transplantées avant, on est plus certain de les voir réussir. Je vais trairer à présent des haies destinées à la décoratien des jardins : on les plante quelquefois en arbrisscaux toujours verts, sur- tout quard on veut les avoir basses, mais si Pon désire qu’elles sélevent à unc hauteur considérable , it faut employer des arbres qui perdent leurs feuilles : on forme des Haies toujours vertes avec le Houx, if, le Laurier , le Laurier-fhym, le Phil- lyrca , YAlaterne , le Chêne vert, et quelques autres de moindre va- HA tI leur ; le Houx est préférable à tout autre, par les raisons qui ont été données ci-dsssus; on se sert néan- moins plus généralement de V'IF parce qu'il croît si serré que lorsqu'il est bien entretenu , un oiseau ne peut y pénétrer ; mais la couleur triste de VIF rend ces Haies moins agréables. Le Laurier est un des plus beaux verts de ces especes d'arbres ; mais il pousse tant de rejettons, quil est difficile de tenir en bon ctat les Haies qui en sont formées; d’ail- leurs , comme ses feuilles sont fort larges, on ne peut éviter de les couper en deux en les taillant , ce qui faic un mauvais effet: lors donc qu'on a des Haies de cette espece , la meilleure maniere est de les tail- ler avec la serpette, et de retrancher les rejettons jusqu'à la feuille. Quoi- qu'on ne puisse bien dresser une Haic par cette méthode , cependant elle aura meilleure grace que si les feuilles avoient été coupées au ci- seau. . Le Laurier-Thym est aussi une fort belle plante , qui peut ètre mise en Haie ; mais il est sujet au même inconvénient que le Laurier; et comme la plus grande beauté de cet arbrisseau consiste dans ses fleurs , qui paroissent en hiver et au prin- tems, si on le tailloit, on couperoit ces fleurs , et on lui Gteroit tout son agrément. Comme cependant on ne peut éviter de tailler les Haies qui doivent être tenues serres, cette HAT 589 espece n’y est pas très-propre ; mais lorsqu'il s'agit de cacher des mu- railles ou autres enclos , il ny a point de plante ‘qui convienne mieux que celle-ci, pourvu qu’elle soit bien traitée : comme ses bran- ches sont minces et souples , elles peuvent être dressées et palissées contre la muraille ; au moyen de quoi celles la couvrirontentièrement, et en les taillant ensuite avec une serpette, au lieu de ciscau, on peut les conduire de façon qu'elles soient garnies de fleurs depuis le bas jusqu’au haut : il faut pour cela faire cette opération dans le mois d'Avril , lorsque les fleurs sont pas- sées; on retranche alors tous les rejettons qui ont fleuri ou qui sécartent trop de la Haie, et on les coupe toujours près de la feuille, afin de ne point laisser de chicots 5 mais les nouveaux rejettons ne doivent en aucune -maniere ètre raccourcis, parce que les fleurs sont toujours produites à leur extrémi- té ; de sorte que, si on les tailloit, il n’y auroit point ou que trés- peu de fleurs sur ces plantes, ex- cepté vers le sommet où la serpette n'auroit point passé : en les taillant avec la serpette , on conserve aussi les feuilles entieres : la Haie peut- être ainsi bien dressée , ‘et tenue assez épaisse pour garnir entière- ment la muraille, et les rejettons qui croissentun peuirréguliérement, 1a, rendront plus belle que les autres 590 HAI Haies taillées au ciseau. Le Lau- rier-Thym à petites feuilles rondes est plus propre à être mis en Haies, parce que ses branches sont plus rapprochces que celles à feuilles luisantes ; il est aussi plus dur , et fleurit mieux que l’autre, quand il croît à lair libre. Après le Laurier-Thym vient le vrai Phillyréa, qui est de toutes les plantes de ce genre celle qui con- vient le mieux pour en former des Haies : les Jardiniers lui donnent le nom de Phillyréa pour le distinguer de l'Alaterne, qu'ils nomment aussi mal-à-bropos Phillyréa. Ses branches sont fortes, et ses feuilles assez larges et d’un vert foncé; comme il est dun cri médiocre, les Haies qui en sont formées peuvent être élevées à la hauteur de dix à douze pieds ; et en les tenant étroites au sommet, de façon que la neige n’y séjourne pas, on les rend très-serrées et Épais- ses, et leur beau vert fait un effet très-agréable. On cultivoit autrefois beaucoup plus communément l’Alaterne dans les jardins Anglois qu'on ne le fait à présent : on s'en est souvent servi pour former des Haïes ; mais ses bran- ches sont trop foibles pour cet usage : les vents forts les dérangent aisé- ment, ce qui les rend désagréables à la vue; elles potssent aussi fort irrégulierement, et s’écartent beau- coup; de sorte que le milieu de la Haie est souvent a découvert, et HAY qu'il n'y a que les côtés qui soient garnis et serrés lorsqu'on les taille souvent: d'ailleurs, ces branches sont exposées à être -renversées et brisées par le poids de la neige qui s'y accumule en hiver : ainsi cette plante doit être regardée comme peu propre à former des Haies. L'Ilex ou Chéne-Vert qu'on em- ploie aussi au même usage, est une trés-bonne plante pour des Haics quand on veut la laisser croître à une certaine hauteur; elle s'élargic beaucoup, sur-tout l'espece com- mune d'Angleterre; car il y en a deux autres qui viennent de la France méridionale et de l'Italie, qui sont d’un crit plus bas ; ces dernieres seroient plus propres pour des Haies moins élevées; mais elles ne sont point à présent communes ici. Lors- que ces Haies sont plantces fort ieu- nes et tenues serrées dés le commen- cement, elles peuvent être élevées en bon état depuis la terre jusqu’à la hauteur de vingt pieds et plus; mais elles doivent être plus étroites au sommet qu'en bas, afin que la : ; er 4 neige ne puisse y séjourner, ce qui dérangeroit et casseroit les branches ,” et rendroit la Haie désagréable a la vue. Plusieurs personnes ont aussi planté en Haies le Pyracantha ou Epine toujours verte, le Génévrier, le Buis, le Cédre de Virginie, le Laurier femelle, etc., ainsi que le Halimus ou Pourpier de mer, le Ge- | H AI nèt cpineux, le Romarin et plusieurs "autres plantes, à cause de leurs baics; mais comme les cing premieres es- peces ont des branches fort pliantes, et qu'elles exigent d’être supportées, et que les trois dernieres sont sou- vent détruites par les fortes gelées, elles ne conviennent point pour des Haies ; il n’y a aucune autre plante toujours verte dans les jardins An- glois, qui y soit plus propre que celles dont il vient d’être question. Quant aux arbres qui perdent leurs feuilles en hiver, ceux qui sont or- dinairement employés pour des Haies, sont les especes suivantes : Le Charme est fort estime pour des Haies, sur-tout dans les endroits où on ne les veut pas fort hautes ; ilcroit lentement dans sa jeunesse, et on peut le tenir net plus aisément que plusieurs autres plantes : comme ses branches croissent naturellement fort serrées et rapprochées, il forme des Haies beaucoup meilleures que toutes les autres especes qui perdent leurs feuilles ; mais ses feuilles mortes qui restent sur les branches pen- dant tout l'hiver , et qui ne tombent qu'au printems, lorsque les boutons commencent à pousser, font un effet assez désagréable. Le Hètre est aussi trés-propre pour des Haies , il a le même avan- tage que le Charme; mais ses feuil- les mortes restent aussi fort long- tems sur les branches: d’ailleurs, la liticre qu'il fait pendant une grande HAT 591 partie de l'hiver, empéche qu’on ne puisse tenir les jardins nets durant toute cette saison. L'Orme Anglois à petites feuilles, est un arbre de haute-futaie qui, étant planté jeune et bien taillé dans le commencement, peut former un enclos de trente ou quarante pieds d'élévation, fort serré et épais dans toute sa hauteur ; mais quand on plante ainsi cette espece, il ne faut pas que les arbres soient trop prés les uns des autres, comme c’est assez généralement Pusage; car lors- qu'ils ont bien profité pendant quel- ques années, leurs tiges sont si rapprochées , qu'à peine y ail quelques branches dans le bas, et la Haie se trouve par-là dégarnie : je pense donc qu'il faut les planter, au plus près, à sept, huit ou dix- pieds les uns des autres;ct quoique par cette méthode ils ne forment pas aussitôt une Haie que s'ils éroient plus rapprochés, cependant en peu d'années ils rempliront ce vuide, et croitront plus serrés et mieux garnis depuis la terre jusqu’au sommet. L’Orme de Hollande étoit autre= fois fort estimé pour des Haies, parce qu'il est d’un crût prompt, et qu'il réussit dans les sols où lOrme Anglois ne peut profiter ; mais le mauvais cffer que ces clôtures pro= duisent après quelques années, les ont fait reietter des Jardins. Le Tilleul est aussi recommandé pour des Haics: ceux qui se trouvent 592 H AI dans quelques anciens jardinsavoient assez d'apparence quelques années après avoir été plantés , sur-tout dans un sol humide ; mais bientôt après ils se sont dégarnis vers le bas, quoique taillés au sommet, et sont devenus désagréables à la vue: d'ailleurs, comme les feuilles du Tilleul sont rares sur les branches, qu'elles deviennent noires, qu'elles tombent de bonne heure en au- tomne, et souvent en été, quand le tems est fort sec, on a rejetté cet arbre, et l'on ne s'en sert plus pour des enclos. On ne doit pas non plus employer les arbres dont la croissance est trop forte: car plus ils sont taillés, plus ils poussent; de maniere qu’en trés- peu de tems ils font un effet fort désagréable : d’ailleurs la dépense que l’on est obligé de faire pour les tailler souvent, devient considéra- ble, er ils font beaucoup de litiere dans les jardins. L’Aune est souvent employé dans les Haies, et quand le sol est humide, il n’y a point d'arbre qui lui soit préférable , parce que ses feuilles sont d'un vert vif, et qu'elles se conservent tard en automme ; quand elles se flétrissent, leur litiere est bientôt passée, parce qu'elles tombent toutes en même tems. Outre les especes dont il vient d'être question, il y a beaucoup darbrisseaux à fleurs qui.ont servi à former des Haies, tels sont les H AI Rosiers, le Chevre-feuille, l'Eglan- tier odoriférant; mais tous n’ont aucune apparence, parce qu'ils sont difficiles à dresser , et que, quand ils sont taillés, ils ne produisent plus de fleurs ; ajoutez a cela qu'ils ne peuvent faire des Haies d'une cer- taine hauteur. Quoique j'aie donné d’amples ins- tructions pour former des Haies de décoration dans les jardins, je suis cependant bien éloigné de les re- commander comme un ornement bien entendu; mais comme beau- coup de personnes ne pensent pas ainsi, elles auroient pu se plaindre si j'avois négligé d’en parler; c’est par cette raison que j'ai rapporté tout ce que je croyois nécessaire pour former ces Haies dans le der- niers goût et avec le moins de frais possible , et que j'ai indiqué les ar- bres qui, disposés de cette manicre, pouvoient produire quelque agré- ment. " Comme la plupart de ceux qui plantent sont fort pressés de voir leur jardin rempli, ils multiplient si fort les arbres, qu’au bout de trois ou quatre ans ils sont forcés d’en arracher les trois quarts pour laisser croître les autres : beaucoup de per- sonnes recommandent mal-à-pro- pos cette pratique, sous prétexte du bénéfice qui peut en résulcer. L'art du Jardinage ayant fait des progrès rapides depuis peu d’an- nécs, On a presque entièrement rejetté HAN rcjetté Pusage de ces Haies taillées , et il faut espérer que dans peu elles seront bientôt exclues des jardins Anglois , comme on a déjà fait pour les arbres verts taillés, qui cepen- dant étoient regardes autrefois comme le plus grand ornement d’un jardin : les Hollandois nous avoient apporté ce goût, et les Haies éle- vécs, ainsi que les ouvrages en treillages , nous venoient des Fran- çois. La dépense des treillages de fer pour soutenir les arbres qui for- moient les cabinets, les pavillons, les berceaux, les portiques et autres pieces d'architecture champètte , deVenoit très- considérable , et j'ai su que dans un seul jardin, il en avoit coûte plus de vingt mille écus, seulement pour élever des arbres en forme de pilastres, de niches, de corniches, de frontons, etc. Lors- que ces arbres ne peuvent plus con- server leur premiere forme, on les taille fort près, mais malgré cela elle est entièrement altérée lorsque les nouveaux rejettons commencent à pousser , et ils ne présentent plus alors que des masses irrégulieres, au-lieu d'une belle piece d’archi- tecture. Ce genre d'ouvrage n’a jamais fait beaucoup de progrès en Angleterre; mais la méthode Francoise d’entou- rer toutes les différentes parties d’un jardin, avec des Haies hautes et tail- lées qui forment de grandes allées, des bosquets en étoiles, et d’autres Tome III. HAI 593 formes aussi guindées , a malheureu- sement trop pris en Angleterre; plus ces charmilles ou Haies tailléesétoient hautes, et plus elles étoient admirées, malgré qu'elles Gtassent la vue des nobles Chênes et autres arbres de haute-futaie , qui plaiseient infini- ment plus aux personnes de bon gout, que toutes ces formes ridicules ima- ginces par l'art : si d’ailleurs on con- sidcre la dépense qu occasionne l'en- tretien de ces Charmilles ou Haies, l'ordure qu'elles répandent lors de la taille, et un grand nombre d’au- tres inconvéniens qu’on peut encore ajouter, on se hâtera de les exclure des jardins, et on ne les emploiera jamais que pour cacher à la vue des objets désagréables. HAIES-VIVES. Par ce mot Haies- Vives, oneatend généralement celles qui sont faites avec quelqu'espece d'arbres oude plantes que ce soit, pour les distinguer des Haies mortes : dans le sens le plus strict de ce mot, on entead ordinairement l'Épine blan- che, Mespilus sylvestris. C’est le nom que donnent a cette plante les Jar- diniersqui la cultivent pour la vendre, On doit préférer pour ces Hajes les plantes élevées en pépiniere , a celles qu'on arrache dans les bois, parce que ces dernieres ont rarement de bonnes racines; cependant com- me elles sont ordinairement plus grandes que celles des pepinieres , beaucoup de gens les préferent ; Frft 594 H Al mais une longue expérience m'a dé- montré que les Haies faites de plan- tes tirées des pépinieres étoient tou- jours les meilleures; et si l'on vou- loit avoir la patience de les attendre de semences , et de répandre les, baies des Epines dans les endroits némes où la Haie doit être placée, les plantes qui en proviendroient. feroient une Haie plus forte et plus durable que celles qui auroient été transplantées. Je prévois que plusieurs personnes condamneront cette pra- tique comme trop lente; mais si l'on enterre le fruit de cette Epine pen- dant un an pour le préparer à ger- mer avant de le semer, on ne sera pas obligé d'attendre si long-tems qu'on le croit pour avoir une bonne Haie : d'aprés plusieurs essais de ce genre que j'ai faits moi-même, je suis Convaincu que les plantes sc- mées en place , ont fait tant de progres, que dans l'espace de six ans, elles sont devenues aussi fortes que celles qui avoient ¢té plantces à l'âge de deux ans. Si on se détermine à suivre cette méthode ,on fera bien de mêler des baies de Houx avec celles de l'E- pine; on les tiendra en terre les unes et les autres pendant un an, afin de les préparer, et elles pousseront en- semble au printems suivant : ce mc- lange du Houx avec l’Épine pro- duit un bon effet pendant l'hiver, et rend les Haies impenetrables vers le bas. HA el Quand on veut planter les Haies au-lieu de les semer, les plants ne doivent pas avoir plus de trois ans: s'ils sont plus vieux, leurs racines sont dures ct ligneuses ; et comme on les taille ordinairement fort pres, ils manquent assez souvent, et ceux qui reprennent ne font que de trés- foibles progrès, etne durent pas aussi long-tems que les jeunes plantes. Cette espece d’arbrisseau ne soufre pas la transplantation aussi bien que les autres, sur-tout si elle a resté long-tems dans la pépiniere. La mé- thode de planter , de plier et de tailler ves Haies, ayant déjà été donnée dans l'article précédent, fa- jouterai seulement ici celle que Tho- mas Franklin a indiquée , aprés l'a- voir pratiquée lui-même fort long- tems. { Il marquoit dix pieds de largeur pour le fossé etla Haie; il divisoit cet espace en prenant deux pieds et demi a chaque côté, plus ou moins, pour les fossés, entre lesquels se trouvoit un intervalle de cinq pieds, qu'il divi- soit encore en trois largeurs, une de deux pieds dans le milieu, et deux d’un pied chacune sur les côtés: c’est sur cette partie de deux pieds de diametre qu’il plantoit sa Haie après en avoir bien labouré la terre, Quoi- que cette méthode exigeät plus de travail et de dépense que les autres, elle dedommageoit bientôtdes avan- ces: il commençoit ensuite les fossés dans le lieu désigné, et les bordoit en- HuAr I dedans d'un rang de gazon, l'herbe en-dehors et un peu inclinée , afin qu'elle put pousser. Après ce travail, il retournoit à l'endroit où il avoit commencé, et ordonnoit à ses ouvriers de prendre sur un fer de béche, de la terre au- dessous du gazon qui venoit d’être placé, et de la mettre entre les deux rangs de gazon sur l'espace labouré de deux pieds de largeur: un homme plantoit en même tems les tiges d'É- Pines à un pied de distance sur la surface , et presque droites , tandis qu'un autre ouvrier jettoit la terre par-dessus : on continuoit ainsi jus- qu'à ce que l'ouvrage flit termine. Cette opération faite, il faisoit placer par ses ouvriers un rang de chaque côté au-dessus du précédent, et remplir le vuide entre les plantes et les gazons jusqu'a leur extrémité; il laissoit le milieu où étoient les plantes un peu creux, et plus bas que les deux. côtés de huit ou dix pou- ces, afin que la pluie pût descendre jusqu'aux racines pour hater leur # accroissement; ce qui est bien préfé- rable à l’ancienne méthode , suivant laquelle on dennoit trop de talut avx fossés, et où rarement les racines des plantes étoient humectées , même dans les tems les plus humides: lors que la saison étoit sèche, les plan- tes, sur - tout celles qui avoient été plantes tard, périssoient , ct trés- peu de celles qui avoient été mises en terre au commencement d'Avril HAI 595 échappoient , lorsque l'été se trou- Voit sec. Apres la plantation , on doit d’a- bord établir une Haiescche de vingt pouces à-peu près de hauteur, et la placer de chaque cété sur le bord des terres, en la penchant un peu en-dehors , ce qui protégera aussi bien, et même mieux, la Haie-Vive, que si on l'élevoit de trois pieds au-dessus de la surface de la terre; car ces Haies étant élevées par la terre et le gazon, à-peu près à vingt pouces , cette hauteur, jointe aux vingt pouces de la Haie, feront trois pieds quatre pouces : cette élévation suffit pour empêcher les bestiaux d'approcher de la Haie sèche pour lendommager , à moins qu'ils ne mettent le pied dans le fossé même, qui aura au moins un pied et demi de profondeur ; mais du fond du fossé jusqu'au haut de la Haie, il y a à- peu-près quatre pieds et demi, er il sera impossible à ces animaux de passer la tête au-dessus de cette hau- teur pour brouter les plantes, com- me ils le feroient si la Haie étoit faite suivant l’ancienne méthode : d’ailleurs cette Haie sèche étant construite ainsi, durera une année de plus. Le même Auteur dit qu'il a eu une Haie qui a duré cing ans. Quoi- que neuf ou dix pieds aient suffi pour les fossés et la levée, cepen- dant, lorsque la terre n’est pas bien bonne, il conseille de prendre douze EFCE 2 596 H AI pieds, ce qui donne plus de place pour la Haie sèche, et une plus grande distance pour les plantes; les foncests n'étant pas profonds, l'herbe y Croitra en peu d'années, On objecte que douze pieds sont trop de terrein perdu; mais l’Au- teur répond , qu'en prenant douze pieds de largeur pour les fossés et les levées , il n'y aura pas plus de ter- rein perdu que suivant la méthode ordinaire , par laquelle on plante rarement une Haie-Vive, sans laisser neuf pieds d'intervalle entre les deux Haies sèches , ce qui est entièrement perdu, tandis que la clôture subsiste; au-licu qu'avec les fossés , il reste au moins dix-huit pouces à chaque côté où les gazons sont placés, et ces ga- zons produisent plus d'herbe que s'ils étoient à plat. - Convenons cependantqu’il ya trois pieds de terre enticrement inutiles ; mais cette perte est peu de chose, puisque quarante perches, qui équi- valent à deux cent vingt pas de lone gueur, feront sept perches ou sept perches et demie, lesquelles, à treize schelings quatre sousde loyer, feront sept sous et demi de perte par an. Si l'on compare la dépense des deux mé- thodes, on verra que la meilleure est la moins dispendieuse. Suivant la méthode ordinaire , le prix d’un fossé de trois pieds, estde quatre sous par perche et Ie pro- pnétaire est obligé de fournir les plantes ; si l'ouvrier les fournit, il coûteront 4 liv. sterling, H Al aura pour faire les fossés et planter la Haie-Vive huit sous par perche, et pour la Haie sèche deux sous, c'est- à-dire quatre sous pour les deux côtes, ce qui, en total, pour construire les Haies sèches, planter la Haie- Vive, et creuser les fossés, fait douz sous par perche ; ainsi 40 perches cotiteront 40 schelings Une voiture de bois, quoique prise a une lieue de distance, coû- tera dix schelings ; avec cette quan- tité on pourra faire huit perches de Haie sèche; mais supposons dix perches: ainsi pour une Haie de 40 perches des deux côtés, il faut au moins huit voitures de bois, qui laquelle somme jointe à la dépense nécessaire pour creuser les fossés et planter les Haies-Vives, fera, au meilleur mar- che, 6 liv. sterling pour 40 per- ches; car personne n’entreprendra de le faire à moins de trois schelings 6 sous par perche , et alors même la dépense sera de 71. sterl. pour 40. Par la nouvelle méthode on fera creuser le double fossé, et on paiera ® les plants pour huit sous par per- che, et les ouvriers gagneront au- tant qu'avec un simple fossé ; car quoique le travail soit plus considé- rable , cependant ils s’épargnent le peine de faire une tablette qui coûte une livre sterling six schelings huit sols; et, les Haies étant basses , ils seront mieux payés à 2 sous par perche, qu'à deux sous pour les HAL Haies ordinaïes ; or, deux sous par perche, font six schelings huit sous pour deux Haies de 40 perches : il en coûtera aussi deux tiers moins de bois que par la méthode ordinaire, ce qui fera une livre sterling six schelings huit sous; ainsi toute la dépense, tant pour la main-d'œuvre que pour l'achat du bois et des plantes, ne passera pas 3 livres sterlings, pour 40 perches de Haies- Vives, les Haies et le bois. HAIEFLEURIE. 7. POINCIANA. HAIE FLEURIE BATARDE. Voy. ADENANTHERA. HALESIA. Lin. Gen. Plant. $ 96. Caracteres. Le calice est petit, persistant, et formé par une feuille découpée en quatre parties; la co- rolle est en forme de cloche, gon- fée, monopétale, et divisée sur ses bords en quatre lobes : la fleur con- tient depuis douze jusqu’à seize éta- mines plus courtes que la corolie, et terminées par des sominets oblongs et érigés ; le germe est placé au-dessous , il est oblong, et soutient un style mince plus long que la corolle , et couronné par un stigmat simple: ce germe devient ensuite une noix oblongue, étroite aux deux extrémités, à quatre angles, et à deux cellules, qui ren- ferment chacune une semence simple. Ce genre de plantes est rangé HAL 597 dans la premiere section de la dou- zieme classe de LINNEB, intitulée : Dodécandrie monogynie , avec celles dont les fleurs ont douze étamines et un style. Les espèces sont : 1°. Halesia tetraptera , foliis lan- ceolato-ovatis, petiolis glandulosis. Lin. Sn 1636: Halésie avec’ des fcuilles ovales, en forme de lance ; dont les pétioles sont garnis de glandes. Halesia fructibus membranaceo> quadrangulatis. Ellis. Act. Angl. v flip. 931.4 raf. A. Frutex Padi foliis serratis, floribus monopetalis albis, campani-formibus ; fructu crasso, tetragono. Catesb, Hist. Carol. 1. p. 64. t. 64. 2°. Halesia diprera, foliis ovatis , periolis levibus. Lin. Sp. 636. Halésie avec des feuilles ovales et des pé- tioles lisses. Halesia fructibus alaris. Ellis. Act. Angl. v. §{.t. 931. f. B. Ce genre de plantes prend son nom du savant Docteur Hales ; Ministre de Teddington, près de Hamptoncourt. Tetraptera. Ces deux especes croissent naturellement dans la Ca- roïine septentrionale; la premiere sur les bancs de la riviere Santée; ou elle séleve , souvent avec deux ou trois tiges qui sortent de la méme racine, jusqu'à quinze à vingt pieds de hauteur, et se divise vers son somrnet en plusieurs brane 598 HAL ches garnies de feuilles ovales, en forme de lance, et sci¢es sur leurs bords ; ses fleurs sont produites en grappes sur les côtés des branches, au nombre de deux, trois, six ou sept dans chacune ; elles sont en forme de cloches , inciinces vers le bas, et ont une corolle blanche découpée au bord en quatre parties: ces fleurs sont remplacées par des noix oblongues, garnies de quatre ailes, et à quatre cellules, qui renferment chacune une semence oblongue. Diptera. La seconde ressemble beaucoup à la premiere ; ses feuilles sont ovales, ses petioles lisses, et son fruit n’a que deux angles. On multiplie ces plantes par se- mences quand on peut s’en procurer de fraîches de leur pays natal ; on les met dans des pots aussitôt qu'on les reçoit, et on les plonge dans la terre à une exposition où elles puissent jouir du soleil du matin, Comme ces semences restent sou- vent ainsi une année entiere, il ne faut pas déranger les pots jus- qua ce qu'il ny ait plus d’espé- rance de les voir pousser : quand les plantes paroissent, on les met l'abri du soleil, et on les ar- rose souvent, mais légèrement; car tandis qu'elles sont jeunes, leurs tiges sont sujettes à se pourrir par Fhumidité; l'automne suivant on place les pots sous un chassis ordi- naire, où les plantes puissent jouir H AL de l'air dans les tems doux, et être à l'abri des gelées : au printems , avant que les plantes commencent à pousser, il faut les mettre chacune séparément dans de petits pots, les plonger dans une couche vitrée, où elles puissent être à l'abri du soleil, les tenir à l'ombre pendant Pete, et les mettre à couvert des gelces en byver : au printems suivant on peut les tirer des pots et les planter à demeure en pleine terre. HALICACABUM 7. PHYSALIS ANGULATA. L. HALICACABUM PEREGRINA. Voyez; CARDIOSPERMUM HALI- CACABUM. L. HALIMUS. Voyez ATRIPLEX HALIMUS. L. HALLERIA. Lin. Gen. Plane. 679. Capri-folium. Boërh. Ind. Alt. 2. p. 226. Chevre-feuille à mou- che d'Afrique. Caracteres. Le calice est persistant et d’une feuille découpée au som- met en trois parties, dont le seg- ment supérieur est beaucoup plus large que les autres. La corolle est monopétale et labi¢e : le fond du tube est rond; ses lèvres sont enflées et courbées, et son bord est érigé, oblique, et découpé en quatre seg- mens, dont le supérieur est plus long que les autres, émoussé et HAL divisé par une dentelure au sommet; les deux latéraux sont plus courts et pointus , et celui du bas est fort court et aigu : sa fleur a quatre étamines velues, dont deux sont plus longues que les autres, et qui sont toutes terminces par des som- mets jumeaux. Dans le fond du tube est situé un germe ovale , avec un style plus long que les étamines, et couronné par un stigmat simple; ce germe devient ensuite une baie ronde et à deux cellules, dont cha- cune renferme une semence dure. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de la quator- zieme classe de LINNÉE, intitulée : Didynamie angiospermie, qui ren- ferme celles dont les fleurs sont la- biées, à deux étamines longues et deux plus courtes, et dont les se- mences sont renferm¢ées dans une capsule. : - Nous n'avons qu'une espece de ce genre. Halleria lucida. Hort. Cliff. 3233 Halléria à feuilles Iuisantes. Cette plante porte le nom du Docteur Haller, qui a été Professeur de Botanique à Gottingen en -Alle- magne. Capri - folium Africanum , folio Pruni leviter ferrato, flore ruberrimo,* baccâ nigré. Boër. Ind. Alt. 2, 2263 Chevre-feuille a mouche d’ Afrique, avec une feuille de Prunier légere- ment sciée, et une fleur fort rouge qui produit une baie noire. Lt ie es 599 Halleria foliis ovatis , longitudina- liter , ferratis. Roy. Lugd.-B. 189. Lonicera foliis lucidis, acuminatis, dentatis , fructu rotundo. Burm, Afr. 244. t. 89. f. 3. Solanum flore Periclymeni. Amm. Herb. 591. B. Halleria foliis lanceolato -ova- tis , supernè serratis. Roy. Lugd.-B. 289; variété à feuilles en forme de lance et ovales, et scices à l’extré- mité. Lonicera folio acuto, serrato; flore pendulo, fructu oblongo. Burm. Afr: Paget. SO. 29 © Le nom que je donne ici a cette plante, est ceiui sous lequel quelques Jardiniers la connoissent, parce qu'ils ont remarqué que la forme de sa fleur a quelque ressemblance avec celle du Chevre-feuille à mou- ches ou érigé; cette Nomenclature peut aussi provenir du nom Latin qui lui a été donne par le Docteur Boërhaave, qui en a fait une espece de Chevre-feuille. Cette plante s'éleve à la hauteur de six ou huit pieds, avec une tige ligneuse bien chargée de branches garnies de feuilles ovales, scices et opposées, qui conservent leur ver- dure pendant toute l’année : ses fleurs sortentsimples, et sont de cou- leur rouge; mais comme elles sont éparses cà et là, et que les feuilles les cachent, on re peut les apper- cevoir quen les cherchant sur les branches; elles paroissent en Juin, 600 HAM et leurs semences mürissent en Sep- tembre : comme les feuilles de cette plante restent vertes en hiver , elles font une belle variété dans Poran- gerie pendant cette saison. On peut la multiplier par bou- tures, qui prennent bientôt racine si on les plante en Juin dans des pots remplis de terre légere, et si on les plonge dans une couche de chaleur douce : ces plantes peuvent rester en plein air pendant l'été, en leur donnant beaucoup d’eau durant cette saison; mais en hiver il faut les mettre a couvert avec les Myrtes et les autres plantes exotiques dures, qui exigent beaucoup d'air dans les tems doux. HAMAMELIS. Lin. Gen. Plant. 195. Trilopus. Mitch Gen. 223 Noisetier magique, ou la Mort-aux- Rats. Caracteres. Dans ce genre il y a des fleurs miles et des fleurs femelles sur différentes plantes; les mâles ont un calice à quatre feuilles et une corolle à quatre pétales étroits et réfléchis; elles ont quatre éta- mines en forme d’aléne plus courtes que les pétales , et terminées par des sommets cornés et réfléchis : les fleurs femelles ont une enveloppe à quatre feuilles, dans laquelle sont quatre leurs , un calice coloré er à quatre feuilles, quatre pétales érroits et réfléchis, et quatre nectaires fixés aux pétales : dans le centre est HAM placé un germe ovale et velu , qui soutient deux styles, couronnés par des stigmats à tête : ce germe de- vient ensuite une capsule ovale pla- ce dans l'enveloppe, et a deux cel- lules, qui renferment chacune une semence dure , oblongue et unie. Ce genre de plantes se trouve dans la seconde section de la qua- trieme classe de LINNEE; mais il seroit plus à propos de le ranger dans la seconde section de sa vingt- deuxieme classe , qui renferme celles dont les fleurs mâles et femelles sont sur différentes plantes, et dont les femelles ont deux styles. Nous n'avons encore qu'une espece de ce genre dans les jardins Anglois. Hamamelis Virginiana. Flor. Virg. 139. Cold, Noveb. 18. Catesb. Car. 3. pe 2. t 2. Duham. arb. 1. p. 287. t. 1143 Noiïsetier magique. Trilopus. Mitch. Gen. 22. Pistacia Virgiana nigra ; Coryli foliis. Pluk, Alm. 295; Pistachier noir de Virginie a feuilles de Noi- setier, Noisctier magique, ou Ia Mort-aux-Rats. Cette plante croit naturellement dans l'Amérique septentrionale , d'où ses semences ont été apportées “en Europe, et ont produit plusieurs plantes dans les jardins Anglois. Les Jardiniers de pépinieres l'ont mul- tipli¢e pour en faire commerce: elle a une tige ligneuse de deux ou trois pieds de hauteur, qui pousse plusieurs HAM en plusieurs branches minces, gar- nies de feuilles ovales et dentelées sur leurs bords, qui ressemblent beaucoup à celles du Noisetier, et sont alternes sur les branches : ces feuilles tombent en automne; et quand les plantes sont dépouillées, les fleurs sortent en paquets aux nœuds des branches; elles paroissent quelquefois 4 la fin d'Octobre, et souvent en Décembre; mais elles ne produisent point de semences dans ce pays. Comme les fleurs de cet arbris- feau ont peu d'apparence , on ne le cultive que dans les jardins des curieux, plus pour la variété que pour la beauté, On le multiplie, en marcottant en automne ses jeunes branches, qui produiront des racines au bout d’une année , pourvu qu'elles soient bien arrosées dans les tems secs; mais plusieurs des plantes qui se trouvent dans les jardins, proviennent des semences envoyées de l’Amérique : comme ces graines restent toujours une année avant de germer, il faut les mettre dans des pots qu'on peut plonger dans la terre et a l'ombre, où on les laisse pendant tout l'été; elles n’exigent aucun autre soin que détre débarrassées des mauvaises herbes, et arros¢es de tems en tems pendant les secheresses : on place les pots en automne à une expo- sition favorable, et on les plonge dans la terre sous une haie chaude : Tome III. HAM Got si l'hiver est trés-dur, on les cou- vre légèrement , pour empécher les gelées de les détruire. Les plantes poussent au printems: a mesure que la saison devient chaude, on remet les pots dans une situation ou ils puissent jouir du soleil jusqu'à onze heures, et on les arrose convenablement dans les tems secs : ces plantes auront fait d'assez grands progrès pour l’au- tomne; alors il faudra les trans- planter ou dans de petits pots, ou dans une planche en pépiniere, où elles deviendrontassez fortes en deux ans pour pouvoir être prises à de- meure en pleine terre : elles se plaisent dans un sol humide et à l'ombre. HAMELLIA. Lin. Gen. 232. Caracteres. Dans ce genre le calice est petit, persistant et dé- coupé en cinq segmens aigus; la corolle est monopétale, et pour- vue d’un long tube , dont le bord est découpé en cinq pointes aiguës; la fleur a cinq étamines en forme d’alêne , insérées au milieu de la corolle , et terminées par des som- mets linéaires de la longueur du pétale, et un germe ovale dont la pointe du bas est conique : ce germe soutient un style mince aussi long que la corolle, et couronné par un stigmat obtus et linéaire; il devient dans la suite une baie ovale, sillonnée et à cinq cellules Gggg 6c2 HAM refiplies de petites semences com- BU primces. Ce genre de plante est rangé dans le premier ordre de la cin- quieme classe de LINNEE, intitu- le : Pentandrie monogynie , avec celles dont les fleurs ont cing étami- nes et un style; son nom lui a été donné en l'honneur de M. Du- hamel Desmonceaux , Membre de l'Académie des Sciences à Paris, et Associc de la Sociéié Royale de Londres, Gentilhomme bien connu des Savans par plusieurs Ouvrages utiles qu'il a publiés. Nous n'avons qu'une espece de ce genre : Hamellia patens racemis patentibus. Jacq. Amer. 72. t. 50. Hamellia avec des épis de fleurs étendus. La mort dux rats. Periclymenum arborescens 5 ra- piulis ‘injlexis , flore luteo. Plum, 218% Certe plante croît naturellement en Afrique , ainsi que dans les pays chauds de? Amérique: ses semences, qui m'ont cté envoyées de Paris, avoient été apportées du Sénégal par M. Adaäanson , sous le titre de Mortura ; mais avant cela j'avois reeu un dessin de la plante en fleuts, du feu Docteur Houstoun, quil avoit découverte en Amérique, où M. Jacquin l'a trouvée depuis. c Elle s'éleve à la hauteur de cinq ou six pieds, avec une tige li- HA M gneuse, qui produit plusieurs bran- cha crigces vers le sommet, et gar- nies 4 feuilles ovales HR. placées par trois autour des bran ches , et portées sur des petioles rouges : ses fleurs naissent aux ex- trémités des branches en épis min- ces; elles sont tubulces, érigées, d'un rouge brillant, et découpées sur feu bords en cing segmens aigus; mais elles ne donnent point de graines en Angleterre. On multiplie cette plante par, semences , hu on peut sen pro- curer de fraîches de son pays na- tales tes paroissent toujours cing ou six semaines après; alors on les traite de la méme maniere que les autres i 4 i 1 qui viennent des mêmes contrées, . en leur donnant de lair frais dans les tems chauds, et en les arrosant légèrement : lorsqu’elles sont en état d'etre transplantées , on les met chacune séparément dans un petit. pot, qu'on replonge dans la couche. chaude, où l'on doit les tenir à : POP jusqu'a ce qu'elles aient | on les répand dans de petits. pots, qu'on plonge dans une cou- che de chaleur modérée : les plan- formé de nouvelles racines ;:après | quoi on leur donne de lair et des , arrosemens won ro ortionne , > toujours a la chaleur de Ja saison: ; on place ces plantes | en automne, ; dans la come de tan de Ja serre chaude, et on les y laisse constam- ment : elles fleurissent en Juillet et Haws en Aotit, et font alors un fort bel effet. Comme on apporte rarement en Angleterre les semences de cette plante , on peut Ia multiplier par boutures, qui prendront racine en six semaines , si elles sont plantées dans de petits pots, plongées dans une couche de chaleur modérée, et bien couvertes avec une cloche : on peut les traicer ensuite de la méme maniere que les plantes de semences. HANEBASSE , JUSQUIAME ox POTELEE. Voyez HyoscyaMus NIGER. HARICOTS. Voyez PHASEOLUS. VULGARIS. Dolichos. HARMALA. Poyez PEGANUM. HASSELQUISTIA. Lin. Gen. 3 41. Caracteres. Cette plante est a oinbelles ; lombelle principale est composée de six rayons étendus ; elles sont pour la plupart doubles, la‘ plus grande enveloppe a plusieurs Pevilles® courtes et garnies de poils hérissés; le calice est fort petit et a cing échancrures ; ombelle gc- nérale est à moitié radiée : les fleurs extérieures sont fructueuses , mais celles du disque sont stériles ; elles ont cing petales, et cing étamines minces plus longues que les pétales, et terminées par des sommets ronds ; H,A;,S 603 le germe est turbiné et placé sous la fleur; il soutient deux styles minces recourbés, et couronnés par des stigmats obtus: ce germe de- vient ensuite un fruit orbiculaire, composé de deux semences garnies de bordures. Ce genre de plantes est rangé dans le second ordre de la cinquieme classe de LINNEE, intitulé : Penzan- drie digynie , qui comprend celles: dont les fleurs ont cinq étamines et deux styles. On lui a donné ce nom en l’hon- neur de M. Hasselquist, Eleve du Docteur LINNÉE. Hasselquistia LE gyptiaca. Amen. Acad. 4. p. 270. Jacq. Hort. 87. Gouan. Mlustr. p. V1. Pastinaca Orientalis , foliis ele- ganter ineisis. Buxt. Cent. 3. p. 16. Panais du Levant à feuilles ¢légam- ment découpées. Cette plante est bisannuelle, et originaire des pays chauds ; on la conserve difficilement en Angle- terre ; car lorsqu'elle pousse de bonne-heure au printems ,: elle ne perfectionne pas ses semences dans la mème année; et quand elle pa- roit en automne, elle est exposte à périr pendant l'hiver : ainsi la meilleure méthode pour se procurer de bonnes graines dans ce pays; est de les semer dans des) pots vers. le milieu d'Août , et de les placer de façon. qu’elles: puissent jouir seule- ment du soleil du matin; on les Gggg 2 604 HED arrose convenablement, et à me- sure que les plantes poussent , on les enleve , et on les éclaircit où elles sont trop serrées; on place en Octobre les pots qui les contiennent sous un châssis ordinaire, où elles puissent jouir de l'air dans les tems chauds, et étre à l'abri des gelces : au printems suivant , si les plantes sont tirées des pots avec soin et mises en pleine terre, elles fleuri- ront en Juin, et leurs semences müriront en Août. HEDERA. Lin. Gen. Plant. 249. Tourn. Inst. R. H. 612. Tab. 384. Lierre. Caracteres. La fleur, qui est dis- posée en forme d’ombelle, a une enveloppe découpée en plusieurs parties; le calice est divisé en cinq segmens, et placé sur le germe : la corolle est composée de cinq péta- les oblongs, entièrement ouverts , et dont les pointes sont courbées : la fleur a cing étamines en forme d'alène , terminées par des sommets inclinés , et divisées en deux parties à leur base : le germe, qui est situé au-dessus, soutient un style court, et couronné par un simple stigmat: ce germe devient ensuite une baie globulaire, et a une cellule qui renferme quatre à cinq grosses se- mences, convexes d’un côté, et angulaires sur l’autre. Ce genre de plantes est rangé dans la premiere section de la cin- BE D quieme classe de LINNEE, qui renferme celles dont Ies fleurs ont cinq ¢tamines et un seul style. Les especes sont: 1%. Hedera helix ; foliis ovatis lobatisque. Flor. Lapp. 91. Fl. Suec. 190, 209. Hort. Cliff. 74. Mat. Med. 70. Roy. Lugd.-B. 223. Lierre dont les feuilles ont des lobes de forme ovale. Hedera arborea, C. B. p. 305. Lierre en arbre. Hedera communis major. J. B. 2 5 111. Grand Lierre commun et grimpant. B. Hedera poetica. Bauh. Pin. 305. Y. Hedera major sterilis. Bauh. Pin. 305. D. Hedera humi repens. Bauh. Pin. 305. Variétés occasionnées faute de soutien. 2°. Hedera quinque-folia, foliis qui- natis ovatis , serratis. Hort, Clif. 74. Roy. Lugd.-B. 223. Gron. Virg. 24. Lierre avec des fouilles à cinq lobes et scices. Hedera quinque-folia Canadensis. Corn. Canad. 99. r. 100. Helix. Mitch. Gen. 30. Fitis Hederacea Indica. Stapel. Theatr. 364. Vitis quinque-folia Canadensis scandens, Tourn. Inst. 613. Vigne de Canada grimpante à cinq feuilles, ordinairement appelee Grimpeur de Virginie. * HED Helix. La premiere espece croît naturellement. dans la plus grande partie de l'Angleterre , où elle s'accroche aux soutiens voisins , et s'éleve ainsi à une hauteur censi- dérable , en poussant de chaque côté de ses tiges, des racines qui pénètrent dans les jointures ou fen- tes des murailles , ou dans l'écorce des arbres, pour se soutenir ; si elles ne rencontrent dans le voisi- nage aucun corps contre lequel elles puissent s'appuyer, elles rem- pent alors sur la terre, et produi- sent dans toute leur longueur des racines qu'il est fort difficile de dé- truire ; car si on en laisse une pe- tite partie, elle repousse bientôt, et fournit une nouvelle plante, qui s'étend comme la premiere. Les tiges de cette espece sont minces et flexibles ; mais quand elles sont parvenues au sommet de leur sou- tien, elles se raccourcissent, devien- nent ligneuses et se forment en buis- son: alors leurs feuilles sont plus larges , plus ovales , et ne sont plus divisées en lobes , comme les feuilles du bas; ce qui donne à la plante une apparence différente, et la fait prendre par quelques per- sonnes pour une espece distincte. Comme a la fin du dernier siecle, la. mode étoit de remplir les jardins de toutes especes d'arbres verts taillés, on voit plusieurs de ces plantes élevées en tête ronde ou en cône ; et comme elles étoient HED 605 assez dures pour n'être point en- dommagées par le tems , et qu’elles profitoient dans tous les sols, on en faisoit beaucoup de cas: mais depuis qu'on a négligé ce goût forcé et contre nature , on les admet rare- ment dans les jardins , à moins que ce ne soit pour couvrir des mu- railles, ou remper sur des grottes, etc. ; car il n'y a aucune plante qui soit plus propre à cet usage. Il y a deux variétés de cette espece , l'une à raies argentées , et l’autre avec des feuilles jaunâtres sur le sommet des branches; on les conserve dans quelques jardins pour la varicté. On multiplie aisément ces plan- tes par leurs branches trainantes , qui poussent des racines dans toute leur longueur ; on les coupe et on les plante 4 demeure , contre des tiges d’arbres, des murailles, ou des palissades qu’on veut couvrir: elles réussisent dans toutes les situa- tions. On les multiplie aussi par leurs graines, qu'on seme bientôt après qu'elles sont mürés, au commen- cement d'Avril; en les tenant hu- mides et à l'ombre, elles pousseront des le même printems : mais si l’on acglige ces précautions, elles reste- ront une année de plus dans la terre: peu de personnes se donnent la peine de les multiplier de cette maniere, la premiere étant beaucoup plus prompte, 606 HE D Lorsque les tiges de cette plante traînent sur la terre , et tant qu'elles rempent sur leurs soutiens, elles ne produisent point de fleurs , ce qui lui a fait donner le nom de Lierre stérile ; mais lorsque ses branches surmontent leurs soutiens elles poussent des fleurs à toutes les ex- trémités des rejettons : ces fleurs paroissent en Septembre, et sont remplacées par des baies qui de- viennent noires avant leur matu- rité , etsont rassemblées en paquets ronds, qu'on appelle corymbes ; car c'est de-la que les Botanistes ont adopté ce terme pour l’appli- quer à d’autres plantes. On emploie les feuilles de cette plante pour couvrir les cautères’, afin de les tenir frais, et empêcher Vinflammation; on sen sert aussi pour guérir la galle, la’ teigne et le mal blanc : M. Boyle’, dans son livre intitulé: Ucilité de la Physique expérimentale , : recommande - une grande dose de ses baies bien mü- res; comme un remede contre la peste : mais Schrodre dit ; qu’elles purgent par haut et par bas. La gomme de Lierre est un caustique, dont plusieurs personnes font cas pour enlever les taches de rousseur sur le visage (1). (1) On emploie en médecine les feuilles, les baies et Ja gomme du Lierre. Onapplique les fenilles sur les cautéres , pour les tenir frais et prévenir l'inflam- HE D On fait aussi mention d’une autre espece de Lierre, sous le nom de Hedera poetica , qui lui a été donné par Gaspard Bauhin ; elle croît dans plusieurs des Isles de Archipel , et mation; on les fait aussi bouillir dans du vin, dont on se sert pour nettoyer les anciens ulcères , et pour détruire la ver- mine qui s’engendre sur la téte des enfans, Les baies du Lierre sont très-purgati- yes, et même émétiques ; mais comme leur usage n'est point sans danger, on ne s'en sert que rarement, cependant les habitans de la campagne les emploient dans quelques cantons, à la dose d’un ou: deux gros pour se guérir des fievres in- termittentes, La gomme coule par incision dans Vécorce des gros Lierres en Italie et en Provence; mais la plus grande partie de celle qui est dans le commerce, vie: des Indes. Cette substance a une odeur forte, et une saveur acre et aromatique : elle est plus résineuse que gommeuse, et elle fournit un peu d'huile essentielle éthérée. Cette drogue est une de celles qui, surchargent inutilement la matiere mé- dicinale, et que l’on pourroit bannir sans inconvénient de lusage de la méde- cine: on l’emploie rarement à l’intérieur, parce que ses vertus sont extrêmement foibles ; mais on s’en sert extérieurement pour détacher les ulcères sanieux, résou- dre les tumeurs, détruire la vermine, etc, : elle est regardée comme vulnéraire et astringente, La gomme de Lierre est un des ingré- diens de Yonguent d Althéa: HED produit des baies jaunes; mais comme je ne l'ai point vue, je. ne puis dé- terminer si elle est une espece dis- tincte. Le Docteur LINNÉE la re- garde comme une variété, quoi- quil n'ait point vila plante ; mais Tournefort, qui la recueillie dans le Levant, en fait une espece dis- tincte. Quinque-folia. La seconde espece, qui se trouve dans les parties Sep- tentrionales. de l'Amérique , «a ori- ginairement été apportée du Canada\ en Europe ; elle a ét: long-tems cultivée dans les jardins Anglois, principalement pour en garnir des murailles, ou couvrir des bâtimens élevés, jusqu'en haut desquels elle parvient en peu.de tems, car elle séleve à près de vingt pieds dans une année ; et rempe bien- tôt jusqu'au. sommet des bâtimens les plus élevés; mais comme ses feuilles tombent en automne, et- que. les- nouvelles repoussent fort tard au printems, on en fait fort peu de cas aujourd'hui, et on ne s’en sert que pour garnir des.places où au- cunes autres plantes ne pourroient profiter; car celle-ci croitroit dansle centre des: villes, sans-être jamais endommagée par la fumée ou par le manque d'air; ce qui la fait employer dans ces sortes de situa- tions. Cette plante pousse des raci- nes qui s'insinaent dans les moin- dres fentes des murs , par lesquelles clle se soutient. H E D 607 # On peut la multiplier par bou tures, qui prendront aisément ra: cine en les plantant en automne, sur une plate-bande à l'ombre ; dés l'automne suivant elles seront en état d'être transplantées dans les places qu'on leur destine. HEDERA. TERRESTRIS. Voyez: GLECHOMA. : HEDYSARUM. Lin: Gen. Plant: 793-\Tourn. Inst. R. H. 401. Tab: 225. Chevre-feuille de France, Sainfoin d'Espagne. Caracteres.- Dans ce genre une seule feuille. divisée en cing seg- mens. forme le ‘calice: le calice est’ persistant; la corolle est papilionna- ce, et elle a un-étendard oblong, serré, découpé en -pointe et réfc- chi ; les ailes- sont oblongues et étroites; la carène est serrée, plus: large à l'extrémité, et convexe a sa’ base: la fleur a neuf Ctamines jointes: et une autre s¢parce, qui toutes: sont terminces par- des sommets” ronds et comprimés ; elles sont ré? fléchies ; et forment un ‘angle: dans le centre est‘placé un germe Jong et étroit, qui soutient un’ stylé en+ forme d’aléne, courbe, et couronné par un stigmat simple : cegerme® devient ensuite un légume noueux ‘ et comprimé, dont chaque nœud est~ rond, et renferme une semence sim- ple en forme-de rein. Ce genre de-plantes est rangé + 608 HED dans la troisieme section de la dix- septieme classe de LINNEE, intitu- le: Diadelphie décandrie, qui ren- ferme celles dont les fleurs ont dix €tamines jointes en deux corps. Les especes sont : 1°. Hedysarum coronarium , foliis Pinnatis ; leguminibus aarticulatis , aculeatis , nudis , rectis , caule diffuso. Hort. Cliff. 365. Hort. Ups. 231. Roy. Lugd.-B, 385. Kniph. Cent. 3. #. 45 ; Sainfoin d'Espagne a feuilles ailées, ayant des légumes nuds, cpineux et nougux, et une tige diffuse. Hedysarum Clypeatum , viter rubente. H. Eyst. Hedysarum avec de belles fleurs rouges, Sain- foin d’Espagne. Onobrychis semine Clypeato aspero, major. Bauh, Pin. 3$0. 2°, Hedysarum spinosissimum , fo- liis pinnatis , leguminibus articulatis 5 aculeatis , tomentosis , caule diffuso. Hort. Cliff. 2 3 1; Hedysarum avec des feuilles ailées, des legumes noueux, épineux et cotonneux, et une tige diffuse. Hedysarum Clypeatum minus , flore purpureo. Raii Hist. Le plus petit Hedysarum a fleur pourpre. Hedysarum Hispanicum , supinum , annuum , angusti-folium , floribus par- vis ex albo purpurascentibus. Boerh. Lugd -B. 2. p. § 1. Onobrychis minor, foliolis cordatis , ore Sua- siliquis magnis, asperis, compressis. Pluk, Phyt. 50. f 2. HED 3°. Hedysarum Canadense , foliis simplicibus , ternatisque y floribus ra- cémosis. Hort. Cliff. 232. Hedysarum avec des feuilles simples et a trois lobes , et des fleurs en paquets. Hedysarum tri-phyllum Canadense. Cornuc. Canad. 44. t.4§.Hedysarum a trois feuilles du Canada, Sainfoin de Canada. Onobrychis major perennis Cana- densis tri-phylla, siliculis articulatis, asperis, triangularibus. Moris. Hist.2. p.130. 4°. Hedysarum flexuosum , foliis pinnatis , leguminibus articulatis , aculeatis, flexuosis, caule diffuso. Lin. Sp. Plant. 7 $ 0. Hedysarum à feuiiles ailées , ayant des légumes articulés, épineux et ondés, et une tige diffuse. Hedysarum annuum , siliquä aspe- rad, undulata , intortä. Tourn. Hedy- sarum annuel avec des légumes ru- des , ondés et tortus, Onobrychis major annua 5 siliculis articulatis, asperis, clypeatis, undulatim junctis , flore purpureo-rubente. Moris. Hist. 2. p. 130. Raï Hist. 929. 5°. Hedysarum diphyllum , foliis binatis petiolatis, floralibus sessilibus, Flor. Zeyl. 291. Hedysarum avec deux feuilles sur chaque pétiole, et des feuilles florales sessiles. Hedysarum minus diphyllum, flore luteo. Sloan. Cat. 73. Hist. 1.p. 185. Raii Suppl. 450. Le plus petit He- dysarum a deux feuilles, avec une fleur jaune. Hedysarum HCE DA _Hedysarum herbaceum procumbens , foliis geminatis, spicis foliatis ter- minalibus. Brow. Jam. 301. Onobrychis Maderaspatana di- phyllas , siliculis clypeatis , hirsutis , minor, Pluk, Alm. 270.\t. 246. S. 2. elf, 102. for lp Jelam-Mari. Rhzed. Mal, 9. p. 161.2.82. Raii Suppl. 404. _B. Hedysarum bi-folium , foliolis ovatis , siliculis asperis ; geminis., inarticulatis. Burm. Zeyl. 1¥4.t. $0. se - 6°. Hedysarum purpureum , foliis ternatis , foliolis obovatis , floribus paniculatis terminalibus , leguminibus intortis ; Hedysarum avec des feuilles a trois lobes ovales, des fleurs en panicules aux extrémités des bran- ches, et des legumes tordus. Hedysarum tri-phyllum , frutico- sum , flore purpureo, siliquâ varie bis tored. Sloan. Cat. 73. Hedysarüm en arbrisseau à trois lobes , avec des fleurs pourpre et des siliques diffé- remment tordues. 7°. Hedysarum canescens, foliis ternatis, subtis nervosis , caule glabro fraticoso , floribus’ spicatis termina- libus. Hedysarum nain en arbrisseau, | a -trois’ feuilles veinées en-dessous , avec une tige unie d’arbrisseau , et " des fleurs en Cpis'aux- extrémités. Hedysaram tri-phyllum fraticosum , supinum ,: flore purpureo. Sloan. Cat ; Hedysarum nain, en arbriseau , à trois feuilles, avec une fleur pour- pre. Tome III. HOESD 609 Onobrychis Americana , floribus spicatis, foliis ternatis canescentibus , siliculis asperis. Pluk. Alm, 270. ¢. 308-6. for Fo 8°. Hedysarum sericeum , foliis ternatis , foliolis ovatis subrès , se- riceis , floribus spicatis , alaribus ter- minalibusque ; Hedysarum à trois feuilles, avec des lobes ovales et soyeux en-dessous, et des fleurs en épis sur les côtés , et aux extrémi- tés des tiges. Hedysarum tri-phylium frutescens , feliis sub-rotundis et subtis sericeis ; flore purpureo. Houst ; Hedysarum en arbrisseau à trois feuilles, avec des lobes ronds et soyeux en-des- sous, avec une fleur pourpre. 9°. Hedysarum villosum , fotiis ternatis , caulibus diffusis , villosis , floribus spicatis terminalibus , calyci- bus villosissimis ; Hedysarum a trois feuilles, avec des tiges diffuses et velues , des fleurs en épis aux extré- mités des branches, et des calices fort velus. Hedysarum tri-phyllum humile , flore conglomerato , calice villoso. House. Hedysarum nain , a trois feuilles, avec des fleurs en paquets, et un calice velu. 10°. Hedysarum procumbens , fo- liis ternatis’, caulibus procumbentibus y racemosis , floribus laxé spicatis ter- minalibus , leguminibus contortis, arti- culis quadrarigularibus ; Hedysarum a trois feuilles , avec des tiges bran- chues et trainantes , des fleurs en Hhhh Gio HE D ne c ia À épis clairs aux extrémités des bran- ches, et des légumes tors avec des nœuds quarrés. Hedysarum tri-phyllium procum- ~ P rs Pl bens , foliis rotundioribus et minori- bus siliquis tenuibus et intortis. £ q House. Hedysarum rempant à trois feuilles , avec de plus petites feuilles > i . plus rondes, et des legumes étroits et tors. 11°. Hedysarum intortum , foliis ternatis , foliolis obcordatis , caule erecto , triangulo , villoso ; racemis terminalibus , leguminibus articulatis , incurvis ; Hedysarum avec des feuil- les a trois lobes en forme de cceur, une tige triangulaire , droite et velue , des fleurs en paquets longs aux extrémités des branches , et des légumes noueux et courbes. Hedysarum tri-phyllum, caule trian- gulari , foliis mucronatis , siliquis tenuibus , intortis. Houst. Hedysarum à trois feuilles , avec une tige trian- gulaire , des feuilles pointues, et un legume Ctroit et tors. 12°. Hedysarum glabrum , foliis ternatis obcordatis , caule paniculato , leguminibus monospermis glabris ; Hedysarum avec des feuilles a trois lobes en fome de coeur, une tige en panicule , et des légumes unis, qui renferment une semence. Hedysarum tri-phyllum , annuum , erectum , siliquis intortis , et ad ex- tremitatem amplioribus. Houst. He- dysarum à trois feuilles , annuel HED et droit , ayant des légumes tordus, et plus larges à leur extrémité. 13°. Hedysarum scandens , foliis ternatis , foliis obverse ovatis , caule volubili 5 spica longissimä , reflexa ; Hedysarum à trois feuilles , à lobes ovales renversés, avec une tige tor- tillante , et des épis de fleurs très- longs et réfléchis. Hedysarum tri-phyllum America- num scandens , flore purpureo ; He- dysarum d'Amérique , à trois feuil- les, avec une tige grimpante, et une fleur pourpre. 14°. Hedysarum repens , foliis ternatis obcordatis ; caulibus procum- bentibus , racemis lateralibus. Lin, Sp. 1056. Hedysarum à trois feuil- les ovales et en forme de cœur, avec des tiges trainantes et velues, et des fleurs sur les côtés des tiges. Trifolium procumbens ; Trifolii Fragi-feri folio. Hort. Elth. 172. t. 142. f. 169. Trifolium rem- pant, avec une feuille semblable à celles du Trefle à fraises. 15°. Hedysarum maculatum , fo- lis simplicibus y ovatis , obtusis. Hort. Cliff. 449. Hort. Ups. 233. Fl, Zey. 290. Rey. Lugd.-B. 385. Hedysarum a feuilles ovales, simples et obtuses. Hedysarum humile , Capparidis folio maculato. Hort. Elth. 170. r. 141.f. 161. Hedysarum bas, avec une feuille tachetée , semblable à celles du Caprier. ED ré. Hedysarum frucescens , fo- liis ternatis ovato-lanceolatis , subtus yillosis , caule frutescente villoso ; Hedysarum à trois lobes ovales , en forme de lance et velus en-dessous, avec une tige d’arbrisseau velue. On ignore si cette espece n'est pas l'Hedysarum foliis ternatis , sub- ovatis , subtus villosis , caule frutes- cente. Flor. Virg. 109. Hedysarum a trois feuilles ovales , et à tige d'arbrisseau. 17°. Hedysarum pedunculatum , foliis ternatis , foliolo intermedio ‘ pediculo longiore ; racemis alaribus erectis longissimis ; Hedysarum avec des feuilles à trois lobes , dont celui du milieu est posté sur un plus long petiole, et un paquet de fleurs fort long , placé sur les côtés des tiges. 18°. Hedysarum Alhagi , foliis simplicibus , lanceolatis , obtusis , caule fruticoso spinoso. Lin. Sp. Plant. 745. Gron. Orient. 228. Gmel. It. 2. t. 29. Hedysarum à feuilles simples, obtuses et en forme de lance , avec une tige épineuse d’ar- brisseau. Alhagi Maurorum. Rauwolp. 94. L’Alhagi des Maures. Genista Spartium spinosum , fo- liis Polygoni. Bauh. Pin. 394. Genista spinosa , flore Wheel. Itin. Agul. Rauv. Itin. 94. t. 94. 19°. Hedysarum triquetrum , fo- lits simplicibus , cordato-oblongis ; rubro. HED Git integerrimis , glabris ; Hedysarum avec des feuilles simples , oblongues, en forme de coeur, unies et en- tieres. Onobrychis Zeylanica , Aurantii folio. Pet. Hort, Sc. 247. Raii Suppl. 247. Sainfoin oz Esparcette de Céylan, à feuilles d'Oranger. Phaseolus montanus. 7. Rumph. Amb. 6. p. 146. 20°. Hedysarum Ecasta phyllums foliis simplicibus , ovatis 5 subtus se- riceis, petiolis muticis Amen. Acad. 5j- p- 103. Hedysarum avec des feuilles simples , ovales et soyeuses en-dessous , et des petioles sans barbe. Spartium scandens , Citri foliis, floribus albis, ad nodos confertim nas- centibus. Plum, Spec. 19. Ic. 246. PRES Ptero-carpus » Ecasta phyllum. Linn. Syst. Plant. tom. 3. p. 394 Sp. 2. Ecasta phyllum frutescens reclina- tum , foliis ovatis , acuminatis 5 integris. Brown. Jam. 299. aes Hedysarum Gangeticum ; foliis simplicibus , ovatis 5 acumina- tis , spicis longissimis , nudis termi- nalibus ; Hedysarum avec des feuil- les simples, pointues et ovales , et un épi de fleurs fort long et nud, qui termine les tiges. Hedysarum foliis simplicibus 5 ovatis 5 acutis ; basi stipulatis. Lin Sp. 1052. Hhhh 2 Of2 HSE: D Hedysarum mono-phyllum lati-fo- lium , siliculis plurimis spicä longd digestis.. Brum. Zeyl. 113. t. 49. int Die Onobrychis Gangetica mono-phyl- los , siliculis singularibus, lavibus , foliatim per internodia discriminatis. : Pluk. din. 2479. t. 50. fo 3. Onobrychis Zeylanica , folio sin- gulari oblongo , rotundo. Raii Suppl. 453- Phaseolus montanus. Rumph, Amb. 6. p. 146. 2. 66. Coronarium. La premiere espece , qu'on cultive depuis long-tems dans les jardins Anglois, comme uneplante d'ornement , est originaire de V’Ita- lie ; on en connoit deux variétés, lune à fleurs d’un rouge brillant, et l’autre à fleurs blanches qui va- rient rarement ; mais comme ces deux plantes ne différent que par ‘la couleur de leurs fleurs, elles peuvent être regardées comme ne formant qu'une seule espece. Cette plante est bis-annuelle , elle fleurit dans la seconde année ; bientôt après ses semenses mitirissent, et ses racines périsent ensuite : elles poussent plusieurs tiges creuses et unies, de deux ou trois pieds de longueur , qui s'étendent à chaque côté, et sont garnies de feuilles ailées, composées de cing ou six paires de lobes ovales , terminées . par un lobe impair ; ces feuilles sont alrernes , et à leur base sortent des pédoncules de cing ou six pouces H ED de longueur, qWcutiennehh des épis de belles fleurs rouges , aux- quelles succèdent des légumes con:- primés, noueux, fort rudes et op- posés, dont chaque nœud renferme une semence en forme de rein, Cette espece fleurit -en Juin et en Juiliet , et ses semences mürissent en Septembre. Cn conserve quel- quefois dans les jardins sa varicté a feurs blanches. On multiplie ces plantes en se- mant leurs graines en Avril, dans une planche de terre fraiche et légere ; quand elles ont poussé on les transporte dans une autre plan- che de terre semblable; a une exposition ouverte , on laisse entre elles un intervalle d’environ six ou huit pouces, et lon fait en sorte qu'il reste entre chaques quatre rangs , un sentier pour pouvoir-les. -houer et arracher les mauvaises herbes; on les laisse dans cette plan- che jusqu’à la Saint-Michel , après quoi, on les transplante dans les larges plates - bandes du parterre, à la distance d’au moins trois pieds des autres plantes, où elles produi- ront un bel aspect quand elles seront en feurs , sur-tout l’espece à fleurs rouges , qui est trés-belle. Comme ces plantes périssent or- dinairement lorsque leurs semences sont müres , il faut en élever de nouvelles chaque année, .car il est rare qu'elles durent plus long-tems : elles» ornent beaucoup les grandes HE D plates-bandes , et peuvent remplir avec avantage les vuides qui se trouvent parmi les arbrisseaux ; mais elles sont trop grosses pour de pé- tites plates-bandes , à moins qu'on ne retranche quelques-unes de leurs tiges , et qu'onnen laisse que deux ou trois sur chaque plante; ce qui les empêchera de se pencher sur les fleurs voisines, sur-tout si on les soutient avec des baguettes : on rultiple cette espece pour la ven- dre sur les marchés de Londres ; parce qu'on s'en sert pour orner les jardins et les balcons. Spinosissimum. La seconde est une plante annuelle qui croît na- turellement en Espagne et en Por- tugal; les lobes, qui sont étroits et oblongs, sont placés au nombre de quatre ou cinq paires sur la lon- gueur de la côte du milieu, qui est termince par un lobe impair : ses tiges portent à leur extrémité de pe- tits épis de fleurs pourpre, que remplacent de petits légumes rudes et de la même forme que ceux de Yespece précédente. On conserve cette plante dans les jardins de -Botanique pour la variété; on la multiplie par ses graines, qu'il faut semer au commencement d'Avril dans les places qui leur sont desti- nées ; elles mexigent aucune autre culture que d’être éclaircies où elles sont trop serrées , et d'être tenues nettes de mauvaises herbes : elle ? HED 613 fleurit en Juillet, et ses semences murissent en automne. Canadense, La troisieme a une racine vivace qui subsiste plusieurs années lorsqu'elle est plantée dans un sol sec. On la multiplie par semences comme la précédente : quand ses plantes ont deux pouces de hauteur, il faut les transplanter dans les places qui leur sont des- tines ; mais si elles ne sont pas trop Cpaisses dans le semis, on peut les y laisser jusqu'a l'automne sui- vant: alors on les enleve avec soin pour les placer dans des plates- bandes à demeure; car comme leurs racines s'enfoncent générale- ment beaucoup dans la terre, il est dangereux de les changer sou- vent de place. Cette plante produit ses fleurs en même tems à-peu-près que la précédente, et si la saison est favorable, elle perfectionne ses se- mences en automne : ses racines subsistent trés-bien en plein air , et resistent aux froids les plus rigou- reux, pourvu qu'elles se trouvent placces dans un sol sec. Flexuofum. La quatrieme est an- nuelle, et croît sans culture , .dans le Levant. Elle ressemble un peu à la premiere, mais elle est beaucoup plus petite; ses tiges s’élevent à prés .de trois pieds de hauteur, et sont garnies de feuilles ailées, composées de deux ou trois paires de lobes ovales, terminés par un lobe impair: 614 H°E D ses fleurs, d'un rouge-pale entre- mêlé d’un peu de bleu, sortent en épis des extrémités des tiges; elles paroissent en Juillet, et sont suivies par des légumes articulés et ondés sur les deux côtés ; ils forment un angle obtus à chaque nœud, et contiennent des semences qui mü- rissent en automne : cette espece est aussi dure que la précédente, et peur étre multipliée de même. Diphyllum. La cinquieme croit naturellement dans les deux Indes ; ses semences n'ont été envoyées de la Véra-Cruz par le Docteur Houstoun. Cette plante est annuelle; sa racine principale pénetre profon- dément dans la terre, et pousse une ou deux tiges qui s'élevent au-des- sus de neuf pouces de hauteur, dont la partie basse est garnie de feuilles ovales placées par paires sur chaque pétiole, mais dont le som- met qui porte les fleurs, est garni de petites feuilles terminées en pointes aiguës, sessiles, ct à cha-. cune desquelles est située une pe- tite fleur simple et jaune, renfermée entre deux feuilles : ces fleurs ont peu d'apparence, et produisent des légumes oblongs qui contiennent une semence en forme de rein. Purpureum. La sixieme , qui m'a encore ¢té envoyée par le Docteur Houstoun, de la Véra-Cruz , ou il l'a trouvée, ainsi qu'à la Jamai- que, est une plante annuelle, avec H°E1D une tige d’arbrisseau haute de plus de quatre pieds, qui.se divise en plusieurs branches, garnies de feui- les oblongues , ovales et à trois lobes , portées par de fort longs petioles; le lobe du milieu est placé à un pouce des deux au- tres : ses branches sont terminées par de longs panicuies clairs de fleurs pourpre, que remplacent des légumes étroits, noueux et tors: elle fleurit en Juillet, et ses se- mences mitirissent en automne. Les deux dernieres sont des plan- tes tendres, qu'il faut semer au printems sur une couche chaude ; lorsqu'elles sont en état d'être en- levées, on les plante chacune sé- parément dans de petits pots remplis de terre légere, on les plonge dans une couche chaude , et on les tient à l'ombre, jusqu’à ce qu’elles aient produit de nou- velles racines ; après quoi on les traite comme les autres plantes délicates des pays chauds, et on les tient constamment dans la serre ou caisse de vitrage, sans quoi elles ne fleuriront point , et ne produi- ront point de semences en Angle- terre. Canescens. La septieme, dont les semences m'ont été envoyées de la Jamaïque par le Docteur Houstoun, est une plante en arbrisseau qui s'cleve à près de cinq pieds de hau- teur, et sc divise en plusieurs bran- te HE D ches garnies de feuil'es à trois lobes ovales, dont celui du milieu est le plus large : ses tiges sont terminées par de longs épis de petites fleurs pourpre , auxquelles succèdent des légumes étroits, unis sur un côte, et noueux de l’autre. Sericeum. La huitieme a été aussi trouvée à la Véra-Cruz, par le Docteur Houstoun, qui me l'a en- voyée; elle stleve avec une tige d’arbrisseau à la hauteur de six ou sept pieds , et se divise en plusieurs branches, garnies de feuilles à trois lobes ovales, blancs, soyeux en-des- sous, et d’un vert-pale en-dessus : ses fleurs sortent des ailes en épis longs et étroits, ainsi qu'aux ex- trémités des branches; elles sont sessiles aux tiges, petites, d’un pourpre brillant, et produisent des légumes plats, unis et noucux, dun pouce environ de longueur, dont chaque nœud contient une semence en forme de rein. Ces deux. especes subsisteront deux ou trois ans, si on les place dans la couche de tan de la serre chaude : on les multiplie par leurs graines, qu'il faut semer sur une couche chaude, et traiter comme celles de la sixieme : quand les plan- tes qui en proviennent ont acquis quelque hauteur, on les met dans la serre chaude de tan, on les y laisse constamment, et on leur donne beaucoup d'air dans les tems chauds. Ces plantes fleurissent ra- HED 615 rement avant la seconde année ; mais alors elles produisent des se- mences qui mürissent en automne. Villosum. La neuvieme est en- core originaire de la Vera-Cruz , d'où elle m'a été envoyée par le Docteur Houstoun ; elle est an- nuelle , et ne s’éleve gueres qu'à hut à neuf pouces de hauteur; elle pousse de sa racine plusieurs branches diffuses, velues, et garnies de petites feuilles ovales et à trois lobes un peu velus : ses fleurs crois- sent en épis courts et serrés ; elles sont de couleur pourpre, et leurs calices sont fort velus. Procumbens. La dixieme, qui se trouve à la Jamaïque, a des tiges ligneuses et traînantes d’un pied et demi de long ; qui poussent a cha- que côté plusieurs branches, garnies de feuilles rondes, petites, à trois lobes, et d’un vert-pale; ses fleurs naissent en épis fort serrés aux ex- trémités des branches; elles sont pe- tites, et d'une couleur pourpre- pâle : elles produisent des legumes étroits, tordus et articulés, dont chaque nœud est quarré , et ren- ferme une petite semence simple Sn: et comprimee. Ces deux dernieres especes sont annuelles , et exigent le même trai- tement que les cinquieme et sixieme especes, au moyen de quoi elles fleuriront, et donneront des se- mences müres dans notre climat. Intortum. La onzieme est une 616 HE D plante en arbrisseau , qui séleve avec une tige triangulaire, à la hauteur de cinq ou six pieds, et se divise en plusieurs branches, gar- nies de feuilles en forme de cœur a trois lobes, et terminées en pointes aiguës : ses fleurs sortent en fort longs épis aux extrémités des branches ; elles sont de couleur pourpre-pâle , et produisent des legumes étroits, articulés, et dif- féremment tordus, qui contiennent des semences petites et comprimées. Cette plante croît sans culture à la Jamaïque, d'où ses semences m'ont été aussi envoyées par le Docteur Houstoun ; on peut la conserver trois ou quatre ans, si on la traite comme les septieme et huitieme especes ; elle perfectionne ses grai- nes dans ce pays. Glabrum. La douzieme est an- nuelle ; ses semences n'ont été envoyées de Campèche, par le Docteur Houstoun ; elle a une tige paniculée d’environ deux pieds de hauteur, et garnie de feuilles en forme de cœur et à trois lobes; la partic haute de la tige s'étend au-dehors en panicules de fleurs de couleur pourpre-pâle , qui produi- sent des légumes en forme de croissant , comprimés et postés obliquement sur la tige, dont cha- cun renferme une semence com- prince en forme de rein. On mul- tiplie cette espece par ses graines, et elle exige le meme traitement HE ‘D que les cinquieme et sixieme, Scandens. La treizieme, que le Docteur Houstoun m'a envoyée de la Véra-Cruz, a une tige grim- pante , qui se roule autour des ar- bres et des arbrisseaux voisins , et seleve ainsi à la hauteur de dix a douze pieds; cette tige est gar- nie de feuilles renversées, ovales, à trois lobes, et placées sur des petioles assez longs: ses fleurs, de couleur pourpre-pâle, et sessiles à la tige, naissent en épis fort longs et réflechis. Cette espece est vivace, et exige la serre chaude; il faut la traiter de la même maniere que les scptieme et huitieme especes. Repens. La quatorzieme est une plante annuelle, qui croit naturel- lement dans les deux Indes; ses se- mences mont té envoyées de la Havanne par le Docteur Houstoun; elle a des branches rempantes d’en- viron un pied de longueur, et gar- nies de feuilles rondes à trois lobes, un peu découpées à leur extrémité, et semblables dans leur forme à celles du trefle à fraises; ses tiges, et la surface supérieure des feuilles sont velues: ses fleurs naissent aux extrémités des branches, quelque- fois simples, et d'autres fois deux sur un nœud ; elles sont petites , de couleur pourpre, et produisent des légumes d'un pouce de lon- gueur , droits sur un côté, et articulés de l’autre. Cette espece fleurit à la fin de Juillet, et per-- fectionne HE D fectionne quelquefois ses semences ici. Maculatum. La quinzieme est une plante basse et annuelle, qui a des tiges minces de près d’un pied de long , dont les parties basses sont garnies de feuilles simples et ova- les , portées sur de minces pétioles, et le sommet est orné de fleurs qui sortent par paires, jusqu'à l'ex- trémité de la tige; elles sont pe- tices , d’un jaune-rougedatre, et produisent des légumes articulés, étroits , sessiles à la tige, et en forme de faulx. Ces deux dernieres exigent la même culture que les cinquieme et sixieme especes. Frutescens. La seizieme m'a été envoyce par le Docteur Dale, de la Caroline Méridionale : elle a une racine vivace, qui produit deux ou trois tiges velues en forme d’ar- brisseau , d'environ deux pieds de hauteur, branchues .au- dehors à chaque côté près du sommet, et garnies de feuilles ovales en forme de lance, à trois lobes , velus en dessous , et supportés par de courts pétioles : les fleurs, qui naissent en- épis courts aux extrémités des bran- ches, sont petites et d’un jaune ti-, rant sur le pourpre; ses tiges pé- rissent en automne , et les nou- velies poussent au printems. On multiplie cette espece par ses grai- nes, qu'il faut semer au. printems sur une couche chaude ; quand les plantes sont en état d’être enlevées, Tome LIL HE D 617 on les plante dans de pctits pots séparés, remplis de terre légere, et on les plonge dans une couche de chaleur modérée, aiant soin de les tenir à l'ombre jusqu'à ce qu'elles aient produit de nouvelles fibres ; on leur donne ensuite beau- coup d'air dans les tems chauds; on les tient en plein air pendant l'été, mais en automne on les place sous des chassis pour les mettre à couvert de la gelée : au printems suivant on les tire des pots pour les planter dans uneplate-bande chaude, où elles fleurirout si l'été est chaud; mais comme celles-ci perfection- nent rarement leurs semences, il est bon de mettre deux ou trois de ces plantes dans de gros pots, et de les plonger dans une couche de chaleur modérée, qui les fera fleurir de bonne-heure, de sorte qu'en les tenant sgus des vitrages dans les mauvais tems, leurs se- mences muriront en automne, et leurs racines dureront quelques an- néés, pourvu qu'on les tienne à l'abri des gelées de l'hiver. .Pedunculatum, La dix-septieme m'a été envoyée avec la derniere de la Caroline Ménidionale, par le mème Docteur Dale; elle a une racine vivace , et une tige annuelle, qui croit érigée, et s'éleve à la hauteur de deux pieds; cette tige est garnie de feuilles à trois lobes, rondes à leur bâse, où elles ont un demi-pouce de largeur, mais iii 618 HED plus étroites par dégrés jusqu'à la pointe, denviron trois pouces de longueur, unies et d’un verd clair; les deux lobes de côté sont assez prés de la tige, et celui du milieu est porte par un pétiole d’un pouce de longueur : ses fleurs sortent en cpis longs des aisselles de la tige, et croissent érivées ; la partie basse de l'épi est foiblement garnie de fleurs, mais elles sont fort rappro- chées vers le haut; elles sont pe- tices, d’un jaune brillant , et fort sessiles aux tiges, et elles produi- sent des légumes articulés et droits sur un cote. Certe plante se multiplie par ses graines; en la traitant comme la précédente, elle fleurira et donnera des semences. Alhagi. La dix-huitieme, qui croît naturellement en Syrie, où elle est une des plus belles de ce pays, s'é- leve à la hauteur d’environ trois pieds, avec des tiges d’arbrisseau qui s'étendent au-dehors à chaque côté, et sont garnies de feuilles sim- ples semblables à celles de la Re- noue à larges feuilles ou Polygo- num, fort unies, d’un vert-pâle, et portées par de courts petioles : sous ces feuilles sortent des épines d’en- viron un pouce de long, et d’une couleur brune-rougeatre : ses fleurs, de couleur pourpre dans le centre, et rougeatres sur les bords, naissent en petites grappes sur les parties la- térales des branches, et sont rem- HED placées par des legumes droits sur un côté, articulés de l’autre, er un peu courbés en forme de faulx. Cette plante est à présent fort rare dans les jardins Anglois; on la mul- tiplic par ses semences, qui restent souvent une année dans la terre avant de pousser ; c’est pourquoi il faut les répandre dans des pots rem- plis de terre légere, et les plonger dans une couche de chaleur modé- rée : si les plantes ne paroissent pas au commencement du mois de Juin , on enleve les pots hors de la couche, on les place de maniere qu'ils jouissent seulement du soleil du matin, et on les tient nets de mauvaises herbes; en automne, on les plonge dans une vieille couche de tan, sous un vitrage où ils puis- sent être à l'abri des gelées et des grosses pluies de l'hiver, ec au printems on les remet dans une nouvelle couche chaude, qui fera pousser les plantes : lorsqu'elles sont en état d’être enlevées, on les plante chacune séparément dans de petits pots remplis de terre légere, qu'on plonge dans une couche de chaleur ‘fort modérée; on les tient à l’om- bre jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines; après quoi on les endurcit par dégrés, afin quel- les puissent supporter l'air ouvert auquel on les exposera tout-à-fait au mois de Juin, en les plaçant dans une situation abritée, où on les tiendra jusqu'à l'automne: alors on HET Di les plongera dans une vieille couche de tan, où elles pourront jouir de l'air dans les tems doux, et être à couvert des gelées; elles réussiront mieux ainsi, que si elles étoient pla- cées dans une orangerie, et traitées plus délicatement. J'ai vu cette plante croître en pleine terre dans une plate-bande fort chaude, où Yon avoit l'attention de la couvrir dans les tems de gelce ; elle a résisté ainsi pendant deux hivers: mais les grands froids du troisieme l'ont fait périr tout-a-fait. On recueille sur cet arbrisseau la manne de Perse que l'on extrait des sucs nitreux de la plante ; cette drogue est généralement ramassce aux environs de Tauris, ville de Perse, où cet arbrisseau croît en abondance. Le Pere George Whee- ler l’a trouvée au Tine, et l’a regar- dée comme une plante inconnue. Tournefort l'a aussi rencontrée en grande quantité dans plusieurs plai- nes de l'Amérique et dans la Geor- gic; il en a fait un genre particu- ker sous le titre d'Alhagi. Triquetrum. La dix-neuvieme est originaire des Indes, d’où ses semen- ces en ont été dernierement appor- tées en Europe; c'est par le moyen de ces graines qu’on s'est procuré plusieurs plantes dans les jardins Anglois : leurs feuilles ressemblent à celles de l'oranger, et a peine les distingue-t-on lorsqu'elles sont jeu- mes; mais comme nous n'avons ici HE D 619 aucune de ces plantes d’une grosseur considérable, je ne puis en donner une plus ample description. Ecastaphyllum. La vingtieme, qui m'a été envoyée de Cartha- gene dans la Nouveile-Espagne , par le Docteur Houstoun, est une plante vivace, dont la tige tortil- lante se roule autour de tout ce qui lavoisine, et s'éleve ainsi a la hauteur de dix à douze pieds ; cette tige produit quelques petites bran- ches latérales, garnies de feuilles ovales'de quatre à cinq pouces de longueur sur un pouce et demi de large au milieu, dont la surface in- férieure est satinée : ses fleurs sont blanches, et sortent sur les côtés de la tige en paquets serrés ; elles sont de la même forme que celles des autres especes de ce genre, et produisent des légumes courts, qui renferment une ou deux semences en forme de rein. . Gangeticum. La vingt-unfeme , dont les semences m'ont été en- voyées des Indes orientales, est une plante annuelle qui s'éleve à la hauteur d’environ trois pieds ; avec une tige mince sous forme d’arbris- seau, et garnie defeuilles ovales qui naissent simples sur de fort courts petioles. Quelques-unes de ces plan- tes poussent une ou deux branches minces de la tige principale ; leurs parties basses sont chargées de feuil- les de la même force que celles de la tige, mais plus petites: le haut liii 2 620 HE D de la tige principale et les branches produisent dans la longueur d'un pied, des fleurs d'un pourpre usé, pla- cées simples sur chaque nœud, et auxquelles succèdent des Iégumes articulés d’un pouce et demi de lon- gueur, qui renferment chacun trois ou quatre semences en forme de rein. Ces deux especes sont trop ten- dres pour profiter en plein air en Angleterre. On les multiplie Pune et l’autre par leurs graines, qu'il faut semer de bonne heure au printems sur une couche chaude : quand les plantes poussent, et qu'elles sont en état d'être enlevées, on les plante chacune séparément dans de petits pots, qu'on plonge dans une nou- velle couche chaude, où on les tient à l'ombre jusqu’à ce qu'elles aient produit de nouvelles racines, après quoi on les traite suivant la méthode qui est employée pour les autres” plantes délicates. La vingt- unieme espece doit être placée dans la serre chaude de tan en automne; mais les autres perfectionneront leurs’ semences dans Ja même année au commencement d'Octobre. HEDYSARUM Zeylanicum majus et minus Voyez ÆSCHYNOMENE PuMILA. L. HEDYSARUM Mimose foliis. Voyez ÆSCHYNOMENE AMERI- CANA. L. HiENL HELENIUM. Linn. Gen. Plane. . 863. Heleniastrum. Vaill. Act. R. Par. 1720; Fleur du Soleil batarde. Caracteres. La fieur est compo- sée de plusieurs fleurettes herma- phrodites, qui forment le disque, et de demi-fleurettes femelles, qui composent le rayon : les fleurettes hermaphrodites sont tubulées et dé- coupées en cinq parties sur leurs bords; elles ont chacune cinq éta- mines velues, terminées par des som- mets cylindriques, avec un germe oblong, qui soutient un style mince, couronné par un stigmat divisé en deux parties ; le germe devient en- suite une semence simple et globu- laire, surmontée par un petit calice à cinq pointes : les fleurettes femel- les du bord, ont de petits tubes qui s'étendent au-dehors d’un côté en forme de langue; elles sont décou- pées en cinq segmens à leur extré- mité, où elles sont lafges. Les fleurs femelles n’ont point d'étamines, mais seulement un germe oblong, qui devient une semence simple comme ceux des fieurettes her- maphrodites ; elles sont toutes ren- fermées dans un calice simple er commun, tout-à-fait ouvert, et divisé en plusieurs portions. Ce genre de plantes est rangé dans la seconde section de Ia dix- neuvieme classe de LINNÉE, qui renferme celles dont les fleurs sont composées de fleurettes herma- phrodites dans le centre, et de HEL demi - fleureites femelles sur les bords , qui sont toutes fructueuses. Les especes sont: 1°. Helenium autumnale , foliis lanceolatis , linearibus , integerrimis , glabris 5 pedunculis nudis , uni-floris ; Helenium automnal à feuilles étroi- tes, enticres et unies, avec des pé- doncules nuds, dont chacun sou- tient une seule fleur. Helenium foliis serratis. Linn, Syst. Plant. t. 3. p. 837. Helenium foliis decurrentibus. Hort. Cliff. 418. Hort. Ups. 266. Gron. Vire. 126. Chrysanthemum Americanum pe- renne , caule alato , folio angustato , glabro. Moris. Hist. 3. p.24. S. 6. t. 6. f. 74. Aster Floridanus aureus , alato. Pluk. Amalth. 43. t. 372. f. 4. . Aster luteus alatus. Carn. Canad. g2itr: 63: Heleniastrum folio longiori et an- gustiori. Vail, Act. R. S. Par. x 720; Fleur du Soleil bâtarde avec des feuilles plus longues et plus étroites. 2°. Helenium lati-folium , foliis lanceolatis ; acutis , serratis , pedun- caule culis brevioribus ; calycibus multi-fidis ; Helenium à feuilles pointues , scies, etten forme de lance, ayant de plus courts pédoncules, et un calice à plusieurs pointes. Heleniastrum folio breviori et la- siori. Vaill. Act. RS, 3 720; Aster s HET: 621 bâtard avec des feuilles plus larges et plus courtes. Autumnale. Ces plantes s’élevent à la hauteur de six ou sept pieds dansune bonneterre; lorsque les raci- nes sont grosses , clles poussent un grand nombre de tiges, qui se divi- sent vers le sommet; celles de Ia premiere espece sont garnies de feuil- les unies de trois pouces et demi de longueur , et d'un demi pouce de lar- geur dans le miliew, avec des bor- dures entieres , sessiles aux tiges; de leur bâse coule une bordure feuillée, qui s'étend dans la longueur de la tige, de maniere qu’elles forment ce qu'on appelle généralement rige ailée ,\mais auxquelles LINNÉE donne le nom de feuilles coulantes : la par- tie haute de la tige se divise, et de chaque division sort un pédoncule nud, de trois pouces environ delon- gueur , qui supporte une fleur jaune, semblable à celle du Tournesol, mais beaucoup plus petite , et dont les rayons sont longs et dentelés assez profondément en quatre ou cinq segmens ; ces fleurs , qui paroissent dans le mois d’Aotit, se succedent sur les plantes jusqu'aux premieres gelces. : Lati-folium. La seconde ressem- ble beaucoup 4 la premiere; mais ses feuilles , dont la longueur n’est pas de trois pouces, ont plus d’un pouce de largeur dans le milieu ; elles se terminent en pointes aiguës, et sont profondément scices sur leurs bords: Gaz HEL ses fleurs naissent sur de plus courts pedoncules , et sont plus rapprochées les unes des autres ; ses tiges ne s’¢- tendent pas autant: ces deux plantes ficurissent dans la même saison. On connoit encore une autre es- pece , dont les feuilles sont aussi étroites que celles de la premiere, et fortement dentelées sur leurs bords ; ses tiges sont garnies de pe- tites feuilles presque jusqu'au som- met , et se divisent vers l'extrémité comme celles de la premiere; mais les fleurs du centre ont des pédon- cules beaucoup plus courts que celles qui poussent sur les côtés : je ne puis diresi cette plante forme une espece distincte , ou si clle n'est qu'unesim- ple variété dela précédente. Ces deux plantes sont originaires de 1’ Amérique; leurssemences m'ont été envoyces de la Virginie, où elles croissent spontanément et en abon- dance dans les bois et dans d’autres lieux humides et ombragés. On peut les multiplier par semences ou en di- visant leurs racines, comme on le pratique ordinairement en Angle- terre, parce qu'elles y pertectionnent rarement leurs semences; mais quand on peut se procurer des graines , il faut les semer au commencement de Mars sur une plate-bande de terre légere: si elles ne poussent pas la pre- miere année, il faut bien se garder de remuer la terre qui les contient, parce qu'elles restent souvent une année énticre sans pousser ; dans ce ~ Le Hire cas , on se contente d’enlever exac- tement toutes les mauvaises herbes, et d'attendre que les plantes parois- ent: si la saison est sèche lorsqu'elles poussent, on les arrose souvent, pour avancer leur accroissement ; et on les éclaircit, lorsqu'elles sont trop ser- rées, après quoi on les transplante dans des planches à un pied de dis- tance à chaque côté, on a soin de les tenir à l'ombre jusqu’à ce qu’elles aient poussé de nouvelles racines, on les arrose dans les tems secs , et on les transplante 4 demeure en au- tomne : ces plantes produiront leurs fleurs dans l'été suivant, et elles se succéderont jusqu'aux gelées : leurs racines dureront plusieurs années, et pousseront plusieurs rejettons qui pourront servir à les multiplier. On divise et on transplante les vieilles racines à la fin d'Octobre , lorsque leurs Heurs sont passées, ou au commencement de Mars, avant qu’elles commencent à pousser ; mais sile printemsestsec il fautles arroser souvent ,sans quoi elles ne produiront pas beaucoup de fleurs dans la même année; on ne doit enlever ces raci- nes que tous les deux ans, si on veut qu’elles produisent de grosses fleurs : elles se plaisent plus dans un sol humide que dans une terre sèche, pourvu qu’il ne soit pas trop fort, et qu'il ne retienne pas l'hmidité en hiver; mais si elles sont plantées dans une terre aride, il faut les arro- ser souvent dans les tems secs, pour Pet ope) leur faire produire beaucoup de fleurs. HELENIUM AUNEE ou ENULA CAMPANA. Voyez INULA HELE- NIUM. HELIANTHEMUM. Tourn. Inst. R. H. 248. Tab. 128, Cistus. Lin. Gen. Plant. 598. Ciste nain , ou Fleur du Soleil. Tozrnefol. Caraëteres. Le calice est persistant, et formé par trois feuilles ; il couvre ensuite la capsule ; la corolle a cinq -pétales ronds qui s'étendent et s'ou- vrent avec un grand nombre d’éta- mines érigées, et terminées par de petits sommets ronds: dans le centre est situé un germe ovale, qui sup- porte un style simple aussi long que les étamines, etcouronné par un stig- mat obtus: ce germe devient ensuite une capsule ronde ou ovale, et à trois cellules, qui s'ouvrent en trois parties , et renferment des semen- ces rondes et petites. Le Docteur LINNÉE a joint ce genre à celui du Cistus, et l’a rangé dans la premiere section de sa trei- zieme classe , qui renferme les plantes dont les fleurs ont plusieurs étami- nes et un style ; mais comme dans I} Hélianthemum , le calice de la fleur n’a que trois feuilles, et qu'il y en a cinq dans ceux du Cistus, que la capsule de l'Hélianthemum n'a que trois cellules , et celle du Cistus cing , ces differences suffisent pour les séparer ; cet arrangement con- HAE L 623 vient d’autant mieux, que chacun de ces genres comprend un grand nombre d’especes. Les especes sont : 1°. Helianthemum Chamacistus , caulibus procumbentibus , fruticosis » foliis oblongis , sub-pilosis 5 stipulis lanceolatis ; Ciste nain avec des tiges trainantes d’arbrisseau , des feuilles oblongues et velues , et des stipules en forme de lance. Helianthemum yulgare , flore. lutea. J. B. 2. 15. Ciste nain commun à fleurs jaunes. un Helianthemum Germanicum. Tab. 1062. Cistus Helianthemum. Lin. Plant. 744. Edit. 3. Chamacistus vulgaris , flore uteo, Bauh. Pin. 465. Les. Pruss. 43. r. 8. Flos solis, Panax Chironium. Cam. Epit. Soi. 2°. Helianthemum Germanicum , caulibus procumbentibus suffruticosis 5 Sp. ramosissimis ; Spicis florum longiori- bus ; Ciste nain avec des tiges trai- nantes d’arbrisseau , chargées de branches et d’epis de fleurs plus longs. Helianthemum album Germani- cum. Tab. Icon. 1062. Ciste nain et blanc d'Allemagne. Cistus Apenninus. Lin. Sp- Plant. 744. Edit. 3. 3°. Helianthemum pilosum, cauli- bus suffruticosis » pilosis , foliis lanceo- latis , obtusis , spicis reftexis ; Ciste nain avec tiges velues en arbrisseau, 624 HEL des feuilles obruses et en forme de lance , et des ¢pis de fleurs réflé- chis. Cistus pilosus. Lin. Sp. Plant. 744. Edit. 3. Helianthemum foliis majoribus, flore albo. J. B. 2. 16. Ciste nain avec de plus grandes feuilles , et une fleur blanche. Chamacistus 4. Clus. Hist. 1. p. 74. 4°. Helianthemum Apenninum inca- num , caulibus seffruticosis , erectis , foliis lanceolatis , hirsurtis ; Ciste nain blanc , avec des tiges érigces en arbriseau , et des feuilles velues et en forme de lance. Helianthemum saxatile , foliis et eaulibus incanis , floribus albis, Apen- ini montis. Mentz. Pug. Tab. Sar 3e Dill. Elth. 170. Ciste nain de roche du mont Apennin , avec des tiges et des feuilles blanchatres , et des fleurs blanches. Cistus Apenninus. Lin Sp. Plant. 745. Edit. 3. 5°. Helianthemum umbellatum caule procumbente, non ramoso , foliis linea- ribus , incanis , oppositis ; Ciste nain avec une tige trainante sans bran- ches, et des feuilles linéaires blan- châtres et opposées. Helianthemum folio Thymi incano. J. B. 2. 19, Ciste-nain a feuilles de Thin velues et blanchatres.. 6°. Helianthemum Fumana caule fruticoso , procumbente ; foliis lineari- bus 5 alternis , floribus auriculatis ; Ciste nain avec une tige d’arbrisseau H'E NL trainante , des feuilles fort étroites ct alternes , et des fleurs à orcilles, Helianthemum tenui - folium , gla- brum, luteo flore 5 perhumum sparsum. J. B. 2. 18. Ciste nain uni et a feuilles étroites, avec une fleur jaune et des tiges trainantes. Chamacistus Erica folio, luteus , humilior. Bauh. Pin. 466. Cistus Fumana ; Lin. Sp. Plante 740. Edit. 3. Cistus caule procumbente , foliis alternis. Fl. Suec. 435.474. Cistus fruticosus , procumbens , fo- lis aci-formibus , nudis , floribus au- riculatis. Sauv. Mons. 46. 7°. Helianthemum Sampsuchi-fo- lium caule suffruticoso 5 procumbente , foliis lanceolatis, oppositis , peduncu- lis longioribus ; calycibus hirsutis ; Ciste nain avec une tige d'arbris- seau trainante, des feuilles en forme de lance, et opposées, de plus longs pédoncules, et des calices velus. Helianthemum sive Cistus humilis, folio Sampsuchi, capitulis valdè hir- sutis. J. B. 2. 20. Ciste nain avee une feuille de Marjolaine, et des tétes fort velues. Cistus pilosus , varictes, Lin. Sp. Plant. 744. Edit. 3. 8°. Helianthemum Serpilli-folium, caule fruticoso , procumbente, foliis li- nearibus , oppositis 5 floribus umbella- tis ; Ciste nain avec une tige d’ar- brisseau trainante , des feuilles fort etroites et opposces, et des fleurs dis- posées en ombelle. Helianthemum HSE Helianthemam folio Thymi 5 flori- bus umbellatis. Tourn, Inst. 250. Ciste nain a feuilles de Thyn, ayant des fleurs en ombelles. 9°. Helianthemum Cisti-folium, cau- libus procumbentibus fruticosis , gla- bris , foliis ovato-lanceolatis, opposi- tis , pedunculis longioribus ; Ciste nain avec des tiges d’arbrisseau trainantes et unies, et des feuilles ovales en forme de lance et opposées, ayant de plus longs pédoncules aux fleurs. Helianthemum Germanicum luteum, Cisti folio. Boérh. Ciste nain jaune d Allemagne , avec une feuille de Rose. 1 10°. Helianthemum Tuberaria, caule lignoso , perenne, foliis radicalibus ovatis , trinerviis , tomentosis ; cauli- nis glabris , lanceolatis ; summis alter- nis ; Ciste nain vivace, a tige ligneuse , et dont les feuilles radicales sont ovales, cotonneuses et à trois veines, celles des tiges en forme de lance et unies, et celles du haut alternes. , Tuberaria major.Bauh. Hist. 2.p. 12. Helianthemum Plantaginis folio perenne. Tourn. Inst. 2 $0. Ciste nain vivace à feuilles de Plantin. Cistus Tuberaria. Lin. Sp. Plant, 741. Edit. 3. 11°. Helianthemum Polii-foliumcau- libus sessilibus , suffruticosis » foliis lanceolatis ; oppositis , tomentosis , caule florali racemoso ; Ciste nain avec des tiges fort courtes en arbris- seau, des feuilles cotonneuses en for- Tome III, BEE 625 me de lance, et opposées, et une tige de fleurs branchue. Chamacistus montanus, Polii folio. Raj. Angl, 4. p. 2740.27 4uf. 2. Cistus Polii-folius. Lin. Sp. Plant. 745. Edit. 3. Helianthemum montanum, P olii fo- lino incano , flore candido. Dill. Elth. iy Lat re Omir es Helianthemum foliis Polit montani. Tourn. Inst. 249. Ciste nain, à feuil- les de Polium de montagne. 12°. Helianthemum Nummularium, caule fruticoso, procumbente, foliis ova- tis , nervosis , subtis incanis ; Ciste nain avec une tige d'arbrisseau trai- nante, et des feuilles ovales ner- veuses , et blanches en-dessous. Helianthemum ad Nummulariam ac- cedens. J; B. 2. 20. Magn. Monsp. 293. Ciste nain ressemblant a la Nummulaire ox Herbe aux Ecus. Cistus Nummularius. Lin. Sp. Plant. 743. edit. 3. 13°. Helianthemum Lavendule-fo- lium , caule fraticoso, foliis lineari- lanceolatis, oppositis, subtis tomento- sis; Ciste nain avec une tige d’arbris+ seau , des feuilles étroites, en forme de lance opposées et cotonneuses en- dessous. Helianthemum Lavendule folio. Tourn. Inst. 249. Ciste nain à feuilles de Lavande. 14°. Helianthemum hirtum caule fruticoso , erecto , joliis linearibus , margine revolucis , subtis incanis. Ciste Kkkk 626 AMEL nain avec une tige d’arbrissean éri- gée , des feuilles étroites, réfléchies sur leurs bords, et blanchitres en- dessous. Helianthemum foliis Rorismarini splendentibus ; subtis incanis. Tourn. Inst. 2 $0. Ciste nain avec des feuilles de Romarin luisantes , et blanchatres en-dessous. Ledon. 8. Clas. Hist. 1. p. 8. Cistus hirtus. Lin. Sp. Plant. 744. edit, 3. 15°. Helianthemum Surrejanum caulibus suffruticosis » procumbentibus , foliis oblongo-ovatis , sub-hirsutis , pe- talis acuminatis, reflexis ; Ciste nain avec des tiges d’arbrisseau trainan- tes, des feuilles oblongues , ovales et velues, et des pétales à pointes aiguës et réfléchies. Helianthemum vulgare , petalis flo- rum perangustis. Hort. Elth. 177. Tab. 145. Ciste nain commun, a pétales étroits. Cistus Surrejanus. Lin. Sp. Plant. 743. edit. 3. 16°. Helianchemum Lusitanicum caule fruticoso , erecto , foliis lanceo- latis , incanis , glabris ; caule florali , ramoso ; Ciste nain avec une tige d’arbrisseau érigée, des feuillesblan- ches en forme de lance, et unies, et destiges de fleurs, branchues. Relianthemum Lusitanicum , Mari- folium , incanum, flore luteo. Tourn. Inst. 250. Ciste nain de Portugal, avec une feuille de Marjolaine blan- che , et une fleur jaune, EVE 17°. Helianthemum Roseum caule fraticoso t foliis oblongo-ovatis , oppo- sitis, summis linearibus , alternis. Ciste nain avec une tige d’arbrisseau, des feuilles oblongues, ovales et oppo- sées, dont celles du sommet sont étroites et alternes. Helianthemum ampliori folio , fiore roseo. Sherrard. Act. Phil. n. 383. Ciste nain avec des feuilles plus lar- ges , et une fleur couleur de rose. 18°. Helianthemum guttatum caule herbaceo hirsuto , foliis lanceolato-li- nearibus pilosis , pedunculis longiori- bus ; Ciste nain avec une tige her- bacée et velue , des feuilles étroites, en forme de lance et couvertes de poils, et de plus longs pédoncules aux fleurs. Helianthemum flore maculoso. Col. Cephr. 2. p. 78. t. 77. Ciste nain avec des fleurs tachetées. Cistus guttatus. Lin. Sp. Plant. 741. edit. 3. 19°. Helianthemum fugacium caule herbaceo , foliis sub-ovatis pilosis , flore fugaci ; Ciste nain avec une tige herbacée, des feuilles ovales et cou- vertes de poils, et une fleur de peu de durée. Helianthemum annuum humile, foliis sub-ovatis ; flore fugaci. Allion. Segu. Vier. 3s p.297.1:6.f, 3. Opt. Ciste pain annuel avec des feuilles ovales, et une fleur de peu de durée. Cistus Salici-folius. Lin. Sp. Plant. 742. edit. 3. 20°. Helianthemum, Ledi-folium Fk ed -aaule herbaceo erecto , foliis lanceola- tis ; oppositis, floribus solitariis, cap- sulis maximis ; Ciste nain avec une tige érigée et herbacée , des feuilles en forme de lance et opposées, des fleurs simples, et des capsules trés- grandes. Helianthemum Ledi folio. Tourn. Inst. 149. Ciste nain avec une feuille de Lédon. Cistus Ledi-folius. Lin. Sp. Plant. 742. Edit. 3. Cistus annuus Ledi foliis. Lob. Ic. 2. P- 118. 21°. Helianthemum Salici-folium caule herbaceo ramoso ,foliis oblongo- ovatis , oppositis , summis alterris , floribus solitariis ; Ciste nain avec une tige branchue et herbacée , des feuilles oblongues , ovales et oppo- sées , dont celles du haut sont alter- nes , et des fleurs solitaires. Helianthemum Salicis folio. Tourn. Inst. 249. Ciste nain à feuilles de Saule. Cistus Salici-folius. Lin. Sp. Plant. 742. edit. 3. 22°. Helianthemum fasciculatum , foliis fasciculatis. Royen. Ciste nain avec des feuilles en paquets. 23°. Helianthemum Egyptiacum herbaceum, erectum, foliis lineari-lan- ceolatis, petiolatis, calyctbus inflatis, corollä majoribus ; Ciste nain avec des tiges érigées et herbacées , des feuilles linéaires et en forme de lan- - ce, et des calices gonflés plus larges que les pétales. H EL 627 Cistus Egyptiacus, Lin. Sp. Plant. Sp. 26. p. 742. edit. 3. 24°. Helianthemum Mari-folium, yee caule herbaceo, procumbente , foliis ovatis, tomentosis , sessilipus ; Ciste nain avec une tige herbacce et trai- nante, et des feuilles ovales, coton- neuses et sessiles. Helianthemum Alpinum, folio Pi- loselle minoris. Fusch. J. B. 2. 18. Ciste blanc nain des Alpes avec une feuille plus petite , semblable a celles du Pied-de-Chat. Cistus Mari-folius. Lin. Sp. Plant. 741. Sp. 19. Chamacistus. La premiere espece croît naturellement sur les monta- gnes de craye, et sur les bancs de plusieurs parties de l'Angleterre ; ses tiges ligneuses , minces et trainantes s'étendent de tous côtés à la distance d'environ un pied , etsont garnies de petites feuilles oblongues d'un vert foncé en-dessus , et grises en-dessous; ses fleurs, qui naissent en épis clairs aux extrémités des tiges, sont com- posées de cinq pétales d’un jaune foncé, qui s'ouvrent pendant le jour et se referment dans la soirée: elles paroissent en Juin et en Juillet, et produisent des capsules rondes, qui renferment plusieurs semences angu- laires , qui mürissent en Août et en Septembre: les racines de cette plante durent plusieurs années. Germanicum. La seconde, qui est originaire de l Allemagne, a des tiges beaucoup plus grosses , et qui s'éren- Kkkk 2 628 HW ESL dent plus loin que celles de la pre- miere ; ses feuilles sont plus larges et velues; il y a trois stipules érigces, et à pointes aiguës à chaque nœud du bas; les épis de fleurs sont beaucoup plus longs que ceux de la premiere; Jes fleurs sont blanches et plus larges, et leur calice est velu et blanchatre: ces différences ne varient point par semences. Pilofus. La troisieme espece se trouve dans la France Méridionale, en Italie et en Allemagne ; ses tiges croissent plus crigées que celles des précédentes; elles sont plus ligneu- ses, ct leurs nœuds sont plus écar- tés : ses feuilles sont aussi plus lon- gues et velues, et ses épis de fleurs géncralement réfléchis; ces fleurs sont blanches et aussi grosses que celles de la seconde ; mais les sti- pules sont fort étroites. Apenninum. La quatrieme, qu'on rencontre sur le Mont Apennin, a ses tiges plus érigées que celles de la troisieme ; ses feuilles sont moins longues, ses stipules très-pe- tites, et la plante entiere est fort blanche : ses fleurs sont blanches, et rassemblées en épis plus courts et plus serrés que ceux d’aucune des précédentes. Umbellatum. La cinquieme est originaire de la France Méridip- nale, de l'Espagne et de listrie; ses semences m'ont €té envoyées de cette dernicre contrée ; elle a des tiges basses , trainantes et li- H EY gneuses, qui se divisent rarement; et n'ont pas plus de quatre à cinq pouces de longueur ; ses feuilles sont étroites et blanches, et n’ont point de stipules à leur bise: ses fleurs sont blanches, et rassemblées en petites grappes aux extrémités des tiges. Cette espece dure rarement plus de deux années. Fumana. La sixieme a des tiges trainantes d’arbrisseau , d’un pied de longueur , et garnies de feuilles fort étroites, unies et alternes ; ces tiges, qui ne portent point de fleurs, ont près de la racine des feuilles moins longues, plus fines, et dispo- sces en grappes, mais sans stipules à leur base : ses fleurs naissent clair- semées aux extrémités des bran- ches ; elles sont jaunes et oreillées: cette espece se trouve dans la France Méridionale et en Italie. Sampfuchi-folium. La septieme 2 des tiges fort longues, trainantes , ligneuses , et terminées par des feuilles en forme de lance, opposées, fort velues, grises en-dessous , et garnies à leur bâse de trois stipules étroites : ses épis ont près d’un pied de long, les fleurs qui les garnissent sont Iégérement éparses, et portées sur des pédoncules nuds, qui ter- minent les branches en petites ombelles; elles sont d’un jaune-pale, et un peu plus petites que celles de l'espece commune : celle-ci croît spontanément dans la France Mé- ridionale, HEL Cifti - folium. La neuvieme se trouve en Allemagne, d'où ses se- mences ont été envoyées au Doc- teur Boerhaave, dans les jardins duquel j'en ai recueilli les graines : elle a des racines ligneuses, et un grand nombre de tiges trainantes et unies, qui s'étendent à plus d’un pied de chaque côté, et sont gar- nies de feuilles ovales, unies, en forme de lance, opposées, et ornées à leur bâse de trois stipules en forme de lance : ses fleurs sont grosses, jaunes, et disposées en petites grappes aux extrémités des bran- ches : elles ne varient jamais par semences. Tuberaria. La dixieme, qui m'a été envoyée de l'Espagne, a une tige courte, épaisse et ligneuse, qui se divise en plusieurs branches courtes, et garnies de feuilles ova- les , cotonneuses, et marquées de trois veines longitudinales : la tige de fleurs qui sort de la tige princi- pale, s'éleve à la hauteur d'environ neuf pouces, et porte deux ou trois feuilles étroites et alternes: ses fleurs naissent sur des pédoncules assez longs vers le sommet de la tige, et ont des calices fort unis. Polii-folium. La onzieme, que jai recue de Véronne , où elle croît naturellement , a une tige basse d’arbrisseau , de laquelle sortent quelques branches courtes et gar- nies de petites feuilles cotonneuses , HE i 629 en forme de lance et opposées : la tige de fleurs s’éleve à six pouces environ de hauteur, et se divise vers le sommet, où les fleurs sont portées sur des pédoncules assez longs : elles sont blanches, et plus petites que celics de l'espece com- mune. Nummularium. La douzieme a des tiges longues d’arbrisseau, qui trai- nent sur la terre, et se divisent en plusieurs branches, garnies de feuil- les ovales , veinées d’un vert- clair en-dessus, £t grisdtres en- dessous , avec trois stipules ¢troi- tes, et érigées à leur base: ses fleurs sont assez grosses, blanches, et croissent en grappes aux extré- mités des branches. Lavendule-folium. La treizieme a des tiges d’arbriseau, érigées et garnies de feuilles étroites , en forme de lance, opposées, coton- neuses en-dessous , et ornées à leur bise de trois stipules étroites : ses fleurs sont blanches, et sortent en épis longs aux extrémités des bran- ches : cette espece croît naturelle- ment dans la France Méridionale. Hirtum. La quatorzieme a une tige d'arbrisseau érigée, qui pousse plusieurs branches latérales, dont les nœuds sont assez rapprochés, et garnis de feuilles fort étroites et opposées, desquelles les bords sont réfiéchis ; le dessus de ces feuilles est d'un vert-luisant , et le dessous 639 HEL blanc : ses fleurs sont larges, blan- ches, et disposées en petites grap- pes aux extrémités des branches : cette espece est originaire d'Espa- gne, dou l'on men a envoyé les racines. Surrejanum. La quinzieme, qui a été trouvée par M. Edmund du Bois , pres de Croydon en Surry , a été d’abord regardée comme une variété accidentelle de l’espece com- mune; mais ses semences produisent toujours la méme plante: car je l'ai multipliée par semences pendant plus de trente ans, et je ne l'ai jamais vu varier : elle ressemble beaucoup à Tespece commune ; mais ses feuilles sont velues; ses pétales sont en forme d'étoile et plus petits. Lusitanicum. La seizieme a une tige droite d’arbrisseau, qui s'éleve à la hauteur d'un pied et demi, et produit dans toute sa longueur, des branches garnies de petites feuilles en forme de lance, unies, arsentées, et opposées ; ses tiges de fleurs se divisent, et ses fleurs, qui sont blanches, naissent en épis courts aux extrémités des branches. Rofeum. La dix-septieme a cté trouvée dans les environs de Smyr- ne, par le feu Docteur William Sherrard , qui en a envoyé les se- mences en Angleterre; ses tiges, en forme d’arbrisseau , ne traînent point sur la terre; elles sont garnies de feuilles oblongues , ovales et op- HEL posées, et celles du sommet sont étroites et alternes: ses fleurs nais- sent aux extrémités des branches en épis longs et clairs; elles sont couleur de rose, et de la grosseur de celles de Pespece commune. Guttatum, La dix-huitieme est une plante annuelle, qu'on ren- contre en France , en Espagne, en Italie et à Gersey , où le feu Docteur Sherrard la trouvée , et en a envoyé les semences en An- gleterre ; elle a une tige branchue, herbacce , haute de quatre ou cinq pouces, et garnie de feuilles étroi- tes, en forme de lance , opposées, et couvertes de poils : celles de la partie haute des tiges sont alternes et plus étroites: ses fleurs sont pro- duites en épis clairs aux extrémités des branches, sur de longs pédon- cules; elles sont petites , et com- posées de cing pétales jaunes, avec une tache pourpre foncé à la base de chacun : ces fleurs sont d’une courte durée ; car elles s'ouvrent dans la matinée, et leurs pctales tombent avant dix heures. Fugacium. La dix-neuvieme croît naturellement sur le Mont Baldus, d'où ses semences m'ont été en- voyces: cette plante annuelle pousse de sa racine plusieurs tiges herba- cées, garnies de feuilles ovales ct velues ; ses fleurs sont disposées en épis clairs aux extrémités des branches; elles sont d’un jaune-pâle, et d'une trés-courte durée; car elles HEL ne conservent pas leurs pétales au- delà de deux heures. On trouve aux environs de Veronne une variété de cette espece qui s'éleve avec des tiges droites. Ledi-folium. La vingtieme croît sans culte dans la France Méridio- nale et en Italie; elle a été trou- vée par le Docreur William Sher- rard, près de Smyrne , d'où il a envoyé ses semences en Hollande sous un autre titre, parce qu'il l'a prise pour une plante différente ; mais depuis qu'on la cultive ici, on a reconnu qu'elle est la même que celle de la France Méridionale : car cette plante se montre sous un as- pect différent , suivant le sol et la situation où elle croît : dans une bonne terre, ou. elle est seule, sans être génce par les mauvaises herbes, elle séleve presque a la hauteur d'un pied et demi, et ses feuilles ont environ un pouce et demi de long, sur un demi-pouce de large au milieu; mais dans un mauvais sol, où les plantes sont trop serrées, et étouffées par les mau- vaises herbes et les plantes voisines, elle parvient tout au plus à la moitié de cette hauteur; ses feuil- les sont beaucoup plus étroites , et ses capsules à moitié moins grosses ; de sorte qu'en voyant ces plantes dans des situations différentes, on peut être trompé, et les prendre pour des especes séparèes ; mais quand on les réunit dans un jardin, HEL 63% et qu'on leur donne la même cul- ture , ces différences disparoissent. Cette plante est annuelle, et périt aussi-tOt que ses semences sont < muires. Salici-folium. La vingt-unieme est une plante annvelle, qui croît naturellement en Espagne er en Portugal; elle a des tiges branchues qui s'clevent à la hauteur d’un pied, et sont garnies de feuilles ovales, oblongues et opposées sur la par- tie basse de la tige, alternes et étroites vers son sommet. Entre chaque fleur, il y a une simple feuille qui les fait appeler fleurs soliraires ; elles croissent en épis clairs aux extrémités des branches, comme celles des autres especes. Fasciculatum. La vingt-deuxieme m'a été donnée par le Docteur Adrien Van Royen, qui en avoit recu les semences du Cap de Bonne- Espérance : elle s'éleve à la hauteur d'environ huit pouces, avec une tige d'arbrisseau garnie de belles feuilles fort étroites, et disposées en grappes : ses fleurs sortent sur les côtés et aux extrémités des branches , sur de minces pédon- cules ; elles sont de couleur pâle- de-paille , et d’une très-courte du- rée ; car elles se fannent au bout de deux heures sans perdre leurs pétales. Cette espece ne subsiste gueres plus de deux années. LE gyptiacum.. La vingt-troisieme est originaire de l'Egypte : c'est une 632 Hoek L plante annuelle, qui a des tiges d’arbrisseau érigées, et garnies de feuilles étroites et en forme de lance , portées sur des petioles : le haut des tiges est orné de fleurs blanches , dont les pérales sont moins larges que le calice : elles sont dune courte durée , et ont trés-peu d’apparence : cette espece fleurit en Juillet, et ses semences mirissent en Septembre; bientôt après les plantes périssent. Mari-folium. La Vingt-quatrieme croît naturellement sur des ro- cailles dans les environs de Ken- dalen - West - Morland , et dans quelques parties de Lancashire : cile a des tiges trainantes, herba- cces, longues d'environ trois ou quatre pouces, et garnies de feuilles ovales, fort cotonneuses et sessiles : ses fleurs naissent aux extrémités des branches; elles sont blanches et petites, et n'ont pas beaucoup d’ap- parence, à Culture. La plupart des Cistes nains vivaces sont durs, et peuvent profiter en plein air en Angleterre ; on les multiplie par leurs graines, qu'on peut semer à demeure; ils ne de- mandent aucun autre soin que d'être enus nets, et éclaircis ou ils sont trop serrés, en observant toujours de donner plus de distance aux es- peces dont les tiges trainent sur la terre, et s'étendent à une plus grande longueur. Ces plantes subsis- tent plusieurs années dans une terre 1 ae 8 3 seche et de mauvaise qualité ; mais dans un sol riche ou humide, elles sont d’une plus courte durée. Comme clles produisent des semences en abondance, on peut aisément les remplacer; elles fleurissent toutes vers le meme tems que l'espece com- mune, et leurs semences mürissent en automne. Les especes annuelles se multi- plient aussi facilement; si on répand leurs graines en Avril sur une plan- che de terre commune, les plantes pousseront en Mai, ct n'exigeront aucune autre culture que d'être éclaircies où elles seront trop ser- rées , et d'être tenues nettes de mau- vaises herbes; elles fleuriront en Juillet, et leurs semences müriront en automne. La vingt-deuxieme peut profiter en pleine terre comme les autres; mais ses semences ne miiris- sent qu’autant que l'été est favora- ble : ses racines ont résisté en pleine terre dans les hivers doux sans au- cun abri, et ont donné des fleurs dans l'été suivant. La vingt quatrieme ne profite qu’au- tant qu'elle est placée à Fombre. HELIANTHUS. Linn. Gen. Plant. 877. Corona Solis. Tourn. Inst. R, H. 489. Tab. 279. de ‘ass, Soleil, et és, une Fleur; Fleur du Soleil; Tournesol oz Soleil. La plupart des Auteurs de Bota- nique ont donné à ce genre le nom de Corona Solis ; mais comme il est composé, HEL compost, LINNEE l'a changé en celui d’Helianthus : il a aussi été nommé par quelques-uns Heliozro- pium, qu'on a appliqué depuis à un autre genre de plantes fort differentes de celle-ci. Caracteres. La fleur est composée et à rayon; le bord ou rayon est formé par des demi-fleurettes fe- melles stériles, et le disque contient des fleurettes hermaphrodites fruc- tucuses; elles sont renfermées dans un calice commun et écailleux, dont les écailles sont larges à leur base, pointues à leur extrémité, et éten- dues: les fleurettes hermaphrodites sont cylindriques , gonflées à leur : bâse, et découpées au bord en cinq segmens aigus enticrement ouverts; elles ont cinq étamines courbées vers le bas , aussi longues que le tube, et terminées par des sommets tubules. Le germe, qui est situé au fond du tube, soutient un style mince de la longueur du tube , et couronné par un stigmat réfléchi, et divisé en deux parties : ce germe devient en- suite unesemence oblongue, émous- sé et quarrée: les demi- fleurettes femelles qui composent le rayon, sont étendues au-dehors en forme de lan- gue, longues et entières; elles ont un germe au fond, mais point de style ni d’¢tamines, et ne sont pas fructueuses. Ce genre de plantes est rangé dans la troisieme section de la dix-neu- vieme classe de LINNÉE, dans la- Tome III. HEL 633 quelle sont comprises celles dont les fleurs sont compostes de fleurettes hermaphrodites fructueuses dans le centre, et de fleurettes femelles sté- riles dans le rayon. Les especes sont : 1°. Helianthus annuus , foliis om- nibus cordatis , tri-neryatis , floribus cernuis, Lin. Sp. 1276. Kniph. Cent. 12. zw $4.' Knorr. Del. 1. €. S. ft. Tournesol annuel à feuilles en forme de cœur et à trois nerfs, et à fleurs penchees. Helianthus radice annua. Vir. Cliff: 88. Hort. Cliff. 419. Hort. Ups, 268. Roy. Lugd.-B. 180. Corona Solis. Tabern. Icon. 763. et Helenium Indicum maximum. C. B. p+ 276. Le plus grand Tournesol des Indes, communément appelé Fleur de Soleil , annuel. Herba maxima. Dod. Pemp. 164. Chrysis. Reneal. Spec. 84. t. 83. 2%. Helianthus multi-florus , foliis inferioribus cordatis , tri-nervatis , superioribus ovatis. Lin, Sp. Plant. 1277. Kniph. Cent. - Tournesol dont les feuilles du bas sont en forme de cœur et garnies de trois nerfs, et les feuilles du haut ovales. Helianthus radice tereti, inflex& , pe- renni. Hort. Cliff. 419. Hort. Ups. 268. Roy. Lugd-B. 180. Helenium Indicum ramosum. Bauh. Bin. 277. Corona Solis minor femina. Tabern, Icon. 764. La plus petite Fleur de Lill L267. 634 BOE L Soleil femelle, ordinairement appe- lée Tournesol vivace. Chrysanthemum Americanum ma- jus perenne ; Floris Solis foliis et floribus. Moris. Hist. 3. p. 23. Pluk, Phyt. 1 59. 3°. Helianthus ‘tuberosus, foliis ovato - cordatis , tripli-nerviis. Lin. Sp. Plant. 1277. Gron. Virg. 129. Jacq. Hort. t. 161. Tournesol avec des feuilles ovales, en forme de coeur, et à trois nerfs. Helianthus radice tuberosä. Hort. Cliff: 419. Hort. Ups. 268. Roy. Lugd-B. 180. | Helenium Indicum tuberosum. Bauh. Pin 277. Chrysanthemum lati-folium, Brasi- lianum. Bauh. Prodr. 70. Flos Solis Farnesianus. Col. Ecphr. 2D; p. LES. 13. Corona Solis parvo flore, tuberosä radice. Tourn. Inst. 489. Tournesol avec une petite fleur ct une racine tubéreuse , ordinairement appelce Artichaud de Jérusalem , et en France Topinambour ou Poire-de-Terre. 4°. Helianthus strumosus 5 radice fusi-formi. Hort. Cliff. 420. Roy. Lugd.-B. 181. Tournesol avec une racine en forme de fuseau. Chrysanthemum Canadense ; lati- folium, altissimum. Moris. Blæs. 2§0. Chrysanthemum Canadense ,° lati- folium , elatius. Bocc. Sic, §2. t 27. f 4. Chrysanthemum Canadense ; stru- ME s mosum yulgd. Herm. Lugd.-B. 143. Moris. Hist. 3, p. 23. Corona Solis, lati-folia, altissima, Tourn. Inst. 489. Grand Tournesol à larges feuilles. s°. Helianthus giganteus , foliis alternis , lanceolatis, scabris, bast ciliatis , caule stricto , scabro. Lin. Sp. Plant. 1278. Tournesol avec des feuillesen forme de lance, rudes et cilices 4 leur base, et une tige mince et rude, Helianthus foliis lanceolatis , ses- silibus. Gron. Virg, 129. Chrysanthemum Virginianum , al- tissimum 4 angusti-folium 5 ‘puniceis caulibus. Mor. Hist. 3. p. 24. Grand Chrysanthemum de Virginie à feuilles étroites et a tiges pourpre. 6°, Helianthus divaricatus , foliis oppositis , sessilibus , ovato-oblongis , tri-nerviis , panicula dichoromä. Lin. Sp. Plant. 1279. Tournesol à feuil- les oblongues, ovales, opposées, garnies de trois nerfs, et sessiles à la tige ,avec une panicule fourchue. Chrysanthemum Virginianum , re- pens 5 foliis asperis’, binatim sessili- bus , acuminatis. Mor. Hist. 3. p.-22. Chrysanthemum de Virginie rem- pant, avec des feuilles à pointes ru- des, sessiles , et placées par paires. 7°. Heliantus Tracheli-folius , foliis lanceolatis ; oppositis , supernè scabris inferné tri-nerviis , caule di- chotomo, ramoso. Tournesol avec des feuilles en forme de lance et oppo- sées, dont le dessus est rude, et de H EE dessous garni de trois veines, et une tige divisée. Corona Solis Trachelii folio, ra- dice repente. Tourn. Inst. 490. Tour- nesol à feuilles de Trachélium avec une racine rempante. 8°. Helianthus ramosissimus, caule ramosissimo , foliis lanceolatis , sca- bris , inferioribus oppositis , summis alternis , petiolatis, calycibus foliosis. Tournesol avec une tige fort bran- chue, et des feuilles rudes et en forme de lance, dont celles du bas sont opposées , et celles du sommet _alternes , ayant des petioles et des calices feuillés. Corona Solis Trachelii folio te- nuiori, calyce floris foliato. Act. Phil. n. 412. Tournesol avec une feuille étroite de Trachélium, et un calice feuillé. 9°. Helianthus atro-rubens 5 foliis ovatis., crenatis , trinerviis y scabris , squamis calycinis erectis, longitudine disci. Flor. Virg. 103. Tournesol avec des feuilles ovales, rudes, cre- nelées et à trois nerfs, les écailles du calice érigces, et aussi longues que le disque de la fleur. Corona Solis Caroliniana , parvis froribus , folio trinervi, amplo ; as- pero , pediculo alato. Martyn. Cent. 1. 20. Tournesol de la Caroline à petites fleurs, et à feuilles larges, rudes et à trois nerfs , avec un pé- doncule ailé. HEL 635 Corona Solis minor, disco atro- rubente. Dill. Elth. 111.4 94/f.110. 10°. Helianthus deca-petalus, caule infernè lavi, foliis tripli-nerviis , lan- ceolato-cordatis , radiis deca-petalis 5 pedunculis scabris, Lin. Sp. Plant. 1277. Tournesol avec une tige lisse , des feuilles à trois nerfs en forme de lance, en cœur , et lisses en-dessous, ayant dix pétales dans le rayon, et des pédoncules rudes, Toutes ces especes de Tournesol sont originaires de l'Amérique , d'où l'on nous en apporte encore souvent de nouvelles: il est trés-singulier qu'il n'y en ait aucune en Europe; de sorte qu'avant la découverte de l'Amérique, ce genre nous étoit tout-a-fait inconnu : mais quoique ces plantes n'aient point été pro- duites spontanément par notre pro- pre sol, cependant elles sy sont tellement naturalisées, qu’elles y croissent et se multiplient aussi bien que dans leur pays natal, excepté celles qui fleurissent fort tard, et qui exigent des étés plus longs que les nôtres pour se perfectionner ; plusieurs sont à présent si belles en Angleterre, que ceux qui ignorent leur histoire, imaginent qu’elles sont dans cette Isle depuis plus de cent ans, particulicrement le Topi- nambour, qui, malgré qu'il ne pro- duise point de semences dans notre climat, se multiplie cependant si fort par ses racines noueuses, que, Lub. 636 HEL lorsqu'il est une fois établi dans un jardin, il n'est pas aisé de s’en débarrasser. Annuus. La premiere espece, qui est annuelle , est si bien connue qu'il n'est pas nécessaire d'en don- ner une description. Elle est simple ou double, et d’un jaune foncé ou de couleur de soufre ; mais ces varictés ne sont point constantes, et se changent aisément l’une dans l'autre. On multiplie facilement cette espece par. ses graines, qu'il faut répandre sur une planche de terre commune ; et quand les plantes pous- sent, on lés éclaircit où elles sont trop serrées, on les tient nettes de mauvaises herbes; et lorsqu'eiles ont atteint la hauteur de six pou- ces, on peut les enlever en conser- vant une motte de terre à leurs ra- cines, et les planter dans de larges plates-bandes du parterre, ou l'on doit les arroser jusqu'à ce qu'elles aient formé de nouvelles racines, après quoi il suffira de les tenir nettes. Les grandes fleurs du sommet des tiges paroissent dans le mois de Juillet ; on choisit parmi celles-ci, les plus belles et les plus doubles, pour en conserver les graines, parce que celles qui fleurissent plus tard sur les branches latérales, ne sont jamais ausssi belles, et ne donnent pas d’aussi bonnes semences. Lors- que ces fleurs sont tout-à-fait fan- HEL nées et que les semences sont for- mées , il faut mettre les têtes à l'abri de la voracité des moineaux , qui les avroient bientôt dépouillées, et vers le Commencement d’Octo- bre, lorsqu'elles sont tout-à- fait müûres , on les scpare, en leur con- servant une petite portion de la tige, et on les tient suspendues dans un endroit sec et airé pendant un mois, pour sècher et durcir les se- mences parfaitement ; après quoi on les détache, on les froisse, puis on les eaferme dans des sacs de papier , et on les conserve hors de la portée des insectes, jusqu'au moment de les semer. Les semences de cette espece de Tournesol sont une nourriture ex- cellente pour la volaille domestique; ainsi quand on peut s’en procurer une bonne quantité, elles sont d’une grande utilité. Les autres especes sont vivaces, et produisent rarement des semences en Angleterre; mais la plupart se multiplient si fort par leurs racines, sur-tout celles à racines rempantes , qu'elles ne peuvent être admises dans les petits jardins. La seconde espece , qui est la plus commune dans les jardins Anglois, donne les plus grosses et les plus belles fleurs: aussi est elle très-propre à orner les plates-bandes des grands jardins, ainsi que les bosquets remplis de plantes d'une grande hauteur; on EH EL peut aussi l'entremèler avec des arbrisseaux dans des massifs, ou la placer sous des arbres près des allées, où peu d’autres plantes profiteroient: elle sert aussi à garnir les jardins dans l'intérieur des villes, parce qu'elle résiste à Pair épais et rempli de fumée, beaucoup mieux que toutes les autres plantes, et qu'elle reste très-long-tems en fleurs. Cette espece commence à fleurir en Juillet; et continue jusquen Octobre: on en connoit une varicté à fleurs fort doubles, qui est devenue à présent si commune dans tous les jardins Anglois, que l'on en a presque re- jetté toutes les simples. Les troisieme , quatrieme, cin- quieme, sixieme et septieme especes, peuvent aussi trouver place dans quelques grandes plates-bandes des jardins , où la variété de leurs fleurs ajoutera à l'agrément , quoiqu’elles ne soient pas aussi belles que celles de l'espece commune ; mais comme plusieurs d’entr’elles fleurissent fort tard, elles remplacent les premieres, et forment une succession de fleurs non interrompue pendant la plus grande partie de la belle saison. Toutes ces especes sont fort dures , et croissent dans presque tous les sols et a toutes les expositions ; on les multiplie en divisant les ra- cines en petites têtes, qui, dans l’es- pace d’une année, s’étendront beau- coup, et feront de grands progrès : NEL 657 la meilleure saison pour cette trans- plantation , est le milieu d'Octobre, aussitôt que leur fleurs sont pas- sées, ou dans le commencement du printems, afin qu'elles puissent bien Senraciner avant les sècheresses, sans quoi elles ne donneroient qu'une petite quantité de fleurs mé- diocres, et leurs racines seroient foibles : en les plantant en Octobre Yon s’épargnera la peine de les arroser , et leurs racines étant bien établies avant les sècheresses, elles nexigeront aucun autre soin que d'être débarrassées des mauvaises herbes. On muliplie le Topinambour dans plusieurs jardins, à cause de ses racines, qui sont aussi estimées par quelques personnes, que les Pommes-de-terre; mais elles sont plus charnues et contiennent plus d'humidité. On en fait peu d'usage aujourd'hui à cause des coliques qu'elles occasionnent par la grande quantité de vents qu’elles produisent, On les multiplie en plantant en automne ou au printems, les pe- tites racines, ou les plus grosses découpées en morceaux, à chacun desquels on conserve un bouton, ct on les place à une bonne dis- tance les unes des autres , parce qu'elles se multiplient fortement : dés l'automne suivant, lorsque leurs tiges sont péries, on peut enlever ces racines pour l'usage de la table, 638 HEL Cette plante doit être placée dans quelqu’endroit écarté du jardin; car non-seulement elle est très- désagréable à la vue , mais ses racines nuisent encore à toutes les plantes voisines, et sont fort diffi- ciles à détruire lorsqu'elles sont une fois bien établies. Les autres especes qui avoient FEE été réunies 4 celles-ci par Tours nefort et quelques autres Botanistes, se trouvent à présent dans les genres suivans. Coreopsis. Helenium. Rudbeckia. Sylphium. Corona Solis. V. Fin du Tome troisieme.